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Full text of "Bulletin de la Socit botanique de France"

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Bibliothèque  botanique 

EMILE    BURNAT 

—     -  ^^c  - 

C'ataIo<|iie  ^'" 

•Vrovient  de 


Livres   |)io\eii;iiil  do   la   hihiiollièqne  botanique 

il'Emile  Burnat  (  IS-2<S-l'r2()),  insérés  en  oclol)re  r920 

dans  la  bihliollièiinc  dn  Conservatoire  botanicine  de 

('ienè\e,  conforménient  à  PActe  de  donation  (rKniile 

r.iirnat  en  date  des  '21  et  25  janNier  iUll,  ,^  V. 

DUPLICATA  DE  LA  ETSLIOTHÊQUE 
•ONSEEVATCirîE  BOTAITQCE  DE  GENEVE 
VKKmiI    KN   lfl22 


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l'nUs.  —  liii|>rimcric  de  L.  Mautim:'!',  rue  Mit^ll^h  ,  -. 


BULLETIN 


DE    LA 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE 


DE  FRANCE 


FONDÉE    LE    23    AVRIL    185/i 


TOME    QUATRIEME 


LIBKAKV 

NEW  YO«K 


PARIS 

AU    BUREAU    DE   LA   SOCIÉTÉ 

rIe  du  vieux-colombier,   24 


1857 


EN   1922 


Y6 


ÛK    LA 


^rriS 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE 


(AVRIL    1857) 


AC4RD  (A.),  pharmacien,  à  Pargles  (Eure). 
ALAIMORE,  pharmacien,  à  Clermont-Ferrand  (Puy-de-Dôme). 
AMBLARD  (Louis),  rue  de  TOuest,  36,  à  Paris,  et  rue  Paulin,  l/i,  à  Agen. 
AMBROSI  (François),  à  Borgo  en  Valsugana  (Tyrol). 

ALSSURE  (Alphonse  d'),  étudiant  en  médecine ,  rue  St-Jacques,  171,  à  Paris. 
AVICE  DE  LA  VILLEJAIV,  médecin  aide-major,  h  l'hôpital  français,  à  Rome. 
(Correspondant  à  l'aris:  M.  Puel,  boulevard  Beaumarchais,  72.) 


BAILLON  (H.),  agrégé  à  la  Faculté  de  médecine,  rue  Taranne,  7,  à  Paris. 

BALAIVSA  (B.),  i"ue  de  l'Arcade,  7,  à  Montmartre,  près  Paris. 

BALL  (Benjamin),  interne  en  médecine,  à  l'hôpital  de  La  Riboisière,  à  Paris. 

BALL  John),  membre  du  parlement  britannique  ,  Park-street,  18,  Westminster, 
à  Londres. 

BARAN  (Gabriel  de),  rue  de  Vaugirard,  158,  à  Paris. 

BARAT,  professeur  au  lycée  impérial  d'Alger. 

BARNSBY  (David),  rue  Neuve-Saint-Étienne-du-Mont,  2Z»,  à  Paris. 

BARRAU  (Adolphe  de),  docteur  en  médecine,  à  Carcenac,  près  Rodez  (Aveyron). 

BAUDRIMOIVT,   pharmacien  en  chef  de   l'hospice  Sainte-Eugénie  ,  rue  Saint- 
;  "^  Victor,  22,  à  Paris. 

c-T.^ALDRY  (Frédéric),  ancien  bibliothécaire  de  l'institut  agronomique,  rue  de  la 

Paroisse,  12,  à  Versailles. 
j^EACTEMPS-BEAUPRÉ  (CHARLES),  substitut  du  procureur  impérial,  à  Troyes 
QT^  (Aube). 

"IIJPÉLANGER  (Charles),  directeur  du  jardin  botanique,  à  Saint-Pierre  (Marli- 
"^  nique). 

BILLOT  (Constant),  professeur  au  collège  de  Ilagueiiau  (Bas-Rhin). 


1\  SOr.lÉTl':    HOTAMOrE    I)K    FRANCE.  r 

lil\ET  (Alfred),  iiUerne  en  médecine,  à  Thôpilal  de  la  Cliarité,  à  Paris. 
BLAIVCIIE  (Isidore),  vice-consul  de  France  à  Tripoli  (Syrie).  —  (Correspondanr 

à  l\Tris  :  M.  Piiel,  boulevard  Beaumarchais,  72). 
BOISDDVAL  ,  docleiir  en  médecine,  rue  des  Fossés-Saint-Jacques,  22,  à  Paris. 
BOISSIKR  (f^DMO.ND),  à  Genève  (Suisse). 

BOITAUD  (Emmanuel),  docteur  en  médecine,  à 

BOMIOmiE  (Jules),  naturaliste,  à  Milliau  (Aveyron). 
BOKDÈIU';,  inslilutcur  piimairc,  à  Gèdres,  près  Luz  (llaules-l'yrénées). 
BOUXKT  (EDOUARD),  docteur  en  médecine,  rue  de  la  Calandn^  27,  à  Paris. 
BOLCUAUDAT,   professeur  à   la  Faculté  de  médecine,  rue  du    Cloître   Notre- 
Dame,  8,  à  Paris. 
BOLDIER,  pharmacien,  à  Montmorency  (Seine-et-Oise). 
BOUIS  (DE  ,  docteur  en  médecine,  rue  Saint-Louis,  Uh,  au  Marais,  à  Paris. 
BOULOLMIÉ  (Louis),  rue  du  Vieux-ilaisin,  26,  à  Toulouse. 
BOLRGEAU  (F.uile),  naturaliste  voyageiu',  rue  Saint-Claude,  1Z| ,  au  Marais, 

à  Paris. 
BOUTEILLE,  à  Alagny-en-Vexin  (Seine-et-Oise). 
BOUIEILLEIÎ   Ed.),  professeur,  à  Provins  (Seine-et-Marne). 
BOL'TIGiVV,  sous-insp(  cteur  des  forêts,  à  Foix  (Ariége). 
BRICE  (CiEORGi  s^,  chef  de  biu-eau  au  ministère  de  la  maison  de  l'Empereur,  rue 

des  Écuries  d'Artois,  11,  à  Paris. 
BROXDEAU   (Louis  de),  à  lîeignac,  commune  de  Moirax,  près  Agon  (Lot-et- 

Caronne). 
BROXG^IART  (Adoli'IIE),  membre  de  l'Académie  des  sciences,  etc.,  au  Jardiiï 

des  Plantes,  à  Paris. 
BROU  (l'abbé),  curé  à  Oulins,  par  Anet  (Eure-et-Loir). 
BROWIV  (Robert),  président  de  la  Société  Linnéenne  de  Londres,  associé  étranger 

(le  l'Institut  de  France,  Deanstrcet,  18,  à  Londres. 
BRUTELETÏE  (B.  de),  à  Abbeville  iSomme). 
BUFFET  (Jules),  élève  en  pharmacie,  rue  des  Malhurins-Saint-Jacques ,  U, 

à  Paris. 
BUREAU  (Edouard),  docteur  en  médecine,  rue  de  la  Sorbonne,  20,  à  Paris. 


CADET  DE  ClIAMRIi\E  (Edmond),  rue  du  Faubourg-Poissonnière,  31,  à  Paris. 

CALLAY  (A.),  pharmacien,  au  Chêne  (Ardennes). 

CALi\lEIL  (le  docteur),  médecin  en  chef  de  la  maison  impériale  de  Charenlon, 

près  Paris. 
CARBOWEAUX-LEPERDRIEL,  élève  en  pharmacie,  rue  des  Martyrs,  28, 

à  Paris. 
CARO\  (Henri),  à  Bulles  (Oise). 

CARUEL  (T.),  au  nuisée  d'histoire  naturelle  de  Florence  ^Poscane). 
r.ASPARY  (IlOBERT),  docteur  en  philosophie,  Poppelsdorfer-Schloss,  à  Bonn 

(Prusse  rhénane). 
CAVEIMTOU  (Eugène),  pharmacien,  rue  Gaillon,  20,  à  Paris. 
CIIAROY  (Alcide),  agent-voyer  de  la  ville  d'Aumale  (Algérie). 
CIIASTA\ET  (A.),  à  Mussidan  (Pordogne). 


HSÏi;    DLS    MKMIÎRES.  HJ 

4JIAXIIM   (A.) ,   professeur   à    l'École   de   pharmacie  ,   rue    du  faubourg  Saiiil- 

llonoré,  208,  à  l\iris. 
(;II.\V1\'  (rabl)r),  curé  à  Compesières,  près  Genève  (Suisse). 
rJlKVllIEll  (Jules),  pliannacien.  rue  du  Fauhourg-Montmarlre,  17,  à  Paris. 
CllOMI\Or,  pliarniacien,  à  Joinviile  (llaule-Marne). 
CIIOISY  (le  professeur),  à  Genève  (Suisse). 
CLAIIIIWAL,  colonel  d'arlillerie,  à  Melz. 
CI.OS  (n.),  professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  au  jardin  botanique,  à  Toulouse. 

Membre  à  vie. 
C0:HAR  (Ferdinand),  pharmacien,  rue  Poissonnière,  2,  à  Paris. 
COIMTES  ;le  baron  Gustave  de),  maison  Cliaband,  rue  Saint-François-de-Paule, 

à  Nice  (États  sardes). 
COSSOIV  (Ernest),  docteur  en  médecine,  rue  du  Grand-Chantier,  12,  à  Paris,  et 

à  Thurelles,  par  Fontenay-sur-Loing  (Loiret). 
COLDRAY  (Louis),  avoué,  à  Cliàteaudim  (Eure-et-Loir). 
COURTAUT  (Henri),  sous-chef  à  Padministralion  des  Domaines,  rue  de  l'Ouest, 

35,  à  l'aris. 
CRErAIIVE  (Alexis),  pharmacie  Journeil,  à  ^lelun  (Seine-et-Marne). 
CROLA!\  (IlippOLYiE),  pharmacien,  rue  de  la  Fraternité,  6,  à  Brest  (Finistère). 
CLIGNEAU  (Th.),  docteur  en  médecine,  Allées-Damour,  16,  à  Bordeaux. 


D.«IME1\  (l'abbé),  aumùhier  de  la  chapelle  Saint-Louis,  à  Dreux  (Eure-et-Loir). 
DARRACQ  (Ulysse),  pharmacien,  à  Saint-Esprit  (Landes). 
DARRIELX  (Arsène),  docteur  en  médecine,  àSaint-Jean-Pied-de-Port  (Basses- 
Pyrénées). 
DEBEAUX  (Odon),  pharmacien  aide-major,  à   l'hôpilal   militaire  de  Boghar, 

par  Médéah  (Algérie). 
DECAISIVE  (J.),  membre  de  l'Académie  des  sciences,  etc.,  au  Jardin  des  Plantes, 

à  Paris. 
DE  CAIXDOLLE  (ALPHONSE),  à  Genève  (Suisse). 
DÉCÈS  (Arthur),  interne  en  médecine,  rue  ïaranne,  9,  à  Paris. 
DELASTRE,  rue  de  l'Hospice,  23,  à  Poitiers. 
DELAUXAY,  manufacturier,  à  Tours. 
DELBOS  (Joseph),  professeur  à  l'École  supérieure  des  sciences  appliquées, 

rue  des  Bouchers,  5,  à  Mulhouse  (Haut-Rhin). 
DELESSERT  (François),  membre  de  l'Académie  des  sciences,  etc.,  rue  Mont- 
martre, 172,  à  Paris. 
DELLA  SLDDA  FILS  (GEORGES),  pharmacien,  àConstantinople.  (Correspondant  à 

Paris:  M.  L.  Soubeiran,  quai  de  la  Tournelle,  Zi7.) 
DELOXDRE  (AUGUSTE),  à  Graville-Uavre  (Seine-Inférieure). 
DÈLOIVDRE  (AUGUSTIN),  rue  des  Juifs,  20,  à  Paris. 

DEMOGET  (E.),  élève  en  pharmacie,  rue  des  Tanneurs,  18,  à  Bar-le-Duc  (Meuse). 
DEMOLY,  pharmacien,  à  Noyon  (Oise). 

DERBÈS,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  rue  des  Minimes,  10,  à  Marseille. 
DEROUET,  membre  du  conseil  général  d'Indre-et-Loire,  rue  des  Fossés-Saint- 
Gcorges,  li,  à 'l'ours,  et  rue  Chabannais,  1,  à  Paris. 


IV  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

DES  ÉT.WGS  (S  ),  juge  de  paix,  à  Bar-sur-Aube  (Aube). 

DESMAZIÈHES,  naturaliste,  à  Lamijersaii  ,  près  Lille. 

DES  I\IOLLI\S  (Ch.),  membre  de  plusieurs  académies,  rueelliôlel  de  Gourgues, 

5  Bordeaux. 
DEZANIVEAU  (Alfred),  interne  en  médecine,  à  l'hôpital  Sainte-Eugénie,  à  Paris. 
DORVAULT,  directeur  de  la   pharmacie  centrale  des  pharmaciens,  rue  des 

Marais  Saint-Germain,  23,  à  Paris. 
DOUMET  (F.),  député  au  Corps  législatif,  maire  de  Celle  (Eléraull). 
DOURS,  docteur  en  médecine,  à  Péronne  (Somme). 
DOVERGIME,  pharmacien,  à  llesdin  (Pas-de-Calais). 

DUBOC  (Edouard),  rue  des  Gobelins,  28,  Ingouville,  au  Havre  (Seine-Inférieure). 
DL'BY  (le  pasteur),  à  Genève  (Suisse). 

DUCIIARTRE  (P.),  docteur  es  sciences,  rue  de  Sèvres,  lli,  à  Paris. 
DL'CLALX,  vice-président  du  tribunal  civil,  à  Laval  (Mayenne;. 
DU  COLOMBIER  (MAtJRiCE),  directeur  du  télégraphe,  à  Metz. 
DUC0LDRAV-B0URGALLT(L.-11.),  rue  Cambrûnne,  2,  à  Nantes. 
DLFOLR  (LÉON),  docteur  en  médecine,  correspondant  de  IMnstiluI,  à  Saint- 

Sever-sur-Adour  (Landes). 
DUHAMEL,  employé  au  ministère  de  la  Guerre,  rue  Saint-IIonoré,  301,  à  Paris. 
DUM0L1IV(J.-B.),  à  Saint-Maurin,  par  Piiymirol  (Lot-et-Garonne). 
DUMOIVT  (1Ie>ry),  interne  en  médecine,  rue  de  l'Échiquier,  38,  à  Paris. 
DUQUE\ELLE  (EDOUARD),  étudiant  en  pharmacie,  rue  d'Enfer,  21,  à  Paris. 
DURIEU  DE  !\LVISOM\EUVE,  directeur  du  nouveau  Jardin  des  Plantes,  allée 

des  Noyers,  28,  à  Bordeaux. 
DUSACQ,  libraire-éditeur,  rue  Jacob,  26,  à  Paris. 
DUSSAUD,  pharmacien,  rue  de  Borne,  1,  à  Marseille. 

EBRA\  (Arthur),  pharmacien, rue  des  Pénitents,  2,  au  Elavre  (Seine-Inférieure). 
ÉI.OV  DE  VICQ  (LÉo^^  place  de  la  Placelte,  à  Abheville  (Somme). 


FABRE  (J.-IL),  professeur  d'histoire  naturelle  au  lycée  d'Avignon. 

FAIVRE,  docteur  en  médecine,  professeur  au  collège  Stanislas,  rue  Bonaparte, 

72,  à  Paris. 
FAUCIIIER  (P.),  pharmacien,  à  Rouilly  (Indre). 

FÉE,  professeur  d'histoire  naturelle  à  la  Faculté  de  médecine  de  Strasbourg. 
FÉRAUD    (IIippolyte)  ,  percepteur  des  conlrihutions  directes,  à  Carpentras 

(Vaiicluse). 
FERMO\D  (Charles),  pharm.icien  en  chef  de  la  Salpêtrière,  à  Paris. 
FERRER  (LÉON),  étudiant  en  pharmacie,  rue  des  Marchands,  à  Perpignan. 
FISTO\,  employé  des  postes,  rue  des  Récollets,  i7,  ;'i  Wisailles. 
FORGET  (Eugïine),  docteur  en  médecine,  place  Saint-Michel,  8,  à  Paris. 
FORT  (Aristide),  interne  en  pharmacie,  à  riiùpilal  Saint-Louis   5  Paris. 
FOURMER  (Eugène),  interne  des  hôpitaux,  rue  Bonaparte,  20,  à  Paris. 
FOVII.LE  (Achille  de),  interne  en  médecine,  h  l'hôpital  Necker,  à  Paris. 
FR\\OUEVILLE   (Aldert  de,  rue   Palatine,  5,  à   Paris,  et   au  château  de 

Bisanos.  par  Pau  (Basses-Pyrénées). 


LISTR    DES    MEMBRES. 


FKILI.KV,  cliiiiirgiçn  de  marine,  ;»  Pôle  (Jura). 
l'IîOGK  ((îEOr.GES),  pliariiiacicn,  à  INioit  (Ueux-Sèvres). 


GAIM.ARDOT  (C),  mt-deciii  do  l'hôpital  de  Saïda  (Syrie).  —  (Correspondant  à 

Paris  :  M.  l^uei,  boulevard  Beaumarchais,  72.) 
«AMJCIIEU  (Paul),  quai  de  la  Mégisserie,  26,  à  Paris. 
G.'\ni\Il';K(ALMiRE),  interne  en  médecine,  à  la  Salpélritîre,à  Paris. 
(iAlUlKAU  (Louis),  docteur  en  médecine,  à  Changé-lez-Laval  (Mayenne). 
GAVI\'0-GUMA,  docienr  en  médecine  et  pharmacien,  à  Pîle  de  Malte, 
GAY  (Claude),  boulevard  Bonne-Nouvelle,  25,  à  l'aris.  Membre  à  vie. 
GAY  (Jacques),  rue  de  Vaugirard,  36,  à  Paris, 
GERMAIIM  DE  SAIXT-PIEKRE,  docteur  en  médecine,  me  Pavée-Saint-André,  ;j, 

à  Paris,  et  au  château  du  Bessay,  canton  de  Uornes  (Nièvre). 
GIDE  (Casimir),  libraire-éditeur,  rue  Bonaparte,  5,  à  Paris. 
GIRALDY,  boulevard  Chave,  90,  à  Marseille. 
GIROU  DE   BLZAREIXGUES,  député  au  Corps  législatif,    rue  Royale,  28, 

à  Paris. 
GODROIV,  doyen  de  la  Faculté  des  sciences,  rue  de  la  Monnaie,  Zi,  à  Nancy. 
GOGOT,  docteur  en  médecine,  rue  dos  Trois-Pavillons,  h,  à  Paris. 
GOMBAULT  (Urbain),  interne  en  médecine,  rue  do  Constantine,  3û,  à  Paris. 
GOIVOD  'Eugène),  pharmacien,  à  Clermont-Ferrand  (Puy-de-Dôme). 
GOiMTIER,  docteur  en  médecine,  rue  Saint-IIonoré,  36/i,  à  Paris. 
GRAVES  (Louis),  directeur  général  des  forêts,  rue  de  Verneuil,  51,  à  Paris. 
GRE!MEK(Ch.),   professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  rue  de  la  Préfecture,  1/|, 

à  Besançon. 
GRIS  (Arthur),  licencié  es  sciences  naturelles,  rue  Guy-de-la-Brosse,  5, 

à  Paris, 
GRCffi\LAI\D  (JOHANNES),  rue  du  Cardinal-Lemoine,  1,  à  Paris. 
GLRLER,  agrégea  la  Faculté  do  nnklociiio,  rue  de  Soine,  12,  à  Paris. 
GLÉMIOT  (Alexandre),  étudiant  on  niédocine,  rue  Férou,  11,  à  Paris. 
GLÉI»IIV,  docteur  on  médecine,  rue  dos  Lices,  11,  à  Angers  (Maine-et-Loire). 
GLEVDOX  DE  DIVES,  à  Manzac,  par  Saint-Astier  (Dordogne). 
GIJIART,  pharmacien  eu  chef  de  l'hôpital  de  la  Pitié,  à  Paris. 
GLIDI  (Louis),  à  Pesaro  (États  de  TÉglise). 

GLILLARD  (ACHILLE),  docletu'  es  sciences,  rue  de  Laval,  15,  à  Paris. 
GLILLON  (ANATOLE),sous-inspecteur  des  contributions  indirectes,  à  Villeneuve- 

d'Agon  (Lot-et-Garonne). 
GURY  (Alphonse),  pharmacien,  rue  'rôte-d'Or,  à  Metz. 
GLYOT-RESSIGEAC  (Charles),  capitaine  d'artillerie,  à  Grenoble. 


IIË\OIV,  interprète  militaire,  à  Batua,  province  de  Constanîine  (Algérie). 
IIENIVECART,  ancien  député,  rue  Neuve-des-Mathurins,  [\1,  à  Paris. 
IIE\SLOVV,  professeur  à  l'Université  de  Cambridge  (Angleterre). 
IIÉRÉTIEU,   inspecteur    des    contributions   directes ,  à   Montauban  (Tarn-et- 
Garonne). 


VI  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

HÉRICAUT-FERRAXD  (le  vicomte),  rue  SaiiUe-Galherine-cl'Enfer,  1,  à  Paris. 

UÉRIXCQ,  atlaché  au  Muséum  clMiisloire  naturelle,  rue  Guy-de-la-Brosse,  11, 
à  l\uis. 

HOMOLLE,  docteur  en  médecine,  rue  Bonaparte,  7,  à  Paris. 

IIOOKLR  (Sir  William),  au  jardin  botanique  de.Kew,  près  Londres. 

IIOUDBIXE,  pharmacien,  à  Niort  (Deux-Sèvres). 

HOWARD  (John  Elliot),  à  Tottenliam,  près  Londres. 

HLBERT,  pharmacien,  à  New-York.  —  (Correspondant  à  Paris:  M.  Puel,  bou- 
levard Beaumarchais,  72). 

HLGL'EIV'IX  (AUGUSTE),  à  Cliambéry  (Savoie). 

IIL'MBERT  (EMILE),  docteur  en  médecine,  rue  de  la  Harpe,  107,  passage 
d'Harcourt,  à  Paris. 

IRAT  (Albert),  procureur  impérial,  à  Figeac  (Lot). 


JACQUEL  (l'abbé),  curé  à  Coinches,  par  Sainl-Dié  (Vosges). 

JAMAIIV  (A.),  docteur  en  médecine,  rue  .Mazarine,  20,  à  Paris. 

JAUIIÎV  (Pierre),  directeur  du  jardin  d'acclimalatiou  de  Beni-Mora  (Algérie). 

JAUBERT  (le  conile),  ancien  ministre,  rue  Saint-Domini(|ue,  67,  à  Paris,  et  au 

domaine  de  Givry,  par  La  Gtierche-sur-Aubois  (Cher;. 
JEA\BERXAT  (Ernest),  interne  des  hospices,  à  PhOpital  Saint- Jacques,   à 

Toulouse. 
JOLIEU  (Antoijje),  docteur  en  médecine,  à  Lavelanet  (Ariége). 
JORDAN  (Alexis),  rue  Basseviile,  10,  à  Lyon. 
JOUFFROY-GONSANS  {M.  de),  rue  de  la  Préfecture,  20,  à  Besançon,  et  rue  de 

rAncienne-Comédie,  21,  à  Paris. 
JOUVIIV,  professeur  à  l'Ecole  de  médecine  navale,  rue  Saint-Louis,  88,  à  Uoche- 

fort-sur-mer  (Charente- Inférieure). 
JULLIEIV-CROSMER,  conservateur  du  Jardin  des  Plantes,  rue  d'IUiers,  5U  bis, 

à  Orléans. 


KETELEER,  horticulteur,  rue  de  Charonne,  lZi6,  à  Paris. 
KIRSCHLEGER,  professeur  à  l'Ecole  supérieure  de  pharmacie  de  Strasbourg. 
KRALIK  (Louis),  rue  du  (îrand-Chantier,  12,  à  Paris.  Membre  à  vie. 
KRÉilIER,  docteur  en  médecine,  pharmacien  en  chef,  à  Sidi-Bel-Abbès,  pro- 
vince d'Oran  (Algérie). 
KRESZ,  docteur  en  médecine,  rue  des  Bourdonnais,  IZi,  à  Paris. 


LABOURET  (J.),  hôtel  de  l'ancienne  sous-préfecture,  à  P.ulïec  (Charente). 
LACROIX  (l'abbé  de),  à  Saint-l\omain-sur-Vienne,  par  les  Ormes  (Vienne). 
LACROIX,  ])harmacien,  à  Màcon  (Saône-et-Loire). 
LAGRANGE,  docteur  en   médecine,  rue  Garancière,  6,  à  Paris. 
LAGRÈZE  FOSSAT  (Adrien),  avocat,  à  Moissac  (Tarn-et-Garonne). 
LAISSÉ  (A. -M.),  ancien  principal  du  collège,  à  Avranches  (Manche). 


LISTE    DES    MEMBRES.  vij 

I-A!\IIJEHTYE  (le  comte  Léonce  de),  à  Clialliail,  par  MoiUmort  (Marne). 

LAMIABLE  (G.),  docteur  en  mt'decine,  h  Cliàleau-l>orcien  (Ardennes). 

LAMOTTE  (Martial),  pharmacien,  à  Iliom  (Puy-de-Dôme). 

LAXGE,  I)il)liolli('caire  au  jardin  botanique  de  Copenii<Tgiie  (Danemark). 

LA  l>Ei;itALDIÈRE  (Henri  de),  rue  du  Cornet,  2/i,  à  An5,'crs. 

LAPOUTE  (Edmond),  boulevard  de  l'Étoile,  38,  aux  Thèmes,  près  Paris. 

LAnAMJÎEIlGlJE  (IlENRi  DE),  à  Castres  (Tarn). 

LAUEVEl.LlÈlîE-LÉPEALV,  au  Gué  du  Berger,  à  Thouarcé  (Deux-Sèvres). 

LASÈGLE  (A.),  conservateur  des colleclionfi botaniques  de  M.  François  Delessert, 
rue  Montmartre,  172,  à  Paris. 

EAVALLÉE  (ALPHONSE),  pue  des  Coutures-Sainl-Gervais,  1,  à  Paris. 

LAVAU  (Gaston  de),  rue  du  Bac,  97,  à  Paris. 

LAVERIMELLE  (OscAR  DEi,  rue  de  Martignac,  2/i,  à  Paris. 

LEBAIL,  docteur  en  médecine,  à  Kvron  (Mayenne). 

LEBEL  (E.),  docteur  en  médecine,  à  Valognes  (Manche). 

LEBEUF  (Ferdinand),  pliarmacien,  à  Bayonne  (Basses-Pyrénées). 

LECADRE,  ancien  chirurgien  de  marine,  rue  Cliilou ,  8,  au  Havre  (Seine- 
inférieure). 

LECLERC,  professeur  d'histoire  naturelle  à  l'École  de  médecine  et  de  phar- 
macie de  Caen  (Calvados). 

LECLÈRE  (Louis),  chez  M.  Léon  Denouette,  à  Monlivilliers,près  le  Havre  (Seine- 
Inférieure). 

LECOQ  (Henri),  professeur  d'histoire  naturelle  à  la  Faculté  des  sciences  de 
Clermont-Ferrand  (Puy-de-Dôme).  Membre  à  vie. 

LE  COLPPEY,  pharmacien,  à  Bercy,  près  Paris. 

LE  DIE!\  (Emile),  propriétaire,  à  Asnières  (Seine). 

LE  FORT  (LÉON),  interne  en  médecine,  rue  des  Fossés-Saint-Bernard,  22,  à  Paris. 

LEGRAIVD  (de  l'Oise),  ancien  député,  rue  Richepanse,  7,  à  Paris. 

LEGUAY  (LÉON),  inspecteur  des  jardins  impériaux,  rue  du  Cherche-Midi,  17,  à 
Paris. 

LE  MAOLT  (Emm.),  docteur  en  médecine,  quai  de  la  Tournelle,  33,  à  Paris. 

LENORMAIVT  (François),  rue  Neuve-des-Petits-Cliamps,  ih,  à  Paris. 

LÉPmE  (Jules),  pharmacien  de  première  classe  de  la  marine,  à  Pondichéry 
(Inde  française).  — (Correspondant  à  Paris:  M.  P.  Dupont,  rue  de  l'Échi- 
quier, 15). 

LE  PRÉVOST  (Auguste),  membre  de  l'Institut,  à  Bernay  (Eure). 

LEROUX  DE  BRETAGNE,  avocat,  rue  des  .Saints-Pères,  61,  à  Paris. 

LEROY  (André),  pépiniériste,  ù  Angers. 

LESPIAIJLT  (M.),  peintre  d'histoire  naturelle,  à  Nérac  (Lot-et-Garonne). 

LESPIXASSE  (Gustave),  agent  de  change,  rue  du  Waux-IIall,  1.  à  Bordeaux. 
LESTIBOLDOIS  (TH.),  conseiller  d'État,  rue  de  la  Victoire,  92,  à  Paris. 
LETOL'RNEIJX  (ARISTIDE),  procureur  impérial,  à  Bône  (Algérie). 

LEVEI\T,  ancien  pharmacien,  place  du  Palais-de-Justice,  16,  à  Ueims  (Marne). 
LIIÉRITIER,  docteur  en  médecine,  rue  de  la  Victoire,  8,  à  Paris. 
LOCK,  pharmacien  à  Vernon  (Eure). 
LOMBARD  (F.),  place  d'Armes,  li,  à  Dijon. 

LORIÈRE  (IRÉNÉE  DE),  rue  Chanoinesse,  12,  à  Paris. 


VllJ  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

LOYSEL  (François-Charles),  rue  Mazarine,  3,  à  Paris. 

LUTZ,  pharmacien  en  clicfdel'liôpital  des  Eiifunls  malades,  rue  deSèvres',àParis. 


MACREWA  (Benjamin  Vicunna),  au  Chili.  —  (Correspondant à  Paris:  M.  Cliaries 
Valder,  passage  de  la  Madeleine,  /j.) 

MAILLAllD  (Auguste),  rue  Saint-Sulpice,  1,  à  Paris. 

:\IAILLE  (Alphonse),  rue  Madame,  1,  à  Paris. 

MA\ESCAU,  ancien  reprt^scntant,  à  Pau  (Basses-Pyrénées). 

MAUCILLY  (de),  garde  général  des  forêts,  à  Conipiègne  (Oise). 

:\1AIÎÈS  (P.),  docteur  en  médecine,  rue  Blanche,  10,  à  Paris. 

MAIMOLIIV,  docteur  en  médecine,  rue  de  la  Paix,  1,  à  Paris. 

MARMOTTOiM  (IlENRi),  docteur  en  médecine,  rue  Notre-Dame,  /i ,  à  Passy, 
près  Paris. 

;\IARSY  (de),  procureur  impérial,  à  Compiègne  (Oise). 

YIAIITIX  (Éjule),  juge,  ù  Uonioranlin  (Loir-et-Cher). 

lIAUTIiXS  (Charles),  professeiu-  à  la  Faculté  de  médecine  de  Montpellier. 

.MARTIîI^'-DO^OS  (le  comte  Victor  de),  Grande-Rue,  à  Montauban  (Tarn-et- 
Garonne). 

MASSOX  (VrcTOR),  libraire-éditeur,  place  de  TÊcole-de-Médecine,  à  Paris. 

MASSOT  (Aimé),  docteur  en  médecine,  rue  Saint-Jean,  9,  à  Perpignan. 

MATHIEU  (Auguste),  inspecteur  des  forêts,  professeur  à  l'Ecole  impériale  fo- 
restière, rue  Stanislas,  UG,  à  Nancy. 

MATlG\Oi\  (E.),  à  Fontainebleau  (Seine-et-Marne). 

MAUGEUET,  directeur  du  télégraphe,  à  Bordeaux. 

MALGIN  (Auguste),  interne  en  médecine,  àriIôtel-Dieu,  à  Paris. 

AIALGIIV  (Gustave),  avocat,  rue  de  Seine,  33,  à  Paris. 

MAI]RI1\  (Alcide).  étudiant  en  médecine,  rue  Monsieur-le-Prince,  56,  à  Paris, 

IV1ALVAIS  (Virgile),  interne  en  médecine,  à  l'iiôpital  Saint-Louis,  à  Paris. 

MÉEICOCO  (le  baron  de  Lapons  de),  rue  lloyale,  8Zi  his,  à  Lille. 

MEiXIÈRE  (le  docteur),  médecin  de  l'établissement  des  sourds-muets,  rue  Saint- 
Jacques,  256,  à  Paris. 

\1ERCIER,  pharmacien,  me  Crébillon,  11,  à  Nantes. 

iVlIClIALET  (Eugène),  avocat,  à  Dùlc  (Jura). 

MIERGLES  (Auguste),  docteur  en  médecine,  à  Anduze  ^Gard). 

MILLET  (C),  inspecteur  des  forêts,  rue  du  Marclié-Saint-llonoré,  6,  à  Paris. 

MilVGAUD,  pharmacien,  à  Saint-Jean-du-Gard  (Gard). 

MOiVARD  (l'.),  ancien  médecin  en  chef  des  armées,  conservateur  du  jardin  bo- 
tanique, rue  de  l'Évèché,  25,  à  Metz. 

MO.\TAG\E  (Camille),  membre  de  l'Académie  des  sciences,  etc.,  ruedes  Beaux- 
Arts,  12,  à  Paris. 

:\!OQIjIi\-TA\DO\  (Alfred),  membre  de  l'Académie  des  sciences,  etc.,  rue  de 
l'Est,  2,  à  Paris. 

MORIZE,  pharmacien,  rue  des  Francs-Bourgeois,  13,  au  Marais,  à  Paris. 

MOUGEOT  père,  docteur  en  médecine,  à  Bruyères  (Vosges). 

MOLRA-BOLROUILLOU  (B.),  docteur  en  médecine,  rue  de  la  Fontaine-Molière, 
33,  à  Paris. 


MSTIÎ    DES    MF.MIîRES.  1\ 

MUNBY  {€,.),  h  Oraii  (Algérie). 

ÎVIUSSAT  (flMlLE),  élève  en  pliannacie,  à  la  Salpêlrière,  à  Paris. 

NOÉ  (le  comte,  de),  rue  du  Bac,  10'_>,  à  Paris. 

îMOULliT,  professeur  à  rÉcoie  de  médecine,  rue  du  Lycée,  8,  à  Toulouse. 


OUIMOLS  (LÉO  d'),  à  Saverdun  (Ariége),  et  rue  Jacob,  22,  à  Paris. 

PARISOT  (Louis),  pharmacien,  à  Belfort  (Haul-Rhin). 

PARLATOIIE  (Philippe),  professeur  de  ijolanique  au  Musée  grand-ducal  d'Iiis- 
toire  naturelle  de  Florence  (Toscane). 

PARSEVAL-GRAXDMAISOIV  (.Iules  de),  avocat,  aux  Perrières,  près  Mâcon 
(.Saône-et-Loire). 

PASSY  (ANTOINE),  ancien  député,  rue  Pigale,  6,  à  Paris,  et  h  Gisors  (Eure). 

PAYER,  membre  de  l'Académie  des  sciences,  etc.,  rue  Saint-Myacinthe-Saint- 
Michel,  6,  à  Paris. 

PENCIIIMAT  (Charles),  docteur  en  médecine,  à  Port-Vendres  (Pyrénées-Orien- 
tales). 

PÉPIN  (Jules),  docteur  en  médecine,  rue  de  l'Est,  7,  à  Paris. 

PERRIER  (Eugène),  à  Conflans-sur-rilôpltal  (Haute-Savoie). 

PERKIO  (Francisque),  à  Napoléonville  (Morbihan). 

PERROTTET,  à  Pondichéry.  —  (A  Paris,  rue  Montmartre,  172). 

PERSOIVIVAT  (Camille),  rue  d'Éligny,  20,  à  Auch  (Gers). 

PERSOMÎMAT  (Victor),  employé  des  contributions  indirectes  ,  à  ,SaintGéré(Lot). 

PETIT  (Guillaume),  membre  du  conseil  général  de  l'Eure,  à  Louviers  (Eure). 

PETIT  (V.),  docteur  en  médecine,  à  Hermonville,  près  ileims  (Marne). 

PEUJADE  (Ulysse),  docteur  en  médecine,  Ji  Najac  (Aveyron). 

PICQUOT  (EDOUARD),  interne  en  pharmacie,  rue  de  Conslanline,  36,  à  Paris. 

PLANCIIOM  (J.-E.),  professeur  à  la  Faculté  des  .sciencesde  Montpellier. 

POIRIER  (Abel),  rue  de  Constantine,  36,  à  Paris. 

POMMARET  (E.  de),  à  Asen  (f.ot-et-Garonne). 

POUCHET  (Eugène),  à  Saint-Miciiel-dp-la-llaie,  par  Bourgachard  (Eure). 

PRILLIEL\  (Edouard),  rue  de  la  Viile-l'Évèque,  58,  à  Paris. 

PUEL  (Louis),  pharmacien,  à  Figeac  (Lot). 

PUEL  (TiMOTHÉE),  docteur  en  médecine,  boulevard  Beaumarchais,  72,  à  Paris. 

QLESTIER  (l'abbé),  curé  à  Thury  en  Valois,  parBetz  (Oise). 

RAROTIN,  pharmacien,  à  Fontainebleau  (Seine-et-Marne). 

RAMEUR  (P.), docteur  en  médecine,  rue  Sainl-Nicolas-Simon,  33,  à  Tours. 

RAHIOIV  DE  LA  SAGRA,  correspondant  de  l'Institut,  passage  Saulnier,  22,  à 

Paris. 
RAMOXD  (A.),  directeur  des  douanes,  au  Havre  (Seine-Inférieure). 
RA\TO\\ET,  pépiniériste,  à  Ilyères  (Var). 


X  SOCIÉTÉ    nOTAiMQUE    DE    FRANCE. 

KASCOM  (Mabtin-Jose),  à  Mexico.  —  (CorrespoiidaiU  à  Paris  :  M.  O'Biicn,  rue 

Mogador,  U). 
RATIER  (l'alji)é},  professeur  au  petit  séminaire,  rue  de  rKsfjuille,  1,  à  Toulouse. 
RAULI\  (Victor),  professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  rue  Croix-de-Segucy,  87, 

à  Bordeaux. 
RAY\£VAli  (le  comte  Alphonse  de),  aiubassadeur  de  France,  à  Rome. 
REBOUD,  docteur  en  médecine,  chirurgien  aide-major,  à  Djelfa  (Algérie). 
RÉCAMIER  (Etienne),  rue  du  Hegard,  1,  à  Paris. 
REG\AL'r,  attaché    à  Fadaiinislratiou  du  cliemiu  de  fi'r  d'Orléans,  rue  S.iinl- 

Ilonoré,  398,  à  Paris. 
REVEIL,  agrégé  à  l'École  de  pharmacie,  à  l'hôpital  des  Cliniques,  à  Paris. 
REl  FILS,  à  Saint-Amand-Monirond  (Cher). 
ROBI\,  ancien  ingénieur  divisionnaire  des  ponts  et  cliaussées,  rue  de  la  Victoire, 

73,  à  Paris. 
ROQUE  DE  SAI\  r-PRÉG\AIV ,  sous-inspecteur  des  forêts,  rue  Royale,  8,  à  l'aris. 
ROMAIîV  (Chaules),  rue  Doria,  à  Alger. 
ROSIXY  (Li';o\  de),  rue  Lacépède,  15,  à  Paris. 
ROLMEGUÈKE  (Casimir),  secrétaire  en  chef  de  la  sous-préfecture,  place  de  la 

Visitation,  9,  à  Toulouse. 
ROUSSEL  (le  docteur),  rue  des  Fossés-Saint-Jacques,  26,  à  Paris. 
ROYS  (le  marquis  de),  ancien  élève  de  l'École  polytechnique,  rue  de  Verneuil,  53, 

à  Paris. 


SAIMTIXE  (X.-B.),  rue  de  Lancry,  7,  à  Paris. 

SAUBL\ET  aîné,  membre  de  l'Académie  impériale  de  Reims  (Marne). 
SAULCY  (  de)  ,  membre  de  l'Institut,  etc.,  place  Saint-Thomas-d'Aquin,  à  Paris. 
SAUZK    (C),  docteur  en    médecine,  à  la  Molhe-Saint-lléray  (Deux-Sèvres). 
SAUZET  (L.-H.  DE),  licencié  es  sciences  naturelles,  rue  des  Saints-Pères,  55, 

à  Paris. 
SAVATIER  (Alexandre),  de  Chéray  (Ile  d'Oléron),  docteur  en  médecine,  à 

Beauvais-sur-Matha,  par  Matha  (Charente-Inférieure). 
SAVATIER  (Ludovic),  de  Saint-Georges  (Ile  d'Oléron),  chirurgien  de  la  marine, 

à  Mahé  (Inde  française). 
SA VI  (PiETROj,  professeur  de  botanique,  à  Pise. 

SCIIIAII'EU  (W.-P.),  conservateur  du  Musée  d'histoire  naturelle  de  Strasbourg. 
SCIIOEXEFELD  (W.  DE),  rue  de  la  Ferme-dcs-Mathiu-Jns,  30,  à  Paris,  et  à  Saint- 

ricrmaiii-en-Laye  (Seine-et-Oise'. 
SECOXD-FERRÉOL  (FÉLIX),  interne  en  médecine,  à  l'hôpital  Beaujon,  à  Paris. 
SERIXGE,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Lyon. 
SERRES,  colonel  d'artillerie  en  retraite,  à  la  Roche-des-Arnauds,  près  Gap 

(Ilaules-Alpes). 
SERRES  (Hector),  pharmacien,  à  Dax  (Landes). 
S1M0\,  ex-chancelier  du   consulat  de  l-'rance  à  Erzeroum.  —  (Correspondant  à 

Paris:  M.  Puel,  boulevard  Beaumarchais,  72.) 
SOUBEIRAX  (J.-LÉON),  professeur  agrégé   à  l'Ecole  de  pharmacie,  quai   de  la 

Tournelle,  !i7,  à  l'aris. 


SPACII  (Kdouard),  garde  de  la  galerie  de  botanique  du  IMiiséiim  d'histoire  na- 
turelle, ou  Jardin  des  plantes,  à  Paris. 

TARGIO^■I-TOZZETTI  (Adolpiik),  professeur  de  botanique,  à  Florence  (Tos- 
cane). 

TASSI  (Attilio),  professeur  de  botanique,  à  l.ucques  (Italie). 

TCIIIIIATCIII;f  (P.  dk),  membre  de  l'Académie  des  sciences  de  lîerlin,  etc. , 
rue  de  Rivoli,  grand  hôtel  du  Louvre,  à  Paris. 

TIIIBESARD,  fondé  de  pouvoirs  du  receveur  général,  à  Laon  (Aisne). 

THOMSON  (le  docteur),  à  Kew,  près  Londres. 

TIILIÎET  (Gustave),  rue  Napoléon,  18,  h  Cherbourg  (\Lnnche),  et  quai  Bourbon, 
15,  à  Paris. 

TIIXETTE  DE  CLEKMOAiT-TOXIVERRE  (le  baron),  député  au  Corps  légis- 
latif, ù  Abbeville  (Somme). 

TIMBAL-LAGRAVE  (ED.),  pharmacien,  rue  Pargaminière,  8û,  à  Toulouse. 

TISSEUR  (l'abbé),  missionnaire,  aux  Chartreux,  à  Lyon. 

TITOIV,  docteur  en  médecine,  à  Châlons-sur-Marne  (Marne), 

TOCQUAINE  (Adolphe),  à  Remiremont  (Vosges). 

TODARO  (Augustin),  directeur  du  jardin  botanique  de  Palerme  (Sicile). 

TOPINARD  (Paul),  interne  en  médecine,  à  l'hôpital  Saint-Louis,  à  Paris. 

TOURE\T,  docteur  en  médecine,  à  Thiers  (Puy-de-Dôme). 

TRACY  (de),  ancien  ministre,  rue  d'Anjou-Saint-IIonoré,  hS,  à  Paris. 

TRÉCUL  (A.),  rue  Cuvier,  20,  à  Paris. 

TROLILLARD,  banquier,  à  Saumur  (Maine-et-Loire). 

TULASIVE  (L.-R.),  membre  de  l'Académie  des  sciences,  etc.,  rue  de  Vaugirard,  73, 
à  Paris. 

VALLON  (Alexandre),  licencié  ès-sciences,  rue  Gracieuse,  20,  à  Paris. 
VANDERMARQ,  rue  de  Lille,  76,  à  Paris. 
VALPELL  (Christian),  à  Copenhague  (Danemark). 
VIAUD-GRANDIMARAIS  (Ambroise),  interne  des  hôpitaux,  rue  Bonaparte, 

à  Paris. 
VILLIERS  DU  TERRAGE  (le  vicomte  de),  ancien  pair  de  France,  rue  Racine,  8, 

à  Tours. 
VILMORIN  (Louis),  quai  de  la  Mégisserie,  28,  à  Paris. 

WARION  (Adrien),  rue  du  Palais,  10,  à  Metz. 

WATELET  (Ad.),  professeur,  oflicier  d'Académie,  à  Boissons  (Aisne). 

WEDDELL  (H. -A.),  docteur  en  médecine,  aide-naturaliste  au  Muséum,  rue  de 
Poissy,  1,  à  Paris. 

WEGiMANN  (Fernand  de),  garde  général  des  forêts,  à  Soultz-sous-Forêts  (Bas- 
Rhin). 

WEISS-SCIILUIVIBERGER,  à  Mulhouse  (Haut-Pdiin). 

WIGHT  (le  docteur),  à  Grazeley-Lodge,  près  Reading  (Angleterre). 


Paris.  —  Imprimerie  de  L.  MiSTiNF.T,  rue  Mignon,  2. 


SOCIÉTÉ    BOTANIQUE 

DE  FRANCE. 


SÉANCE  DU   9   JANVIER   1857. 

PRÉSIDENCE   DE   M.    A,    PASSY. 

M.  Duchartre  ,  secrétaire  ,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
séance  du  26  décembre  1856,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance ,  M.  le 
Président  proclame  Tadmission  de  : 

MM.  Buffet  (Jules),  élève  en  pharmacie,   rue  des   Mathurins- 
Saint-Jacques,  A,  à  Paris,  présenté  par  MM.  Maurin  et 
Eug.  Fournier. 
Romain  (Charles),  rue  Doria,  à  Alger,  présenté  par  MM.  Maille 
et  Eug.  Fournier. 

M.  le  Président  annonce  en  outre  cinq  nouvelles  présentations. 

Dons  faits  à  la  Société: 

1"  De  la  part  de  M.  Ch.  Martins,  de  Montpellier  : 

La  Géographie  botanique  [extrait  de  la  Revue  des  Deux  Mondes), 

2"  De  la  part  de  M.  Ed.  Bornet,  de  Cherbourg  : 
Description  de  trois  Lichens, 

3"  De  la  part  de  31.  Gavino-Gulia,  de  Malte  : 

Repertorio  botanico,procedato  da  una prefazione  bibliografico-critica, 
fasc.  1.  Malte,  1855-56. 

A*  Kn  échange  du  Bulletin  de  la  Société  : 

V Institut,  décembre  1856  et  janvier  1857,  dtiux  tiuméros, 

T.    IV,  \ 


2  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE    FRANCE. 

Lecture  est  donnée  cFune  lettre  de  M.  le  docteur Leclerc,  deCaen, 
qui  remercie  la  Société  de  l'avoir  admis  au  nombre  de  ses  membres. 

Conformément  à  l'article  28  du  rèulement,  M.  le  Président  fait 
connaître  à  la  Société  le  nom  des  membres  des  diverses  Commissions 
nommées  par  le  Conseil,  [)our  l'année  1857,  dans  sa  séance  du  19 
décembre  dernier. 

Ces  Commissions  sont  composées  de  la  manière  suivante: 

1°  Commission  de  comptabilité,  cliargée  de  vérifier  la  gestion  de 
M.  le  Trésorier:  MM.  Brice,  J.  Gay  et  T.  Puel; 

2°  Comjnission  des  archives,  cbargée  de  vérifier  la  gestion  de 
M.  l'Arcbiviste:  MM.  Cosson,  Maille  et  Weddell  ; 

3°  Commission  permanente  du  Bulletin:  MM.  Chatin,  Decaisneet 
deScbœnefeld. 

i' 

31.  le  Président  annonce  que,  par  suite  du  tirage  au  sort  qui  a  été 
fait  le  19  décembre  dernier,  les  membres  du  Conseil  qui  doivent  être 
remplacés  cette  année  sont  :  3IM.  Bouchardat ,  J.  Gay  ,  Le  Maout  et 
le  baron  Tillette  de  Clermont-Tonnerre. 

A., 

On  procède  ensuite  à  l'élection  du  président  pour  l'année  1857. 

r 

M.  Moqlln-Tandon,  ayant  obtenu  100  suffrages  sur  128  ,  est  pro- 
clamé président  de  la  Société  pour  l'année  1857. 

La  Société  nomme  ensuite  successivement: 

Vice-préside7îts :  MM.  le  comte  Jaubert,  T.  Puel,  Le  Maout  et 
Lasègue. 

Vice-secrétaire:  M.  de  Scliœnefeld,  en  remplacement  de  M.  T. 
Puel,  nommé  vice-président. 

Membres  du  Conseil:  MM.  A.  Passy,  Boisduval,  Cbatin,  Bâillon, 
Germain  de  Saint-Pierre  et  Menière.  - 

Il  résulte  de  ces  nominations  que  le  Bureau  et  le  Conseil  d'admi- 
nistration delà  Société  se  trouvent  composés,  pour  l'année  1857,  de 
la  manière  suivante  : 

^ 


SÉANCE    DU    9   JANVIER    1 SS"] 


Président. 
31.  Moquin-Tandon. 


Vice-présidents . 


MM.  le  comte  Jauhcit. 


MM.  E.  Le  Maout. 


Lasègiie. 

T.  Puel. 

Secrétaires. 
MM.  E.  Cosson. 
Ducliartre. 

Vice- secrétaires. 
MM.  de  Schœnefeld.     ' 
L.  Soubeiran. 

Trésorier. 
M.  Fr.  Delessert. 

Archiviste, 
M.  de  Bonis. 

Membres  t 

lu  Conseil. 

MM.  Bâillon. 
Boisduval. 
Brice. 

Ad.  Brongniart. 
Chatin. 
Decaisne. 

MM.  Germain  de  Saint-Pierre. 
Menière. 
Montagne. 
A.  Passy. 
L.-R.  Tulasne. 
Weddell. 

Avant  de  se  séparer,  la  Société  vote  des  remcrcîments  unanimes 
à  M.  A.  Passy,  pour  le  dévouement  avec  lequel  il  a  bien  voulu  diriger 
ses  travaux  pendant  l'année  qui  vient  de  finir. 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE   DE   FRANCE. 

SÉANCE    DU    16    JANVIER    1857. 

PRÉSIDENCE   DE   M.    MOQDIN-TANDON. 

M.  Dndiarlre,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
séance  du  0  janvier,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance  ,  M.  le 
Président  proclame  l'admission  de: 

MM.  Gavino-Gulia,  docteur  en  médecine  et  pharmacien,  à  l'île  de 
Malte,  actuellement  à  Paris,  rue  de  l'École-de-Médecine,  25, 
présenté  par  MM.  Dorvault  et  L.  Soubeiran. 

Pépin  (Jules),  docteur  en  médecine,  rue  de  l'Est,  7,  à  Paris, 
présenté  par  MM.  Moquin-Tandon  et  Cosson. 

Salzet  (Louis-Henri  de),  licencié  es  sciences  naturelles,  rue 
des  Saints-Pères,  55,  à  Paris,  présenté  par  MM.  Moquin- 
Tandon  et  Cosson. 

Bélanger  (Charles),  directeur  du  jardin  botanique  de  la  Mar- 
tinique, actuellement  à  Paris,  présenté  par  MM.  Moquin- 
Tandon  etDecaisne. 

Gris  (Arthur),  licencié  es  sciences  naturelles,  rue  Guy-de- 
la-Brosse,  5,  à  Paris  ,  présenté  par  MM.  Ad.  Brongniart  et 
Weddell. 

M.  le  Président  annonce  en  outre  une  nouvelle  présentation. 

Dons  faits  à  la  Société  : 

1°  De  la  part  de  31.  Ch.  Martins,  de  Montpellier  : 
Index  seminumhorti  Mbmpcliensis,  1856. 

2*  En  échange  du  Bulletin  de  la  Société  : 
ZVns^?Vw^  janvier  1857,  un  numéro. 

M.  de  Schœnefeld  ,  vice-secrétaire,  donne  lecture  d'une  lettre  de 
M.  le  comte  Jaubert ,  qui  remercie  la  Société  de  l'avoir  appelé  aux 
fonctions  de  vice-président. 

Lecture  est  également  donnée  d'une  lettre  de  M.  le  D'  Caspary, 
de  Bonn,  qui  remercie  la  Société  de  l'avoir  admis  au  nombre  de  ses 
membres. 


SÉANCE    DU   16   JANVIER    1857.  S 

M.  Cosson  met  sous  les  yeux  de  la  Société  plusieurs  espèces  nou- 
velles d'Algérie,  et  fait  les  communications  suivantes: 

ITINÉRAIRE  D'UN  VOVAGK  r.OTANIQLE  EN  ALGÉRIE,  ENTREPRIS  EN  185G  SOUS  LE 
PATRONAGE  DU  MINISTÈRE  DE  LA  GUERRE,  par  M.  E.  COSSOIM  (1). 

(Sixième  partie.) 

Le  ksar  d'Arba  el  Tatnni,  dont  les  maisons  à  plusieurs  étages  couronnent 
un  mamelon  rocheux,  domine  l'oasis  qui  s'étend  sur  les  bords  du  vaste  maré- 
cage que  traverse  l'Oued  Goulila.  Nous  installons  noti-e  campement  au-des- 
sous du  village,  aux  bords  du  marais  et  à  l'abri  des  dattiers  d'un  jardin. 
Pour  utiliser  le  reste  de  la  journée,  nous  laissons  M.  Mares  présider  à  notre 
installation  et  faire  ses  préparatifs  pour  les  vues  photographiques  qu'il  se 
propose  de  prendre  le  lendemain  dans  ce  site  pittoresque,  et  nous  en- 
treprenons une  courte  excursion  sur  les  coteaux  à  l'est  du  village,  où  la 
présence  simultanée  de  sable  mouvant,  de  rochers  calcaires  et  de  grès  nous 
promet  une  herborisation  intéressante.  Là  nous  recueillons  entre  autres  les 
Enarthrocarpus  clavatus,  Ifloga  Fontanesii,  Euphorbia  Provincialis,  Ono- 
pordon  ambigimm,  Centaurea  polyacuntha^  Echinopsilon  muricatus.  Silène 
vil/osa  var.  micropetala ,  Miiricaria  prostrata  ,  Cyrtolepis  Alexandrina, 
Echimn  humile,  Arnebia  Vivianii,  Anchusa  Inspida,  Carduncellus  erioce' 
phahts?,  Kœlpinia  lineains.  Les  sables  des  environs  de  deux  marabouts 
nous  offrent  une  partie  des  espèces  propres  aux  dunes,  parmi  lesquelles  nous 
nous  bornerons  à  citer  les  Arthrutherwn  pungens,  Eupliorbia  Gwjoniana, 
Echinops  spinosus,  jSolletia  chrysocomoides ^  Rétama  Duriœi  var.  phœo- 
catyx,  Ononis  serrata,  Malcolmia/Egyptiaca,  Ammochloa  subacai(lis,B)'as- 
sîca  Tourne fortii .  Une  exploration  plus  prolongée  de  ces  sables  ne  semblant 
devoir  rien  ajouter  à  nos  récoltes,  nous  redescendons  vers  les  jardins, 
que  nous  visitons.  Indépendamment  du  Dattier  qui  tient  une  assez  large 
place  dans  les  plantations  et  des  autres  arbres  fruitiers  que  nous  avons  re- 
marqués à  Chellala.nous  notons  la  présence  du  Pommier  ;  la  Garance  {^^/ie'a 
tlnctorum)  croit  en  abondance  paimi  les  plantes  rudérales  qui  occupent  les 
terrains  en  friche.  Nous  terminons  notre  excursion  par  l'exploration  du  Ut  de 
l'oued,  dont  les  alluvions  sont  en  grande  partie  occupées  par  des  Tamarix 
Gallica,  des  Lauriers-Roses,  les  Phrogmùes  commum's,  Typha  ladfolia, 
Juncus  maritirmis,  Imperata  cylindrica  ti  Scirpus  lloloschœnus.  Aux  bords 
du  cours  d'eau  nous  observons  les  ZoUikoferiaresedifolia^  Cleome  Arabica^ 
Paroîiychia  nivea  var.  macrocalyx^  Festuca  cynosuroides,  Pyrethrum  fus- 
catum,  Statice  Bonduellii,  Senecio  coronopifolius,  Spergidaria  diandra  et 

(1)  Pour  les  cinq  premières  parties  d(!  cet  Itinéraire,  voyez  le  Bulletin,  t.  III, 
.  388,  559,  599,  665  et  697. 


§  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE    FRANCE. 

média,  une  variété  remarquable  de  Tai'axacum  Dens-leonis,  à  rosette  de 
feuilles  appliquée  sur  le  sol,  déjà  observée  par  nous  à  Ain  Sefissifa,  le 
Juncus  bu foniits,  etc. — A  peine  sommes-nous  revenus  à  notre  tente  et  avons- 
nous  eu  le  temps  de  nous  mettre  tous  à  la  préparation  de  nos  récoltes, 
que  quelques  mots  français,  des  plus  vigoureusemenl  accentués,  frappent 
nos  oreilles  et  nous  jettent  dans  un  profond  étonnement;  car  sur  ce  point  re- 
culé du  sud,  nous  nous  croyions  bien  les  seuls  Français  à  plus  de  vingt  lieues 
à  la  ronde;  après  un  instant  de  réilexion  ,  pour  nous  convaincre  que 
nos  oreilles  ne  nous  ont  pas  trompés,  nous  nous  précipitons  bors  de  la 
tente  et  nous  avons  l'agréable  surprise  de  voir  descendre  de  cbeval  plusieurs 
officiers  de  Géryville  qui  viennent  pour  faire  la  pêche  dans  l'Oued  Goulila. 
Quelques  mulets  les  suivent,  chargés  de  tonnes  destinées  à  transporter 
vivants  des  barbillons  qui  doivent  servir  à  l'empoissonnement  d'une  pièce 
d'eau  récemment  creusée  à  Géryville.  Ces  messieurs  nous  apprennent  que 
M.  de  Colomb  a  tout  fait  préparer  à  Géryville  pour  notre  réception  et 
que  nous  devons  y  trouver,  grâce  à  la  sollicitude  et  à  la  généreuse  hospi- 
talité du  commandant  supérieur,  un  bien-être  dont  nous  commençons  à  sentir 
le  besoin  après  toutes  les  fatigues  de  notre  voyage,  ^'ous  ne  pouvons 
résister  au  plaisir  de  passer  la  soirée  avec  nos  aimables  voisins,  parmi  les- 
quels M.  Kralik  trouve  avec  une  vive  satisfaction  deux  compatriotes  d'Al- 
sace, ce  qui  lui  permet,  tout  en  prenant  le  café  et  en  fumant  la  pipe,  de 
faire  échange  de  politesses  en  allemand  avec  les  nouveaux  compagnons  que 
nous  sommes  si  heureux  de  rencontrer  ainsi  à  l'improviste.  Ce  n'est  qu'assez 
tard  que  nous  pouvons  retourner  à  nos  plantes  et  achever  nos  préparatifs 
pour  la  course  du  lendemain. 

Le  18,  à  7  heures  du  matin,  nous  montons  à  cheval  pour  nous  rendre  au 
pied  du  Djebel  INzira,  montagne  locheuse  qui  à  l'ouest  s'élève  de  quelques 
centaines  de  mètres,  renonçant  à  visiter  le  Djebel  Bou  Noueta  qui,  plus 
éloigné,  borne  la  plaine  à  l'est  et  atteint  une  plus  grande  élévation.  Pour 
cette  course,  nous  sommes  accompagnés  de  quelques  fantassins  du  village, 
auxquels  nous  donnons  un  peu  de  poudre  pour  se  livrer  à  une  fantasia  qui 
les  enchante.  Les  alluvions  sablonneuses  d'un  oued  qui  longe  la  base  de  la 
montagne  nous  offrent  à  peu  près  les  mêmes  plantes  que  le  lit  de  l'Oued 
Douis  que  nous  avions  exploré  dans  notre  trajet  de  Guelta  el  Hammam  à 
Arba;  nous  y  recueillons  en  outre  les  Lotus pusilhis,  Cleovie  Arabica,  Gym- 
nocarpus  dccandrus,  Anvillea  radiata,  Echinospermum  Valdianuin,  Atrac- 
tylis  microcephala,  etc.  Le  versant  sud  du  Djebel  Nzira,  dont  nous  faisons 
l'ascension  par  un  ravin  qui  s'étend  presque  jusqu'au  sommet  de  la  pente, 
est  entièrement  dépourvu  de  végétation  arborescente,  et  sur  ses  flancs  ro- 
cheux nous  ne  rencontrons  d'autres  arbrisseaux  que  quelques  rares  touffes 
du  Jlhus  dioicael  quelques  pieds  rabougris  des  lihamnus  hjcioides,  Juni- 
perus  Phœnicea,  Pistacia  Atlantica.  Nous  croyons  devoir  donner  ici  la  liste 


SÉANCE   DU   16   JANVIER    1857.  ? 

des  espèces  les  plus  intéressantes  que  nous  avons  observées  dans  notre  as* 
pension  de  la  montagne  : 

Carrichlcra  Vcllse.  Asteriscus  pygmaeus.  Plantago  amplfxicaulis. 

Silène  pyriformis.  ColeostcpI)ns  inacrotus.  Caroxylon  articulatum. 

Medicago  laciniata,  Artemisia  Ilerba-alba.  Anabasis  articulata. 

Paronychia  Cossoniana.  Amberboa  i  rupiiioides.  Ruincx  vesicariiis. 

—  nivca  var.  macrocalyx.  Carliiia  iiivolucrata.  Passerina  inicropbylla. 

Heniiaria  fruticosa.  Catananche  cierulea.  Ephcdra  fragilis. 

Gymnocarpiis  decandrus.  Sonchus  spinosus.  Aspliodelus  teiiuifolius. 

Scduni  altissiinum.  Orobaiiche  cernua.  Allium  Cupani. 

Eryngiuin  ilicifolinm.  Phelipaea  Schultzii.  Asparagus  borridus. 

Ferula  sp.  nov.?  —       lutea.  Lygeum  Spartum. 

Galium  ephcdroides.  Mieromeria  microphylla.  Stipa  tcnacissima. 

Leyssera  capillifolia.  Statice    Bonduellii    (abon- Arthrathcrum  ciliatum. 
Phagnalon  purpurascens.  dant).  —  obtusum. 

Pyrethrura  fuscatum.  Bubania  Feei. 

Au  sommet  et  dans  la  partie  supérieure  du  versant  nord  croissent,  dans 
les  fissures  des  rochers  ombragés  par  des  buissons  de  Juniperus  Phœnicea, 
les  Umbilicus  horizontalis  et  Arabis  auriculata.  —  Vers  deux  heures  nous 
sommes  de  retour  à  la  tente,  où  nous  trouvons  M,  Mares  tout  occupé  de 
photographie  avec  un  jeune  sous-officier  des  tirailleurs  indigènes,  M,  Va- 
lette, venu  avec  les  officiers  de  Géryville  et  qui  nous  exprime  le  désir 
qu'il  aurait  de  nous  accompagner  dans  notre  tournée  jusqu'à  Géryville, 
où  nous  ne  devons  nous  rendre  qu'après  avoir  visité  El  Ahiod  Sidi  Cheikh 
et  Brézina;  M.  Valette,  dessinateur  habile,  se  met  à  notre  disposition  pour 
prendre  les  vues  des  sites  les  plus  intéressants.  Bientôt  nous  voyons  re- 
venir les  officiers  de  Géryville,  avec  plusieurs  barriques  de  poissons;  ces 
messieurs  ont  la  bonté  de  nous  offrir  une  part  du  produit  de  leur  pêche, 
qui  vient  très  agréablement  varier  la  nourriture  par  trop  arabe  à  laquelle 
nous  sommes  condamnés  depuis  quelque  temps.  Le  reste  de  la  soirée  se 
passe  en  causeries,  tout  en  préparant  nos  plantes  et  en  organisant  tout  pour 
pouvoir  le  lendemain  de  bon  matin  nous  mettre  en  route  pour  El  Abiod 
Sidi  Cheikh,  situé  à  environ  Ih  kilomètres  au  sud  d'Arba:  les  renseigne- 
ments  que  nous  devons  à  M.  de  Colomb  sur  cette  excursion,  qui  doit  nous 
offrir  des  sites  variés,  nous  font  espérer  que  la  journée  sera  utilement  em- 
ployée pour  la  botanique. 

Le  19,  à  6  heures  du  matin,  nous  levons  notre  tente  et  nous  expédions 
en  avant  les  chameaux  chargés  de  notre  bagage,  voulant  avant  notre  dé- 
part consacrer  quelques  instants  à  faire  nos  adieux  aux  officiers  de  Géry- 
ville, dont  la  société  nous  a  été  si  agréable,  et  nous  ne  quittons  pas  ces 
messieurs  sans  les  charger  de  transmettre  à  M.  de  Colomb  tous  nos  re- 
raercîments  pour  la  sollicitude  avec  laquelle  il  a  tracé  notre  itinéraire  et 
donné  tous  les  ordres  nécessaires  pour  la  tournée  que  nous  allons  eu- 
.treprendre.  Vers  7  heures  du  matin  nous  quittons  Arba  el  Tatani  accora- 


8  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

pagnes  de  M.  Valette  ;   la  route  que  nous  suivons  ne  nous  offre  guère 
pendant  environ  une  lieue  que  les  plantes  observées  par  nous  la  veille  sur 
les  coteaux  qui  avoisinent  le  ksar,  et  nous  ne  devons  mentionner  que  le 
Morettia  canescens,  dont  nous   trouvons  ([uelques  pieds  dans  les  rocailles 
du  chemin.  Plus  loin,  la  roule,  après  avoir  traversé  plusieurs  ravines  argi- 
leuses presque  dépourvues  de  végétation,  s'incline  vers  le  sud  par  une  pente 
insensible  et  continue,  cl  est  bordée  à  l'est  et  à  l'ouest  par  des  montagnes 
peu  élevées  et  nues,  les  Djebel  Knnemer  et  Mouilah.  Des  dunes  de  sable 
mobile  s'étendent  à  la  base  du  Djebel  Ennemer,  dont  elles  contournent  les 
anfractuosités.  Là  nous  rencontrons  pour  la  première  fois  VEphedra  alata 
{Alenda  des  Arabes),  en  parfait  état  de  fructification;  cet  arbuste,  dont  les 
branches  dressées  et  disposées  en  touffe  atteignent  jusqu'à  trois  mètres  de 
hauteur,  forme  cà  et  là  de  vastes  buissons  :   son  tronc  est  Ciénéralement 
enfoui  dans  le  sable  et  n'est  mis  à  découvert  que  par  des  déplacements  de  la 
dune  ;  dans  une  dépression  des  sables,  nous  en  découvions  avec   une  vive 
satisfaction  un  magnifique  pied  dont  le  tronc  jusqu'aux  ramifications  prin- 
cipales mesure  au-dessus  du  sol  près  d'un  demi-mètre,  et  dont  la  circon- 
férence prise  au  niveau  du  sol  atteint  0'",68  ;  nous  nous  empressons  de 
l'attaquer  avec  la  hache  et  la  scie,  car  nous  désirons  offrir  au  Muséum  de 
Paris  ce  curieux  spécimen  de  la  végétation  arborescente  saharienne.  Nous 
mettons  à  profit  les  quelques  instants  que  nous  passons  à  attendre  les  cha- 
meaux que  nous  avions  dépassés  pour  compléter  un  chargement,  en  faisant 
un  ample  abatis  des  GemstaSaharœ,  Hetama  Duriœi  \aï'.  phœocalyx  et  du 
Calliyonwn  comosnm  dont  nous  n'avions  pas  eu  le  loisir  de  recueillir  d'é- 
chantillons de  bois  à  Tyout.  I.e  Bromus  tectorum  est  associé  aux  espèces 
caractéristiques  des  sables  mouvants  telles  que  les  FestucaMcmphitica,  Mal- 
colmia  yEgyptiaca,  Evpliorbia  Guyoniana,  Polycarpœa  fragilis,  etc.  Après 
avoir  fait  charger  sur  les  chameaux  notre  nouveau  supplément  de  bagage, 
nous  remontons  à  cheval  et  nous  ne  tardons  pas  à  arrivera  un  redir  de  l'Oued 
Alfara,où  nous  trouvons  avec  grand  plaisir  de  l'eau  potable  après  la  fatigue 
que  vient  de  nous  donner  notre  métier  de  bûcherons.  Nous  suivons  pendant 
quelque  temps  le  lit  pierreux  et  desséchéde  l'oued,  dans  lequel  s'élèvent  çà 
et  là  des  buissons  de  Tamarix  Gallica  et  de  Zizyphus  Lotus.  Les  terrains 
argilo-sablonneux  de  ses  bords  nous  offrent  en  excessive  abondance  les  An- 
villea  radiata,  Lygeum  Spart um,  Sonchus  spinosus,  Arthratlierum  obtusum 
et  ptutnosum  ,  Caroxylon  articulutum,   Artemisia  Herba-alba,  Passerina 
microphylla ,  Echiocfiilon  fruticosuin,  Bubania  Feei,  Atractylis  microce- 
phala  et  cœspilosa,  Ilcrniaria  fruticosa,  Marrubium  Deserti,  entre  lesquels 
croissent  les  Cladanthus  Arabicus,  Cyrtolepis  Alexandrina^  Onopordon  am- 
biguum,  Statice  Bonduellii,   C/dami/dophoi-a  pubescens,  Echinospermum 
Vahlianum,  Paronychia  Cossoniana,  Nonnea phanerant liera.,  Delphiniumpu- 
bescens,  Reseda  eremopkila  et  Arabica,  Hussonia^giceras,  Reboudia  eru- 


SÉANCE   DU    16    JANVIER    1857,  9 

carioides,  Cnrdunccllm eriocephalus? ^  Astrarjatus  tenuifolius,  Dianthus ser~ 
rulatus  var.  f/randiflonis,  Convoi  vu  lus  supiiius,  Fagonia  Sinaica  ?,  etc.  A  en- 
viron quatre  kiloaiétres  au  sud,  le  clieinin  s"en<^aye  dans  les  pentes  calcaires  et 
rochcusesdu  Teniat  Ziar,  où  notre  guide  Osman  nous  fait  remarquer,  dans  le 
rocher,  de  petits  trous  (lui,  d'après  la  tradition  arabe,  seraient  les  empreintes 
des  pas  du  cheval  du  marabout  vénéré  Sidi  Cheikh.  Arrivés  au  sommet  du 
col,  nous  voyons  se  dérouler  devant  nous  la  plaine  saharienne  où,  malgré 
la  pureté  du  ciel,  l'éclat  de  la  lumière  nous  empêche,  par  sa  réverbération, 
de  distinguer  nettement  le  ksard' El  Abiod  Sidi  Cheikh,  vers  lequel  nous  nous 
dirigeons,  et  le  Djebel  Tismeurt  n'apparaît  dans  le  lointain  que  comme  une 
ondulation  nébuleuse.  Un  ravin  qui  du  sommet  du  col  se  dirige  vers  la 
plaine,  présente  dans  les  fissures  des  rochers  des  buissons  de  Bhus  dioica 
et  quelques  pieds  rabougris  de  Pistacia  Atlantlca  et  d'Olivier  ;  au  fond 
du  ravin  croissent  les  Noœa  spinosissima ,  Sedum  altissimuini  ^  un  Beverra, 
etle  Statice  Thouiyii.  Au  confluent  du  ravin  et  de  l'Oued  Goulila,  nous  voyons 
dans  les  rocailles  du  lit  desséché  de  l'oued  le  Galium  ephedroides  et  le  Pen- 
nisetum  Orientale  former  d'énormes  touffes.  De  ce  point  jusqu'à  El  Abiod 
Sidi  Cheikh,  il  y  a  près  de  deux  lieues  ;  la  plaine  uniforme  que  nous  tra- 
versons nous  offre  les  espèces  que  nous  avons  déjà  rencontrées  dans  les  ter- 
rains argilo-sabionneux  près  de  l'Oued  Alfara,  et  nous  ne  trouvons  à  ajouter 
à  notre  liste  que  les  Anabasis  artimlata,  Carrichtera  Vellœ,  Echium  humile, 
Helianthenium  dlipticum,  Ecldnops  spinosus,  Ononis  angustissima,  Thesium 
humile,  Alractylis  flava,  Asteriscus  pygniœus. 

Vers  deux  heures  nous  arrivons  à  El  Abiod  Sidi  Cheikh  ;  nous  établissons 
notre  campement,  près  d'un  redir  de  l'Oued  Goulila  qui  ici  prend  le  nom 
d'Oued  Sidi  Seliman,  sur  l'emplacement  d'un  champ  d'orge  moissonné.  — 
On  donne  le  nom  d'El  Abiod  Sidi  Cheikh  (1)  à  une  réunion  de  six  villages 
qui  de  temps  immémorial  sont  gouvernés  par  les  chefs  marabouts  de  la 
tribu  des  Ouled  Sidi  Cheikh.  Ce  groupe  de  villages  se  divise  en  El  Biad 
Ghergui  (de  l'est)  et  El  Biad  Rharbi  (de  l'ouest).  La  division  d'El  Biad 
Chergui  comprend  deux  villages,  dont  l'un,  El  Biad  Chergui,  est  le  plus 
important  de  tous.  Au  centre  des  villages,  le  dôme  du  vaste  marabout  où 
reposent  les  ancêtres  des  Ouled  Sidi  Cheikh  attire  les  regards  par  sa  blan- 
cheur éclatante.  Six  autres  marabouts  se  trouvent  en  outre  aux  environs 
de  ces  villages.  El  Abiod  Sidi  Cheikh,  situé  à  environ  85  lieues  du  littoral, 
sous  33°, 6'  de  lat,  et  à  une  altitude  d'environ  900  mètres,;  est  construit 
dans  une  plaine  argilo-sablonneuse,  traversée,  comme  nous  venons  de 
le  dire,  par  l'Oued  Sidi  Seliman  ;  cette  plaine  est  bordée  au  nord  par  la 
chaîne  des  montagnes  basses  que  nous  avons  traversée  en  venant  d'xVrba 
el  Tatani  ;  à  quelques  lieues  au  sud  s'élève  le  Djebel  Tismeurt  rompant  seul 

•"  (1)  Voir  le  Sahara  algérien,  par  M.  le  général  Daumas,  p.  225. 


10  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE   FRANCE. 

la  monotonie  de  l'immensité  des  plaines  sahariennes  qui  s'étendent  jusqu'au 
Gourara;  à  l'est  commencent  les  dunes  de  sable  mobile  que  nous  devons 
traverser  pour  aller  à  Brézina.  Aux  environs  d'El  Abiod  Sidi  Cheikh,  les 
cultures  et  les  arbres  fruitiers  ne  sont  pas  «groupés  dans  des  jardins  entourés 
de  murs  comme  au  voisinage  des  autres  ksour  que  nous  avons  visités  ;  l'Orge 
y  est  cultivée  sur  une  iïrando  étendue  dans  la  plaine  elle-même,  qui  est  di- 
visée en  carrés  rectangulaires  par  les  canaux  d'irrigation  [sarjuia)  ;  les  dat- 
tiers sont  espacés  au  milieu  des  cultures  ou  plantés  avec  quelques  arbres 
fruitiers  au  voisinage  des  puits  qui  fournissent  l'eau  nécessaire  à  l'arrose- 
ment  des  champs;  les  puits,  peu  profonds,  sont  entourés  d'une  margelle  eq 
pierre  sèche,  flanquée  de  deux  piliers  en  terre  argileuse,  réunis  par  deux 
barres  transversales  dans  lesquelles  sont  emboîtées  deux  autres  barres  ver- 
ticales destinées  à  supporter  une  poulie  ;  ces  puits,  en  raison  de  leur  nom- 
bre et  de  leur  construction,  donnent  au  paysage  un  aspect  tout  particulier; 
une  excavation  en  plan  incliné  est  pratiquée  au  voisinage  de  chacun  d'eux 
et  sert  au  va-et-vient  nécessaire  pour  tirer  ou  faire  descendre,  au  moyen 
d'un  cordage,  les  outres  qui  servent  à  puiser  l'eau-  ces  outres,  largement 
ouvertes  a  leur  partie  supérieure,  se  prolongent  inférieurement  en  un 
tube  assez  long,  qui  est  relié  au  cordage  de  traction  par  une  corde  glissant 
sur  la  margelle  et  dont  la  longueur  est  telle,  que  le  tube  destiné  à  laisser 
écouler  l'eau  est  relevé  tant  que  l'outre  n'a  pas  atteint  la  margelle,  et  ne  s'a- 
baisse que  lorsqu'elle  a  dépassé  ce  niveau  ;  l'eau  déversée  est  reçue  dans  un 
petit  bassin  peu  profond,  généralement  situé  à  peu  près  à  la  hauteur  de  la 
margelle  elle-même,  et  de  là  est  dirigée  dans  les  saguia.  —  Après  quel- 
ques instants  de  repos,  pris  sous  la  tente  des  hôtes,  où  nous  sont  apportés 
en  abondance  des  dattes  et  du  lait  fermenté,  nous  nous  empressons  de  de- 
mander des  chevaux  pour  aller  visiter  les  dunes,  à  l'exploration  desquelles 
nous  devons  consacrer  le  reste  de  la  journée.  La  partie  de  la  plaine  que 
nous  traversons  pour  nous  y  rendre  ne  nous  offre  que  bien  peu  d'espèces  à 
noter,  car  elle  est  entièrement  cultivée  et  la  moisson  est  déjà  faite-,  nous  n'y 
recueillons  guère,  au  milieu  des  touffes  dePeyaniim  Harmalu,  que  le  Convol- 
vidus  supinus  et  le  Trigonella  anguina.  Les  dunes  de  sable  mobile  très 
accidentées,  et  où,  sur  quelques  points,  de  vastes  excavations  ont  été  creu- 
sées par  les  tourbillons  de  vent,  nous  offrent  en  excessive  abondance  les 
Saccocalyx  satureioides,  Rétama  Duriœi  var.  phœocalyx  ,  Genista  Saharœ, 
Calligonum  comosum,  Anabasis  articulata-,  VEphedt^a  alata,  qui  est  égale- 
ment abondant  sur  quelques  points,  est  loin  d'y  acquérir  un  aussi  beau 
développement  qu'à  la  première  station  où  nous  l'avons  observé,  car  il 
est  brouté  par  les  chameaux,  et  coupé  pour  servir  de  bois  de  chauffage. 
Dans  ces  sables,  nous  retrouvons  la  plupart  des  plantes  caractéristiques  de 
ces  terrains  dans  la  région,  auxquelles  sont  associés  une  espèce  nouvelle 
(ï Arlhratherum  déjà  observée  par  M.  Reboud  entre  Guerrara  et  Hadjira,  le 


SÉANCE    DU   16   JANVIER    1857.  11 

Smignrja  longiMyla  que  MM.  lîoissier  et  Rcuter  viennent  de  distinguer  du 
S.  yEgyptiaca  et  que  M.  IJalansa  avait  découvert  à  Saada  près  Biskra,  et 
Y Asphodelus  penduUnus  que  nous  n'avions  encore  vu  qu'à  ('.liellala  Daiua- 
nia.  —  La  matinée  du  20  est  consacrée  tout  entière  à  la  préparation  de 
nos  plantes,  et  vers  midi  nos  préparatifs  de  départ  sont  achevés-,  mais  il 
nous  faut  attendre  jusqu'à  quatre  heures  les  chevaux  et  les  chameaux  qui 
doivent  nous  servir  pour  nous  rendre  à  Brézina. 

(La  suite  à  la  jjrochaine  séance.) 

NOTES  SUR  QUELQUES  ESPÈCES  NOUVELLES  D'ALGÉRIE,  par  MM.  L'.  €0<SlSOIV 
et  DURIEU  DE  1Y1AI!^0I%\EUVE. 

Alyssum  cochleatlm  Coss.  et  DU. 

Planta perennis,  basi  suffrutescens,  a  hasi  ramosa,  puhe  stellata  incano- 
sericea;  caudice  lignoso,  saepius  tortuoso  multicipite,  in  radicem  fusifor- 
menabeunte;  ramis  florigeris  pluribus,  ascendeutibus,  5-30  centim,  longis, 
immixtis  ramis  sterilibussœpe  numerosis;  foiiis  oblongis  obtusis,  inferne 
attenuatis;  tloribus  in  racemum  primum  subcorj^mbiformem  dein  laxiuscu- 
lum  sœpius  elongatum  dispositis;  ealyce  post  anthesim  cito  deciduo,  sepalis 
naembranaceis  pallide  luteis  ovato-oblongis  ;  petalis  ealyce  subdimidio  Ion- 
gioribus,  aureis,  obovatis,  m  imguem  longiuscuhim  contractis,  apice  inte- 
gris,  glabris;  glanduUs  hypogynis  minutis,  2  ad  insertionem  utriusque  sta- 
minis  lateralis;  staminibus  subinsequalibus,  /?/awen^/s  subcomplanatis  om- 
nibus exnppendiculatis;  stylo  ovarium  s[xbisqnaii\\.e -,  pedicellis  fructiferis 
silicula  paulo  longioribus,  patentibus  velpatenti-deflexis;  silicula  glabra,  or- 
biculata,  apice  intégra,  dorso  convexa,  ventile  concavo-cochleatn,  stylo  silicula 
subquadruplo  breviore  mucronata  ;  funiculis  inferne  septo  adnatis  ;  semini- 
bus  in  quoque  loculo  2,  auguste  marginatis.  —  Martio-maio. 

In  planitiebus  excelsis  et  in  regione  montana  inferiore  ut  videtur  infre- 
quens,  nempe  hucusque  in  provincia  Oranensi  in  planitiebus  excelsis  inter 
Sebdou  etel  Arichn!  et  in  provincia  Algériens!  in  monte  Djebel  Senalba! 
(Reboud,  Kralik)  tantum  visum. 

Cette  espèce,  voisine  par  le  port  des  A.  montanum  L.  et  Atlanticum  Desf. , 
en  est  très  distincte  par  la  forme  de  la  silicule  et  l'absence  d'appendice  aux 
filets  des  étamines. 

Alyssum  scutigerum  DR.  in  ExpL  se.  Alger,  t.  72,  f.  h. 

Planta  annua,  pusilla,  .sœpius  a  basi  ramosa,  pube  stellata  subcanescens; 
caule  centrali  saepius  erecto,  lateralibus  diffusis  vel  ascendeutibus;  foiiis 
oblongis  vel  oblongo-linearibus,  inferne  attenuatis;  floribus  in  racemum 
subL'orymbiformem  vel  abbreviatum  dein  elongatum  dispositis;  ealyce  post 
anthesim  cito  deciduo,  sepalis  membranaceis  oblongo-lanceolatis,  silicula 
subdimidio  brevioribus  ;  petalis  calycem paulum  excedentibus,  albis,  oblongo- 


12  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

linearibus  unf^ae  a  limbo  vix  distineto,  apice  emarginatis,  rarius  integris, 
glabris;  glandulis  hypogynis  minimis,  1  ad  insertionem  utriusque  staminis 
lateralis;  staminibus  subina^qualibus ,  plamentis  inferne  complanatis  omni- 
bus o/;/}e»c?<cw/a^<'s,  appendice  lateraliiim  saepius  in  dentés  duos,  ceeterorum 
unilaterali  in  dentem  unicum  pioducta  rarius  subedentula;  silicula  glabra, 
majuscula,  suborbiculata,  apice  retusa,  disco  inflato-convexa,  margine  com- 
plaiiata,  stylo  longiuscule  mucrouata;  funicnlls  basi  septo  aduatis;  semini- 
bus  m  quoque  ioculo  2,  margine  submembranaceo  albo  latiusculo  cinctis. 
—  Aprili-maio. 

In  planitiebus  excelsis  et  m  vallibus  regionis  montanse  iiiferioris  trium 
provinciarum,  ex.  gr.  :  iii  proviuciaCirtensi,  prope  5G?na/  (du  Colombier), 
et  in  valle  Oued  Abdil  montium  Aurasiorum  ;  in  provincia  Algeriensi  ad 
Djelfa  (Reboud)  ;  in  provincia  Oranensi,  ad  Saïdal,  et  in  planitiebus  excel- 
sis supra  Saïda!  (Balansapl.  Alger,  exsicc.  n.  536),  SebdouJ,  iuter  Sebdou 
et  el  Aricha! ,  iuter  el  Aric/ia  et  lacum  sestate  exsiccatum  Chott  el 
Rharbil,  etc. 

VA.  scutigcrum,  en  raison  de  la  silicule  à  valves  renflées-convexes  au 
centre,  des  funicules  adhérant  iuférieurement  à  la  cloison,  des  graines  au 
nombre  de  deux  dans  chaque  loge  et  bordées,  appartient  au  sous-genre 
Euahpsum  [Alyssum  C.  A.  Mey.  in  Ledeb.  FI.  Ross.  I,  137.  —  Alyssum 
sect.  Adyseton  DC.  Prodr.  I,  160  excl.  sp.  plur.),  où  il  doit  être  placé  à 
côté  de  l'A.  minimum  Willd.,  mais  dont  il  est  très  distinct  par  le  port,  la 
grandeur  de  la  silicule,  etc. 

Alyssum  macrocal\x  Coss.  et  DR. 

Planta  annua,  pusilla,  ssepius  a  basi  ramosa,  pube  stellata  adpressa  ca- 
nescens;  caule  centrali  ssepius  erecto,  lateralibus  diffusis  vel  ascenden- 
tibus;  foliis  ubiongis  vel  oblongo-linearibus,  inferne  atteuuatls^  floribus  in 
racemum  subcorymbiformem  dein  elongatum  dispositis  ;  calyce  majusculo, 
subpersistente  et  post  anthesim  subaccrescente  et  non  nisi  silicula  matura 
deciduo,  sepalis  crassiusculis,  oblongo-lanceolatis,  albo-marginatis,  silicula 
matura paulo  longioribus  ; petalis  calycem  paulum  excedentibus,  albis,  linea- 
ribus uugue  a  limbo  vix  distineto,  apice  retusis  vel  integris,  dorso  stellato- 
pubescentibits  ;  glandulis  /typogynis  minimis,  2  ad  insertionem  utriusque 
staminis  lateralis-,  staminibus  suheequalibus,  filnmentis  complanatis  omni- 
bus exappendiculatis  vel  rarissime  dente  obsoleto  pra;ditis;  silicula  glabra, 
majuscula,  suborbiculata,  apice  vix  retusa,  disco  inflato-convexa,  margine 
complanata,  stylo  longiuscule  mucronata;  funiculis  basi  septo  adnatis;  se- 
minibus  in  quoque  Ioculo  2,  margine  submembranaceo  albo  latiusculo 
cinctis.  —  Aprili-maio. 

In  depressis  argilloso-arenosis  et  glareosis  Sahara;  Algeriensis,  nec  non 
in  parte  planitierum  excelsarum  Sabarœ  confini ,  in  provincia  Algeriensi  et 


SÉANCE   DU    16   JANVIER    1857.  13 

Orancnsi  hucusque  tantum  visum  :  in  provincia  Algeriensi,  ad  Djelfa  cum 
A.  sciiti^cro  pcrmixlum  (Ueboiul) ,  mAqv  Djelfa  et  Laghouat  (Geslin,  Re- 
bond), ad  meridiem  iirbis  Laghouat  (Geslin);  in  provincia  Oianensi  liaud 
infrequens,  ex.  j;r. ,  ad  lacnm  œstale  exsiccatum  67<o</ e/  /{/tarOi ! ,  pvopa 
castellum  Aïn  Ben  KheiiU,  Aïn  Sefissifa!,  Ain  Sefra!,  Tyoud,  Arba  el 

TatanU,  etc. 

VA.  macrocabjx,  en  raison  de  la  plupart  de  ses  caractères  et  de  son 
étroite  affinité  avec  VA.  scutigerim  1)H.,  nous  parait  devoir  être  é{>;alement 
rapporté  au  sous-genre  Eualyssum;  il  se  distingue  de  VA.  scutigcrum  par 
le  calice  à  sépales  assez  épais,  accrescents  après  la  floraison  et  caducs  seu- 
lement à  la  maturité  de  la  silicule  et  par  les  étamines  à  filets  ordinairement 
non  appendiculés. 

Cladanthus  Cass.  (charact.  emend.). 
Cladanthus  Cass.  in  Bull.  soc.  philum.   1816,   p.  199,  et  in  Did.  TX, 

3^2,  atl.  cah.  m,  t.  9;  Less.  Syn.  249;  DC.  Prodr.  VI,  18;  Kndiich. 

Gen.  pi.  n.  2646. 

Capitulurn  multiflorum,  heterogamwn,  flosculis  radii  uniseriatis,  iigu- 
latis,  styli  abortu  et  ovario  effœto  neutris,  disci  tubulosis  hermapbroditls. 
Involucri  bi-triseriati  foliolis  latissime  membranaceo-scariosis.  Recepta- 
culi  conici  vel  hemisphœrici  paleœ  tôt  quot  flores  persistentes,  rarius  deci- 
dua; ,  scariosse  rigidee  vel  raembranacese,  acutœ,  nervo  medio  résina  sca- 
tente,  interdum  fibrillis  piliformibus  intermixtis.  Flosculi  ligulati  radii 
tubo  compresso ;  (/«'se?  tubo  interne  plus  minus  incrassato  ampliato  infra 
insertionem  plus  minus  producto  et  ovarii  partem  superiorem  obtegente, 
limbo  5-dentato.  Antherœ  ccaudatœ.  Stigmata  disci  apice  truncata  exappen- 
diculata  ibique  penicillata.  Achœnia  glabra,  obovata,  compressa,  immargi- 
nata  vel  anguste  albo-marginata.  Pappus  nullus.  —  Plantse  in  regione  me- 
diterranea  occidentali  crescentes,  plus  minus  ramosœ,  glabrescentes  vel 
pubescentes,  foliis  alternis  vel  inferioribus  oppositis,  indivisis,  in  lacinias 
2-3-palmatifidis,  vel  pinnatipartitis,  lobis  linearibus  infegris  vel  bi-trifidis, 
capitulis  solitariis  foliis  involucrantibus  bracteatis  vel  ebracteatis,  ad  dicho- 
tomias  et  apice  ramorum  sessilibus  vel  ramos  superne  aphyllos  pedunculi- 
formes  terminantibus,  succo  resinoso  odoris,  flosculis  ligulatis  croceis, 
lutescentibus  vel  lacteis,  disci  concoloribus  vel  lutescentibus. 

Le  genre  Cladanthus  nous  ayant  offert  en  Algérie  deux  espèces  nouvelles 
des  plus  caractérisées,  les  C.  pedunculatus  et  Geslini,  nous  avons  cru  devoir 
donnernon-seulement  la  description  de  nos  espèces  nouvelles,  mais  encore 
celle  du  genre  dont  les  caractères  devaient  être  notablement  modifiés. 

Seclio  l.  Eugladânîhus»  —  Capiliila  foUls  b»'actéata,  ad  dichoto- 
mias  et  apiee  ramorum  sessilia,  flosculis  ligulatis  croceis.  Receptaculum 


H  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

fibrillis  piliformibus  paleis  immixtis  prseditum.Paleœ  concavae  demiim  su- 
perne  subcucuilalae,  dorso  laiiigerae.  Flosculorum  disci  tuhus  inferne  tere- 
tiusculiis  vix  incrassatus.  Achœiiia  immarginata.  —  Folia  pinnatipartita, 
lobis  lincaiibiis  iterum  bi-trifidis. 

Cladanthus  Arabicus  Cass. ,  loc.  cit.  — Anthémis  Arabica  L.  Sp.  1263; 
Sm.  Spicil.  9,  t.  16.  —  Anthémis  proliféra  Pers.  Syn.  pi.  II,  Zi67.  — 
Chamcemelum proliferum  Mœnch  Suppl.  257. 

In  locishyeme  hnmidis,  torrentium  in  alluviis,  in  glareosis  :  in  Hispaniâ 
austialiore prope  J/fl/flr/rt(Boissier).  In  regno Marocano ad  Mogad or [Evouss. ). 
—  In  provinciaB  Oianensis  regione  littorali  et  interiore  nec  non  in  Sahara, 
Nemours  et  Lada  Maghrnia  (Bouigeau),  Tlemcen  (Desf.),  in  planitiebus 
excelsis  supra  Tlemcen  (  Munby  ),  ad  basim  montis  Taelbouna!  prope 
palmetum  Asla^  ad  aranem  Oued  Al  far  a  !  intev  Arba  el  Tatani  eiEl  Abiod 
Sidi  Cheikh,  in  petrosis  ad  amneni  Oued  Sadana  haud  procul  a  Brézina-^ 
in  provincise  Cirlensis  parte  australiore  prope  Biskra!  (Balansa  pi.  Alger, 
exsicc.  n.  775).  — In  regno  Tunetano  prope  Gabes  (Kralik  pi.  Tun.  exsicc. 
-o.  ah).  — In  Arabia  haud  obvia  secundum  De  Caudolle. 

Sect.  II.  Mecomischus.  —  Capitula  ebraeteata,  ramos  apice  aphyl- 
los  pedunculiformes  terminantia,  flosculis  ligulatis  pallide  luteis  vel  lacteis. 
Receptaculum  libriliis  paleis  immixtis  destitutum.  Paleee  canaliculato-con- 
Cavee,  dorso  parce  pubcscentes.  Flosculorum  disci  tubus  inferne  plus  minus 
incrassatus   compressus.   Achaenia  albo-submarginata.  —  Folia  indivisa, 

,vel  inferiora  in  lacinias  2-3-palmatifida  superiora  indivisa. 

.-.,  INoraen  sectionis  e  verbis  grœois  fxyjxo;  (lougitudo)  et  \>.îg/o^  (  pedunculus) 
conflatum, 

Nous  avons  dû  renoncer  au  nom  de  Mischanthus  que  nous  avions  d'abord 
donné  à  cette  section  du  genre  Cladanthus  dans  l'exsiccata  de  M.Bourgeau, 
car  ce  même  nom  avait  été  déjà  attribué  par  M.  Anderson  (in  Ofvers.  of 
K.  Vet.  Akad.  jorh.  14  mars  1855)  à  un  genre  de  la  famille  des  Graminées 
voisin  des  Irnperata. 

Cladanthus  pedunculatus  Coss.  et  DR. 

Planta  annua,  sœpius  pluricaulis;  caulibus  teretibus,  inprimis  in  parte 
superiore  adpresse  pubescentibus,  subsimplicibus  virgatis,  vel  superne  in 
ramos  florigeros  virgatos  laxe  corymbososdivisis  ;  foliis  adpresse  breviter- 
que  pubescentibus,  sessilibus,  alternis,  elongato-lincaribus,  inferioribus 
superne  in  lacinias  lineares  2-3  divergentes  pahnatifidis,  superioribus  in- 
divisis  ;  cupitulis  apice  ramorum  clongatorutn  superne  aphiillorwn  pedun- 
culiforrniwn  post  anthesim  apice  plus  minus  incrassatorum  solitariis; 
imolucro  caaipanulato-hemisphajrico,  adpresse  pubescentc,  foliolis  pluri- 


SÉANCE    DU    16    .lAîSVIRR    1857.  15 

bus,si(htrtseriofis,  exteriorihm  Innceofatis  norvo  medio  promiinilo  margine 
scariosis,  interioribus  oblongis  Inte  seariosis;  receptacalo  conico  ;  jxileis 
persistent ihus,  scariosis  rigidis,  ovato-lanceolatis  acumiiiatis,  supeniedorso 
pubescentibus;  (losculoruin  radii  ligida  elongata  lutescente;  flosculorum 
disci  tubo  brevi,  infewie  incrassato  subcompresso,  infra  insertionem  pau- 
lulum  producto  et  ovarii  verticem  obtegente.  —  Maio-junio. 

In  arenosis  inter  segetes  prope  Mostaganem  !  (Balansa  pi.  Alger,  cxsicc. 
n.  79). 

Cladanthus  Geslini  Coss.  ap.  Kralik  in  Bourgeaup/.  Alger,  exsicc.  n.  190 
et  190  bis. 

Planta  perennis,  basi  ramosissima,  dumosa  cœspites  raaximos  efficiens; 
caulibus  teretibiis,  cinereo-albescentibus  cortice  rimoso  infibrassœpiusso- 
hito,  inferne  saspius  arena  mobili  \{\-\mç,\"&\?,  frutescentibus,  ramos  florigeros 
virgatos  plurimos  emittentibiis,  rarnis  subsimplicibus  viigatis  vel  superne 
laxe  corymboso-ramosis   ramulis  pube  brevissima  subtomentosa  demum 
detersibili  obtectis  ;  foliis  utrinque  pube  stellata  brevissima  canescentibus, 
sessilibus,  inferioribus  ramoruni  oppositis,  superioribus  alternis,  oblongo- 
îinearibus,   obtusis,   indivisis,  integenimis,  crassiasculis,  subuninerviis 
nervosubtus  prominulo  ;  capitulis  apice  ramoruni  ramulorumve  elongato- 
rum  superne  aphyllorum  peditncul iformium  solitariis;m?;o/i/ero  hemisphae- 
rico,  pube  brevissima  stellata  canescente,  foliolis  paucis,  extei'ioribus  late 
ovatis  dorso  crassiusculis  nervo  medio  prominente  subcarinalis  scariosb- 
marginatis,  interioribusoblongislatissime scariosis;  receptaculo  bemisphae- 
rico;  paleis  deciduis,  membranaceis,  ovato-lanceolatis  acuminatis,  dorso 
superne  tautum  puberulis  ;  flosculorum  radii  ligula  elongata,  lactea;  floscu- 
lorum disci  tubo  elongato,  inferne  subincrassato  compresso-ancipiti,  infra 
insertionem  producto  et  ovarii  partemsuperiorem  obtegente. —  Maio-junio. 
In  aggeribus  arense  mobilis  in  Sahara  Algeriensi  et  in  planitierum  excei- 
sarum  parte  Saliarœ  confini  :  in  provincia  Oranensi  prope  Leumbahl  ad 
septentrionem  vici  Arabici  Ain  Sefissifa  ;  in  provincise  Algeriensis  ditioue 
Laghouat!  baud  infrequens  (Geslin)  ubi  primum  inventus. 

Pyrethrum  Gayanum  Coss.  et  DR.  ap.  Kralik  in  Bourgeau  pi.  Alger, 
exsicc.  n.  226. 

Planta perennis,  caudice  lignoso  sœpius  tortuoso  pluricipite,  cortice  cl- 
nereo-fuscescente,  in  radicem  fusiformem  abeunte;  caulibus  pluribus,  im- 
îïiixtis  nonnullis  sterilibus,  10-35  ccntim.  iongis,  graciiibus,  simplicibus 
vel  subsimplicibus,  basi  foliatis  superne  aphyllis,  erectis,  saltem  in  parte 
inferiore  dense  pubescentibus  -,  foliis  pubescentibus  vel  cinereo-villosis,  pal- 
lide  vireutibus,  insurculis  sterilibus  et  in  parte  inferiore  caulium  approxi- 
raatis,  linearibus  superne  in  lacinias  3  palrnatifidis,  laciniis  linearibus 


16  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

elongalis  divergentibusapice  acutis  mucronatis  ssepius  iterwn2-Z-furcatis, 
superioribus  2-3-furcatis  vel  iiidivisis  linearibus  ;  capitulis  apice  caulium 
supenie  longe  apbyllorum  pedunculiformium  solitariis;  imolucro  subhe- 
mispbserico,  adpresse  pubescenti-villoso,  foliolis  omnibus  acutis,  margine 
pallide  fuscescente  scariosis,exterioribus  lanceolatis,  intcrioribus  oblongo- 
lanceolatis;  receptaculo  convexo,  epaleato^  flosculis  iifjulads  albis  dorso 
roseo'purpurascentibus,  tuho  compressiiisculo,  ligiila  oblonga  apice  subin- 
tegra  vel  obtuse  3-/;-denticulata  involiicro  subœquiloiiga  ;  flosculis  disci 
albis  superne  purpureis,  tubo  compresso  ;  achœniis  glabris,  exalatis,  cou- 
formibus,  teretiusculis,  fiisco-nigrescentibus,  sz/6-10-eos/!rt//s,  costis  acutis 
subccqualibus  rcgiilaribus  albidis,  omnibus  pappo  coroniformi  membranaceo 
hinc  elongato-auriculœfonni  achœnio  et  flosculis  disci  subœquilongo  supe- 
i^atis.  —  Maio-junio. 

In  rupestribus  et  petrosis  iimbrosis  regionis  montanœ  inferioris  mon- 
tiumSaharœ  confinium  in  provincia  Oranensi:  in  rupestribus  montis  Djebel 
Rharnoug!  inter  Taoussera  et  Leumbah  ad  septentrioiiem  vici  Arabici  Ain 
Sefissifa,  circiterad  1200  metra-,  in  petrosis  umbrosis  montis  Djebel  Tael- 
bouna!  prope  palmetum  Asln,  circiter  ad  1350  metra  (P.  Mares). 

Nous  dédions  cette  belle  plante  à  M.  J.  Gay,  dont  les  beaux  travaux  sur 
le  groupe  des  Antliémidées  sont  connus  de  tous  les  botanistes,  et  qui,  depuis 
longues  années,  nous  donne  de  nombreux  témoignages  de  l'affection  qu'il 
nous  a  vouée  et  de  l'intérêt  qu'il  veut  bien  porter  à  nos  travaux.  —  Le 
P.  Gayanum  se  distingue  des  autres  espèces  du  groupe  des  Leucoglossa  DC. 
[Prodr.  VI,  53)  par  les  feuilles  bipalmatifides  à  divisions  linéaires,  par 
l'involucre  à  folioles  toutes  aiguës,  par  les  fleurons  ligules  blancs  en  dessus, 
roses-purpurins  en  dessous,  par  les  fleurons  du  centre  blancbâtres  inférieu- 
rement  et  pourpres  au  sommet,  par  les  akènes  tous  surmontés  d'une  cou- 
ronne membraneuse  prolongée  en  forme  de  languette. 

Pyrethrum  Maresii  Coss.  ap.  Kralik  in  Bourgeau  pi.  Alger,  exsicc.  n.l98. 

Planta  perennis,  caudice  lignoso  ssepius  tortuoso  pluricipite,  cortice 
cinereo-fuscescente,  in  radicem  fusiformem  abeunte  ;  caulibus  ssepius 
pluribus,  immixtis  nonnullis  sterilibus,  10-30  centim.  longis,  gracilibus, 
simplicibus  vel  subsimplicibus,  basi  folialis,  superne  aphyllis,  erectis  vel 
diffuso-ascendentibus,  inferne  dense  sericeo-pubescentibus,  superne  pu- 
bescentibus;  foltis  sericeo-pubescentibus,  in  surculis  sterilibus  et  In  parte 
inferiore  caulium  subapproximatis,  linearibus  superne  m  lacinias  ^  palma" 
tifidis,  laciniis  linearibus  breviusculis  vel  clongatls  divergentibus  apice 
ncutis  mucronatis  vel  cuspidatis  sœpius  indivisiÉ^  superioribus  sœpius  in- 
divisi8  linearibus;  capitulis  apice  caulium  superne  longe  ophyllorum  pedun- 
culiformium solitariis  ;  involucro  câmpanulato-bemisphacrlco,  ssepius  parce 
pubescenle  vel  glabrescentC)  fùliolis  oùtusisy  morgim  niyro'fuscesccnte  sca* 


SÉANCE  nu   16  JANVIER    1857.  17 

riosiit,  cxterioribus  ovato-laiioeolatis,  intorioribiis  oblon^is;  rcceptaculo 
convexo,  epaleato;  flosculis  ligulads  piimiim  liiteisûein  purpiiraseentibus 
post  anthcsim  atro-purpitreis,  tiibo  coniprcssiusciilo,  liniila  oblonga  ampla 
apice  sul)integra  vel  obtuse  3-^-(lonticulata  invohiero  siibaîquiloHga  ;  flos- 
culia  (lisci  luleis  dernwn  purpurascentihiis,  tiiho  tercti  ;  aclunnih  glabris, 
exalatis,  conformibus,  teretiusculis,  fusco-nigreseentibus,  si(0-\0-ci)Slatis, 
costis  aciitis  subauiualibiis  rogularibus  albidis,  omnibus  pappo  roronifonni 
membrenaceo  liinc  avrindwformi  ncluPiiio  et  flo^cidis  disci  sithdhnidiobi'e- 
viore  mperatk.  —  Maio-junio. 

Iii  rupestribus  et  petrosis  umbrosis  moiUium  Sabaiœ  confinium  in  pro- 
vincia  Orancnsi  :  montis  Djebel  lion  Kascliba!  ad  caciimen,  circitcr  ad 
1500  metra,  haud  prociil  a  castello  Aïn  Den  Khelil  (kralik);  in  parte  su- 
periore  xï\q\\W% Djebel  7)ielbouna !  pvo^c  palmetum  yls/fl,  circiter  l:?i00-1800 
metr.  (P.  Maiès). 

Nous  dédions  cette  espèce  à  M.  le  docteur  Paul  Mares,  qui  l'a  découverte 
à  l'une  des  localités  indiquées,  et  (|ui  nous  a  accompagné  dans  notre  dernier 
voyage  en  Algérie  en  1856,  pendant  lequel  il  nous  a  secondé  dans  nos  re- 
chercbes  avec  autant  de  zèle  que  de  dévouement.  —  Le  P.  Maresii  doit 
être  placé  à  côté  du  P.  Gaijanwu,  dont  il  diffère  par  les  feuilles  à  divisions 
ordinairement  indivises,  par  l'involucre  ordinairement  à  peine  pubescent  ou 
glabrescent  à  folioles  obtuses  scarieuses  noirâtres  aux  bords,  par  les  fleurons 
ligules  d'abord  jaunes  passant  ensuite  au  pourpre,  par  la  couronne  mem- 
braneuse des  akènes  n'égalant  qu'environ  la  moitié  de  la  longueur  des  akènes 
et  des  fleurons  tubuleux. —  Par  la  forme  de  l'involucre  et  la  couleur  des 
fleurons  après  la  floraison,  il  se  rapproche  beaucoup  du  P.  Arundanum 
Boiss,  (T'û?/.  Esp.  317),  qui  ne  nous  est  connu  que  par  deux  échantillons 
imparfaits,  recueillis  dans  la  Sierra  de  las  Nieves,  en  Andalousie,  et  par  la 
description  de  l'auteur;  mais  il  nous  parait  en  différer  par  le  port  plus  ro- 
buste, par  les  tiges  feuillées  inférieurement,  et  non  pas  presque  nues,  par  les 
feuilles  ordinairement  simplement  palmatilides,  et  non  pas  bi-tripalma- 
tifides,  par  les  capitules  plus  gros,  par  les  fleurons  ligules  d'abord  jaunes, 
et  non  pas  d'un  blanc  rosé,  par  les  akènes  présentant  ordinairement  10  côtes, 
et  non  pas  5-6  côtes, 

Pyrethbum  tbifurcatum  Willd.   Sp.   III,  2158;  DC.  Pvodr.  VI,  61.  — 
ChrysanthemumirifurcatumDeîiL\  Atl.  Il,  281,  t.  235,  f.  2. 

Planta  annua,  glabra,  a  basi  in  caulcs  5-30  centim.  longos  simplices  ve! 
subsimpllces  basi  foliatos  supcrne  aphyllos  divisa,  caule  cmtrali  erecto, 
làteralibus  erectis  ascendentibusve.rarius  simplex  ;  foliis  in  parte  inferiore 
caulium  approximatis,  subcarnosis,  lincaribus  in  lacinias  l-k  supeyne  pal- 
matifidis  vel  pinnatifidis  laciniis  linearibus  sœpius  elongalis  patentibus 
apice  calloso-mucronatis  indivisis  vel  rarius  iterum  2-3-furcalis,  superio-» 

T.  IV,  % 


l8  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE  FRANCE. 

ribus  paucis  indivisis  linearibus;  capitulis  majusculis,  apice  caulium  ramo- 
rumque  superne  longe  aphyllorum  pedunculiformium  solitariis;  involucro 
subhemisphaerico  foliolis  obtusis  exterioribiis  margine  pallide  fiiscescente 
scariosis  lanceolatis  vel  ovato-lanceolatis,  interioribus  oblongis  margine  late 
scariosis  superne  inappendicemscariosam  amplamexpansis;  receptaculohe- 
misphairico,  epaleato  ;  flosculis  ligulatis  disco  concoloribus  luteis,  tubo 
compresso-bialalo,  ligula  oblonga  involucro  lougiore;  flosculorum  disci 
tubo  compresso-ancipiti  -,  uchœniis  glabris,  exalatis,  radii  compressis  facie 
ventrali  elevato-bicostatis  in  poppitm  membranaceurn  coroniformem  hinc 
auriculœformem  longiusculum  productis^  disci  tereti-subtriquetris,  fuscis, 
sub-\Q-costatis,  coslis  promiuentibus  subœqualibus  albis  subhyalinis^j/ws 
minus  undulatis,  pappo  coroniformi crassiusculo  aibo  subhyalino  multicos- 
tulato  iuœqualiter  inter  costulas  acheenii  costarum  processus  dentato  supe- 
ratis.  —  Aprili-junio. 

In  coUibiis  argilloso-arenosis,  in  arenosis  et  glareosis  Sabaïae  Algeriensis 
et  desertiTunetani  ;  in  proviucia  Ciitensi  in  ditioue  Biskru!  (Jamin,  Ba- 
lansa  pi.  Alger,  exsicc.  n.  781);  in  regno  Tuuetano  prope  Kairouan  (Desf.). 

Pyrethrum  macrocephalum  Coss.  et  DR.  —  Chrysanthemmn  macrocepha- 
lum  Viv.  FI.  Libye.  56,  t.  10,  f.  k. 

Planta  perennis,  glabra,  caudice  lignoso,  tortuoso,  pluricipite,  cortice 
griseo-cinerascente  rimoso,  in  radicem  fusiformem  abeunte;  caulibus  plu- 
ribus,  saipius  immixtis  non  nullis  abortu  sterilibus  vel  tardiusfloriferis,  15- 
35  centim.  longis,  simplicibus  vel  subsimplicibus,  basi  foliatis,  superne 
aphyllis,  erectis;  foliis  in  parle  inferiore  caulium  subapproxiuiatis,  sub- 
carnosis,  linearibus  in  lacinias  3  superne palmadfuiis  laciniis  linearibus  sœ- 
pius  abbreviatis  patentibus  apice  albo-callosis  callo  mucronato  indivisis  vel 
non  nunquam  iterum  dentato-2-'6-furca(is,  superioribus  paucis  indivisis 
linearibus;  capitulis  magnis,  apice  caulium  superne  longe  apbylloruni  pe- 
dunculiformium solitariis;  involucro  subbemisphserico,  foliolis  obtusis 
exterioribus  margine  pallide  fuscescente  scariosis  ovato-lanceolatis,  interio- 
ribus oblongis  mrt/'^me  ssepius  deraum  fuscescente  late  scariosis  superne  in 
appendiceni  scariosam  amplam  expansis ;  receptaculo  convexo,  epaleato-, 
flosculis  ligulatis  disco  concoloribus  luteis,  tubo  compresso-ancipiti,  ligula 
oblonga  apice  grosse  irregulariterque  3-Zi-denfata  dentibus  obtusis  invo- 
lucro longiore  ;  flosculorum  disci  tubo  compresse;  ac/iœniis  g\i\bns,  exala- 
tis, subconformibus,  radii  compressiusculis  facie  ventrali  valide  3-costatis 
et  dorso5-costulatis,  à'isci. te retiusculis  fuscis,  sub-lO^costatis,  costis  pro- 
minentibus  subicqualibus  regularibus  albidis,  omnibus  pappo  coroniformi 
membranaceo  crassiusculo  margine  subintegro  vel  iuœqualiter  deutatosw^e- 
ratis.  —  Aprili-junio. 

In  arenosis,  argilloso-arenosis  et  glareosis  planitierum  excelsarum  aus- 


SÉANCE   nu    16   JANVIKU    1857.  19 

traliorum  et  regîonisnioiitanic  iiireiioris  moulium  Saharéc  Altierieusi  cnnCi- 
nium  :  in  piovineicc  Aljiei'iciisis  ditioue  Zahrcs  inler  Borihur  et  hji'lfa 
(Boiuluelle,  Pu'hoiul)  ;  in  provincia  Draiicnsi  prope  castclhim  Aïn  lien 
Khclil!  ad  nieridioni  laeus  a.'slateexi3iccatiC'/(0^^f/  llharbi  haud  iiilVequens 
(Ivralik  ap.  Bourgeau  pi.  Alger,  exsicc.  n.  i9i),  ad  vicum  Arabicunwlm 
6'e/?ss//'rt/,  in  parte  iut'eriore  inontis  Djabd  TaeWouna!  [yvope  palmetum 
Asla  circiter  ad  1200  motia,  prope  vicum  Arabicum  Macta!  —  In  regno 
Tnpolitano  ad  Tripolim  (sec.  Viviani). 

JNous  avons  cru  devoir  donner  la  description  comparative  des  P.  trifur- 
catum  et  macrocephalv.m  (|ni,  n'étant  connus  que  par  des  éclumtillons  im- 
parfaits, avaient  été  confondus  par  plusieurs  auteurs. 

M.  Bâillon  fait  à  la  Société  la  communication  suivante: 

DE  QUELQUES  PARTICULARITÉS    QUE    PRÉSENTENT  LES    ORGANES  DE  LA  FÉCONDATION, 

par  M.  II.  BAÎLL01\I. 

On  peut  s'attendre,  en  examinant  les  organes  de  la  fécondation  dans  les 
végétaux,  à  trouver  que  la  nature  y  a  préparé  tout  ce  qui  pouvait  faciliter 
l'imprégnation  de  l'ovule.  J'expose  ici  quelques-uns  des  moyens  qu'elle  em- 
ploie pour  atteindre  ce  but,  dans  un  certain  nombre  de  plantes,  mais  no- 
tamment dans  un  des  grands  groupes  de  la  Dicotylédonie. 

L'inflorescence  est,  pour  ainsi  dire,  un  premier  moyen  de  préparer  l'ac- 
complissement de  la  fonction  dans  les  plantes  à  fleurs  unisexuées.  On  sait 
qu'en  général,  lorsque  cette  inflorescence  est  indéterminée,  épi  ou  grappe 
par  exemple,  les  fleurs  mâles  se  trouvent  au  sommet,  les  femelles  à  la  base. 
Au  contraire,  lorsqu'il  s'agit  d'une  inflorescence  centrifuge,  une  fleur  femelle 
termine  généralement  l'axe  principal  et  peut  èti-e  seule  de  son  espèce,  tandis 
que  toutes  les  fleurs  périphériques  sont  staminées  ;  ou  encore,  les  cymes  se- 
condaires sont  aussi  terminées  par  une  fleur  femelle  entourée  de  fleurs 
mâles  en  nombre  variable.  Parmi  les  plantes  que  l'on  cultive  dans  nos  jar- 
dins, le  Ricin  offre,  au  premier  abord,  une  exception  frappante.  On  sait, 
en  effet,  que  sur  l'axe  principal  de  son  inflorescence  sont  disposées  à  droite 
et  à  gauche  un  assez  grand  nombre  de  petites  cymes.  Celles-ci  sont  à  la 
partie  supérieure  composées  de  fleurs  femelles,  en  bas  de  fleurs  mâles.  Iji 
un  mot,  les  étamines  sont  au-dessous  des  pistils.  Une  disposition  fréquem- 
ment observée  rend,  on  peut  le  dire,  cette  exception  incomplète  et  rétablit 
jusqu'à  un  certain  point  la  règle  générale  dont  nous  avons  parlé.  II  n'est 
pas  rare,  en  effet,  de  trouver  vers  le  milieu  de  rinflorescence  des  cymes 
mixtes;  j'appelle  ainsi  celles  où  sont  réunies  des  fleurs  des  deux  sexes.  Or, 
dans  ces  cymes  mixtes,  les  femelles  redeviennent  terminales  et  centrales,  les 
mâles  sont  périphériques. 


20  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Ce  fait  est  de  quelque  importance  dans  une  plante  qu'on  pourrait  faire 
servir  à  des  expériences  sur  la  fécondation.  Dansées  cymes,  en  effet,  on 
pourrait  croire,  après  avoir  coupé  le  iiaut  de  l'inflorescence,  n'avoir  plus 
affaire  qu'à  des  fleurs  nulles,  au  milieu  desquelles  demeurerait  cachée 
une  fleur  femelle.  Il  est  vrai  que  cela  n'aurait  pas  le  même  inconvénient 
que  l'existence  de  fleurs  staminées  là  où  l'on  ne  croirait  rencontrer  que  des 
pistils.  Mais  si  je  cite  cet  exemple,  c'est  surtout  pour  montrer  qu'en  géné- 
ral on  ne  saurait  prendre  trop  de  précautions  pour  se  prémunir  contre  ces 
causes  d'erreur  dans  les  expérimentations.  Les  anomalies  sont  nombreuses; 
en  voici  quelques  exemples. 

Je  ne  rappelle  pas  ici  les  fleurs  de  Chanvre,  d'Epinard,  de  Mercuriale,  et  de 
plusieurs  autres  plantes  ordinaiiement  dioïques,  mais  où  les  étamines  et  les 
pistils  se  rencontrent  fréquemment  sur  un  même  pied.  Ces  faits  doivent 
être  maintenant  regardés  comme  hors  de  toute  contestation.  Mais  je  vais 
plus  loin,  en  montrant  que  des  fleurs  naturellement  unisexuées  peuvent  de- 
venir exceptionnellement  hermaphrodites  ou  que  les  organes  d'un  sexe 
peuvent  porter  une  portion  de  ceux  du  sexe  contraire,  qu'un  filet  staminal 
peut  porter  des  ovules  et  des  anthères,  qu'un  pistil  peut  porter  des  loges 
pleines  de  pollen  et  des  stigmates  ;  et  cela,  dans  des  fleurs  de  grande  taille, 
où  cette  promiscuité  ne  saurait  être  soupçonnée  sans  un  examen  attentif  et 
pourrait  faire  révoquer  en  doute  les  résultats  des  expériences  les  plus 
importantes. 

Ainsi,  il  se  trouva,  cet  été,  dans  l'Ecole  de  botanique  du  Muséum,  un 
pied  de  Iticirius  rutilans  dont  presque  toutes  les  fleurs  inférieures,  au  lieu 
d'être  réduites  aux  étamines,  étaient  hermaphrodites.  T/androcée  était  par- 
faitement développé  ;  le  gynécée  l'était  également.  Au  centre  de  la  fleur 
s'élevait  un  ovaire  à  trois  loges  superposées  aux  trois  sépales  1,  2  et  3  ;  un 
style  à  papilles  stigmatiques  bien  développées  surmontait  ces  loges,  dans 
lesquelles  des  ovules  parlaits  avaient  déjà  été  fécondés  et  grossissaient 
chaque  jour.  J'ai  plusieurs  fois  observé  d'ailleurs  que,  dans  ces  cas  d'ano- 
malies, les  fleurs  qui  réunissaient  les  deux  sexes  étaient  nombreuses  sur  un 
même  pied. 

Il  n'est  pas  douteux  que  la  présence  anormale  d'un  androcée  dans  le 
même  périanthe  que  l'organe  femelle  n'aurait  ici  échappé  à  aucun  observa- 
teur. Mais  il  n'en  est  pas  de  même  pour  le  fait  suivant  :  une  fleur  femelle  de 
Ricin  avait  les  styles  très  longs,  tout  garnis  de  papilles  stigmatiques  ruti- 
lantes. Du  milieu  d'elles  se  détachaient  (|uelques  filets  blanchâtres  portés 
par  le  même  style  et  chargés  d'anthères.  D'autres  anthères  sessiles  se 
cachaient  en  même  temps  à  moitié  entre  les  papilles.  Ici  l'erreur  eût  été 
très  facile.  11  en  eût  été  à  peu  près  de  même  dans  un  Croton  Tiglium  que 
j'ai  observé.  Une  fleur  mâle  avait  son  réceptacle  prolongé  en  cône.  Sur  le 
sommet  de  celui-ci  s'épanouissait  une  fleur  femelle  incluse,  qui  s'était  pédi- 


SÉANCE    DU    16    JANVIER    1857.  2f 

culée  à  son  tour  et  s'élevait  au-dessus  du  périanthe  de   la  fleur  d'où  elle 
était  issue. 

On  a  pu  citer  uu  graud  nombre  de  laits  où  celte  confusion  anormale  des 
sexes  est  telle,  que  l'un  d'eux  n'existe  qu'incomplètement.  On  voit,  par 
exemple,  dans  la  planche  38  du  Imité  d'Organogénie  florale  de  M.  Payer, 
une  étamine  de  Dionœa  dont  le  (ilet  porte  latéialement  au-dessous  de  l'an- 
thère un  ovule  également  bien  développé.  J'ai  rencontré  une  Courge  où 
certains  appendices  charnus  entourant  l'androcée  s'élevaient  chargés  l'un 
d'un  ovule,  les  autres  de  plusieurs.  (Chacun  de  ces  ovules  semblait  bien 
développé;  il  avait  subi  un  mouvement  anatropique  complet  et  portait  un 
raphé  saillant  dans  toute  sa  longueur,  (tétaient  donc  là  des  placentas  anor- 
maux se  dressant  en  liberté  dans  l'intérieur  du  périanthe. 

Je  me  borneàciter  ces  faits,  dans  lesquels  il  semble  que  la  nature  multi- 
plie, en  vue  de  la  conservation  de  l'espèce  et  en  violant  ses  propres  lois,  les 
moyens  de  reproduction.  J'arrive  maintenant  à  l'evamen  de  quelques 
organes  qui  semblent  destinés  à  assurer  le  même  résultat  en  favorisant  le 
rapprochement  du  pollen  et  de  l'ovule. 

Chacun  connaît  le  beau  dessin  que  M.  de  Mirbel  a  donné  de  l'ovule  de 
l'Epurgeet  en  même  temps  de  ce  petit  corps  celluleux  qui  vient  le  coiffer 
au  moment  de  l'anthèse,  en  envoyant  un  petit  prolongement  danslemicro- 
pyle.  Depuis,  le  nombre  des  plantes  chez  lesquelles  on  a  observé  un  corps 
analogue  est  devenu  considérable.  Les  Statice  sont  remarquables  par  l'élé- 
gance de  ce  petit  chapeau  qui  dépince  le  funicule  pour  pénétrer  dans  le 
micropyle.  Les  Urticées  possèdent  un  petit  corps  analogue,  représenté  plu- 
sieurs fois  par  M.  Weddell  dans  les  planches  de  sa  belle  monographie. 
M.  Payer  Ta  montré  très  nettement  coiffant  l'ovule  des  Lins.  Les  Polyga- 
lées  en  ont  un  semblable,  et  M.  Moquin-Tandon  l'a  vu  présentant  de 
grandes  variations  dans  sa  forme  et  ses  dimensions.  Je  l'examinerai  ici 
spécialement  dans  les  Euphorbiacées. 

Il  apparaît,  dans  ces  plantes,  un  peu  après  l'ovule,  porté  comme  lui  sur 
l'axe  du  pistil,  qui  s'arrête  dès  qu'il  l'a  produit.  D'abord,  ce  n'est  qu'un 
petit  mamelon  celluleux;  puis  il  s'étend  de  plus  en  plus,  prenant  la  forme 
d'une  cloche  ou  d'un  bonnet  dans  les  Euphorbes,  d'un  auvent  dans  les  Ricins, 
d'un  casque  dans  les  Sapium,  d'un  long  cylindre  infléchi  dans  certains 
Janipha.  Entre  ces  types,  tous  les  intermédiaires  de  forme  se  rencontrent. 
Toujours  à  la  face  inférieure  est  un  prolongement  conique  aigu,  qui  pénètre 
dans  l'exostome  de  l'ovule.  Le  moment  où  celui-ci  est  complètement  bou- 
ché correspond  au  développement  maximum  de  ce  petit  chapeau  ;  dès  lors 
il  cesse  de  s'accroître;  il  diminue  même  de  volume,  mais  il  ne  disparait  pas 
complètement  et  prend  part  à  la  formation  d'un  oigane  plus  complexe 
qu'on  ne  l'a  pensé  jusqu'ici,  la  caroncule. 

Plusieurs  auteurs  de  traités  dogmatiques,  Ach.  Richard   entre  autres,  le 


22  SOCIÉTÉ    BOTAMQUK    DK    FRANCE. 

regnrdaient,  théoriquement  sans  doute,  comntie  devant  former  la  caroncule. 
Il  n'en  est  pas  ainsi;  la  caroncule  vient  de  la  graine  elle-même,  de  sa 
pi'imine;  mais  quand  le  gonilement  de  i'exostome  a  formé  cette  caroncule, 
le  petit  chapeau  persistant  en  partie  demeure  appliqué  sur  celle-ci.  Le 
liicinus  inermis  .lacq.  permet  d'observer  facilement  ce  fait.  Sa  caroncule 
blanche  est  formée  de  deux  lobes  distiucls.  Entre  ces  deux  lobes  s'en  pro- 
duit un  troisième,  tranchant  sur  les  précédents  par  sa  couleur  rutilante. 
C'est  !('  petit  chapeau,  dont  les  cellules  allongées  sont  pleines  de  matière 
colorante.  Quand  la  graine  est  mûre,  ce  petit  chapeau  se  détache  de  l'axe, 
séparé  peut-être  de  lui  par  la  pression  de  la  caroncule,  et  demeure  attaché 
à  elle.  C'est  qu'en  effet  la  caroncule  grossit  et  se  déplace  pendant  que 
le  reste  delaprimiue  disparaît:  l'accroissement  extrême  de  I'exostome  est 
balancé  par  la  destruction  du  reste  de  l'enveloppe  ovulaire  externe.  Mem- 
brane mince,  transparente,  chatoyante,  la  primine  va  tomber  désormais  en 
poussière,  tandis  que  le  testa  si  dur  qui  recouvre  la  plupart  des  graines  de 
ces  plantes  devra  son  origine  à  une  portion  de  la  seeondine. 

Probablement  le  chapeau  du  tissu  conducteur  est  destiné  à  mettre  le 
pollen  en  communication  avec  lenucelle.  Toujours  il  marche  à  sa  rencontre. 
J'ajoute  ici  que  la  réciproque  est  vraie.  Le  chapeau  va  vers  le  nucelle,  mais, 
en  même  temps,  le  nucelle  s'étend  vers  le  chapeau.  Quelques  exemples, 
pris  parmi  les  plus  saillants,  vont  mettre  ce  fait  en  lumière. 

Examinons  un  jeune  ovule  de  PIvjllanthus.  Le  chapeau  vient  de  recou- 
vrir son  micropj'le-,  alors  le  nucelle,  obtus  jusque-là,  s'allonge  et  s'effile, 
son  sommet  sort  de  i'exostome;  il  le  dépasse  et  va  se  mettre  en  contact  avec 
le  chapeau.  Ce  développement  du  nucelle  n'est  qu'un  état  transitoire.  Quel- 
ques jours  après  l'anthèse,  il  est  devenu  de  nouveau  court  et  obtus,  les 
enveloppes  de  l'ovule  couvrent  son  sommet.  Celui  dQsJatrop/ia,  des  d^oton, 
présente  le  même  développement,  mais  poussé  plus  loin.  ÎNulle  part  je  ne 
l'ai  vu  plus  considérable  que  chez  le  Codiœum  pictum.  Ce  prolongement 
uucellaire  y  atteint  la  longueur  de  l'ovule  lui-même,  sinon  davantage,  et 
forme  une  longue  colonne  qui  va  s'insinuer  entre  les  deux  lobes  du  chapeau 
de  tissu  conducteur.  Mais  c'est  surtout  celui  du  Crozopliora  tinctoria  qu'on 
ne  peut  voir  sans  admiration.  A  mesure  que  le  nucelle  se  prolonge  en  de- 
hors du  micropyle,  son  sommet  s'évase,  se  dilate;  bientôt  il  a  pris  la 
forme  d'une  petite  raquette  ou,  si  l'on  veut,  d'un  battoir.  Il  e-t  positif 
qu'alors  ce  battoir  se  coude  sur  son  manche  et,  se  rabattant  en  dedans  sur 
les  deux  lobes  du  chapeau,  lesapplique  contre  I'exostome. 

En  présence  de  ces  phénomènes,  on  ne  peut  s'empêcher  de  penser  que 
ces  plantes  doivent  offrir  i)eaucoup  de  ressources  à  l'étude  des  mystères 
de  la  fécondation.  C'e>t  un  point  sur  lequel  nous  aurons  naturellement  à 
appeler  l'attention  de  la  Société. 


SÉANCK    DU    30   JANVIER    1857.  ^ 

M.  Cosson  (lil  qu'il  a  eu  occasion  de  conslaler,  chez  les  Eu[)horl)es 
d'Algérie,  que  la  forme  de  la  caroncule  l'ournit  des  caractères  spécili- 
ques  très  tranchés  et  très  constants. 

M.  Bâillon  ajoute  qu'on  efl'et  la  caroncule  des  Euphorhiacées  pré- 
sente des  formes  très  variées,  mais  fixes  dans  chaque  espèce. 

M.  Duchartrc  demande  à  M.  Bâillon  s'il  a  ohservé  ce  qui  se  passe 
dans  l'intérieur  du  chapeau  et  quelle  est  la  route  suivie  par  le  hoyau 
pollinique..  Ce  dernier  pénètre-t-il  dans  le  nucelle  par  le  sommet  ou 
par  un  |)oint  latéral? 

M.  Bâillon  répond  qu'il  n'a  pas  eu  occasion  d'examiner  suffisam- 
ment ces  faits  pour  émettre  une  opinion  précise  à  leur  égard. 

M.  Duchartre  fait  observer  que  M.  Bâillon  n'a  pas  parlé  du  rôle 
du  nucelle,  qui  d'ordinaire  prend  part  à  la  formation  des  téguments. 
Si  la  primine  devient  extrêmement  mince,  la  secondine  formerait  le 
premier  tégument  et  le  nucelle  le  second. 

M.  Bâillon  est  d'avis  que  c'est  la  secondine  qui  forme  les  deux 
téguments. 

31.  Weddell  demande  comment  s'opère  le  mouvement  de  la  caron- 
cule vers  le  funicule  pour  opérer  comme  un  coin  et  détacher  la 
graine. 

RI.  Bâillon  dit  que  le  chapeau  est  réduit  à  très  peu  de  chose,  et  que 
la  caroncule  voyage  sur  le  reste  delà  graine;  le  micropyle  se  trouve 
ainsi  plus  ou  moins  éloigné  de  la  caroncule. 


SEANCE   DU   30  JANVIER   1857. 

PRÉSIDENCE   DE    M.    MOQUIN-TANDON. 

M.  Duchartre,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verhal  de  la 
séance  du  19  janvier,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  de  la  présentation  faite  dans  la  dernière  séance,  M.  le 
Président  proclame  l'admission  de: 

M.  BoiTARD  (Emmanuel),  docteur  en  médecine  à  Martigny  (Indre), 
présenté  par  M3I.  Comar  et  L.  Soubeiran. 

M.  le  Président  annonce,  en  outre,  une  nouvelle  présentation. 


2A  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE   DE   FRANCE. 

Dons  faits  à  la  Société  : 

1»  Par  M.  le  comte  Jaubert  : 
Glossaire  du  Centre  de  la  France,  tome  II.  Paris,  1856. 

2»  Par  M.  Ed.  Prillieux  : 
De  la  stinœture  anatotnigue  et  du  mode  de  végétation  du  Neottia  Nidus 
avis. 

3°  En  échange  du  Bidletin  de  la  Société  : 

Journal  de  la  Société  impériale  et  centrale  d'horticulture  de  Paris^ 

numéro  de  décembre  1856. 
L'Institut,  janvier  1857,  deux  numéros. 

M.  le  Président  annonce  à  la  Société  que,  iM.  de  Schœnefeld  ayant 
été  appelé  par  elle  aux  fonctions  de  vice-secrétaire  et  étant  devenu 
ainsi  membre  de  droit  de  la  Commission  du  Bulletin,  le  Conseil  a  dû, 
dans  sa  séance  de  ce  jour,  pourvoir  à  son  remplacement  comme 
membre  électif  de  ladite  Commission.  Le  choix  du  Conseil  est  tombé 
sur  31.  T.  Puel.  En  conséquence,  conformément  à  l'art.  28  du  règle- 
ment, M.  T.  Puel  est  proclamé  membre  de  la  Commission  du  Bulletin 
pour  l'année  1857. 

Lecture  est  donnée  d'une  lettre  de  M.  Gavino-Gulia,  qui  remercie 
la  Société  de  l'avoir  admis  au  nombre  de  ses  membres. 

M.  Montagne  donne  lecture  de  la  communication  suivante  adressée 
à  la  Société: 

OBSERVATIONS  MICROSGOl'IQUES  SUR  L'ORGANISATION,  LA  FRUCTIFICATION  ET  LA 
DISSÉMINATION  DE  PLUSIEURS  GENRES  D'ALGUES  APPARTENANT  A  LA  FAMILLE  DES 
DIGTYOTÉES,  par  M.W.  CROL'AX  frères,  pharmaciens.  {Suite.) 

(Brest,  24  décembre  1850.) 

Dans  nos  deux  précédenles  notices  (voyez  le  Bidletin  de  la  Société,  t.  II, 
p,  639  et  f)hk),  nous  avons  analysé  les  genres  Punctaria,  Asperococcus, 
Striaria,  Halyseris,  Dictijosiphon,  Stilopliora,  Culleria  et  Giraudia  ;  au- 
jourd'hui  nous  sommes  heureux  de  pouvoir  faire  connaître  les  observations 
que  nous  avons  faites  sur  les  genres  Zanardinia,  Agtaozonia,  Dictyota  et 
Zonaria,  et  d'en  entretenir  la  Société. 

Genre  Zanardinia  Nardo,  Crouan,  raser, 

Zanardinia  collaris  Cr.,  niscr,  —  Zonaria  collarisAg.  Crouan,  Alg.  mar.  Finisl.,  vol.  I,n°  75. 

Eu  sectionnant  la  fronde  en  lames  ou  tranches  très  minces,  nous  avons 


SÉANCE    DU    30    JANVIER    1857.  25 

observé  que  tout  rintcrieur  ct;iit  formé  par  un  tissu  cellulaire  à  cellules 
hcxa"onak'S   irrégulières,   toutes  pourvues  d'un   imcleus  chromulaire  au 
centre,  plus  larges  vers  la  partie  inférieure  de  la  fronde,  et  diminuant  de 
volume  jusqu'au  stratum  externe  supérieur,  qui  est  épais,  très  dense  et 
formé  par  trois  rangées  superposées  de  très  petites  cellules  hexagonales  qui 
ne  peuvent  être  bien  appréciées  qu'à  un  fort  grossissement.  La  fructification 
forme,  à  la  surface  de  la  fronde,  des  sores  plus  ou  moins  étendus,  épais, 
irréguliers,  ressemblant  un  peu,  à  l'extérieur,  à  ceux  de  VAfjlaozonia.  Elle 
consiste  en  sporanges  nombreux,  longuement  pédicellés,  analogues  à  ceux 
du  Cutleria-^  mais  à  pédicellés  simples,  implantés  immédiatement  sur  le 
stratum  externe,  tandis  que,  dans  les  Cutleria  laciniata  et  Culleriaadspersa^ 
ils  sont  sessiles  et  fixés  sur  des  filaments  rameux  articulés  -,  on  observe  de 
plus,  à  la  base  des  sporanges,  des  anthéridies  à  pédicellés  courts,  simples 
aussi,  nombreuses,  peu  colorées,  très  étroites,  cylindriques,  dressées,  nive- 
lées, à  articles  très  rapprochés,  formant  une  zone  sous  les  sporanges  et 
n'atteignant  que  la  hauteur  des  pédicellés  de  ceux-ci.  D'après  la  diagnose 
générique  que  nous  venons  de  présenter,  nous  sommes  naturellement  portés 
à  séparer  cette  Algue  du  genre  Zonaria,  où  l'avait  laissée  M.  J.  Agardh  qui 
n'en  connaissait  pas  la  fructification  ;  nous  ne  pouvons  non  plus  la  réunir  au 
genre  Cutleria  avec  lequel  elle  a  beaucoup  d'affinité  par  son  fruit,  mais  pas 
assez  pour  l'y  incorporer;  elle  s'en  éloigne  encore  par  ses  anthéridies  à  pé- 
dicellés simples  entremêlés  aux  sporanges  (c'est  un  fait  singulier  dans  la  fa- 
mille qui  nous  occupe  que  cette  réunion  des  sporanges  aux  anthéridies); 
enfin  par  l'organisation  tissulaire  de  sa  fronde  qui  n'offre  pas  à  sa  surface, 
comme  dans  le  Cutleria  adspersa,  des  stries  rayonnant  vers  la  périphérie, 
où  elles  s'épanouissent  en  filaments  articulés,  colorés,  et  libres  entre  eux; 
et  par  une  coloration  jaunâtre.  Le  Zanardinia  collaris,  au  contraire,  jeune 
ou  adulte,  ne  nous  a  jamais  offert  de  lignes  rayonnantes  sur  la  surface  de 
son  tissu  qui,  à  l'état  vivant,  est  d'un  brun   noirâtre,  ni  des  poils  hyalins 
ou  colorés  à  son  pourtour  ;  sa  surface  est  lisse.  Il  est  probable,  et  tout  nous 
porte  à  le  croire,  que  les  jeunes  individus  qui  croissent  sur  les  vieilles 
frondes  du  Zanardinia  et  que  l'on  a  décrits  comme  étant  entourés  d'une 
couronne  de  poils  colorés,  ne  sont  que  de  jeunes  Cutleria  adspersa^  que 
nous  avons  trouvés  quelquefois  parasites  sur  ces  vieilles  frondes. 

Le  8  août,  nous  récoltâmes  des  échantillons  couverts  de  sporanges  qui 
avaient  presque  totalement  disséminé  leurs  sporidies^  cependant  il  y  eut 
'  encore  une  nouvelle  dissémination  de  celles-ci  qui  nous  ont  paru  identiques 
avec  celles  du  Cutleria  laciniata  et  de  VAglaozonia  ;  elles  se  sont  compor- 
tées, dans  leurs  mouvements  et  leur  développement,  comme  celles  des  deux 
genres  précités.  D'après  nos  études,  nous  croyons  que  ce  genre  doit  prendre 
place  immédiatement  après  le  Cutleria. 


26  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE   DE  FRANGÉ. 

Genre  Aglaozonia  Zanard. 

Aglaozonia  reptans  Kùtz.  sp.  — Zmiaria  reptans  Crouan,  Alg.  mar,  Finist.,  vol.  I,  n'  74. 

En  faisant  des  sections  perpendicnlaires  et  très  minces  de  la  fronde  de 
V Aglaozonia .,  on  y  remarque,  au  microscope,  que  le  centre  ou  stratum  In- 
terne est  formé  par  deux  ou  trois  rangées  de  grandes  cellules  hyalines 
hexagonales  ;  et  le  stratum  externe  par  une  seule  rangée  de  cellules  de  même 
forme,  mais  beaucoup  plus  petites  et  très  colorées  par  la  cbromule.  La 
fructification  consiste  en  petits  sores  irréguliers,  noirâtres,  comme  veloutés, 
isolés  ou  rapprochés,  quelquefois  confluents,  dételle  sorte  qu'alors  ils  cou- 
vrent presque  toute  la  surface  de  la  fronde.  Ces  sores  sont  formés  par  des 
sporanges  subcylindriques,  inarticulés,  légèrement  épaissis  à  leurs  sommets 
qui,  à  cette  partie,  offrent  un  espace  hyalin  bien  accusé  ;  ils  sont  nombreux, 
très  serrés,  et  renferment  chacun  huit  sporidies  superposées;  ils  ne  sotlt 
point  accompagnés  par  des  némathèques,  ni  par  des  poils. 

Le  5  avril  1856,  après  un  fort  coup  de  vent  du  sud,  nous  trouvâmes  sur 
la  plagede  Poulic-an-toul,  rade  de  Brest,  une  grande  quantité  à'Ascidia 
intestinalis  sur  lesquels  croissait  V Aglaozonia  reptans  Kùtz. ,  qui  couvrait 
quelquefois  toute  la  surface  de  ce  mollusque  ;  nous  eûmes  le  plaisir  de  voir 
la  dissémination  des  sporidies  de  cette  espèce  :  elle  fut  assez  abondante 
pour  former,  autour  de  l'assiette  où  était  déposée  la  plante,  un  cercle  de 
couleur  jaune.  Ces  sporidies,  examinées  au  microscope,  nous  ont  offert  un 
mouvement  assez  vif  et  semblable  à  celui  que  nous  avions  observé  sur  celles 
des  genres  Cutleriaet  Zanardinia'^  lasporidie,  pendant  sa  locomotion,  a  la 
forme  ovoïde  ou  pyrique;  la  matière  chromulaire  qu'elle  renferme  occupe 
seulement  les  deux  tieris  de  sa  capacité  et  laisse  la  partie  supérieure  hyaline. 
Ces  sporidies  sont  un  peu  plus  grosses  que  celles  qui  s'observent  générale- 
ment sur  la  plus  grande  partie  des  genres  de  la  famille  des  Dictyotées,  elles 
ont  une  grande  similitude,  relativement  à  leur  diamètre  etcà  la  disposition  de 
la  cbromule,  avec  celles  observées  par  nous  sur  les  Cxitleria  et  Zanardinia. 

Il  règne  encore  un  peu  d'obscurité  sur  quelques  espèces  composant  le 
genre  Zonaria  J.  Ag.;  la  cause  en  est,  nous  le  croyons,  que  la  fructi- 
fication de  ces  espèces  n'a  pas  été  suffisamment  analysée  ;  c'est  afin  de  cher- 
cher à  la  faire  disparaître,  que  nous  les  avons  étudiées  avec  soin.  Nous 
croyons  que  M.  Ji  Agardh  n'aurait  pas  réuni  au  Zonaria  V Aglaozonia,  si 
M.  Areschoug,  qui  le  premier  en  a  décrit  la  fructification,  avait  mieux 
connu  la  nature  des  sporanges  et  leur  contenu,  et  ne  les  avait  pas  considé- 
rés comme  ne  renfermant  qu'une  spore.  Le  caractère  remarquable  des  spo- 
ranges dans  ce  genre,  de  renfermer  huit  grosses  sporidies  superposées,  nous 
montre  une  affinité,  sous  ce  rapport,  avec  ceux  des  Zanardinia  ti  Ciitleria, 
qui  n'en  contiennent  aussi  que  huit  ;  mais  dans  ceux-ci  elles  sont  disposées 


SÉANCE   ini    30   JANVIKH    1857.  27 

sur  deux  rangs,  le  sporange  est  cloisonné  longitudinaicmcnt  et  transversa- 
lement; ce  qui  n'existe  pas  dans  VAglaozonia. 

Genre  Dictyota  Lamour. 

On  voit  sur  la  coupe  mince  et  perpendiculaire  de  la  fronde  du  Dirtyota 
dichotoma,  une  seule  rangée  de  grandes  cellules  incolores,  presque  carrées 
(stratuni  interne);  puis  dans  les  parties  qui  forment  les  surfaces.^une  ran- 
gée de  petites  cellules  remplies  de  chromule  d'un  jaune  brun  (stratura  ex- 
terne). Ces  cellules  corticales  donnent  naissance,  en  se  transformant,  à 
deux  sortes  de  fruits,  tantôt  à  des  sphérospores  ou  tétraspores,  difficiles  à 
apercevoir  à  l'œil  nu,  espacés  ou  rapprochés,  tantôt  à  des  cystocarpes  ayant 
l'aspect  de  sores  oblongs  irréguliers,  très  visibles  à  l'œil  nu;  mais  ces  deux 
sortes  de  fruits  ne  sont  Jamais  l'éunissur  le  même  individu.  Les  sphérospores 
nous  ont  montré  un  fait  intéressant  et  particulier  :  c'est  que  leurs  spores, 
de  couleur  jaunâtre,  offraient,  immédiatement  après  leur  dissémination,  une 
forme  ovoïde  allongée,  et  présentaient  quatre  divisions  transversales  dans 
la  chromule,  de  telle  sorte  que  l'on  aurait  cru  avoii-^ffaire  à  un  tétraspore 
zone  plutôt  qu'à  une  seule  spore  ;  elles  ne  jouissaient  pas  d'une  action  vitale 
sufiisante  pour  revenir  sur  elles-mêmes,  se  contracter  et  former  une  sphère, 
comme  cela  se  voit  généi-alement  sur  les  spores  qui,  au  moment  de  la  dissé- 
minalion,  sont  ovoïdes  ou  pyriques,  et  prennent  ensuite  la  forme  tout  à  fait 
sphérique.  Nos  spores  se  sont  développées  au  bout  de  huit  jours,  en  donnant 
naissance  à  un  système  inférieur  formé  par  des  filaments  incolores,  articu- 
lés, simples  ou  rameux  •  quant  au  système  supérieur,  il  représentait  la  spore 
un  peu  plus  allongée  offrant  encore  ses  quatre  divisions  zonées  dans  la 
chromule.  Les  cystocarpes,  dont  chaque  cellule  pyrique  ne  contient  qu'une 
spore,  ainsi  que  le  dit  M.  Thuret  (1),  et  non  un  tétraspore,  comme  l'a  repré- 
senté i\L  Harvey  (2)  dans  sa  superbe  Phycologie  britannique,  sont  bien  re- 
marquables; nous  avons  été  assez  heureux  pour  voir  la  dissémination  des 
spores  qu'ils  renferment;  ces  cystocarpes,  formés  par  quinze  à  vingt-quatre 
cellules  de  la  couche  corticale,  qui  sont  devenues  pyriques  par  leur  déve- 
loppement, disséminent  leurs  spores  assez  lentement  ;  les  spores  en  sortant 
de  leurs  cellules  s'étranglent,  ce  qui  nous  fait  voir  que  l'ouverture  par  où 
se  fait  leur  sortie  est  plus  étroite  qu'elles  ;  puis,  disséminées,  elles  prennent 
la  forme  sphérique. 

On  observe  aussi  sur  les  dichotomies  supérieures  du  Dictyota  dichotoma, 
mais  sur  des  individus  qui  n'ont  ni  l'une  ni  l'autre  fructification  dont  nous 
venons  déparier,  des  espèces  de  petits  sores  elliptiques  ou  arrondis,  faisant 

(1)  Recherches  sur  la  fécondation  des  Fucacées  {Ann,  des  se.  nat.^  h'  série, 
t.  111,  p.  26). 

(2)  Phycologiabritannica,  planche  103.  '•     •  ' 


28  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE   FRANCE. 

saillie  sur  les  deux  faces  de  la  fronde  et  formés  par  la  cuticule  de  celle-ci 
qui  se  tuméiie.  Vus  par  leur  surface,  à  un  faible  grossissement  du  micros- 
cope, ces  sores  nous  présentent  des  points  noirs  dus  aux  sommets  des  fila- 
ments qu'ils  contiennent,  car  leur  position  verticale  ne  permet  de  voir  que 
leurs  sommets  qui  ont  l'aspect  de  petites  sphères;  la  cuticule,  à  mesure  de 
l'accroissement  des  filaments  qu'elle  renferme,  se  dilate,  et  les  petites  émi- 
nences  qu'elle  forme  ressemblent  bien  à  une  fructification;  enfin  elle  se 
déchire  pour  leur  donner  issue,  et  finit  souvent  par  disparaître  entièrement; 
quelquefois  cependant  il  reste  encore,  à  la  base  des  filaments,  des  fragments 
incurvés  de  cette  cuticule;  les  filaments,  continuant  à  croître,  nous  mon- 
trent des  articles  moins  longs  ou  aussi  longs  que  larges,  devenant,  dans  leurs 
sommets  qui  sont  obtus,  une  et  demie  ou  deux  fois  aussi  longs  que  larges 
et  remplis  par  un  nucleus  de  sporidies  ;  ces  filaments  se  détachent  avec 
facilité  de  la  base  sur  laquelle  ils  sont  fixés,  quand  on  fait  pour  l'analyse 
des  coupes  minces  de  ces  faux  sores  que  l'on  prendrait  facilement,  à  la  coupe, 
pour  des  groupes  de  sphérospores,  si,  par  l'analyse,  on  ne  s'assurait  pas 
de  leur  organisation  réelle.  Ces  filaments  ou  fructification  sporidiaire,  que 
nous  venons  de  décrire,  ont  beaucoup  d'analogie  avec  ceux  qui  constituent 
V Elachistea  stellulata  Griff.,  très  petite  Algue  qui  pullule  sur  la  fronde  du 
Dictyota  dichotoma.  Nous  croyons,  d'après  nos  études  et  nos  analyses,  que 
les  poils  jeunes,  figurés  par  M.  Thuret  (1),  pourraient  bien  être  les  filaments 
de  V Elachistea  stellulata  dans  leur  pi'cmier  développement;  ils  ne  sont 
point  les  poils  qui  se  développent  çà  et  là  sur  toute  la  fronde  de  ce  Dictyota, 
car  ceux-ci  ont,  même  à  l'état  jeune,  des  articles  vers  la  base  plus  larges 
que  longs  et  remplis  de  granules  grisâtres,  les  autres  parties  de  ces  poils 
ont  des  articles  quatre  à  six  fois  plus  longs  que  larges  et  sans  chromule  ;  ils 
sont  toujours  presque  incolores. 

Genre  Zonaria  J.  Ag. 

En  sectionnant  en  lames  minces  la  partie  inférieure  de  la  fronde  du  Zo- 
naria lobata  Ag.,  pour  en  étudier  l'organisation,  nous  avons  vu  au  micros- 
cope qu'elle  est  formée,  à  l'intérieur,  de  quatre  rangs  de  cellules  presque 
rondes,  comme  cela  se  voit  aussi  dans  le  bas  de  la  fronde  du  Padinapavonia, 
et  de  trois  séries  seulement  dans  la  partie  supérieure  où  elles  ont  une  forme 
rectangulaire;  nous  avons  éprouvé  un  bien  vif  plaisir  en  découvrant  dans 
ce  Zonaria  une  fructification  bien  curieuse,  qui  nous  donne  un  caractère 
générique  de  plus  pour  ce  beau  genre  ;  elle  est  formée  par  de  petits  cylindres 
presque  droits  ou  incurvés,  articulés,  à  articles  aussi  longs  que  larges,  con- 
tenant chacun  une  sporidie  ;  ces  petits  cylindres,  par  leur  réunion,  forment 

(1)  Recherches  sur  la  fécondation  des  Fucacées  {Ann.  des  se,  nat,,  k*  série, 
t.  III,  pi.  2.) 


SÉANCE    DU    30    JANVIER    1857.  29 

à  la  surface  de  la  partie  supcrieure  de  la  fronde  des  zones  conccntiiques 
d'une  couleur  brun  noiriitre  ;  cette  fructification,  à  un  faible  grossissement, 
offre  l'apparence  des  anlhéridies  du  Cutleria  laciniata. 

La  grande  similitude  du  tissu  cellulaire  du  genre  Zonnria  avec  celui  du 
Padina  nous  fait  penser  que  ce  dernier  genre  doit  avoir  aussi  des  sporidies 
dans  des  organes  analogues;  nous  sommes  d'autant  plus  fondés  à  le  croire, 
qne  les  filaments  décrits  avec  doute  par  M.  J.  Agardb,  comme  étant  des 
anthéridies,  seraient  la  fructification  sporidiairedu  genre  Padina. 

M.  Gaillard  fait  à  la  Société  la  communicalion  suivaiile  : 

IDÉE  GÉNÉRALE  DE  L'INFLORESCENCE,  par  M,  A€H.  CiUILLJtRD. 

I.  Définition.  —  Linné  a  créé  le  mot  m/?o?-escen^/a  pour  désigner,  comme 
il  le  dit  lui-même,  ce  que  Ton  appelait  modus  florendi.  Il  en  donne  deux  ou 
trois  définitions,  dont  la  plus  générale  est  celle-ci  :  Inflot^escentia  e.<it  modus 
quo  pedunculus  fructificationem  promit  (1). 

Il  n'a  considéré  la  manière  de  fleurir  que  par  rapport  à  la  position  des 
pédicelles  ou  des  pédoncules  partiels  sur  le  pédoncule  principal  ,  et  à  leur 
longueur  absolue  ou  relative;  il  a  fixé,  en  conséquence, etavecplus  ou  moins 
de  précision,  les  idées  qu'il  attachait  aux  mots  Ombelle,  Cyme,  Capitule, 
Chaton,  Spadix, Fascicule,  Épi,  Cori/mbe,Panicule,  Thyrse,  Grappe,  Ver- 
ticille  (2). 

On  s'en  est  tenu  à  l'idée  de  Linné  pendant  trois  quarts  de  siècle  sans  y  rien 
ajouter.  Enfin  on  s'est  aperçu  que  le  modus  florendi  n'est  pas  exclusivement 
applicable  à  la  configuration  des  groupes  floraux,  et  qu'il  peut  et  doit 
s'entendre  aussi  de  l'o/'cf>tf  dans  lequel  se  succèdent  lesfleurssur  les  groupes 
et  les  groupes  sur  la  plante.  Cet  ordre  d'évolution  n'est  pas  moins  constant 
que  la  production  des  organes  eux-mêmes  :  il  parait  donc  avoir  beaucoup 
plus  d'importance  que  les  considérations  qui  ne  s'appliquent  qu'à  la  forme 
des  groupes,  à  la  disposition  et  à  la  longueur  de  leurs  supports.  C'est  pour- 
quoi ,  dès  que  je  commençai  ,  il  y  a  plus  de  vingt  ans,  mes  recherches  sur 

.     (i)  Phphia  bot.,  n.  163,  Xf,  p.  ll/i,  1"  édit.,  et  n.  279. 

(2)  Op.  cit.,  n"'  82,  llG-il8.  L'inflorescence  est  un  mode,  ce  n'est  pas  un  être. 
înflorescere,  entrer  en  fleur,  devenir  fleur,  comme  inardescere,  entrer  en  flammes, 
inalbescere,  devenir  blanc.  Linné  a  employé  aussi  le  mot  florescentia  [Clav.  clas- 
Sîum  en  tcie  du  Gênera)  pour  signifier  fleuraison  ou  groupe  floral.  On  a  fait  con- 
fusion de  ces  deux  termes,  dont  le  sens  est  pourtant  bien  difl'érent  :  on  a  pris  trop 
souvent  injlorescentia  pour  groupe  floral.  Groupe  floral  est  aussi  court  qu'inflo- 
rescence ;  il  n'y  a  donc  pas  de  raison  suftisante  pour  détourner  infurrescentia  du 
sens  que  lui  a  donné  Linné,  son  auteur.  Si  l'on  ne  veut  pas  groupe  floral,  on  peut 
adopter  anthémie,  mot  élégant  qui  a  été  employé  par  plusieurs, 


ftO  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE   DE   FRANCE. 

l'inflorescence,  à  l'instigation  de  mon  excellent  maître  C.-N.  Seringe,  je 
pensai  qne  la  question  d'ordre  primait  toutes  les  autres  en  ce  sujet,  et  que  le 
buta  poursuivre  devait  être  de  découvrir  les  lois  à^  ]a successiondes  fleurs  [l) . 
C'est  sous  cette  forme  plus  claire  et  plus  complète  que  m'apparut  alors  la 
pensée  implicitement  contenue  dans  les  définitions  du  lén;islateur  de  la 
botanique.  Si  j'ai  consumé  de  longuesannées  dans  cette  poursuite,  j'en  ai  été 
dédommagé  par  une  abondante  moisson  de  phénomènes  intéressants  et  variés, 
peu  observés  jusqu'à  présent,  surtout  peu  décrits  ou  vaguement  exprimés, 
quoique  leur  défaut  laisse  dans  la  science  une  très  grande  et  incontestable 
lacune. 

R.  Brown  est  le  premier,  à  notre  connaissance,  qui  ait  éveillé  l'alten- 
tioudes  botanistes  sur  cette  branche  si  importante  de  la  physique  végétale. 
Il  y  fut  conduit  par  l'exception  apparente  que  présente  un  genre  de  Com- 
posées, chez  lequel  les  capitules  semblent  s'ouvrir  du  dedans  au  dehors, 
contre  l'analogie  bien  comme  de  cette  famille.  Il  remarqua  que  si,  dans  les 
Composées  ordinaires,  les  fleurs  de  cha(|ue  capitule  s'épanouissent  du  dehors 
au  dedans,  lasuccession  des  capitules  suit  un  ordre  inverse,  puisque,  après  le 
capitule  terminal  et  central  qui  s'épanouit  le  premier,  les  capitules  axil- 
laires  évolvent  l'un  après  l'autre,  sur  les  ailes,  précisément  dans  l'ordre  où 
ils  s'éloignent  du  primordial.  De  cette  seule  remarque  il  induisit  que 
les  capitules  d'Fchinops  sont  uniflores,  et  que  cette  tète  serrée  que  l'on 
prenait  chez  eux  pour  un  capitule  simple  et  hétérodoxe,  est  un  ensemble 
de  capitules  s'ouvrant  selon  la  loi  commune.  Ainsi  disparut  l'apparente 
exception,  et  le  genre  qui  faisait  la  difficulté  rentra  dans  l'analogie  invaria- 
ble de  sa  famille  (2).  Huit  ans  après,  Rœper  releva  l'idée  émise  par  Brown 
et  qui  semblait  n'avoir  point  germé.  Il  y  ajouta  de  nombreux  exemples, 
desquels  il  conclut  que  toutes  les  plantes  pouvaient  être  rangées  en  deux 
grandes  classes,  selon  que  leur  inflorescence  se  rapportait  à  l'une  ou  à  l'autre 
des  deux  marches  contraires  qui  avaient  été  signalées.  Son  mémoire  {Mél. 
bot.  de  Seringe,  1826),  important  pour  l'histoire  de  la  science,  ne  doit 
être  consulté  qu'avec  précaution,  parce  que  l'idée  de  \a  position  des  fleurs  y 
est  partout  mêlée  à  celle  de  leur  succession  :  ce  qui  a  laissé  dans  cet  écrit 
une  confusion  pénible,  et  l'a  rendu  impropre  à  fixer  la  nomenclature, 

MiM.  Bravais  qui,  à  l'occasion  de  leurs  études  sur  la  phyllotaxie,  ont 
fait  de  nombreuses  observations  sur  l'inflorescence,  se  sont  mieux  inspirés 
de  l'idée  jetée  en  avant  par  B.  Brown.  Leur  travail,  qui  est  considérable 
sans  être  complet,  semblait  devoir  exciter  le  zèle  et  l'émulation  des  amis  de 
la  science,  eu  leur  faisant  sentir  l'immense  lacune  qui  existe  en  cette  partie 

(1)  Formules  botaniques,  thèse  inaugurale,  1835.  Vocabulaire  oryanoyraphi- 
que,  p.  65, 

(2)  Linn.  Trans.,  1817,  XII,  p.  98, 


SÉANCE    DU    30   JANVIEU    1857.  31; 

(lelal)otanique.  Comment  se  fait-il  qu'il  soit  resté  vingt  anssans  continuation 
et  sans  fruit  apparent?  Comment  se  fait-il  que  plusieurs  ouvrages  impor- 
tants de  botanique  systématique  et  descriptive  (ouvrages  très  recomman- 
dables  sous  tous  les  autres  rapports)  aient  paru  depuis  cette  épo(iue  et  pa- 
raissent tous  les  jours,  sans  que  l'on  y  remarque  un  soin  suffisant  de 
déterminer  l'intlorescence  par  des  expressions  claires  et  précises,  et  de  lui 
donner  le  rang  que  l'on  ne  peut  plus  lui  refuser  parmi  les  caractères  dis- 
tiuctifs  des  espèces,  des  genres  et  des  familles,  et  parmi  les  grands  traits 
révélateurs  de  leurs  affinités? 

Je  hasarderai  deux  explications  de  ce  fait  triste  et  singulier. 

Je  crois, avec  Adr.  de  Jussieu(l),  qu'il  faut  l'attribuer  d'abord  à  l'absence 
de  termes  techniques  clairement  définis,  et  propres  à  représenter  avec 
concision  les  observations  qui  constituent  cette  nouvelle  branche  de  la 
science.  Rœper  ne  s'est  pas  occupé  assez  longtemps  de  l'inflorescence  pour 
sentir  le  besoin  d'en  compléter  le  langage  et  d'en  préciser  les  expressions. 
MM.  Bravais,  qui  l'ont  tenté,  n'ont  pas  fourni  aux  botanistes,  il  faut  bien 
le  reconnaître,  ce  qui  était  nécessaire  pour  que  l'inflorescence  entrât  d'em- 
blée et  de  plain-pied  dans  les  ouvrages  descriptifs.  Leur  terminologie  n'a  pas 
été  ordonnée  sur  une  vue  d'ensemble,  sur  une  théorie  assez  large.  Ils  ont 
forgé  uu  certain  nombre  de  mots  qui  ne  répondent  pas  assez,  pour  la  plu- 
part, aux  idées  générales  qu'ils  devaient  représenter;  et  ils  ont  en  outre  dé- 
tourné arbitrairement  les  termes  les  plus  usuels,  épi,  grappe,  cyme^de  leur 
sens  généralement  accepté.  C'était  heurter  de  front  et  sans  nécessité  les  ha- 
bitudes, et  mettre  un  obstacle  presque  volontaire  au  résultat  pratique  de 
leurs  travaux. 

La  seconde  cause  à  laquelle  j'attribue  l'inflorescence  négligée,  je  la  dis 
avec  plaisir  devant  vous,  Messieurs,  parce  que  je  crois  que  vous  y  avez 
porté  remède  :  c'est  l'isolement  dans  lequel  les  botanistes  vivaient  et  exé- 
cutaient leurs  travaux  avant  l'institution  de  votre  Société.  Sans  doute  on 
peut  observer  avec  fruit  dans  le  silence  de  la  solitude  5  on  peut  décrire  con- 
venablement ce  que  l'on  a  observé,  sans  autre  aide  que  la  collation  des 
échantillons  et  des  descriptions  antérieures.  Mais  les  idées  générales  ne 
mûrissent  qu'au  soleil  de  la  discussion  :  elles  n'ont  de  prix  que  par  l'assen- 
timent qui  leur  est  donné.  Voilà  pourquoi,  en  rapprochant  les  hommes  qui 
cultivent  la  botanique  ,  en  leur  créant  des  communications  périodiques  et 
fréquentes,  en  leur  donnant  la  facilité  de  se  connaître,  de  s'écouter  et  de 
s'entendre,  les  fondateurs  de  notre  Société  ont  rendu  un  important  et  in- 
contestable service  à  l'histoire  naturelle,  ont  bien  mérité  de  notre  chère  et , 
aimable  science,  et  en  ont  assuré  les  progrès  plus  sûrement  encore  par  cette 
seule  idée  de  réunion,  réalisée  au  moyen  de  leur  activité,  que  par  les  excel-  ■ 

(1)  Mém.i|/ws.,  1830,  XIX. 


32  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE   FRANCE. 

lents  ouvrages  dont  la  botanique  est  redevable  à  la  plupart  d'entre  eux. 

II.  Progression  et  récurrence.  — Lorsque  l'on  commence  à  étudier  les  lois 
de  l'inflorescence,  on  remarque  d'abord  deux  marches  opposées  dans  la 
succession  des  fleurs.  Si  l'on  a  sous  les  yeux  un  rameau  de  Tropœolum,  on 
voit  que  les  fleurs  s'y  produisent  et  s'y  épanouissent  dans  le  même  ordre 
que  les  Feuilles,  de  bas  en  baut,  la  fleur  aînée  étant  à  l'une  des  aisselles  in- 
férieures, et  les  autres  se  suivant  à  cbacune  des  aisselles  qui  viennent  au 
dessus,  par  rang  d'âge,  en  sorte  que  la  plus  jeune,  la  dernière  épanouie  ou 
la  dernière  produite,  est  au  sommet  du  rameau,  ou  le  plus  près  de  ce  som- 
met. Ainsi,  la  première  loi  d'inflorescence,  qui  est  la  loi  de  progression, 
est  en  même  temps  une  loi  de  pbyllotaxie.  Elle  appartient  en  quelque  sorte 
moins  aux  fleurs  qu'aux  Feuilles.  On  sait,  en  effet,  que  les  Feuilles  se  for- 
ment l'une  à  la  suite  de  l'autre,  par  une  série  régulière  et  ascendante,  les 
plus  jeunes  étant  invariablement  les  plus  éloignées  du  point  de  départ.  Seu- 
lement le  point  de  départ  de  l'inflorescence  se  trouve  presque  toujours  au 
dessus  do  celui  de  la  pbyllotaxie,  qui  est  dans  l'embryon  pour  la  tige,  et 
au  bas  du  bourgeon  pour  la  branche. 

Si  l'on  passe  de  là  à  un  Aquilegia^  on  trouve  qu'au  contraire  la  fleur 
aînée  occupe  le  sommet  de  la  branche  et  de  la  plante,  et  que  les  autres 
fleurs  se  produisent  dans  l'ordre  inverse  de  la  production  des  Feuilles,  de 
haut  en  bas,  les  plus  Jeunes  étant  les  plus  voisines  de  la  racine.  Et,  comme 
il  n'y  a  sur  cette  plante  aucune  trace  de  la  progression  florale  observée  sur 
Ib  précédente,  on  est  porté  à  admettre  que  l'empire  des  fleurs  est  partagé  en 
deux  grandes  provinces,  dont  l'une  comprendrait  les  plantes  à  inflorescence 
progressive,  et  l'autre  les  plantes  à  inflorescence  rétrograde. 

Mais,  si  l'on  pousse  plus  loin  ses  observations  en  revenant  au  Tropœolum 
d'abord  étudié,  on  s'aperçoit  qu'il  est  soumis,  lui  aussi,  à  la  loi  de  rétrogra- 
dation, puisque  la  fleuraison,  après  avoir  commencé  sur  la  branche  princi- 
pale, paraît  ensuite  sur  les  branches  secondaires  et  dans  le  même  ordre  que 
l'on  vient  de  trouver  sur  Aquilegia,  ordre  inverse  de  la  progression; 
c'est-à-dire  que  la  branche  qui  fleurit  la  première  après  la  branche  princi- 
pale est  celle  qui  est  immédiatement  au-dessous  de  la  fleur  primordiale,  et 
que  les  autres  branches  florifères  s'épanouissent  d'autant  plus  tard  qu'elles 
en  sont  plus  éloignées.  Chacune  des  branches  secondaires  du  Tropœolum 
répète,  à  son  tour,  ce  qui  s'est  passé  sur  la  principale,  développant  en  bon 
ordre  la  double  progression  des  Feuilles  et  des  fleurs.  La  répétition  a  lieu 
aussi  et  dans  le  même  ordre  sur  Aquilegia  ;  seulement  au  lieu  d'une  grappe 
ou  progression  de  fleurs,  il  n'y  a  qu'une  fleura  répéter. 

II  y  a  donc  ici  une  seconde  loi  d'inflorescence,  qui  consiste  en  ce  que 
l'évolution  quelconque,  soit  de  plusieurs  fleurs,  soit  d'une  fleur  unique,  qui 
a  lieu  d'abord  sur  une  branche,  s'opère  ensuite  de  la  même  manière  et  dans 
un  ordre  constant  sur  les  autres  branches  de  la  plante. 


sÉxNfir:  nu  30  janvier  1857.  33 

Celte  loi,  que  l'on  pont  Dommcr  loi  de  n'-pcUilion  ou  loi  de  rkcurrknce, 
a  pour  clïot  griiéral  l'unili'  de  coinposition  vc'gt'talc.  INullo  autre  ne  la  sur- 
passe en  étendue  :  elle  embrasse  le  règne  végétal  tout  entier.  Elle  agit  sur 
les  Monoeotylées  de  la  même  manière  (jue  sur  les  Dicolylées-,  et,  sous  ce 
rapport,  il  n'y  a  aucune  différence  entre  un  Croci/fi  et  un  CIténe.  Elle  s'ap- 
plique à  toutes  les  plantes  sans  exception,  puis(|ue  celles  dont  l'extrême 
simplicité  s'arrête  <à  la  production  d'une  seule  fleur  ou  d'une  seule  progres- 
sion, peuvent  être  regardées  comme  manquant  du  développement  normal, 
et  que,  pour  constituer  une  exception  formelle,  il  faudrait  une  plante  se 
développant  constamment  en  opposition  avec  la  loi  qui  nous  occupe,  ce 
qui  n'a  pas  été  observé. 

Il  parait  donc  rationnel,  attendu  la  simplicité  reconnue  des  grandes  vues 
delanatuie,  d'admettrequelinflorescence  est  réglée  d'après  un  plan  unique 
dont  les  deux  ordonnées  principales  sont  :  progression  et  récurrence.  La  très 
grande  majorité  des  familles  végétales  offrira  la  réalisation  de  ces  deux 
termes,  tantôt  d'une  manière  simple  et  laissant  à  chacun  d'eux  son  in- 
dépendance (Crucifères,  Polygalées,  Trémondrées,  Tropéolées,  etc.),  tantôt 
à  divers  degrés  de  complication  et  d'interférence,  qui  mériteront  d'être 
exposés  pour  chaque  famille.  Dans  un  petit  nombre  de  plantes,  le  déve- 
loppement semble  appartenir  tout  entier  à  la  progression,  (primitive  ou  conti- 
nuée), et  la  régression  s'efface:  Palmiers.  Dans  certaines  familles,  au  con- 
traire, la  progression  est  comme  supprimée,  ou  résumée  en  la  seule  fleur 
terminale,  et  toute  répétition  appartient  à  la  récurrence:  Hypéricées,  Rutées, 
Géraniacées,  Caryophyllées,  ctc  Dans  quelques  plantes  enfin,  la  vie  s'épuise 
sur  une  fleur,  et  progression  et  récurrence  sont  condensées  et  confondues  en 
un  seul  point  :  quel(|ues  Renonculacées,  Ranuncuhis  Krapfia  DC.  (Deless. 
ic.  T,  35),  Oxi/graphis  :,  Orithyia  uniflora  (Brit.  fl.  gard.  mai  1836) ;  PtC' 
rostylis  (Guill.  austral.). 

On  peut  même  regarder  théoriquement  la  progression  et  la  récurrence 
comme  perpétuellement  entrelacées  et  se  pénétrant  en  quelque  sorte  l'une 
l'autre:  car,  si  toute  fleur  terminale  peut  être  considérée  comme  résumant 
une  progression,  toute  fleur  axillaire  peut  être  regardée  comme  préparant 
une  récurrence.  Cette  dernière  considération  est  fondée  sur  ce  fait,  qu'il 
est  peu  de  pédicelles  axillaires  qui  ne  portent  2  bracféoles  indiquant  qu'il 
peut  venir  à  leur  aisselle  2  boutons  plus  jeunes,  par  conséquent  récurrents; 
ce  que  l'on  vérifie  dans  une  foule  de  familles  (Berbéridées,  Celtidées,  San- 
guisorbées,  Ternstrœmiacées,  Balsaminées,  Éricaeées,  Scrofulariées),  et 
même  dans  celles  qui  jouissent  le  plus  notoirement  du  développement  pro- 
gressif: Ribésiacées,  Malpighiacées,  Orobanchées,  Protéacées,  Papiliona- 
cées,  etc. 

11  importe  peu  que  le  développement  se  fasse  au  large,  sans  parcimonie, 
él  eu  donnant  a  chaque  fleur  une  Feuille  aisselliéi'c  formelle  et  complètement 

T.    IV,  .  p 


3â  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

constituée  (F(?ro«?Vrt  agrestis,  Capparis  spinosa,  Celtis  australis),  ou  qu'au 
contraire  il  se  contracte,  rapproclie  les  fleurs  en  groupe,  et,  par  l'effort  de 
la  production  florale,  amoindrisse  ou  transforme  les  Feuilles,  les  fasse  Brac- 
tées, les  efface  même  tout  à  fait,  comme  on  le  voit  à  divers  degrés  sur  tous 
les  pédoncules  raultiflores  :  l'ordre  des  successions  n'est  pas  troublé,  les 
lois  établies  sont  respectées  (sauf  de  très  rares  exceptions);  la  grappe  des 
Groseilliers,  le  capitule  des  Composées,  la  tète  ovée  des  Protéacées,  le  demi- 
globe  de  Jasione^  des  Globulaires,  le  cylindre  de  Pkyteuina,  le  cbaton  du 
Coudrier,  l'épillet  des  Graminées,  des  Cypéracées,  restent  progressifs,  la 
Cyme  capitée  des  Salsolacées,  celle  des  Polemoniacées,  des  Laurinées, 
conservent  leur  rétros'adation. 

Par  l'effet  des  deux  lois  que  nous  venons  de  reconnaître,  la  tige  d'un 
végétal  phanérogame  bien  développé  et  en  pleine  fleuraison  se  distribue  en 
deux  zones  ordinairement  très  distinctes:  la  zone  supérieure,  qui  se  com- 
pose de  la  fleuraison  primordiale,  progressive  et  ascendante,  et  la  zone  in- 
férieure qui  comprend  tout  ce  qui  se  produit  par  récurrence  au-dessous  de 
la  première.  Prenons  par  exemple  Scrofulariu  [cauina  ^  nodosa,  aqua- 
tica,  etc.).  Ces  plantes  fleurissent  en  une  grappe  composée  terminale  qui  se 
développe  progressivement  a  partir  du  plan  où  apparaît  la  première  fleur, 
et  qui  forme  la  zone  supérieure.  Au-dessous  de  ce  plan  se  produisent  les 
rameaux  axillaires  récurrents  dont  l'ensemble  forme  ce  que  nous  appelons 
la  zone  inférieure;  ils  portent  une  fleuraison  semblable  à  la  primordiale,  la 
répétant  l'une  après  l'autre  dans  l'ordre  rétrogressif  et  descendant. 

Ainsi,  il  y  a,  dans  la  hauteur  de  la  tige,  un  plan  de  partage  au-dessus  et 
au-dessous  duquel  le  développement  général  relatif  à  l'inflorescence  suit 
deux  cours  diamétralement  opposés  :  ce  plan  est  celui  où  s'épanouit  la  fleur 
aînée.  Chaque  branche  est,  sous  ce  lapport,  l'image  de  la  plante  entière, 
ou  plutôt  la  plante  elle-même  n'est  qu'un  ensemble  résultant  de  l'associa- 
tion régulière  d'êtres  semblables  entre  eux  et  semblables  au  tout.  Car  la 
même  marche  ascendante  et  descendante  s'observe  à  tous  les  degrés  du 
développement  et  pendant  toute  la  vie  du  végétal. 

Cette  double  marche  est  représentée  aussi  par  le  développement  en  sens 
contraire  de  la  tige  et  de  la  lacine.  Ce  sont  toujours  des  effets  de  la  loi  gé- 
nérale d'expansion  que  j'ai  signalée  dans  d'autres  circonstances (1),  et  qui 
pourrait  s'appeler  ici  loi  d'expansion  bipolaire. 

III.  Loi  d'affaiblissement.  —  Sur  un  pied  de  ]'erbascum,  le  plan  de  par- 
tage est  ordinairement  vers  le  milieu  de  la  plante.  C'est  là  que  s'épanouit 
la  première  fleur  du  premier  groupe  latéral.  La  fleuraison  parcourt  succes- 
sivement toute  la  légion  supérieure  à  ce  plan,  sur  lequel  elle  élève  une  ma- 
gniflque   pyramide.  Dans   le  même   temps  la  récurrence   développe   les 

(1)  Observations  sui-  la  moelle  des  plantes  ligneuses  {Ann.  des  se.  nat.,  1847). 


SÉANCi:  nu  30  janvii.r  1857.  35 

rameaux  inlV'iicurs  selon  leur  iiuniéco  il'ordre,  et  chacun,  dans  celte  région 
descendante,  reproduit  à  son  tour,  mais  avec  moins  de  grandeur,  la  pyra- 
mide primordiale. 

Car  la  répétition  affaiblit  ordinairement  les  groupes  qu'elle  reproduit, 
soit  par  progression,  soit  pai-  récurrence  (1).  On  voit  sur  les  branches  récur- 
rentes de  Verbascum  que  les  Cymes  sont  beaucoup  moins  complexes  que 
sur  la  tige  principale;  et  sur  cette  tige  elle-même,  qui  n'est  autre  chose 
qu'un  opulent  pédoncule  terminal,  les  Cymes  inférieures  sont  beaucoup  plus 
complètes  que  les  autres,  qui  vont  en  s'amoindrissant  à  mesure  ([u'elles 
sont  plus  élevées,  perdant  successivement  leurs  rameaux,  leurs  pédicelles 
suppléants,  jusqu'à  devenir  en  beaucoup  de  cas  Cymes  uniflores. 

Leptomeria  Billardieri  R.  Br.,  qui  porte  grappe  (spiciforme)  axillaire,  a 
les  grappes  supérieures  réduites  à  une  fleur. 

Cette  loi  d'affaiblissement  (qui  a  bien  quelques  exceptions)  est  néanmoins 
très  générale,  et  mérite  fort  d'être  observée,  parce  qu'elle  est  très  efficace 
pour  fixer  le  jugement  sur  certains  cas  obscurs  de  l'inflorescence.  Elle  sert 
aussi  à  faire  disparaître  d'apparentes  exceptions,  à  ramener  à  l'unité  de 
plan  des  phénomènes  que  l'on  aurait  crus  dissemblables,  à  rétablir  la  con- 
stance des  vues  de  la  nature  là  où  elle  semblait  défaillir,  et  aussi  à  préciser 
le  sens  de  quelques  expressions  vagues  employées  dans  les  descriptions, 
telles  que /jerft</«cM/<s  sublrijloris^  subbifloris,  etc. 

Il  est  clair  (la  loi  d'affaiblissement  une  fois  reconnue)  que,  pour  donner 
une  idée  juste  de  l'inflorescence  d'une  plante,  il  faut  la  décrire  aux  points 
les  plus  rapprochés  de  la  première  fleur.  C'est  donc  le  point  de  départ  qu'on 
doit  reconnaître  avant  tout,  sous  peine  de  s'égarer  et  d'égarer  les  autres. 
C'est  pour  cela  que  nous  insistons  sur  la  distinction  des  deux  zones  de  dé- 
veloppement qui  résultent  de  progression  et  récurrence. 

IV.  Ré  progression.  —  Lorsque  la  fleur  primordiale  termine  la  plante 
ou  la  branche,  et  que  la  progression  semble  impossible,  elle  reprend  cepen- 
dant ses  droits  chez  beaucoup  de  plantes.  Considérons  une  branche  de 
RUbus  (de  quelque  espèce  que  ce  soif)  :  la  fleur  terminale  et  suprême  est 
évidemment  l'aînée,  celle  qui  s'est  épanouie  la  première  (2).  Toute  progres- 

(1)  M.  Germain  de  Saint-Pierre  l'a  indiqué  pour  la  progression  [Bull.de  la  Soc. 
bût.  de  France,  1855). 

(2)  Quand  je  parle  de  l'âge  des  fleurs,  j'entends  désigner  l'époque  relative  de 
leur  épanouissement.  J'ai  vérifié  dans  un  très  grand  nombre  de  cas,  en  pénétrant 
dans  le  bourgeon,  que  Tordre  de  l'épanouissement  est  conforme  à  l'ordre  de  la 
naissance.  Mais  je  n'ai  pu  certainement  le  vérilier  sur  toutes  les  plantes  dont  j'ai  à 
parler.  Afui  donc  d'éviter  une  généralisation  prématurée  et  contestable,  je  m'en 
tiens  au  phénomène  d'inflorescence  observable  à  l'œil  nu  ou  faiblement  armé ,  et 
j'accorde  toute  réserve  pour  les  exceptions  que  pourrait  constater  la  micrographie 
de  l'anthogénie. 


36  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE   FRANCE. 

sion  ost-elle  évincée?  Non.  Car  l'épanouissement  ne  continue  point  par  les 
fleurs  les  plus  voisines  de  l'ainee  :  il  repiend  par  le  bas,  et  remonte  ensuite 
régulièrement  comme  en  une  progression  ordinaire:  en  sorte  que,  abstrac- 
tion faite  de  la  première  fleur,  on  croit  voir  une  grappe  complexe  ou  un 
thyrse.  Ainsi,  voilà  une  véritable  et  légitime  progression  dans  un  groupe 
où  l'évolution  est  partie  du  sommet. 

Dans  ces  cas  spéciaux  (que  l'on  rencontre  néanmoins  très  fréquemment, 
Renonculacées,  Dryadées^  Laurinées,  Acéracées,  Mélastomacées,  Sapinda- 
cées,  Philadelphées,  Bignoniacées,  etc.),  le  plan  de  partage  des  deux  zones 
peut  être  placé  à  l'origine  de  la  réprogression.  Au-dessous  de  ce  plan,  la  ré- 
gression ordinaire  a  lieu  comme  chez  fous  les  autres  végétaux.  La  loi  d'af- 
faiblissement s'exécute  aussi  dans  la  réprogression  comme  dans  la  progres- 
sion commune  (1). 

En  voyant  combien  sont  contradictoires  les  deux  grandes  ordonnées  du 
système  de  l'inflorescence,  on  a  pu  croire  d'abord  que  la  nature  s'était  dé- 
partie, en  les  créant,  du  soin  qu'elle  prend  de  relier  tous  les  phénomènes 
par  des  transitions  graduées.  Mais  \a?'ép)'ogression  vient  démontrer  une  fois 
de  plus  l'axiome  Non  facit  saltus.  Nous  en  trouverons  plus  tard  une  démon- 
stration nouvelle  dans  une  autre  loi  spéciale  (la /;recffSs/on),  qui  rapprochera 
les  deux  marches  opposées  jusqu'à  les  confondre. 

V.  Récurrence  surmontante.  —  Lorsque  la  progression  man([ue  tout  à 
fait,  la  fleur  primordiale,  qui  termine  l'axe  florifère,  compose  à  elle  seule, 
rigoureusement  parlant,  la  zone  supérieure.  C'est  ce  que  l'on  voit  sur  les 
Polémoniacées,  les  Magnoliacée?.  Mais  les  cas  sont  assez  rares  où  la  fleur 
primordiale  est  isolée,  comme  sur  Magnolia,  Calycanthus;  plus  rares  encore 
ceux  où  la  Cyme  est  subordonnée  comme  dans  les  Polémoniacées,  c'est-à- 
dire  où  elle  porte  la  fleur  ainée  placée  en  évidence  au  point  le  plus  élevé. 
Presque  toujours  les  rameaux  qui  naissent  en  récurrence  au-dessous  de  la 
fleur  terminale,  s'élèvent  au-dessus  d'elle,  sont  surmontés  à  leur  tour  par 
ceux  qu'ils  produisent,  et  ainsi  successivement.  Telle  est  l'inflorescence  des 
Silénées  et  Alsinées,  des  Asclépiadées  et  Apocynees,  des  Géraniacées,  des 
Loasées,  des  Zygophy liées,  dos  Nvctaginécs,  dos  Solanées,  des  Boragi- 
nées,  etc.,  et,  dans  un  sens  plus  large,  celle  des  Esculacées,  et  de  tous  les 
arbres  à  inflorescence  terminale  ou  proternnnale.  Ainsi  se  forme  la  Cyme 
surmontante,  dont  les  rameaux  se  succèdent  dans  un  ordre  ascendant  quoi- 
que rétrogressif.  Dans  chaque  Cyme,  comme  dans  la  progression,  la  fleur 
primordiale  est  placée,  matériellement  parlant,  au  point  le  plus  bas  de  la 

(1)  La  réprogression  a  bien  souvent  échappé  à  Pœil  des  dessinateurs.  Il  y  a  pour- 
tant quelques  li(ruies  où  elle  est  (idôicmcnt  reprôsenlée.  Ou  en  trouve  un  bon 
exemple,. ln7i.J/».v.,VllI,  pi.  '6k  {.Uherospertna)  ;  voyez  aussi  Wallich,  As.rar., 
2Qli  {Swertui),  et  Koyle,  Him.,  67. 


SÉANCE   DU   30  JAiWIlilt   1857.  37 

région  asceutluiite,  et  ses  sœurs  cadettes  s'cchelouueiit  successivement  au- 
dessus  d'elle.  Mais  dans  l'oidre  progressif,  les  Heurs  plus  jeunes  naissent 
réelleinenl  au-dessus  de  leur  ahiée,  et  sur  le  prolongement  du  môme  axe, 
qui  est  le  coips  même  du  laineau  (lorilere.  Dans  la  Cyme  surniontante,  au 
contraire,  les  fleurs  cadettes  naissent  sous  leur  ainée  à  l'aisselle  des  2  Feuilles 
ou  Bractées  qui  la  soustent  ;  puis  elles  s'élèvent  au-dessus  d'elle  par  l'allon- 
gement des  pédicules  axillaires;  et  ces  pédicules  se  terminent  chacun  par 
une  fleur  et  par  une  ou  plusieurs  Feuilles  ou  Bractées,  de  l'aisselle  desquelles 
part  une  surmontance  pareille,  et  ainsi  de  suite,  comme  chacun  sait. 

Si  l'on  fait  abstraction  de  la  différence  d'origine,  on  ne  peut  s'empêcher 
d'être  frappé  de  l'espèce  de  ressemblance  qu'il  y  a  entre  le  développement 
de  la  Cyme  surmontante  et  celui  de  la  progression,  puisque  l'une  et  l'autre 
suivent  une  marche  ascendante.  Mais  la  Cyme  rencontre  à  chaque  degré  un 
point  d'arrêt,  qu'elle  ne  franchit  qu'en  rétrogradant  :  elle  n'est  qu'une  con- 
trefaçon de  la  zone  progressive  qui  s'étend  par  un  cours  continu.  Il  y  a  une 
ressemblance  d'effet,  malgré  l'opposition  de  principe  et  d'action. 

Nous  reconnaîtrons  plus  loin,  dans  d'autres  lois  spéciales  de  l'inflores- 
cence (les  lois  d'inégalité),  une  nouvelle  et  ti'ès  singulière  analogie  entre  la 
zone  progressive  et  la  Cyme  surmcnlante.  I,;i  rc.'-semblance  est  quelquefois 
portée  si  loin,  que  l'on  ne  distingue  pas  l'une  de  l'autre  avec  une  entière 
certitude:  Vinca,  Cuphea,  quelqin'S  Silenées,  tous  les  groupes  scorpioïdes 
où  les  Bractées  sont  inaperçues,  peuvent  faire  naître  ce  doute. 

Au  reste,  les  plantes  à  Cyme  ascendante  n'en  ont  pas  moins  la  récurrence 
inférieure  (|ue  nous  avons  reconnue  être  l'effet  d'une  loi  universelle.  Elles 
jouissent  par  consécjuent  de  2  sortes  de  l'éeurrenee  :  la  surmontante,  dont 
la  seule  source  est  dans  le  rameau  ou  les  2  rameaux  qui  soustent  immédia- 
tement la  fleur  primordiale-  et  la  descendante,  qui  se  forme  de  tous  les 
rameaux  axillaires  se  développant  successivement  au-dessous  :  celle-ci  com- 
pose la  zone  inférieure  proprement  dite.  Par  son  origine,  la  récurrence  sur- 
niontante  appartiendrait  aussi  a  cette  zone  j  mais  son  essor  ascendant  l'en 
sépare;  et  elle  semble  destinée  à  tenii-  lieu  de  la  zone  progressive  ou  \raie 
zone  supérieure,  dans  les  plantes  où  la  progression  est  réduite  à  la  seule 
fleur  terminale. 

On  verra  plus  tard  que  ces  deux  récurrences  ont  d'ailleurs  leur  marche 
indépendante,  qui  ne  les  distingue  pas  moins  que  le  caractère  que  nous  ve- 
nons de  leur  assigner. 

VI.  Proportion  des  deux  zones.  —  Les  familles  végétales  offrent  de 
grandes  dissemblances  quant  aux  limites  des  2  zones  de  l'évolution  florale 
(telles  que  nous  les  avions  déterminées),  et  quant  à  leur  ampleur  respective. 

Chez  les  plantes  à  tige  simple  et  dressée,  se  terminant  par  une  progression 
bien  développée,  le  plan  de  parîage  est  souvent  vers  le  milieu  de  la  hauteur, 
comme  on  le  peut  voir  en  Verbaicum^  Digitalis,  Scrofularia.  Les  autres 


oo  SOCIETE    BOTANIQUE    DE   FRANCE. 

Scrofulaiiées,  les  Résédncées,  les  Crucifères,  présentent  bîcn  souvent  cette 
espèce  de  balancement.  Mais  plus  souvent  encore  il  est  détruit  par  la  prépon- 
dérance que  s'arroge  l'un  des  deux  systèmes.  Chez  les  Papilionacées  le  déve- 
loppement progressif  l'emporte  de  beaucoup.  Voyez  la  tige  de  Vicia  Faba 
L.,  la  Fève  populaire:  elle  n'offre,  dans  presque  toute  sa  hauteur,  qu'une 
noble  progression.  La  première  fleur  s'ouvrant  à  la  3*"  ou  h"  aisselle  de  la 
plante,  la  zone  inférieure  est  nécessairement  fort  restreinte.  Une  Cucurbi- 
tacée,  Bryonia  par  exemple,  étend  à  Tinfini  et  contourne  de  mille  manières 
sa  progression  grimpante.  L'humble  Draba  verna  L.  ne  porte  ordinaire- 
ment, sur  son  axe  central,  qu'une  seule  et  simple  petite  grappe  ;  mais 
!a  récurrence,  chassée  de  la  tige  aérienne,  se  réfugie  sur  le  collet  de  la 
plante,  et  produit,  quand  l'alimentation  abonde,  un  riche  verticille  radical. 
Ainsi  Diplotaxis  viminea  DC,  ainsi  Primvla,  Androsacc  et  une  foule 
d'autres. 

Si  la  progression  primitive  commence  tard  et  n'obtient  qu'un  développe- 
ment médiocre,  la  régression  l'emporte  en  étendue  :  Lysimachia  vulyaris. 

Lorsque  la  zone  supérieure  résulte  d'une  Cyme  terminale  surmontante,  il 
arrive,  par  exemple  dans  les  végétaux  de  petite  taille,  que  cette  Cyme  est, 
pour  ainsi  dire,  toute  la  plante,  lladiola  linoides  termine  sa  tige  par  une 
fleur  après  3  ou  k  paires  de  Feuilles  :  cette  fleur  aiuée  est  entourée  et  sur- 
montée de  ses  cadettes,  portées  sur  deux  bras  qui  se  reproduisent  jusqu'à 
10  ou  15  degrés  de  multiplication  :  la  récurrence  inférieure  est  peu  de 
chose;  elle  est  épuisée  par  l'avidité  de  la  supérieure.  De  même  Thisantha 
glabra,  scaherula,  ylomerata  Eckl,  et  Z.,  de  même  Tillœa^  Bulliarda, 
Gramfnanthes,  etc. 

Si  la  Cyme  terminale,  au  lieu  d'être  surmontante,  reste  subordonnée, 
comme  ùans  Aquilegia,  Nigella,  dans  les  Polémoniacées,  la  zone  supérieure 
est  réduite  à  la  fleur  ainée,  et  la  plante  tout  entière,  moins  cette  fleur 
primordiale  et  suprême,  n'est  que  récurrence  inférieure. 

Nous  avons  énuméré  seulement  les  principales  variétés  que  présente  le 
partage  des  deux  zones.  Cela  suffira  peut-être  pour  faire  voir  combien  il 
importerait,  dans  les  observations  faites  sur  le  terrain,  toutes  les  fois  que 
l'on  ne  peut  pas  emporter  chez  soi  la  plante  entière,  de  noter  à  quelle  hau- 
teur moyenne  (mesurée  par  le  nombre  des  aisselles)  se  trouve  \aprimefleur 
ou  protanthèse,  le  point  de  départ  régulier  de  l'épanouissement  floral.  On 
arriverait  ainsi,  par  des  faits  accumulés,  à  avoir  une  histoire  beaucoup 
moins  incomplète  des  peuplades  qui  composent  le  règne  végétal. 

La  double  zone  d'évolution  est  maïquée  aussi  bien  sur  chaque  branche 
annuelle  (quand  elle  est  suffisamment  développée)  que  sur  la  planteentière. 
Klle  peut  être  marquée  sur  un  sin)ple  rameau  florifèi-e,  feuille  ou  non  feuille. 

1^  loi  générale  de  récuirence,  telle  que  nous  l'avons  exposée,  souffre 
dans  son  application  a  certaines  plantes  quelques  modifications  qui  résultent, 


SÉANCE   DU   30  JANVIER   1857.  39 

soit  normalement  des  lois  spéciales  que  nous  avons  fait  entrevoir,  soit  ac- 
cidentcIk'iiH'nt  des  circonstances  particulières  de  renlourap;e,  de  l'ornbre  et 
de  la  lumière.  Cette  loi  n'en  est  pas  moins,  comme  nous  l'avons  dit,  la  plus 
générale  de  toutes  celles  qui  régissent  l'évolution  des  fleurs.  En  outre,  elle 
est  essentiellement  propre  au  règne  végétal,  et  elle  le  caractérise  à  l'exclu- 
sion des  deux  autres.  Elle  est  une  des  principales  causes  de  l'harmonieux 
spectacle  que  nous  offrent  les  grands  végétaux,  où  l'unité  la  plus  parfaite 
est  jointe  à  une  infinie  variété,  et  où  la  même  cause,  répétant  les  mêmes 
effets  avec  une  constance  inaltérable  et  sans  aucune  monotonie,  charme  à 
la  fois  les  yeux  et  l'esprit  de  l'observateur. 

M.  Bâillon  présente,  au  sujet  de  cette  communication,  les  observa- 
tions suivantes  : 

Il  félicite  M.  Guillard  d'avoir  cherché  à  mieux  définir  les  inflores- 
cences, dont  la  terminologie  est  vicieuse  et  a  besoin  d'être  réformée.  Ainsi 
la  grappe,  bien  que  terminée,  est  considérée  comme  une  inflorescence  in- 
définie. Mais  il  rappelle  que  Linné  avait  distingué  la  floraison  de  l'inflores- 
cence, et  il  est  d'avis  que  M.  Guillard  les  a  confondues,  et  que  sa  théorie 
se  rapporte  plutôt  à  la  première  qu'à  la  seconde,  car  elle  est  basée  sur 
l'ordre  d'épanouissement,  qui  est  un  phénomène  de  floraison,  indépendant 
de  la  disposition  des  fleurs.  De  même,  en  parlant  des  récurrences,  M.  Guil- 
lard a  tenu  compte  non-seulement  des  bractées,  mais  encore  des  feuilles, 
et  est  ainsi  sorti  de  l'inflorescence,  qui  est  limitée  aux  bractées. 

Si  l'on  ne  se  rapporte  qu'à  l'ordre  de  floraison,  le  niveau  de  départ  sera 
déterminé  différemment  par  les  divers  observateurs;  et  la  force  des  bour- 
geons floraux  est  aussi  un  pur  caractère  de  sentiment,  qui  n'a  rien  d'ab- 
solu. Ainsi,  en  parlant  de  la  grappe,  M.  Aug.  de  Saint-Hilairedit  que  l'Or- 
chisSimia  se  distingue  parce  que  celle  de  ses  fleurs  qui  s'ouvre  la  première 
est  plus  ou  moins  médiane.  Dans  le  Pachysandra,  on  voit  que  les  fleurs 
qui  s'épanouissent  les  premières  sont  médianes,  et  il  s'en  produit  plus  tard 
à  l'aisselle  des  bractées  inférieures.  On  ne  peut  donc  prendre  l'ordre  de 
floraison  comme  caractère  distinctif  de  tel  ou  tel  mode  d'inflorescence. 

Passant  aux  inflorescences  dites  mixtes,  M.  Bâillon  rappelle  que  W/Es- 
culus  a  un  axe  primaire  terminé  par  une  fleur,  et  des  axes  secondaires 
tous  en  cyme  scorpioïde,  dont  la  première  fleur  peut  s'épanouir  avant  celle 
qui  termine  l'axe  principal.  L'âge  relatif  des  axes  est  donc  le  seul  bon 
guide  à  suivre,  —  Dans  le  /{usais  aculmûus,  à  l'aisselle  de  la  petite  fleur 
qui  semble  épiphylle,  il  se  produit  une  inflorescence  secondaire  de  2  à 
3  fleurs.  Ces  fleurs  s'épanouissent  en  même  temps,  et  cependant,  si  l'on  étu- 
die leur  développement,  on  voit  que  l'une  naît  avant  l'autre  à  l'aisselle 
d'une  petite  bractée.  C'est  donc  là  encore  une  cyme  scorpioïde. 


âO  SOCIÉTÉ   BOTâNIQIE   de    FRANCE. 

L'inflorescence  est  encore  plus  difficile  à  définir  pour  certaines  fleurs 
unisexuées.  Ainsi  M.  Bâillon  n'est  pas  encore  parvenu  à  se  rendre  coniple 
de  l'inflorescence  du  Buis,  qui  consiste  en  un  pelit  groupe  de  fleurs  dont 
celle  du  milieu  est  femelle  et  les  autres  mâles.  Est-ce  une  inflorescence  dé- 
finie ou  indéfinie  ?  il  ne  peut  le  dire  encore. 

Enfin  M,  Bâillon  fait  remarquer  combien  il  est  même  difficile  de  consta- 
ei'  le  moment  précis  de  l'épanouissement  d'une  fleur.  1/ordre  d'épanouisse- 
ment ne  peut  donc  servir  de  base  à  aucune  théorie. 

]\I.  Guillard  répond  à  M.  Bâillon  de  la  manière  suivante  : 

Deux  objets  distincts  ont  été  traités  ensemble  par  M.  Bâillon,  à  savoir  les 
lois  générales  de  l'inflorescence  et  quelques  exceptions.  M.  Guillard  n'a 
pu  aujourd'hui  que  signaler  à  peine  les  lois  générales,  il  ne  devait  pas  en- 
trer dans  les  exceptions, 

M.  Bâillon  ne  veut  pas  qu'on  s'occupe  des  Feuilles  en  parlant  de  l'inflo- 
rescence. Mais  M,  Guillard,  lui  aussi,  a  cherché  à  séparer  les  Feuilles  des 
Bractées,  et  n'a  pu  y  parvenir,  parce  que  les  organes  qu'on  désigne  sous 
ces  deux  noms  se  confondent  par  des  transitions  graduelles.  Est-il  d'ailleurs 
nécessaire  de  limiter  l'inflorescence  aux  Bractées  ?  Qui  empêche  de  consi- 
dérer comme  appareil  d'inflorescence  la  plante  tout  entière,  si  les  fleurs  s'y 
montrent  partout?  Beaucoup  de  botanistes  ont  admis  cette  manière  de  voir, 
surtout  pour  les  plantes  annuelles.  Dans  les  végétaux  vivaces,  le  rhizome 
est  un  appareil  de  conservation;   tout  le  reste  appartient  à  l'inflorescence. 

M.  Guillard  ne  croit  pas  avoir  confondu  la  floraison  avec  l'inflorescence. 
Dans  la  distinction  de  ces  deux  idées,  il  a  suivi  Linné,  qui  a  défini  l'inflo- 
rescence: modus  florendi.  —  II  y  a  une  progression  florale  analogue  à  la 
progression  foliaire.  Lorsque  les  groupes  de  fleurs  sont  très  condensés,  leur 
développement  devient  un  peu  irrégulier,  sans  doute  à  cause  de  la  grande 
contraction  de  l'axe  floral,  ce  qui  pourrait  expliquer  le  phénomène  excep- 
tionnel de  VOrchis  qm  a  été  signalé.  L'inflorescence  d'un  Orchis  est  tou- 
jours progressive,  comme  celle  d'une  Caryophyllée  est  toujours  régressive. 

M.  Guillard,  à  défaut  de  fleurs  dans  la  saison  actuelle,  a  tenu  compte  de 
la  force  des  bourgeons  floraux,  appréciation  dont  AL  Bâillon  conteste  la  lé- 
gitimité. Pourtant  la  valeur  de  cette  appréciation,  sans  être  absolue,  n'en 
est  pas  moins  réelle.  —  Il  entend  par  épanouissement  ce  que  tout  le  monde 
entend  par  ce  mot.  Peu  lui  importe  à  quel  moir.ent  précis  une  fleur  peut 
être  dite  complètement  épanouie,  car  l'épanouissement  n'est  aussi  qu'un 
fait  d'une  valeur  relative,  ]\Iais  l'ordre  d'épanouissement  n'en  est  pas  moins 
un  fait  réel,  un  fait  constant,  un  fait  caractéristique  ;  et  comme  tel,  il  faut 
bien  le  décrire,  quoique  ÎM.  Bâillon  ne  veuille  pas  que  l'on  tienne  compte 
d'autre  chose  que  de  l'ordre  de  formation  des  axes. 


SÉANCE    DU    30   JANVIER    1857.  Ûl 

Du  reste,  M.  Guillard  est  loin  de  contester  la  valeur  des  études  relatives 
à  l'anthogénie,  car  il  a  été  lui-niêiiu;  l'un  des  premiers  à  s'en  occuper  (1). 
Mais,  bien  qu'il  ait  observé  l'anthogénie  dans  un  grand  nombre  de  plantes, 
il  n'a  jamais  vu  de  contradiction  entre  l'ordre  de  naissance  des  fleurs  et 
l'ordre  de  leur  épanouissement. 

Il  passe  en  revue  les  exemples  cités  par  M.  Bâillon:  Dans  le  Pachy- 
sandra,  la  floraison  a  lieu  d'abord  en  ordre  progressif,  ainsi  que  M.  Bâillon 
l'a  constaté;  si  ensuite  il  se  produit  des  fleurs  plus  bas,  elles  sont  d'un 
autre  ordre  et  d'une  autre  sorte,  et  rentrent  dans  la  rép?'0[p'cssion.  —  Sur 
Euphorbia  Cijparissias,  après  le  développement  de  la  première  Cyme, 
de  nouveaux  rameaux  florifères  sortent  de  la  base  de  la  tige;  c'est  encore 
une  réprogression.  —  Quant  au  Buis,  ce  sont  les  fleurs  du  bas  du  capi- 
tule qui  s'ouvrent  les  premières;  son  inflorescence  est  donc  une  progression. 
—  Le  y^wsc«<s  présente  une  disposition  très  exceptionnelle.  On  voit  souvent 
réunies  2  ou  3  fleurs  ;  quelquefois  il  n'y  en  a  qu'une  seule.  La  plus  grande 
est  toujours  la  première  à  s'épanouir. 

M.  Guillard  croit  donc  que  les  faits  intéressants  rapportés  par  M.  Bâillon 
ne  forment  pas  d'objection  solide  contre  l'exposition  qu'il  vient  de  faire  des 
lois  générales  de  l'inflorescence. 

M.  Prillieux  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

OBSERVATIONS  SUR  LE  MODE  DE  VÉGÉTATION  DU  NEOTTIA  NIDUS  AVIS, 
par  m.  ED.  PRILLIEUX. 

J'ai  l'honneur  de  faire  hommage  à  la  Société  d'un  travail  que  je  viens  de 
publier  sur  la  végétation  et  la  structure  du  Neottia  Nidus  avis.  Je  profite- 
rai de  cette  occasion  pour  mettre  sous  ses  yeux  quelques  pièces  à  l'appui  de 
mes  assertions,  au  sujet  d'un  mode  singulier  de  propagation  que  j'ai 
signalé  dans  cette  plante.  Pour  que  les  objets  que  je  lui  présente  soient 
compris,  je  dois  exposer  en  peu  de  mots  quel  est  le  mode  de  végétation  du 
Neottia  Nidus  avis. 

Ou  sait  que  la  tige  de  cette  plante  fait  un  coude  au-dessous  de  terre  et 
que  son  extrémité  postérieure,  à  peu  près  horizontale,  que  l'on  doit  nom- 
mer un  rhizome,  donne  naissance  à  de  très  nombreuses  racines  blanchâtres, 
à  peu  près  cylindriques,  charnues,  lisses,  et  dont  l'ensemble  forme  un  pa- 
quet que  les  anciens  botanistes  ont  comparé  au  nid  d'un  oiseau.  Le  rhi- 
zome traverse  ce  paquet  déracines;  son  extrémité  antérieure  se  courbe 
en  crosse  et  produit  une  tige  verticale  ou  hampe  qui  porte  les  fleurs  ;  son 
extrémité  postérieure  est  souvent  pourrie;  mais  souvent  aussi  elle  est  ter- 
minée par  une  pointe  un  peu  courbée  en  forme  de  corne  très  large  et  très 

(1)  Sur  la  formation  des  organes  floraux.  In-8%  1835,  Baillière. 


Zi2  SOCIÉTÉ   BOTANIQL'E    DE    FRANCE. 

courte.  —  Cette  extrémité  diffère  par  sa  structure  auatomique  du  reste  du 
rhizome;  elle  est  le  produit  immédiat  de  la  germination  du  petit  noyau  cel- 
lulaire qui  est  l'embryon  des  Orchidées,  et  elle  conserve,  jusqu'à  ce  qu'elle 
se  détruise,  la  structure  d'un  embryon  germant.  Sou  système  ligneux  n'est 
qu'un  mince  filet  vasculaire  occupant  l'axe  du  petit  corps  eu  forme  de 
cdrne,  tandis  qu'au  delà  le  rhizome  prend  la  structure  qu'il  conserve  tou- 
jours; son  système  ligneux  est  formé  d'un  anneau  libro-vasculaire  à  l'in- 
térieur duquel  sont  quelques  faisceaux  libres. 

Le  rhizome  porte  des  feuilles  imparfaites,  il  est  vrai,  mais  fertiles  pour 
h  plupart.  Les  bourgeons  qui  naissent  à  leur  aisselle  produisent-ils  des 
ramifications  du  rhizome  comme  dans  VEpipadis  pulustrisl  un  seul  se  dé- 
veloppe-t-il  de  manière  à  continuer  la  direction  du  rhizome  comme  dans 
le  Cei)halanfhera  rubra  et  le  IJmodontm  abortivum'î 

Quelquefois  le  bourgeon  axillaire  d'une  feuille  située  près  du  point  où  la 
tige  se  courbe  en  crosse,  prend  un  développement  que  l'on  peut  considérer 
comme  anticipé;  il  forme  une  hampe  pareille  à  celle  qui  termine  l'axe  pri- 
maire et  qui  fleurit  en  même  temps.  J'en  ai  vu  des  exemples,  mais  c'est  là 
certainement  une  exception.  Dans  le  cas  le  plus  ordinaire,  aucun  des  bour- 
geons axillaires  ne  se  développe,  et  la  plante  tout  entière  meurt  aussitôt 
après  avoir  fleuri.  J'ai  déraciné  plus  de  ZiO  pieds  de  iY.  ISidus  avis  en 
graine  vers  la  fin  de  l'été  ;  pas  un  ne  portait  à  sa  base  de  souche  vivante.  Je 
crois  donc  pouvoir  affirmer  que  le  plus  souvent,  sinon  toujours,  la  plante 
n'est  point  vivace  comme  on  le  croit  généralement,  mais  seulement  raono- 
carpienne. 

J'ai  montré,  par  la  structure  même  de  la  plante  arrachée  en  fleur,  qu'elle 
provient  souvent  de  graine  ;  mais  il  n'en  est  pas  toujours  ainsi:  bien  qu'elle 
ne  survive  pas  à  la  floraison,  elle  trouve  comme  les  autres  Orchidées  dans 
ses  organes  de  végétation  un  moyen  de  se  perpétuer. 

Si  on  observe  un  nombre  un  peu  considérable  de  souches  de  iV.  Niduff 
avis  vers  l'époque  de  la  floraison,  on  ne  tarde  pas  à  voir  que  plusieurs  ra- 
cines sont  terminées  autrement  que  les  autres,  qu'elles  portent  autour  de 
leur  extrémité  de  petits  mamelons  qui  semblent  disposés  sur  elles  comme 
elles  le  sont  elles-mêmes  sur  le  rhizome.  —  Si  l'on  fait  une  coupe  de  ces 
racines,  on  voit  qu'elles  sont  terminées  par  un  bourgeon. 

Je  mets  sous  les  yeux  de  la  Société  de  telles  racines  conservées  dans  l'al- 
cool. —  On  y  peut  observer  les  principaux  degrés  de  développement  du 
bourgeon. 

Les  racines  qui  doivent  être  le  siège  de  ces  singulières  productions  ne  dif- 
fèrent en  aucune  façon  des  autres  dans  le  principe  ;  puis  à  leur  extrémité  se 
forme  un  petit  mamelon  cellulaire  où  Se  produit  de  la  fécule,  quand  celle 
qui  remplissait  le  tissu  de  la  racine  a  di^à  été  résorbée  pour  fournir  aux 
besoins  de  la' végétation  lors  du  développement  de  la  hampe.  Bientôt,  au 


séanck  nu  30  .lANViFU  1857.  /|3 

sommet  du  mamelon  naît  une  petite  feuille,  et  un  bourgeon  se  forme,  tandis 
qu'un  faisceau  vasculaire  s'orj^anise  au-dessous  de  lui,  au  milieu  du  tissu 
cellulaire  du  mamelon.  —  Ainsi  se  constituent  les  rudiments  d'un  rhizome 
adventif  sur  l'extréniité  de  la  racine;  le  petit  corps  à  peu  près  globuleux 
qui  le  représente  s'allonge-,  puis  sur  ses  côtés,  au-dessous  du  bourgeon, 
naissent  de  petites  racines  adventives,  et  bientôt  il  offre,  à  très  peu  près 
en  petit,  la  forme  ordinaire  des  rhizomes  de  N.  Nidus  avis  et  est  enveloppé 
comme  eux  d'un  paquet  de  racines. 

Pendant  cette  formation,  la  plante-mère  est  morte,  son  rhizome  s'est 
pourri,  et  la  racine  terminée  par  le  jeune  rhizome  se  trouve  libre  et  indé- 
pendante. 

Les  rhizomes  ainsi  produits  deuieurent  sous  terre  pendant  près  de  deux 
ans,  croissant  par  leur  extrémité  antérieure  et  grandissant  lentement  sans 
montrer  au-dessus  de  la  surface  du  sol  aucun  indice  de  leur  présence.  Ce 
n'est  que  lorsque  la  souche  a  atteint  tout  son  développement,  que  la 
plante  sort  de  l'obscurité  où  elle  est  demeurée  ensevelie  depuis  sa  naissance, 
allonge  au  milieu  de  l'air  et  de  la  lumière  une  hampe  pâle,  décolorée  et 
toute  chargée  de  fleurs,  puis  meurt  épuisée  par  ce  suprême  effort. 

La  connaissance  du  mode  de  végétation  du  N.  Nidus  avis  permet  de 
comprendre  pourquoi  on  n'a  jamais  pu  jusqu'ici  cultiver  cette  plante.  îl 
n'est  pas  nécessaire  pour  cela  de  supposer  un  parasitisme  fort  hypothéti- 
que, que  jamais  personne  n'a  pu  constater  avec  certitude.  Il  suffit  de  remar- 
quer qu'on  a  toujours  transplanté  des  pieds  en  fleur,  c'est-à-dire  des  pieds 
qui  allaient  mourir.  — Je  pense  que,  si  l'on  replantait  avec  soin  une  sou- 
che de  N.  Nidus  avis  enlevée  durant  la  période  souterraine  de  la  vie  de  la 
plante,  on  pourrait  avoir  un  grand  espoir  de  la  voir  fleurir  dans  un  jardin 
au  commencement  de  l'année  suivante.  Il  serait  à  désirer  que  des  personnes 
habituées  à  la  difficile  culture  des  Orchidées  tentassent  cet  essai,  qui  serait 
t)robablement  couronné  de  succès. 

M.  Ducharlre,  secrétaire,  donne  lecture  de  la  conrimunicalion  sui- 
vante adressée  à  la  Société  : 

NOTE  SUR  LE  MODE  DE  MULTIPLICATION  DE  L'AGAVE  AMERICANA, 
par  M.  €HRIST14]«  ¥AUPELL. 

(Copenhague,  19  janvier  1857.) 

Parmi  les  botanistes  qui  ont  parlé  de  V Agave  americana  comme  d'une 
plante  monocarpique  (1),  je  n'en  connais  pas  qui  se  soit  prononcé  à  ce 

(1)  Nous  onlondons  ici  le  terme  monocarpique  dans  le  même  sens  que  De  Can- 
dolle,  qui  le  premier  en  a  fait  usage.  Il  y  avait  quelque  confusion  dans  les  épithètes 
employées' pour  distinguer  la  durée  des  végétaux,  et  De  Candolle  a  bien  mériié  de 


44  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

sujet  d'une  manière  plus  formelle  que  Zuccarini  :  «  A  l'exception  desPal- 
»  miers,  dit-il,  il  n'y  a  pas,  parmi  les  monoeotylédones  ,  de  plantes  plus 
»  gigantesques  que  les  espèces  des  genres  Furcrœa  et  Agave  ,  et  cela  est 
»  d'autant  plus  remarquable  que  leur  existence,  qui  est  souvent  d'un  siècle, 
»  n'est  que  la  p'réparation  d'une  floraison,  après  laquelle  l'individu  meurt 
»  tout  à  fait  (1).»  Je  ne  sais  pas  si  cela  est  vrai  desFura'œa;  mais,  d'après  ce 
que  j'ai  moi-même  observé  àNice,  je  puis  affirmer  qu'il  n'en  est  point  ainsi 
de  V Agave  americana.  Cette  plante  y  est  très  commune,  dans  les  haies  et 
sur  les  rochers  exposés  au  soleil.  C'est  surtout  au  château  de  JNice  que  la 
plante  se  présente  dans  les  circonstances  les  plus  favorables  pour  montrer 
comment  s'opère  sa  reproduction.  Grande  fut  ma  surprise  de  voir  que  là 
tous  les  individus  adultes  étaient  entoures  de  nombreux  rejetons,  issus  delà 
base  de  la  tige,  alors  dégarnie  de  feuilles.  Ces  rejetons  sont  des  branches 
souterraines  qui  s' allongent  beaucoup  avant  d'arriver  au  jour,  couronnes  d'un 
bouquet  de  feuilles.  Ils  sont  tantôt  grêles  et  flliformes,  comme  des  stolons 
de  Fraisier,  tantôt  plus  robustes  et  semblables  aux  turions  de  l'Asperge, 
mais,  dans  les  tous  cas,  fragiles  et  se  rompant  au  moindre  effort.  La  tige  périt 
après  la  fleuraison.  Les  stolons,  qui  existaient  déjà  très  longtemps  aupara- 
vant, persistent  et  deviennent  libres  pour  fournir  chacun  une  nouvelle  plante 
qui  vivra  de  sa  vie  propre.  Si  donc  V Agave  americana  est  considéré  par 
beaucoup  de  botanistes  comme  une  plante  mouocarpique  ,  c'est  sans  doute 
parce  qu'ils  n'en  ont  jugé  que  sur  des  échantillons  cultivés  en  serre,  dont  la 
tige,  droite  et  grêle,  est  presque  toujours  dépourvue  de  bourgeons  basilaires, 
tandis  que  les  pieds  qui  végètent  et  fleurissent  en  plein  air  ont  la  tige  plus 
robuste,  un  peu  courbée,  et  ascendante,  avec  des  bourgeons  radicaux  très 
nombreux,  lesquels  avortent  ordinairement  dans  la  plante  des  serres. 

Tel  étant  l'état  des  choses,  il  serait  curieux  de  savoir  qui  a,  le  premier  , 
introduit  dans  la  science  l'erreur  de  la  monocarpie  de  V  Agave,  contraire  aux 
faits  et  au  témoignage  de  plusieurs  botanistes,  tant  anciens  que  modernes, 
qui  ont  eu  l'occasion  d'observer  la  plante  en  plein  air,  et  pour  qui  cette 
plante  estvivace,  c'est-à-dire  polycarpique.  Je  ne  puis  entrerpour  le  moment 
dans  cette  recherche,  et  je  me  borne  à  citer  les  cinq  auteurs  qui,  à  ma  con- 
naissance, ont  signalé  avec  le  plus  de  précision  la  polycarpie  de  V Agave. 

la  science  en  substituant  le  terme  mouocarpique  aux  lermesannuel  et  l)isannuel. 
La  contusion  cependant  n'a  point  entiôremcnt  cessé,  surtout  depuis  que  les  profondes 
éludes  faites  sur  les  bourgeons,  en  Allomac:ne  et  en  France,  ont  créé  l'opinion 
que  les  plantes  propagées  par  bourgeons  sont  des  individus,  au  même  titre  que  les 
plantes  nées  de  graines.  Dans  ce  sons,  la  Pomme  de  terre  est  une  plante  annuelle 
ou  mouocarpique.  Au  nombre  des  auteurs  qui  désignent  V Agave  americana  connue 
mouocarpique,  nous  citerons  entre  autres  De  Candolle,  FI.  fr.,  1805,  I,  p.  223, 
et  M.  Al.  Braun,  Das  Pflanzenindividuum,  185/i,  p.  h-, 

(2)  Zuccarini,  ^If/oue  «nd  Furcrœa  {Act.  Acad.  Leop.,  1833,  p.  661). 


SÉANCE   DU    30   JANVIER    1857,  /jS 

Dans  Clusius,  on  peut  lire  le  passage  suivant  :  «  liadix  est  crassa,  longa, 
curva,  velidi  intcrnodiis  articulata,  e  quilms  ad  latera  nascuntiir  alternis 
aliœplnntœ,  u(  in  Arundinwn  nodis  ijerminasnu  genim/r  sunt  disposike  (1). 
La  fi"uro  jointe  au  texte,  sous  le  nom  iV Aloi'  amerimnn,  montre  une  plante 
entière,  mais  sans  indoroseence,  à  la  souehe  radicale  de  laquelle  adhère  un 
rejeton  d'une  longueur  notable,  relativement  à  la  plaute-mère. 

A  Gottorp,  en  Danemark  ,  VAgmeii  fleuri  dans  les  serres  en  1668  et  1705, 
et  l'histoire  de  la  dernière  fleuraison  nous  a  été  conservée  par  un  médeein 
nommé  Siricius(2),  qui  décrit  en  ces  termes  le  mode  de  reproduction 
de  la  plante  :  «  Cette  plante  ne  se  propage  pas  seulement  de  graines,  mais 
>)  aussi  de  rejetons  [Nebcnschossen]  ([ui  naissent  de  la  racine  en  nombre  tel, 
»  qu'on  peut  en  compter  jusqu'à  mille  sur  un  seul  pied  ;  beaucoup  de  ces  re- 
»  jetons  lleurissent  en  même  temps  quela  plante-mère.  »  L'auteur  donne  de 
ce  phénomène  une  ligure  ou  l'on  distingue  sur  un  des  côtés  cinq  rejetons 
en  fleur  qui  n'ont  point  affaibli  la  vigueur  de  la  grande  inflorescence. 

Au  Mexique,  M.  de  Humboldt  a  reconnu  l'importance  des  rejetons:  «  I.a 
»  tige,  dit-il,  périt  après  la  fleuraison.  Une  infinité  de  diageons  naissent 
»  alors  de  la  racine  du  pied  qui  vient  de  périr,  car  il  n'y  a  pas  de  plante 
»  qui  se  multiplie  plus  facilement  (3).  » 

M.  de  Martius  compare  V Agave  à  la  Pomme  de  terre,  au  Palmier  qui  pro- 
duit le  sagou  [Metroxylon]  et  à  la  Canne  à  sucre,  dont  les  tiges-mères  péris- 
sent après  la  fleuraison,  mais  dont  les  rejetons  persistent  et  se  développent 
sous  la  terre  {h). 

M.  Ch.  Martins  mentionne  aussi  expressément  la  reproduction  de  V Agave 
par  drageons  {Bull,  de  la  Soc.  bot.  de  Fr.,  t.  II,  p.  8). 

Dans  les  pays  où  \' Agave  est  cultivé  en  pleine  terre,  celte  plante  est  tou- 
jours traitée  comme  vivace  :  à  Nice  comme  au  Mexique,  et  partout  sans 
doute,  on  le  propage  non  de  semences,  mais  de  lejetons.  Quant  à  l'espace 
de  temps  nécessaire  pour  qu'un  rejeton  arrive  à  fleuraison,  M.  Mentoléro  m'a 
assuré  qu'à  Nice  il  faut  sept  an?.  M.  de  Martius  compte  dix  ans  à  Li- 
vourne,  à  Valence  de  huit  à  dix,  à  Palerme  quatre  ou  cinq,  à  Alger  de 
quatre  à  six.  Les  indications  sur  l'âge  des  Agave  qui  ont  fleuri  après  avoir 
passé  leur  vie  dans  les  serres,  se  rapportent  sans  doute  à  peu  près  toutes  à 
des  sujets  propagés  de  rejetons,  et  non  à  des  plantes  venues  de  graines. 

(1)  Clusius,  Rarior.  pi.  Hist.,  1601,  pi.  CLX,  fig.  dextr.  {Aloë  americana). 

(!2)  Siricius,  Deschreibimg  derer  im  hochfurstUchen  gottorpischen  prœchtigen 
Gartensehv  rar  bluhenden  Aloen,  ivorunter  zivo  grosse  amerikanische.  Schleswig, 
1705. 

(o)  IJumboldt,  Essai  politique  sur  le  royaume  de  la  Nouvelle-Espagne,  t.  III, 
p.  158. 

(/i)  Martius,  Beitrag  zur  Natur  iind  tJterargefickichte  der  Agaven  {Bullet.de 
VAcad.  des  se.  de  Munich) . 


A6  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Nous  venons  de  voir  que  V Agave  americanu  est  une  plante  vivace.  II  reste 
à  signaler  quelques  plantes  qui  présentent  des  faits  plus  ou  moins  analogues. 
Le  bourgeon  terminal  de  V Agave  périt  après  la  fleuiaison,  tandis  que  per- 
sistent les  bourgeons  latéraux.  La  même  chose  a  lieu  dans  un  très  grand 
nombre  de  plantes,  et  d'abord  dans  les  arbres,  par  exemple  dans  le  Marron- 
nier (y^scw/ws)  et  le  Lilas  [Syringa],  dont  la  pousse  terminale  périt  après  la 
flegraison,  tandis  que  les  bourgeons  latéraux  subsistent.  Mais  c'est  parmi 
les  plantes  herbacées  vivaces  (pourvues  de  rhizome)  qu'il  faut  surtout  cher^ 
cher  les  analogues  de  V Agave,  par  exemple  le  Polygonatum  anceps ,  dont  le 
bourgeon  terminal  se  développe  eu  inflorescence  an  printemps  et  meurt 
ensuite,  bientôt  remplacé  par  des  bourgeons  latéraux,  nés  pendant  la  fleu- 
raison  et  qui  fleuriront  l'année  suivante,  après  avoir  pris  le  développement 
de  la  tige  florale  précédente.  Mais  la  grande  différence  de  cette  plante,  rela- 
tivement à  V  Agave  ^  c'est  que  sa  tige  est  persistante,  tandis  que  celle  de 
l'A^aye  périt  tout  entière.  Le  Crocus  vernus ,  la  Pomme  de  terre  et  VEpilo- 
bium  palustre  ov\\.^\\\?,  d'analogie  avec  notre  plante,  car  ils  perdent  leur  tige 
?iprès  la  fleuraison  ,  conservant  leurs  bourgeons  latéraux,  sous  la  forme  de 
tubercules  ou  de  stolons,  pour  fleurir  l'année  suivante.  Toutefois,  les  rap- 
ports physiologiques  ne  sont  pas  tout  à  fait  les  mêmes  :  car  les  bourgeons, 
dans  les  plantes  que  nous  \enons  de  nommer  ,  ont  la  faculté  de  fleurir  dès 
l'annéesuivante,  tandisque  ceux  de  iVl^ayeeiviploient  à  cela  plusieurs  auuée^; 
ils  appartiennent  donc  à  une  autre  classe  de  bourgeons. 

Indépendamment  de  la  faculté  de  fleurir,  nous  pouvons,  chez  beaucoup 
de  plantes,  distinguer  deux  sortes  de  bourgeons.  Dans  la  Jacinthe,  par 
exemple  [Hyacintlius  orientalis) ,  outre  le  bourgeon  principal  [Hauptknospe 
Irmisch  Zwiebelgewaechse,  p.  78) ,  qui  est  latéral  et  placé  à  côté  de  la 
hampe,  nous  avons  plus  bas  et  à  l'aisselle  des  écailles  inférieures,  d'autres 
bourgeons  plus  petits  (bulbilles ,  Nebenzwiebeln  (X\vm\^ch) ,  ùiHéYinxA  du 
premier  en  ceci  qu'ils  ne  peuvent  pas,  comme  lui,  fleurir  dès  l'année  sui- 
vante.'Ces  bulbilles  ne  représentent  néanmoins  pas  encore  les  rejetons  de 
XAgave^  car  ce  n'est  pas  eux  qui  arriveront  directement  à  fleuraison,  mais 
leur  descendance,  et  cela  après  trois  ou  quatre  générations;  tandis  que,  dans 
V  Agave,  c'est  le  même  bourgeon  qui ,  fortifié  d'année  en  année,  se  déve- 
loppe tout  à  coup  en  inflorescence,  après  avoir  végété,  sans  s'allonger  beau- 
coup, de  quatre  à  dix  ans  dans  le  midi  de  l'Europe,  et  jusqu'à  soixante  ans, 
ou  même  davantage  dans  les  serres  des  pays  tempérés. 

Cette  dernière  circonstance  établit  aussi  un  lapport  entre  V  Agave  et  les 
arbres  de  nos  climats,  dont  les  bourgeons  adventifs,  nés  sur  les  racines, 
exigent  pour  leur  développement  un  temps  beaucoup  plus  long  que  les  bour- 
geons normaux  sur  les  branche^.  Mais  V Agave  a-t-il,  comme  les  arbres,  des 
bourgeons  principaux,  autres  que  le  bourgeon  terminal  destiné  à  l'inflores- 
cence? Ou  ne  saurait  en  douter,  lorsqu'on  voit  ce  qui  se  passe  alors  qu'un 


SKANCR    DU    30   .lANVIKU    1857.  l\7 

accident  a  prive  de  son  bourgeon  terminal  un  Agave  prêta  fleurir.  Plusieurs 
rameaux  terminés  par  une  inflorescence  naissent  alors  de  l'aisselledcs  feuilles 
extérieures  et  se  développent ,  soit  simultanément,  soit  l'un  après  l'autre. 
Ce  fait  a  été  ol)servé  pour  la  première  fois  par  Munting  ,  à  Groningue,  en 
1680.  Il  montre  assez,  suivant  nous,  que  l'Agave  n'est  pas  dépourvu  de 
bourgeons  principaux,  quoique  ces  bourgeons,  dans  l'état  normal  de  la 
plante,  soient  destinés  à  rester  latents. 

Nous  croyons  donc,  d'après  ce  qui  vient  d'être  dit,  ([ueV  Agave  ainericana 
produit,  outre  le  bourgeon  terminal,  deux  sortes  de  bourgeons  latéraux  : 
1"  les  bourgeons  principaux,  qui  avortent  régulièrement;  2°  les  bourgeons 
adventifs,  qui  se  développent  pendant  la  vie  de  la  plante-mère  et  persistent 
après  sa  mort  pour  vivre  de  leur  vie  propre, 

M.  J.  Gay  fail  quelques  observations  au  sujet  de  cette  communi- 
cation. 

Je  n'ai,  dit-il,  rien  à  dire  sur  l'ensemble  de  cette  note,  qui  renferme  assu- 
rément des  aperçus  ingénieux  et  des  observations  très  propres  à  dissiper 
l'erreur  de  V Agave  monoearpique,  mourant  tout  entier  après  sa  floraison. 
Je  ne  voudrais  y  contester  qu'une  seule  chose:  c'est  la  qualité  de  bourgeons 
adventifs  que  l'auteur  attribue  aux  stolons  de  V Agave.  Ce  point  ne  pourrait 
être  établi  avec  certitude  qu'après  des  observations  directes,  lesquelles 
doivent  être  très  difficiles  ,  lorsqu'il  s'agit  d'une  plante  adulte  dont  la  tige 
a  non-seulement  perdu  ses  feuilles  inférieures  ,  mais  où  la  trace  même  de 
leurs  cicatrices  a  probablement  disparu  (1).  M.  Vaupell  ne  dit  point  avoir 
fait  ces  observations,  et  j'en  conclus  qu'à  cet  égard  il  n'y  a  dans  son  esprit 
qu'une  simple  supposition.  Or ,  cette  supposition  n'est  nullement  vraisem- 
blable si  j'enjuge,  non  d'aprèslesarbres  de  nos  climats,  auxquels  M.  Vaupell 
compare  V Agave,  mais  d'après  une  plante  vivace  qui  appartient  à  la  famille 
des  Asphodélées,  c'est-à-dire  à  une  famille  voisine  des  Amaryllidées,  dans 
laquelle  rentre  V Agave.  Je  veux  parler  de  VAsphodelus  luteus  qui  produit, 
comme  Y  Agave,  des  stolons  souterrains  destinés  à  remplacer  la  plante-mère 
et  à  la  propager.  Au  premier  printemps,  ces  stolons  naissent  en  grand 
nombre  du  collet  de  la  racine,  ils  s'allongent  graduellement  sous  la  terre,  et 
viennent  enfin  s'épanouir  à  la  surface  du  sol  en  une  rosette  de  feuilles,  longs 
alors  de  plusieurs  pouces,  jusqu'à  sept  pouces  dans  la  terre  meuble  de  nos 
jardins.  Pendant  que  s'accomplit  cette  évolution  des  bourgeons,  la  tige- 
mère  s'allopge,  elle  fleurit  et  meurt  après  avoir  porté  fruit.  A  partir  de  ce 

(1)  Les  rosettes  qui  terminent  les  stolons  et  qui,  sans  doute,  sont  organisées 
comme  la  souche-mère,  offriraient  indubitablement  plus  de  facilité  pour  cette 
recherche. 


/i8  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE   FRANCE. 

moment,  les  stolons,  détachés  de  la  planlo-mère,  vivront  de  leur  propre 
vie,  et  suivant  leur  force  ils  arriverontà  fleuraison,  les  uns  l'année  suivante, 
les  autres  dans  deux  ans,  si  ce  n'est  plus  tard  encore.  Sauf  les  formes,  c'est 
exactement  l'histoire  des  bourgeons  de  la  Jacinthe,  dont  M.  Vaupell  parle 
dans  sa  note,  car  il  me  reste  à  dire  que  les  stolons  de  l'Asphodèle  ne  provien- 
nent point  de  bourgeons  adventifs.  Ce  sont  des  rameaux  nés  ,  comme  les 
bulbilles  de  la  Jacinthe,  à  l'aisselle  des  feuilles  radicales.  Kn  est-il  de  même 
des  stolons  de  VAgavel  L'analogie  des  deux  plantes  ne  permet  guère  d'en 
douter,  et  c'est  pour  cela  que  la  supposition  contraire  de  M.  Vaupell  me 
paraît  mal  fondée.  Si  telle  est,  en  effet,  la  vérité,  V Asphodelus  luteus  est 
certainement  de  toutes  les  plantes  connues  de  moi  celle  dont  la  végétation 
se  rapproche  le  plus  de  V Agave  americana.  J'en  ai  fait,  l'année  dernière,  une 
étude  particulière.  M.  Germain  de  Saint-Pierre  l'avait  reconnue  avant 
moi  ;  mais  il  est  à  remarquer  que,  lui  et  moi,  nous  avons  été  devancés  par 
un  auteur  du  xvii*  siècle  qui,  en  1651,  décrivait  et  figurait  les  stolons  de 
V Asphodelus  luteus  de  la  manière  la  plus  précise  (J.  Bauhin,  Hist.  u,  p.  632, 
cum  ic). 

Puisque  j'ai  la  parole,  ajoute  M.  Gay,  j'en  proliterai  pour  annoncer  que 
les  Pyrénées  viennent  de  s'enrichir  d'un  cinquième  Andrœa,  découvert  tout 
récemment  par  M.  Durieu  (lettre  du  15  janvier  1857),  parmi  ses  récoltes 
muscologiques  du  mois  de  septembre  dernier  (Voir  le  Bulletin^  t.  III, 
p.  565).  C'est  V Andrœa  falcata  Schimp,,  reconnu  tel  par  M.  Zetterstedt,  le 
monographe  tout  récent  des  Andrœa  de  la  Scandinavie.  Cette  espèce  n'a- 
vait jusqu'ici  été  observée  qu'en  Suisse,  où  elle  parait  être  fort  rare.  Le 
26  septembre  1856,  M.  Durieu  l'a  trouvée,  en  petite  quantité  et  en  mauvais 
état,  sur  un  rocher  de  schiste  granitique,  auprès  duquel  passe  le  sentier  qui 
conduit  au  lac  de  Seculejo,  un  peu  avant  le  lac  et  avant  d'arriver  à  un  ro- 
cher voisin  où  croissait  V Andrœa  «/pes^ris  Schimp.  {A,  petrophila,  forma 
(5.  Zetterst.) 

M.  Balansa  dit  qu'en  Algérie  ï Agave  ne  fleurit  pas  après ù  ou  5  ans, 
mais  seulement  après  10  ou  12  ans. 

M.  Cosson  met  sous  les  yeux  de  la  Société  plusieurs  espèces  nou- 
velles d'Algérie,  et  fait  les  communications  suivantes  : 

ITINÉRAIRE  D'UN  VOYAGE  BOTANIQUE  EN  ALGÉRIE,  ENTREPRIS  EN  I85G  SOUS  LE 
PATRONAGE  DU  MINISTÈRE  DE  LA  GUERRE ,  par  M.  E.  COSSOIV. 

(Septième  partie.) 

El  Abiod  Sidi  Cheikh  est  séparé  de  lîrézina  par  une  dislance  d'environ 
18  lieues.  Après  avoir  quitté  notre  campement,  nous  traversons  les  cultures 


SÉANCK    DU    30    JANVIER    1857.  Û9 

(le  la  pliiiiio,  qui  ne  nous  offrent  ^uèrc  d'autres  espèces  que  celles  obser- 
vées par  nous  aux  enviions  immédiats  du  ksar;  nous  y  retrouvons  en  outre 
le  Centuurea,  voisin  du  C.  Calcitrapa,  que  nous  avons  rencontré  à  An»  15en 
Kiielil  et  dans  plusieurs  autres  stations  du  sud  ;  la  nous  voyons  également, 
dans  dts  dépressions  argileuses,  les  Sisynibriwa  runcinatwn ,  Spitze- 
lia  lijruta ,  PUuitufjo  ciliatn  ,  Cldcmiijdophova  pubescens ,  Euphorbia  cabjp- 
tnita,  etc.  Bientôt  nous  arrivons  aux  vastes  dunes  de  sable  mobile  (|ui ,  au 
sud,  à  l'est  et  au  >iord,  circonscrivent  la  plaine  d'Ki  AbiodSidi  CJicikb  et 
dont,  la  veille,  nous  avions  exploré  (juelques  points  situés  au  sud  du  ksar  ;  la 
partie  des  dunes  (jue  nous  traversons  nous  otfie  la  vé^fétation  des  stations 
analogues  sous  ces  latitudes;  ainsi  nous  y  observons  les  Mattltiola  Iwida, 
Malcolmia  yEgypliaca,  Savifjnya  longistyla,  Hussonia^Egiceras,  Silène  vil- 
losa,  var.  nncropetala,  Itetoma  Dunœi  var.  phipocali/x,  Genista  Sahurœ, 
Ononis  serrata,  Uippocrepis  biconlorla^  Deverra  cidorantita,  Scabiosa  semi- 
papposa,  Ifloga  Fontanesii,  Nolletia  chrysocomoidcs,  Senecio  coronopifolius, 
Rhanteviurnadprei^mm,  Onopordon  aiiibigimm,  Atractylis  proliféra,  Zolli- 
kofcria  resedifolia,  Marrubium  Deserti^  Passerina  microphylla,  Euphorbia 
liuyoniana.Festuca  Meinphidca,  etc.  Au  delà  des  dunes,  des  terrains  argilo- 
sablonneux  ou  pierreux  nous  offrent  réunis  les  Helianthenum  ellipticum  et 
hirtïtmxav.Beserti,  Reseda  Arabica  eleremop/iila,  Fagorda  Sinaica? ,  Ar- 
gyrolobiwa  uniflorum,  Uippocrepis  scabra.Herniaria  fruticosa,  Paronychia 
Cossoniana,  Daucus  pubescens,  Rlietinole pi  s  lonadioides,  Artendsia  Hcrba- 
alba  ,  Atractylis  (lava,  Echium  humile^  Echinospermwn  Va/dianum,  Oro- 
banchecernua,  Phelipœaviolacea, Teucrium  Polium,  Lygeum Spartum, Stipa 
tenacissima,  gigantea  et  parviflora,  etc.  —  Vers  dix  beures  du  soir  nous 
installons  notre  campement  au  pied  de  coteaux  pierreux,  nus,  et  notre 
fatigue  est  telle  que  nous  nous  endormons  sans  attendre  la  di/fa.  I.e  lende- 
main, 21  mai,  vers  trois  beures  du  matin,  nous  i^ommes  léveillés  par  la 
faim  et  la  soif;  nous  nous  empressons  de  tirer  de  l'eau  des  outres  dont  nous 
avons  eu  soin  de  nous  munir  en  nombre  a  Kl  Abiod  Sidi  Cheikb,  car  jusqu'à 
Brézina  nous  ne  devons  trouver  sur  notre  route  ni  source  ni  redirpournous 
fournir  d'eau  potable;  et  bientôt,  avec  des  touffes  d'Artemisia  Herba-alba, 
nous  faisons  du  feu  pour  préparer  une  marmite  pleine  de  cbocolat  et  une 
vaste  cafetière  de  café  qui,  avec  le  mouton  rôti  pendant  la  nuit  par  les  Ara- 
bes, doivent  faire  les  frais  de  notre  déjeuner  matinal  et  nous  faire  oublier  les 
privations  de  la  veille.  Vers  quatre  beures  nous  nous  mettons  en  route  ,  et 
après  avoir  traversé  une  plaine  assez  étendue,  et  dont  quelques  lentisques 
[Pistacia  Atlantica)  viennent  seuls  rompre  l'uniformité,  nous  arrivons  à  des 
coteaux  pierreux  qui  se  continuent  avec  les  pentes  rocbeuses  de  la  partie 
occidentale  de  la  cbaine  du  Gour  Seggueur.  De  la  sommité  de  l'un  des  points 
culminants  du  gour,  nous  voyons  se  déi'ouler  à  nos  yeux  un  vaste  pano- 
rama de  la  région  désertique,  dont  la  grandeur  et  l'austère  majesté  nous 

T.    IV.  /| 


50  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE   FRANCE, 

impressionnent  vivement,  au  sud-est,  de  nombreux  ravins  très  accidentés 
se  jettent  dans  !e  Khraiieg  Macheria,  dont  le  lit,  actuellement  à  sec,  est  l'un 
des  affluents  de  rOued  Seggueiir  5  a  l'est  se  dessinent  des  montagnes  basses  et 
nues,  au  sud  s'étend  la  plaine  saharienne  dans  toute  son  immensité  etappa- 
raissentdaus  le  lointain  des  coteaux  abruptes,  connus  sous  le  nom  de  gour,  et 
qui,  à  cette  distance,  ressemblent  à  des  murailles  gigantesques  coupées 
de  brèches  régulières  comme  des  portes;  la  position  de  Brézina  n'est  indi- 
quée que  par  la  couleur  blanche  des  rochers  calcaires  qui  avoisinent  le  ksar. 
Les  pentes  du  Gour  Seggueur  nous  offrent  réunies  des  plantes  de  la  région 
montagneuse  inférieure  et  de  la  région  saharienne  :  ainsi  nous  y  observons 
les  Sedum  nltissimnm,  Centaureapubescens  et  Sonchus  spinosxs,  associés  aux 
Helionthemun  Cahiricum,  Atractylis  microcephala,  Gymnocarpus  decandrus, 
Herniaria  fruticosa ,  Fagonia  Sinaica?,  Bubania  Feei,  Arthratherum  ob- 
tusum  et  plwnosum,  Farsetia  linearis,elc.  Un  ravin  assez  large,  bordé  par 
des  coteaux  pierreux  et  se  jetant  dans  le  Khraneg  Macheria,  nous  présente, 
sur  sesalluvions  argilo-sablonneuses  et  rocailleuses,  \esPi/ret/irum  fuscatum, 
Medicago  laciniata,  Rhetinolepis  lonadioides.  Asteriscuspygmœus,  Echino- 
spermum  Vahlinnum,  Reseda  eremophilu,  Dianthus  serrulatus  var.  grnndi- 
floj'us,  Plantago  albicnns,  ovata  el  cillata,  Rhanterium  adpressum.  Rétama 
Dimœi\av.p/ui'ocalyx,  Calligonum  comosum,  Cyrtolepis  Alexandrina.Fes- 
tuca  divaricata,  Cynodon  Dactylon,  Statice  Bonduellii,  Atractylis  [lava, 
Ifloga  Fontanesii,  Delphinium  pubescens,  Anvillea  radiata,  etc.  LeFœni- 
culum  officinale  {Besbass  des  Arabes)  croit  en  abondance  dans  ce  ravin,  et  nos 
chameliers  en  recueillent  les  sommités,  qui  ne  sont  pas  encore  fleuries,  pour 
en  mettre  des  morceaux  dans  leur  bouche  et  tromper  ainsi  leur  soif;  à  leur 
exemple,  non-seulement  nous  en  mâchons  les  tiges,  mais,  en  en  faisant  ma- 
cérer des  fragments  triturés  dans  de  l'eau,  nous  en  composons  une  espèce  de 
boisson.  Quehiues  Oliviers  rabougris  et  des  touffes  espacées  de  Zizyphus 
Lotus  se  montrent  sur  les  flancs  rocailleux  des  coteaux.  Nous  taisons  une 
halte  à  l'ombre  d'un  magnilique  Lentisque,  qui,  par  son  feuillage  touffu, 
nous  abrite  avec  nos  bétes,   chevaux  et  chameaux,  des  ardeurs  du  soleil  ; 
d'autres piedsde  ce  bel  arbre  se  présentent  çà  et  la.  Un  défilé  étroit  nous  con- 
duit bientôt  au  pied  d'immenses  rochers  de  poudingue,  où  est  creusée  par 
les  eaux  une  vaste  grotte,  et  nous  sommes  heureux  d'y  trouver  pour  nos 
chevaux  l'eau  sauraâtre  qui  s'est  conservée  dans  un  redir  du  Khraneg 
Macheria.  Quelques  instants  de  repos  dans  cette  grotte  naturelle  nous  sont 
fort  utiles  pour  reparer  nos  forces  et  celles  de  nos  chevaux.  Nous  suivons 
pendant  quelque  temps  le  lit  même  du  Ivhraneg,  qui  ne  nous  offre  pas  d'au- 
tres espèces  que  celles  que  nous  avons  déjà  signalées  dans  la  vallée  qui  y 
aboutit,  et  nous  ne  tardons  pas  ta  arriver  au  pied  d'un  coteau  au  sommet 
duquel  existent  les  ruines  d'un  petit  ksar  abandonné  ;  quelques  Dattiers 
stériles,  croissant  par  touffes  compactes  au  voisinage  d'une  source  peu 


SÉANCE   nu    30   JAINVIER   1857.  51 

ahoiidanto,  indiquent  seuls  romplaccincnt  dos  anciens  jardins.  A  partir  de 
ce  point,  nous  suivons  le  cours  de  l'Oued  Seggueur,  dont  le  lit,  en  partie 
desséche,  est  bordé  de  coteaux  rocailleux,  assez  élevés  et  nus  ;  les  atterris- 
setneuts  et  le  lit  argileux  de  l'oued,  excepté  dans  les  endroits  déprimés  (re- 
dii's),où  l'eau  dos  pluies  récentes  s'est  maintenue,  forment  une  croule  com- 
pacte, qui,  sous  l'inlluence  de  la  chaleur,  se  fendille  en  tout  sons,  et  dont  la 
couche  supérieure  se  soulève  sous  forme  de  lames  minces  (lui  finissent  par 
s'enrouler  sur  eiles-mcmes.  Plus  loin,  de  vastes  dunes  de  sable  mobile  (|ui 
s'est  amoncelé  au  pied  des  coteaux  ,  s'étendent  piuallèlement  au  cours  de 
l'oued;  nous  en  remettons  l'exploration  au  lemlemain,  car  nous  savons  que 
ces  dunes,  où  l\r.  le  capitaine  Segrétain  a  observé  V Asp/iodelus  pendvlimis, 
sont  une  des  herborisations  les  plus  intéressantes  des  environs  de  Brézina  ; 
nous  avons  hâte  d'airiver  à  l'oasis,  où  nous  devons  installer  notre  campe- 
ment et  où  nous  conduisent  des  cavaliers  que  Si  Hamza  Ben  Abou  Becker, 
khalifat  des  Ouled  Sidi  Cheikh,  actuellement  à  Brézina  pour  percevoir  les 
impôtset  prévenu  de  notre  arrivée  par  M.  de  Colomb, a  envoyés  au-devant 
de  nous.  Vers  trois  heures,  nous  installons  notre  campement  à  l'ombre  des 
dattiers  de  l'oasis,  au-dessous  du  \illage,  et  après  quelques  instants  de  repos 
nous  visitons  les  jardins  avec  Si  Hamza,  tout  en  faisant  la  chasse  aux  nom- 
breux pigeons  qui  viennent,  dans  les  cliamps  récomment  moissonnés,  manger 
les  grains  détachés  des  épis. 

L'oasis  de  Brézina  ou  Berzina  (jolie  terre) ,  située  sur  la  rive  gauche  de 
l'Oued  Seggueur,  à  près  de  ùUO  kilomètres  du  littoral,  environ  sous  la  latitude 
de  33°  18',  et  à  une  altitude  d'environ  850  mètres,  s'étend  sur  une  grande 
longueur  parallèlementà  l'oued.  Des  Dattiers,  au  nombre  de  plusieurs  milliers, 
constituent  la  culture  principale  des  jardins;  mais  la  plupart  de  ces  arbres 
croissent  en  touffes,  car  on  a  négligé  d'en  éliminer  les  rejets,  et  ils  sont 
loin  d'être  dans  d'aussi  bonnes  conditions  que  ceux  d'El  Abiod  Sidi  Cheikh. 
Indépendamment  du  Dattier,  mais  en  moins  grande  abondance,  sont  plantés 
dans  les  jardins  le  Figuier,  l'Abricotier  et  le  Pécher;  çà  et  là  on  y  rencoiitre 
quelques  ]}\edsd' Opuntia.  Les  seuls  légumes  que  nous  y  ayons  observéssont, 
dans  cette  saison  ,  l'Oignon  et  la  Carotte;  diverses  variétés  de  Courges  et 
d'autres  Cucurbitacées  (1)  viennent  d'être  semées  et  ne  font  que  commencer 
à  lever  à  l'ombre  des  Dattiers;  dans  les  vides  des  plantations  et  dans  les 
endroits  arrosés  près  de  l'oued  ,  l'Orge  est  cultivée  en  champs  peu 
étendus,  et  la  moisson  en  est  déjà  faite  depuis  quelques  jours.  Les  jardins 
de  l'oasis  sont  ari'osés  par  des  dérivations  de  l'Oued  Seggueur  et  par  des 
puits.  Nous  faisons  remarquer  à  Si  Hamza  qu'en  établissant  un  barrage  du 

(1)  D'après  les  graines  que  nous  en  avons  rapportées,  et  que  MM.  Decaisnc  et 
Naudia  ont  bien  voulu  examiner,  les  Cucurbitacées  cullivéos  à  Brézina  sont  les 
Lagenaria  vulgaris,  Cucumis  Melo  et  Citrullus,  Cmurbila  moschataQt  Pepo. 


52  SOCIÉTÉ   BOTANIQLE    DE    FRANCE, 

cours  d'eau,  qui  pourrait  être  exécuté  à  peu  de  frais,  il  serait  facile  de 
fertiliser  une  étendue  de  terrain  l)eaucoiip  phis  considérable  que  celle  qui 
est  actuellement  en  culture.  —  Le  ksar  de  Brézina  est  construit  sur  une 
colline  rocheuse  qui  borde  l'oasis  au  nord-ouest;  ce  village,  ou  comntiande 
Si  Hamza,  propriétaire  d'une  grande  partie  de  l'oasis,  se  compose  d'environ 
150  maisons  bâties  en  pierres  réunies  par  de  la  terre  argileuse;  comme  dans 
les  autres  ksour,  les  murs  extérieurs  des  maisons  situées  à  la  périphérie  sont 
dépourvus  d'ouvertures  sur  la  campagne  et  forment,  par  leur  réunion, 
l'enceinte  même  du  ksar,  ai  l'on  ne  pénètre  que  par  une  seule  entrée.  Une 
petite  mosquée  et  la  maison  de  commandement  de  Si  Harazase  font  remarquer 
par  la  blancheur  de  leurs  nuirs  badigeonnés  à  la  chaux.  Au  nord  du  village 
et  à  la  base  du  coteau  sur  lequel  il  est  construit,  de  nombreux  ravins  à 
terrain  rougeàtre,  très  accidente,  aboutissent  à  l'Oued  Seggueur,  dont  le 
lit  longe  des  montagnes  basses,  pierreuses  et  nues  qui  se  dessinent  à  quel- 
ques kilomètres  au  nord  ;  à  l'est  et  au  sud  s'étend  la  plaine  saharienne,  qui, 
comme  nous  l'avons  déjà  dit,  présente  des  coteaux  abruptes  d'argile  rou- 
geàtre et  brunâtre,  coimus  sous  le  nom  de  (jour  et  dont  le  plus  remarqua- 
ble, désigné  sous  le  nom  de  Gour  Sidi  el  Hadj  Ed  Din,  apparaît  à  une  assez 
grande  distance  au  sud,  comme  une  immense  muraille  ;  a  l'ouest  s'étendent, 
à  la  base  des  coteaux  qui  dominent  l'Oued  Seggueur,  les  dunes  que  nous 
avons  déjà  traversées.  —  Après  la  visite  faite  aux  jardins  ,  nous  mettons  à 
profit  les  quelques  instants  de  jour  qui  nous  restent  pour  faire  une  course 
rapide  sur  les  coteaux  calcaires  et  siliceux  situés  à  l'ouest  du  ksai-,  qui  se 
continuent  à  l'est  avec  la  colline  sur  laquelle  est  construit  le  village.  Les 
sables  rocailleux  de  ce  coteau  nous  offrent  un  assez  grand  nombre  déplantes 
intéressantes  parmi  les(|uelles  nous  citerons  les  Notoceras  Canuriense,Far- 
setia  linearis,  Cleome  Arabica,  Helianthemum  ellipticum,  lîeseda  eremo- 
phila,  ErotUum  glaucopJnjllum  et  guttatum,  Fagonia  Sinaica?,  Argy- 
rolobium  uniflorian,  Ononisserrata,  Tclephiuiit/mperati,  Paronychia  Cosso- 
niana  ,  Hernioria  fruticom,  Lœflingia  Hispauica,  Ggmnocarpas  decandrus , 
Eryngium  ilicifolium,  Danois  pubescens ,  l'hagnalon  purpurascens,  Ifloga 
Fontanesii,  Bhelinolepis  lonadioides,  (' Idamijdophora pidjcscens,  Asteriscus 
pygmœus,  îSoUetia  chrysocouinides,  Atractylis  ftava,  microcephala  et  can- 
cellata,  Catananche  arenaria,  Spitzelia  lyrala,  Sonchus  divaricatus,  Coîi' 
volvulus  svpinus,  Echium  hiimile ,  Anchusa  hispida,  Echinospermum  Vah- 
lianum,  Buhnnia  Feei,  Plantogo  ciliata,  Anabasis  articidata,  Passerina 
microphylla^  Allium  Cupani,  Arthratherum  obtusitm,  plumosum  et  ci- 
liatum,  Triticum  Orientale,  etc.  Les  Sdpa  (enacissima,  Lygeum  Spartum 
et  Helianthemum  hirlum  var.  Deserti,  constituent  le  fond  de  la  végétation 
du  coteau,  ou  le  Calendula  platycarpa  t%\.  egalcincnt  abondant. 

Le  23,  après  avoir  mis  en  ordre  nos  récoltes  de  la  veille,  nous  partons  pour 
explorer  lesenvirons  de  loasis,  et  surtout  les  bords  de  l'Oued  Seggueur  et  la 


SÉANCK    DU    30    .lAN'MKli    1857.  53 

partit"  de  la  plaine  saharienne  au  voisinage  des  premiers  fjoiirs,  ainsi  que  les 
dunes  de  sable  mobile  au  sud-ouest  de  l'oasis.  Les  atterrissements  sablon- 
neux de  la  rive  gauche  de  l'oued,  à  l'extrémité  méridionale  de  l'oasis,  nous 
présentent  de  nombreuses  touffes  de  Tamarix  Gallica,  el  nous  y  rencontrons 
dans  un  espace  restreint  un  faraud  nombre  des  espèces  caractéristiques  de  la 
région  saharienne,  entre  autres  les  Mnlcolmia yEgyptiaca,  Enarthrocarpus 
clamtus,  JJussonia  ^Egiceras,  licsedu  Arabica  et  eremophila,  Silène  villosa 
var.  micropetala,  Medicago  Inciniata^  Astragalifs  Gombo,  Pohimrpœa  fra- 
gilis,  Nnllctia  chrysocomoides,  Cijrtolepis  Alexombnna,  Ifloga  Fontancsii, 
Onopordon  ambiguurn  ,  Centaurea  polyacantUa  ,  Kœ/pinia  linearis,  Statice 
JJonduellii,  Echinopsilonmuricatiiî^,  etc.  L Arf/irat/icrum  piingcns  es,[  d'une 
excessive  abondance  dans  les  parties  sablonneuses,  et  les  fleurs  détachées  de 
la  plante  sont  agglomérées  et  roulées  en  boule  par  le  vent  au  pied  des  touffes; 
\' Eitp/torbia   Guyoniana  et  le  Festuca  Mempldtica  y  sont  également  des 
plantes  dominantes  avec  YAstragalus  corrugatus  var.,  dont  les  tiges  en  partie 
enfouies  dans  le  sable  ont  été  broutées  par  les  bestiaux.  Quelques  tertres 
argileux  qui  s'élèvent  au  milieu  des  sables  sont  dépassés  par  les  branches  de 
Tamarix  Gallica  et  de  Hetama  Dui'iccivav.p/iœocalyx,  dont  les  souches  et  les 
tiges  constituent  le  cenire  de  ces  tumulus.  Nous  laissons  dans  le  lointain  sur 
notre  gauche  le  coteau  que  surmonte  le  fort  ruiné  de  Sidi  el  Arbi,  et  nous 
continuons  pendant  quelques  instants  à  suivre  la  rive  gauche  de  l'oued, 
dont  les  berges  argileuses,  rougeâtres  et  abruptes  forment,  sur  quelques 
points,  de  véritables  falaises.  Ces  terrains  argileux  ne  nous  offrant  qu'une 
végétation  sans  intérêt,  nous  traversons  l'Oued  Seggueur,dont  la  rive  droite 
est  bordée  de  petites  dunes  de  sable  mobile,  coniques  ou  arrondies,  avec 
des  espaces  aigileux    circonscrits  pai'  les   sables.    La  nous  trouvons  en 
abondance,  avec  les  autres  plantes  des  sables  de  la  rive  gauche,  le  Danthonia 
Forskalii  et  le  Carduncelbis  eriocephahis?.   Au  debà  de  ces   dunes,  une 
plaine  argilo-sablonneuse  et  pierreuse  nous  offre  les  Mattlnola  livida,  Buba- 
niaFeei,  Gymnocarfjus  decandrm,  W't,  Arthratherimi(\e  la  région,  lesAfmc- 
tylis  proliféra  et   microcephala,    Rhanterium  adpressum,  Lotus  pusillus, 
Farsetia  linearis,  Passerina  microphylla,  Telephium  Imperati,  Hippocrcpis 
bicontorta,  Herniaria  fruticosa,  Marrubium  Deserti,  Catananche  arenaria, 
Convolvulus  siipinus ,    Echinospermun   Va/ilianum  ,    Chluntydophora   pm- 
ùescens.   Le  Rétama   Duriœi  vai.  pJui'ocalyx  est  très  abondant  dans  cette 
plaine,  où  il  a  été  brouté  par  les  chameaux.  Là  nous  trouvons  pour  la  pre- 
mière fois  le  ISeuradaprocumbens,  dont  les  calices  fructifères  varient  de  la 
forme  orbiculaire  à  la  forme  étoilée.  Dans  les  ravines  argileuses,  nous  trou- 
vons en  abondance  V Andropogon  laniger,  et  nous  rencontrons  quelques  pieds 
de  Phagnalon  purpurascens.  Après  avoir  constaté  les  caractères  gé.iéraux 
de  la  végétation  de  cette  plaine,   nous  franchissons  un  coteau  pour   nous 
rapprocher  de  l'oasis  et  travers'^r  les  dunes  de  sable  mobile,  où  nous  trou- 


m 


bfi  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE   FRANCE. 

VOUS,  entreautres,  Iti^Asphodehts  pendulinus,  Silène  villosa  var.  micropetala, 
Nolletia  c/ir>/socomoides,  Euphorbia  cnlyptratn,  Echiochilon  frutieosus,  Neu- 
rada  procumbem,  Ononis  serrata.  Nous  nous  empressons  de  regagner  notre 
campement,  dont  nous  sommes  séparés  par  une  distance  de  plus  d'une 
lieue,  car  nous  avons  à  supporter  une  clialeui-  accaljlante  au  milieu  de  ces 
sables  échauffés  par  les  rayons  du  soleil  et  où,  malgré  l'heure  peu  avancée 
(10  heures  du  matin),  le  thermomètre  indique  comme  température  du  sol 
/i6  degrés.  Nous  retrouvons  sous  la  tente  M  .Al.  Mares  et  Valette,  tout  occupés 
de  prendre  des  vues  photographiques  et  des  dessins  de  l'oasis  et  des  groupes 
de  Dattiers  ({ui  ombragent  notre  tente.  A  6  heures,  après  avoir  terminé  la 
préparation  de  nos  récoltes,  nous  allons  remercier  Si  Hamza.qui  était  venu 
nous  visiter  plusieurs  fois,  pour  s'assurer  par  lui-même  que  le  caid  ne  nous 
laissait  manquer  de  rien,  et  qui  avait  réuni  les  lettrés  du  village  pour  nous 
donner  les  noms  arabes  des  plantes  caractéristiques  de  la  région  saharienne. 
Nous  parcourons  avec  lui  le  village,  et  nous  demandons  à  être  conduits  à 
la  maison  du  caïd,  qu'avait  habitée  pendant  plusieurs  mois  un  Fran- 
çais, i\l.  Couturier,  venu  à  Brézina  pour  apprendre  la  langue  arabe  et  se 
préparer,  par  la  connaissance  des  liabitudes  et  des  mœurs  du  pays,  à  un 
voj^age  qu'il  avait  projeté  dans  l'intéiieur,  et  qu'il  espérait  pouvoir  pour- 
suivre jusqu'à  Tombouctou.  Ce  malheureux  voyageur,  abandonné  de  son 
compagnon  de  route,  n'avait  pas  tardé,  étant  réduit  au  régime  purement 
arabe  et  n'ayant  pour  demeure  que  deux  misérables  chambres  au  fond 
d'une  cour  mal  aérée,  à  tomber  dans  un  état  de  prostration  complète 
qui  bientôt  devint  une  maladie  grave  par  suite  de  privations  de  tout  genre, 
conséquences  de  son  isolement.  Sans  un  Arabe  qui  lui  donna  les  soins  les 
plus  indispensables  et  qui  prévint  M.  de  Colomb  de  l'état  presque  désespéré 
du  malade,  M.  Couturier  eût  succombé  dès  lors  à  l'affection  dont  la 
gravité  ne  put  malheureusement  pas  être  conjurée  plus  tard  par  les  soins  qui 
lui  furent  prodigués  à  Géryville,  où  il  fut  transporté  par  les  ordres  de  M.  de 
Colomb,  et  ensuite  à  Saida,  où  il  mourut  victime  d'un  dévouement  au-dessus 
de  ses  forces.  Si  ïlamza,  auquel  nous  annonçons  notre  départ  pour  le  lende- 
main, nous  convie  à  une  diffa,  à  laquelle  nous  faisons  largement  honneur, 
quoique  nous  eussions  préféré  retourner  à  notre  tente,  où  nous  attendait 
une  nourriture  plus  convenable  pour  des  Européens.  Si  Hamza  ne  nous 
laisse  pas  partir  sans  nous  donnei-,  comme  souvenir,  quelques  œufs  et  por- 
tions de  dépouilles  d'autiuche,  ainsi  {|ue  des  cérastes  et  des  lézards  du 
pays  qu'il  avait  fait  prendre  à  notre  intention.  —  Le  24,  à  6  heures  et 
demie  du  matin,  nous  avons  terminé  nos  préparatifs  de  départ  :  car  bien 
que,  plus  heureux  (jue  M.  Couturier,  nous  soyons  tous  bien  portants,  nous 
avons  hâte  d'aller  nous  retremper  à  Géryville,  où  la  cordiale  hospitalité 
que  veut  bien  nous  accorder  M.  de  Colomb  doit  nous  faire  oublier  les  fa- 
tigues et  les  privations  inévitables  d'un  voyage  dans  le  sud  de  l'Algérie. 

{La  suite  à  la  prochaine  séance.) 


SÉANCE   DU    30    JANVIER    1857.  55 

NOTES  SUR  QUELQUES  PLANTES  RARES  OU  NOUVELLES  DE  LA  RÉGENCE  DE  TUNIS , 
pni'  Iflin.  E.  COSSOIW  cl  L.   KKAI.IK  (1). 

Adonis  microcarpa  !)(>.  Si/fif.  I,  223,  etProdr.  I,  2i?i;  Boiss.  Voj/.  Esp.  5. 
—  A.  intermedia  Webb  !  Phyt.  Can.  1,12. —  A.  Cupaniana  Guss. !  Syn. 
fl.  Sic.  II,  37. 

Var.  dentata  (A.  dentnta  Delile  /Eg.  17,  t.  53,  f.  1  ;  DC.  Syst.  I,  224,  et 

Prodr.  I,  1h  [exclue!,   var.  j3.   proviiicialis  qiiœ   forma  A.  aestivalis]). 

Carpellis  minoribiis,  in  spicam  (lensissimam  arcte  confertis,  tuberculis 
ina;qualibiis  valde  proioiiientibns  stollatim  circiimcirca  ciiictis. 

In  cultis  incullisque  prope  ^S'/'rtA'(Espiiia)  et  in  ditione  6'f//>i?.'?  (Kralik  pi. 
Tun.  cxsicc.  n.  3  et  n.  3r/).  —  In  Sahara  Alger'uMisi  !  bauci  infrequens 
(Balansa  pi.  Alger,  exsicc.  d.  978).  —  lu  agro  Tripolitano  (Dickson).  In 
j^gypto  inferiore  (Odile). 

Nous  avons  pu  nous  convaincre,  par  l'examen  d'une  nombreuse  série 
d'échantillons,  du  peu  d'importance  des  caractères  sur  lesquels  est  fondée 
la  distinction  des  A.  microcarpa  et  dentata,  et  nous  n'hésitons  pas  à  les  rap- 
porter au  même  type  spécifique:  en  effet  l'A.  dentata  ne  se  distingue  de 
VA.  microcarpa  que  par  les  carpelles  plus  petits,  ordinairement  plus  nom- 
breux, rapprochés  en  épi  très  compacte  et  entourés  de  tubercules  inégaux 
plus  ou  moins  saillants  dont  l'ensemble  forme  une  espèce  de  bordure  étoilée. 
—  L'A.  œstivalis  présente  assez  fréquemment  une  variation  analogue  dans 
la  forme  des  carpelles,  et  cette  variation  a  été  à  tort  rapportée  à  l'A.  dentata 
par  De  Candolle  (A.  dentata  var.  j3.  provincialis  DC). 

FuMARTA  DENSiFLORA  DC.  Cof.  Monsp.  113  (1813),  et  FI .  Fr.  V,  588; 
Greu.  et  Godr.  FI.  Fr.  1,  68.  —  F.  micrantha  Lagasc.  Nov.  yen.  et  sp. 
21,  n.  281  (1816);  Koch  Sjjn.  fl.  Germ.  éd.  2,  1018;  Parlât.  Fum.  60; 
Coss.  et  Germ.  FL  Par.  78,  et  Illustr.  fl.  Par.  t.  3,  f.  9-10. 

In  palmetis  et  in  agris  prope  Cflèes  (Kralik  pi.  Tun.  exsicc.  n.  5).  —  ïn 
Algeria  littoral!  et  interiore  haud  infrequens. — In  Aîlgypto  infeviore  ad 
Alexandriam  et  superiore  ad  Girgeh  (Kralik).  Syria  prope  Sai'da  (Gaillar- 
dot).  Lydia  prope  Smyrnam  (Balansa).  Palaestina  ad  Jericj^Q  r^e  Saulcy). 
Scotia  (Syme).  Hybernia  (Balfour).  In  Gallia  fera  tota  ^  inprimis  in  centrali 
et  australi  haud  infrequens.  In  Germania  rarior,  ';,^  Hercynia  (Hampe),  et 
ad  Hamburgum  (Sonder).  In  Hispania  (Lagase;,^  Bourgeau).  Italia  (Guss.). 
Attica  (Heldreich).  Provinciis  Caucasicis /'.g(,   ^  Mey). 

(1)  Les  plantes  mentionnées  ou  déc- '.j^^g  ^^^^^  ^^^  y^jes  font  partie  des  collec- 
tions recueillies  par  M.  Kralik  ^'  ^^^^  ^^  ^^^^„^  exécuté  par  lui,  en  185Ù,  dans 
la  régence  de  Tunis  (voy.  r^-^^^^  ,;  ^^^^^^^  .^^  ^_  ^^  p^  23  et  116,  et  t.  II ,  p.  :2l,  les 
Lettres  de  M.  kralik  ^'- ^.  ^^  ^■^^^^i,,,  a,  i^  Régence  de  Tunis). 


5<3  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Certains  échantillons,  recueillis  dans  des  eliamps  arides,  aux  environs  de 
Gabès,  diffèrent  un  peu  de  la  plante  de  France  par  les  sépales  moins  larges 
et  moins  dentés,  et  sont  identiques  avec  ceux  que  nous  avons  observés  en 
Algérie,  à  Oran  et  à  Djelfa;  mais  nous  avons  été  à  même,  sur  le  terrain,  de 
nous  convaincre  que  cette  différence,  due  surtout  à  la  localité,  est  trop  peu 
importante  et  trop  variable  pour  permettre  d'établir  même  une  variété. 

Matthtola  oxyceras  DC.  Sfjst.  II,  173,  et  Prodr.  I,  IS/i. 

Var.  basiceras.  —  Silicjua  inferne  subsatiittata  valvis  basi  gibbosis  vel  gib- 
boso-cornutis;  cietera,  ut  videtur,  eadem  ac  in  planta  typica. 
In  argilloso-arenosis  deserti  Tunetani  prope  Sfax  et  Gabes  (Kralik  pi. 
ïun.  exsicc,  n.  159  sub  nomine  M.  livida). 

Cette  variété  remarquable  du  M.  oxyceras  rappelle  la  disposition  analogue 
de  la  base  de  la  silique  signalée  dans  une  seule  plante  de  la  famille,  le  Lon- 
chophora  Capiomontiana  DK.  —  Par  la  forme  et  la  largeur  assez  variable 
des  pétales,  notre  plante  lient  le  milieu  entre  les  sections  Pinaria  ei  Aci- 
notnin  DC.  [Prodr.  I,  13^)  qui,  en  raison  du  peu  de  constance  des  carac- 
tères par  lesquels  on  les  a  distinguées,  devraient  être  l'éunies,  et.  il  ne  serait 
pas  imposîiible  (]ue  les  M.  oxyceras  vi  lunata  DC.  ne  fussent  que  des  varié- 
tés d'une  seule  et  même  espèce. 

Bkassica  Gravin.î:  Tenore  !  FI.  Nap.  prodr.  39,  et  Fi.  Nop.  II,  88,  t.  62, 
et  Sijll.  fl.  Nap.  328.  —  Sinapis  recurvata  Desf.!  Atl.  Il,  97  (non  Ail. 
quœ  Sinapis  Cbeiranthus  Kocli).  —  Brassica  Atkmtica  Coss.  et  DR.  in 
herb.  olim.  — B.  Boissieri  Munby  !  in  Bull.  Soc.  bot.  II,  283. 

In  ifipestribus  umbrosis  montis  Djebel  Zaghouan  (Kralik).  —  In  regione 
raontana  infeiiore  et  média  in  Algeria!  haud  inlVe(|uens.  — In  Italia,  in 
montibus  Samnii  et  Api'utii  (Tenore).  în  Sicilia  ad  Termini  (Guss.). 

Celte  plante,  qui  est  liés  répandue  en  Algérie  dans  les  lieux  rocailleux  et 
dans  les  rochers  de  la  région  montagneuse  inférieure  et  moyenne,  nous  a 
préseiîtê de  nombreuses  variations  dans  la  loriiie  et  la  largeur  des  feuilles, 
dans  la  grjuideur  desfleui-s,  dans  la  direction  et  la  forme  dessiliques,  indif- 
féremment asc^"^^'^"^^'^'  étalées  ou  étalées-réflécbies,  plus  ou  moins  allon- 
gées, presque  eylii'^'^l'*'!"^'^'  "^  nervure  dorsale  des  valves  peu  saillante  ou 
presque  tétra^ones  pa."  '^^  saillie  de  la  nervure  dorsale;  en  raison  de  la 
variabilité  de  ces  caractère.'  "^'^'^  ^'^^'O"^  ^^"  rapporter,  comme  simples  syno- 
nymes, au  //.  Graviruf  les  /?  ^  ^(lanticact  Boissieri,  qui  n'en  sont  que  des 
formes  extrêmes. 

Mukicariapeostbata  Desv.  Joarn.  bot.     '^^'  ^^^'  *'  '^^  '  ^^-   ^^^^^  ^^' 
647,  el  Prodr.  I,  225.  -  Bunias prostrata  b>^-  ^^^-  "'  '^^'  ^-  ^^O' 

In  ruderalis  et  incultis  argilloso-arenosis  prope  Gul^^^  ^^"^  infrequeus 


SÉANCE   DU    30   JANVIKIl    1857.  67 

(Kralik  pl.Tuu.  cxsicc.n.  12),  inaieiiosis  prope  rfl/srt(l)esf.).  —  In  Al^criac 
nianitiehus  excH'Isis  auslralioiibus  el  in  Sahara  in  piovincia  Oraiiensi!  et 
Algériens!  !  late  diffusa,  in  provincia  Cirtensi  rarior  indilione  Oulcd  Djcllul 
(Hénon)  luicusque  tantum  nota. 

Cette  plante,  qui  n'a  encore  été  observée  que  dans  la  partie  méridionale 
de  la  Régence  de  Tunis  et  de  l'Algérie,  n'était,  jusqu'à  ces  derniers  temps, 
connue  que  par  les  échantillons  recueillis  par  Dosfontaines  en  un  état  de 
développement  incomplet.  De  Candolle,  à  défaut  de  graines  qui  lui  permis- 
sent de  voir  la  forme  de  l'embryon,  n'avait  rapporté  le  genre  Muricaria  à 
la  section  des  Zilleœ  que  par  une  véritable  intuition  qui  se  trouve  con- 
firmée par  les  faits;  les  graines  subglobuleuses  présentent,  conmie  dans  les 
autres  genres  des  Zilleœ,  un  embryon  à  cotylédons  condupliqués. 

Rapistrum  bipinnatum  Coss. et  Kralik  ap.  Kralik  p/.  Tun.  exsicc.ïï.  40iet 
UOha.  —  Smapis  bipmnataJ)es{.  Atl.  II,  97.  —  Didesmus  bipinnatus  DG. 
Syst.  veg.  II,  659,  et  Prodr.  I,  227. 

In  arenosis  incultis,  in  fruticetis  et  in  pascuis  deserti  Tunelani  nec  non 
inruderatis,  ad  Cafsa  (Desf.) ,  Sfax  (Kralik)  et  prope  G ahes  {KvaUk  pi. 
Tun.  exsicc.  florens  fructiferumque  a  martio  ad  junium  185&). 

Nous  avons  cru  devoir  rapporter  le  Smapis  hipinnata  Desf.  au  genre  Rapis- 
tr'um,  car  la  graine  de  l'article  supérieur  de  la  silicule  est  dressée  et  non  pas 
pendante  comme  on  l'attribue  au  genre  Didesmus.  —  Nous  devons  ajouter 
que  le  Didesmus  A^gyptius  Desv.  devrait,  selon  nous,  être  aussi  rapporté  au 
genre  Rapistrum,  car  nous  y  avons  vu  également,  par  l'examen  d'un  assez 
grand  nombre  desilicules,  la  graine  dressée  dans  l'article  supérieur. 

Knarthrocarpus  clavatos  Delile  in  Godr.  FI.  Juv.  éd.  1,  p.  k,  et  éd.  2, 
p.  51.  —  Brassica  lyrata  Desf.  !  Atl.  II,  96,  t.  166  quoad  fructum 
raanca  (in  herb.  Mus.  Par.  spécimen  junius).  —  Enarthrocarpus  lyratus 
Lois.  ISov.  not.  30,  et  FI.  Gall.  II,  68  (non  DC). 

In  ruderatis,  pascuis  et  collibus  argiIJoso-gypsaceis  deserti  Tuuetani 
(Desf.),  prope  Sfax  et  Gabes  (Kralik  pi.  Tun.  exsicc.  n.  186  et  186  a). 
—  In  Sahara  Algeriensi  et  in  planitierum  excelsarum  parte  austra- 
liore,  in  provincia  Oranensi  et  Algeriensi  frequentissima  prsecipue  ad  pagos 
et  diversoria,  nempe  hominis  pecorumque  comes,  in  provincia  Cirtensi  in- 
frequentior,  ut  videtur,  nempe  hucusque  ad  amnem  Oued  Djedi,  in  ditione 
Ouled  Djellal  tantum  obvia  (Hénon).  —  Prope  Monspelium  loco  dicto 
Port-Juvénal  cum  lanis  advecta  (Delile,  Godron). 

A  VF.  clavatus,  comme  nous  l'avons  déjà  dit  ailleurs,  doit  être  rapporté, 
comme  synonyme,  le  Brassica  lyrata  Desf.  (Voir  Cosson  Itinéraire  d'un 
voyage  botanique  in  Bull.  Soc.  Bot.  III,  562.)  —  L'F.  clavatus  a  été  décrit, 
d'après  les  échantillons  trouvés  au  Port-Juvénal,  alors  que  sa  véritable 


58  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

patrie  était  inconnue  et  qu'il  était  considéré  comme  distinct  du  B.  lyrata 
Desf.  —  Au  Port-Juvénal  ont  été  également  observées  un  grand  nombre 
d'autres  espèces  du  sud  de  l'Algérie,  qui  y  ont  été  introduites  par  des  cir- 
constancesanalogues,  et  dont  le  lieu  d'origine  était  inconnu,  telles quele  Cos- 
sonia  Africana  DR.,  le  Cbjpeola  cijclodontea  Delile,  etc. 

HussoNiA  JÎGicERAs  Coss.  et  DR.  np.  Balansa  pi.  Alger,  cxsicc.  n.  994 
(1853).  —  Erucaria  /Egiceras  L  Gay  mss.  (1826),  et  in  Steud.  Nom. 
bot.  éd.  2,  590  (IS/iO). — E.  uncata  Boiss.  ap.  Pinard  yj/.  exsicc.  — 
Hussonia  uncata  Boiss.  Diagn.pl.  Or.  ser.  1,  fasc.  viii,  hl  (1849). 

In  pascuis  arenosis  et  inter  frutices  deserti  Tunetani,  in  ditione  Béni 
Zid  haudprocul  a  Gabes  (Kralik  pi.  Tun.  exsicc.  n.  188),  28=»  aprilis  jam 
fructifora.  —  In  Sahara  Algeriensi  trium  proviuciarum  diffusa,  nempe  in 
provincia  Oranensi  australiore  ad  Aïn  Sefra!,  Tyout!,  Arba  el  TatanU, 
Brézina!,  etc.  anobisvisa  ;  in  provincia  Algeriensi  in  d'ûlone  Laghouat!  ïmuà 
infrequens  (Geslin,  l>eboud)  ;  in  provincia  Cirtensi  in  ditione  ^/sZ'm  (Ba- 
lansa pi.  Alger,  exsicc.  n.  994). — In  toto  deserto  Arabiœ  petrœœ  Paleestiuae 
contermino  inter  Nuckl  et  Gaza  frequens,  nec  non  in  Palaîstinee  desertis 
(Pinard  sec.  Boiss.  loc.  cit.),  in  Arabiae  petrœse  Wadi  jFemm  (Scbiraper 
pi.  Arab.  petr.  exsicc.  n.  453). 

Helianthemum  Cahiricum  Delile  FI.  jEg.  93,  t.  31,  f.  2;  Dunal  in  DC. 
Prodr.  I,  274. 

In  collibus  apricis  deserti  ad  Sidi  Boni  Baba  prope  Gabes  (Kralik  pi. 
Tun.  exsicc.  n.  13).  —  In  Sahara  Algeriensi  tota  diffusa  nempe  in  pro- 
vincia Oranensi  australiore  prope  Tjont!,  Chellala  Dahranial,  Brézina! 
etc.  ;  in  provincia  Algeriensi  ad  Lagliouat  !;  nec  non  in  Cirtensi  prope  Biskra 
(Balansa  pi.  Alger,  exsicc.  n.  865),  et  ad  amneni  Oued  Betem  prope  Bzïoua 
(Hénon).  —  In  iEgypto  (Delile,  Olivier).  In  Syria  (Aucher-Éloy  pi.  Or. 
n.  1996).  Ad  Sinum  Persicum  (Aucher-Éloy  sub.  n.  959  catal.  in 
Ilerb.  Mus.). 

HELIA^THEMUM  TuNETANUM  Coss.  ct  Kralik.  —  Cistus  glaucus  Desf.  I  Afl. 
I,  418(1798),  non  Cav.  le.  (1794). 

Planta  perenuis,  glaberrinia,  glaucescem,  a  basi  raniosa  ;  caudice  fruti- 
coso,  multicipite,  sœpius  tortuoso,  in  radicem  fusiformem  abeunte  ;  caulibus 
havhdiCQO-frutescentibus ,  1-2  deciu).  longis,  dilïusis,  simplicibus  vel  inferne 
ramosis:,  foliis  sw6camo.s/s  ,  planis  vel  arefactione  tantum  subrevolutis  , 
nervo  média  vixprominulo,  utrinque  glabris  glaucescentibus  sub  lente  punc- 
tulatis,  inferioribus  oppositis,  stipulatis,  8-15  millim.  longis,  linearibus 
acutiusculis,  inferne  atténuât is,  breviter  petiolatis,  superioribus  bracteisque 
confornflibus,  alternis,  estipulalis,  brevioribus,  oblougo  vel  ovato-liuearibus 


SÉANCE   DU   30  JANVIKU   1857.  69 

obtiisiusculis;  stipidh petiolnm  longe  exredentibus,  foliis  subconformihus; 
raccniis  tcrmiiialibus  sa-pius  (lemum  clon^atis,  Iaxis,  remoUnoris,  simpli- 
cibus,  subsecuiidis,  /4-()-lloris;  bracteis  podiocllis  2-/i-pl()  brevioribus  ; 
pedicellis  calyce  longioribus,  fj;labris,  (iciiiuin  arcuato-dedexis  ;  adi/ce  {^la- 
berriino,  6-8  millim.  longo,  juniore  et  IVuctifeio  ovato  superne paulum  allé- 
niuito,  sepnlis  extcrioribus  2  niinimis  obloiigis  obtusis  interioribus  sub-Zi-plo 
brevioribus,  «■n)fmor/6wsmcmbranaceis,  scarioso-marginatis,ovato-oblongis, 
superne  rotundato-obtusis,  3-ncrviis  nervis  interne  prominulis  sa3pe  violas- 
ccntil)us  superne  non  nuncpiam  evanescontibus;  petcdis  ladeis,  calyce  sub- 
duplo  lonpioribus  ;  staminibus  numerosis,  filnmenfis  capillaribus,  omnibus 
antheriferis ;  ovario  subgloboso,  pnbescenti-tomcntoso;  stylo  ovario  lon- 
ciore.  inferne  arcuato-ascendente;  ovuiis  rec^/s,  pyriformibus,  funiculis  de- 
mum  tumido-iiicrassatis;  capsula  calycem  suhœquante,  cbartacea,  subuni- 
loculari,  3-valvi,  sœpius  Zi-lO-sperma;  sem/nzT'/^s  ovato-subglobosis,  papil- 
loso-asperulis,  rapheorbalis,  ad  cbalazani  micropyiae  diametro  oppositam 
inseitis;6w6r?/one  intra  albnmen/)/MS  minus  arcuato  sigmatoideo,  radicula 
supera,  cotyledonibus  ovato-suborbiculatis  p\an\s.  —  Fiorensetjam  fructi- 
ferum,  martio-apiili  1854  lectum. 

Incollibus  apricis  argilioso-calcareisdeseiii  Tunetani,propeCr/fsa(Desf.), 
propeGflèes(Kralikpl.  Tun.  exsicc.  n.  405  sub  nomineH.  glaucum  Coss, 
et  Kralik  non  Pers.). 

VH.  Tunetanum,  par  la  souche  ligneuse,  les  tiges  frutescentes,  les  feuil- 
les inférieures  opposées  munies  de  stipules,  les  pétales  dépassant  longuement 
le  calice,  le  style  arqué-ascendant ,  les  ovules  à  funicule  épaissi,  la  capsule 
subuniloculaire,  les  graines  dépourvues  de  raphé,  et  par  l'embryon  plus  ou 
moins  arqué,  appartient  au  genre  Helianthemimi  sect.  Euhelianthemum 
(Dunal,  Spach).  —  VH.  Tunetanum,  par  la  glabréité  de  toutes  ses  parties, 
parles  feuilles  un  peu  épaisses-charnues  à  nervure  moyenne  peu  prononcée, 
se  distingue  de  toutes  les  autres  espèces  de  la  section,  à  l'exception  de  VH. 
piliferum  Boiss.  (Foy.  Fsp.  69  ,  t.  17).  11  diffère  de  cette  dernière  plante, 
qui  n'a  encore  été  observée  que  dans  les  montagnes  du  royaume  de  Gre- 
nade, par  les  feuilles  planes  ou  enroulées  seulement  par  la  dessiccation,  par 
les  sépales  intérieurs  ovales-oblongs  arrondis-obtus  à  nervures  peu  sail- 
lantes, disparaissant  souvent  au-dessous  du  sommet  et  non  pas  ovales-lan- 
céolés fortement  nerviés,  par  les  fleurs  blanches  et  non  pas  jaunes. — Nous 
avions  cru  devoir  donner  à  la  plante  de  Gabes,  identique  à  celle  recueillie 
par  Desfontaines  à  Sfax,  le  nom  d'H.  glaucum  ;  mais  nous  devons  renon- 
cer à  ce  nom,  car  VH.  glaucum  Pers.  est  fondé  sur  le  Cisttis  glaucus  Cav. 
public  antérieurement  au  C.  ^/fa<cws  Desf. -,  nous  avons  dû  également  renon- 
cer au  nom  d'/7.  Fontanesii,  qui  eût  rappelé  l'auteur  de  la  première  descrip- 
tion de  la  plante,  car  ce  nom  a  été  appliqué  par  iMJM.  Boissier  et  Reuter  à 
une  autre  plaute  de  la  même  section  du  genre. 


60  SOCIÉTÉ   BOTAMQUE    DE   FRANCE. 

Beseda  eremophila  Boiss.  Diagn.  pi.  Or.  ser.  1,  fasc.  viii,  54. 

In  arenoso-argillosis  cultis  vel  incultis  prope  Gabes  (Kralik  pi.  Tun.)  ; 
in  incultis  insulaî  Djerhn  (Kralik).  —  In  Sahara  Algériens!  tota  diffusa 
nempe  in  parte  australiore  trium  provinciarum  obvia,  in  provincia  Oranensi 
australiore  vulgaris:  in  ditione  Lagliouat  (lleboud);  in  ditione  Biskra[i<\~ 
min,  Balansa  pi.  Alger,  exsicc.  n.  876  infauste  sub  nomine  H.  Gayana). — 
In  arena  tenui  deserti  .^gyptiaci  prope  Cahiram  et  Arabici  usque  ad  fines 
Palestinae  (Boiss.  loc.  cit.). 

Reseda  Arabica  Boiss,  Diagn.pl.  Or.  ser.  1,  fasc.  i,  6. 

In  arenosis  apricis  prope  Gabes  (Kralik)  et  in  ditione  Béni  ZidhwxA  pro- 
cul  a  Gabes  (Kralik  pi.  Tun.  exsicc.  n.  371).  —  In  Sahara  Algériens!  tota 
diffusa  videtur  sed  ferc  semper  sparsa,  in  provincia  Oranensi  australi  !  plu- 
rimis  locis  obvia,  in  ditione  Ouled  Nayl  Cheraga  ad  El  Ouar  (ilénon),  in 
ditione  Biskm  (Jamin,  Balansa).  —  In  /Egypto  (Kralik,  Schimper  pi. 
^gypt.  un.  it.  n.  506  sec.  Boiss.).  In  monte  Sinaï  (Aucher-Éloy  sec. 
Boiss.).  In  Persia  australi  (Kotschy  pi.  Fers,  austr.  éd.  Hobenacker  [18Zi5] 
n.  127). 

Silène  succuleinta  Forsk,  FI.  yEgypt.-Arab.  descr.  89;  Delile  FI.  JSg. 
t.  29,  f.  2;  DC.Prodr.  I,  81. 

In  arenosis  maritimis  prope  Gabes  (Kralik  pi.  Tun.  exsicc.  n.  38  et 
38«).  —  In  ^gypto  ad  Alexandriam  (Delile,  C.  de  Fontenay)  et  ad  Abou- 
kir  (Kralik).  In  Syria  prope  Jaffa  (Micbon). 

Silène  setacea  Viv.  FI.  Lib.  23,  t.  12,  f.  2  (non  Otth  in  DC.  Prodr.  I, 
372). 

In  arenosis  cultis  incultisque  prope  Sfax  (Kralik)  et  prope  Gnôes  (Kralik 
pi.  Tun.  exsicc.  n.  387)  baud  infrequens.  —  In  littore  magnœ  Syiteos 
(Viv.,  loc.  cit.).  —  In  Saharœ  Algeriensis  ditione  Béni  Mzab  (Reboua). 

Le  S.  setacea,  qui  doit  être  placé  à  côté  du  -S",  imbricata  Desf. ,  diffère  de 
cette  espèce  par  les  feuilles  toutes  linéaires,  ordinairement  trèi  étroites,  par 
les  fleurs  nocturnes  et  non  pas  diurnes,  par  le  calice  fructifère  plus  forte- 
ment renflé  dans  sa  partie  supérieure  ,  par  les  pétales  à  divisions  plus 
étroites,  par  la  capsule  un  peu  plus  longuement  stipitée  ovoïde,  et  non  pas 
oblongue  cylindrique,  par  les  graines  à  faces  légèrement  concaves  et  non 
pas  assez  profondément  excavées. 

Ebodiu-u  glaucophyllon  Ait.  Hort.  Kew.  éd.  1,  II,  416;  DC.  Prodr.  I, 
6/i8.  —  Géranium  glaucophyllon  L.  Sp.  952  ;  Cav.  Diss.  iv,  221, 
t.  92,  f.  2. 

In  argilloso-arcnosis  vel  gypsaceo-calcareis  prope  Gabes  vulgare  (Kra- 


séaNcr  du  50  JANviKU  1857.  61 

llk  pi.  Tiin.  exsicc.  n.  "lOS).  —  Tu  Sahara  Al^eriensi  ot  in  planitiorutn 
excelsarum  parte  australioie  diffiisum ,  neinpc  in  provincia  Ora- 
nensi  ad  lacus  îcsfale  cxsiccalos  Cludt  el  <'ker()ui !  (Balansa  pi.  Alger, 
exsicc.  n.  606)  et  Cliotf  el  Hharbi !  obvia  nec  non  ad  lirô.zbuil  ;  in  provincia 
Al^cricnsi  in  ditione  IjKjhomd l ;  in  Sahara  provinciœ  Ciitensis  in  ditione 
Ouled Naijl  Cheracja  ad/iV  0^<a/'(IIénon),  in  ditione  liiskra  (B;Hansa  pi.  Al- 
ger, exsicc.  n.  9/il),  in  pianitielms  excelsis  ad  Chott  Msouril  proipe  Melila. 
—  In  ^gypti  deseito  Cahirino  (Delile,  Kralik). 

Erodium  AKiîOREscENS  Willd.  Sp.  ITI,  638;  OC.  Procb-.  I,  6^8.  —  </em- 
iiium  arborcscens  V)Giï.  Atl.  Il,  110. 

In  collibusapiicis  deserti  Tunetani  prope  Cafsa  (Desf.)  ;  in  colle  calcareo 
Djebel  Keroua  prope  Gabes  infrequens  (Kralik  pi.  Tun.  exsicc.  n.  /i06). 

Cette  belle  plante,  qui  n'était  connue  que  par  des  échantillons  dépourvus 
de  fleurs  et  de  fruits ,  recueillis  par  Desfontaines,  doit  être  placée  à  côté  de 
\'E.  ylaucophyllon,  dont  elle  est  très  voisine  par  la  forme  et  la  consistance 
desfeuiliesetparla  plupart  des  caractères;  elle  en  e.st  néanmoins  très  distincte 
par  la  souche,  divisée  au  sommet  en  plusieurs  ramifications  ligneuses  mu- 
nies supérieurement  des  hases  persistantes  des  pétioles  des  feuilles  détruites, 
par  les  tiges  plus  robustes  dressées,  et  non  pas  étalées-diffuses,  par  les  brac- 
tées de  l'involucre  ovales  ou  suborbiculaires  très  amples  coriaces,  et  non  pas 
membraneuses  assez  petites,  par  les  tleurs  deux  fois  plus  grandes,  par  le 
calice  à  sépales  plus  brièvement  acuminés,  velus-pubescents,  et  non  pas 
pubescents  à  pubescence  apprimée  ,  par  les  carpelles  deux  fois  plus  grands 
a  bec  plus  long.  —  Dans  V E.  arborescem,  les  sépales,  oblongs  et  brus- 
quement acuminés  en  une  pointe  très  courte,  sont  dépourvus  de  poils  glan- 
duleux et  fortement  nervés.  les  extérieurs  à  5-7  nervures;  les  pétales 
pres([ue  égaux,  obovales  ou  obovales-suboibiculaires,  environ  de  moitié 
plus  longs  (jue  le  calice,  de  couleur  rose-lilas  et  largement  tachés  à  la  base 
de  violet  foncé,  sont  brusquement  contractés  en  un  onglet  très  court,  gla- 
bre ou  brièvement  cilié;  les  filets  des  étamines  fertiles  sont  glabres,  ovales- 
lancéolés  inférieurement  et  dépourvus  de  dents;  les  filets  des  étamines 
stériles,  égalant  environ  la  longueur  de  l'élargissement  des  étamines  fertiles, 
sont  ovales-lancéolés  ciliés  ;  le  bec  du  fruit  égale  enviro  i  un  décimètre  de 
longueur  ;  les  carpelles  hispides  ne  présentent,  de  même  que  dans  \'E.  glau- 
cophyllon,  ni  fossettes,  ni  plis  distincts ,  leurs  prolongements  sont,  dans 
leurs  deux  tiers  supérieurs,  comme  chez  cette  dernière  espèce,  très  longue- 
ment plumeux  à  poils  soyeux. 

ZvGOPHVLLDM  ALBUM  L.  Ik'C.  1,  t.  8,  et  PL  rùv.  Ups.  II,  t.  6,  et  Sp.  551  ; 
Desf.!  Atl.  I,  338;  Delile  /Eg.;  DC.   PL  grass,  t.  154;  Coss.  in  Bull, 


62  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Soc.  bot.  Il,  304.  —  Z.  proliferum  Forsk.  FI.  jEg.-Arab.  descr.  87, 
ic.  t.  12  a. 

In  iucultis  ruderatis  et  pasciiis  salsuginosis  ciica  Gabcs  et  in  insula 
Djerba  tVequens  (Kialik  pi.  ïiin.  exsicc.  n.  160);  in  arenis  deserti  Tu- 
netani  et  ad  maris  littora  (Dcsf.  ioc.  cit.,  d'Kscayrac).  —  In  insula  Cypro 
(Gaudi-y).  In'^gypto  inferiore  (Delile,  Martins,  C.  de  Fontenay,  Kralik)  ; 
in  desertis  TEgypti  superioris  (Olivier,  Delile,  Sieber,  Auclier-Eloy,  pi.  ex- 
sicc. n.  791);  et  in  Arabia  petrœa  (Botta,  Bové  pi.  exsicc.  n.  169). 

Nous  avons  déjà  constaté  ailleurs  que  le  Z.  album  est  bien  distinct  de 
l'espèce  Aq  Zygophyllwn  [Z.  Cornutum  Coss.)  la  plus  répandue  dans  le  sud 
de  l'Algérie,  et  de  la  plante  des  Canaries  [Z.  Webbianum  Coss.)  que  De 
Candolle  {Prodr.  I,  706)  avait  à  tort  réunie  avec  lui. 

Haplophvllum  BuxBALMii  Adr.  de  Juss.  in  Mém.  Mus.  XII,  U()U',  Jaub.  et 
Spach  Conspect.  Haplophyll.  in  Ann.  se.  nat.  sér.  3,  XI,  185.  —  liiUa 
Buxbnumii  Poir.  Encycl.  méthod.  VI,  336;  DC.  Prodr.  I,  711.  —  R. 
Unifolia  Sibtli.  et  Sm.  Prodr.  fl.  Grœc.  273  ;  Desf.  !  AU.  I,  336  excl. 
syn.  (non  I..).  —R.  spathulata  Sibth.  et  Sm.  Fl.  Grœc.  ÏV,  63,  t.  370. 

In  agro  Tunetano  (Desf.),  in  arvis  post  niessem  prope  Zaghouan 
(Kralik  pi.  Tun.  exsicc.  n.  162).  —  In  insulis  Archipelagi,  Creta  (Sieber), 
Cypro  (Sibthorp)  et  Rhodo  (Olivier  et  Bruguière).  In  Asia  minore  diffusa 
(Olivier  et  Bruguière,  Labiliardière,  Coquebert  de  Montbret,  Sieber,  Aucher- 
Éloy,  Balansa  pi.  Or.  exsicc.  n.  357  et  695). 

Haplophvllum  tubebculatdm  Adr.  de  Juss.  in  Mém.  Mus.  XII,  t.  17, 
n.  10  ;  Jaub.  et  Spacb  lllustr.  pi.  Or.  t.  269.  —  Ruta  tubcrculnfa  Forsk. 
FL  .Eg.-Arab.  descr.  86;  Delile. %.  illustr.  ;  DC.  Prodr.  I,  711. 

In  argilloso-arcnosis,  glareosis  et  alluviis  deserti  Tunetani  prope  Gabes 
(Kralik)  et  in  pascuis  ditionis  Béni  Zid  ad  pedem  mowix?,  Dj ebel  Aziza  haud 
procul  a  Gabes  (Kralik  pi.  Tun.  exsicc,  n.  163  a). —  In  Sabara  Algerieusi  in 
ditione  liiskra!  (Jamin,  Balansa,  pi.  Alger,  exsicc.  u.  910)  et  in  ditione 
Béni  Mzab  prope  Guerrara  (Beboud). — lu  ^-Egypto  média  et  superiorenempe 
aCabira  (Delile)  usque  in  i\ubiam(Kotscby,  Ivralik).  In  Arabia  (Scbimper, 
Bové,  Botta).  In  reguo  Mascatensi  (Aucher-ïlloy). 

TetradiglisEversmanni  A.  Bunge  inZmnceaXIV,  178;  Ledcb.  Fl.  Ross,  I, 
493. 

In  arenoso-argillosis  salsuginosis  ad  mare  prope  Sfax  (Espina,  Kralik). 
—  In  saisis  deserti  Caspii  ad  iluvios  Uscen  prope  Arsargar  (Eversmann  et 
Claussec.  Bunge). 

Le  T.  Euersmanni,  que  son  auteur  lui-même,  M.  Bunge,  ue  propose  comme 


SKANCE    DU    30   JANVIKR    1857.  C3 

espèce  qu'avec  doute,  ne  diflere  du  T.  salsn  Stcv.  que  par  les  fleurs  plus 
grandes,  plus  rapprochées,  plus  brièvement  pédicellées  el  par  les  capsules 
plus  grosses,  et  n'en  est  peut-être  riuunc  l'orme  plus  robuste  ;  cette  manière 
de  voir  nous  semblerait  d'autant  plus  admissible  que  l'excellente  figure  et 
les  détails  analytiques  donnés  par  M.  Fenzl  (in  Linntea  XV,  t.  2)  sous  le 
uom  de  T.  salsa,  représentent  une  plante  presque  identique  aux  échantil- 
lons recueillis  à  Sfax  et  dont  le  port  et  les  caractères  se  rapprochent  beau- 
coup de  ceux  donnés  comme  distinctifs  du  T.  Eversmanni.  —  Le  T.  salsa 
(Steven  ap.  M.  Bieb.  FI.  Taur.-Cauc.  III,  6^8,  absque  nomine  spccifico 
[1819];  A.  Bungc  in  Linnœa  XIX,  161,  t.  1  [l8/i0];  Fenzl  in  Linnœa  XV, 
289-297,  t.  2  [18^1];  C.  A.  Meyer /nrf.  Cauc.  226;  Ledeb.  FI.  Ross.  I, 
692.  —  Anatropa  tenella  Ehrenb.  in  Linnœa  IV,  /i03  [1829])  n'a  encore 
été  observé  qu'en  Egypte,  près  d'Alexandrie  (Kotschy),  en  Mésopotamie 
(Chesney,  Noé),  dans  les  steppes  de  la  Russie  méridionale,  vers  la  mer 
Caspienne  (Steven,  C.  A.  Meyer),  dans  les  déserts  de  la  Songarie  (Karel.  et 
Kiril.  sec.  Ledeb.). 

Rhus  oxYACANTHoiDEs  Dum.  Cours.  Bot.  cuit.  éd.  1,  III,  568  (1802).  — 
R.  dioica  Brouss.  ap.  Willd.  Enum.  hort.  Berol.  325  (1809);  I)C. 
Pro(/r.  II,  70 (excl.  syn.  B.oxyacantha  Cav.  ad  R.  oxyacanthamSchousb. 
[R.  cratœgiforme  Pers.]  pertinente);  Guss  !  Syn.  fl.  Sic.  I,  362.  —  R. 
lobata  Poir.  EncycL  méth.  suppl.  V,  26/4.  (1817)  (e  descriptione  et  spe- 
cimine  Broussonetiano  in  herb.  Desf.  in  herb.  Webb).  —  H.  Zizyphina 
Tineo!  Piuj.  pi.  rar.  Sic.  8. 

In  duraetis  deserti  Tunetani  prope  Gabes,  ncc  non  in  insula  Djerba  ubi  ab 
incolis iSciccow/i  nuncupatur  (Kralik'pl.  Tun.  exsicc.  n.  203). —  In  rupestri- 
bus  et  torrentium  alveis  Sabarœ  Algeriensis  occidentalisl,  mediœ  !  et  orien- 
talis!  nobis  pluribus  locis  obvia  (Balansa  pi.  Alger,  exsicc.  n.  1037). — 
In  insula  Teneriffa  (Broussonet  in  herb.  Desf.  in  herb.  Webb).  In  regno  Ma- 
roccano  adiyo^arfo?'(Broussonet).  In  Siciliœ  collibus  aridis  calcareis  (Guss., 
Tineo,  K.  et  A.  Huetdu  Pavillon).  Alontis  Libani  ad  radiées  (Micbou). 

[La  suite  à  la  prochaine  séance.  ) 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


PHYSIOLOGIE  VEGETALE. 

Die  lIilcliKafts;cfaessc  «ter  Cavicn  W*nt»n}/a  ,  ilcren 
Eutstcliuug;,  Bail  iiiid  Verlaiif  (  Las.  luticifhcs  du  Carica 
Papîiya,  leur  origine,  leur  structure  et  leur  trajet)  ;  par  M.  Herm. 
Scliaclit  [Moiiatsbericht  der  Kœniijl.  Prcuss.  Akad.  d.  Wissensch.  zu 
Jierliii-^  cahier  de  novembre  1856,  publié  en  1857,  pp.  515-53Zi,  avec 
2  plane,  in-^"  lithog.). 

Ce  mémoire  intéressant  de  M.  H.  Scliacht  a  été  envoyé  par  lui  deMadèreet 
commuuiqiié  à  l'Académie  des  sciences  de  Berlin  par  !\L  KIntzsch.  Nous 
en  traduirons  à  peu  près  inlégralement  les  conclusions  formulées  avec  soin 
par  l'auteur,  et  divisées  par  lui  en  trois  paragraphes  qui  se  rapportent: 
le  premier  aux  laticifères  du  Papayer,  le  second  aux  laticifères  en  général, 
le  troisième  à  l'anatomie  végétale  en  général. 

A.  Relativement  aux  laticifères  du  Papayer. 

1.  Les  laticifères  de  ce  végétal  se  forment  par  l'effet  de  la  fusion  de 
plusieurs  cellules  en  un  tout  uni(|ue. 

2.  A  cette  formation  prennent  part  :  1°  les  cellules  du  cambium  des- 
quelles proviennent  les  troncs  principaux  des  laticifères  qui  marchent  avec 
le  faisceau  vasculaire  ;  2°  des  cellules  particulières  des  rayons  médullaires 
qui  donnent  des  tubes  d'union  d'un  tronc  à  l'autre. 

3.  Les  troncs  consistent  en  plusieurs  tubes  qui  marchent  parallèlement  les 
uns  aux  autres,  et  qui  sont  rattachés  plusieurs  fois  latéralement  entre  eux 
par  copulation  :  au  contraire,  les  tubes  d'union  sont  simples  en  règle  géné- 
rale. Les  tubes  des  deux  sortes,  assez  larges  et  à  parois  épaisses,  forment 
de  plus  des  sinuosités  latérales  qui  pénètrent  dans  les  méats  intercellulaires 
du  parenchyme  environnant  et  s'y  pi'olongent  en  tubes  très  déliés,  à  parois 
minces  (tubes  capillaires),  qui  tantôt  se  terminent  en  cul-de-sac,  et  qui 
tantôt  se  portent  jusqu'à  un  tronc  voisin. 

4.  Les  laticifères  du  Papayer  se  forment  dans  la  tige  et  dans  la  racine, 
et  de  même  dans  la  feuille  ainsi  que  dans  le  péti  le  ,  au  côté  interne  du 
cambium;  de  là  Ils  s'éten  lent  à  In  portion  lignes ;c  d.i  f.iiscenu  vasculaire, 
et  ils  n'envoient  que  des  ramifications  latérales  à  l'écorcc.  Au  contraire  , 
dans  le  Sonchus,  ils  se  montrent  dans  la  moelle  et  l'écorce,  mais  non  dons 
le  corps  ligneux. 


REVUE    BIRLIOGRAPHIQUE.  65 

5.  Les  Liticifèies  appartk'iiueiit  au  faisceau  vasculairc,  et  dès  lors  ils 
s'étendent  avec  lui  dans  toutes  les  parties  de  la  |)lante.  La  racine  du  Pa- 
payer en  présente  moins  (|iie  la  lige;  ils  sont,  d'un  autre  côté,  très  abon- 
dants dans  le  fruit.  Au  contraire,  dans  le  Sonchus,  ils  se  trouvent  en  bien 
plus  grande  (|uantité  dans  l:i  racine  que  dans  la  tige. 

B.  liela  ivement  aux  laticifères  en  générai. 

\.  Tous  les  laticifères  appartiennent  au  faisceau  vasculaire  (  Carz'ca  , 
Sonc/mx,  Lactuca,  Gninp/iocarpus^  Vlnca,  lîoijay  Euphorhia^  Ficus,  Cheli- 
doniiim).  Leurs  grands  troncs  ne  le  (luittenl  jamais,  et  ils  l'accompagnent 
dans  toutes  les  parties  des  plantes. 

2.  On  doit  distinguer  deux  forn^es  de  laticifères  :  1°  ceux  qui  suivent 
le  faisceau  vasculaire  sous  la  forme  de  tubes  sifrples  ou  rameux,  mais  qui 
ue  s'unissent  pas  en  système  continu  ni  entre  eux  ni  avec  ceux  du  faisceau 
adjacent  {Gomphocarpus,  Uoija^  Vinca,  Eup/torùia,  Ficus,  C helidonium) -^ 
2°  ceux  qui  se  réunissent  en  système  continu,  soit  avec  les  tubes  analogues 
adjacents,  soit  au  moyen  de  tubes  d'union  avec  ceux  des  faisceaux  vascu- 
laires  voisins  {Cavica,  Sonchus). 

3.  Les  laticifères  se  montrent  tant  dans  la  moelle  que  dans  l'écorce 
et,  seulement  dans  des  cas  i-ares  {Carica),  dans  cette  portion  du  faisceau 
vasculaire  qui  renferme  les  vaisseaux  et  qui,  dès  lors,  doit  en  être  regardée 
comme  la  portion  ligneuse.  Or  comme  les  laticifères,  de  même  que  les 
cellules  du  libei-,  proviennent  directement  ou  indirectement  des  cellules  du 
cambium,  que  les  deux  résultent  toujours,  à  ce  qu'il  paraît,  de  la  fusion  de 
plusieurs  cellules  en  un  seul  tout ,  que  les  uns  et  les  autres  occupent  la 
nième  situation  dans  la  plante  ;  comme,  en  outre,  dans  le  Vinca,  on  ne 
peut  distinguer  les  cellules  libériennes  des  laticifères,  ceux-ci  provenant 
de  celles  là,  que  l'on  connaît  d'ailleurs  des  cellules  de  liber  rameuses  et 
lignifiées  sans  latex  (dans  l'écorce  du  Gomphocarpus,  dans  la  moelle  et 
l'écorce  du  Rhizophora  Mangle,  dans  l'écorce  de  VAbies  pectinata)  ,  par 
tous  ces  motifs  M.  Schaebt  croit  être  suffisamment  fondé  à  regarder  les 
laticifères  comme  des  cellules  de  liber  contenant  du  latex.  Il  est  à  peine 
besoin  de  dire,  ajoute-t-il,  que  les  laticifères  n'ont  aucune  analogie  avec 
les  vaisseaux  des  plantes  dans  leur  mode  de  formation,  ni  dans  leur  struc- 
ture, ni  dans  leurs  fonctions.  Enfin,  comme  on  voit  dans  une  même  plante 
des  cellules  libériennes  lignifiées,  sans  suc  laiteux  ,  à  côté  de  véritables 
laticifères  {Carica,  Gomphocarpus),  il  rappelle  qu'on  voit  fréquemment 
de  même  côte  h  côte  les  cellules  du  bois  et  le  parenchyme  ligneux. 

U.  Comme  les  laticifères  ne  se  trouvent  que  dans  un  nombre  de  plantes 
proportionnellement  peu  considérable,  on  ne  peut  les  regarder  comme  un 
élément  essentiel  du  faisceau  vasculaire;  car,  si  cela  était,  Ils  existeraient 
toujours.  De  plus,  comme  il  est  rare  qu'ils  soient  rattachés  entre  eux  en 
système  continu  ,  mais  que  le  plus  souvent  ils  forment  de  longs  tnbes  pliig 
T.  \y.  5 


66  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE   FRANCE. 

OU  moins  ranieux,  fermés  aux  extrémités,  on  ue  peut  les  compaier  au  sys- 
tème veineux  des  animaux;  d'autant  qu'on  ne  constate  un  mouvement  du 
latex  dans  ces  tubes  que  lorsque  la  pression  ou  l'introduction  de  l'eau  y 
déterminent  un  courant.  Quelle  est  donc  leur  importance  dans  l'économie 
végétale?  c'est  ce  qu'on  ne  peut  préciser  aujourd'hui.  On  sait,  au  reste,  que 
nous  ne  sommes  pas  plus  fixés  sur  les  fonctions  des  cellules,  soit  lij^neuses, 
soit  libériennes. 

C.  Relativement  à  l'anatomie  végétale  en  général. 

1.  Les  laticifères  résultent  de  la  fusion  en  un  tout  unique  de  plusieurs 
cellules  qu'on  ne  peut  dissocier  ensuite  par  aucun  moven  ni  chimique  ni 
mécanique. 

2.  Les  longues  cellules  du  liber  doivent  également  leur  origine  à  une 
fusion  semblable  de  plusieurs  cellules  en  un  tout  qu'on  ne  peut  non  plus 
décomposer  ensuite  en  ses  éléments  constitutifs.  Cette  fusion  a  lieu  de  très 
bonne  beuie,  et  c'est  uniquement  après  qu'elle  s'est  opérée  que  les  parois 
commencent  à  gagner  en  épaisseur.  Par  l'effet  d'un  allongement  indépen- 
dant, les  jeunes  cellules  libériennes  s'insinuent  les  unes  entre  les  autres  par 
leurs  extrémités  pointues. 

3.  Les  vaisseaux  des  plantes  consistent,  tant  qu'ils  renferment  des  sucs, 
en  files  longitudinales  de  cellules  ;  plus  tard  leurs  cloisons  transversales 
disparaissent  en  même  temps  que  le  Sruc,  de  telle  sorte  qu  alors  seulement 
le  vaisseau  passe  à  l'étal  de  tube  dont  les  cellules  élémentaires  ne  sont  jamais 
fondues  les  unes  avec  les  autres,  mais  dans  lequel  ou  peut  reconnaître 
celles-ci  en  tout  temps  et  les  dissocier  même  en  se  servant  des  moyens  con- 
venables pour  produire  cet  effet. 

Le  mémoire  de  M.  Schaclit  se  termine  par  l'explication  détaillée  des 
15  figures  comprises  dans  ses  deux  planches,  parmi  lesquelles  10  se  rap- 
portent au  Papayer,  3  à  un  Sonchus  dont  l'auteur  n'a  pu  déterminer 
l'espèce,  faute  de  livres,  et  dont  2  sont  fournies  par  le  Gomphocarpus 
fruticosus. 

Das  System  dcr  llilclisaftsaeusc  iii  Atisênn   Ptantago 

{Le  système  des  canaux  laticifères  dans  iAlisma  Plantago)-^  par  INI.  F. 
Unger  [Sitzungsberichte  der  Kaiser l.  Akad.  der  Wissenscli.  In-8°.  Vienne, 
1856,  cah.  d'octobre  publié  le  h  décembre,  p.  269). 

Ce  travail  devant  être  imprimé  en  entier  dans  la  collection  des  Mémoires 
de  l'Académie  des  sciences  de  Vienne,  les  comptes  rendus  mensuels  n'en 
renferment  qu'un  très  court  extrait,  auquel  nous  emprunterons  l'énoncé 
du  résultat  dernier  obtenu  par  M.  Unger.  Cet  habile  observateur  a  reconnu 
que  le  latex  de  VAlisma  Plantayo  n'est  pas  renfermé  dans  des  vaisseaux, 
mais  dans  des  canaux  intercellulaires  qui  forment  un  système  continu, 


REVllR    TÎIlUJOr.RAPniQrF..  ()7 

étendu  du  rhizome  jiis(|n"au  ciilice  de  In  plante.  Dans  les  feuilles,  on  ne 
trouve  pas  un,  mais  deux  rt'scau.x,  (|ui  ne  se  recouvrent  pas  entièrement 
et  qui  se  trouvent  exaetcnicnt  sous  lépiderme.  Il  n'y  a  pas  de  mouve- 
ment du  latex  dans  la  plante  intacte. 

ifiiii*  l»i'iiiioiMllrtI.*»clilaueI»ii*agc  [Sur  l'utricule  primordiale)  \  par 
M.  Dippel.  [Flora,  u"'  17  et  18,  7  et  ik  mai  1856,  pp.  257-268,  273-281, 
pi.  IV.) 

Dans  ee  mémoire,  M.  Uippel  examine  l'utricule  piimordialc  successive- 
ment aux  points  de  vue  de  sa  manière  d'être,  de  son  étude  opticjue  et  chimi- 
que ,  de  la  manière  dont  elle  se  forme  et  du  rôle  qu'elle  joue  dans  la  for- 
mation des  cellules.  11  déduit  ensuite  de  l'euscmble  de  ses  observations  les 
conclusions  suivantes  : 

1.  La  manière  dont  l'utricule  primordiale  se  comporte  avec  les  réac- 
tifs endosmiques  n'est  nullement  propre  à  fournir  une  base  solide  pour  as- 
seoir la  solution  des  questions  qui  la  concernent.  Cette  solution  doit  plutôt 
être  basée  sur  les  faits  que  i'ournit  l'étude  chimique  de  cette  utricule  et  sur 
la  part  qu'elle  prend  à  la  formation  des  cellules. 

2.  La  manière  dont  l'utricule  primordiale  se  comporte  avec  l'iodure  de 
potassium,  avec  le  chlorure  de  zinc  iodé,  avec  l'iode  et  l'acide  sulfurique, 
avec  le  sucre  et  l'acide  sulfurique  démontre,  sans  laisser  le  moindre  doute 
à  cet  égard  ,  qu'elle  est  formée  d'une  matière  azotée  et  que  sa  substance  ne 
subit  pas  de  transformation  en  cellulose. 

3.  Lorsque  les  cellules  se  produisent  librement ,  l'utricule  primordiale 
prend  naissance  avant  l'enveloppe  de  cellulose,  autour  d'une  portion  indi- 
vidualisée du  contenu  de  la  cellule-mère,  sous  la  forme  d'une  membrane 
extrêmement  mince. 

h.  Lorsque  les  cellules  se  forment  par  division,  le  commencement  de  la 
formation  nouvelle  consiste  dans  un  plissement  de  l'utricule  primordiale. 
Au  contraire,  la  sécrétion  de  l'enveloppe  cellulosienne  doit  être  considérée 
comme  un  phénomène  consécutif.  *^ 

5.  Ni  lorsque  les  cellules  sont  produites  librement,  ni  l()rs(|u'elles  nais- 
sent par  division,  leur  enveloppe  cellulosienne  ne  provient  d'une  transforma- 
tion du  revêtement  azoté;  mais  elle  est  excrétée  sur  la  face  externe  de  ce 
dernier,  et  très  probablement  par  suite  de  l'action  qu'il  exerce  sur  le  con- 
tenu organisable  de  la  cellule-mère. 

6.  D'après  cela,  l'utricule  primordiale  doit  être  considérée  comme  le  l'e- 
vêtement  primaire  azoté  de  la  cellule  végétale  et  comme  une  membrane 
indépendante  qui  porte  à  très  juste  titre  la  dénomination  que  M.  Hugo  von 
Mohl  a  cru  devoir  lui  assigner. 


68  SOCIÉTÉ    BOTAMQUE    DE   FRANCE. 

IVotc  sur  la  composition  imincdiate  de  l'ëpideriMC  et  de 
la   cuticule  épideruii«iue    «les  végrétaux;   par    M.   Payeo. 

{Annal,  des  se.  natur.,  Zi^soiie,  V,  1856,  pp.  1()0-162.) 

Dans  des  travaux  aiitcMieurs,  M.  Payeii  avait  indiqué  la  présence  cons- 
tante et  les  proportions  notables  de  matière  azotée  et  de  silice  dans  l'épi- 
derme  etdans  la  cuticule  épidermique  de  toutes  les  parties  superficielles  des 
plantes  en  ^'énéral.  En  poursuivant  ses  recherches,  il  a  reconnu  maintenant 
que  toujours  la  cuticule,  ainsi  que  les  cellules  épidermiques,  caractérisées 
parla  coloration  jaune  et  la  résistance  à  l'action  combinée  de  l'iode  et  de 
l'acide  sulfurique,  renferment,  à  l'état  normal,  outre  la  cellulose,  la  silice 
et  la  matière  azotée,  des  sels  calcaires  et  alcalins,  plus  une  matière  grasse 
qui  augmente  la  résistance  de  ces  parties  téguinentaires  à  l'action  des  agents 
extérieurs.  M.  Payen  a  retrouvé  les  mêmes  caractères  dans  la  cellulose 
superficielle  de  toutes  les  parties  externes  des  plantes,  dans  la  pellicule 
externe  des  gousses  du  Colutea  arborescens  et  de  plusieurs  autres  fruits, 
dans  la  cuticule  des  poils  et  des  glandes  ,  dans  les  membranes  externes  des 
cellules  que  l'enlèvement  de  la  cuticule  ou  de  l'épiderme  avait  exposées  à 
l'air,  dans  celle  des  excroissances  coniques  dont  un  insecte  détermine  sou- 
vent la  formation  à  la  surface  des  feuilles  du  Tilleul,  ainsi  que  sur  les  poils 
implantés  a  l'extérieur  de  ces  excioissances. 

En  analysant  la  cuticule  épidermique  d'une  tige  de  Cactus  peruvianus 
et  l'épiderme  de  la  Pomme  de  terre  nommée  Patraque  jaune,  le  même  chi- 
miste y  a  reconnu  la  composition  suivante  pour  100  parties  à  l'état  sec  : 

Azotvi  ou  Mat.  azjlée.     Mat.  grasse.     Silice.  Sels. 

Épiderme  de  la  l^mme  de  terre .       1,39  9,035  3,/i0      1,135      10,60 

Cuticule  du  Cactus  .......       2,01         13  9,09       2,66  6,67 

La  cellulose  se  trouve  dans  la  proportion  de  68,  58  dans  la  cuticule  du 
Cactus,  de  76,03  dans  l'épiderme  de  la  Pomme  de  terre. 

M.  Payen  indique  ensuite  dans  sa  note  les  moyens  à  employer  pour  déter- 
miner la  matière  azotée,  la  silice  et  les  sels,  ainsi  que  la  matière  grasse  qui 
existent  dans  la  cuticule  ou  dans  l'épiderme. 

De  la  ^erniinatiou  des  Oplii'ydées  et  de  la  nature  de 
leurs  tubercules;  par  M.  J.  H.  Fabre  (Anna/,  des  scienc.  natw., 
Botan.,  /l'sér.,  V,  1856,  pp.  163-186,  plauc.  11  non  publiée  encore.) 

Le  mémoire  de  M.  Fabre  est  divisé  en  trois  paragraphes  relatifs  :  le  pre- 
mier à  la  germination  des  Ophrydées,  étudiée  sur  VOphrys  apifera,  le  se- 
cond au  développement  du  tubercule  de  ces  plantes,  nommé  terminal  par 
l'auteiir,  le  troisième  à  la  nature  de  leurs  tubercules  palmés.  Pour  donner 
un  résumé  succinct  de  ce  travail  intéressant,  nous  croyons  ne  pouvoir  mieux 
fnirç  que  d'en  reproduire  les  conclusions, 


HKVUK    HIHLIOGRAPHIQUE.  69 

1.  \a\  ti<,'('ll('  (le  l'embryon  maci-opode  de  VOpliri/a  npifera  forme  le  pre- 
Mîier  tiil)ereiile  de  cette  plante. 

2.  La  jeune  plante  est  dépourvue  de  radicule,  et  se  compose  à  son  début 
du  tubercule  ti^'ellaire  surmonté  d'une  gemme,  rappelant  ainsi,  de  la  ma- 
nière la  plus  exacte,  les  tubercules  qui  doivent  s'organiser  plus  tard  aux 
dépens,  soit  de  la  gemme  terminale,  soit  des  bourgeons  axillaires. 

3.  Le  tubercule  tigellaire  produit,  tôt  ou  tard,  une  racine  adventive  qui 
n'a  rien  de  particulier. 

h.  La  gemme  terminale  s'organise  en  tubercule,  c'est-à-dire  que  la  por- 
tion terminale  de  l'axe  se  conglobe  en  noyau,  et  s'ouvre  une  issue  violente 
au  dehors  en  entraiiiant  la  gemme. 

5.  Le  noyau  tuberculaire  est  suspendu  à  l'extrémité  d'un  long  pédicelle 
formé  d'un  côté  par  l'axe  de  la  plante,  et  de  l'autre  par  les  premières  feuilles 
de  la  gemme,  soudées  avec  cet  axe.  F.e  but  du  pédicelle  est  d'amener  la 
gemme  tubéreuse  à  une  profondeur  suffisante  pour  y  passer  l'hiver  en  sé- 
curité. 

6.  Le  tubercule  ainsi  formé  est  nommé  terminal  par  l'auteur.  Il  a  la 
même  structure  anafomi(iue  ([ue  le  tubercule  tigellaire. 

7.  Il  ne  reproduit  pas  la  plante,  il  la  continue. 

8.  La  pousse,  issue  l'année  suivante  de  ce  tubercule,  produit  à  sa  base  un 
renflement  tubéreux,  rappelant  à  s'y  méprendre  le  tubercule  tigellaire. 
M.  Fabre  nomme  ce  \-ennvmeu\  tubercule  basilai7'e.  Lasommité  de  la  pousse 
produit  en  même  temps  un  tubercule  terminal,  en  tout  pareil  au  premier. 

9.  Du  tubercule  basilaire  s'échappent  deux  racines  adventives,  dont 
l'une  placée  à  sa  hase  est  napiforme,  et  offre  les  plus  grands  rapports  de 
structure  et  de  fonctions  avec  une  racine  pareille  que  M.  Fabre  a  fait  con- 
naître dans  le  Snfian. 

10.  Après  un  nombre  indéterminé  d'évolutions  annuelles  pareilles,  l'axe 
issu  de  la  graine  se  termine  en  tige  ordinaire,  stérile  et  sans  tubercule  ter- 
minal. Les  bourgeons  axillaires  sont  alors  chargés  de  reproduire  la  plante, 
de  la  multiplier,  et  d'amener  enfin  la  forme  florale  après  plusieurs  généra- 
tions par  gemmes.  : 

11.  Si  l'on  suppose  que  cet  axe  primitif  produise  en  une  saison  tous  les 
tubercules  qu'il  produit  à  sa  base  et  à  son  sommet  par  périodes  annuelles, 
on  aura  la  structure  d'un  chaume  d'Avena  bulbosa,  dont  les  entre-nœuds  in- 
férieurs forment  un  chapelet  de  tubercules. 

12.  Ce  mode  d'évolution  parait  être  général  dans  les  Ophrydées.  L'au- 
teur dit  l'avoir  constaté  en  tout  ou  en  partie  sur  toutes  les  Ophrydées  qu'il 
a  pu  observer  assez  jeunes. 

13.  Les  tubercules  ovoïdes  des  Ophrydées,  soit  axillaires,  soit  terminaux, 
résultent  également  d'un  noyau  évulsé  de  la  partie  centrale  et  terminale 
d'un  axe.  La  couche  qui  revêt  ce  noyau  est  ta  partie  de  l'axe  éliminée  do 


70  SOCihTK    UOTAMyUli    UE    FHANCE. 

celle  formation  :  c'estelle  qui,  sous  la  pressiou  du  noyau,  se  rompt  et  foi  nie  la 
gaint"  ([u'on  trouve  à  la  base  du  pédieelle.  ^r.  Fnb;e  dit  cjuil  avait  d'abord 
rapporté  par  erreur  cette  gaine  à  la  première  feuille  de  la  gemme. 

\U,  Ce  noyau,  ce  tubercule  ne  peut,  à  cause  de  son  origine,  avoir  rien 
de  commun  avec  des  racines;  il  ne  peut  n  )n  plus,  à  cause  du  mécanisme 
dosa  formation,  être  contenu  dans  un  sac,  un  éperon,  formé  par  les  bases 
dilatées  de  ses  premières  feuilles. 

15.  Le  pédieelle  qui  le  supporte  est  formé  d'un  côté  par  l'axe  même  dont 
le  tubercule  est  l'extrémité,  et  du  côté  opposé  par  les  premières  feuilles  de 
la  gemme  campilotrope  soudées  avec  l'axe  par  une  de  Icui's  faces. 

16.  Les  tubercules  palmés,  aj'ant  la  même  origine  et  le  même  méca- 
nisme de  formation  que  les  tubercules  ovoïdes,  reconnaissent  la  même 
nature  que  ces  derniers. 

17.  Leurs  prolongements  radiciformes  sont,  ou  de  simples  partitions 
résultant  de  l'élongation  des  colonnes  vasculaires  plus  rapide  que  la  forma- 
tion du  tissu  féculent;  ou  bien  encore  des  racines  advenlives  analogues  à  la 
racine  napiformc,  observée  par  l'auteur  dans  YOpJirys  apifera  et  dans  le 
Safran. 

18.  Leur  structure  anatomique  n'étant  pas  celle  des  racines,  la  première 
de  ces  deux  opinions  est  regardée  par  M.  Fabre  comme  la  plus  probable. 

Uclici*  «lie  relative  lTn<^e1iaefllielikeit  vou  ]Se.«!teliae«lis;iin- 
^eii  des  S(a(iaisi!t>  und  des*  Illaetter  mit  N«ilt.*itauzvei'lust 
aiifdiel^iitM'ieS^ltBiiS'derltlaetteriiiid  <lei*;a;anKeiiPflaii- 
zc,  ciiid  «iâe  l'a'odiietiou  von  ^Visexelat  aia  iiuj£-e^voehii- 
lielte»  NtelleiB.  [Sur  l'innocuité  relative  des  blessures  faites  à  la  tige 
et  aux  feuilles  avec  perte  de  substance  relativement  à  l'accroissement  des 
feuilles  et  de  la  plante  entière,  et  sur  la  production  de  racines  à  des  pla- 
ces inaccoutumées)  ;  par  M.  le  D""  G.  Jaeger.  {Flora,  n°  5,  7  février  1856, 
pp.  65-72.) 

Les  premières  observations  de  M.  .laeger  ont  été  faites  en  1853  sur  des 
feuilles  de  Tigridia  pavonia  et  de  Canna  indica  qui  avaient  été  percées  et 
rongées  en  partie  par  des  limaces  et  qui  n'en  sont  pas  moins  arrivées  à  leur 
développement  complet.  Il  les  a  étendues  ensuite  aux  feuilles  de  diverses 
plantes,  tant  monocotylédones  que  dicotylédones,  dont  ceiiaines  ont  été 
blessées  à  dessein,  et  suivies  ensuite  dans  leur  accroissement.  L'auteur 
rapporte  aussi  plusieurs  faits  relatifs  a  des  tiges  blessées  de  manière  plus 
ou  moins  grave,  et  sur  lesquelles  des  racines  s'étaient  développées  en  des 
endroits  où  leur  présence  est  entièrement  inusitée;  il  déduit  ensuite  de  ces 
faits,  parmi  lesquels,  ainsi  qu'il  le  fait  observer,  la  plupart  étaient  déjà 
connus,  les  conséquences  suivantes  : 


REVUE    UUJLlOCiltAl'llIUUE.  7i 

1°  Les  plantfs  qui  ont  subi,  de  manière  quelconque,  une  perte  de  sub- 
stance dans  quoI(jues-iins  de  leurs  organes  ont  la  faculté  de  rendre  ces  bles- 
sures sans  conséquence  nuisible  pour  la  vie  de  ces  organes  ou  pour  celle  du 
végétal  entier,  et  cela  par  l'effet  de  la  cicatrisation  ({u'elles  opèrent;  mais 
elles  ne  peuvent  réparer  ces  pertes  aux  points  où  elles  ont  eu  lieu.  La  perte  de 
substance  qu'ont  subie  certains  organes,  notamment  les  feuilles  et  les  bran- 
ches de  la  tige  ou  de  la  racine  est,  d'un  autre  côté,  remplacée  par  une  nou- 
velle production  qui  a  lieu  à  une  autre  place.  C'est  grâce  à  cette  faculté  que 
les  végétaux  remplissent  le  rôle  qui  leur  a  été  assigné  par  la  nature  et  qui 
consiste  à  nourrir  les  animaux,  comnu!  on  le  voit  surtout  pour  les  Saules  et 
pour  les  prairies,  soit  naturelles,  soit  artiiicielles,  lorsqu'on  taille  les  pre- 
miers et  qu'on  fauche  les  dernières. 

2"  Les  plantes  possèdent  en  outre,  dans  certaines  limites,  la  faculté  de 
conserver  la  vie  de  l'individu,  lorsqu'elle  est  en  danger,  par  l'effet  de  la  mé- 
tamorphose des  organes  ou  des  fonctions  ou  par  un  développement  de  ra- 
cines. Comme,  en  pince  de  la  propagation  par  graines,  la  multiplication  des 
Individus  a  lieu  naturellement  ou  aitiliciellement  par  développement  de 
bourgeons,  d'oignons  ou  de  tubercules,  la  conservation  de  l'espèce  et  l'aug- 
mentation de  nombre  des  individus  des  différentes  plantes  dans  une  forte 
proportion,  sont  assurées,  et  par  là  encore  se  trouve  atteinte  la  destination 
du  règne  végétal  pour  l'alimentation  des  animaux,  ainsi  que  l'exigeait  l'é- 
conomie de  la  nature. 

Mémoire  .««■■•  que1<|nes  p4»iiif s  de  la  pliysiologie  des  Al- 
g:ues,  par  M^L  Alph.  Derbès  et  Antoine-Joseph-Jean  Soliei'.  {Supplé- 
ment aux  Comptes  rendus  hebdomadaires  de  l' Académie  des  sciences.  I, 
1856;  pp.  1-120,  pi.  1-23.) 

Le  mémoire  de  MM.  Derbès  et  Solier  a  obtenu,  en  1850,  le  second  prix 
dans  le  concours  ouvert  en  1847,  à  l'Académie  des  sciences,  pour  le  grand 
prix  des  sciences  naturelles.  La  question  proposée  était  «  l'étude  des  mou- 
vements des  corps  reproducteurs  ou  spores  des  Algues  zoosporées  et  des 
corps  renfermés  dans  les  anthéridies  des  Cryptogames,  telles  que  lesCharas, 
Mousses,  Hépaticjues  et  Fucacées.  »  La  date  a  laquelle  il  remonte,  maloré 
sa  publication  toute  récente,  lui  ôte  malheureusement  quelque  peu  de  son 
intérêt,  attendu  que  plusieurs  des  points  qui  y  sont  traités  ont  reçu  dans 
ces  derniers  temps,  tant  en  France  qu'en  Allemagne,  des  solutions  beau- 
coup plus  précises  et  plus  complètes.  Mais  c'est  là  un  inconvénient  inévi- 
tableauquel  sont  exposés  les  mémoires  publiés  dans  les  grands  recueils  aca- 
démiques, à  cause  du  long  espace  de  temps  qui  s'écoule  entre  le  moment  où 
ils  ont  été  rédigés  et  celui  où  ils  ont  pu  être  livrés  à  la  publicité. 

MM.  Derbès  et  Solier  proposent  d'abord  pour  la  classe  des  Algues  une 


72  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

nouvelle  classification  dont  voici   le  tableau,  à  laquelle  ils  rattachent  les 
genres  qu'ils  ont  examinés  dans  leur  mémoire. 

I.  Spores  mouvantes    (zoospoies).   Anlhéridies   nulles  ou  inconnues  jus- 

qu'à ce  jour. 

A.  Zoospores  naissant  dans  toutes  les  cellules  de  la  fronde  ou  dans  des 

cellules  particuliei'es-,  mais  se  développant  simultanément  avec  les 

autres,  semblables  à  celles-ci,  ou  plus  larement  en  différant  par  la 

forme. 

P*  famille.   Nostochinées —  Genres  Nostoc,  Sphaerozyga. 

2*  famille.  —  Ulvacces  —  Tetraspora,  Ulva,  Colpomenia  Derb.  et 

Sol. 
3*  famille.  — Confervées  —  Hydrodictyon,  Hormiscia,  Tribonema 

Derb.  et  Sol.,  Tiresias,   Conferva,   Chsetopbora,    Draparnaldia, 

Bretonia. 

B.  Zoospores  naissant  dans  des  organes  particuliers  et  localisés  (cystocar- 

pes),  dont  le  développement  a  lieu  à  une  période  déterminée  de  la 
végétation. 

a.  Cystocarpes  communiquant  à  l'origine,  et  quelquefois  constam- 
ment avec  le  reste  de  la  fronde. 

4*  famille.  — Siphonées  —  Bryopsis,  Derbesia,  Codium,  Dasycla- 
dus,  Halymeda. 

b.  Cystocarpes  séparés  dès  l'origine  du  reste  de  la  fronde. 

5^  famille.   —  Ectocarpées  —  Ectocarpus,  Spbacelaria,  Giraudia 

Derb.  et  Sol. 
6*  famille.   —  Mésogloiées  —  Liebmannia,  Stylophora,  Castagnea 

Derb.  et  Sol. ,  Nereia. 

II.  Spores  non  douées  de  mouvement.  Anthéridies  produisant  des  Anthé- 
rozoïdes. 

A.  Anthérozoïdes  endochromés. 

7' famille.  —  Cutlériées  —  Culleria. 
8^  famille.  —  Fucacées  —  Cystoseira. 

B.  Anthérozoïdes  hyalins. 

a.  Corps  reproducteurs  naissant  dans  toutes  les  cellules,  ou  dans  des 
cellules  semblables  à  celles  du  reste  de  la  fronde,  et  se  développant 
simultanément  avec  elles. 
9*  famille.  —  Bangiées  —  Porphyra,  Bangia. 

è.  Corps  reproducteurs  naissant  dans  des  organes  localisés,  dont  le  dé- 
veloppement a  lieu  à  une  période  déterminée  de  la  végétation. 

01.  Fruit  capsulairc  (Polyspore)  à  enveloppe  membraneuse  continue. 
10*  famille,  —  Delessériées —  Agiaophyllum. 


REVUE    HIKLIOGHAPHIQUE.  73 

11*  famille.  —  Céramiées  —  Callithamnioii,  Griffithsia,  Ceramium, 
Wranfiolia. 
6.  PolyspoiT  à  enveloppe  celhileuse. 

12'  famille.  —  Rhodomélées  —  Polysiphonia,  Rytiphlœa. 
13"  famille.  —  Chondriées —  Laurencia,  Bonnemaisoiiia. 

A  ces  38  penres,  MM.  Derbès  et  Solier  rattachent  l'étude  approfondie 
d'environ  80  espèces,  dans  laquelle  ils  exposent  notamment  un  grand  nom- 
bre de  détails  d'un  grand  intérêt  sur  les  corps  reproducteurs  qui  sont  l'ob- 
jet essentiel  du  travail  tout  entier.  L'intelligence  de  ces  faits  est  rendue  fa- 
cile par  les  23  planches  qui  accompagnent  le  mémoire  et  qui  renferment 
un  grand  nombre  de  figures  gravées  sur  cuivre  et  coloriées  dans  leurs  par- 
ties essentielles. 

Après  cette  partie  descriptive,  les  deux  auteurs  s'élèvent  aux  considéra- 
tions générales  sur  les  corps  reproducteurs  des  Algues.  Ils  examinent  en 
autant  de  paragraphes  distincts,  1°  la  structure  des  zoospores  et  des  anthé- 
rozoïdes ;  2°  la  disposition  des  cils  que  présentent  ces  corps;  3°  la  nature 
de  leurs  mouvements;  U"  les  changements  qu'ils  éprouvent  aux  différentes 
périodes  de  leur  existence;  5°  les  modifications  que  peuvent  apporter  à  ces 
phénomènes  certaines  circonstances  physiques  ou  chimiques,  naturelles  ou 
artificielles;  6»  le  rôle  physiologique  des  anthérozoïdes  dans  la  reproduc- 
tion. 

Dans  le  premier  de  ces  paragraphes,  les  deux  auteurs  examinent  d'abord 
la  structure  des  zoospores  et  des  anthérozoïdes ,  ensuite  la  constitution 
chimique  ou  intime  de  ces  corps,  étudiée  à  l'aide  de  l'iode.  Les  zoospores 
leur  ont  toujours  présenté  une  enveloppe  épidermique  hyaline,  incolore, 
recouvrant  une  cellule  dont  le  contenu  liquide  est  entremêlé  de  granules 
solides.  L'enveloppe  un  peu  plus  dilatée  d'un  côté  y  forme  le  rostre,  qui  se 
porte  ordinairement  en  avant,  et  qui  est  prédestiné  à  servir  de  point  d'atta- 
che à  la  jeune  plante,  lorsqu'il  est  dans  sa  nature  de  se  fixer.  Cette  struc- 
ture est  absolument  celle  du  végétal  tout  entier  qui  proviendra  de  la  zoo- 
spore. La  distribution  de  l'endochrome  ou  du  contenu  de  ces  corps  établit 
entre  eux  quelques  différences.  Quelques  zoospores  ont  offert  un  ou  même 
deux  petits  points  rouges  paraissant  généralement  très  près  de  la  surface. 
Si  cette  couleur  rouge  a  paru  n'être  quelquefois  qu'un  accident  optique, 
quelquefois  elle  s'est  montrée  inhérente  au  granule.  Les  anthérozoïdes  ont 
une  structure  plus  simple.  Ceux  des  Fucacées  consistent  en  une  petite  vési- 
cule hyaline,  incolore,  portant  un  seule  granule  ponctiforme,  orangé,  qui 
se  trouve  ordinairement  en  arrière  pendant  la  progression.  Ceux  des  Flo- 
ridées  sont  encore  plus  simples  et  se  sont  montrés  aux  deux  auteurs 
comme  une  masse  uniforme,  sans  trace  d'organisation,  sans  apparence  de 
membrane  enveloppante. 


?4  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE    FRANCE. 

La  disposition  des  cils  varie.  Dans  les  zoospores,  les  uns  sont  uniques  au 
sommet  du  rostre,  les  autres  sont  multiples  au  sommet,  ou  un  peu  au-des- 
sous du  sommet,  ou  bien  disposés  circulaiiement  autour  de  la  base  du  ros- 
tre; d'autres  enfin  sont  uniques  a  la  partie  postérieure  de  la  zoospore.  Quant 
aux  anthérozoïdes,  ceux  des  Floridées  ont  paru  aux  deux  auteurs  doués 
d'un  appendice  ciliforme,  ordinairement  placé  à  leur  partie  postérieure, 
tandis  que  dans  les  Fucacées  ce  cil  a  paru  également  unique  mais  antérieur. 

Le  mouvement  des  corps  reproducteurs  des  Algues  est  dû  essentiellement 
à  leurs  organes  llagellilormcs.  Les  deux  auteurs  cberchent  à  expliquer 
comment  ces  organes  produisent  cette  remarquable  locomotion,  grâce  à 
une  motilité  propre  et  aussi  à  la  faculté  qu'ils  leur  supposent  d'être  alter- 
nativement et  successivement  rigides,  sur  les  différents  points  de  leur 
étendue. 

L'exposé  des  changements  qu'éprouvent  les  zoospores  et  les  anthérozoïdes 
aux  diverses  périodes  de  leur  existence  se  trouve  compris  dans  la  portion 
descriptive  du  mémoire.  Fn  outre,  les  deux  auteurs  en  présententles  points 
les  plus  généraux  dans  le  paragraphe  consacré  spécialement  à  ce  sujet. 

Le  paragraphe  relatif  à  l'inlluence  des  conditions  extérieures  est  réduit  à 
quelques  ligues.  Lutin,  le  dernier,  relatif  au  rôle  que  jouent  les  anthéro- 
zoïdes dans  la  fécondation,  ne  renferme  que  des  idées  hypothétiques.  On  sait 
que,  depuisl'époque  à  laq\ielle  le  travail  deMM,  Derbès  et  Solieraété  écrit, 
cette  partie  du  sujet  a  fait   des  progrès  immenses. 

L'explication  détaillée  des  planches  termine  le  mémoire. 

BOTANIQUE  DESCRIPTIVE. 

Descriptio  Glancii  liovî,  annexis  diagnosibus  specierum  affinium, 
auctore  comité  Victor  de  Martrin-Donos.  {Flora,  n°  11,  21  mars  1856, 
p.  171.) 

Cette  espèce  nouvelle  est  caractérisée,  par  l'auteur,  de  la  manière  sui- 
vante: 

Glaucium  auront iacum  de  Martr. 

G.  radiée  simplici  ;  caule  hirsutissimo,  erecto,  parce  ramoso,  ramis  pa- 
tentibus;  foliis  viridibus  nec  glaucis,  pinnatilidis,  ultra  médium  lobatis, 
sinuhus  rotundatis,  ulrincjue  hirsutis;  pilis  cauliuin,  foliorum  et  omnium 
partium  copiosissimiscrispatisque;  floribus  minoribus  ;  petalis  aurantiacis, 
basi  macula  atro-purpurea  flavo-areolata  nofatis;  siliquis  crassioribus  lon- 
gioribusque  hirsutis;  seminibus  atris  late  alveolatis. 

Llle  a  été  trouvée  par  M.  de  Martrin-Donos  en  juillet  1855  à  Lafenal, 
près  de  INarbonne,  où  elle  croit  dans  les  terres  sablonneuses  et  dans  les  en- 
droits pierreux. 


WhWE   HIULIOUIUPIIIQIIK.  75 

Elle  se  distingue  du  (Udifium  coniicida/um  Ciirt.  et  des  autres  espèces 
voisines  par  ses  corolles  beaucoup  plus  petites,  de  couleur  orangée  et  très 
élégamment  panacliées,  par  ses  sili(|ues  plus  épaisses,  et  par  sa  taille  plus 

basse 

f.a  note  de  M.  de  Marlrin-Donos  se  termine  par  les  diagnoses  comparatives 
àes  Glaucium  luteton  Sco\). ,  ftilvum  SmWh.mbrum  Smilh,  corniculatum 
Curt.  et  uuruntiacura  de  Martr. 

Drel,lV#»if/««tf»M-Artoii  mît  ilircu  Bastariïcu  ( 7'rois  e^ipèces  dû 
\?^n\W\\^\w  avec  leurs  lajb)'ule>i);\K\v  M.  W.  Lascli.  Botan.  Zcit.,  ISjuiq 
1856,  n"  2/;,  col.  ^09-^il5). 

Il  y  a  vingt-cinq  ans  environ  que  M.  Lasch  trouva,  sur  les  rives  sablon- 
neuses de  la  Netze,  un  Ximthium  qu'il  reconnut  comme  nouveau  et  qu'il 
nomma  X  ripnrinm.  Depuis  cette  époque,  il  a  continué  de  s'occuper  des 
espèces  indigènes  de  ce  genre,  et  il  communique  aujourd'hui  dans  sa  note 
les  résultats  de  toutes  ses  observations. 

Il  expose  d'abord  fort  en  détail  les  caractères  du  genre  Xanthium\i\o?>c. 
Il  décrit  ensuite  les  espèces  et  les  formes  hybrides  suivantes:  1.  X.  Struma- 
rtum,  Lin.,  dans  lequel  il  existe  deux  variétés:  è.  minorée,  major.  — 
2  X.  arenarium  Lasch,  avec  U  variétés  :  b.  minor,  c.  major,  d.  microcar- 
pum,  e.  macrocarpum.  —  3.  X.  arenarium-Strumarium.  —  k.  X.  Stru- 
mainum-arenarium.  —  5.  X.  riparium  Lasch,  avec  U  variétés  :  b.  minor, 
c.  major,  d.  microcarpnm ,  e.  macrocarpum.  —  6.  X.  riparium-arenarium. 
— 7.  X.  arenarium-riparium.  —8.  X.  riparium-Strumarium.  —  9.  X.  Stru- 
marium-riparium. 

Catalogue  «les  plautes  observées  dans  3e  «léparteinewt  tle 
l'Oise;  par  M.  Graves.  —  1  in-8°  de  xv  et  302  pages.  Beauvais,  1857. 

Le  volume  intéressant  dans  lequel  M.  Graves  vient  de  présenter  les 
résultats  de  ses  longues  recherches  sur  la  flore  du  département  de  l'Oise  est 
indiqué  comme  extrait  de  \' Annuaire  de  ce  département  pour  1857. 

Dans  sa  préface,  l'auteur  fait  observer  que,  malgré  son  voisinage  de  Paris, 
et  bien  que  toutes  les  contrées  qui  l'avoisinent  possèdent  déjà  des  flores 
ou  des  catalogues,  le  département  de  l'Oise  parait  avoir  été  négligé  par  les 
auteurs  d'ouvrages  sur  la  botanique  française.  Les  indications  anciennes  se 
réduisent,  dit-il,  a  un  trèspelit  nombre  d'espèces  desenvirons  de  Chantilly 
etdeCompiègne,  mentionnées  par  ïournefort  et  par  le  Botanicon  parisiense. 
Cambry  a  joint  a  sa  Descriptiondu  département  de  l'Oise^  publiée  en  1803, 
une  liste  d'environ  800  plantes  plus  ou  moins  vulgaires ,  dont  les  noms  ne 
sont  accompagnés  d'aucune  autorité  ni  d'indications  de  localités  précises. 
M.  Thiébaut  de  Berneaud  a  inséré  dans  son   Voyage  à  Ermenonville,  im- 


76  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    1)K    FRANCE. 

primé  en  1826,  un  recensement  de  812  espèces,  aussi  défectneux  que  celui 
de  Cambry.  Il  a  même  admis  dans  sa  liste  des  plantes  qui  n'ont  jamais 
existé  dans  le  pays. 

M.  Graves  a  commencé  ses  recherches  sur  la  végétation  de  l'Oise  en 
1817,  et  il  les  a  continuées  jusqu'en  18^3.  Pendantces  vingt -six  années  ila 
visité  successivement  toutes  les  communes  du  département,  F.es  résultats  de 
ces  recherches  suivies  avaient  été  consignés  partiellement  dans  les  publi- 
cations locales  sous  la  forme  de  listes  des  plantes  les  plus  remarquables 
trouvées danslacirconscriptiondechaquecommune.  Aujourd'hui,  cesdonnées 
éparses  sont  réunies  en  un  travail  d'ensemble  dans  lequel  ont  trouvé  place 
de  nombreuses  indications  entièrement  inédites  et  pour  lequel  ,  d'ailleurs, 
l'auteur  a  profité  des  publications  récentes  ainsi  que  des  communications  qui 
lui  ont  été  faites  par  différents  botanistes. 

L'ouvrage  de  M.  Graves  porte  sur  3,527  espèces,  réparties  de  la  manière 
suivante  : 

Vasculalres 1333     Calycillores Zi83 

Cellulaires 2i9/i     Corolliflores 205 

Dicotylédones 1011  Monocotylédones-Phanérogames  .  290 

Monocotylédones 322  —            Cryptogames.  .  32 

Thalaminores 227     Monochlamydées 96 

Ce  tableau,  que  nous  avons  emprunté  à  l'ouvrage,  montre  que  l'ordre 
adopté  par  M.  Graves  dans  la  série  des  familles  est  celui  de  De  Candolle. 
Les  espèces  sont  indiquées  par  leur  nom  suivi  de  la  désignation  détaillée 
des  localités,  de  l'indication  des  noms  vulgaires  et  de  l'énumératinn  des 
variétés.  Au  total,  le  Catalofjue  des  plantes  du  département  de  l'Oise  est  un 
relevé  fait  avec  soin  ,  aussi  complet  qu'il  lût  possible  de  l'espérer,  et  tel 
qu'il  serait  àdésirer,  pour  la  statistique  botanique  de  la  France,  que  chacun 
de  nos  départements  en  possédât  un  pareil. 

(ïcucra  plantariiin  flortv  seniiantcte  îconibus  et  descrl- 
ptionihus  ilIustrata.OpusaTh.  Fr.  Lud.  PseesabKsenbeck  inchoa- 
tum,  deinde  a  Frid.  Carol.  Leop.  SpenneretAloysio  Putterlick,  adjuvante 
Stephano  Endiicher,  dum  vixerunt,  et  nunc  conjunctis  studiis  plurium 
auctorumcontinuatum.  FasciculusXXÏX.  Papilionacea;.  AuctoreDiterico 
Brandis.  ln-8°;  Bonnœ,  1856,  Sumptibus  Henry  et  Cohen. 

Après  une  longue  interruption  dans  la  publication  de  cet  ouvrage,  un 
nouveau  fascicule  de  planches  et  de  texte  vient  de  paraître  tout  récemment, 
11  renferme  20  planches  de  Papilionacées,  dues,  ainsi  que  le  texte  qui  les 
accompagne,  au  D'  Dietr,  Brandis,  —  Ces  planches  illustrent  les  18  genres 
suivants:  1.  Spartium  Lin.— 2.  Genista  Lin.—  3.  Syspone  Griseb.  (Genistae 
specics).  —  k.  Cytisus  Lin.  —  5.  Luplnus  Lin.  —6.  Ononis  Lin.  —  7  et  8. 


REVUE    BIBLIOGRAI'IUQL'E.  77 

Trifoliiim  Lin.  — 9.  Doryt'iiiinn  Tourn.  —  10.  [.otiis  Un.  —  11.  Tetraf,'o- 
iiolobiis  Scop.  —  12.  Psoraloa  Lin.  —  13.  Glycynhiza  Lin.  —  U.  Gaiega 

Lj„. 15.  Colutt'a  Lin. —  K).  Oxytropis  Lin.  —  17etl8.  .\stra<;alus  Lin.  — 

19.  Coronilla  Lin.  —  '20.  Ornitliopus  Lin.  Chacune  d'elkvspiésente  unefiguie 
(le  porl  aussi  complète  qu'a  permis  de  la  faire  le  format  in-octavo,  et  à  côté 
de  celle-ci,  les  nombreux  détails  de  la  Heur  et  du  fruit,  analysés  avec  beau- 
coup de  soin.  Ces  figures  sont  gravées  sur  pierre  de  manière  très  satisfaisante. 
Il  est  à  désirer,  dans  l'intérêt  de  la  science,  que  cette  grande  entreprise, 
déjà  plusieurs  fois  ou  retardée  ou  interrompue  par  suite  de  la  mort  des 
quatre  botanistes  qui,  successivement,  en  avaient  accepté  la  tâche,  arrive 
maintenant  à  sa  fin  sans  nouvelle  n>alencontre. 

Synopsisi  of  tlie  Cactacea;  of  tlie  territory  of  tlie  IJuited 
Jetâtes  and  adjacent  région».  [Si/nopsis  des  Cactacées  du  ter- 
ritoire des  États-Unis  et  des  pays  adjacents);  par  M.  George  Kngelmann 
{Proceedings  oftlie  American  Academy  ofarts  and  sciences,  vol.  III,  1856. 
Tirage  a  part  en  broch.  in- 8°  de  59  pages.) 

Le  seul  Cactus  connu  de  Linné  qui  provînt  des  pays  situés  au  nord  du 
Mexique  était  son  Cactus  Opuntia  [Opuntia  vulgaris).  Longtemps  après,  il 
y  a  déjà  plus  de  quarante  ans,  Nuttall  découvrit  deux  Mamillaria  et  deux 
Opuntia  ûixn^  le  Haut-Missouri,  et  vingt  ans  plus  tard,  en  Californie,  un 
nouvel  Echinocactus.  Plus  récemment  M.  F.  Lindheimer  a  trouvé  dans  le 
Texas  nombre  de  plantes  de  lu  même  famille,  et  plusieurs  autres  ont  été 
découvertes  dans  le  Nouveau-Mexique  par  le  D""  A.  Wislizenus,  dans  le  nord 
du  Mexique  par  le  même  voyageur  et  par  le  D'  J.  Gregg  ;  quelques  autres 
entêté  indiquées  dans  le  pays  de  Gila  par  M.  W.-G.  Emory.  Peu  après  ces 
explorateurs,  M.  A.  Fendlerena  recueilli  plusieurs  nouvelles  espèces  près 
de  Santa-Fé;  et,  en  18W,  M.  Ch.  Wright  a  fait  encore  des  découvertes  de 
plantes  de  la  même  famille  dans  le  Texas  occidental  et  le  midi  du  Nouveau- 
Mexique.  Maisleplusgrand  nombre  de  Cactacées  du  midi  des  Etats-Unis  a  été 
observé,  dans  l'expédition  chargée  de  déterminer  les  limites  de  cet  Etat  et  du 
Mexique,  commandée  d'abord  par  le  colonel  Graham,  etensuite  par  le  major 
Emory,  particulièrement  par  le  D'C.-C.  Parry,  M.  Ch.  Wright,  le  D'J.-M. 
Bigelow.M.  G.  Thurberet  M.  A.SchotL  Versie  même  temps,  M.  A.  Trécul 
et  après  lui  le  Prussien  D'  Poselger  ont  également  recueilli  beaucoup  de 
Cactacées  dans  le  sud  du  Texas  et  dans  le  nord  du  ^lexique.  Les  expéditions 
faites  en  vue  du  chemin  de  fer  depuis  1853  ont  amené  encore  de  nouvelles 
explorations,  et  M.  Bigelow,  botaniste  et  médecin  de  l'expédition  du  capi- 
taine A.-W.  Wipple  au  35°  parallèle,  en  a  prolité  de  la  manière  la  plus 
heureuse,  tandis  que  M.  P.-V.  Hayden  a  beaucoup  ajouté  à  nos  connais- 
sances pour  les  Cactacées  les  plus  avancées  vers  le  Nord,  Enfin  en  185^  et 


^8  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

1855,  M.  Arthur  Schott,  pendant  rexploratioii  du  pays  situe  au  sud  de  la 
rivière  Gila,  sous  le  major  Kmory,a  pu  encore  ajouter  de  nombreuses  décou- 
vertes à  celles  de  ses  devanciers. 

La  plupart  des  matériaux  recueillis  par  ces  nombreux  explorateurs  sont 
passés  entre  les  mains  de  M.  Engelmann  ;  mais  diverses  circonstances  ont 
fait  que  seulement  un  petit  nombre  d'entre  les  découvertes  faites  depuis 
dix  ans  ont  été  publiées.  M.  Kngeimann  a  donc  rendu  service  à  la  science 
en  rédigeant  un  synopsis  de  ces  nombreuses  espèces  ,  en  attendant  que  les 
rapports  sur  les  différentes  expéditions  qui  en  ont  amené  la  découverte  soient 
imprimés;  ce  qui  ne  pourra  certainement  avoir  lieu  avant  quelques  années, 
à  cause  des  belles  plancbes  qui  doivent  accompagner  ces  importantes  publi- 
cations. 

Voici,  genre  par  genre,  le  relevé  des  espèces  qui  figurent  dans  le  sy- 
nopsis de  M.  Engelmann: 

CACTACEJÎ.  Tribus  I.  Tulmlosa?  Miquel.  Sous-tribu  I.  Paballel^. 
Cotyledones  margine  liilum  versus  spectautes,  lateribus  seminis  parallelae. 

1,  Mamillaria  Haw.:  30  espèces,  dont  13  appartiennent  au  sous-genre 
Eumamillaria  ,  16  au  sous-genre  Cortjphanthu,  1  au  sous-genre  AnJialo- 
Hium^  qui  n'est  que  le  genre  proposé  sous  le  même  nom,  par  M.  Lemaire. 
—  2.  EcHiNOCACTUs  Link  et  Otto:  19  espèces  dont  8  rentrent  dans  la 
section  des  hamati,  9  dans  celle  des  corniyeri^  1  dans  chacune  des  deux 
sections  thelo'idei  et  inteiHexti. 

Subtribus  H.  Contraki.*.  Cotyledoiies  facie  hilum  versus  spectautes, 
lateribus  seminis  parallelae. 

3.  Cereus  Haw.  :  31  espèces,  dont  25  pour  le  sous-genre  Echinocereus, 
3  pour  le  sous-genre  Eucereiis,  2  pour  le  sous-gonre  Lepidocereus,  1  pour 
le  sous-genre  Pilocereus. 

Tribus  II.  —  Rotatac  Miquel. 

h.  Opuntia  Tourn.  :  50  espèces  distribuées  de  la  manière  suivante  entre 
les  di\ers  sous-genres:  Stenopuntia  Eng.,  1  ;  Platopuntia  id. ,  27  5  Cijlin- 
dropuntia  id. ,  22. 

Le  synopsis  de  M.  Engelmann  comprend  donc  130  espèces  de  Cactacées 
qui  rentrent  dans  quatre  genres.  Mais  comme  les  matériaux  sur  lesquels  ce 
travail  a  été  exécuté  ne  permettaient  pas  toujours  de  décider  avec  une  en- 
tière certitude  si  les  plantes  qu'ils  représentaient  devaient  être  regardées 
comnrt;  des  espèces  bien  distinctes  ou  comme  de  simples  formes,  l'auteur 
indique  celles  de  ses  espèces  qu'il  faudrait  probablement  réunir.  Par  l'effet  de 
ces  réunions,  les  30  espèces  de  Mamillaria  se  réduiraient  à  22,  les  19  Echi- 
nocnctus  à  15,  les  31  Cereiis  à  18,  les  50  Opuntia  à  31,  dont  2  sont  simple- 
ment cultivés.  On  aurait  ainsi  un  total  de  86  espèces. 

Dans  un  chapitre  qui  termine  son  mémoire,  M.  Engelmann  présente  le 
tableau  de  la  distribution  géographique  de  ses  Cactacées.  Le  territoire  des 


RRVUK    BIBLIOGHAPHIQUR.  79 

États-Unis  pouf,  dit-il,  être  divisé  en  huit  rôttions  de  la  manière  suivante: 

1"  La  région  Atlantique.  Kllc  ne  possède  qu'un  Opuntia,  mais  il  lui  est 

propre  ; 

2"  La  rë"ion  du  IMississipi,  comprenant  les  États  occidentaux,  a  un  autre 
Opuntia  qui  se  retrouve,  sous  dos  formes  différentes,  dans  les  3%  /i*  et  5' 

régions  ; 

3°  La  région  du  Missouri,  savoir  la  partie  N.-O.  ou  supérieure  du 
Missouri  jusqu'aux  montagnes  Roclieuses.  lîllle  a  donné  2  Mamillaria  du 
sous-genre  Cory pliant  ha,  qui  s'étendent  aux  k^  et  5"  régions,  ainsi  que 
3  Opuntia,  dont  1  lui  est  propre; 

6°  La  région  du  Texas,  savoir  les  parties  orientales  et  inhal)ilées  du 
Texas.  Elle  produit  5  Mamillaires,  dont  2  lui  sont  propres;  3  Echinocactes 
qui  ne  se  retrouvent  pas  dans  les  autres  régions;  6  Cereus  également  pro- 
pres à  elle;  6  Opuntia,  dont  3  lui  appartiennent  exclusivement,  c'est-à-dire 
20  espèces,  dont  \k  spéciales  ; 

5"  La  région  du  Nouveau-Mexique.  C'est  la  plus  riche  de  toutes  :  elle  a 
fourni  65 espèces,  dont  55  lui  sont  particulières,  savoir  :  19  Mamillaires, 
dont  16  spéciales;  9  Echinocactes,  tous  à  elle  propres;  16  Ccreus^  dont  2 
seulement  se  retrouvent  dans  les  autres  régions;  22  Opuntia,  dont  17  lui 
appartiennent  exclusivement  ; 

6»  La  région  du  Gila,  comprenant  toute  la  vallée  du  Colorado,  au  sud  du 
36'  degré  de  latitude  et  la  contrée  du  Gila  ,  son  grand  tributaire  méridio- 
nal. Elle  a  fourni  36  Cactacées,  savoir:  5  Mamillaires,  dont  3  à  elle  propres; 
6  Echinocactes,  qui  n'ont  pas  été  rencontrés  ailleurs;  7  Cereus,  dont  5 
spéciaux:  18  Opuntia,  tous  limités  à  elle; 

7°  La  région  Californienne,  savoir  la  Californie  à  l'ouest  de  la  Sierra-Ne- 
vada, avec  la  portion  sud-ouest  de  l'État  actuel  de  la  Californie.  On  y  a 
trouvé  6  espèces,  dont  5  lui  sont  propres:!  Mamillaire;!  Échinocacte; 
1  Cereus;  3  Opuntia,  dont  un  n'est  probablement  qu'une  forme  d'une  espèce 
plus  orientale  ; 

8°  La  région  Nord-Ouest,  qui  comprend  les  parties  nord  de  l'État  de 
Californie,  les  territoires  de  l'Utah,  de  l'Orégon  et  dé  Washington.  On  n'y 
connaît  qu'un  Opuntia,  qui  se  trouve  aussi  dans  le  Missouri. 

BryoIog;ia  «lauica  ellci*  «le  daiiske  Itlaclniosser  {Bryologie 
danoise  ou  les  Mousses  du  Danemark)-^  par  M.  Thomas  Jenseu.  1  vol.  in-S" 
de  IV  et  216  pages,  avec  9  planches  gravées  sur  cuivre.  Copenhague; 
1856,  chez  C.  G.  Iversen. 

Cet  ouvrage,  écrit  entièrement  en  danois,  comprend  d'abord  une  préface 
de  deux  pages,  dans  laquelle  M.  .Tensen  expose  le  but  de  son  travail  ;  en- 
suite une  introduction  (pp.  1-35)  consacrée  l'a  une  étude  détaillée  de  tous 


80  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE   FRANCE. 

les  organes  des  Mousses  examinés  en  entier  et  dans  leur  structure  auato- 
mique,  2°  à  deux  tableaux  synoptiques,  le  premier  pour  les  groupes  de  di- 
vers ordres,  le  second  pour  les  genres  de  Mousses.  Celui-ci  est  une  vérita- 
ble clef  analytique.  Quant  au  coips  même  de  l'ouvrage  de  M.  Jensen,  il  com- 
prend l'énuméralion  méthodique  des  Mousses  du  Danemark.  Les  espèces  y 
sont  rangées  d'après  la  méthode  suivie  par  M.  Cari  Mueller,  dans  son 
Synopsis  Muscorum  frondosorum.  Chacune  d'elle  est  accompagnée  d'une  diag- 
uose  en  danois,  dune  courte  synonymie,  de  l'indication  détaillée  des  locali- 
tés. Des  observations  imprimées  en  petit  caractère  suivent  généralement 
l'exposé  des  caractères  des  genres  et  des  groupes  supérieurs. 

Les  9  planches  gravées  sur  cuivre  sont  consacrées  à  l'illustration  de  50 
genres. 

lutrofliictioii  to  cryptog:ainic  Botaiiy  [Introduction  à  la  botani- 
que cryptogamique) ,  par  M.  M.-.l  Berkeley.  1  vol.  in  8°  de  viii  et  604 
pag.,  avec  127  figures  gravées  sur  bois  d'après  les  dessins  de  l'auteur; 
1857,  Londres,  chez  L.  Baillière,  Regent-Street,  219,  et  Paris,  chez 
MM.  Baillière  et  fils,  rue  Hautefeuille. 

Cet  ouvrage,  dû  à  l'un  des  cryptogamistes  les  plus  justement  renommés 
de  notre  époque,  fait  partie  d'une  collection  de  traités  sur  diverses  scien- 
ces que  publie  à  Londres  M.  H.  Baillière,  sous  le  titre  de  Library of  illus- 
trated  standard  scientific  works.  II  forme  le  12''  volume  de  cette  collection. 
En  présentant  dans  un  cadre  suffisamment  étendu,  et  en  même  temps  sous 
une  forme  qui  le  rend  abordable  atout  le  monde,  un  résumé  de  l'état  ac- 
tuel de  la  science,  relativement  à  l'organisation  et  à  la  classification  des 
Cryptogames,  il  comble  une  lacune  qu'on  ne  pouvait  trop  regretter.  En 
effet,  l'absence  d'ouvrages  généraux  sur  les  plantes  cryptogames  complets 
ou  suffisants  obligeait,  jusqu'à  ce  jour,  les  personnes  qui  voulaient  s'occuper 
de  ce  vaste  embranchement  du  règne  végétal  à  chercher  les  éléments  de  leurs 
études  dans  une  multitude  de  mémoires  et  de  travaux  partiels  qui  n'étaient 
guère  à  la  portée  que  d'un  petit  nombre  d'entre  elles  II  y  a  lieu  de  penser 
que,  grâce  à  M.  Berkeley,  cet  inconvénient  n'existera  plus  désormais.  Il 
est  cependant  nécessaire  de  faire  observer  que  le  savant  cryptogamiste  an- 
glais ne  destine  pas  son  livre  aux  personnes  qui  ne  possèdent  encore  au- 
cune notion  de  botanique;  mais  il  pense  que,  pour  en  comprendre  toutes 
les  parties,  il  suffira  d'avoir  déjà  les  connaissances  (|ue  peut  donner  la  lec- 
ture des  traités  élémentaires  sur  l'ensemble  de  la  science. 

Après  unepréface  de  deux  pages,  dans  laquelle  l'nulrur  exprime  sur  quel- 
ques traités  généraux  de  cryplogamic  son  opinion,  un  peu  sévère,  relative- 
ment au  plus  récent  et  nu  seul  compU^t  d'entre  eux,  l'auteur  expose  d'a- 
bord, avec  détail,  dçs  considérations  générales  sur  les  Cryptogames  et  les 


niîVL'E    BIBLIOGRAPHIQUE.  81 

faits  principaux  que  révèle  leur  élude  à  grands  traits.  Cette  première  partie 
de  son  ouvrage  ne  comprend  pas  moins  de  70  pages.  Dans  sa  définition  de 
ces  végétaux  nous  remar((uoiis  (ju'il  regarde  les  spores,  soit  simples,  soit 
composées, comme  «  contenant  larement  un  embryon.  »  Il  termine  ce  cha- 
pitre par  la  division,  conforme  à  celle  de  M.  fj'ndiey,  de  l'ensemble  de  ces 
végétaux  en  T/iallof/hies  et  Acrogènes  et  par  la  définition  qu'il  donne  de 
ces  deux  sous-embranchements.  Les  premiers  sont  caractérisés  par  lui  de  la 
manière  suivante:  Raiemenl  ils  sont  herbaci's  ou  pourvus  d'appendices 
foliacés,  et  quand  ceux-ci  existent,  ils  ne  portent  pas  de  stomates;  leurs 
spores  produisent  rarement  un  prothallus,  et,  quand  il  en  est  ainsi,  ils  don- 
nent naissance  à  un  second  ordre  de  spores  qui  germent  par  des  points  dé- 
terminés; enfin,  leurs  spermatozoïdes,  comme  les  nomme  l'auteur,  ne  sont 
pas  spiraux.  Quant  aux  Acrogènes,  ils  sont  le  plus  souvent  heri)acés  ou 
pourvus  d'appendices  foliacés,  souvent  avec  stomates.  Leurs  spores,  dans 
la  plupart  d'entre  eux,  produisent  un  prothallus,  ou  si  non,  elles  donnent 
un  fruit  compliqué,  grâce  à  la  fécondation  d'une  cellule  embryonaire. 
Leurs  spermatozoïdes  sont  spiraux. 

Abordant  ensuite  en  particulier  l'étude  de  ces  deux  divisions,  M.  Ber- 
keley en  présente  d'abord  les  généralités,  à  la  fin  desquelles  il  en  donne  la 
division  dichotomique  en  groupes  qui  sont  examinés  chacun  en  particulier 
d'après  la  même  méthode.  L'intelligence  des  détails  est  facilitée  à  un  haut 
degré  par  les  figures  gravées  sur  bois  qui  sont  intercalées  dans  le  texte. 
Comme  il  serait  absolument  impossible  de  suivre  l'auteur  dans  cette  por- 
tion de  son  ouvrage,  nous  nous  contenterons  de  donner  quelques  indications 
sur  la  subdivision  adoptée  par  lui  pour  l'ensemble  des  végétaux  dont  il 
s'occupe. 

M.  Berkeley  adopte  une  division  des  Cryptogames  en  grands  groupes  ou 
Alliances,  conformément  à  ce  qui  a  été  fait  déjà  par  M.  Lindley  dans  son 
Vegetable  kingdom  (18^6).  Il  admet  pour  les  Thallogènes  2  alliances  seule- 
ment, nommées  Algales  pour  les  Algues,  Mycetales  pour  les  Champignons 
et  les  Lichens  réunis,  confondant  ainsi  dans  cette  dernière  les  deux  que  for- 
mait séparément  M.  Lindley  sous  les  noms  de  Fungales  et  Lichenales. 
Quant  aux  Acrogènes,  il  en  forme  3  alliances  :  Churaceales  pour  les  Chara- 
cées,  Muscales  pour  les  Mousses  et  les  Hépatiques,  Filicales  pour  les  Fou- 
gères, les  Ophioglossacées  considérées  comme  une  famille  distincte  et  sépa- 
rée, les  Équisétacées,  Marsiléacées  et  Lycopodiacées.  M.  Lindley  établissait 
pour  cette  dernière  famille  une  alliance  séparée,  sous  le  nom  de  Lycopoda- 
les,  et  il  rangeait  les  Characées  à  la  suite  des  Algues. 

Comme  il  est  facile  de  le  sentir  d'avance,  les  Thallogènes  occupent  une 
grande  partie  de  l'ouvrage  de  M.  Berkeley.  Les  Champignons  en  particu- 
lier, objet  favori  des  études  de  l'auteur,  n'occupent  pas  moins  de  \7il  pages 
de  texte, et  de  leur  côté,  les  Algues  ont  une  part  pHis  large  encore,  puisque 
ï.  tv.  6 


82  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE    FRANCE. 

150  pages  sont  consacrées  à  leur  histoire.  Les  Acrogèoes  toutes  ensemble 
n'occupent  que  1^3  pages. 

A  la  lin  de  l'ouvrage  on  trouve  :  1°  trois  pages  d'additions,  2"  une  liste 
des  ouvrages  et  mémoires  les  plus  utiles,  se  rapportant  plus  ou  moins  à  la 
botanique  cryptogamique  en  général  et  à  ses  diverses  branches:  l'auteur 
les  divise  d'après  les  groupes  de  ces  plantes  auxquels  ils  se  rapportent  ; 
3°  une  table  alphabétique  des  noms  d'espèces,  de  genres,  de  familles,  etc., 
mentionnés  dans  l'ouvrage. 

Le  livre  de  M.  Berlieley  est  sans  doute  appelé  à  rendre  de  grands  servi- 
ces à  la  botanique  cryptogamique  ;  malheureusement  son  prix  élevé  empê- 
chera peut-être  qu'il  ne  se  répande  autant  qu'il  mériterait  de  le  faire. 

Populnerc     Itotauik.    otlci*     g^eiiicinfasslieltc    Anlcituns 
ziini   ^tiKliiiiu   dei*  Pflauzc  uud    des    Pflauzeureiches 

[Botanique populaire  ou  introduction  générale  à  l^ étude  de  la  plante  et 
du  règne  végétal);  par  M.  Edouard  Schmidlin.  (1  vol.  in-8°  de  vi  et 
712  pages,  avec  plus  de  1600  figures  coloriées.  Stuttgard,  1857.  Chez 
Krais  et  Hoffmann. 

Cet  ouvrage  destiné,  comme  l'indique  sou  titre,  à  rendre  l'étude  des 
plantes  facile  pour  tout  le  monde,  se  divise  en  deux  parties.  La  première 
partie  est  un  traité  élénj^ntaire  de  botanique.  L'auteur  y  jette  d'abord  un 
coup  d'oeil  général  sur  la  vie  de  lu  plante  et  ses  conditions,  sur  les  différen- 
ces par  lesquelles  un  végétal  se  distingue  d'un  minéral  et  d'un  ani- 
mal. Il  passe  ensuite  a  l'étude  des  organes  en  les  suivant  dans  l'ordre  du 
développement  à  partir  de  la  germination;  il  les  considère  non-seulement 
en  eux-mêmes,  mais  dans  leurs  fonctions.  Il  expose  aussi  l'histoire  abré- 
gée des  éléments  analomiques  qui  constituent  ces  organes  et  celle  des  sub- 
stances chimiques  qui  concourent  à  former  les  végétaux.  Il  termine  en  con- 
sacrant quelques  pages  à  un  tableau  des  monstruosités  les  plus  remarqua- 
bles, des  principales  maladies  et  altérations  que  peuvent  subir  les  plantes, 
enfin,  en  exposant  la  subordination  des  groupes  sur  l'établissement  desquels 
repose  toute  classification  :  espèce,  genre,  fainille,  ordre  et  classe.  Cette 
première  partie  est  la  moins  étendue  des  deux  ipp.  3-226),  et  elle  est  divisée 
en  deux  chapitres  dont  le  second  on  forme  la  presque  totalité. 

La  seconde  partie,  intitulée  Partie  spéciale,  est  divisée  en  trois  chapitres. 
Le  premier  (pp.  227-290^  traite  successivement,!"  de  la  manièrededessécber 
les  plantes  et  de  disposer  un  herbier;  2°  des  herborisations  et  de  la  récolte 
des  plantes  pour  l'herbier  ;  3°  de  l'étude  et  de  la  détermination  des  plantes. 
Le  second  chapitre  (pp.  290-54^)  est  intitulé  :  Clef  pour  la  détermination  des 
plantes  à  fleurs  visibles,  ou  énumération  des  plantes  phanérogames  sponta- 
nées en  Allemagne,  d'après  une  méthode  qui  facilite  cette  détermination  aux 


REVUE    BlHLIOGRAI'IIIQLi:.  |^^ 

commençants.  M.  Schmidiin  y  donne  d'abord  un  tableau  des  genres  de  la 
flore  d'Allemagne  avec  une  analyse  destinée  à  en  rendre  la  détermination 
facile.  Il  présente  ensuite  l'énumération  des  espèces  en  indiquant  pour  cha- 
cune d'elles  quelques  caractères  distinct!  fs.  Danscetteénumération,  les  plantes 
sont  partagées  en  3  divisions  :  1"  arbres  et  arbrisseaux;  2"  glumacées; 
S'herbes.Unedivisionqui  vient  à  la  suite  de  celles-ci  est  spécialement  consa- 
crée aux  Cryptogames  de  l'Allemagne.  Le  troisième  chapitre  (pp.  571-687) 
est  relatif  a  l'étude  de  la  méthode  naturelle  en  général.  L'auteur  y  pré- 
sente les  caractères  des  familles  rangées  d'après  l'ordre  proposé  par  M. 
Reichenbach. 

L'ouvrage  se  termine  par  deux  tables  alphabétiques,  l'une  pour  les  noms 
latins,  l'autre  pour  les  noms  allemands  des  plantes. 

Quant  aux  planches  qui  suivent  le  texte  de  cet  ouvrage,  elles  sont  au 
nombre  de  62,  et  elles  renferment,  non  pas  1600,  comme  l'indique  le  titre 
général,  mais  931  figures  gravées  sur  pierre  et  coloriées  de  plantes  destinées 
à  fournir  des  exemples  pour  toutes  les  familles.  Ce  sont  des  figures  de  ports, 
sans  détails,  dessinées  avec  une  netteté  satisfaisante,  mais  extrêmement 
petites,  puisque  chaque  planche  in-8"  en  réunit,  eu  moyenne,  une  quinzaine. 

BOTANIQUE  GÉOGRAPHIQUE  ET  GÉOLOGIQUE. 

Crchocrt  clic  Pnauzcu^velt  dei*  fiiïeg;cuvrart  xu  ciuct*  uu«l 
tlersclbcu  ><[»clioc|»f'uug-!it|ici'io«lc  ?  [Le  monde  végétal  actuel 
appartient-il  à  une  seule  et  unique  période  de  création?);  par  M.  Karl 
Mueller  {Botan.  Zeit.,  n°=  22  et  23,  30  mai  et  6  juin  1856,  col.  377-386, 
393-iOO). 

Dans  son  mémoire,  M.  Karl  Mueller  se  propose  d'établir  deux  points  :  le 
premier,  que  les  périodes  géologiques,  distinguées  par  des  végétations  diffé- 
rentes, ne  sont  pas  brusquement  séparées  l'une  de  l'autre,  mais  plutôt  que 
les  derniers  produits  d'une  création  s'étindont  jusqu'à  la  création  nouvelle, 
et  que,  par  suite,  il  en  a  été  de  même  ,  bi^n  plus  qu'il  peut  en  être  encore 
de  même  pour  la  création  actuelle  5  le  second,  que  les  causes  de  la  destruc- 
tion des  organismes  éteints  résultaient  de  la  nature  même  de  ceux-ci  et 
peuvent  être  reconnues  encore  aujourd'hui. 

Relativement  an  premier  point,  on  sait,  dit-il,  que  les  botanisleshabituésà 
travailler  surdegrands  herbiers,  et  même  les  jardiniers  quicullivent  ungrand 
nombre  de  plantes  vivantes,  reconnaissent  au  premier  coup  d'œil  de  quels 
pays  proviennent  les  collections  de  végétaux  qui  leur  arrivent.  Il  y  a  donc- 
dans  ceux-ci  quelque  chose  qui  les  distingue  sans  qu'on  puisse  préciser  ce 
que  c'est.  C'est  une  affaire  de  coup  d'œil  et  de  tact.  Les  naturalistes  doivent 
apçtliquer  le  même  coup  d'œil  à  la  comparaison  des  types  perdus  et  de 


84  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

ceux  qui  vivent  encore,  et  c'est,  en  effet,  ce  qu'ils  font  depuis  longtemps. 
Or,  il  existe  encore  de  nos  jours  des  types  tout  au  moins  l)izarres  ou  qui 
semblent  appartenir  à  des  créations  antérieures.  Tels  sont,  dans  le  règne 
végétal,  hsSp/mgnum  et  quelques  Conifères  de  l'archipel  antarctique.  Les 
premiers  s'écartent  à  tel  point  des  autres  Mousses,  qu'on  en  ferait  volontiers 
une  famille  à  part,  à  côté  de  celles-ci.  i/auteur  a  déjà  exprimé  sa  manière 
de  voir  à  leur  sujet,  il  y  a  plus  de  trois  ans,  dans  son  livre  sur  les  Mousses 
del'Allemague.  Quant  aux  Conifères,  le  genre  P/iyllocladus,  de  la  Nouvelle- 
Zélande,  ne  peut  être  comparé  à  aucun  genre  vivant,  et  le  Salisburia  forme 
comme  un  intermédiaire  entre  lui  et  les  (Conifères  fossiles.  Parmi  celles-ci, 
lesSphénophyllitesou  Rolulaires  rappellent,  par  leur  fruit,  le  cône  des  Coni- 
fères, par  leur  épi  de  fleurs  les  Cosuarina  et  par  leurs  feuilles  les  Phyllo- 
cladus;  ce  dernier  genre  l'orme  ainsi  le  trait  d'union  entre  le  Salisburia  et 
les  Sphenophyllum,  et  ceux-ci  doivent  dès  lors  être  i-angés  parmi  les  Coni- 
fères. —  Une  autre  forme  de  Conifères  tout  aussi  bizarre  est  le  Cupressus 
columnaris  de  Forster,  (lu'Endlicher  a  reconnu  comme  un  véritable  Arau- 
caria. D'après  un  échantillon  recueilli  par  I^'orster,  chacjue  rameau  est  pro- 
prement une  reproduction  d'un  cône  de  Sapin,  allongé  seulement  en  cylindre 
grêle.  Cette  forme  des  Araxcai'ia  et  ceWe  des  Dacrydium  semblent  avoir  une 
analogie  suffisante  avec  celle  des  Lépidodendrées  pour  que  ces  fossiles 
puissent  être  regardés  comme  des  Conifères.  —  Une  conséquence  nécessaire 
de  ce  rapprochement,  c'est  que  les  Conifères  dont  il  vient  d'être  question 
appartiennent  à  une  période  de  création  antérieure  à  la  période  actuelle.  Or, 
c'était  précisément,  dit  M.  M.  Mueller,  ce  que  j'ai  voulu  montrer.  La  dif- 
fusion de  ces  végétaux  concorde  aussi  parfaitement  avec  l'idée  qu'on  se  fait 
du  climat  de  l'ancien  monde,  particulièrement  de  la  période  carbonifère, 
pendant  laquelle  toute  la  terre  était  en  forme  d'iles  perdues  au  milieu  de 
l'Océan  et  possédant;  des  climats  marins,  à  peu  près  comme  il  en  est  encore 
pour  les  terres  antarctiques.  Aussi  l'auteur  pense-t-il  que  celles-ci  ont  con- 
servé le  cachet  des  périodes  antéiieures  beaucoup  plus  qu'on  ne  l'a  dit  jus- 
qu'à ce  jour.  Ainsi,  les  tapis  de  Fougères  de  la  A'ouvelle-Zehinde,oùil  n'existe 
pasdeGraminées  sociales,  rappellent  l'ancien  monde  où  les  Fougèresjouaient 
aussi  un  rôle  très  important  dans  le  tapis  végétal.  A  l'appui  de  sa  manière 
de  voir  que  la  iNouvelIe-Hollande  pourrait  être  le  plus  vieux  continent,  il 
cite  deux  passages:  l'un  du  docteur  Leichardt,  écrit  sur  les  lieux  en  18Zi2  ; 
l'autre  du  docteur  Ferdinand  Mueller,  l'actif  explorateur  de  l'Australie.  — 
Au  total,  M.  Mueller  croit  être  fondé  ;:  admettre  que  la  végétation  actuelle 
ne  doit  pas  être  regardée  comme  dérivant  d'une  seule  période.  On  doit 
renoncer  à  déterminer  la  période  de  laquelle  sont  venus  les  types  conservés, 
bien  qu'il  ne  soit  pas  douteux  qu'ils  ne  proviennent  de  la  période  où  ils 
ont  été  les  plus  abondants.  Aux  Sphagnum,  Phyllocladus,  Ducrydium^ 
Araucaria^  Casuarina,  Exocarpus,  réprésentaots  à  notre  époque  d'une 


REVfE   BmUOr.RAPHIQUR.  85 

flore  antôriouro,  on  peut  ajouter  les  Foncières  de  la  Nouvelle-Zélande  et  de 
la  Noiivclle-HollaiHle,  c\  même  le  Salhhuria  et  les  Cycadôcs.  De  cette 
premicM-e  portion  de  son  mémoire,  M.  K.  M uollcr  conclut  qu'il  existe  aujour- 
d'hui des  types  végétaux  communs  à  l'époque  actuelle  et  à  l'ancien  monde, 
et  que  ce  fait  s'explique  beaucoup  plus  simplement  par  leur  conservation 
que  par  une  nouvelle  création. 

Quant  au  second  point,  quelle  est ,  se  demande  M.  K.  Mueller,  la  cause 
intérieure  delà  destruction  des  types  de  création?  La  seule  diversité  de 
durée  de  l'espèce  et  de  la  famille  explique  la  destruction  des  uns  et  la 
couserviition  des  autres.  Il  admet,  en  effet,  que  l'individu  végétal  a  une 
limite  dans  la  durée  de  son  existence.  Pour  établir  ce  principe,  il  cite  plu- 
sieurs exemples  de  substitutions  d'une  essence  à  une  autre  qui  s'opèrent 
habituellement  après  des  périodes  d'un  ou  plusieurs  siècles  dans  le  nord  de 
l'Kurope.  Des  faits  pareils  ont  pu  avoir  lieu  pendant  les  milliers  d'années 
des  périodes  géologiques.  Or,  dit-il ,  comme  la  vie  de  l'espèce  et  de  la 
famille  repose  sur  celle  de  l'individu  ,  la  disparition  des  types  de  l'ancien 
monde  s'explique  de  la  manière  la  plus  simple  sans  révolution  extraordi- 
naire, et  de  môme  la  conservation  des  types  persistants  s'explique  par  des 
différences  de  durée  dans  la  vie  des  individus  et  des  espèces.  Ces  destructions 
peuvent  tenir  aussi  à  des  cbaugeraents  dans  le  climat  et  dans  la  diffusion 
par  les  vents,  les  eaux,  les  animaux,  de  certains  types  végétaux,  qui  ont 
dominé  et  fait  disparaître  les  autres.  Gomme  exemples  de  ces  plantes  qui 
amènent  ladisparition  de  toutes  les  autres,  M.  K.  Mueller  cite  VAndroporjon 
caricosum  L.,  les  parasites,  soit  l.oranthacées,  soit  Figuiers  {Cipo  matador 
des  Brésiliens) ,  le  Cynara  Cardunculus  dans  les  pampas  de  la  Plata.  Il 
montre  ensuite  que  des  faits  analogues  se  sont  passés  et  se  passent  encore 
dans  le  règne  animal. 

L'auteur  cherche  ensuite  à  reconnaître  comment  peuvent  s'expliquer 
l'enfouissement  des  plantes  et  leur  succession  à  diverses  périodes.  Sûrement, 
pense-t-il,  il  a  été  rare  que  des  forêts  entières  aient  été  détruites,  et  jamais 
elles  ne  l'ont  été  subitement.  Comme  dans  toutes  les  forêts  primitives,  il 
s'est  formé,  dans  le  cours  de  milliers  d'années,  une  énorme  couche  d'humus 
due  aux  débris  des  végétaux  morts  et  dans  laquelle  ont  pu  être  enfouis  çà  et 
là  des  troncs  de  grandeur  colossale.  Il  cite  comme  exemple  ce  qu'on  observe 
dans  plusieurs  tourbières  du  nord  de  l'Europe.  Mais  jamais  toute  la  végétation 
qui  couvrait  la  terre  pendant  une  période  n'a  été  ainsi  détruite  en  totalité. 

En  résumé,  d'après  M.  K.  Mueller,  la  végétation  actuelle  est  le  produit 
de  toutes  les  périodes  de  création  ;  elle  a  conservé  et  conserve  encore  quel- 
ques types  qui  appartiennent  à  des  périodes  très  anciennes.  L'étude  des 
végétaux  fossiles  a  besoin  d'arriver  a  un  degré  de  certitude  tout  autre  que 
celui  qu'on  peut  lui  reconnaître,  et  ce  sera  seulement  par  la  connaissance  la 
plus  exacte  des  types  vivants  qu'elle  pou-ra  devenir  une  science  dans 
laquelle  il  sera  permis  d'avoir  plus  de  confiance  qu'on  n'eu  a  aujourd'hui. 


èl  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    UE    FRANCE. 

BOTANIQUE  APPLIQUÉE. 

IVotc  sur  une  couleur  verte  connue  eu  f  lilne  sous  le  uout 
de  Lio-Kao,  renfermant  la  description  des  procédés  des  fabriques  de 
Azé,  dans  le  Tché-Kiang  ;  par  le  P.  Hélot,   niissloiinaire  {Annal,  de 

'    la  propagation  de  la  foi,  cahier  de  mars  1857,  p.  1^2-1 57). 

Les  reaseimiements  contenus  dans  cette  note  ont  été  recueillis  dans  l'une 
des  principales  fabriques  de  la  couleur  verte  employée  en  Chine,  à  Azé, 
gros  bourg  situé  à  six  ou  huit  lieues  de  Kia-hin-fou,  dans  le  Tché--Kiang. 
M.  Hélot  a  dû  faire  un  voyage  dans  le  but  spécial  de  les  obtenir,  et  lés 
thinois  ne  se  sont  écartés  en  sa  faveur  de  leurs  habitudes  peu  communica- 
tives  qu'en  raison  des  rapports  de  religion  qu'il  avait  avec  plusieurs 
d'entre  eux. 

Vers  18/i8-1850,  on  envo3'a  au  ministère  du  commerce,  entre  autres 
produits  de  l'industrie  chinoise,  une  pièce  de  toile  colorée  en  vert  d'eau,  dans 
laquelle  l'analyse  fit  reconnaître  l'absence  de  toute  couleur  jaune  et  bleue. 
On  fut  conduit  ainsi  à  penser  que  la  matière  tinctoriale  qui  avait  servi  à  la 
préparation  de  cette  toile  était  un  vert  inconnu  en  Europe.  Plus  tard  oii 
réussit  à  se  procurer  une  petite  quantité  de  cette  substance  tinctoriale,  dont 
l'examen  confirma  les  premières  suppositions.  Enfin,  vers  1854,  M.  de 
iMontigny,  consul  à  Shang-Haï,  lit  parvenir  en  France  des  graines  et  deux 
ou  trois  cents  pieds  vivants  des  végétaux  qui  fournissent  cette  matière. 

Ces  végétaux  sont  de  deux  sortes  (|ui  pourraient  bien  n'être,  dit  M.  Hélot, 
que  deux  variétés  de  la  même  espèce  :  l'une  est  un  buisson  qui  vient  sur  les 
montagnes  stériles  du  sud-ouest  du  Tché-Kiang  et  du  Chang-Tong  et  qu'on 
nomme  Pa-bi-lo-za  (à  blanche  peau  vert-sarment);  l'autre  est  Un  buisson 
qui  vient  sans  culture  dans  les  fertiles  plaines  des  environs  de  Azé,  dans 
'le  Tché-Kiang,  et  qu'on  nomme  Hom~bi-lo-za  (à  rouge  peau  vert-sarment). 
A  la  chute  des  feuilles,  les  paysans  font,  avec  les  menues  blanches  de  ces 
arbrisseaux,  des  fagots  appelés  Lo-za,  qu'ils  portent  ensuite  aux  fabriques. 
100  livres  du  premier  se  vendent  1,000  sapèqucs  (environ  5  francs);  le 
second  se  vend  trois  fois  plus  cher,  la  distance  à  parcourir  pour  le  porter 
à  Azé  étant  beaucoup  plus  considérable  (plus  de  ^0  lieues). 

Aux  fabriques  on  enlève  avec  un  couteau  l'écorce  de  ces  fagots  encore 
frais  (l'écorce  sèche  ne  donnant  plus  de  couleur),  et  on  écrase  au  marteau 
les  plus  petits  rameaux.  On  met  12  livies  de  cette  écorce  dans  150  livres 
d'eau,  et  l'on  fait  bouillir  dans  une  chaudière.  Use  forme  une  écume  blanche 
'  qui  passe  plus  tard  au  rose  pour  le  hom-bi,  qui  reste  blanche  pour  \e  pa-bi. 
On  verse  ensuite  le  tout  dans  un  grand  vase,  où  on  laisse  macérer  US  heures 
pour  \c/ia)n-bi,  au  muins  dix  jours  pour  W  pa-bi.  Après  ce  temps  la  teinture 
est  prête.  Au  moment  de  s'en  servir  on  y  ajoute  un  peu  d'eau  de  chaux.  On 


HKVllE    HlltLIOGRAPIIIQUi;.  87 

teint  les  toiles  vn  les  plongeant  7  à  10  fois  dans  la  teinture  du  hom-bi,  et 
on  iinit  l'opération  par  3  immersions  dans  la  teinture  du  pa-bi,  en  faisant 
sécher  après  chaque  immersion.  La  décoction  du  premier  donne  une  teinte 
plus  prononcée,  mais  sans  lustre  ni  reflet-,  celle  du  second  donne  mie  teinte 
plus  faible,  mais  d'un  reflet  magnifique. 

L'excès  de  couleur  dont  ces  toiles  se  sont  chargées  dans  leurs  nombreuses 
immersions  est  enlevé  par  5  ou  6  lavages  successifs  dans  de  l'eau  claire  et 
froide,  lorsqu'on  veut  obtenir  la  matière  colorante  verte  ou  le  lo-kao.  On  fait 
bouillir  ensuite  les  eaux  de  lavage  dans  une  grande  marmite,  en  recouvrant 
leur  surface  d'un  lit  assez  épais  de  filaments  de  coton  qui  retiennent  cette 
matière.  En  lavant  ce  coton  dans  de  l'eau  claire,  on  en  détache  une  pous- 
sière verte,  très  fine,  qui  se  précipite  au  fond  du  vase.  On  décante,  on  fait 
enfin  sécher  la  bouillie  ainsi  obtenue,  d'abord  en  l'étendant  en  couche  mince 
sur  une  feuille  de  papier  buvard  posée  sur  de  la  cendre,  ensuite  en  l'expo- 
sant au  soleil.  La  matière  sèche  forme  de  petites  lames  nunces  qui 
constituent  le  lo-kao.  La  proportion  de  cette  substance  que  donne  cette 
fabrication  est  très  peu  considérable.  Ainsi  les  cinq  fabriques  de  Azé  n'ont 
pu  arriver  ensemble  a  en  livrei-  30  à  ZjO  livres  en  un  an.  Le  lo-kao  se  vend 
en  paquets  de  10  onces.  Son  prix  moyen  est  de  8  ou  9  francs  l'once.  Mais 
déjà  les  demandes  des  Luropéens  en  ont  fait  hausser  le  prix.  Cette  couleur 
nepeutêtre  falsifiée,  la  moindre  addition  de  matières  étrangères  en  viciant 
fortement  la  teinte.  L'humidité  l'altérant  promptement,  on  la  conserve 
bien  enveloppée  dans  une  peau  et  enfermée  dans  un  vase,  où  l'on  met  des 
morceaux  de  chaux  vive,  qu'on  a  le  soin  de  renouveler  quand  ils  sont 
délités. 

Note  on  thc  Afrîcan  specîes  of  Copal  [Note  sur  les  sortes  de 
Copal  d'Afrique);  par  M.  T.-C.  Archer.  (Voy.  Gardeners'Chronicie  du 
13  décembre  1856,  p.  822.) 

Cette  note  a  été  présentée  à  la  Société  linnéenne  de  Londres,  dans  la  séance 
du  2  décembre  1856.  Nous  en  trouvons  un  i-ésumédans  le  Gardeners' Ch?^o- 
nicle  du  13  décembre. 

Elle  a  pour  sujet  la  gomme-résine  produite  par  l'arbre  nommé  Robo  à 
Sierra- Leone  ((jw/6oMr^/a  Bennett).  Selon  INI.  Aicher,  cette  gomme-résine 
est  probablement  l'une  des  trois  sortes  qu'on  apporte  en  grand  à  Liverpool 
sous  les  noms  de  Copal  d'Afrique,  gomme-jaune  d'Afrique  ,  gomme-rouge 
d'Afrique  [African  Yellow-gum,  African  Red-gum).  La  première  de  ces 
trois  sortes  de  copal  forme  de  grosses  larmes  arrondies,  transparentes,  d'un 
jaune  paille  clair.  Les  deux  autres  sont  en  masses  qui  paraissent  cassées.  La 
jaune  est  souvent  demi-opaline.  On  en  a  vu  des  morceaux  du  poids  de  près 
de  trois  livres,  qui  pourtant  n'étaient  évidemment  que  des  portions  de  masses 


88  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

encore  beaucoup  plusgrosses.  La  grosseur  moyenne  des  morceaux  est  celle 
d'un  œuf  de  poule.  Il  arrive  au  port  de  I.iverpool  des  quantités  énormes  de 
ces  gommes-résines.  L'importation  s'est  élevée  à  plus  de  150  tonnes  en 
1855.  Toutes  servent  à  la  fabrication  des  vernis,  sous  la  dénomination  com- 
mune de  copal. 

Cruidc  pratique  du  .lardinier  niulfiplicatcnr,  ou  Art  depro- 
pager  les  végétaux  par  semis,  boutures,  greffes,  etc-^  ipar  M.  E.  A.  Car- 
rière. Un  vol.  in-12  de  xiv  et  272  pages.  Paris,  1856.  Chez  l'auteur, 
rue  de  Buffon,  53. 

La  multiplication  des  plantes  est  évidemment  l'opération  la  plus  impor- 
tantede  la  culture;  aussi  tous  les  livres  publiés  sur  la  culture  des  jardins  et 
des  champs  renferment-ils  nécessairement  un  chapitre  sur  les  divers  moyens 
à  l'aide  desquels  on  peut  multiplier  les  espèces  cultivées.  De  là,  une  multi- 
tude de  petits  traités  presque  perdus  au  milieu  de  traités  plus  généraux. 
M.  Carrière  a  eu  l'heureuse  idée  de  réunir  en  un  seul  volume,  commode  pour 
le  format  et  peu  coûteux,  sous  une  forme  d'ailleurs  et  en  des  termes  qui  les 
rendissent  facilement  intelligibles  à  tout  le  monde  ces  nombreuses  données 
éparses,  et  d'y  joindre  ce  qu'a  pu  lui  apprendre  une  longue  expérience  ac- 
quise dans  les  différents  services  qu'il  a  dirigés  ou  qu'il  dirige  encore  au  Jar- 
din des  Plantes.  C'est  ce  volume  dont  nous  allons  donner  rapidement  une 
idée  aux  lecteurs  de  ce  Bulletin. 

L'ouvrage  est  divisé  en  cinq  parties  suivies  d'une  division  qui  a  pour 
titre  :  «  Observations  générales.»  La  première  partie  est  relative  aux  semis. 
L'auteur  y  examine  d'abord  :  le  sol  dans  ce  qu'il  peut  avoir  d'avantageux 
ou  de  désavantageux  pour  les  semis;  les  conditions  qui  distinguent  les  bon- 
nes graines,  la  manière  de  les  stratifier,  la  profondeur  à  laquelle  on  doit 
les  semer,  la  préparation  qu'il  est  souvent  avantageux  de  leur  faire  subir 
avant  de  les  confier  à  la  terre,  les  soins  dont  elles  doivent  être  l'objet 
après  le  semis,  et  l'époque  a  laquelle  celui-ci  doit  être  fait.  Il  passe  ensuite 
à  l'exécution  même  des  semis,  soit  en  grand,  soit  en  petit,  et  il  termine  par 
des  considérations  générales  sui'  les  graines  et  sur  les  divers  modes  de  semis. 

La  deuxième  partie  a  pour  objet  les  soins  que  doivent  recevoir  les  plantes 
provenant  des  semis,  savoir  l'éclaircissage,  le  repiquage,  l'empotage,  le 
pincement,  etc.  Les  plantes  y  sont  considérées  séparément  selon  qu'elles 
sont  de  pleine  terre  ou  deserre,  annuelles,  bisannuelles,  vivaces  ou  ligneu- 
ses. La  section  relative  aux  plantes  de  serre  se  termine  par  l'indication  des 
moyens  propres  à  la  destruction  des  insectes  qui  s'y  multiplient  trop  sou- 
vent au  point  de  devenir  funestes. 

La  troisième  partie  traite  des  couchages  ou  marcottages.  Elle  en  expose 
successivement  la  théorie  et  la  pratique.  La  quatrième  partie,  relative  aux 


REVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  89 

boutures,  a  reçu  plus  de  développemenls.  M.  Carrière  présente  d'abord  la 
théorie  de  cette  opération  ;  il  on  indique  le  but  et  les  avantages,  ainsi  que 
les  conditions  diverses  qui  sont  nécessaires  pour  qu'elle  réussisse.  Tl  passe 
ensuite  à  la  pratique  des  boutures,  et  il  examine  successivement  celles 
qu'on  fait  sans  feuilles  et  celles  qu'on  laisse  plus  ou  moins  feuillées.  11  con- 
sacre quelques  pages  aux  plantes  vivipares,  et  il  ajoute  des  détails  sur  le 
moyen  de  faciliter  le  bouturage  de  quelques  espèces  rebelles,  sur  le  rempo- 
tage des  boutures,  les  arrosements,  etc.;  enfin  sur  les  soins  à  donner  aux 
boutures  pendant  et  après  leur  reprise. 

La  cinquième  partie  traite  de  la  greffe.  Après  avoir  fait  connaître  le  but, 
les  avantages  et  les  inconvénients  de  cette  opération  importante,  l'auteur 
en  développe  d'abord  la  théorie,  et  ensuite  la  pratique.  Il  examine  séparé- 
ment la  greffe  des  végétaux  ligneux  et  celle  des  plantes  herbacées.  Il  divise 
la  première  en  greffe  par  rameaux  détachés,  comprenant  les  greffes  en 
fente,  de  côté,  en  couronne,  en  placage,  anglaises,  etc.,  et  greffes  dépour- 
vues de  rameaux,  c'est-à-dire  en  écussou  et  en  flûte.  Il  ajoute  des  considé- 
rations générales  sur  les  soins  à  donner  aux  greffes,  sur  le  temps  où  il  est 
avantageux  de  les  pratiquer,  sur  le  choix  des  rameaux  qui  les  fournissent, 
etc.  Il  termine  par  l'indication  des  outils  et  des  accessoires  divers  nécessai- 
res pour  greffer. 

Les  observations  générales  qui  terminent  l'ouvrage  de  M.  Carrière  portent 
sur  les  mères  destinées  à  fournir  des  boutures,  des  marcottes,  des  greffes  et 
des  graines,  sur  les  abris,  sur  l'enterrage  des  pots,  enfin  sur  les  différents 
modes  d'ombrager  les  serres  et  les  châssis.  Comme  conclusion  générale,  l'au- 
teur insiste  sur  la  nécessité  d'unir  la  pratique  à  la  théorie. 

Ce  petit  ouvrage  est  de  nature  à  rendre  service  aux  cultivateurs  par  la 
clarté  et  la  netteté  de  son  style,  par  la  précision  de  sa  méthode,  par  l'exac- 
titude et  la  simplicité  des  données  dont  il  présente  l'exposé. 

SOCIÉTÉS  SAVANTES. 

Société  lilnnéeiiiie  de  Londres.  Séance  du  20  janvier  1857.  (Voy. 
Gard.  Chron.  du  24  janvier  1857,  p.  55.) 

l.  Note  on  Spirauthes  gemmipara  [Note  sur  le  Spiranthes  gemmipara)  ; 

par  M.  Liudley. 

Cette  espèce  rare  d'Orchidée  irlandaise  fut  découverte  en  1810  ,  près  de 
Cork.  Elle  fut  publiée  par  J.-E,  Smith  sous  le  nom  de  Neottia  gemmipara 
et  figurée  sous  ce  nom  dans  le  supplément  à  V English  Botany.  Dans  son 
Gênera  and  Species  of  Orchid.  Plants,  M.  Lindiey  la  rapporta  au  genre 
Spiranthes,  en  faisant  observer  qu'elle  ressemblait  au  5'.  Romanzoffiana , 
de  l'Unalaschka,  au  point  qu'on  ne  pouvait  guère  douter  de  l'identité  des 


^^  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE    FRANCE. 

deux.  Plus  tard,  M.  Babington  en  fit,  sans  hésiter,  un  synonyme  du  Spi- 
rnnthes  cernna  A'  kmérique.  Dansuneétude  récente  des  Néottiées,  M.  Lindley 
a  été  conduit  à  rechercher  la  valeur  de  ces  différenles  manières  de  Voir,  et 
Il  est  arrivé  à  reconnaître  ainsi  que  la  plante  irlandaise  constitue  une  espèce 
parfaitement  distincte  et  séparée,  limitée  à  un  petit  canton  de  l'Irlande.  Il 
a  vu  que  cette  espèce  a  beaucoup  plus  de  ressemblance  avec  le  S.  autufn- 
nalïs  qu'avec  le  5'.  cernua,  et  qu'elle  se  distingue  de  la  preiiiière  de  ces 
plantes  par  son  épi  serré,  à  trois  rangs  de  fleurs,  par  sa  tige  feuillée,  à  peiiië 
plus  longue  que  les  feuilles  radicales,  par  sou  ovaire  court,  pyriforrae,  enfîù 
par  la  base  très  large  de  son  labclle. 

IL  Contributions  to  the  Orchidology  of  India ,  n°  1 .  {Premier  mémoire  sur 
les  Orchidées  de  l'Inde),  par  M.  Lindley, 

Ce  mémoire  commence  une  série  de  travaux  que  M.  Lindley  se  propose 
d'écrire  sur  les  Orchidées  de  l'Inde.  Le  fait  le  plus  remarquable  et  inattendu 
qui  s'y  trouve  consigné  consiste  en  ce  que  le  savaut  auteur  a  reconnu  pour 
plusieurs  espèces  une  diffusion  géographique  très  étendue.  Jusqu'ici  ou  avait 
pensé  que  les  Orchidées  étaient  extrêmement  locales.  Il  est  probable  qu'il 
en  est  ainsi,  en  effet,  pourles  espèces  épiphytes;  mais  il  en  est  tout  autrement 
pour  les  espèces  terrestres,  dont  certaines  sont  aussi  largement  disséminées 
que  les  plantes  les  plus  ubiquistes,  appartenant  à  d'autres  familles,  dont  on 
ait  encore  connaissance.  Ainsi  VOrckis  lotifolia  ,  qu'on  savait  se  retrouver 
dans  le  nord-ouest  de  l'Inde,  a  été  découvert]aussi  dans  le  Thibet  occidental. 
L' Herminiwn  i/onorc/»'s,  identique  à  la  plante  anglaise,  a  été  rencontré  dans 
le  N.-O.  de  l'Inde,  et  parait  exister  aussi  dans  le  Sylhet;  tandis  que,  d'Un 
autre  côté,  VH.  unalaschkense,  des  îles  Aléoutiennes,  s'est  trouvé  identique 
Sl\2cV II.  congestum,  dès  Alpes  du  Sikkim.  Le  Gyrnnadenia  cucullata,  Triante 
de  l'est  de  l'Europe  et  de  la  Sibérie,  a  paru  à  M.  Lindley  être  le  mêtne 
qu'une  Orchidée  récoltée  par  le  D'  Hooker  sur  le  Sikkim,  à  une  altitude  de 
14,000  pieds  anglais  (4270™),  Le  Goodyera  repens  est  commun  dans  le 
Sikkim,  tandis  que  le  G.  procera  s'étend  aux  INeilgherries,  à  Ceyian,  à 
Java  et  à  la  Chine.  Le  Zeiixine  sidcata  ,  trouvé  à  Hong-Kong,  ftUx  Philip- 
pines et  à  Ceyian,  s'est  montré  aussi  dans  les  plaines  de  l'Inde  jusqu'à 
Peshawur.  Une  plante  que  AL  Lindley  croit  être  le  Spiranthes  autumnalis 
se  trouve  dans  le  N.-O.  de  l'Inde.  Le  Sp.  australis  parait  croître  partout, 
de  la  Sibérie,  de  Peshawur  et  du  N.-O.  de  l'Inde  en  général,  des  Neil- 
gherries,  de  Ceyian  et  Java,  jusqu'à  la  Chine,  la  Nouvelle-Hollande,  la 
Nouvelle-Zélande.  M,  Lindley  fait  observer  que  cette  plante  variable  n'est 
probablement  pas  autre  chose  que  notre  Sp.  œstivalis.  VEpipactis  veM- 
trifolia,  plante  remarquable  de  la  Perse,  a  été  trouvé  à  Peshawur,  et 
l'auteur  ne  doute  pas  que  les  espèces  communes  de  l'Inde,  décrites  sous  les 
noms  de  Epipactis  consimilis,  macrostachya,  herbacea  et  Dalhousiœ  ue  soient 


HlîVUK    BlHLlOGnAPHlOIK.  91 

de  simples  formes  de  notre  ^.  Intifolia.  \.e  Cephaiœithern  acuminata,  qui  a 
été  trouvé  dans  tout  le  nord  de  l'Inde,  est  identique  au  C.  e/îsî/b/zfl  d'Europe. 
\' Epipofjinm  Gmeiini,  rencontré  récemment  en  Angleterre,  a  été  trouvé 
danS'le  Sirmur.  Une  découverte  plus  remarquable  encore  est  celle  qui  a  été 
faite  dans  le  Sikkim  d'une  espèce  du  genre  'l'ijmlarin  qu'on  croyait  propre 
aux  États-Unis.  L'espèce  indienne,  ((uoique  différente  à  certains  és^ards  de 
Celle  d'Amérique,  n'est  probablement  pas  autre  chose  qu'une  forme  de  celle- 
ci.  Des  faits  de  cet  ordre  sont,  dit  M.  fjndley,  d'autant  plus  importants, 
qu'ils  montrent  que  les  modes  ordinaires  de  dispersion  des  plantes  par  les 
oiseaux,  les  vents  et  l'homme,  n'ont  pu  agir  dans  ces  cas,  ou  que  du  moins 
ils  sont  insuffisants  pour  expliquer  une  distribution  géographique  si  remar- 
quable. —  Le  reste  du  mémoire  est  consacré  principalement  à  l'énumération 
de  70  espèces  d'Orchidées  de  l'Inde.  'Il  se  termine  par  quelques  remarques 
critiques  sur  les  genres  du  groupe  des  Physuridées  ,  et  par  un  tableau  ana- 
lytique qui  montre  plus  nettement  les  différences  entre  ces  genres. 

MÉLANGES. 

£lo|;;io  di  Filippo  Barker  fVebb  {Eloge  de  Philippe  Barker 
Webb);  par  M.  Parlatore.  Brochure  in-i"  de  113  pages,  avec  un  portrait 
lithog.  Florence,  1856.  Typog.  Le  Monnier. 

Cet  éloge  de  Ph.  Barker  Webb  a  été  prononcé  par  M.  Parlatore,  à  Flo- 
rence, le  1"  décembre  1855,  dans  la  séance  solennelle  qui  eut  lieu  à  l'ou- 
verture du  cours  de  botanique,  en  présence  d'un  auditoire  aussi  nombreux 
que  choisi.  Nous  n'essayerons  pas  de  résumer  ici,  d'après  cet  écrit  remar- 
quable, les  détails  de  la  vie  seientiliquê  de  ce  botaniste  distingué,  dont  les 
ouvrages  ont  puissamment  contribué  aux  progrès  de  la  science,  de  cet 
homme  excellent  dont  le  souvenir  vit  dans  le  cœur  de  tous  ceux  qui  l'ont 
connu.  Ce  résumé  serait  maintenant  superflu  dans  ce  Bulletin,  où  M.  .T.  Gay 
a  déjà  consigné  (  Voy.  Bulletin  de  lo  Société  botanique  de  France  ,  III , 
1856,  pp.  37-52)  le  récit  de  la  vie  de  Webb  et  une  appréciation  éclairée 
de  ses  œuvres.  Nous  nous  contenterons  de  dire  que  M.  Parlatoi-e  n'a  pas 
Seulement  publié  l'éloge  de  Ph.  Barker  Webb,  mais  qu'il  y  a  joint  plusieurs 
appendices  qui  augmentent  encore  l'intérêt  de  sa  publication.  L'une  de  ces 
additions  (pp.  39-50)  comprend  la  description  des  magnifiques  collections 
que  Webb  avait  formées  à  Paris  et  qu'il  a  léguées  au  grand  -duc  de  Tos- 
cane. Ces  collections  sont  :  1°  sa  bibliothèque  botanique,  composée,  d'a- 
près le  relevé  de  [M.  Parlatore,  d'environ  5000  volumes  ou  brochures; 
1°  son  herbier,  qui  ne  comprend  pas  moins  de  1110  paquets,  et  dans  lequel 
se  trouvent,  outre  les  plantes  recueillies  par  lui-même,  /lOOO  espèces  don- 
nées par  Pavou,  les  précieux  herbiers  de  Labillardière  et  de  Desfontaincs, 


92  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE, 

ainsi  que  plusieurs  autres  plus  OU  moins  considérables.  D'après  M.  Parla- 
tore,  cette  riche  collection  contieiulrait  environ  80,000  espèces  de  plantes. 
Un  autre  appendice  (pp.  51-70)  est  consacré  à  la  description  de  l'herbier 
central  italien,  et  plus  gonëralementdes  herbiers  qui  existent  dans  le  musée 
de  physique  et  d'histoire  naturelle  de  Florence,  parmi  lesquels  on  doit  citer 
surtout  ceux  de  Césalpin,  de  Micheli,  et  une  collection  venue  de  Linné  lui- 
même.  L'énumération  seule  de  ces  collections  réunies  à  Florence  n'occupe 
pas  moins  de  onze  pages  à  deux  colonnes.  Elle  est  présentée  d'après  l'ordre 
géographique.  Enfin,  pensant  avec  juste  raison  qu'un  homme  se  peint  tout 
entier  dans  sa  correspondance  intime,  M.  Parlatore  a  publié,  à  la  suite  des 
parties  que  nous  venons  d'indiquer,  un  choix  de  lettres  écrites  par  Webb  à 
quelques-uns  de  ses  amis  pi  y  en  a  joint  un  certain  nombre  d'autres  choi- 
sies parmi  celles  que  Webb  avait  reçues  des  savants  les  plus  distingués  de 
notre  époque. 

rn  très  vieux  pied  d'Aubépine.  [Gardeners  Chronicle  du  h  oc- 
tobre 1856,  p.  660). 

A  Hethel  Hall,  dans  le  comté  de  Norfolk,  en  Angleterre,  existe  le  pied 
d'Aubépine  le  plus  vieux  peut-être  de  toute  l'Europe.  Comme  le  dit  le  rédac- 
teur du  journal  anglais,  c'est  peut-être  un  témoin  de  la  conquête  romaine, 
et  des  cérémonies  du  culte  druidique.  Il  est  mentionné  sous  le  nom  devieille 
Aubépine  dans  un  acte  qui  date  du  commencement  du  xiii'  siècle,  et  il  est 
dit,  dans  une  vieille  chronique,  qu'il  servit  à  préciser  le  lieu  où  se  tint  une 
assemblée  pendant  une  insurrection  des  paysans,  sous  le  règne  du  roi  Jean. 
D'après  M.  Grigor,  qui  l'a  décrit  et  figuré  en  18ai,  il  présente  les  dimen- 
sions suivantes  :  à  30  centimètres  de  sa  base  son  tronc  a  une  circonférence 
de  3'",675  (12  pieds  1  pouce  angl.),  et  à  1"',525  de  hauteur  il  a  a'",3Zi5  de 
tour  (l/i  pieds  3  pouces  angl.).  La  circonférence  de  l'espace  qu'il  couvre  de 
ses  branches  est  de  28"', 33^  (31  yards).  Le  tronc  de  cet  arbre  est  réduit  à 
une  simple  lame;  néanmoins  il  n"a  pas  cet  air  de  décrépitude  que  présentent 
quelquefois  les  vieux  Chênes.  Quant  à  sa  cime,  elle  est  fort  singulière 
d'aspect,  a  cause  du  curieux  entrelacement  de  ses  branches.  Son  écorce  est 
très  dure  et  très  dense.  La  particularité  la  plus  singulière  que  présente  cet 
arbre  consiste  en  ce  que  toutes  ses  branches  forment  un  tube  par  suite  de  la 
destruction  delà  plus  grande  partie  de  leur  bois  et  qu'en  outre  plusieurs 
sont  fendues  d'un  côté  de  manière  à  ressembler  à  une  planche  enroulée.  On 
dirait  que  le  tronc  lui-même  a  été  divisé  en  lanières  longitudinales  qui  se 
sont  ensuite  recourbées  en  tube.  Cette  singulière  manière  d'être  se  retrouve 
dans  d'autres  vieilles  Aubépines  qui  existent  dans  le  voisinage.  C'est  à  l'écar- 
tement  de  ces  divisions  que  le  tronc  de  l'arbre  doit  d'être  plus  gros  à  1  mètre 
et  demi  du  soi  qu'à  sa  base.  —  >Lalgré  sa  vétusté  la  vieille  Aubépine  de 


REVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  98 

Helhel  est  eu  bomio  végétation.  Le  propriétaire  du  sol  sur  lequel  elle  se 
trouve  veille  avec  soin  à  sa  conservation. 

NOUVELLES. 

Une  nouvelle  chaire  vient  d'être  créée  au  .lardin  des  Plantes  de  Paris, 
avec  la  quali(icatioii  de  Chaire  de  Plajsique  végétale.  Le  chimiste,  M.  G, 
Ville,  à  qui  l'on  doit  des  expériences  ayant  pour  but  de  démontrer  l'absorp- 
tion directe  de  l'azote  de  l'air  par  les  végétaux,  a  été  appelé  à  la  remplir. 
Les  Botanistes  auraient  applaudi  à  cette  création,  si  elle  avait  dû  donner  ce 
qu'indiquait  le  mot  de  Physique  végétale ,  employé  autrefois  et  même  jusqu'à 
nos  jours  pour  désigner  la  portion  de  la  science  qui  étudie  les  plantes  au  point 
de  vue  de  leurs  organes  et  de  leurs  fonctions.  Ils  auraient  vu  avec  bonheur 
ce  premier  pas  dans  un  retour  vers  l'état  normal,  qui  a  cessé,  pour  l'ensei- 
gnement de  la  Botanique  à  Paris,  par  la  suppression  récente  des  deux  chaires 
restées  vacantes  à  la  mort  de  Ad.  de  .lussieu.  Malheureusement  le  choix  du 
nouveau  professeur  ne  laisse  aucune  illusion  à  cet  égard,  ses  connaissances 
toutes  spéciales  devant  nécessairement  donner  à  ses  leçons  une  direction 
purement  chimique  et  physique,  mais  nullement  botanique. 

—  Un  acte  de  noble  désintéressement  vient  d'être  accompli  au  profit  du 
Jardin  des  Plantes  de  Paris.  La  famille  de  Jussieu  a  donné  à  cet  établisse- 
ment la  portion  la  plus  précieuse  des  collections  dont  elle  avait  hérité  à  la 
mort  de  notre  illustre  Ad.  de  Jussieu.  Cet  éminent  botaniste,  n'ayant  eu  que 
deux  filles  ,  a  mis  fin  en  sa  personne  à  cette  longue  suite  de  générations 
d'hommes  justement  célèbres  qui,  pendant  plus  d'un  siècle,  ont  maintenu 
au  premier  rang  en  Europe  la  Botanicjue  française,  et  qui  ont  élevé  d'abord  , 
affermi  ensuite,  l'impérissable  monument  de  la  Méthode  naturelle.  L'her- 
bier formé  par  Bernard,  Antoine  Laurent  et  Adrien  de  Jussieu,  dans  lequel 
ils  avaient  trouvé  les  éléments  de  leurs  immortels  travaux,  était  dès  lors, 
pour  notre  pays,  un  de  ces  trésors  dont  les  nations  sont  justement  fières  et 
qu'elles  conservent  comme  de  véritables  titres  de  gloire.  C'est  ce  qu'avait 
très  bien  senti  l'administration  du  Jardin  des  Plantes  ;  aussi  avait-elle 
demandéque  leGouvernement  voulût  bien  fairel'acquisitiondeces  précieuses 
collections.  Cette  demande  est  devenue  superflue  ,  grâce  à  la  généreuse  dé- 
termination qui  a  été  prise  par  la  famille  de  Jussieu.  ÎNous  croyons  devoir 
faire  connaître  aux  lecteurs  de  ce  Bulletin  la  lettre  par  laquelle  MM.  A. 
Ramond  et  H.  Fizeau,  les  deux  gendres  de  Ad.  de  Jussieu,  ont  annoncé  à 
l'administration  du  Jardin  des  Plantes  le  don  important  qui  lui  était  fait: 

«  Paris,  25  mars  1857. 
»  Messieurs , 

»  Vous  avez  bien  voulu  exprimer  le  désir  que  les  herbiers  des  Jussieu 

fussent  achetés  par  l'État,  pour  être  conservés  au  Muséum. 


94  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

•  1)  Notre  famille  a  pensé,  comme  nous,  qu'il  serait  plus  lionorable  encore 
pour  elle  que  le  Jardin  des  Plantes  reçût  ces  herbiers  à  titre  de  don.  INous 
vous  prions  de  vouloir  bien  les  accepter.  Ils  se  composent  : 

»  1°  De  l'herbier  de  Bernard  et  d'Autoine-Laurent  de  Jussieu  ; 

»  2°  De  l'herbier  de  notre  beau-père,  M.  Adrien  de  .Tussieu,  à  la  seule 
exception  de  l'herbier  de  France,  qui  n'aurait  que  peu  d'intérêt  scientifique  ; 
'   »  3°  De  divers  anciens  herbiers. 

»  Nous  aurons  aussi  l'honneur  de  vous  remettre  ,  dès  que  nous  les  aurons 
nous-mêmes  réunis,  les  manuscrits  imprimés  et  inédits  des  Jussieu,  ainsi 
que  dès  catalogues  du  Jardin  des  Plantes  et  des  papiers  relatifs  à  l'histoire 
de  cet  établissement. 

»  Nous  osons  espérer,  Messieurs,  que  l'administration  du  Muséum  vou- 
drabien  affecter  un  local  spécial  à  l'herbier  de  Bernard  et  d'Antoine-Laurent 
de  Jussieu,  et  faire  conserver  à  part  les  manuscrits  de  la  famille.  Si  l'herbier 
d'Adrien  de  Jussieu  devait  être  réparti  dans  l'herbier  général  du  Muséum, 
nous  attacherions  beaucoup  de  prix  à  ce  que  chaque  échantillon  reçût  une 
étiquette  indiquant  son  origine. 

»  Agréez,  etc.  A.  Ramond,    H.  Fizeau.  » 

—  Depuis  le  commencement  de  l'année  1857,  il  paraît  à  Paris  un  nou- 
veau journal  d'horticulture,  sous  le  titre  de  y  Horticulteur  praticien.  Le 
directeui-  de  cette  publication  est  M.  Galleotti,  de  Bruxelles.  Le  format  de 
ce  nouveau  journal  est  grand  in-S".  Il  parait  par  livraisons  mensuelles 
contenant  chacune  deux  planches  coloriées. 

BIBLIOGRAPHIE. 

Flora  oder  allgciiieiuc  botauischc  Zeitiiug;. 

Articles  originaux  publiés  en  1856. 

Buchenau  (Franz).  — Bemerkungul)er  Sorhus hybrida  L. (Remarque  sur  le 
Soibas  Iiybridu  L.)  ;  n"  1,  7  janv. ,  pp.  \-h. 

Hoclistetter.  —  Kritische  Bemerkungen  iiber  einige  exotische  Grasgat- 
tungen  und  dahin  gehoerige  Arten  (Remarques  critiques  sur  quelques 
genres  exotiques  de  Graminées  et  sur  les  espèces  qui  y  rentrent)  ;  n°  2, 

,  lajanv.,  pp.  17-29i  n"  6,  U  fév.,  pp.  81-95;  n°  7,  21  févr.,  pp, 
97-112. 

Dans  ce  travail,  qui  fait  suite  à  un  premier  article  publié  dans  le 
Flora  en  1855  (n°  27),  M.  Hochstetter  examine  successivement  les 
genres  Trisetaria  Forsk. ,  Anotnalutis  St  ud. ,  Crinipcs  Hochst, , //a;*- 
pachne  Id.,  Hcterantkelium  Id.,  Amblijachirwn  Id.,  JJcte?'opugon  Pers. , 
Elionurus  ^^'illd.,  Ischœnnan  L. 

Wydler  (H.).  —  Morpbologische  Notizen  (Notices  morphologiques)  \  w!"  3, 
21  janv.,  pp.  33-^7;  plane.  1-111. 


REVUE    HIULKKiUAPIIIQli;.  Hft 

Heuffel  (Joli.).  — Dicin  Uugarn  vorkommendeu  Arlender  Galtiing  Knautia 
Coult.,  etc.  (Les  espèces  du  genre  Knautia  Coult.  (lui  se  Irouveut  ea 
Hongrie,  avec  quelques  remarques);  n"  h,  28janv.,  pp.  /i9-r)6. 
Lchmann  (C.-li.)  et  Sc/miUspahn  (G.).  —  Semjjervioum  lomentosum,  eine 
lieue  Art  ans  der  Gruppc  der  Arachnoideœ  {Sempcruivum  (omcntosum  , 
nouvelle  espèce  du  groupe  des  Arac/moideœ),  n.  h,  28  janv,,  pp.  56-59. 
Jaeycr  (G.).  —  Uebcr  die  relative  Unschaedlichkcit  von  lieschaedigungen 
des  Starams  und  der  Blaelter,  etc.  (Sur  l'innocuité  des  blessures  de  la 
tige  et  des  feuilles  avec  perte  de  substance  relativement  au  développe- 
ment des  feuilles  et  de  toute  la  plante  et  sur  les  productions  de  racines 
à  des  places  inusitées)  ;  n"  5,  7  fév.,  pp.  65-72. 
C«^/;an/ (Robert). —Ueber  die  taegliche  Période  des  Wachsthums  des  Blattes 
der  Victoria  regia  Lindl.  (Sur  la  période  journalière  de  l'accroissement 
de  la  feuille  du  Victoria  regia  Lindl.,  et  sur  l'accroissement  des  plantes  en 
général)  ;n°  8,  28  fév.,  pp.  113-126;  n"  9,  7  mars,  pp.  129-1^3^1°  10, 
\k  mars,  pp.  1^5-160;  n"  11,  21  mars,  pp.  161-171. 
Martrin-Donos  (C^  Victor  de).  — DescriptioGlaucii  noviaunexisdiagnosibus 

specierum  affinium;  n"  11,  21  mars,  p.  171. 
Hochstetter.  —  Kritische  Bemerkungen  ueber  einige  exotische  Grasgat- 
tungen  und  dabin  gehoerige  Arten,  wodurch  Irthuemer  verscbiedeuer 
Autoren  berichtigt,  etc.  (Remarques  critiques  sur  quelques  genres  de 
Graminées  exotiques  etsur  les  espèces  qui  y  rentrent,  destinées  à  rectifier 
leserreursde  divers  auteurs,  et  particulièrement  adonner  des  explications 
sur  plusieurs  Graminées  publiées  par  VUnio  itineraria)  ;  n"  12,  28  mars, 
pp.  177-192. 
Sendtner  (0.).  — Zur  Kenntniss  der  bayerischen  Brombeerstraeucher  (Sur 

les  Rubus  de  la  Bavière)  ;  n"  13,  7  avril,  pp.  193-205. 
Schultz  (F.).  —  Eine  neue  Anémone  (Une  nouvelle  espèce  d'Anémone)  ;  n"  13, 

7  avril,  p.  205. 
Massalongo  (A.-D.-B.).  —De  nonnullis  Collemaceis  ex  tribu Omphalariea- 

rum,  W  \k,\h  avril,  pp.  209-215. 
Boeckeler.  —  Neue  americaniscbe  Biedgraeser  (Nouveaux  Carex  d'Amé- 
rique) ;nM5,  21  avril,  pp.  225-231, 
Massalongo  (A.-D.-B.).  —  De  Thamnolia  génère  Lichenum  nondum  rite  de- 

finito  brève  commentarium  ;  n°  15,  21  avril,  pp.  231-235. 
Arnold  (F.).—  Ueber  dicLaubmoosedesfraenkischen  Jura  (Sur  les  Mousses 

du  Jura  français);  n"  16,  28  avril,  pp.  2^1-250. 
Dippel.  —  ZurPrimordialscblauchfrage  (Sur  l'utricule  primordiale);  n°17, 

7  mai,  pp.  257-268;  n°  18,  1^  mai,  pp.  273-281  ;  plane.  IV. 
Massalongo  (A.-D.-B.).  —  Gênera  lichenum  aliquot  nova  proponit  et  de- 

scribit;  n"  18,  1^  mai,  pp.  281-286;  n"  19,  21  mai,  pp.  289-292. 
Landerer  (X.).  — Ueber  die  iuGriechenlaud  vorkommenden  Arzneipflanzen 


96  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

(Sur  les  plantes  médicinales  qui  croissent  en  Grèce)  ;  n°  20,  28  mai,  pp. 
305-317. 

Boeckeler.  —  Kritische  Bemerkungen  ueber  einige  Seggen  (Remarques 
critiques  sur  quelques  Carex  qui  ont  été  présentés  comme  espèces  nou- 
velles par  Steudel  dans  son  Synopsis  pi.  Ci/pemc);  n"21,  7  juin,  pp. 
321-329. 

Wolfner.  —  Kritische  Bemerkungen  ueber  mehrere  neue,  seltene  oder 
zweifelhafte  Pflanzeu  der  Flora  Boehmens  ^lAemarques  critiques  sur  plu- 
sieurs plantes  nouvelles,  rares  ou  douteuses  delà  Flore  de  Bohême);  n''22, 
l^juin,  pp.  337-349. 

Schuitz  (C.  -H.-Bip.) .  —  Verzeichniss  der  Gassiniaceen,  velche  Herr  Edelstan 
Jardin  in  den  Jahren  1853-1855,  auf  den  Insein  des  stillen  Océans 
gesammelt  hat  (Catalogue  des  Cassiniacées  récoltées  par  M.  Edelstan  Jardin 
en  1853-1835  ,  dans  les  îles  de  l'Océan  pacifique);  n°  23  ,  21  juin, 
pp.  353-362. 

Schuitz  (F.).  —  Die  inFrankreich  vorkommenden  Arten  von  Gagea  (Sur  les 
espèces  de  Gagea  qui  croissent  en  France)  ;  n"  23,  21  juin,  pp.  363-366. 

Fries  (El.)— Beitrag  zur  naeheren  Bestimmung  von  SchaeflVr's  Icônes  Fun- 
gorum  Bavariœ  et  Palatinatus  (Note  relative  à  la  détermination  des 
Icônes  Fungorum  Bavariœ  et  Palatinatus  de  Schaeffer)  ;  n°  24,  28  juin, 
pp.  369-373. 

Vogel  (A.).  —  Beitraege  zur  Kenntniss  des  Verhaeltnisses  zwischen  Licht 
uud  Végétation  (Notes  sur  les  rapporisqui  existent  entre  la  lumière  et  la 
végétation)  ;  n''25,  7  juillet,  pp.  386-388. 

Buchenau  (Franz).  —  Monstrositaet  der  Bluethe  bei  Dipsacus  fullonum 
Mill.  (.Monstruosité  de  la  fleur  dans  le  Dipsacus  fullonum  Mill.)  ;  n°  25, 
7  juillet,  pp.  389-393. 

Steudel.  —  Einige  Beitraege  zu  der  Chilesischen  und  Peruanischen  Flora, 
etc.  (Quelques  notes  relatives  à  la  Flore  du  Chili  et  du  Pérou,  écrites 
surtout  d'après  les  collections  de  Bertero  et  de  LeclUer);  n"  26, 14  juillet, 
pp.  401-412  5  n°  27,  21  juillet,  pp.  417-426  ;  n°  28,  28  juillet,  pp.  436- 
444. 

Guembel  (Tii.)  —  Zur  Entwickelungsgeschichte  von  Viscum  album  (Sur  le 
développement  du  Viscum  album)  \  w"  28,  28  juillet,  pp.  433-436; 
plane.  VI. 

Landerer  {X.).  —  Botanische  Notizen  aus  Griechenland  (Notices  botani- 
ques relatives  à  la  Grèce)  ;  n°  29,  7  août,  pp.  449. 

Koernicke  (Fv.)  Beitrilge  zur  Kenntniss  der  Gattung  Crocus  (Notes  relatives 
au  genre  CrocMs)  ^  n»  30,  14  août,  pp.  465-478). 


Parla.  -  Imprimerie  de  L.  MihTiftET,  rue  Mignon,  2. 


SOCIÉTÉ    BOTANIQUE 

DE   FRANGE. 


SÉANCE   DU    13    FÉVRIER    1857. 

PRÉSIDENCE    DE    M.    MOQUIN-TANDON. 

M.  Diicliartre,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
séance  du  30  janvier,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  de  la  présentation  l'aile  dans  la  dernière  séance,  M.  le 
Président  proclame  l'admission  de: 

M.  Keteleer,  horticLilteiu',  rue  de  Charonne,  lZi6,  à  Paris,  pré- 
senté par  31M.  Boisduval  et  Duchartre. 

M.  le  Président  annonce  en  outre  trois  nouvelles  présentations. 

Dons  faits  à  la  Société: 

1"  Par  M.  Decaisne  : 

Le  Jardin  fruitier  du  Muséum,  livr.  1  et  2. 

Note  sur  le  Jardin  fruitier  du  Muséum  (extrait  des  comptes  rendus 
de  l'Académie  des  sciences). 

2°  De  la  part  de  M.  Àttilio  Tassi,  de  Lucques  : 

Indice  alfabetico  dei  giardini  botanici  o  stahilimente  coi  quali  VI.  R. 

orto  botanico  di  Lucca  trovasi  in  correspondenza. 
Index  scminum  quœ  in  anno  1856  reperiuntur  in  eodcm  horto  I.  R. 

botanico. 

3»  De  la  part  de  M.  C.-M.  Guillemin  : 

Composition  de  laradiatlon  solaire;  son  influence  sur  les  êtres  vivants. 

/i"  En  échange  du  Bulletin  de  la  Société  r 

Bulletin  de  la  Société  impériale  zoologique  d'acclimatation.^  numéro 

de  décembre  1856. 
L'Institut.,  jativiei-  et  février  1857,  trois  numéros. 

T.    IV.  7 


98  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    \)E   FRANCE. 

M.  Duchartre,  secrétaire,  donne  lecture  cVune  lettre  de  M.  Leclère, 
de  3Iontivilliers  (du  11  février),  relative  aux  sécrétions  de  quelques 
Orchidées,  etc.  (1). 

MM.  les  Secrétaires  donnent  lecture  des  communications  suivantes, 

adressées  à  la  Société  : 

NOTE  DE  M.  ROBERT  CASPARY  SIH  LA  DIVISION  DE  LA  FAMILLE  DES 
HVDROCHARIDÉES ,  PROPOSÉE  PAR  M.  CHATIN. 

(Bonn,  n  janvier  1857.) 

Notre  honorable  confrère,  M.  Chatin  ,  a  cru  devoir  diviser  les  Hydro- 
charidées  en  deux  familles,  les  Ottéliacées  et  les  Hydrocharidées  propres 
[Comptes  rendus,  XLI,  1855,  p.  819,  et  Anatomie  comparée,  1856,  p.  k). 

Les  caractères  des  deux  familles  sont,  selon  lui,  les  suivants: 


Ottéliacées.  —  Ovules  anau-opes. 

A.  Ottéliées.  —  Axes  et  feuilles  tous 
vasculaiies.  Des  stomales  à  la  face  su- 
péiieure  des  feuilles.  Plantes  flouantes. 
(Ottelia.) 

B.  Enhalées.  —  Ovules  à  une  seule 
uiembrauc.  Axes  et  feuilles  non  tous 
vasculaires.  l^as  de  stomates.  Plantes 
immergées.  {Stratiotes,  Enhalm.) 


Hydrocharidées.  —  Ovules  oitho- 
tropes. 

A.  Hydrocharéen.  —  Axes  et  feuilles 
tous  vasculaires.  Des  stomates  à  la  face 
supérieure  des  feuilles.  Plantes  flot- 
tantes. {Hijdrocharis,  Limnobium.) 

B.  Vallisnériées.  —  Ovules  à  une 
seule  membrane.  Axes  et  feuilles  non 
vasculaires.  Vas  de  stomates,  liantes 
immergées.  (  VaUisneria,  HydrHla,Ana- 
charis,  Udora.) 


Quant  à  la  subdivision  des  Hydrocharidées  propres  en  Hydrocharées  et 
Vallisnériées,  un  des  principaux  caractères  sur  lesquels  elle  est  fondée  est 
que  les  premières  ont,  a  la  lige  et  aux  feuilles,  des  vaisseaux  qui,  selon 
M.  Chatin,  font  défaut  cbez  les  autres.  M.  Cbatin  a  dit  aussi  ailleurs 
[Comptes  rendus,  1855,  XLI,  695,  et  Anat.  comp.,  p.  21)  que  les  vaisseaux 
manquent  aux  ylnac/irtnc/ec's  Endl.,  et  il  est  vrai  que,  cbez  ces  plantes,  la 
ti^e  adulte  n'a  point  de  vaisseaux;  mais  j'ai  trouvé  dans  la  tige  non  adulte 
de  VAnacharis  Ahinastrum  Bab.  [Elodea  canadensis Ricb.)  que  j'ai  examinée 
sur  le  vivant,  a  environ  une  ligne  au-dessous  du  bourgeon  terminal,  un 
vaisseau  central  tout  seul  (et  non  pas  un  faisceau  de  vaisseaux!)  parcou- 
rant dix  a  quinze  entre-nœuds,  et  duquel  partent  à  chaque  nœud  trois  autres 
vaisseaux  qui  se  dirigent  vers  les  feuilles  ,  saus  toutefois  sortir  de  la 
ti"e.  Mais  bientôt  ces  vaisseaux,  qui  sont  des  vaisseaux  annulaires  impar- 

(1)  M.  liCclère  ayant  complété  sa  commuiiicalion  par  une  seconde  lettre  lue  à  la 
séance  du  27  ft-vricr,  c'est  dans  le  compte  rendu  de  cette  séance  (voyez  plus  bas 
page  lZi8)  (lue  Pou  trouvera  les  extraits  de  ses  deux  lettres. 


SKANCIO    DU    13    ILVIUIU    J857.  09 

iaits,  sont  résorbés,  et  le  vaisseau  central  de  hi  tige  est  traiisfoimé  en  un 
canal  qui  se  Irouvo  au  milieu  du  faisceau  de  cellules  longues,  cylindriques, 
remplies  de  matière  azotée,  qui  parcouri  la  tige.  Les  autres  Anacharidées 
ont  probablement  aussi  ces  vaisseaux  transiloiies,  mais  il  est  impossible 
de  s'en  convaincre  par  l'examen  d'échantillons  desséchés.  Or,  si  les  Ana- 
charidées possèdent  des  vaisseaux,  elles  n'appartiennent  pas  à  la  tribu  des 
Vallisnériées  de  iM.  CJiatin,  caraclérisée,  suivant  lui,  par  l'absence  de 
vaisseaux;  ou  bien  il  faut  cesser  d'admettre  ce  caractère  comme  distinctif 
delà  tribu.  D'ailleurs,  M.  Chatin  lui-même  a  trouvé  (une  seule  fois,  il  est 
vrai)  une  petite  tiachée  dans  le  Vallisneria  spiralis ,  trachée  (jui,  dans  l'or- 
gane où  elle  a  été  vue,  existe  peut-être  toujours  pendant  la  jeunesse  de  cet 
organe. 

La  structure  des  fleurs  ne  diffèi-e  pas  essentiellement  dans  les  denx 
familles  sépai'ées  par  M.  Chatin,  et  notre  honoiable  confrère  lui-même 
reconnaît  que  la  différence  principale  réside  dans  l'ovule,  qui,  suivant  lui, 
est  anatrope  chez  les  Ottéliaeées  et  orîhotrope  chez  les  Hydrocharidécs.  Je 
n'ai  pas  eu  occasion  d'examiner  le  genre  En/talus;  mais  les  genres  Strutiotes 
et  Ottelia  oui  en  effet  des  ovules  anatropes;  ceux  de  VOttelia  ont  deux  tégu- 
ments 5  quant  à  ceux  du  Slratiotes,  je  ne  puis  pas  reconnaître,  sur  le  sec, 
s'ils  n'en  ont  qu'un  seul.  iM,  Chalin  a  aussi  raison  en  disant  que  le  genre 
H'jdrocharis  a  des  ovules  orthotropes  à  deux  téguments.  Endlicher  {Gen. 
pL,  1216)  décrit  ces  ovules  comme  ascendants  et  anati'opes,  ce  qui  n'est  pas 
exact.  Mais  quant  aux  ovules  des  Vallisnériées,  les  caractères  que  M.  Chatin 
leur  attribue  ne  me  paraissent  pas  tout  à  fait  d'accord  avec  les  faits. 

J'ai  examiné,  il  y  a  déjà  quelques  années,  dans  les  herbiers  publics  de 
Berlin  et  de  Vienne  et  dans  ceux  de  quelques  amis,  les  ovules  de  plusieurs 
piaules  de  ce  groupe,  telles  que  les  Serpicida  verticillata  L.  fil.  (de  l'her- 
bier de  Willdenow),  Hydrillaovalifolia  Kich.,  H.  najadifolia  Zoll,  et  Mor. 
H.  augiistifolia  Mas^-k.,  Elodea  giiyanensis  Rich.,  E.  canadensis  Jlich., 
Anacharis  Auttal ii  Pïanch.,  A.  ckilensis  Planch.,  A.  Alsinastrum  Bi\b.^ 
Lagarosiphon  muscoides  Harv. ,  L.  cordofanus  [Udora  cordofana  Hochst.), 
et  j'ai  trouvé  les  ovules  de  toutes  ces  plantes,  sans  exception,  à  deux  tégu- 
ments et  non  pas  à  un  seul,  comme  M.  Chatin  les  décrit.  On  peut  s'en  con- 
vaincre en  traitant  ces  ovules  avec  une  solution  de  potasse  caustique,  qui 
rend  les  téguments  visibles,  au  moins  pendant  quelques  instants.  J'ai 
vu  aussi  deux  téguments  chez  le  Vallisneria ,  et  M,  Chatin  lui-même 
attribue  avec  raison  deux  téguments  à  l'ovule  de  cette  plante,  dans  sa  notice 
publiée  dans  le  Bulletin  de  la  Société  Botanique  de  France  (t.  I,  185Zi, 
p.  362,  en  note),  quoique  ailleurs  il  ne  lui  en  donne  qu'un  seul  [Comptes 
rendus,  185^,  p.  822,  et  Mém.  sur  le  Vallisn.  spircdis,  1855,  p,  16  et  29, 
pi.  o,  fig.  11,  11'  et  13).  Du  reste,  le  \ullisneria  spiralis  a  en  effet  des 
ovules  orthotropes  et  dressés,  comme  les  a  trouvés  M.  Chatin,  et  non  pas 


100  SOLIÉTfc;    BOTAMQLE    DE    FIIANCE. 

ascendnnts  et  anatropes  comme  Endlicher  les  décrit.  Mais  ni  l'orthotropie, 
ni  les  deux  téguments  des  ovules  du  V.  spiralis  ne  sont  des  faits  nouveaux. 
M.Treviranus(6'//»?6oto,  1831,  p.  7/i,  tab.  IF,  f.  ^3  elhh]  a  décrit  et  figuré 
la  graine  de  cette  plante  et  son  embryon  comme  inverse,  et  M.  Scbieiden  a 
aussi,  dès  1837  [Nov.  acta  Acad.  Lcop.  Car.,  XIX,  ii,  p.  ^5,  t.  3,  f.  25), 
décrit  et  figuré  ses  ovules  comme  orthotropes  et  pourvus  de  deux  tégu- 
ments, qui  ne  sont  pas  formés,  comme  le  dit  M.  Cbatin  {Bull.  Soc.  Bot. 
Fr.,  I,  p.  362),  d'un  seul  rang  d"ulricules,  mais  de  deux,  les  téguments 
d'aucune  plante  n'étant  jamais,  ([ue  je  sacbe,  formés  d'un  seul  rang(l).  Les 
ovules  dt'S  Eludea,  Anachuris  [Lkloro],  Lagarosiphon,  sont  en  effet  ortbo- 
tropes, ainsi  que  M.  Cbatin  lésa  trouvés.  Ricbard  figure  la  graine  de  VElodea 
comme  ayant  la  plumuledirigée  vers  le  bas(;'J/em.  de  l'Institut^  aun.  1811, 
pi.  1,  F.),  de  sorte  que  l'on  peut  en  présumer  l'orthotropie,  bien  que,  par 
erreur,  Endlicher  ail  décrit,  chez  VUdora  {Elodea  Uich.),  la  radicule  comme 
infère. 

M.  Harvey  [Hooker's  Journ.  ofBot.,  1862,  IV,  p.  230,  pi.  22)  a  figuré 
avec  exactitude  les  ovules  du  Lagarosipfion  comme  orthotropes-,  mais,  dans 
la  description  de  la  graine,  il  a  commis  une  erreur  en  décrivant  la  radicule 
comme  infère.  Quant  au  genre  HydriUa,  M.  Cbatin  n'a  pas  reconnu  exacte- 
ment l'organisation  et  la  situation  des  ovules.  Chez  Vlli/drilla  verticillata 
[Serpicula  verticillata  L.  fil.)  les  ovules  ont  deux  téguments  et  sont  ana- 
tropes.  Les  ovules  supérieurs  ou  les  deux  plus  hauts  sont  généralement 
ascendants,  c'est-à-dire  qu'ils  ont  le  funicule  dirigé  vers  le  haut  et  le 
inicropyle  vers  le  bas.  Les  autres  ovules  sont  pendants  et  leur  micropyle 
est  dirigé  vers  le  haut;  mais  je  n'ai  pas  été  le  premier  à  observer  cela  ,  car 
M.  Hasskarl  [PL  juv.,  18/i8,  p.  118)  adéjcà  décrit  la  direction  différente  des 
divers  ovules  de  YHtjdrilla\  mais  ce  botaniste  indique  à  tort  les  ovules 
supérieurs  comme  pendants  et  les  ovules  inférieurs  comme  ascendants.  Ra- 
rement on  trouve,  par  anomalie,  un  ovule  hémi-anatrope. 

M.  Cbatin,  <à  l'exeniple  de  Près!  [Abhandl.  dcr  Kœnigl.  Bœhm,  Gesellsch. 
d.  Ms.s.,  18/;5,  111,  562)  et  de  M.  Plancbon  {Anii.  se.  nat.,  3"  série,  1869, 
XI,  79),  a  réuni  dans  le  genre  HydriUa  [Anat.  comp.,  p.  22)  les  II.  ovali- 
folia  Ricb.  et  tuijadifolia  Zoll.  et  i\Ior.,  et  le  Lagarosiphon  Harv.,  c'est- 
à-dire  des  plantes  génériquement  différentes.  Dans  la  diagnose  du  genre 
Ilgdrilla  [loc.  cit.),  il  décrit  les  spatlus  des  fleurs  mâles  comme  uniflores,et 
néanmoins  il  place  le  Lagarosiphon  dans  le  genre  Hndrilla,  bien  que,  cbez 
le  Lagarosiphon,  un  grand  nombre  de  fleurs  mâles  se  trouvent  réunies  dans 
une  même  spathe,  ce  que  M.  Harvey  a  bien  figuré  {Hooker's  Journ.  of  Bot., 

(Ij  La  fij;uro  (!<>  l'oviili'  du  \'(illisnf'ria  spiralis  (Iouik'i'  par  M.  .Schk-idon  rst 
reproduite  dans  les  Ainialrs  dos  svicnccy  naturelles  {'ô'  .série.  iS2id,  \\.  Vi,  (ig.  3), 
mais  mullicureuscnKMil  i'exi)licaiiyii  de  o/tie  figure  ne  se  trouve  pas  dans  le  icxlc. 


SI^.ANCK   V.V.    n    IKVniKU    1857.  101 

TV,  pi.  22,  fig.  '^  (l/i)-  l-t'sc;iraolcMCs  {linVieiiticIs  des -oi.ifs  J/ydnl/n  d 
Lnrjnrosiphon  sont  les  siiivaiUs,  outre  ci'liii  qui  est  relatif  au  nombre  de 
lleiirs  niâlos  contoiîues  dans  la  spathe. 

llljdrilla  lîicli.    . 


Lagaroaiphon  llarv. 

1.  demmiilae  ortiiotropa', 

2.  G(Mnniulae  onines  orocla', 

;5.  Folia  sparsa, 

U.  Folia  duo  (vel  Iria?)  membraiiacea 
ad  basin  rami  in  vagiiuun  coiinata. 


1.  r.emmula;  aiiatiop;i>, 

'2.  C.pmmidœ  inftîriorcs  pcndniai,  supe- 

riores  adscendentes, 
3.  Folia  verllcillala, 
h.  Foliiim  uniciim  ad  basln  rami  ani- 

plcxicaulo. 


Tl  me  paraît  résulter  de  ce  qui  précède,  que  le  genre  Hydrilla  ayant  des 
ovules  anatropes  et  ne  pouvant  d'ailleurs  être  séparé  de  ses  plus  proches 
voisins  les  genres  Elodca  {Anacharis  et  [/dora  Auct.  —  Apalanthe  Plancb.) 
et  Lagarosiphon,  la  division  des  Hydrocbaridéesde  Richard  en  Ottéliacées 
et  Hydrot'haridécs  propres,  proposée  par  M.  Chatin  et  basée  uniquement  sur 
l'organisation  des  ovules,  ne  peut  être  maintenue. 

LETTRE  DE  M.  E.  GERM.%IIV  DE  SAI\T.PIERRE.  i 

A  Monsieur  le  Président  de  la  Société  Botanique  de  France. 

'  Coslebelle,  près  Hycres  (Var),  31  janvier  1857. 

Monsieur  le  Président,  l'état  de  ma  santé  m'oblige  à  passer  cet  hiver  loin 
de  Paris;  je  suis  allé  demander  au  beau  ciel  et  à  la  douce  température  do 
la  Provence  les  forces  dont  je  désire  surtout  le  retour  pour  les  consacrer, 
comme  par  le  passé,  tout  entières  à  l'étude.  Veuillez,  je  vous  prie,  me  per- 
mettre de  dire  à  nos  confrères  de  la  Société  combien  je  suis  cruellement 
privé  de  ne  pouvoir  assister  de  plusieurs  mois  à  nos  séances. 

J'ai  quitté  mon  séjour  d'été  de  la  INièvre  le  20  novembre;  à  Mâcon 
les  montagnes  étaient  couvertes  de  neige;  à  Lyon  ce  n'était  plus  qu'une 
pluie  froiJe  et  un  ciel  brumeux  ;  à  Nimes,  où  j'arrivais  le  lendemain,  je 
trouvais  un  ciel  pur,  un  soleil  magnifique,  une  température  tiède  le  matin 
et  cliaude  le  jour.  —  Le  point  que  j'habite  aux  environs  d'Hyères  (à  Coste- 
belle)  est  presque  le  plus  méridional  du  littoral  de  la  France;  j'ai  compris, 
dès  mon  arrivée  ,  tout  le  parti  que  je  pouvais  tirer ,  pour  mes  recherches, 
d'un  hiver  passé  sous  un  pareil  climat. 

J'adresserai  à  la  Société  l'ensemble  des  notes  botaniques  que  j'ai  recueillies" 
en  décembre  et  en  janvier;  j'ai  partagé  ces  notes  en  plusieurs  séries  qui 
com.prennent  :  1"  des  observations  relatives  à  la  flore  locale  (époques  de 
floraison  et  de  maturation,  etc.);  2'  des  observations  relatives  aux  plantes 
cultivées  ici  en  pleine  terre  et   particulièrement  aux   plantes  tropicales; 


10*2  SOCIÉTÉ   ROTAMQIE    DK    FRANCE. 

3°  eniiii,  des  observations  diverses  d'orjïanogi-aphie  et  de  tératologie,  —  J'ai 
t'onsigné  dans  ces  notes  ce  qui  frnppe  le  plus  un  liabitant  du  nord  trans- 
porté brusquement  à  la  pointe  la  plus  méridionale  de  la  Provence,  et  étonné 
de  trouver,  sans  quitter  le  sol  de  la  France,  un  climat  propre  à  la  végéta- 
tion des  Palmiers.  Je  n'envoie  d'ailleurs  à  la  Société  que  les  impressions 
de  voyage  d'un  botaniste;  quelques  faits  m'ont  paru  peu  connus^  d'autres, 
qui  le  sont  davantage,  auront  surtout  le  mérite  d'être  signalés,  non  par  oui- 
dire,  mais  de  visu.  Il  ne  faudrait  pas,  du  reste,  juger  du  climat  et  des  pro- 
ductions de  la  Provence  par  ce  que  j'ai  à  dire  des  environs  d'Hyères;  ce 
petit  coin  de  la  France  doit  en  effet  sa  température  (exceptionnelle  même 
pour  le  littoral  de  la  Provence)  à  ce  qu'il  est  complètement  abrité  des  vents 
du  nord  par  une  triple  ceinture  de  montagnes  qui  en  font  une  véritable 
serre  cbaude  à  ciel  ouvert. 
J'ai  Thonueur,  etc. 

OBSERVATIONS    SUR    L'ÉTAT    DE  LA    VÉGÉTATION    AUX    ENVIRONS    D'HYÈRES    PENDANT 
LES   MOIS  DE   DÉCEMBRE   185G    ET    DE  J.\NVIER  1857,  par  M.  E.  C^FK'HAIX  I»E 

§    I,   —  VÉGÉTATION    SPONTANÉE. 

Aspect  du  pays  aux  environs  d'Hyères.  —  Les  montagnes  qui  dominent 
Toulon  sont  rocheuses  et  dénudées-,  en  se  rapprochant  d'Hyères,  oit  peut, 
des  points  culminants,  apercevoir  à  l'horizon  les  sommets  des  basses  Alpes 
et  des  montagnes  de  Nice,  actuellement  couvertes  de  neige;  mais  les  mon- 
tagnes du  premier  et  du  second  plan  sont  moins  élevées  :  c'est  là  que  s'é- 
tendent les  bois  de  Chêne-r.iége.  Une  chaîne  de  hautes  collines,  qui  court 
parallèlement  à  la  côte  et  dont  le  pied  plonge  dans  la  mer,  est  cou- 
verte de  forêts  de  Pinus  halepensis,  et  sur  quelques  points  de  la  côte  de 
Pinus  Pinea.  C'est  dans  le  repli  d'une  de  ces  collines,  et  au  niveau  de  la 
petite  ville  d'Hyères  (Olbia),  qu'est  située  la  villa  de  Costebclle,  centre  de 
mes  explorations.  Un  bras  de  mer  d'une  à  deux  lieues  de  largeur  sépare 
la  côte  de  la  presqu'île  de  Gien  et  des  îles  montueuses  de  Porquerollcs,  de 
Port-Croset  du  Levant  [Insidœ  Stœchades).  Gien  et  les  îles  de  Por(iuerolles 
et  de  Port-Cros  sont  peu  habitées  :  une  garnison  occupe  les  forts  qui  y  sont 
établis.  L'île  du  Levant  ou  du  Titan,  qui  est  la  plus  grande  et  la  plus  éloi- 
gnée, est  presque  entièrement  livrée  à  la  nature  et  doit  être,  par  consé- 
quent, la  plus  intéressante  au  point  de  vue  de  la  végétation  spontanée;  elle 
est  cependant  moins  accidentée  que  les  précédentes.  Quelques  îlots  plus  ou 
moins  couverts  de  végétation,  et  qui  élèvent  à  la  pointe  des  îles  leurs  ro- 
chers dénudés  au-dessus  de  la  mer,  sont  les  crêtes  les  moins  élevées  de  la 
petite  chaîne  de  montagnes  sous-marines  qui  constitue  les  îles. 

Les  îles  et  les  montagnes  de  la  côte  étaient,  dit-on.  il  y  a  moins  d'un 


SKANCK  DU  13  Fî;\nii:iî  1857.  103 

(Iciiii-sièc'Io,  convoites  cl(!  l'u^èts  il(3  pins  Muip;ni(K|iies  cl  de  clu^ncs  séculai- 
res :  ces  belles  el  aiicieiuies  loriHs  ont  disparu.  Aujourdiuii,  de  jeunes  bois 
de  Piniis  /la/epemis,  qui  sont  conpt'S  en  berbc,  continuent  sur  la  nionta<^nc 
l'aspect  un  peu  monotone  des  plantations  d'oliviers  qui  s'étendent  dans  la 
plaine.  Pendant  l'hiver,  ces  jeunes  bois  de  pins  sont  nettoyih  des  arbustes 
et  des  buissons  de  myrtes  et  de  romarins  (jui  poussent  entre  les  arbres,  et  la 
parure  de  la  montagne  est  convertie  en  fagots.  Mais,  telle  est  la  puissance 
de  la  végétation  dans  ce  climat  favorisé,  qu'une  ou  deux  saisons  suffisent 
pour  recouvrir  les  pentes  rocailleuses  d'une  nouvelle  végétation  frutescente. 

Liate  des  principaux  arbres  et  arbustes  à  feuilles  persistantes  qui  don- 
nent, pendant  l'hiver,  un  aspect  verdoyant  aux  collines  boisées  et  aux 
basses  montagnes  :  Pinus  halepensis,  P.  Pinea,  Quercus  Suber,  Q.  Ilex,  Q. 
coccifera  (couvre  de  ses  touffes  basses  et  compactes  les  pentes  rocailleuses 
des  montagnes  de  grès  et  des  terrains  calcaires),  Juniperus  Oxycedrus,  J. 
Lycia  (l'ochers  au  bord  de  la  mer),  Myrtus  comtmmis  (forme  des  buissons 
impénétrables  dans  les  collines  et  dans  les  rochers  au  bord  de  la  mer),  Pistacio 
Lentisciis  (mêlé  aux  autres  buissons),  Arbutus  Unedo  (çà  et  là  dans  la  mon- 
tagne) en  fruits  mûrs  et  en  fleur  pendant  le  mois  de  décembre,  Oleaeuropœa, 
çà  et  là  spontané,  Phillyrea  angu.sfifolia,  Jtltaimms  Alaternus,  Vibumuni 
Timis,  dont  les  fruits,  comme  ceux  des  arbres  ou  arbustes  précédents, 
achèvent  de  mûrir  pendant  l'hiver,  et  sont  encore,  la  plupart,  attachés  aux 
rameaux  quand  la  nouvelle  floraison  commence;  le  V.  7Vnî<s  paraît  ici  tout  à 
fait  spontané,  plusieurs  de  ses  corymbes  ont  commencé  à  s'épanouir  le  20 
janvier  ;  le  Neriicm  Oleander  (Laurier-Rose)  est  abondant  dans  les  ravins  des 
hautes  montagnes,  ses  longs  fruits  siliquiformes  s'ouvrent  dans  cette  sai- 
son, et  laissent  échapper  leurs  flocons  de  graines  mûres.  — -Les  plantes  fru- 
tescentes ou  sous-frutescentes,  à  tige  verte  ou  à  feuilles  persistantes,  pen- 
dant décembre  et  janvier,  sont:  Spartium  Juncewn  ,  Cytisus  spinosus  ,, 
Jasminum  fruticans,  Globulai^ia  Alypum,  Lavmidula  Stœchas,  et  L.Spicn, 
Thyimis  vulgaris,  Rosmarinus  officinalis,  Cistus  salvifolius,  C .  albidus, 
C.  mo7ispjeliensis,  ete  ;  Asparagus  acutifolius,  Smilax  aspera,  Ruscus 
aculeatus,  etc. — J'ai  trouvé  l'autre  jour  (20  janvier),  dans  un  rocher  exposé 
au  midi  et  humecté  par  un  filet  d"eau,  les  premières  touffes  fleuries  du 
Thymus  vulgaris  et  du  Lavandula  Stœchas;  il  n'est  pas  de  Labiée  d'un 
port  plus  élégant  et  d'un  aspect  plus  agréable  que  le  Lavandula  Strochas; 
ses  épis  prismatiques  veloutés,  surmontés  d'une  rosette  de  bractées  colorées, 
présentent  plusieurs  rangs  de  fleurs  d'un  pourpre  noir,  à  gorge  rose,  dont  la 
couleur  contraste  avec  le  vert  blanchâtre  du  feuillage.  Le  Romarin,  non 
moins  abondant  que  la  Lavande,  n'a  cessé  de  fleurir  depuis  le  commence- 
ment de  l'hiver. 

Parmi  les  plantes  herbacées  d'autmnne  dont  la  floraison  s'est  continuée  on 
s' affaiblissant  pendant  le  mois  de  décembre,  et  s'est  à  peu  près  terminée 


\0!l  SOCIÉTÉ    BOTAMQfE    DE    FRANCE. 

'pendant  In  première  quinzaine  de  janvier,  je  citerai  :  Scabiosa  lucida,  Cen- 
trant/tus ruber.  Aster  Tripolium,  Inula  crithmoides,  Buphthalmum  spino- 
swn,  Chrijsantliemum  segetum,  Centaurea  snlstiticdis,  C.  aspera,  Conyza 
saxatilis,  Picris  Inerncioides,  Andryala  integrifolia,  Antirrliinum  majus, 
Calamintha  Ncpeta,  Galeopsis  Ladamim,  etc. — Les  phmtesdont  la  floraison 
continue  depuis  l'automne  jusqu'à  ce  jour  (31  janvier),  et  nie  parait  devoir 
continuer  tout  l'hiver,  sont  :  Alysswn  maritimum  (herbo  blanco),  très  com- 
mun partout,  Fî'odiwn  romanmn,  Reseda  Phijteuma,  Diplotaxis  erucoides, 
Bellisperennia  var.  sylvestris,  Anthémis  mi xta,  Vincaîntermedia,  Borrogo 
offlcinalis,  Antirrliinum  Orantiiim,  Salicornia  fruticosa,  Passerina  hirsuta, 
Eujiltorbia  segetalis,  Ceterach  of fie  inarum,  Pol  y  podium  mdgare,  Ad.iantum 
CapiilusVeneris,  etc.,  et  quelques  autres  plantes  communes  partout,  telles 
que  :  Senecio  vulgaris ,  Solanuin  ochroleucum,  Thlaspi  Bursu  pastoris, 
Sonchus  oleraceus,  Euphorbia  Peplus,  qui  retleurissent  ici  comnie  aux  en- 
virons de  Paris,  mais  plus  abondamment;  enfin,  dans  les  plates-bandes  des 
jardins  :  Sinapis  nigra  et  S.  alba,  Diplotaxis  viminea,  Thlaspi  alliaceum, 
Hypecoum  procumbens,  Fumaria  spicata  ç.\.  F .  parviflora. 

Les  plantes  vernales  dont  la  floraison  a  commencé  en  janvier  sont  :  Ficaria 
grandiflora,  Fumaria  major,  F.  capreolata,  Bellis  annua,  Calendula  ar- 
vensis  (qui  fleurit  en  même  temps  dans  les  vignes  aux  environs  de  Paris), 
Urospermum  Dalcchampii,  Picridium  vulgure,  Thrincia  tuberosa,  ^'ero- 
nica  filiformis,  V.  agrcstis,  Euphorbia  IJelioscopia,  E.  Characias,  Cory- 
lus  Avellana,  Iris  spuria,  Narcissus  Tazetta,  A.  polyanthos,  A}'um  Arisa- 
rum^  Ophioglossum  lusitanicum.  De  ces  floraisons,  celles  du  Calendula,  du 
Corylus  et  de  \'Arum  Arisarum  sont  seules  franchement  hyémales,  les  au- 
tres ne  font  que  commencer  à  poindre.  A  ces  espèces,  il  faut  ajouter  les 
espèces  méditerranéennes  suivantes,  {jue  je  n'ai  eu  occasion  de  rencontrer 
encore  que  dans  les  jardins:  Lovatera  arborea,  Anagyris  fœtida  et  Cneorum 
tricnccum.  —  Les  collines  sont  déjà  parsemées  des  rosettes  de  nombreuses 
espèces  û'Orchis,  Ophrys,  Serapias,  etc.,  dont  les  fleurs  ne  paraîtront  qu'au 
printemps.  Lesespècesde  Liliacéesetd'Aniary!lidées(r«///;c;,  Allium,  Scilla, 
Aarcissus,  etc.)  sont  nombreuses,  et  plusieurs  ne  tarderont  pas  à  fleurir; 
les  pentes  rocailleuses  sont  couvertes  des  rosettes  de  VAsphodelus  7'amosus. 
On  voit  que,  sous  ce  climat  privilégié,  les  floraisons  hâtives  du  printemps 
succèdent  sans  interruption  aux  floraisons  tardives  de  l'automne.  Les  flo- 
raisons d'hiver  ne  sont  cependant  ni  aussi  abondantes  ni  aussi  variées  que 
l'aspect  verdoyant  des  collines  pourrait  le  faire  penser  au  premier  ctuip 
d'oeil  ;  cet  aspect  est  dû  surtout  à  l'abondance  des  arbres  et  arbrisseaux  à 
feuilles  persistantes.  Il  me  semble,  en  outre,  que  la  floraison  des  espèces 
qui,  sous  notre  climat  parisien,  épanouissent  leurs  fleurs  exclusivement 
pendant  Ihiver,  constitue  un  phénomène  bien  plus  remarquable  que  celui 
que  j'observe  sous  un  climat  où  l'hiver  est  plus  chaud  que  nos  printemps. 


SÉANCE  Di;  13  Fiivuii:u  1857.  105 

N'avons-noiis  pas  en  effet,  en  février,  le  Corylns,  le  Calciululu,  les  Dap/ine, 
VEranthb  hycmaUs,  le  Galant/ius  nivalis  ;  dès  le  mois  de  mars,  le  Coryda- 
lis  solida,  les  Bellis,  Taraxacum,  Ilolosteum,  Saxifmtjn,  Mi/jorn,  et  niènie 
Pulmonaria  et  Ficaria  ;  et  ne  voyons-nous  pas  llcmir  sous  la  neige,  dans 
nos  jardins,  les  Primevères,  la  Violette  et  \eSaxifi^aga  crassifolia?  Le  tem- 
pérament essentiel  d'une  plante  détermine  donc  surtout  l'époque  de  son  entrée 
en  végétation,  de  sa  lluraison  et  de  son  repos  plus  ou  moins  eompict  et  plus 
ou  moins  long;  et,  à  part  quelques  différences  accidentelles  dues  à  des  pluies 
ou  à  des  sécheresses,  à  des  chaleurs  ou  à  des  froids  plus  ou  moins  prolon- 
gés, plus  ou  moins  précoces  ou  tardifs,  l'époque  de  la  floraison  est  indé- 
pendante du  climat;  en  effet,  de  même  que  la  rigueur  de  la  température 
n'empêche  pas,  dans  nos  climats  du  nord,  le  Galanthm  nivalis  de  fleurir,  la 
chaleur  du  soleil  n'ohlige  pas  non  plus,  en  Provence,  les  espèces  vernales  à 
fleurir  pendant  l'hiver.  — Une  plante  des  climats  chauds,  transportée  dans 
un  climat  froid  et  en  pleine  terre,  entre  en  végétation  à  la  même  époque  que 
dans  son  pays  natal  ;  les  efforts  de  la  nature  sont  souvent  impuissants  pour 
la  faire  aboutir  à  la  lloraison,  mais  elle  lutte  jusqu'à  ce  que  la  gelée  l'ait 
frappée  de  mort. 

§  II.  —  État  des  jardins. 

Passons  maintenant  aux  plantes  tropicales  qui  sont  cultivées  en  pleine 
ferre  dans  les  jardins  de  Toulon,  et  surtout  d'Hyères,  et  dont  un  certain 
nombre  ont  fleuri  pendant  les  mois  de  décembre  et  de  janvier.  La 'tempé- 
rature de  ces  deux  mois  a  été  très  douce  à  llyères  :  la  température  du  matin 
et  du  soir  a  été  de  +  8°  à  10°  rarement  seulement  a"  à  5°  ;  la  température 
du  jour  a  été  de  -[-  10°  à  18°  à  l'ombre.  Le  soleil,  qui  a  rarement  été  voilé, 
était  souvent  très  chaud  de  onze  heures  à  trois  heures;  le  thermomètre 
exposé  au  soleil  montait  rapidement  à  +  35"  et  40°.  Bans  les  deux  derniers 
jours  de  janvier,  il  est  descendu  le  matin  au-dessous  de  zéro  ;  il  y  avait  de 
la  glace  au  nord  des  collines  et  dans  la  plaine,  mais  les  jardins  généralement 
bien  exposés  n'ont  pas  souffert.  Le  mois  de  février  s'annonce  par  des  tor- 
rents de  pluie,  mais  cette  pluie  est  tiède  comme  celle  de  notre  mois  de  mai. 

On  conçoit  {|ue  cette  température  rende  ici  l'usage  des  serres  presque 
inutile  pour  les  plantes  dites  de  serre  tempérée,  et  même  pour  quelques- 
unes  dites  de  serre  chaude.  Beaucoup  de  ces  plantes,  en  effet,  demandent 
moins  une  température  toujours  élevée,  qu'elles  ne  craignent  un  froid  acci- 
dentel trop  vif;  il  leur  suffit  que  le  thermomètre  ne  descende  pas,  ou  des- 
cende peu  au-dessous  de  zéro.  Nous  avons  des  Bananiers  en  pleine  terre  : 
nos  faibles  gelées  ont  tué  leurs  feuilles,  mais  les  parties  souterraines  de  la 
plante  n'ont  pas  été  atteintes  et  donneront  ^es  tiges  vigoureuses  au  prin- 
temps. Il  en  est  de  même  des  Pontederia  cordata  plantés  dans  les  pièces  d'eau 
et  dans  les  bassins,  leurs  feuilles  ont  subi  (vers  le  30  janvier)  les  atteintes 


10()  SOCIÉTÉ   ROTANIQLR   DE    FRANCE. 

(If  In  gelée.  Les  tiges  et  les  feuilles  seules  des  Cnmio  sèchent,  comme  dans  nos 
jardins,  après  la  maturation  des  graines  ;  on  ne  rentre  pas  Ws  Sfrditzia, 
leurs  feuilles  n'ont  pas  souffert;  le  Tritomn  nwdia  commence  à  épanouir 
sou  magnifique  épi  de  fleurs  roses.  Les  dattiers  et  les  orangers  sont  d'une 
vigueur  merveilleuse  et  achèvent  de  mûrir  leurs  fruits.  L'arbre  tropical 
qui  m'a  frappé  le  plus  est  un  magnifique  Latania  borbonica  de  onze  ans, 
qui  végète  sans  abri  et  étale  des  palmes  magnifiques  à  Hyères  (1).  Les  nom- 
breuses espèces  ù' Acacia  de  l'Australie  (à  rachis  dilatés  non  folioles)  sont 
plantées  dans  tous  les  jardins  et  sont  actuellement  couvertes  de  jeunes  ca- 
pitules qui  ne  s'épanouiront  que  dans  deux  ou  trois  mois  ;  plusieurs  autres 
Acacia  (à  feuilles  [)innées)  sont  garnis  de  leur  élégant  feuillage,  et  fleuris- 
sent en  pleine  terre  pendant  tout  l'hiver,  tels  sont  :  Acacia  Farnesiana 
(nommé  improprement  dans  le  pays  Cassie),  et  surtout  Acacia  leptophylln 
et  A.  lophantha.  Ces  arbres  poussent  avec  une  vigueur  et  une  rapidité  pro- 
digieuses; j'ai  mesuré  un  A.  leptophylla  âgé  de  quatre  ans:  sa  circonfé- 
rence à  sa  base  est  de  70  centimètres,  et  il  se  divise  en  trois  branches,  dont 
chacune  a  32  à  35  centimètres  de  circonférence  :  la  hauteur  de  l'arbre  est 
d'environ  5  mètres. 

Parmi  les  arbres  ou  arbustes  dont  la  floraison  a  commencé  en  janvier,  je 
citerai  encore  les  Cassia  tomentosa,  corymbosa  et  graadiflora,  le  Spar- 
tium  Scorpius,  le  Medicago  arborea^  le  Calycanthvs  prœcox  (dont  la  fleur 
à  odeur  de  jasmin  devrait  étie  utilisée  par  les  parfumeurs),  le  curieux  Castia- 
rina  equiseti folio,  \e  Jasminum  revoliidmi,  le  Laurus  Camphora^  VEphedra 
nltissima  et  une  charmante  Protéacée,  le  Grevillea  Thelemanni. —  VEriobo- 
Iryajupjonica  (Néflier  du  Japon),  dont  les  fruits  mûrs  se  vendent  en  été  sur 
le  marché  et  sont  glacés  par  les  confiseurs,  était  en  fleur  pendant  le  mois 
de  décembre;  ses  fruits  sont  noués  maintenant,  sa  floraison  coïncide  avec 
celle  de  VArbulus  Unedo.  —  Outre  les  plantes  que  je  viens  de  nommer,  j'ai 
vu  fleurir  dans  les  jardins,  en  décembre  et  en  janvier  :  Malcolinia  inaritima, 
dMuttIdola  incana,  TropŒohmi  Lobbianum,  Abutilon  striahim,  Passif  ara  C(i>- 
rulea,  Ulex  provincialis,  Scdvia  mexicana,  S.  coccinea,  S.  falgens,  etc. 
Teucrium  fruticans,  Heliotropiwn  peruvianum,  Cobœa  scandens,  Habro- 
tainnus  elegans,  Buddleia  glaberrima,  Maurandia  antirrJdnifora,  Veronica 
speciosa,  Dafura  arborea,  Nicotiana  glauca  (subspontané  sur  les  vieux  murs 
où  il  est  subarborescent),  Pétunia  nyctaginifora,  P/dumis  fruticans,  Eupa- 
loriimi  ndcranthum,  Ageratum  cœrulouui,  Apunogefon  distachyon,  Me- 
deola  asparagoides  (en  fruit),  Gladiolus  xantJiophyllus,  et,  dans  le  courant 
de  janvier  plus  particulièrement  :  Oxalis  remua,  0.  purpurca,  Polygala 
/iiyrtifolia,  P.  Dalinaisiana,  P.  cordata,  e\.c.;Jas)in7iuni  revolulum,  Canarirm 
Campanula,  Lavandula  dentcfki,  Lobelia  Erinns,  Gladiolus  fragam,  Iris  sty- 

(1)  Jardin  de  M.  r.anlonnol,  pépinit^riste. 


siÎANr.K  DU  13  Fi^:vRiF.n  1857.  107 

lam,  Lencoium  vemicin,  vie.  —  Diî  nomlu-ouscs  (>spèccs  do  la  famille  des 
Cactées  et  do  oolle  des  Mésembryanthéméos  subissent  égaleinont  dans  les 
jardins,  sans  en  souffrir,  la  toinpératurc  de  rhivor,  mais  ne  fleurissent  pas 
dans  cette  saison. 

M.  Cosson  fail  remarquer  que  M.  Germain  de  SaiiiL-Pierre  signale 
l'Olivier  eomme  spontané  près  d'Hyères.  Cependant  il  ne  pense  pas 
que  cet  arbre  ait  été  jamais  trouvé  incontestablement  à  Tétat  sauvage 
dans  le  midi  de  la  France. 

M.  Docaisne  est  d'avis  que  la  forme  sauvage  appelée  Oleas ter  [ioiir- 
rait  bien  avoir  toujours  existé  en  Provence.  Cette  contrée  serait  alors 
la  limite  vers  le  nord-ouest  de  la  région  naturelle  de  XOleaster.  Les 
Phéniciens  ou  les  Grecs  y  auraient  peut-être  introduit  les  variétés 
d'Olivier  cultivées,  après  y  avoir  reconnu  l'existence  de  la  formo 
sauvage. 

M.  Moquin-Tandon  dit  avoir  vu  en  Corse  de  nombreux  buissons 
d'Olivier,  à  feuilles  plus  petites  même  que  celles  du  Buis,  et  qui  lui 
ont  été  signalés  comme  complètement  sauvages. 

M.  Prillieux  ajoute  qu'il  a  vu  souvent  les  Oleaster  porter  des  fruits 
de  formes  diverses.  Il  suppose  que  ce  sont  les  oiseaux  qui  sèment  les 
fruits  de  ces  variétés  sauvages. 

M.  Cosson  dit  qu'en  Algérie,  où  l'Olivier  est  évidemment  spontané, 
l'arbre  à  l'état  sauvage  fructifie  aussi  bien  que  la  forme  cultivée.  Il  a 
même  appris  qu'à  Mascara  un  moulin  avait  été  construit  pour  ex- 
traire l'huile  des  fruits  de  l'Olivier  sauvage,  qui,  dans  cette  contrée, 
atteint  les  dimensions  de  nos  arbres  fruitiers. 

BI.  Docaisne  fait  remarquer  qu'il  n'est  pas  prouvé  que  les  grands 
Oliviers  dont  parle  M.  Cosson  soient  identiques  avec  XOleaster. 
La  spontanéité  du  véritable  Olivier  en  Algérie  ne  lui  paraît  pas  avérée, 
et  il  est  porté  à  considérer  cet  arbre  comme  essentiellement  oriental, 
ayant  été  introduit  même  en  Grèce,  et  spontané  seulement  dans  l'Asie 
Mineure. 

M.  Balansa  dit  qu'en  Cilicie,  l'Olivier  sauvage  forme  de  véritables 
forêts.  Lorsqu'il  se  présente  sous  la  forme  de  buisson,  il  est  facile  de 
le  confondre  avec  les  Phillyrea,  à  cause  de  la  forme  et  de  la  dimen- 
sion des  feuilles. 

M.  Cosson  rapporte  que,  dans  les  rochers  et  dans  les  montagnes 
des  plateaux  sahariens  de  l'ouest  de  l'Algérie,  il  a  vu  l'Olivier  sous 
forme  arborescente  ou  sous  forme  de  buisson,  bien  ({U(»  l'arbre  n'y 


108  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

soil  cultivé  niilie  part.  —  M.  Cosson  demande  ensuite  ù  M,  Balansa 
si,  dans  l'Asie  Mineure,  les  Oliviers  sont  semblables  à  ceux  d'Algérie, 
et  s'ils  croissent  dans  des  stations  analooues. 

M.  Balansa  répond  que  l'Olivier  croît  abondamment  en  Cilicie  et 
dans  les  mêmes  conditions  qu'en  Algérie.  La  hauteur  de  l'arbre  di- 
minue insensiblement  en  s'élevant  de. la  plaine  dans  la  montagne. 
M.  Balansa  ajoute  qu'aux  environs  de  Batna  (Algérie,  province  de 
Constantine),  à  environ  1000  mètres  d'altitude,  il  n'a  observé  que 
deux  ou  trois  pieds  rabougris  (ÏOleaster.  L'Olivier  ne  paraîtrait  pas 
être  spontané  dans  la  région  saharienne  de  cette  province.  Si  M.  Cosson 
a  pu  le  voir  abondamment  dans  le  sud  de  la  province  d'Oran,  c'est 
probablement  par  suite  de  la  différence  d'altitude  et  de  conditions 
climatériques. 

M.  Kralik  ajoute  à  son  tour  que,  dans  la  régence  de  Tunis  et  en 
Egypte,  il  n'a  vu  nulle  part  l'Olivier  à  l'état  spontané. 

M.  Eugène  Fournier  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

NOTE  SUR  QUELQUES  ESPÈCES  NOUVELLEMENT  OBSERVÉES  AUX  ENVIRONS  DE  PARIS , 

par  M.  EIG.  FOL'RMER. 

Je  demande  à  la  Société  la  pern)lssion  de  l'entretenir  de  quelques  faits 
intéressants  de  naturalisation  observés  aux  environs  de  Paris.  Je  le  fais 
avec  d'aillant  plus  d'empressement  que  les  observateurs  ne  comptent  pas 
tous  au  nombre  de  nos  confrères,  et  que  la  mention  faite  de  leur  découverte 
au  sein  de  la  Société  en  est  pour  eux  la  récompense  flatteuse  et  assurément 
méritée. 

1°  Le  Thalictrum  angustifolium  L.,  a  été  recueilli  le  12  juillet  1856  par 
M.  Ad.  Gilon,  au  bois  de  Vincennes,  le  long  de  la  route  de  Nogent.  On  sait 
que  cette  espèce,  qui  habite  le  département  du  Doubs  et  l'Alsace,  n'avait 
pas  encore  été  rencontrée  dans  le  rayon  de  la  flore  parisienne. 

2°  Mon  frère  a  trouvé  au  bois  de  Boulogne,  le  3  mai  1855,  aux  environs 
de  Madrid,  le  Géranium  jihœwn  [..,  que  plu>ieurs  membres  de  la  Société 
ont  pu  récolter  en  abondance,  a  la  (in  de  juillet  dernier,  dans  les  montagnes 
d'Auvergne.  Cette  espèce,  que  j'ai  depuis  cultivée  avec  facilité,  fleurit  plus 
tôt  dans  notre  région,  et  devient  plus  forte,  plus  herbeuse  et  moins  velue 
que  dans  les  pâturages  élevés  et  un  peu  froids  des  monts  Dômes. 

Le  hois  de  lioulogue,  je  le  sais,  est  la  patrie  des  plantes  naturalisées  (quel- 
ques-uns de  nos  collègues  }^  sèment  annuellement  des  plantes  cultivées  ou 
étrangères  à  notre  floi-e)  :  je  n'aurais  donc  pas  attribué  une  gi'ande  impor- 
tance a  la  déconvei'te  de  mon  iVère,  si  mon  excellent  collègue,  M.  Amblard, 
ne  m'eût  appi'is  cpi'il  avait  'louve,  Jurant  le  méine  été,  la  même  espèce 


sÉANCK  DU   VS  rKVi!ii;ii    1857.  109 

dans  le  bois  do  Chaville.  Peut-être  le  Géranium  phœum  f.,  devra-t-il 
prendre  raiii:;  parmi  les  espèces  parisiennes. 

3"  Enfin  j'ai  à  vous  présenler,  messieurs,  le  Barbarea  prœcox  R.  lir. , 
indiqué  par  Mérat  d;ins  ({uelques  localités  de  nos  environs,  rayé  depuis 
du  catalogue  par  MM.  Cosson  et  Germain  de  Saint-Pierre,  et  que  j'ai  retrouvé 
dans  la  foret  de  Saint-Germain  le  13  mai  185t). 

Si  je  ne  craignais  de  dépasser  les  limites  d'une  simple  note,  je  citerais  ici 
quelques  espèces  rares  recueillies  à  des  localités  nouvelles  :  V Anémone  ra- 
nimculoldes  L.,  au  château  de  la  Chasse,  dans  la  foiét  de  Montmorency, 
par  M.  I.e  llardelay;  V HcUanthemum  cunum  Dun.,  sur  les  coteaux  cal- 
caires de  Moret,  par  iMM.  Hagueron  et  Bonnet  (ce  qui  relie  les  stations  con- 
nues de  cette  plante  entre  Paris  et  Rouen  à  celles  qu'elle  occupe  en  Bour- 
gogne) ;  le  Scirpus  supinus  L.,  à  Villeneuve-Saint-George,  dans  les  mares 
qui  bordent  le  chemin  de  fer,  par  M.  GiUiu,  etc. 

Je  termine  en  remerciant  vivement  M.  Cosson  de  l'obligeance  extrême 
qu'il  a  mise  a  me  seconder  dans  la  détermination  du  Thalictrum  qui  fait 
l'objet  principal  de  cette  note. 

M.  Decaisne  l'ait  hommage  à  la  Société  des  deux  premières  livrai- 
sons de  son  nouvel  ouvrage  intitulé  :  Le  Jardin  fruitier  du  Muséum^ 
et  expose  le  plan  de  ce  travail. 

M.  Decaisne  donne  ensuite  lecture  de  la  communication  suivante, 
adressée  à  la  Société  : 

REMARQUES  AU  SUJET  DES  OBSERVATIONS  DE  M.  LE  D'  CLOS,  RELATIVES  AUX 
VRILLES  DES  CUCURBITACÉES ,   par  M.  C.  I^ÎAÏJDIIV. 

(Paris,  10  février  1857.) 

J'ai  pris  connaissance,  dans  le  Bulletin  de  la  Société  Botanique  (t  III, 
p.  545  et  suivantes),  des  arguments  que  M,  le  docteur  Clos  oppose  à  l'ex- 
plication (lue  j'ai  donnée  de  la  nature  de  la  vrille  chez  les  Cucurbitacées. 
IMon  opinion  n'en  a  pas  été  modifiée,  et  je  tiendrai  mon  interprétation  pour 
bonne  jusqu'à  ce  qu'on  m'en  présente  une  meilleure;  mais  puisque  la  ques- 
tion a  été  remise  sur  le  tapis,  je  profiterai  de  l'occasion  pour  exposer  les 
motifs  qui  ne  me  permettent  pas  d'accepter  la  théorie  pioposée  par  iM.  Clos, 
et  pour  mettre  sous  les  yeux  de  la  Société  une  de  ces  vrilles  métamorpho- 
sées dont  j'ai  parlé  dans  ma  note.  Elle  a  été  cueillie,  en  1855,  sur  une  variété 
de  Cueurbita  Pepo  à  fruits  très  petits  et  très  déprimés,  qui  nous  avait  été 
envoyée  par  M.  E.  Vilmorin  sous  le  nom  de  Apple  early  egg,  que  j'ai  tra- 
duit par  celui  de  Co/o*7?/î?îfe-/jo??2me /n^J^/ye.  Ea  plante  en  question  ne  pro- 
duisait pour  ainsi  dire  que  de  ces  vrilles  anomales,  plus  ou  moins  retournées 
à  Tetat  de  feuille  par  leur  extrémité,  et  portant,  sur  ce  ([ue  j'appellerai  leur 


110  SOCIÉTÉ    BOTANIULE    DE    FRANCE. 

pédicule,  un  bourgeon  tantôt  rudimcntaire  et  presque  imperceptible,  tan- 
tôt, au  contraire,  fort  développé  et  présentant,  outre  de  petites  feuilles,  des 
boutons  de  fleurs  inales  et  de  fleurs  femelles,  faibles  sans  doute,  mais  par- 
faitement conformés.  I. 'échantillon  ici  présent  est  une  vrille  entière,  déta- 
chée à  sa  base  même  du  rameau  qui  la  portait.  On  voit  que  le  bourgeon, 
situé  à  environ  un  centimètre  au-dessus  de  cette  base,  s'est  lui-même  dé- 
veloppé en  un  rameau,  long  aussi  d'un  centimètre,  et  sur  lequel  il  est  facile 
de  reconnaître  une  petite  fouille  et  deux  boutons  de  fleurs  mâles.  Le  reste 
de  cette  vrille,  comme  chacun  peut  encore  le  constater,  est  un  pétiole  long 
et  grêle,  terminé  par  une  feuille  dont  les  nervures  se  prolongent  au  delà  du 
limbe  avec  tous  les  caractères  des  divisions  d'une  vrille  normale. 

Je  rappelle  que  j'ai  observé  tous  les  passages  entre  les  vrilles  dont  les 
bourgeons  étaient  le  plus  développés  et  celles  où  ils  avortaient  pour  ainsi 
dire  totalement  et  sans  laisser  de  traces.  Suivant  que  cet  avortemeut  était 
plus  complet,  la  vrille  reprenait  davantage  l'aspect  qu'elle  présente  d'habi- 
tude, et  finissait  par  ne  plus  différer  des  vrilles  proprement  dites.  Lorsque 
j'assigne  à  ces  organes  une  nature  mixte,  axile  dans  une  partie  plus  ou  moins 
grande  de  leur  pédicule,  foliaire  dans  le  reste,  je  ne  fais  donc  que  me 
conformer  a  un  fait  matériel  qui  n'est  pas  aussi  rare  que  M.  Clos  semble  le 
croire,  puisque  d'autres  l'ont  signalé  avant  moi  et  que  je  l'ai  trouvé  simul- 
tanément sur  plusieurs  plantes  appartenant  à  des  variétés  très  différentes 
du  Cucurbita  Pepo. 

Je  ne  puis  admettre,  avec  M.  Clos,  que  la  vrille  des  Cucurbitacées  soit 
un  dédoublement  latéral  de  la  feuille: 

1°  Parce  que  la  théorie  du  dédoublement,  en  tant  qu'on  l'applique  aux 
feuilles,  n'est  rien  moins  que  prouvée. 

2°  Parce  qu'en  admettant  comme  pos-ible  en  principe  le  dédoublement 
des  feuilles,  il  faudrait,  pour  que  l'explication  proposée  par  M.  Clos  fût 
recevable,  même  à  titre  de  simple  hypothèse,  qu'elle  s'appuyât  au  moins 
sur  des  analogies,  c'est-à-dire  sur  des  faits  bien  constatés  de  ce  dédouble- 
ment latéral,  ce  dont  il  n'y  a,  je  crois,  aucun  exemple  authentique  à  citer 
dans  le  règne  végétal.  Faute  de  reposer  sur  des  faits  de  ce  genre,  éloignés 
ou  proches,  sa  théorie  doit  être  considérée  comme  purement  gratuite. 

3"  Parce  que  les  feuilles  des  Cucurbitacées  sont  toujours  parfaitement 
symétriques,  c'est-à-dire  formées  de  deux  moitiés  semblables  et  égales,  ce 
qui  ne  devrait  pas  être  si  une  partie  quelconque  en  était  détachée  pour  se 
pri'senler  sous  la  forme  d'un  organe  distinct  et  séparé. 

W  Parce  que,  pour  expliquer  les  faits  anormaux  que  j'ai  cités,  M.  (^los 
est  obligé  lui-même  de  recourir  à  la  supposilion  de  soudures  qu'il 
semble  me  reprocher  de  faire  intervenir  pour  donner  une  idée,  -sinon  une 
explication,  de  la  structure  complexe  des  tiges  des  Cucurbitacées.  Effecti- 
\eMienl,s'il  admet  que,  dans  les  vrilles  gemmifères  dont  j'ai  parle,  le  bour- 


tjÉANCE    DU    13    FÉVRIER    1857.  111 

geou,  né  ailleurs  que  sur  le  pédicule  de  la  vrille  est  soudé  avec  ce  deriiiei- 
sur  une  étendue  plus  ou  moins  longue,  il  n'est  plus  autorisé  à  me  contes^ter 
{|ue  la  vrille  est  le  dernier  soupir  d  un  rameau  dont  l'origine  véritable  est 
déguisée  par  sa  coalescence  avec  d'autres  axes  et  qui  est  alors  supplanté  par 
eux. 

Dans  une  première  note  qui  a  été,  je  crois,  communiquée  à  lAcadémic 
des  sciences,  en  185G,  IM.  Clos  s'autorise  de  la  structure  des  vrilles  du  Cu- 
runiis  bicirrha  (il  eût  fallu  dire  bicirT/ms)  de  Forster,  pour  coiicliirequccps 
organes,  qu'il  suppose  exister  ici  simultanément  des  deux  côtés  de  la 
feuille,  sont  les  analogues  des  stipules,  ou  du  moins  une  dépendance  de  la 
feuille.  Pour  mon  compte,  je  ne  trouve  rien  qui  vienne  à  l'appui  de  sa  sup- 
position. Le  Cucumis  bicirrha  n'a  été  vu  jusqu'ici  que  par  Forster,  et  bien 
probablement  M.  Clos  ne  leconnait  que  par  la  phrase  descriptive  de  ce  der- 
nier. Or  voici  comment  Forster  s'exprime  en  parlant  des  vrilles  de  cette 
Cucurbitacée  :  Cirrlii  ad  alterwn  latus  petioloriim,  spirales^  bifidi  (Forst. 
iNSS.),  ce  qui  ne  veut  évidemment  pas  dire  qu'il  y  ait  deux  vrilles  oppnsées 
à  cliaque  nœud,  mais  seulement  que  la  vrille,  solitaire  comme  de  coutume, 
se  divise  en  deux  branches,  de  la  même  manière  que  celles  de  la  Gourde. 

M.  Clos  objecte  enfin  que  la  vrille  n'a  jamais  été  vue  à  l'aisselle  d'une 
feuille.  C'est  précisément  parce  qu'elle  n'est  jamais  située  dans  l'aisselle  de 
la  feuille  voisine,  que  je  suis  obligé  d'aller  chercher  plus  loin  son  point 
de  départ,  et,  bien  que  cette  manière  de  voir  ne  soit  qu'hypothétique,  elle 
trouve  du  moins  un  certain  appui  dans  ce  fait  que,  chez  la  plupart  des 
Cucurbitacées,  le  pédicule  de  la  vrille  semble  se  continuer  inférieurement 
sur  la  tige  par  une  côte  saillante  qui  se  prolonge  jusqu'au  niveau  de  la 
deuxième  feuille.  D'ailleurs,  cette  coalescence  supposée  ne  serait  pas  un 
fait  unique  et  sans  analogue;  on  peut  eu  citer  bien  des  exemples,  et  la  fa- 
milledesSolanées  en  offre  de  vulgaires.  Personne  n'admettra,  par  exemple, 
que  les  rameaux  dichotomes  du  Datura  Stramonium  et  de  quelques  autres 
soient  nés  autre  part  qu'à  l'aisselle  de  feuilles  qui  cependant  ne  correspon- 
dent plus,  sur  les  rameaux  adultes,  au  point  où  ils  se  séparent  de  la  tige 
qui  les  pi'oduit.  Au  premier  abord,  on  pourrait  être  tenté  de  croire  que  chez 
ces  plantes  les  rapports  habituels  des  feuilles  et  des  bourgeons  sont  inter- 
vertis, mais  il  suflit  d'un  peu  d'attention  pour  se  convaincre  qu'il  n'y  a 
de  changé  que  les  apparences.  Au  siuplus,  je  n'ai  pas  prétendu  expliquer 
lastructure  des  tiges  des  Cucurbitacées;  j'ai  seulement  voulu  constaterpar 
des  faits  la  nature  organique  de  leur  vrille,  qui  n'est,  à  mes  yeux,  ni  une 
stipule,  ni  une  fraction  de  la  feuille  qui  l'accompagne,  ni  tout  entière  un 
rameau,  comme  le  veut  M.  Fabre,  niais  un  organe  mixte,  un  rameau 
atrophié  dont  le  bourgeon  terminal  avorte  dans  la  plupart  des  cas,  et  dont 
la  feuille  unique  est  modifiée  en  vue  d'une  finalité  déterminée. 


11-2  SOCIÉTÉ    BOT.OIQUE    DE    FRANCE. 

M.  Ducharlre  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

OBSERVATIONS  SUR  LA  FANAISON  DES  PLANTES  ET  SUR  LES  CAUSES  QUI  LA  DÉTERMINENT, 

par  M.  IV  DL'CIIIRTUE. 

Les  observations  dont  Je  vais  avoir  l'honneur  de  communiquer  les  résul- 
tats à  la  Société  m'ont  conduit,  relativement  à  la  fanalson  des  plantes  et 
aux  conditions  dans  lesquelles  elle  peut  se  produire,  à  des  idées  différentes 
de  celles  qui  ont  cours  généralement  et  que  partagent  les  physiologistes  en 
fort  petit  nombre  dont  l'attention  s'est  portée  sur  ce  curieux  phénomène. 
En  effet,  elles  m'ont  montré  que  si,  dans  la  plupart  des  cas,  les  plantes  se 
fanent  parce  que  leurs  racines  se  trouvent  dans  un  sol  trop  sec  pour  leur 
permettre  de  réparer  les  pertes  déterminées  en  elles  par  la  transpiration, 
dans  d'autres  circonstances  on  les  voit  se  l'aner  aussi,  bien  que  la  terre  où 
s'étendent  leurs  racines  renferme  assez  d'humidité  pour  fournir  à  tous 
leurs  besoins.  Alors  leur  fanaison  est  due  à  un  défaut  d'équilibre  entre  la 
déperdition  et  la  réparation,  c'est-à-dire  entre  la  quantité  deau  que  les 
feuilles  versent  dans  l'air  sous  la  forme  de  vapeur  invisible  et  celle  que  les 
racines  envoient  aux  parties  aériennes  dans  le  même  espace  de  temps.  Je 
crois  donc  devoir  distinguer  deux  sortes  de  fanaison  :  1"  celle  qui  est  la 
conséquence  de  la  sécheresse  de  la  terre  ;  c'est  la  plus  ordinaire  et  celle  qu'on 
a  j-egardée  jusqu'à  ce  jour  comme  la  seule  que  présentent  les  plantes;  2°  celle 
qui  lient  à  une  transpiration  surabondante  dans  un  temps  donné  et  qui  est 
indépendant  de  l'état  d'humidité  ou  de  sécheresse  du  sol. 

Pour  ne  pas  donner  trop  de  longueur  à  cette  communication,  je  me  con- 
tenterai d'y  exposer  une  partie  des  faits  que  j'ai  constatés  sur  un  Hortensia, 
sur  une  Reine-Marguerite  et  sur  un  Heliantlius  annuus.  Les  pots  dans  les- 
quels étaient  plantés  ces  trois  sujets  avaient  été  renfermés  dans  des  appareils 
de  verre  clos  hermétiquement,  identiques  avec  ceux  que  j'ai  eu  l'honneur 
de  mettre,  dans  une  autre  circonstance,  sous  les  yeux  de  la  Société.  Grâce  à 
cette  disposition,  je  pouvais  régler  à  mon  gré  l'humidité  de  la  terre,  et  j'ap- 
préciais exactement,  avec  une  bonne  balance,  les  pertes  que  la  plante  faisait 
dans  l'air  par  la  transpiration,  sans  avoir  à  m'imiuiétor  de  ce  qui  concernait 
les  pots  avec  la  masse  de  tcire  dont  ils  étaient  remplis. 

\.  —  Hortensia. 

1"  Le  15  juillet  1856,  cette  plante  avait  reçu  78  grammes  d'eau.  Le  17, 
ù  six  heures  du  matin,  elle  était  encore  très  fraîche,  et  elle  pesait  2046  gram- 
mes. Elle  avait  alors  perdu  pai'  la  transpiration  51°' ,6  d'eau  sur  les  78 
qu'elle  avait  reçus  deux  jours  auparavant.  A  midi,  après  être  restée  pen- 
dantiiualre  heures  exposée  à  un  beau  soleil  qui  avait  fait  monter  à  25" cent, 
un  thermomètre  découvert,   elle  était  fanée,  et  ses   feuilles  se  montraient 


sÉANCK  DU  13  féviui:r   1857.  113 

presque  eiitièrcaicnt  pendantes.  Dans  cet  clat,  elle  pesait  'iOSl^'  ,6.  La 
transpiration  lui  avait  donc  enlevé  dans  la  nuilinre  1/4'"-,G,  et  sa  terre  ren- 
fermait encore  12  grammes  d'eau  sur  les  78  du  dernier  arrosement.  L'ar- 
buste a  été  transporté  aussitôt  dans  une  chambre  peu  éclairée,  où  l'air  chaud 
et  sec  maintenait  le  thermomètre  à  20", 6.  Là,  au  bout  d'une  heure  et  de- 
mie, ses  feuilles  s'étaient  relevées  et  il  avait  repris  sa  fraicheur.  De  nom- 
breuses expériences  antérieures  m'avaient  appris  qu'il  ne  pouvait  se  pro- 
duire une  absorption  d'humidité  dans  l'air,  lors  même  qu'il  en  aurait  été 
chargé  et,  par  suite,  que  cet  air  ne  pouvait  contribuer  en  rien  à  rendie  à 
ma  plante  sa  fraicheur.  Aussi  n'ai-je  été  nullement  surpris  de  voir  qu'après 
l'espace  de  temps  qui  lui  avait  suffi  pour  reprendre  la  turgescence  de  ses 
tissus,  il  avait  encore  subi  une  nouvelle  perte  de  poids  qui  s'élevait  a 
l^'  ,6.  Ce  résultat  acquis,  j'ai  replacé  mon  Hortensia  dans  le  jardin,  mais 
cette  fois  à  l'ombre.  Là  il  a  perdu  dans  la  soirée,  par  l'effet  de  la  transpi- 
ration, à  peu  près  tout  ce  qui  pouvait  rester  dans  la  terre  des  78  grammes 
d'eau  qu'il  avait  reçus  dans  le  dernier  arrosement.  .-\ussi,  peu  avant  la 
nuit,  ses  feuilles  sont-elles  devenues  de  nouveau  flasques  et  pendantes.  La 
nuit  suivante,  quoique  très  fraiche,  puisque  sa  température  minimum  a  été 
de  9', 7,  n'a  pu  leur  rendre  leur  état  normal,  et  le  lendemain,  de  bonne 
heure,  la  plante  a  dû  être  arrosée. 

2"  Le  28  juillet,  dès  le  matin,  mon  Hortensia  a  reçu  kS  grammes  d'eau 
qui  ont  porté  son  poids  à  2161  grammes.  La  journée  du  29  ayant  été  très 
chaude,  ce  poids  s'était  réduit,  vers  huit  heures  du  soir,  à  2093  grammes. 
La  plante  avait  donc  perdu  68  grammes;  aussi  était-elle  très  fanée  par  dé- 
faut d'humidité  dans  la  terre.  La  nuit  du  29  au  30  a  été  assez  fraîche;  la 
rosée  a  été  abondante;  cependant,  le  lendemain,  à  5  heures  du  matin,  les 
feuilles  étaient  fanées  comme  la  veille,  et  il  a  fallu  arroser  pour  leur  rendre 
leur  fraicheur. 

3"  Le  1"  août,  à  six  heures  du  matin,  mon  Hortensia,  quoique  très  frais, 
a  reçu  ^iS  giammes  d'eau.  Avec  cette  addition,  il  a  pesé  2190*^'-, 6.  Par 
l'effet  d'un  beau  soleil  qui  avait  fait  monter  à  35", 5  le  thermomètre  décou- 
vert, à  une  heure  et  demie  ses  feuilles  fanées  pendaient  toutes  flétries.  Son 
poids  s'était  alors  réduità  2136''  ,2.  Laissé  ensuite  pendaut  une  heure  dans 
une  chambre  peu  éclairée  et  très  chaude  (28°, .S),  il  a  relevé  ses  feuilles  et  a 
repris  sa  fraicheur.  A  deux  heures  et  demie  il  a  été  mis  de  nouveau  en 
plein  air,  à  l'ombre,  en  un  lieu  où  la  température  s'élevait  à  30".  Le  soir, 
il  s'était  fané  de  nouveau,  et  son  poids  n'était  plus  que  de  2121s'"  ,6.  La 
nuit  suivante  n'a  produit  aucun  changement  dans  son  état. 

Ii°  Le  matin  du  k  août,  le  même  arbuste  arrosé  avec  kS  grammes  d'eau 
a  pesé  2186''  ,6.  La  journée  a  été  très  chaude,  et  le  thermomètre  découvert 
a  marquéjusqu'à  38°.  Aussi  l'Hortensia  a  subi  une  perte  de  57°'-, 2;  le  soir, 
vers  huit  heures,  ses  feuilles  étaient  très  fanées  et  pendantes,  llien  n'était 

T.    IV.  8 


\ill  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

change  dans  leur  état  le  lendemain  matin,  à  5  heures,  après  une  nuit  calme 
mais  sans  rosée,  dont  la  température  minimum  avait  ctéde  15°, 5.  Laplante 
avait  même  perdu  ls'-,2  depuis  la  veille. 

Comme  on  le  voit,  dans  les  observations  que  je  viens  de  rapporter,  mon 
Hortensia  s'est  comporté  de  deux  manières,  à  mon  avis,  entièrement  diffé- 
rentes, selon  les  conditions  sous  l'iniUience  desquelles  il  s'était  fané.  Le 
17  juillet  et  le  1"  août,  sa  fanaison  avait  été  déterminée  par  l'action  d'un 
beau  soleil,  et  il  a  suffi  de  le  tenir  pendant  quelque  temps  dans  un  lieu  peu 
éclairé,  quoique  chaud,  pour  qu'il  ait  repris  sa  fraîcheur  tout  en  continuant 
à  diminuer  de  poids.  Dans  les  autres  circonstances,  il  s'est  lané  par  suite 
de  la  sécheresse  de  la  terre,  et  alors  ni  l'obscurité,  ni  la  fraicheur  de  la 
nuit,  ni  même  la  rosée,  n'ont  pu  lui  rendre  la  turgescence  de  ses  tissus. 
Il  me  semble  dès  lors  évident  qu'il  y  a  eu  pour  cette  plante  deux  sortes  de 
fanaison  distinctes  l'une  de  l'autre,  et  dont  les  causes  ont  dû  être  aussi  dif- 
férentes que  l'ont  été  leurs  effets. 

II.  —  Iteine-Margue^nte. 

1°  Le  15  juillet  1856,  à  six  heures  du  matin,  cette  plante  était  très  fraîche 
et  pesait  1992  grammes.  A  midi,  elle  avait  été  sensiblement  fanée  par  le 
soleil  et  laissait  retomber  ses  feuilles;  elle  pesait  alors  1979s%  h.  Laissée  à 
la  même  place  en  plein  air,  elle  a  été  atteinte  par  l'ombre  avant  trois  heures. 
Dès  lors  elle  a  relevé  graduellement  ses  feuilles,  et,  à  six  heures  du  soir,  elle 
était  redevenue  fraîche,  bien  que  son  poids  fût  descendu  à  19565'"-,6. 

2»  Le  17  juillet,  à  six  heures  du  matin,  la  même  plante  était  en  bon  état 
et  pesait  20i78'-,6.  A  midi,  sous  l'action  d'un  beau  soleil,  elle  s'était  fanée, 
laissait  pendre  ses  feuilles  et  ne  pesait  plus  que  20(16  grammes.  Elle  avait 
donc  subi  une  perte  de  11^", 6.  Elle  a  été  alors  transportée  dans  une  chambre 
peu  éclairée  et  chaude  (20", 6)  dans  laquelle  elle  a  repris  f-a  fraîcheur  en  une 
heure,  quoique  au  bout  de  cet  espace  de  temps  elle  eût  encore  diminué  de 
poids  et  qu'elle  pesât  seulement  2005^'^  ,6.  Remise  en  plein  air  vers  deux 
heures,  elle  est  restée  fraîche,  et  cependant  à  huit  heures  du  soir,  sou  poids 
s'est  trouvé  réduit  à  19988^-, 8. 

3o  Le  17  juillet,  à  six  heures  du  matin,  quoique  ma  Reine-Marguerite  fût 
très  fraîche,  je  l'ai  arrosée  avec  78  grammes  d'eau.  Son  poids  s'est  trouvé 
alors  de  2070«'  ,6.  A  midi,  par  un  beau  soleil,  elle  s'était  fanée  quoiqu'elle 
n'eût  perdu  encore  que  8  grammes  et  que  sa  terre  fût  très  humide.  Aussi 
l'ombre  a-t-elle  suffi  pour  l'amener  à  relever  ses  feuilles,  et,  revenue  à  son 
premier  état,  elle  a  pesé  2050='  ,8,  le  soir,  à  huit  heures.  Sa  perte,  depuis 
midi,  avait  donc  été  supérieure  à  celle  qu'elleavait  subie  dans  la  matinée,  et 
cependant  elle  ne  l'avait  pas  empêchée  de  redevenir  fraîche,  tandis  que  la 
première  l'avait  fanée. 

k"  Le  19  juillet,  la  même  plante  était  très  fraîche;  à  six  heures  du  matin 


SÉANCE  i>u  13  FÉVRirn  1857.  115 

elle  pesait  20/i9  grammes.  A  midi,  elle  était  dosceiuUie  à  SOSS^',/!,  et  clic 
s'était  faïu'c.  A  six  licuics  du  soii-  elle  était  redevenue  fraîche,  et  cependant 
son  poids  n'était  plus  alors  que  de  202i)  grammes. 

On  voit  (|ue  les  faits  observés  sur  cette  espèce  sont  entièrement  con- 
formes à  ceux  que  j'ai  signalés  sur  la  première. 

llï.  — Helianthus  annuus. 

1»  Le  2  août  1856,  à  huit  heures  du  matin,  cette  plante  a  été  arrosée  avec 
^8  grammes  d'eau,  quoique  sa  terre  fût  déjà  humide.  Elle  a  pesé  alors 
30976',6.  A  midi,  frappée  par  un  soleil  ardent  qui  avait  fait  monter 
le  thermomètre  découvert  jusqu'à  35",  elle  s'était  complètement  fanée  et 
laissait  pendre  ses  feuilles  toutes  flétries.  Elle  ne  pesait  plus  alors  que 
2901^', 8;  elle  avait  ainsi  perdu,  en  quatre  heures  de  soleil,  IOjs' ,8. 
Transportée  aussitôt  dans  une  chambre  peu  éclairée,  mais  très  chaude, 
il  lui  a  sulfi  d'une  demi-heure  pour  relever  ses  feuilles  et  pour  reprendre 
sa  fraîcheur,  qu'elle  a  conservée  ensuite  toute  la  soirée,  quoique  je  l'eusse 
placée  en  plein  air,  à  l'ombre,  en  un  lieu  où  la  température  était  de  30°,  et 
s'élevait  encore  a  28°, 6  a  six  heures  dn  soir. 

2°  i.e  5  août,  de  bonne  heure,  mon  Helianthus,  arrosé  avec  78  grammes 
d'eau,  a  pesé  3023='  ,6.  Vers  une  heure,  il  laissait  pendre  toutes  ses  feuilles 
flétries  et  ne  pesait  plus  que  292^^'-, 2.  Tl  avait  donc  transpiré  99''-, Zi.  Dans 
cet  état,  il  a  été  transporté  dans  une  chambre  peu  éclairée,  très  chaude 
(25", 5),  dans  laquelle  il  avait  entièrement  relevé  ses  feuilles  au  bout  de 
deux  heures.  Remis  en  plein  air  et  a  l'ombre,  il  est  resté  frais  comme  il  l'était 
redevenu.  Le  lendemain,  6,  quoiqu'il  eût  reçu  le  matin  96  grammes  d'eau 
la  forte  transpiration  de  la  journée  l'a  fané  de  nouveau.  Dès  lors  ses  racines 
ne  trouvant  plus  dans  la  terre  l'humidité  qui  pouvait  seule  rendre  aux  tissus 
leur  turgescence,  il  est  resté  fané  malgré  la  fraîcheur  de  la  nuit  suivante 
pendant  laquelle  la  température  minimum  a  été  de  13°. 

3"  Les  choses  se  sont  passées  absolument  de  même  les  7  on  12  août.  Par 
suite  de  l'abondante  transpiration  de  la  journée,  mon  Hélianthe  s'est  trouvé, 
le  soir,  entièrement  fané.  Aussi,  dans  l'une  et  l'autre  circonstance,  malgré 
la  fraîcheur  de  la  nuit  et  nialgré  la  rosée,  il  s'est  montré  le  lendemain  ma- 
tin tout  aussi  flétri  qu'il  l'était  la  veille,  et  il  a  fallu  l'arroser  pour  le  ra- 
mener à  son  état  normal. 

Ainsi,  pour  cette  plante  comme  pour  les  deux  premières,  il  y  a  selon  moi 
deux  modes  différents  de  fanaison. 

Les  observations  que  Je  viens  de  rapporter  en  détail  me  semblent  démon- 
trer l'exactitude  de  la  distinction  que  j'ai  établie  entre  la  fanaison  ordinaire 
dos  plaintes  due  simplement  à  la  sécheresse  de  la  terre  et  celle  que  déter- 


110  SOCIÉTÉ    DOTAÎSIQUL    DE    FKANCE. 

mine  en  elles  une  exagération  momentanée  de  la  transpiration,  qui  est  indé- 
pendante de  la  quantité  d'humidité  contenue  dans  le  sol.  Voici  comment 
celle-ci  me  parait  s'expliquer  sans  difficulté. 

Les  racines  absorbent  l'humidité  du  sol  qui,  une  fois  introduite  dans  la 
plante,  s'élève  à  travers  la  tige  pour  arriver  aux  feuilles,  organe  essentiel 
de  la  transpiration.  Mais  ce  pouvoir  absorbant  des  racines  a  des  limites, 
cette  perméabilité  des  tissus  de  la  tige  a  aussi  les  siennes.  Dès  lors,  si  le  so- 
leil vient  exagérer  la  transpiration  par  sa  forte  chaleur  et  sa  vive  lumière, 
la  plante  versera  dans  l'atmosphère,  sous  forme  de  vapeur  invisible,  plus 
d'humidité  que  les  racines  ne  peuvent  en  absorbei-,  que  la  tige  ne  peut  lui 
en  transmettre  dans  le  même  espace  de  temps.  Dès  lors  aussi  les  pertes  in- 
cessantes que  subissent  les  tissus  des  parties  herbacées  ne  seront  plus  répa- 
rées que  de  manière  incomplète.  Par  suite  les  feuilles  se  flétiiront,  et  la 
plante  se  fanera.  Mais  supprimons  la  cause  à  laquelle  est  dû  cet  excès  de 
transpiration  qui  n'a  pu  être  compensé  ^  pour  cela  mettons  ces  plantes  fanées 
à  l'ombre  ou  à  une  demi-obscurité;  dès  lors  l'afflux  de  suc  nourricier  qui 
avait  été  momentaném.ent  insuffisant,  mais  qui  n'a  jamais  cessé  d'avoir 
lieu,  va  réparer  graduellement  les  pertes  subies  par  les  organes.  Peu  à  peu 
les  tissus  reprendront  leur  turgescence,  les  organes  leur  apparence  nor- 
male, et  la  piaule  redeviendra  bientôt  aussi  fraîche  qu'elle  l'ait  jamais 
été. 

M.  Guillard  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

IDÉE  GÉNÉRALE  DE  L'INFLORESCENCE,  par  M.  ACH.  GL'ILLARD. 

(Suite.) 

Bans  une  première  communication,  j'ai  cherché  à  définir  l'inflorescence 
en  remontant  au  sens  que  lui  avait  attribué  Linné,  auteur  de  ce  mot,  et  en 
l'éclaireissant  au  moyen  des  observations  modernes  ;  j'ai  indiqué  que  j'en 
traiterais  exclusivement  comme  question  d'ordre  et  de  succession  normale 
dans  l'épanouissement  des  fleurs  5  et  j'ai  tâché  de  faire  voir  combien 
il  est  urgent  pour  le  progrès  de  notre  science  de  relever  cette  branche  de 
l'état  de  marasme  où  elle  est  tombée.  Lusuite,  J'ai  établi  les  deux  lois  les 
plus  générales  : 

La  loi  de prog7'ession,  qui  est  conforme  à  la  phyllotaxie  ; 

La  /ojc?e récurrence  ou  de  j'égressio»,  qui  est  inverse  de  la  phyllotaxie; 
puis 

La  l(ji  spéciale  de  ré  progression^  par  kujuelle  la  nature  relie  les  deux 
grandes  lois  contradictoires-,  enlin 


SK.vNci'.  ni;    1.'^  ri':viiii:n    1857,  117 

\.!\  lui  (iul[aibliwiiiPnt,(\K\\  pose  t'Oticm  rcinnicnt  sur  les  deux  okIodik'cs 
f^L'iu'ralcs  (lu  système  ii;iUiit'l  de  riiiflorcscnici', — qui  i.'aj^it  pas  moins  sur 
la  marche  r(''ijr agressive,  —  et  rnii  tempère  pailoul  l'unité  de  composition 
par  la  variété  d'aspect. 

Dans  la  discussion  qui  a  suivi  cette  communication,  l'ingénieux  investi- 
gateur des  Kuphoibiacécs  a  contesté  le  sens  général  dans  lequel-nous  em- 
ployons les  mots  inflorescence  et  jleuraison.  Nous  avons  maintenu  pour 
inflorescence  le  sens  agrandi  de  (.inné,  faisant  voir  qu'il  n'y  avait  aucune 
utilité  à  détourner  ce  terme  du  sens  que  lui  a  donné  son  auteur,  et  qu'il  y 
a  au  contraire  nécessité  de  conserver  un  nom  propre  pour  une  branche  par- 
faitement déterminée  de  la  science. 

Nous  avons  pris  acte  de  ce  que  personne  n'a  contesté  l'importance  du 
sujet,  le  grave  desideratum  qu'il  laisse  Jusqu'à  présent  dans  la  physique 
végétale,  enfin  l'urgence  qu'il  y  a  à  en  fixer  la  théorie  générale,  et  à  facili- 
ter l'application  de  cette  théorie  par  un  langage  précis,  qui  puisse  se  prêter 
avec  souplesse  a  lexpression  des  phénomènes  si  nombreux  et  si  variés  que 
l'observation  fournit. 

VII.  Critique  des  termes.  —  Avant  d'aller  plus  loin,  nous  nous  trouvons 
dans  la  nécessité,  pour  assurer  les  abords  de  l'inflorescence,  de  critiquer 
quelques  couples  de  mots  qui,  depuis  MM.  Brown  et  Rœper,  ont  été  fré- 
quemment employés  faute  d'autres,  et  qui  ont  contribué  beaucoup,  selon 
nous,  à  retarder  en  cette  partie  le  progrès  de  la  science.  Ce  sont  défini  et 
indéfini,  centrifuge  et  centripète^  ascendant  et  descendant,  introrse  et 
extrorse. 

A  prendre  les  mots  dans  leur  sens  naturel,  le  groupe  floral,  soit  progres- 
sif, soit  régressif,  est  défini  ou  indéfini,  selon  la  manière  dont  il  se  termine, 
— selon  que  son  évolution  a  ou  n'a  pas  de  terme  marqué  :  il  est  défini,  si 
son  évolution  est  déterminée,  indéfini  si  indéterminée.  Les  grappes  du  Lilas 
sont  définies,  parce  que  leur  bourgeon  terminai  est  une  fleur  qui  s'épa- 
nouit après  les  latérales,  et  après  laquelle  il  ne  peut  y  en  avoir  d'autres. 
La  Cyme  d'Elœagnus  peut  être  regardée  jusqu'à  un  certain  point  comme 
définie,  parce  que  les  pédicelles  qui  portent  la  deuxième  et  la  troisième  fleur, 
n'offrent  aucun  indice  de  prolongation  de  la  Cyme  (1).  Mais  la  plupart  des 
Cymes  sont  dans  un  cas  contraire  :  les  dernières  fleurs  qui  s'épanouissent 
sont  soustées  de  2  bractées,  qui  déclarent  que  la  Cyme  se  peut  continuer, 
qu'elle  n'est  pas  nécessairement  terminée  au  point  où  nous  voyons  éclore 
le  dernier  bouton;  et  en  effet,  dans  des  circonstances  favorables,  la  plante 

(1)  C'est,  je  crois,  en  ce  sens  que  M.  Weddell  a  employé  l'expression  de  cijme 
définie  dans  l'importante  monog;rapliio  dos  Urlicées  que  les  Archives  du  Muséum 
niellent  au  jour  en  ce  moment. 


118  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE, 

offre  quelque  degré  de  plus  dans  sa  fleuraison  ;  au  lieu  d'une  Cyme  à  U  de- 
grés, elle  en  porte  une  à  5  ou  à  6. 

Il  n'y  a  peut-être  qu'une  sorte  de  Cyme  qui  soit  proprement  définie  et 
déterminée,  parce  qu'elle  est,  nécessairement  et  par  sa  nature,  limitée  dans 
les  deux  sens  ;  c'est  celle  que  nous  avons  fait  voir  sur  les  /{ubus,  les  Clé- 
matites, les  Euphorbes  communs,  et  que  nous  avons  nommée  réprogres- 
sive. Elle  marque  elle-même  ses  deux  confins,  qu'elle  ne  peut  dépasser, 
puisqu'elle  commence  à  un  bout  et  reprend  par  l'autre. 

On  voit  donc  que  les  termes  employés  par  M.  Rœper  pour  désigner  les 
deux  marches  contraires  de  rindorescence,  ne  peuvent  pas  être  conservés 
dans  l'emploi  qu'il  leur  a  attribué.  Le  groupe  défini,  dit-il  (1),  est  celui 
dont  l'axe  se  termine  par  une  fleur,  et  l'indcfini  celui  dont  l'axe  ne  se  ter- 
mine pas  par  une  fleur.  Eh  bien  !  la  grappe  du  Lilas  est  définie,  celle  de 
tous  les  Agrimonia  de  même,  celles  des  Laurinées,  des  Campanulacées,  des 
Berbt^ridées,  et  une  foule  d'autres.  îl  n'y  a  aucune  raison  pour  détourner  ce 
participe  de  son  sens  usuel  et  seul  français,  qui  n'a  pas  de  rapport  avec  la 
loi  de  structure  ([u'on  prétend  lui  faire  représenter. 

M.  Rœper  appelle  indéfinie  ou  centripète  la  marche  progressive,  et  défi- 
nie ou  centrifuge  la  marche  régressive.  On  vient  de  voir  que  le  groupe  flo- 
ral peut  être  défini  ou  indéfini  dans  l'un  et  l'autre  système.  Qui  pourrait 
dire  que  la  grappe  axillairc  triflore  à'Erijthrina,  de  Dolic/ios,  est  quelque 
chose  d'indéfini?  Les  Cymes  des  Caryophy liées,  des  Potentilles,  des  Polé- 
nioniacées,  des  Rubiaeées  sont-elles  définies?  M.  Rœper  lui-même  (chose 
étrange!)  dit  en  parlant  de  la  Cyme  iVErythrcea  :  «  Cette  multiplication  de 
»  rameaux  n'aurait  aucune  borne  si  la  plante  n'était  détruite  par  des  causes 
»  extérieures  (/.  c,  p.  80).  »  Il  reconnaît  donc,  sans  le  dire,  que  cette  mul- 
tiplication de  rameaux  est  indéfinie.  Puisque  la  Cyme  peut  être  formée  d'un 
nombre  indéfini  de  pédicules  et  de  pédicelles,  il  est  clair  qu'elle  est  elle- 
même  indéfinie.  C'est  De  Candolle  qui  en  a  fait  la  remarque. 

En  théorie  on  pourrait  même  dire  que  toute  Cyme  est  indéfinie,  puisqu'on 
peut  toujours  supposer  des  bourgeons  latéraux  destinés  à  la  prolonger,  et  que 
cette  supposition  est  le  piussouventappuyée  par  2  bractées  d'attente.  On  ne 
saurait  faire  la  même  hypothèse  pour  toutes  les  grappes,  puisqu'il  y  en  a, 
comme  celle  de  Berberis^  par  exemple,  dont  la  fleur  suprême,  sans  aissel- 
lière,  et  nettement  terminale,  ôte  toute  possibilité  de  prolongement.  Les 
grappes  décussées  en  général,  et  surtout  la  plupart  des  grappes  composées, 
sont  parfaitement  définies:  Oléinées,  Campanules,  Staphyléacées,  Lauri- 
nées, etc. 

L'idée  de  détermination  ou  d'indétermination  n'est  donc  pas  convenable 

(1)  P.  83,  Mél.  bot.  de  Serinjje,  /.  c. 


SÉANCi:    DU    13    FKVRIKU    1857.  110 

pour  (lislini;ucr  foiKlami'iilali'ineiit  les  deux  pivots  du  système  de  l'iiillo- 
l'csi-ence.  11  l'aut  s'en  tenir  à  leur  nature,  et  les  dclinir  sans  liypothèse  d'a- 
pros  leur  mouvement  respeetif,  d'après  leur  marche  piujohessive  ou 
HÛriiU'SSivi:.  Centrifuge  et  centripète  ne  sont  pas  moins  impropres.  Si  ceu- 
tripèle  est  applicable  en  apparence  à  l'évolution  d'un  capitule,  il  ne  l'est 
plus  à  celle  d'un  épi  cylindriciue  tel  que  celui  du  Plantain,  tel  que  la  i;rappe 
du  Groseillier,  où  il  n'est  nullement  vrai  de  dire  que  le  développement  tend 
au  centre,  puisque  au  contraiie  il  s'élève  sur  une  échelle  verticale  à  degrés 
égaux  et  semblablement  placés,  qui  serait  représentée  assez  lidèlement  par 
la  figure  d'une  trachée.  Par  la  même  raison,  la  Cyme  descendante  ne  peut 
pas  être  appelée  centrifuge  :  car  cette  expression  s'appliquerait  tout  au  plus 
aux  deux  premières  fleurs,  et  nullement  aux  suivantes  qui  descendent  l'hé- 
lice de  la  même  manière  (jue  les  fleurs  de  la  grappe  la  remontent.  Dans  la 
Cyme  ascendante  (ou  dichotomée)  il  y  a  plus  :  l'essence  de  cette  Cyme  est 
que  chaque  fleur  s'épanouisse  au  eeutie  des  rameaux  florifères  qui  s'élèvent 
au-dessus  d'elle;  ainsi,  il  serait  plus  vrai  de  dire  que  l'inflorescence  y  cher» 
che  le  centre,  que  de  dire  qu'elle  le  fuit.  Enihi,  il  y  a  des  exeitiples  de 
Cymes  véritablement  et  formellement  centripètes,' — de  Cymes  où  l'on  voit 
les  boutons  i-angés  en  entonnoii-  dans  l'ordre  de  leur  âge,  et  où  les  plus 
jeunes  sont  au  centre  :  il  faut  les  observer  vivantes  sur  Andryala  pin- 
nnti/ïda,  Piqueriatrinervia  et  quelques  autres  Composées,  sur  la  plupart 
des  Apocynées,  sur  Centradenia  floribunda  (qui  est  à  point  dans  les  serres 
en  ce  moment),  sur  HemerocoUis  fulva,  etc. 

L'inconvénientdes  dénominations  employées  par  M.  Pioeper  est  donc  d'avoir 
été  basées  sur  des  considérations  particulières  et  trop  restreintes.  M.  Browu, 
partant  d'un  point  de  vue  un  peu  plus  général,  avait  proposé  de  nommer 
inflorescence  ascendante  la  progression,  et  descendante  la  récurrence.  Ces 
expressions  n'ont  pas  été  adoptées;  elles  n'entraient  pas  encore  dans  la  na- 
ture des  choses,  et  d'ailleurs  elles  auraient  juré  trop  souvent  avec  l'aspect 
des  groupes  désignés  :  pourrait-on,  sans  faire  violence  à  la  langue  et  à  la 
pensée,  appeler  ascendante  l'évolution  d'un  capitule  de  Cichorium,  et  des- 
cendante une  Cyme  de  Gypsophila?  Nous  fivons  fait  voir  l'antre  jour  que 
la  récurrence  peut  être  ascendante  aussi  bien  que  la  progression.  Il  y  a 
même  infiniment  plus  de  Cymes  ascendantes  que  de  desceiidantes;  par 
contre,  il  y  a  des  Composées  dont  le  capitule  est  plan  et  même  concave,  et 
dont  par  conséquent  la  progression  n'est  nullement  ascendante.  En  quoi 
l'inflorescence  des  ombelles,  des  faisceaux,  est-elle  ascendante? 

Nous  avons  donc  dû  likher  de  représenter  les  deux  faits  généraux  de  la 
succession  florale  par  deux  termes  propres  qui,  applicables  à  tous  les  cas, 
sans  exception  et  sans  hypothèse,  ne  donneraient  lieu  à  aucune  équi- 
voque. 

Quant  aux  termes  introrse  et  extrorse  que  nous  avons  employés  autre- 


120  SOCIÉTÉ    nOTANIQLE    DE    FRANCE. 

l'ois  (1),  ils  doivent  être  rojetés  par  motifs  semblables,  et  surtout  parée 
qu'ils  n'indiquent  qu'au  point  de  vue  secondaire  de  la  configuration  une 
distinction  capitale  qui  tient  essentiellement  à  la  pliysiologie,  comme  nous 
croyons  l'avoir  démontré. 

Nous  avons  insisté  sur  le  choix  des  termes,  à  cause  de  la  grave  impor- 
tance qu'il  y  a  pour  la  justesse  des  idées  et  la  facilité  de  l'étude  à  tenir  au- 
tant que  possible  le  langage  de  la  tbéorie  en  harmonie  avec  les  faits  fonda- 
mentaux sur  lesquels  elle  repose.  Qu'un  systématique  change  sans  nécessité 
le  nom  propre  d'une  plante,  même  en  lui  en  donnant  un  meilleur,  on  le 
blâme;  il  le  mérite,  car  une  amélioration  individuelle,  isolée,  ne  peut  com- 
penser l'inconvénient  d'ag;j;raver  le  fardeau  déjà  si  lourd  d'une  immense 
synonymie.  Mais  pour  la  théorie,  c'est  tout  différent  :  ses  termes  ne  for- 
ment qu'un  bien  mince  bagage  :  ils  se  rapportent  à  des  points  de  vue  gé- 
néraux qui  obligent  à  les  répéter  souvent  :  répétition  blessante  pour  l'esprit 
et  pour  le  goût,  si  les  mots  sont  mal  formés  ou  mal  choisis  ; —  bien  pesante 
et  bien  fastidieuse,  si  l'on  se  met  dans  le  cas  de  redire  à  chaque  instant  les 
mêmes  périphrases,  en  voulant  s'épargner  le  risque  d'un  mot  nouveau. 

Tout  pas  incontestable  fait  par  la  théorie  peut  et  doit  être  représenté  par 
une  expression  juste  et  appropriée:  toute  erreur  de  même  ordre,  reconnue, 
entraîne  le  saciilice  du  terme  qui  la  consacrait.  On  a  cru  d'abord  que  le 
vêtement  externe  de  la  fleur  était  un  organe  simple,  plus  ou  moins  découpé  : 
on  l'a  nommé  calice  .  Plus  tard,  on  vient  à  reconnaître  que  c'est  un  verti- 
cille  d'organes  analogues  aux  Pétales  et  aux  Feuilles  ;  on  donne  un  nom  nou- 
veau à  ces  organes,  on  les  nomme  Sépales  :  après  une  certaine  résistance 
des  habitudes  froissées,  tout  le  monde  adopte  le  terme  qui  était  inconnu  à 
nos  devanciers.  Si  quelqu'un  s'en  tenait  obstinément  au  calice  en  refusant 
de  reconnaître  des  organes  parfaitement  personnalisés,  il  montrerait  un  res- 
pect aveugle  pour  les  anciens,  et  protesterait  contre  le  progrès  de  la  science. 
Au  reste,  dans  la  création  des  nouveaux  termes  techniques,  c'est  leur 
auteur  seul  qui  court  quelque  risque,  —  le  risque  d'une  peine  perdue  et  du 
ridicule  qui  s'attache  à  un  barbarisme  repoussé.  La  science  n'y  risque  rien  : 
car  si  les  mots  proposés  sont  mal  tournés  ou  forgés  sans  nécessité,  on  ne 
les  adopte  pas,  ils  tombent  dans  l'oubli,  et  n'embarrassent  plus  personne. 

Les  Annales  des  sciences  naturelles  sont  pleines  de  ces  exemples et  nous 

allons  peut-être  en  fournir  un  de  plus. 

YIH.  Division. —  Si  l'on  veut  bien  jeter  une  vue  d'ensemble  sur  le  champ 
que  nous  avons  à  parcourir,  on  verra  que  l'on  y  peut  distribuer  toutes  les 
observations  recueillies  en  quatre  groupes  principaux.  Kn  effet,  après  avoir 
posé  les  lois  générales  de  l'inflorescence,  qui  déterminent  en  quelque  sorte 
l'étendue  de  ce  champ  d'investigations,  nous  devrons  considérer  : 

(1)  Formules  botaniques,  Vocabulaire  des  organes.  1835,  Baillière. 


SÉANCE    DU    13    FÉVRIER    1857.  121 

1°  Le  point  de  départ  de  l'évolulioM  florale; 

2°  La  qualitf-  diverse  des  firoiipes  floraux,  d'où  rc'sullc  la  nécessité  de 
leur  imposer  des  noms  propres  qui  les  fassent  reconnaître  avec  facilité  et 
permettent  d'en  parler  commodément; 
3°  l.a  forme  des  groupes  floraux  ; 
h'  Enfin  \Qm'  position. 

IX.  Départ  de  l'inflorescence.  —  Nous  croyons  avoir  démontré  que  ce 
qui  importe  le  plus  pour  la  détermination  de  l'inflorescence,  c'est  de  recon- 
naître exactement  le  point  où  elle  commence,  ce  point  climatérique  par  où 
passe  le  plan  qui  divise  les  deux  zones  d'évolution.  L'inflorescence  part  de 
là  pour  se  développer,  en  haut  par  progression  ou  par  récurrence  surmon- 
tante,—  en  l)as  par  récurrence  descendante  et  subordonnée.  La  récurrence 
descendante  répète  soit  la  progression  directe  et  vraie,  soit  son  imitation 
par  surmontance. 

Si  l'on  essayait  de  déterminer  l'inflorescence  d'une  plante  sans  avoir  re- 
connu, avant  tout,  le  plan  où  commence  l'épanouissement  régulier,  on  ris- 
querait de  tourner  le  dos  à  la  vérité,  et  l'on  ferait  mieux  de  s'abstenir  de 
tout  jugement.  La  plupart  des  meilleures  figures  ne  servent  presque  à  rien 
pour  la  détermination  de  l'inflorescence;  et  cela  vient  de  ce  que  les  dessi- 
nateurs ont  fait  défaut  à  l'observation  de  la  fleur  primordiale, — du  point  de 
départ,  duquel  dépend  toute  la  succession. 

Ce  plan  de  division,  sur  lequel  s'ordonne  toute  la  marche  florale,  est  si 
important,  il  revient  si  souvent  à  la  bouche,  qu'il  est  fort  à  souhaiter  que  l'on 
s'accorde  pour  le  doter  d'un  nom  propre  (1).  C'est  là  que  se  trouve  le  vrai 
centre  de  l'activité  vitale  par  rapporta  l'inflorescence;  c'est  là  qu'elle  se 
développe  ordinairement  dans  sa  plus  grande  force,  et  qu'elle  montre  tout 
ce  qu'elle  peut  produire;  c'est  là  que  le  groupe  floral  est  le  plus  complet, 
que  la  Cyme  s'élève  à  ses  plus  hauts  degrés,  et  que  ses  branches  s'éloignent 
le  moins  de  l'égalité  symétrique. 
Là  aussi  se  déclarent  de  soudains  changements  dans  la  Phyllotaxie, 
Le  plus  fréquent  consiste  en  ce  qu'une  plante  à  Feuilles  alternes,  ou  sa 
branche,  se  termine  en  décussation  :  Renonculacées,  Dryadées,  Fumaria- 
cées,  Linées,  Euphorhiacées,  Chénopodées,  Gyrocarpées,  plusieurs  Ombel- 
lifères,   plusieurs  Rutacées  [R.    graveolens,   macrophylla)^   Ampélidées, 
Sapindacées,  etc. 

Ou  la  plante,  sans  cesser  d'être  alternée,  porte,  aux  aisselles,  des  groupes 
floraux  binés-décussés  :  Campanulacées,  Méliacées,  Thésaciées  {Thesium 
et  genres  voisins),  Lauracées,  Stylidiées,  Goodéniacées,  Convolvulacées, 
llicinées,  plusieurs  Urticées,  etc. 

(1)  On  pourrait  le  nommer  primejleur,  ou  anthèse,  ou  protanthèse  (ivpÛTYi 

àvÔTriat;). 


122  SOCIÉTK    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Ce  sont  les  cas  les  plus  abondants. 

Au  contiaire,  ccM-taines  plantes,  qui  ont  les  Feuilles  dëcussées  au-dessous 
du  plan  de  partage  de  l'inflorescence,  passent  à  l'alternance  dans  la  floraison: 
les  Véroniques,  beaucoup  de  Composées,  le  plus  grand  nombre  des  Ver- 
veines, des  Épilobes,  Zauschneria^  Œnothera  rosea,  etc. 

La  grappe  composée  terminale  de  Scrofularia  canina  a  d'abord  ses  ra- 
meau.v  exactement  binés-décussés;  bientôt  les  deux  pédicules  opposés  ne 
restent  plus  au  même  niveau  :  l'un  d'eux  s'élève  et  tourne  plus  que  l'autre; 
ils  passent  à  l'ordre  2/5,  selon  lequel  s'achève  la  progression,  il  en  est  de 
même  de  plusieurs  Verbena  :  leurs  épis  terminaux  ont  les  fleurs  d'abord 
opposées,  puis  dénivelées,  enfin  2/5  ou  3/8. 

On  trouve  de  IVéquenls  exemples  du  dénivèlement  des  Feuilles  sur  plusieurs 
Rkamnus.  Dutrochet  a  remarqué  cette  modification  graduée.  C'est  aller  trop 
loin  que  de  dire  pour  cela  (comme  a  fait  M.  Lestiboudois)  que  la  spirale  2/5 
n'est  qu'une  altération  de  la  décussation,  par  avortement  de  quelque  cohorte 
foliale,  La  grande  classe  des  Monocotylées,  a  laquelle  la  décussation  est 
étrangère,  et  qui  multiplie  ses  cohortes  foliales  beaucoup  plus  que  les  Dico- 
tylées,  admet  fréquemment  l'ordre  2/5  le  plus  régulier.  11  parait  bien  plus 
conforme  a  l'observation  et  aux  vues  générales  de  la  nature  d'admettre  que 
la  phyliotaxie  a  diverses  lois  propres  (2,  3,  1/2,  2/5,  3/8,  etc.  Al.  Braun, 
Sébimper,  Bravais),  dont  l'une  n'est  pas  l'autre,  mais  dont  le  passage  de 
l'une  à  l'autre  s'opère  par  transition  graduée  au  moyen  de  certaines  plantes 
qui  remplissent  la  fonction  de  lien  et  d'intermédiaire. 

X.  Nomenclature  des  groupes  floraux.  —  On  sait  déjà  que  la  progres- 
sion et  la  récurrence,  qui  ont  dans  beaucoup  de  cas  leur  marche  indépen- 
dante, se  trouvent  aussi  fort  souvent  entremêlées  à  divers  degrés,  en  sorte 
(jue  l'on  rencontre  la  régression  dans  la  progression,  et  réciproquement.  Il 
s'agit  maintenant  d'énoncer,  avec  autant  de  clarté  et  de  precisiou  qu'il  sera 
possible ,  tous  les  degrés  de  développement  de  chaque  système,  avec  les 
modifications  régulières  qu'ils  comportent,  et  tous  les  phénomènes  que  pré- 
sente leur  pénétration  mutuelle. 

Pour  exprimer  convenablement  toutes  les  combinaisons  des  deux  parties 
du  système  de  l'inflorescence,  il  suffit  de  désigner  ces  deux  ordonnées  par 
deux  termes  propres  qui  puissent  se  composer  entre  eux  à  autant  de  degrés 
qu'il  y  a  de  combinaisons  dans  la  nature. 

Pour  Viuihvescenine progressive.,  nous  proposons  de  conserver  en  quehfue 
sorte  le  mot  grappe,  non  dans  sa  forme  moderne  qui  ne  se  prête  à  aucune 
composition  (puisque  sa  consonnance  tudesque  ne  permet  pas  de  l'amalga- 
mer avec  d'autres  mots  sans  barbarisme),  mais  en  employant  sa  forme 
grecque,  qui  est  familière  aux  botanistes.  Kn  effet,  nous  connaissons  tous 
celte  charmante  petite  plante,  Teucrium  Botuys,  qui,  réduisant  le  l'ascicule 
des  Labiées  à  une  seule  fleur,  \i'offre  qu'une  grappe  feuilléc,  une  JJotryde 


SÉANCE   DU   13    FÉVRIRR    1857.  123 

011  lioiryc.  Nous  dirons  donc  mie  Botri/i^  pour  exprimer  le  groupe  floral 
progressif. 

Quant  à  rinfloresoence  régressive,  les  groupes  simples  qu'elle  peut  for- 
mer sont  bien  représentes  par  le  mot  Cj/rne,  que  l\œper,  Link  et  De  Can- 
dolle  père  et  fils  y  ont  eo4isaeré.  MM.  Bravais  ont  essayé  (1),  il  est  vrai,  de 
restreindre  le  sens  générique  du  mot  à  cette  espèce  particulière  de  Cyme  où 
les  pédicules  naissent  les  uns  des  autres,  et  dont  nous  nous  entretiendrons 
plus  tard.  Mais  ils  n'ont  pas  tardé  à  être  entraînés  malgré  eux  par  l'analo- 
gie et  par  la  nécessité,  à  laquelle  on  ne  peut  se  soustraire,  de  donner  un 
nom  commun  à  une  idée  commune  :  aussi  disent-ils  Cyme  de  Pommici-,  de 
Laurier,  d'Oxalis,  de  Lnmiuni,  de  Verbascum,  quoique,  chez  ces  plantes, 
les  pédicelles  se  voient  tous,  directement  et  sans  intermédiaire,  sur  l'axe 
unique  et  indivis  qui  porte  la  Cyme  (2).  Nous  voulons  donc  que  la  succes- 
sion Uorale  régr/'ssive  continue  à  s'appeler  Cyme,  et  nous  demandons  que 
l'on  nous  permette  de  nommer  Botryde  ou  Botrye  la  succession  florale  p?^o- 
yressive.  Nous  nous  engageons  à  représenter  dans  toute  la  rigueur  de  la 
théorie  et  de  l'observation  tous  les  groupes  floraux  possibles,  par  la  seule 
combinaison  de  ces  deux  termes  techniques,  Botrye  et  Cyme. 

On  renoncera  sans  regret  à  grappe,  si  l'on  remarque  que  ce  mot  désigne 
dans  l'usage  commun  le  raisin  qui  est  formé  de  Cymes;  si  l'on  se  rappelle 
que  la  grappe  est  prise  pour  Cyme  et  double  Cyme  par  i\lM.  Cosson  et  Ger- 
main, dans  les  Gran)inées;  qu'un  autre  de  nos  célèbres  confrères  (W.  Hoo- 
ker),  s'efforçant  de  décrire  la  fleuraisondeson  Ceanof/ius  velutinus,  la  traite 
de  grappe,  de  thyrse  et  de  pauicule  dans  le  même  article.  Que  pouvaient 
faire  ces  judicieux  descripteurs?  Ils  savaient  bien  qu'il  y  a  de  l'inconvé- 
nient à  heurter  les  habitudes  de  l'oreille;  que  la  science,  qui  doit  tendre  à 
devenir  populaire,  ne  doit  pas  employer  un  mot  connu  avec  une  significa- 
tion contradictoire  à  celle  qu'il  a  daqs  la  langue  usuelle  :  mais  le  savant 
est  trop  tenté  de  violer  la  langue,  quand  elle  se  refuse  obstinément  à  ses 
besoins. 

Nous  appelons  donc  Botrye  tout  rameau  simple  qui  porte  à  chaque  als- 

(1)  Annales  des  se.  nat.,  1837,  Vil,  193,  291  ;  Vit!,  11. 

(2)  1\IM.  Bravais  vont  même,  dans  celle  généralisation,  au  delà  de  ses  jusies 
bornes,  lorsqu'ils  attribuent  la  Cyme  à  Berberis,  à  Buxus,  qui  n'a  que  Boirye 
simple,  même  à  Sisijmbrium  el  à  Capparis  !  (VII,  3/i6).  Après  tout  cela  ils  finissent 
par  délinir  la  Cyme,  sans  rcsuiclion,  inflorescence  centrifuge,  montrant 
bien,  parcelle  définition  qui  résume  leur  long  travail,  qu'ils  la  prennent  dans  le 
sens  le  plus  large  et  It;  plus  général.  C'est  ainsi  que  nous  le  faisons  depuis  vingt 
ans,  après  les  botanistes  que  nous  avons  cités.  Nous  pouvons  donc  consolider  les 
motifs  rationnels  par  Wintêriorité,  dont  personne  ne  conteste  le  droit  dans  le  lan- 
gage des  sciences,  toutes  les  fois  qu'elle  n'apporte  pas  d'obstacle  décisif  au  déve- 
loppement de  la  théorie. 


i-'2h  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

selle  une  fleur  s't'paiioui.ssant  dans  l'ordre  progressif  :  tels  sont  la  branche 
de  Tropœoium,  d'Anagallis,  des  Violacées,  dos  Polygalées,  la  grappe  du 
Groseillier,  des  Cletlira,  des  Andromèdes,  des  Knlmia,  des  Pyroles,  de 
toutes  les  Crucifères,  de  toutes  les  Légumineuses,  le  bouquet  des  Azalea  et 
des  Rhododendron,  l'ombelle  des  Primulacées,  des  Daphnacées,  l'ombellule 
des  Ombellifères,  l'épi  des  Plantains,  des  Orchis,  l'épillet  des  Graminées, 
le  capitule  des  Composées  sans  exception,  etc.  Tout  cela  est  Botrye. 

Au  contraire,  nous  reconnaissons  pour  Cyme  tout  ensemble  où  la  fleur 
ainée,  primordiale  et  terminale,  est  reliée,  par  un  système  simple,  à  une 
ou  plusieurs  fleurs  récurrentes  toujours  plus  jeunes  qu'elles.  La  majorité 
des  plantes,  surtout  Dicotyles,  fleurit  en  Cyme  axillaire  ou  biaxillaire, 
effective  ou  indiquée  (Urticées,  Thésiacées,  Célastrinées,  Ilicinées,  Malva- 
cées,  Ericacées,  Labiées,  Scrofulariées  et  Acanthacées  (presque  toutes), 
Oléacées,  Convolvulacées,  Cucurbitacées,  Bégoniacées,  Lonicérées,  etc.) 
Un  grand  nombre  fleurit  en  Cyme  terminale  plus  ou  moins  complexe  :  Gé- 
raniacées,  Hypéricées,  Caryophyllées,  Granatées,  Asclépiadiées  et  Apocy- 
uées,  Solanées,  etc. 

Peu  importe  la  forme  du  groupe  :  ce  n'est  pas  sur  sa  forme  que  nous  le 
nommons  Cyme  ou  Botrye,  c'est  sur  sa  construction  et  sur  Vordre  d\'volN- 
tion  qui  en  résulte.  La  Botrye  est  le  groupe  floral  où  la  fleur  ainée  est  axil- 
laire et  suivie  d'une  ou  plusieurs  fleurs  plus  jeunes,  pareillement  axillaires. 
La  Cyme  est  le  groupe  floral  dont  l'axe  est  terminé  par  la  fleur  aînée.  Que 
ces  groupes  soient  racémiformes,  convexes  ou  concaves,  coniques  ou  obco- 
niques,  ovés  ou  ombelles,  scorpioïdes,  fascicules  ou  capités,  que  leurs  ra- 
meaux s'embranchent  l'un  sur  l'aufre  ou  qu'ils  naissent  tous  d'un  même 
axe, —  pédoncule,  branche  ou  rameau,  —  c'est  toujours  une  Botrye  du  mo- 
ment où  la  fleur  la  plus  âgée  est  axillaire,  et  suivie  de  fleurs  axillaires;  c'est 
toujours  une  Cyme,  du  moment  où  la  fleur  la  plus  âgée  est  terminale,  et 
les  fleurs  plus  jeunes  axillaires  ou  portées  sur  axillaire. 

Dans  une  prochaine  communication,  nous  indiquerons  le  moyen  facile  de 
représenter  en  toute  précision,  par  la  seule  combinaison  de  ces  deux  termes, 
tous  les  cas  d'inflorescence,  même  les  groupes  mixtes  les  plus  compliqués 
qui  aient  été  observés  jusqu'à  présent. 

M.  Puel,  vice-président,  donne  lecture  de  l'extrait  suivant  d'une 
lettre  qui  lui  a  été  adressée  par  M.  le  baron  de  Mélicocq  ; 

Lille,  10  février  1857. 

Distribution  géographique  de  /'Alchemilla  vulgaris  L.,  dans  les  départe- 
ments du  Pas-de-Calais,  de  l'Aisne  et  des  Ardennes.  —  Dans  sa  Géogra- 


sÉANCi-:  DU  13   FKViuKu  J857.  125 

phie  hotnniqup,  M.  Alpli.  De  Canclollc  (1),  après  avoir  sifinalé  la  présence 
de  \'Alc/ic»iilla  oulgaris,  L,,  dans  k's  îles  Britanniques,  s'elonne  de  ne  pas 
le  retrouver  dans  les  Flores  du  Calvados  et  de  la  Loire-Inférieure,  et  il 
ajoute  : 

«  Cette  espèce  est  près  de  Rouen  (Turquier,  FI.,  t.  I,  p,  SU).  On  la  cite 
»  comme  plante  rare  au  nord  de  Paris.  »  (Coss.  et  Germ.  FI.  Par.  p.  UIQ.) 

Les  diverses  localités  que  je  vais  avoir  l'honneur  de  signaler  à  la 
Société  prouveront,  je  pense,  (jue,  fréquente  en  certains  lieux,  cette  plante 
s'égare  souvent  et,  devenue  fort  rare,  ne  reparait  qu'à  de  giandos  distances. 

.Musi,  dans  le  Pas-de-Calais,  l'A.  vulgaris  ne  croit  que  dans  les  bois  de 
Saint-Pal  en  Artois,  où  il  est  fort  rare.  Inconnu  à  tous  les  botanistes  de 
la  Somme,  on  ne  le  retrouve  qu'auprès  de  Prémoutré,  entre  La  F^ère  et 
Laon,  où  il  est  aussi  très  rare. 

Dans  les  cantons  de  Rosoy-sur-Serre,  au  contraire,  VA.  vulgaris,  com- 
mun dans  tous  les  bois,  où  il  est  accompagné  du  Lysimachia  nemorum  L., 
que  l'on  ne  retrouve  plus  qu'entre  Chauny  et  Noyon,  descend  même, 
comme  en  Lorraine  (2),  dans  les  prairies,  y  croissant  presque  toujours 
confondu  avec  le  Polygonum  Bistorta  et  le  Buniura  Carvi. 

Moins  fréquent  dans  les  vastes  forêts  de  l'arrondissement  de  Vervlns  et 
celles  des  environs  de  Rocroy,  il  y  accepte  l'ombre  protectrice  du  Sam- 
bucus  racemosa  L. ,  du  Digitalis  purpurea  L.,  du  Senecio  saracenicus,  du 
Centaurea  montana  L. 

Z'Hypericum  linearifolium  Vahl.,  et  le  Saxifraga  sponhemica  Gmel., 
observés  dans  la  forêt  des  Ardennes.  —  La  présence  de  ces  deux  plantes 
dans  l'immense  forêt  des  Ardennes  a  vivement  surpris  M.  Godron  ,  à 
l'examen  duquel  elles  ont  été  soumises  en  1852.  En  effet,  dans  leur  Flore 
de  France,  MM.  Grenier  et  Godron  donnent  à  VHyp.  linearifolium  la  ville 
de  Vire,  en  Normandie,  pour  extrême  limite  vers  le  nord  (t.  I,  p.  316),  et 
déclarent  que  le  Sax.  sponhemica  appartient  au  Jura,  ayant  été  naturalisé 
dans  les  Vosges  par  M.  3Iougeot.  {Ibid.,  p.  653.) 

Comme  dans  les  provinces  de  l'ouest  de  la  France,  VHyp.  linearifolium 
des  environs  de  Rocroy  croit  sur  des  rochers  schisteux,  aussi  bien  que  le 
Sax.  sponhemica  de  Monthermé,  près  Cliarleville. 

M.  Fuel  ajoute  les  observations  suivantes: 

Il  rappelle  que  V Alchemilla  vulgaris  appartient  à  ce  groupe  de  plantes 
qui  croissent  dans  les  plaines  du  nord  de  l'Kurope  en  même  temps  que  sur 

(1)  T.  1,  p.  22/1. 

(•2)  Voy.  Codroii,  l''l.  de  Loir.,  t.  I,  p,  22o. 


126  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

les  monlasnesdes  régions  méridionales,  telles  que  les  Alpes  et  les  Pyrénées. 
Les  diverses  localités  signalées  par  M.  de  Mélicoeq  vienncntremplirquelqiies 
lacunes  observées  par  M.  De  Candolie  dans  la  disliibution  géographique  de 
cette  espèce.  La  découverte  de  V Hyper icum  linearifoUum  dans  les  Ar- 
dennes  est. un  fait  très  intéressant,  car  c'est  une  piaule  de  la  région  occi- 
dentale. Quant  au  Saxifi^ija  sponhemica,  c'est  une  plante  du  Jura  français, 
qui  a  plusieurs  localités  en  Allemagne,  et  sa  présence  sur  les  rochers 
schisteux  de  Monthermé  mérite  en  effet  d'être  remarquée. 

M.  Lagrange  présente  à  la  Société  la  thèse  de  31,  Guillemin,  sur 
la  composition  de  la  radiation  solaire,  et  sur  son  influence  sur  les 
êtres  vivants. 

M.  Cosson  met  sous  les  yeux  de  la  Société  plusieurs  espèces  rares 
ou  nouvelles  rapportées  de  la  régence  de  Tunis  par  31.  Kralik,  et  fait 
les  communications  suivantes  : 

ITINÉRAIRE  D'UN  VOYAGE  BOTANIQUE  EN  ALGÉRIE,  ENTREPRIS  EN  1856  SOUS  LE 
PATRONAGE  DU  MINISTÈRE  DE  LA  GUERRE,  par  M.  E.  C'OSSOX. 

(Huitième  partie.) 

Dès  notre  sortie  de  l'oasis  ,  nous  trouvons  entre  les  pierrailles  d'un 
ravin,  au-dessous  du  ksar,  de  très  beaux  pieds  du  Neurada  procumbens 
que  la  veille  nous  n'avions  pas  pu  récolter  en  nombre  dans  les  dunes; 
nous  y  recueillons  également  le  Leyssera  capillifoli/i,  qui,  dans  ce  lieu 
frais  ,  a  pris  un  admirable  développement.  Nous  longeons  ensuite  la 
base  du  coteau  que  domine  le  village,  pour  rejoindre  le  cours  de  l'Oued 
Seggueur,  dont  la  rive  droite,  que  nous  suivons,  offre  de  nombreuses 
touffes  de  Tamarix  presque  arborescents;  sur  la  rive  gauche,  coupée  de 
falaises  argileuses,  apparaissent  des  dunes  de  sable  mobile  plus  ou  moins 
étendues.  Les  coteaux  pierreux  qui  bordent  la  rive  droite  sont  parsemés  de 
touffes  des  Anabasis  articulata,  Salsola  vermiculata,  Jletama  Duriœi  vai'. , 
et  de  quelques  pieds  de  Pistacia  Atlanticu.  iNous  y  observons  la  plupart 
des  espèces  que  nous  avons  déjà  signalées  dans  les  stations  analogues  des 
environs  immédiats  de  Bi-ézina.  Bientôt  la  route  s'engage  dans  des  coteaux 
argileux  pierreux  que  nous  traversons  par  un  défilé  ouvert  au  sud,  et  où 
les  sables  ont  été  amoncelés  par  les  vents  ;  là  nous  revoyons,  groupées  en 
abondance,  la  plupart  des  plantes  sahariennes;  indépendamment  des  espèces 
des  sables  des  environs  de  Brézina,  nous  recueillons  le  Reboudia  eruca- 
rioides,  le  Genista  Saharœ  en  fruits  mûrs,  et  le  Calligonnm  comosuni;  dans 
l'argile  lavinée  des  berges  du  défilé,  croissent  encore,  en  grande  abon- 
dance, le  Jhibania  Feei,  le  Deverra  cidoranthu  aux  touffes  volumineuses  et 
iquiséliformes,  le  Itims  dioica,  qui  forme  des  buissons  d'un  beau  vert-, 


SÉANCE    DU    13    FKVRIRU    1857.  127 

aux  plantes  sahariennes  telles  que  les  Itinnex  vmcarnis,  Gjjmnocarpus 
decandrus,  Antivrlnnum  rmnosissimim,  nous  voyons  s'associer  une  espéee 
(le  ici  région  niontajineuse  intérieure  chaude,  le  Ga.lium  (.-phedivides.  A 
l'extrémité  du  délilé,  nous  arrivons  sur  les  bords  de  l'Oued  Sadana,  qui, 
avec  les  Oued  Cheria  et  Kl  Goul,  est  l'un  des  affluents  principaux  de  l'Oued 
Seggueur.  Nous  ne  manquons  pas  d'aller  visiter  le  Khraneg  el  Arouia  (ravin 
de  la  femelle  de  l'Aroui),  ravin  très  pittoresque,  coupure  de  la  montagne, 
étroitement  et  profondément  encaissé  entre  des  rochers  abrupts,  (jui 
s'élèvent  à  droite  et  à  gauche  comme  des  murailles  gigantesques;  l'un  de 
nous,  entraîné  par  son  ardeur,  lance  son  cheval  dans  les  sables  mouvants 
qui  bordent  un  redir  à  la  base  de  la  coupure;  mais  bientôt  son  cheval  s'en- 
fonce jusqu'au  poitrail  dans  ce  sol  perfide,  et  nous  avons  la  plus  grande 
peine  à  le  dégager  de  ce  pas  dangereux.  Les  rochers  du  khraneg  ne  nous 
offrent  pas  une  végétation  aussi  intéressante  que  semblait  le  promettre  un 
site  aussi  pittoresque,  et  nous  ne  trouvons  guère  à  y  signaler  que  le  Pen- 
nisetum  Orientale,  qui  y  croît  avec  une  espèce  delà  région  montagneuse,  le 
Catanancke  cœrulea;  dans  le  lit  du  khraneg,  le  Scolymus  Hispanicus  est  très 
abondant  ainsi  que  le  Pyrethrum  fuscatmn.  Nous  suivons  pendant  quelque 
temps,  en  remontant  vers  le  nord,  le  lit  de  ce  torrent  actuellement  à  sec, 
que  nous  quittons  pour  gravir,  par  une  montée  rapide  dans  les  rochers,  la 
pente  de  sa  rive  droite,  et  arriver  h  un  plateau  rocailleux,  où  nous  revoyons 
les  Anabasis  articulata,  Echium  humile,  Plantaijo  ciiiata,  Ilelianlhemuiu 
hirtum  var.  Deserd,  Corduncellus  eriocephalus  ?,  Eryngium  ilicifoliurn,  Ca- 
roxylon  articidatum et.  Gymnocarpus  decandrus  entre  les  touffes  espacées  du 
Stipa  tenacissima,  qui  est  la  plante  dominante  de  ce  plateau.  Environ  deux 
lieues  plus  loin,  nous  redescendons  dans  le  lit  de  l'Oued  Sadana,  qui,  sur 
ce  point,  s'élargit  et  forme  une  vallée  étroite,  bordée  de  rochers  et  de 
falaises  argileuses  grisâtres.  Le  lit  du  cours  d'eau  est  bordé  par  un  assez 
vaste  marécage,  où  les  plantes  dominantes  sont  les  Pltrwpidtes  communù, 
Festiica  arundinacea  var.  interrupta,  Juncus  maritimus,  Scirpus  Holoschœ- 
nus,  Polypogon  Monspeliensis,  Pulicaria  Arabicn.  Autour  du  marécage 
s'étendent  des  champs  d'orge  encore  sur  pied,  ensemencés  par  les  Arabes 
d'un  petit  douar  qui  font  paître  leurs  troupeaux  dans  le  marais.  Une 
source  abondante  d'eau  douce,  située  au  pied  du  rocher  qui  ferme  la 
vallée,  est  l'origine  de  l'Oued  Sadana.  Dans  les  eaux,  au  voisinage  de  la 
source,  nous  recueillons  le  Chara  fœtida  var.  longibracteata,  et  le  Pota- 
mogeton  pusillus.  Sur  les  atterrissements  de  l'oued  croît  en  très  grande 
abondance  VËuphorbia  luteola,  que  nous  avions  découvert  sur  les  hauts 
plateaux  de  la  province  de  Constanline;  le  Humex  vesicarius  y  est  égale- 
ment fréquent.  Sur  les  rochers  qui  dominent  la  source  se  rencontrent  de 
nombreux  pieds  du  Centuurea  sulphurea.  Un  dattier  d'une  assez  belle 
venue  contribue.à  orner  ce  joli  site,  où  nous  resterions  volontiers  plus  long- 


128  SOCIÉTl'    BOTANIQUE    DE    FUANCE. 

temps,  si  nous  n'étions  pressés  de  nous  rendre  à  Ghassoul,  notre  dernière 
étape  avant  d'arriver  à  Géryville.   Nous  remontons  sur  le  plateau   que 
nous  avions  quitté,  où  d'immenses  rochers  de  grès,  affleurant  le  soi  sur 
(|uelques  points,  forment  une  sorte  de  dallage  naturel.  Le  terrain  argilo- 
sablonneux  et  pierreux  du  plateau  nous  offre  les  O'ucianellu patula,  Ebe- 
nus  fjinnata,  Kentroph]jUum  lanalum,  Carduncellus eriocephalus? ,  Cladan- 
thus  Arabicas  et  le  Centaurea,  voisin  du  C.  Calcitrapa.  que  nous  avons 
déjà  signalé  dans  plusieurs  localités  du  sud.  Une  pente  insensible  du  pla- 
teau nous  conduit  a  une  plaine  uniforme,  bornée  au  nord  par  des  coteaux 
rocailleux,  sur  l'un  desquels  se  dessine,  dans  le  lointain,  un  pied  unique  de 
dattier.  Dans  la  plaine  dominent  les  Stipa  tenacissimu  et  Artemisia  Herba- 
alba,  avec  l'espèce  nouvelle  de  Ferula  que  nous  avons  déjà  mentionnée 
plusieurs  fois  dans  les  localités  analogues.  Nous  y  observons,  en  outre,  les 
C/damydopfwru  pubescens,   Caroxijlon  articulatum,   Pheltpœa  Sckultzii, 
Farsetia  yEgijptiaca^  Helianthemuin  sessili flonim ,  Asteîiscus  py(jmœus. 
Aux  bords    d'un  ravin  croit  en  abondance  le  Rétama  sphœrocarpa,  qui 
forme  de  magnifiques  buissons  couverts  d'innombrables  fleurs  jaunes.  Des 
sables  qui  s'étendent  à  la  base  des  coteaux  nous  présentent  les  Asphodelus 
pcndulinus,  Rhantcrium  adpresswn,   Reseda  Arabica,   Onopordon  ambi- 
guum,  Rétama  Duriœi  var. ,  Marrubium  Deserti,  AiHhratherum  obtusum, 
Atractylis  flava,  Scabiosa  semipapposa.  Bientôt  nous  arrivons  au  défilé  ro- 
cheux de  Teniat  el  Temeur,  où  des  oliviers  sauvages  croissent  en  assez 
grand  nombre  et  prennent  un  beau  développement.   Les  plantes  les  plus 
remarquables  du  défilé  sont  le  Centaurca  nouveau  voisin  du  C.  Scabiosa, 
que  nous  avons  déjà  signalé  dans  la  région  montagneuse  chaude,  et  les 
Pennisetum  Orientale,  Triticum  Orientale,  Polycnemum  Fontanesii,  Con- 
volvulus  supinus ,  Argyrolobium  uniflorwn,  Astragalus  tenuifolius.    Au 
sortir  du  délilé,  nous  avons  k  l'aire  franchir  à  nos  chevaux  une  pente  assez 
roide,  où  les  rochers  de  grès  forment  comme  un  escalier  natuiel,  à  assises 
régulières  souvent  de  près  d'un  mètre  de  hauteur.  Une  plaine  uniforme, 
bordée  de  montagnes  basses  et  nues,  nous  conduit  jusqu'à  l'Oued  Cheria, 
dont  le  lit,  en  grande  partie  à  sec,  contourne  la  base  de  la  colline  que  do- 
mine le  ksar  de  Ghassoul.  Nous  ne  notons  guère  dans  cette  plaine  argilo- 
sahlonneuse  (|ue  les  Malva  ^Egyptiaca,  Lepidium  subidatum,  Ononis  an- 
gustissima  ;  dans  le  lit  même  de  l'oued,  le  Tamarix  Gailica  et  les  Rétama 
Duriœi  var.  et  sphœrocarpa  forment  de  nombreux  buissons. 

Vers  cinq  heures,  nous  arrivons  à  Ghassoul,  où  nous  trouvons,  en  dehors 
du  village,  la  tente  des  hôtes,  dressée  par  les  soins  du  caïd,  et  du  pain  frais  et 
du  vin,  que  M.  de  Colomb,  prévoyant  bien  notre  dénùmeiit  après  notre  longue 
tournée  dans  les  ksour,  a  eu  l'aimable  attention  de  nous  envoyer  par  un 
exprès;  ces  provisions  nous  sout  d'autant  plus  agréables,  que,  en  raison 
des  difficultés  de  la  route,  nous  avions  dû  laisser  assez  loin  derrière  nous 


SlÎANtK    1)1     13    FÉVKILK    J8o7.  l'29 

les  chnmt'iuix  chnrgOs  de  nos  caiititics,  et  (|ii('  nous  eussions  viv  réduits  à 
l'éternel  couseoussou  et  au  mouton  rôti,  sur  le  compte  dcs(iuels  nous  com- 
incncions  à  être  plus  que  blasés.  Après  notre  collation,  nous  utilisons  les 
quelques  instants  de  jour  qui  nous  restent  pour  visiter  les  jardins  de  l'oasis 
et  Caire  une  rapide  reconnaissance  de  la  végétation  du  coteau. —  Le  ksarde 
(iliassoul  s'élève  en  amphitiiéàtre  sur  la  colline,  et  domine  les  jardins  et  les 
ciiamps  entourés  de  murs  qui  couvrent  la  pente  méridionale  du  coteau  et 
s'étendent  jusqu'aux  bords  de  l'Oued  Ghassoul.  Les  jardins  et  les  champs, 
indépendamment  de  leurs  clôtures,  sont  protégés  par  de  petites  tours  en 
terre  contre  les  déprédations  des  tribus  nomades.  Les  jardins  groupés  au- 
dessous  du  ksar,  et  arrosés  par  les  eaux  abondantes  d'une  source  située  à 
l'entrée  du  village  sont  plantés  de  Figuiers,  d'Abricotiers,  de  Pêchers,  de 
Grenadiers;  l'Oignon,  la  Fève,  la  Carotte,  diverses  variétés  de  Courges, 
des  Melons  et  des  Pastèques  y  sont  cultivés.  L'Orge  est  semée  dans  les 
vides  des  plantations  et  dans  les  champs  situés  au-dessous  des  jardins  et 
arrosés,  soit  par  les  eaux  de  la  source,  soit  par  des  dérivations  de 
l'oued.  Les  terrains  argilo-sablonneux  de  la  pente  occidentale  du  coteau 
présentent  quelques  espèces  de  la  région  des  hauts  plateaux  réunies  à  des 
plantes  sahariennes-,  ainsi  nous  y  notons  les  Nasturtium  coronopifoliwn, 
Enarthrocarpus  clavatus ,  Helianthemum  sessiliflorum  ,  Iteseda  Arabica , 
Malva  .Egyptiaca ,  Pegamim  Harmalu  (abondant) ,  Paromjchia  Cosso- 
niana,  Onopordon  ambiguum,  Atractylk  cœspitosa,  ZoUikoferia  resedifolia, 
Sonc/ms  divaricatus,  Taraxacum  Dens-lconis  (même  variété  qu'à  Aïn  Sefis- 
sifa),  Echium  humile,  Arnebia  Vivianii,  Marvubium  Désert l  (abondant), 
Salvla  lanïyera,  Rumcx  Tingitaiius  var.,  Euphorbia  luteola^  Triticmn 
Orientale;  sur  quelques  points  où  le  sel  vient  eftleurir,  nous  voyous  les 
Frankenia  thymifolia,  Spergularia  diandra,  Statice  globulariœfoiia  ?  (non 
fleuri),  Atriplex  Halimus  et  parvifolia^  Salsola  vermiculuta. 

Le  lendemain,  25  mai,  à  sept  heures  du  matin,  nous  nous  mettons  en 
route  pour  Géryville,  dont  nous  sommes  séparés  par  un  trajet  de  près  de 
12  lieues;  nous  suivons  pendant  quelque  temps  le  lit  desséché  de  l'Oued 
liou  Selah,  encaissé  par  des  coteaux  pierreux,  nus,  dont  les  ravins  nous 
offrent  les  Pyret/irum  macroceplialum,  Sonc/ms  divaricatus,  Ononis  a)i- 
giisfissima,  Asterothrix  Hispanica,  Centaurea  alba  et  C.  sp.  nova  (C.  Sca- 
biosœ  affinis),  Argyrolobium  nnifiorum  ^  Erucustruni  leucanthum,  Cata- 
nanche  cœrulea,  Sedum  altissimwn  ;  dans  les  lieux  frais  du  lit  de  l'oued 
croissent  le  Laurier-Rose,  qui  y  forme  de  nombreux  buissons  et  le  Scir- 
pus  Holoschœnus  ^  des  champs  d'orge  encore  sur  pied  occupent  des  atterris- 
semeiits  de  l'oued  dans  un  élargissement  de  la  vallée.  Nous  quittons  le 
ravin  de  l'Oued  Bou  Selah  pour  atteindre  la  plaine  d'Araza,  entourée  de  mon- 
tagnes basses  et  nues;  cette  plaine  est  en  grande  partie  inculte,  et  quelques 
champs  d'orge  y  occupent  les  dépressions  du  sol.  Nous  prolitous  d'une 

T.  IV.  9 


\'iO  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

petite  halte  pour  faire  demander  d'autres  chevaux  dans  une  tribu  voisine, 
car,  malgré  sa  bonne  volonté,  le  caïd  de  Ghassoul  n'avait  pu  nous  procurer 
dans  le  village  que  des  montures  bien  inférieures  à  celles  des  Arabes  de  la 
tente,  et  insuffisantes  pour  le  pénible  trajet  qui  nous  reste  encore  à  faire  dans 
un  pays  accidenté,  et  nous  consacrons  à  l'herborisation  les  quelques  instants 
dont  nous  pouvons  disposer;  les  plantes  que  nous  recueillons  dans  les 
moissons  appartiennent  pour  la  plupart  à  la  région  des  hauts  plateaux, 
ainsi  nous  y  trouvons  entre  autres  les  Onopordon  acaule,  Ceratocephalus 
fulcalus,  yEgilops  ovata  var.  ùnaristata,   Nonnea  micrantha,  Atractylk 
cœspitosa,  avec  un  petit  nombre  d'espèces  du  Sud,  telles  que  VEuphorbia 
cali/ptmta,  le  Scabiosa  semipapposa  et  le  Triticum  Orientale.  Après  avoir 
traversé  la  plaine,  nous  nous  engageons  dans  le  ravin  de  l'Oued  el  Djelal, 
bordé  de  coteaux  rocheux  où  croissent  dans  les  fissures  le  Pistacia  Atlan- 
tica  et  le  Juuiperus  Phœnicea.  Au  delà  de  ce  ravin  et  après  avoir  franchi 
un  coteau,  nous  arrivons  a  la  fontaine  d'Ain  el  Meghesel,  près  de  laquelle 
nous  devons  faire  la  halte  du  déjeuner,  dont  le  reste  des  pains  et  du  vin 
envoyés  par  M.  de  Colomb  doit  faire  tous  les  frais.  Les  eaux  douces  et 
pures  de  cette  source  abondante  qui  viennent  sourdre  à  fleur  du  sol,  for- 
ment un  bassin  où  s'abreuvent  de  nombreux  troupeaux,  et  qui  est  entouré 
de  pâturages  marécageux  où  dominent  les  Scirpus  Holosckœnus ,  Festuca 
arundinacea  var.  interrupto.,  Phataris  aquatica,  Hordewn  murinam,  Poa 
trivialis,  Carex  divisa,  Alopecurus  pratensis  var.   ventricosus,  flammcu- 
liis  macrophyllus  et   Trifolium  fragiferum.  Dans  le  bassin  même  de  la 
fontaine,  où,  vers  midi,  l'eau  est  à  une  température  de  +  11°,  tandis  que 
celle  de  l'atmosphère  est  de  +  28%  nous  recueillons  le  Zannichellia  macro- 
stemon.  Aux  environs  de  la  fontaine  croissent  les  jEgilops  ventricosa  et 
ovata  \a\'.triaristata,  Toriiis  nodosa,  Malva  sijtvestris  et  le  Plantago  Coro- 
nopus,  qui  couvre  le  sol  de  ses  rosettes  déprimées.  Au  delà  de  la  fontaine, 
nous  traversons  une  plaine  bornée  au  nord  par  deux  montagnes  pierreuses 
connues  sous  le  nom  de  Djebel  el  Kebour  et  el  Khaloua.  Dans  la  plaine 
même  dominent  le  Stipa   tenacissima  et   V Artetaisia  Herba-alba,  entre 
les  touffes  desquels   nous  observons  le  Bromus  squarrosus;  cette  plaine 
nous  conduit  par  une  pente  insensible  à  un  col  qui  sépare  les  deux  mon- 
tagnes. Sur  leurs  pentes  escarpées  et  rocheuses,  \es  Junipems  Phœnicea  et 
Oxj/cedrus  forment  des  buissons  et  des  arbres  peu  élevés  ;  dans  les  rochers 
qui  encaissent  l'étroit  et  difficile  passage  où  nous  sommes  engagés,  le  Bu- 
plevrwn  spinosum,  par  son  abondance,  nous  indique  que  nous  sommes  à  une 
altitude  assez  grande.  Indépendamment  de  celte  espèce,  nous  y  notons  les 
Centaurea  alba,  Polycarpon  Bivonœ,  Il/iamnus  oleoides ,  Hutchinsia  pé- 
(rœu,  Thymus  hirtus.  La  pente  septentrionale  du  col,  très  roide,  presque 
abrupte  sur  quelques  points,  et  où  nos  chevaux  ont  parfois  des  escarpe- 
ments de  plus  d'un  mètre  à  descendre,  nous  conduit  à  un  plateau  peu 


sF.^^Cl•:  w    l'^   i'Kvitii:u    I8ô7.  431 

('tendu,  il  rcxliciiiili'  (huiucl  s'ouvre  !a  vallée  élevée  connue  sous  le  nom  de 
TenialOuled  Mouiticii,  eiieiiisséc  à  l'esl  et  à  l'ouest  par  les  deux  monta<;;nes 
([ui  constituent  le  Djebel  Mezouzin.  Des  pâturafjjes  assez  riches  occupent 
la  plus  i^rande  partie  du  eol,  où,  dans  les  endroits  déprimés,  existent  quel- 
ques champs  d'or<fe  sur  les  bords  desquels  nous  trouvons,  pour  la  première 
lois,  V Acliillea  SantoHna.  —  Du  sommet  de  ce  col  se  déroule  devant  nous 
le  plateau  où  s'élève  le  fort  de  Géry  ville,  ([ue  nous  voyons  enfui,  et  avec  une 
vive  satisfaction,  apparaiti-e  à  nos  yeux.  Nous  sommes  si  impatients  de 
lingncr  ce  centre  de  civilisation  européenne,  où  la  bienveillante  sollicitude 
du  commandant  supérieur,  M.  de  Colomb,  nous  prépare  une  cordiale  hos- 
pitalité, que,  remettant  à  un  autre  jour  toute  exploration  botanique,  nous 
lançons  nos  chevaux  de  toute  leur  vitesse;  presque  aussitôt  nous  voyons, 
dans  la  direction  du  fort,  s'élever  un  nuage  de  poussière,  au  milieu  duquel 
nous  distinguons  des  cavaliers  précédés  de  trois  officiers  vers  lesquels  nous 
nous  hâtons  de  nous  diriger.  Au  bruit  d'un  coup  de  fusil  tiré  par  Osman, 
notre  spahi,  ces  cavaliers  viennent  droit  sur  nous  et  ne  tardent  pas  à  nous 
aborder.  Heureux  de  revoir  M.  de  Colomb,  dont  les  bons  offices  m'avaient 
déjà  été  si  utiles  pendant  mon  séjour  à  Mascara,  en  1852,  je  lui  exprime 
toute  ma  gratitude  pour  les  soins  qu'il  a  donnés  a  notre  voyage,  depuis 
notre  entrée  sur  le  territoire  qu'il  commande.  Je  lui  présente  mes  compa- 
gnons de  voyage,  auxquels  il  fait  le  plus  aimable  accueil,  et  il  nous  pré- 
sente à  son  tour  les  officiers  du  bureau  arabe,  MM.  Burin  et  La  Ferronay, 
qui  ont  bien  voulu  se  joindre  a  lui  pour  venir  à  notre  rencontre.  A  quatre 
heures,  tout  en  causant  avec  ces  messieurs,  nous  entrons  dans  la  vaste 
enceinte  du  fort,  où  notre  tente  est  dressée  dans  la  cour  pour  abriter  nos 
bagages  et  nos  plantes,  et  nous  nous  installons  dans  une  chambre  de  l'hô- 
pitiil,  où  d'excellents  lits  nous  promettent  un  confortable  dont  nous  avons 
presque  peidu  l'habitude,  mais  non  le  besoin. 

{La  suite  à  la  prochaine  séance.) 

NOtES  SUR  QUELQUES  PLANTES  RARES  OU  NOUVELLES  DE  LA  RÉGENCE  DE  TUNIS , 
pm-  MM.  E.  COSSOIV  et  L,.  KRALIK. 

(Deuxième  partie.) 

t\ÈTAMA  R/ÈTAM  Wcbb  Pkfjt .  Cttu.  Il,  56,  et  in  Anii.  se.  nat,  sér.  2,  XX, 
279.  —  Genista  Rœtam  Forsk.  FI.  ^Eg.-Arah.  descr.  Hlx.  — Spavtium 
monospermwn  Delile  yEy.  illustr.  n,  657,  excl.  syn.  L.  —  Sparthnn 
Rœtam  Spach  in  Anu.  se.  nat.  sér.  2,  XIX,  288.  —  Rétama  Duriœi  var. 
phii'oèabjx  Webb  ap;  Balaiisa  pi.  Alger,  exsicc.  n.  9l/i. 

In  arenis  deserti  Tunetàni  finctu  uvato-sitbgloboso  vel  vvafo  obvia,  inter 
^Sfax  et  Gabes  ad  Inrrem  JSadour,  et  ad  occidentem  urbis  Gabes  ad  basinr 
monlis  Djebel  Aziza,  et  in  alluviis  ainnis  Oued  Gabes  (Kralikpl.  Tun.  ex- 


132  hU(;ii:TÉ  buiamqle  de  i'ka.nci;. 

sicc.  11.  'idl  Ml!)  iioiniiie  H .  Duriasi]-,  fi-uctu  nvuto-obhnujo  vci  obloïKjo  mX 
basini  montis  hjvbci  Aziza  (Krniik  pi.  Tiiii.  e.xhicf.  n.  /lOO  suh  nomiiie  R. 
Rœtam).  —  Iii  Sahara  Algoriensi  Iota  et  in  provinciai  Oraiiensis  et  Alge- 
rieiisis  planitierum  excelsarum  parte  austialiorecum  fiuctu  ovato  vel  ovato- 
subgloboso  late  diffusa,  cuni  ftuctu  ovato-oblongo  larioi-:  in  ditione  Bis- 
kra!  (Jamin  pi.  Alger,  exsicc.  n.  250  sub  nominc  Rétama  Rietani?  ;  Balansa 
pi.  Alger,  exsicc.  n.  91;^  sub  noniine  Rétama  Diiriœi  var.  pliœocalyx)^  in 
provincia  Oranensi  australiore!  (Kralikap.  Bourgeau  pi.  Alger,  exsicc. 
n.  216  et  216  bis). —  In  desertis  .Egypti  superioris  (Olivier,  Bové, 
Aucher-Éloy)  et  Arabise  petrœae  (Bové,  Aueher-Eioy,  Schimper,  Boissier). 
In  Syria  ad  promontorium  montis  Carrnel  (Labillardière)  et  ad  Csesaream 
(Michon). 

L'étude  que  nous  avons  été  à  même  de  faire,  à  un  grand  nombre  de  loca- 
lités du  sud  de  l'Algérie,  de  la  plante  que  nous  avons  distribuée  sous  le  nom 
de  Rétama  Ihiriœi  var.  'phœocalyx,  nous  a  démontré  que  le  légume  d'une 
grosseur  variable,  le  plus  souvent  ovoïde  ou  ovoïde-subgiobuleux,  passe 
par  de  nombreuses  transitions  à  la  forme  oblongue  ou  oblongue-ovoïde 
donnée  comme  caractéristique  du  lietama  Rœtam  par  les  auteurs  mo- 
dernes, et  que  par  conséquent  on  ne  peut  considérer  cette  forme  du  légume 
comme  un  caractère  spécitique.  ÎS'ous  avons  pu  également  constater  que 
les  graines,  d'abord  vertes  ou  vertes-brunâtres,  deviennent  d'un  jaune  citrin 
à  la  maturité,  et  que  ces  variations  de  coloration  ne  sont  dues  qu'à  l'âge  et 
ne  sont  pas  non  plus  des  caractères  d'espèce,  —  INous  croyons  devoir  rap- 
porter la  plante  d'Algérie  et  de  la  régence  de  Tunis  au  Rétama  Rœtam,  qui 
par  la  grandeur,  la  forme  de  la  fleur  et  la  proportion  de  ses  parties,  lui  est 
complètement  identique,  et  serait  du  reste,  d'après Forskal,  caractérisé  par 
un  légume  ovale.  —  Le  Rétama  Duriœi  du  littoral  algérien  (Balansa  pi. 
Alger,  exsicc.  n.  913)  nous  parait  difféier  surtout  du  Itetama  Rœtam  par  le 
calice  moins  coloré,  les  fleurs  ordinairement  plus  grandes,  par  les  ailes  dé- 
passant assez  longuement  la  carène,  et  non  pas  environ  de  sa  longueur,  et 
par  la  carène  presque  aiguè  et  non  pas  obtuse. 

Argybolobium  umflorum  Jaub.  et  Spach  in  Ami.  se.  nat.  sér.  2,  XL\,  ^5. 
—  Cijtims  unillorus  Dcne  Floriil.  Siit.  in  Aim.  se.  mit.  sér.  2,  III, 
265. 

In  pascuis,  in  collibus  apricis  et  in  torrentium  alveis  descrti  Tunetani, 
prope  6'fiw  (Kspina),  vulgaie  in  ditione  (/«^es  (Kralik  pi.  Tun,  exsicc. 
n.  389) ,  eliam  in  iusula  Djerba.  —  In  Sahara  Algériens!  nec  non  in  regione 
monlana  infcriore  calidiorc  Saharie  conlini  diflusum,  in  tribus  proviuciis 
obvium  (Balansa  pi.  Alger,  exsicc.  li.  931).  —  In  Arabiaî  petra'SC  dcserto 
.Sinaico  (Bovc  in  iicrb.  Mus.  n.   197).  In  Libano  (Auclicr-Eloy). 


SKANCE    DU    13    Fl^lVRIKR    1857.  ^?>'^ 

Ononis  Aisr.iiSTissiMA  Lmk  Fnci/cl.  uiétli.  I,  508  (cxcl.  syn.  et  pafr.  llisp.)  ; 
Webb /'//y/.  Cnn.  IF,  23,  t.  51. —  0.  longifolia  \Mlld.  Enum.  fiort. 
Borol.  Il,  750. 

In  arp,illosis,  arf^illoso-arcnosis  et  coUibus  ealcareis  apricis  deserli  Tunc- 
tani  prope  /:'/  Djcm  et  S  fax  ^  in  ditione  Gnbcs  frequcntissiina  (Kralik  pi. 
Tun.  exsicc.  ii.  /i6),  nec  non  in  insula  I)jerl)aoh\\{\  (Kralik).  —  In  Sahara 
Algériens!  tota  diffusa  nec  non  in  regione  niontaua  inferiore  calidiore  Sahara? 
confini  et  planitlorum  e.xccisarum  parte  austraiiore  (Balansa  pi.  Alger,  ex- 
sicc.  n.  923),  —  In  montosis  insularum  Teneriffœ  et  Canarise  et  a  cl.  Webb 
tanquam  species  omnino  Canariensis  habita  (Webb;  liourj^eau  pi.  Can. 
exsicc.  [18H6]  n<  517  et  [4855]  absque  numéro). 

Medicago  LAciNiATA  AU.  FI.  Pecl.  I,  316,  n.  1159;  Willd.  Sp.  TU,  UIO; 
DC.  Fi  Fr.  IV,  5/|7;  Seringe  in  DC.  Pmdr.  II,  180;  Webb  Phyt. 
Can.  Il,  63;  Gren.  etGodr.  Fl.  Fr.  I,  392. —  TrifoUum  cochlcatum  spi- 
nosum  Syriacum,  foliis  laciniatif^  Breyn.  Cent.  81,  t.  ok.  — M.  ]i()ly- 
morpha  var.  laciniata  !..  Sp.  1099;  Desf.  AU.  II,  212.  —  ^1/.  diffnsa 
Poir.  EncycL  mêtli.  suppl.  111,  52i,  forma  foliolis  non  dissectis. 

In  argillosis,  ar<iilloso-arenosis  et  alluviis  deserti  Tunetani  prope  562/::«, 
Sfax,  ad  tnrrem  Nadour  Sfax  inter  et  Gahes,  in  ditione  Gabes  haud  infre- 
quens  (Kralik  pi.  Tun.  n.  20i  et  206).  —  In  arenosis  et  alluviis  Saharee 
Algeriensistotius  (Balansn  pi.  Alger,  e.xsicc.  n.  929)  et  in  planitierum  excel- 
sarnm  parte  calidiore  diffusa. —  In  insulis  Canariis  l'requens  (Webb;  Bour- 
geau  pi.  Gaii.  exsicc.  n.  1318).  In  Africa  australi  (ïhunb.  ;  Ecklonet  Zeyher 
sec.  Webb).  In  Syria  (sec.  Breyn.).  Hinc  inde  in  Europae  regione  mediterra- 
nea  calidiore,  sed  ibi  vcri.similifer  vi\  indigena  ex.  gr.  in  Hispania  (ex 
Willd.) ,  in  Gallia  australi  prope  Monspelium  ctTelonem,  nec  non  in  Cor- 
sica  (Gren.  et  Godr.) ,  in  agro  ISicœensi  (sec.  Ail.) ,  in  arvis  Dalinatia;  olim 
visa  (sec.  Vis.  Fl.  Daim.). 

Les  folioles  du  M.  laciniata  sont  des  plus  variables;  ainsi,  et  quelquefois 
.sur  le  même  pied,  on  obsei've  toutes  les  transitions  entre  les  folioles 
obovalesou  oblongucs  dentées  et  les  folioles  linéaires  profondément  incisées 
ou  pinnatilides. 

Var.  j3.  hrachyacantha  Boiss.  Diagn.  pi.  Or.  ser.  1,  fasc.  ix.  10.  —  Legu- 
mine  subduplo  minore,  spinis  brevioribus. 

In  pascuis  deserti  Tunetani  rarior,  in  ditione  Béni  Zid  haud  procul  a 
Gubea  (Kralik  pi;  Tun.  exsicc.  n.  165).  —  In  /Egypti  média?,  ditione /flyo?/w 
in  arvis  arenosis  incultis  prope  lacum  Birket  el  Karonn  (Kralik).  In  areua 
mobili  deserti  Arabia'  petra^se  ad  \\  nili  llanime  (Schimpor  pi.  Arab.  petr. 
exsicc.  n.  196). 


'13/j  SOCIÉTK   BOTAMQUF    DE    FRANCE. 

Mkdicago  seci  NDiFr.ORA  DR.  iii  Duchaiti-e  Bev.  bot.  T,  365,  et  in  Expl.  »c. 
Alger,  t.  88,  f.  2  optiinn. 

In  alluviis  ad  amnem  Oued  Gahcs  prope  Gabes  (Kralik),  prope  Sfax 
(Espina).  —  In  Algeria!  late  dilTusa  ncmpe  in  regione  niontana  inforiore 
montium  planitiebiis  excelsis  (Balansa  pi.  Alger,  exsicc.  n.  374)  etSaharae 
confinium,  nec  non  in  planitlebus  excelsis  et  in  alluviis  Sahaiœ  in  tribus 
provinciis  obvia. 

Trigonella  MARiTiMA  Dclile  iu  Poir.  Encijcl.  méth.  V,  361,  et  in  /Eg. 
illustr.  n.  721  (absque  desciipt. )  t.  ô/i,  f.  6  (ined.  in  bibliotheca  Deles- 
sert);  Seriiige  in  DC.  Prodr.  il,  181-  Moris  FI.  Sord.  I,  456,  t.  55; 
Guss.  Syit.  fl.  Sic.  II.  360.  —  7'.  littoralis  Guss,  Cot.  hort.  reg.  [1821] 
p.  23;  DC.  Prodr.  II,  182.  — 7'.  dura  Vis.  PI.  /Eg.-Nub.  32,  t.  7,  T.  1. 

In  pascuis  arenosis  mafitimis  ad  Sfux  et  Gcdjcs  vulgaris  {Kralii\  pi. 
Tun.  exsicc.)  et  in  insula  Djcrba  (Fvralik).  —  In  pascuis  littoreis  Saidiiiiae 
ad  Caglkirl  (sec.  Moris,  loc.  cit.).  In  Sicilia  meridionali  (sec.  Guss.,  loc. 
cit.).  In  arenosis  marilimis  /l]gypti  inferioris  prope  Alexandriam  (Delile, 
Kralik). 

Cette  plante,  que  M.  Seringe  ne  décrit  comme  annuelle  qu'avec  doute,  est 
certainement  annuelle,  ainsi  que  nous  avons  pu  le  voir  sur  un  assez  grand 
nombre  d'écbantillons. 

Trigonella  stellata  Forsk.  Fl.  ^Eg.-Arab.  descr.  140  [1775];  Delile 
/Eg.  illustr.  n.  726,  t.  64,  f.  7  (ined.  in  bibliotheca  Delessert);  et /^?y<^?/<. 
fl.  Arab.  pétr.  22.  —  T,  yEgyptiaca  Poir.  Encycl.  méth.  VIII,  95 
(1808).  —  T.  microcarpa  Fresen.  in  Mus.  Senck.  I,  86  ;  Dcne  Florul, 
Sin.  in  Ann.  se.  nat.  sér.  2,  III,  266.  —  T.  hamom  var.  mici'ocarpa 
Webb!  Phyt.  Can.  II,  67. 

In  argillosis  incultis  secus  vias  et  ;igros  in  ditione  Gabes  frequcns  (Kralik 
pl.  Tun.  exsicc.  n.  402).  —  In  Saharœ  Algeriensis  ditione  Biskrn!  (Jamin, 
Balansa  pl.  Alger,  exsicc.  n.  934  sub  nomine  T.  /Egyptiaca).  —  In  insulis 
Canariis,  Lancerotta  (Webb),  Canaria  (Despréaux,  Bourgeau) ,  Fuerteven- 
tura  (Bourgeau  pl.  Can.  exsicc.  n.  400  sub  nomine  T.  bamosa  var.  mi- 
crocarpa). In  yEgypto  média  ad  C.ahiram  (Forskal,  Delile,  loc.  cit.).  In 
arenosis  Arabiœ  petrœEC  prope  Ilaouura  ad  siiium  Suez  (Scbimper  pl.  Arab, 
petr.  exsicc.  éd.  Hohenacker  [1843]  n.  426  sub  nomine  T.  microcarpa 
Fres.)  et  ad  El  Tor  (Bové  n.  198  in  berb.  Mus.  Par.). 

La  synonymie  de  cette  plante,  telle  que  nous  l'avons  présentée,  ne  laisse 
aucun  doute,  et  le  T.  stellata  est  un  nouvel  exemple  de  l'étendue  en  latitude 
qu'occupent  un  grand  nombre  d'espèces  observées  dans  la  région  saha- 
rienne. 


SÉANCE    DU    13    FÉVRIER    1857.  135 

TRroo^KM.A  angtina  Dolile  A'Jç).  illustr.  n.  725,  FI.  t.  38,  1".  2  ;  Seringe  in 
DC.  Prodr.  Il,  183. 

In  incultis,  ad  vias,  in  pascuis  deserti  Tanotnni,  prœscrtim  In  alluviis  et 
in  doprcssis  hyeme  inundatis  vel  luimidis  prope  Sfax  et  Gahes  (Kialik  pi. 
Tiin.  oxsicc.  n.  300). —  In  Sahara  Algeriensi  prope  El  Abind  Sidi  (Jheikhl) 
fn  ditione  Tient  Mzab  (Uebond),  noc  non  in  ditione  Biskra  (Balansa  pi.  Alger. 
exsicc.  n.  933). — In  il^^gypto  inferiore  ad  Aiexandriam  (Cadet  de  Fontcnay) 
et  média  ad  Cahiram  (l)elile,  Kralik).  In  Persia  australi  ad  Mohamera 
(Noo). 

AsTKACrALus  coRRUGATus  Bei'tol.  Bar.  Ital.  pi,  dec.  3,  p.  33,  et  Amœn. 

Ital,  38;  DC.  Prodr.  Il,  289.  —A  cruentus  \io\h.  App.  I  ad  Cat,  liort. 

acad.  Taurin.  [1813],  p.  8,  sec.  Bertol. 
Vai".  tenuirufjis.  —  A.  tenuirugis  Boiss.  Diagn.pl.  Or.  ser.  1,  fase.  ix,  61. 

In  arenoso-argillosis  incultis  prope  Gabes  (Kralik).  —  Hinc  inde  in  are- 
nosis  Saharai  algeriensis  trium  provinciarum,  nempe  in  provincia  Oranensi 
pvo^c  Brézina!  (Kralik  ap.  Bourgeau  pi.  Alger,  exsicc.  n.  222  sub  nomine 
A.  corrugatus  vrtr.),  in  Algériens!  in  ditione  Laghoiiat  (Geslin),  in  Cir- 
tensi  in  ditione  Biskra  (Balansa). —  In  arenosis  deserti  Arabia;  petraese  Palses- 
tinœ  confini  (Boiss.,  loc.  cit.)  et  prope  Hamata  et  in  ericetis  loco  Bestan 
(Schimper  pi.  Arab.  petr.  exsicc.  un.  it.  [1835]  n.  120  et  322). 

Nous  croyons  devoir  rattacher  cette  plante  comme  variété  à  VA.  corru- 
gatus,  dont  elle  ne  diffère  que  par  les  légumes  finement  réticulés- rugueux 
et  non  pas  rugueux  à  rugosités  saillantes,  cette  différence  ne  nous  parais- 
sant pas  à  elle  seule  constituer  un  caractère  spécifique  suffisant.  —  L'A.  cor- 
rugatiis,  que  M.  Bertoloni  a  décrit  d'après  des  échantillons  cultivés,  et  n'in- 
dique en  Egypte  qu'avec  doute,  a  été  observé  dans  l'Arabie  Pétrée,  où  il 
croit  avec  la  variété  tenuirugis  (Boissier,  loc.  cit.),  et  en  Perse  (sec.  Bois- 
sier)  à  Mohamera  (Noë  pi.  Or.  exsicc.  n.  911  [1851]).  —  UA.  reticu- 
latus  M.  Bieb.,  DC,  plante  des  steppes  de  la  Bussie  méridionale,  bien  que 
très  voisin  par  le  port  et  la  plupart  de  ses  caractères  de  l'A.  corrugatus,  en 
est  suffisamment  distinct  par  les  légumes  beaucoup  plus  courts,  terminés 
par  une  pointe  droite,  et  non  pas  par  un  mucron  courbé. 

AsTRAGALUS  EiFLORUs  Viv.  FL  Libf/c.  UU,  t.  20,  f.  1. 

In  pascuis  arenosis  deserti  Tunetani  ad  Sidi  Mansour  prope  Sfax  (Es- 
pina),  inter  Sfax  et  Gabes  ad  turrem  Nadour  et  in  ditione  Gabes  (Kralik 
pi.  Tun.  exsicc.  n.  5a,  ^ha  et  ^hh).  —  In  Sahara  Algériens!  in  ditione 
Biskra  prope  Saada  (Balansa). 

Nous  n'avons  pas  hésité,  malgré  les  pédoncules  ordinairement  pluriflores 
de  la  plante  de  Gabes,  à  la  rapporter  à  VA.  hiflorm  de  Viviani,  quoique 
cet  auteur  ne  décrive  pas  le  légume  et  qu'il  donne  les  pédoncules  comme 
bi-  ou  triflores.  Notre  plante  se  rapporte  du  reste  parfaitement  à  la  des- 


136  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

cription  et  à  la  figure  du  Flora  Libyca,  et  dans  les  échantillons  les  moins 
développés,  et,  en  particulier,  dans  ceux  de  Saada,  les  fleurs  ne  sont  aussi 
qu'au  nombre  de  deux  ou  de  trois  nu  sommet  des  pédoncules.  Les  légumes 
de  \ A.  bifiorus  sont  au  nombre  de  2  à  10  et  en  grappes  courtes  pédonculécs, 
à  pédoncules  un  peu  plus  longs  que  les  feuilles,  longs  d'environ  2  centi- 
mètres, linéaires-triquètres,  assez  épais,  fortement  arqués-subannulaircs, 
ascendants  et  convergents,  à  dos  largement  et  profondément  canalicuié  et 
à  boi'd  intérieur  étroit  non  tranchant,  hispides  à  poils  roides  tuberculeux 
à  la  base  et  presque  apprimés,  divisés  en  deux  logos  presque  complètes  par 
l'inlroflexion  de  la  nervure  dorsale.  —  LVi.  bifiorus  a  été  rapporté  à  tort 
comme  synonyme  à  1*^4.  annularis  Forsk.  (Steud.  Nom.  bot.  cd.  2,  160), 
dont  il  est  très  distinct;  il  est  plus  voisin  de  VA.  luspididus  DC,  qui  en 
diffère  surtout  par  le  légume  plus  allongé,  moins  arqué,  plus  comprimé,  à 
dos  plus  étroitement  canalicuié. 

AsTnAGAiiis  GoMBO  Coss.   et  DP»,  ap.  Balansa  pi.   Alger,  exsicc.  n.  5/i9 
[1852],  et  ap.  Coss.  Voy.  bot.  Alger,  in  Ann.  se.  nat.  sér.  /i,  I,  239. 

Planta perennis,  csespitosa,  ssepissime  multicaulis,  caudice  pluricipitein 
radicem  fusiformem  abeunte;  caulibiis  ssepius  5-10  decim.  longis,  crassis, 
decumbentibus  vel  diffusis,  inferne  indurato-suffrutescenlibus  plus  minus 
arena  immersis  et  petiolis  subpersistentibus  prseditis,  pube  brevi  densissima 
cano-subtomentosis;  foliis  2Q-Z0-jHgis,  nonnunquam  2  decimeira  longis, 
petiolo  piloso  vel  cano-pubescente  demum  indurato-subpersistente,  foliolis 
ovato-suborbiculatis,  supra  glabiescentibus,  subtus  piloso-hiitis  aut  utrin- 
que  pubescenti- vel  villoso-paniiosis;  stipulis  tenuiter  membranaceis,  pal- 
lide  vircntibus,  cito  emarcidis,  triangularibus  acuminatis,  ciliato-pilosis, 
petiolo  vix  adnatis,  inter  se  liberis;  jloribus  in  racemos  axillares  3-7-floros 
laxiusculos  subsessiles  foliis  multoties  breviores  dispositis ,  breviter  pe- 
dicellatls  ,  erecto- patentibus ,  bibracteolatis  ,  bracteis  membranaceis 
iineari-Ianceolatis  ciliato-pilosis  pedicello  subduplo  longioribus  ,  brac- 
teolis  linearibus  calyce  multoties  brevioribus  ;  calyce  10-15  millim. 
longo,  membranaceo,  pallide  luteolo-viresceute,  pubesceiiti-piloso  de- 
mum glabrescente,  marcescente  fisso  et  ad  basim  fructus  subpersistente, 
tubo  tubuloso-campanulato ,  dcntibus  tubum  subdimidium  aequantibus, 
superioribus  lanceolatis  ,  inferioribus  Iineari-Ianceolatis  ;  corolla  calyce 
duplo  longiore,  lidea^  vexillo  ovato  basi  attenuato  apice  subemarginato 
alis  vix  longiore,  alis  oblongo- linearibus,  obtusiusculis,  carina  obtusa  lon- 
gioribus ;  leguminibus  Z-h  centim.  longis,  crassis,  pube  brevi  densissima 
cano-subtomentosis,  fructum  Hibisci  esculenti  (vulgo  apud  Arabes  Gombo, 
unde  specici  nomen)  referentibus,  oblongo-lanceolatis  vel  oblongis  teretius- 
culis  a  latere  compressiusoilis,  rectiusculis,  dorso  subarciiatis,  epicarpio 
crasso  snhevo'io  elevato  irregulariterque  costatis,  costis  flcxuosissœpius  ana- 
stomosanlibus,  sutura  dorsal!  introflf^xa  exacte  biloeuiaribus,  apice  sensim 


SÉANCK    DU    13    FKVRIKU    1857.  137 

vel  abrupte  ro«tratis,  rostru  recto  vnlido  pioigenfc  ;  semin}7»/<t  ]0-\'>  leiii- 
formihuscompressis.  noniuiiKHiam  prcssionc  imitiia-clerormatis,  subo/incis, 
[mncfato-subscrobiculalis.  —  Martio-jimio. 

[il  aiTuis  deserti  ïunotaiii  prope  Sfhx  et  iii  iiisula  I)Jer/ja  (Kralik).  — 
In  Saliara  Al^erionsi  tota  !  et  in  planitieruin  cxcclsai-um  !  parte  australiorc 
late  diffusa  (Balansa  pi.  Alger,  exsicc.  n.  iViO  et  936). 

l.'A.  Gombo,  par  les  stipules  à  peine  soudées  au  pétiole  et  libres  entre  elles, 
par  les  fleurs  jaunes  en  grappes  courtes  snbsessiles  à  l'aisselle  des  feuilles, 
appartient  au  groupe  des  Cf/vistiani  (UC.  Prodr.  Il,  295),  et  présente  une 
grande  analogie  avec  les  diverses  espèces  orientales  suivantes  de  ce  groupe, 
dont  nous  croyons  devoir  donner  l'énuméralion  et  les  caractères  différen- 
tiels 5  ces  espèces  d'après  leur  affinité  avec  l'A.  Grmbo  viennent  se  classer 
dans  l'ordre  suivant  :  —  L'-'l.  tomentoms  Lmk  {Enajcl.  métliod.  I,  312  ; 
DC.  Astragal.  185,  t.  29,  et  Prodr.  II,  295),  plante  d'Egypte  (Delile  in 
berb.  Ventenat  in  herb.  Delessert),  très  voisine  par  le  port,  diffère  par  la 
pubescence  étalée  des  tiges,  par  les  fleurs  solitaires  ou  géminées,  plus  ra- 
rement au  nombre  de  Z-h  (DC),  parles  légumes  velus-pubescents  à  pubes- 
cence étalée,  à  péricarpe  moins  épais,  réticulés-rugueux  à  rugosités  moins 
saillantes,  à  pointe  épineuseplus  courte,  et  par  les  graines  d'un  brun  rougeâtre 
lisses.— L'A.  Gerensis  Boiss.  {Diagn.  pi.  Or.  ser.  1,  fasc.  tx,  711,  plante  du 
midi  de  la  Perse,  où  elle  a  été  recueillie,  entre  Atjuscbir  et  Scliiraz  (Kotseby 
pi.  Pers.  austr.  éd.  Hobenaeker  [18/i5]  n.  85),  très  voisine  de  notre  espèce 
par  le  port,  le  mode  de  villosité  et  l'épaisseur  du  péricarpe  également  ru- 
gueux, en  diffère  par  les  (leurs  plus  grandes  en  grappes  plus  allongées  pe- 
donculées,  par  les  bractées  plus  courtes,  par  le  légume  atténué  en  une 
pointe  épineuse  plus  courte,  et  surtout  par  les  graines  exactem.ent  quadran- 
gulaires  et  non  pas  réniformes.—  L'A.  gilvus  Boiss.  [Diagn.  pi.  Or.  ser.  1, 
fasc.  IX,  71),  plante  de  la  Carie,  qui  ne  nous  est  connue  que  par  la  des- 
cription rédigée  d'après  un  échantillon  dépourvu  de  fleurs  et  de  fruits  mtirs, 
parait  différer  par  les  feuilles  à  15  paires  de  folioles,  par  les  stipules  lan- 
céolées longuement  linéaires-sétacées  au  sommet,  par  les  grappes  assez 
longues,  par  le  légume  jeune  à  rugosités  presque  indistinctes.—  L'A.  Alcp- 
picns  Boiss.  {Diagn.  pi.  Or.  ser.  1,  fasc.  11,  58),  de  Syrie  où  il  a  été 
récolté  près  d'Alep  (Aucher-Éloy  pi.  Or.  exsicc.  n.  1287  in  berb.  Delessert), 
voisin  par  le  port,  diffère  par  les  tiges  velues-pubescentes  à  poils  étalés,  par 
les  feuilles  à  folioles  ordinairement  moins  nombreuses,  par  les  calices  velus- 
pubescents,  par  les  ailes  égalant  environ  la  carène,  par  les  légumes  notable- 
ment plus  petits,  velus-pubescents. —  L'A.  Sieùeri  DC.  (Prodr.  11,  295.— 
A.  trigonvs  Sieber!  exsicc.  non  DC),  plante  d'Egypte,  diffère  par  les  pé- 
tioles, moins  ceux  des  feuilles  supérieures,  persistants-indurés  etspinescents, 
et  surtout  par  les  légumes  pubescents  ou  glabrescents  à  la  maturité,  beaucoup 
moins  gros,  oblongs-lancéolés,  environ  quatre  fois  plus  longs  que  larges, 
trigones,  à  peine  rugueux,  plus  insensiblement  atténués  en  bec,  et  par  les 


138  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE   FRANCE, 

graines  lisses  et  plus  petites. —  L'A.  Vanillœ  Boiss.  {Diagn.  pi.  Or.  ser.  1, 
fasc.  II,  60),  plante  de  Perse  (Aucher-Éloy  pi.  Or.  exsicc.  u.  khZk  in 
herb,  Delessert),  en  est  très  éloigné  par  les  légumes  très  longs,  arqués, 
réticulés-rugueux,  à  rugosités  peu  saillantes,  à  bec  peu  distinct  non  épi- 
neux.—  L'A.  sparsus  Delile  (mss  ;  Dcne!  Florul.  Sin.  in  Ann.  se,  nat. 
sér.  2,  III,  267)  de  l'Arabie  Pétrée,  où  il  a  été  recueilli  près  d'EI  Tor  et 
du  raont  Sinaï  (Bové  n.  192)  et  dans  la  vallée  d'Hébron  (Schimper  pi. 
Arab.  Petr.  exsicc.  un.  it.  [1835]  u.  180),  est  très  distinct  par  la  pubes- 
cence  étalée  des  tiges,  par  les  feuilles  à  folioles  moins  nombreuses  et  sur- 
tout par  les  légumes  allongés,  étroits,  presque  linéaires,  comprimés,  velus- 
soyeux  ,  à  péricarpe  membraneux-cartilagineux  dépourvu  de  rugosités 
saillantes.  —  L'A.  radicatus  Dcne  {Florul.  Sin.  in  Ami.  se.  nat.  sér.  2, 
III,  268),  plante  des  sables  du  désert  duSinai  (Bové  exsicc.  n.  193;  Schim- 
per pi.  Arab.  Petr.  exsicc.  un.  it.  [1835]  n.  229  sub  nomine  A.  Sieberi),  dif- 
fère par  l'extrême  brièveté  des  tiges,  par  les  pétioles,  même  ceux  des  feuilles 
supérieures,  persistants  indurés  et  spinescents,  par  les  légumes  glabres- 
cents  à  la  maturité,  à  rugosités  peu  prononcées,  et  par  les  graines  lisses. — 
L'A.  d actf/locar pus  Bolss.  [Diagn.  pi.  Or.  sér.  1,  fasc.  ii,  60),  plante  de 
Mésopotamie  (Aucher-Éloy  pi.  Or.  1288  in  herb.  Delessert),  diffère  par  les 
tiges  courtes,  par  les  pétioles,  même  ceux  des  feuilles  supérieures,  indurés 
et  spinescents,  et  par  les.légumes  allongés,  étroits,  lancéolés-linéaires  triquè- 
tres  un  peu  comprimés.'^à  péricarpe  assez  mince,  cartilagineux,  dépourvu 
de  rugosités  saillantes.  —  VA.  neurocarpus  Boiss.  [Diagn.  pi.  Or.  ser.  1, 
fasc.  II,  59),  qui  a  été  recueilli  en  Syrie  près  d'Antab  (Aucher-Éloy  pi.  Or. 
exsicc.  n.  13^0  in  herb.  Delessert),  diffère  par  les  légumes  beaucoup  plus 
petits,  glabres,  terminés  par  une  pointe  épineuse  plus  longue  et  plus  grêle. 

ScoEPiuRL's  L.'EviGATA  Sibth.  ct  Sm.  Prodr.  fl.  Grœc.  II,  81,  eiFl.  Grœc, 
t.  718optima;  Seringe  inDC.  Prodr.  ^OS.  —  Scorpioides  Buplevri  folio, 
siliquis  levibusTomnet  Inst.  Zi02. 

In  pascuis  arenosis  et  olivetis  prope  Gabes  (Kralik  pi.  Tun.  exsicc.  n.  210). 
—  In  arvis  Archipelagi  (sec.  Sibth.  et  Sm.). 

HiPPOCREPis  BicoNTORTA  Lois.  Nouv.  not .  in  Mém.  soc.  Linn.  Par.  VI, 
klk,  et  Fl.  Gall.  éd.  2,  H,  162,  t.  28;  Godr.  Fl.  Jiiv.  éd.  1,  p.  21.— 
H.  Buceras  Delile  /Eg.  t.  6^,  f.  13  (ined.  in  biblioth.  Delessert)  forma 
leguminibus  glabris.  —  H.  velutina  Delile  /Eg.  t.  6^,  f.  10  (ined.  in 
biblioth.  Delessert)  forma  leguminibus  velutinis.  —  H.  cornigera  Boiss. 
Diagn.pl.  Or.  ser.  1,  fasc.  ii,  102. 

In  argilloso-arenosis  herbidis  regni  Tunetani  australioris  prope  Sfax 
(lîspina),  prope  Gaôes frequens  (Kralik  pi.  Tun.  e.vsicc,  n.  211).— In  are- 
nosis et  argilloso-arenosis  Saharaî  Algeriensis  et  planitierum  excelsarum 
parte  australiore,  in  tribus  provinciis:  in  provincia  Orancnsi  australiorel 


SÉANCE   DU  13    FÉVRIER    1857.  139 

multis  locis  obvia  (Kralik  ap.  Bourgeau  pi.  Alî^er.  cxsicc.  n.  221  a);  in 
provincia  Aloopiensi  in  ditione  Laghovaf  (Keboud);  in  provincia  Cirteiisi 
in  ditione  lliskra  (Halansa).  —  ïn  /Egypte  (Delilo).  In  Arabia  petraia 
(Schiniper  sec.  lîoissicr),  in  arenosis  montis  Sinaï  (Aucber-Eloy  pi.  Or. 
exsicc.  n,  1153).  Prope  Monspelium  loco  dicto  Port-Juvénal  cum  lanis 
arlvecta  (Millois  sec.  (.oiseleur). 

Nous  avons  été  à  même,  dans  notie  dernier  voyage  dans  le  sud-ouest  de 
l'Algérie,  où  la  plante  est  très  répandue,  de  constater  que  la  longueur  des 
prolongements  latéraux  des  articles  du  légume  est  très  variable,  et  nous 
avons  vu  inditïéremment  les  légumes  être  glabres,  pubescents  ou  velus. 
Aussi  n'hésitons-nous  pas,  à  l'exemple  de  INI.  Godron,  à  réunir  à  VH. 
bicontorta  les  //.  Bucerns  et  velutina  Delile,  ainsi  que  VU.  cojniigera 
Boiss. 

Onobrvchis  Crista-Galli  Lmk  FI.  Fr.  II,  652  sec.  Boiss.  Diagn.  pi.  Or. 
ser.  1,  fasc.  i\  108  (in  adnot)  non?Seringe  in  DC.  Prodr.  II,  3^6  née 
Gaertn.  Fruct,  t.  IZtS  qwx  0.  Gœrtneriana  Boiss.  —  Hedysarum  Crista- 
Galli  f>.  Syst.  veget.  563  sec.  Boiss.-,  Sibth.  et  Sm.  FI.  Grœc.  VU,  16, 
t.  724  optima.  —  Onobrychi.«  trilophocarpa  Coss.  et  DR.  ap.  Balansa  pi. 
Alger,  exsicc.  n.  381  [1852],  et  ap.  Coss.  Voy.  bot.  Alger,  in  Ann.  sr. 
nat.  sér.  U,  I,  223. 

Inpasciiis  deserti  ïunetaiii  circa  Gabe/i  (Kralik  pi.  Tun.  exsicc.  n.  403 
sub  nomine  0.  trilophocarpa).  —  In  Algerise  occidentalis  regione  littorali, 
in  collibus  apricis  prope  iMostaganem  (Balansa),  Oran  (DR.  ;  Balansa  pi. 
Alger,  exsicc),  Saint-Denis  du  Sig  (Durando).  —  In  iEgypto  int'eriore 
prope  Alexaudriam  et  ^6o?/^"2V  (Cadet  de  Fontenay,  Kralik).  In  Palœstina 
(Boiss.).  In  Peisia  australi  prope  Gère  inter  Abiischir  et  Schiraz  (Kotschy 
pi.  Pers.  austr.  exsicc.  éd.  Hohenacker  [1845]  n.  60  cum  0.  Gœrtneriana 
Boiss.  sub  nomine  0.  sequidentata  permixta).  In  agro  Argolico,  Messe- 
niaco  et  Kliensi  nec  non  in  insula  Cypro  et  circa  Byzantium  (Sibth.  et  Sm., 
loc.  cit.). 

La  plante  de  Gabes,  qui  diffère  un  peu  de  celle  d'Algérie  par  les  fruits 
plus  petits  à  ailes  divisées  en  lobes  dentés  épineux,  établit  le  passage  vers  la 
plante  d'Egypte,  que  M.  Boissier,  d'après  la  figure  du  Flora  Grœca  et  la 
description  du  Species,  considère  comme  étant  VOnobrychis  Crista-Galli 
{Hedysarum  Crista-Galli  L.).  Pour  éviter  de  créer  un  nom  nouveau,  nous 
croyons  devoir  admettre  la  synonymie  établie  par  M.  Boissier,  et  renoncer 
au  nom  cVO.  trilophocarpa  pour  la  plante  d'Algérie  et  de  Tunis,  peut-être 
distincte  spécifi(]uement  de  \'0.  Crista-Galli  des  auteurs  (0.  Gœrtneriana 
Boiss.  —  0.  trilophocarpa  Coss.  et  DR.  olim).  E'O.  Crista-Galli  \..  (sec. 
Boiss).  diffère  surtout  de  \'0.  Gcertneriana  [0.  Crista-Galli  Seringe  in  DC 
Prodr.)  par  les  fleurs  à  corolle  plus  pâle,  un  peu  plus  courte  que  les  dents 
du  calice,  par  les  fruits  à  fossettes  plus  étroites,  ordinairement  plus  nom- 


1/iO  SOCIÉTÉ    BOTANIOrE    DE    FRANCE. 

breuses,  munis  de  deux  crêtes  latérales  plus  prononcées,  par  les  lobes  de  la 
crête  dorsale  moins  aigus,  et  surtout,  ainsi  que  l'a  remarqué  M.  Durieu  de 
Maisonneuve,  par  les  caractères  de  végétation  lors  de  la  germination;  dans 
ïO.  Crista-Galli,  la  jeune  plante  présente  au-dessus  des  feuilles  cotylédo- 
naires  quatre  feuilles  (phyllodcs)  réduites  a  un  pétiole  linéaire  filiforme  dé- 
pourvu de  folioles  ou  à  une  seule  foliole  terminale  de  n)ême  forme  que  le 
pétiole  lui-même,  et  distincte  seulement  par  une  articulation;  les  feuilles 
siluées  immédiatement  au-dessus  présentent  trois  folioles  linéaires  filifor- 
mes; dans  YO.  Gœrtneridiia,  ^]an\e  de  la  Syrie,  de  la  Palestine  et  de  la 
Perse,  et  que  M.  Durieu  de  Maisonneuve  a  reti'ouvée  également  à  Oran 
croissant  pêle-mêle  avec  l'O.  Crista-GaUi^  les  premières  feuilles  sont  trifo- 
liolées  à  folioles  linéaires-oblongues,  et  celles  qui  viennent  immédiatement 
au-dessus  présentent  déjà  plusieurs  paires  de  folioles  comme  celles  de  la 
partie  supérieure  de  la  plante.  Malgré  l'importance  de  ce  dernier  caractère, 
il  serait  utile  d'étudier  comparativement,  dans  toutes  les  phases  de  leur 
développement,  ces  deux  plantes  trop  voisines  pour  être  maintenues  comme 
espèces,  si  le  mode  de  germination  ne  coïncidait  pas  d'une  manière  con- 
stante avec  les  auti'es  différences  que  nous  avons  signalées. 

Vicia  sativa  L.  Sp.  1037  forma  amphicarpa.  ■ —  V.  amphicarpa  Dovih. 
Journ.  phys.  XXXV,  131  ;  mZ.FI.  Fr.  IV,  59ù  ;  Duby  Bot.  Gall.  I,  152  ; 
Gren.  et  Godr.  FI.  Fr.  I,  h^\  ;  J.-H.  Fahre  in  Bull.  Suc.  bot.  II,  503. 

In  agris  hoideaeeis,  arvis  incuitis,  olivetis  et  alluviis,  in  terra  mobili 
arenoso-argillacea  prope  Gabea  (Kralik  pi.  Tun.  exsicc.  n.  377  et  377  bis). 
—  Hinc  Inde  in  Algeriœ!  planitiebus  excelsis. —  In  insula  Teneriffa  (Bour- 
geau).  In  l.usitania  australi  prope  Olisiponem  {\\  eiwitscb  it.  Lus.  cont. 
[1851]  n.  105).  In  Mispania  (Bourgeau  pi.  Hisp.  exsicc.  ii.  6/i0  et  1729). 
In  Gallia  australiore  passim. 

Xous  avons  eu  l'occasion,  en  Algei-ie  et  dans  la  régence  de  Tunis,  où  le 
V.  amphicarpo  Dorth.  croit  en  assez  grande  abondance,  de  le  trouver  mêle 
soit  au  V.  sativa,  soit  à  sa  variété  angustifolia,  et  il  n'en  différait  que  par  la 
présence  de  rameaux  bypogés;  aussi  n'hésitons-nous  pas  à  ne  considérer  le 
V.  amphicarpa  que  comme  un  état  particulier  du  V.  sativa  ou  de  sa  variété 
(fnr/ustifolin  dû  a  la  station  dans  un  terrain  meuble;  cette  manière  de  voir 
])ous  semble  complètement  confirmée  par  les  intéressantes  observations  sur 
les  fleurs  et  les  fruits  bypogés  du  V.  amphicarpa^  publiées  par  M.  J.-H. 
Fabre  (in  Bull.  Soc.  bot.  II,  503).  IS'ous  devons  ajouter  qu'en  semant  en  pot 
en  égal  nombre  des  graines  provenant  de  légumes  bypogés  et  de  légumes 
aériens,  et  en  repiquant  ensuite  les  jeunes  individus,  M.  Durieu  de  Maison- 
neuve  n'a  obtenu  que  des  plantes  dépourvues  de  rameaux  bypogés  et  sem- 
blables au  r.  satira  var.  angustifolia. 

{La  suite  à  la  priyhaini'  '<i'<nicp.) 


iJÉ/iiscK  i)i:  27  l'ÉviUKii    1857.  l/il 

S1:A"NCE    1)1    27    KÉVRIKH    1857. 

PUÉSLDENCE    UE    M.    MOQUIN-TANDON. 

M.  de  S('liuMie(clcl,vice-secrélaire,  donne  lectunî  du  procès-verbal 
(le  la  séance  du  13  lévrier,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

A  l'occasion  du  procès-verbal,  M.  J.  Gay  lait  Tobscrvalion  sui- 
vante : 

M.  le  docteur  Clos,  notre  confrère  de  Toulouse,  apprend  que  M.  Guiilarcl 
vient  de  communiquer  à  la  Société  un  grand  travail  sur  les  inlloiescences. 
A  cette  occasion,  M.  Clos  désire  faire  connaître  qu'à  son  avis,  on  doit 
admettre  quatre  groupes  principaux  d'inflorescences,  définies  ,  indéfinies, 
m'wiGS  et  de  partition.  Il  avait  indiqué  ce  dernier  groupe  en  IS55  {Bull. 
Soc.  Bot.  de  Fr.,  II,  p.  699  et  suiv.),  mais  sans  lui  donner  de  nom. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance  ,  M.  le 
Président  proclame  Tadmission  de: 

MM.  Fiston,  employé  des  postes,  rue  des  Récollcts  ,  17,  à 
Versailles,  présenté  par  MM.  Germain  de  Saint-Pierre 
et  de  Schœnefeld. 

Uantoinnet,  pépiniériste,  à  Hyères  (Var),  présenté  par 
MM.  Germain  de  Saint-Pierre  et  Cosson. 

Jeanbernat  (Ernest),  interne  des  hospices,  à  l'hôpital  Saint- 
Jacques,  à  Toulouse,  présenté  par  MM.  Clos  et  3Ioquin- 
Tandon. 

M.  le  Président  annonce  en  outre  une  nouvelle  présentation. 

Do?is  faits  à  la  Société: 

1°  Par  M.  Montagne  : 
Rapport  sur  un  mémoire  pour  servir  à  l'histoire  naturelle  des  Sphai- 

gnes,  de  M.  Schimper. 
Plantes  cellulaires  nouvelles,  indigènes  et  exotiques,  septième  centurie. 
Note  sur  le  Boschiu,  nouveau  genre  de  la  fanùlle  des  Hépatiques. 

1°  Par  M.  Léon  Soubeiran  : 
Du  sucre  de  Jagre  ou  de  Palmier. 


:l/i2  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE   FHANCE. 

3°  Par  M.  Léon  de  Rosny  : 
]J  Opuntia  ou  Cactus-i'aquette  de  l'Algérie.  * 

4°  De  la  part  de  M.  W.-P.  Schimper,  de  Strasbourg  : 
Mémoire  pour  servir  à  l'histoire  naturelle  des  Sphaignes. 

5°  De  la  part  de  M.  Derbès  de  Marseille  : 
Description  d'une  nouvelle  espèce  de  Floridée  [Ricardia  Monfagnei). 

6»  En  échange  du  Bulletin  de  la  Société  : 

Bulletin  de  la  Société  impériale  zoologique  d'acclimatation,  numéro 

de  janvier  1857. 
L'Institut,  février  1857,  deux  numéros. 

31.  Ducliartre,  secrétaire,  donne  lecture  de  la  note  suivante, 
adressée  à  la  Société  par  M.  Guillard,  au  sujet  de  la  communication 
de  M.  Naudin,  sur  les  vrilles  des  Cucurbitacées,  lue  dans  la  dernière 
séance. 

NOTE  SUR  LES  VRILLES  DES  CUCURBITACÉS,  par  M.    ACU.  UUILLARO. 

(Paris,  25  février  1857.) 

N'ayant  pu  examiner  réchantillon  présenté  à  la  dernière  séance  par 
JM.  Naudin,  je  ne  sais  s'il  ajoute  un  fait  nouveau  aux  faits  déjà  très  lucides 
que  le  même  savant  avait  dessinés  en  1855  (1).  1mi  tout  cas,  les  débats 
soutenus  devant  la  Société  par  MM.  Clos,  Naudin,  Fabre  et  quelques  autres 
membres,  ont  certainement  avancé  beaucoup  la  connaissance  de  la  vrille  des 
Cucurbitacées.  La  nature  foliacée  de  cette  vrille  ne  parait  plus  pouvoir  être 
contestée  (l'hypotbèsede  M.  Fabre,  qui  la  compare  à  la  <i;rappe  terminale 
déjetée  des  Ampélidées,  restant  jusqu'à  ce  jour  sans  observation  à  l'appui). 

Quanta  l'opinion  mixte  de  M.  Naudin,  qui  y  voit  à  la  fois  une  feuille  et 
un  rameau  abortif,  un  rameau  par  le  bas,  une  feuille  par  le  haut,  il  est 
peut-être  facile  de  la  rapporter  au  sentiment  de  M.  Seringe,  qui  n'y  voit 
qu'une  feuille.  En  effet,  un  rameau  n'étant  qu'un  ensemble  de  feuilles,  peut 
avorter,  quand  cela  a  lieu,  aussi  bien  après  la  première  qu'après  les  sui- 
vantes. Dans  les  cas  adventifs  et  irréguliers,  figurés  par  notre  savant  con- 
frère (/.  c),  où  la  vrille  et  le  rameau  vont  l'un  portant  l'autre,  j'avoue  que 
je  suis  porté  à  regarder  comme  support  le  rameau  plutôt  que  la  vrille.  Dans 
une  autre  famille,  l'anatomie  ferait  bonne  justice  de  ce  doute.  On  sait,  en 
ieffet,  qu'un  pétiole  n'offre  ordinairement,  en  section  transversale  faite  à  sa 

(1)  Annales  des  se,  nat.,  '6*  série,  tV,  u»  1. 


SÉANCE   DU    27    FÉVRIKR    1857.  1A8 

hiKse,  qu'une  cohorte  Iblialc  (1),  ou  3,  rarement  5,  rangées  en  demi- 
cercle,  tandis  que  tout  rameau  eu  a  un  plus  grand  nombre,  faisant  cercle 
complet  plus  ou  moins  régulier.  Mais  les  Cucurbitacées  se  refusent  à  une 
telle  vérilii-ation  :  les  faisceaux  trachéens  y  sont  rangés  en  cercle  aussi  bien 
dans  le  pétiole  que  dans  le  rameau  ,  aussi  bien  dans  la  vrille  que  dans  le 
pétiole.  Nous  dirons  donc  seulement  à  M.  Naudin  :  Pour  que  nous  acceptions 
la  vrille  comme  rameau,  elle  qui  est  toujours  contiguë  à  un  rameau  normal 
portant  feuilles  et  fleurs,  il  faudrait  nous  faire  voir  quelquefois  deux 
rameaux  effectifs  existant  côte  à  côte  :  si  cela  ne  se  rencontre  pas, 
tenons-nous  à  l'observation,  qui  nous  montre  la  vrille  comme  une  feuille  plus 
ou  moins  déformée ,  soit  qu'on  la  voie  à  la  base  du  rameau  axillaire,  soit 
que  ce  rameau  l'ait  entraînée  dans  son  évolution. 

La  vrille  étant  une  fois  adoptée  comme  feuille,  il  reste  encore  a  savoir  à 
quel  axe  cette  feuille  appartient  :  c'est  actuellement  le  nœud  de  la  question 
entre  MM.  Clos  et  Naudin.   Ici   l'anatomie  reprendra  tous  ses  droits.  On 
admet,  en  effet,  que  les  faisceaux  trachéens  (ou  cohortes  foliales)  quijiais- 
sent  dans  un  rameau ,  qui  lui  donnent  sa  forme  et  entretiennent  sa  vie,  ue 
sortent  de  ce  rameau  que  pour  aller  à  ses  feuilles,  et  point  ailleurs  ;  ou,  en 
termes   plus    exacts,   que    les  bourgeons  qui   naissent  à    l'aisselle    des 
feuilles  ne  tirent  aucun  faisceau  du  rameau  qui  les  porte,  mais  créent  en 
eux-mêmes  toutes  leurs  cohortes  foliales.   Cette  grande  loi  de  physiologie 
étant  rappelée,  il  ne  s'agit  plus  que  de  voir  quelle  est  l'origine  des  faisceaux 
de  la  feuille-vrille,  où  ils  s'arrêtent  inférieurement ,  pour  dire  si  elle  fait 
partie  de  la  production  axillaire  que  l'on  considère,  ou  de  l'axe  qui  porte 
et  cette  production  et  sa  feuille  aisselière.   Nous  ne  voyons  pas  que  les 
deux  conlendants  se  soient  rendus  sur  ce  terrain.  Pourtant  M.  Clos  a  rap- 
pelé une  observation,  une  seule,  consignée  aux  Ann.  se.  nat.  (2),  dans  une 
courte  note,  où  il  est  dit  que  la  vrille  du  Melon  cultivé  reçoit  l'un  des  trois 
faisceaux  vasculaires  qui  appartiennent  à  la  feuille  voisine.  Et  c'est  peut-être 
cette  note  qui  l'a  induit  à  penser  que  la  vrille  résultait  d'un  dédoublement  de 
cette  feuille.    Nous  venons  à  la  rescousse  pour  M,  Naudin,  et  nous  disons 
d'abord  que  le  fait  énoncé  dans  la  note  (et  que  nous  ne  contestons   pas 
comme  observation,  n'a  pu  être  qu'un  fait  accidentel  et  tératologique , 
attendu  que,  si  nous  ne  nous  trompons,  on  n'en  connaît  pas,  dans  tout  le  Règne 
végétal,  un  seul  exemple  régulier  et  constant.  Dans  un  travail  publié  il  y  a 
dix  ans  (3)  et  qui  nous  obligeait  à  rechercher  les  rapports  entre  le  rameau 


(1)  Faisceau  trachéen  dans  une  colonne  séreuse.  Voyez  la  note  ci-dessous. 

(2)  Annales  des  se.  nat.,  3°  série,  t.  III,  p.  IGZi. 

(3)  Observations  sur  la  moelle  et  les  cohortes  foliales,  inséré  d'abord  aux 
Mém.  de  la  Soc.  d'agric,  etc.,  de  Lyon,  puis  reproduit  Ann.  des  se.  nat.,  3'  série, 
t.  VIII. 


l/i/i  sociÉTL  botamqll;  1)1-:  fuanci;. 

ol  ses  l'euillcj,  nous  avoDS  dû  prendre  des  exemples  dans  toutes  les  familles 
dicotylédonées,  et  nous  n'en  avons  pas  trouvé  un  seul  qui  nous  montrât  les 
faisceaux  s' égarant  pour  aller  ailleurs  que  dans  la  feuille.  INous  avons  fait 
voir  qu'elle  tire  du  rameau  qui  la  porte  une  cohorte  foliale  ou  trois,  selon 
les  classes  et  les  familles ,  ou  très  rarement  cinq  et  sept,  etc.  31ais  partout 
et  toujours,  et  en  quelque  nombre  qu'elles  soient,  ces  cohortes  (faisceaux 
ou  manipules)  se  rendent  à  la  feuille  (ou  plutôt  en  sortent  pour  aller  former 
le  verticille  interne  qui  entoure  la  moelle  du  rameau).  Quelquefois  les  sti- 
pules y  contribuent,  mais  pour  une  très  faible  partie  qui  se  joint  à  la  cohorte 
latérale  de  la  feuille. 

Si  ces  observations  s'accordent  avec  les  faits  généraux,  et  si  l'on  venait 
déplus  à  reconnaître  que  chez  les  Cucurbitacées  la  vrille  reçût  quelqu'un 
des  faisceaux  trachéens  qui  appartiennent  à  la  feuille,  il  faudrait  accorder 
h  M.  Clos  que  la  vrille  n'est  qu'une  partie  de  la  feuille  voisine.  La  solution 
du  débat  entre  lui  et  !M.  Naudin  repose  donc,  à  notre  avis,  sur  ces 
deux  points  d'anatomie,  l'un  général,  l'autre  spécial.  Et  cela  donne  beau- 
coup d'importance  à  cette  étude  des  vrilles,  qui  au  premier  coup  d'œil  ne 
semblait  peut-être  qu'une  mince  question  de  détail. 

Mes  observations  peu  nombreuses  ,  il  est  vrai ,  sur  le  point  spécial ,  sont 
contraires  à  l'hypothèse  de  M.  Clos.  J'ai  vu  la  vrille  indépendante  de  la 
feuille  et  ne  recevant  rien  d'elle  sur  les  plantes  suivantes,  étudiées  à  l'état  de 
vie:  Trichosanthes  anguina ,  Mclothria  pcndida,  Benincasa  cerifera,  La/je- 
naria  vitlfjaris^  Cucurbita  Melopepo^  Cucumis  metulifer,  C.  prophetca'um. 
Kt  j'ajoute  qu'aucune  autre  Cucurbitacée  ne  m'a  offert  l'exemple  du  con- 
traire. 

La  considération  de  l'inflorescence  servirait  peut-être  à  limiter  les  solu- 
tions du  doute  relatif  à  la  vrille.  On  peut  déiinir  l'inflorescence  générale  des 
Cucurbitacées  :  Cyme  axillaire  fasciculée,  dont  la  fleur  ainée  est  fructifère 
dans  le  plus  grand  nombre  des  genres  ,  et  dont  les  deux  récurrents  sont 
collatéraux  et  dissemblables  ;  l'un  étant  ordinairement  un  groupe  de  fleurs 
mâles,  l'autre  est  toujours  un  rameau  répétant  la  Cyme  progressivement, 
avec  ou  sans  feuilles.  On  sait  que,  dans  toutes  les  familles  dicotylées,  chacun 
des  deux  rameaux  récurrents  de  la  Cyme  est  à  l'aisselle  d'une  feuille  ou 
bractée.  Si  nous  cherchons  cette  aissclière  sur  la  Cyme  cucurbitacée,  nous 
devons  la  trouver,  d'un  côté,  aisselant  la  grappe  mâle,  de  l'autre,  aisselant 
le  rameau  ou  bourgeon  plus  jeune.  En  effet,  on  la  voit  souster  le  pédoncule 
mâle  chez  Lii/fa  acufangula,  striata,  œgijptiaca ,  Sechium  jjcruviammi, 
Cucumis  dipsaceus,Fiyarei,d)cz  Benincasa,  Cucurbita,  et  quelques  autres; 
souvent  la  bractée  existe  sans  le  pédoncule  {Cucumis  Figarei,  Luffa,  Ci- 
trullus),  par  un  elTet  de  dimidiation  dont  les  (^ymes  de  diverses  familles 
offrent  beaucoup  d'exemples;  souvent  enfin  la  bractée  est  effacée.  De  l'autre 
côté  de  la  Cyme  axillaire,  du  côté  du  rameau  ou  bourgeon  immanquable,  la 


siî:anck  du  27  iévuikh  1857.  1/i5 

l)r;i('ti'c  aisseliéii!  se  voii  sur  lù'balinin  hldicriiini,  pcHiolcc  et  lancéolée 
(c'est  Cl'  (|iie  M.  Nauilin  iu)n)nie  un  .ippcndice  giolc,  pt  ce  qu'il  a  Irès-bicn 
ligure  (/.  c).  Citez  toutes  les  autres  Cuourbilacées,  ([uc  trouve-t-oii  à  l'en- 
droit ou  doit  être  cette  bractée/?  La  vrille.  Il  parait  donc  naturel  de  conclure 
(|ue  la  vrille  est  elle-même  celte  bractée,  dont  l'alisence  constituerait  une 
anomalie  que  l'on  ne  doit  pas  admettre,  puisqu'on  a  un  moyen  de  la  re- 
pousser. Si  l'on  accepte  cette  conclusion,  on  ne  sera  point  surpris  de  trouver 
(|iu'l(|uetois  une  deuxième  vrille  de  l'autre  côté  de  la  Cyme  nxillaire  (comme 
l'a  observé  M.  Payer),  car  ce  sera  un  retour  à  l'état  normal  de  toutes  les  Cymes, 
où  les  deux  bractées  connexes  sont  semblables;  —  ni  de  voir  que  la  vrille 
manque  aux  premières  aisselles  de  la  plante^  si  la  Cyme  y  manque  aussi; 
—  ni  de  rencontrer  la  vrille  surhaussée,  comme  l'a  montrée  M.  Naudin,  puis- 
(lu'on  sait  combien  le  surbaussement  des  bractées  est  fréquent,  et  puisqu'on 
en  a  l'exemple  dans  celte  l'amille  môme,  où  si  souvent  le  pédoncule  mâle  , 
en  s'élançant,  emporte  avec  lui  sa  bractée  just(u'au  milieu  de  sa  longueur 
[Momordica  Chanoitia),  ou  jusqu'au  haut  (J7.  Balsamina,  etc.),  tandis  que 
sur  les  mêmes  plantes,  quand  le  pédoncule  mâle  manque,  la  bractée  reste 
au  pied  du  pédoncule  femelle,  avec  lequel  elle  n'est  pas  en  rapport 
immédiat. 

M.  Chalin  rappelle  qu'il  s'est  occupé,  il  y  a  longtemps  déjà,  des 
vrilles  des  Cucurbilacées.  Eu  raison  des  l'aisceaux.  fibreux  passant  de 
la  tige  dans  ces  vrilles,  il  ne  les  considérait  dès  lors  ni  comme  des 
feuilles,  ni  comme  des  rameaux.  Les  nombreux  travaux  qui  ont  été 
[)ubliés  depuis  sur  ce  sujet  n^ont  pas  changé  son  opinion  à  l'égard 
de  ces  vrilles,  qui,  aujourd'hui  encore,  ne  lui  paraissent  dériver  d'aucun 
organe  ordinaire  des  végétaux.. 

M.  Payer  fait  remarquer  qu'il  n'y  a  que  deux  moyens  pour  recon- 
naître la  nature  réelle  d'un  organe  :  1°  Tanatomie  ou  l'étude  de  la 
structure  intime,  et  2"  Torganogénie  ou  l'observation  du  mode  de 
développement.  En  examinant  la  structure  des  tiges  des  Cucurbi- 
lacées,  dans  la  tige  du  Melon  par  exemple,  on  reconnaît  cinq  faisceaux 
fibro-vasculaires.  Trois  de  ces  faisceaux  vont  aux  feuilles  inférieures, 
qui  n'ont  pas  de  vrilles.  Plus  haut  sur  la  tige,  on  voit  que  deux 
faisceaux  seulement  vont  à  la  feuille,  et  un  à  la  vrille  placée  auprès 
d'elle.  Enfin,  lorsqu'il  y  a  deux  vrilles  près  d'une  feuille,  un  seul 
faisceau  va  à  la  feuille,  et  les  deux  latéraux  chacun  à  une  vrille.  Ces 
faits  ont  été  ex[)osés  par  M.  Payer  dans  la  note  qu'il  a  [)ubliée  dans 
les  Annales  des  sciences  naturelles,  et  qui  est  citée  par  M.  (kiillard. 
—  M.  Payer  fait  ressortir  l'analogie  de  ces  faisceaux  de  la  tige  des 
X.  IV.  10 


l/iO  sociÉTK  i;(HAMQir,  ni:  fi'.anci". 

Cuciirbitacées  qui  vont  aux  vrilles,  avec  ceux  de  la  tige  des  Rosacées 
qui  vont  aux  stipules.  Chez  ces  dernières,  lorsqu'une  feuille  manque 
de  stipules,  il  y  a  soudure  anatomique  des  faisceaux.  —  Il  conclut 
de  cette  analogie  que  les  vrilles  des  Cucurbitacées  représentent  des 
stipules.  C'est  là  la  seule  signification  qu'il  croit  pouvoir  leur  donner. 
La  situation  des  bourgeons  vient  confirmer  encore  cette  manière  de 
voir,  car  le  bourgeon  se  trouve  toujours  vis-à-vis  de  la  nervure 
médiane  de  la  feuille,  —  Il  n'y  a  d'ailleurs  aucune  différence  anato- 
mique entre  une  stipule  et  une  foliole  de  feuille  composée.  La  foliole 
tombe,  la  stipule  persiste  ;  voilà  tout  ce  qui  distingue  ces  organes. 
Dans  le  Mespilus  OxyaccuitJia,  on  voit  des  transitions  entre  les  sti- 
pules et  les  folioles. 

M.  Clialin  est  d'avis  que  ce  que  vient  de  dire  M.  Paver  éclaire  la 
(juestion  et  confirme  ce  qu'il  a  dit  lui-même,  à  savoir,  que  la  vrille 
des  Cucurbitacées  n'est  l'analogue  ni  d'une  feuille  ni  d'un  rameau. 

M.  de  Bonis  rappelle  que  Uupetit-Thouars  a  déjà  expliqué  la  for- 
mation des  stipules  par  divergence  des  faisceaux  de  fibres. 

M.  Léon  Soubeiran,  vice-secrétaire,  donne  lecture  de  la  note  sui- 
vante, adressée  à  la  Société  par  M.  Montagne  : 

NOTE  DE  M,  ITIOA'TACiXE. 

(Paris,  "il  février  1857.) 

I.'iin  de  iios  confrères,  i\î.  Schimper,  correspondant  de  l'Institut  à 
Strasbourg,  me  charge  de  faire  hommage  a  la  Société  d'un  exemplaire  de 
son  Mémoire  pour  sermr  à  riùstoire  naturelle  des  Sphuujnes,  extrait  du 
tome  XV  des  Mémoires  présentés  à  l'Académie  des  sciences  pur  des  savants 
étrangers. 

Ce  travail  important,  ou  plutôt  cette  biologie  complète  des  Sphaignes, 
est  analogue  a  celui  de  M.  de  iMirbei  sur  le  Murchantia,  et  à  un  autre  de 
M.  le  docteur  Gottsche,  d'Altoiia,  sur  V Haplomitrium  Hookeri.  L'auteur  a 
en  elTet  suivi,  ab  ovo,  le  développement  des  plantes  de  cet  ordre,  et  parmi 
les  faits  qu'il  a  eu  l'occasion  d'observer,  il  en  est  un  qui  avait  échappé  à 
tous  les  bryologistes  qui  l'ont  précédé  :  c'est  la  coexistence,  dans  ce  genre, 
de  deux  sortes  de  spores,  les  unes  grandes  et  fertiles,  et  les  autres  beaucoup 
plus  petites  et  stériles.  Les  premières,  en  forme  de  tétraèdre  déprimé,  sont 
simpl{'iï)ent  quaternaires  dans  la  même  cellule-mère;  les  secondes  sont  de 
petits  polyèdres  réunis  au  nombre  de  seize  dans  vwc  cellule  globuleuse.  Un 
autre  fait  (|ui  n'est  pas  moins  etnicux,  c'est  que  ces  deux  sortes  de  spores, 
tantôt  sont  réunies  dans  la    mOine  capsule,  tantôt  bc  montrent  daos  des 


iitxsci]  nu  '27  FÉVHnai  1857.  147 

capsules  propres  à  cliacimc.  Le  volume  des  Mémoires  de  l'Académie  des 
sciences  ([ui  eoiitient  ees  faits  étraiifies,  pouvant  tarder  lontitemps  encore 
à  paraître,  j'ai  pensé  qu'il  était  bon  de  les  porter  plus  pronipfement  à  la 
coDr.aissanee  îles  botanistes.  Voilà,  messieurs,  pourquoi  J'ai  pris  la  liberté 
de  vous  en  entretenir. 

Je  ne  suivrai  pas  l'auteur  dans  la  série  des  faits  nouveaux  qu'il  a  obser- 
vés, soit  quant  à  la  structure,  soit  quant  à  la  reproduction  des  Sphaignes. 
Je  me  bornerai  à  citer,  d'après  lui,  les  merveilleux  phénomènes  de  leur 
hygroscopieité. 

C'est  surtout  aux  branches  réfléchies  qu'est  dévolue  cette  propriété.  En 
aidant  avec  le  tissu  spongieux  cortical  à  faire  monter  l'eau  de  la  base  au 
sommet  de  la  plante,  elles  font  en  quelque  sorte  fonction  de  racines  adven- 
tives,  et  constituent,  par  leur  adhérence  à  leur  tige,  un  système  hydrau- 
lique dont  les  effets  sont,  au  plus  haut  degré,  surprenants  et  curieux.  Une 
tige  de  Sphaigne,  haute  de  plusieurs  décimètres,  que  l'auteur  avait  plongée 
par  sa  base,  garnie  des  rameaux  en  question,  dans  un  flacon  rempli  d'eau, 
l'a  vidé  en  fort  peu  de  temps,  en  déversant  le  liquide  par  son  capitule  ter- 
minal que  l'auteur  avait  eu  l'attention  d'incliner  un  peu. 

Tous  les  bryologistes  savent  que  AI.  Schimper  n'a  pas  fait  figurer  les 
Sphaignes  dans  son  splendide  ouvrage  intitulé  Bri/ologia  europœa.  Il  en 
donne  les  raisons  dans  le  présent  Mémoire.  S'appuyant  sur  plusieurs 
caractères  tirés  surtout  de  l'absence  de  la  coiffe  et  de  la  transformation 
du  rameau  périchétial  et  de  son  allongement  en  faux  pédoncule  [pseudo- 
podium],  M.  Schimper  en  forme  une  famille  naturelle  intermédiaire  entre 
les  vraies  Mousses  et  les  Hépatiques. 

Dans  la  seconde  partie  du  Mémoire,  l'auteur  donne  une  monographie 
complète  des  espèces  d'Europe,  qui  sont  toutes  figurées  dans  les  vingt- 
quatre  belles  planches  qui  l'accompagnent. 

Le  peu  que  j'en  ai  dit  montre  su('(iï;amment  le  mérite  de  cet  ouvrage  et 
Justifie  pleinement  la  distinction  qu'il  a  reçue  dans  la  première  de  nos  Aca- 
démies. 

J'aurai  encore  l'honneur  de  faire  hommage  à  la  Société,  au  nom  de  M.  le 
professeur  Derbès  ,  de  la  Faculté  des  sciences  de  Marseille,  d'une  Note  sur 
un  nouveau  genre  d'Algue,  le  Ricardia,  qui  vit  en  parasite  sur  le  Lauren- 
cia  obtusa  dans  la  Méditerranée.  Ce  genre  est  dédié  à  Madame  Ricard,  tante 
de  notre  confrère,  M.  Maille,  laquelle  cultive  l'aimable  science  avec  un 
zèle  qui  ne  s'est  point  démenti  depuis  longues  années. 

Eolin,  j'ai  aussi  l'honneur  d'offrir,  en  mon  propre  nom,  un  exemplaire 
de  ma  septième  Centurie  et  de  la  ÎSote  sur  mon  nouvenu  genre  d'Hépa- 
tique, le  Boschia,  trouvé  au  Brésil  par  M.  Weddell,  et  qui  est  extraite  d'un 
des  derniers  numéros  du  Bulletin  de  la  Société. 


lZi8  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

M.  Duchartre,  secrétaire,  donne  lecture  d'une  nouvelle  lettre 
adressée  au  secrétariat  par  M.  Leclère.  Cette  lettre  rectifie  et  com- 
plète les  renseignements  donnés  par  M.  Leclère  dans  celle  qui  a  été 
lue  dans  la  dernière  séance  (voy.  plus  haut,  p.  98). 

EXTRAITS  DES  LETTRES  DE  1»I.  LECLÈRE. 

Monlivillieis,  H  février  1857. 

Ayant  lu  la  note  de  M.  Menière  (1)  sur  la  sécrétion  d'une  Orchidée,  j'ai 
pensé  qu'il  ne  serait  pas  inutile  de  signaler  à  la  Société  un  fait  presque  tout 
à  fait  semblable. 

Tl  y  a  deux  ou  trois  ans,  mon  attention  fut  attirée  par  de  grosses  gouttes 
d'un  liquide  visqueux  suspendu  à  la  partie  supérieure  de  chac|ue  bouton 
d'une  Orchidée  exotique  dont  j'ignore  le  nom.  J'ai  pensé  d'abord  que  ce 
liquide  provenait  de  la  condensation  des  vapeurs  contenues  dans  la  serre; 
mais  bientôt  je  fus  convaincu  du  contraire,  car  je  goûtai  ce  liquide  et  je  le 
trouvai  très  sucré,  presque  autant  que  le  suc  du  Strelitzia  Reginœ,  mais 
beaucoup  moins  dense  que  celui-ci. 

Mon  observation  diffère  de  celle  de  M.  Menière,  en  ce  sens  que  j'ai 
constaté  la  présence  des  gouttes  peu  de  jours  avant  l'authèse;  elles  étaient 
très  abondantes  jusqu'à  l'entier  épanouissement  des  fleurs.  Trois  ou  (|uatre 
jours  api'ès,  la  sécrétion  avait  cessé.  Pendant  les  sept  ou  huit  jours  qu'elle 
a  duré,  j'ai  remarqué  qu'elle  était  le  plus  forte  vers  cinq  ou  six  heures  du 
matin. 

Les  sépales  étant  encore  retenus  par  leur  extrémité  supérieure,  il  me  fut 
impossible  de  reconnaître  quel  était  l'organe  sécréteur  de  ces  gouttes 

18  février. 

Je  viens  d'avoir  occasion,  hier  même,  de  constater  de  nouveau  le  fait 
dont  je  vous  ai  parlé  dans  ma  précédente  lettre,  sur  une  Orchidée  à  fleurs 
jaunes,  odorantes,  dont  j'ignore  le  nom  et  dont  je  vous  envoie  deux  fleurs. 
La  plante  a  en  ce  moment  sept  hampes  unifîorcs,  dont  deux  ont  leurs  fleurs 
presque  ouvertes.  Néanmoins  les  sépales  étaient  encore  en  quelque  sorte 
agglutinés  il  y  a  quelques  instants.  J'examinai  de  près  ces  deux  fleurs,  et  je 
vis  qu'une  excrétion  avait  lieu  depuis  peu  ;  je  pensai  d'abord  que  le  liquide 
venait  de  l'intérieur  de  la  fleur-  mais  je  fus  surpris,  après  avoii-  b-gèrement 
séparé  les  ti'ois  sépales,  de  remarquer  que  les  organes  intérieurs  étaient  abso- 
lument dépourvus  de  tout  liquide;  évidemment  la  cause  était  externe.  En 
effet,  celte  excrétion  se  faisait  par  la  partie  inférieure  et  surtout  vers  l'ex- 
trémité supérieure  des  trois  sépales  du  périgone,  comme  j'ai  pu  m'eu  assurer 

(1)  Voyez  le  Buileliu,  t.  Ill,  p.  577. 


SÉANCE    DU    27    l'KVUIKU    1857.  1^9 

pni"  tni  nouvol  examen,  et  eette  fois  je  crois  pouvoir  ;itTirmer  que  je  ne  me 
suis  pas  trompé 

A  la  demande  de  M.  Leclère,  M.  Ducliarlre  a  déterminé  l'espèce  à 
laquelle  appartiennent  les  (leurs  qu'il  lui  a  envoyées,  et  il  pense  que 
c'est  le  Maxillaria  aromatica  Grah. 

M.  Menière  rappelle  que  ses  propres  observations  sur  la  sécrétion 
des  Coryanthes  ont  été  le  point  de  départ  des  observations  subsé- 
quentes qui  ont  été  laites  sur  des  pbénomènes  analogues,  soit  par 
d'autres  botanistes,  soit  par  lui-môme.  Ainsi  dernièrement  il  a 
signalé  un  fait  du  même  genre  chez  le  Pholidota  imhricata.  Quant 
aux  Catasetinn,  il  ne  croit  pas  que  l'on  ait  jamais  vu  de  goutte- 
lettes sur  leurs  fleurs  avant  l'épanouissement.  Il  lui  paraît  également 
douteux  que  l'on  ait  pu  observer  une  véritable  sécrétion  cbez  les 
Maxillaria,  où,  comme  chez  les  Oncidium,  on  remarque,  à  la  base 
du  gynostème,  une  viscosité,  mais  qui  n'est  pas  sécrétée  par  la 
plante  elle-même. 

M.  Duchartre  fait  observer  que,  dans  les  deux  fleurs  envoyées  par 
M.  Leclère.,  il  a  vu  les  gouttelettes  sur  la  face  externe  du  labelle  et 
des  deux  pétales,  à  quelque  distance  du  sommet,  occupant  abso- 
Uiment  la  même  situation.  Ce  liquide  est  donc  réellement  sécrété  par 
la  fleur,  car  le  point  oii  il  paraît  a  quelque  chose  de  fixe. 

M.  Payer  est  d'avis  que  ce  phénomène  n'a  rien  de  surprenant, 
car  M.  Morot  a  dès  longtemps  constaté  que,  sur  les  feuilles  des  Gra- 
minées, il  y  a  parfois  des  gouttelettes  non  produites  par  la  rosée,  mais 
sécrétées  par  l'extrémité  de  ces  feuilles  elles-mêmes. 

M„  Duchartre  rappelle  qu'ludépendanmient  des  observations  de 
M.  Morot,  M.  Gasparrini,  en  1851  (voy.  les  Mémoires  de  YAcademia 
Pontana)^  a  reconnu  que  cette  sécrétion  des  feuilles  de  l'Orge,  du 
Mais,  du  Seigle  et  du  Froment,  a  lieu  peu  de  temps  après  la  germi- 
nation, pour  cesser  au  bout  de  quelques  jours. 

M.  Duchartre  fait  à  la  Société  la  lecture  suivante  : 

La  Société  a  paru  entendre  dernièrement  avec  un  vif  intérêt  In  lecture  de 
quelques  observations  très  curieuses  extraites  d'une  lettre  de  ^L  Durieu  de 
Maisonneuve.  M.  J.  Gay,  à  qui  était  due  cette  communication,  se  propo- 
sait d'en  faire  aujourd'hui  une  nouvelle,  puisée  à  la  même  source;  mais 
une  indisposition,  dont  la  gravité  a  très  heureusement  tout  à  fait  dis- 
paru en  ce  moment,  l'ayant  mis  dans  l'impossibilité  de  réaliser  cette  idée, 


150  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

il  a  bien  voulu  me  charger  de  le  remplacer.  La  nouvelle  lettre  de  M.  Du- 
rieu,  qui  m'a  été  confiée  par  lui,  est  remplie  de  faits  curieux,  d'observations 
importantes  faites  avec  lu  sagacité  et  l'exactitude  qui  distinguent  a  un  haut 
degré  notre  savant  conIVère.  Les  parties  que  j'ai  cru  devoir  en  détacher  in- 
téresseront donc  vivement  la  Société,  j'ose  le  croire,  et  la  communication 
que  J'aurai  l'honneur  de  lui  en  faire  aura,  de  plus,  le  mérite  de  l'actualité, 
puisque  les  détails  instructifs  qu'elle  renferme  se  rapportent  tous  à  des 
articles  publiés  dans  l'un  des  derniers  cahiers  de  notre  Bulletin  (n"  9 
de  1856). 

EXTRAITS  D'UNE  LETTRE  DE  M.  DL'RIEI'   DE  MAISOXI^El'VE  A  M.  J.  GAV. 

(Bordeaux,  le  H  février  1857.) 

M.  Durieu  consacre  d'abord  (juelciues  lignes  à  la  note  de  M.  Kirsch- 
leger  sur  les  longues  feuilles  linéaires  cl  flottantes  du  Scirpus  palustris  (1). 
J'ajouterai,  dit-il  ensuite,  que  ces  feuilles  peuvent  n'être  pas  toujours  flot- 
tantes. Il  y  a  peu  de  temps,  j'ai  lu,  dans  je  ne  sais  plus  ([uel  mémoire  ou 
livre  tout  récent,  que  le  Scirpus  lacustris  avait  été  rencontré  muni  de  feuilles 
dressées  comme  celles  d'un  Cart;x  a([uati(iue.  Le  même  fait  s'est  offert  à 
moi,  le  5  août  1855,  dans  une  herborisation  que  je  dirigeais  près  de  la 
Teste.  J'aperçus  sur  les  bords  de  la  Leyre  plusieurs  pieds  de  Scirpus  lacus- 
tris feuilles,  à  feuilles  pointant  au-dessus  de  l'eau  et  stipant  le  chaume.  Je 
fis  remarquer  à  mes  auditeurs  que  ce  fait  était  intéressant;  aussi  chacun 
s'empressa-t-il  défaire  provision  d'échantillons,  de  telle  sorte  qu'il  ne  m'en 
revint  à  moi-même  qu'un  fort  petit  nombre. 

Les  observations  de  M.  Des  Moulins  sur  le  mode  d'attache  des  Orobanches 
aux  racines  de  la  plante-mère(2),  observations  qui  me  paraissent  très  exactes 
en  raison  de  ce  que  j'ai  vu  moi-même,  rappellent  a  mon  souvenir  un  fait 
curieux,  que  malheureusement  je  puis  seulement  rapporter,  sans  en  elaver 
la  description  de  preuves  matérielles.  Ce  fait  consi-ite  eu  Orohanches  atta- 
chées, non  pas  à  des  racines,  mais  au  bas  de  tiges.  Le  20  avril  18'4^,  Je 
découvris  une  belle  Orobanchée,  a  Mostaganem,  sur  le  Romarin  et  sur  le 
Micromeria  inodora.  Je  reconnus  sur-le-champ  (lu'elle  constituerait  un 
genre  nouveau,  intermédiaire  entre  les  Orohanches  et  les  vrais  PJidipœa. 
En  effet,  plus  tard,  M.  Bourgeau  ayant  rapporté  la  même  plante  de  l'Ara- 
"OU,  M.  Cosson  en  a  fait,  dans  une  noie  publiée  dans  les  Annales  des 
sciences  naturelles  (3),  un  genre  distinct  et  séparé  [Ceratocalijx).  Je  ne 
dis  pas  que  cette  Orobanchée  ne  s'implante  pas  sur  les  racines  des  deu.x 

(1)  Voyez  le  liullclin,  t.  III,  p.  562. 

(2)  Voyez  le  Bulletin,  t.  III,  p.  5/|0. 

(3)  Sér.  3,  t.  IX,  p.  1/|5. 


sÉANcr  DU  27  Fi^:vRiER  1857.  161 

arbustes  cités,  mais  je  ne  fis  point  alors  d'observation  précise  sur  son 
adbérence  aux  racines,  tout  préoccupé  que  J'étais  du  fait  singulier  qui 
s'offrait  à  mes  regards:  c'était  l'Orobanchée  elle-même  fixée  au  bas  d'un 
grand  nombre  de  tiges,  y  ayant  pris  naissance,  et  s'y  étendant  sur  une 
hauteur  de  U  à  5  centimètres.  Dans  l'état  où  elle  était  alors ,  toute  la 
plante  consistait  en  un  simple  empâtement  pénétrant  dans  la  tige,  sec, 
informe,  et  d'autant  plus  réduit  qu'il  se  montrait  sur  un  point  plus 
élevé  au-dessus  du  sol.  C'est  par  centaines  que  je  vis  ces  curieux  empâ- 
tements, et  sur  aucun  Je  n'observai  de  tige  ilorifère.  Seulement,  ceux 
qui  se  trouvaient  le  plus  bas  montraient  des  protubérances  qui,  sans  au- 
cun doute,  n'étaient  que  des  tiges  arrêtées  dans  leur  développement.  Je 
m'empressai  de  recueillir  des  tiges  des  deux  arbustes  munies  de  ces  Oro- 
bancbes  avortées.  J'en  formai  un  véritable  fagot ,  que  Je  portai  à  Mos- 
taganem.  Ainsi  approvisionné,  Je  ne  crus  pas  avoir  besoin  de  recueillir 
avec  adhérence  l'Orobanche  développée,  et  je  n'en  pris  les  tiges  qu'en  les 
coupant  a  la  base.  Peu  de  Jours  après,  partant  pour  l'intérieur.  Je  confiai 
à  M.  Delestre,  pharmacien-majoi-,  toutes  les  récoltes  que  J'avais  faites  à 
Mostaganem.  Pins  taid,  je  retrouvai  le  tout  en  état  pariait;  mais  le  fagot 
de  tigfs  des  deux  Labiées  ligneuses  avait  disparu;  le  soldat  au  service  de 
M.  Delestre  en  avait  fait  du  feu  !  C'est  ainsi  qu'il  ne  me  reste  pas  une  .seule 
pièce  probante  du  fait  que  j'avance.  J'ai  bien  demandé  ensuite  la  plante  à 
quelques  amateurs,  en  indiquant  avec  précision  l'endroit  où  on  la  trouverait 
en  abondance  j  J'en  ai  même  reçu  de  très  beaux  échantillons,  mais  tous 
étaient  soigneusement  mondés  à  la  base. 

Dans  le  résumé  des  travaux  de  la  section  de  botanique  au  congrès  de  Vienne, 
je  lis  avec  grand  intérêt  (p.  615  du  t.  III.  du  Jhdlefin)  une  analyse  succincte 
d'une  communication  laite  par  M.  Alex.  Jîraun  au  sujet  de  la  production 
d'embryoi\s  sans  fécondation  préalable.  Le  savant  professeur  cite  d'abord  le 
fait  classique  du  Cœlebogyne  ;  là-dessus  je  n'ai  rien  a  dire.  Mais  lorsqu'il 
signale  ensuite  un  nouveau  cas,  probant  selon  lui,  de  parthogénésie  dans  le 
Charita  crinita,  espèce  dioïque,  dont  on  ne  i encontre  habituellement  que 
l'individu  femelle,  et  qu'il  déduit  de  ce  fait  la  conséquence  que  le  Characri- 
nita  se  reproduit  généralement  par  des  fruits  non  préalablement  fécondés, 
je  crois  que  sa  déduction  est  un  peu  hasardée.  ïl  ne  s'est  pas  rappelé  un  fait 
non  moins  singulier,  dont  il  dut  la  connaissance  aux  matériaux  que  Je  lui 
fournis  dans  le  temps,  et  qui  est  précisément  la  contre-partie  du  premier. 
Le  Nitella  syncarpa,  var.  oxygyna,  est  très  commun  a  La  Galle.  En  hiver, 
toutes  les  mares  ou  flaques  qui  se  forment  dans  les  bois  et  sur  les  collines 
en  sont  infailliblement  remplies.  Or,  on  ne  trouve Janmis  dans  cette  contrée 
que  des  individus  mâles.  Pendant  plusieurs  mois  qu'a  duré  mon  séjour 
dans  le  cercle  de  la  Cal  le,  Je  n'ai  pas  laissé  passer  une  seule  occasion  de 
rechercher  l'individu  femelle  de  cette  Characée,  et  je  n'en  ai  Janiais  aperçu 


152  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

le  moiudre  indice.  Je  suis  bien  convaincu,  et  M.  Alex.  Brnun  eut  le  pre- 
mier cette  pensée  sur  ce  que  je  lui  en  dis,  je  suis  bien  convaincu,  dis -je, 
qu'il  n'existe  pas  d'individus  femelles  du  Nitella  ayncarpa  dans  la  contrée 
dont  j'ai  exploré  les  eaux  avec  tant  d'intérêt  et  de  soin.  A  la  vérité,  quel- 
ques années  plus  tard,  M.  lîalausa  a  rencontré  l'individu  fennelle  de  la 
même  espèce  et  de- la  même  variété,  et  l'individu  femelle  seulement,  je 
crois,  dans  quelques  mares  du  territoire  d'Oran,  c'est-à-dire  à  l'autre 
extrémité  de  rAI<iérie  ;  mais  ce  fait  est  :-ans  importance  pour  la  question 
qui  nous  occupe.  Personne  ne  supposera  certainen^ent  une  fécondation  à 
distance  dans  les  Characées.  Il  suffit  d'avoir  une  idée  de  la  merveilleuse 
organisation  de  l'appareil  fécondateur  dans  ces  plantes,  pour  rejeter  la  pos- 
sibilité du  transport  des  antbérozoïdes  juscju'à  une  mare  très  voisine  même 
de  celle  où  ils  sont  enfermés.  Donc  le  fait  de  la  reproduction  abondante 
du  Nitella  syncarpa,  dans  toutes  les  eaux  du  cercle  de  La  Calle,  par  les 
seuls  individus  mâles,  semble  parfaitemiMit  positif.  Mais  ce  fait,  quelque 
étrange  qu'il  puisse  paraître  au  presuier  abord,  ne  présente  pourtant  rien 
de  bien  merveilleux.  Je  crois,  en  effet  (et  j'espère  me  mettre  en  mesure  de 
le  prouver  avec  le  temps  par  une  suite  d'observations  qui  sont  déjà  com- 
mencées), je  crois  que  toutes  les  Gbaracées  sont  susceptibles  de  se  multiplier 
par  leurs  articles  inférieurs,  je  veux  dire  par  tous  ceux  de  ces  articles  dont 
les  nœuds  présentent  un  renflement  charnu.  Ces  renflements  ne  sont  pas 
autre  chose  que  les  bulbilles  (non  mûris)  qui  ont  été  observés  sur  certaines 
espèces.  Détachés  de  la  plante-mère  et  déposés  sur  un  limon  baigné  d'eau 
pure,  ils  ne  tardent  pas  à  donner  naissance  à  des  rameaux  et,  par  suite,  à 
un  nouvel  individu.  Ils  paraissent  même  être  plus  actifs  que  les  bulbilles; 
car  j'ai  fait  facilement  pousser,  l'été  dernier,  des  nœuds  épaissis  d'un  Chara, 
et  je  n'ai  encore  rien  vu  sortir  des  bulbilles  de  cette  plante  que  je  semai 
vers  le  même  temps.  Je  crois  même  qu'ils  sont  déjà  pourris. 

Je  ne  terminerai  pas  ma  lettre  sans  vous  dire  un  mot  au  sujet  d'une  com- 
munication présentée  au  congrès  de  Vienne  par  M.  Schnizkiu  (p.  620  du 
t.  III  du  Bulletin). 

Encore  une  prétendue  nouveauté  déjà  vieille.  Cette  particularité  préten- 
due nouvelle  de  la  \égétalion  de  V Op/rioglossum  vulgalum  qui  développe  en 
terre  un  long  rhizome,  était  connue  de  moi  depuis  longtemps,  il  est  vrai  que 
je  n'ai  rien  publié  à  ce  sujet  depuis  l'époque  où  je  constatai  ce  fait,  d'abord 
sur  l'Ophiofjlosswn  lusitanicum,  plus  tard,  avec  plus  de  difficulté,  sur 
VO.  vulgatum;  mais  je  l'ai  montré  a  quantité  de  personnes,  et  la  plu- 
part de  celles  à  (|ui  je  l'ai  communiqué  m'ont  dit  qu'il  leur  était  bien 
connu.  J'introduis  dans  celte  lettre  quelquis  bouts  qui  vous  montreront 
clairement  ce  qu'on  observe  dans  ces  plantes.  Ceux  qui  voudraient  en  voir 
de  plus  beaux  exemples,  tels  que  des  rhizomes  à  5  ou  6  mérithalles,  les 
trouveraient  parmi  les  Fougères  de  l'Algérie,  qui  se  trouvent  au  Muséum 


SÉANCE  DU  27  FÉvniRU  1857  153 

dans  la  collection  achetée  à  M.  Bory  de  Saint-Vincent.  M.  Bory  avait  fait 
choix  de  tout  ce  qu'il  y  avait  de  bon  el  même  de  passable  dans  nos  récoltes 
de  Fouyi'ies;  et  il  ne  m'est  resté  de  la  sorte  que  des  brihes.  Ainsi,  je  n'ai 
pas  ici  (VO/j/iioglossum  lusitanicum  dont  le  rhizome  ait  plus  de  trois  méri- 
thalies  intacts,  et  cependant  je  me  rappelle  bien  en  avoir  récolté  de  plus 
prolonsés.  Quoi  (|u'il  en  soit,  le  fait  du  rhizome  rampant  horizontalement 
est  l)ien  connu,  quoi(|u'il  n'ait  peut-être  pas  été  imprimé.  Ti  est  très  diflicile 
à  reconnaître  dans  le  vulgatiim,  attendu  que  cette  espèce  ne  croit  guère  que 
dans  les  prairies  humides,  et  que  ses  rhizomes  étant,  comme  ceux  du  lusi- 
tanicum, extrêmement  fragiles,  on  ne  peut  parvenir  à  les  dégager  du  lacis 
épais  des  racines  des  Graminées  au  milieu  desquelles  ils  s'étendent.  Je  n'en 
ai  Jamais  obtenu  d'échantillons  munis  d'un  second  nœud  ;  mais,  avec  un  peu 
d'attention,  on  enlève  une  portion  horizontale  de  rhizome  sur  laquelle  on  ne 
peut  se  méprendre.  D'ailleurs,  ces  deux  espèces  sont  si  voisines  (s'il  y  en 
a  deux),  et  passent  tellement  l'une  à  l'autre,  par  l'intermédiaire  de  la  forme 
curieuse  trouvée  par  M.  Puel  à  la  tour  de  Pocancy,  près  Lardy  (Seine-et- 
Oise),  que  l'extrême  différence  qui  existe  entre  les  époques  de  végétation 
des  deux  plantes  est  réelleiuent  la  seule  qui  ait  de  l'importance  pour  leur 
distinction.  Je  possède  des  Ophioglossum  lusitanicum  vrais,  plus  vulgatum 
que  la  plante  de  Lardy. 

M.  Chatiii  dit  que,  dans  son  herborisation  de  l'année  dernière  à 
Lardy,  il  a  trouvé  Y  Ophioglossum  lusitanicum,  non  pas  auprès 
de  la  tour  do  Pocancy,  mais  dans  les  bois  situés  au  pied  des  coteaux. 

M.  Balansa  dit  avoir  constaté  la  présence  de  rhizomes  chez  plusieurs 
plantes  qui  sont  considérées  comme  en  étant  dépourvues.  Il  cite  le 
Glttux  maritima,  le  Butomus  umhellatus,  les  Triglochin,  dont  les 
tiges  meurent  chaque  année,  mais  dont  les  rhizomes  persistent;  et  le 
Cressa  cretica,  qu'on  regarde  comme  annuel  et  qui  est  réellement 
vivace. 

M.  Cosson  rappelle  que  le  Poa  annua  peut  présenter,  dans  les 
terrains  sablonneux,  de  longs  rhizomes  capillaires  réunissant  souvent 
plusieurs  touffes  distinctes. 

M.  de  Schœnefeld  ajoute  que  le  Scirpus  acicularis,  espèce  sou- 
vent décrite  comme  cespiteuse,  offre  aussi  des  rhizomes  horizontaux 
longs  et  très  ténus. 

M.  J.  Gay  est  d'avis  que  les  rhizomes  souterrains  se  trouvent  chez 
beaucoup  plus  d'espèces  qu'on  nelecroitgénéralement.  Ainsi  M. Irmisch 
en  a  constaté  aussi  l'existence  dans  les  Raimnculus,  et  notamment 
dans  le  R.  illyricus. 


15/i  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE   DE    FRANCE. 

M.  Gris  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

DES  RAPPORTS  DU  NUCLÉUS  AVEC  LA  CHLOROPHYLLE  ,  par  I»I.  ARTIIL'R  GRIS. 

Les  Annales  d'histoire  naturelle  de  Londres  ont  publié  en  18/j6  (t.  XVIII, 
p.  193)  un  extrait  d'un  travail  de  M.  Qiiekett  sur  le  développement  de  l'a- 
midon et  de  la  chlorophylle.  Je  vais  citer  textuellement  ce  qui  a  rapport 
au  développement  de  la  matière  verte.  «  Relativement  à  l'origine  de  la 
chlorophylle,  M.  Quekett  dit  que,  dans  les  plantes  qu'il  a  examinées,  le 
même  mode  de  développement  parait  avoir  lieu  que  pour  l'amidon,  à  savoir, 
que  les  granules  prennent  naissance  d'une  cellule  nucléaire,  et  il  cite  la  cu- 
ticule de  la  très  jeune  fronde  du  Scolopendrium  vulgare  comme  en  offrant 
un  exemple  ;  mais  il  ajoute  que  la  première  origine  de  la  chlorophylle  est 
tellement  confondue  avec  la  formation  de  la  cellule  elle-même,  qu'il  est 
impossible  par  la  dissection  d'arriver  à  savoir  où  a  lieu  sa  formation.  » 

Je  demanderai  maintenant  à  la  Société  la  permission  de  lui  soumettre 
mes  propres  observations.  Ce  petit  travail  était  achevé  quand  je  pris  con- 
naissance du  mémoire  de  M.  Quekett. 

Les  cellules  sous-épidermiques  du  parenchyme  des  feuilles  renferment, 
en  général,  des  grains  de  chlorophylle  moins  nombreux  et  moins  développés 
que  ceux  qui  sont  contenus  dans  les  cellules  plus  profondes  du  paren- 
chvme,  en  sorte  qu'il  est  assez  facile  d'étudier  la  disposition  et  la  manière 
d'être  de  ces  grains  dans  la  cellule  qui  les  contient. 

Si  donc  on  fait  une  coupe  mince,  parallèle  à  la  face  supérieure  d'une  feuille 
de  Vanille,  de  manière  à  intéresser  les  cellules  sous-epidermiques  du  paren- 
chyme, on  remarque  que,  dans  les  cellules  placées  iminédiatement  sous 
l'épiderme,  des  grains  de  chlorophylle,  a  divers  états  de  développement 
quant  à  leur  diamètre,  à  l'intensité  de  leur  couleur  et  a  leur  constitution 
intime,  tantôt  sont  disposés  régulièrement  autour  du  nucléus,  et  quelquefois 
même  semblent  adhérer  à  sa  surface,  tantôt  sont  agglomérés  confusément 
autour  de  lui,  d'autres  grains  n'étant  pas  en  général  disséminés  dans  les 
autres  parties  des  cellules. 

Dans  le  deuxième  rang  des  cellules  sous-épidermiques  les  granules  sont 
plus  volumineux,  d'un  vert  plus  vif  et  sont  encore  groupés  autour  du  nu- 
cléus; ici  des  grains  de  chlorophylle  commencent  en  outre  à  apparaître 
quelquefois  à  une  assez  grande  distance  du  nueléus.  J'ai  observé  des  faits 
analogues  dans  les  cellules  sous-épidermiciues  des  feuilles  du  Saxifraçfa 
Aizoon,  de  VEria  veliitina,  du  Cœloijyne  fimbriata,  dans  le  Selaginella 
stolonifera,  dans  le  Pellia  epiphylla,  etc. 

Si,  dans  une  pomme  déterre  soumise  à  l'action  de  la  lumière,  on  exa- 
mine de  même  les  couches  externes  du  tissu  vert,  on  remarque  que,  dans 
un  grand  nombre  de  cellules,   le  nueléus  est  entoure  de  petites  sphères 


SKANCE  Di:  27  FÉvniKR  1857,  155 

transparentes  dont  une.  partie  de  la  surface  seulement  est  enduite  de  nia- 
tiére  verte.  Ces  petites  splieres  renferment  (luehjuefois,  en  outre,  de  trois  à 
cinq   granules    amylacés.   Les  couches  sous-épidermiques  du  bulbe  d'un 
Pliajus  m'ont  présenté  des  faits  analogues.  Les  petites  sphères  ([ui  gravi- 
tent autour  du  nucléus,  et  souvent  sont  en  contact  avec  lui,  ont  un  \olume 
assez  considérable,  et  sont  de  même  colorées  en  vert  dans  une  partie  de  leur 
surface.  On  rencontre  de  plus,  autour  des  nucléus,  des  corps  alloi)gés,  renflés 
en  leur  milieu,  qui  est  enduit  de  matière  verte,  mais  dont  les  extrémités 
sont  incolores.  Ces  corps  fusiformes  sont  souvent  appliqués  par  une  de 
leurs  extrémités  à.   la   surface   du    nucléus.    Si    maintenant  on  examine 
■  es  cellules  de  l'épiderme  dans  ce  mémo  bulbe,  on   remarque  autour  du 
nucléus   une  agglomération  de  petits  bâtonnets  incolores  ou  très  vague- 
ment teintés  de  vert,  fixés  par  une  de  leurs  extrémités  ou  par  leur  partie 
médiane  a  la  surface  du   nucléus.  Ces  bâtonnets  ne  semblent-ils  pas  être 
des  formations  analogues  aux  corps   fusiformes  enduits  de  matière  verte 
des   cellules   plus  profondes,    mais  qui  ont  subi    un    arrêt   de   dévelop- 
pement? Si  on  les  traite  par  une  dissolution   de  potasse  caustique,  ils  se 
changent  subitement  en  ellipsoïdes,   puis  en  sphérules  qui  présentent  en 
un    point   de  leur   surface   un  noyau   légèrement   vert.    Sous  l'action  de 
l'ether  a  froid,  les  bâtonnets  passent  lentement  par  ces  deux  états,  puis 
se  dissolvent  complètement  en  laissant   un   résidu  granuleux  autour  du 
nucléus. 

[,a  disposition  des  grains  de  chlorophylle  autour  du  nueh'us  ne  se  re- 
trouve pas  aussi  aisément  dans  les  cellules  assez  profondes  du  parenchyme 
des  feuilles;  cependant  on  la  reconnaît  dans  le  parenchyme  des  feuilles  du 
Sempervlmim  tectorum,  de  ïBria  velutim,  d'un  Crassufn,  dans  les  cellules 
profondes  du  parenchyme  d'un  pétiole  dans  le  Coloccma  odora,  etc.;  mais 
alors  le  nombre  des  grains  de  chlorophylle  disséminés  à  une  assez  grande 
distance  du  nucléus  est  plus  ou  moins  considérable. 

Ces  observations  dans  les  feuilles  adultes,  j'eus  l'idée  de  les  poursuivre 
dans  ces  mêmes  organes  en  voie  de  formation  et  dans  les  écailles  des  bour- 
geons. Dans  les  cellules  d'une  jeune  feuille  d'AucubaJaponica,  j'ai  trouvé 
un  nucléus  très  développé  et  enveloppé  de  matière  verte,  laquelle  n'appa- 
raît que  sur  lui  et  autour  de  lui.  Les  écaillas  des  bourgeons  dans  le  Bibes,  le 
Lilas,  le  Marronnier  d'Inde,  m'ont  présenté  le  même  phénomène.  J'ai  trouvé 
de  même  un  nombre  très  considérable  de  grains  de  chlorophylle  agglomérés 
autour  du  nucléus  dans  déjeunes  feuilles  de  Lis,  de  Vanille,  de  Plwjns, 
de  Crocus,  dans  les  divisions  externes  du  périanthe  d'une  jeune  fleur  de 
Jacinthe,  etc. 

Ayant  placé  un  plant  de  Sempervivum  dans  l'obscurité  ,  je  l'y  laissai 
jusqu'à  ce  que  l'étiolement  fût  complet.  Alors  je  soumis  la  plante  à  l'in- 
fluence de  la  lumière,  et  quand  les  feuilles  eurent  pris  une  légère  teinte  verte, 


156  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE    FRANCE. 

j'observai  ce  qui  suit  :  Certaines  cellules,  dont  la  paroi  antérieure  avait 
été  tranchée  par  la  lame  du  rasoir,  présentaient  a  peu  près,  à  la  partie 
moyenne  de  leur  paroi  postérieure,  un  nucléus  volumineux  enveloppé  d'un 
disque  ou  d'un  cercle  de  grains  de  chlorophylle  disposés  très  régulièrement 
sur  trois  ou  quatre  rangs  autour  de  lui,  et  seulement  autour  de  lui.  Dans 
d'autres  cellules,  les  grains  de  chlorophylle  sont  confusément  agglomérés 
autour  du  nucléus,  et  semblent  s'en  écarter  deux  à  deux  et  un  à  un,  pour 
se  répandre  sur  les  parois  de  la  cellule.  De  plus,  la  matière  verte  m'a  semblé 
quelquefois  distinctement  accompagnée  de  grosses  sphères  incolores,  et 
d'une  sorte  de  protoplasma  ou  de  mucus  membraniforme. 

Puissent  les  faits  que  je  viens  d'avoir  l'honneur  d'exposer  devant  la 
Société  appeler  l'attention  des  botanistes  plus  expérimentés  que  moi  sur 
une  fonction  qu'il  me  semble  difficile  de  ne  pas  accorder  au  nucléus  :  je 
veux  parler  du  rôle  important  qu'il  semble  jouer  dans  le  développement  et 
dans  la  nutrition  de  la  matière  verte. 

M.  Cliatin  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

RÉPONSE  AUX  OBSERVATIONS  PRÉSENTÉES  PAR  M.  R.  CASPARY  SUR  LA  DIVISION  DE 
L'ANCIENNE  FAMILLE  DES  HVDROCHARIDÉES  EN  OTTÉLL\CÉES  ET  EN  HYDROCHARIDÉES, 
par  M.  AD.  CH.ATII^J. 

M.  Robert  Caspary,  savant  botaniste  appelé  à  Bonn  pour  y  suppléer 
l'illustre  professeur  Treviranus,  a  communiqué  à  la  Société,  dans  la 
dernière  séance,  un  mémoire  dont  l'objet  est  de  réfuter  sur  plusieurs  points 
un  de  mes  propres  travaux,  et  de  revendiquer,  pour  presque  tout  le  reste, 
la  priorité  des  observations  en  faveur  de  divers  botanistes,  A  mon  tour,  je 
viens  présenter  quelques  remarques  sur  les  remarques  provoquées  par  mes 
recherches.  Mais,  avant  de  suivre  le  savant  critique  dans  ses  objections,  je 
veux  remercier  notre  savant  confrère  d'avoir  inauguré  ses  communications 
à  la  Société  Botanique  de  France,  en  appelant  l'attention  du  monde  savant 
sur  un  sujet  dont  je  me  suis  personnellement  occupé,  et  l'assurer  de  la  sa- 
tisfaction avec  laquelle  nous  accueillerons  toujours,  même  si  elles  frappent 
sur  nous,  les  études  consciencieuses  qui  feront  profiter  nos  séances  de  la 
vaste  érudition,  de  l'habileté  à  observer,  de  la  hardiesse  et  de  la  largeur  de 
vues  de  l'école  allemande. 

J  aborde  maintenant  l'argumentation  exposée  par  M.  H.  Caspary  avec  un 
art  dont  je  le  félicite. 

1°  J'ai  trouvé,  dit  notre  savant  confrère,  un  petit  vaisseau  vers  le  sommet 
de  \a  jeune  tige  de  YAnacharis  Alsinastrum,  et  bien  que  ce  vaisseau  n'exis- 
tât plus  dans  la  tige  adulte,  il  renverse  la  classification  fondée  par  M.  Cha- 
tin  sur  l'absence  de  vaisseaux  dans  ses  Vallisnériées  (tribu  des  Hydrochari- 


SÉANCE   DU   27    FÉVRIER    1857.  157 

(lées  vraies  dans  la(|uelle  rentrent  \vs  Anac/tco'is,  et  plus  généralement  les 
Anachni'idres  d'iMullichcr).  Les  autres  Anacharidées,  ajoiUet-il,  out  proha- 
blement  aussi  des  vaisseaux  transitoires,  bien  que  sur  le  sec  on  ne  puisse  le 
constater.  --  \.e probablement  &?.\,  une  conjecture  rendue  assez  plausible  par 
quel(jues  faits  que  possède  la  science,  et  en  particulier  par  l'observation 
niénu'  de  M.  Cnspury  sur  l'A.  Alsinastrum^  obsci-vation  que  je  trouve  inté- 
ressante au  point  de  vue  de  l'organo^zéuie  anatomique,  mais  à  laquelle  on 
peut  opposer  (jue  l'existence,  et  même  la  structure  des  vaisseaux,  sont  par- 
faitement déterminables  sur  le  sec,  que  par  conséquent  le  fait  cité  se  perd 
dans  son  isolement.  Mais  je  dirai  plus  :  j'affirme  que,  fût-il  même  général, 
il  serait,  eu  égard  à  son  existence  transitoire,  sans  valeur  t'ixonomique. 
C'est  qu'en  effet  nos  classifications  reposent,  ou  sur  la  forme  première  fixe 
et  constante  qui  répond  à  la  graine,  ou  sur  les  plantes  considérées  à  l'état 
adulte  et  parfait,  nullement  sur  des  états  temporaires  ou  sur  des  fœtus  en 
évolution. 

M.  Caspary  rappelle,  pour  fortifier  la  thèse  élevée  sur  les  rares  vaisseaux 
transitoires  de  VAnachoris,  que  j'aurais  vu  moi-même  une  petite  trachée 
dans  le  Vallisneria,  type  de  la  section  ou  tribu  dans  laquelle  je  place  VAna- 
charis.  Mais  c'est  précisément  parce  que  j'avais  constaté  un  fait  de  même 
ordre  que  celui  observé  plus  récemment  dans  VAnacharis,  que  je  n'ai  pas 
attendu  jusqu'à  ce  jour  pour  considérer  la  signification  d'observations  dont 
je  rejette  l'importance  dans  la  classification,  non  par  ce  qui  pourrait  être 
considéré  aujourd'hui  comme  un  désir  de  défendre  mon  travail,  mais  au 
contraire  par  ce  motif  qu'elles  ont  été  mûrement  pesées,  il  y  a  déjà  long- 
temps, avec  un  esprit  parfaitement  libre  et  désintéressé.  J'ajouterai,  puis- 
que l'occasion  m'en  est  offerte,  que  de  très  jeunes  pieds  de  Vallisneria, 
que  je  viens  de  suivre  après  leur  germination  jusqu'à  une  longueur  de  trois 
centimètres,  n'offrent,  comme  les  pieds  adultes,  aucun  vaisseau  (1). 

2»  Kndiicher  a  décrit  comme  anatropes  les  ovules  de  V Hydrocharis  (la 
plus  commune  cependant  et  la  plus  connue  de  nos  Hydrocharidées),  dont 
mes  observations  ont  établi  l'orthotropie.  M.  Caspary  reconnaît  que  ces 
ovules  sont  en  effet,  comme  je  l'ai  signalé,  orthotropes  et  à  deux  tégu- 
ments (2).  J'ai  encore  le  bonheur  de  voir  M.  Caspary  confirmer  mes  obser- 
vations sur  l'anatropie  des  ovules  dans  le  Stratiotes  et  VOttelia,  ainsi  que 
sur  l'existence  d'une  double  membrane  ovulaire  dans  celui-ci. 

3°  ]M.  Caspary  assure  que,  dans  le  Vallisneria,  les  ovules  ont  une  double 

(1)  Le  pliL'nomcne  de  gyration  ou  de  rotation,  constant  dans  les  utricules  du 
Vallisneria  adulte,  ne  se  montre  pas  encore  chez  les  individus  longs  de  1-3  centi- 
mèlres. 

(2)  M.  le  professeur  Parlatore  était  arrivé,  de  son  côté,  au  même  résultat  sur 
rovulo  de  r Hydrocharis. 


158  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

enveloppe  (iiie  reiclioii  de  la  potasse  permettrait  de  bien  distinguer  à  un 
moment  donné  de  cette  action.  U  rappelle  (|'je  j'ai  moi-même,  dans  mes 
premières  observations,  admis  l'exislence  des  deux  membranes  autour  du 
nucelle.  Il  est  très  vrai  que  j'ai  d'abord  cru,  comme  le  fait  aujourd'hui 
M.  Caspary,  à  la  présence  de  deux  téguments;  mais  c'est  qu'alors  j'avais  été 
induit  en  erreur,  précisément  par  l'emploi  des  réactifs  cbimi([ues  qui  colo- 
rent diversement  la  portion  superficielle  et  la  partie  profonde  ou  inierne  du 
tégument.  Mais  je  ne  doute  pas  que  si,  comme  je  l'ai  fait  dans  ces  derniers 
temps,  i\f.  Caspary  suit  l'ovule  du  Vallisnen'a  depuis  la  première  appari- 
tion du  nucelle  jusqu'à  son  développement  parfait,  il  ne  reconnaisse  que  le 
tégument  est  simple.  Notre  confrère,  M.  Groenland,  dont  l'habileté  est 
connue,  et  qui  a  examiné  avec  moi  un  a^sez  grand  nombre  d'ovules  de 
Valiisneria,  u  hésite  p.is  à  admettre  aussi  l'existence  d'une  seule  enve- 
loppe. De  bonnes  oupes  transversales,  beaucoup  plus  propres  à  éclairer  le 
sujet  que  la  plupart  des  autres  modes  d'observation,  n'ont  pas  peu  contribué 
à  l'ormer  son  jugement. 

Que  si  j'avais  maintenant  à  me  justifier  d'avoir  un  moment  admis  deux 
téguments  dans  le  Valiisneria^ ']&  ferais  remarquer  que  ses  propres  obser- 
vations viennent  de  conduire  à  la  même  conclusion  le  savant  professeui-  de 
Bonn.  Kt  cependant,  quels  soin.s  notre  confrère  n'a-t-il  pas  appoi'tés  dans  un 
travail  qui  était,  par  son  objet,  un  travail  de  vérification  plutôt  qu'un  tra- 
vail spontané  ou  original. 

h"  M.  Caspary  dit  encore  que  les  ovules  du  Valiisneria  ne  sauraient 
avoir  leurs  téguments  formés  d'un  seul  rang  d'utricules,  aucune  plante, 
qu'il  sache,  n'ayant  d'enveloppe  à  un  seul  rang.  —  Pour  bien  comprendre 
le  fond  de  cette  grave  objection,  qui  touche  non-seulement  à  ce  qui  est,  mais 
à  la  possibilité  d'être,  il  faut  savoir  que,  d'après  une  théorie  ayant  cours 
en  quelques  contrées  de  l'Allemagne,  toute  membrane  ovulaire  est  un  repli 
qui  ne  saurait  se  composer  de  moins  de  deux  rangs  d'utricules,  par  ce  motif 
qu'il  serait  formé  de  deux  feuillets  adossés  l'un  à  l'autre.  Or,  ces  feuillets 
ne  pouvant  se  composer  chacun,  dans  l'hypothèse,  de  moins  d'une  assise 
d'utricules,  la  conséquence  simple  et  nécessaire  est  celle-ci  :  jamais  on  n'a 
vu  de  membrane  réduite  à  une  seule  rangée  d'utricules,  jamais  on  n'en 
verra.  On  comprend  que,  sur  ce  terrain,  la  discussion  ne  puisse  continuer. 
Cependant,  je  citerai  à  mon  honorable  contradicteur  ce  fait,  que  la  graine 
même  du  Valiisneria  a  pour  toute  enveloppe  deux  langees  d'utricules,  d'ail- 
leurs fort  différentes  l'une  de  l'antre,  ainsi  que  je  l'ai  fait  connaître  en  par- 
lant de  la  germination  du  Valiisneria.  Or,  si  l'on  considère  que  ces  deux 
rangées  d'utricules  répandraient,  ou  aux  deux  membranes  ovulaires  admise  ; 
par  M.  Caspary,  ou  à  une  membrane  unique,  on  est  conduit  a  ce  dilemme  : 
ou  il  existe  deux  membranes  dont  chacune  est  représentée  par  une  simple 
assise  d'utricules,  ou  il  n'y  a  qu'une  membrane  à  deux  rangs.  Quel  que  soit 


sÉANCK  DU  27  FKviui;n  !l857.  iôO 

le  choix  que  I  on  fasse,  il  resterait  établi  au  moins  que  l'une  des  deux  opi- 
nions soutenues  par  M.  Caspary  n'est  pas  l'ondée. 

Sur  celle  de  ces  opinions  qui  dénie  l'existence  de  téguments  ovulaires 
formés  d'une  seule  rangée  d'utricules,  et  qui  semble  importante  par  ce  mo- 
tif qu'elle  est  présentée  comme  l'expression  d'un  fait  {2;énéral,  j'ai  dit  qu'elle 
n'était  (|u'une  théorie,  une  vue  de  l'esprit,  et  qu'à  ce  titre  je  ne  la  discuterais 
pas.  Cependant,  dans  ma  eoiiliance  en  mon  honorable  contradicteur,  je  ne 
peux  m'empècher  d'en  appeler  de  M.  Caspary  théoricien  à  M.  Caspary 
observateur,  bien  sûr  que  le  second  convertira  le  premier,  [.es  membranes 
à  une  simple  assise  d'utricules  sont  assez  peu  rares,  surtout  parmi  les  es- 
pèces aquatiques  ou  parasites  et  les  plantes  glumacées,  pour  qu'en  choisissant 
convenablement  celles-ci  on  en  ait  observé  bientôt  une  somme  suffisante  pour 
ne  plus  di)uter,  non-seulement  de  leur  existetice,  mais  de  ce  (ju'on  pourrait 
presque  diie  leur  fréquence.  Que  si,  pour  persuader  par  avance  M.  Caspary 
que  ce  n'est  pas  en  vain  qu'il  s'engagerait  dans  cette  voie  de  recherches,  il 
fullaitciter  une  autorite  qu'il  tient  en  grande  estime,  je  rappellerais  que  notre 
distingué  confrère,  M.  Trécul  (dont  l'absence  regrettée  se  fait  trop  sentir 
dans  nos  séances),  vient  de  faire  connaître  que  les  ovules  du  Blé  [Triticum] 
ont  leur  primine  et  leur  secondine  formées  chacune  d'une  simple  assise 
d'utricules  (Trécul,  C.  rendus  de  l'Acad.  des  se,  XLIV,  p.  hU'ô  ,  avec 
une  planche).  Et,  puisque  j'ai  emprunté  une  citation  à  M.  Trécul,  je  me 
vois  à  peu  près  obligé  de  citer  aussi  un  de  nos  plus  savants  confrères,  qui  a 
dit  de  V Hijpopitys  :  «  Une  seule  couche  d'utricules  compose  le  tégument  de 
la  graine...  »>  (Duchartre, /^ryî^e  botanique,  II,  p.  16.) 

5°  Quant  à  ce  t[ue  l'orthotropie  des  ovules  du  Vallisneria  aurait  été  vue 
par  MM.  Treviranus  et  Schleiden,  je  ne  peux  que  dire  que,  lorsque  j'ai  fait 
mes  observations,  l'anatiopie  était  admise  en  France,  et  surtout,  parait-il, 
en  Allemagne,  où  Endliclier,  après  avoir  tracé  les  caractères  des  Hydro- 
charidees,  écrivait  cette  phrase  :  »  Embryonis  situia  orthotropum  contra 
Cl.  Richard,  quiillum  antitkopum,  extremitaie  radiculari  umbilico  et  dia- 
metro  opposita  describit,  in  plerisque  (jeneribus  confirmare  licuit.  »  —  Si 
cependant  mon  savant  critique  pense  que,  malgré  l'autorité  d'Endlicher, 
il  était  inutile  de  retrouver  l'orthotropie,  non  de  l'embryon,  mais  de  l'ovule 
du  Vallisneria,  il  me  restera  du  moins  à  me  féliciter  de  m'étre  rencontré 
iciavecdes  botanistes  aussi  émineuts  que  MM.  Schleiden  et  Treviranus,  et 
d'avoir  fait  adopter  de  tous  un  point  de  science  qui,  même  après  leurs  travaux, 
restait  méconnu  comme  après  ceux  de  Richard.  Qu'on  n'oublie  pas,  d'ail- 
leurs, que  l'ovule  anatrope  ne  prend  souvent  son  caractère  définitif  qu'aune 
période  très  avancée  de  son  évolution,  et  qu'on  pourrait  se  tromper  en 
(îoncUiant  à  l'orthotropie  d'ovules  anatropes  dont  on  n'aurait  vu  que  le 
premier  âge. 

6"    LWnac/iuris ,    ïL'lodea  el  le  Lagarusiphon   ont,    et  bur  ce  point 


160  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

M.  Casparv  confirme  mes  observations,  les  ovules  ortliotropes.  Mais  je  suis 
moins  heureux,  quant  aux  téguments  de  ces  plantes,  que  notre  confrère  dit 
avoir  vus  Ibrmés  iioiî  d'une  seule,  mais  de  deux  enveliippes.  C'est  encore  la 
potasse  qui  aui-ail  (ait  découvrir  que  le  tégument  est  double.  Je  n'ai  pu, 
par  l'emploi  du  même  mode  d'observer,  acquérir  la  certitude  de  l'existence 
de  deux  enveloppes.  Cependant,  n'ayant  pu  suivre  sur  ces  plantes,  comme 
je  l'ai  fait  pour  le  Vallisneria,  le  développement  des  ovules  sur  les  individus 
vivants,  j'attendrai  des  circonstances  d'observation  plus  favorables  avant  de 
contester  l'assertion  de  M.  Gaspary.  Et  comme  le  nombre  des  téguments 
importe  peu  à  ma  ciassiiication  des  Hydrorharidées,  il  rae  suflîra  delà  dé- 
gager d'un  caractère  qui  ne  pouvait  d'ailleurs  intervenir  que  dansdes  coupes 
secondaires. 

7°  Uu  mot  encore  sur  le  Lagarosiphon.  Harvey  a  figuré  avec  exactitude, 
dit  M.  Caspary,  les  ovules  du  Lagarosiphon  comme  orthotropes;  mais, 
ajoute-t-il,  il  a  commis  une  erreur  dans  la  description  de  la  graine,  en 
indiquant  la  radicule  comme  infère.  J'admire  vraiment  le  talent  que  notre 
cher  confrère  emploie  à  me  dépouiller,  l.à  c'est  avec  une  figure  de  Cl.  Ri- 
chard (et  combien  de  dessins  de  ce  savant,  d'ailleurs  justement  renommé, 
sont  inexacts  en  ce  qui  touche  les  Hydrocharidees)  sur  la  graine  de  \'Elo- 
dea,  qu'il  établit  que  je  n'avais  vraiment  que  faire  à  dire  que  l'ovule  de 
cette  plante  est  orthotrope;  ici  c'est  malgré  la  figure  de  la  graine  du 
Lagarosiphon  qu'il  veut  faire  remonter  à  Harvey  la  première  observation 
sur  l'orthotropie  de  l'ovule  de  cette  plante.  Mais  peut-on,  je  le  répète, 
oublier  que  l'orthotropie  n'est  que  le  premier  âge  de  l'anatropie,  et  que 
la  graine  doit  toujours  faire  autorité  sur  l'ovule:  que,  par  conséquent,  il 
est  impossible  de  conclure  à  un  ovule  orthotrope  d'une  graine  à  radicule 
infère. 

8"  Quant  à  Vffi/drilla  proprement  dit,  je  dois  avouer  que  n'ayant 
examiné  que  des  ovules  de  VHydrilla  rnuscoules  Planch.  appartenant  à  la 
section  Lagarosiphon,  et  ayant  de  leur  examen  conclu  pour  le  genre  entier, 
en  adoptant  la  réunion  faite  par  MM.  Presl  et  Planchon,  je  n'ai  aucun  iuo- 
tif  pour  contester  l'exactitude  des  observations  de  M.  Caspary,  qui  con- 
firme, quant  à  VHydrilla,  celles  de  Cl.  Richard  adoptées  déjà  par  Endli- 
cher.  Je  pense,  dès  lors,  que  c'est  avec  raison  que  M.  Caspary  sépare  de 
nouveau  ûcV Hydrilla  vrai  le  Lagarosiphon, daws  lequel  il  reconnaît  l'exis 
tence  d'ovules  orthotropes. 

Le  second  caractère  de  séparation  des  deux  genres  tiré  des  ovules  qui, 
au  lieu  d'être  tous  dressés  comme  dans  le  Lagarosiphon,  sont  dans 
Vffgdrilla,  les  inférieurs  pendants,  les  supérieurs  ascendants,  est,  il  faut  le 
reconnaître,  un  point  d'organisation  d'autant  plus  important  qu'il  se  lie  à 
une  inversion  dans  l'évolution  des  ovules,  les  premiers  tournant  leur  mi- 
cropyle  vers  le  sommet  de  l'ovaire,  auquel  les  seconds  présentent  au  cou- 


SKANCE    DU    27    FKVKIKFl    1857.  161 

traire  leur  dos.  C'est  pourquoi  je  vois,  dnns  la  (iiifércnce  de  structure  et  de 
direction  dos  ovules  du  Lagarosiplion  et  de  V Ilijdrilla^  doux  fois  plus  de 
motifs  qu'il  u'ou  faudrait  pour  justilier  la  soparaliou  de  ces  deux  genres, 
que  dès  lois  j'adopte  pleinomont  avec  M.  Caspai'y,  et  qui  devront  même, 
nonobstant  leurs  ressomhlances  extérieures,  être  placés  plus  loin  l'un  de 
l'autre  que  le  pren)ier  ne  le  sera  de  \' Udora  ou  Elodea;  les  fleurs  mâles  à 
spathe  nuillillore,  dans  le  seul  Lagarosiphon,  viennent  encore  corroborer 
cette  conclusion.  Toi  est,  d'ailleurs,  le  sentiment  de  M.  Caspary  qui,  dans 
son  Conspeclus  IJijdriUearuin,  met  V Elodaa  entre  V Htjdrillu  et  le  Lagaro- 
siphoii.  On  va  voir  que  cette  séparation  doit  être  plus  complète  encore. 

9"  J'arrive  enfin  à  la  dernière  objection  de  M.  Caspary,  la  plus  grave, 
celle  que  les  autres  n'ont  fait  que  préparer,  et  qui  est  en  réalité  le  but  et  la 
conclusion  de  tout  le  travail  critique.  Elle  peut  être  ainsi  formulée  : 
M.  Chatin  a  partagé,  d'après  leurs  ovules,  les  Hydrocbaridées  en  Ottélia- 
cées  caractérisées  par  l'anatropie  des  ovules,  et  en  Hydrocbaridées,  celles-ci 
conservant  seulement  les  genres  à  ovules  orthotropes.  Or,  VHijdrilla  a,  en 
realité,  des  ovulos  analropes  et  ne  peut  être  séparé  de  ses  plus  proches  voi- 
sins, V Elodea  (1)  et  \e  Lagurosip/tori',  donc  la  division  proposée  ne  sau- 
rait être  adoptée. — Distinguons,  .l'admets,  avec  Kndiicber,  M.  Caspary,  etc., 
l'anatropie  dans  VHydriUa;  mais  je  pense  que  la  conséquence  {|u'en  tire  ce 
savant,  parfaitement  légitime  dans  l'état  où  était  la  science  il  y  a  quelques 
années,  ne  saurait  plus  l'être  depuis  que  les  beaux  travaux  de  M.  I.  Geof- 
froy Saint-Hilaire  sur  les  séries  parallèles  ont  ouvert,  non  pas  seulement 
aux  zoologistes,  mais  a  tous  les  naturalistos,  que  ceux-ci  soient  botanistes, 
minéralogistes,  etc.,  un  nouvel  horizon.  Aussi,  loin  de  laisser  V Hydrilla 
accolé  au  Lagarosiphon,  etc  ,  le  transporterai-je  parmi  les  Ottéliacées, 
dans  le  groupe  des  Enhalécsoù  il  ligurera  le  dernier,  parallèlement  au  La- 
garosiplion  et  à  V Anackuris  ou  Elodea.  Si,  dans  la  classification  parallèle 
que  j'adopte,  V Hijdrilla  n'est  pas  au-dessus  ou  au-dessous  du  Lagarosiphon, 
il  est  à  ses  côtés,  à  la  même  hauteur,  reste  par  conséquent  son  voisin,  mais 
sans  que,  pour  réaliser  ce  voisinage,  le  bolaniste  soit  contraint  de  sacrifier 

(1)  M.  Caspary,  (pii  s'est  livré,  sur  les  plantes  dont  il  est  ici  question,  ù  des  obser- 
vations suivies,  dont  les  résultais  sont  consignés  dans  son  Conspechis  systematicus 
Hydrillearum  (Berlin,  1857),  ayant  observé  des  formes  polygames,  etc.,  de 
YVdora[Elodea)  que  caractérisaient  leurs  fleurs  hermaphrodites,  et  de  VA7iacharis, 
dont  l'existence  reposait  sur  la  dioïcité,  oprrc]  avec  raison  la  fusion  de  ces  deux 
genres.  Mais  si  nous  appiouvons  celle-ci  sans  réserve  ,  nous  n'en  dirons  pas  tout  à 
fait  autant  du  nom  du  nouveau  genre,  pour  lequel  Tauteur  préfère  celui  d'Elodea 
(déjà  donné  par  Nultail  à  des  Hypericum  dont  plusieurs  portent  encore  le  nom 
iVËlodes  Adans.  Spach.),  à  ceux  d'Aiiacharis  ou  (k'Udora,  dont  l'emploi  ne  don- 
nerait lieu  à  aucune  confusion  ou  explication  synonymifjue.  l'ourquui  surtout  ne 
pas  conscr\er  le  nuni  (VAnavhuiis,  du  à  C.  f.icliard  comme  celui  d'/v'/o(/co  ? 

T.    IV.  Il 


162  SOCIÉTÉ    BOTAISIOLE    DE    FRANCE. 

le  caractère  imporrnnt  tiré  de  Tovule,  aiiatrope  dans  l'un,  orthotrope  dans 
l'autre,  .le  dirai  même  plus: c'est  que  ma  famille  des  Ottéliacees  atleiulait, 
pour  èire  parallèle  de  tous  points  avec  les  Hydrocharidées,  que  l'un  des 
genres  amcharidoïdes  \int  en  faire  partie.  Le  seul  et  très  petit  change- 
ment qu'il  y  ait  à  faire  aux  Enhalées  pour  y  faire  entrer  VHydrilla,  est  de 
taire,  dans  les  caractères,  la  nature  simple  ou  double  de  l'enveloppe  ovii- 
laire.  Alors  nous  avons  la  classification  suivante,  qui  ne  diffère  en  réalité, 
de  celle  que  nou.s  avons  d'abord  indiquée,  que  par  le  déplacement  de 
YHydrilla. 


OTTÉLI.ACÉES.  —  Ovules  aiiatropes. 

A.  Otti-liées.  — Axes  et  feuilles  tous 
vasciilciires.  Des  sloinalcs.  Plantes 
flolianles. 

Ottelia. 

B.  Enhalées.  — Axes  cl  feuilles  cellu- 
laires ou  incomi)lélemout  vascnlaires. 
Pas  de  sloniates.  Plantes  inimerf,'ées, 

Stratioles. 

Enhalus. 

Hydrilla. 


IIYDIIOGIIAIUDÉES.  —  Ovules  orlho- 
Iropes. 

A.  liYDP.OGHARÉES.  —  Axcs  et  feuilles 
tous  vasculaircs.  Des  stomates.  Plantes 
flolianles. 

Hydrocharis.  Limnobium,  Bootia? 
(o\ules,  etc.,  à  observer). 

B.  Vallisnériées.  —  Axes  et  feuilles 
non  vasculaires.  Pas  de  slomaies. 
Plantes  immerfjées. 

?  Blt/xa  (ovules,  etc.,  à  observer). 

VaUisneria. 

Elodea  ou  Anacharis,  Lagarosiphon. 


.!e  n'ai  pu  observer  encore  le  Bootia  et  le  Blyxa  :  l'examen  des  ovules  dé- 
cidera de  leur  place  parmi  les  Hydrocharidées  ou  les  Otteiiacées;  on  peut 
seulement  prévoir,  en  raison  du  mode  de  vivre  de  ces  genres,  dont  le  pre- 
mier a  des  feuilles  flottantes  tandis  que  l'autre  serait,  d'après  les  descrip- 
tions qui  en  sont  données,  immergéj  que  celui-là  est  vasculaire,  et  prendra 
place  dans  les  Hydrocharées  ou  les  Otléliées,  mais  que  celui-ci  est  plus  ou 
moins  cellulaire  et  viendra  se  ranger  parmi  les  Vallisnériées  ou  les  Enhalées. 
M.  Caspary,  qui  par  ses  voyages  jouit  des  richesses  l'éparties  entie  les  di- 
vers herbiers  de  l'Europe,  qui  fait  des  plantes  aquati(jues  l'objet  proféré  de 
sei  études,  et  à  qui  la  science  doit,  en  particulier,  des  recherches  fort  éten- 
dues sur  les  principaux  genres  des  Hydrocharidées,  sai-ira,  j'en  exprime 
l'espoir,  la  première  occasion  pour  fixer  la  nature  orthotrope  ou  anatrope 
de  l'ovule  des  curieux  Blyxa  et  Bootia. 

Je  ne  finirai  pas  sans  offrir  mes  remercîments  à  M.  Caspary,  pour  son 
empressement  à  me  confier  le  manuscrit  et  les  nombreux  dessins  de  sou  in- 
téressant travail  s\ir  les  UyJriliées. 


M.  Lagrange  fait  à  la  Société  la  coiiimuiiicalion  suivante  : 


sÉANOii  nu  27  M  viîiKr.  1857.  165 

NOTE  DE  11     l.\UK\yUi:  SLll  UN  NOUVEAU  C.Wii'.V  TUOUVÉ  DANS  LA  BUESSE. 

J'ai  riutiiiK  III-  (If  picM'iitcr  a  la  Société  une  plante  fint  intéressante  qui  a 
éle  trouvée  i).iiii'  la  preiDJeie  lois  aux  environs  de  Loulians  (Saône-et- Loire) 
par  M.  Moniez,  professeur  de  n)alhemati(Hies  au  collège  de  cette  ville. 

(>.  botaniste  (jui,  depuis  (|uel(|ue.s  aonées,  étudie  avec  ardeni'  la  flore 
don  pays  très  imparlaiteinent  exploré,  ne  pouvait  maixjuer  de  l'aire  quel- 
(|ues  découvertes  heureuses  pour  la  science;  aussi,  dans  les  premiers  jours 
de  juin  1856,  il  trouva,  à  k  kilomètres  de  l.ouhans,  sur  les  bords  d'un 
etaii;,  un  Cnvex  qui  lui  était  ineonnn  et  qui  se  présentait  dans  les  condi- 
tions suivantes  :  il  croissait  au  milieu  de  saules  et  d'aulnes,  sur  le  revers 
extérieur  d'inie  digue  l'ormant  le  péiimètre  de  l'étang;  placé  la  dans  une 
position  un  peu  élevée  relativement  aux  eaux,  et  sur  une  partie  de  la 
digue  directement  exposée  au  nord,  il  formait  quatre  ou  cinq  touffes 
énormes  donnant  niv.issance  chacune  à  des  centaines  de  tiges.  Le  terrain 
était  de  nature  argilo-silieeuse  faisant  partie  du  reste  des  anciennes  allu- 
vions  de  la  Bresse,  dans  les(|uelles  Louhans  se  trouve  encore  placé. 

M.  iVJoiiiez,  ne  pouvant  arriver  à  la  détermination  de  cette  plante  et 
voulant  s'éclairer  de  quelques  avis,  en  envoya  plusieurs  échantillons  a 
Beaune,  a  Dôle,  a  Besançon  et  même  a  Dijon.  —  Si  les  botanistes  qui  ont 
étudié  ce  Carex  ne  sont  arrivés  a  aucun  résultat,  c'est,  je  crois,  parce  que, 
rejetant  tout  d'abord  loin  d'eux  l'hypothèse  qu'il  pouvait  s'agir  d'une  es- 
pèce nouvelle,  et  prenant  poui-  point  unique  de  comparaison  des  Carex  de 
la  tlore  de  France,  ils  cherchaient  et  voulaient  absolument  trouver  des  affi- 
nités qui  n'existaient  réellement  pas.  Quoiqu'il  en  soit,  je  vais  avoir  l'hon- 
neur  d'exposer  a  la  Société  le  résultat  de  mes  recherches,  résultat  qui  me 
conduirait  à  regarder  cette  plante  comme  entièrement  nouvelle. 

Comparé  aux  espèces  indigènes,  le  Carex  dont  il  s'agit  trouve  naturelle- 
ment sa  place  entre  le  C.  vidpinn  et  le  C.  paradoxa;  il  établit  un  passage  de 
l'un  à  l'autre,  en  comblant  cette  grande  lacune  qui  existe  pour  la  France 
entre  le  groupe  des  Vulpinœ  et  celui  des  Panicuiatœ.  Je  dois  cependant 
ajouter  que  ses  utricules  très  petits,  paucinerviés,  que  la  forme  remar- 
quable de  ses  écailles,  que  ses  bractées  filiformes,  que  son  faciès  propre  le 
tiendront  toujours  à  une  assez  grande  distance  de  ces  deux  groupes  pour 
qu'il  y  ail  lieu  de  créer  pour  lui  un  nouveau  groupe  intermédiaire  dont  il 
sera  l'unique  représentant.  —  Mais  si  nous  quittons,  non-seulement  la 
France,  mais  l'ancien  continent  pour  le  nouveau,  nous  trouvons  un  Carex 
de  physionomie  tout  a  fait  semblable  au  nôtre,  ayant  les  mêmes  utricules 
et  les  mêmes  bractées  ;  c'est  le  Carex  multiflora  MuehI.,  commun  dans 
l'Amérique  septentrionale. 

lui  comparant  ces  deuN  planits,  ow  est  de  suite  frappé  par  un  caractère 
dislinctif  saillant  que  fournissent  les  écidlles  florales  fertiles  :  celles-ci,  dans 


16A  SUCIÉIÉ    r>OTAMt!LK    DK    I  UAX'.i:. 

le  Carex  aincricaiii,  sont  étroites,  ovales-aiguës,  plus  ou  moins  arislées  ;  dans 
le  Carex  de  Louhans  elles  sont  presque  aussi  larges  que  longues,  obovaies, 
echancrées  et  lo\iguement  mucionees.  Ces  caractères  sont-ils  constants? 
Telle  est  la  première  question  que  je  me  suis  faite.  La  réponse  me  semble 
devoir  êtreaflirmative,  si  je  m'en  rapporte  du  moins  aux  données  acquises 
jusqu'à  ce  jour.  —  Eu  effet,  si  les  observations  faites  sur  le  Carex  de 
Loubans  représenté  seulement  par  quelques  individus  (6-7)  sont  restreintes, 
il  n'eu  est  pas  de  même  de  celles  qui  ont  eu  pour  objet  le  Carex  américain. 
J'ai  pu  étudier  celui-ci  sur  de  nombreux  échantillons  dans  les  principaux 
herbiers  de  Paris.  Qu'il  me  soit  permis  de  remercier  ici  M.  J.  Gay  et  mon 
excellent  confrère  M.  Cosson,  qui  ont  bien  voulu  mettre  a  ma  disposition 
leurs  riches  collections  de  Carex,  et  chez  lesquels  on  est  toujours  sûr  de 
trouver  l'accueil  le  plus  cordial.  Or,  les  écailles  florales  se  sont  toujours 
rencontrées  avec  les  mêmes  caractères.  —  D'une  autre  part,  les  auteurs, 
et  je  citerai  en  particulier  les  américains,  tout  en  mentionnant  les  nom- 
breuses variations  du  Carex  multi/îura,  relatives  les  unes  a  la  grandeur  et 
a  la  forme  de  l'utricule,  les  autres  aux  moditications  du  rostre,  ont  toujours 
été  muets  en  ce  (jui  concerne  les  écailles  llorales,  et  il  n'est  pas  probable 
(|uun  caractère  aussi  saillant,  s'il  avait  existé,  eût  échappe  aux  investigations 
des  auteurs. 

.le  crois  donc  être  fondé  à  admettre  aujourd'liui  le  Corex  de  Louhans  au 
rang  d'espèce  nouvelle,  et  je  résumerai  les  motifs  de  ma  détermination  en 
disant  qu'il  se  distingue  du  C.  raultiflorn  MuehI.,  surtout  par  ses  remar- 
quables écailles,  ensuite  par  ses  feuilles  caualiculées,  par  ses  tiges  presque 
lisses,  et  enfin  par  sa  station  dans  un  point  du  globe  de  longitude  si  diffé- 
i-eiile.  —  Je  propose  de  lui  donner  le  nom  du  botaniste  qui  l'a  découvert, 
c'est-à-dire  de  l'appeler  Carex  Moaiezi.  —  Je  ne  sais  quel  sera  le  sort  du 
Carex  louhannais  dans  un  avenir  plus  ou  moins  éloigné,  et  lorsque  des  ob- 
servations plus  nombreuses  auront  été  recueillies;  mais,  quoi  qu'il  arrive, 
qu'il  doive  être  maintenu  comme  espèce  ou  qu'il  soit  reconnu  plus  tard 
n'être  qu'une  variété  du  C.  multijlora  MuehI.,  la  présence  dans  le  bassin 
de  la  Bresse  d'une  plante  appartenant  à  un  type  tout  à  fait  américain, 
sera  toujours  un  fait  de  géographie  botanique  des  plus  intéressants. 

Carex  Moniezi  ]Nob. 

Spiculis  compositis,  androgynis,  superne  mascuiis,  in  spicam  elongatain 
dispositis,  superioribus  conlluentibus,  cœteris  subdiscretis;  stigmatibus 
binis;  utriciilis  minimis,  paucnierviis,  squamam  emarginatam  longeque 
nuicronatam  buba-quanlibus  :  bracleis  iiliformibus  ;  foliis  canaliculatis, 
eauliuis   2-3    superioribus  culnumi    lae\eni  vel  scabriuseulum   superan- 

tibus. 

Rhizomn  ramosissiraum  densissimequc  Cicspitosum.  Folln  canaliculata, 


sr.A>ci;  iiu  ?.7  lÉviiii.it   is:;7.  Itib 

rnrissimc  plana,  al),^ll^tissilna  nempc  l-'J  niilliinetia  lata,  lu'te  viridia, 
excepta  Itasi  iiiarj;ine  scabra  ;  nilir.ea  iiifcriora  hievia,  'i-o  siipcriora  culino 
loimioia,  vajiiius  inteuris,  magis  miiiubve  iml)ricatis,  lij;ula  milla  vel  sub- 
milla  oblusissimaqiio.  (-'nlmus  erectiis,  5-7  decimetra  altns,  uif^oiuis,  acii- 
tanguhis,  l;r.vis,  raiius  scaber,  usquc  ad  médium  circitcr  loliatus,  supenie 
luidus.  Bnictpœ  t'oliacea;  liliformes  aiit  etiam  ai-istiformes,  iii(im;r.  majores, 
a  basi  ad  apieem  spica*  gradatim  longitudine  immiiuitœ.  SpienUc  uume- 
losio,  composita'.,  ovato-oblongae,  in  spicam  elougatam  seu  paniculam 
angustissimc  coarctatam  digestœ,  supciiores  confluentes,  infimîc  basi  sub- 
approNimatae.  Squonur  fertiles  membranacea>. ,  byalino-ferrugiueae ,  late 
obovata?,  valde  emarsinatae  lobulis  apicalibus  obtusis  fimbriatis,  trinerviœ,, 
nervis  subcontiguis  in  mucronem  viridem  elongatiimquecoeuntibus.  Stylus 
bilidus,  basi  bulboso-incrassatus.  Utriculi  minirai,  ovati,  plano-convexi, 
dorso  tri-quinquenervii,  anlice  obsolète  bi-trinervii,  in  rostrum  gracile 
utriculo  ipso  subaîquilongiim,  bifidum,  raargine  leviter  serrulato-scabrum 
acuminati.  Achœnium  snbrotundum  basi  attennatum  et  substipitatum. 

In  prefecturaiS«one-^^/.o?Veprope  Lœvincum  fLonhaus)  ad  ripas stagni. 
—  Api'ili  floret,  juIio  fructus  maturat. 

('.  muld/lorœ  xMuehI.  valde alfinis,  differt  imprimis  squamis  fertilibus 
late  obovatis  emarginatis  longeque  mucronatis,  née  unquam  ovato-aoutis, 
foliis  canaliculatis,  et  culnio  lœvi  vel  seabriusciilo. 

A  la  suite  de  eette  roniniunication,  M.  J.  Gay  fait  les  observations 
suivantes  : 

Ce  l'ait  d'un  Carex  nouveau  pour  la  France,  qui  a  son  affinité  la  plus  pro- 
cliaiuedans  un  Cflrej?  d'Amérique,  rappelle  à  M.  Gay  le  fait  tout  semblable 
d'un  autre  Carex  dont  il  a  jadis  esquissé  l'histoire  sans  l'avoir  publiée.  Il 
s'agit  du  Carex  yrisea  Viv. ,  espèce  très  rare  de  la  Ligurie  orientale  et  du  tei- 
ritoire  pisan,  si  rare  qu'on  a  pu  longtemps  douter  de  son  indigénat,  quoi- 
que ces  doutes  paraissent  aujourd'hui  dissipés.  Peu  d'auteurs  en  ont  parle 
jusqu'ici,  et  tous  l'ont  comparée  aux  Ca7'ex  tristigmatiques  de  la  section 
spicissexudistinctis  {C.  pallescens,  panicea,  rotundata,  brachystachys  et  to- 
mentosa).  Mais  c'est  dans  la  section  spicis  lateralibus  fœmineis,  terminait 
ondrogynô,  basi  masculà  qu'il  faut  chercher  sa  véritable  affinité.  Là  se 
trouve  en  effet  le  Carex  virescens  Muhlenb.,  avec  lequel  le  C.  yr/sea  a  de 
tels  rapports,  que  M.  Gay  n'a  pas  su  l'en  distinguer  spécifiquement.  Le 
C.  fjrisea  devient  pour  lui  C.  virescens  ^  grisea,  ainsi  qu'il  résulte  de  la 
notice  par  lui  écrite  en  août  1838  et  que  nous  reproduisons  textuellement 
ici.  L'auteur  n'y  a  rien  ajoute,  si  ce  n'est  la  citation  de  deux  textes  posté- 
rieurs a  sa  date  et  une  uoted'où  il  résulte  que  la  plante  est  réellement  spon- 
tanée sur  la  côte  orientale  du  golfe  de  Gènes. 


16(i  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FHANCE. 

('arex  virescens  P  Grioleti  J.  Gay. 

C.  cuimo  foliisque  <ïla!)ris;  spiculis  5-6  crectis,  terminal)  longissimâ, 
gracili,  tolA  masciilâ,  vel  hasi  loeiiiiicâ,  reiiqiiis  fœmineis,  cylindraceis, 
foliaceo  bracteatis,  iiifimâ  remota,  pedunculatâ,  2-3  inferioriim  sqviamis 
inferioribus  sterilibus;  ulriculoium  nervis  3  anticis  in  fasciam  linearem 
aibidam  lon^iiusculam  supernè  confluentibus. 

Carex  grisea.  Viv.l  FI.  ital.  Fragm.  in  ejusd.  Ann.  di  Bot.,  1,  part.  2* 
(180/i),  p.  186,  tab.  35  (quœ  icon  vcrisimiliter  nunquam  prodiit,  deside- 
raJur  enim  in  tribus  à  me  collatis  libri  exemplaribus).  Stirpem  ibi  fusiùs 
descriptam,  quamvis  à  nemine  bucnsque  citatam,  in  berb.  Ventenatiano 
nùne  Lesseriiano  vidi,  ab  ipso  auctore  missani.  Eadem  quoque  nomine 
eodem  in  berb.  t^ontanesiano  nunc  Webbiano  exslat,  à  Savio  missa.  Defi- 
nitionem  ex  Vivianii  opellâ  excerptam  conféras  apud  Roem.,  CoUect.  Bot. 
(180D),p.  290. 

C.  Grioleti.  BertoL!  in  herb.  Roem.  —  Roem.  in  Schk.,  Car.  svppl. 
(1806),  |).  76,  tab.  Rrrr,  (ig.  209  [ex  herb.  RicU).  —  Spreng.,  Sgst.  veg., 
m  1826),  p.  821.  —  KnnfJ),  Enum.  II  (1837),  p.  ^/il.  —  Parlât.,  FI. 
fiai. ,11  (1852).  p.  163.  —  BertoL  FI.  liai.  X  (I85ù),  p.  95. 

Plantarum  curiosus,  Grioiet  PeLili,  stirpem  olim  ad  Vivianium  misit,  et 
prope  Levante  locis  spongiosis  lectam  perbibuit,  undè  eadem,  per  Vivia- 
nium,  quasi  l.igarise  orientalis  civis,  m  Roemeri  atciue  Scbkuhrii  manus 
venit.  Ego  vero  ex  America  ortam,  et  in  horto  quodam  cultam,  vel  cum 
navium  saburrâ  fortuite»  introductam,  posteàque  exstirpatam,  vebementer 
suspicor,  in  (|nâ  opinione  eo  magis  confirmor,  quod  neque  Bertolonius, 
strenuus  plantarum  Ligusticarum  scrutator,  neque  ullus  Italorum,  indè 
abanno  180^,  meiitionem  ejus  vel  minimam  fecerit  (1). 

Culmus  1-2  pedalis,  erectus,  acute  trigonus,  scaber.  Folia  radicalia,  cum 
radiée,  desiderantur.  Folium  caiilinum  adesl  in  uno  specimine,  à  spiçutâ 
imâ  longé  remotum,  pedem  longum,  totum  quantum  glabenimum,  vaginâ 
triunciali,  tubuiosà,  obtuse  trigonâ,  Ifevissimâ,  limbo  piano,  sesquiiineam 
lato,  margine  serrulato-scabro.  Spiculae  5-6,  omnes  erectse  ;  terminalis  1-2 
(imô  ex  Viv.  3-)  uncialis,  gracilis,  in  uno  speeimine  tota  ma5:cula,in  altero 
basi  imâ  fœminea  (ex  toto  masculam  Vivianius  describit),  squamis  arctè 
imbricatis.  elliptico-laneeolatis,  obtusis,  tulvis,  triandris,  nervo  carinali 
viridi,  infra  apicem  evaneseente,  filamentis  capillaribus,  squamam  deniùra 
longé  superantibus,  antberis  non  visis;  reli(inœ  spicuiœ  fœmineœ,  mia  al- 

(1)  Ad  rivulos  inontis  Pisani  rêvera  crescere  pl.mtam,  ami.  18/j3  cl.  Petr.  Savi, 
misse  speciiiiine,  nos  duciiil,  quod  ami.  1852.  cl.  l'aihitore  I.  c.  coiilirmavii,  Ad- 
dendiis  el  lociis  natalius  terliiis  ab  Berlolonio  luiper  iiolalus,  vailes  circa  villam 
Leyt  prope  Clavaruin  Ligurià  orientali  (coiif.  Berlol.,  /.  c). 


SÉANCE   nu   27    FÉVRIER    1857,  167 

tern.vesuperior  masculsp  valdè  approximata,  plané  sossilis,  ovoiflea,  breviiis 
i)r;u'lcat<i,  iiilermi'diai  distiiictcC,  neo  coiidiieiiU's,  suhsessilcs,  cyliiidraccae 
7  8  lin.  loiiyœ,  foliaceo-braotealae,  infeiior  mox  doscriptis  similis,  scd  2-3 
iiiicias  remota,  et  pe.Imiculata,  bi-acteâijue  lon|.;iore  munita,  pedunculo  10-12 
lin.  loni^o,  fil  formi,  triquetro,  scabenimo,  bnu-teâ  ciilir.um  supeiante,  5-7 
iiiu'.  loniié,  basi  vagiiia'à,  limbo  piano,  1  1/2  lin.  lato,  basi  interna  pilis 
panrissiniis  sparsis  vestito,  caeteiùm  a,\nbw,  vaginâ  brevissirnâ,  1  1/2 
3  1/2  lin.  lonjiâ,  tolâ  f:labiâ  et  tubniosâ,  pedunculmn  muito  lon^ioreni  hasi 
incliidente.  Squaniœ  fœinincse  ovato-ohionu»,  aciiniinatœ,  h\  alino-albidae, 
cariiiâ  laîtè  viridi,  Iruotifeiaî  laxiusciilœ,  utriculo  brevioies  angustiores- 
((ue,  persistentes,  neccaducœ,  inlerioium  7-10,  inspicnla  infVridi-e  (non  ita 
in  spic'ulis  snpei  ioribus,  vel  saltem  pauciores  mulio)  vaeuac  !  rachi  ad- 
pressœ,  unde  spicula  basi  in  cuneinn  attenuata.  Utriculi  sessiles,  viiides, 
membianacei,  unam  lineam  vix  longi,  vixque  dimidiam  lati,  erostres,  ob- 
tuse tiigoni,  apice  et  pi-ee^ertiiTi  basi  attenuati,supernè,  iniprimisad  latera 
et  utiâ :|ne  parte  hispiduli,  iiUeniè  glabii,  posticè  énerves  vel  obseuriùs 
nervati,  anlicè  5-6  nervii,  nervis  plus  minus  distincfis,  3  intermediis  fili- 
formibus,  approxiniatis,  supcrnè  in  fasciam  longiusciilam,  albidam,  linea- 
retn  cocuntihus  (quod  quidem  in  stirpe  maxime  notabile!),  rostello  bre- 
vis^imo,  cylindrico,  toto  albido,  ore  integerrimo,  vel  obseuriùs  bidentato. 
Aohseiiiiiin  (maturuin)  sessile,  utricuium  replens,  ellipsoideo-obloiigum, 
apice  bisique  attenuatum,  obtusiiisculé  trigonum,  fuscmn,  distincte  gra- 
nulatum,  basi  persistente  styli  coronatum,  angulo  tertio  nùnc  anlico  nùnc 
postico,  undè  utriculus  nùnc  anlicè  nùnc  posticè  carinato-convexus.  Stylus 
brevissimus,  ro>tellum  vix  sequans,  giacilis,  proximè  supra basim  fragilis. 
Stiginata  3,  capillaria,  ferruginea,  longitudine  ferè  utriculi. 

Obs.  —  Stirpem  Viviaiiius  cum  C.  pallescente  et  panicm  comparavit, 
Schkuhrius  rotundatam  inter  et  bracivjstachym  interposuit,  Kunlhius  tan- 
dem post  C  tomentosam,  quasi  formam  ejus,  spiculis  distantibus,  pedun- 
culatis,  squaraisque  fœmineis  byalino-albidis  diversam,  enumeravit.  Qui 
verô  omnes,  cùm  affinitatem  siirpis  inter  species  sexn  distinctas  quœsive- 
rint,  à  scopo,  ni  vaidè  fallor,  maxime  aberrarunt.  iVîihi  enim  stirps,  nullis 
arctè  speciebus  cognata  videtur,  nisi  illis  quibus  spicula  terminalis  andro- 
gyna,  basi  mascula,  reliquse  fœminca;,  inter  quas  C.  virescenti  tàm  pn  pè 
accedit,  utomninô  non,  nisi  varietatis  iege,  distinguere  valeam.  Ligusti- 
cam  l'ormam  ab  Ameiieanâ,  primo  intuitu,  amovere  videntur  l'olia  giabra, 
née  (ùlosa,  spieula  terminalis  tota  mascula  vel  basi  l'œminea,  nec  basi  mas- 
cula, spicuiae,  (juo(|ue,  fœminese  plures,  latis  bracteis  munitœ,  (|uae  iii 
virescente  Americanà  omninô  sessiles  vel  suhsessiteset  subula'.o  bracteatœ, 
utriculus  denique  rostellatus  (non  muticus),  magis  birsutus,  nec  antieè 
albo-fasciatus.  Has  verô  differentia.s  omnes,  in  C.  virescente  aut  proximè 
aflinibus,  variabiles  comperio.   Foliis  glabris  virescentem  ludere,  Miiblen- 


'les  scr.iÉTi;  iiotamqlc  m:  iiuntr. 

beigiiis  tuliiotavit  [Descripl.    ubo'.,   p.  233),  nei'  iii   C.  (jriokti  piorsiis 
glabia  esse,   specimiiia   à   inc    visa   doceiit.    Vaiictaten»  pedunciilatani  in 
C.  Idrsutû,  specie  pi'oxiinè  arfiiii,  Toneyus  memorat  [Ann.  of  tke  Lyc.  I, 
p.  323,  III,  p.  608);  exstant  quoque  specimina  \<p?,\wsvirescentis,  Novebo- 
racensia,  à  me  visa,  quibiis  podunculus  5-6  lin.  loiigus  spiculam  inferio- 
rem  sustentât.  Spiculam  terminalem  in  virescente  aliquando  totam  mascu- 
lam,   sed  graciiem  et  8  lin.  maximum  longani,  occuirere  è  speciminibns 
Ameiicanis  ipse  quoque  cognovi.  Nec  discrimen  stabile,  ipsa  uti'iculi  fascia 
offert,  cujiis  indicium  manifestissimum  in  virescentia  ^ovmA  macrostaebyà 
observo.  Nostra  igitur,  cum  virescente  comparata,  non,  nin  spiculis  fœmi- 
iieispluribus  (4-5,  non  2-3),  intima  basi  stcrili,  et  spiciila  masculâ  dimi- 
dio  vel  eliam  quadruplo  longiore,  utriculis  tandem  parciùs  hispidis  et  ros- 
tello  magis  distincto,differre  oensenda  est,  notis  scilicet  pei-  totam  Caricum 
gentem  fallacissimis.  Stiipem  eigo,  origine   dubiam  nec  nisi  ex  diiobus 
speciminibus  cognitam,  prout  speciem  propriam  ego  admiltere  noilem.  In 
quâ  opinione  si  forte  fallor,  si  quoque  C.  Grioleti  pro  certâ  unquàm  Ligu- 
riae  civi  habenda  erit,   manebit  lamen  stirpis  vera  affinitas,  extra  omne 
dubium  posita,  etbicprinuim  a  nie  notata. 

M.  Boisduval  présente  à  la  Société  V Hacquetia  Epipacùsy  vivant, 
en  pleine  fleur,  provenant  de  rhizomes  recueillis  dans  les  Grisons,  et 
quelques  pieds  ^'Erythronium  Dens  canis  fleuris  aussi  et  qu'il 
cultive  également  avec  succès. 

M.  Cosson  met  sous  les  yeux  de  la  Société  plusieurs  espèces  rares 
ou  nouvelles  de  la  régence  de  Tunis,  et  fait  les  communications 
suivantes  : 

NOTE  &\}V,\:ANABASIS  ALOPECVROWES,  par  MM.  MOQUIIX-TAI^IDOIV  et  E.  COSSOX. 

Parmi  les  Salsolacées  à  embryon  en  spirale  {Salsolacec  subordo  Sph'o- 
lobeœ  C.  A.  Mey.  —  iMoq.-Tand.),à  tégument  séminal  simple  et  à  embryon 
conico-spiral  (tribus  Salsoleœ  Moq.-Tand.)  se  trouve  le  genre  Anabasis  L. 
qui  appartient  à  la  sous-tribu  des  Anabaseœ  (Moq.-Tand.)  par  la  verticalité 
de  la  graine.  Ce  genre,  réformé  par  les  auteurs  modernes,  se  distingue  des 
autres  genn-s  de  la  même  sous-tribu  par  le  calice  à  5  sépales,  tous,  ou  seu- 
lement les  3  extérieurs,  s'accroissant  après  la  fécondation  et  se  prolongeant 
sur  leur  dos  en  une  aile  transversale  scarieuse,  par  les  anthères  brièvement 
appendiculées  ou  noi»  appendiculees,  et  principalement  par  l'existence  de 
Spetitsstaminodesplacésentre  les  filetsdesélamines,  et  par  la  radicule  infère; 
il  parait  assez  naturel,  et  les  espèces  qu'il  comprend  ont  entre  elles  par  le 
port  une  assez  grande  ressemblance;  toutes,  à  l'exception  de  VA.  alopecu- 
roides,  objet  de  cette  note,  présentent  des  tiges,  des  brancbes  ou  des  rameaux 


^l'ANCi"  Kl'  •?./   i'i:vi;iEr.    1S.")7.  109 

nrliculés  d'iino  manière  plus  on  moins  notto,  ol  lonis  tiiics  sont  simples  on 
r;nT)euses,à  rameaux  opposés  (cxceptionncllcmpnl  alloues),  leurs  fcuillos  sont 
nulles  ou  opposées-  notre  plante,  à  rameaux  alternes  non  articulés  et  à 
feuilles  alternes,  présente  le  port  d'un  Ilalogeton  ,  mais  est  munie  de  sla- 
minodes  comme  les  Anabasis,  et  la  radicide  regarde  la  base  du  fruit  :  c'est 
vuie  espèce  intermédiaire  entre  les  deux  genres,  l'un  de  nous  l'avait  d'abord 
désignée  sous  le  nom  (V Halor/oton  a/opecuroides  {Cheno/).  eimm.  [18^0] 
161,  11.  10);  plus  tard,  après  un  nouvel  examen  (in  l)(-.  Prodr.  XJIf, 
sect.  2,  210  [IS/iO]),  il  l'a  rapportée  aux  Aiudm/^ia:  mais  il  l'a  placée  en 
tête  de  la  série  comme  pour  montrer  qu'elle  forme  le  passage  vers  les 
geni'es  précédents. 

Sur  les  quinze  espèces  du  genre  Anaias^s  décrites  dans  le  Prodromus  (1), 
onze  ont  le  calice  à  sépales  tous  ailés,  et  quatre  à  trois  sépales  extérieurs 
seuls  ailés;  c'est  parmi  ces  dernières  que  se  rencontre  VA.  olopecuroidea, 
et  nous  devons  faire  remarquer  en  passant  que  son  calice  fructifère  n'offre 
souvent  que  deux  sépales  ailés. 

\\\\  combinant  les  caractères  tirés  de  l'articulation  ou  de  la  non-articula- 
tion des  rameaux,  de  leui-  opposition  ou  de  leur  alternance,  de  l'absence  ou 
de  la  présence  des  feuilles  et  de  leur  disposition,  et  du  nomi)re  des  sépales 
ailés,  nous  sommes  amenés  à  di\  iser  le  genre  AnoMsif;  en  deux  sections,  dont 
nous  donnons  ci-dessous  la  diai^nose  : 

Sect.  I.  AgatliOphora  [Halogeton  sect.  Agathophora  Fenzl  in  Lcdeb.  FI. 
Boss.  III,  831).  —  Rami  alterni,  inarliculati.  Folia  alterna.  Calycis 
fructiferi  sepala  2-3  exteriora  soluiii  alata. 

A.  alopecuroides. 

Secf.  II.  Anabastrum.  —  Rami  oppositi,  rarius  variatione  alterni,  articu- 
lati ,  rarius  subarticulati.  Folia  opposita  vel  nulla.  Calycis  fructiferi 
sepala  3  exteriora  vel  omnia  alata. 

'*  Calycis  fructiferi  sepala  3  exteriora  solum  alala. 

A.  phyllophora.  —  A.  brevifolia.  —  A.  aphylla. 
**  Calycis  fructiferi  sepala  5  omnia  alata. 

A.  ammoderuh'on.  — A.  arliculala.  —  A.  multiflora,  —  A.  cretacea. —  A.  nia- 
croptera. —  A.  brachiata.  —  A.  inlermedia.  —  A.  cincrea.  —A.  selifera. 
—  A.  kitea.  —  A.  florida. 

Anabasis  alopecuuoides  Moq.-Tand.  in  DC.  Prodr.  Xllf,  sect.  2,  210, 
n.  1.  —  Salsola  olopeciœoides  Delile!  yEg.    illustr.  n.   306,  et  FI.  56, 

(1)  Il  y  a  deux  autres  non  satis  notœ  et  deux  nomine  tanfum  nofœ,  en  tout  19  ; 
nous  en  décrirons  bientôt  une  vingtième. 


170  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

t.  21,  f.  1  (imperfecta  et  veiisimiliter  e  specimine  quoad  inflorescentiam 
abiioimali  delineata). —  Salsola  giomerulata  Lippi  iiied.  sec.  Delile  /Eg. 
illustr,  n.  311  (non  Mcyeii).  —  Halogeton  alopecuroides  Moq  -Taud. 
Chennp.  enum.  161,  n.  10. 

Suffrutex  dumosns.  Gaules  erecti,  flexiiosi,  i-amosissimi,  subteretes, 
corfice  rimoso  cinerascente,  basi  indurata  foliorum  elapsorum  pemmis- 
qiie  al)ortivis  persistentibus  tuberculato-iiodosi;  rami  alterni,  divergenti- 
ascendentes,  inarticulati,  inermes,  tortuosi,  subteretes  haud  compressi 
iiec  marginato-alati,  glabii,  pallidi  ;  ramuli  albidi.  Folia  demum  all)ido- 
glaucescentia,  6-8  niillini.  loiiga,  1-i  tnillim.  lata  ,  alterna,  semitere- 
tia ,  subtils  convexa,  supra  planinsciila,  basi  dilatata,  coiicava,  semi- 
amp!cxic'aulia,  oblongo-linearia,  patula,  interdum  subdeflexa,  raro  sub- 
recurva,  carnosa,  apice  obtusiusculo  parum  incrassata  et  in  mucronem 
elongatum  seliformem  acutum  rig;dum  nunc  rectum  nunc  subarcualunrj 
aeuminata,  villis  copiosis  longiusculis  flexuosis  albidis  in  axilla  lanata, 
pleraque  gemmas  abbreviatas  villis  axillaribus  tomentosas  in  axilla  foven- 
tia;  floralia  breviora,  ovata,  supra  concava,  mucrone  obliquo  instructa; 
bractese  folium  florale  subœquantes,  carnosse,  squama-formes,  ovalae,  su- 
pra concavse,  subtus  obsolète  carinatœ,  obtusae,  muticse.  Flores  5-meri, 
5-andri,  alterni,  axillares,  sessiles,  dense  2-3-glomerulati,  glomerulis  ex 
icône  Delileana  in  spicam  terminalem  approxiniatis,  sed  hœc  dispo>itio  veri- 
siniiliter  abuormalis.  Sepala  lanceolata,  concava,  duobus  interioribus  angus- 
tioribiis.  Staminum  (ilamenta  lineari-complanata,  médium  versus  baud 
dilatata,  interne  in  cupulam  membranaceam  cum  staminodiis  coalita.  Sta- 
minodiaovato-semi-orbiculata,carnosiuscula,marginetroso-cilio!ata,glabra5 
antherse  oblongse,  médium  versus  affixœ,  appendiculo  brevi  albido  subemar- 
ginato  supenitœ.  Stylus  crassiusculus  ;  stigmata  mediocria,  angusta  subulafa. 
Calycis  fructiferi  sepala  3  (interdum  2,  rarius  A)  exteriora  soUmi  dorso 
transversim  alata  ;  aise  striafte,  marf;ine  crosulo-sinuatae,  paulum  supra 
sepalorum  rnediam  longitudinem  inserta;,  valde  inaetiuales  nempe  diioium 
sepalorum  exteriorum  late  obovato-suborbiculatae  3-5  millim.  longae  pa- 
tentes, et  sepali  tertii  vel  etiam  quart!  interioris  ala  multo  angustior  ovato- 
lanceolata  erectiuscula  interdum  obsoleta.  Fructus  ovato-suborbiculalus, 
compressus,  pericarpio  subpulposo.  Semen  verticale,  orbiculare,  integumento 
simplici  membranaceo.  Albumen  nullum.  Eiubryo  cocideatus,  viridis,  l'a- 
dicula  dorsalis  inl'era  !  —  (Descripiio  juxta  spécimen  yEgyptiacum  valde 
mancum  ex  berbario  Delileano  et  specimina  paucissima  incompleta  Saharae 
Algeriensis). 

In  yEizypIi  dcserto  Cahirico  ad  Pyramides  Gyzenses  (Ddile!  in  berb. 
Redouté). —  In  Sabarœ  Algerieasis  australis  dilione  Dmi-Mzab  ad  amnem 
Oued-Mzab  pluribus  locis  obvia  et  inter  Hadjar  Lasereg  et  Anit  el  Moktar 


SÉANCE    DU    27    FÉVRIER    1857.  171 

quam  maxime  cnpiosa  et  nb  iiidigenis  Rade  m\.  Hade  nuncupnta  (Re- 
bond ISSC));  jam  iinno  185/;  c  Saliiua  Algcricnsi  allata,  sed  sine  designa- 
lioDe  loci  proprii  (Geslin). 

\:A.  alnpecuroides  est  une  plante  des  plus  rares  dans  les  herbiers,  et 
MOUS  n'en  possédons  d'Algérie  que  des  échantillons  incomplets;  elle  n'était 
connue,  avant  sa  découverte  dans  le  Sahara  algérien,  que  par  deux  échan- 
lilioiis  d'K«^ypte  assez  imparfaits,  l'un  dans  l'herbier  de  Delile,  et  l'autre 
recueilli  par  Lippi  et  conservé  dans  l'herbier  d'A.-L.  de  .Tussieu. 

ITlNÉRAmu:  D'UN  VOYAGE  ROTANIQUE  EN  ALGÉRIE,  ENTREPRIS  EN  d856  SOUS  LE 
PATRONAGE  DU  MINISTÈRE  DE  LA  GUERRE  ,  par  IW.  E.  COSSOW. 

(Neuvième  partie.) 

Le  fort  de  Géryville,  situé  à  environ  260  kilomètres  en  ligne  directe 
du  point  le  plus  rapproché  du  littoral,  sous  une  latitude  de  33°  53'  et 
à  une  altitude  approximative  de  1300  mètres,  est  construit  sur  les  ruines 
de  l'ancien  ksar  de  Gueraridj,  près  d'une  source  abondante  (Aïn  el 
Beiod),  dont  les  eaux  constituent  l'origine  principale  du  cours  d'eau  qui 
a  creusé  le  ravin  du  Khraiieg  cl  lîeiotl.  Ce  fort,  de  construction  toute 
récente,  car  l'inauguration  du  drapeau  français  au  ksar  de  Gueraridj,  n'a 
été  célébrée  que  le  21  mai  1853,  consiste  en  une  vaste  enceinte  rectangu- 
laire percée  de  meurtrières  et,  aux  angles,  d'embrasures  pour  les  canons 
de  l'artillerie-  il  s'élève  à  l'entrée  du  Khraneg  el  Beiod,  à  l'extrémité  septen- 
trionale d'une  plaine  légèrement  accidentée,  dépourvue  de  végétation  arbo- 
rescente et  entourée  de  montagnes  rocheuses,  dont  les  plus  élevées  sont  au  sud 
le  Djebel  Mezouzin,  à  l'est  et  au  nord-est  la  chaîne  du  Djebel  Ksel  ;  une  porte 
monumentales'ouvreau  nord-ouest  de  l'enceinte  fortifiée,  et  donne  accès  dans 
une  cour  plantée  d'arbres,  assez  vaste  pour  les  exercices  militaires  de  la  gar- 
nison. P]n  l'ace  de  la  porte  s'étend  un  grand  édifice  qui  renferme  une  caserne, 
un  hôpital,  où  le  petit  nombre  de  malades  nous  laisse  un  large  espace  pour 
notre  installation,  et  des  magasins  pour  les  approvisionnements  de  la  place; 
un  autre  côté  de  la  cour  est  occupé  par  l'habitation  du  commandant  supé- 
rieur et  le  bureau  arabe.  Des  autruches  apprivoisées  se  promènent  grave- 
ment dans  la  cour  avec  des  sangliers  pris  dans  les  montagnes  voisines  et  éle- 
vés par  les  soldats  qu'ils  suivent  comme  des  chiens.  Au  voisinage  immédiat 
du  fort,  une  maison  de  commandement  a  été  construite  pour  le  Khalifa  Si 
Hamza  Ben  Abou  Bi  ker,  dont  l'inËuence  religieuse  sur  les  tribus  du  Sud  est 
des  plus  utiles  a  la  doiuination  française,  et  dont  l'autorité  s'exerce  jusque 
sur  les  lointaines  oasis  d'Ouargla.  La  colonisation  n'est  représentée  à 
Géry\ille  que  par  quelques  maisons  d'assez  chélive  apparence  groupées  au 
nord  du  fort  et  habitées  par  des  marchands,  des  cantiniers  et  des  familles 
arabes.  —  Les  eaux  des  sources  désignées  par  les  indigènes  sous   le  nom 


172  sc.r.nVn';  i;(ViANion:  ni:  ['liANŒ. 

(l'Ain  ol  Reio  I  sont,  c'om;-!ie  nous  l'avons  déjà  dit,  très  ahontîantes,  douces 
et  limpides:  sur  reniplncement  des  plus  importantes  d'entre  elles,  M.  de 
Colomba  fait  creuser  par  la  garnison,  aidée  par  les  populations  voisines, 
un  vaste  bassin  ellipti(|ue,  dont  le  trop-plein  fournit  à  l'irrigation  des  jar- 
dins «iroupés  à  l'entrée  du  Kbranegel  Beiod.  Le  bassin  est  assez  étendu  pour 
que  Ion  ait  pu  y  installer  un  batelet  ((ui  permet  le  plaisir,  si  rare  en  Al- 
gérie, d'une  promenade  nautique;  de  jeunes  canards  tadornes,  que  les 
officiers  ont  offerts  à  M""'  de  Colomb,  se  mêlent  sur  les  eaux  du  bassin 
aux  canards  domestiques,  dont  la  basse- cour  du  fort  est  déjà  amplement 
pourvue;  les  barbillons  pris  à  Arba  el  Tatani  pendant  notre  séjour  à 
cette  localité  promettent  de  nouvelles  ressources  alimentaires  aux  ha- 
bitants de  Géryville.  [,es  jardins  créés  par  les  soins  des  officiers,  et  dont 
le  plus  important  et  le  moins  récemment  établi  est  celui  du  commandant 
supérieur,  fournissent  dès  maintenant  des  légumes  en  abondance  pour 
les  besoins  de  la  garnison,  qui,  au  début  de  l'occupation,  était  réduite, 
pour  l'alimentalion  végétale  ,  au  Rwnex  Tingitanus  var.  qui  croit  en 
abondance  dans  les  terrains  sablonneux.  Des  plantations  d'arbres  fruitiers 
et  d'agrément  fourniront  bientôt  la  plupart  de  nos  fruits  d'Kurope  et 
donneront  un  ombrage  bien  utile  dans  un  pays  dépourvu  de  bois.  Les 
principaux  arbres  fruitiers  dont  l'acclimatalion  a  été  tentée  sont  :  le 
CiCi-isier,  diverses  variétés  de  Poirier  et  de  Pommier,  le  Pêcher,  l'Abri- 
cotier, le  Noyer  et  le  iMiirier,  Les  principaux  arbres  forestiers  ou 
d'agrément  sont  :  le  Lnurus  nobi/is,  le  Sycomore,  le  Vernis-du- Japon, 
le  Melia  Azedarach,  le  Baguenaudier,  le  Itobinia  viscosa,  l'Arbre-de- 
.Tudée,  le  Ghditschia  triacanthos,  le  Cerasus  Padus,  les  Tamarix  Gollica  et 
Africana  var.  laxiflora  de  boutures  prises  à  Miserghin  près  Oran,  le  Su- 
reau, le  Lilas,  le  Laurier-Rose  double,  le  Cestrum  Parguy,  VElœagnus 
onyuatifoiia,  le  Broussonotia  papyrifera^  l'Orme,  le  Salix  pedicellnta,  le 
Sauh'  pleureur,  le  Peuplier  pyramidal,  le  Peuplier  blanc,  même  variété 
qu'à  Tiemcen,  et  le  Cyprès.  Parmi  les  légumes  dont  la  culture  présente  une 
certaine  importance,  nous  mentionnerons  le  Cresson  alénois,  le  Chou,  le  Na- 
vet, le  Pois,  la  Fève,  le  Pois-cbiche,  le  Melon,  le  Pourpier  doré,  le  Persil, 
la  Carotte,  l'Artichaut,  diverses  variétés  de  salade,  Laitue,  Komaine  et 
Chicorée,  la  Tomate,  le  Piment  semé  en  pot  et  repicjué  en  pleine  terre,  la 
Pomme-de-terre,  l'Épiuard,  l'Oseille  et  l'Oignon.  Parmi  les  plantes  d'orne- 
ment, nous  avons  remarqué  le  Pied-d'alouette,  diverses  variétés  de  Pavot, 
diverses  variétés  de  Giroflée  et  de  Pensée,  l'OLillet,  l'Œillet-de-poète,  le 
(lalff/n  of/icinnlis,  la  Scabieuse,  le  Da/i/iu,  la  Reine-Marguerite,  les  Ta- 
gef.es,  le  Chrysanthème-de-Chine,  la  Belle-de-nuit,  diverses  espèces  et  va- 
riétés de  Rosiers.  Pour  compléter  le  tableau  des  cultures  des  environs  im- 
médiats de  Géryville,  il  nous  reste  à  mentionner  des  champs  de  Blé  et 
d'Orge  assez  étendus,  d'une  belle  venue,  qui  occupent  l'entrée  du  Kbraiieg  el 


SKANCK  ni    27   ri:vuii:u  1857.  17") 

Ik'iod  au-dessous  (les  jaidiiis -,  plusieurs  millii'is  de  lu'ps  de  V  igné  out  été 
plantés  récemment  sur  Us  pentes  sablonneuses  des  coteaux  peu  élevés  qui 
limitent  la  rive  gauche  du  khraneg.  —  Tous  les  essais  de  culture  (jue  nous 
venons  de  signaler,  malgré  toute  l'intelligence  avec  lacjuelle  ils  ont  été 
dirigés,  ne  promettent  pas,  dans  les  conditions  actuelles,  un  égal  succès; 
car  la  plaine  de  Géryville,  en  raison  de  son  altitude  et  de  l'absence  de 
bois,  est  exposée  à  des  variations  subites  de  température  et  à  des  vents  très 
violents  :  ainsi,  fréquemment  la  température,  tort  élevée  au  milieu  du  jour, 
s'al)aisse  beaucoup  pend.mt  la  nuit,  et  des  gelées  et  des  neiges  tardives, 
qui  se  produisent  quelqucl'ois  jusque  dans  ies  mois  de  mai  et  de  Juin,  vien- 
nent brusquement  arrêter  la  végétation  (1)  ;  en  automne,  il  n'est  pas  rare 
de  voir  la  neige  et  la  gelée  survenir  prématurément.  Nous  avons  pu  appré- 
cier les  effets  des  gelées  tardives  sur  le  Mûrier  et  le  Cerch  SUiquasti'um 
(Arbre-de-Judée),  dont  les  jeunes  pousses  avaient,  au  printemps,  été  tuées 
par  le  froid;  M.  de  Colomb  nous  a  signalé  la  difficulté  avec  laquelle  a  été 
cultivé  le  Dahlia,  qui  a  été  atteint  par  les  froids  prématurés  de  l'automne. 
Ces  données  sont  confirmées  par  les  observations  et  les  renseignements 
pris  à  Djelfa,  qui,  bien  que  situé  aune  moindre  altitude,  dans  une  plaine 
également  dépourvue  de  bois,  est  exposé  à  des  froids  tels  que,  dans  une 
saison  déjà  avancée,  au  mois  de  juin,  les  t*ommes-de-tcrre  et  les  jeunes 
pousses  du  Noyer  ont  été  atteintes  par  la  gelée.  Nous  ne  désespérons  pas 
cependant  de  l'avenir  agricole  de  Géryville,  car,  par  le  boisement  des 
endroits  les  plus  exposés  a  la  violence  des  vents  et  par  l'établissement  d'a- 
bris convenablement  disposes,  il  Jious  parait  possible  de  garantir  les  cul- 
tures des  chances  de  destruction  auxquelles  elles  sont  actuellement  expo- 
sées dans  un  pays  découvert  situé  a  une  aussi  grande  altitude. 

Les  journées  des  26  et  27  mai  sontsurlout  consacrées  par  nous  au  repos  et  à 
une  installation  confortable,  à  laquelleM.de  Colomb  lui-même  veut  bien  pré- 
sider avec  la  sollicitude  la  plus  empressée.  Pendant  ces  journées,  nous  n'avons 
guère  exploré  que  les  environs  immédiats  du  fort,  les  cultures,  les  maréca- 
ges du  Khraneg  el  Beiod  et  les  montagnes  basses  qui  l'encaissent.  Dans  la 
cour  même  du  fort  croît  en  abondance,  sur  le  talus  intérieur  du  mur  d'en- 
ceinte,\'Enarthroca/-pus  clavatus  ay/ec\ePeganu)H  Harmala,  le  Beta  vulga- 
rls  et  Yji^gllops  ventrlcusa,  etc.  Sur  les  bords  des  rigoles  qui  arrosent  le 
jardin  du  commandant  supérieur,  nous  notons  les  Poa  trlvlalls,  Festuca 
orundlnaceu,  Alopecurus  pratensls  viir.  veiUrlcosus,  Carex  divisa,  Juncus 

(1)  En  1855  il  a  neige  encore  dans  la  plaine  de  Géryville  le  l"  juin,  et  la  couche 
de  neige  ne  mesurait  pas  moins  de  30  à  /lO  cenlim.  ;  il  a  neigé  de  même  dans  la  nuit 
du  '27  au  28  oclobre,  et  la  couche  de  neige  avait  environ  la  inènie  épaisseur;  en 
1856  la  dernière  neige  est  tombée  au  mois  d'avril,  et  dans  la  nuit  du  11  au  12  mai, 
sous  une  tente,  bien  qu'elle  fût  habitée  par  trois  hommes,  Teau  s'est  couverte  de 

ï^l.ICC. 


illl  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

maritimus,  Veronicn  Anagallis,  Sonchus  niaritinms,  Trifnliwn  fragife- 
rwn,  etc.  Dans  le  terrain  argilo-s;il)!oniieux  dn  jardin  et  dans  les  lieux 
incultes  qui  \'i\voh\[\eu[,  nous  ohatwons  \es  Ceratoceji/ialiin  falcatus,  Hœ- 
meria  hijbrida,  ffi/pecoum  pendulum,  Fumaria  Vaillantii,  parti flora  et 
micrantha,  Sisymbrium  Irio  et  runcinatum,  Erysimutn  Orienfale,  Rapis- 
trum  Orientale  et  Linnœanum^  Helianthemum  Niluticum,  Reseda  olha, 
Malva  ji^gyptiaca  et  parviflora^  Tribulus  terresfris,  Tetragonolobus  sili- 
quosus,  Trigonella  Monspeliaca  et  pulycerata^  Astragalvs  Itamoaus,  Her- 
niaria  anniia,  Valerianelia  discoidea,  chlorcmthn  et  step/mnodon,  Anacy- 
dus  Valentinus,  Micropus  bombycinus,  Carduus  mocrocephnliiii,  Scolijmus 
Hispanicus  (abondant),  Hypockœris  Neapolitana,  Roclielia  stellulota,  La- 
mium  amplexicaule,  Onut/mjalum  Narbonensc,  Festuca  cynosuroides  et 
divaricata,  Triticum  Orientale^  ^^gilops  venir icosa,  etc.  Le  Centaureo 
acaidis  et  V Achillea  Sanlolina  croissent  en  abondance  extrême  dans  les 
lieux  en  fVii'he  ou  qui  n'ont  pas  encore  élé  défrichés;  la  nous  observons 
également  V Onopordon  acaule,  qui  y  est  beaucoup  plus  rare.  —  La  l'outc 
d'Oran  longe  les  coteaux  pierreux  qui  bordent  la  rive  gauche  du  Khranegel 
Beiod  ;  aux  bords  de  ce  chemin,  dans  des  terrains  sablonneux  pierreux, 
nous  recueillons  un  grand  nombre  d'espèces  caractéristiques  de  la  région, 
parmi  lesquelles  nous  citerons  les  Eruca  satica,  Meniocus  linifolius, 
Muricaria  prostrotu,  Helianthemum  pilosum  var. ,  hirtum  var,  Deserti 
et  salicifolium  var.  bi'evipes,  Malva  jEgyptiaca,  Peganum  Hormala, 
Ononisangustissima,  Anthyllis  Numidica,  Onobrychis  orgentea,  Minuartio 
campestris,  Erynyium  campestre,  Crucianella  potuh.,  Anacyclus  Pyre- 
thrum,  Xeranthemum  inapertum,  Echinops  spifiosus,  Onopordon  macracan- 
thum  et  acaule^  Cirsium  echinatwn,  Atractylis  ccrspifosa,  Carduncellus 
pinnatus  e\.  Atlanticus,  Kalbfussia  Salzmanni ,  Convolvulvs  linentus,  Nonnea 
micrantha,  Echium  Imriiile,  Echinospermum  patulvm,  Roclielia  stellulota, 
Androsace  maxima.  Thymus  hirtus,  Teucrium  Polium  var.,  Planfago  albi- 
cnns,  Rumex  Tingitanus  var.  (abondant),  Passerina  virgata.  Asphodelus 
fîstulosus,  Carex  divisa,  Lygeum  Spartum^  Stipa  gigantea,  barbata  var. 
brevipila  etparviflora,  Echinaria  capitata,  Ammochloa  pungens,  Wangen- 
heimia  Lima,  Elymus  crinilus,  ^Egilops  ovata  var.  triaristnta.  —  I.e  lit 
marécageux  du  ravin  qui  se  dirige  vers  le  nord-ouest  est  occupé  par  un  cours 
d'eau  dont  les  origines  principales  sont  une  source  située  au  sud  du  fort 
dans  la  plaine  deGéryville,  les  eaux  du  bassin  creusé  au  voisinage  des  jar- 
dins et  d'autres  soui'ces  qui  viennent  soui'dre  à  la  base  des  coteaux  qui  en- 
caissent le  khraneg.  Dans  les  m.arécages  du  cours  d'eau  et  sur  ses  berges  argi- 
leuses, nous  retrouvons  les  mêmes  espèces  qu'aux  bords  des  rigoles  des 
jardins,  et  nous  y  observons  en  outre  les  Polypogon  Monspeliemis,  Ranun- 
culus  macrnphyllus,  Juncus  glaucus,  Plantago  Coi'onopus  (abondant),  Scir- 
pus  Holoschœnus,  Darkhausia  taraxacifolia,  etc.;  aux  bords  des  ruisseaux, 


SÉANCE    DU    27    FÉVKIER    1857.  175 

le  l.aurier-Uose  {IS'erium  Oleunder)  l'orme  de  nombreux  buissons;  li'S  Typha 
angusCi folio,  P/irufjmites  comnmnis,  croissent  en  grande  abondance  dans  le 
inarocagt",  dont  les  cuix,  sur  (int'l(|nes  points,  sont  envahies  par  le  Potamo- 
getondensus,  qui  y  forme  un  véritable  gazon.  —  Une  des  collines  pierreuses 
et  rocheuses  situées  sur  la  rive  droite  du  ravin,  et  où  la  végétation  ligneuse 
est  représentée  par  ijnel(|ues  buissons  espacés  de  Juniperus  Oxijcedrus,  de 
Rosmarinus  of/icinalis,  de  Zizi/phus  Lotus  et  de  Rétama  sp/iœrocarpa,  nous 
présente  la  réu\iion  d'espèces  de  la  région  des  hauts  plateaux,  croissant 
pèle-mèle  avec  des  espèces  appartenant  à  la  région  montagneuse  intérieure; 
ainsi,  nous  y  observons  le  Stipa  tenacissima  dont  les  vastes  touffes  consti- 
tuent le  fond  de  la  végétation  avec  VAtractylis  ccespilosa,  et  nous  y  notons 
les  Arabisauricidata  elparvula,  Erucasfrum  leucantluun,  Erysimum  gran- 
diflorum  ,  Alyssum  scutigerum ,  Helianthcmum  sessiliflorum ,  Dianthus 
sylvestris  var.,  Ononis  angmtissima  et  Columnœ,  Medicago  secundiflora, 
Melilotus  Neapolitanu,  Argyi'ohibium  uniflorum,  Aslragalus  tenuifoUus 
et  geniculalus ,  Psoralea  bituminosa,  Hippocvepis  scahra,  Paronychia 
niuea,  Polycarpon  Bioonœ,  Sedum  altiss/mum,  JJeverra  (non  fleuri), 
Pimpinella  dic/iolonia,  Ferula  communis,  Rhaponticum  acaule,  Centaurea 
alba  et  pubescens,  Zollikofcriavesedifolia,  Catananche  cœrulea,  Astero- 
thrix  Ilispanica,  Sonckus  divaricatus,  Anai'rhinwn  frulicosum,  Zizypkoru 
Hispanica,  Polycnemwn  Fontanesii,  Festuca  tenaiflora,  etc.  A  l'entrée  du 
khraneg,  du  côté  du  fort,  nous  cherchons  vainement  dans  les  terrains  remués 
le  Hohenackeria  btiplevrifolia  que  M.  Segrétain,  capitaine  du  génie  sous 
la  direction  duquel  a  été  bâti  le  fort,  avait  découvert  à  cette  localité. 

Le  28,  après  avoir  consacré  la  matinée  à  la  préparation  de  nos  récoltes, 
nous  faisons  nos  dispositions  pour  l'excursion  du  Djebel  Ksel  qui,  en  laisou 
de  son  altitude  et  de  l'existence  de  sources  et  de  bois,  nous  promet  une 
herborisation  des  plus  intéressantes.  Non  contents  d'avoir  tout  fait  disposer 
pour  notre  campement  dans  la  montagne,  M.  et  M"'^  de  Colomb  veulent 
bien  nous  accompagner,  avec  les  officiers  de  Géryville,  dans  cette  course, 
qui  devient  ainsi  pour  nous  une  véritable  partie  de  plaisir,  après  les  longues 
et  fa'igaides  journées  de  notre  récent  voyage  dans  le  Sud.  —  La  plaine  de 
Géryville,  que  nous  traversons  lapitlement  à  cheval,  est  assez  uniforme  et 
s'élève,  par  une  pente  insensible,  jusqu'au  pied  même  du  Djebel  Ksel  ;  nous 
n'y  voyons  guère  que  les  plantes  déjà  signalées  dans  le  IvhranegelBeiod,  et 
les  (juelques  temps  d'arrêt  que  nous  y  faisons  ne  fournissent  qu'une  seule 
espèce  nouvelle  pour  notre  liste,  VAlsine  setacea,  plante  des  environs  de 
Paris.  Les  plantes  qui  dominent  dans  les  pâturages  sont  l'Alfa  {Stipa  tena- 
cissima), V Hclianthemum  Idrtum  var.  Deserti^  avec  VAntIvjllis  Mumidica 
et  \' Atractylis  cœspitosa.  De  rares  champs  d'orge,  dans  les  endroits  dépri- 
més ou  arroses,  forment  comme  des  Ilots  au  milieu  des  pâturages  qui  les 
entourent.  Arrives  au  pied  du  Djebel  Ksel ,  nous  nous  arrêtons  quelques 


176  SOCIÉTÉ.  BOTAMQLE    Dli    l'RA>CE. 

instants  poui'  prendre,  par  une  observation  barométrique,  l'altitude  de 
cette  partie  de  la  plaine,  qui  dépasse  d'environ  100  mètres  celle  de  Géry  ville, 
car  elle  n'est  pas  inférieure  à  1400  mètres. 

[La  suite  à  la  prochaine  séance.  ] 

NOTES  SLT,  QUELQUES  PLANTES  RARES  OU  NOUVELLES  DE  LA  RÉGENCE  DE  TUNIS , 
pur  Mn.  E.  COSSOIV  et  L.    KRALIK. 

(Troisième  partiel 

Neurada  procumrens  !..  Sp.  631;  Forsk.  FI.  yEg.-Arab.  descr.  90; 
Lmk  Illustr.  t.  393;  Desf.  Atl.  I,  369;  Delile  .'Eg.  t.  6Zi,  f.  1-2  (ined. 
in  bibliotheca  Delessert)  ;  DC.  Prodr.  II,  548. 

In  deserto  Tunetano  (Desf.)  ;  in  collibus  calcareis  apricis,  in  arenosis,  de- 
sertiet  littoris,  inter  S  fax  et  Gabes  ad  turrem  Aadour,  in  collibus  ad  montes 
Djebel  Aziza  et  Djebel  Keroua  prope  G«6es(Kralikpl.Tun.  exsicc.  n.  218), 
in  insula  Djerba  oopiosa  (Kralik  pi.  Tun.  exsicc.  n.  374).  —  In  arenosis  et 
collibus  apricis  Sabarai  Algeriensis  bine  inde  diffusa  nempe  in  ditione 
Biskra  (Jamiii  pi.  Alger,  exsicc.  n.  241,  Balansa  pi.  Alger,  exsicc.  n.951), 
in  ditione  Mzab  propre  Guerrara  (Reboud),  in  provincia  Oranensi  austra- 
liore  ad  Brézina!  (Kralik  ap.  Bourgeau  pi.  Alger  exsicc.  n.  207).  —  In 
jEgypto  (Forskal,  Sieber  pi.  exsicc).  In  Aiabia  petrœa  (Boiss.). 

Le  JS .  procumbens  se  présente  en  Algérie  avec  le  calice  fructifère  exac- 
tement orbiculaire  ou,  au  contraire,  à  5  angles  très  saillants;  ces  deux 
formes  extrêmes  tigurées  dans  la  plaucbe  citée  du  Flora  jE fjyptiaca  se 
relient  entre  elles  par  de  nombreuses  transitions. 

Paronychia  LONGiSETAWebbPA?/^  Can.  1, 163  in  adnot.,  et  Fragm.  fluiml. 
,Ethiop.-yEg.  37  ;  Coss.  et  DR.  ap.  Jamin  pi.  Alger,  exsicc.  —  P.  nitida 
Delile  .Eg.  illustr.  n.  270  sec.  Webb.  —P.  Arabica  DC.  Prodr.  III,  371 
ex  descript.;  Boiss.  Z>/a^?i.^j/.  Or.  fasc.  m,  11  in  adnot. ^  Godr.  Fl.Juv. 
éd.  1,  21.  —  Illecebrum  longisetum  Bert.  Fi  It.  II,  733.  —  P.  argentea 
var.  ^Egijptiaca  Webb,  loc.  cit.  —  P.  Cossoniana  var.  Webb  in  Balansa 
pi.  Alger,  exsicc.  n.  1002. 

In  depressis  argilloso-arenosis,  glareosis  et  alluviis  deserti  Tunetani, 
prope  S  fax,  inter  S  fax  et  Gabes  ad  turrem  ^adoio\  prope  Gabes  baud  in- 
frequens  (Kralik  pi.  Tun.  exsicc.  n.  61  sub  nomiiie  V.  Cossoniana  J.  Gay), 
nec  non  in  insula  Djerba.  —  In  Sabara  Aigeriensi!  laie  diffusa  (Jamin  pi. 
Alger,  exsicc;  Balansa  pi.  Alger,  exsicc).  —  In  /Egypto  prope  Alexan- 
driam  (C.  de  Fontenay)  et  prope  Kanka  (sec.  Webb), 

Par  une  étude  attentive  sur  le  terrain  et  l'examen  dune  très  nombreuse 
série  d  écbantillons  conservés  dans  l'berbier,  p.ous  avons  pu  nous  con- 
vaincre ([ue  la  plante  de  Gabes  et  celle  du  Sabara  algérien  sont  identiques 


SKANCE    DU    27    FÉVRIKK     1857.  177 

a  la  plaiite  (rK;j;ypte  tlëon'le  par  M.  Webb  sous  le  nom  du  /'.  longisetu  tt 
(|uel;i  plii|)art  (les  auteurs  ont  cloiince  sous  le  nom  de  /'.  Arabica.  —  Il  ré- 
sulte également  pour  nous  de  cet  examen  que  les  P.  longiseta  Webb,  Am- 
hica  Oelilc,  desertorum  Boiss. ,  CossunianaS.  Gay,  et  Aurasiuca  Webb,  ne 
se  distinguent  pas  par  des  caractères  assez  tranchés  et  assez  constants,  et 
que  probablement  ils  devraient  être  réunis  sous  le  nom  spécifique  de 
P.  Arabica,  sinon,  ainsi  que  l'avait  pressenti  M.  Webb  (Pbyf.  Can.],  être 
rapportés  au  P.  nrgenlea,  dont  ils  ne  seraient  q^ie  des  formes  extrêmes. 

Rkaumiuua  vERMicur.ATA  L.  Sp.  75/i;  Desf.  !  Atl.  I,  ^31 5  DC.  Prodr.  III, 
456.  —  H.  mucronata  Jaub.  et  Spach  in  Ann.  se.  nat.  sér.  3,  Vill, 
379,  eiJllustr.  pi.  Or.  III,  5U  et  57,  t.  2ti5.  —  II.  sfenophyllu  Jaub.  et 
Spach  in  Ann.  se.  nat.  sér.  3,  VlII,  379,  et  llluslr.  pi.  Or.  III,  54. 

In  arenis  deserli  Tunetaui  et  ad  maris  littora  prope  Sfax  (Desf.),  in 
areuosis  maritimis  ad  Sfax,  m  pascuis  circa  Gabes  frequens,  in  insula 
Djerba  vulgatissima  (Kralik  pi.  ïun.  exsicc.  sub  nomine  P.  stenophylla). 
—  In  Aigerite  australioris  ditione  Biskra!  vulgaris  (Jarain  pi.  Alger,  ex- 
sicc, Balansa  pi.  .\lger.  exsicc.  n.  909  sub  nomine  R.  stenophylla).  —  In 
Siciliaaustraliore  ad  Agrigentum  (Boccone,  Gussone).  In  ^Egypto  infe- 
liore  et  média  (Delile,  Sieber,  Kralik). 

Le  P.  stenophylla  que  AI 31.  .laubert  et  Spach  n'avaient  distingué  qu'avec 
doute  du  R.  mucronata,  car  il  ne  leur  était  connu  que  |)ar  réchantillon  de 
1  herbier  de  Desfontaines  conservé  au  Muséum,  doit  lui  être  rapporté 
comme  synonyme;  en  effet,  nous  avons  été  à  même  de  nous  assurer  que 
l'étroite.sse  des  feuilles,  donnée  comme  caractère  essentiel  du  /{.  stenophylla, 
n'est  pas  même  suffisant  pour  établir  une  variété,  la  plupart  des  individus 
en  fruit  présentant,  comme  l'échantillon  de  Desfontaines,  de  jeunes  ra- 
meaux à  feuilles  beaucoup  plus  étroites  que  celles  des  tiges  florifères.  — 
JNous  avons  cru  devoir  conserver  à  notre  plante  le  nom  de  //.  vermiculata 
L.,  car  la  desciiption  du  Species  et  les  figures  citées  s'y  rapportent  très 
exactement.  —  Aux  environs  du  Caire,  l'un  de  nous  a  recueilli  un  Reau- 
>/«M?7«  glabre  et  à  sépales  obtus  qui  tient  exactement  le  milieu  entre  les 
R.  niueronuta  et  hirtella  Jaub.  et  Spach  ;  aussi  pensons-nous  que  le  R.  hir- 
tella  .laub.  et  Spach  (in  Ann.  se.  nat.  sér.  3,  VIII,  378,  et  Plustr.  pi.  Or.  III, 
54  et  55,  t.  244),  plante  d'Egypte  et  d'Arabie,  doit  être  également  réuni 
au  /{.  vermiculata  avec  lequel  le  confondaient  les  anciens  auteurs. 

NiTUARiA  TiuDEiSTAT.\  Desf.!  Afl.  I,  372;  Jaub.  et  Spach  !  Illustr.  pi.  Or. 
III,  140  et  141,  t.  293,  et  in  Ann.  se.  nat.  sér.  3,  \lil,  23.  —  N.  Sene- 
galensis  Lrak  Encycl.  niéthod.  IV,  493,  et  Illustr.  t.  403,  n.  2.  — 
-Y.  tridentata  et  N.  Senegalensis  DC.  Prodr.  III,  456. 

lu  argillosis  etarcnosis  apricis  l'i-gni  Tunetani  australis,  in  arvis  arenosis 
r  I  \- .  12 


178  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

deserti  (Dest'Oi  P'ope  Sfax  (Espina),  in  ditione  Gahes  frequens,  etiam  in 
iiisula  Djerba  obvia  (Kralik).  —  In  Algerise  australioris  ditione  Biskra 
(Jaiiiin,  Balansa  pi.  Alger,  cxsicc.  n.  958),  nec  non  \n  AW'xonQ  Laghouat 
(Reboud)  et  ad  lacum  exsieeatum  Cliott  el  Rharbi!  —  In  ^gypto  (Deiile, 
Kralik).  In  Arabia  (Bové,  Aiicher-Éloy).  In  Palœstiua  apiid  Jéricho  (de 
Saulcy).  In  Senegalia  (Penotet  sec.  DC). 

AizooN  CanarienseL.  .S/j.TOO-,  Desf.  Atl.  I,  399  ;DC.  PL  grass.  t.  136, 
et  Prodr.  lïl,  Z;53  ;  Webb  P/iyt.  Can.  I,  207. 

In  regno  Tunetano  austral!,  in  arenis  ad  maris  littora  (Desf.,  loc.  cit.).  In 
ruderatis  prope  .S7'-'(,r  et  in  ditione  Gabes  frequens  (Kralik).  —In  Sahara 
Algeriensi  provinciae  Cirlensis,  in  ditione  Ouled  Djellal  (Hénon).  —  In 
insulis  Canariis  vulgare  (Webb,  Bourgeau  pi.  Can.  exsicc.  n.  10  el  1297). 
In  ^gypto  (Deiile,  Kralik).  In  Palœstina  ad  Rhôr  Safieh  (de  Saulcy). 

Gymnocarpos  DECANDRUsForsk.  FI.  /Eg.-Arab.  descr.  65,  ic.  t.  10  (1775); 
Desf.  Atl.  I,  203  ;  Yiviani  FI.  Libye.  13,  t.  10,  f.  1  ;  Webb  Phyt.  Can. 
I,  166.  —  Trianthema  fruticosa  Vabl  Symb.  I,  32  (1790).  —  Gymno- 
carpum  fruticosum  Pers.  Syn.  plant.  I,  262. 

In  argillosis,  glareosis  et  collibus  apricis  deserti  Tunetani,  prope  Cafsa 
(Desf.),  in  ditione  Gabes  frequens  (Kralik  pi.  Tun.  exsicc.  n.  227). — Id 
Sahara  Algeriensi  tota  diffusus  nempe  in  provincia  Orancnsi  australiore  ! 
baudinfrequens  (Kralik  ap.  Bourgeau  pi.  Alger,  exsicc.  n.  208  a),  in  ditione 
Laghouat!  (Geslin)  et  in  ditione  Biskra  !  vulgaris  (Balansa  pi.  Alger,  exsicc. 
n.  101/4).  —  In  insulis  Canariis  (Webb;  Bourgeau  pi.  Can.  exsicc.  n.  US'i). 
In  arenosis  iittoris  Magnse  Syrteos  (Viviani).  In  ^gypto  (Forskal  ;  Deiile). 
In  Persia  australi  (Kotschy  pi.  Pers.  austr.  exsicc.  éd.  Hohenacker  [1845] 
n.  9i). 

BupLEVRUM  HETEBOPHYLLUM  Llnk  EnuM.  Iiort.  Bcrol.  I,  262  ;  I)G.  Prodr. 
IV.  129. 

In  regno  Tunetano  prope  Sfax  (Espina)  et  in  arvis  post  messeni  prope 
Zaghouan  (Kralik). —  In  ^Egypto  (Willd.  heib.  sec.  DC).  Prope  Aleppum 
(L'Héritier  herb.  sec.  DC.j. 

Cette  plante,  queSprengel  avait  réunie  au  B.  protractum.  ne  nous  parait 
devoir  être  distinguée  de  cette  espèce  qu'à  titre  de  variété;  en  effet,  elle  n'en 
diffère  que  par  les  feuilles  plus  allongées,  la  plupart  lancéolées-aiguës. 

Devebra  tobtuosa  DC.  Prodr.  IV,  143  5  Coss.  in  Bull.  Soc.  bot.  II,  248. 
• —  Bubon tortuosus  Desf.l  Atl.  I,  257,  t.  73;  Poir.  Encycl.  méth.  suppl.  I, 
733.  — Athamanthatortuosa  Spven^.  Syst.  veg.  I,  900. 

In  regno  Tunetano  australi  prope  Kerouan  (Desf.),  prope  Sfax  et  in  di- 


SÉANCK  i»i    '27  Fii:v»iF;i!    1857.  17^ 

tione  Gdhes  in  (ir^'illosis  iiiciiltis,  ;illii\  iis  (  t  ('i)lli!)ti.snpi  icis  (Krnlik  pi.  Tmi. 
exsicc.)  lU'C  non  in  insiiin  Djcfbn.  —  lu  dcserto  (^yicnaico  (Paclio).  lu 
j^gypto  (l)flile,  Siclx'i-,  Hove,  VVicst,  l\r,'iliiv). 

Var.  virycUa.  —  Siiflriitcx  seoparius,  rainis  t'i-eotis  vix  divergintibus  liaud 
tortuosis. 

In  pasi'iiis  cicscrti  in  ditione  Gahes  (Kraliit  pi.  Tuii.  exsicc.  ii.  236). 

Cette  variété  du  D.  tortuosa  diffère  par  de  nombreux  caractères  du 
D.  scoparia  {Coss.  et  DR.  in  fJx/l.  Snc.  hot.  11,  2^8)  dont  elle  rappelle  le 
port  (voir  /iull.  Soc.  hot.,  I(>c.  cit.). 

Dhveuua  cHLOiîANnu  (^oss.  et  i)l{.  ap.  Hulansapl.  AUer.  exsicc.  n.  877, 
et  in  Bull.  Soc.  hot.  Il,  2/i9. 

In  pascuis  deserti  ïunefani  circa  (iabes  (Kralik).  —  In  arenosis  petrosis 
i'X  coilibus  apricis  Saliarte  Aliieriensis  et  planitierum  excelsarum  Sahara», 
conliniuni,  in  provinciae  Cirtensis  ditione  BiskraîhiiwA  intVequens  (.lamin, 
Balansa  pi,  Alger,  exsicc.  ),  in  provinciae  Algeriensis  ùil'ume  Lag/iouat  1  (Re- 
bond, Kralik  apud  Bourgeau  pi.  Alger,  exsicc.  n.  206)  et  in  ditione  Mzab 
inler  Guer7'ara  et  y4/c'/rt(PveI)oud),  in  provincia  Oranensi  plnribus  locis  obvia 
tx.  gr.  ad  m  Abiod  Sidi  C/œtUi.'  et  ad  lacuni  saisnm  festate  exsiccatuni 
Chott  el  Cher  gui! 

Callipeltis  CuGiiLLAUiA  Stcvcu  m  Méhi.  Suc.  nat.ur.  Mosc.  VII,  275;  DC. 
Prudi\  IV,  613.  —  Vnlantia  Cucullaria  L.  .im.  ncod.  IV,  295;  Lrak 
lUustr.  t.  8-'j3. 

In  lorrentium  alveis  giareosis  ditionis  Gabes  ad  pedes  inontium  Djebel 
Keroua  Ql  Djebel  Aziza  Vàv\o\'  [MvàWk).  —  In  regione  montaua  inferiore 
montiiun  Saharai  Algériens!  conlinium  haud  infrequens,  ex.  gr.  in  ditione 
Biskra!  (Balansa  pi.  Alger,  exsicc.  n.  822),  m  ditione  Laghouat  (Gestin, 
Reboud),  in  provincia  Oranensi  australiore  in  monte  Djebel  Taelbouna 
prope  Asla!  —  In  Jîlgypto  superiurc  (Husson).  In  Arabia  petrœa  (Scbimper 
pi.  Arab.  petr.  cd.  Hohenacker  [18^3]  n.  232).  In  Persia  australi  (Rotschy 
pi.  Pers.  austr.  éd.  Hohenacker  [18/i5]  n.  105).  In  Asia  minore  (Hel- 
dreicli,  Balansa  pi.  Or.  exsicc.  n.  594).  In  Palaestina  (Boissier).  In  His- 
paniseauslro-orientalis  et  australis  piuribus  iocis  obvia  (Bourgeau  ap.  Coss. 
Pl.crit,  p.  113  et  167).  In  proviuciis  Cancasicis  (Steven,  Ledeb.  FI.  Ross.). 

Gymnabrhena  migrantha  Desf.  in  Mém.  Mus.  IV,  1,  t.  1;  DC.  Prodr.  Y, 
Zlh. —  Frankia  Schùnpet'i  ^lauû.l  in  Schimper  pi.  Arab.  petr.  exsicc. 
un.  it.  [1837]  n.  899. 

In  coilibus  calcareis  apricis  et  in  ailuviis  argillosis  prope  Gabes  bine  inde 
eopiosa  (Kralik  pi.  Tun.  exsicc.  n.  2/43  el  243  a).  —  In  Sahara  Algériens! 


180  SOCIÉTK    BOTAMUIK    DE    FHA.NCE. 

Imcusque  tantuin  iii  ditioue  Biskra  !  ubi  haud  infrequeiis  (Balausa  pi. 
Alger,  exsicc.  ii.  98i,  Ht'iion)  et  it)  ditione  Layhoual  (Tessière)  obvia.  — 
fil  Arabia  pt'lia?a  iiiter  Suez  et  el  Tor  (Sciiimper  exsicc).  Iii  Persia  iiiter 
Mossul  et  Bagdad  Olivier  et  Bruguierej. 

Aux  environs  de  Biskra,  M.  Balansa  a  recueilli,  croissant  péle-nièle  avec 
le  (t.  micrantha,  une  plante  quia  été  distribuée  sous  le  nom  de  G.  Balansœ 
Coss.  et  DR.  (Balansa  pi.  Alger,  exsicc.  n.  985);  cette  plante,  ainsi  que  l'a 
signalé  M.  Balansa,  diffère  du  G.  laicrantha  par  les  feuilles  cotylédonaires 
oblongues  entières,  et  non  pas  bifides  à  lobes  linéaires,  et  elle  s'en  éloigne 
en  outre  par  les  folioles  de  l'involucre  et  les  paillettes  moins  nombreuses, 
plus  larges,  ordinairement  plus  brusquement  acuminées,  par  les  akènes  un 
peu  plus  gros,  par  l'aigrette  un  peu  plus  longue,  à  soies  extérieures  moins 
scabres  et  à  soies  intérieures  plus  roides,  plus  larges,  lancéolées-linéaires. 
Un  examen  ultérieur  des  deux  plantes  sur  le  terrain  pourra  seul  déterminer 
la  valeur  des  différences  que  nous  venons  d'indiquer  et  nous  démontrer  si 
le  G.  A'fl/«ns(eest  spécitiquement  distinct  du  G.  micrantha,  o\\  s'il  n'en  est, 
au  contraire,  qu'une  forme  remarcjuable. 

NoLLETiA  cuuvsocoMoiuES  Cass.  iu  Dict.  XXXVII,  .'j79;  DC.  Prodr.  V, 
366. —  Conyza  chryaocoraoides  Desf. !  .1^/.  II,  269,  t.  232. —  Conyzn 
pitlican'oides  Coss.  et  DU.  ap.  Balansa /j/.  Alyer.  exsif-c.  n.  773. 

In  deserto  Tunetano,  in  collibus  arenosis  prope  Ki^roaan  (Desf.),  in  are- 
nosis  prope  Sfax,  et  inter  Sfax  et  Gabes  ad  turrem  Nadour,  et  in  insula 
Djevba{\iYix\\]\  p!.  Tun.  exsicc.  n.  80  et  80  a.  —  In  arenosis  et  in  aggeri- 
bus  arena*  niobilis  in  Sabaia  Algériens!  et  in  planitiebus  excelsis  Saharœ 
confinibus  late  diffusa  et  sa^pius  copiosissima,  ex.  gr.  in  ditione  Biskra! 
(Jamin,  Balansa  pi.  Alger,  exsicc.^,  in  ditione  Toutjourt  prope  Megarin 
(Reboud),  in  ditione  Lagltouat  (Reboud,  Kralik  ap.  Bourgeau  pi.  Alger, 
exsicc.  n.  196  «),  in  provincia  Oranensi  australiore  vulgaris  (Kralik,  ibid. 
n.  196V  —  In  regno  Marocano  ad  Mogador  (Broussonet  sec.  DC). 

Rhantebium  suaveole.ns  Desf.  Atl.  II,  291,  t.  240  ;  DC.  Prodr.  V,  463  ; 
Coss.  in  Bull.  Soc.  bot.  II,  252. 

In  regno  Tunetano  australi,  in  arenis  littoris  prope  Souza  (Pélissier  in 
Munby  Cat.  Alger.),  prope  Sfax  (Desfontaines,  Espina),  inter  Sfaxel  Gabes 
ad  turrem  Nadour  (Kralik  pi.  Tun.  exsicc.  n.  246)  et  in  argillosis  inter 
palmetum  Gabes  et  Djebel  Keroua  frequentissima  sed  fine  maii  vix  flori- 
fora,  nec  non  in  deserto  ad  pedem  montis  Ujebd  .lr/-a  (Kralik). 

Cette  espèce  parait  renq)iacer  dans  les  déserts  de  la  régiiice  de  Tunis'  le 
A',  ndijressuin  Cn-vs..  et  l)B.  \\n  Bull.  Sùc.  bot.  H,  252),  ;jui  est  très  ré- 
pandu dans  la  partie  cbaude  des  bauts  plateaux  de  l'Algérie  et  dans  tout 
le  Sahara  algerii'n,  ou  l'on  ne  i encontre  pas  le  /{.  si/nreolcns. 


SKVNCK   1)1    27   iKvmi'.ii    l<Sr)7.  ISI 

F«AiNt:(*.tiiuA  i.AciNiATA  Coss.  ot  DR.  ii[).  Ralaiisa  pi.  Akcr.  exsicc.  ii.  969, 

et  ap.  (j)«s.    I  oy.  ho/.  Mqi'i-.  in  .\)in.  m:,  vnt.  si'r.  'i,  IV,  '28/|. 

Planta  amuia  vel  sa'pius  iiuluratione  pcrennniis,  caiulifc  pluiicipite  iii 
radicem  fusiformein  abeunte;  caulibus  siepius  pluribus  plmimisve,  lana 
deniiim  deleisibili  plus  minus  floecoso-tomentosis,  trectis  vel  aseendenlibus, 
siiperne  vel  a  basi  raniosis,  1-5  decim.  longis,  ramis  teretibus  monoccphalis 
erectis  vel  divergcnti-aseendentibiis  corymbum  terminalem  et'fornianti- 
bus;  follis  plus  minus  floccoso-lanatis  vel  glabrescentibus,  alternis,  infe- 
lioribus  in  petiolum  attenualis,  superioribus  sessilibus  semiamplexicauli- 
bus,  obiongis  vel  oblongo-lanceoiatis,  plus  minus  erispatis,  irrégularité!' 
pinnatifidis  pinnatipartif.isvc,  lobis  inferiorum  ssepius  iterum  sinuato-den- 
tatis;  capitulis  multifloris,  pluribus  vel  numerosis,  caulera  ramosque  termi- 
nantibus;  involuero  bemispbffrieo,  foliolis  pubescentibus  vel  pubescenti- 
subtomentosis,  lineari-subulatis  ;  reeeptaculo  convexo,  nudo  ;  floscul i s  ïaûii 
miiseriatis  lifjulafis  femineis  ligiila  radiante  flosculos  disci  longe  superantc, 
disci  tubulosis  .'i-dentatis  liermapbroditis^  antherarum  lobis  basi  in  appen- 
dices setil'ormes  productis;  acbœniis  glabris.  minutis,  obiongis,  tereti- 
subcomprossis,  erostribus:  pappo  in  radio  et  in  disco  conformi  caduco, 
«iW/.s-  6-8  uniserialibiis  a  parte  inferiore  (pquaJitcr  barbellato-mbplurafmH, 
basi  in  annulum  brevem  setulis  paleiformibus  niinimis  interstinetis  coro- 
natum  conferruminatis.  —  Aprili-Junio. 

In  regno  Tunetano ,  in  rnderatis  prope  Tunetum  et  Zaghouan,  in  argil- 
loso-arenosis  prope  Sfax  et  Gabes  (Kralik).  —  Sabarœ  Algeriensis  ad 
limites,  in  glarcosis  amnis  Oued  Biskra  prope  Biskra  ubi  primum  inventa 
(Balansa  pi.  Alger,  exsice.),  in  argillosis  depressis  biunidis  ditionis  Lughouut 
loco  dicto  Dalda  Grar  el  Hainra  !  inter  Laghouat  et  Sidi  Moklipt onf  [(à^^Ww 
ap.  Bourgeau  pi.  Alger,  exsice.  n.  193). 

Le  F.  laciniata  se  distingue  du  F.  crispa  Cass.,  qui,  jiisiiu'a  la  decou 
verte  de  notre  plante  en  Algérie,  était  le  seul  représentant  du  genre,  par 
les  feuilles  pinnatilldes  ou  pinnatipartites,  et  non  pas  seulement  dentées,  par 
les  capitules  plus  gros,  par  les  fleurons  iigulés  rayonnants  dépassant  lon- 
guement les  fleurons  tubuleux,  et  par  les  soies  de  Taigrette  plus  longues, 
presque  plumeuses  dès  leur  partie  inférieure,  tandis  que  dans  le  F.  crispa 
elles  sont  scabres  dans  leur  partie  inférieure  et  presque  plumeuses  seule- 
ment au  sommet.  —  En  Algérie,  le  P\  laciniata  n'a  encore  été  observé  qu'à 
la  limite  septentrionale  du  Sahara,  tandis  qu'au  coiitraire  le  F.  crispa  n'a 
encore  été  trouvé  que  dans  le  Sahara  algérien  méridional,  dans  le  pays  des 
Béni  Mzab  près  Guerrara  (Ueboud). —  Le  F.  crispa  Cass.  n'avait  encore  été 
signalé  qu'en  Egypte  (Delile,  Sieber),  dans  l'Arabie  Pétrée  (Schimper), 
dans  la  Perse  méridionale  fKotschy,  Noë)  et  au  Sénégal  (ex  DC). 


182  SOCIÉTÉ    BOTANIQLK    DE    FltANCK. 

Cyrtolepis  Alkxanduiw  DC.  Prodr.  VI,  17.  —  Anacijclu^  Alexandrinns 
Willd.  Spec.  2173;  Delilc  ./f^.  FI.  13/i,  t.  ^8,  f.  3. 

In  arenoso-argillosis  prope  Sfax,  propo  Gabefi  ubique  obvia  (Kralik  pi. 
Tun.  exsicc.  n.  2^8).  —  In  Sahara  .\lp;ericnsi  tota  ut  videtur  late  diffiisa 
nec  non  in  planitifriim  excclsai'um  parte  Sahara?  confini  obvia,  p\.  gr.  in 
^WÀonQ  Biskra!  frcqiiens,  in  ditiono  Lafihnuat  (Gcsihi,  Rebond),  in  pro- 
vincia  Oranensi  australiore  a  lacu  exsiccato  Chntt  el  lihnrbi  (Kralik  ap. 
Bonrgeau  pi.  Alger,  exsicc.  n.  198)  usque  ad  Saharani  copiosa.  —  In 
vEgypto  inferiore  ad  Alexandriam  (Deliie,  Kralik).  Prope  Monspelium  loco 
dicto  Port-Jnvéna.l  cwxn  lanis  advecta  (Godron). 

Aux  environs  de  Gabes,  le  C.  Alexandrina  se  présente  sons  deux  formes 
en  apparence  bien  distinctes  :  l'une  identique  avec  la  plante  d'Alexandrie, 
caractérisée  par  les  capitules  plus  gros,  subglobuleux  à  la  maturité,  agglo- 
mérés par  3--'4  au  collet  et  sessiles,  ou  presque  sessiles  le  long  des  tiges  et  des 
rameaux  ;  l'autre,  identique  avec  la  plante  d'Algérie,  ordinairement  dé- 
pourvue vers  le  collet  de  capitules  sessiles,  et  à  capitules  petits  hémisphé- 
riques, plus  ou  moins  longuement  pédoncules  à  l'extréQiite  des  tiges  et  des 
rameaux.  Nous  avons,  du  reste,  observé  toutes  les  transitions  entre  les 
deux  formes  extrêmes  que  nous  venons  de  signaler. 

ANTHEMIS  piiNCTATA  Vahl  Sijmh.  II,  91,  t.  ^6;  Desf.  AU.  II,  288,  t.  239; 
DC.  Prodr.  VI,  8. 

In  monlibus  agri  Tunetani  :  in  iissuris  rupiuin  Atlantis  a  Desf'ontaines 
sine  designatione  loci  proprii  indicata,  sed  in  herhario  spécimen  adest  ex 
monte  Zowan  (Djebel  Zaghouan),  ubi  in  petrosis  et  rupestrihus  Imprimis 
verticis  excelsioris  copiosa  (Kralik  pi.  Tun.  exsicc.  n.  392);  in  montibus 
Tunetanis  haud  frequeus  (Vahl,  loc.  cit.),  in  berbario  Vahliano  spécimen 
adest  ex  summitate  montis  Plumbi  (Djebel  Reças).  — Nuperrime  in  Al- 
geriae  provincia  Cirîensi,  in  montibus  ditionis  Guelmo,  Djebel  Mahouna^ 
Thaïael  Debcujh  (A.  Letourneux,  maio  1856)  inventa. 

[La  suite  à  la  prochaine  séance.) 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


PHYSIOLOGIE  VEGETALE. 

Elu  klcincr  Bcîtras  «tir  Maturscscliiclïte  des  Theiygo- 
t*ifM»  Vfjittoei'fttÊtbtf  Liii.  {Note  relative  à  lliistoire  naturelle  du 
Thelygomm  C ynoc.rambe  Lin.];  par  M.  Th.  Irmisch  {Flora,  u°  kk^ 
2h  novembre  1856,  p.  689-698). 

M.  Th.  Irmisch  a  étudié  le  Thr'bjgonum  Cynocrambe  sur  le  vivant  et 
d'après  de  nombreux  individus  obtenus  de  graines,  qui  ont  fleuri  pendant 
tout  l'été.  Il  pense  de  là  que  les  Aoristes,  qui  indiquent  cette  plante  comme 
fleurissant  seulement  en  mai  et  juin,  en  restreignent  trop  la  floraison. 

Les  cotylédons  du  77ie l y gonum  sont  élevés  de  3-5  centimètres  au  dessus 
du  sol  par  l'axe  Lypocotylé,  continu  à  un  pivot  grêle  et  rameux.  Ils  res- 
semblent aux  feuilles  qui  viennent  après  eux  pour  la  texture  et  la  gran- 
deur; mais  ils  sont  largement  elliptiques  et  arrondis  au  sommet,  tandis  que 
celles  ci  sont  ovales  et  un  peu  aiguës  ;  leurs  nervures  sont  d'ailleurs  moins 
saillantes  et  ils  n'ont  pas  les  petits  cils  que  présentent  les  feuilles  ;  mais, 
comme  ces  dernières,  ils  offrent  2  stipules  membianeuses  soudées  entre 
elles  et  avec  le  côté  interne  du  pétiole.  Les  rares  dentelures  que  présentent 
les  stipules  des  feuilles  supérieures  manquent  à  celles  des  inférieures  et  des 
cotylédons,  de  sorte  qu'elles  forment  de  chaque  côté  entre  les  2  pétioles  une 
écaille  unique,  assez  large  et  membraneuse,  qui  rattache  l'un  à  l'autre  les 
2  cotylédons.  Le  Thelygonum  est  donc  un  exemple  remarquable  de  coty- 
lédons pourvus  de  stipules  ou  plutôt  peut-être  d'une  gaine. 

Une  autre  particularité  qu'offre  le  Thelygonum,  c'est  que  sa  tige  princi- 
pale, ainsi  que  les  ramifications  qui  en  proviennent,  portent  d'abord  3-^, 
plus  rarement  2  paires  de  feuilles  opposées,  toutes  les  feuilles  supérieures 
étant  alternes  avec  une  divergence  de  90  degrés.  L'auteur  croit  avoir  re- 
connu que  cette  alternance  tient  à  ce  que,  sur  les  deux  feuilles  que  portent 
les  nœuds  supérieurs,  une  avorte  constamment  ou  forme  rarement  une 
simple  éciiille.  Ce  cas  rappelle  celui  des  plantes  qui,  dans  cbaque  paire  de 
feuilles,  en  présentent  une  plus  petite  (Aconthacées). 

D'après  cette  manière  de  voir,  l'auteur  regarde  les  inflorescences  mâles 
de  cette  plante  comme  axillaires,  puis(ii;"elles  se  trouvent  immédiatement 
iiu-dessusdu  point  où  a  eu  lieu  l'avortement  d'une  feuille.  Il  a  vu  toujours 
une  inflorescence  mâle  au  point  où  se  fait  le  passage  des  nœuds  bifoliés  aux 


184  SOCIKÏl':    BOTANIQIE    I>F>    FRANTi:. 

nœuds  iinifoliés,  point  ou  uiiefiniilie  se  réduit  à  l'état  d'ccaille:  il  en  a  même 
vu  quelquefois  une  à  l'aisselle  d'une  feuille  (alors  plus  petite)  d'un  nœud 
bifolié,  l'autre  feuille  ayaut  à  son  aisselle  une  inllorescenee  femelle.  Ordi- 
nairement les  feuilles  opposées  supérieures  n'ont  à  leur  aisselle  que  des 
inflorescences  femelles,  tandis  que  les  inférieures  y  produisent  des  pousses 
feuilléesqui  fleurissent  comme  la  tige. 

M.  Wydier  ayant  très  bien  étudié  ces  inflorescences  (F/om  de  1833, 
n°  28),  M.  Irmisch  se  contente  de  faire  observer  (juc  l'inflorescence  mâle 
(l'inférieure,  s'il  y  existe  une  feuille-mère),  a  souvent  3  fleurs,  dont  la  mé- 
diane oppose  un  lobe  de  son  perigone  à  la  feuille-mère,  les  latérales  se 
trouvant  à  côté  d'elle  ou  en  arrière  d'elle.  Ces  fleurs  ont  souvent  un  pédi- 
cule très  visible.  Une  petite  écaille  qu'il  a  vue  une  fois  sur  un  pédicule  latéral 
lui  fait  penser  que,  conformément  a  l'opinion  de  iM.  Wydier,  dans  ces 
inflorescences  ordinairement  biflores,  une  des  fleurs  doit  être  axillaire.  Les. 
inflorescences  femelles  sont  pluriflores,  des  fleurs  rudimenlaires  se  trou- 
vant ordinairement  au-dessous  de  fleurs  bien  développées.  Déplus,  la  pré- 
feuille antérieure  des  fleurs  latérales  du  premier  degré  a  souvent  aussi  une 

fleur. 

M.  Th.  Irmisch  regarde  l'axe  situé  au-dessus  de  la  première  inflores- 
cence mâle  comme  la  contiimation  directe  de  l'axe  primaire,  tandis  que 
M.  Wydier  y  voit  un  sympode  composé  d'articles  simplement  unifoliés  et 
que  les  inflorescences  mâles  lui  semblent  terminer  la  portion  d'axe  anté- 
rieure. L'auteur  entre  dans  quelques  détails  au  sujet  de  cette  divergence 
d'opinion. 

Dans  la  fleur  femelle  centrale,  l'auteur  a  vu  toujours  le  perigone  tubuleux, 
un  peu  arqué,  situé  sur  le  côté  de  l'ovaire  qui  regarde  l'axe  d'origine,  et  les 
2  courtes  divisions  de  son  limbe  dirigées  l'une  en  arrière,  l'autre  en  avant, 
de  mém.e  que  les  2  lobes  plus  allongés  de  la  fleur  mâle  centrale.  I,e  peri- 
gone tombe  de  bonne  heure  sans  laisser  de  traces  sur  le  l'iuit.  Le  micropyle  se 
rouve  sur  le  côté  de  l'ovule  qui  est  opposé  au  point  dattache  du  perigone. 
Naturellement  c'est  du  même  côté  que  se  trouve  plus  tard  la  radicule  cylin- 
drique de  l'embryon.  —  Les  cotylédons  de  celui-ci  sont  décrits  comme 
linéaires  par  Endlieher  et  par  MM.  Grenier  etGodron,  dans  \i\  Flore  de 
France.  Mais,  eu  isolant  l'embryon,  M.  Irmisch  a  reconnu  qu'ils  sont  lar- 
gement elliptiques.  MM.  Grenier  et  Godron  décrivent  la  radicule  comme 
dorsale,  correspondante  au  dos  d'un  des  cotylédons.  Au  contraire,  d'après 
^I.  Irmisch,  l'embryon  étant  courbé  en  fer  à  cheval,  sa  courbure  rapproche 
bien  la  radicule  des  cotylédons  ;  mais  les  deux  parties  restent  séparées  par 
l'échancrure  qui  contient  le  funicule.  Il  est  donc  impossible,  dit-il,  que  la 
radicule  s'applique  contre  le  dos  d'un  cotylédon.  Il  suppose  que  nos  deux 
auteurs  ont  simplement  interprété  de  manière  peu  exacte  les  mots  de  coty- 
ledones  incumbeufes  em^\oyés  par  Kndlicher. 


lU'Vll':    «IBLIOGHAI'HIQI  K.  185 

Ucllo  Kv»l»ifiii('ii<4»  (li  <'til4»r<!'  nat"'  liori  délia  Iftaf/nr^tiii 
ifvit»i*iîfl«»i'*t  lin.  [Sur  le  dévclojijxniicnt  (II!  cltalcvr  qui  n  lia  n  dans 
ics  fleurs  di/ Magnolia  rpvmdiflora  l.ii).),  P^»!'  ^ï-  Altilio  Tassi  ;  lettre 
ailiossée  h  M.  Louis  Ai-riglii,  directeur  du  Lycée  I  H.  de  I.ucqnes;  in-8 
de  U  pag.,2  septembre  1856. 

Le  l'ait  intéressant  qui  l'ail  le  sujet  de  la  lettre  de  M.  Altilio  Tassi  avait  été 
reconnu,  parait- il,  en  IK:");"),  par  M.  Arrighi.  INL'iis  ce  savant  ne  s'était  pas 
attaché  à  en  rechercher  les  diverses  circonstances,  et  c'est  ce  qu'a  fait  avec 
soin  M.  A  Tassi.  Ce  botaniste  a  reconnu  que  le  développement  de  chaleur 
a  lieu  dans  les  ileurs  du  Magnolia  (/randi/loro,  soit  encore  attachées  à  la 
branche,  soit  coupées;  qu'il  est  assez  prononcé  pour  que  le  réchauffement 
qui  en  est  la  conséquence  soit  appréciable  au  toucher,  et  qu'il  a  lieu  après 
le  moment  où  les  étamines  se  sont  écartées  les  unes  des  autres  et  aussi  de 
l'axe  lloral,  c'est-à-dire  d'ordinaire  le  matin  dans  les  ileurs  coupées,  l'our 
mesurer  l'intensité  de  ce  réchauffement  et  son  siège,  l'auteur  a  procédé 
comme  il  suit  : 

D'abord  il  a  mis  un  thermomètre  en  contact  avec  l'axe  staminifèi'e  d'une 
fleur  coupée.  Le  mercure  s'est  élevé  ;  puis  il  s'est  maintenu  dans  cet  état 
pendant  quelque  temps  et  n'est  redescendu  ensuite  i\i\e  lentement,  de  ma- 
nière à  se  trouver  enfin  au  même  point  qu'un  autre  thermomètre  placé  dans 
l'air.  En  second  lieu,  il  a  mis  en  même  temps  un  thermomètre  en  contact 
avec  une  partie  de  l'axe  staminifère  qu'il  avait  dépouillée  d'étamines  et  un 
autre  eu  contact  avec  les  étamines  elles-mêmes.  Les  deux  instruments  ont 
indiqué  promplement  une  élévation  de  température;  mais  l'action  a  été 
plus  intense  sur  le  premier  que  sur  le  second.  Enfin  M.  A.  Tassi  a  mis  en 
même  temps  deux  thermomètres  en  contact,  l'un  avec  la  poition  stamini- 
fère de  l'axe,  l'autre  avec  les  carpelles.  Le  premier  a  indiqué  lapidement 
un  développement  de  chaleur;  le  second  n'a  pas  accusé  la  moindre  éléva- 
tion de  température. 

De  ses  observations  l'auteur  déduit  les  conclusions  suivantes  : 

Les  fleurs  du  Magnolia  grandiflora  manifestent  une  chaleur  propre. 

Cette  chaleur  ne  se  produit  pas,  au  moins  de  manière  appréciable  pour 
un  thermomètre  ordinaire,  avant  le  mouvement  staminal  qui  a  été  indi(iué 
plus  haut. 

L'élévation  de  température  peut  être  reconnue  par  le  toucher. 

Cette  chaleur  paraît  être  concentrée  dans  la  portion  staminifère  de  l'axe 
floral. 

Elle  se  communique  peut-être  à  la  base  des  pétales,  et  certainement  aux 
étamines. 

Le  maximum  de  chaleur  est  d'environ  h  degrés  centigrades. 

Les  carpelles  ne  donnent  aucun  indice  de  chaleur. 


186  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Dans  les  fleurs  coupées  le  soir  et  conservées  pendant  la  nuit  plongeanl 
dans  l'eau,  il  y  a  une  émission  abondante  de  vapeur  qui,  retenue  sous  la 
voûte  des  pétales,  s'y  condense  en  gouttelettes. 

«  Si  le  sens  du  toucher  ne  m'a  trompé,  dit  en  note  M.  Attilio  Tassi,  les 
fleurs  du  Nymphœa  alba  donnent  étzalement  signe  de  chaleur.  » 

Mote  sur  ^appareil  reproducteur  niultSple  des  Oypo- 
xylées  DC.  ou  Pyréuomycètes  Fries,  par  M.  L.  R.  Tulasne 
[Ann.  des  se.  natur.,  k^  série,  V^  1856,  p.  107-118). 

M.  Tulasne  fait  d'abord  ressortir  le  nombre  immense  et  plus  particuliè- 
rement la  polymorphie  des  petits  Champignons  ou  Micromycètes  dont  les 
recherches  dos  observateurs  modernes  ont  amené  la  connaissance.il  signale 
les  fâcheuses  conséquences  de  cette  polymorphie  par  suite  de  laquelle  «  une 
foule  de  Champignon?,  d'Hypoxylées  principiilement,  figurent  à  la  fois  en 
2,  3,  ou  même  'i  genres  qui  sont  tenus  pour  distincts,  et  placés  le  plus  sou- 
vent en  des  familles  différentes.  »  Cependant  il  expriiue  l'espoir  que  ces 
erreurs  pourraient  être  réformées,  que  ces  doubles  emplois  pourraient  être 
supprimés  par  des  observateurs  attentifs  et  prudents.  Son  Mémoire  actuel 
prouve,  en  effet,  pour  les  Pyréuomycètes,  que  cet  espoir  est  certainement 
fondé. 

Les  Hypoxylées  ou  Pyrénomycètes  possèdent  au  moins  h  appareils  dis- 
tincts de  reproduction.  Ce  sont  les  suivants,  d'après  l'ordre  d'apparition  : 
1°  les  Con?'c?i>s, corpusculesde  formes  très  variées,  qui,  leplus  souvent,  nais- 
sent directementsoitdu  mycélium,  soit  du  stroma  ou  pulvinule  solide  auquel 
ce  mycélium  donne  naissance.  Elles  sont  susceptibles  de  germer.  Une  multi- 
tudedeGymnomycètes  et  d'Haplomycètes  regardes  comme  des  êtres  distincts 
etautonomes,  ne  représentent  réellement  que  l'état  conidifere  d'autant  d'Hy- 
poxylées. L'auteur  dit  s'en  être  assuré  pour  les  genres  Melanconium,  Stilho- 
spora,  Stegonosporium,  Corijnetim,  Exosporium,  Cylindrosporium,  Macro- 
sporium,  Vermicularia,  Mi/strosporium,  Cladosporiwn,  Helniinthosporiwn, 
Periconia,  Pohjthrincium,  Tubercularia,  Slilbum ,  Atractium ,  Gra- 
phium,  etc.,  qui  tiennent  tantde  place  dans  nos  flores  mycologiques.  M.  Tu- 
lasne appuie  celte  assertion  sur  des  preuves  pour  plusieurs  de  ces  genres. 
—  2''  Les  conceptacles  auxquels  il  adonné  le  nom  de  Pi/cnides,  dans  l'inté- 
rieur desquels  sont  produits  les  stijlospores,  corps  séminiformes  nus  et  primi- 
tivement stipites,  dont  la  forme  est  plus  constante  dans  chaque  espèce  que 
celle  des  conidies,  mais  dont  le  volume  et  la  couleur  varient  beaucoup, 
l.es  stylospores  germent  comme  les  conidies.  L'auteur  regarde  comme 
de  simples  pycnidesde  Sphériacées  la  plupart  des  formes  de  Pyrénomycètes 
réparties  dans  les  prétendus  genres  Diplodin,  Sporocladus,  Sphœropsis, 
Hendersonifi,  Myxoci/c/m,  Ph/j/loaticta,  P fiomn,  c\c.  —S"*  \.esSpe7'maties 


REVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  187 

sont  des  corpuscules  acrogènes  comme  .les  stylospores,  auxquels  ils  s'asso- 
cient parlois  dans  le  même  conceptacle,  mais  beaucoup  plus  ténus,  ordi- 
nairement linéaires,  courbes  ou  droits,  qui  composent  des  masses  pultacées 
jaunes,  orangées,  roses,  blanches  ou  brunâtres.  Plus  .souvent  les  spermaties 
naissent  dans  des  appareils  spéciaux  plus  complexes,  ou  Spermogonies  Tul. 
Les  prét(Midiis  genres  Cijtispora,  Nœmasporo^  Lihertella,  Septoi'ia,  Chei- 
laria,  LejHo/hijrhm,  etc.,  ne  comprennent  que  de  simples  spermogonies  de 
diverses  Hypoxyiées.  La  plupart  des  spermaties  ne  germent  pas,  etiM.  Tu- 
iasne  est  porté  a  leur  attribuer  un  rôle  analogue  à  celui  des  anthérozoïdes. 
—  Eniîn,  je  dernier  et  le  plus  parfait  des  appareils  reproducteurs  de  ces 
petits  Champignons  donne  naissance  aux  spores  endothèques.  Celles-ci  res- 
semblent souvent  beaucoup  soit  aux  conidies,  soit  aux  stylospores,  et  elles 
germent  de  même  qu'elles. 

A  ce  travail  de  M.  ïulasne  sont  jointes  en  note  les  descriptions  de  di- 
verses espèces  d'Hypoxylées  nouvelles  ou  peu  connues,  dont  il  s'était  con- 
tenté de  donner  le  nom  dans  d'autres  écrits.  Ces  espèces  sont  10  Melanconis , 
5  Sphœria,  3  Stilhum,  1  Dothidea  et  2  Valsa. 

Das!<ï  claw  Faaileit  «1er  f^artoflelUiiollcn  lieS  «1er  sog;e- 
naiiiiten  HartofrelkraulKbeit  «liircU  die  ansgestreu- 
tcii  uikI  l«.«;iineii«lcit  Sporcn  «les  ItlattpilKC^ii  (Het'ono- 
sgiOi'fê  ftfvnsfati'ijp)  vcrwrsaclit  ^vîr«l,  «liireli  Kxperi- 
■nciifc  lïcwîcseii  (Démonstration  expérimentale  de  ce  fait,  que  la 
pourriture  des  tubercules  dans  la  maladie  des  pommes  de  terre  est  déter- 
minée par  la  dissémination  et  la  germination  des  spores  du  Champignon 
épiplii/lle,  Peronospora  devastatrix);  par  M.  .1.  Speerschneider  {Flora 
du  U  février  1857,  n°  6,  pp.  81-87). 

L'auteur  de  ce  mémoire,  présumant  que  le  Peronospora  devastatrix  était 
la  cause  de  la  putréfaction  des  tubercules  de  pommes  de  terre  malades,  a 
fait,  pour  recoîinaitre  ce  qu'il  y  avait  de  fondé  dans  cette  idée,  les  expé- 
riences suivantes  : 

1.  Sur  des  tubercules  de  pomme  de  terre  mûrs  et  couverts  d'une  peau 
(couche  subéreuse)  épaisse  et  bien  formée,  il  a  répandu  les  spores  du  Perono- 
spora devastatrix.  Après  s'être  bien  assuré  que  les  spores  du  Champignon 
s'étaient  positivement  attachées  aux  points  sur  lesquels  il  avait  opéré,  il  a 
enveloppé  ces  tubercules  dans  des  linges  et  il  les  a  ensuite  gardés  à  sec.  Au 
bout  de  quatre  semaines  ils  étaient  notablement  flétris  ;  mais,  même  après 
un  plus  long  espace  de  temps,  ils  n'étaient  pas  du  tout  malades.  Aucune 
spore  n'avait  germé  à  leur  surface. 

2.  Après  avoir  traité  de  la  même  manière  un  certain  nombre  d'autres 
tubercules,  il  les  a  entourés  de  linges  humides  et  il  les  a  placés  les  uns  dans 


ISS  socii'yrÉ  isotamou'.  i>f.  1"!<aN(;k. 

(le  la  terre  huinido,  les  autres  dans  de  la  mousse  humide.  Au  bout  de  seize 
jour.-,  aucun  indice  de  maladie  ne  se  présentant,  il  a  examiné  au  microscope 
les  places  sur  lesquelles  les  spores  avaient  été  répandue.^.  Il  a  vu  qu'elles 
avaient  germé  çà  et  là.  Déjà  quelques-unes  avaient  enfoncé  des  filaments 
dans  la  couche  subéreuse  ;  mais  ceu.x-ci  s'étaient  arrêtés  en  se  racornis- 
sant da:;s  la  3'  ou  h"  coucbe  de  cellules,  vraisemblablement  par  suite  du 
manque  de  nourriture.  Dans  aucun  cas  ils  n'avaient  pénétré  jusque  dans 
le  parenchyme  à  fécule. 

3.  Dans  une  troisième  série  d'expériences  l'auteur  a  enlevé  sur  un  ou 
plusieurs  points  la  peau  bien  développée  de  tubercules  mûrs.  Il  a  ré- 
pandu sur  ces  points  les  spores  du  Champignon,  et  il  a  attaché  à  d'autres 
places,  également  dénudées,  des  morceaux  de  feuilles  couvertes  de  ce  même 
Peronospom.  Knsuite  il  a  enveloppé  ces  tubercules  avec  des  linges  mouillés 
et  il  les  a  conservés  dans  cet  état,  pendant  cinq  à  dix  jours,  dans  de  la  terre 
humide  ou  dans  de  la  mousse  également  humide.  Au  bout  de  sept  à  dix  jours, 
tous  ces  tubercules,  sans  exception,  présentaient  les  premiers  indices  déjà 
parfaitement  nets  de  la  maladie,  sur  les  points  où  la  peau  avait  été  enlevée 
A  l'.iidedu  microscope,  M.^Speerschneider  a  vu  que  les  spores,  ayant  parfai- 
tement germé,  avaient  insinué  leurs  lilaments  jusque  dans  le  parenchyme 
des  tubercules,  et  que  toutes  les  cellules  situées  près  des  fdaments  qui  avaient 
ainsi  pénétré  commençaient  à  brunir  et  à  se  décomposer. 

U.  Dans  d'autres  expériences,  l'auteur  a  pris  de  jeunes  tubercules  sur 
lesquels  la  couche  subéreuse  était  encore  réduite  à  un  petit  nombre  de 
couches  de  cellules  et  s'enlevait  facilement;  il  atixé  à  leur  surface  des  feuilles 
couvertes  de  Peronospora  et  il  a  répandu  sur  d'autres  les  spores  de  ce 
champignon.  Tous  ces  tubercules,  enveloppés  de  linges  mouillés ,  ont  été 
conservés  dans  de  la  terre  humide  ou  dans  de  la  mousse  également  humide. 
Après  trois,  cinq  ou  dix  jours  tous  étaient  malades.  Les  filaments  produits 
par  la  germination  des  spores,  après  avoir  traverse  la  couche  subéreu>e 
encore  mince,  avaient  pénétré  dans  le  parenchyme  et  s'y  répandaient  de 
tous  les  côtés.  Les  parois  des  cellules  voisines  commençaient  à  brunir  et  à 
s'altérer. 

5.  Un  certain  nombre  déjeunes  tubercules  à  peau  mince  ont  été  plantés 
à  quelques  pouces  en  terre  et,  aux  endroits  oii  ils  se  trouvaient,  on  a  ré- 
pandu sur  la  terre  des  feuilles  de  pommes  de  terre  malades  (jui  portaient  en 
abondance  le  Pcronoi^porn  avec  .ses  spores  mûres.  De  temps  en  temps  on  ar- 
rosait ces  feuilles  avec  de  l'eau  de  rivière  qui,  s'inliltrant  dans  le  sol,  devait 
y  entraîner  les  spores  du  Champignon.  Au  bout  de  quatorze  jours,  presque 
tous  ces  tubercules  étaient  plus  ou  moins  malades,  et  sur  quelques-uns 
l'auteur  a  trouvé  le  Peronospora  devastatrix  développé  à  leur  surface. 

6.  Des  tubercules  qui  avaient  été  rendus  malades  par  l'une  des  méthodes 
dont  on  vient  de  voir   l'indication  ont  été  conservés  pendant  longtemps 


llKVLfc;    HIBLIOGKAPHIQIE.  189 

(huit  a  dix  semaines).  A  la  liii  railleur  en  a  vu  provenir  le  Fusisporium  So- 
lani.  Une  étude  microseopique  attentive  lui  a  prouvé  que  le  mycélium  de  ce 
Champipfnon  provenait  des  filaments  produits  à  la  germination  des  spores 
du  Peronoiipora,  qui  s'étaient  beaucoup  étendus  dans  le  parenchyme  des  tu- 
bercules. 

Ces  expériences,  faites  d'abord  pendant  l'automne  de  1855,  or.t  été  sou- 
vent répétées  en  1856,  et  toujours  elles  ont  donne  les  mêmes  résultais,  [.'au- 
teur en  déduit  les  conclusions  suivantes  : 

1.  Les  filaments  émis  par  les  spores  en  germination  du  Peronospom 
demstatrlx  pénètrent  dans  le  parenchyme  des  tubercules  de  la  Pomme  de 
terre.  A  la  suite  de  cette  pénétration,  ce  tissu  devient  malade  et  se  détruit 
peu  à  peu.  Le  Champii;non  est  donc  la  cause  de  la  maladie. 

2.  Ce  n'est  qu'au  hasard  que  les  spores  du  Champignon  arrivent  aux 
tubercules;  de  là  il  est  facile  de  s'expliquer  pourquoi  les  pieds  de  pommes 
de  terre  dont  les  fanes  sont  malades  peuvent  porter  des  tubercules  sains,  et 
réciproquement. 

3.  La  maladie  des  tubercule,  ne  se  déclare  que  sous  l'inilueiR-e  de  l'hu- 
midité, celle-ci  étant  indispensable  pour  la  germination  des  spores. 

Ix.  Une  peau  épaisse,  comprenant  de  nombreuses  assises  de  cellules  subé- 
reuses, empêche  la  pénétration  des  filaments  émis  par  les  spores  du  Cham- 
pignon. Ce  fait  explique  pourquoi  la  maladie  s'est  déclarée  avec  facilité 
principalement  sur  les  tubercules  jeunes,  à  peau  mince,  ou  en  des  points 
dénudés  de  leur  peau  bien  formée. 

5.  La  maladie  des  tubercules  doit  partir  toujours  de  la  surface  pour  se 
propager  ensuite  de  proche  en  proche  dans  l'intérieur. 

6.  Les  fanes  de  la  Pomme  de  terre  doivent  être  toujours  attaquées  les 
premières  par  la  maladie,  avant  que  la  pourriture  puisse  envahir  les  tu- 
bercules. 

7.  Le  Fusisporium  Solani  et  le  Peronospora  devastatrix  ne  sont  que 
deux  formes  morphologiquement  différentes  d'un  seul  et  unique  Cham- 
pignon. 

L'auteur  fait  ressortir  l'importance  majeure  que  ne  peut  manquer  d'avoir, 
dans  la  pratique,  la  connaissance  de  ce  fait,  que  le  Champignon  à  l'invasion 
duquel  est  due  la  maladie  des  pommes  de  terre  se  développe  d'abord  sur  les 
fanes  et  ne  se  communique  de  là  aux  tubercules  que  par  l'effet  du  Iransport 
de  ses  spores.  Il  pense  qu'en  supprimant,  en  temps  convenable,  une  grande 
partiedes  fanes,  particulièrement  leurs  portions  déjà  vieilles,  on  empêcherait 
l'infection  des  tubercules,  et  il  croit  que  cette  suppression  ne  nuirait  pas  au 
dé\eloppement  de  ces  derniers.  Il  rapporte  quelques  expériences  qui  lui 
semblent  appuyer  cette  croyance  à  l'innocuité  de  l'effeuillaison  partielle  de 
lu  Pomme  de  terre,  expériences  auxquelles  il  se  propose  de  donner  suite. 

.Nous  croyons  devoir  ajouter  que  dernièrement,  en  rendant  compte  dans 


190  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

le  Gnrdpners'  Chronicte  des  observations  de  M.  Speerschneider,  M.  Ber- 
keley conseillait,  au  lieu  de  supprim  m- partiellement  ou  totalement  les  fanes 
des  pommes  de  terre  malades,  de  les  traiter  par  la  fleur  de  soufre,  l'action 
souverainement  efficace  de  cette  substance  sur  les  Champiiinons  étant  au- 
jourd'hui parfaitement  démontrée  par  le  nombre  considérable  d'expériences 
auxquelles  a  donné  lieu  la  maladie  de  la  vigue. 

BOTANIQUE  DESCRIPTIVE. 

Obscr^atioiftK  critûiucs  et  syuoai^ inique»»  sur  Titerhier 
de  Tabbé  CliainL,  curé  des  Beaux,  près  Gap,  eu  1791  ;  par  M.  Ed. 
Timbal-Lagrave  [Mém.  de  l'Acad.  des  sciences  de  Toulouse,  pour  1856. 
Tirage  a  part  (1)  en  brochure  in-S»  de  Ik  pages  ;  1856.  Toulouse,  chez 
Milbès,  rue  St-Uorae,  46,  et  Gimet,  rue  des  Balances,  66). 

Dans  une  introduction  à  son  mémoire,  M,  Timbal-Lagrave  rappelle  la  part 
active  que  prit  Chaix  à  la  réunion  des  matériaux  à  l'aide  desquels  Villars 
écrivit  son  histoire  des  plantes  du  Dauphiné  (1786-1789).  Les  relations 
intimes  du  modeste  curé  des  Beaux  avec  le  célèbre  Aoriste  du  Dauphiné 
donnent  à  son  herbier  un  intérêt  particulier  ;  et  cet  intérêt  s'accroit  par  ce 
fait  que,  avant  d'envoj'er  cette  collection  à  Lapeyrouse  qui  en  avait  fait 
l'acquisition,  Villars  avait  eu  le  soin  d'en  revoir  toutes  les  espèces  et  d'y 
faire  même  quelques  corrections.  A  la  mort  du  fils  de  Lapeyrouse,  cet  her- 
bier était  passé  entre  les  mains  du  colonel  Dupuy,  amateur  zélé  des  sciences 
naturelles.  Il  appartient  aujourd'hui  au  neveu  du  colonel  Dupuy,  le  docteur 
Judan,  qui  Ta  mis  obligeamment  à  la  disposition  de  M.  Timbal-lagrave.- 
Cette  collection  intéressante  forme  cinq  gros  volumes  in-folio,  reliés  en 
parchemin,  dans  lesquels  les  plantes  sont  collées  sur  de  fort  papier  de  Hol- 
lande, plusieu's  espèces  figurant  généralement  sur  chaque  feuille.  Llle 
comprenait  3000  espèces  ;  mais  les  insectes  en  ont  détruit  un  bon  nombre, 
lin  outre,  M.  Timbal-Lagrave  dit,  et  nos  propres  souvenirs  nous  porteraient 
à  généraliser  peut-être  plus  que  lui  sous  ce  rapport,  qu'un  assez  grand 
nombre  de  ces  espèces  y  sont  représentées  par  des  écbantillons  incomplets 
ou  fortement  endommagés.  Le  travail  attentif  dont  cet  herbier  a  été  l'objet 
en  devient  d'autant  plus  digne  d'éloges  qu'il  présentait  plus  de  difficultés. 

Dans  sa  révision  de  l'herbier  de  Chaix  l'auteur  suit  l'ordre  d'après  lequel  les 
plantes  y  sont  rangées  ;  or  cet  ordre  est  précisément  celui  (|ue  Villars  avait 
adopté  dans  sa  Flore.  On  sent  qu'il  nous  serait  impossible,  sans  réimprimer 
presque  le  travail  de  .M.  Timbal-Lagrave,  d'indiquer  les  synonymes  qu'il 
rapporte  à  un  grand  nombre  d'entre  les  plantes  de  Chaix,  et  par  conséquent 

(l)  Il  u  été  lire  à  pari  ioo  exemplaires  de  ce  mémoire,  qui  soiil  mis  en  vente 
cliez  les  deux  libraires  de  Toulouse  dont  l'adresse  est  indiquée  plus  haut. 


KEVUE    BIBLIOGRAPHIULE.  191 

de  Villart.  ;  mais  nous  croyons  devoir  consigner  ici  le  résume,  de  quelques 
discussions  sur  des  plantes  litijiieuses,  et  suitoul  l'indication  de  (juelques 
plantes  qui  lui  paraissent  constituer  des  espèces  nouvelles  et  dont  il  insère 
la  description  dans  son  niécnoire. 

1.  Api  es  avoir  assigné  à  VAgrosds  feslucotdes  Vill.j  Cli.,  Herb.,  vol.  I, 
fol.  ^1,  le  synonyme  (VA.  al/jùia  Scop.  ,  iM.  Ïinibal-Lagrave  dit  que 
\'Ayrostis  al/jina  des  Pyrénées  dilïère  notablement  de  celui  des  Alpes,  et  il 
en  fait  l'espèce  sui\anle. 

Agrostis pyrenœa  Tmb-Lgrv.  (p.  17).  A.  alpina  Auct.  pler.  non  Scop. 

«  Hacine  vivace  cespiteuse  ;  tiges  de  2  à  4  décim.,  grêles,  flexueuses, 
faibles,  ascendantes;  feuilles  infér.  enroulées,  fines  et  /énues;  celles  de  la 
tige  courtes  et  arquées;  gaines  enflées  ;  ligule  longue,  un  peu  déchirée;  pani- 
cule  resserrée /o/î</Me  ;  pédicelles  inégaux^  niultillores  ;  fleurs  très  nom- 
breuses,/)«/es,  blanchâtres  ;  glumes  lancéolées,  entières,  un  peu  scabres  sur 
le  dos,  égales;  glumelles  a  2  nervures  noirâtres,  dépassant  le  sommet; 
arête  dépassant  la  fleur,  se  genouillant  un  peu  avant  sa  sortie  de  la  glume.» 

Pyrénées  occidentales. — Fleurit  en  août. 

\.' Agrostis  pyrenaïca  Pourr.  est  l'A.  rupestris  Ail. 

"i.  Urtica  Dodarti  Lin.,  sp.  Ch.,  Herb.,  vol.  I.  fol.  187. —  De  la  discus- 
sion a  laquelle  \\  se  livre  au  sujet  de  celte  plante  M.  Timbal-Lagrave  conclut 
que  les  différences  caractéristiques  qu'elle  présente  sont  le  résultat  d'une 
maladie  de  V Urtica  piluli fera  Lin.  causée  par  l'absence  d'éléments  néces- 
saires à  son  développement,  laquelle  a  déterminé  la  faiblesse  du  sujet  et, 
comme  conséquence,  la  soudure  des  dents  des  feuilles  ainsi  que  l'avor- 
lement  de  quehiues  fleurs. 

3.  Campamila  Bocconi  Vill.  ^  Ch.,  Herb.,  vol.  Il,  fol.  120.  —  Cette 
plante  est  identique  avec  le  Campanula  rotundifolia  Lin. 

h.  Hieracium  lanceolatum  Vill.5  Ox.^Herb.,  vol,  III,  fol.  72.  —  Cette 
plante  est  regardée  par  l'auteur  comnie  formant  une  bonne  espèce  bien 
caractérisée. 

5.  Hieracium  controversum  Tmb.-Lgrv.  (p.  43)  {H.  sabaudwn  Lapeyr., 
Herb.,  non  L.). 

«  Souche  vivace,  oblique,  grosse,  à  flbres  fortes,  longues  et  dures,  don- 
nant 1-2  tiges  florifères  et  autant  de  non  florifères;  calathides  en  corymbe 
ramassé  en  tête,  souvent  1-/'.;  ptdonc.  courts,  épais,  hérissés  de  poils 
simples  et  de  poils  noirs  glanduleux,  offrant  des  bractéoles  linéaires  et  quel- 
ques fi.  avortées;  périclineoô/on.ir/,  à  folioles  extér.  hérissées  de  poils  uoirât., 
formant  un  calicule  non  appliqué,  les  intér.  hérissées  sur  le  dos,  glabres  et 
scaricuses  aux  bords,  linéaires,  lancéolées,  obtuses  ;  corol.  à  dents  non 
ciliées;  style  ne  brunissant  pas  en  séchant;  achaines  striés,  égalant  l'aigrette, 
colorés  en  rouge  orangé  très  vif,  de\enant  rouge  foncé  en  séchant.  Feuil. 
infer.  ovales,  lancéolées,  obtuses,  atténuées  eu  pétiole  ailé,  détruites  à  la 


192  SOCIÉTÉ    BOTAMQLK    DE    FRANCE. 

floraison  ;  les  rnoy,  et  les  super,  alternes,  décroissantes  vers  le  haut,  ovales, 
elliptiques,  embrassantes  en  cœur  à  la  base,  arquées  en  dehors,  hérissées  sur 
les  deux  faces  de  gros  poils  isoles,  dentées  aux  bords,  à  dents  inégales; 
nervures  et  nervilles  très  saillantes  en  dessous;  tige  de  0"',2  à  0"\à,  hérissée 
de  poils  simples,  glanduleux  au  sommet,  longuement  nue  à  sa  base.   » 

Très  co.mmun  dans  les  montagnes  moyennes  des  Pyrénées  centr,,  notam- 
ment à  Ksquierry,à  Medassoles,  dans  les  pâturages. — Fleur,  en  septembre. 

Cette  plante  pyrénéenne  ne  rentre  ni  dans  V Hier,  sabaudum  l>.,  ni  dans 
\'N.  prenant hoi des  Vill.,  ni  dans  1'^.  elaU.n)i  de  M>1.  Grenier  et  Godron. 
Elle  a  plus  d'analogie  avec  \li.  lanceolatum  Vill. 

6.  Le  Géranium  purpurcum  WW.;  Ch.,  Herb.,  vol.  iV,  fol.  19,  regarde 
par  M.  Godron  comme  synonyme  du  (i.  modestum  .lord.,  en  est  distinct, 
d'après  M.  Timbal-Lagrave,  qui,  pour  Justifier  son  opinion,  décrit  l'échan- 
tillon conservé  dans  l'Herbier  de  Chaix. 

7.  Euphorbia  Chaixiana  Tmb.-l.grv.  (p.   72;. 

«  Ombelle  à  5  rayons  allongés  (10-12  cent.  ,  bifurques  ;  feuil.  du  verti- 
cille  ombellaire  arrondies  au  sommet;  bractées  jaunes  pendant  et  après 
l'anthèse,  semi-orbicuiaires,  soudées  base  à  base  dans  l//i  de  leur  étendue; 
glandes  de  l'involucre  caliciformes  jaunes,  en  croissant,  à  pointes  très 
longues^  aiguës  et  peu  convergentes,  formant  dans  la  partie  évasée  2  angles 
presque  aigus  et  non  une  courbe  parfaite  comme  dans  la  plante  commune 
[E.  sijlvatica  Jacq.  ;  L.)om  les  2 pointes  se  rapprochent  beaucoup  ;  Capsule... 
Feuil.  de  2  sortes,  celles  de  la  base  d'un  vert  Jaunâtre,  coriaces,  elliptiques, 
atténuées  en  pétiole,  à  bords  repliés  en  dessous,  mais  non  enroulées  ;  celles 
placées  au-dessus  sont  obovées,  spatulées,  plus  molles  que  lesinfér.;  liges 
grêles,  sous-frutesc. ,  toutes  florifères,  pourvues  d'une  ombelle  et  de  longs 
pédoncules  latéraux  bifurques.  Plante  vivace,  parfaitement  ^/((ôre.    » 

Commun  a  Fontfrolde,  près  de  iN'arbonne.  Fleurit  vers  le  milieu  de  mai. 

Quoique  voisine  de  V  Euphorbia  sylvatica  Jacq.  {E.  amijgduloides  Auct), 
celte  plante,  dit  l'auteur,  en  diffère  sensiblement  par  les  caractères  qui 
viennent  d'être  rapportés. 

Flora   voii   lleiclelliei*;;-  {Flore  de  heidelberg),  par  M.  ,1oh.  Ant. 
Schmidt  (l  vol.  in-16  de  xxxix  et  39^  pages). 

Cette  flore  est  spécialement  destinée  a  servir  pour  les  herborisations.  Elle 
est  écrite  entièrement  en  allemand.  Dans  sa  préface  M.  Schmidt  nous  ap- 
prend quels  matériaux  il  a  eus  a  sa  disposition  pour  écrire  son  livre.  Il 
donne  la  liste  des  ouvrages  soit  spéciaux,  soit  ^e  rapportant  à  une  circon- 
scription plus  étendue,  dans  lesquels  la  végétation  des  environs  de  Heidel- 
berg a  eie  étudiée.  H  trace  ensuite,  dans  une  introduction  assez  étendue 
fpp.  vM-x\nj,  le  tableau  de  la  distiibution  géoi;iaphique  des  plantes  daiis 


UKVl'K    HIHLIOGRAPIIIQUE.  193 

le  pa^'s  doiil  il  s'occupe.  Pour  cela,  il  examine  successivement  la  llore  des 
principales  stations.  Il  présente  ensuite  le  relevé  des  Phanérogames  carac- 
térisées p.'ir  lui.  (À'S  pinntes  s'élèvent  à  i\\l\  espèces  spontanées  qui  se  rîîp- 
portent  à  /i/i8  «zenres  et  107  familles.  Sur  ce  nombre  se  trouvent  866  Dico- 
tylédons  et  268  Monocotylédons,  dont  il  donne  la  répartition  par  familles. 
La  flore  de  Heidelberg,  envisagée  à  un  autre  point  de  vue,  se  compose  de 
30  espèces  arborescentes,  51  frutescentes,  15  sous-frutescentes  et  69/i  her- 
bes vivaces  ou  annuelles.  —  Le  fait  de  géographie  bolaniciue  le  plus  sail- 
lant que  l'auteur  nit  constaté  consiste  en  ce  que  la  plupart  de  ses  plantes 
sont  assez  largement  répandues  dans  l'Allemagne  moyenne  et  méridionale. 

—  M.  Schmidt  indique  aussi  les  particularités  spéciales  de  sa  flore  relaiive- 
ment  à  la  distribution  géographique  d'un  certoin  nombre  d'espèces.  — 
L'introduction  se  termine  par  un  tableau  des  genres  et  familles  rattachés  au 
système  de  Linné,  comme  en  facilitant  la  déteimination,  et,  en  outre,  par 
l'explication  des  abréviations  ainsi  que  des  signes. 

La  flore  de  M.  Schmidt  est  disposée  selon  l'ordre  des  familles  établi  par 
De  Candolle,  seulement  avec  les  modifications  légères  que  Koch  y  a  appor- 
tées. Dans  chaque  famille,  après  l'exposé  assez  développé  des  caractères, 
on  trouve  un  tableau  des  genres  caractérisés  succinctement.  Quant  aux 
espèces,  elles  sont  indiquées  par  leur  nom  suivi  de  celui  de  l'auteur; 
elles  sont  caractérisées  par  une  diaguose  et  suivies  de  la  désignation  de  la 
durée,  de  la  taille,  des  localités  et  de  I  époque  de  la  floraison.  L'ouvrage 
se  termine  par  une  table  des  ordres,  familles  et  genres. 

leouc!^  l!l<»i*a^  S'crisianScoî  et  liclveticie  siiiitil  tcrrarniu 
afljaeeistiiiiii  ergo  iiBcdii»  Knropaî,  auctoribus  L.  Reichenbach 
et  H. -G.  Reichenbach  fil.in-i.  Leipzig,  vol.  XVIII,  décades  1-6. 

Ces  six  décades  sont  entièrement  consacrées  aux  Labiées.  Voici  le  relevé 
des  espèces  de  cette  famille  dont  elles  renferment  la  ligure. 

Plane.  1202.  Melittis  Melissophyllum  L.  —  1203.  Prasium  majus  L.  — 
Lamium  cupreum  Schott  adj.  Nyman,  Kotsciiy.  —  1206.  Lamium  inter- 
medium  Fries ;  L.  amplexicaule  L.;  L.  purpureum  L.;  L.  incisum  W.  — 
1205.  L.  album  L.;  L.  maculatum  L.  —  1206.  L.  flexuosum  ïen.;  L.  bi- 
fidum  Cyr.  ;  L.  Galeobdolon  Crantz.  — 1207.  L.  longiflorum  Ten.;  L.  gar- 
ganieum  L.  —  1208.  L.  Orvala  L.  —  1209.  Stachys  heraclea  Ail.;  S.  alpina 
L.  —  1210.  St.  germanica  L  ;  St.  lanata  Jacq.;  St.  italica  Mill.  —  1211. 
St.  palustris  L.  ;  St.  sylvatica  L.;  St.  spiiuilosa  Sibth.;  St.  Spruneri  Roiss. 

—  1212.  St.  arvensis  L.;  St.  annua  L.;  St.  mcnthœfolia  de  Vis.  — 1213. 
St.  hirta  L. ;  St.  pubescens  Ten.;  St.  maritima  L.  —  1216.  St.  recta  L.; 
St.  subcrenata  De  Vis.  et  var.  angustifolia  Id.,  fragilis  Id.  —  1215.  St. 
ambigua  Sm.  —   1216.  St.  densiflora  Renth.;  Sr.  Alopecuros  Renth.  — 

T.    IV.  13 


i9li  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

1217.  St.  Betonica  Bentli.,  a.  glabra  Koch,  b.  stricta  Id.,  c.  hirta  Id. — 

1218.  Ballota  uigra  L.;  a.  fœtida,  ù.  borealis,  c.  rudoralis,  rf.  urticifolia. — 

1219.  B.  spinosa  Lk.  —  1220,  B.  italica  Benth.  ;  B.  Pseudodictamnus 
Benth.  —  1221.  Phlomis  tuberosa  L.;  P.  pungens  W.  —  1222.  P.  fruti- 
cosa  L. ;  P.  Lychuitis  L.  —  1223.  Brunella  hyssopifolia  Lara.;  Br.  vulga- 
ris  Lam.;  Br.  laciniata  Lara.;  B.  gi-audifloia  Moeiich  et  var.  pinnatifida.  — 
I22lx.  Marrubium  vulgare  L.;  M.  candidissimum  L.;  M.  peregriuum  L,  — 
1225.  Sideiitis  hirsuta  L.;  S.  scordioides  L.  —  1226.  S.  romana  L.;  S.  pur- 
purea  Talbot-,  S,  montana  L.  —  1227.  Lavandula  veraDC;  L.  spica  DC; 
Stœchas  officinarum  MilL  —  1228.  Galeopsis  ocbioleuca  Lara.;  G.  canes- 
cens  Bess.;  G.  latifolia  Hoffm.  —  1229.  (Marquée  par  erreur  1220)  G.  an- 
gustifolia  Lhrb. ;  G.  Beuteri  Bchb.  fil.;  G.  Beichenbachii  Beut.  —  1230. 
G.  bifida  Bngh.;  G.  pubeseens  Bess.;  G.  pyreuaica  Bartl.  —  1231.  G.  Te- 
trahit  L.;  G.  acurainata  Bchb.;  G.  versicolor  Curt.,  et  var.  sulphurea.  — 
1232.  Slachys  Alopecuros  Benth.  Leouurus  villosus  Desf.;  L.  cardiaca  L. 
—  1233.  Chaiturus  Marrubiastrum  Bchb.  Leonurus  cardiaca  L.  — 123/i. 
Ajuga  geneveusis  L.;  A.  pyraraidalis  L.;  A.  reptans  L.  —  1235.  A.  chia 
Schreb.;  A.  Chamaîpitys  Schreb.;  A.  Iva  Schreb.;  A.  pseudo-lva  Bob. 
Cast.  —  1236.  Phleboanthc  Laxraauui  Tausch.  Teucrium  llavura  L.  ; 
T.  Marum  L.  —  1237.  T.  Arduini  L.;  T.  Scorodonia  L.  —  1238.  T.  mou- 
laiiura  L.;  a.  niajus  De  Vis.,  b.  villosus  Heidr.,  c.  supinus  Vis.;  T.  Po- 
liuni  L.;  a.  vulgare  Benth.,  b.  hirsutum  Id.,  c.purpuiescens  Id.,  cl.  augus- 
tifoliuin  Id.  — 1239.  T.  BotrysL.  ;  T.  Scordiuni  L.;  T.  scordioides  Schreb.; 
T.  Chan)8edrys  L.  —  12/jO.  Dracocephalum  MoldavicaL.;  Dr.  Buyschiaua 
L.;  Dr.  aiistriacum  L.  —  12Zil.  Glechonia  Uederaceum  L.;  Gl.  hirsutum 
\V.  K.  —  12Zi2.  Nepeta  Cataria  L.  —  1243.  N.  JNepelella  L.;  K.  ucra- 
nicaL.;  N.  nuda  L.  —  12W.  Salvia  Rosmarinus  Schleid.  —  1245.  S.  offi- 
cinalis  L.  —  1246.  S.  glutinosa  L.^  S.  Hormiuum  L.  ;  S.  viridis  L.  — 
1247.  S.  argentea  L.  —  1248.  S.  .^thiopis  L.  —1249.  S.  Sclarea  L. — 
1250.  S.  nutans  L.;  S.  pendula  Vahl.  —  1251.  S.  Sibthorpii  Sra.  Sibtb.; 
S.  austriaea  L.  — 1252.  S.  pratensis  L.;  a.  vulgaris,  b.  dumetorum,  c.  ros- 
trata,  d.  transsylvanica.  —  1253.  S.  sylvestris  L.  et  var.  uemùrosa.  — 
1254.  S.  Bertolonii  Vis.;  S.  Verbenaca  Vis.;  a.  siuuata  Id.,  b.  multiflda 
Id.,  S.  hispanica  L.  — 1255.  S.  verticillata  L.  —  1256.  Scutellaria  hastœ- 
folia  L.;  Se.  galeiiculata  L.;  Se.  minor  L.  —  1257.  Se.  Columnai  AU.;  Se. 
comrautata  Guss  ;  Se.  peregrina  L.  —  1258.  Se.  alpina  L.  ;  Se.  orieutaiis 
L.  —  1259.  Hyssopus  olficinalis  L.  —  1260.  Horminuin  pyreuaicuni  L. — 
1261.  Melissa  offieinalis  L. 

Le  te.xte  correspond,  à  très  peu  de  chose  près,  aux  planches. 

Flora  des  siliirischcu   Dudcus  vou  Esthiauti,   IVord-Liv- 
laud  uu<l  Ocsel  [Flure  du  terrain  silurien  de  l'Esthonie^  de  la  Li- 


UKMi:    lUIlMUCKAl'IlIQl  K.  195 

oonie  se/jtentri)ttuU<:  ef  de  l'tlr  d'O/^se/';  \);\v  M.  b'r.   Scliinidl  [Arr/iio. 
far  lUe  .\ati()-!,tuu/c  Liu.,  I^sth-und  KurUiiah,  1"  série,  vol.  1,  pp.  1/i9- 
.  260.  Tiraf,'e  a  part,  eu  broch.  in- 8»  de  1  l/i  paires  ;  Dorpat,  1855). 

Dans  une  prolace  de  trois  pages,  l'auteur  lapporte  les  cireonslances  qui 
Tout  conduit  a  la  rédaction  et  à  la  publication  de  son  travail,  cl  il  indique 
les  per.sounes  qui  lui  en  ont  facilité  l'exécution  en  lui  l'ournissant  des  maté-' 
riau\  ou  en  l'aidant  de  leurs  conseils.  Il  signale  les  i^cnres  Hieraclum  et 
Ihibus  comme  n'ayant  pu  être  encore  suffisamment  étudies  par  lui ,  et,  les 
genres  Viola,  Potentilla,  Rosa,  les  Orcliidees  et  les  Cypéracées  comme 
ayant  été,  au  contraire,  de  sa  part  l'objet  de  travaux  appiofondis,  comme 
lui  ayant  fourni  même  l'occasion  d'enrichir  la  flore  des  pays  sur  lesquels 
porte  son  livre. 

Un  chapitre  étendu  (pp.  fi-kk),  intitule  «  Partie  générale  »,  se  divise  en 
quatre  paragraphes.  Dans  le  premier,  M.  Schmidt  fait  connaître  succincte- 
ment les  limites  de  sa  flore,  qui  comprend  essentieliement  l'Esthonic  et  l'île 
d'Oesel.  l.e  second  paragraphe,  intitule  Sources,  expose  avec  beaucoup  de 
détails  tous  les  travaux  qui  ont  été  publi('s  antéiieurement  sur  cette  même 
portion  de  la  Russie  d'Europe,  à  partir  de  l'ouvrage  de  Fischer,  qui  a  été 
publié  en  1778  sous  le  titre  d'Essai  d'une  histoire  naturelle  de  la  Livonie 
[Versuch  einer  Naturyeschichte von Livland),  jusqu  a  ce  jour.  L'auteur  y  in- 
dique les  personnes  qui.  dans  ces  dernières  années,  ont  exploré  ce  pays 
pour  en  étudier  les  plantes,  et  il  raconte  aussi  les  herborisations  que  lui- 
niénie  y  a  faites,  particulièrement  depuis  18/i3.  Le  troisième  paragraphe  de 
ce  chapitre  est  intitulé  :  Caractéristique  de  la  Flore.  Il  renferme  un  exposé 
détaillé  de  la  distribution  géographique  des  espèces  dans  les  pays  auxquels 
se  rapporte  l'ouvrage.  Enfin  le  quatrième  paragraphe  est  consacré  à  la  Com- 
paraison avec  les  flores  voisines.  Le  fait  général  qui  ressort  de  cette  compa- 
raison est  que  la  flore  de  la  portion  de  la  Russie  occidentale  étudiée  par  " 
M.  Schmidt  a  beaucoup  d'analogie  avec  celle  de  la  Suède.  L'auteur  ne  trouve 
<iue  19  de  ses  plantes  qui  manquent  en  Suède.  Ce  sont  les  suivantes  :  Pul- 
satillapatens,  Alyssum  montanum,  Silène  chlorantha,  Astragalus  hypoglot- 
tis,  Agrirnonia  pilosa,  Chœi'ophyllum  aroinaticuni,  Conioselinwn  Fischeri, 
Ostericum  palustre,  Andromeda  calyculata,  Senecio  nemorensis,  Gentiana- 
rruciata,  Veronica  latifolia,  Phyteuma  spicatum,  Thesium  comosurn,  He- 
tula  fruficosa  ?,  Gladiolus  imbricatus,  Carex  Davalliana,  Hierochloa  aus- 
tralis.  '' 

A  la  tin  de  ce  paragraphe,  M.  Schmidt  présente  un  relevé  des  plantes 
qui  composent  la  flore  étudiée  par  lui.  Elles  sont  au  nombre  de  888  Phané- 
rogames, et  de  3/1  Cryptogames  supérieures,  y  compris  7  Chara.  Les  familles 
les  plus  riches  sont  les  Composées  (avec  81  espèces),  les  Cypéracées  (avec 
78  espèces),  les  Graminées  (73),  les  Crucifères  (ù7),  les  Papilionacées  (30), 


190  SOCIÉTÉ    BOTAMQll-:    1)K    FRAiNCE. 

les  Reiioiieulaeees  (33).  les  Labiées  (33),  les  Rosacées  (30),  les  Scrofularia- 
cées  (30),  les  Orchidées  (30),  les  Ombellifères  (26). 

La  seconde  portion  de  l'ouvrage  de  >L  Schniidt  est  intitulée  :  Partie  spé- 
ciale. Elle  comprend  le  catalogue  des  plantes  qui  croissent  dans  le  bassin 
de  la  flore,  rangées  d'après  les  familles  naturelles  et  selon  l'ordre  de  De 
Candolle.  Les  localités  sont  indiquées  en  détail,  et  assez  souvent  le  nom  des 
espèces  est  accompagné  d'observations  critiques. 

Rcpcriorio  hutaiiico  iiialfci^c  prececlnto  cla  iiua  prefa- 
zionc  liililiog;aflco«critica^  etc.  {Répertoire  botanique  de  Malte, 
précède  d'une  préface  bibliographico-critiqiie,  contenant  les  noms  scien- 
tifiques avec  les  noms  correspondants  italiens  et  anglais  des  plantes  qui 
sont  connues  a  Malte  sous  une  dénomination  populaire,  avec  l'indication 
de  leurs  usages,  des  époques  de  leurs  diverses  phases  végétatives,  des 
moyens  pour  les  multiplier,  enfin  avec  quelques  autres  instructions  et 
avec  l'indication  de  leur  patrie  ainsi  que  leur  place  dans  le  système  de 
Linné)',  par  M.  Gavino  Gulia.  Iu-8  carré  de  viii  et  68  pages.  Malte. 
1855-1856. 

Le  titre  de  cet  ouvrage,  que  nous  avons  traduit  en  entier,  en  indique 
suffisamment  la  nature  et  l'objet.  iNous  dirons  seulement  que,  disposé  par 
ordre  alphabétique,  il  constitue  un  véritable  vocabulaire  usuel  destiné  à 
donner  aux  personnes  qui  connaissent  les  plantes  d'après  leur  nom  maltais 
la  concordance  des  noms  botaniques  et  vulgaires  tant  italiens  qu'anglais, 
avec  diverses  indications  d'une  utilité  pratique.  M.  G.  Gulia  présente  son 
travail  comme  une  sorte  de  prodrome  d'une  flore  économique  et  médicale 
de  Malte  qu'il  se  propose  de  publier  aussitôt,  dit-il,  qu'il  aura  entre  les 
mains  quelques  matériaux  qui  lui  sont  nécessaires  pour  la  mise  à  exécution 
de  son  projet. 

Nous  emprunterons  à  la  préface  du  liepertorio  botanico  maltese  quelques 
renseignements  sur  les  divers  auteurs  qui  se  sont  occupés  de  la  flore  mal- 
taise, soit  spécialement,  soit  plus  ou  moins  incidemment. 

La  première  flore  de  Malte  est  celle  que  le  docteur  G. -F.  Bonamieo  a 
publiée  en  1670  au  milieu  d'autres  travaux  relatifs  à  cette  île.  Le  docteur 
G.  Zammit,  de  l'ordre  de  Jérusalem,  qui,  en  1675,  professait  la  botanique 
à  Malte,  rendit  service  à  la  science,  non  par  des  écrits,  mais  en  établissant 
un  jardin  botanique  dans  les  fosses  de  Saint-Elme.  Elève  de  celui-ci,  le 
docteur  Cavallini  publia  en  1698  la  flore  de  Bonamieo  en  y  faisant  un  petit 
nombre  d'additions.  Cet  ouvrage  a  été  reproduit  en  17^9  par  l'allemand 
Brûckmann  qui  a  dédie  son  édition  à  Linné.  Le  sicilien  Boccone  a  fait  con- 
naître, de  167/i  à  1697,  différentes  plantes  de  Malte  et  il  a  laissé  inédite 
une  histoire  naturelle  de  celte  ile.  Ag.  Scilla  (1752),  Forskahl  (1775),  Go- 


l'.KVi  i:  inBLio(;n\i'iiioi  i:.  197 

lielieu  (17  l())  t'I  iiotii' d'Uivilli'  (1822),  ont  piiblii-  des  observations  iiitcr- 
ressantessur  les  fossiles,  les  poissons  et  les  plantes  de  Malte.  I.a  Malte  an- 
tique et  moderne  du  oliev.  Boisgelin  (180;))  renleroie  des  observations  bo- 
taniques ainsi  (jue  la  reproduction  de  la  tlore  de  Cavallini  et  de  la  Flornie 
maltaise  deForskabl.  Le  génois  P.-C.  Giacinto,  qui  fut  nommé  professeur 
de  botanique  à  Malte  en  1805,  a  publié  en  1806-1811-1825,  quelques  écrits 
sur  la  botanique  agricole  de  l'ile.  En  1831,  M.  Zerafa  a  commencé  la  pu- 
blication d'une  Flore  de  Malte  qui  n'a  pas  été  terminée  et  dans  laquelle 
figurent  U9S  espèces  indigènes  ainsi  que  155  espèces  exotiques.  On  doit  à 
\L  Bertoloiii  la  publication  de  quelques  observations  sur  des  plantes  mal- 
taises (1832)  qui  lui  avaient  été  communiquées  par  M.  Gussone.  Récem- 
ment, les  botanistes  suédois  F.  Nyman  (18i5)  et  F.  Wikstroem  (18i9)  ont 
publié  des  recbercbes  sur  la  botanique  de  Malte,  et  M.  G.  Aquilina  s'est  oc- 
cupé des  plantes  comestibles  qui  sont  indigènes  de  cette  ile.  Enfin  l'ouvrage 
le  plus  complet  que  nous  possédions  sur  la  végétation  maltaise  est  la  Flore 
que  le  docteur  G.-C.  Delicatii  a  publiée  en  1853,  dans  laquelle  figurent  71G 
plantes  vasculaires  recueillies  par  lui,  Une  portion  de  ce  travail  avait  été 
publiée  par  Wikstroem  en  ISW. 

Retzia  sivc  Observationcs  botauiciv,  quas  in  primis  in  liorto 
botanico  Uogoriensi  mensibus  februario  ad  julium  1855  fecit  .T.-K.  Has- 
skarl.  Batavia:',  1855.  Pugillus  primus,  in-8  de  252  pages. 

Le  titre  de  cet  ouvrage  en  dit  assez  l'objet.  M.  Hasskarl  y  a  consigné  les 
résultats  des  observations  faites  par  lui  sur  un  assez  grand  nombre  de 
plantes  cultivées  au  jardin  botanique  de  Buitenzorg  à  Java.  Une  bonne 
partie  de  ces  plantes  sont  nouvelles;  les  autres  étaient  en  général  impar- 
faitement connues,  ou  du  moins  l'auteur  a  pu  constater  sur  elles  de  nom- 
breux et  intéressants  détails  qui  en  complètent  la  connaissance.  Les  des- 
criptions qu'il  donne  sont  très  développées  et  presque  toutes  aussi  com- 
plètes que  possible.  Toute  la  portion  descriptive  de  son  livre  est  en  latin  ; 
elle  est  généralement  suivie,  pour  chaque  espèce,  de  quelques  lignes  de 
remarques  écrites  en  hollandais. 

153  espèces  figurent  dans  le  Betzia.  Elles  sont  réparties  dans  Z|7  familles 
de  la  manière  suivante  :  2  Orchidées,  1  Palmier,  1  Nyctaginée,  1  Laurinée, 
1  Campanulacée,  1  Lobéliacée,  15  Rubiacées,  1  Lonicérée,  6  Apocynées, 
1  Spigéliacée,  3  Labiées,  9  Verbénacées,  1  Borragiuée,  1  Cardioptéridée, 
5  Convolvulacées,  h  Solanacées,  2  Scrofularinées,  6  Acantbacées,  3  Lenti- 
bulariées,  /i  Sapotacées,  3  Ébénacées,  1  Siphonandracée,  2  Ombellifères, 
1  Saxifragacée,  2  Anonacées,  2Capparidées,  3  Nymphéacées,  1  Alsodéinée, 
1  Pangiée,  1  Phytolaccacée,  1  Malvacée,  k  Sterculiacées,  1  Byttnériacée, 
j  Tiliacées,  1  Diptérocarpée,  1   ïernstroemiacée,  5  Méliacées,  2  Polyga- 


198  SOCIÉTÉ    BOTANIQUK    DE    l'RANCE. 

lées,  2  Célastiinùes,  l  lliciiiée,  2  Aquilnrinée-!,  9  Eiiphorbiacées,  1  l'.om- 
brétacée,  1  l.ytliraiiéc.  2  Mélastoinacees,  1  Amygdalée,  31  Légumineuses. 
Plusieurs  genres  nouveaux  lijjurent  dans  ce  travail  ;  en  voici  l'indieation  : 
1.  Blcekeria  HsskrI.,  Apocynée  qui  se  place  entre  les  Cerbera  et  l'cwg/unùt. 
Bumphius  la  nommait.  Loctaria  ;  mais  ce  nom  a  été  abandonné  par  l'au- 
teur comme  étant  appliqué  à  un  genre  de  Poissons.  2  et  3.  Kakosmanthus  et 
Keratep/iorusHi>i,k\-ï.,  2  genres  de  Sapotacées.  U.  RInpidostigmo  HsskrI., 
genre  d'Ébénacées  qui  t'c  rapproebe  du  iio>/e7Ui  par  ses  fleurs  hermaphro- 
dites et  par  son  calice  profondément  parli,  mais  qui  en  diffère  à  plusieurs 
égards.  L'auteur  en  décrit  2  espèces.  5  Dioryktondra  HsskrI.,  genre  de  la 
famille  des  Alsodéinées.  G  Taraktoyenos  HsskrI.,  de  la  famille  des  Pangiëes, 
formé  pour  un  arbre  décrit  pin-  M.  Blume  sous  le  nom  û' Hydnocnrpm 
heterophyllus.  7.  Stenotropis  HsskrI.,  genre  de  Légumineuses  formé  pour 
VErytkrina  poianthn  Brof.  Quant  aux  espèces  nouvelles,  elles  sont  au 
nombre  de  /i5. 

illovaruin  et  iiiiittiN  cojsiiitafuin  >*!»tii*|>iuin  pu8;illii.<  dcci- 
iiius,  addita  enumeratione  pinntariiin  omnium  in  pugillisI-X  descrip- 
taruni  ;  auctore  Christiano  Lehmann.  In-^nle  3/i  pages.  Hambourg,  1857. 

Ce  nouveau  fascicule,  par  lequel  M.  Lehmann  parait  devoir  terminer  la 
série  de  ses  Pugilltis,  ne  renferme  que  des  descriptions  d'Hépatiques  dont 
nous  devrons  forcément  nous  contenter  de  présenter  ici  le  relevé. 

Piagiochila  Oerslediana  Liiidbg.,  Mss.  ;  P.  heterophylla  Lindbg. ,  Mss.; 
P.  Notarisii  Lehm.;  P.  mollusca  Lebm.  Scnpania  Vahliana  Lehm.  Jun- 
germannia  Preissiana  Lehm.  Chiloscyphus  pertusus  Lebm.  Lepidozia  gro- 
enlaudica  Lehm.  Mastigobryum  Miquelianum  Lehm.  Trichocolea  elegans 
Lehm.  Radula  Wallichiana  Lehm.  Phragmicoma  Berteroana  De  Notaris, 
Mss.;  Phr.  Ludoviciana  De  Notaris,  Mss.  Omphialanthusdiapbanus  Lehm. 
Lejeunia  Oerstediana  Lindbg.  Mss.;  L.  cryptantha  De  Notaris,  Mss.; 
L.  Camilli  Lehm.  Frullania  elegans  Lebm.^  F.  valparaisiana  Lehm.  Sym- 
pbyogyna  suhcarnosa  Lehm.  Sarcomitrium  australe  Lehm.  Marchantia 
Miqueliana  Lehm.;  ^L  Pappeana  Lehm.^  .M.  Notarisii  Lebm.  BebouliaSul- 
livantl  Lehm.  Anthoceros  denticulatus  Lehm.;  A.  Hookerianus  Lehm.  Car 
polipum  fertile  l.ehm.  (Chamœceros  fertilis  Mildel. 

Ce  fascicule  se  termine  par  la  table  des  espèces  décrites  dans  les  dix 
cahiers  qui  composent  jusqu'à  ce  jour  la  série  entière. 

Benierkiinscn  awr  C.attuus'  .Itufi'osace  [Remarques  sur  le 
genre  Androsace);  par  M.  F.  L.  v.  Schlcchtendal  {/ioUm.  Zeit.  n°'  29 
et  30,  18  et  25  juillet  1856,  col.  /i97-5U/i,  515-525). 

Dans  le  Prodromus  (vol.  Vlll),  M.  Duby  a  divise  les  hl  espèces  du  genre 


REVUE    RmLlOGRVIMIIQUE.  199 

Am/rosoce en  2  sections  seiilcnu'nr  :  cille  des  Aretia,  qui  ont  des  fleurs  so- 
litaires, et  celle  qu'il  a  nommée  Andraspis,  dans  laquelle  les  fleurs  forment 
une  ombelle.  Cependant,  plusieurs  années  auparavant,  Koch  avait  admis 
dansée  même  genre  les  ù sous-genres  suivants:  1  Aretia;  2  Chamœjasme; 
3  Andf^ospis  Duby,  Bot.  (jall.  ;  h  Androsace  Hall.  M.  Schlechtendal  regarde 
cette  dernière  division  comme  beaucoup  plus  naturelle  que  la  première,  qui 
réunit  sous  une  même  dénomination  des  formes  très  dissemblables.  Il  ad- 
met dans  son  inémoire  ces  /|  sections  de  Kocb,  en  se  bornant  à  changer  en 
Megista  le  nom  tS! Androsace  qui,  étant  déjà  celui  du  genre  entier,  ne  peut 
être  donné  encore  à  un  sous-genre;  il  ajoute  une  cinquième  section  qu'il 
nomme  Samîielia  et  qui  a  pour  type  V Androsace  Gmelini. 

La  section  Aretia  Lin.  se  compose  de  petites  plantes  des  grandes  hau- 
teurs ou  du  Nord,  qui  forment  des  coussinets  convexes,  dont  la  surface 
supérieure  paraît  formée  de  petites  rosettes  de  feuilles  fort  serrées,  dans 
lesquelles  sont  enfoncées  les  petites  fleurs  solitaires.  Tout  le  petit  coussin  se 
termine  en  dessous  par  un  pivot  allongé,  grêle,  duquel  naît  une  petite  tige 
ramifiée  très  bas,  et  plusieurs  fois  de  suite,  mais  non  par  dichotomie.  Les 
petites  feuilles  sessiles,  imbriquées,  recouvrent  la  tige  et  ses  ramifications. 
La  fleur  est  portée  sur  un  pédoncule  toujours  court  et  sans  bractées,  non 
réellement  terminal,  mais  sorti  d'une  aisselle  très  voisine  du  sommet.  La 
gorge  de  la  corolle  porte  5  saillies  lisses.  M.  Duby  en  a  décrit  12  espèces, 
dont  la  moitié  sont  d'Europe  et  les  autres  d'Asie,  une  seule  du  nord-est  de 
l'Amérique.  C'est  dans  cette  section  que  rentre  VAndros.  Ochotensis  Willd., 
que  M.  Dul)y  rangeait  parmi  les  espèces  inconnues  de  lui,  et  dont 
M.  Schlechtendal  donne  une  description  étendue. 

La  section  Chamœjasme  renferme  des  espèces  vivaces  dont  l'axe  primaire 
porte  une  rosette  de  feuilles  de  laquelle  s'élèvent  des  brandies  qui  restent 
longuement  nues  et  se  terminent  par  une  rosette  serrée  de  feuilles.  L'inflo- 
rescence consiste  aussi  en  branches  nues  portant  vers  le  haut  une  petite  ro- 
sette de  feuilles  de  l'aisselle  de  laquelle  sortent  les  pédoncules.  La  gorge  de 
la  corolle  parait  entourée  d'un  cercle  glanduleux.  Ordinairement,  les  inflo- 
rescences sont  pauciflores.  Les  Chamœjasme  croissent  sur  les  montagnes  de 
l'Europe,  et  s'étendent  aussi  vers  l'est  du  Caucase  jusqu'à  la  côte  N.  0.  de 
l'Amérique  arctique.  Ils  sont  très  difficiles  à  di'^tinguer  les  uns  des  autres 
à  l'état  sec.  On  les  voit  très  rarement  dans  les  jardins  botaniques. 

Quant  à  la  section  Samuelia  que  l'auteur  examine  après  la  précédente, 
bien  qu'elle  soit  la  cinquième  dans  l'ordre  naturel,  son  espèce  unique,  \' An- 
drosace Gmelini  Gixertn.  a.  son  axe  principal  raccourci,  pourvu  de  feuilles 
longuement  pétiolées,  qui,  par  leur  limbe  arrondi  et  réniforme,  bordé  de 
grosses  dents,  et  par  leur  pétiole  élargi  en  membrane  à  sa  base,  font  ressem- 
bler la  plante  à  une  Saxifrage  plutôt  qu'à  une  Primulacée.  Elle  ne  se  ra- 
mifie ensuite  que  s'il  se  forme  de  nouveaux  bourgeons  dans  l'aisselle  des 


200  sociKTK  botamoijF.  1)f.  i-nvNr.E. 

feuilles  à^ées.  Klleest  très  délicate  et  pu-ait  ne  pas  êtrede  longue  durée.  Ces 
caractères,  joints  à  ceux  de  la  capsule  demi-2lo!)uleuse,  accompagnée  par  le 
calice  fortement  accru  et  vl\\(',  autorisent  sa  séparation  en  seulion,  dans 
laquelle  rentrera  probablement  l.-l.  saxifragœ  folio.  Bunge,  delà  Chine. 

M.  Koch  adopte  pour  la  troisième  section  des  Androsaces  le  nom  H'An- 
draspis  proposé  par  IM.  Duby.  M.  de  Schlechtendal  préfère  lui  donner  celui 
ce Haplorrhiza'Leàith.  Elle  comprend  simplement  des  espèces  bisannuelles, 
comme  les  A.  septentrional is,  elongata,  filiformis,   etc.    Ces  plantes  ont 
une  racine  simple,  une  seule   rosette  inférieure,  d'entre   les  feuilles  de 
laquelle  sortent  des  tiges  qui  portent,  vers  le  haut,  une  petite  rosette  de 
bractées  avec  des  pédoncules  généralement  allongés.  La  gorge  de  leur  co- 
rolle porte  de  petites éminences  glanduleuses.  La  plupart  ontdes  feuilles  qui 
passent  de  la  forme  linéaire  à  la  forme  lancéolée,  tantôt  entières,  tantôt 
dentées,  ou   même  incisées,  quelquefois  rétrécies  en  pétiole  à  leur  base. 
Dans  toutes  les  espèces,  on  voit  quelquefois  le  pédoncule  commun,  généra- 
lement nommé  hampe,  se  raccourcir  au  point  que  l'ombelle  commence  en- 
tre les  feuilles  ou  peu  au-dessus  d'elles.  Dans  VA.  septentrional is,  des  pieds 
cultivés,  très  vigoureux,  ont  montré  à  l'auteur  leur  hampe  fasciée,  tordue 
ensuite  en  spirale  au  sommet.  M.  de  Schlechtendal  entre,  au  sujet  des  es- 
pèces de  cette  section,  dans  des  détails  synonymiques  qu'il  nous  est  impos- 
sible de  résumer.  Il  décrit  fort  au  long,  d'après  des  individus  cultivés,  \'A. 
lactiflora  F \sch.,  Cat.  1808  et  plurium  auct.  nec  Bartl.  [A.  olismoidesHov- 
nem.,   Bartl.)  et  comme   espèce   nouvelle,   sous  le  nom  d'y4.  commutata 
Schlecht.,  l'A.  lactiflora  Bartl.,  non  plur.  auct.  L'A.  lactiflora  se  dislingue 
de  l'A.  commutata  par  le  vert  clair  de  ses  feuilles  plus  longues,   mais  non 
plus  larges;  par  sa  corolle  beaucoup  plus  grande,  dont  les  lobes,  presque 
obcordés,  se  recouvrent  par    leurs  bords,  et  dont  la  gorge  est  plus  ou- 
verte; par  les  glandes  de  sa  gorge  colorées  en  jaune  plus  intense  et  plus 
grosses,  qui  présentent  une  ligne  de  division  médiane  verte. 

Le  type  de  la  section  Mcgista  est  l'A.  maxima  Lin.  Ici  la  durée  est  la 
même  que  dans  la  section  Haplorhiza.  Les  caractères  dislinclifs  résultent 
des  lobes  calycinaux  foliacés,  fortement  accrescents,  du  grand  involucre 
foliacé,  de  la  gorge  nue,  des  graines  petites  et  nombreuses.  La  fleur  est 
blanche  ou  purpurine,  et  sa  teinte  purpurine  se  prononce  davantage  à  me- 
sure que  la  corolle  se  développe,  dans  quelques  parties  de  la  Russie  et  dans 
l'Altaï. 

Description  de  troif«  liielieitfii  nouveaux:  par  M.  Kd.Bornet.  Bro- 
chure in-8  de  12  pages  et  ^i  pi.  gravées;  décembre  1856.  Cherbourg, 
chez  Feuardent. 

Les  trois  Lichens  dont  M.  Kd.  Bornet  présente  la  description  dans  son 
mémoire  appartiennent  à  la  catégorie  de  ces  êtres  ambigus  qui  tiennent  à  la 


ni'.vri-:  hibliogiiaimiique.  201 

fois  (les  Lic'luMis  ol  des  Algues,  puistni'ils  oui  le  ihallus  de  celles-ci  avec  la 
tViictilicatioii  (|tii  earaeleriM'  eeiix-la.  Ils  ont  été  Iroiivcs  par  l'auteur  a  ('au- 
nes, en  l^'tiveiiee,  pendant  l'Iiiver  de  ISâ^-GG.  l/iin  d'eux  constitue  un 
genre  nouveau  qui  rew'it  \c  nom  ûe  Spiloneina ;  les  deux  autres  rentrent 
dans  le  genre  Synnlissa.  Tous  les  trois  sont  non-seulement  décrits^  mais 
encore  illustrés  à  l'aide  de  bonnes  figines  d'ensemble  et  de  détails,  très 
bien  gravées  d'après  les  dessins  de  l'auteur. 

Spilonkma.  Borner,  gen.  nov.  p.  6,  pi.  I  et  II. 

Thallus  cylindricus,  fruticulosus ,  raniosus  ,  contextu  celluloso,  intus 
granulis  gonimis  magnis  strata  transversa  eflicienUbus  farctus.  Apothecia 
lecideina.  Paraphyses  valde  crassas,  clavata^,  articulalaî.  Spermogonia 
clausa.  Basidia  eiongata,  articulata  [Arthroslerifjmata  iNyl.).  Spermatia 
oblonga. 

Sp. paradoxumBoru.  —  Ce  IJchen  abonde  sur  les  rochers  granitiques 
de  Cannes,  surtout  dans  les  endroits  un  peu  bumides.  Tl  forme  des  gazons 
hauts  seulement  d'environ  2 millimètres  ,  d'un  noir  olivâtre.  Les  filaments 
de  son  thalle  sont  presque  sétaeés,  dressés,  souvent  arqués,  opaques,  plus 
ou  moins  divisés  en  rameaux  et  ramules  transparents,  disposés  inégulière- 
ment,  mais  qui  tendent  à  devenir  unilatéraux.  Sa  fructification  dioïque  con- 
siste en  apotbécies  et  en  spermogonies;  les  premières  sont  hémisphéi'iques, 
terminales,  assez  grosses,  d'un  noir  foncé;  elles  présentent  des  thèques  en 
massue  qui  renferment  chacune  8  spores  elliptiques,  un  peu  arquées,  lon- 
gues de  1/85'  à  1/90*^  de  millimètre,  et  qu'accompagnent  de  grosses  para- 
physes claviformes,  articulées.  Quant  aux  dernières,  elles  sont  implantées 
sur  le  côté  des  rameaux,  sous  forme  de  saillies  oblongues,  d'un  noir  brillant; 
leur  cavité  close  est  tapissée  de  basides  convergentes  articulées  munies  de 
siérigmates  très  courts,  sur  lesquels  sont  portées  des  spermaties  ovoïdes, 
liyalines,  très  petites  (l/2/j0''de  millimètre). 

Quant  aux  2  Synalissa,  31.  Ed.  Boinet  leur  donne  les  noms  de  -S',  conferta 
Born.  (p.  8,  pi.  III)  et  .S',  inicrococca  Born.  et  Nyl.  (p.  9,  pi.  IV). 

Le  premier  croit  mélangé  à  l'espèce  précédente,  formant  des  taches  gra- 
nuleuses, d'un  brun  rougeâtre,  composées  de  fruticulcs  peu  rameux  qui 
ont  au  plus  1  millimètre  de  hauteur.  Ses  apotbécies  sont  terminales,  assez 
grandes,  scutelliformes,  à  disque  granulé;  les  thèques  cylindiiques  ou 
renflées  au-dessous  de  leur  milieu  contiennent  huit  spores  elliptiques  pres- 
que sphériques,  obtuses  aux  deux  bouts,  longues  de  1/90'' à  1/120*  de  milli- 
mètre. Ses  spermogonies  sont  terminales,  pyriformes,  ouvertes  par  un  pore, 
et  elles  renferment  des  spermaties  oblongues,  longues  d'environ  1/300"  de 
raillimètre.  L'auteur  dit  que,  dans  son  premier  état,  ce  Lichen  ne  lui  parait 
pas  distinct  de  l'Algue  connue  sous  le  nom  de  Glœocapsa  Magma  Kùtz. 

Le  Sijnalisua  micrococra  Born.  et  Nyl.  est  très  rare.  Il  croit  sur  la  terre 
parmi  les  filaments  d'un  Si)'osip/ion.  Son  thalle  est  une  masse  gélatineuse 


202  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

amorphe,  qui  renferme  des  granules  très  petits,  oblongs,  d'un  vert  pâle,  et 
des  globules  rouges,  plus  gros.  Sa  fructification  est  dioïque.  Ses  apotliéeies 
et  ses  sperraogonies  sont  également  pyriformes,  fermées,  avec  un  pore  très 
étroit;  leur  couleur  est  un  rouge  brunâtre  qui  noircit  par  la  dessiccation. 
Les  paraphyses  sont  très  grêles,  flexueuses  et  continues;  les  thèques,  ren- 
flées vers  le  bas,  contiennent  8  spores  ovoïdes,  un  peu  arquées,  longues  de 
1/65° de  millimètre.  Lesspermatiesoblongues  n'ont  que  1/370*  de  millimètre 
de  longueur. 

L'explication  des  19  figures  que  réunissent  les  U  planches  termine  le 
mémoire. 

BOTANIQUE  GÉOGRAPHIQUE. 

Deiiicrkuii;i;:eii  ucbcr  clic  Flora  cler  Iiiscl  Juau  Fernan- 
deas  [Remarques  sur  la  Flore  de  l'île  Juan  Fernandez);  par  le  docteur 
R.  A.  Philippi  Botan.  Zeitung,  n"  36  et  37,  5  et  12  septembre  1856, 
col.  625-636,  641-650*). 

La  flore  de  toutes  les  îles  éloignées  du  continent  est  remarquable,  d'un 
côté  par  sa  pauvreté,  de  l'autre  par  le  grand  nombre  des  espèces  qui  lui 
appartiennent  en  propre.  Ce  sont  là  de  puissants  arguments  en  faveur  de 
la  multiplicité  des  centres  de  création.  L'ile  de  Juan  Fernandez  ne  s'écarte 
pas  sous  ces  deux  rapports  de  la  règle  générale.  Malheureusement  sa  végé- 
tation ne  peut  pas  être  encore  regardée  comme  complètement  connue,  bien 
que,  postérieurement  à  l'exploration  qui  en  a  été  faite  par  M.  Cl.  Gay, 
M.  Philibert  Germain  y  ait  fait  de  belles  récoltes  à  la  fin  d'octobre  et  au 
commencement  de  novembre  1854. 

L'ile  de  Juan  Fernandez  est  située  par  33°  45'  de  latit.  S.,  et  296"  56'  de 
long,  orient.,  au  méridien  de  l'ile  de  Fer,  c'est-à-dire  a  9  degrés  de  Valpa- 
raiso.  Sa  voisine,  l'ile  de  Masafuera,  sur  laquelle  porte  aussi  le  travail  de 
M.  Philippi,  en  est  éloignée  de  90  milles  anglais  à  l'ouest.  L'ile  de  laPâque, 
la  plus  rapprochée  parmi  toutes  celles  de  la  Polynésie,  en  est  distante  de  28". 
Juan  Fernandez  forme  presque  un  croissant  de  l'est  à  l'ouest.  Elle  est  de 
nature  volcanique.  Sa  moitié  orientale  est  très  montagneuse,  très  boisée,  et 
sa  sommité  la  plus  élevée,  le  Yunque,  s'élève  à  1000  mètres.  Sa  moitiéocci- 
dentale  est  basse,  unie,  sèche  et  nue.  Les  forêts  toujours  vertes  qui  en  cou- 
vrent principalement  le  versant  septentrional  rappellent  celles  du  Chili 
méridional;  mais  on  n'y  trouve  ni  lianes  ni  sous-bois. 

M.  Philippi  donne  la  liste  de  137  espèces  de  lui  connues  comme  croissant 
spontanément  à  Juan  Fernandez  et  Masafuera.  (]es  plantes  se  rapportent  à 

(*)  Ce  mémoire  est  une  reprothictioii  en  allcinaïul  failc  par  l'auleur  lui-même 
(l'un  travail  (|ui  a  éu'i  publié  au  Cliili,  dans  le  cahier  de  jiiillel  ISâti  des  Anales  d  e 
la  Universidad  de  Chile, 


REVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  203 

/j3  familles  parmi  lesquelles  les  plus  riches  sont  :  les  Fougères,  avec  36 
espèces,  c'est-à-dire  dans  la  proportion  de  26, :5  pour  100  ;  les  Synantlié- 
rées,  avec  23  espèces  ou  16  pour  100  ;  les  Graminées,  avec  10  espèces  ou 
7  pour  100.  Les  familles  des  Haloragées,  Myrtacées,  Solanacées,  Urticées, 
Cypéracées,  y  sont  représentées  cliacune  par  U  espèces  ;  les  Ombellifères, 
Labiées,  PIpéracces,  chacune  par  3  espèces  ;  les  Rosacées,  Caryophyllées, 
Saxifra'4ées,  Campanulacées,  Rubiacées,  Chénopodécs  et  Kuphorbiacées, 
chacune  par  2  espèces  ;  enfin  les  Magnoliacées,  Rerbéridées,  Crucifères, 
Bi.xacées,  Oxalidées,  Xanthoxylées,  Rhamnées,  Légumineuses,  Portulacées, 
Toranthacées,  Lol)éliacées,  Éricacees,  Priinulacées,  Polémoniacécs,  Borra- 
ginées,  V\n-bénacées,  Scrofularinées,  Plantaginées,  Polygonées,  Santalacées, 
Broméliacées,  Iridées,  Palmiers,  Joncées,  y  comptent  chacune  un  seul  re- 
présentant. 

Sur  ces  137  espèces  61  ne  se  retrouvent  pas  dans  le  Chili,  et  75  ou  plus 
de  la  moitié  n'ont  jamais  été  vues  hors  des  deux  îles. 

Une  particularité  très  remarquable  par  laquelle  se  distingue  la  flore  de 
Juan  Fernandez,  c'est  la  forte  proportion  de  végétaux  ligneux  qu'elle  com- 
prend. En  effet,  on  n'y  compte  pas  moins  de  50  espèces  arborescentes  ou 
frutescentes,  qui  font  ainsi  36  pour  100  du  total.  Le  plus  gros  des  arbres 
de  l'ileest  le  Xanthoxylon  Mayu  Bert.,  nommé  par  les  habitants  Naran- 
Jillo,  dont  le  tronc  a  quelquefois  2  mètres  de  diamètre  et  dont  l'amiral  An- 
son  a  pu  obtenir  des  planches  longues  de  13  mètres  environ.  Le  Drimys 
confertifolia,  VEugenia  Lumilla,  YEdwardsia  Fernandezia,  les  Cuminia 
ont  des  troncs  épais  de  33  cent,  à  1  mètre.  On  y  trouve  des  espèces  arbo- 
rescentes d'Ombellifères  {Eryngium  bupleuroides),  de  Labiées  [Cuminia), 
de  Composées  [Rea,  Robinsonia),  même  de  Gunnern  (G.  globraVh.  et 
peltata  Ph.).  Plusieurs  espèces  de  cette  île  méritent,  dit  M.  Philippi,  d'être 
cultivées  dans  les  Jardins  soit  pour  la  beauté  de  leurs  fleurs,  soit  pour  celle 
de  leur  feuillage. 

Plusieurs  espèces  propres  à  Juan  Fernandez  ont  des  analogues  sur  le 
continent;  mais  le  plus  souvent  les  premières  l'emportent  sur  celles-ci  par 
leur  beauté  et  notamment  par  la  grandeur  de  leurs  fleurs. 

Un  fait  extrêmement  curieux,  c'est  l'existence  du  bois  de  Santal  dans 
cette  île.  Molina  en  avait  parlé  ;  mais  ce  fut  plus  particulièrement  Caldcleugh 
qui,  en  1825,  appela  l'attention  à  ce  sujet.  Ce  bois  s'y  trouve  par  mor- 
ceaux dispersés,  qu'on  rencontre  jusque  sur  le  haut  des  rochers  les  plus 
élevés,  et  qui  ont  perdu,  sous  l'action  des  agents  atmosphériques,  non-seu- 
lement leur  écorce,  mais  encore  leur  aubier.  Un  morceau  conservé  dans 
le  musée  de  Santiago  a  dû  appartenir  à  un  arbre  d'environ  0°',65  de  dia- 
mètre. Jamais  on  n'en  a  observé  de  tige  entière,  à  plus  forte  raison  de  pied 
vivant;  d'où  il  paraît  à  peu  près  certain  que  l'espèce  a  disparu  de  l'ile. 
M.  Philippi  n'adopte  pas  l'opinion  de  M.  CI.  Gay,  qui  croit  que  c'est  là  le 


20/1  SOCIÉTÉ    B0TA:\IQUE    de    Fi'.ANCE. 

Santalwii  nlhum  I . ,  espèce  de  rinde  et  des  iles  asiatiques.  Kn  l'absence 
d'éléments  suffisants  pour  une  détermination  quelconque,  il  suppose  que  ce 
devait  être  une  espèce  particulière,  en  raison  de  sa  situation  géographique 
remarquable. 

Le  mémoire  de  M.  Philippi  se  termine  par  la  description  de  28  espèces 
ou  variétés  nouvelles  de  .tuan  Fernandez,  qui  se  réduisent  à  27,  une  note 
postérieure  [liotan.  Zeit.,  n°  Ul,  21  novemb.  1856)  nous  apprenant  que  le 
grand  et  beau  palmier  de  cette  île,  ou  le  Chanta  des  habitants,  que  l'auteur 
décrit  sous  le  nom  de  Morenia  Chanta  Ph.,  a  reçu  antérieurement  de  M.  de 
Martius  le  nom  de  Ceroxylon  australe.  Voici  le  relevé  de  ces  plantes. 

Driniys  confertifolia.  Heteroearpus  Fernandezianus.  Arenaria  rubraL. , 
var.  polyphylla  Ph.  Edwardsia  Fernandeziana.  Gunnera  insularis;  G.  gla- 
bra;G.  peliata.  Eugenia  Lumilla  Myrtus  Berteroi.  Escallonia  Fernande- 
ziana. Erigeron  rupicola.  Hobinsonia  longifolia;  R  evenia;  R.  corrugata; 
R.?  nervosa.  Gnaphalium  insulaie  ;  G.  Fernandezianum.  Pernettia  Brid- 
gesii.  Citharexylon  venustum.  Nicotiana  cordifolia.  Euphorbia  Masafuerae. 
Urtica  Masafuerœ.  Ochogavia  (nov.  gen.  Bromeliacearum)  elegans.  Liber- 
tia  granditlora.  Padopharm  (nov.  gen.  Graminearum)  bromoides.  Panta- 
theru  (nov.  gen,  Graminearum)  Fernandeziana.  Trichomanes  dichotomum. 

BOTANIQUE  APPLIQUÉE. 

I/Opuutia,  ou  €acfii!>i»  Raquette  «l'Al^çérîc;  par  M.  L. -Léon  de 
Rosny.  Broch.  in-8del2  pages.  Paris,  1857. 

Dans  cet  écrit,  M.  L.  de  Rosny  s'est  proposé  de  faire  ressortir  ce  que 
présenterait  d'avantageux  pour  l'Algérie  la  propaiiation  en  grand  de 
l'Opuntia  qui,  parfaitement  naturalisé  dans  toute  l'Afrique  septentrionale, 
y  fournit  en  abontlance  des  produits  utiles  de  natures  diverses.  INous 
résumerons  rapidement,  d'après  lui,  les  différents  usages  de  ce  précieux 
végétal. 

Les  fleurs  de  l'Opuntia,  qui  se  développent  du  mois  d'avril  à  celui  de 
juin,  sont  parfaitement  comestibles.  Ses  fruits,  connus  vulgaiiement  sous 
le  nom  de  Figues  de  Barbarie,  contribuent  pour  une  part  importante  a  Tali- 
mentalion  du  peuple  dans  le  sud  de  l'Europe  et  dans  le  nord  de  l'Afrique. 
Après  en  avoir  détaché  les  parties  supérieure  et  inférieure,  on  les  fend 
pour  en  détacher  la  couche  externe,  et  l'on  en  obtient  ainsi  la  portion 
bonne  à  manger  qui  est  colorée  en  rouge  orangé  tirant  plus  ou  moins  sur 
le  jaune  et  dont  la  saveur  est  agréable  et  toute  particulière.  Ce  fruit  est  à 
la  fois  nourrissant,  très  sain  et  très  rafraîchissant.  On  le  mange  quelque- 
fois cuit.  On  peut  en  faire  la  base  de  gelées,  de  confitures,  de  liqueurs  et  de 
sirops.  On  a  même  essayé  d'en  extraire  une  matière  colorante.  \u  Mexique, 


REVUE    HIIILKHJKAI'HIQUE.  205 

on  mange  cuits  a  l'eau,  on  manière  d'asperges,  les  boutons  de  fleurs  et 
les  articles  jeunes.  Il  y  a  peu  d'années,  INT.  Toussaint,  ancien  sous-officier 
de  spahis,  a  réussi  à  isoler  les  uns  des  autres,  par  l'cbullition  dans  de  l'eau 
additionnée  de  1/20'  de  carbonate  de  soude,  les  feuillets  ligneux  qui  entrent 
dans  la  constitution  des  articles  ou  racjuettes  de  l'Opuntia  et  dont  les  libres 
solidement  entrelacées  forment  un  tissu  semblable  par  son  aspect  à  des 
dentelles  ou  des  guipures.  On  a  confectionné  différents  objets  avec  ces  feuil- 
lets ligneux,  notammeut  des  chapeaux  pour  hommes  et  pour  femmes,  et  il 
est  probable,  d'après  l'auteur,  que  ce  dernier  emploi  ne  tardera  pas  à  en 
amener  la  consommation  en  grand.  Le  mucilage  que  renferme  cette  plante 
est  employé  en  guise  de  colle;  mélangé  au  lait  de  chaux  destiné  au  badi- 
geon, il  lui  donne  plus  de  liant  et  de  durée,  le  rendant  ainsi  plus  avanta- 
geux poin-  l'emploi  qu'on  en  fait  habituellement  dans  les  maisons.  Les 
expansions  foliiformes  ou  les  raquettes  de  l'Opuntia  encore  jeunes  four- 
nissent un  excellent  aliment  pour  les  bestiaux,  d'autant  plus  précieux 
qu'on  l'obtient  sur  des  terrains  arides  et  dépourvus  de  toute  autre  végéta- 
tion pendant  l'été.  Pour  les  donner  aux  animaux,  on  les  coupe  en  tranches. 
La  taille  des  plantes,  à  l'aide  de  laquelle  on  obtient  ce  fourrage,  assure  une 
végétation  plus  régulière  et  augmente  la  production.  Les  portions  aban- 
données par  les  bestiaux  et  celles  qu'on  n'utilise  pas  constituent  un  bon 
engrais.  Kntin,  le  bois  de  l'Opuntia  peut  être  utilement  employé  pour  le 
chauffage  des  fours. 


'o^ 


Die  Bodenkuuflc  {i.'Agrologie.  Manuel  pour  les  agriculteurs,  sylvi- 
culteurs, horticulteurs,  etc.);  par  le  docteur  C.  Trommer.  In-8  de  xiii 
et  577  pages,  avec  une  carte  géologique  imprimée  en  couleur  et  une  plan- 
che lithogr.  Berlin,  1857,  chez  Gust.  Bosselmann. 

Nous  croyons  devoir  traduire  le  titre  allemand  de  cet  ouvrage  par  le 
mot  d'Agrologie  proposé  et  employé  par  M.  de  Gasparin  dans  son  Cours 
d'agriculture.  C'est,  en  effet,  presque  exclusivement  du  sol  considéré  en 
lui-même,  dans  sa  composition,  ses  propriétés  physiques,  etc.,  que  s'oc- 
cupe M.  Trommer.  On  sent  dès  lors  que  son  sujet  est  trop  en  dehors  du 
cadre  de  ceBulletin  pour  que  nous  eussions  pu  nous  en  occuper,  si  l'auteur 
n'en  avait  consacré  une  portion  à  une  étude  beaucoup  plus  directement  en 
rapport  que  tout  le  reste  avec  la  botanique  elle-même.  Cette  partie  du  livre 
en  occupe  92  pages  (pp.  Ziii-536).  Elle  comprend  d'abord  un  chapitre  inti- 
tulé :  «  Examen  de  la  productivité  ou  des  conditions  de  végétation  du  sol.  » 
M.  Trommer  y  examine  successivement  la  production  du  sol  en  plantes  cul- 
tivées et,  plus  au  long, celle  en  plantes  spontanées.  Après  avoir  recherché  les 
conditions  du  sol  dans  lequel  celles-ci  se  trouvent,  il  conclut  (ju'on  ne  peut 
admettre  qu'elles  croissent  sur  des  terres  de  toute  nature.   En  passant,  il 


206  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

signale  la  naturalisation  complète  autour  de  Berlin,  dans  un  rayon  de  deux 
ou  trois  milles,  du  Galinsoga  parviflora  Cav.,  plante  du  Pérou,  qui  joue 
déjà  le  rôle  d'une  mauvaise  herbe  des  plus  nuisibles.  Il  présente  ensuite  en 
détail  le  tableau  de  la  végétation  spontanée  :  1°  des  terres  sablonneuses, 
2°  des  terres  argileuses,  3"  des  terres  calcaires,  h°  des  sols  riches  en  humus, 
5°  des  sols  tourbeux,  6°  des  terres  salées,  7"  des  sols  humides.  Les  diffé- 
rents paragraphes  relatifs  à  ces  flores  partielles  comprennent  des  listes  de 
plantes  généralement  accompagnées  d'observations  sur  leur  fréquence,  et 
assez  souvent  aussi  d'une  description  sommaire  de  leur  faciès, 

MÉLANGES. 

IJcbcr  Auriicwahruiig;  iiiikroskopisclier  Objecte,  etc.  [Sur 
la  conservation  des  préparations  pour  le  microscope)',  par  le  docteur  Her- 
maun  M  elcker.  Broch,  in-8"  de  hk  pag.  et  1  pi.  Giessen,  1856. 

Le  Mémoire  de  M.jWelcker  est  divisé  en  cinq  chapitres  dont  le  premier  et 
le  plus  étendu  (pp.  5-26)  est  relatif  à  la  conservation  des  préparations  pour 
le  microscope,  l.e  2«  (pp.  27-30)  renferme  la  description  d'un  appareil  très 
simple  destiné  à  faire  tourner  commodément  les  objets  pendant  qu'on  les 
examine  au  microscope,  et  qui,  pouvant  s'adapter  à  tous  les  instruments, 
permettrait  de  réduire  beaucoup  les  difficultés  de  construction,  et  par  suite 
le  prix  de  ceux  qu'on  a  disposés  de  manière  à  en  obtenir  un  résultat  ana- 
logue, par  exemple  les  microscopes  à  tourbillon  et  en  fer  à  cheval  de 
G.  Oberhaeuser.  Le  3°  chapitre  (pp.  30-31)  a  pour  objet  de  signaler  une 
disposition  très  commode  pour  le  micromètre  à  fils  logé  dans  un  oculaire. 
Le  h"  chapitre  (pp.  33-39)  est  relatif  à  la  description  d'une  forme  simplifiée 
de  microtome.  Enfin  le  dernier  chapitre  (pp.  k^-kh)  expose  l'état  actuel  de 
l'institut  optique  de  M.  C.  Kellner  à  Wetziar.  Nous  nous  contenterons  de 
résumer  succinctement  le  premier  de  ces  cinq  chapitres. 

La  Société  micrographique  de  Giessen,  appréciant  l'importance  qu'aurait 
l'adoption  par  tous  les  micrographes  de  lames  de  verre  de  même  grandeur 
pour  toutes  les  préparations,  recommande  comme  très  avantageuse  sous 
divers  rapports  la  forme  d'un  rectangle  de  37  millim.  sur  28.  Pour  recou- 
vrir les  préparations,  M.  Welcker  conseille  d'employer  des  lames  de  verre 
mince  carrées,  n'ayant  que  10  à  15  millim.  de  côté,  ou  rectangulaires  et  de 
surface  équivalente  pour  les  préparations  allongces.  Pour  loger  la  prépara- 
tion, on  faitsur  la  lame  porte-objet  une  petite  enceinte  carrée  avec  de  la  cire 
à  moitié  fondue.  L'espèce  de  petit  bassin  ainsi  formé  reçoit  la  préparation 
plongée  le  plus  souvent  dans  un  liquide  (baume  du  Canada,  glycérine,  so- 
lution de  chlorure  de  calcium,  etc.),  et  il  est  ensuite  fermé  au  moyen  de  la 
petite  lame  mince  qu'on  assujettit  à  l'aide  de  la  cire.  On  passe  ensuite  sur 


REVUE    ninLlOGRAPHIQlJK.  207 

celle-ci  une  couche  épaisse  de  mastic  d'Oscliat/  (blanc  de  plomli  avec  du 
vernis  au  copal),  ou  plus  commodomeiit  de  vernis  d'asphalte.  Cette  couche 
doit  débordcria  cire  sur  les  deux  verres  de  1  ou  2  millim.l'our  protéger  le 
tout,  il  est  bon  de  coller  h  droite  et  à  gauche  de  l'espèce  de  petite  boîte 
formée  comme  il  vient  d'être  dit,  doux  bandes  étroites  de  verre  qui,  s'ele- 
vant  au-dessus  du  niveau  de  la  lame  mince,  lagaiantissent  des  chocs.  Au 
bout  de  peu  de  jours,  la  dessiccation  du  mastic  ou  de  l'asphalte  est  complète 
et  la  préparation  est  terminée.  Le  point  essentiel  dans  cette  disposition  est 
de  faire  le  petit  mur  de  cire  de  manière  à  fermer  exactement  l'espace  des- 
tiné à  contenir  le  liquide  conservateur. 

Le  baume  du  Canada  (ainsi  que  la  résine  de  Dammara,  le  copal,  etc.), 
est  très  bon  pour  conserver  les  objets  peu  transparents,  pour  le  pollen,  les 
spores,  etc.  On  en  dépose  une  goutte  sur  le  verre  préalablement  chauffé.  Sur 
cette  goutte  on  met  l'objet  à  conserver,  sur  lequel  on  applique  une  autre 
goutle  de  baume.  On  pose  par-dessus  tout  la  lame  mince  en  pressant  peu  à 
peu  avec  une  aiguille,  de  manière  à  expulser  l'air  de  tous  les  côtés.  Au 
besoin,  le  baume,  séchant  sur  tout  le  pourtour,  suffit  pour  préserver  indéfi- 
niment, sans  cire  ni  vernis;  cependant  l'auteur  croit  qu'il  vaut  mieux 
mettre  tout  autour  de  la  cire  et  enfin  de  l'asphalte.  L'essence  d'anis  est 
avantageuse  dans  certains  casa  cause  de  sa  grande  réfringence.  Seulement, 
quand  on  s'en  sert,  il  faut  substituer  le  baume  de  Canada  épais  à  la  cire 
pour  former  le  rebord.  La  glycérine  est  le  meilleur  liquide  conservateur 
pour  les  préparations  végétales  et  animales.  On  peut  même  y  conserver 
longtemps  des  objets  sans  former  un  rebord  quelconque  autour  de  la  petite 
cavité  .située  entre  les  deux  verres.  Cependant  il  vaut  mieux  fermer  avec  une 
couche  de  ciment  d'Oschatz  ou  de  vernis  d'asphalte.  Il  n'est  pas  nécessaire 
que  la  glycérine  remplisse  complètement  l'espace. — Une  solution  de  1  partie 
de  chlorure  de  calcium  dans  3  parties  d'eau  distillée;  de  l'eau  sucrée 
formée  avec  1  partie  de  sirop  blanc  pour  2  d'eau  et  1/7000°  de  strychnine; 
la  liqueur  conservatrice  composée  de  3  onces  de  sel  marin  sans  magnésie, 
2  onces  d'alun,  U  grains  de  sublimé  corrosif  en  solution  dans  l'eau  ;  une 
solution  arsenicale  saturée;  l'acide  acétique  étendu  ;  l'alcool  affaibli,  servent 
a  conserver  différentes  préparations.  Enfin,  M.  Welcker  recommande 
comme  bonne  pour  conserver  les  objets  une  nouvelle  composition  que  vend 
M.L.  Batka,  à  Prague,  et  qui  a  reçu  le  nom  de  Wasserglasfirniss,  ou 
vernis-glace.  L'emploi  de  cette  matière,  dont  le  prix  est  très  peu  élevé,  est 
des  plus  simples.  Ou  met  sur  la  lame  porte-objet  la  préparation  légèrement 
mouillée;  avec  une  petite  baguette  de  verre  on  dépose  sur  colle-ci  une  goutte 
de  vernis;  on  pose  sur  le  tout  la  petite  lame  de  verre  mince,  et  la  prépara- 
tion est  terminée.  Kn  une  demi-heure  le  vernis  a  séché  sur  la  ligne  qui  le 
circonscrit,  et  l'on  n'a  besoin  d'ajouter  ni  cire  ni  asphalte.  L'auteur  regarde 
ce  dernier  procédé  comme  le  plus  simple  et  le  meilleur  à  la  fois. 


208  SOCIÉTÉ    BOTANIQLK    Dli    FRANCb). 

NOUVELLES. 

yécroloyte.  —  Le  naturalisle  Jean-Auguste  Walilberg,  qui  voyageait, 
dans  l'Afrique  méridionale,  a  été  tué  le  6  mars  1856,  sur  les  bords  du  Ta- 
manakie,  par  un  éUpliant  qui  l'a  foulé  aux  pieds.  Ce  savant  était  surtout 
zoologiste.  11  était  le  frère  du  professeur  P.  F.  Wahlberg,  secrétaire  de 
l'Académie  des  sciences  de  Stockholm. 

—  Le  Botanische  Zeitunrj  du  17  aoiit  dernier  annonce  la  mort  du  bota- 
niste allemand  Friedr.  W  ilh.  Wallrotb,  le  célèbre  auteur  de  la  Flora  crijiAo- 
gamica  Ger)Haniœ,d'[xnG  Histoire  des  Liciiens  {Naturgcschichte  der  Flechten) 
en  2  volumes  in-S",  et  de  plusieurs  autres  ouvrages  relatifs,  soit  aux 
Cryptogames,  soit  aux  Phanérogames,  principalement  de  l'Allemagne.  Il  est 
mort  àNordhausen,  le  22  mars  dernier. 


D'après  le  Botanische  Zeitwuj ,  la  chaire  d'histoire  naturelle  oi'ga- 
nique  à  l'université  de  Greifswald,  qui  a  été  occupée  pendant  longtemps 
par  Hornschuch,  va  être  subdivisée  en  deux;  il  en  résultera  dès  lors  la 
création  d'une  chaire  spéciale  de  botanique. 

—  Le  baron  de  Meyendorffa  été  nommé,  le  22  janvier  1857,  chef  du 
jardin  impérial  botanique  de  Pétersbourg,  sous  la  haute  direction  du  mi- 
nistre de  la  cour  impériale. 

—  On  a  songé  dans  ces  dernières  années  à  utiliser,  pour  la  fabrication  du 
papier,  les  fibres  qui  remplacent  la  chair  dans  le  péricarpe  du  Luffa  œgyptiava 
Mill.,  vulgairement  connu  dans  les  jardins  sous  le  nom  de  courge-torchon.  Il 
y  a  quelque  temps,  M.  \\'est\vood  a  mis  un  échantillon  de  ce  fruit  sous  les 
yeux  de  la  Société  linnéenne  de  Londres.  Dans  les  pays  où  cette  plante  est 
cultivée,  ces  fibres,  qui  forment  un  réseau  élégant,  sont  employées  à  divers 
usages,  particulièrement  à  la  confection  de  petits  ouvrages  de  vannerie,  de 
filets,  etc.  Nous  rappellerons  à  ce  propos  qu'une  espèce  d'un  genre  voisin 
desLuffa,  \e  Poppya  fabiana  K.  Koch,  récemment  introduiteeu  Europe,  du 
Texas  et  du  Mexique,  fournit  de  la  même  manière  des  fibres  qu'on  emploie, 
dans  son  pays  natal,  pour  un  grand  nombre  d'usages  divers,  notamment 
pour  la  fabrication  de  différents  tissus  et  de  chapeaux  excellents,  très  du- 
rables, qui  forment  la  matière  d'un  grand  commerce  local,  et  que  l'on  com- 
mence même,  assure-t-on,  à  envoyer  en  Europe. 

—  M.  Balansa  vient  de  partir  pour  un  nouveau  voyage  dans  la  Turquie 
d'Asie.  Si  nous  sommes  bien  informe,  il  se  propose  d'explorer  lachainedu 
Taurus,  qui  lui  fournira  certainement  encore  la  matière  d'importantes 
collectious. 


Paris.—  Iminiiiierii;  Je  L.  SUhtii^kt,  nie  Mignon,  2. 


SOCIÉTÉ    BOTANIQUE 

DE  FRANCE. 


N.  B.  —  La  plupart  des  membres  du  secrétariat  s'étant  rendus  à 
Montpellier  pour  la  Session  extraordinaire,  leur  absence  a  déter- 
miné une  interruption  dans  l'impression  de  la  partie  du  Bulletin 
relative  aux  travaux  de  la  Société  pendant  ses  séances  ordinaires. 
Pour  que  cette  interruption  ne  rendît  pas  trop  long  l'intervalle  entre 
la  publication  du  cabier  no  2  du  Bulletin  et  celle  du  cabier  n"  3,  la 
Commission  do  rédaction  a  décidé  que  ce  dernier  numéro  ne  renfer- 
merait que  la  Revue  bibliographique,  et  qu'il  serait  dès  lors  publié 
sans  retard. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


PHYSIOLOGIE  VEGETALE. 

Iiitorno  ad  uua  parlicolarita  di  istrutfura  dell'  Âilium  sati- 
vum  Lii).  {Sur  une  particularité  de  structure  de  rAllium  sativum  Lin.); 
par  M.  Attilio  Tassi  {I  Giardini,  cah.  de  juillet  1856  ;  tirage  à  part  en 
broch.  in-8°  de  7  pag.  et  1  pi.). 

Cette  note  renferme  la  description  et  la  figure  d'un  pied  monstrueux 
à' Ailium  sativum.  La  portion  souteiininc  de  cette  plante  présentait  un  pla- 
teau déprimé  et  légèrement  conique,  dont  la  face  inférieure  avait  donné 
naissance  à  une  grande  quantité  de  racines  adventives,  tandis  que  sa  face 
supérieure  portait,  vers  son  pourtour,  un  cercle  de  petits  bulbes  charnus, 
ovales-oblongs  et  acuminés,  du  contre  duquel  s'élevait  une  hampe  longue 
seulement  de  sept  centimètres  et  terminée  par  un  faisceau  de  G  bulbes  pres- 
que entièrement  semblables  à  ceux  du  bas.  Ces  bulbes,  qui  s'étaient  substi- 

T.    IV.  H 


210  SOCItTK    lîOTA^lQUE   DE   FRANCE. 

tués  à  rinfloiescence,  étaient  légèrement  tiiquètres  et  verdâtres  dans  leur 
portion  supérieure,  qui  se  prolongeait  en  une  sorte  de  petite  queue.  Sur  un 
plan  légèrement  inférieur  à  l'insertion  de  ces  corps  terminaux  se  trouvaient 
quelques  folioles  à  nervures  parallèles,  qui  n'étaient  évidemment  que  des 
divisions  plus  ou  moins  profondes  de  la  spathe  scarieusc,  destinée  norma- 
lement a  protéger  les  jeunes  Heurs,  celles-ci,  dans  la  plante  dont  il  s'agit 
ici,  ayant  complètement  avorté.  Ces  folioles  se  réfléchissaient  tout  le  long 
de  la  hampe. 

M.  Alt.  Tassi  examine  en  détail  les  différents  exemples  d'ombelles  bul- 
bifères  observées  dans  le  genre  Alliwn,  notamment  dans  les  A.  montanum 
Sibth.  et  Sm.,  A.  carinatum  L. ,  .1.  scorodoprasum  L.,  A.  oleraceum  L., 
A.  ascalonicwn  L.,  A.  Cepa  L.,  A.  asralonicum  L. ,  etc.  Il  insiste  principa- 
lement sur  la  variété  bulbifère  de  l'A.  roseum  L.  Il  recherche  ensuite  la  na- 
ture et  l'origine  de  ces  productions  terminales,  dans  lesquelles  il  voit  des 
bulbilles  destinés  h  reproduire  la  plante  et  provenus  d'une  transformation 
accompagnée  d'hypertrophie  des  boutons  de  fleurs.  Il  montre  enfin  que  cette 
substitution  de  bulbilles  a  des  boutons  de  fleurs  n'est  pas  un  fait  rare,  et 
qu'on  en  voit  de  fréquents  exemples  dans  le  Polygonum  viviparum  L. ,  les 
Poa  alpina  et  buibosa,  ainsi  que  dans  VAyave  vivipara  L.  Il  termine  en  rap- 
prochant de  ce  fait  ceux  dans  lesquels  on  voit  aussi  des  bulbilles  se  pro- 
duire sur  différentes  parties  des  plantes  sans  relation  avec  l'appareil  re- 
producteur, comme  sur  les  feuilles  du  Calanc/ioe  pinnata,  du  Malaxis  palu- 
dosa,  du  Cardamine  pratensis,  du  Polygonum  Bistorta,  dans  les  aisselles 
des  Lis,  des  Bentaria,  du  Bégonia  Evaiisiana  Andr. ,  de  la  Patate,  etc.,  etc. 

Ou  thc  structure  aucl  alliuitieis  of  Balanoplioreœ  [Su?'  la 
structure  et  les  affinités  des  JJalanophorées)  ;  par  :M.  Joseph  Dalton 
Hooker  {Transactions  of  the  Linnean  Society^  vol.  XXII  ;  tirage  à  part 
en  brochure  \i\-k°  de  68  pag.  et  16  plane). 

Ce  grand  et  important  travail  a  été  lu  à  la  Société  Linnéenne  de  Londres 
dans  les  séances  des  6  et  20  février  et  du  19  juin  185;").  Il  a  été  publié  seule- 
ment en  1856.  Il  comprend  deux  parties  consacrées,  l'une,  à  l'étude  générale 
des  Balanophorées,  l'autre  à  leur  histoire  particulière.  Dans  la  première,  le 
savant  auteur,  après  avoir  fait  connaître  les  matériaux  qu'il  a  eus  à  sa  dis- 
position, examine  successivement  et  en  autant  de  paragraphes  distincts  : 
1°  le  parasitisme  et  la  structure  du  rhizome  (pp.  2-21)  ;  2»  les  affinités  des 
Balanophorées(pp.  21-26);  .3"  la  classification  des  Balanopliorées(pp. 26-27)  ; 
/i"  leur  distribution  géographique  et  leurs  variations  (pp.  27-28).  Dans  la 
seconde  partie  il  donne  d'abord  le  tableau  synoptique  des  genres  et  espèces 
de  Balanopliorees  rapportées  aux  divisions  et  subdivisions  de  la  famille 
(pp.  29-31)  ;  il  consacre  ensuite  le  reste  de  son  mémoire  à  l'étude  spéciale 


RKVUE    BIBLIOGllAPHIQL'E.  211 

et  (K'tailk'iMles  genres  et  des  espèces  qu'il  admet  parmi  ces  singuliers  xé'^é- 
taux  (pp.  lU-GO).  Ces  deux  parties  sont  suivies  de  l'explication  des  ligures 
(pp.  6l-6iS).  lis  IG  planches  qui  accompaj^nent  le  mémoire  de  M.  Dalton 
Hooker  ne  comprennent  pas  moins  de  273  ligures  qui  représentent,  pour  plu- 
sieurs espèces,  les  plantes  entières,  pour  presque  toutes  de  nombreux  détails 
anatonu(|ues  et  organogrnphiques.  Elles  ont  été  coloriées  toutes  les  fois  que 
la  couleur  a  pu  faciliter  la  connaissance,  soit  des  piaules  entières,  soit  de 
leurs  parties,  l'.lles  ont  été  lithographiécs  au  crayon  par  M.  W.  Fitch,  avec 
le  rare  talent  que  tous  les  botanistes  lui  connaissent,  d'après  les  dessins  de 
l'auteur.  INous  regrettons  seulement  que,  pour  leur  exécution,  la  Société 
!>innéeune  ait  cru  devoir  renoncer  à  la  gravure  au  burin  qui  avait  rempli 
ses  Transactions  d'une  multitude  de  planches  d'une  rare  beauté,  et  qui  en 
avait  fait  jusqu'à  ce  Jour  une  collection  sans  égale  sous  ce  rapport,  li  nous 
semble,  en  effet,  que  le  crayon  lithographique,  à  l'aide  duquel  on  peut 
représenter  d'une  manière  satisfaisante  l'ensemble  des  plantes  et  de  leurs 
organes,  laisse  quelque  chose  à  désirer  sous  le  rapport  de  la  netteté  toutes 
les  fois  qu'on  l'emploie,  même  avec  l'habileté  de  M.  Fitch,  pour  reproduire 
les  détails  intimes  de  l'organisation  et  surtout  ceux  de  la  structure  anato- 
mique;  et  nous  sommes  convaincus  que  les  dessins  de  M.  D.  Hooker  méri- 
taient, sous  tous  les  rapports,  d'être  exécutés  sur  le  cuivre  par  les  burins 
les  plus  exercés.  Mais  les  observations  que  nous  nous  permettons  de  faire 
ici  à  cet  égard,  ne  sont  nullement  une  critique  et  n'expriment  simplement 
qu'un  regret. 

I.  Parasitisme  et  structure  du  rhizome.  —  M.  D.  Hooker  désigne  sous  le 
nom  de  rhizome  l'axe  principal  des  Balanophorées.  La  forme  la  plus  simple 
et  en  même  temps  la  plus  fréquente  sous  laquelle  il  se  présente,  est  celle 
d'un  tubercule  simple  ou  rameux,  sessile  sur  la  racine  de  la  plante  nour- 
ricière et  doimant  naissance  à  un  ou  plusieurs  pédoncules  florifères.  Dans 
l'état  le  plus  jeune  que  le  savani  anglais  ait  pu  examiner,  une  Balanophorée 
se  montre  comme  une  masse  cellulaire,  homogène  et  sans  traces  de  vais- 
seaux, enfoncée  dans  l'écorce  delà  racine  nourricière  avec  laquelle  son  tissa 
cellulaire  présente  une  adhésion  organique,  mais  en  s'en  distinguant  toutefois 
sans  difficulté.  Avant  qu'elle  ait  atteint  le  cambium  de  cette  racine  et  qu'elle 
se  soit  beaucoup  allongée  vers  l'extérieur,  on  reconnaît  nu  centre  de  sa 
niasse  ou  de  chacun  de  ses  lobes  une  ligne  opaque  de  tissu  cellulaire  blanc, 
différent  du  reste,  dans  laquelle  se  montrent  des  vaisseaux.  Peu  après  le 
corps  ligneux  de  la  racine  attaquée  subit  l'influence  du  parasite;  ses  couches 
annuelles  sont  déplacées,  et  plus  tard  encore  des  faisceaux  vasculaires 
enfermés  dans  une  gaine  cellulaire  se  trouvent  dans  l'axe  du  rhizome,  et  se 
font  remarquer  par  leur  continuité  avec  ceux  qui  s'étaient  déjà  formés  dans 
celui-ci.  Dans  quelques  genres  on  ne  voit  pas  de  faisceaux  vasculaires  rat- 
tachés à  ceux  de  la  racine;  mais  ceux  du  parasite  descendent  jusqu'à  la 


212  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE    FRANCE. 

ligne  où  il  s'unit  avec  la  racine,  et  là  les  systènnes  vasculaires  des  deux 

s'appliquent  exactement  l'un  contre  l'autre  sans  entrelacement  ni  union 

organique.  C'est  ce  qui  a  lieu  dans  les  Lophophytum  et  peut-être  dans  le 

Scybalium. 

A  l'état  de  développement  complet,  les  rhizomes  des  Balanophorées  se 
divisent  en  ceux  qui  sont  simples  ou  simplement  fourchus  ou  lobés  et  ceux 
qui  sont  cylindriques,  allongés  horizontalement  ou  rameux  ;  mais  ces  grandes 
différences  de  formes,  quoique  se  rattachant  à  des  particularités  anatomiques 
importantes,  ne  concordent  pas  avec  des  modifications  dans  la  structure 
florale,  de  manière  h  pouvoir  servir  à  l'établissement  de  sections  dans  la 
famille.  Les  rhizomes  allongés  de  quelques  espèces  s'attachent  par  leurs 
ramifications  aux  différentes  racines  qu'elles  rencontrent  ;  ils  n'ont  jamais 
d'appendices  foliacés,  si  ce  n'est  à  la  base  des  pédoncules.  Quant  aux  rhi- 
zomes amorphes  ou  simples,  ils  portent  souvent  des  écailles  {Ctjnomorhm, 
Lophopfujtum,  Sphœrorhizon)  ou  des  papilles  cellulaires  (quelques  Balano- 
phora).  —  Les  rhizomes  de  plusieurs  espèces  vivent  longtemps  :  tels  sont 
ceux  ôesHelosis,  Phyllocoryne,  Bhopalocnemis,  de  divers  Balcmophora,  etc.; 
mais  le  Cynomorium  parait  être  annuel.  Le  développement  de  ces  végétaux 
est  très  lent. 

Les  divers  modes  d'adhérence  des  Balanophorées  à  la  racine  nourricière 
permettent  de  les  ranger  en  trois  catégories  :  1°  celles  dans  lesquelles  les 
vaisseaux  du  parasite  sont  continus  avec  ceux  de  la  racine;  2"  celles  dans  les- 
quelles l'adhérence  s'établit  uniquement  au  moyen  du  tissu  cellulaire; 
3°  enfin  celles  où  les  faisceaux  vasculaires  de  la  racine  vont  se  terminer  de 
manière  déterminée  dans  le  tissu  du  parasite,  à  une  faible  distance  du  point 
d'attache,  les  systèmes  vasculaires  des  deux  végétaux  ne  présentant  pas  de 
confluence  appréciable.  Les  Balanophom  et  Bhopalocnemis,  qui  appartien- 
nent à  la  première  de  ces  catégories,  ont  été  regardés  par  quelques  auteurs 
comme  des  excroissances  morbides  des  plantes  qui  les  portent,  opinion  déjà 
réfutée  par  M.  Goeppert.  Ce  savant  et  M.  Unger  admettent  dans  le  parasite 
un  double  système  vasculaire,  dont  l'un  serait  émis  par  la  racine  nourricière, 
tandis  que  l'autre  serait  propre  au  pédoncule  et  à  ses  appendices,  descendrait 
cependant  à  travers  l'axe  du  rhizome,  jusque  tout  près  de  la  base  du  para- 
site et  se  terminerait  là  brusquement.  Mais  M.  D.  Hooker  a  constaté  sur  le 
Bhopalocnemis  vivant  que  les  faisceaux  vasculaires  du  pédoncule  sont  si 
intimement  unis  à  ceux  du  rhizome,  vers  la  base  de  ce  dernier,  que  les  deux 
ne  forment  organi(|uement  qu'un  seul  et  même  tissu.  Les  branches  vascu- 
lau-es  qui  rattachent  la  racine-mère  au  rhizome  du  parasite  sont  tout  à  fait 
analogues  à  celles  qu'on  trouve  dans  les  exostoses  des  racines  de  diverses 
Légumineuses,  notamment  du  Cytisus  Laburnum. 

On  trouve  deux  sortes  d'attaches  dans  les  rhizomes  raraeux  et  très 
allongés.  Dans  les  Helosis  le  rhizome  forme  un  tubercule  à  chaque  point  où 


MKVUi':  1!Ii;li(m;i!A1'iii<jlii;.  213 

il  s'atlaoheaux  diiïiTtMites  racines  qu'il  rciic-oiitro,  et  il  ne  reeuit  ([ue  rare- 
ineiit,  sur  ces  points,  ([iieUiues  faisceaux  vasculaires  émis  par  la  racine, 
mais  qui  ne  paraissent  pas  coniniuni(iuer  directement  avec  le  tissu  vascu- 
laire  antôrieurement  formé  du  rhizome,  ni  s'unir  à  lui.  Dans  le  Zaw^s- 
dorffia  la  branche  du  rhizome  corrode  l'écorce  des  racines  qu'elle  rencontre. 
I.eplus  souvent  le  rhizome  et  la  racine  se  renHent  beaucoup  l'un  et  l'autre, 
et  celle-ci  envoie  dans  le  premier,  à  droite  et  à  gauche  de  son  axe,  de  lon- 
gues branches  vasculaires.  On  voit  quelquefois  deux  ou  plusieurs  espèces 
dicotylédones  envoyer  leurs  racines  dans  un  tubercule  de  vieux  rhizome, 
chacune  y  pénétrant  par  plusieurs  points. 

M.  D.  Hooker  examine  et  discute  les  divisions  établies  par  M.  Unger 
parmi  les  parasites,  relativement  à  la  nature  de  leur  parasitisme.  Il  n'y  voit 
que  des  distinctions  de  mots  plutôt  que  de  faits,  du  moins  quant  aux  trois 
sections  du  savant  allemand  dans  lesquelles  rentreraient  les  Balanophorées. 
Il  dit  qu'il  n'existe  que  de  simples  différences  du  plus  au  moins  entre  les 
modes  de  parasitisme  de  ces  végétaux,  et  que  pour  tous  le  point  principal 
consiste  dans  la  puissance  qu'ils  ont  de  produire  une  érosion  et  d'établir  une 
adhérence  organique.  Il  énonce  comme  une  règle  générale  que  plus  la  racine 
attaquée  est  vieille,  mohis  elle  envoie  de  branches  va^.culaires  dans  le  para- 
site. Il  n'admet  pas  l'opinion  de  M.  Unger,  que  le  rhizome  des  i?a/ano/j/<ora 
et  analogues  est  une  sorte  de  corps  intermédiaire,  ni  cel'e  de  M.  Goeppert, 
qu'il  existe  dans  ces  parasites  deux  systèmes  de  faisceaux  vasculaires  tota- 
lement indépendants  et  sans  connexion.  Il  conclut,  de  l'examen  détaillé 
auquel  il  se  livre  à  cet  égard,  que  les  différences  anatomiques  qui  existent 
entre  les  vaisseaux  du  rhizome  et  ceux  du  pédoncule  dépendent  de  leur 
situation  et  du  degré  de  leur  développement. 

Le  rhizome  des  espèces  les  plus  parfaites  de  Balanophorées  est  nettement 
exogène.  Celui  de  VHelosis  mexicana,  coupé  transversalement,  se  montre 
composé  de  tissu  cellulaiic  renfermant  un  système  vasculaire  de  sept  coins 
qui  entourent  un  axe  cylindrique  étroit.  Chacun  de  ces  coins  est  formé  de 
plusieurs  rangées  de  vaisseaux  cylindriques  ou  anguleux,  annelés  ou  rayés 
en  travers,  qui  occupent  la  place  du  pleurenchyme  des  Exogènes  ordinaires. 
Chacun  d'eux  s'emboite  extérieurement  dans  la  concavité  d'une  masse 
réniforme  de  grosses  cellules  libériennes  allongées.  Enfin,  plus  en  dehors, 
se  trouve  une  masse  cellulaire  très  épaisse,  spongieuse,  qui  s'étend  jusqu'à 
la  circonférence,  où  les  cellules  sont  plus  étroites  et  plus  serrées,  et  dans 
laquelle  sont  entremêlées  de  petites  masses  de  clostres  à  parois  épaisses, 
semblables  à  des  faisceaux  libériens  épars.  Enfin  vers  le  centre  et  autour  de 
l'axe  il  existe  une  zone  à  sept  lobes  de  gros  tubes  de  sclérogène  ou  clostres, 
dont  les  lobes  s'avancent  vers  l'extérieur  comme  s'ils  formaient  les  bases  des 
rayons  médullaires  et  séparent  les  extrémités  axiles  des  coins  vasculaires. 
Cette  structure  anatomique  rappelle  celle  de  la  tige  des  Ménisperraées.  Quant 


21  â  SOCIÉTÉ    HOTAXiyiK    DK    FUANCE. 

au  pédoncule  de  ce  même  Ilelosis,  sa  section  transversale  présente  huit  fais- 
ceaux vasculaires  disposés  symétriquement,  et  plus  en  dehors  quelques 
autres  plus  petits,  épars.  Chaque  faisceau  en  particulier  consiste  en  un  étui 
de  tissu  cellulaire  allongé,  qui  entoure  un  petit  nombre  de  vaisseaux  en 
fuseau,  les  uns  scalariformes,  les  autres  avec  des  bandes  spirales  ou  des 
raies  transversales,  ainsi  qu'un  petit  nombre  de  tubes  ligneux  et  de  cellules 
de  sclérogène. 

Le  tissu  cellulaire  est  remarquable  dans  les  genres  Langsdorffia  et  Bala- 
nophora  par  une  sécrétion  abondante  de  cire  [halanophorine  Goepp,),  que 
remplacent  des  grains  de  fécule  dans  la  plupart  des  autres  genres.  L'épi- 
derme  des  Balanophorées  ne  porte  jamais  de  stomates,  et  il  est  formé  de 
petites  cellules  entremêlées  quelquefois  d'autres  grandes  et  vésiculeuses, 
qui  sont  isolées  ou  groupées. 

Les  feuilles,  ne  manquent  jamais  entièrement,  mais  elles  sont  réduites  à 
l'état  d'écaitles  et  quelquefois  presque  nulles.  Leur  répartition  sur  les  diffé- 
rentes parties  des  plantes  et  leur  grandeur  ne  sont  soumises  à  aucune  règle. 
Cependant  les  plus  développées  se  trouvent  vers  le  haut. 

Vinflorescence  est  un  capitule  uni  ou  bisexué,  sphérique,  oblong,  cylin- 
drique, ou  ovoïde,  excepté  dans  les  Lophophytées  et  dans  le  genre  Sarco- 
pkyfe,  où  elle  constitue  un  épi  composé  ou  une  panicule,  et  où  elle  offre  son 
degré  supérieur  de  développement.  Ce  capitule  est  toujours  composé,  malgré 
sa  simplicité  apparente. 

Les  fleurs  varient  beaucoup  quanta  leur  degré  de  perfection.  Les  plus 
complètes  sont  celles  du  Mystropetalon;  les  plus  imparfaites  sont  les  mâles 
desLophop/iytiimet  les  femeWesàes Balanophora.  Quand  il  y  a  un  périanthe, 
il  est  presque  toujours  dimorphe,  le  plus  parfait  étant  celui  des  fleurs  mâles, 
qui  diffère  toujours  beaucoup  de  celui  des  fleurs  femelles,  excepté  dans  le 
genre  Cynomorium. 

Les  étamines  varient  autant  de  forme  que  le  périanthe.  Les  caractères 
"énériques  résument  ces  variations.  Le  pollen  ne  présente  rien  de  remar- 
quable; généralement  sphérique, il  est  polygonal  dans  \es  Mystropetalon.  Il 
est  probable  que  les  insectes  jouent  un  rôle  important  dans  la  fécondation. 
Les  ovaires  sont  au  nombre  d'un  seul  dans  les  Monostyli  et  \tSarcophytc, 
de  deux  dans  les  Distyli,  quelquefois  de  trois  dans  les  genres  Helosis  et 
Scybalium,  d'après  Lndlicher.  Lorsqu'il  en  existe  plus  d'un,  ils  sont  soudés 
dès  l'origine,  renfermés  dans  le  périanthe  adhérent,  et  toutes  les  cavités 
moins  une  sont  supprimées.  Le  style  varie  beaucoup.Dans  les /?fl/m20/;Aora, 
Langsdorffia,  Tormingia,  il  ne  l'orme  qu'une  colonne  composée  de  très  peu 
de  cellules  oblongues,  entourant  un  tissu  mou,  pulpeux,  stigmatique,  qui 
ne  constitue  pas  un  stigmate  distinct.  Toujours  le  pollen  parait  agir  vers  l'ex- 
trémilé  du  style,  dans  l'axe  duquel  l'auteur  a  trouvé  des  tubes  polliniques. 
Le  style  est  un  peu  plus  parfait  dans  les  Distyli,  et  il  se  termine  par  quel- 


lîKVUK  i{ii{hiO(.r,\i'iii(,>ri:.  215 

qiies  cellules  plus  ^'i-andes,  souvent  <:;l()l)uleuses.  Le  Snvcaphyta  a  un  large 
sti<;male  (liscoide,  sessile.  Le  style  du  Cf/noniorium  est  le  plus  compliqué; 
il  porte  un  sti}j;mate  hilobé.  'roujouis  les  parois  ovariennes  consistent  en 
cellules  très  lâches,  oblongues,  à  nueléus,  sans  vaisseaux  (il  y  a  des  vais- 
seaux dans  le  style  du  Cynomorium). 

l.'ovide  est  toujours  solitaire  et  pendant.  A  l'origine  c'est  une  cellule  soli- 
taire, en  saillie  sur  les  parois  ovariennes.  L'auteur  l'a  vue  ensuite,  dans  le 
Balnnophora  involncrata,  comme  un  sac  délicat,  hyalin,  contenant  deux 
cellules  sphériques  libres.  La  l'ormcition  de  nouvelles  cellules  dans  ce  sac 
marche  ensuite  i-apidement  et  rappelle  celle  qui  a  lieu  dans  le  sac  embryon- 
naire des  ovules  ordinaires;  d'où  l'on  pourrait  considérer  cet  ovule  comme 
réduit  au  sac  embryonnaire.  M.  D.  Hooker  n'a  pu  y  découvrir  ni  chalaze, 
ni  raphé,  ni  ouverture  quelconque.  Plus  tard  l'ovule,  remplissant  tout 
l'ovaire,  adhère  aux  parois  de  celui-ci  par  son  tégument  membraneux,  et  il 
forme  alors  une  masse  serrée  et  opaque  de  cellules  hexagonales,  cohérentes. 
Le  savant  botaniste  anglais  regrette  de  n'avoir  pu  suivre  le  développement 
de  l'ovule  dans  les  trois  genres  pourvus  d'embryon  et  d'albumen,  Sarcophyte, 
Mijsf.ropetalun,  Cynomorium;  il  dit  seulement  que  leur  albumen  se  forme 
dans  le  sac  embryonnaire. 

\jxgraine^  toujours  pendante,  n'est  pourvued'un  embryon  et  d'un  albumen 
que  dans  les  genres  Cynomorium,  Sarcophyte  et  Mystropetalon.  Son  test 
extrêmement  mince  contracte  une  adhérence  intime,  mais  non  organique, 
avec  la  paroi  interne  de  l'endocarpe  généralement  crustacé.  Dans  la  plupart 
des  genres  la  graine  consiste  uniquement  en  une  masse  cellulaire  uniforme, 
qui  devient  cornée  à  la  maturité,  surtout  à  l'extérieur.  Les  cellules  de  cet 
embryon  homogène  sont  anguleuses;  leurs  parois  très  épaisses  sont  transpa- 
rentes, et  leur  petite  cavité  est  remplie  de  granules  de  chlorophylle. 
M.  D.  Hooker  expose  les  opinions  qui  ont  été  publiées  relativement  au  fruit 
et  à  la  graine  des  Balanophorées  par  MM.  Richard,  Endiicher,  Goeppert, 
Liebmann,  Martius,  surtout  par  M.  Weddell,  qui  ne  voit  dans  ces  plantes 
que  des  ovules  nus  et,  par  conséquent  aussi,  des  graines  nues. 

IF.  Affinités  des  Balanophorées  (pp.  21-26).  —  Après  avoir  exposé  la 
place  généralement  très  inférieure  qui  a  été  donnée  à  ce  groupe  de  végétaux 
par  les  botanistes,  M.  D.  Hooker  exprime  et  développe  ses  propres  idées  a 
ce  sujet.  A  ses  yeux,  ce  sont  des  Exogènes  dont  les  tiges  diffèrent  peu,  quant 
à  leur  structure,  de  celles  des  Ménispermées  et  d'autres  Dicotylédones  ano- 
males. En  outre,  par  les  caractèi'es  de  leurs  fleurs,  ils  se  placent  parmi  les 
Calyciflores  epigynes,  et  leurs  rapports  les  plus  directs  sont  ceux  qui  les 
rattachent  aux  Haloragées,  particulièrement  au  genre  Gunnera.  L'auteur 
expose  en  détail  les  faits  qui  lui  semblent  établir  cette  affinité. 

ni.  Classification  des  Balanophorées  (pp.  26-27),  —  Le  tableau  que  nous 
reproduisons  rend  inutile  tout  détail  à  ce  sujet. 


216  SOCIÉTÉ   LOi.VMQLK    DE    IHANCi:. 

IV.  Distribution  gêogrnphique  et  variations  (pp.  27-28).  —  La  plupart 
des  Balaiiophorées  sont  des  montagnes  tropicales  et  subtropicales  de  l'Asie  et 
de  IWniéiique  méridionale.  Certaines  espèces  s'élèvent  jusqu'à  3050  mètres. 
On  n'a  guère  trouvé  dans  les  forêts  tropicales  que  le  Balanophoi^a  fangosa^ 
V Hclosis  (juyanensis  et  le  ThonninQia.  Plusieurs  se  trouvent  en  dehors  des 
tropiques  :  ainsi  le  Cynoinoriinn  atteint  ^1"  de  latit.  IN.,  en  Europe;  les 
deux  Mystropetalori  et  le  Sarco/jlii/te  habitent  l'Afrique  australe;  Y Helosis 
(juyanensis  arrive  Jusqu'à  la  P;ata;  enfin  le  nord  de  l'Inde  possède  plusieurs 
Balanophora  et  le  Jîhopalocnemis.  —  Certaines  Balanophorées  ont  une  dif- 
fusion géographique  étendue,  tandis  que  d'autres  sont  extrèniement  locales. 
Comme  exemples  des  premièies,  l'auteur  cite  leCynomoriuni  coccineum,  qui 
s'étend  des  Canaries  aux  embouchures  du  Nil  ;  le  Rhopalocnemis  qui,  de 
27"  de  lat.  N.  dans  leNépaul  oriental,  va  jusqu'à  Java,  sous  l'équateur;  les 
Balanophora  dioica  et  fungosa;  enfin  le  Langsdorffia  hypogœa,  qui  a  été 
trouvé  au  Mexique  par  18"  lat.  N.  ,dans  la  Nouvelle-Grenade,  à  Rio- 
Jaueiro  et  dans  les  Pampas,  par  3^*  lat.  S.  —  Malgré  l'espacement  consi- 
dérable des  lieux  dans  lesquels  on  les  a  observées,  ces  dernières  espèces 
n'ont  présenté  aucune  variation  dans  leurs  caractères. 

Nous  terminerons  cette  analyse,  a  laquelle  la  haute  importance  du  travail 
de  M.  D.  Hooker  nous  a  déterminé  a  donner  une  assez  grande  étendue,  en 
reproduisant  le  tableau  synoptique  des  Balanophorées,  que  nous  abrége- 
rons toutefois  le  plus  possible. 

Balanopliorcariiiu  labnla  synopfica. 

Div.  I.  MONOSTYM  Gril'i'.  Styli  1. 

§  1.  Stam.  libéra.  Semen  embiyone  et  albumine  inslructum. 

A.  IWystropctalcai. 

Gen.  I.  Mystropetalon  Harv.  l'crian.  fl.  masc.  3-part.,  2-labiatum, 
segmentis  valvatis,  2  anticis  coni.aiis  ;  tl.  faim,  epigynum,  campanul.,  3  lob. 
Stam.  3,  segmentis  periantliii  opposita,  iisq.  inser.  ;  anth.  extrorsis.  Embr. 
hiloproximus.  — Pedunc.  solit.,squamosus,  Capitulum  oblong.,  bisexuale; 
florib.  fa;m.  inferiorib.,  masc.  3- hracteatis, 

1.  M.  Polemanni  Harv.  ;  Air.  austr.  —  2.  M.  Thomii  Harv.  ;  Afr. 
aust. 

B.  C^nomoriese. 

Gen.  II.  CvNOMOiuuM  Mich.  Pcrian.  utriusq  sexus  G-phyl.  Sta)n.  1,  in 
fl.  hermaph.  epigyn.  ;  lilam.  in  fl.  masc.  basi  stylo  del'ormato  suffultura  ; 
anth.  intror.  Embr.  latcr. ,  hilo  remotus.  —  Pedunc.  solit. ,  squamos.  Capii. 
cylindricum.  Flores  1-sexu.,  rarius  2-sex.,  masc.  et  fa;m.  immixii  ;  bracteis 
sparsis  remotis. 

1.  C.  coccineum  AHch.  ;  Reg.  médit.,  et  1ns.  Fortun. 


KEVUb;    lUBLIOGKAPIlIQUK.  217 

r 

C.  Sareophytt'j»'. 

Gen.  III.  Saucophyte  Sparrm.  FI.  dioi.,  masc.  paniculati;  periaii. 
lobis  3,  valvatis.  Stum.  3,  antli.  multilocul.,  liboris.  FI.  faem.  in  capitulis 
globos.  arcte  cohae rentes.  Stigvia  discoid.,  sess.  —  Rhizoma  simplex, 
lobatum.  Pcdunc.  nudus,  lamis  infloresc.  primariis  basi  bracteatis. 

1.  S.  sanguinea  Sparrm.;  Afr.  aust. 

§  II,  Stam.  connata.  SQmen  homogeneum? 

D.  Langsdorfficîe  Endl.  Pcrian.  fl.  fœm,  tubulosum. 

Gen.  IV.  LANGSDORFFrA  Mart.  ^Yflmmwm  columna  cava.  Perian.  fl.  masc. 
lobi  3,  valvati,  praîfloratione  geiiitalia  includentes.  Anth.  brèves.  —  Rhtz. 
horiz.,  ramos.  Pedunculi  termin.,  squamis  imbricatis  tecti.  Capit.  1-sexu. 

1.  L.  hypogîea  Rich.  ;  .\mer.  trop.  —  2.  L.  rubiginosa  Wedd.,  MSS.; 
Bras,  et  Guiana. 

Gen.  V.  TaoNNiNGiA  Vahl.  Stam.  colum.  solida,  infra  médium  squamis 
2-6  aucta.  Anth.  lineares.  —  Habituset  vegetatio  Langsdorffise. 

1  T.  sanguinea  Vahl;  Afr.  trop,  occid. 

E.  Baianopiiorese.  Periau.  fl.  faem.  0. 

Gen.  VI.  Balanophora  Forst.  Perian.  fl.  masc.  3-6-phyl.  Anth.  extror. 
Fl.  fsem.  pistilla  bracteolis  clavatis  immixta  v.  pedicellis  bractearum 
inserta  —  Rhiz.  tuberos.  v.  ramos.  Pedunculi  nudi  v.  squamosi.  Capit. 
1-sexu.  V.  2-sexu.  Fl.  1-sexu. 

a.  Pedunculi  squamis  in  cupulam  v.  involucrum  connatis. 

1.  B.  involucrata  n.  sp.  ?;  Himalaya  temperata. 

(3.  Pedunculi  squam.  alter.  v.  imbric.  ;  anth.  3-6  2-locul. 

2.  B.  dioica  R.Br.  ;  Ind.  bor.,  Bengal.,  Blrma.  —  3.  B.  elongataBlume; 
JavaetPeninsuIaliid.  or.— ^.B.  indica  Wall.;  Penius.  Ind.  or.  et  Ceylona. 

—  5.  B.  globosa  Jungh.  ;  Java.  —  6.  B.  fungosa  Forst.  ;  Austr.  trop,  or., 
Nov.  Hebrid.  —  7.  B.  alutacea  Jungh.  5  .Java  et  Philip. 

y.  Pedunculi  squam.  alter.  v.  imbric;  anth.  multilocul. 
8.  B.  poiyandra  Griff.  ;  Himal.  or.  et  Khasia. 

Div.  H.  DISTYLÎ  Griff.  Styli  2. 

F.  Lophophytese  Endl.  Stam.  libéra. 

Gen.  VII.  LopnoPHYTiiM  Schott  et  Endl.  FL  secus  ramulos  pedunculi 
mamillteformes  apice  obtusoscongesti,  mamillis  basi  bracteis  deciduis  suf- 
fulti.  —  Rhiz.  crassum,  superue  squamis  imbric.  tectum.  Pedunc.  basi 
nudus. 

1.  L.  mirabile  Scholt  et  Endl.  ;  Bras.  —2.  L  bolivianum  Wedd.  ;  Boliv. 

—  3.  L.  Weddellii  n.  sp.  ;  Nova  Granada. 

Gen.  VIII.  Ombrophytum  Poepp.  et  Endl.  /^/ores  secus  pedicellos  brac- 


218  SOCIÉTÉ   BOTANIQL'K    DE    FRANCE. 

tear.  peltatar.  congestl.  — Veget.  et  liabitus  Lophophyti,  sed  squamte  0. 
Pedunc.  basi  volva  v.  annulo  circumdatus. 

1.  0.  peruvianum  Poepp.  et  Kndl.;  Boliv,  et  Peruv. 

G.  Helosidese  Eiidl.  Sfauh  counata. 

Gen.  IX.  ScYBAULiM  Schottet  Kndl.  J{/iiz.  tiibeios.,  lobatum,  FI.  pedun- 
culis  distinctis  squamis  imbiicatis  tectis  monoici.  Capitula  con\exoL  v.  pla- 
niusc.  Peiian.  masc.  3-lob. 

1.  S.  fungiforme  Schott  et  Endl.  ;  Bras. 

Gen.  X.  SpHiEROBHizoN  nov.  gen.  Rliiz.  tuberos.,  indivisuna.  Pedunc. 
solit.,  squamis  decidiiis  tectus.  Capit.  sphaBrica  v.  oblon.  Perian.  masc. 
3- lob. 

1.  S.  depressum  nov.  sp.  ;  Nova  Granada. 

Gen.  XI.  Phyllocorvne  nov.  pen.  Jihiz.  lobat.  v.  ramos.  Pedunc.  plu- 
l'imis  s(|uamis  persistentib.  subhexastiche  iinbricalis  tectus.  Cdpif.  cylin- 
dracea  v.  oblon.  Perian.  mase.  3-iob. 

1.  P.  jamaicensis  (Cynomorium  jamaicense  Sw.);  Jamaica. 

Gen.  XII.  Rhopalocnemis  .lungb.  lihiz.  tubtros.,  simpl.  v.  lobat. 
Pedunc.  pauci  v.  solit.,  basi  annulo  v.  volva  instructi.  Capit.  oblon. -cyliu- 
draceum.  Perian.  masc.  tubulosum. 

1.  R.  phalloïdes  .Tungb.  ;  Himal.  tempcr.  or.,  Khasia,  Java. 

Gen.  XIII.  (]orvn.4:a  wowgi^n.  Hhiz.  tuberos.,  simpl.  v.  lobat.  Pedunc. 
solit.  V.  pauci,  basi  annulo  v.  volva  obscura  instructi.  Capit.  sphaer. 
v.  oblon. -eylindracea.  Perian.  masc.  campanulatuni. 

1.  C.  Classa  n  sp.  ;  Nova  Granada.  —  2.  C.  spbaerica  n.  sp.;  Ibid.  — 
G.  Purdiei  n.  sp.  ;  Peruv. 

Gen.  XIV.  Helosis  Rich.  liliiz.  cylindrac,  ramos.  Pedunc.  plurirai, 
midi  v.  basi  v.  niedio  annulati.  Capit.  ovoidea,  oblon.  v,  9-lob.  Perian. 
masc.  3-part. 

1.  H,  guyanensis  Ricb.  ;  Amer.  trop.  —  2.  H.  niexicaua  Liebm.  ;  Amer, 
trop. 

Dcr  Befrnchtuugiïproecss  ini  l'ilauxeureicbc  und  sein 

Vcrliaeltui.*!!»  zu  «lein  im  Tliierreiclic  {La  fécûndation  dans 

le  règne  végétal  et  ses  rapports  avec  celle  qui  a  lieu  daiis  le  règne  animal]  ; 

par  M.  I„   Uadikofer.  In-8°  de  x  et  97  pages,  avec  3  tableaux  syuopti- 

^  ques.  Leipzig;  1857.  Chez  Wilh.  Engelmann. 

Ce  nouveau  travail  de  M.  Radikofer  est  une  thèse  écrite  par  lui  pour  ob- 
tenir le  titre  de  docteur  dans  la  Faculté  de  philosophie  de  Munich. 

Dans  sa  préface  ce  jeune  savant  fait  ressortir  toute  l'importance  que  peut 
avoir  aujourd'hui  un  résumé  concis  de  toutes  les  observations  tant  anciennes 


HliVUK    ItlHLKtGUAJMIKtli;.  21V) 

que  récentes  auxquelles  a  donné  lieu  la  fécondation  dans  les  plantes,  et  il 
dit  qu'il  croit  être  autorisé  à  la  publication  d'un  semblable  travail  par  les 
études  qu'il  a  faites  lui-même  sur  ce  sujet  fondamentitl,  études  dont  les  lec- 
teurs de  ce  liullctiu  ont  pu  apprécier  tout  l'intcrèt  (Voy.  Bail,  de  la  Soc. 
bot.  de  France,  111,  p.  123).  Il  divise  son  ouvrage  en  trois  cbapitres  d'é- 
tendue inégale,  subdivisés  à  leur  tour  en  plusieurs  paragraphes.  —  La  pre- 
mière partie  (pp.  1-67)  est  relative  à  la  reproduction  régulière  des  végétaux 
et  aux  organes  par  lesquels  elle  s'opère.  Dans  les  six  paragraphes  qu'elle  com- 
prend l'auteur  expose  l'état  actuel  et  l'historique  de  nos  connaissances  sur  la 
marche  de  la  fécondation  :  1°  dans  les  Cliampignous  ;  2"  dans  les  Lichens  ; 
3°  dans  les  Algues  divisées  en  Algues  d'eau  douce,  Fucoïdées,  Floridées  et 
Cfinra;  Zi"dans  les  Mousses  ;  5°  dans  les  Ptéridoïdes,  c'est-à-dire  dans  les  Fou- 
gères comprises  dans  le  sens  le  plus  large  du  mot  et  renfermant  les  Fougères 
proprement  dites,  les  Equisétacées,  les  Uhizocarpées,  les  I  ycopodiacées  avec 
les  Isoétées  ;  6°  dans  les  Phanérogames  considérées  selon  leur  division  en 
Gymnospermes  et  IMono-Dicotylédons.  M.  Radikofer  expose  très  succinc- 
tement la  fécondation  des  Phanérogames,  puisque  le  texte  qui  s'y  rapporte 
équivaut  seulement  à  trois  pages  de  son  livre  ;  mais  il  y  ajoute  une  longue 
note  dans  laquelle  il  résume  les  résultats  consignés  dans  un  grand  nombre 
d'écrits  publiés  pendant  ces  dernières  années,  et  dans  laquelle  aussi  il  présente 
les  principaux  faits  que  lui  ont  offerts  ses  obsei-vaiions  récentes  sur  le  Gui 
relativement  à  l'existence  des  vésicules  embryonaires  dans  l'intérieur  du 
sacembryonaire  antérieurement  à  la  fécondation.  On  se  rappelle  sans  doute 
que  la  préexistence  de  ces  vésicules  à  l'acte  fécondateur  est  le  fait  capital 
que  M.  Radikofer  s'était  proposé  d'établir  dans  son  premier  mémoire.  — 
Dans  toute  cette  première  partie  de  son  ouvrage  ,  ce  savant  a  le  soin  de 
citer  en  note  les  nombreux  écrits  relatifs  à  la  fécondation  dont  il  parie  spé- 
cialement ou  auxquels  il  fait  allusion  dans  son  texte. 

La  seconde  partie  (pp.  68-83)  est  relative  à  l'acte  intime  de  la  féconda- 
tion, que  l'auteur  considère  d'abord  dans  les  animaux,  ensuite  dans  les  Al- 
gues d'eau  douce  et  les  Fucoïdes,  dans  les  Mousses  et  les  Fougères,  dans  les 
Floridées,  dans  les  Charagnes,  enfin  dans  les  Phanérogames.  La  consé- 
quence finale  à  laquelle  il  est  conduit,  eu  égard  aux  Phanérogames,  est  que 
rien  n'a  prouvé  jusqu'à  ce  jour  qu'il  y  eût  chez  elles  une  coputition  ou 
conjugafion  entre  l'extrémité  du  tube  pollinique  et  le  sac  embryonaire  ; 
que,  d'un  autre  côté,  la  distance  qui  sépare  ordinairement  le  bout  du  tube 
pollinique  de  la  vésicule  embryonaire  fécondée  ne  permet  pas  d'admettre 
un  passage  direct  de  la  substance  fécondatite  du  premier  à  la  matière  qui 
doit  subir  riulluence  de  celle-ci.  Toutefois  il  reste  établi,  pense-t-il,  que  le 
contenu  du  tube  pollinique  est  l'analogue  des  spermatozoïdes,  que  la  vési- 
cule embryonaire  est  l'analogue  de  l'œuf;  que  dès  lors  l'acte  de  la  féconda- 
tion des  Phanérogames  correspond  absolument  à  celui  des  Cryptogames  et 


220  SOCIÉTÉ   BOTANIULli    DE    FKANCE. 

à  celui  des  animaux.  —  M.  Radikofer  s'occupe  ensuite  de  la  copulation  dans 
les  Algues;  enfin  il  expose  ses  idées  sur  la  signification  réelle  et  l'impor- 
tance de  la  fécondation,  moyen  employé  par  la  nature  «  pour  conserver  les 
espèces  dans  leur  complète  intégrité,  conformément  au  plan  primitif  d'or- 
ganisation. » 

A  la  page  77  se  trouve  une  note  assez  importante  pour  que  nous  pensions 
devoir  la  traduire  ici  en  majeure  partie.  Elle  est  relative  à  la  production 
d'embryons  sans  fécondation  préalable  dans  le  Cœlebogijne  ilicifolia,  Eu- 
phorbiacée  dont  il  a  été  bien  souvent  question  depuis  la  note  de  J.  Smith 
la  concernant  {Trans.  of  the  Linn.  Soc,  XVIII,  1841,  p.  509  etsuiv.). 
Le  Cœlebog]/ne,  dont  les  fleurs  mâles  disposées  en  chaton  n'existent  en 
Europe  que  dans  l'herbier  de  M.  Hooker,  est  cultivé  à  Kew  en  compagnie 
d'un  grand  nombre  d'autres  Euphorbiacées.  Dès  lors  on  aurait  pu  admettre 
la  possibilité  d'une  hybridation.  «  Mais  cette  supposition  devenait  fort 
peu  admissible,  dit  l'auteur,  par  ce  fait  que  les  plantes  de  la  troisième  et 
de  la  quatrième  génération  ressemblent  parfaitement  au  pied-mère  pri- 
mitif. Elle  n'était  nullement  corroborée  par  mon  observation  relative  à  un 
grain  de  pollen  sec  que  j'ai  trouvé  sur  le  stigmate  d'un  pistil  fertile  dont 
j'ai  fait  l'examen,  puisque  cette  observation  est  entièrement  isolée.  Je  n'ai 
pu  trouver  un  boyau  pollinique  dans  aucune  partie  de  l'ovaire  ni  de  l'ovule 
du  Cœlebogyne  ;  au  contraire,  dans  d'autres  Euphorbiacées  prises  par  moi 
pour  une  étude  comparative  je  n'ai  eu  aucune  peine  à  en  voir  un  frag- 
ment faisant  encore  saillie  hors  du  mamelon  nucellaire.  Le  sac  embr3^o- 
naire  du  Cœlebogyne  encore  jeune  m'a  montré  trois  vésicules  embryouaires 
appliquées  contre  la  paroi  interne  de  son  extrémité  supérieure.  De  ces  vé- 
sicules étaient  provenus,  dans  les  ovaires  avancés,  tantôt  un,  tantôt  deux, 
quelquefois  même  trois  embryons.  Les  différentes  phases  du  développement 
de  la  vésicule  embryonaire  en  embryon  ressemblent  parfaitement  à  celles 
des  autres  Euphorbiacées.  » 

La  troisième  partie  (pp.  87-96)  de  l'ouvrage  de  iM.  Radikofer  a  pour  objet 
l'histoire  des  «  différentes  phases  du  développement  dans  le  règne  végétal.  » 
L'auteur  y  traite  les  sujets  suivants  :  lo  Génération  alternante  dans  le 
règne  végétal  ;  2°  différentes  manières  de  comprendre  la  notion  de  l'indi- 
vidu dans  les  plantes  supérieures  ;  3°  diversité  de  signification  du  mot  spore; 
h"  génération  alternante  dans  les  Algues. 

Les  trois  tableaux  synoptiques  qui  terminent  le  livre  présentent  par  co- 
lonnes la  correspondance  des  différents  degrés  de  développement,  des  appa- 
reils sexuels,  des  produits  sexuels  qui  paraissent  équivalents  dans  les  di- 
verses divisions  du  règne  végétal  et  dans  le  règne  animal. 

ilénioirc  pour  servir  à  l'histoire  undirclle  de.s  ^s^piiai- 
g;nes  [Siihagnum  Lin.),  par  M.  W.-Ph.  Schimper  {Mémoires  présentés 


ÎIKVCE    lUBLlOORAl'HIQriî.  221 

par  divers  savants  à  l'Académ'iv  dus  sciaticcs,  XY,  1857.  Tirage  a  part 
en  brochure  in-^i"  de  06  pages  et  1k  planches  gravées  sur  cuivre). 
Dans  un  avant-propos  placé  en  tète  de  son  mémoire,  M.  Schimper  dit 
que,  désirant  depuis  longtemps  compléter  ses  publications  sur  les  Mousses 
par  une  histoire  monographique  des  Sphaignes,  il  a  pu  mettre  son  projet 
à  exécution  dès  l'instant  où  il  est  parvenu  à  cultiver  dans  des  cages  de  verre 
toutes  les  espèces  européennes  de  ce  genre,  de  manière  à  faire  sur  le  vivant 
les  recherches  variées  qu'exigeait  ce  travail.  Il  ne  présente  du  reste  sa  mo- 
nographie que  comme  un  premier  essai  d'une  histoire  naturelle  des  Sphai- 
gnes, dans  lequel  il  a  réuni  les  résultats  de  ses  propres  observations  aux 
faits  qui  avaient  été  constatés  jusqu'à  lui  dans  l'étude  de  ces  curieux 

végétaux. 

Le  mémoire  de  M.  Schimper  est  divisé  en  7  parties  dont  voici  l'indica- 
tion :  I.  Historique  (p.  3-12).  —  II.  Système  (p.  12-1^).  —  III.  Morpho- 
logie et  anatomie  (p.  l/i-21).  —  IV.  Plante  parfaite  (p.  21-29).  —  V.  Ge- 
nèse et  structure  anatomique  (p.  29-57).  —  VI.  Distribution  géographique 
des  Sphaignes  (p.  57-6U  ).  —  VII.  Description  des  Sphaignes  d'f:urope 
(p.  61-80).  L'explication  détaillée  des  1k  planches  (p.  81-96)  termine  cet 
important  travail. 

I.  Un  grand  nombre  de  botanistes  se  sont  occupés  des  Sphaignes,  soit 
pour  en  décrire  les  espèces,  soit  pour  en  étudier  la  structure  et  l'organisa- 
tion.  Le  genre  Sphagnum  lui-même  a  été  établi  par  Dillenius  et  adopté  par 
Linné  ;  mais  il  n'a  été  circonscrit  dans  ses  limites  actuelles  qu'en  1780,  par 
Ehrhart.   L'auteur  énumère  les  travaux  dont  ce  genre  a  été  l'objet  de  la 
part  d'Hedwig,  Bridel,  Schwœgrichen,  Palisot  de  Beauvois,  Nées  d'Esen- 
beck  et  Hornschuch,  Hegetschweiler,  Fûrnrohr,  C.  Millier  et  W.  Wilson, 
qui  en  ont  étudié  et  décrit  les  différentes  espèces  ;  il  rapporte  les  résultats 
des  recherches  faites  sur  la  structure  de  la  tige  et  des  feuilles  des  Sphaignes 
par  Moldenhawer  dont  M.  H.  Mohl  a  confirmé  les  assertions,  par  Meyen 
qui  est  tombé  dans  «  les  erreurs  les  plus  grossières,  »  par  MM.  C.  Naegeli, 
Schacht  et  Dozy.  Il  rappelle  que  Hedwig  a  bien  figuré  les  Anthéridies  et 
le  mode  d'émission  de  leur  contenu;  que  M.  Fréd.  Nées  d'Esenbeck  a  vu 
le  premier  le  mouvement  des  anthérozoïdes  qui  a  été  nié  plus  tard  par 
MM.  Fiirnrohr,  Schleiden,  et  regardé  comme  un  mouvement  animal  spon- 
tané par  M.  Unger,  aux  yeux  de  qui  les  anthérozoïdes  eux-mêmes  n'ont 
été  qu'un  animalcule,  le  Splrillam  bryozoon;  que  M.  G.  ïhuret  a  découvert 
les  cils  vibratiles  de  ces  anthérozoïdes;  enfin  que  M.  Hofmeister  a  été  le 
premier  à  faire  connaître  l'organisation  des  archégones  et  le  prothaliium 
terrestre  de  ces  Cryptogames. 

II.  «  Du  moment,  dit  M.  Schimper,  qu'on  sépare  les  Hépatiques  des 
Mousses,  il  faut  aussi  en  séparer  les  Sphaignes.  »  Pour  lui  ces  derniers 
forment  une  classe  à  part  qu'il  nomme  Sphagmnœ,  qui  se  place  entre  les 


'222  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE   FRANCE. 

Hépatiques  et  les  tMousses.  Cette  classe  est  rattachée  d'un  côté  aux  Hépa- 
tiques par  le  mode  de  germination  et  la  première  évoluiion,  par  la  forme 
des  fleurs  et  des  organes  floraux  mâles,  enfin  par  l'absence  d'une  véritable 
coiffe;  de  l'autre  aux  Mousses  par  la  capsule  operculée,  portée  sur  une 
vaginule,  munie  d'une  columclle,  dépourvue  d'élatères.  Elle  se  distingue 
des  unes  et  des  autres  par  la  structure  de  la  tige  et  des  feuilles,  par  le  mode 
de  ramification,  par  la  vaginule  discoïde,  la  coiffe  imparfaite,  l'organisation 
extérieure  de  la  capsule,  enfin  par  les  deux  espèces  de  sporules. 

III.  Dans  cette  partie,  l'auteur  expose  l'évolution  des  organes  végétatifs 
en  6  paragraphes  relatifs  aux  Eporules,  à  la  germination  dans  l'eau,  k  la 
germination  sur  la  terre  humide,  aux  racines,  à  la  tige,  aux  feuilles.  Les 
sporules  destinées  à  germer  naissent  par  U  dans  des  cellules-mères;  elles 
sont  grandes,  en  forme  de  tétraèdres  déprimés,  à  vives  arêtes.  Leur  surface 
esl  presque  lisse,  leur  membrane  externe  mince  recouvre  une  cellule 
intérieure  très  délicate.  —  Lorsque  les  sporules  germent  dans  l'eau,  la 
membrane  sporulaire  s'entr'ouvre  à  un  angle  pour  laisser  sortir  la  première 
cellule  proembryonaire  ;  elle  persiste  en  coiffe  sur  le  jeune  germe  souvent 
jusqu'à  ce  que  le  proembryon  soit  entièrement  développé.  Selon  que  les 
circonstances  sont  plus  ou  moins  favorables  à  son  développement,  ce  pro- 
embryon reste  filamenteux  et  se  ramifie  à  l'infini,  ou  bien  il  forme,  à  un 
ou  plusieurs  bouts  de  ramifications,  des  renflements  celluleux  ou  sortes  de 
tubercules  qui  sont  les  commencements  des  jeunes  plantes  dont  plusieurs 
naissent  aussi  sur  un  seul  proembryow.  D'autres  extrémités  du  proembryon 
s'allongent  en  radicelles.  Assez  souvent  plusieurs  plantes  naissent  d'un  seul 
tubercule.  Dès  que  l'évolution  de  la  jeune  plante  a  commencé,  le  proera- 
bryon  filamenteux  disparaît-,  enfin  le  tubercule  générateur,  qui  forme  un 
bourrelet  a  la  base  de  la  plante,  émet  des  radicelles  très  fines  et  hyalines. 

—  Quand  la  germination  a  lieu  sur  la  terre  humide,  M.  Hofmeister  a  vu 
qu'il  se  forme  un  protballium  foliacé  semblable  à  celui  des  Prèles,  qui  se 
ramifie  en  un  grand  nombre  de  lobes,  sur  lesquels  se  produit  un  bourrelet 
d'abord  demi-globuleux,  ensuite  cylindrique,  commencement  de  la  tige  de 
la  jeune  plante,  sur  laquelle  de  nouveaux  bourrelets  indiquent  bientôt  les 
feuilles  naissantes.  Les  bords  des  mêmes  lobes  sont  garnis  de  filaments 
simples  ou  rameux,  a  une  seule  file  de  cellules,  qui  rampent  sur  la  terre,  et 
qui  peuvent,  en  multipliant  leurs  cellules  terminales,  donner  naissance  à  de 
nouveaux  prothalliums.  L'évolution  de  la  jeune  plante  se  fait  avec  une 
grande  rapidité  ;  en  même  temps  les  racines  s'allongent  et  se  multiplient 
beaucoup.  Dès  lors  le  protonéma,  devenu  inutile,  ne  tarde  pas  à  disparaître. 

—  Les  racines,  inconnues  jusqu'à  ce  jour  dans  les  Sphaignes,  n'y  existent 
que  dans  le  premier  âge  et  disparaissent  ensuite  complètement.  Nées  au 
bas  de  la  jeune  lige  a  mesure  que  les  filaments  proembryonnaires  dispa- 
raissent, elles  sont  très  fines,  formées  d'une  seule  série  de  cellules  cylin- 


RIÎVLK    RIBLlOGliArniQUE.  22.'i 

driqucs,  parfiiiUMiu'ot  hyalines;  elles  se  bifurquent  plusieurs  l'ois.  —  l.a 
tige  est  d'abord  simple,  dressée,  très  grêle,  garnie  de  petites  feuilles  espa- 
cées, qui  avec  l'cige  grandissent  graduellement  pour  arriver  enfin  a  leurs 
dimensions  normales  et  a  leur  structure  caractéristique.  Klle  ne  développe  sa 
touffe  coronale  de  feuilles  qu'au  bout  de  quatre  ou  cinq  mois  et  lorsque  la 
plante  devient  a  lulte.  Le  tissu  cellulaire  qui  forme  cette  jeune  tige  offre, 
comme  plus  tard,  un  .système  périphérique  ou  cortical,  un  système  ligneux 
et  un  système  médullaire.  —  Les  premières  feuilles  sont  pentastiques  (2/5) 
comme  celles  des  plantes  partaites.  Elles  consistent  en  quelques  cellules 
parenchymateuses  qui  contiennent  peu  de  grains  de  chlorophylle,  et  qui 
forment  par  leur  juxtaposition  des  mailles  en  losange,  d'un  vert  jaunâtre. 
Dès  la  quatrième  ou  la  cinquième  l'euille,  on  voit  à  la  base  de  l'organe  des 
cellules  étroites,  vertes,  s'inlerealer  entre  les  grandes  cellules  hyalines  qui 
perdent  dès  lors  leur  chlorophylle,  et  qui  commencent  à  montrer  les  pre- 
miers rudiments  de  fibres.  Les  feuilles  formées  un  peu  plus  tard  sont  entiè- 
rement composées  de  ces  deux  sortes  de  cellules. 

IV.  Dans  cette  partie,  sous  le  titre  général  de  Phénomènes  végétatifs 
extérieurs,  M.  Schimper  étudie  en  h   paragraphes:    1"   la   tige,    2°    les 
rameaux,  3°  les  feuilles,  h"  la  couleur.  —  1"  La  tige  des  Sphagmun,  com- 
plètement développée,  forme  un  axe  principal  simple,  à  végétation  termi- 
nale indéfinie,   et  un  grand  nombre  d'axes  secondaires,  stériles  ou  fertiles, 
à  végétation  limitée  annuelle.   Elle  est  dichotome  dans  les  plantes  âgées, 
par  l'effet  d'une  innovation  due  a  un  jet  latéral  qui  nait  immédiatement 
au-dessous  du  sommet,   et  qui  commence   un  nouvel  individu  avec  son 
évolution  particulière.    L'innovation  est  périodique   et   se    règle  d'après 
l'époque  de  la  fructification.  —  Les  rameaux,  à  l'exception  de  la  branche 
destinée  à  l'innovation,  ont  une  végétation  annuelle  limitée.  Ils  sont  en 
partie  stériles,  en  partie  florifères.  Quelquefois  ils  deviennent  prolifères,  et 
alors  ils  donnent  a   leur  extrémité  amincie  une  jeune  plante  semblable  à 
celle  qui  nait  d'une  sporule,   qui  se  détache  de   bonne  heure  et  devient 
indépendante.  Sur  U  feuilles  successives,  on  trouve  toujours  un  rameau  éloi- 
gné de  3  feuilles  du  précédent,  c'est-à-dire  que  3  feuilles  stériles  alternent 
régulièrement  avec  unequatriemequiestfertile.il  en  résulte  que  les  insertions 
des  rameaux  décrivent  une  spire  marchant  en  sens  opposé  avec  celle  des 
feuilles.  Les  rameaux  latéraux  des  Sphaignes  sont  toujours  fascicules,  c'est- 
à-dire  divisés  en  branches  dont  le  nombre  varie  de  3  à  7.  Vers  le  sommet  de 
la  tige,  les  rameaux  se  rapprochent  en  capitule,  et  ils  s'espacent  ensuite  de 
plus  en  plus  vers  le  bas.  Deux  ou  trois  de  leurs  branches  s'étalent  horizon- 
talement en  arc,  tandis  que  les  autres  descendent  le  long  de  la  tige;  il  en 
résulte  pour  ces  végétaux  une  physionomie  toute  particulière. —  Les  feuilles 
varient  suivant  leur  place  sur  la  plante,  tant  quant  à  la  forme  qu'au  tissu 
cellulaire.  Les  cauliuaires  sont  toujours  très  espacées,  arrangées  d'après 


Tlli  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE   FRANCE. 

2/5,  souvent  insérées  obliquement  dans  le  sens  ascendant  de  la  spire  et 
presque  toujours  réfléchies.  Celles  des  branches  écartées  en  arc  sont  très 
rapprochées,  surtout  au  milieu.  Elles  fournissent  des  caractères  spécifiques 
plus  constants  que  ceux  qu'on  peut  tirer  des  autres  feuilles.  La  disposition 
des  feuilles  raméales  est  moins  constante  que  celle  des  feuilles  de  la  tige, 
mais  toujours  dérivée  de  2/5.  — La  couleur  des  feuilles  varie  dans  les 
diverses  espèces  de  Sphogmim  du  vert  {S.  squrirrosnm  et  cuspidotum)  au 
vert  jaunâtre  tendre  {S.  molluscmn),  au  jaune  ferrugineux  {S.  contortum), 
quelquefois  même  à  diverses  nuances  de  rouge  {S.  latifolium,  acutifo^ 
Hum),  etc. 

V.  La  cinquième  partie,  consacrée  à  \a  genèse  et  à  la  structure  anatomique 
des  Sphaignes,  est  la  plus  étendue  de  toutes.  Elle  est  divisée  en  deux  cha- 
pitres relatifs,  l'un  aux  organes  de  végétation,  l'autre  aux  organes  de 
reproduction.  —  La  tige  des  Sphagnum  se  termine  en  cône,  dont  le  sommet 
est  occupé  par  la  cellule  mère  commune  de  toutes  celles  qui  composent  la 
plante.  Elle  présente  trois  zones  concentriques  :  1°  une  enveloppe  corticale, 
formée  de  une  à  quatre  couches  de  cellules  hyalines,  très  grandes,  presque 
toujours  percées  de  trous  arrondis  et  bordés  ;  2»  un  système  ligneux  formé 
de  cellules  d'abord  vertes,  puis  brunes,  à  parois  souvent  très  épaisses,  sans 
contenu  liquide;  3°  un  système  ou  corps  médullaire  composé  de  grandes 
cellules  à  parois  vertes,  et  assez  épaisses,  d'abord  ponctuées,  cessant  de 
l'être  plus  tard.  —  Le  développement  et  la  structure  des  feuilles  des  Spha- 
gnum  ont  beaucoup  occupé  les  botanistes;  aussi  ]\L  Schimper  se  borne-t-il 
à  examiner  à  ce  sujet  quelques  points  restés  en  litige.  Ainsi  il  établit  que, 
contrairement  aux  idées  admises,  elles  ne  naissent  pas  de  la  couche  corti- 
cale de  la  tige,  mais  de  la  couche  cellulaire  extérieure  du  cylindre  ligneux 
encore  très  jeune;  qu'elles  croissent  par  multiplication  des  cellules  se  conti- 
nuant encore  vers  la  base,  quand  elle  a  dt\jà  cessé  au  sommet  et  à  la  base 
même.  Il  expose  aussi  en  détail  la  formation  des  deux  sortes  de  cellules  qui 
composent  la  couche  unique  de  ces  feuilles,  les  unes  étroites  et  oblongues, 
renfermant  de  la  chlorophylle,  et  formant  un  réseau  dont  chaque  maille  est 
occupée  par  les  autres  qui  sont  grandes,  vides,  hyalines,  percées  de  grands 
pores  et  garnies  de  fibres  spirales  ou  annulaires.  —  Le  chapitre  relatif  à  la 
genèse  et  à  la  structure  anatomique  des  organes  de  reproduction  renferme 
l'étude  détaillée:  1°  des  fleurs  mâles,  c'est-à-dire  des  feuilles  involucrales 
ou  périgoniales,  des  anthéridies,  des  anthérozoïdes,  des  paraphyses;  2°  des 
fleurs  femelles;  3"  de  l'évolution  du  fruit  considérée  quant  aux  premiers 
phénomènes,  à  l'origine  et  formation  de  la  capsule  et  du  sporange,  à  la  for- 
mation des  sporules;  /i°du  fruit  mûr  présentant  le  périchèze,  la  vaginule, 
la  coiffe,  la  capsule,  le  sporange.  On  sent  aisément  que  nous  ne  pourrions 
condenseï-  les  faits  nombreux  [exposés  daus  ce  chapitre  sans  dépasser  les 
limites  d'une  simple  analyse. 


lîKVii':  mhLKUJKM'iiiQrr:.  225 

VI.  Les  Spluiignes  liabitcnt  siirloiit  les  pnys  tcmpéri's  et  froids.  Leur 
vraie  patrie  se  trouve  dans  les  parties septoiitrioiiales  de  riu-misplieie  boi-éal, 
où  elles  couvrent  d'immenses  siirfaees.  Là  elles  préparent  la  voie  à  des 
végétaux  d'ordre  plus  élevé.  Les  espèces  des  terres  antarctiques  diffèrent 
peu  de  celles  des  contrées  arctiques  ;  mais  il  en  est  tout  autrement  de  celles 
des  pays  intertropicaux,  qui,  du  reste,  n'occupent  qu'un  rang  très  subor- 
donné parmi  les  végétaux  cellulaires  de  ces  contrées,  f.es  Spharpida  man- 
quent dans  les  pays  chauds,  bien  (|u'ils  soient  souvent  humides,  et  par 
suite  les  tourbières,  pour  lesquelles  \çi  Sphnignes  sont  la  première  condition 
d'étabhssement,  y  manquent  également. 

VII.  La  partie  du  mémoire  de  M.  Scliimper  consacrée  à  la  Description 
des  Sphaig7ïes  d'Europe  contient  l'histoire  complète  des  espèces  suivantes: 
1°  Espèces  à  fleurs  monoïques.  1.  Sphayninn  acutifolium  Lhrii.  (pi.  13  et 
14);  2.  S.  fimbriatum^^'xhow  (pi.  1.));  Z.  S.  cuspidatwin  Dill.  (pi.  16); 
k.  S.  squarrosum  Pers.  (pi.  17);  5.  ^.  rigidiim  JNees,  Schimp.  (pi.  18). 
—  2°  i"-spèces  à  fleurs  dioïques.  6.  S.  cymbifolium  Ehrh.  (pi.  19,  k,  5  et 
12);  7.  S.  rubellum  Wilson  (pi.  20);  8.  S.  molluscum  Bruch  (pi.  21); 
9.  S.  subsccundimi  Nées  et  Hornsch.  (pi,  22  et  23).  —  Sedis  incertœ.  10. 
S.  auriculatum'^Qhim^.  (pi.  lU). 

Les  vingt-quatre  planches  qui  accompagnent  ce  mémoire  ont  été  gravées, 
d'après  les  dessins  de  l'auteur,  par  mademoiselle  Taillant,  avec  le  talent  que 
tous  les  botanistes  lui  connaissent.  Les  douze  premières  sont  consacrées  à 
l'étude  morphologique  et  organographique  des  Sphaignes;  les  douze  der- 
nières représentent  les  espèces  européennes  de  ce  genre.  Chacune  de  ces 
deux  séries  ne  renferme  pas  moins  de  215  figures. 

Beitraeg;e  zui*  Pilaiizeutcratolos;ie  {Notes  de  tératologie  vé" 
gétale);  par  M.  Albert  Wigand  {Flora  du  7  décembre  1856,  n"  /!i5, 
pp.  705-719,  pi.  VIII). 

Dans  cet  article  M.  Albert  Wigand  a  réuni  un  nombre  considérable 
d'observations  qui  se  rattachent  à  diverses  sortes  de  monstruosités  et  que 
nous  indiquerons  dans  l'ordre  d'après  lequel  il  les  présente. 

A.  Fasciatiom.  —  Une  tige  û'JIesperis  matronalis  haute  de  2  pieds  et 
demi  a  présenté  une  fasciation  en  lame  épaisse  d'une  ligne  et  dont  la  largeur 
arrivait  jusqu'à  5  pouces,  contournée  en  vis  à  tours  serrés  dans  le  haut  et 
couverte  de  cicatrices  indiquant  qu'elle  avait  été  toute  chargée  de  feuilles, 
du  reste  abondamment  florifère  a  son  extrémité.  —  Sur  le  Crépis  virens 
l'auteur  a  observé  une  tige  fasciée  et  en  même  temps  dichotome,  chargée 
de  feuilles  sans  ordre,  et  un  autre  pied  à  3  tiges  également  faseiées,  laini- 
fiées  par  dichotomie,  l'une  d'elles  contournée  en  vis,  toutes  chargées  de 
feuilles  sans  ordre.  -—  Une  tige  de  Lactuca  sativa  était  fasciée  dans  le  bas, 
T.  IV.  i:> 


226  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

(lichotome  dans  le  haut.  —  Le  Fiitillaria  imperialis,  qui  est  sujet  à  dépa- 
reilles monstruosités,  en  a  présenté  une  en  même  tenips  fasciée,  dichotome 
et  en  vis,  a  feuilles  vigoureuses  mais  sans  ordre  et  à  fleurs  mal  développées. 
a.  Monstruosités  de  feuilles.  —  M.  \\  igand  cite  une  feuille  de  Trèfle  à 
6  folioles  et  des  feuilles  de  Dipsacus  fullonum  a  côte  médiane  et  limbe  bi- 
partis. 

C.  Monstruosités  d' inflorescences.  —  Sous  ce  rapport  l'auteur  men- 
tionne un  Trifoliumpratense,  à  enpitule  fendu;  un  Tayetes  patula  dont  le 
capitule  était  dimidié;  un  Diyitalis  lutea  à  lige  partagée  au  sommet  en  6-7 
grappes;  un  Plantago  major  ayant  la  hampe  chargée  Jusqu'au  haut  de 
feuilles  de  l'aisselle  desquelles  sortaient  en  partie  de  petits  épis;  un  Maïs  à 
pauicule  androgyne;  enlin  plusieurs  pieds  de  Carex  glauca  sur  les(|uels  le 
bas  des  épis  femelles  portait  quelques  épis  latéraux  qui  sortaient  des  utri- 
cules  et  dont  les  uns  étaient  femelles,  taudis  que  d'autres  étaient  femelles  au 
bas,  mâles  dans  le  haut,  que  d'autres  enfin  étaient  entièrement  mâles. 

D.  Fleurs  soudées  ou  Synanthies.  —  Une  grappe  de  Polygonatum  anceps 
avait  ses  2  fleurs  du  bas  toutes  les  deux  jumelles,  avec  un  periantheà  12  lobes 
et  le  tube  partagé  en  deux  par  une  cloison,  12  etamines  et  2  ovaires,  l'un  à 
U  loges  et  3  styles,  l'autre  à  2  loges  et  2  styles.  — •  Une  synanthie  de  Pedicu^ 
loris  sylvatica,  d'un  grand  intérêt,  est  décrite  avec  détails  par  l'auteur.  Les 
deux  fleurs  normalement  adjacentes  au  sommet  de  l'epi  étaient  ici  soudées 
en  une  seule  de  la  manière  suivante.  Au  fond  du  calice  commun  se  trouvaient 
deux  bractées  opposées.  Le  calice  présentait  8  dents  profondément  divisées 
eu  2  lèvres,  la  supérieure  de  5  dents,  l'inférieure  de  3  dents  plus  grandes. 
La  corolle  monopétale  avait  le  bas  du  tube  divisé  en  deux  par  une  cloison  ; 
son  limbe  formait  2  lèvres  supérieures  juxtaposées  et  en  carène,  chacune 
avec  2  dents  latérales,  et  2  lèvres  inférieures  trilobées,  placées  l'une  à 
droite,  l'autre  à  gauche,  entre  lesquelles  se  trouvait,  au  côté  inférieur  ou 
antérieur  de  la  fleur,  un  lobe  lancéolé  impair,  dressé.  Il  existait  8  eta- 
mines insérées  à  la  même  hauteur  sur  le  tube  de  la  corolle,  h  en  arrière, 
h  en  avant,  lùdin  le  centre  présentait  2  pistils  bien  distincts,  situés  i'un  à 
droite,  l'autre  à  gauche,  chacun  à  2  loges  latérales,  accompagnés  de  2  dis- 
ques demi-circulaires  situés  à  droite  et  à  gauche.  Evidemment  il  y  a  eu 
dans  ce  cas  soudure  de  2  fleurs;  mais  M.  Wigand  pense  qu'elle  a  dû 
s'opérer  de  très  bonne  heure,  lorsque  le  calice  était  seulement  en  voie  de 
formation  et  que  tous  les  autres  détails  de  la  monstruosité  ont  été  la  con- 
séquence de  cette  première  soudure. 

E.  Cldorimthies.  —  M.  ^Vigand  en  décrit  plusieurs  cas.  Divers  pieds 
de  Geum  coccineum  onl  présente  plusieurs  fleurs  dont  le  calice  était  noiinal; 
dont  les  pétales  normaux  pour  le  nombre,  la  situation,  la  nervation,  étaient 
verts  et  plus  ou  nioins  herbacés;  dont  les  etamines  avaient  les  anthères 
vertes  et  sans  pollen;  enlin  dont  les  pistils  étaient  très  allongés,  lubulés  au 


KEVUK    BIlîLIOfMîAl'HIQlE.  227 

bas,  sans  ovules,  ouverts  dans  le  haut  en  (.Mi)uchon,  (bliaeés,  a  bords 
dentés,  et  prolongés  en  pointe  rcconi  I)ée.  D'autres  (leurs  avaient  leurs  or- 
ganes déformés  et  ressenihlaienl  a  un  laisceau  de  feuilles  impaifaites  em- 
brassé par  un  ealice  normal,  —  Une  Tnlipa  Gesnerinna  avait  les  folioles 
externes  de  son  peiinntlie  encore  verticiliée  ,  mais  vertes  à  l'exception  des 
bords  et  presque  seinl)la')les  aux  feuilles  caulinaires.  —  Un  Cerastiurn 
{(/lutinosuiiii)  avait  des  fleurs  a  verticilles  externes  peu  altérés  avec  un 
ovaire  souvent  divisé  en  5  petites  feuilles  vertes.  —  Lin  Gbjceria  fluitans 
avait  un  gros  épillet  formé  d'un  rachis  en  zigzag,  chargé  de  10  feuilles 
alternes,  longues  de  1  et  1/2  à  2  pouces,  embrassantes,  planes  en  majeure 
partie  et  pourvues  d'une  ligule  vers  le  quart  supérieur  de  leur  longueur.  Ce 
fait  semblerait  prouver  (jue  c'est  la  gaine  de  la  feuille  qui  forme  les  balles, 
Les  2  feudles  inférieures  formées  par  la  glume  n  avaient  rien  à  leur  ais- 
selle. Les  autres,  correspondantes  aux  paillettes  infei'ieures,  y  présentaient 
un  petit  axe  dont  la  feuille  la  plus  basse,  analogue  a  la  paillette  supérieure, 
était  sans  ligule,  hicarénée,  quoique  à  plusieurs  nervures,  herbacée  aux 
2  côtés,  violette  entre  les  carènes,  terminée  par  2  pointes.  Plus  haut,  sur  ce 
petit  aXe,  étaient  3  petites  feuilles  quelquefois  nées  au  uiême  niveau,  lon- 
gues de  1/2  pouce  à  1  pouce,  herbacées,  en  gaine  dans  le  bas,  avec  une  li- 
gule au  milieu  et  un  limbe  daiis  le  haut;  en(in  vena-ent  une  5^  et  même  une 
6*  feuille,  également  à  limbe  séparé  de  la  gaine  par  une  ligule.  Il  était  im- 
possible de  méconnaître  dans  ces  dernières  feuilles  les  étan)ines  et  le  pistil. 
La  plante  était  attaquée  par  un  Uredo.  ■ —  On  trouve  fort  souvent  des  chlo- 
ranthies  de  Juncm  qui  renferment  en  même  temps  une  larve  de  mouche. — 
Un  Symphytum  officinale  avait  une  fleur  dont  la  corolle  verte  accompagnait 
un  calice  et  des  étamines  à  l'état  normal  avec  un  pistil  dont  l'ovaire  grossi, 
foliacé,  était  biioculaire,  à  2  ovules  par  loge,  et  dont  le  style  se  divisait 
inférieurement  en  deux  branches  formant  chacune  une  saillie  entre  les 
2  carpejles  qui  communiquaient  librement  entre  eux  dans  l'intervalle. 

Parmi  les  autres  monstruosités  décrites  dans  ce  mémoire,  nous  mention- 
nerons encore  les  suivantes  :  1"  Une  fleur  de  Vinca  herbacea  avait  son  ovaire 
fendu  longitudinalement  en  deux  ainsi  que  les  deux  tiers  du  style  ;  dans  la 
fente  ainsi  formée  était  logé  un  second  pistil  complet,  mais  dont  les  2  car- 
pelles croisaient  ceux  du  premier.  2°  Lue  fleur  de  Gentiana  amar el la  oUraW. 
une  corolle  à  6  lobes  dont  l'un  dédouble  en  pétale  intérieur;  des  étamines 
transformées  a  divers  degrés  en  pétales;  au  centre  un  petit  pistil  stipité,  tout 
a  côté  duquel  se  trouvait  une  seconde  fleur  plus  monstrueuse  encore^  en 
effet,  les  lobes  de  sa  corolle  ét.iient  en  partie  changés  en  anthères,  tandis 
que  les  étamines  étaient  devenues  des  pétales  ;  enfin  son  pistil,  en  entonnoir 
dans  sa  moitié  inférieure,  formait  au  même  niveau,  dans  sa  moitié  supé- 
rieure, deux  anthères  presque  sessiles  et  trois  lobes  linéaires,  contournesau 
sommet  en  tire-bouchou.  3°  Une  diaphysis  d'Hypochœris  rudicata  daus  la- 


228  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE  FRANCE, 

quelle  de  l'intérieur  du  tube  de  la  corolle  s'élevait  une  petite  tête  ovale, 
stipitée,  forniée  de  2  folioles  verles,  ovales-lancéolées,  opposées,  l'une  anté- 
rieure, l'autre  postérieure,  représentant  les  2  carpelles,  tandis  qu'entre  ceux- 
ci  se  trouvait  un  petit  ljonrp;eon  dû  à  l'ovule  transformé.  W  Des  fleurs  de 
Centranthusmacrosip/ion  Boiss.  dans  lesquelles  l'ovaire  infère  avait  disparu  et 
était  remplacé  par  un  simple  pédoncule  Au  lieu  du  bourrelet  circulaire  de 
la  fleur  norniale,  dont  les  dents  s'allongennt  finissent  par  former  l'aigrette, 
il  existait  là  une  couronne  de  9-12  petites  folioles  verles,  lancéolées,  en- 
tières, réunies  entre  elles  par  le  bas  et  en  entonnoir  d'une  faible  longueur. 

BOTANIQUE  DESCRIPTIVE. 

Catalog;iie  raisonné  des  plantes  vasculaires  du  départe- 
ment deTAnbc,  par  M.  J.  R.  Bourguignat,  1"  volume,  in-S"  de  VIII 
et  18i  pages.  Paris,  1856. 

Ce  catalogue  parait  devoir  être  assez  étendu  puisque  le  premier  volume, 
publié  au  mois  de  juillet  1856,  ne  renferme  que  les  familles  suivantes  :  Re- 
nonculacées,  Berbéridées,  Nympbéacées,  Papavéracées,  Fumariacées,  Cru- 
cifères, Resédacées,  Cistinées,  Violariées,  Droséracées,  Polygalées,  Caryo- 
phyllées,  Élatinées,  Linacées,  Malvacées,  Tiliacées,  Hypéricinées,  Acérinées, 
Hippocastanées,  Ampélidées,  Géraniacées,  O.xalidées,  Célastrinées,  Rham- 
nées,  Papillonacées,  Onagraires.  —  Pour  cbaque  espèce  l'auteur  donne,  à 
la  suite  du  nom  adopté,  la  synonymie,  principalement  de  MM.  Lorey  etDu- 
ret,  Cosson  et  Germain,  Grenier  et  Godron,  Boreau.  Il  indique  les  nonos 
vulgaires,  l'époque  de  la  floraison,  le  degré  de  fréquence  ou  de  rareté,  la 
durée;  enfin,  avec  beaucoup  de  détails,  les  localités.  La  série  de  familles 
que  nous  avons  indiquée  montre  que  l'auteur  suit  l'ordre  de  de  Candolle. 

Flora  lirasiliensis,  sivc  enunieratio  plantarnin  in  Bra- 
.silia  liaetenus  tietectaruni  (juas...  edidit  Carolus  Frid.  Phil.  de 
Martius.  Fasciculus  XIX  et  XX,  editus  28  m.  februarii  1857,  et  fasci- 
culi  XVIII  pars  1  édita  15  maii  1857.  In-fol.  Leipzig. 

La  publication  de  la  Flore  du  Brésil^  de  M.  de  Martius,  a  été  notable- 
ment activée  depuis  quelque  temps.  On  a  pu  voir  dans  un  article  antérieur 
Ag  CQ  Bulletin  [Bull,  de  la  Soc.  bot.  de  France,  III,  pp.  370-372)  l'in- 
dication des  divers  fascicules  de  ce  grand  ouvrage  qui  avaient  été  publiés 
jusqu'au  mois  de  mars  1856,  ainsi  que  la  date  à  laquelle  chacun  d'eux  avait 
paru.  Or,  depuis  le  commencement  de  1857,  deux  nouveaux  fascicules 
sont  venus  s'ajouter  aux  premiers,  à  trois  mois  seulement  d'intervalle  l'un 
de  l'autre.  Nous  indiquerons  en  peu  de  mots  les  familles  qui  sont  traitées 
dans  l'un  et  l'autre. 


RKVC'K    IJIBLlOGKAI'HigUE.  229 

Le  fascicule  (jui  porte  les  luiincros  XIX  et  XX,  date  du  28  février  1857, 
reui'erme  :  1°  les  CorJiacées  (p.  1-28),  les  Ileliotropiées  (p.  30-60),  les  Bor- 
raginées  (p.  ôl-G^i)  traitées  par  M.  Georges  Freseiiius  et  accompagnées  de 
13  planclies^  2"  les  Lacistémées  (p.  270 -288),  dont  l'histoire  est  due  à 
M.  Adalbert  Scliniziein  et  qu'accompagnent  5  planches;  les  Monimiacées 
(p.  290-328)  monograpliiées  par  M.  L.  l\.  Tulasne,  qui  a  joint  5  planches 

à  son  travail. 

La  première  partie  du  fascicule  XVIH,  datée  du  15  mai  1857,  forme  un 
véritable  volume  occupe  en  entier  par  l'histoire  des  Myrtacées  (p.  1-668) 
écrite  par  iM.  Otto  Berg.  A  ce  travail  sont  jointes  35  planches,  dont  les  sept 
premières  renferment  166  ligures  de  feuilles  obtenues  par  le  procédé  de 
l'impression  naturelle.  Celles-ci  sont  suivies  de  deux  planches  sur  lesquelles 
M.  Otto  Berg  a  représenté  l'orgauogénie  de  la  fleur  du  Grenadier  par  des 
figures  tellement  grossies  qu'on  y  voit  entre  autres  une  coupe  transversale 
d'anthère  large  de  plus  d'un  décimètre,  une  coupe  d'ovule  longue  de  huit 
centimètres,  la  section  longitudinale  d'un  bouton  de  fleur  qui  n'a  pas  moins 
de  vingt-cinq  centimètres  de  longueur.  Toutes  les  autres  planches  sont  con- 
sacrées aux  figures  de  plantes,  avec  des  détails  analytiques  très  bien  gravés 
sur  pierre, 

La  quantité  d'espèces  nouvelles  décrites  dans  ces  deux  nouveaux  cahiers 
de  la  Flore  du  Brésil  est  tellement  considérable,  qu'il  nous  est  impossible 
d'en  présenter  ici  le  relevé.  Au  fascicule  XVIII  est  jointe  une  grande  carte 
du  Brésil  gravée  suc  pierre  sur  laquelle  on  a  tracé  l'itinéraire  suivi  par  les 
divers  botanistes  qui  ont  exécuté  de  grands  voyages  dans  ces  vastes  con- 
trées, savoir:  Ruiz  et  Pavon,  1778-1788;  Velloso,  en  1780-90;  M.  de 
Humboldt,  en  1799-1806;  f^.At  Langsdoriï,  en  1803,  1816-1829;  Guil.de 
Eschwege,  en  1810-1821;  Sellow,  de  1815  à  1829;  le  prince  Maxim,  de 
Neuvvied,  eu  1815-1817;  Aug.  Saint-Hilaire,  1816-1822;  MM.  Spix  et 
Martius,  1817-1820;  Mikan  et  Schott,  1817-1818;  Thad.  Haenke,  1790- 
1817  ;  M.  Pohl,  1817-1821  ;  Natterer,  1817-1832  ;  M.  Poeppig,  1827-1832  ; 
M.  H.-R.  Schomburgk,  1835-1839;  Gardner,  1861-1866;  le  prince  Adal- 
bert  de  Bavière,  1862-1863;  MM.  Weddell  et  Casteinau ,  1863-1868; 
M.  Weddell,  1851;  M.  R.  Spruce,  depuis  1869;  M.  Alcide  d'Orbiguy, 
1826-1833. 

Kotes  ou  soine  rare  aiitl  little-kiioi^i'M  Plantât  of  lladeira 

{Notes  sur  quelques  plantes  rares  ou  peu  connues  de  Madère,  par  M,  James 
Yate  Johnson,  Hookers  Journal  ofbotany,  cah.  de  juin  1857,  p.  161-165). 

Le  principal  fait  énoncé  dans  cette  lettre  à  M.  W.  Hooker  consiste  dans 
la  découverte  faite  l'été  dernier,  par  M.  J.  M.  Mouiz,  du  Visnea  Mocanera 
L.  fil.,  qu'on  regardait  jusqu'à  présent  comme  propre  aux  îles  Canaries.  Cet 
arbre  croit  assez  abondamment  dans  le  nord  de  Madère  ;  mais  ou  ne  l'y  voit 


'2'M>  SOCIÉTÉ    BOlAMULb;    l)K    l-HAALt:. 

guère  en  tUiii'  parce  que  les  habitants  le  mettent  comme  en  coupe  réglée 
pour  en  donner  les  branches  aux  bestiaux.  Or,  !^es  jeunes  feuilles  ressem- 
blent tellement  à  celles  du  Cntha  cassino/des  W  eb!),  qu'on  l'a  sans  doute 
toujours  pris  pour  celui-ci.  Ce  n'est  que  lorsqu'il  croit  sur  des  rochers  à  peu 
près  inaccessibles  qu'il  peut  prendre  tout  son  développement  de  manière  à 
fleurir  et  fructifier.  >!.  Johnson  en  a  fait  une  étude  approfondie  par  suite 
de  laquelle  il  lui  assigne  dans  la  méthode  une  place  différente  de  celle  qu'on 
avait  proposée  pour  lui  jusqu'à  ce  jour.  Endiicher  l'a  rangé  parmi  les 
ïernstroemiacées  ;  mais  plus  tard,  dans  le  second  supplément  de  son  Gênera, 
il  s'est  montre  disposé  a  le  rapporter  aux  Ebénacées.  Sa  première  manière 
de  voir  a  été  sui\ie  par  INIM.  Webb,  Lindiey,  etc.  M.  Johnson  peu'-equela 
place  réelle  de  ce  genre  se  trouve  parmi  les  Ericacées,  tout  à  côte  des  Cle- 
thra.  Il  trouve  que  le  Visnea  Mocanera  ressemble  au  Clethra  arborea  Ail.  : 
par  son  calice  persistant  5-fide;  par  sa  corolle  marcescente  à  5  sédiments 
légèrement  soudés  entre  eux  à  la  base  et  en  préfloraison  imbriquée;  par  ses 
anthères  à  k  loges  inappendiculées,  mais  en  cœur  à  la  base  etacuminées  au 
sommet;  par  son  ovaire  ovoïde,  hérissé,  à  3  loges,  avec  les  ovules  pen- 
dants, et  avec  le  style  profondément  trifide;  par  sou  fruit  capsulaire;  par 
son  volumineux  al!)umen  ciiarnu  entourant  i'embiyon  ;  enfin,  par  sescoty-^ 
lédons  petits  et  sa  radicule  dirigée  près  du  hile.  Par  sa  structure  le  liois  du 
Visnea  ressemble  extrêmement  a  celui  du  Clethra;  on  peut  ajouter  que  les 
feuilles  de  l'un  et  de  l'autre  sont  dépourvues  de  stipules  et  que  leurs  pédon- 
cules portent  des  bractées.  L'auteur  dit  aussi  que  le  Visnea  forme  un  nou- 
veau trait  d'union  entre  les  Éiicacées  et  les  Vacciniacées. 

M.  Mason  a  trouvé  sur  les  montagnes  de  Madère  le  Lycopodiuni  compla- 
natum,  plante  de  l'Europe  moyemu-  et  des  Acores,  et  Vffi/metio/j/vjHum  uni- 
latérale Willd.,  des  Canaries.  Par  la  découverte  de  ce  dernier  les  espèces 
de  Fougères  canai'iennes  iu)n  retrouvées  à  Madère  sont  icduites  a  trois,  et 
celles  des  Açores  qu'on  n'a  pas  encore  rencontrées  à  Madère  ne  sont  plus 
quau  nombre  de  deux. 

A  propos  de  la  note  de  M.  I.owe  sur  des  plantes  de  Madère  (voy.  Bull, 
de  la  Soc.  bot.,  III,  p.  629-630),  M.  Johnson  fait  observer  que  les  plantes 
décrites  par  ce  botaniste  sous  les  noms  de  Pedrosia  Purtosantana  Lowe  et 
P.  florida  Lowe  avaient  été  décrites  par  Wehb  sous  les  noms  de  lotus 
Loiveonus  {Phyt.  can.,  \,  p.  87^  et  Z.  sessilifulius  DC.  {Phyt.  can.,  II, 
p.  85,  tab.  60). 

11  dit  aussi  que  la  Campanulacée  décrite  par  M.  Lowe  sous  le  nom  de 
Musschia?  iro/Ms/or// appartient  bien  réellement  au  genre  Musschia.  C'est 
une  très  belle  piante  moins  rare  a  iMadère  que  ne  le  supposait  M.  Lowe,  et 
qui  atteint  jusqu'à  deux  mètres  de  hauteur. 

Enfin  M.  Johnson  constate  la  spontanéité  parfaite  dans  l'ilede  Madère  du 
Tainnusedulis  Lowe  et  du  Prunus  lusitunica. 


ui:vi  i;  I5ii{|,i(h;»ai'hiui'i;.  ''^•'^1 

Ou  tlic  K'Hlêniie  ol"  *io«tli-AI'rî<^a  [Sur  le  Palmite  de  i' Afrique, 
australe^;  par  M.  W.  .T.  Hooker  {Hooher's  Journ.  of  bot.,  cah.  de 
juin  1857,  p.  173-175,  pi.  IV). 

Le  Palniitc.  Palmiet  ou  Palmel,  comme  l'appellent  les  habitants  de 
l'Afrique  australe,  est  le  Prioulum  Pulm'Ua  de  K.  Meyer,  qui  l'a  très  bien 
décrit  [Linuœa,  VIF,  p.  131),  le  Juncus  sermtus  Thunb.,  Willd.,  Uoem.  et 
Scbult.,  VAcorusPabnita  Lichfenst.  C'est  une  plante  dont  tous  les  carac- 
tères font  un  vrai  Juncus,  à  cela  près  que  ses  stigmates  sont  sessiles;  mais 
qui  se  distini^ue  par  un  port  tout  a  fait  spécial   parmi  les  Joncées.  Il  res- 
semble en  effet  à  diverses   Broméliacées,  de  telle  sorte  que  Burchell  dit 
qu'on  peut  se  faire  une  bonne  idée  de  l'effet  que  produisent  les  rivières  ra- 
pides de  l'Afrique  australe,  dont  il  remplit  entièrement  le  lit,  en  se  figurant 
un  nombre  immense  de  pieds  d'Ananas  sans  fructification  serrés  les  uns 
contre  les  autres.  Ses  ti^es,  qui  s'élèvent  du  fond  de  l'eau,  ont  la  grosseur 
du  bras  d'un  homme,  sont  noires,  généralement  simples,  formées  d'un  tissu 
résistant  et  spongieux,  La  partie  inférieure  des  vieilles  feuilles,  dépouillée 
de  l'épidernie  et  du  parenchyme,  fournit  en  quantité  des  fibres  fortes  et 
grossières  qu'il  suftit  de  réunir  en  paquets  pour  en  faire  de  fortes  brosses  et 
de  bons  balais.  Le  reste  des  feuilles  renferme  des  fibres   plus  longues  et 
beaucoup  plus  fines  dont  M.  Hooker  présume  qu'on  pourrait  tirer  un  bon 
parti.  Or,  s'il  en  était  ainsi,  l'abondance  de  la  plante  dans  l'Afrique  australe 
fournirait  des  ressources  importantes  pour  ce  pays. 

Aux  caractères  assignés  par  E.  Meyer  a  son  Prionium,  M.  J.  D.  Hooker, 
dans  une  note  qui  précède  l'article  de  son  père,  ajoute  que  les  ovules  sont 
insérés  au-dessous  du  milieu  des  loges;  que  les  graines  sont  solitaires  dans 
leur  loge,  ascendantes,  pourvues  d'un  test  celluleuxet  lâche,  d'un  albumen 
charnu  et  d'un  embryon  en  massue,  qui  occupe  de  la  moitié  à  presque  la 
totalité  de  l'axe  de  l'albumen. 

r  Nouvelles  recberclies  $»ur  le<^  caractèrcsi  spécifiqnes  et 
les  variétés  «les  plantes  dw  gcaire  CMCtf t '©«f «  ,•  par  M.  Ch. 

Naudin  [Annal,  des  se.  natur.,  h^  série,  VI,  185(3,  pp.  5-73,  pi.  1-3). 

Les  écrits  relatifs  à  la  classification  des  espèces  et  variétés  de  plantes 
cultivées  ont  un  tel  intérêt,  qu'on  ne  saurait  trop  applaudir  aux  efforts  des 
botanistes  qui  ne  se  laissent  pas  rebuter  par  les  difficultésinhérentes  à  cegenre 
de  travaux.  Sous  ce  rapport  M.  Naudin  vient  de  rendre  un  véritable  ser- 
vice à  la  science  en  jetant  un  nouveau  jour  sur  les  espèces  et  les  variétés  de 
plantes  du  genre  Cucurbita  au  sujet  desquelles  les  différents  auteurs  qui 
s'en  étaient  occupés  jusqu'à  ce  jour  avaient  émis  des  opinions  entièrement 
divergentes,  et  en  formant  pour  cet  objet  au  Muséum,  avec  le  concours  de 


232  SOCIÉTÉ    lîOTANigUK    DE    FKANCE. 

M.  Deeaisne.,  la  collection  la  plus  riche  de  sujets  vivants  (plus  de  1,200) 
qu'on  soit  encore  parvenu  à  réunir. 

I.e  mémoire  dans  lequel  il  expose  les  résultats  de  ses  nombreuses  obser- 
vations est  divisé  en  trois  sections  que  nous  essayerons  de  résumer,  la  pre- 
mière et  la  dernière  très  succinctement,  la  seconde  avec  un  peu  plus  de 
développement. 

I.  Résumé  des  travaux  monographiques  qui  ont  eu  pour  objet  le  genre 
Cucurbita.  —  En  1762,  dans  son  Species,  Linné  admettait  cinq  espèces  de 
Cucurbita,   dont   trois  seulement    appartenaient  réellement  à  ce  genre; 
celles-ci  étaient  :  le  C.  Pepo,  amalgame  de  deux  et  peut-être  de  trois  espèces 
distinctes;  les  C.  verrucosa  et  Melopepo,  simples  variétés  d'une  des  espèces 
confondues  sous  le  nom  de  C.  Pcpo.  —  Koeireuter,  se  basant  sur  ses  expé- 
riences d'hybridation,  pensait  que  toutes  les  Courges  connues  de  lui  ne  for- 
maient qu'une  espèce.  —  ^Yilldeno^v  adopta  les  espèces  de  Linné,  et  il  en 
sépara  deux  formes  secondaires  qu'il   nomma  Cucurbita  subverrucosa  et 
C.  aurantia.  —  Duchesne,  avec  une  rare  sagacité  et  à  la  suite  de  longues  re- 
cherches, fit  abstraction  de  tout  ce  qui  avait  été  écrit  avant  lui.  Il  reconnut 
que  le  C.  Pepo  L.  contenait  plus  d'une  espèce  et  que  d'autres  plantes  décrites 
comme  des  espèces  n'étaient  que  des  variétés  peu  stables.  Il  divisa  toutes  les 
Courc^es  en  deux  grandes  espèces  :  1°  les  Potirons  ou  son  Cucurbita  maxima, 
2°  les  Pépons  ou  son  C.  Pepo,  subdivisé  en  Mélonées  ou  Courges  musquées 
[C.  Pepo  moschata)  et  Pépon  polymorphe  (C.  Pepo polymorpha).l\  n'y  au- 
rait eu  presque  rien  à  modifier  a  i-oa  travail,  dit  M.  Naudin,  si,  au  lieu  de 
rattacher  le  groupe  des  Mélonées  aux  Pépons,  il  en  eût  fait  dès  l'abord  une 
espèce  totalement  distincte.  —  :M    Naudin  critique  comme  défectueux  les 
travaux  de  M.  Serluge,  qui  admettait  d'abord  huit  espèces  de  Cucurbita  et 
qui  plus  récemment  a  porté  ce  nombre  à  vingt  ;  celui  de  Metzger  qui  réunis- 
sait toutes  ces  plantes  sous  la  seule  dénomination  de  C.  Pepo;  enfin  celui 
de  M.  Roemer  pour  qui  les  Cucurbita  ne  forment  pas  moins  de  31  espèces 
rattachées  à  3  sous-genres. 

IL  Description  comparative  des  espèces  du  genre  Cucurbita  et  de  leurs 
principales  variétés.  —  On  ne  connait  aujourd'hui  avec  certitude  que  6  es- 
pèces de  Cucurbita:  C.  maxima,  Pepo,  moschata,  melanosperma,  perennis 
(itdigitata.  La  dernière  n'existe  pas  dans  les  jardins;  les  3  premières  sont 
alimentaires  et  cultivées  depuis  longtemps  ;  leur  patrie  est  inconnue.  C'est 
d'elles  surtout  (ju'il  est  question  dans  le  mémoire  de  M.  Naudin. 

1.  €ucurbha  maxima  Duch.  in  Lamk. ,  Encyc,  Il  {C.  Pepo, 
var.  «,  L.\  Cette  espèce,  vulgairement  nommée  Potiron,  est  caractérisée 
par  la  diagnose  suivante  que  nous  reproduisons  de  même  que  les  suivantes  : 

C.  annua;  caulibus  subteretibus  repentibus  ;  foliis  reniformibus    S-lob., 
lobis  rotundatis,  siuubus  inter  lobos  subuullis,  peliolor.  pilis  aequalib.  as- 


REVITK    RIRLIOGRAl'HIQUI-:.  233 

péris  non  autem  punfiontil).;  pcdunc.  floiifens(masc.  fœni.  q.)  tcretib.;  ca- 
lycis  tuboobcoDicoiumquam  sub  insertione  corolljecoiistricto,  sepal.  linear. 
filiforiTiib.  interdiimq.  aboitientib.;  pedunculo  tVuctifero  crasso  suberoso 
striato  nunquam  vere  sulcato;  piilpa  fructus  vix  aut  minime  fibrosa  ;  pla- 
centis  spongiosis  nec  facile  deli(|uescentibus. 

Les  fruits  des  Potirons  sont  généralement  de  grande  ou  moyenne  taille  ; 
souvent  ils  ont  le  volume  de  la  tête  ;  ils  atteignent  jusqu'à  60  à  80  cent,  de 
diamètre  transversal,  ou  même  plus  ;  mais  alors  ils  ont  une  grande  cavité 
qui  en  diminue  beaucoup  le  poids.  Leur  forme  typique  et  la  plus  ordinaire 
est  celle  d'uue  sphère  déprimée  ;  mais  elle  devient  dans  quelques  cas  obo- 
voïde  ou  même  cylindrique.  Leur  cbair^  est  fine,  à  peine  filandreuse,  ja- 
mais rouge.  Les  placentas  sont  spongieux,  pâteux  lorsqu'on  les  malaxe 
entre  les  doigts,  mais  jamais  déliquescents  ;  aussi  les  graines  y  adhèrent-elles 
plus  que  dans  les  Pépons.  Les  graines  sont  grandes  (20-2Zi  mm.  sur 
12-14  mm.),  ovales,  bordées  ou  non,  d'une  couleur  qui  varie  du  blanc  pur 
au  fauve  basané.  Cette  espèce  est  la  seule  où  certaines  variétés  présentent 
les  carpelles  en  saillie  hors  de  la  cupule  réceptaculaire.  Ce  caractère  en  fait 
diviser  toutes  les  variétés  en  2  groupes. 

A.  Potirons  couronnés  ou  Turbans,  à  carpelles  saillants  [Cucurbita  cly- 
peiformis  J.  Bauh.  C.  Melopepo  Pî^ocl. ,  III,  pro  parle.  Pileocalyx  elegans 
Gaspar.).  —  Ce  groupe  renferme  :  1°  le  Turban  rouge  avec  les  sous-variétés 
Turban  étranglé ^  petits  Turbaiis  rouge  et  vert;  2°  le  Turban  nouveau  du 

Brésil. 

B.  Potirons  simples  ou  sans  couronne  {Cucurbita  maxima  Ducb.  C.Farinœ, 
Mozzetti).Les  3  premières  variétés  parmi  les  suivantes  offrent  un  faible  reste 
de  couronne  ;  les  autres  en  sont  complètement  dépourvues.  1.  Petit  Potiron 
plat.  2.  Potiron  à  œil  vert.  3.  Potiron  ou  Courge  marron,  li.  Potiron  ou 
Courge  châtaigne.  5.  Potiron  ou  Courge  de  Californie.  6.  Potiron  maraîcher 
ou  jaune  gros  de  Hollande.  7.  Gros  Potiron  gris.  8.  Potiron  lisse.  9.  Potiron 
de  Corfou.  10.  Grand  Potiron  b!anc  de  Naples.  11.  Petit  Potiron  blanc  de 
Constantinople.  12.  Potiron  musqué.  13.  Potiron  pain  du  pauvre.  \U.  Po- 
tiron messinais  ou  Courge  de  Messine.  15.  Potiron  de  Farina.  16.  Potiron 
ou  Courge  de  l'Ohio.  17.  Potiron  Malamoco.  18.  Potiron  ou  Courge  de 
Valparaiso.  19.  Potiron  gris  de  Virginie.  20.  Potiron  Hahre  Estambouli. 

2.  Cucurbita  Pepo  DC.  {C.  Pepo  polymorpha  et  C.  pyxidaris  Ducb., 
C.  verrucosa  et  C.  ovifera  L.,  C.  aurantia  Willd.) 

C.  caulib.  nunc  longis  repentib,,  nunc  sed  infrequentius  abbreviatis  et 
erectis,  angulatis  sulcatisq.-,  folior.  lobis  haud  rarolobulatis  ;  pilis  petiolor. 
nervor.q.  in  pagina  infer.  folii  rigidulis,  fere  aculeiformib.  et  ssepe  pun- 
gentib.;  pedunc.  florum  omnium  obtuse  pentagonis  ;  calycis  masculor. 
tubo  campanul. ,  sub  insertione  corollae  Donnihil  constricto,  deutib,  subu- 


2'6ll  SOCIETE     BUIAMULE    DK    1  HAISCE. 

latis  ;  pedunc.  friictifero  sœpitis  lip;noso,  polyedro  siilcisq.  inter  costas  vali- 
das interjectis  cxai'ato  ;  pulpa  IVuetus  (ihrosa  ;  placentis  facile  deliques- 
centib. 

Cette  plante  est  extrêmement  polymorphe  non-seulement  pour  les  fruits, 
noais  encore  pour  le  feuillage  et  pour  tout  le  port.  Cependant  la  chair  de  ses 
fruits  présente  un  caractère  constant  qui  la  distingue,  au  premier  coup 
d'oeil,  de  celle  de  l'espèce  précédente:  elle  est  presque  entièrement  com- 
posée de  grosses  iilandres  transversales,  en  plexus  serré,  qui  sert  d'appui  aux 
placentas,  et  que  la  cuisson  ne  fait  pas  entièrement  disparaître.  M.  jNaudin 
en  divise  les  nombreuses  variétés  en  7  «iroupts  bien  plus  artificiels,  dit-il, 
que  naturels,  distingués  d'après  la  forme  des  fruits  et  un  peu  aussi  d'après 
leur  volume,  et  dont  voici  l'indication. 

1°  Les  Courqernns,  a  fruits  sphériques,  plus  ou  moins  déprimés,  ayant 
de  20  a  30  cent,  de  diamètre  transversal.  1.  Courgeron  de  Genève  (C.  cour- 
gerû  Seiinj^c).  2.  Courgeron  ou  Courge  de  Maroc. 

2°  Citrouilles  proprement  dites,  a  fruits  gros  ou  moyens,  lisses  ou  verru- 
queux,  ovoides,  obovoïdes  ou  elliptiques.  1.  Grande  Citrouille  verruqueuse. 
2.  Citrouille  de  Touraine.  3.  Citrouille  longue  d'Kspagne.  U.  Citrouille  su- 
crièredu  Brésil. 

3°  Giraumons,  à  fruits  au  moins  deux  fois  plus  longs  qu'épais,  tantôt 
ohovdïdes-allongés,  tantôt  cylindriques,  lisses  ou  verruqueux,  quelquefois 
ayant  de  grosses  cannelures  longitudinales  et  souvent  5-10  rides  rayon- 
nantes auiour  du  pédi)i»cule.  1.  Giraumon  de  Paiagonie  ou  Courge  des 
Parafons  (C  des  Patagoiis  imire  ;  C.  des  Patagons  blanche  ;  G.  verte  de 
>lar>eille).  2.  Giraumon  Cnucourzelle  ou  Couige  longue  d'Italie.  3.  Courge 
à  la  moelle,  Vegetoble  Mnrrow  des  Anglais.  Zi.  Courge  de  Larnaca.  5.  Courge 
de  Barbarie.  6.  Courge  blanche  très  allongée.  7.  Peliie  Courge  bicolore. 
8.  Courge  Poik.  9.  Courge  cou-tors  ou  Crook-neck  des  Américains. 

W  Pùtissons ;  iiroupe  très  vaguement  deliui  :  Tige  courte  et  dressée; 
feuillage  grand  et  développé  ;  fruits  petits  ou  tout  au  plus  moyens,  géné- 
ralement déprimés,  quelquefois  a  peu  près  sphériques,  avec  ou  sans  côtes, 
le  plus  souvent  lisses,  jamais  entoiwés  d'une  coque  ligneuse.  1.  Pâtisson 
proprement  dit  ou  Artichaut  d'Espagne,  ou  Uonnet  d'électeur  ou  Arbouse 
d'Astrakhan.  2.  Pâtisson  vert  a  côtes.  3.  Grand  Pâtisson  coureur. 

^°  Oranyinou  Courge  orangine.  C'est  la  variété  la  plus  stable  parmi  les 
Pépons.  Plante  toujours  coureuse;  feuillage  plutôt  à  3  qu'à  5  lobes,  com- 
parativement petit  et  peu  découpé,  à  lobes  assez  obtus;  fruits  petits,  à  peu 
près  sphériques,  lisses,  d'un  orangé  un  peu  rougeâtre,  à  coque  mince  et 
assez  ferme,  à  chair  fade,  lilandreuse  et  jaunâtre. 

6°  Barbarines.  Groupe  indécis  et  arbitraire,  réunissant  les  innombrables 
et  inconstantes  variétés  de  Courges  d'ornement  nommées  Fausses  Colo- 
quintes.  Plantes  coureuses,  a   feuilles  presque  toujours   très  découpées. 


llKVn:    BlKLIOGUAI'UKjLK.  'iS'^ 

I A' II rs  fruits  rcpioduisont  toutes  les  lonues  connues  do  Pj'pons.  (■  Il  est  im- 
possible, (lit  M.  i\au(liu,  de  sijinalef  des  variétés  voritabieniont  stables  dans 
ce  groupe,  et  il  serait  Inutde  de  décrire  celles  (|ui  naissent  tous  Icsans  dans 
les  jardins  d'amateurs,  ordinairement  pour  disparaître  l'année  suivante.'» 

7°  Coloquinelles  et  Cougourdettes,  répondant  tant  bien  (|ue  mal  aux  f'u- 
curbita  ovifera,  pyxidaris  et  pyrifomm.  Plantes  coureuses,  à  feuilles  tiès 
découpées,  h  petites  fleur>.  Fruits  petits,  pyril'ormes,  ovoïdes  ou  pres(|ue 
spbériques,  lisses,  unicolores  ou  bariolés  de  biane,  de  jaune  et  de  vert,  sur 
un  pédoncule  souvent  allongé.  1.  Coloquinelle  ovilorme.  2.  Cougourdette 
proprement  dite. 

3.  Cucurbita  uioseiiata  Diu'b.  [C.  moschalu  et  C.  hippopern  Serin. 
C.  macrocarpa,  Gaspar.),  vulgairement  (Courge  musquée;  C.  muscade, 
Mélonée  ;  C.  berbère  ou  bédouine. 

C.  annua;  caulib.  repentib.,  rarissime  abbreviatis,  subteretib.;  foliis  pro 
génère  mollib. ,  intense  vjridib.,  frequentissime  albo-marmoratis,  lobissinu- 
busq.  acutis  (in  quibusdam  varietiilib.  rolund;itis)  :  pilis  piliolor.  uervor. 
q.  nunquam  pungenlib.  ;  llorum  masc.  pedunculis  birsutis,  subteretib.  te- 
retib  ve;  calycis  tubo  breviss.  aut  fere  nulio,  sep,  linearib.  planis.  apice 
ut  plurimum  dilatato-foliac.  aut  lobalis;  fœm.  pedunculis  pentnedris  ; 
fruct.  maturis  pulvere  tenuissimo  glaucescentib.;  pulpa  vix  librosa;  pla- 
centis  facile  deliquescentib. 

Encore  généralement  confondu  avec  les  Potirons  et  les  Pépons.  Ses 
fruits  sont  le  plus  commu(»ément  d'un  vert  noirâtre,  qui  passe  plus  ou 
moins  au  jaune  orangé;  leur  chair,  a  peine  (ibindreuse,  se  rapproche  lieau- 
coup  plus  de  celle  des  Potirons  que  de  celle  des  Pepons,  et  elle  varie  du 
Jaune  pâle,  au  rouge  de  sang.  Les  grains,  d'un  blanc  sale,  ont  un  rebord 
saillant  plus  colore.  Ces  plantes  exigent  plus  de  chaleur  (|ue  les  précé- 
dentes. 1.  Melonée  ou  Courge  nmseade  des  Marseillais  (Courge  de  Chine; 
Courge  de  Madagascar).  2.  Courge  berbère.  3.  Grande  Courge  pleine. 

h.  Cucurbîta  melanosperma  Al.  Braun.  Vulg.  Courge  OU  Melon  de 
Siam. 

C.  annua;  caulib.  gracillb.,  longe  repentib.;  fol.  5-lob. ,  lobis  sinub.q. 
rotundatis;  fruct.  rotundato-ovoid.,  aibo  marmoratis,  plenis,  cortice  sub- 
liunoso  tectis  ;  carne  dulci,   alba,  fibrosa;  semin.  nigricantib.  aut  etiam 


nigerruïiis. 


Cette  espèce  est  connue  en  Kurope  depuis  le  commencement  de  ce  siècle. 
Elle  vient  probablement  de  l'Asie  méridionale.  Klle  n'a  donné  encore  aucune 
variété.  Ses  fruits  sont  de  la  grosseur  de  la  tête  ;  leur  chair  est  très  blanche, 
très  fine  et  tendre  lorsqu'ils  sont  jeunes,  dure  et  lîlandreuse  à  leur  maturité. 

5.  Cucurhita  perennis  Asa  Grav. 

C.  radiée  perenuante,  crassa,  dauciformi    caulib.  aunuis.  longiss.,scan- 


236  SOCIÉTÉ    HOTAMQUE    UE    FRANCE. 

dentib.  ;  fol.  triangularib.,  oblus.,  integris  ;  oorol.  aurantiaeis,  violam  redo- 
lentib.;  fructib.  pai-\is,  sphœiicis  obovoid.ve,  pulpafibrosa  amaiissima. 

Indigène  du  Texas  et  de  la  Californie,  la  Courge  vivace  végète  et  fructifie 
en  plein  air  à  Paris.  C'est  une  plante  d'ornement  encore  peu  connue, 

6.  Cucnrbita  digitata  Asa  Gray.  —  Cette  espèce  du  Nouveau-Mexique 
n'est  connue  encore  que  par  la  diagnose  que  M.  Asa  Gray  en  a  donnée. 

M.  Naudin  signale  ensuite  les  plantes  qu'on  a  rapportées  aux  Cucnrbita, 
dont  les  descriptions  publiées  ne  permettent  pas  même  de  décider  si  elles 
rentrent  bien  réellement  dans  ce  genre. 

ni.  Essais  (V hybridation  entre  les  différentes  espèces  de  Courges.  —  Les 
nombreux  essais  que  M.  INaudin  a  faits  pour  féconder  l'une  par  l'autre  les 
différentes  espèces  de  Courges  avaient  un  grand  intérêt,  puisqu'on  regarde 
généralement  ces  plantes  comme  pouvant  aisément  se  féconder  entre  elles. 
Or  les  résultats  en  ont  été  tels,  qu'ils  l'ont  conduit  à  penser  qu'il  n'existe 
aujourd'hui  aucun  hybride  de  ces  plantes.  1"  Sur  8  fleurs  de  Potiron  fé- 
condées avec  des  pollens  d'autres  espèces,  il  n'y  en  a  eu  qu'une  dont  l'ovaire 
ait  pris  quelque  accroissement  sans  mûrir.  2°  Sur  32  fécondations  hybrides 
de  Cucurbita  Pepo  deux  seulement  ont  amené  la  production  de  fruits  bien 
conformés,  qui  ont  mûri,  mais  dans  lesquels  il  n'existait  aucune  graine  em- 
bryonée.  3"  Deux  expériences  faites  sur  le  Cucurbita  moscliata  sont  restées 
sans  résultat.  h°  Sur  13  fleurs  de  Cucurbita  melanospermn  fécondées  avec 
un  pollen  étranger,  deux  ont  produit  des  fruits  qui  ont  mûri,  mais  dont  les 
graines  étaient  vides  ou  incomplètement  formées  et  non  susceptibles  de 
germer.  5°  Trois  expériences  tentées  sur  le  Cucurbita  perennis  n'ont  amené 
aucun  résultat. 

L'explication  de  la  planche  3  contient  l'énoncé  de  ce  fait  extrêmement 
remarquable,  que  des  graines  prises  dans  les  fruits  de  Cucurbita  Pepo  qu'un 
même  pied  avait  produits  en  1855  ont  donné  en  1856  quinze  pieds  dont  les 
fruits  ont  offert  les  surprenantes  variations  de  forme  et  de  grosseur  que 
montrent  les  15  figures  de  cette  planche. 

On  irofo»i#«rf«»fM»5  a  ncw  ^cuuis  of  IiCg;uniiuos»e,  froiii 
Ife^v-Xcalau«l  {Stir  le  Notospartiura,  nouveau  genre  de  Légumi- 
neuses de  la  Nouvelle-Zélande)-^  par  M.  J.  D.  Hooker  {Hooker's  Journ. 
ofbot.,  cah.  de  juin  1857,  p.  176-177,  pi.  III). 

Le  nom  donné  à  ce  nouveau  genre  signifie  Spartium  austral.  Ses  princi- 
paux caractères  sont  un  calice  campanule,  tronqué,  à  5  dents;  une  corolle 
dont  l'étendard  est  obovale-obcordé,  sans  callosités  ni  oreillettes,  dont  les 
ailes  linéaires-oblougues  portent  d'un  côté  une  oreillette  incurvée,  dont  la 
carène  plus  longue  que  les  ailes,  dolabriforme,  a  ses  2  pétales  munis  d'une 
oreillette  droite  et  obtuse;  des  étamines  diadelphes;  un  ovaire  presque  ses- 


REVUE   lîinLIOGRAPIIlQUE.  237 

sile,  liiu'airo,  ù  8-10  ovules,  prolongé  en  style  incurvé,  légèrement  cilié 
à  son  bord  interne  ;  un  légume  linéaire,  un  peu  arqué,  acuminé,  comprimé, 
membraneux,  indéhiscent,  multiloculairc,  à  bords  échancrés  aux  points 
correspondants  aux  cloisons  ;  des  graines  solitaires  dans  les  loges,  oblon- 
gues,  sans  strophiole.  —  Ce  geiu-e  est  en  quelque  sorte  intermédiaire  aux 
Seskoiia  et  Carmichœlia.  Le  Notospartimn  Carmichœliœ  J.  i).  Hook.,  qui 
en  est  le  type,  est  un  arbrisseau  de  deux  à  six  mètres  commun  sur  les  mon- 
tagnes de  l'ile  moyenne  à  la  Nouvelle-Zélande,  dont  le  port  et  l'inflores- 
cence rappellent  parfaitement  un  Carmichœlia,  et  dont  les  fleurs  roses,  réu- 
nies en  grappes  courtes  sur  des  branches  aphylles  et  pendantes,  produisent 
un  charmant  effet. 

,  iSysf  cniatisclie  Uebersiclit  der  Uydrillecn  (  Tableau  systémati- 
que des  Ihjdrillées)  par  M.  Rob.  Caspary.  [Monatsbericht  der  Kœnigl. 
preuss.  Akademie  d.  Wissench.  zu  Berlin;  càh.  de  jaiw.  1857,  pp.  39- 
51.) 

La  tribu  des  Hyd  rocharidées  à  laquelle  M.  Caspary  donne  le  nom  d'Hydrii- 
lées  a  pour  synonyme  les  Anacharidées  d'EndIicher.  Les  plantes  qui  la  con- 
stituent sont  faciles  à  distinguer  de  celles  qui  composent  les  autres  genres 
de  la  même  famille  parce  qu'elles  ont  une  longue  tige  formée  d'entre-nœuds 
à  peu  près  égaux  en  longueur  et  chargée  de  petites  feuilles  presque  toujours 
verticillées,  tandis  que  dans  les  autres  Hydrocharidées  la  tige  est  assez  rac- 
courcie pour  que  les  botanistes  qualifient  ces  plantes  à'acaules.  M.  Caspary 
range  dans  cette  tribu  les  trois  genres  Hydrilla,  Elodea  et  Lagarosiphon. 

Le  genre  Jli/drilla,  établi  par  L.  C.  Richard  dans  son  beau  mémoire  sur 
les  Hydrocharidées,  ne  contient  qu'une  espèce,  \'B.  verticillata  Casp., 
plante  très  largement  disséminée  dans  les  eaux  douces  de  la  surface  du 
globe,  dans  laquelle  M.  Caspary  distingue  les  7  variétés  suivantes  :  a.  Jîox- 
burg/ni  {Hydrilla ovalifolia  Rich. ,ex  parte;  H.  WightiiV\m\e.  ex  parte; 
Serpiculn  verticillata  Lin.  fil.)  — 6.  brcvifolia  {Hydrilla  ovalifolia  Rich.  ex 
parte).  —  y  tennis.  —  o  gracilis  {Udora  occidentaiis  Kocb.,  Syn.  U.  lithua- 
nica  Rchbc.  ;  commune  à  l'est  de  l'Europe,  à  l'Inde  et  à  la  Chine. —  ^incon- 
sistens.  {Serpicula  verticillata  Willd.  ex  parte).  —  -n  Longifolia  {Hydrilla 
naiadifolia  Zoll.  et  Moritzi  ;  H.  angustifolia  Hassk.)  Les  variétés  a,  6,  y,  C,  »j, 
se  trouvent  dans  l'Inde  et  dans  les  îles  de  l'Asie,  à  la  Chine,  même  à  la 
Nouvelle-Hollande. 

Le  genre  Elodea  Rich.,  tel  que  l'admet  M.  Caspary,  réunit  les  Elodea 
et  Anacharis  Rich.  in  Michx,  les  Apalanche,  Anacharis  et  Egeria  Plane. 
L'auteur  y  comprend  \E.  canadensis  Rich.,  tantôt  hermaphrodite,  tantôt 
dioïque,  tantôt  polygame,  ce  qui  lui  donne  des  synonymes  nombreux  ;  \'E. 
chilensis  Casp.,  {Anacharis  chilensis  et  Mathewsii  Plane);  !'£'.  guyanensis 


238  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE   DE    FRANCE. 

Kich.  [Apalanche  guyanensis  Piano.)  ;  \'E.  Naias  Caçp.  {Egeria  Naias 
Plane.)  et  avec  doute  :  \'E.  Intifoiia  Casp. ,  peut-être  simple  forme  de  \'E- 
lodea  caiiadensis;  \'E.  Plunc/mui  Casp.  {Anacharis  canudemis  Plane), 
peut-être  aussi  simple  forme  de  V Et.  canadenHis  ;  \'E.  caliitrichioides  Casp. 
{Anacharis  caliitrichioides  Ilich.)  peut-être  forme  de  \' E.  chilensis ;  \'E. 
(jranatensis  Humh.  et  Bonpl. ,  vraisemblablement  identique  avec  VEl. 
guyanensis;  enfin,  \'E.  densa  Casp.  [Egeria  densa  Plane).  M.  Caspary  n'a 
pu  voir  \  El.  orinocensis  Ricb. 

Le  genre  Lagarosi^jhon  Harvey  comprend  2  espèces  :  le  L.  musccides 
[Hydrilla  mnscoides  Plane),  du  eap  de  Bonne-Espér.'uice  et  le  L,  cordnfa- 
num  Casp.  [Udora  cordofana  Hocliit.)  trouvé  par  Kotscby  dans  le  Kordo- 
fan. 

Dans  son  mémoire,  M.  Caspary  expose  avec  beaucoup  de  détails  et  de 
soin  les  caractères  des  3  genres  d'Hydrillées,  et  il  donne  des  diagnoses  dé- 
veloppées ainsi  que  la  synonyme  conip'ète  des  espèces.  Pour  les  Eludea, 
qui  constituent  la  plus  grande  pirtie  du  groupe  entier,  il  signale  les  points 
sur  lescjuels  devront  porter  les  recherches  ultérieures,  et  il  mentionne  l'exis- 
tence de  vaisseaux  dans  Y  Elndea  canadensis  à  l'état  jeune. 

l^alpers  Annales  hotanices  .sjsteniatîea;,  IV,  fasc.  1.  Aucfore 
Carolo  jMûiler  Berol.  Tn-S"  de  VIU  et  160  pages.  Leipzig,  1857,  chez 
.Ambr.  Abel. 

C'est  avec  une  vive  satisfaction  que  nous  annonçons  la  publication  du 
premier  fascicule  du  W  volume  des  Annales  botanices  systematicœ.  L'uti- 
lité majeure  de  ce  relevé  des  plantes  décrites  dans  les  ouvrages  de 
toute  sorte  avait  été  parfaitement  appréciée  du  vivant  de  son  auteur;  mais 
elle  avait  été  sentie  plus  vivement  encore  depuis  que  la  mort  de  Walpers 
avait  fait  disparaître  ce  moyen  précieux  de  connaitre  en  un  instant  une 
foule  d'espèces  dont  les  descriptions  sont  disséminées  dans  des  livres  et 
recueils  très  divers.  Aussi  espérons  nous  un  plein  succès  pour  cette  reprise 
de  ce  travail  éminemment  utile.  Al.  Cb.  Mûiler,  de  Berlin,  qui  a  eu  le  cou- 
rage de  se  charger  de  la  continuation  de  celte  œuvre  réunit  toutes  les 
conditions  nécessaires  pour  en  assurer  la  parfaite  exécution.  Espérons  que 
la  persévérance  ne  lui  manquera  pas. 

Le  4*  volume,  dont  le  premier  fascicule  vient  de  paraître,  contiendra  le 
relevé  de  toutes  les  espèces  publiées  depuis  le  commencement  de  l'an- 
née 1851  ,us(iu'a  la  (in  de  1855.  On  se  rappelle  en  effet  que  le  second  et  le 
troisième  volume  publie-  par  Walpers  s'arrêta  ent  aux  travaux  de  l'an- 
née 1850.  Dans  une  courte  preftce  M.  Ch.  Mùllcr  nous  apprend  qu'il 
compte  publier  dans  le  cours  de  cette  année  le  volume  qu'il  commence  en  ce 
moment.  .Maigre  toute  son  activité,  il  n'a  pas  cru  pouvoir  suflire  seul  à 


KEVUi-:  biBLiuGii.vi'niyii:.  239 

cette  rufle  tâche,  et  i!  s'est  adjoint  deux  collaborateurs,  M.  lU'ichenbnch  fih, 
pour  les  Orchidées,  dont  il  s'etnit  éfzalement  chnrue  dans  la  première  série 
des  Annales,  M.  Andcrsou,  de  Stockholm,  pour  les  Graminées  et  les  Cypé- 
racées. 

Le  premier  fascicule  du  tome  IV  renferme  le  relevé  des  espèces  qui  ren- 
trent dans  les  larnilles  suivantes  :  Ri-nonculiicées,  Dilléniacees,  Magnolia- 
cées,  Anonacées,  Scliizîindracées,  Monimiacées,  IMénispermncéi  s,  Sahiacées 
Hook.  lil.  et  Th.,  Lardizahalées,  Berhéridées,  Cabombces,  Nélumbiacées, 
INymphoacées;  celle-ci  est  seulement  conjinencée.  les  ouvrages  (jiii  en  ont 
fourni  la  plupart  des  matériaux  sont  les  Plnntœ  Wrighlinnœ  et  Plontœ 
Fremontinnœ  de  M.  Asa  Gray,  le  volume  publié  de  la  Flora  indica  de 
MM.  Hooker  fils  et  Thomson  ,  la  Monographie  des  Monimiacées  de 
M.  L.  R.  Tulasne,  le  travail  de  M.  Planchon  sur  les  Nymphéacées.  Les  Re- 
uonculacées,  les  Anonacées  et  les  Monimiacées  sont  les  familles  qui  ont  été 
enrichies  du  plus  grand  nombre  d'espèces  nouvelles. 

Il  est  presque  inutile  de  dire  que  la  nouvelle  série  des  Annales  continue 
exactement  la  première  pour  le  format,  la  disposition  et  les  caractères  ty- 
pographiques. 

Rceherclies  snr  les  Coiiferves  des  eaux  lliermales  «le 
IVéris,  siiP  leur  développement,  leur  sli'uctwre  Intime, 
leurs  «sages  en  tliérapeuticfiie,  etc.  ;  par  MM.  C.  de  Laurès 
et  A.  Becquerel.  Broch.  in-8°  de  hh  pages  avec  \.h  figures  intercalées 
dans  le  texte.  Paris,  1855.  Chez  Victor  Masson. 

Au  commencement  de  leur  Mémoire,  MM.  de  Laurès  et  A.  Becquerel 
expriment  leur  étonnement  de  ce  qu'on  ne  trouve  nulle  part  la  description 
complète  de  la  plante  thermale  qui  parait  contribuer,  pour  une  bonne  part, 
à  l'action  therapeislique  des  eaux  de  Néris,  et  qui  exivte  aussi  dans  celles 
d'Évaux  et  de  Bourbon-l'Archambault.  Ils  se  sont  proposé  de  combler  cette 
lacune  et  d'exposer  aussi  l'histoire  complète  du  développement  de  cette 
Algue.  Us  examinent  d'abord  le  volume  de  la  source  de  ISeris,  sa  tempé- 
rature qui  a  baissé  de  26  degrés  depuis  quatre-vingt-neuf  ans,  les  propriétés 
physiques  et  chimiques  de  ses  eaux,  et  les  matières  diverses  dont  l'analyse 
y  a  constaté  l'exibtence.  Ils  abordent  ensuite  l'histoire  de  la  plante  qui  est 
l'objet  essentiel  de  leur  travail. 

A  Néris,  dans  les  bassins  où  séjourne  l'eau  minérale,  se  développe  en 
abondance,  sous  rinfkieuee  de  l'air  ou  de  la  lumière,  une  substance  orga- 
nisée qu'on  nomme  improprement  limori.  Les  deux  auteurs  ne  lui  donnent 
pas  d'autre  dénomination  que  celle  de  Conferve.  Ils  en  distinguent  deux 
sortes  :  la  Conferve  des  bassins  chauds,  qui  croit  dans  les  bassins  où  l'eau 
conserve  uue  température  de  û2  à  US  degrés,  et  la  Conferve  du  bassin  de 


IliO  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

réfriçiération,  dans  lequel  l'eau  se  refroidit  graduellement  de  ^5°  à  20°  C. 
Ils  étudient  en  détail  la  formation  et  le  développement  de  la  première,  qu'ils 
figurent  sous  ses  différents  états  successifs  et  dont  ils  résument  de  la  manière 
suivante  les  principales  qualités  physiques. 

a.  Produit  végétal,  dans  lequel  on  remarque,  pendant  une  certaine  pé- 
riode, un  état  gélatineux  ;  —  è.  se  présentant  sous  forme  de  masses  bour- 
soufflées  divisées  en  pyramides  irrégulières,  qui  naissent  sur  un  fond  com- 
mun ;  —  c.  ou  bien  disposé  en  couche  unie  et  continue,  renfermant  un  grand 
nombre  de  bulles  de  gaz 5  —  d.  d'une  couleur  dun  jaune  verdâlre,  à  l'ori- 
gine, d'un  vert  d'émeraude  quand  le  développement  est  plus  avancé,  d'un 
vert  olivacé  brunâtre,  quand  il  est  complet  ;  —  e.  d'une  odeur  herbacée  très 
prononcée; — /.d'une  saveur  fade,  mais  presque  nulle,  à  l'état  frais,  très 
fortement  herbacée  et  salée,  à  l'état  sec.  —  g.  La  Conferve  récente,  soumise 
à  l'action  du  soleil  ou  de  l'étuve  sèche,  se  réduit  à  une  trame  végétale  très 
mince,  qui  reprend  les  apparences  de  la  vie  quand  on  la  met  de  nouveau 
dans  l'eau.  La  trame  végétale  est  beaucoup  plus  épaisse  dans  la  Conferve 
ancienne.  — A.  A  l'air  libre,  elle  se  décompose  facilement;  conservée  en 
vases  clos,  dans  l'eau  minérale  refroidie,  elle  ne  tarde  pas  à  répandre  une 
odeur  très  prononcée  d'hydrogène  sulfuré,  par  suite  de  la  décomposition 
des  sulfates  qui  se  trouvent  en  présence  de  la  matière  organique. 

La  Conferve  de  Néris  est  constituée,  disent  les  deux  auteurs,  par  des 
tubes  immergés  dans  une  masse  gélatiniforme  au  milieu  de  laquelle  des 
bulles  de  gaz  sont  disséminées  en  grand  nombre.  Laissant  de  côté  l'élément 
gazeux,  on  voit  que  toute  sa  portion  végétale  est  formée  :  1°  de  filaments  \ 
2°  de  tubes  cloisonnés,  ponctués,  moniliformes.  Les  filaments  sont  opaques, 
d'un  vert  foncé,  légèrement  fiexueux,  continus  dans  toute  leur  étendue, 
formant  un  lacis  inextricable,  situés  plutôt  à  l'intérieur  qu'à  l'extérieur  de 
la  masse  gélatiniforme.  Ces  filaments  deviennent  moins  nombreux  avec 
l'âge  et  à  proportion  que  les  tubes  se  multiplient.  Les  tubes  cloisonnés  for- 
ment au  moins  19/20  de  l'élément  végétal  de  la  Conferve.  D'abord  peu 
abondants,  ils  le  deviennent  de  plus  en  plus  avec  l'âge,  et  ils  forment  bientôt 
une  véritable  couche  extérieure  en  se  juxtaposant,  sans  s'unir  toutefois,  par 
séries  parallèles  et  longitudinales.  Ils  finissent  par  être  si  nombreux,  si 
pressés  les  uns  contre  les  autres,  qu'il  en  résulte  un  tissu  solide.  Leur  épais- 
seur varie,  en  moyenne,  de  1/80  à  1/150  de  millim.  Ils  sont  composés  de 
cellules  plus  longues  que  larges,  soudées  bout  à  bout,  formant  un  étrangle- 
ment à  chaque  plan  d'union,  dont  les  unes  paraissent  vides,  dont  les  autres 
sont  remplies  d'endocbrome  vert.  Les  tubes  ponctués  et  moniliformes  sont 
formés  de  même.  L'endochrome  des  premiers  se  montre  tantôt  à  l'état  de 
petits  points  granuleux  opaques,  tantôt  sous  la  forme  de  2,  ."5,  /i  corps  sphéri- 
ques  libres,  constituant  des  spores  nées  d'une  division  de  Tcndochrome.  Ces 
spores  se  forment  seulement  dans  certaines  cellules.  A  une  certaine  époque, 


REVUK    niHLiOGnAI'lIlQUE.  2/il 

elles  s'allongent,  déchirent  la  cellule-mère  et  donnent  naissance  à  des  indi- 
vidus nouxcaux  (|ui  s'auf^lonièrent  au  moyen  de  la  matière  gélaliniforme. 
Enfin  les  tubes  monilitbrmes  sont  beaucoup  plus  rares  que  ceux  des  deux 
premières  sortes.  Ils  sont  d'un  vert  ibncé.  les  cellules  sphériqucs  qui  les 
forment  en  se  soudant  bout  à  bout  ont  environ  1/120  de  millim.  de  diamètre. 
Elles  ne  renferment  pas  d'endochrome. 

Dans  les  interstices  des  divers  tubes  dont  la  réunion  produit  la  trame 
végétale  de  la  Conferve,  se  trouvent  des  cristaux  de  carbonate  de  chaux, 
dont  la  quantité  et  le  volume  augme'ntLiit  avec  l'âge  de  la  plante. 

Quant  à  la  place  à  donner  à  la  Conferve  de  Néris  dans  la  classification 
algologique,  MM.  de  Laurès  et  A.  Becquerel  se  contentent  de  dire  que  c'est 
une  Confervacée. 

La  partie  gélaliniforme  de  la  Conferve  fraîche  est  légèrement  verdâtre. 
Elle  doit  son  état  gélatineux  à  la  pectose  ;  elle  contient  60  d'eau  pour  1  de 
matière  sèche. 

Cette  portion  du  Mémoire  se  termine  par  l'analyse  de  la  Conferve  des 
bassins  chauds. 

Quant  à  la  Conferve  du  bassin  de  réfrigération,  elle  forme  sur  le  fond  et 
sur  les  parois  une  couche  de  1  ou  2  centim.,  d'un  jaune  verdâtre,  entre- 
mêlée de  bulles  de  gaz.  Sa  zone  inférieure  est  amorphe  et  ne  montre,  au 
microscope,  que  des  fragments  amorphes  et  quelques  cristaux  rhomboédri- 
ques.  Sa  zone  moyenne  consiste  en  une  gélatine  blanchâtre,  au  milieu  de 
laquelle  se  trouvent  quelques  fragments  de  matière  verte.  Le  microscope  y 
montre  quelques  cellules  isolées,  en  ovale  étranglé  près  de  son  milieu,  avec 
un  noyau  grenu  d'un  vert  émeraude  qu'entoure  un  pourtour  parfaitement 
transparent.  La  zone  supérieure  est  d'un  vert-brun,  assez  consistante.  Elle 
renferme  une  matière  verte  et  une  matière  brune  disséminée  dans  son  épais- 
seur, à  peu  près  en  même  proportion,  le  microscope  y  montre  des  cellules 
isolées  semblables  à  celles  de  la  couche  moyenne  et  un  petit  nombre  de 
corpuscules  ronds,  d'un  très  beau  vert,  environ  quinze  à  vingt  fois  plus  gros 
que  les  cellules. 

La  (in  du  Mémoire  est  consacrée  à  la  partie  thérapeutique.  Nous  ne  pou- 
vons nous  en  occuper  ici. 

linéiques  remarques  sur  la  uoincuclature  g:éuériquc 
des  Algues  5  par  M.  Le  Jolis  {Mémoires  de  la  Société  impér.  des 
scienc.  natur.  de  Cherbourg,  U^  vol.,  1856  ;  tirage  à  part  en  broch.  in -8» 
de  20  pages). 

M.  Le  Jolis  se  propose  de  montrer  dans  cet  écrit  que  MM.  Trevisan  et 
Ruprecht  ont  eu  tort  de  vouloir  substituer  aux  noms  de  genres  générale- 
ment adoptés  aujourd'hui  d'autres  noms  puisés  dans  des  auteurs  ou  très 
anciens  ou  très  peu  connus,  et/iueces  substitutions,  sans  motifs  admis- 

T.  IV.  16 


242  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DK    FRANCE. 

sibles  ,  auraient  pour  résultat  certain  d'introduiro  clans  la  science  une 
confusion  extrêmement  uui:>ible. 

M.  Trevisan  a  fait  ses  essais  de  réforme  dans  la  première  livraison  pu- 
bliée en  18^5  d'un  Nomenclotor  Algarum.  Mais  les  permutations  qu'il  pro- 
posait heurtaient  si  violemment  les  usages  reçus,  dit  M.  Le  Jolis,  qu'elles 
n'ont  guère  rencontré  de  partisans. 

Quanta  M.  Ruprecht,  c'est  pour  appliquer  avec  une  extrême  rigueur  les 
lois  de  la  priorité  qu'il  a  voulu  remplacer  la  plupart  des  noms  génériques 
usités  de  nos  jours  par  d'autres  plus  anciens  et  tirés  soit  d'auteurs  anté- 
rieurs à  Linné,  comme  Donati  (1750),  soit  d'ouvrages  publiés  postérieure- 
ment, mais,  dit  M.  Le  Jolis,  complètement  ignorés.  Ces  ouvrages  postérieurs 
à  Linné  sont  :  1°  la  Flore  du  Calvados  par  de  Roussel  (l''^édit.,  Caen,  an 
IV  ;  2'  édit.,  Caen,  1806)  ;  2"  le  Tentamen  marino-cryptogamicum  deStack- 
house,  écrit  en  1807  et  publié  en  1809  par  la  Société  des  naturalistes  de 
Moscou  dans  le  T  tome  de  ses  Mémoires.  Le  premier  de  ces  deux  ouvrages 
ne  vaut  pas,  pense  l'auteur,  l'bonneur  que  M.  Ruprecht  lui  a  fait,  et  il  n'y 
aurait  aucun  avantage  à  le  retirer  de  l'oubli  dans  lequel  il  sommeillait 
depuis  un  demi-siècle.  Quant  au  second,  quoiqu'il  ait  beaucoup  de  valeur, 
il  est  resté  très  peu  connu,  et  il  n'a  eu  en  réalité  qu'une  publicité  fort  res- 
treinte, l'édition  presque  entière  en  ayant  été  anéantie  lors  de  l'incendie  de 
Moscou.  Ce  défaut  de  publicité,  qui  explique  pourquoi  les  noms  génériques 
de  Stackhouse  ont  passé  inaperçus,  semble  à  M.  Le  Jolis  un  motif  suffisant 
pour  Justifier  l'abandon  définitif  de  ces  noms,  puisque,  en  appliquant  en  leur 
faveur  la  loi  d'antériorité,  on  arriverait  nécessairement  à  bouleverser  presque 
de  fond  en  comble  la  nomenclature  générique  adoptée  aujourd'hui  pour  les 
Algues.  Plusieurs  de  ces  noms  sont  d'ailleurs  mauvais  comme  étant  adjec- 
tifs ou  comme  ayant  été  donnés  par  l'auteur  anglais  à  des  groupes  mal 
limités  et  composés  de  plantes  hitérogèues. 

Au  total,  après  l'examen  détaillé  auquel  il  se  livre,  l'auteur  du  Mémoire 
arrive  aux  conclusions  suivantes  : 

Les  noms  assignés  à  quelques  Algues  par  les  auteurs  qui  ont  écrit  anté- 
rieurement à  l'établissement  de  la  nomenclature  binaire,  ne  peuvent  figurer 
dans  cette  nomenclature  en  remplacement  des  noms  génériques  de  l'École 
liunéenne. 

Aucun  motif  ne  peut  engager  à  réhabiliter  l'un  quelconque  des  noms 
génériques  indiqués  dans  la  Flore  du  Calvados  de  Roussel,  attendu  que  ces 
noms  s'appliquent  a  des  groupes  mal  circonscrits  et  composés  d'espèces 
hétérogènes. 

La  reprise  des  noms  génériques  proposés  par  Stackhouse  dans  le  Tenta- 
men murino-cryptoyai/iicum  présenterait  des  inconvénients  plus  ou  moins 
graves  pour  la  clarté  de  la  nomenclature  ;  et,  de  tous  ces  noms,  on  ne  peut 
admettre  que  les  trois  suivavits  : 


lU'^VliK    Bir.LIOCUAPHIQlIi:.  '^^'^ 

IhDBOLAPATHA    Sluckli.,  1809  =  Woimskioldia    J,  A^.,    Ibf)!   {non 
Spreng.  uec  Aresch.  ). 

BiFUucABu  Stnekh.,  1809^=  Pycnophycus  Kuetz.,  IH^i.'î. 
AscopHYLLA  Staokii.,  1809  =  ()/.olhalli<i  Dciie  et  Tluir.,  18/i3. 

BOTANIQUE  GKOCÎKAPHIOlIi:  ET   (lÉOLOGIQUE. 

Ktuclos  sur  la  s-<^os°raplii«'  lli«»t»itif|iic  fie  l'IOnropc,  vi  en 
partifiilier  hwv  la  véj;éta4ioai  flu  plateau  central  de  la 
France:  par  M.  Henri  Lecoq.  Vol.  V,  1856;  VI,  1857.  —  Gr.  111-8» 
de  680  et  de  603  pages  (1). 

A  la  fin  du  dernier  m'Vic\e  ve\dV\(  anx  Études  sur  la  géographie  botanique, 
nous  disions  que  M.  Lecoq  avait  commencé,  vers  la  fin  du  quatrième 
volume,  un  tableau  de  la  distiibutiou  géographique  des  différents  groupes 
déplantes  de  la  Flore  européenne.  C'est  à  la  continuation  de  ce  tableau  que 
sont  consacrés  les  volumes  V  et  VI  publiés,  le  premier  en  1856,  le  second 
depuis  le  commencement  de  1857.  Voici  la  liste  des  familles  qui  y  ont  trouvé 
place.  Dans  le  cinquième  volume  :  Papavéracées,  Fumariacées,  Crucifères, 
Cistinées,  Violariées,  Résédacées,  Droséracées,  Polygalées,  Silénacées, 
Alsinacées,  Elatinées,  Linées,  Malvacées,  Tiliacées,  ilypéricinees,  Acéra- 
cées,  Géraniaeées,  Balsaminées,  Oxalidées,  Zygophyllees,  Rutacées,  Coria- 
riées,  Célastrinées,  Rhamnées,  Térébinthacées,  Légumineuses. 

Dans  le  sixième  volume  :  Rosacées,  Onagrariees,  Haloragées,  Callitri- 
chinées,  Cératophyllées,  Lythrariées,  Cucurbitacées ,  Portulacées,  Paro- 
iiychiées,  Crassulacées,  Grossulariées,  Saxifragées,  Ombellifères,  Aralia- 
cées,  Cornées,  Loranthacées ,  Caprifoliacées,  Rubiacées,  Valérianées, 
Dipsacées. 

Kn  voyant  le  nornbre  des  familles  traitées  par  M.  Lecoq  dans  les  deux 
derniers  volumes  de  ses  Etudes,  et  en  le  rapprochant  de  celui  des  groupes 
naturels  qu'il  devra  faire  entrer  dans  son  cadre,  il  est  facile  de  voir  que 
son  ouvrage  aura  nécessairement  encore  plusieurs  volumes  et  qu'il  de- 
viendra ainsi  la  plus  vaste  publication  a  laquelle  ait  douné  lieu  l'étude 
de  la  Géographie  botanique. 

Flora  tcrtiaria  llelvetite;  par  M.  Oswahl  Heer.   5'  et  6*=   livr.5 
in-folio.  Winterthur,  1856  ;  chez  J.  Wurster  et  Comp. 

Le  Bulletin  delà  Société  botanique  de  France  renferme  déjà  deux  ar- 
ticles qui  présentent  le  relevé  des  nmtériaux  composant  les  h  premières  li- 

(1)  Voyez  Bullelinde  la  Société  botanique  de  France,  f,  p.  98-100  ;  II,  711-713  ; 
m,  p.  7o-76. 


24â  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

vraisons  de  cet  important  oiivraîie  (1).  Nous  allons  indiquer  de  même  les 
sujets  traités  dans  la  5^  et  la  6^  livraison. 

A  la  fin  de  In  h'  livraison  ÎM.  0,  Hcer  avait  commencé  l'histoire  des  Ul- 
macées.  Il  la  termine  au  commencement  de  la  5%  et  il  passe  ensuite  à  celle 
des  Morées  représentées  par  le  seul  penre  Ficus.  Sur  H  espèces  de  Figuiers 
fossiles  décrites  par  lui,  10  sont  entièrement  nouvelles  et  2  avaient  été  dé- 
crites par  d'autres  auteurs  sous  une  dénomination  différente.  Les  feuilles  de 
ces  végétaux  présentent  beaucoup  de  diversité  et  leur  nervation  se  range 
dans  les  deux  types  penninerves  et  palminerves  qui  fournissent  à  l'auteur 
le  principe  de  la  division  des  espèces  en  deux  groupes.  Aujourd'hui  que  les 
travaux  des  botanistes  de  nos  jours  et  surtout  ceux  de  M.  Miquel  ont  amené 
la  division  du  grand  genre  Ficus  L.  en  plusieurs,  il  y  avait  de  l'intérêt  à 
déterminer  auquel  de  ces  nouveaux  genres  devaient  se  rapporter  les  espèces 
fossiles.  Or,  d'après  leur  analogie  avec  les  Figuiers  vivants,  la  plupart 
d'entre  elles  (8  esp.  )  paraissent  se  rapporter  aux  Urostigma  Miq.  ;  3  se  rat- 
tachent aux  Sycomorus,  2  aux  Ficus  proprement  dits  et  une  seule  au  genre 
Coveliia.  —  Un  Artocarpus,  A.  œningensis  0.  H.  très  rare  à  CEningen,  et 
un  Artocarpidium  déjà  décrit  par  M.  Unger  représentent  la  famille  des 
Artocarpées, — Celle  des  Platanées  ne  compte  qu'un  représentant  fossile, 
le  Platanus  aceroides  0.  H.  dont  l'auteur  possède  l'écorce,  des  feuilles  de 
formes  variées,  les  stipules,  les  fleurs,  les  fruits  et  l'axe  des  fiuctilications, 
de  telle  sorte  que  la  comparaison  avec  les  espèces  vivantes  en  deviendrait 
facile,  si  la  circonscription  de  celles-ci  était  arrêtée  dans  les  écrits  des  bota- 
nistes modernes.  —  La  famille  des  Chénopodées  figure  dans  l'ouvrage  de 
M.  0.  Heeravec  3  espèces  nouvelles  de  Salsola  trouvées  toutes  également 
à  Œningen.  — Celle  des  Nyctaginées  y  compte  un  Pisonia  [P.  lancifolia 
0.  H.)  de  la  même  localité.  —  Les  Laurinées  y  occupent  une  large  place 
avec  leurs  28  espèces  rapportées  à  six  genres,  savoir:  7  Laurus  L.,  Nées, 
dont  1  nouveau  ;  2  Persea,  nouveaux  l'un  et  l'autre;  2  Bcnzoin  également 
nouveaux;  1  Sassafras  nouveau;  9  Cinnamomuni  dont  7  sont  rapportés  ici 
pour  la  première  fois  à  ce  genre,  tandis  que  les  deux  autres  sont  décrits  et 
nommés  ici  pour  la  première  fois  ;  enfin  2  Dap/inogene  dép  décrits  et  ligures 
par  M.  Unger.  —  Les  Daphnoïdées  sont  représentées  par  2  Pimelea,  dont 
un  nouveau,  et  les  Eléagnées  le  sont  par  VElœagnus  acuminatus  Weber. 
—  La  5"  livraison  est  terminée  par  l'histoire  des  Protéacées  et  par  celle  des 
Aristolochiées.  La  première  de  ces  familles  est  très  nombreuse  dans  les 
terrains  tertiaires  de  la  Suisse.  Elle  y  compte  8  genres  et  20  espèces,  savoir: 
1  Protea  décrit  pour  la  première  fois;  2  Persoonia  également  nouveaux  ; 
1  Grevillea  et  2  Hakeu  tous  nouveaux  ;  1  Dryandi^a  décrit  et  figuré  anté- 
rieurement par  M.  Brongniart  et  par  M.   Unger  comme  un  Comptonia; 

(1)  Voyez  Bulletin  de  la  Société  botanique  de  France,  II,  pp.  275-277,  63Zi-637. 


lu:  vil';  itiiiLKKiuvi'iiioi  i:.  2/15 

1  Embothnim  lapporle  pour  la  pieinièfc  fois  à  ce  geme;  ft  Jiauksia  dont 
5  nouveaux  ;  enlin  G  Dricou/ruidcs  dont  1  seulement  avait  (lt\jà  reçu  ce 
nom.  —  Quant  aux  Aristolochices,  l'auteur  décrit  2  Arislotocida  nou- 
veaux. 

Le  2'  volume  tinit  avec  cette  livraison,  à  la  lin  de  laquelle  se  trouve  l'ex- 
plicalii)n  des  figures  du  volume  enlier,  et  qu'accompagnent  les  plan- 
ches 81-100. 

La  sixième  livraison  commence  la  série  des  Gamopétales  par  les  Com- 
posées que  représentent  2  genres  établis  par  INL  Osw.  Ileer,  Le  premier, 
nommé  par  lui  Cypselites  à  cause  du  nom  de  Cypsèle  donné  au  fruit  des 
Synantherées  par  Mirbel  et  par  W.  Lindley,  est  caractérisé  de  la  manière 
suivante  :  Achsenium  monospermum,  striatum  vel  costatum,  basi  attenua- 
tum,  pappo  piloso  vel  plumoso  coroualum.  Il  ne  compte  pas  moins  de 
19  espèces,  dont  deux  seulement  avaient  été  signalées  sous  le  nom  d!Achœ- 
nites  par  M.  A.  Braun.  Le  second,  nommé  Bidentites,  a  pour  caractères  : 
Achaînium  monospermum,  apice  bidentatum.  Il  est  représenté  par  1  espèce. 
—  Les  Éricacées  sont  représentées  par  les  genres  Erica  (3  espèces),  Andro- 
nieda  [U  espèces),  Cletlira  (1  espèce),  Monotropa  [i  espèce).  Chacun  de  ces 
genres  compte  1  espèce  nouvelle.  —  [.es  Vacciniées  sont  réduites  au  genre 
Vacciniuin  avec  7  espèces,  dont  2  sont  nouvelles.  Nous  trouvons  ensuite 
les  Ébénacées  avec  2  Diospyros  et  1  Macreightia  nouveau  ;  les  Styracées, 
avec  1  Styrax  nouveau;  les  Sapotacées  représentées  par  1  Sapotacites  et 
1  Bumelia;  les  Myrsinées  avec  6  espèces  de  Myrsine.  — La  famille  des 
Scrofularinées  ne  compte  qu'un  seul  Scrofularina,  qui  est  nouveau.  —  Les 
Borraginées  sont  réduites  aussi  à  un  genre,  Borraginites,  comprenant  2  es- 
pèces nouvelles.  —  Les  Convolvulacées  ont  encore  un  seul  genre  pour  re- 
présentant, le  génie  Porcma  Burm. ;  mais  il  compte  5  espèces  à  chacune 
desquelles  l'auteur  attache  son  nom.  —  Les  Gentianées,  réduites  à  un 
Menyanthes  nouveau  ,  les  Asclépiadées  à  2  Accrûtes  nouveaux,  les  Apocy- 
nées  à  1  Apocijnophyllum  nouveau  et  a  1  Ec/dtonium,  enfin  les  Oléacées 
avec  5  Fraxinus  nouveaux,  constituent  la  série  des  Tubiflorœ.  —  1  Lonicera 
et  1  Viburnum  nouveaux  représentent  les  Rubiacées. 

La  série  des  Polypétales  commence  par  les  Ombellifères  avec  3  Peucéda- 
nites  nouveaux  et  2  Diachœnites,  par  les  Araliacées,  que  représente  un 
Hedera,  et  par  les  Cornées  qui  comptent  6  Cornus.  —  Les  Saxifragées  qui 
viennent  ensuite  n'ont  pour  représentant  qu'un  Weinrnannia  ;  les  Renon- 
culacées  comptent  1  Ranunculus  et  3  Cleinatis;  les  Magnol lacées  sont  ré- 
duites au  Liriodendron  helveticum. —  Les  Nymphéacées  ont  pour  représen- 
tant un  Nymphœa  et  les  Nélumbonées  un  Nelumbiwn.  —  Quant  aux  Cruci- 
fères, les  seuls  échantillons  que  l'auteur  en  possède,  sont  deux  silicules  sur 
lesquelles  il  établit  son  Lepidium  antiquum  et  son  Clypeola  debilis.  —  Un 
Samyda   représente  les  Saraydées.  —  Les   Corabrétacées    figurent  avec 


2/i(3  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DK    FHVNCE, 

'J  Terminalia  et  1  Combretum.  —  Les  Myrtacces  comptent  1  Mijrtm, 
2  Fugenia,  1  Metrosideros  et  1  Eucalyptus;  tandis  que  les  Mélastomacées 
sont  réduites  au  Melastornites  quinquenervis  O.  H  .  —  Pour  les  Steiculia- 
cées,  on  trouve  2  Sterculin,  et  pour  les  Buttnériacées  1  Dornbeyopsis  et 
2  Pterospermùes,  geni-e  nouveau  que  caractérisent  :  Semîna  compressa, 
aiata,  nucleo  curvato  ;  ala  membranacea,  enervia.  ■ — Dans  les  Tiliacées, 
M.  0.  Heer  établit  sous  le  nom  d'Apeibopsis,  un  genre  auquel  il  assigne  les 
caractères  suivants  :  Fructus  capsularis,  5-16  valvis,  polVspCrmus,  semi- 
nibus  rotundatis,  pâ^'ulis,  in  quovis  loculo  biseriatis  :  folia  palminervia» 
nervo  medio  fortiore,  lateralibus  camptodromis.  [Cummites  Bowerb.).  Il 
en  décrit  3  espèces.  3  Grewio,  dont  2  nouveaux,  complètent  la  famille.  — 
Enfin,  la  sixième  livraison  se  termine  par  l'Histoire  des  Acéracées  fossiles 
de  la  Suisse,  exposée  avec  des  développements  importants.  17  Acei'  et 
1  Negundo  s'y  trouvent  décrits. 

Les  figures  comprises  dans  les  20  planches  qui  accompagnent  cette  li- 
vraison correspondent  non-seulement  aux  familles  traitées  dans  le  texte, 
mais  encore  auxSapindacées  dont  l'histoire  se  trouvera  seulemeut  dans  la 
livraison  suivante.  Les  articles  précédents  sur  l'ouvrage  de  M.  0.  Heer  ont 
fait  ressortir  l'exécution  remarquable  des  planches  publiées  dans  les  pre- 
mières livraisons;  nous  ne  pourrions  que  répéter  ici,  pour  les  dernières 
livraisons,  ce  qui  a  été  dit  pour  les  premières. 

BOTANIQUE  APPLIQUÉE. 

||aii«ll»9B<'li  i\vv  liotaniseïien  PltaruiaettguoAiie  fucr 
At-rate,  Apotlickcr  «ind  Botaiiîker  [Manuel  de  pharmoco- 
gnosie  botanique  pour  les  médecins,  les  pharmaciens  et  les  botanistes)  ; 
par  M.  M.  J.  Scbleiden.  1  vol.  in-8°  de  xviii  et  ù98  pag.,  avec  83  fig. 
sur  bois  intercalées  dans  le  texte.  Leipzig  ,  1857  ;  chez  \N\  EngeJmann. 

Dans  une  préface  de  quatre  pages  placée  en  tète  de  son  nouveau  livre, 
RL  Scheiden  nous  apprend  que  ses  études  approfondies  des  drogues  tirées 
du  règne  végétal  remontent  à  dix  ans.  époque  a  laquelle,  le  professeur  Koch 
ayant  quitté  léna,  il  fut  appelé  à  taire  le  cours  de  pbarmaeognosie  à  l'in- 
stitut pharmaceutique  de  cette  vile.  Obligé  de  chercher  U^  éléments  de  son 
enseignement  dans  les  ouvrages  déjà  publiés  sur  cette  matière,  il  ne  tarda  pas 
à  reconnaître  (|ue,  excellents  quant  au  fond,  ils  laissaient  tous  plus  ou  moins 
a  désirer  relativemenl  à  la  forme  ;  aussi  forma-t-il  dès  lors  le  plan  du  traité 
qu'il  vient  maintenant  de  faire  paraître.  Voici  quelle  est  la  division  de  cet 
ouvrage. 

Dans  une  introduction  peu  étendue  (pp.  1-6),  M.  Scbleiden  indique  lira- 
portanceet  l'ancienneté  de  la  pbarmaeognosie,  qui  a  été  la  mère  de  labota- 


RI':VlJli    HIBLIOGIîAPHIUUE.  247 

nique,  puisque  c'est  uniquement  la  recherche  des  espèces  médicinales  et 
alimentaires  qui  a  conduit  à  s'occuper  des  plantes  en  elles-mêmes.  Il  la  dé- 
finit <(  la  science  qui  nous  apprend  à  connaître  en  elles-mêmes  les  sub- 
stances médicinales  brutes,  à  apprécier  leur  qualité,  à  distinf,'uer  entre  elles 
celles  qui  se  ressemblent  et  les  vraies  des  fausses.  «  Le  sujet  de  la  pharma- 
cognosie  consiste  dans  les  matières  brutes  ou  les  drogues.  Originairement 
on  employait  presque  toutes  les  plantes  ou  leurs  parties  à  l'état  frais,  tandis 
que  des  circonstances  diverses  ont  conduit  peu  à  peu  à  ne  faire  presque 
usage  que  de  matières  sèches.  Cependant,  comme  l'auteur  le  prouve  par 
des  exemples,  les  propriétés  de  certaines  plantes  se  modifient  beaucoup  par 
la  dessiccation.  —  Il  montre  aussi  que  les  descriptions  pharmaceutiques  des 
parties  de  plantes  usitées  doivent  être  beaucoup  plus  détaillées  que  ne  le 
sont  d'ordinaire  celles  que  rédigent  les  botanistes.  Il  dit,  en  outre,  que,  dans 
un  ouvrage  sur  la  pharraacognosie,  les  drogues  doivent  être  classées  et  ca- 
ractérisées de  telle  sorte,  quen  s'aidant  de  ce  système  on  puisse  déterminer 
sûrement  toute  drogue  non  étiquetée.  C'est  un  pareil  système  qu'il  s'est 
efforcé  d'établir  dans  son  livre. 

Le  Traité  de  pharniacognosie  botanique  de  M.  Schleiden  se  divise  en 
deux  parties  extrêmement  inégales  pour  l'étendue.  La  première  (pp.  7-22) 
est  intitulée  Partie  générale,  et,  comme  l'indique  ce  titre,  elle  ne  comprend 
que  des  généralités  sur  les  drogues,  sur  ce  que  devrait  comprendre  leur 
histoiie  (nom  et  synonymes  ;  origine  •  figures  ;  histoire  et  commerce;  ca- 
ractéristique exacte,  soit  eu  général,  soit  d'après  les  diverses  sortes  com- 
merciales; falsifications  et  moyens  de  les  reconnaître),  sur  les  systèmes 
qu'on  peut  adopter  dans  les  ouvrages  sur  ces  matières,  etc.  M.  Schleiden 
expose  ici  le  système  qu'il  a  suivi  lui-même  pour  la  classification  des  dro- 
gues. La  seconde  partie  (pp.  23-471),  intitulée  Partie  spéciale,  renferme 
l'histoire  particulière  des  drogues  tirées  du  règne  végétal.  Voici  comment 
elles  sont  distribuées. 

Leur  ensemble  est  rapporté  à  deux  grandes  divisions  primaires  :  I.  Plantes 
entières  ou  parties  de  plantes  laissant  reconnaître  en  elles  la  structui'e  vé- 
gétale •  II.  Matières  sécrétées  et  dans  lesquelles  on  ne  voit  pas  de  structure 
organique  celluleuse.  La  première  de  ces  divisions  comprend  deux  sous- 
divisions  :  A.  Plantes  complètes  ou  drogues  conservant  au  moins  les  or- 
ganes qui  sont  nécessaires  pour  une  détermination  systématique  de  l'espèce. 
Celle-ci  ne  comprend  qu'une  classe  et  un  ordre,  \q8  herbes  dicotylédones. 
B.  Portions  de  plantes  dont  les  caractères  sont  insuflisants  pour  une  com- 
plète détermination  scientifique  des  espèces.  Cette  sous-division  est  la  plus 
étendue  de  toutes  et  comprend  12  classes  déterminées  d'après  les  organes 
qui  constituent  les  drogues.  Ce  sont  :  1°  les  drogues  cryptogarniques  ;  2"  les 
racines,  divisées  en  ligneuses  et  charnues  ;  3°  les  tiges,  soit  de  Monocotylé- 
dons, soit  de  Dicotylédons^  U"  \esbois,  avec  ou  sans  couches  annuelles  ap- 


2A8  SOCIÉTÉ    BOTAMQLE    DE    FRANCE. 

préc'iables  ;  5°  les  écorces,  rapportées  à  h  ordres  selon  qu'elles  sont  aroma- 
tiques,  amères  et  astringentes,   acres,   enlin   qu'elles   appartiennent  aux 
Quinquinas;  6°  les  feuillf-s,  soit  coriaces,  soit  herbacées-,  1°  les  bourgeons 
divisés  en  raniipares  et  plantipares  (bulbes,  tubercules  et  faux  tubercules)  ; 
8°  les  fleurs  et  leurs  parties,  formant  5  ordres  pour  les  boutons,  les  fleurs 
simples  parfaites,  les  fleurs  composées  parfaites,  les  corolles,  les  stigmates  ; 
9°  les  fruits,  qui  caractérisent  6  ordres  selon  que  ce  sont  de  faux  fruits, 
desaohaines,  des  baies,  des  drupes,  des  scbizocarpes  (c'est-à-dire  des  fruits 
se  divisant  à  leur  maturité  en  parties  qui  renfermet)t  les  graines  et  qui  se 
laissent  uniquement  percer  par  celles-ci  à  la  germination,  comme  ce  que 
Linné  nommait  graines  nues,  coinme  les  fruits  des  Ombellifères),  ou  des 
capsules  ;  10"  les  graines  formant  un  ordre  pour  les  Monocotylés,  un  se- 
cond pour  les  Dicotylés  ;  11°  les  parties  du  fruit  et  de  la  graine^  comme 
les  péricarpes,  les  sarcocarpes,   les  noyaux,  les  testas,   les  albumens,  les 
arilles,  les  cotylédons,  constituant  tout  autant  d'ordres  ;  12°  enfin  les  dro- 
gues qui  présentent  une  structure  celluleuse,   mais  dans  lesquelles  on  ne 
peut  reconnaître  à  quelle  partie  de  plante  elles  appartiennent  ni  dans  quelle 
des  classes  précédentes  elles  rentrent  :  telles  sont  les  poussières,  les  débris 
de  toute  sorte,  etc. 

Quant  à  la  seconde  grande  division  comprenant  les  matières  sécrétées, 
M.  Scbleiden  la  divise  en  trois  classes  :  1°  matières  qui  se  présentent  en 
grains  de  forme  déterminée-,  2°  matières  qu'on  reconnaît  au  microscope 
comme  étant  des  mélanges  de  substances  amorphes  et  de  substances  à 
formes  précises;  3°  matières  qui  paraissent  homogènes  sous  le  microscope. 
Celles-ci  forment  9  ordres  :  graisses  végétales  ;  huiles  essentielles  ;  baumes; 
résines;  gommes-résines;  sucs  laiteux;  gommes;  matières  saccharines; 
matières  colorantes  bleues. 

Une  ta!)le  détaillée  par  ordre  de  matières  se  trouve  au  commencement  de 
l'ouvrage;  on  en  trouve  a  la  lia  une  autre  plus  détaillée  encore,  par  ordre 
alphabétique,  ainsi  qu'une  liste  explicative  des  abréviations  employées  pour 
les  noms  d'auteurs. 

Anipélograpliic  fi*au<;aîsc,  comprenant  la  statistique,  la  descrip- 
tion des  meilleurs  cépages,  l'analyse  chimique  du  sol,  et  les  procédés  de 
culture  et  de  vinification  des  principaux  vignobles  de  la  France,  par 
M.  Victor  Rendu,  2"  édit.  1  vol.  in-8'^de  xvi  et  576  pages.  Paris,  1857, 
chez  Victor  Masson. 

Cet  ouvrage,  relatif  à  l'une  des  principales  sources  de  richesse  de  la 
France,  est  le  résultat  de  cinq  années  d'explorations  attentives  pour  les- 
quelles la  position  officielle  de  l'auteur,  inspecteur  général  de  l'agriculture, 
a  certainement  levé  bien  des  difficultés  inhérentes  à  de  pareilles  recherches. 


REVUF   RinLlOGUAl'IlIQLl!;.  2/i9 

Nous  possédions  déjà  divers  écrits  spéciaux  sur  certains  des  vipnobles  delà 
France,  et  (|uel((ues  ouvrap;es  «généraux  qui  avaient  einbiassé  plus  ou  moins 
complètement  l'ensemble  de  nos  vignes,  comme  ceux  de  Jullicn,  du  comte 
Odart,  etc.  Mais  il  nous  manquait  encore  une  bistoire  complète  de  la  cul- 
ture de  la  vigne  en  France,  et  de  ses  produits.  C'est  cette  lacune  que  M .  Vic- 
tor Rendu  s'est  attaché  à  remplir. 

Son  livre  commence  par  une  courte  préface,  suivie  d'une  sorte  d'intro- 
duction sous  le  titre  de  Considérations  générales  sur  la  Vigne.  L'auteur  y 
examine  les  conditions  qui  influent  sur  la  culture  de  ce  végétal  et  sur  la 
qualité  de  ses  produits,  la  marche  naturelle  de  sa  végétation,  sa  longé- 
vité, etc.  Dans  le  corps  de  son  ouvrage  il  trace  d'abord  une  division  viticole 
de  la  France  en  six  régions  :  du  sud,  du  sud-est,  de  l'est,  du  centre,  de 
l'ouest  et  du  sud -ouest,  en  indiquant  les  départements  ou  leurs  divisions 
qui  forment  ces  régions.  Il  ajoute  un  relevé  duquel  il  résulte  que,  surnos 
86  départements,  onze  ne  cultivent  pas  la  vigne;  vingt-cinq  ne  produisent 
que  des  vins  communs;  enfin  les  cinquante  autres  possèdent  des  crus  plus 
ou  moins  renommés  et  fournissent  des  vins  estimés,  tant  pour  la  consom- 
mation intérieure  que  pour  l'exportation.  C'est  à  cette  division  par  régions 
que  se  trouve  rattachée  l'étude  spéciale  des  vins  et  des  vignobles  qui  les 
produisent.  Chaque  région  elle-même  est  divisée  d'après  les  catégories  de 
vins  qu'on  y  récolte,  et  ces  catégories  fournissent  la  division  même  de  l'ou- 
vrage en  chapitres  et  paragraphes.  Pour  chaque  sorte  de  vins  l'auteur  exa- 
mine successivement  les  principaux  vignobles.  Pour  chaque  vignoble  il  in- 
dique l'étendue,  la  nature  du  sol,  les  cépages  qu'on  y  cultive,  l'indication 
de  ceux-ci  étant  suivie  d'une  description  et  de  la  synonymie  locale;  il  ex- 
pose ensuite  la  marche  adoptée  pour  la  culture  des  vignes,  pour  la  fabri- 
cation des  vins  dont  il  apprécie  la  qualité;  enfin,  il  ajoute  les  différents 
renseignements  qui  peuvent  compléter  cette  histoire. 

A  la  suite  de  cette  portion  la  plus  considérable  de  l'ouvrage  se  trouvent  : 
un  chapitre  sur  la  culture  du  chasselas  à  Thomery  ;  un  relevé  des  cépages 
dont  il  a  été  question  dans  le  livre;  une  nomenclature  des  vignobles  secon- 
daires qui  produisent  de  bons  vins  d'ordinaire;  enfin  une  classification  gé- 
nérale des  vins  de  France.  On  trouve,  enfin,  une  table  alphabétique  de  tous 
les  vins  qui  ont  été  mentionnés  et  une  table  des  matières. 

UAmpélographie  française  est  accompagnée  d'une  petite  carte  géogra- 
phique sur  laquelle  des  teintes  particulières  distinguent  les  différentes  ré- 
gions ou  l'absence  des  vignes,  et  sur  laquelle  aussi  le  papier  non  teinté  in- 
dique les  départements  qui  ne  produisent  que  des  vins  communs. 


250  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE   FRANCE. 


MELANGES. 


Flore  |>ôéttc|uv  aiioîesaue,  an  S'Iliicles  suv  les  plantes  les 
plus  fliiïleiles  à  reeuiiiiaitrc  (les  poètes  aaiciens,  gérées 
et  latins;  par  IM.  J  E.  Du  IMoliii.  1  vol.  in-8"  de  vu  et  320  pages. 
Paris,  1856;  chez  J.  B.  Baillièi-t. 

L'es  noms  des  plantes  qui  ont  fonvni  à\ix  poêlés  anciens  des  images  ou 
d«!S  comparaisons  sont  général emçn't  acconipagivéis  de  si  peu  dé  'détails  tel 
%i  peW  significatifs  paV  èux-mém'es  qu'on  Vré  doit  nullement  s'étonner  de  la 
^difficulté  qu'on  éprouve  pour  les  rapporter  à  des  espèces  botaniques  nette- 
ment déterminées.  Des  commentateurs  ériklits,  des  botanistes  ingénieux 
ont  "exercé  à  l'envi  leur  sagacité  ^ur  ces  délicates  déterminations,  et  ce- 
pendant il  reste  encore  bien  des  doutes  à  lever,  même  bien  des  lacunes  à 
remplir.  M.  Du  Molin  vient  d'appliquer  à  son  tour  à  ce  difficile  sujet  ses 
•connaissances  botaniques  et  sa  Vaste  érudition  littéraire.  Son  livre,  dedîé 
à  la  Soei'eté  boianiquede  Franc'e ,  porte  sur  un  grand  nombre  de  plantes 
dont  les  noms  employés  par  les  poètes  g^-ecs  et  latins  avaient  déjà,  presque 
tous^  fourni  la  matière  de  savantes  dissertations  et  pour  la  plupart  des- 
■qwellés  cependant  aucun  rappi-Ochemenl  satisfaisant  n'avait  encore  été  pi'o- 
pos^.  Grâce  à  l'étude  attesitive  de  nombreux  passages  des  autelirs  anciens, 
il  a  pu  former  une  sorte  de  caractéristique  vraisemblable,  satisfaisante  pour 
les  plus  obscures  de  ces  espèces,  et  il  est  arrivé  de  la  sorte  à  leur  appliquer 
fies  noms  botaniques  en  barmonie  avec  Cfes  caractères.  La  méthode  qu'il 
«  Suivie  est  de  tous  points  rationnelle,  iogique  ;  peut-être  même  était-ce 
la  «'eule  qui  pût  donner  des  résultats  precis  dans  une  matièi-e  si  vague  'efsî 
peu  dépourvue  de  données  vraiment  positives. 

Dans  Un  avant-propos  M.  Du  Molin  expose  dans  quel  esprit  botanique  et 
littéraire  il  a  conçu  son  ouvrage  ;  il  donne  ensuite,  sous  forme  d'inïroduc- 
■tion,  une  préface  qu'il  destinait  d'abord  à  une  flore  poétique  générale  et 
complète  et  daiîs  laquelle  il  développe  le  plan  de  son  travail  ainsi  que  la 
méthode  qu'il  a  suivie.  Ainsi  il  a  consulté  et  examiné  très  attentivement  : 
1"  les  synonymies  on  les  différents  noms  vulgaires  et  autres-,  2°  les  étymo- 
logies;  3°  les  épithètes  données  aux  plantes  par  les  poètes;  4"  les  <^rcon- 
stances  de  personnes,  de  temps  et  de  lieu  ;  5°  l'analogie  ou  la  ressemblance  de 
forme  et  de  couleur  ;  6°  la  station  ou  l'habitat  ;  1°  les  vraisemblances  et  les 
convenances;  H°  l'induction;  9"  le  sens  intime.  —  Le  corps  de  l'ouvrage 
lui-même  ne  pourrait  être  analysé  que  longuement  ;  dès  lors  nous  devrons 
nous  contenter  forcément  de  rapporter  les  déterminations  qu'il  a  pour  objet 
d'établir. 

1  et  2.  Les  plantes  dont  M.  Du  Molin  s'est  d'abord  et  principalement 


UEVUE  »iblkk;iiai'iiiouk.  251 

préoccupé  sont  celles  que   mentionne  ce  vers  très  connu  de  Virgile  : 
Alba  Ligustra  cadunt,  Vaccinia  nigra  lej;unlur. 

Il  établit  qu'en  appii(|uant,  comme  on  le  fait  d'ordinaire,  à  ces  deux 
plantes  la  synonymie  française  de  Troène  et  Vaciet,  c'fest^-dirc  du  Ligus- 
trmn  vulgare  et  du  Vaccimum  Myrtillus,  on  se  met  daus  l'impossibilité 
absolue  d'expliquer  une  foule  de  passages  desauteuvs  anciens,  et  que  le  Li- 
gustrumde  Virgile  est  le  Convolvulus  sepium  L.,  tandis  que  son  Vaccinium 
ou  mieux  Vacinium  n'est  que  Viris  germonica.  —  3.  Le  Ligustrum  nigrum 
dont  il  est  question  dans  un  vers  de  Columelle  (lib.  X,  v.  300)  lui  parait 
être,  avec  doute,  iJ  est  viai,  le  Liseron  violet  ou  Convolvulus  Nil  Lin.  — 
h.  L'Hyacintbe  des  anciens  est  encore,  aux  yeux  de  l'auteur,  l'/n's  germa- 
nica  L.  ou  Iris  llambe.  Une  longue  et  très  savante  dissertation  a  pour  objet 
d'établir  cette  synonymie.  —  5.  L'AîytTrufoç  (Aïghipuros)  de  Théocrite  est 
VOnonis  antiqiiorum  L.,  synonyme  ou  simple  variété  del'O.  spinosa  L.  ^^ 
6.  Le  KvûCa  0"  KôvuCa  (Conyza)  du  même  poète  est  Vinula  viscosa  Desf., 
et  —  7.  Son  MikL-ctia  (Meliteia)  est  le  Melissa  officinalis  L.  —  8.  Quant  à 
l'EAotta  (Elaia)  des  Grecs,  c'est  évidemment  l'Olivier.  —  9,  L'ÀrpaxtuÀtç 
(Atractulis)  de  ïhéoerite  est  le  Carthamus  lonotus  L.  —  10,  Le  Papoç 
(Rbamnos)  des  poètes  grecs  est  regardé  par  l'auteur  comme  l'Aubépine,  ou 
Cratœgus  oxyncantha  L.  — 11.  L'À<77raÀa9G;(Aspalatbos) est  pour  lui  VUlex 
em^opœus  L.  —  12.  L'AVytXo?  (Aighilos)  est  peut-être  le  Lonicera  Caipri- 
folium  L.  —  13.  L'Aj^ep^oç  (Akherdos)  revient  au  Prunus  spinosa  L.  — ■ 
Ik.  Le  Bâx;^aptç  (Baccbaris)  est  le  Salvia  Sclarea  L.  —  15.  L'ÉXi^j^puooç 
(Helikbrusos)  est  le  Gnaphalium  Stœchas  \..  —  16.  L'ÈX£joj(;pu(7oç  (Heleio- 
kbrusos)  est  le  Caltho.  palustris  L.  —  17-.  Le  Kitctoç  ou  Kjttoç  (Kîssos  ou 
Kittos)  est  le  Liene,  Hedera  Hélix  L.  —  18.  Le  Kpt'vov  (Krinon)  de  Tbéo- 
crite  est  le  Galanthus  nivalis  L.  —  19.  Le  MœXu  (Môlu)  d'Homère  est  VAl- 
liuni  magicum  L.  var.  —  20.  Le  nôXtov  (Polion)  revient  au  Santolina  Cha- 
mœcyparissus  L.  —  21.  Le  Sj^rvoç  (Skbînos)  est  le  Pistacia  Lentiscus  L.  — 
22.  Le  Cerinthade  Virgile  est  synonyme  du  Galium  verum  L.  —  23.  Le 
Viburnum  des  auteurs  latins  est  regardé  par  l'auteur  comme  étant  le  Cle- 
matis  vitolba  L.  —  Enfin,  sous  le  titre  général  d'ApEEÇu,  M.  Du  Moiin  ex- 
pose les  synonymies  suivantes  et  en  développe  les  motifs.  —  2/i.  Àxavôoç 
(Akbantbos)  =  Mimosa  Nilotica  L.  (?)  —  25.  Alga  =  Fucus  L.  — 
26.  Carduus  =  Serratula  arvensis  L.  —  27.  ('asia  =.  Lavandula  Spira 
L.  (?)  —  28.  Hibiscus  =  Maioa  stjlvestris  L.  —  29.  lov  =  Viola  L.  -^ 
30.  XeÀîfJôvfov  (Khelidonion)  =  Chclidonium  majus  L.  —  31.  Lappa  = 
Caucaiis  grandiflora  L.  — 32.  M-oçilin  (Murikbê)  =  Erica  vnlgaris  L.  — - 
33.  Narcissus  sera  comans  =  Amaryllis  luteaL. — 3^.  Oleaster  Tr=  Qlea 
europœa  L.  var.  —  35.  Ruscus  ^=llex  Aquifoliuia  L.  —  36.  Saliunca  == 
Valeriana  celtica  L.  (?)  —  37.  Sardoa  (Herba)  =  Ranunculus  sceleratush. 


252  SOCIÉTÉ    BOTANIQUl;;    DE   FRANCE. 

—  38.  ScXfvov  (Seliiion)  =  Apium  f/raveolens  L.  —  39.  0a\|>o;  (ïhapsos)  = 
Verbascum  Thapsns  î..  — ^0.  Tribidus  ^==  Centaurea  Calcitrapa  L.  (?)  — 
k\.  &ç>irj  (Thrion)  =  Ficus  Carica  L.  —  hl.  Ulva  =  Carex,  Iris,  Typha, 
Sparganium,  etc. 

L'ouvrage  de  M.  Du  Molin  est  terminé  par  une  table  des  noms  grecs  et 
une  des  noms  latins  des  plantes  expliquées,  avec  la  concordance  linnéenne, 
par  une  table  des  noms  français,  enfin  par  une  table  des  poètes  cités. 

NÉCROLOGIE. 

II  y  a  deux  mois  à  peine,  le  Bulletin  de  la  Société  botanique  de  France 
rendait  compte  (IV,  p.  75)  d'un  ouvrage  intéressant  de  M.  Graves,  le  Cata- 
logue des  plantes  observées  dans  le  département  de  l'Oise;  il  remplit  au- 
jourd'hui le  triste  devoir  d'annoncer  à  ses  lecteurs  la  mort  de  cet  homme 
distingué  à  plusieurs  titres,  enlevé  à  la  science  et  à  ses  nombreux  amis  par 
une  longue  maladie,  le  5  de  ce  mois  (juin  1857),  à  l'âge  de  soixante-six  ans. 
—  Doué  d'une  activité  et  d'une  énergie  qui  venaient  merveilleusement  en 
aide  à  son  ardent  amour  des  études  scientifiques,  M.  Graves  a  su,  tout  en 
parcourant  les  différents  degrés  de   la  carrière  administrative,  jusqu'au 
poste  élevé  de  directeur  général  des  forêts,  consacrer  toujours  une  partie 
de  son  temps  à  des  travaux  importants  de  divers  ordres.  L'archéologie,  la 
géologie,  la  botanique,  considérées  en  général,   occupaient  tour  à  tour  ses 
loisirs;  mais  c'est  surtout  au  profit  de  l'histoire  naturelle  et  monumentale 
du  département  de  l'Oise  qu'il  a  fait  tourner  ses  connaissances  étendues 
dans  le  champ  de  ces  sciences,  ainsi  que  des   recherches  approfondies 
poursuivies  pendant  plus  de  trente  années.  La  botanique  était  cependant 
sa  science  favorite;  même,  vers  la  fin  de  sa  vie,  il  s'est  livré  h  l'étude  des 
plantes  avec  une  ardeur  et  une  assiduité  qui,  peut-être,  ont  un  peu  con- 
tribué à  développer  en  lui  le  germe  du  mal  auquel  il  vient  de  succomber. 
En  dernier  lieu,   les  Fougères  étaient  devenues   l'objet    spécial   de   ses 
travaux,  et  il  se  proposait  d'en   publier   un   Nomenclator  qui  aurait  été 
d'une  immense  utilité  pour  les  botanistes,  vu  l'état  actuel  de  la  science  au 
sujet  de  cette  belle  et  vaste  famille.  La  maladie,  dont  les  piogrès  incessants 
ont  anéanti  ses  facultés  l'une  après  l'autre,  s'est  déclarée  au  moment  où  il 
commençait  a   mettre  son   projet  à   exécution.  —  Le  nom  de  M.  Graves 
sera  toujours  cher  aux  membres  de  la  Société  botanique  de  France  ;  ils 
aimeront  à  se  rappeler  que  c'est  lui  qui,  le  premier,  a  songé  à  rattacher 
entre  eux  par  un  lien  commun   les  botanistes  français,  jusqu'alors  trop 
isolés,  et  ils  honoreront  en  lui  l'un  des  trois  véritables  fondateurs  de  celte 
Société,  qu'appelaient  les  besoins  de  la  science,  mais  dont  la  création  sem- 
blait offrir  des  difficultés,  bien  que,  une  fois  créée,  elle  n'ait  pas  tardé  à 
réaliser,  a  dépasser  même  toutes  les  espérances. 


REVUE  bibliographioif:.  253 

—  Le  18  décembre  1856  est  mort  à  Floroiu'e  M.  Antoine  Tntj,'ioni 
Tozzetti,  professeui-  de  botanique,  d'agriculture,  directeur  du  jardin  de 
l'École  de  médecine  de  cette  ville,  etc.  Ce  savant  distingué  s'était  fait 
connaître  également  comme  chimiste,  comme  médecin  et  comme  botaniste. 
On  lui  doit  de  nombreuses  analyses  de  minéraux  et  d'eaux  minérales  de  la 
Toscane,  un  ouvrage  sur  la  matière  médicide,  un  mémoire  relatif  à  l'ac- 
tion qu'exerce  l'arsenic  sur  les  racines  des  plantes,  un  livre  rempli  de 
recherches  du  plus  haut  intérêt  sur  l'introduction  en  Toscane  des  plantes 
cultivées,  plusieurs  écrits  sur  différents  sujets  de  médecine,  etc.  Il  a  suc- 
combé à  une  maladie  aussi  longue  que  douloureuse,  lorsque  son  âge 
permettait  encore  d'attendre  de  lui  de  nouveaux  travaux.  Il  laisse,  comme 
héritier  de  son  nom  et  de  son  mérite,  son  petit-fils,  le  professeur  Adolphe 
Tozzetti,  à  qui  la  botanique  doit  déjà  des  écrits  importants. 

La  famille  Targioni  Tozzetti  a  donné  jusqu'à  ce  jour  à  la  science  quatre 
générations  d'hommes  distingués.  Le  premier  d'entre  eux,  Jean  Targioni 
Tozzetti,  était  élève  de  Micheli  et  illustra  de  ses  dessins  les  ouvrages  du 
célèbre  Florentin  ;  on  lui  doit  différents  écrits ,  notamment  un  voyage 
en  Toscane,  dans  lequel  il  justifie  de  connaissances  profondes  en  médecine, 
en  botanique  et  en  géologie.  Son  fils,  Octavien  Targioni  Tozzetti,  était 
professeur  de  botanique  au  Musée  de  physique  et  d'histoire  naturelle  de 
Florence.  Il  a  publié  des  mémoires  d'agriculture,  des  décades  de  plantes 
nouvelles  ou  rares,  un  dictionnaire  de  botanique  et  des  institutions  bota- 
niques. Antoine  Targioni  Tozzetti,  qui  vient  de  mourir,  était  le  fils  de  ce 
dernier  et  appartenait  dès  lors  à  la  troisième  génération  de  cette  famille 
justement  célèbre. 

NOUVELLES. 

Dans  sa  séance  du  25  mai  1857 ,  l'Académie  des  sciences  a  nommé 
M.  Antoine  Passy,  académicien  libre,  en  remplacement  de  M.  de  Bonnard. 
La  Société  botanique  de  France  applaudit  de  tout  cœur  à  cet  hommage 
rendu  au  mérite  de  l'homme  distingué  qu'elle-même  avait  appelé,  par  un 
vote  unanime,  à  la  présider  pendant  le  cours  de  l'année  1856,  et  qui  a  rempli 
ces  honorables  fonctions  avec  un  zèle  et  une  dignité  dont  elle  aime  à  se 
souvenir. 

—  M.  Naegeli,  professeur  à  Zurich,  vient  d'être  appelé  à  Munich  en 
qualité  de  professeur  de  botanique  et  de  directeur  du  jardin  des  plantes  de 
cette  ville. 

—  Le  Botanische  Zeitung  annonce  que  le  prix  quinquennal  de  500  francs, 
fondé  par  Aug.-Pyr.  De  Candolle  en  faveur  de  la  meilleure  monographie 
présentée  au  concours  pendant  ce  laps  de  temps,  a  été  décerné  au  mois  de 


'Ibll  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE    FRANCE, 

septembre  dernier  à  M.  J.  Mùller,  coDScrvateur  de  l'herbier  de  M.  Alph. 
De  Candolle,  pour  une  monographie  des  Hésédacées  dont  il  s'occupait  sans 
relâche  depuis  deux  ans.  Des  fragments  de  ce  travail  important  ont  été 
publiés  dans  ce  journal  allemand  et  analysés  dans  le  Bulletin  de  la  Société 
botanique  de  France.  La  monographie  tout  entière  ne  tardera  pas  à  pa- 
raître, a\ec  les  10  planches  qui  doivent  l'accompagner. 

—  Un  document  officiel,  publié  par  la  Gazette  de  la  Nouvelle-Zélande  et 
reproduit  dans  le  ./ownîa/ de  M.  Hooker  (cah.  de  juin  1SS7,  p.  183-185) 
fournit  une  nouvelle  preuve  des  efforts  que  fait  avec  beaucoup  d'intelligence 
le  gouverneur  actuel  de  la  Nouvelle-Zélande  pour  utiliser  le  mieux  possible 
les  produits  naturels  de  cette  importante  colonie.  En  effet,  le  gouvernement 
de  ces  îles  propose  des  récompenses  pour  une  somme  totale  de  ùOOû  livres 
sterling  ou  100,000  francs  aux  personnes  qui  retireront  du  Phormium  tenax 
ou  de  toute  autre  plante  indigène  de  la  colonie  une  quantité  de  filasse  assez 
considérable  pour  devenir  matière  d'exportation.  Cette  somme  sera  distri- 
buée de  la  manière  suivante  :  1"  2000  livres  sterling  ou  50,000  francs  à  celui 
qui,  par  un  procédé  de  son  invention,  obtiendra  100  tonnes  (100,000  kilog.) 
de  fdasse  du  Phormium  ou  d'une  autre  plante  du  pays;  2°  1000  livres 
(25,000  francs)  à  toute  personne  autre  que  celle  qui  aurait  obtenu  le  pre- 
mier prix,  qui,  après  celle-ci,  aurait  obtenu  la  même  quantité  de  filasse 
des  mêmes  plantes  par  un  procédé  de  son  invention  •  3"  1000  livres 
(25,000  fr.)  seront  partagées  entre  les  5  premières  personnes  qui,  par  un 
procédé  quelconque,  auront  obtenu  25  tonnes  (25,000  kilog.)  de  filasse  du 
P'kormium  ou  d'une  autre  planteindigène  de  la  Nouvelle-Zélande.  Une  con- 
dition essentielle  consiste  eu  ce  que  la  matière  susceptible  d'être  exportée 
devra  être  fabriquée  de  manière  à  coûter  tout  au  plus  75  p.  100  de  sa  valeur 
réelle  au  moment  de  son  arrivée  au  port  d'où  elle  sera  exportée,  et  que  le 
procédé  d'extraction  devra  être  rendu  public.  Le  concours  est  ouvert  pour 
cet  important  objet  jusqu'au  1'^' janvier  1859. 

—  En  1852  la  Société  des  sciences  de  Harlem  avait  célébré  le  centième 
anniversaire  de  sa  fondation.  A  cette  occasion,  elle  avait  annoncé  qu'elle 
décernerait  en  1857  un  prix  de  mille  florins  ou  deux  mille  francs  à  «  l'au- 
teur de  l'ouvrage  le  plus  remarquable  dans  une  des  branches  des  sciences 
naturelles  qui  serait  publié  dans  le  laps  de  quatre  années  après  1852.  » 
Différents  ouvrages  ont  été  examinés  par  la  commission  qui  avait  été  char- 
gée de  décerner  le  prix.  Le  résultat  de  cet  examen  a  été  que  la  Géographie 
botanique  raisounée,  de  M.  Alph.  de  Candolle,  et  la  Flora  tertiaria  Hel- 
vetiœ,  de  M.  Oswald  Heer,  ont  été  reconnus  les  plus  dignes  de  la  récom- 
pense proposée;  mais  comme  il  était  difficile  de  donner  la  prééminence  à 
l'un  ou  à  l'autre  de  ces  importants  ouvrages,  la  Société  a  cru  devoir  dé- 
cerner à  chacun  de  leurs  auteurs  un  prix  de  mille  ilorins  (2000  francs).  Ce 


REVUK   HIHLlO(;i;AIMllQlJE.  255 

jugemout  de  la  Société  de  Harlem  proclame  ainsi  la  supériorité  des  ouvrages 
de  botanicmc  publiés  dans  l'espace  de  ces  quatre  dernières  années  sur  ceux 
doût  les  autres  branches  des  sciences  naturelles  ont  fourni  la  matière. 

niBLIOGRAPHIE. 

Botanisclie  Keitniig-. 

Articles  originaux  publiés  en  1856  (suite). 

Crueger  (flerman).  —  Westindische  Fragmente  (Fragments  envoyés  des 
Indes  occidentales).  7*  fragment:  N™  32  et  33,  8  et  15  août;  col.  5/i5-552, 
565-573,  pi.  X  et  XI.  8"  fragment:  n°  hl,  21  novem.;  col.  809-818; 
pi.  XV. 

1  Irmisck  [Tkilo).  —  Einige  Bemerkungen  ùber  die  einheimischen  Pyrola- 
Arten  (Quelques  remarques  sur  les  espèces  indigènes  de  Pyrola).  N»"  Zk 
et  35,  22  et  29  août;  col.  585-591,  601-606. 

Losch  [W.).  —  Ueber  BotrychiumKannenbergii\{.\.  (Sur  le  Botrychiuni 
Kannenbergii  Kl.).  1N°  35,  29  août  ;  col.  606-608. 

Schuchardt  (D'"  Th.).  —  Zur  Kenntnis  der  liadix  Lopeziana  (Note  rela- 
tive à  la  racine  de  Lopez).  N"  35,  29  août;  col.  608-612. 

Lasch  (  W.).  —  Ilieracium  Nestleri  Koch  mit  H.  Pilosetla  [VHieracium 
Nestleri  Koch  et  VH.  Pilosella).  N»  35,  29  août  ;  col.  612-615. 

Philippi  (D'  R.  A.).  —  Bemerkungen  ûher  die  Flora  der  Insel  Juan 
Feruandez  (Remarques  sur  la  flore  de  l'île  de  Juan  Fernaqdez).  N"  36 
et  37,  5  et  12  sept.;  col.  625-636,  6/il-650. 

Guepperû —  Das  botanische  Muséum  zu  Breslau  (Le  musée  botanique  de 
Breslau).  N"  37,  12  sept.;  col.  650-651. 

Pegel  [Ed.).  —  Professor  Cienkowski's  Entdeckung  und  Urerzeugung 
^Découverte  du  professeur  Cienkowski  et  génération  première).  IV"  38 
et  39,  19  et  26  sept.;  col.  665-672,  681-687,  pi.  XII. 

Mohl  {Hugo  V.).  ~  Welche  Ursachen  bewirken  die  Erweiterung  und 
Verengung  der  Spaltoeffnungen?  (Quelles  sont  les  causes  qui  produisent  la 
dilatation  et  le  rétrécissement  des  stomates)?  N"'  ZiO  et  ^1,  3  et  10  octob.; 
col.  697-70^,  713-721;  pi.  XllI. 

Irmisch  [Th.).  — Notiz  iiber  Drosera  intermedia  et  rotundifolia  (Note 
sur  les  Drosera  intermedia  et  rotundifolia).  N°/42, 17  octob.;  col.  729-731. 

Schlechtendal  [F.  L.v.).  —  Abnorme  Bildungen  (Formations  anomales). 
^"Ul,  17  octob.,  col.  731-73^. 

Berg  {\y  0.).  —  Ueber  die  bis  jelzt  bekannten  Arten  der  Gattung  Krn- 
meria  und  die  im  Handel  belindlichen  Ratauhiawurzel  (Sur  les  espèces 
aujourd'hui  connues  du  genre  Krameria  et  sur  les  racines  de  Ratanhia  qui 


256  SOCIÉTÉ   BOTAiNIQUE    DE    FRANCE. 

se  trouvent  dans  le  commerce).  N"  43,  i/i,  65  et  46,  24  et  31  oclob.,  7  et 

14  nov.:  col.  745-752,  761-767,  777-782,  793-799;  pi.  XIV. 

Milde  (I)').  —  Chaniœceros  fertilis  Milde,  ein  neues  Gemis  aus  der  Fa- 
mille der  Anthoceroteen  {Ckamœceros  fertilis  Milde,  nouveau  genre  de  la 
famille  des  Anthocérotées).  N°  44,  31  octob.;  col.  767. 

Bail  [PL).  —  Entscheidung  der  Frage:  «  Waslsl  JR/dzomorpha?  n  (Solu- 
tion de  la  question:  Qu'est-ce  qu'un  Rhizomorpha?).  N"  46,  14  nov.; 
col.  799-800). 

Philippi  [W  lî.  A.).  —  Nachtrag  zu  meinem  Aufsatz  ûber  die  Flora 
von  Juan  Fern;indez  (Appendice  à  ma  note  sur  latlorede  Juan  Feruaudez). 
]N°47,  21  nov.;  col.  818-819. 

Treviranus  {L.  C).  —  Noch  etwas  ùber  den  Stammbau  der  Phyto^ 
lacca  dioica  L.  (Encore  quelques  mots  sur  la  structure  de  la  tige  du  Phyto^ 
lacca  dioicaUu.).  N"  48,  28  nov.;  col.  833-837. 

Scklechtendai  (D'  F.  L.  v.).  —  Betrachtungen  ûber  das  Geschlecht  der 
Stechaepfel  (Considérations  sur  le  genre  Datura  Lin.  ou  Stramonium 
Tourn.).  N"»  49,  50,  51  et  52  5  5,  12,  19  et  26  déc;  col.  849-859,  875- 
881,  903-911,  920-927. 

Berg  [lY  Otto).  — Ueber  eine  neue  deutscbe  Cardamine  (Sur  une  nou- 
velle Cardamine  d'Allemagne).  N"  50,  12  déc;  col.  873-875. 

Caspanj  [Robert).  —  Ausscbeidung  von  Nektar  aut  der  Narbe  abgefal- 
lener  Blûthen  bel  Charnœdorea  desmoncoides  (Sécrétion  de  nectar  sur  le  stig- 
mate des  fleurs  tombées  du  Charnœdorea  desmoncoides).  N°  50,  12  déc; 
col.  881-882. 

Fresenius  [G.).  —  Notiz,  Insekten-Piize  betreflend  (Note  relative  à  des 
Champignons  venus  sur  des  insectes).  JN"  50,  12  déc;  col.  882-883. 

Caspary  [RoheiH).  —  Bemerkungen  iiber  Bhizomorphen  (Remarques 
sur  les  Rhizomorphes).  N"  51,  19  dec. ;  col.  897-899. 

Caspary  [Robert).  —  Ein  neuer  Standoit  der  Udora  occidentalis  Koch. 
[Hydrilla  verticillata  Casp.]  (Une  nouvelle  localité  pour  V Udora  occideu' 
talis  [Hydrilla  verticillata  y  Casp.].  N"  51, 19  déc;  col.  899-901. 

Milde  (D''  J.).  —  [)ie  Radix  Panna  und  die  Gefaesbuudel  im  Stipes  der 
Farren  (La  racine  Panna  et  les  faisceaux  vasculaires  dans  le  stipe  des 
Fougères).  IN°  51,  19  déc;  col.  901-903. 

Itzigsohn  (D""  Hermann).  —  Geologische  Bedeutung  der  Laubmoosflor 
der  erratischen  Bloecke  Norddeutschiands  (Importance  géologique  des 
Mousses  qui  croissent  sur  les  blocs  erratiques  du  nord  de  l'Allemagne). 
^52,  26  déc;  col.  913-920. 


Paris.  —  Imprimerie  de  L.  Mabtinbt,  rue  Mignon,  2. 


SOCIÉTÉ    BOTANIQUE 

DE   FRANGE. 


SKANCK    DU  13    MARS   1857. 

PRÉSIDENCE   DE    M.    MOQUIN-TANDON. 

M.  Diicliartre,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
séance  du  27  février,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  de  la  présentation  faite  dans  la  dernière  séance,  M.  le 
Président  proclame  l'admission  de: 

M.  GiROU  DE  BuzAREiNGLiES,  député  au  Corps  législatif,  rue 
Royale,  28,  à  Paris,  présenté  par  MM.  Moquin-Tandon 
et  de  Scliœnefeld. 

M.  le  Président  annonce  en  outre  une  nouvelle  présentation. 

Dons  faits  à  la  Société  : 

\°  Par  M.  Duchartre  : 
De  l'influence  de  l'humidité  sur  la  direction  des  racines.  ' 

2"  Par  M.  Contejean  : 

Du  climat  de  Montbéliard  au  XVI h  siècle. 
Guide  du  botaniste  à  la  Mer  de  glace,  de  Payot. 

3°  De  la  part  de  M.  Guihourt  : 

Sur  le  quinquina  rouge. 

h"  De  la  part  de  M.  Eusèbe  Gris  : 

De  l'action  des  composés  ferrugineux  solubles  sur  la  végétation. 
Nouvelles  expériences  sur  l'action  des  composés  ferrugineux. 

5°  En  échange  du  Bulletin  de  la  Société  : 

Journal  de  la  Société  impériale  et  centrale  d'/iorticulture.  numéro  de 

janvier  1857. 
L'Institut,  mars  1857,  deux  numéros. 

T.    TV.  J7 


25S  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE   DE    FRANCE. 

M.  le  Président  annonce  que  le  Conseil,  sur  le  rapport  d'une  Com- 
mission prise  dans  son  sein,  composée  de  MM.  Chatin,  Cosson  et 
T.  Puel,  et  chargée  d'examiner  les  avis  reçus  des  membres  résidant 
dans  les  départements,  relativement  à  la  tenue  de  la  prochaine 
session  extraordinaire,  a  décidé  que  la  proposition  suivante  serait, 
conformément  à  l'art.  à7  du  règlement,  soumise  à  l'approbation  de 
la  Société  : 

La  Société  tiendra  cette  année  une  session  extraordinaire,  qui  s'ouvrira 
à  Montpellier  le  lundi  8  Juin  prochain.  —  En  conséquence  la  séance  ordi- 
naire annoncée  pour  le  12  juin  sera  supprimée. 

La  Société  adopte  cette  proposition  à  l'unanimité. 

M.  le  Président  soumet  en  outre  à  la  Société  une  proposition  de 
M.  Duchartre,  adoptée  par  le  Conseil  dans  sa  séance  de  ce  jour,  et 
tendant  à  moditier  l'art.  59  du  règlement,  et  à  porter  de  cinquante 
à  cent  le  nombre  d'exemplaires  du  tirage  à  part  que  les  auteurs  des 
notes  ou  mémoires  insérés  dans  le  Bulletin  sont  autorisés  à  faire  faire 
à  leurs  frais. 

La  Société  adopte  à  l'unanimité  cette  modification  de  l'art.  59  du 
règlement. 

MM.  les  Secrétaires  donnent  lecture  des  communications  suivantes, 
adressées  à  la  Société  : 

NOTICE  SUR  L'IIERBARIUM  LICHENUM  PARISIENSIUM  quod  edidit  W.  NYLANDER,  med.-doct., 
fasc.  m,  Parisiis,  1855  (1),  par  M.   inOLCiEOT. 

(Bruyères,  février  1857.) 

Ce  troisième  fascicule  de  l'herbier  des  Ijchens  des  environs  de  Paris 
renferme  21  espèces  corticoles,  21  saxicoles,  3  terrestres  et  5  muscicoles. 

Nos  relations  botaniques  avec  M.  le  docteur  i\ylauder  nous  pernieltent, 
comme  nous  l'avons  déjà  tenté  pour  les  deux  premiers  fascicules,  d'offrir  à 
la  Société  quelques  observations  sur  plusieurs  Lichens  de  ce  troisième  fas- 
cicule. iNous  avons  dû  consulter  le  docteur  Njlaiider  sur  ces  observations: 
il  les  approuve  et  cela  nous  enhardit  à  les  tracer  ici.  iNous  réclamons 
sans  cesse  l'assistance  du  savant  lichcnographe  pour  arriver  à  bien  con- 
naître la  végétation  Hellénique  des  Vosges,  que  nous  n'avons  pu  qu'impar- 
faitement indiquer  dans  la  statistique  de  notre  département,  mais  a  la- 
quelle nous  reviendrons  incessamment. 

(1)  Nous  avons  fait  connaître  les  deux  premiers  fascicules  de  cet  Iierbier  par 
une  notice  insérée  dans  le  Bulletin,  t.  II,  p.  6S3. 


SliANCK   DU    13    MARS  1857.  259 

Voici  nos  ohservaUoiis  siii-  les  l.iflic'iis  de  ce  troisième  rascieiiie  : 

N"  1(),'5.  Omplmliiria  pubinata  Nyl.  (Test  le  Collemn  stijgium  v.'ir.  pul- 
vinatum  Schicr.,  qui  par  sa  structure  thalliiie  dilïefe  gëiiérlquemeut  des 
Collema  propronient  dits.  Dans  les  Oniphnlaria  les  grains  gonidiaux  ne  sont 
pas  disposés  en  chapelet,  mais  dispersés  en  petits  groupes  ou  gloméiules. 

IN"  lO/i.  Calicium  disseminatwti  Fr.,  forma  tlmlb)  uliena.  Le  thalle  l)lanc 
appartient  peut  être  à  un  Arthoniu  pruinosa  stérile. 

N"  105.  ('uUciuin  ulboufram  Flk.  Ce  n'est  peut-être  qu'un  Calicium 
subtile  venant  sur  le  même  thalle  que  le  précédent. 

Mo  108.  Cladonia  niacilenta  \ar.  ostreata  Nyl.  Thalle  stérile  assez  sem- 
blable à  celui  du  Lecidea  ostreata;  cette  variété  curieuse  n'a  présenté  à 
M.  JNylander  que  très  raremeni  des  podéties  développées  et  fructifères. 

N"  114.  Pannaria  nebulosa  (Hoflm.  FI.  germ.  p.  166  sub  Psora),  géné- 
ralement confondu  avec  \e  Pannaria  triptuplnjlla  \ii\\. ,  dont  le  type  est 
beaucoup  plus  rare  en  France.  I.e  premier  a  les  apothécies  blanchâtres  à 
l'intérieur,  au  lieu  que  l'hypothéeium  du  dernier  est  d'un  brun  foncé. 

N°  121.  Lecanora  pldorjina  (Ach.  Meth.  p.  180,  sub  Lecanora  citrina). 
C'est  une  belle  espèce  du  voisinage  du  L.  viteUina. 

JN"  124.  Lecanora  constans  iNyl.  Classif.  2^  mém.  p.  199.  Espèce  d'un 
faciès  insidieux,  mais  facile  a  reconnaître  à  ses  thèques  polyspores. 

N"  126.  Lecanora  cinerea  var.  calcarea  (L.)  Nyl.  Le  docteur  Nylander 
ue  croit  pas  qu'il  soit  juste  de  distinguer  spéciliquement  le  Lecanora  ci- 
nerea et  le  Lecanora  calcarea.  Le  n"  127,  Urceolaria  calcarea  var.  farinosa 
Ach.  Syn.  p.  144,  offre  un  status  calcareus  encore  plus  prononcé  du  même 
Lichen. 

N"  129.  Stictis  lichenicola  Mont.  D'après  M.  Nylander,  ce  n'est  pas 
autre  chose  que  V L rceolaria  scruposa  dépourvu  de  thalle  propre  et  dont  les 
apothécies  se  développent  sur  les  squames  du  Cladonia  pyxidata.  SfUrceo- 
laria  bryopkila  Ach.  est  peu  différent. 

IN"  133.  Lecidea  fuscescens  Somf.  Excellente  espèce  qu'on  ne  connaissait 
auparavant  que  de  la  Norvège,  où  Sommerfelt  l'avait  découverte  dans  le 
temps  sur  les  bouleaux.  Le  docteur  Nylander  l'a  trouvée  en  bon  état  sur 
les  pins  dans  la  forêt  de  Fontainebleau.  Ses  spores  sphériques,  au  nombre 
de  8  dans  les  theques,  distinguent  facilement  cette  espèce  de  toutes  ses  con- 
génères. 

1N°  136.  Lecidea  holomelœna  Flk.  var.  vermifera  Nyl.  Ce  n'est  peut- 
être  qu'une  modification  lecidéine  (c'est-à-dire  a  apothécies  noires)  du  très 
polymorphe  L.  luteola. 

N°  142.  Lecidea  turgidula  Fr.,  probablement  identique  avec  le  Lecidea 
ammala  Ach.,  qui  se  confond  avec  le  Lecidea  vernalis  Ach.  de  manière 
qu  il  n'est  guère  possible  de  les  considérer  comme  des  espèces  distinctes. 

N"  143.  Opegrapha  atra,  forma  denigrata  (Acli.)  Scha^r.  F.e  n"  78  du  se- 


s-».  , 


260  SOCIÉTÉ   BOTAMUIE    DE    mANCE. 

cond  fascicule'  appartient  à  V Opcgroplia  vuUjnta  Ach.,  i.eight.  Br.Groph. 
p.  22. 

N"  \'\5.  Opegraphn  varia,  forma  saxicola.  C'est  V Opegruplia  rupeslris 
Pers.  Leiglit.  I.  c.  p.  11,  tab.  5.  f.  5. 

No  \kl .  VeiTucoria  glebulosa  Nyl.  Voisin  du  Verrucaina  fuscella 
Ach.,  mais  a  périthèces  pâles. 

N°  1^9.  Verrucaria  oxi/spora  Nyl.  Sur  des  bouleaux  dans  les  environs 
de  Paris  et  probablement  partout  en  France.  Il  est  plus  petit  que  le  Ve7'r. 
epidermidis  et  ses  spores  sont  cylindrico-fusiformes. 

N"  150.  Gassicurfia  silarea  Fée.  D'après  le  docteur  Nylander,  ceci  se- 
rait un  Champii^non  parasite  sur  le  thalle  du  Lecanora  o.tra. 

Ce  troisième  fascicule  ne  le  cède  en  rien  aux  deux  premiers  par  le  bon 
choix  des  éL-haniillons,  par  la  lumière  qu'il  répand  sur  les  Lichens  des  en- 
virons de  Paris,  ce  qui  nous  fait  vivement  désirer  que  M.  INylander  le 
fasse  suivre  bientôt  d'un  quatrième  fascicule,  dont  nous  savons  que  les 
matériaux  sont  déjà  en  grande  partie  réunis.  Nous  ne  reviendrons  pas  sur 
l'indispensable  nécessité  des  herbiers,  et  pins  particulièrement  de  ceux 
des  familles  de  plantes  (|ui  appartiennent  à  la  cryptogamie,  afin  de  pouvoir 
les  étudier  convenablement  dans  le  silence  du  cabinet  de  travail,  comme 
nous  l'avons  dit  dans  notre  première  notice  ;  nous  n'insisterons  pas  davan- 
tage sur  le  savoir  du  docteur  Aylander,  sur  l'importance  de  ses  découvertes 
relatives  aux  espèces  nouvelles  de  la  tlore  parisienne,  mais  nous  ne  pouvons 
taire  notre  étoimement,  notre  satisfaction,  en  voyant  avec  quel  soin,  quelle 
ardeur,  quel  succès,  il  arrive  à  rétablir  les  espèces  que  les  auteurs  ont  plus 
ou  moins  bien  décrites,  à  signaler  les  erreurs  commises  par  qui  que  ce 
soit,  avec  cette  franchise  que  des  études  approfondies  peuvent  seules  per- 
mettre. C'est  là  un  mérite  bien  rare,  hérisse  de  grandes  diflicultés  que 
M.  Nylander  parvient  souvent  et  heureusement  à  surmonter,  tout  en  ren- 
dant justice  aux  liclunogrnphes  ses  devanciers.  Sa  tache  ne  se  borne  pas 
là;  sa  grande  habitude  du  microscope  lui  procure  des  moyens  qui  lui  per- 
mettent, tout  en  débrouillant  la  synonymie,  d'améliorer  la  méthode  des- 
criptive, de  la  rendre  plus  rigoureuse,  plus  simple,  plus  claire,  ce  qui 
nous  conduira  à  la  classilicalion  naturelle  des  Lichens  la  mieux  fondée. 
Nous  en  aurons  bientôt  une  nouvelle  preuve  dans  le  Prodromus  licheno- 
grapkiœ  Galliœ  et  Algeriœ,  ouvrage  qui  s'imprime  maintenant. 

Dans  ces  derniers  temps,  les  auteurs  qui  ont  écrit  sur  les  Lichens  d'Eu- 
rope ne  se  sont  pas  livrés  à  une  étude  aussi  attentive  que  le  docteur  Nylander. 
La  gloiiole  d'attacher  leur  nom  à  chaque  espèce  à  peu  près,  par  les  change- 
ments faciles  de  nomenclatuie,  les  a  éblouis  :  aussi  lisons-nous  à  la  suite  des 
noms  de  genres  et  d'espèces,  presque  constamment,  le  doux  mot  ISobis  (1), 

(1)  On  pput  riier  ici  entre  autres  les  nomenclaUires  de  llcpp  et  Nœgeli,  Massa- 


SIOANCE    ItU    13    MARS    1857.  261 

comme  si  personne  n'avait  encore  ni  vu  ni  dcci  il  le  même  objet  Cette  glo- 
riole se  L'omprend  dans  nn  sièele  ou  tonte  sorte  d'ainbilion  s'empare  des 
esprits  el  où  l'on  veut  arriver  vite  à  la  renommée.  Ceites,  il  est  plus  aisé  de 
forger  nn  nom  nouveau,  soit  générique,  soit  specilique,  en  histoire  naturelle, 
que  de  scruter  les  livres  oi'i  il  peut  être  (|ueslion  des  mêmes  objets.  Nous, 
savons  par  expérience  ce  (|n'il  faut  de  loisir,  de  patience,  pour  accorder  aux 
naturalistes  d'autrefois  la  part  grande  qu'ils  ont  eue  dans  les  progrès  de  la 
vaste  science  qu'ils  cultivaient.  C'est  ce  (|ui  nous  a  empêché  de  nous  servir 
du  mot  i\obis  dans  nos  collections  de  plantes  cryptogames  et  ce  qui  nous 
a  conduit  a  parler  comme  nous  venons  de  le  faire  de  M.  Nylander.  Nous 
désirons  que  notre  manière  d'apprécier  ses  travaux  soit  partagée  par  tous 
les  botanistes  qui  s'intérôssent  a  l'importante  classe  des  Lichens. 

LETTRE   DE   M.   U.    I.KCOQ. 

A  M.  le  Secrétaire  de  la  Société  Botanique  de  France. 

Clerraont-I''eiTancl,  'J  mars  1857. 

Won  cher  confrère, 

J'ai  lu  dans  le  compte  rendu  de  la  séance  du  l^i  novembre  dernier, 
comme  un  fait  nouveau,  la  mention  de  la  présence  du  Gui  sur  le  Sapin, 
fait  que  je  croyais  signalé.  Je  vous  envoie  l'épreuve  de  l'aiticle  Gui  dans  le 
sixième  volume  (non  paru)  de  mes  Etudes  sur  la  Géographie  botanique  de 
r Europe,  que  je  vous  prie  de  communiquer  a  la  Société,  si  vous  pensez 
que  cela  puisse  l'intéresser.  J'ajouterai  que  le  Gui  abandonne  les  Sapins 
comme  les  autres  arbres  (en  Auvergne)  avant  1000  mètres  d'altitude. 

Ce  parasite  est  si  commun  sur  les  Sapins  {AOies  pectinata}  de  la  Char- 
treuse de  Ponigibaud,  qu'il  m'a  souvent  trompé  dans  mes  recherches  d'or- 
nithologie, et  que  je  croyais  avoir  trouvé  l'aire  du  Circaëtus  galliciis,  ou 
des  Milvm  qui  nichent  dans  cette  forêt.  Il  est  généialement  implanté  sur  le 
tronc  et  sur  les  grosses  branches.  Son  abondance  est  telle,  que  les  habitants 
du  pays  le  recueillent  pour  en  nourrir  leurs  vaches,  qui  en  sont  très  friandes. 

Recevez,  etc. 

NOTICE  SUR  LE  GUI ,  par   M.  H.  LECOQ. 

ViscuM  ALBUM,  l.iu.  —  Ic  Gui  est  une  des  plantes  ligneuses  les  plus 
remarquables  de  nos  climats,  des  plus  singulières  dans  le  paysage.  Sa  station 
réelle  est  d'être  parasite  sur  le  Sapin.  On  le  voit  attaquer  avec  vigueur  ce 
géant  des  forêts  d'arbres  verts,  s'implanter  sur  ses  branches,  absorber  sa 
sève  parfumée,  donner  à  ses  feuilles  toute  l'ampleur  qu'elles  peuvent  acquérir, 
et  vivre  pendant  des  siècles,  comme  l'arbre  vigoureux  dont  il  s'est  constitué 

longo,  Kœrber,  hommes  d'ailleurs  très  instruits  et  qui  ont  rendu  d'importants  ser- 
vices à  la  licbénologie. 


262  SOCIÉTÉ    BOTANIOL'K    1)Ë    FKANCE. 

le  parasite.  Le  Gui  s'est  éciiappé  des  (orèts  d'arbres  verts;  les  oiseaux,  en 
quittant  leur  séjour  d'été,  l'ont  transporté  surles  Alisiers  et  sur  W.sCratœgus; 
ils  l'ont  semé  sur  les  Pomnuers  sauvages,  et,  descendant  dans  nos  vergers, 
ils  en  ont  couvert  nos  arbres  fruitiers.  Ailleurs,  ils  ont  abandonné  ses  graines 
sur  la  cime  des  Tilleuls,  sur  l'écorce  lisse  des  Trembles  et  des  Peupliers 
blancs,  sur  les  rameaux  cannelés  de  VAcer  campestre,  et  le  Itobinia,  importé 
de  l'Amérique  du  îNord,  n'a  pas  été  préservé  de  ce  parasite  envahissant.  — 
Quoique  paraissant  presque  indifférent  pour  son  support,  le  Gui  ne  se  pré- 
sente pas  toujours  avec  le  même  aspect.  Il  est  plus  vigoureux,  plus  rameux, 
et  ses  feuilles  sont  plus  larges  sur  le  Sapin  que  sur  les  autres  arbres;  ses 
touffes  sont  plus  Jaunes  sur  les- Pommiers;  il  croit  en  touffes  plus  volumi- 
neuses et  plus  arrondies  sur  les  Tilleuls  et  sur  les  Peupliers  blancs  que  dans 
toutes  ses  auties  stations.  Nous  ne  l'avons  Jamais  vu  sur  le  Chêne.  —  L'as- 
pect du  Gui  est  très  curieux;  sa  lige  cassante  et  dichotome  est  garnie  d'une 
écorce  verte  ou  jaunâtre,  et  la  moelle  y  est  remplacée  par  des  rayons  mé- 
dullaires; ses  feuilles  sont  entières,  épaisses,  charnues,  à  nervures  diver- 
gentes et  jaunâtres  comme  le  reste  de  la  plante.  —  La  cime  arrondie  que 
forme  chaque  touffe  de  Gui  offre  une  série  de  dichotomies  successives,  dont 
toutes  les  pièces,  solidement  fixées,  semblent  articulées  les  unes  sur  les 
autres,  et  à  l'extrémité  de  chacune  d'elles  se  trouvent  trois  fleurs  également 
articulées,  dont  deux  latérales  et  une  terminale.  Entre  ces  fleurs  latérales 
se  trouvent  deux  feuilles,  dont  chaque  aisselle  pioduit  un  rameau  semblable 
à  celui  dont  nous  parlons,  et  ainsi  de  suite  d'année  en  amiée.  'Mais  il  arrive 
presque  toujours  qu'indépendamment  de  ces  deux  rameaux  axillaires,  il  en 
sort  d'autres  autour  des  articulations,  et,  quand  le  développement  est  com- 
plet, il  y  a  quatre  rameaux  accessoires  et  deux  axillaires,  ce  qui  donne  des 
verticilles  de  six,  souvent  diminués  par  des  avorieraents.  —  Le  Gui  fleurit 
au  mois  de  mars,  et  se  présente  en  touffes  dioïques.  Tantôt  le  même  arbre 
est  garni  d'individus  de  sexe  différent,  tantôt  un  seul  sexe  en  occupe  la 
cime,  ce  qui  nous  a  paru  être  l'effet  du  hasard.  La  fleur  est  jaune,  les 
pétales  sont  épais,  et  les  anthères  sessiles,  collées  sur  ces  mêmes  pétales,  s'y 
présentent  en  petites  masses  épaisses,  offrant  un  réseau  aréolaire  dont  les 
mailles  sont  remplies  d'un  pollen  très  fin  et  un  peu  adhérent.  Ces  étamines 
s'ouvrent  déjà  dans  le  bouton.  Le  stigmate  est  sessile  et  peu  apparent.  — 
Après  la  fécondation,  l'ovaire  ne  tarde  pas  à  grossir;  il  blanchit  peu  à  peu, 
et,  au  bout  d'une  année,  lorsque  les  fleurs  nouvelles  paiaissent,  il  s'est  trans- 
formé en  une  baie  blanche  et  demi-transparente,  ovale  et  remplie  d'une  pulpe 
visqueuse,  dans  laquelle  une  seule  graine  aplatie  se  trouve  engagée.  —  Les 
baies  pesantes  tombent  sur  la  terre  et  sont  perdues  pour  la  reproduction, 
mais  beaucoup  d'entre  elles  servent  d'aliment  aux  oiseaux,  qui,  dans  leurs 
voyages  rapides,  les  disséminent  sur  les  arbres  où  ils  se  reposent.  Alors  la 
graine  collée  sur  la  branche  laisse  sortir  une  ou  plusieurs  radicelles  qui 


SKANCE    DU    1?»    MARS    1857.  263 

chert'hent  à  pénétrer,  à  travers  l'écorce,  ju=(iiie  dans  la  coiiclie  extérieure 
de  l'aubier.  Là  elles  se  ramifient  et  prennent  possession  du  niilicu  (pii  leur 
eonvicnt,  et,  (|u;ind  elles  ont  ainsi  assuré  l'existence  du  premier  bourfreon, 
les  deux  cotylédons  s'étalent,  et  la  jeune  plante  prend  successivement  du 
développen)ent.  Elle  s'allonge  cbaque  année,  et  elu'upie  année  la  couche 
nouvelle  de  l'aubier  vient  serrer  la  base  de  sa  tige,  tandis  que  des  racines 
nouvelles  s'implantent  et  se  ramifient  au  milieu  des  jeunes  fibres  du  bols, 
donnant  ainsi  aux  buissons  arrondis  du  Gui  une  solidité  qui  leur  permet  de 
résister  aux  tempêtes  et  de  ne  tomber  qu'avec  les  branches  qui  les  suppor- 
tent. —  Le  V.  album  est  remplacé,  à  Grenade,  par  le  V.  cruciatum  Sieber, 
qui  croît  sur  les  branches  de  l'Olivier,  et,  à  l'ile  de  Norfolk,  entre  la  Nou- 
velle-Zélande et  la  Nouvelle-Calédonie,  par  le  V.  distichum  Endl.,  qui  lui 
est  aussi  parallèle,  selon  Bauer. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.—  Nous  avons  cité  le  Gui  sur  un  grand 
nombre  d'arbres  où  il  croit  habituellement;  nous  pouvons  ajouter  que 
M.  Bouteille  l'indique  sur  un  très  vieux  Bouleau  aux  environs  de  Magny 
(Seine-et-Oise),  et  M.  Cosson  sur  un  Chêne  dans  la  forêt  de  Troyes  (Aube). 
Wahlenberg  l'indique,  en  Suède,  sur  les  arbres  feuilles,  tel?  que  le  Poirier, 
le  Chêne,  le  Hêtre,  etc.  Nous  ne  connaissons  aucune  autre  citation  sur  ce 
dernier  végétal.  M.  Gravier  l'a  vu  sur  le  Pinus  sylvestris  dans  la  vallée  du 
Queyras,  et  M.  Godron  sur  les  Peupliers,  à  Nancy.  Il  reste  dans  la  plaine 
ou  sur  des  montagnes  peu  élevées.  Nous  ne  l'avons  pas  vu  au-dessus  de 
1000  mètres. 

Géographie.  —  Le  Gui  est  circonscrit  dans  des  limites  assez  étroites;  au 
sud,  il  ne  passe  pas  le  plateau  central  de  la  France,  et  n'atteint  pas  le  kh". 
H  est  pourtant  cité  par  Tenore  et  Gussone  en  Italie  et  en  Sicile,  et  De  Can- 
dolle  dit  qu'il  est  commun,  en  Provence,  sur  les  Amandiers.  Il  existee  n 
Espagne.  —  Au  nord,  ou  rencontre  le  Gui  dans  la  majeure  partie  de  l'Eu- 
rope, en  Danemark,  en  Gothie,  dans  la  Norvège  et  la  Suède  australe,  et  il 
est  seulement  sporadique  en  Finlande.  Il  croit  en  Angleterre  jusqu'au  55°. 
— ^  A  l'occident,  il  a  sa  limite  en  Angleterre.  A  l'orient,  il  s'étend  davan- 
tage, vit  en  Suisse,  en  Toscane,  où,  selon  Santi,  il  habite  les  Châtaigniers; 
à  Majorque,  en  Dalmatie,  en  Croatie,  en  Hongrie,  en  Transylvanie,  en 
Grèce,  en  Turquie,  en  Livonie,  où  Ledebour  en  cite  un  échantillon  sur  un 
Tilleul  ;  en  Lithuanie,  où  il  habite  les  Bouleaux  ;  dans  la  Russie  australe,  en 
Tauride,  dans  le  Caucase,  en  Géorgie,  sur  les  bords  de  la  Caspienne  et  dans 
la  Sibérie  de  l'Oural,  où  il  croit  aussi  sur  le  Bouleau.  M.  Bove  le  cite,  aux 
environs  de  Ba!i)ek,  sur  les  Poiriers  et  les  Aubépines;  mais,  d'après  les 
observations  de  M.  Decaisne,  ce  pourrait  être  une  espèce  voisine, 

M.  Réveil  dit  que  M.  Robinet  a  présenté  à  la  Société  de  pharmacie 
et  à  la  Société  d'agriculture  une  branche  de  Chêne  portant  le  Gui. 


26/i  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE   FRANCE. 

M  Robin  ajoule  qu'il  a  observé  le  Gui  sur  un  Cratœgus  Crus-Galli 
et  sur  un  Salix  caprea,  en  Normandie,  dans  un  parc  entouré  de 
Pommiers  couverts  du  même  parasite. 

M.  Contejeaii  dit  : 

Qu'il  est  d'autant  plus  disposé  à  partager  l'opinion  de  M.  Lecoq  sur  les 
limites  supérieures  du  l'iscuin  alhiim,  que  dans  les  montagnes  du  Doubs, 
VAbies  pectinata  devient  rare  à  1000  mètres,  et  est  remplacé  par   VAbies 
excelsa  vers  1100  mètres.  A  ce  niveau,  les  arbres  fruitiers  n'existent  plus. 
Sans  être  répandu  dans  la  cliaine  du  Jura  avec  autant  de  profusion  que 
dans  les  montagnes  d'Auvergne,  le  Gui  n'y  est  pas  rare.  M.  Contejean  l'a 
observé  dans  les  environs  de  Montbéliard  sur  le  Poirier  et  le  Pommier 
sauvages  et  cultivés,  sur  le   Tilia  microphylla  et  le  liobinia  Pseudacacia 
d'une  promenade,  sur  les  Abies  pectinata,  Fagus  sylvatica,  Sorbus  Aria, 
Acer  Pseudoplatanus,  Salix  alba,  Cratœgus  monogyna.  M.  le  pasteur  Roy 
l'a  trouvé  sur  le  Charme  à.  Longeveile.  AVetzel  l'a  recueilli  sur  les  So7'bus 
torminalis,  Cratœgus  monogyna,  Acer  campestre ,  Salix  babylonica,  Ftosa 
canina.  M.  Contejean  a  vu  les  échantillons  authentiques  dans  l'herbier  de 
ce  botaniste.  Jean  Bauhin  le  signale  a  Iklfort  sur  le  Cornus  mas.  On  ne  l'a 
encore  observé  ni  sur  le  Chêne,  ni  sur  VAbies  excelsa,  dans  les  limites  de 
la  llore  de  Montbéliard. 

M.  Moquin-Tandon  dit  avoir  vu  le  Gui  sur  le  Quercus  llex. 

M.  Brongniart  rappelle  que  De  CandoUe,  dans  sa  Physiologie  vé- 
gétale^ a  donné  une  longue  liste  des  espèces  sur  lesquelles  se  déve- 
loppe ce  parasite. 

M.  J.  Gay  cite  cette  phrase  d'Eiidliclier,  au  sujet  du  Gui  :  Nullum 
om?îino  arhorwn  vel  fniticum  genus  respuens,  in  ipso  Lorantho 
europœo  parasiticum  vivit  (1). 

M.  Guillard  présente  les  observations  suivantes  au  sujet  d'une 
communication  faite  dans  la  dernière  séance  par  M.  J.  Gay,  au  nom 
de  M.  Clos  : 

JNI.  Clos  a  rappelé  qu'il  avait  proposé  en  1855  (2)  d'expliquer  par  la 
partition  l'intloiescence  des  Crucifères,  et  en  général  des  plantes  chez  les- 
quelles les  pédicelles  sont  latéraux  sans  être  aisselés. 

31.  Clos  a  rappelé  la  délinition  de  \9.partition  donnée  par  Aug.  de  Saint- 
Hilaire.  Un  exemple  de  ce  phénomène  se  rencontre,  non  très  rarement, 
au  bord  de  nos  chemins,  sur  Loliiim  perenne  L.,  lorsque  son  épi,  d'abord 

(1)  Enrhirid.  hol.,  p.  399. 

('2)  Voyez  le  Bullolui,  l.  il,  p.  Zi99. 


sKAN(;i';  1)1    lii  M.vus   1857.  2(i5 

simple,  se  bifiiiciue  el  contiime  en  cpi  double.  Au  lieu  (riiii  seul  axe,  ou  eu 
a  deux   marcliaut  coueurreuimcnt,   eoniim!  serait  d'uu  homme  et  de  son 
ombre,  ou  d'uu  objet  et  de  sou  iuiage  rétlétce  par  un  miroir.  Ce  n'est  pas  ce 
que  l'on  reucoutre  communément  chez  les  Crucifères.  Aussi  M.  Clos  ne  s'en 
tient  pas  là;  il  généralise  l'idée  de  la  partition  :  il  la  voit  partout  ou  il  y  a 
division  eu  deux  parties,  quelle  que  soit  la  dissemblance  des  rameaux  ainsi 
produits.  Le  globule  qui  est  au  centre  du  bourgeon  terminal  d'une  tige  de 
Crucifère  se  divise  eu  deux  mamelons,  dont  l'un  sera  une  fleur,  l'autre  une 
grappe.  M.  Clos  appelle  ce\i\  j)(irtition.  Il  y  a  partition  si  l'on  veut,  c'est-à- 
dire  division,  partage,  mais  non  plus  dans  le  sens  où  l'entendaient  Link  et 
Saint-Hilaire,  et  où  l'entendent  prol)ablement  la  plupart  des  botanistes  ;  il 
n'y  a  plus  dédoublement  doimant   naissance  a  deux  rameaux  semblables. 
Au  reste,  M.  Clos  a  raison  de  dire  que  la  partition,  dans  le  sens  très  étendu 
qu'il  lui  donne,  est  un  phénomène  général  ;  elle  appartient  en  effet  à  toutes 
les  plantes.  Tout  rameau  sort  d'un  bourgeon,  tout  bourgeon  sort  d'un  glo- 
bule muqueux,  tout  globule  muqueux  se  divise,  se  partage,  pour  produire 
nne  première  feuille,  puis  une  seconde  et  le  reste.  C'est  ainsi  que  s'opère  la 
progression.   Il  n'y  a  donc  rien,   dans   la  manière  de  voir   de  M.    Clos, 
qui  s'oppose  à  ce  que  l'inflorescence  des  Crucifères  soit  regardée  comme 
purement  progressive,  et  leurs  grappes  classées  parmi  les  Botryes  simples, 
puisque,  de  l'aveu  même  de  ce  savant  professeur,  les  pédicelles  y  sont  dis- 
posés dans  le  même  ordre  que  les  feuilles. 

Soit  dit  sans  préjudice  des  Cymes  scorpioïdes ,  où  la  régression  se 
démontre  par  d'autres  observations. 

Mais  l'absence  des  bractées  !  Si  cette  absence  était  absolue,  il  faut  con- 
venir qu'il  y  aurait  dilliculté  à  classer  avec  certitude  ce  genre  d'inflores- 
cence et  à  décider  de  la  qualité  du  groupe  floral  qui  en  résulte.  Mais  qui 
ne  sait  qu'un  certain  nombre  de  Crucifères  ont  au  nioins  leurs  premiers 
pédicelles  à  l'aisselle  d'une  bractée,  même  d'une  feuille  ?  Nous  citerons 
seulement  (les  ayant  en  herbier)  : 

Alyssum  maritimum  Lmwk. .,  Arabis  auriculata  Lamk.  ,/4.  hirsuta  Scop., 
Biscutella  amhigua  DC. ,  Brassica  mnntana  DQ,.,  Capsella  Bursa-pastoris 
Mœnch,  Cochlearia  glastifolia  L.,  Diplotaxis  erucoides  DC. ,/?.  tenuifulia 
DC. ,  D.  viminea  DC. ,  Sinapis  orvensis  L.,  Thlaspi  arvense  L.,  Sisymbrium 
Columnœ  .Tacq.,  Lepidiani  campestre  R.  Br. ,  L.  sativwn  L. ,  Brassica  ole- 
racea  L.  Voyez  aussi  Jac(iuemont,  Yoy.pl.  XIII  {Cheirantlms  himalayensis 

Camb.),  etc. 

Enarthrocarpus  lyratus  DC.  est  bien  mieux  encore  :  toutes  ses  fleurs  sont 
AXiLLAiRES,  dcpuis  la  première  qui  a  pour  aisselière  une  feuille  formelle, 
jusqu'à  la  dernière  qui  conserve  une  petite  bractée.  Il  en  est  de  même  de 
plusieurs  espèces  des  genres  Sisymbrium,  Cardamine,  Farsetia,  citées  par 
les  auteurs  que  rappelle  ]M.  Clos  [loc.  cit.,  p.  ."ïOl). 


266  SOCIFTÉ   BOTAMQUR    UK    FRANCE. 

Nous  cnncliinns  :  \°  que  l'absence  de  bractées,  qui  est  très  fréquente, 
mais  qui  n'est  pas  universelle  chez  les  Crucifères,  s'explique  suffisamment 
par  l'oblitération  ou  l'avortemenf,  comme  dans  lieaucoup  d'autres  familles; 

2°  Qu'il  y  aurait  danger  de  confusion  à  étendre  aux  phénomènes  les  plus 
communs  le  sens  du  mot  partition,  qui  a  été  utilement  spécialisé  pour 
des  cas  particuliers  bien  définis  ; 

3°  Qu'il  n'y  a  pas  lieu,  quant  à  présent,  d'admettre  une  troisième  ordon- 
née «générale  du  système  naturel  de  l'inflorescence,  tous  les  faits  normaux 
observés  jusqu'ici  rentrant  sans  effort  dans  les  deux  ordonnées  progression 

et  RÉGRESSIOiV, 

Nous  protestons  à  cette  occasion  contre  «  les  faisceaux  fibro-vascu- 
laires  gérm'ateurs  des  feuilles  ou  des  fleiu's  »  de  M.  Clos  (1).  Les  feuilles 
et  les  boutons  floraux  sont  engendrés  dans  des  bourgeons  où  l'on  ne  trouve, 
à  l'époque  et  à  l'endroit  de  cette  génération ,  ni  fibres  ni  vaisseaux, 
mais  seulement  des  cellulettes  séveuses  et  des  courants  séveux.  Ce  qu'on 
appelle  fibre  n'engendre  rien  que  l'on  sache,  ce  qu'on  appelle  vaisseau  non 
plus,  et  leur  réunion  pas  davantage.  Cette  partie  inférieure  et  prolongée 
des  trachées  qui  a  nom  vaisseau  et  les  tubules  nommés  fibres  sont  des 
organes  postérieurs  à  ia  naissance  et  au  premier  développement  de  l'être 
vivant  auquel  ils  s'ajoutent,  et  des  êtres  qui  se  produisent  de  sa  sul)stance. 
On  peut  ouvrir  en  ce  moment  un  bourgeon  floral  de  Bibes,  par  exemple,  y 
voir  des  boutons  bien  formés,  la  progression  nettement  marquée  ;  y  discer- 
ner sépales,  étamines,  carpelles  même,  sans  trouver  seulement  une  trachée 
dans  ces  organes  déjà  éloignés  de  l'époque  de  leur  naissance.  On  n'en  trou- 
vait pas  davantage  à  cette  même  époque  dans  le  mamelon  muqueux  qui  les 
avait  conçus. 

M.  J.  Gay  fait  observer  que,  dans  les  grappes  des  Crucifères,  les 
fleurs  inférieures  naissent  souvent  à  Faisselle  de  feuilles.  On  peut 
d'ailleurs  y  trouver  toujours  des  bractées  rudimentaires,  sous  forme 
de  petites  écailles,  au  moins  pour  les  pédicelles  inférieurs.  Quant 
aux  feuilles  supérieures,  leurs  bractées  sont  souvent  nulles;  mais  là 
encore  on  retrouve  les  deux  stipules  glanduleuses  qui  caractérisent 
les  feuilles  des  Crucifères.  M.  Gay  cite,  à  Tappui  de  ces  faits,  les 
observations  encore  inédiles  de  M.  Nordinaim,  de  Christiania.  Il 
signale  aussi  la  manière  de  voir  de  M.  Krause,  ijui,  chez  les  Cruci- 
fères, cherchait  la  bractée  dans  le  calice  et  considérait  comme  telle 
le  sépale  antérieur.  Le  sépale  postérieur  était,  pour  lui,  un  vorblatt 
ou  préfeuille.  M.  Gay  considère  celte  opinion  comme  non  soutenable. 

(1)  Loc.  ciLt  p.  500. 


SKVNCi'',  nr  13  maks  '1(S57.  '2f>7 

M.  Chaliii  rappolle  que  cortaiiies  Crucifèios  ont.  des  bractées  très 
iiianirestes.  Il  cite  les  Sisytnbrium  polyceratium ,  rimcinntum  j 
Brcn/a  snpina,  etc. 

M.day  ajoute  que,  dans  le  genre  lonopsidiwn,  tous  les  pédicelles 
naissent  à  l'aisselle  de  f(Hiilles. 

M.  Guillard  fait  remarquer  (|ue  ce  qui  vient  d'ôtre  dit  par 
MM.  Gay  et  Cliatin  conlirine  Topiiiion  qu'il  a  émise,  en  considérant 
l'inllorescence  des  Crucifères  comme  se  rapportant  au  type  ordinaire 
de  la  progression  et  n'étant  pas  le  résultat  d'une  partition  spéciale. 

M.  Ducliartre  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

NOTE  SUR  UNE  FEUILLE  MONSTRUEUSE  DE  TILLEUL,  SUIVIE  DE  QUELQUES  CONSIDÉRATIONS 
SUR  LES  FEUILLES  PELTÉES,  par  M.   P.   UU€HARTRE. 

Le  fait  qui  fait  le  sujet  principal  de  cette  note  n'a  peut-être  pas  beaucoup 
d'intérêt,  et  en  le  signalant  à  la  Société,  j'aurais  craint  d'occuper  son  attention 
sans  motif  suffisant,  si  je  n'avais  constaté  qu'aucune  observation  analogue 
ne  se  trouve  signalée  dans  le  Traité  de  Tératologie  végétale  ûq  M.  Moquin- 
Tandon.  Il  m'a  été  présenté  par  une  feuille  de  Tilleul  qui,  seule  sur  son 
rameau,  avait  soudé  l'une  à  l'autre  ses  deux  grandes  oreillettes  basilaires 
sur  toute  la  longueur  de  leurs  bords  en  regard,  et  cela  de  manière  à  devenir 
complètement  peltée.  Cette  soudure  avait  déterminé  une  altération  dans  le 
contour  général  de  la  feuille,  qui  était  devenue  notablement  plus  longue 
que  large,  tandis  que  les  feuilles  normales  voisines  étaient  toutes  aussi 
larges  ou  même  un  peu  plus  larges  que  longues.  A  cela  près  rien  n'avait 
été  changé  dans  l'organe,  dont  les  nervures  avaient  conservé,  sans  le 
moindre  changement,  le  nonibre,  le  développement  relatif  et  la  disposition 
qu'elles  présentent  habituellement  dans  le  Tilleul.  La  ligne  de  soudure  des 
deux  bords  unis  n'était  indiquée  par  rien  de  particulier;  maison  recon- 
naissait sa  situation  grâce  à  une  nervure  très  grêle  qui,  dans  les  feuilles 
normales  du  Tilleul,  suit  à  une  faible  distance  le  bord  interne  de  la  grande 
oreillette.  Cette  nervure  existait  dans  ma  feuille  peltée,  et  elle  montrait 
que  l'union  s'était  faite  tout  a  côté  d'elle. 

Eu  observant  cette  monstruosité,  je  me  suis  demandé  si  elle  ne  dévoilait 
pas  l'origine  réelle  de  la  disposition,  peu  fréquente  au  total,  qui  rend  les 
feuilles  peltées;  en  d'autres  termes,  je  me  suis  demandé  si  les  feuilles 
peltées,  en  général,  ne  seraient  pas  purement  et  simplement  des  feuilles  à 
deux  grandes  oreillettes  basilaires,  soudées  entre  elles  par  leurs  bords  en 
regard.  Je  crois  que  la  dispositio!»  peltée  ou  la  peltation,  si  l'on  veut  me 
passer  ce  mot,  ne  peut  avoir  que  deux  origines  :  1"  celle  que  je  viens 
d'indiquer;  2"  une  ramification  parfaitement  uniforme  du  pétiole  tout 


2(58  sociÉTi:;  botamquk  dk  iua.nci:. 

aiitoui'  (le  son  extrémité.  Djins  le  prenùer  de  ces  modes  de  formation,  la 
soudure  sera  toujours  infiiqute,  ce  me  semble,  parce  que,  si  l'on  trace 
une  ligue  qui  prolongerait  la  nervure  médiane  du  limbe  en  arrière  de  sa 
base  marquée  par  l'extrémité  du  pétiole,  cette  ligne  ne  rencontrera  pas  de 
nervure  et  parcourra  un  espace  uniquement  cellulaire;  tandis  que,  dans  le 
second  mode,  cette  même  ligne  rencontrera  une  nervure  équivalente  ou  à 
peu  près  équivalente  aux  autres;  ces  deux  sortes  de  peltation  semblent,  a 
priori,  devoir  différer  beaucoup  d'importance,  puisque  l'une  n'est  due  qu'à 
une  soudure,  c'est-à-dire  à  un  fait  indépendant  de  l'organisation  même, 
tandis  <|ue  l'autre  tient  a  une  sorte  particulière  de  ramification  du  pétiole, 
c'est-à-dire  à  la  constitution  tnên)e  de  l'organe.  La  deiiiière  donnerait 
seule  des  feuilles  essentiellement  peltées,  tandis  que  la  première  produirait 
des  feuilles  en  quelque  sorte  imparfaitement  peltées. 

Il  y  avait  un  certain  intérêt  à  reconnaître,  en  premier  lieu,  si  la  nature 
emploie  uniquement  l'un  ou  l'autre,  ou  bien  simultanén)ent  l'un  et  l'autre 
de  ces  modes  ;  en  second  lieu,  si  la  différence  que,  théoriquement,  on 
trouve  entre  eux,  est  tellement  grande  en  effet,  que  la  même  espèce  ne 
présente  jamais  que  l'un  ou  l'autre  mode  séparément,  et  non  l'un  et  l'autre 
à  la  fois,  Pou'"  me  fixer  a  cet  égard,  j'ai  observé  beaucoup  de  feuilles 
peltées,  et  les  résultats  de  cet  examen  ont  été  :1"  que  la  très  grande 
majorité  de  ces  feuilles  doit  sa  manière  d'être  à  une  soudure  bord  à 
bord  des  deux  oreillettes  basilaires;  2"  qu'un  petit  nombre  seulement  sont 
peltées  par  ramification  du  pétiole  tout  autour  de  son  extrémité;  3°  que 
cette  dernière  sorte  de  peltation,  quoique  tenant  à  l'organisation  même 
de  la  feuille,  peut  être  remplacée  par  la  première,  de  manière  à  rendre 
moins  tranchée  qu'on  ne  l'aurait  cru  à  priori  la  ligne  de  démarcation 
entre  les  deux. 

Je  ne  crois  pas  nécessaire  de  citer  des  exemples  de  feuilles  peltées  par 
soudure,  puisqu'elles  constituent  la  généralité;  mais  j'indiquerai  les  Ne- 
lumbium  comme  le  meilleur  exemple,  à  ma  connaissance,  de  celles  qui 
sont  peltées  par  uniformité  de  ramification.  Dans  ces  végétaux  le  limbe 
de  la  feuille  revient  à  un  cercle  coupé  en  deux  par  un  diamètre  que  trace 
une  nervure  médiane,  partagée  elle-même  par  le  point  d'attache  du  pétiole 
en  deux  parties  égales,  situées  bout  à  bout.  Ces  deux  parties  constituent  en 
réalité  deux  nervures  médianes,  l'une  antérieure,  l'autre  postérieure.  Une 
particularité  digne  de  remarque,  c'est  que  ces  deux  nervures  médianes 
sont  simples,  tandis  que  toutes  les  autres,  en  grand  nomf)re,  qui  rayonnent 
autour  du  sommet  du  pétiole,  sont  rameuses  par  dichotomie.  Par  exception 
à  cette  structure,  j'ai  vu  deux  feuilles  de  A  t'/?/mi<w»i  iy;cc/o<;//?/?  parmi  celles 
de  l'herbier  Delessert ,  dans  lesquelles  la  nervure  médiane  postérieure 
manquait  entièrement,  et  (jui,  dès  lors,  semblaient  appartenir  au  type 
commini  des  feuilles  peltées.  .l'ai  trouvé  aussi,  sur  un  pied  de  la  même 


SÉANCK  i»i:  U  M.viss   1857.  •2m) 

espèce  cullivc  dans  l'ii(|uaiiuin  O.u  Jardin  des  plantes,  une  feuille  (|ui 
formait  la  transition  de  l'état  normal  à  ce  dernier,  et  dans  lequel  la  nervure 
médiane  postérieure,  simple  à  sa  base  sur  une  certaine  lon^^ueur,  se  bifur- 
quait plus  loin  en  deux  nervures  égales  et  parallèles.  • —  les  espèces  à 
feuilles  pellees  du  genre  Tropœolum  présentent,  de  leur  côté,  des  varia- 
tions assez  grandes  pour  rendre  fort  difficile  la  distinction  entre  les  deux 
sortes  de  pellation,  ou  pour  prouver  même  que  cette  distinction  est  peu 
admissible.  Ainsi,  dans  le  Tropœolum  mojus,  la  nervure  médiane  posté- 
rieure man(iue  le  plus  souvent,  mais  elle  existe  aussi  dans  un  certain 
nombre  de  cas.  Pour  le  Tropœolum  minus,  les  cas  dans  lesquels  cette  ner- 
vure existe  sont  plus  fréquents  que  pour  le  Tropœolum  mojus;  mais  ils  le 
sont  encore  moins  que  ceux  dans  lesquels  elle  manque.  Je  ne  l'ai  pas 
trouvée  sur  la  généralité  des  feuilles  de  Tropœolum  tuberosum  que  j'ai 
examinées;  sur  une  feuille  de  cette  espèce,  dans  l'herbier  Delesscrt,  je  l'ai 
observée  formant  une  bifurcation  en  deux  nervures  symétriques. —  Ces 
exemples,  qu'il  serait  je  crois  inutile  de  multiplier,  me  semblent  prouver 
l'exactitude  des  énoncés  (|ue  j'ai  exprimés  relativement  aux  modes  de  for- 
mation des  feuilles  peltées  en  général. 

.M.  Réveil  dit  avoir  vu  en  18/i9,  dans  un  jardin,  à  Paris,  un  Lonicera 
Caprifolium  portant  des  feuilles  soudées,  non  pas  à  leur  base,  mais 
par  leurs  bords. 

M.  Bâillon  présente  les  observations  suivantes  : 

La  formation  des  feuilles  peltées  semble  pouvoir  se  rapporter  aux  deux 
modes  différents  qu'invoque  M.  Duchartre,  si  l'on  en  juge,  entre  autres 
exemples,  par  les  deux  qui  suivent.  La  marche  qu'y  suit  la  nature  semble 
en  effet  être  inverse  dans  les  deux  cas. 

Les  feuilles  de  nos  Ricins  ne  sont  pas  d'ordinaire  peltées  à  l'âge  adulte, 
mais  dans  leur  extrême  jeunesse  elles  le  sont  toujours.  Si  l'on  examine 
comment  s'y  comportent  à  leur  apparition  les  nervures,  on  voit  que  du 
sommet  du  pétiole  diverge  un  faisceau  infundibuliforme  de  ces  nervures 
qu'on  (lira  plus  tard  digitées.  Le  parenchyme  s'étend  de  l'une  à  l'autre,  et 
forme  avec  elles  une  sorte  de  cornet  continu.  Cependant  ce  cornet  s'échancre 
légèrement  sur  un  des  points  de  son  ouverture.  On  peut  voir  alors  que  la 
nervure  qui,  partie  de  l'extrémité  du  pétiole,  s'avance  vers  celte  échan- 
crure,  s'est  bifurquée  pour  suivre  chacune  des  lèvres  de  celle-ci,  tandis 
que  toutes  les  autres  sont  encore  simples.  Cette  nervure  affecte  donc  alors 
la  disposition  d'un  Y,  et  l'angle  que  forment  les  deux  branches  supérieures 
par  leur  rencontre  se  trouve  dépourvu  de  parenchyme.  Le  jambage  basi- 
laire  est  donc  le  trait  d'union  qui  persiste  entre  les  deux  moitiés  de  la  base 


270  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FlUNCE. 

de  la  feuille  ;  mais  comme  ce  jambage  va  désormais  s'accroître  très  peu, 
relativement  aux  deux  branches  supciiLures  divergentes  de  i'Y,  la  pelta- 
tion  va  se  détruire  graclueilemcnt  et  iiuira  par  être  imperceptible.  Acci- 
dentellement elle  pourra  cependant  subsister,  et  c'est  ce  qui  arrive  très 
souvent  dans  la  variété  du  Ricinus  communis  qu'on  a  nommée  JR.  afri' 
canus. 

Un  exemple  complètement  opposé  semble  pouvoir  être  tiré  des  feuilles 
du  Nelumbium  cité  par  M.  Ducbartre.  Si  l'on  brise,  en  effet,  une  graine 
de  cette  plante  et  que  l'on  en  retire  l'embryon  végétal,  lequel  est  déjà  très 
développe  avant  toute  germination  et  se  distingue  par  sa  couleur  verte  de 
l'albumen  blanchâtre,  on  voit  que,  sinon  la  première  feuille,  laquelle  est 
d'ordinaire  simple  et  aciculée,  la  seconde  et  la  troisième  le  plus  souvent  se 
présentent  avec  l'aspect  suivant.  Au  pétiole  fait  suite  un  limbe  étroit, 
conique,  subule,  aigu,  et  sur  ses  côtés  sont  portées  deux  cornes  obliquement 
réfléchies  vers  le  pétiole,  et  donnant  à  l'ensemble  de  la  feuille  la  forme  de 
certains  fers  de  flèche.  Il  y  a  donc  dans  cette  feuille  deux  grands  angles 
vides  par  absence  du  parenchyme  entre  ces  lobes  et  le  pétiole.  Sur  les 
feuilles  suivantes,  le  parenchyme  devenant  plus  abondant,  cet  intervalle 
est  comblé,  et  l'on  arrive  peu  à  peu  à  un  limbe  cordé-échancré  à  sa  base, 
puis  pelté  d'une  manière  de  plus  en  plus  manifeste.  C'est  simplement  la 
quantité  du  parenchyme  interposé  qui  fait,  par  son  accroissement,  dispa- 
raître les  solutions  de  continuité  des  bords  de  la  feuille. 

M.  Cosson  met  sous  les  yeux  de  la  Société  plusieurs  espèces  rares 
ou  nouvelles  de  la  régence  de  Tunis,  et  fait  les  communications 
suivantes  : 

ITINÉRAIRE  D'UN  VOYAGE  BOTANIQUE  EN  ALGÉRIE,  ENTREPRIS  EN  4850  SOUS  LE 
PATRONAGE  DU  MINISTÈRE  DE  LA  GUERRE,  par  M.  E.  COSS^OIV. 

(Dixième  partie.) 

Le  Djebel  Ksel,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  constitue  avec  le  Djebel 
Mezouzin,  les  massifs  les  plus  élevés  des  montagnes  rocheuses  qui  circon- 
scrivent 'a  plaine  de  Géryville.  Le  massif  de  citte  montagne,  étendu  du 
sud-ouest  au  nord-est,  s'élève  à  environ  8  kilomètres  au  nord-est  de  Géry- 
ville, par  une  pente  étroite  dont  l'inclinaison  est  assez  forte;  ses  versants 
principaux  sont  ceux  du  nord  et  du  sud.  Deux  sommités  terminent  le 
massif,  l'une  moins  élevée  et  plus  approchée  de  Géryville,  l'autre  qui  forme 
la  cime  principale  et  qui  est  désignée  sous  le  nom  de  Kef  el  Mardjem.  Un 
col  assez  large,  ou  plutôt  une  vallée  peu  profonde,  sépare  les  deux  sommets. 
—  Le  versant  nord,  malgré  sa  pente  assez  roide  et  la  présence  de  nombreux 
blocs  de  rochers,  est  en  grande  partie  boisé,  et  ces  bois,  dont  ^'essence 


SÉANCK    DU    13    MAUS     1857.  271 

principale  est  le  Chéne-vert  [Quercus  Ilex,  et  v;ir.  /Jal/ota),  s'élendent  de- 
puis environ  200  mètres  au-dessus  de  la  base  de  la  montagne  jusqu'aux 
sommités,  qui  présentent  encore  quehjues  buissons  espaces  et  rabougris. 
Dans  une  antVaetuosilé  de  la  partie  la  plus  occidentale  de  ce  versant,  et 
à  environ  /iOO  mètres  au-dessus  de  la  plaine,  existent  les  seules  véritables 
sources  que  présente  la  montagne,  et  elles  ne  sont  pas  assez;  abondantes 
pour  donner  naissance  <à  un  ruisseau,  car  bientôt  leurs  eaux  se  perdent  dans 
le  pâturage  qu'elles  arrosent.  C'est  auprès  de  ces  sources  que  iVJ .  de  Colomb, 
qui  la  veille  avait  eu  l'obligeance  d'aller  cboisir  le  lieu  de  campement  le 
plus  favorable  pour  nos  explorations,  a  lait  dresser  les  tentes  qui  doivent 
nous  servir  d'abri  pendant  notre  séjour  dans  la  montagne.  —  Le  versant 
sud,  escarpé  dans  presque  toute  son  étendue,  est  dépourvu  de  véritables 
bois,  et  il  ne  s'y  rencontre  que  (juelques  arbres  et  quelques  buissons,  espacés 
à  la  base  des  rochers  qui  constituent  les  escarpements  et  sur  les  bords  des 
ravins.  La  roche  dominante  du  Djebel  Ksel  est  un  grès  assez  compacte  ; 
sur  quelques  points  seulement  se  rencontrent  des  schistes  argileux. 

Le  terrain  rocailleux  et  dépourvu  de  bois  et  de  broussailles,  par  lequel 
nous  commençons  l'ascension  du  versant  nord,  nous  montre,  réunies  aux 
plantes  de  la  plaine,  un  certain  nombre  d  espèces  caractéristiques  de  la  ré- 
gion montagneuse^  ainsi   nous  y  voyons  en  abondance  les  Eruca  sativa^ 
Heiianthemiun  salici folium  var.  brevipes  et  hirtum  var.  Deserti,  Peganunt 
Hormala  (très  abondant),  Ononis  angustissima  (très  abondant),  Anthyllis 
Numidica,  ScancUx  austrulis,  Paltenis  spinosa,  Xerantkemum  inapertum, 
Atractylis  cœspitosa  (très  abondant),  Echinops  spinosus,   Thymus  ciliatus 
var. ,  Plantago  albicans,  Scilla  Peruviana,  Asphodelus  rnio^ocarpus,  ^tipa 
ifenacissiwa  (très  abondant),  gigantea,  barbata  et parviflora,  Lygeum  Spar- 
tum,  uEgilops  ovata  var.  triaristata;  outre  ces  plantes  dominantes  nous  y 
notons  encore  les  Erucastrum  leucanthum,  Meniocus  linifolius,   Alyssuni 
scutigerum,  Silène  ceraslioides,  Ebenus  pinnata ,  Astragalus  te.nuifolim, 
Eryng ium  cainpeslre ,  Crucianella  patula^  C ard uncellus  piiinutus ,  Centaurea 
acaulis^  Onopordoii  macracantliwn,  Rhaponticum  acaule,  Scorzonera  undu- 
lata,  Asterotlirix  Hispanicu,  Androsace  maxiuta,  Rochelia  stellulata,  Zi- 
zyphora  Bispanica,  Passerina  virgata,    Wangenheimia  Lima,  Festuca  in- 
cro.ssata,  Broinus  squarrosus,  etc.;  la  végétation  de  la  région  montagneuse 
est  repi'esentee  par  les  Ononis   Columnœ,   Medicago  secundiflora^  Sedum 
altissimuin,  Piinpinella  dichotoma,  Centaurea  alba  el  pubescens,  Phœnixo- 
pus  vimineus,  Sonchus  spinosus,  Festuca  cynosuroides  ;  le  Carduncellus 
atractyloides,  qui  n'avait  encore  été  observé   dans  notre  voyage   qu'au 
sommet  du  Djebel  Taelbouna  près  Asia,  et  qui  n'était  connu  qu'en  Algérie 
dans  la  région  montagneuse  supérieure  des  monts  Aurès  et  du  Djurdjura, 
se  rencontre  ici  à  une  altitude  bien  moindre  que  celle  des  autres  stations 
où  nous  l'avions  observé. 


2 '2  SOCIKTK  liOiAMQli:    |)F,    FKVNCE. 

Ali-dessus  des  rocailies  que   nous  venons  de  traverser  apparaissent  de 
rares  buissons  de  Bosmarimts  officinalis,  Betama  sp/ufrocarpu  non  encore 
Henri,  Colutea  arborescens,  Cistus  villosus,  Rliamnns  lycioides,  Jasminum 
fruticans,  Ephedra  Grœca,  que  dominent  çà  et  là  des  touffes  de  Junipeims 
Oxijcedrus  et  quelques  Chênes-verts  rabougris,  premiers  représentants  de  ia 
zone  boisée  que  nous  atteindrons  bientôt.   Entre  les  broussailles  croît  en 
grande  abondance  le  Fenda  communis,  qui  par  sa  taille  les  dépasse  sou- 
vent. La  nous  observons,  outre  la  plupart  des  espèces  de  la  base  de  la  mon- 
tagne, les  Alj/sswn  serpyllifolium,  Heliantheuium.    g/ut/nosum  et  rubel- 
ium, Dianthui  sijlvestris,  Linum  suffruticosum,  Argyrulohium  Linnœanum, 
Coronilla  mininia,  Bippocrepis  scabra,  Seduru  album  var.,  Carum  Mauri- 
tanicum,  Thapsia  latifolla,  Jurinea  humilis  var.  Bocconi,  Carlina  involu- 
crata,  Sen^otula  mucronata,  Leuzea  conifein,  Helminthia  aculeata,  Avena 
pratensis,  Melica  dilata,  Elymus  a-initus,  etc.;  nous  y  recueillons  égale- 
ment le  Santolina  canescens,  que  nous  n'avions  encore  vu  que  dans  les 
montagnes  de  l'Aurès  et  dans  le  Djurdjura,  avec  les  Genlsta  pseudopilosaet 
Buplevrum  exaltatum  var.  linearifolium  liois^.  [B.  paniculatuin  Coss.  ap. 
Balansa  exsicc.  )  qui  en  Algérie  n'étaient  connus  que  dans  les  monts  Aurès. 
Au-dessus  de  ce  point,  tout  le  versant  nord  de  la  montagne  est  couvert,  à 
l'exception  de  quelques  clairières  plus  ou  moins  étendues,  de  bois  formés 
presque  exclusivement  par  des  Cbènes-verts  peu  élevés  et  des /«rujoerws 
Oxycedrus.  —  L'approche  de  la  nuit  et  surtout  un  orage  qui  se  prépare,  et 
qui  nous  est  annoncé  par  un  violent  ouragan,  quelques  coups  de  tonnerre, 
et  les  nuages   qui   s'amoncellent,  nous  forcent  de  remonter   à   cheval  et 
de  gagner   en  toute  hâte   le  lieu   désigné  pour   le  campement.  Les  bois, 
où  l'obscurité  déjà  profonde  ne  nous  permet  plus  de  distinguer  le  sen- 
tier, sont  traversés  sans  accident,  grâce  à  la  vigueur  et  à  l'adresse  de  nos 
chevaux,  qu'il  ne  nous  est  plus  possible  de  guider  et  qui  souvent  ont  à 
gravir  des  pentes  roides  et  rendues  plus  difficiles  par  des  pierres  éboulées. 
i\L    et  M'"^  de  Colomb,   ainsi   que  nos  autres  compagnons  d'excursion, 
qui  n'avaient  pas  comme  nous  trouvé  un  vif  intérêt  dans  l'exploration  des 
pâturages  de  la  base  de  la  montagne,  voient  avec  grand   plaisir  les  tentes 
où  nous  allons  trouver  un  abri  contre  la  pluie,  qui  commence  à  tomber  et  qui 
heureusement  n'a  pas  atteint  notre  provision  de  papier.  Un  excellent  souper 
que  M.  de  Colomb  a  eu   l'attention  de  faire  préparer,   et  auquel  tout  le 
monde  fait  amplement  honneur,  nous  dispose  à  passer  une  bonne  nuit  pour 
nous  préparer  a  la  course  du  lendemain,  au  succès  de  laquelle  nos  aimables 
compagnons  s'intéressent  vivement  et  pour  laquelle  tous  nous  promettent  le 
concours  le  plus  empressé. 

Le  29  mai,  vers  7  heures  du  matin,  après  avoir  mis  en  ordre  nos  récoltes 
de  la  veille  et  avoir  pris  une  piemière  observation  barométrique  au  voisi- 
nage des  sources,  situées  à  environ  ^00  mètres  au-dessus  de  la  plaine  de 


SÉANCE   DU   13    MA!«S    1857.  273 

Géryville  et  à  1700  mètres  d'altitude  .-ibsolne,  nous  explorons  minutiense- 
n)enl  la  clairière  où  yont  dressées  nos  fentes  et  ou  l'inij^ation  naturelle  des 
sources  a  favorisé  le  développement  d'une   l'iclie  vonctatioii.   Dans  les  en- 
droits vaseux  où  viennent  se  perdre  les  eaux  des  sources,  nous  tiouvons  en 
abondance  le  llammculus  cœnosiis  avec  les  Trifolium  resupinutum,  Juncun 
ùufonius,  Scirpiis  Jld/oschœnus,  Carex  divisa,   Alopecun/s  prnt/nsis  var. 
ventricosus,  etc.  Les  pâturajJies  aux  environs  du  campement,  où  dominent 
les  Trifolium  splucrocephalum,  Ar/i,n-iit  plunkiginea  var.  leuranlha,  Plan- 
tago  mbidatu  et  Coronopus,  Humex  i/njt'soides,  Cynosurus  flegans,  Trise- 
tum  flavesceus,  Pou  Indbosa  et  Fastucaei/nQSW'oides,  nous  offrent  en  outre 
un  certain  nombre  de  plantes  intéressantes,  entre  autres  les  Mannibiam  su- 
piiium,  IJelianihernum  papillare,   Trifoliuut   niicrunt/iuni  (nouveau    pour 
l'Algérie),  Sisijmhrium  rrassifolinm,  Evax  Heldreichii,  avec  les  Arabis 
auriculata,  Anthémis  tuberculafa,  Anacyclus  Pyrethrum,  h'rysimuni  gran- 
di flonim,  Inula    monlanu ,    Trigonella  polycerata,    Catnnanche  cœrulea^ 
Centaurea  acaulis,  Silène  conica,  Capsclla  Bursa-pastoris,  Convolvulus  seri- 
ceus,  Trifolium  glomeratum  et  tomentosum,  Géranium  rotundifoUum,  Apera 
interrapta  (connu  en  Algérie  à  une  seule  localité  des  monts  Aurès,  au 
sommet  du  Djebel  Cheliab),  etc.  —  A  la  limite  de  la  clairière  de  notre  cam- 
pement nous  trouvons,  sur  la  lisière  du  bois  de  Cbènes-verts  (|ue  nous  de- 
vons traverser  pour  gravir  la  sommité  occidentale  de  la  montagne,  les  Thy- 
mus hirtus  et  Guyonii  qui  croissent  sur  des  pelouses  rases  et  pierreuses. 
Parmi  les  espèces  que  nous  observons  dans  le  bois  et  que  nous  n'avons  pas 
encore  vues  jusque-là,  nous  devons  nous  borner  à  mentionner  les  Veronica 
rosea,  Silène  Italica  var.,   Bromus  erectus,   Calamintha   alpina,  Miliimi 
vernale  var.  Montianum,  Arabis  pabescens ,  Belianthemum  glaucum,  Litho- 
spermum  incrassatum^  Fcstuca  tri flor a,  Silène  triparlita  var.  oxyneura,  Va- 
leriana  tiiberosa,  Polycarpon   Bivonœ,  Saxifraga  Carpetana,  etc.  Le  Cra- 
tœgus  Oxyacantha,  le  Basa  canitta  et  le  Lunicera  Iitrusca  se  rencontrent 
çà  et  là  dans  le  bois,  où  le  Santolinu  canescens  devient  d'une  grande  abon- 
dance.  Des   rocbers  escarpés   assez  élevés  nous  restent  a   francbir  pour 
atteindre  le  plateau  étroit  et  rocailleux  qui  constitue  le  point  culminant  de 
la  première  sommité.  Dans  les  fissures  des  rocbers  et  dans  les  rocailles  qui 
s'étendent  à  leur  base,  nous  trouvons  le  Droba  Hispanica  qui  est  beaucoup 
plus  rare  que  dans  les  autres  montagnes  de  l'Algérie,  d'une  même  altitude, 
que  nous  avons  visitées  dans  nos  voyages  préi-édents.  La  nous  notons  éga- 
lement les  Anthytlis  Vidneraria,  Atra'ctylis cœspifosa.  Jurineii  humilis  \iw. 
Bocconi,  Linum  suffruticosum,  Inula  rnontuna,  Plinitago  subtdata,  Baple- 
vrum  exaltatum  var.  lineurif'olium,  non  fleuri,   Centaurea  alOa,  Carduus 
macrocephalus,  etc.  A  l'ombre  de  touffes  de  Chênes-verts  rabougris  et  de 
Berberis    vulgaris    var.   australis ,   espacées  sur    le    plateau    (environ   à 
200  mètres  au-dessus  des  sources),  nous  obseivons  Us  Valeriauella  cari- 
T.  IV.  18 


274  SOCIÉTÉ    «OTAMQUE    DE    FRANCE. 

nata,  Veronico  prœcox  q\  (yiubalarin,  GaUwn  Aparine,  Tlilaspi  perfo- 
liatum,  Mi/osotis  hispidu,  Rubiu  It/wis,  Anlhriscus  vulgaris,  Arenaria  ser- 
pyllifolia,  Cijaosurus  eleyans.  Les  rocailles  du  plateau,  où  les  plantes 
dominantes  sont  les  Atractylis  aespitosa,  Plantago  subulatn  et  Evax  Hel- 
dreichii  sous  forme  de  touffes  orbiculaiies  déprimées,  nous  piésentent  la 
plupart  des  espèces  déjà  signalées  dans  les  rochers  que  nous  venons  de 
gravir,  avec  les  Helianthemum  pilosuin  var.  et  rubellurn,  Bromus  squar- 
i'osus,  Avena  pratensis,  Sediim  album  vai'.,  Irisetum  flavescens,  Teucrium 
Polium,  Echinaria  capitata,  Armeria  plantaginea  var.  leucantha,  Cala- 
mintlia  a/pina,  Anaci/clus  Pyrethrum,  Ifanunculus  Oinenlalis ,  Silène 
conica,  irifoUivn  i^phœroccphulum ,  Alyssum  serpylUfoiium,  Veronica 
rosea,  Rocheliu  slellulata,  Xerardhemuin  inapertum,  liomulea  Bulboco- 
diu/n,  Festuca  cynosuroides.  Nous  avons  à  peine  terminé  l'exploration  de 
cette  première  sommité,  que  nous  voyons  descendre  du  pic  principal  nos 
compagnons  d'excursion,  qui  nous  rappellent  que  l'heure  du  déjeuner  est 
arrivée  et  qu'ils  vont  nous  attendre  au  lieu  du  campement;  nous  nous 
hâtons  donc  de  les  rejoindre  avec  d'autant  plus  d'empressement,  que  le 
reste  de  la  journée  doit  à  peine  suffire  a  la  préparation  de  nos  récoltes.  A 
notre  arrivée  nous  trouvons  avec  grand  plai^<ir  un  excellent  déjeuner  servi 
sous  des  Cliénes-verts,  dont  l'ombi'age  a  été  rendu  plus  complet  par  des 
branchages  coupés  et  entrelacés  dans  leur  feuillage,  et  qui  forment  ainsi 
un  véritable  dôme  de  verdure  au-dessus  du  rocher  qui  nous  sert  de  table. 
Nous  n'avons  pas  besoin  de  dire  que,  dans  ce  charmant  site  et  en  aussi  bonne 
compagnie,  le  temps  du  repas  est  employé  d'une  manière  aussi  agréable 
qu'utile. 

Le  30,  tout  le  monde  est  sur  pied  dès  six  heures  du  matin;  M.  et  M°'*de 
Colomb,  ainsi  que  les  officiers  de  Géryvitle,  nous  quittent  pour  retourner  au 
fort,  après  nous  avoir  laissé  toutefois  les  vivres  nécessaires  pour  la  journée, 
que  nous  nous  proposons  de  consacrer  encore  a  l'exploraiion  de  la  montagne. 
A  8  heures,  nous  partons  pour  aller  visiter  le  pâturage  du  col,  qui,  comme 
nous  l'avons  dc^a  dit,  sépare  les  deux  sommités,  etsurtout  le  point  culminant 
delà  montagne,  le  Kef  el  Mardjem.  Le  bois  de  Chênes- verts  que  nous  avions 
exploré  la  veille,  el  que  nous  traversons  pour  nous  rendre  au  col,  ne  nous 
offre  pas  de  nouvelles  espèces  à  ajouter  a  notre  liste.  Les  pâturages  du  col 
présentent  une  végétation  assez  analogue  à  celle  du  lieu  de  notre  campe- 
ment; aussi  nous  bornerons-nous  ici  à  appeler  l'attention  sur  les  quelques 
espèces  que  nous  n'avons  pas  observées  à  cette  dernière  station  ou  sur  la 
première  sommité  que  nous  avons  visitée  la  veille,  la  pelouse  dépourvue  de 
bois  qui  occupe  toute  l'étindue  du  ool,  et  qui  çà  et  lu  est  labourée  par  des 
broutis  de  sangliers,  est  constituée  par  un  gazon  assez  épais,  où  dominent 
les  Armeria  plantaginea  var.  leucanthn,  TrifoLium  sp/urrocephaluin  etpar- 
vtflorum,  que  nous  avons  déjà  rencontrés  au  voisinage  des  sources,  avec  les 


SjilANCIi    DL     lii    MAItS    1S57.  275 

liromus  mollis,  llurdcuni  viiiriuuiii,   Pua  ùiilôusa,  lldrhhdiisia  turaxaci/h-. 
lia,  etc.  Dans  le  tiazon  mèiiu'  nous  recueillons  le  JA'iiidiinn  Urnnatensi',  qui 
y  est  très  abondant,  et  les  Hanunculua  clKnroitliullos  var.  (hiùcllatus,  Tu- 
lipa  CelsinnaJ.'efdStium  (jlome?att(7n,  Erodimn  cicutarium,  Hcrniariaqla- 
hra?,  OrnillKKjaium  umbellutinn,  Aalbfassia Salzmanni ,  Taraxacum  abova- 
tum,  Valerianellu  discoidea,  Scleranthus annuus  var.,  Aù-a  minuta,  Lamium 
amplexicaule.  Sur  les  points  ou  le  sol  a  elé  dénude  par  les  san<iliers,  nous 
observons  le  Carduncellus  pinnatus  et  le  Curduncelli/s  atfacti/loides  dont 
les  touffes  ne  sont  pas  encore  fleuries,  avec  le  Ceratocejj/ialas  falcatm  et  le 
Uo/ienackeria  biipk'vri/bliu,  plante  des  hauts  plateaux  qui  à  cette  altitude 
n'avait  jamais  été  observée  en  A  If^érie  ;  dans  ces  mêmes  bioulisde  sangliers 
nous  retrouvons  VApera  interrupta,  qui  en  Algérie  semble  propre  à  la  région 
montagneuse  supérieure.  Nous  nous  dirigeons  ensuite  vers  la   pente  assez 
roide  qui  nous  reste  à  gravir  pour  atteindre  le  point  culminant  du  Kefel 
Mardjem.  A  la  base  de  cette  pente  existent  quelques  buissons  de  Peuplier 
h\<uic  [Populus  albà),  tout  à  fait  semblables  par  la  forme  des  l'euilles  à  la 
variété  du  même  arbre  que  nous  avons  observée  aux  environs  de  TIemcen. 
Dans  les  rocailles  nous  trouvons  en  abondance  le  Polycurpoa  Bivonœ  avec  le 
Queria  Hispanica  et  le  Kœleria  Vnlesiaca.  L'étroit  plateau  qui  constitue  la 
sommité,  et  où  sont  espacés  quelques  buissons  de  Juniperus  Oxycedrus  et 
de  Cbêne-vert,  ne  nous  offre  guère  entre  les  rocailles  et  dans  les  fissures 
des  rochers  de  giès  que  les  plantes  déjà  signalées  sur  le  premiei'  pic,  et  nous 
n'avons  à  ajoutera  notre  liste  que  les  Papaver  Rkœas,  Hutcldnsia  petrœa, 
Sisymbrium  crassifolium,  Dianthus  serrulatus,  Trifolium  aruense,   Umbi- 
licus  horizontalis,  Anlkemis  tuberculata,  Bellis  sylcestris,  Catananche  cœr 
rulea,  Linarin  simplex,  inaryinata  et  heterophylla,  Fesluca  dwiuscula, 
Bromus  rubens  et  lectorum,  Asplenium  Adiavtum-nigrum.  Nous  nous  arrê- 
tons (|uelques  instants  au  pied  d'une  pyramide  en   pierres  sèches  pour 
prendre  l'observation  barométi  iquo  (|ui  nous  servira  à  déterminer  l'altitude 
de  ce  point,  l'un  des  plus  élevés  des  montagnes  du  sud  de  l'Algérie.  Cette 
altitude,  autant  (|ue  nous  pouvons  en  juger  d'après  une  seule  observation 
faite  dans  des  conditions  atmosphériques  peu  favorables,  nous  parait  devoir 
être  évaluée  approximativement  à  1950  mètres,  soit  a  650  mètres  environ 
au-dessus  de  Géryville.  Au  nord  seulement  la  vue  embrasse  uu  vaste  hori- 
zon, car  elle  s'étend  sur  les  plaines  des  hauts  plateaux  jus{|u'au  Chott  el 
Chergui;  au  sud-ouest  s'élève  le  Djebel  Mezouzin,  dont  l'altitude  est  pres- 
que la  même,  et  que  traverse  le  col  de  Teniat  Ouled  Moumen  par  lequel 
nous  avions  pénétré  dans  la  plaine  de  Géryville;  à  l'ouest  la  vue  est  bor- 
née par  les  montagnes  du  Khraueg  el  Beiod  qui  limitent  la  plaine  de  Géry- 
ville; à  l'est  appfirait  la  plaine  accidentée  de  Stitten.  —  Dans  les  rochers 
escarpés  qui  constituent  la  partie  supérieure  du  versant  mciidional,  nous 
observons   les  Alyssum  maritimum,   Brassica  Gravinœ,  Arabis  pubescens, 


276  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE 

Anagallis  linifulia  et  Cistus  villosus.  Kmiroii  à  50  méties  nti-dessous  du 
sommet  du  Kef,  dans  un  endroit  argileux  déprimé  où  viennent  se  perdre 
les  eaux  d'une  petite  source,  nous  leeneillons  un  certain  nombre  des  espèces 
que  nous  avons  déjà  notées  au  voisinage  de  notre  campement,  avec  les 
Phleum  [jrateme  var.  nodosinn,  Festuca  arundinacea,  Poa  trivialis,  Mentha 
Pulegium,  et  nous  trouvons  avec  une  vive  satisfaction  le  Ty^igonella  orni- 
thopodiokles,  plante  de  l'Iùnope  occidentale  ([ui  n'avait  encore  été  vue  en 
Algérie  t|u'aux  environs  d'Algei-.  —  Nous  ne  sommes  i]o  retour  au  campe- 
ment près  des  sources  (|ue  vers  deux  heures,  et  après  avoir  épuisé  le  reste 
de  nos  [Vivres,  nous  nous  empi estons  de  regagner  Gery ville,  où  nous  ne 
sommes  rendus  (|u'a  la  lomb(e  de  la  nuit. 

Les  journées  du  31  mai  et  des  1"  et  2  juin,  ainsi  que  la  matinée  du  3, 
sont  employées  à  la  préparation  de  nos  dernières  récoltes,  a  l'étude  avec 
M.  de  Colomb  de  l'itinéraire  le  plus  avantageux  à  suivre  jusqu'à  Lagliouat, 
à  notre  correspondance,  a  la  mise  en  ordre  de  nos  notes,  à  des  conférences 
avec  le  tolba  du  Bureau  arabe,  pour  lui  l'aire  transcrire  les  noms  aral)es  des 
plantes  sahariennes  (iùe  nous  avions  recueillies  à  Kl  Abiod  Sidi  Cheikh  et  à 
Brézina,  et  surtout  a  l'emballage  delinitif  de  nos  volumineuses  collections. 
Nos  nombreux  pacjuetsde  plantes  sèches  sont,  grâce  à  l'obligeance  de  l'of- 
ficier d'administiation,  renfermés  dans  des  caisses  à  biscuit,  dont  les 
dimensions  sont  parfaitement  appropriies  au  tiansport  à  dos  d'animaux,  et 
sans  lesquelles  nous  eussions  difficilement  pu  faire  arriver  a  bon  port  nos 
collections,  cai-  il  ne  s'agissait  de  rien  moins  que  de  leur  faire  parcourir  à  dos 
de  chameaux  le  tiajet  de  Géryville  à  Laghouat,  et  de  Laghouat  à  Médéah, 
c  est- à-dire  près  de  150  lieues.  Nous  n'avons  pas  d'ailleurs  à  regretter  beau- 
coup tout  le  temps  que  nous  sommes  forcés  de  passer  à  la  chambre  et  de 
consacrer  à  nos  prep  uatiCs  de  départ,  car  depuis  notre  retour  du  Djebel  Ivsel 
les  variations  atmospbériiiuesont  et.'  incessantes  ;  il  est  tombé  de  fré(|uentes 
et  formidables  averses,  et  la  violence  du  vent  a  été  telle,  que  toute  herbori- 
sation eût  été  bien  difficile,  sinon  impossible. 

Le  3  seulement,  vers  deux  heures,  après  avoir  exprimé  à  M"'^  de  Colomb 
toute  notre  reconnaissance  pour  sa  bonne  hospitalité  et  l'aimable  sollicitude 
avec  laquelle  elle  a  présidé  a  nos  approvisionnements,  nous  montons  à  che- 
val, accompagnés  de  M.  de  Colomb  et  des  autres  officiers  de  Géryville  qui 
veulent  bien  nous  faire  la  conduite  pendant  uiie  grande  partie  de  notre  pre- 
mière étape. 

{Ln  suite  à  une  pmr haine  séance.) 


KM 


si;a.\(.k  1)1    13  M\RS  1857.  277 

NOTES  SLin  QUELQUES  PLANTES  liA^ES  OU  NOUVELLES  DE  LA  RÉGENCE  DE  TUNIS , 
pai  nn.  K.  C'OSSOK  et  L.   KICtlJH. 

(Qu<itrii";mc  partie.) 

AsTEiusciis  l'VGM.Kiis  Coss.  c't  DU.  ;i|).  Haliiiisa  pi.  Alger,  cxsicc.  [1853J 
n.  793.  — A.  aqiiaticus  var.  pygmœus  1)C.  Prodr.  Vil,  287;  Coss.  et 
Kr.  Cat.  Palesl.  in  de  Sauicy  Voy.  mer  Morte,  10.  —  Sauicija  Hiaro- 
chnntica  Mhhow  Vinj.  re/i(j.  Or.  11,  383. 

Plantu  aiimia,  pusilln,  subacauUs  inoiiocephala,  vel  infra  capitula  1-2 
subradimlia  dic/iotoma  vel  radiatùn  ramosa  ramis  ascoiuienlibus  monoce- 
phalis  \el  iiitVa  capitiiluni  teiminale  iterum  diclioîoiiio-  vel  radiatim 
ramosa;  foliis  seiioeo-villosis,  intejierriniis  ,  eloii^ato-oblongis,  ohtusis, 
eliam  superioribus  in  petiolum  Lonije  altenuotis;  capitulis  minimis  vel 
majusculis,  foliis  .«uperioribus  stipatis;  iinolucro  seiic<^o-villoso,  hemi- 
spliœiico-canipanulato,  t'oliolis  biseiiatis,  in  parte  iiiferiore  coriaceo-indurata 
crassiusculis,  laiiceolato-triangiiîaribus  obtiisiusciiiis,  exterioribiis  saitem 
apice  foliaceis  flosculos  longe  excedeiitibus,  perantbesini  patcntibus,  dein 
arcte  conniventibus  et  in  planta  mareescenti-exsiccata  madefacfis  tantum 
patenti!)us-  receptaculo  piano,  paleato ,  paleis  coriaceis  oanaliculato- 
carinatis  aouliusculis,  fluscnlos  disci  sub8equantil)us;  flosrulis  luteis,  radii 
ligulalis  ligula  oblongo-cnneata  apice  tridentata,  tnbo  triquetro  villoso, 
disci  tuhulosis  5-dentatis  tnbo  glabro  teretinsenio  inferne  incrassato; 
acbceiiiis  conformibus,  subtriquetris,  exalatis,  dense  adpiesseqne  sericeo- 
villosis;  puppo  e  setis  paleiforniibus,  sa'pius  10,  lanceolalis,  i)idivisis  vel 
vix  laceris  apice  subniatis  constante.  —  Aprili-maio. 

In  argillosis  depressis  byeme  biinndis  vel  innndatis,  née  non  in  allnviis 
et  glareosis  prope  Gabes  (Kralik  pi.  Tini.  exsicc.  n.  83),  etiani  in  insula 
DJerba.  —  In  Sahara  Algériens!!,  née  non  in  planitieriim  excelsarnm  parte 
aiistralioie  !  triuii)  |)rovineiaruni  baud  infrecjiiens  (  Balansa  pi.  Alger, 
exsicc.  n.  793).  —  In  Palaîstina  prope  Jéricho  (de  Saiilcy,  Miclion).  Iq 
Aral)ia  petiaei  (Scliimper  pi.  Arab.  petr.  exsicc.  n.  336).  In  monte  Sinaï 
et  ad  Rboduni  (Ancher-Éloy  pi.  Or.  e.xsicc.  n.  3093  et  309Zi  sec.  DC). 

l.'A.  pi/fpnœus,  bien  que  très  voisin  de  l'A.  aquaticus  Mœncb,  nous 
parait  devoir  en  être  distingné  comme  espèce,  car  sur  le  terrain  nous 
n'avons  pas  vu  vai  ier  les  caractères  distinctit's  des  deux  plantes  qui  croissent 
souvent  aux  menées  localités;  il  en  dilfère  par  sa  tige  pre.sque  nulle, 
monocéphale,  ou  divisée  au-dessous  d'un  capitule  presque  radical  en  deux 
ou  plusieurs  rameaux  étalés,  diffus,  et  non  pas  dressée  et  a  rameaux  dressés, 
par  les  feuilles,  même  les  supérieures,  longuement  atténuées  en  pétiole  et 
non  pas  sessiles  semi-amplexicaules,  et  surtout  par  les  soies  paléiforraes 
de  l'aigrette,  entières  ou   à  peine  lacîuiées,  —  Les  propriétés  bygromé- 


278  socii^TK  mriAiNiyLK  dk  France. 

triques  de  cette  plante  ayant  appelé  l'attention  de  tous  les  observateurs, 
nous  croyons  devoir  reproduire  ici  la  note  que  nous  avons  publiée  dans  le 
Catalogue  des  plantes  de  la  Palestine  :  «  l.'involucre  des  capitules  fructifères 
dessécbés  de  cette  plante  présente  des  propriétés  des  plus  remarquables, 
car  SQUS  l'influence  de  l'humidité,  on  en  voit  les  folioles  étroitement 
imbriquées  et  infléchies  s'étaler  presque  instantanément.  D'après  ces 
propriétés  hygrométriques,  bien  plus  prononcées  que  dans  V Anastatica 
Hierochuntiea,  fjénéralement  désie;né  sous  le  nom  de  Rose  de  Jéricho,  et 
d'après  l'abondance  de  la  plante  dans  la  plaine  de  Jéricho,  où  ils  n'ont  pas 
rencontré  V Anastatica,  MM.  de  Saulcy  et  IMichon  sont  amenés  à  considérer 
\ Asieriscus  comme  étant  la  plante  hygrométrique  connue  des  anciens  sous 
le  nom  de  Rose  de  Jéricho;  a  l'appui  de  cette  opinion,  iMM.  de  Saulcy  el 
dMichon  font  encore  observer  que  l'écn  des  armoiries  de  quelques  familles 
dont  la  généalogie  remonte  jusqu'aux  croisades,  représente,  comme  Rose  de 
Jéricho,  Y  Asieriscus  et  nullement  V  Anastatica.  » 

Chamomilla  aurea  J.  Gay  ap.  Bourgeau  pi.  Hisp.  exsicc.  [1852]  n.  17&3; 
Coss.  et  Kr.  Cat.  Palest.  in  Saulcy  Voy.  mer  Morte  10.  —  Cotula 
aurea  L.  Sp.  1257;  DC.  Prodr.  VI,  78. —  Anacyclus  aureus  hmk 
Illustr.  t.  700,  f.  2. 

In  arvis  et  cultis,  nec  non  in  alluviis  regni  Tunetani,  prope  Tunetum 
(Kralik),  ad  Sfax  (Espina),  circa  Gabes  vulgaris  et  in  emporio  ad  usum 
œconomicum  venumdata.  —  In  Saharse  Algeriensis  ditione  Riskrn  (Balansa 
pi.  Alger,  exsicc.  n.  787)  et  ditione  Tougourt  (Prax).  —  In  Hispania 
australi  et  média  (Bourgeau  pi.  Hisp.  exsicc.  n.  1763  et  2251).  In  pro- 
vinciis  Caucasicis  (Ledeb. ,  FI.  Ross.).  vEgypto  (Delile).  Syria  (Michon). 
Arabia  petrœa  (Boissier).  Persia  australi  ad  Mohamera  (Noë)  et  in  insula 
Sinus  Persici  Karck  (Kotschy  pi.  Pers.  austr.  éd.  Hohenacker  [1845] 
n.  12). 

Var.  j3  coronata.  —  Achse.niis  pappo  membranaceo  coroniformi  interne 
elongato-auriculseformi  margine  ineequaliter  dentato  superatis. 

Cette  plante  a  été  distraite  par  M.  .1.  Gay  du  genre  Cotula,  dans  lequel 
elle  n'avait  pu  être  placée  qu'en  raison  du  port  et  de  l'absence  de  fleurons 
ligules;  des  caractères  plus  importants,  et  en  particulier  ceux  tirés  de  la 
forme  des  akènes,  ne  permettent  pas  de  l'y  maintenir.  Par  le  réceptacle 
conique,  par  les  akènes  presque  cylindriques,  présentant  trois  côtes  à 
leur  côté  interne  et  dépouivus  de  côtes  sur  le  dos,  par  le  port  et  la  durée, 
la  plante  se  rattache  (malgré  l'absence  de  fl"urons  ligules,  caractère  du  reste 
tout  à  fait  secondaire  dans  les  Anthémidées)  au  genre  Chamomilla  {Matri- 
com/Godr.  FI.  Lorr.  et  FI.  Fr.),  dont  le  type  est  \oMafriri/ria  Chamomilln 
^.,  —  I.a  var.  rojxmafa  est  «nie  au  type  par  de  nombreux  intermédiaires,  et 


RKVNri;  Dti  13  M\us  18i)7.  270 

il  n'est  pas  rare  de  trouver  dans  un  même  capitule  (|iiel(|nes  akènes 
poui  vus  d'une  couronne  membraneuse,  tandis  que  les  autres  eu  sont  com- 
plètement dépourvus. 

CHLAMYuoennR.v  piiBESCRNs  Coss.  ct  DU.  ap.  Jamin  pi.  Alger,  exsicc. 
n.  271  |185'2],  et  ap.  Coss.  Voy.  bot.  Alfjôr.  in  Ann.  se.  nat.,  sér.  û,  IV, 
19>h.  —  Cotulnpnbescem  Desf.  Atl.  II,  28/i  ;  DC.  Prodr.  VI,  80. 

In  deserti  'ruiietaui  ar^illoso-arenosis  vel  t>iareosis  iiyeme  hnmidis 
nec  non  in  alluviis  exsiccatis,  inter  Sfax  et  Gabes  ad  turiem  Nadow\  in 
ditione  Gnbes,  ad  occidenteni  urbis  Gabes  '\uxVd  montem  Djvbel  Aziza 
(Kralik  pi.  Tuii.  exsiec.  n.  381).  —  In  Saii;ira  Algeriensi  !  tota  nec  non 
in  planitierum  excelsarum  parte  australiore!  haud  infrequens. 

Par  le  réceptacle  conique  à  la  maturité,  par  les  akènes  sessiles,  cylin- 
driques, à  peine  comprimés,  cette  plante  nous  parait  devoir  être  rattachée 
&yx  genre  C/dmiiydophot'a,  dont  elle  présente  tous  les  autres  caractères 
essentiels;  les  akènes,  de  même  que  dans  le  C.  tridentota.,  sont  surmontés 
d'une  couronne  membraneuse  développée  en  languette  unilatérale,  mais 
nous  n'attachons  aucune  importance  générique  à  ce  dernier  caractère,  qui 
est  assez  fréquemment  variable  chez  une  même  espèce,  comme  nous  l'avons 
déjà  signalé  pour  le  CliamomiUa  aurea. 

Chl.\mydophora  TiuDENTATA  Elircnb.  in  Less.  Syn.  266;  DC.  Prodr.  Y\, 
139.  —  Bahamita  tridentata  Delile!  yEg.  Illustr.  n.  794  et  FI.  273, 
t.  hl,  ï.  1. 

In  pascuis  et  incultis  salsuginosis  regni  Tunetani  australioris  prope  Gabes 
(Kralik  pi.  Tun.  exsicc.  n.  382).  —  In  /Egypto  inferiore  prope  Alexandriam 
ad  Pompeii  columnam  et  lacum  Mareotidem  (Delile). 

Ifloga  spicata  Scbuitz  Bip.  ap.  Webb  PItyt.  Cun.  II,  310.  —  Chryso- 
coma spicata  Forsk.  FI.  j'Eg.-Arab.  Cat.  Jî^g.  n.  hZZ  [1775].  — Gna- 
phnlium  spicatuiu  Vahl  Symb.  I,  70  [1790].  —  G.  cauiiporum.  Desf.! 
Atl.  11,  267  [1798];  I  abill.  Dec.  IV,  4,  t.  2,  f.  1.  -  Iftoga  Fontanesii 
Cass.  in  Dict.  se.  nat.,  XXIII,  14;  Fenzl  Gnaphal.  34.  —  Trichogyne 
cauliflora  DC.  Prodr.  VI,  266. 

In  arenosis  maritimis  et  deserti  nec  non  in  alluviis  exsiccatis  regni 
Tunetani  prope  el  Hammah  (Desf.),  prope  Sfax,  inter  Sfax  et  Gabes  ad 
turrem  Nadow\  prope  Gabes  (Kralik  pi.  Tun.  exsicc.  n.  88  et  88  a),  ad 
occidentom  urbis  Gabes  ad  radiées  montis  Djebel  Aziza,  nec  non  in  insula 
Djerba.  —  ïn  Sahara  Algeriensi!  trium  provinciarum  (Balansa  pi.  Alger, 
exsicc.  n.  807;  Kralik  ap.  Bourgeau  pi.  Alger,  exsicc.  n.  199),  nec  non 
in  planitierum  excelsarum  provincise  Algeriensis  et  Oranensis  parte  aus- 
traliore. —  In  insuiis  Canariis  (Webb;  Bourgeau  pi.  Can.  exsicc.  n.  438  et 


280  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

1Z|07).  Iii  Hispaiiiii  orientaii  australioie  ad  Promontoriiim  Cabo  de  Gala 
(Boiirgcau  pi.  Hisp.  exsicc.  n.  15^9).  In  /Eayplo  (Forskal,  Delile,  Kralik). 
Syria  (Labill.,  Gail!ar;lot).  CiliL'ia  (lîalansa).  Palœstina  (de  Saulcy).  liidia 
orientaii  pio|)e  Suharumpore  (W'allich). 

Nous  avons  été  à  même  de  constater  sur  le  terrain  le  peu  d'importance 
qu'il  faut  attribuer  aux  variétés  de  coloration  des  folioles  de  l'involucre  ; 
aussi  ia  variété  yM//<V/fl,  établie  par  l'un  de  nous  (Coss.  PL  crit.  108),  ne 
peut-elle  être  distinguée  du  type,  auquel  elle  se  rallie  par  de  nombreux 
intermédiaires. 

FiLAGO  sect,  Gifolaria.  —  Capitula  in  dichotomiis  et  secus  rames  sessilia, 
solitaria  vel  interdum  geminata.  Involucri  polyphylli  foliola  subœqualia, 
quiuduplici  série  et  quiiiatim  disposita,  omuia  fertilia,  demum  quasi 
in  calyculum  5-radiatum  vix  patentia.  Receptaculum  filiforme  superne 
vix  inorassatum.  l'Iosculi  fœniinei  5-seriati  pappo  nullo;  flosculi  berma- 
pbroditi  pcipauci  (3-5),  pappo  1-seriali  valdedeciduo  donati. 

FiLAGO  Mabeotica  Delile!  jEg.  Illustr.  n.  866.  et  FI.  Tth,  t.  Zi7,  f.  2.  — 
Mia-opus  Mareoticus  Spreny.  Syst.  III,  /i99.  —  Evax  Mareotica  DC. 
Prodr.  V.  659. 

Planta  annua,    incano-tomentosa ,  a    basi    ramosissima,   5-20  centim. 
longa,  ramis  plu  ries  bi-trichotomo-ramosis  vel   superne  dichotomiarum 
abortu   subsinii)licibus ,   corymbum    confcrtum   generalem    efficientibus  ; 
foliis  remotiuscule  sparsis,  crectiuscuiis  vel  subpatentibus,  lineari-oblongis 
obtusiusculis ,    integerrimis ,    |)l;iuiusculis     vel     subimdulatis  ;    cnpitulis 
niinin)is,  ovatis,  solitariis  vel   interdum  geminatis,  sessilibus  dicbotomias 
obtinentibus    vel   in    lacemos   scorpioideos   unilatérales    dispositis,    foliis 
seepius  .">  involucranlibus  subai(iuilongis  vel  paulo  longioribus;  involucro 
basi    tomentoso  ,    superne  searioso  ,    subpentagono ,  foliolis   sœpius   25, 
5-se)'iatis,  subœfjuallbus,  arcte  imbricatis,   eliam   defloratis   erectiusculis, 
confonnibiis  coiicavis,   oblongo-lanceolalis  acutis,   interioribus  obtusius- 
culis; receplaculo  filifonai  apiee  vix  incrassato;  flos^cuUs  fœinineis  lenuis- 
sime  tiibuiosis  5-serialis  pappo  nullo,  centralibus  eilo  deciduis  bcririapbro- 
ditis  perpaticis  (3-5)  tubulusis,  limbo  /4-5-dentato,  pappo  piloso  uniscriali 
\alde   deciduo  donalis;  autherarum  lobis    l)asi   in  appendicem  basilarem 
caudiformem   productis;    stylo  incluso,    bifulo,    lamis  obtusis;    aebteniis 
ovoideis  ,    omnibus    hyalino- papillosis ,    cxterioribus     pappo   destilutis, 
interioribus  (3-5)  pappo  vaide  deciduo  superati-.  —  Aprili-maio. 

In  argilloso  areuosis  maritiaiis  regni  Tunetani  australioris,  pvnpe  Sfax, 
mier  Sfax  et  Gabes  ad  turrem  Nadour,  in  alluviis  exsiccatis  amnis  Otœd 
Gobes  ad  Gabes  (Kralik  pi.  Tun.  exsicc.  sub  nomine  Filago  lloribunda). — 
In  jïlgypto  inferii)re  prope  Alexandriam  ad  lacum  .Mareotidem  (Delile). 


SKANCK    l.l     13    .^lAl!.-,     1857.  281 

Lors  11*1111  picmicr  exnmeii,  nous  avions  (Icjà  (-U'  frappi's  de  l'identité 
du  port  de  notre  |)laiite  ot  de  ses  antres  caractères  avec  ceux  du  F.  Marcn- 
tica,  figuré  dans  la  Flore  d'Kuypte,  auquel  nous  reiissi()ns  rapportée,  si 
Delile,  et  après  lui  tous  les  auteurs,  n'eussent  décrit  les  fleurons  inférieurs 
comme  dépourvus  d'aif^retfe,  Kn  en  faisant  une  nouvelle  analyse,  nous 
avons  reconnu  que  l'aigrette  des  fleurons  intérieurs  existe  toujours,  mais 
qu'elle  se  détache  avec  une  très  grande  facilité  et  sans  laisser  aucune  trace; 
aussi  n'hésitons-nous  plus  à  considérer  la  plante  de  In  régence  de  Tunis 
comme  appartenant  à  la  même  espèce  que  celle  d'Egypte,  le  prétendu  carac- 
tère tiré  de  l'absence  d'aigrette  n'étant,  comme  nous  avons  pu  nous  en 
assurer  par  l'examen  des  échantillous  de  l'herbier  de  Delile,  (|ue  le  résultat 
d'une  observation  faite  avec  des  instruments  impaifaits. —  la  section  du 
genre  Filago  [Gifolaria]  que  nous  établissons  pour  le  F.  Mareoticn,  est 
intermédiaire  entre  les  sections  Gifola  et  Oglifa;  en  effet,  la  structure  des 
capitules  est  la  même  que  dans  la  section  Gifola,  tandis  que  les  caractères 
du  port  sont  au  contraire  ceux  de  la  section  Oylifa. 

CALE^DULA  suFFi'.uTicosA  Vahl  Symb.  Il,  9k  [1791],  DC.  Pi^odr.  VI, 
453;  Boiss.  Voy.  Esp.  337,  t.  99.  C.  stellala  Desf.  Atl.  Il,  30Zi  (non 
Cav.).  C.  fulgida  Rafin.  Caratt.  Sic.  83;  Guss.  Syn.  fi.  Sic.  II,  523. 
C.  stellata  var.  y  ?  fulgida  DC.  Prodr.  VI,  456.  Planta  viiescens,  pu- 
bescenti-subglaudulosa,  achœniis  exterioribus  sœpius  longiuscule  ros- 
tratis,  dorso  basi  muricatis,  rarius  laevigatis.  —  C.  tomentosa  Desf.  Atl. 
11,305,  t.  245  [1798J.  C.  incana  Willd.  .Syj.' III,  23/jl  [1800];  DC. 
Prodr.  VI,  452.  C.  marginata\Y\\\d,  Enum.  hort.  5ero/.  935  [1809]. 
Planta  canescens,  plus  minus  tomentosa  tomento  detersibdi,  rarius  gla- 
brescenti-virescens,  acliaeuiis  exterioribus  sœpius  longissime  rostralis, 
dorso  basi  ieevigatis,  rarius  muricatis. 

In  montosis  regniTuuetani  (Vahl,  loc.  cit.),  in  arboretis  prope  Zaghouan 
C.  stellatae  socia.  —  In  Algeriae  i-egione  littorali  trium  provinciarum  fre- 
quens,  etiam  in  montes  editiores  ascendens.  —  In  regiio  Marocano  littorali 
(Broussonet,  .1.  Bail).  In  insulis  Canariis  (Bourgeau).  In  Lusitania  et  His- 
pania  austi-alioribus  (Boissier;  Bourgeau  pi.  Hisp.  et  Lus.  exsioc.  n.  1240 
et  2080j.  In  Sicilia  (Guss.,  Huet  du  Pavillon  sub  nomine  C.  fulgida).  In 
agro  Byzantino  (INoé). 

La  plante  (le  Zaghouan  est  identique  avec  celle  de  Vahl,  décrite  d'api  es  des 
échantillons  également  recueillis  dans  la  régence  de  Tunis,  et  paiait  au  pre- 
mier abord  très  distincte  du  C.  tomentosa  Desf.,  non- seulement  par  l'ab- 
sence du  tonjentum  et  par  les  fleurons  ligules  plus  courts,  mais  encore  parles 
akènes  extérieurs  atténués  en  un  bec  moins  long  et  munis  d'épines  sur  le 
dos  ;  mais  nous  avons  été  à  même,  par  l'examen  sur  le  terrain  et  par  l'étude 
d'une  très  nombreuse  série  d'échantillons  conserves  dans  les  herbiers,  de 


282  SOCIKTK    HOTAM(.)rK    HK    FRANCK. 

constater  que  les  diverses  plantes  dont  nous  donnons  l'énumeration  synony- 
nii(|ue  doivent  être  rattachées  au  même  typespeoKique  ;  en  eftet  non-seule- 
ment les  caractères  tirés  de  l'induration  des  tiges  et  de  la  villosité  sont 
variables,  mais  ils  sont  encore  loin  de  coïncider  d'une  manière  régulière  avec 
les  autres  caractères  tirés  de  la  lontuueur  des  fleurons  lifiulés,  de  l;i  longueur 
des  akènes  extérieurs  relativement  à  l'involucre,  et  de  la  présence  ou  de 
l'absence  d'épines  sur  le  dos  de  ces  akènes. 

Calendula  stellata  Cav.  le.  I,  3. 

Var.  «.  ><tell.ata.  —  C.  stellata  Cav.  le.  1,  3,  t.  5  [1791]  ;  DC.  Prodr.  VI, 
454  excl.  var.  (3?  et  y?  — 6'.  Sieula{Zyv\\\.  ex  Bail).  Hort.  Taur.  [1800] 
sec.  ne.  Prodr.  VI,  452;  Poir.  Eneyel.  méth.  VU,  277.  —  C.  parviflora 
Rafin.  Cnratt.  Sic.  83  [1810]  nonThunb.;  DC.  Prodr.  VI,  542;  Guss. 
Syn.  fl.  Sic.  II,  523.  —  (\  cerntosperma  Viv.  FI.  Libye.  59,  t.  20,  f.  2 
[1824].  —C.  Cristn-Galli  Viv.,  loe.  eit.,  t.  26,  f.  2. 
Achaeniis  exterioribus  rostratis,  marginato-alatis,  alis  marginalibus  in- 
ciso-denlatis,  dorso  plus  minus  muricatis. 

In  cullis  et  ruderatis  regni  Tunetani,  Mokammedia,  Zaghouan  (Kralik 
pi.  Tun.  exsicc.  n.  250)  promiscue  cum  C.  suffruticosa,  Souza,  Sfax.  — 
In  Algeria!  eentraii  et  australiore  bine  inde.  —  In  Cyrenaica  (Viviani).  In 
iEgypto  prope  Alexandriam  (Kralik).  Tu  Gallia  australi  prope  Béziers 
(Grenier,  Godron)  et  prope  Marseille  (Kralik).  In  Sicilia  (Gussone).  In  Syria 
(Micbon). 

Var.  j3.  intermedia. 

Acbaeniis  exterioribus  subrostratis  vel  suberostribus,  membranaceo-alatis 
alis  marginalibus  denlalis,  dorso  plus  minus  muricatis. 

In  cultis  et  ruderatis  prope  Sfax  et  Gabes  (Kralik  pi.  Tun.  exsicc.  n.  89 
sub  nomine  C.  parviflora).  —  In  Algeria  australiore!  bine  inde. 

Var.  y.  ftymenocarpn.  —  C.  Siculaxaw  kymenoearpa  t)i].  Prodr.  VI,  453. 

—  C.  pUityearpa  Coss.  in  berb.,  et  Itin.  voy.  bot.  in  Bull.  Soc.  bot.  III. 

—  C.samtaL.  Sp.  1304? 

Acba;niis  exterioribus  erosfribus,  Intissime  membranaceo-alatis,  alis  mar- 
ginalibus integris  vel  obsolète  sinuato-dentatis,  dorso  tuberculatis,  rarius 
submuricatis. 

In  cultis  rudeiatisque  regni  Tunetani  prope  Sfax.  —  In  Sahara  Alge- 
riensi  !  tota  nec  non  in  planitiebus  excelsis  australioribus  provincial  Ora- 
nensis  !  et  Algeriensis!  fréquent.  —  In  Hisp;ini.\  orientali  australiore  prope 
Almeria  (Bourgeau).  In  Palœstina  (sec,  1..,  si  C.  Sancfa  bue  rite  refertur). 

Ce  n'est  pas  sans  avoir  longtemps  hésité  ([ue  nous  avons  cru  devoir  réunir 
conime  variété  au  C.  stellata  le  C.  platycarpo,  en  apparence  si  distinct,  et 
nous  n'avons  été  amenés  à  effectuer  cette  réuuion  qu'en  raison  des  écban- 


skam;i;  m    27  m.viîs   1857.  283 

tillons  iiitormcdiairps  pour  lcsi|uels  nous  avons  otabli  notre  variété  inter- 
media.  — ■  ISous  avons  ftc  en  oul:(.'  a  nu'nie  de  nous  assurer  que  les  diverses 
plantes  que  nous  avons  rapportées  à  notre  variété  stelluta  n'en  sont  que  de 
simples  synonymes. 

Othonna  chf.irtfolia  !..  Sp.  1310;  Desf.  Ml.  IF,  305:  Ker  Bot.  rcij. 
t.  266;  DC.  Prodr.  VI,  /j76.  —  0.  caltlioides  Mill.  Dict.  ic.  t.  2^5, 
f.  1;  Duham.  Arbr.  II,  9^,  t.  17. 

In  agroTunetano  ad  maris  littora  (Desf. ),  prccsertiin  in  paseuis,  collibus 
montil)us(|ue  huniilioiibus  ad  orientem  urhis  Tuneti  usque  ad  Souza  fre- 
quentissiiiia,  etiam  in  moutosis  circa  Zaghounh  (Kralik  pi.  Tun.  exsicc). — 
In  Algerisc  planitiebus  exeelsis  et  re;;ione  montana  inferiore  et  média,  in 
provincia  Cirtensi  !  a  Comtantine  ad  Batna  bine  inde  quam  maxime  copiosa 
(Balansa  pi.  Alger,  exsicc.  n.  768),  in  Alseriensi  multo  rarior  et  in  ditione 
Djelfa  hucusque  lantum  nota  (Reboud),  in  Orauensi  desideratur.  —  In 
jïthiopia  indicatur  (L.  Sp.)^  sed  hœc  plantée  patria  valde  dubia,  nempe  a 
recentioribus  non  niemorata. 

{La  suite  à  une  prochaine  séatice-,) 


SÉANCE   DU   27    MARS    1857. 

PRÉSIDENCE    DE   M.    MOQDIN-TANDON. 

M.  Duchartre,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
séance  du  13  mars,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  de  la  présentation  faite  dans  la  dernière  séance,  M.  le 
Président  proclame  Tadmission  de: 

M.  Di:mouy,  pharmacien  à  Noyon  (Oise),  présenté  par  MM.  Chatin 
et  Réveil. 

M.  le  Président  annonce  en  outre  une  nouvelle  présentation. 

Dons  faits  à  la  Société  : 

1°  Par  M.  Léon  Soubeiran  : 
Note  sur  la  matière  sucrée  de  quelques  Algues. 

2°  De  la  part  de  MM.  de  Laurès  et  Becquerel  : 
Recherches  sur  les  Conferves  des  eaux  thermales  de  iSéris. 


284  sociiîTi-:  I50TAN1UU1':  nr:  iia.vnci:. 

3°  El!  écliMnii'e  du  Biillctiii  de  la  Soriélé  . 

Bulb'tin  de  la  Société  industrielle  d'Angers^  11'-  uiiiiée,  1856. 
Journal  de  la  Société  impériale  et  centrale  d'horticulture,  numéro  de 

février  1857. 
L'Institut,  aiars  1857,  deux  numéros. 

M.  Réveil  présente  à  la  Société  le  travail  de  M.M.  Becquerel  et 
de  Laurès  sur  les  eaux  de  Néris.  Dans  cet  ouvrage,  les  auteurs  men- 
tionnent notannnent  l'aclion  thérapeutique  des  Coni'erves  que  con- 
tiennent ces  eaux  thermales.  —  M.  Réveil  met  eu  outre  sous  les 
yeux  de  la  Société  des  Champignons  hémostatiques,  provenant  delà 
Pointe-à-Pitr(;  (Guadeloupe).  Ces  (Champignons  sont  renvoyés  à 
Texamen  de  M.  Montagne. 

M.  T.  Puel,  vice-président,  donne  lecture  de  l'extrait  suivant  d'une 
lettre  qui  lui  a  été  adressée  par  M.  Gaillardot; 

NOTE  SUR  LE  DÉBOISEMENT  DES  MONTAGNES  EN  SYRIE,  \v.\v  M.  €.  Ci/tlLLARIIOT. 

Saïda  (Syrie),  décembre  1856. 

Monsieur  et  cher  confrère, 

Je  viens  de  lire  avfec  un  vif  intérêt  la  note  que  M.  Germain  de  Saint- 
Pierre  a  communiquée  à  la  Société  dims  la  séance  du  "25  juillet  1856,  sur 
l'influence  du  dcjjoiscmeiit  des  montagnes,  etc.  (-ette  note  m'a  d'autant 
plus  frappe,  ([ue  j'habite  et,  que  j'cludie  un  pays  où,  a  chatpie  pas,  on  ren- 
contre des  scènes  de  dé.solatiou  probablement  produites  en  griinde  partie 
par  les  causes  qu'a  signalées  M.  Germain  de  Saint-Pierre.  Si  vous  croyez 
que  les  observ.itions  cpie  je  vous  ti'ansmels  ici  soient  as.sez  intéressantes 
pour  venir  a  la  suite  de  ses  rellexious,  veuillez  les  piésenter  à  la  Société.  Je 
n'ai  point  ici  la  prétention  de  vous  eu\oyer  un  travail  complet  sur  cette 
n)atiere,  que  je  compte  étudier  plus  tard  en  détail  ;  je  veux  seulement  vous 
présenter  un  des  exemples  les  plus  remarquables  d'une  contrée,  autrefois 
fertile  et  couverte  d'une  nombreuse  populalion,  devenue  aujourd'hui  nue, 
stérile  et  déserte,  sous  l'enipire  de  causes  dont  l'une  des  plus  puissantes  est 
la  destiuction  des  végétaux. 

En  voyageant  en  Syrie,  on  est  souvent  etounéde  rencontrer  au  milieu  de 
contrées  désertes,  arides  et  conipiétement  abandonnées,  des  ruines  de  villes 
que  leur  elemlue,  daecord  avec  les  traditions  his!ori((ues,  nous  signale 
comme  ayant  été,  a  des  époques  plus  ou  uïoins  reculées,  de  grands  centres 
de  population  ;  ce  (|ui  frappe  le  plus,  c'est  l'absence  complète  de  végétation 
autour  de  ces  ruines.  Je  me  bornerai  a  vous  eu  citer  (pielques  exemples. 

Le  triangle  situe  entre  .^ntioche,  Alep  et  l.alakie  était  encore  occupe  au 


SKANCI-;  m    27  jimis  1S57.  285 

commcncomnit  des  (M'oisailos  par  uiii>  foule  de  villes  dont  plusiiiirs  (l.'iiciil 
assez  imporLiiites,  Im»  1837,  j'eus  l'oeoasioii  d'eu  visiter  une,  eomme  toutes 
les  autres  eoniplétemeia  iiiIium^  et  abandonnée;  elle  est  située  à  deux  lirties 
environ  au  nord  du  villa<.>e  de  Kefline  et  oeeupe  un  espaee  tel  ({u'on  peut 
sans  exagération  évaluer  la  population  (|ui  l'a  habitée  à  une  soixantaine 
de  mille  âmes.  Ses  palais,  ses  églises,  sa  eitadelle,  la  dimension  et  l'areiii- 
tecture  de  ses  maisons  iiidi{|uent  qu'elle  a  dû  être  habitée  par  des  gens  ri- 
cbes et  puissants  ;  elle  est  enlomee  d'une  eeinturede  collines  roeiieuses  nues 
et  tellementdépourvuesde  terre  végétale,  que  Ton  n'aperçoit  pas  un  arbre, 
pas  un  arbuste.  Quatre  ou  ein(|  f;imilles  arabes  se  sont  logées  dans  les  dé- 
combres et  troiMcnt  a  peine  dans  une  petite  source  voLsine  l'eau  suflisante 
pour  abreuver  leurs  troupeaux.  Il  est  bien  certain  (lue  celte  ville  n'aurait 
point  ac(juis  l'importance  qu'elle  a  dû  avoir,  si  au  temps  du  Bas-Kmpiie 
elle  s'était  trouvée  dans  les  mêmes  conditions  qu'aiijuurd'bui. 

A  environ  12  lieues  au  nord  de  Hama,  en  descendarit  l'Oronte,  on 
trouve  a  3  kilomètres  à  l'est  du  fleuve  les  ruines  d'Apamée.  Je  ne  dirai 
rien  de  sou  étendue  ni  de  son  importance  sous  les  Séleueides  ;  je  me  con- 
tenterai de  dire  (lu'aujourd'liui  elle  est  entourée  de  tous  côtes  par  une  plaine 
nue  et  aride;  que,  bien  certainement,  les  rois  de  Syrie  n'auraient  point 
choisi  celte  localité  pour  fonder  une  de  leurs  cipitales,  pour  établir  leurs 
baras,  si,  -a  celle  époque,  elle  n'avait  pas  offert  plus  d'eau,  plus  de  végé- 
tation qu'elle  n'en  offre  aujourd'liui  :  ils  auraient  fait  comme  les  pauvres 
habitants  du  petit  village  de  Famieb  qui,  à  peu  de  distance  de  la,  ont  con- 
struit leurs  cabanes  près  de  l'Oronte. 

Tadmour  (Palmyre)  qui  a  été  la  capitale  d'une  province,  dont  la  popu- 
lation a  été  assez  nombreuse  pour  lutter  avec  la  puissance  romaine  et  dont 
les  ruines  couvrent  aujourd'hui  un  espace  de  plus  d'une  lieue  carrée,  est  à 
quarante-huit  heures  de  marche  da;.s  l'intérieur  du  désert;  après  avoir 
quitté  le  dernier  village,  Kariiilène,  il  faut  marcher  au  moins  vingt  heures 
sans  rencontrer  ni  le  plus  mince  filet  d'eau,  ni  la  plus  faible  source;  quelques 
puits  donnent  en  hiver  un  peu  d'eau  saumâtre,  et  tarissent  en  été.  Les  col- 
lines qui  entourent  la  ville  sont  complètement  nues  et  desséchées  pendant 
dix  mois  de  l'année;  pendant  deux  niois  seulement,  sous  l'influence  des 
pluies  d'hiver,  un  tapis  de  verdure  couvre  les  parties  basses,  le  fond  des 
vallées  où  l'humidité  peut  se  conserver  plus  longtemps.  Il  n'y  a  plus  ni  arbres 
ni  arbustes  ;  on  ne  rencontre  autour  des  ruines  que  quekiues  Dattiers,  dont 
les  racines  grêles  et  pénétrantes  peuvent  vivre  du  peu  d'eau  que  conservent 
les  couches  les  plus  profondes  du  sol  :  voila  tout  ce  qui  reste  des  immenses 
forets  de  Dattiers  qui  entouiaient  la  ville  de  Salomon.  Une  petite  source 
sert  aux  besoins  des  Arabes  nomades  dont  les  troupeaux  paissent  dans  les 
environs  au  printemps  ;  on  trouve  cependant  parmi  les  ruines  les  traces 
d'aqueducs  qui  devaient  amener  à  la  villejuue  masse  d'eau  assez  considé- 


*286  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

rable,  mais  le  poiiil  de  départ  de  ces  conduits  est  aussi  avide  que  le  reste  de 
la  contrée  •  les  sources  (|ui  Ifs  alimentaient  ont  coniplctement  disparu. 

Toute  la  partie  nord  de  l' Anti-Liban  était  autrefois  occupée  par  une  nom- 
breuse et  riche  population  :  elle  est  formée  par  des  montagnes  et  des  col- 
lines à  pentes  assez  douces,  peu  escarpées  et  séparées  par  des  plateaux  et 
de  larges  vallées.  11  y  a  peu  de  points  qui  ne  puissent  être  cultivés  ;  cepen- 
dant ou  ne  trouve  que  de  rares  lilets  d'eau  coulant  au  fond  de  quelques  ra- 
vins, et  c'est  sur  leurs  bords  que  se  sont  établis  les  rares  villages  que  l'on 
rencontre.  Ces  faibles  ruisseaux  sont  si  loin  de  suffire  aux  habitants,  que 
leur  possession  et  la  distribution  de  leurs  eaux  sont  souvent  des  causes  de 
rixes  et  de  guerres. 

•  Je  ne  veux  pas  dire  ici  que  le  déboisement  seul  a  causé  la  ruine  et  la 
dépopulation  de  contrées  autrefois  si  riches  et  si  puissantes  :  des  événe- 
ments dont  ce  n'est  point  ici  le  lieu  de  parler  ont  commencé  l'œuvre  de  des- 
truction, qui  a  ensuite  marché  d'autant  plus  vite  (|ue  le  peu  d'habitants  qui 
restaient  ont  épuise  en  peu  de  temps  les  ressources  qui  les  environnaient, 
sans  penser  que,  plus  tard,  le  manque  d'eau  et  de  combustible  devait  les 
forcer  à  aller  vivre  ailleurs. 

Au  pied  du  versant  ouest  de  l'Anti-Liban,  il  y  a  un  gros  village  appelé 
Karaône ,  dominé  par  une  montagne  assez  élevée ,  l'un  des  derniers 
gradins  du  Djebel  Cheikh  ;  les  vieillards  de  ce  village  m'ont  assuré  qu'ils 
avaient  encore  vu  des  arbrisseaux  sur  cette  montagne  aujourd'hui  complè- 
tement nue,  et  qu'ils  avaient  bu  de  l'eau  d'une  source  qui  sortait  des  rochers 
à  l'enti-ee  du  village  ;  ils  sont  obligés  aujourd'hui  d'aller  puiser  l'eau  et 
abreuver  leurs  troipcaux  dans  le  Laitani,  à  plus  d'une  demi-heure,  et  d'aller 
chercher  leur  bois  a  S  ou  10  lieues  de  distance  du  côté  de  Racheya. 

Un  autre  résultat  bien  plus  funeste  que  la  peine  d  aller  au  loin  chercher 
les  matériaux  nécessaires  à  la  vie  journalière  des  populations,  c'est  l'insa- 
lubrité. Le  sol  d'une  grande  partie  de  la  Syrie  est  une  marne  calcaire  assez 
perméable  reposant  sur  des  couches  compactes.  Or,  depuis  que  les  monta- 
gnes sont  déboisées,  quand  la  pente  est  assez  roide  et  la  couche  de  terre  peu 
épaisse,  cette  dernière  est  entraînée  dans  les  bas-fonds  et  l'eau  des  pluies  et 
des  torrents  glisse  sur  le  roc  dénudé,  tandis  que,  dans  le  cas  contraire,  l'eau 
filtre  a  travers  les  manu's,  descend  en  nappe  le  long  de  la  surface  des  cou- 
ches calcaires,  et  vient  se  ramasser  dans  les  vallées  où  la  couche  terreuse 
offre  une  plus  grande  épaisseur  ;  elle  pénètre  et  imbibe  cette  couche,  et 
lorsque  le  soleil  brûlant  dété  a  desséché  les  couches  superficielles,  elle  est 
ramenée  par  la  capillarité  à  la  surface,  où  elle  entretient  une  humidité  con- 
tinuelle. Déplus,  les  sources  étant  taries  aux  premières  chaleurs,  les  habi- 
tants des  campagnes  y  suppléent  par  l'établi-sement  de  vastes  bassins  qu'ils 
creusent  au  voisinaiie  des  villages  et  où  ils  rassemblent  les  eaux  de  pluie 
après  avoir  garni  leur  foud  et  leurs  parois  de  terre  glaise  :  lévaporatiou  de 


SKANCK  UL  27  MAiis  1857.  287 

l'eini,  le  piétinement,  des  bestiaux,  le  lava;i;i',  des  linges,  finissent  par  con- 
vertir ces  réservoirs  en  n^.ares  inlectes,  et  l'on  conçoit  qne  l'usage  de  ces  eaux 
croupissantes  pour  la  boisson,  les  exhalaisons  (|u'elles  produisent,  jointes  a 
l'humidité  du  sol,  développent  cliez  les  malheureux  habitants  de  ces  villages 
les  lièvres  malignes  qui  les  déciment  tous  les  ans  pendant  l'été  et  l'automne. 
Tout  cela  n'arriverait  point  si  les  sources  d'eau  vive  existaient  encore,  et  les 
sources  ne  seraient  point  taries  si  la  végétation  qui  couvrait  la  surface  du 
sol  n'avait  pas  été  détruite. 

Cette  de.struciion  marche  avec  une  rapidité  qu'il  est  difficile  de  com- 
prendre quand  on  ne  connaît  point  la  Syrie,  les  usages  et  les  habitudes  de 
ses  populations.  L'existence  dune  végétation  protectrice  du  sol  y  est  bien 
plus  nécessaire  qu'en  Kurope  :  dans  les  pays  montagneux  la  couche  de  terre 
végétale  est  peu  épaisse,  et  la  Syrie  est  presque  entièrement  composée  de 
montagnes.  H  n'y  croit  en  général  que  des  arbrisseaux,  des  arbustes,  des 
taillis  de  petits  Chênes,  des  Rhamnus;  puis  des  buissons  de  Calycutome 
villosa,  de  Poterium  sp inoswn,  elc,  poussent  dans  les  intervalles;  enfin 
les  Centaurées,  les  Inula,  et  une  foule  de  petites  plantes  qui  forment  la 
flore  de  la  Syrie  couvrent  le  sol.  En  hiver  et  au  printemps  les  pluies  sont 
très  fréquentes:  elles  durent  quelquefois  pendant  des  semaines,  et  elles 
tombent  avec  une  telle  force  sur  le  sol  dénudé,  qu'elles  entraînent  le  peu 
d'humus  et  le  limon  qui  restent  a  sa  surface.  Puis,  pendant  sept  ou  huit 
mois,  il  ne  tombe  plus  une  goutte  d'eau,  et  la  terre  aurait  alors  besoin  d'un 
ombrage  assez  épais  pour  garantir  d'un  soleil  presque  tropical  les  plantes 
qu'elle  produit.  Les  arbrisseaux  et  les  arbustes  en  buisson  que  je  \iens 
de  citer  suffiraient  donc  a  peine  pour  y  entretenir  en  été  l'humidité  né- 
cessaire, pour  la  protéger  pendant  les  pluies  d'hiver,  pour  former  et 
retenir  à  sa  surface  les  couches  de  terre  végétale. 

Eh  bien!  rien  n'est  respecté;  les  arbrisseaux  servent  au  feu  de  la  cuisine 
et  au  chauffage  en  hiver,  et  les  paysans  pour  ne  rien  perdre  arrachent  jus- 
qu'à leurs  racines;  les  buissons,  les  broussadies,  les  plantes  elles-mêmes 
sont  incessamment  transportes  par  des  milliers  de  bêtes  de  somme  pour 
alimenter  les  fours  et  les  bains  des  villes.  Ori  conçoit  qu'une  végétation  aussi 
chétive,  aussi  clair-semée  que  celle  de  la  Syrie  ne  puisse  suffire  longtemps 
a  une  exploitation  pareille,  a  laquelle  il  faut  ajouter  la  destruction  des 
arbres  cultives  qui,  autrefois,  avant  la  réforme  en  Turquie,  était,  ou  la 
punition  que  les  pachas  infiigeaient  aux  populations  révoltées  et  vaincues, 
ou  le  résultat  de  la  défaite  des  partis  qui  se  battaient  pendant  des  années 
entières. 

Aussi  les  inondations,  qui  en  France  ne  sont  que  des  accidents,  sont  ici 
presque  habituelles  :  les  torrents  causent  au  sol  autant  de  dommage  qu'en 
Europe  ;  seulement  la  où  une  nombreuse  population  vit  serrée  sur  un  ter- 
ritoire qu  elle  couvre  presque  entièrement,  ces  desastres  sont  bieu  plus  ap- 


288  SOCIKTK    BOTaMQLE    DK    FRANCE. 

parents,  tandis  qu'ici  ils  n'apissent  tiujonrd'hiii  quesur  une  terre  dépeuplée 
et  passent  inaperçus.  Hien  certainement  ils  ont  achevé  autrefois  la  ruine 
des  grands  centres  de  population,  déjà  ébranlés  et  à  demi  défruits  par  d'au- 
tres causes  ;  aujourd'hui  ils  rendent  inhabitables  certaines  localités,  forcent 
des  populations  à  chantier  de  territoire,  et  créent  de  jour  en  jour  de  nou- 
velles difficultés  (|ui  viendront  arrêter  plus  tard  ceux  qui  voudront  tra- 
vailler à  la  régénération  de  ces  malheui'eux  pays. 

Tout  ce  que  je  vii-ns  de  vous  exposer,  mon  cher  confrère,  sort  un 
peu  du  domaine  de  la  !)otanique;  mais  après  avoir  lu  les  judicieuses  ré- 
flexions de  M.  Germain  de  Saint-Pierre,  je  n'ai  pu  m'empécher  de  vous  pré- 
senter un  triste  exemple  qui  vient  fortement  a  l'appui  des  idées  qu'il  a  si 
bien  développées. 

M.  Cosson  dit  que,  d'après  ses  propres  observations,  le  déboise- 
ment d'un  assez  grand  nombre  de  localités  nionlagneuses,  en  Algérie, 
a  eu  des  résultats  aussi  fâcheux  que  ceux  sur  lesquels  M.  Gaillardot 
appelle  justement  rattenlion. 

M.  Duchartrc,  secrélaire,  donne  lecture  de  la  communication 
suivante,  adressée  à  la  Société  : 

NOTE  SUR  LE  BLÉ  DE  NOÉ  OU  BLÉ  BLEU,  par  M.  le  comte  FRANK  DE  IVOÉ. 

:  (Paris,  mars  1857.) 

Illa  seines  demum  votis  rcspondet  avari 

Agricolae 

{Georg.,  lib.  I,  v.  47.)] 

Il  y  a  environ  seize  ans,  nous  nous  promenions  pai'  un  beau  soleil  de 
juin  dans  les  plaines  de  Lectoure,  dépaitement  du  Gers,  avec  feu  le  docteur 
Duffourc  qui,  aux  connaissances  médicales  les  plus  étendues,  joignait  uu 
ardent  an>our  pour  l'agriculture,  lorsque  tout  à  coup  nos  yeux  furent  frap- 
pés de  l'aspect  particulier  d'un  Blé  prêt  à  être  coupé.  «  Ah  !  nous  dit  notre 
ami,  vous  apercevez  la  une  espèce  nouvelle^  elle  mérite  bien  voire  atten- 
tion. Cultivez-la  en  Beauce,  cette  mère  nourrice  de  Paris,  et  attendez-vous 
à  des  résultats  heureux.  »  INous  sui\imes  le  conseil. 

Depuis  cette  épo(|ue,  ce  Blé  prospère  admirablement  en  Beauce,  et,  sous 
le  nom  de  Blé  de  Noé,  donne  lieu  chaque  année  à  des  affaires  de  plus  en 
plus  importantes. 

iS'ous  croyons  donc  être  agréable  à  nos  confrères  de  la  Société  en  leur 
présentant  aujourd'hui  une  courte  notice  sur  un  Blé  ()ui  est  déjà  l'objet  d'un 
grand  commerce. 

Kn  1826,  un  chargement  de  grains  d'Odessa  otfrit  a  M.  Plante,  riche  et 
iutelli-eut  meuuier  de  ^erac,  département  de  Lot-el-Guronne,  une  singu- 


SÉANCE    DU    27   MARS    1857.  2S9 

larité  qu'il  n'avait  pas  encore  remarquée  :  c'étaient  dos  grains  beaucoup 
plus  gros,  d'une  forme  plus  ronde,  d'un  Jauiu'  plus  vif  que  ceux  des  lilés 
qu'il  avait  coutume  de  recevoir  de  ses  correspondants.  Il  eut  l'idée  de  les 
mettre  à  part  et  d'essayer  d'en  propager  l'espèce.  Il  y  réussit,  et  bientôt 
il  considéra  sa  nouvelle  acquisition  comme  très  recommandable  et  payant 
les  frais  de  sa  naturalisation  par  des  qualités  solides. 

I.e  nouveau  Blé  se  distingue  aisément  des  autres  espèces  de  nos  cultures  : 
sa  tige  est  plus  courte,  plus  robuste  ;  son  épi,  gros,  nourri  et  cylindrique, 
est  toujours  dressé  et  sans  barbes,  et  sa  maturité  d'au  moins  quinze  jours 
en  avance  sur  celle  des  premiers.  Jusqu'au  moment  de  la  récolte  la  plante 
est  tout  entière  d'un  beau  glauque  bleuâtre  :  de  là  la  dénomination  de  Blé 
bleu,  sous  laquelle  cette  nouvelle  espèce  est  désignée  dans  le  Midi  (1). 

Déjà  le  Blé  de  M.  Planté  se  faisait  des  amis  dans  le  Gers,  quand  M.  le 
docteur  Duffourc  quitta  Paris  en  183/i  pour  se  livier  entièrement  à  l'agri- 
culture. Il  se  retira  a  Bazin,  propriété  située  près  de  Lectoure,  qui  devint 
bientôt  entre  ses  mains  la  ferme-modèle  du  départem.cnt.  Il  ne  tarda  pas  à 
considérer  avec  intérêt  le  Blé  bleu  de  M.  Planté,  et  il  fit  de  sa  culture  l'objet 
d'une  étude  particulière. 

L'expérience  lui  apprit  qu'aucune  autre  espèce  de  Blé  ne  réunissait  à  un 
plus  haut  degré  l'avantage  d'une  maturité  précoce  à  celui  d'un  rendement 
avantageux  ;  son  seul  défaut,  si  c'en  est  un,  est  de  ne  donner  qu'une  paille 
courte,  mais  robuste,  et  qui  par  là  même  offre  peu  de  prise  au  vent  ;  aussi 
est-il  peu  exposé  à  verser.  Le  docteur  Duffourc  y  vit  avec  raison  un 
nouveau  motif  pour  en  recommander  la  cultuie. 

Sollicite  par  le  docteur  Duffouic,  comme  nous  l'avions  été  nous-mème 
deux  ans  auparavant,  M.  Pérès,  élève  distingué  de  Roville,  qui  relevait 
notre  ferme  du  Caumont,  sise  a  l'Isle-de-Noé,  département  du  Gers,  de 
l'état  de  délabrement  où  l'avait  laissée  tomber  l'incurie  d'une  vieille  race  de 
bordiers,  M.  Pérès,  disons-nous,  se  détermina  en  18^2  à  faire  du  Blé  bleu 
une  des  bases  de  son  agriculture.  Depuis  il  n'a  négligé  aucun  soin  pour  en 
étendre  la  renommée  et  la  lendie  durable.  Grâce  à  son  activité,  la  nouvelle 
race  de  Blé  a  obtenu  la  faveur  des  Darblay,  des  Rabourdin,  desTbiroin, 
des  Lefèvre  et  autres  grands  industriels  qui  viennent  chaque  année  au 
Caumont  s'approvisionner  des  semences  qu'ils  confient  à  leurs  terres. 

Maintenant  comment  le  Blé  bleu,  avec  2  hectolitres  semés  en  Beauce  par 
nos  soins  en  1841,  a-t-il  pu  changer  de  nom  et  arriver  en  1856  au  premier 
rang  sur  les  marchés  d'Étampes,  de  Chartres,  d'Orléans  et  de  Dourdan  ? 
Il  le  doit  à  notre  voisin  et  ami  M.  Péchard,  de  Provelu,  près  Ablis.  Ce 
fermier  actif  et  habile  reconnut,  après  plusieurs  années  d'essais,  que  le  Blé 

(1)  Ce  Blé  portait  primitivement,  dans  le  Midi,  le  nom  de  Blé  itirc,  qu'il  con- 
serve encore  dans  quelques  localités. 

X.  IV.  19 


290  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

introduit  par  nous  dans  la  Beaucc  donnait,  en  moyenne,  7  1/2-8  pour  1 
dans  les  terres  nnédiocres,  et  jusqu'à  16-18  pour  1  dans  les  fonds  substan- 
tiels. Il  se  livra  dès  lors  à  sa  culture  avec  une  sorte  d'enthousiasme,  et  par 
reconnaissance,  disait-il,  pour  l'introducteur  du  nouveau  Blé  dans  le  pays, 
il  voulut  lui  donner  notre  nom,  qui  est  aussi  celui  du  vieil  inventeur  de  la 
Vigne;  sa  proposition  fut  ncceptée. 

Nous  ne  terminerons  pas  cette  courte  notice  sans  parler  de  l'aptitude  du 
Blé  de  Noé  à  se  transformer  en  Blé  printanier  ou  marsais.  Des  expériences 
récentes  ont  établi  d'une  manière  incontestable  que,  semé  à  l'entrée  du 
printemps,  il  devient  aussi  beau  et  aussi  productif  que  s'il  l'eût  été  en 
octobre  ;  mais  il  perd  par  là  sa  maturité  hâtive.  Cette  propriété  du  Blé  de 
Noé,  qui  n'avait  pas  été  soupçonnée  jusqu'ici  de  ceux  qui  ont  contribué  à 
le  naturaliser  dans  notre  pays,  me  parait  devoir  être  signalée  comme  un 
nouveau  litre  à  l'attention  des  cultivateurs. 

M.  Duchartre  appelle  l'attenlion  de  la  Société  sur  la  faculté  parti- 
culière que  paraît  avoir  le  Blé  de  Noé  de  passer  de  Tétat  de  Blé  d'hiver 
à  l'état  de  Blé  d'été. 

M.  Janiain  dit  avoir  vu,  aux  environs  de  Paris,  une  variété  de 
Blé  glauque,  à  tige  courte,  ne  versant  pas,  et  à  épis  très  gros,  qui 
lui  parait  être  la  même  que  celle  dont  parle  M.  de  Noé. 

M.  Chatin  met  sous  les  yeux  de  la  Société  les  dessins  de  son  tra- 
vail sur  la  germination  du  Vallisneriaf  et  fait  la  communication 
suivante  : 

DE  L'EXISTENCE  DE  RAPPORTS  ENTRE  LA  NATURE  DE  L'ÉPIDERME  ET  CELLE 
DU  PARENCHYME  DES  FEUILLES  ,  par  M.  AD.  CIIjtTITV. 

Un  coup  d'oeil  jeté  sur  l'épiderme  et  le  parenchyme  des  feuilles,  dans 
l'ensemble  des  végétaux,  fait  aisément  reconnaître  l'existence  de  telles 
relations  entre  ces  parties,  qu'étant  donné  l'un  des  deux  termes  du  rapport, 
on  puisse,  avec  assez  d'exactitude,  eonnaitre  le  second  terme. 

En  négligeant,  comme  on  est  presque  toujours  forcé  de  le  faire  dans  la 
coordination  des  faits  d'histoire  naturelle,  quelques  cas  de  transition,  on 
reconnaît  que  l'épiderme  des  feuilles  affecte  deux  états  fort  distincts  l'un 
de  l'autre  :  dans  le  premier  de  ces  états,  surtout  commun  parmi  les  plantes 
monocotylédones,  l'épiderme  des  deux  faces  de  la  feuille  est  identique; 
dans  le  second  état,  l'épiderme  de  la  face  inférieure  et  celui  de  la  face 
supérieure  sont  dissemblables. 

Les  deux  épidermes  d'une  même  feuille  peuvent  d'ailleurs  différer  : 
a,  par  la  forme  ou  l'agencement  de  leurs  cellules,  comme  on  le  voit  dans 


siî:anck  nu  27  maus  1857.  291 

le  Bnlsmninn,  Ip  Pcpli.'^,  lo  Ihiinex  ;  h,  par  les  stoiïi.ilcs  qui  tantôt  sont  en 
nombre  (lifréieiit  ou  inan((ueiit  même  sur  l'une  des  faces  de  la  feuille, 
comme  dans  le  Knlmid,  VIlcx,  le  Primvla  sinensia ;  c,  par  les  cellules  en 
même  temps  (|ue  par  les  stomates,  ainsi  (ju'on  l'observe  dans  le  SamOucus, 
VAcanthus,  le  Damasonium,  etc.  Les  modifications  du  parenchyme  seront 
d'autant  plus  profondes  que  les  deux  épiderraes  d'une  feuille  seront  plus 
dissemblables. 

Contrairement  à  l'épiderme,  dont  les  différences  se  rattachent  à  deux 
types,  le  parenchyme  se  présente  sous  trois  états  généraux  :  1  "  Le  paren- 
chyme est  homogène,  c'est-à-dire  formé  d'un  tissu  sensiblement  uniforme 
dans  toute  sa  masse,  comme  dans  le  Lilœa,  le  Trigloclùn,  le  Sempervivum 
tectorum  ;  2°  le  parenchyme  est  hétérogène,  mais  symétrique,  savoir  : 
formé  vers  les  deux  faces  de  cellules  dirigées  perpendiculairement  aux 
épidermes,  riches  en  matière  verte,  pressées  entre  elles  et  ordinairement  de 
forme  elliptique,  tandis  que  le  tissu  utricuiaire  du  plan  moyen  de  la  feuille 
est  plus  ou  moins  lâche,  peu  chargé  de  chlorophylle  et  à  cellules  tantôt 
arrondies,  tantôt  de  forme  très  irrégulière  ;  telle  est  la  structure  offerte  par 
\e  Dianthus  Caryophi/llus,  \e  Na7x issus,  Y Hulimus ;  ?>"  le  parenchyme  peut 
être  hétérogène  et  asymétrique,  savoir  :  forme  vers  l'une  des  faces  de  la 
feuille  de  cellules  (de  forme  ordinairement  elliptique),  dirigées  perpendi- 
culairement à  l'épiderme,  et  vers  l'autre  face,  d'utricules  contenant  peu  de 
matière  verte,  et  disposées  en  un  tissu  lâche,  souvent  caverneux.  Les  dico- 
tylédones offrent  souvent  ce  troisième  type  du  parenchyme,  tandis  que 
c'est  chez  les  monocotylédones  que  le  premier  et  le  deuxième  type  sont  le 
plus  fréquents. 

Etant  donnés  les  types  de  structure  de  l'épiderme  et  ceux  du  paren- 
chyme, on  reconnaît  bien  vite  qu'ils  tiennent  les  uns  aux  autres  par  des 
rapports  d'une  grande  généralité,  dans  lesquels  on  trouve  que  l'un  des  deux 
types  de  l'épiderme  répond  à  deux  des  trois  types  du  parenchyme.  Ces 
l'apports  peuvent  être  formulés  comme  il  suit  : 

Premier  rapport.  —  Lorsque  les  deux  épidermes  d'une  feuille  sont 
identiques,  le  parenchyme  est  symétrique. 

Ce  rapport  se  dédouble  d'ailleurs  en  deux  rapports  secondaires  que 
j'exprimerai  ainsi  : 

a.  Quand  le  parenchyme  est  homogène,  les  deux  épidermes  sont  iden- 
tiques :  Triticum  repe^is,  TypJia  moxima,  T.  minima,  Oryza  sativa,  Aco?'us^ 
Tetronciiim,  Scheuchzeria,  /Jutomus,  et  un  grand  nombre  d'autres  mono- 
cotylédones ;  Sempervivum  arboreum,  S.  tectorum,  ainsi  que  beaucoup 
d'autres  plantes  grasses;  Cymbidium juncifolium  et  d'autres  Orchidées; 
Hippuris,  Potamogeton  perfoliatus,  et  dicotylédones  submergées  diverses. 

b.  Quand  le  parenchyme  e^t  symétrique,  quoique  hétérogène,  les  deux 
épidermes  sont  identiques  :  Dianthus  Caryophyllus,  Fritillaria,  Hyacinthus, 


502  SOCÎKTÉ    BOTAMQIE   DE   FRANCP:. 

Narcissus,  Atriplex,  Nalimus,  et  des  plantes  diverses  appaitennnt  poui'  le 
plus  srand  nombre  aux  monocotylédones  ;  rameaux  foliiformes  du  Ihiscus, 
de  VOpuntia,  etc.;  pliylludes  des  Acacia. 

Deuxièmi:  iiAPPORT.  —  f.oisque  les  deux  tpidermes  d'une  feuille  sont 
dissemblables,  le  parenchyme  est  asymétrique  et  hétérogène  :  Arbutus, 
Auciiba,  Balsamina,  Cerasits,  Cltimo/diila,  Centrantlms,  Cyclamen,  Coto- 
neaster,  Fcgatella,  Kalmia,  Ilex,  Plevrothallis  spatulafa,  S^nilax  et  un 
nombre  infini  de  végétaux,  surtout  compris  dans  les  dicotylédones  et  dans 
les  acotylédoi'.es  vasculaires. 

Il  est  aisé  de  reconnaître,  par  leur  coloration  surtout,  si  les  épidermes 
d'une  feuille  sont  ou  identicjues  ou  dissemblables  ;  à  cette  première  et  facile 
notion  s'en  î  attachera  désormais  une  seconde,  lelative  au  parenchyme,  dont 
on  devinera  la  nature,  ou  symétrique  ou  asymétrique,  au  premier  coup 
d'œil  jeté  sur  les  feuilles. 

Aux  rappoits  que  Je  viens  de  signaler  touchent  un  assez  grand  nombre 
de  faits  dont  je  poursuis  l'étude;  dès  que  je  serai  arrivé  à  quelques  résultats 
de  nature  à  pouvoir  offrir  quelque  intérêt  à  la  Société,  je  m'empresserai  de 
les  soumettre  à  sa  bienveillante  appréciation. 

M.  Diicharlre,  secrétaire,  annonce  la  réception  d'une  note  de 
M.  Attilio  Tassi,  en  italien,  sur  les  vieilles  des  Ciicurbitacées.  Cette 
note  sera  traduite  en  français  et  coniminiiquée  à  la  Société  dans 
la  prochaine  séance. 

M.  le  comte  Jaubert  fait  k  la  Société  la  communication  suivante  : 

SUR  LE  DÉPÉRISSEMENT  DES  ARBRES  DE  NOS  PROMENADES  PUBLIQUES, 
par  M.  le  comte  JALBERT. 

L'existence  des  arbres  de  nos  promenades  publiques  est  exposée  à  mille 
dangers:  aussi  les  tables  de  la  mortalité  qui  sévit  dans  leurs  rangs  sont- 
elles  lamentables,  k  peine  sont-ils  plai>tés  que,  malgré  les  moyens  préser- 
vatifs que  la  police  multiplie  autour  et  auprès  d'eux,  ils  ont  à  subir  de  la 
part  des  passants  des  outrages  de  toute  espèce:  chocs,  meurtrissures,  rien 
ne  leur  est  épargné.  Les  enfants,  —  cet  âyc  sans  pitié,  comme  dit  La  Fon- 
taine, —  les  tourmentent  de  toutes  f;içons,  et  à  cet  endroit  les  gens  qui 
devraient  être  raisonnables  ne  le  sont  guère  plus  que  les  enfants.  Sauf 
quelques  situations  privilégiées,  comme  les  Tuileries  où  la  végétation  se 
développe  librement  avec  une  magnificence  digne  de  la  nature  sauvage,  et 
les  boulevards  extérieurs  parce  qu'ils  sont  déserts,  la  plupart  des  planta- 
tions languissent  et  meurent  prématurément,  victimes  du  contact  malsain' 
de  la  civilisation.  Vainf^ment  leurs  racines  plongent  dans  un  terrain  de 
choix:  le  sol  bientôt  piétiné,  recouvert  en  partie  d'un  pavé  ou  même  d'une 


PKANCK  nu  27  MARS  J857.  293 

coiiclie  impciTTirable  d'asphalte,  est  infocté  par  les  l'uitos  des  conduits  du 
gaz.  La  nuit  nu'iiu'  n'a  pas  de  repos  pour  eux  :  réelaiia<ie  (|iii  inonde  leurs 
feuilles,  en  les  privant  de  l'espèee  de  sommeil  (jui  leur  est  indispensable, 
trouble  nécessairement  l'économie  de  leurs  jonctions,  et  surtout  ces  alterna- 
tives d'expiration  de  l'acide  carbonique  et  de  l'oxygène,  destinées  à  établir 
avec  le  règne  animal  un  si  merveilleux  équilibre. 

Si,  au  travers  de  tant  d'obstacles,  l'arbre  parvient  à  vivre  et  à  développer 
ses  branches,  on  l'accuse  d'olTustiuci-  les  maisons  voisines.  Trop  souvent, 
malgré  la  surveillance  des  sergents  de  ville,  il  est  victime  d'un  empoisonne- 
ment avec  préméditation.  Qui  sait  même  si,  au  jour  de  l'émeute,  le  bourgeois 
imprudent  ne  donnera  pas  lui-même  le  signal  du  renversement?  Mais  le 
bourgeois  ne  tardera  pas  à  se  repentir  de  son  ingratitude.  L'invasion  étran- 
gère avait  devancé  nos  discordes  civiles  dans  cette  œuvre  de  destruction. 
Aux  Champs-Elysées,  nos  plus  beaux  arbres  portent  encore  les  cicatrices 
de  1814  et  de  1815.  Les  l'eux  de  bivouac,  allumés  a  leur  pied,  avaient 
brûlé  leur  écorce  ;  la  dent  des  chevaux  l'avait  dechii'ée.  Grâce  à  de  bons 
pansements,  les  plaies  ont  été  recouvertes  d'année  en  année  par  des  couches 
nouvelles;  et  nos  descendants,  a  défaut  de  l'histoire,  pourront  un  jour  lire 
sur  la  tranche  de  ces  arbres  la  date  précise  de  nos  malheui's. 

11  est  évident  que  les  causes  purement  naturelles,  les  météores,  les  pas- 
sages brusques  de  la  chaleur  au  froid,  doivent  agir  avec  une  funeste  inten- 
sité sur  des  êtres  condamnés  au  régime  que  nous  venons  d'indiquer.  Si  quel- 
que branche  est  brisée  par  le  vent,  il  se  forme  d'autant  plus  promptement 
sur  son  écorce  des  crevasses,  des  gouttières,  le  longdes(iuelles  l'eau  pluviale 
coule  avec  la  sève  extravasée  :  ailleurs,  et  ce  cas  est  le  plus  fréquent,  la 
partie  desséchée  de  l'écorce,  composée  de  l'épiderme  et  de  lenveloppe  subé- 
reuse, est  minée  dans  tous  les  sens  par  des  insectes  xylopliages  (rongeurs  de 
bois);  la  partie  vivante,  fibres  corticales  et  liber,  est  bientôt  compromise; 
l'arbre  ne  résistera  pas  longtemps.  Il  faut  le  dire  pourtant:  on  a  constaté 
que  certains  insectes  s'attaquent  même  aux  arbres  plantés  dans  les  conditions 
les  plus  favorables. 

Un  insecte  coléoptère  du  genre  Scolyte  exerce  les  plus  grands  ravages  à 
Paris  et  dans  les  environs  ;  il  y  en  a  cjuatre  espèces  :  les  Scolytes  intri- 
catus  et  pygmœus  qui  vivent  sur  le  Chêne,  les  S.  destructor  et  multistriatus 
qui  sont  le  fléau  de  l'Orme  -,  le  ..S.  destynœtor  s'attaque  aux  vieux  Ormes,  le 
5.  multistriatus  aux  jeunes:  nous  nous  occuperons  ici  des  deux  derniers. 
Vers  la  fin  de  l'été,  la  femelle  s'insinue  dans  les  gerçures  de  l'écorce,  y 
creuse  (le  bas  en  haut  une  galerie  parallèle  aux  fibres  corticales,  et  destinée 
à  recevoir  ses  œufs.  Apiès  la  ponte,  l'insecte  se  traîne  à  l'extrémité  de  la 
galerie  et  y  meurt,  comme  pour  y  former,  avec  les  débris  de  son  coi-ps  des- 
séché, un  rempart  à  sa  progéniture;  car  un  autre  insecte,  Vic/ineumon,  s'y 
présentera  pour  y  introduire  la  sienne,  qui  dévorerait  dans  leurs  retraites  les 


29/>  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    UK   FRANCE. 

larves  du  Scolyte,  en  se.  formant  des  coques  avec  leurs  dépouilles.  Cepen- 
dant ces  larves  se  sont  développées,  et  chacune  d'elles  s'est  mise  à  creuser, 
perpendiculairement  à  la  galerie  maternelle,  sa  galerie  particulière,  dont  le 
prolongement  est  plus  ou  moins  sinueux.  De  là  ces  espèces  de  tatouages 
que  l'on  remarque  à  l'intérieur  des  plaques  décollées  de  l'écorce  :  chaque 
groupe  de  galeries,  sorte  de  miniature  des  foudres  que  les  artistes  placent 
dans  les  serres  de  l'aigle,  présente  dans  son  ensemble  une  forme  ovale  et 
dessine,  sur  5  à  8  centimètres  dans  le  petit  diamètre,  le  champ  d'activité 
d'une  famille  de  Scolytes  composée  d'une  centaine  d'individus.  Il  existe  dans 
la  galerie  d'enlomologie  du  Muséum  d'histoire  naturelle  une  collection 
curieuse  des  travaux,  soit  utiles,  soit  nuisibles,  des  insectes  qui  vivent  aux 
dépens  des  substances  végétales  :  c'est  la  que  l'on  peut  examiner  à  loisir  les 
traces  de  l'invasion  vraiment  redoutable  des  Termites,  dans  les  ports  de  La 
Rochelle  et  de  Rochefort,  si  bien  décrite  par  M.  de  Quatrefages,  il  y  a 
quelques  années,  dans  la  Revue  des  Deux-Mondes,  et  que  nous  avons 
mentionnée  nous-même  dans  notre  Botanique  à  V Exposition  universelle  de 
1855.  Dans  l'une  des  vitrines  de  cette  collection  se  trouvait  un  échantillon 
de  bois  d'un  jeune  Orme,  comme  sculpté  pour  ainsi  dire  par  le  Scolytes 
multistriatus. 

A  ce  moment,  une  foule  d'autres  insectes,  espèce  de  populace,  ne  manquent 
pas  d'arriver,  soit  pour  miner  à  sa  façon  l'écorce  déjà  ébranlée,  soit,  comme 
les  Cloportes  et  les  Millepieds,  pour  jouir  de  l'abri  frais  que  présentent  les 
intervalles  des  couches  décollées  de  l'écorce.  D'autres,  comme  la  grosse 
larve  du  Romhyx  {Cossus  ligniperda),  percent  du  premier  coup  éoorce  et 
bois,  n'attendant  pas,  poui-  pénétrer  jusqu'au  cœur  de  l'arbre  par  des  galeries 
sinueuses  aussi,  que  les  approches  de  la  place  aient  été  facilitées  par  le  Sco- 
lyte. Enfin,  l'écorce  se  détache  entièrement  du  tronc  et  se  renverse  par 
plaques  souvent  longues  de  plusieurs  mètres,  comme  des  pans  de  murs. 
Sur  ces  entrefaites,  le  Scolyte,  dont  la  larve  se  sera  métamorphosée,  aura 
prolité  des  beaux  jours  de  juin  pour  abandonner  son  berceau,  et  se  sera 
envole  par  myriades  sur  les  arbres  sains  du  voisinage,  pour  aller  y  recom- 
mencer la  même  série  de  ravages. 

Le  nombre  d'Ormes  ainsi  détruits  par  le  Scolyte  est  immense.  L'adminis- 
tration municipale,  sous  l'excellente  direction  de  M.  le  comte  de  Rambuteau, 
grand  planteur  lui-même  dans  ses  terres  de  Bourgogne,  s'était  préoccupée 
de  cet  état  de  choses  et  s'était  efforcée  d'y  porter  remède. 

C'est  alors  que  M.  le  docteur  Eugène  Robert,  déjà  connu  par  ses  travaux 
comme  géologue  attaché  au  voyage  de  la  Commission  scienlifique  dans  le 
IVord,  s'était  livré  à  des  recherches  sur  les  ravages  causés  par  les  insectes. 
Le  sujet,  dans  sa  généralité,  n'était  pas  entièrement  neuf:  Réaumur  ne 
l'avait  pas  négligé.  En  1837,  M.  Ratzeburg  avait  entrepris,  à  Berlin,  la 
publicdlion  de  son  grand  ouvrage  sur  lus  insectes  utiles  ou  nuisibles  des 


6È\mK  DU  27  MAns  1857.  295 

forêts  (1).  Ce  traite  approfondi  contient  une  fouie  de  détails  instructifs  sur 
les  Bostryches,  qui  infestent  les  forêts  de  Conifères  dans  le  Harz,  mais  peu  ou 
point  de  documents  applicables  aux  Scolytes,  qui  paraissent  être  assez  rares 
dans  le  nord  de  rAIIemagne.  A  cet  égard,  et  dès  1836,  l'éveil  avait  été 
donné  par  le  savant  auteur  des  Mémoires  sur  la  Pyrale  de  la  Vigne,  Audouin. 
M.  Robert  se  livra  à  cette  étude  d'une  manière  spéciale.  Ses  premières 
expériences  sur  les  arbres  des  promenades  de  Paris,  de  Saint-Cloud,  de 
Versailles,  datent  de  IS/iS,  et  furent,  l'année  suivante,  l'objet  d'une  com- 
munication à  l'Académie  des  sciences,  La  Société  centrale  d'agriculture 
avait  ouvert  un  concours  pour  de  bonnes  observations  sur  les  insectes  nui- 
sibles; le  prix,  consistant  en  une  médaille  d'or,  fut  décerné  en  18^5  à 
M.  Robert,  qui  publia  son  mémoire  en  décembre  de  la  même  année.  Le 
rapporteur  de  la  Société  d'agriculture,  M.  Guérin-Méneville,  avait  carac- 
térisé la  méthode  de  M.  Robert  en  disant  qu'elle  offrait  un  moyen  simple, 
certain,  appuyé  sur  les  données  de  la  physiologie  végétale  et  de  l'entomo- 
logie :  1°  de  rendre  la  vitalité  aux  arbres  languissants,  ce  qui  en  éloigne 
déjà  les  Scolytes  ;  2°  et  surtout  de  faire  périr  une  prodigieuse  quantité  de 
ces  insectes.  Le  7  juin  ISUl,  M.  Milne  Edwards  présenta  à  l'Académie  des 
sciences  un  mémoire  de  M.  Robert,  en  appelant  sommairement  l'attention 
de  l'Académie  sur  le  double  effet  (guérison  des  arbres  avec  augmentation 
d'accroissement  en  diamètre)  produit  par  l'enlèvement  paitiel  ou  général  de 
la  vieille  écorce  du  tronc  et  des  grosses  branches  jusqu'au  liber  Un  rapport 
plus  détaillé  sur  ce  mémoire  fut  présenté  le  27  mars  1848,  par  M.  Milne 
Edwards,  au  nom  d'une  commission  spéciale  dont  il  était  membre,  avec  feu 
Achille  Richard  et  M.  Decaisne.  Les  conclusions,  qui  tendaient  a  approuver 
les  recherches  de  M.  Robert  et  à  ordonner  l'impression  de  son  mémoire 
dans  le  Recueil  des  savants  étrangers,  furent  adoptées. 

Les  végétaux,  en  leur  qualité  d'êtres  animés,  relèvent,  comme  les  ani- 
maux, de  l'art  de  guérir  considéré  dans  sa  plus  grande  généralité  (2). 
L'hygiène  qui  leur  est  propre,  s'appuie  sur  la  connaissance  de  leurs  organes 
et  du  mode  de  leur  accroissement,  sur  celle  des  milieux  où  ils  sont  destinés 
à  vivre,  afin  d'écarter  d'eux  les  influences  pernicieuses  et  de  leur  fournir 
avec  plus  de  régularité  et  d'abondance  les  éléments  nécessaires  a  leur 
accroissement;  l'étude  des  parasites  de  toute  sorte  qui  se  fixent  sur  les 
végétaux,  et  la  théorie  des  engrais,  éclairent  cette  hygiène-,  et  nous  avons 
déjà  dit  combien  est  funeste  aux  arbres  de  nos  villes  le  régime  auquel  ils 
sont  soumis. 

(1)  Ratzeburg.  Die  Forst-Insecten,  oder  Abbildungen  und  Beschreibimg  der 
in  den  Wœldern  Preussens  und  der  Nachbarstaaten  als  schœdlich  oder  niietz- 
lich  bekannt  geivordcnen  Insecfcn,  Ix  vol.  in-Zi".  Berlin,  1837-1853. 

(2)  Meyeo.  Pflanzen-Pathologie.  Berlin,  1841. 


206  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Le  traitement  médical  des  plantes  dérive  des  lois  de  l'hygiène  ;  mais  il 
y  a   aussi   inie  chirurgie  végétale.  I.a  plus   usuelle  de  ses   opérations,  la 
taille  des  arbres,  c'est-à-dire  l'amputation,  selon  certaines  règles,  de  cer- 
tains rameaux,  met  en  évidence  cette  différence  fondamentale  entre  les 
végétaux  dune  part  et  les  animaux  des  classes  supérieures  d'autre  part,  et 
consistant  en  ce  (jue,  ceux-ci  étant  des  êtres  essentiellement  terminés,  la 
régénérescence  des  tissus  sous   ra(;tion   du    scalpel    est    renfermée  dans 
d'étroites  limites.  Une  plaie  se  refermera  par  suite  de  la  formation,  sur  ses 
bords,  d'une  partie  peu  étendue  de  tissu  nouveau  ;  lorsque  les  ongles  et  les 
cheveux  auront  été  coupés,  ils  repousseront  dans  de  certaines  limites  :  mais 
là  se  borne  la  faculté  reproductrice  de  la  substance  organique.  Au  contraire, 
le  végétal,  analogue  aux  animaux  inférieurs,  aux  polypes  par  exemple,  est 
un  être  à  propagation  pour  ainsi  dire  indéfinie  par  bourgeons,  ou  plutôt  il 
semble  former  une  association  d'individus  a  divers  degrés  d'évolution  et 
susceptibles  d'acquérir  un  développement  complet,  si  les  circonstances  leur 
sont  favorables.  Ce  phénomène  est  si  général,   il  domine  tellement  l'en- 
semble de   la  pliysiologie  végétale,  que  la  reproduction  par  graines,  si 
étendue  pourtant  et  si  variée,  ne  parait  plus  elle-même  qu'une  grande  ex- 
ception. C'est  ainsi  que  s'expliquent  le  mieux  l'accroissement  et  la  durée 
énorme  de  certains  arbres  fameux,  tels  que  le  Dragonnier  des  îles  Canaries, 
le  Châtaignier  de  l'Etna,  où  les  parties  atteintes   par  la  décadence  étant 
réduites  à  l'état  de  support  inerte,  de  substrutum,  pour  emprunter  le  lan- 
gage de  l'école,  les  bourgeons  qui  revêtent  ce  support  se  substituent  les  uns 
aux  autres  en  se  transmettant  le  principe  de  la  vie  : 

Et  quasi  cursores  vitaï  lampada  iradunt. 

(Lucrèce,  I.  II,  v.  78.) 

M.  Robert  a  fait  sur  les  arbres  malades  plusieurs  sortes  d'opérations  de 
chirurgie  végétale,  dans  chacune  desquelles  il  s'agit  de  régénérer  l'écorce, 
pour  recouvrira  iiouveau  les  parties  endommagées  de  l'arbre;  cela  est 
toujours  possible  lorsqu'il  en  a  conservé  une  portion  suffisante  à  l'état  de 
vie  :  voilà  ce  que  M.  Hubert  appelle  ¥,a  phloioplustie  (de  ujXoi'o;,  écorce,  et 
vlà'j'jîi-j,  former). 

C'est  un  axiome  élémentaire,  en  chirurgie,  que  les  plaies  doivent  être 
tenues  proprement.  Celles  des  arbres,  meurtrissures,  chancres,  gouttières, 
seront  débarrassées  de  toutes  les  parties  de  tissu  décomposées,  et  grattées  à 
vif.  Si  le  mal  a  été  assez  profond  pour  mettre  le  bois  a  nu,  on  étendra  sur 
la  surface  ligneuse  un  enduit  quelconque,  pour  la  préserver  du  contact  de 
'air  qui  en  bâterait  la  destruction.  Partout,  au  contraire,  où  il  existe  quel- 
que partie  vivante  de  l'écorce  en  parenchyme  ou  fibres  corticales,  et  à  plus 
forte  raison  en  liber,  soit  sur  le  fond  de  la  plaie,  soit  sur  ses  bords,  non- 
seulement  il  faudra  la  respecter  soigneusement,  mais  encore  il  importe 


sÉ\N(,i:  DU  "27  M,vus   1857.  297 

beaucoup  de  consc>rvor,  si  on  le  peut,  pour  la  protéger,  (iuel(|ues  ininces 
feuillets  de  la  eouelie  subéreuse  :  c'est  l'espoir  de  la  phloiopUislie.  Lors- 
qu'on opérera  dans  une  saison  où  la  cbaleur  sera  modérée,  ou  nnême  pen- 
dant l'hiver,  il  ne  faudra  pas  craindre  comme  pour  le  bois  le  contact  pro- 
chain de  l'air  pour  les  fibres  corticales;  elles  en  ont  besoin  au  contraire,  et 
l'application  d'un  enduit  bitumineux,  surtout  s'il  était  employé  à  chaud, 
serait  funeste.  Quand  l'opération  aura  été  bien  faite,  les  bourrelets  régéné- 
rateurs ne  tarderont  pas  à  paraître. 

Les  bons  effets  du  traitement  méthodique  des  plaies  ont  conduit  à  l'idée 
des  plaies  faites  à  dessein,  avec  des  instruments  tranchants,  comme  moyen 
de  rétablir  la  santé  générale  de  l'arbre.  M.  Robert  enseigne  à  les  faire,  dans 
les  cas  suivants,  et  son  succès  a  été  complet. 

Lorsque  l'écorce  du  tronc  et  celle  des  grosses  branches,  entière  à  l'exté- 
rieur, mais  rugueuse  et  d'un  aspect  noirâtre,  aura  été  envahie  par  le  Scolyte, 
ce  que  dénote,  d'autre  part,  le  dépérissement  du  feuillage,  il  faudra  se  hâter 
de  pratiquer  longitudinalement,  sur  les  parties  attaquées,  des  incisions  pé- 
nétrant les  couches  corticales,  jusqu'au  liber  exclusivement.  Souvent  ces 
incisions  suffiront  pour  déterminer  tout  le  long  de  leurs  lignes  la  formation 
de  bourrelets.  Plus  souvent  il  faudra  enlever  entre  deux  incisions  une 
bande  étroite  aux  dépens  des  couches  subéreuses,  mais  en  ménageant  les 
plus  intérieures  de  ces  couches,  comme  nous  l'avons  dit  pour  le  nettoyage 
des  plaies  accidentelles.  Cette  espèce  de  scarification  déterminera  un  afflux 
de  la  sève,  provoquera  la  formation  de  tissus  nouveaux  et  arrêtera  la 
marche  longitudinale  des  larves  du  Scolyte,  partout  où  l'instrument  de  la 
scarification  ne  les  aura  pas  effectivement  atteintes  et  enlevées. 

Mais  si,  faute  d'une  scarification  pratiquée  à  temps,  l'arbre  a  été  envahi 
de  toutes  parts  par  le  Scolyte,  et  si  la  maladie  est  arrivée  à  ses  derniers 
périodes,  alors  il  faudra  recourir  aux  remèdes  héroïques.  M.  Robert  n'hé- 
site pas,  dans  ce  dernier  cas,  à  pratiquer  ce  qu'il  nomme  la  dé  cortical  ion 
sur  une  partie  plus  notable,  ou  même  sur  la  totalité  du  pourtour  de  l'arbre, 
jusqu'aux  premières  branches;  les  simples  incisions  étant  réservées  pour 
le  tronc  des  arbres  nouvellement  atteints  et  les  grosses  branches  des  arbres 
très  malades. 

Pour  ces  diverses  opérations,  M.  Robert  se  sert  d'instruments  très  com- 
modes, analogues  à  la  doloiredes  tonneliers  et  à  l'herminette  des  charpen- 
tiers. L'ouvrier  détache  avec  facilité  des  plaques  minces  ou  copeaux, 
procédant  avec  précaution,  par  petites  entailles,  de  manière  à  ne  pas 
offenser  le  tissu  vivant;  la  plupart  de  ces  copeaux  sont  remplis  de  larves 
de  Scolytes.  Dans  les  opérations  de  l'enlèvement  des  lanières  longitudinales 
et  de  la  décortication  se  manifestent  plusieurs  effets  liés  lun  h  l'autre  : 
d'abord,  une  sorte  de  débridement,  pour  parler  avec  M.  Robert  ;  les  parties 
jeunes  de  l'écorce  sont  comme  soulagées  du  poids  qui  comprimait  leur 


298  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

développement,  le  tissu  cellulaire  s'étend,  la  sève  circule  avec  plus  de 
liberté  pour  repousser  en  dehors  les  parties  anciennes,  et  il  est  évident  que 
cet  effet  de  dikitation  doit  se  propager  jusqu'à  l'aubier  Uii-mème.  De  tout 
temps,  les  jardiniers  avaient  remarqué  qu'un  moyen  sûr  d'activer  le  déve- 
loppement des  jeunes  arbres  était  de  fendre  leur  épidémie;  ces  jeunes 
arbres  étaient  trop  serrés  dans  leurs  langes,  on  laissait  plus  de  liberté  à 
leurs  mouvements. 

lin  second  lieu,  et  c'est  le  phénomène  principal,  il  se  forme,  comme  nous 
l'avoDS  vu,  des  bourrelets  ;  dans  le  cas  de  l'enlèvement  des  lanières,  ils  se 
développent  sur  les  bords  de  la  bande  longitudinale  ;  dans  le  cas  de  la 
décortication,  on  voit  se  former  sur  toute  la  nouvelle  surface  une  espèce  de 
réseau  dont  les  mailles  sont  tracées  par  les  lignes  mises  à  nu  des  fibres 
corticales. 

De  tout  temps  aussi  il  a  été  pratiqué  en  Normandie  avec  succès,  sur  les 
Pommiers  languissants,  une  décortication  partielle,  mais  très  superficielle, 
et  qui  consistait  le  plus  souvent  à  nettoyer  la  surface  de  la  tige.  Saus- 
sure et  plusieurs  autres  s'en  sont  occupés;  mais  ils  ne  s'étaient  rendu 
compte  que  sommairement  du  phénomène  :  aujourd'hui  les  progrès  qu'ont 
faits  l'anatomieetla  physiologie  végétales  nous  permettent  de  le  suivre  dans 
son  développement  intime.  On  pourra  donc  rechercher  si,  dans  la  forma- 
tion pour  ainsi  dire  artificielle  des  nouveaux  tissus  corticaux,  les  organes 
élémentaires  se  produisent  selon  le  même  ordre  que  dans  la  formation 
naturelle  et  normale;  si,  par  exemple,  et  à  quelle  épo(|ue,  sous  l'épiderme 
des  bourrelets,  on  trouve  les  cellules  cubiques  de  l'enveloppe  subéreuse 
ordinaire,  si  distinctes  des  cellules  polyédriques  à  parois  plus  épaisses, 
plus  lâchement  unies,  de  l'enveloppe  cellulaire  proprement  dite;  si  cette 
position  relative  se  maintient,  ou  bien  si  à  aucune  époque  de  la  vie  de  ces 
bourrelets,  qui  se  confondent  peu  à  peu  avec  les  anciennes  formations,  il 
n'y  a  de  différence  entre  les  cellules.  Nous  recommandons  ces  questions  à 
ceux  des  membres  de  la  Société  qui  sont  familiarisés  avec  les  recherches 
anatomiques. 

Enfin,  l'accroissement  de  l'arbre  en  diamètre  résulte  nécessairement  de 
la  vigueur  rendue  à  sa  végétation,  et  par  conséquent  de  la  formation  des 
bourrelets.  Apriori,  on  pouvait  le  dire;  on  s'en  est  assuré  par  l'expérience. 
Il  est  remarquable,  en  effet,  que  la  partie  ménagée  de  l'enveloppe  subé- 
reuse tendra  bientôt  elle-même  à  se  détacher  naturellement,  ce  qui  ne  peut 
s'expliquer  que  par  un  plus  rapide  accroissement  des  parties  intérieures 
appelées  à  la  remplacer.  De  plus,  comme  les  bourrelets  qui  se  sont  formés 
sur  les  bords  des  incisions  longitudinales  font  bientôt  saillie  et  constituent 
des  côtes  sur  le  tronc,  faute  de  pouvoir  se  loger  dans  le  vide  formé  p;u-  ces 
incisions  ;  qu'ensuite  ces  côtes  disparaissent  comme  résorbées  par  le  tronc 
qui  redevient  cylindiique,  il  faut  bien  que  le  diamètre  du  tronc  se  soit 


siiANCK  DU  27  MARS  1857.  299 

accru.  Kni?;ht  avait  icmaniué  depuis  l()n<j;temps  que  les  arbres  décortiqués 
avaient  plus  grossi,  dans  l'espace  de  deux  années,  (ju'ils  ne  l'avaient  fait 
pendant  les  dix  aimées  qui  avaient  précédé  l'opération. 

Ou  l'a  vu,  les  procédés  de  M.  Robert  n'ont  rien  en  eux-mêmes  d'abso- 
lument nouveau  ;  mais  ce  qui  lui  appartient  en  propre,  c'est  d'en  avoir 
systématisé  la  pratique  et  de  l'avoir  appliquée  hardiment,  profondément, 
et  de  manière  à  amener  la  destruction  du  Scolytc.  M.  Robert  est  allé  jusqu'à 
se  demander  si,  en  vertu  du  principe  que  nous  avons  exposé  ci -dessus  de  la 
multiplication  pour  ainsi  dire  indéfinie  des  bourgeons,  on  ne  serait  pas 
fondé  à  espérer  un  accroissement  considérable  de  durée  cbez  les  arbres  déjà 
vieux,  qu'on  soumettrait  a  une  decortication  périodique,  et  il  a  été  conduit, 
par  ses  expériences  variées  et  ses  observations  rétrospectives  sui'  la  longé- 
vité des  arbres  en  général,  à  regarder  comme  probable  le  succès  d'une 
pareille  méthode;  elle  ne  serait,  après  tout,  qu'un  corollaire  du  principe 
sur  lequel  toutes  ses  opérations  sont  fondées. 

Les  travaux  de  M.  Robert  furent  malheureusement  interrompus  en  18^8  ; 
l'administration  d'alors  en  perdit  de  vue,  ou  a  peu  près,  le  but  et  l'impor- 
tance. Les  nouveaux  inspecteurs  des  promenades  crurent  remédier  suffi- 
samment au  dépérissemeiit  des  arbres  par  l'emploi  de  moyens  hygiéniques 
et  médicaux.  Par  exemple,  on  traitait  les  arbres  malades  par  l'application 
à  leur  pied  d'une  certaine  quantité  de  bon  terreau  ou  d'engrais  énergiques, 
tels  que  le  sang  de  bœuf,  nourriture  trop  substantielle  pour  des  constitu- 
tions délabrées.  Ailleurs  on  renouvelait,  sur  une  assez  tzrande  étendue  et  à 
une  certaine  profondeur,  le  sol  tout  entier  d'une  plantation,  et  l'on  ne  com- 
prenait pas  que  le  mal  principal  était  causé  beaucoup  moins  par  une  pro- 
portion insuffisante  des  principes  nutritifs  dans  le  sol  que  par  la  détério- 
ration de  l'ecorce,  et  que  la  devait  être  appliciué  le  remède  :  c'est  ce  qui 
est  visible,  en  ce  moment  même,  dans  les  travaux  qui  s'exécutent  dans  le 
jardin  du  Palais-Royal.  De  plus,  on  commit  la  faute  d'enduire  de  goudron 
employé  chaud  la  surface  des  incisions,  et  on  brûla  une  partie  des  tissus 
nouvellement  formés  sur  les  plaies  et  incisions  longitudinales.  La  propaga- 
tion du  Scolyte  avait  fait  des  progrès  surprenants  sur  les  Ormes.  Les  fores- 
tiers allemands  conseillent  de  disposer,  de  place  en  place,  des  troncs  atta- 
qués par  les  insectes,  afin  d'y  attirer  ces  animaux,  dont  on  se  débarrasse 
ensuite  plus  facilement,  et  ils  les  appellent  des  arbres-piéges  {Fangbœume) . 
La  plupart  des  Ormes  de  nos  promenades  étaient  réduits  à  ce  triste  état, 
mais  ils  propageaient  le  fléau  au  lieu  de  servir  à  l'arrêter. 

Alors  fut  organisé  le  service  municipal  des  plantations  et  promenades  de 
Paris,  sous  la  direction  de  M.  Alphand,  ingénieur  en  chef  des  ponts  et 
chaussées,  heureuse  association  de  l'École  polytechnique  et  du  jardinage. 
Le  nouveau  service  ne  manquera  pas,  sans  doute,  de  se  mettre  en  com- 
muuicaliou  habituelle  avec  le  savant  professeur  de  culture  au  Muséum, 


300  SOCIÉTÉ    I50TANIQUE    DE    FRANCE. 

M.  Decaisiu",  et  parviendra,  nous  l'espérons,  à  concilier  l'.ippllcaHon  des 
lois  de  la  physiologie  végétale  avec  les  exigences  de  la  voirie  urbaine.  On 
ne  tarda  pas  à  reconnaître  que  les  arbres  traités,  notan^mcnt  en  \8hl,  par 
M.  Robert,  et  abandoiuiés  depuis  à  eux-mêmes,  étaient,  à  peu  d'exceptions 
près,  parfaitement  guéris,  pleins  de  vigueur  :  on  réclama  de  nouveau  le 
concours  éclaire  de  M.  Robert.  Malheureusement,  pour  un  grand  nombre 
d'arbres  il  était  bien  tard.  M.  Robert,  en  médecin  dévoué  qui  ne  recule 
pas  devant  les  cas  qui  semblent  désespérés,  a  répondu  à  cet  appel  et  s'est 
remis  à  l'œuvre  avec  un  généreux  empressement.  En  ce  moment  môme,  il 
dirige   une  opération   assez  étendue  aux  Champs-Elysées.  Aux  environs 
du  Palais  de  l'Industrie,  la  curiosité  des  passants  est  attirée  et  leur  in- 
quiétude s'émeut  jusqu'à  un  certain  point,  à  l'aspect  étrange  d'une  foule 
de  troncs  décortiqués  et  comme  écorchés  ;  l'espèce  de  pellicule  qui  reste 
de  la  couche  subéreuse  et  des  fibres  corticales  tranche  par  un  brun  rou- 
geâtre  avec  la  teinte  noire  du  tronc.  Cette  couleur  rougeâtre  qui,  au  reste, 
ne  persistera  pas  longtemps,  est  due  au  contact  de  l'air  sur  les  parties  en 
voie  de  formation,  parenchyme  et  fibres  corticales,  dans  lesquelles  la  sève 
est  déjà  en  mouvement  :  il  en  est  autrement  lorsque   l'opération  est  pra- 
tiquée à  l'entrée  de  l'hiver.  Or,  on  peut  recueillir  au  pied  de  l'arbre,  avec 
les  lambeaux  de  l'enveloppe  subéreuse  en  état  de  décomposition  avancée 
qui  ont  été  simplement  détachés  à  la  main,  de  nombreux  copeaux  enlevés 
par  le  fer;  les  uns  et  les  autres  sont  attaqués,  à  divers  degrés,  par  les  larves 

du  Scolyte. 

Nous  engageons  les  membres  de  la  Société  à  se  bâter  d'aller  étudier  l'opé- 
ration, que  la  saison  déjà  avancée  où  nous  sommes  viendra  bientôt  inter- 
rompre. Non  pas  que  M.  Robert  ne  la  pratique  aussi  quelquefois  dans  le 
cours  de  l'été,  lorsque  la  végétation  est  dans  toute  son  activité  ;  mais  alors 
il  a  soin  d'entamer  moins  profondément  l'écorce,  et  d'employer  pour  garan- 
tir les  plaies  contre  les  ardeurs  du  soleil,  cet  onguent  très  connu  dont  l'in- 
vention est  attribuée  au  saint  patron  des  jardiniers. 

On  remarquera  aussi,  au  pied  d'un  certain  nombre  d'arbres,  des  tranchées 
pratiquées  à  50  ou  60  centimètres  de  profondeur  dans  le  sol,  et  disposées 
comme  les  rayons  d'une  croix  d'honneur,  dont  elles  ont  la  forme  élargie 
vers  la  circonférence,  rétrécie  vers  le  centre.  Ces  tranchées,  qu'on  remplit 
ensuite  de  pierrailles,  sont  destinées  à  procurer  aux  racines  l'accès  de  l'air 
et  de  l'eau  des  pluies  ou  des  arrosemenis  artificiels  :  pour  en  être  plus  sûr, 
vu  le  piétinement  auquel  le  sol  est  sans  cesse  soumis,  des  tuyaux  de  drai- 
nage sont  adossés  verticalement  au  pivot  de  l'arbre  et  on  en  couvre  l'ouver- 
ture avec  un  tuileaii.  Cette  méthode  accessoire  a  paru  utile  dans  cette 
partie  des  Champs-Elysées,  où  le  collet  des  arbres  se  trouve  trop  enterré 
par  les  remblais  qui  ont  eu  lieu  à  la  suite  de  la  construction  du  Palais  de 
l'Industrie. 


si;:ancf.  nu  27  mmîs  1857.  ."lOl 

Nous  ne  terminerons  pas  cot  exposé  sans  IVlicitcr  r.Klministration  umni- 
eipale  de  sa  sollicitude  pour  l'extension  et  la  conservation  des  plantations 
qui  contribuent  a  l'enihellissement,  d'ailleurs  j^i  rapide,  de  Paris  dans  ces 
dernières  années.  Ce  qu'il  en  coûte,  ce  que  cette  extension  de  la  capitale 
entraîne  de  conséquences  diverses  et  d'une  haute  portée,  n'est  pas  de  notre 
sujet  ;  mais  le  botaniste,  qui  naguère  encore  herborisait  en  dehors  de  la 
barrière  de  l'Ktoile,  lorsqu'il  voit  nos  fortifications  de  IS'jO  comme  égarées 
au  milieu  de  quartiers  nouveaux,  et  le  bois  de  Boulogne  devenu  une  pro- 
menade de  Paris  et  un  jardin  peigné,  où  il  n'y  aura  bientôt  plus  une  seule 
mauvaise  lierbe,  peut  avoir  quelque  droit  de  se  plaindre.  Toutefois,  s'il  est 
forcé  d'aller  chercher  plus  au  loin  dans  la  campagne  la  trace  des  Jussieu, 
il  est  appelé  à  prendre  sa  part  dans  les  jouissances  du  citadin,  et  il  mêle 
volontiers  sa  voix  à  celle  du  public  pour  rendre  hommage  aux  soins  pré- 
voyants d'une  administration  qui,  non  contente  de  bâtir,  semble  avoir  pris 
aussi  pour  devise  le  mot  du  sage  octogénaire  de  la  Fable  : 

Mes  arrière-neveux  me  devront  cet  ombrage. 


M.  Boisduval  ne  croit  pas  que  les  scoly tes  soient  lacause  de  la  ma- 
ladie des  arbres.  En  effet,  ces  insectes  n'attaquent  pas  les  arbres 
sains,  mais  seulement  des  arbres  déjà  malades  ou  au  moins  lan- 
guissants. Ainsi,  dans  le  bois  de  Vincennes.  en  1835,  il  y  a  eu  beau- 
coup de  scolytes  sur  les  Cbènes,  mais  seulement  sur  les  Cbènes  ma- 
lades. Il  a  sufli  d'abattre  ceux-ci  pour  que  le  fléau  ne  se  communiquât 
pas  aux  arbres  sains. 

M.  Brongniart  fait  remarquer  que  Fopinion  émise  par  M.  Bois- 
duval était  aussi,  jusqu'à  un  certain  point,  celle  d'Audouin.  Cet 
observateur  était  d'avis  que  les  scolytes  attaquent  de  préférence  les 
arbres  déjà  malades,  mais  qu'à  défaut  de  ceux-ci  ils  se  répandent 
aussi  sur  les  arbres  sains.  A  l'appui  de  cette  opinion,  31.  Brongniart 
rappelle  (pie  sur  le  boulevard  des  Invalides,  vers  l'extrémité  de  la 
rue  de  Sèvres,  il  y  avait,  il  y  a  quelques  années,  une  très  belle 
rangée  d'ormes  parfaitement  sains.  Des  cbarrons  s'étant  établis 
dans  le  voisinage,  ces  arbres  furent  attaqués  par  les  scolytes  et 
souffrirent  beaucoup.  En  général,  cependant,  quand  un  arbre  est 
très  vigoureux,  les  insectes  s'y  développent  mal,  car  ils  y  sont  pour 
ainsi  dire  noyés  dans  la  sève.  C'est  pour  cela  que  M.  Eugène 
Robert,  en  rendant  les  arbres  plus  vigoureux,  les  rend  aussi  moins 
attaquables.  Lors   de  ses  premiers  essais,  M.  Robert  enlevait  au 


302  SOCIÉTK   BOTANIQUE    DE   FRANCE. 

tronc  tle  simples  bandes  longitudinales,  en  entamant  l'aubier;  les 
parties  intermédiaires  prenaient  alors  un  développement  rapide, 
mais  il  se  formait  des  bourrelets  le  long  des  bandes,  et  l'arbre 
était  bientôt  tout  à  fait  défiguré.  Pour  éviter  cet  inconvénient, 
M.  Robert  a  modifié  sa  méthode  :  il  a  décortiqué  tonte  la  surface  * 
du  tronc  d'une  manière  incomplète,  c'est-à-dire  en  respectant  le 
liber  intérieur  et  en  en  laissant  une  épaisseur  de  3  à  /i  millimètres. 
Cette  opération  doit  se  pratiquer  lorsque  l'arbre  n'est  pas  en  sève, 
sans  quoi  l'on  risquerait  d'enlever  toute l'écorce.  Sur  les  arbres  traités 
ainsi,  l'aubier  s"est  développé  avec  une  vigueur  remarquable,  et  il  ne 
s'est  pas  formé  de  bourrelets.  Ces  arbres,  au  bout  de  deux  ans,  sont 
redevenus  bien  portants,  tandis  que  ceux  sur  lesquels  cette  opération 
n'avait  pas  été  pratiquée  sont  restés  malades. 

M.  le  comte  Jaubert  donne  lecture  d'un  nouveau  mémoire  Sur 
l'enseignement  de  la  Botanique,  faisant  suite  à  celui  qu'il  a  lu  dans 
la  séance  du  23  mars  1855  (1). 

M.  Balansa  fait  à  la  Société  les  communications  suivantes  : 


CONSIDÉRATIONS  SUR  LA  STRUCTURE  DE  L'EPI  ET  DE  L'ÉPILLET  DES  GRAMINEES, 

par  m'.  B.  BALitlVSJt. 

Les  épis  des  Graminées  peuvent  se  diviser  en  deux  groupes  :  ceux  dont 
l'axe  est  terminé  par  un  épillet  (épi  défini),  et  ceux  dont  Tépiliet  supérieur 
n'est  pas  la  terminaison  de  cet  axe. 

Ces  deux  modes  d'inflorescence  ne  sont  pas  tellement  tranchés,  qu'il 
n'existe  dans  certains  cas  cpielque  indécision  dans  leur  délimitation  ;  car  il 
arrive  souvent  que  Iclplllet  supérienr  est  felleinent  déformé,  tellement  petit, 
qu'on  a  de  la  peine  a  distinguer  s'il  termine  vraiment  l'axe,  ou  bien  s'il 
appartient  à  un  épi  iudélini  dont  l'axe  devrait  se  prolonger  encore  au-dessus 
de  cet  épillet,  sous  forme  généralement  de  petite  pointe.  Dans  le  plus  grand 
nombre  de  cas,  cependant,  le  doute  n'est  pas  permis,  et  même,  avec  un 
peu  d'habitude,  à  la  seule  inspection  d'un  épi,  on  peut  juger  à  laquelle 
des  deux  inflorescences  il  appartient. 

Ce  caractère  d'inflorescence,  indépendamment  des  sections  naturelles 
qu'il  permet  d'établir  dans  certains  genres,  les    Triticum  par  exemple, 

(1)  M.  Jaubcri  se  réserve,  comme  il  l'a  fait  la  première  fois,  d'adresser  directe- 
ment 1111  exemplaire  do  cette  communication  à  chacun  de  MiM.  les  membres  de  la 
Sociélé. 


SfiANCR  DU   27   MARS   1857.  303 

peut  servir  aussi  à  distiiiguer  des  espèces  voisines  enlie  elles,  iiutaiiiineiit 
dans  les  Eiijiims.  Dans  le  genre  Triticum,  au  moins  tel  qu'il  a  été  déli- 
mité par  l-inné,  on  trouve  de  la  manière  la  plus  tranchée  ces  deux  sortes 
d'épis  :  dans  les  espèces  cultivées,  à  l'exception  du  Triticum  monococcum 
L.,  l'épi  est  défini;  les  Af/ropyrum  sont  dans  le  même  cas;  les  Triticum 
villosum  et  hordeaceum  au  contraire,  qui,  il  est  vrai,  seraient  peut-être 
mieux  placés  dans  le  genre  Sccale,  ont  l'épi  indéfini;  il  en  est  de  même  de 
tout  ce  groupe  de  Triticum  si  abondants  en  Orient  (7'.  prostratwn,  squar- 
rosum,  orientale,  cristatum,  etc.),  et  que  plusieurs  auteurs  ont,  avec  raison, 
séparés  des  vrais  Triticum. 

L'étude  de  l'épillet  terminal  d'un  épi  défini  est  d'une  grande  importance 
dans  la  distinction  des  espèces  de  certains  genres,  dans  les  yEgilops  par 
exemple.  —  Dans  quelques  espèces  d'Flymus,  entre  autres  VF.  crinitus, 
l'épillet  terminal  nous  démontre  la  nature  un  peu  controversée  des  glumes 
dans  les  genres  Elymus  et  Hordeum.  Kn  effet,  dans  ces  épillets,  les  deux 
glumes,  non  gênées  par  la  présence  d'un  ou  de  deux  épillets  collatéraux, 
ont  la  position  normale  de  celles  de  la  plupart  des  Graminées;  il  faut  donc 
leur  assigner  une  origine  commune. 

Je  dois  faire  observer  que,  dans  les  épis  à  axe  fragile,  il  y  a  deux  modes 
de  désarticulation  très  distincte-,  cette  désarticulation  a  lieu  ou  au-dessous  de 
l'insertion  de  la  glume  inférieure  [jFgilops  a  axe  fragile),  ou  au-dessus 
(Secale). 

Je  n'ai  parlé  jusqu'à  présent  que  de  l'axe  même  de  l'épi  ;  il  me  reste  à 
dire  quelques  mots  sur  la  manière  dont  les  épillets  sont  insérés  sur  cet  axe. 
—  Si  la  glume  inférieure  des  épillets  du  Lolium  n'avortait  pas  constam- 
ment (à  l'exception  de  celle  de  l'épillet  terminal),  il  faudrait  regarder  lépi 
de  ce  genre  comme  le  type  normal  dans  la  famille  des  Graminées.  Plusieurs 
botanistes  ne  partageront  pas  peut-être  cette  manière  de  voir,  car  dans  la 
plupart  des  autres  genres  [Triticum,  Secale,  etc.),  les  épillets  étant  paral- 
lèles à  l'axe  de  l'épi  et  non  opposés,  comme  dans  le  Lolium,  on  s'est  habitué 
à  regarder  comme  normale  cette  dernière  disposition  qui  est  la  plus  com- 
mune. 

Qu'il  me  soit  permis  de  parler  encore  de  l'épi  des  Lolium  ;  la  connaissance 
de  sa  structure  jette  un  grand  jour  sur  celle  des  épis  des  autres  Graminées. 
Il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  que,  dans  les  Graminées,  la  première  feuille 
(préfeuille)  d'un  axe  secondaire  alterne  toujours  avec  la  feuille  qui  a  donné 
naissance  cà  son  aisselle  à  ce  même  axe  secondaire.  Il  y  a  longtemps  que  l'on 
a  décrit  l'épillet  des  Lolium  comme  à  une  seule  glume,  la  glume  inférieure 
(l'intérieure)  ayant  avorté.  Cette  manière  de  voir  me  semble  conforme  à  la 
vérité.  M.  Germain  de  Saint-Pierre  (1)  prétend,  il  est  vrai,  que  «  s'il  existe 

(1)  Voyez  le  Bulletin,  t.  I,  p.  52. 


30/j  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

une.  seule  gliime  stérile,  ce  n'est  pas  parce  que  l'autre  glume  a  avorté,  mais 
parce  que  cette  glume  est  devenue  fertile  en  produisant  une  fleur  à  son 
aisselle;»  mais  il  a  oublié  de  nous  dire  si  c'est  la  glume  inférieure  ou 
supérieure  qui  avait  produit  ainsi  une  fleur  à  son  aisselle.  Malgré  son 
silence,  il  est  évident  qu'il  a  voulu  parler  de  la  glume  inférieure,  et  alors 
notre  honorable  confrère  regarderait  la  glume  extérieure  comme  l'infé- 
rieure. Pour  réfuter  cette  manière  de  voir,  je  n'ai  qu'à  faire  connaître  la 
structure  de  VOropef/mn  T/iomœum.  Dans  cette  Graminée  les  épillets  sont 
unidores  et  disposés  comme  dans  le  Lolium:  la  glume  inférieure  (intérieure) 
avorte  comme  dans  ce  dernier  genre,  et  la  glume  supérieure  (extérieure) 
a  ses  bords  pourvus  d'un  appendice  membianeux  très  remarquable.  Eh 
bien!  dans  l'épillet  terminal,  qui  est  à  deux  glumes,  la  glume  supérieure 
seule  est  pourvue  de  ces  appendices,  et  il  est  ici  de  toute  évidence  que 
cette  glume  représente  l'extérieure  des  autres  épillets. 

Il  est  bon  d'observer  que,  dans  un  épi  défini,  l'épillet  terminal  a  ses 
glumes  insérées  sur  l'axe  général  de  cet  épi,  et  que,  par  conséquent,  elles 
appartiennent  au  même  axe  que  les  feuilles,  avortées  il  est  vrai,  à  l'aisselle 
desquelles  sont  nés  les  épillets  inférieurs. 

L'épi  des  Triticum  est  en  tout  semblable  à  celui  des  Lolhim,  si  ce  n'est 
qu'en  raison  d'une  torsion  des  pédicelles,  les  épillets  qui  le  constituent  sont 
parallèles  à  l'axe  au  lieu  de  lui  être  opposés.  L'épillet  terminal  seul  de  cet 
épi  (lorsque  cet  épi  est  défini)  est  placé  normalement.  Cette  disposition  de 
l'épi  terminal  permet,  à  première  vue,  de  distinguer,  dans  le  plus  grand 
nombre  de  cas,  si  l'axe  est  défini  ou  indéfini. 

J'ai  à  parler  maintenant  de  tout  un  groupe  de  Graminées,  dont  les  épil- 
lets, lorsqu'ils  sont  disposés  en  épi,  offrent,  par  rapport  a  l'axe  de  cet  épi, 
un  diagramme  inverse  de  celui  des  Lolimn,  c'est-à-dire  dont  la  glume 
extérieure,  lorsque  l'épillet  est  opposé  à  l'axe,  est  l'inférieure,  au  lieu  d'être 
la  supérieure. 

Dans  le  Phacelurus  digitatus,  appartenant  au  groupe  des  Rottbœiliacées, 
sur  chaque  excavation  de  l'axe  de  l'épi,  se  trouvent  insérés  deux  épillets 
qui  lui  sont  opposés:  l'un  de  ces  épillets  est  sessile,  l'autre  pédicellé,  tous 
les  deux  ont  deux  glumes  dont  l'inférieure  est  l'extérieure;  c'est,  comme  on 
voit,  le  contraire  de  ce  (jue  l'on  observe  chez  les  Lolium,  Monerma,  etc. 
Pour  se  rendre  compte  de  cette  singulière  anomalie  du  Phacelurus,  il  ne 
faut  que  considérer  la  position  que  ses  feuilles  occupent  sur  divers  axes  de 
la  tige.  Cette  Graminée  se  ramifie  souvent,  et  on  trouve  fréquemment  un 
axe  secondaire  émettant,  de  l'aisselle  même  de  sa  préfeuille,  un  axe  ter- 
tiaire. Or  de  l'observation  directe  il  résulte  que  :  1°  la  préfeuille  de  cet  axe 
tertiaire  est  extérieure  par  rapport  à  l'axe  primaire;  2°  que  la  première 
feuille  de  l'axe  secondaire  naissant  au-dessus  de  l'insertion  de  l'axe  tertiaire 
sera  aussi  extérieure  par  rapport  à  ce  même  axe  primaire.  Supposons  main- 


Si!:anck  du  27  mars  1857.  305 

tenant  que  la  préfouillc  de  l'axe  secondaire  avoitr,  (|ue  cet  axe  secondaire 
représente  l'épillet  sessile,  et  l'axe  tertiaire  l'épillet  pédicellé  ;  il  est  évident 
que  l'un  et  l'autre  de  ces  épillets  devront  avoir  un  diagranniie  inverse  de 
celui  des  Lolium.  Dans  le  Fhacelurus  je  serais  donc  très  porté  a  regarder 
répillet  pédicellé  comme  produit  par  un  axe  tertiaire,  et  l'épillet  sessile  par 
un  axe  secondaire.  \'  Hemartliria  offre  la  même  structure  (|ue  le  Phacelurus 
quant  à  la  position  de  ses  épillets,  seuleroent  le  pédicellé  de  l'épillet  pédi- 
cellé s'est  soude  avec  l'axe  primaire. 

La  plupart  des  Rottbœiliacéesquej'ai  observées  présentent  une  sfiucture 
à  peu  près  semblable  a  celle  des  Phacelurus,  aussi  semblent-elles  former 
dans  les  Graminées  un  groupe  assez  naturel.  Quelques  auteurs  modernes,  il 
est  vrai,  ne  l'ont  pas  adopte  ;  cela  provient  sans  doute  de  ce  que  Kunth  et 
quelques  autres  agrosto>raphes  ont  rapporté  aux  Rottbœlliacées  des  genres 
{Leptwus,  Monermn,  Oropetitnn)  qui  plus  tard  en  ont  été  exclus  avec  raison 
pour  être  réunis  aux  Triticées.  Les  Rottbœlliacées  ainsi  démembrées,  on  a 
cru  pouvoir  fondre  les  genres  qui  restaient  dans  les  Andropogonées.  Les 
observations  ultérieures  prouveront  si  cette  dernière  manière  de  voir  est 
conforme  à  la  vérité. 

M.  Cosson  rappelle  que,  dans  la  Flore  d'Algérie,  il  a  cru  devoir 
supprimer  le  groupe  des  Rottbœlliacées,  rattacher  aux  Triticées  le 
Monerma  et  les  genres  voisins,  et  rapporter  aux  Andropogonées 
les  autres  genres  placés  dans  le  même  groupe  par  les  auteurs, 
et  dont  l'épillet  présente  une  tleur  inférieure  mâle  ou  neutre. 

M.  Brongniart,  qui  a  étudié  la  structure  de  l'épillet  dans  les 
genres  rapportés  aux  Rottbœlliacées,  dit  qu'il  ne  saurait  admettre 
non  plus  ce  groupe,  tel  qu'il  a  été  limité  par  certains  agrosto- 
graphes. 

DESCRIPTION  DE  QUELQUES  ESPÈCES  NOUVELLES  DE  GRAMINÉES  D'ORIENT, 
par  mm.  BOIS^ilEK  et  BALA]%[ISA. 

Ventenata  subenervis  Boiss.  et  Bal.  in.  Bal.  pi.  Or.  exsicc.  n.  7,  et  ap. 
Coss.  et  DR.  Fi.  Alger,  t.  11,  p.  lOZj,  in  adnot. 

Cette  plante  est  voisine  par  le  port  du  V.  dubia  Coss.  et  DR.  {Avena 
tenuis  Mœncb)  ;  mais  elle  s'en  distingue  facilement  par  les  gluraes  plus 
insensiblement  atténuées  au  sommet,  presque  lisses  ou  scabres  seulement 
sur  la  nervure  dorsale,  plus  inégales,  l'inférieure  étant  environ  plus  courte 
de  moitié  que  la  supérieure  et  ne  présentant  que  3-5  nervures  peu  dis- 
tinctes. 

Très  abondant  sur  les  collines  pierreuses  bordant  le  fond  du  golfe  de 
Smyrue. 

T. IV.  2o 


\i-i 


300  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FKANCE. 

Festuca  DiVBiisiFOLiA  Boiss.  ct  Bal.  in  Bal.  pi.  Or.  exsicc.  n.  136  et  lUQ. 

Souche  cespiteuse.  Tiges  lisses,  cylindriques  dans  leurs  trois  quarts 
supérieurs,  assez  comprimées  à  leur  base.  Feuilles,  même  les  plus  infé- 
rieures, pourvues  de  limbe;  celles  des  tiges  stériles  le  plus  souvent  enrou- 
lées, filiformes,  glabres  ;  celles  des  tiges  fertiles  planes,  plus  larges  ;  ligule 
courte,  tronquée.  Préfeuille  basilaire,  binervée,  dépourvue  de  limbe.  Les 
2-3  feuilles  les  plus  intérieures  des  rejets  stériles  ont  la  moitié  inférieure  de 
leurs  gaines  bulbeuse  et  comprimée,  ce  qui  fait  paraître  ces  rejets  comme 
autant  de  petits  bulbes  comprimés  et  entourés  de  feuilles.  Gaines  des  tiges 
fertiles  glabres,  lisses,  tubuleuses  dans  leur  moitié  ou  leurs  trois  quarts 
inférieurs.  Épillcts  le  plus  souvent  triflores,  disposés  en  une  panicule  lan- 
céolée, à  rameaux  5-7-nés  dressés  scabres  et  inégaux,  les  uns  ne  portant 
que  deux  épillets,  les  autres  en  portant  plus  de  vingt.  Glumes  oblongues, 
lancéolées,  aiguës,  glabres,  égalant  les  deux  tiers  de  la  longueur  des  fleurs; 
l'inférieure  uninervée,  la  supérieure  trinervée.  Glumelle  inférieure  mu- 
tique,  trinervée,  sensiblement  carénée  sur  le  dos;  glumelle  supérieure 
bicaréuée,  à  carènes  scabres,  entière  au  sommet  et  égalant  presque  la  glu- 
melle supérieure.  Scjuamules  2,  aiguës,  entières.  Anthères  oblongues.  Ovaire 
glabre;  styles  terminaux.  Caryopse  oblong-lancéolé,  canaliculé,  renfermé 
dans  les  glumelles  et  adhérant  fortement  avec  elles,  à  macule  hilaire 
punctiforme. 

Abondant  sur  le  mont  Sipyle  près  Magnésie,  et  dans  la  région  mon- 
tagneuse du  Taurus,  près  du  défilé  des  Portes  Ciliciennes.  Il  se  retrouve  sur 
l'Ali-Dagh,  près  de  Césarée.  Dans  cette  dernière  localité,  la  plante  a  les 
feuilles  des  rejets  stériles  plus  ténues,  plus  courtes,  la  lige  moins  haute  et  la 
panicule  moins  ample;  ces  différences  sont  dues  sans  doute  à  une  plus 
grande  altitude  {11x50  mètres  environ). 

Bromus  (sect.  Festucoides)  Cappadocicus  Boiss.  et  Bal.  in  Bal.  pi.  Or. 
exsicc.  n.  8^1. 

Souche  cespiteuse,  recouverte  des  débris  fibreux  des  vieilles  gaines  dé- 
truites. Tige  cylindrique,  glabre,  lisse,  genouillée  à  la  base  ;  feuilles  des  rejets 
stériles  toutes  pourvues  de  limbe,  glabres  ou  couvertes  de  poils  épars,  à 
limbe  étroit  à  moitié  plié;  celles  des  tiges  fertiles  planes,  scabres  sur  les 
bords.  Gaines  tubuleuses  au  moins  dans  leur  moitié  inférieure.  Panicule 
ovale,  penchée,  a  rameaux  inférieurs  géminés  ou  ternes,  divariques,  portant 
2-5  épillets.  Epillets  linéaires-lancéolés,  5-10-ilores,  à  ileurs  supérieures 
stériles  ;  glumes  inégales,  lancéolées,  glabres,  égalant  les  deux  tiers  des 
glumelles  inférieures,  l'inférieure  plus  petite  1-uervée,  la  supérieure  tri- 
nervée; glumelle  inférieure  lancéolée,  3-5-nervée,  à  nervures  scabres, 
pourvue,  un  peu  au-dessous  du  sommet,  d'une  arête  presque  aussi  longue 


SKANCE  DU  57  M\ns  1857.  307 

qu'elle;  iilnmelle  supérieure  hieMiénéc,  eiUiè're  ou  !)i(lciitee  au  sommet,  à 
carènes  seabres  ou  même  poilues.  S(|uamules  'i,  Inucéolces,  entières, 
glabres.  Antbères  linéaires-lancéolées.  Ovaire  velu  dans  sa  partie  supé- 
rieure ;  styles  distincts  s'insérant  au-dessous  du  sommet  de  l'ovaire;  stig- 
mates sessiles  plumeux.  Caryopse  égalant  les  deux  tiers  de  la  longueur  des 
glumelles,  convexe  à  son  côté  extérieur,  concave  à  son  côté  intérieur,  à 
macule  bilairc  ésialant  presque  sa  longueur,  renfermé  dans  les  glumelles  et 
adbérant  avec  elles. 

Très  abondant  sur  toutes  les  collines  de  la  Cappadoce,  de  1000  à 
1500  mètres  d'altitude. 

AoROPYKUM  Tauki  Boiss.  et  Bal.  in  Bal.  pi.  Or.  exsicc.  u.  826.  —  Brachy- 
podium  ramosum  Rœin.  et  Scbult.  vur.  Boiss.  in  Kotschy  pi.  Cilic. 
exsicc.  n.  2o3  h. 

Plante  glabre  dans  toutes  ses  parties.  Soucbe  cespiteuse.  Tiges  stériles 
atteignant  ou  dépassant  le  tiers  de  la  longueur  des  tiges  fertiles,  à  nœuds 
espacés  et  non  recouverts,  nu  moins  les  supérieurs,  par  les  gaines  des 
feuilles;  tiges  fertiles  cylindriques,  glabres.  Feuilles  linéaires-sétacées, 
plus  ou  moins  enroulées,  lisses  et  glabres  sur  leur  face  externe,  pubes- 
centes  et  même  velues  sur  leur  face  interne.  Ligule  très  courte,  tronquée. 
Gaines  lisses,  glabres,  tubuleuses  dans  leur  moitié  inférieure.  Epillets  h-1- 
flores,  disposés  en  un  épi  un  peu  lâche,  à  rachis  défini  non  fragile.  Rachis 
de  l'épillet  glabrescent,  se  désarticulant  au-dessous  du  point  d'insertion  de 
laglumelle  inférieure.  Glunies  oblongues-lancéolées,  obtuses,  à  bords  sca- 
rieux,  5-nervées,  un  peu  inégales,  égalant  les  cinq  sixièmes  des  glumelles 
inférieures.  Glumelle  inférieure  oblongue-lancéolée,  mutique,  3-5-nervée 
dans  sa  moitié  supérieure,  lisse;  glumelle  supérieure  bi-carénée,  entière  ou 
éclumcrée  au  sommet,  atteignant  ou  dépassant  les  trois  quarts  de  la  glumelle 
inférieure,  à  carènes  presque  glabres.  Squamules  2,  oblongues-linéaires, 
aiguës,  légèrement  ciliées  sur  les  bords.  Ovaire  velu  au  sommet,  brusque- 
ment atténue  a  la  base  ;  styles  distincts,  insérés  un  peu  au-dessous  du 
sommet  de  l'ovaire  ;  stigmates  plumeux.  Caryopse  à  macule  hilaire  attei- 
gnant son  sommet. 

Région  alpine  et  sous-alpine  du  Taurus,  près  du  défilé  des  Portes  Cili- 
ciennes,  vers  1700  mètres  d'altitude. 

Agkopybum  divaricatlm  Boiss.  et  Bal.   in  Bal.  pi.  Or.  exsicc.  n.  8/iO. 

Racine  subcespiteuse.  Tiges  cylindriques,  glabres  ;  préfeuille  bicarénée, 
à  carènes  présentant  de  petits  aiguillons  dirigés  de  haut  en  bas.  Feuilles, 
même  les  plus  inférieures,  pourvues  de  limbe;  limbe  plan,  lancéolé,  mol- 
lement pubescent  sur  les  deux  faces.  Ligule  tronquée  presque  nulle.  Gaines 
lisses,  tubuleuses  vers  leur  base,  a  bords  souvent  pourvus  à  la  naissance  du 


308  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

limbe  de  deux  oreillettes  plus  ou  moins  prouoncccs.  Rachis  de  l'épi  diTiiii, 
non  fragile.  Epillets  à  ^-5  Heurs  dont  les  1-2  supérieures  sont  stériles. 
Rachis  de  l'épillet  glal)re,  assez  fragile  à  la  maturité,  se  désarticulant  au- 
dessous  de  l'iuseitioM  de  lagliimelle  intérieure.  Glumes  égalant  presque  en 
longueur  la  llcur  inférieure,  glabres,  oblongues,  aiguës,  ordinairement 
atténuées  en  arête  assez  brusquement  ou  insensiblement  ;  l'inférieure  5- 
nervée  un  peu  plus  courte  que  la  supérieure,  qui  est  7-nervée.  Glumelle 
inférieure  oblongne-lnncéolée,  glabre,  lisse  ou  très  faiblement  scabre  sur 
le  dos  et  piiur\  ui'  au  sommet  d'une  arête  divariquee  presque  deux  fois  aussi 
longue  qu'elle.  Glumelle  supérieure  égalant  presque  l'inférieure,  bicarénée, 
à  carènes  scabres  sur  le  dos.  Squamules  lancéolées,  pourvues  vers  le  som- 
met de  quekjues  poilsrares.  Ovsire  velu,  assez  longuement  stipité.  Caryopse 
oblong-lancéolé,  canaliculé,  à  macule  bilaire  linéaire  atteignant  son  sommet, 
glabre,  renfermé  dans  les  glumelles  et  adhérant  avec  elles. 

Région  sous-alpine  du  Karamas-Dagh  et  du  Dédé-Dagh  (rappadoce), 
vers  1600  mètres  d'altitude. 

L'/l.  divoricalwii  est  tiè;  voisin  du  TrUicum  [Agropi/rum)  ebpnoides 
Hocbst.  ;  il  n'en  diffère  guère  que  par  ses  glumes  généralement  aristées 
et  non  pas  oblusiuscules,  par  le  limbe  de  ses  feuilles  mollement  pubescent 
et  non  pas  glabre,  par  ses  glumelles  infciieures  lisses  sur  leur  dos  et  non 
pas  scabriuscules. 

Elymus  Cappadocicus  Roiss.  et  Bal.  in  Bal.  pi.  Or.  exsicc.  n.  8/i3. 

Plante  très  glabre  dans  toutes  ses  parties.  Souche  traçante,  à  rhizomes 
couverts  d'écaillés  tubuleuses  1-3-dentees  au  sommet.  Tiges  florifères 
cylindriques,  atteignant  50  centimètres  de  hauteur.  Feuilles  caulinaires 
linéaires,  plus  ou  moins  pliees-enroulées ,  insensiblement  atténuées  en 
pointe,  les  1-0  inférieures  squamiformes,  dépourvues  de  lintbe,  détruites 
généralement  lors  de  la  floraison.  Epi  linéaire,  terminé  par  un  seul  épillet 
fertile  à  glumes  non  latérales,  l'inlérieure  plus  courte  que  la  supérieure. 
Epillets  géminés  (excepté  les  supérieurs  qui  sont  souvent  solitaires),  sessiles, 
iini-biflores  avec  le  rudiment  d'une  seconde  ou  d'une  troisième  fleur  souvent 
réduite  au  pédicelle.  Glumes  linéaires-sétacées,  scabres,  égalant  ou  dépas- 
sant les  epillets,  les  deux  médianes  très  rapprochées  parallèles  entre  elles, 
les  2  latérales  un  peu  divergentes.  Glumelle  inférieure  insensiblement  atté- 
nuée en  une  pointe  courte,  3-5-nervée,  a  nervures  disparaissant  vers  la 
base;  glumelle  supérieure  bicarénée,  à  carènes  ciliolées  dans  leur  tiers 
supérieur,  atténuée  au  sommet  et  un  peu  plus  courte  que  la  supérieure. 
Squamules  2,  membraneuses,  oblongues-lanceolées,  entières,  gbibres. 
Antlières  lancéolées.  Ovaire  renflé  au  sommet  et  atténué  dans  sa  partie 
inférieure,  velu  dans  sa  moitié  supérieure,  à  macule  bilaire  linéaire  attei- 
gnant les  quatre  cinquièmes  de  sa  longueur  et  s'élargissnnt  au  sommet  ; 


sÉANCK  m:  27  maks  1857.  309 

sti<i;n  atos  2,  sortant  vers  If  icilicu  tk's  glumclles,  sessilcs,  plumeux,  dis- 
tincts à  la  base,  insnn's  un  peu  au-dessous  du  sommet  de  l'ovaire  du  côté 
de  la  t;luni('lle  inférieure.  Caryopse... 

Croit  dans  les  prairies  salées  situées  à  l'ouest  de  Césarée  (Cappadoce), 
vers  1100  mètres  d'altitude. 

M.  Boisduval  [)rés(Mile  à  lu  Sociélo  le  l'olt/f/ala  (JluuiiœbuxuSy 
déjà  en  pleiiio  fleur,  espèce  des  régions  luoiitagiieiisos  qu'il  cultive 
avec  succès,  et  lait  remarquer  la  précocité  de  la  floraison  de  celte 
plante. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


PHYSIOLOGIE  VEGETALE. 

Uclter  das  Torkoiunicii  dcis  Kalkspatlis  iu  (1er  Riiide 
vicier  liolzartiger  Ricotylen  {Su?'  l'existence  du  spath  calcaù'e 
dans  Vécorce de  beaucoup  de  Dicot y tédons  ligneux);  pai-  M.  Sanio  [Mo- 
natsbericht  der  Kœnigl.  Preuss.  Akad.  d.  Wissensch.  zu  Boiin;  cah.  de 
janv.  1857  ;  pp.  53-56). 

M.  Sanio  a  reconnu  que  l'écorce  des  Dicotylédons  ligneux  contient  du 
carbonate  de  chaux,  sous  sa  forme  caractéristique  de  rhoinl)oèdre,  logé 
dans  son  épaisseur  d'après  des  lois  déterminées  pour  chaque  espèce.  Ordi- 
nairement cette  substance  accompagne  les  faisceaux  libériens,  soit  séparé- 
ment les  primitifs  ou  les  secondaires,  soit  les  uns  et  les  autres  en  même 
temps,  x-^ssez  souvent  aussi  elle  n'offre  plus  ces  relations,  et  ses  cristaux 
sont  dispersés  dans  les  cellules  de  l'écorce  secondaire,  plus  rarement  de 
l'écorce  primaire;  très  rarement  on  la  trouve  dans  les  cellules  de  la  couche 
subéreuse.  Voici  le  tableau  de  la  distribution  du  spath  calcaire  dans 
l'écorce. 

L  Les  cristaux  se  trouvent  seulement  autour  du  liber  primitif.  —  1.  Fa- 
gus  sylvatica;  gios  et  beaux  cristaux  uniquement  au  côté  externe  du  liber. 
—  2.  Cellis  australis  ;  id.  —  3.  Virgiiia  lutea;  id.  —  U.  Quercus  Suber  et 
pedunculata  ;  autour  du  liber  primaire.  —  5.  Ulmvs  effusa  et  U.  campes- 
tris '^  suberosn ;  (iw  côté  extérieur  du  liber  primaire.  —  6.  Betula  votu- 
cosa  ;  id.  —  7.  Alnus  glutinosn;  au  côté  externe  du  liber  et  autour  des 
groupes  de  cellules  fortement  épaissies  qui  se  trouvent  dans  l'écorce  secon- 
daire, dans  la  continuation  des  rayons  médullaires.  —  8.  Platanus  occi  ■ 
dentalis ;  hxx  côté  externe  du  liber  primaire  et  çà  et  là  dans  l'écorce  pri- 
maire. —  9.  Hamamelis  virginica  ;  k\.  — 10.  yEsculus  Hippocastanum  ; 
çà  et  là  au  côté  externe  du  liber  primaire. 

IL  Les  cristaux  de  spath  calcaire  manquent  dans  le  liber  primitif,  et  ils 
existent,  au  contraire,  autour  des  faisceaux  libériens  secondaii'es,  —  1.  Acer 
campestre  ;  ils  ne  se  trouvent  qu'au  côté  externe  des  faisceaux  libérinis,  et 
seulement  loisque  les  cellules  du  liber  sont  parvenues  à  leur  con)plet  dé- 
vel()[)pement. — 2.  Salix  peniandra,  alba,  viminalis,  caprea,  cinerea,  ni- 
gricans,  rosmarinifolia  ;  autour  des  faisceaux  libériens  secondaires.  — 
3.  Acer  striatum  —  Spirœa  opuUfolia  ;  id. 


UKVi'c  niRMOGiurniQUE.  311 

III.  Cos  crislaiix  se  trouvent  aiilour  des  libers  primaire  et  secondaire.  - 
Populus  tremuln  et  pyramidalis. 

IV.  Ils  se  monticnt  dans  l'écorce  secondaire,  sans  se  rattacher  au  liber. 
—  1.  Sorbus  aucuparia;  dans  l'écorce  secondaire  annuelle,  où  il  n'y  a  pas 
de  cellules  de  liber.  —  2.  Peu  abondamment  dans  le  Cydonia  vulgaris,  le 
Mcspilusgermanica^VAmélanchiervulgaris^  le  Cotoneaster  laxijJora.  — 
3.  Pyrus  communis  et  P.  Mains.  Ici  les  cristaux  situés  dans  le  voisinage 
des  faisceaux,  libériens  secondaires  sont  plus  gros  que  ceux  qui  se  trouvent 
dans  les  autres  cellules  de  l'écorce  secondaire.  — U.  Acer  platanoides  ;  dans 
les  couches  corticales  secondaiies.  —  5.  Acer  tatnricum;  ils  y  existent 
aussi  çà  et  là  dans  l'écorce  primaire.  —  6.  Abies  pectinata  et  Pinus  syl- 
vestris;  dans  l'écorce  secondaire.  —  7.  Berberis  vulgaris;  gros  cristaux 
isolés.  —  8.  Melalcuca  stypheloides. 

V.  Autour  du  liber  primaire,  dans  l'écorce  primaire  et  autour  des  cel- 
lules parenchymateuses  fortement  épaissies  qui  s'y  trouvent,  —  Dans  le 
Gleditschia  triacanthos. 

VI.  Dans  les  cellules  corticales  subéreuses,  autour  du  liber  primaire  et 
secondaire  dans  le  Robitiia  Pseud-Acacia. 

N.  B.  Dans  une  communication  plus  étendue,  qui  a  été  faite  à  l'Aca- 
démie de  Berlin  au  mois  d'avril  dernier  (Voy.  Monatsbericht  d.  Koenigl. 
Preuss.  Akad.  d-  Wissensch.  zu  Berlin,  cah.  d'avril  1857,  pp.  252-272, 
avec  un  tableau  et  une  planche),  M.  Sanio  expose  en  détail  les  observations 
dont  on  vient  de  voir  le  résumé  ainsi  que  les  essais  chimiques  grâce  aux- 
quels il  a  reconnu  que  les  cristaux  étudiés  par  lui  sont  de  l'oxalate  de  chaux, 
et  non  du  carbonate  du  chaux,  comme  il  l'avait  cru  d'abord. 

IJeber  deu  Ziisamincultang:  <ler  Blattsfellung-  mit  dent 
Ban  des  «licotylen  Holzriuges  {Sur  la  liaison  de  la  disposi- 
tion des  feuilles  avec  la  structure  de  la  zone  ligneuse  des  Dicotylédons); 
par  M.  Hanstein  {Monatsbericht  d.  Koenigl.  Preuss.  Akad.  d.  Wissensch. 
zu  Berlin,  cah.  de  lév.  1857,  pp.  105-115). 

M.  Hanstein  rappelle,  au  commencement  de  son  mémoire,  que  dans  un 
travail  antérieur  il  s'est  efforcé  de  rattacher  la  disposition  des  feuilles  sur 
les  plantes  à  la  structure  anatomique  des  tiges,  et  qu'il  a  déduit  de  ses 
recherches  les  conclusions  suivantes  :  1.  La  zone  ligneuse  des  Dicotylédons 
n'est  constituée  originairement  que  par  un  certain  nombre  de  faisceaux  vas- 
culaires  qui  ^ont  dans  les  feuilles.  2.  Ces  faisceaux  apparaissent  isolés  dans 
la  zone  de  cambium  et,  à  partir  de  leur  point  d'entrée  dans  la  feuille,  ils 
descendent  en  s'amincissant  graduellement  jusqu'à  ce  qu'ils  disparaissent 
tout  à  fait.  3.  Ce  n'est  que  plus  tard  que  des  couches  ligneuses  secondaires 
les  unissent  en  cylindre  fermé.  U.  Ces  faisceaux  reproduisent  parfaitement 


312  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

dans  rintérieur  de  la  tifze  la  disposition  des  feuilles  sur  la  plante,  5.  Dans 
chaque  espèce  le  nombre  des  faisceaux  que  montre  une  section  transversale 
de  la  tige,  ou,  ce  qui  revient  au  même,  le  nombre  des  entre-nœuds  que  par- 
court chaque  faisceau,  est  approximativement  constant.  6.  Dès  lors  la  dis- 
position spécincjue  des  feuilles  sur  chaque  plante  est  lixée  et  limitée  anato- 
miquement,  et  la  fraction  qui  exprime  leur  divergence  dépend  du  nombre 
des  faisceaux  subordonnés.  7.  Knfin  il  en  résulte  encore  diverses  particula- 
rités spécifiques  dans  le  nombre  des  faisceaux  qui  vont  à  chaque  feuille  et 
dans  leur  coordination  réciproque. 

Les  nouvelles  observations  de  M.  Hanstein  ont  porté  principalement  sur 
VArabls  albida  ;  elles  ont  été  ensuite  étendues  à  plusieurs  Conifères,  et  à  un 
grand  nombre  de  Dicotylédons  ligneux  angiospermes.  Partout,  dit-il,  s'est 
montré  le  contraste  entre  les  faisceaux  primitifs,  qui  se  portent  isolément 
vers  les  feuilles  et  les  couches  subséquentes,  qui  croissent  secondairement 
et  par  degrés  à  partir  du  bas,  qui  entourent  complètement  l'ensemble  des 
premiers.  Partout  ce  sont  les  faisceaux  primitifs  qui  donnent  au  cylindre 
ligneux  sa  configuration  première,  et  nulle  part  on  ne  peut  démontrer  avec 
certitude  l'existence  de  faisceaux  vasculaires  indépendants,  sans  relation 
avec  eux.  Partout  ces  faisceaux  primitifs  impriment  en  quelque  sorte  dans 
le  corps  ligneux  la  disposition  des  feuilles  fixées  anatomiquement.  — ■  Les 
points  principaux  qu'il  regarde  comme  établis  dans  son  nouveau  mémoire 
sont  les  suivants  : 

4.  La  zone  ligneuse  est  composée  dans  l'origine  de  faisceaux  primitifs, 
entièrement  identicjues  avec  ceux  des  feuilles,  et  dont  les  bandes  de  cam- 
bium  naissent  du  point  végétatif  en  même  temps  que  le  cylindre  commun 
du  cambium. 

2.  Ces  faisceaux  primordiaux,  composés  de  vaisseaux  spiraux,  sont  in- 
dépendants. Ils  parcourent  tout  isolés  un  certain  nombre  d'articles  de  la 
tige.  A  leur  extrémité  inférieure  ils  sont  complètement  isolés,  ou  bien  ils 
ne  touchent  leurs  voisins  que  par  un  petit  nombre  de  vaisseaux.  De  bas  eu 
haut  ils  vont  constamment  en  augmentant  d'épaisseur  et,  au  point  où  ils 
ont  le  plus  de  grosseur,  ils  se  portent  complètement  dans  l;i  feuille.  Il  résulte 
de  là  que  les  faisceaux  vasculaires  des  feuilles  ne  peuvent  pas  être  regardés 
comme  de  simples  ramifications  de  ceux  de  la  tige,  bien  que  cette  dernière 
manière  de  voir  soit  généralement  admise. 

3.  C'est  par  un  développement  différent  que  se  forment  les  couches  vas- 
culaires secondaires  composées  de  vaisseaux  ponctués  et  autres,  qui  ren- 
forcent ces  faisceaux  primordiaux  et  qui  les  réunissent  plus  ou  moins  les 
uns  aux  autres. 

l\.  Ces  particularités  anatomiques  fixent  et  circonscrivent  l'arrangement 
des  feuilles,  qui  oscille  en  général  entre  certaines  limites,  mais  qui  se  montre 
rarement  lié  à  un  nombre  précis. 


HI'VUK    BlBLIOGKM'lllQLi:.  313 

5.  De  tous  CCS  fiiils  résulte  uue  division  parfaitement  réglée  du  corps 
ligneux  des  véiiétaux  dicotylés,  même  dans  la  tige  de  ceux  qui  ont  les 
feuilles  spiralées. 

AbuorincPnauaîciiiblldungcn  [MonstrmsUés  végétnles)-^  par  M.F.- 
L.  de  Scliiechlendal  {/Jolan.  Zeit.  du  30  janv.  1857,  n»  5,  col.  67-70). 

1.  Fruit  de  Datura  triloculaire.  —  Le  fruit  des  Datura  Sframonium  et 
Tatula  se  présente  rarement  à  trois  loges  et  six  valves.  L'auteur  ne  croit 
pas  que,  dans  les  cas  où  il  a  observé  ce  fait,  les  autres  parties  de  la  fleur 
qu'il  n'a  pas  vues  eussent  subi  une  augmentation  de  nombre.  Les  vraies  et 
fausses  cloisons  s'y  trouvaient  développées  comme  elles  le  sont  dans  le  fruit 
normal,  et  formaient  dès  lors  6  loges  vers  le  bas  de  la  capsule. 

2.  Formes  du  fruit  du  Fraxinus  excelsior.  —  M.  de  Scblechtendal  dé- 
crit trois  de  ces  formes  dont  les  différences  consistent  dans  des  variations 
de  longueur,  de  largeur  et  de  contour.  Il  ajoute  qu'on  trouve  dans  des  cas 
fort  rares  des  fruits  de  Frêne  à  3  ailes. 

3.  Calice  soudé  de  \ Eschscholtzia.  —  On  sait  que  le  calice  de  cette 
plante  a  ses  deux  sépales  soudés  en  une  sorte  de  capuchon  conique  qui  se 
rompt  circulairemeut  à  sa  base,  sous  l'effort  exercé  par  les  organes  internes 
lorsqu'ils  avancent  dans  leur  développement.  Pendant  l'été  de  1856,  M.  de 
Scblechtendal  a  observé  un  pied  d'^.  crocea  sur  lequel  les  2  sépales  inti- 
mement soudés  formaient  au  sommet  2  prolongements  étalés,  fendus  deux 
ou  plusieurs  fois  et  tenant  tellement  l'un  à  l'autre  que  la  corolle  enfermée 
dans  leur  tube  ne  pût  se  dérouler.  Il  y  avait  donc  là,  dit-il,  une  ébauche 
de  développement  des  sépales  en  véritables  feuilles,  leur  prolongement  ter- 
minal représentant  une  lame  à  peu  près  aussi  longue  que  le  tube. 

h.  Feuilles  rétrécies  de  Nicandra  physaloides.  —  Cette  plante,  venue  de 
graines  en  1856  sur  une  terre  où  elle  végète  d'ordinaire  avec  vigueur,  n'a 
pas  atteint  sa  hauteur  normale;  ses  ramifications  ont  été  en  même  temps 
plus  nombreuses  et  plus  faibles  que  de  coutume.  Elle  a  formé  de  petits  bou- 
tons, mais  qui  ne  se  sont  pas  ouverts  en  fleurs.  Kn  même  temps  ses  feuilles 
étaient  étroites,  les  supérieures  lancéolées  ou  presque  linéaires;  toutes  se 
montraient  fortement  rétrécies  à  leur  base  de  manière  a  passer  graduelle- 
ment au  pétiole,  quelquefois  lobées  latéralement,  à  lobes  irréguliers.  La 
cause  de  cette  anomalie  n'a  pu  être  soupçonnée,  les  Solanées  voisines  étant 
toutes  développées  normalement. 

Efwas  deii  lleberzag   voii   Scliuppen  bei  manclieo  Ce- 
waecbseu  Betreffeude  [Quelques  observations  sw^  le  revêtement 

écailleux  que  présentent  beaucoup  de  végétaux)  ;  par  M.  L.-C  Treviranus 
[Botan.  Zeitung  du  9  janv.  1857,  n.  2.  col.  17-22). 

Après  avoir  rappelé,  relativement  aux  écailles  que  porte  l'épiderme  d'un 


314  SOCIÉTÉ    BOTAMQUK    DE    FRANCE. 

assez  firand  noml)i'e  de  plantes,  les  observations  de  Rndolphi  qui  recardait 
chacun  de  ces  petits  corps  comme  formé  de  poils  étoiles,  réunis  par  une 
membrane  très  mince,  ainsi  que  l'opinion  analogue  de  Bischofl"  etd'A.  de 
Jussieu,  M.  Treviranus  cite  a\ec  éloges  les  recherches  récentes  de  M.  Pril- 
lieux  sur  les  poils  des  Oléacées  et  des  Jasminées.  Mais  il  combat  l'opinion 
de  ce  botaniste,  aux  yeux  de  qui  les  écailles  des  Eléagnées  ne  sont  pas  dues 
à  une  réunion  de  poils  rayonnants.  En  effet  si,  après  avoir  enlevé  une 
écaille  foliaire  d' Hippop/iac,  û'Olea  eurnpœa,  on  examine  le  point  sur  lequel 
elle  était  portée,  on  y  voit  un  enfoncement,  dans  lequel  des  sections  hori- 
zontales font  reconnaître  un  petit  amas  de  cellules  bien  distinctes  des  au- 
tres par  leur  transparence  moindre  et  par  leur  coloration  d'abord  en  vert 
sombre,  plus  tard  en  brun.  Une  pareille  glande  se  trouve  sous  chaque 
écaille  étoilée,  dont  son  prolongement  aminci  forme  le  pédicule.  Il  faut 
voir  aussi,  d'après  M.  Treviranus,  des  glandes  analogues,  mais  restées  sous 
leur  état  primordial,  dans  les  corps  globuleux  qu'on  observe  sur  les  feuilles 
des  Jasminum,  Ligustrum,  Phillyrea,  Fraxinus,  etc.  Ces  glandes  se  re- 
trouvent sous  beaucoup  de  poils,  particulièrement  sous  ceux  en  navette 
(Pili  malpighiacei).  Le  pins  souvent  ceux-ci  sont  simples;  mais  quelque- 
fois, par  exemple  dans  les  Tryallis,  on  en  voit  plusieurs  réunis  en  étoile. 
L'auteur  cite  encore  plusieurs  plantes  dans  lesquelles  on  peut  suivre  latran- 
sition  des  simples  poils  étoiles  aux  écailles  discoïdes  et  rayonnées.  Il  énonce 
ensuite  cette  conclusion  définitive  que  sur  le  même  individu,  sur  les  es- 
pèces d'un  même  genre  naturel  ou  d'une  même  famille  naturelle,  on  peut 
observer  le  passage  des  poils  simples  aux  poils  étoiles,  aux  écailles  rayon- 
nées,  k  celles  sans  rayons  visibles  et  même  au  revêtement  continu  de  l'épi- 
derme.  Il  pense  que  ces  formations  superficielles  sont  destinées  à  modérer 
l'action  des  rayons  solaires  et  à  modérer  ainsi  la  transpiration  des  plantes. 
Quant  aux  glandes  rattachées  à  ces  écailles,  il  les  regarde  comme  des  or- 
ganes qui,  par  leur  sécrétioii,  contribuent  de  manières  diverses  à  protéger 
puissamment  les  parties  sur  lesquelles  on  les  trouve. 

BOTANIQUE  DESCRIPTIVE. 

Syuopsis  de  la  flore  du  Jnra  septentrional  et  dn  Snnd- 
;^au,  contenant  un  résumé  analytique  et  raisomie  des  végétaux  pha- 
nérogames croissant  sur  les  différentes  chaînes  du  Jura  septentrional, 
par  feu  Friche-Joset  père,  et  dts  végétaux  vasculaires  du  Snndgau, 
classés  d'après  une  méthode  analytique  nouvelle,  avec  l'indication  de 
toutes  les  localités  où  ces  plantes  ont  été  trouvées  à  l'état  spontané, 
précédés  d'un  tableau  analytique-  et  de  l'explication  de  la  méthode 
adoptée,  accompagnés  d'une  planche  explicative  et  suivis  d'un  vocabu- 
laire renfermant  la   définition  des  mots  techniques  employés  dans  cet 


REVUE    BlBLIOGItAIMlIQUi:.  315 

ouvrage;  par  P.-.I.  Montandon,  1  gr.  in-18  de  XII  et  /i09  pages.  Mul- 
house, 1856. 

Le  titre  extrêmement  développé  de  cet  ouvrage  en  fait  connaître  suf- 
fisamment l'objet  et  la  division  ;  aussi  nous  contenterons  -  nous  d'y 
ajouter  quelques  explications.  La  méthode  analytique  employée  par 
M.  Montandon  consiste  d'abord  en  un  tal)leau  dichotomique  et  synoptique, 
à  l'aide  duquel  on  arrive  aux  12  divisions  admises  par  lui  plus  pronipte- 
ment  que  si  l'on  était  ol)ligé  de  passer  par  une  série  de  renvois,  comme 
dans  les  méthodes  analytiques  ordinaires  II  a  suffi  ensuite  de  donner  pour 
chacune  de  ces  divisions  une  courte  subdivision  analytique  pour  conduire 
aux  familles. 

L'auteur,  après  avoir  partagé  les  Dicotylédons  en  pulypétalés,  monopé- 
talés  et  apétales,  subdivise  les  premiers  en  Thalamopétalés,  Calicipétalés  et 
Calicanthés  ;  les  seconds  en  Calicanthés  et  Thalamanthés,  et  les  derniers  en 
Éleuthérogynes  ou  à  ovaire  libre,  et  Symphysogynes. 

Dans  le  corps  de  l'ouvrage  la  méthode  analytique  ou  du  moins  la 
subdivision  méthodique,  d'après  la  différence  des  caractères,  pouisuivie 
jusqu'à  chaque  espèce  en  particulier,  permet  de  déterminer  successivement 
les  genres  et  les  espèces,  malgré  l'abst^nce  de  toute  phrase  caractéristique.  Le 
Synopsis  de  MM.  Friche-Joset  et  Montandon  se  réduit  ainsi  à  un  catalogue 
qui  peut  servir  pour  les  déterminations.  Pour  chaque  espèce  on  trouve  le 
nom  spécifique  avec  le  nom  de  l'auteur,  et  généralement,  un  renvoi  au 
Syîiopsis  de  la  Flore  française  publié  par  De  Candolle  en  1806,  au  Tas- 
ehenbuch  ou  Manuel  de  Koch  publié  en  1848,  etc.  Cependant,  à  part  De 
Candolle,  les  auteurs  sont  simplement  indiqués  par  leur  nom  sans  citation 
de  leurs  ouvrages.  En  examinant  l'ouvrage  qui  nous  occupe,  nous  avons 
remarqué  un  certain  nombre  de  dénominations  spécifiques  changées  par  ses 
auteurs,  sans  que  le  motif  de  ce  changement  soit  indiqué.  D'un  autre  côté, 
les  deux  auteurs  ont  adopté  plusieurs  genres  proposés  pardivers  botanistes, 
de  manière  à  faire  suivre  du  Nobis  les  dénominations  nouvelles  qui  résultent 
de  cette  adoption  pour  un  assez  grand  nombre  d'espèces.  C'est  ainsi,  par 
exemple,  que,  dans  les  Amarantacées,  VAmaranfus  Blitum  devient  pour 
eux  VAlbersia  viridis;  VAma7\  atbus  ■=  Pyxidium  sylvestre,  VAinm^ 
spicatus  =  Pyx.  retrofiexwn  ;  dans  les  Chénopodées,  les  Atriplex  has- 
tata,  anrjmti folio,  oblongifoiia  Koch,  deviennent  les  Armola  deltoidea, 
mixta,  campestris,  suivies  du  Nobis,  et  les  C lienopodium  venant  se  i-anger 
dans  les  genres  Ortiiosporum  et  Anserina  de  Meyer,  reçoivent  tous,  sans 
exception,  une  nouvelle  dénomination  spécifique.  Il  en  est  de  môme  pour 
toutes  les  Polygonées  rangées  dans  Us  s^ewvçs  LapathuiuTowm.;  Acctosa 
Tourn.;  Coluhrina  Brun.;  Persicavia  Tourn.;  Centinodium,  genre  non- 
veau,  caractérise  seulement  en  ces  mots  :  Stigmates  eu  tète,  fleurs  eu  fais- 


•V16  SOCIÉTÉ    BOTAMQUr.    Di;    FUANCE. 

ceaux  axillaircs,  tige  couchée;  enfui  Tiniaria,  propose  cgalemei)t  comuie 
genre  (listiiicl  par  les  deux  aiiteiiis  ctcaractéfisépai-  les  deux  mots:  Stigmates 
en  tête,  tige  volubile  ou  giimpante,  fleurs  faseiculées. 

Les  variétés  sont  indiquces  a  la  suite  de  leur  espèce.  Les  localités  sont 
signalées  avec  soin,  signées  même  du  nom  de  celui  des  deux  auteurs  qui  a 
trouvé  la  plante  dont  il  s'agit.  Kniin,  a  ces  données  sont  jointes  la  durée 
et  l'époque  de  la  floraison. 

Le  volume  se  termine  pai'  deux  tal)les  alphabétiques,  Li  première  pour 
les  familles,  la  seconde  pour  les  noms  latins  des  genres. 

l)Ves:^'ciser  fiir  die  botauif^clieu  Excursioucu  in  der 
llarli.  Braudenliiii'g  [Guide  pour  les  excursions  botaniques  dans  la 
Marche  de  Brandebourg,  particulièrement  dans  les  environs  de  Berlin)\ 
par  M.  J.-H.  Schulz.  Gr.  in-18  de  V!II  et  171  pages.  Berlin,  1857; 
chez  E. -H.  Schroeder. 

Ce  petit  livre  est  destiné  à  rendre  fructueuses  les  herborisations  dans  le 
pays  dont  la  flore  en  a  fourni  le  sujet,  en  levant  le  plus  possible  les  diffi- 
cultés que  peut  offrir  la  recherche  des  plantes.  Il  est  divisé  en  6  chapitres. 

Dans  le  premier,  l'auteur  jette  un  coup  d'œil  général  sur  la  géographie 
de  la  Marche  de  Brandebourg,  sur  ses  divisions,  son  sol,  ses  cours 
d'eau,  etc.- — Le  second  chapitre  est  une  liste  des  plantes  qui  composent  la 
flore  de  Brandebourg  distribuées  d'après  l'époque  de  leur  floraison,  c'est- 
à-dire  par  mois.  Pour  chaque  mois,  les  espèces  sont  rangées  d'après  l'ordre 
alphabétique  de  leurs  noms  de  genres. —  Le  troisième  chapitre  est  intitulé: 
Stations  où  l'on  trouve  les  plantes  considérées  en  général.  Ce  n'est  pas 
autre  chose  qu'une  énumération  des  espèces  rappoitées  a  leur  station.  L'au- 
teur indique,  dans  autant  de  paragraphes  di•^lincts,  celles  qui  croissent  dans 
les  stations  suivantes:  1.  Sables;  2.  sables  argileux;  3.  argiles  sableuses; 
h.  terre  marneuse;  5.  terre  argileuse;  6.  glaise;  7.  humus  et  sol  des  ma- 
rais ;  8.  terre  calcaire  ;  9.  terres  salées;  lU.  bois  de  Conifères;  11.  bois 
feuillus;  12.  bois  d'essences  mêlées  ;  13.  sous-bois;  \k.  haies;  15.  terres 
cultivées;  16.  jardins  et  leurs  alentours  ;  17.  coteaux  ;  18.  chemins  et 
routes;  19.  murs;  20.  villages  et  décon»bres  ;  21.  terre  sèche  gazounée  et 
jachères;  22.  pelouses  et  pacages;  23.  terres  humides  et  marécageuses, 
généralement  un  peu  ombragées;  2^.  prairies;  25.  tourbières;  26.  fossés; 
27.  marais  et  mares;  28  étangs  et  lacs;  29.  sources  et  ruisseaux;  30.  ri- 
vières. Il  ajoute:  31.  végétaux  plantés  et  cultivés;  32.  plantes  naturalisées. 
—  Le  (juatrième  chapitre  est  relatif  aux  localités  considérées  en  particulier. 
M.  Schnlz  y  examine  successivement  26  localités  plus  ou  moins  étendues, 
pour  chacune  desquelles  il  énumère  les  plantes  qu'on  y  trouve  en  les  divi- 
sant d'après  les  lieux  particuliers  où  on  les  rencontre. — Le  cinquième  cha- 
pitre est  intitulé  :  Résultats  de  quelques  excursions  faites  à  des  époques 


RRVLE    liini.IOGRMMIIOrK.  '>'^~ 

déterminées.  Siiivi\nl  un  itinéraire'  particulier  pour  clia((uo  excursion,  il 
indique  les  plantes  qu'on  rencontre  sur  les  divers  points  par  lesquels  on 
dirige  sa  marche.  Il  présente  ainsi  les  résultats  de  six  excursions. —  I-c 
sixième  ciiapifre  contient  les  instructions  nécessaires  pour  la  récolte,  la  des- 
siccation et  la  conservation  des  plantes. 

L'ouvrage  se  termine  par  une  table  alphabétique  des  noms  allemands  et 
latins  des  plantes.  Pour  chaque  espèce  on  trouve  indiquées  toutes  les  par- 
ties du  livre  où  elle  est  mentionnée,  ce  qui  a  une  importance  particulière 
pour  un  travail  de  ce  genre. 

Plauttc  colwmbîanœ,  descripsit  H.  Karsten  [Limiœa,  1856,  h'  cah., 
publié  en  juin  1857,  pp.  387-W2). 

De  retour  en  l^'urope  après  un  séjour  de  plusieurs  années  dans  l'Amé- 
rique du  Sud,  M.  Karsten  a  commencé  de  publier  les  résultats  de  ses  explo- 
rations, en  y  ajoutant  les  plantes  dont  il  doit  la  connaissance  à  d'autres 
voyageurs,  particulièrement  à  M.  Triann.  Dans  le  mémoire  (|ue  vient  de 
publier  le  Linnœa,  il  décrit  pour  la  première  fois  un  grand  nombre  de  genres 
et  d'espèces  de  la  Colombie.  11  complète  aussi  les  caractères  de  plusieurs 
genres  qui  avaient  été  observés  plus  ou  moins  imparfaitement  avant  lui. 
Nous  voudrions  pouvoir  reproduire  ici  les  caractères  de  ces  nouveaux 
groupes  génériques;  mais  les  développements  avec  lesquels  ils  sont  pré- 
sentés donneraient  à  cette  reproduction  une  étendue  beaucoup  trop  grande 
et  nous  devons  dès  lors  nous  contenter  d'y  substituer  un  simple  relevé.  A 
côté  du  nom  de  chaque  genre  nouveau  nous  mettrons  le  numéro  d'ordre  qui 
indique  sa  placedans  lasérie  du  Geyierad'KwdWchew  Suivant  notre  habitude, 
nous  imprimerons  en  italiques  seulement  les  genres  nouveaux. 

Palmiers.  — /essenm  (1726.  1):  (dédié  à  M.  CarIJessen,  professeur  de 
botanique  cà  l^ldena)J.  polycarpa;  Palmier  haut  de  20  mètres,  qui  ressemble 
à  un  Oreodoxa.  —  Marara  (1767.  1)  :  1.  M.  bicuspidata  et  2.  M.  erinacea. 
Ils  ressemblent  aux  Martinezia  et  aux  Bactris,  dont  ils  diffèrent  surtout  par 
leurs  fleurs. — Augustinea[(\é(\\é  à  M.  Augustin,  dont  les  jardins,  àPotsdam, 
renferment  la  plus  riche  des  collections  de  Palmiers  formées  par  des  ama- 
teurs). Ce  genre  estétabli  pour  le  Bactris  major  Jacq. ,  qui  devient  l'A.  ma- 
jor Karst.  —  L'auteur  donne  les  caractères  du  genre  Martinezia  et  ceux  des 
Guilielma  considérés  principalement  sous  le  rapport  de  l'androcée  et  du 
noyau.  Il  décrit  ensuite,  dans  ce  dernier  genre,  les  nouvelles  espèces  sui- 
vantes: 1.  Guilielma  Piritu;  2.  G.  tenera  ;  3.  G.  granafensis. —  1.  Bactris 
specio^a  var.  Chichagui  ;  2.  B.  caribœa;  3  B.  pilosa;  U.  B.  Cuvaro;5.  B. 
Corossilla;  0.  B.  setulosa.  —  1.  Geonoraa  metensis  ;  2.  G.  paraguanensis  ; 
3.  G.  linearifolia. 

Rhizanthées.  —  Apodanthes  Flacourtiœ.  —  Sarna  (725.  1)  :  1.  S.  Cau- 
lotreti  ;  2.  S.  Ingas, 


318  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Gentianéks.  —  V<)\  liaaragucnsiii. — Biglimdularia:  1.  B.  azurea.  Plante 
parasite  sur  les  racines  du  Galactodeiidioii. 

EuPHORBiACÉES. — Croton  Malaiiiho. — Centandra:  1.  C.  hondeiisis. 

BuRMANNiACÉES.  —  Beïiitzia '.  1.  B.  suaveolens  ;  2.  B,  Fœppigiana 
(Dictyostega  Pœppigiana  Klotz^ch).  —  M.  Karsten  complète  les  caractères 
des  genres  Dictyostega  et  Cynibocarpa  Miers.  Il  décrit  2  nouvelles  espèces 
du  premier:  1.  D.  pectinata;  2.  D.  campanidata. 

AscLÉpiADÉES.  —  L'auteur  caractérise  complètement  le  genre  Rûhssia, 
qu'il  avait  déjà  établi  en  18^8  dans  les  Mémoires  de  la  Société  d'horticul- 
ture de  Prusse,  et  il  y  rapporte  5  espèces  caractérisées  par  une  courte  dia- 
gnose:  1.  R.  glauca;2.  R.  pubescens  ;  3.  R.  macrophylia  (Asclepias  macro- 
pbylla  Herb.  Willd.);  4.  R.  Esfebanensis  ;  5.  R.  purpurea  Schidl. 

Hydroch  A  RIDÉES. —  Tvianeu  (dédié  au  docteur  J.  Triana,  collaborateur 
de  l'auteur  pour  sa  Flora  INovo-Granatensis):  T.  bogotensis.    • 

MÉLASTOMACÉES. — Stephauoyasfra  Karst.  et  Triana  (6209. 1):  1.  St.  pur- 
purea.— Lœvigia  Karst.  et  Triana  (dédié  au  chimiste  C.  Lœwig.  6211,1): 

1.  L.  sericea;  2.  L.  ovalifolia. — Diplodonta  Karst.  (622i.  1)  :  1.  D.  setosa, 
BiGNONiACÉES.  —  Codcczzia  Karst.  et  Triana  (4H1.  1);  1.  C.  speciosa; 

2.  C.  rosea. 

CucuRBiTACÉEs.  —  Cabjcopkysum  Karst.  et  Triana  (5127.  1)  :  1.  C.  pe- 
dunculatum. 

DiosMÉEs.— A^Mfl/fl  Karst.  et  Triana  (5999. 1)  ;  1.  K.  alata;  2.  K.  laevis. 

]NycTAGI^ÉES. — CephalotONiandra  Kaisi.  et  Triana  :  1.  C.  fragrans. 

Sterculiacées. —  Matisia  Castagno. 

BiXACÉEs. —  Dendrostylis  Karst.  et  Triana  (5080.  1):  1.  D.  suaveolens; 
2.  D.  apeihaifolia  ;  3.  D.  pubescens;  ù.  D.  grandifolia;  5.  D.  microphylla. 

AspÉRiFOLiÉES. — Diplostylis  Karst.  et  Triana  (37/t4.  1):  1.  D.  fasci- 
culata. 

Sapindacées. —  Comatoglosswn  Karst.  et  Triana  (5616-1)  :  1.  G.  stric- 
tum. 

Convolvulacées.  —  Tricliantha  Karst.  et  Triana  (3801-1):  1.  T.  ferru- 


ginea. 


Passiflobées. — Poggendorffîa {51i0i)-\] :  1.  P.  rosea. 

Rubiacées.  —  Slannia  nietensis. 

Buettnériacées.  —  Ancuiiorpha  Karst.  et  Triana  (5339-1):  1.  A.  wal- 
therioifies.  —  Herrania  aspera.  —  Tiieobroma  glauca. 

Lobéliacées. — IJurmeistera  Karst.  et  Triana  (dédié  au  prof.  Burmeister 
3069-1)  :  1.  B.  ibaguensis;  2.  B.  pomifera  ;  3.  B.  tomentosula  ;  U.  B.  acu- 
minata  i  5.  B.  succulenta;  6.  B.  lacerata  ;  7.  B.  marginata. 

Clusiacées.—  Cahota  (5^39-1):  1.  G.  carachensis. 

Apocynées. —  Lacmellea  (337Zi-l):  1.  L.  edulis. 

Fougères.  —  1.  lleraitelia  servitensis  ;  2.  H.  andina. —  1.  Gyalhea  cri- 


REVUE    BIRLIOGRAI'IIIQUE.  319 

nacea  ;  2.  C.  (|iiiiuliuctisis;  3.  C.  equeslris  Kunzc,  var.  hoconcnsis;  /j.  C. 
straminea;  5.  ('.  hoconcnsis;  (i.  C  aurea  Kl.  v,  squamosa;7.  C.  ebenina  ; 
8.  C.  hirtula  Mait.  var.  multisorosa. 

Notre  relevé  des  nouveaux  genres  et  nouvelles  espèces  décrits  dans  le 
mémoire  de  M.  Karsten  montre  siitïisaniment  que  cet  autour  n'a  suivi 
aucun  ordre  méthodique  dans  la  série  de  ses  descriptions.  Il  y  a  même 
placé  quelquefois  assez  loin  les  uns  des  autres  des  genres  qui  appartiennent 
à  la  même  famille.  Nous  avons  cru  devoir  remédier  quelque  peu  a  ce  défaut 
d'ordre  en  plaçant  les  genres  a  la  suite  de  leur  famille,  tout  en  suivant  à 
cela  près  la  marche  générale  du  mémoire. 

MÉLANGES. 

Les    forêts   de  Teck  €le  Tludc  et  leur   rapide    destruc- 
tion. [Oestcrr.  botan.  Wockenblatt.) 

Le  petit  nomhre  de  forets  de  Terk  qui  existent  encore  dans  l'Inde  se 
trouvent  dans  le  Malabar,  le  Pégu,  le  Tenasserim  et  dans  l'Assam.  Elles 
deviennent  de  plus  en  plus  rares  pour  des  causes  diverses,  les  unes  natu- 
relles, les  autres  dépendantes  de  la  volonté  de  l'homme.    Les  premières 
sont  l'extrême  lenteur  avec  laquelle  se  développe  le  Tectona,  et  ce  fait,  qui 
en  est  la  conséquence  nécessaire,  qu'il  croit  toujours  mélangea  d'autres  ar- 
bres dont  l'accroissement  est  beaucoup  plus  rapide  et  qui  dès  lors  s'empa- 
rent rapidement  des  places  où  ses  pieds  ont  été  abattus  ou  ont  péri,  La  re- 
production en  devient  ainsi  très  difficile.  iViais  ce  sont  surtout  les  hommes 
qui  contribuent  a  la  rapide  diminution   des  forêts  de  cette  essence  pré- 
cieuse. Les  Hindous  abattent  indifféremment  tous  les  arbres  jeunes  et  vieux 
qu'ils  rencontrent  pour  en  employer  le  bois  aux  usages  même  les  moins  im- 
portants, et  la  destruction  qu'ils  en  font  est  si  considérable,  que  le  gouver- 
nement britannique  a  dû  récemment  prendre  des  mesures  pour  en  arrêter 
les  progrès  rapides.  Déjà  dans  les  parties  méridionales  de  l'Inde  il  ne  reste 
presque  plus  de  bois  de  Teck;  en  ce  moment  la  dévastation  porte  principa- 
lement sur  ceux  du  Pégu  et  du  Tenasserim.  On  estime  que  ceux  qui  se 
trouvent  dans  le  Pégu  septentrional  ne  renferment  guère  que  520,000  ar- 
bres de  cette  essence  piécieuse,  ce  qui,  dans  une  exploitation  raisonnée, 
permettrait  à  peine  l'abatage  de  2,500  arbres  par  an,  tandis  que  la  con- 
sommation annuelle  s'élève  certainement  bien  au-dessus  de  ce  chiffre. 
Quant  aux  forêts  qui  se  trouvent  en  dehors  des  possessions  britanniques,  ou 
manque  de  données  précises  "à  leur  égard. 

NOUVELLES. 

L'Association  américaine  pour  le  progrès  des  sciences  a  décidé  de  tenir 
sa  huitième  réunion  le  12  du  mois  d'août  prochain  à  Montréal,  dans  le  Ca- 


320  SOCIÉTl':    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

nada.  Cette  Association  étend  ses  travaux  à  toutes  les  branches  des  sciences 
naturelles,  physiques  et  mathématiques,  et  elle  invite  à  sa  prochaine  réunion 
les  savants  de  tous  les  pajs.  Déjà  les  plus  illustres  corporations  scienti- 
fiques de  l'Kurope,  l'Institut  de  France,  les  Sociétés  royale  et  linnéenne  de 
Londres,  ont  désigné,  dit-on,  les  délégués  qui  les  représenteront  à  cette  so- 
lennité scientifique.  De  son  côté,  la  ville  de  Montréal  se  prépare  à  donner 
le  plus  d'éclat  possible  à  la  grande  réunion  de  savants  qui  aura  lieu  dans 
ses  murs.  Il  est  des  lors  à  présumer  que  ce  congrès  scientifique  sera,  pour 
l'Amérique,  le  pendant  de  celui  qui  a  eu  lieu  à  Vienne  (Autriche)  au  mois  de 
septembre  dernier,  et  auquel  s'étaient  rendus  en  grand  nombre  des  hommes 
distingués  représentant  toutes  les  branches  des  sciences  naturelles  et  mé- 
dicales. 

—  Le  11  mars  dernier  a  été  célébré  à  Weimnr  l'anniversaire  séculaire 
de  l'introduction  dans  le  pays  de  la  culture  de  la  Pomme  de  terre.  Cette 
importante  introduction  était  due  surtout  aux  efforts  du  duc  Ernest-Au- 
guste-Conslantin,  qui  encourageait  de  son  mieux  les  plantations^de  cette 
plante  inappréciable.  Un  arrêté  rendu  par  lui  en  1757  recommandait  de 
semer  et  cultiver  la  Pomme  de  terre,  fruit  comestible  et  propre  à  différents 
usages.  Il  promettait  un  prix  de  ^0  thalers  à  celui  qui  cultiverait  la  plus 
grande  quantité  de  Pommes  de  terre  de  l'espèce  blanche  et  des  récompenses 
de  30,  20  et  10  thalers  à  ceux  dont  les  cultures  de  cette  plante  se  range- 
raient ensuite  dans  l'ordre  d'importance. 

—  Le  25  mai  dernier  la  Société  linnéenne  de  Londres  a  tenu  pour  la 
première  fois  séance,  le  jour  amiiversaire  de  sa  fondation,  dans  le  nouveau 
local  de  Burlington-House,  qui  lui  a  été  donné  par  le  gouvernement,  et 
qu'elle  occupe  en  même  temps  que  la  Société  royale  et  la  Société  chimique. 
Ce  nouveau  local  est  construit  dans  un  très  beau  style,  orné  et  disposé  avec 
beaucoup  de  luxe  et  de  commodité.  Cette  année  le  bureau  de  la  Société  est 
composé  de  la  manière  suivante  :  Président  :  M,  Thomas  Bell  -,  vice-prési- 
dents :  MM.  Robert  Brown,  F,  Boott,  qui  est  en  même  temps  trésorier, 
W.  Saunders,  Richard  Owen  ;  secrétaire:  M.  J,-J.  Bennett;  sous-secré- 
taire :  M.  G.  Busk. 

—  Le  Bonplandia  annonce  que  \L  J.  Smith,  du  jardin  de  Kew,  vient 
de  terminer  un  catalogue  de  toutes  les  Fougères  cultivées  aujourd'hui  dans 
les  jardins,  que  M.  Pamplin  doit  publier.  Il  annonce  aussi  que  sir  W. 
Hooker  se  propose  de  faire  paraître,  sur  l'ensemble  des  Fougères  cultivées, 
un  grand  ouvrage  dont  les  figures  seront  dessinées  par  M.  Filch. 


Paris.—  Imprimerie  Ue  L.  UiBTiNBT.  rue  Mignon,  2. 


SOCIÉTÉ    BOTANIQUE 

DE   FRANCE. 


SEANCE    DU    3    AVRIL    1857. 

PRÉSIDENCE    DE    M.    MOQUIN-TANDON. 

M.  Ducliaiire,  secrétaire,  donne  lecUire  du  procès-verbal  de  la 
séance  du  27  mars,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

A  l'occasion  du  procès-verbal,  M.  de  Schœnefeld  dit  que  tous  les 
échantillons  fleuris  de  Polygala  Chamœbuxus  qu'il  possède  dans  son 
herbier  portent  la  date  des  mois  de  mai  ou  de  juin.  La  précocité  de 
l'échantillon  de  cette  plante,  présenté  dans  la  dernière  séance  par 
M.  Boisduval,  lui  paraît  donc  due  à  la  culture  et  à  l'influence  du 
climat  de  Paris,  où  le  printemps  commence  beaucoup  plus  tôt  que 
dans  les  Alpes. 

M.  Cosson  ajoute  que  M.  Munby  a  découvert  sur  le  littoral  de  l'Al- 
gérie une  espèce  nouvelle  {Pobjgala  Mimbyana  Boiss.),  très  voisine 
du  P.  Chamœbuxus. 

Par  suite  de  la  présentation  faite  dans  la  dernière  séance,  M.  le 
Président  proclame  l'admission  de  : 

3L  Marmotton (Henri),  docteur  en  médecine,  rue  Notre-Dame'/i, 
à  Passy-lez-Paris,  présenté  par  MM.Eug.  Fournier  et  A.  Gris. 

M.  le  Président  annonce  en  outre  deux  nouvelles  présentations. 

Dons  faits  à  la  Société  : 

i"  Par  M.  L.  Vilmorin  : 

Essai  d'un  catalogue  méthodique  et  sijnonymiquc  des  Froments. 

1"  Par  M.  Decaisne  : 

Le  Jardin  fruitier  du  Muséum,  livr.  3- 

3°  En  échange  du  Bulletin  de  la  Société  : 
L'Institut^  avril  'lt^57,  lin  iiinuéro. 

T.    IV.  21 


322  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE   FRANCE. 

31.  Ducliartre,  secrétaire,  donne  lecture  de  la  communication  sui- 
vante adressée  ù  la  Société  : 

NOTE  SUR  LES  VRILLES  DES  CUCURBITACÉES,  par  M.  ATTILIO  TASSI  (1). 

(Lucques,  6  mars  1857.) 

Je  me  vois  souvent  cité  dans  les/ravaux  des  auteurs  qui  recherchent  la 
signification  des  vrilles  des  Cucurbitacées,  par  exemple  par  M.  Naudiu, 
dans  le  passage  où  il  dit  que  «  les  botanistes  qui,  à  l'exemple  de  M.  Tassi, 
ont  voulu  voir  dans  les  vrilles  des  pédoucules  transformés,  étaient  plus 
prèsée  la  vérité  »  {Ann.  des  scienc.  nat.,  W  série,  IV,  p.  14),  ainsi  que 
dans  un  passage  encore  plus  récent  de  M.  Clos,  de  Toulouse:  «  Bien  des 
hypothèses,  dit  M.  Clos  {Bull,  de  la  Soc.  botan.,  III,  p.  545),  ont  été 
émises  relativement  à  ces  vrilles  des  Cucurbitacées  :  c'est  qu'en  effet  on  les 
a  considérées  comme  des  racines,  comme  des  pédoncules  avortés  (Tassi); 
comme  des  stipules  (Aug.  de  Saint-Hilaire  et  Stoclvs,  opinion  émise  aussi 
avec  doute  par  De  Candolle)  ;  comme  des  feuilles  (Gasparriui,  Seringe, 
Brauu)  ;  comme  des  rameaux  dégénérés  (Meneghini)  ;  comme  des  rameaux 
de  superfétation  (Link);  comme  des  rameaux  terminaux  de  l'axe  (Fabre); 
comme  représentant  à  la  fois  des  rameaux  et  des  feuilles  (Naudiu).  «  Comme 
mes  idées  sur  ce  sujet,  qui  a  été  longuement  agité  et  discuté  en  Italie,  en 
France  et  en  Allemagne,  n'ont  pas  été  toujours  reproduites  fidèlement  par 
les  auteurs';  comme  d'ailleurs  elles  ont  besoin  d'être  éclaircies  et  modifiées, 
en  raison  d'observations  ultérieures,  je  crois  qu'il  y  a  intérêt  scientifique  et 
même  devoir  pour  moi  d'en  dire  aujourd'hui  quelques  mots. 

D'abord  il  ne  faut  pas  confondre  deux  points  entièrement  distincts: 
savoir,  en  premier  lieu,  celui  dont  j'ai  entretenu,  en  1844,  les  botanistes 
réunis  a  Lucques,  qui  est  relatif  à  la  structure  et  à  la  manière  d'être  des 
racines  adventives  qui  se  montrent  d'ordinaire  aux  nœuds  inférieurs  des 
Courges  communes,  que  leur  conformatiou,  leurs  dimensions  et  leur  rigidité 
m'ont  fait  considérer  comme  analogues,  tant  qu'elles  se  trouvent  dans  l'air,  à 
ceWe^  ûii  Polhos violacea[woy .Atti délia  o"" riimione degli Se .  ital.,  p.  322);  en 
second  lieu,  celui  que  je  traitai  dans  la  réunion  suivante  et  qui  se  rapporte 
à  la  valeur  oiganographique  des  vrilles.  Sous  ce  dernier  rapport,  j'ai  cité 
un  fait  observé  par  moi  dans  VAnguria  pedafa  Lin.,  dans  lequel  il  existait 
simultanément  à  un  nœud  deux  vrilles,  l'une  latérale,  l'autre  axillaire  par 
rapport  à  la  même  feuille,  fait  entièrement  contraire  à  l'idée  d'une  dériva- 
tion stipulaire,  et  qui  vient,  au  contraire,  à  l'appui  de  mon  opinion  que  les 
vrilles  sont  de  simples  rameaux  dégénérés.  C'est  cette  opinion  que  j'ai  ex- 
primée dans  le  passage  suivant  (voy.  lue.  cit..,  p.  o27)  :  «  L'auleur  dit  que, 

(1)  Traduite  de  l'ilalien  par  M.  Ducharire. 


sÉANCic  nu  3  AVRIL  1857.  323 

(lai)s  son  opinion,   les  vrilles  des  Cucuibifacécs  sont  des  rameaux  dégé- 
nérés. » 

Plus  tard,  la  transformation  en  vrille  d'un  petit  pédoncule  de  Sicyos  m'a 
l'ait  croire  à  quelque  métamorphose  des  parties  de  i'inllorescence,  et  j'ai 
exprimé  celte  opinion,  mais  avec  réserve,  comme  on  le  voit  par  les  lignes 
suivantes  (voy.  Nuove  oss.  sui  cirri  délie  CucKrbitcœee):  «  Telles  sont  les 
raisons  en  faveur  de  l'opinion  vers  laquelle  je  suis  le  plus  porté. 
Cherchant  unicjuement  la  vérité,  sans  aborder  le  terrain  des  hypothèses,  je 
m'empresse  de  déclarer  que  mes  recherches  m'ont  fait  connaître  un  faiî  qui 
a  une  signification  différente  de  ceux  que  j'ai  rapportés  jusqu'ici  :  ce  fait 
consiste  en  ce  que  j'ai  vu  quelquefois  dans  VAng/rria  deux  vrilles  placées 
aux  deux  côtés  de  la  base  des  feuille-,  etc.  » 

Après  ces  distinctions  et  ces  explications  dictées  par  l'amour  de  la  vé- 
rité, il  est  clair  qu'à  une  époque,  ne  pouvant  concilier  avec  les  faits  ob- 
servés l'opinion  de  Saint-Hilaire  relative  à  la  nature  stipulaire  des  vrilles 
des  Cucurbitacées,  opinion  à  peu  près  totalement  abandonnée  aujourd'hui, 
je  cherchai  à  la  réfuter.  Alors,  guidé  par  l'étude  de  la  position  relative  des 
organes,  je  me  déclarai,  quoique  d'une  manière  peu  affirmative,  partisan  de 
la  dégénérescence  des  pédoncules  et  surtout  de  celle  des  rameaux.  Mais  je 
n'ai  jamais  pensé  que  ces  vrilles  si  controversées  eussent  une  origine  radi- 
cale, bien  qu'on  m'ait  attribué  cette  opinion,  que  je  repousse  comme  insou- 
tenable et  absurde. 

Les  faits  ramenés  ainsi  à  leur  véritable  expression,  je  dirai  que,  bien  an- 
térieurement à  la  publication  en  France  du  travail  de  M.  Naudin,  j'ai  ob- 
servé au  jardin  botanique  de  Pise,  sur  quelques  rameaux  de  Motnot'dka 
nngulata  Ten.,  la  particularité  de  la  transformation  foliacée  de  vrilles  qui 
avaient  produit  des  bourgeons  à  différents  degrés  de  développement,  et 
qui  présentaient  ainsi  une  identité  absolue  avec  celles  dont  M.  Naudin  a 
donné  la  figure  (1). 

Cette  particularité,  que  je  communiquai  h  quelques  botanistes  mes  amis 
et  qui  me  fournit  le  sujet  d'une  communication  faite  à  l'Académie  royale 
des  Filomati  de  Lucques,  me  conduisit  h  de  nouvelles  idées  que  j'aurais  dû 
publier,  mais  que  diverses  circonstances  m'ont  fait,  à  mon  grand  regret, 
laisser  inédites  jusqu'à  ce  jour.  Bien  qu'il  soit  nécessaire  de  faire  encore  sur 
ce  sujet  de  nouvelles  études  avant  d'émettre  une  opinion  définitive,  cepen- 
dant, s'il  était  nécessaire  d'exprimer  une  opinion,  me  basant  sur  les  ré- 
sultats de  l'examen  que  j'ai  fait  de  l'état  primordial  des  vrilles  susdites,  je 
me  montrerais  porté,  dans  l'état  actuel  de  la  question,  vers  ceux  qui  sou- 
tiennent la  nature  foliaire  de  ces  productions,  tout  en  reconnaissant  qu'ils 

(1)  Je  conserve  desséchées  de  ces  vrilles  nionslrueuses,  ainsi  que  les  dessins  qui 
s'y  rapportent. 


32/1  SOCIÉTÉ    BOïANIQUli    DE    FRANCE. 

ont  contre  eux  le  fait  des  vrilles  gemmipares,  et,  sans  le  moindre  doute, 
celui  de  la  vrille  axilioirc  de  VAnrjuriu,  fait  qu'ignorait  le  botaniste  de 
Toulouse  lorsqu'il   disait  :  «  La  vrille  n'a   jamais  été  vue,  que  je  sache,  à 
l'aisselle  d'une  feuille.  «  (Voy,  le  Bull. ,  III,  p.  5i7.)  Il  se  pourrait  aussi  qu'on 
proposât  une  interprétation  dilTércnte  des  mêmes  faits;  car,  comme  Je  l'ai 
dit  dans  une  autre  occasion,  je  ne  puis  me  persuader  (juc  les  faisceaux  vas- 
culaires  qui  appartiennent,   par  exemple,  à  des  organes  appendiculuires, 
puissent  s'allonger  notablement  sans  se  diviser,  et  sous  des  formes  insolites, 
hors  de  la  situation  normale  des  appendices  dont  ils  seraient  les  représen- 
tants, selon  la  pensée  des  stipulistes  ;  ni  que,  s'isolant,  ils  puissent  s'épar- 
piller de  manière  à  se  montrer,  tantôt  latéraux,  tantôt  opposés,  tantôt  enfin 
axillaires  relativement  à   l'organe  démembré,  selon  l'idée   très  séduisante 
de  M.  Clos,  ainsi  qu'il  faudrait  l'admettre  pour  les  cas  rapportés  ci-dessus. 
D'un  autre  côte,  j'ai  lieu  de  croire,  quoique  je  n'aie  pas  encore  tous  les 
éléments  pour  une  pleine  et  entière  conviction  à  cet  égard,  que  l'organe 
qui,  a  l'état  adulte,  se  montre,  dans   les  Cucurbitacées,  sous  l'apparence 
d'ime  vrille  généralement  latérale  à  la  feuille,  est,  au  contraire,  opposé  à 
celle-ci  et  tout  à  fait  identique  avec  elle  dans  la  période  gemmaire.  Enfin 
si  des  observations  exactes  démontraient  fausse  la  théorie  généralement 
adoptée  relativement  au   mode  de  développement  de  la  tige  de  la  Vigne, 
c'est-à-dire  si  l'on  ne  devait  plus  regarder  la  vrille  comme  une  inflores- 
cence transformée,  ni  la  tige  comme  une  suite  d'axes  d'ordres  différents,  et 
s'il  fallait  admettre,  au  contraire,  que  le  second  mérithalle  est  réellement 
la  continuation  du  premier  et  que  la  vrille  est  un  organe  oppositifolié, 
«  opinion  qui  peut  parfaitement  être  soutenue  «  (voy.  Fermond,  in  Bull. 
Soc.  bot.,  111,  p.  595),  dans  ce  cas,  la  supposition  de  l'origine  foliaire  des 
vrilles  des  Cucurbitacées  trouverait  un  puissant  appui  dans  ce  qu'offrent  les 
Ampélidées. 

M.  Marlins  fait  à  la  Société  la  communicalion  suivante  : 

EXPÉRIENCES  SUR  LA  PERSIST.\NCE  DE  LA  VITALITÉ  DES  GRAINES  FLOTTANT  A  LA 
SURFACE  DE  LA  MER,  par  M.   CU.  .IIAKTIIWS. 

Dans  les  indications  de  recherches  qu'il  propose  aux  botanistes  physiolo- 
gistes à  la  fin  de  sa  Géographie  botanique  raisonnée  (1),  M.  Alph.  De  Can- 
dolle  place  en  première  ligne  la  vitalité  des  graines  dans  l'eau  de  mer.  «  Si 
j'habitais  près  de  la  mer,  dit-il,  j'aurais  essayé  des  expériences,  en  obser- 
vant les  précautions  que  j'ai  suivies  dans  mes  recherches  sur  la  durée  des 
graines  conservées  au  sec  et  dans  l'air  (2).  Pour  la  (|uestion  des  transports 

(J)  1'.  io!xll. 

('2)  Annales  des  sciences  nularclle^.  o"  série,  l.  Vi,  p.  C/J,  ISiG. 


sFANdE  ni'  3  Avnir.   1857,  325 

pnr  le^  couraiils  et  parles  fUnive?,  poiii- celle  de  la  conservation  ou  (lestriic- 
tion  des  espèces  à  la  suite  de  submersions  plus  ou  moins  prolonf^ées,  à  des 
époques  anciennes,  ce  serait  d'un  grand  intérêt.  On  aurait  beaucoup  de 
facilités  près  de  l'embouchure  de  certains  fleuves  ou  dans  les  salins  du  midi 
de  la  France.  Qu'on  ne  croie  pas  cependant  ces  expériences  bien  faciles.  Il 
faudrait  y  apporter  beaucoup  de  soins  et  de  jugement.  » 

Ces  motifs  m'ont  engagé  à  tenter  une  première  expérience  qui  pourra  en 
suggérer  d'autres  plus  complètes  et  plus  décisives. 

Le  transport  des  graines  par  les  courants  est  un  fait  incontestable  et 
incontesté.  Déjà  en  1695,  Sloane  (1)  parle  de  haricots  extraordinaires 
que  la  mer  jetait  sur  les  côtes  de  l'Ecosse,  de  l'Irlande  et  des  îles  Orkney, 
et  dont  on  faisait  des  tabatières.  Sloane  reconnut  dans  ces  graines  celles  de 
trois  plantes  qu'il  avait  observées  lui-même  en  Amérique,  et  une  autre 
(|u'il  avait  vue  dans  des  collections.  Le  nom  de  beans  (haricots)  qu'il  leur 
donne  montre  que  c'étaient  des  graines  de  Légumineuses.  Dans  la  descrip- 
tion de  la  première,  qu'il  nomme  Phaseolus  mnximus  perennis,  il  est  facile 
de  reconnaître  celle  du  Mimosa  scandens  Sw.;  dans  la  seconde,  le  Dolichos 
urens  L.,  et  dans  la  troisième  le  Guilandina  Bonduc  L.  Sloane  rend  parfai- 
tement compte  du  transport  de  ces  graines  par  le  Gulfstream  jusque  sur  les 
côtes  de  l'Amérique  du  Nord;  de  là  il  les  suppose  poussées  par  les  vents  oc- 
cidentaux. Mais  la  science  moderne  a  montré  que  le  Gulfstream  traversait 
l'Atlantique  pour  aboutir  sur  les  côtes  septentrionales  de  l'Europe  :  il  porte 
sur  les  côtes  de  Norvège  des  graines  qui  parcourent  ainsi  le  quart  de  la 
circonférence  du  globe.  Linné  (2)  nous  apprend  que  l'on  y  trouvait  de 
son  temps  des  graines  de  Cassia  Fistula  L,,  Anacardium  occidentale  î.., 
Mimosa  scandens  L,  et  Cocos  nucifem  L.  .l'ai  ramassé  moi-même  au  cap 
Nord  (3),  le  plus  septentrional  de  l'Europe,  par  lat.  71"  12' N.,  long.  230 
30'  E. ,  au  milieu  des  galets  du  rivage,  une  graine  d'Entada  Gigalobium  DC. 
{Mimosa  scandens  L,)  que  je  conserve.  Le  Coco  de  mer,  Lodoicea  Seckella- 
rwii  Labill.,  est  porté  depuis  des  siècles  par  un  courant  des  ilesPraslin 
aux  Maldives  (^).  Mais  pour  que  ces  transports  puissent  contribuer  a  la 
dissémination  des  espèces  à  la  surface  du  globe,  la  première  condition  c'est 
que  ces  graines  aient  conservé  leurs  facultés  germinatives.  Peu  d'expériences 
ont  été  faites  à  cet  égard,  et  pourtant  la  question  estdcla  plus  b.aute  impor- 
tance, non-seulement  pour  expliquer  la  dissémination  des  graines  depuis  les 
temps  historiques,  mais  encore  pour  se  rendre  compte  de  l'établissement  à 

(1)  Philusophical  Transactions  to  the  end  of  the  year  1700,  abridged,  t.  lil, 

p.  5/i0. 

(2)  Coloniœ  plantarum,  Amœnitates  academicœ,  l.  VIII,  p.  3,  1785. 

(3)  Voyage  botanique  le  long  des  côtes  septentrionales  de  la  Norvège,  p.  128. 
Cl)  llookor.  Bot.  Magaz..  l.  273^. 


326  SOCIÉTÉ   BOTANIQUK    DE    FRANCE. 

la  surface  du  globe  de  différentes  «ores  perdues  dont  nous  retrouvons  les 
débris  dans  toute  la  série  des  terrains.  Tout  nous  dit,  eu  effet,  qu'à  ces 
époques  la  mer  occupait  la  plus  grande  partie  du  spbéroïde  terrestre.  Les 
continents  n'existaient  pas  ,  mais  un  grand  nombre  d'archipels  étaient 
semés  à  la  surface  de  l'Océan.  Sous  ce  point  de  vue,  la  dernière  époque 
tertiaire  ne  différait  pas  des  autres,  et  les  courants  marins  ont  été  consi- 
dérés à  priori  comme  le  principal  agent  de  la  dissémination  des  végétaux 
à  celte  époque  et  aux  précédentes  (1)  ;  mais  s'il  était  prouvé  que  les  cou- 
rants marins  ne  contribuent  en  rien  à  la  diffusion  des  espèces,  il  faudrait 
en  conclure  que  celles  qui  sont  séparées  par  l'immense  étendue  des  mers 
n'ont  pas  un  centre  de  création  unique,  mais  des  centres  multiples;  un  seul 
individu  de  chaque  espèce  ne  serait  pas  la  souche  commune  de  tous  les  in- 
dividus existant  a  la  surface  du  globe;  un  certain  nombre  d'individus  spé- 
cifiquement identiques  auraient,  au  contraire,  apparu  sur  des  points  du  globe 
très  éloignés  les  uns  des  autres.  La  conclusion  est  forcée  pour  les  espèces 
disjointes  qui  se  trouvent  dans  les  régions  froides  ou  tempérées  des  deux 
hémisphères  sans  exister  dans  la  zone  intertropicale  (2). 

L'importance  du  problème  suffisamment  indiquée,  nous  allons  voir  que 
la  science  nous  offre  peu  d'observations  ou  d'expériences  pour  décider  si 
les  graines  conservent  leur  vitalité  après  avoir  été  transportées  ainsi  à  de 
grandes  distances  par  les  courants  marins. 

M.  Louis  Necker  affirme  (3)  que  les  graines  jetées  par  le  Gulfstream  sur 
les  côtes  d'Ecosse,  ne  germent  pas.  Cependant  je  lis  dans  Lyell  (4)  que 
Brown,  dans  son  Supplément  à  l'ouvrage  de  Tuckey,  n°  5,  p.  481,  rapporte 
que  le  Guilandina  Bonduc  provient  d'une  graine  trouvée  sur  la  côte  occi- 
dentale de  l'Irlande.  M.  le  professeur  Godron  a  constaté  (5)  de  son  côté, 
dans  le  voisinage  des  étangs  salés,  que  des  graines  submergées  pendant  tout 
un  hiver  n'ont  point  perdu  leur  vitalité.  L'année  dernière,  j'ai  vu  germer 
parfaitement  des  graines  extraites  de  fragments  de  gousses  de  Cassia  Fifi- 
tula  (6),  que  le  courant  qui  longe  les  côtes  de  Provence  et  de  Languedoc 
avait  portées  de  ALarseille  sur  la  plage  de  Montpellier,  où  nous  les  trou- 
vâmes échouées  5  mais  ces  graines  étaient  évidemment  protégées  par  le 
péricarpe  qui  les  entoure  et  les  cloisons  qui  les  séparent.  Enfin,  M.  ,L 

(1)  Lyell,  Principes  de  Géologie,  traduits  par  M"'  Meulicn,  t.  IV,  p.  151. 

(2)  Alph.  De  Candollc,  Géographie  botanique,  p.  10Zi7. 

(3)  Article  Géographie  botanique  par  De  CaudoUe,  du  Dictionnaire  des  sciences 
naturelles,  t.  XVIII,  p.  liOli. 

(Û)  Principes  de  Géologie,  t.  IV,  p.  lZi9. 

(5)  Migration  des  végétaux,  p.  11. 

(6)  Sur  la  germination  des  graines  de  plusieurs  gousses  de  Cassia  Fistula, 
échouées  sur  la  côte  du  Languedoc  {Mém.  de  VAcad.  de  Montpellier,  t.  111, 
p.  239,  1850;  et  liulMin  de  la  Société  botanique  de  France,  {.  III,  p.  36,  1856). 


SÉANCE   DU   3   AVIUL   1857.  327 

Salter  (1)  a  trouvé  de  l'Orge,  de  l'Avoine,  Ly&imackia  mlrjarh^  Epilnhium 
hirsutum  et  Centaurea  Calcitmpa,  sur  des  tas  de  boues  retirées  en  18^t3  du 
fond  du  port  de  Poole,  Ces  plantes  formaient  un  ilol  de  végétation  contrastant 
avec  la  végétation  littorale  environnante,  composée  de  Statice,  Salicornia, 
Atriplex,  etc.  Or  les  céréales  les  plus  rapprochées  sont  à  1600  mètres  du 
port,  Epilobium  hirsutum  à  h  ou  5  kilomètres,  Lysimnchia  vulgnris  à  7  ou  8, 
et  enfin  Centaurea  Calcifrapa,  à  peine  connu  dans  le  comté,  ne  se  trouve 
pas  dans  un  rayon  de  16  kilomètres  de  Poole;  mais  le  port  de  cette  ville 
reçoit  deux  rivières,  Frome  et  Piddie,  qui  traversent  la  partie  occidentale 
du  comté  de  Dorset,  et  dont  les  bords  sont  couverts  des  espèces  d'Epilobium 
et  de  Lysimachia  mentionnées.  Ces  cours  d'eau  ont  amené  les  graines  dans 
le  port,  où  elles  ont  été  enfouies  dans  une  vase  imprégnée  d'eau  saumâtre 
qui  n'a  point  anéanti  leurs  facultés  germinatives.  Ces  observations  ont  été 
publiées  en  1856.  La  même  année,  W.  Charles  Darwin  invitait  les  lecteurs 
du  Gardener's  Chronicle  (2)  à  lui  adresser  les  documents  qu'ils  posséderaient 
sur  ce  sujet,  et  à  se  livrer  à  quelques  essais.  M.  .T.  Berkeley  répondit  à  son 
appel  (3),  et  ces  messieurs  publièrent  le  résultat  de  leurs  recherches  dans  le 
Journal  of  the  proceedings  of  the  Linnean  Society,  t.  J,  p.  130,  1856. 
M.  Darwin  mettait  ses  graines  dans  de  petites  bouteilles  remplies  d'eau  de 
mer  artificielle;  M.  Berkeley  envoya  les  siennes  à  M.  Hoffmann,  à  Rams- 
gate,  où  elles  séjournaient  dans  des  baquets  dont  l'eau  de  mer  était  jour- 
nellement renouvelée.  Sans  connaître  les  expériences  de  ces  messieurs,  qui 
n'ont  été  publiées  qu'en  novembre  1856,  j'entrepris  au  printemps  de  la 
même  année  des  essais  du  même  genre. 

Je  choisis  dans  le  catalogue  du  Jardin  de  Montpellier  des  graines  récentes 
et  dont  la  germination  ne  manque  jamais.  J'en  pris  dans  les  principales 
familles,  préférant  cependant  en  général  les  graines  de  grande  dimen- 
sion, pourvues  d'un  épisperme  épais,  et  celles  des  plantes  littorales:  les 
premières  devant  mieux  résister  à  l'action  de  l'eau  salée  par  leur  volum.e  et 
l'épaisseur  de  leurs  enveloppes  ;  les  secondes  étant  celles  qui,  échouées  sur 
une  plage  sablonneuse,  ont  le  plus  de  chances  de  germer. 

Voici  la  liste  de  ces  plantes,  rangées  par  ordre  de  familles: 


Dicotyleflonea;. 

Ranunculace^..  Clematis  Vitalba  L.  — 
Delphiuiiini  Ajacis  L.,  p.  —  Ranunculus 
creticus  L. ,  p. 


Nymph.ï;ace.e.  Nelumbium  speciosuni 
Willd.  —  Nelumbiura  speciosuni  [bis 
graines  incisées).  —  Nymplia?a  cîBrulea 
Sa  Vigny. 

Crucifer.e.  Alyssum  niaritimum  Lara.  — 


(1)  On  the  vitality  of  seeds  after  prolongcd  submersion  in  the  sea  {Procee- 
dings of  the  Linnean  Society,  t.  I,  p.  1/!|0,  1856). 

(2)  N°  15,  p.  '262,  ih  avril  1855. 

(3)  Gardener's  Chronicle,  n"  17,  p.  278,  28  avril  1855. 


328 


SOCIÉTÉ    ROTANIQL'E    DE    FRANCE. 


Brassica  hispida  Tciior.,  p.  —  Cakile 

•   niarilima  L.  —  Craiiibo  inaritinia,  L. 
—  Isatis  tinctoria    L.  —   Matlliiola  si- 

iS  [nuata  R.  Br.,  p.  — Siuapis  ulba  L.,  p. 

LiNACE-E.  Limim  mariliniuni  L.,  p. 

Malvace.k.  AUlia>a  cannaliiiia  L.  —  La- 
vatcia  arborca  L. —  Mal va  crispa  L.,  p. 

AcERi.NE^.  Acer  neapoiitatium  Ton. 

Sapin'dace.e.  Kœln'utcria  paniculata  Lam. 

Meliace.e.  Molia  Azcdarach  L, 

RuTACE.E.  Rula  inonlaiia  L. ,  p. 

CoRiARiE.E.  Coriaria  niyitifoiia  L. 

CELASTniNE.E.  Evoiiyniiis  ciiropseiis  L. 

Rhamne.e.  Pali\irus  aculcatiis  L. 

Leglminos.e.  Acacia  Julibrissia  Wilid. — 
Astragaius  baeticus  L.  —  Cassia  niary- 
landica  L.  —  Cercis  Siiiquastrum  L. — 
(lytisus  Laburuutn  L.  —  Dolichos  bi- 
florus  L.  —  Geiiista  caudicans  L.  — 
Gleditschia  horrida  Wiild.  —  Glcdits- 
chia  Iriacanthos  L.  —  Hedysanim  coro- 
iiarium  L.  —  Lathyrus  magclianicus 
Lani.  —  Lotus  conjiigatus  L.  —  Medi- 
cago  marina  L.  —  Melilotus  officinaiis 
L.,p.  — Mimosa  pudica  L.  — Ono- 
brychis  sativa  Lam.  —  Phaseolus  rufus 
Jacq.  —  Pisuni  sativum  L.  —  Poin- 
ciaoa  Giiliesii  Hook.  —  Sopbora  japo- 
nica  L.  —  Tclragoiiolobus  siliquusus 

Rolh.,P- 
Onagrauie.e.  OEnothera  taraxacifoiia  Sw. 

P- 
CocrnBiTACE.E.  Ciicurbita  Pcpo  L. 

Umbellifer.e.  Buplevruin  fruticosum  L.  — 
Echiuophora  spinosa  L.  —  Cachrys 
lii'vigata  Lam.  —  Daucus  maritimus 
Lam.,  p.  —  Eryngium  marilimum  L. 
—  Kcriila  glauca  L.  —  Crithmum  ma- 
rilimum L. 

DiPsACE-E.  Dipsacus  fcrox  Lois).  — Sca- 
blosa  maritima  L.,  p. 

CoMPosiT-E.  Achiilea  Ageralum  L.  —Aster 
Tripolium  L.,  p.   --  Anthémis  mari- 


tima L.  —  Chondrilla   latifolia   Koch. 
—  Xanlhium  macrocarpum  DC. 
Campanulace.e.  Campanula  Rapunculus  L. , 

P- 
ASCLEPJADE.E.  Asclepias  Cornuti  Decaisnc. 

CoNVOLYLLACE.E.  Couvolvulus  Soldanolla 
L.  —  Ipomœa  cordigera  INlart. 

BoRRAGiSE.E.  Litbospcrmum  officinale  L. 

SoLANE.E.  Dalura  Slramonium  L.  —  Hyos- 
cyamus  albiis  L.,  p.  —  Nicotiana  an- 
gustifolia  L. 

Pllmbagine.e.  Slatice  olcil'olia  Pourr.,  p. 

Plantagine.e.  Piantago  Psyliium  L. ,  p. 

Nyctaginee.  Mirabilis  Jala|)a  L. 

Chenopode.e.  Salsola  Kali  L. ,  p.  — 
Atrii)lcx  Halinms  L.,  p.  —  Beta  vulga- 
ris  L. 

Poi.YGONE.E.  Rumex  aqnaticus  DC.  —  Po- 
lygonum  marilimum  L.,  p. 

EupiioRiîiACE.E.  Euphorbia  Paralias  L.  — 
Ricinus  africanus  L.  —  Ricinus  com- 
mun is  L. 

Aristolocuie.e.  Aristolocllia  Sipho  Lhér. 

JuGLANDE.E.  Juglans  uigra  L. 

CoNiFER.E.  Cui)ressus  fastigiata  L.  —  Ju- 
niperus  plnmicea  L.  —  Gingko  biloba 
L.  —  Gingko  biloba  (bis).  —  Ephedra 
distachya  L. 

Monocolylccloncse. 

AusMACE.E.  Sagitlaria  sagittifolia  L.,  p. 

Cannace.e.  Canna  gigantca  Desf. 

Ihide-E.  Iris  Pscudacorus  L. 

Amauyllide.e.  Pancratium  marilimum  L. 
—  Agave  americaua  L. 

LiLiACE.E.  Asphodelns  ccrasiferus  Gay.  — 
Allinm  arcnarium  L. 

Gramine.e.  Ilordeumvulgare  L.  —  iEgilops 
ovata  L.  —  Zca  Mays  L.  —  Panicnm 
altissimnrii  Brouss.,  2'-  —  Po3  mari- 
lima  Huds.,  p.  —  Saccbarum  Ravcnnae 
L.,p. 


Un  premier  essai  consistait  à  savoir  quelles  sont  celles  de  ces  graines 
qui  surnagent  à  l'eau  de  mer  et  celles  qui  plongent  au  fond.  I,es  expériences 
ont  été  faites  les  graines  se  trouvant  dans  l'état  où  elles  doivent  se  com- 
porter à  la  mer,  après  avoir  flotté  quelque  temps  :  ainsi  celles  des  Com- 
posées, des  Renonculacées  ont  été  dépouillées  de  leur  aigrette  ;  d'autres,  au 
contraire,  telles  que  les  akènes,  les  caryopses,  les  fruits  monospermes,  in- 
déhiscents en  général,  n'étaient  pas  séparées  de  leur  péricarpe.  Sur  98  graines 
observées,  59  surnagèrent;  39,  au  contraire,  sont  spécifiquement  plus 
lourdes  que  l'eau  de  la  Méditerranée,  dont  la  densité  déterminée  d'après 


sjUnck  nu  :i  AviïiL   1S57.  320 

des  échantillons  pris  an  largo,  devant  le  poit  de  Cotte  (1).  est  de  1,025^. 
Quelques  graines  avaient  une  pesanteur  spécifique  prcs(iue  égale  ù  l'eau  de 
mer:  c'étaient  celles  de  IS'c/imt/jium,  Dotura  Straiitom'inn,  Jugions  nigra  et 
Gmgho ;  elles  nageaient  pour  ainsi  dire  entre  deux  eaux;  d'autres  descen- 
daient immédiatement  au  l'ond  de  l'eau,  par  exemple  les  graines  des  Lé- 
gumineuses (  ïicdysarum  coronarium.  Mimosa  pudica  et  Onobnjchis  sativa 
exceptés),    quelques    Crucifères   et    quelques    Monocolylédones.    On   se 
tromperait  si  l'on  croyait  (jue   les  grosses  graines  sont,  en  général,  spé- 
cifiquement plus  lourdes  que  les  petites.  Kn  effet,  tandis  que  les  graines 
du  Jugions  nigra,  du  Nelinnhium,  du  (iingko,  du  Mimosa  scandens  sur- 
nagent, celles  du  Brassica  hispida,  du  Sino.pis  alba,  du  Lithospermum  offi- 
cinale, du  Medicngo  marina,  du  Lotus  siliquosus  et  du  Plantago  Psi/lliion 
plongent  très  rapidement.  Eu  résumé,  sur  98  graines  choisies  au  hasard,  les 
deux  tiers  surnagent.  Je  n'ai  pas  besoin  de  faire  ressortir  l'importance  de 
cette  condition  pour  le  transport  par  les  courants.  En  effet,  quoique,  par 
des  gros  temps,  la  mer  lejette  souvent  sur  le  rivage  des  corps  spécifique- 
ment plus  lourds  que  l'eau  salée,  cependant  la  propriété  de  fiotter   a   la 
surface  sera  toujours  une  des  conditions  les  plus  favorables  aux  voyages 
lointains  des  graines  végétales.  Aussi  celles  de  Êlimosa  scandens,   Cassia 
Fistula,  Dolichos  urens,  Guilandina  Bonduc,  Cocos  nucifera,  que  l'on  a 
trouvées  sur  les  côtes  occidentales  de  l'Europe,  surnagent;  V Anacardiuni 
occidentale  ne  surnage  pas,  et  cependant  il  est  porté  par  les  courants  des 
Antilles  jusque  sur  les  côtes  de  Norvège,  soutenu  probablement  par  son 
réceptacle  charnu,  dont  il  se  sépare  lorsque  le  fruit,  échoué  après  son  long 
voyage,  est  roulé  sur  les  galets  de  lu  plage. 

Four  expérimenter  l'action  de  l'eau  de  mer  sur  les  graines,  je  n'ai  pas 
cru  devoir  procéder  comme  MM.  Ch.  Darwin  et  Berkeley,  c'est-à-dire 
plonger  simplement  les   graines  dans  de  l'eau  salée.  J'ai  cherché  à   les 
placer  dans  les  conditions  physiques  où  elles    se    trouvent  lorsqu'elles 
flottent  à  la  surface  de  la  mer;  pour  cela  j'ai  fait  faire  une  boîte  carrée  en 
tôle,  ayant  30  centimètres  de  côté  et  3  centimètres  d'épaisseur.  Cette  boîte 
était  divisée  en  cent  compartiments  égaux.  Les  grandes  parois  opposées  de 
la  boîte  étaient  criblées  de  petits  trous  qui  permettaient  à  l'eau  d'entrer 
et  de  sortir  lihi'ement.  Chaque  case  était  occupée  par  une  espèce  de  graine. 
La  boite  remplie,  je  fis  souder  le  couvercle,  et  grâce  à  l'obligeance  de 
M.    Itier,    dircclenr    général    des   douanes,  je   pus   amarrer    solidement 
cette  boîte  sur  une  bouée  flottante,  à  l'entrée  du  port  de  la  douane,  à  Cette. 
Le  mouvement  des  vagues,  même  par  une  mer  tranquille,   soulevait  la 
bouée,  puis  la  laissait  retomber,  de  façon  que  la  boite  était  alternativement 
plongée  dans  la  mer  et  élevée  au-dessus  de  sa  surface. 

(1)  Voy.  Usii,dio,  Analyse  de  l'eau  de  la  Méditerranée  sur  les  côtes  de  France 
[Comptes  rendus  de  VAcad.  des  sciences  de  Paris,  I8/18,  t.  XXVII,  p.  li'19). 


330  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE   FRANCE. 

Les  graines  étaient  ainsi  exposées  à  la  fois  à  l'action  de  l'air  et  de  l'eau, 
comme  elles  le  sont  quand  elles  flottent.  Cliaque  case  contenait  vingt  graines. 
Cependant  vingt  grosses  graines  n'entraient  pas  toujours  dans  une  case.  Ainsi 
il  n'y  avait  qu'inic  graine  de  Jwjlam  nigra,  12  de  Nelumbium  (6  intactes 
et  6  incisées);  12  graines  de  Gingko,  18  de  Potiron.  Je  ne  comptais  pas  les 
petites  graines,  j'en  mettais  une  pincée,  c'est-à-dire  plus  de  vingt,  car 
M.  Alph.  De  Candolle  a  prouvé  qu'elles  perdent  plus  souvent  et  plus  vite 
leur  faculté  germinative  (1).  Dans  la  liste,  p.  327-328,  j'ai  fait  suivre  de  la 
lettre  yu  celles  qui  sont  dans  ce  cas.  Autant  que  possible,  j'ai  laissé  la  graine 
dans  les  conditions  où  elle  se  trouve  en  tombant  de  l'arbre  ou  de  la  plante  ; 
ainsi  je  n'ai  pas  détaché  le  péricarpe  des  graines  des  Cakile  maritma, 
Crambe  rnaritùna.  Isatis  tinctoria,  Cachrys  lœvigata,  Echinophora  spinosa, 
EryiKjium  maritimum,  Junipems  phœnicea,  E[jhedra  distachya,  Melia 
Azedavach,  Onobrychis  sativa,  Mcdicago  marina,  Paliurus  aculeatus,  Beta 
vulgaris,  Acer  neapolitanwn  et  de  toutes  les  Composées. 

La  boite  remplie  de  graines,  je  l'amarrai  sur  la  bouée  le  \lx  février  1856  ; 
elle  y  resta  jusqu'au  l"  avril,  c'est-à-dire  quarante-cinq  jours.  Le  jour 
même  elle  fut  ouverte  :  [\\  espèces  de  graines  sur  98  étaient  pourries;  les 
autres  furent  semées  immédiatement  dans  des  pots  remplis  de  terre  de 
bruyère  et  placés  sous  une  bâche. 

Je  donne  ici  leur  liste,  avec  le  nombre  (entre  parenthèses)  des  graines 
germées  et  l'indication  des  six  époques  où  j'ai  constaté  la  germination, 
savoir,  le  13,  le  16  et  le  23  avril,  le  2  et  le  2U  mai,  enfin  le  5  juin.  Toutes 
les  semences  qui  n'avaient  pas  germé  à  cette  époque  étaient  pourries  ou 
gâtées.  Les  graines  qui  ne  sont  suivies  d'aucune  indication  n'ont  pas  levé. 


Graines  semées  sous  bâche  après  un  séjour  de  quarante-cinq  jours  à  la 

surface  de  la  mer. 


Dicoryleiloueae. 

Nelumbium  «peciosum  (3).  —  23  avril. 

Nelumbium  speciosum,  incisées. 

Alyssum  mnritimum. 

Brassica  hispida  (4).  —  13  avril. 

Cakile  maritima  (lo),  —  13  avril. 

Crambe  maritima. 

Sinapis  alba  (15).  —  13  avril. 

Linum  maritimum.  —  24  mai. 

Huta  moutaua.  —  5  juin. 

Acer  iieapolitanum. 

Melia  Azedarnch. —  24  mai. 

Kœlreuteria  pauiculata  (4).  —  2  mai. 

Cucurbita  Pepo  ,13).  —  13  avril. 


Paliurus  aculeaUis,  —  24  mai. 

Evonymns  europa'us. 

Acacia  Julibrissin  (7).  —  13  avril. 

Astragalus  ba>ticus. 

Cassia  m.irylandica  (2).  —  2  mai. 

Cytisus  l.aburnum. 

Dolichos  biflorus. 

Gledilschia  borrida  (5).  —  16  avril. 

—         Iriacauthos  (4).  —  13  avril. 
Hcdysarum  coroiiarium. 
Latliyru»  magellanicus. 
Onobrycbis  sativa, 
Medicago  marina,  —  24  mai. 
Pbaseolus  rufus. 
Poinciana  Gilliesii  (2).  —  16  avril. 


(1)  Sur  la  durée  relalive  de  la  faculté  de  ï;ernier  dans  des  graines  appartenant 
ii  diverses  familles  {Annales  des  sciences  naturelles,  3'  sf^rie,  t.  Vf,  p.  381,  18/|6). 


siUnck  du  3  AViuL  1857. 


331 


Sophora  japonica. 
Buplevnim  frutiiosum. 
Cachrys  la^ifiata. 
Echinopliora  spinosa. 
Eryngium  iiiaritinium  (1 1).  — 2  mai. 
Scabiosa  marilinia.  —  23  avril. 
Xanlhiuni  iiiaiTocarpum  (10).  -  1,3  avril. 
Lithospcrmum  orficinale.  —  23  avril. 
Asclopias  Cormiti  (G).  —  16  avril. 
Convûlviilus  Soldaiiclla. 
Ipoma-a  cordi;;ora. 
Salsola  Kali  (12).  —  13  avril. 
Beta  vulgari.s  (12).  —  13  avril. 
Riimcx  aqualicu.s  (IG).  —  23  avril. 
Ricinus  africanus  (9).  —  16  avril. 
—      comniunis  {[)).  —  16  avril. 


Knphorbia  Paralia.s.  —  2i  mai. 

MirahiMs  Jalapa  (3).  —  lii  avril. 

Ari.slolocliia  Siplio. 

.higlaiis  iiigra. 

Giiigko  hiloha  (5).  —  2  mai  et  5  juin. 

.luiiipi'riis  plKL'iiicca. 

Ephedradistachya  (14).  —  23  avril. 

Monocolyledoneee. 

Canna  gigantca  (2i.  —  21  mai. 
Aspliodolns  ccrasifcriis  (2).  —  2  mai. 
Pancralium  maritiinuni  (14).  —  2  mai 
Iris  F.scudacorus. 
/Egilops  ovata.  —  13  avril. 
Hordcum  vulgarc.  —  13  avril. 


Sur  ces  57  espèces  de  graines,  en  apparence  non  altérées,  35  seulement 
ont  germé.  De  ces  35  graines  il  faut  en  retrancher  16  qui,  étant  spécifi- 
quement plus  lourdes  que  l'eau  salée,  n'auraient  pu  nager  à  sa  surface  : 
cela  réduit  à  19  le  nombre  des  graines  qui,  après  six  semaines  de  flottai- 
son, peuvent  germer  lorsqu'elles  sont  placées  dans  les  circonstances  les  plus 
favorables  :  c'est  environ  un  tiers  du  nombre  total,  proportion  fort  minime 
comparée  aux  98  espèces  mises  en  expérience.  Ces  19  espèces  sont  : 
Asdepias  Cornuti,  Asphodelus  cerasiferus,  Beta  vulgaris,  Cakile  maritima, 
Cucurbita  Pepo,  Ephedra  distachya,  Eryngium  maritimum,  Euphorbia 
Paralias,  Gingko  biloba,  Linum  maritimnm,  Nelumbium  speciosum,  Pa- 
liurus  aculeatus,  Pancratium  maritimum,  Ricinus  africanus,  lî.  commu- 
nis,  Rumexaquaticus,  Salsola  Kali,  Scabiosa  maritima  et  Xanthiinn  rnacro- 
carpum.  Telles  sont  les  graines  qui,  échouées  après  une  navigation  de  six 
semaines,  auraient  eu  quelques  chances  de  s'établir  sur  le  rivage. 

Six  semaines  sont  un  temps  très  court,  comparé  à  celui  que  cerfaines 
graines  doivent  rester  en  route  pour  naviguer  d'un  continent  à  l'autre.  Je 
résolus  donc  de  mettre  de  nouveau  à  la  mer  les  34  graines  qui  avaient 
germé,  après  y  avoir  séjourné  pendant  quarante-cinq  jours,  et  qui  sont 
mentionnées,  avec  l'époque  de  leur  germination,  dans  la  liste  commençant 
à  la  page  précédente  (1).  Sauf  celles  de  Gingko  (six  seulement)  et  une  pincée 
des  petites  graines ,  telles  que  Brassica  hispida,  Sinapis  alba,  Salsola 
Kali,  Scabiosa  maritima,  Linum  maritimwn  et  Rumex  aquaticus,  elles 
furent  placées,  chacune  au  nombre  de  20,  dans  la  même  boite,  que 
j'amarrai  sur  la  bouée  le  17  juin  :  elles  y  restèrent  jusqu'au  18  septembre, 
savoir  93  jours  ou  3  mois.  Au  bout  de  ce  temps,  onze  de  ces  graines 
étaient  réduites  en  putrilage  (2).  Je  semai  le  18  septembre  les  23  restantes, 

(1)  Je  ne  nu".s  pas  dans  la  boîle  les  graines  de  Ruta  montana,  qui  germaient  i^ 
peine  au  bout  de  deux  mois  de  séjour  .sons  la  bâche. 

(2)  Ce  sont  :  Nolumbium  speciosum.,  Gleditschia  horrida,  Poinciana  Gilliesii, 


332  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

et  les  examinai  !c  29  du  même  mois,  le  6,  le  11  et  le  20  octobre.  Depuis 
cette  date  aucune  ne  germa,  quoicju'elles  eussent  été  transporlces  de  la 
bâciie  dans  la  sen-e.  La  liste  suivante  indique  l'époque  de  la  germination  ; 
les  noms  qui  ne  sont  suivis  d'aucune  date  sont  ceux  des  graines  qui  n'ont 
pas  levé. 

Graines  semées  sous  bâche  après  un  séjour  de  quatre-vimjt-treize  jours 

à  la  surface  de  la  mer. 


Dicocyledoneap. 

Brassica  hispida. 

Melia  Azedarach. 

Kœlreutcria  paniculata. 

Cuoniljita  Fopo  (,2).  —  11  octobre. 

Paliuriis  aciileatus. 

Acacia  Julibrissin  (I).  —  G  octobre. 

Gleditscliia  triacanthos. 

Eryii^inni  niaritimum. 

Xaiitiiiuin  inacrocar|jum  ^3).  —  29  sept. 

Saisola  Kali. 

Beta  vulgaris  (10).  —  29  septembre. 

Rumex  aquaticus  (4).    -  20  octobre. 


Riciuus  africanus  (4).  - 
—      coiiimunis  (3). 
Eiiphorbia  Paralias. 
Mirabilis  Jalapa. 
Giiigko  biloba. 
Ephedra  distachya  (o). 


Il  octobre. 
•  1 1  octobre. 


1 1  octobre. 


illonocotyledonese. 

Cauua  gigantea  (2).  —  20  octobre. 
Asphodelus  ccrasiferus. 
Paucra'ium  maritimum. 
jEgilops  ovata. 
Hordeum  vuigare. 


On  voit  que  \k  espèces  de  graines  ne  levèrent  pas  :  9  seulement  ger- 
mèrent; mais  de  ces  9  il  faut  en  retrancher  2  :  Acacia  Julibrissin  et  Canna 
giyantea^  qui  nesurnagcnt  pas  à  l'eau  demer.  Restent  donc  en  tout?  espèces 
qui  auraient  pu  flotter  pendant  trois  mois  dans  la  nier  sans  perdre  leur 
faculté  germinative  ;  c'est  donc  4/ii  seulement  du  nombre  total  sur 
lequel  nous  avons  opéré.  Si  l'on  songe  maintenant  au  concours  prodigieux 
de  circonstances  favorables  qui  est  nécessaire  pour  qu'une  graine, 
échouée  sur  la  plage,  y  lève,  se  développe,  fructifie  et  devienne  le  centre 
d'une  colonie  végétale,  on  conclura,  avec  M.  Alph.  \)c  CandoUe,  que  ce 
mode  de  transport,  si  souvent  invoqué,  a  dû  avoir  une  part  bien  minime,  à 
notre  époque  et  aux  époques  géologiques,  sur  la  diffusion  des  végétaux  à  la 
surface  du  globe. 

Quoi(iue  les  expériences  de  MM.  Darwin  et  lîerkeley  ne  me  semblent  pas 
faites  dans  des  circonstances  qui  reproduisent  suffisamment  les  condilions 
où  se  trouvent  des  graines  (loîtant  :'.  la  surface  de  la  mer,  cependant  il  m'a 
pu'u  Intéressant  de  réunir  leui's  l'ésultats  aux  miens,  pour  étiulier  les  fa- 
milles végétales  sous  le  point  de  vue  de  la  résistance  de  leurs  graines  à 
l'action  de  l'eau  salée. 

Le  nombre  total  des  graines  expérimentées  par  les  deux  savants  anglais 
est  de  88,  savoir  :  71  dicotylédones  et  17  monocotylédones.  Sin-  ces  88  es- 


Cassia  marylandica,  Cakilc  marilinia,  Sinapis  alla,  Brassica  liispida,  Scabiosa 
mariliwa,  Liuum  maritimum,  Asclcpias  Curniiti  et  Lilho.-ipi'rmuin  d/ficinale. 


sÉANCii  DU  3  AViUL  1857.  333 

pèces,  13  t;ci'mcrent  après  sept  à  viiigl-deux  jouis  dims   l'eau  salce,  23 
après  un  mois  de  si\jour,  12  après  six  semaines. 

Si  je  coinpari!  ma  première  liste,  p.  327-328,  à  celle  de  ces  messieurs,  je 
trouve  que  nous  avons  cinq  espèces  communes  :  Crambc  maritima^  Pisum 
sativum,  /iicinus  comiaunis,  Hordcum  vulgare  et  Zea  Maijs.  La  première  a 
très  bien  germé  après  trenle-sept  jours  d'iinmersion  dans  l'eau  salée,  en 
Angletcne  ;  à  Montpellier,  la  faculté  germinative  avait  été  détruite  par 
quaiantc-cinq  jours  de  flottaison.  Les  pois  se  sont  gonflés  et  pourris-, 
quelques-uns  ont  germé,  après  onze  jours,  chez  M.  Darwin.  Le  l'»icin  a 
également  bien  résisté  dans  les  deux  expériences;  il  germait  après  trente- 
six  jours  en  Angleterre;  il  a  germé  encore,  après  quatre-vingt-treize  jours 
de  flottaison,  à  Montpellier.  L'Orge,  qui  pousse  après  quarante-cinq  jours 
dans  les  deux  pays,  ne  supporta  pas  quatre-vingt-treize  jours  d'immersion. 
La  faculté  germinative  du  iMaïs  ne  résista  pas  à  un  mois  de  mer. 

Les  graines  qui  ont  résisté  à  plus  de  quatre-vingts  jours  d'immersion, 
dans  les  expériences  de  MM.  Darwin  et  Berkeley,  sont  : 

Rheurn  lihaponticum,  82  jours  ;  liaphanus  sativus,  Lepidium  sativum, 
Duiicus  Carota,  Lactuca  sativa  et  Phalaris  canariensis,  85  jours  ;  Brassica 
oleracea  (sauvage),  Cucurbila  Alelopepo,  Ageratum  mexicanur/c,  Solarium 
tuberosum,  Alriplex  hortensis,  Deta  vidgaris,  Avena  sativa,  Allium  Cepa^ 
100  jours;  Spinacia  oleracea,  120  jours;  Apium  graveolens  et  Capsicum 
annuum,  137  jours. 

Je  n'ai  malheureusement  qu'une  espèce  commune  dans  cette  liste  avec 
MM.  Darwin  et  Berkeley,  mais  elle  a  montré  une  persistance  égale  dans 
l'eau  salée  de  l'Océan  et  celle  de  la  Méditerranée:  c'est  le  Beta  vulgaris. 
Voyonsmaintenantsilesgrainesdecertaincs familles sontmieux  préservées 
que  d'autres  contre  l'action  de  l'eau  de  mer.  En  additionnant  les  Polygonées 
et  les  Cliénopodées  des  deux  listes  anglaise  et  française,  nous  trouvons  8  es- 
pèces, dont  6  ont  séjourné  impunément  de  quarante-cinq  à  cent  vingtjoursdans 
l'eau  salée;  il  est  donc  probable  que  ces  deux  familles  sont  les  plus  remar- 
quables sous  ce  point  de  vue.  Viennent  ensuite  les  Crucifères  :  sur  14  es- 
pèces, 10  résistèrent  de  quinze  à  cent  jours.  M.  Darwin  a  fait  la  curieuse 
observation  que  les  différentes  variétés  de  Chou  supportent  très  inégale- 
ment le  séjour  dans  l'eau  de  mer.  Ainsi  des  graines  de  Chou  sauvage  re- 
cueillies sur  les  rochers  de  Tenby,  dans  la  baie  de  Caermarthen,  germèrent 
très  bien  après  cent  dix  jours;  celles  de  Chou  cavalier  [Cattles  cabbage) 
après  trente-six  seulement  ;  le  Chou-fleur  printanier  après  vingt-deux, 
mais  non  après  trente- six,  et  le  Brocoli  blanc  après  onze  et  non  après  vingt- 
deux. 

Sur  un  total  de  10  Graminées  expérimentées,  6  germaient  après  des  im- 
mersions de  trente  à  cent  jours;  enfin,  sur  30  Légumineuses,  9  donnèrent 
naissance  a  do  nouvelles  plantes,  après  vingt-deux  a  quatre-vingt-treize 


33/i  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

joui-s  de  flottaison.  Pas  une  seule  Renonculacée  n'a  supporté  un  mois  d'im- 
mersion :  une  seule  Malvacée  a  résisté. 

Je  ne  pousserai  pas  cette  étude  plus  loin  :  il  est  clair  que  le  nombre  des 
espèces  expérimentées  n'est  pas  assez  grand  pour  pouvoir  conclure  quelque 
chose  de  définitif  sur  la  résistance  relative  des  diverses  familles  à  l'eau  de 
mer.  11  faudrait,  pour  s'en  assurer,  choisir  plusieurs  groupes  naturels,  et  dans 
chacun  d'eux  beaucoup  d'espèces  en  nombre  égal,  afin  que  les  chances  fussent 
les  mêmes  pour  chaque  famille.  On  verrait  alors  si  cette  résistance  à  l'eau 
salée  est  une  qualité  spécifique,  comme  je  suis  porté  à  le  croire,  ou  bien  un 
caractère  de  famille  analogue  à  celui  des  propriétés  médicales. 

M.  Alph.  De  C-.mdolle  ayant  fait  des  expériences  sur  la  vitalité  des 
"raines  conservées  à  l'abri  de  tout  agent  destructeur,  tel  que  la  chaleur,  le 
froid,  l'humidité,  la  lumière,  etc.,  il  m'a  paru  curieux  de  comparer  l'in- 
fluence seule  du  temps  sur  la  faculté  germinative  des  graines  à  celle  de 
l'eau  de  mer. 

M.  àlph.  De  Candolle  a  semé  en  1846  trois  cent  soixante-huit  graines  (1) 
provenant  du  jardin  de  Florence,  et  vieilles  de  quinze  ans.  Je  regrette  que 
sa  liste  et  la  mienne  n'aient  que  8  espèces  communes.  Ce  sont  :  Lithosper- 
muni  officinale,  Beta  maritima,  Sinapis  alba,  Mimosa  Julibrissin,  Cytisus 
Labiirmm,  Melilotus  officinaiis,  Cupressus  pyramidalis  et  Lavatera  arbo- 
rea.  Les  quatre  premières  ont  germé  après  six  semaines  d'immersion  dans 
l'eau  salée,  tandis  qu'un  séjour  de  quinze  ans  dans  un  cabinet  obscur,  à 
l'abri  de  l'humidité  et  des  variations  de  température,  avait  détruit  leur 
vitalité.  Les  trois  suivantes  n'ont  résisté  ni  à  l'une  ni  à  l'autre  épreuve. 
La  dernière,  le  Lavatera  arborea,  forme  seule  un  singulier  contraste  avec  les 
autres.  Une  immersion  de  quarante-cinq  jours  dans  l'eau  salée  avait  pourri 
ses  graines-,  quinze  ans  passés  à  l'abri  de  l'air,  de  la  lumière  et  des  extrêmes 
de  température  n'avaient  pas  anéanti  ses  facultés  germinatives,  qui  ne 
persistèrent  que  dans  17  graines  sur  368.  Ce  serait  une  curieuse  étude  pour 
un  chimiste,  de  chercher  quelles  sont  les  modifications  que  la  graine  éprouve 
dans  sa  composition,  après  le  séjour  dans  l'eau  de  mer  et  apiès  une  con- 
servation prolongée. 

Si  nous  étudions  la  structure  organique  des  graines  qui  ont  résisté  le 
plus  longtemps,  nous  en  trouvons  dont  l'épisperme  est  dur,  épais  et  résis- 
tant; telles  sont:  Acacia  Julibrissin,  Canna  gigantea,  Cucurbita  Pepo,  Ri- 
cinus  africanus  al  H.  cojnmunis,  Xanthium  macrocarpum  ;  mais  celles  de 
Beta  vulgaris,  Rumex  aquaticus  et  EpÂedra  distachija  ne  sont  pas  aussi 
bien  protégées.  Parmi  celles  ([ui  n'ont  point  résisté  à  six  semaines  d'immer- 
sion, il  en  est  dont  l'épisperme  est  tout  aussi  dur.  Je  citerai  le  Mimosa 
pudica,  le  P/iaseoius  nifus,  le  Sophora  japonica,  la  Noix  protégée  par  sou 

(1)  Mémoire  cilé  {Annales  des  sciences  naturelles,  li'  série,  18.'|6,  t.  VI,  p.  373). 


SÉANCK    DU    S    AVRIL    1857.  '535 

eiiclocarpc  osseux  et  les  petites  graines  des  Ccuciferes.  Cependant  on  ne 
saurait  nier  l'importance  de  cette  condilion  ciui  a  assuré  pendant  qua- 
rante-cinq jours  d'immersion  la  vitalité  des  graines  de  Gingko,  Nelumbium, 
Kœlreuteria  paniculata,  Poinciana  Gîlliesii,  Gleditschia,  Litliospermum 
officinale,  Sinapis  alba,  Melia  Azedarach,  Paliwus  aculmtus  et  Aspho- 
delus  cerasiferus;  mais  celles  de  Scabieuse,  de  Salsula,  d'Fnjngium  rnari- 
timum,  d'AsclepiasCorniiti,  ont  résisté  tout  autant  sans  être  aussi  bien 
protégées. 

J'ai  voulu  savoir  aussi  si  les  graines  pourvues  d'un  albumen  supporte- 
raient mieux  l'immersion  que  celles  qui  en  sont  dépourvues.  Le  dépouil- 
lement des  espèces  prouve  que  cette  disposition  organique  ne  parait  pas 
être  sans  quelque  influence  sur  la  persistance  de  la  vitalité.  Parmi  les 
graines  qui  germèrent  après  six  semaines  de  séjour  dans  la  mer,  18  étaient 
pourvues  d'un  albumen,  lU  n'eu  avaient  pris,  et  parmi  celles  qui  germèrent 
après  trois  mois  de  flottaison,  5  avaient  un  endosperme,  et  3  en  étaient 
dépourvues.  La  nature  de  cet  endosperme  ne  paraît  pas  d'une  grande 
importance,  car  dans  les  graines  qui  résistèrent  le  plus  longtemps,  nous 
trouvons  l'albumen  huileux  du  Ricin,  corné  du  Canna,  charnu  de  ÏjEphedra 
et  farineux  des  Jîumex. 

En  résumé,  les  conclusions  de  ce  mémoire  sont  les  suivantes  : 

1°  La  plupart  des  graines  surnagent  à  l'eau  salée;  toutefois  on  peut 
estimer  qu'un  tiers  environ  plonge  immédiatement  au  fond. 

2°  Dans  mes  expériences,  le  tiers  seulement  des  graines  a  germé  après 
six  semaines  d'immersion,  et  un  onzième  seulement  après  trois  mois. 

3°  Si  l'on  retranche  des  graines  germées  celles  qui,  tombées  h  la  mer, 
auraient  plongé  immédiatement,  pour  ne  considérer  que  les  graines  flot- 
tantes, le  nombre  de  celles  qui  ont  levé  après  six  semaines  d'immersion  est 
d'un  cinquième  du  nombre  total;  après  trois  mois,  il  est  d'un  quatorzième 
seulement. 

U°  Les  Renonculacées,  Malvacées,  Convolvulacées,  sont  les  familles  qui 
paraissent  résister  le  moins  à  l'action  de  l'eau  salée. 

5°  Les  Salsolacées,  Polygonées,  Crucifères,  Graminées  et  Légumineuses 
sont  celles  qui  semblent  supporter  le  mieux  une  immersion  prolongée, 

6°  Un  perisperme  dur  et  la  présence  d'un  albumen  sont  des  conditions 
favorables  à  la  conservation. 

7°  Conclusion  :  le  transport  des  graines  par  les  courants  doit  avoir  joué 
et  jouer  encore  un  rôle  insignifiant  dans  la  diffusion  des  espèces  entre  des 
pays  séparés  par  la  mer.  Or  si  l'on  considère  le  nombre  d'espèces  disjointes 
qui  n'auraient  pu  se  répandre  que  par  cette  voie,  l'idée  de  la  multiplicité 
des  centres  de  création  acquiert  tous  les  jours  plus  de  probabilité. 


336  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE   FRANCE. 

M.  Payer  demaiule  à  M.  Martins  s'il  a  cherché  le  rapport  qui  peut 
exister  entre  la  durée  de  la  résistance  des  graines  à  l'action  de  l'eau 
de  mer  cl  la  durée  ordinaire  de  la  germination  de  ces  graines. 

M.  Martins  répond  quil  n'a  pas  cherché  ce  rapport,  mais  qu'il  a 
toujours  noté  avec  soin  le  temps  que  les  graines  ont  mis  à  germer. 

M.  Alph.  De  Candolle  dit  qu'il  a  écouté  avec  beaucoup  d'intérêt  la 
communication  de  M.  Martins,  qui  touche  au  problème  important  de 
la  disjonction  des  espèces.  Il  considère  aussi  comme  très  faible  la 
probabilité  du  transport  des  graines  par  les  courants  marins.  C'est 
toujours  rinlluence  directe  ou  indirecte  de  l'homme  qui  lui  paraît 
en  avoir  été  l'agent. 

31.  Martins  lait  remarquer  que  les  résultats  qu'il  a  obtenus  mili- 
tent d'autant  moms  en  faveur  du  transport  des  graines  par  les  cou- 
rants iiiu.his,  que  ses  expériences  ont  porté  sur  des  espèces  litto- 
rales. S'il  se  fût  agi  de  plantes  de  l'intérieur  des  terres,  le  résultat 
de  l'expérience  eût  été  probablement  encore  plus  défavorable  à 
l'hypothèse  en  question.  M.  Martins,  d'ailleurs,  est  d'avis  que  la 
naturalisation  des  plantes  amenées  par  les  courants  marins  ou  par 
l'influence  de  l'homme  est  toujours  très  difficile.  Il  cite  le  Port-Ju- 
vénal,près  Montpellier,  où  un  grand  nombre  d'espèces  apparaissent 
chaque  année,  mais  où  bien  peu  d'entre  elles  ont  persisté.  Il  ne  peut 
expliquer  la  disjonction  des  espèces  que  par  l'hypothèse  des  centres 
multiples  de  création, 

M.  de  Schœnefeld,  vice-secrétaire,  après  avoir  donné  lecture  de  la 
circulaire  (i)  qui  sera  incessamment  adressée  à  tous  les  membres  de 
la  Société,  pour  leur  annoncer  la  session  extraordinaire  de  3Iontpel- 
lier  et  leur  faire  connaître  les  facilités  obteimes  pour  le  voyage, 
ajoute  les  observations  suivantes  : 

îl  me  reste,  Mcssieuis,  un  devoir  à  remplir  :  c'est  de  signaler  à  votre  re- 
connaissance celui  de  nos  confrères  auquel  nous  devons  les  avantages  con- 
sidérables et  presque  inespérés  que  nous  avons  oI)tenus.  lis  sont  unique- 

(1)  Nous  croyons  inutile  de  reproduire  ici  celle  circulaire,  par  laquelle  tous  les 
membres  de  la  Société  ont  appris  (pie  la  libéraliU"  éclaii  ('le  dos  Compagnies  des  chc' 
niins  de  fer  de  Paris  à  Lyon,  de  Lyon  à  la  ^léditenauée,  d'Orléans,  du  Alidi,  de 
rOucst,  du  Nord  et  de  l'Est  leur  accordait  une  réductiou  de  50  ou  même  de  75 
pour  100  sur  h;  prix  ordinaire  des  tarifs,  pour  se  rendre  de  Ions  les  points  de  la 
Kraucc  à  Montpellier  et  pour  eu  revenir. 


SÉANCE  i)i:  3  AVRIL  1857.  337 

ment  le  résultat  do  la  puissante  intervention  et  des  efforts  dévoués  de  notre 
honorable  vice-président  W.  le  comte  Jaubert,  (jui  a  ainsi  ajouté  un  ser- 
vice de  pins  à  ceux  qu'il  ne  cesse  de  rendre  aux  botanistes,  à  la  Société  et 
à  la  science. 

Je  crois  aller  au-devant  de  vos  désirs  en  vous  proposant  de  voter  de  vifs 
et  sincères  remerciements  à  M.  le  comte  Jaubert. 

Le  Bureau  ne  manquera  pas  do  remercier,  au  nom  de  la  Société,  les  Com- 
pagnies qui  ont  bien  voulu  avec  tant  d'empressement  acquiescer  à  nos  de- 
mandes. 

M.  Cliatin,  lui  aussi,  a  droit  à  une  part  de  notre  gratitude.  N'oublions 
pas  que  c'est  lui  qui  a  consenti  à  faire  participer,  l'année  dernière,  les 
membres  de  la  Société  à  la  faveur  qu'il  avait  obtenue  do  la  Compagnie 
d'Orléans,  pour  ses  élèves,  et  qui  a  ouvert  ainsi  la  voie  aux  avantages 
plus  grands  et  surtout  plus  généraux  qui  nous  sont  accordés  aujourd'hui. 

Ces  avantages,  je  le  répète,  sont  considérables  et  ont  une  gi'ande  portée. 
Ils  ne  consistent  pas  seulement,  en  effet,  dans  la  petite  économie  pécuniaire 
dont  profiteront  cette  année  beaucoup  d'entre  nous.  Une  fois  obtenus,  sur- 
tout si  nous  n'en  abusons  pas,  ces  avantages  nous  sont  presque  garantis 
pour  l'avenir.  Ainsi  encouragée  et  soutenue,  la  Société  verra  s'étendre  sou 
influence  et  croître  ses  succès.  Songez,  Messieurs,  qu'aujourd'hui  nous 
pouvons  dire  que  toute  la  France  est  ouverte  à  nos  explorations,  depuis  les 
dunes  de  la  Flandre  jusqu'aux  Pyrénées,  depuis  les  rochers  du  Finistère 
jusqu'aux  sommets  des  Alpes  et  aux  côtes  de  la  Provence.  JNos  courses  de- 
venant si  faciles,  si  rapides,  si  peu  dispendieuses,  pourront  ainsi  réunir 
chaque  année  nos  confrères  des  points  les  plus  éloignés,  et  produiront 
entre  eux  ce  perpétuel  échange  d'idées,  d'où  seul  peut  jaillir  la  vraie 
lumière.  Dans  peu  d'années  nous  nous  connaîtrons  tous,  nous  nous 
apprécierons  tous,  car  nous  nous  serons  tous  vus,  pour  ainsi  dire,  sur  le 
terrain  ;  et  la  Société  que  nous  avons  fondée,  ne  donnant  plus  lieu  seule- 
ment à  quelques  conférences  entre  les  maitres  et  les  disciples  de  la  science 
à  Paris,  sera  réellement  le  lien  qui  mettra  en  contact  et  unira  d'une  manière 
indissoluble  toute  la  grande  famille  dos  botanistes  français. 


»' 


La  Société  vote  des  remerciements  unanimes  à  M.  le  comte  Jaubert 
pour  les  démarches  qu  il  a  bien  voulu  faire  en  sa  faveur  auprès  des 
Compagnies  de  chemins  de  fer. 

M.  Buisduval  présente  à  la  Société  plusieurs  espèces  en  Heur  qu'il 
cultive  avec  succès.  Ce  sont  les  Fritillaria  Meleagris^  Dodecatheon 
Meadia ,  Androsace  Chamœjasme,  A.  carnea^  Orchis  papilio- 
nacea. 

M.  Decaisnc  présente  à  la  Société  une  nouvelle  livraison  de  son 
T.  IV  22 


338  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE   FRANCE. 

Jardin  fruitier  du  Muséum^  et  fait  à  cette  occasion  la  communica- 
tion suivante  : 

NOTE  SUR  L'ORGANGGÉNIE  FLORALE  DU  POIRIER,  PRÉCÉDÉE  DE  QUELQUES  CONSIDÉRATIONS 
SUR  LA  VALEUR  DE  CERTAINS  CARACTÈRES  SPÉCIFIQUES,  par  M.  J.  DECAISIVE. 

En  présentant  les  premières  livraisons  du  Jardin  fruitier  du  Muséum 
à  la  Société,  j'ai  indiqué  le  but  que  je  me  proposais,  celui  de  décrire  les 
espèces  et  ie'j  variétés  de  nos  arbres  fruitiers,  en  chercliant  à  reconnaitre,  au 
milieu  des  innombrables  modifications  qu'ils  présentent  dans  la  forme,  la 
coloration  et  la  saveur  de  leurs  fruits,  des  caractères  plus  solides  que  ceux 
qu'on  leur  assigne  aujourd'hui  et,  s'il  se  peut,  réellement  spécifiques.  Je  me 
suis  demandé  si  les  fruits  globuleux,  et  tout  au  plus  de  la  taille  d'une  cerise, 
que  produisent  certains  Poiriers  sauvages,    pouvaient  être  ramenés  aux 
mêmes  types  spécifiques  que  ces  énormes  fruits  connus  sous  les  noms  de 
Belle  Angevine,  Bon  chrétien  d'Aiich,  etc.,  dont  le  poids  atteint  et  quelque- 
fois dépasse  deux  kilogrammes.  A  la  rigueur,  le  fait  de  l'identité  spécifique 
de  ces  diverses  variétés  est  possible,  mais  il  est  au  moins  fort  douteux  et 
toutes  données  manquent  pour  résoudre  la  difficulté.  En  étudiant  les  fleurs 
de  nos  Poiriers  cultivés,  on  y  reconnaît  facilement  deux  types  :  l'un  à  pé- 
tales plans,  elliptiques,  écartés  les  uns  des  autres;  l'autre  à  pétales  larges, 
arrondis,  creusés  en  coquille  et  se  recouvrant  par  leurs  bords.  Ces  diffé- 
rences des  organes  floraux  correspondent-elles  toujours  à  des  ports  différents 
dans  les  arbres  où  elles  s'observent,  ainsi  qu'à  des  formes  distinctes  dans 
leurs  fruits,  les  uns  coniques,  les  autres  globuleux?  C'est   ce  que  je  ne 
saurais  décider  et  ce  à  quoi  personne  no  parait  avoir  songé.  En  appelant 
l'attention  de  la  Société  sur  cette  question  et  sur  celles  qui  s'y  rattachent, 
j'ai  exprimé  le  vœu  de  voir  la  botanique  entrer  dans  la  voie  des  expériences, 
comme  moyen  d'arriver  plus  sûrement  à  reconnaitre  les  espèces.  La  culture 
des  plantes  de  détermination  difficile,  leur  reproduction  par  semis  pen- 
dant plusieurs  générations,  elles  croisements  artificiels  fournissent  dans  la 
plupart  des  cas  le  moyen  de  lever  toutes  les  incertitudes,   lin  voici   des 
exemples.  Des  observations  déjà  anciennes  (1829  a  1832)  que  j'ai  faites  sur 
les  Isatis  m'ont  démontré  qu'une  multitude  de  plantes  décrites  comme 
espèces  distinctes,  et  des  mieux  caractérisées  en  apparence,  flnissaient  par 
se  fondre,  dans  nos  jardins,  en  une  ^eule,  le  classique  Isatis  tinctoria.  Il  en 
a  été  de  même  d'un  genre  de  Crucifères,  découvert  en  Dahoiirie,  le  Tetra- 
poma,  si  curieux  par  la  structure  de  son  fruit,  qui  a  repris  en  peu  d'années, 
au  Jardin  des  plantes,  la  forme  normale  d'une  Cameline.  La  monographie 
du  genre  Cucurbita,  qui  sera  prochainement  offerte  à  la  Société  par  fauteui', 
M.  INaudin,  fournira  d'autres  exemples,  peut-être  encore  plusremaïquables, 
de  la  variation  des  formes  dans  certaines  espèces,  et  de  la  constance  non 


SÉANCIi    DU    3    AVHIL    1857.  339 

moins    rcniaïquable  de  ((uel(iues-unes  de  ces  l'onnes  sccoiidaircii,  prise» 
souvent  pour  des  espèces  distinctes. 

Pour  me  résumer,  je  dirai  que,  dans  ma  pensée,  l'hisloii-c  natureile  eu  ^^é- 
néral,  après  n'avoir  été  lon<z temps  qu'une  science  d'observation,  doit  tendre 
à  se  faire  science  d'expérimentation  ;  que  la  botanique,  en  particulier,  doit 
recourir  à  l'épreuve  des  expériences  pour  lixer  d'une  manière  certaine  cl 
définitive  les  caractères  d'un  nombre  immense  d'espèces  mal  déterminées. 
J'ajoute  qu'elle  aurait  tout  à  gagner  à  ce  que  les  botanistes  descripteurs 
entreprissent  de  condenser  les  espèces  en  les  ramenant  à  des  types  véritable- 
ment stables  et  naturels,  au  lieu  de  les  diviser  et  de  les  multiplier  à  l'infini 
comme  c'est  la  mode  depuis  une  trentaine  d'années.  Cette  opinion  ne  m'est 
pas  exclusivement  propre  :  c'est  aussi  celle  de  mon  excellent  ami  le  docteur 
J.  Dalton  Hooker  [Flora  Jnd.,  Introd.  essay,  etc,),  je  pourrais  même  dire 
de  la  plupart  des  monograpiies  sérieux,  qui  sentent  instinctivement  que  la 
voie  dans  laquelle  la  science  est  engagée,  et  je  parle  ici  de  la  zoologie  aussi 
bien  que  de  la  botanique,  aboutira  tôt  ou  tard  au  cbaos,  ce  qui  serait  la 
mort  même  de  la  science. 

Comme  beaucoup  d'autres,  j'ai  plus  ou  moins  partagé  celte  manière 
étroite  de  concevoir  l'espèce,  mais  le  temps  et  l'expérience  ont  modifié  mes 
idées,  et  si  j'avais  à  recommencer  la  monographie  des  Plantaginées  et  à  la 
publier  dans  un  ouvrage  autre  que  le  Prodromits,  je  n'hésiterais  pas  à  ré- 
duire, plus  que  je  ne  l'ai  fait  déjà,  le  nombre  des  espèces,  et  peut-être  à 
ramener  quelques  sections  tout  entières  à  un  seul  type  spécifique.  Il  suffi- 
rait de  jeter  les  yeux  sur  la  série  des  plantes  des  sections  Arnoglossion,  Psyl- 
Uum,  Coronopus,  et  quelques  autres  encore,  pour  se  convaincre  qu'il  n'y 
aurait  aucune  témérité  à  faire  ces  réductions,  et  qu'il  en  résulterait  un 
avantage  incontestable,  celui  de  simplifier  l'étude  des  Plantaginées,  qui  est 
déjà  assez  difficile  par  elle-même  sans  qu'on  y  ajoute  encore  le  luxe  de  dif- 
ficultés artificielles. 


Aujourd'hui,  en  offrant  à  la  Société  uue  nouvelle  livraison  du  Jardin 
fruitier  du  Muséum,  je  lui  demanderai  la  permission  de  l'entretenir  du  dé- 
veloppement de  la  fleur  et  du  fruit  du  Poirier,  Mes  recherches  or'iianooé- 
niques  sur  ce  sujet  datent  de  la  fin  de  1855,  et  elles  se  sont  poursuivies  jus- 
qu'à ces  derniers  jours.  J'ai  pu  observer  le  bouton  a  fleurs  depuis  sa  pre- 
mière apparition,  et  je  crois  qu'aucune  phase  du  développement  des  diffé- 
rentes parties  qu'il  contient  ne  m'a  échappé.  Mes  observations  seront 
d'ailleurs  faciles  à  vérifier. 

lorsqu'on  examine  les  très  jeunes  boutons  à  lleurs  du  Poirier  vers  le 
mois  d'octobre,  c'est-à-dire  dans  des  bourgeons  qui  ne  se  développeront  que 
faiinée  suivante,  on  trouvequ'ils  sont  ovoïdes,  sessiles,  à  peine  de  la  gros- 


3/iO  SOCIÉTÉ    BOTAMQIK    DE    FKANCE. 

t^enr  d'une  petite  tète  d'épingle  et  couronnés  par  5  appendices  convergeant 
les  uns  vers  les  autres,  qui  sont  les  rudiments  des  folioles  calycinales.  Eu 
les  coupant  longitudinalement,  on  remarque  au  fond  et  sur  les  parois  de  la 
cupule,  circonscrite  par  le  calyce  naissant,  de  légères  protubérances  ou 
mamelons,  dont  cin([,  plus  intérieures  et  langées  symétricjuement  autour 
du  centre  idéal  de  la  cupule,  se  distinguent  bientôt  de  toutes  les  autres  par 
leur  développement  plus  rapide.  Ce  sont  les  carpelles,  qui,  dans  le  principe, 
sont  indépendants  les  uns  des  autres,  et  libres  aussi  de  toute  adhérence 
avec  les  organes  qui  se  forment  autour  d'eux.  Pres(jue  dès  l'instant  de 
leur  apparition,  on  voit  se  dessiner,  sur  celle  de  leurs  faces  qui  regarde  le 
centre  du  bouton,  une  légère  rainure,  indice  de  lu  ligne  de  jonction  des  bords 
(le  la  feuille  carpellaire.  Un  peu  plus  tard,  la  loge  ou  cavité  que  forme  cha- 
cun d'eux  entre  ses  bords  repliés  devient  discernable,  et,  plus  tard  encore, 
on  y  distingue  les  deux  mamelons  ovulaires,  nés  au  fond  de  la  loge  des 
bords  mêmes  du  carpelle. 

Je  viens  de  dire  que,  primitivement,  les  carpelles  sont  libres  dans  l'en- 
ceinte réceptaculaire  dont  ils  occupent  le  milieu  ;  cependant,  lorsque  les 
fruits  seront  parfaits,  on  les  trouvera  profondément  enchâssés  dans  le  tissu 
parenchymateux  et  succulent  de  ces  fruits.  Comment  se  fait  cet  enchâsse- 
ment qui  semble  en  contradiction  avec  ce  que  l'on  avait  observé  d'abord? 
C'est  ce  que  je  vais  essayer  d'expliquer  en  peu  de  mots. 

Presque  à  l'époque  où  les  jeunes  ovaires  s'élèvent  du  fond  du  réceptacle 
sous  forme  de  cônes  obtus,  on  voit  se  produire  sur  les  parois  de  ce  récep- 
tacle, devenu  chaque  jour  plus  profond  et,  si  l'on  veut  me  passer  le  mot, 
plus  campaniforme,  un  nouveau  tissu  cellulaire  qui  les  épaissit  graduelle- 
ment et  y  forme  ce  qu'on  appelle  le  disque  périgyne  de  la  fleur.  Ce  paren- 
chyme de  nouvelle  formation  atteint  bientôt  le  verticille  central,  se  moule 
sur  lui  et  agglutine  les  carpelles  en  pénétrant  dans  les  très  petits  interstices 
qu'ils  laissent  entre  eux.  Il  ne  les  enveloppe  cependant  pas  entièrement,  car 
leurs  bords  intérieurs,  ceux  qui  correspondent  à  la  suture,  restent  toujours 
libres.  On  reconnaît  très  facilement,  même  dans  les  fruits  murs,  ce  tissu 
additionnel  ;  c'est  lui  qui  forme  ce  qu'on  appelle  le  cœur  de  la  poire;  il  est 
toujours  situé  en  dedans  de  l'enceinte  dessinée  par  les  granulations  pier- 
reuses qui  caractérisent  ce  fruit.  Je  n'ai  pas  besoin  d'ajouter  qu'en  iiième 
temps  que  ce  phénomène  s'accomplit,  le  sommet  des  cônes  carpellaires  s'al- 
longe en  style,  et  que  le  disque,  accru  en  hauteur  aussi  bien  qu'en  épais- 
seur, reporte  les  étamines  et  les  pétales  bien  loin  du  point  où  ces  organes 
avaient  pris  naissance. 

Mais  ce  ne  sont  i)as  les  seuls  changements  qui  se  sont  opérés  dans  la  fleur 
ou  dans  le  très  jeune  fruit  ;  il  en  est  un  autre  qui  n'est  pas  moins  digne 
d'attention,  et  sans  le(juel  le  fruit  resterait  incomplet.  INous  avons  vu  (jue 
dans  le  principe  le  bouton  était  sessile  ou  à  peu  près.  Peu  à  peu  le  pédon- 


SI^IANT.K   nu   ^    AMI  II.    1857.  3/il 

cille  rudimentairo  s'allonge  et  prend  les  l'ormes  (|ue  nous  lui  eonnaissons, 
mais  ù  son  extrémité  supérieure  il  ne  cesse  pas  de  se  fondre  insensiblement 
dans  le  jeune  Iruit,  qui  n'en  esta  vrai  dire  que  la  continuation.  C'est  effec- 
tivement dans  cette  partie  dilatée  du  pédoncule,  celle  que  nous  avons  ap- 
pelée le  réceptacle  de  la  fleur  et  qui  est  située  au  dessous  et  autour  du  disque 
dont  il  a  été  question  tout  à  l'heure,  que  se  fait,  au  moins  dans  un  grand 
nombre  de  poires,  le  principal  accroissement.  C'est  donc  le  pédoncule  lui- 
même  qui,  ici,  se  transforme  en  fruit,  en  désignant  par  ce  mot  le  tissu  suc- 
culent et  comestible,  absolument  comme  dans  VAnacardium  ou  Vllovenia. 
S'il  pouvait  rester  des  doutes  à  cet  égard,  ils  seraient  levés  par  l'examen  de 
ces  bourses  ou  fructifications  anormales,  comme  celle  que  M.  Naudin  a  re- 
présentée dans  sa  note  sur  la  stucture  de  la  fleur  des  Cucurbitacées,  et  qui 
sont  de  véritables  poires  toutes  formées  aux  dépens  du  pédoncule,  puisque 
n'ayant  ni  cœur,  ni  carpelles,  ni  vestige  de  folioles  calycinales,  elles  n'ont 
jamais  été  terminées  par  une  fleur. 

Si  je  me  suis  bien  fait  comprendre,  on  reconnaîtra  que  la  structure  de 
l'ovaire  dans  le  Poirier  ne  diffère  en  rien  de  celle  des  ovaires  des  autres 
végétaux  et  qu'elle  est  de  tout  point  conforme  au  plan  général  d'organi- 
sation exposé  par  nos  illustres  maîtres  R.  Brown,  De  Candolîe  et  Jussieu. 
Tl  n'est  donc  pas  nécessaire  de  faire  intervenir  ici  cet  axe,  qu'aujourd'hui 
on  appelle  si  volontiers  et  si  souvent  à  son  aide  lorsqu'il  s'agit  d'expli- 
quer la  structure  des  fleurs  et  des  fruits.  Je  vais  plus  loin,  et,  si  je  ne  me 
fais  illusion,  il  n'est  pas  impossible  de  rattacher  au  plan  commun  d'or- 
ganisation les  ovaires  à  placenta  central  libre,  dont  les  différences  avec 
les  ovaires  ordinaires  seraient  dans  ce  cas  plus  apparentes  que  réelles. 
Une  forte  présomption  en  faveur  de  cette  manière  de  voir,  sinon  une  preuve 
absolue,  m'est  fournie  par  la  famille  très  homogène  des  Mélastomacées,  où  se 
trouvent  les  modes  de  placentation  les  plus  opposés  (1).  Ainsi,  par  exemple, 
dans  le  sous-ordre  des  IMélastomées  proprement  dites,  dont  l'ovaire  a  de  2  à 
20  loges,  les  placentas  sont  axiles,  c'est-à-dire  entièrement  adhérents  à  la 
columelle  centrale  qui  résulte  de  la  ligne  de  jonction  des  feuilles  carpellaires  • 
dans  VEwyckia,  où  l'ovaire  est  à  h  loges,  ils  sont  au  contraire  pariétaux, 
ou,  si  l'on  aime  mieux,  fixés  sur  le  milieu  des  loges.  Entre  ces  deux  modes 
de  placentation,  nous  trouvons  celui  qui  caractérise  le  groupe  des  Astroniées 
[AstronUi  et  Macroplacis  Bl.),  chez  lesquelles  les  placentas  sont  situés  au 
fond  de  chacune  des  deux  loges  de  l'ovaire  à  la  base  de  ce  qu'on  peut  appe- 
ler la  columelle.  De  là  à  l'ovaire  uniloculaire  et  à  placenta  central  libre 
des  iMémécylées,  il  n'y  a  qu'un  pas.  Que  les  bords  carpellaires  (\Q\'Astronin, 
au  lieu  de  se  réfléchir  vers  le  centre  de  l'ovaire,  se  soudent  simplement  par 

(1)  Voyez  io  Ruwphia,  dans  loquH  j'ai  publié,  en  IS.I/i,  les  analyses  de  r.ellp 
famille. 


3A2  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE   DE   FRANCE, 

les  bords  en  lestant  ovulifères  à  la  base,  nous  reconstruisons  l'ovaire  unilo- 
culaire  et  le  placenta  central  des  Mémëcylées  et  du  Spathandm.  La  grande 
affinité  qui  existe  entre  les  divers  membres  delà  famille  des  Mélastomacées, 
ne  permet  guère  d'admettre  entre  eux  des  différences  de  placentation  aussi 
radicales  que  celles  qui  résulteraient  de  la  théorie  régnante  sur  la  nature 
organogénique  du  placenta  central  libre,  de  supposer  par  exemple  que,  dans 
cette  môme  famille  des  Mélastomacées,  les  placentas  naissent  indifférem- 
ment, tantôt  de  la  feuille  carpellaire,  tantôt  de  l'axe  prolongé  du  verticille 
floral.  Il  me  parait  plus  naturel  et  en  même  temps  plus  probable  que,  dans 
toutes  les  plantes  de  cette  vaste  et  belle  famille,  la  placentation  est  toujours, 
malgré  les  apparences,  une  dépendance  des  feuilles  ovariennes.  Je  pourrais 
citer  des  modifications  toutes  semblables  dans  les  différents  groupes  de 
la  famille  des  Aroïdées,  des  Caryopbyllées,  des  Portulacées,  etc.,  et  si  l'hy- 
pothèse est  fondée  pour  les  familles  que  je  viens  de  citer,  on  se  demande 
pourquoi  elle  ne  le  serait  pas  pour  les  Myrsinées  et  les  Primulacées. 

M.  Réveil  fait  à  la  Société  les  communications  suivantes  ; 

SUR  UN  MIEL  NOUVEAU,  par  M.  REVEIL. 

Le  miel  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  la  Société  vient  de  l'île  Bourbon  ; 
il  est  remarquable  par  sa  belle  couleur  dorée,  sa  saveur  délicieuse  et  par 
son  odeur  suave,  qui  rappelle  celle  du  Laurier-Cerise  ou  plutôt  de  la  fleur 
d'Aubépine. 

Il  sérail  intéressant  de  savoir  si  ce  miel,  pris  en  grande  quantité,  pourrait 
produire  des  accidents,  mais  à  petite  dose  il  parait  qu'on  le  mange  impuné- 
ment à  Bourbon. 

Les  empoisonnements  par  les  miels  sont  fréquents;  anciennement  on  en 
avait  constaté  des  cas  fort  curieux.  Xénophon  rapporte  que,  pendant  la 
retraite  des  Dix-mille,  un  grand  nombre  de  soldats  grecs  furent  empoi- 
sonnés par  du  miel  dont  ils  s'étaient  nourris  en  traversant  les  montagnes 
qui  avoisinent  Trebizonde  et  les  bords  méridionaux  du  Pont-p]uxin. 
Tournefort,  voyageant  dans  les  même  contrées  plus  de  2000  ans  après 
Xénophon,  a  vu  que  les  propriétés  toxiques  de  ce  miel  devaient  être 
attribuées  à  VAzalea  pontira  ,  qui  couvre  les  montagnes  de  l'Asie 
mineure,  sur  lequel  les  abeilles  vont  butiner.  Tout  le  monde  connaît 
d'ailleurs  le  fait  de  M.  Auguste  de  Saint-Hilaire,  qui  faillit  être  empoi- 
sonné au  Brésil,  en  mangeant  du  miel  produit  par  une  espèce  de  «ruèpe 
nommée  Chenogna,  qui  l'avait  recueilli  sur  une  plante  de  la  famille  des 
Apocynées,  fort  abondante  dans  le  voisinage. 

C'est  aussi  aux  plantes  aromatiques  que  l'on  attribue  l'odeur  et  la  saveur 
agréables  que  possèdent  les  miels  du  niont  Hymette,  du  mont  Ida,  de  Cha- 
mouny,  etc.;  tandis  que  le  miel  des  landes  de  Gascogne  u  une  légère 


BliANCE    DU    3    AVRIL    1857.  8/l3 

odeur  de  térébenthine,  et  celui  de  Bretagne  est  réputé  par  .sa  mauvaise 
qualité,  que  l'on  attribue  au  Polygonum  Fagopyt'um,  sur  lequel  les  abeilles 
vont  butiner. 

Il  parait  aussi  que  d'autres  hyménoptères  que  les  abeilles  peuvent  pro- 
duire des  miels  toujours  vénéneux  ,  tels  sont  les  Mélipones  ,  d'après 
Latreille. 

SUR  LA  CULTURE  DU  PAVOT  A  ŒILLETTE  ET  SUR  L'EXTRACTION  DE  L'OPIUM  INDIGÈNE , 

par  M.  REVEIL. 

Parmi  les  substances  qui  ont  de  tout  temps  lixé  l'attention  des  savants  et 
surtout  des  médecins,  l'opium  doit  être  placé  en  première  ligne.  Son  anti- 
quité, les  formes  variées  sous  lesquelles  on  l'administre,  son  action  toxique 
si  remarquable,  ses  usages  si  fréquents  en  thérapeutique,  enfin  la  funeste 
liabitude  contractée  par  quelques  peuples  de  l'Orient  de  préparer  des 
boissons  avec  de  l'opium  ou  de  le  fumer,  ont  acquis  à  ce  médicament  une 
célébrité  justement  méritée.  L'analyse  chimique,  malgré  ses  résultats  com- 
pliqués, est  venue  démontrer  quels  étaient  les  principes  actifs  qu'il  renfer- 
mait: elle  a  permis  de  simplifier  les  préparations  et  de  multiplier  les  modes 
d'administration. 

Contrairement  à  ce  qui  avait  été  dit,  je  crois  avoir  démontré,  dans  ma 
thèse  inaugurale  pour  le  doctorat,  lorsque  j'ai  écrit  l'histoire  des  fumeurs 
d'opium  et  des  opiophages,  que  l'action  stupéfiante  et  quelquefois  stimulante 
des  produits  de  la  combustion  de  l'opium  lorsqu'on  le  fume,  ne  provenait  pas 
d'alcalis  organiques,  que  quelquefois  cependant  la  morphine  pouvait  être 
entraînée  mécaniquement,  mais  que  jamais  cet  alcali  n'arrivait  dans  la 
bouche  du  fumeur,  comme  le  témoigne  d'ailleurs  la  saveur  douce  et  assez 
agréable  que  possèdent  ces  fumées,  au  lieu  de  la  saveur  amère  que  l'on 
ressentirait  si  la  morphine  arrivait  dans  la  bouche.  Enfin  j'ai  constaté,  dans 
les  produits  de  la  combustion  de  l'opium  fumé,  la  présence  de  grandes 
quantités  d'oxyde  de  carbone  et  d'un  peu  de  cyanhydrate  d'ammoniaque, 
qui,  à  mon  avis,  sont  loin  l'un  et  l'autre  d'être  étrangers  aux  phénomènes 
qu'éprouve  le  fumeur  d'opium. 

J'ai  l'intention,  dans  ce  travail,  de  revenir  sur  quelques  points  que  j'ai 
déjà  traités,  et  de  m'occuper  spécialement  de  l'opium  du  Pavot  à  œillette. 

L'habitude  a  consacré  l'usage  que  l'on  a  contracté  d'employer  exclusive- 
ment en  médecine  l'opium  du  Levant,  quoiqu'il  soit  bien  démontre  aujour- 
d'hui que  cette  substance  présente  une  composition  très  variable,  et  que, 
très  souvent,  la  quantité  de  morphine  qu'on  y  trouve  est  si  faible,  qu'il  est 
du  devoir  du  pharmacien  de  repousser  un  pareil  opium. 

Nous  savons  en  effet  que  les  opiums  renfermant  \k  ou  15  pour  100  de 
morphine  sont  extrêmement  rares  aujourd'hui  dans  le  commerce,  et  l'on  a 
dûsedemander  s'il  ne  serait  pas  possible  de  produire,  en  France,  un  opium 


3/|6  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE   DE   FRANCE. 

d'une  composition  à  peu  près  constante,  et  qui,  sous  tous  les  rapports, 
pourrait  être  substitué  à  l'opium  du  Levant. 

Je  me  suis  livré  à  des  recherches  qui  m'ont  démontré  que  la  culture  du 
Pavot  et  la  préparation  de  l'opium  en  France  pouvaient  avoir  une  certaine 
importance  an  point  de  vue  financier,  et  une  plus  grande  sous  le  rapport 
de  la  certitude  qu'auraient  les  médecins  de  trouver  dans  l'opium  indigène 
un  médicament  sur  l'action  duquel  ils  pouri-aient  compter. 

Il  résulte  en  effet  du  relevé  fait  a  radministration  des  douanes,  que  les 
quantités  suivantes  d'opium  ont  été  importées  en  France  et  en  ont  été 
exportées  pendant  dix  années  : 

Tableau  officiel  des  quantités  d'opium  exportées  et  importées  pendant 

dix  années. 

EXPORTATIOX. 


ANNEES. 

IMPORTATION. 

Commerce  j 

;e'néral. 

Commerce  spé 

18/iZl.  . 

5,265 

kil. 

3,130  kil 

18/l5.    . 

Zi,3/j8 

1,989 

I8/16.    . 

10,975 

2,286 

18Ù7.  . 

10,082 

3,791 

18^8.  . 

9,5ZiO 

2,631 

18Û9.  . 

11,360 

Zi,687 

1850.  . 

5,708 

2,553 

1851.  . 

6,19/1 

3,;i/l5 

1852.  . 

8,190 

Zl,229 

1853.   , 

5,8/j/i 

Û,665 

3,5/i3  kil. 
3,368 
5,856 
8,807 
10,652 
7,033 
3,938 
3,015 
2,358 
1,803 


lyZl  kil. 

69 
339 
126 
173 

51 

53 

62 

79 
113 


Moyenne  générale.     11, '290  kil.  Moyenne  générale.     5,131  kil. 

On  voit,  d'après  ce  tableau,  que  l'on  peut  évaluer  approximativement  la 
quantité  d'opium  consommée  amuiellement  en  France  à  6,000  kilogrammes. 
Lors(|ue  les  arrivages  dépassent  la  consommation,  la  matière  est  alors 
exportée  principalement  en  Allemagne,  où  elle  est  employée  à  la  prépa- 
ration des  alcaloïdes,  car  on  sait  que  cette  préparation  est  peu  pratiquée  en 
France.  C'est  encore  un  tribut  que  nous  payons  à  l'étranger  et  dont  on 
pourra  s'affranchir  lors(|ue  la  culture  du  Pavot  et  l'extraction  de  l'opium 
auront  pris  une  grande  extension  en  France. 

Si,  en  effet,  on  jette  un  coup  d'oeil  sur  le  tableau  précédent,  on  y  voit 
que  la  quantité  d'opium  exportée  en  ISUS  a  été  de  10,825  kilogrammes, 
tandis  que  le  chiffre  d'importation  pendant  la  même  année  n'était  que  de 
12,171  kilogiammes  ;  il  est  évident  que  la  (luantité  de  l,3/'i6  kilogrammes 
restante  n'aurait  pu  suffire  à  la  consommation.  La  raison  de  ce  fait  se  trouve 
dans  les  quantités  d'opium  trop  grandes  importées  pendant  les  années  18ii 6 
et  18^7. 


SÉANCE    IJU    3    WRIL    1857. 


3/i5 


L'opium  (le  l'Inde  ne  nous  arrive  pas  en  France;  ceux  rie  ïui(|uic  et 
(l'Kgypte  nous  arrivent  principalement  par  le  port  de  Maiseille,  comme  le 
prouve  le  tableau  suivant  : 

{)uaniité  d'opium  importée  par  le  port  de  Marseille  en  1853. 

PROVENANCES.  PAVILLONS  TOTAL, 

français,  de  la  puissauce.  tiers. 

États  sardes  .  .  151  kil.                7  kil.              61  kil.                   219  kil. 

Toscane  ....  129  »  »                            129 

Turquie.  .  .  .  3,989  »  »                         3,989 

Egypte 253  »  »                           253 

Brésil »  »  10                             10 

Algérie 5  »  »                               5 

/i,605 

Les  quantités  d'opium  consommées  en  Chine  sont  prodigieuses;  pour 
s'en  convaincre,  11  suffit  de  consulter  le  tableau  suivant,  d'après 
M.  Pereira  : 


Tableau  des  quantités  et  de  la  valeur  totale  de  V opium  de  l'Inde 
consommé  en  Chine  pendant  les  années  1827  à  1833. 


VALEUR 

eu  iloUai  s. 

10,625,075 
12,533,215 
12,657,157 
12,90/1,203 
11,501,58/1 
15,352,720 


ANNÉES. 

PATNA. 

BÉNARÈS. 

MALVA. 

TOTAL  DES  CAISSES 
chaque    caisse  contenant 
135  liv.  I/-2. 

1827-28.  . 

Zl,006 

1,128 

Zi,/i01  caisses. 

9,535 

1828-29.  . 

/i,831 

1,130 

7,171 

13,152 

1829-30.  . 

5,56/1 

1,519 

6,857 

1/1,000 

1830-31.  . 

5,085 

1,575 

12,100 

18,760 

1831-32.  . 

/l,/l/i2 

1,518 

8,265 

1/1,225 

1832-33.  . 

6,/il0 

1,880 

15,/i03  t/' 

2 

23,6931/2 

Le  dollar  valant  5  francs  60  centimes,  on  a,  pour  les  six  années,  un  tolal 
de  303,701,088  francs,  et  en  moyenne,  50,616,8/i8  francs  par  année  ;  mais 
ces  chiffres  sont  encore  bien  éloignés  de  la  vérité.  Meyen  affirme  que  la 
quantité  consommée  par  les  Malais  de  l'archipel  indien,  dans  la  Cochin- 
chine,  Siam,  aussi  bien  que  dans  llnde  et  la  Perse,  est  si  grande,  (juc  si 
l'on  pouvait  en  donner  le  vrai  chiffre,  il  paraîtrait  tout  à  fait  incroyable. 

Le  commerce  de  l'opium  donne  à  la  Compagnie  des  Indes  un  revenu 
annuel  de  87,000,000,  et  dans  ce  chiffre  n'est  pas  compris  l'opium  que  la 
Chine  reçoit  des  contrées  qui  la  bornent  ix  l'ouest.  De  sorte  qu'on  peut 
porter  à  125  millions  de  francs  le  prix  de  l'opium  que  les  Chinois  consom- 
ment annuellement. 


3/16  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE   FRANCE. 

Dans  le  Royaume-Uni  la  quantité  d'opium  consommée  est  en  voie  d'aug- 
mentation ;  elle  a  triplé  en  cinq  ans.  En  18/i9  elle  était  de  Zjl,000  livres; 
en  1852  elle  s'élevait  à  ll/i,000  livres.  Les  causes  de  cette  augmentation 
doivent  être  attribuées  au  nombre  des  mangeurs  et  des  fumeurs  d'opium, 
qui  augmente  tous  les  jours  en  Angleterre. 

Ainsi  donc  il  est  bien  établi  que  la  France  paie  un  double  tribut  à 
l'étranger  pour  l'opium  qu'elle  reçoit  du  Levant  et  pour  les  alcaloïdes  que 
l'Allemagne  lui  fournit.  En  second  lieu,  les  Anglais  retirent  d'énormes 
bénéfices  de  l'opium  qu'ils  fournissent  aux  Chinois.  Ils  reçoivent  en  écbange 
des  marcbandises,  principalement  des  thés,  sur  lesquelles  ils  réalisent  de 
nouveaux  gains. 

On  peut  se  demander  s'il  serait  possible  de  récolter  en  France  une  quan- 
tité d'opium  suffisant  à  la  consommation  et  à  l'extraction  des  alcaloïdes  ; 
si  enfin  on  pourrait,  sans  nuire  à  l'agriculture  et  à  la  production  de  l'œil- 
lette, extraire  du  Pavot  assez  d'opium  pour  qu'on  pût  en  fournir  aux  Chi- 
nois ou  du  moins  aux  Anglais,  qui  paraissent  prendre  goût  à  cette  drogue. 

A  toutes  ces  questions,  je  n'hésite  pas  à  répondre  affirmativement.  Il 
suffit  pour  cela  d'encourager  la  culture  du  Pavot  et  l'extraction  de  l'opium, 
eu  donnant  des  primes  comme  on  l'a  fait  en  Algérie  pour  la  culture  du 
Cotonnier  et  du  Pavot  lui-même. 

Cette  question  a  de  tout  temps  préoccupé  les  agronomes  et  les  savants. 
Dans  une  intéressante  notice  sur  l'opium  indigène,  M.  le  professeur  Che- 
vallier a  indiqué  toutes  les  phases  qu'elle  a  suivie.  Mais  il  faut  le  recon- 
naître, ce  n'est  que  depuis  les  travaux  de  M.  Aubergier  qu'il  est  démontré 
que  cette  exploitation  peut  se  faire  avec  des  avantages  réels  pour  l'agricul- 
ture; et  si,  comme  j'en  suis  convaincu,  cette  culture  entre  dans  les  habi- 
tudes des  exploitations  agricoles  ,  c'est  à  M.  Aubergier  qu'en  reviendra  tout 
l'honneur. 

M.  Aubergier  a  opéré  principalement  sur  le  Pavot  pourpre.  Ses  expé- 
riences, confirmées  par  celles  de  !\L  le  professeur  Roux,  pharmacien  de  la 
marine  a  Brest  (aujourd'luii  à  Rochefort),  ont  démontré  que  l'opium  extrait 
de  ce  Pavot  contenait  environ  11  p.  100  de  morphine. 

Dans  ces  derm'ers  temps,  M.  Descharmes,  professeur  de  sciences  phy- 
siques et  natuielles  au  lycée  d'Amiens,  a  publié  un  mémoire  fort  intéres- 
sant sur  l'opium  indigène,  extrait  du  Pavot  à  oeillette  ou  Pavot  à  graines 
noires  par  M.  Bénard,  pharmacien,  .le  dois  a  l'obligeance  de  ce  confrère 
d'avoir  pu  analyser  l'échantillon  qui  avait  ligure  à  l'exposition  universelle. 
.Ty  ai  trouve  19,07  p.  100  de  morphine  et  1..39  de  nareotine.  Mi\L  Acar  et 
Mialhe  avaient  trouvé  20  p.  iOO  de  morphine  dans  le  même  opium. 

Il  résulte  des  expériences  de  MM.  Descharmes  et  Bénard  qu'un  hectare 
planté  d'oeillettes,  contenant  environ  un  million  de  tètes  de  Pavot,  exigerait 
pour  l'extraction  de  l'opiura  ^08  journées  d'ouvriers  ;  ce  qui  produirait 


SÉANCE  DU    3    AVRIL    1857.  3^7 

2S'''',800  gramme^;  de  suc  opiacé,  se  réduisant,  apiés  dessiccation,  à 
13''''-,(i98  i^rainmes  d'opium,  soit  13'^''-, 500  giamines.  Mais  comme  on  peut 
inciser  deux  fois  cliaque  tête,  et  recueillir  une  nouvelle  et  même  quantité 
d'opium  sans  nuire  à  la  graine,  on  peut  porter  à  816  le  nombre  de  jours 
d'ouvriers  nécessaires  à  l'exploitation  d'un  hectare  d'œiliettes. 

Le  produit  de  ces  deux  opérations  serait  d.e  27  kil.  d'opium  ayant  une 

valeur  de 1,350  i'w 

Les  816  journées  d'ouvriers  à  1,25  font 1,020 

Bénéfice  net 330  fr. 

C'est  donc  330  fr.  de  bénéfice  qu'il  faut  ajouter  a  celui  que  peut  donner 
la  graine.  Mais  si  l'on  prenait  des  femmes  et  des  enfants  pour  faire  la  récolte 
de  l'opium,  le  prix  de  la  journée  serait  alors  de  75  c.,  ce  qui  ferait  pour 
les  816  journées  611  fr.  50  c.  On  remarquera  d'ailleurs  que  l'opium  à 
20  p.  100  de  morphine  vaut  certainement  plus  de  50  fr.  le  liilo,  prix  des 
opiums  ordinaires.  En  portant  ce  prix  à  75  fr. ,  on  a  pour  les  27  kil.  un 
total  de 2,005  fr.  00  c. 

J.e  prix  des  journées  d'ouvriers  à  75  c.  étant  de.        611        50 

On  a  pour  bénéfice  net 1,393  fr.  50  c.  par  hect. 

A  mon  avis,  M.  Descharraes  va  trop  loin  lorsqu'il  ajoute  qu'on  pourra, 
sans  nuire  à  la  graine,  inciser  quatre  fois  chaque  capsule,  en  mettant  quel- 
ques jours  d'intervalle  entre  deux  incisions  consécutives,  et  obtenir  une 
même  quantité  d'opium  à  chaque  opération.  Ce  fait  est  très  contestable.  On 
peut  sans  doute  inciser  la  capsule  quatre  fois  et  plus,  en  mettant  entre 
chaque  opération  plusieurs  jours  d'intervalle,  sans  nuire  à  la  graine  ;  mais 
la  quantité  de  suc  obtenu  ira  en  diminuant  à  chaque  incision,  et  la  pro- 
portion de  morphine  ne  sera  pas  la  même  pour  chaque  opération.  Toutefois 
les  faits  rapportés  par  M.  Aubergier  confirment  sur  ce  point  le  dire  de 
M.  Descliarmes. 

Pour  opérer  la  récolte  de  l'opium  d'une  manière  régulière,  il  est  indis- 
pensable de  faire  les  semis  en  ligne;  les  pieds  alternants  sont  préférables 
aux  pieds  opposés.  En  Turquie,  on  laisse  sécher  le  suc  sur  la  capsule 
avant  de  l'enlever;  on  perd  ainsi  beaucoup  de  matière,  et  en  enlevant  les 
larmes  on  entraine  des  impuretés  qui  s'ajoutent  à  l'opium.  D'ailleurs,  sous 
notre  climat  variable,  une  pluie  peut  survenir  et  perdre  la  récolte  :  c'est 
donc  avec  raison  que  M.  Aubergier  a  proposé  de  cueillir  le  suc  avec  le 
doigt  et  de  le  réunir  dans  un  vase  que  l'opérateur  porte  suspendu  à  la  cein- 
ture. Je  me  suis  bien  trouvé  du  procédé  suivant  :  un  ouvrier  armé  de 
l'ineiseur  à  plusieurs  lames  parallèles  et  à  surface  concave,  maintenant  la 
capsule  de  la  main  gauche  et  pratiquant  les  incisions  de  la  main  droite, 
oelles-ci  doivent  être  faites  sur  toutes  les  faces  de  la  capsule  et  dirigées 


348  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

obli(|iicment,  afin  d'ouvrir  la  plus  grande  quantité  possible  de  vaisseaux 
laticifères.  Quelques  mètres  après  cet  ouvrier,  en  vient  un  autre  qui  porte 
le  godet  suspendu  à  sa  ceinture,  il  maintient  également  la  capsule  de  la 
main  gauche,  et  de  la  main  droite  il  recueille  le  suc  à  l'aide  d'une  éponge 
fine  qu'il  exprime  de  temps  en  temps  dans  le  réservoir.  Pour  toutes  ces 
opérations,  les  femmes,  (jui  ont  la  main  plus  légère,  qui  sont  généralement 
plus  adroites  et  dont  le  prix  des  journées  est  moins  élevé,  seraient  préfé- 
rables, si  leurs  vêtements  trop  amples  n'avaient  l'inconvénient  d'abattre 
quelques  pieds;  les  enfants  conviennent  très  bien  et  sous  tous  les  rapports 
pour  cette  récolte. 

L'époque  la  plus  convenable  pour  pratiquer  les  incisions  est  celle  qui 
suit  la  chute  des  pétales  au  moment  où  l'ovaire  s'accroit  et  avant  qu'il 
prenne  une  teinte  jaunâtre.  L'heure  de  la  Journée  que  l'on  doit  préférer  est 
de  deux  à  huit  heures  du  soii",  le  suc  est  alors  beaucoup  moins  aqueux  que 
dans  la  matinée  ;  le  suc  du  Pavot  à  œillette  donne  environ  la  moitié  de 
son  poids  d'opium  sec  ;  le  suc  du  Pavot  pourpre  en  produit  moins. 

Je  dois  à  l'obligeance  de  M.  Louis  Renard,  cultivateur  à  Puchevillers, 
arrondissement  de  Doullens  (Somme),  d'avoir  pu  examiner  un  opium  qu'il 
a  récolté  sur  le  Pavot  à  œillette  :  cet  opium,  analysé  par  le  procédé  que  j'ai 
indiqué  dans  ma  thèse,  a  donné  pour  100  parties,  morphine  pure  26,32, 
narcotlne  1,54;  ce  chiffre  est  assez  éloigné  de  celui  qui  m'a  été  fourni  par 
l'opium  recueilli  par  M.  Benard  (d'Amiens)  et  cette  différence  peut  être  ex- 
pliquée par  l'ensemble  des  observations  faites  par  M.  Renaid.  Cet  intelli- 
gent agriculteur  a  observé  qu'il  valait  mieux  récolter  le  suc  dans  la  seconde 
moitié  du  jour;  lorsque  le  vent  souffle  du  nord  le  suc  se  dessèche  plus 
i-apidement.  D'ailleurs  M.  Renard  n'incise  les  capsules  qu'une  seule 
fois.  On  comprend  dès  lors  comment  le  suc  obtenu  est  plus  riche  en  mor- 
phine, comme  l'ont  démontré  les  analyses  de  M.  Aubergier.  Ce  chimiste  a 
vu  en  effet  que  les  seconde  et  troisième  récoltes  couvraient  à  peine  les 
frais  d'extraction  ;  d'ailleurs  il  parait  que  par  une  seule  incision  les  graines 
ne  souffrent  point. 

M.  Renard  a  eu  la  complaisance  de  m'adresser  le  tableau  d'une  partie  de 
sa  récolte  en  1856;  en  voici  le  résultat  : 

Dans  l'espace  de  trois-cent-quarante-sept  heures,  foi-nuiiit  trente-cinq 
journées  et  demie  d'ouviiers,  et  revenant  à  26  IV.  65  c.  a  raison  de  75  c. 
par  jour,  il  a  été  recueilli  2018  gr.,  60  centigr.  de  suc,  qui  ont  fourni  1027  gr. 
d'opium  renfermant  environ  25  p.  100  de  morphine.  Cet  opium  revient 
donc  à  25  fr.  50  c.  le  kilogramme,  et  il  contient  environ  trois  lois  plus  de 
moiphine  que  l'opium  du  commerce. 

D'ailleurs,  comme  nous  allons  le  voir,  l'extraction  de  r()|)iuiii  n'enti'aine 
aucun  changenn'ut  dans  la  qualité  et  la  (juantité  de  la  graine. 

La  culliire  du  l'avol  a  (l'illctte  peut  se  faire  ilans  les  terres  les  moins 


SÉANCK    UU  3   AVIUl.    1857.  ?>li\) 

hoiincs;  les  plus  légères  conviennent  mieux.  Lesterrcs  résistantes  peuvent 
être  employées,  mais  alors  la  graine  souffre  un  peu. 

Avant  d'ensemencer  les  champs  d'oeillette,  la  terre  doit  recevoir  un  fu- 
mier dont  le  prix  peut  être  évalué  à  150  fr.  par  hectare;  on  fait  suivre  d'un 
labour  qui  doit  être  fait  avant  l'hiver.  Vers  le  mois  de  mars,  on  herse  deux 
ou  trois  frois  et  l'on  sème  par  hectare  environ  5  litres  de  graines,  dont  le  prix 
peut  être  évalue  à  1  fr.  50  c.  Lorsque  la  graine  est  levée,  on  doit  pratiquer 
au  moins  trois  binages  qui  reviennent  à  65  fr.  Au  moment  où  les  capsules 
d'oeillette  commencent  à  s'ouvrir,  on  arrache  les  tiges  (vers  la  fin  de  juil- 
let), on  en  forme  des  bottes  dont  une  centaine  réunies  constituent  ce  que 
l'on  appelle  un  cuhos. 

Lorsque  les  ca[)sules  sont  desséchées,  on  les  secoue  sur  une  toile;  le  prix 
de  cette  récolte  peut  être  évalué  à  37  fr.  par  hectare,  et  même  le  plus  souvent 
elle  ne  se  paye  pas  en  argent;  on  donne  aux  ouvriers  la  moitié  ou  les  deux 
tiers  en  pailles  d'oeillettes. 

En  résumé,  voici  le  prix  de  revient  d'un  hectare  de  terre  semé  d'œil- 
lettes  : 

Fumier 150  fr.  00  c. 

Labour  et  préparation  du  sol 25  00 

Semence 1  50 

Binage 65  00 

Récolte 37  00 

278        50 

Dans  ce  calcul  il  n'est  pas  question  de  la  récolte  et  de  la  production  de 
l'opium;  nous  savons  déjà  que  les  frais  peuvent  être  évalués  à  25  fr.  50  c. 
environ  par  kilogramme.  Voyons  maintenant  qu'elle  serait  la  quantité 
d'opium  produite  par  hectare,  et  quel  est  le  nombre  d'hectares  de  terrain 
employés  en  France  à  la  culture  du  Pavot, 

Il  résulte  des  expériences  de  MM.  Bénard  et  Descharmes  qu'un  hectare 
d'oeillette  peut  produire  27  kilogrammes  d'opium  ;  mais  comme  on  n'ar- 
rive à  ce  chiffe  que  par  des  incisions  successives,  et  que  nous  avons  fait 
voir  ailleurs  que  les  dernières  opérations  ne  couvraient  pas  les  frais  de  cul- 
ture, nous  réduirons  la  production  à  13  kilogrammes  par  hectare. 

Si  maintenant  on  examine  l'importance  de  la  culture  du  Pavot  <à  oeillette, 
on  trouve  que  c'est  principalement  dans  les  départements  du  nord  de  la 
France  qu'elle  se  pratique.  C'est  ainsi  que  les  départements  de  la  Somme, 
du  Pas-de-Calais,  du  Nord,  etc.,  produisent  annuellement  des  quantités 
considérables  de  graines  de  Pavot. 

Grâce  à  l'obligeance  de  M.  Bénard  (d'Amiens),  J'ai  pu  savoir  quelle  était 
la  production  pour  le  département  de  la  Somme. 


350  SOClllTÉ   BOTAMIOUE    DE   FRANCE. 

Statistique  pour  1855  des  graines  oléagineuses  (colza,  œillette  et  autres) 
récoltées  dans  le  département  de  la  Somme. 

ARROxniSSFMFNTS  HECTARES  DE  TERRES  PRODUITS  EN  GRAINES 

ARRONDISSEMENTS.  CULTIVÉES.  PAR  HECTARE. 

bccl.         mes.  hectol.        lit. 

Amiens 2673  87  13  "  26  en  moyenne. 

Abbeville 22/i5  50  13  88              — 

Péronne 9813  Z|2  11  95              — 

Montdidier 1911  00  13  21              — 

DoulJens 3836  96  13  i3              — 

Total.  .  .     20/180         75 

Sur  ces  20,680  hectares  75  ares  de  terre  cultivées  en  graines  oléagineuses, 
les  2/5''  sont  cultivées  en  Pavot,  soit  9,600  hectares  28  ares,  d'où  on  pourra 
extraire  en  moyenne  13  kilogrammes  d'opium  sec  par  hectare,  soit  pour 
9,600  hectares  124,800  kilogrammes  d'opium  qu'un  seul  département 
pourrait  fournir,  et  l'on  peut  assurer,  sans  crainte  d'erreur,  que  le  double  de 
cette  quantité  pourrait  être  fourni  par  les  autres  départements  dans  les- 
quels on  cultive  l'œillette,  ce  qui  porterait  la  production  amnielle,  pour  la 
France,  a  376, /lOO  kilogrammes  d'opium  qui,  à  raison  du  prix  très  minime 
de  50  fr.  le  kilogramme,  doimerait  un  total  de  18,720,000  fr. 

Il  y  a  loin,  on  le  voit,  de  cette  somme  à  celle  de  125  millions  que  les 
Chinois  emploient  tous  les  ans  à  l'achat  de  l'opium  ;  mais  nous  avons  déjà 
dit  que  l'opium  d'œillette  contenait  20  p.  100  de  morphine,  tandis  que 
celui  dont  les  Chinois  font  usage  n'en  renferme  que  2  p.  100  et  au-dessous. 
Il  en  résulte  que  la  transformation  de  l'opium  du  Pavot  à  œillette  décuple- 
rait le  produit,  et  l'on  obtiendrait  3,766,000  kilogrammes  d'opium  analogue 
a  l'opium  de  l'Inde,  dont  les  Chinois  font  usage. 

Pour  me  résumer,  je  dirai  qu'il  est  facile  de  produire  en  Fiance  une 
quantité  d'opium  qui  dépasse  quatre  fois  celle  qui  est  nécessaire  à  la  con- 
sommation, soit  sous  la  forme  de  préparations  pharmaceutiques,  soit  sous 
celle  d'alcalis  organiques  qu'on  peut  en  retirer.  C'est  donc  un  tribut  de 
moins  à  payer  à  l'étranger  et  une  source  de  richesses  dont  l'exportation 
pourrait  tirer  un  grand  parti. 

On  peut  oi)jecter  que  si  la  production  de  l'opium  augmentait,  son  prix 
diminuerait  en  laison  de  cette  augmentation.  Mais  outre  les  débouches  que 
l'exporUUion  offrirait,  il  serait  raisonnable  d'admettre  que  cette  diminution 
de  prix  p(»urrait  porter  et  devrait  île  préférence  être  appliquée  a  l'huile 
d'œillette,  qui  est  d'une  consommation  si  grande  et  d'un  prix  encore  trop 
élevé. 

J'ai  déjà  fuit  pressentir  que  l'extraction  de  l'opium  ne  niodiliait  en  rien 
la  ciuantité  et  la  qualité  de  la  graine.  C'est  là  un  fait  aujourd'hui  démontré 


SEANCE   DU    3    AVIUL    1B57.  351 

par  les  expériences  de  M.  Aubergler  pour  le  Pavot  pourpre,  et  de  MM.  Bé- 
nard  et  Kenard  pour  le  Pavot  à  œillette.  Voici  ce  que  me  dit  M.  Bénard  à 
ce  sujet  :  «  La  quantité  de  graines  provenant  de  8  ares  d'oeillettes  incisées 
a  été  la  môme  que  de  8  ares  d'oeillettes  non  incisées  et  du  môme  champ, 
c'est-à-dire  qu'un  champ  de  16  ares  avait  été  divisé  en  deux  sections  pour 
cette  expérience.  Elle  était  également  de  très  bonne  qualité,  puisque  je 
l'ai  vendue  un  franc  de  plus  l'hectolitre  que  celle  qu'avait  récoltée  le 
cultivateur  des  œillettes  non  incisées.  » 

Je  dirai  quelques  mots,  en  terminant,  des  précautions  à  prendre  pour 
déterminer  la  quantité  de  morphine  contenue  dans  un  opium. 

J'ai  dit,  dans  ma  thèse  et  dans  le  mémoire  que  j'ai  présenté  à  l'Académie 
de  médecine,  quel  était  le  procédé  qui  m'avait  le  mieux  réussi;  j'ai  indiqué 
les  causes  d'erreur  à  éviter,  mais  je  crois  devoir  insister  sur  ce  fait,  qu'on  ne 
doit,  dans  cette  détermination,  considérer  comme  morphine  pure  que  ce  qui 
est  insoluble  dans  l'éther  et  soluble  dans  l'alcool  bouillant  :  les  lavages  à 
léther  doivent  être  répétés  plusieurs  fois.  Quant  à  la  dissolution  dans  l'al- 
cool, M.Guibourta  démontré  depuis  longtemps  sa  nécessité  pour  séparer 
les  sels  calcaires  et  magnésiens  insolubles. 

On  a  objecté  contre  le  Pavot  à  œillette  le  peu  d'épaisseur  de  son  péri- 
carpe, qui  expose  à  le  traverser  lorsqu'on  pratique  les  incisions  et  à 
nuire  ainsi  à  la  maturation  de  la  graine.  Cet  inconvénient  n'existe  plus,  lors- 
qu'on a  le  soin  de  se  servir  d'un  instrument  à  petites  lames.  M.  Renard 
préfère  l'inciseur  à  une  seule  lame;  M.  Bénard  se  sert  de  celui  à  trois 
lames  :  à  ce  sujet,  l'expérience  seule  peut  prononcer;  mais,  quoi  qu'il  en 
soit,  il  est  facile  d'inciser  les  capsules  sans  percer  le  péricarpe. 

Les  capsules  du  Pavot  à  œillette  non  incisées  et  arrivées  à  leur  parfait 
état  de  dessiccation,  peuvent  servir  et  doivent  être  préférées  à  celles  du 
Pavot  blanc,  puisqu'on  n'a  pas  isolé  de  morphine  de  l'extrait  préparé  avec 
ce  dernier,  tandis  que  j'ai  pu  extraire  de  85  grammes  d'extrait  hydro- 
alcoolique de  Pavot  à  œillette  provenant  de  1700  grammes  de  capsules, 
0,63  de  morphine  pure,  ce  qui  porte  la  quantité  de  morphine  à  0,50  p.  100 
environ.  L'extrait  de  Pavot  sur  lequel  j'ai  opéré  avait  été  préparé  par 
M.Berthet,  à  la  pharmacie  centrale,  au  moyen  de  capsules  que  j'avais 
reçues  de  M.  Bénard. 

Il  est  bien  entendu  que  la  culture  du  Pavot,  dans  le  but  unique  d'en 
extraire  l'opium,  serait  une  mauvaise  spéculation.  L'extraction  de  ce  pré- 
cieux médicament  doit  être  placé  à  côté  de  la  récolte  de  la  graine,  et  d'après 
ce  que  l'on  sait  déjà  et  ce  que  nous  venons  de  dire,  c'est  le  Pavot  à  œillette 
qui  doit  être  préféré.  Les  efforts  faits  par  MM.  Descharmes,  Bénard  et 
Renard  sont  dignes,  à  mon  avis,  d'éloges  et  d'encouragements. 

M.  Alpli.  De  Candolle   donne  quelques  détails  sur   la  revue  de 


352  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

la  famille  des  Sanlalacées,   qu'il  vient  de  terminer  pour  le  Pro- 
dromus. 

Le  nombre  total  des  espèces  sera  d'environ  200,  dont  une  moitié  appartient 
au  genre  Thesium,  etTautreest  répartie  entre  IH  autres  genres.  Le  faux  calice 
des  QuincJiamaUum  lui  parait  une  sorte  d'involucelle  uniflore,  formé  par  la 
soudure  de  la  bractée  et  dos  bractéoles  ordinaires.  Une  seule  difficulté  se 
présentait  pour  cette  explication,  c'était  la  présence  d'une  des  k  dents  entre 
l'axe  d'inflorescence  et  la  fleur-,  mais  un  des  Thesium  du  Cap  présente  une 
bractéole  surnuméraire  placée  dans  cette  position.  Les  lobes  du  calice  ou 
périgone  sont  disposés,  lorsqu'il  y  en  a  5,  de  façon  à  offrir  un  lobe  opposé 
à  la  bractée  extérieure,  et,  quand  il  y  en  a  ù,  un  intervalle  de  deux  lobes 
opposé  à  cette  bractée;  ainsi,  dans  ce  dernier  cas,  c'est  le  lobe  inférieur 
qui  manque.  Les  poils  qui  unissent  ordinairement  les  lobes  avec  les  anthères 
appartiennent  aux  lobes,  d'après  leur  état  jeune  et  une  monstruosité  publiée 
par  Reisseck.  Les  stigmates,  quand  ils  sont  distincts,  sont  alternes  aux 
lobes  du  périgone  dans  les  Osyris^  Colpoon,  etc.,  et  opposés  dans  les  Lep- 
tomeria,  Myoschilos,  etc.-,  diversité  singulière  dans  une  famille  aussi  na- 
turelle. Les  ovules  sont  au-dessous  des  stigmates,  ce  qui  n'a  pu  être  vérifié 
que  dans  un  petit  nombre  de  cas. 

A  l'occasion  de  cette  communication  sur  les  Santalacées , 
M.  Chatin  dit  qu'il  a  reconnu  la  présence  de  suçoirs  sur  tous  les 
Thesium  de  France,  et,  en  outre,  dans  le  genre  Comandra.  Quanta 
la  bractée  des  Thesiuin,  elle  semble  portée  sur  le  pédicelle  qui  de- 
vrait sortir  de  son  aisselle.  L'étude  anatomique  a  démontré  à 
M.  Chatin  que  cette  adhérence  apparente  est  due  à  un  retard  de 
naissance,  car  il  n'y  a  pas  de  trace  de  soudure.  Les  Thesium  ont  des 
cymes  uniflores  et  quelquefois  triflores. 

M.  Decaisne  rappelle  qu'il  avait  déjà  constaté  le  parasitisme  des 
Thesium,  Nanodca,  Arjona.  LOsf/ris  est  peut-être  aussi  parasite; 
on  pourra  vérifier  ce  fait  lors  de  la  prochaine  session  à  Montpellier. 
M.  Decaisne  ajoute  que  le  placenta  des  Santalacées  s'éloigne  de  tous 
les  organes  analogues  par  l'absence  de  vaisseaux. 

M.  Moquiu-Tandon  présente  à  la  Sociélé  une  feuille  monstrueuse 
de  Cerasus  Laurocerasus,  et  ajoute  les  observations  suivantes  : 

Cette  feuille  offre  un  phénomène  de  partition  assez  remarquable.  Ce 
n'est  pas  la  nervure  médiane  qui  s'est  fendue,  dans  le  sens  de  sa  longueur, 
comme  cela  arrive  assez  fréquemment  dans  beaucoup  de  feuilles  anormales. 
Ce  sont  deux  nervures  latérales  qui  ont  éprouvé  la  partition.  Ces  nervures 


si-oci:  1)1    '^  wi'Ai.    ISùT.  ;),"),') 

sodI  |)I;k'c'C!s  vers  li'  licrs  tcrmiii.'il  cl  soiil  i):irl;ii;r('s  diiiis  huc  ()iiilii)ii  dr  Iciir 
('teiuluo.  I.cs  IViitcs  se  trouvi'iil  a  pi'ii  pics  ruiie  il(\aiil  l'autie,  (ic  niaiiicrc 
à  proiluiie  comme  doux  liinl)i's  placés  bout  a  bout,  (les  limbes  sont  nu'iiic 
arrondis,  le  basilaire  à  son  sommet  et  le  tcnniiial  à  sa  base. 

Cette  opposition  des  deux  fentes  parait  d'autant  plus  exliaordinaiii',  (ju'il 
y  a  alternance,  comme  on  sait,  dans  les  nervures  bitérales  des  feuilles  nor- 
males de  l'aibrisseau  dont  il  s'agit.  Je  fei-ai  remarquer  que,  déjà  dans  le 
voisinage  des  deux  fentes,  les  nervures  de  dessous  et  de  dessus  présentent 
un  commencpmeut  d'oppositioii.  Cette  feuille  monstrueuse  rappelle  la  struc- 
ture liabituelle  des  feuilles  uniloliolécs,  à  pétiole  plus  ou  moins  ailé,  qu'on 
rencontre  dans  le  genre  Cilrus. 

M.  Decaisnefait  remarquer  l'analogie  de  forme  qui  existe  entre  ia 
feuille  présentée  par  M.  Moquin-Tandon  et  les  feuille^';  du  Plujllar- 
thron,  de  la  famille  des  Biguoniacées. 

M.  Cliatiu  présente  à  la  Société,  de  la  part  de  M.  le  docteur  Bally, 
un  fragment  d'une  étoffe  résultant  de  l'application  du  duvet  de 
Tijpha  sur  une  toile. 

M.  Cosson  met  sous  les  yeux  de  la  Société  quelques  csp(k"es  rares 
ou  nouvelles  de  la  régence  de  Tunis  et  fait  les  communications  sui- 
vantes : 

ITINÉRAIRE  D'UN  VOYAGE  BOTANIQUE  EN  ALGÉRIE,  ENTREPRIS  EN  1856  SOUS  LE 
PATRONAGE  DU  MINISTÈRE  DE  LA  GUERRE,  pai-  M.  K.  CDSSOIV. 

(Onzième  partie.) 

Pour  nous  rendre  à  Stitten,  première  station  de  notre  trajet  entre  Géry- 
ville  et  l.aghouat,  et  dont  nous  sommes  séparés  par  une  distance  d'environ 
28  kilomètres,  nous  avons  d'abord  à  traverser  la  plaine  de  Géryville  dans  la 
direction  déjà  suivie  par  nous  pour  aller  visiter  le  Djebel  Ksel  5  aussi  pou- 
vons-nous, sans  fiure  tort  à  la  botanique,  consacrer  les  derniers  instants 
que  nous  avons  à  passer  avec  M.  de  Colomb  et  les  autres  ol'ticiers  a  w\\ 
entrelien  amical  qui  nous  fait  paraître  bien  court  le  chemin  du  foit  au 
Djebel  Ksel.  Apies  avoir  fait  nos  adieux  à  ces  messieurs  et  avoir  remercie 
encore  une  fois  M.  de  Colomb  de  toutes  ses  bontés,  qui  nous  ont  rendu 
le  séjour  de  Géryville  si  agréable,  nous  mettons  nos  chevaux  à  une 
allure  plus  vive  pour  gagner  le  col  de  Teniet  Ouled  Aza,  qui  est  resserré 
entre  la  pente  sud  du  Djebel  Ksel  et  une  montagne  nioins  élevée,  détachée 
du  massif  du  Djebel  Mezouzin.  Dans  les  ravines  rocailleuses  des  pentes 
des  deux  montagnes  croissent  ([uelques  touffes  de  Laurier-Uose  {.\criain 
Oleandcf);  les  pentes  elies-mèuies ,  au  voisiiKige  du  sentier  que  nous 
T.  IV.  23 


35/|  SOCIÉTK    DOTAIS IQUE    DE    FRANCE. 

suivons,  nous  offrent  seulement  des  espèces  que  nous  avons  déjà  notées 
dans  l'exploration  de  la  pirtie  inférieure  du  Djebel  Ksel.  A  l'extrémité  du 
col,  s'étend  la  plaine  élevée  et  assez  accidentée  où  est  construit  le  ksar 
de  Stitten  à  la  base  orientale  du  Djebel  Ksel;  des  champs  d'Orge  occupent 
une  assez  large  place  au  milieu  des  pâturages  de  la  plaine,  et  les 
habitants  sont  occupés  à  la  moisson.  Dans  ces  champs,  nous  retrouvons 
la  plupart  des  plantes  que  nous  avons  déjà  rencontrées  dans  des  stations 
analogues  à  Géryville;  ainsi  nous  devons  y  mentionner  les  Helian- 
themum  Niloticum,  lleseda  alla,  Ononis  ancjustissima ,  Anthyllis  Vul- 
neraria ,  Curum  incrassatum ,  Turgenia  latifolia ,  Filago  Jussiœi , 
Micropus  bombijcinus  et  supinus ,  Cirsium  eddnatum ,  Kentrophyllum 
lanatiim,  Onopordon  macracantliwn^  Barkhausia  toraxacifolia,  Echlum 
humile ,  Litliospermum  Apulinn,  Echinaria  capitula,  Wangenheimia 
Lima,  Festuca  incrassala,  Bromus  squarrosus,  etc.;  les  pâturages  sont 
surtout  constitués  par  les  plantes  suivantes  :  Sisijmbriwn  cra&sifolium, 
Alyssum  serpyllifulium,  Helianthemum  pilosum  var.  et  hirtwn  var.  Dc- 
serti,  Beseda  luleola  var.  undulata,  Anthyllis  Nwnidica,  Otioùrychis  ar~ 
gentea,  Eryngiwn  campestre,  Centaurea  ucaidis  et  pubescens,  Carduncelius 
pjinnatus  et  Atlanticus,  Ithaponticum  acaule,  Carlina  involucrata,  Atractyiis 
cœspitosa,  Scolymus  Hispanicus,  Scorzonera  coronopifolia,  Asterothrix  ffis- 
panica.  Thymus  ciliatus  var.,  Salvia  lanîgera  eipatula,  Teucrium  Polium 
var.,  Plantago  albicans,  Bumex  thyt'soideus,  JJactylis  glomcrata,  Bromus 
rubens,  ^Egilops  ovata  var.  trioristata,  Elyrniis  crinitus,  etc.;  les  Lygeum 
Spartum,  Stipa  tenacissirra,  gigantca  et  barbata  sont  les  espèces  dcmiinantes  ; 
VAraùis  auriculata  et  \e  Jiirinea  humilis  \'d\'.  Bocconi,  indiquent  par  leur 
présence  et  leur  abondance  l'altitude  de  la  plaine,  plus  élevée  que  celle  de 
Géryville  de  près  de  50  mètres;  plus  loin,  d'immenses  rochers  de  grès 
affleurent  le  sol  et  excluent  prescjuc  toute  végétation.  Le  ciel  se  couvre  de 
nuages  épais  et  les  approches  d'un  orage,  ainsi  que  la  tombée  prémalui'éo 
de  la  nuit,  nous  forcent  de  gagner  de  toute  la  vitesse  de  nos  chevaux  le  ksar 
de  Stitten  où  nous  n'arrivons  que  vers  sept  heures,  et  où  nous  avons  peine 
à  installer  notre  campement  dans  l'une  des  cours  du  village  a\antque 
l'obscurité  soit  complète,  car  ce  n'est  pas  sans  difficulté  que  nous  parve- 
nons à  faire  traverser  à  nos  chameaux  la  porte  étroite  qui  forme  l'entrée 
du  village. 

Le  i  juin,  après  une  nuit  plus  tranquille  que  ne  nous  l'avait  fait  espérer 
le  temps  de  la  veille,  nous  sommes  sur  pied  de  grand  matin  ;  car  pour  nous 
rendre  à  Bon  .^lem,  nous  n'avons  pas  moins  de  36  kilomètres  de  trajet,  et 
nous  savons,  d'après  ce  que  nous  a  dit  M.  de  Colomb,  (|uc  nous  aurons  à 
nous  arrêter  h  moitié  chemin  pour  faire  l'exploration  de  la  localité 
intéressante  d'Ain  Timendert.  Toutefois  nous  ne  quittons  pas  le  ksar  sans 
faire  une  courte  visite  aux  jardins,  pendant  que  nos  Aiabcs  sont  occupés 


sÉANcr:  nu  3  avril  1857,  355 

an  cliargcmciit  de  nos  (.'Iiaineaiix.  Le  ksar  de  Slittoii,  composé  de  30  à 
ûO  maisons  en  pierres  sèches,  est  bâti  à  tire  altitude  d'cnviion  1350  mè- 
tres, au  pied  même  de  la  montagne;  ce  petit  village  ne  présente  (ju'unc 
porte  dans  l'enceinte  continue  formée  par  les  murs  mêmes  du  ranf^ 
extérieur  des  maisons.  Les  jardins,  peu  étendus,  sont  arrosés  par  les  eaux 
d'une  source  (Aïn  Sfi.tten)  qui  donne  naissance  à  un  petit  cours  d'eau; 
les  jardins  les  plus  lapproeliés  du  village  et  qui  ne  peuvent  être  arrosés 
par  des  dérivations  du  couis  d'eau,  sont  pourvus  pour  la  plupart  de  puits 
en  pierres  sèches  avec  bascule  et  bassins  de  déversement  pour  l'irrigation. 
Les  seuls  arbres  fruitiers  que  nous  ayons  vus  dans  les  jardins  sont  le 
Grenadier,  le  Figuier,  l'Abricotier  et  la  Vigne;  quelques  Peupliers  blancs 
[Popidus  albo),  d'une  belle  végétation,  existent  au  voisinage  de  lu  source; 
V Hyoscyamus  niger,  plante  assez  rare  en  Algérie,  croît  en  abondance  dans 
les  parties  en  friche  des  jardins. 

A  sept,  heures  nous  sommes  en  route  et,  presque  immédiatement  au 
sortir  du  village,  après  avoir  traversé  de  maigres  champs  d'Orge  et  de  Blé 
qui  n'est  pas  encore  arrivé  à  maturité,  nous  suivons  le  lit  desséché  argi- 
leux d'une  ravine  assez  profonde  qui  nous  mène  à  un  petit  cours  d'eau 
alimenté  par  la  source  d'Aïn  Bon  Beker.  Dans  les  moissons  nous  observons, 
indépendamment  de  la  plupart  des  espèces  déjà  notées  dans  les  champs  qui 
précèdent  Stitten,  les  llumex  Tingitanm  var. ,  Echinops  spinosus,  Son- 
chus  divaricatm,  Achillea  spithameu,  Malva  ^Eyyptiaca,  Erucastrum  leu- 
canthum,  Zizyphora  Hispanica,  Androsace  maxiina,  Saponaria  Vaccaria. 
Les  berges  argileuses  de  la  ravine  nous  offrent  les  Euphorbia  luteola,  Cru- 
cianella  patula,  Thapsia  Garganica,  Herniaria  fruticosa,  Meniocus  linifo- 
lius,  Festuca  cynosuroides,  Oriopordon  acaule,  Triticum  Orientale.  Un  peu 
au  delà  du  cours  d'eau  nous  continuons  à  monter  par  une  pente  insensible, 
et  dans  l'argile  grisâtre  et  rougeâtre  de  la  plaine  coupée  de  nombreuses 
ravines,  apparaissent  des  touffes  argentées  orbiculaires  de  Catananche 
cœspUosa;  des  buissons  de  Rétama  sphœrocarpa,  non  encore  fleuris,  se  ren- 
contrent çà  et  là  dans  le  lit  même  des  ravins.  La  plaine,  jusqu'aux  envi- 
rons de  la  source  d'Ain  Timendert,  où  nous  devons  faire  halte,  con- 
tinue à  être  accidentée,  et  nous  y  voyons  le  Catananche  cœspitosa  devenir 
d'autant  plus  abondant  que  nous  nous  rapprochons  des  rochers  au  pied 
desquels  jaillit  la  source.  Des  pâturages  marécageux,  où  viennent  se  perdre 
les  eaux  du  ruisseau  alimenté  par  la  source,  sont  constitués  par  une  végé- 
tation tout  européenne,  dont  les  plantes  dominantes  sont  les  Juncus  glaucus, 
Helosciadiiau  nodiflorum,  Polypogon  MonspcUcnsis,  Humex  crispus,  Fes- 
tuca anmdinacea,  Hurdewa  secoUnam  ,  Pludaris  nodosa,  Poa  trivàdis, 
Verbena  officinaiis,  etc.  Des  rocheis  escarpés,  grisâtres,  composés  de  cal- 
caire, de  grès  et  de  poudingues,  s'élèvent  comme  une  muraille  à  nue  hau- 
teur d'euviiou  25  mètres,  pour  se  continuer  avec  les  immenses  blocs  que 


o5G  SOCIÉTÉ    BOTAMQtE    DP,    IliANCi:. 

nous  avons  ii  traverser  pour  tin^^iier  le  plateau  de  Giioiiater.  Aux  environs 
de  la  souree,  dont  les  eaux  abondantes  et  douces  sont  l'un  des  ornements 
de,  ce  site  pittoresque,  le  Catananche  ccespitosa  forme  de  véritables  gazons 
par  ses  touffes  compactes  et  rapprocbées  ;  la  nous  recueillons  les  Marrubiuni 
sericeum  et  Anacyclus  Pijn'thnan,  qui,  avec  le  Folycarpon  Bivonœ  et  le 
Bupleuf'um  spinosum,  indi([uent  l'altitude  déjà  assez  grande  de  cette  station 
(enviroii  l^iOO  mètres).  Dans  les  fissures  des  rocliers  croissent  quel(|ucs 
Pistacia  Atlantica  sous  forme  de  buissons  rabougris  et  des  Figuiers  [Ficus 
Carica)  ;  dans  les  aufractuosités  ombragées  le  Fumaria  Numidica  forme  de 
nombreuses  touffes;  nous  y  recueillons  égalenient  les  Brassica  Gravinœ, 
Sedum  cdtittsimum,  Catananche  aerulca,  Cenluurea  alba  var.,  ffutc/dnsia 
iielrœa,  etc.;  au  sommet  des  i-ocbers  croissent  \ci>  Kœleria  Valesiaca,  Arabis 
auricnlata,  Mediaujo  .<ccundi/lora,  A/ysswn  aciitiyonan  ;  ce  n'est  pas  sans 
étonnement  que  nous  rencontrons  sur  ce  point  le  Pinipinella  Tragium,  qu'en 
Algi'rie  nous  n'avions  observé  que  dans  la  région  montagneuse  supérieure. 
—  Un  étroit  sentier,  ((ui  contourne  le  massif  de  locbers  (jue  nous  venons 
d'explorer,  nous  conduit  sur  le  plateau  d'KI  Guenater  (le  pont),  étendu  de 
l'ouest  à  l'est.  Les  pâturages  maigres  de  ce  plateau,  où  domine  VArtcmisia 
Herba-alba,  p.e  nous  offrent  aucune  espèce  digne  d'être  mentionnée;  une 
petite  scbkha  (petit  lac  h  sec  dans  cette  saison),  dont  nous  explorons  le  bord 
et  le  lit,  ne  nous  offre  également  aucune  espèce  à  noter.  Après  un  trajet  de 
près  d'une  beure  sur  ce  plateau,  que  nous  traversons  obliquement,  nous 
voyons  venir  au-devant  de  nous  le  caid  deBou  Alem,  avec  quelques  cava- 
liers et  son  lils  âgé  de  cinq  ans  seulement,  aussi  à  cbeval  et  disparais- 
saut  presque  entre  les  montants  d'une  selle  arabe  richement  brodée.  ï.e 
caïd  et  ses  cavaliers  nous  servent  de  guides  pour  nous  conduire  à  notre 
campement  qui,  d'^iprèsles  ordres  de  M.  de  Colomb,  a  été  préparé  dans  la 
vallée  de  Bou  Alem.  —  Pour  nous  rendre  à  cette  vallée,  nous  descendons 
par  une  pente  très  rapide  dans  le  lit  mémo  d'un  oued  dont  les  eaux  abon- 
dantes arrosent,  par  des  dérivations,  des  champs  de  Blé  d'une  belle  venue, 
qui  occupent  toutes  les  parties  de  la  pente  qui  ont  pu  être  mises  en  culture. 
De  beaux  pieds  de  Pistacia  Atlantica  croissent  çà  et  là  à  la  base  des  rochers 
qui  bordent  le  lit  du  cours  d'eau.  Par  une  course  rapide  dans  la  vallée, 
nous  arrivons  au  can)pement,  laissant  sur  notre  gauche  un  ancien  ksar  en 
ruines  et  le  petit  ksar  actuel  de  Bou  Alem  construit  sur  une  colline  pier- 
reuse à  la  base  de  la  pente  rapide  du  plateau  de  Guenater,  Dans  les  ter- 
rains argilo-sablonneux  sales  qui  longent  le  sentier  (|ue  nous  suivons,  nous 
voyons  de  nombreuses  touffes  de  Lepidiuin  mbulatum  et  les  Fchium  hii- 
mile,  Mulva  ^Jifjijptiaca  et  Oitopordun  ucaidc. 

I.a  vallée  de  Bou  Alem  est  un  cirque  assez  vaste,  borne  au  nord  par 
le  relief  du  plateau  de  Guenater,  et  à  l'ist  et  à  l'ouest  par  des  montagnes 
basse.^  qui  ue  présentent  quelques  arbres  que  dans  les  ravins  ou  sur  des 


SKAINCÈ  nu  ?i  AYiîir.  1857.  "ô" 

points  isoK's;  nu  sud  s'élève  le  Djebel  Toiiiiii  cl  IMakcna  (In  haute  mon- 
tagne (les  jNIakoiia)  haut  de  plusieurs  ceutaiiios  de  mètres  et  à  pentes 
roeheuses  escarpck's,  où  la  végétation  arborescente  se  présente  sous  forme 
de  buissons  espacés.  Le  sol  argilo-sabionneux  de  la  plaine,  traversée  du 
nord  au  sud  par  l'Oued  Bou  Alera,  est  cultivé  non-seulement  au  voisinage 
de  rOued,  mais  encore  dans  de  nombreuses  dépressions  où  l'eau  a  pu 
séjourner  l'hiver.  L'Orge,  dans  ces  champs,  est  arrivée  à  maturité  et  déjà 
en  partie  moissonnée.  Des  pjiUirages  assez  riches  sont  parcourus  par  les 
nombreux  troupeaux  des  doualrs,  qui  ont  ét;d)li  leur  domicile  d'été  dans  la 
vallée.  L'heure  déjà  avancée  à  laquelle  nous  avons  fini  notre  installation, 
nous  force  de  remettre  au  lendemain  l'exploration  des  environs  de  notre 
campement  et  notre  visite  aux  jardins.  La  matinée  du  ;")  juin  est  donc  con- 
sacrée à  une  petite  course  dans  la  plaine  jusqu'à  la  partie  du  cours  de  l'Oued 
Bou  Alem  la  plus  rapprochée  du  Djebel  Touila  el  Makena  et  aux  jardins  j 
les  arbres  fruitiers  qui  y  dominent  sont  le  Figuier,  le  Gren.idier,  le  Poirier 
avec  le  Pêcher  et  l'Abricotier  qui  y  atteignent  de  remarquables  proportions; 
les  cultures  potagères  se  bornent  à  la  Fève,  à  la  Carotle,  à  la  Pastèque, 
à  diverses  variétés  de  Courges  et  de  iMelons.  Malgré  l'aliitude  de  la 
plaine,  qui  est  à  peu  près  la  même  que  celle  de  Géryville  (environ  1250 
mètres),  la  végétation  est  déjà  fort  avancée  et  la  plupart  des  plantes  annuelles 
sont  déjà  desséchées.  Les  diverses  espèces  d'Helianthemum  (//.  Niloticumy 
hirtwii  var.  Deserti  et  scdicifolium  var.  brevipes)  ont  perdu  leui'S  cap- 
sules que  les  fourmis  agglomèrent  en  petits  tumulus.  Dans  les  champs,  les 
Ammochloa  pungens  et  subacaulis  sont  d'une  extrême  abondance,  et  nous  y 
notons  les  Cyrtolepis  Alexnndrina,  Androsace  maxima^  Malva  j^tjyp- 
tiaca,  lîochelia  sfellidatn,  Ahjssum  scuticjenim,  etc.  Les  sables,  qui  forment 
des  dunes  basses  au  voisinage  de  l'oued,  présentent  réunies  la  plupart  des 
espèces  que  nous  avons  observées  dans  des  stations  analogu  s  entre  AïQ 
Ben  Khelil  et  Tyout,  telles  que  les  Onopordon  ambigimm,  Orlaya  marl- 
tima,  Festuca  pectinella  et  Memphitica,  Arthratherum  pungens,  Delphi- 
nium  piibescens,  Ononis  angustis&inia,  Centaurea  polyacuntlta,  Astragalus 
Gowbo,  Scabiosa  semipapposa.  Dans  le  lit  de  l'oued,  sur  le  bord  duquel 
nous  voj^ons  de  nombreuses  touffes  de  Rétama  Duriœi  var.,  nous  consta- 
ttms  la  présence  ilesParonychia  Cossoniana,  Muricarin  prosirata,  Euphorbia 
calypfrata  etVEnarthrocnrpus  clnvotus  dont  toutes  les  siliques  sont  déjà 
désarticulées.  A  midi,  au  moment  où  nous  rentrons  à  notre  campement, 
nous  trouvons  un  cavalier  envoyé  par  M.  de  Colomb,  qui  nous  remet  des 
lettres  de  France,  les  seules  que  nous  ayons  reçues  depuis  Tyout  ;  celles  qui 
me  sont  adressées  m'appoi-tent  malheureusemerit  la  nouvelle  d'une  perte 
bien  douloureuse  que  vient  d'éprouver  nia  famille  et  qui  m'impose  le  devoir 
d'accélérer  mon  retour,  en  abrégeant  les  séjours  que  nous  comptions  feàre 
aux  diverses  stations.  A  une  heure,  nos  préparatifs  de  départ  sijut  terminés, 


358  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

et  nous  nous  mettons  en  route  pour  aller  camper  à  Kl  INIacta,  distant  de 
30  kilomètres,  où  on  nous  a  signalé  l'existence  d'une  montagne  de  sel  que 
nous  sommes  curieux  de  visiter.  La  plaine  que  nous  traversons  Justiu'au 
petit  ksar  de  Sidi  Tiffour  el  Ammouida,  ne  nous  offre  guère  d'autres  plantes 
à  mentionner  que  le  Lonchophora  Capiomontiana  que  nous  n'avions  pas 
encore  observé  jusque-là,  et  le  Noœa  spinosissima.  Nous  faisons  une  lialte 
auprès  d'une  belle  source  d'eau  douce  et  abondante,  d'une  température  de 
+  18°5,  sur  les  bords  de  laquelle  nous  trouvons  avec  grand  plaisir  une 
Graminée  propre  à  l'Algérie  et  des  plus  rares,  le  Festuca  Lolium,  qui 
n'avait  encore  été  observé  que  dans  la  province  de  Constantine,  aux  envi- 
rons de  Batna,  où  il   a  été  découvert  par  M.  Balansa.  A  partir  de  ce 
point,  nous  nous  éloignons  peu  de  l'Oued  el  Tarfa  (rivière  des  Tamarix). 
Dans  les  terrains  argileux  salés,  VAtriplex  Bali?nus,  le  Phelipœa  lutea^  le 
Zollihoferia  resedifolia,  V Echiockilon  fruticosum  sont  assez  abondants  ; 
dans  les  sables  nous  observons  le  Pyrethrum  macroceplialum.  Dans  les 
dépressions  arrosées  par  des  dérivations  de  l'oued,  existent  de  beaux  champs 
de  Blé  qui  n'est  pas  encore  arrivé  à  maturité.  Un  cavalier  du  ksar  d'EI 
Macta  vient  au-devant  de  nous  pour  nous  indiquer  le  point  où  nous  pouvons 
sans  danger  traverser  Je  lit  large  et  vaseux  de  l'oued,  couvert  de  touffes 
CCAtrlplcx  Halimus ,   et  ombragé  par  des    Tamarix   Gallicn   en  arbres 
qui  constituent  un  véritable  bois.  Ce  n'est  qu'à  la  tombée  de  la  nuit  que 
nous  arrivons  à  notre  campement,  situé  aux  bords  du  marécage  el  vers 
l'entrée  du  Khraueg  el  Melab  (défilé  du  sel)  à  environ  1050  mètres  d'alti- 
tude ;  ce  n'est  qu'à  grand'peine  que  vers  onze  heures  du  soir  nous  obtenons 
la  diffa,  car  les  habitants  de  ce  ksar,  situé  à  la  limite  des  provinces  d'Oran 
et  d'Alger,  n'avaient  pas  considéré  comme  suffisantes  les  instructions  du 
bureau  arabe  de  Géryville,  de  l'autorité  duquel  ils  prétendent  ne  pas  rele- 
ver; et  sans  l'intervention  des  cavaliers  du  caïd  de  Bou-Alem,  qui  tenaient 
essentiellement  au  couscoussou,  nous  étions  menacés  de  nous  coucher  sans 
souper. 

Le  6  juin,  nous  explorons  les  environs  immédiats  de  notre  campement, 
où  nous  observons  les  Pyrethrum  fnscatum,  Salsola  vermiculata,  Triti- 
cum  Orientale^  Atractylis  microcephala ,  Marrubiwn  Deserti ,  Passerina 
microphylla,  etc.,  et  nous  voyous  avec  une  vive  satisfaction  une  espèce 
nouvelle  de  Sideritis,  le  .S.  ochroleuca,  que  nous  n'avions  trouvé  à  Ain 
Ben  Khelil  qu'à  peine  fleuri,  former  ici  de  vastes  et  nombreuses  touffes 
couvertes  de  fleurs  et  de  fruits.  Après  cette  petite  herborisation,  pendant 
laquelle  on  a  selle  nos  chevaux,  nous  partons,  sous  la  conduite  d'un  cavalier 
de  kl  tribu,  pour  aller  visiter  le  Khraneg  el  Melah  et  la  Montagne  de  sel,  qui 
dès  la  veille  et  à  une  assez  grande  distance  nous  avait  vivement  frappés 
par  sou  aspect  étrange  et  les  contrastes  de  couleurs  de  sa  surface  qui  la  dis- 
tinguent des   montagnes   voisines.   Cette   montagne ,   nommée    par    les 


siiANCE  DU  3  AvrtiL  1857.  359 

Arabes  Djobi'l  Melah  (Moiiln.'iu'  de  sel),  doil  son  noin  aux  l)nncs  de  sel 
altiTiiaiit  avec  les  couclies  d'argile  (|iii  en  constiiiu ut  la  masse;  lo 
i^jeliel  .Melali  s'élève  de  plus  de  200  mètres  sur  la  rive  dioiie  du  Khrane<5  cl 
Melah  et  forme  un  vaste  coue  irrc'gulier,  aeeidenté  par  de  nombreux  éboule- 
meiits  et  par  des  ravines  qui  le  sillonnent;  l'argile  grisâtre  ou  d'un  gris  ver- 
diitre,  terrain  dominant  de  la  montagne,  laisse  à  nu.  surtout  vers  le  sommet, 
où  les  éboulements  se  sont  le  plus  étendus,  d'i'paisses  coucbes  de  sel  mi- 
roitant au  soleil  et  (lui  tranebenl  sur  la  teinte  terne  de  l'aruile:  cà  et  là  de 
larges  espaces,  où  vient  etïleurir  le  sel  dont  le  sol  est  pénétré,  sont  couverts 
de  pla(|i!es  cristallines  d'un  blanc  éclatant;  le  lit  des  ravines,  surtout  vers 
!a  base  de  la  montagne  où  viennent  conlluer  les  infiltrations  salines,  est 
incrusté  de  dépôts  épais  de  sel  pur  et  cristallisé,  trèsdur  et  très  compacte,  à 
surface  raboteu'^e,  irrégulièrement  mamelonnée  et  d'apparence  spongieuse. 
A  l'exli-émite  d'un  pi'olVuid  ravin  de  !a  pente  de  la  montagne  qui  regarde 
le  Kbraneg,  existe  une  vaste  excavation,  ouverte  seulement  dans  sa  partie 
supérieure  par  un  étroit  orilice,  et  tapissée  d'une  épaisse  couche  de  sel  ; 
des  stalactites  de  sel  cristallisé  pendent  de  la  voûte  de  cette  grotte 
creusée  par  la  dissolution  d'un  banc  salin  ;  le  ravin  étroit  qui  conduit  à  la 
grotte  est  profondément  creusé  entre  des  masses  d'argile,  qui,  de  chaque  côté, 
s'élèvent  comme  des  murailles  à  pic  et  le  surplombent  sur  quelques  points; 
au  voisinage  de  la  grotte  se  détachent  de  la  montagne  de  véritables  obélis- 
(|ues  d'argile  isoles  par  les  éboidements.  De  nombreuses  volées  de  pigeons 
ont  élu  domicile  dans  les  anfractuosités  de  ce  sol  tourmenté,  et  il  va  sans 
dire  que  nous  leur  envoyons  (pielques  coups  de  fusil  plus  ou  moins  heureux. 
—  La  Montagne  de  sel,  si  intéressante  au  point  de  vue  géologi(iue,  est  loin 
d'offrir  le  même  intérêt  pour  la  botanique,  car  ses  argiles  salées,  dont  la 
surface  se  modifie  incessamment,  excluent  toute  végétation.  Le  Khraneg 
nous  offre  au  contraire  une  assez  riche  herborisation  au  bord  du  cours  d'eau 
abondant  qui  le  traverse  ;  car  nous  trouvons  là,  réunis  aux  alluvions  sablon- 
neuses de  l'oued,  des  éboulements  pierreux  de  la  montagne  basse  qui  fait 
face  au  Djebel  JMeluh.  De  beaux  pieds  de  Pistocia  Atlantica  sont  dissé- 
minés sur  la  rive  gauche  de  l'oued,  où  les  Rétama  sphœrocarpa  et  Duriœi 
var,  avec  des  Tamarix  Gallica  et  des  Zizypkus  Lotus  forment  de  nom- 
breux buissons,  les  alluvions  sablonneuses  de  cette  même  rive  nous  offrent 
le^  Malcolmia  yEgyptiacu,  Erucastruni  lencanihum,  Reseda  eremophila, 
Astrogalus  Gornbo,  Nolletia  chrysocomoides ,  Pyretlwnm  maa^ocephcdum, 
Anvillea  radiata,  Rhanteruim  ad/iressum,  Senecio  coronopifolius^  Kœl- 
pinia  linearis,  Convolvulus  supinus,  Ecliinopsilon  muricatus,  Anabasis 
articulatn^  SaUola  vermicidata,  Festuca  Memphitica,  etc.,  et  le  Triticum 
elonijatum  ([ui  n'avait  encore  été  observé  que  sur  le  littoral  de  l'est  de  l'Al- 
gérie ;  quel([ucs  pieds  vigoureux  de  Mcdicago  saliva  croissent  à  l'ombre 
d'un  Pistacia  Atla^Uica  sons  lequel  nos  guides  ont  abrité  nos  chevaux.  Un 


300  sor,ii;it:  uur.vMQLt:  de  i-ranck. 

ravin  pierreux  de  la  rive  droite,  à  l'extrémité  du  Djel)el  iMelali,  présente 
déjà  un  certain  nombre  d'espèces  de  la  région  montagneuse  inférieure  sous 
cette  latitude  :  tels  sont  les  Diplotaxis  pendula,  Arubis  auriculata,  Medi- 
cago  laciniata  et  secundifïora,  Demrra  cfdorantha,  Pyrethrum  fuscafum^ 
Leyssera  ccipillifolia,  Catananche  cœrulea,  Sonc/ms  divaricatus  et  spijiosus, 
Statice  Bonduellii,  etc.  ^- Au  voisinage  de  notre  campement  à  l'entrée  du 
Khraneg,  le  Lonchophora  Capiomontiana  croît  en  abondance  sur  les  atterris- 
céments  argilo-sablonneux,  et  dans  les  flafiues  d'eau  saumâtre  de  l'oued  le 
Itanunculu.^  Bnndotii  forme  de  vastes  touffes. 

A  quatre  beures  seulement  nous  avons  terminé  la  préparation  de  nos  ré- 
coltes et  nous  pouvons  tout  faire  disposer  pour  nous  rendre  à  El  Kbadra, 
distant  de  plus  de  20  kilomètres.  A  cause  de  l'heure  avancée  et  de  la  diffi- 
culté de  la  dernière  partie  du  trajet,  nous  ne  pouvons  guère  herboriser  que 
dans  kl  portion  de  la  plaine  entre  El  Macta  et  l'Oued  el  Tarfa  ;  nous  y  voyons 
en  abondance  le  Sideritis  ochroleuca,  dont  les  touffes  constituent  sur  (luel- 
ques  points  le  for.d  de  la  végétation,  et  nous  y  notons  la  présence  de  l'/i^mc- 
/)/lis proU fera,  que  nous  n'avons  pas  rencontré  depuis  Ghassoul.  Ce  n'est 
pas  sans  peine  que  nous  trouvons  un  passage  dans  le  lit  vaseux  de  l'oued, 
où  les  Tamarix  continuent  le  bais  d'EI  Macta.  A  partir  de  ce  point  nous 
avons  à  traverser  avec  la  plus  grande  précaution,  à  cause  de  l'obscurité, 
plusieurs  ruisseaux,  dans  les  marécages  desquels  nos  chevaux  manquent 
qucl{|uefois  de  s'enfoncer.  Nous  devons  nous  en  rapporter  entièrement  à 
l'adresse  de  nos  montures  pour  descendre  ou  gravir  les  berges  escarpées 
des  nombreux  ravins  qui  sillonnent  le  terrain  accidenté  que  nous  avons  à 
parcourir  jusqu'à  El  Kh;idra.—  Vers  dix  heures  seulement  nous  arrivons  à 
ce  petit  ksar,  après  avoir  laisse  sur  notre  droite  le  ksar  de  Kebala,  construit 
sur  une  éminence.  Ce  n'est  pas  sans  plaisir  que  nous  trouvons  la  di/fa  pré- 
parée par  les  habitants  que  nous  avions  fait  prévenir  de  notre  arrivée  par 
un  cavalier,  et  que  nous  pouvons  enfin  réparer  par  quelques  heures  de  repos 

les  fatigues  de  la  journée. 

{La  suite  à  la  prochaine  séance.) 

NOTE?  SUI\  QUELQUES  PLANTES  RAUE?  OU  NOCVEI-LES  DE  L.V  RÉGENCE  DE  TUNIS, 
par  5IM.  K.  COSSOX  cl  L,  KKALIK. 

(Ciiiiiuièino  pitriic.) 

Atcactylis  Fi-AVA  Dcsf.!  Ml.  H,  25f»,  in  herb.  Mus.  Par.;  Delile!  yEg. 

llluslr.  n.  ISh;  DC.  Prodr.  VI,  551.  —  Centaurea  Carduus  Forsk.  FI. 

yEfj.'Ara/j.  descr.  \'y2.-'Spadact(s  jlava  Cass.  in  Dld.  se.  nat.  XLVH, 

510  el  r,  51;  Less.  Sijn.  13. 

In  dcscrtis  regni  Tunetani  australioris,  propc  Sfux  m  arenis  (Dcsf.),  in 
ar^illoso-areuosis  el  calcarcis  apricis  in  ditione.  Ijobcs  cl  in  insula  Djerba. 


SÉA.NCK   1)L    3   AVRIL    1857.  3(il 

—  In  clescrlis  ylvj;ypti  iiiferioris  ;ul  Alcxandi'inm  (Delilc,  Olivier  et  JJrii- 
guièrc).  In  deserto  Sinaico  (IJotia,  AucUei'-Kloy  pi.  Or.  cxsicc.  n.  3399  in 
heib.  INfus.  Par.). 

Dans  la  plante  de  l'ile  de  Djerba  les  capitules  sont  dépourvus  de  fleu- 
rons neutres  li^uliformes  rayonnants,  tandis  que  ces  mêmes  fleurons  exis- 
tent dans  la  plante  décrite  par  Desfontaines  ainsi  (jue  dans  celle  d'Orient, 
idenli(|ue  du  reste  avec  la  nôtre  pour  tous  les  autres  caractères.  —  La  sec- 
tion S/mdacfis,  l'ondée  surtout  sur  la  présence  de  fleurons  extérieurs  rayon- 
nants, ne  saui-ait  donc  être  maintenue;  ro])servation  de  Cassini  qui  a  ren- 
contré quelquefois  des  fleurons  neutres  obscurément  ligules  chez  VA. 
mncellata,  appartenant  a  une  autre  section  [Acarna],  le  développement 
que  prennent  les  fleurons  extérieurs  neutres  liguliformes  dans  VA.  pro- 
liféra, qui  se  rattache  évidemment  a  la  même  section  Acarna,  démon- 
trent encore  le  peu  d'importance  qu'il  faut  attribuer  à  la  présence  ou  à  l'ab- 
sence des  fleurons  neutres;  on  sait  d'ailleurs  que,  dans  le  genre  Centaurea 
et  particulièrement  chez  les  C.  nigra  et  Jacea,  ce  caractère  est  des  plus  va- 
riables. —  La  plante,  très  répandue  dans  le  Sahara  Algérien  et  dans  la 
partie  méridionale  des  hauts  plateaux  et  qui  a  été  gé)iéralement  donnée 
sous  le  nom  d'.4.  ^am(Jamin  pi.  Alger,  exsicc;  Balansa  pi.  Alger,  exsicc. 
n.  965)  diffère,  de  la  plante  de  Desfontaines  par  les  tiges  à  écorce  blanche 
ou  blanchâtre,  glabres  ou  pubescentes  seulement  à  la  base,  mais  non  pas 
tomenteuses-laineuses  à  puhescence  se  détachant  par  le  frottement,  par  les 
feuilles  d'un  vert  pâle  jaunâtre,  à  épines  des  lobes  d'un  jaune  pâle  et  non 
pas  brunâtre,  par  les  folioles  de  l'involucre  plus  brusquement  cuspidées  en 
une  pointe  épineuse  plus  longue  et  plus  grêle,  les  intérieures  oblongues 
brusquement  cuspidées,  et  non  pas  lancéolées-linéaires  atténuées  en  pointe, 
par  les  fleurons  d'un  beau  jaune  citron  et  non  pas  d'un  jaune  sale,  par  les 
fleurons  extérieurs  ordinairement  iii'.nliformes  allongés  et  non  pas  assez 
courts  ou  nuls;  les  différences  que  nous  venons  d'indiquer  nous  semblent 
suffisantes  pour  distinguer  la  plante  d'Algérie  comme  espèce,  et  nous  pro- 
posons pour  elle  le  nom  (V Atractylis  citrina.  —  Nous  devons  en  outre  faire 
remarquer  que  le  véritable  A.  flava  parait  être  une  espèce  orientale,  dont  la 
dernière  station  a  l'ouest  serait  les  déserts  de  la  régence  de  Tunis,  où  Ton 
rencontre  encore  un  certain  nombre  d'espèces  d'Orient  étrangères  a  l'Ai- 
gérie. 

Atbactyus  micuockphala  Coss.  et  DP»,  ap.   Coss.   Voy.   bot.  Alger,  in 
Ann.  se.  nat.  sér.  h,  1,  2/4U,  et  ap.  Calansa  pi.  Alger,  exsicc.  n.  805. 

Suffrutex  dumosus,  1-6  decim.  a'tus,  ereetus,  ramosissimus,  ramorum 
velustiorum  cortice  rimoso-einerascente,  ramis  rigidis  giabrcscentihus  ve! 
piibcsceuti-suhtomeiitosis  pube  delersibili  cortice  eandido,  mono-oligoce- 
phalis  vel  apice  coiymboso-ramosis  polyeephalis  ;  foliis  giabresccntibus  vel 


3f>2  SOCIÉTÉ    BOTAMQLE    DE    FRANCE. 

aiai.eos()-pul)esc(Mitibiis,  rigidis,  erccto-patentibtis,  sessilil)us,  Inuceolatis 
vel  elon^;ato-laiioeolatis  saepe  subcaiialiculatis,  inConie  remote  pinnatifido- 
spinosis,  lobis  utrii)qiie  2-/i  siiiiplieibus  vcl  in  I<)I)iiIos  2  spinosos  diver- 
gentes partitis,  supernc  inle<^ris  in  spinam  attenuatis,  spinis  llavescenti- 
fuscesce;itii)us;  capitulis  parvulis,  niulti-  et  o'qualiftoris,  homogamis, 
hernuiphroditis  ovato-eyiindiicis,  vel  abortu  masculis  nouliisve  brevio- 
ribus  siibcainpaiiuiatis -,  involucri  foliolis  exteriorihus  Z-k  foliaceis,  foliis 
conformibus,  uniseriatis,  capitalum  subœquantibus  vel  paulo  siiperantibus, 
inteviovibus  inibricatis  adpiessis,  piibescenti-araclmoideis,  niargine  mem- 
branaceis,  apice  rotundato  spinula  ioiigiuscula  abrupte  mucronatis,  ab  in- 
ierioiibus  ovato-oblongis  ad  intin)a  obionga  sousim  elongatis;  receptaculo 
piano,  paleis  laiiceolato-Iinearihus  basi  in  alveolos  concietis  apice  tii-plu- 
lilidis  piloso-ciliatis  oiuisto  ;  floscuîis  sordide  earncis,  D-lidis  ,  in  capitulis 
fertiiibus  longioribus  ;  antheris  in  floscuîis  berniaphroditis  longioribus, 
appendice  teiminali  lanceolala  acuta,  appendicibus  basilaribus  caudifor- 
mibus  elongatis  subiutegi-is  vel  ciliatis;  acheeniis  teretiusculis,  undique 
villis  elongatis  eandidis  copiosis  obtectis,  villis  superioiibus  quasi  pappl 
basiai  involucrantibus  et  ejus  tertiain  longitudinem  obtegentibus,  sed  cum 
co  non  concretis  ;  pappo  flosculi  tubuni  subaequante,  setis  uniseriatis,  ri" 
gidis,  nigrescenli-Cuscescentibus,  lunyiuscule  /jlumosis  barbellis  albidis, 
basi  in  annulum  corneum  concretis.  —  Mnio-julio. 

In  regni  Tunetani  australioiis  ditione  Gabes,  in  argilloso-arenosis  apricis 
et  in  alluviis  amnis  Oued  Gobes,  in  glareosis  caleareis  insulœ  Djerba 
(Kralik  pi.  Tun.  exsicc.  n.  37/;).  —  In  Sabaia  Algeriensi  trium  provin- 
ciai'uiu  et  in  planititbus  excelsis  et  montibus  huiniiibus  australioribus  late 
diffusa  (Bcdansa  pi.  Alger,  exsicc;  Kralik  ap.  Bouigeau  pi.  Alger,  exsicc. 
D.  187). 

L'-4.  microcepliala  se  rapporte  à  la  section  Anactis  (DC.  Prodr.  VF, 
550.  —  Anaotis  Cass.),  où  il  doit  être  placé  à  côté  de  VA.  serratuloidcs 
Sieber  (DC.  Prodr.,  loc.  cit.  —  Anactis  serratuloidcs  Cass.  in  Dict.  se. 
nat.  I-,  56). 

Atiîactylis  rRor.iFERA  Boiss.!  Diogn.  pi.  Or.  ser.  1,  fasc.  x,  96. 

lîi  argilloso-arenosis  et  glareosis  regni  Tunetani  australioris  prope  Sfax, 
inter  Sfax  et  Gabes  ad  turrem  Nadour,  in  ditione  Gabes  (Kralik  pi.  Tun. 
exsicc.  n.  252),  ad  occidcntem  \\y\)\%  Gabes  ad  radiées  v(\o\\i\f>  Djebel  Aziza, 
etiain  in  insula  Djerba.  —  In  Algeritc  plauiticbus  excelsis  prœsertim  aus- 
tralioribus nec  non  in  Saharœ  parte  confini  :  in  provincia  Cirtcnsi  ut  vidctur 
infie([uens,  neinpe  prope  IJiskra  bueusque  tantuni  visa  ibique  rarissinia; 
in  provincia  Algerien.si  a  Laghouat!  ad  diversorium  Aïn  Oussera  prope 
Boghar!  diffusa;  in  provincia  Oranensi  plurimis  locis  obvia  ex.  gr.  ad 
C/ioit  cl  Cher  gui!,  AïnSefra.\  El  Abiod  Sidi  Cheikh!,  Brczina! — lu  arc- 


SftANCIî   DU   3   A  VU  IL    1857.  363 

nosis  ad  meiidicm  iiibis  (htza  in    rc^nono  Anialecitaïuni   Arat)ia}  confmi 
(Boiss.,  loc.  cit..  Pinard  in  herb.  Mus.  Par.), 

AwnKRBOA  Lippu  OC.  Prodr.  YI,  559;  Coss,  PI.  crit.  167.  —  Amberboi, 
enicœ  folio,  minns\?>n.  Ad.  acad.  Par.  [1719]  169,  t.  iQ.  —  Cenlmircn 
Lippii  !..  Sp.  1286  ;  Stchkuhv  Bnndb.  t.  261  ;  Dosl'.!  A/l.  !I,  293.  — 
Volutarella  Lippii  Cass.  in  Dict.  se.  nat.  XI.IV,  39. 

In  incultis  et  ruderalis  art;iiioso-arenosis  ncc  non  in  arenosis  maritimis 
regni  Tunotani  australioris,  prope  Sfux,  inler  Sfux  et  Gabes  ad  turrem 
Nadour,  in  ditione  Gabes  haud  intVequens  (Kralik  pi.  Tnn.  exsicc.  n.  91 
et91«),  etiam  in  insula  Djerba  (Kralik  pi.  Tun.  exsicc),  in  arenis  descrti 
prope  Tozer  (l)esf.).  —  Hinc  inde  in  Algeria  australioio,  iii  planitiel)us 
exeelsis  supra  Saïda  Beida  inter  et  Khriderl,  et  in  Sahara  ditionis  Biskra! 
(.Tamin,  Balansa  pi.  Alger,  exsicc.  n.  810),  in  provinoia  Oianensi  ad  Lalla 
J/a^/i/vua  (Bourgeau). —  In  iasulis  Canariis  (Wehb,  Bourgeaii).  In  His- 
pania  orientai!  australiore  prope  Pulpi  in  regno  Murcico  (A.  Guirao)  et  in 
arvis  inter  Vera  atAluieria  (Bourgeau  pi.  Hisp.  exsicc.  n.  1239).  In  Palœs- 
tina  (de  Sauicy).  In  iEgypto  (Delile,  Kotschy  pi.  exsicc.  [1839]  n.  782). 
In  ArabiaiSchimper  pi.  Aral),  petr.  exsicc.  éd.  Hoiienacker  [1863]  n.  211). 
Prope  Monspelitini  loco  dicto  Port-Juvénal  introducta  (Godr.  FI.  Juv.). 

Ambi-rboa  crupinoides  DC.  Prodr.  VI,  559.  —  Centaurca  crupinoides 
Desf.l  Atl.  II,  293;  Delile!  yi^g.  Illustr.  n.  850.  — Volutarella  biculor 
Cass.  in  Dict.  se.  nat.  L,  256.  —  Lacellia  Libijca  Viv.  FI.  Libye.  58, 
t.  22,  f.  2. 

In  deserto  Tunetano  (Desf.),  prope  .S/rta;  (Espina) ,  in  collibus  montibus- 
que  humilioribus  nec  non  in  alluviis  torrentiuni  regni  Tunetani  australioris, 
in  monfibus  Djebel  Keroua  et  Aziza  prope  Gabes  (Kralik  pi.  Tun.  exsicc. 
n.  90  et  90ft).  —  In  Algeria  australiore  hinc  inde  in  collibus  montibusciue 
Saharae  confmibiis  nec  non  in  torrentium  alveis:  in  ditione  Biskra  (Jamin; 
Balansa)  ;  in  provincise  Oranensis  montibus  Djebel  Bou  Kaschba  prope  Aïn 
Ben  Khelil!  (Kralik  ap.  Bourgeau  pi.  Alger,  exsicc),  Djebel  Nzira  prope 
Arba  el  Tutanil,  Djebel  Taelbouna!  prope  palmetum  Asla. —  In  monlibus 
Cyrenaicis  (Délia  Cella  sec.  Viviani,  loc.  cit.).  In/Egypto  (Delile). 

Centaurea  furfuracea  Coss.  et  DR.  ap.  Balansa  pi.  Alger,  exsicc.  [1853], 
et  ap.  Coss.  Voy.  bot.  Alger,  in  Ann.  se.  nat.  sér.  h,  IV,  28/i. 

Planta  unnua,  a  basi  ramosa,  ramis  duobus  vel  pluribiis  siepius  infra 
capilulum  caulcm  brevissimum  terminans  cnatis,  brevibus  vei  plus  minus 
elongatis,  decwnbenti-diffusis,  subsiraplicibus  vel  supcrne  ramuios  1-2 
emittentihus,  sulcato-striatis,  pubescenti-furfuraceis,  remote  foliutis;  /b- 
liis  haud  decurrentibus,  pubesceutia  crispula  demum  furluraceis,  infe- 


36/i  SOCIÉTl';    BOTAMQL'F    DE    FRANCE. 

rioribus  pptiolatis  'pinnatiseclis  \vel  pinnatipardtis  laciniis  sœpius  inae- 
qiialihiis  toi-miiiali  majore  obloiiisis  ovatisve  subintegris  vel  gi'ossc  deiitalis 
deiitihiis  cailoso-imicroiuilatis,  siiperioribus  oblongis  brevius  peliolatis  piii- 
natipartitis  vel  subiiulivisis,  swivnis  capitula  bracieantibus  et  siibeeqiian- 
tibus  ;  capitulis  apice  coulis  ramorumque  solitariis,  mediocribus;  involucro 
ovoidoo,  foliolis  ^upevtie  parce  arachnoideo-pubescentibus,  imbricatis,  co- 
riaeeis,  auguste  scarioso-marginatis,  exterioribus  et  intermediis  in  appen- 
dicem  stramiiieo-pallidam  foliolo  breviorem  patiilam  vel  subdeflexam  baud 
decurrentem  subulatam  gracilem  spinescentem  inferne  spinulis  2-6  pinna- 
tain  prodiœtis,  spina  terminali  cœteiis  longiore,  foliolis  intimis  apice  sca- 
rioso-subdilatatis  spinis  sœpe  obsoletis  ;  foscuiis  pallide  albido-liitescen- 
tibus,  radii  neutris  radiantibus  dit;cwn  sub œ quant ibu r ;  achœniis  minutis, 
tereti-subcompressis,  nitidis,  glabris,  fuscescenlibiis,  areola  iiisertionis 
laterali  siib;)rbiculata  margiiie  ciliolata;  pappo  sordide  albido  achœnium 
subœqunnte,  setis  iusequalibiis  pluriseiiatis,  iiitimis  multoties  brevioribus 
subconniventibus.  —  Apriii-maio. 

Il)  ai-gilloso-arenosis  deserti  Tunetani  ad  occidenlem  iirbis  Gobes  monlis 
Djebel  Aziza  ad  radiées.  —  In  Sabara  Algériens!  provincise  Cirtensis  ad 
Saada  (B.ilansa  pi.  Alger,  exsicc). 

Le  C.  f'nrfnracea,  en  raison  des  folioles  de  l'inYolucre  prolongées  en  un 
appendice  spinescent  muni  d'épines  latérales  plus  grêles,  appartient  à  la 
série  des  Calcitrapeœ  (DC.  Prodr.  YI,  592)  5  par  la  longueur  des  fleurons 
rayonnants  il  se  rattache  à  la  section  Calcitropa  (Cass. ;  DC,  toc.  cit. 
596),  mais  il  diffère  des  autres  espèces  de  cette  section  par  le  port,  par  la 
couleur  des  fleurons  et  par  l'aigrette  environ  de  la  longueur  de  l'akène. 

Centauri-.v  DiMor.PHA  Viv.  FI.  Lib)jc.  58,  t.  2'i,  f.  3  [1824]  (forsan  splial- 
mate  sub  noiniue  C.  bimorpba).  —  C.  Pseudop/iilostizus  Godr.l  FI.  Juv. 
éd.  2,  86  [1854],  —  C.  Kralikii  Boiss.  î  Diayn.  pi.  Or.  ser.  2,  fasc.  tu, 
84  [martio  1857],  forma  foliis  vix  decurrcntibus  vel  etiam  baud  decur- 
realibus.  —  C.  eriocephala  Boiss.  et  Reut. !  in  Boiss.,  loc.  cit.  86. 

In  regni  Tunetani  australioris  arenosis  et  terra  mobili,  prope  Sfax., 
\n\v\- Sfax  Qi  Gabes  ^AiwYVQvn  Nodour.,\\\  ditione  Gabes^  etiam  in  insula 
Djerba  (Kralik).  —  In  Sabara  Algeriensi  tota  (Baiansa  pi.  Alger,  exsicc. 
11.  797  sub  nouiine  C.  poljacantba)  ncc  non  in  planitierum  e\celsarum  ! 
parte  austra'iore  IVequens.  —  In  Cyrcnaica  (sec.  Viviani).  In  .'Ëgypto  prope 
Abnukir  (Kralik). 

Cette  plante,  d'après  la  figure  et  la  description  du  Flora  Libyca,  ainsi  que 
d'après  sa  distiibutioii  géograpbicjue,  est  certainement  l'espèce  de  Yiviani. 
—  Le  C.  dimot'pha  diffère  du  C.  pohjncanthn,  au(iuel  nous  l'avions  d'abord 
rapporté,  au  même  litre  que  le  C.  sonchifAia  L,  du  C.  sphœrocephala  L., 
c'est-à-dire  qu'il  ne  s'en  dislingue  guère  que  par  les  feuilles  caulinaires 


sl^;A^(;l:  lu;  .'i  a\uii,   Ksj?.  305 

non  dilatées  en  oicillettcs  ;i  la  base  et  (le'L'Vinentes  ou  tiemi-decunenles. 
Dans  le  sud-ouest  de  l'Algérie,  où  la  plante  a  été  observée  par  nous  a  do 
nombreuses  stations,  nous  l'avons  vue  présenter  de  iVéquc.ites  variations 
non-seulement  (iiumt  a  la  villosite,  la  grosseur  des  capitules,  la  longueur  et 
les  proportions  des  épines  de  l'involucre,  le  nombre  des  épines  accessoires 
de  la  face  supérieure  des  appendices  épineux  et  la  longueur  et  la  coloration 
des  lleurons  rayonnants,  mais  même  quant  à  la  décurrence  des  feuilles 
que  nous  avons  vues  assez  fréquemment  s'atténuer  à  la  base  en  un  pétiole 
non  décurrent  {C.  Kralikii).  —  La  forme  du  C.  diuwrpha  à  feuilles  non 
décurrentes  ne  se  distingue  plus  du  C.  polyacantha  que  par  l'absence  d'o- 
reillettes à  la  base  des  feuilles  ;  aussi  n'eussions-nous  pas  bésité,  à  cause  de 
ces  échantillons  intermédiaires,  a  rapporter  comme  variété  le  6'.  dimorphn 
au  C.  polijacant/m,  si  nous  n'avions  été  arrêtés  par  la  constance  du  même 
caractère  chez  les  C.  sonclii folio,  et  sphœrocep/tala. 

Centaurea  Deltlei  Godr.  FI.  Juv.  éd.  2,  85. 

In  regni  ïunetani  australioris  ruderatis  et  incultis  argillosis  vel  arenosis, 
prope  Sfax  (Kspina);  prope  Gobes  copiosa,  ibique  in  alluviis  aranis  Oued 
Gabes,  necnon  in  pascuis  deserti  ditionis  Béni  Zid  ixd  Djebel  Keroua,  etiam 
in  insula  Djerba  (Kralik  pi.  Tun.  exsicc.  absque  numéro  sub  nomine 
C.  glomerata).  —  Prope  Monspelium  in  Iccum  Port-Juvénal  dictuin,  tôt 
plantarum  boreali-africauarum  bospitem,cum  lanisadvecta(Godr,,  /oe.c^V.). 

Le  C.  Delilei  appartient  à  la  section  Mesocentron  (I)C.  Prodr.  \\,  592) 
par  tous  ses  caractères,  bien  que  par  le  port  il  se  rapproche  davantage  des 
sections  Melanoloma  et  Seridioides  ;  i\\m\  il  a  quehiue  analogie  de  port 
avec  le  C.  inmlucrata  Desf.  (sect.  Melanoloma),  mais  il  en  est  très  distinct 
par  l'involucre  à  folioles  spinescentes,  par  les  fleurons  extérieurs  plus 
courts  que  ceux  du  disque,  par  les  capitules  glomérulés,  etc.;  il  rappelle 
encore  davantage  le  C.  glomerata  Vahl  (sect.  Seridioides),  auquel,  ainsi 
que  Delile,  nous  l'avions  d'abord  rapporté,  mais  il  en  diffère  par  l'invo- 
lucre glabre  et  non  pas  pubescent-aranéeux,  à  folioles  prolongées  en  un 
appendice  spinescent  muni  d'épines  latérales  plus  grêles  et  non  pas  divisé 
presque  jusqu'à  la  base  en  3-5  épines  grêles  presque  égales  et  naissant  au 
même  niveau.  —  La  patrie  du  C.  Delilei,  avant  qu'il  eût  été  observé  dans 
la  régence  de  Tunis,  était  inconnue  et  la  plante  avait  été  décrite  par  M.  Go- 
dron  d'après  des  échantillons  recueillis  au  Port-Juvenul,  où  Delile  lavait 
découverte. 

Carduncrllus  eriocephalus  Boiss.  Piagn.pl.  Or.  ser.  1,  fasc.  x,  100. 

în  arenosis  et  argilloso-areaosis  deserli  Tunetani  australioris  in  ditionc 
Gabes  (Kralik  pi.  ïun.  exsicc.  n.  399)  nec  non  ad  occidentem  urbis  Gabes 
in  ditione  BeniZid  ad  radiées  «lontis  Djebel  Aziza.  —In  Sahara  Algeriensi 


â66  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE   FRANCE. 

hinc  iiide  diffusa  ex.  <ir.  in  piovinoia  Aigeriensi  australioie  in  ditione 
Lagltniiat  et  Béni  Mzab  (Reboud  [18;")^]),  in  provincia  Oranensi  australiore 
pluribus  locis  obvia  ncmpe  piope  El  Abiod  Sidi  Cheikh!,  Arba  el 
Taldiii!,  7'i/oid!,  Aïn  Sefrd .\  etc.,  a  nobis  visa.  —  In  /Egypti  mediaî 
deserto  Cabirico  prope  Kanka  (Figari  [1837]  in  berb.  Delile  sub  nomine 
Carthanius  verisiiniliter  sp.  nov.).  In  desertis  J^gypti  (x\ucber-Eloy  pi. 
Or.  exsicc.  n.  3502  in  herb.  Mus.  Par.).  In  Palestinee  regione  Amale- 
citarum  ad  meridiem  urbis  Gaza  (Boissiei-[l846J). 

La  plante  de  Tunis  et  celle  du  Sabara  Algérien,  identiques  avec  la  plante 
d'Egypte,  nous  paraissent  devoir  être  rapportées  au  C.  eriocephaltts  Boiss., 
avec  lequel  M.  Reuter,  à  notre  demande,  a  eu  l'obligeance  de  les  comparer; 
en  effet  nos  écbant liions,  d'après  M.  Router  qui  a  constaté  l'analogie  de 
port  des  deux  plantes,  ne  différeraient  de  ceux  de  M.  Boissier  que  par  les 
«  feuilles  plus  larges  à  dents  moins  profondes  et  plus  régulières,  par  les 
écailles  de  l'involucre  moins  laineuses,  les  intérieures  à  appendice  plus  large 
à  lanières  moins  distantes  et  moins  étroites,  »  et  ces  différences  ne  nous 
paraissent  pas  suffisantes  pour  distinguer  deux  espèces.  —  La  description 
des  Diagnoses  s'applique  très  bien  à  nos  écbantillons  et  nous  n'avons  à  y 
ajouter  que  les  caractères  tirés  des  akènes  et  de  l'aigrette  que  IM.  Boi.ssier 
n'avait  pu  observer  sur  des  individus  trop  jeunes  5  l'aigrette,  de  même  que 
dans  le  C.  cœruleus,  est  environ  deux  fois  plus  longue  ([ue  l'akène  et  ne 
dépasse  pas  la  moitié  de  la  longueur  du  tube  des  fleuions;  l'akène  est  té- 
tragone  à  angles  aigus  assez  saillants,  à  faces  ordinairement  un  peu  ru- 
gueuses supérieurement. 

Serbatula  FLAVESCENsPoir.  Encycl.  méth.  VI,  562  ;  L.  Dufour  in  Ann.  se. 
nat.  sér.  1,  XXIII,  156;  l)C.  Prodr.  M,  670  ;  Boiss.  Voy.  Esp.  369  ex 
parte.  —  Carduus  flavescens  L.  Sp.  1156  ;  Cav.  le.  I,  35,  t.  46.  — 
Cnicus  fluvescens  ViiM,  Sp.  III,  1683. 

In  fruticetis  rupeslribus({ue  montis  Djebel  Zaghouan  (Kralik  pi,  Tun. 
exsicc.  n.  95).  — •  In  Hispania  orientali  et  australi,  nompe  in  Navarra 
inferiore  (f..  Dufour),  regno  Valentino  et  Granatensi  (Cav.)  nec  non  in 
Murcico  (Guiiao  apud  Bourgeau  pi.  Hisp.  exsicc.  n.  1225). 

Le  S.  mucronata  Desf.  {Atl,  IF,  243,  t.  219)  ne  diffère  du  S.  flavescens 
que  par  les  fleurons  purpurins  et  non  pas  d'un  jaune  pâle,  et  il  n'en  est 
peut-être  qu'une  variété,  ainsi  ([ue  l'indique  JM.  Boissier  {loc.  cit.).  Le 
S.  mucronata  est  très  répandu  sur  les  collines  du  littoral  algérien  (Jamin 
pi.  Alger,  exsicc.  n.  181  ;  Balansapl.  Alger,  exsicc.  n.  513)  et  se  rencontre 
queUjuefois  dans  les  montagnes  de  l'inférieur-,  il  se  retrouve  dans  l'Italie 
méridionale  (Tenore)  et  en  Sicile  (Guss.). 


siCANcr,  i)i;  3  wiîil  1857.  3G7 

KcEr.piNiA  MM.:.\ius  Pall.  JleiseW],  fipp.  l')5,  t.  I,,  f.  2;  Lcss.  Syn.  127; 
DG.  J'rodr.  VU,  78;  I.edol).  /•/.  Ross.  11,  772^  Jaub.  et  Spach  J/lmtr. 
Or.  HT,  123,  t.26(i  optiina. 

In  reglu)  Tuiietanoausti-aliore,  in  arf^illoso-aienosis  vd  glareosis  incullis, 
ad  vias  et  agioruni  niargines,  prope  (laùes  (Kralik  pi.  Tuii.  cxsicc.  n.  25G) 
et  ad  oceidentcni  uihis  (îdOea  moiitis  DJehel  Aziza  ad  radiées. —  lu  AlgeriîB 
planitit'bus  cxoelsis!  piaesertirn  austraiioiibiis  et  Sahara  !  late  diffusa  (Ba- 
lansa  pi.  Alger,  exsicc.  n.  771).  —  In  Rossia  australi  (Pall.),  provinciis 
Caucasicis(M.-ljieb.j,  Sibiria  Uralensi  et  Altaica  (Karel.  et  Kiril.).  In  Pisidia 
(Heldreich),  Assyria,  Babylonia  ac  Mesopotamia  (Olivier  et  Bruguière; 
Aucher-Eloy;  Cbesney),  Persia  (Aucher-Eloy  ;  Kotscby  pi.  Peis.  austr.  éd. 
Hohenacker  [1845]  n.  169). 

Gatananche  arknaria  Coss.  et  DR.  ap.  Balansa  pi.  Alger,  exsicc.  n.  756, 
et  ap.  Coss.  Vor/.  bot.  Alger,  in  A7in.  se.  nat.  sér.  û,  IV,  285,  et  in  Bull. 
Soc.  bot.  Il,  253. 

In  deserto  ïunetaiio  australiore,  in  argilloso-arcnosis  et  glareosis  prope 
Gabes  (KraiikpI.  Tun.  exsioe.  n.  258).  —  In  Sahara  Algériens!  hinc  inde, 
ex.  gr.  in  dilione  Biskra  (.lamin  ;  Balansa  pi.  Alger,  exsit'c.  n.  756),  in  di- 
tione  Lagliouatl  (Reboud),  in  ditione  Mzab  prope  Guerrara  (Rebond),  Bré' 
zina!  (Kralik  ap.  Bourgeau  pi.  Alger,  exsicc.  n.  62  a),  Tyout!. 

Spitzelia  cupuligera  DR.  in  Duchartre  i?ey.  bot.  II,  /t31,  et  in  Expl.  se. 
Alger,  t.  /i8  optiina. 

In  regno  Tunetano  in  frnticetis  ad  basini  monlis  Djebel  Zaghouan.  —  In 
Algeriae  (Balansa  pi.  Alger,  exsicc.  n.  16/i  et  660)  regione  littoral!  calida  nec 
non  montana  inferiore,  in  planitiebus  excelsis  hinc  inde. 

Le  S.  cupuligera  est  très  distinct  des  antres  espèces  du  genre  par  les 
akènes  extérieurs  à  aigrette  réduite  à  une  cupule  membraneuse  et  pai-  les 
akènes  intérieurs  à  bec  long  et  grêle;  l'aigrette  des  akènes  intérieurs  est 
persistante  d'un  blanc  sale,  et  est  composée  de  8-12  soies  raides,  plumeuses, 
plus  larges  à  la  base  et  d'un  petit  nombre  de  soies  extérieures  capillaires 
plus  courtes. 

Spitzelia  radicata.  —  Crépis  radicata  Forsk.  FI.  /Eg.-Arab.  descr. 
1/45;  Delile  Mg.  illustr.  n.  768.  —  Leontodon  coronopifolium  Desf.! 
Atl.  Il,  229,  t.  214  (planta  junior  et  indecaulibus  foliis  bievioribus,  in 
herb.  Mus.  Par.).  —  Picris  lyrata  Delile  .Eg.  il.  259,  t.  40,  f.  3.  —  /^/. 
cm /«Voirt  Delile,  loc.  c<V.260,  t.  41,  f.  1  \  DC.  Prodr.  VII,  130. —  Picris 
radicata  Less.  Srjn.  134;  DC.  Prodr.  VII,  131.  —  S.  Sieberi  Schultz 
Bip.  in  Flora  [1835],  657,  et  iu  Am.  se.  nat.  sér.  2,  VI,  296.— -S.  coro- 


3G8  SOt:iKTl';  liOi.VMULF.   i)f^  fp.ancf.. 

7io/iifuli(i  Schultz  Bip.,  Inc.  cit.  —  .V.  li/rata  Seluiilz  Bip.,  loc.  cit.  — 
S.  ^Eyijptiacu  Schultz  Bip.  in  Flora  loc.  cit.  (sphalmafe  S.  Africana)  et 
in  Ann.  se.  nat.  loc.  cit.  —  Picris  coronopifolia  1)C.  Prodv.  VU,  131. 

In  regno  Tunetano  australiore,  in  aicnis  deserti  prope  Cafsa  (Desf.),  in 
arenoso-argillosis  et  aliuviis  prope  Gabes  (Kralik  pi.  Tun.  exsiee.  n.  261  et 
absque  numéro  sub  nomine  S.  lyrata). —  Tn  desertis  Jigypti  inferioris  (Dc- 
lile  ;  Kotychy  pi.  Àv^.  exsicc.  [1836]  n.  17.^;  Olivier  et  Bruguière^  Rocliot 
d'Héricourt)  et  médise  ad  Cahiram  (Forskal;  Sieber  pi.  iEg.  exsicc.). 

La  plante  de  Gabes  se  présente  sous  deux  formes,  l'une  à  tiges  dépassant 
peu  les  feuilles  radicales  et  à  feuilles  profondément  découpées,  l'autre  robuste 
à  tiges  assez.elL'vées  et  à  feuilles  ordinairement  moins  découpées  ;  la  forme 
naine  est  identique  avec  le  Crépis  radicata  Forsk.  (Sieber  !  pi.  ,'Eg.  exsicc.) 
plante  des  déserts  de  l'Egypte;  la  forme  robuste  se  rapporte  à  la  description 
et  a  la  figure  du  Picris  lyrata  de  Delile  {jE(j.),  qui  n'a  pas  reconnu 
l'identité  spécifique  de  sa  plante  avec  celle  de  Forskal ,  dont  elle  n'est  pas 
même  une  variété.  De  Candolle  avait  déjà  indiqué  la  réunion  en  une  mémo 
espèce  des  deux  plantes,  que  iM.  Schultz  avait  au  contraire  distinguées 
en  attribuant  aux  akènes  extérieurs  du  Crépis  radicata  {S.  Sieberi 
Seluilt/.  Bip.)  une  aigrette  à  scariosité  divisée  presque  jusqu'à  la  base  en 
poils,  et  aux  akènes  extérieurs  du  C.  lyrata  {S.  lyrata  Schultz  Bip.)  une 
aigrette  à  scariosité  cupuliforme  divisée  en  poils  seulement  jusque  vers 
son  milieu  5  mais  ces  caractères,  tirés  de  la  structure  de  la  cupule  qui  sur- 
monte les  akènes  extérieurs,  ne  sont  pas.  plus  constants  que  ceux  du  port, 
car  dans  nos  échantillons  nous  avons  vu  les  poils  de  la  cupule  soudés  jus- 
qu'au milieu  dans  la  forme  naine  de  la  plante  et  libres  dans  la  forme  ro- 
buste, tandis  que,  d'après  M.  Schultz,  les  caractères  du  port  et  de  la  cupule 
devraient  coïncider  en  sens  contraire.  —  Le  S.  radicata  [Crépis  radicata 
Fo)sk.),  tel  que  nous  le  déiinissons,  est  caractérisé  par  les  akènes  extérieurs 
surmontes  d'une  aigrette  rudinientaire  très  courte  à  poils  libres  presque 
jusqu'à  la  base  ou  soudés  dans  leur  moitié  inférieure,  et  surtout  par  les 
akènes  du  centre  très  petits,  d'une  teinte  bleuâtre  glaucescente  à  la  matu- 
rité, à  rides  transversales  assez  saillantes,  rétrécis  en  un  bec  très  court  sur- 
monté d'une  aigrette  très  caduque  composée  de  soies  molles  et  blanches.  — 
Le  Leontodon  coronopifoliwn  Desf.  [Picris  coronopifolia  D(].  —  6^.  corono~ 
pifolia  Schultz  Bip.),  ainsi  que  nous  avons  pu  nous  en  convaincre  par  l'é- 
tude de  la  plante  de  Desfontaiues  dans  l'herbier  du  Muséum,  n'est  que  le 
5.  radicata  1res  jeune  et  dont  les  tiges  non  développées  n'atteignent  pas  la 
longueur  des  feuilles.  —  Le  Picris  pilosa  Delile  (DC.  —  iS.  .Eyyptiaca 
Schultz  Bip.),  d'après  les  ecliantiUons  de  l'herbier  de  Delile  et  d'après  la 
description  et  la  ligure,  n'est  au  contraire  qu'une  forme  très  développée  du 
S.  radicata  et  qui  uc  diffère  de  lu  Ibrme  de  la  pUuUe  lioninne  par  Delile 


sÈA>(:r.  iti    ")  Avp.ir,    1857.  o(U) 

A't^/.s-  [yrata  [S.  li/rnta  Scliultz  liip.)  (nn-  pir  K's  iVuilk'S  à  divisions  peu 
profondes. 

Le  Sfiitzclin,  qui  ost  très  rc'pandu  dans  le  Sahara  Al<^orii'ii  et  dans  la 
partie  chaude  des  hauts  plateaux  de  l'AIgoric  et  qui  a  été  donné  h)us  le  nom 
de  S.  h/rata  (Balansa  pi.  Alf^t-r.  exsicc.  n.  968;  Coss.  Voij.  bot.  Alf/rr.  in 
A)in.  se.  nat.  sér.  li,  IV,  285),  est  très  diflerent  du  6'.  radicula  par  les  lleu- 
rons  dépassant  plus  longuement  rinvolucre  et  surtout  par  les  akènes  du 
centre  deux  a  trois  fols  plus  i>;rands,  à  l'iiles  transversales  plus  saillantes,  et 
surmontés  d'une  aigrette  persistante  d'un  hiane  sale;  celte  dernière  plante 
doit  constituer  une  espèce  nom  elle,  le  6'.  Saharœ. 

Nous  devons  faire  remarquer  (lue  le  genre  Spifzelia,  distingué  surtout  du 
genre  Picn's  par  l'aiiirette  des  akènes  extérieurs  réduite  à  une  cupule  bca- 
rieuse  ou  à  des  poils  tiès  courts,  se  compose,  tel  qu'il  est  actuellement  dé- 
fini, d'espèces  assez  hétérogènes,  puisque  l'une,  le  .S'.  nuUcata,  a  l'aigrette 
cadu(|ue  composée  de  soies  blanches  et  molles,  tandis  ({ue  les  autres,  telles 
que  les  S.  cupuligera  et  Saliarœ,  ont  l'îiigi'elte  persistante  composée  de 
soies  plus  ou  moins  raides  d'un  blanc  sale  ou  roussâtres. 

Barrhausia  sknkcioioes  Spreng.  Syst.  111,  G52;  DC.  Prodr.  VU,  156.  — 
Crépis  semcioides  Delile  !  ^Eg.  lllustr.  n.  76^,  et  ['l.  262,  t.  /i2,  f.  2, 

In  arenosis,  alluviis  et  cultis  regni  Tunctani  australioris ,  in  ditione 
Gabes  (Kralik  pi.  Tun.  exsicc.  n.  397).  —In  desertis^gypti  mediœ  ad  Ca- 
hiram  (Delile,  Husson). 

ZoLLiKOFERïA.  QUERciFOLiA. —  Souchus  quercifoUus  Desf.!  At/.  11,  225, 
t.  213  ;  DC.  Prodr.  VU,  188. 

Tu  deserto  ïunetano  australiore,  in  montibus  prope  (.'afsa  (Desf.),  in 
niontibus  humilioribus  calcareo-glareosis  Djebel  Keroua  diiionis  Gabes 
(Kralik  pi.  Tun,  exsicc.  ii.  266),  nec  non  ex  montibus  auluga  in  planitie  et 
torrentium  alveis  obvia.—  In  Saharœ  Algeriensis  ditione ^/sAto,  prope  £1 
Outciia!  ad  niontem  salinum  (Jamin),  prope  Biskra  in  collibus  apricis 
nec  non  in  alluviis  amnis  Oued  Biskra  (Balansa  pi.  Alger,  exsicc.  n.  788). 

Aux  environs  de  Gabes  se  trou\e  réunie  a  la  l'oi-me  de  la  plante  figurée 
par  Desfontaines  et  caractérisée  par  les  feuilles  larges  piesque  entières  ou  à 
lobes  larges  triangulaires  et  peu  profonds,  une  autre  forme,  qui  croit  dans 
des  lieux  plus  arides,  et  dont  les  feuilles  plus  étroites  et  plus  ou  moins  pro- 
fondéii^ent  pinnatifi.les,  rappellent  eelle-s  du  Zollikoferia  rcsedifolia.  L'é- 
tude des  akènes  est  venue  nous  montrer  que  le  port  nous  avait  indiciue  la 
véritable  aflinite  iiénéi'ique  de  notre  plante  dont  la  phice  naturelle  ed  d.Mià 
le  genre  Zollikoferia. 

T.   IV.  2^ 


ZoLLiKOFERU   AKGusTiFOLiA  Coss.  ct  DR.  iii  Bull.  Soc.  hot.  II,  25^. 

Soncims  angustifolius  Desl". !  Atl.  II,  225  in  hcrh.  Mus.  Par.;  f)C.  Prodr. 
VII,  186.  —  ZoUikojeria  Arabica  Boiss.  Diagn  pi.  Or.  ser.  1,  fasc.  vu, 
12,  et  sei-.  2,  fasc.  iir,  97.  —  lihabdotheca  angustifolia  Schultz  Bip.  in 
herb.  Mus.  Par. 

In  deserto  Tunetnno  australiore  prope  Cofsa  (Desf.),  in  argilioso-are- 
nosis  incultiset  ad  margines  agrorum  ditionis  Gobes  Kralikpl.  Tun.  exsicc. 
n.  267).  —  In  deseili  Algcricnsis  austialioiis  glareosis,  calcareis  vel  argil- 
losis  hinc  inde  diffusa,  ex.  gr.  Diskra  (Jamiu;  Ralansa  pi.  Alger,  exsicc. 
n.  1015  sub  noniiiie  Sonchus  I.ibycus  Spacli  iued.),  in  ditioiie  Laghouat! 
(ileboud),  in  ùïWowe Béni  Mzah  prope  Guerrara  (Reboud),  in  ditione  Ouled 
Sidi  Cheikh  prope  Brêzina  !  —  In  Arabia  petraea  (Scliimper  pi.  Arab.  petr. 
exsicc.  n.  207  et  287  ;  Boissier). 

[Jm  suite  à  la  prochaine  séance.  ] 


SHLVNCE    DU    2li    AVRIL    1857. 

PRÉSIDENCK,    DE    M.    MOQCIN-TANDON. 

M.  Cosson,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  séance 
du  3  avril,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance,  M.  le 
Président  proclame  l'admission  de  : 

MM.  Targioni-Tozzetti   (Adolphe),    professeur  de   botanifpie  à 
Florence  (Toscane),  présenté  \mv  MM.  Parlatore  et  J.  Gay. 
ToDARO  (Augustin),  directeur  du  jardin  botanique  de  Palerme 
(Sicile),  présenté  par  MM.  Parlatore  et  J.  Gay. 

M.  le  Président  annonce  en  outre  deux  nouvelles  présentations. 

M.  le  Président  annonce  la  mort  de  M.  Hérélieu,  inspecteur  des 
contributions  indirectes  à  Monlauban,  membre  de  la  Société,  décédé 
le  6  de  ce  mois. 

Do7is  faits  à  la  Société: 

1°  Par  M.  P.  deTcbibatchef: 

L'Asie  Mineure,  description  ph  y  signe,  statistique  et  archéologique  de 
cette  contrée,  1'  partie  [Climatologie  et  Zoologie). 

2°  De  la  part  de  M.  II.  Lecoq,  de  Clermont-Ferrand  : 

Études  sur  la  géographie  botanique  de  l'Europe,  t.  VI. 


sÉANCR  nu  2/i  AVitii.   1857.  371 

3°  Do  la  part  do  IM.  A.  Joidaii,  do  Lyon  : 

Nouveau  mémoire  sur  la  question  relative  aux  /Egilops  triticoides  et 
spcltœformis. 

l\°  Do  la  pari  *\ii  M.  F.  Ainbrosi,  du  Valsugana  : 
Flora  del  Tirolo  méridionale,  t.  II,  Impartie. 

5°  De  la  pari  de  M.  C.  Billot,  de  Hagtienau  : 
Annotations  à  la  flore  de  France  et  d' Allemagne  (suite). 

6"  En  ochaiige  du  Bulletin  de  la  Société  ; 
L'Institut,  avril  1857,  trois  numéros, 

M,  .T.  Gay  présente  à  la  Société  la  deuxième  partie  de  l'ouvrage 
de  M.  de  Tchiliatchef ,  intitulé  :  ['Asie  Mineure ,  description  pliy- 
sique,  statistique  et  archéologique  de  cette  contrée,  et  ajoute  les 
observations  suivantes  : 

Cette  seconde  partie  tiaite  de  la  Climatologie  et  de  la  Zoologie,  et,  en 
raison  de  la  première  de  ces  matières,  elle  doit  être  considérée  comme  une 
introduction  nécessaire  à  la  partie  botanique  du  même  ouvrage,  à  Inquelie 
l'auteur  doit  consacrer  les  deux  volumes  suivants,  sous  le  titre:  Végétation  de 
l'Asie  Mineure,  accompagnée  d'un  coup  d'œil  sur  le  caractère  de  la  végéta- 
tion  de  l'Orient  en  général. 

Deux  chapitres  de  cette  deuxième  partie  ont  d'ailleurs  un  rapport,  étroit 
avec  la  botanique,  puisque  l'un  d'eux  (le  chapitre  VIII)  est  consacré  aux 
Limites  des  neiges  perpétuelles  et  de  la  végétation  arborescente,  tandis  que 
l'autre  (le  dixième)  traite  du  Déboisement  et  du  développement  des  maré- 
cages. 

Au  nombie  des   faits  botaniquement  importants  consignés  dans  le  cha- 
pitre VIII,  sont  entre  autres  les  limites  supérieures  de  IZiO  espèces  ligneuses 
indiquées  d'après  les  propres  observations  de  l'auteur,  dans  des  contrées 
jusqu'ici  à  peu  près  incoin)ues  aux  naturalistes. 

M.  de  Schœnefeld,  vice-secrétaire,  donne  lecture  de  la  note  sui- 
vante, adressée  à  la  Société  par  M.  Nylander  : 

SUR  LA  DIFFUSION  DE  QUELQUES  ESPÈCES  DE  LICHENS,  par  M.  1,>  D'  ]\'lB.,i:\nER. 

(Pai-is,  23  avril  1857.) 

A  la  dernière  séance  delà  Société,  M.  Martins  a  rappelé  l'hypotlsèse  (|ui, 
pour  expliquer  les  différences  que  présentent  entre  elles  les  flores  de  pa>  s 
séparés  par  de  grandes  diiimces^  admet  plusieurs  centres  de  création.  Qu  il 


3?'2  SOCIÉTÉ    ROTAMQL'E    DE    FRANCK. 

ii;e  soiî  permis  de  faire  observer  à  ce  sujet  que  la  distribulion  i:éogiaphi(|ue 
des  Lichens  ne  parait  nullement  être  en  harmonie  avec  cette  théorie.  En 
effet  ces  végt'taux  à  vie  si  tenaee,  et  (|ui  souvent  semblent  se  eonf;)ndre 
en  (|ue!(|ue  sorte  avec  la  roche  qui  les  porte,  offrer.t  un  s^rand  nombre  d'es- 
pèees  qui  se  trouvent  répandues  sur  tous  les  points  du  globe  et  sur  chaque 
îlot  qui  s'élève  au-dessus  de  la  mer,  quelque  isolé  qu'il  soit.  On  remarque 
aussi  f|ueces  espèces,  éminemment  cosmopolites,  sont  en  général  celles  (jni 
montrent  le  plus  d'indiffei-ence  pour  la  nature  de  leur  substratuni  :  les 
rociiers,  la  terre,  les  ccorces,  le  bois  leur  conviennent  à  peu  près  également  5 
cependant  la  plupart  d'entre  elles  sont  principalement  saxicoles. 

Comment  expliquer  ici  l'immense  diffusion  par  le  transport  de  graines? 
Il  parait  certain  que  les  cellules  délicates  qui  constituent  les  spores  des  Li- 
chens ne  peuvent  pas  être  transportées  par  les  courants  marins  ou  du 
moins  qu'elles  s'altèrent  promptcment  dans  l'eau  salée,  et  à  plus  forte 
raison  dans  le  tube  digestif  des  oiseaux.  Admettre  le  transport  des  spores 
par  les  agents  atmosphériques,  à  l'aide  des  hrouillai'ds  et  des  vents  par 
exemple,  serait  encore  une  opinion  fort  hasardée.  D'ailleurs,  il  ne  faut 
pas  perdre  de  vue  que  ce  sont  surtout  certaines  espèces  que  l'on  trouve 
répandues  sous  toutes  les  latitudes,  et  il  est  évident  que  les  agents  auxquels 
nous  venons  de  faire  allusion  ne  vont  pas  choisir  les  spores  de  celles-là 
plutôt  que  celles  de  toutes  les  autres. 

Voici  quelques  chiffres  qui  expriment  la  proportion  dans  laquelle  les 
espèces  européennes  se  retrouvent  dans  quelques  pays  exotiques  : 

Dans  rAmériqne  boréale,  les  espèces  européennes  forment.  78  p.  lOO'N    g  j^    «_ 

Dans  la  Nouvelle-Zélande G8     —      /   =  xâ 

Au  Chili 50     —      [   °  "=  -a 

Dans  la  Polynésie oO     —      l  -  i    S 

A  Java 25     —     j  ^  '^  %. 


La  théorie  des  centres  multiples  de  création  semblerait  donc  s'appliquer 
mal  aux  Lichens,  puisque  l'cloignement  des  pays  entre  eux  n'est  pour  rien 
dans  la  distribution  des  espèces.  Il  serait  au  moins  plus  Juste  d'admettre, 
comme  conséquence  de  ce  qui  précède,  Vunité  d'action  de  la  force  créatrice, 
manifestée  par  la  pré^ence  de  certaines  formes  identiquement  les  mêmes 
sur  tous  les  points  de  la  teire,  et  avec  lesquelles  viennent  se  combiner  en 
propai'lion  plus  ou  moins  giandr,  dans  les  diverses  regons,  d'autres  formes 
appartenant  en  propre  aux  grandes  zones  géographiques,  pour  constituer 
les  flores  spéciales  dont  la  composition  se  modilie  selon  les  lieux.  Chaque 
région  se  crée  ainsi  sa  flore  (jni,  considérée  isolément,  n'est  qu'un  fragment 
d'une  création  végétale  unique  et  générale,  (jui  s'est  faite  sur  toutes  les  par- 
ties du  glub^,  produisant  pour  chaque  localité  les  organismes  qui  y  trou- 
vaient un  milieu  convenable  à  leur  existence. 


SF.ANCi-:  ni:  *2/j  aviul  1857.  373 

Les  flores  qui  sont,  relativomcnl  niix  pliaiiéi'oiiames,  le  plus  sensililes  aux 

influences  loenios  et  qui,  sous  ce  lapport,  peuvent  otïrir  les  dissemblances 

les  plus  gianch s,  ne  présentent  souvent,  en  ce  qui  concerne  les  Lichens, 

que  des  différences  peu  considérables, 

M.  Boisdtival  présente  à  la  Société  phisiours  plantes  en  lleur,  qu'il 
est  parvenu  à  cultiver  avec  succès  :  Ranuncnhts  Thora,  R.  alpes- 
tris,  Orchis  mascida,  0.  Morio^Ophrys  Araneola,  Rchb.—  M.  Hois- 
duval  dit  que  le  Rammculm  Thora  est  d'une  culture  très  difficile, 
ainsi  que  Y  Orchis  Morio,  qu'il  cultive  dans  un  mélange  de  Sphagnum 
et  de  terre  sablonneuse.  —  I!  fait  remarquer  la  précocité  do  VOphrys 
Araneola,  qu'il  a  reçu  du  département  de  !a  Dordogiie,  et  qui  est 
déjà  en  fleur,  tandis  que  XO.  aranifera  ne  fleurit  dans  ses  cultures 
que  vers  le  10  mai  au  plus  tôt. 

31.  de  Scliœnefeld  dit  qu'il  a  vu  avec  M.  Cosson,  à  Port-Villez 
(Seine-et-Oise),  le  22  avril  1851,  une  forme  déjà  fleurie  de  l'O. 
aranifera,  f\m  lui  paraît  la  même  que  celle  que  M.  Boisduval  cultive 
sous  le  nom  d'O.  Araneola.  La  forme  de  Port-Villez  a  été  décrite 
par  M.  Cosson,  sous  le  nom  d'O.  aranifera^  var.  Pseiidospecidum. 

A  l'occasion  de  ce  qu'il  vient  de  dire  sur  la  culture  des  Orchidées, 
M.  Boisduval  signale  ce  fait  curieux,  que  le  Goodijera  repens  ne  peut 
végéter  que  tant  que  le  terreau  dans  lequel  il  est  planté  contient  du 
mycélium  de  Champignons.  Quand  le  mycélium  manque,  la  plante 
meurt. 

M.  PrillieuN:  a  constaté  le  même  fait  à  l'égard  de  plusieurs  Orchi- 
dées, notamment  du  Neottia  Nidus  avis.  Les  Spiranthes  sont  dans 
le  même  cas,  et  la  racine  si  pi-ofonde  du  Limodorum  est  aussi  en- 
tourée de  mycélium.  Ce  mycélium  pénètre  quelquefois  dans  le  tissu 
des  racines,  mais  il  vient  évidemment  de  l'extérieur. 

M.  de  Scliœnefeld  est  d'avis  que  le  développement  de  certaines 
Orchidées  et  la  présence  du  mycélium  peuvent  être  des  faits  conco- 
mitants, sans  avoir  l'un  avec  l'autre  des  rapports  de  cause  à  eiïet. 

M.  de  Bonis  rappelle  que  quelques  horticulteurs  einploient  l'am- 
moniaque dans  l'arrosage  des  Orchidées.  Le  mycélium  pourrait  jouer 
un  nMe  analogue  à  celui  de  l'ammoniaque,  en  raison  de  la  quantité 
d'azote  (ju'il  contient. 

31.  3Icnière  ne  pense  pas  que  la  présence  du  mycélium  soit  néces- 
saire pour  le  développement  des  Orchidées,  car  dans  les  serres  on 
cultive  les  plantes  de  cette  famille  sur  du  liège  ou  sur  d'autres  corj>> 


37/i  SOCIÉTÉ   BOTAMQLE    DE    FRANCE. 

dépourvus  de  mycélium.  Il  ne  faut  pas,  dit-il,  attacher  une  trop 
grande  importance  à  des  faits  intéressants  sans  doute,  mais  dont  la 
constance  a  encore  besoin  d'être  vérifiée. 

M.  Prillieux  dit  qu'il  a  examiné  au  microscope  le  mycélium  du 
Limodorum.  Il  n'en  a  vu  d'ailleurs  ni  chez  \u\n(/7'œcum,  ni  chez  les 
espèces  de  hi  tribu  des  Ophrydées. 

M.  Moquin-Tandon  présente  deux  gousses  sèches  et  mûres  d'une 
Vanille  cultivée  au  jardin  de  la  Faculté  de  médecine,  etqui  est  proba- 
blement le  Vanilla  lanceolata.  Ces  gousses  sont  très  aromatiques, 
et  peuvent  servir  aux  mêmes  usages  que  celles  de  la  Vanille  du 
commerce. 

M.Guillard  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

DE  L'INFLORESCENCE  COMPOSÉE,  par  M.  ACII.  GUILL.tRD  (1). 

XI.  Les  groupes  simples,  en  se  répétant  par  l'effet  de  la  progression  ou 
de  la  récnnence,  sont  portés  sur  un  axe  coninum.  On  peut  considérer  leur 
ensemble  comme  un  groupe  à  deux  degrés  (selon  l'expression  de  Turpin)  ou 
(jroupe  binaire.  Les  groupes  binaires  répétés  forment  un  groupe  ternaire ,  et 
ainsi  de  suite. 

Phaseolus  vulgaris  L.  et  autres  espèces  du  même  genre  ont  un  pédoncule 
nxillaire  qui  porte  une  succession  progressive  deBotrjes  triflores  :  c'est  en 
quelque  sorte  une  Botrye  de  Botrijes;  c'est  un  groupe  i)inaire.  La  branche 
sur  laquelle  ces  pédoncules  se  succèdent  à  chnque  aisselle  peut  être  regardée 
comme  un  groupe  ternaire,  et  la  plante  entière  comme  un  groupe  quater- 
naire. Si  chacun  de  ces  groupes  a  des  attributs  qui  lui  sont  propres,  il  est 
évident  que,  tant  que  ces  attiibuts  n'ont  pas  été  énoncés,  la  plante  ne  peut 
être  regardée  comme  décrite  :  son  histoire  naturelle  n'est  pas  faite. 

Une  Caryopbyllée  quelconque  termine  sa  tige  par  une  Cyme  surmon- 
tante inégale  :  les  Cymes  axillaires,  qui  s'épanouissent  après,  forment  une 
Cyme  de  Cymes.  Cette  Cyme  composée  ne  ressemble  aux  Cymes  simples 
qui  la  forment  que  par  la  régression.  Elle  est  d'ailleurs  d'un  caractère  diffé- 
rent: elle  est  descendante,  suboidonnée;  elle  suit  une  autre  loi  d'inéga- 
lité, etc.,  comme  nous  le  dirons  en  son  lieu.  Des  branches  nouvelles,  ve- 
nant du  bas  de  la  tige,  répètent  cette  Cyme  binaire.  Leur  ensend)le,  qui  est 
la  plante  entière  (ou  au  moins  toute  la  pousse  annuelle),  forme  un  groupe 
ternaire  qui  a  encore  d'autres  particularités. 

Les  groupes  floraux  sont  des  êtres  déterminés,  puisqu'ils  ont  leurs  qua- 
lités propres  et  constantes.  Tout  être  a  droit  à  un  nom.  Il  faut  donc  trouver 

(I)  Ce  travail  lait  suite  à  celui  que  M.  Guillard  a  publié  dans  le  Bulletin  (t.  IV, 
p.  29  et  IIG)  sous  le  titre  (ïldée  générale  de  l'inflorescence. 


sr.ANCK  nr  '-Vi  \\n\i.  1857.  375 

le  moyen  de  noiniiicr  ces  divers  «iioujxvs  d'après  leur  organisation,  il,  s'il 
est  possible,  ilc  nianièri'  (|iit'  le  lerme  lui-même  décrive,  par  sou  seul  énoncé, 
la  eomposition  du  p:roiipe. 

Quand  ou  voudra  expérimenter  soi-même  sur  un  certain  uoml)re  de  ra- 
milles, on  se  convaincra  qu'il  y  a  impossibilité  absolue  de  décrire  l'indo- 
rescence  d'une  manière  précise  el  complète,  si  clia(|ue  groupe  bien  dé- 
terminé n'a  pas  un  nom  propre  pour  le  désigner.  Aussi  tous  les  botanistes 
avouent  (jue  cette  description  n'a  jamais  été  faite  d'une  manière  satisfaisante. 

Xrf.  l.a  combinaison  binaire  la  plus  fré(iuente  est  celle  des  Cymes  axil- 
laires,  c'est-à-dire  des  Cymes  se  succédant  dans  l'ordre  progressif  ;  c'est  l'in- 
tlorcscence  des  Labiées,  Ilicinées,  Ulmacées,  Rhamnées,  Célastrinées,  IMal- 
vacées,  Monimiacées,  Tbésiacées,  Cucurbitacées,  etc.  L'inflorescence  offre 
alors  (les  Cymes  répétées,  dont  l'ensemble  forme  une  Botrye  :  nous  appelons 
cet  ensemble  une  CYM()-U()T1\YK. 

Dans  ce  terme  composé,  le  mot  Botrye,  qui  est  le  plus  avancé  el  qui 
garde  sa  terminaison  propre,  est  le  principal  des  deux  mots  composants:  il 
exprime  en  effet  la  nature  du  groupe  total  qui  est  une  Botrye,  et  dont  les 
Cymes  ne  sont  que  les  éléments  (1). 

Au  contraire,  une  Crucifère  quelconque  fleurit  d'abord  en  Botrye  termi- 
nale, puis,  par  réoression,  eu  Botryes  axillaires.  On  a  ainsi  des  Botryes  ré- 
pétées, dont  l'ensemble  forme  une  Cyme:  nous  nommons  cet  ensemble 
une  BOTRY-CYMK,  poursuivre  la  même  analogie. 

Reprenons  ces  deux  termes,  qui  sont  comme  deux  pivots  de  nomencla- 
ture sur  lesquels  va  se  dérouler  sans  peine  l'immense  série  des  phénomènes 
d'inflorescence  composée. 

l,a  Cymo-Botrye  est  une  Botrye  composée  de  Cymes.  On  la  voit  à 
nu  sur  les  Esculacées,  les  Sauges,  les  Lavandes,  le  Chèvrefeuille  ;  on  la  voit 

(l)  C'est  ainsi  qu'en  chimie  on  nomme  oxacide  un  acide  formé  avec  l'oxygène; 
hyclracide,  un  acide  formé  avec  riiydrogène;  sulfohase,  sulfosel,  chlorhydrate, 
chlorobase,  chlorosel,  etc. 

Au  reste,  ces  liaisons  de  mots  sont  très  usitées  des  botanistes,  lorsqu'ils  veulent 
indiquer  une  idée  ou  donner  une  notion  qui  résulte  de  deux  faits  liés,  de  deux  idées 
conjointes.  On  trouve  dans  une  seule  page  des  Annales  des  se.  nat.,  t.  I,  i*  série, 
p.  197  : 

cano-tomentosis,  rotundato-ovatis,  jmbescenti-pilosis, 

crenulato-serratis ,  crenato-serratis,  stigmatoso-villosus , 

elliptico-ovatis,  pubescenti-tomeniosis,        depresso-conicum, 

glomerato-spicati. 

Remarquez  le  dernier,  glomerato-spicati,  qui  désigne  un  t,Moupe  floral  dans 
lequel  des  glomérules  sont  disposés  en  épi  (mais  sans  indiquer  si  cet  épi  est  pro- 
gressif ou  régressif). 


87»)  SOCIETi:   BUTAMULIO    DM    FitA.NCK. 

ruuillee  chez  Lainiuin,  Thymus,  Saturcia,  Ocimum,  Phlomis,  les  Cclastri- 
uées,  etc.,  etc. 

La  Boti y-Cyme  est  une  Cyme  composée  de  Botryes.  Elle  est  mie  sur 
plusieurs  Spirées,  sur  Arbutus,  Clethra,  Hcdera  Heli\  L.  etc.;  elle  est 
fouillée  chez  les  Ti'opéolées,  les  Crucifères,  les  Potamées,  etc. 

Kn  généralisant  le  principe  de  cette  nomenclature,  on  arrive  à  repré- 
senter avec  autant  de  clarté  que  de  facilité  toutes  les  successions  pos- 
sibles des  deux  ordres  d'infloiescence.  Nous  unissons  ensemble  les  deux 
mots  Cyme  et  Botrye,  en  les  énonçant  dans  l'ordre  où  les  groupes 
(|u'ils  représentent  se  suivent  sur  la  plante.  Ainsi,  sur  la  plupart  des 
Tabiées,  le  groupe  simple  étant  une  Cyme,  les  groupes  binaires  étant 
des  Cymo-Botryes ,  et  les  C-Botryes  se  succédant  dans  l'oidre  régressif, 
rinflorescence  donne  une  Cymo-Botry-Cyme  (C-B-Cyme).  Sur  Hakca  mi- 
crocnrpa  Br. ,  les  groupes  simples  étant  des  Botryes,  ces  gioupes  se  succé- 
dant dans  l'ordre  régressif  forment  une  Boti-y-Cyme  ;  et  les  B-('ymes  se 
succédant  dans  Tordre  progressif,  l'inflorescence  complexe  est  une  Botry- 
Cymo-Botrye  (lî-C-Botrye). 

Ri'GLr:  GÉN'ÉRAT.E.  Les  noms  composés  se  forment  en  répétant  les  deux 
termes  simples  dans  l'ordt^e  oh  les  groupes  se  répètent  sur  la  plante. 

On  commence  l'observation  par  le  groupe  simple  et  on  l'énonce;  puis  on 
énonce  le  groupe  binaire,  puis  le  ternaire,  et  ainsi  de  suite.  Celui  des 
deux  termes  élémentaires  qui  est  énoncé  le  dernier  et  qui  garde  sa  termi- 
naison (Botrye  ou  Cyme),  exprime  la  qualité  du  groupe  total  que  l'on  con- 
sidère. 

r.orsque  l'ordre  pi'ogressif  se  présente  deux  fois  de  suite,  au  lieu  de  Botry- 
Botrye,  nous  disons  Dibotryc;  trois  fois,  Tribotrye,  etc  (1).  Nous  disons  de 
Tuéme,  au  lieu  de  Cymo-Cyme,  Dicyme  (ScNMue),  puis  Tricyme  (Seyme), 
Tétracyme  (^cyme),  etc. 

Dicyme  ne  veut  pas  dire  (ju'il  y  a  deux  Cymes,  mais  que  la  Cyme  est 
multipliée  par  elle-même,  qu'elle  est  Cyme  complexe  à  deux  degrés;  — 
3cyme,  que  la  2cyme  est  multipliée  par  elle-même,  qu'elle  est  Cyme  com- 
plexe à  trois  degrés,  et  ainsi  de  suite.  De  même  pour  2botrye,  Sbotrye,  etc. 

C'est  ainsi  que  bipenne  ne  veut  pas  dire  qu'il  y  a  2  folioles  pennées, 
mais  que  la  feuille  est  pennée  à  2  degrés  ;  —  tripenné,  de  même,  etc. 

Xllf.  Voici  une  série  de  groupes  observés,  i\w\  pourra  familiariser  avec 
une  nomenclature  indispensable,  sans  la(jue!le  nous  déclarons  qu'il  nous  eût 
été  impossible  de  sortir  du  dédale  de  rinllorescencc. 

Ces  listes  serviront  en  même  temps  à  donner,  par  le  seul  appel  nominal 
des  groupes  et  avant  toute  énonciat:on  de  leurs  qualités  diverses,  une  pre- 

(l)  'Y:;,  deux  fuis,  rp'.;,  Ifois  fois  :  L^ibonyc  e.^l  pour  Di^botrye,  Dicyme  pour 
Discyme. 


SÉANCK    DU    '2/1    AVUIL     ISÔT.  377 

mière  idée  do  la  variété  inliiiie  (|ui  resulU'  du  simple  jini,  aUenialil' ou  con- 
tinu, des  deux  ordonnées  de  l'intlorescence. 

GROUPES   BINAIRES. 

2boti'ye  (Oil)otryo)  :  Mahonia  Niitt.;  Pimelea  decussata  1>.  Br.;  Molpi- 
ghla  L  ;  Kuimia  lutifolia  L.,  K.anrjustifolia  L.;  Lnntana  l..;  Myricées, 
Chloianthees,  Protéaeées,  r>aidizal)alées,  Papilionacées,  Plantaginées, 
Ombellileres. 

Cymo-Botrye  :  Ulmaeées,  Amyridées,  Foresliérées,  Esculacées,  Célastri- 
nées,  Malvaeées,  Oxalidées,  Meliaeées,  Sapindacées,  Labiées,  Acantha- 
cées,  Convolvulacées,  l.onicérées  ;  Bégonia  L.,  Aristotelia  L'iiér. ;  le 
Poirier,  le  Houx,  le  Bananiei-. 

Botry-Cyme:  Virgilia  Laink.,  Arbidus  L.,  Clethra  L.,  Hadera  Tourn., 
Verbena  I .;  Ardisia  crenata  Sirns. ,  Gcdpliimia  hirsuta  Cav.;  Tropéoltes, 
Cruc^l'èies,  Phytolaecées,  Potaméees. 

2cyme  (Dioyme)  :  Hosa  Tourn.,  Sorbns  T.,  Sedum  T.,  Dullinrda  DC, 
Riita  T.;  Euphorbes,  Géraniacées,  Linées,  Hypéricées,  Zygophy liées, 
Solanees,  Cestrinées,  Boraginées,  Hydropliyllées,  Hydroléaeées,  Apocy- 
nées,  Aselepiadées,  Cistacées  ,  Loasécs  ,  Caryophyllées,  Nyctaginées, 
Commelynees. 

GROUPES   TERNAIRES. 

.3botrye  (Tribotrye)  :  Trifolium  incarnotum  L.,  7'.  fragiferumlb.  et  quel- 
ques autres  ;  Soja  Idspida  et  autres  Phaséolées;  Miinosées;  Paratropia 
DC,  Fraxinus  T.;  Lilac  T.;  Sc/iufia  excorticata  Spach. 

C-2botrye  :  Aviccnnia  tomentosa  E.,  Phyllanthus  IS'ùuri  L.  ;  Paulownia 
Sieb, ,  Catalpa  Juss.  ;  lioxburghia  gloriosoides  Roxb. 

B-C-Botrye:  Spirœa  fissa  (or.  mus.  octobre),  Avicennia  afidcana  Beauv., 
Piper  excelsum  Fovii.  Cette  inflorescence  est  fort  rare. 

2C-Botrye  :  Connaracées,  Lauracées,  Ménispermacées;  Mercurialis  T., 
Vitis  L.;  Stranvœsia  glaucescens  Lindl.,  Hermaania  denudata  L.,  Ster- 
culia  cordifolia  Cav.,  Bhus  suaveolens  Ait..  Rh.  Vernix  L. 

2B-Cyme  :  Ononis  biflora  Desf.;  les  Luzernes  et  autres  Papilionacées; 
Balsamiuées;  Vcronica  officinalis  L. ^  V.  Lindlegana  \Yall.,  F.  salici- 
folia  Foi'st. 

B-2cyme  :  Lupins  et  autres  Légumineuses;  Polygala  T.;  Stigmaphyllon 
emarginatum  A.  Juss.-,  Verbena  L.;  Dipsacées,  Crucifères;  Asphodelus 
fistulosiis  L. 

C-B-Cyme  :  Sempervivum  spatliulatwn  Horii.  ;  Malva  Tourn. ,  Andrachne  L.  ; 
Crozophora  tinctoria  iuss.^  Phyllanthus  nutans  Jacq.,  Ph.  lungifolius 
Jacq. ,  Codiœum  pidum  A.  Juss.,  Pistacia  vera  L. ;  Anchusa  L.,  Scro- 
fulariaT.;  Labiées,  Acanthacées;  Phalangium  abyssinicam. 


378  SOCIÉTK    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

3cyme  Tricymo  :  Haminculm  sceleratus  L.,  Seduin  po/julifoliitm  L.; 
Cralœgus  L. :  Sparmannia  pulmata  Kckl.,  lîlms  Cotimis  L.,  /{h.  ser7'i- 
folia  Burcli.;  Polénioiiiacées,  Caryopliylices. 

GUOUPES    QUATEKNAIRKS. 

6botrye  (Tétrabotrye)  :  Liguslnun  Japonicum  Tliunb. ,  Ckamœdorea  ele- 

gans  Mait. 
C-3botrye  :  Hirœa  hirsuta  Wall.  (As.   rar. ,  t.  12),   Trattinickia  hurseri- 

folia  iMart.,  Clirysophyllum  sinense  (b.    par.),   Olea  undidata  Jacq., 

Dioscorea  tricmdra  bort.,  iJracœna  Draco  L. 
2B-C-Botrye  :  Grevillea  Thelemanni  Hûg. 

B-C-2botrye  :  Tumarix  elegans  Spach;  Boussingaultia  H.  B.  K.  la  plante. 
2G-2botrye  :  Ailantus  glandidosa  Desf.,  Ithus  lœvigatu  L.,  Rh.  typhina  L. 

Trymalium  cdbidum,  Sauravjo,  macrop/iylla,  Galium  veru/n   1..    et  les 

autres  de  la  section  -,  Agave  mexicana  Lamk. 
B-2G-Botrye  :  Ardisia  paniculata  Roxb.  la  tige, 
(>B_C-Botrye  :  Branche  de  Houblon  femelle,  —  de  Cissampelos   andro- 

morp/ta  DC.  (I)eless.  le.  t.  98). 
3C-Botrye  :  Diyadées, 

3B-Cyine  :  Spirœa  Bardo.yana,  Mimosa  pudica  L. 
C-2B-Cymc  :  Thalictrum  m.ini(s  L.,  Th.  nigricans  Jacq.  et  plusieurs  autres; 

Pilea  mmcosa  Kndl.,  Esenbeckia  febrifuga  Mart.,  Macleya  cordata  R. 

Br. ,  Logania  neriifolia  b.  p.,  Cnestis  obliqua  Beauv.,  Datisca   canna- 

bina  L.;  Vucca  1^.  ;  Dianella  cœridea  Sims.,  D.  divaricata  R.  Br. 
B-C-B-Cyme  :  Ononis  spinosa  L.,  Hakea  microcarpa  Br.  la  branche. 
2B-2cyme  :  Desmodium  podocarpum  DC;  Jrigonella,  Lathyrus,  Orobus 

et  autres  de  la  famille;  Manglesia  cuneata  Endl.;  Impatiens  L.;  le  Ruba- 

nier  rameux. 
C-B-2cyme  :  Croton  pentaphyllum  hort.,  Kœlreuteria  paniculata  Lamk.; 
Verbascum  T.;  Ruellia  ventricosa  Humb.;  Canna  L.;  Dioscorea  bona- 

riensis  Ten.,  Arthropodium  pendulum  DC. 
2C-B-Cyme  :  Nandina  domestica  Thunb.,  Eriobotrrja  juponica  Lindl.,  Rhus 

villosa  L.  la  branche,  Schinus  Molle  L.,  Baccharis  thesioides  H.  B.  K. 
B-3cyme  :  Composées ^  Spirœa  Aruncus  L.;  Aralia  L.,  Isatis  L;  Scirpus 

sylvaticus  L.  et  autres  Cypéracées;  plusieurs  Joncées. 
Zicyme  (Tétracyme)  :  Thalictrum  ma  jus  Syst.  veg.,  Th.  angustifolium  L.; 

Photinia\Àm\\.;  Ceanothus  americanus  L.,  C.  ovatus  \)Q^Ï.,Campnnula 

subpyrenaica  Timb.,  Statice  purpurata  L.,  6'.  tripteris  h.  par.  et  autres 

du  même  genre. 


D^ 


GROUPES     QUINAIRES. 

C-ùbotrye  :  Spirœa  Lindleyana  Wall.,  Asparagus  amarus  DC. 


sKAm:!-;  m    2/i  avru.    1857.  ."^TO 

2C-3botrye  :   Davilla    elliptica  St. -l!il.,  IJ.  Sugrœanu   A.  Ilicli.,   lilius 

(jlabra  !.. 
2B-C-2botrye  :  Ilorsfieldia  aculeata  Hl.  (Benu.  Jav.  l.  26). 
2B-2C-Botry('  :  Trifolium  tumem  Bieb. 
B-3C-B()tryc'  :  /Walia  racemom  L.  la  tige. 
C-B-2C-B()try{!  :  Polygonum  cjjmosum  Desf. 
^iB-Cyme?  Sah/d  Adansonii  Guer. 
C-3B-Cyme  :  Thalictrurn  sa.rafi/eDC.  (jard,  Monlpollior),  Spirœu  ariifo- 

lia  Sm. ,  Et'iofjlossum  edule  Blum. 
2B-3eyme  :  Impatiens  fulvo,  Niitt.,  /.  tricornisWi^W.  et  autres;  Sison  Amo- 

mum  L.  et  autres  Omhelliféres.    ■ 
C-B-C-B-Cyme  : /^o/y^oMî^m  BistoiHa  \j.,   Rheum  palmatum  L. ,  Rumex 

longifolins  Kth.,  //.  cordifolitis  Ilorn. 
C-2B-2cyme:  Thalictrurn  caroliniamim  DC. 
2C-2B-Cyme:  Omphalobium  pentagynuni  DC.  la  branche,  Mncleya  cardaia 

B.  Br. 
2C-B-2cyme  :  Silène  exaltata  Fries  la  plante. 
C-B-3c'yme  :  Vitex  incisa  Lamk.  Polygonum  macrochœton  Fres. ,  P.  Per- 

sicoria  L. 
SC-B-Cyme  :  Acalypha  caroliniana  Michx. 
B-ieyme  :  Beaucoup  de  Composées-,  Kœleria,  Deyeuxia  et  bon  nombre  de 

Graminées. 
5eyme  (Pentacyme)  :  Stromanthe  sanguinea  Sonder. 

GBOUPES    SÉNAIKES. 

C-^B-Cyme  :  Cannabis  Tourn,;  Rumex  abyssiniens  Jacq. 
C-2B-C-B-Cyme  :  Rumex  Patientia  f..,  R.  crispus  L.,  Rheum  hybridum 

H.  K.,  Rh.  undulatum\j. 
C-2B-3cyme  :  Spirœa  sorbifolia  L.  la  branche. 
C-B-Zicyme  :  Polygonum  alpinum  Ail. 

GROUPE    SEPTÉNAIKE. 

6C-Botrye  :  Alisma Plantago  T..  le  pédoncule  radical. 

GROUPE    OCTONAIRE. 

6C-B-Cyme    :  Alisma  Plantago    L.  la    plante    ou    toute  sa   production 
annuelle. 

GROUPE    NOVÉNAIRE. 

9cyme  (Ennéacyme)  :  Calamagrostis  epigeios  Uolh .  dans  tout  son  dévelop- 
pement normal. 


380  SOCIÉTÉ    BOfA?«lQUE    KK    FRANCK. 

Les  (leniièics  listes  mai'(iuent  l'extrême  limite  (({uant  à  nos  observations) 
de  la  complication  détermiiiée  des  groupes  lloiaux  et  des  termes  analy- 
tiques que  nous  proposons  pour  les  représenter.  Quelques  esprits  timorés, 
redoutant  à  l'excès  le  néologisme,  même  quand  il  est  inévitable,  répugne- 
runt  (nous  en  sommes  averti)  à  piononcer  ces  noms  complexes.  Qu'ils  les 
repoussent  comme  noms,  ils  devient  au  moins  les  admettre  con^nie  signes. 
Nous  croyons,  en  effet,  que  personne  ne  méconnaîtra  l'utilité  d'avoir  une 
représentation  exactede  faits  pbysiologiquesdont  le  nombre  est  incalculable, 
dont  la  place  est  dès  longtemps  marquée  dans  la  science,  et  qui  jusqu'ici 
n'y  sont  pasenlrés,  n'ont  p:>s  été  observés  ou  n'ont  été  consignés  nulle  part, 
parce  qu'il  était  impossible  de  s'en  rendre  compte  snns  un  système  de  signes 
spéciaux. 

Nous  ne  nous  sommes  point  décidé  à  présenter  le  nôtre  publiquement 
avant  de  l'avoir  éprouvé  avec  succès  pendant  plusieurs  années,  tant  sur 
nos  élèves  que  sur  nous-mème.  Qu'en  le  critiquant,  on  en  présente  un 
meilleur,  un  plus  précis  ou  plus  complet,  nous  applaudirons  avec  joie, 
content  d'être  monté  sur  la  brèche  et  d'y  rester,  pourvu  que  la  place  soit 
emportée.  ^ 

INFLORESCENCE    Oo  (iNDÉFINIe). 

L'inflorescence  indéfinie  se  manifeste  d'abord  lorsque  la  progression  se 
répète  progressivement  à  chaque  degré,  sans  que  l'on  puisse  assigner  le 
terme  de  cette  répétition,  comme  on  le  voit  sur  l'ordre  entier  des  Urticées 
et  sur  celui  des  Cucurbitacées,  dont  cette  inflorescence  indéfinie  forme  le 
caractère  spécial,  puisque  ces  plantes  ne  se  développent  guère  par  régres- 
sion qu'à  leur  groupe  le  plus  simple,  qui  est,  pour  les  Urticées,  une  Cyme 
bilatérale  au  ranieau  axillaire,  et  pour  les  Cucurbitacées,  une  djine  axil- 
laire  semi-progressive. 

Au  contraire,  dans  les  plantes  qui  se  développent  principalement  par 
régression  (et  c'est  presque  l'universalité),  cette  régression  peut  encore 
être  regardée  comme  oo,  puisqu'une  branche  qui  lait  Cyme  peut  elle- 
même  porter  des  rameaux  qui  feront  Cyme  à  leur  tour,  et  ainsi  de  suite, 
sans  qu'il  soit  possible  d'assigner  à  cette  élévation  de  degrés  un  terme  précis, 
puisque  sa  limite  dépend  de  celle  des  subsistances  que  la  plante  reçoit  et 
des  conditions  vitales  qui  concourent  à  sa  conservation. 

Ainsi,  ceux  qui  ne  craignent  pas  une  généralisation  trop  étendue,  pourvu 
qu'elle  soit  fondée  sur  des  motifs  plausibles,  peuvent  déclarer  que  toute 
plante  a,  de  sa  nature,  l'inflorescence  oo,  que  toute  plante  est  une  Polycyme 
(oocyme)  en  puissance,  et  faire  entrer  ce  caractère  universel  dans  la  défi- 
nition du  Végétal. 

XiV.  En  voyant,  d'une  part,  qu'un  même  litre  d'inflorescence  simple  ou 
peu  complexe  réunit  des  familles  fort  éloignées  dans  la  série  dite  naturelle, 


si':.\m;i:  ih   '2h  avuil  1857.  .^S1 

ef,  de  l'autir,  (jne  les  divers  do^ré:^  (l'iiilloroscciife  composée  de  toute  (iiuililé 
se  trouvent  épnrs  dans  les  fainillcs  et  les  ^Tiues,  on  sera  peut-èlre  porté  à 
penser  que  les  earaelères  tirés  de  la  snccession  des  (leurs  ne  sont  pas  sus- 
ceptibles d'être  généralisés  de  manière  à  concorder  avec  la  elassillcation 
métliudique.  Mais  on  verra  bien  (ju'il  n'eu  est  pas  ainsi,  quand  nous  serons 
entré  dans  le  détail  des  familles  (ce  que  nous  ne  pouvons  faire  avant 
d'avoir  acbevé  l'exposé  des  lois  et  des  autres  généralités)  ;  car,  après  l'or- 
ganisation fondamentale  qui  ect  exprimée  par  le  nom  propre,  simple  ou 
complexe,  il  y  a  les  modifications  de  forme,  de  position  et  de  développe- 
ment, qui  donnent  aux  groupes  floraux  leur  physionomie  particulière,  et 
qui  sont  exprimées  par  des  adjectifs- usités.  Ces  modilieations  sont  tellement 
variées  et  tellement  constantes  qu'elles  offrent  souvent  le  caractère  le  plus 
extérieurement  saisissable  pour  la  distim-tion  d'une  famille,  d'un  genre  ou 
d'une  espèce.  Déjà  les  taxonomes  les  ont  employées  plusieurs  fois  avec  bon- 
beur.  On  peut  assurer  qu'ils  en  tireront  un  bien  plus  grand  parti,  lorsque 
ces  caractères,  restés  jusqu'à  présent  dans  le  vaguede  l'intuiticm,  en  seront 
sortis  à  la  lumière  d'uneanalyse  méthodique.  Le  plus  souveiit  l'inflorescence 
justifiera  la  séparation  ou  le  rappiocbement  déjà  opérés  entre  tels  et  tels 
groupes  de  plantes;  quelquefois  elle  conseillera  la  révision,  en  fournissant 
des  motifs  nouveaux  au  classement  ;  toujours  elle  contribuera  pour  sa  part  à 
nous  rapprocher  de  ce  but  désiré  de  tous,  que  la  méthode  naturelle,  qui 
n'est  encore  qu'une  a^piration  et  un  espoir,  devienne  enfin  une  vérité. 

M.  Cossoii,  secrétaire,  donne  leclure  de  l'extrait  suivant  d'une 
lettre  qui  lui  a  été  adressée  par  M.  le  docleur  V.  Reboud,  au  retour 
d'une  expédition  dans  la  partie  méridionale  du  Sahara  de  la  province 
d'Alger  : 

LETTRE   DE   M.   REBOUD. 

(Première  partie.) 

Djelfa,  25  février  1857. 

J'arrive  d'Ouargla,  le  Tombouctou  de  l'Afrique  IVaiiçaise.  Giàce  a  la 
bienveillance  de  M-  le  commandant  Margueritte,  j'ai  pu  voir  enlin  la  vaste 
plaine  sabaiienne  nommée  heicha,  bas-fond  où  se  jettent  l'Oued  Kn-JNsa, 
l'Oued  Mzab,  l'Oued  Mia  et  d'autres  torrents  inconnus  :  la  heicha  est 
coupée  de  dunes  ;  ça  et  là  s'y  élèvent  des  pitons  isoles  et  s'y  rencontrent 
des  sebkha;  a  l'ouest,  elle  est  bordée  par  des  plateaux,  et  vers  le  nOrd  par 
une  ligne  de  crêtes  dentelées  d'eiiviron  100  melres  de  hauteur.  Au  milieu 
des  sables  sont  construites  les  villes  de  Negouça  et  d'Ouargla  qui,  jusqu'au 
1"  janvier  1857,  n'avaient  jamais  été  visitées  par  de  véritables  colonnes 
d'infaiiterie  et  de  cavalerie  françaises. 

La  colonne  de  Laghouat,  sous  les  ordres  de  M.  Margueritte,  s'est  mise 
en  marche  le  18  décembre  1856,   en  emportant  avec  elle  35,000  litres 


382  SOCIÉTÉ   BOTAMQUK    DR   FRANCF,. 

d'eau,  et  s'est  diriiice  par  Ras  JNili,  le  col  de  Mahdjez,  les  puits  de  Balloh 
et  l'Oued  Adira,  sur  la  ville  de  Gardaïa,  chef-lieu  de  la  confoderation  de 
rOued  Mzab.  Klle  est  entrée  dans  cette  ville,  le  23,  par  la  grande  avenue 
de  l'oasis,  dont  les  trois  étages  de  verdure  sont  formés  par  des  arbres  frui- 
tiers, des  vignes  grimpantes  et  les  cimes  de  60,000  dattiers.  De  là,  après 
avoir  visité  les  villes  pittoresques  de  Beni-Isguen,  de  Melika,  de  Bounoura, 
et  avoir  renouvelé  à  El  Atof  nos  provisions  d'eau,  nous  avons  longé  la  vallée 
de  l'Oued  Mzab  jusqu'à  Anit  el  Moktar;  la,  vers  une  vaste  dilatation  de 
l'oued,  nous  sommes  entrés  dans  la  partie  du  Guentras  que  de  petites  et 
nombreuses  dépressions  du  sol  ont  fait  nommer  chcchia  (calotte),  et  bientôt 
nous  avons  apeiçu  au  loin  la  masse  conique  de  lArgoub  de  Melela.  La 
végétation  persistante,  observée  juscjue-là  dans  la  région  des  Dahias,  dans 
les  ravins  de  la  &ebkha  et  sur  les  plateaux,  se  composait  des  plantes  sui- 
vantes : 


Farsetia  ovata  et  liuearis.  Felfela. 

Zilia  macroplera.  Chebrog 

Heuophyloii  Deserti. 

Heliaiithemum  sessillflorum.  Semahari. 

Capparis  ovata.  Kebar. 

Haplopliyllum  tuberculatum.  Féigel. 

Zizyphus  Lotus. 

Pistacia  Atlaiitlca.  Bctoum. 

Rétama  Raetam.  lietem. 

Genista  Saliarae.  Hega. 

Anthyllis  Nuiiiidica.  Guendouîe. 

Psoralca  plicala. 

Gymnocarpus  decaudrus.  Igiefna. 

Deverra  scoparia.  Gue^a. 

Rhanteriuni  adpressum.  Harfedj. 


Auvillca  radiata. 
Asleriseus  graveolens. 
Artemisia  llerba  alba.  Chihh. 
Arteniisia  campeslris.  Tegoitfel. 
Antirrhinura  raniosissimum.  Giiethem. 
Marrubium  Deserti.  Yaida. 
Galligouum  cdmosuni.  Larta. 
Caroxylon  artiruiatuni.  Remt. 
Anabasis  articulata.  lielbel. 
Salsola...  Iladjirem. 
Passeriua  microphyila.  Metnan. 
Ephedra  alata.  Alenda. 
Lygeuni  Sparlum.  Senag. 
Stipa  tenacissinia.  Alfa. 
Pannelia  esculenta,  etc. 


Vers  Khoua  el  Atrous,  un  peu  au  delà  d'Anit  el  Moktar,  j'ai  rencontré 
deux  autres  espèces,  \' Anthyllis  sericea  (Gbesedir)  (1),  et  un  Fayonia 
(Cboreik)  dont  le  tronc  ligneux  mesure  2  décimètres  de  hauteur  et  12  centi- 
mètres de  circonférence  ;  je  n'ai  pu  trouver  qu'une  seule  fleur  de  cet  arbuste 
dont  les  nombreuses  touffes  donnent  au  plateau  un  aspect  particulier. 

Le  30,  en  quittant  le  Guentras,  nous  avons  admiré  le  magniHque  pano- 
rama qui  s'étendait  devant  nous  éclairé  par  les  rayons  du  soleil  levant,  et, 
vers  midi,  nos  tentes  s'élevaient  sous  les  dattiers  de  Negouça,  capitale  ruinée 
des  Ben  Babia,  à  côté  du  marabout  de  Sidi  Ali  Palloul.  Le  31,  les  officiers 
sont  allés  à  la  rencontre  des  colonnes  de  Bouçada,  de  Biskra  et  de  Batna, 
commandées  par  M.  le  colonel  Pein  et  AL  le  général  Des  vaux,  qui  a  bien 
voulu  s'intéresser  à  mes  recherches.  L'Oasis  de  ^'egouça,  qu'entourent  en 
partie  quelques  dunes  élevées,  et  dont  le  sol  se  couvre  d'efflorescences 
salines,  renferme  70  ou  80,000  dattiers,  sans  compter  ceux  qui,  sous  le 


(1)  Étaiu,  ainsi  uoinuié  à  cause  de  la  pubescence  argentée  des  feuilles. 


SKANCK  i)i:  2li  AViui>  1857.  381^ 

nom  de  djali  (isoli's),  sont  cpars  dans  le  sabli;  a  t\-3  kilonu'ties  de  la  ville. 
Negoiiça  possède  25  puits  artésiens  d'une  profondeur  de  ôO  inelres,  eolïrés 
en  trônes  d'arbres  et  en  tout  semblables  a  ceux  de 'l'u<iii;urt  dans  l'Oued 
IVu:  L'eau  anière  et  salée  se  déverse  sans  cesse  dans  des  fossés  profonds  et 
étroits  et  sert  à  l'arrosenient  des  dattiers.  Le  tbcrniomèti'e.  plongé  à  plu- 
sieurs reprises  et  à  des  profondeurs  différentes  dans  l'eau  des  puits,  mar- 
quait +  23",  l'air  extérieur  étant  a  +  9".  ''  li^''t  beures  du  matin.  Les  habi- 
tants, qui  ont  la  couleur  et  quelques  traits  de  la  race  nègre,  cultivent  en 
dehors  de  la  ville,  et  dans  le  sable,  de  chetifs  arbres  fruiiiers,  des  légumes, 
le  Coton,  le  Tabac  et  une  Luzerne  qui  m'a  paru  tlifférer  du  Medicngo  s<i,- 
tiva.  Ces  jardins  sont  arrosés  au  moyen  de  puits  non  artésiens  peu  profonds 
et  dont  l'eau,  snoins  saumâtre,  versée  d'abord  dans  un  bassin  situé  au-des- 
sus du  sol,  se  répand  dans  les  petits  carrés  ensemencés,  ou  elle  est  dirigée 
par  une  rigole  enduite  de  chaux  et  creusée  dans  la  partie  supérieure  d'une 
très  étroite  chaussée  en  terre.  Pour  extraire  l'eau  des  puits,  les  indigènes 
se  servent  du  système  de  levier  connu  en  France  sous  le  nom  de  chèvre. 
Autour  de  l'oasis  j'ai  observe  les  plantes  suivantes  :  Henophyton  Deserti 
(Halga),  Cleome Arabica  {iSeAiw) ,  Zygophyllimi  Geslini{\iùn<^vi>ba),  Rétama 
Rœtam  (Lletem),  .\itraria  tridentota  (Hardigj,  Lirnoniastrum  Guyonianum 
(Zeita) [\),Salsola  sp.  (Beguel),  Caroxylon /e^ra^onw»/  (llarmek),  Euphorbia 
Guyoniana  (Lebine),  Artliratherum pungens  (Drine),  Phragmites  commums 
(El  Rah),  etc.  Dans  l'Oasis  même,  j'ai  remarqué  sur  les  bords  des  fossés  et 
des  rigoles  les  Tamarix  Gallica,  Sonchus  maritimus,  Samolus  Valerandi, 
Cressa  Cretica,  y^luropus  liftoralis,  Cynodon  Dactylon  (N'gem),  Setaria 
verticillata,  Phragmites  commimis;  une  plante,  qui   m'est  inconnue,  rem- 
plissait les  rigoles  de  ses  tiges  dessécliées. 

Le  1"  janviei'  1857,  les  trois  colonnes,  composées  de  nombreux  escadrons 
de  chasseurs  d'Afrique,  de  hussards,  de  spahis,  des  goums  et  de  plusieurs 
bataillons  de  bonne  infanterie,  se  sont  dirigées  vers  Ouargla,  a  travers  des 
dunes  et  des  terrains  salés,  et  sont  venues  camper  près  de  Bab  Rebéa,  dans 
une  vaste  plaine  dépourvue  de  végétation.  Le  2,  un  groupe  d'officiers  a 
accompagné  M.  le  général  Desvaux  dans  l'intérieur  de  la  ville,  dont  les 
nombreuses  maisons  ,  agglomérées  et  contiguës ,  forment  un  ensemble 
régulier  percé  de  rues  longues  et  étroites.  Sur  les  murs  de  beaucoup  de  ces 
maisons  bâties  en  terre  et  en  pierre  a  plâtre  (timehend),  et  levétues  d'un 
crépissage,  on  pouvait  lire  la  date  de  leur  construction  et  un  verset  du 
Coran  écrits  eu  caractères  saillants.  Au-dessus  des  portes  basses  et  à  angles 
arrondis,  existent  de  grossiers  dessins  formes  de  lignes  droites  qui  se  coupent 
d'une  manière  plus  ou  moins  oblique  ;  dans  les  vides  qui   séparent  ces 

(1)  Les  Sahariens  lui  donnent  ce  nom  parce  que  les  nombreuses  galles  qui  se 
développent  i>ur  ses  brauches  ressemblent  à  de  grosses  olives. 


3Sâ  .  SOCIÉTÉ   UOTANIQUK   DE   FRANCE. 

lignes  on  voyait  briller,  sous  les  rayons  d'un  pâle  soleil,  des  bols  et  des 
tasses  en  faïence  bleue,  fixés  dans  le  mur.  Des  trois  moscjuées  d'Ouargla 
je  n'ai  visité  (lue  celle  de  Leila  Aza,  où  les  Mzabites  de  l'endroit  vont  a  la 
prière  ;  du  haut  de  son  minaret  élevé,  j'ai  pu  embrasser  d'un  coup  d'oeil  la 
ville  entière  et  les  150,000  dattiers  qui  l'entourent  d'une  immense  ceinture 
de  verdure.  L'air  était  pur  et  tiède,  +18°  à  midi  et  -f-l/i"  à  cinq  heures  du 
soir.  L'hirondelle  des  fenêtres,  que  je  voyais  pour  la  première  fois  dans  le 
Sahara,  rasait  les  blanches  terrasses  des  maisons,  où  quelques  femmes,  au 
teint  noir  etvétues  d'étoffe  bleue,  tournaient  leurs  fuseaux  charfi;ésde  laine. 
Le  même  jour,  nous  avons  visité  le  petit  villa>^e  de  Nouissat,  où  le  chérif 
d'Ouargla,  surnommé  leTlemçani,  s'était  fait  construire  une  kasba  aujour- 
d'hui en  l'uines.  Cette  promenade  m'a  permis  d'étudier  la  végétation  de  l'oasis 
et  des  clairières  que  nous  avons  traversées.  Je  n'y  ai  vu  que  le  Ziigopln/l- 
lum  Gcslini  qui  s'y  montre  en  abondance  et  avec  un  beau  développement; 
cependant  près  de  Bab  Rebéa  ,  j'ai  recueilli  les  feuilles  radicales  d'un 
Stalice,  le  Chmopodina  maritima,  et  des  rameaux  d'un  Tamarix  sans 
fleurs  ni  fruits.  Il  m'a  été  impossible  de  visiter  les  autres  villages 
situés  autour  d'Ouargla;  la  végétation  ne  doit  pas  du  reste  y  être 
différente. 

Le  3,  avant  la  grande  revue  qui  devait  se  terminer  par  des  courses  à 
pieJ  et  à  cheval  et  un  tir  à  la  cible,  je  suis  allé  reconnaître  le  Djebel  Krima, 
un  des  pitons  isolés  qui  s'élèvent  dans  la  plaine  i\  (|uelques  lieues  d'Ouargla. 
Le  Djebel  Krima  est  constitué  par  une  terre  rougeàlre  serid)lal)le  à  du  sable 
durci  par  l'action  des  eaux,  et  mêlée  de  galets  et  de  concrétions  gypseuses 
que  l'on  prendrait  pour  de  longues  tiges  pétrifiées;  la  partie  supérieure  de 
ce  piton  est  ondulée;  on  y  trouve  du  silex  et  il  y  croît  de  maigres  touffes 
de  Traganum  nudatumijLonmQVixvt),  près  des  ruines  d'une  ville  mzahite,  et 
autour  de  l'orifice  béant  d'un  puits  profond  et  sans  eau.  Dans  le  trajet 
d'Ouargla  au  Djebel  Krima  j'ai  observé,  aux  abords  de  l'oasis,  non  loin  de 
Bab  Soltan,  le  ZijgophiiUum  Gcslini  si  répanau  dans  la  heic/ia,  et  vers  la 
montagne  le  Limoniaslrum  (jwjoniarmm ,  Y Arthratlicrum  pungens  et  le 
lictama  Rœlam. 

Les  habitants  d'Ouargla  sont  noirs  comme  ceux  de  Negouça  ;  les  jardins, 
les  cultures  et  les  puits  ne  diffèrent  pas  sensiblement  de  ceux  de  cette  der- 
nière localité.  Les  environs  d'Ouargla  sont,  sur  quelques  points,  couverts 
de  marécages  et  de  sebkho  ;  c'est  de  là  sans  doute  que  provenaient  les  belles 
tables  de  sel  cristallisé  que  des  femmes  des  Chaamba  Bou  Rouba  ont  appor- 
tées au  bivouac  des  goumsde  la  colonne  de  I.agbouat. 

Le  k,  les  colonnes  se  sont  séparées  et  ont  pris  chacune  waa  route  diffé- 
rente ;  la  nôtre  est  revenue  sur  ses  pas,  laissant  a  droite  l'Oasis  de  Negouça, 
et  s'est  arrêtée  le  soir  a  Doi.'iba  près  de  l'emboucliure  de  l'Oued  Mzab.  Le 
lendemain,  après  avoir  visite  liassi  Ps'aga  et  llassi  Cliegga,  elle  est  venue 


si:.vNCr.  v.v  2/i  AViiir,  1857.  3.S5 

c;)iKliiii'e  les  cli.-iMicaiix  al'l'aim's  du  convoi  dans  les  pâturages  Je  rKu"la  dp 
KlielUi',  à  rixtrt'mitc  d'une  pointe  que  lu  /œic/ia  fait  dans  les  plaleaux.  Ia>s 
puits  de  Klu'tile  sont  au  nombre  de  seize  et  servent  à  rirrifjçalion  de  quein nos 
champs  cultivés  par  des  gens  de  Madjeira.  L'eau  suumîîlre  de  ces  puits  était 
à +17",  l'air  extérieur  étant  a  +20"  par  un  léger  vent  d'ouest.  iJepuis 
notre  départ  d'Ouargia  nous  avions  longé  les  bords  de  la  /leicha,  ayant  p:es 
de  nous,  à  notre  gauche,  la  ligne  des  plateaux  :  dans  les  parties  sablonneuses 
les  Limoniasirum  Guyonianum,  Cnroxylon  tetragonuin  et  Ueto.mn  liœtam 
forment  de  hautes  touffes;  les  chaumes  robustes  et  pres(|ue  liirnoux  de 
V  Arthratheruin  pungcns  y  atteignent  2  mètres  de  haut;  la  graine  de  cette 
Graniinée  est  recueillie  par  les  Chaamba,  qui  en  font  de  la  farine  pendant 
les  années  de  disette  :  !\1.  le  général  Damnas,  dans  son  ouvrage  sur  le  Sahara 
Algérien,  parle  quelquefois  de  cette  plante,  dont  la  graine  est  nommée  Loul 
par  les  indigènes. 

Autour  des  puits  de  Khefife,  M.  le  commandant  Margueritte  m'a  fait  re- 
marquer un  petit  bois  formé  de  deux  espèces  de  Tamarix,  dont  l'une  surtout 
attire  l'attention  par  la  grandeur  de  ses  fleurs  et  la  grosseur  de  ses  fruits 
rouges  [T.  pauciovulata);  on  y  trouve  mêlées  au  Tratjanum  nudatum,  à 
VHenophyton  Deserti,  au  Cornulaca  monacnnt/ia,  etc.,  les  touffes  vertes 
d'un  petit  arbuste  nommé  Souïd  ou  petit  noir  {Suœda  vermiculato);  ses 
feuilles  ovoïdes,  cylindriques,  caduques,  gorgées  de  sucs  aqueux,  noircis- 
sent par  la  dessiccation  sur  pied  et  sur  la  terre,  et  donnent  le  plus  sombre 
aspect  au  pays  qu'elles  couvrent-,  c'est  là  que,  pour  la  première  fois,  j'ai  pu 
en  recueillir  des  échantillons  en  fleur  et  constater  la  dureté  extrême  des 
tiges.  On  extrait  du  Suœda  vermiculato.  et  du  Zygophyllum  Geslini,  par 
incinération,  un  carbonate  de  soude  et  de  potasse,  nommé  trouna  par  les 
gens  de  l'Oued  Souf,  qui  l'emploient,  ainsi  que  le  Rosmarinus  officinalis 
(Khelil),  pour  la  préparation  du  tabac  qu'ils  vendent  dans  les  villes  du 
Sahara  Algérien  :  le  Khelil  est  apporté  des  montagnes  de  la  province  de 
Constantine. 

Le  6,  la  colonne  a  regagné  les  plateaux  et  suivi  les  sentiers  bien  connus 
des  caravanes  qui  se  rendent  de  Ncgouça  a  Guerrara  ;  ces  plaines  élevées, 
hérissées  de  cailloux  anguleux,  ne  m'ont  guère  offert,  comme  plantes  dignes 
d'être  mentionnées,  que  V Erythrostictus pu7ictatus  (Kelkout),  commun  dans 
cette  partie  du  Sahara  avec  le  Savignya  longistyln  (Goulglane),  le  Deverra 
chlorantlia  et  un  Arthratherwn  (Bon  Rouicha).  I.a  saison  peu  avancée  et  la 
sécheresse  qui  fait  encore  sentir  ses  terribles  effets  sur  les  riches  troupeaux 
du  cercle  de  Laghouat,  m'ont  empêché  de  trouver  eu  fleur  deux  plantes 
bulbeuses,  dont  l'une  a  de  longues  feuilles  étroites  contournées  en  spirale. 
Vers  trois  heures  du  soir,  nos  tentes  étaient  dressées  dans  le  lit  de  l'Oued 
En-Nza,  à  quelques  kilomètres  en  aval  du  rocher  où  l'on  remarque  les 
ruines  de  la  CoubadeSidi  Abdallah  el  Mnéi.  La  riche  végétation  arbores- 
T.  IV.  25 


ÎÎSG  SOCIKTK    BOTANIQUE   DE   FRANCK. 

rente  do  ce  bivouac  nous  a  pcimis  de  célébrer  (lifi;iiement  le  0  Janvier,  en 
ailiimaiit  de  grands  feux  en  Tbonneur  du  roi  de  la  fève.  Kn  effet,  dans  les 
parties  basses  de  la  rivière  s'élèvent  d'énormes  TarnmHx  articulât  a  [¥X\\q\), 
avec  lesquels  croissent  les  ^y9A/?rfrrt  alata,  Calliijonmn  comosum,  Rhante- 
riuni  adpressum,  Cornulaca  rnonacantha,  Aiiabasis  articulata,  Antirrhi- 
num  ramosissimum,  Psoralea  piicata,  Francœuriu  crispa  et  le  Zilla  ma- 
croptera  (Chebrog),  qui  donne  son  nom  au  lieu  du  bivouac,  appelé  Anit  el 
Cbebrog.  l.'Oued  Mzab  ne  par;iît  pas  avoir  de  végétation  arborescente,  D'EI 
Atof  à  Anit  el  Moktar  je  n'ai  rencontré  que  le  Rétama  liœtam  avec  quel- 
ques rares  pieds  de  Tamarix  Gallica  etartici/lata,  de  Pistacia  Atlantica,  de 
Rhus  ox  y  avant  ho  ides,  arbres  qui  abondent  dons  le  lit  de  l'Oued  Kn-Nza, 
placé  plus  au  nord  et  plus  riche  en  redirs ;  c'est  de  la  que  les  menuisiers 
deGuerrara  tirent  le  bois  dont  ils  se  servent  pour  leurs  travaux,  du  reste 
peu  considérables. 

Le  8,  après  avoir  un  instant  remonté  le  lit  de  la  rivière,  la  colonne  a  gravi 
les  berges  de  la  rive  gauche  et  repris  les  sentiers  qui  serpentent  sur  un  sol 
formé  de  poudingue  rougeâtre  et  ({ue  recouvre  plus  loin  une  légère  couche 
de  sable.  Après  une  course  pénible,  pendant  laquelle  nous  avons  eu  à  souf- 
frir du  souffle  assez  fort  d'un  vent  de  nord-ouest,  nous  sommes  allés  cou- 
cher à  quelques  lieues  de  Guerrara,  où  nous  étions  rendus  le  lendemain  de 
bonne  heure,  après  avoir  franchi  le  col  deFeila. 

(  La  fin  à  la  prochaine  séance.) 

M.  de  Scbœnefeld  annonce  qu'il  vient  de  trouver  le  Vaccinium 
Mijrtillus,  près  de  Saint-Germain-en-Laye  (Seine-et-Oise),  dans  les 
petits  bois  connus  sous  le  nom  de  Bois-Noirs.  Cette  espèce  n'avait 
jamais  encore  été  signalée  dans  l'arrondissement  de  Versailles.  La 
seule  localité  à  peu  de  distance  de  Paris  où  elle  ait  été  trouvée  jus- 
qu'ici est  la  forêt  de  Montmorency. 

M.  Cosson  présente  à  la  Société  plusieurs  espèces  rares  ou  nou- 
velles de  la  régence  de  Tunis,  et  fait  les  communications  suivantes  : 

rriNÉRAIRE  D'UN  VOYAGE  BOTANIQUE  EN  ALGÉRIE ,  ENTREPRIS  EN  \  850  SOUS  LE 
'  PATRONAGE  DU  MINISTÈRE  UE  LA  GUERRE  ,  par  IW.  E.  COSSOj\. 

(Douzième  partie.) 

Le  7  juin,  aux  premières  lueurs  du  jour,  nous  sommes  réveillés  par  nos 
spahis,  car  la  distance  de  Kliadra  à  Ain  Madhy,  où  nous  devons  aller  camper 
le  soir  même,  est  d'environ  50  kilomètres  ;  nous  ne  consacrons  que  quekiues 
instants  a  l'exploration  des  jardins  et  des  environs  immédiats  du  village, 
afin  de  nous  re.server  le  temps  de  faire  plusieurs  stations  en  route,  pour 
étudier  avec  soin  la  vegétatiou  du  pays  assez  accidenté  que  nous  devons 


SKANCK    DU    24    AVRIL    1857,  387 

parcourir  et  qui  nous  piomet  des  observations  intéressantes.  • —  Le  k^ar  de 
Khadra  (environ  à  112;")  mètres  d'altitude),  composé  d'un  pelit  nombre  de 
maisons  construites  en  pisé  ainsi  que  les  murs  des  Jardins,  est  situé  au  voi- 
sinage d'un  allluent  de  l'Oued  Tarfa,  à  l'extrémité  orientale  d'une  plaine 
bornée  au  nord  par  des  ïnontagnes  argileuses  déboisées  (Djebel  J)jelibel)  et 
au  sud  par  des  montagnes  pierreuses,  ou  la  végétation  arborescente  est  re- 
présentée par  des  buissons  espacés  de  Plstacia  Atlantica  et  de  Juniperus 
Phœnicea.  Les  jardins,  assez  étendus  et  bien  arrosés  par  des  dérivations  de 
l'oued,  offrent  réunis  à  l'Abricotier,  au  Figuier,  au  l^êcber,  au  Grenadier  et 
à  la  Vigne,  des  Pommiers  et  surtout  des  Poiriers  qui  y  acquièrent  un  magni- 
fique développement  ;  des  champs  d'Orge  occupent  les  vides  des  planta- 
tions, et  la  moisson  ne  fait  que  commencer;  la  Garance  [Rul>ia  tinctorurn) 
et  la  Luzerne  {Mcdlcago  sativa)  croissent  en  abondance  et  à  l'état  spontané 
dans  les  terrains  en  friche,  comme  nous  les  avons  déjà  vues  dans  plusieurs 
des  oasis  (|ue  nous  avons  visitées.  L'altitude  de  la  plaine  est  i-évélée  non- 
seulement  par  un  retard  sensible  dans  la  végétation,  mais  encore  par  la 
présence  d'un  certain  nombre  d'espèces  des  hauts  plateaux,  entre  autres  les 
Sisymbrium  torulosum^  Festuca  cynosuroides^  Andr'osace  maxima,  Asle- 
rothrix  Hispanica,  etc.  I>e  lit  de  l'oued,  où  existent  encore  des  flaques  d'eau 
(redirs)  assez  profondes  et  assez  étendues,  présente  sur  ses  bords  de  nom- 
breux pieds  de  Tamarix  Gallica  arborescents  ou  sous  forme  de  buissons;  k 
l'ombre  des  Tamarix  croit  le  Trifoliurn  fragifcrwn  ;  les  alluvions  sablon- 
neuses de  l'oued  offrent  la  réunion  de  la  plupart  des  espèces  que  nous  ren- 
contrerons en  abondance  dans  la  vaste  plaine  argilo-sablonneuse  qui  s'étend 
jusqu'aux  ravins  d'où  naît  l'Oued  Roddad.  Un  massif  de  rochers  s'élève 
sur  notre  gauche,  et  des  pieds  rabougris  de  Juniperus  Phœnicea  y  forment 
quelques  buissons.  Dans  les  fissures  des  rochers  nous  recueillons  leBuple- 
vrum  spinosuni  et  le  Centaurea  alba  var.  ;  la  plaine,  où  domine  VArtendsia 
Herba-nlba  et  le  Stipia  tenacissima,  nous  fournit  une  ample  récolte  de 
plantes  intéressantes  et  nous  devons  noter  entre  autres  les  : 

Louchophora  Capiomou-  Paronychia  Cossoniana.  Marrubiuni  Deserti. 

tiaua.  Deverra  chlorantha.  Sideritis  ochroleuca. 

Erucastrum  leucauthum.  Gruciauclla  patula.  Passeriua  inicrophjlla. 

Lepidium  subulatum.  Cyrtolcpis  Alexaiidrina.  Noaea  spiuosissima. 

Meniocus  linifolius.  Pyrctlirum  fuscatum.  Euphorbia  calyplrala. 

Alyssuiu  serpyllifolium.  Centaurea  polyacantha.  Lygeuin  Spartum. 

Murif.aria  prostrata.  Onopordou  ambiguuin.  Stipa,  plusieurs  espèces. 

Resedaeremophila.  Atractylis  proliféra.  Arthratheruin  piiugeiis. 

Onoais  augustissima.  —  microcephala.  Festuca  Pectiuelia. 

Medicago  laciuiata.  Kœlpiuia  liuearis.  Triticum  Orientale,  etc. 

.^stragalus  Gonibo.  Rochelia  stellulata. 

Un  magnifique  Lentisque  [Pistacia  Atlantica],  qui  couronne  un  mamelon 
rocheux,  est  le  seul  représentant  de  la  végétation  arborescente  dans  celte 
plaine  unifornae,  et  nous  uous  reposons  quelques  instants  sous  son  ombrage. 


388  SOCIÉTÉ    HOTAiNIQUE    DE    FRANCE. 

la  nous  recueillons  les  Wnngenheimia  Lima,  Echinospermum  Vahlianum, 
Astragalus  tenuifolius,  Gi/psophila  compressa,  Psoralea  bituminosa,  Jiham- 
iius  li/cioides,elc.  A  quelques  kilomètres  au  delà,  nous  avons  à  franchir  une 
bande  de  rochers  escarpés,  où  nous  trouvons  une  espèce  nouvelle  du  genre 
Genista  [G.  capitellata)  avec  les  Ebenus  pinnata,  Sedum  altissimum,  Cata- 
jianche  cœrulea  ;  au  pied  du  versant  opposé  de  cette  colline  rocheuse,  au 
voisinage  d'un  redir  (Guelta  Abdesson)  qui  avait  été  assigné  comme  halte  à 
nos  chameliers  et  ou  nous  devions  faire  notre  déjeuner,  nous  obi^ervons  les 
Rétama  sphœrocarpa  et  Duriœi  var.  avec  les  Ziz)jpkora  Hispanica,  Pijre- 
tlirum  macrocephalum  et  Allium  Cupani  ;  après  avoir  vainement  attendu 
pendant  plus  d'une  heure  l'airivée  de  nos  cantines,  nous  devons  remonter  à 
cheval,  n'ayant  eu  pour  toute  collation  que  quelques  mauvais  morceaux  de 
biscuit  égarés  dans  nos  poches  et  l'eau  terreuse  et  à  peine  potable  du  redir. 
Une  pente  assez  forte  nous  conduit  aux  nombreux  ravins,  affluents  de 
l'Oued  Roddad,  situés  à  la  base  de  coteaux  très  accidentés  ;  dans  le  lit  des 
ravins,  nous  voyons  les  Pohjcnemum  Fontanesii,  Seseli  variiim,  Sidei^itis 
ochroleuca  et  Coronilla  juncea.  Une  vallée  traversée  par  l'Oued  Roddad, 
dont  le  lit  est  à  peine  distinct,  nous  mène  à  l'entrée  du  ravin  profond, 
actuellement  presque  à  sec  et  creusé  par  les  eaux  de  l'oued  qui  en  hiver 
est  un  torrent  impétueux;  nous  descendons  par  un  sentier  sinueux  dans 
le  lit  même  du  ravin  formant,  sur  une  étendue  de  plus  d'une  lieue,  une 
vaste  coupure  dans  les  argiles  de  la  montagne  qui  nous  sépare  de  la  plaine 
d'Ain  Madliy  dans  laquelle  il  débouche;  sur  les  bords  et  dans  le  lit  même 
de  l'oued,  où  les  eaux  disparaissent  sous  le  sable  pour  ne  remontera  la  sur- 
face que  sur  quelques  points,  s'élèvent  çà  et  là  de  magnifiques  pieds  de  Pis- 
tacia  Atlantica  et  d'Olivier  [Olea  Europœu),  qui,  par  leurs  dimensions,  con- 
tribuent à  domier  à  ce  site  pittoresque  un  caractère  véritablement  gran- 
diose. Le  Zizyphus  Lotus  avec  le  Laurier-Rose  {Nerhmi  Oleander)  et  le 
Tamarix  Gallica  forment  de  nombreux  buissons  ;  le  Rétama  Duriœi  var. 
déjà  en  fruits  mûrs  et  le  Rétama  sphœrocarpa  couvert  de  fleurs  sont  d'une 
extrême  abondance;  les  rameaux  de  ce  dernier  arbrisseau  sont  envahis  par 
de  nombreux  buprestes  d'un  vert  d'émeraude.  Indépendamment  d'un  grand 
nombre  d'espèces  déjà  notées  dans  les  plaines  que  nous  avons  parcourues 
depuis  Khadra,  nous  notons  les  Convolviilus  supinus,  Argyrolobium  uniflo- 
mm,  Anthyllis  Nuinidica,  Melilotus  iSeapolitana  ;  les  Stutice  Ronduellii 
et  Anvillea  radiata,  dont  nous  ne  rencontrons  que  quelques  touffes  es- 
pacées, nous  indiquent  seuls  le'voisinage  de  la  plaine  d'Aïn  Madhy  dans  la- 
quelle nous  ne  tardons  pas  à  déboucher.  Cette  vaste  plaine  uniforme  est 
bornée  au  nord  et  au  sud  par  des  montagnes  nues  et  parallèles  qui  s'élè- 
vent comme  des  murailles,  et  le  ksar  d'Ain  Madhy,  à  une  distance  de  plus  de 
trois  lieues,  se  lait  remarquer  par  la  blancheur  éclatante  du  dôme  de  son 
marabout.  Aprè>  toutes  les  fatigues  et  les  privations  de  la  journée,  le  besoin 


!^^:.v^cli  un  2/j  amui.  1857.  :^8'.» 

(|ue  MOUS  éprouvons  de  prciulrc  qiicl([ue  repos  nous  t'ait  uaf^ucr  de  toute  la 
vitesse  de  uos  chevaux  le  ksar,  où  nous  avons  expédié  à  l'avance  un  de  nos 
spaliis  pour  faire  préparer  notre  campement. 

Le  ksar  d'Ain  Madhy,  l'un  des  plus  importants  de  ceux  que  nous  avons 
visités,  se  compose  de  près  de  deux  cents  maisons  construites  en  pierres  et 
mieux  bâties  que  celles  de  la  plupart  des  autres  villages  arabes.  La  muraille 
d'enceinte  est  munie  de  créneaux  surmontés  de  petits  chapiteaux  en  pyra- 
mide d'un  aspect  assez  pittorcs(jue  (1).  Les  nombreux  jardins  qui  entourent 
le  ksar  sont  eux-mêmes  protégés  par  un  mur  de  clôture  assez  élevé  et  bien 
entretenu;  les  arbres  fruitiers  plantés  dans  ces  jardins  sont  surtout  le  Fi- 
guier, le  Grenadier,  l'Abricotier,  le  Poirier  et  la  Vigne,  et  quelques  Dat- 
tiers qui  y  ligurenl  comme  arbres  d'ornement;  on  y  rencontre  également 
V Opuntia  Ficus-Indica;  quelques  champs  d'Orge  existent  dans  les  vides  des 
plantations;  les  cultures  potagères  sont  les  mêmes  que  celles  des  autres 
ksour.  En  1838  le  ksar,  gouverné  par  le  marabout  vénéré  ïedjini,  a  soutenu 
contre  Abd-el-Kader  un  siège  de  huit  mois  ;  tous  les  jardins  furent  dévastés 
par  ordre  de  l'émir  et  les  plantations  détruites.  Aujourd'hui  il  ne  reste 
aucune  trace  de  cette  dévastation  et  les  arbres  des  jardins  présentent  uu 
beau  développement.  — Aux  environs  de  notre  campement,  vers  la  porte 
de  Babel Kebir,  dans  un  terrain  pierreux,  nous  observons  les  Achillea San- 
iolina,  Sisymbtium  runcinatum^  Convolvulus  supinus,  avec  quelques  espèces 
rudérales  telles  que  le  Senehiera  Coronopus,  le  Verbena  supina  et  le  Malva 
sylvestris.  —  A  peine  notre  tente  est-elle  installée,  à  la  tombée  de  la  nuit, 
qu'un  cavalier  nous  remet  une  lettre  de  M.  le  commandant  Margueritte  et 
des  lettres  de  France  ;  les  nouvelles  que  je  reçois  de  ma  famille  sont  mal- 
heureusement telles  que  je  dois  effectuer  le  plus  rapidement  possible  mon 
retour  a  Paris  ;  de  plus,  la  lettre  du  commandant  m'annonçant  qu'il  doit 
le  surlendemain  quitter  Laghouat  pour  se  rendre  en  congé  en  France,  je  me 
vois,  à  mon  grand  regret,  forcé  de  quitter  dès  le  lendemain  mes  compa- 
gnons de  voyage,  pour  parcourir  en  une  seule  journée  la  dislance  de  64  ki- 
lomètres qui  sépare  Ain  Madhy  de  Laghouat  et  arriver  ainsi  à  temps  pour 
avoir  l'avantage  d'y  trouver  encore  M.  Margueritte,  auquel  je  dois  demander 
la  faveur  de  l'accompagner  au  moins  pendant  une  partie  du  trajet  de  La- 
ghouat à  Alger. 

Le  8  juin,  à  11  heures  du  matin,  je  pars  en  emmenant  avec  moi  un  de 
nos  spahis  et  en  prenant  pour  guide  le  cavalier  (|ui  la  veille  nous  avait 
apporté  nos  lettres;  je  dois  traverser  la  plaine  d'Ain  Madhy  parallèlement 
au  cours  de  l'Oued  Roddad,  laissant  à  MM.  Kraliket  Mares,  que  je  compte 
revoir  le  lendemain  pour  quelques  heures  seulement  à  Laghouat,  le  soin 

(1)  Voirie  Sahara  algérien  par  M.  le  général  Uaunias  j  p.  32-Zi6,  pour  la 
description  et  Phisloire  d'Aïu  Madhy. 


390  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FUANCE. 

cVexploi-er  la  plaine  dans  la  direction  de  Tadjennout  où  ils  doivent  aller 
camper  le  soir  même.  La  plaine  argilo-sablonneuse  d'Ain  Madhy,  très 
aride  et  légèrement  ondulée,  est  tellement  nniforme  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de 
rendre  compte  séparément  dos  deux  itinei-aires  différents  que  nous  avons 
suivis.  —  L'oasis  de  Tadjemout,  que  je  laisse  à  une  assez  grande  distance 
sur  ma  gauche,  est  située  sur  une  élévation  pierreuse,  ondulation  de  la  plaine  ; 
le  ksar,  dont  l'enceinte  est  flanquée  d'une  tour  carrée,  est  entouré  par  les 
jardins,  eux-mêmes  protégés  par  des  murs  armés  de  petites  tours  percées  de 
meurtrières;  deux  marabouts  qui  s'élèvent  sur  la  pente  même  du  mamelon 
attirent  surtout  les  regards  (1). 

Au  voisinage  de  l'Oued  Roddad,  dont  le  lit  présente  encore  quelques  re- 
diis,  sont  établis  des  douairs  dont  les  tentes  et  quelques  Pistacia  Atlantica 
espacés  rompent  seuls  la  monotonie  du  paysage.  L'Artemisia  Herba-alba 
et  le  Stipa  tenacissima  forment  de  vastes  touffes  et  constituent  le  fond  de  la 
végétation  de  la  plaine;  sur  quelques  points  le  Peqanum  Hannala  est  d'une 
excessive  abondance;  çà  et  la  se  rencontrent  des  buissons  de  Zizyphus 
iotus.  —  Dans  la  partie  de  la  plaine  que  je  viens  de  traverser,  j'ai  trouvé, 
réunies  à  un  grand  nombre  d'espèces  de  la  région  saharienne,  quelques 
plantes  de  la  région  des  hauts  plateaux  et  je  crois  devoir  donner  la  liste 
abrégée  de  mon  herbori:>alion  : 

Matthiola  tristis.  Teiephiumlmperati.  Cou\o!vulus  supinus. 

Nasturliumcoronopifolium.  Parooyctiia  Cossoniana.  Echioctiilon  frnticosum. 

Reboudia  crucarioides.  Hcriiiaria  fruticosa.  Ecliiiiospormum  palulum. 

Alyssum  scutigcrum.  Daucus  pubcsceus.  Echium  tuinille. 

Helianthiemuiu  salicifolium  Scabiosa  semipapposa.  Linarla  rriuicosa. 

var.  brcvipes.  Chlamydopliora  pubescens.    Salvia  lanigera. 

—  hirtum  tar.  Désert! .  Pyrcthrum  fnscatum.  Anabasis  articulata. 

—  sessilillorum.  Auvillea  radiata.  Noaea  spiuosissima. 
Reseda  Arabica.  Onopordon  acaule.  Passerina  microphylia. 

—  ercinophila.  Ceutaurea  involucrata.  Euphorbia  calyptrata. 
Dlantbiis  scrriitatus  var.  Atractylis  proliféra.  Lygeuin  Spartiun. 

grandiflorus.  —  microcephala.  Arthratherum  obtusum. 

Malva  jEgyptiara.  —  flava.  Stipa,  plusieurs  espèces. 

Aulbyilis  Numidica.  Kalbfussia  Salzniauni. 

Astragalus  tenuifolius.  Souchus  divaricalus. 

Dans  le  lit  de  l'Oued  Roddad  et  sur  ses  berges  argileuses,  j'observe  les  Ré- 
tama Duriœi  var.  et  sphœrocarpa,  Statice  Bonduellii,  Deverra  chlorantha, 
Marrubium  Deserti,  Lepidium  subulatum,  Sonchus  spinosus,  etc.  Quelques 
kilomètres  plus  loin  j'arrive  au  pied  de  la  première  chaîne  des  montagnes 

(1)  Les  plantations  et  les  cultures  de  l'oasis  de  Tadjemout  sont  sensiblement  les 
mêmes  que  celles  (rAïii  Madhy  :  ainsi  les  arbres  friiilicrs  des  jardins  sont  le  Co- 
i,'nassi(>r,  le  Pommier,  le  Grenadier,  le  Poirier,  le  Pêcher,  le  iMguier,  la  Vigne  et 
l'Abricotier  qui  y  devieiU  très  beau;  les  Dattiers  senlenicul  y  sont  beaucoup  plus 
nombreux  que  dans  cette  dernière  oasis. 


SKANCK  nu  2/i  AVUiL   1857.  391 

basses,  pierreuses  et  escarpées  qui  forment  une  véritable  iiHMitille  au  sud  de 
la  plaine;  dans  les  terrains  sablonneux  et  pierreux  situés  a  la  base  de  ces 
inont;i^nesse  rencontrent  les: 

Moricandia  l(>retilblia.  .Scnccio  coroiiopilolius.  Echinospcrmum  Vahlianuiii. 

IIclianlluMiiuin  Caliiricuin.  Asteriscus  pysiuajus.  Stalicc  riumiiii. 

l-'raiiluMiia  Itiyniil'ulia.  OiKipordoii  ainliiguum.  —  i)ruiiiosa. 

liroflininKlavH'opliylliim.  Cardnus coiifcrliis  l'ar,  Alliiiiii  Ctipani. 

CyrtotopisAlo\andrii)a.  Cataiiaiic!i(>  areri.iria.  Aspliodcius  peudulimis. 

Nollctia  clirysocotiioidcs.  Kœl|)inia  liuearis. 

Lcysscra  capiilifolia.  Arnebia  Viviaiiii. 

Après  avoir  contourné  la  partie  la  plus  élevée  de  ce  massif  de  montagnes, 
nous  en  franchissons  un  contrefort  par  une  pente  raide  et  rocheuse,  pour  ga- 
gner une  petite  plaine  limitée  au  sud  par  une  deuxième  chaine  semblable  et 
parallèle  à  celle  que  nous  venons  de  traverser.  I.a  pente  insensible  de  cette 
plaine  nous  mène  aux  bords  de  l'Oued  Mzi  ;  sur  la  rive  gauche  et  à  la  base 
des  rochers  escarpés  qui  surmontent  la  rive  droite,  se  sont  amoncelées  de 
véritables  dunes  de  sable,  où  dominent  les  Arthratherim  pmgens,  Cen- 
taurea pohjacantha ,  Festuca  Memphitica,  Scrofularia  Deserti,  Euphorhia 
Guyoniana,  Saccocalyx  satureioides,  et  ou  le  Calligonurn  comosiim  et  le 
Tamarix  Gallica  forment  de  nombreux  buissons-  là  se  rencontrent  égale- 
ment les  Polycarpœa  fragilis,  Ifloga  Fontanesii,  Echinops  spinosus,  Am- 
mocidoa  suhacaulis,  Danthonia  Forskalii,  Malcolmia  j'Egyptiu.ca,  Astra- 
galm  Gombo,  etc.  Sur  les  bords  d'un  redir  desséché  je  recueille  l'^nrfro- 
pogon  annulatus,  le  Phelipœa  violacea  et  Y Echinopsilon  muricoius.  Après  un 
trajet  de  queUiues  kilometi  es  dans  le  lit  même  de  l'oued,  nous  gagnons  une 
petite  plaine  limitée  au  sud  par  la  chaine  de  Ras  el  Aioun  ^  dans  cette  plaine, 
en  grande  partie  envahie  par  des  sables  mobiles,  le  Rhanterium  adpressum 
est  la  plante  dominante,  mais  il  m'est  impossible  d'en  recueillir  un  seul 
échantillon,  car  toutes  les  touffes  ont  été  broutées  par  les  chameaux;  dans 
ces  dunes  croissent  également  les  Ononù  serrata,  Nonnea  phaneranthera, 
Arthratherumciliatam,  ohtusum  et  plumosum,  Silène  villosa  var.  micrope- 
tala,  Hussonia  /Egiceras.  Brassica  Tournefurtii,  etc.  Au  pied  de  la  mon- 
tagne de  Ras  el  Aïoun,  c'est  avec  une  vive  satisfaction  que  je  trouve  quel- 
ques échantillons  du  6'en^«2<?'efl  Oiiiphalodes  qui  n'avait  encore  été  observé 
(|u'à  Biskra  et  qui  est  si  remarquable  par  ses  akènes  turbines,  surmontés  en 
dehors  de  l'aigrette  d'une  bordure  intJechie  et  saillante  sons  forme  de  bour- 
relet. Nous  traversons  la  montagne  de  Ras  el  Aïoun  pnr  le  col  de  Reg  qui 
débouche  dans  la  plaine  de  Laghoual  ;  a  une  distance  de  près  d'une  lieue  à 
l'est  s'élève  en  amphithéâtre  la  ville  de  Laghouat,  entourée  par  les  jardins 
de  l'oasis  dont  les  nombreux  Dattiers  forment  un  admirable  massif  de  ver- 
dure. En  quelques  instants  cette  dislance  est  franclde,  car  j'ai  hâte  de  me 
rendre  auprès  du  commandant  supérieur,  M.  iMargueritte,  qui  me  fait  l'ac- 
cueil le  plus  cordial,  et  qui,  non  content  de  mettre  son  habitation  à  ma  dis- 


•>^-  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FKAi^CE. 

position,  a  l'extrême  obligeance  de  donner  des  ordres  pour  ([u'après  son  dé- 
part, fixé  au  lendemain  matin,  mos  compagnons  de  voyage  puissent  trouver 
chez  lui  une  généreuse  hospitalité.  La  soirée  se  passe  de  la  manière  la 
plus  agréable,  car  non-seulement  j'ai  à  entretenir  le  commandant  du  beau 
voyage  que  nous  venons  de  faire  et  durant  lequel  il  nous  a  donné  tant 
de  preuves  de  sollicitude,  mais  encore  à  lui  lappeler  la  charmante 
Journée  que  j'avais  eu  le  plaisir  de  passer  avec  lui,  en  185^1,  dans  la 
belle  forêt  de  Teniet  el  Haad.  M.  Geslin,  attaché  au  bureau  arabe  de  La- 
ghouatet  préposé  à  la  direction  du  troupeau-modèle  de  brebis  réuni  d'après 
les  ordres  du  Gouverneur  général,  veut  bien  me  consacrer  la  journée  du 
lendemain  pour  me  guider  dans  l'exploration  des  enviions  de  l'oasis  et  me 
faire  visiter  les  localités  les  plus  intéressantes  ;  l'offre  obligeante  de  M.  Geslin 
m'est  d'autant  plus  agréable  que  les  voyages  qu'il  a  faits  dans  le  Sud  lui 
ont  fait  connaître  la  végétation  saharienne  et  que  je  serai  heureux  d'avoir 
un  aussi  bon  compagnon  de  voyage  pour  aller  rejoindre  le  surlendemain  à 
quelques  lieues  au  nord  de  Laghouat,aTaadmit,  le  commandant,  avec  lequel 
je  dois  faire  route  jusqu'cà  Boghar. 

La  ville  de  Lnghouat  est  située  sous  33", .'i8'  de  latitude,  à  une  altitude 
d'environ  750  mètres  (1)  et  à  une  distance  du  littoral  de  300  kilomètres  prise 
à  vol  d'oiseau  ou  d'environ  Zi80  kilomètres  en  suivant  les  sinuosités  de  la 
belle  roule  carrossable  tracée  par  le  génie.  Cette  ville,  l'une  des  plus  impor- 
tantes du  sud  de  l'Algérie,  non-seulement  au  point  de  vue  stratégique,  car 
elle  commande  tout  le  pays  des  Béni  Mzab,  dont  les  nombreuses  popula- 
tions sont  les  plus  industrieuses  du  Sahara,  mais  encore  à  cause  des  pro- 
duits des  riches  jardins  de  son  oasis,  compte  pi'ès  de  800  maisons  bien  bâties 
et  qui  occupent  les  pentes  nord  et  sud  de  deux  collines,  sur  lesquelles  elles 
s'élèvent  en  amphithéâtre.  Toutes  les  traces  du  siège  meurtrier  de  1852,  à  la 
suite  duquel  a  eu  lieu  l'occupation  définitive,  ont  disparu,  et  une  belle  place 
vers  le  centre  de  la  ville  est  entourée  de  constructions  toutes  récentes,  du  meil- 
leur goût,  munies  d'arcades,  et  parmi  lesquelles  se  font  remarquer,  par  leur 
élégance  et  leur  belle  disposition  architecturale,  la  maison  du  commandant 
supérieur,  le  cercle  des  officiers  et  un  bazar  surmonté  d'un  clocheton.  — 
L'oasis,  dont  les  jardins  sont  groupés  a  lest  et  à  l'ouest  de  la  ville  et 
comptent  environ  28,000  Dattiers,  est  dans  l'état  le  plus  prospère.  Les  dat- 
tiers, bien  cultivés  et  abondamment  arrosés,  ainsi  que  toutes  les  cultures 
de  l'oasis,  par  des  saguia,  amènent  leurs  fruits  à  maturité;  mais  les  dattes 
ne  sont  (jue  d'une  (jualité  inférieure  et  sont  consommées  sur  place.  Les 
autres  arbres  fruitiers  des  jardins  arabes  sont,  d'après  leur  ordre  d'in)por- 
tance,  l'Abricotier,  qui  a.cquiert  de  magnifiques  proportions;  le  Grenadier, 

(1)  L'alliHuIe  de  Laiîhouat  est  do  7ZiO  uièU'es,  (riiprès  M.  lleuoii,  qui  l'a  détor- 
niiiice  par  o2  observations  baronié niques. 


SÉAiNCK    DU    2/|    AVUIL    1^S^)7.  ;î93 

dont  les  fruits  sont  de  bonne  qualité,  mais  moins  i-slimés  toutefois  que 
ceux  de  Messad  ;  le  Figuier,  le  Pêcher,  le  Cof^nassier,  la  Vigne,  qu'on  ne 
taille  jamais  et  qu'on  laisse  grimper  sur  les  arbres  voisins;  le  Pommier, 
variété  à  petits  fruits  de  médiocre  qualité;  le  Prunier  et  V Opuntia  Ficus- 
Indica,  qui  est  peu  abondant.  Les  arbres  fruitiers  introduits  par  les  soins 
de  l'administration  française,  sont  le  Poirier,  le  Mûrier,  le  Cerisier,  le 
Néflier,  l'Amandier,  le  Caroubier,  l'Olivier  et  l'Orauf^er.  Les  arbres  fores- 
tiers, dont  l'introduction  est  également  due  à  l'administration  française, 
sont  le  Saule  pleureur,  les  Peupliers  blanc  et  pyramidal,  le  Platane,  le 
Sycomore,  le  Pistacia  Atlantica,  etc.  Dans  les  vides  des  plantations  et  à 
l'ombre  des  Dattiers,  les  indigènes  cultivaient  déjà  avant  l'oecupation  fran- 
çaise l'Orge  et  le  Blé,  toutes  les  espèces  de  Cucurbitacées  que  nous  avons 
déjà  mentionnées  pour  la  plupart  des  oasis,  la  Fève,  l'Oignon,  diverses 
variétés  de  Piment  {Capsicunt  annuum),  la  Carotte,  laTonuite,  l'Aubergine, 
le  Mais,  le  Sorgho  {Sorghiun  vu/gare),  le  Penicillaria  spicata,  le  Gombo, 
le  Chou,  le  Navet,  l'Ail,  la  Coriandre,  le  Henné  [Lawsonia  inermis),  qui 
ici  tient  encore  une  bien  moins  large  place  que  dans  les  oasis  des  Ziban,  et 
le  Chanvre,  qui,  de  même  que  dans  ces  dei'nières  oasis,  n'est  cultivé  que 
pour  l'usage  des  fumeurs.  De  tous  les  légumes  introduits  par  les  Euro- 
péens, la  Pomme-de-terre  est  celui  que  les  Arabes  ont  adopté  avec  le  plus 
d'empressement;  cette  plante  donned'abondantsproduits  et  peut  fournir  deux 
récoltes  par  au  ;  du  reste,  toutes  les  cultures  potagères  d'Europe  prospèrent 
également  dans  les  jardins  de  l'oasis,  et  ce  n'est  pas  sans  une  agréable 
surprise  que  nous  avons  vu  paraître  sur  la  table  du  commandant  supérieur 
un  plat  de  fi-aises  qui  ne  le  cédaient  en  rien  à  celles  de  nos  climats  tempérés. 
Les  soins  ((ue  ie  commandant  Margueritte  a  apportés  au  développement  des 
cultures  des  jardius  ne  lui  ont  pas  fait  négliger  des  résultats  plus  impor- 
tants, et  maintenant,  grâce  aux  norias  du  défilé  de  Reg,  de  Ksar  el  Haïran 
et  à  celles  de  la  SeriJja,  qui  ne  fournissent  pas  moins  de  360  litres  d'eau  à 
la  minute,  au  double  barrage  de  l'Oued  Mzi,  et  aux  canaux  pavés  et  couverts 
qui,  sur  plusieurs  points,  servent  à  la  distribution  des  eaux,  de  vastes 
espaces  ont  pu,  dans  le  voisinage  de  Laghouat,  être  appropriés  h  la  culture 
des  céréales  ;  l'irrigation,  convenai)lement  dirigée  dans  ces  terres,  jusqu'ici 
incultes  à  cause  de  leur  aridité,  a  donné  des  résultats  vraiment  merveilleux. 
C'est  ainsi  que  certains  champs  ont  rendu  jusqu'à  trente-quatre  fois  la 
semence.  Des  travaux  analogues  ont  été  exécutés  dans  les  diverses  parties 
du  cercle,  et  dans  la  suite  de  notre  narnUiou,  nous  auions  a  appeler  l'at- 
tention sur  l'importance  du  magnifique  barrage  de  l'Oued  Melab,  près  du 
Rocher-de-sel,  sur  la  route  de  Djelfa  à  Boghar, 

La  flore  des  environs  de  Laghouat  est  riche  et  très  variée,  et  malgré  l'alti- 
tude assez  grande  de  cette  partie  du  Sahara,  on  y  retrouve  la  plupart  des 
espèces  que  nous  avons  déjà  signalées  a  l'iskra,  située  seulement  a  une  alti- 


'M)[i  SOCIÉTÉ    HOTAISIQIJK    l)K    FRANCE. 

tilde  (le  75  mètres,  mais  à  une  lalitiule  d'environ  un  detiré  plus  au  nord.  La 
richesse  de  cette  flore  et  son  caractère  saharien  s'expliquent  par  la  réunion 
sur  un  espace  restreint  de  montagnes  peu  élevées,  de  rochers,  de  plaines 
argilo-sablonneuses,  de  sables  mobiles,  des  alluvions  de  lOued  Mzi,  l'un 
des  plus  importants  cours  d'eau  de  la  région  saharienne,  et  par  l'absence 
au  midi  de  montagnes  assez  élevées  pour  empêcher  l'influence  prédominante 
du  vent  du  sud.  L'exploration  du  pays,  dans  la  saison  déjà  avancée  où  nous 
l'avons  visité,  ne  pouvait  nous  donner  qu'une  idée  imparfaite  de  la  végéta- 
tion ;  aussi,  au  lieu  de  rendre  con)pte  des  résultats  de  nos  herborisations, 
croj'ons-nous  devoir  réunir  dans  une  liste  l'indication  de  la  plupart  des 
plantes  observées,  soit  par  MM.  Reboud,  Geslin,  Tessière,  qui  nous  ont 
fourni  d'importants  documents,  soil  par  nous-méme. 

Liste  (les  plantes  observées  aux  environs  de  Lagkouat  (1). 


Ucnoiiciilacées. 

Adoais  microcarpa  DC. 

—  ipstivaiis  I^. 
Ranuuculus  Baudotii  Godr. 

—  muricatus  L. 

—  macrophyllus  Desf. 
Deiphiiiium  pubescens  DC. 

Papavéracées. 

Fapaver  liybridum  L. 
Hœrueria  hybrida  DC. 
Glaucium  cornicuiatuui  Curt. 


Hypecoum  pendulum  L. 

—  Geslini  Coss.  et  Kr.  —  Sables!  (Geslin, 

Reboud). 

—  procurabens  L.  var.  glauccscens. 

Fuiuariacées. 

Fumaria  Numidica  Coss.  et  DR.,  et  forma 
auuua  F.  longipes  Coss.  et  DR. 
olim.  —  Rochers  à  Laghouat  1  (Bon- 
duellej  ;  Grar  el  Hamia  (Reboud). 

—  parviflora  Lmk. 

—  densifloraDC.  (F .  micrantha  Lagasc). 


(1)  Dans  cette  liste  sont  comprises  les  espèces  observées  jusqu'ici  aux  environs 
immédiats  de  Laghouat,  à  l'est  entre  Laghouat  el  Messad,  à  l'ouest  entre  Laghouat 
et  Ain  Madhy,  et  au  nord  entre  Laghouat  et  Sidi  !\Iakheiouf;  nous  n'avons  pas  hé- 
sité à  réunir  dans  une  nicme  liste  les  plantes  de  Laghouat  et  de  Sidi  Makhelouf,  car 
à  cette  dernière  localité  la  végétation  est  encore  presque  cxchisivenient  saharienne. 
—  Les  plantes  recueillies  au  .sud  de  Laghouat,  et  qui  ne  remontent  pas  jusqu'à  la 
latitude  de  celte  oasis,  ont  été  omises,  car  elles  forment  les  éléments  d'une  autre 
liste  qui  sera  publiée  à  la  suite  d'une  lettre  de  M.  Reboud  sur  la  portion  du  Sahara 
conq)rise  entre  Laghouat  et  Ouargla,  conlrée  que  nous  nous  proposons  de  visiter 
prochainement  nous-méme,  et  qui  sera  pour  nous  l'objet  d'un  travail  spécial.  — 
Les  planies  dont  le  nom  n'est  pas  suivi  d'une  indication  de  localité,  sont  généra- 
lement répandues  dans  la  région;  les  localités  ne  sont  indiquées  que  pour  les 
espèces  rares  ou  celles  que  nous  n'avons  pas  observées  nous-mcnie, —  I^our  la  géo- 
graphie botanique  générale  des  espèces,  consulter  le  Vo\iaifc  botanique  en  Algérie, 
dans  les  Annales  des  sciences  naturelles,  sér.  /j,  IV,  p.  28i  et  sniv. ,  tirage  à  part, 
p.  80  etsuiv.,  Liste  des  plantes  observées  dans  la  région  saharienne  aux  environs 
et  au  sud  de  Bisicra, 


SÉANCK    DU    '2k    AVlilL     1857. 


395 


<;rucllères. 

Mattliiola  trislis  U.  lir. 

—  liviila  DG.  —  Sables. 

—  luiiala  OC.  -  Sidi  Maklioloiif. 
I.uii('h(i|ili()i°a  (lai)i(iinoiitiaiia  l)K. 
Naslurtium  coroiioiiifoliuiu  DG. 
Noloceras  Canariens^  \\.  Br. 
Savignya   loiigistyla   IJoiss.  ot  Reiit.    (  S. 

jEgiipliaca  C.oss.  olitn   non  DC)  — 

Laghouat  (Tossitre). 
Farsetia  yEgypliaca  Turr. 
Alyssum  iiiacrocalyx  Goss.  et  DR.  in  Bull. 

Soc.  bot. 

—  maritinium  Lmk. 
Capsella  Bursa-pastoris  Mœach. 
Cordylocarpus   niuricatus   Dcsf.   —   La- 
ghouat (Tessièrc), 

Malcolmia  Jîgyptiaca  Spreng. 
Sisymbrium  Irio  L.  var.  pubescens. 

—  runciiiatiim  Lagasc. 

—  torulosiim  Dosf. 

Erysitmim  graiididorum  Desf.  {Cheiran- 
tkus  semperflorens  Goss.  et  DR.  olim 
iiou  Scliousb.). 

Senebicra  lepidioides  Goss.  et  DR.  — 
Grar  el  îlamra!  (Reboud). 

—  Goronopus  Poir. 

Lepidium  subulatum  L.  —  Ain  Madhy; 

Sidi  -Makhelouf. 
Brassica  Tounicfoilii  Gouau. 
Siuapis  anipioxicaulis  DC. 
Moricandia  arvensis  DG. 

—  sutTruticosa   Goss.   et   DR.  (  Bmisica 

suff'ruUcof^a  Desf.)  —  Messad    (Re- 
boud); Tadjemout. 

—  teretifoiia  DG. 
Diplotaxis  pendula  DG. 

—  virgata  DG.  var.  hurailis. 

—  muralis  DC. 
Erucu  saliva  Lmk. 
Garrichtera  Veila;  DG. 
Muricaria  prostrata  Desv. 

Rapistnim  bipinnatuni  Goss.  et  Kr.  {Si- 
napis  bipwnala  Desf.)  —  Messad 
(Reboud). 

Enarthrocarpus  clavatus  Delile  in  Godr. 
FI.  Juv.  (Brassica  lyrata  Desf.). 

Reboudia  erucarioides  Goss.  el  DR. —  La- 
ghouat (Reboud);  Oued  Mzi!. 

Hussonia  .Egiceras  Goss.  el  DR.  {H.  un- 
cata  Boiss.). 

Cappariclécs. 

Cleome  Arabica  L. 

Ciistiiiées. 

Helianthemuin  salicifolium  Pers. 


Helianlhemum  .Kgypliacuin  MiM.  —  Sidi 
Maklicl()urnU-i)Oud). 

—  sessililloruni  l'ers. 

var.    elliplicum    (//.    eUipticum 

l'ers.). 

—  Cahirieuin  Delile. 

—  hirlum  Pers.  var.  Deserti. 

—  pilosuni  Pers.  var. 

K6n('ilac6cs. 

Reseda  alba  L. 

—  eremophila  Boiss. 

—  Arabica  Boiss. 

—  lutea  L. 

—  slricla  Pers. 

Fi'aiik<>niac<;es. 

Fraiikenia  puiveruieula  L. 

—  thymifolia  Desf. 

CarjophyllÉes. 

Dianthus  serrulatus    Desf.   var.  grandi- 

florus. 
Silène  inflata  L. 
• —  rubella  L. 

—  villosa  Forsk.  var.  niicropetala. 

—  Nicœensis  Ail. 

—  muscipula  L. 
Spergularia  média  Pers. 

—  di;indra    Heldr.    (Arena)ia    diandra 

Guss.^. 
Rhodalsine  procumbeus  .1.  Gay  {Arenaria 
procumbens  Vahl). 

Alalvacées. 

Malva  iEgyptiaca  L. 

—  sylvestris  L. 

—  parviflora  L. 

Lavalera  maritima  Gouan.  —  Ain  Milar 

(Reboud). 
Althaea  Ludwigii  L.  —  Laghouat   (Tes- 

sière). 

Géraiiiacéei«- 

Erodiura  laciniatum  Gav. 

—  glaucophylluni  Ait. 

—  gultatum  Willd. 

Zygopliyllées. 

Tribulus  terrestris  L. 
Fagouia  Gretica  L. 

—  Sinaica  Boiss.? 

• —  glutinosa  Delile. 

Zygophyllum    cornutum   Goss.    in    Bull. 
Soc.  bot.  —  Messad  (Reboud). 

Il  II  taches. 
Pcganum  Hamiala  L. 


396 


SOCIETt:    BOTAMQUE    DE    FRANCE. 


Rliaiiinées. 

Zizyphus  Lotus  L. 
Rhaniuus  lycioides  L. 

TOréliintbacées. 

Pistacia  Atlantica  Desf. 
Rhus  oxyucanthoides  Dura.  Cours.  (R. 
dioica  Willd.). 

Lég:uiiilneii$es. 

Rétama  sphœrocarpa  Boiss. 

—  Raetam  Webb  (fi.  Duriœi  var.  phœo- 

calyx  Webb). 
Argyrolobiuni  unifloruni  Jaub.  et  Spach. 

—  Liniiseanuin  Walp. 

Ononis  angustissima  Lmk.  (0.  longifoUa 
Willd.). 

—  serrata  Forsk. 
Anthyllis  tragacauthoides  Desf. 

—  Nuinidira  Coss.  et  DR. 
Medicago  deiiticulata  Willd. 

—  liltoralis  Rliode. 

—  tribuloides  Lmk. 

—  minima  Lmk.  var.  iongispina. 

—  laciniata  Ali. 

Trigonella  anguina    Delilc.   —  Grar    el 
Hamra!  (Reboud). 

—  polycerata  L. 
Melilolus  parviflora  Desf. 
Lotus  pusilliis  Viv. 

—  corniculatus  L. 
Astragalus  tenuifolius  Desf. 
■ —  cruciatus  Link. 

—  Stella  Gouan. 

—  sesameus  L. 

—  corrugatus  Bert.  var.  tenuiriigis  (.1. 

leuuirugis  Boiss.).  —  Laghouat  (Ges- 
lin). 

—  hamosus  L. 

—  Gombo  Coss.  et  DR.  in  Bull.  Soc.  bot. 


lauigerus  Desf. 


Sidi    Makhelouf 


CoroDilla    juncca 

(Reboud). 
Arlhrolobium  scorpioides  DC. 
Hippocrepis  biconlorta  Lois. 

—  ciliata  Willd. 
"Vicia  calcarata  Desf. 

Taniarlscinées. 

Tamarix  (iallica  L. 

CuciirhllacCes. 
Cucumis  Colocynthis  \.. 

Paroiij  cillées. 

Telephium  Imperati  L. 

Herniaria  cinereaDC.  (ff.annua  Lagasc). 

—  frulicosa  L. 


Gymnorar|)us  decandrus  Forsk. 
Paronychia  longiseta  Webb  var.  [P.  Cos- 
soniana  3.  Gay). 

—  nivea  DC. 
Polycarpœa  fragilis  Delile. 
Lœtiingia  Hispanica  L. 
Pteranthus  echiualus  Desf. 

Crassulacéps. 

Sedum  altissimum  Pers. 

Ficoïdées. 

Mesembrianthemum  nodiflorum  L. 
Aizoon  Hispanicum  L. 
Nitraria  trideniata  Dosf.  —  Ksar  cl  Haï- 
rao,  Messad  (Reboud). 

Oinliellir*res. 

Eryngium  ilicifolium  Lmk. 
Helosciadium  nodillorum  Koch. 
Fœniculum  officinale  Ail. 
Deverra  chlorautba  Coss.  et  DR. 

—  scoparia  Coss.  et  DR. 
Orlaya  maritima  Koch. 
Daucus  pubescens  Koch. 
Scandix  Pecten-Veneris  L. 


Laghouat 


Balanopborées. 

Cynomorium  coccineura  L. 
(Tessière). 

Rubiacées. 


Asperula  hirsuta  Desf. 

Rubia  tiuctorum  L.  —  Oasis. 

Galiam  l'arisiense  L.  var.  trichocarpum. 

—  Aparine  L.  —  Oasis. 

Dipsacées. 

Scabiosa  Monspeliensis  Jacq. 

—  semipapposa  Salzm. 

Coiiiposéca  (Cynarocéphales). 

Çalendula  parviflora  Rafin. 

—  —  var.  hymcnocalyx  {C .  platycarpa 

Coss.  incd.). 

—  gracilis  DC. 
Echinops  spinosiis  L. 
Carlina  involucrata  Desf. 
Atractylis  caiicellata  L. 

—  proliféra  Boiss.—  Aïn  Madhy!;  Tad- 

jemoul!;    l'oslo    de   Mellili!;   Sidi 
Makhelouf!. 

—  microcephala  Coss.  et  DR. 

—  dilTusa  Coss.  sp.  nov.  —  Sidi  Makhe- 

louf!. 


sKANci:  i)i;  "2li  avuil  185' 


397 


Atraclylis  ciU'iiia  Coss.  cl  Kr.  (.1. /?aia 
(^oss.  et  DU.  oliin  non  Dcsl".). 

Aniborboa  crupinoidcs  DC.  —  Aïii  Milnr 
iKohoiid). 

Centaurpa  iiivolucrata  Dosf. 

—  Nica'cnsis  \\\.{C.  fusvala  Dosf.). 

—  siilfurca  Willd. 

—  Apiila  Lnik. 

■ —  Caliilrapa  I.. 

—  diniorplia  Viv.  (C.  polyacantha  Coss. 

et  DU.  olim  non  Willd.). 

—  pubesceiis  Willd.  —  Sidi  Makhelouf 

(Ueboud). 

—  Ompbalodcs  Coss.  et  DR.  —  Sables  de 

iOiicd  Mzi. 
Kentrophyllum  laualum  DG. 
Carduncellus  calvus  Boiss.  et  Rcut. 

—  eriocephalus  Boiss. 
Onopordon  ambiguum  Freseti. 

—  acaule  L. 

Carduus  confertus  Moris  var.? 

Composées  (Corymbifères;. 

NoUetia  chrysocomoides  Cass. 
GymuarrhenaniicrantbaDcsf. — Laghouat 

(Tessière). 
Phagnalon  rupestre  DC. 
Evax  pygmœa  Pers. 

—  astcrisciflora  Pers. 
Micropus  bombycinus  Lagasc. 
Rhanterium  adpressum  Coss.  et  DR.  in 

Bull.  Soc.  bot. 

Francœuria  laciuiata  Coss.  et  DR.  —  Grar 
el  Hamra!  (Reboud;  Gcslin). 

Pulicaria  Arabica  Cass.  var.  (P.  longifolia 
Boiss.  Diagn.  pi.  noxi.  ser.  2). 

Asieriscus  pygmaeus  Coss.  et  DR. 

Palleiiis  spinosa  Cass.  var. 

Anvillea  radiata  Coss.  et  DR. 

Anthémis  pedunculata  Desf. 

Cyrtolepis  Alexandrina  DC. 

Cladanthus  halimifolius  Coss.  et  DR.  {An- 
thémis halimifolia  Munby  in  Bull. 
Soc.  bot.  —  C.  Geslini  Coss.  et  DR. 
olim). —  Laghouat!  (Guyon;  Geslin). 

Achillea  Santolina  L. 

Pyrethruni  fuscatum  Willd. 

Artemisia  campestris  L.  var. 

—  Herba-aiba  Asso  var. 
Chlamydophora  pubescens  Coss.  et  DR. 

(Cotula  pubescens  Desf.). 

Helichrysum  l-'ontanesii  Cambess. 

Lasiopogou  muscoides  DC.  —  Sidi  Makhe- 
louf (Reboud). 

Filago  Jussiti'i  Coss.  et  Germ. 

Illoga  spicala  Schullz  Bip.  [Ifloga  Fonia- 
nesii  Cass.). 

Leysscra  rapillifolia  DC— Laghouat  (Tes- 


{Sonchus 


sière);  Tadjemout!  ;  Poste  de  Mellili  ! 
(Reboud). 
Scnecio  coronopifolius  Desf. 

Composées  (Chicoracées). 

Kœlpinia  linearis  Pall. 
]lc(lyi»iiois  pendilla  DC. 
Catananehe  ca;rulca  L. 

—  arenaria   Coss   et   DR.  —  Laglio\ial 

(Reboud). 

Hypocha-ris  Neapolitana  DC. 

Kalbfussia  SalzMiaiini  Schuitz  Bip. 

Scorzonera  undulala  Valil. 

Spilzelia  Saharœ  Coss.  et  Kr.  sp.  nov. 
(S.  lyrata  Coss.  el  DR.  olim  non 
Schuitz  Bip.). 

Picridium  vulgare  Desf.  —  Ain  Milar  (Re- 
boud). 

—  Tingilanum  Desf. 
Zollikoferia    resedifolia    Coss 

chondrilloides  Desf.). 

—  angustifolia    Coss.    et    DR.   {Sonchus 

angusiifoUus  Desf.). —  Oued  Mzi!; 
Messad  (Reboud). 
Sonchus  divaricatus  Desf. 

—  tenerrimus  L. 

—  spinosusDC. 

Priinnlacées. 

Anagallis  arvensis  L. 

Samolus  Valerandi  L.  —  Lieux  humides. 

Oléacées. 

Olea  Europaea  L. 

Apocynées. 
Nerium  Oleander  L. 

Asclépiadées. 

Periploca  angustifolia  Labill.  —  Laghouat 

(Tessière). 
Cynanchum  acutum  L.  —  Tadjemout! 

Genlianées. 

Chlora  grandiflora  Viv. 

Convolvulacées. 

Convolvulus  liueatus  L. 

—  supinus  Coss.  et  Kr.  sp.  nov. 

—  arvensis  L. 
Cressa  Crelica  L. 

Borragiiiées. 

Echiuni  humilc  Desf.  , 

Echiochilon  fruticosuni  Desf. 
Nounea  micranlba  Boiss.  el  Reut. 

—  phaueranthora  Viv. 


398 


SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DR   FRANCE. 


Anchusa  hispida  Forsk. 

—  Italica  Retz. 

Litliospcrmum  tenuiflorum  L.  f. 
Arncbia  dccumbcns  Coss.  et  Kr.  {Lithos- 

permitm    decuivbemt    Vent.   —    A. 
Virianii  Coss.  et  DR.  olim). 
Ethinospermum  Vahlianum  Lchm. — Tad- 
jciijout  ! 

—  patuluni  Lehm. 
Cyiioglossum  chcirifolium  L. 
Soleuanthus  laoatus   Alpli.    DC.  —  La- 

ghouat  (Tessièrc). 

Solanacées. 

Solaimm  nigrum  L.  —  Oasis. 
Lycium  niediterraneura  Duo. 

Scrofiilariacées. 

Lioaria  fruticosa  Desf. 

—  reflexa  Desf. 

—  virgata  Desf.  —  Sidi  Makhelouf  (Re- 

bond). 

—  laxiflora  Desf.—  Sidi  Makhelouf;  Mcs- 

sad  (Beboud). 
Veronica  Anagallis  L. 

—  Cymbalaria  Bertol. 

OrobaiicliacC'CS. 

Pheiipaia^gyptiaca  Waip.?—  Lagliouat 
(Tessière). 

—  lutea  Desf.  —  Sidi  Makhelouf! 

—  violaeea  Desl. 
Orobauche  cernua  Lœfl. 

VcrbéiiacÉes. 

Verbena  supina  L. 

Labiées 

Mentha  Pulcgium  L. 

Saccocalyx  satureioidcs  Coss,   et  DR.  — 

Oued  Mzi!  (Gesliii). 
Micromeria    niicropliylla   Benth.   —   La- 

ghouat!;  Grar  el  llanira  (Reboud). 
Salvia  lauigera  Poir. 

—  .Egypliaca  L. 

Rosinarinus   oflicinalis    L.    var.   Tourne- 

fortii  de  Noé. 
Manubium  vulgare  L. 

—  Aljssoii  L. 

—  Deserti  de  Noé  in  Ralansa  pi.  Alger. 

cxsicc.   (Sideritis  Desciii  de  Noé  in 
Bull.  Soc.  bot.). 
J>aniiuni  araplexicaulo  L.  —  Oasis. 
Teucriiini  campauulatuiu  L. 

—  Poliura  L. 
Ajuga  Iva  Schreb. 


(ilobulariécs. 
Globularia  Alypuni  L. 

Plonibaginées. 

Staticc  Thouini  Viv. 

—  Bonduollii  Lestib. 

—  globulariipfolia  Desf. 

—  delicatula    de  Gir.  —  Messad    (  Re- 

boud). 

—  pruinosa  L.  —  Oued   Mzi  !  ;  Ksar  el 

Haïran,  Messad  (Reboud). 

—  echioides  L. 

Limoniastrum  Guyouianum  DR.  — Messad 
(Reboud). 

Plantaginées. 

Planlago  albicans  L. 

—  SyrticaViv. — Laghouat  (Reboud). 

—  ovata  Forsk. 

—  ciliata  Desf.  —  Laghouat  (Reboud). 

—  Lagopus  L. 

—  ampiexicaulis  Cav.  —  Laghouat!;  Ain 

Milar  (Reboud). 

—  WulfeniiWiild.  —  Messad  (Reboud). 

—  Coronopus  L. 

—  Psylliuni  L. 

Salsolacée». 

Bêla  vulgaris  Moq.-Taud. 

Chenopodiuin  opulifolium  Schr.  —  Oasis. 

—  murale  L. 

Blilum   virgalum  L.    —   Grar  el  Hamra 

(Reboud). 
Alriplexparvifolia  Lowe. 

—  Halimus  L. 

—  diniorphostegia  Karel.  et  Kiril. —  La- 

ghouat (Bonduelle). 
Echinopsilon  muricatus  Moq.-Tand. 
Arthrocnemum  fruticosum  Moi|.-Tand. 
Sueeda  fruticosa  Forsk. 
Chenopodina  niaritima  Moq.-Taud. 
Traganum  nudatum  Delile. 
Caroxylon  articulatuni  Moq.-Tand. 
Salsola  telrandra  Forsk.  non  Delile.  — 

Sidi  Makhelouf! 

—  verniiculata  L. 

—  longifolia  Forsk. 

Halogetou  salivus  Moq.-Taud.  —  Ksar  el 

Haïran  (Reboud). 
Noaea  arelioides  Moq.-Tand.  et  Coss.  sp. 

nov.  —  Pente   sud  du    Djebel    Bou 

Kahil  (Reboud). 

—  spinosissiina  Moq.-Tand. 
Anabasis  articulala  Moq.-Tand. 

Polygouées. 

Polygonum  aviculare  L. 

—  equisctiformc  Sibth.  et  Sm. 


sJ^]ANrE  DU  2^1  Aviîir.  1857. 


?,W) 


Callipnnum  romosiiin  I/lIrrit.  —  Ouod 
M/i  !  ;  La^^hoiiatl;  Grar  cl  Hainia 
(Roboud). 

Runicx  |)iiUhpr  I.. 

—  roscns  Canipd.  —  F.aiihonat  (Roboudl. 

—  vcsicarius  L.  —  Laghouat!;   Mcssad 

(lleboud). 

—  Tin^'itaiius  !..  var.  (/?.  laccrus  Balb.)- 

—  .Mi\ssad  (Rcboud). 

—  Bucepbalophorus  L. 

Thyinélée». 

Passeriua  (Thymelaia)  micropbylla  Coss. 
et  DR. 

Santalacées. 

Thesium  hnmib>  Vahl. 
Osyris  iiuadripartita  Salzni.  —  Aïii  Milar 
(Keboud). 

—  albaL.  —  Grar  cl  llarnra  (Reboud). 

Eupliorbiacées. 

Eiiphorbia  Chaniiesyce  L. 

—  cornuta  Pers. 

—  calyptrataCoss.etDR.sp.  nov.—  Ksar 

el  Hairan  (Boiiduelle).  Laghoual!; 
Ain  Madhy!;  Grar  cl  Hamra!  (Re- 
boud); Sidi  Makhciuuf!. 

—  Guyouiana  Boiss.  el  Reut.  —  Dunes 

de  sable. 

—  helioscopia  L.  —  Oasis. 

—  Provincialis  Willd. 

—  luteola  Coss.  et  DR.  —  Messad  (Re- 

boud). 

—  Peplus  L.  —  Oasis. 

—  falcata  L. 

—  glebulosa  Coss.  et  DR.    sp.  nov.  — 

Laghouat  (Gcsliu);  Aïn  Milar  (Re- 
boud) . 

Lrtlcécs. 

Urtica  urens  L.  —  Oasis. 
Gnélacéen. 
Ephedra  fragilis  Desf. 

Iridées. 

Moraea  Sisyrinchium  Ker. 
Iris  Xyphiuni  L. 

Liliac(>es. 

Gagea  reticulata  Rœm.  et  Schult.  —  La- 
ghouat (Reboud). 

Uropetalum  serotinum  Ker.  —  Laghoual 
(Tessière)  ;  Aïn  iVlilar  (Reboud). 

Aliiuni  Ampelopiasum  L.  —  Ain  Milar 
(Reboud). 

—  pallens  L. 

—  Cupani  Rafin.  — Tadjemout! 

—  roseum  L.  var.  û,  albis. 


Bclicvalia  cnmosa  Ktli. 
As[)liii(i('Iii,s  (islulosus  \j. 

—  pcndulinus  Coss.  et  DR.  (,1.  refractus 

ISoiss.  Diai/n.    jil.  Or.  scr.    1 ,   fasc. 
xni).  —  .Sables. 

AsparagiiiCes. 

Asparagus  albus  L. 

—  horridus  L. 

Joiicéen. 

Juncus  niaritimus  Lmk. 

—  bufouius  L. 

tlypéracées. 

Cyperus  rotundus  L. 

—  IfEvigatus  L.  var.  distachyus  {€.  jtin- 

ciformis  Desf.). 
Scirpus  Holoschœnus  L. 
Schœnus  uigricans  L. — Messad  (Reboud). 
Garex  divisa  Huds. 

Graminées. 

Lygeuni  Spartura  L. 
Phalaris  minor  Retz. 

—  paradoxa  L. 
Pennisetum  ciliare  Link. 
linperata  cyliodrica  P.  B. 
Andropogou  birtus  L. 

—  annulatus  Forsk.  —  Oued  Mzi  !. 

—  laniger  Desf. 

Agrostis  alba  L.  var.  coarctata. 

Polypogon  Monspeliensis  L.  —  Lieux  hu- 
mides. 

Piptatherum  miliaceura  Coss.  {Agrostis 
miliacea  L.). 

Stipa  parviflora  Desf. 

—  tortilis  Desf. 

—  teuacissima  L. 

Arthratheruni  pungens  P.  B.  —  Sables. 

—  ciliatum  Nées. 

—  plumosuni  Nées. 

—  obtusuni  Nées.  —  Laghouat  (Reboud). 
Aristida  Adsceusiouis  L.  —  Laghouat  (Re- 
boud). 

Cynodou  Dactyloii  Pers. 
Animochloa  pungens  Boiss.  [Dactylis  pu»' 
gens  Schreb.). 

—  subacaulis    Balausa     [A.    l'alœstina 

Boiss.).   —    Laghoual    (Reboud)!; 
Oued  Mzi  !  ;  Grar  el  Hamra!. 

Danlhonia  Forskalii  Trin.  —  Messad  (Re- 
boud)'. ;  Oued  Mzi!  ;  Laghouat!. 

Avena  barbata  Brot. 

Kœleria  pubesceos  P.  B. 

Phragmites  communis  Trin,  var.  Isiacus. 

Schismus  calycinus  Coss.  et  DR.  (S.  mar- 
ginalus  P.  B.). 


/lOO  SOClÉTli   BOTAMQLI'    DE    FRANCE. 


Atropisdistans  Orispb.  [Poa  dislans  L.). 

Spheiiopus  divaricaUis  Itclib. 

Eragroslis  vulgaris  Coss.  et  Gerin.  var. 

spirostarhya.  —  Poule  sud  du  Djebel 

Bou  Kahil  i^Reboud). 
jEluropus  littoralis  Parlât,  var.  internic- 

dius.  —  Sidi  Makhelouf!. 
Dactylis  glonierata  L. 
Bromus  teclorum  L. 

—  rubens  L. 

Festuca  rigidaKunth  {Poa  rhjida  L.). 

—  divaricata  Dcsf. 


Fcstuca  divaricata  var.  JSIemphitica  Coss. 

{Festuca  Meuiphilka  Coss. — Dactylis 

Memphiiica  Spreng.)  —  Sables. 
Bracliypodiuiii  dislachynm  Rœm.et  Schult. 
Loiium  percnne  L.  var.   rigiduin   (L.  ri- 

fjklum  Gaud.). 
llordenm  nnirinuiii  L. 
Trilicuin  Orientale  M.-Bieb. 
—  elongatum  Host. 
^Egilops  veutricosa  ïausch  (A",  squarrosa 

Dcsf.). 
Lepturus  incurvatus  Trin. 

' > 

; 


,.$..„  (La  suite  à  la  mochaine  séance.) 

NOTES  SUR  QUELQUES  PL.\NTES  RARES  OU  NOUVELLES  DE  LA  RÉGENCE  DE  TUNIS , 
par  MM.  E.  COSSOIV  et  L.   liR^^OK. 

(Sixième  partie.) 

CONVOLVULUS  SIIPINU.S  Coss.  et  Kr.  ap.  Kralik  pi.  Tun.  exsicc.  n.  398, 
et  in  Bourgeau  pi.  Alger,  cxsicc.  n.  60. 

Planta  perennh,  oaudice  gracili,  oblique  repente,  siiperne  ramoso  pliiri- 
cipite;  caulibus  pluribus,  1-5  decim.  longis,  supinù  vel  decumbenti-ascen- 
dentibus,  haud  volubilibiis,  herbaceo-induratis,  basi  ramosis  velsubsimpli- 
cibus,  stiperne  intlorescentiœ  ramos  edentibus,  inferne  plus  minus  villosis, 
superne  saltem  pilis  longis  patentibus  dense  mollit  erque  albo-villosis  ;  fui  lis 
alternis  vel  sparsis,  oblongis  vel  ovatis,  apice  rotundalis  mucronulatis,  vel 
larius  acutiusculis ,  nervo  medio  subtus  piominulo,  .^œpius  8-15  millim. 
longis,  5-10  millim.  lalis,  integerrimis,  abrupte  in  petiolum  brevissimum 
contractis ,    villoso-subloraentosis,    infeiioribus   interdum    virescentibus , 
superioribus  cancscentibus  ;  florihus  ssepissime  pluribus  apice  caulium  in 
racemum  foliatum  disposais  ;/:»erfi<ncM//s  axillaribus,  folio  sœpius  subduplo 
loni:i<)ribus,  cum  bracteolis  calycibusqve  pilis  longis  dense  molliterque  albo- 
villosis,  sœpissimcbifloris,  inlVaflorum  pedioellos  bibracteolatis,  bracteolis 
oblongo-linearlbus  pedicellis  longioribus  ;  sepalis  ovatis  vel  oblongis,  sœpius 
aeutatis,  stepissime  inaequalibus  extorioribus  majoribus  subfoliaceis  ;  corolla 
calijce  subtriplo  longiore,  5-plicata,  albida,  plicis  albido-ochroleucis  villo- 
sis, cfeterum  glabra  ;  staminibus supra  basim  tubi  coroilini  insertis,  corollte 
longitudinem  dimidiam   subaîquantibus ,   filamentis   inferne  glandulosis; 
antberis  lineari-oblongis,   obtusis,  basi  sagittatis  ;  ovario  disco  hypogyno 
cincto,  ovato,  in  stylum  attenuato,  glabro  vel  apice  piloso,  2-I()CuIari,  locu- 
lis  bi-ovulatis  ;  stylis  2,  erectis  approximatis,  inferne  coalitis,  in  parte  libéra 
((juie  vulgo  sligmata)  clongatis  teroti-filiformibus  ;  capsula  subglobosa, 
calyce  breviore,  cbartacea,  apice  interdura  piloso-birsuta,  biloculari  ^eplo 
eelluloso-membrauaceo,  cvalvi,  basi  irregulariter  fissuris  debiscente;  serai- 
nibusin  quoquc  loculo  2,  rarius  abortu  1,  ovalo-oblongis,  nigris,  tubcrcu- 


SKANCK    l)L    '2/l    AVIIIL     1807.  /jOl 

lali^,  tisla  all)!in)iii('  imioilagiiioso  iiultita  ;  radicula  i)l)lii>iiisciila,  rcclius- 
ciila  ;  cottiledonibuK    l'oliaccis,    loiii^itiuliiialiter    coiuliiplicato-coriuiialis 
traiisversim  re{)lic'atis,  suborbiculatis,  emarginato-subbi[ubi$  lobis  rotinula- 
tis. — Aprili-junio. 

In  rt'gni  ïiinelani  australioris  ar^illoso-arenosis,  glarcosis,  alluviis,  in 
ditione  Gabes  hiiic  indc  copiosa  (Kralik  pi.  Tun.  exsicc.)  eliam  in  insula 
Djo'ba.—lw  Sahara  Algériens!  trium  provinciaruin  et  in  planitiebiis  excel- 
sis  et  montiljus  luunilibus  Saharœ  confinibus  provincial  Oranensis  et  Alge- 
l'iensis;  in  provincia  Oranensi  !  australiore  fieqiiens  (Kralik  np.  Bourgeau 
pi.  Alger,  e.xsiec);  in  provineiae  Àlgeriensis  ditio;ie  Laijhouat!  (Geslin, 
Reboud),  et  inter  Lmjhouat  et  Boghar  ad  Djelfa  in  monte  Djebd  Sakari 
(Uebond);  in  provinciœ  Cirtensis  ditione  Ouled  Djellal  ad  occidenteni 
urbis  Biskra  (Hénon). 

Le  C.  supinus  est  voisin  du  C.  suffruticosus  Desf.  {Atl.  1,  175,  t.  48), 
qui  est  assez  répandu  dans  la  légion  littorale  de  la  province  d'Oran  (Ba- 
lansa  pi.  Alger,  exsicc.  n.  358;  Bourgeau  pi.  Alger,  exsicc.  n.  80)  ;  il  en 
diffère  surtout  par  la  villosité  beaucoup  plus  abondante  de  la  partie  supé- 
rieu'e  de  la  plante,  par  les  feuilles  plus  coui'tes  brusquement  contractées 
en  un  pétiole  très  court  et  non  pas  insensiblement  atténuées  en  un  pétiole 
assez  long,  par  les  fleurs  plus  rapprocbées,  par  les  pédoncules  ordinaire- 
ment biflores  et  non  pas  uniflores,  par  la  corolle  blancbâtre  à  plis  jaunâtres 
et  non  pas  d'un  rose  purpurin,  etc. 

Heuotropium  undulatum  VabI  Symb.  I,  13;  I>ehm.  Asper.  I,  57;  DC. 
Prodr.  IX,  536.  —  H.  crispum  Desf.  Atl.  I,  151,  t.  h\.  —  Lithospcr- 
mum  hispidwn  Forsk.  FI.  jH'g.-Arab.  descr.  38. 

In  deserto  Tunetano  ad  Tozze?'  et  El  Hammah  (Desf.),  in  incultis  are- 
nosis  et  ruderalis  insulœ  Djerba  frequens  (Kralik  pi.  Tun.  exsicc.  n.  39Zt). 
—  In  Sabarai  Algeriensis  ditione  Biskra  (Jamin  pi.  Alger,  exsicc.  n.  235; 
Balansa  pi.  Alger,  exsicc.  n.  8Zi9),  et  ditione  Béni  Mzab  ad  Berrian  et 
Guerrara  (Reboud).  — In  iEgypto  ad  Cahiram  (Delile,  Siel)er  pi.  exsicc), 
ad  Suez  et  ad  Chartoum  in  Sennaar  (sec.  DC).  In  Senegalia  (Perrottet  pi. 
Seneg.  exsicc). 

EcHiociîiLON  FRUTicosuM  Desf.  Atl.  r,  167,  t.  kl;  DC.  Prodr.  X,  27. 
—  Lithospernium  divaricatum  Sieber  herb.  Palœst.  exsicc;  Spreng. 
Syst.  I,  543. 

In  deserto  Tunetano  prope  AVoMa»  (Desf.),  in  ditione  Gabes  in  glareosis 
et  argillosis  apricis  (Kralik  pi.  Tun.  exsicc  n.  115  et  273).  —  In  Sabarae 
Algeriensis  trium  provinciarum  glareosis,  gypsaceis,  argillosis,  collibus 
apricis,  née  non  in  planitiebus  excelsis  australioribus  provinciœ  Algeriensis 
et  Oranensis,  ex.  gr.  in  ditione  Biskra!  (Jamin  pi.  Alger,  exticc.  n.  267  ; 
T.  IV.  26 


hO'l  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Baiansapl.  Alger,  exsicc.i).  8/18),  in  dilionc  Layhouat!  (Reboud,  Tessière, 
Geslin).  in  planitie  Zahres  Djelfa  inter  et  Boijhar  (Kehoiid),  in  ditione  Ha- 
minn  Garabas  ad  Ain  Se/îssifa!,  ad  lacum  exsiccatum  Ckott  el  Rharbi  ! — 
In  Cyrenaica  (Viviani  FI.  Libye).  In  ^gypto  (Deiilc).  In  Paiœstina  ad 
Jaffa  (Bové)  et  ad  niontem  Carmel  (Michoni.  In  Aiabia  (Aiicher-Eloy). 

Arnebia  decumbens.  —  Onosma  Orientalis  Pail.  It.  II,  329,  et  app.  73^  in 
nota  ad  n.  100,  t.  50  [1773],  et  éd.  gail.  t.  103,  f.  1,  non  L.  sec.  DC.  — 
Lithospermwn  decumbens  Vent.  Cels.  t.  37  [1800]  ^in  herb.  Delesserl)  ; 
Lehm.  Asper.  pars  II,  326. — Onosma  divaricatum  Lebnti.  Asper.  pars  II, 
372  [1818]. — Lithospermum  micrantimm  Viv.  FI.  Libye.  10,  t.  1,  f.  h 
[W2k].—L.  cornutum  Ledeb.  FL.  Alt.  1, 175  [1829],  et/e.  fl.  Ross.  t.  25. 
—  Arnebia  cornuta  Fisch.  et  Mey.  Ind.  I hort.  Petrop.  22  [1835];  DG. 
Prodr.   X,   95   (  verisirnilitei-  var.  [3  excludenda)  ;    Ledeb.    Fl.   Ross. 

III,  139.  — A.  Vivianii  Coss.  et  DR.  ap.   Balansa  pi.  Alger,  exsicc. 
n.  8/47,  et  ap.  Coss.  Voy.  bot.  Alger,  in  Ann.  se.  nat.  sér.  û,  I,  2/tO  et 

IV,  285. 

Planta  annua,  saepius  humilis,  radiée  exsiccationeviolaceo-rubescente; 
caule  setis pafulis  flavicantibus  hispido,  supcrne  corymboso-ramoso,  basi 
subsimpliei  erecto,  vel  a  basi  ramoso  ramis  lateralibns  sœpius  caulem  sub- 
sequantibus  aseendenti-erectis  vel  rarius  decumbentibus  ;  foliis  lineari- 
oblongis,  setosis  ciliatisque,  infimis  subrosulatis  obtusis  in  petiolum  angus- 
tatis,  superioribiis  acutis  ;  floribus  subsessilibus,  scepius  pkirimis,  sub- 
approximatis,  in  racemos  toliatos  scorpioideos  corymbosos  demua)  elonga- 
tos  sœpius  2-6  dispositis;  foliis  bractealibns  caulinis  conforniibus,  calyces 
subœquantibus  superantibusve;  ealyee  post  anlhesim  accrescente  setis  pa- 
tulis  flavicantibus  hispido,  laciniis  linearibus  vel  angnste  linearibiis  sub- 
uninerviis,  erecto-conniventibus,  corolla  brevioribus  vel  eam  subsequanti- 
hus,  fructiferi  tubo  ampliato  et  no^vis  primariis  albido-flavescentibus  éasi 
incrassato-induratis  et  gibboso-prominentibus  aeute  pentagono  angidis  C7is- 
tœfo7'mibi(s  sinuhus  membranaceis  albidis -,  corolla  lutea ,  externe  dense 
strigoso-pubescente .,  tubo  gracili  elongato  sub  fauce  ad  staminum  insertio- 
nem  paulum dilatato,  limbo brevi  laciniis  ovato-tiiangularibus erectiiiscuiis; 
nuculis  ovato-siibtriquetris,  dorso  supra  médium  paulo  angustioribus, 
griseo-cinerascentibus,  opaeis,  dense  inœqualiterque  tuberculatis,  — A  fe- 
bruario  ad  maium. 

Var.  a.  microcalyx.  —  Calycis  fructiferi  laciniis  saepius  auguste  lineari- 
bus tubo  sesquilongioribus;  corollae  tubo  calyce  saepius  subcliniidio  lon- 
giore. 

In  regno  Tunctano  australiore,  in  ruderalis  prope  Gabes  iiec  non  in 
pascuis  et  collibus  deserti  ditionis  Béni  Zid  ad  occidentcm  urbis  Gabes 
(Kralik  pi.  ïun.  exsicc.  n.  Zi07  sub  nomiue  A.  Vivianii].  — lu  deserto 


sÉANCii;  DU  '2/i   vviîiL  J857.  hO^ 

magnsc  Syrteos  (Viviani,  loc.  cit.).  In  dcsi'rtis  Arabiic  petiECtC  cum  A.  linc- 
toria  et  lincarilblia  (Boissicr  Diagn.pl.  Or.).  In  l'crsia  aiistiali  (Kotschy 
pi.  Pers.  aiistr.  vu.  Holieiiacker  [1845]  ii.  84  et  84  a  sub  noniinc  A.  coruul.i 
et  imr.  lou<iilli)ia)  noc  non  in  provincia  Aderbldjan  (Auclier-Kluy  pi.  Or. 
exsicc.  n.  5010  iii  hcrb.  Mus.  Par.).  In  Mesopotaniia  Ancher-Eloy  pi.  Or. 
exsicc,  n.  2154  cl  2359  sec.  DC.  ),  inter  /iiujdad  et  Mossoul  (Olivier  et 
Bruguière  herb.  Ventenat  in  berb.  Delessert).  In  deserto  Caspio  et  Sibiria 
Altaica  et  Uralensi  (l.ecieb.  FI.  Ross.);  in  Georgia  Caucasica  (Hohenacker 
pi.  exsicc.  un.  it.  [1838]  sub  nomine  A.  cornuta). 

Var.  (3.  macroccdijx.  —  Calycis  fVuctiferi  laciniis  clongatis  laliiiscule 
linearibiis  tubo  subtriplo  longioribus;  corolbc  tiibo  calycom  sœpius  sub- 
aequante  vel  parum  excedente;  nuculis  sœpius  subdimidio  majoribus. 

In  regno  Tunetano  australiore  in  collibus  et  pascuis  deserti,  prope  Sfnx 
(Espina),  in  ditione  Béni  Zid  ad  occidentem  urbis  Gahes  ad  radiées  montium 
Djebel  Keroua  et  Djebel  Aziza  (Kralik  pi.  Tun.  exsicc.  sub  nomine  A. 
Vivianii).  —  In  Sahara  Algeriensi  trium  provinciarum  nec  non  in  pro- 
vincise  Algeriensis  et  Oranensis  planiticbus  excelsis  australioribus  :  ex.  gr., 
in  ditione  Biskra!  (Jamin  ;  Balansa  pi.  Alger,  exsicc.  n.  847,  sub  nonnine 
A.  Vivianii);  in  ditione  Lngkouat  (Reboud  ;  Gesiin)  et  inde  sepientriouem 
versus  usque  ad  diversorium  Ain  Oussera!  ;  in  ditione  Hamiun  Garabas  ad 
Tyout!  et  Ain  Sefra!,  ad  lacus  exsiccatos  Chott  el  Rharbil,  et  Chott  el 
Chergui!  (Balansa  pi.  Alger,  exsicc.  n.  668  sub  nomine  A.  hispidissima). 

Nous  avons  dû  adoptei',  pour  cette  espèce,  le  nom  d'yi.  decumbens,  à 
cause  de  l'antériorité  du  Lithospermwn  decumbens  de  Ventenat,  bien  que 
ce  nom  n'indique  pas  le  port  le  plus  babituel  de  la  plante-  les  échantillons 
de  l'herbier  de  Ventenat,  à  part  leurs  tiges  décombantes,  ne  diffèrent  en. 
rien  de  la  plante  de  Sibérie,  sur  laquelle  Ledebour  a  fondé  le  L.  cornutum 
et  ne  sont  pas  spécifiquement  distincts  de  VA.  Vivianii  Goss.  et  DR.  —  La 
variété  macrocabjx  diffère  notablement  de  l'autre  variété  par  la  grandeur 
des  calices  et  la  longueur  de  leurs  divisions,  et  nous  l'eussious  maintenue 
comme  espèce  distincte  si  ces  caractères  ne  nous  eussent  pas  offert  d'assez 
nombreuses  formes  intermédiaires.  Nous  avons  dû  aussi  renoncer,  pour  cette 
variété,  au  nom  de  Vivianii  {A.  Vivianii  Goss.  et  DU.),  car  le  Lithos- 
permum  micrantimm  de  Viviani  se  rapporte  mieux  à  la  variété  microcaiyx. 

Les  A.  iinearifolia  et  ^njc^orza  ayant  souvent  été  confondus  avec  VA. 
procumbens,  nous  croyous  devoir  donner  la  synonymie  et  la  distribution 
géographique  de  ces  deux  espèces,  et  indiquer  leurs  principaux  caractères 
distinctifs. 


liOh  socunÉ  coTANiQci:  de  franc.i:. 

AuNEuiA  lim;ai\ifolia   DC.   Pi'odr.   X,    95   et  A.  (inctoria  ex  parte.  — 

Lit/iospermum  Arncbia  Delile!  yE(j.  Illustr.  n.   203  ex  parte  (eiim  A. 

tinctoria  in  herb.  permixta),  et  FI.  Arab.  pétr.  12  (in  heib,  Dflessert). 

—  A.  flavescens  Boiss.  Diagn.  pi.  Or.  ser.  1,  xi,  117. 

Tn  desertis  ^gypti  (Husson);  Arabia  petrœa  (Aucher-Éloy  pi.  Or. 
exsicc.  n.  23()8  ;  Scliimper  pi.  Arab.  pelr.  exsico.  un.  it.  [1835]  n.  398 
sub  nomine  Lithospermum  Arnebia  et  n.  396  ciim  A.  tinctoria  in  berb. 
Delessert  permixta;  L.  de  Laborde;  Boissier,  loe,  cit.). 

L'/l.  linearifolia  se  rapproche  beaucoup,  par  le  port  et  la  plupart  des 
caractères,  de  la  variété  mticrocaUjx  de  l'A.  decumbens,  et  il  en  diffère 
seulement  par  le  calice  fructifère  a  tube  dépourvu  d'angles  saillants 
sous  forme  de  crête,  et  à  divisions  subtrinerviées  largement  lancéolées- 
linéaires. 

AiîNEBiA  TiNCTOiuA  Forslv.  FI.  y-Eg.-Avab.  descr.  63  [1775];  DC.  Pi^odr. 
X,  95  ex  parte;  Boiss.  Diagn. pi.  Or.  ser.  1,  xi,  117.  —  Lithospermum 
tetrustigma  Lmk.  Encycl.  méth.  III,  30  [1789];  Pers.  Syn.  pA.  I,  158 
[•1805].—  A.  tindorium  Valil  Sijmb.  Il,  33,  t.  28  [1791]   (non   L.). 

—  L.  Arnebia  Delile  yEg.  Illustr.  [1813]  n.  203  ex  parte  (nempe  in 
herb.  Delile!  cum  A.  linearifolia  permixta);  Lehm.  Asper.  pais  II,  316 
[1818];  Rœm.  et  Schult.  Sgst.  IV,  ^5  [1819]. 

In  .-Egypti  desertis  prope  Kahiram  (Forskal,  Husson).  In  Arabia  peiraea 
ad  Houaru  (Schimper  pi.  Aral),  petr.  un.  it.  [1835]  n.  396  sub  nomine 
Lithospermum  Arnebia  et  sub  eodem  numéro  in  herb.  Delessert  cum  A. 
linearifolia  DC.  permixta). 

L'A.  tinctoria  diffère  de  l'A.  decumbens  par  la  villosité  blanchâtre 
apprimée  de  toute  la  plante,  par  le  calice  fructifère  à  tube  dépourvu  d'angles 
saillants  sous  forme  de  crête,  à  divisions  linéaires-oblongues  obtuses,  par 
la  corolle  bleuâtre  glabre,  par  les  nucules  lisses  et  luisantes,  élargies  à  la 
base,  brusquement  acuminées,  planes  en  dehors,  convexes  à  angle  saillant 
à  la  face  interne. 

NoNNEA  PHAMEBANTHEBA  Viv.  FI.  Libi/c.  9,  t.  1 ,  f.  3;  DC.  Prodv.  X, 
33.  —  Lijcopsis  calycina  Rœm.  et  Schult.  Syst.  IV,  Ih.  —  Moltkia 
Cyrenaica  Spreng.  Syst.  5Zi8.  —  Nonnea  Schultesii  G.  Don  Gen.  Syst. 
IV,  338. 

In  deserti  ïunelani  australioris  argilloso-arenosis  prope  ^/«x  et  in  ditione 
Gabes  (Kralik  pi.  Tun.  exsicc.  n.  Ilk).  —  In  Sahara  Algeriensi  trium  pro- 
vinciarum  nec  non  in  provincial  Algeriensis  et  Oranensis  planitiebus 
excelsis  australioribus:  ex.  gr.,  Biskra  (Jamiii,  Balansa)  ;  in  ditione  La- 
gliouatl,  inter  Djelfa  et  Doghar  in  aggeribus  aren£e  mobilis  planiliei  Zahres! 


SÉANCK   DU   2h   AVRIL    1857.  /iOô 

(Rebond),  iii  ditione  Ilamian  Garabns  prope  Ahi  Sefra  (Kialik  ap.  Hour- 
geau  pi.  Alger,  exsicc.  n.  58^/).  —  In  (^yrenaica  (Viviani,  loc.  cit.).  Vcri- 
similiter  in  regno  Marocano  ad  Mogador  (Broussonet  sec.  DC). 

Anchusa  Hisi'iDA  Forsk.  FI.  yEg.-Arab.  descr.  /iO  ;  Vahl  Symh.  H,  .33  ; 
Lehm.  Asper.  pars  II,  216  ;  DC.  Prodr.  X,  50. 

Tn  alluviis  et  ruderatis,  in  gypsaceis  et  calcareis  apricis  regni  Tunetani 
australioris,  in  ditione  Gnbes  (  Kralik  pi.  Tun.  exsicc.  n.  277  et  277«) 
etiam  in  insula  Djcrba  (Kralik  pi.  ïun.  abs(|ue  numéro).  ^ — In  Sahara 
Algeriensi  trium  provinciarum  hinc  inde  obvia  :  ex.  gr. ,  in  ditione  Bit^kra! 
(Jamin  ;  Balansa  pi.  Alger,  exsicc.  n.  870)  ;  in  ditione  Laghouat  (Reboud)  ; 
in  ditione  Béni  Mzab  prope  Berrian  (Rebond)  ;  in  ditione  Ouled  Sidi 
Cheikh  ad  Arba  et  Tatani!,  Brézina  J -^  in  ditione  Hamian  Garabas  ad 
Alial,  Tyout! —  In  /Egypto  inferiore  ad  Alexandriani  (Dtiiie,  Kralik)  et 
média  ad  Cahiram  (Forskal,  Delile).  In  Arabia  petrœa  (Schimper,  Aucber- 
Éloy).  In  iMesopotamia  (Aucher-Éloy). 

EcHiNOSPEBMUM  Vahlianum  Lehm.  Asper.  pars.  II,  132;  DC.  Prodr.  X, 
1^2  ;  Ledeb.  FI.  Ross.  II,  162. —  Anchusa  spinocarpos  Forsk.  FI.  yEg.- 
Arab.  descr.  ki  ;  Delile  jEg.  Illustr.  n.  208,  Fi.  186,  t.  17,  f.  i.  — Myo- 
sotis spinocarpos  Vahl  Symb.  Il,  32.  —  Rochelia  spinocarpos  Rœm.  et 
Schult.  Syst.  IV,  111  et  783. 

In  déserte  Tunetano  australiore,  in  alluviis  exsiccatis  amnis  Oued  Gabes 
prope  Gabts  (Kralik  pi.  Tun.  exsicc-  absque  numéro).  —  In  Saharse  Alge- 
riensistrium  provinciarum  etplanitierumexcelsarumaustraliorum  glareosis, 
argilloso-arenosis,  depressis  et  alluviis  exsiccatis  :  ex.  gr. ,  in  ditione  Biskra! 
(Balansa  pi.  Alger  exsicc),  et  inter  Biskra  et  Batna  loco  dicto  les  Taîna- 
rins  !  \  in  ditione  Laghouat,  et  inter  Laghouat  et  Boghar  au  diversorium 
Ain  el  Ebell;  in  ditione  Hamian  Garabas  ad  Tyout!  et  Ahi  Sefra!,  ad 
lacus  eestate  exsiccatos  Chott  el  Chergui!  et  Chott  el  Uharbi  !  —  Iq 
i^îlgypto  ad  Alexandriam  (Forskal,  loc.  cit.).  In  Arabia  petrsea  (Boissier), 
ad  montem  Sinaï  (Aucher-Eloy;  Schimper  pi.  Arab.  peti-.  exsicc.  éd. 
Hohenacker  [18^13]  n.  178).  In  Rossiee  australis  desei-to  Caspio  (Ledeb. 
FI.  i^oss. );  Georgia  Caucasica  (Hohenacker  pi.  Cauc.  exsicc.  un.  it.  [1835].) 

Linaria  ALBiFBOiNS  Spreug.  Syst.  II,  793;  Chav.  Munogr.  AntiiTh.  156; 
Benth.  in  DC.  Prodr.  X,  280.  —  Antirrhinwn  albifrons  Sibth.  et  Sm. 
FI.  Grœc.  VI,  71,  t.  588  optima. 

In  ogris  et  inter  sei^etes  regui  ïunetani  prope  Suuza,  Sfax  et  Gabes 
(Kralik  pi.  Tun.  exsicc.  n.  279  et  279r().  —  In  rjra?cia  (Olivier  et  Bru- 
guière  sec.  Benth.)-  in  insula  Riiodo  (Sibth.  et  Sm-,  loc.  cit.). 


Il06  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

LîNARiA  FRUTicosA  Desf.  Atl.  II,  39,  t.  133;  Chav.  Monogr.  Anth^rh.  111; 
Benth.  in  DC.  Prndr.  X,  269. 

In  deserto  Tunetano,  iii  moiitibus  calcareispiopeCo/sa  (Desf.),  iu  apricis 
avgillosis  vel  calcareis,  in  collibiis  glareosis,  prope  Sfax,  in  ditione  Gabes 
(Kralik  pi.  Tun.  exsicc.  n.  287),  etiam  in  insula  Djerba.  —  lu  Sahara 
Algériens!  provinciœ  Cirteusis  et  Algeriensis,  in  ditione  Biskra!  ï\c{\\xqu% 
(Jarain;  Balansa  pi.  Alger,  e.xsice.  n.  8^5),  in  ditione  Laghouat  !  pluribus 
locis  obvia  (Reboud,  Geslin),  in  dilione  Béni  Mzab  (Reboud). 

Le  L.  fruticosa  est  très  voisin  du  L.  yEgyptiaca  Dum.  Cours.  (Chav,  ; 
Delile  y^g.  t.  32,  f.  2.  —  Antirrhinum  spinescens  Viv.  FI.  Libye.  32, 
t,  27,  f.  2),  plante  des  déserts  de  l'Egypte  (Delile),  de  la  Palestine,  de 
l'Arabie  pétrée  (Boissier)  et  de  la  Cyrénaïque  (Viviani)  :  il  en  diffère  seule- 
ment par  les  feuilles  supérieures  rarement  hastées,  par  les  pédicelles  plus 
courts  et  par  le  fruit  ordinairement  plus  petit  de  moitié  -,  la  corolle,  que  les 
auteurs  décrivent  comme  étant  plus  grande  dans  le  L.  fruticosa,  nous  a 
paru  à  peu  près  identique  dans  les  deux  plantes. 

LiNARiA  ExiLis  Coss.  et  Kr.  in  Kralik  pi.  Tun.  exsicc.  n,  /i09  [1854]. 

Planta  anmia,  humillima,  gracilliynu,  caule  filiformi,  erecto,  irregula- 
riter  dichotomo-ramoso,  ramis  dichotomiarum  alternatim  abortientibus 
superne  flexuoso,  brevissime  pubescenti-viscidulo  ;  foliis  minutis,  integer- 
rirais,  violaceo-rubescentibus,  crassiusculis,  inferioribus  caeteris  majoribus 
ovatis  vel  oblongis  oppositis  subapproxiniatis,  superioribus  lineari-oblongis 
a/^ernis 'paucis  remotis;  floribus  minimis,  terminalibus  et  pseudoaxillari- 
bus,  in  racemos  scorpioideos  demum  longiusculos  remotifloros  dispositis ; 
pedicellis  demum  calyce  duplo  longioribus;  calycis  laciniis  insequalibus, 
oblongo-linearibus,  obtusis;  corolla  calcare  dempto  Zi-S  millim.  longa, 
violaceo-purpurascente,  tubuloso-campanulata,  calyce  paulo  longiore,  pa- 
latodepresso^  labio  superiore  antice  producto  nec  ascendente,  calcaire  subu- 
lato  corollam  dimidiam  subœquante  ;  capsula  calyce  saepius  breviore, 
subglobosa,  loculis  inaïqualibus,  rarius  aequalibus,  loculo  majore  opercule 
valvaiformi  déhiscente,  dein  irregulariter  dirrupta  ;  seminibus  minimis, 
ovoideis,  immarginatis,  longitudinalitcr  remoteque  vix  costulalis,  inter  cos- 
tulas  mimUissinie  denseque  tuberculatis .  —  Initio  maii  185/i  jam  deflorida 
Itcta. 

In  depressis  inter  riipes  calcareas  ad  cacumen  montis  humilioris  Djebel 
Keroua  prope  Gabes  (Kralik  pi.  Tun.  exsicc.)  ibique  Erythrœae  rainosis- 
simqe  socia. 

Le  L.  exilis  se  rapporte  par  tous  ses  caractères  à  la  section  Cliœnorrhi- 
nwn  DC.  (Benth.  in  DC.  Prodr.  X,  286),  où,  en  raison  de  son  port  et  de 


SÉANCK    DU    2/|    AVUIL    1857.  /|07 

sa  durée,  il  doit  ôlre  placé  à  côté  des  L.  rubrifolia  et  minor  ;  il  diffère  du 
L.  rubrifolia  par  la  tige  beaucoup  plus  f^réle,  par  la  capsule  presque  glo- 
buleuse et  surtout  par  les  graines  très  (ineinent  tuberculeuses  entre  h  s 
côtes,  et  non  pas  tuberculeuscs-écbinées  ;  par  le  port  et  la  plupart  des 
caractères,  il  se  rapproche  davantage  de  certains  échantillons  très  grêles  du 
L.  minor,  mais  il  en  diffère  par  la  capsule  plus  petite,  globuleuse,  à  loges 
ordinairement  inégales  et  par  les  graines  trois  à  quatre  fois  plus  petites,  à 
côles  peu  distinctes  et  espacées-,  dans  le  Z.  minor  et  les  espèces  voisines 
(/-.  litturalis  Willd.  et  jvœtermissa  Delastre)  la  capsule  est  généralement 
ovoïde  à  loges  égales,  et  les  graines  présentent  des  côtes  rapprochées  et  très 
saillantes. 

Anarrhinum  brevifolium  Coss.  et  Kr.  ap.  Kralik  pi.  Tun.  exsicc.  n.  /i08 
etlxQHbis. 

Suffrutex  dwnosus,  rigidus,  ramosus,  erectus,  ramis  numerosis,  vetus- 
tioribns  aphyllis  lignosis  subtortuosis  plus  minus  elongatis  cortice  rimoso 
cinerascente,  ramis  novellis  cortice  albido  undiquepwôé"  minuta  glanduli- 
fera  copiosa  ohtectis  sparse  foliatis  j  foliis  conformibus,  parvulis,  brevibiis, 
oblongis,  inferne  in  petiolum  brevem  attenuatis,  apice  mucrouatis,  cras- 
siusculis ,  indivisis,  integerrimis,  glaucescentibus ,  glabris  vel  margine 
breviter  denliculato  pubesceiUibus;  floribiis  pro  génère  majusculis,  in  ra- 
cemos  breviusculos  demum  subelongatos  disposifis,  bracteatis  bracteis  flores 
subaequantibus;  cabjce  campanulato,  ad  tertiam  partem  5-lido,  subco- 
riaceo,  glabro,  tubo  inter  nervos  laciniarum  membranaceo  ad  nervos  her- 
baceo ,  laciniis  brevibus  triangulari-lanceolatis  herbaceis  glabris  vel 
dorso  breviter  puberulis  sed  margine  haud  ciliato-glandulosis  ;  corolla 
lactea,  calyce  duplo  lougiore,  ecalcarata,  labio  superiore  inferiore  subdi- 
midio  vel  vix  breviorc  fere  ad  médium  bilobo  lobis  ovato-obtusis  subasceu- 
dentibus,  labio  inferiore  patente  trilobo  lobis  suborbiculatis  medio  sœpius 
majore;  staminis  quinti  rudimento  lineari  ;  capsula  calyce  subdimidio  lou- 
giore, ovato-suborbiculata,  compressluscula,  apice  depresso-emarginata.  — 
Aprili-maio. 

In  regno  Tunetano  australiore,  in  arenosis  maritimis  inter  Sfaxet  Gabes 
ad  turrera  Nadour,  et  in  collibus  calcareis  et  pascuis  argilloso-arenosis 
apricis  deserti  ad  occidentem  urbis  Gabes  et  in  ditione  Béni  Zid  (Kralik 
pi.  Tun.  exsicc). 

LA.  brevifolium,  par  la  corolle  dépourvue  d'éperon,  appartient  au  sous- 
genre  Simbuleta  Jaub.  (t  Spach  [lllustr.  Or.  Y,  50.  —  Simbulela  Forsk. 
FI.  ^g.-Arab.  descr.  115. —  Anarrhini  species  corolla  ecalcarata  Benth.  in 
DC.  Prodr.  X,  289)  ;  il  diffère  des  autres  espèces  du  même  groupe  par  les 
tiges  plus  ligneuses,  par  les  jeunes  rameaux  couverts  d'une  pubescence 
abondante,  par  les  feuilles  courtes,  oblongues,  indivises,  toutes  conformes, 


/|()8  SOCIÉTÉ    lîOTAMQll':    DE    FKANCK. 

par  les  fleurs  assez  prniides  en  «iiappes  d'abord  coui'tes,  par  le  calice  à  divi- 
sions courtes  non  ciliées,  par  la  corolle  à  lèvre  supérieure  fendue  jusque 
vers  son  milieu  et  plus  courte  que  l'inférieure. 

ScROFOLARiA  ARGCTA  Soiaud.  lu  Ait.  Hort.  Kew.  éd.  1,  II,  342;  Webb! 
Phyt.  Cm.  III,  131,  t.  177;  Benth.!  in  DC.  Prodr.  X,  305. 

In  regno  Tunetano  australiore,  in  alluviis  amnis  Oued  Gahes  prope  Ga- 
les 18"  die  maii  jam  emarcida  lecta. —  In  insulis  Canariis  haud  infrequens 
(Masson,  Broussonet,  Despréaux,  Webl),  Bourgeau  pi.  Can.  exsicc.  n.  55i, 
Bolle).  In  Hispaniœ  orientalis  australioris  ditione  Almeriensi  ad  basim 
Yuouiis  Sierra  de  Gador  (Bourgeau  pi.  Hisp.  exsicc.  n.  1388fl).  In  regno 
il/fwcrt^e  secus  torrentes  (Aucher-Eioy  pi.  Or.  exsicc.  n.  5057).  In  Abyssi- 
nia  ad  flumen  Tacaze  (Scbiinper  pi.  Abyss.  exsicc.  un.  it.  n.  1428  sub 
nomine  S.  rostrata). 

Des  graines  recueillies  sur  les  échantillons  de  Gabes  ont  été  semées  par 
M.  Durieu  de  Maisonneuve  qui,  en  suivant  le  développement  de  la  plante,  a 
constaté  chez  le  S.  arguta  le  caractère  singulier  et  constant  de  l'existence 
de  rameaux  et  de  fleurs  hypogés  (voir  dans  le  Bulletin  de  la  Société  bo- 
tanique, III,  569,  les  détails  donnés  par  IM.  Durieu  et  les  observations 
ajoutées  par  M.  J.  Gay). 

Phelip^a  violacea  Desf.!  Atl.  l\,  60,  t.  1Zi5;  Viv.  FI.  Libye.  3Zi  ;  Reut. 
in  DC.  Prodr.  XI,  12  ex  parte.  —  Orobanche  Phelypœa  Willd.  Sp. 
IH,  352. 

Planta  glabra,  perennis?,  caule  simplici,  elafo,  5-12  decim.  longo,  ra- 
rius  abbreviato,  carnoso,  sulcato,  crassitie  pollicis  et  ultra,  basi  vix  incras- 
sato  vel  tuberoso-incrassato  ibique  squamis  imbricatls  obtecto,  cseterum 
laxiuscule  squamalo  ;  squamis  nuinerosis,  inferioribus  ovato-oblongis  obtu- 
sis  margine  membianaceo-pallidioribus  ,  superioribus  ovato - lanceolatis 
ereclis  cauli  haud  adpressis;  bracteis  squamis  conformibus,  margine  mem- 
branaceo-pallidioribus,  calycem  subine(|uanlibus  ;  floribus  maximis,  sessili- 
bus,  in  spicam  3-4  rarius  1-2  decim.  longam,  i-aepius  elongato-cylindricam 
dispositis;  bracteolis  oblongo-lanceolatis,  calyce  paulo  brevioribus,  mar- 
gine membranaceo-pallidioribus  sublacero-denticulatis;  calyce  glabro, 
saepius  semi-quinquefido,  lobis  ovato-oblongis,  apice  obtusis,  subrcticulato- 
pauciveniis,  integris,  margine  membranaceo  pallidioribus  ;  corolla  maxima, 
calyce  subduplo  longiore,  30-40  millim.  ionga,  glabra,  leviterarcuata,  tuhu- 
loso-canipunulatu,  tubo  pallide  albido,  a  basi  ad  fuucem  sensini  aniidiato 
inferne  haud  anyustuto,  fauce  utrinque  ad  basim  lobi  medii  labii  infcrioris 
plicatuia  prominente  flavescente  dunata,  limbo  intus  intensius  violaceo- 
purpurascente  subbilabiato  5-lobo,  lobis  ovato-rolundatis  patentibus  sub- 
a?qualibus,  medio  labii  inferloris  paulo  longiorc;  staminibus  ad  tertiam  in- 


SKA^(;H  DU  2li  avuii.   1857.  /i<)^> 

feriorem  tubl  lonf/ididinem  inserfis,  filamentis  ima  l)asi  villosis,  .supcnie 
incurvis;  (oithcris  crassis,  lanatis,  lobis  valide  ciisphlalis  ;  stylo  staininibiis 
paulo  longiore,  stigmate  crasso  retuso  suhbilobo  ;  capsula  calyce  dimidio 
longiore,  ovato-suboibiculata,  basi  styli perdstente  cuspidata,  valvis  in  lon- 
gitudine  tota  secedentibus.  — Febi-unrio-maio. 

In  deserto  Tunetano  australlore,  in  aienosis  prope  Tozzer  (Oesf. ,  loc. 
cit.),  in  arenosis  niarilimis  prope  Gabes  (Kralik  pi.  Tun.  exsicc.  n.  291) 
ubi  in  Zygopbylli  aibi  et  Limoniastii  monopetali  radicibus  parasitica.  —  In 
Sabara  Algeriensi  !  (Baiausa  pi.  Algei'.  exsicc.  n.  8fi6)  trium  provinciarum 
nec  non  in  parte  austraiiore  planitieium  exceisaruin  provincia;  Algericnsis! 
et  Oranensis  !,  solo  arcnoso  vel  argilloso-arenoso,  intorduni  saiso,  sœpius 
in  Salsolacearum  frutescentium  radicibus  parasitica.  —  In  littore  Tripoli- 
tano  (Viv.,  loc.  cit.). 

Le  P.  violacea  Desf.  qui,  en  Algérie,  n'a  encore  été  observé  que  dans 
la  région  Sabarienne  et  dans  la  partie  chaude  des  hauts  plateaux,  est  très 
distinct  de  la  plante  d'Oran,  qui  lui  avait  été  à  tort  rapportée  comme  syno- 
nyiTie,  alors  que  le  véritable  P.  violacea  n'avait  pas  encore  été  observé  en 
Algérie. — La  plante  de  Desfontaines  diffère  de  l'espèce  du  littoral  {P.Mau- 
ritanica  Coss.  et  DR.)  par  le  port,  par  les  bractées  et  le  calice  glabres, 
et  non  pas  couverts  de  poils  laineux,  par  le  calice  à  lobes  plus  lai-ges  et 
plus  obtus,  par  la  corolle  à  tube  large  même  dans  la  partie  inférieure,  et 
non  pas  à  tube  étroit  inférieurement,  par  les  étamincs  insérées  un  peu  au- 
dessus  de  la  base  du  tube,  et  non  pas  vers  le  milieu  de  sa  longueur,  et  par  la 
capsule  environ  de  moitié  plus  longue  que  le  calice,  et  non  pas  environ  de 
moitié  plus  courte. 

Pour  faire  mieux  apprécier  l'ensemble  des  caractères  distinctifs  des 
deux  plantes  nous  croyons  devoir  donner  également  ici  la  description  du 
P.  Mauritanica. 

Phelip^/v  Mauritanica  Coss.  et  DR.  ap.  Coss.  Voy.  bot.  Alger,  m  Ann. 
se.  nat.  sér.  k,  I,  226. —P.  violacea  Reut.  in  DC.  P7'od7\  XI,  12,  quoad 
plantam  Oranensem  nec  Fontanesianam. 

Planta  perennis?,  caule  simpiici,  abbi^eviato,  5-10  rarius  30-'iO  centim. 
longo,carnoso,  sulcato,  crassitiedigiti  minoris  vel  pollicis,  basi  t^sepiushaud 
incrassato,  siiperne  sœpe  ampliato,  squamls  arcte  imbricatis  undique  ob- 
tecto  vel  laxiuscule  squamato  ;  squamis  sa}pius  numerosis,  margine  niembra- 
naceo  pallidioribus,  ovalis  vel  lato-obovati^  obtusis ;  bracteis  ovato-rhom- 
boideis  vel  late  ovatis  subacutatls,  cnm  bracteolis  et  calyce  dorso  pilis 
crispulis  dense  lamiginosis,  calycem  sul)ae(iuantibus;  floribus  maximis, 
sessilibus,  in  spicam  dopressam  vel  cylindraceo-conicam  saspius  caulis 
longitudinem  dimidiam  obtinentem  congestis  ;  bracteolis  dorso  lanuginosis, 
linearibus,  apice  acutatis,  calycem  subaequantibus,   piuriveuiis,  margine 


!llO  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

sublacero-denticulatis  ;  calyce  extus  lanuginoso,  circiter  ad  tertiam  partem 
S-fido,  lobis  sequalibus,  ovato-  vel  oblongo-lanceolatis,  obtusiusculis  acu- 
tiusculisve,subreticuiato-pluriveniis,  marginedenticulatis;  corolla  maxima, 
calyce  duplo  longiore,  ZiO-50  millim.  lon<za,  glabra,  fubuloso-cijlmdrica, 
tuba  pallide  albldo,  inferne  anguste  tubuloso  superne  sensim  arl  faiicem 
rn/ipiiato,  faiice  utiinque  ad  basim  lobi  medii  labii  inferioris  plicatura  pio- 
minuia  donata,  liinbo  iiitus  iiiteiisiiis  violaceo-piiipurascente  subbilabiato 
5-lobo,  lobis  ovato-rotundatis  patulis  subœciualibus,  inedio  labii  inferioris 
paulo  longiore;  staminibus  ad  dimidimn  tubi  lonyitudmem  insertis,  filamen- 
tis  basi  villosis,  supeine  incurvis;  antheris  crassis,  lanatis,  lobis  valide 
ciispidatis;  stylo  staminibus  paulo  longiore,  stigmate  crasse  vix  bilobo  ; 
capsula  calijce  subdimidio  br&viore ,  ovato-suborbiculata  compressa,  basi 
styli  persistente  cuspidata,  valvis  iu  longiludine  tota  secedentibus. —  Janua- 
rio-martio. 

In  arenosis  et  argillosis  littoraiibus  provinciœ  Oranensis  prope  Oran  /, 
Salsolacearum  frutesceutiura  ad  radiées  (Balansa  pi.  Alger,  exsicc.  n.  h\Z 
siib  nomine  P.  violacea). 

[La  fin  à  la  prochaine  séance.) 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


PHYSIOLOGIE  VEGETALE. 

I^iuise  lleîspicle  aiiumalcr  Uililiiiift   «les    HolKkoerper» 

[Quelques  exemples  de  formation  anormale  du  corps  lujneu.r);  par  M.  Al- 
bert WigaïKl  [Flora,  w"  /i3,  21  novembre  I8/16,  pp.  ()73-681 , plane. Vil). 

Dans  certaines  tiges  de  Dicotylédons  ligneux  l'accroissement  du  corps 
ligneux  se  fait  inégalement  pour  les  différentes  portions  de  la  circonférence, 
ou  bien  il  cesse  entièrement  sur  certains  points  pour  se  continuer  sur  d'au- 
tres. Il  résulte  nécessairement  de  là  des  formes  anomales  de  tiges,  dont 
plusieurs  ont  été  déjà  décrites,  dont  quelques  autres  fournissent  à  M.  A. 
Wigand  le  sujet  de  son  mémoire. 

1°  Les  racines  des  Ononis  [spinosa  et  repens]  sont  remarquables  en  ce 
que  leur  accroissement,  d'al)ord  concentrique,  cesse  souvent  dès  la  seconde 
année  sur  certains  points  de  la  circonférence  et  cela  sans  cause  extérieure 
appréciable.  Or,  comme  sur  les  autres  points  des  couches  ligneuses  annuelles 
continuent  à  se  produire,  il  en  résulte  entre  ceux-ci  des  enfoncements  pro- 
fonds. Ensuite  le  bois  gagne  beaucoup  en  épaisseur  sur  un  seul  côté,  ce 
qui  rend  la  moelle  fort  excentrique.  Le  plus  souvent  ces  enfoncements  et 
ces  saillies  n'ont  aucune  régularité;  d'où  il  résulte  que  les  sections  trans- 
versales de  ces  racines  ù'Ononis  offrent  des  contours  très  divers  et  fort 
bizarres. 

2°  Cette  inégalité  d'accroissement  est  très  connue  dans  la  généralité  des 
lianes  tropicales.  M.  Wigand  en  décrit  et  figure  une,  probablement  une 
Malpighiacée,  à  cause  de  son  bois  profondément  lobé,  qui  est  remarquable 
à  l'extérieur  et  vue  tout  entière,  parce  que  sa  surface  présente  l'apparence 
d'un  faisceau  irrégulier  de  cordons  tantôt  contournés  en  spirale,  tantôt 
longitudinaux  sur  une  certaine  longueur,  ou  même  se  portaut  quelque  peu 
dans  le  sens  opposé  à  celui  de  leur  enroulement  habituel. 

3°  Une  autre  tige  indéterminée,  que  M.  Wigand  a  reçue  du  Brésil,  pré- 
sente un  bourrelet  spiral  qui  nous  semble  absolument  analogue  à  celui  que 
nous  voyons  fréquemment  se  produire  sur  les  tiges  autour  desquelles  s'en- 
roule en  spirale  une  plante  ligneuse  grimpante. 

k"  La  racine  du  Polyyala  senega,  dont  Walpers  a  déjà  étudié  l'organi- 
sation [Bot.  Zeit.,  1851,  p.  297),  est  très  singulière  en  ce  que  son  corps 
ligneux  forme  seulement  un  demi -cercle,  dans  lequel  se  trouve  cependant 
compris  le  centre  de  l'organe  entier.  La  moelle  non  renfermée  dans  le  bois, 
mais  située  à  côté  de  lui,  complète  avec  celui-ci  un  cylindre.  Le  tissu  de 


/|12  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    1>K    FRANCE, 

cette  moelle  passe  graduellement  au  parenchyme  cortical.  La  surface  convexe 
du  bois  est  recouverte  d'une  couche  de  camhium  ;  celle-ci,  a  son  tour,  est 
embrassée  par  un  tissu  corné,  très  épais,  qui  va  se  rétrécissant  graduellement 
en  coin  vers  l'extérieur  et  qui  est  composé  de  cellules  étroites,  à  parois 
épaisses,  filiformes  comme  les  cellules  libériennes.  On  voit  donc  qu'ici,  dès 
l'origine,  le  développement  n'a  pas  été  concentrique  et  que,  à  part  l'écorce 
cellulaire  qui  enveloppe  le  tout,  la  moelle,  le  bois  et  le  liber,  au  lieu  de 
former  autant  de  cercles  emboîtés,  sont  simplement  placés  l'un  à  la  suite  de 
l'autre. 

5°  La  racine  du  Cissampelos  Pm^eira,  qu'on  regarde  comme  constituant  la 
Pareira  brava,  présente  un  accroissement  excentri(iue.  Pendant  un  petit 
nombre  d'années,  ses  couches  ligneuses  sont  circulaires  et  complètes;  puis 
leur  formation  ne  se  continue  plus  que  sur  une  portion  de  la  circonférence, 
d'où  le  bois  se  porte  entièrement  vers  un  côté  et  la  moelle  devient  très  excen- 
trique. On  sait  que  des  particularités  analogues  se  présentent  fréquemment 
dans  les  tiges  des  Ménispermées.  En  outre,  ces  couches  ligneuses  très  incom- 
plètes ne  sont  souvent  ni  de  même  longueur  ni  parallèles;  de  sorte  qu'il 
existe  dans  leur  disposition  relative  une  irrégularité  remarquable.  Les 
rayons  médullaires  d'une  couche  ne  correspondent  même  pas  en  général  à 
ceux  de  la  couche  adjacente.  Les  cellules  du  parenchyme  qui  sépare  les  fais- 
ceaux  ligneux  dans  chaque  couche  et  les  couches  les  unes  des  autres,  sont 
petites,  et  elles  sont  à  peu  près  remplies  par  un  gros  grain  de  fécule  com- 
posé de  2  ou  3  plus  petits  grains  réunis.  —Chaque  faisceau  vasculaire,  avec 
le  liber  qui  l'accompagne,  forme  un  tout  complet  et  indépendant. 

6»  La  racine  de  Caïnca,  qui  provient  d'un  Chiococca,  présente  un  exemple 
remarquable  de  formations  ligneuses  indépendantes.  Telle  qu'elle  existe 
ordinairement  dans  le  commerce,  n'ayant  qu'une  faible  épaisseur,  elle  n'offre 
rien  de  particulier,  puisqu'on  y  trouve  un  corps  ligneux  épais,  situé  autour 
d'une  moelle  à  peine  visible,  et  entouré  d'une  écorce  mince  et  brune.  Au 
contraire,  lorsqu'elle  est  plus  vieille,  elle  possède  un  corps  ligneux  central, 
entouré  de  plusieurs  corps  ligneux  secondaires  ou  excentriques,  rattachés 
tous  entre  eux  par  l'écorce.  On  voit  que  c'est  une  structure  analogue  à  celle 
des  tiges  des  Sapindacées,  avec  cette  différence  que,  dans  le  Caïnca,  il 
n'existe  pas  la  moindre  régularité  dans  le  nombre  ni  dans  l'arrangement  des 
corps  ligneux  secondaires,  qu'on  voit  aussi  différer  entre  eux  de  grosseur 
à  un  degré  surprenant.  Toutes  ces  masses  ligneuses  sont  serrées,  traversées 
par  des  vaisseaux  distribués  assez  uniformément  et  par  des  rayons  médul- 
laires très  étroits.  Celle  du  milieu  a  une  moelle  ;  les  autres  en  sont  dépour- 
vues, à  proprement  parler;  mais,  dans  l'origine,  elles  ont  à  leur  centre  quel- 
ques grandes  cellules  remplies  de  fécule. L'écorce  est  formée  d'un  parenchyme 
brun,  solide,  à  petites  cellules,  entremêlé  de  nombreuses  cellules  libériennes, 
isolées  ou  groupées  en  petits  faisceaux. 


UKVUK    ninMOGRAl'IlIQlK.  AI  3 

7»  La  raciiio  du  Turbitli  [IpdiiKea  Turpellmm  \\.  Wv.)  pirscnfc  un  autic 
exemple  de  corps  ligneux  contrai  avec  plusieurs  corps  ligneux  secondaires 
périplu'iiques.  Lorsqu'elle  a  environ  un  centimètre  d'épaisseur,  son  bois 
central  très  poreux  est  coupé  en  quatre  par  \\w  moelle  prolongée  en  quatre 
grands  rayons  en  croix  ,  son  écorce  forme  à  l'extérieur  plusieurs  saillies 
longitudinales  arrondies,  dont  chacune  loge  un  gros  faisceau  siuis  moelle 
composé  de  nombreux  et  gros  vaisseaux.  Sur  les  vieux  individus  on  observe 
des  couches  ligneuses  incomplètes  qui  rappellent  celles  de  VOnonis  et  du 
Cissa77ipelos. 

La  planche  (jui  est  jointe  au  mémoire  de  M.  Wigand  représente,  en  8 
figures,  les  tiges  n"  2  et  3  tout  entières  et  les  coupes  transversales  des  diverses 
racines  qui  viennent  d'être  décrites. 

DcTcloppeincut  «le  la  iiiatière  verte  des  vég^ctan^K  et 
flexion  «les  tiji;;es  sons  l'înflnenee  «les  rayons  nltra- 
violets  «lu  spectre  solaire;  par  M  C,-M.  Guillemin  [Comptes- 
rendusdc  l'Acad.  des  scien.,  XLV,  séance  du  13  juillet  1857). 

Les  rayons  dont  M.  Guillemin  a  étudié  l'action  sont  situés, dans  le  spectre 
solaire,  au  delà  du  violet.  Leur  caractère  essentiel  résulte  de  la  propriété 
qu'ils  ont  de  réduire  les  sels  d'argent  et  quelques  autres  composés.  11  était 
intéressant  de  reconnaître  s'ils  n'influeraient  pas  sur  le  développement 
de  la  matière  verte  des  végétaux.  Pour  s'éclairera  ce  sujet  par  l'expérience, 
M.  Guillemin  a  placé  un  grand  nombre  de  jeunes  plantes  d'Orge,  de 
Cresson  alénois  et  de  Moutarde  blanche,  tenues  jusqu'à  ce  moment  à 
robscurité,  dans  la  région  la  plus  réfrangible  d'un  spectre  assez  intense  et 
assez  pur.  Au  bout  de  six  à  huit  heures,  les  feuilles  d'Orge  ont  présenté  une 
teinte  verte  très  appréciable,  mais  moins  prononcée  que  celle  qui  se  déve- 
loppe sous  l'influence  des  rayons  de  la  partie  visible  du  spectre.  Des  plantes 
semblables,  plongées  dans  les  rayons  visibles,  ont  indiqué,  conformément 
à  ce  qu'avait  déjà  vu  Gardner,  un  maximum  d'action  dans  les  rayons 
jaunes. 

Les  feuilles  d'Orge  sont  beaucoup  plus  propres  à  manifester  cette  influence 
que  celles  du  Cresson  alénois  et  de  la  Moutarde  blanche.  Leur  portion  qui 
reçoit  directement  les  rayons  ultra-violets  prend  une  teinte  verte  ((ui  con- 
traste avec  la  teinte  jaune  qu'elles  conservent  dans  le  reste  de  leur  étendue. 
Des  feuilles  tenues  comparativement  à  la  lumière  diffuse  ont  pris,  après  un 
temps  très  long,  une  légère  teinte  verte;  mais  cette  teinte  était  beaucoup 
plus  faible  et  d'ailleurs  elle  s'est  développée  beaucoup  plus  lentement  que 
celle  qu'ont  développée  les  feuilles  exposées  aux  rayons  ultra-violets. 

La  flexion  des  tiges  du  Cresson  alénois  et  de  la  Moutarde  a  été  évidente 
au  bout  d'une  demi-heure,  dans  les  rayons  ultra-violets,  tandis  qu'elle  a  été 


/il  A  SOCIÉTÉ    BOTAINIQUE    DE   FRANCE. 

plus  lente  à  se  produire  dans  la  portion  visible  du  spectre.  Ainsi  dans  les 
rayons  ultra-violets  les  tiges  s'étaient  iléchies  à  angle  droit  en  moins  de  deux 
heures,  tandis  (lut' leur  (lexion  était  beaucoup  moindre  dans  le  jaune,  le 
rouge,  même  dans  l'indigo  et  le  violet.  Les  mêmes  différences  se  sont  pré- 
sentées lorsqu'on  a  retourné  les  tiges  déjà  fléchies  de  manière  à  déterminer 
en  elles  une  courbure  en  sens  oppose  au  premier.  Quant  aux  jeunes  plantes 
exposées  à  la  lumière  diffuse,  elles  se  sont  fléchies  faiblement  et  avec  beau- 
coup de  lenteur. 

De  ses  observations  M.  Guillemin  déduit  les  conclusions  suivantes  : 

1°  Les  rayons  ultra-violets  déterminent  la  formation  de  la  matière  verte 
des  végétaux  ; 

2°  Ces  mêmes  rayons  opèrent  la  flexion  des  tiges  plus  rapidement  que  les 
rayons  de  la  partie  visible  du  spectre. 

Il  ajoute  cependant  qu'il  lui  reste  à  contrôler  ce  dernier  résultat. 

Dcti!iLièiiic  note  sur  la  f'ccoodatiou  des  Fncacces;  par  M.  G. 

Thuret  [Mém.  de  la  Soc.  impér.  des  scienc.  nat.  de  Cherbourg,  V,  avril 
1857.  Tirage  à  part  en  broch.  in-8°  de  pp.  16  et  1  plane). 

Les  résultats  des  premières  observations  de  M.  Thuret  sur  la  fécondation 
des  Fucacées  ont  été  publiés  au  mois  de  mai  1853,  dans  les  mémoires  de 
la  Société  de  Cherbourg;  c'est  une  date  importante  à  relever  pour  montrer 
l'erreur  dans  laquelle  est  tombé  un  habile  observateur  allemand  qui,  quoi- 
que venu  notablement  plus  tard,  a  cru  pouvoir  s'attribuer  la  découverte 
de  la  sexualité  des  Algues.  Celles  que  notre  éminent  Algologue  vient  tout 
récemment  de  faire  connaître  dans  le  mémoire  dont  nous  allons  présenter 
un  résumé,  ajoutent  des  faits  d'un  haut  intérêt  à  ceux  qui  nous  avaient  été 
déjà  révélés. 

Ces  observations  ont  été  faites  dans  le  cours  de  l'hiver  dernier  et  elles 
ont  porté  principalement  sur  un  point  très  important,  sur  la  détermination 
de  l'instant  précis  où,  par  suite  de  la  fécondation,  une  membrane  vient 
recouvrir  les  spores  qui  en  étaient  jusqu'alors  entièrement  dépourvues,  et 
qui  ne  consistaient  qu'en  une  masse  de  matière  granuleuse  olivâtre,  parfai- 
tement sphérique,  maintenue  seulement  par  la  cohésion  de  sa  substance. 
M.  Thuret  a  reconnu  par  des  observations  extrêmement  nombreuses  que 
cette  membrane  enveloppante  «  nait  presque  soudainement  sous  l'influence 
de  la  fécondation,  et  que,  six  à  huit  minutes  après  avoir  été  mises  en  conr- 
tactavec  les  anthérozoïdes,  les  spores  commencent  déjà  à  se  recouvrir  d'un 
tégument  dont  il  n'existait  aucune  trace  quelques  instants  auparavant.  » 
Pour  constater  ce  fait  il  lui  a  sufli  d'ajouter  à  la  goutte  d'eau  de  mer,  dans 
laquelle  se  trouvaient  les  spores,  une  gouttelette  d'une  solution  de  chlorure 
de  zinc  ou  d'acide  sulfurique  faible.  A  l'instant  même  où  elles  sont  atteintes 


REVtlK    BIBLIOGIUMIIQUI-:.  Zl  1  5 

par  l'iiii  OU  l'autre  de  ces  rractifs  les  spores  se  coiitractent  légèrement; 
presque  aussitôt  il  exsude  à  leur  surface  des  globules  d'un  liquide  réfringent, 
incolore,  qui,  grossissant  et  se  multipliant  avec  rapidité,  ne  tardent  pas  a 
les  recouvrir  entièrement.  La  formation  de  ces  globules  parait  être  due  a  la 
substance  visqueuse  azotée  des  spores  (jue  le  réactif  a  l'orcée  de  se  séparer 
de  la  cblorophylle.  INaturelIcment  dès  qu'il  se  forme  une  membrane  sur  les 
spores  fécondées,  la  production  de  ces  globules,  sous  i'inlluenee  des  réactifs, 
y  rencontre  un  obstacle.  Aussi  voit-on  d'abord  les  spores  uniquement  en- 
tourées d'une  zone  transparente  incolore,  dans  laquelle  on  dislingue  les 
globules  comprimés  par  la  membrane  naissante.  Puis,  lorsque  la  membrane 
a  pris  assez  de  consistance,  elle  empécbe  totalement  l'exsudation  des  glo- 
bules. Les  trois  figures  qui  occupent  la  planche  jointe  au  mémoire  de 
M.  Thuret  représentent  :  1"  la  spore  non  fécondée,  toute  couverte  de  gros 
globules  limpides  et  libres,  dont  la  formation  qui  a  eu  lieu  sous  l'action  du 
chlorure  de  zinc,  démontre  l'absence  de  toute  membrane  à  la  surface  de  la 
spore;  2°  la  spore  traitée  de  même  dix  minutes  après  qu'elle  a  été  mise  en 
contact  avec  les  anthérozoïdes  ;  elle  n'est  plus  entourée  que  d'une  zone 
transparente  due  aux  mêmes  globules  comprimés  sous  la  membrane  nais- 
sante; 3°  la  spore  traitée  de  même  une  heure  après  qu'elle  a  été  en  contact 
avec  les  anthérozoïdes.  Celle-ci  n'a  plus  qu'une  étroite  bordure  incolore, 
limitée  nettement  par  la  membrane  à  ce  moment  bien  formée  et  susceptible 
même  de  bleuir  sous  l'action  du  chlorure  de  zinc  ioduré. 

Les  observations  de  M.  Thuret  ont  été  faites  sur  les  Fucus  vesiculosus, 
sen^ntus  et  nodosus.  Elles  ont  été  répétées  un  très  grand  nombre  de  fois  et 
les  résultats  en  ont  été  toujours  parfaitement  concordants.  L'expérience  lui 
ayant  appris  qu'il  faut  prendre  quelques  précautions  pour  réussir  dans  des 
recherches  de  ce  genre,  il  en  donne  l'indication  détaillée.  Voici  en  quelques 
mots  quelles  sont  ces  précautions.  Il  est  indispensable  d'employer  les  spores 
le  plus  tôt  possible  après  leur  sortie  des  conceptacles  et  de  les  délayer  dans 
une  goutte  d'eau  de  mer  quelques  minutes  avant  de  s'en  servir.  Il  faut 
aussi  s'assurer  que  les  anthérozoïdes  sont  dans  toute  leur  activité. 

Lorsqu'on  prend  ces  précautions,  les  anthérozoïdes  s'attachent  presque 
immédiatement  aux  spores,  et  celies-ci  commencent  au  bout  d'environ  une 
demi-minute  leur  curieux  mouvement  de  rotation  qui  s'opère  dans  le  sens 
suivant  lequel  la  plupart  des  anthérozoïdes  fixés  à  la  spore  dirigent  leur 
rostre.  La  durée  de  celte  rotation  varie  sensiblement,  mais  le  plus  ordinai- 
rement elle  est  de  six  à  huit  minutes.  M.  Thuret  a  cru  voir  que  cette  durée 
est  en  rapport  avec  la  formation  plus  ou  moins  prompte  de  la  membrane 
des  spores,  puisqu'elle  est  moindre  pour  celles  dont  la  membrane  se  forme 
le  plus  vite.  Il  a  constaté  aussi  que  ce  mouvement  se  prolonge  beaucoup 
pour  les  spores  qu'on  a  mises  en  contact  avec  les  anthérozoïdes  d'une  espèce 
différente  et  qu'il  peut  se  continuer  alors  pendant  plus  d'une  heure  dans  ce 


M6  sociéth:  botaïniqir  de  frange. 

cas  où  il  ne  se  pi'odiiit  point  ûe  membrane.  La  seule  exception  qu'il  ait 
observée  a  eu  lieu  loi'S(|u'il  a  mélangé  les  antbcrozoïdes  du  Fucus  scrratus 
avec  les  spores  du  F.  vesiculosus  ;  alors,  en  effet,  il  a  vu  quelques  spores  se 
couvrir  d'une  membrane,  mais  leur  nombre  était  beaucoup  moindre  que 
lorsqu'il  avait  mélangé  ensemble  les  spores  et  les  anthérozoïdes  du  Fucus 
vesiculosus.  C'est  évidemment,  dit-il,  pendant  ces  quelques  minutes  quedure 
la  rotation  des  spores,  c'est-à-dire  pendant  que  les  anthérozoïdes  sont  en 
contact  immédiat  avec  elles,  que  la  fécondation  s'accomplit.  Mais  comment 
s'exerce  l'action  des  anthérozoïdes?  Toutes  les  recherches  qu'il  a  faites  lui 
ont  prouvé  qu'ils  ne  pénètrent  pas  dans  l'intérieur  de  la  spore.  Quelquefois 
même  la  fécondation  lui  a  semblé  s'accomplir  sans  qu'il  y  eût  contact  immé- 
diat entre  les  spores  et  les  anthérozoïdes.  Pour  les  Algues  d'eau  douce 
M.  Pringsheim  affirme  que  ces  derniers  entrent  dans  les  spores,  tandis  que 
MM.  Gohn  et  de  Bary  soutiennent  le  contraire.  «  De  ces  diverses  opinions, 
dit  M.  Thuret,  celle  de  M.  Pringsheim,  telle  qu'il  l'a  exposée  dans  son  pre- 
mier mémoire,  me  parait  la  moins  bien  fondée.  lùi  ce  qui  concerne  les 
Fucus,  elle  rejfose  sur  une  erreur  manifeste,  et,  ajoute-t-il,  les  observations 
du  même  auteur  sur  le  Vauckeria  ne  me  paraissent  pas  plus  décisives.  » 

Uclicr  da;^  Torkomnieu  elcr  Gcrhsacut'C  in  deii  Pflauzcu 

[sur  V existence  du  tannin  dans  les  plantes);  par  M.  Hermann  Ivarsten 
{Monatsbericht  d.  Kœnigl.  Preuss.  Akad.  d.  Wissench.  zu  Berlin  ; 
cah.  de  févr.  1857,  pp.  71-81,  avec  une  planche). 

Jusqu'à  ce  jour  on  n'avait  pas  regardé  le  tannin  comme  un  des  premiers 
produits  de  l'assimilation  opérée  par  l'organisme  végétal  en  activité;  ou 
était  plutôt  disposé  à  y  voir  un  produit  de  la  décomposition  des  principes  or- 
ganicjues  opérée  en  dehors  du  cercle  des  phénomènes  vitaux  dont  la  cellule 
est  le  siège,  M.  Karslen  lui  assigne  un  rôle  beaucoup  plus  important.  Le 
point  de  départ  de  son  travail  a  l'té  cette  observation  que  le  fruit  du  Bana- 
nier, antérieurement  à  sa  maturité,  est  rempli  de  fécule  à  l'exception  de 
certaines  liles  longitudinales  de  cellules  larges  et  en  forme  de  tonneaux, 
disposées  sur  des  cercles  concentriques  au  milieu  du  tissu  féculent  et  charnu 
et  dans  lesquelles  est  contenu  un  liquide  limpide  qui  prend  sous  l'action  du 
chlorure  de  fer  la  coloration  en  beau  bleu  à  laquelle  on  reconnaît  le  tannin. 
Cette  matière  existe  aussi  dans  de  pareilles  files  de  cellules  que  renferment 
les  feuilles  du  même  végétal. 

Le  tannin  existe  aussi  fréquemment  dans  les  fibres  que  dans  le  parenchyme  ; 
on  le  trouve  surtout  fréquemment  dans  les  laticifères  et  dans  les  libres  ré- 
ticulées que  renferment  les  faisceaux  libreux  des  Monocolylédons  ainsi  que 
le  bois  des  Dicotylédons.  M.  Karsten  en  avait  déjà  signale  la  présence  dans 
les  cellules  des  Palmiers  qui  se  transforment  eu  vaisseaux  rayés  et  ponctués. 


URVUR    BmLIOnHAlMlIQriî.  A 17 

Dans  les  Aroïdt'os,  les  lalicifc'i'i's  en  sont,  remplis  et  ils  se  ramifient  beaucoup 
dans  les  espaces  intereelluiaiies  du  parencliyitie  voisin,  par  exemple  dans  le 
Colucasia  esculenta,  le  DieffenOac/na  sefjuine  qI  divers  Philodendron.  Il  en 
est  de  même  pour  les  latieileres  plusieurs  fois  ramilles  de  VAsdepiassyriaca, 
de  VAlisnta  Plantago,  de  Vlli/drocleis,  des  Papavéracées,  des  (.'urica  et 
Vasconccllea,  ainsi  que  des  fibres  libériennes  rameuses  des  Apocynées  et 
Marcgraviacécs.  Les  cellules  du  collenchyme  contiennent  aussi  du  tannin 
dans  leur  cavité  à  une  certaine  époque  de  leur  développement.  L'auteur  dit 
que  la  coloration  produite  par  le  chlorure  de  fer  sur  le  tannin  des  laticifères 
met  en  évidence  l'existence  d'une  membrane  autour  de  ces  tubes,  contraire- 
ment à  l'opinion  de  quelques  auteurs  qui  n'y  ont  vu  que  de  simples  méats 
ou  lacunes  du  tissu  cellulaire. 

Souvent  les  cellules  et  les  fibres  qui  renferment  le  tannin  finissent  par 
avoir  des  parois  très  épaisses,  par  exemple  dans  les  (lycadées,  où  les  fibres 
laticifères,  à  parois  d'abord  minces,  épaississent  plus  tard  leur  membrane, 
comme  celles  du  liber,  au  point  que  leur  cavité  en  disparait  presque. 

Le  parenchyme  des  feuilles  contient  aussi  du  tannin  dans  son  suc  cellu- 
laire. Dans  les  noix  de  Galles  tout  le  tissu  en  est  imprégné. 

Dans  le  tissu  végétal  le  tannin  n'existe  pas  libre,  mais  combiné  avec  une 
matière  coagulable  par  l'alcool  et  les  acides.  Cette  combinaison  est  détruite 
par  l'action  de  l'air  et  alors  seulement  se  produit  la  reaction  du  tannin  sur 
le  fer.  Ce  tannin  combiné  se  trouve,  au  total,  dans  les  formes  élémentaires 
les  plus  diverses  du  tissu  végétal,  mais  non  dans  le  cambium  le  plus  jeune 
encore  non  recouvert  par  la  cuticule,  qui  existe  dans  le  bourgeon 
terminal,  ni  dans  les  cellules  lignifiées  ou  changées  en  liège.  Dans  les  cel- 
lules où  il  existe  généralement  il  parait  se  rattacher  à  une  période 
particulière  du  développement.  De  môme  que  le  sucre,  les  huiles,  les  résines, 
les  matières  colorantes,  il  ne  se  montre  que  dans  des  cellules  particulières, 
dans  des  tissus  déterminés,  ainsi  que  dans  certaines  formes  végétales. 

Relativement  aux  classes  du  régne  végétal,  le  tannin  parait  particuliè- 
rement répandu  dans  les  Dicotylédons  qui  sont  pourvus  d'un  épiderme 
riche  en  stomates  et  d'une  écorce  subéreuse;  il  l'est  moins  dans  les  Mono- 
cotylédons  auxquels  manque  généralement  l'écorce  subéreuse.  Il  est  très 
rare  dans  les  Acotylédons  qui  sont  dépourvus  de  liège  et  couverts  d'un 
épiderme  très  simple;  les  Fougères  seules  en  renferment  généralement. 

La  planche  qui  accompagne  le  raémoii-e  de  M.  Karsten  montre  la  distri- 
bution des  cellules  et  des  laticifères  qui  contiennent  le  tannin  au  milieu  du 
tissu  de  la  feuille  du  Colocasia  mgittata  et  de  V Hacken  crenuta,  de  la  tige 
de  VUmbilicus  peadulinus  et  du  Langsdorffia  Moritziana, 


T.  IV.  27 


AI  8  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

BOTANIQUE  DESCRIPTIVE. 

ItéviMÎoii  eoiiiparatîve  de  l'Isorliîcr  et  «le  l'Iiistoire  aliré- 
gée  «les  l»yrt'n«'e«,  «le  Iia|»ejr«»usc;  par  M.  i).  C\os  {Mémoires 
de  l'Acad.  des  sciences  de  Toulouse;  tirage  à  part  en  broch.  in-S"  de  86 
pages;  Toulouse,  1857). 

Les  premières  pages  de  cet  important  mémoire  ont  pour  objet  de  faire 
connaître  l'état  actuel  de  l'herbier  de  l.apeyrouse,  les  principaux  travaux 
dont  les  plantes  des  Pyrénées  ont  été  l'objet  dans  ces  derniers  temps,  les 
motifs  qui  ont  déterminé  M.  Clos  à  écrire  sa  Révision. 

l/berbier  de  Lapeyrouse  occupe  hk  boîtes  en  forme  de  volume  in-folio. 
Suivant  les  conseils  du  colonel   Dupuy,  le  fils  du  lloriste  des  Pyrénées  le 
légua,  à  sa  mort,  à  la  ville  de  Toulouse.   Il  fut  alors  déposé  dans  une  des 
salles  de  la  bibliothèque  publique  dite  du  Collège  où  il  a  pu,  depuis  cette 
époque,  être  consulté  pres(|ue  aussi  librement  que  les  livres  de  la  biblio- 
thèque elle-même.   Enfin,  par   une  délibération   du  conseil   municipal  de 
Toulouse,  en  date  du  11  février  li8/;3,  il  fut  confié  aux  soins  du  Directeur 
du  Jardin  des  Plantes  de  cette  ville.  M.  Clos  relève  avec  raison  dans  cet 
herbier  plusieurs  défauts  qui  en  diminuent  beaucoup  l'utilité  :  «  1"  nombre 
d'échantillons  ne  consistent  qu'en  fragments  de  plantes,  parfois  insuffisants 
pour  une  parfaite  détermination  ;  2"  certains  d'entre  eux  ne  sont  accompa- 
gnés d'aucune  indication  de  loi-alité  ;  3°  a  un  seul  échantillon  de  plante  cor- 
respond la  désignation  de  plusieurs  localités  différentes,  sans  qu'on  sache 
dans  laquelle  il  a  été  cueilli  5  4"  dans  une  même  enveloppe  se  trouvent  par- 
fois confondues,  sous  une   même  dénomination,   deux  ou  trois  espèces 
distinctes,  confusion  qui  ne  doit  pas  être  imputée  sans  doute  à  Lapeyrouse; 
5°  un  certain  nombre  de  plantes  ont  disparu,  soit  parce  qu'elles  sont  deve- 
nues en  totalité  ou  en  partie  la  proie  des  insectes,  soit  par  toute  autre  cause; 
6°  Lapeyrouse  n'a  pas  eu  le  soin  de  distinguer  toujours  les  plantes  qu'il  a 
cueillies  lui-même  ;  l'époque  de  la  floraison  et  celle  à  laquelle  ces  plantes 
ont  été  recueillies  ne  sont  pas  non  plus  mentionnées.  »  Le  premier,  le  qua- 
trième et  le  cinquième  de  ces  reproches  ne  tou)bent  qu'en  partie  sur  l.ajjcy- 
rouse  lui-même.  Depuis  plus  de  30  ans  son  herbier  a  été  consulté  par  un 
grand  nombre  de  personnes  5  il  a  passé  ainsi  par  des  mains  souvent  fâcheu- 
sement  inhabiles,  quelquefois   déplorablement  indiscrètes.  Le  triste  fait 
d'enlèvement  et  de  mutilation  d'échantillons,  dont  nous  sommes  personnel- 
lement certain,  parait  être  également  connu  de  M.  Clos,  comme  l'indi(|uent 
ses  expressions  de  disparition  de  plantes  par  le  fait  des  insectes  ou  «  par 
toute  autre  cause.  «Quant  a  l'indication  de  nombreuses  localités  pour  chaque 
échantillon,  elle  s'expli(|ue  par  cette  circonstance  singulière  que  Lapeyrouse 
a  fait  son  herbier  après  et  d'après  sa  t'Iore,  qu'il  a  voulu  avoir,  pour  ainsi 


REVUK    lUni.KU.KAl'llIQLi;.  /|1<) 

(lire,  son  livro  en  exsiccaUi;  aussi  a-t-il  f;éiiéralcmeiU  copié  sur  sesétiqueltes 
les  localités  dont  réiuimération  se  trouvait  dans  V Histoire abrfUjéc  à  la  suif(î 
des  phrases  et  des  descriptions. 

Quelle  que  soit  la  valeur  réelle  de  Therhier  de  Lapeyrouse,  la  révision 
connpièteque  vientd'en  faire  M.  Clos  aura  le  précieux  avantage  d'en  constater 
l'état  actuel  et  d'en  établir  la  concordance  riû;oureuse,  soit  avec  V Histoire 
abrégée  des  plantes  des  Pyrénées,  soit  avec  les  ouvrages  de  notre  épo((iie. 
Par  suite  il  deviendra  facile  dès  cet  instant  d'en  fixer  la  synonymie  dans 
les  travaux  qui,  à  l'avenir,  pourront  avoir  pour  objet  les  nombreuses  espèces 
de  la  Flore  des  Pyrénées. 

Il  serait  impossible  d'analyser  le  travail  de  révision  de  M.  Clos  sans  le 
reproduire  presque  en  entier.  Nous  nous  contenterons  donc  forcément  de 
lui  emprunter  quelques-unes  de  ses  indications  relatives  aux  espèces  liti- 
gieuses proposées  comme  nouvelles  par  Lapeyrouse  parmi  lesquelles  celles 
que  M.  Clos  regarde  comme  bonnes  seront  désignées  seulement  par  leur 
uom,  sans  synonymie.  Naturellement  nous  le  suivrons  dans  l'ordre  qu'il  a 
adopté  et  qui  n'est  auti'e  que  celui  du  système  de  Linné,  selon  le:|uel  sont 
rangées  les  espèces  dans  Y  Histoire  abrégée  des  plantes  des  Pyrénées. 

Veronica  obtusata  Lap. ,  in  herh.;  désignée  avec  raison  piir  Lapeyrouse 
dans  son  Supplément  comme  variété  du  F.  Chnmœdrys  L.  —  V.  acutitlora 
Lap.  fil.,  SuppL;  appartenant  au  V.  Teucrium,  comme  le  pensait  M.  ïîen- 
tham  et  non  au  V.  offtcinalis,  comme  l'ont  cru   MM.  Grenier  et  Godron. 

—  Bromus  glaucus  Lap.,  SuppL;  réuni  avec  raison  au  B.  erectus  L.  — 
Globularia  punctata  Lap.;  comme  l'avait  vu  M.  Bubani,  c'est  le  Globularia 
incanescens  Viv.  ou  Cu^^radoria  incanescens  Alpb.  DC.,  et  non  un  synonyme 
du  G.  cordifolia  L.  —  Scabiosa  hirsuta  Lap.;  c'est  le  Scabiosa  (Kuautia) 
collina  Req.  —  Galiuni  papillosum  et  atrovirens  Lap. -G.  liirsutum  Lap. 
SuppL;  il  devient  le  G.  papillosum  Lap.  (3  hirsutum  Clos.  —  Plantago  in- 
termedia  Lap.;  rapporté  avec  raison  par  DC.  au  i^.  Lagopus  L.-P.  pun- 
gens  Lap.;  réuni  à  bon  droit  par  M.  Decaisne  au  P.  subulata  L.-P.  sessili- 
flora  Lap.;  c'est  une  forme  à  capitules  sessiles  du  P.  camatoSchrad.,  vai-. 
depauperataGven.  et  Godr.  —  Myosotis  alpinn  Lap.  =  i)/.  pyrenaica  Pourr. 

—  Cynoglossum  pellucidum  Lap.  =  C.  montanwn  L.  —  Eohium  grandi - 
florum  Lap.  ou  E.megalanthos  Lap.,  5m/:»/>/. /rapporté  avec  justice  par  Mutel 
àVF.  plantagineum  L,-E.  pyramidale  Lap.;  c'est  VF.  pyrenaicum  DC.  ou 
\'E.  italicum  !..  —  Primula  latifolia  Lap.  —  Campanula  lanceolata  l.np.; 
c'est  une  variété  du  C.  rlmnboidalis  L.  —  Verbascum  dentatum  Lap.;  c'est 
le  V.  Cliaixii  Vill.,  d'après  Lapeyrouse  lui-même.  —  Cbironia  uli<>inosa 
Lap.;  on  a  reconnu  depuis  longtemps  que  c'est  V Elodes  palustris Sçach  — 
Illecebrum  villosum  Lap.;  il  n'y  a  dans  l'herbier  qu'un  /.  pubescens  Lap., 
qui  est  le  Paronychia  serpyllifolia  DC.  —  Ulmus  pyrenaica  Lap.;  d  .ipres 
trois  feuilles  séparées  qui  se  trouvent  dans  l'herbier,  ce  serait  VU  monuma 


/<20  sociKTÉ   bot.vmqll;   de  FïWSCE. 

Sm.  p  mnjor  Fri^s  —  Genliaiia  punctata  l.ap.  =  G.  Durseri  f.ap.  —  Bii- 
plevnim  repens  Lap.  =  B.  ranuncnloidcr.h.  var. -H.  oppositifolium  Lap. 
M.  Clos  a  déjà  prouvé  que  c'est  une  monstruosité  du  B.  falcutum  [..-H. 
obtusatiim  Lap.  ;  il  ne  diffère  pas  du^.  ranunculoidesL.  —  Ammipyreiiœuni 
Lap.;  un  échantillon  incomplet  semble  appartenir  à  l'A.  daucifolium  Scop. 
- —  Selinum  scabrum  Lap.  =  Xot/n-dia  scabra  Meisn.  — Athamania  crith- 
moidcs  Lap.;  une  des  formes  de  VA.  Libanotish. —  Laserpitium  ferulaceum 
Lap.  ;  sans  autre  représentant  dans  l'herbier  qu'une  ombelle  de  fruits  de 
L.  Nestleri  S.  Willm.,  et  une  rosette  d'une  autre  plante.  —  Heracleum 
setosum  Lap.  =  H.  Panaces  L.-H.  testiculatum  Lap.,  StippL;  c'est  vrai- 
semblablement VH.  œstimmi  Jord.  —  Ligusticum  simples  Lap.  =  Liba- 
notis  montanu  Ali.  —  Corrigiola  imbricata  Lap.;  regardé  avec  raison  par 
De  Candolle  comme  une  variété  du  C.  telephiifolia  Pourr.  —  Narci^sus 
radians  Lap.  ;  variété  du  N.  pseudo-Narcissus  L.  —  Allium  serotinum  Lap. 
=  A.  ochroleucum  W.  K.  —  Saxifi-aga  recta  Lap;  c'est  une  grande  variété 
du  5.  Aizoon  L.  -  S  mi.xta  Lap.  ^=  S.  piibescens  Pourr.  -  S.  aquatica 
Lap.  -  S.  ciiiaris  Lap.;  serait-ce  fln  hybride  des  -S',  (indrosacea  L.  et  pla- 
nifolia  Lap.  ?  -  S.  ladanifera  Lap.;  regardé  avec  raison  par  M\L  Grenier 
et  Godron  comme  une  variété  du  6'.  geramoides  L.  —  Dianthus  serratus 
Lap.;  il  revient  en  partie  au  B.  neglectus  Lois,  et  au  B.  attenuatus  Sm.  — 
Arenaria  cerastoides  Lap.;  nom  antérieur  à  celui  d'A.  purpurascens  Ram.  - 
A.  mutabilis  Lap.  =  Alsine mucronata  L.  —  Sedum  sphsericum  Lap.;  rap- 
porté avec  raison  par  MM.  Grenier  et  Godron  au  S.  brevifolium  DC.  - 
S.  divaricatum  Lap. ;  synonyme  du  5.  annuum  L.  —  Cerastium  glaberri- 
nuun  Lap.^=  C.  fjlaucum  Gren.  —  Rosa  aristata  Lap.;  manque  dans  l'her- 
bier —  Potentilla  heteiophylla  Lap.;  rapporté  avec  raison  par  M.  Duby  au 
P.  cerna  L.  -  P.  ascendens  Lap.;  synonyme  du  P.  pyrenaica  Ram. — 
Cisluspilloselioides  Lap.  =  Beliimthemum  camim  Dun.  —  Ranunculus  de- 
albatus  Lap.  -  R.  giganteus  Lap.;  bonne  espèce  d'après  M!\L  Bubani  et 
Loret  -  R.  tuberosus  Lap.;  bonne  espèce  qui  comprend  aussi  les  plantes 
nommées  par  Lapeyrouse  B.  lanuginosus  L.  et  B.  polyanthemos  L.  —  R. 
Xatardi  Lap.,  SitppL;  manque  dans  l'herbier  et  parait  être  \eB.parviflorus 
L.  —  Sideritis  crenata  Lap.  =  S.  hyssopifolia  L.  var.  —  Lamium  stoloni- 
ferum  Lap.  =  L.  maculatum  L.  et  L.  galeobdolon  Crantz  -  L.  sto/onife- 
7nim  I>ap.  var.  flor.  al  bis  hirsutissimis  =  L.  flexuosum  Ten.  —  Stachys 
bai  bâta  Lap.  =  St.  heraclea  Ail.  —  Bartsia  Fagonii  Lap.  =  B.  alpina  L. 

-  R.  imbricata  Lap.  =  Euphrasia  nemorosa  Pers.  y  parviflora  S.  Willm. 

-  B.  humilis  Lap.;  diffère  à  peine  du  précédent  —  Scrofularia  betoni- 
cœiolia  Lap.  =:  i>.  aquatica  L.  et  non  S.  alpesti'is  Gay  —  Digitalis  inter- 
media  Lap.  =  D.  purpurascens  Rotb  —  Lepidium  cristalum  l.ap.;  c'est  le 
Tldaspi  alliaceum  DC.  et  non  le  Lepidium  campestrc  R.  Br.  —  Thiaspi 
procumbens  Lap.  =  Teesdalia  nudicaulis  R.  Br.  -  Th.  marginatum  Lap. 


IlliVUli    lilItLIOGKAI'IIIQlfc:.  /l21 

=  yEtlnonema  saxntile  R.  Br.  —  tboris  pyrenaioa  Lap.;  c'est  V/Ethionema 
saxatile  W.  Br.  —  fJiscutella  picridiCoIia  l.ap. ;  c'est  le  /?.  lœvifjnfa  ]j.  y 
mformcdia  Gr.  Godr.  et  non  le  /l.  clchorufoUa  Lois.  —  Cai-damine  helero- 
pliylla  Lap.  =  C.  resedifolia  L.  —  Turiitis  multiflora  Lap.  =  Arabis 
sagittata  DC.  — T.  setosaLap.  =  Sinapis  Chciranthm  Kocli  var.  montana 

—  Krodium  lucidum  et  crispiim  Lap.;  ce  sont  des  variétés  de  VE.petromm 
Gou.  —  Ononis  senesceus  Lap.  =  0.  procurrens  Wallr.  -  0.  rliinanthoides 
Lap.  =  0.  striata  L.  -  0.  seabra  Lap.  =  0.  Columnœ  Ail.  -  0.  dumosa 
Lap.  =  0.  arragoncnsis  Asso.  —  Orobus  variegatus  Lap.  =  Latltyrus 
cm'/iosus  Ser.  -0.  Tournefortii  Lap.;  parait  être  VO.  vernus  L.  -Orobus 
ensifoiius  Lap.  — Cytisns  heteropliyllus  Lap.  =  C.  supt'nm  Murr.  — Tri- 
foliuoi  intermedium  Lap.;  justement  rapporté  par  MM.  Duby  et  Gay  au 
T.  hybridum  Savi  -  Lactuca  sonchoidcs  Lap.  =  L.  perennis  L.  -  Hiera- 
cium  intermedium  Lap.  =  ^.  syhaticum  L.  -  H.  altissimum  Lap.  =.  Cré- 
pis succisœfolia  Tausch,  C.  altissima  Serres  -  H.  cordiroliumi  Lap.  =  H. 
umbellatum  L.  var.  cordifolium  ÇAos  -  H.  elongatum  Lap.;  correspond  en 
partie  à  \H.  cerinthoidcs  L. ,  à  VH.  prenanthoides  Vill.  et  pour  les  variétés 
(3  y  à  l'H.  neO'Cerinthe  Fries  -  H.  rhomboidale  Lap.  =  H.  neo-cerinthe 
Fries,  -H.  sericeum  Lap.  =  H.  cerinthoides  L.  -  H.  scopulorum  Lap.; 
il  répond  à  V H.  cerinthoides  L.  et,  pour  la  localité  de  Penna  blanca  à  la 
Picade,  à  VH.  mixtum  Froel.  -  H.  obovatum  Lap.,  SuppL;  c'est  VH.  neo- 
cerinthe  F  vies,  var.  —  Lepicauue  balsamea  Lap.=  Hieracium  amplexicanle 
L.  -  L.  balsamea  ,  var.  ^  =  Crépis  grandiflora  Tauscb  -  L.  intybacea 
Lap.=  Hiei^acium  pulmonarioides  Vill.  -  L.  granditlora  Lap.  =  Crépis 
grandi  flotta  Tausch,  ainsi  que  le  L.  multicaulis  Lap.,  var.  altissima  longi- 
folia  -  L.  multicaulis  Lap.  ^=  Crépis  blattarioides  Vill.,  ainsi  que  le  L. 
turbinata  Lap.  -  L.  spinulosa  Lap.;  Arnott  a  bien  vu  que  c'est  le  Sonchus 
oleraceus  L.  —  Crépis  incana  Lap.  =  Andryana  ragusinn  L.  var.  b  incana 
Gr.  God.  —  Cnicus  Argemone  Lap.  =  Cmxluus  médius  Gou.  —  Erigeron 
murale  Lap.;  réuni  justement  à  VE.  acre  L.  —  Senecio  rotuudifolius  Lap. 5 
état  tératologique  àwS.  Tournefortii  Lap.  — Cbrysantluinum  grandiflorum 
Lap.  =  Leucanthemum  maximtcmGv.  God.  —  Acbillœa  falcata  et  capillata 
Lap.;  rapportés  à  bon  droit  par  M.  Benthaiu  a  VA.  chamœmelifolia  Pouri-. 

—  Serapias  hirsuta  et  glabra  Lap.  =  S.  longipelala  Poil,  et  5.  lingua  L. 

—  Carex  macrostylon  Lap.;  est-ce  bien,  dit  M.  Clos,  le  C .  decipiens  Gay  ? 

—  C.  furcata  Lap.  =  C.  vesicaria  L.  -  C.  sphœrica  Lap.  =  C.  polyrhiza 
Wallr.  -  C.  Dutourii  Lap.;  rapporté  justement  au  C .  rupcstris  Ail.  - 
C.  marchandiana  Lap.  =  C.  pyrenaica  Wabib.  -  C.  Alopecuros  L;ip., 
SuppL  =  Eriophorum  angustifolium  Iloth  — Qiiercus  microearpa  L;ip.= 
Q.  pedunculata  Elirb.  -  Q.  stolonifera  Lap.  =^  Q.  Tozza  Bosc.  -  Q.  aiziiia 
Lap.  r=  ().  JlexL.  — Arum  pyienaicum  Lap.,  SuppL  =  A.  italicum  Mil!, 

—  Pinus  sanguiiiea  Lap.;  réuni  a  bon  droit  par  M.  Benthamau/^  uncinata 


A22  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE   DE    FRANCE. 

Ram.  — Salix  incertii  Lap.;  les  échantillons  de  l'herbier  sont  identiques 
avec  le  S.  grandi folia  Ser.,  Helv.  -  S.  aurigerana  Lap.  =  S.  caprea  L. 

Le  mémoire  de  lAL  Clos  se  termine  par  la  liste  des  plantes  que  Lapey- 
rouse  a  signalées  dans  son  ouvrage  et  qui  cependant  manquent  aujourd'hui 
dans  son  herbier.  3i0  espèces  figurent  sur  cette  liste. 

ISeitrag;  «ur  riis<«i!«chcu  Flora  [Note  relative  à  la  Flore  de 
Jîussie);  par  M.  Ed.  Regel  {/ionplandia  du  1  juin  1857,  pp,  150-15/i). 

Cette  note  comprend  deux  parties  distinctes  : 

L  Scilles  de  la  Flotte  de  Hussie. 

M.  Regel  commence  par  examiner  la  valeur  des  caractères  empruntés 
aux  différents  organes  des  Scilles  dont  il  est  question  dans  ce  travail.  Il 
montre  que  le  nombre  et  la  forme  des  feuilles,  la  présence  et  l'absence  des 
biactées,  la  forme  des  parties  du  périanthe  ne  fournissent  que  des  carac- 
tères de  très  faible  valeur,  tandis  qu'il  regarde  comme  beaucoup  plus  con- 
stants ceux  qu'on  tire  du  nombre  et  de  la  forme  des  hampes,  de  la  direction 
et  de  la  conliguration  générale  des  fleurs,  surtout  de  la  longueur  relative  et 
de  la  direction  despédicelles  des  fleurs  inférieures  au  moment  où  elles  sont 
entier  'ment  épanouies.  Il  présente  ensuite  le  tableau  des  Scilles  de  la  Russie 
et  de  leurs  formes,  en  donnant  pour  chacune  une  diagnose  et  une  syno- 
nymie étendue. 

A.  Feuilles  étroitement  linéaires. 

1.  Scilla  autumnalis  L. 

B,  Feuilles  largement  linéaires. 

1°  Fleurs  dressées  ou  dressées-étalées. 

2.  Scilla  bifolia  L.  ;  caractérisée  par  sa  hampe  unique  et  par  ses  pédi- 
celles  inférieurs  dont  la  longueur  flnit  par  égaler  2  ou  3  fois  le  diamètie  de 
la  fleur. 

a.  genuina  :  bulbe  à  deux  feuilles  ;  bractées  nulles. 

6.  bracteata  :  bulbe  a  deux  ou  très  rarement  trois  feuilles  ;  de  petites 
bractées. 

y.  taurica  :  bulbe  portant  de  2  à  ii  feui'lles;  bractées  membraneuses 
[Scilla  rosea  Lehm.,  Index  sem.  1828).  L'auteur  en  donne  la  description. 

3.  Scilla  amœna  L.  :  une  à  U  hampes;  fleurs  en  grappe  allongée;  pédi- 
celles  avec  une  bractée  à  la  hase,  tous  plus  courts  que  le  diamètre  de  la 
fleur,  l'Ile  ne  se  trouve  pas  en  Russie,  et  n'est  mentionnée  que  parce  qu'on 
la  confond  souvent  avec  la  suivante. 

2°  Fleurs  penchées. 

/;.  Scilla  cermia  Redon.  :  une  à  5  hampes,  toutes  1-3-flores;  pédicelles 
dressés-étalés,  beaucoup  plus  courts  que  le  diamètre  de  la  fleur. 

a.  genuina  :  2,  Zi,  très  rarement  plusieurs  feuilles  ;  hampes  généralement 
2- 3 flores. 


KKVIJK    HllîLKtnUAlMIIQLi:.  /i23 

§.  uniflorn  :  2  ou  plus  larcniciit  '^  reuillcs  plus  courtes  que  la  liampe, 
qui  est  iinillore  {Scilla  wù/lora  Willcl.,  Iferb.  Se.  /{osent  et  monanthos 
C.  Koch.). 

y.  In.m  :  ^-h  feuilles  qui  épiaient  presque  ou  dépassent  la  hampe  unifloïc . 
M.  llcuci  en  donne  une  description. 

5.  Scilln  Holienuckeri  Fiseli.  Mey.  :  1  à  5  hampes  pluriflorcs  ;  pédi- 
celles  lin.di'ment  horizontaux  et  plus  longs  que  le  diamètre  de  la  fleur 
[Se.  cernun  |3  pluriflora  l.edeb.,  FI.  rnss.,  IV,  p.  157).  L'auteur  en  donne 
une  description. 

II.    Un  J /elle bore  de  la  Mingrélie. 

Sous  le  nom  de  Helleborns  officinaiis  var.  colchicui^,  on  cultive  dans  le 
jardin  botanique  de  Pétersbour^5  une  plante  qui  rappelle,  pour  les  feuilles, 
V/J.  vfficinalis  ou  orientalis,  tandis  qu'il  se  rapproche  beaucoup,  pour 
l'inflorescence  et  les  fleurs,  de  Vff.  purpurascens .  L'auteur  présume  que 
c'est  un  hybride  de  ces  deux  espèces.  Il  le  nomme  provisoirement  H.  col- 
clncus,  et  il  en  donne  la  description. 

Flora;  Biia(1ait°a<^<^^>*^<^i><^îs  fra|i^Biieaita  «erîpfsit  eolIec<a«|HC 
di;;-es.««it  L.  R.  Tuîasne.  Frngmentum  primum  Combreteas,  Myi'oba- 
lancis  junclas,  Alangieas,  Rhizopiioreas ,  Halorageas  et  Lythrarieas 
includens.  {Ann.  des  se.  nat.,  h"  série,  VI,  1856,  pp.  75-138.) 

M.  L.  R.  Tulasne  vient  de  commencer  un  travail  qui  ne  peut  manquer 
d'avoir  un  haut  intérêt  pour  la  science.  Mettant  à  profit  les  belles  collec- 
tions de  plantes  de  Madagascar  que  renferme  l'herbier  du  Jardin  des  plantes 
de  Paris,  il  a  commencé  la  publication  de  fragments  d'une  Flore  de  cette 
ile,  qui,  nous  l'espérons,  finiront  par  devenir  assez  nombreux  pour  nous 
faire  connaître  la  presque  totalité  de  cette  végétation  peu  connue  jusqu'à 
ce  jour  et  pourtant  bien  digne  de  l'èlie. 

Le  premier  fragment  de  ce  grand  travail  est  relatif  aux  Combrétacées, 
aux  Rhizophorées,  aux  Haloragées  et  aux  Lythrai'iées.  Le  grand  nombre 
de  nouveautés  que  renferme  ce  Mémoire  permet  déjà  de  se  faire  une  idée 
de  l'importance  des  collections  formées  a  Madagascar  par  les  divers  voya- 
geurs français  qvï\,  depuis  Commerson  et  Bernier  jusqu'à  Boivin,  ont  pu 
explorer  (juehjues  parties  de  cette  ile  immense  et  des  ilôts  qui  l'avoisinent. 
Aussi  tous  les  botanistes  doivent-ils  savoir  gre  à  M.  ïuiasne  d'a\oir  songé 
à  faire  connaître  ces  richesses  (|ui,  pour  la  plupart,  étaient  comme  enfouies 
dans  les  galeries  du  Jardin  des  plantes.  Tous  aussi  doivent  faire  des  vœux 
pour  que  cet  éminent  botaniste  mène  à  bonne  fin  l'exécution  de  son  plan. 

Relativement  aux  Conibrécacces,  M.  Tulasne  fait  observer  que  la  divi- 
sion de  la  famille  en  Terminaliées  généralement  apétales,  pourvues  d'un 
embryon  à  cotylédons  minces,  convolutésen  spirale  et  eu  Combrétées  péta- 


h2ll  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FHANCE. 

lées,  à  cotylédons  épais,  plissés  et  ridés  de  diverses  manières,  n'est  malheu- 
reusement pas  admissible  à  cause  des  variations  que  présentent  ces  plantes 
sous  le  rapport  des  caractères  par  lesquels  on  a  voulu  les  distinguer.  Il  dit 
que,  contrairement  à  l'assertion  d'Endlicher,  les  Combrétacées  pourvues 
d'une  corolle  ont  leurs  [)étales  en  préfloraison  non  pas  valvaire,  mais  im- 
briquée et  même  tordue.  Voici  le  relevé  de  celles  de  ces  plantes  qui  appar- 
tiennent a  la  Flore  de  Madagascar. 

I.  Comhretaceœ  opposidfoliœ.  Pœvrea  Commers.  A.  Petalis  donatae. 
1.  P.  coccinea  DC.  ;  2.  P.  violacea  (1);  3.  P.  albiflora;  k.  P.  villosa.  — 
B.  Apetalœ-5.  P.  macrocalyx  ;  6.  P.  Berneriana;  7.  P.  rufipes.  —  Combre- 
TCM  Loefl.  1.  C.  obscurum.  —  Pi-ntaptera  Roxb.  1.  P.  Roxburghii. 
(Pœvrea  Roxburghii  Spreng.  )  —  Calopyxis  TuI.  Ce  genre  nouveau  est 
caractérisé  surtout  par  des  fleurs  le  plus  souvent  apétales,  dont  le  calice 
pétaloïde  est  en  large  coupe  ou  en  entonnoir,  à  5  petites  dents  réfléchies  ; 
dont  les  10  étamines  incluses  ont  l'anthère  versatile;  dont  le  long  style 
porte  un  stigmate  simple  et  surmonte  un  ovaire  infère  oblong,  cylindrique, 
uniioculaire,  à  deux  ovules  pendants  au  bout  de  longs  funicules.  Son  fruit 
est  une  capsule  presque  ligneuse,  globuleuse  ou  oblongue,  dont  le  contour 
est  tantôt  arrondi,  tantôt  pentagonal  et  qui  renferme  une  graine  à  cotylé- 
dons charnus  et  très  épais.  1.  C.  sphaîroides;  2.  C.  velutina;  3.  C.  oxy- 
gonia  ;  i^.  C.  alata;  5.  G.  eriantha. 

II.  Comhretaceœ  alternifoUœ.  —  TEKMI^ALIA  Lin.  1.  T.  crenaia  (Bvn,  in 
sched.);  2.  T.  Badamia  DC.  ;  T.  exsculpta;  h.  T.  sulcata  ;  5.  T.  Fatrea 
DC.  ;  6.  Bovinii;  7.  T.  gracilis  ;  8.  T.  pumila;  9.  T.  mariana  ;  10.  T.  rhom- 
boidea  Spreng.  ;  11.  T.  flavicans;  12.  T.  Catappa  Lin.;  13.  T.  paucitlora. 
Spec.  minus  notae  :  \h  T.  rubrigemmis;  15.  T.  calophylla;  16.  T.  mo- 
desta.  —  LuMNiTZBRA  Willd.  :  1.  L.  racemosa  Willd. 

Alangicac  DC.  —  Alangium  Lamk.  :  1.  A.  Mohillœ. 

Rhizopiiorete  R.  Br.  Pour  cette  famille,  que  composent  des  arbres  cu- 
rieux connus  sous  les  noms  communs  de  Mangliers  et  de  Palétuviers,  spon- 
tanés sur  les  côtes  maritimes  des  régions  tropicales,  dans  les  parties  baignées 
par  l'eau  de  la  mer,  M.  Tulasne  a  domié  un  soin  tout  particulier  à  la  des- 
cription du  fruit  et  de  la  graine  dont  on  a  souvent  parlé  à  cause  de  sa  ger- 
mination qui  s'opère  sur  place  et  dont  cependant  il  n'existait  pas  encore 
de  description  ni  de  figure  suffisantes.  , 

L  Ilhizophorées  vraies,  à  ovaire  infère  ou  demi-infère.  —  Rhizophora 
Lin.  :  1.  R.  mucronata  Lamk.  —  Ceiuops  Arn.  :  1.  C.  Boviniana.  —  Bru- 
GuiKRiA  Savig.  :  1.  B.  Rheedii  Rlume.  — Carallia  Roxb.  :  1.  C.  mada- 
gascariensis  (Barraldeia  madagascariensis  DC.  ) 

IL  Kldzophorées  à  ovaire  libre  ou  Légnotidées   Lndl.  —  Cassipurea 

(1)  TouH'sIcs  espèces  sans  nom  d'auteur  sont  nouvelles. 


HKVUK    lUBLIOGItAIMlIQUE.  /|25 

Aubl.rl.C.madagasoai'ieiisisnC.  5  2.  C.  ovata;  3.  C.  lanccolata;  ^i.  C.phœo- 
tricha;  5.  C.  k-ptoclada;  G.  C.  yuminidiia;  7.  C.  micropliylla. 

ilaioragéeN  R.  Br.  —  Skrpicula  Liii.  :  l.S.  it'peiis  ÏJu.:  2.  S,  vcro- 
nicaîfolia  Hoiy. 

Lythrariécs  Juss. —  RoTALA  Lin.  :  1.  R.  pusilla. —  Ammannia  Houst.  : 
1.  A.  madagascariensis  Rvn.,  in  sclied.  msc;  2.  A.  indica  Lamk. —  Nesoea 
Commers.  :  1.  N.  triflom  Knth. ;  2.  N.  polyantha.  —  Pemphis  J.  et  G. 
Forst.  1.  P.  acidula  Forst.  —  Lawsonia  Lin.  :  1.  L.  alba  Laml<.  —  Gris- 
LEA  Loett.  :  1.  G.  tomentosa  Roxb.—  Tetrauia  TuL,  Pet.  Th.  in  sched. 
msc.  Genre  encore  inédit,  nommé,  d'après  sa  symétrie  florale  pentamère  : 
à  grand  calice  campanule,  tétragone,  /i-parli,  ayant  les  angles  décurrenis 
en,  ailes;  sans  corolle;  à  U  étamines  saillantes,  altcrnisépales;  à  ovaire 
;i-lobé,  ^-loc,  multiovulé,  surmonté  d'un  long  style  grêle,  que  termine 
un  stigmate  entier;  capsule  polysperme,  s'ouvrant  au  sommet  par  déhis- 
cence  septifrage  :  1.  T.  salicifolia. 

Dans  son  travail,  écrit  entièrement  en  latin,  M.  Tulasne  a  donné  de  ses 
plantes  des  descriptions  complètes,  très  développées,  mais  non  résumées 
en  diagnose  quant  à  leurs  points  essentiellement  distinctifs. 

Nous  prendrons  la  liberté  de  lui  soumettre  une  observation  sur  un  point 
qui  nous  semble  avoir  un  intérêt  réel.  Dans  tout  son  Mémoire,  il  a  cru 
devoir  donner  une  forme  latine  aux  noms  d'hommes  français  qu'il  a  eu 
occasion  de  citer.  Il  en  résulte  nécessairement,  pour  certains  d'entre  eux, 
une  déformation  qui  peut  n'être  pas  sans  inconvénients  pour  nous-mêmes 
français,  à  plus  forte  raison  pour  des  étrangers.  Sauf  meilleur  avis,  il  nous 
semble  que  le  respect  légitime  de  l'orthographe  des  noms  propres  doit 
l'emporter  sur  l'intérêt  très  secondaire  en  pareil  cas  de  la  latmité,  et  que, 
si  l'on  fait  un  reproche  à  Corneille  d'avoir  défiguré  les  noms  latins  pour 
leur  donner  dans  ses  vers  une  physionomie  française,  à  bien  plus  forte  raison 
pourrait-on  reprocher  aux  botanistes  de  défigurer  profondément  les  noms 
français  pour  en  faire  des  noms  latins.  Il  nous  semble  que  !out  ce  qui  pour- 
rait être  permis  à  cet  égard  serait  de  donner  une  désinence  latine  aux  noms 
propres  dont  le  corps  même  serait  conservé  sans  ia  moindre  altération,  si 
même  on  n'aimait  mieux  admettre  le  principe  très  jusliliable,  même  gram- 
maticalement, et  de  plus  évidemment  utile,  de  regarder  ces  noms  propres 
comme  rigoureusement  indéclinables,  et,  par  suite,  de  les  conserver  sans 
rien  changer  à  leur  orthographe  ni  même  à  leur  désinence. 

Qartenoi'eliidceu  {Orchidées  de  jardin);  par  M.  H.  G.  Reichenbach 
fils  {Botan,  Zeit.,  du  6  mars  1857,  n°  10,  col.  157-159). 

Cet  article  fait  suite  à  d'autres  qui  ont  été  publiés  antérieurement  par 
M.  Reichenbach  (ils  dans  le  Botanische  Zeitwuj  ;  aussi  les  espèces  dont  on 


/i26  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE   FRANCE. 

y  trouve  la  description  portent-elles  les  numéros  131-138.  Ces  espèces  sont 
les  suivantes  : 

131.  Gongora  grntulnbunda  Rchbe.  fil.,  plante  rapportée  par  M.  de 
Warszewicz,  prohablement  de  la  Nouvelle-Grenade,  et  cultivée  dans  le 
jardin  de  M  Schiller,  où  elle  a  fleuri  pour  la  première  fois  au  mois  de  jan- 
vier rlernier.  — 132.  Chrijsis  Brûnnoiviana  Rciibc.  fil.,  espèce  d'un  bel 
effet,  qui  n'a  pas  encore  fleuri  dans  les  jardins.  Elle  a  été  découverte  au 
Pérou  par  M.  de  Warszewicz.  — 133.  Spiranthes  Eldorado  Lind.  Rchbc. 
fil.  C'est  une  petite  plante  extrêmement  Jolie  à  cause  de  ses  feuilles  pana- 
chées de  jaune  d'or.  Elle  croît  au  Brésil,  dans  la  province  de  Bahia  ^  elle  a 
été  introduite  dans  les  jardins  de  l'iùirope  par  M.  Linden  ;  elle  fleurit  au 
mois  d'octobi-e.  —  \?ik.  Oncidium Hirundo  Rchbc.  fil.  Cette  espèce,  voisine 
de  V 0 .  plnnilabrum  Lind.,  est  cultivée  dans  les  serres  du  prince  Camille  de 
Rolian.  Sa  patrie  est  inconnue,  —  135.  Oncidium  pardothyrsus  Rchbc.  fil. 
C'est  une  belle  plante  que  l'auteur  avait  d'abord  regardée  comme  une  simple 
variété  de  VO.  planllabrum  Lindl.  Klle  a  été  rapportée  du  Pérou  par  M.  de 
Warszewicz. —  136.  Pleurothallis  cardiotfiallis  Rchbc.  fil.  Espèce  voisine 
du  PI.  cardiostola ;  elle  est  cultivée  en  Angleterre,  d'où  elle  a  été  envoyée 
en  Allemagne.  Klle  a  été  observée  par  l'auteur  dans  le  jardin  de  M.  Schiller. 
— 137.  Sarcanthus  insectifer  Rchbc.  fil.  Il  ressemble  assez  au  Cleisostoma 
roseum.  Il  a  été  envoyé  de  Calcutta  au  jardin  de  M.  Schiller. —  138.  Lock- 
hartia  ludihunda  Rchbc.  fil.  Plante  voisine  du  L.  binifern.  Sa  fleur  est 
jaune  d'or,  mélangée  de  rouge-pourpre.  Elle  est  cultivée  dans  le  jardin  de 
M.  Schiller. 

llouog^raphia  llynieuoiiiyecttiiiB  Suecite,  vol.  I.  Sisteus  Agari- 
cos,  Copriuos,  Bolbitios.  Scripsit  Elias  Pries.  In-8°  de  XI  et  Zi8i  pages. 
Upsal  ;  1S57. 

Le  but  que  s'est  particulièrement  proposé  M.  Fries,  en  publiant  l'ouvrage 
important  dont  le  premier  volume  vient  de  paraître,  est  indiqué  dans  une 
préface  qui  a  pour  titre  :  Historiola  studii  mei  mycologici.  Les  nombreux 
travaux  sur  les  Champignons  que  nous  devons  à  cet  eminent  mycologue, 
avaient  besoin  d'un  complément  qu'il  n'était  pas  au  pouvoir  d'un  simple 
particulier  de  leur  donner.  Il  fallait  appuyer  les  descriptions  qu'ils  renfer- 
ment sur  des  figures  coloriées  qui  permissent,  en  l'absence  d'échantillons 
authentiques  dont  la  conservation  était  à  peu  près  impossible,  d'en  faire 
une  détermination  exacte  et  rigoureuse.  C'est  ce  qu'a  parfaitement  senti 
l'Académie  des  science^  de  Stockholm  qui  a  décidé,  en  i^lxk,  qu'elle  ferait 
exécuter  a  ses  frais,  et  sous  la  direclion  de  IM.  Fries  lui-même,  des  figures 
de  tons  les  Champignons  de  la  Suède  qu'il  est  impossible  de  conserver, 
particulièrement  des  Hyménomycètes.  Depuis  douze  ans  un  grand  nombre 


REVUE    BIBLIOGIIAI'HIQUE.  ^27 

de  ces  ligures  ont  été  exécutées;  mais  comme  la  gravure  et  la  publication 
de  toutes  les  planches  ainsi  réunies  entiaineraient  une  énorme  dépense  qui 
effraie  l'Académie  elle-même,  M.  Frics  a  pensé  qu'il  devait,  en  attendant 
cetteîpublication,  si  jamais  elle  a  lieu,  publier  le  texte  qui  devrait  l'accom- 
pagner et  condenser  ainsi  en  ((uelques  volumes  toutes  Us  descriptions  (ju'il 
a  déjà  consignées  dans  des  ouviages  très  divers.  Seulement,  dit-il,  dans  la 
persuasion  qu'un  pareil  livre  n'aura  qu'un  petit  nombre  de  lecteurs,  il  ne 
l'a  fait  imprimer  qu'à  100  exemplaires.  >>ous  ne  pouvons  nous  empêcher 
d'exprimer  notre  vif  regret  de  celte  détermination  qui  réduira  à  une  publi- 
cité fort  restreinte  un  ouvrage  d'importance  majeure  pour  la  mycologie. 

Le  volume  qui  vient  de  paraître  renferme  presque  uni(|uement  des  aga- 
rics. Voici  le  relevé  des  sections  de  ce  vaste  groupe  d'Hyménomycètes  qui 
y  ont  trouvé  place,  et  celui  des  espèces  qui  s'y  trouvent  décrites  : 

Atnanita,  28  esp.  —  Lepiota,  "21. —  Annillaria.,  15. — •  Tricholoma,  80. 

—  Ciitocijbe,  82.  —  Collybia,  56.  —  Ornpkulid,  '6li.  —  Mycena,  Ih.  — 
Pleurotus,  38.  —  Volvaria,  5.  —  Pluteus,  12.  —  Fntoloma,  22.  —  Clito- 
piliis,  8.  —  Leptonia,  17.  —  Nolanea,  16.  -^  Ecci/ia,  6.  — ■  Pholiota.  32. 

—  Hebeloma,  21.  —  Inocybe,  27.  —  Flammula,  28. —  Naucoria,  46.  — 
Galera,  21.  —  Crepidotus,  11.  —  Psalliota,  10.  —  Stropharia,  18.  — 
Hypholoma,  15.  —  Psilocybe,  19.  —  Psat/iyra,  12.  —  Pnnœolus,  8.  — 
Psatkyrella,  10.  — Total  784.  —  Les  Copriyius,  qui  viennent  ensuite,  sont 
représentés  par  39  espèces,  et  les  Bolbitius  par  5.  —  Pour  chaque  espèce 
décrite,  IM.  Fries  donne  une  description  complète,  et  il  cite  a  la  suite  du 
nom  adopté  par  lui  une  figure  déjà  publiée,  s'il  en  existe,  plus  habituelle- 
ment la  figure  inédite  exécutée  par  les  soins  de  l'Académie  de  Stockholm. 

L'ouvrage  de  iVT.  Fries  est  dédié  à  cette  académie. 

BOTANIQUE  GÉOGRAPHIQUE  ET  GÉOLOGIQUE. 

liCs  Myiiipliéacées  fossiles;   par  M.  Rob.  Caspary  [Ann.  des  se. 
nat.,  k"  série,  VI,  1856,  pp.  199-222,  pi.  XII). 

Les  Nymphéacées  fossiles  ne  se  trouvant  jamais  représentées  que  par  de 
simples  fragments  qui  ne  constituent  pas  des  échantillons  complets,  il  est 
impossible  de  reconnaître  si  elles  rentrent  dans  l'un  ou  l'autre  des  genres 
vivants  de  cette  famille.  Pour  ce  motif,  iVL  Casoarv  les  laisse  toutes  réunies 
sous  la  dénomination  générique  commune  de  Nymphœites  Sternb.  Il  carac- 
térise ensuite  les  espèces  suivantes  : 

1.  Nymphœites  Arethusœ  Sternb.  {Nymphœa  Arethusœ  Brong.);  trouvé 
dans  les  meulières  de  Longjumeau,  et  entre  Bièvie  et  Palaizeau,  près  de 
Paris,  eu  empreintes  qui  ne  répondent  qu'à  de  petites  portions  de  tiges. 
L'auteur  présume  que  le  Carpolites  Ovulum  Brong.  n'est  que  la  graine  de 


Zi28  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE, 

cette  espèce,  puisque  les  deux  se  rencontrent  souvent  ensemble.  Quant  au 
Corpolites  Ovuhim,  docrit  récemment  par  M.  D.  Hooker  (voy.  Bull,  de  la 
Soc.  bot.  de  France,  III,  p.  76),  ce  n'est  certainement  pas  une  graine  de 
Nymphéacée.  Il  doit  porter  désormais  le  nom  de  Rhytidosporum  Ovulum 

D.  Hook. 

2.  Nymphœites  Brongniartii  Casp.  Dans  le  calcaire  tertiaire  d'Armis- 
san,  près  de  Narbonne.  Son  rhizome  cylindrique  est  le  plus  gros  que  l'on 
connaisse  encore  parmi  les  Nymphéacécs  fossiles.  Il  se  distingue,  au  pre- 
mier coup  d'œil,  par  la  grandeur  des  deux  canaux  aériens  que  présentent 
les  cicatrices  des  pétioles  et  des  pédoncules. 

3.  Nymphœites  Weberi  Casp.  [Nymphœa  Arethmœ  C.  0.  Weber,  non 
Broifg.)  trouvé  dans  le  quartz  lacustre  tertiaire  a  Muffendorf,  près  de  Bonn. 
La  graine  de  cette  espèce  a  été  décrite  par  C.  0.  Weber  sous  le  nom  de 
Carpolites  gramdatus.  Ses  rhizomes  sont  analogues,  pour  la  grosseur  et 
pour  l'organisation,  à  ceux  du  Nymphœa  alba.  Mais  les  matériaux  ne  suf- 
fisent pas  pour  rattacher  complètement  la  plante  fossile  à  celle  de  nos  eaux 
douces. 

U.  Nymphœites  lignitica  Wessel  et  Weber.  Représenté  par  des  feuilles 
qui  ont  été  trouvées  dans  le  lignite  à  Rott,  près  de  Bonn.  Il  est  probable 
que  cette  feuille  avait  jusqu'à  30  centimètres  de  largeur  et  qu'elle  était 
cordée-réniforme. 

5.  Nymphœites  Ludwigii  Casp.  Des  rhizomes  parfaitement  conservés 
ont  été  trouvés  par  M.  Ludwig  dans  le  lignite  de  Woelfersheim  en  Vetté- 
ravie.  I.a  substance  de  ces  rhizomes  est  dans  un  état  de  conservation  plus 
parfait  qu'on  ne  l'a  vu  jusqu'à  ce  jour  pour  une  herbe  fossile  quelconque. 
Même  la  cellulose  y  a  persisté  si  complètement  sans  modifier  sa  nature 
chimique,  que  les  cellules  se  colorent  en  beau  bleu  sous  l'action  de  l'iode 
et  de  l'acide  sulfurifjue.  En  outre,  les  cellules  de  l'écorceet  la  spiricule  des 
trachées  y  ont  parfaitement  gardé  leur  forme.  Enfin  des  insectes  ont  atta- 
qué la  substance  interne  de  ces  rhizomes,  tant  elle  était  bien  conservée. 

6.  Nymphœites  Charpentieri  Osw.  Heer  ;  trouvé  dans  le  lignite  de 
Paudèze,  près  de  Lausanne. 

HoLOPLEURA  Casp.  (nov.  genus):  semen  ovato-ellipticum,  ad  micropylea 
foveolatum  et  operculatum,  operculum  subcirculare  micropylen  mamilli- 
formem  et  hdum  subreniforme  gerens,  raphe  subnulla -,  testa  crassa, 
cornea;  cellubc  strati  extimi  graciliter  6-8-sinuosa3,  pariete  externo  cras- 
sissimo,  lumine  subevanido,  irregulariter  dispositae. 

Ce  genre  a  pour  type  unique  V Iloloplcura  Victoria  Casp.,  qui  n'est 
représenté  que  par  des  graines  lonj;ues  de  2  niillim.  7/10-8/10,  larges  de 
1  millim.  7/10-9/10,  et  que  M.  Ludwig  a  trouvées  seulement  en  Vetté- 
ravie,  dans  les  lignites  de  Dorneim  et  Woelfersheim.  L'étude  de  cette  graine 
a  prouvé  à  M.  Caspary  que  la  plante  fossile  était  très  voisine  du  genre 


UF.VIUÎ    niBLlOGnAIMIIQUK.  A29 

Victoria.  Pour  montrer  cetto  analogie,  il  docrit  avec  soin  les  graines  des 
quatre  genres  de  Nympheacées  aujourd'lnii  connus  :  Victoria,  fiuryale, 
Nymphœa  et  Niiphar;  il  présente  enfin  comparativennent  la  description  de 
la  graine  de  [' Ilolopleura  et  de  celle  du  Victoria  reijia  Lindl. 

MÉLANGES. 

Ifl^ittcrun;;  untl  Kl'aclistlmiii  otler  Griinclxusc  «Ici-Pflaii- 
xenl4liiiiatolog-ie  (  /  emy;s  et  accroissement  ou  éléments  de  climatologie 
végétale)  ;  par  M.  Hermann  Hoffmann.  1  in-8°  de  583  pages,  avec  une 
grande  planche  de  tracés  graphiques.  Leipzig,  1857.  Librairie  de  Fœrstner 
(Arthur-Félix). 

Cet  important  ouvrage  a  pour  objet  essentiel  de  montrer,  par  les  résul- 
tats de  nombreuses  observations,  les  rapports  qui  existent  entre  les  condi- 
tions météorologiques  et  le  développement  des  plantes. 

Dans  une  préface  de  11  pages  M.  Hoffmann  expose  les  difficultés  que 
présentait  le  sujet  dont  il  s'est  occupé  et  les  moyens  qu'il  a  imaginés  pour 
les  lever,  la  marche  qu'il  a  suivie  dans  ses  observations,  et  la  manière  dont 
il  en  a  exprimé  les  résultats,  soit  dans  le  texte  de  son  livre,  soit  dans  la 
planche  qui  l'accompagne,  et  sur  laquelle  il  a  reproduit  au  moyen  des 
sinuosités  d'un  tracé  graphique  la  série  des  développements  de  plusieurs 
plantes.  Le  corps  de  son  ouvrage  est  divisé  en  deux  livres  intitulés,  le  pre- 
mier, partie  spéciale,  le  second,  partie  générale. 

Le  premier  livre  (pp.  15-138)  est  entièrement  occupé  par  les  tableaux 
qui  renferment  :  1°  les  observations  météorologiques  (pp.  16-32)  faites  à 
Giesseu  de  mars  à  novembre  185i;  2°  les  mesures  (pp.  35-12^)  prises  sur 
diverses  plantes  pendant  le  même  espace  de  temps;  3"  le  résumé  (pp.  125- 
138)  du  plus  grand  accroissement  des  mêmes  plantes  pour  chaque  jour  de 
la  même  période.  Les  tableaux  des  observations  météorologiques  présentent 
en  23  colonnes  les  données  les  plus  variées  sur  la  température  de  l'air  à 
l'ombre  et  au  soleil,  sur  la  température  du  sol  et  des  puits,  l'humidité  atmo- 
sphérique, la  pluie,  la  neige,  etc.,  la  pression  barométrique,  etc.  Ceux  relatifs 
aux  observations  de  l'accroissement  contiennent,  avec  le  plus  grand  détail, 
les  mesures  de  l'accroissement  prises  chaque  jour  pour  les  espèces  sui- 
vantes :  Pêcher;  Galanthus  nival is;  Orge^  Prunus  aviwu  et  clanestica; 
Pommier;  Quercus  pedunculata ;  Ribes  Grossularia;  Secale  céréale;  Sola- 
rium tuberosum  avec  l'hybride  de  M.  Klotzseh  Sol.  tuberoso-utile  ;  Lilas  ; 
Triticum  vulgare;  Vigne. 

Le  deuxième  livre  (pp.  139-583)  comprend  tout  le  texte  de  l'ouvrage.  Il 
se  divise  en  cinq  chapitres  :  1.  Considérations  sur  l'accroissement;  2.  Con- 
sidérations sur  le  temps;  3.  Besoins  climatériques  des  plantes;  U.  Considé- 
rations finales;  5.  Appendice. 


A30  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE    FRANCE. 

Dans  le  chapitre  intitulé  :  Considérations  sur  l'accroissement  (pp.  l/d- 
301),  M.  Hoffmann  expose,  en  le  suivant  pas  à  pas,  l'accroissement  des 
plantes  sur  lesquelles  ont  porté  ses  observations.  Kn  d'autres  termes,  il 
développe,  en  les  accompa2;nant  des  explications  nécessaires  et  des  considé- 
rations auxquelles  elles  donnent  lieu,  les  nombreuses  données  consignées 
dans  les  tableaux  de  la  première  partie  de  son  livre.  Il  résulte  de  là  plu- 
sieurs paragraphes,  parmi  lesquels  les  plus  développés  sont  ceux  qui  ont 
pour  sujet  l'Orge,  le  Seigle,  le  Lilas,  la  Vigne,  surtout  la  Pomme  de  terre. 
En  s'occupantde  cette  dernière  plante,  il  entre  dans  de  grands  développe- 
ments au  sujet  de  sa  maladie,  dont  il  voit  la  cause  dans  une  réuuion  de 
circonstances  météoriques. 

Le  chapitre  intitulé  :  Considérations  sur  le  temps  (pp.  302-/i58)  est  con- 
sacré à  la  discussion  des  observations  météorologiques,  à  l'exposé  des 
conséquences  qui  en  découlent.  Il  se  divise  en  25  paragraphes,  qui  corres- 
pondent aux  différentes  séries  de  données  réunies  sur  les  tableaux  de  la 
première  partie.  Les  plus  développés  de  ces  paragraphes  sont  ceux  qui  ont 
rapport  aux  minima  de  température,  à  la  température  des  sources,  à  l'hu- 
midité atmosphérique.  Au  premier  est  joint  un  appendice  étendu  et  d'un 
grand  intérêt,  sous  le  titre  de  :  Eecherches  sur  la  congélation  des  plantes. 
Aux  données  qu'on  possédait  déjà  sur  ce  sujet  important,  M.  Hoff.mann  en 
ajoute  de  nouvelles  ;  en  outre,  il  piopose  une  nouvelle  explication  de  la 
manière  dont  le  froid  détermine  la  mort  des  plantes. 

Le  chapitre  qui  a  pour  titre  :  Besoins  climatériques  des  plantes  (pp.  460- 
541)  se  divise  en  plusieurs  paragraphes,  dont  voici  le  sujet  :  1.  Aperçu  de 
la  marche  de  la  végétation  et  recherche  des  coefficients  météorologiques 
pour  les  diverses  périodes  végétatives,  au  moyen  de  semis  mensuels  d'IIor- 
deum  vulgare,  à'Jberis  amara,  de  Lepidium  sativum,  et  de  Linum  usitatis- 
simum.  2.  Comparaison  de  la  végétation  à  la  lumière  et  à  l'ombre.  3.  Phases 
de  la  végétation.  U.  Accroissement  et  allongement.  5.  Coefficients  météo- 
rologiques de  la  germination,  du  développement  des  racines,  des  tiges,  des 
feuilles,  des  fruits.  6.  Teuipérature  moyenne  considérée  comme  coefficient 
climatérique  de  la  végétation.  Ce  chapitre  commence  par  une  introductien 
et  il  se  termine  par  un  appendice  relatif  à  la  durée  vitale  de  l'Orge  sous 
différentes  latitudes. 

Le  chapitre  intitulé  :  Considérations  finales  (pp.  242-556)  a  pour  objet 
de  présenter,  sous  forme  concise,  les  principales  conséquences  qui  décou- 
lent des  nombreuses  observations  reunies  et  discutées  dans  l'ouvrage  entier. 

Enlin,  l'appendice  qui  termine  l'important  ouvrage  de  M.  Hoffmann 
(pp.  557-583)  consiste  en  un  véritable  mémoire  sur  la  végétation  de  la 
Pomme  de  terre  et  sur  sa  maladie. 


lîEVUlC    IMHLIOGUAI'IIIQIK.  fl'.U 

NOUVELLES. 

M.  Balansa  cxc-cute  en  ce  moment  son  quatrième  voyage  on  Asie  mineure, 
toujours,  au  moins  en  partie,  dans  l'intérêt  de  la  botanique.  Sa  dei-nière 
lettre,  adressée  à  M.  J.  Gay,  est  datée  d'Oucliak,  le  2  juillet  1857,  et  nous 
en  extrayons  les  détails  suivants  qui  intéresseront  sans  doute  plusieurs  de 
nos  lecteurs. 

Pour  se  rendre  de  Smyrne  à  Ouchak,  le  voyageur  a  remonté,  presque 
dans  toute  sa  longueur,  la  magnifique  vallée  de  l'Hœmus,  en  passant  par 
Kassaba,  Sart-Kalessi  (l'ancienne  Sardes),  et  Ala-Cherr  (l'ancienne  Phila- 
delphie), d'où  il  s'est  rendu  à  Ouchak,  en  traversant  les  montagnes  qui 
servent  de  contre-fort  aux  plateaux  plus  orientaux  de  l'Asie  mineure. 

Dominée  d'un  côté  par  les  hautes  sommités  du  Tmolm,  et  de  l'autre  par 
des  collines  de  1000  mètres  environ  d'altitude,  la  plaine  d'Ala-Cherr  a  une 
végétation  toute  méditerranéenne.  Le  Quercm  coccifera  garnit  le  bas  des 
collines.  Il  est  remplacé  plus  haut  par  d'autres  espèces  du  même  genre, 
notamment  par  le  Q.  œgilops,  qui  est  très  commun  dans  toute  cette  région, 
où  ses  cupules  (la  Vallonée  du  commerce)  sont  l'objet  d'un  trafic  consi- 
dérable. 

L'altitude  d'Ouchak  (l'ancienne  Trajanopolis)  est  plus  forte  que  ne  l'in- 
dique la  carte  de  M.  de  Tchihatehef.  Il  résulte  des  moyennes  barométriques 
prises  par  M.  Balansa  qu'elle  est  d'environ  910  mètres  au-dessus  de  la  mer, 
au  lieu  de  750  qu'indique  le  voyageur  russe.  La  végétation  de  ses  environs 
a  le  caractère  propre  aux  hauts  plateaux  de  l'Asie  mineure.  On  y  trouve 
un  bon  nombre  des  plantes  les  plus  remarquables  de  Césarée,  parmi  les- 
quelles pourtant  ne  ligure  aucun  des  Asphodèles  piécédemment  observés 
par  le  voyageur  en  Cilicie  et  à  Césarée,  si  ce  n'est  VAsphodelus  tauricus, 
qui  cependant  n'appartient  pas  au  plateau,  mais  a  la  région  subalpine  des 
montagnes  voisines. 

M.  Balansa  a  visité  deux  de  ces  montagnes,  le  Boulgas  Dagh  et  le  Mourad 
Dagh.  La  dernière  a,  suivant  M.  Balansa,  une  altitude  de  près  de 
2600  mètres.  Tout  son  versant  méridional  est  couvert  d'épaisses  forets 
composées  presque  exclusivement  de  Pinus  Laricio.  Au  28  juin,  ses  som- 
mités conservaient  encore  quelques  plaques  de  neige,  leur  végétation  tout 
alpine  était  encore  très  peu  avancée,  et  M.  Balansa  n'a  pu  y  récolter  que 
quelques  Liliacées.  Ce  sont  les  vallées  situées  à  la  base  de  cette  chaîne  qui 
lui  ont  fourni  les  espèces  les  plus  remarquables.  Il  cite,  entre  autres,  une 
magnifique  Liliacée,  voisine  des  vraies  Asphodèles,  qui  croit  au  bord  des 
ruisseaux,  et  qui,  suivant  M.  Balansa,  pourrait  bien  être  la  plante  de  Perse 
figurée  sous  le  nom  d' Asphodelus  persicus  ,  dans  les  Illustrationes  de 
MM.  Janbert  etSpach.  Mais  la  description  fort  détaillée  (|u'en  donne  le 
voyageur  dans  sa  lettre  et  les  trois  fleurs  qui  accompagnaient  la  lettre  ont 


/132  SOCIKTK    BOTANIQUE   DR   FRANCK. 

montré  à  M.  Gay  que  c'était  un  Bremurus  et  très  probablement  le  caiica- 
sicus.  espèce  qui  jusqu'ici  n'avait  pas  encore  été  observée  en  dehors  de 
l'isthme  caucasique. 

M.  Balansa,  avant  de  rentrer  en  France,  devait,  en  septembre,  faire  une 
pointe  vers  le  sud  pour  récolter  sur  le  Baba  Dagh  (l'ancien  Cadmus),  près 
Denislu,  les  graines  de  deux  Abies  dès  longtemps  signalés  à  son  attention. 

—  M.  Thilo  Irmisch,  l'habile  organographe  allemand,  professeur  au 
gymnase  de  Sondershauscn,  a  été  nommé,  le  30  juin  dernier,  par  la  Faculté 
philosophique  de  l'université  de  Rostock,  docteur  en  philosophie  et  maitre- 
ès-arts  libéraux,  parce  que,  porte  le  diplôme  :  «  Ingenii  acumine  oculo- 
rumque  acie  plantarum  occultissima  mysteria  tam  hypogœa  quam  epigœa 
felicissime  observavit,  acutissime  aperuit,  doctissime  illustravit-  » 

—  M.  Gasparrini,  à  qui  le  gouvernement  napolitain  avait  enlevé  sa  chaire, 
a  été  nommé,  il  y  a  peu  de  mois,  par  le  gouvernement  autrichien,  profes- 
seur extraordinaire  de  botanique  à  l'université  de  Pavie,  tandis  que  M.  Ga- 
rovaglio  est  devenu  professeur  ordinaire  de  la  même  science  dans  cette 
université.  Ou  a  fait  observer  que  M.  Gasparrini  est  le  premier  Italien 
étranger  par  sa  naissance  aux  états  sujets  de  l'Autriche,  qui  ait  été  admis  à 
professer  dans  une  université  de  la  partie  de  l'Italie  qui  est  soumise  à  cet 
empire. 

—  Nous  avons  sous  les  yeux  l'annonce  imprimée  d'un  ouvrage  très  im- 
portant que  va  publier  AI.  Harvey,  et  dont  l'éditeur  est  M.  Lovell  Reeve 
(5,  Henrietla  Street,  Covent  Garden,  London).  C'est  une  Pliyscologia  aus- 
tralasica  dont  le  format  et  les  planches  seront  analogues  â  ceux  de  la  Phy- 
cologia  britannica  du  même  auteur.  Elle  comprendra  la  figure  et  l'histoire 
de  300  espèces  d'Algues  australiennes,  prises  parmi  celles  en  plus  grand 
nombre  que  M.  Harvey  a  rapportées  de  son  grand  voyage,  et  choisies  de  telle 
sorte  qu'elles  serviront  a  illustrer  tous  les  genres  avec  les  principales  sections 
de  chaque  genre.  L'ouvrage  sera  publié  par  livraisons  mensuelles,  compo- 
sées chacune  de  6  planches  coloriées  et  d'autant  de  pages  de  texte,  dans  le 
format  royal  in-8'\  Il  sera  complet  en  50  livraisons.  A  la  fui  de  son  livre, 
M.  Harvey  donnera  une  courte  introduction  et  un  Synopsis  systématique, 
dans  le(|uel  il  fera  entrer  de  courtes  descriptions  des  espèces  australiennes 
nouvelles  dont  la  figure  n'aura  pas  été  publiée. 

La  publication  de  la  Phycologia  amtralasica  est  annoncée  comme  devant 
commencer  aus.>>itôt  que  le  nombre  des  souscripteurs  sera  suffisant  pour 
couvrir  les  frais. 

Nf'crologie. — On  annonce  la  mort  de  M.  Charles  Worren,  botaniste 
belge,  bien  connu  pour  ses  nombreux  écrits  relatii's  a  la  botanique  et  à 
l'horticulture. 

Paris.  —  Imprimerie  de  L.  Maiitiket,  rue  .Mignon,  2. 


SOCIÉTÉ    BOTANIQUE 

DE  FRANCE. 


SEANCE   DU  8   MAI   1857. 

PRÉSIDENCE   DE   M.    MOQUIN-TANDON. 

M.  Duchartre,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
séance  du  24  avril,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance,  M.  le 
Président  proclame  l'admission  de  : 

MM.  DussAUD,  pharmacien,  rue  de  Rome,  1,  à  Marseille,  présenté 
par  MM.  Payer  et  Chatin  ; 
Du  Mesnil-Marigny  (Jules),  rue  d'Amsterdam,   1,  à  Paris, 
présenté  par  MM.  Moquin-Tandon  et  Guillard. 

M.  le  Président  annonce  en  outre  trois  nouvelles  présentations. 

Dons  faits  à  la  Société  : 

1*  Par  M.  Montagne  : 

Septième  centurie  de  plantes  cellulaires  nouvelles,    tant   indigènes 

quexotiques. 
Lichenes  Javatiici  auctoi'ibus  C.  Montagne  eiR.  B.  Van  (ieii  lijscli. 

2°  De  la  part  de  M.  G.  Thuret  : 
Deuxième  note  sur  la  fécondation  des  Fucacées. 

3"  De  la  part  de  M.  le  comte  de  Lambertye  : 

Analyse  des  articles  de  M.  Dubi'euil  sur  C  Agriculture  publiés  en  185G 
dans  la  Revue  horticole, 

h"  De  la  part  de  M.  J.-H.  Fabre,  d'Avignon  : 

Note  sur  le  mode  de  reproduction  des  Truffes. 
De  la  germination  des  Ophrydées  et  de  la  nature  de  leur  bulbe. 
T.   IV.  28 


/j3/i  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE  DE   FRANCE. 

5°  De  la  part  de  M.  Lange,  de  Copenhague  : 

Nogle  Bemœrkninger  om  Efteraorsknopperne  hos  de  Danske  arter  af 

slœgten  Epilobium,  '18/j9. 
Nogle  exempler  paa  planters  acclimatisation. 
Naturhistoriske  bidrag  til  en  Beskrivelse  afGrœnland. 

6"  En  échange  du  Bulletin  de  la  Société  : 

Journal  de  la  Société  impériale  et  centrale  d'horticulture,  numéro  de 

mars  1857. 
L'Institut,  avril  et  mai  1857,  deux  numéros. 

M.  Duchartre,  secrétaire,  donne  lecture  des  communications  sui- 
vantes adressées  à  la  Société  : 

NOTES  SUR  QUELQUES  ESPÈCES  NOUVELLES  OU  CONTROVERSÉES  DE  LA  FLORE  DE  FRANCE, 
par  M»  le  colonel  SERRES.  (Suite  K) 

(La  Roche  des  Arnauds  près  Gap,  15  avril  1857.) 

Thlaspi  cristatum  [Lepidium  cristatum  Lap.  abr.  pyr.  366).  —  Cette 
plante,  représentée  dans  l'herbier  de  Lapeyrouse  (2)  par  un  seul  échantillon 
grêle  et  tout  à  fait  incomplet,  m'a  paru  appartenir  au  genre  Thlaspi  et  non 
au  genre  Lepidium.  Les  fleurs  sont  blanches,  petites,  et,  parmi  les  silicules 
à  peine  formées,  il  y  en  a  dont  les  bords  sont  entiers  et  une  ou  deux  qui  sont 
entourées  d'une  callosité  interrompue,  en  forme  de  crête,  due  soit  à  la  piqûre 
d'un  insecte,  soit  à  une  maladie  de  la  plante.  Je  crois  qu'elle  doit  être  exclue 
de  la  flore  française.  Au  reste,  l'échantillon  était  si  mauvais,  qu'il  était  im- 
possible de  dire  à  quelle  espèce  de  Thlaspi  connue  il  peut  appartenir.  Seu- 
lement et  à  coup  sûr  il  n'appartient  pas  au  L.  campestre. 

Lychnis  aspera  Poir. —  Cette  plante  n'est-elle  qu'une  variété  du  L.  Cœli 
rasa  Desr.  in  Lara.  ?  Indépendamment  des  dimensions  plus  grandes  de 
toutes  ses  parties  et  des  aspérités  très  rudes  et  très  saillantes  qui  couvrent 
les  nervures  du  calice,  celui-ci  est  plus  court  que  dans  le  L.  Cœli  rosa  et 
toujours  ombiliqué  à  la  base  :  c'est  ce  que  je  vois  dans  de  très  beaux  et 
robustes  échantillons  reçus  de  l'Algérie.  A  moins  donc  que  la  culture  n'ait 
déjà  résolu  la  question  dans  un  sens  contraire,  j'estime  qu'il  y  a  là  assez  de 
dissemblances  pour  constituer  une  espèce, 

(1)  Voyez  le  Bulletin,  t.  II,  p.  223,  et  t.  III,  p.  11  h. 

(2)  Ce  qui  a  rapport  aux  plantes  de  Lapeyrouse  est  extrait  de  notes  prises  avec 
le  plus  grand  .soin,  il  y  a  plus  de  vingt  ans,  sur  l'herbier  de  cet  auteur,  que  je  pus 
feuilleter  et  examiner  à  mon  aise  dans  l'une  des  bibliothèques  de  Toulouse,  où  il 
était  disposé.  Cet  herbier,  5  cette  époque,  était,  au  moins  quant  à  certaines  fa- 
milles, dans  un  état  déplorable,  et  je  l'ai  peut-être  préservé  d'une  destruction 
totale  en  le  purgeant  de  plusieurs  milliers  de  larves  qui  le  dévoraient. 


SÉANCE  DU  8   MAI   1857,  /i35 

Saponaria  bellidifolia  Lnp.  abr.  pyr.  239.  —  IM'a  semblé  n'être  autre 
chose  qu'une  variété,  à  tige  nue  dans  le  bas,  du  Valeriana  globulariœfhlia 
Ram.  Écbantillou  unique,  un  pou  avancé  et  mal  desséché,  dont  les  fleurs 
sont  ton)bées.  Je  n'osai  pas  l'aiialyscr  à  fond,  de  peur  de  le  gAter.  On  m'a 
assuré  au  reste  que  depuis  une  main  oHicieuse  avait  fait  disparaitre  celle 
erreur  du  précieux  herbier. 

Diantims  hirtm  ViH.  —  C'est  à  tort  que  ViMars  a  indiqué  cette  plante  dans 
les  Hautes-Alpes;  elle  croît  dans  les  lieux  les  plus  chauds  de  la  Piovence  où 
elle  ne  fleurit  même  qu'au  mois  d'août.  Elle  n'est  pas  rare  sur  les  coteaux 
boisés  do  la  rive  gauche  du  Verdon  à  Gréoulx.  M.  A.  Jordan,  dans  ses  Ob- 
servations [V  fragment),  a  très  nettement  séparé  cette  bonne  espèce  du 
D,  graiiiticus,  qui  vient  dans  les  Céveunes  et  qu'on  avait  longtemps  con- 
fondu avec  la  plante  de  Villars. 

Arenaria  mixta  L;ip.  abr.  pyr.  255  (réuni  en  synonyme  à  VA.  grandi- 
flora,  Gr.  et  Godr.  I,  261).  —  IMorite,  selon  moi,  d'être  conservé;  s'écarte 
beaucoup  trop  de  l'espèce  d'Allioni  par  ses  feuilles  plus  étroites,  plus 
courtes,  (outes  dressées;  par  ses  tiges  bien  plus  nombreuses,  très gazonnantes 
toutes  simples  et  uniflores,  non  divariquoes,  mais  atteiguant  toutes  le  même 
niveau  (fastigiées).  L'A.  triflora  du  même  auteur  n'est  qu'une  variété  à 
pédoncules  quelquefois  bitlores  de  son  A.  mixta.  J'ai  encore  reçu,  sous  le 
nom  d'yl.  grundiflora,  une  autre  forme  ou  espèce,  qui  diffère  sur  plusieurs 
points  essentiels  des  deux  precodentos  et  qui  a  été  récoltée  à  Gèdre  (Pyrén. 
centrales).  Ces  trois  plantes  s'éloignent  extrêmement  du  type  A.  grandiflora 
AH.  de  nos  Alpes  du  Dauphino,  qui  croît  aussi  dans  les  Pyrénées  [A. 
montana  Lap,  herb.!).  Elles  différent  également  beaucoup  de  VA.  triflora 
DG.  fl.  fr.,  à  feuilles  allongées,  presque  sétacées,  de  la  forêt  de  Fontaine- 
bleau. Je  conclus  que,  dans  l'A.  grandiflora  décrit  par  les  auteurs,  il  y  a 
certainement  plusieurs  espèces,  que  les  savants  botanistes  qui  ont  entrepris 
de  nous  donner  une  Flore  de  France  complète,  sauront  débrouiller  mieux 
que  moi  dans  leur  supplément. 

Cytisusheterophyllus  Lap.  abr.  pyr.  ^22;  Gren.  et  Godr.  I,  508  [Genista 
heteropInjUa  DG.;  Duby,  bot.  gall.  10U8).  —  L'herbier  de  Lapeyrouse  m'a 
offert  sous  ce  nom  un  ou  deux  brins  ou  bouts  de  rameaux  sans  légumes  et  tout  à 
fait  insuffisants  :  calice  campanule  à  tube  très  court  et  à  deux  lèvres  entières 
et  égales;  poils  des  pétioles,  du  rameau,  des  pédoncules  et  même  des  feuilles 
longs,  étalés-hérissés  ;  je  n'ai  vu  que  des  feuilles  simples.  Ce  peut  être  une 
bonne  espèce,  mais  elle  est  mal  assise  sur  de  pareils  échantillons.  Il  est 
possible  qu'on  la  retrouve;  le  Cylisus  elongatiis  W.  et  K.  n'a  été  découvert 
dans  l'Ardèche  que  depuis  quelques  années,  par  M.  A,  Jordan,  et  quelque 
botaniste  pourra  être  aussi  heureux  dans  les  Pyrénées,  à  l'égard  de  la  plante 
de  Lapeyrouse. 

Ononissenescensl&i^.  abr.  pyr.  405;  Gr.  etG.I,  508.— C'est  sans  aucun 


Zi36  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE    FRANCE. 

doute  VO.  andquorum  L.;  Gr.  et  G.  Il  existait  un  grand  désordre  parmi  les 
espèces  de  ce  genre,  dans  l'herbier  de  Lapeyrouse,  à  l'époque  où  je  l'ai 
visité. 

T^nfoliumclypeatwn  Lap.  abr.  pyr.  436  et  supp.  lli.  —  D'après  mes  sou- 
venirs etiadescriptionminutieusede  ce  Trètle  que  je  trouve  dans  mes  notes, 
ce  serait  bien  l'espèce  de  Linné  et  non  une  variété  du  T.  marilimum  Huds., 
comme  l'ont  cru  MM.  Grenier  et  Godron  (I,  Zi08).  Resterait  à  savoir  si 
l'échantillon,  d'ailleurs  incomplet  et  sans  racine  ni  feuilles  radicales,  que 
j'ai  vu  et  déciit,  a  été  réellement  récolté  à  Mont-Louis,  comme  l'auteur 
l'affirme.  Je  tiens  de  feu  son  jardinier  qu'il  était  souvent  envoyé  seul  her- 
boriser sur  les  deux  versants,  français  et  espagnol,  des  Pyrénées,  et  qu'à 
son  retour  il  ne  se  souvenait  pas  toujours  des  localités  où  il  avait  récolté 
telle  ou  telle  espèce. 

Hypericum  linearifolium  Lap.  abr.  pyr.  450,  non  Vahl.  —  Cette  plante 
ne  paraît  pas  avoir  été  connue  de  l'auteur,  car  il  n'y  a  dans  sou  herbier, 
sous  ce  nom,  que  V H .  pulchrum  à  feuilles  un  peu  plus  étroites  que  dans 
le  type.  Le  texte  est  ici  d'accord  avec  l'herbier,  ce  qui  n'arrive  pas  tou- 
jours ;  car  il  indique  pour  station  à  son  H.  linearifolium  les  bruyères  et 
friches  autour  de  Bayonne,  localité  qui  convient  à  VH.  pulchrum^  tandis 
que  \'H.  linearifolium  croît  sur  les  collines  et  montagnes  schisteuses,  par 
exemple  autour  d'Ax  (Pyr.  centrales),  où  je  l'ai^aboudamment  récolté  moi- 
même. 

Rhaninm  sylvaticus'i^.  nov.  [R.  catharticus  Chaix  in  Vill.?  ob  loc.  cit.) — 
Je  ne  propose  qu'avec  doute  cette  espèce,  qui  n'est  peut-être  qu'une  variété 
du  y/,  catharticus  L.  C'est  un  bel  arbrisseau  de  1"',50'^,  à  feuillage  d'un  beau 
vert  foncé  très  agréable.  Il  diffère  du  R.  catharticus  ^av  ses  rameaux  (/russes, 
inermeseinon spinescents,  d'un  port  presque  pyramidal,  par  la  glabrescence 
de  toutes  ses  parties,  même  des  jeunes  pousses  et  des  pédicelles,  par  ses 
feuilles  ovales-oblongues  ou  même  lancéolées,  jamais  arrondies  à  la  base, 
un  peu  prolongées  sur  le  pétiole,  à  crénelures  si  fines  qu'elles  ne  sont  bien 
visibles  qu'à  la  loupe.  Je  l'ai  trouvé  sur  la  lisière  des  bois  de  Rabou  et 
Mondet,  à  La  Roche  près  Gap. 

Ruplevrum  oppositifolium  Lap.  abr.  pyr.  141. —  Mes  notes  sur  cette 
plante  sont  de  tout  point  conformes  aux  détails  insérés  pai-  M,  Clos  dans  le 
Rullelin  de  la  Société  (t.  III,  p.  642).  Seulement  je  m'étais  trompé  sans 
doiite  en  rapportant  Tespèce  aux  grands  individus  du  B.  caricifolium  Rchb., 
au  lieu  du  B.  falcatum  L. 

Anthémis  Gerardiana  Jord.  obs.  7*  fragm.  [A.  montanaa.  Linnœana  Gw 
et  G.  11,  155.) —  Cette  plante  me  parait  constituer  une  bonne  espèce;  elle 
diffère  totalement  de  l'.l.  montana  par  son  port,  par  les  découpures  de  ses 
feuilles,  par  ses  calnthides  plus  polîtes,  par  son  involucre  ombiliqué  à 
écailler  puhcsccnteb-lomentcuiies,  très  ;j'.'/('.v,  .^carieu'K's  et  non  bonlci^s  ûa 


SÉANCK   DU  8   MAI    1857.  A 37 

noir,  par  ses  tiges  dressées,  plus  grêles,  etc.  .l'on  ai  reçu  de  très  beaux 
échantillons  récoltés  dans  la  forêt  des  Maures  (  Var). 

Seriola  œtnensis  Lap.  abr.  pyr.  486.—  Il  n'y  a  point  erreur  dans  riiorbicr 
de  Lapcyrouse,  quant  aux  échantillons  que  J'y  ai  vus  et  que  j'ai  pu  com- 
parer alors  avec  ceux  que  j'avais  reçus  de  M.  Robert,  de  Toulon  ;  mais  il  y 
a  certainement  erreur  dans  l'indication  des  lieux  :  je  n'ai  jamais  rencontré 
dans  le  bois  d'Aufrery  près  Toulouse  que  des  Thrinda,  des  Lcontodon  ou 
yihjpochœris  rndicata.  Quant  à  \H.  glabra  L.,  auquel  MM.  Grenier  et 
Godron  (11,  292)  ont  cru  devoir  rapporter  la  plante  de  Lapeyrouse,  il  vient 
loin  de  là,  dans  les  parties  à  demi  défrichées  du  bois  de  la  Ramette,  près 
du  Touch,  affluent  de  la  Garonne. 

Hieracium  dentatum  Hoppe.  —  MM.  Grenier  et  Godron  ne  font 
mention  de  cette  plante  que  dans  une  observation  (II,  358),  à  la  suite  de 
la  description  de  1'//.  villosum  L.  C'est  une  très  bonne  espèce,  qui  doit 
s'ajouter  à  notre  flore  française-,  elle  n'est  pas  rare  au  Mont-Aurouse 
près  Gap,  au  pied  du  pic  le  moins  élevé  qui  domine  le  hameau  de  Mata- 
charre,  à  1600""  d'élévation  environ.  Il  n'y  a  rien  à  ajouter  à  l'excellente 
description  que  M.  Grisebach  en  a  donnée  dans  sa  monographie.  Elle  est 
tardive  chez  nous,  et  c'est  à  peine  si  elle  commençait  à  fleurir  le  7  août, 
quand  je  l'ai  récoltée  et  prise  d'abord  pour  une  forme  de  VB.  glaOralum 
Hoppe.  Ses  feuilles,  très  peu  dentées  et  à  peine  glauques,  tendent  à  prendre 
une  légère  teinte  jaune. 

Hieracium  hybridum  Chaix  in  Vill.— Il  faut  remarquer  qu'il  y  a  eu,  par 
erreur  typographique  sans  doute,  dans  toutes  les  tables  de  Villars,  inversion 
entre  les  fig.  des  H.  Halleri  et  hybridum.  Un  auteur  d'outre-Rhin  a  supposé 
que  cette  plante  était  une  hybride  des  H.  Pilosella  et  alpinwn.  Or,  dans 
la  localité  où  Chaix  l'a  trouvée  et  indiquée,  et  où  je  l'ai  cueillie  moi-même 
plusieurs  fois,  on  peut  bien  rencontrer  VH.  Pilosella,  car  où  ne  vient-il 
pas?  Mais  quant  à  Y  H.  alpinum  L.,  il  faudrait  l'aller  chercher  à  quinze 
lieues  de  là,  dans  les  montagnes  de  l'Isère  ;  il  n'en  existe  pas  un  seul  individu 
dans  nos  Alpes  du  Gapençais.  Il  est  même  assez  remarquable  que  le  seul 
Hieracium  désigné  par  Chaix  et  Villars  sous  le  nom  d'hybridum  ne 
puisse  être  considéré  comme  un  hybride^  en  raison  des  espèces  qui  crois- 
sent autour  et  qu'il  est  impossible  de  lui  assigner  pour  parents.  Au  reste, 
la  plante  de  Chaix,  détruite  par  la  dent  des  moutons  ou  le  couteau  des 
accapareurs,  a  tout  à  fait  disparu  de  la  localité  où  elle  fut  découverte. 

Hieracium  villosum.  (3  Vill.  Dauph.  III,  106.  —  Les  auteurs  de  la  Flore 
de  France  (II,  359)  ont  donné  cette  variété  comme  synonyme  de  VH.  specio- 
sum  Horn.  J'ai  récolté  cette  plante  dans  le  lieu  même  où  Villars,  dans  sa 
note  au  bas  de  la  page,  dit  qu'elle  a  été  trouvée  par  Chaix.  Je  puis  certifier 
qu'elle  n'a  rien  de  commun  avec  V H.  specinsum,  qui  ne  croit  pas  dans  nos 
montagnes.  J'ajouterai,  à  ce  que  dit  Villars  dans  sa  note,  que  la  couleur 


^38  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

cendrée  de  son  iiivolucre  la  fait  reconnaître  au  premier  coup  d'oeil  des  autres 
variétés  de  VU.  villosum.  Sa  racine  est  très  lonf^ue,  grêle,  chevelue  et  même 
un  peu  rampante.  C'est  peut-être  une  espèce  distincte,  à  laquelle  j'ai  donné 
provisoirement  le  nom  à' H.  Chaixi. 

Campanida  lanceolatn  Lap.  abr,  pyr.  105.—  Ce  que  j'ai  vu  et  décrit 
dans  l'herbier  de  cet  auteur,  ne  se  rapproche  fjuère  du  C.  linifolia  Lam.  ; 
l'espèce  de  Lapeyrouse  a  lout  le  port,  la  taille  et  les  caractères  du 
C.  /-homùoidalis  L.,  dont  elle  n'est  peut-être  qu'une  variété  à  feuilles  plus 
allongées.  Les  échantillons  que  j'ai  reçus  de  Gè  ire  (Pyrén.  centrales),  sous 
le  nom  de  C\  lanceoLata  Lap.,  ne  représentent  qu'une  forme  du  C.  Scheuch' 
zeri  Vill. 

Veronica  saxatilis  .Tacq.  (  V.fruticulosa  ^  Gr.  et  Godr.  II,  593.)— Je  pense 
que  MM.  Grenier  et  Godron,  moins  sévères  dans  leur  supplément,  rétabli- 
ront cette  jolie  plante  au  rang  d'espèce.  Outre  l'absence  de  poils  glanduleux 
dans  la  grappe,  sa  station  plus  alpine,  la  belle  couleur  bleue  d'azur  de  ses 
fleurs,  ses  tiges  gazonnantes,  etc.,  la  distinguent  suflisamment  du  V.  fruti- 
culosa  L.  Elle  forme  des  tapis  magnifiques  sur  les  rochers  humides  du  col 
de  l'Arc  près  Grenoble. 

Digiialis  purpurea  L.  —  Si  j'ai  bonne  mémoire,  on  a  cité  cette  plante 
dans  une  des  séances  de  la  Société,  à  propos  d'une  discussion  sur  le 
changement  de  couleur  des  fleurs  dans  certaines  espèces.  Voici  à  ce  sujet 
une'expérience  qui  m'est  personnelle.  La  Digitale  pourprée  croit  abondam- 
ment dans  les  terrains  granitiques  de  la  Bretagne,  notamment  autour  de 
Rennes,  où  je  n'ai  jamais  remarqué  la  variété  à  fleurs  blanches.  Los  graines 
apportées  de  cette  localité  ont  très  bien  réussi  dans  mon  jardin  ;  mais,  à  la 
seconde  génération,  je  n'ai  plus  obtenu  que  des  fleurs  blanches.  La  même 
remarque  a  été  faite  à  Gnp  par  tous  les  amateurs  ou  jardiniers  qui  cultivent 
cette  plante.  Or  ici  nous  tommes  partout  sur  le  calcaire;  la  conclusion  est 
facile  à  tirer  :  le  changement  de  couleur  des  fleurs  est  dû  dans  ce  cas  au 
changement  de  nature  du  terrain. 

Thesium  tenuifolium  Saut.  \  Gr.  et  Godr.  III,  66.  —  Une  seule  localité, 
Gap,  est  citée  pour  cette  espèce  par  les  consciencieux  auteurs  de  la  Flore  de 
France,  sur  le  témoignage  de  M.  Blanc;  les  écliantillons  que  mon  zélé  col- 
lègue a  récoltés  près  de  Gap,  à  Chauvet,  Mont-Bnyard,  et  que  j'ai  sous  les 
yeux,  appartenant  sans  aucun  doute  au  T.  intermedium  Schrad.,  qui  abonde 
dans  nos  vieilles  prairies  subalpines,  il  faudrait  exclure  le  T.  tenuifolium 
de  la  flore  française,  s'il  n'a  pas  été  trouvé  ailleurs. 

Thesium  glaucum  sp.  nov.  —  Inflorescence  et  souche  subligneuse  du 
T.  divaricatum  Jan,  dont  on  le  distingue  à  première  vue  par  la  teinte 
éminemment  glauque  de  ses  tiges  et  de  ses  feuilles.  Son  fruit  est  aussi  plus 
c,ow\% presque  rond  et  à  très  peuples  sessile.  Ses  tiges  sont  décombantes.  Il 
est  tardif  et  ne  fructifie  (ju'en  août-septembre.  Je  l'ai  observé  pendant  plu- 


SÉANCE    DU    8    MAI    1857.  /|'50 

sieui'S  années,  sur  les  petits  rochers  arides  et  schisteux  qui  surgissent  çà 
et  là  du  milieu  des  vignes,  à  F^a  l\oehe  près  Gap. 

AlUiun  scdbcrritnwn  sp.  uov.  —  Ombelle  globuleuse,  capsulifere,  1res 
fournie,  plus  ample  que  celle  de  VA.  aphœrocephalum  L.,  moins  grande 
que  cçWeAiiVA.  polyanthum  Rœm.  et  Sch.,  à  pédicelles  serrés-dressés. 
Spathe  caduque-,  périgone  toujours  d'un  blanc  pale,  assez  petit,  à  divisions 
ovales-obtuses  et  à  carène  d'im  blanc  verdâtre,  presque  lisse.  Étamines 
alternativement  simples  et  à  trois  pointes  de  même  couleur  que  le  périgone 
ou  les  anthères  d'un  jaune  très  pâle.  Feuilles  planes  légèrement  carénées, 
linéaires-lancéolées,  aciiminées,  garnies  aux  bords  de  petites  dents  très 
aiguës  qui  les  rendent  très  rudes  et  presque  vulnérantes.  Tige  élancée,  un 
peu  grêle,  lisse,  à  peine  striée,  cylindrique,  feuillée  jusqu'au  quart  de  sa 
hauteur,  qui  atteint  7-8  décimètres.  Ovaire  ovoïde  ;  graines  noires,  fine- 
ment ponctuées.  Bulbe  petit,  anguleux,  le  plus  souvent  accompagné  de 
bulbilles  jaunâtres,  enveloppés  dans  les  tuniques.  Je  l'ai  observé  dans  les 
blés  de  la  plaine  de  La  Roche  près  Gap,  où  il  s'est  propagé  depuis  quelque 
temps.  Il  offre  beaucoup  des  caractères  de  VA.  arvense  Guss.  [A.  sphœro- 
cephalum  j3  anense  Gr.  et  Godr.),  mais  il  s'en  sépare  nettement  par  ses 
feuilles. 

Orchis  Hanrii  Jord.  obs.  fragm.  1,  p.  27.  (0.  tridentata  j3  Gr.  et  Godr. 
III,  288.  0.  variegata  Ail.  Lam.  ex  Gr.  et  Godr.)—  Ces  plantes  diffèrent 
trop  par  le  port,  l'épi,  le  labelle  surtout  et  les  stations,  pour  n'être  que  des 
variétés  d'un  même  type.  M.  A.  Jordan  a  publié  d'excellentes  figures  des 
0.  Hanrii  et  variegata,  qui  montrent  que  ces  deux  plantes  sont  plus  dis- 
tinctes l'une  de  l'autre  que,  par  exemple,  les  0.  rnilitaris  L.  et/wsea  Jacq. 
L'O.  Hanrii  croit  abondamment  dans  les  prairies  un  peu  sèches  de  la 
rive  gauche  de  la  Garonne  à  Toulouse,  en  remontant  la  rivière  à  p:irtir  du 
polygone.  Je  ne  connais  pas  d'autre  station  de  VO.  tridentata  que  les  con- 
fins du  Var  et  du  Piémont,  d'où  M.  Hanry  a  bien  voulu  me  l'envoyer. 

Carex  acuminata  Lap.  herb.  non  texte;  Gr.  et  Godr.  III,  kol.  —  L'au- 
teur de  la  Flore  des  Pyrénées  n'a  autre  chose  sous  ce  nom,  dans  son  herbier, 
que  le  C .  glauca  Scop. 

Carex  sphœrica  Lap.  abr.  pyr.  570  ;  Gr.  et  Godr.  III,  /i32.  —  Échan- 
tillons grêles,  nains,  sans  racine,  dans  lesquels,  malgré  V appauvrissement 
des  épis,  il  est  facile  de  reconnaître  le  C.  frigida  AH.,  qui  abonde  dans  les 
Pyrénées.  Parmi  beaucoup  d'exemplaires  que  je  possède  de  Gèdre,  il  .s'en 
trouve  dont  les  épis  femelles  sont  aussi  réduits  et  qui  se  rapportent  tout  a 
fait  à  ceux  de  Lapeyrouse. 

Carex  secalina  Lap.  abi'.  pyr.  576,  non  Wahl.;  Gr.  et  Godr.  IIJ,  [\\^2. 
—  <-  Il  n'est  pas  probable,  disent  les  auteurs  de  la  Flore  de  France,  que 
»  cette  plante  existe  à  Toulouse  »  En  effet,  c'est  le  C.  hirta  L.  qui  a  été 
pris  pour  l'espèce  de  Wahlenberg  et  qui  est  commun  à  Toulouse,  pnci.sc- 


ll^O  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE  DE   FRANCE. 

meut  dans  les  lieux  que  Lapeyrouse  assigne  pour  station  à  son  C.  secalina. 

Carex  stihrotunda?-^.  nov.  —  Un  épi  mâle,  cylindrique,  terminal,  avec  le 
rudiment  d'un  second  à  sa  base.  Deux  épis  femelles  dressés,  très  écartés, 
uvales-arrondis,  ^m  courts,  sessiles  à  l'aisselle  de  bractées  foliacées  non 
engainantes  et  dont  l'inférieure  ne  dépasse  pas  les  épis  mâles.  Ecailles  fe- 
melles égalant  les  fruits,  ovales-lancéolées,  aiguës,  panachées.  Utricules 
fructifères  imbriqués,  serrés,  petits,  d'une  cou\eiu'  cendrée- terreuse,  ovales- 
ob\ongs,  plans-convexes,  ou  même  paraissant  un  peu  triquètres,  glabres, 
légèrement  nervés,  terminés  par  un  bec  très  court,  arrondi,  entier  ou 
subbidenté  au  sommet.  Chaume  de  3-4  décimètres,  dressé,  triquètre  à 
angles  aigus,  presque  lisse;  les  feuilles  n'offrent  rien  de  remarquable. 

Je  n'ai  trouvé  dans  mes  auteurs,  pour  cette  plante  que  j'ai  récoltée  dans 
les  marais  des  bords  de  la  Charente,  au-dessus  de  Saintes,  aucun  synonyme 
applicable  ;  je  ne  possède  rien  non  plus,  dans  mon  herbier  d'Europe,  qui  lui 
ressemble.  Elle  est  très  rare  dans  la  localité  citée.  Bien  que  j'aie  cru  voir 
3  stigmates  au  sommet  des  utricules,  le  faciès  et  l'ensemble  de  cette  espèce 
doivent  la  rapprocher  du  groupe  du  C.  stricta  Good. 

Festuca  spectabilis  Jan-^  Gr.  et  Godr.  III,  579.  —  Cette  belle  espèce,  qui 
n'est  indiquée  dans  la  Flore  de  France  qu'au  bois  de  Fonfrède  près  Mont- 
pellier, n'est  pas  rare  à  Toulouse,  sur  les  collines  boisées,  au  delà  du  Touch, 
à  Coulomiuiers,  devant  le  château  de  l'Armurier,  etc.  Je  l'avais  signalée 
sous  le  nom  de  F.  spadicea,  dans  ma  Florule  des  environs  de  Toulouse 
(1836),  avant  d'avoir  récolté  la  véritable  espèce  de  Linné  sur  les  pentes 
hcrbenscs  de  nos  montagnes  des  Hautes-Alpes. 

Avena  alpestris  DC.  fl.  fr.  V,  260,  non  Host.  {Trisetum  fîavescens  P.  de 
Beauv.;  Gr.  et  Godr.  III,  523.)  —  Je  regrette  que,  dans  leur  excellent  tra- 
vail sur  les  Graminées  de  France,  MM.  Grenier  et  Godron  n'aient  signalé 
cette  jolie  plante  que  comme  synonyme  de  VA.  fîavescens  L.  Ses  feuilles 
bien  plus  larges,  la  couleur  de  toutes  ses  parties  d'un  beau  vert  foncé,  ses 
épillets  plus  gros,  agréablement  panachés  de  blanc,  de  jaune  et  de  rouge, 
sa  station  alpine,  ses  tiges  plus  robustes  et  plus  gazonnantes,  et  sa  souche 
à  peine  rampante,  jusiilient  suffisamment  De  Candolle  d'en  avoir  fait  une 
espèce  ;  mais  comme  elle  ne  peut  pas  conserver  le  nom  qu'il  lui  avait  donné 
et  ((ui  appartient  à  une  espèce  plus  ancienne,  je  propose  celui  d'A.  Condollei. 
Elle  est  très  rare  dans  nos  montagnes.  M.  Blanc,  de  Gap,  l'a  trouvée  dans  les 
bancs  de  roches  calcaires  qui  couroiment  le  Mont-Seùse.  L'A.  fîavescens 
est,  au  contraire,  très  commun  dans  la  plaine  et  se  trouve  jusque  dans 
nos  blés. 


SÉANCK   DU   8    MAI   1857.  /l/jl 

UES  GRAINES  DE  l'ÀTIlIPLEX  IIORTENSIS  ET  DE  LEUR  GERMINATION,  par   Mf.  D.  CLOS  . 

(Toulouse,  4  mai  1857.) 

On  sait  que,  dans  la  famille  des  Chénopodces,  les  graines  sont  tantôt  ver- 
ticales et  tantôt  horizontales;  que  ces  deux  dispositions  peuvent  se  rencon- 
trer non-seulement  dans  des  espèces  d'un  même  genre  (le  genre  Cfienopodium 
tel  que  le  comprennent  MM.  Grenier  et  Godron),  mais  même  dans  une  seule 
espèce,  les  graines  du  C.  glaucum  L.  étant  les  unes  verticales,  les  autres, 
en  beaucoup  plus  grand  nombre,  horizontales. 

Une  des  plantes  de  cette  famille,  YAtriplex  hortensis  L.,  a  des  fleurs 
polygames,  les  femelles  dépourvues  de  périanlhe,  que  remplace  un  invo- 
lucre  à  deux  grandes  bractées  dressées  et  appliquées  sur  un  pistil  déprimé 
qui  renferme  une  graine  dressée.  Le  péricarpe  très  mince  laisse  bientôt 
celle-ci  presque  à  nu. 

Or,  lorsqu'on  examine  comparativement  un  grand  nombre  de  ces  graines, 
on  en  reconnaît  de  deux  sortes:  les  unes  rougeâtres,  à  bord  renflé,  et  un  peu 
déprimées  à  leur  centre;  les  autres  plus  petites,  d'un  brun  noirâtre,  lenti- 
culaires, renflées  en  verre  de  montre  aux  deux  faces,  et  à  bords  aigus.  La 
structure  de  ces  deux  espèces  de  graines  ne  diffère  pas  moins  que  leur 
apparence  extérieure.  Les  unes  et  les  autres  ont,  il  est  vrai,  un  embryon 
annulaire  bien  développé,  avec  une  môme  position  relative  de  la  radicule; 
mais  le  tégument  des  premières  est  membraneux,  recouvrant  un  albumen 
farineux  blancliâtre,  et  celui  des  secondes  est  crustacéet  leur  albumen  dur, 
Eubcorné,  de  couleur  brune.  Les  différences  s'étendent  jusqu'aux  deux 
grandes  bractées  qui  les  entourent,  et  sont  telles  qu'avec  un  peu  d'habitude 
on  peut  déterminer  presque  à  coup  siir,  d'après  leurs  caractères  extérieurs, 
(|uelles  sont  celles  qui  abritent  ou  abritaient  des  graines  rousses,  quelles 
(les  graines  noires.  Les  premières  sont  ovoïdes,  arrondies,  et  leur  principal 
faisceau  fibro-vasculaire  (nervure  médiane)  se  divise  à  2  millimètres  au- 
dessus  de  son  origine,  presque  à  la  jonction  du  tiers  inférieur  et  du  tiers 
moyen  du  diamètre  longitudinal  de  la  bractée;  les  secondes  sont  ordinaire- 
nientcordiformes,  et  leur  faisceau  médian  se  ramifie  à  1  millimètre  environ 
.•y.i-dessus  du  point  d'insertion  de  l'organe. 

11  n'est  fait  mention  de  ces  deux  sortes  de  graines  ni  dans  l'ouvrage  de 
(Irartner  (1),  ni  dans  les  traités  de  phytographie  plus  modernes  que  j'ai  été 
.i  même  de  consulter.  Cependant  on  les  retrouve  dans  YAtriplex  hastata  L. , 
et  plusieurs  autres  espèces  de  ce  genre  les  présenteront  sans  doute  encore. 

(1)  Voici  la  description  que  donne  cet  auteur  des  graines  de  VAtriplex  hor- 
Icnsis  L.  :  ((  Semina  orbiculala  (ce.)  utrinque  planiuscula,  nibro  ferruginea,  ad 
»  maiginem  saturate  et  quasi  annulo  nigro  colorata.  Somiiia  floris  liermaphroditi 
»  ieniiciilaria  (f)  siib  pelliculn  ccnerasccntc,  atra,  glaberrima,  nilida.  »  {Dr  fnicl^ 
et$emin,,t.  l,p.  362.) 


A/12  SOCIÉTÉ    BOTAiMQUK    bE    FRANCK. 

Lfi  position  relative  qu'elles  occupent  sur  la  plante  ne  m'a  paru  sounuse 
à  aucune  règle. 

Après  avoir  constaté  ces  faits  l'année  dernière,  je  voulus  soumettre  ces 
deux  sortes  de  graines  a  l'épreuve  de  la  germination,  et  ici  encore  lesdiffc- 
rences  furent  des  plus  notables. 

Le  23  niai  1856,  je  semai  dans  deux  compartiments  d'un  grand  vase  en 
verre  et  plein  de  terre,  les  graines  noires  et  les  graines  rousses  isolément  et 
en  même  nomtire  (10  de  chacune,  sur  lesquelles  5  avaient  été  préalablement 
plongées  pendant  15  heures  dans  l'eau).  Troisjours  après,  trois  des  semences 
rousses  avaient  commencé  à  germer, et  le  ^  juin  toutes  s'étaient  développées, 
tandis  que  toutes  les  noires  ne  montrèrent  aucun  indice  de  germination. 

Je  chargeai  le  jardinier-chef  du  Jardin  des  plantes  de  Toulouse  de  répéter 
l'expérience,  et  le  même  résultat  se  reproduisit. 

J'ai  voulu,  avant  de  publier  ce  fait,  soumettre  les  graines  de  l'Arroche 
des  jardins  à  une  troisième  épreuve  :  le  21  avril  dernier,  je  choisis  deux 
vases  de  même  grandeur  et  pleins  de  la  même  terre;  je  sennai  dans  l'un 
21  semences  rousses  et  dans  l'autre  un  même  nombre  de  graines  noires  : 
elles  ont  reçu  les  mêmes  arrosements,  et  les  conditions  ont  été  identiques 
pour  toutes  :  au  moment  où  je  trace  ces  lignes  (1"  mai),  14  des  rousses  ont 
déjà  germé,  et  pas  une  des  noires  n'a  commencé  à  le  faire. 

A  quoi  donc  faut-il  attribuer  ce  résultat?  Bien  que  les  graines  noires 
renferment  un  embryon  en  apparence  bien  conformé,  l'absence  de  germina- 
tion chez  elles  reconnait-elle  pour  cause  le  défaut  de  fécondation  ou  une 
fécondation  imparfaite?  La  production  de  graines  fertiles,  sans  une  fécon- 
dation préalable  a  été  admise  par  plusieurs  physiologistes  modernes,  en 
particulier  par  Bernbardi  (d'après  les  observations  faites  sur  le  Chanvre)  (1), 
et  tout  récemment  encore  par  MM.  Maudin  (2)  et  Lecoq  (3).  Ajoutons  que 
le  Cœlebogyne  a  semblé  leur  donner  gain  de  cause.  Si  l'hypothèse  que  je 
viens  démettre  se  vérifiait,  les  graines  noires  de  VAtriplex  horlensisL.,  en 
tant  que  pourvues  d'embryon,  offriraient  un  moyen  terme  entre  les  graines 
non  fécondées  mais  fertiles  et  les  graines  non  fécondées  dépourvues  d'em- 
bryon. Je  crois  devoir  rappeler  toutefois  que,  l'albumen  de  ces  deux  sortes 
de  graines  différant  aussi  sensiblement,  il  peut  y  avoir  dans  cette  circon- 
stance une  cause  de  non-germination  pour  les  graines  noires. 

Je  terminerai  en  citant  cette  phrase  de  l'illustre  R.  Brown  :  «  In  Atri- 

(1)  Voy.  Annales  des  se.  natur.,  2'  série,  t.  XII,  p.  362,  les  expériences  de 
Bemiiardi  confirmant  celles  de  Camerarius,  Fougcroux,  Dureau  de  la  Malle,  (iirou 
de  Buzareingues,  etc. 

(2)  Voyez  le  Bullelin,  t.  II,  p.  75û. 

(o)  Voy.  Comptes  rendus  de  l'Acad.  des  sciences,  numéro  du  8  décembre  1856, 
el  le  Bulletin,  t.  lll,  p.  655. 


SÉANCE    DU    8    MAI    1857.  llk^ 

plicehortcnsi  L.  sola  semiiia  floiis  hermaphroditi  matnrescuiU.  »  [Pror/r. 
flor.  ISov.  HolL  éd.  2,  p.  26-2.)  Je  ne  inexpliqué  pas  celte  assertion  du 
vénérable  doyen  de  la  botanique. 

.l'ai  cru  devoir  joindre  à  cette  note  les  deux  sortes  de  bractées  et  de 
graines,  pour  être  mises  sous  les  yeux  de  la  Société. 

A  la  suite  de  cette  communication,  M.  Moquin-Tandon  présente 
((uelques  nouveaux  détails  sur  les  Salsolacées  qui  produisent  à  la 
ibis  des  graines  horizontales  et  des  graines  verticales. 

Il  fait  voir  d'abord  que  ces  deux  portes  de  graines  n'infirment  nullement 
l'importance  taxonomique  que  les  phytographes  ont  donnée,  dans  cette 
famille,  à  la  position  de  la  semence,  et  que  le  genre  Chenopodium  doit  être 
maintenu  tel  qu'il  se  trouve  dans  Tournefort  et  dans  Linné, 

Parmi  les  graines  dont  il  s'agir,  les  unes  paraissent  toujours  très  peu  nom- 
breuses, et  leur  apparition  doit  être  regardée  comme  un  phénomène  acci- 
dentel ou  accessoire  :  telles  sont  les  graines  verticales  dans  le  Chenopodium 
gluucum  et  les  graines  horizontales  dans  V Atriplex  hortemis. 

Chez  la  première  plante,  les  graines  verticales  sont  généralement  entou- 
rées d'un  calice  fructifère  à  trois  ou  deux  folioles  seulement.  Ces  graines 
sont,  du  reste,  organisées  comme  les  horizontales,  quelquefois  cependant  un 
peu  plus  petites  et  un  peu  comprimées.  Elles  germent  comme  les  autres, 
mais  il  y  en  a  toujours  un  certain  nombre  qui  ne  lèvent  pas,  probablement 
les  moins  développées. 

Dans  Y  Atriplex  hortensis,  les  graines  horizontales  diffèrent  notablement 
des  verticales:  elles  ne  sont  pas  protégées  par  deux  grandes  bractées  appli- 
quées l'une  contre  l'autre,  mais  placées  dans  un  calice  fructifère  exactement 
semblable  à  celui  des  Chenopodium.  Ces  graines  sont  lenticulaires,  noires, 
à  testa  plus  ou  moins  crustacé,  et  ressemblent  tout  à  fait  à  celles  de  ce  der- 
nier genre;  ce  sont  de  vraies  graines  de  Chenopodium.  M.  Moquin-Tandon 
en  a  semé,  pendant  deux  ans,  pour  voir  s'il  arriverait  à  transformer  le  pre- 
mier genre  dans  le  second.  Ces  graines  ont  levé  (mais  en  partie  Seulement), 
et  ont  donné  des  plantes  qui  ne  diffèrent  en  rien  de  Y  Atriplex  hortensis. 
Plusieurs  botanistes,  particulièrement  Dumortier  et  Dupont,  ont  fait  la 
même  expérience  et  obtenu  le  même  résultat. 

Les  graines  noires  verticales,  dont  parle  M.  Clos,  diffèrent  à  peine,  par 
leur  structure,  des  graines  rousses  normales  :  il  est  fort  extraordinaire 
qu'elles  n'aient  pas  germé,  lorsque  les  graines  horizontales,  celles  à  type 
de  Chenopodium,  qui  s'en  éloignent  d'une  manière  si  notable  et  si  curieuse, 
se  sont  développées  à  peu  près  comme  des  graines  ordinaires  ! 

M.  Moquin-Tandon  communique  un  passage  d'un  mémoire  sur  les 
caractères  de  la  famille  des  Salsolacées,  dans  lequel  il  s'occupe  des  graines 


à^h  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FKANCE. 

horizontales  et  des  graines  verticales  exceptionnelles  de  ces  plantes;  il  montre 
le  peu  d'importance  qu'il  faut  leur  attribuer  dans  la  classification.  Ce  mé- 
moire sera  lu  eu  entier,  dans  une  prochaine  séance. 

A  l'occasion  de  la  communication  de  M.  Clos,  qui  a  mentionné  le 
Cœlebogyne,  M.  le  comte  JauberL  annonce  que  celte  plante  intéres- 
sante est  en  fleur  en  ce  moment  dans  les  serres  du  Muséum. 

M.  Duchartre,  secrétaire,  donne  lecture  de  la  communication  sui- 
vante adressée  à  la  Société  : 

NOTE  SUR  DEUX  CHAMPIGNONS,  par  M.  C.  MOl^TAGl^i:. 

(Paris,  8  mai  1857.) 

La  Société  m'a  chargé  d'examiner  deux  Champignons,  qui  ont  été  adressas 
de  la  Guadeloupe  à  M.  Réveil,  et  de  la  renseigner,  soit  sur  leurs  noms,  so't 
sur  les  propriétés  hémostatiques  qu'on  leur  attribue  dans  notre  colonie. 

[1  me  sera  très  facile  de  la  satisfaire  sur  la  première  question,  attendu  que 
ces  deux  espèces  sont  bien  connues. 

'  L'une  est  une  Agaricinée  du  genre  Lentinus  Fr.,  queM.  KIotzsch a  publiée 
dans  le  Linnœa  sous  le  nom  de  Z.  villosus,  sans  en  donner  une  figure.  L'au- 
tre est  un  Pyrénomycète  de  la  Guyane,  que  j'ai  décrit  et  figuré  dans  n.a 
seconde  centurie  de  plantes  cellulaires,  insérée  dans  le  tome  XIII,  p.  351, 
pi.  X,  f.  2,  de  la  seconde  série  des  Annales  des  sciences  naturelles.  On  l'y 
trouvera  inscrit  sous  le  nom  d'Bypoxylon  irradians,  d'après  un  caractère 
important  fourni  par  la  disposition  des  fibres  du  stroma. 

Quant  à  la  propriété  hémostatique  préconisée  chez  ces  deux  Champignons, 

je  n'eu  puis  al)soIument  rien  dire.  Peut-être  faut-il  se  tenir  en  garde  contre 

une  pareille  assertion;  car,  à  moins  d'une  préparation  dont  on  ne  parle  pas, 

le  Lentinus  s,yxï[ow\,  qui  est  subéreux,  ne  rae  paraît  guère  propre  à  remplir 

l'objet  pour  lequel  on  l'emploierait. 

En  résumé,  ces  deux  Champignons  ne  me  paraissent  pas  appelés  à  détrôner 
chez  nous,  ^y  fussent-ils  même  communs,  les  moyens  dont  dispose  la  chi- 
rurgie moderne  pour  remédier  aux  hémorrhagies  traumatiques. 

M.  Duchartre  présente  ensuite,  de  la  part  de  M.  Keteleer,  les 
hampes  fleuries  de  deux  magnifiques  Orchidées  exotiques  :  les  Cyprl- 
pcdùtm  Loimi\Àï\à\.  et  C.  caudatum  Lindl, 

M.  Boisduval  appelle  l'attention  de  la  Société  sur  la  longueur  pro- 
digieuse de  deux  des  pétales  du  Ci/pripedium  caudatum.  Cet  allon- 
gement des  pétales  a  lieu  graduellement  et  après  Tépanouissement. 
Ils  croissent  généralement  de  5  centimètres  par  jour,  et  atteignent 
ainsi  jusqu'à  70  centimètres  de  longueur, 


SÉANCE  DU  8  MAI    1857.  àko 

M.  J.  Gay  fail  à  la  Société  une  communication  Hont  voici  \v. 
résumé  : 

NOTICE  SUR  UiN  CHÊNE  NOUVEAU  DE  LA  FLORE  DE  FRANCE,  SUR  LES  CARACTÈRES  QUI  LE 
DISTINGUENT,  ET  SUR  LA  CLASSIFICATION  DES  CHÊNES  EN  GÉNÉRAL,  ,,ar  M.  J.  CîAY, 

(Résumé  fourni  par  l'auteur.) 

Nous  devons  à  André  Michaux  la  première  révélation  d'un  des  caractères 
les  plus  importants  qui  puissent  être  employés  pour  la  distinction  des  • 
Chênes.  Dans  quelques  espèces,  dit-il,  les  ovaires  femelles  acquièrent  tout 
leur  développement  dans  l'année  même  de  leur  naissance.  Mais  il  en  est 
d'autres  dont  les  fleurs  femelles  restent  stationnaires  pendant  une  année 
entière  et  ne  commencent  à  grossir  qu'au  second  printemps,  pour  accomplir 
leur  évolution  à  la  fin  de  l'année.  Quelque  important  que  lui  paraisse  ce 
caractère,  il  ne  l'emploie  cependant  qu'en  second  ordre,  pour  grouper  les 
Chênes  de  l'Amérique  du  Nord  qu'il  veut  décrire.  Sa  première  division  est 
fondée  sur  les  feuilles  mutiques  ou  terminées  par  une  soie,  les  feuilles  ou 
leurs  lobes. 

André  Michaux  écrivait  eu  1801;  neuf  ans  plus  tard,  Michaux  fils 
reprend  le  travail  de  son  père,  et  il  en  reproduit  les  divisions,  mais  en 
donnant  le  premier  rang  au  caractère  de  la  fructification  annuelle  ou 
biennale. 

Pursh  en  1816,  Nutlall  en  1818  et  EHiott  en  1824  suivent  l'exemple  de 
Michaux  fils,  en  fondant  sur  le  caractère  de  la  maturation  la  division 
principale  du  genre. 

Pendant  que  l'observation  des  deux  Michaux  fructifiait  en  Amérique, 
elle  restaitcomme  non  avenue  en  Europe,  d'où  elle  était  partie.  Trois Species 
plantarum,  ainsi  qu'une  multitude  de  Flores,  s'étaient  succédé  sans  en 
avoir  le  moins  du  monde  profité,  et  il  est  curieux  d'avoir  à  comprendre 
dans  ce  nombre  le  Flor^a  Boreali-Americana,  qui  porte  le  nom  d'André 
Michaux,  mais  qu'on  sait  être  l'œuvre  de  Louis-Claude  Richard. 

C'est  seulement  en  1837  qu'en  Europe  on  voit  apparaître  un  premier 
signe  d'intelligence  à  ce  sujet,  dans  une  note  où  Roch,  l'auteur  du  Synopsis 
Florœ  germanicœ,  reconnaît  la  maturation  biennale  du  Quercus  Cerris. 

Cette  négligence  du  passé  est  cependant  arrivée  à  son  terme,  et  le  fil  de 
la  tradition  va  enfin  être  repris,  et  cela  en  France,  comme  il  convenait  à  une 
observation  née  en  France,  d'un  auteur  français. 

En  18Ù2  parait  le  onzième  volume  de  V Histoire  naturelle  des  végétaux 
phanérogames  de  M.  Spach,  où  l'auteur  traite  les  Chênes  d'une  manière 
évidemment  supérieure  à  ses  prédécesseurs.  Ici  le  genre  est  divisé  en  sept 
groupes  naturels,  tous  méthodiquement  définis  par  l'ensemble  de  leurs 
i;;u\x'leres,  et  tout  particulièrement  par  celui  de  la  maturation,  qui  reparait 


4/16  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE   FRANCE. 

enfin  dans  toute  sa  dignité,  quoiijue  réduit  à  un  caractère  secondaire 
commun  à  plusieurs  groupes.. 

C'est  sans  doute  le  même  auteur  qui,  dans  la  même  année  ou  l'année 
suivante  et  dans  les  Illusfrntiones  plantorum  orientalium  de  MM.  Jauhert 
et  Spach,  revient  sur  le  même  sujet,  à  propos  de  quelques  espèces  nouvelles 
ou  peu  connues  qu'il  veut  décrire  et  figurer,  et  la  maturation  biennale 
qu'il  avait  précédemment  attribuée  aux  groupes  Cebris  et  Subeb,  il  la  dit 
maintenant  annuelle. 

Bientôt  après,  c'est-à-dire  en  184/i,  Loudon  publie  son  Traité  des  arbres 
et  arbustes  cultivés  en  Angleterre^  où  se  retrouve  le  même  progrès  des 
Chênes  divisés  en  groupes  naturels  et  de  la  maturation  employée  en  seconde 
ligne  pour  caractériser  ces  groupes,  au  nombre  de  dix.  L'auteur  n'a  rien 
emprunté  à  M.  Spach,  et  tout  annonce  qu'il  a  emprunté  aux  deux  Michaux 
les  éléments  de  sa  classilication,  quoique  ceux-ci  n'eussent  point  eu  l'idée 
des  groupes  naturels  à  introduire  dans  les  Chênes.  C'est  un  travail  de  com- 
pilation intelligente,  mais  ce  n'est  point  une  œuvre  d'observation. 

Jusqu'ici  les  classificateurs  du  Chêne  n'avaient  opéré  que  sur  les  espèces 
de  l'Amérique  du  Nord,  de  l'Europe  et  de  l'Asie  occidentale,  au  nombre 
d'une  cinquantaine;  mais  ce  n'est  là  que  la  plus  petite  partie  du  genre,  qui 
compte  150  autres  espèces  disséminées  en  d'autres  parties  du  monde.  Il 
importait  de  soumettre  ces  nombreuses  espèces  au  contrôle  dont  les  autres 
avaient  été  l'objet.  C'est  ce  qu'Endlieher  a  essayé  en  18^7,  dans  la  deuxième 
partie  du  quatriètne  supplément  de  son  Gênera  plantarum,  où  se  trouve  le 
catalogue  des  197  espèces  jusqu'alors  décrites  et  plus  ou  moins  connues.  Ce 
qui  ressort  de  ce  tableau,  c'est  d'abord  que  les  espèces  à  classer  rentrent 
en  majeure  partie  dans  les  sections  précédemment  établies,  ou  plutôt  dans 
une  de  ces  sections,  celle  à  laquelle  M.  Spach  donne  le  nom  de  Sueer. 
Quelques  espèces  seulement  échappent  à  cette  classification.  Tel  est  un  Chêne 
du  Japon,  dont  la  cupule,  hérissée  de  piquants  et  fermée  de  toutes  parts,  ne 
s'ouvre  que  tardivement  pour  donner  passage  au  gland.  Tels  sont  quelques 
autres  Cliênes  de  l'Inde  orientale  et  des  iles  de  la  Sonde,  que  distingue  une 
cupule  ou  urcéolée  et  lisse  dans  la  majeure  partie  de  sa  longueur,  ou 
raccourcie  de  manière  à  former  un  simple  anneau.  De  la  trois  premières 
sections  à  pratiquer  dans  le  genre  :  A.  Lepidobalanus,  B.  Chlamydobalanus, 
C.  Cyclobalanus.  Le  C hlamijdobalanus ,  réduit  à  une  seule  espèce,  ne  com- 
portait aucune  subdivision,  et  il  n'i-n  est  proposé  aucune  pour  le  Cycloba- 
lamiSy  quoique  riche  de  27  espèces.  Autre  est  le  Lepidobalanus,  qui  à 
lui  seul  en  embrasse  169,  c'est-à-dire  plus  des  quatre  cinquièmes  du  genre. 
Une  première  subdivision  apparaît  ici,  pour  séparer,  sous  le  nom  A'Esculus, 
les  espèces  à  feuilles  caduques,  de  {Jlex,  qui  comprend  les  espèces  à  feuilles 
persistantes.  Les  groupes  naturels  arrivent  en  seconde  ligne  :  Robur,  El^o- 
BALANUs,  Erytheobalanus,  Cekris  tt  Gallifeka  SOUS  Esculus;  SUBER  et 


SÉANCE   DU    8    MAI    1857.  ÛA7 

CoccTFERA  SOUS  Hex.  Ce  sont  exactement  les  sept  groupes  naturels  de 
M.  Spach,  et  reproduits  dans  le  même  ordre,  a\ec  le  changement  dun  seul 
nom,  Elœofjd/anus  substitué  à  Cerroides.  Ce  sont  aussi,  pour  cha(iue 
groupe,  les  mêmes  caractères,  et  notamment  ceux  de  la  maturation  annuelle 
ou  biennale,  tels  que  M.  Spach  avait  cru  devoir  les  modifier  pour  les 
groupes  Cerris  et  Suber. 

Comme  je  l'ai  indiqué,  ces  caractères  avaient  tous  déjà  été  employés  par 
les  deux  Michaux,  pour  distinguer  les  espèces  de  l'Amérique  du  Nord.  Ils 
prennent  ici  une  signification  plus  générale,  à  laquelle,  je  crois,  ils  se 
prêtent;  et  je  n'aurais  rien  à  en  dire,  si  l'un  d'eux,  le  plus  important  de 
tous,  n'avait  été,  en  plusieurs  cas,  mal  compris  de  nos  deux  auteurs,  et  si 
je  n'avais  à  fonder  en  partie  sur  ce  caractère  la  distinction  d'une  nouvelle 
espèce,  dont  je  parlerai  plus  loin. 

M.  Spach  et  Endlicher  attribuent  la  maturation  annuelle  aux  groupes 
RoBUK  et  El.îîobalanus  (Cerroides  Spach),  en  quoi  je  suis  parfaitement 
d'accord  avec  eux,  comme  aussi  pour  reconnaître  la  maturation  biennale 
aux  groupes  Erythroralanus  et  Coccifera.;  mais  il  n'en  est  plus  de  même 
des  groupes  Cerris,  Gallifera  et  Suber. 

Groupe  Cerkis. 

André  Michaux  en  1801,  Kochen  1837  et  M.  Al.  Braun  en  1849  parlent 
du  Quercus  Cenns  comme  ayant  la  maturation  biennale.  Loudon,  en  \8hU, 
étend  ce  caractère  au  groupe  tout  entier,  devancé  en  cela  par  M.  Spaeh, 
qui  avait  fait  de  même  en  1842.  iMais  une  année  à  peine  s'est  écoulée,  et 
M.  Spach  a  changé  d'opinion  ;  il  croit  se  corriger  en  donnant  au  groupe 
Crkris  la  maturation  annuelle,  caractère  qui  est  adopté  par  Endlicher 
cinq  années  plus  tard.  Or  il  y  a  là  erreur,  car  il  résulte  de  mes  observations 
que,  non-seuleraent  le  Q.  Cerris,  mais  encore  les  Q.  yEgilops,  castancœ- 
folia  eX  persica,  toutes  espèces  inscrites  dans  le  groupe  Cerris  par  Spach 
et  Endlicher,  se  distinguent  du  Robur  autant  par  leur  maturation  biennale 
que  par  leur  cupule  chevelue.  J'en  dis  autant  de  deux  autres  espèces  qui 
appartiennent  sans  aucun  doute  au  même  groupe  :  le  Q.  pseudu-Suber, 
qu'Endlicher  classe  parmi  les  Coccifera,  et  le  Q.  hispanica  Lam.,  qui 
n'est  pas,  comme  Endlicher  le  croit,  un  simple  synonyme  du  Q.  pseudo- 
Siiber.  Le  Q.  chinensis  de  Bunge,  jusqu'ici  insuffisamment  connu,  fait 
sans  doute  aussi  partie  de  la  même  association,  comme  Endlicher  l'avait 
déjà  soupçonné. 

Groupe  Gallifera.' 

Le  groupe  Gallifera  a  été  proposé  par  M.  Spach  pour  le  seul  Q.  infec- 
toria  Oliv.  (celui  qui  fournit  les  noix  de  galle  du  commerce),  avec  le 
caractère  de  la  maturation  bieuuale.  Endlicher  adopte  le  groupe  sous  le  même 


tlllS  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE   FRANCE, 

nom  et  avec  le  même  caractère;  seulement  il  en  élargit  le  cadre  en  y  intro- 
duisant quatre  espèces  au  lieu  d'une:  Q.  /lumi/is  Lam.,  Q.  infectoria 
Oliv.,  Q.  alpestris  Boiss.  et  Q.  hispanica  Lam.  Toutes  ces  espèces  sont 
donc  censées  avoir  la  maturation  biennale;  mais  cela  n'est  vrai  que  de  la 
dernière,  qui,  par  ce  caractère  et  par  tous  les  autres,  rentre  indubitable- 
ment dans  le  groupe  Cerris,  comme  je  le  disais  tout  à  l'heure.  Les  trois 
premières  espèces  ont  la  maturation  annuelle.  Dans  tous  les  échantillons  que 
j'ai  vus  de  ces  trois  espèces ,  les  fruits  mûrs  ou  mûrissant  occupent  le 
sommet  des  rameaux  de  l'année,  à  l'aisselle  des  deux  ou  trois  premières 
feuilles,  sans  place  aucune  laissée  au-dessus  d'eux  pour  des  fleurs  femelles 
d'une  génération  plus  récente,  d'où  il  suit  nécessairement  qu'ils  sont  de 
même  âge  que  le  rameau,  et  que,  par  conséquent,  ils  ont  la  maturation 
annuelle.  J'en  dis  autant  de  deux  formes  anonymes,  provenant  du  défilé 
des  Portes  Ciliciennes,  que  M.  Balansa  a  distribuées  en  1857  sous  les  n"  1126 
et  1126  bis,  et  qui  sont  évidemment  très  voisines  du  Q.  infectoria.  Tel 
étant  l'état  des  choses,  il  est  fort  douteux  pour  moi  que  les  Chênes  gallifères 
puissent  subsister  comme  groupe,  même  après  élimination  du  Q.  hispanica. 
En  tout  cas  ils  devront  être  placés  immédiatement  après  le  groupe  Robub, 
dont  ils  ne  diffèrent  que  par  leurs  feuilles  moins  caduques,  devenant 
subcoriaces  avec  l'âge,  et  à  lobes  ou  dents  mucronés,  non  mutiques.  Encore 
y  a-t-il  dans  les  formes  multiples  du  Q.  infectoria  bien  des  exceptions  à  ce 
dernier  caractère. 

Groupe  Suber. 

Sur  la  maturation  du  groupe  Suber,  les  auteurs  ne  sont  pas  plus  d'accord 
que  sur  celle  du  Cerris,  mais  il  y  a  ici  une  cause  que  je  crois  toute  diffé- 
rente, comme  on  le  verra  tout  à  l'heure.  Pour  M.  Spach,  ce  groupe  se  com- 
posait en  premier  lieu  de  quati-e  espèces,  trois  européennes  :  Q.  Ilex,  (>. 
Ballota,  Q.  Suber,  et  une  américaine,  Q.  virens.  Ces  quatre  Chênes 
étaient  censés  avoir  la  niatuiation  biennale.  Michaux  (ils  l'avait  dit  en 
1810  des  Q.  Suber  et  virens,  M.  Spach  en  18i2  du  groupe  tout  entier, 
Loudon  en  \SliU  des  mêmes  espèces,  mal  à  propos  groupées  avec  d'autres 
espèces  très  disparates,  enfin  M.  Braun  en  1869  du  ().  Suber.  L'opinion 
était  unanime  sur  ce  point,  lorsque  M.  Spach,  occupé  eu  1842  et  1863 
d'une  espèce  nouvelle  à  introduire  dans  le  même  groupe  sous  le  nom  de 
Q.  cypria,  substitua,  dans  le  diagnostic  du  groupe,  la  maturation  annuelle 
à  la  maturation  biennale,  corrigeant  ainsi  le  caractère  indiqué  dans  son 
premier  travail,  Endlicher  l'a  suivi  dans  celte  voie,  et  son  groupe  Siber 
ne  diffère  de  celui  de  M.  Spach  que  par  l'addition  de  113  espèces  ajoutées 
aux  5  dont  le  groupe  se  composait  auparavant,  espèces  du  Mexique,  du 
.lapon,  du  Psépaul,  des  Indes  orientalei  et  des  iles  de  la  Sonde.  Mais  de  ces 
113  espcces,  il  n'en  est  peiil-être  pas  deux  (j'excepte  le  Q.  (anata,  doui  il  sera 


sKANci:  i)i;  8  mai   1857,  /j/jg 

qiioslion  plus  loin)  où  le  caractère  de  la  maturation  ait  clc  remarque  par  les 
auteurs,  ce  qui  met  fort  en  doute  la  légitimité  de  leur  atlriI)ution  au  "roupe 
dont  il  s'agit  ici.  M.  Spaeli,  donc,  ouvrait  ici  un  nouvel  avis,  opposé  à  celui 
de  ses  devanciers.  Avait-il  tort  ou  raison?  .l'ai  examiné  la  question  sur  les 
matériaux  qui  étaient  à  ma  disposition,  et  j'ai  reconnu  qu'il  était  dans  le  vrai 
et  qu'il  y  avait  maturation  annuelle  dans  le  Q.  virens  d'Amérique,  ainsi  que 
dans  le  (A  llcx,  le  (V.  Ballota  et  le  Q.  Suber  du  bassin  de  la  Méditerranée. 
Mais  en  même  temps  J'ai  découvert  que,  sous  le  nom  de  Q.  Suber,  on  avait 
jusqu'ici  confondu  une  autre  espèce,  fournissant  pareillement  du  vrai  liège 
à  l'industrie,  mais  d'ailleurs  très  distincte  par  deux  caractères,  au  nombre 
desquels  figure  la  maturation  biennale.  Cette  espèce  parait  être  particulière  à 
l'extrême  frontière  occidentale  de  notre  Europe.  Mêlée  au  l'in  de  Bordeaux 
{Pinus  Pinaster  Soland.),  elle  forme  de  véritables  forêts  sur  la  côte  du 
département  des  Landes,  où  je  l'ai  vue  en  sei)tembre  1813,  mûrissant  ses 
glands  de  seconde  année,  .l'en  possède  un  échantillon  cueilli  à  la  Serra  de 
Cintra,  près  Lisbonne,  où,  suivant  l'étiquette    {Q.   Suber  Welw.   Lusit. 
exsicc),  elle  couvre  de  vastes  étendues  de  terrain,  ce  qui  me  donne  lieu  de 
supposer  (|u"on  la  retrouvera  sur  toute  la  côte  intermédiaire  de  l'Espagne  et 
du  Portugal,  en  raison  de  quoi  je  lui  ai  donné  le  nom  de  Q.  occi.dentalis 
Un  bel  arbre  de  la  même  espèce  est  cultivé  au  fleuriste  du  petit  Trianon 
dans  l'enclos  où  fut  jadis  établie  l'école  botanique  de  Bernard  de  Jussieu 
dont  peut-être  il  a  fait  partie,  ce  qui  le  ferait  remonter  à  l'année  1759.  Il 
est  permis  de  croire  que  c'est,  des  deux  Suber,  le  plus  fréquemment  ou 
plutôt  le  moins  rarement  cultivé  dans  le  nord  de  l'Europe,  ce  qui  expli- 
querait pourquoi  Michaux,  [.oudon,  M.  Alex.  Braun  et  M.  Spach  lui-même 
dans  un  premier  travail,  ont  attribué  la  maturation  biennale  au  Q.  Suber 
tandis  que  le  dernier  de  ces  auteurs  la  jugeait  annuelle  dans  un  travail 
subséquent,  sans  doute  d'après  l'autre  plante,  qui  vient  du  bassin  de  la 
Méditerranée,  et  qu'aujourd'hui  je  regarde  comme  le  vrai  Q.  Suber. 

Il  y  a  donc,  dans  le  Chêne-Liége  de  nos  climats,  deux  espèces  qui,  quoique 
très  semblables  a  beaucoup  d'égards,  notamment  par  la  nature  de  leur  écorce 
et  de  leurs  feuilles,  diffèrent  néanmoins  par  le  temps  nécessaire  à  la  matura- 
tion de  leurs  fruits,  quatre  ou  cinq  mois  pour  l'une,  quatorze  ou  quinze  pour 
l'autre.  Mais  ce  n'est  pas  la  tout  ce  qui  les  distingue,  car  les  écailles  de  la 
cupule,  toutes  appliquées  dansle^A  Suber,  les  supérieures  dressées  et  appli- 
quées, les  inférieures  coniques  et  réfléchies  dans  le  Q.  occidentalis,  fournis- 
sent une  seconde  différence  qui  déjà  suffit  à  mettre  hors  de  doute  la  légitimité 
des  deux  espèces,  en  attendant  qu'elle  se  fortifle  par  l'étude  des  bourgeons 
des  stipules  et  des  chatons  mâles,  à  laquelle  je  n'ai  pu'me  livrer  jusqu'à  ce 
jour,  attendu  que  le  Q.  occidentalis  de  Trianon  n'entre  en  sève  qu'au  mois  de 
Juin  ;  c'est  le  plus  tardif  de  tous  les  Chênes  cultivés  aux  environs  de  Paris  (1) 

(1)  Le  temps  m'a  révélé  une  troisième  (litTércnco  qui  nVsi  pas  moins  remar- 
T.  IV.  29 


A50  SOCIKTK   BOTAMQUK    DE    FRANCF. 

Oiielle  place  donner  à  la  nouvelle  espèce  clans  la  série  de  ses  congénères? 
Elle  ne  peut  entrer  dans  aucun  des  deux  groupes  jusqu'ici  distingués  pour 
les  espèces  à  fouilles  persistantes,  car  elle  s'éloigne  autant  du  Suber  par 
sa  maturation  biennale  que  du  ('occiKnr.A  par  la  mollesse  des  écailles  de  sa 
cupule,  toutes  appliquées  quoique  en  partie  réfléchies.  Il  y  a  donc  nécessité 
de  lui  faire  une  place  a  part  entre  les  deux  groupes,  et  je  propose,  pour  le 
nouveau  venu,  le  nom  d'HETEROPHELLOS,  qui  implique  l'idée  d'un  faux 
Liège.  Le  Q.  occidenfalis  n'y  figurera  pas  seul,  car  je  viens  de  découvrir, 
dans  le  Q.  ïanata  Smith  (1),  une  espèce  qui  en  a  tous  les  caractères  princi- 
paux, quoique  spécifiquement  très  distincte.  C'est  un  premier  démembre- 
ment opéré  dans  la  série  des  113  espèces  exotiques  qu'Iùidlicber  a  voulu 
rattacbei-au  groupe  Slder,  mais  évidemment  avec  trop  de  légèreté. 

Il  est  encore  un  autre  Chêne  qui,  d'après  la  description  et  la  figure, 
semble  devoir  formei-  un  groupe  a  part,  c'est  le  Q.  alnifolin  Pœcb,  Enum. 
pi.  Cypr.  p.  12  [Q.  cijpria  .Taub.  et  Spacb,  III.  pi.  or.,  I,  tab.  56).  Inter- 
médiaire entre  les  groupes  Cerbis  et  Subeiî,  il  diffèie  du  premier  par  ses 
feuilles  persistanles  et  par  sa  maturation  annuelle,  et  du  second  (dans  lequel 
Spach  et  Kndlicher  l'ont  compris)  par  sa  cupule  chevelue  à  l'égal  du 
Cerris.  Je  propose  de  lui  ouvrir  une  case  qui,  sous  le  nom  de  Cypriotes, 
viendrait  se  placer  entre  les  groupes  Scjber  et  Heterophellos. 

M.  Bureau  l'ail  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

NOTE  SUR  DIVERSES  MONSTRUOSITÉS,  par  M.  EI>.  BUREAU. 

J'ai  l'honneur  de  mettre  sous  les  yeux  de  la  Société  plusieurs  échantil- 
lons de  Narcissus  biflorus,  qui  présentent  une  monstruosité  assez  remar- 
quable. Cette  monstruosité  obéit  d'une  manière  fort  évidente  à  la  loi  CC affinité 

qnable,  c'est  celle  qu'offre  la  durée  des  feuilles,  bi-  cl  triennale  dans  le  Q.  Suber, 
comme  dans  le  Q.  Ilex,  annuelle  seulcnicnl  ou  même  à  peine  annuelle  dans  le 
Q.  oceidentalis.  Cest  au  commencement  de  juin  que  l'arbre  de  Tiianon  se  dé- 
pouille de  ses  feuilles,  au  momen'  où  s'ouvrent  les  bourgeons  de  l'année  précé- 
dente. C'est  plus  loi  encore,  et  même  dans  les  mois  d'iiiver,  pour  l'arbre  du  sud- 
ouest  de  la  France,  s'il  faut  en  croire  Clusiiis,  qui  avail  déjà  observé  celle  didércnce, 
en  passant  à  Bayonne,  vers  l'an  1565,  pour  se  rendre  en  Espagne.  «  Suberis  duo 
»  gênera  clariss.  Matlhiolus  observavit;  ego  unicum  lanlum,  nisi  forte,  quod  in 
»  extrema  Aquitania  nascilur,  ab  eo  (piod  pcr  ffispanias  Irequens  est,  diversumsir. 
»  Etenim  Aquilaniciun  folia  non  relinet,  sed  liyenie  ilii  decidunt  ;  uti,  cuni  mense 
»  Aprili  in  flispanias  proficiscerer,  observavi,  foliis  euim  prorsus  viduaUe  erant 
»'  quotquol  Suberis  arbores  circa  Bayoïiam  conspexi.  »  (Glus.,  Hisp.  (157G),  p.  'J7.) 
(1)  C'est  le  Q.  nepaulensis  Desf.,  nom  sous  lequel  je  l'ai  vu  cultivé  dans  un  des 
grands  pavillons  vitrés  de  noire  Jardin  des  plantes,  où  il  a  déjà  atteint  hb  pieds  de 
liauleur,  et  où  il  tleiuit  abondaunnent  tons  les  ans,  sans  avoir  jusqu'ici  produit 
des  fruits  partails. 


SKANCE   DU    8   MAI    1857.  551 

de  soi  pour  mi ^  qn'Kticnnc  Geoffroy  Saint-lliiaire  a  montrt'ft  régi i' les  eas 
(lesoiuluro,  soit  des  iiulividiis,  soit  des  parties,  dans  le  règne  animal,  et  qui 
gouverne  les  mêmes  cas  dans  le  règne  végétal,  ainsi  que  l'a  iudi{(ué  INI.  Mo- 
quin-Tandou. 

Cette  loi,  on  le  sait,  consiste  en  ceci  :  lors((ue  deux  individus  se 
soudent  ensemble,  ils  se  soudent  par  les  parties  semblables  ;  lorsque  ee  sont 
deux  parties  appartenant  à  un  même  individu  qui  tendeut  l'une  vers 
l'autre,  elles  adhèrent  également  par  leurs  faces  correspondantes  ou  de 
même  nom. 

Dans  l'exemple  ici  présent,  on  verra  qu'il  s'agit  d'une  bractée  qui  s'est 
soudée  avec  un  sépale  :  elle  n'est  pas  venue  appliquer  sa  face  supérieure 
contre  la  face  inférieure  du  sépale,  comme  cela  devrait  être  si  les  parties 
avaient  conservé  leur  position  naturelle;  mais,  pour  obéir  à  la  loi  que  je 
rappelais  tout  à  l'heure,  la  bractée  a  dû  exécuter  un  demi-tour  en  se  tor- 
dant siH'  elle-même,  de  manière  à  venir  appliquer  la  face  inférieuic  de  sa 
nervure  médiane  contre  la  face  inférieure  de  la  nervure  médiane  du  sépale 
situé  au-dessus.  L'adhérence  a  lieu  par  ces  nervures  seulement,  le  reste  du 
limbe  conservant  sa  liberté. 

Il  y  a  dans  ce  moment  au  Jardin  de  la  Faculté  de  médecine  une  touffe  de 
Narcissus  biflorus,  dans  laquelle  presque  toutes  les  fleurs  sont  monstrueuses: 
elles  présentent  tantôt  le  genre  d'adhérence  dont  je  viens  de  parler, 
d'autres  fois  des  soudures  de  fleur  à  fleur,  ou  synanlhies,  de  tous  les  degrés 
possibles,  depuis  la  disposition  de  deux  fleurs  accolées  comme  les  canons 
d'un  fusil  double,  jusqu'à  leur  fusion  complète  en  une  seule  fleur  avec  un 
nombre  double  de  parties. 

Je  demanderai  la  permission  d'ajouter  quelques  mots  sur  une  mons- 
truosité d'un  autre  genre,  que  j'ai  observée  au  mois  de  juillet  dernier,  et 
qui  offre  un  exemple  des  difficultés  que  peut  prétenter  l'interprétation  de 
certains  faits  tératologiques. 

En  ouvrant  des  fleurs  (ï Antirrhinmn  majus,  j'en  remarquai  un  certain 
nombre  qui  portaient,  naissant  de  la  base  de  la  corolle,  un  très  long  af- 
pendice  pétaloïde.  Cette  partie,  située  du  côté  de  ia  lèvre  supérieure,  me 
parut  d'abord  représenter  l'étaminequi  est  ordinairement  absente  dans  les 
Scrofulariées,  et  c'était  bien  là  l'hypothèse  qui  devait  se  présenter  le  plus 
naturellement.  Mais  en  regardant  de  nouvelles  fleurs,  j'en  trouvai  plusieurs 
dans  lesquelles  il  y  avait  deux  de  ces  appendices  naissant  tout  à  côté  l'un  de 
l'autre.  J'examinai  alors  les  nervures  médianes  des  deux  pétales  formant  la 
lèvre  supérieure,  et  en  les  suivant  de  haut  en  bas,  je  vis  qu'elles  naissaient 
précisément  en  face  de  chacun  des  appendices.  Il  fallait  attribuer  à  l'irré- 
gularité de  la  corolle  ce  rapprochement  des  nervures  médianes,  qui  m'avait 
d'abord  fait  prendre  un  appendice  opposé  à  un  pétale  pour  un  appendice 
alterne,  et  il  devenait  dès  lors  évident  que  j'avais  affaire,  non  à  un  retour 


/i52  SOCIÉTÉ    BOTANIQUR    DE    FP.ANCR. 

au  type  régulier  du  verticilc  staniinal,  mais  a  un  dédoublement  antéro- 
postérieurd'uue  partie  de  la  corolle,  ou  bien  aune  sortedecoronule  analogue 
à  celle  des  Caryophy liées. 

Tous  les  pieds  à.' Antirrhinum  sur  lesquels  j'observai  des  fleurs  ainsi 
modifiées  étaient  situés  aux  environs  de  ïNantes,  dans  un  jardin,  le  long 
d'un  mur  exposé  au  midi,  et  tous  les  pieds  placés  le  long  de  ce  mur  m'ont 
offert  cette  monstruosité. 

[.a  plante  était  aussi  très  abondante  dans  les  autres  parties  du  jardin,  mais 
ne  présentait  plus  rien  d'anomal. 

M,  Cliatin  domamleù  M.  Bureau  s'il  a  vu  la  5'  étamiue  rudimen- 
tairede  V Antirrhimim.  Il  croit  se  rappeler  qu'il  y  a  toujours  d'abord 
5  élaniines  ;  puis  la  5*  disparaît.  Dans  les  Acaiithacées  il  a  vu  souvent 
Jaô'élaniine  priniitiveuient  semblable  aux  autres,  puis  disparaissant 
de  bonne  beure  sans  laisser  de  trace.  Dans  d'autres  plantes  il  a  re- 
marqué que  celte  5'  étamiue  prenait  un  grand  développement  et 
formait  une  lame  pétaloïde.  Cliez  VAntm'Jdîium.  y  aurait-il  tantôt 
atrophie,  tantôt  hypertrophie  de  la  5®  étamine?  Le  dédoublement  de 
l'organe  signalé  par  31.  Bureau  semblerait  permettre  de  supposer  que 
cet  organe  est  la  5' étamine  hypertrophiée.  Lorsque  le  filet  s'hypertro- 
pbie  il  ne  se  dédouble  pas,  mais  l'anthère  se  dédouble  assez  souvent. 

M.  Bureau  n'a  pas  vu  la  5*  étamine  rudimentaire.  11  ne  se  base, 
pour  admettre  le  dédoublement  du  pétale,  que  sur  la  position  de  cet 
organe. 

M.  Moquin-ïandon  dit  qu'il  a  vu  deux  fois,  dans  VAntirrJiinum, 
un  fdet  à  la  place  de  la  5^  étamine. 

M.  J.  Gay  rappelle  que,  dans  les  Scrofularia,  on  voit  presque  tou- 
jours la  5*  étamine  rudimentaire  et  atfectant  des  formes  diverses 
suivant  les  espèces. 

M.  Guillard  fait  à  bi  Société  la  communication  suivante  : 

DE  LA  FORME  DES  GROUPES  FLORAUX,  par  W,  ACH.  OIILLARD  (1). 

XV.  La  qualité  des  groupes  iloraux,  telle  qu'elle  est  définie  dans  nos 
dernières  lectures,  résulte  de  la  loi  primitive  d'organisation  qui  détermine 
l'ordre  dans  lequel  les  boutons  se  forment,  grandissent  et  accomplissent 
leurs  fonctions. 

(1)  Siiilc  des  études  sur  rtiiflorcscence,  publiées  dans  lo  Biillplin,  p.  29, 116  et 
37 /!|  de  ce  voliuiie. 


SÉANCK   DU   8   MAI    1857,  Û53 

I-a  forme  extérieure  des  groupes  qualifiés  dépend  de  trois  eauses  priucl- 
pales,  qui  sont  : 

A.  La  longueur  respective  des  supports,  pédicelles,  pédicules,  pédoncules; 

B.  Les  modifications  de  la  phyllotaxie  ; 

C.  Les  lois  spéciales  d'inégalité  et  de  dissemblance  auxquelles  les  groupes 
floraux  sont  soumis. 

A.  —  Longueur  des  supports. 

Les  modifications  qui  eu  résultent  s'expriment  par  des  termes  usités, 
dont  on  trouve  partout  la  détinition  :  le  groupe  floral,  soit  progressif  soit 
régressif,  peut  être 

oinI)ellé,  tlqiiimé,  globuleux,  obcoiiique, 

corymbi!,  capilé,  héinispliériquc,  ové,  obové, 

spiciforme,  scssilc,  cyliiKlrique,  j)yr.'imidii!, 

fascicule,  omni-sessile,  conique,  uiiilaléral,  etc. 

Exemples  : 

Botrye  ombellée  :  Primulacées,  Araliacées;  Dibotrye  ombellée:   Om!)elli- 

fères;  Cyme  ombellée  :  Malus  T. 
Polycyme  corymbée  :  Sambucus,  Viburnum,  Cornus,  Sorbus. 
Botrye  spiciforme  :  Veronica  arvensis  L.;  B-Cyme  spiciforme  :  Tridcum, 

Lolium;  C-Botrye  spiciforme:  les   Bœhmeria   de  la  première  section 

Weddell  ;  Spinacia  T. 
Botrye  fasciculée  :  Primula  grandiflora  Lamk.;  Cerasus  Mahaleb  Mill., 

Impatiens  Balsamina  L.  5  Dibotrye   fasciculée  :  Plantogo   major   L., 

P.  lanceolata  L.,  Littorella  lacustris  L. 
Cyme  fasciculée:  Salvia  et  autres  Labiées,  Encyanthus  Larn. 
C-Botrye  sessile  axillaire,  caractère  général  des  Urticées. 
Cyme  omni-sessile  :  Sfachys,  Lamium,  Bêla,  Suœda. 
C-Botrye  omni-sessile  (glomérule  complexe)  :  Pouzolzia,  P/ienax. 

Nous  ne  voyons  pas  l'utilité  de  consevxev  dichotomie,  calathide,  grappe, 
thyrse,  glomérule,  dont  le  sens  n'a  jamais  été  bien  déterminé. 

B.  — Formes  phyllotaxiques. 

XVL  Les  Bractées  et  les  Bractéoles  (soit  semblables  à  la  Feuille,  soit 
dissemblables),  pouvant  être  alternes,  distiques  ou  décussantes,  le  groupe 
iloral  est  en  conséquence  alterné,  distiqué  ou  déçusse. 

Bractée  et  Bractéole  sont,  pour  tous  les  botanistes,  organes  d'inflorescence.  La 
manière  dont  on  les  distingue  de  la  Feuille  est  différente,  selon  qu'on  se  place  au 
point  de  vue  de  la  fonction  ou  de  la  forme.  La  Feuille,  transformée  ou  non,  devient 
théoriquement  el  physiologiquemenl  Bractée  quand  elle  aisselle  un  groupe  tloral, 
Braciéole  quand  elle  aisselle  uu  bouton  seul.  Au  point  de  vue  de  la  forme,  il  n'est 


llbll  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    Dli    l-KANCE. 

pas  possible  d'élaljlir  nue  disiinction  générale  et  précise  entre  la  Feuille  et  les 
Bractées,  soit  parce  que  le  passage  de  l'une  aux  autres  est  fort  souvent  graduel  et 
insensible,  soit  parce  que  les  phytographes  ont  rhai)itude  d'appeler  Feuilles,  sur 
la  mciiie  plante,  des  organes  de  forme  très  dissemblable  (quand  ils  donnent  à  de 
vrais  pédoncules  le  nom  de  lige,  qu'ils  refusent  en  d'autres  cas  à  des  liges  véri- 
tables). Toutefois,  comme  le  passage  d'une  forme  à  l'autre  est  fort  tranché  dans 
beaucoup  de  plantes,  la  distinction  fondée  sur  la  forme  est  trop  commode  au  lan- 
gage pour  y  renoncer  facilement,  et  l'on  ne  réussira  guère  plus  à  l'abolir  qu'à  la 
préciser  (1). 

Exemples  cF inflorescence  alternée  (B  1/3,2/5,3/8,  etc.  (2)  : 

Botrye  terminale  :  OEiiothérécs. 

Botrye  biaxillaire  ou  terminale  :  les  Véroniques. 

Botrye  1/3  :  lilelia  verecunda. 

Botrye  1/3  passant  à  2/5  :  Asphodelus  ^fistulosus  L.,  Tofteldia  calijculata 

Wahl. 
Botrye  2/5  :  Clethra,  Cyrilla,  Triglochin,  Fritillaria  persica  L.,  Smila- 

cina  stellata  Desf.,  Aloëmargaritifera  Ait.,  Oncidiurn^  Spiranthes,  Pobj- 

stachya  cerea. 
Botrye  3/8  :  Ribes  rubrum  L.,  Celsia  Arcturus  S.  vég.,  Dracœna  reflcxa 

Lamk. ,  Odanthe  veratrifolia  R.  Br.,  Bodriguczia  suavcolens  Hook. 

La  Botrye  alternée,  surtout  quand  elle  est  terminale,  ouvre  le  plus  sou- 
vent en  2/5  pour  terminer  en  3/8  ou  5/13. 

C-Botrye  1/3:  Canna;  C-Botrye  2/5  :  Dictamnus  albusL.,  Beta  vulgaris  L. 
Dicynie  terminale  :  Ranunculus  L.,  Rosacées,  Linées,  Chénopodées,  etc. 
2C-Bolrye  2/5  :  Agave. 

Exemples  d'inflorescence  distiquée  (Bl/2)  : 

fridécs,  JMusacées;  Miltoniu,  Demeraria  (jard.  Kevv). 
Botrye  feuillée  :  Biospyros  Lotus  L. 

(1)  La  langue  botanique  a  été  construite  au  hasard,  selon  le  besoin  de  chaque 
jour,  comme  on  pose  les  maisons  dans  Un  village,  sans  subordination  respective, 
sans  uniformité,  sans  alignement,  par  imprévoyance  de  ce  qui  doit  suivre,  l'ius 
lard  on  les  tranche,  on  les  abat  pour  les  refaire,  quand  on  veut  avoir  une  belle 
ville  :  il  faut  pour  cela  une  autorité  intelligente  et  le  concours  des  ressources  et  des 

volontés  des  citoyens L'autorité  a  manqué  en  botanique  pour  régler  le  sens  et 

l'emploi  des  termes,  et  pour  ameublir  la  langue  suivant  les  progrès  de  l'observa- 
tion. Il  en  est  résulté  d'étranges  abus  de  mots,  des  écarts  de  théorie  (voyez  les  para- 
graphes Cdlntes  et  Fibres,  Floraison  et  Injlnrescence  au  Cours  d'A.  de  Jushicu, 
l'article  Akatomie  végi'tale,  au  grand  Diclionnaire  de  d'Orbigny,  etc.),  de 
continuels  tiraillements  de  langage  entre  les  phytographes  et  les  physiologistes,  et 
beaucoup  de  pierres  d'achoppement  sur  le  chemin  de  la  science. 
(2)  Voyez  les  Traités  de  phylloiaxiede  MM,  Braun,  Schimper,  Bravais,  etc. 


si;:ain(:ic  du  8  mai  iSf)?.  A55 

Botryo?  (lépriméc  des  Aiionacées. 

Boti\y('  spicifonne  :  Cyperus  L,  Schœnus  L.. 

lîotryo  cpilk't  :  (iramiiu'cs. 

Jioh-yc  et  Dihotiyo  :  AngrccuDi.  P.-Thou. 

Dibotiyc  laiiii forme  :  Lathyrus  ft  autres  izeiires  de  la  famille. 

C-Hotrye  déprimée,  définie,  prél'oliale  :  //linus  campesirisL. 

C-2botiye  :  PJû'ynium dichotomum  Koxb. 

?cyme  itérativement  surmontante  :  Corchorm  L. 

6cyme  :  Stromanthe  sangidnea  Sonder. 

cccyme  terminale  des  Graminées. 

Exemples  d'inflorescence  décussce  (B  2,3,  etc.)  : 

Double  et  triple  progression,  caractérisant  les  Malpigbiacées. 

Botrye  binée  (F2),  ternée  (F3),  quaternée  {Fk)  :  les  Bruyères,  les  Myrio- 

pbyiles. 
2botrye  binée  ou  ternée  :  Impatiens  L. 
C-Botrye  2axillaire  :  Cinnamomum  Burm. 
C-Botrye  ramiforme  :  Célastrinées. 
C -Botrye  ternée  :  Alisma  PlantagoL. 

B-Cyme  terminale  :  Circœn  lutetiana  L.,  Verbena  officinnlis  L. 
B-Cyme  ternée  :  Lippia  citriodora  H.  K. 
2cyrae  2axillaire  :  CJematis  Vitalba  L.,  C.  erecta  L.  et  autres. 
Sbotrye  pyramidale  Sdécussée  (décussée  aux  3  degrés  d'intloresccuce)  : 

Ligustrwn  japonicum  Tlinnb. 
C-B-Cyme  terminale  :  i^abiées. 
C-B-Cyme  2axillaire  :  Humubis  Lupulus  L. 
C-B-3Cyme  5décussée  :  Vitex  incisa  Lamk. 

XVII.  On  peut  rapporter  aux  formes  pliyllotaxiques  les  divers  modes  de 
terminaison  du  groupe  floral,  et  particulièrement  de  la  Botryo,  simple  ou 
complexe. 

La  Botrye  se  termine  de  trois  manières  : 

1°  Son  bourgeon  terminal  évolve  en  une  fleur,  et  la  Botrye  est  définie 
(selon  la  définition  de  ce  participe  admise  par  les  botanistes)  :  Erythrina, 
Berberis,  Galium,  Syringn,  Ligustrum.  Il  arrive  le  plus  souvent  alors  que 
la  fleur  terminale  et  suprême  devance  par  son  épanouissement  les  fleurs 
qui  la  précèdent;  nous  disons  dans  ce  cas  que  la  Botrye  est  définie  et  pré - 
cessive  :  AgrimoniaT.,  lihus  T.,  Mœsa  mollis  A.  DC  et  autres  Ardisiacées, 
Basella  L.  ;  Triglochin  L. ;  Reuumuria  vtrmiculota  DC.  (Red.  PI.  grass. 
f.  i;i9  a  la  bibl.  Mus.) 

La  progression  définie  appartient  particulièrement  a  la  Cymo-Botrye  , 
simple  ou  complexe,  et  elle  y  est  très  fréquente  :  Lauracées,  Berbéridées, 
Pirus,  Ulmus,  Ricinus,  Dictamnus,  Rhus,  Pomaderris  et  quelques  autres 


hbÔ  SOCIÉTÉ    BOTANIQLK    DE    FKANCE. 

Rliamnées,  Ji'^<7ie, plusieurs  Galium [G .marltimum  L.,G.  Mollugo L.,etc.), 
Cichoriwn,  S/nnacia  tetrandra  Stev.  ;  Alisina  Plantago  L. ,  etc. 

La /jrecess/on  rapproche  la  C-Botrye  de  la  Dicyme  rt'procressive  (voyez 
plus  haut,  page  35,  IV}  :  ces  deux  formes  se  touchent  dans  la  série  générale 
des  phénomènes  d'inflorescence.  Ainsi,  dans  les  Campanulacées,  notamment 
dans  le  genre  Campanula,  la  plupart  des  espèces  fleurissent  en  2cymo 
terminale  réprogressive;  mais  chez  C.  Rapuncidu^L,,  C.  rajmnculoides  L., 
l'épanouissement  de  la  Cyme  suprême  est  ordinairement  en  retard,  et  la 
2cyme  devient  C-Botrye  précessive. 

Presque  toutes  les  Boraginées  fleurissent  en  Dicyme  terminale  alternée  : 
quelques  genres,  Eckiam,  Anchusa,  Sijinp/n/lum  font  C-Botrye  ;  mais  cette 
C-Botrye  est  délinie-précessive,  et  se  rapproche  ainsi  de  la  2cyme. 

La  plupart  des  Convolvulus  fleurisssent  en  C-Botrye  alternée,  oo  ;  C.  li- 
neatiis  f..  fleurit  en  2cyme  terminale  ;  le  voilà  bien  loin  de  ses  congénères  ; 
mais  sa  2cyme  est  réprogressive,  ce  qui  commence  à  l'en  rapprocher;  et, 
pour  l'attacher  encore  mieux  à  son  genre,  il  a  à  côté  de  lui,  méthodique- 
ment et  géographiquement,  C.  Cantabrica  L.,  dont  l'inflorescence  est  ea 
C-B  otry  e  dé  fin  ie-précess  ive. 

C'est  par  de  telles  transitions  que  la  nature  a  voulu  relier  et  comme 
anastomoser  les  deux  grandes  séries  de  progression  et  de  régression,  qui 
parcourent  tout  le  règue  eu  sens  contraire. 

2°  Le  bourgeon  terminal  de  la  Botrye  n'évolve  pas  :  il  reste  enfermé  dans 
ses  Bractées,  et  ne  laisse  pas  deviner  comment  la  fleuraison  se  compléterait 
si  des  conditions  plus  fécondes  lui  permettaient  de  continuer  a  produire. 
C'est  ce  qui  a  fait  nommer  la  Botrye  indéfinie.  Et  en  effet,  le  plus  grand 
nombre  des  progressions  sont  dans  ce  cas  :  Légumineuses,  Crucifères, 
Urticées,  Scrofulariées,  Labiées,  Cucurbitacées,  etc. 

3"  l^e  bourgeon  terminal  continue  à  évolver,  mais  il  ne  produit  plus  que 
des  Feuilles  (ou  Bractées),  à  l'aisselle  desquelles  il  n'y  a  pas  de  bouton. 
Nous  disons  dans  ce  cas  que  le  groupe  floral  est  désistant,  parce  qu'en  effet 
la  fleuraison  désiste,  bien  que  la  feuillaison  continue.  On  a  remarqué  ce 
phénomène  depuis  longtemps  chv?.  L\iconi.is,  qui  lui  doit  son  nom,  Mais  il 
se  montre  sur  un  grand  nombre  de  plantes  :  Tritoma  uvaria  Gawl.,  voisin 
ù'Kucomis,  a  la  même  couronne;  mais  ses  bracléoles  trop  petites  n'attirent 
pas  raltention.  J'acliysundra,  hnardia  palustris  L. ,  Catnp/torosma  jnons- 
peliaca  L.,  lllccebum  verticillatuni  I,.,  Ccdlitriche,  JJippuris,  étaient  aussi 
remarquables  qu  L'ucomis ;  il  est  vrai  qu'ils  étaient  moins  brillants.  Les 
IMyoporées  font  la  Bi)trye  simple  désistante-  les  .Morées,  les  Eleagnées, 
Evonymus,  Ilex,  Tilia,  Phylianthus,  Dodonœa,  offrent  des  exemples  de 
C-Botrye  désistante  :  les  Feuilles  stéi'iles  ne  sont  pas  rapprochées  eu  rosace; 
mais  ce  n'est  qu'un  détail  de  forme  et  d'allongement  des  supports. 

11  arrive  que  la  Jkuraisou  désiste  quelque  temps,  le  lameau  florifère 


SÉANCE   DU    8    SIAI    1857.  /j57 

(lomuuil  im  ccrlalii  nombre  d'aisselles  sans  bouton-,  puis  elle  reprend  sur 
le  même  axe  ;  c'est  une  Botrye  intermittenle  :  LijsiiiMchia  Nummularia  L. 
On  trouve  Dibotrye  intermittente  chez  Camp/iorosma  monspeltaca  L.;  ou 
l'a  plus  ri'<iulicre  chez  Lipjr/ii  repians  Kth,  qui  donne  2  biaisselles  (2  nœuds 
formés  eiiaeun  de  2  Feuilles  opposées)  entre  chaque  reprise  (Dibotrye 
intermit lento  binodale). 

Il  arrive  encore,  dans  d'autres  familles,  que  la  progression  s'arrête  tout 
à  fait,  mais  en  conservant  son  bourgeon  terminal,  qui  la  continue  l'année 
suivante,  et  ainsi  de  suite  :  c'est  ce  que  l'on  voit  chez  les  Frênes,  les  Plan- 
tains, les  Papayacées,  les  Ardisiacées,  etc.,  et  ce  que  M.  lioisduval  offre  à 
nosyeux  en  ce  moment  même  sur  une  de  ses  belles  i^eu^ioumkcs,  Jtamondia 
pt/renaica.  INoiis  disons  ({u'une  telle  progression  est  pérenne,  pour  nous 
servir  d'un  terme  couramment  employé  par  Dombasie,  et  heureusement 
rappelé  par  notre  savant  président  (Moq.  Térat.).  La  progression  pé- 
renne  caractérise  la  Dibotrye  des  Plantains  dits  acauks,  àe  Pentar/ta/j/iia 
Liudl.,  de  Veronica  officinalis  L.,  des  Théophrastées,  de  beaucoup  d' Ar- 
disiacées; —  la  C-Botrye  des  Oxalidées,  des  Papayacées,  de  quelques  Cyr- 
tandracëes,  de  Tetraiiema  mcxicana;  —  hxTviboh-ye  cVArdisia  solanacea 
Roxb.;  —  la  B-C-Botrye  d'^.  japonka  Dne,  d'yl.  humilis  Vahl,  d'A.  cre- 
nata  Sims,  etc. 

En  résumé,  la  Botrye,  simple  ou  complexe,  a  trois  formes  terminatives, 
d'après  lesquelles  elle  est  :  définie  (et  alors  le  plus  souvent  yjrecess/^e), 

ou  indéfinie,  c'est-à-dire  de  terminaison  inconnue,  inobservable, 

ou  désistante  (et  pérenne  quand  son  bourgeon  terminal  persiste  d'une 
année  à  l'autre). 

La  Cyme  peut  aussi  être  désistante;  l'exemple  en  est  très  rare  dans  la 
Cyme  surmontante  :  Sedum  ternatum  Mich.,  Alsine peploides  Frics.  Il  est, 
au  contraire,  très  commun  dans  la  Dicyme  et  la  B-Cyme  descendantes. 
Dicyme  cauliforme  désistante  veut  dire  que  la  récurrence  florale  s'arrête 
abortive  sur  la  tige,  avant  de  s'être  répétée  jusqu'au  bas  de  la  plante,  par 
opposition  à  \ix  Dicyme  cauliforme  complète,  qui  utilise  toutes  les  aisselles 
de  son  support.  C'est  la  différence  qu'il  y  a,  par  exemple,  entre  le  plus 
grand  nombre  des 6'erf?<w  [S.  Telephium  L.,  reflexum  L.,  anglicuynYixxùs., 
kamtschaticum  Fisch.,  etc.)  et  quelques  espèces  privilégiées  [S.  Cepœa 
L.,  rubens  L.,  cœruleum  Vahl):  —  ou,  comme  C-B-Cyme,  entre  Mentha 
rotundifolia  L.  et  M.  arvensis. 

Elodes  palustris  Spach  nous  offre  l'exemple  d'une  Cyme  intermittente, 
Solanum  Ihdcamara  L.  d'une  Dicyme  intermittente,  Suriana  maritima  L. 
(herb.  Deless.)  d'une  Tricyme  intermittente.  Drymaria  Willd.  fait  très 
constamment  2cyrae  intermittente  binodale. 

La  Cyme  et  ses  composées  pourraient  aussi,  selon  les  cas,  être  qualiiiées 
définies,  indéfinies,  pérenues.  Toute  plante  dont  les  aisselles  inférieures 


A58  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE   FRANCE. 

restent  Stériles,  est  une  •"Cyme  désistante;  toute  plante   vivace  est  une 
•••Cyme  pérenue. 

C.  —  Inégalité  des  rameaux,  coninexes.  Lois  d'inégalité  cgntinle 
ET  d'inégalité  alternative. 

XVIII.  Toutes  les  fois  que  deux  ou  plusieurs  Feuilles  naissent  norma- 
lement au  même  nœud  (Feuilles  opposées  ou  verticil!ées\  il  y  adécussation 
aux  nœuds  suceessifs. 

On  peut  appeler  Feuilles  connexes,  rameaux  connexes,  les  Feuilles,  les 
rameaux  (floraux  ou  non),  qui  naissent  au  même  nœud. 

La  connexion  est  toujours  vérifiable  dans  la  première  enfance  des  or- 
ganes. Elle  est  souvent  dissimulée  par  leur  développement  inégal.  Des 
Feuilles,  des  rameaux,  qui  étaient  originairement  au  même  niveau,  sont 
dénivelés  sur  la  tige  adulte,  quelquefois  même  de  très  bonne  heure.  On  le 
peut  bien  voir  au  bas  des  tiges  de  plusieurs  Géranium  (G.  rotnndifolium, 
dissectum,  molle,  pn.^illum).  Nous  avons  déjà  cité  (p.  122)  les  lihumnus 
chez  lesquels  Dutrochet  a  observé  que  le  dénivellement  conduit  à  la  spire 
F2/5.  Sur  Cornus  alternifolia  L. ,  le  dénivellement  frappe  la  plante  entière, 
mais  la  décussation  est  assez  visible  à  l'origine  et  reste  toujours  assez 
marquée  pour  rattacher  cette  espèce  à  ses  congénères.  Verbena  offici- 
nalis  L.  a  la  Botrye  terminale  d'abord  décussée,  puis  dénivelée,  puis  2/5. 
Voyez  aussi  la  Dicyme  d'Apocynum  venetum  L.  et  la  C-Botrye  de  Scro- 
fularia  aquatica  L.,  -S',  canina  L.,  etc.  On  peut  encore  vérifier  la  même 
transition  sur  Convolvrdus  arvensis,  où  l'ordre  F2  primitif  est  démontré 
par  les  faisceaux  vasculaires  opposés  et  successivement  déçusses  au  bas  de 
la  plante  jeune,  tandis  que  sur  la  plante  adulte  l'ordre  F2/5  est  parfaitement 
constaté,  maigre  les  torsions  de  la  tige,  par  sa  forme  de  prisme  à  5  pans  : 
chaque  Feuille  s'implante  sur  un  pan  et  le  dessine,  en  s'élevant,  par  deux 
saillies  parallèles.  Quelques  Ombellifères,  notamment  Sium  angustifolium 
L.,  offrent,  dans  leur  récurrence  surmontante,  de  brillants  exemples  de 
2B-Gyme  dénivelée. 

XIX.  Pour  donner  une  idée  exacte  des  phénomènes  d'inégalité,  il  faut 
rappeler  d'abord  que,  lorsque  les  Feuilles  sont  opposées,  la  décussation  les 
range  toutes  dans  deux  plans  verticaux  qui  se  coupent  à  angle  droit  au  centre 
de  l'axe.  Si,  pour  la  facilité  de  l'exposition,  on  suppose  qu'un  de  ces  plans 
passe  par  l'œil  de  l'obervateur,  on  pourra  le  nommer  plan  oculaire,  et 
l'autre  sera  le  plan  croisant  ou  décussant.  Ce  qui  se  passe  dans  l'un  se 
répète  dans  l'autre. 

Cela  posé,  si  l'on  considère  une  Caryopliyllée  bien  développée,  par 
exemple  Lychnis  dioica  L.,  on  sera  frappé  de  l'inégalité  des  rameaux  con- 
nexes et  de  la  symétrie  constante  de  cette  inégalité.  Afin  de  nous  en  bien 
rendre  compte,  considérons  tous  les  rameaux  situés  dans  un  même  plan. 


SKANCE'DU    8    MAI    1857.  Û59 

en  faisant  abstraction  de  ceux  qui  sont  dans  le  plan  de  croisement  ;  et  de 
plus  ,  observons  séparément  les  deux  zones  que  sépare  la  protanthèse 
(p.  121)  :  nous  reconnaîtrons  que  chacune  des  deux  a  sa  loi  d'inégalité.  La 
zone  supérieure  est  une  (îyme  iiuléfiniment  surmontante,  qui  peut  se  dé- 
composer en  deux  grandes  branches  inégales,  collatérales  à  la  première 
Heur.  Sur  chacune  de  ces  deux  branches  on  voit  que,  dans  chaque  plan,  le 
plus  grand  des  deux  rameaux  connexes  est  contim\mcnt  du  même  côté  : 
c'est  l'iiNÉGALiTÉ  CONTINUK.  Elle  couslste  en  ce  que,  dans  chaque  plan,  tous 
les  rameaux  majeurs  sont  à  droite  et  tous  les  rameaux  mineurs  à  gauche, 
ou  vice  versa. 

C'est  différent  dans  la  zone  inférieure,  qui  offre  une  Dicyme  décussée 
descendante  :  là,  le  rameau  majeur  (observé  dans  un  seul  plan,  en  faisant 
abstraction  de  l'autre)  est  alternativement  à  droite  et  à  gauche  ;  il  en  est 
de  même,  par  conséquent,  du  mineur.  C'est  I'inégalitk  av.teunative. 

Ainsi,  inéijalité  continue  dans  la  zone  supérieure,  inégalité  alternative 
dans  la  zone  inférieure.  Ces  deux  lois  régissent  toutes  les  Caryophyl- 
lées  et  un  grand  nombre  d'autres  familles,  puisqu'on  peut  constater  leur 
action,  ensemble  ou  séparément,  sur  la  moitié  environ  des  80  familles 
dicotylées  où  l'on  rencontre  la  décussation. 

l:ioVi%  à\s>o\-\%  ensemble  ou  séparément,  ^diïCQ  (.\\\ii  l'une  agit  souvent  sans 
l'autre  :  ainsi,  nous  n'avons  pas  constaté  d'inégalité  constante  sur  la  Dicyme 
des  Hypéricées,  ni  sur  la  C-B-Cyme  des  Labiées,  bien  que  les  Cymes  (qui 
sont  terminales  chez  les  premières,  et  biaxiliaires  chez  les  dernières)  offrent 
de  fréquents  exemples  de  contiuuo-inégalité. 

En  général,  et  sauf  les  exceptions  à  signaler,  nous  pouvons  poser  en 
principe  que  : 

La  continuo-inégalité  est  ascendante,  et  que 

V alterna-inégalité  est  descendante. 

Toutes  les  Cymes  surmontantes  à  degrés  répétés  (Cymes  qui  réclament 
un  nom  propre)  sont  inégales  au  moins  à  leurs  derniers  degrés  ;  et  la  conti- 
nuo-inégalité s'y  peut  constater  autant  de  fois  que  la  décussation. 

Il  y  a  aussi  des  plantes  qui  montrent  l'inégalité  dans  la  Botrye  décussée, 
et  c'est  le  plus  souvent  l'inégalité  continue  :  Veronica  scutellata  L.,  Pilea, 
Pouzolzia,  et  quelques  autres  Urticées,  Gratiola,  et  un  grand  nombre 
d'autres  dans  diverses  familles.  Nous  avons  déjà  signalé  ce  singulier  rap- 
port entre  la  régression  ascendante  et  la  progression  (p.  37).  Nous  y  reve- 
nons plus  loin  (XX). 

Sur  la  Botrye  terminale  feuillée  de  Mimuhis,  (VAnûgollis,  de  Tremandra 
vcrticillata ^  l'inégalité  continue  se  manifeste  par  l'âge  différent  des  deux 
fleurs  connexes. 

Ualterno-inégalité  affecte  en  général  la  récurrence  descendante.  Voyez 
toutes  les  Rubiacées  qui  fleurissent  en  Polycyme  terminale  :  les  rameaux 


llQO  SOClÉTli    BUTAINIQUE    DE    FKANCE. 

récui-reuts,  biaxillaires,  sont  très  constamment  alterno-inégaux.  Il  faut 
noter  que  cette  inéualité  se  maintient  dans  cette  famille,  même  sur  les 
espèces  qui  conservent  la  progression  {Galium  verum^  Aparine,  etc.)  :  ce 
qui  établit  une  uniformité  dans  la  famille,  mais  une  exception  relativement 
à  l'application  de  l'alterno-inégalité. 

L'inégalité  alternative  est  portée  plus  loin  chez  les  Silénées,  les  Parony- 
quées,  les  Asclépiadées  et  Apocynées.  Tandis  que  le  majeur  s'élève,  prend 
longueur,  feuille,  hourgonne  et  lleurit,  le  mineur  reste  à  l'état  rudimen- 
laire:  tout  au  plus  montre-t-il  ses  premières  Feuilles,  ou,  s'il  prend  quelque 
développement,  c'est  seulement  à  la  biaisselle  la  plus  voisine  de  \q.  prime- 
fleur.  On  peut  le  \oir  commodément  sur  les  genres  Silène,  Lijchnis,  sur 
plusieurs  espèces  de  Gypsophila,  de  Cenistiian,  de  Stelluria,  de  Dryrnaria, 
cV  Asclejjias. 

L'inégalité,  soit  continue  soit  alternative,  est  poussée,  dans  d'antres  cas, 
jusqu'à  la  suppression  de  l'un  des  deux  rameaux  connexes.  Nous  disons 
alors  qu'il  y  a  diinidiation.  L'une  des  deux  aisselles  opposées  reste  sté- 
rile, le  rameau  mineur  est  entièrement  effacé,  et  l'anatomie  elle-même  n'en 
indique  aucune  tiace.  Plusieurs  Acanlhacées  ont  la  Botrye  ainsi  dimidiée 
par  continuo-inégalité,  soit  continuo-dimidiée  :  Justicia  nodosa,  qiiudri- 
fida,  velutina,  etc.  Il  en  est  de  même  des  Dicymes  surmontantes  de  Ci/nan- 
clium  et  de  quelques  autres  Asclépiadées. 

Les  Cymes  axillaires  de  Scrofularia  et  une  foule  d'autres  pareilles  sont 
d'abord  continuo-inégales,  puis  continuo-dimidiées,  coutinuo-inégales  aux 
premiers  degrés,  continuo-dimidiées  aux  derniers.  En  général,  l'inégalité 
croît  dans  une  Cyme,  à  mesure  qu'elle  s'élève  de  degré  en  degré. 

Chez  les  diverses  espèces  de  Dianthus  et  d'autres  Caryophyllées  [Alsine^ 
quelques  Arenaria^  Buffonia),  chez  Scleranthus  L. ,  etc.,  la  Dicyme  descen- 
dante cauliforme  est  dimidiée  par  alteruo-inégalité,  soit  alterno-dimidicc. 

Phénomènes  particuliers  a  l'inégalité  continue. 

a.  —  Dans  la  progression. 

XX.  Dans  quelques  cas  spéciaux,  l'inégalilé  continue  se  manifeste  aussi 
parla  dissemblance  des  deux  rameaux  connexes.  LippiareptansKthoiïve, 
d'un  côté,  un  pédoncule  botryque,  quia  pour  connexe,  de  l'autre  côté,  un 
r.inieau  feuillant.  Cullilriche  donne,  à  chaque  biaisselle,  une  fleur  carpellée, 
connexe  d'une  fleur  a  étamine,  ou  quelquefois  d'un  rameau  feuillant. 

Asterolinum  stellatum  Lk.  a,  aux  premières  biaisselles,  une  fleur  con- 
nexe d'un  rameau  feuillant,  puis,  vers  le  haut  de  la  Botrye,  deux  fleurs  con- 
nexes d'âge  différent.  La  plante  fait  d'ailleurs,  par  récurrence,  B-Cyme 
alterno-dimidiee. 

Dans  un  petit  nombre  de  familles,  l'inégalité  frappe  même  les  Feuilles 


SÉANCE  nu  8  Mvi  ^857.  /i61 

aissolii'res  sur  la  li|^c  ou  les  Bractées  siii-  \e  prdoucule  :  On/iipcf/a  Hl. 
(Rumpli.  pi.  179),  Sdxifrnga,  Solanécs  {P/ii/sii/is ,  Atvopn)  ,  Mélasto- 
mncées,  ([iicl(|ues  Urticécs.  La  Feuille  mineure  est  queUiuefois  supprimée, 
comme  sur  Elutostemma^  dont  quelques  espèces  n'en  ont  pas  moins  les 
Cymes  connexes,  et  peuvent  donner  lieu  à  ces  questions  :  Y  a-t-il  aisselle 
sans  aisselière?  Les  deux  Cymes  doivent-elles  être  appelées  biaxillaires, 
quand  l'une  des  deux  aisselières  est  supprimée? 

Le  genre  (.'uphea  laisse  voir  la  fleur  hors  d'aisselle,  placée  bizarrement 
sur  l'axe,  à  côte  de  2  Feuilles  avec  lesquelles  elle  n'est  pas  en  rapport.  Mais 
si  l'on  regarde  à  plomb  au-dessous  de  cette  Heur,  on  voit  une  aisselle  vide, 
dont  la  connexe  donne  un  rameau  feuillant.  On  devine  que  la  Heur  axil- 
iaire  a  été  surhaussée,  délaissant  son  aisselière.  Si,  pour  s'en  mieux  assurer, 
on  remonte  au  sommet  de  l'axe,  on  dégage  le  bourgeon  terminal,  et  on  en 
écarte  avec  soin  les  Feuilles  très  jeunes,  on  se  convainc  que  le  bouton  est 
réellement  axillaire;  on  le  voit  à  sa  place  légitime,  d'où  il  est  bientôt  en- 
levé par  révolution  de  la  branche  ;  son  aisselière  ne  peut  le  retenir,  elle  est 
atteinte  d'une  laiblesse  dont  la  cause  est  inconnue,  mais  qui  se  manifeste 
par  l'amoindrissement  continu  de  cette  feuille  :  en  effet,  elle  passe  graduel- 
lement a  l'état  deBractéole  linéaire,  et  finit  par  disparaitre. 

Au-dessous  de  la  primefleur,  chaque  Feuille  de  celte  plante  possède  son 
.rameau  axillaire  (1). 

b.  —  Dons  les  Cymes, 

La  forme  la  plus  générale  de  la  Cyme  simple  est  d'un  pédicelle  aîné 
que  soustend  2  Bractées  opposées,  quelquefois  une  seule,  très  rarement  3  ou 
plus;  c'est  le  plus  ordinairement  2  chez  les  Dicotyles,  1  chez  les  Monoco- 
tyles  :  chaque  Bractée  aisselle  un  rameau  plus  jeune,  qui  est  tantôt  un 
pédicelle  (une  seule  fleur),  tantôt  un  pédicule  qui  répète  la  fleur  ainée  et  ses 
Bractées  avec  leurs  axillaires,  une  ou  plusieurs  fois. 

Il  serait  nécessaire,  pour  une  description  exacte  de  la  Cyme,  d'indiquer 
et  d'énumérer  toutes  ces  circonstances.  Ce  n'est  pas  assez  de  dire  le  nombre 
des  Bractées  récurrentes  comme  on  le  fait  communément,  il  faudrait  encore 
indiquer  le  nombre  des  répétitions  ou  des  degrés  de  la  Cyme,  soit  comme 

(1)  Dans  la  Dicyme  décussée  iVHydrangea,  les  2  pédicules  de  l'étage  inférieur 
sont  surhaussés  par  une  soudure  visible  avec  le  pé,doncule  principal,  les  2  aisse- 
lières délaissées  restant  au  nœud.  —  Helwingia  et  Ruscus  offrent  encore  des 
exemples  peu  contestables  de  surliaussement.  Ce  phénomène,  sans  être  dénoncé 
par  une  soudure  visible,  est  démontré  chez  les  Crucifères  par  «ne  anomalie  qui  y 
est  très  fréquente  :  non-seulement  la  Botrye  primordiale  est  ou  semble  sessile,  mais 
souvent  sa  première  ou  ses  deux  premières  fleurs  restent  au-dessons  du  rameau 
premier  récurrent;  ce  qui  ne  se  peut  comprendre  que  par  le  surliaussement  de 
celni-ci. 


/i62  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE   FRANCE. 

maximum  de  développement,  soit  comme  terme  moyen  ;  car  ce  nombre,  sans 
être  toujours  précis  dans  la  nature,  se  maintient  ordinairement  dans  des 
limites  à  peu  près  nnilormos,  et  il  nous  est  arrivé  de  le  trouver  identique 
pendant  plusieurs  années  sur  les  mêmes  plantes  semblablement  nourries. 
Cette  indication  précise  serait  facile  avec  un  petit  engin  du  langage. 

Au  reste  on  ne  perdra  jamais  de  vue  que,  dans  l'inflorescence  comme 
dans  la  fleur,  ce  qu'il  y  a  de  moins  constant,  c'est  le  nombre,  — de  plus 
constant,  c'est  la  disposition  et  la  succession. 

XXI.  L'inégalité  continue  donne  aux  Cymes,  soit  simples,  soit  com- 
plexes, des  aspects  très  variés,  quelquefois  fort  étranges  et  d'une  délicate 
appréciation,  d'autant  plus  qu'elle  se  complique  fréquemment  du  dénivel- 
lement des  pédicules,  du  déplacement  des  aisselières,  et  de  rameaux  ou 
bourgeons  surabondants  qui  viennent  en  second  sous  les  premiers  axil- 
laircs.  Voyez  Schizanf/nis  Kuiz  P.  et  autres  Salpiglossées,  Dutura  L.  et  les 
autres  Solanées,  qui  offrent  la  série  presque  entière  de  ces  curieux  phéno- 
mènes. 

Souvent  le  rameau  majeur  de  la  Cyme,  par  l'effet  de  sa  vigueur  plus 
grande,  usurpe  la  verticalité,  déjetant  à  la  fois  et  la  fleur  centrale  aînée  et  le 
rameau  mineur  :  alors  le  majeur,  au  lieu  de  montrer  plusieurs  rameaux 
terminés,  naissant  l'un  de  l'autre  et  superposés  (ce  qui  est  en  réalité),  offre 
à  l'œil  le  mensonge  d'une  branche  unique  prolongée  de  nœud  en  nœud.  On 
peut  dire  dans  ce  cas  que  le  rameau  récurrent  est  substitué  au  rameau 
principal,  puisqu'il  semble  le  prolonger.  Voyez  les  Cymes  bien  développées 
de  Chenopodhou  hybridum,  poii/spermiim,  celles  des  Paronyquées,  etc.  Les 
Urticécs  ont  de  beaux  exemples  de  ce  phénomène,  et  offrent  en  outre 
toutes  les  transitions  capables  de  le  faire  reconnaître  et  de  le  constater,'de- 
puis  la  Cyme  se  développant  régulièrement  sans  inégalité  marquée  [Urcra 
sandwicemis,  U.  Jacquùn,  Villebriinea  integrifoUa,  Debregeasiavclutinu), 
—  ou  continuo-inégale  avec  substitution  incomplète  (PZ/ca,  Limera  (ngas, 
U.  buccifera,  U.  crenvlatn,  Fleurya  wnbellata]  — ,  jusciu'à  la  substitution 
complète  (Aa/jor/ert,  Fleurya  œsluaus,  Sarcoc/damys ,  Obetio  ftcifoliu,  Urtica 
dioicaet  autres). 

Ce  pliénomène  est  fréquent  chez  les  Dicymes  décussées  et  surmontantes, 
dans  plusieurs  familles:  il  caractérise  notamment  les  Asclépiadées,  les 
Apocynées,  et  les  Solanées  où  M.  Naudin  l'a  vu  e^  'lécrit  en  bon  observa- 
teur (thèse  du  doctorat).  C'est  alors  la  Cyme  tou-c  entière  qui  est  déjetée. 
Souvent  chez  les  Solanées  elle  est  en  même  temps  surhaussée  par  le  déni- 
vellement de  la  Dicyme,  et  elle  semble  comme  égarée  dans  la  longueur  de 
l'entre-nœud  :  Lycopcrsicum,  Solamon  nigrumh.  et  une  foule  d'autres. 

Chez  les  Apocynées  et  Asclépiadées,  la  Cyme  est  ccnt^npcie  (v.  p.  119) 
par  un  effet  particulier  de  l'inégalité  continue  :  le  mineur  ne  donne  à  chaque 
degré  qu'une  fleur,  pendant  que  le  majeur  allonge  et  répète.  Les  boutons 


SÉANCE  ni!  s  MAI  1857.  iiOS 

les  plus  jouncs  sont  au  contre  du  groupe  :  ce  serait  à  lo  prendre  pour  une 
IJotrye,  si  la  lumière  ne  se  faisait  avec  l'évolution. 

Cet  effet  (qui  n'est  qu'un  détail)  est  produit  par  alterno-inégalité  chez 
Centvadenia  lloribunda, — et  par  alteruo-dioiidiation  chez  Elodes  palus- 
iris  Sp. 

C'est  surtout  quand  la  Cymc  est  dimidiée  (ntiineur  supprimé),  que  la  sub- 
stitution ou  usurpation  est  complète.  Alors  se  produit  la  Cyme  scorpioïde, 
ou  Scorpiure  (lîoraginées,  Crnssulacécs,  Cistacées,  Droséracées,  Escula- 
cées  etc.),  que  nous  avons  expliquée  dans  une  thèse  inaugurale  i/'Jssai  de 
formules  bot.  1835).  Les  pédicules  majeurs  se  succèdent,  implantés  l'un  sur 
l'autre,  comme  s'ils  n'étaient  qu'un,  accompagnés  quelquefois  des  2  Hrac- 
tées  presque  toujours  dénivelées  (Esculacées,  Fumana'^'^ixch,  Helianthemum 
t/iymifoliuin  Pers.,  Sedum  anopetalum  DC,  Saxifraga),  —  bien  plus  sou- 
vent d'une  seule,  qui  est  la  majeure  ordinairement  surhaussée,  la  mineure 
étant  effacée  (Boraginées,  Crassulacées,  Drosera,  etc.),  —  parfois  enlin 
tout  à  fait  nus  [Tourne forlia,  HeUotropium,  Hydrophyllées). 

La  Aor^jn^-e  se  distingue  nettement  de  la  Botrye,  en  ce  que  ses  fleurs 
ne  sont  pas  axillaires,  bien  que,  par  les  effets  du  surhaussemenc  ou  du  dé- 
laissement, l'aisselière  du  rameau  surmontant  se  voie  dans  bien  des  cas  a 
côté  de  la  fleur  (1). 

L'enroulement  des  axes  substitués,  qui  a  fait  comparer  cette  Cyme  à  une 
queue  de  scorpion  et  d'où  lui  vient  son  nom  de  Scorpiure,  n'est  qu'un  acci- 
dent dans  cette  organisation  ;  et  il  a  lieu  ou  n'a  pas  lieu,  selon  que  la  fleur 
qui  termine  chaque  pédicule  garde  sa  verticalité,  déjetant  toujours  du 
même  côté  le  pédicule  qui  la  surmonte  (ce  qui  a  lieu  dans  l'eslivation),  ou 
qu'elle  est  elle-même  dejelée  par  ce  pédicule  usurpateur,  ce  qui  est  l'effet 
ordinaire  de  l'évolution. 

On  peut  montrer  aux  yeux  la  génération  graduelle  de  la  Scorpiure,  en 
commençant  par  les  Scrofulaires  ou  par  Helianthemum  lasiocarpum  Desf., 
qui  n'ont  pas  le  dénivellement,  —  continuant  par  Sedum  hybridum  L.,  qui 
superpose  les  pédicules  en  ligne  brisée,  —  çav  Beliant/iemumniloticum,  qui 
a  les  pédicelles  franchement  opposés  aux  Bractées  et  celles-ci  bien  dé- 
cussées  ;  —  par  Centranthus,  Silène  quinquevulnera  L.,  6".  gallica  L., 
S.  nocturna  L. ,  etc.,  etc. 

Il  y  a  Dicyme  scorpiurée  chez  Sparmannia  palmafa  Eckl.,  Calceolaria, 
Géranium pusillum  L.,  G.  rotundifolium  L.,  etc.,  etc. 

Lorsque  la  Cyme  est  feuillée  et  dimidiée,  on  a  peine  à  ne  la  pas  rapporter 
à  Botrye  décussée.   \inca  major,  minor,  herbacea,  offrent  les  exemples  les 

(1)  Le  surhaussement  des  aisseiières  est  d'ailleurs  fréquent,  on  le  sait,  siu-  les 
Botryes  cl  les  C-Botryes,  soit  décussées,  soit  alternées  :  Thesium,  Spirœa,  Erica, 
Cnestîs,  Suœda,  Samolus  Valerandi  L.  (S.  liijoralis  Labill.  ne  surhausse  pas). 


IlGll  SOCIÉTK    BOTANIQUE    DE   FRANCE. 

plus  singuliers  de  ces  aspects  décevants.  Mais  le  doute  se  dissipe,  quand  on 
observe  le  bouton  très  jeune,  toujours  aine  du  rameau  qui  usurpera  la 
verticaUté. 

La  substitution  est  complète  encore  dans  le  cas  beaucoup  plus  rare  où  le 
mineur  est  un  rameau  feuillant  et  progressif,  tandis  que  le  majeur  reste 
fidèle  à  sa  fonction  régressive  :  Potentillu  reptans  L.,  P.  amerina  L.,  Fra- 
garia  indica.  Cette  Cyme  peut  être  appelée  semi-progressive. 

Sur  Polycnemum  arvense  L.  elle  est  semi-progressive  et  dimidiée. 

Nous  avons  déjà  signalé  la  Cyme  axillaire  des  Cucurbitacées,  qui  est  pro- 
gressive des  deux  côtés,  et  qui  ne  garde  des  caractères  cymiques  que  la 
fleur  aînée  et  centrale  (page  \U'a).  On  peut  à  la  rigueur  lui  contester  le  titre 
de  Cyme  :  la  discussion  du  mot  n'aurait  pas  d'importance  en  ce  cas  parti- 
culier, qui  est  hoiné  jusqu'à  présent  ta  une  seule  famille  (bien  qu'il  l'em- 
brasse tout  entière);  —  ou  à  deux  au  plus,  s'il  faut  reconnaitre  aux  Malva- 
cées  une  intloresccmce  analogue. 

M.  Boisduval  présente  à  la  Société  plusieurs  plantes  en  fleur  qu'il 
eultive  avec  succès  :  Orchis  (jaleata,  Swiia,  nstulata,  saynhucina, 
Erinus  alpiuus,  Bamondia  pyrenaica.  M.  Boisduval  fait  remarquer 
que  dans  \0.  galcata  la  fleur  qui  s'épanouit  la  première  est  celle  du 
haut,  et  que  dans  le  Simia  l'épanouissement  commence  vers  le  milieu 
(leTépi,  ce  qui  ne  justitîe  pas  l'opinion  de  M.  Guillard,  qui  attribue 
aux  Orchidées  Tinflorescence  progressive  (page  ZiO). 

M.  Guillard  répond  qu'il  n'était  pas  besoin  de  l'exemple  des 
Orchis  galcata  et  Simia  pour  savoir  que  la  nature  se  joue  de  nos 
classifications.  Mais  si,  parmi  trois  mille  Orchidées,  on  cite  deux 
ou  trois  espèces  dont  l'épi  très  dense  s'épanouit  d'une  manière  irré- 
oulière,  un  si  petit  nombre  de  faits  anormaux  ne  saurait  empêcher 
de  déclarer  que  l'inflorescence  générale  delà  famille  est  progressive, 
en  groupe  simple  ou  primaire.  Lorsque  les  fleurs  sont  très  serrées, 
l'ordre  d'épanouissement  peut  se  trouver  interverti,  et  cela  se  ren- 
contre dans  quelques  iamilles  :  il  eu  résulte  de  rares  exceptions, 
qui  n'ébranlent  pas  les  lois  générales. 

M.  Eug.  Fournier  présente  à  la  Société  plusieurs  pieds  fleuris  de 
Scllla  Lilio-Hi/acint/ms,  provenant  de  bulbes  qu'il  a  recueillis  au 
Mont-Dore  en  juillet  dernier,  et  qui  ont  été  cultivés  par  son  frère, 
M.  Henri  Fournier. 

M.  Cosson,  secrétaire,  donne  lecture  de  la  seconde  partie  de  la 
lettre  ({u'il  a  reçue  de  M.  le  docteur  Ueboud  : 


si^ANCE  nu  8  MAI  1857.  /i65 

LETTRE   1>K   M.   RRBOUD. 

(SeconJc  partie.) 

lui  tiavers;uil  les  plaloaux  qui  séparent  G ucrrara  de  l'Oued  En-Nsa,  j'ai 
observé  le  Fagonia  lignt'ux  (jue  j'avais  déjà  rencontré  prés  d'Anit  el  Mok- 
tar,  avec  les  Jtimnterium  adpressuni,  Ihnophyton  Deserti^  Uelianthernum 
semiijlorum,  Anthyllis  sericea,  Anabasis  alopecuroides,  —  C'est  pour  la 
troisième  fois  ({ue  ma  tente  est  dressée  dans  le  bas-fond  de  Cxucri-ara,  où 
l'on  a  cboisi  pour  bivouac  la  plaine  au  bas  de  la(|uelle  est  située  la  Coubade 
Sidi  Abdallab  Bon  Altatcha,  près  des  jardins  et  non  loin  d'une  haute  porte 
couronnée  de  créneaux  et  de  mâchicoulis. 

I,a  ville  de  Guerrara,  qui  renferme  700  maisons,  est  assise  sur  un  rocher 
arrondi,  dont  le  sommet  est  occupé  par  la  Djema  et  ses  dépendances;  les 
rues,  assez  larges,  pleines  de  ilocons  de  laines  et  de  morceaux  de  (issus  indi- 
gènes, coupent  la  ville  régulièrement;  oo  y  voit  quelques  marchands  de 
fruits  du  pays,  dont  les  boutiques  sont  à  moilic  remplies  de  noyaux  de 
dattes.  De  la  galerie  à  arcades  de  la  maison  des  hôtes  (bit  el  dinffs),  qui  est 
construite  dans  la  partie  la  plus  élevée  de  la  grande  place,  on  découvre  le 
bassin  où  se  perd  l'Oued  Zegrir  et  où  commence  l'Oued  Zeguièguc;de  là 
la  vue  s'étend  également  sur  l'oasis  entière  qui  renferme  20,000  dattiers,  sur 
la  petite  plaine  de  Foulla  couverte  de  petits  champs  de  Navets,  de  Carottes, 
d'Orge,  etc.,  sur  le  barrage  qui  amène  les  eaux  dans  les  fossés  des  jardins 
et  sur  les  dunes  dont  les  croupes  mobiles  ondulent  au  midi;  çà  et  là  quel- 
ques blancs  marabouts  couronnent  les  points  culminants  des  environs  de  la 
ville. 

Voici  la  liste  des  plantes  observées  autour  de  Guerrara  pendant  les  trois 
séjours  que  j'y  ai  faits  à  des  époques  à  peu  près  semblables  : 

Hjpt'coum  procumbcns  var.  Psoralea  plicata.  Plautago  Psyllium. 

glaucpscciis.  Astragalus  (ioniho  Analiasis  articulata. 

Mattliiola  livida.  Taiiiarix  articulata,  Conuitaca  moiiacaiitha. 

Heuopliytoii  Dcserti.  Paronycliia  argciitoa.  Echinopsilou  niiiricatiis. 

Sisyniliriuiu  Irio.  Eryngium  ilicirotium.  Cailigomun  coniosum. 

Capsclia  Biiisa-pastoris.  Deverra  scoparia.  Eplicdra  aiata. 

Alyssuni  Liljyciiiu.  Scaljiosa  camclonim.  KrylhroslicUis  punctatus. 

Zilla  iiiacroptcra.  Rliaiitcrium  adprcssuiii.  Cyperus  rolundus. 

Ctconie  Arabica.  Auviltca  radiata.  Scirpus  lloloscliœnus. 

Heliaiitiicmiunscssilinorum.  Fraiicœuria  crispa.  Scliismus  catyciiius. 

—  ettipticum.  Asloriscus  graveideiis.  ArthralluTuiu  puugeus, 

HaplopliyttiiniUiberciiIatum.  Hcliotropiuni  uiidulatum.  • —  ptumosutn. 

Retailla  Ra-tain.  Littiospcniuim  callosiim.  —  —  var.  floccusum. 

Aiilhytiis  sericea.  Anlirrhiimiiiramosissiinum. 

Medicago  iaciuiata.  Verbeiia  supiua. 

Kn  1856,  sur  les  talus  des  jardins,  de  jeunes  pousses  couvraient  de  leurs 
feuilles  naissantes  le  sol  encore  humide  des  pluies  de  décembre;  en  1S")7 
•I.  IV  30 


> 


^ 


/i66  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

par  suite  du  manque  de  pluie,  les  jardii^s  de  Guerraia  étaient  d'une 
extrême  aridité.  —  Les  puits  des  villes  du  Mzab  sont  profonds  et  très  nom- 
breux; on  en  trouve  quelques-uns  dans  cliacune  des  villes,  les  autres  sont 
dans  les  jardins  ;  l'eau  qu'on  en  tire  est  potable  et  de  bonne  qualité  ;  l'ana- 
lyse en  a  été  faite  par  M.  Ville,  inijénieur  en  chef  des  mines  de  la  province 
d'Alger,  sur  les  échantillons  que  j'en  ai  rapportés  en  1856. 

De  Guerrara,  la  colonne  s'est  rendue  à  Becheraïa,  sur  l'Oued  Zegrir,  en 
trois  jours  d'une  marche  pénible  dans  un  pays  ondulé,  semé  de  cailloux 
irréguliers  et  tranchants.  —  La  vallée  de  l'Oued  Zegrir  est  resserrée  entre 
de  hautes  berges  mamelonnées,  foiméesde  rochers  disposés  en  gradins.  Sur 
les  bords  du  redir  profond,  qui  l'année  précédente  était  couvert  d'une  riche 
véirétation  herbeuse,  se  rencontrent  des  PistaciaAflantica  au  tronc  noueux 
et  des  touffes  de    Tamarix  nrticuluta  jusqu'au  sommet  desquelles  s'élève 
XEplicdra  ultissimn  (Bou  Farag)  aux  tiges  volubiles  ;  le  Rharmms  li/doirlcs 
y  forme  des  buissons  et  remplace  le  J{/nis  oxyacardlmdes  ;  c'est  la  première 
fois  que  j'observe  cette  espèce  dans  des  parties  profondes  de  la  région  des 
dahias;j'ai  également  observé  dans  les  broussailles  les  feuilles  radicales 
et  les  hautes  tiges  sèches  d'un  Crambe  [C.  Kralikii  Coss.  sp,  nov.)  que 
j'avais  di\jà  rencontré  sur  les  bords  de  l'Oued  En-iS'sa;  le  Fœniculwn  offi- 
cinale, le  Lygewn  Spartum  croissent  avec  quelques  autres  plantes  aux  bords 
des  redirs.  — A  un  kilomètre  de  Bechei-aïa,  sur  les  crêtes  qui  dominent  une 
vaste  dépression  circulaire,  véritable  cuvette  sans  communicalion   avec 
les  oueds  et  les  dahias  voisins,  j'ai  noté  les  plantes  suivantes  qui  poussent 
au  milieu  des  pierres  et  dans  les  fentes  des  rochers: 

Maltliiola...  Semmt.  Plantago  ciliata.  i'rfo/a. 

Miiritandia  sulTrulicosa.  Bcgir.  Caro\ylon  articulalurn.  liciiit. 

Carriclilcra  Vellae.  Agrima.  Salsolacée...  Hadjerem. 
Erodiuni  liirtum.  7'e»(eje,  dont  nos  guides       Artliratliorum  obtusuni.  El  Ouedfe. 

coiiuaissaiiMit  les  tubercules  cornes-      —  ciliatuiii. 

tibles.  Andropogou  lauiger.  Uou  l\equeba. 

l'agonia  Sinaica?  Choreik.  Slipa...  Sama. 
Scorzonera  uudulata.  El  Guise. 

Au  pied  du  coteau,  j'ai  rencontré  les  Eruca  saliva,  lihus  oxyacanthoides, 
(tymnocarpus  decandrm,  Jkverra  scoparia,  Artemisia  Herba-alba,  Aspho- 
delus  fîslulosiis,  Stipa  tortiUs,  etc. 

Au  lieu  de  regagner  Laghoual  par  l'Lugla  de  Medaguin,  nousavoiis  fait 
une  pointe  à  l'est  à  travers  les  dahias  de  JMetouilat,  de  Jaéha,  d'Ouni  Khe- 
cheba,  d'Oum  el  Reneb,  de  Talla  ben  Zegulr,  de  Megrounat-Begeleidat,  de 
Djebel  el  Guern,  d'Aissa  ben  Baaze ,  de  Khéiber,  de  Khouiba,  d'LI 
Kerch,  etc.,  où  dominent  les: 

Sencbicra  iepidioidos.  Zizyplms  LoUis.  Trigonella  anguina. 

Tribiilus  tcrreslris.  Pistaiia  .\tlaiUica.  Anvilloa  radiata. 

Ilapluplijlluiii  tubi'iTulalum.   Hclaina  Ha-taïu.  Fraurœuria  crispa. 


SÉANCE    DU    8    MAI    1S57.  /l67 

AcliilIeaSanlolina.  Teiifriiim  rampanulatum.  Emex  spinosa. 

Arteniisia  Ilorha-alba.  Stalice  ISoiiduellii.  Hiipliorbia  roriiuta. 

—  caniposlris.  Auahasis  articulala.  Kphodra  allissirua. 

Anicbia  (Iccumbens.  Caroxylon  arliciilatum.  I.ygoiim  Spartuin. 

Salvia  lanigera.  Polygouum  equisetiformc. 

Dans  notre  trajet  à  travers  la  dahia  de  Kliéiber,  j'ai  trouvé,  dans  les 
branches  creuses  d'un  vieux  PistaciaAtlantica,  une  substance  résineuse  noi- 
râtre (Semac)  en  partie  soiuble  dans  l'eau  et  dont  les  tolbas  se  servent  pour 
la  préparation  d'une  encre  jaunâtre  que  vous  pourrez  apprécier  par  le  spé- 
cimen ci-joint  (!}.  Sur  les  troncs  de  ces  arbres,  si  précieux  pour  l'ombrage 
qu'ils  offrent  au  milieu  de  ces  plaines  découvertes,  j'ai  récolté  quelques 
beaux  échantillons  du  Seura  ou  Polypore  du  Pistacia  Atlantica. 

Le  23,  nous  avons  remonté  le  cours  de  l'Oued  el  Atar,  l'uu  des  principaux 
torrents  secondaires  du  Sahara  algérien  et  nous  avons  pris  la  direction  de 
Messad.  Parvenus  sur  les  hauteurs  d'Kl  Mafoura,  grand  ravin  de  l'Oued 
Djedi,  nous  avons  découvert  distinctement  le  massif  du  Djebel  Boa  Kaliil, 
où  se  cache  le  Ksar  Amoura.  Le  26  nous  sommes  rentrés  à  Laghouat  par 
la  grande  et  fertile  plaine  de  Ksar  el  Haïran. 

Notre  voyage  a  duré  ^0  jours  ;  pendant  ce  temps  nous  n'avons  vu  tom- 
ber qu'une  légère  pluie  ;  nous  eussions  bien  voulu  cependant  assister  au 
spectacle  d'une  grande  crue  de  l'Oued  Mzab  ou  de  l'Oued  En-Nsa,  et  voir 
les  démonstrations  de  joie  auxquelles  se  livrent  les  populations  du  Mzab 
dans  ces  circonstances  malheureusement  trop  rares.  INous  avons  eu,  au  con- 
traire, la  douleur  de  rencontrer,  dans  les  terres  de  parcours  des  tribus  du 
cercle,  des  centaines  de  cadavres  de  jeunes  agneaux  abandonnés,  parce  que 
les  mères  pressées  par  la  faim  et  la  soif  ne  pouvaient  les  allaiter. 

La  température,  généralement  douce  pendant  la  journée,  se  montrait 
froide  la  tmit  et  surtout  le  matin;  le  thermomètre  est  descendu  plusieurs 
fois  à  — 3°  et  — 6"  et  j'ai  vu  deux  fois  de  la  glace  dans  ma  tente.  Les  troupes 
cependant  n'ont  pas  eu  à  souffrii-,  ayant  du  bois  à  discrétion  dans  les  lieux 
mêmes  du  bivouac.  —  Le  vent  de  nord-ouest,  qui  a  longtemps  soufflé,  n'a 
occasionné  que  de  légères  ophthalmies  déterminées  par  le  sable  fin  (ju'il 
soulevait. 

Nos  provisions  ont  toujours  été  abondantes;  le  Sahara  algérien,  tout  dé  • 
sert  qu'il  est  pour  certaines  personnes,  nous  a  offert  de  splendides  di/fa  de 
dattes,  de  gazelles,  d'arouis  (moufflon  à  manchettes),  de  lièvres,  d'outardes, 
de  perdrix,  de  gangas,  de  pigeons,  de  tourterelles,  d'alouettes,  de  traquets, 
de  crateropes  [Mulurus  ISumidicus),  de  pies  de  Numidie,  de  pies  de  Le  Vail- 
lant, de  pies-grièches,  de  bouvreuils  roses,  de  moineaux  des  dattiers,  de 

(1)  Plusieurs  paragraphes  de  la  lellre  de  M.  Reboud  sontécrils  avec  celle  encre 
naturelle,  d'un  brun  roussâtre,  qui  a  rinconvénienl  de  s'enlever  par  le  lavage. 

{Note  de  M.  Cosson.) 


ZlOS  SOCIÉTÉ    BOTANIQLK    DE    FRANCE. 

l)niants  snharis.  Nous  v  avous  ésalement  rencontré  dos  fenecs  fienard 
ci'Abvssinie),  des  feeds  (espèce  d'once  ou  de  guépnid),  des  lynx,  des  cha- 
cals, des  chats  de  Libye,  etc.  Les  faucons  et  les  fusils  de  quelques  chas- 
seurs que  vous  connaissez  ont  fait  merveille. 

En  somme  nous  avons  fait  nofie  voyage  d'Ouargla,  éloigné  de  la  côte 
d'Alger  de  plus  de  2(K)  lieues,  avec  autant  de  facilité  que  nous  en  eussions 
eu  à  venir  de  Boghar  à  Laghouat.  J'étais  de  retour  à  Djelfa  le  31  janvier, 
et,  comme  d'habitude  à  cette  époque,  le  Djebel  Senalba  et  le  Sebu  Mokhan 
étaient  couverts  de  neige. 


....Je  crois  qu'il  n'est  pas  sans  intérêt  de  vous  donner  la  liste  des  di- 
verses variétés  de  Dattier  cultivées  dans  le  ISlzah,  avec  l'indication  de 
répo([ue  a  la(|uolle  est  pratiquée  la  fécondation,  de  celle  de  la  maturité  des 
fruits  et  du  nombre  d'années  après  lesquelles  les  aibres  portent  des  fruits. 

Noms  des  vaiiélés,  FoconJaliuii.  ]M:ituiiti.' ilcs  fruits.  Nombie  irimucos. 

Deglct  nor A\ril.  Octobre.  5 

Tinuijorts  (dalle  perle] —  —  5 

Tedela —  —  U 

Bcnl-Kehcla  (lille  bleu  reçue)    .  —  —  U 

El  Jfima  (rori)liplinf) —  —  5 

Zcrza —  Novcmb;e.  à 

Timbouheker —  Octobre.  5 

Heucht —  —  U 

Tazizaout —  —  5 

Tuiiadjaie —  Septembre.  li 

Tcdmema Mars.  Août.  h 

Tamzouert —  —  <» 

Ghars —  Septembre.  9 

h'assi  bea  Muuasa Avril.  Oclohro.  5 

DcijlPt  laamar Mars.  Aoûl.  U 

Taouraiju  Sfraia Avril.  Oclobre.  5 

l'iscouine —  —  ^ 

Tasougaret  el  Ilamra —  —  5 

Tainzuuert  el  llefa —  —  5 

Deglct  iaia —  —  ^ 

Deglct  Kuula —  —  5 

Kerbouch  (ronde) —  —  Û 

Kseba —  —  5 

/iou  arowi- (père  du  fiancé).  .  .  ■ —  —  G 

Ihidjuuz'd —  —  «* 

Tinileha —  "^ 

Tibiuuiinc —  "* 

A  piu  d'e\cepllons  près,  ce>  mème>  noms  so  reiroinenl  |.our  les di ver.' es 


SKANCK    DU    8    MAI    1857.  /iBO 

variétt's  de  Daflior  de  l'oasis  de  Lnghouat.  —  On  sait  que  les  dattes  de 
cette  oasis  sont  de  qualité  bieu  inférieure  à  celles  du  Mzab  et  de  l'Oued 
]\iv.  Ik'nian  est  peut-être  la  ville  de  la  confédération  du  iMzal)  où  les  dattes 
sont  le  plus  généralement  de  bonne  qualité.  —  Le  nombre  des  dattiers  de 
l'oued  ^Jzabne  parait  pas  dépasser  120  à  130,000. 

LISTlî   DES  PLANTRS    OBSERVÉES    PAR  M.  LE    IV   REROUD  DANS  LE  SAHARA  Al.f.Kl.lb'N, 
l'END.\Nï  L'EXPÉDITION  DR  1857  DE  LAGHOUAT  A  OUARGI>A  (1),  |.;,r  Itl.  K.  «'«ISSOX'. 

NoTOCERAS  Canarioiiso  R.  Dr.  —  lU-yion  des  daliias  :  Oued  Mazer,  lîcriiari. 
Farsetia  yEgyi)tiaca  Turr.  s.-v.  ovalis  (F.  ovalis  13oiss.).   —  Ciieljka  du  Mzalj  :  .'^aid 
bea  Ali,  Béni  Isgucn;  Oued  Kn-Nsa  :  Besseroudj,  Mgiiima,  Aiiit  el  Chebrog;  Aiiit 
cl  Moktar  sur  l'Oued  Mzab. 
—  liiiearisDiuc.  —  Oued  Eii-Nsa  :  Besscroudj,  Mguiina,  Anit  el  Chebrog. 
Alyssum  Libjcuin  {Koniga  Libyca  R.  Br.  —  Oasis  du  Mzab  :  Oardaïa,  Ocrrian,  el  Atof, 

Guerrara. 
Capsella  Bursa-pasloris  Mœnch.  —  Guerrara. 
BiscuTELLA  Apula  I..  —  RégioQ  des  dahias  :  Daït  bel  Lille,  Tilremt. 
Malcolmia  ^Egyi)tiaca  Sprcng.  {Hesperis  diffusa  Dcne  var.   siliquis  longioribus).  — 

Gardaïa. 
SisïMBRiuM  erysimoides  Desf.  —  Dahia  de  Khéiber;  oasis  de  Gardaïa. 
SiNAPis  arveusis  L,  —  Oasis  de  Gardaïa. 
IIiRscHFELDiA  adprcssa  Mœnch.  —  Redir  de  Bccheraia  sur  l'Oued  Zegrir  ;  Oued  el  Atar; 

Tilremt. 
Henophyton  Deserti  Coss.  et  DR.  {Hcnonia  Descrli  Coss.  et  DR.  olirii).  —  Oued  Mzab  : 
Bordj  Chabaà  Gardaïa,  barrage  d'EI  Atof,  Feidj  el  Naam,  dunes  de  Zolfaiia;  dans 
la  héicha  à  Negoura  et  à  Kkefife;  sur  les  plateaux  entre  l'oued  En-Nsa  et  Guer- 
rara. 
ZiLLA  macroptera  Coss.  —  Oued  et  bas-fonds  de  la  Chebka  du  Mzab  :  Oued  Ourirlou 
OuedMaboula,  Oued  Adira,  Oued  Soudan;   Oued  Mzab  :  Debaï,  Hadjar  Laserej;, 
Anit  el  Moktar;  Oued  En-Nsa  :  Besscroudj,  Requcb  el  Mgulma,  Anit  el  Chebrog, 
dans  la  héicha  entre  Negouça  et  Ouargla  ;  Guerrara;  région  des  dahias:  Aïssa 
ben  Baaze. 
HussoNiA  -Egiceras  Coss.  et  DR.  (//.  uncata  Boiss.).  —  Dahias  au-dessus  de  Guerrara 

Berrian. 
Cleome  Arabica  L.  —  Oued  Mzab  :  Béni  Isguen,  Guerrara;  Berrian,  etc. 
Cappauis  spinosa  L.  var.  canescens  (C.  ovala  Gnss.).  —  Melika;  Bounoura,  Bcni  is- 
guen; el  Atof. 
Helianthemum  ellipticum  Pers.  —  Guerrara. 
—  Cahiricum  Dclilc!  —  Dans  la  chéchia  vers  Khoua  el  Atrous  au  milieu  des  touffes 

û'AnlliylUs  sericea. 
Spergularia  prostrata  {Ahiue  proslrata  Dclile!)  —  Coteaux  calcaires  à  Cedret  eu  ïala 
sur  rOued  Adira  ;  Berrian. 

(1)  Voyez  dans  le  Bulletin,  II,  p.  2;'i2,  la  liste  des  plantes  observées  ddns  celt 
même  région  en  1855. 


/i70  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE    DE   FKANCE. 

Ehodidm  hirtiun  Willd.  —  Rochers  près  du  redir  de  Bechcraïa  sur  l'Oued  Zegrir;  Eugla 
de  Medaguiii. 

—  ciculariutn  L'Hérit.  —  Dahia  de  Tala  Ben  Seguir  :  Tilreml. 

—  nialachoides  Willd.  — Berriau. 

—  guttatum  "NVilId.  —  Dahia  de  Aïssa  ben  Baaze. 

Fagonia   (frulicosa,  absque  floribus   fructibusqiie).  — Rive  gauche  de  l'Oued  Mzab 

entre  Khoua  el  Alrnns  et  Khoua  el  loudi  ;  rive  gauche  de  l'Oued  En-Nsa  le  long 

des  sentiers  qui  mènent  de  Negoura  à  Guerrara. 
ZïGOPHVLLUM  Gesliui  (^oss.  (Z.  sp.  uov.?  olini).  —  Dans  la  héicha  :  Hadjira,  Khefife , 

HassiNaga,  Hassi  Ghegga,  Negouça  ;  forme  toute  la  végétation  spontanée  de  l'oasis 

de  Ouargla. 
Haplopiiïlli'm  lubcrculatum  Adr.  de  Juss.  —  Oasis  de  Bounoura  et  de  Guerrara;  Oued 

Mzab  vers  cl  Debaï;  couvre  la  grande  Dahia  cl  Guelb. 
Peganum  Ilarmala  L.  —  Gardaia. 
RuAMNus  lycioides  L.  —  Redirs  de  i'Oued  Zegrir  près  de  Becheraïa  ;  Oued  Ikel  afflueut 

(le  l'Oued  Zegrir. 
Rétama  Rœtam  "Wcbb!  (R.  Duriœi  var.  phseocalyx  Webb  !  ap.  Balansa  exsicc).  — 

Daliias;  Chebka  du  Mzab;  Oued  Mzab;  Oued  En-Nsa;  plaine  de  la  héicha  près 

de  Ouargla. 
Genista  Saharse  Coss.  et  DR.  —  Oued  En-Nsa  :  Anit  el  Chebrog  à  Kef  Rokma;  Oued 

Mzab  :  Khef  Dokhan  à  Debaï,  Hadjar  Lasereg,  Anit  el  Moktar,  etc. 
Argyroi.obium  uuiflorum  Jaub.  et  Spach.  —  Chebka  du  Mzab  près  de  Berrian  ;  Oued 

En-Nsa  :  Mguima;  Oued  Mzab  :  Kef  Dokhan. 
Ononis  anguslissima  Lmk.  —  Dans  la  cliebka  du  Mzab  vers  l'Oued  Adira;  Bounoura; 

Berrian. 
Anthyllis  sericea  Lagasc.  —  Dans  la  chéchia  vers  Khoua  el  Atrous. 

—  tragacanthoides  Desf.!  —  Rochers  entre  Bounoura  et  Béni  Isguen. 
Medicaco  apiculata  Willd.  —  Champs  des  oasis  du  Mzab. 

—  iaciniata  Ail.  —  Guerrara. 

Tnir.ONELLA  anguiua  Délite  !  —  Dahia  d'Aïssa  ben  Baaze. 

PsoRALEA  plicata  Delile  !  —  Chebka  du  Mzab  :  Oued  Soudan  ;  Oued  En-Nsa  :  Besseroudj  ; 

Oued  Mzab:  entre  Debaï  et  Hadjar  Lasereg;  Guerrara;  Dahïa  de   Feïla  près 

Guerrara. 
AsTRAGAUs  Gombo  Coss.  et  DR.  —  Oued  Mzab  :  Debaï  ;  el  Atof  ;  Guerrara,  etc. 
Clcumis  Colocynlhis  L.  —  Guerrara  (abondant). 
Tamarix  Gallica  L.  —  Kugla  de  Khefife  au-desssus  de  Negouça. 

—  arliculata  Vahl.  —  Bords  de  l'Oued  En-Nsa  depuis  Mguima  jusqu'à  Anit  el  Che- 

brog; Dahia  de  Feïla  près  Guerrara. 

—  pauciovulata  J.  Gay  !  —  Kugla  do  Khefife  au-dessus  de  Negouça. 
JIkhniakia  fruticosa  L.  —  Rochers  au-dessus  de  l'oasis  de  Bounoura. 

LoEPLiNGiA  Hispanica  L.  —  Berges  rocailleuses  de  l'Oued  En-Nsa  vers  le  Kef  el  Rokma. 

Nitraria  tridentata  Desf.!  —  Negouça. 

Eryncium  ilicifoiium  Lmk.  —  Entre  Gardaia  et  Melika;  Bounoura;  Guerrara;  Dahia 
de  Tilreiiit. 

FoEKicuLUM  officinale  Ail.  —  Chebka  du  Mzab  :  Becheraïa  sur  l'Oued  Zegrir;  Oued  En- 
Nsa  :  Meguel  el  Kéhol. 


sÉANCii  nu  8  ^\\l   JS57.  471 

DiiViiriRA  scoparia  Coss.  ot  DR.  —  Oued  K(<l)cli  ;  Oued  lialoli  ;  OiiocJ  Soudan;  Oiinl 
y\(lira  ;  Oued  iùi-Nsa  :  iJessermulj  ;  Oued  Mzab  :  ClKniikhat,  Feidj  cl  Nanui,  lladjar 
l.ascreg;  Gucrrara;  lîerriaii. 

CvNOMoniuM  coccineuni  L.  —  Oued  cl  Atar. 

NoLLtTiA  chrysocoinoides  Cass.  —  Oued  M/ali  :  Molika,  Bouiioura,  Boni  Isfînon. 

Rhantkurm  adprossuni  Coss.  cl  DIl.  —  Gucrrara  ;  iilalcau  entre  (iuerrara  et  l'Oued  Mri- 
Nsa  ;  abondant  sur  les  bords  de  l'Oued  Kn-Nso  depuis  KeC  cl  Hoiviiia  jus(iu';i  Anit 
cl  Chobrog;  Oued  Mzab  :  Feidj  el  Naain,  .\nit  cl  Moktar,  etc. 

FnANcœuRiA  crispa  Cass.  —  Oued  Fn-Nsa  :  (Uicrrara  ;  région  des  Dahias  :  Oued  Sci- 
boussa.  Oued  Mazcr,  Tilremt,  Dabia  el  Guelb  près  de  l'Oued  cl  Atar. 

AsTERiscus  pygmaîus  Coss.  et  DK.  (.4.  aquaticus  var.  pygmœus  DC.  !)  —  Chebka  du 
Mzab. 

P.ALLENis  s[)inosa  Cass.  var.  {Buphlhalmiim  aureum  Salzm.!).  —  Redir  de  l'Oued  Ze- 
grir  à  Bcchcraïa. 

Anvili.ea  radiala  Coss.  et  DR.  — Dahia  d'Aïssa  beu  Baaze  ;  Dabia  de  Mogrounat;  Be- 
gleidat;  Kliéiber  ;  Oued  En-Nsa;  Oued  Mzab;  Gucrrara. 

AciuLLiiA  Santolina  L.  —  Dahia  de  Khorba,  de  Kouliouni  dans  le  bassin  de  l'Oued 
Djcdi  ;  Dabia  de  Tilremt. 

Artemisia  Hcrba-alba  Asso  var.  —  Très  abondant  dans  les  dahias  ;  Bounoura  ;  Oued  En- 
Nsa  :  Besseroudj,  Mguima;  Oued  Mzab  :  Kef  Dokhan  au-dessous  d'EI  Atof. 

Leyssera  capiliifulia  DC.  [Gnaphaliiun  leysserokles  Dcsf. !).  —  Oasis  de  Bounoura. 

Cai.endlxa  gracilis  DC.  — •  Oued  Mazcr. 

Atractïlis  citrina  Coss.  et  Kr.  {A.  flava  Coss.  et  DR.  olim  non  Desf.).  —  Chebka 
du  Mzab  :  Cedret  en  Talla,  Oued  Adira,  El  Atof;  Oued  Mazcr,  etc. 

Centaurea  Mciitcnsis  L.  (C.  Apula  Lmk).  —  Oued  el  Atar. 

Kentrophvllum  lanatuni  |)C.  —  Région  des  dahias  :  Oued  el  Atar,  Oued  Seiboussa, 
Megrounat,  Begcléidat,  Djebel  e!  Gucrn,  Oum  el  Reneb. 

Carduncellus  eriocephalus  Boiss.  —  Oued  Zeguiègue  au-dessous  de  Gucrrara  ;  Mguima. 

Scorzonera  undulata  Vahi.  —  Rochers  calcaires  à  Becheraïa  sur  l'Oued  Zegrir. 

Samolus  Valeraodi  L.  —  Oasis  de  Negouça. 

Erythr  EA  spicala  Pers.  —  Oasis  de  Negouija, 

Cu.woLVLiLus  arvensis  L.  —  Commun  dans  les  dahias. 

IIeliotrupil'm  undulatum  Vahl.  —  Guerrata. 

Anchusa  hispida  Forsk.  —  Rochers  des  environs  de  Bounoura. 

SoLANUM  nigrum  L.  —  Plaine  de  Foulla  près  Gucrrara;  Berrian. 

—  villosum  Lmk.  —  Plaine  de  Foulla  près  Gucrrara  ;  Berrian. 

WiTiiANiA  somuifera  Dunal  {Physalis  somnifera  Link).  —  Jardins  du  Mzab;  Gardaïa. 

Linaria  fruticosa  Dcsf.  —  Chebka  du  Mzab;  Oued  Adira. 

Antirrhlnum  raraosissimum  Coss.  et  DR.  —  Chebka  du  Mzab  :  Oued  Baloh,  Oued 
Kébeh,  Oued  Adira,  Oued  Soudan,  Oued  Zegrir;  Oued  Mzab  :  Béni  Isgueu ,  el 
Atof,  Debaï;  Oued  Ea-Nsa  :  Couba  Sidi  Abdallah  el  Mnéï,  Anit  el  Chebrog;  dans 
la  héicha. 

ScROFiLARiA  Dcsertl  Delile.  —  Oued  Djedi. 

Verbena  supina  L.  —  Commua  dans  la  région  des  dahias  :  Aïssa  ben  Baaze,  Khéiber, 
Dahia  de  Ouargla  près  Guerrara,  Tilremt,  etc. 

Salvia  lanigera  Desf.  —  Dahia  d'Aïssa  ben  Baaze;  Dahia  d'Ouargla  près  Guerrara. 


A72  SOCIÉTÉ  BOTANIQUIÎ    DE   FKANCt:. 

Salvia  .î-lgj  ptiaca  L.  — Chebka  du  Mzab  :  Oued  Adira,  Oued  Muboula;  Oued  Eu-Nsa; 

région  des  daliias. 
MAimiiEiuM  Deserli  de  Noé  ap.  Balansa  cssicc.  {Sideritis  Deserli  de  Noé  i»  HuU.  Soc. 

bot.)  —  Chebka  du  Mzab  ;  Oued  Kébch,  Berrian,  Oued  Adira  ;  Gardaïa  ;  El  Atof. 
Teucrium  campanulalum  L.  —  Dahia  d'Aïssa  beo  Baazc. 

—  Polium  L.  —  Chebka  du  Mzab  ;  col  de  Zeiiibala;  Oued  En-Nsa. 

SiATicr,  Boiiduellii  I.estib.  in  Ann.  se.  nat.  —  Dahia  d'Aïssa  ben  Baaze;  Dahia  dOuar- 

gla  près  Guerrara  ;  Dahia  de  Sidi  Ali  Soltau;  Dahia  de  Tilremt;  Oued  el  Atar. 
Plantago  ciliata  Desf.  —  Guerrara. 

—  Lagopus  L.  —  Oued  cl  Atar  ;  oasis  de  Gardaïa. 

—  amplexicaulis  Cav.  —  Dahia  d'Aïssa  Ren  Baaze. 

—  PsylliUMi  L.  —  Bcclieraïa  sur  l'oued  Zegrir. 
CuENOi'ODiUM  murale  \..  —   Champs  de  Foulla  près  Guerrara. 
Atriplex  dimorphostegia  Karel.  et  Kiril. —  Auprès  des  puils  à  Kliofife. 
EcHiNOPsiLO.N  muricalus  Moq.-Tand.  —  Dabias,  oued  et  bas-fond  du  Mzal). 
Hai.ocnemum  strobilaceum  M.-Bieb.  —  Sebkha  près  Negoura, 

Su^EDA  vcrmiculata  l'orsk.  —  Héicha  de  Hadjira  (abondant);  Negouça;  Khefife. 
TnAGANi  M  nudatum   Delile.  —  Guerrara;  plateau  près  Auit  el  Moktar;  Eugla  de 

KkcGfc. 
Carosïlon  ictragonum  Moq.-Tand.  —  Héicha  près  de  Negouça  et  jusqu'à  TEugla  de 

KhcDfc  (abondant). 

—  arliculatuni  Muq.-Tand.  —  Région  des  dahias. 

Salsola  verniiculala  L.  —  Beui  Isguen  ;  plateau  entre  l'oued  En-Nsa  et  Guerrara. 
Anabasis  alopecuroides  Mo(i.-Taud.  [Salsula  alopecuroides  Delile!).   —  Rive  droite  de 

l'Oued  Mzab,  constitue  le  fond  de  la  végélatiuu  entre  Hadjar  Lasereg  et  Anit  el 

Moktar. 

—  articulata  Moq.-Tnnd.  —  Très  commun  dans  le  Mzab. 

No^EA  spinosissima  Moq.-Tand.  —  Point  de  partage  des  eaux  à  2d  lieues  au  sud  de 
Laghouat;  Khorba,  etc. 

CoRNULACA  inonacautha  Delile!  —  Dans  la  héicha  à  Khefife;  Anit  el  Chebrog  ;  Guer- 
rara. 

Amarantis  sylvestris  Desf.  —  Champs  cultivés  des  oasis  du  Mzab. 

PoLïGO.NLM  aviculare  L.  —  Dahia  d'Aïssa  beu  Baaze. 

Calligonum  comosum  L'IIérit.  —  Oued  En-Nsa  :  Requeb  el  Kehal ,  Anit  el  (Miebrog; 
Guerrara;  Anit  cl  Cliouikhat. 

Passgrina  (Thymebx'a)  microphylla  Coss.  elDR.  —  Oued  Adira;  Gardaïa;  Ueni  Isguen  ; 
Fcidj  el  Naani  sur  l'Oued  Mzab. 

Ec^'HORiiiA  Chama'syce  L.  —  Dahia  de  Aïssa  ben  Baaze,  de  Tilrenil,  de  Uuargia  près 
Guerrara. 

—  calyptrala  Coss.  et  DR.  —  Dahia  de  Tilremt. 

—  Guyouiaua  Boiss.  et  Reut.  —  Dune  à  l'est  de  Negouça. 

—  Pcplus  L.  —  Oasis  du  Mzab. 

—  falcata  L.  —  Dahia  de  Tilremt. 

Crozopiioka  verbascifolia  Adr.  de  Juss.  —  Oued  Mzab  vcrsChouikhat;  Berriau. 
FonsKALEA  tenacissima  L.  — Melika. 
Epbedua  alata  Donc!  —  Oued  Eu-Nsa. 


séani;k  du  8  mai  1857,  Û73 

Epui'Dra  allissinia  Dcsf.  !  —  Dahia  do  Talba'hpo  Ze:;uir,  dft  Khoibor;  rodir  de  Ucchoraïa 

sur  Pdiicd  Zcf^rir. 
AsPHuDELus  fislulosus  L.  —  Rocailles  de  l'Oued  En-Nsa. 
Asparagus  liorridus  L.  —  Daliia  d'Aïssa  bcn  Baazp;  Oued  Zogrir. 
EnvTiiROSTiCTi!s  |)unc(a(us  Schleclit.  (Melanlhium  punctaliim  Cav.)-  —  Dahia  d'Ouafla 

près  Guerrara;  Oued  Mzab;  Kbodre;  Oued  Eti-Nsa  ;  plalcau  cuire  l'Oued  Eu-Nsa 

et  Gucrrara. 
SciRPL'S  Iloloschœnus  L.  —  Euvirons  des  puits  et  lieux  inondés  du  Mzab  ;  Medaguiu. 
Cyperus  rotundus  L.  —  Ouerrara. 
I'ennisi-.tum  dichotomum  Delile!  —  Oued  Nimel  ;  Oued  lùi-Nsa  ;  redir  de  Bcchcraï.i  sur 

rOued  Zegrir. 
Andropogon  aunulatus  Forsk.  —  Oued  Mazer. 
SïiPA  torlilisDesf.  —  Redir  de  Becheraïa. 

—  tcuacissimaL.  —  Non  observé  au  sud  de  l'Oued  Zebeibija. 
Arthratherum  pungens  P.  B.  —  Dunes  entre  Negouça  et  Ouargla. 

—  ciliatum  Nées. —  Collines  calcaires  de  la  région  des  duhias  (abondant)  ;  Oued  cl  Atar. 
• —  plumosum  Nées  var.  floccosuni.  —  Mzab. 

—  obtusum  Nées.  —  Région  desDahias;  Dahia  d'Aïssa  bcn  Baaze. 
Cynodon  Daetylon  Rich.  —  Béni  Isguen. 

Furagmites  conimunis  Trin.  var.  Isiacus  {Arundo  Isiaca  Delile!).  — Dunes  entre  Ouargla 

et  Negouça. 
Parmema  esculenta  Sprcng.  (FI.  Ahjcr.  crypt.  —  Lichen  esculentus  Pall.  —  Lecanora 

esculenla  Eversm.)-  —  Abondant  dans  la  Chebka  du  Mzab;  Redir  de  Becheraïa  ; 

Dahia  de  Talla  ben  Zeguir,  de  Boutrekfine,  de  Deba,  de  Tilrcmt,  etc. 

M.  Cosson  présente  à  la  Société  plusieurs  espèces  rares  ou  nou- 
velles de  la  régence  de  Tunis,  et  fait  les  communications  suivantes  : 

ITINÉRAIRE  D'UN  VOYAGE  BOTANIQUE  EN  ALGÉRIE,  ENTREPRIS  EN  185G  SOUS  LE 
PATRONAGE  DU  MINISTÈRE  DE  LA  GUERRE ,  par  M.  E,  COSSOTV. 

(Treizième  partie.) 

Le  10  juin,  après  avoir  fait  mes  adieux  à  MM.  Kralik  et  Mares,  qui  ne 
doivent  quitter  Lagiiouat  que  le  15,  je  pars  accompagné  de  M.  Geslin,  qui 
ilùjix,  la  veille,  avait  bien  voulu  me  guider  dans  une  riche  herborisation,  à  la 
montagne  de  la  Seridja,  dans  les  sables  et  les  alluvions  de  l'Oued  Mzi  et  dans 
la  plaine  jusqu'à  El  Assafia  ;  nous  devons  suivre  la  route  de  Laghouat  à  Alger 
Jusqu'au  caravansérail  de  Sidi  Makhelouf,  situé  à  environ  Ud  kilomètres  au 
nord  de  Laghouat,  et  de  là  gagner,  le  soir  même,  Taadmit,  à  36  kilomètres 
environ  au  nord-ouest  de  Sidi  Makhelouf,  et  où  M.  IMargueritte  nous  a 
donné  rendez-vous.  —  Au  sortir  de  l'oasis,  la  plaine  est  bornée  à  Test  et  à 
l'ouest  par  les  montagnes  nues  du  Kef  cl  Zebaz  et  du  Ras  el  Aioun;  dans 
les  terrains  argilo-sablouneux  des  bords  de  la  route,  j'observe  un  grand 


Ixlli  SOCIÉTÉ   BOTAMQUli    Dli   lUANCE. 

nombre  d'espèces  intéressantes,  parmi  lesquelles  je  me  bornerai  à  citer  les 
Rebondia  erucorioides,  Lonc/top/tora  Capiomontiana  et  Asphodelus  pcnduli- 
nus;  nous  dépassons  bientôt  le  grand  barrage  de  l'Oued  Mzi,  au  pied  du  Ras  el 
Aïoun  (tète  des  fontaines),  destiné  à  relenir  les  eaux  de  l'oued  et  à  en  élever 
le  niveau,  afin  que  l'irrigation  puisse  s'étendre  sur  une  plus  large  surface. 
Plus  loin,  la  plaine  est  bornée  à  l'est  par  le  Kcf  Metlili,  et  à  l'ouest  par  le 
Djebel  Milok,  qui  forme  un  vaste  massif  rectangulaire.  Nous  nous  arrêtons 
quelques  instants  au  poste  de  ]Mellilî ,  nous  y  trouvons  réunis  les  EupJiorbia 
cornuta  et  calyptrata  (.\m  croissent  pêle-mêle,  et  nous  pouvons  constater, 
sur  le  terrain,  la  valeur  et  l'invariabilité  de  leurs  caractères  distinctifs. 
A  partir  de  là  ces  deux  espèces  sont  assez  abondantes,  et  nous  les  verrons, 
sur  beaucoup  de  points  ,  former  de  nombreuses  touffes  dans  la  plaine 
jusqu'au  caravansérail  d'Aïn  el  Ebel  ;  quelques  Pistacia  Atlantlca  sont 
disséminés  çà  et  là,  et  leur  feuillage,  d'un  beau  vert,  contraste  avec  la  teinte 
terne  du  sol  argilo-sablonneux.Ici  dominent  encore  les  plantes  de  la  région 
saharienne;  nous  notons  entre  autres  les  Statice  Bonduellii,  Marrubium 
Deserti,  JSoUetia  chrysocomoides^  AiHhratherum  obtusum,  Leyssc^a  capil- 
lifolia,  Alyssum  macrocalyx,  etc.,  et  nous  recueillons  Y Euphurbia  luteola^ 
que  nous  retrouverons  fréquemment  jusqu'au  delà  de  Djelfa.  Au  pied  du 
Djebel  Touila,  qui  s'élève  à  l'ouest  de  la  route,  s'étend  une  vaste  dépres- 
sion où  l'eau  séjourne  après  les  pluies,  et  qui  est  désignée  sous  le  nom 
de  Dahia  de  Grar  el  Hamra.  Dans  l'argile  humide  de  cette  dahia  croit  en 
extrême  abondance  le  Francœuria  laciniata,  que  I\l.  Geslin  m'y  avait 
signalé,  et  j'y  note  la  présence  du  Trigonella  anguina;  c'est  à  cette  même 
localité  que  M.  le  docteur  Reboud  a  retrouvé  le  Senebiera  lepidioides,  qu'il 
avait  découvert  dans  le  Mzab.  Dans  les  sables  qui  précèdent  Sidi  jMakhelouf, 
dont  le  caravansérail  s'élève  sur  la  droite  de  la  route,  au  sommet  d'un  coteau, 
nous  voyons  les  Ammochloa  subacaulis,  N onneaplianerantherciy  Kœlpinia  li- 
nearis,  eic.  Quelques  dattiers,  restes  d'anciennes  cultures  et  les  derniers  que 
nous  ayons  vus  au  nord  de  Lagbouat,  existent  sur  la  pente  rocheuse  du  co- 
teau sur  lequel  est  construit  le  caravansérail  (a  une  altitude  de  900  mètres), 
auprès  du  marabout  dont  il  tire  son  nom.  Le  caravansérail  de  Sidi  ]Makhe- 
louf,  comme  tous  ceux  ou  nous  devons  nous  arrêter,  consiste  en  une  vaste 
enceinte  rectangulaire  à  laquelle  donne  accès  une  porte  monumentale,  et 
dont  les  murs  sont  élevés  de  plusieurs  mètres  ;  la  maison  des  hôtes,  et  des 
hangars  adossés  au  mur  de  clôture,  servant  de  magasins  et  d'écuries,  com- 
plètent l'ensemble  de  l'édifice.  Pendant  les  apprêts  du  déjeuner,  nous 
faisons  une  courte  herborisation  aux  environs  et  une  visite  aux  cultures 
et  au  jardin  dépendant  du  caravansérail.  Près  de  la  porte  d'entrée 
se  trouvent  VEnarthrocarpus  ckwatus ,  VOnopordon  acaule  et  VAchi/lea 
SunUAIna.  Sur  la  pente  argilo-sablomieuse  du  coteau,  au  voisinage  des 
touffes  de  datlieis,  nous  notons,  entre  autres,  les  Echiaopsiluii  muricatus, 


SÉANCE    DU    8    MAI    1857.  /|75 

Deverra  chlorantha,  Onnpordon  atnhigunm,  fcRtnca  divaricata  et  Mcm~ 
phifica,  Cen(m(7'ca  jio/ yacantha,  Afi-acti/lis  flaua,  Marrubium  iJeaerti^  Passe- 
rina  microp/ti/l/a,  Brassirn  Tourne  fort  ii,  etc.;  l'Onoiiin  am/nstissiinn  y  est 
extrêmement  abondant:  dans  les  terrains  salés,  situés  au  pied  du  roteau  et 
où  viennent  se  perdre  les  eaux  de  petites  sources,  nous  observons  les  7'ru- 
gammi  nudatum,  Phelipœa  lutea,  Convolvulus  supinus,  Scirpus  flolo&chœ- 
nus,  Statice  globulariœfolia,  Lepturus  incurvatus,  etc.  —  De  Sidi  Makhe- 
louf  àTaadmit  nous  nous  éloignons  de  la  route  de  Lagbouat,  pour  nous  rap- 
procher du  cours  de  l'Oued  Mouladanc,  que  nous  longeons  jusqu'à  Taadmit; 
et,  dans  les  terrains  argilo-sablonneux  que  nous  traversons  par  une  montée 
peu  prononcée  mais  continue,  nous  voyons  toujours  dominer  les  espèces 
sahariennes,  et  la  végétation  ne  diffère  pas  sensiblement  de  celle  des  envi- 
rons de  Sidi  Makhelouf  ;  en  effet,  nous  ne  trouvons  guère  à  ajouter  à  notie 
liste  que  le  Lotus  pusillus,  \g  Linaria  fruticosa  et  VAtract//lis  diff'um  qui 
croit  pêle-raèleavec  VA.  microcepliala,  dont  il  se  distingue  sur  le  terrain  par 
ses  tiges  étalées,  diffuses,  et  par  ses  capitules  plus  gros,  à  involucre  presque 
glabre,  à  folioles  plus  larges.  Vers  la  tombée  de  la  nuit  seulement,  nous 
arrivons  à  Taadmit,  réunion  de  villages  arabes  qui  avaient  été  abandonnés 
par  les  indigènes,  et  que  M.  le  commandant  Wargueritte  a  fait  relever  en 
partie  de  leurs  ruines.  Les  quelques  maisons  que  l'administration  française 
a  fait  reconstruire  occupent  la  base  d'un  coteau  rocailleux  situé  aux  bords 
d'un  vaste  marais,  dont  le  terrain,  assaini  par  des  canaux  et  de  nombreux 
fossés,  est  converti  aujourd'hui  en  riches  prairies,  qui  sont  fauchées  par  les 
soins  de  l'administration  et  dont  les  foins  servent  à  l'approvisionnement  de 
la  garnison  de  Laghouat.  Les  travaux  d'assainissement  permettront,  lorsque 
Taadmit  sera  devenu  un  centre  de  colonisation,  de  livrer  à  la  culture  d'assez 
larges  espaces,  et  déjà  existent  sur  les  bords  du  marais  de  beaux  champs 
de  Pommes-de-terre  et  de  Blé  encore  sur  pied.  Les  eaux  de  l'Oued  Moula- 
dane  qui  traverse  le  marais,  sont  retenues  à  El  Outhia  par  un  vaste  barrage 
récemment  établi  et  presque  aussi  important  que  celui  du  Rocher-de-Sel. 
Je  regrette  beaucoup  de  n'avoir  pu  visiter  ce  beau  travail,  qui  sera  un 
nouvel  élément  de  richesse  pour  le  pays. —  C'est  avec  un  vif  plaisir  que  je 
retrouve,  dans  une  maison  du  village  où  nous  devons  passer  la  nuit,  M.  le 
commandant  Margueritte,  qui  me  présente  à  M.  le  capitaine  Carus,  chef  du 
bureau  arabe  de  Laghouat,  et  à  M.  le  lieutenant  Philibert,  commandant 
supérieur  de  Djelfa.  Dans  la  soirée,  M.  Geslin  ressent  les  premières  atteintes 
d'une  grave  dyssenterie,  et  M.  Margueritte  se  joint  à  moi  pour  l'engager  à 
retourner  dès  le  lendemain  à  Laghouat,  où  il  pourrait  recevoir  tous  les  soins 
que  réclame  son  état. 

Le  11  juin,  j'utilise  les  quelques  instants  dont  je  puis  disposer  jusqu'au 
départ,  fixé  par  M.  Margueritte  à  huit  heures  du  matin,  pour  faire  une 
petite  herborisation  sur  le  coteau  rocheux  où  est  construit  le  village;  là  je 


A7C  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

rencoutrc  plusieurs  espèces  qui  indiquent  l'altitude  déjà  assez  j:;rande  de  lu 
localité,  telles  que  \es  Bra.'^sica  Grcœhiœ,  Arabis  auriculata,  Dianthm  vir- 
gineus,  Polycarijon  Bivonœ,  Bitplevrum  spinosum ^  Valerianella  step/iano- 
don,  Centaurea  Parlatoris^  Phœnixopm  vimmeus,  And  rosace  maxima, 
Sideritis  viontana,  Polijcmmmn  Fontanesii,  Ondthogahim  sessiliflorum, 
Mclica  Cupaniy  Avenu  pratensis,  Festuca  cynosiiroides,  etc.  Aux  environs 
du  village,  dans  les  champs,  se  letrouveuL  quelques  espèces  de  la  région 
saliarienne,  entre  antres  le  Centaurea  polyacantha  et  le  C.  omphalotricha 
(jni  n'avait  encore  été  observé  ([u'à  Biskra.  Nous  ne  tardons  pas  à  nous 
mettre  en  route   pour  Aïn  el  i'^bel,  distant  d'environ  dix  lieues,  où  nous 
ilevons  nous  rendre  en  passant  par  le  Ksar  Ilamara.  Après  un  trajet  d'environ 
une  lieue,  dans  une  plaine  rocailleuse,  nous  arrivons  au  pâturage  où  se 
trouve  eu  ce  moment  une  fraction  du  magnifique  troupeau-modèle  de  brebis 
réuni  par  les  ordres  de  M.  le  Gouverneur  général.  Ce  groupe  d'animaux  se 
compose  d'environ  125  brebis,  choisies  parmi  les  plus  belles  bêtes  des 
tribus,  et  remarquables  par  la  beauté  de  leurs  formes  et  de  leur  toison; 
plusieurs  béliers  mérinos  de  la  race  Kambouillet,  mêlés  au  troupeau,  doivent 
le  féconder.  J^aualogie  qui  existe  entre  la  végétation  des  hauts  plateaux  de 
l'Algérie  et  celle  du  centre  de  l'Espagne,  patrie  de  la  race  mérinos,  est  un 
indice  presque  certain  du  succès  réservé  à  une  expérience  si  importante  au 
point  de  vue  de  l'amélioration  de  la  race  ovine  indigène.  M.  Geslin,  malgré 
l'indisposition   lontil  commence  à  beaucoup  souffrir,  a  voulu  nous  accom- 
pagner jusqu'à  V  ette  fraction  du  troupeau  confié  à  sa  surveillance;  il  me 
fait  observer  qu'ux  graud  nombre  de  brebis  sont  déjà  fécondées  et  que  nous 
n'avons  sous  les  yenx  qu'une  faible  partie  de  l'ensemble  du  troupeau,  car 
près  de  /iOO  autres  h  ebis  doivent  être  de  même  croisées  avec  des  béliers 
Rambouillet,  et  enfi.    un  troisième  troupeau  ne  compte  pas  moins  de 
800  brebis,  également  'choisies  dans  les  tribus,  et  qui  seront  fécondées 
par  92  béliers  indigènes,  afin  d'obtenir  des  résultats  comparatifs.  Nous 
déterminons  IM.   Geslin  à  retourner  à  Laghouat,  car  son  état  ne  laisse  pas 
de  nous  domier  des  inquiétudes,  bien  que  nous  soyons  loin  cependant  de 
prévoir  la  terminaison  l'atale  de  cette  maladie  à  laquelle  il  devait,  peu  de 
jours  après,  succomber  malgré  tous  les  efforts  de  la  médecine. 

Dans  la  plaine  rocailleuse  que  nous  traversons,  se  trouvent  réunies  à  des 
espèces  sahariennes  un  certain  nombre  de  plantes  de  la  région  des  hauts 
plateaux.  J'y  vois  en  assez  grande  abondance  VAtractylis  diffusa  ^  qui 
y  croit  avec  les  Atractylis  microcep/tala  et  proliféra.  Après  avoir  contourné 
un  massif  de  rochers,  sur  lesquels  sont  espacés  des  pieds  de  Pistacia  Atlan- 
tica  el  des  buissons  de  Juniperus  Phœnicea,  nous  ne  tardons  pjis  à  arriver 
au  petit  Ksar  Ilamara,  bâti  au  pied  d'une  colline  rocheuse,  et  dont  les  jar- 
dins sont  arrosés  par  les  eaux  abondantes  et  pures  d'un  ruisseau  qui  prend 
sa  source  au  pied  même  de  la  colline.  De  magnifiques  Abricotiers  couverts 


sÉANCiî  nu  8  MAI  1857.  /i77 

(le  fruits  déjà  mûrs  pour  la  plupart,  dominent  dans  la  plantation  des  jar- 
dins, où  se  rcnconlrcnt  t-galeinent  le  Fit:uier,  le  Pèclur,  le  (irenadicr,  le 
Cognassier  et  la  Vigne;  les  eultuies  potat^eres  sont  les  mêmes  que  dans  les 
autres  ksour;  mais  Je  vois  avec  plaisir  que  de  plus  la  Pomme-de-tcrrc  a 
pris  maintenaiit  une  assez  lar<ic  place  dans  les  jardins.  Je  mets  à  profit  les 
instants  que  MM.  Mariiueritte,  Philibert  et  Carus  consacrent  au  rèiilemcnt 
de  quelques  atïaircs  administratives,  pour  reconnaître  la  végétation  des 
enviions  du  ksar;  Dans  les  endroits  arrosés  des  jardins,  je  ne  rencontre  comme 
d'habitude  que  des  espèces  purement  européennes;  mais  dans  les  terrains 
incultes  et  en  iViclie  je  retrouve  les  AtructijUs  //rolifera,  Lonrhophora 
Copiomontiana,  avec  VAnvillca  radiata  dont  cette  localité  est  peut-être  la 
station  la  plus  septentrionale  sur  la  route  de  Laghouat  à  Uoghar.  —  Le 
trajet  d'environ  8  kilomètres  que  nous  parcourons  jusqu'à  Aïii  el  Ebel,  ne 
m'offie  rien  de  particulier  à  noter;  je  mentionnerai  seulement  la  belle 
source  d'Ain  Metroua,  dont  les  eaux  viennent  sourdre  dans  un  assez  grand 
bassin  naturel  creusé  à  fleur  de  terre  dans  un  rocher.  Bientôt  nous  arrivons 
à  la  dépression  du  sol  désignée  sous  le  nom  de  Dahia  d'Ain  el  Ebel,  et  qui 
s'étend  à  la  base  du  coteau  sur  lequel  sont  construits  le  caravansérail  d'Ain 
el  Ebel  et  une  maison  de  commandement  (à  environ  1025  mètres)  :  les 
terrains  salés  de  la  daliia,  où  croissent  les  Lepidium  suhulatum,  Fran- 
kenia  thi/mifolia,  Atriplex  parvifolia.  Salsola  vermiculata,  Tmfjonwn 
niidatum,  Arnehia  Vivianii,  sont  déjà  en  partie  défiichés,  et  des  champs 
de  Blé  et  de  Poiumes-de-terre  d'une  belle  venue  donnent  la  mesure  de  la 
fertilité  de  ce  sol,  lorsque  par  l'irrigation  on  empêche  le  sel  d'eftleurir  à 
sa  surface.  De  nombreux  ouvriers  militaires  de  la  garnison  de  Laghouat 
sont  occupés  à  établir  des  norias  et  à  creuser  des  canaux  d'irrigation,  et 
bientôt,  grâce  a  ces  travaux,  un  large  espace  pourra  être  livré  à  la  grande 
culture.  Après  avoir  visité  les  travaux  avec  M.  Margueritte,  je  consacre 
le  reste  de  la  journée  à  explorer  les  berges  du  ruisseau  qui  descend  du 
coteau  sur  lequel  est  construit  le  caravansérail,  et  le  petit  plateau  argilo- 
sablonneux-gypseux  qui  s'étend  du  earavansérail  jusqu'à  une  colline 
pierreuse  qui  le  limite  au  nord.  Sur  le  bord  du  ruisseau  et  sur  les  berges 
argileuses  escarpées  et  ravinées  qui  l'encaissent,  se  rencontrent  les  Sisym^ 
bi'iuni  torulosicm,  (Jnonis  angustissima,  Hippocrepis  bicontorta^  Cyrtolepis 
Alexandrina,  Pulicaria  Arabica,  Pyrethrum  fuscaêwn,  Calendula  platy- 
carpuy  Soncims  divaricatus,  Echiochilon  fruticosicm,  Slaticc  globidariœ- 
foiia,  Salsola  vertniculata,  Halocncmwn  sfrubilaceum,  etc.  Sur  le  plateau, 
ainsi  qu'à  la  plupart  des  stations  depuis  Sidi  Makhelouf,  se  trouvent  réunies 
à  un  assez  grand  nombre  d'espèces  sahariennes  quelques  plantes  des  hauts 
plateaux  :  en  effet,  j'y  note  entre  autres  les  Ceratocephalus  falcatus,  Nas- 
turtium  coronopifolium^  Moricandia  teretifolia,  Meniocus  linifollus,  Muri- 
caria  prostrata,    Mal  va  A'J(jyptiaca,   Astrarjalus   tenuifolius,  Mimartia 


Û78  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE  FRANCE. 

campestris,  Telephinm  Impemti,  Asteriscm  pyrpnœus,  Kœlpinia  linearis, 
Echlnospcrmura  Vafdianum  et  patulwn,  Anabasis  articulata,  Passetina 
microplujllay  Allium  Cupcni,  etc. 

Le  12  juin,  à  six  heures  du  matin,  aprôs  avoir  pris  congé  de  M.  Carus, 
qui  retourne  à  Taadmit  où   il   doit  passer  quelques  jours,  nous  partons, 
MM.  Margueritte,  Pliilibert  et  moi,  pour  Djelfa,  situé  au  nord,  à  unedistance 
d'environ  36  kilomètres,  et  où  je  désire  vivement  être  rendu  de  bonne 
heure  pour  pouvoir,  sous  la  direction  de  M.  Reboud,  consacrer  la  fin  de  la 
journée  à  l'étude  de  la  végétation  de  Djelfa,  que  son  long  séjour  et  ses 
nombreuses  explorations  lui  ont  rendu  familière.  Depuis  Aïn  el  Ebel  jusqu'à 
rOued  Sedeur  s'étend  une  vaste  plaine  uniforme,  où  dominent  l'Alfa  [Stipa 
tenacissima)  et  VArtemisia  Herba-olba.  Pendant  que  MM.  Margueritte  et 
Philibert  font  la  chasse  aux  nombreuses  outardes  de  la  plaine,  je  con- 
sacre quelques  instants  à  l'herborisation,  mais  je  ne  trouve  guère  à  noter 
que  le  Linum  Austriacum  var.?  et  plusieurs  espèces  de  la  région  des  hauts 
plateaux  :  ici  la  végétation  saharienne  n'a  plus  que  de  rares  représentants. 
Les  bords  de  l'Oued  Sedeur,  dont  le  lit  est  profondément  encaissé  et  les 
berges  très  accidentées,  auraient  peut-être  pu  m'offrir  quelques  espèces 
intéressantes,  mais  je  n'ai  pas  le  loisir  de  m'y  arrêter,  et  je  dois  y  constater 
seulement  la  présence  simultanée  d'une  espèce  du  sud,  VOnonia  nmjustis- 
sùna,  et  de  plantes  des  hauts  plateaux,  telles  que  le  Passerina  vmjcita  et 
Y Atractylts  CŒspitosa  qui  y  sont  très  abondants.  Plus  loin,  aux  environs  du 
poste  de  Sedeur,  existent  quelques  champs  arrosés  par  des  dérivations  de 
rOued  Sedeur  et  plantés  de  Pommcs-de-terre  ou  semés  d'Orge  encore  sur 
pied,  et  de  Maïs  qui  est  loin  d'avoir  atteint  son  complet  développement  en 
raison  de  l'altitude  de  la  localité.  Sur  les  bords  du  ruisseau,  se  trouvent  le 
Juncus  striatus  et  V Helosciadium  nodiftorum.   Bientôt  la  route  s'engage 
dans  des  montagnes  basses,  où  croissent  des  buissons  espaces  de  Juniperus 
Phœnicea  et  des  pieds  de  Pistacia  Atlantica  qui  sont  loin  d'avoir  atteint  les 
proportions   que  ce  bel  arbre  présente  dans  le  sud.   Dans  les  pâturages 
qui  longent  la  route,  ne  se  rencontrent  plus  que  des  plantes  des  hauts  pla- 
teaux et  de  la  région  montagneuse  inférieure;  des  touffes  argentées  de  Ca- 
tananche  cœspitosa  et  de  Passerina  l'arton-rairaûimwQni  à  ces  pâturages 
un  caractère  tout  particulier;  là  croissent  la  plupart  des  espèces  que  nous 
retrouverons  sur  le  plateau  élevé  de  Djelfa,  telles  que  les  Festuca  cynosu- 
roides^  Euphorbia  luteola  ,  Jwnnea  humilis  var.    Bocconi,  Alyssum  scuti- 
gentm ,   Onobryc/us  aryentea ,  Alyssum  serpylUfoliwn ,   Zizypiiora  Uis- 
panica,  etc.  Nous  traversons  rapidement  le  plateau  de  Djelfa,  a  l'extrémité 
nord  duquel,  presque  au  pied  du  Djebel  Sahari,  est  construite  la  maison  de 
commandement  du  poste  de  Djelfa,  où  nous  arrivons  vers  onze  heures  du 
matin.  Après  avoir  pris  quelques  instants  de  repos  et  m'étre  installé  dans 
la  chambre  de  M.  le  docteur  lleboud,  qu'il  veut  bien  partager  avec  moi,  je 


sÉANCK  nu  8  MAI  1857.  079 

passe  on  revue  ses  riches  collections,  qui  me  romniront,  les  élémenls  les  pins 
importants  pour  ctablii"  le  catalofjjiie  de  la  lloredu  pays.  Vers  quatre  heures, 
nous  interrompons  l'examen  de  l'herbier,  ((ue  nous  devons  reprendre  dans  la 
soirée,  pour  l'aire  une  herborisation  qui,  bien  que  très  restreinte,  pourra 
me  donner  une  idée  suffisante  de  l'ensemble  de  la  végétation  ;  pendant  les 
quelques  heures  qui  nous  restent  avant  la  nuit,  nous  faisons  une  visite  au 
Jardin  et  aux  cultures,  et  une  petite  herborisation  sur  les  bords  de  l'Oued 
Melah  et  dans  les  pâturages  incultes  voisins  du  fort. 

Le  plateau  de  Djelfa   (d'une  altitude  moyenne  de  1150  mètres,  1090 
d'après  MM.  Rcnou  et  Mac  Carthy)  s'étend  au  sud  des  Djebel  Sahari  et 
Senalba  qui  forment  de  l'est  à  l'ouest  une  chaîne  presque  continue  ;  une 
des  parties  les  plus  élevées  du  massif  du  .Senalba  et  que,  pour  simplifier 
notre  narration,  nous  désignerons  spécialement,  à  l'exemple  des  habitants, 
sous  le   nom  de  Djebel  Senalba,  est  située    à  environ   10    kilomètres   à 
l'ouest  du  fort.  Le  plateau,  dont  le  sol   est   argilo-sablonneux    et  légè- 
lement  salé  sur  quelques  points  où  existe  le  gypse,  est  encore  inculte, 
et  des  essais  de  culture  n'ont  été  entrepris  que  tout   récemment,   sous 
la  direction  de  M]M.  Philibert  et   Reboud,   auprès  du  ruisseau  qui  de- 
vient l'Oued  Melah,  au  voisinage  presque  immédiat  de  la  maison  de  com- 
mandement. En  raison  de  la  proximité  de  montagnes  élevées,  souvent 
couvertes  de  neige  en  hiver,  et  de  l'altitude  du  plateau  exposé  alternative- 
ment aux  vents  du  nord  et  du  sud,  le  climat  de  Djelfa  est  surtout  caracté- 
risé par  des  températures  très  différentes  se  succédant  souvent  dans  l'espace 
de  quelques  jours;  c'est  ainsi  que,  dans  la  nuit  du  19  au  20  juin  1855, 
M.  Reboud  a  vu  détruits  par  la  gelée  la  plupart  des  légumes  et  les  tiges  des 
Pommes-de-terre,  tandis  que  le  10  juillet  suivant  le  thermomètre  n'in- 
diquait pas  moins  de  33  degrés  à  l'ombre.  Cette  année  encore,  à  la  même 
date,  MM.  Kralik  et  Mares  ont  eu  de  même  à  constater  les  effets  d'une 
gelée  tardive.  Ce  concours  de  circonstances  et  la  présence  de  la  neige  sur 
le  soi  pendant  une  partie  de  l'hiver  et  quelquefois  même  vers  le  prin- 
temps, ainsi  que  l'altitude,  expliquent  l'absence,  sur  ce  point,  d'un  assez 
grand  nombre  de  plantes  méridionales  que  nous  retrouverons  plus  au  nord 
dans  la  partie  des  hauts  plateaux  comprise  entre  le  Djebel  Sahari  et  les 
montagnes  de  Boghar,  et  le  caractère  de  la  végétation   de  Djelfa,  tout  à 
fait  analogue  à  celle  des  plateaux  de  Batna,  de  Saïda  et  de  Géryvillc 
De    même   qu'à  ces  dernières    localités,    les   cultures   pour  prendre   de 
l'extension   devront,  ainsi   que    l'administration   l'a   bien   compris,   être 
protégées  par  des  plantations  d'arbres  et  surtout  des  espèces  forestières 
les  plus   rustiques,  telles  que  le  Peuplier  blanc  et  les  Saules  et  dans  les 
endroits  non  irrigables  le  Pistacia  Atiantica. — 11  n'y  a  qu'un  petit  nombre 
d'arbres  forestiers  dont  l'introduction  ait  été  tentée  dans  le  jardiii  :  le  Peu- 
plier d'Italie,  dont  la  plantation  ne  remonte  qu'à  trois  mois,  parait  bien  vé- 


Û80  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE   FRANCE. 

géteij  mais  il  est  à  craindre  que  cet  arbre  ne  soit,  au  bout  de  quelques 
années,  exposé  aux  causes  de  dépérissement  qui  trop  souvent  en  Algérie 
vicnucnt  l'atteindre  lorsqu'il  est  en  pleine  végétation;  l'Acacia  {Rohinia 
Pseudo- Acacia)  paraît  devoir  bien  réussir;  il  n'en  est  pas  de  même  du  Sy- 
comore, dont  l'acclimatation  est  moins  assurée.  —  La  plupart  de  nos  arbres 
fruitiers  d'Europe,  tels  que  le  Poirier,  le  Pommier,  le  Prunier,  le  Cerisier, 
sont  représentés  dans  le  jardin  où  ils  ont  été  plantés,  mais  trop  récemment 
pour  qu'on  puisse  rien  préjuger  à  leur  égard.  Des  semis  de  Pèclier,  de  Châ- 
taignier, de  Noyer  ont  bien  réussi,  mais  ce  n'est  qu'après  plusieurs  années 
de  culture  que  l'on  pourra  savoir  s'ils  peuvent  supporter  les  vicissitudes 
du  climat.  — Parmi  tous  les  léi^umes  d'Europe  qui  sont  cultivés  dans  le 
jardin,  dans  des  carrés  bien  arrosés  par  dos  dérivations  de  l'Oued  Mclab,  on 
doit  citer  spéciaU-nient,  pour  l'abondance  de   leurs  produits,  le  Chou,  le 
Chou-flour,  le  Cek-ri,  la  Betterave,  l'Artichaut,  l'Oseille  et  l'Kplnard;  les 
Tomates  jusqu'ici  n'ont   mûri  qu'imparfaitement.  Le  Pavot  serait  facile- 
ment cultive  en  grand    pour   ses   produits  oléagineux  et  peut-être  pour 
l'extraction  de  l'opium.  La  facilité  avec  laquelle  d'assez  grandes  étendues 
de  terrain  peuvent  être  irriguées  est  un  gage  assuré  du  succès  réservé  à  la 
culture  des  céréales,  qui  néanmoins  sur  quelques  autres  points  de  la  plaine 
sont  cultivées  sans  irrigation. 

Vers  l'extrénillé  du  jardin,  dans  les  eaux  de  l'Oued  Melab,  nous  recueillons 
les  Ranunculus  Ikmdotii  et  cœnosus  et  le  Putauiogclon  crisjnis  que  I\L  Re- 
bond a  découverts  à  cette  localité,  et,  sur  les  bords  même  de  l'oued,  nous 
observons  un  assez  grand  nombre  d'espèces  françaises,  telles  que  les  Scirpits 
Holoschœnus,  Calendula  arvensis^  Trifolium  fragifcmm,  Medicago  saliva, 
Juncus  glaucus,  Malva  sylvestris,  etc.;  dans  un  champ  d'Orge  croissent 
pêle-mêle  les  Hohenackcvia  bvpleurifolia  et  polyodon  qui,  à  cette  localité, 
ont  acquis  un  développement  tout  exceptionnel.  A  l'ouest  du  fort,  dans 
d'autres  champs  d'Orge  mûre  mais  encore  sur  pied,  non  irrigués  et  situés 
au  milieu  des  pâturages  ras  qui  couvrent  la  plus  grande  partie  de  la  plaine, 
sont  réunies  la  plupart  des  espèces  des  terrains  cultivés  de  la  région,  ainsi 
qu'un  certain  nombre  d'autres  qui  ont  persisté  malgré  le  défrichement; 
nous  nous  bornerons  à  citer,  parmi  les  plantes  propres  aux  moissons,  les  : 

Ccratoceplialus  falcalus.  Sisymbriuin  lunciuatum.  Aiidrosacc  ma\ima. 

Rœmcria  liybrida.  Alyssiiiii  Graiialeusc.  Notiiiea  micrautha. 

nyi)Of.omii  procutr.bcns  var.  —  scutiscnim.  Polyj;oniini  a\iculare. 

all)escens  (II.  albesccns  Hcriiiaria  anima.  Eupliorbia  luteola. 

UK.).  Eryiifiiuin  cainpostre.  —  fakala. 

Gesliui.  Crucianplla  initula.  Muscari  coinosiira. 

Itcndiihini.  Valcriauplla  clilorodouta.  Bromus  nibciis. 

ErysiiiiuniIv.uiizcamiraBoiss.  —  steiiliaiiudon.  Hordeuiu  imiiiiunn. 

el    Rcut.    (  E.    strie-  Xoraiilbcinuiu  iuaiifrtuiu.  /Ei^ilops  >eiitrico.sa. 

lum  l'ar.  luicrauthum  Filaso  Jussia;!.  —  ovalavar.  Iriaristala,  etc. 

j.  Gay).  Podosperniuni  lacinialum. 


SKANCK    DU    8    MAI    1857.  liSl 

Dans  ces  moissons,  M.  Rcboud  me  fait  recwQWWr  \c  Cossonia  A fricana, 
variété  à  lleiirs  jaunes,  dontnous  pouvons  encore  trouver  plusiein-s  échan- 
tillons en  fruit  dans  les  pâturages  voisins.  Les  plantes  qui  tloniincnt  dans 
CCS  pâturages  sont  entre  autres  les  : 

Uammculus   r.liaMopliylIos  Aiiacyclus  Pyictluum.  Ecliiuni  liumilc. 

var.  tlalicllatus.  Arlcmisia  llcrba-alba.  ïeiurium  Poliiim. 

Alyssum  siMpyllifolium.  Echiiiops  spinosus,  Plaiitago  alhicans. 

ÎMiiricaria  inostiata.  Oiioponlou  luaLracanthiim.    Pnsseriiia  virgata. 

Ilcliaiitlienium  salicifolium  —  acaul(\  SUpa  ljarl)ala. 

vac.  brevipcs.  Alractylis  dilTusa.  —  parvillora. 

—  rubellum.  —  ca'spitosa.  Aiumodiloa  piiiigens. 

—  liirtum  var.  Dcscrti.  —  polycci)hala.  Kœlcria  Valcsiaca. 
HulVoiiia  aiiiuia.  Canlunccllus  Atlauticus.  Poa  bulhosa. 
Erodiuni  ciciitariiun.  —  |)iiinatus.  FcsUiea  divaiicata. 
Trigonolla  polycciata.  Cenfavirea  acaulis.  —  cynosuroides. 
Oiiobrycbis  argciilca.  —  suifurca.  Loliuni    pcreruie  var.  rigi- 
Hippocrepis  scaljia,  —  imolucrata.  dum. 

Wiiiuartia  caïupcslris.  —  pullata.  Hordeum  miuiuura. 

Paronychia  Cossoniaaa.         Asterothrix  Hispanica.  Elyraus  crinilus. 

Par  l'examen  sur  le  terrain,  nous  constatons,  M.  Rebond  et  mol,  la  cou- 
stance  des  caractères  des  Atractylis  cœspitosa  et  polycephola  (sp.  nov.);  cette 
dernière  plante,  que  d'après  les  quelques  échantillons  d'un  envoi  deM. Rebond 
J'étais  disposé  à  ne  considérer  que  comme  une  forme  monstrueuse  de  VA. 
ae^pHo&a  dont  elle  a  tout  à  fait  le  port  et  les  feuilles,  s'en  distingue  très 
nettement  par  les  capitules  très  nombreux,  très  grêles,  cylindriques  et 
paucillores -,  mallioureuscn^.ent  cette  espèce  intéressante  ne  fait  que  com- 
mencer à  fleurir,  et  je  prie  M.  Reboud  de  ne  pas  négliger  d'appeler  sur  elle 
l'attention  de  M.  Kralik  qui,  en  venant  de  Laghouat,  doit  passer  par 
Djelfa  dans  quelques  jours.  A  la  même  localité,  l'^.  cœspitosa  présente 
d'assez  nombreuses  variations:  ainsi  la  plante  est  acaulc  ou  caulescente,  et 
ses  feuilles  sont  indifféremment  pubescentes  et  d'un  aspect  glauque  ou 
presque  glabres  et  vertes.  —  Aux  environs  du  fort,  parmi  les  plantes  rudé- 
ralcs,  le  Sihjhurn  eburneumiiQÎiuM  remarquer  par  son  extrême  abondance. 

La  matinée  du  13  juin  est  consacrée  à  une  course  au  Djebel  Senalha,  si 
bien  connu  de  M.  Reboud,  et  en  quelques  heures,  sous  sa  conduite,  je  vois 
sur  place  la  plupart  des  espèces  intéressantes  qu'il  a  découvertes  à  cette 
riche  localité.  —  Le  Djebel  Senalba,  c'est-à-dire  l'extrémité  orientale  de  la 
chaîne  de  même  nom,  est,  comme  nous  l'avons  dc^à  dit,  une  des  parties 
les  plus  élevées  du  massif  dont  il  dépend, et  son  point  culminant  est  environ 
à  300  mètres  au-dessus  du  niveau  général  de  la  plaine,  soit  à  près  de 
n50  mètres  d'altitude  absolue  ;  ses  versants  principaux  sont  ceux  du  nord 
et  du  sud,  et  ils  sont  rocheux  surtout  dans  leur  partie  supérieure.  Le  ver- 
sant sud  est  occupé  dans  presque  toute  son  étendue  par  un  bois  composé 
presque  exclusivement  de  Pinus  Ualepensis,  où  cet  arbre  acquiert  de  belles 
proportions;  le  Chêne-vert  [Quercns  Ilex  var.  IJallota)  et  le  Genévrier 

T.    IV.  31 


4S2  SOCIÉTl':    BOTANIQUlî    DE    l-RANCE. 

[Juniperim  ftxyccdrus)  ne  se  i-eucontrent  j^uète  qu'à  In  limito  iiiféiiome  du 
l)ois,  doiil  la  limite  supérieure  est  seulement  déterminée  par  la  crête  des 
rociiers  qui  forment  le  sommet.  Le  versant  nord,  beaucoup  plus  accidenté 
et  presque  escarpé  dans  sa  partie  supérieure,  présente  des  ravins  assez  pro- 
fonds et  est  généralement  moins  boisé.  La  montagne  se  termine  à  l'est  pai' 
une  sorte  de  bifincation,  dont  les  deux  branches  circonscrivent  un  large 
ravin  accidenté  ressemblant  à  ceux  du  versant  nord.  —  Après  avoir 
traversé  rapidement  ia  partie  de  la  plaine  que  nous  avons  déjà  parcourue 
la  veille,  nous  commençons  à  herboriser  dans  les  pâturages  montueux 
qui  forment  îa  Imse  de  la  montagne  et  nous  y  voyons  le  Catananche 
cœspitosa  cl  \e  Passerina  Tarton-raira  devenir  d'une  extrême  abondance. 
A  la  partie  inférieure  du  versant  sud,  quelques  pieds  espacés  de  Juniperiis 
Oxijccdrus  et  \e  Quercus  Ilex  var.  Ballota  constituent  le  commencement 
du  I)ois,  et  là,  entre  les  broussailles  forn:ées  principalement  pai'  le  liomia- 
rinm  offcinalis  var.  Tournefortii  et  le  Cistus  Clusii,  nous  trouvons 
associés  aux  plantes  de  la  plaine  le  Centaurea  Prœlatoris,  le  Phalaïujiv.m 
LiUofjO  et  le  U'angenheimia  Lima.  Bientôt  nous  entrons  dans  le  bois 
de  Pinus  Bulepensis,  où  les  AnthyUis  seiHcea,  Dorycnium  suffritiicosum, 
Cistus  villosus,  Globidaria  Alypum,  Pldllyrea  rncdia  et  angusiifoiia, 
forment  de  nombreux  buissons  entre  lesquels  se  rencontrent  çà  et  là 
quelques  pieds  de  Pistacia  Tcrebintlius.  La  nous  recueillons  les  Platy- 
capnos  spicata,  Atractylis  diffusa^  Ebenus  pinnota,  Rhaponticuvi  aconle, 
Calonùntlia  Alpina,  Inida  montana,  Linum  suffruticosinn,  Ifeliunthemuni 
lavcmdulœfolinm,  Sideritis  incana,  Melic/iryswn  Fontanesii,  Anarrkinum 
svffi'iUicomm ,  Cytinus  Ilypocistis ,  Leuzca  conifera  ;  Centaurea  pubes- 
cciis,  etc.  Au  pied  de  rochers  calcaires,  le  Ilhamnus  lycioides,  le  Buplcvrum 
spinosu'in^  V Hcdysavum  humile  et  VOnonis  Columnœ  deviennent  assez  abon- 
dants et  nous  voyons  apparaître  les  Santolina  squarrosa,  Polycarpon  Bi- 
vonœ,  Arabis  auriculata,  et  Asphodcline  lutea.  Sur  la  bande  de  rochers 
qui  forment  la  crête  de  la  montagne,  nous  observons  les  Cctcrach  offœi- 
narwa,  Velezia  rigida,  Polycneinum  Fonianesii,  Avenu  pratemis^  Car- 
dxiis  macroccphidus,  lUelica  Cupani,  Pinqnnella  Tragiwn.,  Jleliantlieinum 
glaucum,  Papavcr  lihœas^  Lauiiwn  amplexicaide,  Hutchimia  petnca,  etc. 
—  Du  point  culminant,  la  vue,  malgré  la  faible  altitude  de  la  montagne, 
embrasse  un  vaste  panorama:  à  l'est  le  Djebel  Sahari  avec  la  double  chaîne 
du  Zaccar  et  dans  le  lointain  le  Djebel  Bon  Kahil,  au  nord  le  Rocher-de- 
sel,  la  plaine  du  Zahrcs  avec  ses  deux  grandes  sebkha  et  à  la  limite  de  l'ho- 
rizon les  montagnes  bas.ses  de  Guelt  el  Settel,  à  l'ouest  le  massif  du  Djebel 
Senalba  avec  les  nombreuses  montagnes  qui  s'y  rattachent,  au  sud  les 
hauts  plateaux  et  les  montagnes  basses  de  Sedeur.  —  La  pente  nord,  que  je 
n'ai  pas  le  temps  de  visitei-,  a  une  végétation  très  analogue  à  celle  de  la 
pente  sud  et  la  seule  plante  qui  doive  y  être  mentionnée  d'une  manière  spc- 


SÉANCE    DU    8    MAI    1857.  ^83 

ciale  est  le  Saponaria  gludnosa,  que  MM.  Kralik  et  Ilcboud  y  ont  recueilli 
(luelques  jours  après.  —  Dans  les  fissures  des  rochers  abrupts  (|ui  constituent 
le  sommet  et  qui  surplombcut  le  grand  ravin  de  l'extrémité  orientale  de  la 
montagne,  croît  en  très  grande  abondance  le  Fumaria  Nnmidica  avec  VEro- 
dium  kijincnodes  qui  est  beaucoup  plus  i-are  et  le  Sedum  glandidiferum  ; 
au  pied  de  ces  rochers,  et  à  Tombre  d'une  excavation  naturelle  qu'ils  for- 
moni,  nous  trouvons  le  Festuca  triflora  qui  y  croit  avec  le  Gcranium  lu- 
cidnm  et  le  Smijraium  Olusatrum.  Dans  la  partie  inférieure  du  ravin, 
j\r.  Reboud  a  constaté  la  présence  de  VArbutus  Unedo  et  a  trouvé  YWerls 
Pruitii  avec  VAhjssum  cochleatum  qui  se  rencontre  également  sur  le  versant 
sud.  A  la  base  orientale  de  la  montagne,  a  été  ouverte  une  carrière  de  plâtre, 
dont  des  terrains  gypseux  salés  et  résonnant  sous  les  pieds  de  nos  chevaux 
annoncent  le  voisinage.  Ces  terrains,  qui  occupent  l'ancien  emplacement 
de  la  redoute  Lapasset,  ont  offert  à  M.  Reboud  plusieurs  plantes  intéres- 
santes qu'il  m'y  fait  recueillir,  entre  autres  le  Campanula  filicauli.s,  le  Se- 
nccio  Auricula  qui  n'avait  encore  été  observé  que  dans  le  midi  de  l'Espagne 
par  M.  Bourgeau,  et  le  Campmmla  fastigiata  plante  des  plateaux  de  l'Es- 
pagne et  de  la  région  caucasique  déjà  passée,  de  même  que  le  Senecio, 
mais  que  M.  Reboud  avait  antérieurement  recueillie  dans  la  plaine  du 
Zahrès.  —  Nous  nous  empressons  de  revenir  à  Djelfa,  pour  ne  pas  man- 
quer l'heure  fixée  par  M.  le  commandant  Margueritte  pour  le  départ;  car 
nous  devons,  le  soir  même,  nous  rendre  au  caravansérail  du  Rocher-de- 
sel,  situé  au  nord  à  une  distance  d'environ  2h  kilomètres. 

Pour  doimer  une  idée  plus  complète  de  la  végétation  de  Djelfa,  nous 
croyons  devoir  réunir  dans  une  liste  l'indication  des  espèces  qui  ont  été 
constatées  jusqu'à  présent  à  cette  localité,  qui  présente  à  la  fois  la  végé- 
tation des  hauts  plateaux  et  celle  de  la  région  montagneuse  inférieure. 

Liste  des  plantes  observées  aux  environs  de  Djelfa  et  dans  les  montagnes 

voisines  (1). 


Renonciilacécs. 

Clematis  Flammula  L.  —  S. 
Auemone  palmata  L. 
Adonis  aestivalis  L. 
Ceratocephalus  falcatus  Pers. 


RaQuncuIus  Baudotii  Godr. 

—  cœnosus  Guss. 

—  Cliœropliyllos  L.  var.  flabellatus  (/}. 

flabellatus  Desf.). 

—  Orieutalis  L. 

—  rectirostris  Coss.  et  DR.  —  Sli, 


(1)  Pour  plus  de  brièveté  nous  avons,  dans  cette  liste,  supprimé  l'indication  de 
localité  pour  les  plantes  que  nous  n'avions  à  mentionner  qu'aux  environs  de  Djelfa 
seulement;  nous  avons  désigné  les  environs  de  Djelfa  par  Dj.,  le  Djebel  Senalba 
par  S.,  elle  Djebel  Sahari  par  Sh.  —  La  constatation  de  la  plupart  des  espèces  est 
due  à  M.  le  docteur  Reboud  qui,  explore  avec  soin  le  pays  depuis  plusieurs  années  ; 
le  nom  de  celles  qui  présentent  un  intérêt  spécial  et  que  nous  n'avons  pas  obser- 
vées avec  ce  zélé  botaniste  est  suivi  do  (R,). 


L.  var.  luzula;- 


Gay. 

ot   Rcut.    Diaijn.  pi. 
12.  (D.  junceum  var. 


Ranunciilus   craminfiis 
folius. 

—  iii.icio|jliylIus  Dcsf. 
NiiîPlIa  arvensis  L, 
Dclpliiiiiuin  Oriontale  J 

—  Balansa;  Boiss. 

nou.  ser.  2,  v, 
Coss.j.  —  S. 

—  jHuccum  DC. 

—  pubesccns  DC. 

Papavéracées. 

Papavcr  Inbridam  L. —  Dj.;  Sli. 

—  Riiœas  L.  —  P. 
Rœinoria  hybrida  DC. 
Glancium  coniiculatnm  Cuit. 
Ilypecoum  procumbens  L.  var.  albescens 

[II.  albescens  DR.  ap.   Balansa  pi. 
Alger,  cxsicc). 

—  penduliini  L. 

l'umariacécs. 

l'iimaria  Niimidica  Coss.  et  DR.  —  S. 

—  parviflora  Link. 

—  licnsiflora  DC.  (F.  micrantlia  Lagasc). 
Plalycapnos  spicaliis  Beruli.  —  S. 

Ci-ncitcres. 

Malthiola  tristis  R.  Br. 

Naslurtiuin    ofûciiiale   R.    Br.  —   Oued 

Scdeur. 
Arabis  auriciilata  Lmk.  —  DJ.;  S. 
var.  dasycarpa. —  Dj.;  S. 

—  parvula  L.  Duf.  —  Dj.  (R.). 
Alyssnni  Allanticuni  Dcsf.  —  EotreDj.  et 

rOiicd  Scdeur  (R.) 

—  seipyllifolium   Desf.    —    Dj.;    Oued 

Scdeur. 

—  cochlcalum  Coss.  et  DR.—  Dj.;  S. 

—  canipestre  L. 

—  Granalcnse  Boiss.  et  Reut. 

—  sc»tit;eruin  DR.  in  Expl.  se.  Alcj.  et 

in  liull.  Soc.  bot.  —  Dj.;  S.;  Oued 

Scdeur. 
Mcniocus   linifolius  Dcsv.  —  Dj.;  Oued 

Scdeur. 
Clypcola  cyelodoulea  Dclilc.  —  Dj.  (R.). 
Draba  vcrna  L. 
l'hlaspi  iiçrfoliatuni  L. —  S. 
HiitLliiiisia  peirœa  R.  Br,  —  Dj.;  S. 
Iberis  Pruilii  Tineo?.  —  S. 

—  pertinata    Boiss.    var.    ( /.    parvula 

Muuby  in  Bull.  Soc.  bot.).  —  S. 
niscutella  auriculala  L. 
Sisymbriuni  IrioL.  var.  pnbesccii.s. — SI). 

—  ruiiciiialuiu  Lagasc. 

—  torulosuiii  Desf. 

—  erassifoliuni  Gav.  —  S. 


SOCIETK  BOTANIQUE   DE  FRANCE, 


Erysinuun  Kunzcauum  Boiss.  DiaQn.  pi. 
Or.  {E.  striclinn  J.  Gay  ap.  Balansa 
pi.  Alg.  cxsicc.)  —  Dj.;  Oued  Se- 
dcur. 

—  graiidifloruni  Desf.  !  [Cheiranlhtis  sem- 

perflorens  Coss.   et  DR.  olim   non 
Schousb.).  —  Dj.;  Oued  Scdeur. 

—  Orientale  R.  Br. 

Caïuelina  jativa  Gr.  var.  pubescens, 
Brassica  diniorplia  ('oss.  et  DR.  —  Sh.  près 

Ksar  Charef  (R.). 
Sinapis  arvensis  L. 
Uiplolaxis  niuralis  DC. 
Erucastrum  exauriculatum  Boiss.  et  Reut. 

ap.  Boiss.  Diagii.  p!.  iior.  ser.  2.  {E. 

oblusangulum    \ar.    exauriculatum 

Coss.  et  DR.). 

—  leucaathum  Coss.  et  DR.  in  Bull.  Soc. 

bol.  — S.l  (R.). 
Eruca  sativa  Lmk. 
Muricaria  prostrata  Desv. 
Enarlhrocarpus  clavatus  Deliie  in  Godr. 

FI.  Juv.  {Brasf^iea  lyratn  Dcsf.!). 
Cossoiiia  Africaua  DR,  {Raffenaldia  pri- 

muloides  Godt.  FI.  Juv.)  var.  lutea. 

-  Dj.!  (R.). 

Cistinécs. 

Cistus  villosus  L.  —  S. 

—  Clusii  Dun.  —  S.;  Sh. 
Ilelianlhcmum  Niloticuni  Pcrs. 

—  salicifoliviin  Pcrs. 

—  Fnniana  Mill. —  S. 

—  giutinosum  Pers.  — Dj.;  S. 

—  rubellum  Presl.  — Dj.;  S. 

—  lavandukTfolium  Pers.  —  S. 

—  liirtun»  Pers.  t'«r.  Deserti. —  Dj.;  Oued 

Scdeur. 

—  giaucum  Pcrs. —  S.;  Sh. 

—  pilosuni  Pcrs.  —  Dj.;  S.;  Oued  Scdeur. 

Vlolarit'os. 

Viola  Iricolor  L.  var.  arvensis. 

Rescda  alba  L..  —  Dj.;  S. 

—  crrnioiiliila  Boiss.  —  Oued  Sedeur. 

—  Pliyteuma  L. 

—  stricta  l'ers.  {/î.  saxalilis  Pourr.). 

PolygaK'CS. 

Polygala  saxatiHsDcsL  —  Dj.;  S.;  Sb. 

FraiiUéniacéfs. 

Franlicnia  pulvcrulenla  L. 


SÉAWCb:    DU   8   MAI    1857. 


/|85 


CuryopliyllOos. 

Gypsoi)liila  compressa  Dcsf.  —  S. 
Diaiitlms  viri;iiu'iis  L.  ox  Gorlr. —  S. 

—  soiTulatus  Dcsf.  —  S. 
Sapoiiaria  ylutinosa  M.-Bieb.  —  SJ 
Siloiio  ruix'lla  L. 

—  conica  L. 

—  Itipartita  Desf.  var.  oxyncnra. 

—  Italica  L.  —  Dj.;  S. 

Lyclinis  niacrocari)a  Boiss.  et  Rcut.  —  S, 
Velozia  rigida  L.  —  S.;  Sli.  (R.). 
Bufloiiia  (enuifolia  L. 
Ilolosteum  umbcllatum  L. 
Rhodalsiuc  procumbcns  J.  Gay  {Àrenaria 

procunihcns  Vahl). 
Spergularia  média  Pcrs. 

—  diaiidra   Hcldr.    (  Arenaria    diandra 

Guss.). 
Arenaria  tctraquctra  L.  var.  aggrcgata  J. 
Gay  (.-l.  capilala  Lmk).  —  Rochers 
du  Djebel  Ilaoua  (R.). 

Liiiécs. 

Linum  strictum  L.  —  S. 

—  deciimbens  Desf.  —  S. 

—  Austriacum  L.  var."^  —  Dj.;  S.;  Oued 

Sedeur. 

—  suffruticosum  L.  (L.  salsoloides  Lmkj. 

—  Dj.;S. 

Malvacées. 

Malva  ^gyptiaca  L. 

—  syivestris  L. 

—  parviQora  L. 

GOrauiacées. 

Géranium  pusillum  L. —  S. 

—  lucidum  L.  —  S. 

—  Robertianum  L.  —  S. 
Erodium  cicouiuin  Wllld. 

—  ciciitarium  Willd. 

—  guttatum  Willd. 

—  bymenodes  L'Hcrit.  —  S. 

r.iitaccies. 

lUita  aiigustifolia  Pcrs.  —  Sh. 
IIai)lo|ihyliuiii  liiiifoliuni  Adr.  de  Juss.  ~ 

S.;  Sii. 
Peganum  Harmaia  L. 

Rhamiius  Alateriius  L.  —  S. 

—  lycioidos  I,.  —  Dj.;  S. 


T<:Tél»iniliacéc«. 

Pistacia  I.eiitiscus  \..  —  Sh. 

—  Aliaiidcn  Dcsf. —  Oued  Sedeur. 

—  Tcrcbiiillius  L.  —  S. 

I>^iiiinlneu$cs. 

Gcnista  capiteliata  Coss.  et  DU.  —  Ksar 
Moudjcbar  entre  Dj.  et  Mossad  (R.), 

ArgyrolohiMm  Liniueannin  Walp. 

Ouonis  angustissima  l.nik  {0.  lon/jifulia 
Willd.).  —  Oued  Sedeur. 

—  ornithopodioides  L.  —  S. 

—  reclinata  L.  —  S. 

—  C()lnmn;e  Ail. —  S. 
Anthyllis  sericea  Lagasc,  —  S. 

—  Vuineraria  L. 
Medicagosativa  L. 

—  orbiciilaris  Willd.—  Sli. 

—  denticulata  Willd. 

—  tribuloides  Lmk. 

—  miuinia  Lmk. 

—  turbinata  Willd.  var.    {M.   niuricata 

Benth.).  — Sh. 

—  laciniata  Ail.  —  Dj.  (R.). 
Trigonella  prostrata  DG. 

—  Monspeiiaca  L. 

—  polyccrata  L. 

Melilutus  Neapolilaiia  Ten.  {M.  gracilis 
DC). 

—  sulcataDesf. 
TrifoliuM)  fragiferum  L. 
Dorycîiinm  suffruticosum  ViU.  —  S. 
Lotus  corniculatus  L. 
Tetragouolobus  siliquosus  Roth. 
Astragalus  Glaux  L.  —  Sh. 

—  geniculatus  Desf.  —  Dj.;  Sh. 

—  pcregrinus  VahL  —  Sh.  (R.). 

—  lanigcrus  Desf.  —  Dj.;  S. 

—  chlorocyaneus  Boiss.  et  Rcut.  —  S, 

—  nununularioidcs  Desf.  —  S.  (R.). 
Coronilla  minima  L.  —  S. 

—  pentai)hylla  Desf.  —  S. 
ArlbrolobiuiM  .•:corpioides  DG.  —  S. 
ilippoerepis  scabra  DC. 

—  eiliata  Willd. 
Iledysarum  spiuosissimum  L. 

—  iiumile  L.  {II.  Fonianesii  Boiss.  exel. 

syn.).  —  S. 
Ouobrycliis  argentea  Boiss.  var.  —  Dj.; 

S.;  Oued  Sedeur. 
Ebenus  pimiala  Desf.  —  S. 
Vicia  saliva  L.  —  Dj.;  Oued  .Sedeur. 

—  —  vrir.   angustifolia   (  forma  ainphi- 

earpa). 

—  Iulea  L. 

—  caicarala  Desf. 
Ervuiu  liirsuUun.  (.. 

Lathyrus  Glymcoujii  L.  vay.  tenuifolius 


liSô 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE   DE   FRANCE. 


Rosacéps. 

Poteriiim  Magnolii  Spach. 
Rosa  caiiina  L.  var.  collina. 
Pjrus  longipes  Coss.  et  DR.?  —  S, 

ParoiiychKîci. 

Tclcphiura  Imperati  L.  —  Dj.;  S. 
Ileruiaria  cinerea  DC.{H.  annua  Lagasc.)- 

—  fruticosa  L.  —  Dj.;  Sh. 
Parouychia  longisota  Webb  var.  (P.  Cos- 

soniana  3.  Gay  ap.  Balaasa  pi.  Alg. 
exsicc). 

—  niveaDC.  —  Dj.;S. 

• var.  niacrocalyx.  —  Sh.  (R.). 

Polycarpon  Bivonœ  J.  Gay. —  S. 
Qiieria  Ilispanica  L.  —  S.  (R.). 
Miuuartia  campeslris  Lœfl.  —  Dj.;  S. 

—  nioutaiia  Lœfl. —  Dj.;  S. 

Crassnlacées. 

Pistnrinia  Hi?panica  L.  —  Sh. 
Umbilicus  horizontalis  DC.  —  S. 
Crassula  rubens  L.  —  Sh, 
SediiDi  glanduliferuru  Guss. —  S.;  Sh. 

—  album  L.   var.  micranthum.  —  S.; 

Sh. 

—  altissimum  Pcrs.  —  Dj.;  S. 

Saxifragées. 

SaxifragaCarpetaua  Boiss.  et  Reut. 

Onibelllfëreg. 

Eryngium  campestre  L.  —  Dj.;  S. 
Hohenackeria  bupleurifolia  Fisch.  et  Mey. 

—  Champs. 

—  polyodon  Coss.  et  DR.  —  Champs. 
Helosciadium  nodiflorura  Koch.  —  Dj.; 

Oued  Sedeur. 
Seiiuopsis  fœtida  Coss.  et  DR.  —  Dj.  (R.). 
Ammi  niajus  L. 
Carura    Mauritanirum    Boiss.    et    Reut. 

—  S. 

Pimpinella  Tragium  Vill.  —  S. 

—  dichotoma  L.  —  Sh. 
Buplevrura  semicompositum  L. 

—  spinosum  L.  —  S. 

—  exaitalum  M.-Bieb.  var.  linearifolium 

Boiss.  [B.  oligacUs  Boiss.  Diagn.  pi. 

nov.  ser.  2.).  —  S.  (R.). 
OEnanlhe  pcucedanifolia  Poliich. 
l)ev('ira  scoparia  Coss.  ot  DR. 
Tcrula  sulcata  Desf.  —  S.  (R.) 
Ridolfia  segctum  Moris  {Ancthum  sege- 

lum  L.). 
Thapsia  villosa  L.  —  S.;  Sb. 


Daucus  parviflorus  Desf.  —  Sh. 

—  a  mous  Desf. 
Caucalis  Icptophyila  L. 
Turgenia  latifolia  Hoffm. 
Toriiis  Helvctica  Gmel. 
Scandix  Pectcn-Veneris  L. 

—  australis  L.  —  S. 

Cachrys  pungens  Jan.  —  Sh.;  Cliaref. 
Smyruium  Olusatrum  L.  —  S. 
Bifora  tesliculata  L. 

LorantliacéeN. 

Arceuthobium  Oxyccdri  M.-Bieb.  {Visciun 
Oxycedri  DC).  —  Moulin  de  Djeifa 

(R.). 

Capri  foliacées. 

Lonicera  implexa  Ait.  —  S. 

Rablacécs. 

Asperula  hirsuta  Desf. 
Crucianella  patula  L.  —  Dj.;  Sh. 
Galiuin  erectum  Huds.  {G.  lucidum  Koch 
non  Ail.  sec.  Greu.  et  Godr.).  —  S. 

—  Tunelanum  Desf.  —  S. 

—  saccharatum  L. 

—  tricorne  With. 

—  Parisiensc     L.     var.     trichocarpum 

ïausch. 
Caliipeltis  Cucullaria  Stcv.  —  Sh.    près 
Charef  Jl.). 


ValériaiiCcs. 


S. 


Valerianclla  pumila  DC.  —  Dj. 

—  discoidea  Lois. 

—  chlorodonta  Coss.  et  DR. 
• —  stephanodon  Coss.  et  DR. 
Fedia  graciiiflora  Fisch.  et  Mey. 
Centranlhus  Calcitrapa  Dufresn.  —  S. 
Valeriana  tuberosa  L.  —  S. 

Dlpsacées. 

Scabiosa  Monspelicnsis  Jacq. 

—  maritima  L.  var.  ochroleuca  (S.  gran- 

di flora  Desf.).  —  Sh.  près  Charef 

(R.). 

Conipo!!>éca  (Cynarocéphalcs). 

Calendnla  arvensis  L. 

Olhonna  ciieirifoiia  L.  —  Sh.  près  Charef 

(R.). 
lù'hiniips  sitinosus  L. 
Xcrantheniuminaperlum  Willd. —  Dj.;  S. 
Slœhclina  tiub  a  L.  —  Dj.;  S. 
Carlina  iuvolucrata  Poir.  —  Dj.;  S. 

—  sulfurca  Desf.  —  S. 


siiANCK  nu  8  MAI  1857. 


â87 


Atruclylis  {•jmccllata  L. 

—  diffusa  Coss.  sp.  nov. 

—  ca-spitosa  Dcsf.  —  Uj.;  S.;  Oued  Sc- 

dcur. 

—  Iiolycopliala  Coss.  sp.  nov. 
Miiioloiulius  Diiiiaîi  Sparh. 

Cnipina  Criipinaslriiin  Viv.  {Ccnlaurea 
Cniiiinastrunt  Moris). —  S. 

Centaurca  alba  L.  fol.  invoUicri  cilialis. 
—  S. 

—  Pailaloris  lleidr.  ^  Dj.;  S. 

—  pullata  L. 

—  acaulis  L. 

—  Nica-cnsis  Ml.  (C.  fuscalaTXiSÎ.). 

—  sulfuica  Willd. 

—  Calcitrapa  L.  —  S. 

—  pubescciis  Willd. —  S. 
CardiiiicoUiis  imillilidus  [Carlhamus  mul- 

tifidus  Desf.). 

—  Atlaiiticus  Coss.  et  DR. 

—  piunatiis  DC.  —  Dj.;  S. 

Siljbum  eburneum  Coss.  et  DR.  iii  Bull. 

Soc.  bot. 
Onopordou  ambiguum  Frescu. 

—  luacracanthum  Schousb.  —  Dj.;  S. 

—  acaule  L. 

Carduus  niacrocephalus  Desf.  —  S- 
Cirsiuin  ecliinatum  DC.  —  S. 
Rha[)onlicum  acaule  DC.  —  Dj.;  S. 
Leuzea  conifera  L.  —  S. 
Jurinea  humilisDC.  vav.  Boccoui  {Serra- 

tiila  Bocconi  DC).  — •  Dj.;  S.;  Oued 

Sedeur. 

Composées  (Corymbiféres). 

Bellis  annua  L. —  S. 

—  sylvcslris  Cyrill.  —  Dj.;  S. 
Micropus  supiuus  L. —  Ain  Mska  et  Bab 

Aïn  Meçaouda  près  Dj.  (R.). 

—  bombycinus  Lagasc. 
Inula  montana  L.  —  Dj.;  S. 
Pulicaria  Arabica  Cass.  var.  (P.  longifolia 

Bois.s.  Diagn.pl.  nov.  ser.  2). —  Dj.; 

Mcssad. 
Pallenis  spiuosa  Cass.  —  Sh. 
Anthémis  pcdunculata  Desf. 
Anacyelus  Pyrethrum  Cass. 

—  Valentiiuis  L. 

Santolina  squarrosa  Willd.  —  Dj.;  S, 
Colcostephus  macrotus  DR.  —  Sh. 
Chrysanthemura  segetuni  L. 
Arteniisia  campestris  L.  var. 

—  Herba-alba  Asso  var.  —  Dj.  ;  Oned 

Sedeur. 
Helichrysum  Fontauesii  Cambess.  —  S. 
'■  ilago  Jussia'i  Coss.  et  Germ. 
Scnecio  Auricula  Bourgeau  ap.  Coss.  pi. 
crit.  —  Redoute  Lapasset!  (R.). 


C'ninpuméc.oi  (Ciiicoracùes). 

lledypiiois  pciidula  DC. 
Catanandic  cxTulea  L.  —  Dj.;  S. 

—  Iiitoa  L. 

—  ca'spitosa  Desf.  —  Dj.  (abuud.);  Dje- 

bel Sedeur, 
Podosperiiiuni  lacinialUMi  DC. 
Tragoi)ogon  porrifolius  L.  —  Dj.;  S. 
Scorzonera  undulata  Vabl.  —  Dj.;  Oued 

Sedeur. 

—  coroiio|)ifolia  Desf. 
Astnrothrix  Ilispanica  DC. 
Taraxaeum  Deus-Leonis  L. 
Pliœnixopus  viniiuea  DC.  —  S.;  Sh. 
SoikIius  inarilinuis  L. 

Andryala  Ragusiiia  L, 

Canipuiiulacécs. 

Canipanula  Erinus  L. 
■ —   Rapuncukis  L.  —  S. 

—  rdicanlis  L.  —  Redoute  Lapasset  !  (R.). 

—  fastigiata  L.  Duf.  — Redoute  Lapasset 
(R.). 

Specularia  falcata  Alph.  DC. 

ÉrlcacCcs. 

Arbutus  Unedo  L.  — S. 

PriiunlacCes. 

Androsace  maxiuia  L. 

Astcrolinuni  Linum-stcllatum  Liuk.  —  S. 

Olt-acC'CS. 

Phillyrca  média  L.  —  S. 

—  angustifolia  L.  —  S. 

JasiniuCes. 

Jasminum  fruticaus  L,  —  S. 

Gentiauées. 

Erythrica  pulchella  Pries.  —  Charef  (R.). 

Convolvulacées. 

Convolvulus  Cantabrica  L, 

—  liueatus  L. 

—  supinus  Coss.  et  Kr.  sp.  nov.  —  Sh. 

(R.). 

—  arvensis  L. 

Cusciilacécs. 

Cuscuta  plauiflora    Ten.    var.    papillala 
Engelm.  ined.  —  Dj. ;  Charef  (R.). 

Borragiaécs. 

lieliotropium  Europœum  L. 


/»88 


SOCIETE   BOTANIQUE    UE    FRANCE. 


Erhiiiiu  Inimilc  Dcsf. 

NniiiKM  iiiicrniitlia  lîoiss.  et  Rcut. 

Lithosporimim  arvcusc  L. 

—  Apuluin  L. 

Myosotis  pusilla  Lois.  —  Dj.  (R.). 

—  hispida  Sihioclit.  —  Dj,;  S, 
Ecliinospermiiiii  patiiiuiu  Lehm. 
Cynoglossuin  rheirifolium  L.  —  S.;  Oued 

Sedcur. 
Rochelia  stcllulala  Rchb. 

Srrofnlariacf'cs. 

Vcrbascuni  Roerliaavii  L.  aff.  —  Sh. 
Celsia  laciiiiata  Poir.  —  S\i. 

—  befonicaefolia  DcsT.  —  S. 
Liuaria  siiiipIexDC.  —  Dj.;  S. 

—  reficxa  Desf. 

—  marginala  Desf.  —  S. 

—  virgala  Desf. 

—  rubrifolia  Rob.  et  Cast. 
Ananhiimin  fruticosum  Dcsf.  —  S. 
AiUirrliimini  Orontium  L. 
Veronica  Anagallis  L. 

—  praîcox  L. 

—  agiestis  L. 

OrobancliacC-es. 

Phclipœa  lavandiilacea  F.  Schultz.  (Oro- 
banche  lavanduhicea  Rchb.)  —  Sh. 
(R.). 

—  arcunria  Walp.  (Orohanche  arenaria 

Roi-Ub.). 
Orobanche  eernua  Lœfl.  —  RedoiUo  La- 
passct  !  (R.). 

Labiées. 

Thymus  hirlus  Willd.  —  S.;  Sh.;  Oued 
Scdciir. 

—  ciliatns  Bcnth.  var.  —  Dj.;  S.;  Oued 

Sedeui'. 

—  Guyonii  De  Noé.  —  Sh.;  Charef  (R.). 
Calainintlia  Alpina  Lmk.  —  S. 

—  graveoleus  Bèutb.  (  Thymus  graveo- 

lens  M.-Rieb.). 
Rosmaririus   offieiiiaiis  L.  var.  Tounie- 

fortiide  Noc.  — S.;  Sh. 
Salvia  phlomoides  Asso. 

—  iialiila  Desf.  —  Cliarcf  (R.). 

—  ^■e^l)Cl)n(•a  L. 

—  lanigera  Poir. 

Zizyphora  Ilispanica  f;.  —  Dj.;  S.;  Djebel 

Sedcur. 
Cleonia  Lusilanica  L.  —  Dj.  (R.). 
Siderilis   iucana  !..   (S.  virgala  Desf.). 


—   moulaua  L. 


Dj.;  S. 


IMarrubium  vulgarc  L. 

—  supiuutn  L.  (.1/.   seiicenm  Roiss.]  — 

Kntre  Dj.  etBab  Aïu  :\Ieçaouda  (R.). 
I.amium  amplexicaule  L.  —  S. 
Pbiomis  biloba  Desf.  —  Eutrc  Aïu  Me- 

çaouda  et  Charef  (R.). 
Tcucrium  flavuni  L.  —  S. 

—  PoliumL.  —  Dj.;  S. 
Ajuga  Iva  Sehreb.  —  S. 

Globiilariécs. 

Globularia  Alypum  L.  —  S.;  Sh. 

Plombagiuées. 

Armeria  piantaginea  Willd.  var.  leucan- 
tha.  —  Entre  le  Djel)el  Scualba  et  le 
Djebel  Haoua  (R.). 

Statice  echioides  L,  —  Charef  (R.). 

Planlaginécs. 

Plantago  albicaus  L. 

—  Corouopus  L. 

SalsolacC-es. 

Beta  vulgaris  Moq.-Tand. 
Chenopodiuin  Vulvaria  L. 
BliLum  virgatum  L. 
Atriplcx  parvifoliaLowe. 

AiiiaraiUacécs. 

Polyrnenuim  Fontanesii  DR.  et  Moq.- 
Tand.  —  Dj.;  S. 

Polysonécs. 

Polygomun  aviculare  L. 

—  Bellardi  Ail. 
Rumex  crispus  L. 

Thyinélées. 

Passerina  virescens  Coss.  et  DR.  —  S. 

—  virgala  Desf.  — Dj.;  Oued  Sedeur. 

—  Tartoii-rairaDG. —  Dj.;  Oued  Sedeur. 

Cytlnécs. 

Cytinus  Hypocistis  L.  —  S. 

r.upliorbiact'cs. 

Eupliorbia  Charnaîsyce  L. 

—  Iielioscopia  !.. 

—  pubcsceus   Valil.  —  Sli.    à    Ciiaref. 

(R.). 

—  luleoia  Coss.  et  DR.  sp.  nov.  —  Dj.; 

Djebel  Sedeur. 


SKANClî    DU    .S    MM    1857. 


489 


Euphoibia  falcata  I.. —  !)j.;  Oued  Scdciir. 

—  calcaroa  Coss.  et  DU. 
Merc.urialis  aiiiuia  \j. 

Cii|tiilifOrc$. 

Quercus  Ilcx  L.  —  Dj.;  S.;  Sh. 

Coiiin^ros. 

Juniporiis  Oxycedrus  L.  —  S.;  Sh. 

—  l'hœniceaL.  — D.j.;S.;DjpI)el  Scdt-ur. 
Piinis  Ualoponsis  IMill.  —  S.;  Sli.;  Djebel 

Guedid  entre  Dj.  et  Aïn  Arich  (U.)« 

IVaindC-cs. 

Zannichellia  niacrosteinoii  J.  Gay. 
Polainogeloii  crispns  L.  —  Oued  Melah 

—  dcnsus  L.  —  Id. 

—  pcctinatus  L.  —  Id. 

Orcliidf-es. 

Accras  authropophora  R.Br.  {Ophrys  an- 

Ihropophora  L.)  —  S. 
Ophrys  lutea  Cav. 
Kiniodorum  abortivum  L. —  Redoute  La- 

passet  (R.). 


AinaryUi(!C-es. 

Corbularia  moaophylla  DR. 

Iriflécs. 


S.  (R.). 


Morœa  Sisyrinchium  Fver.  —  Dj. 
Iris  scorpioides  Desf.  (/.  alata  Poh\). 
—  Xyphiuni  L.  —  Charef  (l\.). 
Gladiolus  Ludoviciœ  Jau.?  {G.  By~antinus 

Guss.?).— S. 
Romulea  Bulbocodium  Sebast.  et  Maur. 

Smilaclnécs. 

Ruscus  aculeatus  L.  —  S. 

Liiiacécs. 

Tulipa  Celsiana  Redouté. 
Fritillaria  Alessaiionsis  Rafin, 
Oniitlioiialum  Narbonense  L. 

—  iiinliellatiim  L, 

—  sossilinoruni  Desf. 
AlliuMi  Amiicloprasuin  L. 

—  sphœrocephaium  L. 

—  p.i liens  I,.  —  Dj.;  S. 
Scilla  Feniviaiia  L.  —  S. 
Beilevalia  eomosa  Kth. 

Botryanlhus  odorus  Ktii.  {Muscari  race- 
mosinii  Will.). 


Asphndclus  (îstulosus  L.  —  Oued  Sedeur. 
Aspbodebne  lutea  Held).   [Asplwdelus  lu- 

Iciis  L.).  —  S. 
Anthericum  Liliago  L.  —  Dj.;  S. 

AsiiaraginCcs. 

Asparagus  acutifolius  L.  —  S. 

Alélauiliacécs. 

Colchicuin  bulbocodioides  Stev.  [C.  holo- 

loplium  Coss.  et  DR.  olim). 
Mcrciidera  lilifolia  Cambess. 

JoncC'CS. 

Juncus  {ïlaucus  Ehrh. 

—  striatus  Schousb. — Dj.;  OucdSedeur. 

—  bufonius  L. 

CypéracCes. 

Scirpus  Holoschœnus  L. 
Carex  divisa  Huds. 

Graminées. 

Lygeum  Spartum  L. 

Phalaris  brachystachys  Link. 

Imperata  cylindrica  P.B. 

Alopecurus  pratensis  L.  var.  venlricosus. 

Agrostis  alba  L.  var.  coarctala. 

Polypogon  Monspeliensis  L. 

Piptatheruni    miliacum    Coss.    (Agrostis 

miliacea  L.)  —  S. 
Slipa  barbata  Desf.  —  Dj.;  Oued  Scdeur. 

—  gigantea  Lagasc. 

—  parviflora  Desf.  —  Dj.;  S.;  Oued  Sc- 

deur. 

—  tortilis  Desf. 

—  tenacissima  L. 
Cynodon  Dactylon  Pers. 
Eehinaria  eapitata  Desf. 
Arrhenathcrum  elatius  Mcrt.  et  Koch  var. 

bulbosuni. 
Avena  barbata  Brot.  (A.  hirsuta  Rotb). 

—  pratensis  L.  —  Dj.;  S. 
Trisetum  flavesceusP.B.  —  S. 
Kœleria  pubcsccns  P.  B. 

—  Valesiaca  Gaud.  —  DJ.;  Sh. 
Cynosurus  eiegans  Desf.  —  S. 
Meliea  C.upani  <iuss.  —  Dj.;  S.  (R.). 
Atropis  distaiis  Griseb. 

Glyceria  fluitans  R.Br.  var.  plieala. 
Sphenopus  divaricatus  Uchb.  [Poa  dha- 

rictita  Gouaa). 
Pua  bulbosa  L.  —  Dj.;  S. 
Wangeuheimia  I.iiiia  Trin.  —  Dj.;  S. 
Daclylis  gluuicrata  L.  —  S. 


490 


SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE   FRANCE. 


Bromus  stcrilis  L. —  Sh. 

—  Madritonsis  L.  —  Dj.;  Sh. 

—  rigiilus  Rotli  (B.  maximus  Dcsf.). 

—  tcrtoium  L. 

—  rubens  L.  —  Dj.;  S. 

—  squarrosus  L. —  Dj.;  S.;  Sh. 

—  mollis  L. 

Fcstuca  friflora  Desf.  —  S. 

—  arundinacea    Schreb.     var.     iûlcr  - 

rupta. 

—  incrassata  Salzra.  — ^  Sh. 

—  cynosuroides  Desf.  —  Dj.;  S.;  Djebel 

Sedcur. 

—  unilateralis  Schrad.  {Triticum  Narclus 

DC.).  — Dj.;S. 

—  rigida  Kth  {Poa  rUjida  L.).  —  S. 

—  divaricata  Dcsf. —  Dj.;  Sh.;  Oued  Se- 

deur. 
Brachj  podium  distachyumRœm. et  Schult. 


Lolium  pereiine  I^.  var.  ri-^iidum. 
Hordemn  niiirimim  L. 

—  maritimuin  With. 
Eh  nuis  crinitus  Schreb. 
Triticum  Orieutalc  M.-Bicb. 

iEgilops  veutricosa  Tausch  [jE.  squarrosa 
Desf.). 

—  ovata  L.  var.  iriaristata  (.i\  Iriaris- 

tata  Willd.). 
Lcpturus  iiicurvalus  Tria. 

Foagères. 

Cheilanthcs  odora  S\v.  — Sh.  (R.). 
Ceterach  offitinarum  C.  Bauh.  —  S.;  Sh. 
(R.). 

Êqnisétacées. 

Equisetum  ramosissimura  Desf. 

{La  fin  à  la  prochaine  séance.) 


NOTES  SUR  QUELQUES  PLANTES  RAP.ES  OU  NOUVELLES  DE  LA  REGENCE  DE  TUNIS, 
par  MM.  E.  COS»iO\  et  L.  KR;lkLIIÎ. 

(Septième  cl  dernière  partie.)  (1). 

Salvia  iEGYPTiACA  L.  Sp.  33;  Jacq.  Hot^t.  Vind.  H,  69,  t.  108;  Desf. 
Atl.  I,  19;  Webb  Phyt.  Can.  III,  91  ;  Benth.  in  DC.  Prodr.'XU,  355. 
—  Thymus  hirtus  Viv.  FI.  Libye.  30,  t.  \h,  f.  1. 

lu  apiicis  deserti  Tunetani,iiîarenosi.sprope  Cafsa  (Desf.,  sed  pei-perara 
pro  planta  culta  habita),  in  argilloso-arenosis  prope  Sfox,  in  arylllosis  et 
collibus  calcareis  ditionis  Gobes  (Kralik  pi.  Tun.  exsicc.  n.  295),  etiam  in 
insula  ÏJjerha  (Kralik  pi.  Tun.  exsicc.  n.  121).  —  In  Sahara  Algeriensi 
trium  pi'ovinciarum,  ex.  gr.  :  in  ditione  Biskra!  haud  infiequens  (Jamin; 
Balansa  pi.  Alger,  exsicc.  u.  832);  in  ditione  Lughouat!  et  in  ditione  Béni 
Mzab  pluribus  locis  obvia  (Reboud);  in  ^\\\o\w.  Hamian  Garobas  prope 
Tyrmt  !.  —  In  insniis  Canariis  (Massou;  Bourgeau  pi.  Can.  exsicc.  n.  549). 
In  iusiilis  Gorgonibiis  (Forbes  sec.  Benth.).  In  Cyreuaica  (VMv.,  loc.  cit.). 
lu  .Egypte  ad  Cahiratn  (Forsk.  ;  Delile).  In  Arabia  felici  (Schimper  pi. 
Arab.  fel.  cd.  Ilohcnacker  [ISko]  n.  820).  In  Persia  australi  (Kotschy  pi. 
Pers.  austr.  éd.  Hohenacker  [18/i5]  n.  14). 

Marrobium  Deserti  de  Noé  ap.  Balansa  pi.  Alger,  exsicc.  u.  1001. — 
Sideritis  Deserli  de  Noti  in  Bull.  Soc.  bot.  II,  582. 

In  collibus  calcareis  burailioribus  deseili  Tunetani  australioris  in  di- 
tione Béni  Z/d  ad  occidentem  urbis  Gabcs  (Kralik  pi.  Tun.  exsicc.  n.  349 


(1)  Pour  les  aulies  parlies,  voir  daus  k  même  volume  les  pages  55,  131, 176, 
277,  360,  600. 


SÉANCK    DU    8    MAI    1857.  ÛOI 

subnomiiie  Sideritis  Oesciti).  —  In  Saliara  Algcricnsi  trium  provinciarura 
nce  non  in  planitiorinn  cxcelsaruin  provinci;c  Algeiiensis  et  Orancnsis 
parte australioie,  ex.  gr.:  in  ù'aione Biskra!  (F>alansa  pi.  Alger,  cxsicc),  ad 
meridicm  oppidi  liiskra  ad  Oued  Itcl  (llénon)  ;  in  ditione  Loghount!  haud 
infrequens  (lioboud  ;  Geslin),  inter  Laghonat  et  Boghor  in  planifie  Zo.hvk! 
(Rebond);  in  ditione  Oïdcd  Sidi  Cheihii  ad  Ilrézhial  et  G/iaasoid !,  in  ditione 
Hamian  (larabcts  ad  Aïn  Se/isst'fo!,  ad  lacum  exsiccatnm  Chott  cl  lilwrbil 
(Kralik  apud  Bourgeau  pi.  Alger,  exsicc.  n.  Zhb). 

Lamium  lONGiFLORUM  Ten.  FI.  Nap.  prodr.  ZU,  Sijllog.  fl.  Nap.  285, 
et  Fl.  Nap.  V,  t.  152;  Guss.  PL  rar.  233  ;  Benth.  in  DG.  Prodr.  XII, 
505;  Gren.  et  Godr.l  Fl.  Fr.  II,  678.  —  /..  lœvigatum  DC.  Fl.  Fr.  111, 
5^1  ;  Duby  Bot.  Gall.  366  (non  L.). —  L.  Pcdemontanum  Rclib.  Fl. 
excurs.  322.  —  L.  Aumidicum  de  INoé  !  in  Bull.  Soc.  hot.  H,  58^. 

In  rnpestribusumbrosis  montis  Djebel  Zaghouan  ad  cacumen  (Kralik  pi. 
Tun.  exsicc).  —  la  montibus  excelsioribus  AlgericC  in  provincia  Cirtei)si 
et  Algerionsi,  in  montibus  AurasiisI  frequens,  in  monte  Djebel  loiigoirr 
prope  Batna  (Balansa  pi.  Alger,  exsicc.  n.  837  sub  nomine  L.  jNumidicnm 
de  Noé),  in  montibus  iJjurjiira!. —  Jn  montibus  Galloprovincisel;  ia 
Pyrenœis  (sec.  Beutb.).  In  CorsiCtC  montibus  C'a^na  et  Coscione  {sec.  Gvm, 
et  Godr.).  In  Pedemontio  et  Apenninis  superioribus  (Rcbb.,  ioc,  cit.).  In 
montibus  Neapolitanis  (Tenore,  Ioc.  cit.).  In  Sicilia  a  cl.  Bentbam  indica- 
tum,  sed  a  cl.  Gussone  Inde  non  visum.  In  Graecia  (sec.  Sibth.  et  Sm.). 

JXous  avons  pu  nous  assurer,  par  l'examen  d'un  grand  nombre  d'échan- 
tillons, que  la  plante  de  Tunis  et  d'Algérie  ne  peut  pas  être  distinguée,  même 
comme  variété,  du  L.  longiflorum,  auquel  M.  de  ÎNoé  la  rapporte  lui-même 
aujourd'hui. 

Teucbtum  Alopecuros  de  Noé  in  Bull.  Soc.  bot.  II,  585. 

In  rupestribus  calcareis  ad  radiées  montis  Djebel  Aziza  in  ditione  Béai 
Zid  ad  occidentem  urbis  Gabes,  14"  die  maii. 

Statice  Bonduellii  Lestiboud.  in  Ann.  se.  nat.  sér.  3,  XVI,  81, 1. 17. 

In  arenosis  raaritimis  ad  turrem  Nadour  inter  Sfax  et  Gabes.  —  In 
Sahara  Algériens!  trium  provinciarum,  in  alluviis  etargillosis  vel  argilloso- 
arenosis  depressis  nec  non  in  montibus  calcareis,  ex.  gr.:  in  ditione  BiskraJ 
(Jamin-,  Balansa  pi.  Alger,  exsicc.  n.  816),  in  ditione  Loghouat!  ubi  pri- 
mum  inventa  (Bonduelle,  Reboud,  Geslin),  in  ditione  Béni  Mzab  ad  Guer- 
rara  (Reboud);  in  ditione  Ouled Sidi  Chei/ih  pvo])e  Arba  cl  7(!toi// (Kralik 
ap.  Bourgeau  pi.  Alger,  exsicc.  u.  49),  in  ditione  Hamian  Garabccs  ad  Aïn 
Se  frai  et  Tijoull. 


Zi92  SOCIÉTÉ   BOTAiNIQUE    DE   FRANCE. 

Staticr  puuinosa  L.  Mant.  59;  Viv.  FI.  Libye.  17,  t.  27,  f.  \  ;  Boiss.  iu 
DC.  Prodr.  XIT,  662.  —  S.  ophylla  Foi'sk.  F/.  /Efj.-Arab.  dcscr.  60, 
non  Poir.  —  .S.  tuhiflora  Sieber  pi.  yEg.  exsicc;  Rœm.  et  Sclmlt.  Syst. 
VI,  798,  noD  Deliie. 

In  arenoso-calcareis  niaritimis  regni  Tunetani  australioris,  prope  Sfax^ 
iutei"  S[ax  et  Gales  ad  turrem  Nadour,  in  ditione  ^V^Acs,  etiam  in  insula 
Djerba.  —  In  calcareo-gypsaceis  saisis  Saharœ  Algeriensis  triuni  provin- 
ciaruni,  varius  in  parte  australiore  planitierum  excelsarura  provineiœ  Al- 
geriensis, ex.  gi-.  :  in  ditione  Dishral  (Jamln  pi.  Alger,  exsicc.  n.  2^6;  Ba- 
lansa  pi.  Alger,  exsicc.  n.  813);  in  ditione  Laghoual  l  (Rebond),  inter  La- 
(jhouat  et  Djelfn  ad  Ain  cl  Ebel  (Rebond)  ;  in  ditione  Hainian  Garabas  ad 
Tyout  L  —  In  insnla  Canariens!  Lobos  (Bolle).  In  littore  Tripolitano  et 
magnai  Syrteos  (Viv.,  loc.  cit.).  In  yEgypto  inferiore  (Sieber;  C.  de 
Fontenay).  In  Palœstina  ad  mare  mortuum  (Boissier;  de  Saulcy).  In 
Arabia  pelrœa  (Boissier). 

LiMOMASTEUM  GuYONiANUM  DR.  ap.  Boiss.  in  DC.  Prodr.  XII,  689. 

lu  arenosis  et  argilloso-arenosis  maritimis  inter  S  fax  et  Gabes  ad  turreni 
Nadour,  el  prope  Gabes.  —  In  Sabara  Algeriensi  provineiae  Cirtensis,  in 
ditione  Biskraî  frequens  (Guyon;  Jamin  pi.  Alger,  exsicc.  n.  237;  Balansa 
pi.  Alger,  e.xsicc.  n.  817). 

Plantago  ovata  Forsk.  FI.  JEij.-krab.  descr.  31  [1775]  ;  Rœm.  et 
Schnit.  Sijst.  III,  125;  Boiss.  Voy.  Esp.  535;  Dcne  in  DC.  Prodr.  XJII, 
pars  1,  706.  — •  P.  decumbens  Forsk.,  loc.  cit.;  Webb  P/njt.  Can.  III, 
186;  Dcne,  loc.  cit.  —  P.  villosa  Mœnch  Meth.  ^59  [179^];  Rœm.  et 
Scbult.  Syst.  III,  143.  —  P.  argentea  Desf.  Atl.  I,  136  [1798];  Deliie 
yEg.  illustr.  n.  179.  —  P.  microcepkala  Poir.  in  Encycl.  mcth.  V, 
378  [180a]. 

In  arenosis  deserli  Tunetani  prope  Cafsa  (Desf.),  in  incultis  arenosis  et 
allnviis  prope  Sfax  el  in  dilione  Gabes  (Kralik  pi.  Tun.  exsicc.  n,  322). 

—  In  Sabara  Algeriensi  trium  provinciarum,  ex.  gr.  :  in  ditione  Biskra! 
(Jamin;  Balansa  pi.  Alger,  exsicc.  n.  8M);  in  ditione  Layhouat  (Rcboud, 
Tessière);  \\\  ùWxoxxc  Ilaiaian  Garabas  ixd  Tyout!;  in  calidioribiis  AlgeriiC 
litloralisrarissima,  in  provincia  Oranensi  ad  Saint-Denis  duSiy  (Durando). 

—  In  insiilis  Canaiiis  (Webb;  15ollc  ;  Boiirgeau  pi.  Can.  exsicc.  n.  75  et 
1530  sub  nomine  P.  dccnmbens).  In  /Egypto  ad  Alexandriam  et  Cabiram 
(Forskal,  Deliie).  Syria  (sec.  Boissier  Voy.  Esp.).  h.\-nh\ix  petraia  (Bové  ; 
Scbimper  pi.  Arab.  pctr.  exsicc.  n.  208;  Boissier).  Persia  australi  (Kolsoby). 
Iiulia  orienlali  (.lacqueinont,  Griiïitli).  lu  ilispaniie  regno  Valcntino,  Mur- 
cico  et  Granalensi  (Boiss. ,  loc.  cil.  [1838]  snb  noininc  P.  villosa). 


SÉANCR    DU    8    MAI    1857.  /|93 

Les  /*.  ovaia  et  dccinnbois,  que  les  auteurs  iio  distinguent  que  par  leur 
taille,  la  direction  des  pédoneules  et  leur  longueur  relativement  aux  feuilles, 
ne  sont  que  des  formes  d'une  même  espèce,  car  nous  avons  été  à  même  de 
constater  que  ces  caractères  tirés  du  port  sont  des  plus  variables  à  une 
même  localité;  les  feuilles,  l'épi,  les  bractées,  les  sépales,  la  corolle  et  la 
graine  sont  identiques  dans  les  deux  formes  que  nous  avons  cru  devoir 
réunir  sous  le  nom  de  P.  ovala,  nom  sous  lequel  la  [plante  figure  le  plus 
généralement  dans  les  herbiers. 

Plantago  SvRTicA  Viv.  FI.  Libye.  7,  t.  3,  f.  2  pessima;  Dcnc  in  I)C. 
Prodr.  Xll],  parsl,  706. 

In  incultis  arenosis  et  ad  margines  agrorum  regni  Tunelanl  australioris, 
prope  S  fax  et  in  ditione  Gabcs.  —  In  alluviis  Saharss  Algeriensis:  in  pro- 
vincia  Cirtensi  ad  El  Kantaralel  Biskra  {Balansa  pi.  Alger,  exicc.  n.  960)  ; 
in  Algeriensi  ad  Laghouat  (lleboud).  —  In  arenosis  magiue  Syrteos  (Viv., 
loc.  cit.).  In  yEgypto  inferiorc  ad  Alexandriam  (G.  de  Fontenay). 

Le  P.  5'?/r//c«,  avant  qu'il  n'eût  été  retrouvé  dans  le  Sahara  algéi'ien, 
n'était  connu  que  par  la  description  du  Flora  Libyen^  reproduite  par  les 
auteurs  récents;  il  est  voisin,  par  le  portet  l'ensemble  de  ses  caractères,  du 
P.  ovatay  à  côté  duquel  il  doit  être  placé,  mais  il  en  est  très  distinct  par 
les  bractées  larges  suborbiculaires  à  nervui-e  peu  saillante  chargée  de  longs 
poils  laineux  qui  font  paraître  l'ensemble  de  l'épi  velu,  par  les  sépales 
ovales-suborbiculaircs  finement  membraneux  à  nervure  disparaissant  au- 
dessous  du  milieu  de  leur  longueur,  et  non  pas  ovales-oblongs  membra- 
neux à  nervure  licrbaeée  atteignant  leur  sommet, 

EuPHORBiA  GLEBULOSA  Coss.  et  DR.  ap.  Balansa  pi.  Alger,  exsicc.   n.  7/j7 
[1853],  et  ap.  Coss.  Voy.  bot.  Alger,  in  Ann.  se.  nat.  sér.  h,  IV,  286. 

Planta  amma,  glabra,  plus  minus  glaiicescens;  caulibus  5-30  centim. 
longis,  sœpissime  pluribus  diffuso-ascendentibus,  rarissime  subsolilariis 
erectis,  simplicibus  raraosisve;  Ibliis  sparsis,  linearibus  acutiusculis,  vel 
ohlongo-cuneatis  truncatis  emarginatisve  ;  umbellis  terminalibus  3-5-ra- 
diatis  radiis  semel  bis  quaterve  dichotome  ramosis  ;  foliis  involucri  cau- 
'inis  subconformibus  vel  paulo  latloribus,  involucellorum  rhombeis,  acumi- 
iintis  vel  obtusis  ;  ^/«mc/m/Zs  aurantiacis  vel  purpurascentibus,  transverse 
oblongis,  bicornibas,  cornibus  setaceo-subulatis  sœpius  elongatis  ;  capsula 
magnitudine  E.  segetalem  referente,  lœvi,  glabra;  seminibus  o\oi^\^iis  ad 
îiilum  oblique  truncatis,  chalaza  vix  promin ul a,  f/ense  irregulariterque  ele- 
vato-tuberculatis  cl  ijuasi  glebulosis,  primum  lacteis  dein  fuscescentibus  ; 
caruncula  carnosa,  albida,  rutione  semiuis  majuseula,  substipitata,  conico- 
deprcssa,  haud  coslata  ucc  lobata,  ad  raplie  tantum  einarginata.  —  Fc- 
bruario-maio. 


49A  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE   DE    FRANCE. 

In  collibus  calcarei?  apricis  legiii  Timetani  australioris  iii  ditione  (inbcs 
(Kralik  pi.  Tiin.  exsice.  n.  328)  iiec  non  in  ditione  Béni  Zid  ad  occidentt'm 
urbis  Gahcs  ad  radiées  mentis  Djebel  Aziza.  —  Jn  Saliai-œ  Algeiiensis  gla- 
reosis,  ai'gillosis  et  alluviis,  in  ditione  /?isAv'a.' (Jamin  ;  Hénon;  Baiansa 
pi.  Alger,  exsice.  n.  Ihl),  in  ditione  Laghouat  (Reboud,  Geslin), 

\!E.  glehulosn,  par  ses  glandes  échancrées  en  croissant  et  prolongées  en 
cornes,  appartient  à  la  section  Esuln  (llœper),  où,  en  raison  des  graines 
munies  d'aspérités,  il  doit  être  placé  dans  le  même  groupe  que  V E.  rxigua; 
il  diffère  de  cette  espèce  par  les  feuilles  plus  épaisses,  glaucescentes,  par  les 
feuilles  des  involucelles  rliomboïdales,  et  non  pas  linéaires  ou  oblongues- 
linéaires  élargies  à  la  base,  par  les  capsules  environ  plus  grosses  de  moitié, 
par  les  graines  deux  fois  plus  grosses,  à  tubercules  plus  nombreux  et  plus 
rapprochés,  et  à  caroncule  plus  grosse,  plus  évidemment  stipitée  et  moins 
déprimée.  —  Il  est  plus  voisin  del  .Ê".  mecUccujinea  Boiss.  [Voij.  Esp.  569, 
t.  162)  qui  a  été  observé  dans  le  midi  de  l'Espagne  (Boissier)  etdu  Portugal 
(Bourgcau  pi,  Hisp.  et  Lus.  exsice.  n.  2029),  aux  environs  de  Tanger 
(Boissier  et  Beutcr),  en  Algérie  sur  le  littoral  à  Bône  (Durieu)  et  sur  les 
hauts  plateaux  entre  Boghar  et  Djelfa  au  Kocher-de-sel  !  ;  mais  il  en  parait 
suffisamment  distinct  par  les  tiges  et  les  feuilles  glaucescentes,  par  la  tige 
ordinairement  rameuse  dès  la  base  i\  rameaux  diffus-ascendants,  par  les 
graines  à  tubercules  plus  courts,  plus  irréguliers,  plus  saillants,  et  non  pas 
allongés-vermiculés.  —  \JE.  heteroplujlla  Desf.  (.1^/.  II,  385,  t.  102.  — 
E.  Alexandrina  Delile!  .^'g.  illustr.  n.  Zi76  et  fl.  23^,  t.  30,  f.  2)  qui  a 
été  observé  dans  des  stations  analogues  de  la  régence  de  Tunis  à  Tozzer 
(Desf.),  et  en  Egypte  à  Alexandrie  (Delile),  si  la  synonymie  que  nous  pro- 
posons est  exacte,  se  rapproche  de  VE.  glcbulosa  par  le  port  et  l'ensemble 
des  caractères,  mais  il  en  est  très  distinct  par  les  graines  lisses. 

EuPHORBiA  coKNUTA  Pcrs.  Sgu.  pi.  II,  17  ;  Spreng.  ^//st.  veg.,  111,  796. 
—  E.  retusa  Forsk.  Fl,  yEg.-Aroh.  descr.  93  (non  L.  nec  Cav.j;  Lmk 
Enctjcl.  métlt.  II,  ^28  ;  Delile!  yEg.  illustr.  n.  Ixlh. 

In  deserto  Tunetano  australiore,  prope  Gobes  m  alluviis  amnis  Oued 
Gabes  hinc  inde  sparsa,  in  argilloso-arenosis  ad  occidcntem  urbis  Gabes  ad 
radiées  montis  Djebel  Aziza  juxta  agros  hordeaceos  sat  frequens  (Kralik 
pi.  Tun.  exsjcc.  n.  392),  etiam  in  incultis  arenosis  insulse  Djerba  frequens 
(Kralik  pi.  Tun.  exsice.  n.  330). —  In  argilloso-arenosis  et  alluviis  Saharee 
Algeriensis  trium  provinciarum  sparsa,  rarius  gregatim  obvia,  nec  non  in 
planitierum  excelsarum  provinciœ  Algeriensis  et  Oranensis  parte  australiore 
ibique  séepius  E.  calyptrataî  Coss.  et  DR.  socia:  in  ditione  Diskra!  (Ilénou; 
Janiin;  Balansa  pi.  Alger,  exsice.  n.  7^9);  in  ditione  Béni  Mzab  ad  (7«cr- 
rara  (Reboud);  in  ditione  Laghoual!  (Reboud;  Geslin),  inter  Laghouat  et 


SÉANCK    DU    y    MAI    J857.  /»95 

DJelfnaô. Sidi  Moklielouf!;  in  dilioiic Ilamian  Garabos prope  Tyout  I. —  In 
71']gypli  mediae  tleserto  Kahirico  (Forskal  •,  Dclilc;  Kralik). 

VE.  caiy[)trata  Coss.  ot  DR. ,  espèce  voisine  de  VE.  cornuta,  et  qui  croît 
souvent  pôio-mêle  avec  lui  dans  la  partie  méridionale  des  hauts  plateaux 
des  provinres  d'Oran  et  d'Alfier,  en  diffère  par  les  feuilles,  même  celles  des 
involiicres  et  des  involucelles  linéaires,  à  peine  plus  larges  à  la  base,  ordi- 
nairement tronquées,  échancrées  ou  irrégulièrement  bi-tridentées  au  som- 
mef,  et  surtout  par  la  caroncule  qui  surmonte  les  graines  pins  longuement 
stipitée,  plus  développée,  noirâtre,  coiiique-acuminée,  en  forme  de  coiffe, 
évasée  à  la  partie  inférieure,  à  10-12  côtes  presque  égales  proéminentes,  et 
frangée  à  la  base  par  la  saillie  des  côtes.  —  Dans  VE.  cornuta.,  les  feuilles, 
au  moins  celles  des  involucres  et  des  involucelles  sont  élargies  à  la  base  et 
ovales-acuminéos,  et  la  caroncule  est  blanchâtre  ou  à  peine  brunâtre, 
conique,  obscurément  acuminée,  à  U  côtes  présentant  souvent  d'autres 
côtes  secondaires  moins  distinctes. 

Crozophora  verbascifolia  Adr.  de  Juss.  Enph.  <jcn.  ient.  28;  Coss.  PI. 
crit.  llO.  —  Croton  verbascifolium  Willd.  Sp.  IV,  539  [1805]. —  C  vil- 
losimi  Sibth.  et  Sm.  i^/.  Grœc.prodr.  Il,  2^9  [1813],  et  FL  Grœc.  t.  951. 
—  C.patulum  Lagasc.  Nov.  gen.  et  sp.li,  n.  275  [1816]. 

In  regni  Tunetani  australioris  argilloso-arenosis  maritimis,  prope  S  fax  et 
\n  insula  Djerba.  —  In  Sahara  Algériens!  paucis  locis  hucusque  obvia,  in 
ditione  ^Mr«/ (Jarain),  in  ditione  Béni  Mzab  çvo[)e  Berrian  (Ueboud). 
—  In  Hispanise  regno  Murcico  (Lagasca  ;  Guirao  ;  Bourgeau  pi.  Hisp. 
exsicc.  n.  1^23  et  2307)  et  provincia  Mancha  (Lagasca,  loc.  cit.).  in  Grœ- 
cia  (Sibth.  et  Sm.,  loc.  cit.;  Heldreich).  In  Asia  minore  ad  Smyrnam  (C.  de 
Fontenay  ;  Balansa  pi.  Or.  exsicc.  n.  296).  In  iMesopotamia  ad  Mossul 
(Ivotschy  pi.  Alepp.  exsicc.  éd.  Hohenacker  [18^3]  n.  hh\). 

Thymel.ï:a  (Chiamydanthus)  microphylla  Coss.  et  DR.  in  Bull,  Soc.  bot. 
III.  —  Passerina  microphylla  Coss.  et  DR.  ap.  Jamin  pi.  Alger, 
exsicc.  n.  256,  et  ap.  Balansa  pi.  Alger,  exsicc,  u.  256  et  826,  et  in 
Bull.  Soc.  bot.  II,  398. 

In  deserti  Tunetani  australioris  arenosis,  argillosis,  apricis  et  alluviis, 
prope  Gabes  vulgatissima  (Kralik  pi.  Tun.  exsicc.  n.  333).  — In  apricis 
Saharœ  Algerionsis  toîius  (Balansa  pi.  Alger,  exsicc.  n.  826)  nempe  a  de- 
serto  Tunetano  usque  ad  confines  regni  Marocani  haud  infrequens  et  inter- 
dum  frequentissima,  nec  non  in  planitierum  excelsarum  parte  australiore 
(Balansa  pi.  Alger,  exsicc.  u.  256  ;  Kralik  ap.  Bourgeau  pi.  Alger,  exsicc. 
n.  30). 


Ûî)6  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE   DE  FRANCE. 

Damasonium  BouRG^ET  Coss.  PL  crit.  hl.  —  Alisma  DamasoniumBesï.] 
Ad.  I,  324  (non  L.). 

In  regQo  Tunetano  austialiore,  prope  Gobes  in  stagnis  sestate  exsiccatis 
ad  Sidi  Boul  Baba  (Kralik  pi.  Tim,  exsicc.  d.  33/;).  —  In  Algerise  regioue 
littorali  hinciude  diffusa,  ex.  gr.  :  Bôiie  (Kralik),  Alger,  0 ran  [Mwahy). — 
InLusitaniœ  provincla  Extramadiira  (\YeKvitsch  it.Lus.  cont.[lë51]  n.328). 
In  Hispanise  agro  Gaditano  (Bourgeau  pi.  Hisp.  exsicc.  n.  /!58).  In  Sicilia 
(Gussone).  In  yEgyplo  (Bové). 

Cette  plante  est  très  voisine  du  B.  stellatum  Dalech.  qu'elle  remplace  gé- 
néralement dans  la  partie  méridionale  de  la  région  méditerranéenne-,  elle  en 
diffère  seulement  par  les  pedicelles  plus  nombreux,  plus  rapprochés  et  plus 
courts  à  la  maturité,  par  les  carpelles  plus  petits,  à  bec  peu  distinct,  forte- 
ment nervés  à  nervures  prolongées  jusqu'au  sommet,  et  par  les  graines 
oblongues-droites,  et  non  pas  oblongues-linéaires  ordinairement  arquées. 

SciLLA  viLLOSA  Dcsf. !  Atl.  I,  299,  t.  85,  f.  2;  Poir.  Encycl.  méth.  VI, 
Iko;  Rœm.  et  Schult.  Syst.  VII,  566;  Hook.  in  Bot.  mag.  t.  3211  ; 
Kuntb  Enwn.pl.  IV,  319. 

In  deserto  Tunetano  australiore,  in  arenis  prope  Kerouan  (Desf.),  incol- 
libus  calcareis  apricis  prope  Gabcs. —  In  Sahara  Algerieusi  nondum  visa. 
—  Adïripoliin  (sec.  Kunth). 

AsPHODF.i.us  viscTDULUS  Boiss.  Dlagn.  pi.  Or.  scr.  1,  vu,  [18ù6],  et  xttt, 
1h  [185i];  .1.  Gay  Monogr.  Asphndel.  ined.  (1). 

Var.  (3.  GaOesiamis  J.  Gay,  loc.  cit. 

In  deserto  Tunetano  australiore  ad  occidentcm  urbis  Gabes,  in  aigilloso- 
arenosisditionis.^e/u'  Zid^  nec  non  in  alluviissecus  amnem  Oued  Gabes  ra- 
rissimus. 

Pennisetum  asperifolium  Kunth  Gram.  I,  ^49,  et  Enum.  pi.  I,  162,  et 
supp.  118. —  Cenchrus  aspeiifolius  Desf.l  Ail.  }\,  388.  — P.  Tiberia- 
disBohs.l  Diagn.  pi.  Or.  ser.  1,  xiii,  /i3. 

In  regno  Tunetano  australiore,  in  alvco  exsiccato  amnis  Oued  (7flZ»cs prope 

(1)  VA.  viscidulus  conslilue  avec  VA.  jiendulinus  la  section  Plagiasphodelus 
établie  par  M.  J.  Gay  dans  une  nionogruphie  inédite  du  genre  Asphodelus.  Nous 
croyons  devoir  reproduire  textuellement  les  caractères  de  cette  section  et  les 
diaf,Mioses  des  deux  espèces  qui  la  constituent,  que  nous  empruntons  à  cet  impor- 
tant travail. 

Asi'nouELLs  secl.  l'IagiasphudcUis  J.  Gay  Monogr.  Asphod.  ined. 
Hadix  annua,   (il)ris  filiformiljus.   Axis  priuiarius  indefinitus,  in    rosiihini  cou- 


SÉANCE  DU  8   iMAI   1S57.  /i97 

Cl a/jes  {Kv'dWk  pi.  Tiin.  exsioc.  n.  i,">0\  —  ht  Algoria  litrorali  iti  petrosis 
apiicis  prope  /Joiigie  (Desfoutaines  ;  Dufoiir-,  Duriou),  ubi  iiiagna  copia 
crescit.  —  lu  Syria,  iii  rupostribus  al)ruptis  vallis  /Ja/vj/ioudé  prope  Suïda 
(Blanche  in  herb.  Syr.  éd.  Pue!  et  Maille  n.  97  sub  nomine  P.  Tiberiadis); 


IracUis,  lanios  caulifoimes,  axillares,  plures  vel  paucioros,  apliyllos,  plus  vel  minus 
declinalos,  simplicissimos  vcl  rainosos  fandens.  Folia  radicalia  soiniteieli-linearia, 
basi,  ut  videlur,  omnia  libéra.  Flores  miniini,  albi,  remote  racoinosi,  inferiorcs 
gemini  vel  terni,  superiorcs  soiitarii,  bracteis  niinimis  suffulti,  pedicellis  supra 
basiin  articiilatis,  iiuiupiani  circa  médium.  Perigonium  distincte  iirceoialum, 
urccolo  circuinscisso  simukpic  aniuilalim  persistenle,  mature  deciduum,  annnlo 
longiusculo  mcmbraiiaceo  Iriincato,  ba.«im  capsulas  cingenle,  parte  decidua  calyp- 
iraeformi.  Filanifiila  recta  non  deflexa,  siiperne  fusiformi-incrassata.  Capsula 
parva,  globoso-turbinata,  sub  apice  ultimo  porifera.  Latera  seminum  plana  vel 
rima  longitudinaii  notata. —  Herbœ  arenariie,  glaberrlmée,  gluline  quodam  arenain 
volatilem  rctinenles. 

A.  PENDULiNCS  Coss.  fit  DR.  in  Jamin  pi.  Alger,  exsicc.  n.  57  [aprili  1853]; 
Balansa  pi,  Alger,  exsicc.  n.  7/i5.  —  A,  refractus  Boiss.  Diagii.  pi.  Or.  ser.  1, 
XIII,  23  [maio  185i]. 

A.  elatior,  pedicellis  fructiferis  reflexis ,  filamentis  déganter  tota  longiiudine 
granulato-papillosis,  seminum  lateribas  planissimis. 

liai),  in  arenosis  Arabi;e  petra^a',  valie  Ouadi Mokkaleb  regionis Sinailicae  (Boiss.l), 
et  prc-Elerea  in  Algérie  australioris  deserto  ut  videtur  toto  cpianto,  ab  oriente  ad 
occasum  prolcnso,  provincia  nempe  Cirtensi  circa  Biskra  (Jamin,  Balansa),  pro- 
vincia  Algériens!  circa  Laghouat  (Cosson),  provincia  denique  Oranensi  circa  liré- 
zina  et  Chellala-Dalirania  (Cosson).  ■ —  iMartio. 

A.  VISGIDULUS  Boiss.  Diagn.  pi.  Or.  scr.  1,  vu,  118  [1846]  et  xiii,  2/|  [185^]. 
—  A.  an  fistulosus  Hochst.  et  SteucL  in  W.  Scliimp.  pi.  Arab.  exsicc.  n.  237 
[1836]  (specimina  3  ex  i,  quarto  ad  A.  pendulinum  spectante). 

A.  liumilior,  pedicellis  fructiferis  brevioribus  erectis,  filamentis  ipsisquc  eornin 
unguibtis  laevissimis,  seminum  multo  minorum  lateribus  rima  longitudinaii  tonui, 
in  t'ossulam  punciiformem  passim  rétracta,  notatis. 

Ilab.  in  Arabia  peirœa  singulis  exemplaribus  dispersus  (W.  Scbimpcrj,  nomi- 
nalim  in  planitie  arenosa  Ramleh  ad  radiées  méridionales  cristai  monlani-e  El  Tih 
(Boissier);  eliam  in  /Egypto  inferiore  circa  Alexandriam  (Snmaritani!  in  herb. 
Hcidr.  nostroque). —  Martio. 

Var.  p.  Gabesianus.  {A.  micranthus  Coss.  et  Kr.  in  Kralik  pi.  Tun,  exsicc.  [niarlio 
1856]).  —  IMulticanlis,  mulliflorus,  dlIFiisus. 

liai),  in  tlilionis  Tu.nclanai  ora  orienlaU  circa  Cabes,  cum  in  ailnvii  rivuli  Oued 
Gabes,   Inni  in  p.iscuis  dcscrli  viciai,  aprilis  20^  et  27''  flori-  siniul  et  friiclifer 
rarissimus  singulisqne  exemplarii)ns  ut  forma  prior  dispersus. 

T.  IV.  32 


/|98  -  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FIJANCE. 

In  rupcstiibus  calidis  Galileœ  piope  Tiberiadem,  propc  Khan  Hussein  ad 
littora  \-ditus  (Iciiczareth  et  ad  Banias  (Boiss. ,  loc.  cit.). 

f,c  P.  Tibcriiidis  Boiss,  doit  être  rapporté  comme  synonyme  an  /-*.  aspe- 
7'ifolii/m,  cav  cette  plante  est  font  à  fait  identique  avec  celle  de  Bougie. —  Le 
P.  asperifolium,  voisin  du  P.  Orientale  par  l'ensemble  du  port  et  les  invo- 
lucres  pédoncules  des  épillets,  en  diffère  par  l'épi  plus  dense,  par  les  pé- 
doncules des  involucres  moins  longuement  velus,  par  les  soies  des  involucres 
à  barbes  moins  étalées  après  la  floraison,  et  surtout  par  les  glumes  dont 
l'inférieure  est  nulle  ou  très  petite  et  dont  la  supérieure  n'égale  pas  la  moi- 
tié de  la  longueur  de  la  fleur  hermaphrodite;  dans  le  /-*.  Orientale  la  glume 
inférieure,  qui  existe  toujours,  est  seulement  un  peu  plus  courte  que  la 
moitié  de  la  longueur  de  la  fleur  hermaphrodite,  et  la  glume  supérieure 
dépasse  la  moitié  de  cette  longueur.  En  raison  de  l'avortement  fréquent  de 
la  glume  inférieure  chez  le  P.  asperifolium,  on  pourrait  facilement  prendre 
pour  cette  glume  la  glumelle  inférieure  de  la  fleur  neutre,  mais  il  est  facile 
d'éviter  cette  erreur  en  examinant  plusieurs  épillets,  car  quelques-uns 
d'entre  eux  présenteront  la  glume  inférieure  distincte  quoique  généralement 
rudimentaire. 

Ammochloa  subacaulis  Balansa  (sub  Sesleria)  in  pi.  Alger,  exsicc.  n.  709 
[1853]  et  ap.  Coss.  et  DB,  FI.  Alger,  phan,  I,  92, —  A.  Palœstina 
Boiss.  Diagn.  pi.  Or.  ser,  1,  xiii,  52  [maio  1854]. 

In  arenis  deseiti  Tunetani  australioris  prope  Sfax  et  Gales,  etiam  in 
insula  Djerbu.  —  Tn  Sahara  Algcriensi  trium  provinciarum,  nec  non 
in  planitiebus  excelsis  australioribus  provinciœ  Oranensis,  ex.  gr.:  inditione 
Biskra  (Balansa  pi.  Alger,  exsicc);  in  ditione  Laghouat!  (Reboud);  in 
provincia  Oianensi  plurimis  locis  obvia,  prope  A'in  lien  Khelil  !  (Kralik 
ap,  Bourgeau  pi.  Alger,  exsicc.  n.  6),AinSefra !,  Bon  Alem!  Brézina!  etc. 
—  In  liispania  orientali  ad  Harcinonom  (Pourret  in  heib,  Delessert  sub 
nomine  ined,  Poa  cyperoidesj  et  australiore  haud  procul  a  proraontorio 
Cabb  de  Gâta  (Bourgeau).  In  desertis  Palaestiuœ  australis  (Boiss.,  loc,  cit.). 
In  Cilicia  litloiali  (Balansa  pi.  Or.  n.  Ihl). 

EuAGiiOSTis  vuLGAïus  Coss,  ct  Gcrm.  FL  Par.  6/tl;Coss.  et  DR.  /•"/. 
Alger,  phanér.  I,  l/j7. — Poa  Eragrostis  Bert.  FL  It.  I,  554, — E.  poœoi- 
(ZesSteud.  Syn.  glum.  203. 

Var.  spei^ostachya  Coss,  et  \)\\.  FL  Alger,  phan,  I,  148, —  Erag- 
rostis sperostachya  Coss.  et  DR.  in  herb.  olim. 

In  regni  Tunetani  australioris  arenoso-argillosis  apricis,  hx  \u&\.i\a  DJerùa 
{Kialik  pi.  ïun.  exsicc,  n.  313)  — In  Sahara  Algeriensi  rarissima  et  hucus- 
que  tantum  ia  ditione  Laghouat  mka  Djebel  Bou  Kakil  et  ad  amnem  Oued 
Ghonira  prope  MowXam  lie f  el  Ilaniar  (Reboud)  visa.  —  In  Hispania  orien- 


SÉANCE  nu  8  MAI  1857.  /i99 

tali  ad  oppidum  Catalaunifc  CastcUo  de  Lorca  (de  la  Roche  in  liorb.  Webl)), 
propp  Miircid  (Guirao;  Bourgoau  pi.  Hisp.  ox.sicc.  ii.  M'M\  siii)  nomiiic 
K.  vertieillata  ;  .1.  r.aniïe  pi.  Kurop.  austr.  [1851-52]  n.  70  sub  iiomine 
K.  atrovirens).  lu  Arabia  in  ditione  TeJi/mia  [\\o\Xx\.  in  lierb.  Mus.  Par.), 
et  ad  Taïfa  (Botta  ;  Scliimper  pi.  Arab.  exsicc.  un.  il.  [1837]  n.  982  sub 
nomine  Poa  Kragrostis  L.  vur.). 

FiîSTLCA  DivAiuc^TA  Desf.  AU.  1,  89  emend.;  Coss.  et  DU.  FI.  Alger. 
phan.  I,  183. 

Var.  [3.  dickotomn  Coss.  et  DR.  FI.  Algn\  phan.  I,  183. —  F.  dichntoma 
Foi'sk.  FI.  yFg.-Arab.  descr.  22  sec.  Parlât.  —  Sclerochloa  oestila  de 
Not.  in  Ind.  sem.  hort.  Gen.  28  [18^6]  sec.  Parlât.  — Sderopoa  dichotoma 
Parlât.  FI.  Ital.  \,  hl\  [18^8].  —  Sderopoa  pumila  Boiss.  Diugn.  pi.  Or. 
ser.  l,fasc.  xiii,  61  [1853]. 

In  regno  Tunelano  australiore,  in  alluviis  aninis  Oued  Cubes  prope  Gabes. 
—  In  jïlgypto  inferiorc  Nili  ad  ostia  (Figari  sec.  Parlât.,  loc.  cit.),  in  do- 
sertis  prope  Alexandriam  (Forsk.  sec.  Parlât.;  C.  de  Fontenay  sec.  Boiss.; 
Delile  in  berb.  Richard),  [n  deserto  Arabise  petrseœ  Palœstinaî  conlermino 
(sec.  Boiss.,  loc.  cit.). 

Var.  y.  Memphitica  Coss.  et  DR.  FI.  Alger,  phan.  T,  18^4.  —  F.  Mem- 
phiticaCoss.  PL  crit.  183  ;  Steud.  Syn.  glum.  302. — Dactylis  Memphitica 
Spreng.  Hort.  Hal.  add.  I,  20  ;  Roth  Cat.  IH,  18.  — ■  Dineba  divaricata 
Rœm.  et  Schult.  Syst.  Il,  712  ;  P.B.?  Agrost.  in  indice  160.  —  F.  dicho- 
toma Mulel  FI.  Fr.  IV,  120  inadnot.,  et  Atl.  f.  628.—  Sclerochloa  Mem- 
pliitica  Koiss.  ap.  Pinard  pi,  exsicc.  —  Sderopoa  Caspica  C  Koch  in  Lin- 
nœa  XXI,  409.  —  Sderopoa  Memphitica  Parlât.  FL  It.  I,  471  ;  Grisebacb 
in  Ledeb.  FI.  Boss.  IV,  348  ;  Boiss.  Diagn.  pi.  Or.  ser.  1,  fasc.  xiii,  62. 
In  regni  Tunetani  australioris  arenosis  prope  Sfax  (Espina)  et  in  dilione 
Béni  Zid  prope  Gabes.  —  Inaggeribus  arena3  mobilis  in  Sahara  Algcriensi 
trium  provinciarum  tVequens  nec  non  in  parte  australiore  planitierum  e\- 
celsarum  provincise  Algeriensis  et  Oranensis,  ex.  gr.  :  in  ditione  BiskruI 
(Guyon  ;  Janiin  ;  Balansa  pi.  Alger,  exsicc.  n.  728);  in  ditione  Laghouai  ! 
(Bonduelle-,  Geslin),  inter  Laghouat  et   Djclfa  in  planitie  ZahrèsJ[RQ- 
boud);  in  ditione  Hamian  Garabas  prope  Aïn  Ben  Khdil  !  (KvuMk  ni). 
Bourgeau  pi.  Alger,  exsicc.  n.  8),  et  ad  Tyoïtt  et  Aïn  Sefissifa!,  ad  lacus 
œstate  exsiccatos  Chott  d  Chergui!  (Balansa  pi.  Algei-,  exsicc.  n.  279)  et 
Chott  d  Bharbi!  e\.c.  — In  Hispania  orientali  australiore  ad  promonîo- 
rium  Cabo  de  Gâta  (Bourgeau  pi.  Hisp.  exsicc.  n.  1537).  In  agro  Byzan- 
tino  (Aucher-Éloy  pi.   Or.  n.   3047).  Ad  mare  Caspium  (C.  A.  Meyer  et 
C.  Koch  ex  Griseb.,  loc.  cit.).  In  Jîgypîo  (Olivier;  Coquebert  de  Montbret; 
Wiest  pi.  Mg.  exsicc. 'un.  it.  u.  548  sub  nomine  Dineba  divaricata).  In 
Arabia  petrœa  (Aucher-Éloy  pi.  Or.  n.  3037  ;  Pinard  ;  Boissier). 


500  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

^EPHRODiuM  PALT.iDUM  Bory  Exp.  sc .  Mor.  III  pars  2,  bot.  287,  t.  36 
[1832],  —  Aspidium  pallidmn  Guss.  Syn.  fl.  Sic.  II,  665. 

lu  rupestribLisumbrosismontisZ>ye^i'/2'«^/ioi<an(Kialik  pi.  Tun.  cxsicc. 
n.  3^3).  —  In  Sicilia  (Guss.,  loc.  cit.;  Huet  du  Pavillon).  In  montibus 
Grœciœ  (Bory,  !oc.  cit.;  Heldreicb).  Iii  Syria  (Blanche  in  heib.  Syr.  éd. 
Puel  et  Maille  n.  100  ;  Gaillardot-,  Michon),  In  Cilicia  in  monte  Taure 
(Kotscby  it.  Cilic.  [1853]  n.  321). 

Marsilea  tEgaptiaca  Willd.  Sp.  V,  5/;0.  —  Delile  ^Eg.  illustr.  n.  972  et 
fl.283,  t.  50,  f.  /leti'. 

Tn  ariiillosis  deprcssis  byeme  inundalis  ad  Sidi  Bout  Baba  prope  Gales 
(Kialikpl.  Tun.  exsicc.  n.  396).  —  In  fossis  et  depressis  luimidis  yl-lgypti 
inferioris  Nili  ad  ostia  et  mediœ  ad  pyramides  Gyzenses  (Delile,  loc.  cit.; 
Kralik). 


SEANCE  DU   22    MAI    1857. 

PRÉSIDEiXCF    DE   M.    MOQUIN-TANDON. 

M.  Dnrliarlrc,  secrélaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
séance  du  S  mai,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance,  M.  le 
Présidciil  [)r(K'laine  l'admission  de: 

MM.  Glilloteaux-Vatel,  rue  Mademoiselle,  2,  à  Versailles,  pré- 
senté par  MM.  Cliatin  et  de  Scliœnefeld. 

KoECHLiN  (Eugène),  interne  en  médecine,  à  l'hôpital  Sainte- 
Eugénie,  rue  du  Faubourg-Saint-Antoine,  110,  à  Paris, 
présenté  par  iMM.  Dezanneau  et  Eugène  Fournier. 

CoRDONNn'.îs  (Olivier-Laurent)  étudiant  en  médecine,  boule- 
vard iMontparnasse,  37,  à  Paris,  présenté  par  jMM.  Dezan- 
neau et  Eugène  Fournier. 

M.  le  Président  annonce  en  outre  quatre  nouvelles  présentations. 

Dons  faits  à  la  Société  : 

1*  De  la  part  de  M.  L.  de  Brondeau  : 
Description  d'une  nouvelle  espèce  de  Tremellc. 

2°  De  la  pari  de  MM.  Malbranclie  et  (iirardin  : 
Exnmrn  de':  pc/olt'!:  fruiiré/s  dans  roffluinac  des  Jrnncfi  poidcts. 


SÉANCE    Itll    22    MAI    JSf)?.  501 

3'  En  (H'iianj^o  du  lUilletiu  do  lu  Sociélé  : 
L'inslitut,  mai  1857,  deux  Dumn'o?, 

M.  J.  fiay  fait  à  la  Société  la  coinmimicalion  suivaulo  : 

NOTE  SUR  LA  VÉGÉTATION,  L'INFLORESCENCE  ET  LA  STRUCTURE  FLORALE 
DU  CHÊNE,  par  M.  J.  GAY, 

J'ai,  dans  notre  dernière  séance,  lu  une  notice  sur  un  Chêne  nouveau  de 
la  dore  de  France,  et  j'ai  rattaché  à  ce  travail  quelques  observations  sur 
les  caractères  employés  pour  distinj^uer  des  groupes  naturels  dans  ce  vaste 
genre,  essayant  en  même  temps  d'améliorer  sur  ce  point  les  résultats  ob- 
tenus par  mes  devanciers.  J'avais  opéré  sur  le  sec,  ce  qui  suffisait  à  mon 
but,  vu  la  nature  des  caractères  à  étudier.  Depuis  lors, cependant,  j'ai  senti 
le  besoin  d'étendre  mes  observations  à  d'autres  caractères,  pour  lesquels  il 
y  avait  nécessité  de  consulter  le  vert,  et  le  vert  pris  dans  sa  première  ieu- 
nesiie,  ce  que  permettait  l'état  de  la  végétation  ,  au  moment  précis  où  les 
jeunes  rameaux,  se  dégageant  de  leur  bourgeon,  montraient  leurs  deursdes 
deux  sexes  nouvellement  écloses.  Ces  observations  ont  porté  sur  neuf  es- 
pèces, dont  trois  à  maturation  annuelle,  Q.  Robur,  Q.  Toza  et  Q.  Ilex  et 
six  à  maturation  biennale,  Q.  ilicifolia,  Q.  Cerris,  Q.  hispanica  (y  compris 
Q.  Turneri),  Q.  ^Egllops,  Q.  lanuta  et  Q.  coccifera.  Je  regrette  de  n'avoir 
pu  y  comprendre  ma  nouvelle  espèce,  celle  qui,  sous  le  climat  de  Paris  est 
de  toutes  la  plus  tardive,  puisqu'elle  n'entre  en  sève  qu'après  le  0.  Ilex  et 
avec  le  commencement  de  juin.  Voici  ce  que  cette  étude,  un  peu  rapide 
mais  faite  la  plume  à  la  main,  m'a  fourni  de  plus  remarquable  touchant  la 
végétation  du  Chèuc,  son  inflorescence  et  ses  caractères  floraux. 

Les  rameaux  du  Chêne  sont  terminés  par  un  bourgeon  écailleux  qui  s'é- 
panouit au  printemps,  pour  continuer  l'axe  inférieur,  lequel  est  par  consé- 
quent indéfini,  ce  qui  est,  au  reste,  un  fait  bien  connu   (voy.  Al.  Braun 
Verjûngung,  p.  22). 

La  nature  des  écailles  du  bourgeon  est  queltiuefois  en  rapport  avec  le  re- 
vêtement de  la  cupule  adulte.  Lorsque  celle-ci  est  tapissée  d'écaillés 
courtes  et  appliquées,  les  écailles  des  bourgeons  ont  toujours  le  même 
caractère.  Elles  sont,  au  contraire,  longues,  lâches  et  subulées,  au  moins 
leurs  rangées  extérieures,  lorsqueja  cupule  deviendra  hérissée  ou  che- 
velue. C'est  ce  qu'on  voit  notamment  dans  plusieurs  espèces  voisines 
du  Q.  Cerris,  espèces  dont  l'affinité  se  trahit  ainsi,  même  sur  des  rameaux 
stériles  qui  n'ont  encore  produit  aucune  infiorescence. 

Le  bourgeon  terminal  est  celui  qui  se  développe  le  mieux  en  rameau 
feuille.  D'autres  bourgeons  le  précèdent,  d'autant  plus  imparfaits  qu'ils  cii 
sont  plus  voisins.    L'imperfection  marche  de  bas  en  haut  et  elle  tend  a 


502  SOCIKTÉ    BOTANIQUE   DE    FRANCE. 

abrt^ger  do  plus  en  plus  le  rameau  feuille  sorti  de  ces  bourgeons,  jusqu'à  ce 
que  ce  jameau  soit  réduit  à  un  moignon  sans  feuilles,  d'où  résultent  ces 
nombreux  paquets  de  fleurs  mâles  que  l'on  voit  fréquemment  à  proximité 
du  bourgeon  terminal,  car  le  rameau  latéral,  même  avorté,  n'est  jamais 
complètement  stérile;  à  défaut  de  feuilles  et  de  fleurs  femelles,  il  est  tou- 
jours, au  moins  à  l'état  normal,  pourvu  de  chatons  mâles. 

Quant  aux  rameaux  plus  ou  moins  régulièrement  développés  et  suffisam- 
ment feuilles,  ils  portent  constamment  des  fleurs  mâles  et  des  fleurs  fe- 
melles, celles-ci  plus  haut  sur  l'axe,  les  autres  plus  bas,  comme  André  Mi- 
chaux l'a  dit  depuis  longtemps  (Chênes  de  l'Amériq.  sept.  Introd.  p.  IV.) 

Les  chatons  mâles  naissent  à  la  base  du  rameau,  au-dessous  des  feuilles, 
et  en  apparence  à  l'aisselle  des  écailles  intérieures  du  bourgeon.  C'est  aussi 
ce  que  disent  la  plupart  dis  auteurs  dans  leurs  descriptions,  à  la  vérité  peu 
précises  sur  ce  point.  Lorsque  pourtant  on  examine  avec  soin  un  bourgeon 
en  voie  de  développement,  où  cependant  toutes  choses  sont  encore  en  place, 
on  trouve  que  les  prétendues  écailles-mères  d'un  chaton  mâle  sont  beaucoup 
plus  longues  et  d'une  autre  forme  que  les  écailles  proprement  dites  du 
bourgeon,  et  on  reconnaît  en  même  temps  qu'elles  sont  placées  sur  les  côtés 
de  la  base  du  chaton,  à  gauche  et  à  droite,  laissant  vide,  en  apparence,  la 
place  intermédiaire  qui  devrait  fournir  une  aisselle  au  chaton.  Cette  position 
latérale  des  deux  prétendues  bractées  est  exactement  celle  des  deux  stipules 
que  l'on  voit  un  peu  plus  haut,  sur  le  même  rameau,  à  la  base  des  feuilles. 
L'analogie  est  des  plus  frappantes;  aussi  MM.  Dœli  et  Al.  Braun  n'ont-ils 
pas  hésité  à  dire  que  les  chatons  mâles  du  Chêne  naissaient  d'une  bractée 
stipulée,  réduite  à  ses  deux  stipules  (Dœll,  zur  Erkliir.  der  Laubknosp. 
18/;S,  mémoire  cité  par  M.  Al.Braun,  Verjùngung,  18/i9,  p.  66,  in  nota).  Sur 
l'article  des  stipules,  on  ne  saurait,  après  examen,  penser  autrement  que  les 
deux  auteurs,  mais  il  y  a  quelque  chose  à  ajouter  à  leur  observation.  La 
bractée-mère,  qu'ils  supposent  manquer  complètement,  existe,  je  crois, 
toujours  à  la  place  qu'elle  doit  occuper  entre  les  deux  stipules,  mais  très 
petite,  longue  au  plus  de  2  millimètres,  cachée  par  la  villosité  de  l'axe, 
et  de  plus  masquée  par  les  deux  stipules  croisées  sur  !-on  dos,  mais  très  dis- 
tincte sous  la  loupe  en  beaucoup  de  cas,  surtout  lorsqu'on  a  pu  la  détacher 
avec  une  pointe  de  canif,  se  révélant  d'ailleurs  plus  amplement  dans  quel- 
ques cas,  où  elle  prend  la  forme  d'une  véritable  feuille,  comme  je  l'ai  vu 
plus  d'une  fois  dans  le  Quercus  yEgilops  et  suitout  dans  le  Q.  coccifera,  où 
les  vraies  feuilles  portant  un  chaton  mâle  à  leur  aisselle  sont  un  phénomène 
très  ordinaire.  A  moins  de  cette  dernière  circonstance,  il  faut,  pour  bien 
voir  la  bractéole,  vu  l'extrême  caducité  de  toutes  les  parties  écailleuses 
dont  se  compose  le  bourgeon,  saisir  le  moment  précis  où  le  rameau  com- 
mence à  se  dégager  avec  ses  chatons  mâles  encore  vierges. 

Ce  phénomène  de  deux  grandes  stipules  accompagnant  un  simple  rudi- 


SÉANCK   DU    22   MAF   1857.  503 

mcnrdorcuillc  n'est  sans  doute  point  particulier  au  Cliènc,  puisque  MM.  Dœll 
et  Al.  Hraun  assimilent  au  Chêne,  sous  ce  rapport,  le,  Bouleau,  le  Charme, 
le  Noisetier  et  le  Hêtre,  où  pourtant  ils  n'ont  pas  reeonnti  la  présence  de  la 
bractée  qui  sert  de  lien  aux  deux  stipules  (Al.  Braun  1.  e.). 

Les  fleurs  du  chaton  mâle  sont,  comme  tout  le  monde  le  sait,  sessiles  ou 
brièvement  pédonculées,  et  échelonnées  en  grand  nombre  et  dans  un  ordre 
spiral  sur  un  axe  filiforme  et  pendant.  Ce  qui  n'a  pas  encore  été  dit,  je 
crois,  c'est  que  toutes  ont  à  la  base  une  bractéole  sétacée,  bien  entendu 
sans  stipule,  qui  leur  sert  de  feuille-mère,  et  quelque  insignifiante  que  pa- 
raisse cette  nouveauté,  elle  seit  à  déterminer  la  nature  de  l'axe  qui  porte 
ici  les  ileurs.  C'e^t  un  axe  indéfini,  bien  qu'on  ne  voie  jamais  aucun  indice 
de  l'axe  prolongé  au-delà  de  la  dernière  fleur.  Celie-ci  a  sa  bractéole 
comme  tontes  les  autres;  c'est  donc  une  production  axiliaire,  et  non  un  épa- 
nouissement, une  terminaison  de  l'axe. 

Je  n'ai  rien  à  dire  de  l'enveloppe  unique  de  la  fleur  mâle  (caiyce?  invo- 
lucre?),  si  ce  n'est  qu'elle  est  très  variable  dans  le  nombre,  la  profoiKleur 
et  la  forme  de  ses  divisions,  et  qu'au  milieu  de  ces  variations  je  n'ai  su  dé- 
couvrir aucun  type  d'où  découleraient  naturellement  toutes  les  aberrations 
observées.  Je  ne  sais  rien,  par  conséquent,  des  rapports  de  position  qui 
peuvent  exister  entre  l'axe  ou  la  bractéole  et  les  parties  de  l'enveloppe  do- 
rai e. 

[-es  étamines  sont  insérées  au  fond  même  du  périgone,  en  apparence 
sans  ordre  et  sans  être  ni  précédées  ni  suivies  d'aucun  soulèvement  annulaire 
du  réceptacle.  Je  n'ai  pas  su  voir  le  disque  glanduleux  autour  duquel  elles 
seraient  insérées,  au  dire  d'EndIicher  (Geu.  pi.  p.  21Li),  Leur  nombre  varie 
de  3  à  6,  de  /i  a  7  ou  de  Zi  à  9  dans  une  même  espèce,  et  c'est  une  diffi- 
culté de  plus  pour  juger  leur  position  relativement  aux  lobes  déjà  si  varia- 
bles du  périgone.  Onze  est  le  nombre  maximum  d'ëtamines  que  j'ai  pu 
compter  dans  une  fleur,  mais  c'était  une  fleur  terminale  munie  de  deux 
bractéoles  et  par  conséquent  un  composé  de  deux  fleurs  affectées  de  sy- 
nantbie. 

L'anthère,  assez  grosse  relativement  cà  son  filament,  comme  aussi  relati- 
vement au  périgone,  se  compose  de  deux  bourses  oblongues  et  parallèles, 
placées,  à  l'opposite  l'une  de  fautre,  sur  les  deux  bords  d'un  étroit  con- 
nectif,  et  chacune  d'elles  distinctement  biloculaire.  On  croirait  avoir  atiaire 
aune  anthère  quadriloculairc,  mais  la  déhiscence  montre  (|u'ici  la  cloison 
de  chaque  bourse  est  formée  par  les  bords  rentrants  d'une  seule  valve,  la- 
quelle s'étale  sur  un  seul  plan  après  l'émission  du  pollen.  Il  n'y  a  réelle- 
ment que  deux  valves,  d'où  il  faut  conclure  que  l'anthère  est  biloculaire,  et 
non  pas  quadriloculairc,  malgré  l'apparence  contraire  du  jeune  âge.  Ajou- 
tons que  les  deux  bourses  s'ouvrent  en  dehors  et  non  pas  sur  le  côté-  l'an- 
thère du  Chêne  estextrorse.  Ajoutons  encore  que  l'anthère  est  généralement 


504  SOCIÉTÉ    BOTAMQli:    DK   FRANCE. 

très  glabi'e.  I.c  {K  Inspanica  est  la  seule  espèce,  parmi  les  neuf  (jue  j'ai  ré- 
cemment examinées  à  l'état  frais,  où  j'aie  vu  les  anthères  toujours  hérissées 
de  poils  simples  plus  ou  moins  nomhi-cux  (1).  Ceci  sera  sans  doute  jugé 
important  pour  la  distinction  de  cette  espèce,  une  de  celles  sur  lesquelles  les 
auteurs  ont  le  plus  controversé. 

Au  chatons  mâles,  toujours  en  petit  nombre  et  organisés  comme  je  viens 
de  le  dire,  succèdent  sur  l'axe  du  rameau,  et  à  petite  distance,  les  vraies 
feuilles,  plus  nombreuses  sur  les  pousses  ternjuiales  ,  moins  sur  les  laté- 
rales, comme  je  l'ai  déjà  dit.  Elles  sont  disposées  suivant  la  formule  2/5, 
c'est-à-dire  que  la  sixième  est  superposée  a  la  première  après  deux  tours 
de  circonvolution  ;  c'est  l'ordre  le  plus  commun  de  la  spirale  foliaire  parmi 
les  végétaux  dicotylédones,  et  c'est  à  tort  que  M.  Kirschleger  attribue  au 
Chêne  l'ordre  3/5  (Flore  d'Alsace,  II.  p.  79).  Ces  feuilles  n'ont  d'ailleurs 
rien  de  remarquable,  si  ce  n'est  leurs  stipules,  grandes,  scarieuses  et  très 
caduques,  qui  se  croisent,  non  à  l'intérieur  de  la  feuille,  mais  sur  son  dos 
et  de  manière  a  la  couvrir  dans  le  jeune  âge,  caractère  que  j'ai  déjà  indiqué 
plus  haut  pour  les  stipules  des  chatons  mâles,  mais  sur  lequel  je  dois  ap- 
puyer ici  une  fois  de  plus,  parce  que  tes  stipules  extérieures  sont  fort  rares 
dans  les  Dicotylédones  à  feuilles  alternes. 

C'est  à  l'aisselle  des  véritables  feuilles  que  naissent  les  fleurs  femelles, 
non  de  toutes,  mais  de  quelques-unes  d'entre  elles,  tantôt  plus  haut  sur  le 
rameau,  tantôt  plus  bas,  et  assez  constamment  à  la  même  place  dans  la 
même  espèce;  car  il  y  a  là,  je  crois,  un  caractère  spécifique  qui  n'est  pas  à 
négliger  et  qui  vraisemblablement  se  lie  aux  caractères  plus  saillants  que 
fournit  entre  autres  la  maturation  annuelle  ou  biennale,  rapports  sur  les- 
(juels  je  n'ai  pourtant  rien  de  précis  a  dire  en  ce  moment. 

Il  y  a  donc  des  aisselles  fertiles  et  des  aisselles  stériles.  Dans  ces  der- 
nières, la  fleur  femelle  est  remplacée  par  un  bourgeon  écailleux,  qui  pourra 
avorter  ou  se  développer  l'année  suivante,  et  auquel  s'applique  tout  ce  que 
j'ai  dit  plus  haut  des  bourgeor.s  en  général,  y  compris  la  différence  des 
écailles  ou  très  courtes  et  étroitement  imbriquées,  ou  lâches,  grêles  et  allon- 
gées, car  cette  différence  se  manifeste  dès  le  plus  jeune  âge  du  bourgeon. 

L'inflorescence  femelle  est  toujours  axillaire  (2)  et  toujours  solitaire  dans 

(1)  Depuis  que  ceci  est  écrit,  j'ai  retrouvé  le  même  caraclcrc  dans  mon  Q.  occi- 
denlalis. 

(2)  Je  n'ai  pas  su  voir  los  flores  fœminei  sœpissimô  è  gemmis  aphiillis  pro- 
deunles  ideoque  !<iiind  ac  fructus  in  ramulis  anuoliins  laleralcs,  qui'  M.  .Spacli 
luit  fii;iirci-  dans  le  caractère  du  groupe  Ceuris  (111.  p!.  or.  1,  p.  108).  Je  crois 
(lii'il  l'.iiii  ciilciKlre  ce.  piissau;e,  nou  des  tleurs  femelles  à  leur  naissance,  mais  des 
iVtiits  devenus  cxlra-axillaires,  du  moins  eu  apparence,  par  suite  de  la  cluile.  des 
feuilles-nitre.s,  ce  qui  arrive  ordluaireineni  dans  les  espèce  à  iiialuraliuii  biennale, 
bOit  du  t;iuiip:i  Ctriiili),  soil  de  plu-iieui.-)  aulres.  , 


siiANCK  i»u  22  MAI  1857.  505 

l'aissolle  de  sn  fcuillc-mî're.  Elle  se  compose  il'im  axe  «général ornent  très 
court,  mais  qui,  dans  certaines  espèces  ou  variétés,  peut  s'ailonfi,er  jusqu'à 
2  pouces  ou  davantage,  comme  on  le  voit  dans  le  <J.  //aus,  ainsi  que  dans 
les  variétés  pédonculées  des  Q.  Robur,  Ilex^  occidentalis  et  lanala.  Les 
Heurs,  toujours  sessiles,  sont  agglomérées  au  sommet  de  l'axe  lorsque 
celui-ci  est  court  ou  très  court,  leur  nombre  variant  alors  de  une  à  quatre 
seulement.  Sur  un  axe  plus  allongé,  les  fleurs  restent  entassées  au  sommet 
de  l'axe  ((A  Bobur  pedunculata  et  Q.  Haas),  ou  bien,  leur  nombre  augmen- 
tant et  les  entrenœuds  s'allongeant  pour  leur  faire  place,  l'iniloreseence 
prend  la  forme  d'un  véritable  épi,  sur  lequel  on  peut  compter  de  5  à 
1 5  Heurs,  alors  disposées  autour  de  l'axe  dans  le  même  ordre  que  les  feuilles 
sur  le  rameau,  c'est-à-dire  dans  l'ordre  2/5  {Q.  llex,  Q.  lanata,  Q.  occi^ 
dmtalis,  quoad  formas  ' pedunculatas) ,  ordre  qui  disparait  bientôt  par  l'a- 
vortement  constant  et  la  chute  de  toutes  les  fleurs,  moins  une  ou  deux. 

Quel  que  soit  leur  nombre,  ces  fleurs  sont  toujours  bractéolées  à  la  base, 
comme  celles  du  chaton  mâle,  mais  ici  la  bractéole  n'est  pas  toujours  soli- 
taire, et  il  est  des  espèces  où  on  en  compte  deux  ou  trois,  ce  qui,  dans  le 
premier  cas,  équivaut  à  deux  stipules  sans  feuille,  et  dans  le  second  cas  à 
une  feuille  munie  de  ses  deux  stipules. 

L'inflorescence  femelle  du  Chêne  a  donc  plusieurs  rapports  avec  l'inflo- 
rescence mâle,  mais  la  première  diffère  essentiellement  de  la  seconde  par 
son  axe  défini.  Ici,  en  effet,  l'axe  est  terminé  par  une  fleur,  tantôt  bien 
conformée,  quoiqu'elle  doive  toujours  avorter,  tantôt  déguisée  sous  la  forme 
d'un  simple  moignon,  qu'on  prendrait  pour  la  sommité  non  organisée  de 
l'axe.  Ceci  est  un  des  cas  nombreux  où  l'axe  défini  passe  graduellement  à 
l'axe  indéfini  et  ne  peut  plus  être  reconnu  que  par  l'analogie. 

Dégagée  de  ses  bractées  et  considéi-ée  isolément,  la  fleur  femelle  du  Chêne 
se  compose  d'abord  de  nombreuses  écailles  imbriquées  qui,  par  leur  sou- 
dure, formeront  plus  tard  la  cupule  du  gland,  c'est-à-dire  l'involucre  de  la 
fleur.  Cet  appareil  embrasse,  sans  la  recouvrir,  la  fleur  véritable,  toujours 
unique,  sessile  et  libre  dans  son  enveloppe,  quoique  étroitement  enserrée  par 
lui.  Dans  cette  fleur  il  faut  distinguer  en  premier  lieu  un  calyce  adhérent, 
dont  le  limbe  urcéolé  est  marqué  de  dents  plus  ou  moins  profondes,  qui  va- 
rient de  0  à  ^  dans  le  Q.  /(ex  et  de  6  à  8  dans  le  Q.  coccifera,  les  seules 
espèces  où  j'aie  pu  l'étudier  jusqu'à  ce  jour.  Dans  l'un  et  l'autre  cas,  je  n'ai 
trouvé  aucune  dii'férence,  ni  de  longueur  ni  de  consistance,  entre  les  dents 
d'un  même  calyce,  et  néanmoins  j'ai  lieu  de  croire  qu'ici  le  nombre  de  3 
ou  4  est  seul  constitutionnel ,  les  nombres  surnuméraires  provenant  sans 
doute  de  stipules  soudées  deux  à  deux.  Quoi  qu'il  en  soit,  l'urcéole  calycinal 
est  un  organe  très  fugace,  car  on  n'en  retrouve  généralement  aucune  trace 
dans  le  fruit  ;  le  Q.  coccifera,  espèce  à  fructification  biennale,  est  le  seul  où 
j'aie  vu  les  dents  calycinales  persistei',  quui(iue  déjà  fort  altérées,  jusqu'au 


506  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE   FRANCE. 

printemps  de  la  seconde  année.  Après  le  calyce  vient  l'ovaire,  entièrement 
soudé  avec  le  tube  de  l'enveloppe  (jui  le  précède,  et  terminé  par  3  ou  U 
styles,  souvent  portés  à  5  ou  6,  ou  même  7  et  8,  par  choi-ise  plus  ou  moins 
complète,  rarement  réduits  à  2  par  soudure.  Ces  styles ,  charnus,  linéaires 
ou  spatiiulés  et  arqués  en  dehors,  alternent  avec  les  dents  du  calyce  toutes 
les  fois  que  leur  nombre,  réduit  à  3  ou  h,  le  comporte.  Je  les  nomme  styles, 
et  non  stigmates  comme  on  le  fait  ordinairement,  parce  que  je  les  ai  tou- 
jours vus  naître  immédiatement  du  sommet  de  l'ovaire,  sans  aucune  sou- 
dure basilaire  qu'on  pût  prendre  pour  un  style  à  plusieurs  stigmates.  Inté- 
rieurement l'ovaire  est  divisé  en  3  ou  !\  loges,  qui  alternent  avec  les  dents 
calycinales,  chacune  d'elles  renfermant,  dit-on,  deux  ovules  collatéraux  e* 
anatropes,  suspendus  à  l'angle  interne  du  sommet  de  la  cavité,  ce  que  je 
n'ai  pu  vérifier  dans  les  jeunes  fleurs  qui  sont  actuellement  à  nia  disposi- 
tion. Ces  ovules  sont  tous  condamnés  à  l'avortemeiit,  un  seul  excepté  qui 
deviendra  la  graine  unique  du  gland. 

Tel  étant  l'état  de  la  fleur  femelle  au  moment  de  la  fécondation,  il  était 
intéressant  de  savoir  comment  elle  se  forme  à  partir  du  moment  où  ses 
premiers  éléments  peuvent  devenir  visibles  à  l'œil  armé.  Je  n'ai  trouvé  au- 
cune instruction  à  ce  sujet  dans  le  Traité  d'organogénie  comparée  de 
M.  Payer,  où  manquent  complètement  les  Cupulifères,  ainsi  que  toutes  les 
Amentacées.  Je  ne  connais  qu'une  seule  observation  faite  directement  dans 
ce  but,  et  je  la  retrouve  dans  un  passage  du  livre  de  M.  Hermann  Schacht 
\\\i\Xw\é  Der  Baum  (un  vol.  in-S",  Berlin,  1853),  où  l'auteur  traite  de  l'orga- 
nogénie  comparée  de  la  fleur  femelle  du  Chêne,  du  Hêtre  et  du  Châtaignier 
(p.  372,  tab.  k,  fig.  1-15).  Je  crois  devoir  reproduire  ici  ce  document,  fidè- 
lement traduit  de  l'allemand. 

«  La  fleur  femelle  des  vraies  Cupulifères  (Chêne,  Hêtre  et  Châtaignier)  se 
')  compose  d'une  cupule  et  de  deux  verticilles  de  feuilles.  Dans  l'ordre  du 
»  développement  de  ces  parties,  la  cupule  apparaît  la  première,  sous  la 
»  forme  d'un  bourrelet  ou  disque  annulaire  ou  divisé,  au-dessous  du  point 
»  de  végétation  du  bourgeon  floral.  Le  premier  verticille  de  feuilles  se 
»  montre  ensuite,  et  c'est  lui  que  plus  tard  on  trouvera  immédiatement  sous 
»  les  stigmates,  lesquels  constituent  le  second  verticille,  alternant  avec  le 
»  premier.  Bientôt  la  cupule  s'élève  et,  comme  le  point  de  végétation  d'un 
')  bourgeon,  elle  développe  successivement,  sur  son  côté  libre,  de  nombreux 
')  verticilles  de  feuilles,  dont  les  éléments,  alternes  dans  l'origine,  se  raulti- 
»  plient  de  manière  à  troubler  ce  rapport.  Les  entrenœuds  des  verticilles 
»  foliaires  de  la  cupule  ne  s'allongent  que  peu.  Dans  le  Chêne,  celle-ci  est 
»  urcéolée  dès  l'origine,  tandis  qu'elle  nait  et  demeure  quadripartite  dans 
»  le;  l[être  el  le  Châtaignier.  Après  la  première  apparition  de  la  cupule, 
1)  le  point  de  végétiition  du  bourgeon  floral  se  partage  en  deux  parties  dans 
»  ie  Hêtre,  en  trois  ou  plusieurs  dans  le  Châtaignier.  Chaque  bourgfon, 


SÉANCR  DU  22  MAI   1857.  507 

»  formé  par  division  à  l'intérieur  de  la  cupule ,  développe  ensuite 
n  séparément  ses  deux  verticilles  de  feuilles.  Dans  le  Cliêne,  comme 
))  dans  le  Hêtre,  il  n'y  a  d'abord  aucune;  cavité  ovarieime,  mais  plus 
»  tard  le  fond  du  bourgeon  floral  se  relève,  au-dessous  des  stigmates  et 
»  du  calyce,  c'est-à-dire  du  second  et  du  premier  verticille  de  feuilles. 
»  Des  placentas  pariétaux  se  montrent  alors,  répondant  aux  bords  des 
»  stipules;  chacun  d'eux  donnant  naissance  à  deux  ovules  liémi-anatropes 
»  et  pourvus  de  deux  téguments.  Le  sommet  du  bourgeon  floral  s'élève  à 
»  l'intérieur  de  la  cavité  ovarienne  el  se  soude  avec  les  placentas  pariétaux. 
»  C'est  pourquoi  l'ovaire  n'est  uniloculaire  et  à  placentas  pariétaux  que 
»  dans  sa  partie  supérieure;  plus  bas  il  est  divisé  en  deux,  trois  ou  quatre 
»  loges  dans  le  Chêne,  en  trois  dans  le  Hêtre.  Le  nombre  des  loges  répond 
0  à  celui  des  placentas,  comme  ce  dernier  répond  au  nombre  des  stigmates. 
»  Je  regarde  la  cupule  comme  une  inflorescence.  Dans  le  Hêtre,  ellenaitdu 
»  bourgeon  terminal  d'un  rameau  spécial  (pédoncule).  Dans  le  Chêne,  où  il 
»  y  a  toujours  plusieurs  fleurs  sur  le  même  pédoncule,  l'une  de  ces  fleurs 
»  est  terminale,  tandis  que  les  autres  sont  les  produits  axillaires  des  bractées 
»  sous-jacentes.  Dans  le  Q.  sessiliflora,  les  entrenœuds  des  bourgeons  axil- 
»  laires  naissent  et  restent  courts;  ils  s'allongent  avec  le  temps  dans  le  Q. 
»  peduncitlata.  Il  est  rare  que  tous  les  bourgeons  femelles  d'un  même  pé- 
»  doncule  ariivent  à  maturité.  » 

Un  dernier  mot  sur  les  ovaires  à  maturation  biennale.  On  sait  que,  nés  au 
printemps,  ils  restent  absolument  stationnaires  pendant  tout  le  reste  de 
l'année,  et  qu'au  printemps  suivant  seulement  ils  commencent  à  grossir 
pour  devenir  fruits  en  automne,  seize  ou  dix-sept  mois  après  leur  naissance. 
Ceci  pourrait  faire  croire  ([u'ils  n'ont  été  fécondés  que  la  seconde  année. 
Mais  il  n'eu  est  rien,  et  on  le  reconnaît  facilement  à  l'état  dans  lequel  les 
styles  se  trouvent  à  cette  dernière  époque.  Ils  sont  alors  desséchés,  cassants 
et  plus  ou  moins  mutilés,  hors  d'état  par  conséquent  de  donner  passage 
aux  boyaux  polliniques.  Ici  donc  la  fécondation  s'opère  à  la  môme  époque 
que  pour  les  autres  Chênes,  mais  ses  résultats  plus  lents  ne  se  manifestent 
que  la  seconde  année,  et  c'est  eu  cela  que  consiste  le  phénomène  de  la  ma- 
turation biennale,  dans  les  Chênes  comme  dans  les  Conifères. 

M.  Hofmeister  est  jusqu'ici  le  seul  observateur  qui,  ayant  eu  connaissance 
de  la  différence  que  présentent  les  Chênes  relativement  à  leur  maturation, 
ait  cherché  comment  se  faisait  dans  les  deux  cas  la  transmission  du  pollen. 
Ce  qu'il  en  dit  étant  très  court  et  renfermant  en  même  temps  quelques  dé- 
tails d'embryogénie,  je  crois  devoir  rapporter  ici  le  passage  entier,  extrait 
du  mémoire  que  l'auteur  vient  de  publier  sous  le  titre  de  JSeucre  Beobach- 
tungen  iJber  Embrijobildung  dcr  Phanerogamev,  dans  le  premier  cahier  des 
Jahrbûcher  fur  ivissenschaftiiche  Botanik  de  M.  Pringsheim  (Berlin,  1857, 
p.  97  et  98).  Je  traduis  de  l'allemand  aussi  exactement  qu'il  m'est  possible. 


508  bUClÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

«  De  même  que  les  Conifères,  les  Amentacées  présentent  au  plus  haut 
»  degré  la  particularité  d'une  fécondation  retardée  après  l'émission  du 
»  pollen,  plus  qu'elle  ne  l'est  dans  beaucoup  d'autres  espèces  ligneuses. 
»  Dans  les  Amentacées,  les  ovules  sont  à  peine  ébaucliés  au  moment  de  la 
»  floraison,  et  les  sacs  embryooaires  ne  se  distinguent  point  encore  du  reste 
j>  du  nucelie,  etc.  Dans  le  Cori/ius  Avellana,  c'est  vers  la  fin  de  mai  que  le 
»  sac  embryonaire  est  prêt  à  recevoir  la  fécondation,  l'ovule  étant  alors  à 
»  moitié  replié.  C'est  seulement  alors  que  les  téguments  se  ferment  par- 
»  dessus  le  sommet  du  nucelie,  etc.  Dans  le  Chêne,  il  y  a  entre  l'émission 
»  du  pollen  et  la  fécondation  une  pause  plus  longue  encore  que  dans  le 
»  Corylus.  Ici,  comme  dans  ce  dernier  genre,  les  boyaux  polliniques  pénè- 
»  trent  dans  le  canal  du  style  bientôt  après  que  les  grains  polliniques  se 
»  sont  déposés  sur  le  stigmate,  mais  ils  séjournent  dans  la  partie  inférieure 
»  de  ce  canal  jusqu'au  développement  complet  des  ovules  préparés  pour  la 
M  fécondation  :  deux  mois,  c'est-à-dire  depuis  le  commencement  de  mai 
»  jusqu'au  commencement  de  juillet,  dans  le  Quercus  pedunculata,  treize  ù 
»  quatorze  mois  dans  les  espèces  à  maturation  biennale,  le  Qnercus  rubra 
»  par  exemple.  Dressés  et  à  moitié  retournés,  les  ovules  du  Q.  pedunculata 
»  entourent,  au  nombre  de  six,  le  très  court  placenta  central.  Le  tissu  de 
»  la  paroi  ovarienne  pénètre  entre  chaque  paire  d'ovules,  de  dehors  en  de- 
»  dans,  pour  former  une  fausse  cloison  qui  se  soude  avec  le  placenta.  Les 
»  deux  téguments  ovulaires  sont  assez  épais,  et  l'endostome,  encore  dé- 
»  passé  par  l'exostome,  est  très  long.  La  cavité  du  tégument  intérieur  s'a- 
»  grandit,  par  suite  de  la  croissance  accélérée  des  téguments  ovulaires, 
»  plus  rapidement  que  le  nucelie.  Rejetant  de  côté  la  couche  de  cellules  qui 
»  le  couvre,  le  sommet  du  sac  embryonaire  s'échappe  au  dehors,  sous  forme 
»  de  vessie,  pour  remplir  la  cavité  ;  en  même  temps  que  fréquemment  il 
»  pousse  de  haut  en  bas,  et  en  passant  devant  le  nucelie  cylindrique,  un 
»  pt^ocessus  en  forme  de  cœcum.  Les  2  ou  3  vésicules  embryonaires  s'acco- 
»  lent  par  de  larges  surfaces  à  la  région  apicihiire  épaissie  du  sac  em- 
»  bryonaire.  L'extrémité  du  boyau  pollinique  s'attache  solidcmeiit  à  la 
»  paroi  extérieure  du  sac  embryonaire,  ([ui  est  ferme  de  consistance  et  facile 
»  à  isoler.  La  plus  inférieure  des  vésicules  embryonaires,  celle  qui  a  été  fé- 
»  coudée,  se  partage  d'abord  en  deux  par  une  cloison  transversale  ou  au 
»  moins  très  oblique,  en  même  temps  que  commence  la  formation  d'un 
»  endosperme  transitoire.  Le  suspenseur  [Embnjotrager]  ne  prend  qu'une 
»  très  faible  longueur.  »  Des  ligures  eussent  été  nécessaires  pour  faire  bien 
comprendre  ces  détails;  elles  manquent  malheureusement  ici. 

iM.  d(;  Schœnefeld  donne  (iiielciiu's  iiuuveaux  icuseignoniciils  sur 
l'organisation  du  voyage  de  la  Sociélé  à  Moiil[)eilier,  au  nom  de  lu 
Cornniiijt<ion  chargée  de  ce  soin. 


SÉANCE  DU  25  MAI   1857.  509 

M.  Boisduval  présente  à  la  Société  plusieurs  plantes  rpi'il  cultive 

avec  succès  :  OjiJirys  arachnitcs^  Seraplas  oxijtjlotth^  Pinyuicula 

vulyaris^  etc.;  il  annonce  qu'il  possède  un   hybride  des  Opiirys 

m  y  0(1  es  et  api  fer  a. 

M.  Duchartre  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

NOTE  sua  DIVERSES  MONSTRUOSITÉS  DE  TVLll'A  GESNERIANA,  par  M.  P.  ULCIIAK'I'RK. 

Dans  une  plantation  nombreuse  mais  mal  soignée  de  Tulipn  Gesneriana, 
j'ai  observé  plusieurs  monstruosités  qui  m'ont  paru  avoir  assez  d'intérêt 
pour  mériter  d'être  étudiées  avec  soin.  Je  demande  à  la  Société  la  permis- 
sion de  lui  communicpier  les  principaux  résultats  de  l'examen  que  j'en  ai 
l'ait,  en  les  exposant  toutefois  succinctement,  les  détails  circonstanciés  dont 
une  description  complète  amènerait  l'exposé  exigeant  le  secours  de  nom- 
breuses figures  qui  ne  peuvent  trouver  place  dans  le  Bulletin. 

Je  ne  mentionnerai  qu'en  peu  de  mots  deux  de  ces  monstruosités  que  pré- 
sentaient des  feuilles  et  qui  consistaient,  l'une  en  un  redressement  presque 
complet  du  plan  de  cet  organe,  accompagné  d'une  longue  tlécurrcnce, 
l'autre  en  une  pétalisation  de  feuille  correspondant  aune  fermeture  incom- 
plète de  la  fleur.  Dans  le  premier  cas,  la  feuille  monstrueuse  était  la  pénul- 
tième de  la  tige  florifère.  Son  insertion  était  devenue  très  oblique,  presque 
verticale,  et  elle  se  prolongeait  en  aile  saillante  jusqu'à  la  feuille  inférieure, 
c'est-à-dire  sur  une  longueur  de  5  centimètres  et  demi.  Le  plan  de  la  feuille 
était  en  même  temps  devenu  vertical.  Dans  le  second  cas,  le  périanlhe, 
quoique  ayant  ses  6  folioles  très  bien  formées,  ne  fermait  pas  entièrement 
la  coupe  de  la  fleur,  qui  restait  ouverte  sur  un  côté  par  une  large  fente. 
Vis-à-vis  de  cette  fente  et  à  8  centimètres  environ  au-dessous  de  la  fleur, 
se  trouvait  une  feuille  évidemment  supplémentaire,  assez  analogue  de  forme 
aux  folioles  du  périanthe  qu'elle  surpassait  à  peine  en  longueur,  et  dont 
une  moitié  était  restée  verte  et  foliacée,  tandis  que  l'autre  s'était  entière- 
ment pétalisée  pour  la  texture  et  la  couleur.  En  outre,  cette  feuille  anor- 
male avait  son  insertion  oblique  dans  sa  portion  pétaloide,  verticale  et 
longuement  décurrente  dans  sa  portion  foliacée. 

Les  exemples  de  pétalisation  partielle  ou  totale  de  feuilles,  dans  le  voi- 
sinage de  la  fleur  de  la  Tulipe,  ne  sont  pas  très  rares  et  j'ai  eu  moi-même 
occasion  d'en  observer,  dans  d'autres  circonstances,  de  très  remarquables. 
Les  autres  monstruosités  de  Tidipa  (iesneriann  sur  lesquelles  je  désire 
attirer  un  instant  l'attention  de  la  Société,  affectaient  toutes  le  pistil,  qui 
était  devenu  montrueux  à  des  degrés  divers,  tandis  que  les  verticilles  flo- 
raux plus  extérieurs  étaient  restés  normaux  ou  à  très  peu  près  pour  le 
nombre  et  la  situation  de  leurs  parties.  Dans  tous  ces  pistils  anormaux  le 
nombre  des  carpelles  était  augmenté  et  la  série  de  ces  augmentations  abou- 


510  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE   FRANCE. 

tissait,  en  dernière  analyse,  à  la  formation  d'un  pistil  régulier,  de  6  car- 
pelles complets.  Voici  l'exposé  succinct  de  cette  série  de  formations 
anormales. 

1°  La  monstruosité  que  je  prendrai  comme  le  degré  inférieur  de  la  série 
m'a  été  présentée  par  une  fleur  de  Tulipe,  dont  le  périanthe  et  l'androcée 
n'offraient  rien  d'anormal.  Le  pistil  offrait  seul  des  anomalies  de  plusieurs 
sortes.  Il  consistait,  dans  son  ensemble,  en  deux  corps  séparés  sur  toute 
leur  longueur,  dont  l'un  était  formé  d'un  carpelle  ouvert,  creusé  simple- 
ment en  gouttière,  avec  ses  deux  bords  chargés  d'ovules  et  son  extrémité 
stigmatique  bien  formée,  dont  l'autre  également  ouvert,  résultait  de  la 
réunion  de  2  carpelles  auxquels  s'en  était  joint  un  troisième  pourvu, 
comme  les  2  premiers,  de  ses  2  files  marginales  d'ovules,  mais  notablement 
moins  développé.  En  outre,  de  l'un  des  bords  de  ce  corps  complexe  naissait 
une  étamine  bien  formée  et  libre  presque  dès  sa  base. 

Il  y  avait  donc  au  total,  dans  ce  cas,  dissociation  complète  d'un  carpelle, 
formation  d'un  quatrième  carpelle,  ouverture  des  loges  carpellaires,  pro- 
duction d'une  étamine  entre  les  carpelles. 

2°  Dans  un  second  cas  la  complication  était  plus  grande.  A  l'intérieur 
d'un  périanthe  normal  se  trouvait  un  androcée  dont  5  étamines  occupaient 
leur  place  naturelle,  tandis  que  la  sixième  était  reportée  dans  le  verlicille 
même  des  3  carpelles  typiques.  Ceux-ci  étaient  tous  dissociés,  pîoyés  en 
gouttière  interne  et  fortement  courbés  en  un  arc  dont  la  convexité  regardait 
l'extérieur.  Deux  d'entre  eux  portaient  quantité  d'ovules  sur  leurs  deux  bords 
et  se  terminaient  par  un  stigmate  normal.  Quant  au  troisième,  il  était  péta- 
lisé  en  majeure  partie,  toute  sa  portion  supérieure  et  un  de  ses  bords  for- 
mant une  grande  expansion  pétaloïde  ;  la  portion  inférieure  de  l'autre  bord 
portait  seulement  3  ovules,  et  plus  haut  elle  présentait  de  petits  replis 
membraneux  dus  certainement  à  une  métamorphose  des  ovules  qui  man- 
quaient sur  ce  point.  Enfin  au  centre  de  cette  formation  se  montrait  un 
corps  plein  à  sa  base,  creux  et  ouvert  dans  ses  2/3  supérieurs,  terminé  par 
deux  doubles  replis  stigmatiques  normaux  et  dans  lequel  il  était  facile  de 
reconnaître  deux  carpelles  supplémentaires  unis  entre  eux,  étalés,  stigma- 
tifères  mais  entièrement  dépourvus  d'ovules. 

Ce  pistil  monstrueux  présentait  donc  :  dissociation  des  3  carpelles  typi- 
ques avec  pétalisation  presque  complète  de  l'un  d'eux  ;  transposition  de  la 
sixième  étamine  de. l'androcée  normal-,  formation  d'un  vei'licille  central  de 
2  carpelles  imparfaits  et  stériles. 

3"  Une  troisième  ileur  de  Tulipe  avait  son  périanthe  et  son  androcée 
normaux  sous  tous  les  rapports;  mais  son  pistil  offrait  5  carpelles  bien 
formés,  stigmatifères  et  pourvus  d'ovules.  L'ensemble  de  ce  pistil  formait 
deux  corps  distincts  et  séparés  sur  toute  leur  longueur;  l'un  de  ces  corps 
était  entièrement  extérieur  et  consistait  en  un  carpelle  isolé,  ouvert  et 


SKANCiî  i)i:  22  MAI  1857.  511 

creusé  en  goultièrc,  oboiidamMicnt  ovulifèi'e  t>ur  ses  deux  bords  et  siu- 
nionté  d'un  double  ropli  stigmatique  normal.  L'autre  corps,  composé  de  fi 
carpelles  soudés  sur  toute  ou  presque  toute  leur  longueur,  formait  comme  une 
lame  enroulée  non-seulement  en  cercle,  mais  même  un  peu  en  spirale,  l'un 
de  ses  bords  venant  recouvrir  l'autre.  Les  Zi  carpelles,  qui  s'étaient  unis 
pour  le  former,  avaient  chacun  deux  files  longitudinales  d'ovules,  à  l'ex- 
ception du  plus  interne,  dont  le  bord  libre  était  faiblement  pétalisé  et  dès 
lors  stérile.  Ils  étaient  tous  surmontés  de  leur  double  repli  stigmatique  bien 
formé. 

En  somme,  ce  troisième  cas  nous  montre  un  pistil  à  5  carpelles  fertiles 
et  stigmatifères,  tous  étalés,  parmi  lesquels  un  seul  était  dissocié  et  exté- 
rieur par  rapport  aux  U  autres. 

Les  trois  observations  qu'il  me  reste  à  rapporter  nous  montreront  la 
Tulipe  ajoutant  3  carpelles  à  ceux  qui  constituent  son  pistil  normal,  arri- 
vant à  former  enfin  un  pistil  régulier  de  6  carpelles,  mais  y  parvenant,  s'il 
est  permis  de  le  dire,  par  des  essais  et  des  tâtonnements. 

U°  D'abord  une  fleur  normale  quant  à  son  périanthe  et  à  son  androcée  m'a 

offert  un  pistil  anormal  sous  divers  rapports.  Ses  3  carpelles  typiques  étaient 

dissociés  et  même  séparés  par  un  large  intervalle  diins  toute  leur  longueur. 

Ils  étaient  tous  simplement  creusés  en  gouttière,  terminés  par  un  repli 

stigmatique  très  développé,  chargés  d'un  grand  nombre  d'ovules  sur  leurs 

deux  bords.  L'un  d'eux  seulement  avait  une  expansion  marginale  pétaloïde 

assez  grande,  do^t  la  formation  n'avait  pas  empêché  celle  des  ovules.  Je 

dois  ajouter  que  ce  verticille  pistillaire  externe  présentait  une  étamine 

supplémentaire  bien  conformée,  libre,  qui  était  née  sur  le  même  cercle  que 

les  3  carpelles.  A  l'intérieur  de  ce  premier  verticille  on  en  trouvait  un 

second  remarquable  à  plusieurs  égards.  Celui-ci  consistait  en  deux  corps 

inégaux,  entièrement  distincts  et  séparés,  placés  l'un  en  face  de  l'autre.  Le 

plus  grand  de  ces  deux  corps  résultait  de  l'union  de  deux  carpelles  étalés  et 

ovulifères,  alternes  à  deux  de  ceux  qui  formaient  le  verticille  pistillaire 

externe;  le  plus  petit  consistait  en  un  carpelle  qui  complétait  le  verticille 

interne,  qui  portait  2  files  d'ovules  et  qui,  en  outre,  avait  développé  chacun 

de  ses  2  boids  en  une  étamine  à  filet  plus  ou  moins  adhérent,  tei'miné  par 

une  anthère  libre,  bien  conformée  et  remplie  de  pollen. 

Ce  pistil  anormal  présentait,  comme  on  le  voit,  6  carpelles  fertiles  et 
stigmatifères,  mais  dissociés,  à  l'exception  de  deux  et  rangés  en  deux  ver- 
ticilles  concentiiques.  Cette  formation  complexe  s'était  compliquée  par  une 
production  d'étamines  supplémentaires. 

5°  Dans  une  autre  fleur  de  Tulipa  Gesneriana  la  nature  avait  fait  un  pas 
de  plus  vers  la  formation  du  pistil  régulier  et  sénaire  qui  constituait  le 
degré  supérieur  de  cette  série  d'anomalies.  Ici,  en  effet,  le  centre  de  la 
fleur  était  occupé  par  un  corps  volumineux,  qui  allait  en  s'élargissant  du 


512  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE   DE   FRANCE. 

bas  vers  le  haut,  de  manière  à  constituer  un  tronc  de  cône  renversé.  Ce 
corps  présentait  sur  un  côté  une  fente  longitudinale  presque  complète,  et, 
du  côté  opposé,  une  seconde  fente  beaucoup  moins  prolongée.  La  première 
de  ces  fentes  correspondait  à  un  carpelle  ouvert  longitudinalement  et  elle  en 
laissait  sortir  les  deux  files  d'ovules  bien  conformés.  La  section  transversale 
de  cette  formation  centrale  montrait  comme  entrant  dans  sa  composition 
6  carpelles  réunis  en  un  seul  corps,  présentant  tous  une  loge  avec  2  files 
d'ovules  et,  au  sommet,  un  double  repli  stigmatique  bien  conformé.  Il 
était  d'ailleurs  facile  de  reconnaître  que  les  3  carpelles  supplémentaires, 
correspondant  aux  3  faces  de  l'ovaire,  appartenaient  à  un  verticille  plus 
interne  que  les  3  carpelles  typiques  situés  sous  les  3  angles  saillants  de  ce 
même  corps. 

11  existait  donc  ici  un  pistil  à  6  carpelles  en  majeure  partie  cohérents, 
mais  élargis  et  plus  ou  moins  séparés  par  des  fentes  courtes  dans  leur  por- 
tion supérieure.  D'ailleurs  un  des  carpelles  était  encore  entièrement  ouvert. 

6°  Dans  la  fleur  qui  m'a  fourni  le  terme  extrême  de  cette  série,  le  pistil 
avait  acquis  une  régularité  remarquable  en  même  temps  qu'il  était  devenu 
complètement  6-carpelIé.  Extérieurement  il  formait  un  ovaire  sensiblement 
resserré  à  ses  deux  extrémités,  relevé  dans  sa  longueur  de  6  angles  parmi 
lesquels  3  étaient  plus  proéminents  que  les  3  autres  ;  enfin  il  se  terminait 
par  une  étoile  formée  de  6  doubles  replis  stigmatiques.  Intérieurement  il 
présentait  6  loges  qui  renfermaient  chacune  un  grand  nombre  d'ovules  en 
2  liles  longitudinales.  Seulement  les  3  loges  situées  sous  les  angles  les  plus 
proéminents,  c'est-à-dire  celles  des  3  carpelles  typiques,  étaient  visible- 
ment plus  externes  que  les  3  autres.  En  outre,  celles-ci,  c'est-à-dire  les  loges 
supplémentaires,  communiquaient  avec  une  cavité  centrale,  grâce  à  la 
liberté  de  leurs  deux  bords  carpellairos  chargés  d'ovules. 

En  résumé,  grâce  au\  complications"  successives  dont  je  viens  d'essayer 
de  donner  une  idée,  la  nature  est  arrivée  à  ce  résultat  rcniarciuable  de 
changer  le  type  ternaire,  regardé  comme  essentiellement  fondamental  pour 
le  pistil  des  Monocotylédons,  en  un  type  senaiie  (lu'on  pourrait  peut-être 
regarder  comme  complétant  et  régularisant  la  symétrie  florale  de  ces  végé- 
taux. En  effet,  la  fleur  dans  laquelle  ce  résultat  avait  été  produit  présentait 
2  verticilles  ternaires  de  folioles  pour  le  périarithe,  2  verticilles  ternaires 
d'étamines  pour  l'androcée,  2  verticilles  ternaires  de  carpelles  pour  le  pistil. 
Or  on  peut  se  demander  si  ce  type  senaire,  analogue  à  celui  du  périanthc 
et  de  l'androcée,  et  qu'on  observe  au  reste  dans  certains  Monocotylé- 
dons, déviait  être  regardé  comme  le  type  réel  du  pistil  de  ces  végétaux 
plutôt  que  le  type  ternaire  qu'on  observe  habituellement  dans  la  généralité 
d'entre  eux;  mais  je  ne  crois  pas  devoir  m'cccuper  ici  de  cette  question. 
Je  n'ajouterai  donc  rien  au  simple  exposé  de.s  faits  que  je  m'étais  proposé 
de  faire  connaître  à  la  Société. 


SKANCE   DU   22  MAI   1857.  513 

M.  nuroaii  dit  avoir  vu  un  certain  nombre  de  Tulipes  donl  1(^  pistil 
présentait  le  type  /i  ou  le  type  2.  On  connaîtrait  donc  des  Tonnes  de 
cette  j)lante  à  2,  3,  h,  5  et  6  carpelles. 

M.  Eugène  Fournier  dit  avoir  observé  une  monstruosité  de  Tulipe 
dans  laquelle  le  périantbe  avait  trois  verticilles,  dont  un  extérieur 
supplémentaire. 

M.  Ducbartre  ajoute  qu'il  a  vu,  il  y  a  déjà  longtemps,  une  ileur 
de  Tulipe  avec  un  vertieille  externe  supplémentaire,  mais  composé 
de  leuilles  irrégulièrement  disposées. 

M.  .1.  Gay  est  d'avis  qu'une  tleur  de  Tulipe  à  neuf  parties  se  rap- 
proclie  bien  d'une  (leur  double. 

M.  Guillard  fait  observer  que  les  carpelles  d'un  même  vertieille 
d'une  Heur  de  Tulipe  ne  sont  pas  du  môme  âge,  car  les  trachées  ne 
se  forment  pas  en  même  temps  dans  les  trois  carpelles.  De  même  les 
cinq  étamines  de  la  Bryone  se  forment  Tune  après  Tautre. 

M.  Bâillon  est  d'un  avis  contraire;  il  croit  que  les  carpelles  d'un 
même  vertieille  apparaissent  en  même  temps. 

M.  Guillard  reconnaît  qu'ils  apparaissent  en  même  temps,  mais 
leur  développement  n'est  pas  simultané. 

M.  Weddell  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

SUR  LE  MODE  DE  PARASITISME  DU  CYNOMOIUVM  COCCINEUM  L.,  [lar  Iȕ.  WEDDEIiL. 

La  Société  se  rappellera  peut-être  qu'au  mois  de  décembre  dernier, 
j'eus  riiouneur  de  lui  reiulre  conq^te  d'un  Mémoire  de  M.  le  docteur 
J.  D.  Hooker  sur  la  famille  des  Balanophorées  (1).  Je  fis  remai'quer  alors 
que  je  me  trouvais  en  désaccord  avec  cet  auteur  sur  plusieurs  points  im- 
porlants,  et  j'annonçai  mon  intention  de  me  livrer  à  une  nouvelle  étude  des 
faits  sur  iesijuels  j'avais  établi  ma  manière  de  voir.  Cette  étude  je  viens  de 
la  faire,  non  en  reprenant  d'un  bout  à  l'autre  l'examen  delà  famille,  mais 
en  me  bornant  à  en  étudier  complètement  une  espèce,  c|ue  j'ai  eu  le  bonheur 
de  me  procurer  dans  l'état  le  plus  favorable  au  genre  de  recherches  que  je 
méditais.  [>a  plante  qui  a  été  l'objet  de  mon  examen  est  le  Cynomnrium 
coccineum  L.,  dont  j'ai  l'honneur  de  mettre  un  échantillon  sous  les  yeux 
de  la  Société,  sinon  avec  toute  la  couleur  qu'il  avait  lorsque  je  l'ai  cueilli, 
du  moins  en  assez  bon  état  pour  que  l'on  puisse  s'en  faire  une  idée 
satisfaisante. 

IVIon  intention  n'est  pas  de  présenter  a  la  Société  l'histoire,  même  abré- 
gée, de  cette  singulière  plante  (ce  seia  l'objet  d'un  mémoir.*  auquel  je  tra- 

(l)  Voyez  le  DulUMiii,  t.  TH.  ti,  (Jd'i-OQ.j  cl  p.  (.Sl'-(i91. 

T.   IV,  33 


51 /l  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE    FRANCE. 

vaille  en  ce  (iiomcnt),  mais  seulement  d'appeler  son  attention  sur  un  ou  deux 
points  saillants. 

Le  t'ynomorlum  croît,  on  le  sait,  dans  notre  continent,  en  Kspagne, 
en  Sicile,  à  JMalte,  etc.;  mais  il  est  bien  plus  commun  sur  la  partie  occi- 
dentale du  littoral  algérien,  aussi  est-ce  là  que  je  me  suis  décidé  presque 
inunediatement  à  aller  l'étudier,  et  je  dois  dire  que,  grâce  aux  excellents 
renseignements  de  nos  confrères,  MM.  Balansa  et  Cosson,  j'aurais  presque 
pu  le  trouvei-  les  yeux  fermés.  .Fe  rencontrai  d'ailleurs,  en  Algérie,  un  autre 
confrère,  M.  ÎMunby,  qui  voulut  bien,  dès  mon  arrivée  à  Oran,  m'aider  de 
toute  l'expérience  qu'il  a  acquise  durant  un  long  séjour  dans  ce  pays;  si 
bien  qu'à  peine  débarqué,  pour  ainsi  dire,  je  me  trouvai  devant  la  plante 
([ue  j'étais  venu  étudier.  Je  la  vis,  pour  la  première  fois,  dans  les  prés  salés  de 
le  Sénia,  où  le  sol  est  argilo-calcaire  et  assez  ferme;  mais  un  peu  plus  tard 
j'eus  l'occasion  de  la  voir  dans  d'autres  lieux,  où  elle  croissait  dans  du  sable 
pur.  La  flore  de  ces  localités  est  très  variée,  mais  les  plantes  qui  constituent 
le  fond  de  la  végétation,  notamment  à  la  Sénia  et  au  voisinage  du  lac  de 
Misei'gbin,  sont  en  petit  nombre  :  ce  sont  en  particulier  le  Suœda  fruticosa, 
le  Salsola  vei^miculata,  le  Frankenia  corymbosa,  les  Statice  Duriœi  et  cyr- 
tostacliya,  le  Lepturus  incurvatus,  \é  iMeli lotus  parviflora,  XaMedicago  ara- 
bica, etc.  Il  n'y  avait  donc  guère  à  douter  que  ce  ne  fût  aux  dépens  d'une 
ou  de  plusieurs  d'entre  celles-là  que  vivait  le  parasite  ;  c'est  ce  dont  je  ne 
tardai  pas  à  me  convaincre. 

Le  Cynomorium  est  une  plante  vivace  ou  du  moins  plus  qu'annuelle, 
consistant  en  un  rhizome  et  en  un  nombre  plus  ou  moins  grand  de 
tiges  florifères  qui  en  émanent.  Ces  dernières  sont  toujours  annuelles  ; 
les  ramifications  du  rhizome,  au  contraire,  m'ont  paru  être  tantôt  an- 
nuelles el  tantôt  vivaces  :  elles  meurent  au  bout  de  l'année,  avec  la  tige 
florifère  (|ui  les  termine,  si,  dans  leur  niircbe  souferi-aiiie,  elles  n'ont 
trouvé  à  se  mettre  en  communication  qu'avec  des  plantes  annuelles;  si,  au 
conlraire,  elles  ont  pu  établir  des  rapports  permanents  avec  les  racines  plus 
robustes  d'une  plante  nourricière  vivace,  alors  leur  existence  se  prolonge, 
et  les  points  du  rhizome  qui  sont  ainsi  favorisés  deviennent  de  nouveaux 
centres  de  végétation.  Cette  double  connexion  du  parasite,  d'une  part,  avec 
des  plantes  annuelles  qui  ne  peuvent  lui  donner  qu'im  soutien  précaire; 
d'autre  part,  avec  des  plantes  vivaces,  avec  lesquelles,  ayant  plus  à  eu 
attendre,  le  parasite  n'hésite  pas,  en  quelque  sorte,  à  se  lier  intimement  ; 
le  mécanisme  ingénieux  employé  par  la  nature  pour  arrivera  ses  linse. 
dont  je  rendrai  un  conq^te  détaillé  dans  ma  monographie;  ces  faits  divers 
me  paraissent  constituer  un  des  points  les  plus  curieux  de  Ihisiolre  de  cj 
singulier  végétal,  et  je  n'ai  pas  voulu  tarder  à  les  faire  coimaitre,  au  moin  5 
sonunairement.  J^arini  les  échantillons  que  j'ai  l'honneur  de  placer  sous  le  > 
yeux  de  la  Société,  les  uns  nous  montrent  le  6'///iowow<m  solidement  cran.» 


SÉANCE  nu  22  MAI  1857.  515 

ponné  à  une  grosse  racine  de  Salsolo,  tandis  que  les  autres  laissent  voir  la 
liaison  qui  s'est  opérée  entre  les  Ioniques  radieulos  (|ni  hérissent  la  surface 
des  jeunes  rliizomes  et  les  racines  (ilil'ornies  du  /.eptxriif;  incurontus. 

Dans  une  procliaine  séance,  je  demanderai  a  la  Société  la  permission 
d'ajouter  à  ce  que  je  viens  de  dire,  quehfues  détails  sur  l'iidlorescence  et 
sur  la  structure  des  fleurs  femelles  du  Ciinomorium  ;  ils  démontreront,  je 
pense,  assez  clairement,  que  l'ovule  et  la  graine  n'ont  pas,  à  beaucoup  près, 
une  structure  aussi  simple  qu'on  a  pu  le  supposer  jusqu'ici,  et  (jue  l'ovaire 
est  bien,  comme  je  l'avais  cru,  de  nature  axile. 

M.  Cosson  demande  à  M.  Weddell  si  un  môme  pied  do  Cynomo- 
riiim  ne  peut  pas  être  parasite  sur  différentes  plantes  à  la  fois. 

M.  Weddell  répond  qiril  a  observé  ce  fait  fréquemment. 

M.  J.  (lay  rappelle  à  celte  occasion  que  certaines  Orobanches  se 
développent  indifféremment  sur  des  plantes  très  diverses,  appartenant 
à  des  familles  distinctes.  Il  en  est  que  l'on  a  rencontrées  sur  neuf 
espèces  différentes. 

M.  Cosson  présente  à  la  Société  quelques  espèces  nouvelles 
d'Algérie  et  fait  les  communications  suivantes  : 

ITINÉRAIRE  D'UN  VOYAGE  BOTANIQUE  EN  ALGÉRIE,  ENTREPRIS  EN  1850  SOUS  LE 
PATRONAGE  DU  MINISTÈRE  DE  LA  GUERRE,  par  M.  E.  C^OSSOÎV. 

(Quatorzicmc  et  dernière  partie  (1).) 

A  peine  sommes-nous  de  retour  à  Djelfa  qu'il  nous  faut  en  toute  hâte 
mettre  nos  récoltes  en  ordre,  car  nous  ne  pouvons  disposer  qiw  de  quelques 
instants  avant  le  départ.  Je  dois,  a  mon  grand  regret,  renoncer  à  visiter  les 
ruines  romaines,  restes  de  constructions  importantes,  situées  à  environ 
k  kilomètres  au  nord-ouest  du  fort;  il  me  faut  également  renoncera  voir, 
bien  qu'ils  ne  soient  qu'à  une  faible  distance  à  gauche  de  la  route  que  nous 
devons  suivre,  de  nombreux  tombeaux  dont  l'apparence  celtique  sem])l( 
indiquer  l'origine  gauloise  d'une  légion  romaine  qui  a  occupé  le  pays.  — A 
trois  heures  nmis  m  jutons  a  cheval,  accompagnés  non-seulement  de  M.  Phi- 
libert, qui  doit  faire  route  avec  le  commandant  jusqu'au  barrage  du  Rochei- 
de-sel,  mais  encore  de  M.  le  docteur  Keboud,  qui  veut  bien  continuer  à  ni" 
guider  dans  cette  partie  du  trajet,  avec  la  môme  ol)iigeance  que  dans  mes 
précédentes  herborisations.  —  Au  sortir  de  Djelfa  la  route  suit  le  cours  de 
l'Oued  INlelah,  qui  est  déjà,  sur  ce  point,  un  cours  d'eau  assez  important; 
bientôt  elle  s'engage  dans  une  étroite  vallée  qui  traverse  la  chaîne  du  Djehd 
Sahari;  dans  les' pâturagesaux  bords  du  chemin,  je  ne  note  que  la  présence  de 

(1)  l'oiH'  les  autres  parties  voir  dans  le  tome  III,  les  pages  388,  559,  599,  GO";, 
097,  el  dans  le  tome  iV,  les  pages  5,  /i8,  12(),  t71,  270,  353,386,  Zi73. 


5I(>  SOCIÉTÉ   BOTANIQl'R    DE    FRANCK. 

nombreuses  touffes  de  Cotanunche  cœspitom  ;  à  droite  et  à  gauclie  s'élèvent 
les  pentes  rocheuses  et  accidentées  des  montagnes  qui  encaissent  la  vallée,  et 
dont  la  végétation  arborescente  ne  se  compose  que  de  buissons  de  Genévriers. 
Dans  un  élaruissement  de  la  vallée  et  à  une  faible  distance  sur  la  droite  de  la 
route,  est  construit,  dans  un  site  des  plus  pittoresques,  le  moulin  de  Djcifa, 
de  fondation  toute  récente  et  qui  n'utilise  qu'une  bien  faible  partie  de  la 
force  motrice  du  cours  d'eau  ;  le  barraL'e  (jui  détermine  la  hauteur  de  la 
chute  laisse  écouler  de  chaciue  côté  l'excédant  des  eaux,  qui  s'échappent 
entre  les  rociiers,  sous  forme  de  petites  cascades,  pour  retomber  dans  une 
vaste  excavation,  ancien  lit  de  l'oued,  dont  les  terrains  d'alluvion  forment 
aujourd'hui  un  maguilique  Jardin,  l.es  rochers  qui,  sur  la  droite,  s'élèvent 
presque  à  pic,  contrastent  par  leur  aridité  avec  la  fraîcheur  de  la  vallée  et 
contribuent  a  donnera  ce  joli  site  un  charme  tout  particulier.  Des  Gené- 
vriers [Juniperus  Oxycedi'us)  croissent  sur  cette  pente  rocheuse,  et  sur  quel- 
ques-uns d'entre  eux  JM.  Reboud  a  trouvé  V Arccuthohinin  Oxjjcedri ;  dans 
ces  mêmes  rochers,  il  a   également  recueilli  le  Clypeoln  cydodrmtea.,  les 
77i)jmusiii/i>is  et  Gufjom'i  el  \' Astt'tif/ohf a  peregrinus.  Sur  les  terrains  mêmes 
(|ui  dépendent  du  moulin,  imus  avons  lemai-qué  les  Telephhini  Imperati, 
Muricaria  prostrata,  Enai'tlirocarpua  clavatus,  Btjpecoum  pendulum,  Sisym- 
brium  i^iincinatuni,  etc.  Au  delà  du  moulin,  la  route  est  tracée  dans  un  pays 
accidenté,  et  tantôt  longe  les  bords  de  l'oued,  tantôt  s'élève  sur  les  collines 
de  sa  rive  droite  pour  en  dominer  le  lit,  quelquefois  de  plus  de  cent  mètres. 
Nous  laissons  bientôt  sur  notre  gauche  le  petit  l\sar  luiné  d'Ain  Ouerrou, 
dont  les  environs  présentent  qucl(|ues  champs  d'Oige.  A  l'ouest,  à  quelque 
distance,  s'eléve  le  massif  du   Djebel  Korirech  ,   dont  les  pentes  sont  en 
grande  partie  occupées  par  de  belles  cultures.  A  nos  pieds  l'oued  est  pro- 
fondément encaissé  entre  des  berges  argileuses  et  ravinées,  ombragées  çà 
et  la  par  des  laïiinrix  Gallira.  Dans  la  petite  plaine  de  Korirech,  presqu'en- 
tièrement  inculte,   et  dans  laquelle  les  Ariemisia  campestris  et  Herba- 
alba  sont  les  plantes  dominantes,  se  présentent  çà  et  là,  sous  forme  de  ta- 
ches blanches  plus  ou  moins  étendues,  des  terrains  gypseux,  à  la  surface 
desquels  le  sel  vient  eflleurir,  et  où  M.  Reboud  me  signale  le  Scnecio  Auri- 
viihi  et  le  Co.mpcmula  fi.licaulis.  Apres  avoir   traversé  l'Oued  Melab,  la 
route  s'élève  par  une  pente  insensible  sur  le  coteau  sur  lequel  est  construit 
'à  une  altitude  d'environ  900  metics)  le  caravansérail  du   Rocher-de-sel, 
•  il  nous  n'arrivons  qu'après  7  heures  du  soir. 

Le  1/i  Juin  de  grand  matin  tous  mes  préparatifs  de  départ  sont  terminés, 
car  j'ai  à  faire  une  i'orte  journée  :  je  dois,  accompagné  de  M.  Reboud,  con- 
sacrer la  matinée  à  l'exploration  des  pâturages  des  environ?  du  caravansé- 
rail, des  sables  et  des  alluvions  de  l'Oued  Melah  et  surtout  de  la  montagne 
(lu  Rocher-de-sel  qui  s'élève  de  l'autre  cùté  de  la  vallée;  après  celte  Iierbo- 
rraiion,  no\is  devons \isiter  avec  MM.  Margueritte  et  Philibert  le  magnilique 


SÉANCE  m    '2'2  MM  J857.  517 

bai'r<-ii!,e  du  llochcr-do-sel,  et  faire  une  petite  excursion  dans  les  dunes  du 
Zahrès-,  de  la  j'ai  encore  à  me  rendre  au  earavanscrail  de  (iuell  el  Seltd  et 
ensuite  a  celui  d'Ani  Oussera,  c'est-à-dire  (|u'il  nie  faut  parcourir  une  dis- 
tance de  80  kilomètres.  Dans  les  pâturages  du  coteau,  auprcs  du  caravan- 
sérail, se  rencontrent  les  Tliymua  Fontanesii,  Cistus  Clusii,  Atractylis  mi- 
croccphala,  Passerina  microp/i/jUa,  Cenlaurea  Parlatoris,  Peganwn  Hur- 
mala,  entre  les  touffes  des(|uels  croissent  les  Muricaria  prostrata,  Enar- 
throcarpus  davatus,  Androsacc  maxima,  Noimea  nùcrantlta,  etc.  A  cette 
localité  M.  Reboud  a  retrouve  le  Cossonia  Africana  que  nous  avons  déjà 
signalé  àDjelfa.  Sur  les  bords  sablonneux  de  l'oued,  les  Fe&tuca  Memphi- 
tica,  Ammoc/ilou  jjuiigens,  Kœlevia  villosa  et  Lœ/liugia  Hispanica  sont  les 
plantes  dominantes.  Au  pied  de  la  montagne  du  Piocber-de-sel,  où  les  eaux 
se  sont  déjà  chargées  de  principes  salins,  et  où  se  sont  formés,  sur  les  bords 
de  l'oued,  d'épais  dépôts  de  sel  cristallisé,  la  végétation  est  surtout  con- 
stituée par  des  plantes  des  terrains  salés,  telles  que  plusieurs  espèces  de 
Salsolacées,  de  Statice,  etc.  Sur  un  rocher  nous  recueillons  les  Euphorbio. 
medicaginea ,  Diplotaxis  peudula  et  Asparagus  al  bus.  —  La  montagne 
du  Rocher-de-sel,  située  à  une  latitude  de  3Zi°  53',  est  trop  analogue  à  la 
montagne  de  sel  que  nous  avons  visitée  aux  environs  de  Macta,  et  à  celle 
d'EI  Outaia  près  Biskra,  dont  nous  avons  déjà  parlé  ailleurs,  pour  (|u'il  y  ai 
lieu  d'en  donner  une  description  détaillée;  en  effet  nous  y  retrouvons  le 
même  aspect  généraK  la  même  nudité,  les  mêmes  argiles,  les  mêmes  bancs 
de  sel,  les  mêmes  efflorescences  et  les  mêmes  dépôts  salins  ;  nous  ferons 
seulement  remarquer  le  contraste  que  forment  l'aspect  triste  et  terne  et  la 
nudité  des  argiles  du  Rocber-de-sel  avec  les  deux  massifs  de  l'ochers 
accidentés  qui  l'enclavent  à  droite  et  à  gauche,  et  sur  lesquels  le  Juniperus 
Phœniceu  el  le  HosinatHmis  offic/nalis  forment  des  touffes  de  verdure.  Vers 
le  sommet  de  la  montagne,  de  profondes  excavations  en  forme  de  puits  se 
sont  creusées  par  des  effondrements  intérieurs,  conséquence  de  la  dissolu- 
tion lente  et  continue  des  bancs  de  sel  par  l'infiltration  des  eaux,  et  ce  n'est 
pas  sans  danger  que  l'on  peut  parcourir  cette  sommité,  où  des  éboulements 
peuvent  à  chaque  instant  se  produire  sous  vos  pieds;  un  chétif  Statue  glo- 
bulariœfolia  est  l'uniiiue  représentant  de  la  végétation  sur  ce  sol  touraieuté 
et  saturé  de  sel. 

Dans  les  pâturages  argilo-sablouneux,  qui  s'étendent  jusqu'au  barrage,  et 
oùsur(iuelques  points  le  sel  vient  eftleurir,  nous  voyons  des  plantes  salines 
réunies  aux  espèces  des  terrains  sablonneuse  ;  ainsi  nous  y  notons  ka  Atractylis 
proliféra,  Scabiosa  semipapposa,  Festuca  Pectinella,  Loncltophora  Capio- 
montiaua,  Kœlpinia  linearis,  Frankenia  thyutifolia,  Lepturus  incurvatus, 
Atriplex  parvifolia,  Heriiiaria  fruticosa,  etc.  —  Le  barrage  de  l'Oued 
Melah,  étal)li  en  aval  du  Rocher-de-sel,  entre  cette  montagne  et  le  Gharsa 
sur  le  teri'itoire  des  Ouled  Rhouini,  n'a  pas  moins  de  "JfM)   métier  de  ion- 


518  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE   FRANCE. 

gueur  sur  7  mètres  de  hauteur  et  liO  d'épaisseur  à  sa  base.  Ce  maguifique 
travail,  qui  vient  d'être  exécuté  par  les  indigènes,  sous  l'habile  direction 
de  MM.  Margueritte  et  Philibert,  sera,  pour  le  pays,  une  importante 
source  de  richesse,  car  en  raison  de  son  étendue  et  de  la  hauteur  à  laquelle 
il  élèvera  le  niveau  des  eaux,  il  pourra  fertiliser  par  l'irrigation  une  super- 
ficie de  près  de  1400  hectares  sur  la  rive  gauche  de  l'Oued  iMelah,  dont  les 
eaux,  avant  l'établissement  du  barrage,  allaient,  sans  profit  pour  la  culture, 
se  perdre  dans  les  dunes  du  Zahrès.  Les  terres  rapportées  pour  former  la 
digue,  déjà'protégées  par  des  madriers  de  Tamarix  Gallica,  seront  bientôt 
consolidées  d'une  manière  plus  durable  par  de  nombreuses  plantations  du 
même  arbre  (1).  —  Vers  la  sebkha  de  la  partie  occidentale  de  la  plaine  du 
Zahrès,  existe  un  bois  de  Tamarix  assez  étendu,  que  je  regrette  de  n'avoir 
pas  le  temps  d'aller  visiter;  je  dois  me  borner  i\  faire  une  courte  excursion 
dans  les  dunes  qui  forment  une  vaste  zone  étendue  de  l'est  à  l'ouest.  Là, 
dans  les  sables  mobiles,  dont  les  mamelons  sont  couronnés  de  buissons  de 
Tamarix,  de  Rétama  Duriœi  var. ,  d' Atriplex  Baiimus  et  d'innombrables 
touffes  de  Saccocalijx  satureioides,  Euphorbia  Guyoniana,  Ononis  aagus- 
tissima  et  Arthratherum  pungens,  nous  trouvons  la  plupart  des  espèces  ob- 
servées dans  des  stations  analogues  de  la  partie  méridionale  des  hauts  pla- 
teaux de  la  province  de  l'ouest,  telles  que  les  Erysimum  grandiflorum, 
Malcolmia  yEgyptiaca,  Muricoria  prostrata,  Silène  Nicœensis,  Ononis  ser- 
rata,  Orlaya  viaritima,  Pyrethrum  macrocepJudum,  Nolletia  c/irysoco- 
moides,  Centaurea  polyacantha,  Onopordon  amhiguum^  Zollikoferia  rese- 
dîfolia,  Nonnea  phaneranthera ,  Echinopsilon  muricotus ,  Festuca  Mem- 
phitica,  Bromus  tectorum,  etc.  Dans  les  dépresbious  de  ces  mêmes  dunes,  où 
le  sol  est  plus  ferme  et  la  végétation  herbacée  plus  abondante,  les  Pcga- 
num  Harmala,  Marrubium  Deserti,  Passerina  microphylla,  Salsola  vermi- 
culata  forment  des  touffes  entre  lesciuelles  se  rencontrent  les  plantes  que 
nous  avons  déjà  vues  dans  les  pâturages  de  la  plaine.  Dans  celte  station,  si 
analogue  aux  dunes  sahariennes,  nous  constatons  encore  la  présence  du  cé- 
raste ou  vipère-â-cornes.  Vers  le  poste  de  Messrane,  à  la  limite  des  dunes, 
sur  les  bords  de  la  route,  se  rencontrent  le  Traganum  nudatum  et  Vllalo- 
cnemum  strobilaceum  avec  le  Thapsia  Garganica  qui  devient  très  abondant. 
Auxenvironsimmédiatsdu  poste,  dans  les  sables,  s'offrent  à  nous  en  grande 
partie  les  mêmes  plantes  que  dans  les  dunes  ;  seulement  nous  devons  ajouter 
a  notre  liste  les  Hypecoum  Geslini.Astragalus  Gombo,  Phelipœa  lutea,  Cy- 
nomorium  coccineurn,    Arthrathenpn  piumoswn.  —  A  peu  de  'distance  de 

(1;  D'après  des  n'iisciiîiirmciil.s  loiil  récoiils,  (|ii(' je  dois  à  robli;;eance  do  M.  l'iii- 
lilx'il.  Il'  Ij.ii  raL;i' (lu  l'io.liiM-di'-.-cl  a  pai-railcim'iil  iM-.sisii!  à  la  di'i-nirrc  rvw  liivcr- 
nalo;  il  ne  s'y  csl  prodiil  aiii'iim'  iiiliitralion,  et  le  lil  sabloiinctix  de  Toiicd,  jadis 
pcniiéabli',  s'élaiii  icxclii  û\u\  di'-jxM  de  limon,  ne  se  lai'-sera  plus  péiirlrcr  par  les 
eaux  qui  persiblcroiil  pi'iidaiU  toute  rainiéc. 


SÉANCE  nu  22  MAI  1857.  ôl9 

Messranc,  les  sables  font  place  à  une  plaine  uniforme  d'Alfa  [Slipa  Icuacis- 
sima),  oii  jo  levois  encore  d'assez  nombreux  pieds  à' Atractylis  proliféra  ; 
cette  plaine  ne  me  semblant  pas  offrir  on  grand  intérêt  pour  le  botaniste, 
je  hiUe  sans  regret  la  marcbe  de  mon  cbeval,  en  prévision  d'un  orage  qui 
nous  menace,  pour  gagner  au  plus  vite  le  caravansérail  de  Gueltel  Seltel; 
nous  n'y  arrivons  pas  néanmoins  sans  avoir  eu  à  essuyer  plusieurs  bourras- 
ques et  des  averses  torrentielles. 

Le  caravansérail  de  Gueit  el  Settel,  à  9  lieues  au  nord  du  Rocber-dc-sel 
(à  une  altitude  d'environ  950  mètres),  est  situé  d;uis  une  étroite  vallée,  qui 
traverse  du  nord  au  sud  une  cbainede  montagnes  basses  étendues  de  l'ouest 
à  l'est,  direction  générale  des  montagnes  du  pays;  il  est  construit  sur  la 
pente  du  coteau  pierreux  qui,  à  l'ouest,  borne  la  vallée.  Les  rocailles  et  les 
terrains  remués  au  voisinage  du  raur  d'enceinte  nous  offrent  une  végéta- 
tion dans  laquelle  les  plantes  du  sud  ne  tiennent  plus  que  bien  peu  de  place, 
car  elles  ne  sont  plus  guère  représentées  que  par  y Enarthrocarpus  davatus 
et  le  Muricaria  prostrata.  Les  autres  plantes  qui  doivent  y  être  mention- 
nées sont  les  Centnurea  involucrata,  Allium  Cupani,  Malvq,  yEgyptiaca, 
Mattliiola  lunata,  Minnartia  carnpestris,  Anarrhinum  fniticosvm,  Pimpi- 
nella  dichotorna,  Ammochloa  pungens ,  Festuca  ajnosuroides.  —  Le  coteau 
qui  limite  la  vallée  à  Test  est  plus  élevé  :  les  rocbers  qui  eu  forment  la 
base,  les  buissons  et  les  arbres  qui  en  occupent  la  partie  supérieure,  lui 
donnent  un  aspect  assez  pittoresque  qui  contraste  avec  le  caractère  saba- 
rien  de  la  plaine  du  Zabrès  ;  les  eaux  du  coteau  viennent  par  un  ravin  se 
réunir  dans  une  assez  large  excavation  creusée  dans  le  roc  même  et  dont 
la  localité  a  tiré  son  nom  de  Guelt  el  Settel  (Rocber-de-l'écuelle).  Dans  les 
fissures  des  rocbers  et  sur  les  alluvions  du  ravin  se  rencontrent  les  : 

Brassica  Graviuœ.  Silène  cerastioides.  Phagualon  rupeslrc. 

Sisymbrium  crysiinoides.  Oiionis  oruithopodioides.  Rhapouticuin  acaule. 

Carrichtera  Vellœ.  Anthyilis  Vulncraria.  Ceutaurea  Parlatoris. 

Alyssum  Granatense.  Mclilolus  Neapolitana.  —  pubescens. 

Iberis  pectinata.  Ebeiius  piaoata.  Catananche  caerulea. 

Helianthemuni  papillarc.  Seduin  heptapetalum.  Thymus  Guyoaii. 

i'olygala  saxalilis.  IMsturiaia  Hispanica.  Ornithogalum  sessiliflorura. 

Dianthus  virgiueus.  Umbilicus  horizoutalis.  Tragus  racemosus. 

—  serrulatus.  Daucus  parviflorus.  Cynosurus  elegans,  etc. 

Dans  la  partie  inférieure  du  ravin,  la  végétation  ligneuse  n'est  repré- 
sentée que  par  quelques  Ohviers  rabougris,  deux  ou  trois  pieds  de  Figuier 
et  quelques  broussailles  formées  de  Zizyphm  Lotus,  Rhamnus  Alaternus 
et  iijcioides,  P/iillyrea  uiedia,  Rosmariuus  officincUis,  Jasmiman  fruti- 
cans,  Cistus  salvifulius.  I.e  bois  du  sommet  est  compose  de  Junipertis 
Oxycedrus  et  de  Pislacia  Lenliscus,  clair-semés  entre  les  broussailles. 

Vers  6  beurcs  du  soir,  après  avoir  pris  congé  de  M.  Margueritte,  que  je 
dois  revoir  à  Pctris,  et  après  lui  avoir  expiimé  toute  ma  reconnaissance  pour 


520  SOCIÉTÉ    BOTAÎSIQLK    \)K    I  KAiNCE. 

sa  bonne  hospitalité  et  la  bienveillance  amicale  dont  il  m'a  entouré  pen- 
dant les  journées   que  je  viens  de  ptisser  avec  lui,  je  dois  pailir,  malgré 
les  approches  do  la  nuit,  pour  gagner  encore  ie  caravansérail  d'Am  Oussera 
à  Uk  kilomètres  plus  au  nord.  —  L'immense  plaine  argilo-sablomieuse  que 
j'ai  à  traverser  et  qui  s'étend  jusqu'au  pied  des  montagnes  de  Bogliar  est 
très  uniforme;  les  touffes  de  Stipa  tenacissima  et  d'Arteniisia  Herba-alba 
y  constituent  le  fond  de  la  végétation;  çà  et  là  quelques  Lentisques  [Pls- 
tacia  Allant  •eu)  et  des  buissons  de  Zizyphus  Lotus  rompent  seuls  la  mono- 
tonie de  ce  plateau  inculte,  où  de  nombreux  troupeaux  de  chameaux  et  de 
moutons  viennent  pâturer  pendant  l'été.  Les  seules  plantes  que  je  puisse 
noter  avant  la  tombée  de  la  nuit,  sont  entre  autres  les  Moricandio  tereti folie, 
Ënjsimum  Kuuzeanum,  Meniocus  Unifolius,  Alyssnm  scutùjfrum,  Malva 
.Egyptiacn,   Scabiosa  semipapposa,   Kcntrophyllwn   lunatum,  Atractylh 
■inicroccpluda  et  proliféra,  Echium  humile,  Echinaria  capitata,  Kœleria 
villosa,  Bromus  squarrosus,  etc. 

A  minuit  seulement,  j'arrive  au  caravansérail  d'Ain  Oussera  (à  une  alti- 
tude d'environ  675  mètres),  où  je  dois  prendre  quelques  heures  de  repos. 
—  Le  15  juin  dès  le  matin,  après  avoir  fait  une  courte  excursion  qui  com- 
prend des  terrains  compactes  et  gypseux  et  des  ondulations  sablonneuses 
de  la  plaine,  je  vais  visiter  les  importants  travaux  récemment  exécutés  par 
le  génie  pour  assainir  le  marécage  fangeux  que  formaient  plusieurs  sources 
au-dessous  du  caravansérail,  le  vaste  abreuvoir  dans  lequel  sont  recueillies 
les  eaux  et  la  fontaine  qui  vient  d'être  bâtie.  Dans  les  terrains  compactes, 
sablonneux  et  gypseux  et  sur  les  ondulations  sablonneuses  croissent  les  : 

Nigella  arvensis.  Actiilloa  Sautolina.  Blituni  virgatum. 

Eiiarllirocarpus  clavatus.  Onopordon  ambiguum.  Polygonuni  oquisetifonne. 

HelianthiMiiuin   salicifolium  Carduiicelius  Allauticus.  Passcrina  tiirsuta. 

var.  brpvipps.  Eihitiops  spiuosus.  Euptiorbia  l'alcata. 

—  hirtum  var.  Deserti.  Kali)russia  Saizmaiini.  Cyiiodon  Dactylon. 

Bhodaisine  procumbens.  Soucbus  divaricatus.  Schismus  mariiinatus. 

ppp;amim!larmaia(abond.).  Nonaea  micrantba.  Animothloa  puageus. 

Melilotns  Ncapolitana.  Echinohpcrmum  pntnlum.  Lagurus  ovalus. 

Lœfliugia  Hispauica.  Tbyinus  riliatus  var.  Fesluca  cynosuroides. 

Paronychia  Cossoniana.  Sidcritis  moutaua.  —  Pectinclla. 

Crucianeila  palula.  Chpiiopddium  Vulvaria.  Hordeum  murinum,  etc. 

(Jyrtolepis  Alexaudrina.  Atriplev  parvifoiia. 

Au  bord  du  marais,  dont  le  Lemna  gibba  couvre  les  flaques  d'eau,  se 
rencontrent  les  Jiincus  maritimus,  Polypogon  Monspcliensis,  Lepturus  in- 
curvatus,  Plantago  Coronopm,  Sphenopus  divaricatus ,  Spergnlaria  dian- 
dra,  Frankenia  palverulcnta.  —  Vers  midi  je  m'empresse  de  revenir  au 
caravansérail,  pour  faire  mes  préparatifs  de  départ,  et  je  me  mets  en  route 
pour  me  rendre  le  soir  même  à  Boghar,  distant  d'environ  60  kilomètres. 

Lii  plaine,  juscju'a  la  Dahia  Kahala,  vers  laquelle  je  me  dirige  en  laissant 
la  route  à  droite,  présente  la  même  uniformité:  je  n"ai  a  ajouter  à  ma  liste 


bl•;A^(;E  dl  '22  mai    1857.  521 

que  les  Trignnelin  poli/rc/rdu,  Cottaurea  involucratu,  JJcl/thiniuyn  pubes- 
cens,  Erodmni  (jUiuco/j/ii/llum,  Passerina  virqala,  Aniebia  Vivinnii,  Pyj'c- 
thrum  fuscatmii,  Enjiujiwn  ilicifolinw,   Slutice   Thouini,  Diplotaxis  vir- 
gata. —  Le  sol  Irgèieineut  de-primé  qui  constitue  la  vaste  Dahia  Kahala.où 
les  eaux  sc^jourueiit  peiulaiil  la  saison  des  pluies,  est  ^généralement  salé,  et 
V Halostacliys  perfoliata  y  forme  de  véritables  ilôts  d'un  gazon  glauque;  les 
Balociicmum  slrubilaceum,  Sabola  longifoUa  et  vermiculata  et  le  Suœda 
fruticosa  y  forment  de  nombreuses  touffes  au  milieu  des  terrains  d'alluvion 
nus,  grisâtres  et  crevassés.  I.à  croissent  également  les  Triticum  Orientale^ 
Sphenopus  divariraûus,  Mesembriant/iemwn  tiodiflorum  et  Asleriscus  aqua- 
ticus.  —  Vers  le  poste  de  Bou  Guezoul,  sur  des  coteaux  pierreux,  se  mon- 
trent encore  le  Loncliophora  Capiomontiuna  et  VAtractijlis  proliféra,  qui 
sont  presque  les  derniers  représentants  de  la  végétation  du  sud.  A  partir  de 
ce  poste,  la  route  suit  le  cours  du  Cliélif  et  s'engage  dans  la  vallée  creusée 
par  cette  rivière  dans  le  massif  des  montagnes  de  Boghar,  en  contournant 
les   rochers  qui  la  bordent  sur  la  droite.  Des  champs  de  Blé  et  dOrge 
arrives  à  maturité,  sur  pied  ou  déjà  coupés,  occupent  les  riches  terrains  d'al- 
luvion des  élargissements  de  la  vallée,  et  de  nombreux  douairs  y  sont  éta- 
blis. Dans  le  lit  argileux  raviné  du  Chélif  se  retrouve  le  PlieUpœa  liitea.  — 
Enfin,  après  un  assez  long  trajet  dans  la  vallée,  bornée  à  droite  par  des  co- 
teaux rocheux,  et  à  gauche,  a  plus  de  distance,  par  des  montagnes  élevées 
boisées,  en  partie  culiivées,  J'arrive  au  Fondouck  de  Boghari,  construit  (à 
une  altitude  d'environ  650  mètres)  au  pied  du  coteau  argileux  dont  le  vil- 
lage arabe  Ksar  el  Boghari  occupe  le  sommet;  ce  ksar,  par  sa  construction 
toute  primitive,  contraste  avec  l'aspect  imposant  de  la  ville  militaire  de 
Boghar  qui   lui  fait  face.  La  vallée  du  Chélif,  assez  large  sur  ce  point,  est 
tiès  bien  cultivée,  mais  ses  riches  terrains  d'alluvion  n'offrent  au  botaniste 
que  la  végétation  prescjue  européenne  de  la  région  montagneuse  infei-ieure; 
sur  les  bords  de  la  route,  VAtriplex  Halimus  forme  de  nombreuses  touffes 
el  le  Moricandia  arcensls  et  le  Corçlylocarpus  muricatus  deviennent  d'une 
extrême  abondance.' — Bientôt,  la  belle  route,  tracée  par  le  génie  dans  ce  p.iys 
accidenté,  s'élève  en  serpentant,  par  une  rampe  habilement  ménagée,  sur  la 
pente  orientale  très  raide  de  la  montagne  de  Boghar,  où  le  fort  est  construit 
à  près  de  350  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  vallée.  Enfin,  à  la  tombée  de 
la  nuit,  j'arrive  au  fort,  où  M.  le  capitaine  Lasalle,  commandant  supérieur 
du  cercle,   et  les  autres  officiers,  m'accueillent  avec  cette  hospitalité  cm- 
presst'e  et  cordiale  dont  nous  avians  pris  une  si  douce  habitude  pendant  tout 
notre  voyage. —  La  soirée  est  consacrée  à  l'examen  de  l'herbier  de  M.  0.  De- 
beaux,  pharmacien  aide-major,  qui  a  exploré  avec  soin  les  environs,  et  Je 
trouve  dans  cette  collection  des  i  enseignements  utiles  sur  la  fiore  d'un  pays 
dont  la  lapidité  de  mon  voyage  ne  me  permettait  de  prendre  qu'une  idée 
générale.  Les  documents  que  me  l'ournit  M.  Deheaux.  et  ceux  non  moins  im- 


522  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

portants  que  nous  devons  à  M.  Naudin,  qui  déjà  en  1852  a  visité  le  pays, 
ainsi  que  les  résultats  de  nos  propres  observations  tant  à  Boghar  que  dans  le 
trajet  jusqu'à  Blidali,  trouveront  mieux  leur  place  dans  un  prociiain  travail 
sur  la  végétation  do  la  région  montagneuse  de  la  province  d'Aiger,  que  dans 
cet  itinéraire  destiné  spécialement  à  donner  une  idée  de  la  végétation  saha- 
rienne et  de  celle  des  hauts  plateaux  des  provinces  d'Oran  et  d'Aiger. 

Le  16  juin,  après  avoir  fait  une  courte  excursion  dans  la  forêt  de  pins 
d'Alep  qui  couvre  en  grande  partie  la  montagne  de  Boghar  et  être  monté 
jusqu'au  blockhaus  couronnant  le  mamelon  le  |)lus  élevé,  au  voisinage  du 
fort,  je  visite  avec  M.  Lasalle  les  belles  cultures  qui  indiquent  le  dévelop- 
pement déjà  important  de  la  colonisation,  et  les  magnifiques  jardins  du  fort. 
—  A3  heures  je  me  mets  en  route  pour  me  rendre  directement  à  Médéah, 
où  je  n'arrive  qu'à  minuit,  après  avoir  traversé  les  belles  forets  qui  s'éten- 
dent de  Boghar  à  Médéah  dans  des  sites  accidentés  et  des  plus  pitto- 
resques. 

Le  17,  au  lieu  de  prendre  la  diligence  pour  me  rendre  à  Blidah,  je  pré- 
fère y  aller  à  cheval,  pour  avoir  ainsi  l'occasion  de  compléter  les  notes  que 
j'avais  recueillies  en  1854  et  visiter  de  nouveau  le  site  si  remarquable  des 
gorges  de  la  Chiffa,  où  se  trouvent  groupées  tant  de  plantes  intéressantes. 

Le  18,  après  avoir  fait  en  diligence  le  trajet  de  Blidali  à  Alger,  je  passe 
le  reste  de  la  journée  à  faire  les  démarches  nécessaires  pour  assurer  mon  re- 
tour en  France,  par  le  paquebot  du  20. 

Le  19,  j'ai  l'honneur  d'être  reçu  par  S.  Exe.  I\L  le  Gouverneur-général, 
que  je  suis  heureux  de  lemercier,  avant  mon  départ,  du  bienveillant  appui 
qu'il  nous  a  accordé  pour  notre  voyage  ;  il  veut  bien  écouter  la  narration 
rapide  de  notre  excursion  dans  le  Sud  et  l'exposé  succinct  de  ses  principaux 
résultats  scientifiques,  et  me  témoigner  tout  l'intérêt  qu'il  prend  à  mes  ex- 
plorations et  aux  recherches  que  j'ai  entreprises  sur  la  statistique  végétale 
de  l'Alcérie. 


'O^ 


NOTES  SUR  QUELQUES  ESPÈCES  NOUVELLES  D'ALr.ÉRlK,  par  M»I.  E.  COSSOl^l 
et  DL'KIEO  DE  IN[%l!«0]\I«EEYE. 

HvPKGOUM  Geslini  Coss.  et  Kr.  ap.  Coss.   Voy.  bot.  Alg.  1856  in  Bull. 
Sor.  bot.  IV. 

Planta  annua,  plus  minus  giaucescens,  foliis  radicalibus  pluribus,  petio- 
latis,  rosulatis,  patentibiis  vel  erectiusculis,  bi-tripinnatisectis,  lohis  linca- 
ribus  abbreviato-subcuneatis  vel  elongalis,  caulinis  paucis  miooribus,  ses- 
silibus,  oppositis,  ramos  dichotomise  slipantibus;  sepalis  ovato-acutis  vel 

ovatn-lauceolalis-  corolla  parvula,  pallide  lutea, /j(?/«/«  duobus  oxtcriori- 
bus  oblorif/is  iiitcyris  vel  ad  'médium  pnululuin  dilctalis,  intefioruin  lacinia 
iiiterou'dia  in  stipilo.n   iongiusculu  n    uiiguiciiliroiiiiein  inirriie  contracta. 


sÉANCK  nu  22  MAI  4  857.  528 

laciniis  lateralibris  stipiterti  interuiediœ  vix  cxcodantibus  •  staniiiuim  (ila- 
mentis  linearibus  inforne  hnud  dilatatis  ;  fructihus  siliqnaîformibus  crecto- 
patulis,  giacilibus,  plus  nuiuis  areiintis,  teretivscidis  vix  ac  ne  vix  com- 
pi'c'ssis,  ad  articulos  haud  iiicrassatis  vel  vix  incrassalis.  —  A  februario  ad 
junium. 

In  Algerife  tribus  provinciis,  iii  plaiiitiebus  excelsis  et  Sahara  obvium  : 
in  ditiono  ///.s/tm/ (Balansn);  in  ditione  Laghouat  !  et  inter  Lo<jhouat  et 
Boghar  (Reboud,  Geslin)  ;  in  provinciœ  Oranensis  planitiebiis  excelsis 
Saharœ  conlinibur,  !  haud  infrequeiis.  —  In  arenosis  cultis  vel  incultis  regni 
Tunetani  prœsertim  austraiioris,  Sonza,  Sfax,  Nadour  (Kralik  pi.  Tun. 
exsicc.  n.  25  et  25/>/s  sub  nomine  H.  procumbens),  Gahes. 

L'H.  Gedini,  par  la  forme  du  fruit,  est  très  voisin  de  VH.  païens  Willd. 
(DC.  /Vof/r.  I,  123),  plante  d'Egypte,  à  côté  duquel  il  doit  être  plaeé  ;  il 
en  diffère  surtout  par  la  forme  des  pétales  extérieurs  et  intérieurs;  en  effet 
dans  VH.  Geslini  les  pétales  extérieurs  sont  étroits,  oblongs  entiers  ou  à 
peine  élargis  vers  leur  partie  moyenne,  et  les  divisions  des  pétales  inté- 
rieurs dépassent  à  peine  le  rétrécissement  en  forme  d'onglet  de  la  division 
moyenne,  tandis  que  dans  V H.  patens  les  pétales  extérieurs  sont  très  am- 
ples, élargis  cunéiformes  et  fortement  trilobés,  les  divisions  latérales  des 
pétales  intérieurs  égalent  presque  la  longueur  de  la  division  moyenne.  —  La 
forme  des  pétales  rapproche  notre  pinnte  de  V H.  pendulum  L.,  dont  elle  est 
du  reste  très  distincte  par  la  direction  et  la  forme  du  fruit. —  L'//.  procum- 
bms  (auquel  nous  rapportons  les  H.  glaucescens  Guss. ,  grand iflonan  Benth. 
et  albescens  DR.  ap.  Balansa  pi.  Alger,  exsicc.  n.  72)  que  nous  avons  ob- 
servé également  cette  année  sur  les  hauts  plateaux  du  sud-ouest  de  l'Algérie, 
où  il  croissait  pêle-mêle  avec  VH.  Geslini,  en  diffère  non-seulement  par  la 
forme  des  fruits  et  des  étamines,  mais  encore  par  celle  des  pétales  ;  en  effet, 
bien  qu'ils  varient  beaucoup  de  grandeur  et  de  forme,  ils  sont  néanmoins 
toujours  très  distincts  de  ceux  de  VH.  Geslini. 

Isatis  (Sameraria)  Djurdjuu^  Coss.  et  DR.  ap.  Bourgeau  pi.  Alger,  ex- 
sicc. n.  336  b. 

Planta  annua,  biennis  vel  induratione  perennans,  glabra,  glaucescens, 
sœpius  pluricaulis  dumosa  ;  caulibus  /i-12  decimetra  longis,  erectis,  vali- 
dis,  superne  corymboso-ramosis  ;  foliis  radicalibus  amplis,  oblongis,  in 
peliolum  longe  attenuatis,  costa  média  albida  crassiuscula  subtus  promi- 

neiile,  caulinis  mediis  supei'ioribusque  scssilibus  ininoribus,  oblongis,  basi 
cordato-atriplexicaulibus  aiiriculis  rotundato-oblusiusculis;  floribus  parvis, 
longe  tenuitt-niue  prdicollatis,  in  racenids  termiuiiles  laxiusculos  dispositifs; 
calvce  mrinbi-anaceo-lutescL'nte,  scpulis  patulis;  pt^talis  iutcis  calyce  paulo 
lonuinrihus  ;  s/iictilis  tenuiier  pt'diccllalis,  pedicello  iipice  vi.\  iiiorassalo, 
delk'xo-pcudulis,  ■nuujimis,  circitiT  20  n)illi:)i.   longis  cl  1  j-2u  inilini).  la- 


52/i  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FKANCE. 

tis,  planis,  suborbiculatis  vel  ovatis,  ala  latisswia  lierbaceo-inembranaceu 
cinctis,  basi  inlegris  cordatisve,  apice  integris  vel  emarginatis,  sutura  ner- 
vifonni  jjai'uiu  promincnte  ;  stigmate  sessili.  —  Maio-junio. 

In  calcareis  ad  vicos  et  vias  in  moiitium  Djurdjura  rt'iiione  iuferiore,  iii 
(litione  Béni  hou  Addou  ad  vicum  Ihadissen,  coaiitante  amitissimo  il.  de 
la  Perraudièi-e  26*  die  junii  1854  ciiciter  ad  ùOO  metra  altitudinis  inventa. 

VI.  Djurdjurœ  appartient  au  sous-geure  Sameraria  par  ses  silicuies 
très  largement  ailées  à  aile  mentibraneuse- foliacée,  et  il  doit  être  placée 
en  raison  de  la  consistance  de  cette  aile  à  côté  de  1'/.  Armenu  L.  {Sameraria 
Armena  Desv.;  Jaub.  et  Spacb  Illustr.pl.  Or.  III,  t.  225  optima),  plante 
de  la  Perse  et  de  l'Arménie,  mais  il  en  est  très  distinct  par  les  fleurs  plus 
grandes,  par  le  stigmate  sessile,  et  non  pas  terminant  un  style  filiforme,  par 
les  silicuies  glabres,  et  non  pas  tomenteuses  au  niveau  de  la  loge,  à  loge  a 
peine  convexe,  et  non  pas  proéminente,  à  suture  nerviforme  peu  saillante,  et 
non  pas  prolongée  en  un  appendice  eu  forme  de  dent  ou  de  corne,  etc. 

KuPHOKBiA  CALVPTRATA  Coss.  ct  DR.  apud  Coss.  Voij .  bot.  Alg.  \\\  Ann, 
se.  naf.  sér.  4,  IV,  286. 

Planta  annua  vel  interdum  induratione  perennans,  sœpius  dumosa,  gla- 
bra,  glaucescens,  radicefusiformicrassiuscula  vel  gracili  ;  caulibus  i-tx  de- 
cimeti'a  longis,  seepissime  pluiibus  ascendentibus,  simplicibus  vel  rarius 
basi  ramosis  ; /o/«/s  sparsis,  crassiusculis,  rigidulis,  sessilibiis,  linearihus 
inferne  vix  latioribus,  apice  sœpius  truncatis  emarginalis  vel  irreguhuiter 
bi-tridentalis,  mai-ginibus  subintegris  vel  remote  inœqaalitcrque  serrutis; 
umbcllis  terminalibus,  2-3-rarius  4-radiatis,  radiis  interdum  inaequalibus, 
abortu  subsimplicibus  vel  semel  bisve  rarius  ter  dichotome  ramosis-  f'oliis 
involucri  involucellorumque  caulinis  subconformibus,  iiwolucelloruin  iti- 
ferne  vix  latioribus;  glandulis  luteo-fuscescentibus  obovato-oblongis  trans- 
verse latioribus,  interdum  truncatis  non  vei'o  lunatis  nec  bicornibus; 
capsula  majuseula,  ovata,  lœvi,  glabra;  scminibus  ovato-sub^lobosis, 
chalaza  baud  prominula,  lœvibus,  primum  albidis,  dein  fuscesceutibus;  ca- 
ruiicula  coriacca,  nigrescente,  viaxiina,  longiuscule  stipitata,  conico-acu- 
ininata  calyptrœformi  { unde  speciei  nomen),  basi  expansa ,  a;qualiler 
val idcque  10- V2-costatu,  inferne  costis  ]^\'om\ue[\\.ib\.\s  quasi  /inibriata. — 
Aprili-junio. 

In  argilloso-arenosis  et  alluviis  planitierum  e.xcelsarum  australiorum 
Sahara;  coiiUnium  in  tribus  provinciis,  nec  non  in  Sahara  Algoriensi  sa;pe 
È\  cornutœ  socia,  ex.  gr.  :  in  giareosisamnis  Oued  Biskra  prope  Biskra  (Ba- 
lansa);  prope  Laghonat  ubi  non  inlVe(iuens  primum  ad  EL  Assa/ia  vt  hsa/- 
elllairau  inventa  (Bonduelle  184/i),  ad  meridiiMU  urbis  Laghouat  inditionc 
Béni  Mzab  loco  dicto  iJahia  de  Tiireint  (Beboud),  ad  seplentrioiiom  inter 
Liiglimuit  cl   .\//(  d  Ebdl  sal  frc([ucntcr  obvi.i  (Ueboud);  Aiii,  Mmllig  !  ; 


SKANCK  Dr  22  MAI  1857.  520 

in  (litioiio  Oiflcd  Sidi  (lœikh  ad  Hou  Alem  /,  lin'zina!  et  C/tcllala  (jueltUa!; 
in  ditioiu!  f/nmion  Go?-af>ns  ad   Tijoiit!,  A'tii  Sffissi /a!  i't  Aïn  /Jeu  Kke- 

]jF.  cnli/ptrala,  par  le  port  et  la  grosseur  de  la  capsule,  rappelle  ïh\  cor- 
nuto  Pers.  (£'.  i^etusa  Forsk. ,  f.ink,  Delile!,  non  Cav,),  avec  lequel  il  croît 
communément  pêle-mèle  dons  la  partie  méridionale  des  hauts  plateaux  des 
provinces  d'Alger  et  d'Oran  ;  il  en  est  très  différent  par  les  feuilles,  même 
celles  des  involueres  et  des  iuvolueelles  linéaires,  à  peine  plus  larges  à  la 
base,  ordinaireinent  tronquées  éehancrées  ou  irrégulièrement  bi-tridentées 
au  sommet,  par  les  glandes  entières,  et  non  pas  éehancrées  en  croissant  et 
prolongées  en  cornes,  et  suitout  par  la  caroncule  qui  surmosite  les  graines 
plus  longuement  stipitée,  plus  développée,  coriace,  noirâtre,  conique-acu- 
minée,  en  forme  de  coilfe,  évasée  à  la  partie  inférieure,  a  10  à  12  côtes 
presque  égales  proéminentes,  et  frangée  à  la  base  par  la  saillie  des  côtes. 

M.  le  Président  annonce  que  la  session  ordinaire  est  suspendue 
jusqu'au  vendredi  26  juin  prochain.  Il  invite  MM.  les  membres  de  la 
Société  à  se  rendre  à  Montpellier  pour  prendre  part  à  la  session 
extraordinaire  qui  s'ouvrira  le  lundi  8  juin. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


PHYSIOLOGIE  VEGETALE. 

Uelier  tlîc  Keimuiijs  uinl  «lie  FruoucrHnssweîsc  von 
ConroivMtus  setfiiëiêt  iind  C.  aa'vensis,  so  wie  liber  hypoko- 
tylische  Adventivknospen  bei  krautarligen  phanerogamcn  Pflanzen  [Sur 
la  germination  et  le  mode  de  renouvellement  des  Convoi vulus  sepium  et 
arvensis,  ainsi  que  sur  les  bourgeons  aciventifs  hypocotylés  des  plantes 
herbacées  phanérogames),  par  M.  Thilo  Irmisch  {Botan.  Zeitung, 
Vf'  26,  27,  28,  29,  26  juin,  3,  10  et  17  juillet,  col.  633-^^3,  Z)fi9-^62, 
h^^hlh,  /i89-/i97  ;  plane.  VIII.) 

Quoique  se  ressemblant  a  plusieurs  égards  quant  à  leur  germination  et 
leur  végétation,  les  Convoluulus sepium  et  arvensis  se  distinguent  cependant 
l'un  de  Taulre  sous  divers  rapports  assez  importants. 

Les  plantales  duC  sepium  ont  de  grandes  feuilles  séminales  longuement 
pétiolées ,  écbancrées  aux  deux  bouts,  élevées  au-dessus  du  sol  d'environ 
]k  mm.  par  l'axe  hypocotylé.  Le  pivot  s'enfonce  profondément  et  pro- 
duit beaucoup  de  radicelles  grêles,  tandis  que  la  plumule  se  développe 
bientôt  en  tige,  qui,  selon  la  bonté  de  la  terre,  s'allonge  de  30  centimètres  à 
2  mètres  et  demi  dans  le  cours  de  l'été.  Les  pieds  observés  par  M.  Irmisch 
n'ont  pas  fleuri  pendant  le  premier  été. 

Eu  été,  de  l'aisselle  des  feuilles  séminales  naissent  des  branches  qui  très 

souvent  s'élèvent  et  s'enroulent  comme  la  tige,  tantôt  s'enfoncent   dans  le 

sol  obliquement  ou  verticalement,  tantôt  enfin  s'(  talent  sur  la  terre  jusqu'à 

ce  qu'elles  trouvent  un  point  sur  lequel  elles  puissent  s'y   introduire.   Ces 

branches,  un  peu  charnues  et  blanchâtres,  ne  portent  que  de  petites  feuilles- 

écailles.    Souvent  au-dessous  de  ces   pousses  cotylédonaires  sortent  des 

bourgeons  adventifs  qui  se  développent  ordinairement  en  jets  dirigés  de 

haut  en  bas  ;  quelquefois  même  sous  un  piemier  de  ces  jets  il  s'en  produit 

un  second.  Le  plus  souvent  toutes  ces  branches  latérales  se  ramifient  en 

rameaux  qui,  selon  les  circonstances,  se  développent  de  bas  en  haut  ou  de 

haut  en  bas.  Des  aisselles  inférieures  de  la  tige  dressée  il  peut  sortir  aussi 

des  branches  dirigées  de   haut  en   bas.   Toutes   les  extrémités  des  tiges 

aériennes,  pourvues  de  feuilles  normales,  lorsqu'elles  viennent  à  toucher  la 

terre,  peuvent  ue  plus  produire  que  des  écailles,  gagner  un  peu  en  épaisseur 

et  s'enterrer.  Ce  lait  a  lieu  surtout  en  automne. 

Le  pivot  meurt  vers  la  lin  de  l'automne,  ainsi  que  la  tige.  Par  suite  les 


RKVUR    lURLIOOrUl'HIQUF-.  527 

stolons  restent  isolés  on  terre,  et  leurs  entre -nœuds  situés  hors  du  sol 
meurent,  comme  le  font  souvent  aussi  leurs  plus  proelies  voisins  enterrés. 
Au  printemps  ils  élèvent  leur  extrémité  au-dessus  de  terre;  après  quoi  la 
suite  de  leur  végétation  reproduit  ce  qui  a  eu  lieu  la  première  année,  et 
toutes  les  extrémités  d'axes  qui  arrivent  à  terre  peuvent  y  pénétrer  et  y 
passer  l'hivei-.  Les  axes  enterrés  ou  simplement  cachés  se  fixent  bientôt  au 
sol  par  des  racines  adventives  qui  naissent  généralement  une  à  droite, 
l'autre  à  gauche  de  l'insertion  decha(|ue  feuille.  Tantôt  ces  racines  meurent 
bientôt;  tantôt  elles  s'allongent  beaucoup  et  se  ramifient,  mais  sans  grossir 
notablement  et  en  durant  seulement  autant  que  les  axes  qui  les  portent. 

Les  axes  souterrains  blancs,  dans  lesquels  prédomine  le  paienchyme 
cortical  rempli  de  fécule  en  petits  grains,  meurent  en  automne  avec  les 
axes  aériens  qui  sont  nés  d'eux,  le  plus  souvent  en  entier,  plus  rarement 
eu  partie.  Kn  été,  ils  émettent  dans  le  sol  de  nouvelles  pousses  axillaires 
souterraines,  qui  donnent  ensuite  dos  tiges  aériennes  au  printemps  suivant; 
d"où  l'on  voit  que  le  renouvellement  de  la  plante  n'est  pas  dû,  comme  la 
première  année,  a  des  jets  qui  se  soient  entenés  après  avoir  pris  naissance 
hors  du  sol. 

Toute  cette  végétation  est  celle  de  beaucoup  d'autres  plantes,  par  exemple 
des  Menthes,  du  Lycopus^  de  plusieurs -S'^flc/^ys,  du  P ky salis  Alkekengi^  de 
rOjca/îss^ne^a.  Suus  la  plupart  des  rapports,  le  Calystegia  pubeseens  Lindl. 
et  plusieurs  autres  espèces  se  comportent  comme  les  pieds  âgés  du  Liseron 
des  haies. 

Le  Convolvulus  arvensis  germe  avec  de  larges  feuilles  séminales  presque 
obcordées,  d'un  beau  vert.  L'axe  liypocotylé  est  en  partie  dans  la  terre,  en 
partie  au  dehors.  Les  branches  nées  à  l'aisselle  des  cotylédons,  ainsi  que  les 
pousses  adventives  qui  les  accompagnent  iVequen^ment,  portent  des  feuilles 
parfaites  et  ne  s'enfoncent  pas  en  terre  pour  conserver  la  plante.  Lafloraison 
n'a  Jamais  lieu  la  première  année.  A  l'automne,  toutes  les  parties  situées 
au-dessus  du  sol  périssent,  y  comprise  une  partie  de  l'axe  hypocotylé,  et  le 
renouvellement  de  la  plante  pour  l'année  suivante  est  dû  au  développement 
sur  les  parties  souterraines  de  bourgeons  adventifs  qui  se  montrent  le  plus 
souvent  pendant  le  premier  été,  et  qui  prennent  naissance  sur  le  pivot  ou 
sur  la  portion  souterraine  de  l'axe  hypocotylé.  Quand  le  pivot  est  très 
grêle,  ces  bourgeons  ne  se  montrent  pas  la  première  année.  Les  plus  forts 
de  ces  bourgeons  adventifs  se  développent  assez  souvent  en  tiges  pendant  le 
premier  été. 

Les  pieds  âgés  ressemblent  aux  jeunes  sous  le  rapport  de  leur  renouvelle- 
ment. Toutes  les  racines  ont  la  faculté  de  développer  des  bourgeons  adven- 
tifs, d'où  proviennent  des  jets  qui  s'étendent  en  terre,  soit  horizontalement, 
soit  verticalement.  Les  axes  souterrains  ont  à  l'aisselle  de  leurs  feuilles  des 
bourgeons  qui  se  développent  en  pousses  aériennes,  sur  lesquelles  naissent 


528  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE    FRANCE. 

des  racines  acîventivesqui  produisent  à  leur  tour  des  bourgeons.  Les  racines, 
ainsi  que  les  axes  souterrains,  durent  longtemps,  acquièrent  la  grosseur 
d'un  tuyau  de  plume  et  se  lignifient  enfin.  Les  bourgeons  adventifs  se 
montrent  les  uns  à  côté  des  auti-es,  développés  à  des  degrés  tellement  divers 
qu'on  en  voit  de  trèspetils  à  côté  d'autres  qui  ont  produit  des  tiges  florifères. 
Ils  paraissent  correspondre  le  plus  souvent  au  bout  d'un  rayon  médullaire. 
Avantde  percer  le  pari-nchyme  cortical  ils  forment  déjà  plusieurs  feuilles. 
Après  s'être  fait  jour  ils  donnent  rapidement  des  pousses  blanches  qui 
n'ont  que  des  écailles  sur  leur  portion  souterraine. 

M.  Irmisch  montre  que  les  floristes  modernes  sont  restés  en  arrière 
mêmede  Tragus  dans  la  description  des  parties  souterraines  de  nos  Lise- 
rons. Il  n'a  pas  eu  occasion  d'observer  sur  le  frais  celles  des  autres  espèces 
vivaces  de  Convolvulus  de  l'Allemagne.  Il  fait  suivre  cette  première  portion 
de  son  mémoire  de  l'exposé  de  ses  observations  sur  les  axes  hypocotylés 
qui  produisent  des  bourgeons  adventifs  dans  un  grand  nombre  de  Phanéro- 
games herbacées.  Il  suit  dans  cette  énumération  la  série  des  familles  telle 
qu'elle  est  présentée  dans  le  Synopsis  de  Koch.  Comme  il  joint  à  ses  propres 
observations  celles  qui  ont  été  déjà  publiées  par  d'autres  auteurs,  cette 
portion  de  son  travail  prend  beaucoup  de  développement  et  n'occupe  pas 
moins  de  30  colonnes  de  l'édition  très  compacte  du  Botanische  Zeitung.  On 
sent  dès  lors  qu'il  nous  serait  impossible  d'en  présenter  ici  une  analyse  qui 
}ie  dépassât  pas  de  beaucoup  les  limites  imposées  aux  articles  de  cette 
Revue  bihliograpJiique,  et  nous  la  passerons  forcément  sous  silence  malgré 
son  intérêt  incontestable. 

Dcr  ktiiistlieli  erxojseiie  Ba^tard  x^isolion  j^gilnps 
ovatit  uiicl  Tê'itic9t»»t  rttffftere  {L'hybride  obtcmi  artificielle- 
ment entre  /'yEgilops  ovafa  et  le  Triticum  vulgare);  par  IM.  VA.  Regel 
{Gartenflora,  cahier  de  juin  1857,  pp.  163-168,  plan.  197). 

Dans  cette  note  M.  Regel  rend  compte  des  résultats  heureux  qu'il  a  obte- 
nus dans  ses  essais  pour  obtenir  un  hybride  de  VyEyilops  ovata  fécondé  par 
le  Froment.  Dans  l'été  de  1855,  il  avait  recommencé  a  Zurich  ses  tenta- 
tives de  fécondation  de  la  pre;nièrc  de  ces  plantes  par  la  dernière,  bien 
entendu  après  castration  opérée  de  bonne  heure.  Les  graines  qu'il  a  obte- 
nues ont  été  semées  par  lui  en  automne,  en  même  temps  que  du  Blé,  et,  à 
sa  grande  satisfaction,  il  en  a  vu  nailre  un  hybride. 

Il  n'y  a  rien  eu  qui  ressemblât  à  un  passage  graduel  de  WEgilops  au 
P^roment.  L'hybride  s'est  trouvé  imnîédiatcmrnt  intermédiaire  entre  les 
deux  ;  il  a  formé  WEgilops  triticoidcs.  «  Or,  dit  l'auteur,  les  changements 
de  forme  subis  par  V /Egilops  sont  tels  que,  si  je  n'avais  pas  fait  moi- 
même  l'expérience,  j'aurais  eu  peine  à  croire  ([ue  l'hybride  que  j'avais  sous 


REVUE    lîinLIOGRAPIIIQUE.  529 

les  yeux  provînt  de  graines  de  VyE.  ovcta  »  Ses  tiges,  beaucoup  plus 
robustes  que  celles  de  cette  piaule,  un  peu  couchées  à  leur  hase,  s'élèvent 
ensuite  de  50  à  65  centimètres,  et  elles  portent  un  éi)i  lon<ï  de  plus  de 
5  centimètres,  qui  ressemble  beaucoup  plus  à  celui  du  Froment  qu'à  celui 
de  VyEgUops.  «  Comme  dans  tous  lescasque  j'ai  observés  jusqu'à  ce  jour, 
dans  lesquels  un  hybride  s'est  produit  entre  deux  genres,  ici  l'hybride  res- 
semble complètement  au  père  pour  les  caractères  qui  distinguent  le  genre. 
Dès  lors  les  graines  de  Wlujilops  ovata,  obtenues  p;n'  une  fécondation 
croisée  avec  le  Froment,  ont  produit  un  vrai  Triti.cutn.  » 

L'organisation  des  (leurs  de  cet  hybride  ne  rappelle  VyJujilops  que  dans 
quelques  particularités.  L'auteur  les  décrit  et  les  figure.  D'un  autre  côté 
les  organes  végétatifs  ressemblent  davantage  a  ceux  de  la  mère. 

IM.  Regel  se  demande  si  les  formes  de  passage  entre  WEyUopa  et  le  Tri- 
ticum,  que  M.  Fabre  a  décrites,  sont  des  retours  de  Ihybride  aux  types 
maternel  et  paternel,  ou  si  elles  sont  les  pi  oduits  de  nouvelles  fécondations 
de  l'hybride  par  le  pollen  de  l'une  ou  l'autre  de  ces  deux  plantes.  Il  pense 
que  l'hybride  donnant  de  bon  pollen  peut  se  féconder  lui-même  et  conser- 
ver ses  caractères  essentiels  dans  toutes  les  générations  suivantes  ;  mais  que 
des  formes  intermédiaires  entre  cet  hybride  et  ses  parents  peuvent  provenir 
de  la  fécondation  de  celui-ci  par  le  pollen  d'un  de  ces  derniers.  A  défaut  de 
preuves  positives,  il  cite  un  exemple  fourni  par  les  Calcéolaires.  Il  combat 
l'opinion  de  M.  Kiotzsch,  selon  laquelle  tout  hybride  de  deux  bonnes 
espèces  ne  donnerait  pas  de  bon  pollen.  D'apiès  l'examen  (|u'il  a  fait  des 
étamines  de  WFgilops  triticoides  produit  artificiellement,  les  anthèi-es  con- 
tiennent surtout  du  pollen  stérile,  mais  aussi  du  pollen  parfaitement  con- 
formé, qui  ne  donne  pas  de  tube  pollinique  dans  l'eau.  Jl  dit  que  l'expé- 
rience pourra  seule  appieudre  si  ce  dernier  pollen  est  fertile  ou  non.  Jl  a 
lui-même  commencé  des  expériences  dans  le  but  de  s'éclairer  à  ce  sujet. 

Les  figures  données  par  M.  Regel  reproduisent  comparativement  les 
détails  des  fleuis  de  VjEgilops  ovata,  du  Triticum  vulgare  et  de  VJigilopjs 
triticoides. 

Rhiziiliuiit  C'onfervw  fftouèei'nittf  ;  par  M.  Gienkowski  {Holan. 
Zeit.,  n"  la,  3  avril  1857,  col.   233-237;  pi.  v.  A,  fig.  1-6). 

I-e  lîhizidiuia  dont  il  est  ({ucstion  dans  cette  note  vit  dans  les  articles  du 
Conferva  glo^nerata.  A  l'état  adulte  il  forme  une  vésicule  en  bouteille,  dont 
le  corps  globuleux  (0,01-0, 023"""  de  diam.)  s'allonge  vers  l'extérieur  en 
col  dirigé  perpendiculairement  sur  la  paroi  cellulaire  de  la  plante  nourri- 
cière et  s'y  enfonce  plus  ou  moins  ou  la  traverse  même.  A  l'extrémité  op- 
posée à  ce  co!  se  trouvent  \\u  ou  plusieurs  filaments  très  grêles  et  rameux 
qui  constituent  le  mycélium.  Les  zoosporcs  se  forment  dans  la  vésicule  de- 

T.     IV.  3', 


530  SOCIÉTÉ   BOTANIQir:    DE    FRANCK. 

iiu'ine  (|iio  dans  tous  les  Chytridivui.  D'abord  le  contenu  de  celle-ci  pré- 
sente une  vacuole  claire,  dans  hu|uelle  on  voit  un  et  ensuite  plusieurs  gra- 
nules. Plus  tard  la  vacuole  disparait  et  la  vésicule  se  montre  lemplie  de 
granules,  autour  de  chacun  des(|ucls  se  forme  ensuite  une  boiilure  claire. — 
Pour  leur  sortie  ces  zoospores  ne  sont  pas  en  mouvement  tumultueux,  mais 
la  plus  voisine  du  col  s'y  introduit  et  y  glisse  comme  une  goutte  d'huile; 
une  autre  la  suit,  et  ainsi  de  suite.  Arrivée  à  l'orilice  du  col  chacune  d'elles 
se  gonfle  en  gouttelette  mucilagineuse  irréguliére  entraînant  le  granule  net- 
tement circonscrit.  Klle  reste  un  moment  tranquille  jusqu'à  ce  que  soit  sorti 
le  filament  allongé  ou  cil  (|ui  la  termine  en  manière  de  queue  et  qu'on  voit 
très  bien  sans  iode.  Ces  zoospores  ont  de  0,003  à  0,005  de  millim.  en  dia- 
mètre. Devenues  libres  elles  ont  un  mouvement  saccadé,  rapide  et  elles  traî- 
nent leur  cil  après  elles. 

M.  Cienkowski  s'est  surtout  attaché  à  reconnaitre  comment  ces  zoospores 
pénètrent  dans  la  Conferve  pour  y  produire  le  parasite.  Il  les  a  vues  d'abord 
s'attacher  aux  parois  de  celle-ci,  leur  granule  diritjé  du  côté  extérieur  -,  le  cil  a 
disparu  sans  qu'on  ait  pu  voir  comment.  Une  heure  et  demie  ou  deux 
heures  apiès  qu'elles  se  sont  fixées,  au-dessous  de  leur  point  d'adhérence, 
dans  l'intérieur  de  la  Conferve,  s'est  monti  ée  une  tache  mucilagineuse  ter- 
minée en  pointe,  qui  a  bientôt  prossi.  Le  granule  de  la  zoospore  s'est  alors 
porté  vers  la  paroi  externe  de  la  Conferve;  il  a  diminué,  et  peu  après  on  en 
a  vu  une  portion  dans  la  tache  mucilagineuse  intérieure,  tandis  que  l'autre 
portion  se  trouvait  dans  la  zoospore  encore  fixée.  La  portion  intérieure 
s'est  gonflée  et  son  contour  s'est  arrêté,  tandis  que  celui  de  la  zoospore  fixée 
s'est  effacé  peu  à  peu,  e!  ainsi  s'est  opérée  lentement  la  germination  du  para- 
site à  travers  la  paroi  de  la  Conferve.  — Le  mycélium  se  développe  aussitôt 
après  la  pér.étrilion  de  la  zoospnre;  pour  cela  il  se  forme  une  pointe  qui  se 
ramifie  en  filaments  très  fins.  Cette  formation  du  mycélium  est  très  rapide, 
tandis  que  la  pénélraiion  de  la  zoospore  dure  de  2  à  3  heures.  —  Dans  la 
suite  de  la  germination  le  <;ranule  de  la  zoospore  se  transporte  piès  du  point 
d'altache  du  mycélium.  Quel(|uefois  la  pénétration  n'a  lieu  qu'a  moitié; 
alors  le  développLiment  du  /{/lizidiwn  se  couVmue,  mais  il  ne  fructifie  pas. 

.Suli.«ttauceol'  a  ooiirseoi'  lectiiroM  oniiiariiie  .%lfta^  [liésumé 
d'une  suite  de  leçons  sur  les  Algues  marines)  ;  par  M.  W  ill.  Henry  Har- 
vey  (10'*'  annual  Ueport  of  the  Bonrd  of  Urgents  of  f/ie  Smithsonian  Ins- 
titution; Washington  ,  1856,  pp.  87-130). 

Ce  mémoire  a  beaucoup  d'intérêt  oomnie  présentant  le  tableau  complet 
de  l'histoire  générale  des  Algues  maiincs  tracé  par  l'un  des  botanistes  (|ui, 
à  notre  époque,  ont  fait  de  ces  végétaux  l'objet  des  études  les  plus  spéciales 
et  les  plus  approfondies.  Il  est  divisé  en  plusieurs  paragraphes,  dont   le 


RFA'UK    BIHLIOCRAI'HIQl  i:.  531 

premier  forme  une  sorte  d'introduction  deslinôe  à  montrer  les  principales 
variations  de  structure  qu'on  observe  dans  l'ensomble  du  vaste  groupe  des 
Algues,  les  autres  paraiiraphes  traitent  successivement  de  la  racine,  de  la 
fronde,  de  la  couleur,  de  la  fructification,  des  mouvements,  de  riial)itat,  de 
la  distribution  néographiciue,  de  la  flore  al<^olo^i(|ue  que  possèdent  lescôles 
orientales  de  rAméri(|ue  du  nord,  de  la  récolte  et  de  la  conservation 
des  échantillons  d'Algues  marines,  des  usa<ies  de  ces  plantes.  O  dernier 
sujet  est  traité  avec  beaucoup  de  développements.  Il  est  absolument  impos- 
sible d'analyser  un  écrit  de  ce  ijenre  ;  aussi  nous  contentons- nous  forcément 
d'en  signaler  l'existence  aux  lecteurs  du  Bulletin. 


•d' 


BOTANIQUE  DESCRIPTIVE. 

Benierkiiiigeii  ulier  kritisclie  l*llaii%eii  «1er  iletlitei*ran< 
llora  {Remorques  mr  des  plantes  critiqvesdehi  p)re  méditerranéenne)  ; 
par  M.  Willkoinm  [Botm.  Zeit.,  n°  13,  27  mars  1857,  col.  212-2-20). 

Au  commencement  de  son  mémoire,  M.  Willkomm  dit  qu'il  se  propose 
de  publier  successivement  une  suite  d'observations  sur  des  plantes  de  la 
région  méditerranéeinie.  L'article  par  lequel  il  commence  cette  série  de 
publicatio!)s  est  relatif  au  genre  Nepeta.  Il  en  étudie  5  espèces,  dont  la  dis- 
tinction est  facilitée  par  le  tableau  synoptique  suivant  : 

A.  Corollœ  albae  vel  carneœ  rubro-puuctatte. 

a.  Cymee  mullilloi-a;.  Calyx  sul)anthesi2  1/2  lin.  longus;  corolla  5-6lin. 
longa,  valde  barbata.  Nepefa  Nepetellu  L.  et  Kocb. 

b.  Cymœ  pauciflorae.  Calyx  3  3/i-^t  lin.  longus;  corolla  7-8  lin.  longa, 
glabriuscula.  N.  arngonensis  l.anik. 

B.  Corolla3  tubuspallidus,  lahia  cyaneavol  azurea. 

a.  Folia  floralia,  bracteœ  dentesq.  calycini  acuti.  Coiollae  tubus  leviter 
incurvus  parum  exsertus,  labia  valde  barbata.  Tndumentum  lanatum.  .A. 
(imethystina  Desf. 

/>.  Folia  floralia,  biacleaî  dentesq.  calycini  longe  acutati  v,  cuspidali. 
Corollœ  tubus  valde  exsertus.  îndumentum  tomentosum. 

*  Calyx  sub  antliesi  2  i/2  lin.  longus.  Corollœ  5  lin.  lo  iga?  tubus  reclus. 
A.  murciea  Çiw'wao . 

**  Calyx  3-3  1/2  lin.  longus.  Corolke  6-7  lin.  longa»  tubus  cuivatus.  .^'. 
Boissieri  Willk. 

l^Pour  le  Nepefa  Nepetella  L.,  ou  plutôt  Koch  [Synopsis,  edit.  If, 
p.  6^6),  M.  Willkomm  distingue  2  variétés,  dont  voici  la  synonymie. 

a  Cordi folia  (iV.  Mepefella  [i  /mmilis  lîenth.,  in  Prod.,  MF,  p.  383  !ex 
parte.  .V.  an gusti folia  Vi\\\\,  Si/mb.!  iV.  \epefellu  L.,  Cad.,  n"  6172  !? 

(3  Lanceolata  Lamk.,  Eneyc.  N.  Nepetella  x  et  {3  Bentli  ,  /.  c,  ex  parte, 
exceptissynon. 


532  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

2°  f-e  Nepeta  aragonemis  Lamk.,  propre  aux  Pyrénées  centrales  et  aux 
parties  montagneuses  du  Haut- Aragon,  a  été  réuni  à  tort  à  l'espèce  précé- 
dente par  M.  Bentham  et  par  Kocli.  Il  s'en  distingue  au  premier  coup- 
d'œil  par  ses  feuilles  vertes,  presque  entièrement  glabres,  particulièrement 
par  ses  grandes  fleurs  peu  velues  et  par  ses  calices  allongés,  relevés  de  fortes 
côtes  et  pourvus  de  nombreuses  glandes. 

3°  Dans  \e Xopeta  (unct/iijsiinaDcsL,  M.  Wilkomm  distingue  2  variétés  : 

a  Gennina  ;  des  parties  chaudes,  surtout  calcaires  de  l'Espagne  sud-est. 

[3  Alpina  ;  de  la  région  alpine  dans  le  royaume  de  Muicie.  Celle-ci  fleurit 
en  juillet  ;  la  première  eu  avril  et  mai. 

k"  Nepeta  murcica  Guirao  in  Litt. 

Des  montagnes  du  sud-est  de  l'Espagne,  à  une  hauteur  de  1300  à  4600 
mètres. — Il  fleurit  de  mai  a  Juillet.  Un  caractère  très  saillant  de  cette 
espèce  consiste  dans  le  tube  de  sa  corolle  droit,  très  saillant,  extrêmement 
grêle. 

5"  Dans  le  Nepeta  Boissiei'iWiWk.,  inéd.,  l'auteur  distingue  une  variété 
a  crenata  et  une  (3  luciniata.  Celle-ci  a  pour  synonymes  :  N.  Nepetella 
Boiss.,  Foy. ,  non  L.  nec  Kooh.',  N .  Nepetella  y ixw  foliis  inciso-sinuatis 
Kunze  in  Willk.,  PL  liisp.  exs.  i^kh,  \\°  305  et  in  Flora  Ratisb.,  1866, 
p.  673!  —  Celte  plante  croit  dans  les  parties  montagneuses  et  alpines  du 
royaume  de  Grenade,  de  1300  à  2300  mètres  de  hauteur. 

Iliajsii«»scs     |»l»iitai'uni     oricntaliuaii     uovanini  ;    auctore 
'^'^  M.  Boissier,  in-8",  de  \W2  à  1858;  Genève,  Leipzig,  Paris. 

L'ouvrage  important  auquel  M.  Boissier  a  donné  ce  titre  modeste  est  déjà 
en  cours  de  publication  depuis  l'année  18/i2,  et  il  est  difficile  de  dire  a 
quelle  époque  il  sera  terminé,  tant  sont  riches  et  peu  connues  encore  les 
contrées  qui  fournissent  au  savant  et  laborieux  botaniste  genevois  les  élé- 
ments de  son  travail.  Dansie  cours  des  15  années  qui  se  sont  écoulées  depuis 
qu'il  a  commencé  de  paraître,  il  en  a  été  publié  17  cahiers,  qui  ont  chacun 
une  pagination  distincte  et  séparée,  dont  les  13  premiers  forment  deux 
volumes  et  la  première  série,  dont  les  k  derniers  appartiennent  à  une 
deuxième  série. 

Ses  diaguoscs,  ou  plutôt  ses  descriptions  abrégées,  ne  se  rattachant  a 
aucun  autre  ordre  qu'à  celui  de  la  série  des  familles,  iM.  Boissier  a  parcouru 
déjà  plusieurs  fois  celte  série  entière  pour  la  recommencer  chaque  fois  que 
(le  nouveaux  matériaux  le  lui  ont  permis.  Ainsi,  les  5  premiers  cahiers, 
publiés  de  lH/i2  à  18/4^1  inclusivement,  comprennent  la  suite  des  l'amilles 
des  Thalamiflores  aux  Monocotylédons.  Cette  suite  est  reprise  une  première 
fois  dans  les  cahiers  6  et  7,  publiés  en  18.'i5  ei  18'i6  5  une  seconde  fois 
dans  les  cahiers  8,  9,  K»,   11,  12  et  13,  dont  la  publicat'on  a    eu  lieu  de 


UKVIJI';    HllîLKXiUM'Ilinl  K,  Ô33 

liih9  à  '18;Vi  ;  une  troisième  l'ois  flans  les  cahiers  1,  2  et  :>  do  la  doiixième 
série,  clonL  k'  premier  a  paru  en  185^1,  tandis  ((ue  les  deux  autres  portent  la 
date  de  ISôG,  et  qu'un  quatrième  est  annoncé  comme  devant  paraître  plus 
tard  ;  enfin,  elle  recommence  pour  la  cinquième  fois  dans  le  cinquième 
cahier  de  la  seconde  série,  qui  porte  encore  la  date  de  185G.  En  terminant 
la  première  série  avec  la  treizième  livraison,  M.  Boissier  l'a  complétée  p;ir 
la  publication  d'une  table  générale,  sans  la{[uelle  les  recherches  dans  son 
ouvrage  étaient  extrêmement  difficiles.  Nous  ne  craignons  pas  de  lui  dire 
qu'il  rendrait  un  véritable  service  aux  botanistes  en  doimantde  même  avec 
le  quatrième  fascicule,  par  lequel  il  complétera  la  revue  des  familles,  une 
table  générale  pour  les  Li  prcmieis  cahiers  de  la  seconde  série,  et  en  ajoutant 
ensuite  à  chaque  fascicule  au  moins  pour  les  genres  une  table,  qui  pourrait 
n'être  que  provisoire,  mais  qui  aurait  l'avantage  d'abréger  beaucoup  les  re- 
cherches, et  par  suite  d'épargner  le  temps,  ce  précieux  élément  de  travail, 
auquel  nul  autre  ne  peut  suppléer. 

Il  y  aurait  un  intérêt  réel  à  faire  le  relevé  du  nombre  considérable 
d'espèces  nouvelles,  même  de  genres  nouveaux,  dont  l'ouvrage  de  M.Bois- 
sier  renferme  la  description.  Mais  la  publication  des  1^  premiers  fasci- 
cules a  eu  lieu  à  une  époque  jusqu'à  laquelle  ne  peuvent  remonter  les 
analyses  de  ce  Bulletin.  INous  n'aurons  donc  à  nous  occuper  ici  que  des 
cahiers  2,  3  et  5  de  la  seconde  série,  qui  portent  tous  les  trois  la  date  de 
1856.  Le  n"  2  renferme,  en  125  pages,  la  suite  des  familles,  des  Légumi- 
neuses aux  Dipsacées  inclusivement;  le  u"  2  s'étend,  en  177  pages,  des 
Composées  aux  Scrofulariacées  :  la  fin  des  Dieotylédons  et  les  Monocoty- 
lédons sont  réservés  pour  le  quatrième  fascicule  non  publié;  enfin,  dans  le 
cinquième  cahier,  qui  a  118  pages,  l'auteur  a  parcouru  de  nouveau  la  série 
des  familles,  des  Rcnonculacées  aux  Composées  inclusivement. 

Le  deuxième  fascicule  renferme  les  diagnoses  de  175  espèces  nouvelles 
et  de  quelques  variétés  nouvelles  de  plantes  déjà  décrites.  Ces  plantes  se 
répartissent  dans  les  familles  suivantes  :  Légumineuses,  62  espèces;  Rosa- 
cées, 11  ;  Onograriées,  5  ;  l^ythrariées,  1  ;  Tamnriscinées,  4  ;  Cucurbita- 
cées,  1  ;  Crassulacées,  7  ;  Saxifragaeées,  13  ;  Ombellifèies,  ^6  ;  Caprifolia- 
cées,  1  ;  Rubiacées,  13  ;  Valériauées,  6  ;  Dipsacées,  5.  Trois  genres  sont 
proposés  comme  nouveaux  parmi  les  Ombellifères,  sous  les  noms  de  :  Am- 
iniopsis[ç.  96),Huetia  (p.  103),  Pyramidùpt.era[\^.  106). 

Le  troisième  fascicule  contient  2^i7  diagnoses  d'espèces  nouvelles,  savoir: 
Composées,  147,  dont  48  Coryrabifères,  72  Cynarées,  27  Chicoracées; 
Campauulacées,  15;  Ericacées,  1  ;  Primulacées,  1  ;  Oléacées,  1  ;  Asclépia- 
dées,  1  ;  Gentiauées,  1  ;  Convolvulacées,  6  ;  Cuscutacées,  6;  Borraginées, 
16;  Gesnéracées,  1  ;  Scrofulariacées,  51.  On  n'y  trouve  pas  de  genre 
nouveau. 

Dans  le   cinquième  fascicule  sont  caractérisées   169  espèces  nouvelles 


53/i  SOCIÉTÉ     BOTANIQUE    UE    FKANCK. 

réparties  dans  les  familles  suivantes  :  Renonciilacées,  12  ;  Papavéracées, 
4  ;  Fiimariacées,  1  ;  Crucil'ères,  1x6;  Violariées,  2  ;  Polyo;alées,  2  ;  Silé- 
uées,  11  ;  Alsinées,  7  ;  Scléranthées.  1  ;  l/uiées,  2  •  Malvacées,  3;  Hypéri- 
cacées,  4;  Aeérinées, /i  ;  Rhamnées,  3;  Légumineuses,  30;  Rosacées,  3; 
Ombeliifères,  12;  Rubiacées.  2;  Dipsacées,  2;  Composées,  18.  Trois 
genres  y  sont  établis  et  caractérisés  comme  nouveaux  :  le  premier  parmi 
les  Scléranthées,  sous  le  nom  de  Thurya  Boiss.  et  Balansa  (p.  63),  pour 
une  plante  récoltée  par  M.  Balansa,  dans  le  Taurus,  laquelle  a  reçu  le  nom 
de  T.  capitata  Bois,  et  Bal.  dans  les  Exsiccota  de  M.  Balansa  pour  1856; 
le  deuxième,  parmi  les  Légumineuses,  sous  le  nom  de  Gh/cyiThizopsis 
Bois,  et  Bal.  (p.  81),  pour  la  plante  déjà  décrite  par  M.  Boissier,  dans  le 
sixième  cahier  de  ses  fJingnoses  (p.  33),  sous  le  nom  de  Gh/crjrrhiza  fîmes- 
cens  ;  le  troisième,  parmi  les  Cotnposées,  sous  le  nom  de  Derouetia  Bois,  et 
Bal.  (p.  llû),  pour  le  Crépis  robertioides  Bols.,  qui  devient  le  D.  rober- 
tioides  Bois.,  et  pour  le  Derouetia  robertioides.  Bal.,  pi.  exs.  Anat.  1855, 
qui  devient  aujourd'hui  le  D.  frigida  Rois,  et  Bal. 

Toutes  les  espèces  qui  figurent  dans  l'ouvrage  de  M.  Boissier  sont  carac- 
térisées par  une  diagnose  développée,  ou  plutôt  par  une  courte  description 
suivie  de  l'iiulioation  des  localités,  et  d'observations  pouvant  compléter  la 
description  de  la  plante,  notamment  des  dimensions  de  ses  parties  les  plus 
importantes,  de  remarques  sur  les  différences  et  ressemblances  avec  les 
espèces  voisines,  etc. 

.lu;, 

Rc|>oi*t  ol*  Doctor  John  liVrîght,  Botanist  of  the  geological  survey 
[ l\ apport  da  docteur  J.  Wrig/it,  botaniste  de  re\ploration  géologique), 
[Transactions  of  the  Michigan  stute  agricultural  Society,  VII;  1856, 
p.  396-423.) 

Le  docteur  Wright,  attache  comme  botaniste  à  l'exploration  géologique 
de  l'État  du  IMichigan,  fait  connaître  dans  ce  rapport  les  résultats  des 
recherches  qu'il  a  faites  jusqu'à  ce  jour  relativement  a  la  flore  des  comtés 
méridionaux  de  cet  Éfat,  depuis  la  rivière  Détroit  jusqu'au  lac  Michigan, 
à  l'exception  de  celui  de  Monroe,  ainsi  qu'à  celle  du  conile  de  Saint-Clair. 
Il  donne  une  idée  des  collections  botaniques  qu'il  y  a  faites,  dans  les- 
quelles chaque  espèce  est  représentée  par  17  échantillons  complets,  con- 
formément au  programme  qui  lui  a  été  tracé;  enfin,  il  donne  le  catalogue 
pur  et  simple,  sans  indication  de  localités,  de  toutes  les  espèces  déplantes 
vasculaires  dont  il  a  pu  constater  l'existence  dans  l'Etat  du  Michigan.  Les 
nombreuses  observations  qu'il  a  réunies  sur  ces  plantes  seront  publiées  par 
lui  lorsqu'il  aura  terminé  l'exploration  botanique  du  Michigan  tout  entier. 

Le  catalogue  publié  par  M.  Wright  comprend  850  espèces  phanérogames 
et  Fougères  rangées  par  ordre  alphabétique,  indiquées  uniquement  par 
leur  nom  latin  et  par  un  nom  anglais. 


itKViiK  |{|rli<h;i5ai'iii(.»i  i:.  .')35 

d^eitei'iw  AiiKf'lli»;  Liiidl.  Sli»ii<»ft'ii*a|»liia  ;  .'iiu-loi-c  il.  (j.  IU>i(;!u>ii- 
h.ii'li  lil.  {/{oti/j/nndin(\u  15  mai  IS.")?,  n"  IS^-ISf)). 

I.e  'j.Q\wv  (rOrohiiU'C's  (lue  M.  I.iiullcy  ;i  i  tabli  sous  lo  nom  (VAnse/Jin 
[Bot.  Reg.  XXX,  1H42  sub  12)  ne  comprenait  encore  qu'une  espèce, 
IM.  africnna  l.iiull.,  maij;nirnue  plante,  très  répandue  dans  les  serres,  qui 
a  été  découverte  par  M.  Ansell  dans  l'île  de  Fernando  Po,  vivant  en  épi- 
pbyte  sur  V Elœîs  guineensia.  Tout  récemment  M.  Hooker  a  signalé  comme 
une  variété  de  cette  espèce  une  plante  trouvée  à  Natal  par  M.  Guenzius,  à 
laquelle  il  a  donné  le  nom  d'A.  africana  natulensis.  Cette  plante  est  élevée 
par  M.  Reiehciihach  fils  au  rang  d'espèce,  sous  le  nom  d'yl.  gigantea.  La 
n^.onograpliie  du  <j^ii\\re  jUisellia  contient  donc  la  description  de  2  espèces  : 
1°  A.  ofricmia  Lindl.;  1°  A.  gigantea  Rchhe.  fil.  Nous  reproduisons  la  dia- 
gnose  (le  cette  dernière  espèce. 

Ansellia  gigantea  Rehbc.  111.,  in  Linnœa,  XX,  p.  673  :  labelli  lobis  lale- 
ralibus  in  lobuni  médium  incunibentibus,  earinis  geminis  postice  contiguis, 
antice  diverger.libus  interjecta  carina  tertia,  omnibus  crenuintis,  vcrrueis 
circumstantibus  luillis,  huccisgynostemii  parvis  minute  crenulatis.  [Ansel- 
lia africana  var.  p  natalensis  Hook.,  Bot.  Dfag.,  1857.  tab.  /i965,  fig.  3) 

b.  var.  citrina  :  omnino  flaviflora,  labio  pulcbre  citrino  aurantiaeo. 

'Le  type  de  cette  espèce  a  le  port  de  l'A.  africana,  avec  des  feuilles  ordi- 
nairement plus  étroites.  Son  inllorescence  est  tantôt  beaucoup  plus  déve- 
loppée que  les  plus  grandes  de  cette  espèce,  tantôt,  au  contraire,  elle  reste 
petite.  Ses  fleurs  sont  d'un  jaune-citron  pale,  tachées  de  brun,  avec  le 
labelle  coloré  en  beau  Jaune-citron. 

>^yaio|».%i<^  »f  brllssli  ?*«a^vee«ls  coBS»|»île«l  froiii  j|»a*olV.«- 
soi*  Ilat'vcj's  S^Sajfctttayin  briinnttivti  [Synopsis  des  Al- 
gues de  la  Grande-Bretagne.,  extrait  daV\\\ito\og\dL  britannica  c?w  joro- 
fesseur  Harvey).  1  in-18  de  viii  et  219  pages.  Londres,  1857.  Chez 
Lovell  Reeve. 

Dans  une  courte  préface,  mise  par  lui  en  tête  de  ce  volume,  M.  Harvey 
nous  apprend  que  l'éditeur  de  son  grand  ouvrage  intitulé  Phycologia  bri- 
tannica  a  eu  l'idée,  heureuse  selon  nous,  de  réimprimer  en  un  volume  peu 
coûteux  et  sous  une  forme  plus  condensée  le  texte  de  ce  beau  livre  que  son 
prix  élevé  met  hors  de  la  portée  de  la  majorité  des  botanistes.  M.  Harvey 
a  revu  toutes  les  épreuves  de  ce  Synopsis  et  il  a  indiqué  quelques  change- 
ments qu'il  croyait  avantageux  d'y  faire.  On  a  du  reste  conservé  dans  ce 
résumé  du  Phycologia  britannica  la  classification  adoptée  par  iM.  Harvey, 
bien  que  le  savant  algologue  anj^lais  soit  aujourdbui  disposé  à  y  apporter 
d'importantes  modifications;  mais  c'est  seulement  dans  les  ouvrages  qu'il 
se  propose  de  publier  ultérieurement  qu'il  lui  sera  possible  d'apporter  à  son 


536  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DK    FlîANCli. 

premier  arrangement  des  Algues  les  changements  qui  lui  semblent  néces- 
saires. 

Le  Phi/cologia  britonnica  est  un  ouvrage  déjà  terminé  depuis  quelques 
années  et  pariaitement  connu  de  tous  les  botanistes.  Le  Synopsis,  qui  n'en 
est  que  la  rcducliou,  ne  peut  donc  nous  occuper  plus  longuement  ici  pour 
ce  double  motif;  mais  nous  avons  cru  devoir  en  faire  connaître  la  publica- 
tion parce  que  les  Synopsis  des  ouvrages  qui,  par  suite  de  leur  prix 
extrêmement  élevé,  sont  peu  abordables  pour  la  majorité  de  ceux  qui  cul- 
tivent la  science,  nous  semblent  rendre  de  grands  services  et  mériter  dès 
lors  d'être  signalés  a  la  généralité  des  botanistes  auxquels  ils  fornissent  de 
précieux  moyens  de  travail. 

Le  Synopsis  du  Plujcologia  bvitannica  est  accompagné  d'un  atlas  de  figu- 
res réduites  d'après  les  planches  originales  de  ce  livre. 

Dans  un  appendice  de  quatre  pages,  IM.  Harvey  a  présenté  :  1°  le  ta- 
bleau de  la  classification  des  Uhodospermées,  par  .^1.  Agardh  ;  2"  une  liste 
d'espèces  découvertes  dans  les  mers  de  la  Grande-Bretagne  depuis  la  publi- 
cation du  Phijrologia;  :5»  une  liste  de  synonymes  pour  des  espèces  de 
Rbodospermées  rapportées  aujourd'hui  à  des  genres  autres  que  ceux  aux- 
quels elles  avaient  été  rattachées  dans  ce  grand  ouvrage. 

BOTANIQUE  GÉOGRAPHIQUE  ET  GÉOLOGIQUE. 

Asie  mineure.  Description  physique,  statistique  et  archéologique  de 
cette  contrée,  par  M.  P.  de  TchihatchetT.  —  2"=  partie  :  Climatologie  et 
zoologie.  1  vol.  gr.  in-8  de  xix  et  8/i2  pages,  avec  U  planches.  Paris, 
1856.  Chez  Gide  et  J.  Baudry. 

Ce  volume  du  grand  ouvrage  de  M.  de  Tchihatcheff  sur  l'Asie  mineure, 
étant  spécialement  consacré  à  la  climatologie  et  à  la  zoologie,  sortirait  par 
cela  même  du  cadre  des  matières  auxquelles  il  est  permis  de  donner  place 
dans  ce  B)dletin,%\  son  auteur  n'y  avait  inséré  un  chapitre  important  de 
géographie  botaniciue.  Ce  chapitre  (chap.  viii.  p.  2S3-36ii),  qui  a  pour 
titre  :  Limilcs  des  neiges  perpétuelles  et  de  la  végétation  arboi^escente ,  a  un 
intérêt  d'autant  plus  grand  que  les  vastes  contrées  qui  en  ont  fourni  le  sujet 
sont  restées  a  peu  près  inconnues  jusqu'à  ce  jour  quant  à  la  répartition 
yéographique  des  nombreuses  espèces  végétales  qui  les  peuplent.  Nous  essaie- 
rons donc  d'en  présenter  une  analyse  succincte. 

Le  premier  paragraphe  de  ce  chapitre  est  relatif  à  la  détermination  des 
limites  des  neiges  perpétuelles.  Les  éludes  de  M.  de  Tchihatcheff  sur  ce 
sujet  portent  particulièrement  sur  le  mont  Argée,  sur  lequel  ses  observations 
lui  ont  montré  la  limite  des  neiges  perpétuelles  beaucoup  plus  élevée 
{7M)()  mètres)  qu'en  Kurope  et  en  Amérique,  mais,  en  moyenne,  moins 
clevce  que  dans  l'Asie  centrale.  Gencraicmcnt  cette  limite  va  en  sélcvant 


KKVIK    liinLIOGUAIMIIQUIi;.  587 

de  l'ouest  à  l'est  de  l'Asie,  ce  qui  indique  une  progression  dans  le  même 
sens  de  la  sécheresse  de  l'air  ;  et  ce  résultat  remarquable  est  conlirmé  par 
l'observalion  des  limites  supérieures  de  la  végétation. 

Le  second  paragraphe  du  même  chapitre  (p.  295-36^i)  est  relatif  aux 
Limites  supérieures  des  végétations  arborescente  et  frutescente.  Pour  l'écrire 
l'auteur  a  dû  se  baser  presque  uniquement  sur  les  observations  qu'il  a  faites 
lui-même  en  explorant  le  mont  Argée  ;  il  a  pu  seulement  y  rattacher  quel- 
ques faits  constatés  par  un  petit  nombre  de  voyageurs  sur  le  mont  Olympe 
et  sur  quelques  massifs  de  l'Arménie. 

Sur  l'Olympe,  la  limite  supérieure  de  la  végétation  arborescente,  fixée  par 
M.  Grisebacba  l/i9^i  mètres,  est  remarquablement  basse,  puisque  sur  beau- 
coup de  montagnes  de  l'Europe  situées  plus  au  nord,  cette  végétation  atteint 
une  limite  beaucoup  plus  élevée  pour  des  espèces  soit  plus  ou  moins  ana- 
logues, soit  tout  à  fait  identiques.  Au  reste,  dit  M.  de  Tcbihatchetï,  la 
dépression  que  subil;sur  l'Olympe  la  limite  supérieure  de  la  végétation  arbo- 
rescente, comparativement  aux  montagnes  de  l'Europe,  s'étend  également  à 
celles  de  la  Koumélie,  ainsi  que  l'a  reconnu  encore  M.  Grisebacb.  Sur 
l'Olympe,  comme  dans  la  Roumélie,  cette  limite  estdéterminée  par  VAbies 
pectinata  DC. 

Sur  le  mont  Argée  i!  n'existe  point  de  végétation  qu'on  puisse  appeler 
arborescente,  puisque  tous  les  végétaux  à  tige  ligneuse  qui  s'y  trouvent 
sont  réduits  à  l'état  de  buissons.  Cette  végétation  ligneuse  s'y  élève  beau- 
coup plus  haut  que  sur  rOlymi)e,  puisque  le  Juniperus  nana,  qui  en  déter- 
mine la  limite  supérieure,  y  arrive  jusqu'à  2900  mètres,  la  différence  de  lati- 
tude entre  les  deux  montagnes  n'étant  pas  même  de  2  degrés,  et  ne  pouvant 
dès  lors  expliquer  cette  différence  considérable  de  l/i06  mètres.  Néan- 
moins, cette  limite  supérieure  est  encore  proportionnellement  assez  basse, 
puisque,  sous  ce  rapport,  l 'Argée  peut  à  peine  supporter  la  comparaison 
avec  plusieurs  montagnes  de  l'Europe. 

Sur  les  grands  massifs  de  la  Cilicie,  la  limite  s'élève  notablement.  Ainsi, 
dans  le  Boulgardagh,  sur  les  montagnes  qui  entourent  les  Pyles  ciliciennes, 
M.  de  Tchihatcheff  a  vu  le  Cèdre  qui  la  détermine  s'arrêter  à  2111  mètres 
environ,  et,  sur  le  versant  méridional,  arriver  à  3000  mètres, altitude  con- 
sidérable qui  ferait  rivaliser  la  chaîne  de  la  Cilicie  avec  celle  de  Grenade, 
située  à  peu  près  sous  la  même  lal;itude.  Quant  à  l'Arménie,  la  limite 
de  la  végétation  arborescente  s'y  élève  à  peine  plus  haut  que  sur  les  mon- 
tagnes du  continent  européen.  M.  Abich  la  fixe,  pour  le  mont  Alaguez, 
entre  2273'", 7  et  2533"\5,  et  pour  le  versant  S.  0.  de  l'Ararat,  à 
2600  mètres. 

Après  ces  généralités,  M.  de  Tchihatcheff  indique  en  détail,  et  espèce 
par  espèce,  les  altitudes  auxquelles  il  a  observé  les  arbres  et  buissons  les 
plus  caractéristiques  dans  les  différentes  parties  de  l'Asie  mineure.  Cette 


538  SOCIÉTÉ    BOTANIUUE    DE    FRANCE. 

énumératioii,  dans  laquelle  figurent  111  espèces  ou  variétés,  n'est  malheu- 
reusement pas  susceptible  d'être  résumée.  Klle  est  suivie  d'un  examen 
détaillé  des  allitiides  auxquelles  parviennent  les  principales  espèces  spon- 
tanées et  cultivées  d'un  cAté  dans  l'Asie  mineure,  de  l'autre,  et  par  compa- 
raison, en  Europe.  L'auteur  s'étend  surtout  sur  la  Viiïne,  pour  laquelle  il 
arrive  à  ce  résultat  remarquable,  que  cette  espèce  précieuse  s'élève  beau- 
coup plus  haut  en  Asie  qu'en  Europe.  Or,  dit-il  avec  raison,  en  Europe,  le 
développement  de  l'industrie  a  presque  partout  poussé  la  culture  des  végé- 
taux jusqu'à  leurs  limites  ext  ëmes,  tandis  qu'en  Asie  l'état  défectueux  de 
toutes  les  branches  de  l'agriculture,  joint  au  manque  de  population,  n'ont 
pas  permis  d  apprécier  l'étendue  du  domaine  assigné  par  hx  nature  a  telle  ou 
telle  plante  ;  en  sorte  que*si,  malgré  cet  état  de  choses,  la  Vigne  s'élève  si 
fré(|uemment  en  Asie  mineure  à  des  hauteurs  où  elle  ne  se  présente  pas  en 
Europe,  cette  différence  entre  les  deux  contrées  ne  pourra  qu'augmenter 
lorsque  l'Asie  mineure  se  trouvera  dans  les  mêmes  conditions  que  l'Europe 
civilisée. 

Voici,  en  résumé,  les  principales  conséquences  générales  que  M.  deTchi- 
hatcheff  déduit  de  ses  recherches  sur  la  limite  supérieure  de  la  végétation 
ligneuse. 

1°  La  limite  de  la  végétation  arborescente,  beaucoup  plus  basse  qu'en 
Europe  dans  l'ouest  de  l'Asie  mineure,  devient  plus  élevée  vers  l'est  de  la 
péninsule,  où  elle  égale  souvent  et  dépasse  quelquefois  l'altitude  qu'elle 
atteint  sur  le  continent  européen. 

2»  L'absence  complète  de  végétation  arborescente,  remplacée  par  des 
buissons  rabougris,  sur  plusieurs  hautes  montagnes  de  l'Asie  mineure,  tient 
peut  être  à  l'absence  de  dépôts  de  neige  assez  puissants  et  assez  étendus 
pour  abriter  les  végétaux  contre  la  rigueur  du  froid. 

3°  Le  Bouleau  {Betula  ulba]  paraît  manquer  sur  les  montagnes  de  l'Asie 
mineure  proprement  dite,  ou  du  moins  y  être  extrêmement  rare.  Il  paraît 
être  banni  de  tout  l'espace  compris  entre  l'Arménie  orientale  et  la  Rou- 
mélie,  où  il  devient  assez  commun.  Si,  comme  le  pense  M.  Alph.  de  Can- 
dolle.  l'absence  de  cet  arbre  tient  généralenienta  la  sécheresse,  on  pourrait 
tirer  de  ce  fait  géographique  la  consé(|uence  que  le  climat  des  montngnes 
de  l'Asie  mineure  est  généralement  sec  et  caractérisé  par  une  température 
estivale  comparativement  très  élevée. 

k°  Cette  dernière  conclusion  est  confirmée  par  l'extrême  rareté  de  l'Epi- 
céa {Abies  excelsa  \)i].)  sur  ces  montagnes  ;  tandis  que  la  hauteur  considé- 
rable à  laquelle  arrive  rA6<esjoec^à<fl^a  sur  plusieurs  montagnes  de  l'Asie 
mineure,  hauteur  supérieure  à  celle  à  lM(|uelle  il  parvient  en  Europe,  pour- 
rait faire  supposer  que  la  sécheresse  de  l'air  ne  doit  pourtant  pas  être  exces- 
sive sur  ces  montagnes,  et  qu'a  des  hauteurs  de  *iOOO  a  3000  mètres,  la 
ten)pératine  moyenne  de  l'hiver  n'y  est  pas  inférieure  à  —  k  on  —  6°  C. 


KËVUK    BIBLIOGUAIMIIQUK.  5U0 

5"  La  présence  sur  les  plateaux  élevés  de  la  Cappadoce  et  de  la  Lycaoïiie, 
de  oertaines  plantes  {Alhaqi  cnmelorinn  Kisch.,  Morina perncu,  etc.)  carac- 
téristi((iies  (le  l'Asie  centrale,  semblerait  indiquer  une  certaine  similitude 
entre  les  climats  de  ces  diverses  contrées. 

BOTANIQUE  APPLIQUÉE. 

De  raiiiifl<»ii  du  niaiTuii  «riiidc,  ou  des  l'écules  amylacées  des 
végétaux  non  aliinontaircs  aux  points  de  vue  économicpie,  chimique, 
agricole  et  (eohiiique  :  par  MM.  Ad.  Thibierge  et  Remilly.  2'  éditii)n, 
1  in-18  de  ni  et  UO  paj>es,  avec  h  plan,  gravées.  Paris,  1857,  chez  Vic- 
tor Masson,  place  de  l'Ecole-de-Medecine. 

Quoi(iue  consacré  plus  particulièrement  au  marrou  d'Inde  et  à  sa  fécule, 
cet  ouvrafi;e  traite  aussi  des  amidons  el  des  fécules  en  «général.  Dans  une 
sorte  d'introduction  intitulée  :  Prélimmaire,  les  deux  auteurs  s'attachent  à 
faire  ressortir  l'importance  de  la  question  qu'ils  se  proposent  de  traiter,  et, 
pour  cela,  ils  montrent  qu'il  y  a  déficit  dans  la  production,  en  b'rance,  des 
céréales  et  de  la  Pomme  de  terre.  Ils  cherchent  à  montrer  que  de  nouvelles 
cultures  ou  l'utilisation  de  plantes  aujourd'hui  négligées,  pourront  seules 
combler  ce  regrettable  déficit. 

Dans  le  premierchapitre  ils  examinent  quelle  est  la  quantité  de  fécules 
amylacées  soustraite  a  l'alimentation  par  l'industrie,  et  quels  sont  les  États 
de  l'Europe  les  plus  intéressés  à  trouver  des  végétaux  non  alimentaires 
propres  à  fournir  aux  arts  industriels  les  matières  féculentes  qu'ils  em- 
ploient. Sous  le  premier  rapport,  ils  trouvent  que  l'industrie  absorbe  en  un 
an,  dans  notre  pays,  8,7^i5,^20  hectolitres  de  matières  alimentaires,  repré- 
sentant un  capital  de  29,277,891  francs.  Sous  le  second,  ils  cherchent  a 
prouver  que  la  France,  la  Grande-Bretagne,  la  Belgique,  les  Pays-Bas,  la 
Prusse,  la  Suisse,  la  Toscane,  l'Espagne  et  le  Portugal,  sont  surtout  inté- 
ressés à  trouver  des  substances  féculentes  non  alimentaires,  propres  à 
fournir  à  l'industrie  l'amidon  qu'elle  prend  dans  les  subsistances  publiques, 
puisque  ces  états  sont  obligés  de  faire  venir  du  dehors  une  quantité  plus  ou 
moins  considérable  de  céréales  pour  leur  consomnuttion  alimentaire. 

Le  second  chapitre  a  pour  objet  l'examen  des  principaux  caractères  des 
fécules  amylacés  et  l'indication  des  végétaux  alimentaires  féculents,  savoir: 
les  céréales,  la  Pomme  de  terre,  les  Légumineuses  dont  les  graines  con- 
stituent nos  légumes  secs,  le  Châtaignier,  la  Patate  et  les  Ignames; 
enfin,  les  plantes  qui  fournissent  les  fécules  exotiques.  —  Le  troisième 
chapitre  contient  l'exposé  des  procédés  d'extraction  de  l'amidon  et  de  la 
fécule,  ainsi  que  des  usages  industriels  de  ces  matières.  —  Le  quatrième 
chapitre  est  relatif  aux  végétaux  non  alimentaires  féculents,  aux  caractères 
et  à  l'extraction  de  leur  fécule  amylacée.  Ici  les  deux  auteurs  distinguent 


bhO  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DK    FRANCK. 

d'abord  les  végétaux  qui  ont  été  indiqués  par  divers  auteurs  comme  pou- 
vant devenii-Jalimentaires,  et  sur  lesquels  cependant  il  ne  semble  guère  pos- 
sible de  baser  des  espérances,  au  moins  pour  le  moment  ;  ils  insistent  en- 
suite davantage  sur  les  végétaux  féculents  non  alimentaires  qui  leur  parais- 
sent capables  de  fournir  avec  avantage,  et  dans  un  avenir  prochain,  les 
matières  amylacées  que  l'industrie  consomme.  Parmi  ces  derniers  ils  for- 
ment une  première  catégorie  pour  les  espèces  qui  pourraient,  a  la  rigueur, 
être  utilisées  dans  des  circonstances  extrêmes,  comme  la  Bryone,  le  Gouet; 
le  Colchique,  le  Chêne  -,  ils  en  établissent  "une  seconde  pour  celles  aux 
quelles  l'industrie  devrait  demander  l'amidon  et  la  fécule  qui  lui  sont  néces- 
saires, savoir  ;  le  Ttripa  natanset  le  Marronnier  d'Inde.  Ils  examinent  en 
détail  les  différentes  plantes  de  la  première  catégorie.  Ils  consacrent  le  cin- 
quième chapitre  au  Trapa  natans  et  a  l'utilisation  des  étangs  parla  culture 
de  cette  plante.  Enlin,  ils  traitent  du  Marronnier  d'Inde  et  de  sa  graine 
dans  le  sixième  chapitre,  qui  forme,  à  proprement  parler,  le  corps  de  leur 
ouvragt.  Ils  examinent  successivement  :  1°  le  Marronnier  d'Inde  au  point 
de  vue  de  ses  caractères,  de  sa  culture,  de  son  exploitation,  etc.  ;  2"  le 
marron,  relativement  à  sa  récolte  et  sa  conservation,  à  sa  composition,  aux 
différents  procédés  qui  ont  été  proposés  pour  en  obtenir  la  fécule,  etc.  Sous 
ce  dernier  rapport,  ils  regardent  comme  la  méthode  la  plus  avantageuse 
celle  qui  consiste  dans  une  décortication  de  la  graine  fraîche  ou  macérée, 
suivie  d'un  ràpage  etd'un  simple  lavage  à  l'eau.  Ils  apprécient  les  conditions 
économiques  de  cette  fabrication,  et  ils  arrivent  à  cette  conclusion  défini- 
tive que  les  marrons  d'Inde  donneront  certainement  un  amidon  semblable 
à  l'amidon  de  blé  à  un  prix  moindre  que  celui  de  la  fécule  de  Pomme  de 
terre,  celui-ci  étant  estimé  à  70  francs  les  100  kilogrammes,  par  M.  Payen, 
d'après  l'exploitation  de  M.  Dailly;  enlin,  les  deux  auteuis  s'occupent  des 
usages  industriels  de  cet  amidon,  qui  seraient  les  mêmes  que  ceux  de  l'ami- 
don et  de  la  fécule  ordinaires,  des  usages  industriels  de  la  pulpe  de  marrons 
d'Inde,  des  applications  raisonnables  du  marron  d'Inde  à  l'alimentation,  etc. 
L'ouvrage  est  terminé  pai'  un  lésunié  et  des  conclusions  exprimées  en 
/lO  propositions,  par  une  table  bibliographique  et  par  une  table  des  matières. 
Quant  aux  h  planches  gravées  qui  l'accompagnent,  elles  représentent  les 
différentes  fécules,  au  nombre  de  16,  dont  il  a  été  question  dans  le  texte. 

niotcs«»n  soiiic  cdihBc  and  n«ei'iil  aiiistraliait  ptaiits  {Notes 
sur  quelques  plantes  comestibles  et  utiles  de  l'Australie)-,  par  M.  Cari 
Wilhelmi.    [flookcr's  Journal  of  botany,  cah.   de   septembre,  pp.  265- 

267.) 

Les  données  consignées  dans  cette  lettre  de   M.  Wilhelmi  à  l'éditeur  du 
journal  VArgus,  de  Melbourne,  ont  été  recueillies  pendant  un  voyage  au 


HEvrr,  iui!Lioci!.u'iiM,tri':.  5/i1 

milieu  des  moiihignos  de  l'Australie,  aiixtiiiellcs  on   a  donne   les   noms  de 
(irampians,  Victoria  et  Pyrénées.  Kn  voici  le  résumé  : 

Le  Kennedija  prostrata,  }o\ie  Légumineuse  traînante,  sert  de  thé  aux 
peuplades  qui  habitent  les  monts  Victoria.  Sa  décoction  a  un  goiit  très 
agréable.  On  l'emploie  soit  iVaiche,  soit  sèche.  Les  indigènes  roulent  la 
plante  eu  sortes  depelotes,  qu'ils  mettent  ensuite  dans  l'eau  bouillante,  et  ils 
laissent  bouillir  pendant  deux  ou  trois  minutes. 

Les  feuilles  de  V Acacia  myrtifoUa  sont  employées  en  guise  de  Houblon, 
et  dans  d'autres  localités  elles  sont  remplacées  par  celles  du  Daviesia  lad- 
fol  ia. 

LesD/mera  ont  été  reconnus  vénéneux  pour  les  moutons.  Le  Gompholo- 
Inum  imcinatum  est  aussi  très  nuisible  à  ces  animaux. 

Les  graines  de  tous  les  Acacm  servent  d'aliment  aux  indigènes,  qui  en 
font  grand  cas,  et  qui  les  nomment  Nundo.  Ils  les  font  cuire  sur  de  la 
cendre  chaude  ;  cette  cuisson  les  fait  doubler  de  grosseur.  Ils  cuisent  aussi 
sur  de  la  cendre  chaude  les  racines  du  Scorzonera  Lawrencii  et  celles  de 
quelques  Géraniacées.  ]M.  Wilhelnii  dit  que  le  goût  en  est  agréable. 

Ils  mangent  cuites  avec  de  la  chair  de  Kanguroo  les  feuilles  de  deux 
Mesembryantheumm.  Le  Nilraria  Billardie7'i,  arbuste  abondant  sur  les 
collines  voisines  de  la  mer  à  Port  Lincoln,  produit  un  fruit  de  la  grosseur 
et  de  la  forme  d'une  olive,  rouge,  de  saveur  fort  agréable  et  extrêmement 
rafraîchissant,  dont  les  naturels  sont  très  friands. 

La  principale  nourriture  de  certaines  peuplades  est  la  racine  du  Typhn 
Shuttleivorthii,  qu'ils  nomment  Gortoncj.  Ils  la  cuisent  dans  un  trou  creusé 
en  terre.  Elle  renferme  une  forte  proportion  de  fécule.  Ils  cuisent  sur  des 
cendres  chaudes  l'écorce  de  la  racine  du  Santalum  persicariuvi,  qui  n'a  pas 
de  saveur,  mais  qui  est  très  nourrissante. 

M.  W^ilhelmi  dit  être  convaincu  que  la  flore  de  l'Australie  comprend 
une  aussi  forte  proportion  de  végétaux  utiles  que  celle  d'aucune  autre 
partie  du  globe,  et  qu'il  serait  à  désirer  que  les  botanistes  s'occupassent  à 
reconnaître  les  ressources  qu'elle  peut  fournir  à  ces  contrées. 

SOCIÉTÉS  SAVANTES. 

M.  Ch.  Fritsch  a  présenté  à  l'Académie  des  sciences  de  Vienne,  le 
25juin  dernier,  un  grand  mémoire  sur  \a  détct'mination  des  lois  d'aprèsles- 
qiiellcs  la  température  de  l'air  agit  sur  les  phases  de  l' accroissement  des 
plantes,  en  tenant  compte  également  de  l'iulluence  de  l'insolation  et  de  l'hu- 
midité. Ces  deux  dernières  influences  avaient  été  généralement  négligées 
jusqu'à  ce  jour,  et  les  formules  qu'on  avait  proposées  étaient  basées  presque 
exclusivement  sur  la  température  de  l'air.  L'objet  principal  du  travail  de 


bh2  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

M.  Fritsch  est  de  reconDaitrc,  parmi  ces  formules,  celle  qui  mérite  la  pré- 
férence sur  les  autres. 

Réaumur,  Coite    et  M.  Boussiugault  ont   regarde  comme  constante  la 
simple  somme  des  températures  que  la  plante  exige  pour  fleurir,  mûrir  son 
fruit,  etc.  M.  Quetelet  y  a  substitué   la  somme  des  carrés  des  températures 
moyennes  diurnes  pour  l'espace  de  temps  qu'on  a  à  considérer.  MM.  deGas- 
parin  et  Babinet  retranchent,  pour   chaque  espèce  végétale,  des  tempéra- 
tures dmrnes,  la  température  à  elle  propre  à  laquelle  l'action  commence  à 
se  produire  ;  mais  tandis  que  le  premier  se  contente  d'additionner  les  tem- 
pératures diurnes  ainsi  diminuées,  le  second  multiplie  le  carré  du  nombre 
de  Jours  par  leur  température  moyenne.  M.  Fritsch   a   cru,  de  son  côté, 
devoir  tenir  pour  constante  la  simple  somme  des  températures  indiquées 
par  le  thermomètre  mouillé  (1).  Voici  les  résultats  des  essais  des  différentes 
formules  qui   ont   été  faits  par  M.  Fritsch  :  1°  Les    petites  erreurs,  com- 
prises entre  les  limites  nécessaires  pour  la  certitude  des  observations,  sont 
les  plus  nombreuses  avec  toutes   les  formules  ;  les  erreurs  considérables, 
bien  qu'étant  seulement  isolées,  ne  résultent  que  des  formules  de  MM.  de 
Gasparin  et  Babinet;  2°  pour  toutes   les   formules,  une  bonne  moitié  des 
erreurs,  entre  les  limites  des  erreurs  d'observation,  égalent  =t  trois  jours. 
Dans  la  plupart  des  cas  la  formule  de  IVl.  Quetelet  donne  les  erreurs  les  plus 
faibits;  3°  la  somme  des  erreurs  est    la   plus   faible   avec  la  formule  de 
M.  Boussingault  et  celle  de  M.  Fritsch;  elle  est  la  plus  grande  avec  celles 
de  MM.  de  Gasparin  et  Babinet.  On  a  donc  a  choisir  entre  les  formules  de 
MM.  Quetelet,  Boussingault  et  Fritsch.  Or,  la  première  exige  des    calculs 
compliqués  ;   la   dernière  suppose  des  observations  psychrométriques  qui 
peuvent  rarement  être  faites  avec  les  soi)is  convenables.  L'avantage  est  donc, 
en  définitive,  pour   la  formule  de   M.  Boussingault,  qui  a  ete   employée  la 
première,  et  à  laquelle  ont  recours  encore  aujourd'hui  la  plupart  des  per- 
sonnes qui  s'occupent  de  clinuitologie  végétale.    File  a  d'ailleurs  pour  elle 
une  grande  simplicité  (|ui  la  rend  fort  commode. 

Au  mémoire  de  M.  Fritsch  est  joint  un  tableau  qui  indique,  pour  plu- 
sieurs centaines  d'espèces  de  plantes,  les  dates  normales  exactes  de  leurs 
phases  d'accroissement  avec  les  sommes  de  températures  normales  qui  sont 
nécessaires  pour  les  déterminer. 

(1)  Nous  ferons  observer  que  dans  l'analyse  du  travail  de  M.  Fritsch  qui  a  été 
puiiliée  par  le  lionplandia  du  1"  août  1857,  p.  '227,  il  est  question  du  thermomètre 
mouillé  (des  nassen  Thermomelers),  tandis  quo  dans  le  (;omple-r<!ndu  du  même 
travail  fait  par  W  comte  Marsc.liall  et  publié  en  français  par  le  journal  Vliistitul, 
uuinéroclu  30  septembre,  il  est  parlé  du  lliernionièlrc  non  mouillé.  Nous  suivons 
ici  le  texte  allemand  du  B(mplamUn. 


IIKVUK    BIBLIOGnAI'IIIOLi:.  5A3 

NOUVELLES. 

—  Le  Journal  of  bot any  de  M.  Hooker  annonco,  dans  son  cahier  de  sep- 
tembre, (|ue  M.  Harvey  à  (|ni  l'on  doit  déjà  l'ouvrage  intitulé  n  The  Gê- 
nera of  South  African  Plants  »  {Les  genres  de  plantes  de  r Afrique  aus- 
trale), publié  au  cap  de  lionne  espérance,  en  1838,  se  propose  de  publier 
une  Flore  complète  de  l'extrémité  méridionale  de  l'Afrique,  portion  du 
globe  remarquable  entre  toutes  par  la  variété  et  la  spécialité  de  ses  pro- 
ductions végétales.  Aussi  le  journal  anglais  invite-t-il  tous  ceux  qui  pos- 
sèdent des  plantes  du  Cap  à  les  communiquer  a  M.  Harvcy  (D'  Harvey, 
professer  of  botany,  Trinity  collège,  Dublin),  afin  de  contribuer  à  rendre 
l'ouvrage  dont  s'occupe  ce  savant  botaniste  aussi  complet  que  possible. 

—  Le  Botanische  Zeitung  avait  annoncé,  dans  son  numéro  du  17  juil- 
let dernier,  i\\.\Q  M.  Charles  Morren  venait  de  mourir  et  (fue  son  fils 
M.  Edouard  Morren  lui  avait  succédé  comme  professeur  de  l;otanique  et 
d'agriculture  et  comme  directeur  du  jardin  botanique  de  l'Univeisité  de 
Liège.  Cette  nouvelle  avait  été  reproduite  par  le  Bulletin  de  la  So- 
ciété botanique  de  France  (5*^  cahier  de  1857,  p.  /432),  ainsi  que  par  le 
Bonplandia.  Heureusement  elle  était  sans  fondement:  en  effet,  le  même 
journal  allemand,  dans  son  numéro  du  28  août  dernier,  rectifie  sa  première 
annonce  en  se  basant  sur  une  lettre  écrite  le  18  août  par  ]M.  Ed.  Morren 
qui  dit  que  M.  Ch.  Morren  a  été  dangereusement  malade,  n»ais  que  son  état 
s'améliore  de  jour  en  jour  et  que  déjà  sa  vie  n'est  nullement  en  dangei'. 

—  Le  gouvernement  anglais  étant  sur  le  point  d'envoyer  en  cadeau  à 
l'empereur  du  Japon  un  tiès  bel  yacht  ù  vapt'ur,  M.  Hooker  a  pensé  que 
ce  pouvait  être  une  excellente  occasion  pour  faire  pénétrer  un  botaniste 
collecteur  dans  cet  empire  dont  la  Flore  est  encore  fort  imparfaitement 
connue.  Le  savant  et  zilé  directeur  de  Kew  a  dès  lors  présenté  aux  lords 
de  l'Amirauté  un  mémoire  dans  lequel  il  faisait  ressortir  les  avantages  qui 
résulteraient  d'une  exploration  de  l'intérieur  de  ces  îles  qui  nous  ont  déjà 
donné  un  assez  grand  nombre  de  plantes  ornementales  ou  utiles  et  qui  nous 
en  promettent  encore  bien  davantage.  Sa  demande  d'envoi  d'un  botaniste 
a  été  parfaitement  accueillie;  une  somme  de  800  livres  sterling  (20,000  fr.) 
a  été  allouée  pour  cet  objet,  el  M.  Charles  Wilford  ,  (|ui  était  attaché  de- 
puis deux  ans  à  l'herbier  de  Kew,  a  été  chargé  de  cette  importante  entre- 
prise. Le  2  du  mois  de  mai  deinier  il  s'est  embarqué  pour  Hong-Kong,  où 
il  séjournera  et  herborisera  jusqu'à  ce  que  le  navire  envoyé  à  l'empereur 
du  Japon  arrive  d'Iùuope  et  le  prenne  à  son  bord.  Il  a  été  même  décidé 
qu'il  aurait  la  faculté  d'aller  explorer  la  côte  orientale  de  la  Tartarie  qui 
s'étend  entre  le  détroit  de  Corée  et  l'embouchure  de  l'Amour,  pays  d'au- 
tant plus  intéressant  qu'il  est  presque  entièrement  inconnu  sous  le  rapport 


bhh  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

botanique.  M.  Wilford  y  sera  transporté  par  le  navire  de  la  marine  britan- 
nique VActéon,  qui  est  chargé  en  ce  moment  de  visiter  la  côte. 

—  Une  nouvelle  d'un  haut  intérêt  est  donnée  avec  de  longs  détails  dans 
le  Journal  ofbotany  de  M.  Hooker.  IM.  Grisebach,  le  savant  botaniste  alle- 
mand à  qui  l'on  doit  la  Flore  de  la  Roiimélie  et  beaucoup  d'autres  écrits 
importants  ,  désirait  publier  une  Flore  des  colonies  anglaises  des  Indes- 
Occidentales;  mais  il  était  arrêté  dans  l'exécution  de  ce  projet  par  les  frais 
que  devait  entraîner  la  publication  de  cet  important  ouvrage,  frais  assez 
considérables,  à  ce  qu'il  parait,  poui-  effrayer  les  libraires  qui  n'espéraient 
pas  les  couvrir  par  la  seule  vente  du  livre.  Toujours  désireux  de  con- 
tribuer aux  progrès  d'une  science  pour  laquelle  il  a  tant  fait  lui-même, 
M.  W.  Hooker  a  demandé  au  gouvernement  anglais  qu'il  vouliit  bien  con- 
sacrer une  somme  de  300  livres  sterling  (7,500  fr.)  à  l'impression  de  l'ouvrage 
de  M.  Grisebach.  Sa  demande  a  été  parfaitement  accueillie  et  il  a  été  dé- 
cidé qu'une  Plore  des  colonies  anglaises  des  Indes- Occidentales,  par  le 
savant  allemand,  sera  publiée  en  deux  volumes  iu-8°  d'environ  500  pages 
chacun,  aux  frais  du  gouvernement  anglais. 

A  ce  propos  ,  IM.  W.  Hooker  fait  observer,  avec  juste  raison,  que  le 
gouvernement  de  la  Grande-Bretagne  saisit  toutes  les  occasions  pour  hâter 
les  progrès  de  la  botanique  en  prêtant  son  puissant  et  généreux  appui  aux 
hommes  qui  font  de  cette  science  l'objet  de  leurs  études  assidues. 

—  M.  Criiger,  botaniste  allemand  que  ses  études  ont  fait  connaître  avan- 
tageusen;ent,  vient  de  rentrer  en  Europe  après  un  séjour  de  seize  années 
dans  l'ile  de  la  Trinité.  Divers  mémoires,  publiés  depuis  quelques  années 
dans  les  journaux  botaniques  de  l'Allemagne,  ont  prouvé  que  cet  habile  ob- 
servateur utilisait  foi't  bien  le  temps  (|u'il  passait  dans  un  pays  remarqua- 
ble par  sa  belle  végétation  tropicale.  Mais  il  n'est  pas  douteux  que,  rentré 
en  Europe,  il  ne  publie  bientôt  des  travaux  plus  importants  encore,  basés 
sur  ses  observations  fort  nombreuses,  à  ce  qu'il  parait,  puisque,  dit  le  lio)i- 
plandia ,  il  a  fait  à  la  Trinité  beaucoup  de  recherches  botaniques.  (...  hal 
dort  sehr  viel  boianisirt) . 

—  M.  de  Schlechtendal  annonce  dans  le  Botanischc  Zeitung  du  10  juillet 
dernier,  que  la  collection  d'environ  1200  espèces,  formée  à  Suiinam  par 
Keo^el,  n'ayant  pas  encore  trouvé  d'acheteur,  est  offerte  pour  le  prix  de 
00  thalers  (225  fr.).  La  détermination  de  la  plupart  de  ces  plantes  se 
trouve  dans  le  Linnœa.  On  met  également  en  vente  un  herbier  de  plus  de 
^000  espèces  cultivées,  laissé  aussi  par  Ivegel  et  dont  le  prix  est  fixé  à 
20  thalers  (75  fr.). 

—  La  collection  de  Lichens  de  FIoIonn  \ieut  d'être  achetée  par  l'herbier 
roval  de  Berlin. 


P.iiis.  -  Im|iriiiierio  de  L.  SIautiket,  nie  Mignon,  2. 


SOClirrÉ    BOTAiNlQUE 


DE   FRANCE. 


SESSION  EXTRAOliniNAlUi:  A  I\IONTPELLIEU 

EN   JUIN    1857. 


La  Sociélè,  conroniiôment  à  la  décision  prise  par  elle  dans  sa 
séance  du  13  mars  dernier,  s'est  réunie  en  session  extraordinaire,  à 
Montpellier,  le  8  juin. 

Les  autres  séances  ont  eu  lieu  les  10, 12  et  16  juin,. 

Du  8  au  15  juin,  des  herborisations  et  des  visites  aux  établisse- 
ments scientitiques  ont  eu  lieu  chaque  jour,  d'après  le  programme 
arrêté  dans  la  première  séance  (voyez  p.  558). 

Les  membres  de  la  Société  qui  ont  pris  part  à  ces  diverses  réu- 
nions sont  : 


MM.  Banandon. 
Boisdnval. 
Boiulel. 
Caroii  (lui.). 
Clialin. 
Cosson. 
Cramer. 
Danacq. 
Deinoi;cl. 
Derbôs. 
Donmct  (E.). 
Diiby. 

Ducoiidray-L'oiirgaiill. 
Diihamol. 

Diirieii  de  MaisoDiieuve. 
Espagne. 
Forge t  (E.). 
Foiirnicr  (E.). 
Foiunier  (H.). 
Foville  (A.  de). 
Gay  (J.). 

Germain  de  Sl.-i'ierre. 
Giraiidy. 

T.     IV. 


Ai  M.  Grœiiiand. 
Gros. 
Giiillard. 
Guilloii. 

Giiilloleaux-Vatel. 
Jaiiberl  (le  comte). 
Jeanbernat, 
.Iiinquel. 
kralik. 
Lacroix  (Fr.). 


La  g  range. 

Laporte. 

Laranibergue  (U.  de). 

Leclère. 

Le  Couppey. 

Lespinasse. 

Lèvent. 

Maillard. 

Marcellin. 

M  ares  (P.). 

Martin  (A.-B.). 

Marlins  (Cli.). 


MM.  Marlrin  -  Donos   (  le 
comte  de). 
Mangin  (A.). 
Maugin  (G.). 
Morize. 

Penaudière  (H.  de  la). 
Peu jade. 
Planchon  (J.-E.). 
f'ommaret  (E.  de). 
Salait. 

Scbcenefeld  (W.  de). 
Seynes  (J.  de). 
Suckan  (E.  de). 
Tcliiliatchef  (P.  de). 
Tbibesard. 
Tliéveneaii. 
Timbal-Lagrave, 
Tisseur. 

Twezkiewicz  (D.). 
Vallon. 
Vigineix. 
Zanélidès. 

35 


5/i6  SOCIÉTÉ    BOTANiyL'E    1)15    FRANCE. 

Knvii'oii  150  élèves  des  FamUêsde  médecine  et  des  sciences  (ainsi 
que  des  Ecoles  de  pharmacie)  de  Paris,  Strasbourg,  Bordeaux,  Tou- 
louse et  Montpellier,  se  sont  joints  à  la  Société. 

IMusieurs  membres  de  la  Société  cntomologique  de  France  (1),qui 
tenait  aussi  une  session  extraordinaire  à  Montpellier,  ont  assisté  à 
quelques-unes  des  séances. 

Enfin,  un  grand  nombre  de  personnes  habitant  Montpellier  ou  les 
environs  ont  pris  part  aux  divers  travaux  de  la  session.  Parmi 
elles  nous  citerons  : 

MM.  BÉCHAMP,  professeur  à  la  Faculté  de  médecine. 
Bkrard,  doyen  de  la  Faculté  de  médecine. 
BÉRARD  (Paul). 

BiMAR   (Aug.). 

Blanc  (Paulin),  bibliothécaire  au  Musée-Fabre. 

Blondin,  receveur  général. 

Blouquier,  juge  au  Tribunal  de  commerce. 

BouHiN  (Nicolas;,  contrôleur  des  contributions  indirectes  a  Cette. 

BouRDEL,  agrégé  à  la  Faculté  de  médecine. 

Crassous,  commandant  de  l'École  du  Génie. 

Crouzet  (Aug.),  docteur  en  médecine. 

DiRARD,  membre  de  la  Société  archéologique. 

Donné  (Al.),  recteur  de  PAcadémie. 

DouMET  (Napoléon),  membre  de  la  Société  archéologique,  à  Celle. 

Dumas  (Isidore),  professeur  à  la  T'aculté  de  médecine. 

DupRÉ,  professeur  à  la  Faculté  de  médecine. 

EsTOR,  interne  à  riiôpilal  Saint-Éioy. 

Fabrège,  propriétaire,  à  Maguelonne. 

Farel  (Eug.). 

Fef.rier,  avoué,  adjoint  au  maire. 

Germain,  professeur  à  la  Faculté  des  lettres. 

Gervais  (l'aul),  doyen  de  la  Faculté  des  sciences. 

GlRBAL,  agrégé  à  la  Faculté  de  médecine. 

Gordon  (Rich.),  docteur  en  médecine. 

GUIRAULT. 

Itier,  directeur  des  douanes. 

Jacquemet,  agrégé  à  la  Facullé  de  médecine. 

Jeannel,  professeur  à  la  Faculté  des  lettres. 

Jeax\nel  (Julien). 

Laurens,  secrétaire  de  la  Faculté  de  médecine. 

(1)  Entre  autres,  MM.  Bellier  de  la  Chavigneric,  président  ;  Léon  Fairmairc, 
secrétaire;  le  docteur  Aube,  lîoiVidieu ,  liruand ,  Cussac ,  Delamain ,  Doué, 
l'crris,  etc. 


SESSION    lAir.AOKUlN.VllU':    A    MoNTI'KLLIl.r.    KS    ,11'IIS    1857.        5^7 

MM.    liicHTENSTEiN,  aiicicii  iidgocianl. 

LoiîDAT,  piofcsseur  à  la  Faciilt<;  de  inédcciiic. 
LuTTiAM),  pliiirmacieii. 

xMarès  (IJeiiri),  membre  du  Conseil  général  de  riléraiilt. 
Pagézy  (.Jules),  maire  de  Montpellier. 
Pascoe  (de  Londres),  membre  de  plusieurs  Sociétés  savantes. 
PÉciiOLLiKR,  agrégé  à  la  Faculté  de  médecine. 
Pharamond,  secrétaire  de  la  mairie. 
Planchon  (Gustave). 
POUTINGON,  avocat,  adjoint  au  maire. 
PouziN,  directeur  de  l'École  de  pharmacie. 
llENOuviER  (Jules). 

Ricard,  secrétaire  de  la  Société  archéologique. 
Sabatier,  aide-anatomisie. 
Saint-Pierre  (Camille),  docteur  en  médecine. 
Saint-René-Taillaindier,  professeur  à  la  Faculté  des  lettres. 
Thomas,  archiviste. 

ToDCHY  (Aimant),  docteur  en  médecine,  conservateur  deî;  collections  bota- 
niques au  Jardin  des  plantes. 
ViANÈs,  notaire. 

ViARD,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences. 
Westphal-Castelnau  père,  consul  des  Villes  anséatiques. 
Westphal-Castelnau  (Alfred),  consul  de  Bavière. 
Westphal-Castelnau  ((îaston),  etc.,  etc. 


ISKAUCE  nV  8  JIIIIV   1859. 

La  Société  se  réunit  à  Montpellier,  à  dix  heures  et  demie  du  nitalin, 
dans  la  salle  des  concerts,  que  l'administration  municipale  a  bien 
voulu  mettre  à  sa  disposition  pour  toute  la  durée  de  la  session  ex- 
traordinaire. 

M.  J.  Pagézy,  maire  de  la  ville,  procède  à  l'installation  de  la  So- 
ciété en  prononçant  le  discours  suivant  : 

Messieurs, 

.le  suis  heureux  d'être  auprès  de  vous  l'Interprète  des  sentiments  de  la 
population  de  ]>ronlpelIier,  en  vous  faisant  coiinaitre  le  noble  orgueil  (prellc 
éprouve  de  voir  réunis  dans  ses  tnurs  tant  d'honnnes  éniineiils,  tant  d'amis 
sincères  de  la  botanique. 


5/18  SOCIÉTÉ  uoiAM^Lii  hK  fk.\m:i:. 

Votre  Société,  IMessieurs,  doit  avoir  et  a  toutes  les  sympathies  d'une 
vi  le  qui  a  toujours  mis  sa  principale  gloire  dans  ses  établissements  scien- 
tifiques. 

Aussi ,  Messieurs,  vous  ne  trouverez  pas  seulement,  sous  ce  beau  climat, 
une  flore  souvent  exceptionnelle ,  vous  y  serez  entourés  de  souvenirs 
d'hommes  dont  les  noms  sont  chers  à  la  science  que  vous  cultivez  :  Richer 
de  Believal,  Magnol ,  Gouan,  Broussonnet,  De  Candolle,  Delile,  Auguste 
de  St-Hilaire,  Dunal  ont  créé  ou  agrandi  notre  Jardin  botanique;  ils  ont 
formé  ou  enrichi  ces  collections  précieuses  que  vous  voudrez  visiter.  Vous 
vous  trouverez  ici,  Messieurs,  en  présence  de  savants,  leurs  dignes  émules, 
et  de  jeunes  gens  studieux  partageant  vos  goûts  et  vos  sentiments  ;  ils  se- 
ront heuieux  de  vous  servir  de  guides  sur  ces  terrains  qu'ils  ont  tant  de 
fois  explorés,  et  d'y  puiser  de  nouveaux  enseignements  en  s'éclairant  de  vos 

lumières. 

L'administration  municipale  de  Montpellier  s'associe  avec  bonheur  à 
votre  œuvre  scientifique:  vous  pouvez  compter.  Messieurs,  sur  son  concours 
le  plus  dévoué.  La  bibliothèque  de  la  ville  et  le  musée  seront  ouverts  pen- 
dant toute  !a  durée  de  votre  session,  et  je  m'empresserai  de  mettre  à  la 
disposition  de  votre  Bureau  les  employés  municipaux  qui  pourront  lui  être 

utiles. 

Je  regrette  ,  Messieurs,  que  la  constitution  de  votre  Société  ne  nous  per- 
mette pas  de  vous  conserver  longtemps  au  milieu  de  nous,  ou  ne  nous 
laisse  pas  au  moins  l'espérance  de  vous  y  revoir  bientôt;  tous  les  habitants 
de  Montpellier  auraient  été  fiers  et  heureux  de  continuer  les  bons  rapports 
qui  vont  s'établir  entre  nous. 

Mais,  si  nous  devons  renoncei'  au  plaisir  de  vous  posséder  de  longtemps, 
soyez  assurés,  Messieurs,  que  la  Société  Botanique  ne  nous  sera  jamais 
étrangèi-e,  et  que  nous  \ie  pouvons  plus  l'oublier  ;  elle  a  acquis  à  i\[ontpcliier 
le  droit  de  cité.  Aussi,  Messieurs,  nous  ne  cesserons  de  porter  le  plus  vif 
intérêt  à  vos  travaux  et  de  les  suivre  de  tous  nos  vœux. 

Puissiez-vous,  JMessieurs,  vous  lappeler  d'avoir  trouvé  parmi  nous  une 
cordiale  hospitalité  !  puisslez-vous  conserver  un  souvenir  agréable  de  votre 
session  à  Montpellier!  Voilà  le   but  que  nous  voudrions  atteindre. 


En  l'absence  de  M.  iMo(iuiM-Tandon,  président  de  la  Société,  M.  le 
comte  Jaubert,  vice-président,  occupe  le  fauteuil.  Il  est  assisté  de 
MM.  E.  Cosson,  secrétaire,  et  de  Schoeneleld,  vice-secrétaire. 

M.  le  Président  remercie  M.  le  Maire  et  exprime  la  reconnais- 
sance de  la  Société  pour  l'excellent  accueil  ([uc  l'eidministralion 
iiuniinpale  de  -Montpellier  a  bien  vduIu  lui  l'aire.  Les  UKMnbres  pré- 


SKSSION    KXTUAOHIUNAIKI':    A    M()NTI>Kf,Lir,i;    KN    .llIN    1857.         5/|9 

seuls    coiirnniciil,    ces     rcniercÎMiciils    pur    dos     applaudissiMni-'iiLs 
tmaiiimes. 

M.  le  Prt'sidont  proiioncc  onsuite  le  distours  siuvaiit  : 

DISCOURS  DR  M,  le  comte  .litlIBUKT. 

Messieurs , 

Eu  l'absence  l'oit  regrettable  de  notre  président ,  M.  Moquin-Tandon  , 
retenu  à  Paris  par  les  devoirs  du  professorat,  et  qui  m'a  chargé  de  vous 
dire  eond)ieu  il  eût  été  heureux  de  se  trouver  aujourd'hui  parmi  vous,  je 
suis  appelé  par  votre  règlement  à  l'honneur  d'ouvrir,  sous  les  auspices  de 
l'administration  publique,  votre  session  extraordinaire. 

Avant  de  céder  le  fauteuil  à  celui  de  nos  confrères  que  vous  élirez  pour 
présider  à  vos  travaux,  permettez-moi  de  vous  présenter  quelques  réflexions 
sur  cette  solennité,  et  d'abord  de  me  féliciter  avec  le  Bureau  de  la  Société 
de  ce  qu'un  si  grand  nombre  de  botanistes  de  la  France  et  de  l'Étranger  ont 
répondu  à  notre  invitation,  Grâces  en  soient  rendues  aussi  à  la  bienveillance 
éclairée  des  Compagnies  de  chemins  de  fer,  qui  nous  ont  facilité,  par  de 
notables  réductions  sur  leurs  tarifs,  l'accès  de  ce  rendez-vous  à  840  kilo- 
mètres de  l'aris.  11  n'y  a  pas  encore  bien  longtemps  qu'une  des  lignes  que 
nous  venons  de  parcourir,  celle  de  Nimes  à  Montpellier,  existait  seule 
dans  ces  contrées,  comme  un  jalon  planté  dans  le  champ  de  l'avenir,  A 
cette  époque,  les  entreprises  de  chemins  de  fer  étaient  rares  et  chance- 
lantes :  vous  m'excuserez.  Messieurs,  de  revendiquer  pour  celle  de  Mont- 
pellier la  date  de  18/iO.  Le  voilà  donc  réalisé,  dans  sa  plus  large  extension, 
le  plan  d'herborisations  que  nous  avions  formé  autrefois  avec  Adrien  de 
Jussieu  (1).  Aujourd'hui,  dans  toutes  les  directions,  ou  peu  s'en  faut,  le 
wagon  rapide  est  à  la  portée  de  chacun  de  nous;  les  explorations  lointaines 
ne  sont  guère  moins  abordables  que  ne  l'étaient  jadis,  pour  les  botanistes  de 
Paris,  celles  d' Ermenonville  ou  de  Saint-Léger. 

L'année  dernière,  M.  Antoine  Passy,  un  de  nos  fondateurs,  conduisait 
la  Société  en  Auvergne  et  la  remettait  entre  les  mains  du  savant  qui  s'est 
signalé  par  de  si  grands  travaux  sur  le  plateau  central  de  la  France,  Notre 
bulletin  a  donné  une  peinture  animée  de  cette  campagne  botanique.  Nous 
avons  vu  la  troupe  de  M,  Lecoq,  tantôt  s'avançant  dans  la  Limagne  comme 
une  rangée  de  moissonneurs  diligents  qui  ne  laissait  rien  à  glaner  derrière 
elle,  tantôt  lancée  par  son  chef  sur  le  flanc  des  montagnes;  le  Puy-de- 
Dôme  et  le  Mont-Dore  étaient  pris  d'assaut,  et  notre  drapeau  était  arboré 

(1)  Sur  l'enseignement  de  la  botanique,  2'  édition,  p.  18,  Paris,  imp.  Marlinet, 
1857;  voyez  aussi  h\  Bof<ini(iit('  à  r Exposition  nirirrrselle,  p.  16,  lAiris,  imp. 
C.li.iix,  1S55. 


550  SOCIÉTÉ   BOTANIQUK    DE    FRANCE. 

par  le  docteur  Nylander  au  plus  liant  des  roches  dénudées  et   battues  par 
les  vents  qui  dominent  le  Val  d'Enfer,  station  favorite  des  Lichens. 

La  terre  classique  de  Montpellier  nous  promet  des  jouissances  qui  ne  le 
céderont  en  rien  aux  premières:  c'est  au  sein  de  cette  Faculté  célèhre  que 
la  botanique,  étrangère,  en  tant  que  science  d'observation  méthodique,  au 
génie  de  l'antiquité,  étouffée  durant  le  moyen  âge  sous  le  fatras  d'une  vaine 
érudition,  éveillée  enfin  au  souffle  fécondant  de  la  Renaissance,  a  commencé 
à  se  former  en  corps  de  doctrine  et  à  être  régulièrement  enseignée.  Depuis 
le  jour  où  le  flambeau  de  la  science  a  été  allumé  dans  cette  contrée,  il  n'a 
pas  cessé  d'y  répandre  le  plus  vif  éclat.  L'histoire  des  établissements  d'in- 
struction de  Montpellier,  à  laquelle  MM.  Martins  et  Planchon  ont  ajouté 
récemment  une  foule  de  documents  intéressants,  prouve  qu'à  aucune  épo- 
que, cette  ville  n'a  manqué  d'hommes  d'un  grand  mérite  pour  y  cultiver 
et  y  professer  la  botanique,  soit  qu'ils  y  fussent  nés,  soit  ((u'ils  y  eussent 
été  attirés  par  son  heureux  climat,  par  l'agrément  de  la  société  et  par  les 
ressources  de  tout  genre  qui  s'offrent  à  l'étude  de  la  nature. 

Dès  le  commencement  du  xvi*  siècle,  Montpellier  était  comme  un  lieu 
d'initiation  pour  les  naturalistes  de  toute  l'Europe.  L'Allemand  Fuchs  était 
venu  y  puiser  son  instruction,  lui  qui  le  premier  renonça  à  commenter  les 
Anciens  pour  se  livrer  à  l'observation  directe  de  la  nature  et  éclaircit  ses 
descriptions  de  plantes  par  des  gravures  sur  bois.  Vers   le  même  temps, 
Rondelet  y  avait  inauguré  un  enseignement    régulier  ;  il  n'a  rien   publié, 
mais  pour  juger  de  ses  talents ,  il  suffit  de  nommer  les  élèves  sortis  de  son 
école,  Lobel,Rauwolf,  Ch.  de  l'Écluse,  J.  Bauhin.  Dalechamp,  etc.  En  1596, 
Richer  de  Belleval  fonde  le  Jardin  botanique,  trente  ans  avant  que  Guy  de 
la  Brosse  eût  ouvert  celui  de  Paris.  Magnol,  né  à  Montpellier  en   1638, 
pressent  l'établissement  des  familles  végétales,  comme  l'atteste  un  passage 
curieux  de  son  Prodrome  cité  par  M.    Martins,  et  donne  une  Flore  de 
Montpellier.  Elle  sera  perfectionnée  plus  tard  par  Sauvages,  né  à  Alais,  ami 
de  Linné,  qui  forma  aussi  d'excellents  élèves,  entre  autres  Cusson,  mono- 
graphe  des  Ombellifères,  et  dont  Vicq-d'Azyr  a  fait  l'éloge.   Gouan,  né  à 
Montpellier  en   1733,    correspondant  de  Linné,  a  rendu  aussi  de  grands 
services  à  la  science;  à  la  fin  de  sa  longue  carrière,  nous  avons  eu  le  bon- 
heur de  saluer  ce  vieillard  vénérable,  et  nous  gardons  précieusement  dans 
notre  herbier,  comme  des  reliques,  les  plantes  qu'il  nous  a  fait  cueillir  de- 
vant lui  dans  son  jardin,  Lilium pyrenaicum  et  Saxifraga  sarmentom ;  elles 
portent  la  date  du  1"  juin  1821.  Un  herbier  n'est  pas  seulement  une  col- 
lection de  formes  végétales  classées  avec  art;  c'est  aussi  un  recueil  de  sou- 
venirs. Nos  maîtres,  nos  amis  y  sont  en  quelque  Sorte  représentés;  les  évé- 
nements divers  de  notre  existence,  et  jusqu'à  nos  pensées  d'autrefois  y  ont 
déposé  leur  trace:  delà  ce  charme  mélancolique  qui  s'empare  de  nous, 
lorsqu'au  déclin  de  l'âge  nous  compulsons  ces  annales  intime!-. 


SESSION    EXTRAORDINAinK    A    MONTl'ELFJr: U    EN    .ICIM    1857.         551 
Vers  la  lin  du  cU-niicr  siècle,  Bi-otissoniicl,  ne  a  Monlpcllicr,  est  nommé 
à  vinj^t-quatic  ans  membre  de  l'Ac-idémie  des  Sciences  et  a  l'unanimité  des 
voix,  exemple  unique  dans    les  annales  de   cette  illustre  eompaunie.  De 
Candolle,  que  Genève  nous  a  repris  trop  tôt,  a  composé  ici  même  sa  Théorie 
élémentaire;  son  nom  est  inséparable  de  l'École  de  IMontpellier.  Puis  sont 
venus  Delile,  associé  aux  travaux  de  la  Commission  d'Éjiypte,  observateur 
ardent  et  sagace .  Duual ,  élevé  favori  de  De  Candolle,  et  loué  par  M.  Plau- 
chon,  son  babile  successeur,  d'une   manière  a  la  fois   magistrale  et  atta- 
chante. Duna!  est  l'auteur  de  la  théorie  des  dédoublements  ,    confirmative 
de  l'ordre  symétrique  dans  les  organes  floraux,  développée  plus  tard  par 
M.    Moquin-Tandon  et  par  Auguste  de  Saint-Hilaire.    Notre  honorable 
président  l'a  reconnu  dans  un  récit  qui  peut  servir  de  pendant  à   un  petit 
chef-d'œuvre  de  M.  Biot,  intitulé  Une  Anecdote  sur  M.  de  Laplace.  Nous 
venons  de  citer  Auguste  de  St-Hilaire:  ce  botaniste  de  premier  ordre  ap- 
partient aussi  à  Montpellier  par  l'amitié  qui   l'unissait  à  Dunal ,  par  les 
séjours  prolongés  qu'il  a  faits  dans  le  pays  et  dont  il  a  perpétué  le  souvenir 
en  léguant  à  la  Bibliothèque-Fabre  la  collection  de  ses  livres  scientifiques. 
Un  éloge  reste  à  faire,  celui  de  Requien,  d'Avignon,  intimement  uni  aux 
disciples  de  De  Candolle,  Requien,  un  de  ces  naturalistes  éminents  qui 
n'ont  laissé  que  peu  ou  point  d'écrits,  mais  dont  l'autorité  était  oénéra- 
lement  reconnue  et  qui  ont  eu  sur  les  progrès  de  la  science  une  influence 
marquée.  «  Leur  maison,  avons-nous  dit  ailleurs  (1),  était  toujours  ouverte 
»  au  naturaliste  en  tournée,  hospitalité  cordiale  dont  nous  avons  «^oûté  les 
»  charmes  dans  notre  jeunesse,  aimables  patrons  des  débutants,  prodigues 
»  pour  eux  de  leur  temps  et  de  leurs  conseils,  généreux  distributeurs   de 
»  leurs  récoltes ,    correspondants   infatigables.  »   Enfant  de   Montpellier, 
élève  de  Dunal  et   ami  de  Requien,  notre  président,  M.  Moquin-Tandon, 
soutient  dignement  l'honneur  de  la  tradition,  et  plus  que  nous,  sans  aucun 
doute,  il  aurait  été  apte  à  vous  recevoir  sur  le  théâtre  de  ses  premiers 
succès. 

lu)  tête  de  la  brillante  série  que  nous  venons  de  parcourir,  nous  aurions 
dû  placer,  ne  fût-ce  que  dans  l'ordre  des  dates,  un  homme  extraordinaire, 
d'un  savoir  universel  pour  l'époque  où  il  vécut,  un  des  plus  grands  écri- 
vains de  la  langue  française,  qui,  un  des  premiers  en  Kurope,  mérita  le 
nom  de  botaniste,  une  des  gloires  de  cette  École;  vous  avez  nommé  Ra- 
belais. Vous  verrez  son  portrait  placé  honorablement  dans  la  galerie  de 
la  Faculté;  et  jusque  dans  ces  derniers  temps,  l'usage  voulait  qu'à  la  suite 
des  épreuves  du  doctorat ,  sa  robe  fût  endossée  par  les  récipieiidiaires 
comme  si,  par  une  vertu  merveilleuse,  elle  avait  dû  opérer  en  eux  une 
sorte  de  transfusion  scientifique.  Des  contes  apocryphes  sur  sa  vie,  des  iu- 

(1)  Notice  sur  Boivin  (Bail  de  la  Soc.  hnt.,  t.  I,  p.  ^226). 


552  SOCIÉTÉ    BOTANIQL'I':    DK    FRANCE. 

gemeiits  supcrfieicls  sur  ses  0iivr;igps  n'ont  que  trop  accrédité  l'opiiiiDU 
qu'il  n'y  avait  en  lui  qu'un  bouffon  de  génie.  Des  critiques  moroses  lui 
ont  fait  un  crime  de  certaines  plaisanteries  que  le  goût  du  temps,  moins 
délicat  que  le  nôtre,  ne  réprouvait  pas  ;  d'ailleurs,  Rabelais  n'a-t-il  pas  pris 
soin  de  dire  lui-même  qu'il  n'avait  composé  son  livre  qu'en  buvant  et 
mangeant,  afin  à.' amuser  ses  malades?  Pour  ceux  dont  il  s'agissait  de  déso- 
piler  la  rate  ,  le  remède  était  souverain,  et  le  bienfait  s'en  est  étendu  jus- 
qu'à la  postérité.  On  a  travesti  aussi  en  contempteur  des  choses  saintes, 
ce  devancier  de  Molière  dans  la  guerre  du  bon  sens  contre  les  pédants ,  et 
Ton  est  allé  jusqu'à  inventer  dans  sa  vie  une  scène  finale  d'impénitenee  et 
de  blasphème  qui  déslionorerait  en  effet  sa  mémoire.  Il  était  réservé  à  ses 
derniers  éditeurs,  MM.  Rathery  et  Burgaud  des  Marets  (1),  de  réhabili- 
ter son  caractère  moral,  de  l'exonérer  des  contes  ridicules  ou  odieux  que 
la  légende  mêle  toujours  à  l'histoire  des  hommes  célèbres.  Ces  savants 
éditeurs  démontreront  que  le  cinquième  livre  du  Pantagruel,  le  plus  in- 
criminé, ne  doit  lui  être  attribué  qu'en  partie.  Cette  grande  figure  nous 
apparaît  enfin  dans  son  véritable  jour,  et  notre  estime  pour  la  persoime  met 
à  l'aise  notre  admiration  pour  l'écrivain. 

Que  Rabelais,  au  jugement  de  ses  contemporains,  ait  passé  pour  un  des 
hommes  les  plus  doctes  de  son  temps,  cela  n'est  pas  douteux;  mais  qu'il 
le  fût  surtout  comme  botaniste,  c'est  ce  qui  n'a  pas  été  assez  remarqué. 
A  la  vérité.  De  Candolle  avait,  dans  une  note  de  sa  Théorie  élémentaire, 
constaté  que  Rabelais  avait  devancé  tous  les  autres  écrivains  dans  sa  disser- 
tation en  forme  sur  l'origine  des  noms  de  plantes  ,  à  l'occasion  de  son 
Pantagruclion  (le  Chanvre);  mais  De  Candolle  qui,  dans  l'ouvrage  précité, 
a  si  bien  défini  le  style  botanique,  a  laissé  à  un  de  nos  confrères,  feu  M.  Faye, 
conseiller  à  la  cour  de  Poitiers,  le  mérite  d'une  seconde  remarque,  a  savoir 
que,  pour  la  même  plante,  Rabelais  était  aussi  le  premier  qui  eût  donné, 
jusqu'aux  détails  de  l'oiganogiaphie  exclusivement  et  à  cela  près  de  l'in- 
terversion des  sexes  suivant  l'opinion  vulgaire,  l'exemple  d'une  description 
méthodique  que  les  maitres  de  la  science  moderne  ne  désavoueraient  pas. 
De  plus,  la  description  est  assaisonnée  d'une  spirituelle  ironie  sur  la  cré- 
dulité des  Anciens  au  sujet  des  piopriétés  des  plantes.  Que  l'on  compare 
ces  passages  aux  plus  anciens  ouvrages  sur  la  botanique,  imprimés  vers 
la  même  époque,  à  ceux  de  Leonicenus  De  Plinii  crvoribus  en  1532,  d'Otto 
Brunfels  en  1533  (car  il  ne  faut  pas  compter  l'O/Yî^s  sanz^a^^s  de  Jacques 
de  Doudis),  et  l'on  verra  combien  Rabelais  leur  était  supérieur. 

(1)  Œuvres  de  Rabelais,  coliationnées  pour  la  preniit-re  fois  sur  les  éditions  ori- 
ginales, acconipaj^nées  de  notes  nouvelles  et  ramenées  à  inio  orliio^M-.iphc  qui  faci- 
lite la  leclnrc,  hioii  que  choisie  exclusivement  dans  les  anciens  lexlos.  1"  volume, 
l'aris,  nidol,  1857. 


SESSIOÎS    KXTr.VdlillLNMllK    A    MONTPRLIJF.It    KN    .ICIN    1807.         fjoS 

Son   «ïoût  pour  hi  bot;ni!(|U('  paiait  avoir  pris  ii:iissiiiic'e  dans  l'aLiréablc 
retraite  de  l.igugé,  sur  les  bords  du  Ciain,  que  lui   avait  ouverte  son  a;iii, 
Geoffroy  d'Kstissac,  évèque  de  Maillezais;  lors([ue  nous  visitions  dernière- 
ment cette  contrée,  remarquable  aussi  sous  le  rapport  de  la  géologie,  à  deux 
pas  du  chemin  de  fer  de  Poitiers  à  Angoulême,  nous  aimions  à    évoquer 
Rabelais  herborisant  dans  les  mêmes  lieux.  C'était  aussi  pour  les  jardins  de 
Ligugé  que,  plus  tard,  il  rapportait  d'Italie  des  fleurs  et  des  légumes.  Sui- 
vant un  de  ses  biograplies,  Colietet,  «  la  science  des  choses  naturelles  étant 
ù  celle  qui   revenait  le  plus  à  son  humeur,  il  résolut  de  s'y  appliquer  en- 
»  tièrement,  et  à  cet  effet  il  s'en  alla  droit  à  ^lontpellier  ;  »  c'était  en  1530. 
Tout  porte  à  croire  que  non-seulement  la  flore  de  Montpellier  lui  devint 
bientôt  familière,  mais  qu'il  poussa  ses  excursions  jusqu'aux  extrémités  du 
Languedoc  et  de  la  Provence,  par  exemple  aux  îles  d'Hyères,  pour  lesquelles 
il  montre,  à  diverses  reprises,  une  prédilection   marquée,  tellement  qu'il 
s'intitule  caloyer  des  iles  d'Hyères  (1).  11  y  avait  rêvé,  sans  doute,  à  la  fa- 
veur de  quelque  petit  bénéfice  ecclésiastique,  un  asile  où  il  pût,  comme  on 
le  lui  permit  depuis  à  Meudon,  se  livrer  à  ses  études.  Ses  nouveaux  édi- 
teurs font  remarquer,  en  outre,  que  Jean  de  Nostradamus,  frère  de  l'astro- 
logue, qu'on  croit  avoir  étudié  à  Montpellier  avec  Rabelais,  prenait  aussi, 
dans  ses  Centuries  analogues  aux  Fanfreluches  antidatées  de  Rabelais,  le 
titre   de  moine  des  îles  d'Hyères. 

Ce  que  l'on  ignore  généralement,  c'est  que,  dès  son  arrivée  à  Montpellier, 
Rabelais  avait  marqué  sa  place  comme  botaniste,  dans  une  argumentation 
publique  qui  ravit  d'admiration  la  Faculté  tout  entière  et  les  assistants. 
Le  fait  est  mentionné  par  M.  Faye,  d'après  M.  Paul  Lacroix,  sans  qu'ils  y 
aient  l'un  et  l'autre  attaché  une  importance  suffisante;  mais  comme  ce  fait 
avait  été  précédemment  contesté  par  Basnage,  en  1669,  et,  après  lui,  en 
1827,par  M.  Kuehnhoitz.bibiothécaire  de  la  Faculté,  ilyavaitquelqueintérèt 
à  remonter  aux  sources.  Or,  l'anecdote  est  extraite  d'un  manuscrit  de  la 
Ribliothèque  impériale,  n"  870/i,  écrit  en  fort  bon  latin  par  Antoine  Leroy, 
retiré  b.  Meudon  après  les  barricades  de  16^8,  neveu  on  petit-neveu  de 
Nicolas  Leroy ,  qui  fut ,  avec  Rabelais ,  au  service  du  cardinal  Du 
Bellay,  ambassadeur  à  Rome  du  roi  François  1";  ces  témoins  sont  assu- 
rément dignes  de  foi.  Leur  récit  représente  Rabelais  entrant  avec  la 
foule  des  auditeurs  dans  la  salle  de  la  Faculté,  pour  entendre  une  thèse 
De  herbis  et  plantis  médicinal ibus ,  et  décrit  les  signes  d'impatience 
qu'il  ne  peut  s'empêcher  de  donner,  cinn  frigide  nimis  de  tantà  re 
dissertum  sibi  videretur.  Le  doyen  s'en  aperçoit,  et  sur  la  bonne  mine  de 
Rabelais,  ob  personœ  jnajesfatem  ac  specieni  doctoratu  dignant,  le  fait  in- 
viter par  l'appariteur  à  prendre  place  parmi  les  argumentateurs.  Rabelais 

(1)  C,arfj(ivtii(i,\i\.  [If,cliap.  50. 


bbh  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DK    FHANCE. 

s'excuse  d'abord  modestement;  mais  la  lutte  s'engage,  il  prend  la  parole 
et  la  porte  avec  tant  de  succès  que  l'enlhousiastne  des  auditeurs  est  à  son 
comble,  et  ub  omnibus  swnnto  cwn  plaimi  conclavmlwa  sit  euni  doctoris 
diynitate  dignandum.  Cette  dernière  phrase,  interprétée  dans  le  sens  d'une 
promotion  immédiate  de  Rabelais  au  titre  de  docteur,  a  causé  Teneur  de 
BasnageetcelledeM.  Kuehnholt/;  ils  ont  trouvésur  lesregistresdelaFaculté 
les  dates  suivantes  en  regard  du  nom  de  Rabelais:  élève  en  1530  le  16 
septembre,  sous  le  patronage  du  révérend  Jean  Schyron  maître  ès-arts  et 
professeur  de  médecine;  bachelier  le  1''  novembre  de  la  même  année; 
docteur  le  25  mai  1537;  et  ils  ont  conclu  du  rapprochement  de  ces  dates 
que  le  fait  même  de  iadissertation  était  controuvé:  nous  le  maintenons 
comme  un  des  plus  piquants  souvenirs  de  cette  École,  Rabelais ,  dès  les 
premiers  jours  de  son  apparition  à  Montpellier,  a  donc  été,  non  pas  pourvu 
du  doctorat  par  dérogation  aux  règles  de  la  Faculté,  mais  il  en  a  été  pro- 
clamé digne,  dignandus,  par  cette  voix  commune  dont  ,\Jolière  nous  fait 
entendre  l'écho  burlesque  dans  son  Malade  imaginaire,  mais  qui  cette  fois 
était  un  hommage  mérité. 

Chacun  des  grands  botanistes  de  Montpellier  avait  eu  l'honneur,  trop 
pi'odigué  peut-être  de  nos  jours,  de  donner  son  nom  à  un  genre  de  plantes; 
Magnolia,  Sauvagesia,  Gouania,  etc.  Rabelais  seul  avait  été  oublié  jusqu'en 
18/j5:  m.  Planc'bon  acquitta  alors  la  dette  de  la  science,  en  dédiant  au 
grand  botaniste  de  1530  une  belle  plante  des  iles  Philippines,  qu'il  nomma 
Rabelaisia  philippensis  (1).  Mais  comme  s'il  était  dans  la  destinée  de 
Rabelais  d'être  toujours  méconnu,  ni  Endiicher,  ni  Walpers,  ni  même 
M.  Wittstein,  dans  son  Dictionnaire  étymologique  de  185i,  ne  font  mention 
de  cette  dédicace.  Nous  demandons  que  le  Rabelaisia  soit  cultivé  religieu- 
sement dans  les  serres  du  Jardin  de  Montpellier. 

Apprêtons-nous  donc,  ÎNlcssieurs,  à  suivre  les  traces  que  Rabelais  a 
laissées  dans  cette  contrée,  d'autant  que,  dans  son  système  pédagogique,  il 
n'a  pas  manqué  de  comprendre  les  préceptes  d'une  bonne  herborisation.  Son 
héros  s'éveillait  (ne  l'oublions  pas)  à  environ  quatre  heures  du  matin: 
«  Et,  passans  par  quelques  prés  ou  autres  lieux  herbus  visitoient  les  arbres 
I)  et  plantes,  les  coiiférens  avec  les  livres  des  Anciens  qui  en  ont  escrit... 
»  et  en  emportoient  leurs  pleines  mains  au  logis  ;  desquelles  avoit  la  charge 
»  un  jeune  page  nommé  Rhizotome  ;  ensemble  des  marrochons,  des  pio- 
»  ches,  cerfouettes,  bêches,  tranches  et  autres  instruments,  requis  à  bien 
»  arborizer  (2).  » 

Votre  Bureau,  Messieurs,  vous  soumettra  tout  a  l'heure  le  programme 
des  courses  principales,  et  pour  ainsi  dire  obligatoires  pour  le  botaniste, 

(1)  UookQï,  Journal  of  botany,  t.  IV,  p.  519,  t.ii).  17  d  18.  I.ondon, 

(2)  Ganjanlua,  liv.  I,  chap.  23. 


SESSION    EXTRAOUDINAIUI-:   A    MONTPELLIEK    EN    JUIN    1857.         555 

dans  ces  environs.  Au  plus  près,  le  Port-Juvénal  et  les  fameux  Prés  aux 
laines,  sortes  de  jardins  botaniciuos,  où,  grâce  aux  moyens  de  dissémi- 
nation que  le  commerce  ajoute  à  ceux  de  la  nature,  une  foule  de  plantes 
de  l'Orient,  de  l'Afrique  et  de  l'Amérique  se  trouvent  rassemblées;  un  bien 
petit  nombre  pourtant  se  sont  vraiment  naturalisées,  entre  autres,  l'Ono- 
portion  vinms,  et,  dans  les  eaux  du  Lez,  le  Jussiwa  (j/'andi/loni.  Delile  avait 
réuni  beaucoup  de  matériaux  pour  une  Flore  du  Port-Juvénal:  M.  Godron 
l'a  achevée  en  185^.  Tout  autour  de  la  ville,  les  champs  et  les  garrigues, 
si  riches  en  espèces  monspessulanes,  à  ravir  d'aise  le  botaniste  du  nord, 
subitement  transporté  dans  le  midi;  —  Gramont,  locus  mirabili  planta- 
rum  varietate  jucundus,  a  dit  Linné  (1)  ;  —  Maguelonne  et  ses  plages  abon- 
dant en  espèces  maritimes,  où  vous  aurez  peut-être  la  bonne  fortune  de  ren- 
contrer un  de  ces  beaux  phénomènes  de  mirage,  qu'un  académicien  de 
Montpellier,  M.  Parés,  mon  ancien  collègue  à  la  Chambre  des  députés,  a  si 
habilement  décrits.  Maguelonne,  chère  au  botaniste,  l'est  aussi  au  philolo- 
gue, pour  avoir  inspiré  à  M.  Moquln-Tandon  l'ingénieuse  fiction  qui  a  servi 
de  cadre  à  ses  études  sur  la  langue  des  troubadours  (2).  Chemin  faisant, 
vous  récolterez  dans  les  eaux  saumâtres  de  Pérols  une  Naïadée  rare,  VAl- 
thenia  filiformis,  dont  la  découverte  et  la  description  originaire  appartien- 
nent à  Delile,  ainsi  que  le  constatent  les  échantillons  et  les  notes  de  son 
herbier  déposé  au  Jardin  des  Plantes.  A  l'ouest,  Cette  et  sa  montagne,  que 
plusieurs  d'entre  vous  ont  côtoyée  hier;  Agde  et  ses  roches  volcaniques,  et 
peut-être  Narbonne,  patrie  des  Cistus,  et  Sainte-Lucie,  patrie  des  Statice. 
Nous  n'y  trouverons  plus,  hélas!  pour  nous  guider,  ni  De  Girard,  ni  notre 
confrère  De  Lort-Mialhe,  qui  nous  faisait,  il  y  a  trois  ans  à  peine,  les 
honneurs  de  cette  flore  exceptionnelle.  L'Espérou,  comme  herborisation  de 
montagne,  est  un  point  intéressant,  mais  éloigné  :  Saint-Guilhem-du-Désert 
et  le  Pic  de  Saint-Loup,  qui  redresse  si  près  de  nous  à  l'horizon  ses  couches 
calcaires  à  659  mètres  au-dessus  de  la  mer  (3),  vous  dédommageront  en 
grande  partie. 

Dans  ce  beau  climat,  les  chances  de  mauvais  temps,  surtout  dans  cette 
saison,  sont  rares;  aussi  lorsque,  parmi  les  moyens  que  Rabelais  conseillait 
pour  employer  le  temps  quand  l'air  estoit  pluvieux,  vous  en  choisirez  d'as- 
sortis à  l'objet  de  cette  session,  le  ferez-vous  de  votre  plein  gré  ;  «  et,  au 
1)  lieu  d'arboriser,  visitoieut  les  boutiques  des  drogueurs,  herbiers  et  apo- 
»  Ihycaires,  et  soigneusement  considéroient  les  fruicts,  racines,  feuilles, 

(1)  Amœnitates  Academicœ,  t.  IV,  p.  /i7'2. 

(2)  Carya  magalonensis  Ott  Noyer  de  Maguelonne,  2«  édit.,  Montpellier  et  Tou- 
louse, iSlik. 

(3)  Explication  de  la  carte  géologique  de  France,  par  MM.  Élie  de  Beaumonl 
el  Dufrc'noy,  t.  Il,  p.  709  etsniv. 


556  SOCIÉTÉ   BOTANIQIE    DE    FRANCE. 

»  gommes,  semences,  axuiigcs  peregrines,  ensemble  aussi  comment  on  les 
»  adulteroit  (1).  »  Dans  les  intervalles  des  séances  que  vous  tiendrez,  soit 
sur  le  terrain  de  l'herborisation,  soit  dans  cette  enceinte,  les  divers  établis- 
sements d'instruction  de  Montpellier,  mis  obligeamment  à  votre  disposition 
par  les  savants  qui  les  dirigent,  offriront  à  vos  travaux  leur  complément 
nécessaire  :  le  Jardin  des  Plantes,  avant  tout,  qui,  grâce  à  l'babile  direc- 
tion de  M.  iMartins,  se  maintient  au  niveau  de  son  antique  réputation;  les 
herbiers  confiés  aux  soins  de  M.  Touchy;  le  cabinet  d'histoire  naturelle 
de  la  Faculté  dos  sciences,  qui  possède  l'herbier  de  Salzmann  et  ses  doubles, 
riche  matière  à  des  échanges  réciproquement  profitables  entre  la  Faculté 
et  les  botanistes  avec  qui  elle  traiterait.  Vous  le  voyez.  Messieui-s,  notre 
temps  sera  bien  employé,  et  nous  regretterons  qu'il  soit  si  limité. 

Il  ne  nous  appartient  pas  de  préjuger  l'opinion  que  vous  aurez  à  émet- 
tre sur  le  choix  à  faire  par  le  Conseil  d'administration,  entre  les  localités 
qui  se  disputeront  votre  présence,  pour  la  session  extraordinaire  de  l'année 
prochaine;  mais  nous  avons  entendu  dire  que  les  Vosges  réuniraient  un 
grand  nombre  de  suffrages  :  ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que  notre  respec- 
table doyen,  M.  le  docteur  Mougeot,  nous  y  attend. 

Encore  quelques  années,  Messieurs,  et  les  diverses  régions  botaniques  de 
la  France  auront  participé  aux  avantages  attachés  à  l'institution  de  nos 
sessions  extraordinaires.  Ainsi  se  développera  chaque  jour  de  plus  en  plus, 
dans  notre  patrie,  le  goût  de  la  botanique,  si  profitable  au  point  de  vue 
moral,  pour  ceux  qui  la  cultivent.  Ainsi  se  multiplieront  de  toutes  parts 
les  recherches,  les  travaux  utiles;  bientôt  notre  Bulletin  sera  trop  étroit 
pour  les  contenir;  mais  les  ressources  de  la  Société  s'augmentant  avec  son 
activité,  le  moment  sera  venu  d'entreprendre  la  publication  spéciale  de  ses 
Mémoires,  impatiemment  attendue  par  nos  jeunes  savants.  Un  résultat  plus 
heureux  encore  de  ces  réunions,  c'est  de  resserrer  les  liens  à  la  l'ois  doux 
et  solides  qui  unissent  les  membres  de  la  famille  des  botanistes,  si  renom- 
mée, à  ce  titre  comme  à  tant  d'autres,  entre  toutes  celles  que  forme  dans 
le  monde  savant  le  goût  de  l'histoire  naturelle. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance  ordi- 
naire, tenue  à  Paris  le  22  mai,  M.  le  Président  proelan>e  l'admis- 
sion de  : 

MM.  SucKAU  (Edouard  de),  licencié  ès-leltres,   rue    d'IJim,    /i5,  à 
Paris,  présenté  par  MM.  J.  Gay  et  Moquin-Tandon. 
Karr  (Alpliotise),  homme  de  lettres,  à  Nice  (Etals  Sardes), 
présenté  par  MM.  (îermain  de  Saint-Pierre  vi  d.-  Sclioi?- 
nefeld. 

(I)  Cdrijtnthiii,  liv.   (.  clinp.  '2'i. 


SliSSION    KXir.VUKIlliNAlKl';    A    MOiNTl'IiLLIKU    hiN    .Il  LN    lcS57.         557 

MM.  Lacroix  (Francisque),  élève  eu  pli.uiuacie,  rue  deVtuiiiiranl, 
62,  à  Paris,  présenté  par  MM.  riiatiu  et  de  Scliœnefeld. 
PiNKAU  (Louis),  étudiant  en  médeeine,  rue  Saint-Sulpice.  3(), 
à  Paris,  présenté  par  MM.  Bureau  et  Viaud-Grandmarais. 

M.  Cosson, secrétaire,  donne  lecture  de  la  lettre  suivante  adressée 
à  M.  le  président  de  la  Société  : 

Montpellier,  8  juin  1857. 

Monsieur  le  Président, 

Je  viens  vous  remercier  de  la  bienveillante  attention  que  vous  avez  eue 
de  nous  inviter,  .MM.  les  membres  de  la  Faculté  et  moi,  à  assister  à  vos 
séances.  Permettez-moi  de  vous  otlVir,  au  nom  de  la  Faculté  tout  entière, 
la  disposition  des  collections  réunies  dans  notre  musée.  Mon  collègue,  M.  le 
professeur  Planchon,  se  met  plus  particulièrement  aux  ordres  de  la  Société 
pour  lui  faire  connaître  nos  herbiers. 

Si  quelqu'un  de  vos  confrères  avait  des  recherches  à  faire  dans  l'herbier 
particulier  de  M.  Dunal,  je  poiu'rais  lui  en  donner  la  facilité,  M'""  veuve 
Dunal  ayant  eu  la  prévenance  de  m'y  autoriser  avant  son  départ. 

Veuillez  agréer,  etc. 

Le  doyen  de  la  Faculté  des  sciences^  Paul  Gi-:rvais. 

iM.  de  Scliœnefeld,  vice-secrétaire,  communique  une  lettre  de 
M.  Derouet,  de  Tours ,  qui  e.Kprime  ses  regrets  de  ne  pouvoir  se 
rendre  à  Montpellier  pour  prendre  part  à  la  session. 

En  vertu  de  l'art.  11  des  statuts,  un  Bureau  spécial  doit  être 
organisé  par  les  membres  présents,  pour  la  durée  de  la  session  ex- 
traordinaire. En  conséquence,  M.  le  Président  propose  à  la  Société 
de  nommer  pour  faire  partie  dudit  Bureau  : 

Président. 

M.  Pierre  de  Tchihatchef,  conseiller  d'Etat  actuel  de  S.  M.  l'empeieui' 
de  Russie,  membre  honoraire  de  l'Académie  des  sciences  de 
Berlin,  etc. 

Vice-présidents. 

MM.  Derbès,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Marseille; 
Doumet,  maire  de  Cette,  député  au  Corps  législatif; 
Durieu  de  Maisonneuve,  directeur  du  Jardin  des  plantes  de  Bordeaux  ; 
Ch.   Martins,  professeur  a  la  Faculté  de  médecine  de  Montpellier, 

directeur  du  Jardin  des  plantes  ; 
J.-E.  Planchon,  piofesseur  à  la  Faculté  des  sciences  et  à  IFcoie  de 

pharmacie  de  Montpellier. 


558  sociétl;  uorArsiQLi:  uii:  fUancë. 

Secrétaires. 

MM.   Wilhelm  Cramer  (de  l'Université  de  Bonn)  ; 

Eugène  Fournier  (de  Paris),  interne  des  hôpitaux  ; 
Auguste  Maillard  (de  Dijon),  étudiant  en  médecine; 
Paul  Mares  (de  IMonIpellier),  docteur  en  médecine  ; 
Henry  de  la  Perraudière  (d'Angers). 

Ces  choix  sont  unanimement  approuvés  par  la  Société. 

Sur  l'invitation  de  M.  le  comte  Jaubert,  M.  de  Tchihatchef  prend 
immédiatement  place  au  fauteuil,  et  MM.  Derbès,  Durieu  de  Mai- 
sonneuve,  Martins,  Planchon,  Cramer,  Fournier,  Maillard,  Mares  et 
de  la  Perraudière  s'asseyent  au  bureau. 

M.  le  Président  remercie  la  Société  de  l'avoir  appelé  à  diriger  sa 
session  extraordinaire,  et  annonce  quatre  nouvelles  présentations. 

M.  Maillard,  secrétaire,  donne  lecture  du  programme  suivant  des 
séances,  herborisations  et  visites  projetées  aux  établissements  et  col- 
lections scientifiques  de  Montpellier  : 

PROGRAMME  DE  LA  SESSION  EXTRAORDINAIRE. 

Lundi  8  juin,  —  Réunion  au  Jardin  des  plantes  à  8  heures  du  matin. — 
Séance  d'ouverture  à  10  heures.  —  Herborisations  (à  2  heures)  :  à  Gramont, 
dirigée  par  MM.  Martins  et  Touchy  ;  à  La  Valette,  dirigée  par  MM.  Planchon 
et  Chatin. 

Makdi  9.  —  Herborisations  :  au  pic  de  Saint-Loup  (à  2  lieures  du  matin), 
dirigée  par  M.  Planchon;  à  Caunelle  et  Murviel  (à  6  heures  du  matin), 
dirigée  par  MM.  Chatin  et  Touchy. — Visite  au  Jardin  des  plantes  (<à 

7  heures  du  matin),  sous  la  conduite  de  M.  IMartins. 

Mercredi  10.  — Herborisations  :  au  bois  de  la  Moure  (à  6  heures  du 
matin),  dirigée  par  MM.  Chatin  et  Touchy;  à  Mireval  et  la  Madeleine  (à 

8  heures  du  matin),  dirigée  par  M.  Martins.  —  Visite  des  collections  de  la 
Faculté  des  sciences  (à  9  heures  du  matin),  sous  la  conduite  de  M.  Plan- 
chon. —  Séance  à  3  heures. 

Jeudi  11.  — Herborisations  :  à  Saint-Guilhem-du-Désert  [k  1  heure  du 
matin),  dirigée  par  M.  Planchon  5  â  Cette  (à  8  heures  du  matin),  dirigée  par 
MM.  Martins  et  Chatin. 

Vendredi  12.  —  Herborisation  à  Aigues-Mortes  (à  7  heures  du  matin), 
dirigée  par  M.  Chatin.  —  Séance  à  9  heures.  —  Visite  du  jardin  de  l'École 
de  pharmacie  (à  midi),  sous  la  conduite  de  M.  Planchon.  —  Reprise  de  la 
séance  à  3  heures. 

Samedi  13.  —  Herborisation  aux  dunes  de  l'alavas  et  a  Maguelonne  (à 


si'SSiON  KXTK.vouiiiNAïui':  A  MOiNTi'r:[>i.ii:i!  i;n  .iuin  1857.      550 

6  heures  du  nuitin),  dirigôe  par  MM.  Martiiis,  Planchon  et  Chatiii,  et  pc^clic 
à  la  traîne  orj^anisée  par  M.  P.  Gervais. 

DiMAisciiii  1^,  —  Visite  de  l'iierbier  Dunal  à  2  heures.  —  Banquet  dans 
l'orangerie  du  Jardin  des  plantes  à  6  heures. 

i^UMDi  15.  ■ —  Herborisations  :  à  A^de  (à  3  lieures  du  matin),  dirigée  par 
MM.  Planchon  et  Chatin  (1)  ;  à  l'étang  de  Fréjorgues  (à  8  heures  du  matin), 
—  Visite  du  Musée-Fabre  à  2  lieures. 

Mardi  16.  —  Séance  de  clôture  à  11  heures  du  matin. 

Ce  programme,  rédigé  d'avance  par  le  Bureau  permanent,  de  con- 
cert avec  MM.  les  professeurs  de  Montpellier,  est  adopté  par  la 
Société. 

Lecture  est  donnée  d'une  lettre  de  M.  le  président  de  la  Société 
impériale  et  centrale  d'horticulture  du  département  de  la  Seine- 
Iiderieure,  annonçant  que  MM.  Pinel  et  3Iocquerys  se  rendent  à 
Montpellier,  en  qualité  de  délégués  de  cette  Société,  pour  assister  aux 
réunions  des  Sociétés  botanique  et  entomologique  de  France. 

M.  le  comte  Jaubert  dépose  sur  le  bureau  et  met  à  la  disposition 
de  la  Société  : 

1°  Un  extrait,  concernant  le  Pic  de  Saint-Loup,  de  la  description  de  la 
carte  géologique  de  France,  par  MM.  Dufrénoy  et  Elie  de  Beaumont. 

2°  Un  dessin  représentant  la  coupe  géologique  de  la  montagne,  annexé  à 
cet  extrait. 

Les  herborisations  projetées  pour  le  jour  même  ne  permettant  pas 
de  prolonger  la  séance,  les  communications  à  l'aire  sont  ajournées  à 
la  prochaine  réunion  qui  aura  lieu  le  10  juin. 

Et  la  séance  est  levée  à  midi. 


Le  9  juin,  àsept  heures  du  matin,  la  Société  a  visité  le  Jardin  des 
plantes  et  le  Conservatoire  botanique,  sous  la  conduite  obligeante  de 
M.  le  professeur  Martins,  directeur,  et  de  M.  le  docteur  Touchy,  con- 
servateur. Nous  n'avons  pas  à  rendre  compte  de  cette  intéressante 
visite,  une  Commission  spéciale  ayant  été  chargée  de  présenter,  sur 
l'état  de  ces  établissements,  un  rapport  qui  se  trouve  inséré  plus 
bas  (2) . 

[l]  CeUc  excursion  est  la  seule  qui  n'ait  pu  être  faite  à  cause  du  mauvais  temps. 
(2)  Voyez  ce  Rapport,  à  la  suite  du  compte  rendu  de  la  séance  du  16  juin. 


560  SOCIÉTÉ    BOTAMULi:    1)1;;    FI'.AiNCE. 

Le  10  juin,  à  neuf  Iilmiits  du  matin,  hi  Société  a  visité  les  collec- 
tions d'histoire  naturelle  de  la  Faculté  des  sciences,  dont  M.  P.  Ger- 
vais,  doyen  et  professeur  de  zoologie,  et  M.  J.-E.  Planchon,  profes- 
seur de  botanique,  ont  bien  voulu  lui  faire  les  honneurs,  chacun 
dans  sa  spécialité. 

Très  riches  en  elles-mêmes,  ces  collections  se  trouvent  en  ce  moment 
dans  (les  locnux  fort  insuffisants  et  peu  dignes  d'une  ville  où  la  science 
devrait  avoir  un  palais.  Les  herbiers  sont  provisoirement  séparés  en  deux 
parties  :  l'une  placée  dans  les  bâtiments  mêmes  de  la  Faculté;  l'autre  au 
Jardin  des  plantes,  au  rez-de-chaussée  d'une  maison  d'assez  belle  appa- 
rence, affectée  au  logement  du  doyen.  C'est  là  du  reste  que  tous  ces  herbiers 
seront  réunis,  dès  que  l'on  pourra  disposer  des  fonds  indispensables  à  leur 
installation  définitive.  Outre  les  herbiers,  les  collections  botaniques  se  com- 
posent des  objets  nécessaires  aux  cours,  tels  que  bois,  fruits,  graines,  pro- 
duits végétaux,  champignons  modelés  en  cire,  etc. 

Parmi  les  herbiers  qui  méritent  une  mention  particulière,  le  premier  par 
le  nombre  des  espèces,  l'ordre  de  leur  arrangement,  l'état  parfait  de  con- 
servation et  l'exactitude  des  déterminations,  est  l'herbier  légué  à  la  Faculté 
par  Salzmann,  botaniste  allemand,  qui  s'était  établi  à  IMontpellier,  et  y  a 
passé  les  dernières  années  de  sa  vie.  Il  comprend  la  flore  d'Furope,  les 
plantes  de  Tanger,  de  Corse,  de  Bahia  (Brésil),  récoltées  par  Sal/.mann  lui- 
même  et  si  souvent  citées  dans  les  ouvrages  de  botani(|ue  descriptive,  de 
nombreux  exemplaires  de  plantes  du  Cap,  etc.  (1). 

Uni'  autre  collection  très  précieuse  est  celle  que  la  Faculté  a  acquise  des 
héritiers  de  feu  AI.  Bouchet-Doumencq,  botaniste-amateur  de  Montpellier. 
On  y  remarque,  outre  des  plantes  très  nombreuses  de  l'f^uiope  méi-idio- 
nale,  l'Iierbier  formé  à  Mogador  et  aux  des  Canaries  par  le  célèbre 
Auguste  Broussonnet,  Les  doubles  qu'il  renferme  pourront  servir  à  d'utiles 
échanges. 

La  Faculté  possède  aussi  l'herbier  d'Allemagne  publié  par  M.  Reichen- 
bach. 

Les  collections  cryptogamiques,  réunies  par  les  soins  de  iM.  Dunal,  com- 
prennent les  publications  classiciues  de  MM.  Mougeot  et  Nestler,  les  Mousses 
de  MM.  Si'himper  et  Bruch,  les  Lichens  d'Acharius,  ceux  de  Schserer,  les 
Algues  de  MM.  Crouan,  Lenormand  (de  Vire),  etc. 

L'herbier  de  Uunal,  propriété  de  la  veuve  de  ce  savant  et  bien  regrettable 
botaniste,  a  été  l'objet  d'une  visite  spéciale  de  la  Société  (le  \U  Juin,  à  deux 

(1)  ITaprès  une  note  prise  en  185/i  par  M.  le  comte  Jaubert,  il  existe  en  iloubles 
sculenioit  (en  deliors  de  riicrbicr  coniplrt),  35  paqwcls  de  Tanger  et  lOo  de 
Baliia,  qui  pourront  être,  pour  la  l''acullé,  un  moyen  d'écliangcs  avantageux. 


siiSsioN  i;\Ti5AoiutiNMiu',  A  M()Mi'i:r.[.ii;i'.  K.N  ,11  IN  1857.      561 

hfui'os).  M.  le  ininislfc  de  rinslcucliou  i)iil)li((ue  son^^c,  dit-on,  a  en  faire 
l'acquisition  au  prolit  de  la  Faculté  (lu'ont  ilUisIrec  les  lougs  travaux  de 
Dunal.  !. a  Société  a  chargé  une  coiViiToission  de  faire  un  rapport  sur  l'état 
de  ce  rielic  herbier  (i). 


.^Û.%^€K)  BU  10  Jl]I\  1859. 

PRICSIDENCI',    DK    M.    PIEP.nK    DE    TCHIHATCriEF. 

La  séanoc  est  ouverte  à  (rois  heures. 

31.  E.  Douinet,  vioe-présitlenl,  prend  place  uu  bureau  avec  ses 
collèiiues. 

31.  Eug.  Fournicr,  secrétaire,  donne  IccUiro  du  procès-verbal  de 
la  séance  du  8  juin,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance,  31,  le 
Président  proclame  l'admission  de  : 

313I.Cakon  (Edouard),  rue  Cambacérès,  3,  à  3Ionlpellier,  présenté 

[tar  31M.  IManclion  et  3Iaillard. 
Gros   (Joseph),  rue  Cambacércs,  3,    à  Montpellier,  présente 

par  3131.  IManclion  et  31aillard. 
SiiVNKS  fJules  de),  rue  Fournarié,  6,  à  3Iontpellier,  présenté 

par  3B1.  Planchon  et  31aillard. 
FouRNiER  (Henri),   rue  Bonaparte,  20,  à  Paris,  présenté  par 

3131.  Chalin  et  de  Schœnefeld. 

31.  le  Président  annonce  en  outre  cinq  nouvelles  présentations. 

La  Société,  sur  la  proposition  de  31.  le  Président,  appelle  à  prendre 
place  au  bureau,  comme  vice-président,  3Î.  le  pasteur  Duby  (de 
Genève),  arrivé  la  veille  à  3Iontpellier,  et  présent  à  la  séance. 

31.  Aug.  3L»illard,  secrétaire,  rend  compte  de  l'herborisation  faite 
le  8  juin  à  Gramont. 

rapport  de  m.  Wii.  MAÏLLARD  SUR  L'HERBORISATION  FAITE  LE  8  JUIN 
A  GRAMONT,  ET  DIRIGÉE  PAR  M.  MAIITINS. 

Kn  sortant  de  Montpellier,  auN  ;\b.)rds  du  l'ort-Juvenal,  M,  Martins  si- 

(1)  Voyez  le  luipporl  de  celle  Commission,  inséré  tlans  le  lîulldiii  :i  lu  suiic  du 
Rapport  sur  le  Jardin  des  planlis. 

T.     IV.  36 


562  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

^Dîiie  yOmpordon  tauricum  Willcl.  [0.  virens  1)C.)  et,  dans  le  l.ez,  sous  le 
pont  même,  le  Jussiœa  grandi flora  Mich.;  ces  deux  espèces  sont  complé- 
tcment^ioturalisées,  non-seulement  à  cette  localité,  mais  encore  aux  envi- 
rons de  Montpellier,  à  plusieurs  kilomètres  de  distance  de  leur  station 
primitive.  Au  même  endroit,  sur  les  bords  de  la  rivière,  on  récolte  \eNas- 
turtlum  stenocarpum  Godr.  (1),  baignant  a  moitié  dans  l'eau.  —  En  route, 
sur  les  talus  du  chemin  et  dans  les  haies  ,  nous  remarquons  les  plantes 
caractéristiques  de  la  région  méditerranéenne  :  Asteriscus  spinosus  G. G., 
Jasminum  frulicans  L.,  Erodhm  ciconium  Willd.,  Ecbalium  Elaterium 
Rich.,  P/donris  Herba  venti  L.,  etc. 

A  Gramont  même,  terrain  d'alluvion  à  tiros  galets  quartzeux,  nous  avons 
pu  récolter,  aux  bords  de  la  maie,  les  Peplis  crecta  Req.,  yEfjilops  triun- 
ciulisL.,  L  inaria  grœca  Chaw,  Gmtiola  officinalisL.;  et  en  abondance, 
dans  les  eaux  mêmes,  V Isoëtes  setacea  J)el.,  qui  quelquefois  disparaît  pen- 
dant plusieurs  années,  quand  le  niveau  des  eaux  est  trop  élevé  ou  trop  bas 
pour  lui  permettre  de  se  développer.  —  Dans  les  vignes  se  trouvait  le  Si- 
sgmhrium  Columnœ  Jacq.;  et  le  petit  bois  de  Gramont,  coupé  l'an  der- 
nier, s'était  rouvert  de  Légumineuses  et  de  Graminées  {Spartium  junceum 
L.,  Trifolium  angustifolium  L.,  puryureum  Lois.,  beaucoup  plus  abondant 
que  le  précédent,  sfriatum  L. ,  glomeixitum  \..,  hirtuni  kW.,  Cherleri  L., 
stellatum  \..,  tomentosum  L-,  Medicago  Gerordi  \\\M.,  Ornitltopm  corn- 
pressus  L.,  Lupinus  rcticulatus  Desv.,  Briza  maxiuta  I..,  Corynephorus 
fasciculatus  Boiss.).  Toutes  ces  espèces  se  mêlaient  aux  Cistiis  mompe- 
liensis  L. ,  ulbidus  L.,  salvifolius  L.,  Linaria PeUiceriana[1)  DC,  Scubiosa 
gramuntia  L.,  Loniceru  implexa  W\. ,  etc. 

Quelques-uns  d'entre  nous  sont  allés  voir  deux  beaux  Chênes- Lièges  près 
de  la  Plauchude.  Ces  arbres  ont  acquis  des  dimensions  remarquables,  bien 
que  le  Chêne-Liège  ne  croisse  pas  spontanément  dans  la  région  de  Mont- 
pellier. 

On  sait  d'ailleurs  que  Gramont  est  la  localilé  classique  des  Linaria  Pel- 
liceriana  (Magnol  ,   Bot.  monsp.,   p.   159),    Tcesdalia  Lepidiwn  [Ibid., 
p.  187),  Trifolium  tomerdosiun  [Ibid.,  p.  265), /swYes.se/wm  (l)elile,  Mévi. 
hist.  nat.,  vol    xiv,  p.  100,  t.  6-7.),  plantes  qui ,  malgré  des  défrichements 
considérables,  s'y  rencontrent  encore  aujourd'liui. 

M.   P.  Mares,  secrétaire,  rend   compte  des  herborisations  faites 

(1)  Voy.  Gotiroii,  Notes  sur  la  Flore  de  Montpellier,  p.  /il. 

(2)  C'est  ainsi  que  doit  s'écrire  le  nom  de  celte  espèce  (sipiiak-e  pour  la  première 
l'ois  par  Citiillaiiinc  l'cllicicr,  savant  évè(|U('  de  l\Ia;j;ucl()iii)(',  mort  en  1568),  ainsi 
que  l'a  judicicuscnioiit  lait  observer  M.  Marlius  dans  sou  ouvrage  intitulé  :  Le  Jar- 
din des  plantes  de  Montpellier,  p.  'J. 


SESSION    RXTIÎAOUDINAIIII':    A    MONTPKLLIRK    EN    JUIN    1857.         MVi 

le  8  juin  à  La  ValcUe,  le  0,  à  CauiicUe  eL  Murviel,  et  le  10,  dans 
la  inaliiioe,  à  Miruval  cl  à  la  Madeleine. 

llAl'l'OUT  m  M.  PALli  niAKÈS  SUR  L'HEUnOP.IRATION  FAITE  LE  8  JUIN  A  LA  VALETTE, 
KT  UIIUGÉE  l'Ail  MM.  l'LANCllON  ET  CIIATIN. 

Cette  herborisation  n'est  qu'une  charmante  promenade  de  quelques  heu- 
res dans  un  des  plus  jolis  sites  des  environs  de  Montpellier,  mais  n'oublions 
pas  que  le  chemin  de  fer  a  porté  les  botanistes  du  nord  sous  un  climat 
nouveau  :  cette  petite  excursion  promet  d'être  pleine  d'intérêt  pour  eux, 
car  elle  va  leur  permettre  de  jeter  un  premier  coup  d'œil  sur  une  flore  que 
beaucoup  d'entre  eux  n'avaient  encore  vue  que  dans  les  herbiers  ou  les  jai- 
dins  botaniques. 

Nous  partons,  à  deux  heures  après  midi,  de  la  grille  du  Jardin  des 
plantes,  et,  après  avoir  traversé  le  faubourg  de  Boiitonnet,  nous  prenons 
d'abord  le  chemin  de  Montferrier  :  sur  ses  talus  poudreux,  bordés  en  cer- 
tains points  par  des  haies  de  Gleditschia  triacanthos,  on  remarque,  en  pas- 
sant,  le  Galactites  tomentosa,  le  Pallenis  spinosa  et  le  Scrofularia  canina. 

Nous  quittons  presque  aussitôt  la  grande  route,  pour  nous  enfoncer  dans 
de  petits  chemins  de  traverse  qui  sont  plus  directs  et  moins  désagréa- 
bles pour  les  piétons:  les  haies  sont  formées  de  Cratœgus  Oxyacmtha,  au- 
quel se  mêlent  le  Rosa  rubiginosa,  le  Ligustrmn  vulgare  et  le  Pliilhjrea 
latifolia;  à  leur  pied  viennent  V Asparagus  acutifoUus  et  YOsyris  alba:  au 
milieu  de  cette  végétation  se  glissent  les  tiges  du  Lonicera  etrusca^  et  les 
rameaux  flexibles  et  épineux  du  Lycium  barbarum  retombent  élégamment, 
tout  couverts  de  leurs  petites  fleurs  violettes.  De  tous  côtés  paraissent  les 
corolles  jaunes  du  Jasminum  fruticans  et  les  belles  fleurs  corallines  du  Pu- 
nica  Granatum,  souvent  accompagné  du  Cydonia  vulgaris. 

Après  avoir  traversé  quelques  espaces  de  terrain  incultes,  nous  rejoi- 
gnons la  grande  route  qui  côtoie  le  bois  de  la  Colombière,  et  nous  ramassons 
pendant  ce  court  trajet  les  espèces  suivantes  :  Ruta  angiistifolia,  Euphorbia 
nicœensis,  Helichrysum  Stœchas,  Juncus  glaucus,  Erodiumciconium,  Ana- 
cycliis  davatus^  Rumex  intermedius^  Iberis  pinnata,  Genista  Scorpius,  He- 
Uanthemum  glutinosum  ,  B.  penicillatum,  Senccio  gallicus ,  Pulypoyon 
monspeliensis,  Clematis  rectal 

Du  point  où  nous  sommes ,  on  aperçoit  dans  le  lointain  le  village  de 
Montferrier,  bâti  sur  un  mamelon  volcanique:  ses  maisons,  pittorcsquement 
groupées,  se  détachent  sur  le  fond  bleu  du  pic  de  Saint-Loup,  du  roc  d'Or- 
tus,  et  forment  un  délicieux  tableau.  —  Nous  entrons  ensuite  dans  la  belle 
propriété  de  La  Valette,  où  plusieurs  espèces  exotiques,  mais  naturalisées 
aujourd'hui ,  sont  mêlées  à  la  végétation  locale.  Le  premier  terrain  sur  le- 
quel nous  nous  trouvons  d'abord  est  une  garrigue  :  nous  aurons  souvent  à 


56Zl  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

nous  servir  de  ce  mot  particulier  au  pays  et  il  n'est  peut-être  pas  inutile 
d'en  donner,  dès  à  présent,  une  description  rapide,  en  indiquant  en  même 
temps  quel([ues-unes  des  espèces  qui  y  sont  les  plus  commîmes. 

On  nomme  garrigues,  dans  les  environs  de  Montpellier,  presque  tous  les 
terrains  vagues,  pierreux  et  incultes  ;  on  ne  les  rencontre  guère  que  du  côté 
des  montagnes,  les  plaines  étant  à  peu  près  toutes  défrichées  et  très  culti- 
vées. En  général,  le  rocher,  très  voisin  de  la  surface  du  sol,  y  est  recouvert 
d'une  terre  feriugineuse,  à  travers  laquelle  pointent  mille  arêtes,  mille  sail- 
lies, qui  rendent  la  marche  très  désagréable  et  même  difficile  à  ceux  qui 
n'y  sont  point  habitués.  Ces  terrains  servent  de  pâturages  à  nos  tioupeaux 
de  moutons,  depuis  l'automne  jusqu'à  la  fin  du  printemps,  époque  à 
laquelle  ils  vont  passer  l'été  dans  les  hautes  Cévennes.  La  végétation,  conti- 
nuellement broutée,  y  reste  toujours  presque  rase;  les  arbrisseaux  et  les 
plantes  ligneuses  ne  peuvent  y  prendre  leur  développement  ;  aussi  une 
garrigue  a-t-elle  en  général  l'aspect  nu  et  aride.  On  y  aperçoit  toujours  de 
petites  touffes  arrondies  de  Jum'periis  Oxycedrus^  de  Thymus  vulgaris  et 
les  feuilles  cotonneuses  du  Phlomis  Lychnitis;  c'est  là,  en  quelque  sorte, 
le  fond  permanent  de  la  végétation,  mais,  suivant  les  localités  que  l'on 
parcourt,  ces  espèces  sont  accompagnées  du  liosmarinus  offichudis,  du 
Daphne  Gnidium  ,  de  \' Euphorbia  Characias,  de  Vlnula  viscosa  ,  du  La- 
vandula  Spica  qui  aime  les  points  les  plus  arides,  tandis  que  le  Lavandida 
Stœchas  se  ^h\\.  dans  les  garrigues  boisées.  On  trouve  beaucoup  à'Asphode- 
lus  ramosus  {A.  cerasi férus  .T.  Gay),  dont  les  racines  sucrées  ont  fourni  dans 
ces  derniers  temps  de  considérables  quantités  d'alcool,  et  les  Cistus  muns- 
peliensis  et  albidus,  ainsi  que  le  Quercus  cocci.fera,  y  couvrent  souvent  des 
espaces  assez  étendus.  Autour  de  Montpellier,  c'est  le  Cistus  monspeliensis, 
séché  et  effeuillé,  qui  sert  à  la  montée  des  vers  à  soie,  et  l'écorce  de  la  racine 
du  Quercus  coccifera  fournit  un  lan  des  plus  recherchés  par  le  commerce. 

Anciennement  nos  garrigues  étaient  presque  entièrement  couvertes 
d'épaisses  forêts  de  Chênes-verts  séculaires  ;  une  exploitation  régulière  les 
a  converties  aujourd'hui  en  taillis,  qui  sont  coupés  environ  tous  les  douze 
ans.  Il  ne  reste  plus,  des  grands  arbres  d'autrefois,  que  quelques  témoins 
épars.  Du  reste,  sur  bien  des  points  les  bois  ont  été  détruits,  et  les  souches 
du  C^wercws //ejt"  complètement  déracinées:  de  grandes  étendues  de  garri- 
gues sont  nues  et  brûlées  par  le  soleil  d'été;  mais,  près  des  centres  de  po- 
pulation, les  efforts  laborieux  des  cultivateurs  défrichent  peu  à  peu  ce  ter- 
rain difficile  et  rocailleux,  dans  lequel  la  Vigne  croit  avec  vigueur  et  donne 
des  vins  généreux. 

Revenons  maintenant  à  la  garrigue  de  La  Valotto.  En  y  entrant,  nous 
rencontrons  aussitôt,  au  milieu  des  Chênes  nombreux  dont  elle  est  parsemée, 
la  plupart  des  espèces  caractéristiques  citées  plus  haut:  ce  sont  Ic^Quei'cus 
coccifera,  Cistus  albidus,  C.  monspeliensis,    Thymus  oulgaris,  Euphorbia 


SESSION    KXTRAOIIDINAIRE    A    MONTPELLIER    EN    JUIN    1857.        565 
Cliaracias  et  JuNipci'us  Oxyccdrus.  Nous  trouvons'aussi  les  Doryoïlum  hir- 
SKfAtm,  D.  su/frulicosum,  ArthroloOinm  scorpiuidcs,  Mercurialis  tomanlosa. 
ï.e  Fhloniis  Lyc/mitis  nous  montrede  tous  côtés  ses  corolles  jaunes  entourées 
d'un  épais  duvet;  Y  Apinjlluntlies  mompeliensis  étale  ses  jolies  fleurs  bleues 
si  rapidement  flétries  quand  on  les  cueille;  le  Spartium  junceum  répand 
autour  de  lui  une  délicieuse  odeur,  et  le  Psoralea  bituminom  se  mêle  abon- 
damment à  toutes  ces  espèces;  plus  loin  nous  rencontrons  le  Lithospermum 
fruticosum,  mais  les  écbanfillons  en  sont  rares,  et  plusieurs  d'entre  nous 
doivent  renoncer  à  en  recueillir. 

Aux  Quercus  Ilejc  sont  mêlés  quelques  pieds  de  Quercus  puk'scens,  et 
vious  trouvons  répandus  de  tous  côtés  les  lihamnus  Alaternus,  Phillyrea 
latifolia,Arbutus  Unedo,  H/tus  Cotinus,  Pistada  Lentiscus,  Pistacia  Tere- 
lintlius.  Dans  un  petit  ravin  se  trouve  un  beau  Cerasus  Mahalcb,  et,  sur  un 
coteau  argileux,  quelques  Pins  d'Alep  forment  en  quelque  sorte  l'extrême 
avant-garde  du  grand  bois  de  Pins  de  Fonfrède  (fontaine  froide),  à  l'ouest 
de  Montferrier. 

Nous  descendons  vers  le  parc  réservé,  au   bord  du  Lez;  là,  autour  de 
l'babitation,  ont  été  plantés^  il  y  a  dt^à  bien  des  années,  un  grand  nombre 
d'arbres  exotiques,  parmi  lesquels  nous  remarquons  les  Cedrus  Libani , 
Magnolia  grandi flora,  Liriodendron  tidipifcra,  Ci/pressus  disticha,  dont  les 
racines  montrent  déjà  leurs  singulières  excroissances,  dépassant  de  plus  de 
20  centimètres  la  surface  du  sol.  Nous  voyons  aussi  VAcer  monspessulanum 
(indigène,  comme  son  nom  l'indique)  et  de  beaux  pieds  de  Cupressus  ho- 
rizontalis,  exotique,  mais  nommé  Arbre  de  Montpellier,  parce  que  la  tra- 
dition   le  désigne  comme   ayant  couvert  autrefois  la  colline  sur  laquelle 
s'est  élevée  plus  tard  la  capitale  du  Bas-Languedoc.  Les  espèces  exotiques 
ont  pris  droit  de  cité,  par  leur  force  et  leur   vigueur,  parmi  les  Peupliers 
blancs,    les  Frênes  et  les  Ormeaux  qui  les  entouient.   Au   milieu  de  ces 
beaux  arbres,  sont  répandus  les  Taxas  baccata,  Cercis  Siliquastrum,  Co- 
luten  arborescens  et  Buxus  balearica.  A  côté  des  Cupressus  disticha,  dans 
un  petit  ruisseau  qui  rejoint  le  Lez  à  quelques  pas  de  là,  nous  trouvons 
VAponogeton  distachyus:  cette  belle  iespèce,  que  nous  récoltons  encore  en 
assez  bon  état,  a  été  semée  il  y  a  longues  années;  elle  occupe  seule  tout 
le  lit  du  ruisseau  et  s'y  maintient  toujours,  malgré  les  Nymphœa  alba  et 
Nuphar  lutemn  ,  qui  essaient  en  vain  d'y  pénétrer  par  la  rivière. 

Au  retour  nous  récoltons,  parmi  les  broussailles  qui  bordent  le  sentier, 
le  Coriaria  myrtifolia;  ])u\s,  en  longeant  les  bords  agrestes  et  ombragés 
du  Lez,  on  trouve  sur  les  rocliers  le  DupAevrum  rigidiim,  le  Buxus  sem- 
pervirens,  le  Rosmarinus  officinalis  et  une  variété  méridionale  de  Vllie- 
racium  murorum.  Plus  loin,  les  alluvions  qui  boident  la  rivière  sont  cou- 
vertes de /•/e^v's  oç?«7//;fl,  qui  croit  au  pied  des  Frênes  et  des  Peupliers 
blancs  ;  nous  rencontrons  ensuite  sur  nos  pas  le  joli  Coris  monspeliensis. 


5G(i  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DR    FRANCE. 

En  sortant  de  La  Valette  par  la  porte  de  Monplaisir.  en  face  des  hauteurs 
qu'occupait  autrefois  la  ville  romaine  de  Substantion ,  nous  apercevons,  à 
quelque  distance  devant  nous,  la  belle  Campagne-Vialars,  dont  le  proprié- 
taire actuel ,  iAI.  Farel ,  nous  accueille  bientôt  après  de  la  manièi-e  la  plus 
gracieuse,  et  nous  fait  visiter  les  serres  et  le  beau  jardin  qui  dominent  les 
bords  du  Lez,  en  face  du    village  de  Casteinau. 

Il  est  déjà  tard,  et  nous  passons  trop  rapidement  devant  ces  richesses  vé- 
gétales, auxquelles  nous  refirettons  de  ne  pouvoir  donner  toute  l'attention 
qu'elles  méritent;  toutefois,  nous  y  remarcjuons,  entre  autres  plantes  inté- 
ressantes, un  magnifique  Ephedra  altissima  ;  tous  les  arbustes  de  la  ré- 
gion méridionale  y  sont  représentés  en  très  beaux  exemplaires,  et  de  nom- 
breux Eriobotrija  japonica  y  mûrissent  parfaitement  leurs  fruits.  Nous 
voyons  une  belle  plantation  de  Conifères,  où  nous  distinguons  les  Pinus 
Pinea,  halepensis,  maritima,  sylvesfn's,  et  d'autres  espèces  plus  rares. 

Après  avoir  pris  congé  de  M.  Farci,  nous  suivons  M.  Planchon,  qui  nous 
fait  voir  en  ])assant,  à  la  Campagne-Lichtenstein ,  un  yEgilops-B\é  de 
M.  E.  Fabre,  arrivé  presque  à  maturité.  En  sortant  de  cette  dernière  pro- 
priété, nous  jetons  un  coup  d'oeil  sur  le  tuf  quaternaire  qui  forme  le  chemin 
sur  lequel  nous  sommes  en  ce  moment.  Ce  tuf  jaune  et  sablonneux  contient 
de  très  nombreuses  empreintes  de  fruits  et  de  feuilles  de  plantes  diverses, 
sur  lesquelles  M.  Gustave  Planchon,  frère  du  professeur,  doit  nous  faire 
une  intéressante  communication. 

Nous  rentrons  enfin  vers  six  heures  et  demie,  chargés  des  abondants  pro- 
duits de  notre  première  herborisation. 

RAPPORT  DE  M.  PAfJL  ITIARÈS  SUR  L'HERBORISATION  FAITE  LE  9  JUIN  A  CAUNELLE 
ET  MURVIEL  ,  ET  DIRIGÉE  PAR  MM.  CHATIN  ET  TOUCHY. 

Le  rendez-vous  est  à  la  grille  du  Peyrou  à  six  heures  du  matin.  La  pre- 
mière partie  du  chemin  se  l'ait  rapidement  par  la  route  de  Lodève  et  de 
Clermont-Ferrand,  ([ui  sort  de  Montpellier  par  le  faubourg  du  Courrau, 
Cette  route,  tracée  sur  les  sables  de  l'étage  subapennin,  ne  nous  offre  d'a- 
bord rien  de  bien  intéressant. 

A  4  kilom.  de  ÎNlontpellier,  après  avoir  laissé  sur  notre  gauche  le  beau 
parc  de  la  Piscine,  nous  trouvons  le  village  de  Celleneuve  ,  situé  sur  un 
îlot  de  poudingues.  Le  coteau  de  Celleneuve  domine  une  vallée  dans  laquelle 
coule  la  rivière  de  la  Mosson;  nous  apercevons  à  notre  droite  la  propriété 
de  Foncaude  (fontaine  chaude),  oii  sont  des  eaux  thermales  sulfureuses; 
devant  nous  le  parc  de  (Cannelle,  dont  les  grands  arbres  bordent  la  rivière 
qui  descend  vers  le  sud-ouest  au  milieu  d'une  riche  vallée.  Au  loin,  de 
grands  massifs  de  verdure  hous  indiquent  les  parcs  de  Château-lîon  et  de 
la  Vérune,  remarquables  par  les  arbres  magnifiques  qu'il  renferment  et  qui 


SESSION    EXTRAORniNAlRE   A    MONTPELLIEU    EN    Jl'IN    J857.         f)67 

sont  un  bel  exeiviplc  de  la  viauoiii"  (iiie  pe;it  ncf|U(''rir  la  vi'pjétatlon  aiix)- 
rescenle  dans  nos  contrées,  partout  où  règne  un  peu  d'humidité.  Outre 
les  arbres  commnns  de  nos  climats,  ces  parcs  sont  ornés  de  Tulipiers,  de 
Cyprès-chauves,  de  Magnolia  et  d'autres  espèces  exotitjues  qui  ont  atteint 
les  plus  belles  dimensions. 

Dès  que  nous  avons  franchi  le  pont  de  la  Mosson,  à  côté  de  Caunelle, 
nous  trouvons  à  notre  gauche  un  petit  espace  inculte  de  terrain  tertiaire 
(moellon  miocène),  surlerjuel  est  hatie  l'ancienne  église  deJuvignac.  C'est 
ici  la  localité  classique  du  Crassnla  Magnolii  et  nous  le  rencontrons  en 
effet,  mais  nous  no  sommes  pas  aussi  heureux  pour  le  Sidcritis  Idrsuta 
que  nous  cherchons  vainement  :  il  a  complètement  disparu  de  cette  intéres- 
sante localité.  Le  Camphorosma  monspeliaca ,  si  commun  dans  tous  nos 
terrains  secs,  nous  présente  ici  beaucoup  d'échantillons  qui  ne  sont  malheu- 
reusement pas  encore  fleuris-,  en  revanche  voici  VErodium  romanum  qui 
fleurit  toute  l'année.  Nous  récoltons  aussi  V Astrugalus  moiispessidanus,  ùoat 
les  racines  ont  une  saveur  prononcée  qui  se  rapproche  beaucoup  de  celle 
de  la  réglisse.  VAstmglus  Stella  nous  montre  ses  jolis  fruits  étoiles  et  to- 
menteux,  au  milieu  des  pelouses  formées  par  les  Medicago  minima,  M.  Ge- 
rardi,  M.  denticulata,  Trifolium  tomentomm,  Plantago  Coronopus,  Rumex 
buceplialophovus,  Linum  angustifolium.  Nous  récoltons  aussi  le  LithoS'- 
permum  apvlum,  qui  se  plaît  sur  ces  terrains  tertiaires;  quelques  pieds  de 
Convolvidiis  Cantabrica  étendent  leurs  longues  tiges  vers  les  haies,  et  le 
bord  du  chemin  nous  fournit  encore  les  C arduus pycnocephuhis,  C.  tenui- 
florus,  Helianthemum  hirtum,  Glaucimn  lutewn^  Ecldumitalicum,  Cyno- 
glossum  pictum. 

Cette  récolte  nous  a  retenus  quelques  instants,  et  si  nous  voulions  suivre 
le  programme  officiel,  qui  portait  que  riierborisation  se  ferait  seulement  à 
Caunelle  et  à  Foncaudc,  afin  de  revenir  de  bonne  heure  à  Montpellier,  il 
serait  déjà  temps  de  songer  au  retour,  mais  personne  ne  le  désire;  on  ap- 
prend, par  M.  Touchy,  que  devant  nous  est  Murviel,  localité  assez  riche 
mais  surtout  remar{iuable  par  plusieurs  belles  espèces  de  Cistes:  nous  ne 
pouvons  résister  à  l'attrait  que  nous  offrent  de  telles  richesses,  et  il  est 
décidé  à  l'unanimité  que  l'herborisation  sera  continuée  jusqu'au  soir.  Nous 
prenons  donc  le  chemin  de  Saint-Georges,  et  nous  remarquons  dans  les 
haies  les  Berberis  vulgaris,  Rubia  peregrina,  Lonicera  etrusca,  Paliurns 
aculeatus,  liom  rubiginosa.  Sur  les  bords  des  fossés  humides,  croissent 
le  Scirpus  Holoschœnus  et  le  Rumex  pulcher  dont  la  racine  est  souvent 
employée  pour  remplacer  celle  du /^  i\ttientia  ;  enim  quelques  pelouses 
vertes,  le  long  du  chemin,  nous  donnent  les  Trifolium  scabï^um,  Erodium 
ciconium^  Onobrychis  Caput  galli^  Urospermum  Dalechampii. 

A  moitié  chemin  entre  Juvignac  et  St-Georges,  sur  un  terrain   vague, 
a  notre  droite,  nous  rencontrons  VAehillea  odorata.  M,  Touchy  nous  fait 


568  SOCIÉTÉ    ROTAMQLR    DR    FRANCE. 

ri'inai'qiier  k'S  jolies  plaques  vertes  (jue  Cornient,  au  milieu  des  garrigues 
!es  plus  sèches,  les  feuilles  ladicales  de  celle  c'^pèee,  dont  les  individus  sont 
toujours  l'éunis  en  grand  nombre.  Le  Paronycida  nioea  nous  montre  ses 
bractées  brillantes  sur  le  sol  jaunâtre  du  calcaire  miocène  ;  VUip/jocrepis 
cilinta  se  dérobe  souvent  à  nos  recherches  par  sa  taille  petite  et  délicate; 
r.ous  parvenons  cependant  à  en  récolter  (juelques  échantillons,  auxquels  vien- 
nent se  joindre  bientôt  les  Gnaphaliurn  luteo-cdbwn,  AJuga  Chamœpitj/s, 
Herniara  incana^  Teucrium  Politim,  Hclianthemwa  fj/atinosum  ,  Sedum 
album  ^  Arthrolobium  scorpioides ,  Scrofuluria  canina,  ('ruj/ina  vulyaris, 
et  une  Cuscute  enlacée  au  Tlnjnnis  vulgariii.  Le  Tamarix  gallica  borde 
le  ruisseau  presque  à  sec  de  La  Fosse,  et  dans  les  vignes  voisines  nous  trou- 
vons de  nombreux  échantillons  de  ['Allium  Ampoloprasum. 

Un  petit  chemin  de  traverse  qui  mène  directemeiit  à  Saint-Georges, 
en  passant  au  milieu  des  vignes,  nous  oftVe  un  talus  inculte  où  croit  le 
Quercus  Ilex,  ancien  mailre  presque  absolu  de  nos  garrigues  :  chassé  par 
la  culture,  il  a  persisté  sur  les  points  ou  la  pioche  de  nos  paysans  n'en  a 
pas  déraciné  la  dernière  souche,  et  souvent  on  retrouve  ses  pousses  sur  le 
bord  des  ch&wins  et  des  fosi-és  dans  les  endroits  les  mieux  cultivés.  Au 
milieu  de  ces  Chenes-verts,  nous  apercevons  quelques  pieds  de  Cratœ- 
gits  Azaroluf!,  et  \q  .Smilax  aspera,  le  Hubia  peregrina  s'enlacent  au- 
tour de  ces  arbres,  tandis  qu'à  leur  pied  croissent  le  Ruscks  aculeahts  et 
V Asparagus  acutifolius.  ÎNous  trouvons  encore,  avant  d'arriver  à  Saint- 
Georges,  le  beau  Catunanche  cœrulea,  les  Linum  striclum,  L.  temdfoliuui, 
et  le  Crupina  vulgaris;  enlin  les  murs  du  village  sont  couverts  en  certains 
points  de  Parietaria  diffusa,  et  à  leur  pied  nous  rencontrons  VAmurantiis 
prostratus. 

Il  est  dix  heures,  Murviel  est  encore  éloigné  :  nous  décidons  qu'il  faut 
déjeuner  à  Saint-Georges,  avant  d'aller  plus  loin,  (^ela  nous  fournira  du 
reste  peut-être  le  plaisir  de  constater  par  nous-mêmes  la  bonté  du  vin  de 
ce  fameux  crû;  mais  hélas!  VOidium  7'uckeri  n'a  pas  plus  respecté  ce  vi- 
gnoble quêtons  les  autres;  il  a  étendu  son  réseau  destructeur  sur  les  ceps 
qui  donnaient  ce  vin  généreux,  et  nous  ne  pouvons  arroser  notre  frugal 
repas  qu'avec  une  piquette  digne  d'un  tout  autre  climat. 

Notre  appétit  de  naturalistes  une  fois  calmé,  nous  partons  avec  un  nou- 
veau courage,  et  nous  rencontrons,  le  long  des  murs  de  pierres  sèches  qui 
bordent  le  chemin  de  Murviel,  deux  formes  particulières  du  Pgrus  amyg- 
daliformis,  le  Pistacia  Lentiscus^  le  Brachypodiuui  rainosum,  le  llhmnnus 
infectorius  dont  les  baies,  connues  sous  le  nom  de  graines  d'Avignon,  pro- 
duisent une  belle  teinture  jaune;  enlin  le  Cidora  pcrfo/iafa  se  montre  dans 
quelques  vignes  voisines. 

A  vingt  minutes  au  nord-ouest  de  Saint-Georges,  nous  traversons  un  petit 
ruisseau  presque  à  sec  :  les  vignes  cessent,  nous  sommes  dans  les  garrigues. 


SESSION  KXTn.\OnDliNAlRK  A  MOISTPRLLlKli  EN  Jl  IN  1807.  5G9 
Le  terrain  miofcae  est  remplaci-,  depuis  Saint-Goorges,  pur  roolillu;  infé- 
rieure. ^ous  nous  dirigeons  vers  une  maison  de  eanipagne  situi'e  un  peu 
sur  notre  gauche,  au  sommet  d'un  petit  mamelon  :  c'est  le  Alas  de  Bouisson, 
bâti  sur  uu  ilôt  de  marnes  supraliasi(|ues.  Un  espace  assez  vaste  nous  offre 
une  riche  réeolle  c'i  laquelle  chacun  se  livre  avec  ardeur  :  nous  trouvons 
l'éunis  les  Pulijgaln  vionspeliaca,  Ononis  viscosa,  Art/noloùiiim  scorpioides, 
Scorpiiirits  subvillosa,  llippocrepis  unisiliquosa,  Trifolium  arif/ulalum?. 
Vicia  coujuslifolia,  Trifuliiim  lappaceum,  T.  angusti folium,  Medicago  r/rbi- 
cnlaris,  Ornitliogalum  narbonense ,  Vicia  peregrina,  Centaurea  sohtitialis 
(non  encore  Jleuri),  Ih'seda  liitea,  ApInjUanthes  monspeliensis,  Cistus 
monspeliensis. 

Pour  reprendre  notre  route,  nous  devons  passer  sous  les  murs  du  Mas 
de  Bouisson,  où  croissent  V JhjoscyamK^  albus  et  le  Fœniculwn  officinale, 
nous  rentrons  sur  le  terrain  oolilhique  inférieur,  et  plus  loin,  dans  les 
champs  incultes  près  de  Murviel,  se  trouvent  VElymus  crinitus,  le  Cen- 
taurea  paniculata,  et  WEgilops  iriuncialis. 

Nous  arrivons  enfin  sur  un  point  élevé  d'où  l'on  aperçoit  au  loin  l'ilc  de 
Maguelonue  et  les  riches  campagnes  qui  nous  en  séparent  :  la  de  vieilles 
murailles  bordent  le  chemin  et  présentent  encore  une  certaine  régularité, 
malgré  l'état  imparfait  de  leur  conservation  ;  leur  puissant  appareil  indique 
clairement  d'anciennes  constructions  romaines,  et  cette  opinion  est  con- 
firmée par  la  présence  sur  le  sol  de  débris  très  nombreux  de  poteries  rouges 
grossières  et  de  tuiles  anguleuses  dont  l'origine  ne  peut  laisser  aucun  doute. 
JNous  sommes  en  effet  sur  les  ruines  de  l'antique  Altimunm,  et  le  village 
de  JMurviel,  que  nous  laissons  à  quelques  centaines  de  mètres  sur  notre 
gauche,  tire  son  nom  de  ces  vieux  murs.  On  suit  leurs  traces  jusqu'à  l'em- 
placement actuel  du  village,  où  est  une  belle  source  encore  entourée  de 
quelques  lestes  de  constructions  romaines. 

Au  pied  des  antiques  murailles  qui  bordent  le  chemin,  nous  rencontrons 
VOsyris  (dba  et  le  Plumbago  enropœa.  Mais  ce  dernier,  qui  se  plaît  dans  les 
lieux  rocailleux  et  arides  aux  expositions  les  plus  chaudes,  est  peu  avancé 
et  ne  montre  pas  encore  ses  tiges  florales.  Derrière  ie  mamelon  d'Allimu- 
rum,  dans  un  vallon  assez  ombragé,  se  trouve  une  petite  source,  nommée 
Font-Valès.  Apiès  l'avoir  dépassée,  nous  entrons  immédiatement  dans  un 
bois  taillis  (Bois  de  Murviel),  dont  l'essence  principale  est  le  Quercus  llex, 
mais  où  à  cette  espèce  viennent  se  mêler  en  assez  grand  nombre  le 
Q.Robur  et  VArbutus  Unedo.  De  beaux  Châtaigniers  occupent  le  fond  de  la 
^allée,  où  se  trouve  un  terrain  de  transport  très  siliceux.  La  présence  de  ces 
arbres  est  une  nouveauté  autour  de  Montpellier,  dont  le  sol  presque  exclu- 
sivement calcaire  est  tout  à  fait  impropre  à  leur  culture.  Nous  louchons  au 
but  principal  de  notre  course  :  en  effet,  en  arrivant  dans  le  bois,  au  milieu 
d'une  clairière,  nous  apercevons  le  sol  couvert  du  beau  Ci^tK^  Inurifoliu^, 


570  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE   DE   FRANCE. 

qui,  par  son  port,  la  grandeur  de  ses  feuilles  et  la  beauté  de  ses  larges  fleurs 
blauclies,  éclipse  le  modeste  C.  monspeliensis  qui  l'entoure  de  tous  côtés. 
Entre  eux,  et  établissant  un  intermédiaire  parfait,  est  le  Cistus  Ledon,  pro- 
bablement leur  by bride.  A.  ces  trois  belles  plantes  viennent  se  joindre  les 
Cistits  albidus  et  C,  suivi folius;  mais  les  botanistes  sont  sans  pitié,  et 
M.  Cluitin  lui-même  donne  le  signal  d'un  massacre  qui  détruira  dans  cette 
clairière,  pour  ce  printemps  du  moins,  cette  intéressante  association  d'es- 
pèces congénères. 

En  poussant  notre  course  à  5  kilomètres  plus  loin  environ,  au  delà  de 
Mont-Arnaud,  nous  trouverions  un  sixième  représentant  de  ce  beau  genre, 
c'est  le  Cistus  crispus  ;  mais  le  temps  presse,  car  le  soleil  décline,  et  nous 
reprenons  la  direction  du  ruisseau  de  Font-Vales  qui  coule  vers  le  sud-est. 
Cbemin  faisant,  nous  glanons  les  Erica  scoparia,  E.  arborea,  Lavandula 
Stœchus,  Lathyrus  heterophyllus  Goiian,  non  E.  (A.  ensi folius  Badaro), 
Rubns  tomenlosiis,  Limtm  gallinim,  Arum  italicum,  Irifulium  ocliro- 
leucum.  Mêlé  a  ces  dernières  espèces,  VOphrys  Scolopax  nous  offre  de 
nombreux  écbantillons,  et  sous  les  taillis  de  Cbênes-verts  nous  aperce- 
vons les  fleurs  rosées  du  Cephakmthei^a  rubra.  Le  Spart itiui  junceum,  qui 
croît  dans  toute  la  vallée,  répand  le  plus  doux  parfum  au  milieu  de  cette 
belle  et  fraîche  végétation,  que  les  fortes  chaleurs  d'été  n'ont  [)as  encore 
flétrie. 

Après  avoir  traversé  un  petit  bouquet  de  Châtaigniers,  nous  gravissons 
une  colline  dont  le  taillis  a  été  nouvellement  coupé,  c'est  le  Bois  de  Puy- 
sérié  ;  sur  cette  pente  le  Fragaria  vesca  croit  en  abondance  et  nous  donne 
des  fruits  parfaitement  mûrs,  aussi  parfumés  que  les  meilleures  fraises  des 
Pyrénées.  Chacun  accoixle  quelques  instants  d'une  attention  soutenue  à  la 
récolte  des  réceptacles  charnus  et  succulents  du  solatium  botanicorum,  et 
notre  silence  prouve  tout  le  plaisir  que  nous  offre  cette  récolte  carpologique. 
iMais  tout  à  coup  l'un  de  nous  aperçoit,  sortant  à  peine  de  terre,  de  blondes 
têtes  de  Cytinus  Hypocistis^  dont  la  plupart  n'ont  pas  encore  cette  belle 
teinte  coralline  qu'elles  prennent  ordinairement  lors  de  leur  développement 
complet.  Chacun  reprend  aussitôt  sa  pelle  ou  sa  pioche,  on  arrache  avec 
ardeur  les  Cistus  monspeliensis  et  albidus,  et  les  jolis  parasites,  encore 
attachés  à  leurs  racines  nourricières,  peuvent  à  peine  trouver  un  peu  de 
place  dans  nos  boites  déjà  pleines.  Eulin  le  Trifolium  purpureum  et  le 
Colntea  arborescens  terminent  notre  abondante  récolte.  Comme  le  jour 
baisse  rapidement,  nous  nous  hâtons  de  revenir  à  Montpellier,  où  nous  arri- 
vons après  deux  heures  de  marche,  en  repassant  par  Sainl-{jeorges  et 
Celleneuve. 


SESSION   EXTRAORDINAIRE   A   MONTPELLIER   EN   JUIN    1857.        571 

RAPPORT  DE  M.  PALL.  MARÏ':S  SUR  L'HERBORISATION  FAITE  LE  10  JUIN  A  MIREVAL 
ET  A  LA  MADELEINE ,  ET  DIRIGÉE  PAR  M.  MARTINS. 

Taudis  que  MM.  Clialiu  et  Touchy  conduisent  une  partie  des  botanistes 
au  bois  de  la  Alouie,  nous  partons  a  buit  heures  par  le  premier  train  du 
chemin  de  fer  de  Cette,  que  nous  quittons  à  la  station  de  Mireval.  ^'ous  re- 
venons alors  vers  Montpellier,  par  un  chemin  qui  passe  à  la  station  m(^me 
et  suit  pi-esque  paralicicment  la  voie  ferrée.  Ce  chemin  est  bordé  de  vignes 
ou  de  cham[)s,  le  long  desquels  nous  récoltons  les  plantes  suivantes  :  Eu- 
p/iorùia  serrata,  Bronnis  rubens,  Sinapis   incana,   Cynoglossum  pictum, 
Scolymm  hispanicus,  Echaliiim  Elaterhim^  Echium  pustulatum,  Trifolium 
lappaceum,  Filago  lutescens  .lord.,  et  le  Nigella  damascena  dont  les  graines 
mûres  ont  un  délicieux  parfum  de  fraise.  Dans  quelques  endroits  où   les 
fossés  de  la  route  contiennent  un  peu  d'eau,  nous  trouvons  le  Rommcnlns 
nqtmtilis  var.  trichoplnjllm'î  et  le  Scirpus  Holoschœnus.  Tandis  que  nous 
rencontrons  en  quantité   le  Ihibia  perogrina  dans  les  baies,  nous  voyons 
quelques  champs  cultivés  de  It.  tinctorum  :   la  culture  de  cette  plante  est 
nouvelle  dans  l'Hérault,  mais  elle  s'est  propagée  avec  rapidité  depuis  quel- 
ques années   dans  les  propriétés  qui  avoisinent  nos  étangs  et  nos  marais 
du   littoral.    En   effet,   ces  terres    d'alluvions  récentes   sont   profondes, 
bumides,  riches  en  humus,  et  parfaitement  appropriées  à  ce  genre  de  cul- 
ture si  productif. 

L'attention  de  plusieurs  botanistes  est  attirée  chemin  faisant  par  quel- 
ques beaux  Oliviers  qu'un  cultivateur  est  occupé  à  greffer;  ces  arbres, 
d'une  superbe  venue,  poitent  trop  de  bois  et  ne  donnent  que  peu  de  fruits. 
Leur  maître  les  greffe  en  ccusson,  selon  l'usage  du  pays  ;  par  cette  pra- 
tique on  peut  rabattre  l'arbre  autant  qu'on  le  désire,  et  l'on  obtient  très 
promptement  de  nouvelles  et  abondantes  récoltes. 

Nous  arrivons  peu  à  peu  le  long  du  chemin  de  fer,  au  bord  d'un  marais 
qui  porte  le  nom  de  Vourgaran.  Sur  les  bords,  dans  les  grands  fossés  qui 
longent  la  route,  nous  trouvons  les  Iris  Pseudacorus,  Typha  média,  Cladium 
Mariscus,  Sparganium  ramosum,  Scrofidaria  Balbisii?.  Le  beau  Jmsiœa 
grandiflora,  naturalisé  depuis  longues  années  dans  ces  lieux,  y  pousse  avec 
une  extrême  abondance  et  remplit  le  lit  du  ruisseau  de  la  Madeleine  ((ui 
vient  se  jeter  dans  le  Vourgaran. 

Nous  remontons  le  ruisseau,  dont  les  eaux  sont  couvertes  de  Lemna  gibba 
et  de  Callitricheverna,  tandis  que  dans  les  champs  qui  le  bordent  nous 
trouvons  le  Rapistrum  rugosum  et  le  Mgagrum  perfoliatum. 

Le  propriétaire  de  l'enclos  de  la  Madeleine  en  a  remis  obligeamment  la 
clef  à  M.  Martins,  et  nous  pouvons  pénétrer  dans  ce  joli  petit  bois,  dont 


572  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE   DE   FRANCE. 

l'essence  est  le  Qiicrcus  Ilex.  Ici  les  troupeaux  ne  viennent  jamais,  le  sol 
n'est  point  brouté,  et  nous  trouvons  la  végétation  parfaitement  conservée, 
mais  peu  variée.  Imi  entrant,  nous  rencontrons  le  beau  Cenfrant/nis  latifolius, 
VAntirrhinum  mojus,  V Arislolochia  Pistoloc/iia,  le  Piptat/ierum  para- 
doxwn;  et  le  Cephalanthera  rubra  nous  montre  ses  élégantes  fleurs  roses 
dans  tout  le  bois. 

Nous  sommes  bientôt  ariêtés,  en  pénétrant  plus  avant,  par  une  ceinture 
de  rocbers  à  pic,  peu  élevés,  dont  les  blocs,  à  demi  éboulés  en  certains 
points,  sont  entourés  d'une  vigoureuse  végétation.  Des  Ciiênes-verts  au  port 
gracieux  et  élancé  sortent  des  anfractuosités,  pour  aller  chercber  le  soleil 
qui  leur  manque  ;  de  grands  Figuiers,  le  ïérébinthe,  le  Lentisque,  le  !>au  - 
rier-Tin  sont  entourés  de  Smilax  et  de  Vignes  sauvages  qui  s'étendcit 
comme  de  longues  lianes  aux  arbres  voisins,  tandis  que  de  vieux  Lierres 
tapissent  les  murailles  rocheuses  de  leur  sombre  verdure.  Le  liusciisacu- 
leatus  se  cache  sous  cette  puissante  végétation,  et  le  Laurus  no/nlis  (sub- 
spontané) nous  montre  ses  tiges  élancées,  ses  belles  feuilles  vertes  et  lan- 
céolées, dans  quelques  points  bien  abrités,  exposés  aux  rayons  du  soleil, 
au  pied  de  grands  rochers  que  le  Ferula  communis  couronne  de  ses  tiges 
élevées  et  de  ses  grandes  ombelles  jaunes. 

C'est  dans  cette  ceinture  de  rochers  que  s'ouvre  la  grotte  de  la  Madeleine. 
L'entrée  est  étroite,  encombrée  de  végétation  ;  puis  on  arrive  tout  à  coup 
sous  une  large  voûte.  Le  sol  y  est  très  incliné,  et  de  nombreux  débris  ro- 
cheux, recouverts  d'une  terre  humide  et  glissante,  rendent  le  terrain  très 
inégal  et  très  difficile.  On  descend  ainsi  jusqu'à  60  mètres  environ,  et  l'on 
arrive  au  bord  d'une  eau  limpide  et  transparente.  A  droite  on  trouve  un 
large  canal  et  un  batelet  sur  lequel  on  peut  s'embarquer  et  parcourir  plu- 
sieurs sinuosités,  dans  lesquelles  la  voûte,  tantôt  large  et  élevée,  tantôt  lais- 
sant à  peine  le  passage  de  la  nacelle,  se  termine  par  une  belle  salle  circulaire 
dont  le  sonuuet  forme  un  dôme  conique.  Là,  en  écoutant  avec  attention, 
on  entend  le  bruissement  des  eaux  qui  s'écoulent  par  des  conduits  sou- 
terrains. Ces  lieux  ténébreux,  habités  par  de  nombreuses  chauves-souris 
qui  s'élancent  en  tournoyant  vers  les  torches,  cette  eau  parfois  profonde, 
dont  on  est  séparé  par  quelques  légères  planches,  le  bruit  des  eaux  qui 
s'écoulent  mystérieusement  par  dos  canaux  invisibles,  une  grande  stalactite 
dans  laquelle  l'œi!  croit  reconnaître  la  forme  d'une  statue  de  Madeleine,  tout 
en  ces  lieux  sai^it  l'esprit  d'une  crainte  involontaire,  et  c'est  avec  bonheur 
([u'on  retrouve  le  jour,  dont  la  vue  inspire  un  véritable  sentiment  de 
délivrance. 

Mais  l'heure  presse,  il  faut  être  à  la  station  de  ^  illeneuve  à  onze  licures 
et  demie;  nous  devons  renoncer  à  voir  le  Crcusi^  de  Miègo  (trou  de  midi), 
beau  cirque  de  rochers  qui  forme  une  excavation  ovale  de  3  à  ^jOO  mètres 


SESSION    KXTRAOnUINAIRE    A    JIONTPfCLLIER    KN    ,ILIN    1857.         57?) 

(]û  diamètre  et  ilc  20  ou  30  mèircs  de  profondoui',  au  milieu  d'un  \)\i\u  de 
j,'Mrif>ues  entre  le  point  ou  nous  sommes  et  la  roule  de  Cette  (1).  Au  Innd 
est  un  petit  marais.  Dans  les  rocliers,  nous  eussions  pu  récolter,  outre  le 
I  aurus  nobiiis,  le  Ferula  communis  et  le  Vihurmnti  7'inus,  déjà  trouvés,  le 
i  avalera  maritima,  qui  devient  mallicureusement  de  plus  en  plus  rare; 
rnfm  le  Theligonum  Cjjnocrainbe  se  rencontre  au  pied  des  rochers,  dans  les 
pierres  qui  entourent  le  petit  marais. 

Nous  nous  éloignons  à  regret  des  plantes  intéressantes  que  nous  eussions  pu 
trouver  eneore,  et  de  ces  étranges  cavernes,  creusées  dans  l'épaisseui'  de  l'é- 
tage oxfo)'dien  du  calcaire  juiassiquc;  nous  revenons  rapidement  par  le  clie- 
min  qui,  longeant  les  murs  de  l'enclos  où  nous  sommes,  passe  par  la  propriété 
nommée  La  Madeleine,  puis  le  long  de  la  plaine  marécageuse  de  l'Kstagnol, 
et  nous  arrivons  à  la  station  de  Villeneuve  en  moins  de  trois  quarts  d'heure, 
non  sans  avoir  récolté  encore  le  long  du  chemin  plusieurs  espèces,  telles 
que  :  Ituta  angustifolia,  Achillea  Ageratum,  Onopordon  illyricum^  Œnan- 
the  fislulosa,  Scirpt(s  lacustris,  Eupliorbia  falcata,  F.  scrrata,  Medicago 
oibicularis,  Centaurea  pullata ,  Hippocrepis  unisiliquosa  ,  Hèlichrysum 
Stœclias,  Paliurusaculeatus,  Phlomis  Herba  venti^  Cneorum  tricoccon,  etc. 

M.  le  Président  propose  à  la  Société  de  nommer  une  Commission 
de  cinq  membres,  chargée  de  visiter  en  détail  le  Jardin  des  plantes 
et  le  Conservatoire  botanique  de  Montpellier,  et  de  présenter  un  rap- 
port sur  l'état  de  ces  établissements  à  une  des  prochaines  séances 
ordinaires  de  la  Société  à  Paris. 

La  Société  adopte  cette  proposition.  Sont  désignés  pour  l'aire 
partie  de  ladite  Commission  :  MM.  Cosson,  Doumet,  Germain  de 
Saint-Pierre,  le  comte  Jaubert  et  de  Schœnefeld. 

M.  J.-E.  Planchon,  vice-président,  fait  cà  la  Société  une  commu- 
nication dont  voici   le  résumé  : 

M.  Planchon  expose  sommairement  l'historique  de  la  question  ùçs/Egi- 
lops  et  de  leur  prétendue  transformation  en  Froment.  Il  repousse,  avec 
M.  Jordan,  ainsi  qu'avec  la  plupart  des  auteurs,  l'idée  dune  véritable 
transmutation  de  W^Egilops  en  Blé,  et  conlirme  de  tout  point  l'observation 
de  iM.  Godron  sur  l'origine  hybride  de  V/Egilops  triticoides.  Va\  ce  mo- 
ment, dit-il,  on  peut  voir  en  Heur,  dans  le  jardin  de  l'École  de  pharmacie  de 
Montpellier,  un  exemplaire  d\Egilops  portant  66  épis.  Cet  exemplaire 
provient  d'un  grain  d'^Egilops  omta,  fécondé  le  3  juillet  1856,  par  le  pol- 

(1)  M.  Mariiiis  attribue  celle  formation  si  pillorcsquc  à  l'etroiidrement  d'une 
grande  caverne,  et  toul  en  effet  semble  contirincr  celte  opinion. 


blh  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE   FRANCE. 

len  (le  la  Touzelle  blanche  non  barbue  {Triticum  vulgare,  var.).  Semé 
le  2û  septembre  1856,  ce  grain,  bien  que  flétri,  germe  vigoureusement  et 
talle  bientôt  de  manière  à  préparer  la  production  de  nombreux  épis.  La 
plante  en  fleur  est  très  vigoureuse.  P^lie  a  environ  0'",30  de  hauteur.  Sa 
teinte  générale  est  vert  glautjue.  Ses  épis,  bien  différents  de  ceux  de  VyEgi- 
lops  ouala,  répondent  exactement  à  la  forme  à  courtes  arêtes  de  l'yEgilops 
triticoides,  récoltée  par  M.  E.  Fabre  aux  environs  d'Agde.  M.  Planchon  se 
propose  de  la  décrire  avec  soin  dans  un  mémoire  spécial,  où  il  abordera 
l'histoiie  des  yEgilops  dans  toute  son  étendue.  Actuellement,  il  se  contente 
de  signaler  comme  très  probable,  malgré  les  assertions  contraires  de 
M.  Jordan,  la  transformation  de  VyEgilops  triticoides  en  /Egilops  speltœ- 
fo7vnis,\orù.,  et  ne  regardant  pas  ce  dernier  comme  une  espèce,  il  l'appel- 
lerait plus  volontiers  yEgilops-V>\é  d'Esprit  Fabre. 

M.  Cossoii  rappelle  que  déjà  Lainarek,dans  VEnci/clopcdie  métho- 
dique (t.  II,  p.  558),  avait  réfuté  l'opinion  de  quelques  anciens  bota- 
nistes, qui  avaient  considéré  X/Egilops  comme  étant  l'origine  du 
Blé  cultivé. 

M.  Cosson  ajoute  que  maintenant  la  question  lui  parait  réduite  à  des 
éléments  très  simples  ;  car  personne,  depuis  les  travaux  les  plus  récents 
sur  ce  sujet,  ne  saurait  revenir  à  l'opinion  combattue  par  Lamarck.  Pour 
lui,  Jusqu'à  preuve  matérielle  du  contraire,  se  fondant  sur  les  observations 
consciencieuses  de  M.  E.  Fabre,  la  plante  quia  été  récemment  décrite  sous 
le  nom  cVyEgilops  speltœforuiis,  bien  que  s'étant  reproduite  de  semences 
pendant  plusieurs  générations,  ne  serait  qu'une  forme  de  l'hybride  désigné 
sous  le  nom  ù'.E.  triticoides.  Dans  l'état  actuel  de  la  question,  le  seul  point 
peut-être  encore  litigieux  serait  de  savoir  si  la  forme  désignée  sous  le  nom 
d'y^.  speltceformis  pourrait  être  créée  artificiellement,  et  si  le  produit  de 
l'hybridation  se  reproduirait  indélinimeut  par  graines. 

M.  Planchon  remercie  M.  Cosson  de  lui  avoir  fait  connaître  l'opi- 
nion de  Lamarck  sur  ce  sujet.  Il  se  propose  de  consulter  le  passage 
de  Y  Encyclopédie^  pour  en  apprécier  la  porlée.  En  attendant,  il 
regarde  comme  hors  de  doute  la  nature  hybride  de  Y/Egilops  triti- 
coides. 

M.  Germain  de  Saint-Pierre  dépose  sur  le  bureau  des  échantillons 
de  Posidonia  Caulini  et  d'Apo)iogeto?i  distachyus.,  et  fait  à  la  So- 
ciété les  communications  suivantes  : 


SESSION    EXTRAORDINAIRE   A    MONTPELLIER    EN   JUIN    1857.        575 

sur,  LA  GERMINATION  ET  LE  MODE  DE  DÉVELOPPEMENT  DU  POSlDOiMA  CAULINI , 
P»i  M.  E.  r^ERMtlIV  l»l<:  »<ii%l\T.|>||.;ititE. 

Dans  la  partie  de  la  côte  de  la  iMcditerrancc  qui  s'étend  entre  Toulon  et 
Hyèi-es,  mais  plus  parliculièrement  en  face  de  la  presqu'île  de  Gien,  on 
remarque  une  ligne  interrompue  de  dunes  et  de  petites  ("alaises,  dont  la 
couleur  brune  ou  noirAtre  tranche  sur  celle  des  rochers  de  grès  qui  for- 
ment la  côte  sur  ce  point.  En  m'approchant  de  ces  falaises,  j'ai  vu  avec 
étonnement  qu'elles  sont  uniquemeut  formées  par  les  débris  accumulés 
d'une  seule  espèce  végétale,  peu  commune  dans  nos  collections,  le  Posido- 
nia  Caulini  Kœnig  {P.  oceunica  Del.,  Zostera  L.,  Cuuliniu  i)(].,  Ker- 
nera  Willd.).  J'avais,  au  premier  coup  d'oeil,  pensé  que  les  débris  de 
feuilles  qui  constituaient  ces  dunes,  appartenaient  au  Zostera  marina;  mais 
les  fragments  de  souches  ligneuses  dichotoraes,  et  encore  chargées  de 
feuilles,  que  la  mer  roulait  sur  la  grève,  rendaienttoute  méprise  impossible. 
En  m'avançant  dans  l'eau,  peu  profonde  sur  certains  points,  je  ne  tardai 
pas  à  trouver  le  fond  de  la  mer  couvert  d'une  véritable  prairie  d'un  beau 
vert,  formée  par  le  Posidonia. 

Il  y  a  peu  de  jours,  vers  le  15  mai,  étant  allé  explorer  la  côte  dans  la 
même  direction,  je  trouvai  le  bord  de  la  mer  couvert  de  fruits  semblables, 
par  leur  volume,  leur  forme  apparente,  et  leur  couleur  verte,  aux  olives 
avant  leur  maturité.  On  aurait  pu  croire,  au  premier  coup  d'oeil,  qu'un 
bâtiment  chargé  d'olives  avait  perdu  son  chargement  sur  la  côte  ;  ces  fruits 
étaient  ceux  du  Posidonia  Caulini  en  parfait  état  de  maturité.  Les  fruits 
flottants  et  roulés  par  les  vagues  étaient  libres  et  paraissaient  s'être  détachés 
naturellement  de  la  plante-mère  par  l'effet  de  la  maturation.  Quelques 
jours  plus  tard,  le  péricarpe  de  ces  fruits  altères  par  la  macération  dans 
l'eau,  se  déchirait  spontanément  et  laissait  tomber  au  fond  de  l'eau  l'em- 
bryon qui  commençait  à  germer. 

Cette  déhiscence,  par  déchirure  en  lambeaux  qui  s'écartent  de  la  base  au 
sommet  et  se  rejettent  au  dehors,  en  mettant  à  nu  l'embryon,  donne  à  ce 
fruit,  pendant  cette  période,  quelque  chose  de  l'aspect  des  Geaster. 

Les  dunes  et  les  falaises  formées  par  les  débris  accumulés  du  Posidonia 
sont  incessamment  exhaussées  de  nouvelles  couches  à  leur  surface,  par  les 
fragments  de  feuilles  détachées  par  les  vagues  et  rejelées  sur  la  côte;  mais 
à  mesure  que  ces  dépôts,  qui  ont,  sur  certains  points,  plusieurs  mètres 
d'épaisseur,  augmentent  en  hauteur,  la  mer  en  ronge  le  flanc  et  en  diminue 
l'étendue,  jusqu'à  ce  que  la  dune,  complètement  minée,  retombe  dans  la 
mer,  qui  en  dépose  les  débris  plus  loin.  Les  cultivateurs  du  pays  exploitent 
ces  dépôts  sous  le  nom  de  Paille-de-mer  et  de  /low(/o,  et  s'en  servent 
comme  d'engrais  pour  amender   les  terres  ;  mais  cet  engrais,  formé  de 


576  SOC.IKTÉ    BOTANIQUE   DK    1  r.ANCE. 

tVaomcnts  de  fouilles  d'un  tissu  coriace  et  peu  altéiahle  par  l'actioii  de  l'eau 
ou  de  l'air  libre,  ne  pai'aît  pas  être  d'une  grande  efficacité. 

.l'avais  souvent  remarciuésur  la  même  côte,  et  notamment  sur  l'isthme 
de  Gien,  des  pelotes  globuleuses  formées  de  fibres  brunes,  feutrées,  sans 
mélange  de  corps  étrangers  (et  semblables  par  l'apparence  à  ces  pelotes 
formées  de  poils  feutrés  que  l'on  trouve  dans  l'estomac  des  animaux  rumi- 
nants, et  qui  sont  formées  des  poils  accumulés  que  l'animal  enlève  de  sa 
peau  avec  sa  langue).  Les  chasseurs  du  pays  les  recueillent  et  s'en  servent 
pour  bourrer  leurs  fusils,  .l'ai  reconnu  que  ces  pelotes  globuleuses,  la  plu- 
part du  volume  d'une  orange,  sont  composées  des  libres  qui  persistent  sur 
les  souches  du  Posidonia  après  la  destruction  des  feuilles  dont  elles  repré- 
sentent les  nervures,  .l'ai  trouvé  plusiems  de  ces  pelotes  adhérant  encore 
aux  rhizomes  du  Posidonia;  le  frottement  des  souches  les  unes  sur  les 
autres,  lorsqu'elles  sont  à  demi  rompues  par  les  vagues,  me  parait  être  la 
cause  du  feutrage;  le  roulement  dans  le  sable  et  les  galets  détermine  leur 
forme  globuleuse. 

Les  souches  du  Posidonia  sont  du  volume  du  doigt ,  ligneuses , 
radicantes;  subdichotomes;  chaque  branche  tendant  à  ce  dichotomiser, 
il  en  résulte  que  le  groupe  produit  par  la  ramiiication  d'un  même 
individu,  occupe  un  espace  indéfini.  Comme  chez  tous  les  autres  rhi- 
zomes, la  partie  la  plus  ancienne  se  détruit  au  bout  d'un  certain  temps, 
et  les  rameaux  radicants,  devenus  indépendants  par  la  destruction  de  la 
souche-mère,  constituent  des  plantes  distinctes.  Dans  un  rhizome  d'une 
certaine  longueur,  la  partie  inférieure  présente  les  cicatrices  rapprochées 
des  feuilles  complètement  détruites  ;  plus  haut,  se  trouvent  des  fibres 
brunes,  sèches  et  roides,  derniers  restes  des  anciennes  feuilles  détruites; 
plus  haut  encore,  les  bases  coriaces  des  dernières  feuilles  détruites,  et,  à  l'ex- 
trémité supérieure,  les  feuilles  vivantes  qui  terminent  chaque  branche  du 
rhizome  par  une  sorte  de  rosette  de  feuilles  linéaires,  distiques.  Los  fibres 
radicales  advenlives  partent  de  la  face  inférieure  du  rhizome;  l'écorce  du 
rhizome,  qu'elles  déchirent  et  rejettent  en  dehors  au  point  où  elles  sont 
émises,  leur  constitue  une  sorte  de  coléorhize. 

J'ai  dit  que  le  fruit,  lois  de  sa  déhiscence,  laisse  s'échapper  l'embryon  : 
les  enveloppes  propres  de  la  graine  m'ont  semblé  en  effet  réduites,  a  l'époque 
de  la  maturité,  à  une  couche  pulpeuse,  qui,  lors  de  la  déhiscence,  reste 
adhérente  en  partie  aux  débris  du  peiicarpe,  lui  même  pulpeux;  et,  en 
partie  seulement.^  à  l'embryon.  L'embryon  a  le  volume  et  la  forme  exté- 
rieure d'une  amande  ordinaiie -,  il  est  de  couleur  verte;  une  de  ses  faces 
présente  une  dépression  longitudinale  qui  m'a  paru  être  l'empreinte  d'une 
sorte  de  raphé,  lequel  reste  souvent  adhérent  au  péricarpe.  Lors  de  la  ger- 
mination, une  radicule  subcoléorhizée  se  fait  jour  sur  un  point  voisin  de 
l'extrémité  inférieure  obtuse  de  l'embryon  (d'autres  fibres  radicales  nais- 


SESSIOiN    EMIUOnUliNAlUli    A    MONTPIXLIEK    EN    JUIN    1857.         577 

sont  ù  la  hase  (!(•  la  gemmule).  L'extrémité  supérieure  de  l'embryon  se  ter- 
mine en  une  gemmule  composée  de  plusieurs  fouilles  très  jeunes,  courtes  et 
membraneuses.  I,a  plus  extérieure  de  ces  feuilles,  qui  sont  distiques,  pré- 
sente doux  appendices  membraneux  latéraux,  forniant  une  ^aiiic  ((ui  om- 
brasse les  fouilles  suivantes  do  la  gemmule  (1), 

Quelle  est  la  nature  de  la  partie  charnue  qui  constitue  la  masse  presque 
entière  de  cet  embryon  et  qui  se  termine  par  un  limbe  court  embrassant  la 
gemmule?  Cette  masse  indivise  me  parait  analogue  par  sa  structure  à  l'or- 
gane qui,  chez  les  Graminées,  a  été  désigné  sous  le  nom  d'hypoblaste,  et  que 
Je  considère  comme  un  véritable  cotylédon  ;  mais  ici,  iapartie  du  cotylédon 
inférieure  à  l'insertion  de  la  gemmule  est  très  voluiDineuse,  et  sa  partie 
supérieure  ou  liiiibaire  est  très  courte;  et  tandis  que,  chez  les  Graminées, 
la  base  du  cotylédon  ou  hypoblaste  ne  constitue  qu'une  radicule  rudimen- 
tairecjui  ne  s'allonge  pas  en  racine  (la  racine  coléorhizée  appartenant  chez 
les  Graminées  à  une  feuille  supérieure  au  cotylédon) ,  ici,  la  base  volunii- 
neuse  ou  partie  radiculaire  du  cotylédon  se  prolonge  à  sa  base  en  une  racine 
fdiforme.  —  La  gemmule  proprement  dite  est  constituée  par  des  feuilles  dis- 
tiques qui,  au  lieu  d'être  enroulées  comme  chez  les  Graminées,  sont  planes 
et  appliquées  face  contre  face  comme  celles  de  la  plante  adulte. 

JNotre  honorable  vice-président,  M .  Derbès,  ma  dit  avoir  trouvé  il  y  a  (|ue!- 
((uos  années,  en  octobre,  sur  la  plage  de  iMarsoille,  des  débris  de  Posidonia 
portant  des  fleurs.  On  a  rarement  ou  occasion  d'etudior  le  Posidonia  en  fleur: 
je  me  propose  de  rechercher  la  plante  îlurifére,  en  octobre,  dans  la  localité 
où  le  fruit  a  mûri  cette  année  et  d'en  faire  l'objet  d'une  étude  spéciale. 

SUR  LA  GERMINATION  DE  WAPONOGETON  DISTACHYUS ,  par  M,  K.  iiERlTIAllV 

DIE  SAi:%T.PIEKRE  (2). 

Les  dissidences  qui  existent,  entre  les  divers  auteurs,  sur  la  place  que 
doit  occuper  le  genre  Aponogeton  dans  la  série  végétale,  dissidences  telles, 
(jue  les  uns  l'ont  classé  dans  les  Acotylées,  d'autres  dans  les  IMonocotylées, 
d'autres,  enlin,  dans  les  Oicotylées,  me  faisaient  désirer  depuis  longtemps 
d'en  étudier  la  germination.   J'ai   pu  me  procurer,  cotte  année,  des  graines 

(1)  Cet  embryon  a  été  fitçuré  par  M.  Adr.  de  .Inssieu  dans  son  Élude  sur  les 
embryons  nionocolylés  [Ann.  se.  ncU.,  2"  sér.,  t.  Xf,  pi.  17,  fig.  15). 

(2)  M.  Planclioii  a  publié  en  ISlili,  dans  Atinaks  des  se.  natur.,  3*  série,  t.  I, 
p.  107-120  Cl  pi.  0,  une  excellente  élude  sur  !o  même  sujet.  L'auteur  de  ce  tra- 
vail arrive  aux  mémos  conclusions  que  moi,  relativement  ù  la  structure  de  la 
graine,  et  place  le  genre  Aponogeton  cuire  les  Aiismacéos  el  les  Joncaginées; 
M.  Aug.  de  Sainl-Hilaire  avait  approuvé  ce  rapproclienient. —  iM.  Adr.  de  Jussieu 
avait  déjà  (1839)  signalé  Tanaiogie  de  structure  qui  existe  entre  l'embryon  de 
V Aponogeton  el  celui  de  VOuvirandra  {Mcw.  cinbr.  monoc  in  Annales  se,  nat., 
2'  série,  t.  XI,  p.  3/i5).  —  M.  Ad.  Brongniart  {Enuin.  gen.  plant,  eult.  Mus. 

T.  IV.  37 


578  SOCIÉTÉ    DOTAMQli:    DE    FRANCR. 

mûi'C's  de  \'Apo)iogetou  distochyus,  d'iiDP  part  nu  j:irdin  l)()taiii(|ue  de  Sniiit- 
Maiuli'icr  près  Toulon,  et  d'autre  part  dans  le  jardin  de  M.  Alphonse  Karr, 
à  JNice. 

Le  genre  Aponogcton  Thunberg,  Amoyeton  Necker,  Apogeton  Schrader, 
a  été  en  effet  placé  par  A.-L.  de  Jussieu  dans  les  Acotylées,  parmi  ses 
iS'aïadées;  puis  dans  les  Monocotylées  par  Mirbel  (fann.  des  Aroïdées); 
et  dans  les  Dicotylées  (fam.  des  Saururées)  par  Bartiing,  Liodley  et  End- 
licher. 

ISéanmoins,  dans  une  de  ces  notes  si  judicieuses  dont  A.-L.  de  Jussieu 
a  enrichi  son  Gênera  plant arwn,  l'auteur  des  familles  naturelles  exprime  ses 
doutes  sur  les  affinités  des  genres  dont  il  a  constitué  le  dernier  ordre  de  ses 
Acotylées.  «  Il  serait  peut  être  à  propos,  dit-il,  d'éliminer  de  la  classe  des 
Acotylédones  plusieurs  genres  de  l'ordre  des  Naïadées  et  de  les  rattacher 
aux  autres  ordres";  la  germination  a  encore  besoin  d'être  observée  dans  tous 


ces  geiues.  » 


Endiiclier  considère  le  genre  Aponogeton  comme  ayant  un  embryon  fran- 
chement dicotyié.  Voici  la  phrase  de  son  Gênera  relative  à  l'embryon  des 
Saururées,  ordre  dans  lequel  il  place  le  genre  Apjonogeton  :  «  Embryon  si- 
tue il  l'extrémité  de  la  graine  dans  une  cavité  supeificieile,  placé  dans  un 
périsperme  farineux  ou  corne,  antitrope,  renfermé  dans  le  sac  amniotique 
qui  est  persistant,  de  forme  obcordée,  à  deux  cotylédons  très  courts,  a  ra- 
radicule  supère.  » 

Cette  description  se  rapporte  sans  doute  à  l'cmbi-yon  du  genre  Saururus 
(que  je  n'ai  pas  eu  occasion  d'étudier),  mais,  à  coup  sûr,  elle  ne  se  rapporte 
en  rien  à  l'embryon  des  Aponogeton.  Le  savant  et  illustre  botaniste  avait, 
du  reste,  suivi  l'opinion  commune  en  rapprochant  le  genre  Aponogeton  du 
genre  Saururus,  et  n'avait  probablement  pas  eu  occasion  d'examiner  la 
structure  de  l'embryon  dans  le  genre  Aponogeton. 

Bien  que  l'erreur  dans  laquelle  est  tombe  Endiiclier  n'ait  pas  été  partagée 
par  tous  les  botanistes,  j'ai  pensé  que  les  détails  précis  que  j'ai  recueillis 
sur  la  germination  de  V Aponogeton  et  les  ligures  exactes  qui  complètent 
mon  observation  pourraient  n'élre  pas  dépourvus  d'intérêt. 

Var.,  I8/10)  a  placé  le  genre  Aponogeton  auprès  des  l'otamogeton,  dans  la  famille 
des  Naïadées.  M.  Schleiden  {Nov.  acta  Acad.  nat.  curios.,  t.  XIX,  p.  /j5),  lui 
ultribue  la  même  place.  —J'aurais  pu,  sans  inconvénieni,  demander  la  suppres- 
sion de  cet  arlicle,  communiqué  à  la  séance  du  10  juin  à  Jlontpellier,  puisque  le 
résultat  de  mon  élude  (laile  à  la  campagne  et  en  l'absence  des  documents  publiés) 
ne  dill'èrc  pas  de  celui  qui  avait  élédéjà  obtenu  par  plusieurs  bolanisles.  Je  ne  le 
conserve  qu'en  raison  des  quehjues  détails  relatifs  au  développement  de  la  jeune 
piaille,  et  ù  la  facilité  de  sa  reproduction  à  l'air  libre,  dans  les  climats  tempérés 
où  elle  n'est  cultivée  ([u'en  serre. 

(A'o/e  communiquée  depuis  la  séance  par  M.  Germain  de  Saint- Pierre.) 


sKssiON  i:XTi\AORniNvinr.  a  MoNTPEMjr.f.  kn  jlmn  1857.      579 

l.a  graine  de  V Aponogeton  distac/iyus  est  d'aiitaiif.  plus  facile  a  bien  étu- 
dier (|u'elle  "st  volumineuse  :  elle  est  a  peu  près  de  la  dimension  d'un  fruit 
iV Isatis  tinctoria.  Il  est  en  outre  très  facile  de  la  faire  germer,  en  la  semant 
sur  du  terreau,  dans  un  vase  submergé  ;  mais  cette  graine  charnue  se  flétrit 
et  s'altère  à.  l'air  libre  :  on  doit  donc  la  semer  aussitôt  qu'elle  s'échappe  du 
péricarpe,  à  la  maturité,  et  imiter  en  cela  ce  qui  a  lieu  dans  la  nature.  — 
Lorsque  l'on  enlevé  le  tégument  coriace  de  cette  graine,  on  voit  qu'elle  con- 
siste en  un  embryon  charnu  complètement  dépourvu  de  périsperme.  Une 
coupe  longitudinale,  parallèle  au  sens  dans  lequel  cette  graine  est  déprimée, 
montre  que  la  plus  grande  partie  de  la  masse  de  l'embryon  est  constituée 
par  \in  organe  indivis  qui  n'est  autre  chose  qu'un  cotylédon  unique;  vers 
la  base  de  ce  cotylédon,  on  découvre  la  fente  gemmulaire  (ouverture  de  la 
gaine  de  la  fouille  cotylédonaire),  et  au  fond  de  cette  fente  on  trouve  la 
gemmule,  composée,  avant  la  gei'mination,  d'une  très  petite  feuille,  à  la  base 
de  lacjuelle  on  distingue  le  rudiment  de  la  feuille  suivante. 

Lors  de  la  germination,  le  cotylédon  ne  change  pas  de  forme:  il  grossit 
et  s'allonge  en  déchirant,  par  en  haut,  les  tuniques  de  la  graine.  Les  bords 
de  sa  gaine  (fente  gemmulaire)  s'écartent  pour  livrer  passage  à  la  première 
feuille  de  la  gemmule,  qui  est  fdiforme  et  atteint  bientôt  plusieurs  fois  la 
longueur  du  cotylédon  ;  en  même  temps  la  base  du  cotylédon  se  prolonge  en 
une  radicule  obtuse.  —  Un  mois  plus  tard,  on  voit  la  jeune  plante  étaler  à 
la  surface  de  l'eau  deux  ou  trois  feuilles  longuement  pétioléesetrà  limbe  ellip- 
tique, ne  différant  des  feuilles  de  la  plante  adulte  que  par  leur  petite  taille. 
Si,  alors  ,  on  retire  la  jeune  plante  de  son  vase  submergé,  on  trouve  en- 
core la  feuille  cotylédonaire  adhérente  au  collet,  et  l'on  voit  que  ce  coty- 
lédon a  produit  à  sa  base  une  racine  globuleuse  que  je  puis  comparer  à  la 
racine  de  première  année  du  lamus  communis .  Cette  racine  globuleuse  émet 
aussi,  comme  celle  du  Tamus  communis,  des  fibres  radicales  filiformes,  sub- 
coléorhizees.  —  D'autre  part  la  gemmule,  en  se  développant,  a  constitué 
une  rosette  de  trois  à  cinq  feuilles  :  la  plus  ancienne,  quelquefois  déjà  détruite, 
est  complètement  linéaire  ;  la  seconde  est  un  peu  élargie  vers  le  sommet,  et 
les  suivantes  sont  pourvues  de  leur  limbe  elliptique  qui  s'étale  à  la  surface 
de  l'eau.  — Cet  embryon,  si  facile  à  suivre  dans  les  phases  de  sa  germina- 
tion, ne  diffère,  comme  on  le  voit,  par  aucun  point  essentiel  de  l'embryon 
des  Monocotylées.  Si  donc  la  graine,  dans  le  genre  Saururus,  présente  un 
périsperme,  et  si  son  embryon  est  à  deux  cotylédons,  le  genre  Aponoge^ 
ton  ne  saurait  en  être  rapproché  ;  il  me  semble,  au  contraire,  devoir  être 
placé  non  loin  du  genre  Potamogeton,  dont  il  ne  diffère  essentiellement  que 
par  ses  carpelles  renfermant  plusieurs  graines. 

J'ajouterai,  en  terminant,  que  VApunogeton  distac/njus,  considéré  généra- 
lement comme  une  plante  de  serre  dans  le  nord  de  la  Fiance,  convient  à 
tous  les  climats  tempérés:  il  a  été  naturalisé  depuis  plus  de  vingt  ans  dans 


080  SOCIÉTÉ    BOTAMQl'Ii:    DE    Fr.ANCE. 

le  centre  de  la  France,  par  M""  A^l.  Adanson  et  M.  Anacli.  Doiimcl, 
dans  une  pièce  d'eau  du  parc  de  Baleine  (Allier);  il  v  végète  et  y  (Icurit  abon- 
damment chaque  année,  sans  nécessiter  ni  soins  ni  culture.  Cette  helle  plante, 
si  propre  à  décorer  les  bassins  et  les  pièces  d'eau,  par  son  feuillage  et  sur- 
tout par  ses  fleurs  élégantes  et  nombreuses,  a,  en  outi-e,  l'avantage  de  se 
propager  facilement  de  graines,  comme  le  prouve  la  réussite  complète  des 
semis  que  j'ai  faits  cette  année  à  Costebelle  près  Hyères. 

M.  J.  Gay  demande  à  M.  Germain  de  Saint-Pierre  quelle  est  son 
opinion  sur  ralïinité  de  cette  plante. 

M.  Germain  de  Sainl-PieiTe  répond  qu'il  la  place  près  des  Pota- 
mogeton. 

M.  Gay  fait  observer  : 

Qu'après  de  longues  études  sur  les  phanérogames  aquatiques,  Adrien  de 
Jussieu  était  arrivé  a  une  tout  autre  manière  de  voir.  Suivant  lui,  \ Apono- 
(jetan  serait  allié  avec  le  Triglochin  et  le  Lilœa  (genre  dédié  à  Raffeneau- 
Delile),  et  rentrerait  par  conséquent  dans  la  famille  des  Joncaginées. 

M.  Gay  ajoute  quelques  détails  sur  la  singulière  destinée  qu'a  eue  le  nom 
sous  lequel  figure  dans  nos  livres  la  plante  dont  il  est  ici  question.  Aponoge- 
^on  signifie  voisin  ou  habitant  d'Aponus,  comme  Po^fono^e^n  signifie  voisin 
ou  habitant  des  lleuves,  étant  dérivé  des  mots  grecs Trora/jiciç  et  ^eîtcov.  Aponus 
(aujourd'hui  Abano)  est,  comme  ou  sait,  un  établissement  thermal  situé 
près  de  Padoue,  dans  la  vallée  du  Pô,  célèbre  dès  le  temps  des  empe- 
reurs romains,  et  (jui  a  eu  l'honneur  de  donner  naissance  h  Tite-Live, 
étahlissement  qui  est  encore  fréquenté  de  nos  jours,  en  raison  de  l'utilité 
médicale  de  ses  eaux.  Or,  Pontedera,  qui  écrivait  dans  le  premier  quart 
du  dernier  siècle,  donna  le  nom  iVAponogeton  à  une  plante  aquatique 
ol^ervée  par  lui  dans  les  fossés  des  environs  d'Aponus.  La  même  plante 
tomba  quelques  années  plus  tard  dans  les  mains  de  Micheli,  le  célèbre  obser- 
vateur florentin,  et  il  la  nomma  Zannichellio^  sans  tenir  compte  du  nom 
à'Aponogctcm  de  Pontedeia,  qui  pourtant  était  antérieur  de  plusieurs  an- 
nées. C'est  ainsi  que  le  nom  de  Zaruiic/œllio,  adopté  par  Linné,  s'est  pro- 
pagé jusqu'à  nos  jours,  au  détriment  d'un  autre  nom  qui  eût  dû  être  con- 
servé, puisqu'il  était  antérieur  en  date  et  qu'il  ne  prêtait  à  aucun  doute.  Tel 
était  l'état  des  choses,  et  un  demi-siècle  s'était  écoulé,  lorsque  Thunberg 
eut  à  décrire  une  plante  du  cap  de  Jionne-Esperance,  à  laquelle  il  fallait  un 
nouveau  nom  générique.  Aponogcton  était  vacant,  et  il  l'appliqua  à  sa 
plante  sans  hésiter,  et  vraisemblablement  aussi  sans  s'être  rendu  compte  ni 
de  son  étymologie  ni  de  ce  qu'il  avait  antérieurement  signifié. 

C'est  dans  le  même  sens  que  nous  entendons  aujourd'hui  le  mot  Aponoge- 
tou,  d'où  résulte  cette  singularité  d'un  genre  de  plantes  qui  appartient  tout 


SESSION    KXTItAORDINAIRK    A    MONTIM'-LLIKU    EN    .IIIN    4857.         581 

nitiei-  à  riu'niisplà'i-e  austral  el  (|ui  porte  le  nom  d'iiiio  l)()iir;:ailc  du  rov  ;uiii;e 
I.onibard-VéïiilitMi,  située  par  le  Li3'  degré  de  riiéiidsplicrc  boréal! 

M.  Planclion  dit  : 

Que  \' Aponogeton  a  été  naturalisé  par  Dclile  et  Farel  a  La  Valette,  sur 
les  bords  du  Lez,  et  qu'on  l'a  vu  fructifier  à  Montpellier.  —  M.  Planclion 
ajoute  que,  dans  une  note  insérée  dans  les  Annales  des  sciences  naturelles,  il 
a  déjà  émis,  il  y  a  plusieurs  années,  les  idées  que  M.  Germain  de  Saint- 
Pierre  vient  d'exposer.  Tl  y  a  longtemps  d'ailleurs  que  ryl/:/ono^e^o?z  est  re- 
gardé comme  monocotylé  :  Adrien  de  Jussieu  l'a  signalé  comme  tel  dans 
un  mémoire  sur  les  embryons  monocotylés,  et  M.  Ad.  Brongniart  le  rap- 
proche des  JNaïadées. 

M.  Clialin  rappelle  : 

Qu'Adrien  de  Jussieu  insistait  beaucoup  dans  ses  leçons  sur  la  structure 
de  V Aponogeton,  qu'il  considérait  comme  monocotylé.  M.  Cliatin  possède,  à 
l'appui  de  cequ'il  avance,  des  dessins  pris  au  cours  de  cet  illustre  savant.  — 
Il  a  remarqué  d'ailleurs,  dans  l'herborisation  faite  par  la  Société  à  La  Va- 
lette, que  V Aponogeton  est  complètement  naturalisé  sur  les  bords  du  Lez, 
mais  il  ne  pense  pas  ([u'on  doive  en  conclure  ([ue  cette  plante  puisse  être 
facilement  acclimatée  dans  le  nord  de  la  France  ;  car,  sur  les  bords  du  Lez, 
non-seulement  elle  se  trouve  dans  la  région  méridionale,  mais  encore  dans 
des  eaux  dont  la  source  est  assez  voisine  pour  qu'elles  conservent  même  en 
hiver  une  température  relativement  élevée. 

M.  E.  Douinet,  vice-président,  dit  que  dans  le  parc  de  Baleine 
(Allier) ,  où  V Aponogeton  a  été  naturalisé ,  il  se  trouve  dans  une 
pièce  d'eau  alimentée  par  une  source  dont  l'eau  gèle  très  difticiie- 
ment. 

M.  Ducoudray-Bourgault  croit  à  la  facile  propagation  de  cetle 
plante  dans  le  nord-ouest  de  la  France.  Il  l'a  vue  se  maintenir  par- 
faitement depuis  quinze  ans,  aux  environs  de  Nantes,  dans  des  eaux 
qui  gèlent  tous  les  hivers,  et  fructifier  malgré  les  intempéries  du 
climat,  dont  toutefois  la  rigueur  est  adoucie  par  le  voisinage  de  la 
mer. 

M.  Durieu  de  Maisonneuve,  en  examinant  les  échantillons  de 
Posidonia  présentés  par  M.  Germain  de  Saint-Pierre,  remarque  que 
la  partie  inférieure  des  tiges  est  entièrement  couverte  d'un  Champi- 
gnon, le  seul  qui  se  développe  et  fructifio  on  pleine  mer:  c'est  le 
Sj)hrprin  Posidomm. 


582  SOCIÉTÉ    BOTAMQIK    ni'    FHANCE. 

M.  Germain  de  Saint-Pierre  dit  (|ii"il  esl  lieureiix  d'avoir  provo- 
qué ces  intéressantes  remarques.  Il  ignorait,  d'ailleurs,  les  observa- 
tions antérieures  de  M.  Planchon. 

M.  J.-E.  Planchon  ajoute  : 

Qu'Kiidlicliei'  a  eu  tort  de  rapprocher,  dans  son  Gênera  plantmnnii,  VApo- 
nogcton  des  Saururées,  et  que  la  description  qu'il  a  donnée  de  l'enihryon  de 
cette  plante  est  entièrement  controuvée  et  copiée  sur  celle  que  M.  K.  Meyer 
n  donnée  de  l'enihryon  des  Saururus,  qui  présente  un  double  albumen.  — 
M.  Planchon  croit  qu'on  doit,  à  l'exemple  d'Adr.  de  Jussieu,  rapprocher 
des  Aponogeton,  les  Ouvirandra  (1)  ;  car,  dans  l'un  et  l'autre  de  ces  genres, 
on  observe  un  embryon  pourvu  d'un  seul  cotylédon  charnu,  considérable, 
comprimé,  et  d'une  grosse  gemmule  située  en  dehors.  Adr.  de  Jussieu  les  ci- 
tait comme  exemples  d'embryon  monocotylé  à  gemmule  exserle. 

M.  Gustave  Planchon  présente  à  la  Société  quelques  échantillons 
de  végétaux  fossiles  et  fait  la  communication  suivante  : 

SUR  LA  FLORE  QUATERNAIRE  DES  TUFS  CALCAIRES  DE  CASTELNAU  PRÈS  MONTPELLIER, 

par  M.  GtSTAVE  PLAl\Cn01\. 

Ce  n'est  pas  un  travail  complet  que  j'ai  la  prétention  de  piésenter  à  la 
Société;  je  désire  seulement  attirer  un  instant  son  attention  sur  quelques 
végétaux  fossiles  caractérisant  la  flore  quaternaire  de  notre  région,  l.e  ter- 
rain qui  les  renferme  est  vulgairement  connu  dans  le  pays  sous  le  nom  de 
tuf  calcaire  de  Castelnau.  MM.  Marcel  de  Serres,  Taupenot  et  Paul  deRou- 
ville  l'ont  successivement  étudié  au  point  de  vue  géQlogitjue -,  mais  ils  ont 
laissé,  dans  la  détermination  des  diverses  espèces  de  sa  flore,  des  lacunes 
nombreuses,  que  je  m'efforcerai  de  combler  dans  un  travail  spécial. 

En  attendant  la  réalisation  de  ce  projet,  qu'il  me  soit  permis  d'exposer 
le  résultat  de  mes  premières  recherches. 

Les  deux  localités  que  j'ai  seiiles  explorées  jusqu'à  ce  jour  (Castelnau  et 
le  Gasconnet)  m'ont  offert  des  empreintes  de  fruits,  de  tiges  et  de  feuilles. 

Les  fleurs,  naturellement  trop  délicates,  n'ont  laissé  aucune  trace  de  leur 
présence. 

Les  fruits  y  sont  en  petit  nombre:  je  n'ai   rencontré  jusqu'ici  que: 

Quelques  cônes  de  Pins,  très  incomplets,  mais  dont  les  écailles  sont  par- 
faitement reconnaissables  ; 

Deux  fruits,  dont  la  détermination  est  encore  fort  douteuse  :  l'un  d'eux  a 
une  ressemblance  éloignée  avec  le  fruit  de  V  Aristolochia  Clematitis. 

(1)  Plantes  de  Madagascar.  L'espèce  la  plus  remarquable  de  ce  genre,  précieu- 
sement cultivée  au  jardin  de  Kevv,  est  l'O.  fenestralis  Poir.,  dont  les  fouilles  ré- 
duites aux  seules  nervures  forment  une  sorte  de  dentelle. 


SESSION    liXTRAOliDINAini:   A    MONTI'KI-l-II.K    KiN    JTIN    1857.         583 

Lcsti<i('S  t't  les  racines  semblent  dominer  dans  ectte  foiiniition. 

On  voit  en  eertaiiis  points  se  dessinera  la  sui  l'ace  du  terrain  des  eonrl)CS 
assez  souvent  concentriques,  simulant  des  troncs  d'arbres  d'une  dimension 
considérable  :  mais  je  n'ose  pas  basarder  encore  une  opinion  sur  la  cause 
de  leur  présence. 

Il  en  est  de  même  de  certains  tubes  sei'puliformes,  que  l'on  rencontre 
serrés  les  uns  contre  les  autres,  et  que  l'on  serait  d'abord  porté  à  regarder 
comme  des  racines. 

Il  existe  en  outre  bon  nombre  de  débris,  (ju'on  doit  sans  hésitation  rap- 
porter à  des  tiges  ou  à  des  racines,  appartenant  la  plupart  à  des  Dicotylé- 
dones, mais  dont  une  détermination  plus  exacte  est  à  peu  près  impossible. 

Les  seules  empreintes  que  j'aie  pu  reconnaître,  appartiennent  à  des 
branches  de  Conifères,  probablement  du  genre  Pinm;  les  autres  à  des 
chaumes  de  Graminées,  peut-être  du  genre  Arundo. 

Les  feuilles  sont  représentées  par  de  nombreuses  empreintes.  Celles  dont 
la  détermination  me  parait  a  peu  près  certaine,  se  rapportent  aux  espèces 
suivantes,  rangées  dans  l'ordre  de  leur  fréquence  : 

1"  Acer  Pseudoplatanus.  Feuilles  très  communes  àCastelnau,  considérées 
jusqu'ici  comme  des  feuilles  de  Vigne.  —  2°  Smilax  aspera.  Feuilles  com- 
munes au  Gasconnet,  se  présentant  sous  toutes  les  formes,  depuis  la  plus 
étroite  jusqu'à  la  plus  large. —  y  Pinus  {espèce  encore  indéterminée).  — 
U°  Buxus  sempemirens.  —  5°  ffedera  Hélix.  —  6°  Rhamnus  Alaternus.  — 
7°  Alniis  ghttinosa.  ■ —  8°  Quercus  Ilex.  —  9°  Cornus  sanguinea. 

Les  espèces  suivantes  sont  déterminées  avec  doute  : 

10°  Ilex  Aquifolimn?  —  11°  Phillyrea  angustifolia? —  12°  Lcmrus  nobi- 
lis  ?  —  13°  Celtis  australis  ??—i  lx°A  rundo  Donax  ?  ? 

De  cette  énumération  ressort  un  fait  général  :  c'est  l'analogie  de  la  végé- 
tation de  cette  période  avec  la  nôtre,  et  l'âge  relativement  récent  du  tuf  de 
Casteinau. 

Peut-être  n'aurais-je  dû  formuler  cette  conclusion  qu'après  avoir  exacte- 
ment déterminé  toutes  les  espèces  de  cette  flore  :  cependant  elle  me  parait, 
dès  à  présent,  très  probable. 

Des  questions  générales  et  fort  intéressantes,  mais  dont  j'ajourne  à 
dessein  la  discussion,  se  rattachent  aux  faits  que  j'ai  signalés.  Telle 
est  celle  de  la  présence,  dans  un  terrain  antérieur  à  toute  culture,  de 
plantes  que  l'on  a  regardées  comme  les  types  de  nos  espèces  cultivées.  On 
y  avait  signalé  des  feuilles  de  Vigne  :  je  les  ai  vainement  cherchées- 
toutes  celles  qui  en  ont  l'apparence  appartiennent  bien  évidemment  à  VAcer 
Pseudoplatanus.  Cette  question  est  pour  moi  dès  aujourd'hui  complètement 
vidée. 

.l'hésile  beaucoup  plus  a  me  prononcer  au  sujet  de  l'Olivier.  La  conclu- 
sion est  trop  importante,  et  les  matériaux  que  j'ai  pu  rassembler  sont  trop 


58Ù  SOCIÉTÉ    ROTANIQUR    DH    FRANCE. 

incompk'ls,  pour  que  j'ose  rien  préjii<^er  à  cet  éjïard.  Je  devrai  attendre 
pour  ine  décider  que  de  nouvelles  recherciies  m'aient  fourni  des  résultats 
plus  satisfaisants. 

Et  la  séance  est  levée  vers  cinq  heures. 


Le  11  juin,  la  Société  s^est  l'endue  à  Celte  par  le  chemin  de  fer.  La 
Société  entoniologique  s'était  jointe  à  elle  pour  cette  excursion. 
Après  une  longue  et  fructueuse  herborisation  (1)  sur  les  hauteurs  qui 
dominent  la  ville,  nous  sommes  allés  visiter  le  riche  musée  que 
M.  Doumetjl'un  des  vice-présidents  de  notre  session  extraordinaire, 
a  fondé  dans  sa  belle  demeure,  il  y  a  déjà  environ  quarante  ans,  et 
qu'il  a  constamment  accru  depuis. 

M.  E.  Doumet ,  aucien  officier  supérieur  d'état-major,  aujourd'hui 
maire  de  Cette  et  député  au  Corps  législatif,  a  ouvert  sa  maison  aux  mem- 
bres des  Sociétés  botanique  et  entomologique  avec  la  plus  cordiale  hospi- 
talité. Il  a  bien  vo'ulu  admettre  à  sa  table  un  grand  nombre  d'enti-e  eux, 
puis  il  les  a  conduits  dans  son  musée  et  dans  ses  jardins,  dont  il  leur  a 
permis  d'admirer  tous  les  détails.  Nous  allons  en  donner  une  description 
succincte. 

Musée.  —  Les  galeries  sont  au  nombre  de  deux  ,  et  leur  ensemble 
forme  une  sorte  de  T  allongé.  L'une  a  50,  l'autre  70  mètres  de  longueur  ; 
sur  uue  largeur  de  10  mètres  et  7  mètres  de  hauteur  de  plafond.  Elles  sont 
éclairées  par  52  portes  ou  fenêtres,  et  par  des  ouvertures  au  plafond,  qui  ont 
pour  but  défaire  arriver  la  lumière  de  tous  les  côtés  sur  les  objets.  Les 
trumeaux  sont  occupés  par  des  armoires  vitrées  renfermant  les  gros  objets, 
tandis  que  les  collections  d'objets  menus  sont  casées  dans  des  vitrines 
plates,  formant  deux  doubles  rangées  qui  occupent  le  milieu  des  galeries 
dans  toute  leui-  longueur.  Des  passages  ménagés  de  distance  en  distance,  et 
dont  le  centre  est  occupé  par  des  pièces  saillantes,  telles  que  le  plan  en 
relief  de  Jérusalem,  le  vaisseau-modèle,  le  globe  polymalhique,  etc.,  per- 
mettent de  suivre  les  séries  sans  faire  le  tour  entier  des  galeries. 

Les  collections  peuvent  se  diviser  en  deux  séries  : 

A.  Collections  archéologiques ,  Instoriques  et  artistiques.  —  Nous  devons 
citer  parmi  celles-ci  :  1°  une  icunion  de  costumes,  armes  et  ustensiles  de  la 

(1)  Voyez  plus  bas,  dans  le  coniplo  rendu  do  la  séance  du  iG  juin,  le  rapporl  sur 
ceUe  liei  borisalioi),  rédigé  par  M.  t>.  Mares. 


SESSION    EXTIUOnniNAIRK    A    MONTPELLIF-^R    EN    .11  IN    1857,  585 

plupart  (les  peuples  etrauf^ers  à  l'Europe  ;  2"  une  rruiiioii  (raMli(|uites  éiiy|)- 
tieiiiies,  éli-usques,  grecques,  etc.  ,  suivie  d'un  ceilaiii  nombre  d'objets  du 
moyen-age-,  3°  une  collection  d'armes  et  armures  européennes,  depuis  les 
temps  antérieurs  à  l'invention  de  la  poudre  jusqu'à  nos  jours;  li"  une  réu- 
nion de  tableaux  et  d'objets  d'art. 

B.  Collections  d'histoire  naturelle.  —  Klles  comprennent  : 
1°  Colleclions  minéralogiqucs  et  géologiques  de  tous  pays,   parmi   les- 
quelles on  remarque  celle  des  rocbes  de  (lorse,  réunie  par  M.  Doumet,  pen- 
dant un  séjour  de  cinq  ans  qu'il  a  l'ait  dans  cette  ile. 

2" Collection  ornithologique,  composée  essentiellement  des  oiseaux  d'Eu- 
rope, presque  tous  acconipao;nés  de   leuis  œufs.  Certains  exemplaires  de 
cette  collection  ont  servi  de  types  aux  descriptions  de  plusieurs  auteurs. 
3°  Collection  de  reptiles  indigènes  et  étrangers. 

i°ColIection  des  poissons  de  la  Méditerranée,  préparée  sur  les  lieux 
depuis  dix  ans,  sous  la  direction  de  M.  Napoléon  Doumet,  et  qu'augmen- 
tent chaque  Jour  les  nombreuses  espèces  rares  ou  curieuses  qui  vivent  dans 
cette  mer. 

5°  Collection  des  Lépidoptères  indigènes  et  exotiques,  remarquable  par  sa 
disposition  et  par  un  grand  nombre  d'espèces  rares  ou  nouvelles. 

6°  Collection  des  Crustacés  et  Échinodermes  du  littoral,  auxquels  sont 
Jointes  un  certain  nombre  d'espèces  exotiques. 

7°  Collection  considérable  de  Zoophytes  (madrépores,  éponges,  gor- 
gones, etc.)  de  tous  pays. 

8"  Collection  conchyliologique,  l'une  des  plus  complètes  qui  existent, 
comprenant  environ  15,000  espèces  actuellement  vivantes,  représentées  par 
plus  de  100,000  individus. 

9°  Enfin,  collections  botaniques,  composées  principalement  de  l'herbier 
de  Michel  Adanson,  qui  a  servi  de  base  à  son  ouvrage  sur  les  Familles  des 
plantes  (1763).  Cet  herbier  est  encore  dans  l'état  où  il  l'a  laissé,  il  y  a  Juste 
cinquante  ans;  quelques-unes  des  plantes  qui  s'y  trouvent  sont  récoltées  depuis 
plus  d'un  siècle.  M.  Doumet,  petit-fds  d'Adanson,  possède,  outre  son  lier- 
bier,  précieux  par  les  nombreuses  annotations  de  l'illustre  et  laborieux  natu- 
raliste, une  grande  partie  de  ses  manuscrits,  parmi  lesquels  on  remarque 
son  fameux  Orbe  universel,  ou  Encyclopédie,  qui  lie  devait  pas  se  composer 
de  moins  de  120  volumes  in-folio.  Ces  manuscrits  forment  un  total  de  plus 
de  200  volumes,  dont  les  deux  tiers  sont  écrits  de  la  main  même  de  l'au- 
teur. Ces  chiffres  peuvent  déjà  donner  une  idée  des  immenses  travaux 
d'Adanson,  travaux  qui  étonneront  plus  encore,  si  on  ajoute  que  les  200  ou 
300  volumes  de  sa  bibliothèque  qui  se  trouvent  chez  M.  Doumet,  sont 
annotés  de  sa  main  sur  toutes  les  marges  et  même  entre  les  lignes  du  texte. 
En  outre,  ses  collections,  qui  renfermaient  déjà,  vers  1790,  plus  de  30,000 
espèces,  el  qui  étaient  connues  sous   le   nom   de  Musée    tle   l' Académie 


586  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FIUNCE. 

d'Adanson,  sont  toutes  ('tiquetées  de  sa  main,  avec  l'orliiine  et  qucicfuefois 
l'histoire,  pour  ainsi  dire,  de  cha((ue  échantillon. 

Jardins.  —  Les  galeries  que  nous  venons  de  décrire  dominent  un  jardin 
de  70  mètres  de  long  sur  25  de  large,  qu'elles  abritent  du  c5té  de  l'ouest  et 
du  sud.  Sous  les  fenêtres  a  l'exposition  nord,  était  placée,  lors  de  notre 
visite,  une  collection  de  Camellia  et  autres  plantes  de  terre  de  bruyère, 
dont  la  culture  offre  de  grandes  difficultés  sous  un  climat  chaud  et  sec 
comme  celui  de  Cette.  Plus  loin  se  trouve  une  série  débâches  entourées  de 
plates-bandes,  remplies  les  unes  et  les  autres  par  une  des  plus  intéressantes 
collections  de  ('actées  que  l'on  puisse  voir.  Elle  ne  compte  pas  moins  de 
3000  échantillons.  Commencée,  il  y  a  quinze  ans  environ,  par  M.  Doumet, 
elle  s'est  accrue  depuis  par  la  collection  bien  connue  du  docteur  Audry, 
secrétaire-général  de  la  Société  d'horticulture  de  la  Seine.  ÎNe  pouvant 
énuméi'cr  les  nombreuses  espèces  qui  y  sont  réunies,  nous  nous  borne- 
rons à  citer  les  Echinocactus  acanthodes,  Haynii,  Williomsii,  Cumingii, 
Saglionis,  triboldcnnthus  ;  Ecliinopsis  obliqua,  cinnabarina  ;  Melocactus 
pentacanthus,  Hystrix;  Mamillaria  vberimamma ,  Brongniurtiana,  dœ- 
dalea;  Pilocereus  Columna,  glaueescens.  Comètes,  Pfeifferi,  Chrysomalus  ; 
Cereus  euphorbioides,  Forbesii,  Dumortieri,  heteromorphiis,  Hermantiamis, 
pentaëdropliorus,  gilvus,  conicus,  etc.,  remarquables,  soit  par  leur  rareté, 
soit  par  les  dimensions  cl  la  force  des  sujets.  Sur  deux  individus  de  la  der- 
nière espèce  citée,  M,  Germain  de  Saint-Pierre  a  constaté  un  phénomène 
intéressant  de  dédoublement.  A  lafamilledes  Cactées  sont  joints  des  Aloë^ 
des  Agave,  des  Euphorbes  cactiformes,  des  Ficoïdes  et  des  Sempervivum, 
constituant  l'ensemble  des  végétaux  appelés  vulgairement /^/an^es  grasses. 

A  l'extrémité  de  ce  terrain  et  un  peu  plus  bas,  se  trouve  un  second 
jardin,  plus  grand  du  double  et  contenant  la  suite  de  ces  précieuses  col- 
lections. Enfin  l'établissement  est  complète  par  six  grandes  serres,  dont 
une  spéciaicmeat  affectée  aux  Cactées,  une  pour  les  Camellia,  une  serre 
chaude,  deux  serres  froides  et  une  orangerie.  C'est  dans  la  serre  chaude  que 
la  Société  a  pu  voir  un  Musa  paradisiaca  ayant  porté  cinq  régimes  depuis 
un  an,  et  deux  pieds  de  liougainvillea  spectabilis  couvrant  une  muraille 
de  15  mètres  de  long  sur  6  de  haut. 

Dans  les  jardins,  nous  avons  remarqué  aussi  la  riche  végétation  de  l'Acan- 
thus  mollis,  qui  semble  y  venir  spontanément,  et  un  très  beau  pied  de 
Nicotiana  glauca,  qui  croit  eu  pleine  terre,  comme  sous  le  ciel  de  l'Amé- 
rique du  sud. 

M.  Doumet,  héritier  direct  d'Adanson  et  neveu  du  comte  de  Eaccpède, 
a  su  faire  un  noble  et  utile  emploi  de  sa  fortune.  Tout  en  satisfaisant  ses 
goûts  personnels,  il  contribue  au  progrès  de  la  science  et  s'efforce  d'instruire 
ses  concitoyens  en  les  faisant  jouir  libéralement  des  richesses  scientiliciucs 
(lu'il  a  réunies.  Chacjue  dimanche,  pendant  toute  l'année,  ses  galeries  et  ses 


SE.-^SION    KXTRAORUINAIHK    A    MOiNTI'KLLIKU    IN    JL'IN    1857.         587 

jardins  sont  ouverts  à  tout  le  niondo;  les  ctiangers  y  sont  admis  tons  les 
jours.  Sa  bibliothèque,  de  ^lOOO  volumes,  eomposée  en  tnajeuie  partie  de 
livres  d'histoire  naturelle,  est  également  à  la  disposition  de  ceux  qui  veulent 
travailler;  et  chaque  jour,  des  observations  niétéorologicines,  horticoles  et 
botaniques,  sont  faites  sous  sa  direction  dans  ses  jardins. 

Ajoutons  que  M.  Doumet  a  eu  le  bonheur  de  trouverdans  son  fds  un 
aide  intelligent  et  dévoué  à  la  tAche  qu'il  a  entreprise.  M.  Napoléon  IJoumet 
est  digne  de  continuer  et  de  compléter  un  jour  l'œuvre  de  son  père.  Nous 
en  avons  vu  la  preuve  dans  l'empressement  bienveillant  qu'il  a  mis  à  nous 
faire  avec  lui  les  honneurs  de  ses  collections,  et  dans  les  intéressantes  expli- 
cations qu'il  nous  a  données.  C'est  à  son  obligeance  (jue  nous  devons  une 
grande  partie  des  renseignements  contenus  dans  la  notice  qu'on  vient  de 
lire. 


SKAWCE  DV  t3  JITIM  1857. 

PRÉSIDENCE   DE   M.    PIERRE   DE   TCHIHATCHEF. 

La  séance  est  ouverte  à  neuf  heures  du  matin. 

M.  Eugène  Fournier,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal 
de  la  séance  du  10  juin,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance,  M.  le 
Président  proclame  l'admission  de  : 

MM.  ViGiNEix  (Guillaume),  rue  de  la  Harpe,  ^9,  à  Paris,  présenté 

par  MM.  le  comte  Jaubert  et  deSchœnefeld. 
Zanétidès  (Panagiotès),  étudiant  en  médecine,  de  Césarée  en 

Cappadoce,  actuellement  à.  Montpellier,  rue  du  Vestiaire,  10, 

présenté  par  MM.  de  Tchihatchef  et  Martins. 
Marcellin  (Augustin),  étudiant  en  médecine,  place  du  Palais, 

3,  à  Montpellier,  présenté  par  MM.  Planchon  et  3Iaillard. 
Martin  (Antoine-Bernardin),  docteur  en  médecine,  à  Aumes- 

sas,  près  Le  Vigan  (Gard),  présenté  par  MM.  J.  Gay  et  de 

Schœnefeld. 
TvvEZKiEwicz  (Diomède),  docteur  en    médecine,  au  Vigan 

(Gard),  présenté  par  MM.  J.  Gay  et  de  Schœnefeld. 

M.  le  Président  annonce  en  outre  ciiuj  nouvelles  présentations. 
Des  échantillons  remarquables  de  céréales,  présentés  à  la  Société 


588  SOCIÉTÉ    ROTANIQUE    DF.    FRANCK. 

\yàv  iM,  II('lrn,  liorliculUnir  à  Tandon  près  Monlpollior.  sont  doposrs 
sur  le  bureau. 

M.  Fournier,  secrétaire,  annonce  qu'il  a  reçu  de  M.  Barrandon,  de 
Montpellier,  des  écliantillons  de  Brassica  liumilis  DC,  pour  être 
distribués  à  quelques  membres  de  la  Société  (1). 

M.  J.-E.  Planchon,  vice-président,  rend  compte  de  l'herborisation 
faite  le  9  juin,  au  Pic  de  Saint-Loup  : 

RAPPORT  DE  M.  J.-E.  Pl.lMEHOX  SUR  L'HEUBOP.IS.\TION  DIRIGÉE  PAR  LUI, 
LE  9  JUIN,  AU  PIC  DE  SAINT-LOUP. 

Le  Pic  de  Saint-Loup,  Mons  Lupi  des  anciens  botanistes,  s'élève  au  nord 
de  Montpellier,  à  la  distance  d'environ  18  kilomètres  en  ligne  directe.  Ce 
n'est  pas,  comme  semblerait  l'indiquer  le  nom  de  pic,  un  mamelon  isolé, 
mais  un  chainon  de  montagnes  a  crête  très  accidentée,  qui  se  dirige  de 
l'est  à  l'ouest  sur  une  étendue  approximative  de  18500  mètres.  Il  est  divisé 
dans  sa  longueur  en  deux  croupes  très  inégales,  dont  la  plus  haute,  formant 
le  principal  massif  de  la  montagne,  s'élève  à  659  mètres  au-dessus  du 
niveau  de  la  mer.  Le  versant  méridional  de  la  chaîne  s'abaisse  par  des 
pentes  plus  ou  moins  roides,  à  l'ouest  jusqu'à  la  petite  plaine  de  Cazevielle, 
portion  orientale  du  plateau  montueux  de  Viols;  à  l'est  jusqu'au  vallon  de 
Mortiès,  ilôt  de  terrain  de  lias  enclavé  dans  un  cercle  de  marnes  supralia- 
siques  qui  se  font  remarquer  de  loin  par  leur  teinte  gris  de  plomb  et  leur 
surface  profondément  ravinée.  Le  versant  nord,  presque  partout  inacces- 
sible, dresse,  au-dessus  des  talus  rapides  de  sa  base,  un  rempart  continu  de 
rochers  à  pie,  dominant  vers  l'ouest  le  bassin  fluvio-lacustre  (calcaire  ter- 
tiaire d'eau  douce)  du  Mas  de  Londres;  vers  l'est,  le  bas-fond  néocomien, 
qui  s'étend  entre  le  Saint-Loup  et  l'Ortus.  Cette  dernière  montagne,  bien 
moins  haute  que  le  Saint-Loup,  lui  présente  presque  en  ligne  parallèle  la 
corniche  abrupte  ([ui  forme  sa  crête.  Klle  semble  s'en  être  séparée  par  un 
déchirement  violent;  mais  ici  l'apparence  est  trompeuse,  car  la  masse  du 
Saint-Loup  appartient  à  la  formation  jurassique  (étage  oxlbrdien),  et  celle 
de  l'Ortus  a  la  formation  crétacée  (étage  néocomien). 

Malgré  sa  faible  hauteur  absolue,  le  Pic  de  Saint-Loup  joue  un  peu  la 
grande  montagne.  Yu  de  Montpellier,  il  forme  le  trait  saillant  de  cette 
vaste  ceinture  montueuse  qui  s'étend  de  l'ouest  à  l'est  par  le  noid,  com- 
prenant dans  son  horizon  visible  les  collinesde  laGardiole,  les  crêtes  dénu- 

(1)  M.  Barrandon,  prévoyant  que  la  Socit'U;  ne  pourrait  roncontrer  code  iiité- 
ressanlo  cspôce  dans  le  cours  de  .ses  excursions,  avait  eu  ro!)ii;;eaaco  d'aller  la 
recueillir,  à  une  lieue  au  delà  du  Pic  de  .Sainl-ÎAHip,  avec  Pinicnlion  ex|uessp  de 
lui  en  olTrir  des  échantillons. 


SKSSION    KXTKAOltDINAIl'.K    A    MONTl'KI.IJKi;    ICN    .lUIN    1857.         58'.» 

dcos  de  la  Srraiu',  la  lif^iic  uniforme  tlu  bois  de  Valèiic,  les  cimes  lonjiînnps 
neigeuses  des  CéveiHics.el  souvent,  perdus  da:;s  If  lointain,  les  PyrtMiees,  le 
Mont-Ventoux  et  les  Alpes  dauphinoises. 

Place  presque  au  premier  plan  de  ce  tableau,  le  Saint-Loup  s'y  dresse 
lièrement  comme  un  avant-poste  des  basses  Cévennes,  et  ferme  de  ce  côté 
la  région  traditionnellement  considérée  comme  siège  de  la  dore  locale  de 
Montpellier.  Sa  végétation  est,  du  reste,  tout  à  lait  méditerranéenne.  Le 
Chêne-vert  et  le  Thym  y  croissent  dans  les  rocailles;  le  Laurier  des  poètes 
[Laurus  nobilis)  y  trouve  asile  dans  un  recoin  inaccessible  de  la  crête,  non 
loin  du  sommet,  et  quoique  la  plaine  (|ue  surplombe  le  versant  nord  du 
Saint- Loup  soit  plus  froide  (pie  les  pentes  exposées  au  sud  des  basses  Cé- 
vennes, elle  présente  néanmoins  comme  elles  un  caractère  méridional. 

Du  reste,  la  variété  des  expositions,  la  diversité  des  terrains  qui  se  grou- 
pent autour  du  Saint-Loup,  tout  concourt  à  donner  a  cette  montagne,  en  y 
joignant  les  plaines  et  les  collines  adjacentes,  une  végétation  des  plus  riches. 
C'est  là  ce  qui  lui  a  fait  une  réputation  séculaire  dans  les  fastes  de  l'herbori- 
sation. Kn  y  conduisant,  le  9  juin  1857,  la  vaillante  caravane  de  la  Sociélé 
botanique,  nous  étions  heureux  de  fouler  les  traces  de  Lobel,  de  Clusius,  de 
Richer  de  Belleval,  de  Magnol,  de  Sauvages,  deGouan,  de  De  Candolle,  de 
Delile  et  de  Dunal,  glorieux  éclaireurs  de  cette  classique  région. 

Deux  grandes  routes  conduisent  de  Montpellier  au  voisinage  du  Pic  de 
Saint-Loup  :  celle  de  Gaiiges  à  l'ouest  et  celle  de  Quissac  a  l'est.  On  quitle 
la  première  au  plateau  de  Viols,  pour  suivre  a  pied  la  pente  méridionale 
du  mont.  C'est  le  sentier  battu  des  gens  du  monde.  La  seconde  permet 
d'aller  en  voiture  jusqu'à  Tréviès.  Là  commence  l'ascension  pédestre.  On 
peut  la  faire  de  deux  façons  :  en  suivant  un  sentier  qui  rampe  par  degrés 
sur  le  flanc  méridional  du  mont,  ou  bien  en  gravissant,  a  travers  les  blocs 
de  rochers  et  les  broussailles,  la  crête  orientale  de  la  chaîne.  Pour  accomplir 
cette  dernière  escalade  ,  les  vétérans  de  notre  troupe  retrouvent  leurs 
jambes  de  vingt  ans. 

Partis  en  voiture  de  Montpellier,  à  deux  heures  et  demie  du  matin,  nous 
sommes  arrivés  à  Tréviès  à  cinq  heures.  Aussitôt  l'avant-garde  se  dirige  vers 
le  château  de  Montférand,  ruine  pittoresque  qui  couronne  la  petite  croupe 
orientale  du  Saint-Loup.  C'était  autrefois  un  château-fort  appartenant  aux 
évêques  de  Maguelonne.  Il  n'en  reste  aujourd'hui  que  des  pans  de  mur, 
des  tours  démolies,  des  décombres  amoncelés.  Pour  arriver  à  ces  ruines, 
nous  traversons  le  petit  village  de  Saint-Mathieu  de  Tréviès,  situé  dans  le 
terrain  lacustre  (calcaire  tertiaire  d'eau  douce);  et  bientôt,  sur  ce  terrain 
spécial,  deux  plantes  attirent  notre  attention.  L'une  est  VA&tragalus  inca- 
nus,  que  découvre  l'œil  exercé  de  M.  Cosson.  C'est  une  espèce  rare  pc  ur 
Montpellier,  où  nous  ne  la  connaissions  encore  que  dans  le  voisinage 
d'Assas,  également  sur  le  calcaire  d'eau  douce.   L'autre  plante  est  le  Cneo- 


500  SOCIÉTÉ  BOT.vMnrK  DE  Franck. 

l'ion  tricoccon.  Très  commun  sur  la  chaîne  de  Gardiole  et  sur  la  montaiine 
de  Celte  (terrain  oxfordien,  oolilhes,  doiomies),  cet  arbuste  ne  se  retrouve 
ensuite  dans  nos  environs  que  près  de  la  montagne  de  IMounlé,  non  loin  de 
Tréviès,  et  dans  la  localité  nouvelle  que  nous  venons  de  signaler.  On  sait 
qu'il  végète  en  abondance  dans  les  rocailles  néocomiennes  de  la  Clape,  près 
de  Narbonne,  preuve  qu'il  n'a  pas  de  préférence  exclusive  pour  une  seule 
formation  calcaire. 

Sur  les  ruines  de  Montférand,  à  /i69  mètres  d'altitude,  on  rencontre 
déjà,  comme  des  sentinelles  avancées,  quelques  plantes  de  la  haute  crête 
du  Saint^Loup.  Tels  sont,  par  exemple,  le  Saxifraga  pubescens,  le  Silène 
Saxifraga  et  VAli/ssiim  spinosiim. 

Descendus  de  Montférand,  nous  franchissons  rapidement  la  dépression 
qui  sépare  les  deux  croupes  du  Saint-Loup.  Il  s'agit  d'aborder  la  plus  haute 
par  sa  crête  orientale.  Hic  opus,  hic  labor  est.  C'est  une  véritable  prise 
d'assaut.  On  s'élance  intrépidement  à  la  conquête  des  plantes.  Ici,  c'est  V Hie- 
racium  stelligervm,  rarissime  espèce  que  nous  retrouverons  plus  abondante 
et  plus  accessible  à  Saiiit-Guilhem-du-Désert;  elle  croit  mêlée  à  V Hiera- 
ciian  amplexicaide,  ei  à  des  formes  pour  nous  ambiguës  de  VHiernciurn 
murorwn.  Là,  ce  sont  des  touffes  de  V Erodium  petrœum,  petit  sous-nr- 
busle  a  feuilles  n^.usquécs,  à  grandes  fleurs  roses,  délicates  et  trop  fugaces: 
la  plante  est  spéciale  au  Saint-I.oup,  dans  la  région  de  Montpellier.  Çà  et 
là,  sur  les  rochers,  on  cueille  V Alsine  mucronata  Dans  les  crevasses  om- 
bragées, quelques  pieds  de  EeUadone  semblent  rappeler  que  ces  roches  dé- 
nudées ont  été  autrefois  couvertes  d'une  végétation  touffue.  Partout  s'éta- 
lent sur  le  roc  grisâtre  les  brillantes  touffes  roses  du  Saponaria  ocymoides; 
le  Hibcs  alpinum  fleurit  obscurément  dans  les  crevasses;  le  Saxifraga 
pubescens  forme  des  coussins  bombés  sur  le  flanc  des  précipices,  où  la  Fé- 
rule [Fer7(la  glauca),  le  Lis  Martagon  (très  rare),  le  Ccrasus  Mahaleb, 
VAmelanchier  vulgaris,  le  Coronilla  Emerus,  semblent  fuir  à  dessein  les 
atteintes  du  botaniste. 

Knfin,  après  deux  heures  d'ascension,  nous  somn»es  tous  réunis  au  som- 
met du  pic,  autour  la  chapelle  de  l'ermite  et  du  signal  de  Cassini.  Il  est 
dix  heures:  un  soleil  trop  vif  diminue  l'effet,  encore  admirable,  du  tableau 
qui  se  déroule  à  nos  regards.  On  cueille  au  bord  du  puits  de  la  chapelle 
le  Ilumex  scutatus,  et  près  de  la  tour  du  Signal,  quelques  branches  du 
li/iamnus  alpinm. 

k  onze  heures  commence  la  descente.  Elle  s'opère  rapidement  et  sans 
fatigue  par  le  sentier  qui  se  rend  à  la  ferme  de  Cazevielle.  Rien  de  bien 
remarquable  sur  la  route,  au  moins  pour  des  botanistes  méridionaux. 
M.  Timbal-Lagrave  y  retrouve  son  Lotus  Delorti  de  Narboinie,  que  nous 
confondions  jusciu'a  présent  avec  le  Lotus  corniculatus. 

La  petite  plaine  de  Cazevielle  est  au  pied  du  versant  méridional  du  Pic  de 


Si:SSlON    KXTKAOnhINAlUI-:    A    MONTPKLLIKIÎ    KN    JUIN    4S57.         591 

Saiiit-Loiip.  Les  plantes  iiiU'i'cssantt's  nous  appollenl  de  l'autre  eôtédu  pic, 
dans  le  bassin  de  calcaire  deau  douce  du  Mas  de  Londres. 

Partis  de  la  ferme  de  ïouirièiT,  nous  franchissons  la  crête  du  pic  (assez 
basse  en  cet  endroit)  par  le  col  du  même  nom,  en  laissant  sur  la  droite  une 
tour  carrée  qui  nous  explique  le  mot  tourric7-e.  Sur  les  rochers  se  présente 
assez  fréquemment  le  Linaria  supina,  connu  des  botanistes  de  Montpel- 
lier sous  le  nom  de  Violette  de  Saint-Loup.  Sa  fleur,  en  effet,  exbaie 
l'arôme  de  la  violette;  ailleurs  elle  est  presque  toujours  inodore,  sans  que 
cette  diversité  s'accompagne  d'aucune  différence  appréciable  dans  les 
caractères.  Avis  à  ceux  qui  séparent  comme  espèces  VOrchis  fragrans  et 
I  '  Orc/i  is  coriophora . 

On  descend  du  col  de  Tourrière  dans  le  bas-fond  du  Mas  de  Londres,  par 
un  chemin  en  zigzag  qui  serpente  entre  les  rochers.  C'est  là  que  nous 
allons  cueillir  au  premier  printemps  VArabis  verna. 

Plus  bas,  dans  les  argiles  lacustres,  une  moisson  nouvelle  se  présente  aux 
botanistes.  C'est  ici  par  excellence  la  région  des  Lins.  Le  Linum  salso- 
/oec?<?s  y  prédomine,  étalant  partout  ses  fleurs  blanches,  lavées  de  rose.  A 
côté  viennent  !e  Linum  campanulatum,  aux  grandes  corolles  jaunes  ;  le 
Linum  narbonense^  aux  fleurs  d'uu  bleu  si  pur  et  si  vif;  le  Linum  tenui- 
folium,  qui  ressemble  par  les  fleurs  au  Linum  salsoloides.  Une  autre  plante 
à  citer  est  le  Carduncelhts  3hnspeliensium,  qui  se  retrouve  plus  près  de 
Montpellier,  dans  les  argiles  du  terrain  lacustre  deGrabels. 

Les  plus  intrépides  d'entre  nous  vont  chercher  sur  le  versant  du  Saint- 
Loup  le  Pœonia  peregrina,  dont  les  fleurs  sont  depuis  longtemps  passées  , 
mais  qui  présente  encore  dans  ses  fruits  deux  variétés  remarquables  :  l'une 
à  carpelles  parfaitement  glabres,  l'autre  à  carpelles  %eloutés. 

La  saison  est  Irop  avancée  pour  aller  cueillir,  près  du  moulin  du  Renard, 
dans  les  argiles  du  terrain  lacustre,  le  Diplotaxis  humilis  Gven.  et  Godr. 
{Brassica  hwnilis  DC).  Cette  singulière  espèce,  d'abord  connue  en  ce  seul 
endroit,  a  été  retrouvée  récemment  sur  le  Causse  de  Blandas,  près  de 
Montdardier  (Gard),  par  notre  ami,  le  docteur  Diomede  Twezkiewicz,  et 
nous  croyons  aussi  dans  une  localité  d'Espagne,  par  M.  le  docteur  Bubani. 

Au  Mas  de  Londres  nous  sommes  déjcà  dans  les  terrains  cultivés,  et  l'in- 
térêt de  l'herborisation  s'affaiblit,  bien  qu'il  y  ait  encore  à  glaner  dans  les 
friches  et  les  prairies  des  environs.  Mais  on  a  marché  dix  heures  de  suite, 
les  boites  sont  pleines,  et  nous  sommes  charmés  d'atteindre  Saint-iMarlin 
de  Londres,  d'où  les  voitures  nous  ramènent  à  Montpellier  en  deux  heures 
et  demie. 


M.  J.  Gay  déclare  que  les  trois  échantillons  d' Ilieracmm  qui  lui 
ont  été  j)résenlés  au  retour  du  Pic  de  Saint-Loup  doivent  être  rap* 


5y2  SOCIKTÉ    HOTANIQLI!;    DK    ir,.\>CE. 

portés  à  VU.  ainplo.x'icanlc ^  tandis  (ju'il  a  reconmi  !a  piaule  do 
Saint-Giiilliein  pour  17/.  nLdl'ujerwni. 

M.  E.  Planchon  dit  avoir  récolté,  il  y  a  deux  ans,  le  véritable 
H.  stell'ujerum  au  Pic  de  Saint-Loup.  On  y  trouve  aussi  une  forme 
intermédiaire  entre  \q.%H.  stelligerum  et  murorum. 

M.  Martins  dit  qu'il  a  cueilli  avec  M.  (todron  V H.  stelligerum  à 
Saint-Guilliem.  L'identité  de  l'espèce  cultivée  au  Jardin  des  plantes 
de  Montpellier  a  été  reconnue  par  M.  Jordan. 

M.  de  la  Perraudière  ajoute  que  Y  H.  stelligerum  du  Pic  de  Saint- 
Loup,  croissant  dans  des  l'entes  de  rochers  très  difliciles  à  gravir, 
est  presque  inaccessible  aux  botanistes. 

M.  le  docteur  Touchy  rend  compte  de  l'herborisation  faite  le  10 
juin  aux  bois  de  la  Moure  et  au  Port-Juvénal  : 

r.AI'l'ORT  DE  M.  le  II"-  TOLXHY  SUR  L'HERBORISATION  FAITE,  LE  10  JUIN,  AUX  BOIS  DE 
LA  MOURE  ET  AU  PORT  JUVÉNAL,   ET  DIRIGÉE  PAR  MM.  CHATIN  ET  TOUCIIV. 

iléimis  sur  la  place  du  théâtre,  à  six  heures  du  matin,  nous  avons  pris, 
à  l'est  de  la  ville,  la  route  de  Mauguio.  En  traversant  le  Lez,  on  a  remarqué 
s;n-  les  deux  rives  le  Nasturtium  variifolium  (bonne  espèce  et  non  variété 
du  iV.  taiiphibiuin)  et,  dans  l'eau,  le  Jussiœa  graadiflora,  plante  de  l'Amé- 
ri(|ue  du  nord,  aujourd'hui  telieiTieat  naturalisée  dans  le  Lez  qu'elle  nuit  à 
la  navigation.  Klle  fleurit  abondamment  vers  la  lin  de  l'été,  mais  ne  fructifie 
jamais;  elle  existait  déjà  dans  la  rivière  en  mai  iS08,  époque  ou  elle  y  l'ut 
observée  par  De  Candolle  en  présence  même  de  l'auteur  de  ce  rapport.  Les 
deux  rives  du  Lez  sont  coupées  daus  un  sol  sablonneux,  appartenant  au 
terrain  tertiaire  tluviatile  supérieur,  ainsi  que  le  prouvent  les  mollusques 
lluviatiles  et  terrestres  a  demi  fossile,^,  mis  à  jour  sur  toutes  les  berges. 

Parvenus  à  la  Campagne- Limousin,  à  U  kilomètres  de  Montpellier,  nous 
avons  laissé  à  droite  les  tertres  de  Gramonl  et  observé  a  gauche  la  belle 
plaine  de  iMauguio,  couverte  de  vignes  et  de  moissons;  cette  partie  de  la 
route  nous  a  présenté  quelques  plantes,  \ç.  Lyciwn  barbaruin,  le  Convolvidus 
intermedius  Lois.,  toujours  stérile,  liybride  des  C.  Cantabrica  eilineatus. 

Au  delà  de  la  Plauchude,  le  sol  se  relève  et  change  de  nature;  nous 
arrivons  sur  le  terrain  quaternaire  (diluvium  alpin)  formé  de  galets  arrondis, 
Ihnialiles,  presijue  tous  siliceux,  dont  lorigine  ist  encore  un  problème 
pour  les  géologues.  C'est  a  la  nature  de  ce  terrain  que  parait  due  la  (jualité 
du  vin  de  Saint  Georges,  (pialité  qui  se  retrouve  a  peu  près  partout  où  le 
sol  est^le  même.  Nous  avons  observé  en  grand  nondjre  les  Cistus  vious/m;- 
ticnsis,  C.  salvifolius,  Spartiinn  juiœeum,  Lavandtdo.  Stœchab  et  quantité 
d'autres  plantes. 


SESSION    KVTRAOnniNAinK    A    MOM  l'KLl.li;!!    KN    .((IIN     1857.  593 

r;irvei)iis  aux  bois  de  la  Moiiro  (l),  sur  If  point  le  i)lus  rUM  r,  qui  s'avancn 
comme  une  prcsqu'ile  sur  le  sol  Icrlinii-e  de  la  plaine  de  MauL;uio,  nous 
avons  pu  jouir  du  plus  bel  horizon.  Au  nord,  s'élèvent  les  hautes  montagnes 
del'Espérou  (Cévennes)  à  une  distance  de  100  kilomètres  environ  (terrains 
primitifs  oi;  de  transition)  ;  plus  bas,  le  î'ie  de  Saint-Loup,  la  Si'raiie, 
rOrtus  (terrains  secondait  es);  plus  près  encore,  divers  tertres  teitiaires  (lu- 
viatiles  ou  marins;  le  terrain  quaternaire  est  sous  nos  pieds.  Au  sud,  nous 
apercevons  une  vaste  plaine  d'alluvion,  la  zone  des  étangs  visible  depuis 
Aigues-Morles  jusqu'à  Cette;  enfin  la  plage  de  la  xMéditeiranée,  formée  de 
matériaux  de  toute  sorLe  transportés  par  le  Rhône,  du  test  des  mollusfiucs 
et  du  travertin  marin,  le  tout  noyé  dans  un  sable  lin  et  mobile. 

Lesdeu.x  bois  de  la  Moure,  séparés  par  un  abaissement,  nous  ont  fourni 
beaucoup  de  plantes  :  Géranium  samjuineum^  Aira  cctryophyllea,  Airopsis 
rjlubosa,  Jasione  moniana,  nombre  de  Medicago,  Trifoiiuui.,  etc.;  nous  étions 
alors  à  G  ou  7  kilomètres  de  Montpellier. 

Au  retour,  nous  avons  parcouru  le  bois  dit  de  Gramont,  parce  qu'il  est 
placé  près  du  château  de  ce  nom,  mais  qui  s'appelle  en  réalite  bois  de  Flo- 
gergues.  La  coupe  ayant  été  faite  ily  a  un  an,  la  récolte  de  plantes  (surtout 
annuelles)  est  on  ne  peut  plus  abondante.  Nous  trouvons  les  Linaria  Pelli- 
ceriana,  Trifoliumscabrum,  T.  arvense,  T.  hirtwn,  T.  glomemtwn,  T.  suf- 
focatum,  Fumariaspicala,  nombre  de  Medicago,  Hieracium  sabaudum,  H. 
cymosum,  plusieurs  Orobanches,  etc. 

Après  avoir  retraversé  le  Lez,  et  avant  de  rentrer  à  Montpellier  (où 
nous  sommes  arrivés  vers  une  heure),  nous  avons  eu  soin  de  visiter  lePort- 
Juvénal,  cette  localité  classique  et  si  chère  aux  botanistes.  C'est  là  que,  sur 
un  sol  uni,  divisé  en  parallélogrammes  limités  par  des  pi(|uets  et  des  bandes 
de  toile  grossière  et  recouverts  de  galets  calcaires  tirés  de  la  rivière  voisine, 
sont  préparées,  à  l'air  libre,  des  laines  qui  proviennent  de  toutes  les  parties 
du  monde.  Ce  lieu  ne  cesse  de  fournir  un  grand  nombre  de  plantes  exotiques, 
dont  la  végétation  est  favorisée  par  la  haute  température  que  consei'vent 
les  galets  échauffés  par  le  soleil.  Il  a  été  l'objet  des  recherches  de  De  Can- 
dolle,  de  Delile  et  en  particulier  de  celles  du  rédacteur  de  ces  lignes,  depuis 
sa  jeunesse.  Les  laines  importées  par  le  commerce,  après  avoir  été  épluchées 
à  la  main,  sont  lavées  à  l'eau  bouillante,  puis  à  l'eau  froide  et  courante. 
Elles  sont  étendues  à  plusieurs  reprises  sur  les  galets,  dans  les  parallélo- 
grammes dont  nous  avons  parlé,  et  recouvertes  par  de  grands  filets.  Les 
graines  qui  s'y  trouvent  mêlées  se  détachent,  tombent  entre  les  galets  et 
germent  assez  souvent.  Les  plantes  croissent  ^  on  les  détruit  (juclquefois 
pour  nettoyer  le  sol,  mais  cette  destruction  même  est  favorable  au  dévelop- 
pement de  nouveaux  individus. 

(1)  La  Meure,  en  patois  languedocien,  signifie  la  bien-aimée. 

T.   IV.  38 


59/i  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

On  pout  diviseï'  en  trois  catégories  les  plantes  exotiques  (|ui  croissent  au 
Port-Juvénal.  Les  unes  sont  transitoires,  ne  paraissent  que  de  temps  à 
aulre  ou  ne  reparaissent  pas;  ces  espèces  semblent  se  renouveler  chaque 
année.  D'autres  sont  comme  acclimatées  et  se  montrent  depuis  un  grand 
nombre  d'années.  D'autres,  enfin,  se  sont  propagées  et  naturalisées  dans  le 
pays,  dont  elles  ont  eni'ichi  la   flore. 

Les  premières  (espèces  transitoires)  appartiennent  surtout  aux  genres 
Trigonella,  Medicago,  Ttifoliiim,  Enarthrocarpus ,  Dij)lotaxis,  Si7}apis, 
Hapistrum,  Aira,  Briza^  /Jromus,  Festuco.^  Vulpia,  etc. 

Parmi  les  secondes  (espèces  acclimatées),  on  remarque  les  Centaurea  ibe- 
riciLyC.  diffusa^  Verbascumcmpidatum,  V.  mucronatum,  yEgilops  cylin- 
drica,  yE.  venir icosa,  etc. 

Dans  le  troisième  groupe  (espèces  naturalisées),  on  doit  citer  \e9,Vet'basctim 
sinipk'X,  r.  phlomoides^  V.  australe,  Onopordon  virens,  etc.  Nous  regar- 
dons même  le  Jusiiœa  grandiflora  et  le  Nasturtiam  variifoUum  comme 
provenant  du  lavage  des  laines.  Ces  deux  plantes  sont  locales,  elles  ne 
remontent  pas  le  Lez  à  plus  de  300  mètres  au-dessus  du  lieu  de  prépara- 
tion ;  en  aval  elles  ont  suivi  la  rivière  et  se  sont  répandues  par  les  inonda- 
tions ;  mais,  dans  les  affluents  inférieurs  du  Lez,  elles  sont  limitées  à  peu  de 
distance  des  points  de  jonction  de  ces  affluents  avec  la  rivière. 

31.  Durieu  de  Maisonneiive,  vice-président,  fait  à  ka  Société  les 
communications  suivantes  : 

NOTICES  DE  M.  Dl'KIEL^  DE  MAISOWXEl'VE. 

\.  Sur  un  nouveau  C/iampignon  du  genre  Cenococcwn.  — Un  Champignon 
nouveau,  ou  supposé  tel,  n'est  plus  un  fait  qui  mérite  de  fixer  l'attention  des 
botanistes  ;  car,  depuis  les  belles  découvertes  de  M,  Tulasne,  c'est  au  con- 
traire vers  la  réduction  des  espèces,  vers  la  réunion  à  un  même  type  spéci- 
fique des  étals  divers  et  quelquefois  fort  dissemblables  sous  lesquels  se  mon- 
trent souvent  ces  curieux  végétaux,  que  doivent  tendre  désormais  les  études 
et  les  travaux  des  mycologues.  Aussi  me  serais-je  bien  gardé  de  présenter  à 
la  Société  le  petit  Champignon  bypogé  que  j'ai  l'honneur  de  mettre  sous  ses 
yeux,  et  que  je  crois  encore  inconnu,  si  le  fait  même  de  sa  manière  de  croître, 
de  sou  parasitisme  sur  les  racines  des  jeunes  Pins,  ne  m'eût  semblé  assez 
remarquable  pour  être  signalé. 

Ainsi  qu'il  est  facile  de  le  reconnaître  au  premier  coup  d'œil,  ce  Champi- 
gnon appartient  au  genre  L'enococcinn.  Par  son  volume,  il  exagère  les  di- 
mensions ordinairement  assez  exiguës  des  espèces  jusqu'à  présent  décrites, 
si  toutefois  il  y  en  a  plus  d'une.  Voici  comment  je  fus  amené  à  sa  décou- 
verte. 

Le  2  n-ars  de  cette  année,  m'étant  rendu  dans  la  forêt  de  pins  de  la  Teste 


SESSION    KXTRAORDINAIHK    V    MONTPELLIER    EN    JUIN    1857.         595 

(Gironde)  pour  des  reclieichcs  d'un  autre  genre,  je  remarquai  dans  une 
clairière,  un  espace  à  peu  près  circulaire  où  tous  les  jeunes  Pins  [Pinvs 
Pinaster  Lamb.  ),  nés  dans  le  voisinage  des  grands,  éfaienl  jaunes,  racliif  iques, 
dans  un  état  d'appauvrissement  particulier.  J'eus  bientôt  reconnu  la  cause 
du  mal  :  elle  était  assez  évidente.  Toutes  les  racines  de  ces  jeunes  Pins, 
même  les  plus  ténues,  étaient  enveloppées  d'un  étui  épais  et  continu,  de  1  à 
2  centimètres  de  diamètre  et  au  delà,  formé  par  un  plexus  de  filaments 
bruns  qui  agglomèrent  et  fixent  dans  leur  épaisseur  le  sable  pur  de  ces  an- 
ciennes dunes.  De  nou)breux  peridlwn  de  Cenococcum  sont  nichés  dans  l'é- 
paisseur des  étuis. 

Je  ne  pus  découvrir  la  moindre  trace  du  parasite  sur  les  racines  des  vieux 
Pins  environnants  ;  il  semble  s'attacher  exclusivement  à  celles  des  très  jeunes 
individus,  et  nul  doute  que,  s'il  ne  les  tue  pas  complètement,  il  n'arrête  au 
moins  leur  développement  ultérieur  de  façon  à  les  empêcher  de  devenir  des 
arbres.  11  y  auiait  donc  un  fléau  de  plus  à  ajouter  à  la  liste,  hélas  !  toujours 
croissante,  de  ceux  qui  frappent  nos  végétaux  utiles,  si,  fort  heureusement, 
ce  Champignon  ne  paraissait  fort  rare.  Je  ne  dis  point  cela  parce  que  je  ne. 
l'ai  rencontré  qu'une  seule  fois  et  que  les  recherches  auxquelles  je  me  suis 
livré  n'ont  pu  me  faire  découvrir  dans  la  forêtde  la  Teste,  ou  ailleurs,  un  en- 
Viihissement  pareil  à  celui  dont  je  viens  de  parler,  mais  parce  que,  si  le 
Cenococcum  du  Pin  était  réellement  plus  fréquent  qu'il  ne  semble  l'être,  ses 
funestes  effets  auraient  dès  longtemps  frappé  les  sylviculteurs-,  le  Champi- 
gnon lui-même  n'aurait  pu  échappera  leur  examen,  et  ils  l'eussent  imman- 
quablement signalé. 

Je  ne  dirai  rien  sur  la  question  spécifique,  n'osant  point  me  hasarder  à 
la  résoudre  moi-même.  La  manière  de  croître  de  ce  Cenococcum,  bien  dif- 
férente de  celle  que  nous  connaissons  chez  le  C.  geop/dlum si  î^houdmûAans 
les  bois  à  terre  de  bruyère  des  environs  de  Paris,  le  développement  excessif 
de  son  mycélium,  ses  peridium  relativement  énormes',  plus  ou  moins  irré- 
guliers, souvent  même  lobés,   et  non  point  toujours  assez   régulièrement 
sphéiiques,  tout  semble  indiquer  une  espèce  particulière  et  bien  distincte. 
Désirant  utiliser  le  plus  avantageusement  possible  pour  la  science,  les  ma- 
tériaux que  j'ai  recueillis  et  que  j'ai  mis  tous  ici  sous  les  yeux  de  la  Société, 
je  les  ai  offerts  à  notre  excellent  confrère,  M.  Tulasne,  le  célèbre  mono- 
graphe des  Champignons  hypogés,  dans  l'espoir  qu'il  saura  peut-être  dé- 
couvrir àans  ces  peridium,  plus  volumineux  que  ceux  qui  ont  pu  être  étu- 
diés jusqu'ici,  des  faits  que  je  serais  sans  doute  inhabile  à  apercevoir  moi- 
même,  et  qui  permettraient  de  jeter  quelque  lumière  nouvelle  sur  un  genre 
dont  la  nature  reste  encore  fort  obscure,  même  après  les  beaux  travaux  des 
auteurs  du  savant  et  splcndide  livre  Fungi  Injpogœi.  Je  sais  déjà  ((ue 
M.  Tulasne  réserve  à  ce  Champignon  le  nom  parlaitement  juste  de  C.  pi- 
tijoctununi. 


596  SOCIÉTÉ   BOTANIQIE    DE    FRANCE. 

II.  Sur  le  parasitisme  du  Gui.  —  Tout  semble  dit  maintenant  sur  le  pa- 
rasitisme du  Gui.  [.a  liste  des  arbres  nuxciuels  il  s'attache,  d'abord  assez 
restreinte,  s'est  tellement  accrue  dansées  derniers  temps  par  les  apports  de 
nombreux  observateurs,  (ju'il  devient  à  peu  près  inutile,  je  crois,  de  cher- 
cher a  la  grossir  encore.  Nous  n'aurions  donc  plus  qu'à  nous  en  tenir  à  ce 
qu'écrivait  Endlicher,  il  y  a  plus  de  quinze  ans,  dans  un  passage  déjà  cité 
dans  notre  Bulletin,  à  savoir  que  «  le  Gui  ne  dcdaijïne  aucun  genre  d'arbres 
ou  d'arbrisseaux.  «Toutefois,  cette  assertion  de  l'illustre  botaniste  semble  trop 
absolue.  Un  sujet  de  recherches  plus  intéressant  peut-être  que  celui  d'un 
cas  nouveau  de  parasitisme,  serait  de  s'assurer  si  réellement  il  n'existe  pas 
de  végétal  ligneux,  parmi  nos  espèces  indigènes  ou  acclimatées,  sur  lequel 
le  Gui  refuserait  obstinément  de  s'implanter.  Rien  de  plus  facile  que  ce 
genre  d'observation,  tant  est  simple  le  procédé  par  lequel  on  obtient  la  ger- 
mination du  parasite  sur  les  écorces  vivantes.  On  saurait  bientôt  si  les  ar- 
bres à  suc  acre,  caustique  ou  vénéneux,  tels  par  exemple  que  le  Noyer,  le 
Figuier,  le  Ilhus  Toxicodendron,  etc.,  sont,  comme  on  peut  déjà  le  supposer 
impropres  à  nourrir  le  Gui.  Au  reste,  je  compte  m'occuper  de  ces  expé- 
riences aussitôt  que  je  serai  en  mesure  de  les  entreprendre  avec  fruit. 

Je  me  bâte  d'en  venir  à  la  communication  annoncée  et  à  l'appui  de  la- 
quelle je  dépose  sur  le  bureau  de  nombreux  échantillons.  Ce  n'est  encore, 
il  est  vrai,  qu'un  cas  nouveau  de  parasitisme  que  je  présente,  mais  ce  cas 
est  tel  qu'on  ne  peut  guère  supposer,  je  crois,  qu'il  en  existe  de  plus 
singulier  et  qui  puisse  arriver  plus  à  propos  pour  clore  la  liste  dont  je  par- 
lais à  l'instant. 

vjnipso  Lorantlio  eiwoi^seo  parasilicîtm  vivit  »,  avait  dit  Endlicher  en 
complétant  la  phrase  que  je  traduisais  plus  haut.  Ce  fait  me  fit  supposer  que, 
puisque  le  Gui  avait  été  vu  sur  le  Loranlhus,  il  pourrait  bien  aussi  se  mon- 
trer parasite  sur  lui-même.  .T'avais  sous  la  main  une  occasion  excellente 
d'observation  sur  uu  Peuplier  de  la  Caroline,  chargé  de  Gui,  que  je  faisais 
abattre  dans  l'ancien  Jardin  des  plantes  de  Bordeaux,  a  la  date  du  H  avril 
dernier.  Dès  le  premier  examen  auquel  je  melivrai  sur  les  plus  fortes  touffes 
de  l'arbuste,  je  reconnus  en  effet  le  Gui  semé  et  développé  sur  lui-même, 
en  nombre  prodigieux  d'individus  de  tous  les  âges,  depuis  les  germinations 
toutes  récentes  provenant  des  baies  qui  se  détachaient  journellement,  jus- 
qu'à des  pieds  aussi  forts  et  aussi  vigoureux  que  leur  support.  On  recon- 
naît toujours  à  coup  sûr  l'origine  de  ces  pieds  adultes,  en  ce  qu'ils  ne  sor- 
tent point  des  nœuds  ou  des  dichotomies,  mais  qu'on  les  voit  implantés  au 
hasard  sur  le  parcours  du  mérithalle,  partant  de  points  qui  ne  sauraient 
donner  naissance  à  des  rameaux. 

C'est  principalement  sur  les  vieux  individus  femelles  que  ce  double  para- 
sitisme se  montre  fréquemment.  Cela  se  conçoit,  car  les  baies  en  se  détachant 
s'agglutinent  nalurelleicenl   aux    lameaux   les  plus  voisins,  où  un  grand 


SESSION    EXTRAORniNAlRE   A   MONTPELLIER    EN    .M  IN    1857.         597 

nombi'C  ne  tarde  pas  à  germer.  Les  intlividiis  mules  ne  recevant  qu'acci- 
dentellement sur  leurs  branches  des  baies  échappées  des  pieds  femelles, 
présentent  bien  plus  rarement  le  double  parasitisme.  Aussi  les  vieux  indi- 
vidus femelles  paraissent-il,  en  général,  beaucoup  plus  ramifiés  que  les 
mâles.  Quelquefois  il  arrive  encore  que  des  pieds  femelles  sen)blent  donner 
naissance  ii  des  rameaux  de  Heurs  mâles  et  deviennent  ainsi  faussement  mo- 
noïques. 

III.  Sur  rOphiocjlossum  de  Lardy  et  du  cap  Ferret.  —  11  y  a  onze  ans,  le 
1^  juin  18^6,  MM.  Puel  et  Vigineix  découvraient,  non  loin  de  la  tour  de 
Poeancy,  près  Lardy  (Seine-et-Oise),  une  forme  extrêmement  remarquable 
d'Ophioglosse,  qui  peut  être  regardée  comme  une  des  plantes  les  plus  inté- 
ressantes de  la  flore  parisienne.  Les  botanistes  parisiens  ont  bien  été  de  cet 
avis  et  se  sont  vivement  préoccupés  de  cette  Jolie  découverte;  aussi  presque 
tous  les  ans  depuis  cette  époque,  dirigent-ils  des  excursions  publiques  ou 
particulières  vers  Lardy,  dans  le  but  principal  de  rechercher  cette  même 
Fougère,  laquelle,  d'ailleurs,  n'a  jamais  été  recueillie  qu'en  petite  quantité. 

Il  y  a  peu  de  jours,  le  26  mai  dernier,  dans  une  excursion  que  je  con- 
duisais aux  dunes  du  cap  Ferret  (Gironde),  entre  le  bassin  d'Arcachon  et  la 
mer,  j'eus  le  plaisir  de  retrouver  quelques  pieds  de  la  même  plante,  dans  une 
laite  iierbeuse,  inondée  l'hiver  et  encore  un  peu  marécageuse  en  été(l).  On 
nomme  dans  le  pays  /a//e.s,  lètes^  ou  Vedes,  car  on  n'est  d'accord  ni  sur  l'éty- 
mologie  ni  sur  l'orthographe  du  mot,  les  vallons  étroits,  souvent  très  frais, 
qui  séparent  les  dunes. 

J'ai  pensé  que  nos  confrères  parisiens,  accourus  à  Montpellier  en  si  grand 
nombre,  reveri-aientavec  quelque  intérêt  leur  petite  Fougère,  retrouvée  dans 
une  localité  nouvelle  et  bien  éloignée  du  rayon  de  leur  llore.  Aussi  me 
suis-je  muni  en  partant  des  échantillons  peu  nombreux  qui  me  sont  échus, 
dans  l'intention  de  les  faire  passer  sous  leurs  yeux. 

Cette  communication  n'avait  pas  d'abord  d'autre  objet.  Pourtant,  que  la 
Société  veuille  bien  me  permettre  de  profiter  de  l'heureuse  occasion  qui 
m'est  offerte,  et  d'accompagner  mou  exhibition  de  quelques  considérations 
rapides  et  superficielles  sur  cette  forme  singulière  et  vraiment  litigieuse. 

Plusieurs  de  nos  confrères  ont  cru  voir  dans  la  plante  de  Lardy  YO.  lusi- 
tunicum  L.  D'autres  botanistes,  plus  nombreux  je  crois,  ne  l'ont  considérée 
que  comme  une  forme  réduite  de  VO.  vulgatum.  Enfin,  certaines  personnes, 
n'osant  encore  formuler  une  opinion,  restent  dans  le  doute  ou  vont  même 
jusqu'à  supposer  la  possibilité  d'une  troisième  espèce. 

(J)  Viiigl-cinq  jours  plus  tard,  le  19  juin,  au  retour  de  la  session,  M.  Gay  et  moi 
retrouvions  i'Ophioglosse  dans  la  même  laite,  on  plus  grande  quanlilé,  mais  alors, 
comme  la  première  fois,  à  une  seule  et  unique  place,  où  nous  étions  arrivés  après 
trois  heures  de  recherches  inutiles. 


598  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

La  pinnto  de  Lardy  et  celle  des  laites  de  la  Gironde  appartiennent-elles 
réellement  à  VO.  lui^itanlcuml  Poui-  mon  compte,  je  n'hésite  pas  à  déclarer 
que  je  ne  le  crois  pas.  Et  pourtant  je  possède  des  échantillons  vigoureux 
d'O.  lusitanicttmwiù,  récoltés  à  la  Galle  au  1"  décembre,  dont  les  dimen- 
sions et  les  formes  sont  absolument  identiques  avec  l'échantillon,  de  Lardy 
que  je  dois  à  l'amitié  de  M.  le  docteur  Puel. 

Les  différences  organiques  que  je  pourrais  invoquer  à  l'appui  de  l'opinion 
que  J'avance  sont  trop  minimes  et  de  trop  peu  de  valeur  pour  que  je  m'y 
arrête.  Des  fi'ondes  constamment  plus  épaisses,  plus  opaques  dans  le  lu- 
sitanicwn,  un  réseau  principal  plus  serré,  a  mailles  plus  longues  et  plus 
étroites,  le  réseau  secondaire  nul  ou  non  visible,  par  suite  de  la  consistiince 
de  la  fronde;  voilà,  avec  quelques  autres  détails  non  moins  légers,  ce  que 
je  pourrais  faire  valoir  aujourd'liui  comme  caractères  différentiels. 

Mais,  d'autrepart,  peut-on  supposer  que  deux  plantes  dont  l'époque  de 
fructification  est  si  prodigieusement  différente  appartiennent  en  réalité  à  une 
même  espèce?  L'une  développe  sa  fructification  en  hiver,  l'autre  en  été, 
c'est-à-dire  à  une  demi-année  d'intervalle.  C'est  là  assurément  l'exemple  le 
plus  extrême  qui  se  puisse  citer  de  floraison  disjointe,  si  je  puis  hasarder 
cette  expression,  entre  deux  plantes  congénères  appartenant  à  une  même 
flore.  Une  telle  différence  me  semble  l'indice  certain  d'une  nature  intime 
différente,  laquelle  ne  se  traduit  peut-être  point  à  l'extérieur  par  des  carac- 
tères conventionnels  bien  tranchés,  mais  qui,  je  crois,  n'en  est  pas  moins 
réelle  et  n'en  conserve  pas  moins  aussi  une  incontestable  valeur. 

On  a  dit  que  l'extrême  précocité  de  VO.  lusitanicum  était  probablement 
due  aux  stations  maritimes  qu'il  affectionne.  iNLiis  jamais  l'influence  d'un 
climat  maritime  n'est  allée  jusqu'à  opérer  de  tels  contrastes  dans  un  même 
pays.  Une  différence  de  quinze  jours,  vingt  au  plus,  c'est  tout  ce  qu'il  est 
permis  de  supposer.  D'ailleurs,  on  ne  niera  point  que  le  petit  Ophioglosse  de 
la  côte  d'Aquitaine  n'appartienne  bien  à  une  localité  essentiellement  mari- 
time; et  pourtant  la  date  de  sa  fructification  dans  les  laites  peut  être  fixée  à 
la  mi-juin,  époque  ordinaire  de  la  fiuctilication  de  VO.  vulgatwn  dans  nos 
climats.  D'autre  part,  VO.  lusitanicum^  quand  par  hasard  il  se  montre  dans 
l'intérieur  des  terres,  y  reste  constanmient  hibernal  comme  aux  bords  de 
la  mer. 

Je  n'ai  pu  m'occuper  encore  de  l'examen  comparatif  des  spores,  mais  on 
sait  d'avance  qu'il  n'y  a  guère  à  espérer  d'éclaircissement  de  ce  côté,  car  il 
parait  que  dans  tout  le  groupe  des  Ophioglossées,  les  spores  sont  d'une 
grande  ressemblance  (1). 

(1)  Depuis  que  j'ai  eu  l'honneur  de  préscnlor  à  la  Société  TOphioglossc  du  cap 
rcrret,  j'ai  pu  procéder  à  i'cxainca  coinparalif  des  spores.  Gel  examen  m'a  oll'ci  t 
un  caraclèie  difrérciiliol  inespéré,  ijieii  faible,  j'en  conviens,  mais  assez  appréciable 


SFSSION    FATRAOUDINAniK    A    MONTPKLLIKR    i:N    .IlilN    1857.         500 

Je  n'ai  plus  (lu'uu  mot  a  dire  sur  la  l'oime  de  Lardy  et  des  laites  de  la 
Gironde. 

Évidemment,  il  n'y  a  pas  à  s'appuyer  sur  la  petitesse  relative  de  la  plante, 
sur  le  peu  de  largeur  que  présentent  ordinairement  ses  frondes,  pour  s'ef- 
forcer de  la  distinguer  de  VO.  vulgat/nn,  car  on  connaît  assez  l'extrême  va- 
riabilité des  frondes  chez  ce  dernier,  depuis  la  forme  largement  cordée 
jusqu'à  la  forme  linéaire.  Les  botanistes  qui  ont  considéré  la  plante  décou- 
verte par  IMM.  PucI  et  Vigineix  comme  une  forme,  une  variété  notable  si 
1*0)1  veut  de  \'0.  vulgattan,  semblent  donc  dans  le  vrai.  Je  n'oserais  pour- 
tant l'aflirmcr.  lui  effet,  notre  Opbioglosse  présente  une  particularité  fort 
remarquable,  qu'il  partage,  du  reste,  avec  VO.  lusKanicum,  et  qui  consiste 
à  émettre  ordinairement  plus  d'un  stipe  de  chaque  nœud  du  rhizome.  Le 
plus  souvent  ce  sont  deux  stipes  qui  partent  du  même  point,  quelquefois 
trois,  rarement  davantage.  Oi",  VO.  vu/gatuni  type  est  essentiellement  uni- 
caule.  J'en  ai  vu  des  myriades  d'individus,  sans  en  avoir  jamais  rencontré 
un  seul  à  double  stipe,  et  Je  n'ai  pas  connaissance  qu'il  en  ait  été  observé 
de  tels.  Cette  faculté  d'émettre  ordinairement  plus  d'une  tige  d'un  même 
nœud,  inhérente  à  la  forme  dont  nous  parlons  et  étrangère  à  VO.  vulgatum, 
si  elle  est  insuffisante  maintenant  pour  motiver  la  création  d'une  espèce, 
au  moins  donne-t-elle  à  penser,  et  doit-on  en  tenir  note  pour  l'avenir.  Qui 
peut  savoir,  en  effet,  si  quelque  jour  l'apparition  imprévue  d'un  caractère 
nouveau,  que  nous  ne  savons  pas  apercevoir  encore,  parce  que  l'heure  de 
sa  découverte  n'a  pas  sonné,  ne  viendra  pas  doubler  la  valeur  de  celui  que 
je  viens  d'indiquer  et  donner  raison  aux  botanistes  qui  ont  soupçonné  une 
troisième  espèce  (1)  ? 

M.  Durieu  de  Maisonneuve  présente  ensuite  à  la  Sociélc  les  onze 

néanmoins,  précieux  par  conséquent  pour  l'avancement  de  la  question  en  litige. 
Dans  tous  nos  Ophioglosses,  les  spores  sont  sphériques  et  à  peu  près  de  grosseur 
égale.  Mais  celles  de  VO.  lusitaniciim  sont  évidemment  lisses,  tandis  que  celles  de 
VO.  vulgatum,  des  formes  de  Lardy  et  du  cap  Ferret,  ont  leur  surface  revêtue  de 
très  faibles  aspérités,  de  tubercules  larges  et  très  peu  saillants,  qui  ne  se  révèlent  à 
l'œil  sur  le  champ  du  microscope  que  par  des  créaeiures  ou  sinuosités  extrême- 
ment légères,  dont  le  pourtour  des  spores  se  montre  régulièrement  découpé.  Les 
spores  de  VO.  lusitanicum,  enlevées  à  des  échantillons  de  la  Galle  et  de  Pau,  ne 
présentent  rien  de  pareil  :  le  bord  est  parfaitement  entier. 

(1)  Note  de  M.  J.  Gay.  —  Il  est  bon  de  faire  coimaîlre  que  la  même  question  a 
été  récemment  soulevée  en  Angleterre.  Je  tiens  de  Al.  (.;.  Bendiani  lui-même, 
que  l'hiver  dernier,  dans  une  des  séances  de  la  Société  linnéenne  de  I^ondres,  un 
des  assistants,  dont  je  n'ai  pu  savoir  le  nom,  a  présenté  à  cette  Société  une  série 
d'échantillons  qui  semblaient  réunir  les  deux  espèces  (0.  vulgatum  et  0.  lusita- 
nicuin)  par  tous  les  intermédiaires  possibles.  Mais  le  rapport  ne  dit  point  que  ces 


600  SOCIÉTÉ    BOTANIQl'F.    DE    FIVVNCF. 

feuillns  déjà  Urées  rlu  Prodromioi  JJchenographirp  GûUim oi  Algrrirp , 
que  iM.  le  docleur  Nylarider  publie  dans  les  Actes  de  la  Société 
Lmnéennc  de  Bordeaux.  M.  Durieu  ajoute  que  cet  ouvrage,  indis- 
pensable à  tous  les  botaîiistes  qui  s'occupent  de  l'intéressante  famille 
des  Licliens,  et  suflisannuent  recommandé  par  le  nom  seul  de  son 
savant  auteur,  ne  sera  tiré  à  part  qu'à  cinquante  exemplaires.  Il 
invite  les  personnes  qui  désirent  s'en  assurer  la  possession  à  sous- 
crire immédiatement.  Le  prix  de  l'exemplaire  est  iixé  à  10  francs. 

Une  liste  de  souscription  est  déposée  sur  le  bureau,  et  plusieurs 
des  membres  présents  y  apposent  leur  signature. 

M.  le  comte  Jaubert  félicite  M.  Durieu  de  31aisonneuve  de  rben- 
reuse  initiative  qu'il  vient  de  prendre;  il  profite  de  cette  occasion 
pour  rappeler  à  la  Société  le  vœu,  déjà  maintes  fois  exprimé  par  un 
grand  nondjrc  de  ses  membres,  de  voir  enfin  réalisée  la  publica- 
tion d'une  Flore  cryptogamique  des  environs  de  Paris,  servant  de 
complément  à  rexcellente  Flore  pbanérogamique  de  MM.  Cosson  et 
Germain  de  Saint-Pierre.  31.  Jaubert  croit  pouvoir  espérer  que  plu- 
sieurs de  ses  savants  confrères,  spécialement  adoimés  à  l'étude  des 
diverses  familles  des  Cryptogames,  prêteraient  leur  concours  à  cette 
utile  entreprise,  si  elle  était  faite  sous  les  auspices  de  la  Société.  Il 
se  réserve  de  présenter  à  ce  sujet  une  proposition  formelle  dans  une 
des  prochaines  séances  ordinaires  à  Paris. 

La  séance  c.-t  suspendue  à  onze  heures  et  reprise  à  trois  heures. 


apparences  aient  été  conliôlées  par  l'étude  iiiicroscopique  des  spores,  étude  dont 
M.  Durieu  n'a  pas  voulu  se  dispenser,  cl  qui  lend  à  infirmer  l'opiniou  de  Kiden- 
lilé  (les  d(Mix  espèces  (voir  lii  note  qtu  précède). 

.l'ajoiiteiai,  pour  louiplétcr  l'exposé  d'ailleurs  si  lucide  de  M.  Durieu,  qu'au  cap 
Ferret,  inoius  qu'au  plateau  de  l'ocancy,  l'Opliioglosse  lilif;ieux  prête  à  la  suppo- 
sition de  l'identité  spécifique  des  O^j/k  vulgatum  et  lusitanicum.  Là,  on  efl'et,  les 
éclianlillons  eu  pciil  nonii)rL'  qui  ont  été  récoltés  par  diflérenles  personnes,  se  fai- 
saient tous  reniar(;uer  par  leurs  frondes  étroites,  plus  ou  moins  semblables  à  celle 
de  YOph.  lusitanicum.  Autre  est  la  localité  ilu  cap  Ferrfl,  où,  à  une  seule  et  unique 
place,  sous  Tcibri  d'un  saule  rabougri,  M.  Durieu  a  récolté,  moi  présent,  plusieurs 
dizaines  d'échantillons  réiuiissanl  toutes  les  formes  de  fronde,  depuis  la  forme 
ovale  de  l'0/;/i.  vulgatum  jusqu'à  la  foi  me  linéaire-lancéolée  de  VOph.  lusifam'cum. 
Ici,  du  moins,  il  n'était  pas  iiossible  de  douter  que  ces  formes  extrêmes  ne  fussent 
un  jeu  de  la  nature,  se  produisant  dans  une  seule  et  même  espèce.  M.  Durieu 
montre  dans  la  noie  qui  précède,  que  celte  espèce  n'est  pas  {'Oph.  htsitanicum, 
mais  bien  plutôt  VOph.  vulgatum. 


SESSION    FA'TRAORniNAIRK    A    MONTPELLIER    EN    JUIN    1857.         (501 

M.  le  PrésidciiL  propose  à  la  Société  de  nommer  une  Commission 
chargée  d'examiner  l'herbier  de  Dunal,  en  profitant  de  l'antorisalion 
qu'a  bien  vouhi  donner  à  cet  égard  la  veuve  de  Tillustre  savant,  et 
de  présenter  un  rapport  sm-  l'état  de  cet  herbier  à  une  des  prochaines 
séances  ordinaires  de  hi  Société  à  Paris. 

La  Société  adopte  cette  proposition.  Sont  désignés  pour  faire  partie 
de  ladite  Commission  :  MM.  (]osson,  E.  Doumet,  Durieu  de  Maison- 
neuve,  J.  Gay,  Germain  de  Saint-Pierre  et  le  comte  Jaubert. 

M.  le  Président  communique  une  lettre  de  M.  A.  Passy,  qui,  retenu 
par  des  devoirs  impérieux,  (\xpi"inie  son  regret  de  ne  pouvoir  se 
rendre  à  3Iontpellier,  pour  prendre  part  aux  travaux  de  la  session. 

M.  J.-E.  Planchon  rend  compte  de  l'herhorisation  laite  le  11  juin 
à  Saint-Guilhem-du-I)ésert. 

RAPPORT  DR  M.  J.-E.  PLATVCHOrV  SUR  L'HERBORISATION  DIRIGÉE  PAR  LUI , 
LE  il    JUIN,  A  SAINT-GUILHEM-DU-DÉSERT. 

En  remontant  de  six  à  sept  kilomètres  au-dessus  d'Aniane  le  cours  acci- 
denté de  l'Hérault,  on  rencontre,  sur  la  rive  gauche  du  fleuve,  à  l'entrée 
d'une  magnifique  goriie  de  montagnes,  le  village  de  Saint-Guilhem-du-Dé- 
sert.  Perdu  dans  cette  austère  solitude,  ce  lieu  n'en  est  pas  moins  cher  à 
l'ariiste,  à  l'archéologue,  au  naturaliste,  à  tous  ceux  qui  sentent  le  beau 
dans  l'œuvre  de  Dieu,  comme  dans  les  débris  de  l'art  arrachés  à  la  barbarie 
des  siècles.  Une  belle  église  romane,  les  restes  honteusement  ravagés  d'un 
cloitre,  des  traditions  et  des  légendes  qui  remontent  à  la  période  carlovin- 
gienne;  voilà  ce  que  l'archéologue  vient  demander  à  Saint-Guilhem,  et  ce 
dont  nos  guides  en  cette  savante  matière,  M.  Ricard,  secrétaire  de  notre  So- 
ciété archéologique  et  M,  Thomas,  archiviste  de  l'Héraidt,  nous  ont  fait 
gracieusement  les  honneurs.  Comme  amateurs  de  beaux  sites,  le  cours  en- 
caissé de  l'Hérault,  les  cascades  de  la  source  des  Clamouses  {Fons  damo- 
sus),  les  sévères  aspects  de  ces  montagnes  calcaires,  suffisaient  amplement 
à  défrayer  notre  admiration.  Mais  ce  côte  de  nos  impressions,  ([ue  le  crayon 
de  iM.  Laurens  pourrait  seul  dignement  traduire,  est  interdit  au  narrateur 
d'une  excursion  essentiellement  botanique.  Renfermons-nous  dans  ce  der- 
nier rôle,  en  supprimant  les  détails  personnels  qui  font  la  vie  d'un  récit, 
mais  que  repousse  la  froide  dignité  de  la  science. 

Partie  de  ^Montpellier  avant  l'aube,  notre  caravane  se  dirige  d'abord  vers 
Gignac  par  la  route  de  i.odèvc.  Vers  le  milieu  du  trajet,  nous  laissons  à  re- 
gret sur  la  gauche,  l'intéressante  localité  botanique  de  Monlarnaud,  le  seul 
point  de  notre  flore  locale  où  croisse  le  Cistus  crispus.  Ce  curieux  sous-ar- 
busle  est  cantonné  dans  un  espace  assez  étroit,  dont  le  sol  mêle  de  graviers 


602  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FliAKCE. 

quaitzeux  (appaitenant  ù  la  formation  fluvio-lacustre:  calcaire  tertiaire 
d'eau  douce)  nourrit  une  colonie  de  plantes  qui  recherchent  la  silice  [Erica 
cinerca,  F.  scoparia,  J-Jeliunthcinwn  guttatum,  Lacandula  Stwchas^  etc.) 

Plus  loin,  sur  la  route,  nous  atteignons  la  longue  côte  appelée  taillade  de 
Gignac.  Il  s'agit  cette  fois  de  la  descendre.  Laissant  la  voie  battue  aux  voi- 
tures, les  botanistes  mettent  pied  à  terre,  et  se  dispersent  dans  les  ravins  qui 
sillonnent  le  côté  gauche  du  chemin.  Ici  rien  de  pittoresque  ne  distingue  les 
montagnes.  Ce  sont  plutôt  des  collines  uniformes,  des  mamelons  arrondis, 
couverts  d'un  fourré  de  petits  arbres  et  d'arbustes,  parmi  lesquels  dominent 
les  Quercus  Ilex  et  coccifera,  et  qui  rappellent  à  quehjues  égards  les  célèbres 
maquis  de  la  Corse.  Le  fond  du  terrain  est  le  calcaire  lacustre,  auquel  se 
mêle  toujours  un  peu  de  silice,  qui  s'y  trahit  par  la  présence  du  Cistus 
salvifolius.  C'est  ici,  du  reste,  que  les  arbustes  de  la  région  de  Montpellier 
semblent  s'être  donné  rendez- vous.  Mentionnons  entre  autres  :  Quercus  coc- 
cifera, Pistacia  Lentiscus  et  Terebinthus,  Amelanchier  vulgaris,  Coronilla 
glauca  (bien  sauvage),  Spartiwn  junceum  (espèce  silicicole),  Ligustrum 
vnlgare,  Evonymus  europœus  (tous  deux  spontanés),  Jasminwn  fruticans^ 
Arbutus  Unedo,  Lonicera  etrusca  et  implexa,  Phillyrea  angustifolia  et 
latifolia,  Passerina  Thyrnelœa,  Jîuplevramfruticosum  (qui  recherche  aussi 
iesdolomies),  Vigne  sauvage  (probablement  spécifiquement  distincte  de  nos 
Vignes  cultivées),  etc. 

Arrivés  à  Gignac,  M.  Lamouroux,  maire  de  la  ville,  nous  invile  avec  une 
prévenance  hospitalière  à  visiter  son  jardin,  où  i\twx  Agave  americana 
présentent  déjà  des  hampes  florales  très  développées.  L'occasion  de  voir  en 
fleur  ces  curieuses  plantes  n'est  pas  rare  à  Montpellier,  mais  beaucoup  de 
nos  hôtes  du  nord  la  regardent  comme  une  bonne  fortune. 

Rien  de  remarquable  dans  les  riches  alluvions  de  l'Hérault,  sur  la  route 
de  Gignac  à  Aniane.  Plus  loin,  au  pont  deSaint-,Tean-de-Fos,  on  entre  dans 
une  gorge  étroite,  qui  laisse  à  peine  un  passage  aux  eaux  de  l'Hérault  et  à 
la  route  d'Aniane  iiSaint-Guilhem.  Cette  route  offre  au  touriste  une  ravis- 
sante prouienade  :  nous  en  jouirons  au  retour  ;  mais,  pour  le  moment,  nous 
devons  gravir  les  montagnes  qui  la  surplombent,  en  bordant  la  rive  droite 
de  l'Hérault.  Ce  sont  des  contre-forts  de  la  Séiane,  centre  d'un  vaste  massif 
calcaire  qui  supporte  des  plateaux  arides,  connus  dans  le  pays  sous  le  nom 
de  causses. 

Traversant  le  village  de  Saint-Jean-de-Fos,  près  duquel  nous  trouvons, 
comme  en  Provence,  la  culture  du  Câprier  sous  les  Oliviers,  nous  tournons 
à  droite  et  sommes  bientôt  sur  les  rocailles  d'une  garrigue  à  végétation  mai- 
gre et  rabougrie.  On  y  récolte  en  abondance  VOrobus  saxaiilis.  Bientôt  se 
montrent  les  dolomies  de  l'oolithe.  Cette  roche  calcaire  et  magué:>ieniie, 
très  répandue  dans  les  montagnes  de  cette  région,  contribue  éminennnentà 
leur  imprimer  un  caractère  pittoresque.  Cédant  plus  vite  que  le  calcaire  en- 


SESSION    FATHAORDINVIUI':    A    MONÏPELLIKR    EN   .H'IN    1857.         603 

vironnant  à  l'action  corrosive  du  temps,  elle  forme,  iei,  des  crêtes  dente- 
lées ou  crénelées  comme  des  remparts  naturels  ;  là,  des  aiguilles  et  des  pyra- 
mides, des  poupées  à  grosse  tête,  sortes  de  menhirs  naturels  capricieusement 
groupés  en  masses  ou  rangés  en  (iles.  Le  détritus  de  la  roclie  est  un  sable  fin 
et  pailleté,  d'apparence  presque  micacée.  Diverses  plantes  s'y  plaisent,  que 
l'on  trouve  ailleurs,  dans  les  sables  siliceux  ou  même  calcaires.  Exemples  : 
Statice  echioldcs,  Aim  canescens,  Anchusa  tiuctoria,  Coris  inonsprdieusis. 

Le  joli  Armer  ta  juncca  De  Gir.  est  particulier  aux  sables  dolomitiques  :  il 
s'y  mêle  presque  partout  au  Sedum  unopetaluvt. 

Partout,  sur  les  dolomies  compactes,  de  nombreuses  plantes  insinuent 
leurs  racines  dans  les  fissures  de  la  roche.  Citons,  comme  spéciales  à  ces  ro- 
chers, dans  notre  région  de  Montpellier  et  des  Cévennes,  le  Globularia  Aly- 
pum,  le  Kernera  saxatilis,  le  Leucanthemum  grammifolium,  Vlberis  saxati- 
lis,  V yE thionema  saxatile  (qui  vient  pourtant  au  Serre-de-Bouquet,  près 
d'Âlais,  sur  des  roches  néocomiennes,  non  clairement  dolomitisées),  enfin  les 
Arenaria  hispida  et  tetraquetra  qui  sont  très  caractéristiques  de  la  dolomie. 

D'antres  espèces,  moins  particulières  à  la  roche  dolomitique  de  Saint-Guil- 
hera,  y  viennent  néanmoins  avec  une  prédilection  marquée.  Tels  sont  les 
Duphm  alpina,  JUiamnus  ulpinus,  Campanula  speciosa,  et  \e  Pinns  Salz- 
manni  Dun.,  ([ui  mérite  une  mention  spéciale  parce  qu'il  est  là  dans  sa 
localité  classique   et  qu'il  y  forme  des  bois  d'une  étendue  considérable. 

Les  premiers  exemplaires  de  ce  Pin  que  nous  trouvons  sur  nos  pas,  se 
présentent  comme  des  buissons  clair-semés,  rabougris,  tortueux,  souvent 
couchés,  à  peine  hauts  de  2  mètres  et  garnis  de  branches  dès  la  base.  Il  y  a 
loin  de  ces  nains  aux  gigantesques  Laricio  de  la  Corse,  que  l'on  suppose, 
non  sans  raison  peut-être,  appartenir  à  la  même  espèce  botanique.  Mais  l'im- 
parfaite croissance  de  ces  exemplaires  s'explique  par  la  violence  des  vents 
qui  les  assaillent.  Plus  loin,  dans  les  vallons  abrités  qui  s'ouvrent  vers  le 
nord,  dans  le  haut  de  la  vallée  du  Verdus,  l'espèce,  plus  normalement  dé- 
veloppée, forme  des  arbres  d'un  beau  vert,  assez  droits,  hauts  de  5  à  6  mètres 
et  groupés  en  masses  assez  denses.  Dans  ces  conditions  et  malgré  leur 
taille  peu  élevée,  les  Pins  sont  une  admirable  décoration  pour  cette  ré- 
gion des  dolomies.  Au  lieu  de  la  froide  uniformité  que  présentent  dans  les 
plaines  les  plantations  de  Conifères,  nous  avons  ici  la  scène  la  pins  variée. 
Des  blocs  de  rochers  aux  formes  fantastiques,  des  arbres  échelonnés  sur  les 
flancs  abrupts  ou  sur  les  talus  accidentés  des  vallons  en  hémicycle,  partout  le 
vert  tendre,  décorant,  sans  la  di.ssimuler,  la  roche  noirâtre  ;  une  ombi'e  assez 
claire  pour  abriter,  sans  l'étouffer,  un  tapis  d'herbes  et  d'arbustes  ;  partout 
des  fleurs  rares  qui  font  la  joie  du  botaniste  du  nord,  et  réveillent  même 
chez  ceux  qui  les  ont  cueillies  vingt  fois,  des  impressions  toujours  vives.  En 
nous  voyant  tous,  vétérans  ou  novices,  bondir  d'une  même  ardeur  sur  ces 
bastions  de  rochers,  d'autres  que  des  iu\turalistes  auraient  pu  souriie  :  tout 


60h  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

aboutissait  à  la  conquête  d'un  bel  exemplaire  de  Campamda  speciosa  ou 
d'Orchis  fratjrans.  Heureuse  passion,  qu'on  pourrait  souhaiter  à  beaucoup 
d'oisifs  qui  la  raillent,  ou  de  <>;ens  positifs  qui  la  dédaignent! 

Nous  voici  pourtant  sur  le  cours  supérieur  du  Yerdus.  Ce  ruisseau  n'est 
là  qu'un  mince  iilet  d'eau,  coulant  à  peine  sur  le  sable,  entre  les  blocs  de 
pierre  qu'il  use,  lorsque  les  pluies  en  fout  un  torrent.  Suivons  le  sentier  qui 
longe  sa  rive  droite.  Bientôt  nous  quittons  ses  bords  enclavés  dans  les  préci- 
pices, et,  nous  dirigeant  vers  l'est,  nous  sortons  en  même  temps  des  dolomies  et 
des  Pins.  Encore  quelques  minutes  de  marche  sur  leflanc  de  la  montagne,  et 
nos  regards  plongent  tout  à  coup  dans  la  vaste  et  profonde  gorge  du  Yerdus  qui 
vient  aboutir  a  la  vallée  de  l'Hérault.  Je  renonce  à  peindre  un  pareil  tableau  : 
il  est  unique,  même  dans  cette  région  où  les  scènes  imposantes  abondent.  Au 
fond,  dans  le  lointain,  au  débouché  de  la  gorge,  le  village  de  Saint-Guilheiii, 
dominé  par  les  ciêtes  déchiquetées  des  rochers  où  perche  comme  un  nid 
d'aigle  le  château  ruiné  de  Don  Juan  ;  sous  nos  pieds,  un  abime  où  serpentent 
les  hardis  zigzags  du  sentier;  à  droite,  d'énormes  bastions  de  roches  grises 
s'avançant  comme  des  promontoires  à  pic  ;  à  gauche,  des  pentes  roides  où  l'in- 
dustrie du  paysan  a  su  planter  l'Olivier  et  la  Vigne;  au  milieu,  le  cours  du 
Verdus,  qui  se  déroule  comme  un  lilet  argenté  dans  un  ruban  de  verdure. 
L'ensemble  a  quelque  chose  de  sévère,  qui  contraste  avec  l'aspect  riant  des 
vallons  que  nous  venons  de  quitter.  C'est  un  magnifique  spécimen  de  l'âpre 
nature  des  montagnes  calcaires  du  sud  de  la  France. 

Mais  revenons  aux  plantes  qui  nous  attendent  au  passage.  La  plus  inté- 
ressante est  Y Hieracium  stelligerwn.  On  le  voit  sur  les  assises  des  rochers 
qui  bordent  la  droite  du  sentier,  en  descendant  vers  Saint-Guilhem.  Arrivé 
au  village,  nous  y  retrouvons  les  dolomies  et  leurs  plantes  caractéristiques. 

Ici  naturellement  une  halte.  Vii^ite  à  l'église,  aux  débris  du  cloitrc,  sous  la 
conduite  de  nos  deux  savants  guides  en  archéologie.  Nous  reprenons  la  route 
d'Aniane,  non  sans  admirer  les  bords  de  l'Hérault,  et  sans  y  cueillir  des 
plantes  intéressantes  {Stipa  Aristella,  Andropogon  Gryllus,  Buplevrum  fru- 
ticosum,  Globularia  Alijpum  à  fleurs  passées,  Arenaria  hispida),  etc. 

Nouvelle  halte  à  Aniane.  Nous  en  profitons  pour  visiter  le  jardin  de  la 
Maison  centrale  de  détention,  dont  le  directeur,  M.  Bravy,  nous  reçoit  avec 
la  plus  aimable  prévenance.  H  y  a  là  d'admirables  exemplaires  de  Magnolia 
grondiflora  et  de  Tulipiers,  et  d'autres  arbustes  exoticiues  de  pleine  terre, 
sans  parlei-  d'une  intéressante  collection  de  plantes  grasses,  formée  par  le  di- 
recteur actuel  (1). 

(1)  Les  cin(i  grands  Magnolia  grandiflora  du  jardin  de  la  direction  de  la  Maison 
cenUale  ont  été  plantés  en  1826  par  l'ancien  propriélairo,  M.  l'arel.  Le  plus  fort 
mesure  en  hauteur  le^.SO;  la  circonférence  du  tronc,  à  la  base,  est  de  1"',67,  et 
de  l"',û2  à  un  mètre  au-dessus  du  sol.  Un  Tulipier  piaulé  à  la  même  époque  mesure 


SESSION    EXTRAOUDINAIIUÎ    A    MONTPKLLIRU    KN    JUIN    1857.         005 

li  est  déjà  nuit:  plus  de  plantes  à  recueillir;  d'ailleui-s,  les  boites  sont 
combles.  Nous  reprenons  nos  voitures,  (jui  nous  déposent  vers  minuit  a  notre 
point  (le  départ  du  malin. 

En  résumé,  l'excursion  de  Saint-Guilliem,  a  part  l'intérêt  du  paysage  qui 
la  recommande  à  tout  amateur  de  beaux  sites,  est  une  des  plus  fructueuses 
que  puisse  faire  le  botaniste,  à  l'extrême  limite  de  la  flore  de  Montpel- 
lier. 

M.  Marlins,  vice-président,  l'ait  remarquer  que  le  Pinus  monspc- 
liensis  Salzni.  {P.  Salzmanni  Duiial)  est  probablement  une  variété 
du  P.  pyrmaica  Lap.,  et  que  les  doutes  à  cet  égard  pourront  être 
éclairois,  car,  d'une  part,  M.  Vilmorin  cultive  dans  ses  pépinières  le 
'  P.  mons  pelle  mis  ei  pourra  en  communiquer  des  échantillons  ;  d'autre 
part,  le  Jardin  des  plantes  de  Montpellier  possède  un  P.  pyrenaica 
type,  qui  a  été  envoyé  par  Audibert. 

M.  J.  Gay  ajoute  qu'il  possède  dans  son  herbier  le  Pinus  pyrenaica 
recueilli  à  Canqw,  une  des  localités  typiques  citées  par  Lapeyrouse. 

M.  Martins  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

FLORAISON  EN  PLEINE  TERRE  D'UN  AGAVE  AMERICAN  A  AU  JARDIN  DES  PLANTES 
DE  MONTPELLIER,  EN  185G,  par  M.  CH.  MAKTIIMS. 

Eu  183/i,  deux  Agave  furent  plantés  devant  une  maison  de  campagne  des 
environs  de  Montpellier.  Kn  1852,  l'un  d'eux  commença  à  pousser  sa  hampe; 
elle  avait  déjà  la  hauteur  de  1™,23,  lorsque  la  plante  entière  fut  enlevée  avec 
la  motte  et  transportée  au  Jardin  des  plantes.  Cette  transplantation  n'arrêta 
pas  la  croissance  de  celte  hampe,  qui  s'éleva  à  la  hauteur  de  6"", ."5,  et  poussa 
18  pédoncules  chargés  de  1883  fleurs.  L'autre  Agave,  cédé  par  le  proprié- 
taire, fut  transporté  au  Jardin  dans  l'automne  de  1852,  et  planté  sur  le 
versant  méridional  de  la  butte  appelée  la  Montagne,  au  milieu  de  Chênes- 
verts  et  d'autres  arbres  dont  les  raciues  ont  envahi  tout  le  sol.  Néanmoins, 
le  13  mai  1856,  on  aperçut  la  hampe  qui  se  faisait  jour  entre  les  feuilles  ; 
elle  avait  déjà  1"",26  de  hauteur.  Ainsi  donc,  le  premier  de  ces  Agave  a 
fleuri  à  l'âge  de  dix-huit  ans,  l'autre  à  celui  de  vingt-deux  ans.  C'est  ce 
dernier  dont  nous  allons  décrire  la  floraison. 

Le  31  juillet,  sa  hauteur  totale  était  de  6  mètres,  mais  son  accroissement 
n'avait  pas  été  uniforme  ;  en  effet,  si  on  divise  les  quarante-huit  jours  pen- 
dant lesquels  il  a  poussé  en  périodes  de  seize  jours,  on  trouve  que  sa  crois- 

eu  bailleur  2/r,30  ;  sa  circonférence  au  niveau  du  sol  est  de  ii^jSô,  cl  à  un  mètre 
du  sol,  de  2"',31.  Un  Lagerstrœmia  indica  du  même  âge  aueint  11  mètres  (Je 
hauteur.  {Note  communiquée  par  M.  Bravy.) 


606  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE   FRANCE. 

sance,  très  rapide  au  commencement,  s'est  successivement  ralentie.  Ainsi 
la  hampe  a  poussé  : 


Accroissement  de  TAgave  par  périodes  de  16  jours  chacune  :    Différence  : 

Du  IZi  au  29  mai 1"',560 

Du  30  mai  au  lu  juin l'",220 

Du  15  au  30  juiu i'",155 

Du  1"  au  16  jiiillot 0'",770 

Du  17  au  31  juillet 0"',080 


0"\3/i0 
G"', 065 
0™,/i85 
0"',690 


Ces  nombres  montrent  que  l'accroissement  n'a  pas  été  uniforme,  mais 
que  sa  vitesse  initiale  s'est  toujours  ralentie.  Ce  ralentissement  n'a  pas  été 
régulier,  mais  plus  rapide  vers  la  fin.  La  vitesse  initiale  s'est  soutenue  pen- 
dant le  mois  de  mai,  puis  il  y  a  eu  un  ralentissement  moyen  de  0"',021  par 
vingt-quatre  heures  :  pendant  le  mois  dejuin,  la  croissance  s'est  soutenue  ; 
mais  un  nouveau  ralentissement  a  commcncéen  juillet  et  a  continuéjusqu'à 
la  fin  du  mois.  Dans  la  seconde  moitié  de  ce  mois,  la  hampe  ne  croissait 
guère  que  d'un  centimètre  par  vingt-quatre  heures,  tandis  qu'en  mai  elle 
s'élevait  presque  de  10  centimètres  dans  le  même  espace  de  temps. 

I,a  croissance  de  la  hampe  des  Agave  est  donc  comme  celle  des  tiges  de 
tous  les  végétaux,  rapide  au  début  et  se  ralentissant  à  mesure  quelle  s'ap- 
proche de  son  terme  final.  Klie  n'est  pas  également  lapide  dejour  et  de 
nuit.  Ainsi,  pendant  que  le  soleil  était  sur  l'horizon',  la  hampe  s'est 
élevée  de  2°\715,  ou  en  moyenne  de  0"',QZh  par  jour.  Les  croissances  de  la 
nuit,  additionnées  ensemble,  ne  donnent  qu'une  hauteur  totale  de  2'", 070,  et 
l'accroissement  nocturne  moyen  est  de  0"',026.  Il  est  donc  environ  d'un 
tiers  plus  faible  que  l'accroissement  diurne. 

Il  n'y  a  pas  d'allongement  de  la  hampe;  les  parties  formées  conservent 
toujours  la  même  longueur,  car  deux  points  marqués  sur  la  hampe  restent 
toujours  équidistants,  quelle  que  soit  la  croissance  de  celle-ci.  C'est  donc  par 
l'addition  de  nouvelles  cellules,  par  la  superposition  d'un  nouveau  cylindre, 
que  se  fait  l'accroissement  de  la  hampe.  Si  on  place  une  lunette  munie  d'un 
fil  d'araignée  horizontal,  de  façon  que  la  pointe  du  bourgeon  terminal 
affleure  le  fil,  on  voit,  au  bout  de  quelques  minutes,  que  la  pointe  du  bour- 
geon a  dépassé  le  fil,  et  on  constate  que  l'accroissement  se  fait  sans 
saccades. 

La  hampe  portait  32  pédoncules  chargés  de  /jl62  fleurs.  Les  premiers  se 
sont  dégagés  des  bractées  vers  le  12  juillet,  époque  à  laquelle  la  hampe 
avait  3*", 83  de  hauteur. 

Si  l'on  analyse  avec  quelque  soin  la  cause  de  la  croissance  si  rapide  des 
hampes  de  V Afjcwe  amerkana,  on  arrive  aux  conclusions  suivantes  :  1"  La 
hampe  peut  se  développer  à  un  âge  quelconque  de  la  plante  ;  on  a  vu  fleurir 
des  rejetons  d'/liyayt' âgés  d'un  an,  soit  pendant, soit  après  la  floraison  du  pied  ; 


SESSION    KXTK.VOUniNMIU':    A   MONTPELLli: Il    EN    .1LIN    1857.  607 

mois  en  général  ce  ne  sont  (|uc  des  vieilles  plantes  ((ui  ponssçnt  une  hampe  ; 
on  le  reconnait  très  bien  en  Afrique,  où  ce  végétal  sert  a  former  des  haies;  il 
n'est  pas  rare  de  voir  dans  une  haie  dix  à  douze  Agave  qui  ont  fleuri  simul- 
tanément. 2"  Il  est  évident  que  la  floraison  se  fait  aux  dépens  des  sucs  accu- 
mulés dans  les  feuilles.  Turgescentes,  remplies  de  sève  avant  la  floraison, 
elles  s'amincissent,  s'affaissent  à  mesure  que  la  hampe  s'élève  ;  et,  quand  les 
Heurs  s'épanouissent,  ces  feuilles  gisent  sur  le  sol  comme  des  rubans  flétris. 
Le  pied  meurt,  mais  sa  descendance  est  doublement  assurée  par  les  fruits  qui 
succèdent  à  un  certain  nombre  de  lleiirs  et  par  les  innombrables  rejetons 
qui  entourent  le  pied-mère.  Les  sucs  accumulés  dans  la  tige  et  les  feuilles 
suflisent  seuls  au  développement  de  la  hampe,  dont  la  croissance 
s'accomplit  même  lorsque  la  plante  est  séparée  du  sol.  3"  L'accroissement 
s'opère  suivant  une  loi  organique,  indépendante  jusqu'à  un  certain  point 
des  agents  extérieurs.  Rapide  d'abord,  cet  accroissement  se  ralentit  de  plus 
en  plus,  quoique  la  chaleur  augmente  à  mesure  que  la  saison  s'avance; 
mais  il  y  a  plus  :  on  ne  trouve  pas  que,  dans  une  période,  il  y  ait  une  corré- 
lation marquée  entre  la  température  de  la  journée  et  l'accroissement  cor- 
respondant ;  l'action  de  la  chaleur,  si  elle  est  réelle,  n'est  pas  nettement 
accusée,  h"  Il  n'en  est  pas  de  même  de  la  lumière  ;  nous  avons  vu  que  l'ac- 
croissement diurne  était  d'un  tiers  plus  fort  que  l'accroissement  nocturne. 
Ce  résultat  n'étonnera  aucun  physiologiste  5  toutefois,  il  faut  se  garder  de 
le  généraliser,  car  les  hampes  du  Dasijlirion  gracile  Zucc.  ont  un  accrois- 
sement plus  rapide  de  nuit  que  de  jour.  Je  n'entrerai  pas  dans  de  plus  longs 
détails,  me  proposant  de  faire  un  travail  complet  sur  la  floraison  des  >l^rtw, 
Fourcroya,  Dasylirion-^  etc.,  sous  le  climat  du  midi  de  la  France.  Cette 
note  et  celle  sur  la  naturalisation  de  Y  Agave  dans  le  midi  de  la  France, 
insérée  au  t.  Il,  p.  6,  du  Bulletin,  sont  deux  fragments  de  ce  travail. 

M.  J.  Gay  fait  à  la  Société  les  communications  suivantes  : 

SUR  LA  DISTRIBUTION  GÉOGRAPHIQUE  DES  TROIS  ESPÈCES  DE  LA  SECTION  GAMOM 
DU  GENRE  ASPHODELUS,  par  M.  J.  GAY. 

Le  genre  Asphodèle  compte  aujourd'hui  une  vingtaine  d'espèces  et  peut 
être  divisé  en  cinq  groupes  naturels  que  distinguent  les  catactères  combinés 
de  la  végétation,  de  l'inflorescence  et  de  la  direction  des  parties  florales. 
De  ce  nombre  est  le  groupe  Gamon,  qui  diffère  de  tous  les  autres,  entre 
autres  par  ses  flbres  radicales  façonnées  en  gros  navets,  par  ses  bourgeons 
écailleux,  et  par  ses  feuilles  larges  et  carénées,  comme  celles  du  Por- 
reau  (1).  Ce  groupe  ne  renferme  que  trois  espèces,  mais  ce  sont  les  plus 

(1)  Ci'est  cxaclcmcni  la  végélaiiou  de  VEremurus,  mais  avec  une  structure  llorale 
Uilîérente. 


608  SOCIÉTÉ    BOTAMlQUn   DE   FRANCE. 

difficiles  à  distinguer,  et  celles  dont  hi  synonymie  est  la  plus  embrouillée, 
parce  que  chacune  d'elles  a  été  masquée,  depuis  bientôt  un  siècle,  sous  les 
deux  noms  iVAsphodelus  albus  et  d'Asphodelus  ramosus.  Pour  débrouiller 
ce  chaos,  les  textes  étant  presque  toujours  insuffisants,  j'ai  dû  visiter   les 
jardins,  visiter  les  herbiers  et  faire  appel  à  tout  ce  que  j'avais  de  corres- 
pondants ou  d'amis  dispersés  dans  le  midi  de  l'Europe,  ainsi  que  dans  les 
parties  limitrophes  de  l'Asie  et  de  l'Afrique,  partout  enfin  où  je  soupçon- 
nais l'existence  de  l'une  ou  l'autie  des  espèces  à  reconnaître  et  à  jiiger.  C'est 
ainsi  qu'en  dix-hidt  mois  j'ai  pu  réunir  les  matériaux  et  les  documents  né- 
cessaires pour  fixer  mes  idées  sur  la  synonymie,  jusque-la  inextricable,  des 
[rois  espèL'cs,  sur  leurs  caractères  distinctifs  et  sur  le  rôle  géographique 
que  la  nature  a  assigné  à  chacune  d'elles.  C'est  ce  dernier  point  que  je 
veux  seul  traiter  ici  sommairement,  le  leste  devant  faire  partie  d'un  travail 
que  je  prépare  sur  le  genre  Asphodèle  et  quelques  genres  voisins.   Je  ne 
puis  cependant  me  dispenser  de  caractériser  par  une  diaguose  chacune  des 
espèces  dont  je  vais  parler. 

1.  ASPHODELUS  ALBUS  Mill. 

A.  caule  simplici  vel  parce  i^amuloso ;  bracteis  atrofuscis;  laciniarum 
flornlium  nervo  viridulo;  filamentis  usque  ad  médium  pupilloso-scabris, 
unguibus  oblongis^  cuneato-ovatis,  dorso  plano-convexis,  apice  in  fdamentmn 
sensim  attenuatis;  capsula  mediocri,  ellipsoiden  (8-12  mm.  longâ^  6-10 
latâ). 

C'est  une  plante  exclusivement  européenne,  dont  l'aire  occupe  tout  le 
territoire  compris,  d'une  part,  entre  le  ^9"  et  le  U\^  degré  de  latitude; 
d'autre  part,  entre  le  1^*  et  le  33^  degré  de  longitude  à  l'orient  de  file 
de  Fer,  et  qui  manque  jusqu'ici  à  toutes  les  îles  de  la  [Méditerranée,  ainsi 
qu'à  l'Allemagne  cisalpine  tout  entière. 

Elle  remplit  tout  le  sud-ouest  de  la  France,  depuis  le  Finistère  jusqu'aux 
Pyrénées,  et  depuis  l'Océan  jusqu'au  plateau  central  de  l'Auvergne.  Presque 
partout  ailleurs  c'est  une  plante  des  montagnes,  croissant  dans  la  zone  des 
Hêtres  ou  dans  celle  des  Sapins,  quelquefois  même  jusqu'à  leur  limite 
supérieure. 

Elle  est  très  répandue  dans  les  Pyrénées  et  dans  la  Sierra  de  Guadarrama, 
qui  sépare  la  Vieille  de  la  Nouvelle  Castille,  et  c'est  dans  cette  dernière 
chaîne  qu'elle  a  sa  limite  sud. 

Après  avoir  fait  lacune  en  Auvergne  et  dans  la  vallée  du  Rliône,  elle 
reparaît  dans  les  Alpes,  qu'elle  suit  sans  interruption,  principalement  sur 
leur  versant  méridional,  depuis  le  col  de  Tende  jusqu'en  Carniole,  et 
môme  jusqu'en  Croatie,  pour  se  replier  de  la  vers  le  sud  et  descvudre  par  la 
chaîne  dalmate  jusqu'en  Albanie,  où  elle  retrouve  encore  une  fois  sa  limite 
par  le  ^il'  degré  de  latitude.  J'ai  dit  qu'elle  manquait  en  Allemagne.  Le 


SKSSION    KXTnAOHDlNAIRK    A    MONTPRI-LIKU    EN    .llIN    1857.         ()09 

Dniiphiné  et,  le  Valais  sont  jus(|irici   les  seuls  points  on  la    plante  ait  été 
observée  sur  les  versants  ouest  et  nord  de  la  grande  ehaine  des  Alpes. 

L'Apennin  est  une  antre  et  derniéie  partie  du  donuaine  de  notre  plante, 
dans  le(|uel  on  peut  la  suivre,  pres(|ue  sans  interruption,  depuis  les  Alpes 
maritimes  iuscju'au  Mont  Uariçano  et  au  Monte  Stoi-Aiiyelo,  près  de 
Naples,  où  elle  s'arrête  une  troisième  fois  par  /i0"/i2'  de  latitude.  Ici  encore 
l'Asp/iodc'lus  albus  (.'st  luie  plante  des  montagnes,  mais  avec  une  exception 
des  plus  remarquables.  Il  est  un  point  de  la  campagne  de  Home  où  il 
descend  jusqu'au  niveau  de  la  mer  ;  ce  point  est  la  foret  de  Nettuno,  près 
Portod'Anzo. 

l.'As/j/iûdclus  albus,  tel  (jue  je  l'entends  avec  le  plus  grand  nombre  des 
auteurs,  comprend  les  A.  sp/uerocarpus  et  subulpinus  de  la  Flore  de  Finance 
de  RIM.  Grenier  et  Godron.  I.e  caractère  par  lequel  on  a  voulu  distinguer 
ici  deux  espèces,  repose  uniquement  sur  le  plus  ou  moins  d'écartcment  que 
subissent  à  leur  base  les  valves  de  la  capsule  déhiscente,  et  je  puis  affirmer 
que  ce  caractère  n'offre  aucune  fixité  ;  j'en  ai  souvent  observé  tous  les  de- 
grés sur  une  même  grappe  fructifère,  h' Asphodelas  albus  de  M.  Grenier 
est  une  autre  espèce,  comme  on  le  verra  plus  loin. 

2.  AsPHODiiLL's  MiciiocAïu'us  Salzm.  et  Viv. 

-4.  caule  ramosissimo,  thyrsoideo,  ramis  ipsis passim  ramulosis poniculato ; 
bracteis  salteni  novelUs  palliais^  fulvcscentibus;  laciniarum  floralium  nervo 
carneo  ;  fdumentis  supra  unguem  usque  ferè  ad  médium  popilloso-scabris, 
unguibus  elliptico-subroiundis,  sulco  dorsaii  lato  divisis,  apice  in  filamen- 
tum  abrupte  atténuât  is;  capsula  par  vu,  obovoideo-globosà  (7-8  7nm.  longâ, 
5-6  latâ). 

Celui-ci  est  plus  méridional  que  le  précédent.  Pour  le  rencontrer  en 
venant  du  nord,  il  faut  franchir  ici  les  Pyrénées,  et  peut-être  même  la 
Sierra  de  Guadarrama;  là,  les  montagnes  de  Provence,  et  plus  loin  toute 
la  chaîne  des  Alpes,  continuée  jusqu'au  Balkan  et  à  la  mer  Noire.  Mais  au 
delà  de  ces  barrières,  la  plante  se  trouve  a  peu  près  partout,  depuis  Lis- 
bonne (sous  le  nom  d  Asphodelus  œstivus  Bi'ot.  )  jusqu'en  Syrie  et  eu 
Egypte,  depuis  Toulon  et  Constantinople  jusqu'au  delà  du  Tel  algérien,  em- 
brassant ainsi  dans  toute  son  étendue  le  bassin  de  la  Méditerranée,  au  delà 
duquel  elle  se  propage  même  jusqu'aux  îles  Canaries. 

C'est  une  plante  des  lieux  bas,  qui  ne  s'élève  jamais  dans  les  montagnes, 
et  qui  trouve  sou  maximum  d'altitude  sur  les  plateaux  de  la  i\ouvelle-Cas- 
tilleetdu  Sahara  algérien,  où  je  suppose  qu'elle  a  sa  limite  sud,  au  moins 
dans  cette  direction. 

Elle  est  très  répandue  dans  les  parties  méridionales  et  orientales  du  bassin 
de   la  Méditerranée,  en  Algérie,  à  Tunis,  en  Syrie,  sur  les  côtes  de  l'Asie- 
Miueure  (Mersina,  Adalia,  Smyrne,  Constantinople),  de  la  Grèce,  de  la 
IV.  39 


610  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Dalmatie  et  de  l'Italie,  ainsi  que  dans  les  îles  de  ce  vaste  bassin,  toutes 
peut-être  sans  exception.  Elle  est  plus  rare  sur  les  côtes  de  France,  où  elle 
ne  quitte  pas  le  bord  de  la  mer  et  où  je  ne  lui  connais  que  trois  localités  : 
Fréjus,  Hyères  et  Port-Vendres  (elle  n'existe  point  à  Marseille,  car  la 
plante  indiquée  sdus  ce  nom  dans  le  Catalogne  de  M.  Louis  Castagne, 
n'est  autre  chose  que  V Asphndelus  fistulosus,  d'après  les  échantillons  que 
l'auteur  a  bien  voulu  me  communi(jucr  lui-même).  En  Espagne,  je  ne  la 
connais  que  dans  la  Nouvelle-Castille  (notamment  a  Aranjuez,  au  pied  de 
la  Sierra  de  Guadarrama),  dans  l'Estramadoure,  dans  la  province  de  .Taën 
et  aux  environs  de  Cadix,  de  sorte  qu'elle  pourrait  bien  faire  lacune  sur  les 
côtes  orientales  de  la  Péninsule,  depuis  leur  frontière  nord  jusqu'à  Cartlia- 
gène,  ou  même  au  delà.  En  Portugal,  elle  continue  sa  zone  occidentale  jus- 
qu'aux Algarves,  jus(|u'à  Lisbonne,  jusqu'à  Coimbre,  etc.,  d'où  elle  passe 
aux  lies  Canaries,  comme  je  l'ai  déjà  dit. 

3.  ASPHODELUS    CERASIFERLS  JN . 

A.  caille  simpUci  vel  in  ramos  paucos  longosque  sœpiîis  divîso  ;  bracteis 
saltem  novellispallidis,  fulvescentibu^  ;  Inciniarum  flwalium  nervo  carneo; 
fîlamentis  supra  ungiiem  lœvibus  vel  imâ  basi  solhm  papilloso-scab?ns, 
unguibus  elliptico-subrotundis,  sulco  dorsali  lato  divisis,  apice  in  filamen- 
tum abrupte  atfenuatis  ;  capsnlû  maximâ ,  sphœroideâ  (15-20  mm.  longâ 
lataque). 

Cette  espèce  ne  diffère  de  la  précédente  que  par  sa  moindre  ramification 
et  par  le  triple  volume  de  ses  fruits  ;  mais  il  n'en  faut  pas  davantage  pour  lui 
imprimer  un  aspect  tout  particulier,  et  aucun  de  ceux  qui  l'ont  vue  à  \lont- 
pellier,  où  elle  est  commune,  do  ceux  qui  l'ont  vue  connaissant  l'autre 
espèce,  n'a  pu  douter  qu'elle  ne  constituât  une  espèce  distincte.  Elle  a, 
d'ailleurs,  une  distribution  géographique  bien  différente,  comme  on  le  verra 
tout  à  l'heure. 

C<^^iVAsphodelus  ramosus  de  Gouan  et  d'un  très  petit  nombre  d'autres 
auteurs.  Mais  comme  le  nom  de  ramosus  o.  été  fréquemment  appliqué  aux 
deux  espèces  précédentes,  et  que  le  vrai  raiyiosus,  originairement  mal  décrit 
par  Miller  et  Wilklenow,  n'est  plus  reconnaissable  aujourdhui,  je  me  \ois 
oblige  de  lui  donner  un  nouveau  nom,  et  je  suis  heureux  d'inaugurer  ce 
nom  à  Montpellier,  en  le  déduisant  d'un  texte  qui  se  rapporte  à  la  plante  de 
ce  même  territoire,  et  en  présentant  à  la  Société  la  plante  vivante,  telle  que 
nous  l'avons  récoltée  dans  les  courses  de  ces  jours  derniers. 

L'auteur  dont  je  veux  parler  est  J.  Bauhin.  qui,  dans  la  dernière  moitié 
du  xvi"  siècle  et  avant  l'année  1578  (par  conséquent  avant  la  fondation  du 
Jardin  de  Montpellier  sous  Henri  IV),  étudiait  ici  la  médecine  ou  y  perfec- 
tionnait ses  études  médicales,  et  qui  avait  trouvé  notre  plante  ad  wnan  mil- 
iiare  à  Monspelio  {\xw  mille  d'Allemagne,  c'est-à-dire  deux  lieues  ou  huit 


SESSION    EXTRAOKDINAIRR    A    MONTPELLIKU    EN    JUIN    1857.         611 

kilomètres)  çw«  itur  Frontignan  in  colle  saxoso  (c'est-à-dire dai)s  la  garrigue 
de  IMireval,  où  j'ai  été  moi-n»èine  la  voir  ces  jours  derniers),  et  encore  i«^<?;' 
Aquasmortuas  et  Arelatcm  copiosissimè,  in  sylvâ  quœ  dicitur  la  Vignède, 
lieu  où  la  plante  croit  encore  aujourd'hui,  si  ce  n'est  dans  la  foret  indiquée, 
qui  est  incoiniue  à  ceux  auxquels  j'en  ai  parlé,  au  moins  et  communément 
aux  environs  d'Aigues-Mortes. 

Flores  stellati,  Ornithogali  majores ,  foliis  albis  stria  rubrâ  notatis 
constantes^  apicibus  iuteis  :  quibus  decidentibus  capitula  \succedunt  Cerasis 
paria ,  senien  continentia  coplusuin  triquetrum ,  fuscum.  C'est  en  ces 
termesqueJ.  Bauhin  décrit  la  plante  de  Montpellier  {Bist.jï,p.  625),  et 
c'est  de  là  que  je  tire  le  nom  de  cerasi férus,  qui  rappelle  parfaitement  et  la 
forme  et  le  volume  du  fruit  de  notre  espèce. 

Comme  le  précèdent,  V Asphodelus  cerasiferus  est  une  plante  du  bassin 
de  la  Méditerranée  ;  mais  son  aire  géographique  est  bien  moins  étendue, 
puisqu'il  manque  non-seulement  aux  îles  Canaries,  non-seulement  à  l'Al- 
gérie presque  entière,  mais  encore  à  toute  la  Méditerranée  orientale,  y  com- 
pris l'Italie,  sans  exception  ni  de  la  Sicile  ni  de  la  Sardaigne,  îles  etcon- 
'  trées  qui  entrent  dans  le  domaine  beaucoup  plys  vaste  de  l'autre  espèce. 

L' Asphodehis  cerasi  férus  manque  donc  en  Italie  et  dans  les  deux  il  es  que 
j'ai  nommées,  d'après  tous  les  échantillons  et  tous  les  renseignements  que 
j'ai  pu  recueillir  jusqu'ici.  Mais  il  se  trouve  en  Corse,  auxiles  Baléares,  eu 
Provence,  en  Languedoc,  en  Roussillon,  en  Portugal,  et  dans  toute  l'Es- 
pagne méridionale,  a  partir  de  iMadrid,  a  moins  qu'il  ne  faille  en  retrancher 
les  côtes  de  Catalogne  et  de  Valence,  sur  lesquelles  je  n'ai  point  de  rensei- 
gnements, pas  plus  qu'à  l'égard  de  V Asphodelus  microcarpus  ;  d'où  il  suit 
qu'en  Europe  et  à  l'ouest  de  l'Italie,  Y Asphodelus  cerasiferus  joue  exacte- 
ment le  rôle  géographique  de  cette  dernière  espèce.  Mais  celle-ci  pénètre 
jusqu'aux  iles  Canaries,  où  la  nôtre  manque  complètement,  comme  je  l'ai 
déjà  dit;  et  elle  couvre  toute  la  côte  d'Afrique,  où  la  nôtre  n'a  jusqu'ici  que 
deux  localités,  l'une  algérienne,  au  Djebel-Bou-Kaschba,  sur  la  frontière 
marocaine  ;  l'autre,  à  Tanger,  près  du  détroit  de  Gibraltar. 

Kn  France,  V Asphodelus  microcarpus  ne  quitte  pas  les  bords  de  la  mer. 
L'autre,  plus  robuste,  s'avance  en  Languedoc  dans  l'intérieur  des  terres, 
jusqu'à  la  frontière  nord  du  département  du  Gard,  c'est-à-dire  jusqu'à  la 
limite  des  Oliviers,  a  80  kilomètres  environ  du  bord  de  la  mer.  Sur  un  autre 
point  on  le  rencontre  même  à  deux  degrés  de  latitude  de  la  côte  méditerra- 
néenne et  à  un  degré  moins  quatre  minutes  des  derniers  Oliviers  de  la  vallée 
du  Rhône.  C'est  à  Grenoble  que  se  produit  ce  phénomène,  et  quoiqu'il  s'y 
montre  avec  une  légère  altération  du  caractère  spécifique  (les  bractées 
pâles  dans  le  midi  deviennent  ici  d'un  brun  noir  très  foncé,  comme  celles 
de  \' Asphodelus  albus)^  je  ne  doute  pas  que  ce  ne  soit  la  même  espèce  qui 
remonte  ainsi  vers  le  nord  pour  y  fonder  une  colonie  disjointe. 


612  SOCIÉTÉ    BOTAMIQLE    DE    FIIANCE. 

En  L;mgucdoc,  V Asphodelus  cerasi férus  parait  avoir  son  maximum  d'al- 
titude à  800  mètres,  notamment  a  Salagossc.  A  Grenoble,  c'est  à  1000  mè- 
tres. Mais  c'est  sur  le  liane  nord  de  la  Sierra-Nevada  qu'il  déploie  toute 
sa  puissance  ascendante,  puisque  la  il  s'élève,  suivant  M.  Boissier  (qui  en 
parle  sous  le  nom  d'Asiihodelus albus),  jusqu'à  1833  mètres, /i33  mètres 
plus  haut  que  les  derniers  Oliviers,  ce  qui  parait  prodigieux,  et  ne  s'explique 
pas  suffisamment  par  la  difrérence  des  latitudes.  L'Asphodelus  microcar- 
pusest  bien  moins  robuste,  puisqu'il  ne  dépasse  pas  la  hauteur  médiocre 
des  plateaux  de  la  Nouvelle-Caslille  et  du  Sahara  algérien. 

Ajoutons  en  terminant  (|ue  VAsphodelus  cerasi férus  parait  être  indifférent 
à  toutes  les  natures  de  terrain.  C'est  sur  le  calcaire  qu'il  vit  à  la  Sierra- 
Nevada,  ainsi  qu'à  Grenoble  et  dans  la  majeure  pai'tie  du  Languedoc  ;  mais 
à  Salagosse,  dans  le  département  du  Gard,  c'est  sur  le  granit.  Les  sables 
siliceux  lui  conviennent  également,  et  c'est  sur  ce  terrain,  tassé  et  un  peu 
humide,  qu'on  le  trouve  sur  la  côte  du  Languedoc,  particulièrement  sur 
l'étroite  langue  de  terre  qui,  entre  Cette  et  Agde,  sépare  la  mer  de  l'étang 
de  Thau,  localité  où  il  est  très  commun  et  de  la  plus  belle  venue.  C'est  enfin 
sur  les  collines  gypseuses,  qu'au  rapport  de  M.  Graells,  on  le  trouve  à 
Aranjuez  et  sur  le  plateau  de  la  INouvelle-CasIille.  Je  ne  crois  pas  que  l'.ls- 
phodelus  microcarpus  soit  aussi  accommodant,  et  je  serais  porté  à  croire 
que  partout  il  vient  sur  le  calcaire. 

Je  ne  puis  omettre  de  dire  que  V Asphodelus  olbus  de  la  nouvelle  Flore  de 
France  est  un  melangedc  noire  espèce  et  du  vrai  albus,  tel  que  je  l'ai  défini 
plus  haut.  La  description  e.Nt,  je  ciois,  tirée  de  notre  plante  5  mais  les 
auteurs  y  comprennent  V Asphodelus  albus  lorsqu'ils  le  font  croître  ailleurs 
que  dans  la  région  méditerranéeime  et  .1  Grenoble,  c'est-à-dire  sur  les  bords 
de  l'Océan,  ainsi  que  da^^s  les  basses  viontagnes  des  Alpes  et  des  Py- 
rénées. (Grenier  et  Godron,  FI.  de  Fr. ,  t.  III,  p.  225.) 

V  AGAVE  AMERICAN  A   CONSIDÉRÉ  DANS  SES  MOYENS  DE  REPRODUCTION  PAR  BOURGEONS 

SOUTERRAINS ,  [.ar  M.  J.  GAY. 

Dans  une  précédente  séance  de  notre  Société  (1),  il  a  été  question  du 
mode  de  reproduction  (\t\' Agave  amerieana,  et  notre  confrère,  i\J.  Vaupell, 
de  Copenhague,  a  fait  justice  du  préjugé  très  répandu,  d'après  lequel  cette 
plante  mourrait  tout  entière  après  avoir  fleuri.  11  a  fait  voir  que  si  effec- 
tivement la  plante  ne  survivait  pas  à  l'effort  de  végétation  d'où  était  sortie 
tout  à  coup  sa  hampe  florale  gigantesque,  elle  ne  mourait  du  moins (ju'après 
avoir  assure  sa  reproduction  par  des  rhizomes  souterrains  issus  de  sa  souche, 
ce  qu'attestait  d'ailleurs  le  témoignage  positif  de  plusieurs  auteurs  dignes 
de  foi. 

(1)  Voyez  le  lînlleiiii,  t.  IV,  p.  h^-hK 


SliSSIOiN    K.VTHAOuniNAIItlC    A    MOMI'KI.MKIi    ES    .11  I.N     1857,         613 

Mais  ce  point  mis  hors  de  doute,  plusieurs  ([uestions  restaient  en  sus- 
pens, au  moins  dans  mon  esprit,  et  d'abord  celle  de  savoii-  si  les  rejetons  de 
\' Agave  étaient,  des  produits  axillaires  ou  s'ils  provenaient  de  bourgeons  ad- 
ventifs  ?  Sans  que  nous  eussions  ni  l'un  ni  l'autre  vérillé  le  fait,  M.  Vau- 
pell  inclinait  pour  la  seconde  alternative  et  moi  pour  la  première.  Ce  n'était 
de  part  et  d'autre  qu'une  opinion,  à  laquelle  n)anquait  encore  l'observation 
directe.  Pour  y  procéder,  les  circonstances  semblaient  être  ici  des  plus  fa- 
vorables. iNon-seulement  ï' Agave  vit  ici  en  pleine  terre,  non-seulement  il  y 
est  fréquemment  cultivé,  mais  j'avais  un  sujet  à  ma  disposition  :  c'est  celui 
même  qui  a  fleuri  l'année  dernière  au  Jardin  des  plantes,  celui  dont  M.  Mar- 
tins  vient  de  nous  parler  et  dont  la  hampe  florale  est  sous  nos  yeux,  lon- 
gue de  six  mètres  et  aujourd'hui  desséchée.  Cette  hampe  avait  été  sciée 
transversalement  à  quelques  pouces  au-dessus  du  sol.  La  souche  restait  en 
terre,  avec  les  tronçons  de  quelques  basses  feuilles,  et  entourée  de  nom- 
breux rejetons  pleins  de  vie.  Telle  était  l'occasion,  j'ai  voulu  la  saisir,  et 
j'apporte  ici  à  la  Société  le  tribut  de  mes  observations  malheureusement 
bien  peu  satisfaisantes. 

Avec  l'autorisation  de  M.  Martins,  la  souche  restée  en  terre  en  a  été  ex- 
traite avec  les  précautions  requises  pour  conserver  entiers,  autant  qu'il  était 
possible,  tous  ses  appendices,  après  quoi  j'ai  aussitôt  procédé  à  son  examen, 
assisté  de  nos  confrères,  MIM.  Cosson,  le  comte  Jaubert,  Martins  et  Plau- 
chon,  qui  avaient  bien  voulu  me  prêter  le  secours  de  leurs  yeux  et  auxquels 
s'était  encore  adjoint  M.  Gervais,  doyen  de  la  Faculté  des  sciences. 

La  souche  ainsi  mise  au  jour  et  renversée  sur  elle-même  se  présentait 
sous  la  forme  d'un  cylindre,  long  d'environ  50  centimètres  sur  environ 
20  de  diamètre.  Sa  base  était  tronquée  et  entourée  de  nombreuses  fibres 
radicales  circulairement  disposées  ,  comme  est  le  plateau  des  plantes 
bulbeuses  et  comme  sont  généralement  les  souches  monocotyledones  dont  le 
pivot  radical  a  disparu.  Au  sommet  du  tronçon  tenaient  encore  plusieurs 
bases  de  feuilles  coupées  par  la  scie.  Au-dessous  de  ces  feuilles,  le  reste  du 
cylindre  était  abondamment  tapissé  de  courts  et  menus  débris  fibreux,  pro- 
venant sans  doute  de  la  décomposition  d'anciennes  feuilles,  mais  où  il  était 
très  difficile,  si  ce  n'est  impossible,  de  distinguer  avec  certitude  et  les  entre- 
nœuds  très  rapprochés  de  ces  feuilles  et  leur  vrai  point  d'attache. 

Autour  de  cette  masse  ainsi  constituée,  flottaient  de  nombreux  rhizomes 
terminés  en  rosette,  simples  ou  rameux,  longs  de  50  à  100  centimètres,  dé- 
tachés à  angle  droit  ou  entortillés  autour  de  la  souche,  sans  doute  par  suite 
de  la  gêne  qu'une  banquette  trop  étroite  avait  apportée  à  leur  extension  ho- 
rizontale. Plusieurs  de  ces  rhizomes  étaient  depuis  longtemps  séparés  de 
leur  souche,  vivant  de  leur  propre  vie  et  armés  pour  cela  de  racines  adven- 
tives.  D'autres  s'étaient  rompus  pendant  la  manœuvre  de  l'extraction,  et  on 
ne  retrouvait  plus  même  leurs  bases  au  milieu  des  débris  où  elles  avaient 


61/j  SOCIKTK    BOTANIQUE    DE    FRANCE ■ 

pris  naissance.  C'est  ainsi  que  cinq  rhizomes  seulement,  sui'  un  nombre  plus 
que  quadruple,  purent  être  suivis  jusqu'à  leur  point  d'attache  et  furent  ju- 
gés propres  à  donner  des  lumières  sur  la  question  en  litige.  Examen  fait  de 
ces  cinq  rhizomes,  avec  tout  le  soin  dont  nous  étions  capables,  nous  avons 
d'abord  reconnu  que  tous  étaient  souterrains  et  qu'aucuî^  d'eux  ne  naissait 
à  l'aisselle  des  feuilles  supérieures,  je  veux  dire  de  celles  dont  les  bases  en- 
core subsistantes  couronnaient  le  sommet  du  tronçon  à  fleur  de  terre.  Tous 
partaient  de  la  partie  sous-jacente  et  en  grande  partie  dénudée  de  l'axe,  là 
où  toute  trace  de  feuilles  et  de  cicatrices  avait  à  peu  près  disparu.  C'est  sur 
ce  terrain  mal  disposé  que  trois  fois  nous  avons  vu  naître  le  rhizome  parmi 
des  fibres  radicales,  sans  pouvoir  distinguer  autrement  le  point  de  son  ori- 
gine. Une  quatrième  fois,  il  nous  a  paru  sortir  du  bourrelet  saillant  d'une 
cicatrice  de  feuille,  mêlé  encore  ici  à  des  libres  radicales,  dans  une  situa- 
tion qu'on  peut  croire  exlra-axillaire.  Une  fois  seulement  sur  cinq,  cette 
origine  extra-axillaire  nous  a  paru  évidente,  parce  qu'ici  le  point  d'attache 
était  sensiblement  supérieur  à  la  cicatrice  foliaire,  dans  un  entre-nœud  à  la 
vérité  très  court. 

J'avais  prévu  qu'avec  la  plante  adulte,  cette  recherche  présenterait  de 
grandes  diflicultés.  et  supposé  que  peut-être  les  jeunes  rosettes  terminant 
les  rhizomes  de  la  plante-mere  révéleraient  plus  facilement  le  secret  de  l'in- 
sertion {loc.  cit.  p.  ^7.).  .1  étais  dans  l'erreur,  car,  des  nombreuses  rosettes 
provenant  de  la  plante  dont  il  vient  d'être  question,  une  seule  m'a  offert  des 
rbizomes  naissants,  et  j'ai  ie  regret  de  dire  que  leur  examen  ne  m'a  rien 
appris.  Très  jeune  était  cette  rosette,  puisqu'elle  n'avait  encore  développé 
que  deux  ou  trois  feuilles  vertes,  celles-ci  longues  de  20  centimètres  au  plus, 
et  par  conséquent  très  courtes  en  comparaison  de  la  souche-raère,  dont  les 
feuilles  mesurent  jusqu'à  2  mètres.  Mais  ici  comme  dans  la  plante  adulte, 
les  rhizomes  naissants  se.  sontn\ontrés  au-dessous  des  feuilles  mortes  précé- 
dant les  feuilles  vertesde  la  rosette,  là  oùles  feuilles  plus  anciennes  n'avaient 
laissé  ni  limbe,  ni  cicatrice,  ni  par  conséquent  aucun  point  de  repère  pour 
juger  de  leur  vraie  situation.  Leur  voisinage  des  libres  radicales,  tout  au 
bas  de  l'axe,  était  la  seule  circouslance  qui  permit  de  supposer  qu'ils  pro- 
cédaient d'un  bourgeon  adveutif  plutôt  que  d'un  bourgeon  axillaire.  Ces 
jeunes  stolons  de  la  jeune  rosette,  au  nombre  de  trois,  n'avaient  encore  dé- 
veloppé aucun  bourgeon  terminal.  Gros  comme  une  mince  ficelle  et  couverts 
d'écaillés  imbriquées  et  charnues,  ils  ne  mesuraient  encore  que  12  ou  20  mil- 
limètres, i.aissésen  place  ils  auraient  pu  s'allonger  jusqu'à  un  mètre,  comme 
ceux  de  la  souche-mère,  se  fortifier  jusqu'à  prendre  l'épaisseur  du  petit 
doigt,  et  se  partager  en  deux,  trois  ou  plusieurs  rameaux,  terminés  chacun 
par  une  rosette.  Dans  cet  état  de  développement,  les  écailles  ont  grandi,  elles 
se  sont  écartées,  et  quoiqu'elles  soient  en  partie  desséchées,  on  voit  claire- 
ment que  c'est  de  leur  aisselle  que  sortent  les  rameaux. 


SKSSION    KXTRVUKniNMIÎI-;    V    MONTI'KI.LIFR    EN    .lUIN    1857.         615 

Il  résulte  do  ce.  qui  piéi'èile,  que,  sans  avoir  auciiiuî  certitude  résultant 
des  faits  observés,  je  n'ai  point  cependant  à  contredire  M.  Vaupcll,  en  ce 
qui  touche  sou  opinion  sur  la  ualiire  des  rhizomes  deVAr/ave.  Au  contraire, 
je  suis  aujourd'hui  disposé  à  cioire,  comme  lui,  que  ces  rhizomes  ne  sont 
pas  des  rameaux  axillaires,  mais  des  axes  nés  de  hourju;eons  adventifs.  C'est 
le  contraire  de  ce  que  j'avais  d'abord  supposé,  lorsque  je  n'avais  pour  me 
diriger  que  l'affinité  de  VAsphodelus  Inteus  {loc.  cit.  p.  hl).  Si  le  fait  vient 
à  se  vérifier  par  d'autres  observations,  il  sera  d'autant  plus  remarquable  que 
les  divisions  du  rhizome  lui-même  sont  très  certainement  des  rameaux  axil- 
laires, comme  Je  l'ai  dit  plus  haut. 

A  quelle  époque  de  la  vie  de  la  plante  naissent  les  rhizomes  dont  les  ro- 
settes doivent  pourvoir  à  sa  reproduction?  On  pouvait  supposer  que  c'étaient 
des  enfants  de  la  vieillesse  arrivant  juste  à  point  pour  remplacer  la  mère, 
épuisée  par  l'enfantoment  de  la  hampe  florale  ;  mais  il  n'en  est  rien.  A 
tous  les  âges,  sauf  de  rares  exceptions,  la  souche  de  VAgavs  se  montre  ac- 
compagnée de  rejetons,  plus  ou  moins  nombreux  et  plus  ou  moins  déve- 
loppés, depuis  quelques  centimètres  i uaqu  ai\  maximmn  d'un  mètre.  C'est, 
du  moins,  ce  que  J'ai  vu  chez  M""^  de  Saint-Georges,  à  Langaran  près 
Montpellier,  où  sur  vingt-six  individus  alignés  au  pied  d'un  mur  tourné  au 
midi  et  à  tous  les  degrés  de  développement  (1),  j'en  ai  à  peine  pu  compter 
deux  ou  trois  qui  fussent  privés  de  rejetons.  C'étaient  de  jeunes  sujets,  maisia 
différence  ne  tenait  point  à  l'âge,  puisque  d'autres  sujets  de  la  même 
taille,  plantés  tout  auprès,  étaient  accompagnés  de  rejetons,  comme  ceux 
d'un  âge  plus  avancé.  Quant  aux  sujets  adultes,  je  n'en  ai  vu  qu'un  seul 
qui  parût  ainsi  dégarni,  mais  celui-là  n'était  point  à  Langaran,  c'était  un 
frère  de  celui  dont  j'ai  décrit  plus  haut  la  souche.  Planté  comme  lui  en  1836. 
et  transporté  au  jardin  de  Montpellier  en  1852,  il  attend  dans  le  carré  des 
plantes  oflicinalesune  floraison  plus  ou  moins  prochaine.  Ceci  est  un  exemple 
d'une  extrême  paresse.  J'ai  cité  plus  haut  l'exemple  tout  contraire  d'une 
jeune  rosette  tenant  encore  à  la  plante-mère,  qui  avait  déjà  ses  commence- 
ments de  rhizomes.  Ces  différences  dé|)endent  sans  doute  de  la  nature  du 
sol,  plus  ou  moins  meuble  ou  compacte,  et  fournissant  à  la  plante  des  ali- 
ments plus  ou  moins  favorables  à  son  développement  souterrain. 

Il  me  reste  à  dire  quelques  mots  sur  un  phénomène  très  remarquable  que 
m'a  présenté  la  souche  dont  plus  haut  j'ai  décrit  l'appareil  stolonifere.  Cette 

(1)  De  ce  nombre  étaient  deux  pieds  adultes,  dont  la  hampe  florale  se  dévelop- 
pait sous  la  forme  d'une  puissanln  o(  gigantesque  asperge.  Une  de  ces  hampes,  me- 
surée par  M.  Martins  en  ma  présence  et  celle  de  M.  le  comte  Janhert,  avant  toute 
apparition  de  rameaux  tloraux,  avait  /i"',9i  de  longueur  sur  0"',58  de  circonférence 
à  O^jSO  au-dessus  de  sa  base. 


616  SOCIÉTÉ  BOT.VNIQUC:    1)K    FRANCK, 

souche  a  fleuri,  comme  M.  ÎNlartins  vient  de  nous  le  dire,  après  vingt-deux 
ans  de  plantation  et  elle  est  morte  après  fructification,  laissant  autour  d'elle 
de  nombreux  rejetons  pleins  de  vie.  Tous  ces  rejetons,  maintenant  séparés 
de  leur  mère,  vivront  désormais  de  leur  vie  propre  et,  transplantés  dans  un 
lieu  convenable,  ils  pourront,  à  leur  tour,  arrivei-  à  tloiaison,  api  es  avoir 
traversé  une  période  plus  ou  moins  longue  d'accroissement  et  de  renforce- 
ment. Ce  temps  a  été  de  vingt-deux  ans  pour  la  plante  ici  présente.  Il 
pourra  être  moindre  sous  un  climat  plus  chaud,  et  même  réduit  à  dix,  à 
cinq,  ou  à  quatre  années  (Vaupell,  loc.  cit.  p,  h^)  ;  mais  ce  qui  est  tout  à 
fait  anormal,  c'est  de  voir  ces  mêmes  rejetons  anticiper  leur  floraison  avant 
tout  renforcement  et  alors  même  qu'ils  tiennent  encore  à  leur  mère  récemment 
frappée  de  mort.  Tel  est  cependant  le  phénomène  qu'offre  en  ce  moment  la 
souche  dont  nous  venons  de  faire  l'autopsie  et  dont  nous  avons  ici  l'axe  floral 
desséché  sous  les  yeux,  .le  présente  à  la  Société  trois  jeunes  rejetons  issus 
de  cette  souche  et  précédés  de  leur  rliizome,  qui,  pnr  cette  singularité,  se 
distinguent  de  tous  leurs  frères,  en  beaucoup  plus  grand  nombre,  dont  le 
bourgeon  terminal  est  encore  contracté  en  rosette.  Ici  la  rosette  primordiale 
s'est  desséchée,  et  elle  n'existe  plus  que  sous  la  forme  de  lambeaux  écail- 
leux,  mais  son  axe  s'est  développé  en  une  tige  florale  très  simple  et  longue 
à  peine  de  3  centimètres,  sur  15  millimètres  de  diamètre  à  la  base.  Les 
feuilles  qui  garnissent  cette  tige  décrivent  une  spirale  très  allongée.  Elles 
sont  plus  lapprochées  et  plus  courtes  à  la  hase  et  au  sommet  de  l'axe,  plus 
longues  et  plus  lâches  dans  ie  milieu.  Plusieurs  des  inférieures  et  des 
moyennes  ont  a  leur  aisselle  un  bourgeon  foliaire  fi  es  distinct.  Plus  haut,  les 
feuilles  se  raccourcissent,  elles  passent  graduellement  a  la  forme  de  brac- 
tées, et  là  apparait  à  toutes  les  aisselles  (les  sept  dernières  dans  l'échantillon 
que  je  tiens  à  la  main)  un  bourgeon  floial  plus  ou  moins  développé  et  d'au- 
tant plus  piirfait  qu'il  nait  d'une  aisselle  plus  superieui'c.  De  ces  sept  bour- 
geons floraux,  les  quatre  inférieurs  se  composent  d'un  pédoncule  charnu 
très  court  relativement  à  la  feuille  florale,  et  d'un  limbe  avorté,  de  consis- 
tance scarieuse,  sans  examines  ou  avec  des  étamines  purement  rudimen- 
taires,  et,  à  ce  qu'il  m'a  semblé,  sans  aucune  trace  de  cavités  ovariennes. 
Les  trois  bourgeons  supérieurs  paraissent,  au  contraire,  munis  de  tout  l'ap- 
pareil qui  constitue  une  véritable  fleur  solitaire  dans  son  aisselle,  puis(iu'on 
y  distingue  un  court  pédicclle  articiUé  au  sommet,  un  ovaire  cylindrique  de 
20  millimètres  de  longueur,  un  limbe  supère  encore  fermé,  de  forme  ellip- 
so'ide,  mesurant  10  millimètres  de  longueuisur  6  ou  8  de  largeui-,  enlin  une 
grosse  anthère  faisant  effort  sur  un  des  côtés  du  bouton  pour  sortir  de  son 
étroite  prison,  cette  anthère  jaune,  toutes  les  autres  parties  vertes  et  char- 
nues comme  il  convient  à  une  fleur  encore  vierge.  Les  trois  fleurs  s'ouvriront 
en  leur  temps  pour  manifester  plus  amplement  leur  structure,  et  j'espère  les 


SKSSION    KMIîAOUniNMP.K    A    MONTl'l" ILIF.R    r,N    .MIN    1857.         01 7 

voir  s'épanouir,  car  la  tige  qui  les  porte  et  (luc  je  veux  soigtieuscment  con- 
server à  sec  jus(iue-ià,  parait  animée  d'une  vitalité  sans  é^ale  (l). 

Voilà  donc  trois  bourfïeons  (VAgore  développés  en  tige  fleurie,  longtemps 
avant  le  terme  ordinaire  et  sur  la  même  souclie  (|ui  a  produit,  il  y  a  douze 
mois,  la  magnifique  hampe  florale  qui  se  dresse  devant  nous  ;  des  nains, 
d'un  pied  à  peine,  succédant  de  très  près  à  un  liénnt  de  dix-liuit  pieds  !  Ils 
auraient  pu  fleurir  l'année  dernière  tout  aussi  bien  que  celle-ci,  et  alors  se 
fût  produit  le  phénomène  de  plusieurs  rejetons  d'/t^^i'c  fleurissant  en  même 
temps  que  la  souche-mère,  phénomène  dont  M.  Vaupoll  cite  un  exemple 
observé  en  1705,  par  le  Danois  Siricius,  sur  une  plante  cultivée  en  orangerie. 
Je  ne  trouve  aucun  autre  fait  du  même  genre  se  rapportant  à  \'Af/ave,  aucun 
fait  même  analogue,  dans  aucun  des  livres  que  j'ai  pu  consulter.  Personne 
depuis  Siricius  n'a  parlé,  que  je  sache,  de  bourgeons  de  \' Agave  arvi\('s  si 
prématurément  à  floraison. 

P.  S.  (Septembre  1857.)  F.e  phénomène  vu  par  Siricius  n'a  pas  tardé  à  se 
reproduire,  et  cela  a  Langaran,  au  pied  d'un  des  deux  Agave  que  \'y  avais 
vus  préparant  leur  floraison  sous  la  forme  de  longues  et  puissantes  asperges. 
Plusieurs  des  rejetons  issus  de  cette  souche  se  sont  montrés  prêts  à  fleurir, 
en  même  temps  que  leur  mère.  Le  7  août,  M.  Martiiis  a  bien  voulu  m'en- 
voyer  vivant  un  de  ces  rejetons.  Il  mesurait  un  mèti  e  hors  de  terre,  et  il  por- 
tait quatorze  boutons  de  fleurs  que  j'ai  vus  s'ouvrir  successivement  sur  ma 
fenêtre,  sans  plantation  du  sujet  ni  arrosemeut  quelcon(|ue.  Son  inflorescence 
formait  unepanicule  composée  de  quatre  grappes  scorpioïdes,  et  il  différait 
en  cela  des  individus  plus  faibles  que  J'avais  observés  au  Jardin  de  Mont- 
pellier, dans  lesquels  rinllorescence  appauvrie  ne  montrait  (ju'une  simple 
grappe.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  aujourd'hui  démontré  que  ces  rejetons  de 
l'il^aye  peuvent  arriver  à  floraison,  au  moins  accidentellement,  tantôt  en 
même  temps  que  leur  mère,  tantôt  l'année  suivante  et  après  qu'elle  a  cessé 
de  vivre. 

M.  Germain  de  Sainl-Piene  fail  à  la  Société  les  communications 
suivantes  : 

NOTE  SUR  UNE  TRANSFORM.\TION  DU  CHATON  FEMELLE  EN  R.\MEAU  PERSISTANT,  CHEZ 
LE  SALI.X  BABYLONICA,  par  M.  GERiTIAIW  DE  SAII>!T-PIERRE. 

L«  Salix  babylonica  (Saule-pleureur)  dont  nous  ne  possédons,  comme 

(1)  Deux  de  CCS  Heurs  ont  successivemcnl  avorlé  nvanl  leur  épanouissement;  la 
troisième  setde,  la  terminale,  s'est  régulièrement  développée,  et  c'est  le  1*'  août 
que  je  l'ai  vue,  dans  toute  sa  perfection,  avec  sou  court  pédiceJle  articulé  au  sommet, 
son  long  ovaire  adhérent  térétiuscule  à  trois  loges  multi-ovulées,  son  périgone  à 
six  lobes  dressés,  et  ses  six  filaments,  tous  longuement  exserts. 


618  SOCIÉTÉ  BOTANlQLi:    DE    FRANCE. 

on  sait,  que  le  sexe  femelle  en  Europe,  m"a  fourni,  celle  année  (1857),  une 
observation  tératologique  d'un  assez  grand  intérêt,  A  l'époque  de  sa  florai- 
son (dans  les  pre:niers  Jours  d'avril),  je  remarquai  que  les  rameaux  florifères 
d'un  Saule-pleureur,  situé  dans  le  jardin  de  Costebelle  près  Hyères  (Var), 
étaient  chargés  de  ramusculcs  d'un  aspect  insolite,  et  ie  m'assurai,  au  pre- 
mier examen,  que  ces  ramuscules  n'étaient  autre  chose  que  des  chatons  dont 
les  carpelles  avaienl  démesurément  grandi  et  dont  les  feuilles  constituantes 
tendaient  a  revêtir  la  forme  et  les  dimensions  des  feuilles  caulinaires  nor- 
males. L'arbre,  qui  est  de  très  grande  taille,  ne  présentait  pas  en  quelque 
sorte  une  seule  branche  dont  plusieurs  chatons  n'eussent  subi  cette  transfor- 
mation ;  mais  les  épis  transformés  se  trouvaient  çà  et  là,  sur  le  trajet  d'un 
rameau,  souvent  immédiatement  précédés  et  immédiatement  suivis  par  des 
chatons  qui  ne  participaient  eu  rien  à  l'anomalie.  J'insiste  sur  ce  point,  car 
dans  le  plus  grand  nombre  des  cas  où  un  rameau  florifère  est  atteint  de 
virescence  (transformation  en  feuilles  des  divers  organes  de  la  fleur),  toutes 
les  inflorescences  de  la  tige  et  du  rameau,  ou  toutes  les  fleurs  de  l'inflores- 
cence, sont  plus  ou  moins  complètement  atteintes  de  la  même  anomalie. 
Quelques  jours  plus  tard,  je  rencontrais  à  Hyères  et  à  Toulon  (dans  la  cour 
de  l'arsenal)  d'autres  Salix  bubijlonim  présentant  un  état  identique. 

Ces  chatons  et  ces  fleurs  atteints  de  virescence  offrent  les  particularités 
suivantes:  le  chaton,  caduc  à  l'état  normal,  devient  persistant  à  cet  état 
anormal,  et  constitue  une  sorte  de  rameau  court,  d'apparence  monstrueuse. 
J'ai  trouvé  sur  les  mêmes  arbres  de  petits  axes  desséchés  et  dépouillés  de 
feuilles,  qui  ne  sont  autre  chose  que  les  axes  de  chatons  foliacés  anormaux, 
semblables  à  ceux  de  cette  année,  qui  s'étaient  développés  l'année  dernière; 
mais,  dans  quelques  cas,  la  partie  supérieure  seule  du  rameau  anormal 
s'était  desséchée,  et  des  rameaux  axillaires  nés  à  la  partie  inférieure  avaient 
continué  à  vivre. 

Un  fait  non  moins  remarquable  consiste  dans  la  grandeur  relative  des 
bractées  des  chatons  normaux  et  des  chatons  anormaux.  En  effet,  tandis 
qu'à  la  base  des  chatons  normaux  on  trouve  souvent  des  feuilles  florales 
de  la  dimension  des  feuilles  raméales,  dans  les  chatons  anormaux  dont  les 
carpelles  ont  pris  une  ampleur  excessive  les  bractées  sont  à  peine  de  la 
longueur  des  pédicelles  ;  il  y  a  là  une  sorte  de  compensation  organique;  il 
est  néanmoins  bizarre  que  les  feuilles  d'un  axe  primaire  robuste  (le  rachis 
du  chaton)  soient  moins  développées  qu'a  l'état  normal,  lorsque  les  feuilles 
des  axes  secondaires  très  grêles  représentés  par  les  pédicelles,  sont  d'une 
ampleur  démesurée, 

La  longueur  des  fruits  foliacés  est  de  un  à  trois  centimètres,  leur  largeur 
d'un  demi-centimètre  à  un  centimètre,  leur  couleur  est  d'un  brun  vert, 
leur  consistance  est  membraneuse.  Tantôt  ils  sont  fermés  et  terminés  par 
un  style  indivis  ou  bifide  (carpelles  soudés  entre  eux  dans  toute  leur  Ion- 


SESSION    EXTUAOUDINAIUK    A    MONTPEI-LIEU    EN     IIIN    1857.         01 0 

gueur  y  compiis  les  styles,  ou  soudés  seulement  Jus((u'au  niveau  de  la 
partie  stylaire);  ces  fruits  ont  alors  tout  à  fait  l'aspect  de  la  silique  de  cer- 
taines Crucifères  (des  Drassica,  par  exemple,  hsiliques  anormales  foliacées); 
tantôt,  et  souvent  sur  un  même  épi,  les  deux  carpelUis  foliacés  sont  disso- 
ciés à  leur  sommet  ou  dans  leur  partie  supérieure,  et  le  fruit  est  béant  5 
tantôt  enfin  les  feuilles  carpellaires  retournent  plus  complètement  encore 
à  la  forme  foliacée  :  elles  sont  Iil)res  dans  la  plus  grande  partie  de  leur 
étendue,  et  elles  sont,  dans  leur  partie  supérieure,  de  la  dimension  et  de  la 
forme  des  feuilles  normales. 

L'examen  de  ce  fruit  déformé  est  extrêmement  intéressant  au  point  de 
vue  de  la  connaissance  précise  de  la  structure  du  fruit  normal.  On  sait,  en 
effet,  que  les  espèces  du  genre  «S«/«.r  présentent  tantôt  deux,  tantôt  quatre 
stigmates  ;  la  déidscence  normale  du  Ciuit  en  deux  valves  devait  déjà  faire 
penser  que  ce  fruit  se  compose  de  deux  carpelles  à  stigmates  bipartits  ; 
l'anomalie  que  nous  avons  sous  les  yeux  vient  confirmer  l'exactitude  de 
cette  manière  de  voir.  Le  fruit  anormal  se  compose  en  effet  de  deux  feuilles 
foliacées,  représentant  chacune  un  des  deux  carpelles.  Les  bords  des  feuilles 
carpellaires  (qu'elles  soient  entièrement  sondées  ou  en  partie  libres)  ne  pré- 
sentent sur  leur  bords,  ni  <à  leur  base,  aucune  trace  d'ovules  ;  aucun  point 
glanduleux  n'en  indique  im  rudiment  ;  mais  Taxe  de  la  fleur  se  prolonge 
lui-même  en  un  véritable  rameau  feuille,  qui  se  trouve  renfermé  entre  les 
deux  valves.  J'ai  rencontré  chez  les  Crucifères  des  cas  analogues,  dans 
lesquels  l'axe  de  la  fleur  était  continué  par  un  rameau  feuille  5  les  deux 
feuilles  carpellaires  à  demi  foliacées,  représentant  la  silique,  portaient  des 
ovules  rudimentaires  sur  leurs  bords,  et  nepouvaientpar  conséquent  laisser 
penser  que  l'axe  central  prolongé  en  rameau  feuille  pût  représenter  un  pla- 
centa chargé  d'ovules  transformés  en  feuilles. 

Enfin,  dans  notre  Salix,  certaines  fleurs  de  la  base  du  chaton,  les  plus 
vigoureuses,  sont  franchement  transformées  en  rameaux,  ou  représentées 
par  des  rameaux;  l'analogie  seule  peut  faire  reconnaître  les  deux  feuilles 
opposées  qui  se  trouvent  à  la  base  de  ces  rameaux,  pour  les  deux  feuilles 
carpellaires  d'une  fleur  transformée;  ces  deux  feuilles  sont  complètement 
libres,  elles  sont  munies  de  leurs  stipules  et  elles  ne  diffèrent  que  par  leur 
position  opposée,  et  non  alternante,  des  feuilles  d'un  rameau  normal. 

M.  Tonchy  est  d'avis  que  cette  monstruosité  n'est  point  une  hyper- 
trophie des  carpelles,  car  on  voit  les  chatons  mâles  des  Saules  subir 
la  même  altération ,  mais  une  hypertropiiie  des  enveloppes  florales 
produite  par  un  insecte  [Cynips)  qui  devient  une  cause  d'irritation. 

M.  Germain  de  Saint-Pierre  reconnaît  que  l'hypertrophie  localisée 
dans  les  feuilles  du  chaton  des  Saules  peut  être  causée  par  la  piqûre 


620  SOCIÉTÉ    BOÏAMQLt;    DE    FRANCE. 

d'un  insecte,  bien  qu'il  n'nit  pas  trouvé  de  larves  dans  les  chatons 
liypertrophiés  du  Saiix,  comme  on  en  trouve  dans  les  galles  du 
Rosier  et  du  Clu^ne  (galles  qui  sont  occasionnées,  non  par  la  piqûre 
du  Cynips  qui  dépose  ses  œufs  dans  le  tissu  de  la  plante,  mais  par  la 
succion  continue  des  larves  sorties  des  œufs  et  qui  vivent  sur  la 
plante  jusqu'à  leur  métamorphose).  Du  reste,  il  maintient  que  les 
les  feuilles  carpellaires  du  Salix  bahylonica  (arbre  dont  le  sexe  mâle 
n'existe  pas  en  Europe)  sont  le  siège  principal  de  l'hypertrophie 
dont  il  s'agit  ici,  et  il  présente,  à  l'appui  de  sa  manière  de  voir,  les 
chatons  déformés  du  Salix  babylonica  et  le  dessin  des  parties  ana- 
lysées et  grossies. 

NOTE  SUR  LES  FLORAISONS  ANTICIPÉES,  DITES  FLORAISONS  TARDIVES, 
par  M.  GERMitm  DE  S.%I!«T-PIERRE. 

On  désigne  généralement  sous  le  no;ii  de  floraison  tardive,  la  floraison 
d'un  arbre  qui,  après  avoir  fleuri  au  printemps  à  l'époque  normale,  refleurit 
de  nouveau  la  même  année  en  automne.  Cette  dernière  floraison  dite  tardive 
ne  serait  tardive  en  réalité  que  si  la  floraison  du  printemps  n'eût  pas  eu 
lieu  et  eût  été  retardée  jusqu'à  l'automne;  mais  lorsque,  après  une  floiaison 
vernale,  il  se  développe  une  floraison  d'autoinne,  cette  floraison,  loin  d'être 
appelée  tardive,  doit  être  dite  anticipée  ;  elle  appartient  en  effet  à  la  flo- 
raison qui  aurait  dû  normalement  se  produire  au  prii»temps  suivant.  Ce 
sontdes  fleurs  qui  n'aur<\ientdû  s'ouvrirqu'après  l'hiver  qui, sous  Tinfluenee 
des  dernières  chaleurs  de  l'automne,  se  sont,  en  ((uelque  sorte,  trompées 
de  saison  et  se  sont  épanouies  hâtivement;  elles  sont  ordinairement  frappées 
de  mort  par  les  premières  celées.  Il  est  rare  d'ailleurs  que  la  fécondation 
s'opère  chez  ces  fleurs  sans  avenir. 

Plusieurs  jeunes  Marronniers  d'Inde  plantés  sur  la  nouvelle  promenade 
de  Nimes,se  sont  couverts  de  fleurs  dans  les  derniers  Jours  d'octobre  1856  ; 
un  de  ces  arbres  présentait  dix-huit  à  vingt  grappes  magnifiques.  J'ai  vu 
ces  arbres  le  20  novembre  :  les  grappes  anticipées  étaient  alors  réduites  à 
leur  axe  portant  encore  quelques  débris  de  fleurs,  et  les  arbres  dépouillés 
de  leurs  feuilles  ne  différaient  plus  de  ceux  qui  n'avaient  pas  refleuri.  Vers 
le  15  décembre  de  la  même  année,  j'ai  trouvé,  dans  une  terre  cultivée  au 
bord  de  la  mer,  dans  les  environs  d'IIyères,  un  Amandier  chargé  de  fleurs; 
cet  arbre  est  abrité  du  nord  par  la  colline  et  les  débris  du  couvent  de  l'AI- 
manarre  (construit  sur  les  ruines  des  murailles  romaines  de  Pomponian/i, 
entées  elles-mêmes  sur  des  bases  de  murailles  pélasgiques)  ;  un  mois  plus 
tard,  dans  les  derniers  jours  de  janvier,  la  floraison  normale  des  Amandiers 
a  commencé;  cette  floraison  était  complète  le  10  février  et  s'est  terminée 
quinze  jours  plus  tard,  dans  les  variétés  les  plus  tardives.  C'est  à  peu  près 


SrSSlON    F.XTRAOnniN.VlUE    A    MONTPELLIKU    EN    JUIN    1857.         621 

vers  cette  dernière  ('poqiie  que  l'Aniaiulier  fleurit  sous  le  climat  de  Paris. 

J'ai  rencontré  aux  environs  d'Hyères  quel(|ues  rameaux  de  Myrte  fleuris 
en  décembre  et  Janvier  (l'époque  normale  de  la  floraison  du  Myrte  est  le 
mois  de  juillet);  j'ai  également  rencontré  à  Hyères  et  aux  environs,  des 
Orangers  abiités  par  des  murs  et  exposés  au  midi,  chargés  de  boutons  en- 
tr'ouverts  le  10  janvier;  celte  floraison  a  été  imparfaite  (l'époque  normale 
de  la  floraison  de  l'Oranger  est  la  fin  de  mai  et  le  commencement  de 
juin). 

L'activité  de  la  végétation,  dans  les  climats  méridionaux,  rend  ces 
exemples  de  lloraison  anticipée  plus  fréquents  dans  le  midi  que  dans  le  nord 
et  le  centre  de  la  France,  où  ils  ne  sont  cependant  pas  rares  pendant  nos 
automnes  alternalivement  chauds  et  pluvieux  ;  les  Poiriers  et  les  Pommiers 
de  nos  vergers  nous  en  oITrcut  souvent  des  exemples. 

M.  Marlins  partage  la  manière  de  voir  de  M.  Germain  de  Saint- 
Pierre.  Il  dit  ([d'au  Jardin  des  |ilantes  de  l^lontpeliier,  dans  la  grande 
ailée  des  Marronniers,  on  voit  chaque  année  quelques-uns  de  ces 
arbres  refleurir  en  septembre  et  en  octobre.  Ce  sont  des  pieds  souf- 
IVants  et  dont  la  vcgélalion  est  peu  active. 

M.  Toucby  est  aussi  d'avis  que  ces  floraisons  anticipées  sont  sur- 
tout le  résultat  des  grandes  sécheresses  de  l'été.  Lorsque  la  première 
pluie  d'automne  survient  (en  septembre),  un  brusque  changement 
s'opère,  la  température  devient  douce  et  humide,  et  la  végétation 
reprend  une  activité  nouvelle  qui  fait  fleurir  quelques  arbres,  nolam- 
mentles  Marronniers  et  les  arbres  fruitiers.  En  décembre  1839,  on  a 
mangé  des  cerises  rouges  chez  M.  Du[)in,  secrétaire  de  la  Société 
d'agriculture  de  l'Hérault.  Souvent  ces  floraisons  intempestives  sont 
bientôt  suivies  de   la  mort  de  l'arbre  qui  les  produit. 

NOTE  SUR  QUELQUES  FAITS  D'EXPANSIVITÉ  (PARTITION  OU  DÉDOUBLEMENT  ET  TENDANCE 
A  LA  PARTITION),  par  n.  GERMAIIV  DE  SAIÎ^T-PIEIÏRE. 

Les  exemples  du  phénomène  de  Y expansivitê  (ou  diruption)  me  parais- 
sent aussi  fréquents  dans  les  climats  méi'idionaux  que  dans  le  centre  et  le 
nord  delà  France.  Si,  pendant  une  partie  de  l'année,  la  sécheresse  est  exces- 
sive en  Provence,  il  est  des  saisons  pendant  lesquelles  les  pluies  sont  abon- 
dantes ;  et  la  durée  de  ces  dernières  périodes  est  suffisante  pour  déterminer 
la  production  d'anomalies  qui  nous  paraissent  être,  dans  certains  cas,  un 
des  résultats  de  l'action  prolongée  de  l'eau  ou  de  l'humidité  sur  les  plantes 
dont  le  tempérament  est  approprié  aux  terrains  secs,  ou,  tout  au  moins,  ne 
l'est  pa'*  aux  stations  aquatiques. 


622  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

J'ai  rencontré  (15  décembre  1856)  un  Bellis  pey^ennis,  dont  un  pédon- 
cule se  terminait  par  deux  capitules  adossés  et  repoussés  l'un  par  l'autre,  de 
manière  à  former  un  angle  avec  le  pédoncule  ;  les  autres  capitules  de  la 
même  rosette  de  Bellis  étaient  parfaitement  normaux,  et  les  fleurs  du  capi- 
tule dédoublé  étaient  normales.  J'ai  eu  plusieurs  fois  occasion  d'observer, 
aux  environs  de  Paris,  des  cas  d'cxpansivité  analogues  dans  les  capitules  du 
Dahlia,  du  Scabiosa  of/'opurpurea  et  du  Dipsacus  fulUmum;  mais  ces 
diverses  espèces  étaient  cultivées  ;  or,  les  conditions  dans  lesquelles  les 
plantes  sont  placées  par  la  culture  sont  généralement  favorables  à  la  pro- 
duction des  anomalies,  f.e  Bellis  perennis  observé  aux  environs  d"Hyères 
était,  au  contraire,  spontané  et  croissait  sur  la  berge  d'un  fossé. 

Un  buisson  de  Myrtus  communis,  croissant  dans  une  gorge  bumide  et 
ombragée,  m'a  présenté  (10  janvier),  parmi  des  rameaux  normaux,  mais  à 
fouilles  plus  amples  et  plus  molles  qu'à  l'état  ordinaire,  quelques  rameaux 
dont  les  feuilles  étaient  régulièrement  ternées;  plusieurs  verticilles   émet- 
taient, à  l'aisselle  de  chacune  des  ti'ois  feuilles,  un  rameau  à  feuilles  normale- 
ment disposées.  Un  autre  rameau  du  même  arbre  m'a  présenté,  parmi  des 
feuilles  normales,  une  feuille  bipartite  à  une  seule  nervure  médiane  à  la 
base;  cette  nervure  se  partageant  supérieuremeut  en  deux  nervures  qui 
jouent  chacune  le  rôle  de  nervure  médiane  pour  clmcune  des  deux  partitions 
de  la  feuille.  Cette  feuille,  qui   présente,  comme  toutes  les  feuilles  dédou- 
blées,  l'aspect  de  deux  feuilles  souJées,  occupe  manifestement,  dans  la 
série,  la  place  d'une  feuille  unique;  la  feuille  située  au-dessous  et  la  feuille 
située  au-dessus  sont  normales  pa;-  leur  position  et   par  leur  forme.  J'ai 
déjà  fait  remarquer  que  le  dédoublement  partiel  des  feuilles  est  le  premier 
degré  de  leur  multiplication  accidentelle  ;  un  même  individu  nous  offre  ici 
le  dédoublement  partiel  sur    une  branche,  et  sur   d'autres   branches,  une 
multiplication  compièle  et  régulière,  des  leuilles  ternées  remplaçant  des 
feuilles   alternes.  Knliii,  une  forte  branche  présentait  l'état  de   fasciation 
(aplatissement  ou  hypertrophie  tendant  au  dédoublement),  état  qui  esta  la 
partition  des  axes  ce  que  le  dédoublement  incomplet  de  la  nervure  médiane 
esta  la  multiplication  des  feuilles.  J'ai  trouvé  au  même  état,  c'est-à-dire  à 
branches,  les  unes   normales,   les  autres  à  feuilles  ternées,  le  Lilas  com- 
mun planté  dans  un  jardin  (Costebelle),  au  voisinage  d'une  source,  et,  dans 
leméinejardin,  un  Obîillet  de  semis,  dont  l'une  des  premières  feuilles  était 
profondément  bipartite;  la  feuille  opposée  à  cette  feuille  bipartite  était  nor- 
male. Enfin,  je  mets  sous  les  yeux  de  la  Société  un  rameau  de.  Phi/tolacca 
dioica,  qui  provient  du  Jardin  des  plantes  de  Montpellier,  et  que  je  dois  à 
l'obligeance  de  notre  vice-président  M.  Ch.  Martins,  le  savant  directeur  du 
Jardin.  Ce  rameau,  a  feuilles  nondjreuses,  disposées  en  spirale,  à  tours  rap- 
prochés, est  un  exemple  remarquable  d'un  axe  fascié  à  sa  base  et  terminé  en 
plusieurs  partitions,  dont  les  unes  sont  elles-mêmes  de  forme  aplatie  ou 


SESSION    KXTRAOP.DINAIRE    A    MONTPELLIER    EN    JUIN    1857,         623 

rubanée,  et  dont  une  autre  est  de  forme  cylindrique  et  constitue  un  rameau 
de  structure  normale  à  feuilles  normalement  disposées. 

M.  Julien  Jeanne!  iliL  (|u'il  a  observé  le  phénomène  de  lafasciation 
sur  des  leiiilles  de  Grenadier  et  d'Olivier,  ainsi  que  sur  des  grappes 
de  raisin. 

M.  Planehon  ajoute  que  les  Câpriers  présentent  IVéquenurient 
des  branches  iasciées  et  portent  alors  beaucoup  de  tleurs.  Il  croit, 
d'ailleurs,  que  les  phénomènes  [)ré3enlés  comme  des  cas  de  parti- 
tion sont  souvent  des  cas  de  dédoubleineni,  et  il  insiste  sur  ce  que 
Dunal,  (jui  avait  trouvé  dans  la  science  le  mol  dédoubie?}i&nt  créé  [)av 
De  Candolle,  en  avait  tiré  toute  la  théorie  de  la  partition,  telle  que 
plusieurs   botanistes   pensent  l'avoir   découverte  depuis. 

M.  Germain  de  Saint-Pierre  répond  à  cette  observation  de  la 
manière  suivante  : 

Je  n'ai  jamais  pensé,  quant  à  moi,  avoir  !e  piemier  fait  connaître  le 
curieux  et  important  phénomène  de  la  partition  ;  mais  j'ai  ajouté  aux 
recherches  déjà  faites  sur  ce  phénomène,  des  considérations  qui  pourront 
aider  à  en  compléter  l'étude,  et  j'ai  appuyé  ces  considérations  sur  de 
nombreuses  observations  qui  pourront  contribuer  à  en  achever  l'histoire. 
Je  me  suis  surtout  efforce  de  démontier  que  les  phénomènes  étudiés  sépa- 
rément, les  uns  sous  le  nom  de  fasciation,  et  les  autres  sous  le  nom  de  par- 
tition ou  dédoublement,  constituent,  non  pas  deux  phénomènes  distincts, 
mais  seulement  des  pl\ases  différentes  d'un  même  phénomène  (que  j'ai  dési- 
gné sous  le  nom  à' expansivité)  ;  et  j'ai  classé,  dans  l'histoire  de  ce  phéno- 
mène général,  la  partition  chez  les  axes  près  de  la  partition  chez  les  organes 
appendiculaires  des  divers  ordres. (les  feuilles  caulinaires  et  les  feuilles /?o- 
ruires).  'va\\\\\,  je  lue  suis  assuré  que  la  plupart  des  cas  cites  conmie  des 
exemples  de  soudures  (synophtie,  synauthie,  syncarpie,  etc.),  ne  sont  que 
des  cas  de  dédoublement  (expansivité)  et  ne  diffèrent  en  rien  d'autres  cas 
analogues  cités  comme  des  cas  de  dédoublement  par  les  mêmes  auteurs. 

JNous  vivons  à  une  époque  où  les  diverses  parties  de  la  science  ont  été 
déjà  l'objet  des  recherches  et  des  méditations  de  génies  du  premier  ordre, 
et  peu  de  quesl^ions  aujourd'hui  sont  entièrement  nouvelles;  chacun  de 
nous  ne  saurait  donc  apporter  que  quelques  pierres  à  l'édifice,  à  jamais 
interminable,  dont  la  continuation  nous  a  été  léguée  [lar  nos  prédécesseurs 
et  uos  maitrcs,  et  auquel  de  nouvelles  assises  serout,  pendant  bien  des 
siècles  encore,  ajoutées  par  nos  successeurs. 


&2à  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

NOTE  SUR  DIVERS  AUTRES  CAS  TÉRATÛLUC.IOUI'IS  OBSERVÉS  DANS  LE  MIDI  DE  LA  FRANCE, 
par  n.  «ERIVIAIIV  DK  SAIIVT-PIERRC. 

I.  Hameaux  à  feuilles  panaché eii  et  rameaux  à  feuilles  non  panachées  chez 
un  Rhamnus  Alatemus.  —  Un  lîhamnus  Alaternus,  planté  dans  le  jardin 
de  Costebelk'  près  Hyèros,  présente  un  phénomène  digne  de  remarque. 
Tous  les  rameaux  de  la  moitié  inférieurede  i'arbre  sont  a  feuilles  panachées 
(chaque  feuille,  verte  à  sa  partie  moyenne,  est  entourée  d'une  large  bordure 
irréguîière  d'un  blanc  jaunâtre),  et  tous  les  l'ameaux  de  la  moitié  supé- 
rieure de  l'arbre  sont  à  feuilles  vertes  normales.  Pas  une  feuille  des 
rameaux  inférieurs  n'est  verte,  pas  une  feuille  des  rameaux  supérieurs  n'est 
panachée.  Voici  quelle  est  la  charpente  de  cet  arbre,  dont  la  hauteur  est 
d'environ  deux  mètres  et  demi.  Il  était  terminé,  pendant  ses  premières 
années,  par  une  tête  à  feuilles  panachées,  qui  subsiste  encore;  à  10  centi- 
mètres au-dessous  du  sommet  de  cette  tète,  est  née  une  branche  plus  vigou- 
reuse que  les  autres  et  qui  a  dépassé  la  tête  restte  rabougrie;  cette  branche 
latérale  est  aussi  à  l'euilles  panachées  et  constitue  une  seconde  tète  ana- 
logue à  la  première.  C'est  cette  branche  à  feuilles  panachées,  dont  la  tête 
s'est  à  son  tour  arrêtée  dans  sa  croissance,  qui  a  émis,  vers  sa  base,  les 
vigoureux  lameaux  a  feuilles  vertes  non  panachées  qui  constituent  actuel- 
lement la  moitié  supérieure  de  l'arbre.  Ces  branches  a  feuilles  normales  sont 
au  nombre  de  trois  et  situées  l'une  au-dessus  de  l'autre,  du  même  côté  que 
la  branche-mère,  il  semble  (jue  l'arbre,  pendant  les  premières  années  de  sa 
croissance,  ait  végété  dans  un  état  maladif,  et  que,  dans  une  dernière 
période,  il  ait  été  doué  subilement  d'une  grande  vigueur;  mais  cette  force 
nouvelle  n*a  profité  (ju'aux  branches  nées  sous  cette  dernière  influence;  les 
branches  qui  existaient  précédemment  continuent  à  végéter  faiblement  et  à 
se  couvrir  de  feuilles  panachées  comme  s'il  se  fût  agi  d'une  greffe.  L'indi- 
vidualité nouvelle  n'a  pas  reçu  de  vice  héréditaire,  et  elle  n'a  pas  non  plus 
réagi  sur  l'individualité-mère. 

II.  Végétation  iV un  arbre  accidentellement  renversé.  — Un  Myrte  [Myrtus 
covirnunis),  arraché  naturellement  dans  l'éboulcment  des  bords  d'un  ravin, 
s'était  trouvé  la  tige  et  les  rameaux  lecouverts  déterre  et  la  racine  entière- 
ment hors  de  terre  et  dirigée  de  bas  en  haut.  Les  racines  les  plus  grêles 
s'étaient  desséchées  ;  mais  de  jeunes  rameaux  feuilles  (adventifs)  étaient 
nés  sur  le  pivot  tortueux  et  robuste  de  la  racine.  Ayant  retiré  l'arbuste  de 
terre,  je  trouvai  les  rameaux  les  plus  grêles  frappés  de  mort  et  les  feuilles 
détruites;  mais  les  bianches  les  plus  fortes  étaient  vivantes  et  avaient  émis 
des  racines  advenlives  qui  permettaient  ii  l'arbre  de  végéter  malgré  la  si- 
tuation renversée  de  la  tige  principale. 

III .  Genninution  des  yraincs  dans  un  fruit  sain.  —  En  ouvrant  une  tomate 
(fruit  du  Lijcopersicum  csculentum)  mûre,  mais  très  saine,  et  dont  l'épi- 


SESSION    EXTRAORDINVinr,    A    MONTPELLIER    EN    JUIN    1857.        625 

derme  ne  piéscMitnit  ni  taclies  ni  (h-chiriircs,  j'ai  lioiivc  (5  janvier)  toutes 
les  graines  du  fruit  complètement  iiermées.  Les  jeunes  plantes  présentaient 
leurs  deux  cotylédons  linéaires  d'un  l)eau  vert,  dressés  et  apprimcs,  et 
étaient  pourvues  d'une  !oii!j,ue  radicule. 

IV.  Fruit,  adventif  sur  une  cicatrice.  —  \j  Opuntia  Ficus  indica  (vulg.  Fi- 
guier d'Inde,  ]\aquette)  végète  à  Hyères  avec  vigueur;  il  y  a  des  individus 
dont  les  articles  inférieins,  épaissis  et  devenus  avecl'âge  presque  cylindri- 
ques, constituent  un  tronc  robuste  et  volumineux;  leurs  lourds  et  bizarres 
rameaux  décorent  les  rochers  et  les  vieux  murs  exposés  au  soleil.  Les  ra- 
quettes (articles  ou  mérithalles  discoïdes  des  0/juntia)  brisées,  coupées  ou 
désarticulées  accidentellement,  et  qui  tombent  et  séjournent  sur  la  terre,  s'y 
enracinent  par  le  point  quelconque  qui  se  trouve  en  contact  avec  le  sol. 
L'abondance  du  suc  aqueux  renfermé  dans  ce  fragment  de  tige  charnue, 
et  l'épaisseur  de  son  épidémie,  qui  le  préserve  d'une  dessiccation  rapide,  lui 
donnent  le  temps  d'émettre  des  racines  avant  que  la  chaleur  du  soleil  ait 
pu  le  dessécher;  or,  ces  fibres  radicales  adventives,  lorsqu'elles  ont  pénétré 
dans  le  sol,  mettent  le  fragment  a  l'état  d'individu  distinct,  et,  dès  lors,  son 
existence  est  assurée  :  il  végète  et  multiplie.  Sur  un  individu  vigoureux, 
une  raquette  ayant  été  coupée  transversalement,  a  émi>,  sur  la  cicatrice,  un 
fruit  bien  conformé.  On  voit  fréquemment  des  bourgeons  adventifs  se  for- 
mer sur  un  point  au  niveau  duquel  une  tige  a  subi  une  perte  de  substance, 
mais  ce  bourget)n  devient  ordinairement  un  rameau  ;  ici,  le  bourgeon  a 
produit  immetiiatement  une  fleur,  dont  le  fruit  est  arrivé  à  la  maturité. 

V.  Prolificalion  de  l'inflorescence  des  Plantains.  —  Mon  ami  iVi.  de 
Schœnefeid  a  rencontré  près  de  Villeneuve,  dans  notre  course  d'avant- 
hier,  un  beau  spécimen  de  la  l'orme  anomale  prolifère  du  Plantago  lan- 
ceolata,  et  a  bien  voulu  enrichir  de  cette  observation  la  série  d'anoma- 
lies que  j'avais  à  présenter  à  la  Société.  On  sait  que,  dans  cette  curieuse  et 
brusque  déformation,  les  bractées  inférieures  de  l'épi  (petites  et  scarieuses 
à  l'état  normal)  deviennent  ainpies  et  foliacées,  et  constituent  à  l'extré- 
mité de  la  hampe  et  au-dessous  de  l'épi ,  une  rosette  plus  ou  moins 
ample  et  analogue  à  la  rosette  des  feuilles  ladicales.  A  l'aissellcde  chacune 
de  ces  bractées  devenues  feuilles,  il  se  développe,  au  lieu  d'une  fleur,  une 
inflorescence,  un  epi  analogue  à  l'epi  terminal  normal,  et,  selon  que  ces 
épis  surnuméraires  sont  plus  développés,  la  partie  supérieure  de  l'épi  central 
ou  épi  mère,  est,  par  compensation,  moins  développée,  et  souvent  même 
avorte  presque  complètement.  L'individu  qtieje  place  sous  les  yeux  de  la 
Société  offre,  dans  ses  épis,  toutes  les  transitions  entre  les  épis  complètement 
normaux  et  les  épis  complètement  prolifères.  Je  ferai,  a  l'occasion  de  cette 
anomalie,  une  remarque  :  certaines  espèces  ont  une  tendance  marquée  à 
dévier  du  type  normal  pour  passer  à  un  état  anormal  déterminé.  Ainsi,  je 
ne  crois  pas  que  ce  soit  par  un  pur  effet  du  hasard  que  j'aie  rencontré  si 

T.  IV.  UO 


626  SOCIKTÉ    BOTAISIQUK    DE    FRANCE. 

fréquemment  dans  la  nature  (et  vu  dans  les  liorbiers),  le  Plantago  lanceo- 
luta  a  hampe  munie  d'une  rosette  terminale  foliacée  et  à  épi  prolifère  (forme 
dont  il  vient  d'être  question),  tandis  (juc  je  n'ai  point  encoie  rencontré  cette 
anomalie  cliez  d'autres  espèces  de  Plantains  presque  également  communes. 
J'ai,  au  contraire,  trouvé  plusieurs  fois  le  Plantago  major  présentant  une 
fornie  anormale  différente  et  que  je  n'ai  pas  rencontrée  dans  le  Plantago 
lanceolata.  Dans  la  déformation  de  l'épi  du  Plantago  major  à  laquelle  je 
fais  allusion,  les  bractées  llorales  restent  petites  et  scarieuses  ,  mais  l'épi 
est  transforme  eu  une  panicule  très  rameuse,  compacte,  et  plus  ou  moins 
pyramidale  ;  les  nombreuses  ileurs  de  cette  panicule  sont  souvent  abortives. 
(Je  crois  me  rappeler  (jue  M.  de  Schœnefeld  m'a  remis,  il  y  a  quelques 
années,  un  exemplaire  de  cette  seconde  anomalie,  recueilli  aux  environs  de 
Paris.  J'en  ai  recueilli  moi-même  un  des  plus  complets  dans  le  départe- 
ment de  la  INièvrc.) 

M.  Planchoii  voit  dans  le  phénomène  présenté  par  rAlalerne,dont 
vient  de  parleriM.Germainde  Saint-Pierre,  un  l'ait  d'atavisme  analogue 
à  celui  qu'oflrent  le  Cijtisus  Adami  et  le  Maïs  à  grains  de  diverses 
couleurs  ;  c'est-à-dire  une  fécondation  croisée,  puis  le  retour  à  l'un 
des  types  primitifs. 

M.  Germain  de  Saint-Pierre  fait  observer  que  l'AIaterne  à  feuilles 
panachées  n'est  guère  multiplié  que  de  grefle. 

M.  ïouchy  dit  qu'il  y  a  dans  l'herbier  de  Delile  une  déformation  du 
Plantago  major  analogue  à  celle  du  P.  lanceolata  que  vient  de 
signaler  M.  Germain  de  Saint-Pierre. 

M.  Planchon  ajoute  que  cette  monstruosité  est  obtenue  artificiel- 
lement par  certains  horticulteurs  (qui  la  cultivent  comme  variété), 
notamment  par  M.  Van-Houtte,  à  Gand.  Il  l'a  d'ailleurs  rencontrée 
aussi  à  l'état  spontané. 

M.  ïouchy  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

SUR  QUELQUES  PLANTES  ÉTRANGÈRES  A  LA  FLORE  DE  MONTPELLIER,  TROUVÉES  AUX 
ENVIRONS  DE  CETTE  VILLE,  par  M.  le  D--  TOLtUÏ. 

Pour  que  les  botanistes  puissent  se  fixer  sur  les  dores  locales,  il  est  néces- 
saire de  distinguer  avec  soin  les  plantes  introduites  par  des  circonstances 
accidentelles,  he  Port-Juvénal  près  iMontpeilier,  ainsi  ((uej'ai  déjà  eu  occa- 
sion de  le  dire  aujourd'hui  (1),  fournit  beaucoup  d'espèces  exotiques,  qui 
se  montrent  et  disparaissent  bientôt  eu  faisant  place  u  d'autres.  Les  lieux 

(1)  Voyez  plus  haut,  p.  593. 


SESSION    EXTHAOnniNAIRK    A    MONTI'KI.LIER    pN    iVA^    1857.        (527 

(|iii  avoisinent  les  moulins  dans  lesquels  on  convertit  eu  farine  les  blés  étran- 
gers, nous  piésonlont  un  fiiit  anaiofiue.  Dans  l'apiès-niidl  du  7  de  ce  mois, 
Je  suis  ailé  herboiiscr  auprès  de  trois  moulins  sur  le  Lez,  au-dessus  du 
port  neuf  de  Castolnau.  (]e  lieu  m'avait  déjà  fourni  l'an  dernier  {|uel(|ues 
plantes  étrangères.  Celles  (pie  j'y  ai  remarquées  eelte  fois,  sont  les  sui- 
vantes : 

Glaucmn  tricolo?'  Bernh.;  Sinapis  Dillenii,  et  cinq  ou  six  autres  es- 
pèces du  même  genre;  Ilapistrum,  trois  espèces;  Eruca  vesicaria  Cav.  ; 
Brassica,  une  espèce  ;  linp/ianus  recurvatus  Del.,  et  une  autre  espèce  voi- 
sine du  R.  llap/iwiisfrum  ;  Silène,  une  espèce;  Trigonella  Bessei^iana  Ser.; 
Melilotus,  deux  espèces;  Daucus  maxinms  Desf. ;  Z*.  a?<re?/.s  Desf.;  Ane- 
thum  segeli/rn  !..  ;  (Inap/taliwn,  une  espèce  ;  Senecio,  une  espèce;  Ant/iemia, 
deux  espèces^  ('/irysanfheinum  coronarium  L.;  Anacyclus  alexandrinus 
Willd.,  et  une  autre  espèce  du  même  genre  ;  Centaurea,  une  espèce;  Echi- 
nospermum  Juippula  Lehm.;  Ecldum,  une  espèce;  Anchusa^  une  espèce; 
Jiumex,  une  petite  espèce  presque  acaule;  Phalaris  quadrivalvis  Lag. 
Kn  tout  trente-cinq  espèces  étrangères  a  la  flore  de  Montpellier. 

A  la  suite  de  celle  comiiiunicalion,  M.  le  comte  Jaiibert  saisit 
roccasioii  de  remercier  M.  Toucliy,  au  nom  de  la  Société,  des  obli- 
geants et  utiles  services  qu'il  lui  rend  pendant  sa  session  à  Montpel- 
lier, tant  aux  herborisations,  dont  il  est  un  des  guides  les  plus  zélés, 
que  dans  le  Musée  botanique,  dont  il  est  le  conservateur  et  qu'il  met 
à  ia  disposition  des  visiteurs  avec  une  complaisance  extrême  et  une 
entente  parfaite  du  maniement  des  herbiers. 

Et  la  séance  est  levée  à  5  heures. 


Le  12  juin,  à  midi,  la  Société  a  visité  le  jardin  de  l'École  de  phar- 
macie, où  M.  Pouzin,  directeur,  et  M.  J.-E.  Planchon,  professeur 
d'histoire  naturelle,  ont  eu  l'obligeance  de  la  guider. 

C'est  ici  une  collection  toute  spéciale.  Les  plantes  de  pleine  terre,  rangées 
suivant  la  méthode  naturelle  et  étiquetées  avec  soin,  sont  toutes  exclusive- 
ment médicinales.  Une  orangerie  et  une  petite  serre  chaude  reçoivent  les 
végétaux  exotiques  qui  demandent  un  abri. 

Nous  avons  remarqué  surtout  \\E(jUops  hybride,  obtenu  par  iM.  Plan- 
chon, de  la  fécondation  artificielle  de  VyE.  ovata  par  le  Blé-Touzelle.  Cet 
hybride,  qui  reproduit  exactement  W-E.  triticoides  spontané  aux  environs 
d'Agde,  était  en  fleur,  avec  66  épis  sur  un  seul  pied. 

Les  étiquettes  de  l'Ecole  sont  formées  d'un  cadre  de  fer-blanc  peint  à 


628  SOCIÉTÉ    lîOTANIQl'K    DE    FRANCE. 

l'huile,  dans  lequel  est  enchâssé  un  verre  qui  recouvre  l'étiquette  de  papier, 
imprimée  et  collée  au  verre.  Ce  système  nous  a  paru  très  bon,  quoique 
quelques  imperfections  dans  l'application  de  la  peinture  aient  maculé  plu- 
sieurs étiquettes  par  des  taches  de  rouille;  accident  d'ailleurs  facilement 
réparable  et  que  compense  l'avantage  de  pouvoir  lire  très  nettement  les  éti- 
quettes imprimées. 


Le  42  juin,  à  huit  heures  du  soir,  les  élèves  de  la  Faculté  de  mé- 
decine et  de  l'École  de  pharmacie  de  Montpellier,  pour  fêter  leurs 
condisci|)les  de  Paris,  leur  ont  offert  un  punch  dans  l'orangerie  du 
Jardin  des  plantes,  éléiiamment  décorée  et  illuminée. 

Le  Bureau  de  la  Société  avait  été  prié  d'assister  à  celte  réunion 
toute  fraternelle,  pleine  de  gailé  et  d'entrain,  et  oii  n'ont  cessé  de 
régner  une  franche  cordialité  et  un  ordre  parfait.  Elle  était  animée 
parles  sons  de  la  musique  militaire,  que  M.  le  colonel  du  h'  régi- 
ment de  ligne,  en  garnison  dans  la  ville,  avait  hien  voulu  mettre  à 
la  disposition  de  M.  Martins,  président  de  la  fête. 

L'union  cimentée  ainsi  entre  les  élèves  des  Ecoles  de  Paris 
et  de  Montpellier  est  un  fait  qui  n'est  pas  sans  importance,  et  la 
Société  doit  se  féliciter  d'en  avoir  fourni  l'occasion  par  sa  session 
extraordinaire.  Nous  croyons  donc  utile  de  reproduire  ici  les  discours 
prononcés  à  cette  fête,  et  qui  permettent  d'en  apprécier  le  carac- 
tère et  la  portée. 

niscouns  de  iw.  iraj%RTii\'s. 

Messieurs, 

Recevez  d'abord  mes  remerciments  pour  l'honneur  que  vous  me  faites 
en  m'appelaiit  à  présider  celte  joyeuse  et  cordiale  réunion,  .l'avais  moins 
de  titres  (jue  mes  collègues  à  cette  preuve  de  votre  sympathie;  mais  vous 
avez  pensé  que  le  directeur  du  .lardin  des  plantes,  élève  de  Paris  et  profes- 
seur à  IMontpellier,  persoimiliaut  pour  ainsi  dire  la  Aision  scientilique  des 
deux  Écoles,  devait  inaugurer  une  fête  dont  la  botanique  et  l'entomologie 
ont  été  l'occasion.  Recevez  mes  félicitations,  Messieurs,  d'avoir  si  bien 
compris  le  but  de  ces  congrès  scientifiques,  qui  doivent  rapprocher  non- 
seulement  les  esprits  mais  encore  les  cœurs.  Grâce  aux  généreux  instincts 
de  la  jeunesse,  vous  avez  deviné  que  si  la  science  devait  être  l'objet  prin- 
cipal de  ces  réunions,  elle  n'en  était  pas  le  seul,  et  que  les  sentiments  de 
confraternité  qui  animent  tous  les  jeunes  gens  livrés  aux  mêmes  études  se 
transformeraient  en  sentiments  d'estime  et  d'amitié  mutuelles. 

Vos  camarades,  je  me  trompe,  Messieurs,  vos  amis  de  Paris  n'oublieront 


SESSION    KMUAOUUlMAIIîK    A    MONTl'ELLIKK    KN    JUIN    1857.         029 

pas  votre  cordiale  réception,  et  cliaeun  d'eux  sera  pour  vous  un  ^uide  em- 
pressé lorsque  vous  visiterez  le  centre  cui'opcen  des  sciences,  des  lettres  et 
des  arts.  Actuellement,  oubliez  que  vous  êtes  étudiants,  rappelez-vous  seu- 
lement que  vous  êtes  Jeunes  ;  jouissez  dans  toute  sa  plénitude  de  cette  joie 
sympathique  que  l'âge  mûr  ne  connait  plus.  Soyez  heureux  pendant  cette 
période  de  la  vie  où  il  est  si  facile  de  l'être,  mais  demain  souvenez-vous 
que  l'espoir  de  la  médecine  française  est  en  vous,  que  vous  aurez  à  soutenir 
le  poids  d'un  glorieux  héritage.  Vous  ne  faillirez  pas  à  cette  noble  tâche  et 
vous  reculerez  les  bornes  de  la  science  ({ue  nous  vous  enseignons  aujour- 
d'hui et  que  vous  enseignerez  à  votre  tour.  I /observation  et  l'expérience 
fécondées  par  la  méditation,  voilà  vos  instruments  de  travail,  car  les 
tiiéories  passent,  mais  les  faits  restent.  l\emettez-vous  donc  à  l'œuvre,  et 
peut-être  sortira-t-il  de  vos  rangs  quelques-uns  de  ces  hommes  que  l'huma- 
nité proclame  comme  ses  bienfaiteurs,  et  que  la  science  consulte  comme  ses 
oracles. 

DISCOURS   DE  Itl.  €HATII\'. 

Messieurs  les  étudiants  de  Montpellier, 

Vous  m'avez  appelé  à  cette  belle  et  joyeuse  fête  ([ue  vous  offrez  à  vos 
camarades  de  Paris.  J'essayerais  en  vain  d'exprimer  le  plaisir  que  j'éprouve 
à  me  trouver  au  milieu  de  vous,  aux  côtés  du  savant  professeur  que  vous 
venez  d'entendre  et  dont  la  parole  élégante  et  facile  contribua  à  m'initier 
aussi  aux  sciences  qui  aujourd'hui  nous  réunissent.  Un  mailre  illustre, 
retenu  loin  d'ici  par  de  multiples  devoirs  et  qui  fut  a  Montpellier,  où  il  a 
laissé  un  sillon  lumineux,  l'élève,  l'aini  et  le  collaborateur  de  De  Candolle 
et  de  Dunal,  eût  mieux  que  moi  représenté  la  cordiale  fusion  qui,  en  ce 
moment,  s'opère  entre  les  Écoles  du  nord  et  leurs  sœurs  du  midi.  Élève  de 
Montpellier,  ce  maître,  que  vous  nommez  tous,  enseigne  à  Paris  quel  fut  le 
tort  de  ceux  qui  diient  que,  dans  la  plus  anciennement  célèbre  de  vos  Écoles, 
il  serait  de  principe  que  les  idées  spéculatives  s'affranchissent  de  l'observa- 
tion, qui  tour  à  tour  doit  en  être  le  moteur  uu  le  fiein. 

Permettez-moi  de  dire,  pour  me  rapprocher  aussi  de  vous,  que  si  je  pro- 
fesse dans  le  grand  centre  scientifique  du  nord,  je  suis  sorti  d'une  bourgade 
(Tullins  près  Grenoble)  comprise  dans  la  zone  médicale  dont  Montpellier 
est  le  foyer. 

J'ajoute  encore,  pour  m'unir  davantage  a  chacun  de  vous,  que  je  suis 
heureux  de  penser  que  vous  serez  tous  un  jour  mes  confrères,  quelle  que 
soit  celle  de  nos  Écoles  à  laquelle  vous  preniez  vos  grades. 

Vos  camarades  de  Paris  s'attendaient,  ?tlessieurs,  a  être  ici  les  bien- 
venus. Ils  savaient  qu'à  iMontpellier  l'esprit,  quoique  en  grand  renom,  est 
encore  dépassé  par  le  cœur  :  votre  accueil  sympathi([ue  dépasse  à  son  tour 
leurs  espérances. 


630  SOCIÉTÉ    BOTAMQll';    Di:    FHANCE. 

La  botanique,  aimable  de  sa  nature,  surtout  pour  la  jeunesse  studieuse 
dont  elle  recherche  les  hoinmjiges,  a  été  l'occasion  de  cette  charmante  réu- 
nion de  famille.  Puisse-t-elle  en  être  récompensée  en  gagnant  à  clic  quel- 
ques-unes de  ces  vives  intelligences  méridionales  qui  §ont  si  dignes  et  si 
capables  de  contribuer  aux  progrès  de  toutes  les  branrhes  des  connaissances 
humaines. 

Nous  vous  quitterons  à  regret,  Messieurs,  en  emportant  un  doux  et  im- 
périssable souvenir  de  notre  passage  parmi  vous,  de  notre  séjour  trop  court 
dans  votre  célèbre  et  savante  cité,  de  nos  excursions  trop  rapides  dans  vos 
belles  campagnes,  où  aux  rayons  d'un  chaud  soleil  et  sous  un  ciel  à  rendre 
l'Italie  jalouse,  mûrit,  h  côté  de  l'Olivier,  cette  bienfaisante  et  renommée 
grappe  des  Gaules,  atteinte  par  un  fléau  dont  un  agronome  distingué,  votre 
compatriote  (M.  Mares),  a  le  premier  triomphé  dans  la  grande  culture.  Inu- 
tile d'ajouter,  Messieurs,  que  les  botanistes  du  nord  garderont  aussi  un 
durable  souvenir  de  cette  végétation  variée  et  presque  africaine  des  basses 
Cévennes,  des  garrigues  rocheuses  et  parfumées  qui  encadrent  et  abritent 
vos  champs  d'Oliviers,  de  celle  des  plages  historiques  d'Aigues-Mortes  et 
de  Maguelonne,  ou  les  végétaux  les  plus  rares  croissent  aux  lieux  mêmes 
d'où  partirent  les  flottes  de  saint  Louis,  et  sur  l'emplacement  de  la  ville 
détruite  par  Charles-Martel. 

Au  besoin  nos  herbiers,  remplis  par  la  flora  monspeliensis,  dont  le 
monde  entier  connaît  les  richesses,  rajeuniraient  notre  mémoire.  Car,  vous  le 
savez,  Messieurs,  le  grand  bonheur  du  botaniste  est  de  levivre,  l'hiver,  au 
coin  du  feu,  en  feuilletant  son  herbier,  à  chaque  plante  ducfuel  restent  at- 
tachées toutes  les  circonstances  de  date,  de  lieu  et  de  compagnons,  de  com- 
pagnons surtout!  L'herbier  c'est  le  plaisir,  la  surprise  des  découvertes 
quand  on  le  compose  ;  ce  sont  les  doux,  les  charmants  souvenirs  li)rsqu'on  le 
revoit.  Cependant,  Messieurs,  nous  ne  vous  mettrons  pas  sous  sa  sauve- 
garde. Soyez  sûrs  que  la  mémoire  du  cœur  ne  nous  faillira  pas. 

Il  nous  reste  un  vœu  à  former.  C'est  qu'à  votre  tour  vous  veniez  à  Paris, 
dont  les  étudiants  et  la  flore  vous  attendent.  Les  Écoles,  qui  l'an  passé  avaient 
facilité  les  excursions  au  Mont- Dore,  la  Société  Botanique  de  France,  qui 
cette  année,  grâce  a  l'intervention  de  M.  le  comte  Jaubert,  son  aimable  et 
zélé  vice-président,  a  rendu  si  accessibles  les  conditions  du  voyage,  ne  per- 
dront pas  de  vue  qu'il  leur  reste  à  convier  à  Paris,  à  des  époques  périodi- 
ques et,  espéroiis-le,  rapprochées,  les  étudiants  de  toute  la  France. 

A  la  visite,  aux  succès,  à  la  santé  des  étudiants  de  Montpellier! 

DISCOURS  DE  M.   ESI'OR.   iiilunie  .-i  riiôpital  Saiiit-Éloi. 

Les  étudiants  de  Monlpcllici-  aux  étudiants  de  Paris  et  de  Strasbourg! 
Permettez-nous,  Messieurs,  de  nous  féliciter  de  rheareuse  inspiration  (jui 


SESSION    KVTKAOUDIiNAlKK    A    MONTI'IXLIKIi    KN    .IllLN    1857.         Glil 

<1  fait  flésiitnor  la  ville  médicale  du  midi  commo  coiilic  (]o  vos  excursions 
scientiliques.  l'ille  nous  donne  l'occasion  de  vous  offrir,  sinon  la  plus  bril- 
lante, tout  au  moins,  croyez-le  bien,  la  plus  sympatliique,  la  plus  cordiale 
hospitalité.  Mais  que  cette  réunion,  peut-être  sans  précédent,  ne  soit  pas 
destinée  à  ne  vivre  que  dans  le  souvenir  de  chacun  de  nous;  qu'elle  soit 
plutôt  l'emblème  de  cette  union  si  vivement  désirée  entre  les  Écoles  du  nord 
et  celles  du  midi. 

Puisse  l'accord  spontané  de  leurs  élèves  devenir  le  gage  de  notre  confra- 
ternité dans  l'avenir!  Puisse  l'alliance  de  leurs  principes  être  la  base  des 
progrès  futurs  de  la  science! 

REPONSE  PAR  M.  Ach.  FOVILLE,  interne  des  hôpitaux  de  Paris. 

Messieurs, 

Parmi  les  titres  que  la  Société  Botanique  de  France  aura  à  la  gratitude  des 
étudiants  de  Paris,  auxquels  elle  a  ouvert  la  route  du  midi,  ce  ne  sera  certes 
pas  le  moindre  que  d'avoir  rendu  possible  cotte  réunion,  dont  vous  avez  eu 
si  spontanément  l'initiative  et  à  laquelle  nous  sommes  heureux  de  nous 
rendie. 

Consacrés  aux  mêmes  études,  poursuivant  le  même  but,  nous  devons  être 
guidés  par  les  mêmes  principes,  unis  par  les  mêmes  sentiments.  Buvons 
donc  à  l'union  médicale  en  France,  et  permettez  à  vos  hôtes  de  porter  spé- 
cialement un  toast  à  la  Faculté  de  Montpellier. 


Le  14  juin,  à  six  heures,  un  banquet  par  souscription,  organisé 
par  les  soins  de  M.  Martins,  a  réuni  dans  l'orangerie  du  Jardin  des 
plantes  la  plupart  des  membres  de  la  Société  présents  à  3Iontpel- 
lier,  les  autorités  municipales  et  un  grand  nombre  de  professeurs 
des  diverses  Facultés  et  de  savants  de  la  ville. 

Nous  avons  été  heureux  d'entendre  ces  messieurs  nous  exprimer 
plus  d'une  fois  l'intérêt  qu'ils  portent  à  notre  institution  et  à  la 
science  qui  l'ait  l'objet  de  nos  études. 

Deux  toasts  ont  été  portés,  l'un  par  M.  Martins  :  A  la  Société 
Botanique  de  France  !  et  l'autre  (en  l'absence  regrettable  de  M.  de 
Tchihatcbef,  retenu  chez  lui  par  une  indisposition)  par  M.  le  comte 
Jaubert  :  A  la  ville  et  aux  savants  de  Montpellier! 

Après  le  dîner,  on  s'est  rendu  chez  M.  Donné,  recteur  de  l'Aca- 
démie, qui  a  bien  voulu  nous  ouvrir  gracieusement  ses  salons,  et  nous 
procurer  ainsi  le  plaisir  de  [)asser  tous  ensemble  une  charnumtc 
soirée. 


632  SUCIKTi:    ItOTAiSlULL    DE    FUAiNCE. 

Le  15  juin,  à  deux  lieures,  la  Sociêlé  a  visité  le  Musée-Fabre,  qui 
conlienl  la  principale  biblioUièquede  la  ville,  et  se  compose  en  outre 
de  plusieurs  galeries  de  tableaux. 

Le  fondateur  de  cet  établissement,  Fabre,  de  Montpellier,  était  un  peintre 
distingué,  qui  avait  rcuni  en  Italie  des  tableaux  de  prix  et  un  grand 
nombre  de  livres  (concernant  surtout  les  beaux-arts),  qu'il  a  légués  à  sa 
ville  natale.  La  bibliothèque,  considérablement  enrichie  depuis  et  aujour- 
d'hui très  variée,  a  fait  il  y  a  quelques  années  une  acquisition  très  précieuse 
pour  les  botanistes.  Auguste  de  Saint-Hilaire  lui  a  légué  tous  les  livres  qu'il 
possédait  (environ  3000  volumes),  parmi  lesquels  se  trouvent  un  grand 
nombre  d'ouvrages  importants  et  rares.  En  attendant  qu'on  puisse  lui  don- 
ner un  local  plus  convenable,  cette  bibliothèque,  essentiellement  scienti- 
fique, a  été  placée  au  troisième  étage,  dans  une  chambre  particulière. 
M.  Paulin  Blanc,  le  savant  bibliothécaire  de  la  ville,  qui  en  a  dressé  le 
catalogue  avec  beaucoup  de  soin,  a  eu  l'obligeance  de  nous  la  montrer  (1). 

Dans  le  musée  de  tableaux,  nous  avons  vu  avec  intérêt  et  émotion  le  por- 
trait d'Auguste  de  Saint-Hilaire,  qui  tut  le  maître  et  l'ami  de  plusieurs 
d'entre  nous.  Ce  portrait,  que  la  \ille  a  fait  faire  pour  rendre  hommage  à  la 
mémoire  de  l'illustre  botaniste,  qui  a  passé  à  Montpellier  les  dernières  et 
douloureuses  années  de  sa  vie,  est  une  copie  fort  bien  exécutée  de  l'original 
que  possède  M"'"  Parent-Duchàtelet.  C'est  la  veille  même  que  ce  tableau 
avait  été  mis  en  place,  à  l'occasion  de  la  visite  delà  Société. 

INous  avons  remarqué  aussi  des  tableaux  de  fleurs  de  INode  fds,  qui  était 
le  dessinateur  de  Dunal,  et  une  copie  de  l'inscription  de  Rosette,  prise  par 
Delile  lui-même  pendant  l'expédition  d'Egypte. 


SKAUCK  BU   IC  JHJI!%  1857. 

PRÉSIDENCE     DE     M.     l'IERKE     DE    TCHIHATCHEF. 

La  séance  est  ouverte  à  onze  lieures  du  matin. 

M.  Eu"-.  Fournier,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  delà 
séance  du  12  juin,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance,  M.  le 
Président  proclame  l'admission  de  : 

(1)  M.  Blanc  nous  a  remis  une  listo  des  ouvrages  de  bolaiiique  à  cornplétcr  pour 
celte  bibliothèque  oi  des  échanges  proposés.  Cflie  note  est  déposée  aux  archives  de 
la  Société. 


SESSION    KXTIlAOnniNMIU':   A    MOM'I*KLLIt;K    EN    JUIN    1857.         (i^iS 

MAI.  HoiiDKT  (Anîitolc),  ù  Moiitgàcoii,  près  Maringues  (Puy-de- 
I)(uue),  prc'sontô  par  MM.  Guillard  et  Darracq. 

JuNQUET  (Frédéric),  docteur  en  médecine,  médecin  aide- 
major  au  2* régiment  du  génie,  à  Montpellier,  présenté  par 
MM.  Martins  et  IManchon. 

Saiiut  (F, -G.),  horticulteur,  rue  du  Manège,  à  Montpellier, 
présenté  par  MM.  Guillard  et  Martins. 

Cramer  (Wilhelm),  étudiant  à  l'université  de  Boim  (Prusse 
rliénane),  présenté  par  MM.  Clialin  et  Grœnland. 

Espagne,  docteur  en  médecine,  chef-interne  à  l'hôpital  Saint- 
Eloi,  à  Montpellier,  présenté  par  MM.  Martins  et  Mail- 
lard. 

M  le  Président  annonce  en  outre  deux  nouvelles  présentations. 

Dons  faits  à  la  Société  : 

1"  Par  M.  Gh.  Martins  : 

Projet  d'enquête  sur  la  culture  de  l'Igname  de  Chine  et  du  Riz  sec, 
présenté  à  la  Société  impériale  zoologique  d'acclimatation. 

2°  Par  M.  Ricard,  de  Montpellier  : 
Le  Nomenclateur  botanique  languedocien,  par  Ch.  de  Bcllevul. 

M.  Mares,  secrétaire,  rend  compte  des  herborisations  faites  le 
11  juin  à  Cette,  le  12  à  Aigues-Mortes,  et  le  13  à  Palavas  et  à  Mague- 
lonne. 

RAPPORT  DE  M.  PAUL  MARES   SUR  L'HERBORISATION  FAITE   LE  11  JUIN  A  CETTE, 
ET  DIRIGÉE  PAR  MM.  MARTINS  ET  CHATIN. 

A  huit  heures  du  matin,  le  chemin  de  fer  nous  emporte  rapidement  vers 
Cette  ;  à  quelques  minutes  de  Montpellier,  nous  apercevons  une  maison  de 
campagne  surmontée  d'un  petit  belvédère  au  toit  arrondi  :  c'est  l'ancienne 
propriété  du  célèbre  Rondelet  (le  docteur  Rondibilis  de  ^Rabelais).  On 
désigne  encore  cette  propriété  dans  le  pays  sous  le  nom  de  Mas  de  Rondelet. 
Nous  passons  devant  Villeneuve-lez-Magueionne,  le  marais  de  l'Estagnol 
et  la  Madeleine  où  nous  avons  herborisé  la  veille  ;  nous  voyons  ensuite  le 
village  de  Mlreval,  celui  de  Vie,  dont  l'église  fortifiée  nous  rappelle  le 
temps  où  nos  côtes  avaient  à  se  défendre  contre  les  incursions  audacieuses 
des  pirates  barbaresques.  Nous  traversons  la  grande  palud  de  Vie,  dont  les 
émanations  fiévreuses  déciment  les  populations  environnantes,  et  bientôt,  sur 
les  coteaux  rocailleux  des  dernières  montagnes  de  la  Gardiole,  qui  sont  à 


63^1  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FHANGK. 

uotie  droite,  nous  voj'oiis  verdoyer  les  vignes  qui  donnent,  ou  plutôt,  hélas  ! 
qui  donnaient  le  célèbre  muscat  de  FroiUignnn.  Un  instant  après,  nous  pas- 
sons devant  le  village  de  ce  nom  ;  puis  la  voie  fériée  s'élance  hardiment  au 
milieu  des  étangs,  sur  une  large  chaussée  qui  arrive  jusqu'à  la  mer.  Nous 
côtoyons  alors,  a  quelques  mètres  a  peine,  la  belle  nappe  bleue  de  la  Médi- 
terranée, dont  les  flots  roulent  doucement  sur  une  plage  sablonneuse  cou- 
verte de  végétation  littorale.  On  aperçoit  déjà  les  mâts,  les  vergues  des  na- 
vires, le  piiare  et  les  Jettes  qui  s'élèvent  sur  la  mer  biillante  de  lumière. 
Cette  nous  est  cachée  par  lo  train  lui-même,  mais  nous  y  arrivons  en  quel- 
ques mintites;  il  est  a  peine  neuf  heures.  En  traversant  le  marché  de  la 
Ville,  nos  legards  s'arrêtent  un  instant  sur  les  diverses  espèces  de  poissons 
péchés  cette  nuit  :  la  plupart  sont  nouveaux  pour  nous,  et  M.  P.  Gervais 
nous  en  nomme  quelques-uns  des  plus  remarquables. 

Nous  suivons  les  rues  qui  s'élèvent  par  une  pente  assez  rapide  vers  la  mon- 
tagne de  Saint-Clair.  Kn  passant  près  de  la  citadelle  qui  domine  la  ville  du 
côté  de  la  mer,  nous  ne  pouvons  nous  empêcher  de  considérer  un  instant  la 
vue  magnifique  qui  se  déroule  à  nos  pieds  et  dans  le  lointain-,  la  ville,  peu 
ancienne,  mais  aujourd'hui  très  importante,  le  port,  les  navires,  les  jetées,  la 
plage  et  un  immense  horizon  demer  forment  un  superbe  ensemble.  Mais,  sur 
les  rochers  qui  servent  de  base  à  lacitadelle.on  commence  à  trouver  quelques 
plantes:  le  Lagurus  ovatus,  VHedijpnois  polymorpha,  Y Asteriscus  aquaticus, 
VAlysmmmarithnura\\yAW<^\\\'^ui\e  butin  de  cettejournée;  aussitôt  l'ardeur 
botanique  s'empai-e  de  chacun  de  nous,  et  vient  dominer  toutes  les  autres  pré- 
occupations. En  quittant  la  citadelle,  le  chemin  par  lequel  nous  gravissons 
la  pente  escarpée  deSaint-CJair  est  excessivement  rocailleux,  resserré  entre 
deux  murs  de  pierres  sèches,  au  pied  desquels  nous  trouvons  le  Plumbago 
europœa,  VUrtica  pilulifera  déjà  couvert  de  ses  fruits  caractéristiques,  le 
Silène  nocturna  var.  brachypd<da^  \ç)  Brachypodiiim  raniosum^  VOno- 
pordon  illyricum  presque  toujours  assuré  du  respect  des  plus  intrépides 
collectionneurs,  le  Tyrimnas  leucograplius,  le.  firdactites  tomentosa  un  port 
élégant;  et  nous  voyons  sortir  d'une  anfracluosité  les  tiges  déliées  et  les 
Jolies  fleurs  bleues  du  Lactuca  tenerrima,  qui  se  retrouve  à  Narbonne  et 
aux  Pyrénées. 

Les  murs  du  chemin  présentent  parfois  de  larges  ouvertures,  qui  don- 
nent sur  des  terrains  de  garrigues  heureusement  vierges- encore  des  défri- 
chements qui  envahissent  tous  les  jours  la  montagne  de  Cette  ;  nous  pouvons 
donc  y  butiner  à  notre  aise:  aussi,  aux  plantes  déjà  trouvées  et  qui  crai- 
gnent peu  les  terrains  rocailleux  et  la  séchei-esse,  nous  ajoutons  bientôt 
plusieurs  autres  espèces  qui  résistent  tout  aussi  bien  à  notre  climat  méri- 
dional :  ce  sotil  les  Avena  jniOescens?,  Trificam  plurnicoidcs,  Buin  inx- 
fjuatifolia,  Carduus  nufcma,  Planlngo  Psylliiti/i,  Thrincia/diitt,  Bt/plevnini 
aristatuni,  Vcrbascum  floccosuni,  Trifolium  tomentosum^  T.  suffocatum,  etc. 


SESSION    EXTUAOUDIiN'All'.K    \    IMONTI'I  I.MI  i;    K.N    .IIMN    1857.         ()35 

La  montagne  de  Saint-Clair  a  près  de  200  mètrt's  d'altitude  et  forme  une 
masse  arrondie,  np|)artenant,eoninie  les  loolier.sde  la  Madeleine  et  du  Creuss 
de  Miéiie,{j  rel;ij;e().\for(llen  dn  teri-ain  jurassique,  ('.olline  solitaire,  entourée 
par  la  mer,  i'étan<;'  de  Thau  et  le  port  de  Cette,  à  peine  reliée  à  la  terre  ferme 
par  la  plaj^e  d'Agde  ,  cette  hauteur  parait  surgir  du  milieu  des  eaux,  et  son 
élévation,  son  isolement,  eu    l'ont    le  centre  d'un    magnifique  panorama. 
Nous  atteignons  le  sommet  de  la  montagne,  où  se  trouve  une  petite  construc- 
tion carrée,  dont  (jueUjues  nKirchcs  nous  permettent  d'atteindre   le  faîte  : 
de  là,  rien  ne  peut  gêner  la  vue  :  au  sud  s'étend  devant  nous  la  majestueuse 
immensité  de  la  mer;  à  l'ouest  la  plage  d'Agdeet  sa  montagne  volcanique, 
noir  mamelon  (|ui  se  dessine  nettement  sur  le  Gauigou,  dont  le  bleu  plus 
foncé  que  celui  du  ciel  se  perd  dans  la  iMéditerraliée  où  il  semble  plongera 
pic  ;  quelques  cimes  dentelées   lui  font  suite,   s'avancent  au  loin   dans  la 
mer  et  disparaissent  peu  à  peu  à  l'horizon  :  ce  sont  les  montagnes  de  Port- 
Vendres  et  les  premiers  sommets  de  la  côte  d'r]spagne.  Si  le  temps  était 
plus  clair,  nous  apercevrions  à  droite  du  Canigou   la  grande  chaîne  des 
Pyrénées,  dont  les  cimes  neigeuses  se  découpent  souvent  sur  le  ciel  avec  une 
parfaite  netteté.   Au   nord,  se  dresse  la  ligne  des  Cévennes,  dans  laquelle 
nous  pouvons  distinguer  le  pic  de  l'Aiguale  et  le  haut  plateau  de  l'Espérou, 
dont  la  vue  rappelle  à  chacun  de  nous  les  noms  de  Magnol,  de  Gouan,  de 
Sauvages,  de  Dunal.  Au  pied  de  ces  montagnes,  nous  voyons  les  grandes 
plaines  du  bas  Languedoc  qui  ne  foi-raent  pour  ainsi  diie,  entre  Béziers  et 
Montpellier,  qu'un  immense  et  riche  vignoble;  plus  près  encore,  l'étang  de 
Thau  qui  entoure  toute  la  face  nord  de  la  montagne  de  Cette.  Sur  la  rive 
orientale  nous  apercevons  Balaruc,  dont  les  eaux  thermales  sont  si  renom- 
mées ;  l'église  de  ce  petit  village  renferme  le  tombeau  du  célèbre  Mongolfier 
et  des  traces  de  ruines  romaines;  divers  phénoniènes  naturels  assez  curieux 
rendent  ce  lieu  digne  d'intérêt  sous  plusieui's  rappoils.  Enfin  vers  l'est,  à 
l'extrême  horizon,  nous  voyons  s'élever  la  cime  arrondie  du  Mont-Ventoux, 
où  se  trouve  la  végétation  réellement  alpine  la  plus  rapprochée  de  nous. 

Il  faut  enfin  s'arracher  à  ce  beau  spectacle,  que  favorisent  un  radieux 
soleil  et  un  air  assez  transparent. Tandis  que  quelques  zoologistes  cherchent 
sous  les  pierres  le  gros  scorpion  blanc  {Scorpio  occitanus)  et  parviennent  à 
s'emparer  de  deux  jolis  iSeyj*',  nous  descendons  vers  une  petite  garrigue  in- 
culte sur  le  versant  sud-ouest  et,  dans  un  espace  de  quelques  mètres  carrés, 
nous  récoltons  les  Picris  pauciflo7'a,  Ononif:  minutissima,  Centranthus 
Calcitrapa,  Bhcutella  lœvigata,  Linum  strictum,  Juniperus  Oxycedrus, 
Sideritis  romana,  Cneorum  tricoccon,  Leuzea  conifera,  Teucrium  Polium, 
Tragopogon  porrifolius,  Coris  monspeliensis ,  HeliantJiemum  Fumana 
var.  procimibens  ,  Itrula  sqitarrosa  (non  fleuri),  Lactiica  viminea,  Medi- 
cago  tribuloides,  Cardans  nigrescens,  Rhamnus  infectoritis,  Evax  pyg- 
mœa,  Nigclla  damascetui;  et,  dans  les  anfractuosités  des  murailles,  quel- 


636  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FliANCK. 

ques  ôcliantilloiis  de  Ceterach  officinarum,  très  commun  dans  le  pays. 

Mais  nous  devons  penser  à  revenir  vers  In  ville  :  M.  Doumet,  maire  de 
Cette,  un  de  nos  vice-présidents,  a  bien  voulu  nous  inviter  à  visiter  ses 
riches  collections,  parmi  lesquelles  se  trouve  l'herbier  de  son  aïeul,  le  cé- 
lèbre naturaliste  Adanson.  Il  nous  faut  donc  partir  sans  visiter  le  salin  de 
Villeroi  qui  esta  nos  pieds,  et  une  partie  de  la  plage,  localités  qui  eussent 
immédiatement  enrichi  notre  récolte  de  plusieurs  espèces  que  nous  n'avons 
pas  encore.  A  cette  epocjue  de  l'année,  nous  eussions  pu  trouver  à  Villeroi 
VOrnithogalwn  Pater familia^i  God\-.,\e  Matf/iioln  sinuala,  VAtriplex  Ha- 
limus,  le  Convolviilus  Uneutus,  VAsphodeliis  fistulosus  et  quelques  autres 
plantes  que  nous  retrouverons  probablement  en  grande  partie  à  Mague- 
lonne  ou  à  Aigues-Mortes. 

Kn  descendant,  nous  recueillons  encore  au  pied  des  murs  et  sur  quelques 
parcelles  de  terrains  vagues,  les  Urospermuni  picroides^  Clypeola  Jonth- 
laspi,  Carnpanula  Erinus,  Althœa  hirsuta,  Orlaya  grandiflora;  c'est  dans 
cette  localité  que  nous  trouverions  aussi  au  printemps  le  Galium  murale, 
que  les  premières  chaleurs  ont  déjà  fait  disparaître. 

En  rentrant  à  Cette,  on  se  divise  en  plusieurs  bandes,  car  nous  sommes 
beaucoup  trop  nombreux  pour  déjeuner  ensemble  dans  un  seul  des  hôtels 
de  la  ville.  Mais,  luie  heure  après,  nous  nous  reunissons  tous  chez  notre 
honorable  vice-président.  MM.  Doumet  père  et  fils  nous  font  l'accueil  le 
plus  aimable,  et  nous  conduisent  dans  les  vastes  galeries  de  leur  riche 
musée,  puis  dans  leurs  jardins  admirablement  tenus  et  qui  excitent  surtout 
notre  vif  intérêt.  Un  compte  rendu  spécial  de  cette  visite  (1)  devant  être 
publié  par  les  soins  de  M.  le  Secrétaire  de  la  Commission  du  Bulletin, 
nous  n'avons  pas  à  entrer  ici  dans  le  détail  des  richesse'^  de  tout  genre  qui 
composent  ces  remarquables  collections. 

Après  avoir  remercié  vivement  ]MM.  Doumet  de  leur  bienveillante  hospi- 
talité, nous  reprenons  le  cours  de  notre  herborisation.  Notre  obligeant  con- 
frère, M.  le  docteur  Diomede  Twezkiewicz  (dont  la  connaissance  parfaite 
de  la  tlore  du  pays  nous  a  été  plus  d'une  fois  d'une  grande  utilité  durant 
toute  celte  excursion),  nous  donne  quelques  échantillons  d' Heliotropiwn 
curassavicum,  qu'il  vient  de  recueillir  aux  Bourdigues  (2)  ou  cette  espèce 
s'est  naturalisée  et  où  elle  est  très  commune. 

Il  est  quatre  heures  et  le  temps  a  passé  rapidement;  mais  avant  de  partir 
nous  voulons  encore  récolter  quelques  plantes.  Nous  nous  dirigeons  vers  le 
fort  Saint-Pierre,  situé  au  pied  de  la  montagne,  entre  le  port  et  la  mer,  à 
l'extrémilé  sud  de  la  ville.  Dans  l'enceinte  du  fort,  contre  les  rochers  qui 

(1)  Voyez  plus  haut,  page  58û. 

(2)  On  nomme  les  liourdigucfi  lui  ([iiarlier  de  la  ville  situé  du  côté  de,  Pctang  de 
Thau,  à  rexlrémilé  du  canal  du  port. 


SESSION    F.XTRAORniNAIRE    A    MONTPELLIER    EN    JUIN    1857.         687 

lesabritent,  croissent  en  pleine  terre  V Opuntia  Ficus indica  et  V Agave  ameri- 
cnna  var.  variegnUi,  qui  sont,  à  ce  (ju'il  parait,  parfaitement  naturalisés;  et 
M.  Napoléon  Doumet  nous  apprend  que  V Agave  (imericana  fleurit  de  temps 
en  temps  sur  le  versant  loiit  a  fait  méridional  qui  est  un  peu  pins  loin.  INéan- 
moius  ces  plantes  ont  \\\\  aspect  lanj^uissant,  et  sont  loin  de  présenter  le  vi- 
goureux développement  qu'elles  acquièrent  à  Perpignan  et  surtout  en  Es- 
pagne et  en  Als^érie. 

Près  du  fort,  du  côté  de  la  mer,  nous  trouvons,  sur  un  terrain  rocailleux, 
le  Spergularia  média,  le  Frankenia  intermedia  (plante  si  voisine  du  F. 
lœuis),  les  Anaq/clm  tomenfosus,  Corivolvulus  lineaius,  Fvax  pggmœa, 
Planlago  Lngopus,  Inula  viscosa,  Artemisia  gallica,  Statice  ec/iioides,  Lep- 
turus  incurvatus,  Scolgmns  hispanicm  ;  malheureusement  ces  cinq  dernières 
espèces  ne  sont  pas  encore  fleuries. 

A  notre  droite  est  une  vigne  à  demi  cultivée,  dans  kuiuelle  le  propiié- 
taire  veut  bien  nous  permettre  de  pénétrer,  et  nous  y  trouvons  encore  plu- 
sieurs espèces  :  Convolvidus  olthœoidcs,  Glaucium  flavum,  Avena  sterilis 
Sedum  altissimum  (non  fleuri),  Euphorhia  segetaUs,  Coni/za  sordida,  Cen- 
taurea  aspera,  (Uematis  Flammula  var.  maritima  (non  fleuri),  Medicago 
Murex,  Linum  tenuifolium,  L.  strictum,  Urospermuin  Dalechampii,  Agri- 
monia  Eupatoria  (non  fleuri).  Toutes  ces  espèces  sont  mêlées  à  la  Vigne, 
qui  pousse  avec  vigueur  quoique  plantée  irrégulièrement  dans  un  peu  de 
terre  rougeâtre  qui  remplit  les  feules  de  la  roche  oxfordienne.  Dans  cette 
vigne,  nous  avons  aussi  trouvé  le  Cappa^ns  spinosa  ûowi  nous  avons  pu  voir 
une  des  belles  fleurs  parfaitement  épanouie.  Ce  joli  arbuste  ,  bien  que 
non  spontané  chez  nous,  y  vient  avec  une  facilité  extrême  dès  qu'il 
a  été  semé,  et  fréquemment,  dans  nos  campagnes  du  midi,  on  le  voit  ta- 
pisser les  murs  de  pierres  sèches  près  des  maisons  au  bord  des  vi<'nes  ; 
mais  les  ménagères  industrieuses  nous  privent  le  plus  souvent  du  plaisir 
de  voir  s'épanouir  ses  magnifiques  fleurs,  dont  le  Imuton  naissant  conservé 
dans  le  vinaigre  forme  un  de  nos  meilleurs  condiments. 

M.  de  Tchiiiatchef,  notre  président,  est  frappé  des  rapports  qui  existent 
entre  la  végétation  que  nous  rencontrons  aujourd'hui,  et  celle  des  côtes  de 
l'Asie  Mineure  :  il  reconnaît  la  plupart  de  ces  plantes  pour  les  avoir  d(\ià  ré- 
coltées dans  le  pays  qu'il  a  tant  étudié.  Mais  l'heure  du  départ  approche, 
et  nous  revenons  à  regret  au  chemin  de  fer  qui  est  assez  éloigné. 

Cette  fois,  par  un  heureux  hasard,  nous  sommes  un  peu  en  avance;  aussi- 
tôt quelques-uns  des  plus  zélés  courent  à  la  plage  voisine  de  l'embarcadère 
et  rapportent,  quelques  minutes  après,  plusieurs  espèces  littorales;  ce  sont 
\esSalsola  Tragus,  P/telipœa  cœrulca,  Crithmum  maritiutum  (non  fleuri). 
Anthémis  maritima,  Medicago  marina,  Euphorhia  Paralias,  Polygonum 
maritimum,  Schœnus7nucronatus,  Echinophora  spinosa,  Ergngium  mariti- 


638  SOCIÉTÉ    BOTANIQLI':    DE    FRANCE. 

mum,    Festuca  maritirna,  Amarantus  prostratus,  Bromus  maximus,  ^lat- 
thiola  sinuata. 

A  six  heures  le  chemin  de  fer  nous  emporte  et  nous  ramène  à  Montpellier. 

RAPPORT  DE  M.  PAUL  MARES  SUR  L'HERBORISATION  FAITE  LE  12  JUIN  A  AIGUES- 

MORTES,  ET  DIRIGÉE  PAR  M.  CHATIN. 

Aigues-Mortes  est  certainement,  à  tous  les  points  de  vue,  une  des  localités  les 
plus  intéressantes  des  environs  de  Montpellier.  Pour  nous  y  rendre,  nous  par- 
tons par  le  chemin  de  fer  de  Nimes,  à  sept  heures  du  matin,  et  après  avoir 
rapidement  traversé  des  plaines  couvertes  de  vignes  et  d'oliviers,  nous  arri- 
vons en  quarante-cinq  minutes  à  Lunel,  petite  ville  dont  le  vin  muscat  a 
acquis   une  Juste   eéichrité.  Les  géologues  connaissent  tous   les  cavernes  à 
ossements  de  Lunel,  dont  on  a  retiré  de  si  grandes  richesses  paléontologi- 
ques.Unoinnihus  attend  les  voyageurs;  nous  nous  y  installons,  et  celte  voiture 
nous  conduit  en  moins  de  deux  heuresà  Aigues-Mortes,  dont  à  plus  delSki- 
lomètres  on  aperçoit  déjà  les  murailles  et  la  forte  tour  de  Constance,  grâce 
au  nivellement  parfait  des  plaines  d'alluvions  modernes  qui  nous  en  séparent. 
Ah  kilomètres  de  Lunel,  nous  trouvons  Massillargues,  jolie  petite  ville,  où 
un  ruisseau  d'eau  vive,  chose  rare  dans  ce  pays,  répand  la  fraîcheur  et  per- 
met d'entretenir  sur  les  promenades  extérieures,  des  Platanes,  des  Tilleuls  et 
des  Peupliers  d'une  très  helle  venue. 

Après  avoir  franchi  le  Vidourle,  nous  traversons  Saint-Laurent  d'Aigouse, 
à  moitié  chemin  entre  Aigues-Mortes  et  Lunel.  A  U  ou  5  kilomètres  au  delà, 
nous  apercevons  à  gauche  une  métairie,  dont  les  vieilles  murailles  et  quel- 
ques restes  d'ogives  à  demi  détruites  indi(iuent  l'origine  ancienne.  C'est 
en  effet  Psalmodie,  où  se  trouvait  autrefois  un  couvent  de  Bénédictins, 
dont  la  présence  contribua  beaucoup  à  la  prospérité  d'Aigues-Mortes.  Nous 
arrivons  presque  aussitôt  à  de  grands  marais  que  la  route  traverse  sur  une 
longue  et  forte  chaussée,  La  tour  Carbonnière,  que  nous  trouvons  un  peu 
plus  loin,  bâtie  en  travers  de  la  chaussée  même,  défend  complètement,  de 
ce  côté,  les  abords  de  la  ville,  à  plus  de  2  kilomètres.  La  vigne  couvre  pres- 
que exclusivement  le  pays  depuis  Lunel  jusqu'à  Psalmodie  ;  mais  à  ce  point 
commencent  les  marais.  La  végétation  change  tout  ii  coup,  et  nous  nous 
trouvons  bientôt  entourés  de  chaque  côté  par  une  immense  plaine  maréca- 
geuse et  verdoyante. 

Au  milieu  des  Arundo,  des  Joncs,  des  Carex,  des  Scirpus  et  des  lypha, 
qui  forment  le  fond  de  la  végétation,  nous  pouvons  distinguer,  sur  les  points 
plus  ou  moins  immerges  qui  bordent  la  chaussée,  les  ombelles  rosées  du 
BiUuiims  umbcllatus,  et  les  tleurs  blanches  et  vertes  du  Leucoium  œstivum. 
La  rapidité  de  notre  course  nous  empêche  probablcmentd'apercevoir  le  \'U- 


SKSSION    KXTIlAUlîDLNAlhK    A    MONTl'Kl.l.liai    K.N    .ILliN    1807.         (i3i) 

larsia  yiipit/i/toidi's  cf  V  f^tricuhfid  vulyaris^qui  se  rcncoiilrcni  aiis.si  diiiis 
cette  localili'. 

L'étroito  voûte  ogivale  de  la  tour  Carbomuèrelivre  à  peine  passfige  à  notre 
voiture  ;  quelques  pas  plus  loin,  nous  descendons  à  côté  d'un  [)osle  de  doua- 
niers ;  c'est  là  que  va  eoinnieneer  noire  herborisation.  Nous  nous  dirigeons 
vers  les  pinèdes  (bois  de  pins)  qu'on  aperçoit  à  un  kilomètre  environ. 
Pour  y  arriver,  il  faut  traverser  le  canal  sur  un  bac,  connu  dans  le  pays 
sous  le  nom  de  barque  de  SouUé.  L'espace  qui  nous  sépare  du  eanal  est 
à  peine  de  quelques  centaines  de  mètres  ;  mais  le  terrain  sablonneux,  à 
sous-sol  luiniide,  sur  lequel  nous  marchons,  est  couvert  d'une  l'iche  végé- 
tation qui  nous  retient  plus  d'une  demi-heure  :  nous  recollons  les  Euplior- 
bia  palustris,  Senecio  o'ucifoiius,  Schœnns  nigricans,  Orckis  fragrans, 
Trifolium  Cherlcri,  Scirpus  romanus,  Imperata  cijlindrica,  Malcolmia 
littorea,  Silène  itcdica,  Pteris  aquilina,  Rumcx  tingitanus^  Asp/iodelus 
ramosus  (connu  dans  le  pays  sous  le  nom  patois  d'Aléda)^  Trifulium 
angustifolùan,  Lagurusovatus,  Cynanchum  Vincetoxicum,  Scabiosa  Coluin- 
baria,  Plantago  arenaria,  Buplevnim  aristatum,  Filugo  Jussiœi,  Eu- 
phorbia  pilosa?,  Hordeum  mariiimum,  Lepidium  Drabu^  Juncus  acutus, 
(Jarex  extensa,  Sonchus  inaritimus,  Tanmrix  gallica,  enfin  VArtemisia 
gallica  et  le  Statice  Limonimn  non  fleuris. 

Dans  ce  sable  gris,  fin,  siliceux,  le  même  (|ue  celui  de  la  mer,  à  peine  un 
peu  moins  pur,  légèrement  ondulé,  mais  ne  formant  pas  de  dunes,  on  a 
planté  des  iMûriersqui  poussent  assez  vigoureusement,  et  l'ensemble  de  la 
végétation,  dont  nous  venons  de  citer  le  fond  principal,  a  une  vigueur  remar- 
quab'e.  Comme  nous  n'avons  pas  déjeuné,  plusieurs  d'entre  nous  achètent 
quelques  petits  fromages  secs  qui  nous  fournissent  une  observation  intéres- 
sante se  rattachant  directement  a  la  botanique.  On  trouve  dans  ces  fromages 
(les  points  d'un  noir  verdâtre,  d'un  goût  acre  et  très  prononcé.  Le  garde 
champêtre  que  nous  rencontrons  plus  loin  nous  apprend  (jue  ce  sont  de 
petits  fi-agraents  cVAoubafi  [Clematis  Flammula)  que  y  metton  per  donna 
dépiquant  (qu'on  y  met  pour  donner  du  piquant). 

Après  avoir  traversé  le  canal  sur  le  bac  de  Soulié,  nous  nous  retrouvons 
sur  un  terrain  semblable  à  celui  que  nous  venons  de  quitter  et  nous  mettons 
plus  d'une  beure  à  franchir  les  quelques  centaines  de  mètres  qui  nous  sépa- 
rent du  bois  de  Pins  qui  est  devant  nous.  C'est  qu'en  effet  la  végétation  est 
encore  plus  riche  sur  ce  point,  et  que  nous  rencontrons  toujours  de  nou- 
velles espèces  :  ce  sont  les  Kœlcria  villosa,  Hellanthemum  Idrtum,  Hie- 
racium  Pilosella,  Orlaya  inaritinia  (en  fruit,  moins  vigoureux  que  sur  la 
plage  même),  Teesdalia  nudicaulis  (déjà  passé),  Cerinllie  majur,  Orchis 
palustris,  0.  fragrans,  Heliantliemum  sulicifolium,  Carex  divisa,  Andro- 
pogon  Gryllus,  Anagallis  tenella,  Lithospermum  arvense,  L.   officinale, 


6ZiO  SOCIÉTÉ   BOT.VNIQUR    DE    FRANCE. 

Carex  glmtca,  Urnspermum  DalechMnpii,  Contranthus  Calcih'apa,  Tetr'ci- 
gonolobus  siliquosus,  Helianthemum  vulgaire  var.  tomentosum. 

Au  milieu  de  ces  plantes,  qui  couvrent  le  sol  avec  profusion  et  dont  un 
grand  nombre  se  plaisent  dans  l'humidité,  sur  ce  terrain  sablonneux  où  nous 
chercherions  en  vain  une  seule  pierre  et  où  l'eau  séjourne  en  bien  des 
points  pendant  l'hiver,  nous  voyons  croître  des  touffes  vigoureuses  d'ar- 
bustes et  de  plantes  que  nous  sommes  habitués  à  trouver  dans  nos  garri- 
gues calcaires  les  plus  sèches  et  les  plus  rocailleuses;  ainsi,  \e  Phillyrea 
angiistifolia  et  le  Rhnmnm  infectorius,  souvent  entrelacés  de  Clemath 
Flammula,  se  rencontrent  fréquemment,  et  à  leur  pied  nous  trouvons  les 
Inula  viscosa,  fiuscus  aculeatus,  Daphne  Gnidium,  Jasione  montana,  qui  se 
groupent  autour  d'eux  comme  pour  se  soutenir  mutuellement  contre  cette 
autre  végétation  qui  les  entoure  et  les  presse  de  tous  côtés. 

Enfin,  nous  arrivons  aux  premiers  arbres  du  Bois  de  l'Abbé,  que  nous 
avons  mis  tant  de  temps  à  atteindre;  l'essence  principale  est  le  Piniis 
Pinea,  dont  les  grandes  ombrelles  nous  abritent  des  rayons  du  soleil  ;  nous 
y  trouvons  mêlés,  mais  en  très  petit  nombre,  le  Pinus  halepensis,  le 
Quercus  Robur  et  VUbnus  campestris. 

Nous  aurions  encore  bien  des  plantes  à  trouver  sous  ces  belles  voûtes  de 
verdure,  mais  nous  sommes  pressés  par  le  temps,  et  à  peine  avons-nous 
atteint  le  but  de  notre  course  que  nous  devons  songer  à  gagner  Aigues- 
INIorles.  Pour  y  arriver  sans  encombre,  il  faut  se  diriger  sur  la  tour  de 
Constance,  qu'on  aperçoit  au  loin,  et  appuyer  toujours  à  droite  de  façon  à 
rejoindre  le  canal  à  peu  près  à  mi-chemin  de  la  ville  ;  sans  cela  on  tombe- 
rait bientôt  dans  des  marais  ou  au  milieu  de  cultures  qui  intercepteraient 
absolument  le  passage. 

En  quittant  le  Bois  de  l'Abbé,  nous  devons  franchir  une  zone  sablon- 
neuse comme  celle  que  nous  avons  traversée  précédemment;  mais  le  sable 
plus  abondant  \  forme  de  petites  dunes;  nous  retrouvons  une  bonne  partie 
des  plantes  ([ue  nous  avons  déjà  rencontrées,  et  nous  y  ajoutons  les  Onosina 
areuariian,  Phelipœd  arenaria,  Ammophila  M'enaria,  et  Medicago  litto- 
ralis.  Près  des  marais  (|ui  sont  à  notre  gauche,  nous  trouvons  dans  une 
petite  llaque  d'eau,  au  milieu  des  Typhn  latifulia,  plusieurs  pieds  de  Gla- 
diolm  illyricus  couverts  de  leurs  belles  ileurs  purpurines.  Plus  loin  nous 
voyons  des  molssonneurj'  faire  tomber  sous  leurs  faucilles  les  blés  complè- 
tement mûrs;  dans  un  champ  voisin  les  gerbes  sont  déjà  entassées,  et  tout 
annonce  une  végétation  plus  avancée  que  celle  de  Montpellier,  où  l'on  ne 
moissoîinera  pas  avant  une  dizaine  de  jours. 

J\ous  atteignons  enfin  le  canal,  dont  nous  suivons  les  bords  sans  perdre 
de  temps,  car  nous  ne  voulons  pas  partir  sans  avoir  fait  ure  rapide  visite 
à  la  curieuse  cité  que  nous  apercevons  depuis  si  longtemps  ;  cependant 


SESSION    i:XTRAORl)INAII{E    A    MONTPKLMKR    F':N.IUIN    1So7.  OZj  1 

nous  récoltons  oiu-ore  le  Vicia  lulea,  le  Srolyuins  inaadatus,  k-  Rumex 
tingitntius  (non  fleuri),  VAnt/icnu's  (inctoriav  dans  les  elinnnps  et  sur  le 
bord  d'un  pré  liuniide,  le  hel  Asfer  acris;  sur  l'esplanade  qui  occupe  la 
place  des  fosses  comblés  de  la  ville,  nous  marchons  sur  un  épais  tapis  de 
Trifoliuiii  nigrcscens  et  n'sv/iiuatwii. 

Notre  herborisation  est  terminée  ;  nous  faisons  rapidement  le  tour  des 
remparts,  en  admii-ant  leur  conservation  parfaite  et  la  teinte  dorée  des  deux 
faces  exposéesau  midi  et  au  couchant,  qui  forme  un  contraste  frappant  avec 
la  teinte  grise  et  froide  des  murailles  qui  regardent  le  nord.  L'étang  rfe  ^a 
ville  arrive  presque  au  pied  des  murailles  de  la  lace  sud  ;  c'est  là  que  ve- 
naient autrefois  s'amarrer  les  galères,  com*me  l'indiquent  encore  de  forts 
anneaux  de  fer  scelles  dans  la  muraille  et  remarquablement  bien  conservés. 
En  pénétrant  dans  la  ville,  nous  voyons  sur  le  pilier  de  la  porte  une  marque  à 
1"',30  environ  au-dessus  du  sol  ;  c'est  le  point  qui  indique  la  hauteur  à 
laquelle  arrivèrent  les  eaux  du  Rhône  dans  les  grandes  inondations  de 
18^0  et  i^k\.  Le  fleuve  débordé  roula  ses  flots  jusqu'à  Aigues-Mortes, 
inondant  cet  immense  pays  de  plaines  marécageuses,  et  la  ville  resta  plu- 
sieurs jours  entourée  d'eau  ;  mais  telle  est  encore  la  solidité  de  ses  remparts 
que,  les  portes  ayant  été  murées,  l'intérieur  fut  complètement  garanti  de 
l'inondation. 

Nous  nous  dirigeons,  à  travers  des  rues  presque  désertes,  vers  la  grande 
tour  de  Constance,  bâtie  par  saint  Louis  trente  ans  environ  avant  les  mu- 
railles auxquelles  elle  se  trouve  reliée  par  un  pont  dormant.  Cette  four, 
dont  l'intérieur  est  admirablement  disposé  pour  la  défense,  n'a  guère  servi 
qu'à  renfermer  de  malheureuses  victimes  des  persécutions  religieuses  sous 
Louis  XIV.  Au  sommet,  la  vue  est  magnifique  et  s'étend  sur  les  plaines  de 
Lunel,  de  Nîmes,  de  Montpellier,  sur  les  Cévennes,  la  Camargue,  le  Mont 
"Ventoux,  les  montagnes  de  Provence  et  la  mer. 

A  nos  pieds  se  trouve  la  ville,  entourée  de  ses  remparts,  d'une  parfaite 
conservation,  qui  forment  un  paiallelogramme  rectangle.  Quelques  petits  na- 
vires se  balancent  dans  le  port  que  borde  la  muraille  au-dessous  de  nous  et 
qui  communique  directement  avec  la  mer  par  un  large  canal,  dont  l'embou- 
chure est  à  6  kilomètres  plus  loin,  au  grau  du  roi,  où  l'on  a  maintenant 
établi  le  phare  qui  brillait  autrefois  au  haut  de  la  tour  de  Constance.  Ce 
canal  est  dû  à  Louis  XV,  qui  le  fit  construire  en  1725;  celui  de  saint 
Louis  est  comblé  et  il  n'en  reste  plus  (|ue  quelques  vestiges. 

Mais  il  est  temps  de  revenir  à  Lunel.  Chacun  de  nous  recueille  quelque 
brin  ùq  Parieturia  diffusa^  de  Plantogo  Lagopus  ou  de  Medicago  litto- 
rahs,  qui  croissent  au  sommet  de  la  tour  dans  les  interstices  de  la  muraille, 
et  quelques  instants  après,  nous  sortons  d'Aigues-Mortes  par  la  tour  des 
Bimrguignons  salés,  qui  tire  son  nom  d'un  épisode  de  la  guerre  des  Arma- 


gnacs. 


IV.  41 


(5/|2  SOCIÉTÉ    BOT.VNiQir,    DK    FHANCK. 

rSoiis  regrettons  de  quitter  Irop  rapidement  cette  \ille  si  riclic  en  souve- 
nirs. Témoin  des  deux  départs  de  saint  Louis  pour  les  croisades,  elle  vit 
Philippe  le  Hardi  construire  ses  murailles  sur  le  plan  exact  de  celles  de 
Damielte,  selon  la  volonté  du  saint  roi,  qui  l'avait  déjà  dotée  d'un  port  et 
de  la  tour  de  Constance.  I.e  15  juillet  1538,  François  I""  et  Charles- 
Quint  y  avaient  une  entrevue,  et  Baiberousse,  peu  de  temps  après,  biùlait 
en  partie  la  foret  de  pins  (jui  arrivait  à  cette  époque  jusqu'au  bord  de  la 
mer. 

Aigues-Mortes  est  bien  déchue  aujourd'hui  de  son  antique  splendeur;  le 
commerce  s'en  est  peu  à  peu  retiré,  le  port  s'est  ensablé  en  partie,  et  le  canal 
de  Beaucaire,  ouvert  en  1811,  ne  lui  a  rendu  qu'une  faible  partie  de  cette 
activité  commerciale  qui  en  fit  jadis  une  des  cités  les  plus  importantes  de 
notre  littoral  méditerranéen.  Mais  Aigues-Mortes  sera  toujours  une  ville  des 
plus  originales  et  des  plus  curieuses  pour  l'antiquaire,  le  peintre  et  le  natu- 
raliste, car  sa  conser\ation  parfaite,  due  surtout  à  son  isolement  et  à  son 
climat  fiévreux,  est  peut-être  un  fait  unique  dans  le  monde  entier;  et  sa 
position  au  milieu  des  marais,  près  du  delta  du  Hhône,  et  si  pi  es  de  la  mer, 
en  font  un  centre  de  superbes  excursions  botaniques  et  zoologiques. 

En  revenant,  nous  remarquons  à  quelques  kilomètres  de  Lunel,  sur  la 
droite,  un  village  considérable  bâti  sur  une  éniinence  arrondie.  C'est  le 
Grand-Gallargue,  où  se  fabrique  le  tournesol  en  drapeau  au  moyen  du  suc 
du  Crotontinctorium.On  en  imbibe  a  trois  reprises  des  chiffons  qui,  après 
avoir  subi  une  préparation  ammoniacale,  sont  séchés  au  soleil  et  expé- 
diés ensuite  en  Hollande,  où  l'on  s'en  sert  pour  teindre  les  fromages,  qu'ils 
préservent  des  vers.  Un  giand  nombre  de  villages  de  ce  pays  ont  leur  nom 
terminé  en  argue.  Cette  désinence  provient  du  n)ot  ager^  le  commencement 
du  nom  indi(iuant  le  premier  possesseur  du  champ  au  temps  des  Romains, 
C'est  ainsi  que  Gallargue  tire  son  origine  de  Q.  Statuts  Gallus  eld'ager  : 
champ  de  Q.  S.  Gallus. 

Nous  arrivons  enfin  à  Lunel,  avant  trois  heures  et  demie,  et  nous  pou- 
vons prendre  le  train  express^  qui  nous  ramène  a  Montpellier  à  quatre 
heures. 

r.APPORT  DR  M.  PAI'I.  ]VIj%RK8  SUR  L'HERRORISATION  FAITE  LE  13  JUIN  A  PALAVAS 
RT  A  MAGURLONNE,  ET  UnUGÉE  PAR  MM.  MAUTINS,  PLANCHON,  PAUL  GERVAIS  ET 
CIIATIN. 

Cette  journée  doit  être  fort  intéressante  sous  plusieurs  rapports  :  non- 
seulement  le  bord  de  la  mer  nous  promet  une  belle  végétation  littorale,  dont 
Cette  et  Aigues-Mortcs  nous  ont  déjà  fourni  plusieurs  bonnes  espèces, 
mais  encore,  une  pèciie  à  la  traîne,  organisée  par  M.  Paul  Gervais,  profcs- 


SKSSION    KXTHAOKDIINAIIU':    A    MONTI'KLLIKH    KN    .ll'IN    1857.        ()'l3 

seur  (le  zooloiiic  et  doyen  de  la  Faculté  des  sciences,  nous  fournira  l'occa- 
sion de  faire  une  promenade  en  mer  et  de  voir  quel{(ues-uns  des  poissons 
de  nos  côtes.  Nous  ferons  ensuite  une  course  à  l'ancienne  église  de  Mague- 
lonne,  seul  reste  d'une  cité  maritime  assez  importante  pendant  les  pre- 
miers siècles  du  moyen  âge. 

Nous  partons  a  six  heures  du  matin  par  le  chemin  des  Cahanes,  et  après 
avoir  parcouru  trois  ou  (lualie  kilomètres  à  travers  une  plaine  de  riches  cul- 
tures, nous  ariivons  au  hord  du  Lez,  près  du  point  nommé  la  troisième 
écluse.  Le  Lez,  en  effet,  est  canalisé  depuis  le  Port-.IuvéMal,si  connu  des  bo- 
tanistes, jusqu'à  son  embouchure,  au  grau  de  Palavas  ;  et  l'on  a  établi  trois 
écluses  pour  raleniir  sou  courant.  Cl'II.'  partie  du  Lez  porte  le  nom  de  Canal 
de  Graves.  La  route  suit  la  rivière  :  nous  passons  près  de  l'ancien  port  de 
Lattes  (qui  est  sur  l'autre  rive),  petite  ^  ille  dont  le  commerce  florissait  vers 
lesxiii'^  etxiV  siècles  •,  Lattes  ne  possède  plus  aujourd'hui  qu'une  modeste 
église  gothique  et  quelfjues  maisons  au  milieu  desquelles  on  aperçoit  eucore 
des  restes  d'ancienues  constructions.  Nous  passons  devant  le  salin  de  Gra- 
menet  qui  présente  peu  d'intérêt  en  ce  moment,  cor  les  provisions  de  sel 
sont  presque  épuisées-,  aux  vignes  ont  succédé  des  prairies  bordées  de  Frênes, 
de  Saules  et  de  Peupliers,  qui,  malgré  le  mistral  (vent  de  N.-N.-O.)  pous- 
seraient avec  vigueur  si  on  ne  les  ébranchait  pas  impitoyablement  tous  les 
ans.  Après  avoir  dépassé  Gramenet,  on  se  trouve  en  quelque  sorte  entouré 
parles  étangs;  la  route  traverse  des  terrains  salés  couverts  de  Salsolacées 
et  régulièrement  inondés  pendant  plusieurs  mois  d'hiver.  Nous  aperce- 
vons, sur  la  rive  gauche  du  Lez,  quelques  cabanes  pittoresques,  de  forme 
particulière  et  couvertes  de  roseaux  :  ce  sont  les  dernieis  restes  du  village 
des  Cabanes,  remplacé  aujourd'hui  par  les  blanches  maisonnettes  du  grau  de 
Palavas,  situé  un  peu  plus  loin  à  l'embouchure  de  la  rivière.  Un  pont  étroit 
nous  permet  de  passer  les  Quatre  Canawj:  (entre-croisement  du  canal  deBeau- 
caire  avec  celui  du  Lez)  et  nous  arrivons  enfin  à  Palavas. 

Nous  nous  répandons  aussitôt  sur  la  plage:  les  uns,  sans  perdre  de  temps, 
vont  explorer  les  dunes  qui  s'étendent  du  côté  d'Aigues-Mortes  ;  les  autres, 
avec  M.  Gervais  et  les  pêcheurs,  montant  sur  trois  canots,  vont  jeter  à 
200  mètres  en  merde  larges  filets  de  120  brasses,  qu'ils  tirentensuite  jusqu'à 
terre  à  l'aide  de  deux  longues  cordes  fixées  à  chaque  extrémité.  On  ramène 
ainsi  plusieurs  poissons  aux  couleurs  changeantes,  aux  nageoires  de  formes 
diverses  :  un  d'eux,  très  petit,  présente  sur  sa  nageoire  dorsale  un  dard 
aigu  qui  cause  une  vive  douleur  à  celui  qui  en  est  piqué  :  nos  pêcheurs 
l'appellent  aragjie,  le  redoutent  beaucoup,  et  s'empressent  de  couper  son 
aiguillon  dès  qu'ils  peuvent  le  faire  sans  danger.  L'aragneest  une  espèce  de 
vive  {Irac/wius araneus).  Le  filet  ramène  en  outre  le  loup  {Labrax  Lupus),  le 
muge,  le  caranx  (vulgairement  gascons) ,  le  petit  raacjuereau  {Scomber 
pneu7nutophorus),  de<i  trigles  aux  nageoires  azurées  et  le  mulle  {Mullus  bar- 


Qhll  SOClliTÉ    BOTANIQLi:    DE    FRANCE. 

bâtas),  appelé  y^ouget  dans  le  midi  de  la  France.  M.  Gervais  rappelle  que 
ce  poisson  est  le  même  que  les  Romains  aimaient  à  voir  mourir  sous  leurs 
yeux,  pour  en  observer  les  changements  de  couleur,  et  il  fait  constater  par 
les  personnes  présentes  les  colorations  variées  que  ce  poisson  éprouve  en 
effet  lorsqu'on  l'a  retiré  de  l'eau.  Ce  n'est  qu'alors  qu'il  est  rouge,  et  il  le 
devient  graduellement  et  par  parties. 

Il  y  a  aussi  quelques  curieux  animaux  sans  vertèbres  :  des  œufs  de 
sèches,  connus  sous  le  nom  de  j'aisins  de  mer,  des  ascidies  simples  et  com- 
posées, des  biyozoaires,  plusieurs  sortes  d'échinodermes  et  de  très  grosses 
méduses,  soit  cyanées,  soit  rbizostumes;à  ces  animaux  se  trouvent  mêlées 
des  lobulaires,des  téthyes  et  plusieurs  sortes  d'épongés  ;  un-dernier  coup  de 
filet  ne  ramène  que  des  méduses  rhizostomes,  il  y  en  a  plus  de  cinquante 
de  l'espèce  Rhizostoma  Aldrovandi.  Ces  animaux  singuliers  écartent  le 
poisson  et  nuisent  à  notre  pêche  ;  chacun  les  examine  avec  intérêt  et  curio- 
sité, mais  on  se  garde  d'y  toucher  avec  la  main,  car  si  on  la  portait  ensuite 
vers  les  yeux,  on  y  produirait  une  vive  et  dangereuse  inflammation  :  tous  les 
pêcheurs  présents  se  hâtent  de  nous  en  avertir. 

Il  est  onze  heures;  l'exercice  et  l'air  vif  de  la  mer  nous  ont  donné  un  ap- 
pétit formidable,  et  tout  le  monde  se  rassemble  peu  à  peu  avec  ses  lécoltes. 
Coquilles,  insectes,  poissons,  mollusques,  tout  s'y  trouve;  mais  les  fleurs 
dominent,  et  la  plupart  des  botanistes  arrivent  le  chapeau  couvert  de  Cork 
monspeliensis,  dont  la  plage  offre  de  magnifiques  échantillons;  ils  ont,  en 
outre  récolté  un  assez  bon  nombre  de  plantes,  dont  voici  les  principales  : 
Cakile  maritima  var.  ausfralis,  Statice  caspia ,  S.  oirgatu ,  Eri/ngiian 
tnaritimuin,  Ephedra  distaclnja,  Mal  m  parvi/Iora,  M.  ambigua  Guss. ,  Pan- 
cratiwn  inaritimum,  Suœda  fruticosa,  PhelipœaMuteli,  Lepidium  ruderale, 
Convolvulus  SoUianella,  Trifolium  nigrescens,  T.  resupinatimi,  T.  lappa- 
ceum,  Lepturus  fUiformis,  Carex  extenso,  C.  bineî'vis,  Dorycnium  gracile 
Jord.,  Ammopliila  urenuria,  Orchis  fragrans,  O.palustris,  Potygonum  ma- 
ritimum,  Medicago  marina,  Aster  acris^  Heliolropium  curassavicum,  Sera- 
pias  longipetala.  Les  traines  ont  ramené  deux  Algues  :  les  Cistoseiru 
Montagnei  et  Cliryshynienia  venir icosa. 

Knfin  nous  prenons  place,  avec  un  vrai  plaisir,  a  la  table  disposée  dans 
la  grande  salle  de  l'hôtel  Voltaire;  soixante-seize  convives  s'y  trouvent  l'éu- 
uis;  les  premières  minutes  sont  silencieuses,  car  l'air  de  la  mer  sait  exciter 
les  estomacs  les  plus  paresseux,  et  chacun  se  laisse  aller  au  plaisir  de  dégus- 
ter avec  attention  les  plats  nationaux  préparés  avec  soin  pour  cette  fête  : 
ce  sont  la  classique  bouillabaisse,  des  maquereaux  à  la  vinaigrette,  des 
escargots  {Hélix  as per  sa),  des  clovisses  (Tenus  virginea,V.  decussata)  nom- 
mées arcelis  en  patois,  etc. 

Cependant  les  conversatioiîs  s'établissent  peu  a  peu  et  le  repas  devient 
très  anime.  iNous  donnerions  volontiers  quelques  moments  aux  causeriez, 


SKSSION    EXTRAOUniNAIRE    A    MONTPKLLIKU    KN    JUIN    1857,         645 

mais  notre  attention  est  bientôt  captivée  par  une  piquante  lecture  :  le  mo- 
deste dessert  est  à  peine  servi,  que  INI.  le  comte  .laubert  se  lève  pour  nous 
faire  part,  d'abord,  d'une  lettre  de  M.  Moquin-Tandon,  président  de  la  So- 
ciété, dans  laquelle  le  savant  professeur  exprime  ses  regrets  de  ne  pou- 
voir assister  aux  courses  de  la  session  extraordinaire  et  surtout  à  l'Iicr- 
borisation  de  i\lajj,uelonne  :  il  nous  signale  trois  plantes  classiques  indiquées 
par  Magnol  sur  le  toit  de  l'église  et  que  nous  devons  y  retrouver  ;  ce  sont 
VHyoscyamus  albus,  le  Crithmwn  mariiimwn  et  le  Parietaria  diffusa. 
M.  Jaubert  termine  cette  communication  en  nous  lisant  la  traduction  du 
cbarmant  chapitre  du  Carya  mayalonensis  de  M.  Moquin-Tandon,  où  l'au- 
teur célèbre  les  vertus  des  plantes  du  toit  de  Maguelonne  en  termes  à  la  fois 
si  naïfs  et  si  spirituels  que  nous  croyonsj  devoir  reproduire  ici  le  texte  de 
cette  lecture,  pour  ceux  de  nos  confrères  qui  n'ont  pas  eu  le  plaisir  de  l'en- 
tendre : 

«  L'an  mil  trois  cent  vingt-cinq,  monseigneur  l'évêque  de  Maguelonne 
désirait  avoir  un  grand  nombre  de  beaux  arbres,  bien  rapproebés  et  bien 
alignés,  autour  de  son  église  et  de  son  château  de  Maguelonne  ;  mais  Dieu 
ne  le  voulut  pas;  car  tous  ces  arbres  moururent  dès  qu'ils  furent  plantés, 
tant  les  Jeunes  que  les  vieux;  il  en  fut  de  même  de  ceux  qu'on  avait  semé?. 
Il  fut  vu,  par  tout  cela,  que  le  saint  territoire  de  Maguelonne  n'est  pas  un 
territoire  propre  aux  arbres. 

»  Cependant  il  peut  croître  à  Maguelonne  beaucoup  d'herbages  et  surtout 
les  blés. 

»  Itsni,  il  y  nait  beaucoup  d'herbes  de  mer  et  d'étang  et  beaucoup  d'autres 
menues  herbes.  Et  quel(|ues-unes  sont  abondamment  cueillies,  parce  qu'on 
dit  qu'elles  sont  médicinales, 

»  M.  Sicard  de  Baupuys,  homme  expert  en  choses  difliciles,  prévost  de 
Magueloime,  s'était  spécialement  occupe  de  la  cueillette  et  de  l'étude  de  ces 
herbessusdites.QuandM,  ledit  Prévost  habitait  Maguelonne,  il  marchait  tou- 
jours avec  des  herbes  ou  des  (leurs  à  la  main,  et  dans  sa  chambre  on  voyait 
plus  de  cent  petites  caisses  différentes  avec  des  herbes,  arrangées  comme  les 
parchemins  de  l'évêché.  Tous  les  noms  anciens  et  nouveaux,  M,  de  Bau- 
puys les  disait.  La  vérité  est  qu'il  avait  uneexcellente  mémoire  et  une  forte 
tête.  Il  parlait  de  tous  les  ouvrages  qui  traitent  des  herbes,  et  tout  ce  qu'un 
homme  dans  ce  monde  peut  savoir  sur  cette  matière,  M.  Sicard  de  Bau- 
puys le  connaissait. 

»  On  a  perdu  le  beau  livre  de  M.  le  susdit,  dans  lequel  étaient  figurées 
et  décrites  toutes  les  bonnes  herbes  de  Maguelonne.  On  y  voyait  spécia- 
lement trois  herbes  renommées  qui  croissent  sur  le  toit  de  ladite  église  de 
Maguelonne,  par  lagrâcede  J3ieu,  lesquelles  saintes  herbes  sont  excellentes 
pour  la  guérison  de  tous  les  maux  du  corps  et  des  membres. 


646  SOCIKIÉ   BOlAiMQUt;    DE    FKANCE. 

»  Et  voici  ces  trois  herbes  de  ce  noble  loit  : 

w  Uyosciamos  seu  Jovis  Faba,  herbe  Careiade  ou  Jusquiame  blanciie. 
>>  Elxine  seu  Perdicion,  herbe  de   Notre-Dame  ou   Pariétaire    com- 
mune. 

1)  Critamonseu  Batis^  herbe  Criste  ou  Fenouil  marin. 
»  La  première  herbe,  Jovis  Faba  (la  Jusquiame  blanche),  fut  donnée  en 
opiat  avec  la  graine  du  Coquelicot,  à  M.  l'abbé  d'Aniane,  qui  se  trouvait 
dans  un  bien  triste  état,  parce  qu'il  était  tombé  d'une  fenêtre  de  la  tour  du 
château  de  Saint-Guilhem.  Tous  les  habitants  d'Aniane  avaient  grand 
peur  pour  sa  vie  ;  mais  M.  l'abbé  usa  pendant  sept  matins  de  la  Jusquiame 
de  Maguelonne,  et  puis  il  était  frais  comme  vous  et  moi. 

»  La  seconde  herbe,  c'est-à-dire  le  Perdicion  (la  Pariétaire  commune) 
fut  conseillée  à  une  dame,  laquelle  avait  tant  de  mal  qu'on  n'y  comiais- 
sait  rien.  Llle  était  presque  au  portail  du  cimetière.  Le  prévost  de  Mague- 
lonne envoya  a  ladite  dame  une  touffe  sèche  de  Pariétaire  commune,  et 
elle  fut  avec  son  infusion  subitement  guérie. 

0  Avec  la  troisième  herbe,  qui  est  la  Criste  Bâtis  {\q  Fenouil  marin),  fut 
entièrement  guéri  l\.  roflicial  de  Maguelonne,  lequel  avait  pris  l'habitude 
de  boire  toute  la  journée  copieusement  (ft  trop  copieusement)  deThypocras; 
il  avait  le  ventre  tendu,  gonflé,  endolori,  et  desdouleurs  intérieures,  et  les 
jambes  un  peu  entlées,  et  si  grande  soif,  qu'il  demandait  toujours  de  l'hypo- 
cras,  de  i'hypocras,  ou  de  l'eau  si  l'on  me  défend  l'hypocras  !...,  (1),  » 

De  joyeux  applaudissements  accueillent  cette  divertissante  lecture  placée 
si  bien  à  propos,  puis  chacun  se  hâte  de  suivre  l'appel  de  AL  le  comte  Jau- 
oert,  qui  nous  invite  à  partir,  car  le  temps  fuit  rapidement. 

Un  léger  mistral  favoiise  le  voyage  par  mer  pour  une  moitié  d'entre  nous; 
les  autres  vont  pédestrement  par  la  plage  moitié  sablonneuse,  moitié  ma- 
récageuse, qui  sépare  la  mer  des  étangs,  et  l'on  fait,  chemin  faisant,  une  bonne 
récolte;  on  trouve,  outre  la  plupart  des  plantes  du  matin,  les  espèces  sui- 
vantes :   Crucianella  maritima,  Juncus  maritinms,  J.  Gerardi^   Stotice 
echioides,  Schœnus  inucronatus,  Pobjpogon  maritimus,  Echinophora  spi- 
nosa,  Arthrocnemum  fruticosurn,  Ononis  Natrix,  Malcolmia  liftorea,   Se- 
rapias  Lingua,  Genista  tinctoria,  Spergxilaria  média,  Atriplex  portulan 
coides.  Lotus  corniculatus  var.  decwnbens,  Asparo/pis  amarus?,  Plantage 
crassifolia,  Vulpia  uniglwnis,  Cynanchum  acuturn  var.  monspeliense,  Tri- 
/oliu77i  tomentoswn,  Linum  angusti fuiium,  Chenopodium  setigerum  DC. 

(1)  Carya  magalonensi.s  ou  .S'oijer  de  Maguelonne ,  pages  119-129  do  la 
seconde  édition,  j»iil)liép  en  18Zi/i,  et  dans  laquelle  M.  Moquin-Tandon  a  ajouté  une 
traduction  française  au  lexle  roman.  Ce  curieux  petit  livre,  tiré  à  très  peu 
d'exemplaires,  n'a  jamais  été  mis  en  vente. 


SKSSION    KXTUAORhlNAlKK    A    MOMIMM.I.IKR    KN    JJJIN    1857.         6/l7 

Sur  les  bords  de  l'étant;  on  récolte  dans  rcau  le  /{uppia  marùinia  et  le 
Zannichellin  pnlusfris;  dans  de  petites  mares  saunnâtres-,  au  nnilieu  du  sable, 
se  trouve  le  C/inra  galioif/es  et  dans  des  points  rapproches  de  l'étang,  où 
l'eau  a  séjourné  cet  hiver,  on  reiicontre  en  assez  grand  nombre  le  Triglochin 
liarrp.lieri. 

Nous  arrivons  ainsi,  sans  l'aligne,  en  moins  d'une  heure  et  demie  à 
Maguelonne,  où  M.  et  M'""  Fabrège,  propriétaires  de  l'ile,  prévenus  de 
notre  arrivée,  ont  bien  voulu  nous  faire  préparer  des  rafraîchissements, 
que  la  manière  gracieuse  dont  ils  nous  sont  offerts  et  une  température  digue 
du  climat  méditerranéen,  rendent  doublement  agréables.  M.  le  comte  Jau- 
bert,  interprète  des  sentiments  de  la  Société,  remercie  M.  et  M"""  Fabrège 
de  leur  aimable  hospitalité-,  le  lieu  où  nous  nous  trouvons  lui  rappelle  un 
souvenir  plein  d'intérêt.  Il  y  a  trente-six  ans,  il  arrivait  dans  l'Ile  de  Ma- 
guelonne,  alors  complètement  déserte,  avec  un  jeune  botaniste  de  sou  âge: 
c'était  Victor  Jacquemont,  voyageur  si  célèbre  depuis,  et  si  prématurément 
enlevé  à  la  science. 

Nous  pénétrons  ensuite  dans  l'ancienne  église  par  une  jolie  porte  gothique 
qui  présente  d'intéressantes  sculptures:  au  soleil  ardent  qui  nous  inonde  de 
chaleur  et  de  lumière,  succèdent  tout  à  coup  l'ombre  et  la  fraîcheur  :  nous 
apercevons  quelques  restes  d'autels,  et  de  larges  pierres  tumulaires  de  marbre 
blanc,  sur  lesquelles  sont  gravées  les  figures  et  les  titres  des  évèques  dont 
elles  ont  recouvert  les  restes  pendant  des  siècles.  Mais  il  n'y  a  plus  une 
seule  peinture  aux  voûtes  élancées  de  la  nef,  plus  un  ornement  sur  les 
grandes  murailles  noircies  par  le  temps  :  l'opulente  cathédrale  de  Saint- 
Pierre  de  Maguelonne  n'est  plus  aujourd'hui  qu'une  humble  grange,  dans 
latjuelle  nous  prenons  un  instant  de  repos. 

Sur  l'ile  de  Maguelonne  s'élevait  autrefois  une  ci.té  importante  :  dès  le 
vi«  siècle  on  y  voit  des  évêques  portant  le  titre  de  comtes  de  Melgiieil.  Tom- 
bée en  673  au  pouvoir  de  Wamba,  roi  des  Visigoths,  après  un  long  siège, 
elle  devint  le  rendez-vous  des  Sarrasins  qui  pillaient  les  côtes  de  la  Pro- 
vence et  du  Languedoc.  La  présence  de  ces  pirates  fut  cause  de  sa  ruine  : 
Charles-Martel  la  détruisit  complètement  en737  ;  l'évêque  et  son  chapitre  se 
retirèrent  alors  a  Substnntion.  —  Vln  1037,  l'évêque  Arnaud  relève  les  murs 
de  la  ville,  creuse  un  nouveau  port  et  installe  une  seconde  fois  l'évêché  et  le 
chapitre  à  Maguelonne.  C'est  à  cette  époque  que  la  cathédrale  de  Saint-Pierre, 
dans  laciuelle  nous  sommes  en  ce  moment,  fut  commencée  et  construite  à 
plusieurs  reprises  (10/i8  à  1178).  Aussi  cette  construction  présente-t-elle 
les  caractères  d'une  architecture  de  transition  :  on  y  trouve  quelques  dé- 
tails romans  et  byzantins,  tandis  que  l'ensemble  de  la  nef  et  du  chœur  offre 
une  forme  ogivale  peu  prononcée,  mais  d'une  grande  élégance.  Les  con- 
structions du  chapitre  et  du  cloitre,  qui  furent  élevées  au  xiii' et  au  xïv' siècle, 
contre  la  face  septentrionale  de  l'église,  sont  aujourd'hui  complètement  dé- 


6/i8  SOCIÉTÉ    BUTAMQl  !•;    I)K    IKANCi:. 

truites  et  ne  présentent  plus  que  quelques  fragments  d'arcs  de  voûtes  et  de 
eolonnettes  d'une  forme  ofjivale  pure.  Contre  la  façade  ouest  s'élevait  la 
cuisine  de  l'évêché  ;  on  a  conservé  de  curieux  détails  sur  l'hospitalité  qu'on 
y  exerçait  avec  largesse  et  sur  le  menu  des  jours  ordinaiies  et  extraordi- 
naires. —  En  1096,  Urbain  II  vint  à  Maguelonne  prêcher  la  croisade  le  jour 
de  Saint-Pierre,  et  le  pape  Alexandre  III  y  passa  fugitif  en  1162.  Mais  au 
commencement  du  \vr  siècle  le  pape  Paul  IIî  autorisa  révê(|ue  de  Mague- 
lonue  a  transférer  l'évêché  à  Montpellier,  et  enfin  Louis  XIII  ordonna  la  des- 
truction totale  de  Maguelonne  :  on  n'y  laissa  que  l'église  Saint-Pierre  et  la 
maison  du  fermier  du  chapitre.  Les  pierres  servirent  au  revêtement  des 
murs  du  cmial  des  étangs  (1). 

M.  Adolphe  Ricard,  secrétaire  de  la  Société  archéologique  de  Montpellier, 
s'est  joint  à  nous  pour  cette  course  et  nous  décrit  d'une  manière  intéres- 
sante tous  les  détails  archéologiques  du  monument  que  nous  visitons. 

Un  large  escalier,  s'appuyaiit  contre  le  mur  de  la  nef,  nous  conduit  sur 
le  haut  de  l'église  :  on  se  répand  sur  les  larges  dalles  calcaires  qui  en  for- 
ment le  toit  :  habitués  aux  rochers  à  pic,  aux  chemins  les  plus  dangereux, 
déjeunes  botanistes  parcourent  les  bords  du  toit,  s'élancent  sur  les  piliers 
qui  soutiennent  l'édifice  et  se  penchent  dans  l'espace  pour  y  recueillir  quel- 
ques pieds  de  Matthiola  incana  :  outre  cette  jolie  espèce,  on  trouve  dans 
cette  curieuse  localité  toute  une  petite  flore  dont  chacun  emporte  à  l'envi  un 
souvenir  :  nous  notons  rapidement  les  Crithrnummaritimum^Hyoscyamus 
o.lbus,  Parietaria  diffusa,  Papaver  somniferum.  Anthémis  maritima^  Eu- 
phorbia  segstalis,  Cratœgus  Azarolus  et  Prunus  spinosa. 

Après  quelques  instants  donnés  à  une  active  récolte,  nous  sommes  dis- 
traits par  la  belle  vue  qui  s'offre  à  nos  yeux  et  par  les  conversations  qu'elle 
fait  naître.  M.  le  comte  Jaubert  n'était  pas  revenu  à  Maguelonne  depuis  sa 
première  visite  :  depuis  lors  il  a  fait  de  longs  voyages  et  parcouru  l'Orient; 
l'aspect  du  pays  qui  nous  entoure  lui  r;ippelle  d'une  manière  frappante  cer- 
tains points  des  côtes  de  l'Asie-Mineure.  Herborisant  un  jour  aux  environs 
d'Éphèse,  notre  savant  confrère,  séparé  de  ses  compaguoas,  fit  une  halte 
dans  une  mosquée  en  ruine,  au  bord  de  la  mer  :  en  entrant  tout  à  l'heure 
sous  les  voûtes  de  la  vieille  cathédrale,  il  a  éprouvé  une  illusion  saisissante: 
ce  détail  achevait  de  lui  rappeler  tout  un  ensemble  de  souvenirs.  En  effet,  la 
nature  qui  nous  entoure  a  une  couleur  vraiment  méridionale  et  un  cachet 
tout  particulier  de  grandeur  et  de  solitude;  la  Méditerranée  est  à  quelques 
pas,  son  murmure  parvient  jusqu'à  nous;  une  longue  plage  sablonneuse, 
déserte  et  aride,  limite  les  ondes  bleues  de  la  mer  et  les  sépare  des  étangs  et 

(1)  Ou  trouvera  une  excolleiile  liistoire  de  Maguelonne  dans  l'ouvrage  intitulé  : 
Monuments  de  quelques  anciens  diocèses  du  Bas-Languedoc,  par  MM.  Reuouvicr 
et  Laurcns.  Montpellier,  18o6,  iii-/i. 


SKSSION    EXTHACMIDIiNAIKL:    a    MOMI'KLLIKK    en    JUliN    1857.        6/1O 

dos  marais  qui  enviiomient  l'ilede  Maguelomie  ;  pas  un  arbre,  pas  un  [)li 
de  terrain  ne  rompent  ces  grandes  lignes  ;  au  delà  des  étangs,  les  plaines 
cultivées  qui  entourent  Montpellier  se  confondent  peu  a  peu  avec  les  pre- 
miers contre-forts  des  Cévennes,  dont  les  cimes  rocheuses  s'élèvent  au  loin 
en  vaste  amphithéâtre  ;  les  murs  colorés  de  l'ancienne  église  ont  un  aspect 
simple  et  sévère  et  forment  un  premier  plan  digne  de  ce  grand  tableau, 

qu'un  soleil  ardent  inonde  d'une  lumière  éclatante L'ancienne  ville,  son 

port  llorissant,  sa  population  active  et  guerrière,  ses  riches  évèques,  tout 
a  disparu  ;  sur  cet  étroit  espace  de  terre  où  se  livrèrent  de  sanglantes  ba- 
tailles, il  n'y  a  plus  aujourd'hui  que  de  paisibles  laboureurs^  ce  tertre  ou 
s'élevait  Jadis  une  grande  cité,  se  couvre  tous  les  ans  de  belles  moissons 
dorées. 

Après  avoir  jeté  un  dernier  coup  d'œil  sur  ces  ruines  pleines  de  souvenirs, 
sur  cette  nature  à  demi  orientale,  nous  écoutons  enfin  la  voix  de  nos  com- 
pagnons qui  donnent  déjà  le  signal  du  départ:  les  uns  vont  chercher  les 
felouques  légères  qui  se  balancent  au  bord  de  la  plage,  les  autres  suivent  à 
pied  les  bords  du  canal  jusqu'à  Palavas,  où  nous  arrivons  tous  presque 
en  même  temps.  A  sept  heures  nous  sommes  de  retour  à  Montpellier  avec 
de  riches  récoltes  et  l'esprit  rempli  de  mille  agréables  souvenirs. 

M.  Toucliy  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

SUR  QUELQUES  MODES  D'HYPERTROPHIE  CHEZ  LES  VÉGÉTAUX,  par  M.  le  D'  TOUCHY. 

Parmi  leslésions  physiquesque  la  pathologie  végétale  nous  fait  connaître, 
je  me  bornerai  en  ce  moment  à  indiquer  quelques  formes  présentées  par 
les  feuilles,  les  fleurs  et  les  organes  qui  les  portent  et  les  protègent.  Ce  sont 
des  hypertrophies,  qui  se  divisent  en  trois  groupes  par  leur  étiologie.  Les 
unes  sont  constitutionnelles,  et  résultent  de  conditions  so't  défavorables,  soit 
au  contraire  trop  favorables..  D'autres  proviennent  d'une  cause  eiitomolo- 
gique  locale.  Les  dernières  sont  produites  par  un  champignon  parasite,  qui 
a  vicié  tout  l'individu,  mais  dont  la  manifestation  est  limitée  au  point  d'é- 
lection. 

Premier  groupe.  Rachitisme.  —  Cette  altération  consiste  dans  un 
développement  excessif  en  dimension  et  en  nombre  des  enveloppes  florales, 
notamment  chez  les  Graminées,  les  Joncs,  etc.  Le  grain  est  atrophié  et  avorte 
le  plus  souvent.  Le  rapprochement  outre  mesure  des  plantes  et  une  matu- 
ration trop  activée  peuvent  donner  ce  résultat.  Le  plus  souvent  cette  ma- 
ladie provient  de  conditions  trop  parfaites.  Par  le  procédé  de  culture  dit  à 
rayons,  nous  sommes  parvenus  à  réduire  d'un  tiers  le  nombre  total  de  grains 
contenu  dans  nn  litre;  le  volume  de  ces  grains  s'est  donc  accru.  Mais  ce 


^^0  SOCIÉTÉ    BOTAISiyLK    DK    l'HANCK. 

perfectionncMU'iit  a  produit  du  mal  :  des  plantes  sont  restées  infertiles. 
Chez  celles-ci  les  baies  et  les  ^lunnes  ont  pris  beaucoup  de  développement 
et  ont  accru  leur  nombre  ;  les  épillets,  favorablement  placés,  ont  doimé  des 
racines  à  leur  base  et  formé  de  nouvelles  plantes;  le  produit  en  grains  est 
complètement  nul. 

Ce  fait  patl)ologi(|ue  se  rattache  a  ce  qui  se  passe  normalement  dans 
d'autres  plantes.  Le  Poa  bulbom  et  autres  produisent  des  épillets  à  fleurs  et 
d  autres  prolifères,  non-seulement  sur  la  même  plante,  mais  aussi  sur  la 
méine  lige.  Dans  les  Liliacées,  on  observe  des  fleurs  et  des  soboies  sur  un 
pédoncule  commun. 

Le  lachilisme  est  pour  les  Graminées  ce  qu'est  la  duplication  pour  les 
Rosacées.  Chez  les  unes,  les  enveloppes  florales  de  nature  foliacée  ont  con- 
servé cette  nature;  chez  les  autres,  les  pétales  accrus  en  nombre  ont  con- 
servé aussi  leur  organisation.  On  a  cependant  quelques  faits  qui  prouvent 
la  melamorphose  des  pétales  en  feuilles;  on  peut  en  citer  comme  exemples 
quelques  Crucifères. 

Le  calice  peut  accroître  ses  dimensions  et  prendre  l'aspect  de  feuilles  ; 
ceci  ai'rivelorsciue  les  conditions  ambiantes  sont  très  favorables.  La  végé- 
tation automnale  du  Verhascnm  Blattaria  présente  souvent  ce  fait.  Le 
calice  du  Pdijover  Rhœai^ ,  ordinairement  caduc,  peut  se  changer  en 
feuilles  et  alors  il  persiste. 

Une  métamorphose  très  curieuse  est  celle  des  segments  du  calice  en  tissu 
charnu  carpoïde.  Sur  le  liosa  leucantha,  on  observe  souvent  en  automne, 
au-dessus  des  fruits  rouges,  une  couronne  formée  de  cinq  ou  six  appen- 
dices; ce  sont  les  divisions  du  calice  qui  ont  persiste,  sont  devenues  char- 
nues, rouges  et  de  même  saveur  que  le  fruit. 

Les  bractées  qui  protègent  les  fleurs  passent  quelquefois  à  l'état  de 
feuilles.  Ceci  a  lieu  sur  des  plantes  monocotylédones  et  dicotylédones. 

Deuxième  onoupE.  Nielle.  —  Je  désigne  sous  ce  nom  un  changemen, 
dans  la  végétation  du  bourgeon  et  même  dans  son  évolution.  Une  diffor- 
mité se  développe,  elle  est  due  à  un  insecte. 

Sur  le  Blé,  si  on  le  sème  dans  notre  pays  avant  le  15  ou  30  octobre,  un 
insecte  diptère,  voisin  du  genre  Psylla  Fab. ,  dépose  ses  œufs  sur  la  feuille 
séminale,  peu  de  temps  après  sa  sortie  de  terre  ;  passé  cette  époque  le  mal 
n'est  plus  a  redouter.  Sa  larve  se  développe  tout  de  suite,  elle  ronge  sous  terre 
la  jeune  plante  au  collet;  plus  tard  les  feuilles  jaunissent  et  meurent  ;  il  eu 
repousse  de  nouvelles,  plus 'longues,  élargies,  obtuses,  pins  vertes.  L'évo- 
lution du  bourgeon  est  changée;  les  bases  des  feuilles  qui  étaient  embrassées 
à  l'état  normal,  sont  seulement  appliquées;  la  plante  végète  mal  et  meurt 
des  le  printemps. 

Le  ./««ci<sfl/-^<c«/a<MS  est  souvent  affecté  d'une  difformité  analogue  qui 


SESSION    E.VTU.VOKhINAlKK   A    MONiPIJ.I.IK»    KN    JUI.N    1857.         ()51 

se  développe  au-dessus  de  la  terre,  quelquefois  sur  les  tif^es.  Elle  est  due 
au  Psylla  Juncnrum.  —  Dans  plusieurs  Carex  on  observe  le  même  fait, 
mais  toujours  à  ileur  de  terre.  —  Heaucoup  de  (iraminées  nous  fournissent 
des  difformités  analogues  (juMl  serait  trop  long  d'énuinérer  ici. 

La  nielle  se  montre  non-seulement  sous  terre  au  collet,  mais  aussi  dans 
les  bourgeons  à  feuilles,  et  sur  les  chatons  uniscxuels  ;  les  difformités  (jui 
sont  produites  dans  ce  dernier  cas  sont  les  mêmes  sur  les  deux  sexes.  Les 
diverses  espèces  du  genre  Salix,  indigènes  ou  Introduites,  en  sont  la  preuve, 
La  difformité  n'a  pas  son  siège  dans  le  fruit  qui  avorte,  et  n'existe  pas  sur 
un  seul  sexe,  mais  bien  sur  les  segments  des  enveloppes  florales. 

La  nielle  se  retrouve  pour  ainsi  dire  dans  les  fruits.  Observez  une  ombelle 
de  fleurs  de  Poirier  quelque  temps  après  la  floraison,  elle  montre  trois 
ordres  d'ovaires  :  les  uns  avortés  et  qui  se  détacbent  bientôt  par  désarticu- 
lation ;  d'autres  fécondés  ((ui  seront  les  bons  fruits;  les  troisièmes  fécondes 
aussi,  mais  plus  gros,  a  formes  irregulières  et  a  su iface  chagrinée.  Ils  recè- 
lent des  insectes  hyménoptères  voisins  des  Cynips,  lesquels  déterminent 
une  irritation,  cause  locale  de  l'hypertrophie. 

Troisième  groupe.  Difformité  par  cause  fongique.  —  l^'etude  des  lésions 
organiques  dans  les  végétaux,  nous  montre  des  (champignons  (UréJinées  et 
autres),  dont  Its  sporules  ont  été  absoibees  parles  racines  des  plantes.  Cette 
inoculation  ne  peut  s'effectuer  que  dans  le  jeune  âge  de  la  plante,  pour  le 
Blé  et  autres  céréales  annuelles;  elle  détermine  une  maladie  cachée,  une 
diathese,  dont  la  manifestation  sera  locale,  lorsque  les  parties  qui  doivent 
lui  servir  de  siège  seront  développées,  et  la  preuve  que  la  maladie  est 
constitutionnelle,  c'est  que  dans  le  cas  d'amputation,  si  les  parties  se  repro- 
duisent, la  maladie  se  reproduit  aussi. 

Quelques  vcgétaux  ligneux  présentent  des  maladies  analogues,  qui  forment 
le  passagedes  lésions  physiques  aux  lésions  organiques.  Sur  le  Quercus  llex, 
\cFraxinus  excelsior,  etc.,  un  Uredo,  probablement  introduit  par  lesracines, 
se  montre  sur  les  chatons  et  les  bouquets  de  fleurs;  le  plus  souvent  alors 
ces  organes  sont  impropres  à  leurs  fonctions.  Le  Champignon,  dans  ce  cas, 
produit  une  hypertrophie  locale,  qui  semble  altéier  plutôt  la  forme  de  ces 
parties  que  leur  contexture  intime. 

i>'ombre  de  Crucifères,  le  Chou,  la  Hoquette,  le  Diplotaxis  tenuifolia 
surtout  et  autres,  nourrissent  souvent  VUredo  candida,  lequel  est  la  cause 
matérielle  du  changement  des  sépales  et  des  pétales  en  feuilles  mal  confor- 
mées. D'autres  Champignons  de  la  même  section  altèrent  tellement  les 
formes  des  Kuphorbes,  qu'on  les  a  décrites  comme  espèces.  Enfin,  les  Cle- 
matis  Vif.alba  et  Flmumvla  ont  souvent  des  difformités  dont  la  cause  est 
analogue. 


652  SOCIÉTÉ    BOTANIQL'L    DE    FRANCE. 

31.  Marlins  l'ait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

NOTE  SUR  LA  SOMME  DE  CHALEUR  EFFICACE  NÉCESSAIRE  A  LA  FLORAISON  DU 
NELUMBWM  SPECIOSUM,  par  M.  CH.  MARTIMS. 

Différentes  méthodes  ont  été  proposées  pour  déterminer  et  calculer  la 
somme  de  chaleur  nécessaire  à  la  floraison  d'un  véjiétal  donné.  Préoccupé 
de  celte  imporlanle  question  de  physiologie  végétale,  j'ai  pris  pour  sujet  de 
mes  expériences  le  Melumbiutn  speclosuni,  dont  la  végétation  est  aquatique 
dansla  première  période;  mixte,  c'est-a-dire  aquatique  et  aérienne  à  la  lois, 
dans  la  seconde.  Ce  choix  n'était  pas  arbitraire;  on  sait,  en  effet,  qu'on 
obtient  avec  une  grande  exactitude  la  tenipérature  d'un  liquide  tel  que 
l'eau  ;  mais  les  physiciens  connaissent  les  difficultés,  peut-être  insurmon- 
tables, qui  empêchent  d'estimer  avec  précision  la  véritable  température  de 
l'air.  A  ces  raisons  physiques  s'ajoute  un  motif  physiologique,  c'est  que  le 
Ndwnbium  est  une  plante  qui,  quoique  exigeant  une  somn)e  de  chaleur 
considéra!)le  pour  fleurir,  parcourt  cependant  rapidement,  sous  le  ciel  de 
Montpellier,  les  différentes  phases  qui  séparent  le  développement  du  bour- 
geon de  l'épanouissement  de  la  fleur,  .l'ai  donc  fait  choix  d'un  pied  vigou- 
reux, contenu  dans  un  baquet  en  bois  et  hivernant  dans  l'orangerie  du 
Jardin  des  plantes.  De  novembre  à  mars,  les  rhizomes  de  cette  plante  dor- 
ment enfouis  dans  la  vase;  mais  lorsque  la  température  de  l'eau  se  main- 
tient habituellement  a  10  degrés  centigrades ,  alors  le  rhizome  commeneeà 
pousser  des  bourgeons  ;  10  degrés  centigrades  sont  donc  le  zéro  du  Nelum- 
é/«<m,  le  degré  de  chaleur  auquel  il  commeneeà  étie  sensible,  [.es  degrés 
compris  entre  0"  et  +  10°  lui  sont  indifférents,  n'affectent  en  rien  sa  vita- 
lité et  ne  doivent  pas  entrer  en  ligne  de  compte  dans  le  calcul  des  sommes 
de  chaleur  néeessaiies  pour  amener  la  floraison.  Une  température  supé- 
rieure à  10  degrés  est  seule  efficace. 

Si  j'avais  pu  disposer  des  appareils  coûteux  qui  enregistrent  la  tempéra- 
ture à  chaque  instant  du  jour  et  donnent  des  courbes  continues,  je  les 
aurais  employés;  car  il  est  évident  que  la  température  à  laquelle  la  plante  a 
été  soumise  eût  été  exprimée  par  une  surface  limitée  supérieurement  par  la 
courbe  continue  des  tenipt ratures,  et  inférieuiement  par  une  ligne  droite 
parallèle  à  la  ligne  des  abcisses  ou  de  0",  mais  coupant  les  ordonnées 
à  la  hauteur  de  10  degrés.  Je  n'avais  pas  d'appareil  de  ce  génie  à  ma  dis- 
position, et  presque  tous  les  botanistes  seront  dans  le  même  cas.  11  faut 
donc  chercher  des  moyens  moins  coûteux  et  recourir  aux  instruments  ordi- 
naires. Deux  theimomètres,  l'un  a  mercure  et  à  iitaximn^  l'autre  a  alcool  et 
à  mm»na,  placés  dans  l'eau,  nous  donneront  pour  chaque  jour  le  maxi- 
mum et  le  minimum  de  la  température  de  l'eau  dans  laquelle  la  plante  est 


SESSION    EXTUAOUDINAIUb;    A    MONTPELLIER    EN    JUIN    1857.         (55.3 

entièrement  plongée  au  moment  de  son  réveil.  Etudions  d'dbord  la  première 
période  de  la  végétation  dn  •Selumbium. 

Premikuk  pkriodk.  —  Végétation  aquatique  flu '^Q\\xn\h\{\\\\. 

La  végétation  de  la  plante  commença,  en  ISôG,  le  12  avril,  .fusqu'au 
9  juin  elle  l'ut  purement  acjuatique  ;  mais  à  cette  époque  huit  feuilles  flot- 
taient à  la  surface  de  l'eau  et  une  s'élevait  déjà  au-dessus,  l.a  végétation 
cessa  donc  à  celte  date  d'être  purement  a(|uatique  pour  devenirmixte,  c'est- 
à-dire  aquatique  et  aérienne  tout  à  la  fois. 

Voici  les  sommes  et  les  moyennes  de  chaleur  nhsolue  et  de  chaleur  effi- 
cace de  l'eau  observées  pendant  cette  période  de  soixante  jours  : 


Somme  des  maccma  quotidiens    . 
Somme  des  ?n//i/ma  qiiotidirns.  .  . 
Moyenne  quotidienne  des  maxima 
Moyenne  quotidienne  des  minima  . 
Moyenne  quotidienne  générale  .  . 


•      • 


TEMPKRATURF, 

iibsoliie. 

f  fllcace. 

1260" 

«60° 

SSi 

28'( 

21,0 

11,0 

1/1,7 

li,l 

17,9 

7,9 

Pour  obtenir  les  chiffres  delà  seconde  colonne,  il  a  suffi,  d'après  les  con- 
sidérations placées  en  tête  de  cette  note,  de  retrancher  des  degrés  de  tem- 
pérature thermométriques  absolus,  ceux  compris  entre  0°  et  10°,  c'est-à-dire 
10  degrés  qui  sont  complètement  inefficaces  et  sans  influence  sur  la  vita- 
lité du  Nelwnbium. 

Seconde  période.  —  Végétation  aquatico-aérienne  du  jNelumbium. 

A  partir  du  10  juin,  dix  feuilles  flottant  à  la  surface  de  l'eau  et  une 
s'élevant  au-dessus,  ne  nous  permettent  plus  de  considérer  la  végétation  de 
la  plante  comme  purement  a(iuatique.  Deux  thermomètres  suspendus  au- 
près d'elle  a  l'air  libre,  sans  aucun  abri,  nous  indiqueront  les  températures 
maxima  etminima  de  l'atmosphère.  En  parcourant  les  colonnes,  je  remarque 
que  les  maxima  de  l'air  sont  supérieurs  à  ceux  de  l'eau,  taudis  que  les 
minima  de  l'air  sont  inférieurs  à  ceux  de  l'eau.  Étudions  d'abord  les  pre- 
miers; ils  agissent  énergiquement  sur  les  parties  aériennes  de  la  plante;  en 
effet,  ces  maxima  sont  souvent  produits  par  l'action  directe  du  soleil,  et 
les  feuilles  s'échauffent  encore  plus  (jue  le  thermomètre.  Avant  de  se  déve- 
lopper, le  limbe  de  la  feuille  du  XelwnOium  est  roule  sur  lui-même.  J'en 
profitai  pour  enfoncer  dans  le  tuyau  forme  par  ce  limbe  un  petit  thermo- 
mètre à  mercure  gradué  sur  tige.  La  feuille  était  exactement  appliquée  sur 
la  cuvette  cylindrique  de  l'instiument,  qu'elle  embrassait  lui-mêrue  dans 


65Z|  SOCIÉTK    BOTANIOUK    I>E    FRANCR. 

toute  sa  longueur,  [jn  autre  tliermomètre  tout  semblable  fut  suspendu 
librement  à  l'air  à  la  même  hauteur  et  à  2  mètres  de  distance  horizontale 
du  premier. 

Quand  le  ciel  était  couvert,  les  deux  thermomètres  marquaient  sensible- 
ment la  même  température.  En  effet,  trente-cinq  observations  faites  entre 
le  10  juin  et  le  U  juillet,  donnent  : 

Moyenne  du  tliormomètre  roulé  dans  la  feuille  de  Nelumbium.  .     20°, 97 
Moyenne  du  lht;rmomèlre  libre,  à  l'ombre 19", 88 

La  différence  n'est  que  de  1", 09  à  l'avantage  du  thermomètre  roulé  dans 
la  feuille,  mais  au  soleil  elle  est  bien  plus  grande. 

Moyenne  du  tliermomètre  roulé  dans  la  feuille 31°37 

Moyenne  du  lliermomèlre  libre,  au  soleil 25°/i6 

La  différence  est  de  5"^, 91  ;  elle  prouve  que  le  tissu  de  la  feuille  s'échauffe 
d'un  cinquième  plus  que  la  cuvette  d'un  thermomètre  à  l'air  libre,  sous 
l'influence  des  rayons  solaires.  Des  expériences  comparatives,  faites  sur  des 
thermomètres  enfoncés  sous  l'épiderme  dans  les  branches  foliiformes  des 
Opuntia  et  les  feuilles  charnues  des  Aloë,  m'ont  conduit  aux  mêmes 
résultats. 

S'il  est  indispensable  de  tenir  compte  des  tnaxima  de  l'air,  on  ne  saurait 
négliger  ceux  de  l'eau;  en  effet,  la  plante  est  plongée  dans  ce  milieu  par  ses 
racines,  ses  rhizomes  et  la  moitié  au  moins  des  pétioles  et  des  pédoncules. 
A   la  fin  de  juin  il  y  avait  quinze  feuilles  flottant  à   la  surface  de  l'eau; 
leur  surface  supérieure  était  en  contact  avec  l'air,  mais  l'inférieure   repo- 
sait sur  l'eau  ;  cinq  feuilles  et  un  pédoncule  tloral  s'élevaient  au-dessus  de 
la  surface.  Pour  tenir  compte  de  ces  actions  complexes,  j'ai  adopté  la  tem- 
pérature intermédiaire  entre  la  moyenne  de  l'air  et  celle  de  l'eau.  J'ai  agi 
de  même  pour  les  minima.  En  effet,  les  quinze  feuilles  flottantes,  refroidies 
par  le  contact  de  l'air  et  le  rayonnement,  étaient  réchauffées  par  l'eau  qui 
baignait  leur  surface  inférieure.  Les  cinq  feuilles  et  le  pédoncule  émergés, 
plongeant  par   leur  moitié  inférieure  dans  l'eau,  se   refroidissaient  moins 
pendant  la  nuit  que  si  elles  avaient  appartenu  à  une  plante  terrestre.  J'ai 
donc  également  pris  la  moyenne  des  minima  de   l'air  et  de  l'eau,   comme 
expression  approchée  de  la  température  a  laquelle  la  plante  a  été  soumise. 
Cette  appréciation  est  certainement  plus  exacte  que  si  la  chaleur  éprouvée 
par   le  végétal  était  déduite  uniquement  de  la  température   de  l'air  ou 
de  celle  de  l'eau. 

Les  sommes  et  les  moyennes  des  températures  de  I'kau  observées  pendant 
les  trente-sept  jours  compris  entre  le  11  juin,  commencement  de  la  végéta- 


SF.SSION'  EXTRAORDINAIRE  A  MONTI'EI.MER  EN  JUIN  1857.  055 
tion  aquatifo-.-u'iieiiiic,  et  lo  17  juillet,  époque  de  la  lloi'aison,  (Mil  été  les 
suivantes  : 

TEMPKRATURE 

uljsoliie.  ellicuce. 

Somme  des  maxima  quotidiens  de  l'eau  .  .  .  999°  6"29" 

Somme  des  mm/ma  quolidieiis 733  363 

Moyenne  des  maxima  quotidiens 27,0  17,0 

i\loyenne  des  minima  quotidiens 19,7  9,7 

Moyenne  quotidienne  générale 23,3  13,3 

On  voit  que  les  variations  de  la  température  de  l'eau  sont  faibles,  puisque 
la  moyenne  des  uiaxlma  ne  diffère  de  celle  des  minima  que  de  7", 3,  tandis 
que  la  différence  à  l'air  libre  dans  le  tableau  suivant  est  de  17", 0. 

Etudions  maintenant  les  températures  de  l'Ain. 

TEMPÉRATURE 
absolue.  cllicace. 

Somme  des  maxima  quotidiens  de  l'air  .  .   .  1107"  737° 

Somme  des  minima  quotidiens Zi70  100 

Moyenne  des  maxima  quotidiens 29,7              19,7 

Moyenne  des  minima  quotidiens 12,7                2,7 

Moyenne  quotidienne  générale 21,2              11,2 

D'après  ce  que  nous  avons  dit,  la  plante  a  été  réellement  exposée  à  une 

température  intermédiaire  entre  celle  de  l'air  et  celle  de  l'eau,  savoir,  à  un 

27"  0  A-  29°  7 
maximum  moyen  de '- — ~  .—  28°, 3,  et  de  môme  à  un  minimum 

,    19°, 7  +  12°,7 
moyen  de ■=  16°, 2.  Le  maximum  moyen  efficace,  intermé- 

diaire  entre  celui  de  l'air  et  celui  de  l'eau,  auquel  la  plante  a  été  soumise, 
est  donc  de  18°,2  \  le  minimum,  moyen  efficace,  de  6°,2;  la  moyenne  géné- 
rale efficace^  12", 2. 

MÉTHODES     DE    CALCUL. 

Nous  pouvons  actuellement  calculer  la  somme  de  chaleur  nécessaire  pour 
amener  la  floraison  du  Nelumbium.  Trois  méthodes  s'offrent  à  nous  :  la  pre- 
mière indiquée  par  Réaumur  (1)  et  formulée  nettement  par  MiM.  Boussin- 
gault  (2)  et  de  Gasparin  (3),  est  celle  que  nous  avons  employée;  elle  con- 
siste à  additionner  toutes  les  températures  moyennes  quotidiennes,  à  partir 
d'une  époque  déterminée  par  le  degré  thermométrique  sous  l'influence  du- 

(1)  Observations  du  thermomètre  faites  à  Paris  pendant  l'année  1735  (Mémoires 
de  l'Académie  des  sciences  de  Paris,  année  1735,  p.  558). 

(2)  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  sciences  de  Paris,  t.  IV,  p.  178,  30  jan- 
vier 1837. 

(3)  Cours  d'agricnlfnrp,  IW\,  t.  H,  p.  8G. 


656  SOCIÉTÉ    BOTANIQUK    DK    FRANCE. 

quel  la  plante  entre  en  végétation,  ou  ce  qui  revient  au  ntiêrae,  à  multiplier 
la  température  moyenne  générale  de  l'espace  de  temps  que  l'on  considère 
par  le  nombre  de  jours  contenu  dans  ce  laps  de  temps.  Ainsi  soit  t  cette 
température  moyenne,  /  la  température  initiale  à  laquelle  la  plante  est  sen- 
sible, nie  nombre  des  jours  dont  la  température  moyenne  estf,  nous  avons 

la  formule  : 

{t—i)  n. 

Si  nous  appliquons  cette  formule  a  notre  exemple,  nous  avons  pour  notre 
première  période,  qui  est  entièrement  aquatique,  t'  étant  la  température 
moyenne  de  l'eau: 

{t'—i)  n  =  (17°,9  — 10»)  X  60=  7%9  X  60  =  ^74". 

Pour  la  seconde,  qui  est  mixte  ou  aquatico-aérienne,  on  a,  en  appelant 
fia  température  moyenne  de  l'air  pendant  cette  période,  t"  celle  de  l'eau  : 

(t  —  i)-{.(t''—i)  ir,2  +  13",3 

î^ '-— X  37  = —^ X  37  =  12%2  X  37  =hbV. 

Ainsi,  en  résumé,  \e  A'elumbùwi  a  reçu,  du  12  avril  1856,  commence- 
ment de  sa  végétation,  jusqu'au  17  juillet,  époque  de  sa  floraison,  savoir 
en  quatre-vingt-dix-huit  jours,  la  somme  totale  de  température  utile  ex- 
primée par  Ù7^°  -}-  lx5V  =  925°  thermométriques  efficaces, 

iM.  Quetelet  propose  une  méthode  différente  (1)  :  il  assimile  l'action  de  la 
chaleur  à  celle  des  causes  vives,  et  a  été  conduit  par  six  années  d'observa- 
tions sur  la  floraison  du  Lilas,  à  Bruxelles,  a  multiplier  la  température 
moyenne  élevée  au  carré  par  le  nombre  des  jours;  la  formule  précédente  est 

alors  : 

{t  —  i)^n. 

La  somme  des  degrés  efficaces  pour  amener  la  floraison  du  Nelumbium 
serait,  d'après  cette  formule  : 

(7°,9)2  X  00  +  (12%2)2  X  37  =  9256". 

Knfin,  M.  Babinet  (2),  considérant  qu'en  général  l'effet  produit  par  une 
cause  constante  (la  pesanteur,  par  exemple)  agissant  pendant  un  certain 
temps,  est  j)roportionncl  a  l'intensité  de  la  cause  et  au  carré  du  temps, 
multiplie  la  température  eflicace  par  le  nombre  desjours  élevé  au  carré  ;  il 

écrit  : 

{t  —  i)nK 

Cette  formule  appliquée  au  Nelumbium  donnera  : 

7°,9  X  602  +  12",2  X  372  =  Zi51Zj2". 
Quelle  est  celle  de  ces  trois  méthodes  (ju'il  faut  adopter?  L'expérience 

(1)  Lettres  sur  la  théorie  des  probabilités,  p.  2Z|2. 

('2)  Sur  les  rapporh  de  la  tempérai  are  avec  le  développement  des  plantes 
{Comptes  rendus  de  l'Acud,  des  se.  de  Paris,  t.  XXXIf,  p.  5'21 ,  ili  avril  1851). 


SESSION    EXTRAOliniNAIRE    A    MONTPRLMER    EN    JUIN    1857.         (557 

seule  peut  en  décider.  Je  nw.  propose  de  reprendre  pendant  plusieurs  prin- 
temps la  série  d'observations  (jui  l'ait  le  sujet  de  celte  note.  Comme  les 
mêmes  saisons  ne  se  ressemblent  pas  d'une  année  ù  l'autre,  la  formule  qui 
donnera  le  nombre  le  plus  concordant  sera  évidemment  la  meilleure.  Je 
serais  heureux  si  d'autres  botanistes  voulaient  s'assujettir  à  faire  le  même 
travail  sur  d'autres  plantes:  ils  vérifieraient  de  leur  côté  la  concordance  des 
résultiits  donnés  par  les  formules  de  M.  Boussin^ault,  de  M.  Quetelet  ou  de 
M.  Bubinet.  Ce  serait  un  grand  pas  défait  dans  la  connaissance  des  causes 
déterminantes  de  la  végétation  ;  en  effet,  si  la  chaleur  n'est  pas  la  seule, 
elle  est  certainement  la  principale,  et  après  l'avoir  appréciée  on  étudierait 
les  autres,  à  mesiire  que  la  physique  nous  fournirait  des  méthodes  pratiques 
d'observation  ;  ainsi ,  la  lumière  joue  un  grand  rôledans  la  floraison  du  Ne- 
/am^«M??i,  puisque  cette  plante  fleurit  rarement  dans  les  séries  de  l'Angle- 
terre et  de  la  Ilallande,  où  la  chaleur  ne  lui  fait  pas  défaut,  tandis  qu'elle 
fleurit  tous  les  ans  en  plein  air  à  Montpellier.  L'état  hygrométrique  de  l'air 
est  encore  im  élément  important  ;  mais  je  crois  que  la  température  les 
domine  tous,  et  c'est  elle  qui,  dans  l'état  actuel  de  la  physique,  peut  être 
étudiée  avec  le  plus  d'exactitude  et  de  facilité.  L'e.xemple  compliqué  d'une 
plante  amphibie  montre  que  ni  les  observations  ni  les  calculs  ne  sont  trop 
pénibles  pour  rebuter  un  naturaliste.  Je  serais  heureux  si  cette  note  attirait 
l'attention  des  membres  de  la  Société  botanique  sur  une  question  qui  inté- 
resse à  la  fois  la  physiologie  végétale,  l'horticulture  et  l'agriculture  i-a- 
tioneljes. 

M.  J.-E.  Piaiichon  (lit  que  les  plantes  étant  pour  ainsi  dire  des  llier- 
momèlres  quiont  chacun  un  zéro  différent,  il  importerait  peut-être, 
pour  déterminer  les  rapports  des  climats  entre  eux,  de  cultiver  com- 
parativement les  mêmes  phmtes  dans  des  régions  différentes.  Les  mé- 
téorologistes eux-mêmes  reconnaissent  rinsulVisance  de  la  méthode 
des  températures  moyennes, et,  à  l'Académie  des  sciences,  dans  une 
discussion  récente,  SI.  Biot  en  a  contesté  les  résultats.  Ainsi,  par 
exemple,  il  est  impossiiile  d'obtenir  des  températures  moyennes  dans 
les  Cévennes;  mais  on  aurait  des  notions  exactes  sur  le  climat  de  ces 
montagnes,  si  l'on  faisait  semer  du  Blé  simultanément  à  Montpellier 
et  à  l'Espérou  et  si  Ton  en  suivait  le  développement. 

M.  Martins  répond  à  M.  Planchon  que  le  mode  d'expérimentation 
qu'il  propose  serait  encore  insuffisant,  parce  que  la  chaleur  n'est  pas 
le  seul  élément  du  problème  et  qu'il  faut  encore  tenir  compte  de  l'hu- 
midité, de  l'exposition  et  surtout  de  la  lumière.  Si,  par  exemple,  If 
Nehmibium  fleurit  diUicilementdans  le  noid  de  la  France,  c'est  prir* 

T.    IV.  k2 


65S  SOCIÉTÉ    ROTATSlQUIi:    DE    FRANCE. 

cipjilement  parce  qu'il  y  manque  de  lumière.  Chaque  plante  étant 
différemment  sensible  à  ces  diverses  influences,  l'observation  d'une 
seule  plante  ne  donnerait  pas  des  résultats  complets.  M.  Martins  in- 
siste sur  l'utilité  de  la  méthode  des  températures  moyennes  maxima 
et  miniina.  Il  reconnaît  l'imperfection  des  hygromètres  et  même  dçs 
thermomètres;  mais  les  erreurs  commises  par  ces  instruments  se 
perdent  dans  la  moyenne. 
M.  J.-E.  Planclion  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

QUELQUES  MOTS  SUR  L'ORIGINE  DU  STTOAX  CALAMITE  DES  ANCIENS, 
par  M.  J.-E.   PLAIXCHOX. 

Dfs  sub.stances  très  diverses  ont  porté  ou  portent  encore  dans  les  officines 
le  nom  de  styrax.  L'une  d'elles  est  le  styrax  liquide,  sorte  de  baume  à  con 
sistancede  miel,  qui  ressemble  beaucoup  au  liquidambar  licpiide  d'Amérique, 
et  dont  l'origine,  longtemps  douteuse,  est  aujourd'hui  parfiiitement  élucidée 
dans  une  excellente  notice  du  docteur  Daniel  Hanbury  (1].  Ce  baume  dé- 
coule par  incision  du  tronc  du  Liquidambar  orientale  IMill.,  bel  arbre  à 
feuilles  de  Platane,  qui  forme  des  forêts  dans  le  sud-ouest  de  l'Asie-Mi- 
neure. 

Quant  au  styrax  solide,  c'est  un  produit  complexe,  où  la  fraude  introduit 
des  ingrédients  variés  (sciure  de  bois,  styrax  liquide,  sable,  résines  di- 
verses, etc.),  et  dont  l'étude  grossirait  le  long  chapitre  des  falsifications  de 
droszues.  Plusieurs  de  ces  adultérations  remontent  au  temps  de  Dioscoride  et 
de  Pline.  Aujourd'hui  même  le  commerce  ne  connaît  pUis  ([ue  ces  styrax 
falsifiés,  et  c'esl  dans  quelques  vieux  droguiers  que  la  curiosité  scientitique 
fait  retrouver  de  loin  en  loin  des  échantillons  de  véritable  styrax. 

Ce  styrax  ou  stirax  se  présentait  sous  deux  formes  :  i°  en  larmes  dis- 
tinctes, grosses  à  peu  près  comme  des  pois,  blanchâtres,  pellucides,  se  li- 
quéfiant presque  sous  les  doigts,  d'une  odeur  très  suave  et  très  fragrante  : 
c'était  le  styrax  en  larmes  {styrax  in  granis  Offic.)  ;  2°  en  masses  for- 
mées de  larmes  agglutinées,  dont  quelques-unes,  blanchâtres,  empâtées  au 
milieu  de  larmes  blondes  ou  rousses,  y  figuraient  comme  des  graines  d'a- 
mande :  de  là  le  nom  de  styrax  amygdaloïde.  On  l'appelait  aussi  styrax 
calamité,  parce  qu'il  se  vendait  souvent  enveloppé  dans  une  feuille  de  ro- 
seau (cuiamus). 

Plus  hahile  en  matière  médicale  qu'en  botanique,  Dioscoride  a  très  bien 
décrit  le  styrax  et  n'a  que  très  brièvement  signalé  le  végétal  qui  le  fournit. 

(1)  On  Storax,  in  Pharmaceuticui  Journal  and  traîisadions,  febr.  and  mardi 
1857,  Loiulf)!!.  in-8.  Arliclt;  Uaduil  par  ^J.  le  professeur  (Uiiboiul  dans  le  Journal 
de  pharmarif  de  l'aris. 


SESSION    EXTRAORPINAinF    A    MONTPKM.IER    EN    .MIN    18Ô7,  659 

C'est,  dit-il,  tin  arbuste  assez  semblable  au  Co<iiiassier.  A  ce  trait,  il  est 
(liflicile  de  ne  pas  reconnaître  \q  Styrax  officinalis  des  auteurs  modernes. 

L'arbuste  en  question  appartient  au  même  genre  que  le  Styrax  Benzoin, 
d'où  provient  le  lienjoin  des  pliarmacies.  Or,  l'analoi^it^  étroite  ((ui  rattache 
le  benjoin  au  styrax  fait  aisnnent  supposer  un  rapport  intime  entre  les 
deux  plantes  qui  produisent  ces  deux  substances. 

Il  est  donc  naturel  de  croire  que  le  styrax  en  larmes  et  le  styrax  cala- 
mite  découlent  l'un  etV  autre  du  Styrax  officinalis.  Telle  est  l'opinion  pres- 
que unanime  des  pharmacologues.  Klle  s'appuie  d'ailleurs  sur  les  observa- 
tions directes  de  deux  savants  dont  l'autorité  ne  saurait  être  contestée. 

L'un  de  ces  auteurs  est  l'illustre  Duhamel  du  Monceau  :  «  .l'ai  trouvé, 
dit-il  (1),  en  Provence,  près  de  la  chartreuse  de  Montrieux,  sur  de  gros  Ali- 
bouriers(>7?/rox),  des  écoulements  assez  considérables  d'un  baume  très  odo- 
rant. Il  n'est  pas  douteux,  ce  me  semble,  que  ces  Alibouliers  ne  fournissent 
du  storax.  » 

L'autre  témoignage,  celui  de  l'abbe  Mazéas,  est  encore  plus  explicite  et 
plus  circonstancié.   Nous  le   citons  en  note  dans  les  termes  originaux  (2). 

Après  des  assertions  aussi  positives,  le  doute  n'est  guère  permis  sur  l'ori- 
gine du  styrax.  Une  seule  difficulté  se  présente  qui  mérite  d'être  expliquée. 

Le  Styt-ax  officinalisiVest  pas  sauvage  à  Montpellier,  mais  il  en  existe  un 
bel  exemplaire  au  .Fardin  des  planteset  un  autre  dans  le  jardin  particulier  de 
M.  Pouzin,  directeur  de  l'Ecole  de  pharmacie.  Invité  par  mon  savant  anii, 
le  docteur  Daniel  Hanbury,  à  faire  quelques  essais  sur  la  production  du 
styrax,  j'ai  vainement  incisé  ces  arbres  a  différentes  reprises  (juin  1856, 

(1)  Traité  des  arbres,  elc.  Paris,  1775,  in'-4,  t.  II,  p.  289. 

(2)  «  Dans  tuio  plaine  des  environs  de  Tivoli,  formée  du  côté  dn  nord  et  du 
nord-est  par  une  cliaîfiede  montagnes  conliguë  à  MoiUe-Genarro,  iîocca-Giovane, 
San-Polo,  etc.,  qni  forment  un  demi-cercle  ouvert  au  midi,  Cft  arbrisseau  (le 
Stijrax)  donne,  par  les  incisions  qu'on  fait  à  son  écorce,  la  résine  précieuse  connue 
sous  le  nom  de  styrax  en  larmes,  tandis  qu'il  est  stérile  partout  ailleurs;  du  moins 
les  incisions  m'ont  été  fort  inutiles. 

»  Il  nva  paru  que  c'est  à  la  situation  avanta2;pnse  de  cet  arbrisseau  au  pied  du 
Monte-C.enarro,  plutôt  qu'à  la  natureet  à  la  qualité  du  terrain, qu'on  doit  attribuer 
ce  phénomène.  En  eifet,  il  y  lait  beaucoup  plus  cliaud  que  dans  la  grande  plaine 
voisine  arrosée  par  le  Teverone,  comme  je  m'en  suis  assuré  par  le  Uiermomètre  ; 
et  j'attribue  cet  excès  de  chaletu-  aux  rayons  du  soleil  réunis  par  des  montagnes 
disposées  en  demi -cercle,  et  rétléchis  sur  une  plaine  de  peu  d'étendue  qui  n'est 
ouverte  qu'au  midi.  Cette  chaleur  concentrée  favorise  sans  doute  l'exsudation  d'une 
résine  qui  ne  devient  abondante  que  sons  le  climat  brûlant  de  la  Syrie.  »  (Extrait 
d'une  Lettre  à  MM.  les  auteurs  du  Journal  des  savants  sur  l'arbrisseau  qui 
donne  le  styrax,  par  M.  l'abbé  Mazéas,  de  la  Suciété  royale  de  Londres,  corres- 
pondant de  l'Académie  des  sciences,  et  chanoine  de  la  cathédrale  de  Vannes. 
Journal  de.<!  savants,  1769,  p.  10/j,  édit.  in-/i.) 


660  SOCIÉTÉ    BOTAMQUR    DE    FRANCE. 

août  1856,  mai  1857).  Il  n'est  sorti  des  incisioDS  qu'une  quantité  minime 
d'un  suc  laiteux,  à  saveur  légèrement  acre,  qui  n'a  pas  laissé  de  trace  ap- 
préciable eu  se  desséchant  et  n'a  pas  coulé  sur  les  fentes  de  la  plaie,  bien 
que  celle-ci  pénétrât  jusque  dans  l'aubier. 

Piqué  de  cet  insuccès,  j'ai  voulu  répéter  l'expérience  dans  une  région  plus 
chaude,  sur  la  plante  spontanée,  au  lieu  même  où  plus  de  cent  ans  avant, 
Duhamel  avait  observé  les  Alibouliers  styracifères.  Dans  ce  but,  j'ai  visité 
le  11  avril  1857,  la  chartreuse  de  Montrieux,  non  loin  de  Toulon,  tout  près 
du  village  de  ^Jéounes.  Dans  les  bois  de  ses  alentours,  le  Styrax  est  très 
abondant,  mais  comme  on  le  coupe  souvent,  il  ne  se  présente  plus  en  grands 
exemplaires.  Ceux  qu'avait  vus  Duhamel  ont  probablement  disparu  et  avec 
eux  la  source  du  styrax.  Les  plus  grands  de  ceux  qui  restent  ne  dépassent 
pas  la  hauteur  d'homme.  J'en  ai  incisé  plusieurs,  en  présence  du  frère  Joa- 
chim,  un  des  solitaires  de  la  chartreuse,  qui  s'est  prêté  très  obligeamment 
à  m'aider  dans  mes  expériences  et  a  m'en  transmettre  le  résultat.  L'effet  en 
a  été  aussi  négatif  qu'a  Montpellier  :  extravasation  immédiate  et  insigni- 
fiante d'un  peu  de  sève  laiteuse,  absence  complète  de  concrétion  balsamique 
et  même  d'odeur  résineuse. 

Yoilà  donc  la  même  espèce  végétale  qui,  suivant  les  lieux,  donne  ou  refuse 
un  produit  déterminé.  A  quoi  tient  cette  différence?  Kst-ce  à  l'âge  ou  au  dé- 
veloppement des  sujets?  L'observation  de  Duhamel  semblerait  plaider  dans 
ce  sens  :  mais  les  exemplaires  de  Montpellier,  (jui  restent  stériles  en  baume, 
ont  presque  atteiiit  le  maximum  de  leur  taille.  Est-ce  à  la  température?  Je 
le  croirais  volontiers  avec  l'abbe  JMazeas  ;  mais  avant  de  présenter  sur  ce 
point  des  aflirmations  absolues,  je  me  propose  d'étudier  comme  terme  de 
conqDaiaison  les  sécrétions  du  Lierre,  de  l'Olivier,  des  Cistes,  du  Térébinthe 
[Pistucia  Terebintkus),  végétaux  dont  les  produits  varient  suivant  les  ré- 
gions où  ils  croissent. 

M.  de  Tcliihatchef  dit  que  le  S/ijrax  officinalis  est  très  répandu 
dans  l'Asie-i^lineure,  et  commun  surtout  sur  la  pente  méridionale  du 
Bulgardagli  en  Cilicie,  et  dans  la  eliaîne  du  Tmolns  où  Slrabon 
déjà  l'avait  indiqué.  M.  de  ïcliihatchef  rappelle  que  M.  Fraas, 
dans  son  Synopsis  Florœ  classicœ^  dit  (|ue  le  Styrax  n'exsude  ja- 
mais en  Grèce,  mais  bien  dans  l'île  de  Rhodes.  Il  croit  devoir  douter 
de  la  spontanéité  de  cet  arbre  en  Provence. 

M.  J.-E.  IManchon  l'ait  observer  qu'en  Provence,  aux  environs  de 
Montrieux  (Var),  le  Styrax  forme  à  lui  seul  des  bois  et  couvre  des 
collines  entières.  Il  ajoute  que  M.  Fraas  a  pu  se  tromper  relative- 
ment au  Styrax  de  lUiodes,  qui  est  peut-être  un  Liquidainhar. 

M.  Martins  dit  avoir  vu  lui-même  le  Styrax  o//ichiaiis  à  Rhodes. 


SESSION    EXTRAORDINAIRE    A    MONTPELLIER    EN    JUIN    1857.         661 

Sur  cet  arbre,  (railleurs,  l'exsudalioii  peut  dépendre  de  la  localité 
où  il  croît  -,  il  en  est  de  môme  pour  plusieurs  Astragales  de  la  section 
des  ïragacantliées. 

M.  Cosson  partage  l'opinion  de  M.  Martins  à  cet  égard.  Il  cite  à 
l'ap[)ui  l'exemple  du  Frnxinus  Ornus,  qui  fournit  en  abondance  la 
manne  en  Calabre  et  en  Sicile,  mais  ne  donne  pas  naissance  à  ce  pro- 
duit dans  notre  climat. 

M.  J.-E.  Planchon  rend  compte  de  ses  nouveaux  essais  de  féconda- 
lion  ci'oisée  des  /Egilops  ovata  et  triaristata  par  diverses  Graminées. 
Il  a  déjà  obtenu  quelf|ues  graines  fertiles  de  YjE.  Irim'istata  ïècondà 
par  le  pollen  de  la  Touzelle  barbue  et  de  la  Touzelle  non  barbue.  Sur 
quatre  épiilets  d'jE.  triaristata  fécondés  le  23  mai  1857  par  le  pol- 
len du  Lolium  strictum,  un  seul  ovaire  a  noué  ;  encore  la  graine 
s'est-elle  détachée  par  accident,  avant  d'être  parfaitement  mûre.  Il 
serait  bien  curieux  d'en  voir  le  produit,  en  supposant  qu'elle  puisse 
germer. 

M.  Gustave  Planchon  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

SUR  QUELQUES  MONSTRUOSITÉS   DU  MELIANTHUS  COMOSUS, 
par  IW.  GUSTAfE  PLAIVCH01V. 

[/observation  des  monstruosités,  éclairant  p^es^Jue  toujours  des  ques- 
tions d'affinités  naturelles  et  de  symétrie  florale,  est  surtout  intéressante 
lorsqu'elle  s'applique  à  des  plantes  dont  les  vrais  rapports  sont  restés  long- 
temps indécis.  Tel  est  entre  autres  le  genre  Melianthus  Touvu.  Placé  dans 
des  ordres  différents  par  Adanson,  Linné,  A. -L.  de  Jussieu,  Adr.  de  Jus- 
sieu,  Reichenbach,  il  est  plus  tard  devenu  lui-même  le  type  d'une  petite 
famille,  celle  des  Meiionthées,  établie  par  mon  frère  et  placée  par  lui  entre 
les  Géraniacées  et  les  Sapindacées. 

Ces  divergences  parmi  les  auteurs,  preuve  de  la  ditticulte  de  classer 
convenablement  ce  singulier  genre,  peuvent  donner  de  l'intérêt  à  quelques 
anomalies  observées  sur  l'exemplaire  du  Meliantltus  comostis  Vahl,  que 
possède  le  Jardin  des  plantes  de  Montpellier. 

Avant  d'exposer  ces  observations,  je  rappellerai  succinctement  la  com- 
position d'une  tleur  normale  de  cette  espèce.  Nous  y  trouvons  : 

Un  calice  à  cinq  divisions  profondes  et  inégales,  dont  deux  grandes,  an- 
térieures (1),  une  postérieure  plus  petite,  deux  latérales,  presque  linéaires. 

Quatre  pétales,  très  étroits,  insérés  des  deux  côtés  des  sépales  latéraux 
autour  d'une  glande  considérable. 

(1)  Remarquons  que,  par  suite  do  la  lorsioii  du  pédoncule,  les  parties  posté- 
rieures paraissent  antérieures,  et  réciproquement. 


662  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRA.NCE. 

Qiinlre  ëtamines,  dont  deux  postérieures,  soudées  par  leur  basé,  oppo- 
sées aux  sépales  latéraux  :  deux  antérieures,  libres,  opposées  aux  sépales 
antérieurs. 

Un  ovaire  excentrique,  place  en  avant  de  la  glande,  à  quatre  loges 
alternant  avec  les  étamines. 

Ce  qui  frappe  au  premier  abord  dans  l'examen  de  cette  fleur,  c'est  l'ab- 
sence de  diverses  pièces  florales,  nécessaires  pour  la  symétrie  complète. 
Mais  il  est  facile  de  marquer  la  place  que  devraient  occuper  ces  organes, 
et  de  suppléer  ainsi  par  la  pensée  à  ce  défaut  de  symétrie. 

Les  lois  de  ralternaiice  et  l'analogie  tirée  du  genre  Bersama,  voisin  du 
Melianthus,  indiquaient  que  le  cinquième  pétale  se  trouverait  entre  les  deux 
sépales  antérieurs,  et  la  cinquième  ctamine  entre  les  deux  étamines  posté- 
rieures. 

Ces  présomptions  se  trouvent  vérifiées  par  l'observatiou  d'un  très  grand 
nombre  de  fleurs  de  l'exemplaire  du  Jardin  des  plantes.  Ou  y  remarque, 
en  effet,  sur  les  mêmes  grappes,  des  fleurs  à  l'état  ordinaire  et  des  fleurs  à 
cinq  pétales.  Ces  dernières  sont  même  de  beaucoup  les  plus  nombreuses. 
Le  pétale  suppK'mentaiie  occupe  la  place  que  lui  assigne  la  théorie  et  pré- 
sente des  fornu's  très  diverses:  tantôt  réduit  à  un  simple  filet,  tantôt  de  la 
dimension  des  autres  pétales^  il  devient  parfois  aussi  grand  (lue  le  sépale 
postérieur,  dont  il  prend  alors  toute  l'apparence. 

D'autres  fleurs,  très  nombreuses  encore,  offrent  une  symétrie  plus  com- 
plète par  la  présence  d'une  cinquième  étamine.  Cette  etamine  alternjîavee 
les  deux  pétales  postérieurs;  elle  se  trouve  le  plus  souvent  soudée  par  sa 
base  avec  les  deux  étamines  qui  sont  à  côté  d'elle,  et  avec  l'ovaire,  qui  est 
au  devant;  son  filet  aboutit  juste  au  milieu  du  bord  antérieur  de  la  glande. 

Mais  ce  n'est  pas  tout.  La  plupart  des  pièces  de  cette  fleur  symétrique  se 
dédoublent  et  donnent  ainsi  naissance  à  de  nouveaux  organes.  Parmi  les 
anomalies  résultant  de  ces  dédoublements,  je  citerai  les  plus  importantes  : 

1"  Des  fleurs  a  six  étamines.  De  ces  étamines,  cinq  occupent  leur  place 
normale;  la  sixième  est  opposée  au  pétale  antérieur.  A  quel  verticille  appar- 
tient-elle? Un  examen,  plus  intime  de  ses  rapports  avec  les  organes  voisins 
nous  njontre  que  cette  étamine  supplémentaire  est  sur  un  rang  plus  exté- 
rieur ({ue  les  autres,  et,  comme  en  même  temps  elle  est  opposée  au  pétale, 
on  doit  nécessairement  conclure  qu'elle  provient  d'un  dédoublement  paral- 
lèle de  ce  dernier. 

Du  reste,  le  même  pétale  peut  se  dédoubler  aussi  latéralement  et  donner 
alors  naissance  a  une  nouvelle  pièce  de  la  corolle,  qui  se  trouve  à  côté  de 
lui  dans  le  même  verticille. 

Le  fait  du  dédoublement  parallèle  d'ui:  pétale  donnant  naissance  a  une 
étamine  est  intéressant  par  le  rapprochement  qu'il  permet  d'établir  entre  les 
Géraniacées  et  les  Mélianthées.  On  sait,  en  effet,  (juc  chez  lesGérauiacées, 


SESSION    RXTR.VOnniiNAIRK    A    MOiNTPELLIKR    EN    JUIN    1857.         663 

les  étaiTiiiies  du  veiticille  extérieur  sont  opposées  aux  pi-tales,  dont  elles 
sont,  par  conséquent,  un  dédoublement;  et  quoi(|ue  le  verticille  correspon- 
dant soit  fort  incomplot  dans  nos  Heurs  de  iMe liant hus,  la  présence  d'une 
seule  de  ses  pièces  sur  un  grand  nombre  d'entre  elles  suffit  pour  faire  con- 
cevoir l'existence  possible  du  verliciile  entier.  Cette  analogie  de  symétrie 
entre  les  deux  familles  peut  donc  s'ajouter  aux  caractères  qui  les  font  placer 
dans  le  même  groupe. 

L'étude  de  la  symétrie  florale  des  llutacécs  et  en  particulier  du  genre 
Dictamnus,  à  côté  duquel  A.-L.  de  Jussieu  plaçait  les  Mel.ianthus,  conduit  à 
une  conclusion  tout  opposée.  Le  verticille  extérieur  est  chez  ces  plantes  très 
évidemment  alterne  avec  les  pétales  ;  il  est  donc  complètement  indépendant 
de  ces  derniers  et  ne  saurait  être  regardé  comme  en  étant  un  dédoublement. 

2°  Dans  quelques  fleurs,  l'étamine  postérieure  se  trouve  aussi  remplacée 
par  deux  organes  de  même  nature.  Ces  deux  étamines  sont  situées  sur  le 
même  plan,  soudées  par  leurs  filets  dans  le  tiers  de  leur  longueur,  et 
affectent,  du  reste,  avec  les  parties  voisines  lés  mêmes  rapports  que  Téta- 
mine  unique  dont  elles  occupeiit  la  place. 

Leur  position,  telle  (jue  je  viens  de  la  déterminer,  ne  permet  pas  de 
supposer  que  l'une  d'elles  appartienne  a  mi  verticille  autre  (|ue  celui  des 
étamines  normales;  elle  indique  bien  évidemnjenl  un  dédoublement  paral- 
lèle de  l'étamine  postérieuie. 

[I  serait  trop  long,  et  d'ailleurs  inutile,  d'insister  sur  les  autres  faits  de 
dédoublement.  Il  suffit  d'indi(iuer  qu'ils  s'observent  assez  souvent  sur  le 
segment  postérieur  du  calice,  plus  rarement  sur  les  pétales,  sauf  Icintérieur, 
et  qu'une  seule  fois  une  des  étamines  antérieures  a  présenté  deux  autheres 
sur  son  filet. 

Ces  observations  indiquent,  chez  l'individu  qui  en  est  le  sujet,  une  ten- 
dance remarquable  a  la  production  de  fleurs  anormales.  Cette  tendance  ne 
parait  pas  résider  dans  une  partie  circonscrite  du  végétal  ;  toutes  les  tiges 
en  offrent  des  exemples,  et  partout  les  fleurs  présentant  les  anomalies  les 
plus  diverses,  se  trouvent  réunies  sur  les  mêmes  grappes  que  les  fleurs 
normales. 

Un  fait  remarciuable,  c'est  que  des  fleurs  recueillies  sur  le  même  exem- 
plaire en  18^1,  que  j'ai  pu  observer  dans  l'herbier  de  mon  frère,  m'ont 
présenté  une  symétrie  aussi  complète  que  celles  de' cette  année.  Il  est  diffi- 
cile de  supposer  (|u'il  en  a  été  autrement  dans  les  années  intermédiaiies,  et 
l'on  peut  assez  rationnellement  présumer  que  les  mêmes  anomalies  se 
reproduiront  à  l'avenir. 

Kn  résumé,  les  faits  que  je  viens  d'enumerer  peuvent  se  grouper  de  la 
manière  suivante  : 

1"  Présence  anormale  d'organes  rétablissant  la  symétrie. 

2°  Faits  de  dédoublement,  indiquant  l'analogie  de  !a  symétrie  florale  des 
Mélianthees  avec  celle  des  Géi'aniacées. 


664  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

30  Tendance  à  la  production  de  fleurs  anormales,  persistant  chez  un  indi- 
vidu d'une  manière  remarquable. 

31.  le  comte  Jaubert  aiinonre  à  la  Société  que  le  15  juin,  pendant 
(jue  de  nombreux  botanistes,  pour  suivre  iusfju'au  dernier  jour  le 
programme  des  berborisations,  essayaient  de  se  rendre  à  Agde  mal- 
gré la  pluie  (qui  les  obligea  cependant  à  rebrousser  cbemin),  quel- 
ques personnes,  profitant  d'une  éclaircie  du  ciel,  se  sont  dirigées  vers 
Pérols,  sous  la  conduite  de  M.  Durand,  employé  à  la  Faculté  des 
sciences,  et  se  sont  arrêtées  à  l'étang  de  Fréjorgues  pour  y  cbercber 
YAllhenia  filiformisVel'û,  que  Delile  y  avait  découvert  avec  M.  Mil- 
lois,  alors  jardinier  en  cbeF  du  Jardin  des  plantes.  La  pelile  troupe  n'a 
pas  trouvé  XAlthenia;  les  eaux  de  l'étang,  à  la  suite  d'une  longue 
pluie,  étaient  fort  troubles,  ce  qui  enipècbait  de  distinguer  et  par- 
tant de  recueillir  la  plante.  Mais  on  s'est  dédommagé  en  récoltant 
dans  les  environs  plusieurs  espèces  intéressantes  pour  les  botanistes 
du  nord. 

M.  le  comte  Jaubert  continue  en  ces  termes  : 

Une  autre  pensée,  Messieurs,  me  domine  en  ce  moment.  Votre  Bureau 
n'a  pas  voulu  attrister  le  début  de   la  session  en  vous  annonçant  la  perte 
sensible  qu'elle  vient  de  taire  dans  la  personne  de  M.  Graves;  maisIaSociélé 
ne  peut  se  séparer  sans  rendre  liommage  à  la  mémoire  de  l'un  de  ses  fonda- 
teurs, de  l'excellent  confrère  dont  nous  avons  tous  apprécié  le  mérite  émi- 
nentet  les  nobles  qualités.  l\J.  Graves  partage  avec  INI.  Antoine  Passy  l'hon- 
neur d'avoir  provoqué  la  première  réunion  où  t'uretil  posées  les  l)ases  de  la 
Société  liotani(|ue  de  France,  et  où  se  signala  dès  lors  parmi  les  plus  zélés, 
M.  de   Soliœnefeld,  notre  honorable  secrétaire.    M.  Graves   avait  attaché 
précédemment  son  nom  à  la  fondation  de  la  Société  géologicjue.  Les  études 
de  toute  sa  vie  et  l'ascendant  de  son  caractère  l'avaient  rendu  digne  d'exer- 
cer une  si  utile  initiative.  Il  était  de  plus  un  arcliéologue  distingué,  et  dans 
cette  science,  comme  dans  l'histoire  naturelle,  il  a  déployé  une  sagacité,  une 
patience  vraiment  admirables.  Il  a  exploré  sous  ce  double  rapport  et  décrit 
complètement  le  département  de  l'Oise,  où  l'avaient  fixé  pendant  de  longues 
années  les  fonctions  de  secrétaire  général    de  la    préfecture,   .lamais  ses 
recherches,  si  étendues  qu'elles  fussent,  n'ont  rien  enlevé  à  l'accomplisse- 
ment  consciencieux  des  devoirs  de  sa  place  ;  aussi  le  département  de  l'Oise 
a-t-il  conservé  un  souvenir  reconnaissant  de  ses  services  administratifs.  En 
effet,  l'activité  de  M.  Graves  était  grande,  et  il  savait  avec  une  égale  supé- 
riorité mener  de  front  les  travaux   les   plus  varies.  Ceux   de    ses  mémoires 
scientifiques  qui  sont  exclubivement   relatifs  au  département   de  l'Oise  ont 
été  publiés  successivement  dans  divers  recueils,  puis  reunis  par  lui-même 


SESSION    EXTRAOUDINAIRE    A    MONTPELLIER    IN    JUIN    1857.         (565 

en  trois  volumes,  sous  les  titres  modestes  de  Catalogue  des  plantes  observées 
dans  le  département^  d'Essai  de  topographie  géognostique,  et  de  iXotice 
archéologique. 

De  lieauvais,  M.  Graves  fut  appelé  aux  fonctions  de  chef  de  bureau  à 
l'administralioi)  centrale  des  forêts,  et  ce  que  cette  nouvelle  place  lui  lais- 
sait de  loisirs,  il  le  consacrait  encore  aux  sciences  ;  c'est  alors  que  nous 
l'avons  connu  dans  les  herborisations  du  dimanche  en  petit  comité,  aux- 
quelles plusieurs  de  nos  confrères  prenaient  paît.  A  cette  épo(|uc,  il  s'im- 
posa la  tâche  de  dresser  les  listes  nominatives  de  plantes  correspondant 
aux  principales  collections  exotiques  répandues  dans  les  herbiers  de  la 
France  et  de  l'Etranger  par  les  voyageurs  botanistes  Gardner,  Linden, 
Funck,  Jurgensen,  Hartweg,  et  beaucoup  d'autres;  à  cet  effet,  il  relevait 
minutieusement,  dans  tous  les  ouvrages,  revues  et  journaux  scientifiques,  les 
indications  éparses  qui  concernent  ces  diverses  collections, et  les  contrôlait 
par  l'étude  des  exemplaires  existant  à  Paris.  Une  pareille  entreprise  sup- 
pose la  plus  vaste  érudition  unie  à  une  grande  sagacité,  à  une  patience 
infatigable.  Tous  ceux  qui  s'occupent  de  botanique  exotique,  et  les  savants 
conservateurs  de  nos  collections  publiques,  savent  quel  secours  apportent  à 
leurs  travaux  ces  listes  précieuses,  mises  par  M.  Graves  à  la  disposition  de 
tous  avec  une  extrême  obligeance. 

Le  désintéressement  et  la  modestie  caractérisaient  également  M.  Graves; 
aussi  fut-il  fort  troublé  lorsqu'un  ministre  éclairé,  M.  Bineau,  qui  l'avait  connu 
à  Beauvais,  l'appela  inopinément  (en  185^)  aux  fonctions  de  directeur  général 
des  forêt:?.  On  applaudit  à  cet  exemple,  trop  rare  chez  les  ministres,  d'un 
discernement  qui  fait  sortir  des  rangs  intermédiaires  le  mérite  caché,  pour 
le  mettre  en  évidence  et  l'appliquer  aux  grandes  affaires  du  pays.  Nous 
avons  ete  témoin  des  combats  que  M.  Graves  a  livrés  dans  cette  circon- 
stance; U  ne  céda  qu'aux  instances  de  ses  amis,  et  en  stipulant  que  la  bota- 
nique du  moins  lui  serait  laissée  comme  délassement  de  ses  nouveaux  de- 
voirs. S'il  s'était  contentéde  la  cultiver  à  ce  titre,  nous  aurions  eu  le  bonheur 
de  le  conserver  plus  longtemps  au  milieu  de  nous;  mais  la  botanique  était 
sa  passion,  et  elle  a  achevé  d'épuiser  ses  forces.  Chaque  jour,  aussi  assidu 
dans  ses  bureaux,  au  ministère  des  finances,  que  le  plus  humble  de  ses  em- 
ployés, il  revenait  a  la  hâte  chez  lui  ;  après  un  repas  léger  et  une  courte  pro- 
menadesur  le  quai  voisin,  il  rentrait  au  milieu  de  sa  collectiouet travaillait 
sans  relâche,  à  la  lueur  fatigante  d'une  lampe,  jusqu'à  une  heure  avancée  de 
la  nuit.  Dans  ces  derniers  temps,  la  belle  famille  des  Fougères  était  devenue 
pour  lui  l'objet  d'une  prédilection  marquée,  et  il  en  avait  remanié  méthodi- 
quement l'ensemble,  à  l'aide  des  matériaux  considérables  qu'il  avait  ras- 
semblés de  tous  les  pays  du  monde.  Cette  partie  de  son  herbier  est  proba- 
blement une  des  plus  complètes  qui  existent  (1).  Ses  études  sur  les  Fougères 

(1)  Oa  lit  en  têie  du  manuscril  de  M.  Graves,  intitulé  Nomendator  Filicum,  le 


666  sociETi':  botanique  de  franck. 

l'avaient  uatmelleiiit'nt  conduit  à  compulser  la  iirande  collection  de  Bory  de 
Sainl-Vincenr,  aujourd'luii  déposée  dans  les  j^aleries  du  Muséum  d'histoire 
naturelle;  il  en  a  dressé  de  sa  main,  en  un  volume  in-folio,  ud  catalogue 
raisonné,  dont  il  a  fait  don  au  laboratoire  du  Muséum,  et  qui  ajoute  un 
grand  prix  à  cette  collection. 

Ces  travaux  incessants,  opiniâtres,  ont  abrégé  la  carrière  de  iVI.  Graves; 
l'usjige habituel  du  microscope  avait  altéré  gravement  sa  vue;  c'est  par  la 
que  la  paralysie  a  successivement  envahi  sa  constitution,  d'ailleurs  vigou- 
reuse. Il  ne  s'était  pas  mépris  sur  les  premiers  avertissements  de  la  maladie 
cruelle  qui  devait  l'arracher  à  ses  plantes  et  à  ses  amis.  Peu  de  temps  avant 
notre  départ  de  Paris,  nous  l'avons  vu  entouré  des  soins  éclairés  et  affectueux 
de  plusieurs  de  nos  confrères;  le  traitement,  dirigé  par  M.  le  docteur  Pue), 
devait,  hélas!  rester  impuissant.  Nous  avons  rendu  compte  a  M.  Graves 
des  dispositions  prises  pour  cette  session  extraordinaire,  au  succès  de 
laquelle  il  prenait  encore  beaucoup  d'intérêt.  Quand  nous  lui  avons  parlé 
de  l'espuir  que  nous  conservions  de  le  voir,  non  pas  prendre  part  à  nos 
courses,  mais  du  moins  nous  rejoindre  ici  pour  aller  demander  aux  eaux  de 
lialaruc  le  rétablissement  complet  de  sa  santé,  il  nous  a  souri  tristement.  Il 
ne  lui  a  pas  été  donné  de  jouir  avec  nous  du  charme  que  nous  devions 
trouver  dans  le  séjour  de  Montpellier,  d'échanger  ses  idées  avec  les  hommes 
distingués  qui  nous  y  ont  accueillis,  de  profiter  de  leur  savoir,  d'admirer 
la  vie  intellectuelle  répandue  dans  cette  ville  célèbre,  que  la  centralisation 
n'a  pas  encore  absorbée  ;  puisse  Montpellier  conserver  toujours  un  si  noble 
privilège  ! 

D'ici  a  quelque  temps,  sans  doute,  la  vie  si  honorable  et  si  utile  de 
M.  Graves  sera  retracée  avec  plus  de  détail  et  d'autorité  par  quelqu'un  de 
nos  savants  confrères.  J'ai  obéi  à  l'impulsion  de  mon  cœur  autant  qu'à  l'in- 
vitation de  noire  Bureau,  en  exprimant  ici,  (|uoique  d'une  manière  bien 
insuflisante,  les  regrets  unanimes  de  la  Société  Botanique  de  France. 


tableau  suivant  de  l'accroissemeiit  progressif  des  e.spècos  dans  la  famille  des  Fou- 
gères : 

Auû.  I8/1I.  Riley,  Catalog  of  Ferns , 
2017. 
—    1855.  Graves,  AS  10. 


(liiuoniiiiata',  18). 


Ann.  1763.  Linné,  202, 

—  1806.  Swarlz,  718. 

—  1810.   Willdcnow,  1019. 

—  1826.   Desvaux,  Prodr.,  138/i. 

—  1827.  Spreiigei,  1506. 

Le  calaloguc  do    riicrhier  général   de  AI.  (Iravcs,  commencé  en    1817  avec 

5503  espèces,  en  conlienl  VA  660,  sous  la  date  du  mois  de  scplembre  ISZ18. 


SESSION    EXTRAORDINAlllli    A    MONTPELLIER    EN    JLh\    1857.         667 

M.  lePrésidoril  Leimiiio  la  séance  par  le  discours  suivant  : 

DISCOURS  DE  M.  «Je  TrilIIIA'rCHKF. 

Mossieuis, 
Avant  de  prononcer  la  clôture  de  la  session  extraordinaire  de  la  Société 
Botanique  de  France  a  Montpellier,  je  vous  demande  la  permission 
d'ajouter  (juelques  mots  aux  communications  intéressantes  qu'elle  a 
reçues.  Les  considérations  que  je  désirerais  vous  soumettre  se  rapportent 
à  cette  branche  importante  de  notre  science,  qui  intéresse  particulièrement 
les  voyageurs,  je  veux  dire  la  gédgraphie  botanique.  Livré  depuis  dix 
ans  a  l'exploration  de  l'Asie-Mineure,  dont  la  constiiulion  géologique,  la 
flore  et  la  climatologie  ont  surtout  ete  pour  nu)i  l'objet  de  longues  et 
laborieuses  études,  je  pense  que  vous  accueillerez  avec  quelque  intérêt  un 
relevé  statistique  de  la  végétation  de  celte  contrée,  que  l'on  peut  qualifier 
de  classique,  non -seulement  sous  le  rapport  des  souvenirs  du  passé,  ce  que 
tout  le  monde  sait,  mais  aussi  sous  celui  de  la  richesse  végétale,  ce  que  bien 
des  personnes  supposent,  sans  toutefois  être  à  même  de  le  démontrer  par 
des  chiffres,  ces  instruments  irrésistibles  de  la  pensée  humaine  ;  aussi  me 
bornerai-je  pour  le  moment  à  vous  les  présenter  dans  toute  leur  apparente 
séciieresse,  en  vous  soumt'ttant  simplement  le  relevé  approximatif  du 
nombi-e  des  espèces  qui,  d'après  les  matériaux  que  je  possède,  composent 
les  diverses  familles  phanérogames  observées  jusqu'à  ce  jour  dans  l'Asie- 
Mineure,  y  compris  les  îles  les  plus  voisines  de  sa  côte  occidentale,  ainsi 
que  l'Arménie. 

Dicotylédonées. 


Papiiiouacées 617 

Rosacées 67 

Lyllirariées 7 

Onagrariées \Q 

Linées 20 

Géraniacées 41 

Oxalidées 2 

Rutacées 18 

Zygopliyllées 2 

TôrôbiiUliacées 8 

Oml)e!lifères 319 

Caryopliyllées 387 

Crucifères 401 

Renouculacées 160 

Scrofulariuées 309 

Solaaées 22 

Borraginées 239 

Hypéricinées 64 

Cistinées 26 

Violariées. 20 

Polygalées H 

Orobanchccs 41 


Jasminées ISiTamarisciuécs 

Asclépiadées 18  Caprifoliacécs. 

Apocyuées 9;  Rubiacées 

Convolvulacées 40 

Malvacées 27 

Primulacces 41 

Papavéracées 4  i 


9 

15 

131 

41 


Lentibulariees 

Acaïuhacées 

Crassulacées 

Savifragées 

Rhdninées 

Célastrinées , 

Acérinées 8 

Tiliacées 4 

Cucurbitacées \ 

Pliytoiaccées [    9 

Porluiacées i 

Ericacécs 18 

Slaphyléacées ^ 

Ampcl  idées f 

Capparidées i 


18 


Valérianées 

Euphorbiacées 81 

Dips.icées 45 

Campaaulacées 110 

Labiées 453 

5|Piotnbaginées 46 

Piantagiiiées f  j . 

Amarantacées ) 

14|Salsolacées 77 

2.Polygonées 70 

Composées 835 

Ameutacées 62 

Couifèies •*! 

Thymélées 33 

Aristoiochiées \ 

Urlicées \  34 

Loraiittiacées ) 

Sautalacccs H 


19i 


Gentiauées 27  Dcrbcridées. 


Total  des  Dicotylédonées. 


5093 


668  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DK    FRANCE. 

Monocotylédonées. 

Graminées 3I4[Smilacinécs (  c„ 

Cypcracées 80  Dioscorées )  " 

Liliacées 1881  Joncées "10 

Amaryllidées ItI  Alismacôcs. 


Aroïdées »  «n 

Naiadées j 

Orchidées 69 

Iridéps 52 


Total  des  Mouocotylédonées 791 

Total  des  Phanérogames 5884 

Ainsi,  ce  chiffre  énorme  de  près  de  6000  espèces,  chiffre  qui  du  lemps 
de  Linné,  c'est-à-dire  il  y  a  environ  un  siècle,  représentait  la  totalité  des 
végétaux  connus  de  notre  globe,  se  trouve  réuni  dans  un  espace  équivalant  à 
peu  près  à  l'étendue  de  la  France,  en  lui  donnant  le  Rhin  pour  limite; 
c'est  donc  cet  espace,  comparativement  si  restreint,  qui  renferme  à  lui  seul 
près  des  deux  tiers  de  la  totalité  des  espèces  connues  aujouid'hui  dans  l'Eu- 
rope entière,  même  en  y  comprenant  la  Grèce,  ainsi  que  l'a  fait  M.  Nymau, 
qui,  de  cette  manière  seulement,  a  pu  porter,  dans  son  Sylloge  Florœ  eu- 
ropœœ,  ie  total  des  espèces  européennes  à  environ  9000. 

Les  chiffres  que  je  viens  de  vous  présenter,  et  qui  certainement  sont  très 
inférieurs  non-seulement  aux  chiffres  réels,  mais  encore  à  ceux  que  j'espère 
obtenir  avant  la  publication  de  la  paitie  botanique  de  mon  Asie-Mineure, 
ces  chiffres,  dis-je,  ne  sauraient  admettre  de  commentaire  en  ce  moment, 
parce  qu'il  serait  impossible  de  signaler  même  les  principales  réflexions 
qu'ils  suggèrent,  sans  dépasser  considérablement  les  limites  de  nos  coni- 
munications.  Ces  réflexions  sont  tellement  nombreuses  et  touchent  de  si 
près  aux  questions  les  plus  graves  de  la  géographie  botanicjue  et  à  la  partie 
philosophi(|ue  de  notre  belle  science,  qu'à  elles  seules  elles  offrent  des  élé- 
ments suffisants  pour  un  grand  ouvrage  ;  c'est  pourcjuoi  je  leur  destine  un 
volume  enliei-  dans  la  partie  botanique  de  mon  Asie^Mineure  ;  car,  après 
avoir  consacré  un  volume  a  l\iuinu'ration  très  détaillée  des  espèces,  j'ai 
l'intention  de  réunir,  dans  un  autre  volume  non  moins  étendu,  les 
nombreuses  et  intéressantes  considérations  que  fait  naitre  ce  catalogue 
raisonné  ;  elles  auront  surtout  pour  but  de  faire  ressortir  les  points  de 
rapprochement  et  de  divergence  entre  la  flore  de  l'Asie- Mineure  et  la  vé- 
gétation des  contrées  placées  dans  des  conditions  climatériques  à  peu  près 
semblables.  Au  reste,  ces  analogies  climatériques  sont  bien  plus  difficiles  à 
établir  a  l'égard  de  l'Asie-Mineure  que  pour  un  autre  pays  quelconque,  car 
tout,  dans  cette  contrée  vraiment  exceptionnelle,  tend  a  se  placer  en  dehors 
de  ce  que  nous  sommes  habitués  à  voir  ailleurs.  En  effet,  son  climat  est  aussi 
varié,  aussi  complexe  que  les  phases  innombrables  de  son  histoire;  plus 
que  dans  tout  autre  pays,  les  études  météorologiques  doivent  donc,  en  Asie- 
Mineure,  précéder  celles  de  géographie  botanique,  si  l'on  veut  ou  si  l'on  peut 
faire  ces  dernières  sur  une  vaste  échelle  ;  autrement  il  serait  peu  aisé  d'ex- 


SESSION    EXTRAORDINAIRE    A    MONTPELLIER    EN    JUIN    1857.         (5G9 

pliquer  ou  même  de  saisir  plusieurs  des  phénomènes  curieux  que  présente 
la  flore  de  celte  admirable  contrée.  C'est  cette  conviction  qui  m'a  déter- 
miné à  préluder  à  la  publication  de  mes  travaux  botaniques  par  celle  de 
mes  observations  météorologi(|ues;  elles  se  trouvent  consijinées  dans  le 
deuxième  volume  de  mon  Asie-Mi7ieure,  qui  vient  de  paraître.  Bien  qu'elles 
n'embrassent  ([u'un  petit  nombre  de  poiîits  et  lie  soient  basées  que  sur  un 
laps  de  temps  peu  considérable,  elles  pourront  cependant  servir  utilement 
d'introduction  à  l'élude  botanique  de  l'Asie-Mineure.  Après  tout,  elles  ne 
sont  que  l'expression  des  ressources  nécessairement  limitées  du  savant 
isolé;  et  en  établissant  à  mes  frais,  sur  les  points  les  plus  opposés  de  l'Asie- 
Mineure,  des  observatoires  météorologiques  quej'ai  eu  le  bonheur  de  voir 
fonctionner  pendant  près  de  cinq  années,  je  crois  avoir  fait  tout  ce  que  peut 
effectuer  un  voyageur  qui  n'a  jamais  été  appuyé  par  aucun  gouverne- 
ment et  qui  n'a  jamais  eu  d'autre  encouragement  que  l'espérance  d'obte- 
nir les  suffrages  des  hommes  compétents,  suffrages  qui,  je  me  hâte  de  le 
dire  avec  un  sentiment  de  profonde  gratitude,  ne  m'ont  pas  été  lefusés, 
puisque  mes  travaux  météorologiques  en  Asie-Mineure  ont  été  l'objet  d'un 
rapport  extrêmement  bienveillant,  présenté  par  M.  Becquerel  à  l'Académie 
des  sciences. 

C'est  avec  intention,  Messieurs,  que  je  me  suis  arrêté  si  longtemps  sur  la 
nécessité  des  études  météorologiques  comme  auxiliaires  indispensables  de  nos 
travaux,  parce  que  nulle  part  cette  nécessité  ne  se  prononce  aussi  impérieu- 
sement qu'en  Asie-Mineure,  ainsi  que  j'aurai  l'occasion  de  le  prouver  un 
jour.  Pour  le  moment,  je  dois  me  borner  à  vous  demander  la  faveur  de  vouloir 
bien  admettre  sur  ma  parole  toutes  mes  assertions  relatives  à  la  contrée 
dont  j'ai  l'honneur  de  vous  entretenir;  car,  veuillez  ne  pas  l'oublier,  je  ne 
me  présente  aujourd'hui  devant  vous  que  comme  un  pèlerin  chargé  de  volu- 
mineuses dépouilles,  qu'il  s'engage  de  livrer  plus  tard  à  votre  compétent 
examen,  mais  dont  il  ne  peut  encore  vous  offrir  qu'un  simple  inventaire 
nominatif,  inventaire  qui  même  devient  de  jour  en  jour  plus  défectueux, 
puisque  le  répertoire,  déjà  si  riche,  de  mes  plantes  d'Asie-Mineure,  va  s'ac- 
croitre,    d'un   côté,  de  toutes  les  espèces  que  me  promet  la  récolte  dont 
s'occupe  en  ce  moment  notre  intrépide  et  excellent  confrère  M.  Balansa,  et 
de  l'autre,   de   toutes  celles  que  j'espère  conquérir  dans  mon  prochain 
voyage.  Dans  tous  les  cas,  quelque  chose  peut  me  consoler  de  ce  que  ma 
communication  a  de  vague  et  de  peu  substantiel  :  c'est  la  pensée  que  si 
cette  communication  se  réduit  aujourd'hui  à  des  promesses,  du  moins  j'ai 
l'espoir  de  vous  donner  un  jour  plus  que  je  ne  promets.  Mais  il  y  a  encore 
un  autre  motif,  Messieurs,  qui  m'a  engagé  à  vous  adresser,  au   moment 
même  de  notre  séparation,  ces  quelques  mots  de  réminiscences  orientales  : 
c'est  la  foule  de  souvenirs  d'Orient  que  rappelle  la  contrée  où   nous  nous 
trouvons  réunis.  En  elfet,  dès  sa  première  arrivée  à  Aloutpellier,  le  bota- 


670  SOCir'.TÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

nistey  est  accueilli  par  toute  uno  colonie  intéressante,  qui,  au  Port-Juvé- 
nal,  vient  le  saluer  au  nom  de  sa  patrie  asiatique.  D'ailleurs,  qui  peut  ou- 
blier le  rôle  que  la  France  méridionale  a  joué  de  tout  temps  dans  l'histoire 
des  relations  de  l'Europe  avec  l'Orient?  C'est  vers  ces  côtes  pittoresques 
qu'affluaient  tous  les  représentants  de  la  brillante  chevalerie  du  moyen  âge, 
pour  se  donner  rendez-vous  auprès  du  sépulcre  du  Ciirist,  et  c'est  encore 
sur  le  même  littoral  que  s'élève  majestueusement  Marseille,  cette  cité 
d'origine  hellénique,  qui  a  déjà  payé  amplement  sa  dette  envers  sa  mère, 
en  jetant  un  pont  indestructible  entre  l'Asie  et  l'Kurope,  entre  son  berceau 
et  sa  patrie  adoptive.  En  un  mot,  Messieurs,  le  Languedoc  et  la  Provence 
se  trouvent  mêlés  à  tous  les  souvenirs  orientaux  du  sol  français,  et  comme 
de  plus  ces  belles  contrées  n'ont  emprunté  à  l'Orient  que  des  souvenirs,  et 
qu'elles  ont  acquitté  leurs  emprunts  par  des  bienfaits,  puisqu'elles  sont  le 
point  de  départ  du  courant  commercial  qui  se  dirige  de  l'Europe  vers 
l'Orient  et  y  porte  la  civilisation  avec  les  richesses,  on  peut  dire  que  le  Lan- 
guedoc et  la  Provence  sont  en  quelque  sorte  la  personnification  du  carac- 
tère chevaleresque  et  désintéressé  qui  a  constamment  marqué  la  politique 
française  à  l'égard  de  l'Orient.  Car,  de  tout  temps,  la  France  n'a  demandé  à 
l'Orient  que  le  droit  de  le  protéger  et  de  le  civiliser,  et  lorsque  après  chaque 
effort,  chaque  expédition  militaire  qu'elle  faisait  dans  ce  sens,  l'Europe 
s'enquérait  avec  inquiétude  des  indemnités  matérielles  obtenues  pour  tant 
de  sacrifices  ,  la  France  ne  lui  montrait  que  ses  drapeaux  couronnés  de 
quel(|ues  feuilles  de  laurier  qui  seules  payaient  toute  sa  dépense. 

Il  m'est  doux,  Messieurs,  d'évoquer  de  tels  souvenirs,  suggérés  précisé- 
ment par  la  contrée  où  la  Société  Botanique  de  France  est  venue  tenir  sa  ses- 
sion extraordinaire,  et  où  elle  a  joui  d'une  cordiale  hospitalité  qui  fait  autant 
d'honneur  à  ceux  qui  l'ont  accordée  qu'à  ceux  qui  en  ont  été  l'objet.  C'est 
une  des  plus  agréables  prérogatives  de  mes  fonctions  de  président  que  celle 
qui  m'accorde  le  droit  d'offrir  aujourd'hui,  au  nom  de  la  Société,  l'expres- 
sion de  notre  gratitude  à  la  ville  de  Montpellier,  et  surtout  aux  hommes 
éminents  qui  sont  si  dignes  de  continuer  et  d'enrichir  les  immortelles 
traditions  scientifiques  de  cette  cité.  En  procurant  aux  savants  de  Paris  et 
à  ceux  des  provinces  lointaines  l'occasion  d'une  fraternelle  réunion , 
et  en  leur  offrant  les  moyens  de  parcourir  la  France  avec  une  rapidité  et 
une  économie  inou'ies  jusqu'à  présent,  notre  Société  a  réalisé  le  rêve  géné- 
reux de  ces  nobles  prosélytes  du  mouvement  scientifique,  dont  un  des 
représentants  les  plus  actifs  est  en  même  temps  un  de  nos  confrères  le 
plus  justement  estimés  :  sans  doute,  Messieurs,  vous  avez  déjà  tous  pro- 
noncé le  nom  du  comte  .Taubert. 

J'aurais  bien  des  choses  à  ajouter  encore  h  ces  (jnelques  paroles  de  sym- 
pathie que  j'ai  cru  devoir  adresser  à  nos  confrères  et  à  tous  ceux  que  notre 
séjour  à  Montpellier  nous  a  appris  à  considérer  et  à  apprécier  comme  tels  ; 


5KSSI0N    EXTRAORDINAIRE    A    MONTPELLIER    EN    J[|N    1857.         071 

mais  jecraiiuliais  d'autant  plus  d'abuser  de  vos  moments  qu'une  extension 
trop  grande  donnée  a  mon  diseours  de  elôture  m'exposerait  au  reproehe 
parfaitement  mérite  <le  voidoir  pi'()lon<iei-  a  dessein  la  durée  de  mes  l'onc- 
tions,  pour  avoir  le  plaisir  de  me  rappeler  plus  souvent  la  bienveillanee  de 
ceux  à  qui  je  les  dois;  cependant  vous  ne  me  refuserez  pas  la  satisfaction 
de  vous  otfrir  ici  l'expression  de  toute  ma  reconnaissance.  En  accordant  à 
un  étranger  l'honneur  de  vous  présider,  vous  lui  avez  conféré  un  privilège 
qu'aucun  de  vos  compatriotes  ne  peut  posséder  au  même  degré,  celui  de 
parler  de  vous-mêmes  et  de  la  France  en  général,  sans  être  taxé  d'esprit  de 
partialité  nationale.  C'est  donc  non-seulement  en  qualité  de  votre  président, 
mais  encore  en  ma  qualité  d'étranger,  que  je  viens  offrir  et  nos  hommages 
et  nos  adieux  a  la  célèbre  cité  du  Languedoc  ;  et  maintenant  que  je  me  suis 
ac(|uittéde  la  partie  la  plus  agréable  de  mon  devoir,  je  dois  en  remplir  la 
plus  pénible,  celle  de  prononcer  la  elôture  de  notre  session,  qui,  certes, 
laissera  des  souvenirs  bien  vifs  chez  tous  ceux  qui  y  ont  pris  part. 

La  clôture  de  la  session  extraordinaire  de  1857  est  prononcée. 

Sur  la  proposition  de  M.  le  comte  Jaubert,  vice-président,  portant 
la  parole  au  nom  du  Bureau  permanent,  la  Société  vote  des  remercî- 
menls  unanimes  à  M.  le  président  et  à  MM.  les  membres  du  Bureau 
de  la  session  extraordinaire. 

Des  remercîments  sont  également  adressés  à  l'administration  mu- 
nicipale de  Montpellier,  à  M.  Donné,  recteur  de  l'Académie,  à 
M.  Paul  Gervais,  doyen  de  la  Faculté  des  sciences,  et  à  MM.  les  pro- 
fesseurs des  Facultés  de  médecine  et  des  sciences. 

M.  de  Schœnefeld exprime  encore  tout  particulièrement  à  MM.  Main- 
tins et  Planclion  la  vive  reconnaissance  de  la  Société  pour  la  bien- 
veillance avec  laquelle  ils  ont  accueilli  leurs  confrères,  et  pour  le 
dévouement  infatigable  dont  ils  ont  fait  preuve,  en  dirigeant  et  ren- 
dant fructueuses  leurs  nondjreuses  herborisations. 

Et  la  séance  est  levée  à  une  heure. 


Conformément  au  paragraphe  2  de  l'article  41  du  règlement,  le 
procès-verbal  ci-dessus  a  été  soumis,  le  11  septembre,  au  Conseil  d'ad- 
ministration, qui  en  a  approuvé  la  rédaction. 


RAPPORT 

SUR  LE  JARDIN   DES  PLANTES  ET   LE   CONSERVATOIRE  BOTANIQUE  DE  MONTPELLIER  , 
par  nn.  GERMAIIV  DE  SAI]\T-PIER»E  ni  W.  DE  SCH(E:VEFELD  (1). 

(Lu  à  la  Société,  à  Paris,  dans  la  séance  du  24  juillet  1857.) 

Messieurs, 

Pendant  le  cours  de  sa  session  dans  la  capitale  scientifique  de  la  France 
méridionale,  la  Société  a  désiré  qu'en  témoignage  de  la  satisfaction  que  lui 
a  fait  éprouver  sa  visite  au  Jardin  des  plantes  et  aux  collections  botaniques 
de  Montpellier,  une  Commission  fût  chargée  de  constater  les  améliorations 
réalisées  en  pini  d'années  par  le  directeur  actuel,  M.  Ch.  Martins,  profes- 
seur de  botanique  à  la  Faculté  de  médecine,  et  d'examiner  celles  que  l'on 
est  encore  en  droit  d'attendre  de  son  intelligente  initiative  et  de  sa  bonne 
administration. 

MM.  le  comte  Janbert,  DoumetetCosson,ont  été  désignés  avec  nous  pour 
faire  partie  de  cette  Comiuission,  qui  a  accompli  sa  tâche  avec  autant  d'in- 
térêt que  de  zèle  ;  nous  avons  accepté  avec  plaisir  l'honneur  de  vous  trans- 
mettre ses  impressions. 

11  serait  peut-être  a  propos,  Messieurs,  de  vous  rappeler  quelles  ont  été 
les  fortunes  diverses  du  Jaidin  des  plantes  de  IMontpellier,  et  de  constater 
les  phases  d'abandon  et  de  prospéiité  par  lesquelles  a  passé  depuis  son  ori- 
gine l'un  des  établissements  botaniques  qui  ont  le  mieux  mérité  de  la  science, 
et  dont  la  fondation,  remontant  à  1593,  a  précédé  de  plus  de  quarante  ans 
celle  du  Jardin  du  Roi  de  Paris.  Mais  les  limites  assignées  à  ce  i  apport  ne 
nous  permettent  pas  de  vous  en  faire  le  récit,  que  vous  pouvez  d'ailleurs 
trouver,  complet  et  détaillé,  dans  le  bel  ouvrage  publié  en  185Û,  par  M.  Ch. 
Mai  tins,  sous  le  titre  ù'Essai  historique  et  descriptif  sur  le  Jardin  des 
plantes  de  Montpellier. 

iNous  devons  nous  borner  à  énumérer  les  modilications  successives  les 
plus  importantes  qui  ont  été  apportées  à  ce  Jardin  depuis  sa  fondation  jus- 
qu'à ce  jour. 

Sous  le  règne  de  Henri  IV,  Richer  de  Belleval,  créateur  du  Jardin,  établit 
une  école  de  botanique  dans  la  partie  élevée  dite  la  montagne,  qui  limitait 

(l)  Par  une  décision  spi'ciale  du  Conseil  (radininisU'alion,  la  Conimissioii  du 
Buili'liii  a  élé  autorisée  à  distraire  ce  rapport  (!l  le  suivant  du  compte  rendu  do  la 
séance  du  2'i  juillet,  dans  Infiuelic  ils  oui  été  lus,  pour  les  annexer  à  celui  de  la  ses- 
sion de  Montpellier,  à  laquelle  leur  objet  les  rattache  dirccteiuent. 


RAPPORT    SUR    LK    .lAUDIN    DES    PLANTES    DE    MONTPELLIER-         673 

alors  le  Javdiii  du  côU-  du  nord,  cl,  une  école  de  piaules  médieiiiales  remplacée 
actuellemeiit  par  la  grande  allée  des  marronniers  ;  il  fait  eulliver  dans  des 
stations  variées  les  végétaux  de  tempérament!-,  divers,  et  établit  des  pépi- 
nières dans  l'emplacement  aujourd'hui  occupé  par  l'école  de  botanique; 
d'élégantes  constructions  sont  consacrées  aux  écoles  et  aux  laboratoires. 
Une  vieille  estampe  fort  rare,  gravée  probablement  par  Hicher  de  Belleval 
lui-même,  représente  le  Jardin  tel  qu'il  était  en  1596  :  elle  a  été  reproduite 
dans  l'ouvrage  dont  nous  avons  parlé. 

Aymé  Chicoyneau  (en  1737)  dispose  l'école  de  botanique  dans  l'empla- 
cement qu'elle  occupe  actuellement,  et  y  range  les  plantes  selon  la  méthode 
de  ïournefort.  La  planlation  des  grands  arbres  qui  couvrent  aujourd'hui 
la  montuf/ne  date  de  cette  époque,  les  anciens  bâtiments  sont  supprimés. 

Sauvages  (en  1755)  obtient  la  construction  d'une  serre. 

Gouan  (de  1771  à  1793)  substitue, dans  l'école  de  bolanique,  lesystèmede 
Linné  à  la  méthode  de  Tournefort.  A  cette  époque,  l'étendue  du  jardin  était 
peu  considérable,  les  terrains  du  Peyrou  qui  en  dépendaient  autrefois 
n'avaient  pas  été  remplacés  pur  les  terrains  acquis  depuis  dans  la  partie  sep- 
tentrionale. Les  serres  actuelles,  l'orangerie,  les  bossins,  le  canal,  n'exis- 
taient pas  encore. 

Broussonnet  obtient  de  Chaptal,  de  professeur  devenu  ministre,  la  con- 
struction de  l'orangerie  et  d'une  paitie  de  la  serre,  et  fait  creuser  le 
canal. 

De  Candolle  (de  1808  à  1816)  réalise  les  plus  importantes  améliorations  : 
il  trouve  les  végétaux  du  Jardin  presque  tous  sans  étiquettes  et  il  en  fait 
faire  plus  de  2500;  il  ci'euse  des  bassins  et  des  réservoiis  alimentés  par  les 
eaux  de  la  ville.  C'est  encore  Chaptal,  dont  la  générosité  égale  les  \ues  éle- 
vées et  le  dévouement  scientifique,  qui,  en  sacrifiant  une  partie  de  ses  pro- 
pres appointements,  subvient  aux  frais  de  construction  de  la  serre  chaude. 
En  outre,  un  Conservatoire  botanique  est  ajouté  à  l'établissement  pour 
recevoir  les  collections. 

De  Candolle  replante  l'école  de  botanique  suivant  l'ordre  des  familles  na- 
turelles, et  y  réalise  d'abord  sur  le  terrain,  avant  de  le  faire  sur  le  papier, 
sa  division  des  Dicotylédones  en  Thalamiflores,  Calycillores,  Corollitlores 
et  Monochiamydées.  Il  obtient  de  la  ville  l'acquisition  d'un  vaste  terrain 
qui  double  l'étendue  du  Jardin,  et  en  consacre  une  partie  à  une  école  fores- 
tière où  les  arbres  sont  rangés  par  familles  ;  ce  qui  permet  de  consacrer 
presque  exclusivement  l'école  proprement  dite  aux  plantes  herbacées,  et  par 
conséquent  d'ei!  augmenter  le  nombre.  —  De  Candolle  espérait  encore 
agrandir  la  circonscription  du  Jardin  en  la  régularisant;  son  projet  était 
adopté  par  l'administration  municipale,  lorsque  survinrent  les  événements 
politiques  qui  déterminèrent  sa  retrait-:  ;  la  partie  ouest  de  ces  terrains  est 
encore  aujourd'hui  occupée  par  un  jardin  maraîcher  qui  forme  un  an*»le 


67A  SOCIÉTÉ    BOTANIQLK    DK    FRANCE. 

rentrant  dans  ie  Jardin  des  plantes  et  qu'il  serait,  sans  doute,  possible  d'a- 
cheter. îSous  faisons  des  vœux  pour  que  le  projet  d'acquisition  de  ce  terrain 
soit  de  nouveau  examiné  et  pris  en  considération  par  le  gouvernement  ou 
par  la  ville. 

Si  l'on  ne  doit  pas  à  Delile  (de  1819  à  1850)  de  grandes  améliorations 
matérielles,  on  ne  saurait  oublier  qu'il  a  dote  le  Jardin  d'un  grand  nombre 
de  plantes  précieuses  qui  en  font  l'ornement  :  le  Ginhgo  rendu  fertile  par 
la  greffe,  le  yelumbium,  le  Bougainvillea,  le  Poinsttlia,  les  Cycas,  les 
Zamia,  beaucoup  de  plantes  du  Port-Juvénal  et  d'Egypte.  Mais  ses  plus 
beaux  titres  sont  ses  herbiers,  son  riche  herbier  général,  celui  d'Egypte, 
type  de  son  ouvrage,  et  celui  du  Port-Juvénal,  où  iM.  Godron  a  puisé  les 
matériaux  de  son  Florula  Juvenalis. 

Trente  ans  après  le  départ  de  De  Candolle,  plusieurs  d'enti-e  nous  ont  eu 
occasion  de  visiter  le  Jardin  de  Montpellier.  L'impulsion  donnée  par  le  maître 
n'avait  pas  été  suivie.  Les  plantes  de  l'école  étaient  les  seules  du  Jardin 
qui  fussent  pourvues  d'étiquettes.  L'école  forestière  avait  été  complètement 
négligée  et  le  projet  d'établir  une  école  de  plantes  usuelles  et  ofticinales 
n'avait  pas  été  réalisé.  Le  terrain  destiné  à  cette  école  était  occupé  par  des 
pépinières  de  plantes  marchandes. 

.Aussi,  Messieurs,  est-ce  avec  la  satisfaction  la  plus  vive  que  votre  Com- 
mission a  pu  constater  que  le  nouveau  directeui-  du  Jardin  des  plantes, 
M.  Ch.  Martins,  s'est  inspire  de  la  pensée  de  De  Candolle,  son  premiei' 
maiti'e,  et  s'est  fait,  en  quelque  sorte,  un  devoir  de  reprendie  son  adminis- 
tration au  point  où  il  l'avait  laissée,  et  de  poursuivre  toutes  les  sages  et  utiles 
réformes  qu'il  avait  entreprises  ou  projetées. 

M.  Martins  n'est  pas  seulement  un  administrateur  zélé  donnant  au- 
tour de  lui  l'Impulsion  par  l'exemple  de  sa  propre  activité,  il  est  essentiel- 
lement naturaliste,  il  aime  ses  plantes  ;  c'est  avec  bonheur  qu'il  se  consacre 
tout  entier  aux  soins  et  aux  travaux  les  plus  multipliés  :  c'est  avec  e'ntraî- 
nement  qu'il  se  livre  à  l'espoir  de  voir  s'agrandir  et  se  compléter  le  Jardin 
de  Montpellier. 

Il  est,  du  reste,  bien  secondé  par  les  habiles  et  laborieux  ouvriers  dont 
il  a  su  s'entourer,  et  surtout  par  le  jardinier  en  chef,  M.  Roux;  nous  avons 
pu  juger  de  l'heureuse  inlluence  de  l'autorité  à  la  fois  ferme  et  paternelle 
que  le  directeur  exerce  sur  ses  subordonnés. 

Un  seul  fait  fera  comprendre  avec  quelle  intelligente  économie  les  fonds 
plus  que  modiques  de  l'établissement  sont  administrés.  Ces  fonds  suffisent 
u  peine  pour  couvrir  les  dépenses  d'entretien  des  bâtiments,  d'acquisition 
d'étiquettes,  d'engrais  et  de  terreau,  le  chaulfage  dos  serres,  les  gages  des 
jardiniers  ;  il  ne  reste  rien  pour  l'acquisition  et  les  frais  de  transport  des 
plantes  vivantes,  et  cependant  le  Jaidin  et  les  collections  s'accroissent  et 
s'enrichissent  tous  les  jours  \  les  graines  de  plusieurs  espèces  importantes 


RAPPORT    SUR    LK    JARDIN    DES    PLANTES    \)E    MONTPKLLIIÎR.  675 

pnr  leiii-  Ix-iuité  et  Icui'  rareté  [Ginkgo  biluba,  Ndumhinm  speciosum,  Bon- 
gainvilleu,  Poinciana,  Wiqandia,  etc.),  sont  la  monnaie  qui  paye  ces  ac- 
quisitions. 

Mais  les  liorticulteurs  peuvent  seuls  se  contcr.ter  de  la  monnaie  fournie 
si  libéralement  parle  miiiïni(i((ue  Ginkgo.  Nous  avons  pai'lé  de  l'utilité  de 
régulariser  en  l'agrandissant  le  périmètre  du  Jardin  ;  la  reconstruction  des 
serres,  disposées,  chauffées  et  éclairées  d'après  le  système  le  plus  défec- 
tueux, en  très  mauvais  état  d'ailleurs,  et  de  dimensions  tout  a  fait  insuf- 
fisantes pour  recevoir  pendant  l'hiver  les  précieux  spécimens  de  la  végé- 
tation tropicale  qui  abondent  dans  le  Jardin,  est  aussi  une  dépense  urgente 
et  à  Ia(|uelle  ne  sauraient  suffire  les  fonds  de  l'établissement,  avec  (luehiue 
sagesse  q\i'ils  soient  administrés. 

Au  nouîhre  des  améiioi'alions  réalisées  pnr  l\î.  Martins  nous  devons  si- 
gnalei-  :  —  Les  arbres  et  tous  les  véiiétaux  intéressants  du  Jardin  soiiiueuse- 
ment  étiquetés.  —  L'école  de  botanique  (eonqiosée  de  24  banquettes  com- 
prenant 3800  espèces)  mise  en  rapport  avec  le  Prodromus  pour  toutes  les 
familles  publiées  (des  Renonculacées  aux  Polygonees),  —  L'école  des 
plantes  officinales,  alimentaires,  industrielles  et  vénéneuses,  fondée  en 
185?,  en  vertu  d'une  décision  ministérielle  provoquée  par  le  directeur  : 
cette  école  contient  420  espèces  dont  chacune  occupe  un  petit  carré.  —  Un 
jardin  spécial  pour  la  culture  des  doubles  à  échanger,  des  porte-graines, 
des  espèces  douteuses  à  étudier,  etc. —  L'école  forestière  mise  en  état,  et  les 
Conifères  susceptibles  de  réussir  en  pleine  terre  rangées  systématiquement 
au  nombre  de  /i5  ;  on  y  remarque  :  Pinus  filifolia  Lindl.,  /-*.  CouUeri  Don,, 
P.  A/«w«na  Schiede,  Abies  Khutroiv  Loud.,  Cephalotaxus  Fortunei  WooV., 
Thuja  filiformis  Loud.,  Bluta  pyramidal is  Gaz.,  Séquoia  giynntea  KndL, 
Cupressus  californica  Cuv.,  CuUitris  quadriualvis  Vent.,  Frenela  Hu- 
geliWovl.,  etc.  —  Dans  une  partie  abritée  du  Jardin,  une  autre  collection 
de  Conifères  a  été  établie  par  le  directeur  en  1834,  pour  les  espèces  exoti- 
ques plus  délicates  que  les  précédentes  et  qui  ont  besoin  d'être  garanties, 
en  été,  de  l'ardeur  du  soleil,  et  en  hiver,  du  rayonnement  uoclurne.  Celles 
qui  ont  le  mieux  réussi  sont  :  Cupressus  funebris,  C.  mexicana,  Pinus 
Lamberliana,  P.  Montezumœ,  P.  canariensis,  Podocarpus  punyens,  Junipe- 
rus  excelsa  et  /.  flayelliformis. 

A  ces  collections  si  variées  et  si  précieuses,  M.  iMartius  vient  d'ajouter 
un  Hortus  Juvenalis,  c'est-à-dire  un  carré  spécial  où  les  espèces  intéres- 
santes (}ue  le  dépôt  des  laines  exotiques  fait  apparaître  au  Port-Juveual  et 
qui  d'ordinaire  ne  s'y  perpétuent  pas,  seront  cultivées  et  observées  d'une 
manière  suivie. 

Parmi  les  })lantes  usuelles  cultivées  dans  le  Jardin,  nous  devons  signaler  : 
un  Dattier  mâle  de  douze  ans  rapporté  d'Algérie,  \' Opuntia  inermis  ï)il.,  le 
Dioscorea  Botatns  Dne,,  des  carrés  de  Sors.ho  sucré,  de  Cotonnier,  de  Riz 


676  SOCIÉTÉ    BOT.OIQLE    DE    FRANCE. 

sec  de  la  Chine,  A'At^ochis  hypoyœa,  de  Patates,  d'Echinops  bannaticuê 
Roch.  (nouveau  fourrage  pour  les  terrains  salés). 

Nous  ne  saurions  terminer  celte  énumération  sans  mentionner  spéciale- 
ment le  gigantesque  Ginkgo  biloba  que  vous  avez  admiré.  La  hauteur  de 
j'arhre  est  de  21  mètres,  et  sa  circonférence  de  2"", 11.  11  fut  planté  en  1795 
par  Broussoniiet;  c'était  un  individu  mâle.  Rendu  monoïque  en  1830,  par 
des  greffes  femelles  venues  de  Bourdigny  prés  Genève,  cet  arbre  donna  des 
graines  fertiles  en  1832,  et  chaque  année  il  sccharged'uneabondante  récolte. 

Citons  encore  un  Sterculia  plotanifolia  haut  de  20  mètres,  un  Juglans 
iiigra  de  21"', 62,  les  Acacia  Julibrissin,  Lagerstrœmia  indica,  Asimina  tri- 
loba,  Cupressus pendilla,  Duvaua  ouata,  Camellia  japonica  à  tleurs  sim- 
ples, Cereus  peruvianus,  Nelumbium  luteum,  N.  speciosum,  N.  codopliyl- 
lum  ,  N.  caspicurn  fleurissant  tous  les  ans,  Phijtolacca  dioica,  Stillingia 
sebifera,  Jubœa  spectabilis,  liosa  Hardii  (1),  etc. 

Enfin,  grâce  à  la  bienveillance  de  l'administration  municipale,  M,  Main- 
tins a  pu  augmenter  notablement  la  concession  d'eau  accordée  par  la  ville 
au  Jardin  des  plantes^  on  conçoit  toute  l'importance  de  ce  bienfait  dans  un 
pays  où  souvent  il  ne  tombe  pas  une  goutte  de  pluie  pendant  tout  l'été. 

(1)  Sote  communiquée  par  M.  J.  Gay.  —  Dans  un  temps  où  les  hybrides  sont 
devenus  chez  nous  l'objet  d'études  approfondies,  il  importe  de  rappeler  l'histoire 
du  liosa  Hardii  et  de  préciser  les  faits  qui  ont  accompagné  sa  naissance. 

Un  l'.osier  qu'on  sappo^e  d'origine  cliinoise,  le  Rusa  dinophijlla  de  Thory  (Re- 
doiilé,  Roses,  I,  1817,  p.  Zi3,  lab.  10),  était  depuis  quelques  années  cultivé  au 
jardin  du  Luxembourg,  à  Paris,  sur  une  couche  que  l'on  couvrait  en  hiver.  Il  y 
lleurissait  abondamment  sans  nouer  ses  ovaires,  lorsque  enfin  un  de  ces  ovaires,  un 
seul,  se  développa  en  un  fniil  paifait  qui  fut  soigneusement  recueilli  par  M.  Hardy, 
le  jardinier  en  chef. 

Les  graines  extiaites  de  ce  friiii  furent  aussitôt  semées.  Cinq  d'entre  elles  arri- 
vèrent à  germination,  mais  elli.>s  eurent  des  destinées  très  diverses.  Une  des  jeunes 
plantes  ne  tarda  pas  à  périr;  deux  autres  végétèrent  longtemps  sans  produire  au- 
cune tlf'ur;  une  quatrième  reproduisit  la  mère,  c'est-à-dire  le  Rosa  cliuophylla^ 
avec  ses  feuilles  pennatiséquées  cl  ses  (leurs  blanches  et  semi-doubles.  De  la  cin- 
quième et  dernière  graiue  sortit  cnlin  la  forme  étrange  dont  j'ai  vu  s'épanouir 
les  premières  fleurs  le  20  juin  183G,  et  qui,  en  cette  même  année,  a  été  décrite  et 
figurée  par  MM.  Gels  frères  sous  le  nom  de  Rosa  Hardii,  qu'elle  porte  encore  au- 
jourd'hui chez  les  horliculleurs  (voy.  Ann.  de  Flore  et  de  Pomone,  pour  1835 
et  1830,  p.  37'2,  avec  une  planche  coloriée  sans  numéro  d'ordre). 

Celle  Piose  avait  les  feuilles  pennatiséquées,  comme  le  Rosa  clinophylla,  dont 
elle  provenait;  mais  elh;  en  din'érail  d'ailleurs  profondément  i)ar  la  petitesse  et 
par  la  forme  des  folioles,  par  ses  rameaux  et  ses  feuilles  très  glabres,  non  pubes- 
ceates,  par  ses  aiguillons  riipprochés  trois  à  trois,  et  enfin  par  ses  fleurs  simples, 
à  cinq  pétales  jaunes,  marqués  à  la  base  d'une  grande  tache  brune. 

Ceci  indiquait  manifeslemenl  l'influence  d'un  pollen  étranger;  mais  quel  était  le 


RAPPORT    SliU    LK    .lAlîDlN    DFS    l'LVNTF^S    1)K    MONTI'KLLIFR .  677 

Le  Conservatoire  botaniciue  de  la  Faculté  de  médecine,  annexé  au  Jardin, 
a  été,  de  notre  part,  l'objet  d'une  visite  spéciale  et  d'un  examen  attentif.  Cet 
établissement  est  placé  sous  la  surveillance  de  M.  le  docteur  Aimant  Tou- 
chy,  savant  aussi  modeste  que  distingué,  uniquement  occupé  de  la  tâcbe 
utile  à  laquelle  il  a  voué  toute  sa  vie.  Grâce  à  son  activité,  à  ses  soins  con- 
stants et  éclairés,  un  ordre  parfait  y  règne  et  une  disposition  ingénieuse  et 
pratique  rend  facile  le  maniement  des  vastes  collections  qui  s'y  trouvent 
aujourd'hui  réunies. 

La  nomination  de  M.  Toiichy  aux  fonctions  de  conservateur  remonte  à 
l'année  18.M).  Celte  place  était  restée  inoccupée  pendant  31  ans-,  une  aussi 
longue  vacance  avait  laissé  tomber  l'établissement  en  décadence.  Les  col- 
lections se  trouvaient  réduites  à  quelques  fruits  et  à  80  paquets  assez 
minces,  déposés  dans  deux  armoires,  et  contenant  des  plantes  presque  toutes 
exotiques  qui  provenaient  des  voyages  de  Dombey,  Née,  Riedié,  Com- 
merson,  Balbis,  Seringe,  etc. 

Le  nouveau  conservateur  s'empressa  de  réunir  à  l'herbier  ses  propres 
collections  et  celles  du  professeur  Toucliy,  sou  père.  Quelques  autres  dona- 
tions eurent  lieu  à  la  même  époque,  entre  autres  celles  des  herbiers  du  doc- 
teur Fulcrand-Pouzin  et  du  jardinier  en  chef  Banal. 

Diverses  acquisitions,  plus  ou  moins  importantes,  ont  été  faites  depuis, 

père  qui  avait  pu  modifier  si  puissamment  le  produit  de  la  plante  mère?  La 
question  fut  aussitôt  n^oUie  qu'élevée,  't'ont  à  côté  du  Bosa  dinophylla  qui  avait 
fourni  les  graines,  et  sur  la  même  couche,  se  trouvait  un  pied  vi-oureux  de  Rosa 
berberifotia,ci'n(t  espèce  naine  et  traçante  de  l'Asie  centrale,  qui  est  si  remar- 
quable par  ses  feuilles  simples,  unifoliolées  et  glauques,  ses  rameaux  très  glabres, 
ses  aiguillons  leriiés  et  ses  pétales  jaunes  tachés  de  brun  à  la  base  (voy.  lledouté. 
Roses,  l,  1817,  p.  27,  tab.  2),  si  remarquable  à  tons  égards,  qu'on  y  a  cherché, 
mais  je  crois  en  vain,  les  caractères  d'un  nouveau  genre  {Hulthemia  Dumort., 
Endl.  et  Ledeb.;  Lowea  Lindl.). 

Le  Rosa  Hardii  est  nécessairement  un  hybride  du  Rosa  dinophylla  sponta- 
nément et  accidentellemenl  fécondé  par  le  Rosa  herberifolia  ;  il  lient  de  la  mère 
par  sa  racine  non  traçanle,  par  sa  taille,  par  ses  liges  dressées,  non  ascendantes  on 
couchées  et  par  ses  feuilles  peunaliséquées,  caractères  que  je  puis  Ions  affirmer, 
maintenant  que  j'ai  vu  le  bel  individu  que  possède  le  Jardin  de  Montpellier.  Le 
reste  appartient  au  père,  surface  glabre,  aiguillons  comme  ternes,  peliics  folioles, 
pétales  jaunes  tachés  de  brun  à  la  base. 

Après  avoir  eu  une  grande  vogue  dans  sa  nouveauté,  le  Hosa  Hardii  est 
devenu  très  rare  dans  les  collections,  mais  il  faut  espérer  que  les  amateurs  éclairés 
le  conserveront  comme  un  phénomène  curieux  de  physiologie  et  comme  la  preuve 
d'un  croisement  possible  entre  deux  espèces  très  ditlérenlcs.  A  Montpellier,  où 
il  est  cullivé  en  pleine  terre,  il  forme  un  buisson  (h-  5  à  6  pieds  de  hauteur.  11 
s'élève  moins  à  Paris,  où  il  n«  passe  l'hiver  en  pleine  terre  que  moyennant  cou- 
verture. 


678  SOClÉiÉ    BOTAiMQLK    DE    KHANCK. 

Une  petite  portion  de  l'herbier  du  Brésil  de  Vauthier  et  les  plantes  d'Orient 
d'Aucher-Éloy  sont  venues  enrichir  l'herbier.  Enfin  les  collections  el  les 
livres  du  professeur  Delile  furent  achetés  en  1851. 

Aujourd'hui,  le  Conservatoire  du  Jardin  des  plantes  contient  les  collec- 
tions suivantes  ; 

i°  Un  herbier  |i;énéral  (de  561  paquets)  comprenant  les  trois  grandes 
divisions  des  végétaux  représentées  avec  une  égale  richesse. 

a.  Cryptogames.  Nous  y  avons  remarqué  les  Characées  et  les  Champi- 
gnons, presque  tous  récoltés  et  donnés  par  M.  Touchy;  le  travail  de  classe- 
ment est  terminé  et  toutes  les  collections  fondues. 

b.  Monocotylédones.  Tous  les  herbiers  sont  également  fondus  et  l'inter- 
calation  des  espèces  est  achevée.  • 

c.  Dicotylédones.  Cette  vaste  partie  de  l'herbier  est  divisée  en  quatre 
séries  toutes  classées;  mais  la  fusion  n'est  pas  encore  terminée  pour  un 
certain  nombre  de  familles. 

2°  i>'herl)ier  d'É'-'ypte,  de  Delile  (5/i  paquets),  commencé  en  1798,  con- 
tenant les  échantillons-types  décrits  par  lui  dans  sa  Flore  de  cette  contrée, 
eteniichi  par  les  produits  des  voyages  qui  y  ont  été  faits  après  l'occupation 
fraiiç.iise. 

3°  l>'Jierbier  delà  flore  de  Montpellier  (9i  paquets)  limitée  par  le  Rhône, 
les  Ceveiines  et  iNarboiine.  C  tie  coilei  tion  est  le  fi  uit  d'herborisations  qui 
datent  de  1808  et  qui  se  continuent  encore. 

h"  L'herbier  du  Poit-Juvénal  (60  paquets), commencé  par  Delile  et  aujour- 
d'hui très  étendu. 

5°  Une  collrclion  carpologi(|ue,  comprenant  les  fruits  d'environ  2300 
espèces,  et  qui  est  presque  en  enlier  l'ouvrage  du  conservateur  actuel. 

6'  Graines  pour  semis  et  pour  l'étude  (6000  espèces  environ)  cataloguées 
et  disposées  de  manière  à  permettre  l'intercalation  des  nouveautés. 

7°  Champignons  indigènes  (grandes  espèces),  desséchés,  au  nombre  de 
100  '-'oviron,  en  partie  récoltés  par  Delile. 

8°  Collection  de  bois,  racines,  tiges  (1),  feuilles,  provenant  du  Jardin  des 
plantes  ou  de  divers  pays  (environ  300  pièces). 

9°  Collection  de  pathologie  et  de  tératologie  végétales,  disposée  en  herbier 
ou  en  relief  dans  des  tiroirs, 

10°  Une  bibliothèque  de  plus  de  2000  volumes,  presque  entièrement 
achetée  aux  héritiers  de  Delile. 


(1)  Parmi  les  liges,  nous  avons  remarqué  celle  d'un  Verhascum  candidis- 
simum  DC.  de  près  de  U  mètres  de  hauteur,  cl  nous  avons  examiné  avec  beaucoup 
d'inléièl  un  Iroiic  de  Clièiie  clivé  par  la  iromhe  éleclriipie  de  Monvillc  (Seine- 
laférieiue)  le  19  aoQl  18^.")  i voyez  Cl).  Marlins,  Instructions  pour  l'observation 
des  trombes  terrostres,  dans  VAnnitairr  météorologique  pour  18^9,  p.  230). 


RAIM'ORT    S[;K    LR    JARDIN    l»KS    CLAMES    l)K    MONTPELLIKK.  679 

Telles  sont  aujourd'hui  les  richesses  confiées  à  la  pardn  de  M.  Touchy. 
Mais,  non  content  de  les  conserver  et  de  les  classer,  il  ne  cesse  de  les 
accroître  avec  persévérance.  C'est  dans  ce  hut  qu'il  fait  chaque  année  plus 
de  cent  herhorisations  (soit  en  moyenne  deux  par  semaine),  dont  les  résul- 
tats sont  constatés  dans  un  carnet  spécial.  Ce  chiffre  est  remarquable. 
Messieurs;  il  prouve,  surtout  chez  un  homme  de  l'âge  de  M.  Touchy,  une 
énergie  et  un  dévouement  extrêmes.  Sous  l'heureux  climat  de  Montpellier, 
où  pendant  deux  ou  trois  mois  à  peine  la  saison  d'hiver  ralentit  la  végéta- 
tion sans  l'arrêter  complètement,  l'inl'atigahle  collecteur  peut,  dès  la 
lin  de  janvier,  commencer  ses  excursions,  qui  ont  pour  objet  de  récolter 
des  plantes  pour  l'herbier,  des  végétaux  vivants  (souches,  rhizomes,  tuber- 
cules, bulbes,  etc.)  pour  le  Jardin,  et  enlin  des  graines  d'espèces  indigènes 
pour  les  semis  et  les  échanges.  Le  nombre  des  espèces  de  graines  recueillies 
ainsi  chaque  année  est  de  200  à  300.  M.  Martins  attache  une  juste  impor- 
tance à  enrichir  sou  catalogue  annuel  de  ces  espèces  indigènes  (1),  qui  peu- 
vent de  cette  manière  être  répandues  dans  presque  tous  les  jardins  bota- 
niques de  l'P^urope  et  servir  à  la  rectification  spécifique  de  la  flore  du 
pays.  Le  catalogue  général  des  graines  de  1856  contient  23iO  noms  de 
plantes  indigènes  ou  exotiques. 

Messieurs,  le  rapide  exposé  que  nous  venons  de  vous  présenter  peut  vous 
avoir  fait  comprendre  la  valeur  de  l'établissement  scientifique  dont  s'enor- 
gueillit à  juste  titre  la  ville  de  Montpellier,  et  le  développement  qu'il  pour- 
rait acquérir  dans  les  mains  intelligentes  auxquelles  il  est  aujourd'hui 
confié.  Malheureusement  les  ressources  (jui  lui  sontaliouées  sont  loin  d'être 
proportionnées  à  son  importance  et  à  des  besoins  qui  se  sont  accrus  en 
raison  même  des  progrès  déjà  réalisés. 

Cette  pénurie  regrettable  vient  à  tout  moment  paralyser  les  efforts  du 
directeur.  La  somme  annuelle  mise  à  sa  disposition  n'est  que  de  7800  francs  ; 
le  jardinier  en  chef  et  celui  des  serres  sont  payés  à  part,  mais  six  ouvriers 
et  un  apprenti  doivent  être  rémunérés  sur  cette  somme.  C'est  une  dépense 
annuelle  de  ùOOO  francs.  Restent  3800  francs  pour  pourvoir  a  toutes  les 
dépenses  prévues  ou  imprévues  d'un  grand  établissement.  Il  est  donc  ira- 
possible  d'acheter  des  plantes,  et  c'est  uniquement  par  échanges  que  le 
Jardin  peut  acquéiir  des  espèces  nouvelles.  Sa  monnaie,  nous  l'avons  déjà 
dit,  ce  sont  les  graines  de  quelques  espèces  rares  ou  qui  ne  mûrissent  pas 
dans  le  nord  de  l'Europe. 

La  bibliothèque,  riche  seulement  eu  ouvrages  anciens,  ne  peut  pas  non 
plus,  faute  d'argent,  être  complétée  par  des  acquisitions  nouvelles,  et  une 

(1)  Voyez  la  lettre  adressée  par  M.  Marlinsà  M.  le  président  de  la  Société,  et  in- 
sérée dans  le  Bullelin,  t.  III,  p.  32. 


680  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

partie  des  herbiers,  ne  pouvant  être  passée  au  sublimé  corrosif,  reste  exposée 
aux  ravages  des  insectes. 

Déjà,  dans  deux  circonstances,  S.  Exe.  M.  le  ministre  de  l'Instruction 
publique  a  bien  voulu  venir  en  aide  au  Jardin  de  Montpellier  :  eu  1852, 
lors  de  la  création  de  l'école  des  plantes  médicinales,  par  une  somme 
de  1035  francs,  et  la  seconde  fois,  cette  année  même,  par  une  somme  de 
1150  francs,  pour  réparer  le  canal  de  l'école  de  botanique  et  le  toit  du  Con- 
servatoire. 

Aujourd'hui  c'est  surtout  la  serre  dont  la  reconstruction  est  urgente,  car 
par  sonétatdedélabremenl,  par  ses  dimensions  restreinteset  par  sadisposition 
qui  n'est  pas  en  harnjoiiie  avec  les  progrès  de  l'horticulture  moderne,  elle 
est  hors  d'état  de  contenir  et  d'abritei'  les  végétaux  qui  doivent  y  être  ren- 
fermés. Cette  serre  menace  ruine,  et  dans  son  élat  actuel  elle  n'a  plus  guère 
d'intérêt  que  comme  spécimen  de  l'enfance  d'un  art  qui  a  fait  de  si  grands 
progrès.  Nous  savons  que  M.  le  Minisire  a  bien  voulu  promettre  à  31.  Mar- 
tius  qu'elle  serait  reconstruite,  d'après  l'avis  formulé  par  le  recteur  et  le 
conseil  académi((ue,  et  nous  avons  appris  avec  plaisir  que  M.  Alexandre, 
inspecteur  général  de  l'Instruction  secondaire,  chargé  par  M.  le  Ministre 
d'examiner  l'état  de  la  serre,  l'a  visitée  depuis  notre  départ  de  Montpellier, 
et  a  recoimu  la  nécessité  d'une  reconstruction  prochaine. 

M.  Martins  est  en  ce  moment  même  en  instance,  afin  d'obtenir  la  réali- 
sation de  ce  projet.  Vous  accompagnerez,  nous  n'en  doutons  pas.  Messieurs, 
ses  démarches  de  tous  vos  vœux,  car  il  est  du  devoir  de  notre  Société,  tout 
en  constatant  l'état  des  établissements  publics  consacrés  à  la  botanique 
qu'elle  a  occasion  de  visiter,  d'appeler  sur  eux  l'attention  de  l'adminislratiou 
supérieure. 

i,a  Société  Botanique  de  France  est  en  droit  d'espérer  que  son  témoignage 
sera  pris  en  considérati(^n;  mais,  quoi  qu'il  en  soit,  nous  ne  rious  féliciterons 
pas  moins  d'avoir  pu  vous  dire  ce  que,  malgré  c'e  nombreux  obstacles  et 
l'insuffisance  de  ses  ressources,  est  devenu  de  nos  jours  l'antique  Hortus 
monspeliensis,  l'établissement  qui  le  premier  a  inauguré  en  France,  dès  le 
xvi' siècle,  l'alliance  féconde  de  la  botanique  et  de  l'horticulture, et  d'avoir 
rendu  un  hommage  public  au  zèle,  au  dévouement  et  aux  lumières  de  son 
directeur  actuel. 


RAPPORT 

SUR    L'HERBIER    DE    DUNAL,    par    M.    K.    C'OSSOIV. 

(Lu  à  la  Sociétû,  à  Paris,  dans  la  séance  du  24  juillet  1857.) 

IMessieurs, 

l-a  Commission  chargée  d'examiner  à  Montpellier  l'important  herbier  de 
Dunal  se  composait  de  MM.  le  comte  Jaubert,  J.  Gay,  Doumet,  Durieu  de 
Maisonneuve,  Germain  de  Saint-JMerre  et  Cosson. 

A  la  demande  de  M.  Gervais ,  doyen  de  la  Faculté  des  sciences, 
M'"*  veuve  Dunal  avait  bien  voulu  mettre  cet  herbier  (déposé  provisoire- 
ment au  Jardin  des  plantes,  dans  une  des  salles  de  la  Faculté  des  sciences) 
à  la  disposition  des  membres  de  la  Société,  et  votre  Commission  a  pu  en  faire 
une  étude  spéciale.  J'ai  été  chargé,  Messieurs,  de  vous  exposer  d'une  ma- 
nière succincte  les  résultats  de  son  examen  et  ses  conclusions. 

L'herbier  de  M.  Dunal  ne  comprend  pas  moins  de  125  volumineux  fasci- 
cules ;  les  échantillons  de  plantes,  quoique  non  empoisonnés,  sont  générale- 
ment dans  un  bon  état  de  conservation,  et  tous  sont  munis  d'étiquettes 
écrites  soit  par  M.  Dunal,  soit  par  ses  correspondants,  et  indiquant  avec 
précision,  non-seulement  la  localité,  mais  encore  presque  toujours  la  date  de 
la  récolte. 

Les  familles  des  Anonacées,  des  Cistinées,  des  Vacciniées  et  des  Sola- 
nées,  qui  ont  été  pour  M.  Dunal  l'objet  de  monographies  publiées  dans  le 
Prodro)/im  de  De  Candolle,  offrent  des  types  importants  a  consulter.  Les 
Valérianéos  et  les  Dipsacées  renferment  également  de  précieux  documents, 
dus  aux  relations  d'amilié  ou  de  correspondance  du  savant  professeur  avec 
Dufresneét  Coulter,  auteurs  de  travaux  monographiques  estimés  sur  ces 
familles.  Les  Polygonées  présentent  un  intérêt  spécial,  car  tous  les  Itianex 
décrits  par  Campdera  ont  été  donnés  par  lui  à  M.  Dunal,  sous  les  yeux 
duquel  il  avait  rédigé  sa  monographie.  La  famille  des  Algues  n'est  pas  moins 
riche,  grâce  aux  envois  de  MM.  Lenormand  et  Sonder.  —  Les  échantillons 
qui  ont  servi  de  base  au  travail  de  MM.  Dunal  et  E.  Fabre  sur  les  .digilops 
du  midi  de  la  France,  existent  également  dans  l'herbier. 

L'important  herbier  de Thibaud, acheté  conjointement  par  De  Candolleet 
Dunal,  qui  se  le  sont  partagé,  renfermait  des  échantillons  authentiques  de 
la  Flore  du  Pérou,  de  Ruiz  et  Pavon. 

La  flore  de  France  est  richement  représentée  ;  en  effet,  M.  Dunal  avait 
accompagné  De  Candolle  dans  un  de  ses  voyages  botaniques  et  agrono- 
miques, qui  ont  si  puissamment  contribué  au  développement  des  études 
botaniques  en  France,  et,  légataire  de  la  propriété  de  la  Flore  française  de 


682  SOCIÉTÉ    BOTAMQUK    HK    H'.ANCK. 

De  CandolU',  le  professeur  de  Montpellier  n'avait  négligé  aucune  occasion 
de  se  procurer  les  matériaux  nécessaires  pour  une  nouvelle  édition  de  cet 
ouvrage  fondamental,  dont  il  était  si  digne  d'être  le  collaborateur. 

I.a  flore  classique  de  Montpellier  a  particulièrement  été  l'objet  des  re- 
cbercbes  et  des  études  assidues  du  professeur  Dunal,  qui  se  proposait  de 
publier  un  ouvrage  au  niveau  de  la  science  sur  la  végétation  de  cette  région 
intéressante;  aussi  son  lierbier  renfernie-t-il  les  matériaux  les  plus  pré- 
cieux pour  l'élude  des  plantes  du  pays,  et  même  pour  les  cryptogames,  qui 
y  sont  largement  représentées. 

En  raison  de  l'importance  de  la  collection  qu'elle  a  été  chargée  d'examiner 
et  qui  offre  surtout  un  vif  intérêt  au  point  de  vue  de  la  flore  du  midi  de 
la  France,  et  de  Montpellier  en  paiticulier,  votre  Commission,  Messieurs, 
a  exprimé,  à  l'unanimité,  le  vœu  que  l'herbier  de  M.  Dunal  soit  acquis 
à  la  Facuhé  des  sciences  de  Montpellier,  dont  ce  professeur  a  été  l'une 
des  illustrations. 


UEVUli  BIliLlOGllAPUlQUE. 


PHYSIOLOGIE  VEGETALIL 

IVote  sur    la   matière    wucrée     «le    «luclqiie»    Al;i;ncs  ;    par 

M.  I.éoii  Soubeiran  [Journal  de  pharmacie  et  de  chirnk' ,  XXXVl,  1857, 
pp.  219-224). 

-Les  Algues  marines  qu'on  laisse  séclier  a  l'air  se  couvrent  le  plus  sou- 
vent d'eniorescences  blanches,  formées  de  sels,  particulièrement  de  chlo- 
rures, et  d'autres  matières  ([ui  se  trouvaient  d'abord  dans  le  tissu  même  de 
ces  plantes.  Mais,  dans  (juciques  cas  exceptionnels,  outre  ces  efflorescences 
salines,  il  s'en  produit  d'autres  entièrement  différentes  par  leur  nature  et 
aussi  par  leur  mode  de  formation.  Ctlles-ci  ont  une  saveur  franchement 
sucrée  ;  elles  sont  composées  de  mannite.  L'étude  en  a  été  faite  d'abord  par 
Biaine  Poveisen,  puis  par  Vauqiielin,  tout  lécemment  par  M.  Th.  Phipson, 
—  W.  L.  Soubeiran  a  pu  s'en  occuper  lui-même  cet  été,  pendant  un 
voyage  sur  les  côtes  de  Bielagne,  et  sa  note  a  pour  objet,  non-seulement 
de  faire  connaître  les  principaux  résultats  de  ses  recherches,  mais  encore 
de  signaler  quelques  différences  qui  existent  entre  ses  observations  et  celles 
de  M.  Phipson. 

M.  L.  Soubeiran  a  vu  la  matière  sucrée  se  produire  uniquement  sur  un 
petit  nombre  de  nos  Algues  marines  :  sur  le  Laminaria  soccharina,  sur  les 
Fucus  digitatus  et  /omen/arius,  principalement  sur  ce  dernier,  il  a  reconnu 
aussi  que  cette  production  est  très  faible  sur  les  froiules  et  se  concentre 
presque  exclusivement  sur  la  portion  inférieure  ou  radiculaire  des  plantes, 
par  laquelle  elles  se  fixent  aux  rochers. 

Après  avoir  reconnu  que  ce  n'est  pas  la  simple  dessiccation  qui  déter- 
mine l'effloiescence  sucrée  de  ces  Algues,  M.  L.  Soubeiran  a  cherché  à  re- 
connaître les  conditionsqui  influentsur  cette  production.  Les  expériencesqu'ii 
a  faites  dans  ce  but  lui  ont  appris  que  ces  efflorescences  sont  d'autant  plus 
développées,  que  les  Algues  sur  lesquelles  on  les  trouve  ont  séché  plus  len- 
tement. Il  a  reconnu,  de  plus,  qu'il  existe  un  rapport  constant  entre  les 
quantités  de  mannite  et  de  substances  salines,  la  première  augmentant  ou 
diminuant  sensiblement  en  proportion  inverse  des  chlorures.  Au  microscope 
il  a  vu  que  cette  substance  sucrée  se  présente  sous  la  forme  de  houppes  com- 
posées d'aiyuilles,  dont  la  longueur  est,  en  moyenne,  de  5  ou  6  millimètres, 
que  ces  aiguilles  très  fines  sont  entremêlées  de  quelques  cristaux  prisma- 
tiques allongés,  à  surface  très  irrégulière.  Il  pense  qu'il  est  nécessaire,  pour 


684  SOCIÉTK    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

la  production  de  cette  matière  sucrée,  que  les  2'''ucus  subissent  une  mo- 
dification dans  leurs  éléments  par  suite  de  la  fermentation  visciueuse,  et  en 
ce  point  il  est  d'accord  avec  M.  Phipson;  mais  il  ajoute  qu'il  n'a  jamais 
vu  que  la  couche  superficielle  de  la  plante  couverte  de  mannite  fût  décom- 
posée ni  décolorée.  Les  cristaux  de  cette  matière  prenaient  très  manifeste- 
ment naissance  dans  l'intervalle  des  cellules,  ce  qui,  dit  l'auteur,  viendrait 
à  l'appui  de  l'opinion,  que  c'est  à  la  matière  intercellulaire  que  la  produc- 
tion en  est  due.  «  Quelle  cause,  ajoute-t-il,  détermine  ainsi  la  modification 
de  la  matière  intercellulaire  dans  les  Fucus?  ie  ne  vois  rien  qui  m'empêche 
d'admettre  avec  M.  Phipson  que  ce  soit  la  matière  albumincuse  de  ces  vé- 
gétaux qui  s'altère  à  l'air  et  agisse  ainsi.  » 

■Ban  «Ici*  Atif/tiio»»»orttiiM  fftêliaia  iPInjUactinia  guttata  Lév.), 

ikcltistt  Ucincrkiiugea  (.S7rMC^»re  rfe /'Alphitomorpha  guttata,  arec 
des  remarques)  ;  par  jM.  H.-F.  Bonorden  [Botan.  Zeit.^yi"  12,  20  mars 
1857,  col.  193-199,  plan.  IV,  A). 

\.\\lphitomorpha  guttata  se  trouve  ordinairement  sur  les  feuilles  du 
Noisetier,  toujours  à  leur  face  inférieure,  à  laquelle  il  donne  deux  aspects 
différents.  Tantôt  sur  le  vert  mat  habituel  de  la  feuille  se  montrent  semés 
beaucoup  de  petits  points  jaunes  et  bruns-noirs,  que  des  filaments  déliés 
attachent  à  la  feuille;  tantôt  la  même  surface  foliaire  est  couverte  d'un 
feutre  blanc  grisâtre,  sur  lequel  reposent  ces  petits  corps.  Dans  le  premier 
cas  le  Champignon  est  jeune  ;  d'où  l'on  voit  que  c'est  de  ces  petits  corps  ou 
périthècesque  proviennent  les  filaments  qu'on  trouve  plus  tard  sur  les  feuilles, 
les(|uels  se  montrent  sous  le  microscope  rayonnants,  rameux  par  dicho- 
tomie, munis  intérieurement  d'un  petit  nombre  de  cloisons  transversales. 

Examiné  tout  jeune,  le  périfhèce  forme  un  globule  brun  grisâtre,  d'aspect 
granuleux,  du(iuel  soitent  par  un  côté  plusieurs  filaments  de  mycélium; 
plus  t.ud  il  est  brun  jaune,  et  l'on  y  voit  bien,  surtout  à  sa  circonférence, 
les  cellules  arrondies  (jui  le  constituent.  Les  filaments  ont  à  leur  bout  de 
petiis  renflements  par  lesquels  ils  s'attachent  aux  cellules  de  la  feuille  et 
pénètrent  vraisemblablement  dans  les  stomates.  Plus  tard,  le  Champignon 
devient  brun  rouge,  et  de  son  pourtour  ressortent,  sur  un  cercle  horizontal, 
à  des  distances  assez  régulières,  de  5  à  7  grosses  cellules,  d'abord  globu- 
leuses, qui  prennent  ensuite  la  forme  de  matras  à  long  col,  et  qui  s'inclinant 
vers  la  feuille,  forment  comme  un  piédestal  au  périthèce  resté  fixé  à  la  feuille 
par  ses  premiers  fils  de  mycélium.  Mur,  le  périthèce  f'oime  un  globule  un 
peu  déprimé,  à  deux  enveloppes,  dont  l'externe  est  dure  et  fragile,  com- 
posée de  cellules  arrondies,  rouge  brun  foncé,  dont  l'interne  est  délicate  et 
molle,  composée  de  cellules  ovales,  brun  jaune,  faciles  a  dissocier.  Si  l'on 
comprime  sous  le  microscope  ce  périthèce  mûr,  il  en  sort  dans  l'intervalle 


lŒVUE    BIBLIOGKAPlliyUfc:.  685 

des  grosses  cellules  eu  nuitras,  de  petites  cellules  arrondies,  lonpjuenient 
pédiouU'cs,  j)()ur  les(|uelles  l'auteur  n'ose  pas  dire  si  ce  sont  les  Sti/losporea 
de  M.  TiilasiK'.  Elles  répondent  pour  la  forme  aux  paraphyses  desDiscomy- 
eètes;  elles  s'altaclieni  plusieurs  enseniMe  à  de  grosses  cellules  irrégulière- 
ment ovoïdes  et  un  |)eu  renflées  àeliaijue  bout,  (|ui  partent  de  la  membrane 
interne  et  (|ui  entourent  un  groupe  arrondi  d'ulricules  situées  au  fond  du 
péritbèceet  unissant  aussi  de  sa  membrane  interne.  Ces  utrieules  sont  au 
nombre  de  6  à  8  dans  ebaque  péritbèee.  Klles  sont  ovoïdes,  pédieulées;  elles 
contiennent  d'abord  '2  gouttes  d'iuiile  entourées  de  plasma,  et  plus  tard  il  s'y 
forme  2  spores.  A  sa  maturité  le  péritbèee  s'ouvre  du  côté  qui  regarde  la 
feuille,  et  il  en  sort  comme  une  goutte  de  bijuide.  l'ar  l'ouverture  qui  s'est 
formée  sortent  les  cellules  pédieulées  qui  entouient  les  utrieules.  Celles-ci 
paraissent  destinées  à  favoriser  par  leur  extrême  légèreté  la  dissémination 
des  spores;  ainsi  on  les  trouve  souvent  sur  les  feuilles  du  [Noisetier  sans  le 
Champignon  qui  leur  a  donne  naissance. 

M.  Bonorden  a  pu  suivre  la  formation  du  péritbèee  depuis  l'origine.  Il 
l'a  vu  d'abord  constitué  par  une  seule  cellule  pédiculée,  qui  grossit  ensuite 
et  se  remplit  de  cellules  secondai  resdesquelles  naissent  les  enveloppes;  apiès 
quoi  il  devient  le  petit  corps  globuleux  qui  a  été  décrit  plus  haut. 

Lorsque  les  péritbèces  d'une  feuille  sont  développés,  il  en  pi'ovient  des 
jets  latéraux  ;  sur  ceux-ci  se  forment  encore  des  péritbèces  qui  se  tiouvcnt 
ensuite  englobés  dans  le  revêtement  tomenteux  de  la  feuille.  Ces  lilaments 
sont  des  bypba  dicbotomes,  peu  cloisonnés,  et  souvent  renflés  aux  cloisons. 
L'auteur  n'a  pas  vu  dans  le  mycélium  les  gongyles  que.  M.  Tulasnedit 
avoirété  pris  pour  des  Torula  et  Oïdium.  Il  dit  cependant  qu'il  vient  aussi 
en  même  temps  sur  ces  feuilles  d'autres  Champignons.  Il  admet  mêmequ'un 
Acrosporium  favorise  le  développement  de  \' A/phitomorp/ia  ;  mais  il  diffère 
d'opinion  avec  MM.  Tulasne,  de  Bary,  etc.,  quant  aux  différents  états  des 
Champignons  qui  auraient  été  décrits,  d'après  ces  observateuis,  comme  des 
êtres  distincts  et  séparés.  II  dit  formellement  que»  la  confusion  (|ui  règne 
dans  la  mycologie  augmentera  plutôt  si  l'on  rattache  à  une  même  espèce  des 
êtres  différents  que  si  on  les  distingue  soigneusement  daiis  les  classifica- 
tions. B 

BOTANIQUE  DESCIUPTIVK. 

Dr.  Friedricli  ^Vimiiicr's  Flora  toi»  ^clilesien  prcussis- 
cheu  uiid  ocstcrreicliiscBieii  Aullieils  [Flore  de  la  Silésic, 
portions  prussienne  et  autrichienne)',  par  le  docteur  Fi'éderic  Wimmer. 
S-^édit.  1  vol.  gr.  in-18  de  lxxix  et  665  pag.  Breslau,  1857.  Chez  Fer- 
dinand Hirt. 

Cet  ouvrage  est  assez  connu  pour  que  nous  soyons  dispensé  d'entrer  daus 


686  SOCIÉTK    BOTANIQL'i:    DK    FRANCE. 

de  longs  détails  à  son  sujet.  Il  nous  suffira  de  signaler  les  changements, 
plutôt  de  forme  que  de  fond,  qui  y  ont  été  apportés  par  l'auteur.  La  pre- 
mière édition  de  cet  ouvrage  a  été  publiée  en  18ZjO,  en  1  vol,  grand  in-18 
de  xLvniet  U^k  pages,  avec  un  chapitre  appendiculaire  sur  la  géographie  bo- 
tanique de  la  Silesie,  et  une  carte  de  profils  des  montagnes  de  cette  contrée. 
I.a  seconde  édition  date  de  ISiZi,  et  elle  comprend  2  volumes  grand  in-18, 
l'un  de  XLViii  et  512  pages,  l'autre  de  225  et  liv  pages.  Le  premier  con- 
tient la  flore  proprement  dite  ;  le  second  comprend  plusieurs  chapitres 
distincts  et  séparés,  savoir  :  1°  le  tableau  de  la  géographie  botani  |ue  de  la 
Silésie  qui  formait  l'appendii-e  de  la  première  édition  ;  2°  des  instructions 
pour  récolter,  déterminer,  sécher  et  conserver  les  plantes  ;  3"  une  histoire 
de  la  Flore  de  la  Silesie,  c'est-à-dire  l'indication  de  tous  les  ouvrages  dont 
elle  a  été  l'objet  ;  k"  un  aperçu  de  la  Flore  fossile  de  la  Silésie  par  M,  Gœp- 
pert.  A  ce  second  volume  est  jointe  la  planche  de  profils  des  montagnes 
qui  se  trouvait  déjà  dans  la  première  édition.  Dans  ces  deux  éditions  les 
plantes  sont  rangées  selon  l'ordre  des  familles  établi  par  De  Candolle. 

Comparée  a  ces  deux  premières  éditions,  la  troisième  qui  vient  de  pa- 
raître présente  quelques  changements.  D'abord  les  différents  chapitres  qui 
formaient  le  second  volume  de  la  deuxiè;iie  édition  ont  été  supprimes  et  par 
la  l'ouvrage  s'est  trouvé  réduit  purement  et  simplement  à  sa  partie  descrip- 
tive. Néanmoins,  il  a  considérablement  gagné  en  étendue,  puisque  celte 
partie  qui  occupait  560  pages  dans  l'édition  de  \Skh,  en  remplit  maintenant 
77Û.  Cette  différence  tient  :  1°  à  des  changements  dans  les  dispositions  ty- 
pographiques, telle  que  celle  qui  place  les  noms  de  genres  en  titres  au  lieu 
de  les  laisser  en  tète  d'une  ligne;  2°  à  un  certain  nombre  de  phrases  carac- 
téristiques modifiées  et  généralement  rendues  plus  complètes  ;  3"  à  des  ad- 
ditions, etc.  Une  modification  de  forme  qui  a  déterminé  un  changement 
complet  dans  la  série  des  plantes,  consiste  dans  la  substitution  de  la  série  des 
famillestelle  qu'ellea  été  présentéedans  le  Ge/ierad'Kndlicher  à  l'ordre  établi 
par  De  Candolle.  Mais,  on  voit  que,  comme  nous  le  disions  plus  haut,  a 
part  les  suppressions  de  chapitres,  les  changements  opérés  dans  la  troisième 
édition  de  la  Flore  de  Silésie  touchent  bien  plutôt  à  la  forme  qu'au  fond 
même  de  l'ouvrage. 

Telle  qu'est  maintenant  cette  Flore,  elle  comprend  :  1"  une  préface 
de  12  pages;  2°  une  table  des  familles  et  des  genres  ;  3"  un  aperçu  des 
principes  sur  lesquels  repose  la  disposition  générale  des  familles  en  général, 
et  en  particulier  dans  les  méthodes  de  Jussieu,  De  Candolle,  Kndiichef  ; 
il"  un  tableau  diagnostique  des  classes  et  familles  ;  5°  un  tableau  des  genres 
de  la  Flore  de  Silesie  airangés  d'après  le  système  de  Linné  et  caractérisés 
succinctement.  Ces  diverses  portions  constituent  l'introduction.  Le  corps  de 
l'ouvrage  lui-même  comprend  les  Cryptogames  vasculaires,  les  Monocoly- 
lédons  et  les  Dicot^léJoas.  Les  genres  et  les  eipèces  sont  caractérisés  dia- 


HtVLK    BmLlUCRAl'HiyUE.  087 

gnostiquemcnt  ;  c'lia(|ue  espèce  est  iiulif|néc  par  le  nom  ((u'adopte  l'auteur, 
suivi  de  l'autorité,  sans  indieatioii  de  sources  l't  sans  synonymie  ,  les  lo- 
calités sont  signalées  en  détail  ;  parfois  des  observations  imprimées  en  pe- 
tits caractères  sont  jointes  a  l'histoire  des  espèces;  plus  rré(|uemn>ent  la 
diacinose  se  trouve  complétée  et  la  détermination  est  facilitée  par  l'indica- 
tion dequel(|ues  caractères  ou  par  la  comparaison  avec  les  espèces  voisines. 
i>'ouvra«ïe  de  M.  Wimmer  est  spécialement  destiné  aux  herborisations  ;  ce- 
pendant le  volume  qu'il  forme  aujourd'hui  est  moins  commode  pour  cet 
objet  que  les  deux  éditions  précédentes,  mais  par  une  heureuse  compensa- 
tion, la  rédaction  et  l'exécution  typograpliique  en  ont  été  améliorées  à  plu- 
sieurs éjiards. 

Die  GcfaessUryptofianien  dcr  Scli^'cîa!  (Ae.s  Cryptogames  vas- 
culairesde  la  Suisse);  par  M.  Ch.-Gust.  Bernoulli  (1  vol.  in- 8  deviii  et 
96  p.  Bâie,  1857.  Chez  Schweighauser. 

Dans  une  préface  peu  étendue,  M.  Bernoulli  expiime  son  étonnement  de 
ce  que  dans  la  Flore  de  la  Suisse,  les  Cryptogames  sont  beaucoup  moins 
connues  que  les  Phanérogames.  Il  en  voit  la  cause  dans  ce  fait  (|ue  la  plu- 
part des  botanistes  de  ce  pays  se  sont  occupés  dans  leurs  écrits  surtout 
des  Phanérogames.  Il  se  propose  de  faire  disparaître  cette  inégalité,  autant 
qu'il  est  en  lui,  pour  les  Cryptogames  vasculaires.  38  Fougères,  9  Équisé- 
tacées,  7  Lycopodiacées  et  3  Rhizocarpées  ont  trouvé  place  dans  son  livre. 
Chacune  de  ces  plantes  est  l'objet  d'une  description  et  d'une  synonymie 
étendue,  dans  laquelle  l'auteur  s'attache  principalement  à  la  citation  des 
auteurs  locaux.  Les  ligures  indiquées  par  lui  sont  particulièrement  celles 
de  Schkuhr  et  de  VEnglish  Botany;  et  quant  aux  Exsiccata,  il  mentionne 
ceux  de  Thomas  et  de  Sclileicher,  comme  étant  limités  a  la  Suisse,  et  ceux 
de  iM  M.  INestler  et  Mougeot,  de  M.  Desmazières,  comme  renfermant  plusieurs 
espèces  communes  a  la  France  el  a  la  Suisse.  Les  variétés  sont  distinguées 
et  caractérisées  avec  soin  ;  l'indication  des  localités  est  faite  très  en  détail. 
L'auteur  rapporte  aussi  les  noms  vulgaires  allemands,  français  et  italien.-;, 
les  usages,  lorsqu'il  y  a  lieu,  etc.  —  Aux  caractères  des  familles,  il  a  joint 
des  considérations  particulières  et  parfois  l'anatomie.  Vu  un  mot,  ce  travail 
présente  l'histoire  des  Cryptogames  vasculaires  de  la  Suisse  a  peu  près  aussi 
complète  qu'elle  puisse  l'être  dans  un  ouvrage  descriptif. 

Plantes  à  vendre. 

iM.  Th.  de  Heidreich,  directeur  du  jardin  botanique  d'Athènes,  déjà  connu 
des  botanistes  par  les  importantes  collections  de  plantes  ({u'il  a  recueillies 
en  Asie-Mineure  et  en  Grèce,  publie  en  ce  moment  un  intéressant  Exsk- 


688  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DR    FRANCE. 

cata  sous  le  nom  cV  fJerbarium  grœcum  normale,  dont  le  but  principal  est 
de  répandre  dans  les  herbiers  les  types  des  plantes  figurées  ou  décrites  dans 
le  Floi^a  (jrœca  de  Siblhorp  et  Smith,  dans  la  Flore  du  Féloponèse  de  Boiy 
et  Chaubard  ,  dans  les  Diagnoses  plantarian  orienlaliwn  de  M.  Bois- 
sier,  etc.  La  publication  comprend  déjà  six  centuries,  qui  se  font  lemarqiier 
non-seulement  par  le  choix  des  espèces  et  la  beauté  des  échantillons,  mais 
encore  par  le  soin  avec  lequel  sont  dressées  les  étiquettes  munies  de  nu- 
méros d'ordre  et  indiquant  avec  exactitude  tous  les  synonymes  importants. 
L'auteur  de  V Herbarium  grœcum  normale  s'occupe  toujours  activement  de 
poursuivre  son  œuvre,  et  cette  année  une  nouvelle  exploration  du  mont  Par- 
nasse et  du  mont  Valachi  (Thymphreste  des  anciens)  enrichira  les  pro- 
chaines centuries  d'un  grand  nombre  d'espèces  intéressantes. 

Le  prix  de  V Herbarium  grœcum  normale  est  de  25  francs  par  centurie. 

M.  de  Heldreich  offre  également  aux  botanistes  une  centurie  de  plantes 
rares  de  la  Basse-Egypte  au  prix  de  28  francs. 

Le  représentant  de  M.  de  Heldreich,  h  Paris,  est  M.  Kralik,  rue  du 
Grand-Chantier,  12. 

BIBLIOGRAPHIE. 

Ifiotaiiisiolic  Zcituug. 

Articles  originaux  publiés  en  1857. 

Karsten  [H.].  —  Zur  Geschichte  der  Befruchtung  der  Algen  (Sur  l'histoire 

de  la  fécondation  des  Algues)  ;  n°  1,  2janv.,  col.  1-9. 
Treviranus  [L.-C).  —  Ktwas  den  Uebeizug  von  Sehuppen  bei  manchen 

Gewaechsen  Belreffende  (Quelques  mots  concernant  la  couche  d'écaillés 

qui  revêt  plusieurs  végétaux);  n"  2,  Ojanv.,  col.  17-22. 
Molli  [Hugo  von).  —  Untersuchungen  ûber  die  Knlstehungsweise  der  Tra- 

ganthgummi    (Becherches  sur  le  mode  de  production  de  la  gomme  adra- 

gante);n''  3,  16  janv.,col.   33-^.3. 
Berg  [0.].  —  Uebei'  die  Senegawurzel    (Sur  la  racine  de  Sénéga)  5  n"  6, 

23janv.,  col.  ^9-53,  plan.  I. 
Itzigsohn  [Hermann).  —  Vegetabilische  Zelle  und  Sexus,  eine  hypothetis- 

che  Andeutung  (Cellule  végétale  et  sexes,  explication  hypothétique)  ; 

w"  l\,  23  jaiiv.,  col.  53-56. 
Treviranus  [L.-C).   —  Utber  das  Agiahalid  des   Prospcr    Alpinus  (Sur 

l'Agiahalid  de  Prosper  Alpin)  ;  n°  5,  30  janv. ,  col.  65-67. 
SckleclUendal  [D.-F.-L.-V.).  —  Abnorme  Pflanzenbildungen  (Anomalies 

A'égétales)  ;  n°  5,  30  janv.,  col.  G7  70. 
Inaisch[Th.). —  Uebereinige  llanunculaceen  (Sur  quelques  Renonculacée.s); 

n"'  1  et  2,  6  et  13  fev.,  col.  81-87,  97-lOù,  plan.  IL 


Pmis,  —  Imimmerie  de  L.  Mabtinet,  rue   Mignon,  i. 


SOCIÉTÉ    BOTAINIQUE 

DE  FRANCE. 


SKANCH   DU    2(i    JUIN    1857. 

pniîsrDENCE  DE  i\r.  moquin-tandox. 

Reprise  de  la  session  ordinaire  à  Paris,  au  local  habiliiel  de  la 

Société. 

M.  Ducliartre,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
séance  du  22  mai,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  des  présentations  faites  à  Montpellier,  dans  la  séance  de 
clôture  de  la  session  extraordinaire,  M.  le  Président  proclame  l'ad- 
mission de  : 

MM.  Jamin  (Ferdinand),  horticulteur,  à  Bourg-la-Reine  (Seine),  pré. 
sente  par  MM.  Boisduval  et  Grœnland. 
Barrandon,  huissier  près  le  Tribunal  civil  de  Montpellier, 
présenté  par  MM.  Ed.  Caron  et  de  Schœnefeld. 

M.  le  Président  annonce  en  outre  trois  nouvelles  présentations. 

M.  le  Président  rappelle  à  la  Société  la  perte  douloureuse  qu'elle 
vient  de  faire  d'un  de  ses  membres  éminents,  qui  fut  l'un  de  ses  plus 
zélés  fondateurs,  M.  Graves,  directeur-général  de  l'administration 
des  forêts,  décédé  à  Paris  le  5  de  ce  mois.  —  M.  le  Président,  qui  a 
assisté  à  ses  funérailles  (1),  a  prononcé  sur  sa  tombe,  pour  exprimer 
les  regrets  de  la  Société,  les  paroles  suivantes  : 

La  Société  Botanique  de  France  vient  de  perdre,  dans  la  personne  de 
M.  Louis  Graves,  un  de  ses  membres  les  plus  distingués,  un  de  ses  conseil- 
lers les  plus  utiles.  M.  Graves  avait  contribué  puissamment  à  la  fonder. 

(i)  Un  grand  nombre  de  membres  de  la  Socio-lé  (liaient  alors  absents  de  Paiis, 
pour  prendre  part  à  la  session  extraordinaire,  de  Montpellier;  néanmoins  la  .'^ociolé 
a  été  représentée  dans  cette  triste  cérémonie  par  MM.  Moquin-'J'andon,  président  ; 
Puel,  vice-président;  Ducbartro,  secrétaire;  Maille,  Roussel,  \Veddell,  eic.  —  A 
la  séance  de  clôture  de  la  session  de  Montpellier,  un  hommau;e  a  été  rendu  à  la 
mémoire  de  M.  Graves  par  M.  le  comte  .laubert.  Voyez  le  Bulletin,  t.  IV,  p.  GGli. 
—  Voyez  aussi  Particle  nécrologique  sur  M.  Graves,  inséré  au  IJulleiin,  1.  IV,  p.  2J2. 

ï.    IV.  ^l-'i 


690  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Au  nom  de  ses  confrères,  devant  celte  tombe  encore  ouverte,  je  viens  dire 
à  notic  ami  un  éternel  adieu. 

M.  Graves  avait  suivi  la  double  carrière  de  l'administration  et  de  la 
science.  Sincèrement  attaché  à  ses  devoirs  et  homme  consciencieux  avant 
tout,  il  ne  permit  jamais  aux  occupations  entraînantes  de  ses  loisirs  d'em- 
piéter sur  les  travaux  quotidiens  de  son  service.  iMais,  plein  d'ardeur  dans 
ses  recherches  d'érudition  ou  d'observation,  il  leur  donnait  ses  matinées,  ses 
veilles,  ses  dimanches.  Il  oubliait  malheureusement  l'alternance  si  sa- 
lutaire du  repos  et  du  travail,  et  cet  oubli  devait  avoir  les  plus  funestes  con- 
séquences ! 

Géologue  et  ])otaniste  tour  à  tour,  notre  infatigable  ami  variait  avec  une 
merveilleuse  facilité  les  sujets  de  ses  études. 

Cependant  la  science  des  végétaux,  surtout  dans  ces  dernières  années, 
paraissait  fixer  plus  particulièrement  son  attention.  Il  avait  formé  une  collec- 
tion de  plantes  très  riche,  déjà  distinguée  parmi  celles  qui  existent  en  France; 
il  achevait  à  peine  la  publication  d'un  ouvrage  considérable  sur  la  flore  de 
sou  département;  enfin  il  travaillait  avec  ardeur  à  une  revue  générale  de 
l'importante  famille  des  Fougères,  lorsque  la  mort  est  venue  interrompre 
ses  travaux. 

JNos  confrères  n'oublieront  jamais  lesconnaissances  étendues  de  M.  Graves, 
la  sûreté  de  son  coup-d'œil,  l'impartialité  de  ses  appréciations,  la  modestie 
de  son  langage  et  sou  obligeance  à  toute  épreuve.  Esprit  juste  et  solide, 
cœur  bienveillant  et  affectueux,  M.  Graves  devait  avoir  des  amis  nombreux 
et  dévoués. 

C'était  un  homme  de  bien,  dans  toute  la  vérité  de  l'expression.  Il  est  allé 

recevoir  sa  récompense  et  il  doit  être  heureux Pensées  consolantes,  au 

milieu  de  la  douleur  qui  nous  accable!.. 

Dons  faits  à  la  Société: 

1°  De  la  part  de  M.  Ch.  Naudin  : 

Nouvelles  recherches  sur  les  caractères  spécifiques  et  les  variétés  des 
plantes  du  genre  Cucurbita. 

2"  De  la  part  de  M.  Ricard,  de  Monlpellicr  : 

Mémoires  de  la  section  de  médecine  de  l'Académie  des  sciences  de 
Montpellier,  livraison  de  1853  {contenant  le  Floi'ula  Juvenalis  de 
M.  Godron). 

3"  De  la  part  de  M.  Verlot,  de  Grenoble  : 

Catalogue  des  plantes  cultivées  au  Jardin  botanique  de  la  ville  de  Gre- 
noble en  18  50. 


• 


.  SÉANCE    DU    26    JLIN    18Ô7.  ()91 

û"  Do  la  pari  de  M.  Eltore  Cœli  : 
Notice  nécrologique  sur  M.  Giovanni  de  Brignoli  di  Drunnhuff. 

5"  Mémoires  de  la  Société  académique  d'Angers,  n"  1. 
Ilevue  des  Sociétés  savantes,  jauvier  1857. 

6»  En  échatigo  du  Bulletin  de  la  Société  : 

Journal  de  la  Société  impériale  et  centrale  d'horticulture,  numéros 

d'avril  et  mai  1857. 
L'/tn^litut,  mai  et  juin  1857,  cinq  numéros. 

M.  de  Schœnefeld,  vice-secrétaire,  donne  lecture  de  la  commu- 
nication suivante  adressée  à  la  Société  : 

DU  BOIS  D'IF ,  CONSIDÉRÉ  COMME  OBJET  D'UN  COMMERCE  IMPORTANT  AU  XV  SIÈCLE, 
lai  m.  le  haron  de  9IKLICOCQ. 

(Lillo,  juin  1857.) 

De  nos  Jours,  rif  [Taxus  baccata  L.),  dont  l'illustre  Aug.-Pyr.  De 
Candolle  a  parlé  dans  sa  Physiologie  végétale  (1),  et  que  M.  Alph.  De 
Candolle  range  parmi  les  arbres  qui  occupent  la  circonférence  du  cercle 
arctique,  ou  au  moins  les  deux  tieis  (2),  n'est  plus  cultivé  que  comme 
arbre  d'agrément.  Il  est  vrai  que  M.  A.  Murray  nous  apprend  que  les 
sauvages  de  la  Californie  emploient  pour  leurs  arcs  le  bois  très  élastique 
du  Taxus  Lindleyana  A.  Murr.,  grand  arbre  dont  les  brancbes  sont  ex- 
trêmement longues  et  pendantes  (3). 

J'étais  loin  de  penser  que  les  sauvages  ci-dessus  mentionnés  eussent  em- 
prunté cet  usage  à  notre  vieille  Kurope,  et,  toutefois,  les  registres  de  la  re- 
cette générale  des  ducs  de  Bourgogne,  conservés  aujourd'hui  aux  archives 
générales  du  Nord,  nous  font  connaitie  que  les  arcs  et  les  arbalètes  que  les 
dues  de  Bourgogne  fournissaient  à  leurs  arbalétiiers  et  à  leurs  archers,  si 
nombreux  alors  dans  les  armées,  étaient  de  bois  d'If,  amené  à  grands  frais 
de  la  Roumélie  et  du  Portugal. 

Qu'il  nous  suffise  d'emprunter  à  ces  curieux  recueils  quelques  cita- 
tions. 

En  1430,  le  comptable  nous  apprend  qu'une  douzaine  d'arcs  de  bois  de 
Bommenic  et  de  Prusse,  a  coûté  xiiii  s.  En  Mi'ih,  il  nous  dit  qu'une  ar- 
balète ù'ist,  garnie  de  signolks,  a  été  payée  l  s.  Entrant,  l'année  suivante, 

(1)  t^agelOOl. 

(2)  Géographie  botanique,  p.  ô30. 

(3)  Bulletin  de  la  Société  Botanique  de  France,  l.  If,  p.  20/i. 


692  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE   FRANGE. 

dans  de  plus  amples  détails,  il  nous  déclare    qu'il   a  fait   venir  pour  les 
troupes  du  duc  cccccxxv  basions  de  Rommenie,  à  xviii  d.  pièce. 

Il  est  inutile  de  répéter  ici  les  dépenses  portées ,  chaque  année , 
en  compte  à  ce  sujet  :  qu'il  nous  suffise  de  faire  remarquer  que,  en 
IhWx,  unze  cens  quartiers  de  bois  d'If  de  Rommenie,  pour  faii-e  arcs  à 
main,  reviennent,  a  raison  de  xxviu  1.  nit  s.  le  cent,  à  cccx  1.  un  s.; 
((ue,  trois  ans  après,  le  duc  fait  venir  des  pays  de  pardeça  v  m.  quartiers 
de  bois  d'If,  pour  faire  arcs  à  main  ;  qu'en  \UhS^  enfin,  le  roi  de  Portugal 
lui  en  envole  ini  m.  tx  c,  quartiers  (1).  —  Les  flèches  de  guerre  de  la 
grande  sorte  et  de  fjois  mit,  de  neuf  palmes  de  long,  chirées  à  la  main 
et  enipenées,  coûtaient  nu  s.  vi  d.  la  douzaine. 

M.  Haillon  fait  à  la  Société  la  conimuiiication  suivanle  : 

1»E  L'UERMAPHRODITISME  ACCIDENTEL  CHEZ  LES  EUPHORBIACÉES,  par  M.  II.  B/%ILLO^. 

Les  expériences  entreprises  dans  le  but  d'élucider  les  questions  de  fécon- 
dation demandent  de  grandes  précautions,  lorsqu'on  opère  sui-  des  fleurs  de 
très  petites  dimensions.  Une  cause  d'erreur  sur  laquelle  on  a  souvent  in- 
sisté est  la  monœcie  accidentelle.  Fréquemment,  sur  un  pied  femelle,  on 
voit  apparaître  une  ou  plusieurs  fleurs  mâles;  j'ai  eu  occasion  d'en  signaler 
à  la  Société  des  exemples  assez  inattendus.  ,!e  l'entretiendrai  aujourd'liui 
d'une  autre  cause  d'erreur,  contre  laquelle  il  est  plus  difficile,  en  géné- 
ral, de  se  mettre  en  garde;  il  s'agit  de  l'hermaphroditisme  accidentel  chez 
des  plantes  à  fleurs  monoïques  ou  dioïques.  .l'en  ai  observé  bien  des  cas 
chez  les  Kuphorhiacées,  qui  m'occupent  spécialement  pour  le  moment,  et 
je  puis  dire  qu'il  n'y  a  guère  uu  type,  dans  cette  intéressante  famille,  qui 
n'en  ait  présenté  un  ou  plusieurs  exemples. 

11  ulait  d'abord  naturel  d'étudier  attentivement  la  fleur  femelle  des  Ku- 
phorhiacées qui  possèdent  des  staminodes  au  pied  du  gynécée.  Parfois  de 
petites  glandes  ont  été  prises  pour  uu  disque  hypogyne,  (|ui  n'étaient  en 
réalité  que  des  élamines  non  développées.  Le  Crozophora  tinctoria  est  dans 
ce  cas.  Cinq  étamines  apparaissent  sur  son  réceptacle,  après  les  pétales  et 
dans  leur  intervalle  5  elles  demeurent  à  l'état  de  staminodes  et  ressemblent 
à  un  disque  glanduleux.  Mais  il  peut  arriver  qu'elles  prennent  un  dévelop- 
pement anormal  et  l'on  a  alors  une  véritable  anthère  contenant  du  pollen, 
implantée  à  la  base  de  l'ovaire,  comme  j'en  ai  rencontré  et  figuré  des 
exenq)les. 

Il  faudra  donc  se  prémunir  avec  grand  soin  contre  cette  cause  d'illusions, 
si  l'on  veut  faire  des  expériences  concluantes  a  l'aide  du  Crozophora. 
Celies-ci  semblent  très  faciles  au  premier  abord  ;  une  grappe  assez  allon- 

(1)  Voy.  M.  lecoinlc  de  La  F>orde,  Le&  ducs  de  Bonrcjognt\  t.  T,  p.  .'392. 


#  SÉANCE  DU  26  jiiN  1857.  693 

gée  porte  à  sa  base  qiu'lques  fleurs  femelles;  le  sommet  en  est  occup;' par 
des  mâles.  Celui-ci  une  Ibis  enlevé,  on  pourrait  croire  qu'où  n'aura  plus 
affaire  qu'à  des  pistils,  niais  une  étamine  peut  demeurer  caeliée  par  le  pc- 
rianthede  la  fleur  i'emelle. 

Dans  la  fleur  précédente,  on  pouvait  en  ([uelque  façon  s'attendre  à  ren- 
contrer lot  ou  tard  une  étamine  fertile  à  la  base  du  pistil  -,  on  ne  s'y  atten- 
drait guère  dans  les  fleurs  o\i  l'on  sait  que  les  organes  glanduleux  qui  en- 
tourent le  gynécée  sont  réellement  des  expansions  tardives  de  l'axe  et 
n'appartiennent  pas  à  l'androcée,  où  il  n'y  a  pas,  en  un  mot,  de  staminodes. 
Aussi  a-t-on  pu  accueillir  avec  doute  les  assertions  de  Jacquin  et  de  î'\)i- 
ster,  qui  ont  vu  des  fleurs  d'Euphorbiacées  berraaphrodites  dans  la  section 
des  Phyllantbées.  (j'est  ainsi  que  Forster  a  décrit  un  Brei/nia  comme  pou- 
vant avoir  des  fleurs  iniisexuées  ou  hermaphrodites;  que  .lacquin  a  non- 
seulement  décrit,  mais  encore  représenté  un  (^cca,  son  PhijUanthm  longi- 
folius,  avec  des  fleurs  polygames.  Les  observations  que  j'ai  eu  l'occasion  de 
faire  me  portent  à  admettre  complètement  ces  faits;  ils  sont  loin  d'élre 
rares. 

La  fleur  femelle  du  Ricin  n'a  aucun  appendice  à  la  base  de  son  pistil  ;  la 
Heur  mâle  n'a  normalement  aucun  vestige  de  gynécée.  Cependant,  je  pré- 
sente ici  quatre  fleurs  de  Ricin,  recueillies  dans  l'école  de  botanique  du 
Muséum,  qui  ont,  avec  une  cinquantaine  d'anthères  parfaitement  dévelop- 
pées, un  pistil  central  à  trois  loges  contenant  chacune  une  foraine  déjà 
fécondée  et  en  voie  de  maturation.  J'ajouterai  que  ces  fleurs,  recueillies  en 
1856,  n'étaient  pas  une  rareté  ;  il  y  en  avait  une  quarantaine  sur  un 
même  pied  ;  d'autres  personnes  ont  pu  en  recueillir.  Toutes  ont  remarqué 
qu'il  fallait  quelque  attention  pour  distinguer  ces  fleurs  hermaphrodites  des 
fleurs  mâles  qui  les  entouraient. 

Il  n'y  a  pas  normalement  de  staminodes  dans  le  Conceveiba  macrophylla 
Kl.,  que  le  Muséum  a  reçu  de  l'herbier  de  Berlin.  Cependant,  sur  cet  échan- 
tillon en  assez  mauvais  état,  où  il  ne  reste  que  quelques  fleurs  femelles,  en 
voici  une  qui  porte  au  pied  de  son  ovaire  une  anthère  parfaitement  déve- 
loppée. J'en  dirai  autant  d'un  échantillon  â' Aparisthmiwn  provenant  de 
l'herbier  de  Labillardière.  Beaucoup  de  fleurs  y  sont  hermaphrodites,  celle- 
ci  avec  une  étamine,  celle-là  avec  deux;  il  n'y  en  a  que  trois  ou  quatre 
dans  la  fleur  mâle  normale  (herb.  Delessert). 

L'herbier  du  Muséum  possède  deux  échantillons  du  Cluijtia  semperflo- 
rem  Roxb.,  envoyés  par  Wallich  lui-même  (Coll.  Bonite  n°  501).  Les  fleurs 
femelles  y  sont  peu  nombreuses,  deux  ou  trois  sont  hermaphrodites.  L'une 
d'entre  elles  a  six  sépales,  un  ovaire  à  deux  loges,  et  entre  ces  loges  une 
étamine  hypogyne  à  anthère  pleine  de  pollen.  Une  autre,  au  lieu  de  six 
divisions  au  calice,  n'en  a  que  trois,  les  trois  extérieures  ;  les  intérieures 
sont  remplacées  par  trois  étamines  parfaitement  développées  et  dont  per- 


OQ/i  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    l)K    FK.VNCÊ.  |P 

sonne  cependant  n'aurait  pu  soupeonnci-  l'existence   sans  une  dissection 

attentive. 

C'est  aussi  un  caractère  des  vrais  >Vo^//<?m  d'avoir  un  ovaire  parfaite- 
ment nu  à  la  base  ;  normalement  il  n'y  a  trace  ni  de  glandes,  ni  de  stami- 
nodes.  Dans  une  espèce  que  je  ne  crois  pas  décrite  et  qui  a  été  rapportée 
de  la  Nouvelle-llollaiide  par  IM.  Leiciiard,  j'ai  trouvé  et  j'ai  fait  repré- 
senter une  fleur  femelle  qui  a  autour  de  son  ovaire  une  trentaine  d'éta- 
mines,  dont  les  anthères   sont  pleines  de  pollen  et  en  ont  répandu   une 

partie. 

Le  fait  suivant  appartient  à  une  fleur  de  Mercurialis  annua  qui  est 
entre  mes  mains.  C'est  une  fleur  femelle  à  pistil  bien  développé,  à  la  base 
duquel  il  y  a  sept  ou  huit  étamines  ;  elles  sont  toutes  fertiles.  Leur  pollen 
a  été  examiné  à  l'état  frais  ;  il  était  normal,  entièrement  formé.  Je  signa- 
lerai ici,  en  passant,  un  fait  assez  probant  :  cette  fleur,  outre  ses  étamines, 
contient  les  deux  grands  filets  cellulaires  qu'on  a  jusqu'ici  regardés  comme 
des  staminodes  et  qui  ne  sont,  en  réalité,  qu'un  disque  glanduleux  déforme 
assez  particulière.  Avec  un  développement  d'anthères  anormal,  on  en  aurait 
sans  doute  trouvé  au  sommet  de  ces  organes,  s'ils  eussent  appartenu  à 
l'androcée;  ils  n'en  portent  pas  trace.  Ainsi  les  Mercuriales  qui,  naturelle- 
ment dioïques,  peuvent  être  et  sont  souvent  monoïques,  sont  encore  parfois 
hermaphrodites,  et  l'examen  de  la  fleur  que  je  possède  suffit  pour  démon- 
trer ([u'il  est  impossible  d'en  voir  les  étamines,  si  elle  n'est  séparée  de  la 
plante  et  placée  sous  la  loupe  montée,  pour  être  analysée  avec  soin. 

Après  l'exposé  de  ces  faits,  qui  me  semblent  significatifs,  il  ne  me  parait 
pas  inutile  de  dire  quelques  mots  de  la  forme  et  de  la  direction  de  ces  éta- 
mines anormales,  pour  les  personnes  qui  attachent  aces  caractères  quelque 
importance.  Un  fait  général,  qui  frappera  tous  ceux  qui  se  livreront  à 
ces  observations,  c'est  que  les  anthères  anormales  dont  il  s'agit  présentent 
rarement  la  forme  des  anthères  normales.  Ainsi,  dans  le  Ricin,  les  anthères 
sont  naturellementextrorses  ;  dans  les  Ricins  hermaphrodites  que  j'ai  étudiés, 
elles  sont  tournées  tantôt  en  dedans,  tantôt  en  dehors.  J'en  ai  fait  représenter 
une  qui  n'a  qu'une  loge,  ((uand  elle  devrait  en  avoir  deux  ;  une  autre,  qui  ap- 
partient à  la  même  fleur,  a  deux  loges  au  delà  desquelles  le  connectif  se  pro- 
longe en  une  lanière  velue  qui  a  bien  douze  ou  quinze  fois  la  longueur  de 
l'anthère  elle-même,  bien  que,  dans  l'état  normal,  le  connectif  ne  dépasse 
guère  le  sommet  des  deux  loges. 

])ans  le  Cluytia  semperjlorens,  les  anthères  sont  extrorses  quand  elles 
émettent  leur  pollen,  mais  dans  leur  jeune  âge  elles  sont  au  contraire  in- 
trorses.  Les  anthères  anormales  que  j'ai  sous  les  yeux  sont  déjà  ouvertes; 
elles  so)it  introrses.  Les  anthères  normales  ont  un  connectif  légèrement 
apiculé  ;  là  où  est  cette  saillie  dans  ra\ulrocée  naturel,  je  trouve  .sur  une 
petite  étaminc,  d'ailleurs  bien  développée,  une  dépression  assez  marquée. 


SÉANCE  DU  26  JUIN  1857.  695 

Toutes  les  anthères  uormales  du  Ilottkra  de  M.  Leichard  sont  introrses  ; 
elles  ont  un  connectif  aigu,  presque  aussi  long  que  l'anthère  elle-même. 
La  présenee  de  cette  pointe  est  un  caractère  dont  on  a  même  tiré  parli,  dans 
ces  derniers  temps,  pour  Ci'éer  dans  le  genre  une  section  spéciale.  Le  carac- 
tère a  disparu  dans  la  fleur  hermaphrodite  que  j'ai  fait  graver.  Là,  au  con- 
traire, toutes  les  loges  dépassent  de  heaucoup  leur  connectif  qui  est  obtus; 
de  plus,"  ces  loges  sont  tournées  en  dehors,  leur  ligne  de  déhiscence  regarde 
les  divisions  du  calice. 

Dans  la  Mercuriale  hermaphrodite,  les  anthères  sont  généralement  à 
deux  loges,  mais  il  peut  n'y  en  avoir  qu'une,  et  l'insertion  de  cette  loge  sur 
le  filet  peut  différer  de  l'insertion  normale. 

J'avais  depuis  quelque  temps  réuni  ces  faits,  quand,  en  étudiant  les 
fleurs  femelles  du  Cœlebogijne  itkifolia  qui  vient  de  fleurir  dans  les  serres 
du  Muséum,  j'ai  rencontré  dans  l'une  d'elles  un  organe  queje  mets  sous  les 
yeux  des  membres  de  la  Société,  et  que  je  pense,  sans  pouvoir  l'affirmer, 
être  une  étamine  anormalement  développée  dans  l'intérieur  de  la  fleur  fe- 
melle. Cette  fleur  avait  un  calice  à  six  divisions,  dont  trois  extérieures  et 
trois  intérieures  alternant  avec  les  premières.  Au  centre  se  trouvait  un 
pistil  bien  développé,  avec  un  ovule  dans  chacune  de  ses  trois  loges.  Au 
pied  de  ce  pistil  était  cet  organe,  dont  la  forme  est  celle-ci  :  un  pédicelle 
grêle,  étroit,  s'élargissant  ensuite  pour  supporter  deux  corps  arrondis  dont 
l'ensemble  constituerait  pour  moi  une  anthère  cordiforrae  ;  sur  les  bords  se 
voit  un  sillon  longitudinal  qui  occupe  toute  la  hauteur  de  ces  lobes  latéraux, 
et  du  sommet  de  l'intervalle  qui  les  sépare  s'élève  une  petite  bandelette 
étroite,  assez  longue,  couverte  de  petits  poils  simples.  La  position  latérale 
des  deux  corps  que  j'incline  à  regarder  comme  des  loges,  les  fait  ressembler 
beaucoup  aux  glandes  que  l'on  trouve  à  la  base  de  quelques-uns  des  sé- 
pales et  des  bractées  de  l'inflorescence,  et  pourrait  faire  penser  que  l'on  a 
affaire  ici  à  un  sépale  place  au  pied  de  l'ovaire,  plus  intérieur  et  beaucoup 
plus  petit  que  les  sépales  normaux.  Je  ne  le  pense  pas,  parce  que  ces  glandes 
latérales  n'ont  pas,  comme  les  lobes  de  cet  organe,  un  sillon  longitudinal 
sur  toute  leur  hauteur;  parce  que  les  glandes  des  bractées  n'ont  pas  l'aspect 
finement  mamelonné  de  ces  lobes  latéraux  ;  parce  que  les  glandes  des 
bractées  ne  sont  pas  encore  développées  sur  ces  bractées,  quand  celles-ci 
n'ont  que  la  taille  du  corps  queje  présente  à  la  Société;  et  parce  que  l'on 
ne  peut  faire  sortir  de  ces  glandes  latérales  les  corpuscules  que  la  pression 
a  tirés  de  ce  qui  représenterait  les  loges  de  l'anthère.  On  ne  peut  cependant 
affirmer  que  ceux-ci  soient  des  grains  polliniques;  s'il  s'agit  d'une  éta- 
mine, elle  est  encore  peu  développée. 

3L  Ducharlre  est  d'avis  (jac  l'observalioii  laite  par  3L  Bâillon 
semble  mettre  sur  la  voie  de  la  solution  de  la  ililliculté  présentée  par 


69()  SOCIÉTÉ    BOTANIQUK    DH    FRANCK.  ^ 

le  Cœkbogyne,^  mais  ne  la  résont  pas  complètement.  Il  rappelle  que 
M.  Raillkorer,  qui  a  examiné  celte  plante  avec  grand  soin,  n'a  trouvé 
aucune  trace  de  boyau  pollinique  dans  des  ovules  dont  l'embryon 
était  (Ml  voie  de  développement. 

M.  Ijaillon  fuit  remarquer  (ju'à  Paris  du  moins,  les  Ileurs  du  Cœle- 
bogi/ne  ne  sont  pas  fertiles.  Elles  tombent  peu  de  temps  après 
l'anllièse. 

]\1.  Chatin  rappelle  que  lorsque,  en  décembre  dernier,  on  a  dis- 
cuté dans  le  sein  de  la  Société  la  ([uestion  de  la  parlliénogénésie,  il 
a  pris  la  parole  pour  constater  que  le  Cœlebogyne  était  le  seul 
exemple  avéré  de  développement  d'embryon  végétal  sans  fécondation  ; 
car,  dans  toutes  les  autres  plantes  dioïques,  on  a  trouvé  des  étamines 
sur  les  pieds  femelles  qui  semblaient  fructifier  sans  le  concours  du 
mâle.  Aujourd'bui  la  découverte  d'une  étamine  cliez  le  Cœlebogyne 
ferait  tomber  le  seul  exemple  qui  milite  en  faveur  de  la  parlhénogé- 
nésie.  M,  Chatin  ne  pense  pas  que  l'observation  de  M.  Radlkofer  soit 
concluante,  car  un  embryon  peut  se  développer  jusqu'à  un  certain 
point  sans  que  l'on  puisse  constater  la  présence  de  boyaux  polli- 
niques. 

M.  Germain  de  Saint-Pierre  fait  remarquer  qu'il  est  des  fruits, 
tels  que  les  poires  par  exemple,  qui  peuvent  mûrir  en  apparence 
sans  avoir  été  fécondés  et  sans  contenir  de  graines  fertiles. 

M.  Cosson  ajoute  que  les  Salir,  hippophaëfolia  et  imdulata,  qui 
ne  sont  représentés  aux  environs  de  Paris  que  par  des  individus 
femelles,  développent  d'abord  leurs  ovaires  de  la  même  manière 
que  s'ils  avaient  été  fécondés,  mais  qu'après  avoir  acquis  le  volume 
à  peu  près  normal  ces  ovaires  ne  tardent  pas  à  se  flétrir  et  à  tomber. 

M.  3Iûquin-Tandon  dit  que  pendant  deux  ans  il  a  séquestré  des 
pieds  femelles  d'Epinard.  Deux  ou  trois  fois  il  a  obtenu  des  fruits, 
mais  un(î  observation  attentive  lui  a  fait  découvrir  sur  ces  pieds  fe- 
melles (juelques  étamines;  plusieurs  Heurs  étaient  ainsi  devenues 
bermaphrodites.  Comme  exemple  d'un  phénomène  inverse,  3L  Mo- 
quin-Tandon  cite  le  Blitiim  Bonus  Henricus ,  dont  les  fleurs 
supérieures  deviennent  fréquemment  femelles  par  suite  de  l'avorte- 
ment  des  étamines. 

M.  Germain  de  Saint-Pierre  fait  à  la  Société  la  communication 
suivant»'  : 


sÉANCK  DU  56  ivis  1857.  697 

GËI'.MINATION   DU    DIOSCOHEA   BATATAS   COMPARER   A    CELLE    DU     TA.MIJS    COMMIJNIS    ET 
DK  VASl'ARAGUS  OFl'ICmALIS,  par  M.  K.  4;f:iSiraitlI\  IHi  $»AII\T-l*IF:itKI;;. 

.l'ai  eu  riionneur  de  présenter  à  la  Société  (séance  du  22  février  1856) 
une  étude  sur  le  mode  de  végétation  du  Dioscorea  Batatas  (1).  Le  but  de  cette 
étude  était  de  déterminer  la  nature  de  la  partie  souterraine  et  cliarnue  de 
celte  plante.  Je  crois  avoir  démontré  que  cette  partie  n'est  point,  comme  ou 
l'avait  pensé,  une  tige  souterraine  ou  rhizome,  mais  une  véritable  racine. 
Il  manquait  à  cette  étude  l'examen  de  la  plante  à  l'époque  de  I<i  germina- 
tion ;  je  suis  heureux  de  me  trouver  aujourd'hui  en  mesure  de  remplir  cette 
lacune. 

M.  Hardy,  directeur  de  la  pépinière  centrale  du  gouvernement ,  à 
Alger,  a  eu  l'obligeance  de  partager  avec  moi  et  de  m'envoyer  quelques 
graines  qu'il  avait  obtenues  du  seul  pied  femelle  de  Dioscorea  qui  fût 
coiuiu  dans  nos  cultures  d'Europe  ou  d'Afrique.  Deux  de  ces  graines  ont 
germé  dans  mou  jardin  (au  Bessay,  Nièvre),  pendant  le  mois  d'août  1856, 
et  j'ai  pu  suivre  le  développement  de  cette  intéressante  germination.  Mal- 
heui-eusement  les  jeunes  plantes,  retirées  plusieurs  fois  de  la  terre  pour  être 
examinées,  ont  péii  malgré  mes  soins,  avant  d'avoir  atteint  le  développe- 
ment qui  correspond  à  la  période  de  la  première  année  de  végétation. 

.l'ai  dit  que  dans  le  Dioscorea  Batatas,  comme  dans  le  Tanius  cotnmunis, 
la  partie  souterraine  charnue  est  une  véritable  racine,  mais  je  n'ai  pas  assez 
insisté  sur  les  l'apports  et  les  dissemblances  qui  existent  entre  les  curieux 
modes  de  végétation  des  genres  Dioscorea  et  Tamus.  Je  vais  le  faire,  en 
considérant  les  plantes  à  partir  de  la  première  période  de  leur  germina- 
tion. 

Dans  le  Tamas  communis^  la  graine  est  globuleuse;  dans  le  Dioscorea 
Batatas,  elle  est  déprimée  et  entourée  d'une  aile  membraneuse  très  ample  ; 
les  relations  entre  le  périsperme  et  l'embryon  sont  à  peu  près  les  mêmes. 

Dans  le  Tamus,  la  feuille  cotylédonaire  (dont  le  limbe,  comme  chez  le 
Dioscorea^  reste  engagé  dans  le  périsperme)  se  prolonge  en  une  radicule 
courte,  qui  n'est  susceptible  ni  de  s'allonger,  ni  de  croître;  cette  radicule 
ne  tarde  pas  a  être  perforée  de  haut  en  bas  et  transformée  en  une  véritable 
colcorliize  par  une  seconde  racine  émise  par  la  seconde  feuille  ;  cette  seconde 
feuille  est  semblable,  par  sa  forme,  à  celles  qui  doivent  la  suivre;  elle 
est  pétioiée  et  terminée  par  un  limbe  foliacé.  La  racine  de  cette  feuille, 
qui  perfore  la  première  racine  et  en  fait  une  coléorhize,  est  de  forme  glo- 
buleuse, et  d'abord  du  volume  de  la  graine  elle-même  ;  en  grossissant 
elle  déchire  latéralement  la  coléorhize;  un  mois  plus  tard  elle  a  acquis  le 
volume  d'une  noisette  et  présente  déjà  la  forme  qu'elle  doit  conserver,  plus 

(1)  Voyez  le  BuUeliu,  t.  ill,  p.  108.  \; 


698  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE   DE   FRANCE. 

OU  moins,  pendant  toute  la  vie  de  la  plante.  Des  racines  filiformes  se  déve- 
loppent en  même  temps,  d'abord  au  niveau  du  collet,  puis  sur  tous  les  points 
de  la  racine  ovoïde  charnue. 

Dans  le  Dioscorea  Batatus,  la  racine  émise  par  la  feuille  cotylédonaire 
se  prolonge  elle-même  en  une  longue  fibre  filiforme  (comme  dans  le  genre 
Asparcujus,  dont  j'ai  suivi  également  la  germination);  cette  racine  primor- 
diale n'est  pas,  par  conséquent,  convertie  en  coléorhize.  La  deuxième  feuille 
(qui,  comme  dans  le  Tarniis,  est  une  feuille  foliacée)  se  prolonge  eu  une 
racine  qui  se  fraie  obliquement  un  passage,  en  déchirant  latéralement  la 
gaine  de  la  feuille  cotylédonaire  qui  lui  constitue  une  fausse  coléorhize.  — 
Dans  le  genre  Asparagus,  la  gaîne  de  la  feuille  cotylédonaire  renferme  un 
bourgeon  composé  de  plusieurs  feuilles  squamiforraes  qui  sont  bientôt  sé- 
parées entre  elles  par  des  entre-nœuds  allongés  :  des  racines  secondaires 
naissent  à  la  base  de  la  racine  primordiale,  et  il  n'existe  ni  vraie  ni  fausse 
coléorhize. 

Dans  le  Tamus  communis  et  dans  le  Dioscorea  Batatas,  la  racine  ou  les 
racirics  principales  sont  charnues  et  ont  une  tendance  à  se  terminer  par 
une  extrémité  obtuse  ou  renflée  ;  elles  sont  garnies  de  fibres  radicales  fili- 
formes. (Dans  le  genre  Asparagus  toutes  les  racines  sont  insensiblement 
terminées  en  pointe  effilée,  et  n'ont  aucune  tendance  à  se  renfler  à  l'ex- 
trémité.) 

La  racine  charnue  du  Tamus  communis  \ege\e  et  grossit  lentement  et  in- 
définiment, et  dure  aussi  longtemps  que  la  plante  elle-même,  c'est-à-dire 
un  nombre  d'années  indéterminé,  comme  chez  les  autres  végétaux  à  ra- 
cine pivotante  vivace.  Cette  racine,  d'abord  ovoïde,  devient  plus  ou  moins 
rameuse  ;  les  extrémités  de  ses  divisions,  qui  sont  presque  cylindriques, 
sont  plutôt  obtuses  que  renflées  en  massue.  Chaque  année  les  tiges  se  dé- 
truisent après  la  maturité  des  fruits,  et  sont  remplacées  Tannée  suivante  par 
des  tiges  nouvelles. 

La  racine  du  Dioscorea  Batatas  ne  dure  qu'une  année  :  cette  racine 
s'épuise  à  mesure  que  les  tiges  achèvent  de  mûrir  leurs  fruits,  et  meurt 
avec  les  tiges;  mais  une  ou  plusieurs  racines  latérales  nouvelles  se  sont 
développées  pendant  le  cours  de  la  même  année,  et  le  développement 
de  ces  racines  est  tellement  rapide  que  leur  volume  est  plus  considérable 
que  celui  de  la  racine  précédente.  La  racine  et  ses  divisions  sont  souvent 
renflées  en  massue  ;  quelquefois  elles  sont  cylindriques,  obtuses.  Cette 
racine  ne  reste  adhérente  à  aucun  fragment  vivant  du  collet  de  la 
tige  détruite  :  c'est  vers  sa  partie  supérieure,  dans  le  voisinage  de  la  cica- 
trice de  la  tige  détruite,  que  naissent  des  bourgeons  adventifs  qui  produisent 
les  tiges  de  l'année  suivante. 

La  partie  souterraine  charnue,  dans  le  7'«»m.s  comme  dans  le  Dioscorea, 
est  donc  un?  racine;  mais  la  racine  du  Tamus  est  vivace  et  sa  croissance 


SÉANCE  DU  26   JUIN   1857.  099 

est  lente,  tandis  (luc  la  racine  du  Dioscorea  est  annuelle  ou,  pour  parler 
plus  exactement,  monocarpienne  (puisque,  née  une  première  année,  elle  ne 
s'épuise  que  l'année  suivante  avec  la  tige  qu'elle  a  produite),  et  son  renou- 
vellement est  rapide.  —  Dans  le  Tamus,  c'est  la  même  racine  qui  végète 
indéliniment  ;  dans  le  Dioscorea,  ce  sont  des  générations  de  racines, 
émettant  des  bourgeons  adventifs,  qui  se  succèdent  ;  ces  racines  succes- 
sives ne  sont  pas  des  divisions  les  unes  des  autres,  elles  naissent  chaque 
année  de  la  base  de  la  tige  avant  sa  destruction  :  ce  sont  des  racines 
adventives.  —  Si  le  Dioscorea  Batatas  cultivé  demande  plusieurs  années 
de  culture  pour  fournir  des  racines  assez  volumineuses  pour  la  con- 
sommation, ce  n'est  donc  pas  parce  que  ses  racines  grossissent  pendant 
ce  laps  de  temps,  mais  parce  qu'elles  sont  remplacées  chaque  année  par 
des  racines  de  plus  en  plus  volumineuses  ;  la  racine  de  l'année  précédente 
se  vide  et  se  détruit  en  quelque  sorte  au  profit  de  la  racine  nouvelle. 

Enfin,  le  Tamus  présente,  lors  de  sa  germination,  une  véritable  coléo- 
rhize  et  le  Dioscorea  n'offre  qu'une  fausse  coléorhize,  c'est-à-dire  que  chez 
le  premier  la  racine  cotyiédonaire  est  perforée  et  convertie  en  gaine,  et  que 
chez  le  second  elle  s'allonge  en  véritable  racine.  Cette  différence  essen- 
tielle dans  la  structure  de  la  racine  primordiale  ne  me  parait  pas  liée 
d'une  manière  essentielle  avec  les  caractères  de  la  racine  pendant  les 
périodes  ultérieures  de  la  végétation.  Dans  la  famille  des  Graminées, 
par  exemple,  j'ai  démontré  que  le  Riz  [Oryza)  ne  présente  qu'une 
fausse  coléorhize  ;  que  la  plupart  des  genres  de  la  famille  offrent  au 
contraire  une  véritable  coléorhize  [Triticum,  Avena,  etc.)  ;  que  le  Maïs 
présente  une  véritable  coléorhize  et  de  plus  une  fausse  coléorhize;  et  que 
ces  différences  de  structure,  pendant  la  période  germinative,  ne  paraissent 
pas  influer  sur  le  mode  ultérieur  de  la  végétation,  puisque,  dans  les  espèces 
coléorhizées,  tous  les  modes  de  végétation  propres  à  la  famille  peuvent 
être  rencontrés. 

M.  Duchartre  rappelle  que,  dans  une  noie  publiée  clans  le  tome 
premier  (page  201)  du  Bulletin  de  la  Société,  il  avait  émis,  au  sujet 
des  tubercules  du  Dioscorea  Batatas,  une  opinion  semblable  à  celle 
que  M.  Germain  de  Saint-Pierre  vient  d'exposer. 

M.  Germain  de  Saint-Pierre  répond  qu'il  a  cru  devoir  donner  les 
détails  qui  précèdent,  parce  que,  dans  des  travaux  récents,  il  a  vu 
encore  la  racine  du  Dioscorea  Batatas  considérée  comme  un  rhi- 
zome ou  un  tubercule. 

M.  Duchartre  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 


700  SOCIÉTÉ   BOTAiMQUE   DE   FKANCE. 

NOTE  SUR  LA  VITALITÉ  DES  PAHTIE5  SOUTERRAINES  DU  DIOSCOREÀ  BATATAS  Dci\e, 

par  M.  P.  DLiUAKTRE. 

Le  1"  juillet  1856,  M.  Fr.  Delessert  reçut  d'un  de  ses  correspondants  de 
Shanghaï,  en  Chine,  un  envoi  considérable  de  tubercules  qui  paraissent 
avoir  dans  ce  pays  une  haute  importance  comme  aliments.  Une  portion  de 
cet  envoi  consistait  en  tubercules  ou,  plus  exactement,  en  tronçons  de  tu- 
bercules d'Iguame-Patate,  auxquels  se  trouvaient  entremêlées  des  produc- 
tions particulières  qui  n'ont  pas  été  observées,  du  moins  à  ma  connaissance, 
sur  les  pieds  de  cette  plante  cultivés  en  France,  et  qui  constituaient  des 
rhizomes  longs  de  10  à  20  centimètres,  épais  au  plus  de  1  centimètre,  assez 
irréguliers  et  parfois  rameux.  M.  Delessert  eut  l'obligeance  de  me  donner 
un  de  ces  rhizomes  et  deux  fragments  de  tubercules  qui  n'avaient  guère  que 
25  à  27  millimètres  dans  leur  plus  grande  épaisseur.  J'essayai  sur  ces  frag- 
ments de  tubercules  une  expérience  qui  ne  réussit  pas.  Je  les  coupai  en 
morceaux,  de  longueurs  variées,  depuis  2  jusqu'à  8  et  10  centimètres,  que 
je  plantai,  le  7  juillet,  dans  une  plate-bande  de  terre  légère,  le  long  d'un  mur, 
à  l'exposition  du  sud  ,  malheureusement  sans  avoir  eu  la  précaution  d'en 
laisser  séclier  à  l'air  les  deux  sections.  Le  1"^  août,  j'examinai  tous  ces  pe- 
tits tronçons  et  je  ne  trouvai  plus  en  bon  état  que  les  U  qui  étaient  longs  de 
plusieurs  centimètres.  Ceux-ci  commençaient  a  végéter;  mais  l'arrachage 
et  l'examen  que  j'en  fis  suffirent  pour  arrêter  leur  végétation  à  son  début, 
car,  remis  en  terre  peu  de  temps  après,  ils  ne  donnèrent  aucune  production 
visible.  Aussi  ne  lurent-ils  plus  l'objet  d'aucune  attention  et  furent-ils 
laissés  en  terre  tout  Ihiver  sans  le  moindre  abri.  Cependant,  cette  année, 
au  mois  de  mai,  la  terre  qui  les  renfermait  ayant  été  labourée,  j'ai  été 
surpris  d'y  trouver  l'un  de  ces  morceaux  de  tubercules  parfaitement  sain 
et  en  aussi  bon  état  qu'au  moment  de  la  plantation.  J'ai  même  lieu  de 
croire  que  celui-là  n'était  pas  le  seul  qui  se  fût  conservé,  car  cette  observa- 
tion m'ayant  donné  l'éveil,  j'examinai  avec  attention  la  terre  de  la  plate-bande 
et  j'y  retrouvai  plusieurs  petits  nîorceaux  des  autres  fragments  que  l'outil 
avait  brisés  et  dont  le  tissu  était  également  en  très  bon  état. 

Ainsi,  ce  fragment  de  tubercule  d'Igname-Patate,  long  seulement  de 
8  centimètres,  tronqué  à  ses  deux  extrémités,  qui  provenait  nécessairement 
de  la  récolte  de  1855,  se  trouvait  encore  en  très  bon  état  au  moisde  mai  1857, 
bien  qu'il  fût  resté  dans  la  terre  sans  abri,  pendant  l'automne,  l'hiver  et  la 
moitié  du  printemps  derniers,  et  que  le  tubercule  auejuel  il  avait  appartenu 
fût  arrivé  de  Chine  par  la  longue  voie  du  Cap  de  Bonne-Espérance,  sim- 
plement enfermé  dans  un  tonneau  avec  de  la  terre. 

11  serait  difficile,  je  crois,  de  citer  des  exemples  d'une  si  longue  conserva- 
tion de  tubercules  féculents,  dans  des  conditions  pareilles. 

Un  fait  plus  curieux  encorf,  à  mon  avis,  est  celui  que  j'ai  observé  6Ui' le 


SKANCK   1)1'    '-^O   .ll'IN    1857.  701 

rhizome  dont  j'ai  pnrk'  plus  haut.  Celui-ci  formait  comme  un  fragment  de 
tige  un  peucliarnuc,  longue  d'environ  15  centimètroa,  d'une  épaisseur  a  peu 
près  égale  à  celle  du  petit  doigt,  un  peu  comprimée  latéralement,  llexueuse, 
tronquée  en  arrière,  intacte  en  avant,  divisée  presque  dès  sa  hase  en  deux 
branches  peu  inégales.  Je  me  proposais  d'en  étudier  la  structure  anatomique 
et,  dansée  hut,  Je  ne  le  mis  pas  en  terre,  mais  je  le  plaçai  simplement  sur 
une  tablette  dans  une  chambre.  D'autres  travaux  me  l'ayant  fait  oublier,  il 
est  resté  là  pendant  près  d'un  an.  Au  commencement  de  ce  mois,  le  hasard 
me  l'ayant  fait  remarquer,  J'ai  été  surpris  de  voir  à  l'exlrémilé  d'une  de 
ses  deux  branches,  un  petit  bourgeon  en  bon  état,  qui  paraissait  même 
disposé  à  s'ouvrir,  .le  l'ai  planté  peu  de  temps  après  et  bientôt  J'ai  vu  sortir 
déterre  une  tige  vigoureuse  qu'une  autre  a  suivie  peu  après  (1). 

Ainsi  r Igname-Patate,  outre  qu'elle  possède  une  remarquable  facilité  de 
multiplication  par  ses  tubercules  coupés  en  morceaux,  puisque  de  simples 
morceaux  longs  de  1  à  2  centimètres  donnent  de  nouveaux  pieds,  lorsqu'ils 
sont  traités  convenablement,  peut  conserver  encore ,  même  en  terre,  et 
pendant  deux  années,  la  vitalité  de  ses  tubercules,  plus  généralement  de 
ses  parties  souterraines.  Elle  l'emporte  donc,  sous  ce  rapport,  sur  la  géné- 
ralité de  nos  plantes  alimentaires  ù  tubercules,  notamment  sur  la  Pomme 
de  terre  et  la  Patate.  Il  est  permis  de  penser  que  ces  deux  facultés  avanta- 
geuses, jointes  à  la  facilité  avec  laquelle  ses  tubercules  se  conservent  d'une 
année  ta  l'autre  sans  pousser  ni  s'altérer,  la  rendront  doublement  précieuse, 
si  jamais  elle  prend  décidément,  dans  nos  pays,  le  rang  qui  semble  lui 
revenir  parmi  les  végétaux  cultivés  en  grand  pour  servir  à  l'alimentation. 

M.  Moqiiin-Tandon  dit  à  celle  occasion  que  quelques-uns  des  tu- 
bercules envoyés  dernièrement  à  la  Société  d'acclimatation  par  31.  de 
Monligny  ont  levé  au  jardin  de  la  Faculté  de  médecine  bien  qu'ils 
fussent  très  avariés.  Un  tubercule  à  cbair  rouge  a  produit  un  Bios- 
corea  qui  paraît  être  le  B.  alata. 

M.  de  Scbœnefeld  reproduit  l'annonce  faite  à  la  session  extraor- 
dinaire de  Monlpellier  par  M.  Durieu  de  Maisonneuve,  au  sujet  de  la 

(1)  Un  mois  seulemenl  après  la  plantation,  la  première  tige  s'élevait  à  l^.TO  de 
hauteur,  et  son  accroissement  s'opérait  avec  une  telle  rapidité,  qu'en  un  seul  jour, 
le  1l\  juin,  je  l'ai  vue  s'allonger  de  12  centimètres,  de  luiit  heures  du  matin  à  six 
heures  du  soir,  ce  (|ai  donne  un  accroissement  de  VI  millimètres  par  heure.  Dans 
le  cours  de  Pété,  il  s'est  produit  ainsi  un  pied  vigoureux,  analogue  à  ceux  qu'on 
ol)tient  liabituellenicnt  dans  les  jardins,  qui  s'est  beaucoup  ramifié  après  s'être 
élevé  à  plus  de  3  mètres  de  hauteur,  qui  a  produit  une  assez  grande  quantité  de 
Inilbilles  axillaires,  mais  qui  n'a  pas  fleuri.  {Note  communiquée  par  M.  Duchartre 
('«  moment  ilf  l'impression,  en  novembre  1857.) 


702  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

publication  du  Prodromiis  Lichenoyraphiœ  Galllœ  et  Algcriœ  de 
M.  Nylander. 

M.  de  Schœnefeld  présente  ensuite  à  la  Société  une  touffe  encore 
vivante  de  Corallorhiza  innata. 

Cette  Orchidée  fort  rare  a  été  trouvée  par  MM.  le  comte  Jauhert, 
Grœnland,  Vigineix  et  de  Schœnefeld,  le  21  de  ce  mois,  près  du  Villard- 
de-Lans  (Isère),  dans  uu  bois  de  sapins  où  elle  était  abondante.  Dans  le 
même  bois  se  trouvaient  aussi  les  Listera  cordata,  Goodyera  repens, 
Cypripedium  Calceolus,  Pyrola  minor,  secunda  et  imiflora,  et  l'on  y  ren- 
contre même,  dit-on,  dans  une  saison  plus  avancée  de  l'année,  V Epipogium 
Gmelini.  —  M.  de  Scliœnefeld  fait  remarquer,  autour  des  organes  sou- 
terrains du  Corallorhiza,  la  présence  d'un  mycélium  de  Champignon,  déjà 
constatée  par  M.  Prillieux  sur  les  racines  de  plusieurs  autres  plantes  de  la 
même  famille. 

M.  Cosson  ajoute  les  observations  suivantes  : 

Mon  ami  ]>!.  de  Schœnefeld  ayant  eu  l'obligeance  de  me  communiquer 
des  échantillons  vivants  du  Corallorhiza  innata,  je  me  suis  empressé,  avant 
de  les  soumettre  à  la  dessiccation,  d'en  étudier  les  fleurs,  que  les  auteurs 
paraissent  avoir  eu  rarement  l'occasion  d'examiner  sur  le  vivant;  et,  ayant 
été  à  même  de  constater  quelques  inexactitudes  dans  les  descriptions  qui  eu 
sont  données  par  plusieurs  auteurs  modernes  (1),  entre  autres  par  End- 
licher  [Gen.  plant,  n.  1339)  et  par  MM.  Grenier  et  Godron  {FI.  Fr.  HT, 
27^),  je  crois  devoir  communiquer  à  la  Société  la  phrase  descriptive  sui- 
vante : 

Perianthii  foliota  arcuato-subconniventia  ;  exteriora  linearia,  pallide 
lutt'olo-virentia ,  médium  cum  duobus  interioribus  connivens,  latoralia 
cum  labello  dcflexo-patentia;  duo  interiora  subconcoloria,  intus  purpureo- 
striata  vel  maculata,  hreviora,  latiora,  oblongo-lanceolala,  approximato- 
conniventia;  labellum  lacteum,  purpureo-striato-maculatum,  perianthii 
foliolis  exteriorihus  brevius,  a  columna  distinclura,  ecalcaratum,  païens, 
a  basi  cuneata  oblongum,  supra  partem  inferiorem  marginibus  antrorsum 
prominulis  quasi  subtrilobum  ibiijue  bicallosum  callis  ohlongis  prominulis 
purpureo-maculatis,  (in  spociminihus  suppetentibus)  apice  intcgrum  vel 
emarginatum. 

(1)  D'aulres  auteurs,  tels  que  Cl.  j'.icliard  {Orch.  Europ.  53)  et  M.  11.  G.  Rei- 
chenbach  [Tent.  Orchidogr.  Europ.  in  fc.  //.  Gcrm.  et  Uclv.  159),  ont  décrit  avec 
plus  d'exactitude  la  fleur  du  C.  innata. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


Bci'iclit  iilici*  «lie  Tcrliaiidliiugcu  ticr  ljotnni!>«'licu  §ek- 
lioii  «Ici'  33  l^crisaiiiniliiiig-  «Icutsclier  ]%'atiii*l'oi*Kc*licr 
«iu«l  Acr*tc  [Compte-rendu  des  travaux  de  la  section  hotanujae  du 
^ù^^congrès  des  naturalistes  et  médecins  allemands)  ;  par  M.  Rob.  Caspary 
[Dotan.  Zcit.,  n"'  lik  et  45,  30  octobre  et  6  novembre  1857,  col.  Ik9- 
11^,  784-792). 

Le  33""  congrès  des  naturalistes  et  médecins  allemands  a  eu  lieu  à  Bonn, 
du  18  au  2^  septembre  dernier.  La  section  botanique  comptait  52  mem- 
bres, à  peu  près  tous  Allemands,  parmi  lesquels  cependant  la  France  comp- 
tait deux  représentants  :  MM.  W.-P.  Schimper,  de  Strasbourg,  M.  Pril- 
lieuXjde  Paris.  Elle  a  eu  successivement  pour  présidents  IMiM.  de  Siebold, 
Al.  Brauu,  Naegeli,  W.-P.  Schimper  et  George  Engelmanu.  Elle  a  choisi 
pour  son  secrétaire  permanent  M.  Caspary,  à  qui  est  due  la  rédaction  du 
compte-rendu  que  nous  traduirons  en  l'abrégeant. 

Séance  du  19  septeml)re.  —  Présidence  de  M.  de  Sieeold. 

1.  Sur  les  vaisseaux  vitaux  (laticifères)  ;  par  M.  C.-H.  Schultz-Schult- 
zenstein. — L'auteur  de  cette  communication  met  sous  les  yeux  de  la  section 
des  préparations  de  laticifères  nommés  par  lui,  comme  dans  ses  ouvrages 
antérieurs,  vaisseaux  vitaux.  Les  plus  remarquables  sont  celles  qu'il  a  obte- 
nues par  macération  des  stipules  du  Ficus  elastica.  Elles  raontient  un 
réseau  à  nombreuses  anastomoses,  dans  lequel  on  ne  distingue  pas  de  cel- 
lules. La  macération  dans  l'eau  est  un  bon  moyen  pour  isoler  les  laticifères  ; 
mais  il  faut  en  surveiller  attentivement  les  progrès  pour  l'arièter  au  mo- 
ment convenable.  D'après  M.  Schuitz,  le  motif  pour  lequel  elle  amène 
l'isolement  de  ces  canaux  est  qu'ils  possèdent  une  énergique  contractilité, 
par  l'effet  de  laquelle  ils  se  détachent  du  tissu  environnant.  Dans  la  plupart 
des  plantes  la  macération  permet  seule  d'en  faire  une  étude  attentive;  mais, 
dans  quelques  espèces,  on  peut  aussi  les  observer  sur  le  frais,  par  exemple 
dans  les  Cactées,  dans  ks  Euphorbiacanariensis,  purpurea,  grâce  à  la  con- 
sistance que  leur  donne  l'âge.  —  Les  laticifères  ne  sont  pas  des  méats  inter- 
cellulaircs.  L'auteur  distingue  en  eux  trois  états  différents  dus  a  l'âge  : 
1"  Sous  le  premier  état,  il  les  nomme  vasa  contracta.  Le  suc  en  coule  très 
aisément,  parce  qu'ils  sont  très  contractiles  et  que  leurs  parois  n'ont  pas 
encore  leur  épaisseur  définitive.  La  circulation  y  est  très  vive.  2'  Au  second 
état,  l'auteur  les  nomme  vasa  expans<(.  Leurs  parois  sont  alors  beaucoup 


70Zl  SOCIÉTÉ   BOTAMQUl':    D1-:    FKANCE. 

plus  épaissps;  quelquefois  même  les  sections  transversales  y  montrent  des 
couches  superpost-es  (lùiphorhiacées).  La  circulation  y  est  plus  lente  que 
dans  l'état  précédent.  Les  laticifères  ne  sont  nullement  des  cellules  libé- 
riennes, quoique  tel  soit  l'avis  de  divers  auteurs.  Ils  ne  résultent  pas  non 
plus  decellules  réunies  entre  elles  par  des  anastomoses.  3"  La  troisième  sorte 
de  laticifères  est  celle  que  M.  Schultz  nomme  vasa  articulata.  D'après  lui, 
ce  sont  les  plus  vieux  ;  ils  sont  ai'ticulés;  ils  présentent  çà  et  là  des  étran- 
glements et  ils  donnent  des  fragments  distincts  qu'on  ne  peut  cependant 
prendre  pour  des  cellules.  Cette  troisième  sorte  de  canaux  perd  son  suc  lai- 
teux avec  l'âge  ;  on  les  voit  ensuite  vides  et  ils  ressemblent  alors  beaucoup 
à  dos  cellules  libériennes.  — Les  poils  des  plantes  présentent  toujours  deux 
membranes  emboitées  entre  lesquelles  se  trouvent  des  laticifères.  On  voit 
très  bien  cette  organisation  dans  certains  poils,  surtout  dans  ceux  des  Cam- 
panulacées.  Cependant  il  a  été  impossible  à  l'auteur  d'isoler  par  la  prépa- 
ration ce  réseau  de  laticifères  dont  il  admet  l'existence  dans  les  poils. 

Cette  communication  a  fourni  matière  à  une  discussion  à  laquelle  ont  pris 
part  plusieurs  personnes,  et  surtout  M.  Caspary. 

M.  Caspary  fait  observer  que  la  question  de  la  circulation  dans  les  lati- 
cifères a  été  décidée  négativement  par  les  observations  de  MM.  Treviranus, 
Mohl  et  autres.  Les  canaux  nommés  vaisseaux  vitaux  par  M.  Schultz  doi- 
vent être  nommés  vaisseaux  laticifères^  parce  qu'il  est  très  vraisemblable 
qu'ils  proviennent  de  cellules  anastomosées.  On  voit  quelquefois  des  cel- 
lules isolées  qui  contiennent  du  latex  ;  d'où  il  faut  admettre  des  cellules 
laticifères.  Les  vaisseaux  laticifères  présentent  des  extrémités  fermées, 
comme  ^l.  Caspary  s'en  est  assuré  en  isolant  ceux  de  V Euphorbia  Tii^ucalli. 
Dans  le  rhizome  du  Nuphar  iuteum  il  a  vu  que  le  latex  se  trouve  dans  des 
cellules  qu'il  a  pu  isoler,  et  qui  sont  de  i  à  10  fois  plus  longues  que  larges, 
avec  paroi  transversale  bien  évidente,  à  parois  formées  de  cellulose. 
M.  Schultz  ayant  dit  que  jamais  on  ne  voit  d'anastomoses  dans  les  forma- 
tions cellulaires,  ]\L  Caspary  cite  comme  preuve  du  contraire  le  rhizome 
du  Cyperus  Papyrus^  dans  lequel  les  vaisseaux  poreux  sont  rattaches  les 
uns  aux  autres  par  de  courtes  branches  transversales.  Il  n'est  nullement 
douteux  que  les  vaisseaux  spiraux,  poreux,  ponctués  et  scalariformes  ne 
proviennent  de  files  de  cellules  dont  les  parois  superposées  se  percent  et 
s'oblitèrent  plus  ou  moins  pour  en  faire  des  tubes  continus.  On  suit  très 
bien  ce  mode  de  formation  dans  le  Cyperus  Papyrus.  Quant  aux  prétendus 
laticifères  des  poils,  INI.  Caspary  dit  que  ce  sont  simplement  les  petits  cou- 
rants de  protoplasma  qui  ont  le  nucléus  pour  centre  de  leur  mouvement, 
comme  on  le  voit  aisément  sur  les  poils  desétamines  des  Jradescantia.  Ces 
courants  n'ont  pas  de  parois,  et  l'on  sait  depuis  longtemps  qu'il  u'existe 
pas  de  double  membrane  dans  les  cellules  des  poils. 

2.  Sur  les  ]  ignés  sauvages  de  la  vallée  du  Jlhin,  par  M.  Bronnor.  — 


lii:VLIÎ    BIBLIOCRAPIllQUE.  "05 

L'aufeur  distingue  30  variétés  de  Vignes  qui  croissent  sauvages  dans  la 
vallée  du  Rhin  etdont  il  présente  des  figures.  Sa  communication  renferme 
une  partie  botanique  el  une  partie  œnologique.  Sous  le  premier  rapport,  il 
dit  que  les  Vignes  sauvages  croissent  dans  les  parties  marécageuses  de  plu- 
sieurs bassins,  notamment  de  celui  du  llhin,  entre  Carisruhe  et  Manbeim, 
de  celui  du  Danube,  etc.  Elles  portent  des  .fleurs  bermaphrodites  fertiles, 
des  fleurs  mâlesetdes  (leurs  bermapbrodites  stériles.  Pour  ee  niotif,  Gmelin 
[FI.  bad.)en  a  fait  son  Vids  s;/lvestris.  Aux  feuilles  et  au  fruit,  M.  Bronner 
en  a  reconnu  36  variétés  qu'il  a  observées  pendant  toute  l'année  sur  place, 
qu'il  a  même  cultivées.  La  culture  a  donné  plus  de  développement  à  plu- 
sieurs d'entre  elles.  Quelques-unes  présentent  des  caractères  remarquables  ; 
ainsi,  une  a  un  goût  de  fleur  d'Oranger.  M.  Bronner  pense  que  ces  Vignes 
ne  sont  pas  issues  des  Vignes  cultivées;  l'existence  cbez  elles  de  fleurs 
mâles  et  bermaphrodites  stériles,  leur  présence  dans  des  lieux  où  la  Vigne 
n'est  pas  cultivée,  et  leur  absence  dans  des  localités  où  il  existe  de  grands 
vignobles  sont  les  principaux  arguments  sur  lesquelsil  base  son  opinion.  Il 
croit,  au  contraire,  que  c'est  là  la  véritable  souche  des  Vignes  cultivées  de 
l'Allemagne. 

M.  Al.  Braun,qui  a  étudié  les  Vignes  sauvages  dont  vient  de  parler 
M.  Bronner,  croit  qu'elles  ne  sont  pas  indigènes,  mais  naturalisées  ;  il  ne 
pense  pas  non  plus  qu'elles  aient  donné  naissance  à  celles  qu'on  cultive  en 
Allemagne. 

3.  Choix  de  faits  remarquables  de  morphologie  empruntés  à  toutes  les  par- 
ties des  plantes,  par  M.  Ch.  Sehimper  (de  Mayence).  —  a.  Fleur.  —  Le 
Vrismatocarpus  porte  un  rameau  sur  le  calice,  à  l'aisselle  d'une  petite 
bractée.  —  Les  Ec/iium  vulgare  e[  violaceum  ont  une  fleur  terminale;  il 
en  est  souvent  de  même  dans  VyEscidus  Hippocastanum.  On  voit  dans  les 
Sauges  une  fleur  terminale  devenue  régulière;  celle  du  Salviapratensis  est 
tétramère  et  régulière  tant  pour  le  calice  que  pour  la  corolle.  De  même  le 
Ment/ia  aquatica\)vésenie  une  fleur  terminale  orthotype,  létra-penta-  ou 
hexamère  pour  le  calice,  la  corolle  et  l'androcée.  ■ —  La  corolle  des  Ajuga 
ne  tombe  pas,  par  exception,  parmi  les  Labiées.  — Dans  les  Papillonacees, 
certaines  pièces  de  la  corolle  persistent  sur  l'ovaire;  dans  les  Ornithofjus,  la 
carène  reste  sur  le  fruit;  dans  le  Genista  tinctoria  c'est  l'étendard.  —  b. 
FeuUle.  —  Les  bases  des  feuilles  s'imbriquent  dans  VEryngiwn  eam- 
pestre. —  Dans  les  Hi/oscyamus,  les  feuilles  se  prolongent  d'un  côté  par  leur 
base  jusqu'à  la  feuille  .intérieure.  —  Dans  les  Aiismu,  les  nervures  secon- 
daires se  prolongent  quelquefois  obliquement  sur  les  primaires.  ■ —  Le  Ge- 
nista germanica  présente  des  nervures  proéminentes  à  la  face  supérieure 
de  ses  feuilles,  enfoncées  à  l'inférieure.—  Dans  V Allium  ursinum  la  feuille 
est  pâle  en  dessus,  bien  verte  en  dessous.  Les  Festuca  si/ivatica,  Braeligpo- 
dimn  sglcnficum,  Meliea  itnifînra,  Milium  ''/fasu)n,  Setnrin,  dirigent  vers 
IV.  ^i5 


706  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE    FRANCE, 

le  liant    la   face  inférieure   pâle  de   leurs   feuilles    et  eu  bas  leur  face 
supérieure  bien  verte. —  Si  l'on  coude  une  branche,  les  feuilles  de  la  por- 
tion reployée  ont  souvent  la  faculté  de  se  retourner  de  manière  ta  reporter 
vers  le  haut  la  face  supérieure  que  le  ploiement  de  la  branche  avait  d'abord 
dirigée  vers  le  bas; mais,  dans  ce  cas,  le  Taxus  baccatane  retourne  ainsi 
que  les  feuilles  de  ses  jeunes  pousses.  —  c.  Tige.  —  Dans  le  Pinns  abies, 
quand  la  flèche  (le  sommet  de  la  tige)  est  détruite,  les  branches  se  redres- 
sent. —  Dans  le  Prunus  spinosn  les  branches  sont  à  peu  près  horizontales  ; 
mais  si  l'on  brise  le  bourgeon  qui  termine  la  tige,  les  branches,  même  vieilles, 
se  redressent.  —  Le  tronc  des  arbres  est  regardé  comme  ne  s'allongeant 
pas  ;  cependant  on  y  observe  un  accroissement  longitudinal  partiel,  qui  se 
montre  tantôt  dans  les  couches  ligneuses  extérieures,  tantôt  dans  les  inté- 
rieures. Dans  le  Populus  pyramidalis  ce  sont  les  couches  externes  qui  ten- 
dent à  s'allonger  ;  aussi,  lorsqu'on  y  perce  des  trous,  les  bords  supérieur 
et  inférieur  se  rapprochent.  Ce  sont,  au  contraire,  les  couches  internes  dans 
les  racines  des  Pins  et  dans  la  tige  du  Pinus  sylvestris.  ■ —  Si  l'on  enlève  à 
un  arbre  (par  exemple,  un  Hêtre)  un  anneau  presque  complet  d'écorce  en 
laissant  une  étroite  bande  verticale  de  communication  entre  les  deux  bords 
de  la  section,  il  se  produit  sous  cette  bande  de  nouveau  bois  et  latéralement 
de  nouvelle  écorce  ;  mais  les  deux  sont  ondulés  ou  en  zigzag.  —  h.  Racine. 
—  A  quelle  profondeur  descend-elle?  Celle  du  Thymus  Sei'pillum  pénètre 
à    2  mètres  et   2™,60.   L'Ononis  procurrens  Wallr.   en   enfonce  dans  le 
sabie  jusqu'à  près  de  5  mètres.  Le  Silaus  pratensis  en  a  de  très  longues. 
Un  arbre,  comme  un  Peuplier,  planté  sur  une  pente,  envoie  ses  racines  à 
plus  de  16  mètres  en  haut  et  en  bas.  Quand  un  arbre  se  trouve  près  d'un 
tas  de  fumier,  ses  racines  s'y  portent.  —  Dans  VEclmnn  vulyare  et  les 
Cynoglossum  la  lige  semble  être  attirée  graduellement  en  terre  par   les 
racines  ;  c'est  que  les  racines  secondaires  ou  adventives  élèvent  peu  à  peu 
la  terre  sur  la  tige.  —  Les  racines  adventives  naissent  par  lignes,  au  nombre 
de  2,  3,  k,  6  et  plus.  Ces  lignes  restant  en  arrière  de  développement  devien- 
nent des  enfoncements;  de  là  une  racine  arrondie,  à  h  lignes  déracines 
adventives,  devient  quadrangulaire  {Thalictrum)  ;  une  à  2  lignes  [Fumaria, 
Urtica  f/2oeca)  prend  une  section  en  forme  de  8.  Parfois  les  deux  sillons  de 
celles-ci  finissent  par  être  convertis  en"canal,  les  deux  épaississements  inter- 
médiaires arrivant  à  se  toucher,  ou  même  à  se  souder  {Piiius).  —  Quelques 
racines  offrent  des  trous  dans  leur  longueur  {Fumaria,  Aconitum  Lycocto- 
nunt,  surtout  Popaver  orientale). 

h.  Sur  la  déhiscence  des  capsules  des  Orchidées,  par  AI.  Prillieux.  — Au 
mois  de  juillet  dernier,  M.  Prillieux  avait  communiqué  (séance  du  2h) 
a  la  Société  Botanique  de  France  les  principaux  résultats  de  ses  observa- 
tions sur  la  déhiscence  des  capsules  des  Orchidées.  Nous  devons  donc  nous 
contenter  ici  de  renvoyer  à  sa  note  sur  ce  sujet. 


RKVlIIî   BIRLIOGIUPHIQUE.  707 

Séance  du  2 1.  scplcmbre, —  Présidence  de  M.  Al.  ]5aAUi\. 

5.  Sur  Ica  Cansinincécs  ((^omposéos)  parasifc^,  \r.iv  M .  C.-II .  Scliultz  (Bip.). 
—  r.es  Composées  iiidiqiu'es  par  î\l.  Scluiltz  sont  les  au'wixuh's  :  LiaOunt 
platylepis  Sz.-Hip.,  qu'on  trouve  au  Mexique  sur  de  vieux  Chênes;  Caca- 
iio  parasitica  Sz.-\i\p.;  Eupatorium  araliœfolium  Less.;  ces  trois  espèces 
du  Mexique  ;  mais  l'auleur  n'indique  pas  le  végétal  qui  les  porte  ;  Tubcros- 
tylis  Rhizophorœ  Steelz,  (jui  vient  à  Panama  sur  les  racines  des  Rhizophora. 
M.  Sehuitz  ne  dit  pas  quel  sens  il  donne  à  ce  mot  de  parasite,  s'il  l'emploie 
pour  désigner  de  simples  épipliytes  ou  de  vraies  parasites. 

(j.  Sur  la  nouvelle  maladie  des  Vers  à  soie  et  sur  les  organismes  ana- 
logues, par  M.  Naegeli.  —  La  maladie  actuelle  des  Versa  soie,  (jui  sévit  en 
France  et  en  Italie,  est  due  à  de  petites  cellules  oblongues  ou  ovales,  assez 
semblables  à  celles  de  la  levure  de  bière,  ({u'on  trouve  dans  toutes  les  par- 
ties des  chenilles.  Le  plus  souvent  ces  cellules  sont  isolées  5  quelquefois 
on  en  voit  qui  sont  en  voie  de  division,  et,  celle-ci  accomplie,  les  cellules 
qu'elles  ont  formées  se  séparent  inuuédiatement.  Ces  cellules  sont  incolores  ; 
l'iodeen  brunit  le  contenu,  tandis  qu'agissant  avec  l'acide  sulfurique,  il  n'en 
bleuit  pas  la  membrane.  M.  Naegeli  nomme  cet  être  Nosema  Bomhycis  ;  il 
le  rapporte  aux  Champignons  et  il  le  rattache  à  un  groupe  qu'il  nomme  Schi- 
znmycetcs,  dans  lequel  il  comprend  aussi  les  formes  nommées  Umbinaaceti, 
Hacterinm,  Vibrio,  Spirillum,  Ni/grococis,  Sarcina.  Quant  à  la  question 
de  savoir  si  le  groupe  des  Srhizom,ycetes  appartient  aux  plantes,  ou  aux 
animaux,  ou  aux  parties  élémentaires  altérées  par  la  maladie,  il  est  à  peu 
près  impossiblede  la  résoudre.  Quelques-uns  des  êtres  de  ce  groupe  ont  des 
mouvements  semblables  à  ceux  que  l'on  connaît  chez  des  végétaux,  par 
exemple,  les   Vibrio,  et  plus  clairement  encore  ,  les  Spirillmn  et  Bacte- 
rium.  Si  ces  êtres  appartiennent  an  règne  végétal,  faut-il  y  voir  des  Cham- 
pignons ou  des  Algues?  M.  Naegeli  leur  trouve  plus  de  ressemblance  avec 
les  premiers  (|u'avec  les  dernières  au  point  de  vue  des  phénomènes  vitaux. 
7.  Sur  la  germinatioii  des  Champignons-^  par  M.  Hoffmann.  —  On  n'a 
pas  réussi  jusqu'à  cejour  à  laire  avec  succès  des  semis  en  grand  de  Cham- 
piunons.   Au  Jardin  botanique  de  Giessen,  M.  Hoffmann  en  a  semé  sans 
résultat  une  vingtaine  d'espèces,  soit  en  pleine  terre,  soit  en  pots.  Mais  les 
semis  en  petit  réussissent  beaucoup  mieux.  On  a  imaginé,  pour  cet  objet 
différents  appareils  et  M.  Hoffmann  lui-même  en  a  confectionné  un,  que 
malheureusement  il  ne  décrit  pas,  dans   lequel  ses  essais  ont  tous  été  heu- 
reux. Les  spores  de  V Uredo  Cariais  sont  les  seules  qui  n'y  aient  pas  germé 
-—  Forme  de  la  germination.  —  L'utricule  germinative  ressort  par  un  trou 
ou  a  une  place  queleonciue,  sur  un  ou  plusieurs  points.  S'il  n'y  a  pas  de 
trou,  il  se  fait  une  crevasse,  a  tiavers  laquelle  passe  l'utricule  primoidiale 
qui  se  eouvie  de  eulieiile,  se  divise  souvent  par  des  cloisons  transveisaîcif 


708  SOCU'ilTÉ   BOTAÎSIQLE    DE   FRANCE. 

et  se  ramilie.  Dans  VOidium  monilmdes,  il  provient  de  la  spore  quelques 
filaments  qui  se  rendent  en  formant  3  lobes,  dont  le  médian  est  le  pins  long.— 
Les  spores  nommées  secondaires  par  M.  Tulasne  se  développent  eu  utricules  ; 
ce  sont  cependant  de  simples  forniatior.s  anorm;iles.— Dans  les  Peronospora 
le  mycélium  manque  de  cloisons,  même  dans  l'intérieur  de  l'herl-e.  — 
Quelquefois  il  s'opère  une  copulation  entre  les  filaments  du  Champignon 
•germant.  Ainsi,  dans  h  Pénicillium  glaucum,  d'un  filament  part  unebranche 
qui  eu  rencontre  une  formée  vis-à-vis  d'elle  ;  les  deux  s'unissent  et  entre 
elles  se  produit  une  cloison.  De  pareils  filaments  copules  forment  (luelque- 
fois  comme  une  échelle.  —  Les  plantes  qu'on  a  fait  germer  arrivent  rare- 
ment jusqu'à  la  fructification;  cependant  M.  floffmann  les  a  suivies  jusque- 
là  dans  le  Trichntlieciimi  roseum.  —  11  décrit  ensuite,  en  détail,  comment 
des  sparesde  VCh^edo  Caricis,  qu'il  essayait  de  faire  germer,  sont  provenus 
des  Infusoircs  (Amoebes).  —  Conditions  physiologiques  delà  germination. 

L'auteur  a  déjà  publié  {Botan.  Zeit. ,  185^)  ses  observations  relatives  à 

l'inlluence  qu'exercent  sur  ce  phénomène  la  lumière  colorée,  la  clarté  et 
l'obscurité.  La  température  a  aussi  beaucoup  d'im[)ortance.  Avant  de 
germer,  les  spores  supportent,  sans  souffrir,  les  froids  les  plus  rigoureux, 
tandis  que  germées,  elles  périssent  par  la  moindre  gelée.  \:Uredo  destruem 
ne  peut  germer  à  partir  de  3°  R.;  1'^/'.  segetum  var.  Hordei  peut  encore 
uermer  à  +  1  1/2°  R.  Il  en  est  de  même  pour  le  Pénicillium  glancum  et  le 
Tricholhecium  roseum.  Une  même  espèce  n'offre  pas  de  différences  à  des 
temnératures  diverses.  Les  spores  sèches,  non  en  germination,  peuvent  être 
chauffées  jusque  bien  au-dessus  de  la  température  de  l'ébullition,  sans 
périr  pour  cela.  Ainsi,  celles  de  l' Uredo  segetum  germent  encore  après  avoir 
été  chauffées  à  150°  R.  Le  maximum  de  température  qui  tue  les  spores 
dilTere  avec  les  espèces.  —  Conditions  chimiques  de  la  germination.  — 
L'eau  est  indispensable  pour  la  germination  des  Champignons  ;  pour  quel- 
ques-uns, il  suffit  de  l'action  de  l'air  humide  ;  mais  pour  d'autres,  les  spores 
doivent  être  au  moins  humeclées.  Dans  l'eau  beaucoup  ne  peuvent  germer. 
L'action  des  acides,  lorsqu'elle  est  faible,  ne  favorise  pas  la  germination; 
elle  l'empêche  quand  elle  est  forte.  Une  solution  saturée  d'arsenic,  de  sul- 
fate de  cuivre,  tue  les  spores  des  Credo  segetum  et  desfruens;  si  la  solution 
renferme  une  partie  de  ces  substances  pour  dix  d'eau,  elle  empêche  la  ger- 
mination ;  mais  si  elle  est  faite  a  raison  de  50  parties  d'eau  pour  une  des 
matières  dissoutes,  elle  ne  nuit  pas  du  tout  à  la  germination  qui  s'y  opère 
comme  avec  l'eau  pure.  Ces  solutions  n'agissent  pas  de  la  même  manière 
sur  tous  les  Champignons  ;  ainsi  le  Pénicillium  glancum  se  développe  au 
point  de  former  des  gazons  touffus  sur  la  solution  saturée  d'arsenic.  — 
Dessèchement.  —  Une  spore  en  germination  qu'on  dessèche,  n'est  plus 
apte  à  germer. 

8.  Surle  df'-veloppemnnt  d'une  Volcocinf'f' ;  pnr  M.  Cohn.  —  f.cs  Volvo- 


cillées  se  distingue  iit  de  la  <2,éiiéralité  des  Algues  à  zoospores  parce  qu'elles 
se  meuvent  pendant  la  plus  grande  partie  de  leur  vie;  aussi  les  a-l-on  sou- 
vent regardoes  commodes  animaux,  bien  qu'elles  doivent  être  rangées  en 
réalité  parmi  les  Algues.  Klles  se  meuvent  toujours  et  ne  restent  immobiles 
qu'à  l'état  de  spores.  Celles-ci  se  produisent  a  la  suite  d'une  fécondation 
opérée  par  des  anthérozoïdes.  Leur  germination  est  très  importante  h  étudier, 
parce  qu'elle  seule  peut  expliquer  le  groupement  des  cellules  de  la  plante 
adulte.  On  n'a  pas  observé,  Jusqu'à  ce  jour,  la  germination  du  Volvox  glo- 
hator;  mais  M.  Cohn  a  pu  suivre  celle  du  Step/mnosphœra  pluvialis.  —  Ce 
Steplianosphœra  consiste  en  une  cellule  globuleuse,  a  membrane  de  cellu- 
lose, qui  présente  à  son  équateur  une  ceinture  de  8  cellules  vertes  (zoo- 
spores);  celles-ci  ont  chacune  2  cils  qui  sortent  à  travers  la  membrane  df  la 
cellule-mère.  Chacune  de  ces  zoospores  se  change  en  une  spore  immobile 
par  résorption  de  ses  deux  cils  et  par  formation  d'une  nouvelle  membrane 
de  cellulose.  yVinsi  naissent  8  spores  d'une  même  famille,  M.  Cohu  na.  pu 
voir  si  cette  formation  est  la  conséquence  d'une  fécondation  sexuelle.  Les 
spores  nées,  la  cellule-mère  se  détruit,  de  manière  à  les  laisser  en  liberté  ; 
elles  continuent  alors  de  croître  et  peu  à  peu  elles  deviennent  rouges.  Ces 
spores  ont,  comme  celles  du  Chlami/dococcus  piumolis,  la  propriété  de  ne 
germer  qu'après  avoir  été  desséchées  préalablement.  M.  Cohn  les  a  conser- 
vées dans  l'eau,  disposéesde  diverses  manières,  pendant  l'été  etl'hiver,  sans 
qu'elles  aient  germé  ;  tandis  que  lorsqu'il  les  a  d'abord  desséchées,  fût-ce  i\\\ 
seul  jour,  il  les  a  vues  germer  promptement  après  avoir  ensuite  été  mouillées. 
A  la  germination,  qui  a  lieu  peu  d'heures  après  (|ue  la  spore  a  été  mouillée, 
on  voit  le  contenu  de  celle-ci  se  diviser  en  deux  cellules,  puisen  quatre,  par 
suite  de  la  formation  d'une  cloison  perpendiculaire  à  la  preniièie.  Alors  la 
couleur  verte  commence  à  s'y  former  de  l'extérieur  vers  l'intérieur;  il 
n'y  reste  du  rouge  qu'au  centre.  Ensuite  les  h  cellules  se  transforment  en 
zoospores;  la  membrane  de  la cellule-mèie  se  change  en  gelée  et  laisse  res- 
sortir les  k  spores,  pourvues  chacune  de  2  cils,  vertes  extérieuiement,  rouges 
au  centre  et  dépourvues  de  membrane.  Peu  après,  il  se  forme  autour  de 
chacune  d'elles  une_  membrane  incolore  de  cellulose,  qui  entoure  le  contenu 
vert  en  manière  de  chemise  blanche.  Ainsi  ces  zoospores  ne  diffèrent  pas  de 
celles  du  C hlamydococcus  pluvialis.  Elles  restent  dans  cet  état  pendant  un 
jour;  vers  le  soir  leur  contenu  se  divise  en  U  cellules  situées  sur  un  même  plan, 
sans  que  leur  membrane  participe  à  cette  division  ;  à  leur  tour,  celles-ci  se 
divisent  radialement  chacune  en  2,  d'où  il  suit  qu'il  existe  alors  8  cellules  ; 
cependant  la  cellule  primitive  est  toujours  motile;  mais  ses  cils  disparais- 
sent après  que  les  8  cellules  se  sont  formées  et  dès  lors  la  division  cesse. 
Cette  division  commence  vers  huit  heures  du  soir  et  elle  est  complète  vers 
(|uatre  ou  cinq  heures  du  matin  suivant.  I\I,  Cohn,  a  Breslau,  et  M.  Wichura, 
en  Laponie,  ont  observé  absolument  la  même  marche  dans  le  phénomène, 


710  SOCIÉTÉ   BOTANiyLK    DE    FlîANCE. 

bien  que  les  observations  aient  été  laites  dans  ce  dernier  pays  en  été,  c'est- 
à-dire  à  l'époque  où  le  soleil  ne  se  couche  pas.  —  Autour  de  la  cellule  sub- 
divisée en  8,  à  l'intérieur  de  l'ancienne  mem!)rane,  il  s'en  forme  une  nou- 
velle qui  laisse  passer  les  8  paires  de  cils  ;  puis  l'ancienne  membrane  se 
résorbe  et  laisse  sortir  la  jeune  famille  de  Stephcmospliœra.  Ainsi  chaque 
spore  immobile  donne  naissance  à  k  familles  de  cellules. 

9.  Sur  la  copulation  des  Desmidiucées,  des  Zygnémacées  et  des  Champi- 
gnons (Syzygites),  sur  la  germination  des  produits  de  cette  copulation  et 
sur  les  opinions  relatives  à  l'importance  de  la  copulation;  par  M.  deBary. 
—  Desmidiacées.  —  Les  observations  de  MM.  Ralfs,  Focke  et  Hofmeister 
nous  ont  appris  que  le  produit  de  la  copidation  de  ces  végétaux,  ou  ce 
qu'on  nomme  leur  spore,  est  placé  entre  les  enveloppes  vides  des  deux  in- 
dividus qui  s'étaient  unis  pour  le  former.  M.  de  Bary  a  pu  suivre  dans  ses 
détails  la  formation  de  cette  spore  dans  les  genres  Cosmarium  et  Stauras- 
trum.  Chacun   des  deux  individus  adjacents  s'ouvre  dans  son  milieu  par 
une  fente;  le  contenu  de  l'un  et  de  l'autre  sort  ainsi,  sur  les  deux  côtés  en 
regard,  comme  un  prolongement  demi-globuleux  ;  ces  deux  prolongements 
viennent  se  toucher  5  la  membrane  disparaît  au  point  de  contact  et  aussitôt 
les  deux  contenus  se  réunissent  en  une  masse  commune,  entourée  lâchement 
par  une  membrane  en  vésicule.  Les  épines  des  spores  des  Desmidiacées  ne 
se  forment  pas  par  un  épaisissement  de  cette  membrane  vésiculaire,  mais 
par  des  saillies  en  hernie  d'une  membrane  eellulosienne  sous-jacente.  En- 
suite la  vésicule,   c'est-à-dire  la  membrane  primaire,  disparaît.  —  Les 
spores  se  forment  de  manière  très  analogue  dans  les  Closterium,  parmi  les- 
quels M.  de  Bary  a  observé  le  Cl.  parvidum  jNaeg.,  qui  rentre  dans  le  genre 
Stauroceras  Kg.  ;  seulement,  ici,  la  spore  lisse  présente  k  angles.  Dans  les 
Gonatozygon  spirotœnium  et  monotœnium  deBary,  la  spore  se  forme  encore 
de  manière  semblable  à  celle  qu'on  observe  dans  les  Cosmarium  et  Closte- 
rium. Dans  les  Palmogloea  et  Cylindrocystis,  M.  Al.  Braun  a  dit  que  deux 
cellules  se  fondent  en  une  seule  spore,  comme  se  réunissent  deux  gouttes 
d'eau.  M.  deBary  a  vu  que  la  copulation  s'opère  dans  les  Palmogloeama- 
crococca  et  chlamydospora  comme  dans  les  Desmidiacées;  aussi  range-t-il 
le  genre  Palmogloea  dans  cette  division  des  Algues.  Les  membranes  des  cel- 
lules qui  se  sont  unies  n'existent  pas  toujours  ;  vraisemblablement  elles  se 
résolvent  d'abord  en  gelée  et  disparaissent  ensuite.  On  les  observe,  au  con- 
traire, constamment  dar.s  le   Palmogloea  Brebissonii.  —  La  germination 
des  spores  des  Desmidiacées  est  encore  peu  connue  ;  récemment  M.  Hof- 
meister a  fait  connaître  celle  du  Cosmarium.  M.  de  Bary  n'a  pu  l'observer 
suflisamment  dans  ce  genre,  mais  il  a  pu  suivre  en  entier  le  développement 
des  spores  dans  le  Penium  lirebissonii  Kg.  Ici  le  contenu  de  la  spore  se  divise 
pendant  l'hiver  en  quatre  cellules  secondaires  situées  sur  \\\\  même  plan; 
celles-ci,  d'abord  aussi  longues  que  larges,  s'allongent  en  cylindres,  déchi- 


UliVUE    lUBLIOGUAl'lllQUE.  711 

relit  la  membrane  de  la  spore,  sortent  sans  se  mouvoir  et  sont  alors  parfaites. 
Dans  ks  Palittoyloea,  la  spore  se  divise  en  quatre  cellules  qui  sortent,  con- 
stituant autant  d'individus  distincts.  —  Dans  le  Gonatozygon  spirotœnium, 
le  contenu  de  la  spore  est  incolore  pendant  l'iiivcr  ;  il  se  colore  de  nouveau 
au  printemps,  et  d'une  spore  il  ne  sort  qu'une  seule  cellule  allongée,  cylin- 
drique, la  première  du  futur  iilament,  —  Dans  le  Stauroccras  Acus  Kg. 
[Clostcrium  rostratum  Ehrenb.),  M.  de  Bary  n'a  pu  faire  que  des  observa- 
tions incomplètes.  La  cellule  primordiale  sort  de  la  spore  par  une  déchirure 
transversale  et  forme  une  vésicule  globuleuse,  renfermant  de  la  chloro- 
phylle ;  son  contenu  se  partage  en  deux  masses  qui  se  portent  vers  les  pôles 
de  cette  cellule  ellipsoïde.  Il  est  vraisemblable  que  c'est  de  celle-ci  que  pro- 
vient directement  un  nouvel  individu.  —  Les  #esoc«r/)m  de  iJary  ont  de 
longues  cellules  cylindriques,  fdilûrmes.  Dans  le  Mesocarpus  la  ligne  trans- 
versale qui  règne  entre  les  deux  cellules  copulécs  se  renfle  quelque  peu;  la 
chlorophylle  avec  le  nucléus,  la  fécule  ctl'huile,  se  portent  des  deux  cellules 
dans  ce  canal  et  y  constituent  une  masse  unique;  dans  le  canal  lui-même  se 
forment  trois  cellules  secondaires,  dont  la  médiane  renferme  la  spore.  — 
A  la  germination,  la  .'^pore  des  Mésocarpées  s'allonge  en  fdament.  Dans  le 
Craterospermum  Al.  Braun,  la  spore  forme  un  cylindre  court.  Son  contenu 
s'étend  en  une  cellule  configurée  en  matras;  la  chlorophylle  forme  dans  le 
col  de  ce  matras  un  cordon  qui  s'enfonce  aussi  dans  la  portion  inférieure 
renflée  et  qui  se  divise  en  quatre  parties.  Au  milieu  de  chacun  de  ces  quatre 
petits  cordons  de  chlorophylle  il  se  forme  une  cloison  transversale;  de  là 
résultent  cinq  cellules,  dont  la  première  et  la  dernière  n'ont  qu'une  niasse 
de  chlorophylle,  tandis  que  les  trois  intermédiaires  en  offrent  chacune  deux. 
Chacune  de  ces  cellules  intermédiaires  se  partage  ensuite  en  trois  autres,  et 
la  terminale  se  partage  en  deux.  Cette  division  persiste.  Le  défautde  temps 
n'a  pas  permis  à  M.  de  Bary  de  terminer  sa  communication. 

10.  Sur  la  structure  de  la  membrane  cellulaire  végétale,  etc.  ;  par 
M.  Ch.  Schimper.  —  M.  Ch.  Schimper  dit  qu'il  reste  encore  en  botanique 
beaucoup  de  faits  inconnus,  sur  lesquels,  cependant, on  peut  faire  aisément 
des  observations,  même  sans  se  servir  de  microscope.  Il  en  énumère  plu- 
sieurs exemples.  Il  passe  ensuite  à  un  fait  curieux,  qu'il  regarde  comme 
pouvant  fournir  des  données  précieuses  relativement  à  la  structure  des 
parois  cellulaires.  Ce  fait  est  que  toutes  les  cellules  présentent  une  torsion, 
particulièrement  quand  elles  se  sont  desséchées.  —  Le  liber  se  tord  géné- 
ralement vers  la  gauche,  et  sa  torsion  a  une  direction  constante  dans  toutes 
les  plantes.  Les  poils  montrent  également  une  torsion  constante  quand  ils 
ont  séché  ;  ceux  de  la  Pulsatille  se  tournent  vers  la  gauche.  Dans  les  Lu- 
zules  les  poils  se  tordent  pendant  le  jour  en  séchant  ;  ils  se  détordent  la 
nuit  a  la  rosée.  —  La  corolle  se  montre  fréquemment  tordue  et  sa  torsion 
est  souvent  constante:  celles  des  ÎMalvacées  ?e  tord  indifféremment  vers  la 


712  SOCIÉTÉ    BOTANlQLlb:    DK    IHANCi:. 

droilc  ou  vers  la  gauclie  ;  celle  des  Nerium  se  tord  toujours  rv  droite;  celle 
^es  Vinca  toujours  à  gauche.  Les  feuilles  des  Cypéracées,  en  séchant,  se 
tordent  toujours  vers  la  gauche.  Les  Mousses  tordent  à  gauche  leur  tige  et 
leurs  feuilles,  en  séchant;  quelques  Joiigermannes seules  lescontou  ruent  vers 
la  droite.  Parmi  les  libers,  il  y  en  a  peu  qui  se  tordent  vers  la  droite  :  tel 
est  celui  de  la  Pariétaire.  Il  arrive,  dans  certaines  espèces,  que  la  torsion 
s'opère  vers  la  droite  quand  elles  sont  jeunes,  vers  la  gauche  quand  elles 
sont  vieilles.  C'est  ce  qui  a  lieu  pour  le  liber  du  Charme,  du  Sop/wra,  de  la 
Vigne.  Beaucoup  d'arètcs  de  giaminées  se  contournent  vers  la  droite  dans 
le  haut,  vers  la  gauche  dans  le  bas  ;  il  en  est  ainsi,  par  exemple,  dans  les 
Andropogon.  Les  deux  valves  des  gousses  des  f.éguniineuses  se  tordent  en 
sens  inverse  l'une  de  l'autre  et  sont  dès  lors  symétriques.  Comment  expli- 
querait-on ces  torsions  amenées  par  la  dessiccation?  Si  elles  sont  dues  à  une 
diminution  de  volume,  il  faut  que  les  particules  soient  de  forme  rhomboï- 
dale  et  plus  serrées  au  côté  externe  des  cellules  qu'à  leur  côté  interne. 

Séance  du  22  septembre.  —  Présidence  de  M.  Naegeli. 

M.  Sur  la  racine;  par  M.  Ch.  Schimper.  —  Quelques  Mousses,  Mnium 
rostratixm,  Leskea  sericea,  Grimmia  pulvinafa,  dirigent  dans  certaines  cir- 
constances, leurs  racines  vers  le  haut.  Il  en  est  de  même  pour  le  Lierre  et 
le  Gui.  Quelquefois  le  Grimmia  pulvmatane  recourbe  passa  soie.  Les  racines 
des  plantes  laissent  sur  les  pierres  des  traces  profondes  des  lignes  suivant 
lesquelles  elles  se  sont  appliquées,  et  ces  traces  sont  dues  à  l'action  d'excré- 
tions qui  exercent  une  action  dissolvante.  l'Iusieurs  végétaux  phanérogames 
manquent  de  racine;  tels  sont  les  Ceratophyllum,  \ç  Corallorhiza,  les  Ulri- 
cularia.  Il  y  a  aussi  des  Mousses  dépourvues  de  racine  ou  qui  en  ont  lare- 
ment.  Les  Hijpnum  Schreberi  et  rugulosum  en  sont  rarement  pourvus; 
VBypnum  piirum  n'en  développe  que  dans  les  jeunes  bois  de  Chênes  ;  ail- 
leurs il  en  manque.  —  Si( nation  des  racines.  —  Quelquefois  elles  naissent 
au-dessous  de  la  feuille;  ainsi  elles  naissent  sous  le  sommet  dans  VHypnum 
cordifolium.  Le  Polygonnm  orientale  présente  au-dessous  de  chaque  nœud 
de  la  tige,  jusqu'à  une  hauteur  de  1™,30,  une  coin-onne  de  racines  qui  se  dé- 
veloppent toutes  les  fois  que  les  circonstances  le  permettent.  Le  Solamim 
Dulcamara  porte  aussi  des  racines  du  même  genre  dans  toute  l'étendue  de 
sa  tige.  —  Dans  le  Scropindaria  aquatica  les  racines  croissent  dans  les 
fossés  quelquefois  contre  le  courant,  parfois  même  en  se  dirigeant  vers  le 
soleil;  elles  ne  fuient  donc  pas  la  lumière.  Celles  du  Platane  fuient  la  lu- 
mière; aussi,  quand  cet  arbre  se  trouve  sur  le  bord  d'un  étang,  comme  à 
Scluvetzingen,  ses  racines  ari-ivées  à  leau  ne  continuent  pas  de  s'étendre, 
mais  elles  se  recourbent  pour  rentrer  en  terre,  en  formant  des  paquets  d'arcs 
superposés  ;  eh.Tque  racine  ainsi  arquée  se  trouve  extérieuie  par  rappoi-t  à 
la    précédente.    I.e   Ficio'   repeiis,  lorsqu'il  grimpe   sur   un    mur  cclair(', 


HKViiii  j{iHLio(;raiMiioLi';.  "^l-^ 

développe  derrière  sa  tit;e,  c'cst-a-dire  sur  le  côle  opposeau  jour,  de  petites 
laciiies  qui  deviennent  longues,  larges  et  minces  eoinme  des  Fucus  ,  quand 
elles  rencontrent  assez  d'hunnidité  pour  se  bien  développer.  —  Sur  les 
tiges  liorizontales  du  Glyceriu  (luilans  se  produisent  des  cercles  de  racines 
(|ui  s'élèvent  vers  le  côté  supérieur,  en  montant  même  tout  à  fait  vertica- 
fement.  —  l.a  racine  de  VAlnus  incana  produit  dans  l'eau  de  belles  racines 
latérales,  sur  quatre  lignes,  en  pyramides  superposées.  Ces  racines  sont 
noires  à  l'extérieur,  blanches  à  l'intérieur  ;  à  l'état  sec,  elles  forment  la 
substance  végétale  la  plus  légère  de  toutes,  qui  l'emporte  de  beaucoup, 
sous  ce  rapport,  sur  le  liège  lui-même. 

12,  Sur  la  copulation  des  Bacillariêes  et  Desmidiacécs;  pai-  M.  Focke. 

—  M.  Kalfs  a  reconnu  qu'il  existe  dans  ï Hyalotheca  dissiliens  des  spores 
fixes,  isolées  dans  chaque  article.  De  là,  M.  Focke  a  présumé  qu'il  devait  en 
exister  aussi  dans  les  autres  Desmidiacées,  et  il  a  examiné,  dans  ce  but,  les 
grosses  espèces.  Il  a  suivi  VEuastrum  Rota  Ehrenb.  pendant  toute  l'année, 
dans  la  nième  localité,  dans  des  conditions  diverses  de  lumière  et  de  tem- 
pérature. VEuastrum  Nota  Ehrenb.  [Micixisterias  I{otaMenQ<j^\\. ,  Mie.  ro- 
tata  Ralfs)  est  regardé  comme  synonyme  du  Micrasterias  denticulata 
Brebis.,  dont  il  ne  constituerait  qu'une  forme  plus  grande.  Cependant  ce 
sont  là  deux  espèces  bien  distinctes,  caractérisées  par  les  différences  qu'of- 
frent leurs  dentelures  marginales.  La  division  de  VEuastrum  a  lieu  le  ma- 
tin. Les  globules  de  chloi'ophylle  passent  en  partie  dans  la  moitié  nouvelle- 
ment formée  ;  les  dents  ne  se  développent  que  successivement.  La  nouvelle 
moitié  égale  déjà  l'ancienne  en  longueur,  que  la  forme  des  deux  est  encoie 
très  différente.  Dans  une  moitié,  de  formation  récente,  M.  Focke  a  observé 
une  fois,  avec  toute  certitude,  vers  quatre  heures  après  midi,  des  cils  ser- 
vant d'organe  de  mouvement  au  plasma.  Ces  moitiés  nouvelles  sont  d'abord 
très  pâles  ;  il  se  produit  dans  leurs  dents  de  nouveaux  globules  de  chloro- 
phylle, qui  sont  très  petits  au  commencement  et  qui  grossissent  ensuite  peu 
a  i)eu.  Entre  ces  globules  verts  il  se  forme  çà  et  là  des  vacuoles  nettement 
cir(;()nscrites.  Souvent  il  s'en  produit  pendant  l'automne  une  médiane, plus 
grande,  qui  s'étend  dans  les  deux  moitiés  de  VEuastrum,  qui  envoie  vers  le 
bord  des  prolongements  grêles,  se  revêt  d'une  membrane  et  déplace  les 
globules  verts,  lesquels  se  condensent  finalement  en  différentes  masses  si- 
tuées autour  des  utricules.  Celte  production  particulière  est  peut-être 
sexuelle;  mais,  au   total,  M.  Focke  reste  daus  l'incertitude  à  cet  égard. 

—  Ce  botaniste  présume  que  plusieurs  formes,  considérées  aujourd'hui 
comme  spécifiquement  distinctes,  ue  sont  que  des  états  de  développement 
d'une  même  espèce  ;  ainsi  il  est  possible  que  VEuastrum  ansatum  Ehrenb., 
en  se  développant,  se  change  en  Euastrum  yemmatum  Bréb.,  celui-ci  en 
E.  Pecten  Ehrenb.,  et  que  les  Euastres  en  général  possèdent  un  lobe  de 
plus  après  chaque  copulation. 


714  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FHANCE. 

13.  Plantes  fossiles  du  Keuper  et  leurs  analogues  vivants  au  Chili;  pai* 
M.  Jaeger.  —  ÎM.  Jaeger  présente  au  Congrès  des  figures  du  Meniscium 
giganteum  et  de  VFquisetuni  giganteum  récoltés  au  Chili  par  Lechlcr,  par 
lesquelles  on  voit  la  grande  ressemblance  qui  existe  entre  ces  végétaux  et 
des  fossiles  du  Keupersandstein. 

1/^  Germination  du  Cœlebogyne  ilicifoiia,  par  M.  Al.  Braun.  —  Le 
Bonplandia  (1857,  n"'  i!x  et  15)  ayant  publié  un  article  dans  lequel  il  est 
dit  que  les  graines  du  Cœlebogyne  produites  sans  fécondation  ne  renferment 
pas  d'embryon,  mais  seulement  un  bourgeon  ou  un  faisceau  d'organes  fo- 
liaires, M.  Al.  Braun  prouve  l'inexactitude  de  cette  assertion  en  montrant  à 
l'assemblée  des  germinations  de  ces  graines,  dans  lesquelles  on  volt  un 
pivot  très  nettement  développé  et  deux  grands  cotylédons  ovales,  au-dessus 
desquels  commencent  à  se  développer  sur  lajeune  tige  les  feuilles  ordinaires 
dont  la  forme  est  bien  connue. 

15.  Sur  V état  des  sciences  naturelles  et  particulièrement  de  la  botanique 
au  Japon;  par  M.  de  Siebold.  —  Le  savant  auteur  de  cette  communication 
entre  dans  des  détails  circonstanciés  qui  prouvent  que,  sous  le  rapport  de  la 
connaissance  des  plantes,  de  la  nomenclature  botanique  et  de  l'art  de  des- 
siner les  végétaux,  les  Japonais  sont  beaucoup  plus  avancés  qu'on  ne  le  sup- 
pose en  Lurope.  Il  montre  à  l'assemblée  des  figures  de  plantes  remarqua- 
bles par  leur  exécution,  dues  à  des  artistes  japonais. 

Séance  du  23  septembre.  —  Présidence  de  M.  W.  Schimper. 

IG.  Sur  les  poils  radicaux  et  sur  les  exocet  ions  des  racines;  par  M.  Gas- 
parrini. — Cette  communication,  faite  en  français,  est  un  résumé  du  deruicr 
travail  de  l'auteur,  qui  a  ^onv  WivQ  Ricerche ndlanatura  dei  succiatori  e  la 
escrezione  délie  radici  ed  osservazioni  morfologiche  sopra  taluni  organi 
deilaLenma  minor  (Rechercbes  sur  la  nature  des  suçoirs  et  sur  les  excré- 
tions des  racines  et  observations  morphologiques  sur  certains  organes  du 
Lemna  m»io/' ;  Naples,  1856).  Les  faits  principaux  énoncés  par  M.  Gaspar- 
rini  sont  que  les  poils  radicaux  sont  toujours  unicellulés  dans  les  Phanéro- 
games; que  leur  membrane  est  souvent  double  dans  les  Hépatiques  {Lunu- 
laria  vulgaris)  ;  que  l'extrémité  des  poils  radicaux  exsude  une  matière 
mucilagineuse  et  granuleuse  ;  que,  dans  le  Poa  annua  et  le  Polypodium 
vulgare,  ces  poils  finissent  par  se  percer  d'un  trou  à  leur  extrémité,  etc. 

17.  Sur  In  gcograptiie  botanique  du  bassin  de  Coblenz-Neuwied  ;  par 
M.  Wirtgen.  —  Le  résultat  le  plus  général  des  recherches  de  M.  Wirtgen 
sur  ce  sujet,  est  que,  da)îs  la  circonsciiption  étudiée  par  lui,  la  composition 
chimique  du  sol  n'a  exercé  aucune  intluencc  sur  la  répartition  géographique 
des  plantes.  —  Il  a  trouvé  dans  cette  étendue  de  pays  1,200  espèces.  La 
température  moyenne  de  ce  bassin  est  de  10", 5  C. ;  la  température  maxi- 
mum atteint  36'', 25  C;  les  froids  les  plus  rigoureux  qu'on  ait  observés  sont 


KEVUE   BIBLIOOHAI'IIIQLE.  715 

de  —  2/i"  C.  Sur  la  Moselle  et  le  Rhin,  vers  les  frontières  du  bassin,  il  y  a 
beaucoup  de  vignes.  —  Les  hybrides  des  Vcrhuscnm  et  des  Menthes  sont 
communs;  les  plus  fréquents  parmi  les  premiers  sont  ceux  des  Verbnsmm 
ni(/rwn  Lin.  et  /loccosuin  W.  Kit.  —  M.  Wirtgen  donne  des  détails  sur 
la  distribution  géographique  de  plusieurs  espèces  ;  mais  les  faits  qu'il  rap- 
porte ont  un  intérêt  tout  local  et  ne  nous  paraissent  pas  mériter  d'être  re- 
produits. . 

18.  Sttr  la  flore  fossile  d'Aix-la-Chapelle;  par  M.  Debey.  —  La  flore 
fossile  d'Aix-la-Chapelle  peut  s'être  développée  dans  une  ile  ou  dans  une 
presqu'île  sur  le  rivage  d'une  mer.  Les  restes  des  végétaux  qui  la  compo- 
saient sont  pour  la  plupart  bien  conservés,  quoique  fréquemment  brisés. 
L'étage  inférieur  de  la  craie  qui  en  renferme  la  plus  grande  quantité  appar- 
tient au  groupe  turonien.  On  y  trouve  quelques  Algues,  mais  en  petit 
nombre.  Les  Fougères  y  comptent  environ  UO  espèces  qui  appartiennent 
pour  la  plupart  à  des  genres  nouveaux  et  qui  ressemblent,  en  majeure 
partie,  à  des  espèces  de  la  Nouvelle-Hollande.  Le  Didijmosurm  Debey  est 
vraisemblablement  une  Gleichéniacée.  On  trouve,  dans  cette  flore  fossile, 
beaucoup  de  Conifères;  le  Cycadopsis  Debey,  dont  on  a  trouvé  les  cônes 
et  les  graines,  parait  être  un  Séquoia.  Il  y  a  beaucoup  de  Protéacées  et  de 
Chênes.  Les  empreintes  présentent  souvent  l'épiderme  bien  conservé  avec 
ses  stomates  sur  l'argile;  cependant  il  se  peut  bien  qu'il  n'y  ait  là  qu'une 
cuticule,  et  c'est,  en  effet,  ce  que  M.  Caspary  dit,  en  note,  avoir  constaté 
sur  des  échantillons  qui  lui  ont  été  donnés.  — M.  Debey  a  présenté  au 
Congrès  de  bonnes  figures  de  plantes  fossiles  exécutées  par  lui,  au  moyen 
d'un  procédé  qui  lui  est  propre,  et  dont  voici  l'indication.  Un  verre  à  glace 
couvert  d'un  mélange  d'huile  d'amandes  et  d'huile  de  térébenthine,  est  posé 
sur  l'objet  qu'il  s'agit  de  dessiner  ;  c'est  sur  cette  couche  qu'on  dessine 
avec  un  crayon  de  mine  de  plomb  les  détails  qu'on  voit  par  transparence. 
La  figure  lidèle  qu'on  exécute  ainsi,  peut  être  ensuite  reproduite  sur  un 
papier  huilé,  et  cette  reproduction  devient  le  dessin  définitif  dont  on  fait  tel 
usage  qu'on  veut. 

19.  Sur  les  frints  des  Floridées;  par  M.  Pringsheim.  —  On  trouve  dans 
ces  Algues  trois  sortes  de  fruits:  1°  les  authéridies;  2°  les  tétraspores; 
3°  les  sporanges.  Les  authéridies  sont  considérées  généralement  comme  des 
organes  sexuels  mâles,  mais  cela  sans  preuve.  On  connaît  aujourd'hui  les 
anthéridies  de  plus  de  80  espèces  d'Algues  ;  les  cellules  de  ces  formations  ne 
présentent  ni  un  filament  spiral,  tel  que  l'admet  M.  Naegeli,  ni  mouvement 
et  anthérozoïdes,  comme  MM.  Derbès  et  Solier  avaient  cru  le  voir.  Des 
expériences  nombreuses,  faites  par  M.  Pringsheim,  lui  ont  appris  que  les 
tétraspores  comme  les  sporanges  germent  sans  intervention  des  anthéridies 
et  même  très  facilement,  au  bout  de  vingt-quatre  heures  seulement.  Il  ne 
peut  donc  y  avoir  la  une  fécondation  extérieure  ;  nuiiï  il  ne  peut,  non  plus, 


7l(i  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FKAiNCE. 

y  en  avoir  d'inU'rieure.  Les  tétraspores  naissent  d'une  cellule  de  la  tige, 
sur  laquelle  se  trouve  souvent  une  couche  d'autres  cellules.  Or,  si  la  cel- 
lule-mère des  spores  doit  être  fécondée,  elle  ne  présente  pas  d'ouverture  par 
laquelle  puisse  arriver  jusqu'à  elle  la  cellule  fécondante.  ~  Les  sporanges 
ne  diffèrent  pas  essentiellement  des  tétraspores  ;  ce  sont  des  tétraspores  a 
division  plus  avancée;  dans  le  Ptilota  plimosa  on  peut  suivre  le  passage  de 
l'une  à  l'autre  de  ces  deux  sortes  de  fruits.  On  voit  souvent  les  spores  ger- 
mer dans  le  sporange  encore  fermé;  d'où  on  ne  peut  guère  songera  une 
fécondation  s'opérant  sur  elles.  Sans  doute  on  n'a  pas  pu  suivre  encore  le 
développement  des  jeunes  plantes  gerraées  jusqu'au  moment  où  elles  fruc- 
tifient; mais  la  marche  de  leur  développement  est  entièrement  semblable  à 
celle  des  pieds  qui  portent  fruit.  Dans  les  Kctocarpm,  M.  Pringsheim  a 
découvert  une  troisième  sorte  de  spores;  ce  sont  des  amas,  en  manière  d'an- 
Ihéridies,  de  petites  cellules  qui  renferment  une  zoospore.  Ce  botaniste  con- 
sidère les  Ptilopteris  à  spores  immobiles  comme  des  Ectocarpus.  Il  pré- 
sente des  figures  de  la  spore  fixe  et  de  la  germination  d'une  nouvelle  espèce 
de  Ptilopteris  qu'il  nomme  F^t.  acrospora,  ainsi  que  des  anthéridies  du 
Dasya  coccinea  qui  ont  la  structure  de  ceux  des  Polysiphonia.  —  D'après 
lui,  le  Callithamnium  Daviesii  n'est  pas  une  Floridée.  mais  un  Trente- 
poldia  ou  un  Chant ransia. 

.\  la  suite  de  cette  communication,  M.  Naegeli  fait  observer  qu'il  a  formé 
le  genre  Trichât hamnium  pour  le  Callithamnium  Daviesii  et  ses  voisins. 

20.  M.  Caspary  présente  des  fruits  d'un  Péchera  fleur  double,  dont  la 
couche  extérieure  au  noyau  est  épaisse,  coriace,  sans  saveur  et  s'ouvre  à  la 
manière  d'une  amande.  Ces  fruits  se  sont  produits  abondamment  cette 
année  dans  un  jardin  de  Bonn.  Ce  fait  lui  parait  montrer  l'identité  du  Pêcher 
et  de  l'Amandier. 

2 1 .  Sur  la  pi^ésence  de  zoospores  dans  le  genre  Chroolepus  ;  par  M.  Cas- 
pary.—  Le  résultat  principal  de  cette  communication  est  de  montrer  que 
le  genre  Chroolepus  a  des  zoospores  et  doit  des  lors  être  rangé  parmi  les 
Algues.  Dans  le  Chroolepus  aureus,  M.  Caspary  a  observé  ces  zoospores 
sortant  des  cellules  terminales  globuleuses,  très  épaissies,  ou  plus  rarement 
d'une  cellule  qui  s'est  renflée  au  milieu  d'un  filament  ;  ils  sont  pourvus  de 
deux  cils;  ils  nagent  vivement  et  germent  après  être  tombés  au  fond,  sans 
se  fixer.  Dans  cette  espèce,  il  n'a  pu  découvrir  de  spores  fixes.  Il  a  vu  aussi, 
après  M.  Cohn,  les  zoospores  du  Protococcus  crustaceus  qu\  sont  ovoïdes, 
aplatis  d'un  côté  et  à  deux  cils.  La  membrane  cellulaire,  soit  du  Chroole- 
pus, soit  du  Protococcns  a-ustaceiis ,  bleuit  par  l'iode  et  l'acide  sulfurique. 
Ces  deux  petits  végétaux  ont  été  regardés  avec  rai.son  comme  des  Algues  par 
certains  auteurs,  comme  MM.  Kiitzing  et  Rabcnhorst;  d'autres,  comme 
M.  Ivocrbcr,  les  ont  rattachés  aux  Lichens;  d'autres  enfin,  comme  Wall- 
roth  et  M.  Naegoli  en  ont  fait  des  Champignons? 


REVUE    BIBLlOr.n.VIMIlQUE.  717 

]M.  Naogeli  dit  qu'il  a  renoncé  depuis  longtemps  à  cette  opinion  et  que 
pour  lui  nu  Cltroolepus  est  une  Algue. 

Séance  du  2A  septembre.  —  Présidence  de  M.  Georges  Engelmann. 

22.  Sur  les  Pscudofjonidics;  \>-A\'  IM.  Cieukowski.  — D'après  cet  obseï'- 
vatcur,  les  spores  motiles  que  M.  Pringsheim  a  étudiées  {Alfjolor/ische 
Mittheil-^  Flora,  1852),  sont  des  infusoircs  parasites.  On  voit  souvent  des 
êtres  monadifomies  s'attacher  solidement  à  la  paroi  de  plusieurs  Spiror/'jra, 
la  percer  et  pénétrer  ainsi  dans  la  cavité  de  la  cellule.  Ils  ressemblent  beau- 
coup au  Monas  Globulus  Dujard.;  ils  ne  portent  (|u'nn  cil.  Dans  la  cellule 
la  iMonnde  commence  à  ramper  ;  ses  contours  s'atïaiblissent  et  finissent  par 
être  à  peine  visibles.  Klle  était  d'abord  incolore  ;  mais  elle  se  remplit  ensuite 
deehioropbylle  et  verdit. 

23.  Sur  un  Champignon  parasite  d'une  Algue  vivante;  par  INI.  Cobn. 
■ — Outre  sa  fructification  ordinaire  en  cbapelet,  le  Lemanea  présente  sur 
d'autres  individus  une  formation  dont  la  nature  est  fort  ambiguë.  Ce  sont 
des  corps  noirs,  qui  existent  dans  quelques  cellules,  et  qui  ressemblent  tout 
à  fait  a  une  Spbérie  ;  ils  consistent  en  vésicules  contenant  huit  spores 
quadricellulées,  que  Î\J.  Cohn  a  vues  germer,  mais  pour  lesquelles  il  n'a  pu 
découvrir  de  mycélium.  Il  présume  que  ce  ne  sont  pas  des  fructifications  de 
Lemanea  mais  de  petits  Cbampignons  analogues  à  des  Spbéries  et  parasites. 
Tl  fait  observer,  cependant,  qu'on  ne  connaît  pas  encore  d'exemple  d'un 
Champignon  parasite  sur  une  Algue  vivante. 

Ik.  Sur  la  direction  des  faisceaux  vasculaires  dans  la  tige  des  Crijpto- 
gaines  vascidaires,  des  Gymnospermes  et  des  Dicotylédons ;  par  M.  Naegeli. 
—  Les  éléments  des  vaisseaux  sont  les  cellules  ligneuses,  les  cellules  à  fibre 
spirale,  les  cellules  du  cambium  et  les  cellules  du  liber.  Le  collenchyme, 
le  tissu  allongé  des  Mousses  et  des  Lichens  ne  constituent  pas  un  faisceau 
vaseulaire.  Les  faisceaux  vasculaires  sont  d'abord  séparés;  plus  tard,  ils  se 
joignent  en  un  cylindre  ligneux;  l'accroissement  en  épaisseur  commence 
en  un  point  péripliérique.  M.  Scldeiden  a  distingué  des  faisceaux  simul- 
tanés et  succédanés;  Î\L  jNaegeii  dit  n'en  connaître  que  de  succédanés. 
L'accroissement  en  épaisseur  peut  avoir  lieu  selon  deux  directions  :  1°  de 
l'extérieur  vers  l'intérieur,  développement  centripète  qui  a  lieu  dans  les 
Lycopodiacées  et  dans  les  fibies  radicellaires  des  plantes  supérieures; 
2"  de  l'intérieur  vers  l'extérieur,  développement  centrifuge  qu'on  observe 
dans  la  tige  de  la  plupart  des  Dicotylédons  et  de  quelques  Monocotylédons, 
lorsque  les  vaisseaux,  dans  l'accroissement  centripète,  se  trouvent  en  cer- 
cles, ils  finissent  par  se  fondi'e  en  un  cylindre  ligneux  sans  moelle;  au  con- 
traire, lorsque  leur  développement  est  centrifuge,  ils  forment  un  cjMîndre  li- 
gneux qui  renferme  de  la  moelle.  I.a  marche  des  faisceaux  vasculaires 
dans  la  tige  se  rattache  à  la  manière  dont  ils  se  portent  aux  feuilles;  ceci 


718  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE   FRANCE. 

est  connu  pour  les  Monocolylédons,  grâce  aux  travaux  de  M.  de  Mohl  ;  mais 
cela  est  exact  aussi  pour  les  Cryptogames  vascuiaires  et  pour  les  Dicotylé- 
dons.  Les  faisceaux  vascuiaires  ne  se  ramifient  pas  vers  le  haut,  M.  Naegeli 
a  examiné  73  espèces  dicotylédones  et  cryptogames  vascuiaires,  et  chez 
toutes  il  a  trouvé  ce  principe  confirmé.  M.  Hnnstein  a  eu  tort  de  dire  que 
tous  les  faisceaux  de  la  lige  passent  aux  feuilles  ;  il  n'y  a  que  ceux  qui  se 
trouvaient  ébauchés  dès  l'origine  au  point  où  nait  une  feuille  qui  se  portent 
dans  celle-ci  ;  en  outre,  la  tige  possède  souvent  encore  des  vaisseaux  qui  ne 
vont  pas  aux  feuilles  et  qui  lui  appartiennent  en  propre.  Les  faisceaux  vas- 
cuiaires commencent  toujours  au  point  où  la  feuille  prend  naissance  et  de 
là  ils  descendent  plus  tard  dans  la  tige;  mais  l'inverse  n'a  pas  lieu.  Il  va 
dans  les  feuilles  plus  ou  moins  de  faisceaux  vascuiaires,  qui  se  comportent 
de  deux  manières  :  1"  si  un  faisceau  va  dans  une  feuille  et  qu'il  s'en  forme 
un  autre  dans  une  feuille  placée  au-dessus,  celui  de  la  première  peut  des- 
cendre dans  la  tige  en  dchorsde  celui  de  la  seconde  ou  de  l'inférieure  ;  c'est 
ce  qui  a  lieu  dans  les  iMonocotylédons  ;  2°  ou  bien  ce  premier  faisceau  peut 
se  porter  vers  l'intérieur  et  en  bas,  comme  dans  les  Dicotylédons.  Ce  sont 
ces  derniers  que  M.  Naegeli  a  surtout  étudiés.  Il  y  a  chez  eux  beaucoup  de 
types  d'arrangement  :   les  uns  différant  par  le  nombre  des  faisceaux  qui 
vont  à  une  feuille  -,  les  autres  différant  entre  eux  par  le  point  de  la  circon- 
férence d'où  naissent  les  faisceaux  vascuiaires.  Souvent  les  faisceaux  se 
croisent  en  descendant,  et  ils  se  perdent  à  différentes  profondeurs.  Il  y  a 
quelques  plantes  dans  lesquelles  les  faisceaux  vascuiaires  de  la  tige  vont 
aux  feuilles;  l'auteur  en  a  vu  3  exemples  sur  73  genres,  savoir  les  Selu- 
(jinellu,  Cullitriche  et  Hippuris.  Ces  plantes  manquent  de  moelle  et  nont 
qu'un  cylindre  ligneux  central.  —  les  l'euilles  reçoivent  des  nombres  très 
divers  de  faisceaux  :   1"  souvent   un    seul,  Alsine,  IJypericum,   Thuja, 
Equisdum,    Gaiiwn,    llubia;   1"   deux    dans    les    Labiées,    Salisburin, 
Fphedra,  Anagallis;  3°  trois  dans   les  genres  Erythrina,  Acer,  Philadel- 
phus^   Euphorbia,  Latlojrus,  Fassiflora,  Centrant hiis.  Ampélopsis,  Medi- 
cago;  U"  ûans\es  Sambucus  et.  Vitis  3  faisceaux  vont  à  chaque  feuille;  il 
y  en  a  10  à  13  dans  le  Menyanthes.  D'après  M.  Hauslein  la  disposition 
des  faisceaux  vascuiaires  concorderait  avec  celle  des  feuilles,  ce  qui  sup- 
poserait que  les  vaisseaux  descendent  verticalement  ;  or,  c'est  ce  qui  n'a  pas 
lieu  ;  toujours  ils  sont  obliques  par  rapport  aux  inférieurs  et  ils  suivent  une 
direction  indépendante. 

25.  Sur  la  structure  de  la  tige  des  Nymphéacées;  par  M.  Caspary.  — 
Dans  plusieurs  geiwes  le  champ  de  la  feuille  avec  les  racines  qui  lui  appar- 
tiennent, ainsi  ([ue  celui  de  la  tleur,  se  montrent  nettement  circonscrits  et 
sépares  par  des  bandes  de  parenchyme  dense  dans  l'écorce  qui  est  très 
épaisse  et  spongieuse;  c'est  ce  qu'on  voit  dans  les  genres  Victoria,  Euryalc, 
JSyiiiphiL'a.  (A'ia  n'a  pas  lieu  dans  les  Aupbar,  les  \rtinubiuni,  ni  clans  les 


REVUE   BIBLIOGUUMIIQUE.  719 

Cabombccs.  Dans  le  système  médian  de  faisceaux  vasculairos  de  la  tige,  les 
vaisseaux  ne  sont  pas  disposes  selon  un  cercle  simple,  mais  dispersés; 
dans  les  parties  externes  de  ce  système  médian,  les  faisceaux  vasculaires 
s'anastomosent  en  mailles  courtes  et  serrées,  en  laissant  cependant  des  es- 
paces réguliers  pour  ceux  qui  vont  en  nombre  déterminé  aux  feuilles,  aux 
stipules  et  aux  Heurs.  M.  Caspary  n'a  pu  découvrir   encore  dans  ce  lacis 
anastomotiquede  loi  précise  pour  la  ramification,  ni  pour  les  relations  réci- 
proques des  faisceaux  des  feuilles  successives.  La  structure  de  ces  tiges  pré- 
sente plutôt  les  caractères  des  Monocotylédons,  par  exemple  des  Stratiotes, 
que  celui  des  Dicotylédons.  —  Dans  le  Nymphœa  alba  et  le  Nuphar  luteum 
la  disposition  des  feuilles  est  5/13,  8/21,  et  elle  passe  à  la  branche  sans  pro- 
sentbèse,  fait  qui  n'a  d'analogue,  pour  des  dispositions  phyllotaxiques  si  com- 
plexes, dans  aucune  autre  Phanérogame.  J)ans  leA'i/mphœa  alba  la  disposi- 
tion des  feuilles  sur  les  branches  est  tantôt  antidrome,  tantôt  homodrorae 
avec  celle  qu'elles  affectent  sur  la  tige;  dans  le  Nuphar  luteum,  elle  est  tou- 
jours homodrome.  Les  lleurs  sont  disposées  sans  ordre  régulierdans  la  plu- 
part des  espèces  de  Nymphœa  et  de  Nuphar;  au  contraire,  elles  forment  des 
séries  régulières  dans  le  Nymphœa  gigoMea, 

M.  JNaegeli  fait  remarquer,  après  cette  communication,  que  des  5  fais- 
ceaux, qui,  dans  \e  Nymphœa  alba,  vont  à  chaquefeuille,  les  deux  paires 
latérales  se  portent  dans  linterieur  de  la  tige  vers  son  bord,  mais  que  le 
médian  envoie  un  rameau  vers  l'intérieur  pour  former  un  cordon  central,  et 
que  c'est  uniquement  sous  ce  rapport  que  la  structure  du  Nymphœa  alba 
s'éloigne  des  caractères  qui  distinguent  la  tige  des  Dicotylédons. 

26.  Sur  la  fructification  des  Hyménomycètes ;  pav  M.  de  Bary.  —  Le 
Nyctalis  as^ro/j/wra  porte  sur  le  même  chapeau  des  basides  et  desutricules 
en  étoile  renfermant  une  spore.  Le  N.  parasifica  n'offre  que  cette  dernière 
sorte  de  fructification;  sur  les  vieilles  lamelles  de  ïAgaricus  melleus^  il  se 
forme  en  quantité  des  utricules  à  tx  spores.  Ces  faits  montrent  qu'il  existe 
deux  sortes  de  fructifications  dans  les  Hyménomycètes  ;  ils  autorisent  à  pré- 
sumer que  ces  Champignons  ne  représentent  qu'un  état  de  fructification  des 
Ascomvcètes. 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE. 

RecUcrclics  stsi*  riuflfBCUcc  «lUC  l'azote  assimilable  des 
cng;i*als  exerec  sur  la  protSuctioii  delà  matière  végé- 
tale, par  M.  Boussingault  {Annal,  des  se.  nutar.,  /l'user.,  VII,  1857, 
pp.  5-20). 

Ce  mémoire  l'enferme  d'abord  l'exposé  détaille  de  trois  expériences  faites 
sur  VHelianthus  argop'iydus,  dans  le  but  de  reconnaitre  l'action  du  phos- 
phate de  chaux  sur  la  végétation  avec  et  sans  le  concours  du  salpêtre  ou 


720  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

nitrate  de  potasse.  Les  plantes  ont  végété  à  l'air  libre,  à  l'abri  de  la  pluie, 
dans  un  mélange  de  brique  concassée  et  de  sable  calciné.  Dans  une  expé- 
rience (A)  rien  n'a  été  ajouté  à  ce  sol  artificiel  ;  dans  une  autre  (B)  il  y  a  été 
ajouté  du  phosphate  de  chaux  basique,  de  la  cendre  végétale,  du  nitrate  de 
potasse;  dans  la  dernière  (C),  le  sol  a  reçu  du  phospiiate  de  chaux,  de  la 
cendre  végétale,  proveuiuit  de  la  combustion  du  foin  de  prairie,  et  une 
quantité  de  bicarbonate  de  potasse  suffisante  pour  contenir  exactement  une 
proportion  d'alcali  égale  à  celle  qui  se  trouvait  dans  le  salpêtre  de  l'expé- 
lience  B. 

Dans  l'expérience  A,  deux  graines  d'Uelinnf/ms,  pesant  0^%107,  ont  été 
semées  le  5  juillet.  Les  plantes  qui  en  sont  provenucs  ont  été  assez  fortes 
jusqu'au  10  août.  A  partir  de  ce  moment,  les  feuilles  anciennes  s'atro- 
phiaient à  mesure  (ju'il  s'en  produisait  de  nouvelles-  la  végétation  est 
devenue  de  plus  en  plus  faible.  Les  deux  tiges  n'ont  pas  dépassé  11  et 
13  centimètres  de  hauteur.  Cependant  elles  ont  donné  des  fleurs  en  minia- 
ture. L'expérience  a  été  terminée  le  30  septembre. 

Dans  l'expérience  B,  deux  graines  à'Helianthus,  pesant  Os^lO?,  ont  été 
semées,  le  5  juillet,  dans  le  sol  de  brique  concassée  et  de  sable  calciné, 
auquel  on  a  mêlé  lOs',0  de  phosphate  de  chaux,  06',5  de  cendres  de  foin, 
et  successivement  jusqu'à  1'^,^  de  nitrate  de  potasse.  Le  30  septembre,  les 
deux  plantes  venues  de  ces  deux  graines  avaient  des  tiges  hautes  de  ^h  et 
lu  centimètres,  épaisses  d'un  centimètre.  La  plus  grande  a  épanoui  un 
beau  capitule  large  de  9  centimètres.  Les  plus  grandes  feuilles  égalaient  à 
peu  près  celles  que  portait  un  pied  venu  dans  la  terre  d'un  jardin. 

Dans  l'expérience  C,  M.  Boussingault  a  voulu  reconnaitre  la  part  d'in- 
fluence sur  la  production  végétale  qui  appartenait  au  phosphate  de  chaux. 
Dansce  but,  il  a  supprimé  le  salpêtre  de  l'expérience  B,  et  il  l'a  remplacé 
par  son  équivalent  de  bicarbonate  de  potasse.  A  part  cette  différence,  le  sol 
était  identique  à  celuidans  lequel  avaient  végété  les  plantes  de  la  deuxième 
expérience.  L'expérience  a  duré  également  du  5  juillet  au  30  septembre.  Les 
deux  graines  semées  pesaient  encore  0^',107;  mais  les  deux  plantes  obte- 
nues ne  se  sont  élevées  qu'à  13', 6  et  IZ;  centimètres;  le  diamètre  de  leurs 
tiges  n'a  pas  dépassé  2  millimètres.  L'une  et  l'autre  ont  produit  un  capitule 
extrêmement  petit,  mais  bien  conformé.  Leur  végétation,  assez  vigoureuse 
jusqu'à  l'âge  de  deux  mois,  est  devenue  ensuite  de  plus  en  plus  faible. 

Voici  maintenant  le  tableau  des  résultats  analytiques  obtenus  dans  ces 
trois  expériences  : 


REVUE    HIBLIOr.HAI>HIQUR.  721 

o  .  ,     ,    ,  Acide  carboni-    Acquis  par  les  plantes  en 

Koijlsaela      Matière    ve-    cpic  d.coiii-  SG  jours 

Expériences.  'k  „,!;,*;,.'     s"'"'^     pos«ei.  2ih.  ,ic  v<sèi;.ii..r,. 

-,      ,    ,  eliiljorfi',     011  ceiilimcl.    . 


élaul  1 . 


A.  Le  sol    n'ayaiil   licii  I         .,  «'• 


cul)us.  Carliuiic.  Azolc. 

3,G         0,285        Q,/tr)      o"ii/i      o"','oo2;i 

reçu ) 

B.  Le  sol   ayant  reçu  :  \ 

phosphato  (lo  diaiix,  J     198,3  21,111       182,00         ^MU         0,16GG 

coiulro,  sulpclie  .  .  .  ) 

C.  Le  sol   ayant  reçu  :  \  « 
phosphate  de  chaux,  ( 
cendre  ,    bicarbonate 
de  i)Otasse 


a,6  0,391  3,42         0,15G         0,002] 


l/iiiflucnce  de  l'engrais  azoté  sur  le  développement  de  l'organisine  végé- 
tal ressort  ici,  dit  M.  Boussingauit,  de  la  manière  la  plus  nette.  L'expé- 
rience C  prouve  aussi  ce  fait  important  que,  pour  concourir  activement  à 
la  production  végétale,  le  phosphate  de  chaux  basique,  les  sels  alcalins 
doivent  être  associés  à  une  substance  pouvant  fournir  de  l'azote  assimi- 
lable. Or,  c'est  précisément  cette  association  que  présente  le  fumier,  l'en- 
grais par  excellence. 

M.  Boussingault  décrit  ensuite  l'appareil  dans  lequel,  après  avoir  fait 
passer  pendant  trois  mois  un  courant  d'air  à  travers  des  tubes  en  V,  rem- 
plis :  deux  de  brique  concassée,  deux  de  pierre  ponce,  deux  de  craie,  ces 
trois  matières  étant  imprégnées  de  carbonate  de  potasse,  il  a  constaté 
l'existence  d'une  quantité  très  appréciable  de  nitrate  dans  le  premier  tube; 
il  en  a  vu  des  traces  dans  le  deuxième  tube;  il  n'en  a  pas  reconnu  le 
moindre  indice  dans  les  autres  tubes.  Ce  savant  chimiste  rapporte  encore 
une  expérience  qui  montre  qu'un  sable  humide  resté  simplement  à  l'air, 
reçoit  de  celui-ci  des  composés  azotés,  particulièrement  de  l'ammoniaque. 

Un  dernier  paragraphe  est  relatif  à  l'influence  de  l'azote  assimilable  sur 
le  développement  de  l'organisme  végétal.  Pour  apprécier  cette  iniluence, 
M.  Boussingault  a  mis,  dans  quatre  vases  à  fleurs  égaux,  du  sable  calcine, 
additionné  de  phosphate  de  chaux  et  de  sels  de  potasse.  Dans  le  premier  pot 
il  n'a  pas  ajouté  de  nitrate  de  soude  ;  il  en  a  mis  0s%2  dans  le  deuxième, 
Os%/idans  le  troisième,  Os',16  dans  le  quatrième.  Il  a  semé  dans  chacun  deux 
graines  ù.' Heliavthm  pesant  0«',110.  Les  plantes  obtenues  ont  végète  pen- 
dant cinquante  jours,  en  plein  air,  à  l'abri  de  la  pluie  et  de  la  rosée.  Pen- 
dant tout  ce  temps  elles  sont  restées  vigoureuses  et  leurs  feuilles  d'un  beau 
vert.  A  la  fin  de  l'expérience  : 

Le  n"  1,  venu  sans  nitrate.  .  .  était  haut  de    9^,0,  et  pesait  sec  Ogf,507; 
Le  n°  2,  avec  0§r,02  de  nitrate,        —  llS2,  —        Os',830; 

Le  n"  3,  avec  Os'-,0/i  de  nitrate,         —  lls5,  —         lg'-,2'i0; 

Le  n°  3,  avec  Os^lf)  de  nitrate,         —  21^5.  —         35^,390, 

T.     TV.  /j6 


722  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE.      V 

Le  tableau  suivant  résume  les  résultats  des  analyses. 

Azote  contenu          Azolo       Matiùie  organique          Carbone  Aciile  carbonique 

-dans     les    graines    intriuliiil              formée  contenu  dans  déromposii  en 

F.X'PKRIENCES.         j„  poids  (ie                par             en  30  jouis  de            la  matière  24  heures, 

Ogr.H.             le  nitrate.          végétation.              organique,  en  moyenne. 

...  N»  1 0^0033  o'",'oOOO  0^397  0,159  5,3 

N"  2 0,0033  0,0033  0,720  0,288  10,6 

N"  3 0,0033  0,0066  1,130  0,^52  17,2 

N"  Zi 0,0033  0,0264  3,280  1,312  60,5 

M.  Boussingault  tire  de  ses  recherches  les  conclusions  suivantes  : 

1»  Le  phosphate  de  chaux,  les  sels  alcalins  et  terreux  indispensables  à  la 
constitution  des  plantes,  n'exercent  néanmoins  une  action  sur  la  ve<^étation 
qu'autant  ([u'ils  sont  unis  à  des  matières  capables  de  fournir  de  l'azote  assi- 
milable; 

2°  Les  matières  azotées  assimilables  que  l'atmosphère  contient  inter- 
viennent en  trop  minime  proportion  pour  déterminer,  en  l'absence  d'un 
engrais  azoté,  une  abondante  et  rapide  production  végétale- 

3°  Le  salpêtre  associé  au  phosphate  de  chaux  et  au  silicate  de  potasse  agit 
comme  un  engrais  complet,  puisque  des  Helianthus  venus  sous  l'influence 
de  ce  mélange  étaient,  sous  le  rapport  de  la  vigueur  et  des  dimensions,  com- 
parables à  ceux  qu'on  a  récoltés  sur  une  plate-bande  de  jardin  fortement 
fumée. 

BOTANIQUE  DESCRIPTIVE. 

. liidioatioii  <Ie  quelques  plantes  nouvelles,  rares  ou  crB- 
ti<iues,  observées  eu  Savoie,  spécialement  «laus  les 
provinces  de  iSavoie  propre,  haute  Mavoie  et  Tareu- 
taise,  suivie  d'une  Revue  de  la  section  Thylacites  du  genre  Gentiana; 
par  MM.  E.  Perrier  et  h.  Songeon.  —  Annales  de  la  Soc.  d'/iist.  natur. 
de  Savoie,  pour  183/i;  tirage  a  part  en  broch.  in-8  de  /i6  pages.  Chain- 
béry,  1855. 

La  brochure  dont  nous  venons  de  reproduire  le  titre  complet  comprend 
deux  parties  entièrement  distinctes. 

La  première  partie  (pp.  1-26)  consiste  en  un  catalogue  de  plantes  re- 
marquables de  la  Savoie.  Dans  une  courte  introduction,  les  deux  auteurs 
avertissent  qu'ils  ne  se  proposent  pas  de  donner  une  idée  de  l'ensemble  de 
la  végétation  de  la  Savoie,  mais  seulement  d'en  signaler  un  certain  nombre 
d'espèces  intéressantes  par  leur  rareté  ou  par  leur  nouveauté  dans  ce  pays. 
Aussi  ne  voit-t)n  figurer  dans  leur  catalogue  quelques  espèces  communes 
que  parce  qu'elles  ont  été  confondues  par  la  plupart  des  botanistes  avec 
quiUjue  autre  plante  nouvellement  dt^crite  qui  a  du  trouver  place  dans  leur 


IIKVUK    lilliLKK.UAl'IllUUK.  72:'. 

Ii.ste.  229  espèces  ligiiroiit  dans  celte  énuméiation.  Dans  ce  nombre  il  s'en 
trouve  beaiieoiip  (le  celles  que  M.  Jordan  a  proposées  comme  nouvelles 
pendant  ces  dernières  années.  Seulement,  pour  offrir  à  cet  égard  toutes  les 
garanties  désirables,  les  deux  auteurs  avertissent  qu'ds  ont  soumis  la  plu- 
part de  ces  plantes  à  l'examen  du  botaniste  lyonnais,  ou  qu'ils  les  ont 
comparées  avec  des  écbanlillons-types  nommés  par  lui.  Pour  cbaquc 
espèce,  MM.  Perrier  et  Songeon  indiquent,  à  la  suite  du  nom  spécifique 
adopte  par  eux,  la  station,  la  ou  les  localités,  le  degré  de  fréquence  ou  de 
rareté,  l'époque  de  la  floraison.  Des  observations  se  trouvent  jointes  à  l'in- 
dication de  quelques  espèces. 

La  seconde  partie  du  travail  de  MM.  Perrier  et  Snngeon  (pp.  26-/i6)  est 
intitulée  :  Kevue  de  la  section  Tliylacites  du  genre  Gentiana.  lis  y  exami- 
nent avec  soin  les  plantes,  diverses  à  leurs  yeux,  qui  formaient  pour  Linné 
une  espèce  unique,  le  Gentiana  acaulis  Lin.  D'après  eux,  cette  espèce  lin- 
néenne  réunit,  en  Savoie,  h  formes  bien  distinctes  on  k  espèces,  qu'ils  dési- 
gnent sous  les  noms  suivants  ^  1"  Gentiana  Kochiana  Perrier  et  Songeon  ; 
2°  G.  alpinaWW.  ;  3°  G.  Clusii  Perrier  et  Songeon;  k°  G.  angmtifolia 
Vill. 

\.  Le  Gentiana  Kochiana  Perr.  et  Song.  (6^.  acaulis  a  Ail.  ;  G.  acaulis  a, 
latifolia  Gven.  et  Godr.;  G.  excisa  Kuch.,Syn.,  excl.  var.  P)  se  trouve 
dans  les  pâturages  des  Alpes  et  ne  descend  jamais,  en  Savoie,  au-dessous 
de  1000  métrés.  En  résumant  la  description  étendue,  non  accompagnée  de 
diagnose,  qu'en  donnent  les  deux  auteurs,  on  pourrait  le  caractériser  de  la 
manière  suivante  : 

Soucbe  épaisse,  courte,  tronquée,  portant  une  seule  rosette  florifère,  ou- 
plus  rarement  donnant  quelques  divisions  courtes  et  robustes;  tige  généra- 
lement allongée,  avec  des  angles  peu  saillants;  feuilles  vertes  et  molles,  peu 
luisantes  en  dessus,  non  rugueuses  a  l'état  sec,  à  bords  cartilagineux-éro- 
dés,  les  radicales  étalées  en  rosette,  grandes,  planes,  elliptiques  ou  large- 
ment obiongues,  sessiles  ou  à  peu  près.  Fleur  d'un  bleu  foncé  avec  une 
teinte  pourprée,  ayant  à  la  gorge  5  taches  d'un  vert  noirâtre;  calice  à 
divisions  étalées  ou  étalées-dressées,  obiongues  ou  ovales-oblongues,  aiguës, 
plus  ou  moins  rétrécies  à  la  base,  égalant  en  longueur  la  moitié  du  tube; 
corolle  trois  fois  plus  longue  que  le  calice,  à  lobes  aigus  ou  acuniinés,  avec 
les  appendices  des  plis  obtus.  Graines  presque  globuleuses,  sillonnées  et 
fortement  ponctuées. 

2.  Le  Gentiana  alpina  Vill.  {G.  excisa  Presl  ;  G.  excisa  (3  minor  Koch; 
G.  acaulis  y  parvifolia  Gven.  et  Godr.)  se  trouve  sur  les  sommités  des 
Alpes.  Il  a  été  consi^léré  par  beaucoup  d'auteurs  comme  une  forme  très  alpine 
de  l'espèce  précédente;  nos  deux  auteurs  le  regardent  comme  en  étant  très 
distinct;  mais,  disent-ils,  le  G.  alpina  perd  malheureusement  par  la  des- 
siccation la  plupart   des  caractères  {[ui  servent  à  le  distinguer.  Cependant 


72/!  SOCIÉTÉ   BOTANIQLK    DF.    FRANCE. 

on  parvient  encore  à  le  reconnaître  aisément  à  sa  souche  bien  plus  grêle,  a 
divisions  plus  allongées,  plus  nombreuses,  et  à  la  petitesse  de  toutes  ses 
parties.  Sur  le  frais,  il  diffère,  au  premier  coup  d'œil,  du  G.  Kochiana  pai' 
ses  feuilles  d'un  vert  jaunâtre  et  glauque,  im-urvées,  ce  qui  donne  à  ses 
i-osettes  l'aspect  de  celles  des  Sernpr?'vivum. 

3.  Le  Gentiana  Clusii  Perr.  et  Song.  [Gentiana  V,  sive  Gentianella  ma- 
jor verna  Clus.;  G.  acaulis  Sacq.,  FI.  Aust.-,  Kocb,  6'y?î, ,  excl.  syn, ; 
G.  angustifolia  Yill.  ;  G.  ancjmtifolia  Rchbc,  et  Auct.  non  Vill.)  croit 
dans  les  lieux  rocailleux  des  Alpes  calcaires,  au-dessus  de  1000  mètres 
d'altitude.  Nous  essayerons  de  résumer  de  la  manière  suivante  la  descrip- 
tion qu'en  donnent  MM.  Perrier  et  Songeon  : 

Souche  assez  épaisse,  tronquée,  à  divisions  souvent  assez  nombreuses, 
terminées  par  des  rosettes  ;  tige  allongée  avec  des  angles  saillants  ;  feuilles 
vertes,  plus  coriaces  que  celles  des  3  autres,  non  luisantes,  rugueuses  à  Tétat 
sec,  à  bords  cartilagineux  rudes,  presfjue  régulièrement  et  très  finement 
denticulés,  les  radicales  en  l'osette,  étalces  ou  étalées-dressées,  planes,  lan- 
céolées ou  elliptiques-lanct'olées,  terminées  par  une  pointe  oartilagincise 
très  aiguë.  Fleur  ù\m  bleu  foncé,  sans  taches  vertes  a  la  gorge;  calice  à 
divisions  dressées,  ordinairement  appli(iuées  sur  la  corolle,  lancéolées- 
aiguës,  graduellement  retrécies  de  la  base  au  sommet,  égalant  en  longueur 
les  2/3  du  tube,  ou  même  davantage  ;  corolle  3  fois  plus  longue  que  le 
calice,  à  lobes  acuminés,  souvent  terminés  par  une  pointe,  avec  les  appen- 
dices des  plis  obtus.  Graines  oblongues,   sillonnées,  légèrement  ponctuées. 

h.  Le  Gentiana  angustifolia  Vill  (non  Auct.)  se  trouve  dans  les  pelouses 
sèches,  rocailleuses  et  sur  les  pentes  dénudées  des  montagnes  calcaires, 
entre  Chambéry  et  Grenoble,  où  il  descend  jusqu'au-dessous  de  /lOO  mètres 
d'altitude,  tette  espèce  diffère  nettement,  selon  les  deux  auteurs,  de  toutes 
les  autres  par  sa  corolle  plus  élégante,  plus  grande,  d'un  bleu  plus  clair, 
dont  le  limbe  plus  étalé  a  ses  lobes  terminés  par  une  pointe  plus  longue 
(1-2™™),  blanchâtre  ou  jaunâtre  ;  par  les  divisions  de  son  calice  plus 
larges  et  brusquement  acuminées-mucronées  ;  par  ses  feuilles  plus  étroites, 
atténuées  vers  la  base  et  comme  spathulées,  très  luisantes  sur  le  frais,  les 
plus  jeunes  et  celles  des  rosettes  stériles  un  peu  canaliculées  ;  par  ses  tiges 
souterraines  très  nombreuses,  plus  grêles  et  plus  allongées.  Il  est  fort 
surprenant,  ajoutent-ils,  que  cette  espèce,  qui  possède  des  caractères  assez 
tranchés  pour  la  faire  reconnaître  immédiatement,  soit  précisément  la 
moins  connue.  Elle  semble  être  tombée  dans  l'oubli  depuis  Villars,  car  tout 
ce  que  les  auteurs  postérieurs  ont  désigné  sous  le  nom  de  G.  angustifolia 
Vill.,  se  rapporte  au  6'.  Clusii  Perr.  et  Song. 

MiM.  l'errier  et  Songeon  lecherchent,  dans  la  suite  de  leur  mémoire,  si 
le  G.  acnulis  !..  rentre  dans  une  des  U  espèces  qu'ils  ont  décrites.  Ils  arri- 
vent à  la  conclusion  suivante  :  <  !Si  le  texte  de  Linné,  u\  les  synonymes  qu'il 


REVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  725 

cite,  ni  l'usage  des  auteurs,  ne  peuvent  nous  faire  connaître  laquelle  des 
U  formes  que  nous  avons  décrites  doit  être  rei^ardée  comme  étant  le  G.  ocau- 
lis  L.,  ce  qui,  une  lois  admis,  nous  amène  nécessairement  à  rejeter  cette  dé- 
nomination comme  n'étant  propre  qu'à  perpétuer  yiuc  confusion  qui  n'a  dure 
que  trop  lons^temps.  » 

Dans  un  appendice  à  leur  mémoiie,  IMM.  Perrier  et  Songeon  décrivent 
comme  nouvelle  ,  sous  le  nom  d'Aspenda  Jordani  Perr.  et  Song. ,  mie 
plante  qui  figure  dans  leur  liste  (p.  10)  comme  Aspe^-ula  longiflora  W. 
et  K.  ?  Celte  Aspérule  croit  sur  les  rochers  des  vallées  alpines,  en  Taren- 
taise  5  elle  fleurit  en  juillet  et  août.  Elle  se  distingue  de  VA.  cynanchicu  \.. 
par  ses  feuilles  plus  courtes,  moins  larges  et  moins  aiguës  ;  par  ses  corolles 
Z-lx  fois  plus  grandes,  de  couleur  beaucoup  plus  foncée,  à  lobes  plus  courts 
relativement  au  tube  qui  n'est  presque  pas  rugueux  ;  par  son  ovaire  cou- 
vert de  papilles  plus  grosses.  Klle  s'éloigne  de  VA.  rupicola  Jord.  par  les 
mêmes  caractères  de  sa  corolle,  par  ses  rameaux  dressés,  etc.  Euliu,  elle 
diffère  totalement  de  VA.  longiflora  W.  et  K.,  par  la  grandeur  de  sa 
corolle,  dont  les  lobes  sont  plus  longs  relativement  au  tube  ;  par  ses  feuilles 
beaucoup  plus  courtes,  plus  larges  et  moins  aiguës  ;  par  ses  tiges  plus 
basses,  plus  fortes,  etc. 

Catalogriic  des  plantes  cnltivéeis  au  Jardin  liotani<iuc  tic 
la  ville  de  («rcuolile,  en  1856,  avee  l'indication  de  la 
patrie  et  de  la  durée  des  espèces,  etc..  par  M.  J.-B.  Verlot, 
gr.  in-8  de  iv  et  100  pages.  Grenoble,  1857.  Chez  Maisonville. 

Dans  un  avis  imprimé  en  tète  de  son  ouvrage,  M. Verlot  nous  apprend  que 
depuis  18^5,  époque  à  laquelle  le  Jardin  botanique  de  la  ville  de  Grenoble 
a  été  transféré  sur  un  terrain  plus  étendu  que  celui  qu'il  avait  occupé  jus- 
qu'alors, la  liste  des  graines  récoltées  dans  cet  établissement  a  été  imp>imée 
par  lui  chaque  année  pour  être  envoyée  aux  pi  ineipaux  jardins  botaniques  de 
la  France  et  de  l'étranger,  et  pour  faciliter  les  échanges.  Mais  cette  fois  il  a 
cru  devoir  faire  une  publication  plus  complète  et  faire  entrer  dans  son 
Catalogue  l'indication  de  toutes  les  plantes  qu'il  cultive  dans  le  jardin 
confié  à  sa  direction.  Cette  liste  complète,  imprimée  de  nouveau  tous  les 
quatre  ou  cinq  ans,  servira,  dans  l'intervalle,  de  base  pour  les  échanges  et 
les  demandes.  Il  suffira,  en  effet,  de  marquer  d'un  signe  convenu  les  espèces 
qu'on  peut  offrir  et  celles  qu'on  désire  recevoir  pour  établir  un  moyen  de 
correspondance  aussi  commode  que  sûr.  D'un  autre  côte,  il  suffira  de  par- 
courir cette  même  liste  pour  voir,  en  l'absence  de  toute  demande,  ce  qu'on 
pourra  offrir  au  Jardin  botanique  de  Grenoble  pour  étendre  ses  collections. 

Le  catalogue  de  M.  Verlot  est  disposé  méthodiquement  et  d'après  l'ordre 
de  De  Candolle.  192  familles  y  ont  trouvé   place.  Les  espèces  y  sont  indi- 


7*26  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DK    FUANCE. 

quées  par  le  nom  et  lautoritc,  que  suit  l'iiulication  de  la  localité.  Sous  ce 
dernier  rapport,  l'auteur  adopte  quelques  désignations  particulières  relati- 
vement a  l'Kurope  et  à  la  France.  Pour  l'Europe,  lorsqu'une  espèce  se 
trouve  dans  plusieurs  contrées  autres  que  la  France,  il  cite  toujours  le  pays 
le  moins  éloigné;  pour  la  France,  il  indique:  1"  l'arrondissement  de  Gre- 
noble, si  la  plante  y  croit  à  l'état  sauvage;  2°  le  Dauphiné,  si  elle  vient 
dans  une  localité  quelconque  de  cette  ancienne  province,  mais  non  près  de 
Grenoble;  enfin,  3°  la  France,  lorsqu'on  la  rencontre  en  un  point  quel- 
conque de  la  France,  mais  non  dans  le  Dauphiné.  La  durée  des  espèces  est 
marquée  para  pour  les  annuelles,  pari  pour  les  bisannuelles,  parp  pour 
les  pérennes  ou  herbacées  vivaces,  par  /  pour  les  ligneuses. 

Ace  catalogue  purement  botanique,  M.  Verlot  a  joint  la  liste  des  variétés 
d'arbres  fruitiers  qu'il  cultive  et  dont  il  peut  donner  des  boutures,  des 
crossettes  ou  des  greffes.  La  Vigue,  les  Groseilliers  et  le  Framboisier  sont 
compris  parmi  les  arbres  fruitiers. 

Le  volume  se  ternnne  par  «  l'indication  des  lieux  où  croissent,  dans 
l'arrondissemennt  de  Grenoble,  quelques  espèces  non  signalées  dans  cette 
conirée  par  les  auteurs.  »  Ces  espèces,  au  nombre  de  25,  sont  les  suivantes  : 
Banunculus  aduncns  Gren.  et  Godr.;  B.  Friesanus  iord.;  Barbareainter- 
niedia  Boreau  ;  Thlnsjn  montanim  L.;  Silène  glareosa  .lord.-  Stellaria 
Borœana  Jord.;  Arenaria  lepindndos  Rcbhc;  Vicia  varia  Host.-  V.  pe- 
regrina  L.;  Potentitla  delphinensis  Gren.  et  Godr.;  P.  micrantha  Ram.; 
Bosa  ciliato-petala  Bess.;  B.  montanu  Chaix  ;  Sorbus  scandica  Fries.; 
Eiu/obiam  lanceolatum  Seb.  et  Maur.:  Sempervivum  piliferum  Jord.;  Se- 
seli  caroifoliumSxW.  ;  Caucalis  Icptophijlla  L.  ;  Knautia carpop/njlax , lord.; 
K.  subcanescens  Jord.;  Pyrola  média  Sw.;  Digitalis  média  Roth.;  Oro- 
banche  amethystea  Thuill.;  Stachys  delphinensis  Jord.;  Amm  italicum 
Mili. 

A  la  page  9i  se  trouve  intercalée  une  «  Note  sur  deux  plantes  de  l'ordre 
des  Crucifères.  »  L'une  de  ces  plantes,  envoyée  au  Jardin  de  Grenoble  par 
M.  V.  Reboud,  en  1865,  est  regardée  comme  une  espèce  nouvelle  par 
M.  Verlot,  qui  la  nomme  et  la  décrit  comme  il  suit  : 

Sisyinhrium  Beboudiunum  Verlot.  Racine  fusiforme,   grêle;  tige  haute 

de  2  a  6  décimètres,  finement  pubescente,  effilée,  simple  lors  des  premières 

fleurs,  rameuse  ensuite  au  sommet,  à  rameaux  grêles  un  peu  étalés;  feuilles 

petites,  les  radicules  roncinées-pinnatifides,  à  lobes  entiers,  ovales-aigus 

(longues  seulement  de  2  ou    3  centimètres,  y  compris  le  pétiole),  pubes- 

centes-blanchâtres,  de  forme  variable:  tantôt  sessiles,  lyrées,  à  plusieurs 

segments  aigus  à  la  base,  entières  et  terminées  en  pointe  au  sommet;  tantôt 

lancéolées   ou  linéaires,   avec  quelques  incisions  peu  profondes;  tantôt, 

enlin,  lancéolées  ou  linéaires  entières,  atténuées  en  pétiole  a  la  base.  Fleurs 

très  petites,  d'un  jaune  pâle,  à  calice  peu  ouvert,  pubescent-herissé  ;  sili- 


RliVUK    UIHLIUdKAIMMQlIE.  727 

ques  loiif^ues  de  3  ou  U  centimètres,  à  peu  près  lisses,  assez  distantes,  por- 
tées sur  des  pédicellc's  étalés-dressés,  longs  de  3  à  5  millimètres  ;  graines 
très  petites,  d'un  jaune  pâle.  Plante  annuelle,  originaire  de  la  partie  orien- 
tale du  Sahara  algérien,  entre  Djelfa  et  I.aghouat. 

La  seconde  de  ces  plantes  figure  dans  le  Catalogue  de  M.  Verlot  sous  le 
nom  de  Fî^ysimum  autareticum  Verl.,  ([ui  lui  a  été  donnée  parce  ((u'ellc  se 
trouve  au  I>autarct.  Mais,  depuis  l'impression  des  premières  feuilles  de  son 
ouvrage,  ce  botaniste  a  reconnu  que  ce  n'est  que  VFrysimum  hclveticum 
DC,  espèce  nouvelle  pour  la  flore  française. 

Einiges  itber  Mjasia  liOiireiro  {Quelques  observations  sur  le  (jenrc 
l.asia  de  Loureiro);  par  iM.  Scholt  [Bonplandia  du  1  mai  1857,  n"  8, 
pp.  122-129). 

Le  genre  Lasio,  (Aroïdée)  a  été  établi  par  Loureiro  dans  sa  Flora  cochin- 
chinensis  publiée  en  1790.  Ce  botaniste  connaissait  très  bien  les  affinités  do 
ce  genre  avec  les  Pothos  dont  il  le  distinguait  essentiellement  par  le  carac- 
tère de  sa  baie  constamment  monosperme.  En  effet,  ayant  entre  les  mains 
le  Systema  de  Linné,  édition  de  Reiehard  (1779),  il  y  avait  vu  les  Pothos 
caractérisés  par  des  baies  dispermes.  La  picànte  qu'il  admet  sous  ce  dernier 
nom,  c'est-à-dire  V Appendix  arborum  de  Rumphius,  est  le  Pothos  macro- 
stachyus  Moritzi,  Scindapsus  arborum  Presl. 

M.Schott  montre  qu'on  a  rangé  dans  le  genre  Pothos  des  plantes  hété- 
rogènes. Ainsi,  sur  les  12  que  Roxburgh  admettait  sous  ce  nom,  on  trouve 
6  Hhnphidophora ,  1  Scindapsus,  1  Fpipremum,  2  Lasia  et  seulement 
2  Pothos. 

Ce  sont  les  Pothos  Lasia  et  heterophylla  du  botaniste  anglais,  qui  appnr- 
tiennent  au  genre  Losia  Lour.  Quant  à  l'espèce  dont  Loureiro  a  fait  le  type 
de  ce  genre,  M.  Schott  se  demande  si  elle  est  réellement  un  Lasia,  et  il 
résout  cette  question  affirmativement,  en  faisant  observer  toutefois  qu'il 
croit  devoir  changer  son  nom  de  Lasia  aculeata  lour.,  basé  sur  un  carac- 
tère commun  à  toutes  les  espèces  du  genre,  en  celui  de  L.Loureiri,  Voici 
maintenant  le  tableau  de  ce  genre  tel  que  l'ont  fait  les  découvertes  de  ces 
dernières  années. 

Lasia  Lour.  Spatha  arcte  contorla,  arrecta,  ima  basi  tantiun  in  fœcun- 
datione  hians,  tandem  delitescens.  Spadix  brevis.  Flosculi  tetrameri.  Ova- 
rium  unilocul.,  ovulo  solitario  fere  tholifixo,  anatropo,  breviter  funiculato, 
micropyle  vix  exacte  fundum  versus  spectante.  Baccge  vertice  muricata^. 
Semen  curvatum  ,  muriculatum  ,  evanescente-albuminosum.  —  Caudex 
prorepens.  Folia  saglttata  I.  pinnatipartlta.  Gemmée  turionum  supra- 
axillares. 

1.  luttsia  £oMré'«W  Schott  {L.  aculeata  Lour.).  Hab.  in  Cochinchina. 


728  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    ERA^CE. 

2.  /.  Hermanni  Schott.  [Dracontium  spinosum  L. ,  FI.  zeyL).  Hab.  in 
Zeyiona. 

3.  L.  JcnJdnsii  Schott.  Hab.  in  Ind.  or.  provincia  Assam?  (Jenkiiis 
in  Hcrb.  Ilook.). 

h.  L.  Zollingeri  Schott.  {L.  /icfcrop/njlla  ZoWin^.).  Hab.  in  Java. 

5.  A.  Roxlnirijhu  Grifl". ,  //.  Not.,  \\\,  p.  155.  {Pothos  LasiaMoxh.  ex 
Griff.  cum?).  Hab.  in  Ind.  or.  provincia  Silhet. 

6.  /.  heterophylla  Schott.  [Pothos  heterophylla  Roxb.).  Hab.  in  Ben- 
galia. 

Outre  les  Lasia.  proprement  rlits,  l'Asie  possède  des  plantes  qui  leur  sont 
tellement  analogues  qu'une  d'elles  a  été  nommée  L.  Merkusii.  Griffith  avait 
cependant  reconnu  des  différences  importantes  entre  elles  et  \qs  Lasia,  et 
i!  en  avait  fait  dans  ses  notes  un  genre  séparé  qu'il  avait  nommé  Cyclos- 
prrma.  En  adoptant  ce  genre  et  le  caractérisant,  M.  Schott  en  modifie  le 
nom  en  C yrtosperma  (1). 

Cvci.osi'i'RMA  Griff.  Spatha  aperta,  marcescenti-persistens.  Sepala  5-7. 
Stam.  totidem.  Ovar.  l-loc,  2-ovu!atum,  ovulis  parietalib.,  collateralib., 
infra  médium  loculamenti  exsertis,  longule-funiculatis,  anatr. ,  micropyle 
arapla,  fundum  versus  spectante.  Pericarp.  subbaccatum,  abortu  1-sperm. 
Semen  curvatum  ,  reniforme ,  marginato-cristatum.  Album,  carnosum. 
Embryo  hippocrepiformis.  —  Fol.  hastata  tantum  ut  pedunculi  aculeis 
armata. 

1.  Cyclosperma  lasioides  Griff.  Hab.  Malacca,  Singapore. 

2.  C.  Merkusii  Schott.  [Lasia  Merkusii  Hassk.).  Hab.  in  Java. 

On  trouve  dans  l'Inde  une  plante  qui  ressemble  par  le  port  aux  précé- 
dentes dans  sa  jeunesse,  mais  qui  plus  tard  en  devient  tellement  différente 
que,  dit  M.  Schott,  il  faut  l'analyser  pour  reconnaître  qu'elle  appartient 
bien  au  groupe  des  Lasinées.  M.  Schott  en  fait  le  type  du  genre  suivant  : 

Anaphvllum  Schott.  Spatha  aperta,  elongata.  Sep.  h.  Stam.  totidem. 
Ovar.  l-loc,  1-ovuIalum,  ovulo  parietali,  sub  medio  loculamenti  exserto, 
brevissin^c-funiculato,  anatr.,  micropyle  ampla  fundum  versus  spectante... 
—  Fol.  juvenculcfi  stirpisprimum  sagiltato-liastata,  demum  pedato-partita; 
adullœ  :  lemote-pinnatisecta.  Petioli  sparse  muriculati. 

1.  AïuiphyUuin  Wighfii  Schott.  Hab.  in  Ind.  or.  provincia  Carnatic, 
prope  CourtalUini  (Wight). 

L' Afri(|iie  a  aussi  une  Aroidée  voisine  des  Lasia.  L'herbier  de  M.  Hooker 
en  renferme  deux  échantillons  trouvés  l'un  en  Sénégambie  par  Heudelot, 

(1)  Il  est  assez  dinicile  de  comprtMuirc  pourquoi  M.  .Sclioît,  après  avoir  employé 
constamment  le  nom  de  Cyclosperma  dans  sou  texte  allemand,  le  niodiOe  en 
Cyrtospernia  on  tète  des  diagnoscs  du  genre  cl  des  deux  espèces,  pour  Técrirc  de 
nouveau  C'iiclosiicrnw  dans  le  tableau  final  des  Lasinées. 


REVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  729 

selon  toute  apparence,  l'autre  rapporté  par  l'expédition  du  Niger.  M.  Schott 
lait  pour  cette  plante  le  genre  suivant  : 

J.ASiMoiU'HA  Schott.  Spatha  aperta?  (nec  contorta).  Sep.  'i.  Slam.  toti- 
dcni.  Ovar.  1-loc.,  pluriovulaturn,  ovulis  e  fundo  in  parietcm  biserialiter 
ascendentib.,  longule-funiculatis,  anatr.,  micropylo  luiidum  versus  spec- 
lante. ..  —  Fol.  hastata.  Petioli  et  pedunc.  sparse  muriculati. 

1.  Lasimorp/ia  senegalensis  Sdiott  Ilab.  in  Sencgambia. 

Enfin  le  genre  Urospatha,  qui  appartient  exclusivement  a  la  côte  seplen- 
trio)iale  de  l'Amérique  du  Sud,  est  le  représentant  des  Lasinées  dans  le 
nouveau  continent. 

Urospatha  Schott.  Spatha  erecta,  inferne  cucullata,  medio  aperta,  apice 
in  ligulam  longissimam  contortam  angustata,  persistens.  Spadix  a  spatha 
nuiltoties  superatus,  digitiformis,  stipitatus,  flosculis  ^-5-1.  G-meris,  ae.sti- 
vatione  irregulariter-imbricativa  obsitus,  inferne  steriiis,  a  medio  fertilis, 
sursum  florens.  Ovaria  incomplete-bilocul.,  septis  a  basi  ad  mediam  cavi- 
tatem  (circiter)  usque  connatis  ;  ovulis  in^^quolibet  loculamento  2,  pluri- 
busve,  e  centre  quasi  exsertis,  anatr.,  micropyle  fundum  versus  spectante. 
Uaccse  sepalis  grandefactis  circumvallatœ.  Semen  submeniscoideum,  rai- 
cropylen  versus  attenuatum,  testa  scrobiculata.  Album.  0?  ■ — Herbœ  pa- 
ludosa  amantes.  Rhizomaperpendiculare,  spongiosum.  Fol.  paucasurrecta. 
Petioli  lonsissimi,  basi  tantuin  vaginati,  scabride  -  verrucosi,  maculati. 
I.aaiina  sagittato-bastata,  venis  margini  subparallelis,  pseudoneura  2-3 
nientientibus  (interno  a  margine  remoto),  venulis  quasi  unilateralibus. 
Pedunculi  petiolis  longiores,  quoque  scabridi  et  maculati.  Spatha  extus 
plerumque  colore  tincta,  intus  albida.  Spadix  albidus. 

1.  Urospatha  Friedrich&thaliana  Schott.  Hab.  San  Juan  de  Nicaragua. 

2.  U.  grandis  Id.  Hab.  Isthmus  Panama. 

3.  U.  ajfinis  Id.  Hab.  in  Brasil.  boreali. 
li.    U.  caudata  Id.  Hab.  Hîid. 

5.  U.  sagittœfoUa  Id.  Hab.  Guiana,  etc. 

6.  U.  Meyeri  Id.  Hab.  Esscquebo. 

7.  U.  decipiens  Id.  Hab,  in  Bras,  provincia  Rio  Negro. 

8.  U.  dubia  Id.  Hab.  in  Demerara. 

9.  U.  Hostmanni  Id.  Hab.  in  Surinam. 

10.  U.  Spruceana  Id.  Hab.  in  Bras.  prov.  Rio  Negro.  (Spruce,  PI.  ex- 
siec.  n"  965.) 

11.  U.  Poeppigiana  Id.  Hab.  in  Bras,  provincia  Para. 

La  seule  donnée  qu'on  possède  encore  sur  l'existence  de  Lasinées  dans 
les  îles  de  l'océan  Pacifique  résulte  de  ce  qu'il  existe  dans  l'herbier  de 
Vienne  une  feuille  rapportée  par  Chamisso  de  Radack  et  étiquetée  par  lui 
Arum,  sagittifollum.  M.  Schott  décrit  cette  feuille  en  donnant  à  la  plante 
qui  l'a  fournie  le  nom  de  Arisacont/s  Chamissonis  Schott. 


730  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Les  diverses  plantes  caractérisées  daus  le  mémoire  de  M.  Schott  consti- 
tuent pour  ce  botaniste,  dans  la  famille  des  Aroïdées,  une  sous-tribu  des 
Lasinées  caractérisée  de  la  manière  suivante  :  Spatha  laminaris,  colorata, 
eiongata,  recta,  diu  persistens;  spadix  brevis.  Plantae  armatœ,  in  pakidosis 
zouee  tropicte  vigentes. 

MÉLANGES. 

Itil>iothcc|ue  des  Jnssien. 

Nous  avons  sous  les  yeux  le  Catalogue  de  la  Bibliothèque  scientifique 
de  MM.  de  Jussieu,  dont  la  vente  aura  lieu  à  partir  du  lundi  11  jan- 
vier 1858,  à  sept  heures  du  soir,  dans  l'une  des  salles  de  vente  de  la  maison 
Sylvestre,  rue  des  Bons-Enfants',  28.  Quelques  jours  vont  suffire  pour 
disperser  dans  toutes  ces  parties  du  monde  les  trésors  scientifiques  accu- 
mulés à  grands  frais  et  avec  une  persévérance  éclairée,  par  trois  générations 
d'hommes  supérieurs,  pendant  un  siècle  et  demi.  Triste  effet  de  l'instabilité 
des  choses  humaines,  qui  renverse  en  quelques  instants  des  monuments 
élevés  au  prix  de  longues  années  de  sacrifices  et  d'efforts! 

Il  est  inutile  de  faire  ressortir  ici  le  prix  immense  d'une  bibliothèque  îx  la- 
quelle s'attachent  tant  et  de  si  précieux  souvenirs  scientifiques,  «  sanctuaire, 
comme  le  dit  M.  Decaisne,  où  a  été  élaborée  la  méthode  naturelle,  qu'ont 
tour  à  tour  consultée  Linné,  Lamarck,  Dupetit-Thouars,  Cavanilles,  Correa 
de  Serra,  Vabl,  Aublet,  les  deux  Richard,  Kunth  et  une  foule  d'autres  per- 
sonnages distingués  qui  se  sont  fait  un  nom  glorieux  dans  la  science.  » 
Nous  nous  contenterons  de  donner  une  idée  du  nombre,  de  la  variété  et  du 
choix  des  ouvrages  qu'elle  comprend. 

Nous  ferons  observer  d'abord  qu'outre  le  grand  nombre  de  livres  qui  se 
trouvent  dans  le  commerce  de  la  librairie,  et  que  dès  lors  tout  le  monde 
peut  se  procurera  prix  d'argent,  il  existe  dans  la  Bibliothèque  des  Jussieu 
une  quantité  considérable  de  mémoires  isolés  et  de  tirages  à  part,  c'est-à- 
dire  de  ces  écrits  qui  sont  toujours  imprimés  à  un  nombre  fort  limité 
d'exemplaires,  et  qui  ne  sont  jamais  ou  presque  jamais  mis  en  vente. 
M.  Adr.  de  .lussieu  attachait  avec  juste  raison  un  grand  prix  à  cette  partie 
de  sa  bibliothèque,  et  il  n'épargnait  rien  pour  la  compléter  le  plus  possible. 
Ses  relations  avec  les  botanistes  les  plus  distingués  de  tous  les  pays,  son 
nom  et  son  mérite  éminent,  lui  attiraient  l'hommage  du  plus  grand  nombre 
de  ces  brochures  toujours  rares  ;  en  outre  il  ne  négligeait  rien  pour  se  pro- 
curer celles  qui  lui  manquaient.  Ainsi,  pour  compléter  la  série  des  mémoires 
de  son  père  lui-même,  il  a  dû  profiter  de  toutes  les  occasions  quis'offraieiit 
à  lui  pour  acquérir  isolément  les  volumes  des  grandes  collections  dans  les- 
quelles ces  importants  travaux  ont  été  imprimés.  C'est  ainsi  qu'il  est  par- 


IIKVUB    RIBLIOGRAPIIIQCIE.  731 

venu  à  posséder  séparément  la  collection  complète  des  niénioires  de  la  plu- 
part des  grands  botanistes  de  ce  siècle,  collection  probablement  unique 
aujourd'hui. 

Le  Catalogue d(!  la  Bibliothèque  des  Jussieu  comprend  /i069  numéros; or, 
beaucoup  de  ces  numéros  correspondant  à  des  lots  plus  ou  moins  nombieux 
d'ouvrages  peu  étendus  ou  de  simples  mémoires,  il  faudrait  presque  cer- 
tainement doubler  ce  nombre  pour  obtenir  le  total  des  livres  ou  mémoires 
qui  composent  cette  précieuse  collection.  Les  ouvrages  imprimés  forment 
3846  numéros  {^SUk  et  deux  supplémentaires];  les  manuscrits,  dessins  et 
peintures  fournissent  225  numéros.  La  première  portion  se  divise  en  deux 
sections  très  inégales,  relatives,  l'une  aux  sciences  et  aux  arts  (3793  nu- 
méros), l'autre  à  l'histoire,  à  la  géographie,  etc.  Les  sciences  forment  six 
divisions  :  L  Sciences  en  général  =  78  numéros-,  IL  Sciences  philoso- 
phiques =  22  numéros  ;  IIL  Sciences  physiques  et  chimiques  =  14.5  nu- 
méros ;  IV.  Sciences  mathématiques  =  h\  numéros;  V.  Sciences  natu- 
relles =  3046  numéros^  VI.  Sciences  médicales  =  434  numéros.  Dans  la 
division  des  sciences  naturelles,  la  botanique  forme  la  section  C  et  com- 
prend à  elle  seule  2562  numéros.  —  Pour  fournir  des  termes  de  comparai- 
son, nous  rappellerons  que,  parmi  les  grandes  bibliothèques  botaniques 
dontla  vente  a  eu  lieu  depuis  quelques  années,  celle  de  Bischoff  comprenait 
1984  numéros,  celles  de  Kunth  et  de  Koch  réunies  s'élevaient  à  2736;  mais 
que,  dans  les  Catalogues  de  l'une  et  l'autre,  chaque  ouvrage  ou  mémoire 
séparé  portait  son  numéro  distinct,  tandis  que,  dans  le  Catalogue  de  la 
Bibliothèque  de  Jussieu,  c'est  particulièrement  pour  la  botanique  que  les 
numéros  correspondent  très  souvent  à  des  lots.  Ainsi,  sous  les  n"'  1250  et 
1251  se  trouvent  portés  48  mémoires  de  A.  L.  de  Jussieu  ;  sous  le  u"  1252 
se  trouvent  24  mémoires  pai-  Ad.  de  Jussieu  ;  sous  les  n°^  1253  et  1254  sont 
rangés  49  mémoires  de  A.  P.  de  Candolle  ;  sous  le  n"  1259  sont  compris 
10  mémoires  de  L.  C.  Richaid,  et  4  notices  biographiques  ou  autres  sur  ce 
célèbre  botaniste;  sous  le  n"  1260  nous  trouvons  35  mémoires  de  Aug.  de 
Saint-Hil.iire  ;  sous  le  n°  1261,  32  mémoires  de  Turpin,  etc. 

Il  peut  n'être  pas  sans  intérêt  de  montrer  la  répartition  de  tous  les  ou- 
vrages de  botanique  compris  dans  la  Bibliothèque  des  Jussieu,  selon  les 
divers  embranchements  de  la  science.  Cette  précieuse  collection  avant  été 
formée,  non  au  hasard,  mais  avec  une  parfaite  intelligence  des  besoins  pour 
des  études  complètes,  ce  relevé  peut  être  considéré  comme  une  sorte  de  sta- 
tistique approximative  de  la  littérature  botanique.  Nous  suivrons  pour  ce 
relevé  les  sections  du  Catalogue  imprimé,  et  nous  relèverons  pour  les  diffé- 
rentes divisions  de  la  botanic|ue  proprement  dite,  non-seulement  le  nombre 
des  numéros,  mais  encore  celui  des  ouvrages  eux-mêmes  portés  dans  chaque 
catégorie. 

1.  Histoire  :  u°»  527  à  541  ;  29  ouvrages. 


732  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE    FRANCE. 

2.  Dictionnaires  de  botanique  :  n°'  542  à  556;  16  ouvrages. 

3.  Traités  sur  l'enseignement  de  la  botanique:  n°' 558  à  621;  71  ouvrages, 
dont  certains  en  plusieurs  éditions  ou  traductions. 

h.  Physique  et  chimie  des  végétaux  :  n"*  622  à  655  ;  96  ouvrages. 

5.  Physiologie  des  végétaux  :  n"'  656  à  692  ;  62  ouvrages,  dont  certains 
à  plusieurs  éditions. 

6.  Organographie  végétale. 

A.  En  général  :  iV  693  à  735  ;  82  ouvrages. 

B.  Organes  de  la  végétation  et  leurs  fonctions  :  n"'  736  à  Sk2;  259  ou- 


vrages. 


C.  Fleurs;  organes  de  reproduction;  pollen  :  n°'  843  à  886;  86  ou- 

vrages, 

D.  Kmbryologie:  ovule;  fruit-,  graine;  germination  :  n"'  887  à  928; 

65  ouvrages. 

7.  Métamorphose  et  monstruosités  des  plantes  :  n°'  929  à   957  ;  72  ou- 
vrages. 

8.  Pathologie  végétale  :  n"'  958  à  969  ;  31  ouvrages. 

9.  Taxonomie  :  n°'  970  à  1110  ;  171  ouvrages,  dont  plusieurs  en  diverses 
éditions. 

10.  Histoire  générale  des  plantes  :  n°'  1111  à  1179;  76  ouvrages,  dont 
certains  en  plusieurs  éditions. 

11.  Recueils  de  figures  de  plantes  et  de  tleurs  :  n°'  1180  à  1212  ;  35  ou- 
vrages. 

12.  Dendrologie  :  n"'  1213  à  1225;  25  ouvrages. 

13.  Observations,  mélanges  et  opuscules  de  botanique  :  n"  1226  à  1313  ; 
389  ouvrages. 

ik.  Journaux  de  botanique  :  n°'  1314  à  1341  ;  31  ouvrages. 
45.  Végétaux  fossiles  :  n"'  1342  à  1364  :  44  ouvrages. 

16.  Recueils  de  plantes  rares  ou  peu  connues  :  n""  1365  à  1382  ;  20  ou- 
vrages. 

17.  Géographie  botanique  et   géographie  physique   :  n°'  1383  à  1405  ; 
65  ouvrages. 

18.  Voyages  :  n°n406  à  1541. 

19.  Flores. 

De  différents  pays  :  n"*1542  à  1553;  16  ouvrages. 

A.  Europe  :  n"'  1554  à  1563;  11  ouvrages. 

B.  France  :  n"'  1564  à  1658  bis;   122  ouvrages,  dont  certains  en 
plusieurs  éditions. 

C.  Espagne  et  Portugal  :  n"'  1659  à  1671  ;  20  ouvrages. 

D.  Italie,  Sicile  et  Sardaigne  :  n°'  1672  à  1714;  63  ouvrages. 

E.  Hollande,  Belgique  et  Suisse  ;  n"'  ,1715  à  1732  ;  27  ouvrages. 

F.  Allemagne,  Hongrie,  Silésie  :  n"  1733  à  1785  ;  76  ouvrages. 


REVIE    BIBLIOGRAPHIQUE.  733 

G.  Angleterre,  Ecosse  et  Irlande  :  w"  1786  à  1801  ;  20  ouvrages. 
II.  Suède,  Danemark,  iNorwege,  Russie  :  n"'  1802  à  1826;  Z'x  ou- 


vrages. 


I.  Grèce  et  empire  ottoman  :  n<"  1827  à  1832  ;  7  ouvrages. 
K.  Asie  :  n"M833  à  1895  ;  83  ouvrages. 
L.  Afrique  :  n*  1896  à  1930  ;  5U  ouvrages. 
M.  Amérique  :  n"^  1931  à  2005  ;  103  ouvrages. 
IN.  Terres  australes  :  n"^  2006  à  2020;  18  ouvrages. 

20.  Collections  de  plantes  des  jardins  publics  et  particuliers  :  n"'  2021  à 
2133  (France  :  60  ouvrages;  le  reste  de  l'Europe  :  108  ouvrages;  mé- 
langes :  17  ouvrages). 

21.  Poëmes  sur  la  botanique  :  n°'  2134  à  lïkk;  16  ouvrages. 

22.  Monographies. 

A.  Cryptogamie  :  n°'  2U5  à  2341  ;  346  ouvrages. 

B.  Phanérogames  monocotylédons  :  n°'  2344  (1)  à  2437;  187  ou- 


vrages. 


G.  Phanérogames  dicotylédons  :  n°^  2438  à  2806;  753  ouvrages. 

23.  Botanique  médicale  :  n°' 2807  à  2917. 

24.  Botanique  économique  et  culture  :  n"*  2918  à  3088. 

Il  résulte  du  relevé  que  nous  venons  de  présenter  que  les  ouvrages  de 
botanique  proprement  dite,  abstraction  faite  des  voyages,  dont  la  plupart 
sont  relatifs  au  moins  en  partie  aux  plantes,  ou  sont  même  purement  et 
simplement  des  ouvrages  de  botanique,  forment  un  total  de  3868,  qui  cor- 
respondent nécessairement  à  un  nombre  beaucoup  plus  considérable  de 
volumes. 

Sans  doute  on  peut  citer  des  bibliothèques  botaniques  plus  riches  en 
grands  ouvrages  à  planches,  et,  sans  sortir  de  Paris,  on  en  trouve  un 
splendide  exemple  dans  la  magnifique  Bibliothèque  Delessert,  qui  n'a  pas 
d'égale  aujourd'hui;  mais  il  ne  faudrait  cependant  pas  croire  que  la  collec- 
tion de  Jussieu  ne  fût  pas  elle-même  très  remarquable  sous  ce  rapport.  On 
y  trouve,  en  effet  :  \esPlantœ  asiaticœ  rariores  de  Wallich;  les  Icônes plan- 
tarum,  etc.,  de  Ledebour  (5  gr.  in-fol.)  ;  le  Floy^a  Javœet  le  Rumphia,  de 
M.  Blume;  les  Liliacées  de  Redouté  ;  la  Flore  des  Antilles  de  Tussac  ;  les 
grands  ouvrages  de  Jacquin;  les  Plantes  du  Coromandel  de  Roxburgh,  et 
beaucoup  d'autres  ouvrages  de  grand  luxe  et  d'un  prix  élevé. 

Disons  encore  qu'un  assez  grand  nombre  de  livres  de  la  Bibliothèque  des 
Jussieu  sont  enrichis  de  noies  de  leur  main  ou  de  celle  de  botanistes  célè- 
bres. Ajoutons  enfin  que  parmi  les  nombreux  manuscrits  conservés  dans 
cette  précieuse  collection  il  en  est  plusieurs  du  plus  grand  intérêt  soit  par 
le  nom  de  leur  auteur,  soit  par  leur  sujet  ;  nous  citerons  entre  autres  ceux 

(1)  La  série  des  numéros  présente  ici  une  petite  lacune. 


73/i  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

de  Tourneforl,  de  Banelier,  d'Aublet,  de  Vaillant,  de  Geoffroy,  de  Com- 

merson,  de  Diipetit-Thouars,  etc.,  les  dessins  de  Plumier,  d'Aubriet,  etc. 

I,a  vente  de  cette  précieuse  Bibliothèque  est  annoncée  comme  devant 
occuper  28  vacations-,  celle  des  ouvrages  de  botanique  proprement  dite  est 
lixéeaux  12,  13,  19-23,  25-30  janvier,  1-6,  8-10  février. 

NOUVELLES. 

Nécrologie.  —  Le  cabier  de  décembre  du  Journal  ofbotany  de  M.  Hooker 
annonce  la  mort  de  M.  William  Purdie,  qui  était,  depuis  plusieurs  années, 
directeur  du  Jardin  botanique  de  l'ile  de  la  Trinité.  M.  Hooker  rappelle  que 
ce  zélé  botaniste  voyageur,  avant  de  se  fixer  a  la  Trinité,  avait  exploré  très 
fructueusement  pour  la  science  la  Jamaïque  et  la  Nouvelle-Grenade,  et  que, 
entre  autres  espèces  intéressantes,  il  avait  introduit  dans  les  jardins  de 
l'Europe  le  Ceroxylon  andicola  Humb.,  ainsi  que  le  Phijtclephas  macro- 
carpa  R.  et  P.,  connu  vulgairement  sous  le  nom  de  Palmier  à  ivoire  vé- 
gétal. 

La  société  Linnéenne  de  Bordeaux  vient  de  publier  le  programme  des 
prix  qu'elle  propose  pour  l'année  1858  et  les  années  suivantes.  Ces  prix 
sont  relatifs  a  des  questions  de  conchyliologie,  de  botanique  et  d'histoire 
naturelle  appliquée.  La  première  des  deux  questions  de  botanique  propo- 
sées comme  sujet  de  prix  est  déjà  connue  des  lecteurs  de  ce  Bulletin;  elle 
avait  été,  en  effet,  mise  au  concours  pour  1856  et  1857  et  nous  en  avions 
reproduit  l'indication  (voy.  Bull,  de  la  Soc.  bot.  de  France,  III,  p.  206). 

La  Sociéti.'  Linnéenne  demande  «  Un  travail  complet  sur  les  Chênes  delà 
région  du  sud-ouest  de  la  France,  les  Basses- Pyrénées  comprises.  »  Il  est 
dit  dans  le  programme  nouveau  que  ia  Société  ne  s'était  luillement  dissi- 
mulé les  dit'licultés,  la  longueur  du  travail  nécessaire  pour  résoudre  cette 
question  d'une  manière  satisfaisante;  aussi,  bien  qu'elle  ait  été  élucidée 
purtieilcment  celte  année  par  les  travaux  de  M.  J.  Gay,  croit-on  devoir 
proroger  le  concours  aux  années  1858-59-60.  Jusqu'à  cette  époque,  ajoute 
le  programme,  la  Société  récompensera  les  travaux  qui  lui  seraient  envoyés 
et  qui  n'auraient  pour  objet  qu'une  partie  des  éléments  de  la  question. 

Le  prix  proposé  est  une  médaille  d'or. 

La  seconde  question,  que  la  Société  Linnéenne  remet  au  concours  pour 
1858  et  les  années  suivantes,  est  formulée  comme  il  suit  : 

a  Quels  sont,  dans  les  diverses  conditions  de  station  des  végétaux,  les 
modes  prédominants  de  reproduction  {durée  annuelle  ou  vivace  ;  racines 
traçantes;  tiges  souterraines  ;  nuircotage  naturel  ;  graines  normales,  ou  ger- 
mination par  propagules  divers;  fissiporité;  sexualité;  système  unique  ou 
multiple  do  7'eproduction,  etc.)?  » 


REVUE    BIBLIOGRAF'IIIQL'E.  735 

En  d'autres  termes  :  «  Comment  le  milieu  qu  habite  une  plante,  influe- 
t-il  le  plus  communément  sur  son  mode  de  reproduction  ?  » 

Le  prix  consistera  en  une  médaille  d'argent. 

L'une  des  deux  questions  d'histoire  naturelle  appliffuée  qui  sont  mises 
au  concours  par  la  Société  Linnéenne  de  Bordeaux  est  de  nature  à  inté- 
resser les  botanistes.  Seulement  elle  n'a  qu'un  intérêt  local.  Klleest  propo- 
sée pour  1858  et  les  années  suivantes. 

Elle  est  formulée  comme  il  suit  ; 

«  Faire  connaître  quelles  sont,  parmi  les  plantes  indigènes  de  la  Gironde, 
les  espèces  actuellement  regardées  comme  nuisibles  ou  tout  au  moins  sans 
usage,  qui  peuvent  le  mieux  être  utilisées;  et  préciser  en  même  temps  les  es- 
sais à  tenter  et  les  améliorations  que  l'on  devra  chercher  à  obtenir  dans  la 
culture.  » 

Le  prix  sera  une  médaille  d'argent, 

—  La  même  publication  de  la  Société  Linnéenne  de  Bordeaux  nous  ap- 
prend un  lait  que  nous  sommes  heureux  de  pouvoir  porter  à  la  connaissance 
des  lecteurs  de  ce  Bulletin.  Nous  en  reproduisons  textuellement  l'énoncé  : 

«  Dans  des  travaux  récents,  M.  J.  Gay,  de  Paris,  a  traité,  d'une  ma- 
nière tout  à  fait  supérieure,  quelques-unes  des  parties  de  la  question  mise 
au  concours  dans  la  section  de  botanique,  l'année  dernière.  La  Société  vou- 
lant récompenser  dignement  les  résultats  obtenus  par  le  patient  et  sévère 
observateur,  décerne  à  M.  J.  Gay,  une  médaille  d'argent,  grand  mo- 
dule, spécialement  pour  la  découverte  qu'il  a  faite,  et  la  diagnose  caracté- 
ristique qu'il  a  donnée  d'une  nouvelle  espèce  fiançaise  de  Chêne  [Quercus 
occidentalis  J.  Gay)  confondue  autrefois  avec  le  Chêne  liège,  par  tous  les 
auteurs  de  Flores  du  sud-ouest  de  la  France.  » 

—  Nous  lisons  dans  le  cahier  de  décembre  du  Journal  of  botany  de 
M.  Hooker  que  M.  Herman  Gruger,  botaniste  allemand,  très  avantageuse- 
ment connu  par  ses  travaux,  qui  habite  la  Trinité  depuis  plusieurs  années 
et  dont  nous  avions  annoncé  à  tort  la  rentrée  en  Europe,  d'après  le  Bon- 
plandia  [Bulletin  de  la  Soc.  bot.  de  France,  IV,  p,  'ôhk),  vient  d'être 
nommé  directeur  du  Jardin  botanique  de  cette  île,  en  remplacement  de 
M.  W.  Purdie  décédé. 

—  Le  même  cahier  nous  donne  une  nouvelle  que  tous  les  botanistes  ap- 
prendront avec  Ui)  profond  regret;  c'est  que  sir  William  Hooker  met  lin  à 
la  publication  inipoitanle  qui,  sous  des  titres  divers,  depuis  le  Botanical 
Miscellany  jusqu'au  Hooker  s  Journal  of  botany,  a  été  poursuivie,  de  1827 
jusqu'à  ce  jour,  sous  sa  savante  et  active  direction.  Ainsi  la  botanique  va 
perdre  le  seul  organe  spécial  et  général  qu'elle  possède  dans  la  Grande- 
Breta";ne  ! 


736  SOCIÉTÉ    KOTANlQrF.    DE    FRANCE. 

BIBLIOGRAPHIE. 

Botauisclie  Xcituiig. 

Articles  originaux  publiés  en  1857  (suite). 

Speerschneider  [J.).  Die  Ursache  der  Erkrankung  der  Kartoffelknolle  diirch 

eitie  Reihe  Expérimente  bewiesen  (La  cause  de  la  maladie  des  tubercules 

de  la  Pomme  de  terre  démontrée  par  une  suite  d'expériences)  ;  n°  8, 

20  fév.,  col.  121-125. 
Baijrhoffer  [W.).  —  Entwiokelungs-  und  Befruchtungsweise  von  Tfirom- 

bium  Nostoc  Wallr.   (Mode  de   développement   et  de  fécondation  du 

Th'ombium  Nostoc  Walli-.)  ;  n"  9,  27  fevr.,  col.  137-lZi5,  pi.  III. 
Caspary  {liob.). — Bevvirkt  die  Sonne  Risse  in  Rinde  und  Holz  der  Baume 

(Le  soleil  amène-t-il  le  crevassement  de  l'écorce  et  du  bois  des  arbres'?); 

n°  10,  6  mars,  col.  153-156. 
Reichenbach  fil.  [H. -G.).  — Gartenorchideen  (Orchidées  de  jardin);  n°  10, 

6  mars,  col.  157-159. 
Millier  {fC.,  de  Halle).  —  Paliiophylologische  Blieke  (Aperçus  palaeophyto- 

logiqucs)  ;  n°  10,  G  mars,  col.  159-165. 
Klotzsch  [Fr.].  — Ueber  die  Begoniaceen-GalUmg  Platycentrum  [sm  le 

genre  de  Bégoniacées  Platycen(riim);  n°  11,  13  mars,  col.  177-18^. 
Bonorden  [H. -F.).  —  Bau  ûev  Alphitomorpha  guttata  [PItyllactinia  guttata 

Lev.]  nebst  Bemerkungen  (Structure  de  VAlphitoniorpha  guttata  [Phyllac- 

tiniaguttata  Lev.]  avec  des  remarques)  ;  n°  12,  20  mars,  col.   193-199, 

pi.  IV,  A. 
Milde  [J.).  —  Rechtfertigungdes  Genus  Cho.mœceros  gegen  Herrn  Profes- 

sor  Lehmann.  (Oél'ense  du  genre  C/iamœceros  contre  le  professeur  Leh- 

mann)  ;  n"  12,  20  mars,  col.  199-201. 
Bonoi'den  {H.-F.).  Beitriige  zur  Mykologie  (Notes  de  Mycologie)  ;  n"  13, 

\U,  27  mars,  3  avril,  col.  209-212,  pi.  IV,  B,  col.  237-228,  pi.  V,  B. 
Willkornm.  —  Bemerkungen  ûber  Kritische  Pflanzen  der  Mediterrautlora 

(Remarques  sur  des  plantes  critiques  de  la  flore  méditerranéenne)  ;  u"  13, 

col.  212-220. 
Cienkmvski.  —  Rhizidium  Confervae  glomeratse  ;  n»  l/i,  3  avril,  col.   233- 

236,  pi.  V,  A. 
Molli  [Hugo  von).  —  Ueber  die  Aufbewahrung  mikroskopischer  PrSparate 

(Sur  la  conservation  des  préparations  microscopiques);  n'"15  et  16,  10  et 

17  avril,  col.  2^9-255,  265-271. 


Palis.  —  Imprimct'ic  Je  I.,  Martinet,  r;ie  Migdon,  2. 


SOCIÉTÉ    BOTANIQUE 

DE  FRANCE. 


SÉANCE    DU    10    JUILLET    1857. 

PRÉSIDENCE   Dfi   M.    MOQUIN-TANDON. 

M.  Ducliartre,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  th  lu 
séance  du  26  juin,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance,  M.  le 
Président  proclame  l'admission  de  : 

MM.  DE  Martius,  secrétaire  de  l'Académie  des  sciences  de  Bavière, 
membre  correspondant   de  l'Institut  de  France,    etc.,   à 
Munich  (Bavière),   présenté  par  MM.  J.   Gay  et  Moquin 
Tandon. 

Théveneau,  docteur  en  médecine,  à  Béziers  (Hérault),  présenté 
par  MiM.  J.  Gay  et  Moquin-Tandon. 

Merche  (Charles),  vétérinaire  de  première  classe  au  régiment 
de  lanciers  de  la  garde  impériale,  à  Saint-Germain-en-Layo 
(Seine-et-Oise),  présenté  par  MM.  Weddell  et  de  Schœ- 
nefeld. 

M.  le  Président  annonce  en  outre  quatre  nouvelles  présentations. 

Dons  faits  à  la  Société: 

1°  Par  M.  Vattemare,  directeur  de  l'Agence  centrale  des  échanges 
internationaux  : 

Report  of  the  Commissioner  of  patents,  185i!i,  1855. 
Contribution  de  l'Agence  centrale  des  échanges  internai iomu.c  au  con- 
cours universel  de  1856. 

2"  De  la  part  de  M.  Ch.  Marlins,  de  Montpellier  : 
Le  Platane  de  Bi/Jngdérc,  lithographie. 

3"  En  échange  de  Bulletin  de  la  Société  : 
///h.s7/7'//,  juillet  1857,  deux  numéro;-. 


T.   TV 


Ul 


738  sociÉTi';  botanique  de  frange. 

M.  J.  Guy  annonce  (jue  M.  Tliéveneau,  membre  de  la  Société, 
dont  l'admission  vient  d'être  proclamée,  a  découvert  dans  la  mare  de 
Hiiïauds,  près  d'Agde  (Hérault),  le  Damasonium  jiolyspermum  Coss., 
espèce  nouvelle  pour  la  llore  française  et  qui  n'était  connue  qu'en 
Andalousie,  où  elle  avait  été  récoltée  aux  environs  de  Cadix,  en  18/i9, 
par  M.  Hourgeau. 

M.  Ducliartre,  secrétaire,  donne  lecture  de  la  communication 
suivante,  adressée  à  la  Société  : 

DISCUSSION  DE  QUELQUES  POINTS  DE  GLOSSOtOGIE  BOTANIQUE,  par  M.  D.  CLOS. 

(Toulouse,  4  juillet  1857.) 

I.  Du  mot  ACUMiMî.  — La  signification  précise  de  certains  termes  a  dans  les 
sciences  naturelles  une  assez  grande  importance  ;  elle  eu  a  surtout  lorsqu'il 
s'agit  d'une  de  ces  expressions  fiéquemment  usitées  en  phytographie  pour 
la  distinction  des  espèces:  c'est  pourquoi  nous  ne  croyons  pas  inutile  d'at- 
tirer l'attention  des  botanistes  sur  la  différence  des  définitions  qui  ont  été 
données  du  mot  acuminé,  et  de  Teinploi  qui  en  a  été  fait. 

Le  foiidalcur  de  la  nomenclature,  Linné,  a  établi  que  la  feuille  acuminée 
doit  se  terminci-  par  une  pointe  subulée  {apice  subulato),  tandis  que  la  feuille 
aiguë  se  termine  par  un  angle  aigu  [Philos.  Bot.). 

Plusieurs  auteurs  modernes,  Mirbel  [Elém.  de  Phys.,  1. 11,  p.  6û8),  Acii. 
Richard  [Éléiii.,  T  édit.,  p.  193),  et  M.  Godion  [FI.  de  Lorr.,  III,  p.  61) 
disent  ac}nninée  la  feuille  dont  les  bords,  avant  de  se  rejoindre,  changent  de 
direction,  de  manière  à  se  rencontrer  moins  vite;  d'autres,  Du  Petit-ïhouars 
[Cows  de  Phi/s., ^.  21),  et  M.  LeMaout(A^/.  de  Bot.,  17)  expriment  la  même 
idée,  appelant  acuminée  la  feuille  dont  la  pointe  provient  d'un  rétrécisse- 
ment subit  qu'éprouve  la  lame.  Link  me  parait  avoir  heureusement  énoncé 
les  différences  des  feuilles  aigué,  obtuse  et  acuminée,  dans  la  phrase  apho- 
ristique  suivante:  Apicis  regio  lineis  rectisinclusa  folium  acutatum  reddit, 
lineis  convexis  inclusa,  obtusatum,  lineis  concavis  inclusa,  acuminatum 
[Elem.PhiL  bot.,  éd.  Î2,  t.  I,  p.  h'2'2). 

Voici  maintenant  d'autres  botanistes  qui  me  semblent  avoir  détourné  ce 
mot  de  son  acception  primitive. 

De  Caudolle  écrit  :  ucutus,  pointu,  eu  général  qui  se  termine  par  un  angle 
aigu  :  acnminalm,  qui  se  prolonge  en  un  angle  aigu  [Théor.  éléin.,  \'^  éd., 
p.  ^159)  ;  Desvaux  traduit  le  mot  latin  acuininutus  par  aiçiu  [Traité  (jén. 
de  /Jot.,  p.  239)  ;  et  INI.  Boreau  déliait  le  mot  acuininé,  se  terminant  însen- 
sibleinent  en  pointe  effilée  [FI.  du  Centre,  \"'  et  '6"  edit.,  p.  88).  Une  défi- 
nition analogue  à  celle-ci  a  été  donnée  par  Smith  [Introd.  to  Bot.,  5"  éd., 
p.  129),  par  G.  A.  Moyd  [Bof .  Tirm..  p.  89),  par  IM.  I.indiey  [hUrod.to 
But.,  éd.  2,  p.  386). 


SKANCE    DU     10    .ILILLET    1857,  739 

On  ne  s'ctonneia  donc  pas  si  ce  mot  ucuminé  est  appliqnc  par  ces  deux 
catégories  d'auteurs  u  des  leuilles  dont  le  sommet  est  tout  dilïércnt.  Des 
trois  derniers,  deux  citent  comme  exemples  de  feuille  acutninée,  VArundo 
Phmgmiles  L.  et  le  Scirpus  maritimus  I..,  et  le  troisième  (M.  Lindley)  le 
Salix  alba  L. ,  plantes  dont  le  limbe  se  termine  insensiblenu'.nt  en  pointe. 

Du  Petit-Tliouars  donne,  à  bon  droit,  comme  exemple  de  feuilles  acn- 
minées  celles  du  Ficus  religiosa  L.,  à  propos  desquelles  Mnné  dit,  en  effet, 
fol  Us  cordât  is  acuminatisaùuis  {Syst.  JVat.),  et  l.amarck /o/Z/s  suhcordalis 
longe  acuminatis  {DicL,  II,  p.  ^93).  Longtemps  avant  eux  (1616),  Dodoëns 
appelait  acuminces  [acuminata]  les  feuilles  de  son  Convolvuius  niger  {Poly- 
gonum  Convolvuius  L.)  et  du  Tilleul  (Dodonœus  Pempt.,  p.  395  et  838). 
Les  feuilles  de  ce  dernier  arbre  sont  désignées  aussi  comme  telles  par  Miller 
[Dict.),  Hoffmann  [Gerni.,  p.  185}  et  Ventenat  [Monogr.  p.  i),  tandis  que  De 
Candolle  les  dit  simplement  terminées  en  pointe  [FI.  fr.^  IV,  p.  825]  (1), 
appelant  également  yjom^î^es  [ibid.,  III,  32^)  celles  de  la  Pariétaire  offici- 
nale, que  M.  l.e  Maout  donne  comme  exemple  de  feuilles  acuminées 
{Atlas,  p.  17).  Quant  à  M.  Boreau,  il  décrit,  il  est  vrai,  comme  acuminées^ 
les  feuilles  du  Tilleul  et  de  la  Pariétaire  (/.  c.  p.  30  et  /ilO),  exemples  en 
contradiction,  ce  me  semble,  avec  sa  définition  déjà  citée. 

Qu'on  me  permette  de  produire  encore  un  exemple  du  peu  d'accord  des 
pbytographes  sur  le  sens  des  mois  cdgu  et  acuminé.  Aiton  a  dit  de  son 
Corylus  rostrata  :  foliis  cordatis  acutis  [Hort.  Keiv.)^  et  Walter  de  son  Co- 
rylus  americana  (synonyme,  d'après  les  auteurs,  du  C.  rostrata  Ait.)  :  foliis 
cordato-ovatis  acuminatis  [Flor.  ca7'ol.). 

Concluons  des  considérations  qui  précèdent  :  1°  que  des  définitions  dif- 
férentes et  contradictoires  ont  été  données  du  mot  acuminé  5  2°  que  certains 
auteurs  ne  l'ont  pas  distingué  du  mot  aigu,  la  même  feuille  étant  pour  les 
uns  aiguë,  pour  les  autres  acuminée  5  3"  qu'il  convient  de  rendre  au  terme 
acuminé  le  sens  dans  lequel  il  a  été  employé  par  Dodoëns  et  par  Linné. 

IL  Des  mots  archégone,  ovule,  pseudovule.  —  Après  que  3J.  le  comte 
Leszczyc-Suminslvi  eut  découvert,  en  1848,  l'exisience  de  deux  sortes  d'or- 
ganes sexuels  sur  le ^jroMa//mw  des  Fougères,  M.  Hofmeister,  ayant  dé- 
couvert aussi  l'appareil  sexuel  femelle  sur  le  prothallium  des  Equisétacées 
(1851),  désigna  indifféremment  sous  le  nom  ù'archégones  et  cet  appareil 
et  les  jeunes  sporanges  de  la  plante  adulte  {Vergleich.  Unters.).  A  son 
exemple,  Adrien  de  Jussieu  n'adopta  aussi  qu'un  seul  nom  pour  ces  deux 
organes  (6m»s  élém.^  5'=edit.,  p.  421,427,  429,  etc.).  En  1853,  Bischoff 
fittrèsjudiciousement  remarquer  l'inconvénient  d'appliquer  un  même  terme 
à  deux  organes  de  nature  différente,  et  réclama  l'emploi  exclusif  du  mot 

(1)  Plus  tard,  dans  \<iProdromus  regni  veg.,DQ  Candolle  fait  entrer  le  mot 
acuminé  dans  les  diagnoses  qu'il  donnf  des  Tilloids. 


7/iO  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

nrchégone  {primordium  fructus)  créé  par  lui,  pour  le  commencement  du 
fruit  ou  le  jeune  sporange  venu  sur  la  plante  adulte  :  il  désignait  en  même 
temps  l'organe  sexuel  lemelle  du  protlicdliwn  sous  le  nom  de  Keimknospe, 
expression  qui  a  été  traduite  en  français  par  le  mot  ovule  {Ann.  sr.  not., 
3*  sér.,  t.  XIX,  p.  232).  Bien  que  dans  un  travail  ultérieur  (185'i)  M.  Hof- 
meister  ait  encore  conservé  pour  cet  appareil  je  mot  archégone,  nous  pen- 
sons que  tous  les  physiologistes  comprendront  avec  Bischoff  l'opportunité 
de  réserver  ce  terme  pour  le  jeune  sporange  qui  se  montre  sur  la  plante 
adulte.  Toutefois,  il  nous  paraît  y  avoir  un  grave  inconvénient  à  laisser 
s'introduire  dans  la  science  le  mot  ovule,  en  tant  qu'appliqué  à  ces  petits 
organes  femelles  du  prothallinm  des  cryptogames  élevées  en  organisation, 
Tl  est  possible,  coname  l'indique  le  traducteur  anonyme  du  Mémoire  de 
Bischoff,  que  ce  terme  réponde  à  l'idée  que  se  faisait  ce  savant  de  ces  or- 
ganes ;  cependant  il  convient  de  remarquer  :  1**  que  les  Allemands  ont  un 
mot  spécial  [Eichen  ou  Eierchen)  pour  designer  l'ovule  ;  2°  que  !\1.  Schlei- 
den,  ne  voulant  pas  admettre  ce  terme,  avait  proposé  de  le  remplacer 
[Grundz.  d.  wissensc/iaftl.  Bot,  2'  éd.,  p.  21x5)  par  celui  de Samenknospe  ou 
gemmula,  suivant  en  cela  l'exemple  donné  par  Kndlicher  dans  ses  ouvrages 
descriptifs  ;  3°  (jue  Bischoff  lui-même  a  traduit  ailleurs  le  mot  Keimhiospe 
par  ceux  de  gemma  proUlica,  propago,propagulum  [Lehrb.  d.  Bot.^  p.  253). 

Si  l'on  nepeutuier  V analogie  à^?,  prétendus  ovules  ûes  prothalliian  avec 
les  ovules  des  phanérogames,  on  ne  saurait  cependant  reconnaître  entre  ces 
organes  plus  de  ressemblance  qu'il  n'y  en  a  entie  les  anthéridics  et  les  éta- 
raines.  En  effet,  sans  parler  des  différences  d'organisalion  qui  distinguent 
ces  deux  sortes  de  productions,  on  peut  dire  que  les  prétendus  ovules  se 
montrent  sur  une  membrane  ou  masse  celluleuse  dont  la  durée  est  éphé- 
mère, et  les  ovules  vrais  sur  la  plante  adulte  :  les  premiers  ne  se  séparent 
pas  du  corps  dont  ils  émanent,  les  seconds  s'en  séparent  ;  les  uns  ne  passent 
pas  à  l'état  de  graines,  les  autres  (à  moins  d'avortement)  subissent  con- 
stamment celte  transformation;  si  bien  que  les  botanistes,  dans  l'impossi- 
bilité d'établir  la  limite  entre  l'ovule  et  la  graine,  définissent  l'ovule,  le 
rudiment  de  la  jeune  graine  [De  Candolle,  Aug.  de  Saint-Hilaire,  etc.).  A  ces 
divers  points  de  vue,  mais  non  (juant  à  l'organisation  ni  quant  au  mode  de 
formation,  les  jeunes  spores  seraient  plus  analogues  aux  ovules  des  phanéro- 
games que  ces  appareils  femelles  du  prothallium,  auxquels  ne  convient  pas 
plus,  à  notre  avis,  le  mot  cVarchogone  que  celui  cVovule  ;  nous  proposons  de 
les  désigner  par  celui  de  pseudovules  qui  nous  paraît  être  en  harmonie  avec 
celui  d'ant/iéridies. 

111.  Des  mots  infère  et  ADHÉRE^T,  supère  et  ltbre,  appliqués  â  l'ovaire. — 
ïournefort  est  de  ceux  (|ui  ont  le  plus  contribué  à  faire  prévaloir  cette  opi- 
nion que  l'ovaire  infère  est  formé  par  la  soudure  de  cet  organe  avec  le  tube 
du  calice,  et  ce  grand  botaniste  blàrae  les  phytographes  de  ne  pas  avoir 


SÉANCE    DU    10    JUILLET    1857.  7H 

reconnu  que  la  capsule  des  Campanules  tire  son  origine  du  calice  (Insdt. 
rei  lierb.,  p.  71)  ;  de  là  son  expression  favorite  dans  la  caractéristique  des 
genres  à  ovaire  infère  :  calyx  nbit  in  fructum. 

On  lit  dans  le  Cours  élnnentairc  d'Adrien  de  .Tussieu,  au  sujet  de  la  sou- 
dure des  divers  verticilles  de  la  fleur  :  «  les  ternies  de  calice  adhérent  et 
d'ovaire  adhérent  indiquent  tous  deux  également  cette  circonstance  :  on  la 
désignait  autrefois  sous  ceux  de  calice  supère  et  à'ovaire  infère  »  (5«  éd., 
p.  302).  Ach.  Richard  semble  donner  aussi  la  préférence  aux  mots  d'otwVe 
adhérent  sur  ceux  d'ovaire  infère  [Précis,  p.  21/i).  Or,  depuis  les  curieuses 
observations  de  iM.  Schleiden  sur  la  nature  du  pistil,  de  nombreuses  recher- 
ches ont  établi  que,  si  le  célèbre  Allemand  avait  trop  généralisé  l'existence 
de  pistils  tigellaires  ou  cauligènes,  il  n'en  fallait  pas  moins  reconnaître  que 
les  parois  de  lovaire  d'un  assez  grand  nombre  de  plantes  sont  formées 
par  une  dilatation  de  l'axe.  Sans  doute,  la  science  attend  encore  de  nouvelles 
données  à  cet  égard,  mais  il  n'en  reste  pas  moins  démontré  que  les  expres- 
sions si  usitées  de  calice  adhérent  et  d^ ovaire  adhérent  représentent  dans  la 
plupart  des  cas,  sinon  toujours,  des  idées  fausses  :  il  conviendrait  donc,  ce 
semble,  de  les  abandonner  et  de  revenir  à  celles  d'ovaire  supère  ou  libre  et 
d' ovaire  infère  [germensuperum,  germen  inferum),  employées  par  Linné  et 
plus  près  de  nous  par  Kndlicher,  et  qui  ont  le  double  mérite  d'être  exactes 
et  de  ne  rien  préjuger  au  point  de  vue  théorique.  Il  doit  en  être  de  ces  mots 
comme  des  termes  monosépale  et  monopétale,  appliqués  d'abord  au  calice 
et  à  la  corolle,  et  qui,  par  suite  des  observations  modernes,  tendent  à  re- 
prendre la  place  sur  ceux  de  gamosépale  et  d^d  gamopétale  depuis  longtemps 
en  faveur. 

IV.  Des  mots  nucules,  achaines,  coques,  carpelles,  mékicarpes,  hé- 
micarpelles, appliqués  aux  parties  des  fruits  des  Labiées  et  des  Borragi- 
nées.  —  On  a  donné  le  nom  de  nucules  {nuculcc)  aux  éléments  du  fruit  des 
Borraginéos  (M.  Alph.  De  Candolle,  Prodr.,  t.  IX  et  X)  et  des  î.abiées 
(M.  Bentham,  Ibid.,  t.  Xll).  M.  Lindley  les  désigne  sous  le  nom  de  noix 
[nuls],  et  ce  même  mot  [nuces]  est  employé  par  Endlicher  [hJnchir.,  p.  320 
et  Gen.pl.)  pour  les  Borraginées,  ce  savant  réservant,  comme  A.  Richard 
[Précis,  p.  16^i),  le  mot  achaines  pour  les  Labiées.  Ce  dernier  terme  est 
usité  dans  ces  deux  familles  par  iMiM.  Adrien  de  Jussieu  [Elém.,  5°  édit. , 
p.  322),  Schleiden  [Grundz.,  t.  II,  p.  il 3)  et  Grenier  et  Godron  {FI.  de 
France).  M.  Le  Maout  se  sert  indifféremment,  dans  le  même  cas,  des  mots 
achaines ovi  nucules  [Atlas  de  Dot.,  T^.  181  et  182).  D'autres  botanistes,  tels 
quelMM.  Boreau  {FI.  du  Centre,  1"  et  3«éd.)  et  Cosson  et  Germain  [Flore 
desenv.  de  Paris)  admettent  dans  ces  familles,  ainsi  que  le  fait  A.  Richard 
pour  les  Borraginées  (/.  c,  p.  \hk),  h  carpelles  (1).  Enfin,  nous-méme, 

(1)  M.  Germain  de  Saint-Pierre  a  reconnu  l'inipropriété  de  ce  terme,  qui  dispa- 


7Û2  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE   FRANCE. 

nous  avons,  à  tort,  désigné  les  parties  du  fruit  des  Labiées  sous  le  nom  de 
coques  {Bull.  Soc.  Bût,  II,  p.  169). 

Les  faits  téralologiques  ayant  confirmé  la  théorie  d'après  laquelle  le  fruit 
des  Labiées  et  des  Borrnginées  serait  à  2  carpelles,  tous  les  termes  que  nous 
venons  d'indiquer  nous  semblent  inexacts. 

L'achaine  a  toujours  été  défini  un  fruit  et  non  une  partie  de  fruit.  Le 
mot  nucule  désigne  pour  Link  un  péricarpe  dur  à  l'extérieur,  petit  et  mo- 
nosperme, Y)Q'f>\i^\\%  [Traité  de  Bot.,  p.  183)  et  A.  Richard  [Précis,  p.  272), 
voient  des  nucules  dans  les  petits  noyaux  renfermés  dans  les  fruits  du  Sureau, 
du  Lierre,  des  Rhamnées.  Pour  Mir!)el,  les  nucules  sont  des  boîtes  solides, 
toujours  au  nombre  de  deux  ou  plus,  formées  par  l'endocarpe  (panninterne) 
et  servant  d'enveloppe  auxiliaire  à  beaucoup  de  graines  (£'/(<'n2.  de  PhysioL, 
I,  p.  327).  Mois,  tandis  que  cet  auteur  cite  pour  exemple  les  noyaux  de  la 
Nèfle,  De  Candolle  n'admet  des  osselets  ou  nucules  que  dans  les  fruits  [nu- 
culaines)  non  couronnés  par  les  lobes  du  calice  [Théor.  élém.,  1"  et  3*  éd., 
p.  360,  38i).  Ce  dernier  savant  donne  aussi  le  nom  de  nucula  (noisette)  au 
fruit  des  Labiées  [Ihid.,  358,  382).  fiischoff,  qui  applique  ce  mol7iuctdeaux 
parties  du  fruit  des  fjorraginées,  des  Labiées,  des  Fraisiers  et  des  Rosiers,  les 
définit  des  carpelles  durs  et  séparés,  et  le  plus  souvent  des  caryopses  nuci- 
formes  {Lehrb.  d.  Bot,^  p.  132).  A.  de  Saint-Hilaire  ne  voit  pa>  d'inconvé- 
nient à  appeler  noix  le  fruit  de  toutes  les  Cypéracées,  tout  en  faisant  re- 
marquer que  la  noix  a  été  tour  à  tour  un  noyau,  une  partie  du  fruit,  un 
fruit  simple  et  monosperme,  adhérent  ou  non  adhérent  à  la  graine,  un  fruit 
composé  iiniloculaire  et  à  une  seule  semence,  un  fruit  composé pluriloculaire 
adhérent  ou  non  adhérent  au  calice  [Leçons  de  Bot.,  p.  IQU  et  707)  ;  et,  en 
effet,  le  père  de  la  carpologie,  Gœrlner,  donne  à  ce  mot  la  plus  large  ex- 
tension (1). 

Dans  son  Mémoire  sur  les  Labiées,  Mirbel  s'est  attachée  prouver  qu'on 
ne  devait  donner  aux  parties  du  fruit  de  ces  plantes,  ni  le  nom  de  ca- 
ryopses, ni  celui  de  noix,  ni  celui  d'achaines,  et  il  les  désigne  très  convena- 
blement sous  celui  de /nmcar/36s(voy.  Ann.  du  mus.  t.  XV),  employé  aussi, 
soit  pour  cette  famille,  soit  pour  celle  des  Borraginées,  par  A.  de  Saint- 
Hilaire(/.  c.  p.  663).  Toutefois,  ce  dernier  terme  ayant  été  primitivement  ap- 
pliquépar  Koch  et  De  Candolle,  etdepuis  par  Kndlicher(/.  c,  par  MM.  Gre- 
nier etGodron  {FI.  de  France)  et  par  M.  Bureau  (/.  c.)  aux  deux  parties  du 
fruit  des  Ombellifères  ;  nous  pensons,  contrairement  à  l'opinion  d'Aug.  de 
Saint-Hilaire,  qu'il  importe  de  ne  pas  le  détourner  de  sa  signification  primi- 

raîtra,  dit-il,  dans  une  prochaine  édition  de  la  Flore  des  environs  de  Paris  {Bull, 
de  la  Soc.  Bot.,U  If,  p.  258). 

(1)  !Niix  est  conceptaculum  durum  quod  vcl  plane  non  dehiscit,  vcl  si  aperilur 
in  valvulas  duabus  plurcs  secedit.  (Gaertncr,  De  fruct.  et  semin.,  p.  xci.) 


SÉANCE    DU    10    JUILLKT    1857.  743 

tive,  car  les  mérioarpes  des  Labiées  différeraient  de  ceux  des  Ombcllifcrcs 
par  l'absence  de  calice  et  de  style,  et  aussi  en  ce  qu'ils  ne  représentent  clia- 
cun  qu'un  domi-carpelle. 

On  l'a  dit  depuis  longtemps  et  avec  raison,  beaucoup  d'espèces  différonics 
de  fruits  passent  des  unes  aux  autres  par  des  nuances  insensibles;  etsil'on 
veut  avoir  un  ternie  pour  chacune  de  ces  inodilîcations,  la  nomenclature 
carpoloj^iqne  sera  un  vrai  chaos.  Aussi  croyons-nousqu'on  a  sagement  l'ait 
d'éliminer  la  majeure  partie  des  mots  proposés  pour  les  fruits  par  Mirbel, 
Uesvaux  et  quelques  botanistes  modernes.  Néanmoins,  les  considérations 
qui  précèdent  nous  paraissent  établir  clairement  l'impropriété  des  mots 
achaines,  nucules,  carpelles  ou  coques  appliqués  aux  parties  du  fruit  des  La- 
biées et  des  Borraginées  :  M.  Seringe  a  depuis  longtemps  (1831)  proposé 
pour  elles  celui  très  juste  ei  con\mah\e  (V hémicarpelles  [Méni .  surremhrijon 
des  Labiées  in  Hamilton,  Esq.  monogr.du  genre  Scutellaria,  p.  65),  et  les 
termes  d" hémicarpelles  charnus  devraient  s'appliquer  aussi,  selon  nous,  aux 
parties  du  fruit  des Ochnacées. 

V.  Des  mots  UADicuLEe^  collet. — A  l'exemple d'Adanson  et  de  Gserlner, 
les  botanistes  modernes  appellent  radicule  la  partie  de  l'axe  de  l'embryon 
ou  hlastème  qui  est  au-dessous  des  cotylédons  et  qui  avait  reçu  de  Césal- 
pin  et  de  Linné  le  nom  de  rostellum.  Du  Petit-Thouars,  Gaudichaud  et 
d'autres  physiologistes  se  sont  efforcés  de  montrer  que  ce  corps  ne  répond 
nullement  à  la  racine  de  la  plante  adulte,  racine  qui,  à  l'époque  de  la  ger- 
mination, se  forme  de  toutes  pièces  de  sa  pointe  inférieure  :  il  répond,  au 
contraire,  exacteineut  à  celte  partie  de  l'axe  végétal  interposée,  chez  les  vé- 
gétaux dicotylédons  adultes,  d'une  part  aux  cotylédons,  de  l'autre  aux 
rangées  régulièresdes  rnùicellesdu  pivot,  c'est-à-dire  au  collet  tel  (|r.enous 
l'avons  jadis  défini.  Il  nous  semble  que  ce  mot  de  collet  remplacerait  avan- 
tageusement celui  de  radicule,  qui  consacre  une  eri-(ur. 

L'identité  de  ces  deux  parties  de  l'axe  ne  saurait  être  méconnue,  et  la 
comparaison  d'un  assez  grand  nombre  de  plantes  prouve  que  généralement 
celles  dont  le  collet  embryonaire  (radicule)  est  très  court  et  comme  réduit 
à  un  petit  mamelon  (Chêne,  'Mari'onnicr,  Amandier, Fève,  Pois,  etc.), offrent 
sur  la  plante  adulte  leurs  radicelles  les  plus  clevées  très  près  de  l'insertion 
des  cotylédons,  ce  qui  revient  à  dire  qu'à  cet  âge  aussi  lo  collet  est  très 
court, 

VL  D^Y"'^^'^"^^^  Champignons.  —  On  définit  ordinairement  les  Cham- 
pignons des  végétaux  terrestres  vivant  sur  les  corps  organisés  morts  ou  ma- 
Iodes  (voy.  Le  Maout,  Leçons  de  Bot.,  p.  (ittO).  Kndiicher  dit  aussi  de  ces 
plantes:  vegeiabilia  in  organismis  languescenlilms  vel  emortuis  enata  {Gen. 
plant. y  p.  16).  Enfin,  iVL  Duby  énonce  qu'elles  ne  se  développent  pas  sur 
des  végétaux  vivants  :  in  plnntis  vivis  non parasitica  {Bot.  GalL,  p.  728). 
Ces  définitions  et  cette  assertion  ne  nous  semblent  pas  exactes  et  nécessitent 


7àll  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE    FRANCL, 

quelques  restrictions.  Kn  effet,  bien  que,  dans  la  plupart  des  exemples  rap- 
portés par  Bulliard,  de  Champignons  nés  sur  d'autres  Champignons,  le  pa- 
rasite se  soit  montré  sur  des  individus  morts  ou  pourris  (Voy.  Herù.  delà 
France,  Champ.,  pi.  IGG,  256,  57/t,  f.  2)  ;  cependant  cet  auteur  déciit  et 
figure  son  Bolet  "^ï^v^sMci^Boletui^  puraxiticus\W\\.)veïHnttsur  la  Vesse-Loup 
vemiqueuse  vivante.^  et  nous  même  avons  vu,  au  mois  d'octobre  dernier,  le 
chapeau  d'un  Bolctus  cdulis  Bull,  surmonté  d'un  autre  individu  de  même 
espèce,  plus  petit,  mais  parfaitement  conformé,  adhérant  par  la  base  de  son 
pédicule  à  la  partie  supérieure  du  chapeau,  en  ce  point  nu  peu  déprimé, 
ij'un  et  l'autre  étaient  parfaitement  vivants.  L'explication  de  ces  sortes  de 
faits  ne  nous  parait  pas  facile  à  donner.  Le  parasite  serait-il  dû  au  dévelop- 
pement d'une  spore  à  la  surface  de  l'individu-support?  Mais  dans  le  deinier 
cas  cité,  on  n'apercevait  sur  le  chapeau  aucune  trace  de  mycélium.  Fau- 
drait-il plutôt  voir,  dans  cette  superposition  de  deux  êtres  vivants,  un 
exemple  de  prolification?  Il  appartient  aux  mycologues  de  nous  donner  la 
solution  du  problème. 

Un  fait  du  même  genre  a  été  constaté  chez  les  phanérogames  :  car  je  me 
rappelle  avoir  lu  dans  une  des  notes  ajoutées  par  M.  Rœper  à  sa  traduction 
allemande  de  la  Physiologie  végétale  de  De  Candolle  (si  mes  souvenirs  sont 
exacts),  qu'on  a  vu  le  Gui  parasite,  non-seulement  sur  58  espèces  d'arbres 
différents,  mais  encore  sur  lui-même. 

M.  Lestiboudois  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

DE  LA  VRILLE  DES  CUCURBITAGÉES,  par  M.  Tliëni.  LESTflBOL'DOI!». 

La  vrille  des  Cucurbitacées,  insymétrique,  placée  sur  l'un  des  côtés  du 
pétiole,  devait,  par  sa  position  singulière,  appeler  l'attention  des  botanistes 
et  exciter  tout  particulièrement  la  sagacité  de  ceux  qui  s'efforcent  de  ratta- 
cher aux  types  réguliers  les  parties  anormales  des  plantes.  Pour  déterminer 
son  origine  et  sa  signification,  on  a  fait  un  grand  nombre  de  supposi- 
tions; il  n'est  pas  d'organe  peut-être  qui  en  ait  fait  naitre  davantage. 

On  a  pensé  (lu'elle  était  : 

1^  L'analogue  des  racines  advenlives  qui  naissent  souvent  à  la  base  du 
pétiole  ou  à  l'origine  des  mérithallcs  (Tassi). 

2°  Une  feuille  caulinaire  transformée,  qui  serait  géminée  avi  c  la  feuille 
ordinaire  (Gasparrini,  Seringe,  Braun). 

3"  Un  dédoublement  de  la  feuille  et  un  organe  semblable  a  la  vrille  du 
Lathyrus  Aphacn  (Clos). 

W  Une  stipule  (Auguste  de  Saint-llilairc,  Stocks,  De  Candolle). 

f)"  Le  prolongement  de  la  tige  transformée  et  déjctee  latéralement  (Fabre). 

0"  Une  production  axillaire:  soit  le  rameau  axillaire  lui-même  (Aaudin)  ; 


sft.vNci':  DU  10  juiLLKT  1857.  7/15 

soil  uuv  ramification  ou   un  pédoncule   produit  par  le  rameau   axillaire 
(Tassi)  ;  soit  une  feuille  ou  une  bractée  de  ce  rameau  (Naudin). 

1"  Enfin  un  organe  spécial  qui  ne  serait  ni  une  feuille  ni  un  rameau 
(Chatin). 

A  l'appui  (Icchaoune  de  ces  manières  de  voir,  en  a  pu  invoquer  des  ana- 
logies très  plausibles  et  faites  pour  entraîner  l'opinion. 

On  a  cru  la  vrille  une  racine  adventive,  parce  que,  au  côté  de  la  feuille 
qui  manque  de  vrille,  précisément  au  point  correspondant,  on  voit  souvent 
sortir  une  racine. 

On  l'a  regardée  comme  une  feuille  caulinaire  géminée,  parce  (|u'elle 
naît  au  côté  extérieur  du  pétiole  et  qu'elle  se  change  parfois  en  feuille. 

On  l'a  considérée  comme  représentant  la  feuille  cirriforme  du  Lathyrus 
Aphacuy  paice  que  celle-ci  est  accompagnée  de  deux  productions  foliacées 
(stipules  foliiformes),  et  que,  si  l'une  de  ces  deux  productions  avortait,  on 
aurait  la  disposition  des  Cucurbitacées. 

On  a  pensé  qu'elle  était  le  prolongement  de  la  tige,  arrêtée  dans  son 
développement  par  l'accroissement  d'un  bourgeon  axillaire,  parce  qu'on 
est  habitué  à  considérer  la  vrille  de  la  Vigne  comme  ainsi  formée,  et  qu'on 
aurait  une  disposition  assez  analogue  si  dans  les  Cucurbitacées  on  prenait 
la  vrille  comme  le  prolongement  de  l'axe,  le  pédoncule  axillaire  comme  le 
bourgeon  médian  de  l'aisselle,  le  rameau  axillaire  et  le  mérithalle  qui  prend 
place  de  la  tige  comme  deux  divisions  du  rameau  axillaire. 

On  a  pu  surtout  prendre  la  vrille  pour  une  stipule,  parce  que  plusieurs 
plantes,  comme  les  Smtlax,  ont  des  stipules  cirriformes.  Elle  paraît  de  plus 
formée  par  les  fibres  foliaires.  M.  Payer,  avec  la  sagacité  qui  le  distingue, 
a  noté  que  les  tiges  des  Cucurbitacées  ont  généralement  cinq  côtes  ;  que  trois 
de  ces  côtes  se  rendent  aux  feuilles  inférieures,  qui  n'ont  pas  de  vrilles; 
{[ue  deux  seulement  se  rendent  aux  feuilles  qui  ont  une  vrille,  et  que  la  troi- 
sième côte  se  rend  à  la  vrille,  qui  semble  ainsi  une  dépendance  de  la  feuille, 
une  véritable  stipule. 

Une  seule  circonstance  pourrait  empêcher  de  la  considérer  comme  telle, 
c'est  qu'elle  est  insymétrique  ;  mais  l'une  des  stipules  pourrait  être  avortée  -, 
et  d'ailleurs,  je  puis  citer  un  fait  qui  rétablirait  la  symétrie  ;  j'ai  vu  cer- 
taines Cucurbitacées  prendre  une  vrille  de  chaque  côté  du  pétiole.  Je  puis 
montrer,  par  exemple,  des  échantillons  de  Cucumis  Melo  qui  ont  deux  vrilles, 
et  ces  échantillons  n'étaient  pas  isolés  ni  d'une  rareté  grande.  J'en  ai  quel- 
quefois vu  cinquante  dans  une  même  couche  ;  ([uelquefois  deux  feuilles 
étaient  rapprochées  et  avaient  quatre  vrilles  entre  elles,  imitant  les  vrilles 
iuterfoliées. 

L'opinion  qui  considère  la  vrille  comme  une  production  axillaire,  soit 
feuille  ou  bractée,  soit  pédoncule  ou  rameau,  cite  en  sa  faveur  des  faits  qui 
ne  sont  pas  sans  valeur  ;  la  vrille  se  développe  en  feuille  ou  en  rameau, 


7/i6  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE   FRANCE. 

comme  les  autres  dépendances  du  bourgeon  axillaire.  Je  citerai  aussi,  à 
l'appui  de  celte  opinion,  un  fait  qui  viendrait  montrer  directement  qu'elle 
appartient  au  rameau  axillaire.  Parfois  la  vrille  sort  véritablement  à  la 
base  de  ce  dernier,  et  peut  même  être  emportée  fort  haut  par  la  croissance 
de  ce  rameau. 

Knfin,  on  a  dû  être  conduit  à  déclarer  que  la  vrille  des  Cucurbitacées 
est  un  organe  spécial,  par  l'insuffisance  des  preuves  sur  lesquelles  on  étayait 
les  divers  systèmes  préconisés. 

Tant  de  diversité  dans  les  opinions  prouve  que  la  certitude  n'est  pas  ac- 
quise. Qu'ya-t-il  donc  à  faire  pour  arriver  à  une  solution  définitive?  Il  faut 
avoir  recours  à  l'anatomie.  Mais,  pour  interroger  avec  fruit  l'anatomie  en 
ce  cas,  il  faut  savoir  comment  les  organes  cauUnaiies  forment  les  feuilles, 
comment  ils  en  constituent  les  dépendances,  quelle  est  l'origine  des  produc- 
tions axillaires  et  quelle  connexion  elles  ont  avec  les  expansions  foliacées. 
Il  faut,  en  un  mot,  connaître  les  lois  fondamentales  qui  président  à  la  for- 
mation de  tous  les  organes  appendiculaires  des  végétaux.  J'ai  tenté  de  les 
établir,  il  y  a  bientôt  vingt  ans,  dans  mon  Etude  anatomique  (1). 

J'ai  monti-é  que  les  tiges  sont  formées  d'un  nombre  déterminé  de  fais- 
ceaux primordiaux; 

Que  toutes  les  expansions  foliacées,  feuilles  et  parties  florales,  sont  for- 
mées par  des  faisceaux  émanés  des  premiers  et  habituellement  placés  dans 
leurs  intervalles; 

Que  ces  fai'jceaux  s'épanouissent  régulièrement  d'étage  en  étage,  pour 
former  chaque  feuille  ; 

Qu'ils  sont  reconstitués  au-dessus  du  point  d'épanouissenicnt  par  des 
fibres  nouvelles  émanées  des  faisceaux  primordiaux  ou  réparateurs; 

Que  les  stipules,  parties  de  la  feuille,  sont  formées  par  les  faisceaux  ou 
les  fibres  latérales  de  ces  organes,  soit  qu'elles  proviennent  de  ces  faisceaux 
encore  placés  dans  la  tige ,  comme  les  stipules  caulinaires  et  siiinescentes 
du  Robinia ,  soit  qu'elles  proviennent  des  arcades  anastomoliqucs  qui 
unissent  les  feuilles,  coniir.e  les  stipules  interfoliées  des  Rubiacécs,  soit 
qu'elles  naissent  des  libres  pétiolaires  mêmes,  comme  Us  stipules  margi- 
nales des  Rosacées,  so;t  enfin  (ju'clies  naissent  à  la  fois  des  faisceaux  consti- 
tuant encore  le  cercle  caulinaireet  des  fibres  péliolaires,  comme  la  stipule 
embrassante  du  Platanus. 

J'ai  montré  que  le  bourgeon  terminal  n'est  que  le  prolongement  des  fais- 
ceaux réparateurs  et  de  nouvelles  fibres  foliaires  reconstituées; 

Que  le  bourgeon  axillaire  est  une  émanation  des  faisceaux  réparateurs 
unis  au-dessus  du  point  d'épanouissement  du  faisceau  médian  de  la  feuille 
pour  constituer  le  faisceau  médian  de  la  feuille  correspondante  supérieure. 


(1)  Un  vol.  iii-8,  avec  235  figures.  Ib/iO. 


sÉANCR  nu  10  JUILLET  1857.  llxl 

Tps  fîbrps  du  bourgeon  s'unissent,  on  effet,  à  celles  des  deux  faisceaux 
réparateurs  qui  circonscrivent  raissellc. 

Ces  faits  posés,  quelle  opinion  doit-on  avoir  de  la  vrille  des  Cucurbita- 
cées?Je  l'ai  déjà  dit  d'une  manière  expresse  dans  l'ouvrage  cité,  qui  a  déjà 
une  date  ancienne.  J'ai  fait  voir  {l'Jtuâ.  nnat.,  pag.  21^-216,  pi.  1,  fig.  1- 
2)  que  la  vrille  tire  son  origine  du  système  fibro-vasculaire  qui  appar- 
tient au  bourgeon  axillaire. 

La  nature  de  l'organe,  dont  le  caractère  est  pourtant  resté  douteux  pour 
tant  d'esprits,  me  semble  donc  avoir  été  dès  lors  irrévocablement  fixée. 

La  vrille  ne  peut  être  une  racine  adventive;  elle  est  produite  par  l'ac- 
croisscment  ascendant,  non  par  l'accroissement  descendant.  I<;ile  n'a  pas  la 
structure  des  racines  ;  elle  naît  du  plexus  vasculalre  de  l'aisselle,  taudis 
que  la  racine  unit  ses  fibres  au  côté  externe  du  faisceau  réparateur. 

Elle  n'est  pas  une  feuille  caulinaire  géminée,  car  elle  ne  nait  pas  du 
cercle  des  faisceaux  foliaires. 

Par  la  même  raison,  elle  n'est  pas  un  dédoublement  de  la  feuille,  d'au- 
tant moins  que  la  feuille  qu'elle  accompagne  reste  symétrique. 

Elle  n'est  pas  l'analogue  de  la  vrille  de  VAp/iaca,  car  celle-ci,  formée  par 
le  faisceau  médian,  accompagnée  de  deux  stipules,  est  la  vraie  représenta- 
tion de  la  feuille. 

Klle  n'est  pas  une  stipule,  car  elle  n'est  la  dépendance  d'aucun  faisceau 
foliaire. 

Elle  n'est  pas  le  prolongement ~de  l'axe  transformé,  car  elle  n'est  pas  la 
continuation  de  l'ensemble  des  faisceaux  primordiaux  et  foliairt  s,  qui  con- 
stituent le  cercle  fibro-vasculaire  de  la  tige. 

Elle  est  essentiellement  une  dépendance  du  bourgeon  axillaire,  car  elle 
naît  d'un  des  côtés  de  la  base  du  bourgeon  même. 

Je  dis,  de  plus,  qu'elle  est  une  expansion  foliacée  du  rameau  axillaire, 
soit  une  bractée,  soit  une  feuille  raméale,  et  non  une  division  de  ce 
rameau,  car  ses  faisceaux  fd)ro-vasculaires  ne  sont  point  disposés  comme 
ceux  des  axes  caulinaires,  mais  ont  de  l'analogie  avec  ceux  des  pétioles. 

Pour  mettre  ces  vérités  en  évidence  quelques  détails  sont  nécessaires, 
puisque  les  dissentiments  se  perpétuent. 

Si  l'on  enlève  l'écorce  d'une  tige  de  Cucurbitacée,  ou  mieux  si  l'on  fait 
macérer  cette  tige  de  manière  a  détruire  tout  le  tissu  cellulaire,  en  ne 
laissant  subsister  que  les  faisceaux  ligneux,  voici  les  dispositions  que  l'on 
constate  : 

La  tige  [Étud.  anat. ,  pi.  1  et  2),  contient  dix  faisceaux  fibro-vasculaires  : 
cinq  sont  intérieurs,  ce  sont  les  faisceaux  réparateurs  ;  cinq  plus  extérieurs, 
intercalés  entre  les  précédents,  sont  les  faisceaux  foliaires. 

De  ces  derniers,  trois  se  portent  au  debors  pour  former  chaque  feuille, 
l'»nest  médian  et  les  autres   latéraux.  Le   médian  et  l'un  des  latéraux 


7/i8  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE   DE    FRANCE. 

s'c'puisenl  dans  la  feuille;  le  deuxième  faisceau  latéral  se  bifurque,  une  de 
ses  divisions  se  rend  à  la  feuille,  l'autre  se  continue  dans  la  tige. 

Au  point  d'expansion,  les  autres  faisceaux  foliaires  s'anastomosent  entre 
eux  et  avec  les  faisceaux  réparateurs,  de  sorte  qu'ils  constituent  à  la  base 
du  méritlialle  un  cercle  vasculaire  ouvert  en  un  point,  parce  que  le  fais- 
ceau médian  de  la  deuxième  feuille  ne  s'unilque  d'un  côté  au  cercle  anasto- 
motique;  même  les  fibres  qu'il  lui  fournit  de  l'autre  côté  sont  si  faibles  qu'il 
parait  isolé  à  l'opposite  de  la  feuille. 

A  la  baie  du  pétiole,  les  faisceaux  foliaires  se  divisent  et  s'anastomosent, 
et  de  leur  réunion  sortent  les  fibres  foliaires  en  nombre  impair.  La  nervure 
médiane  est  la  plus  furte,  les  latérales  sont  d'autant  moins  volumineuses 
qu'elles  sont  plus  supérieures. 

Ces  fibres  sont,  d'ailleurs,  en  nombre  variable  :  il  y  en  a  sept  dans  le 
C,  Melo^  il  y  en  a  jusqu'à  treize  dans  le  Pepo.  Le  bourgeon  axillaire  se 
forme  au-dessus  du  point  d'expansion  du  faisceau  médian,  au-dessous  de 
l'arcade  formée  par  les  deux  fibres  qui  s'anastomosent  pour  reconstituer  le 
faisceau  médian  épanoui.  Il  déverse,  comme  toujours,  ses  fibres  sur  les 
deux  faisceaux  réparateurs  ([ui  se  sont  rapprocliés  pour  constituer  cette 
arcade.  Le  bourgeon  se  ramifie  dès  sa  base  la  plus  profonde,  et  fournit 
divers  groupes  de  fibres  distinctes;  l'un  va  à  la  vrille,  et,  en  se  portant  au 
dehors,  passe  précisément  dans  l'angle  de  bifurcation  de  celui  des  faisceaux 
foliaires  latéraux  qui  ne  se  rend  pas  en  entier  à  la  feuille. 

Les  autres  groupes  de  fibres  émanés  du  -bourgeon  se  rendent  aux  divers 
pédoncules  axillaires  ;  enfin,  la  masse  principale  et  médiane  constitue  le 
rameau  axillaire. 

11  ne  peut  donc  y  avoir  aucun  doute  sur  la  nature  de  la  vrille  ;  elle  n'a 
aucun  rapport  avec  les  faisceaux  foliaires  de  la  tige;  ses  fibres  sortent  du 
plexus  vasculaire  qui  constitue  la  base  du  bourgeon  ;  elle  est  évidemment 
une  émanation  de  la  production  axillaire. 

J'ai  dit  de  plus  qu'elle  était  l'analogue  des  feuilles  et  non  des  rameaux  ; 
il  appartient  encore  aux  faits  anatomiqucs  de  décider  cette  question.  Si  l'on 
fait  la  section  transversale  d'une  vrille  de  Cucurbitacée,  du  Pepo  par 
exemple,  on  voit  qu'elle  n'est  pas  pentagone,  qu'elle  n'a  pas  cinq  faisceaux 
primordiaux  intérieurs,  et  cinq  faisceaux  foliaires  intercalés  entre  les  pré- 
cédents; ses  faisceaux  sont  en  nombre  impair,  le  plus  souvent  au  nombre 
de  onze.  L'un  de  ces  faisceaux,  le  médian,  est  un  peu  plus  volumineux 
que  les  autres,  ([ui  vont  en  diminuant  de  chaque  côté,  à  mesure  qu'ils  sont 
plus  élevés;  le  plus  ordinairement  les  faisceaux  qui  occupent  l'un  des  bords 
supérieurs  du  pétiole,  de\it'iHient  plus  intérieurs;  ceux  de  l'autre  côté  se 
portent  au-dessus  despremiers  et  lesdépasscnt,  comme  si  la  feuillereprésentee 
parla  vrille  était  involutée  par  la  base.  La  vrille  de  la  plante  que  nous  avons 
choisie  pour  exemple  donne  raison  de  ces  dispositions  ;  elle  est  ordinaire- 


sfuNCE  nu  10  jnLLF.T  1857.  7/j9 

meut  quiiunicfide  ;  l;i  hraiiclic  médiane,  la  première  (|ui  devient  volubile, 
est  plus  forte;  les  autres  vont  en  diminuant  de  volume  ;  les  deux  preiiiières 
sont  latérales;  l'une  des  deux  suivantes  devient  tout  à  fait  supérieure, 
l'autre  est  centrale  et  entourée  des  précédentes. 

Les  faisceaux  fibro-vasculaires  de  la  vrille,  au  moins  dans  son  entier 
développement,  ne  sont  pas  formés  comme  ceux  des  rameaux,  par  une 
partie  parencliymateuse  nettement  circonscrite,  contenant  des  vaisseaux 
fort  apparents,  de  grandeur  inégale,  et  disposés  dans  un  ordre  régulier; 
ils  n'ont  pas  une  partie  corticale  séparée  de  la  portion  ligneuse  par  un  tissu 
plus  transparent.  Leurs  vaisseaux,  comme  dans  le  pétiole,  sont  très  petits, 
disséminés  dans  un  tissu  blanc  mal  limité. 

Les  faits  anatomiques  ne  peuvent  donc  laisser  aucun  doute;  ils  nous 
donnent  la  certitude  que  la  vrille  des  Cucurbitacées  participe  de  la  nature 
foliaire  et  qu'elle  appartient  au  rameau  axillaire.  Toutes  les  circonstances 
extérieures  sont  en  concordance  avec  son  caractère  fondamental  et  en 
garantissent  la  sincérité. 

La  vrille  semble  sortir  d'une  des  côtes  formées  par  les  faisceaux  foliaires, 
parce  que,  sortant  du  bourgeon,  elle  fait  éruption  dans  l'angle  de  bij'iirca- 
tion  d'un  des  faisceaux  latéraux,  de  sorte  qu'à  l'extérieur  elle  semble  une 
dépendance  de  ces  faisceaux. 

Si  la  feuille  a  deux  vrilles,  la  même  disposition  s'observe  de  cb.aque  côté, 
de  façon  que  la  feuille  semble  ne  recevoir  qu'un  faisceau  médian  et  que  les 
vrilles  paraissent  constituées  par  les  faisceaux  latéraux  comme  des  stipules; 
mais,  en  réalité,  la  feuille  reçoit  toujours  les  trois  faisceaux  normaux,  et  les 
deux  vrilles  ne  reçoivent  rien  des  faisceaux  foliaires;  elles  sont  procréées 
par  des  émanations  des  fibres  du  bourgeon. 

La  vrille  paraît  extra-axillaire,  parce  que,  naissant  de  la  base  la  plus  pro- 
fonde du  bourgeon  et  s'en  écartant  dès  l'origine,  elle  vient  sortir  à  côté  du 
corps  principal  du  bourgeon  et  de  ses  ramifications  pédonculaires,  de  sorte 
qu'elle  apparaît  en  dehors  du  point  central  de  l'aisselle. 

Les  feuilles  inférieures  de  la  tige  ne  sont  pas  accompagnées  de  vrille, 
parce  que,  à  son  origine,  la  plante  n'a  pas  toute  sa  vigueur  ;  les  bourgeons 
axillaires  ne  se  développent  pas  immédiatement. 

Les  feuilles  de  certaines  tiges  sont  accompagnées  de  deux  vrilles,  parce 
que  le  bourgeon  axillaire,  au  lieu  de  ne  transformer  que  la  première  feuille, 
transforme  les  deux  premières,  qui  sont  presque  à  l'opposite  l'une  de 
l'autre. 

Les  vrilles  s'élargissent  quelquefois  en  feuilles  ;  elles  ne  font  que  reprendre 
leur  conformation  naturelle. 

l'allés  peuvent  cesser  d'être  extra-axillaires;  elles  peuvent  être  soudées  à 
la  base  du  rameau  axillaire  et  emportées  par  celui-ci  loin  de  l'aisselle. 
C'est  encore  là  une  condition  de  leur  mode  de  formation  ;  productions  ra- 


750  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FHANCE. 

méales,  elles  peuvent  être  formées  par  le  rameau  |)lus  ou  moins  loin  de  la 
base. 

Enfin  la  vrille  peut  produire  elle-même  des  lamifications  garnies  de 
feuilles  et  de  fleurs,  le  bourgeon  axillaire  de  la  feuille  cirrifornie  pouvant 
se  souder  avec  elle,  se  développer  et  engendrer  des  parties  nouvelles.  Ce 
mode  de  soudure  n'a  rien  de  fort  insolite,  et  l'anatomie  prouva'  d'ailleurs 
que  les  productions  exeeptionnelles  de  la  vrille  sont  effectivement  formées 
par  la  soudure  d'un  bourgeon.  Ses  faisceaux  conservent  leur  disposition 
générale;  l'un  est  médian  et  les  autres  latéraux;  ils  ne  constituent  pas  un 
cercle  de  dix  faisceaux,  dont  cinq  plus  intérieurs  ;  seulement,  les  faisceaux 
{|ui  produisent  les  parties  nouvelles  sont  groupés  du  côté  intérieur  et  con- 
stituent plus  ou  moins  régulièrement  un  cercle  caulinaire,  en  queUjue  sorte 
surajouté  aux  faisceaux  foliaires,  comme  si  un  rameau  s'était  greffé  avec  ces 
derniers. 

Ainsi,  dans  le  Melon,  la  vrille  qui,  par  l'effet  de  la  culture,  porte  assez 
fréquemment  des  pédoncules  et  des  feuilles,  a,  au  côté  externe,  ur.  faisceau 
médian  accompagné  de  un  a  quatre  faisceaux  latéraux,  représentant  les 
nervures  foliaires,  et  au  côté  interne  ou  supérieui'  un  groupe  plus  ou  moins 
régulier,  qui  quelquefois,  en  s'adjoignant  les  faisceaux  qui  manquent  à  la 
feuille  cirriforme,  se  compose  de  dix  faisceaux  alternativement  intérieurs 
et  extérieurs  ;  elle  renferme  donc  les  éléments  d'une  expansion  foliacée  et 
d'un  rameau  qui  s'y  greffe. 

Ce  sont  bien  là  les  caractères  de  la  feuille  raméale  soudée  avec  sou  bour- 
geon axillaire  développé.  On  ne  peut  donc  douter  de  la  nature  de  la  vrille. 
Elle  est  une  production  axillaire;  elle  est,  à  un  certain  degré,  l'analogue  de 
la  vrille  des  Passiflores;  mais  elle  ne  leprésente  habituellement  qu'une 
expansion  foliacée. 

Tous  les  faits  anatomiques,  toutes  les  apparences  extérieures,  toutes  les 
anomalies  produites  par  la  culture,  les  véritables  lois  symétriques,  les  ana- 
logies naturelles  même,  tout  concorde  à  établir  l'opinion  que  nous  venons 
d'émettre. 

Pour  compléter  ces  considérations  et  montrer  combien  peuvent  être 
erronées  les  appréciations  des  organes  faites  en  raison  des  apparences  exté- 
rieures, je  crois  utile  d'examiner  la  nature  de  la  vrille  oppositifoliée  de  la 
Vigne.  Je  ferai  de  cet  examen  l'objet  d'une  communication  prochaine. 

A  la  suite  de  celte  communication,  M.  Guillard  l'ait  les  remarques 
suivantes  : 

Les  observations  de  M.  Lestiboudois  sont  d'accord  a\ec  les  nôtres  (1) 
(l)  P.  162  de  ce  volume.  * 


SÉANCE    DU    10    JUILLET    1857.  751 

et  avec  celles  de  M.  Tassi  (1),  quant  aux  vrais  rapports  de  la  vrille  avec 
la  Feuille  qui  prclc  son  aisselle  à  la  ('yni(!  dont  cette  vrille  fait  partie. 
Ces  observations  sont  confirmées  par  celles  de  l'enfance  des  organes  et  de 
leurs  premiers  développements.  La  vrille  ne  peut  être  la  stipule  de  la 
Feuille  aissellière,  parce  que  les  stipules  naissent  avec  les  Feuilles  et  se  dé- 
veloppent avec  elles,  tandis  ((ue  la  vrille  dont  il  s'agit  ne  commence  à  se 
montrer  que  quand  la  Feuille  a  déjà  pris  de  notables  accroissements,  quand 
elle  est  munie  de  ses  principaux  faisceaux  trachéens,  et  qu'elle  reconvre  les 
éléments  de  la  Cynie  (jue  son  aisselle  enserre.  Les  faisceaux  trachéens  de  la 
vrille,  INI.  Lestiboudois  l'a  vu  comme  nous,  sont  indépendants  de  ceux  de  la 
Feuille,  puisque  ceux-ci  communiquent  au  verticille  extérieur  de  la  tige,  et 
que  ceux  de  la  vrille  communi(iuent  ay  verticille  intérieur,  où  ils  se  ren- 
dent (pour  s'y  joindre  au  re-^te  de  la  production  axillaire)  en  passant  par- 
dessus l'une  des  cohortes  latérales  de  la  Feuille,  sans  la  toucher.  J'ai  vérifié 
ce  fait  capital  par  la  dissection  du  vif,  sur  les  25  espèces  de  12  genres  dif- 
férents, cultivées  à  Paris,  comme  sur  la  Bryone  de  nos  haies.  M.  Lestibou- 
dois vient  donc  fort  utilement  à  la  rescousse  pour  consolider  un  des  prin- 
cipes fondamentaux  de  la  physiologie,  qui  a  été  un  peu  secoué  à  la  séance 
du  27  février  dernier  (2),  à  savoir  :  que  les  faisceaux  trachéens  que  l'on  voit 
traverser  l'écorce  peu  au-dessous  de  la  Feuille^  sont  en  fonction  immédiate 
de  cette  Feuille  et  lui  appaiîtienne^t  tous. 

Avancer,  comme  on  l'a  fait,  que,  des  3  faisceaux  distincts,  1  ou  2  seu- 
lement vont  à  certaine  Feuille  (ou  en  viennent),  c'est  s'inscrire  contre 
l'observation  directe  la  mieux  constatée;  la  chose  vaudrait  vraiment  la 
peine  d'être  constatée  par  commission.  L'observation  n'est  pas  moins  con- 
traire aux  «  faisceaux  fibreux  passant  de  la  tige  dans  les  vrilles  »  (p.  H5)  : 
si  ces  prétendues  fbres  sont  des  tubules,  il  ne  passe  aucun  tubule  de  la 
tige  dans  aucun  organe;  si  elles  sont  autre  chose  que  des  tubules,  on  doit 
au  moins  nous  dire  ce  qu'elles  sont,  afin 'que  nous  puissions  les  suivre  dans 
leur  route. 

La  vrille  n'est  pas  plus  racine  que  stipule.  Il  vient  souvent  des  racines 
adventives  aux  nœuds  des  tiges  rampantes  de  Courge  et  de  Melon.  Il  est 
facile  de  voir  qu'elles  diffèrent  de  la  vrille  par  l'aspect,  l'organisation  et  la 
position  :  elles  naissent  tout  à  fait  en  dehors  de  l'aisselle,  en  dehors  du  demi- 
cercle  tracé  par  les  trois  cohortes  foliales,  dans  lequel  la  vrille  a  son  origine 
comme  partie  de  laCyme  axillaire. 

Il  n'est  pas  possible  de  définir  la  vrille  en  un  seul  mot,  car  il  est  néces- 
saire de  distinguer  d'abord  quand  elle  n'a  qu'un  bras  et  quand  elle  en  a  plu- 
sieurs. On  doit  surtout  se  garder  de  généraliser  sur  l'examen  d'une  seule 
espèce  ou  d'un  seul  genre,  et  il  faut  toujours  l'avoir  vue  jeune. 

(1)  Ibiâ.,\x  322. 

(2)  Ihid.,  p.  l/i,5. 


752  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE.. 

Quand  la  vrille  n'a  qu'un  bras,  elle  se  comporte,  dans  le  premier  àgc  de 
la  Cvme,  tout  à  fait  comme  une  jeune  Bractée.  Je  trace  ici  (au  tableau)  la 
subordination  respective  des  organes  qui  garnissent  l'aisselle  et  qui  vont 
bientôt  la  déborder  :  au  milieu  s'élève  le  pédicelle  central,  portant  le  boulon 
dont  l'ainesse  qualifie  la  Cyme;  ce  bouton,  très  précoce,  domine  d'un  côté 
le  récurrent  floral  avec  sa  Bractée,  quand  elle  existe  [Cucumis,  Luffa,  Ci- 
trullm,  Trichosanthes),  et  de  l'autre  le  récurrent  foliacé,  contenu  par  la 
vrille,  qui  se  courbe  sur  lui,  comme  toute  Bractée  sur  le  groupe  qui  esta 
son  aisselle. 

La  vrille  ne  peut  pas  être  regardée  comme  une  Feuille  du  récurrent 
qu'elle  aisselle,  parce  qu'elle  a  précisément  devant  elle  la  première  feuille 
de  ce  rameau. 

Le  récurrent  floral  manque  quelquefois  :  il  est  alors  indiqué  par  sa 
Bractée  {Benincasa),  comme  dans  toute  autre  Cyme;  ou  bien  la  Bractée 
aussi  est  supprimée  {Cucurbila).  Le  récurrent  foliacé  ne  manque  jamais  à 
l'aisselle  de  la  vrille  (ou  de  la  Bractée  membraneuse  et  foliacée  qui  est  à 
sa  place  cbez  Ecbalium  Elaterium). 

Quand  la  vrille  a  plusieurs  bras,  ils  ont  entre  eux  une  subordination 
très  marquée,  à  laquelle  je  n'ai  pas  trouvé  d'exception.  Celui  qui  est  en 
dehors  et  qui  fait  encore  fonction  de  Bractée  se  produit  le  premier,  et  reste 
toujours  le  plus  fort  :  avant  l'évolution,  il  couvre  ses  jeunes  frères  de  sa 
courbure;  quand  ils  commencent  tous  à  s'enrouler,  c'est  en  face  les  uns 
des  autres  :  on  peut  dire  qu'ils  se  regardent,  comme  on  le  dirait  des  jeunes 
Feuilles  d'un  bourgeon.  Cela  justifie,  quant  aux  vrilles  complexes,  l'opinion 
de  M.  Naudin. 

En  effet,  la  vrille  a  une  organisation  singulière,  qui  n'en  fait  ni  une 
Feuille  ni  une  tige,  quoiqu'elle  tienne  de  l'une  et  de  l'autre.  Elle  a,  comme 
l'a  vu  IM.  Lestiboudois,  une  certaine  subordination  des  faisceaux  trachéens, 
à  l'instar  de  la  Feuille.  IMais  elle  a  aussi,  ce  qui  manque  à  celle-ci,  le  cercle 
des  tuhules  externes  ou  tubules  corticaux,  qui  fait  manchon  autour  du 
verticille  trachéen  dans  la  tige  des  Cucurbitacées.  D'un  autre  côté,  elle 
n'a  pas,  comme  cette  tige,  le  verticille  double  et  quinconce.  Adulte,  on 
peut  la  traiter  d'organe  neutre,  ce  qui  reviendrait  à  l'opinion  négative  de 
M.  Chatin,  mais  ce  qui  ne  dispense  pas  d'étudier  la  vrille  dans  sa  géné- 
ration, ses  rapports  de  voisinage  et  ses  diversités. 

Au  reste,  la  vrille  ne  prend  pas  dès  le  bas  de  la  plante  tout  le  développe- 
ment qui  lui  est  destiné.  On  peut  voir  sur  les  Courges  qui  s'étendent  si  lar- 
gement dans  nos  champs,  que  la  vrille  n'est  d'abord  qu'un  filet  mince  et 
court,  souvent  inaperçu  :  aux  aisselles  suivantes  le  fil  s'étend,  se  fortifie  et 
s'enroule;  puis  il  en  vient  2,  3,  enfin  jusqu'à  6.  Cette  gradation  est  sem- 
blable à  celle  que  suivent  généralement  les  premiers  bourgeons  axillaires. 
Quant  à  la  théorie  sur  laquelle  M.  Lestiboudois  appuie  son  analyse,  elle 


siUncf,  1)1'  40  jiULLF/r  1857,  75."^ 

est  (l'une  poiloe  trop  ^ônnale  pour  que  l'on  puisse  la  discuter  incidemment 
à  propos  de  vrille.  Je  renouvellerai  seulement  ici  la  protestation  que  j'ai 
laite  en  répondant  à  IM.  Clos  (1),  et  je  prendrai  de  nouvelles  réserves. 
RI.  Lestiboudois  a  adopte  une  opinion  assez  répandue,  (|uej<'  regarde  comme 
une  idée  préconçue  des  anciens  botanistes,  et  qui  consiste  à  faire  produire 
la  Feuille  et  les  organes  qui  en  dérivent  par  les  faisceaux  vasculaires  de 
la  tige.  Je  n'ai  trouvé  nulle  part  la  justification  de  cette  théorie,  qui  règne 
pourtant  dans  tous  les  traités  élémentaires.  Les  trachées  sont-elles  fournies 
aux  Feuilles  par  la  tige  ou  à  la  tige  par  les  Feuilles?  et  doit-on  expliquer  la 
phyllotaxiepar  la  disposition  des  faisceaux  caulinaires,  ou,  au  contraire,  la 
disposition  de  ces  faisceaux  par  la  phyllofaxie?Ce  problème  ne  parait  pas 
insoluble,  mais  il  n'est  pas  encore  résolu.  Sa  solution  expli([uera  peut-être 
pourquoi  les  Cucurbitacées,  à  cette  bizarrerie  extérieure  de  la  vrille,  élrange 
liraclée  d'une  Cyme  encore  plus  étrange  (puisqu'elle  est  peut-être  unique 
dans  tout  le  règne),  ajoutent  l'étrangeté  d'une  organisation  interne,  qui  les 
sépare  de  toutes  les  autres  Dicolylées,  non-seulement  par  l'absence  de  tous 
rayonnements  visibles,  soit  tubuleux,  soit  trachéens,  soit  médullaires,  niais 
aussi  par  le  quinconce  de  leurs  faisceaux  disposés  en  un  double  \erticille; 
—  et  pourquoi  l'espèce  qui  manque  de  vrille  (A*.  Elofpriiiin)  manque  aussi 
de  cette  dernière  particularité. 

Je  pense  donc,  nonobstant  l'ouvrage  publié  autrefois  et  rappelé  au- 
jourd'hui par  M.  Lestiboudois,  que  ce  savant  a  adopté,  sans  preuves 
suffisantes,  la  théorie  à  laquelle  je  viens  de  faire  allusion.  A  cette  théorie 
appartiennent  les  faisceaux  soi-disant  primordiaux  et  réparateurs,  les 
Vi'tlles  formées  par  des  faisceaux,  les  stipules  procréées  par  des  fibres,  les 
bourgeons  prolongement  de  fibres  ou  émanation  de  faisceaux  (voy.  plus  haut, 
pages  Ikk  et  suiv.). 

Mais  ce  qui  n'appartient  pas  à  cette  théorie,  ce  qui  subsiste  parfaitement 
sans  elle,  ce  sont  les  observations  très  sagaces  de  I\ï.  Lestiboudois,  qui 
constatent  : 

Que  la  Feuille  a  toujours  les  3  faisceaux  foliaires  (les  3  cohortes 
foliales); 

Que  la  vrille  ne  reçoit  rien  de  ces  faisceaux  ; 

Qu'elle  est  une  émanation  de  la  production  axillaire,  une  dépendance 
du  bourgeon  axillaire,  et  qu'elle  n'a  pas  d'autre  lien  avec  la  Feuille 
aisselière; 

Que  le  bourgeon  axillaire  et  la  vrille  qui  en  dépend  envoient  leurs 
vaisseaux  au  verticille  intérieur  de  la  tige,  et  non  au  verticilie  extérieur 
comme  on  l'a  fait  entendre  de  la  vrille  le  27  février  ; 

Que  la  vrille  a  un  verticille  de  faisceaux  vasculaires  qui  n'a  jamais  élé 

(1)  Page  SfiC)  do  ce  volume. 

T.    IV.  liS 


75/i  SOCir^ITÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

reconp.r.  »;ans  une  stipule,  et  qui  est  semblable  à  celui  du  pétiole  oucur- 
bitacé; 

Enfin,  que  la  vrille  est  souvent  surhaussée  par  le  développement  du 
rameau  contîm;,  et  soudée  sui-  lui,  comme  il  arrive  à  plusieurs  autres 
Feuilles  etBiaetées. 

M.  Lcsliboudois  répond  de  la  manière  suivante  aux  objections  de 
M.  Guillard  : 

Je  constate ,  avec  plaisir,  qu'au  fond  M.  Guillard  pense  exactement 
comme  moi,  sur  ce  fait  capital  que  la  vrille  des  Cucurbitacées  est  une  pro- 
duction axillaire,  qu'elle  est  une  feuille,  qu'elle  peut  se  souder  avec  le  ra- 
meau axiliaire  ou  l'une  de  ses  branches.  Je  sollicite  seulement  une  légère 
modification  dans  la  manière  dont  il  veut  bien  constater  notre  conformité 
de  vues  :  il  dit  que  mes  observations  sont  d'accord  avec  les  siennes,  que  j'ai 
vu  comme  lui  que  les  faisceaux  trachéens  de  la  vrille  sont  indépendants  de 
la  feuille,  et  que  je  viens  fort  utilement  à  la  rescousse  de  l'opinion  qu'il 
soutient.  Je  lui  demande  la  permission  de  lui  dire  que  cette  opinion  je  l'ai 
émise  il  y  a  tantôt  viiigt  ans,  qu'en  1840  j'ai  publié  les  faits  anatomiques 
qui  la  mettent  en  évidence,  et  que  je  les  ai  appuyés  par  des  figures.  Il  me 
semble,  des  lors,  que  c'est  à  moi  qu'il  appartient  de  me  féliciter  le  premier, 
que  mes  observationssoientconfirméespar  un  juge  aussi  compétent  que  lui- 
même. 

Après  avoir  parlé  de  la  formation  de  la  vrille,  qui  forme  le  fond  même  de 
la  discussion,  M.  Guillard  donne  des  détails  sur  l'inflorescence  des  Cucur- 
bitacées, et  remonte  aux  fciits  généraux  de  la  phyllotaxie.  Je  ne  dirai  rien 
de  l'inflorescence  :  la  thèse  que  j'ai  posée  reste  indépendante  des  considéra- 
tions qu'on  peut  présenter  à  ce  sujet.  Mais  il  m'est  impossible  de  ne  pas 
direun  mot  sur  les  considérationsphyllotaxiquesprésentées  par  M.Guillard; 
elîes  se  rattachent  étroitement  à  notre  sujet,  car  les  preuves  qui  démontrent 
le  mode  de  formation  de  la  vrille  dérivent  précisément  des  lois  que  j'ai  tenté 
de  constater  dans  une  longue  série  de  travaux. 

M.  Guillard  proteste  contre  la  théorie  qui  consiste  à  faire  produire  les 
feuilles  et  les  organes  qui  en  dérivent  par  les  faisceaux  vasculairesde  la  tige; 
il  demande  si  les  trachées  sont  fournies  aux  feuilles  par  la  tige  ou  à  la 
tige  par  les  feuilles,  si  l'on  doit  expliquer  la  phyllotaxie  par  la  disposition 
des  faisceaux  caulinaires  ou,  au  contraire,  la  disposition  des  faisceaux  cauli- 
iiaires  par  les  feuilles.  Je  dirai  d'abord  que  la  théorie  que  j'ai  fondée,  et  que 
j'ai  appujée  sur  de  nombieuscs  observations  anatomiques,  est  tout  à  fait 
indépendanle  de  la  solution  de  ce  problème  :  j'ai  établi  qu'il  y  a  une  cor- 
rélation étroite  entre  la  distribution  des  feuilles  et  la  disposition  des  fais- 
ceaux fibro-vasculaires  des  tiges,  que  les  lois  de  la  phyllotaxie  sont  écrites 


bÉANCB    DU    10    JUILLl!)'!'    1857.  755 

à  l'intérieur  niOmc  de  l'axe  caulinaire  ;  qu'ainsi  l'arrangement  des  fouilles 
acquiert  une  lixité  et  une  importance  considérables,  tandis  qu'il  n'aurait 
qu'une  valeur  bien  faible  s'il  n'exprimait  qu'une  position  apparente,  que  la 
moindre  torsion  pourrait  altérer.  Les  perturbations  extérieures  ne  peuvent 
plus  tromper,  puisqu'on  trouve  dans  le  cercle  vascuiaire  la  symétrie  nor- 
male des  organes  appondiculaires  ;  enfin  l'analogie  des  expansions  foliaires 
avec  les  expansions  qui  constituent  les  systèmes  floraux  est  matériellement 
constatée,  car  les  mêmes  règles  président  à  la  formation  des  unes  et  des  au- 
tres. Voilà  ce  qu'il  y  a  d'essentiel  dans  la  théorie  que  j'ai  exposée,  et,  je  le 
répète,  peu  importe  que  les  feuilles  soient  formées  par  les  faisceaux  ou  les 
faisceaux  par  les  feuilles,  ce  sont  les  connexions  rigoureuses  de  ces  parties 
et  les  moyens  variés  par  lesquels  elles  sont  établies  qu'il  fallait  constater 
et  c'est  ce  que  je  me  suis  efforcé  de  faire,  indépendamment  de  la  qucstiou 
de  préexistence  des  organes.  Je  ne  refuse  pourtant  pas  de  suivre  M.  Guii- 
lard,  et  de  dire  ma  pensée  sur  la  thèse  qu'il  a  clioisie.  Ce  judicieux  obser- 
vateur demande  si  les  faisceaux  produisent  les  feuilles,  ou  si  les  feuilles 
produisent  les  faisceaux.  ÏMais  il  a  déjà  fait  la  réponse  à  cette  question  : 
dans  la  séance  du  13  mars  1857,  il  a  déclaré  que  les  feuilles  et  les  boutons 
floraux  sont  engendrés  dans  les  bourgeons  ;  conséquemment,  selon  lui,  les 
faisceaux  caulinaires  ne  produisent  pas  les  feuilles;  il  est  allé  plus  loin  : 
dans  la  séance  du  27  février  1857,  il  avait  dit  que  les  faisceaux  de  la  feuille 
en  sortent  pour  aller  former  le  verticille  interne  qui  entoure  la  moelle  du 
rameau  ;  ce  n'est  donc  pas  une  question  qu'il  pose,  c'est"  la  théorie  de  Du 
Petit-Thouars,  deTurpin,de  Gaudichaud  qu'il  établit.  Il  n'est  pas  possible 
de  la  discuter  ici  d'une  manière  incidente  5  je  dirai  seulement  que,  comme 
la  presque  unanimité  des  botanistes,  je  la  crois  contraire  aux  faits  :  dans 
les  végétaux,  les  tissus  nouveaux  sont  formés  au  contact  des  anciens  tissus, 
par  l'élongatiou  des  parties  préexistantes,  ou  plus  généralement  par  la  for- 
mation de  parties  nouvelles  créées  au  moyen  des  matériaux  organiques  que 
les  parties  anciennes  déposent  à  leur  surface  ou  dans  leurs  interstices  ;  la 
feuille  et  les  bourgeons  sont,  à  ce  titre,  formés  par  la  tige  et  les  rameaux, 
leur  tissu  procède  du  tissu  de  ces  derniers  organes.   Les  faisceaux   des 
feuilles  sont  un  prolongement  des  faisceaux  foliaires  de  la  tige,  qui  sont 
placés  entre  les  faisceaux  primordiaux  et  émanés  de  ces  derniers  ;  les  fais- 
ceaux du  bourgeon  terminal  sont  leprolongementde  l'ensemble  des  faisceaux 
primordiaux  ;  ceux  des  bourgeons  axillaircs  sont  formés  par  la  partition  des 
faisceaux  primordiaux  qui  circonscrivent  l'aisselle. 

Les  tissus  des  nouvelles  créations  parcourent,  comme  ceux  de  la  tige, 
différentes  phases  dans  leur  développement  :  d'abord  transparents,  d'uue 
consistance  sul)gélatiniforme,  entièrement  composés  d'utricules  dont  les 
parois  sont  à  peine  visibles ,  ils  arrivent  par  degrés  à  leur  état  de  perfection, 
et  leurs  différentes  parties  consécutives  s'organisent  successivement  comme 


75t)  SOCIÉTÉ    BOTANfOL'li    Dli    FRANCE. 

dans  les  faisceaux  primordiaux  ;  les  élrments  des  tissus  fibreux  sont  créés 
les  premiers,  la  matière  organique  qui  constitue  les  vaisseaux  trachéens  est 
formée  pi  us  tard  ;  plus  tard  encore,  ils  prennent  leurs  formes  caractéristiques, 
de  sorte  que,  durant  les  premières  périodes  de  l'accroissement,  on  ne  peut  les 
discerner.  De  cette  façon  les  faisceaux  foliaires  font  déjà  éruption,  les  feuilles 
sont  indiquées  déjà  et  ont  atteint  un  certain  degré  de  développement,  les 
bourgeons  sont  formés,  avant  ([ue  les  vaisseaux  trachéens  soient  apparents- 
mais  ces  organes  n'en  sont  pas  moins  formés  par  l'élongation  du  tissu  des 
faisceaux  caulinaires,  et  à  mesure  que  les  lihres  et  les  vaisseaux  se  forme- 
ront dans  les  faisceaux  caulinaires,  les  ))arties  similaires  se  formeront  dans 
les  prolongements  foliaires  et  les  bourgeons  qui  continuent  à  s'accroître. 
Ainsi  les  parties  nouvelles,  émanations  directes  des  parties  de  même  nature 
qui  composent  la  tige,  se  développent  comme  elles,  passent  par  les  mêmes 
états,  cellulaire,  fibreux,  vnsculairo,  et  procréent  successivement  les  par- 
ties qui  les  prolongent,  elles-mêmes  donnant  naissance  à  de  nouvelles  feuilles 
et  à  de  nouveaux  bourgeons;  dans  ce  système  de  formation  aucun  tissu  ne 
sort  de  la  feuille  pour  aller  à  la  tige,  aucun  tissu  ne  se  déplace  pour  aller 
delà  tige  à  la  feuille  :tout  tissu  se  forme  surplace  par  élongation  du  tissu  pré- 
existant. Mais  on  a  dû  dire  que  les  faisceaux  de  la  lige  se  prolongent  dans  les 
feuilles  et  les  bourgeons,  parce  que  ce  sont  les  additions  faites  à  ces  faisceaux 
comme  aux  autres  tissus,  qui  ont  donné  naissance  aux  expansions  foliacées 
et  aux  bourgeons;  ces  additions  n'ont  présenté  d'abord  qu'une  consistance 
semi-fluide,  elle  n'ont  offert  ((u'uneorganisation  incomplète,  etpour  cetterai- 
sonM.  Guillard  ditqu'ellesne  sont  que  des  cclluietfcsetùescouranls fiéveux -, 
mais  les  cellulettes,  les  liquides  i  iches  en  matières  organiques  douées  de  la 
force  plastique,  sont  le  produit  du  tissu  ancien  dont  ils  vont  prendre  les  ca- 
ractères en  parcourant  toutes  les  phases  de  végétation  qu'ont  traversées 
les  tissus  anciens  eux-mêmes.  Quand  ils  se  forment  dans  les  feuilles  et  les 
bourgeons,  ils  sont  dans  le  même  état  que  celui  dans  lequel  se  trouvent  les 
parties  récentes  des  faisceaux  primordiaux  dans  toute  l'étendue  de  la  tige; 
ils  ont  la  consistance  et  les  caractères  de  toutes  les  parties  nouvelles  qui 
apparaissent  sur  toute  la  surface  d'accroissement. 

Maintenant,  que  la  couche  qui  procède  de  l'ancien  tissu  se  forme  et  se 
solidiliede  bas  en  haut,  qu'elle  se  constitue  simultanément  dans  toute  l'éten- 
due de  l'axe  caulinaire,  qu'elle  s'organise  même  de  haut  en  bas,  cela  im- 
porte peu  :  le  tissu  nouveau  n'en  sera  pas  moins  une  émanation  du  tissu 
ancien,  les  bourgeons  et  les  feuilles  seront  le  développement  supérieur  de 
ce  tissu,  rien  ne  sortira  des  feuilles  pour  aller  accroître  la  tige;  chaque  or- 
gane sera  le  producteur  direct  des  parties  qui  concourent  à  l'augmenter, 
les  parties  nouvelles  tirant  leur  origine  des  anciennes  et  satisfaisant  ensuite 
aux  conditions  de  leur  propre  accroissement. 


sÉANCii  nu  10  juiLLKT  1857.  757 

M.  Hoisdiival  piésente  à  la  Société  plusieurs  plantes  vivantes  et  en 
fleur,  «ju'il  cullive  avec  succès  :  Goodijci'a  repens,  Ilerminium 
reptans  (1),   Viola  rotomagensis  el   V.  mocedonica  Boiss. 

M.  J.  Gay  lait  à  la  Société  la  comniutiicatiou  suivante  : 

Notre  Biillclin  vient  de  donner  (t.  IV,  p.  239)  l'analyse  d'un  opuscule 
publié  on  1856,  par  MM.  C.  de  l.aurès  et  A.  lîet'(|uerel,  sous  le  litre  de 
liecherches  sur  les  Confervcsdes  eaux  thermales  de  Néris,  etc.  Cette  analyse 
m'apprend  que  les  deux  auteurs  distinguent,  dans  les  eaux  thermales  de 
Néris,  deux  espèces  d'Algues  confervoïdes  qu'ils  décrivent  sous  le  simple 
nom  de  Conferves,  sans  chercher  à  les  rapporter  à  aucun  des  genres  nom- 
breux dont  se  compose  cette  tribu  de  la  grande  famille  des  Algues.  Suivant 
eux,  ces  deux  plantes  n'auraient  jusqu'ici  été  nulle  part  décrites  d'une  ma- 
nière complète.  C'est  une  erreur  que  je  crois  devoir  rectifier  ici.  Ayant 
passé  quelque  temps  à  Néris,  en  1825,  je  fus  frappé  de  la  nature  gélatineuse 
de  la  substance  qui  flotte  dans  ces  eaux,  et  à  laquelle  on  attribuait  en 
partie  leur  action  thérapeutique.  Je  vis  de  suite  que  c'était  une  Algue,  et, 
supposant  qu'elle  pouvait  offrir  de  l'intérêt  à  un  algologue,  j'en  fis  provi- 
sion et  la  rapportai  avec  moi  à  Paris,  dans  une  bouteille  remplie  de  l'eau 
même  dans  laquelle  elle  s'était  développée.  Bory,  à  qui  elle  fut  aussitôt 
communiquée,  la  jugea  génériquement  distincte  de  toutes  les  autres  Algues 
confervoïdes,  et  c'est  là  ce  qui  a  donné  naissance  au  genre  Anabaina,  que 
Bory  a  décrit  dans  le  Dictionnaire  classique,  t.  1,  p.  307,  et  dont  le  nom  est 
tiré  d'àvaÇai'vw,  monter,  parce  que  la  plante  s'élève  à  la  surface  de  l'eau 
après  avoir  été  fixée  au  fond  dans  une  première  période  de  sa  vie.  Cette 
plante  est  indubitablement  l'une  des  deux  Conferves  qu'ont  décrites  ÎMM.  de 
Laurès  et  A.  Becquerel.  J'ajouterai  que  le  'j,em'e  Anabaina  de  Bory  est  pour 
Endiicber  un  simple  synonyme  du  Sphœrozijf/a  d'Ag^avàh  (Endl.  G  en.  pi. 
suppl.  3,  p.l2,nM4). 

M.  Gay  présente  ensuite  un  jeune  rejet  qu'il  a  délaclié,  à  Mont- 
pellier, de  la  souche  d'un  grand  Agave  ayant  Ueuri  l'année  der- 
nière. Ce  jeune  rejet  offre  cette  particularité  remanjuable  que,  dès 
la  première  ou  seconde  année  de  son  existence,  il  développe  une 
hampe  florale  (2). 

M.  de  Schœnefeld  signale  un  fait  analogue  observé  par  lui  sur  une 
touffe  de  Sempervivum  qu'il  cultive  actuellement.  Une  très  petite 

(1)  Celle  plante  n'est  peut-être  qu'une  variété  de  1'//.  Monorchis  ;  mais  elle  se 
distingue  du  type  par  la  longueur  de  sa  hampe,  par  l'odeur  de  miel  que  répandent 
ses  fleurs  et  par  sa  floraison  tardive. 

(2)  Voyez  le  Bulletin,  t.  IV,  p.  616. 


768  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE   FRANCE. 

rosette  de  celte  année,  voisine  de  la  rosette-mère,  a  suivi  celle-ci 
dans  son  évolution  florale,  tandis  que  les  rosettes  plus  âgées  qui  l'en- 
tourent n'ont  pas  produit  de  hampe. 

A  cette  occasion,  M.  Moquin-Tandon  dit^que  lorsque,  pour  la  pre- 
mière fois,  le  grand  Ginkgo  biloba  du  Jardin  de  Montpellier  a  porté 
des  fleurs,  toutes  les  marcottes  de  cet  arbre,  faites  dans  l'année,  ont 
aussi  fleuri  en  même  temps  que  lui. 

M.  Lestiboudois  rappelle  la  manière  dont  on  greffe  les  jeunes 
Orangers  pour  en  faire  ce  que  les  horticulteurs  nomment  des  Oi'an- 
gers  de  toilette.  On  pose,  sur  de  très  jeunes  sujets,  des  greffes  prises 
sur  des  Orangers  prêts  à  fleurir,  et  les  jeunes  pieds  ainsi  greffés  se 
couvrent  de  fleurs  dès  la  première  année. 

M.  Eugène  Fournier  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

SUR  QUELQUES  ANOMALIES  DES  RUSCVS,  par  M.  Kng.  FOIJRIKIEB. 

Il  est  un  genre,  cultivé  dans  nos  jardins  botaniques,  sur  lequel  on  peut 
fréquemment  observer  des  monstruosités  très  variées  ;  je  veux  parler  du 
genre /?MSC?<5,  et  principalement  des  Ruscus  aculeatus  L.,  B.  Hypophyllum 
L.,  et  11.  Bypoglosswn  L.  Je  n'ai  examiné,  dans  les  Jardins  de  Paris  et  de 
Montpellier,  aucune  touffe  appartenant  à  l'une  de  ces  espèces,  sans  y  ren- 
contrer quelqu'une  des  anomalies  dont  la  description  va  suivre,  et  l'herbier 
du  musée  Delessert  m'en  a  offert  encore  d'autres.  Ces  anomalies  se  pré- 
sentent ici  dans  un  genre  déjà  soumis  normalement  à  une  fasciation  régu- 
lière :  disposition  qui  domine  et  souvent  explique  l'irrégularité  locale  et 
passagère  que  l'on  a  sous  les  yeux. 

Les  faits  anormaux  que  j'ai  reeueilUs  sur  les  Ruscus  peuvent  se  classer 
sous  cinq  chefs  principaux  :  ce  sont  des  faits  de  partition,  de  soudure, 
d'enroulement,  de  dilatation  et  de  multiplication. 

V  Partition.  —  Les  rameaux  foliacés  des  Ruscus  en  présentent  souvent 
des  exemples.  Elle  est  médiane  ou  latérale. 

J'ai  vu  sur  le  R.  Hypoglossum  toutes  les  variétés  de  la  parlitiou  médiane, 
qui  tantôt  divise  seulement  l'extrémité  du  rameau,  tantôt  se  prolonge  plus 
ou  moins  dans  son  milieu,  vers  l'insertion  des  fleurs  et  de  leur  feuille-mère, 
qu'elle  atteint  souvent,  mais  ne  dépasse  jamais.  Souvent  elle  est  compliquée 
de  l'atrophie  de  l'une  des  deux  moitiés  du  rameau  divi^ié  ;  l'autre  moitié 
hypertrophiée  donne  un  exemple  de  balancement  organique,  et  toutes  deux 
s'incurvent  vers  la  ligne  do  division,  l'une  vis-à-vis  de  l'autre.  Sur  le 
Ji.  aculeatus,  la  partition  médiane  proiiiit  à  rcxtréinilé  d'un  rameau  une 
échancrure  arrondie,  du  fond  de  laquelle  sort  une  épine,  qui  est  le  prolon- 
gement de  la  nervure  médiane. 


SÉANCE  UU  10   JUILLET   1857.  759 

La  partition  latérale  présente  une  fente  partant  du  contour  du  rameau, 
anléricmeincnt  à  l'insertion  des  fleurs,  et  se  dirigeant  toujours  vers  celto 
insertion,  où  elle  s'arrête  quand  elle  y  parvient.  Je  ne  puis  m'empècherde 
rapprocher  cette  disposition,  anormale  sur  un  Jïnscus,  de  la  disposilion 
normale  du  genre  voisin  Danaë^  où  les  fleurs  sont  insérées,  comme  le  dit 
Webb  {P/ii/t.  Can.)  in  cremdis  hrevibus  ad  martjinem  ramulorum  ffispo- 
xitis.  Par  contre,  les  rameaux  des  Danac,  à  l'imitation  de  ceux  des  Jînscns, 
offrent  quelquefois  un  fascicule  de  fleurs  unique,  inséré  sur  la  ligne  médiane. 
La  structure  accidentelle  d'un  végétal  présente  généralement  la  structure 
hnbituelle  d'un  autre  végétal  (Moq.-Tand.,  Térat.,\}.  342).  On  verra  plus 
loin  des  exemples  analo{jues. 

Les  anomalies  résultant  de  la  partition  sont  celles  que  j'ai  rencontrées  le 
plus  fréquemment.  Les  suivantes  sont  plus  rares. 

2*  Soudure.  —  La  soudurea  lieu,  soit  entre  deux  axes  foliacés,  soit  entre 
uu  rameau  et  une  feuille. 

Je  n'ai  observé  la  soudure  entre  deux  axes  qu'à  la  partie  supérieure 
d'une  branche,  entre  la  dilatation  foliacée  qui  termine  l'axe  principal  et  uu 
des  rameaux  voisins.  Elle  se  forme  suivant  les  faces  ou  suivant  les  bords. 
Dans  le  premier  cas,  deux  limbes  semblables  sont  adossés  et  réunis  dans 
toute  la  hauteur  de  leur  ligne  médiane,  d'où  divergent  quatre  lamelles, 
égales  chacune  à  la  moitié  latérale  d'un  rameau.  Dans  le  second  cas,  sur 
le  /?.  acideatus,  on  voit  à  l'extrémité  du  rameau  une  échancrure  arrondie, 
bordée  de  chaque  côté  par  une  épine. 

Ou  remarque  fréquoramrnt  la  soudure  entre  un  rameau  et  une  feuille  sur 
un  rameau  affecté  de  partition  latérale,  quand  la  division  se  prolonge  jus- 
qu'à la  feuille  située  en  son  milieu;  alors  le  petit  lobe  du  rameau  reste 
soudé,  par  son  bord  interne,  avec  l'un  des  bords  de  cette  feuille.  La  sou- 
dure est  rare  à  constater  entre  deux  organes  dont  l'un  est  axile  et  l'antre 
appendiculaire  ;  elle  est  facilitée  ici  par  la  structure  entièrement  herbacée 
du  rameau. 

3°  Enroulement  et  torsion.  —  J'ai  vu  des  axes  primaires  de  /?.  aculeatus 
enroulés  eu  cercle  sur  eux-mêmes,  de  haut  en  bas;  d'autres  tordus  eu  spi- 
rale. Ces  anomalies  des  axes  sont  souvent  combinées  avec  leur  fasciation 
(Moq.-Tand.,  Térat.,  p.  179). 

k"  Dilatation.  — Je  rassemble  sous  ce  nom  plusieurs  exemples  d'une 
anomalie  assez  fréquente  sur  le  limbe  foliacé  qui  termine  l'axe  primaire 
des  Ruscns.  On  voit  une  côte  herbacée,  de  même  structure  que  le  limbe,  se 
dessiner  sur  lui  en  relief,  suivant  un  des  faisceaux  fibro-vasculaires,  et 
quelquefois  acquérir,  quand  elle  est  médiane,  les  mêmes  dimensions  qu'une 
des  moitiés  du  limbe,  qui  parait  alors  trifuniué.  Ce  phénomène  doit  être 
rapproché  de  l'étatnormal  de  certains  Cactus  ci  Euphorbes  -,  c'est  un  terme 
moyen  entre  l'état  cylindrique  et  la  fasciation  complète. 


7(i0  SOCIÉTÉ    BOTAMULE    DK    FKANCE. 

5"  Multiidicution.  —  Enfin,  le  fait  unique  auquel  j'ai  cru  pouvoir  don- 
ner ce  nom  consiste  clans  l'insertion,  a  l'aisselle  de  la  feuille-mère  des 
tleurs,  d'un  rameau  tertiaire  dilaté  cumme  le  rameau  secondaire,  et  portant 
les  fleurs  en  son  milieu  à  l'aisselle  d'une  deuxième  feuille.  H  y  a  ici  pro- 
duction d'un  axe  surnuméraire,  ce  qui  altère  les  caractères  de  l'espèce 
[R.  Hypo(jlosswn).  Cela  rappelle  les  articles  des  Opuntia. 

M.  Giiillard  l'ait  ù  la  Société  la  communication  suivunto  : 

SUH  DEUX  i;HLORANTHlES,   i^r  M.  Acli.  (;MLI.i\RI>. 

Jedepose  sur  le  bureau quelquesexemplaires  d'un  Stelluria  média  atleurs 
foliacées,  trouvés  le  31  mai  aux  Champeaux  (au-dessus  de  INlontmorency) 
contre  nue  haie  ;  —  plus  un  insecte  et  sa  larve,  lesquels  j'accuse  conjoin- 
tement de  tentatives  d'empoisonnement  sur  les  Cymes  de  ce  Mouron. 

La  Cyme  terminale,  002^^  (indéfiniment  bipare),  continuo-inégale,  n'a 
subi  aucune  modification  quant  à  la  succession  régressive  des  fleurs.  Cette 
ré;^ression  est  ici  normale,  telle  qu'elle  caractérise  toutes  les  Caryophyllées. 
Les  quatre  ou  cincj  premières  fleurs  de  cliaque  Cyme  sont  aussi  à  l'état  nor- 
mal; elles  n'ont  subi  aucune  déformation  :  les  Sépales  sont  velus,  les  Pétales 
blancs  et  bipartis  ;  les  étamines  ont  fécondé  les  graines,  qui  renferment 
l'embryon  faisant  cercle  autour  de  son  albumen  farineux.  La  ligne  inté- 
rieure de  poils  blancs  se  montre  sur  chaque  pédicule. 

C'est  au-dessus  que  commence  l'anomalie,  et  elle  devient  plus  grande  à 
chaque  degré.  Les  Sépales  s'agrandissent,  restent  verts,  deviennent  gla- 
brescents,  raultiplient  leurs  nervures.  Vient  le  tour  des  Pétales  :  verts  aussi, 
ils  ne  sont  plus  que  bifides,  puis  bilobcs;  enfin,  entiers,  ovés,  plurinervés, 
véritables  Feuilles  ;  et  ils  persistent  comme  les  Sépales,  mais  en  restant  un 
peu  plus  petits  qu'eux. 

Quant  aux  étamines,  elles  ne  subissent  aucune  inodi/icatiun^  si  ce  u'est 
([ueleur  verticiile  parait  incomplet. 

L'ovaire,  qui  semblait  d'abord  échapper,  qui  a  réellement  résisté  (au 
moins  extérieurement)  à  l'action  de  la  cause  déformatrice,  subit  enfin  son 
influence  vers  le  haut  de  la  Cyme.  Il  s'allonge  au-dessus  des  Pétales,  verdit, 
manque  de  style;  le  stigmate  demeure,  comme  témoin,  en  petites  papilles 
rouges.  Bientôt  (c'est-à-dire,  un  peu  plus  haut  sur  la  Cyme)  l'Ovaire  reste 
ouvert  au  sommet  ;  les  trois  Carpelles  se  dégagent  rapidementde  la  soudure 
normale,  restent  libres  et  vraies  Feuilles.  Enfin,  les  ovules  eux-mcmes,  fai- 
sant verticiile  au  centre  de  ces  étranges  fleurs,  restent  d'abord  vrais  ovules, 
clos,  mais  portes  sur  de  longs  pétioles  droits;  puis  ils  se  montrent  ouverts 
en  cornet  ou  en  cuiller  ;  aux  dernières  fleurs  on  les  voit  aussi  vraies  Feuilles 
formant  verticiile  de  cinq  ou  trois,  seulement  beaucoup  plus  pcfites  que  les 


SI^ANCL    DU    10    JUILLET    1S57.  761 

autres  organes,  mais  parfaitemeut  caractérisées  par  leur  l'orme  et  leurs 

uervurt'S. 

I.a  cause  de  celte  monstruosité  est  peut-être  révélée  par  des  traces  assez 
nombreuses  de  morsures,  que  présentent  les  organes  dont  la  métamorphose 
normale  en  organes  floraux  n'a  pas  eu  lieu  ou  n'a  pas  été  complète.  J'ai 
saisi,  au  cœur  dequeiques  Ovaires,  une  petite  larve  que  je  joins  aux  échan- 
tillons conmie  pièce  de  conviction,  même  comme  accuscc,  ou  complice  pour 
le  moins  ;  lion  un  petit  hcmiplcre  :  livrons-les  l'une  et  l'autre  à  la  juridic- 
tion entomologique  de  iM.  le  docteur  Boisduva!  (1). 

La  résistance  qu'ont  offerte  les  Étamines  démontre,  à  mon  avis,  que  la 
cause  déformatrice  n'a  agi  que  très  postérieurement  à  la  première  consti- 
tution des  boutons.  En  effet,  il  a  fallu  qu'elles  fussent  déjà  bien  formées  et 
munies  de  leur  pollen  pour  avoir  lutté  victorieusement  contre  la  déforma- 
tion qui  a  atteint  tout  le  reste.  Or,  en  général,  dans  la  cavité  cluse  formée 
par  les  Sépales,  les  Étamines  jouissent  les  premières  de  la  vie  active  et  fonc- 
tionnelle: les  premières  (parmi  les  organes  enfermés)  elles  forment  leurs 
trachées,  et  elles  élaborent  déjà  visiblement  leur  pollen  quand  tout  ce  qui 
les  entoure  est  encore  à  l'état  séveux  ou  muqueux.  Il  n'est  donc  pas  éton- 
nant qu'elles  soient  restées  indemnes  de  l'atteinte  épidémique  qui  a  défiguré 
particulièrement  les  Pétales,  les  Carpelles  et  les  Ovules  (tous  organes  dont 
le  développement  est  postérieur  à  celui  des  Anthères),  pouivu  toutefois 
que  le  virus  maladif  n'ait  pas  été  inoculé  avant  ou  pendant  la  conception 
des  boutons. 

Cette  chloranthie  m'a  paru  instructive  à  deux  points  de  vue  :  1°  pour 
l'histoire  des  Étamines,  dont  elle  affirme  la  précocité  relative;  2"  pour 
l'histoire  des  Ovules,  qui  partagent  ici  le  sort  des  autres  organes  foliacés; 
ce  qui  combat  la  distribution  que  quelques  théoriciens  voudraient  faire  des 
organes  en  appendiculaires  et  axiles.  L'insecte  rongeur  nous  fait  voir  qu'il 
n'y  a  toujours  et  partout  que  la  Feuille. 

Je  profite  de  l'occasion  pour  déposer  aussi  quelques  exemplaires  chlo- 
ranthes  deSinopis  aroensis  L.,  que  j'avais  trouvés  précédemment  au  mois 
d'août  dans  un  champ  inculte,  couvert  de  différentes  herbes,  à  la  hauteur 

(1)  «  L'insecte  que  vous  m'avez  remis  est  le  type  du  genre  Thrips  de  Linné... 
»  Il  est  facile  d'y  reconnaître  respèce  Th.  fasciata,  dont  la  larve  a  été  décrite  par 
I)  M.  Haliclay,  et  qui  est  la  plus  commune  aux  environs  de  Paris  :  c'est  bien  elle  que 
»  vous  avez  capturée...  Les  Thrips  sont  éminemment  pliytophages:  une  espèce  men- 
»  tionnée  par  M.  Guérin-Méneville  est  souvent  fort  nuisible  aux  blés.  —  Ce  sin- 
"  gulier  genre  a  été  classe  jusqu'à  ces  derniers  temps  parmi  les  hémiptères,  dans 
»  le  voisinage  des  pucerons;  mais  il  appartient  tout  autant  aux  névroptères  ou 
»  aux  orthoptères.  M.  Burmeister  eu  fait  un  ordre  à  part.  »  {Extrait  d'une  lettre 
de  M.  BoisduvaL) 


762  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE  FRANCE. 

du  chemin  de  fer,  près  Enghien.  Les  plantes,  parfaitement  développées 
dans  leur  easemble,  offreiit  une  belle  Botiy-Diseyme,  dont  toutes  les  (leurs 
sont  à  l'aisscIle  d'une  Bractée  foliacée.  Les  premières  Bractées  sont  lancéo- 
lées, denticuiées,  épanouies  ;  les  suivantes  sont  recoquiliées,  capuchonnécs 
ou  à  demi  fermées. 

Toutes  les  fleurs  sont  frappées  d'une  monstruosité  presque  identique.  Le 
Sépale  est  le  moins  changé  ;  seulement  il  est  dressé  et  uni  presque  toujours 
à  l'Etaniine,  dont  il  porte  au  haut  l'Anthère  plus  ou  moins  déformée.  Il  y  a 
aussi  quelques  Etamines  libres  et  poliinifères.  Les  Pétales  ont  disparu  ;  à 
peine  en  voit-on  deux,  ou  trois  de  leur  jaune  nuance  sur  toute  la  plante. 

Deux  choses  surtout  attirent  l'attention  :  1°  la  persistance  des  gland ulcs 
(nectaires,  intermèdes)  ;  elles  sont  dans  chaque  fleur  à  leur  place  ordinaire, 
avec  leur  consistance  charnue,  verte,  sans  altération  ni  accroissement  ; 
2°  les  Carpelles;  ils  ont  grandi  et  élèvent,  dans  toutes  les  fleurs,  leur  sligmato 
au-dessus  des  autres  organes.  Ce  stigmate  est  porté  sur  un  style  de  la 
même  masse  h  peu  près  et  de  la  même  longueur  que  l'Ovaire.  Celui-ci 
est  un  peu  moins  grand  que  le  Sépale.  Les  Carpelles  sont  libres,  ou  unis 
seulement  vers  le  bas,  inégaux^  à  demi  ouverts  comme  une  robe  de 
chambre,  et  laissant  voir  leur  rangée  d'Ovules,  en  partie  exposée  à  l'air.  Il 
y  a  deux  Carpelles  ou  trois,  quelquefois  quatre.  Le  central,  qui  est  le  plus 
grand,  est  presque  toujours  entièrement  fermé.  [,e  stigmate  dél)orde  le 
style  de  ses  papilles  translucides;  il  est  subbilobé,  ou  plutôt  plié  en  deux,  à 
peu  près  comme  le  collet  de  velours  d'un  liabit. 

Ce  fait  cin-ieux  de  tératologie  confirme  mes  observations  consignées  au- 
trefois dans  le  >[émoire  Sur  la  formation  des  organes  floraux,  et  reconnues 
alors  par  Mirbel  devant  l'Académie  des  sciences  (1). 

M.  de  Scliœnefcld,  vice-secréLiirc,  donne  lecture  do  la  coniniuni- 
cation  suivante,  adressée  à  hi  Société  : 

LLNNÉ  AURAIT-IL.  DANS  UNE  INTENTION    MAUVAISE,  ALTÉRÉ  L'ÛRTllUGUAI'UE  DU  NOM 
DU  GENRE  BUhFONlA?  par  M.  A.  FÉE. 

(Strasbourg,  4  juillet  1857.) 

Le  genre  Buffonia,  de  la  famille  des  Caryopliyllées,  dont  le  type,  Buf- 
fuiiia  tenuifulia,  est  remarquable  par  la  facilité  avec  laquelle  les  etamines 
varient  en  nombre,  se  réduisant  parfois  à  deux,  pour  s'élever  jusqu'à  huit, 
a  été  diversement  orthographié,  les  auteurs  admettant  ou  n'admettant  pas 
le  redoublement  de  la  lettre  f.  IS'OUS  allons  dire  pourquoi. 

Quoique  plusieurs  botanistes,  même  parmi  les  contemporains,  aient  at- 
tribué le  genre  Buffonia  ù  Linné,  il  est  bien  prouvé  qu'il  appartient  à  Sau- 

(1)  Comptes-rendus,  I,  p.  2Q3. 


SÉANCK   1»U    10   JUILLET    1857.  763 

vages.  Ce  qui  a  pu  les  égarer,  c'est  que  la  première  mciilion  faile  officicl- 
lemeiitde  eof:,ciiro,  se  trouve  dans  le  tome  I"  des  Amœnilatcs  acadernicœ, 
pag.  3S6,  année  17'i9,  dans  une  thèse  de  Dassow,  soutenue  sous  la  prési- 
dence de  Linné,  le  15  juin  Ml\l,  et  que  les  caractères  génériques  y  sont 
donnés  pour  la  première  fois,  quatre  ans  avant  que  Sauvages  lui-même  les 
donnât.  On  lit  dans  cette  thèse  :  Bufonia,  audore  Sauvages;  il  eût  fallu 
ajouter  m  litterisad  Liimœum. 

La  correspondance  de  ces  deux  hommes  illustres  ne  dura  pas  moins  de 
vingt-huit  ans:  commencée  le  20  janvier  1737,  elle  ne  se  termina  (jue  le 
3  mai  1763,  dix-huit  mois  environ  avant  la  mort  de  Sauvages.  Les  lettres, 
au  nombrede  /i3,  se  trouvent  aujourd'hui  en  la  possession  dcM.  d'Hombrcs- 
Firmas,  d'AIais,  petit-neveu  du  célèbre  professeur  de  IMonlpellier  ;  et  il  se 
propose  depuis  longtemps  de  les  publier.  Elles  sont  intéressantes,  et  il  nous 
a  été  permis  de  constater  qu'elles  ne  pouvaient  nous  fixer  sur  la  date  précise 
de  la  création  du  genre  j^H//brtm.  Cependant  onyaequiert  la  preuve  qu'elle 
est  antérieure  à  17/i5,  puisque,  dans  une  lettre  du  15  octobre  de  cette  mémo 
année,  Linné  dit  que  la  fleur  est  tétrandrique  et  qu'il  s'en  assurera  sur 
des  spécimens  plus  complets,  le  sien  ne  l'étant  pas,  et,  longtemps  après, 
lettre  xlx.%  20  août  1753,  il  prie  Sauvages  de  fixer  ses  incertitudes  à  cet 
égard  :  quœso  etiam  hac  œstatc  examines  stamina  Bufoniœ;  Lœflingiusscri- 
bit  k  esse  in  singulo  flore. 

Ainsi  il  est  parfaitement  certain  que  Sauvages,  avant  de  constituer  défi- 
nitivement le  genre  Buffonia,  en  avait  référé,  de  1743  à  17A4,  à  Linné,  vers 
lequel  convergeaient  alors  toutes  les  découvertes  qui  pouvaient  intéresser 
l'histoire  naturelle.  Linné  et  Dassow  ayant  écrit  Bufonia^  il  est  permis  de 
croire  que  Sauvages  avait  écrit  ainsi  dans  sa  correspondance. 

La  plante,  type  de  ce  genre,  quoiqu'elle  vive  dans  les  terrains  secs  et 
arénacés,  contrairement  à  ce  qu'en  ont  dit  certains  auteurs,  ressemble  éton- 
namment parlCiport  au  Juncusbufunius  de  nos  marécages,  et  Linné  aura  pu 
supposer  que  le  nom  générique  était  destiné  à  rappeler  cette  analogie  exté- 
rieure, ignorant  à  quel  naturaliste  le  genre  était  dédié  ;  si  Sauvages  eût  écrit 
Buffonia,  il  eût  remarqué  que  Linné,  dans  sa  lettre  du  15  octobre  17Zi5, 
avait  mal  orthographié  le  nom,  et  Linné  prévenu  se  fût  rectifié  dans  sa 
lettre  du  20  août  1747.  Non-seulement  il  n'en  est  rien,  mais  nous  allons 
voir  le  botaniste  de  Montpellier  donner  à  cette  faute  une  consécration  offi- 
cieile,  en  désaccord  avec  l'étymologie. 

Le  Met/iodus  foliorum  seu  plantœflorœ  monspcliensis,  ouvrage  surtout  cu- 
rieux, publié  en  1751,  à  F^a  Haye,  donne  les  caractères  génériques  du  Buf- 
fonia, et  ils  sont  suivis,  page  141,  de  ces  mots  :  Dicata  illiistrissinw  horti 
régit  parisiensis  prœfecto  et  acad.  regiœ  &cientinruni.  })nris.  sodali  D.  de 
Buffon,  et  par  une  bizarrerie  difficile  à  expliquer,  Sauvages  imprime,  ou 


76/i  60CIÉTÉ   BOTANIQUE    DE   FRANCE. 

laisse  imprimer  Bufonia  dans  son  texte,  tandis  que  dans  la  table  il  met 
Buffonia  sans  prévenir  qu'il  rectifie  ou  non  une  erreur  ;  il  y  a  plus,  à  la  suite 
de  son  nom  générique  il  ajoute  unL.  (Linné),  comme  s'il  rappelait  le  nom  du 
fondateur.  Ainsi  se  trouvent  justifiés  les  botanistes  qui  attribuent  le  genre 
Buffonia  ixLhmé,  ainsi  s'explique  comment  Linné,  Speciesplantarum  édition 
légale  de  1764;  Lamarck  eu  1783,  premier  volume  de  Y  Encyclopédie  mé- 
thodique-, Gœrtner  en  1787,  De  fniclibus;  Jussieu,  Gênera  plantarum  en 
1789  et  une  foule  d'autres  auteurs,  ont  pu  écrire  Bufonia,  se  soumettant  au 
texte  de  Sauvages  et  à  celui  des  Auiœnitales. 

U  doit  déjà  ressortir  victorieusement  de  ce  qui  précède  que  l'altération 
du  nom  générique  Buffonia,  par  la  suppression  d'un  /,  ne  peut  être  en  au- 
cune manière  attribuée  à  Linné,  mais  bien  à  Sauvages;  ainsi  se  réduisent 
à  néant  les  assertions  contraires,  écrites  dans  une  foule  de  livres  et  qui  ont 
trouvé  des  esprits  crédules,  heureux  peut-être,  malgré  leur  estime  pour  un 
grand  lionmie,  de  lui  découvrir  une  faiblesse. 

Néanmoins,  malgré  tout,  et  pour  rendre  encore,  s'il  est  possible,  la  justi- 
fication plus  complète,  nous  allons  admettre  un  instant  que  Linné  a  voulu 
eu  effet  faire  un  indigne  rapprochement  entre  un  illustre  adversaire  et  un 
animal  immonde.  Toute  action  ayant  un  but,  on  se  demande  quel  fut  celui 
de  Linné. 

«  Il  a  voulu  se  venger,  dira-t-on,  des  attaques  de  Buffou,  qui  avait 
combattu  ses  idées  de  réforme.  »  Qui  pourrait  le  penser,  lui  qui  igno- 
rait alors  jusqu'au  nom  de  ce  futur  adversaire,  uniquement  occupé  de  géo- 
métrie, de  physique  et  d'économie  rurale,  travaux  importants  sans  doute, 
puisque  ce  sont  eux  qui  le  firent  admettre,  dès  1739,  à  l'Académie  des 
sciences? 

L'impression  de  VHistoire  ncdurelle  s'est  continuée  de  1749  à  1767,  et 
c'est  dans  cet  intervalle  que  s'est  étendue  et  popularisée  la  réputation  de 
Buffon.  Si  ce  grand  homme  fut  connu  en  Suède  avant  cette  époque,  ce  ne 
fut  pas  de  Linné.  On  ne  peut  se  venger  que  d'un  tort  réel  ;  or,  Linné 
n'avait  eu  aucunement  à  se  plaindre  d'attaques  qui  ne  pouvaient  avoir  eu 
lieu.  Ondoitdoncinvoquer  ici  une  impossibilité  matérielle,  une  sorte  d'alibi. 
C'est  une  petite  calomnie  dirigée  à  la  fois  contre  deux  grands  noms;  aussi 
dirons-nous  avec  Richler  {Opéra  omnia  Linnœana,  183()):  nomen  iniqun 
mente  a  Linnœo  in  Bufoniaui  {pro  Buffonia]  mutatum  esse  pr'obent  ii  qui 
narrant. 

Linné  a  eu  des  adversaires,  et  quel  homme  de  génie  n'a  eu  les  siens? 
Cependant  on  chercherait  vainement  dans  ses  écrits  des  traces  de  mauvaise 
humeur.  Il  avait  l'esprit  élevé,  le  cœur  excellent  et  une  très  grande  dignité 
de  caractère.  C'était,  qu'on  me  passe  l'expression,  un  très  bon  grand 
homme.  La  controverse  lui  était  antipathique;  il  croyait,  non  sans  raison. 


SÉANCIi    1)11    10   JUILLKT    1857.  765 

que  son  temps  était  mieux  cmployc' îi  perfectionner  (l'aiiciiMinrs  publications 
et  à  en  picparcrde  nouvelles-  c'était  là  une  manière  très  sa{j;e  de  répondre. 
Non-seulement  il  n'aimait  pas  les  polémiques  scientifique?,  mais  même  il 
les  redoutait.  Les  preuves  de  cette  assertion  sont  aussi  nombreuses  que  con- 
vaincantes (1).  Il  n'a  répondu  ni  à  ][eister,ni  àSiegesbeck,  ni  à  Browall,  ni 
à  aucun  autre.  «  Mon  vieil  ami  l.udwip;,  écrit-il  à  Haller,  veut  me  combattre 
et  je  serai  aisément  vaincu,  car  je  dépose  d'avance  les  armes.  Je  ne  veux 
pas  me  défendre.  »  Ayant  eu  à  se  plaindre  de  Haller,  qui  l'avait  fort  mal- 
traite, il  écrivit  dans  sa  Flora  zei/lanica  :  «  En  Allemagne  et  parmi  les  bo- 
tanistes suisses,  Haller  est  distingué  comme  un  second  Boerbaave,...  il  est 
connu  comme  le  plus  infatigable  des  savants,  et  il  est^ans  rival  en  médecine 

et  en  anatomie C'est  bien  injustement  que  l'on  m'accuse  d'avoirécrit 

contre  cet  excellent  homme.  Je  désire  que  tout  le  monde  sache  que  je  tiens, 
et  que  j'ai  toujours  tenu  ses  publications  en  haute  estime,  et  que  je  suis 
môme  occupé  chaque  jour  à  les  étudier.  » 

Tous  les  réformateurs  sont  emportés  et  intolérants  :  Linné  faisait  excep- 
tion, il  était  doux  et  bienveillant.  On  a  écrit  et  nous-même  avons  répété 
qu'il  avait  dédié  à  ses  antagonistes  des  plantes  disgracieuses  de  port,  épi- 
neuses, ou  bizarres  dans  quelques-unes  de  leurs  parties.  Il  est  très  possible 
que  cela  soit,  et  le  mal  n'eût  pas  été  grand  ;  cependant  le  Siegesùeckia 
orientalis,  qui  "rappelle  le  nom  d'un  doses  plus  fougueux  adversaires,  est 
une  très  belle  Synanthérée  ;  et  l'un  des  plus  grands  arbres  de  la  création  est 
consacré  à  la  mémoire  d'Adanson,  réformateur  qui  seul  voulait  réformer. 
Linné  ne  connaissait  ni  l'envie  ni  la  haine,  et  il  se  montrait  content  de  la 
part  d'estime  et  de  renommée  qu'il  avait  conquise;  nous  avons  dit  ail- 
leurs (2)  qu'ayant  eu  connaissance  de  l'intention  injurieuse  que  lui  prêtaient 
ses  ennemis,  à  l'égard  de  Buffon,  il  s'en  était  indigné. 

Au  reste,  qu'est-il  advenu  aux  hommes  qui  ont  attaqué  Linné?  Ceux  qui 
avaientfondé  sur  cesattnques  l'espoir  d'une  renommée  sont  oubliés,  et  l'on 
ne  se  rappelle  plus  l'opposition  des  hommes  qui,  par  leurs  travaux,  ont  mérité 
de  vivre  dans  la  postérité;  ce  qu'ils  ont  fait  pour  la  science  est  seul  resté 
debout.  Le  temps,  ce  grand  justicier,  met  toute  chose  à  sa  place;,  et  il  laisse 
impérissable  sur  le  front  des  hommes  de  génie  la  couronne  à  laquelle  les 
envieux  tentent  d'arracher  quelques  joyaux. 

Certes,  Buffon,  glorieux  et  honoré,  ne  pouvait  rien  envier  à  Linné  ;  mais 
combien  n'eût-il  pas  été  préférable  qu'il  se  fût  abstenu  d'écrire  contre  cet 
ingénieux  réformateur!  Non-seulement  sa  logique  s'est  trouvée  en  défaut, 
mais  sa  science  elle-même  ;  par  exemple,  en  blâmant  la  classe  des  mam- 
malia,  aujourd'hui  universellement  adoptée,  il  n'eût  pas  dit  qu'on  savait 

(1)  Voyez  Vie  de  Linné,  p.  120  et  sulv. 

(2)  Ihitl,  p,  287. 


766  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

depuis  Aristote  (1)  que  le  cheval  n'a  point  de  mamelles,  et  il  n'en  aurait 
pas  conclu  qu'il  fait  exception  parmi  les  mammifères. 

IN'ailoDS  pas  plus  loin  ;  si  le  blâme  est  facile,  n'oublions  pas  qu'il  a  son 
côté  dangereux,  et  gardons-nous  de  toucher  à  l'une  de  nos  plus  grandes 
gloires  nationales.  Qu'il  nous  sufllse  d'avoir  contribué  à  effacer  la  tache  lé- 
gère dont  on  avait  tenté  de  ternir  l'éclat  d'un  nom  justement  vénéré,  celui 
d'un  homme  qui  par  son  génie  a  mérité  d'obtenir  le  droit  de  cité  dans  tous 
les  pays  de  la  terre  civilisée. 

M.  Germain  de  Saint-Pierre  fait  à  la  Société  la  communication 
suivante  : 

SUR  l.E  MODE  DE  VÉGÉTATION  DU  CORALLORHIZA  imATA,  par  M.  E.  «ERltl.tl!^ 

DE  SAI^T-PIERRE. 

La  souche  de  l'une  des  Orchidées  d'Europe  les  plus  bizarres  par  sa  con- 
formation et  son  mode  de  végétation,  le  Corallorhiza  innata,  a  été  jusqu'ici 
a^îsez  incomplètement  étudiée  et  décrite,  en  raison,  sans  doute,  de  la  rareté 
de  la  plante  et  du  petit  nombre  d'occasions  où  elle  est  arrivée  vivante  et  en 
bon  état  dans  les  mains  d'un  botaniste  organographe. 

Celte  plante  intéressante  vient  d'être  trouvée  et  recueillie  par  quelques- 
uns  de  nos  honorables  confrères,  au  Villard-de-Lans,  pendant  une  excursion 
botanique  on  Dauphiné  faite  par  ces  messieurs  (2)  au  retour  de  la  session 
de  Montpellier.  Plusieurs  pieds  de  CorallorJdza  en  pleine  floraison,  enlevés 
avec  le  plus  grand  soin,  sont  arrivés  à  Paris  dans  un  état  de  fraîcheur  et 
d'intégrité  parfaites;  M.  de  Schœnefeld  a  bien  voulu  me  remettre  les 
individus  les  plus  complets  et  m'en  confier  l'examen  et  l'étude. 

Heureux  de  me  trouver  à  même  d'examiner  sur  le  vivant  cette  plante, 
dont  la  souche  est  ordinairement  incomplète  dans  les  herbiers  et  déformée 
par  la  compression,  j'en  ai  détaché  la  terre  avec  le  plus  grand  soin,  en  la 
plaçant  sous  un  mince  filet  d'eau,  dans  la  crainte  de  briser  par  un  autre 
procédé  la  souche  fragile  et  à  rameaux  intriqués,  ou  de  rompre  des  adhé- 
rences. La  souche  ainsi  mise  à  nu,  chez  mes  divers  échantillons,  j'ai  con- 
staté que  sa  base,  que  je  m'attendais  à  trouver  constituée  par  une  partie 
morte,  comme  chez  les  rhizomes  ordinaires  (ceux  des  Polyyonafwn  et  des 
Arum  par  exemple),  que  cette  base,  dis-je,  manquait,  et  que,  malgré  le 
soin  avec  lequel  la  plante  avait  été  enlevée,  le  rhizome  se  terminait  parune 
cassure  franche,  dans  une  partie  aussi  fraîche  et  aussi  vivante  que  le  reste 
de  son  étendue. 

l'ai  constaté,  en   second  lieu,  un  fait  très  remarquable  :  ce  rhizome  ne 

(1)  lîuffon,  Histoire  naturelle,  Paris,  17i9.  t.  I,  p.  08  (Sur  la  manière  d'écrire 
riiisioiic  ualurcllc). 

(*2)  Voyez  plus  haut,  p.  702. 


bÉANCK  nu  10  JUILLET  1857.  767 

présenle  aucune  trace  de  racines  ou  de  libres  radicales  adventives  ;  or,  il  est, 
je  crois,  peu  d'exemples  de  liges  souterraines  ou  de  rhizomes  complétemeut 
dépourvus  de  libres  radicales  adventives.  (Ce  fait,  qui  n'a  pas  dû  frapper  ceux 
des  botanistes  qui  ont  regardé  la  souche  du  Corallorlnza  comme  une  sorte  de 
racine,  aétéremarquéet  mentionné  par  M.  Neesd'Ksenbeck  dans  son  Geiiera, 
bien  qu'il  ait  décrit,  dans  le  même  ouvrage,  la  souche  de  VKpipogium,  qui 
est  tout  à  fait  analogue,  sous  le  nom  de  racine.)  Quant  à  la  souclie  elle- 
même,  elle  se  compose  d'un  rhizome  blanc,  charnu,  très  cassant,  très  ra- 
meux,  à  rameaux  ordinairement  très  courts,  dirigés  dans  tous  les  sens,  et 
naissant  les  uns  des  autres  dans  un  désordre  apparent.  Ce  rhizome  ressemble 
assez  par  sa  forme,  comme  l'indique  le  nom  de  la  plante,  à  une  brandie 
de  corail;  mais  si  on  l'examine  avec  plus  d'attention,  on  voit  que  son  mode 
de  ramification  n'a  en  réalité  rien  d'anormal.  Chaque  rameau  naît,  en 
effet,  à  l'aisselle  d'une  petite  feuille  membraneuse  squamiforme  qui,  lors- 
qu'elle est  détruite,  comme  il  arrive  dans  la  partie  inférieure  du  rhizome, 
laisse  une  cicatrice  très  visible.  —  L'extrémité  des  rameaux  souterrains 
est  la  partie  de  la  plante  la  plus  anormale;  cette  extrémité  est  obtuse,  et, 
bien  qu'elle  constitue,  en  réalité,  un  bourgeon  rudimeutaire,  on  conçoit 
qu'on  ait  pu,  au  premier  aspect,  la  prendre  pour  une  extrémité  radicellaire  ; 
mais  il  suffirait,  pour  être  détrompé,  de  remarquer  que  cette  extrémité  ter- 
mine un  axe  muni  d'écaillesou  feuilles  squamil'ormes,  car,  de  même  qu'wn 
bourgeon  ne  iennine  dans  aucun  cas  une  racine,  une  racine  ne  termine 
dans  aucun  cas  rextrémité  d'une  tige,  soit  aérienne,  soit  souterraine. 
Chaque  bourgeon  rudimeutaire  est  susceptible  de  compléter  successive- 
ment son  développement  et  de  devenir  un  bourgeon  normal  composé  de 
feuilles  squamiformes  emboîtées.  —  Chaque  année,  un  ou  plusieurs  de 
ces  bourgeons  écailleux  (coniques-aigus)  se  développe  en  une  tige  aérienne 
à  feuilles  squamiformes,  décolorée  ou  d'un  blanc  jaunâtre,  florii'ère,  puis 
fructifère,  annuelle  (ou  monocarpienne)  :  chaque  année  aussi,  de  nouveaux 
rameaux  souterrains  s'ajoutent  aux  précédents  et  remplacent  ceux  qui  sont 
épuisés  par  leur  développement  eu  tiges  fructifères. 

L'examen  de  la  structure  et  du  mode  de  végétation  que  je  viens  d'expo- 
ser, m'a  conduit  h  la  probabilité,  sinon  à  la  certitude,  que  le  Corallorhiza 
innafaesi  une  plante  parasite  sur  la  racine  des  végétaux  environnants.  Je 
n'ai  pu,  il  est  vrai,  constater  l'adhérence,  puisque  dans  les  échantillons 
que  je  possédais  la  souche  était  brisée,  sans  doute  à  ce  niveau  ;  et,  par  con- 
séquent, la  prouve  directe  manque  encore.  Mais,  d'une  part,  je  n'ai  pas 
trouvé  non  plus  de  souclie  détruite  à  sa  base,  comme  dans  beaucoup  de 
Monocotylées  et  de  Dicotylées,  ni  de  souche  munie  de  sa  racine,  émettant 
des  rhizomes,  comme  dans  certaines  Dicotylées^  d'autre  part,  jen'ai  trouvé 
aucune  trace  de  libres  radicales  adventives  5  or,  non-seulement  les  racines 
adventives  appartiennent  aux  rhizomes  ordinaires,  mais  elles  existent  sou- 


769>  SOCIÉTÉ   BOTAMQrK    DE   FRANCE. 

vent,  comme  racines  adjuvantes,  chez  les  plantes  parasites.  Knfin,  toute  la 
plante  est  décolorée  ou  d'un  blanc  rougeâtre  et  les  feuilles  sont  réduites  à 
des  écailles,  comme  chez  un  grand  nombre  de  plantes  parasites  :  Lathrœo, 
Ovobanche,  Cuscitta,  Monotropu,  etc.  —  Un  de  ces  caractères  isolés  ne  suf- 
lirait  pas  sans  doute  pour   constituer  une  probabilité  ;  car,  d'une  part,  le 
Nentiia  Nidus  avis,  qui  est  complètement  décoloré  et  dont  les  feuilles  sont 
squamiformes,  ne  paraît  pas,  du  moins  à  l'étal  adulte,  être  une  plante  pa- 
rasite, et,  d'autre  part,  je  n'ai  pas  trouvé  de  racines  adventives  sur  la  base 
hypogée  du  Malaxis  paludosa,  qui  paraît  se  nourrir  directement  de  l'humi- 
dité qn'\\  trouve  dans  les  détritus  àii  Sphagnvm  inondés  dans  lesquels  il  est 
plonge;  mais   le  Malaxis  possède,   dans  le  renflement  bulbiforme  de  sa 
tige,  renflement  qui  se  renouvelle  chaque  année  à  mesure  que  le  précé- 
dent s'épuise,  une  réserve  de  sucs  nutritifs  tout  préparés  et  analogues  aux 
sucs  qu'une  plante  parasite  puise  dans  la  substance  d'une  plante  voisine. 

Une  autre  espèce,  plus  remarquable  encore,  me  paraît  réunir  ces  deux 
sources  d'alimentation  ;  je  veux  parler  de  \' Fpipogium  Gmelini.  Cette  belle 
plante,  que  j'ai  étudiée  en  Thuringe,  présente,  dans  de  plus  grandes  propor- 
tions que  le  Malaxis,  \m  renflement  bulbiforme  de  la  base  de  sa  tige  flori- 
fère. Ce  renflement  charnu,  après  la  destruction  de  la  partie  fructifère  de 
la  tige,  se  vide  au  profit  d'une  ou  de  plusieurs  nouvelles  tiges,  lesquelles 
tiges  ne  sont  autre  chose  (jue  le  prolongement  des  bourgeons  qui  terminent 
les  rameaux  souterrains  d'un  rhizome  coralliforme  touth  fait  semblable,  par 
sa  forme  et  sa  structure,  à  celui  du  Corallorhiza.  Sur  le  rhizome  de  VEpi- 
pogiiim  comme  sur  celui  du  Corallorhiza,  }e  n'ai  trouvé  aucune  trace  de 
racines  adventives;  la  base  était  franchement  brisée,  et  tout  me  porte  à 
croire  que,  comme  le  Corallorhiza^  VEpipogium  est  parasite  à  la  manière 
des  Orobanches  et  des  Lalhrœa. 

A  la  suite  de  cette  communication,  M.  Prillieux  présente  les  obser- 
vations suivantes  : 

Après  ce  que  vient  de  dire  notre  habile  confrère,  M.  Germain  de 
Saint-Pierre,  sur  un  sujet  traité  déjà  à  fond  et  avec  un  véritable  talent  par 
M.  Schacht  (1)  et  surtout  par  M.  Irmisch{2),  il  reste  bien  peu  de  choses 
neuves  à  ajouter  touchant  la  structure  du  Corallorhiza. 

\a\  nature  de  la  portion  souterraine  de  la  plante,  le  manque  de  racines 
sont  des  faits  parfaitement  établis  et  sur  lesquels  il  serait  plus  que  superflu 
de  revenir  encore  une  fois.  Je  désire  seulement  dire  quelques  mots  au  sujet 

(1)  II.  Schacht,  Beitrœge  zur  Anat.  u.  l'hysiol.  der  Gewœchse,  185^,  p.  120 
et  siiiv.,  pi.  Vit. 

(2)  Thilo  Irmisch,  Beitrœge  z.  Biologie  ii.  Morphologie  d,  Orchidern.  1853, 
p.  5G-59,  pi.  VI. 


skanck  du  10  jL'iLLRT  1857,  769 

(lu  parasitisme  (|uc  M.  (Icrmaiii  de  Saint-Pierre  semble  attrii)iK'r  rui  Cornl- 
iorhiza. 

Notre  confrère  se  sert,  pourétayer  l'hypothèse  du  parasitisme  du  Com/lo- 
7'/Hza,  des  deux  arguments  suivants:  1°  la  plante  n'a  pas  de  racines,  donc 
elle  doit  vivre  aux  dépens  d'autres  plantes  ;  2"  tous  les  éehantillons  observés 
paraissent  biisés  par  leur  partie  postérieure  :  il  est  probable  que  c'est  par 
là  que  le  rhizome  était  implanté  sur  un  végétal  étranger. 

Je  répondrai  d'abord,  à  ce  second  argument,  que  j'ai  été  assez  heureux  pour 
observer  des  échantillons  plus  complets  que  ceux  que  iM.  Germain  de  Saint- 
Pierre  a  eus  entre  les  mains.  Je  conserve  encore  dans  l'alcool  un  pied  de  Co- 
rallorhiza  où  l'on  peut  parfaitement  voir  le  rhizome  se  terminant  en  pointe 
comme  le  rhizome  du  Neottia  Nidus  avis  que  j'ai  eu  précédemment  occasion 
de  décrire  dans  une  communication  que  j'ai  faite  à  la  Société  (1).  J'ai  montré 
que  cette  pointe  conique  qui  forme  le  bout  du  rhizome  non-seulement  du 
N.  Nidus  avis,  mais  des  Epipactis,  des  Cephalanthera,  etc.,  n'est  autre 
chose  que  le  rhizome  de  la  plante  germante;  qu'elle  conserve  une  structure 
anatomique  pareille  à  celle  que  j'ai  observée  dans  VAngrœcum  inaculatum^ 
au  moment  où  la  jeune  plante  n'est  encore  qu'une  masse  charnue  en  forme 
de  toupie.  —  Ce  que  j'ai  dit  précédemment  s'applique  de  tout  point  à  la 
pointe  qui  termine  le  rhizome  du  Corallorhiza.  Dans  cette  plante  comme 
dans  toutes  les  autres,  cette  partie,  la  première  formée,  est  aussi  la  première 
qui  se  détruit;  tandis  que  la  plante  pousse  par  la  partie  antérieure  de  son 
rhizome,  la  pourriture  envahit  sa  partie  postérieure;  cela  a  lieu  dans 
le  Corallorhiza  comme  dans  les  Epipactis,  les  Cephalanthera,  les  Goo- 
dyera,  etc. 

Il  me  sera  permis,  je  pense,  de  conclure  de  ce  qui  précède  que  le  rhi- 
zome du  CorcrZ/o^Vu':;»  n'est  pas  implanté  par  son  extrémité  postérieure  sur  un 
végétal  étranger,  comme  le  suppose  M.  Germain  de  Saint-Pierre. 

L'absence  incontestable  de  racine  peut-elle  suffire  pour  établir  qu'une 
plante  est  parasite?  Je  ne  le  pense  pas.  Je  rappellerai  à  la  Société  qu'une 
Orchidée  dont  j'ai  suivi  attentivement  le  développement  végète  durant  la 
première  période  de  sa  vie  sans  avoir  de  racines  (2). 

Sur  le  petit  corps  charnu  de  l'embryon  poussent,  dans  VAngrœcum  macu- 
latum,  des  bourgeons  qui  se  développent  en  rameaux  très  courts  et  charnus; 
sur  ceux-ci  en  naissent  d'autres  également  charnus,  et  leur  ensemble  forme 
une  sorte  de  tubercule  digité  fort  semblable  au  rhizome  du  Corallorhiza 
et  formé  comme  celui-ci  de  rameaux  d'ordre  divers.  Puis  un  des  bourgeons 

(1)  Voyez  Bull,  de  la  Soc.  Bot.,  t.  IV,  p.  61;  et  Ann.  des  se.  natiir.,  h"  série, 

t.  V,  pi.  17,  fig.  y. 

(2)  Voyez  Bull,  de  la  Soc,  Bol.,  t.  II[,  p.  28;  et  Au)i.  des  se.  nalur.,  W  série 
t.  V,  pi.  5,  G  et  7. 

r.    IV.  /i9 


770  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE   FRANCE. 

qui  termine  l'une  des  branches  du  tubercule  charnu  se  développe  autrement 
que  les  autres:  il  produit  une  tige  et  des  feuilles  vertes.  C'est  encore  exacte- 
ment ce  qu'on  voit  se  produire  dans  le  Corallorldza.  Il  y  a  cette  différence 
toutefois  entre  les  deux  plantes,  que,  dans  VAngrœcum,  l'existence  du  rhizome 
charnu  est  courte  :  elle  ne  persiste  pas  comme  dans  le  Corallorhiza  durant 
toute  la  vie  de  la  plante.  Aussi,  quand  le  bourgeon  à  feuilles  vertes  s'allonge, 
voyons-nous,  dans  VAngrœcum,  naître  de  la  tige  qui  se  dresse  dans  l'air  une 
racine  adventive,  puis  une  seconde,  et  bientôt  la  plante  enracinée  vivre 
sans  le  secours  du  tubercule  lobé  (rhizome). 

Jusciu'au  moment  ou  V Angrœcum  s'enracine,  il  végète  tout  à  fait  comme 
le  Corallorldza.  La  surface  du  rhizome  est  couverte  de  bouquets  de  papilles 
qui  puisent  dans  le  sol  les  matières  nécessaires  à  Falimentation  de  la  plante 
et  suppléent  aux  racines  qui  ne  sont  pas  encore  développées. 

J'ai  observé  sur  le  rhizome  du  Corallorhiza  des  papilles  groupées  préci- 
sément comme  dans  V  Angrœcum  :  il  ne  me  paraît  pas  douteux  qu'elles  jouent 
un  pareil  rôle  dans  la  végétation  de  la  plante. 

En  résumé,  le  Corallorhiza  présente  d'une  façon  permanente  l'organisa- 
tion que  VAngrœcum  offre  seulement  d'une  manière  transitoire  et  durant 
les  premiers  moments  de  sa  vie.  11  est  absolument  impossible  de  supposer 
que  V Angrœcum  soit  parasite  pendant  sa  germination  5  on  ne  saurait  par 
conséquent,  ce  me  semble,  accepter  pour  le  6ora//or/<«2a  l'hypothèse  d'un 
parasitisme  dont  on  n'a,  à  ma  connaissance,  jamais  pu  montrer  de  preuve 
directe  et  que  l'analogie  repousse. 

M.  de  Scliœnefeld  dit  que  le  seul  fait  qu'il  ait  remarqué  comme 
militant  en  faveur  du  parasitisme  du  Corallorhiza,  c'est  que  les 
nombreuses  touffes  de  cette  plante  qu'il  a  vues  dans  les  bois  de  Sapins 
du  Daupbiné  se  trouvaient  toutes,  sans  exception,  dans  le  voisinage 
immédiat  des  arbres. 

M.  de  Bonis  présente  à  la  Société,  au  nom  de  31.  Vattemare,  les 
volumes,  pour  185/i  et  1855,  du  Patent-Office  report. 


SÉANCK    DU    2h    JLILLET    1857.  771 

SÉANCE    UU   2!i    JUILLET    1857. 

PRÉSIDENCE  DE   M.    MOQUIN-ÏANDON. 

M.  Duchartie,  secrétairo,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
séance  du  10  juillet,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance,  M.  le 
Président  proclame  l'admission  de  : 

MM.  Meunier,  maire  de  Provins  (Seine-et-Marne),  présenté  par 

MM.  le  comte  Jaubert  et  Germain  de  Saint-Pierre. 
Engelmann  (Georges),  à  Saint-Louis-de-Missouri  (États-Unis 

de  l'Amérique  du  Nord),  présenté  par  MM.  J.  Gay  et 

Grœnland. 
K'aufmann  (Nicolas),  à  Moscou,  présenté  par  MM.  T.  Puel  et 

Maille. 
Stoll  (Guillaume),  de  Neuchâtel,  actuellement  à  Paris,  rue 

de  Paradis-Poissonnière,  lib,  présenté  par  MM.  Cliatin  et 

de  Scliœnefeld. 

M.  le  Président  annonce  en  outre  cinq  nouvelles  présentations. 

Do?is  faits  à  la  Sociélé  : 

1°  Par  M.  Decaisne  : 

Le  Jardin  fruitier  du  Muséum^  llvr.  5,  6  et  7. 

2°  Par  M.  Montagne  : 

Communications  relatives  à  plusieurs  maladies  des  plantes  économiques 

et  potagères. 
Huitième  centurie  de  plantes -cellulaîres  nouvelles. 

3°  De  la  part  de  M.  Uamon  de  la  Sagra  : 
Historia  fisica,  politica  y  natural  de  la  isle[de  Cub^. 

li°  Delà  part  de  M.  H.  Lecoq,  de  Clermont-Ferrand  : 
Etudes  sur  la  géographie  botanique  de  l'Europe^  t.  VII. 

5"  De  la  part  de  M.  D.  Clos,  de  Toulouse  : 

Révision  comparative  de  V herbier  et  de  l' Histoire  abrégée  des  Pyrénées 
de  Lapeyrouse. 


772  ,  SOCIÉTK    LOTAMOUE    I)F.    FR.VNCF, 

()°  De  la  pari  de  i\l.  Lecailre,  du  Havre  : 

Etudes  sociales,  hygiéniques  et  médicales  sur  les  ouvriers  employés  au 
port  du  Havre. 

7°  De  la  part  de  M.  Ad.  Targioni-Tozzetti,  de  Florence  : 

Sulla  malattia  dell'  L'ce,  1856. 

Sulle  relazione  dell'  Oïdium  e  dell'  Erysiphe  colla  nuova  forma  vege- 

tnbile  osservata  del  Cav.  Amici,  1853. 
Suglisludi  di  genesi  in  générale,  1850. 
Sopra  alcune  plante  monstruose,  letteredi  Majini  Carpi. 

8°  De  la  part  de  M.  Gavino-Gulia,  de  Malte  : 

Notes  sur  la  fore  de  Malte. 

9"  En  échanae  du  Bulletin  de  la  Société  : 

Journal  de  la  Société  i^npériale  et  centrale  d'horticulture,  numéro  de 

juiu  1857. 
L'Institut,  juillet  1857,  deux  numéros. 

M.  Montagne  fait  hon:image  à  la  Société  de  trois  décades  de  ses 
Centuries  de  Cryi^togames  et  de  la  traduction  de  quelques  articles 
allemands  et  anglais  sur  diverses  maladies  des  plantes. 

M.  Montagne  s'exprime  ensuite  en  ces  termes  : 

Messieurs, 
Je  suis  chargé  par  notre  honorable  confrère,  M.  Bamon  de  la  Sagra,  de 
faire  hommage  en  son  nom,  à  la  Société,  d'un  nouveau  travail  qui,  sous  le 
titre  de  :  Introduction  à  la  Flore  de  Cuba,  offre  non-seulement  un  résumé 
très  intéressant  et  fort  bien  fait  des  matériaux  renfermés  dans  cette  Flore, 
mais  encore  des  considérations  nouvelles  sur  la  climatologie,  latopographie 
et  l'agronomie  de  cette  reine  des  Antilles. 

Vous  vous  souvenez,  Messieurs,  de  (pielle  générosité  notre  confrère  a 
déjà  fait  preuve  en  remettant  lui-même  à  la  Société,  l'an  dernier  (1),  un 
bel  exemplaire  de  son  Flora  Cubana,  Aowl  la  présente  introduction  n'est 
que  le  complément.  Vous  avez  encore  présents  à  la  mémoire  et  les  détails 
dans  lesquels  il  est  entré  sur  cette  publication  et  les  éloges  qu'il  a  donnés  à 
son  principal  collaborateur,  à  notre  regretté  confrère,  AI.  Achille  Richard, 
qui  en  a  rédigé  la  partie  phnnérogamique.  Ces  éloges,  si  bien  mérités,  ne 
pouvaient  que  vous  toucher  profondément. 

le  livre  que  j'ai   l'iionnour  de  déposer  aujourd'hui  sur  le  bureau  tient 

(1)  Dans  la  séance  du  25  avril  185G. 


sÉANci-;  i>ij  2A  .iL'iLLiiT  1857.  77;i 

fidèleincnt  les  eiiga<>;emcnts  que  l'auteur  avait  pris  envers  la  SociéU',  lois  de 
la  remise  du  Floni  Cabaiia,  car  cetîe  introduction  présente  un  résultat  d'en- 
semble que  lui  seul,  pour  avoir  séjourné  longtemps  dans  le  pays  et  recueilli 
la  plus  grande  partie  des  matériaux  qui  ont  servi  à  l'érection  de  ce  monu- 
ment, était  capable  de  faire  convenablement.  Etajoulons  bien  vite  qu'il  l'a 
fait  avec  succès,  et  que  V E pi t orne,  QommQ  il  le  nomme,  que  nous  avons 
sous  les  yeux,  donne  l'idée  la  plus  exacte  et  la  plus  complète  des  richesses 
végétales  de  ce  beau  pays. 

Ce  livre  n'étant  susceptible  d'aucune  analyse,  je  bornerai  là  ce  que 
j'avais  à  en  dire  ;  mais  je  ne  saurais  terminer  sans  vous  proposer  de  remer- 
cier notre  conCrèrede  ce  nouveau  gage  du  vif  intérêt  qu'il  prend  aux  tra- 
vaux delà  Société. 

M.  le  Président  prie  M.  Montagne  de  vouloir  bien  Iransmcllre  à 
M.  Ranion  do  la  Sagra  les  remercîments  de  la  Société. 

M.  Montagne  fait  en  outre  à  la  Société  la  communication  sui- 
vante : 

NOTE  SUR  LA  FRUCTIFICATION  DU  DIGENEA ,  par  M.  C.  MOTVTAGIVE. 

Avant  queSuhr  eût  fait  connaître  les  tétraspores  de  ce  genre,  jusqu'ici 
monotype,  il  régnait  quelques  doutes  sur  la  place  qu'il  devait  occuper  parmi 
les  Floridées.  Ce  fut  dans  le  Flora  ou  Gazette  botanique  de  Batisbonne, 
qu'il  décrivit  pour  la  première  fois,  en  juin  1836  (p.  337,  f.  3^},  la  fructi- 
fication tétrasporique  qu'il  venait  de  découvrir  sur  des  échantillons  prove- 
nant des  Antilles.  Je  l'ai  moi-même  plus  tard  retrouvée  sur  des  exemplaires 
d'Alger,  et  j'ai  indiqué  dans  la  Flore  d'Algérie,  p.  80,  le  mode  de  division 
des  tétraspores,  que  Suhr  n'avait  ni  vu  ni  figuré. 

Après  avoir  passé  successivement  des  Cladostephus  aux  Ceromium^  puis 
aux  Conferves,  etc.,  cette  Algue  finit  par  être  rangée  dans  la  tribu  des  Rho- 
domélées,  où  M.  Agardh  père,  quoiqu'il  l'en  eût  rapprochée,  n'avait  pas 
encore  osé  la  placer.  C'est  M.  J.  Agardh,  qui,  dans  ses  Algœ  mediterraneœ, 
lui  assigna  la  place  qu'elle  occupe  en  ce  moment,  et  dans  laquelle  l'ont 
maintenue  iMM.  Kutzing  {Species  Algaru/ii,  p.  8Zil)  et  Harvey,  le  dernier 
phycologiste  qui  en  ait  traité  dans  sa  Nereis  Boreaii-Americayia,  t.  Il, 
p.  29.  Je  demanderai  la  permission  de  traduire  ce  qu'il  dit,  au  lieu  cité,  à 
l'égard  de  la  plante  en  question. 

«  L'unique  espèce  pour  laquelle  ce  genre  a  été  fondé  {scparated),  quoi- 
»  que  commune  dans  la  Méditerranée,  la  mer  Rouge,  l'Océan  indien  et 
»  dans  toutes  les  parties  chaudes  de  l'Atlantique,  est  encore  imparfaite- 
»  ment  connue,  par  la  raison  que  son  fruit  couccptaculaire  a  échappé  jus- 
»  qu'ici  à  toute  recherche.  En  lui  assignant  une  place  parmi  les  Rhodomé- 
»  lées,  la  structure  nous  a  seule  guidé  ;  l'anatomie  intérieure  de  la  fronde 


774  SOCIÉTÉ  BOTAKIQUE   DE   FRANCE. 

I)  et  des  rameaux  t'tant  à  pen  près  semblable  à  celle  de  quelques  portions 
»  du  Rhodomela^  tandis  que  les  ramules  s'écartent  fort  peu  de  ceux  d'uQ 
B  Polysiphonia,  et  sont  peut-être  encore  plus  rapprochés  de  ceux  du  Bos- 
»  tivjc/iia.  » 

De  magnifiques  individus  de  cette  Algue,  recueillis  aux  îles  du  Cap-Vert 
par  M.  Bolle,  botaniste  distingué  de  Berlin,  m'ont  mis  dans  le  cas  de  dissi- 
per les  incertitudes  qui  restaient  encore  au  sujet  de  la  place  du  Digenea. 
J'y  ai,  en  effet,  observé  non-seulement  les  conceptacles,  inconnus  jusqu'à 
ce  jour,  mais  encore,  ce  qui  complète  toutes  les  notions  désirées  du  fruit,  les 
organes  que  l'on  s'accorde  à  considérer  aujourd'hui  comme  les  anthéridies. 
Je  vais  décrire  succinctement  les  uns  et  les  autres. 

Les  conceptacles  ou  lescéramides  du  Digenea  sont  placés  latéralement,  le 
long  et  près  de  l'extrémité  des  ramules,  qui  hérisssent  comme  des  crins  la 
fronde  et  les  branches.  Ils  sont  tout  à  fait  semblables  et  pour  la  forme  et 
pour  l'organisation  à  ceux  du  genre  Po/?/s?)5Aon2a,  ce  qui  assure  irrévoca- 
blement la  place  occupée  par  ce  genre  parmi  les  Rhodomélées.  Ceux  que 
j'ai  sous  les  yeux  sont  ovoïdes,  arrondis,  mousses  et  sessiles.  Leur  lon- 
gueur est  d'un  tiers,  et  leur  épaisseur,  vers  le  milieu,  d'un  quart  de  milli- 
mètre. De  leur  base  intérieure  ou  placenta  central,  s'élèvent  des  filaments 
divergents  dont  le  sommet  renferme,  dans  un  périspore  hyalin,  des  spores 
pyriformes  qui  deviennent  libres.  La  longueur  de  ces  spores  est  d'un 
dixième,  et  l'épaisseur,  vers  le  milieu,  est  d'un  vingtième  de  millimètre. 

Les  anthéridies,  au  nombre  de  trois  à  cinq,  terminent  les  ramules.  Elles 
sont  pâles  et  décolorées,  ovoïdes  ou  elliptiques,  très  finement  granuleuses 
intérieurement,  à  granules  hyalins  presque  cuboïdes,  mesurant  tout  au  plus 
en  grosseur  trois  à  quatre  millièmes  de  millimètre. 

On  comprend,  au  reste,  sans  que  j'aie  besoin  de  le  dire,  que  je  n'ai  pu 
observer  le  mouvement  des  anthérozoïdes,  et  que  j'interprète  la  signification 
de  ces  organes  par  la  comparaison  que  j'en  fais  avec  ceux  qui  ont  été  trou- 
vés sur  les  Polysiphonia  et  parfaitement  figurés  par  MM.  Thuret,  Derbès 
et  Solier. 

M.  Duchartre,  secrétaire,  donne  lecture  de  la  lettre  suivante, 
adressée  à  M.  le  président  de  la  Société  par  JVL  le  comte  Jaubert, 
vice-président. 

Domaine  de  Givrj-,  près  la  Guerche-sur-Aubois  (Cher),  22  juillet  1857. 

Monsieur  le  Président, 
Depuis  longtemps  les  amis  de  la  science  se  préoccupent  d'une  grande 
lacune  dans  la  Flore  des  environs  de  Paris  :  la  cryplogamic  presque  entière 
y  est  passée  sous  silence,  faute  d'un  ouvrage  descriptif  au  niveau  des  con- 
naissances actuelles;  les  familles  qui  composent  ce  vaste  embranchement 


SÉANCE   DU    2/i    JUILLET    1857.  775 

(lu  règno  vt'gôtal,  accessibles  à  un  petit  nombre  d'adeptes,  ne  donnant  lieu 
à  aucune  herborisation  publique,  ne  sont  l'objet  d'aucun  enseignement 
régulier  dans  les  saisons  favorables  au  développement  de  ces  plantes.  Et 
pourtant  on  n'est  botaniste  qu'à  moitié,  ((uand  on  reste  étranger  a  la  cryp- 
togamie. 

Plusieurs  membres  de  la  Société,  après  avoir  conféré  entre  eux  de  ce 
fâcheux  état  de  clioses,  ont  pensé  qu'elle  devait  prendre  l'initiaUvc  d'un 
encouragement  décisif  aux  études  cryptogamiques,  en  favorisant  la  rédac- 
tion d'un  manuel  destiné  à  former  le  complément  de  la  Flore  des  environs 
de  Paris,  par  nos  confrères  MM.  Cosson  et  Germain  de  Saint-Pien-e.  Le 
patronage  dont  la  Société  honorerait  cet  ouvrage,  donnerait  la  garantied'une 
bonne  et  prompte  exécution.  11  eu  a  été  question  dans  une  des  séances  de  notre 
session  extraordinaire  à  Montpellier;  l'idée  a  été  accueillie  avec  faveur,  et 
j'ai  annoncé  qu'une  proposition  spéciale  à  cet  effet  serait  présentée  prochai- 
nement dans  une  des  séances  ordinaires  à  Paris.  Je  viens  aujourd'hui 
remplir  cet  engagement. 

La  Société  ne  serait  pas  embarrassée  pour  trouver  parmi  ses  membres, 
ou  même  hors  de  son  sein,  des  hommes  de  talent  déjà  connus  par  de  bons 
travaux,  qui  ne  craindraient  pas  d'aborder  cette  œuvre  difficile  et  méritoire, 
soit  qu'ils  dussent  rédiger  le  texte  en  commun,  soit  qu'il  parût  préféiable 
de  partager  entre  eux  les  diverses  familles,  pour  que  chacun  eût  à  les 
traiter  distinctement,  mais  d'après  un  programme  d'ensemble  dressé  sous 
les  auspices  de  la  Société. 

Selon  moi,  il  ne  faudrait  pas  songer  à  instituer  une  longue  série  d'explo- 
rations arf  hoc  des  environs  de  Paris  ;  il  faudrait  trop  de  temps  et  le  con- 
cours d'un  grand  nombre  d'hommes  instruits  pour  épuiser,  comme  on  l'a 
fait,  ou  peu  s'en  faut,  à  l'égard  des  phanérogames,  la  nomenclature  des 
végétaux  cryptogames  des  environs  de  Paris,  Il  s'agit  précisément  aujour- 
d'hui de  fournir  aux  élèves  lui  manuel  commode  et  sûr,  aux  botanistes 
déjà  exercés  un  cadrede  ret-herohes,  un  livre  qui.  sans  viser  de  prime  abord 
à  la  perfection,  se  place  néaimioins  à  la  tète  des  ouvrages  existants  et 
puisse  servir  de  base  à  ui\  édifice  plus  parfait.  Ce  manuel  devrait  avoir  un 
caractère  d'utilité  journalière,  servir  de  guide  aux  environs  de  Paris,  en 
indiquant  les  localités  d'une  certaine  étendue  où  se  rencontre  la  généralité 
des  plantes  des  diverses  familles,  et  des  localités  plus  précises  pour  les 
espèces  principales  ou  rares.  Ces  derniers  renseignements,  il  ne  faudrait 
les  chercher  qu'avec  réserve  dans  les  ouvrages  précédents;  mais  ils  exis- 
tent dans  plusieurs  herbiers  dignes  de  coîiliaiiee  que  je  poui'rais  citer,  et  il 
suffirait  de  les  y  relever,  en  appliciuant  aux  espèces  une  méthode  diagtios- 
lique  l'évcre, 

.le  voudrais  que  cet  ouvrage  fut  essentiellement  pratique  ;  qu(!  ehacur.e 
des  grandes  familles  des  Mousses,  des  Hépatiques,  des  Lichens,  des  Cham- 


7745  SOCIÉTÉ    BOTANIQLK    Di;    lUANCK. 

pignons  cl  des  Algues,  fût  renfermée  dans  de  justes  limites,  en  proportion 
avec  son   importance  relative  ;  que,  sans  négliger  les  clnssifieations   ré- 
centes lorsqu'elles  répondent  à  un  besoin  véritable,  on  se  contentât  le  plus 
souvent  des  divisions  les  plus  commodes  pour  l'étude  sur  place   et  le  plus 
géuéralement  admises;  que  les  anciens  genres  fussent  maintenus,  sauf  à 
noter  brièvement,  dans  certains  cas  bien  choisis,  les  divisions  qui  y  ont 
été  introduites  et  même  à  admettre,  mais  avec  discrétion,  les  remaniements 
bien  justifiés  qu'ils  ont  subis.  .l'introduirais  dans  le  texte  un  certain  nombre 
de  figures  gravées  sur  bois,  à  la  manière  delà  Botanique  cryptogauiique, 
publiée  en   1851  par  M.  Payer.    Une  Flore  phanérogamique  peut  à  la 
rigueur  s'en  passer;  mais,  chez  les  cryptogames,  la  variété  des  organes,  la 
difficulté  de  les  saisir,  même  à  l'aide  de  verres  grossissants,  et  de  les  bien 
comprendre,  rendent  un  pareil  secours  indispensable.  Sans  figures,  le  meil- 
leur texte  reste  le  plus  souvent  lettres  closes  pour  l'élève  :  ou  il  se  paie  de 
mots  en  ajournant  incessamment   raequisition  réelle  des  notions  les  plus 
nécessaires,  ou  il  se  rebute  entièrement.  Je  suis  persuadé  que  cette  innova- 
tion dans  un  manuel  d'herborisation  exercerait  non-seulement  sur  les  pro- 
grès des  élèves,  mais  aussi  sur  l'avenir  de  la  science  elle-même,  la  plus 
heureuse  infiuence.  Je  voudrais,  d'ailleurs,  selon  le  modèle  du  Botanicnn 
galliciim,  des  descriptions  concises,  peu  de  synonymie,  une  impression  élé- 
gante et  lisible  à  caractères  variés,  comme  celle  de  la  Flore  de  MM.  Cos- 
son  et  Germain  de  Saint-Pierre,  mais  selon  le  format  in-8,  que  ces  auteurs 
paraissent  avoir  adopté  pour  l'édition  nouvelle,  dont  le  public  attend  avec 
impatience  la  publication. 

On  a  calculé  que  la  Flore  eryptogamique  des  environs  de  Paris,  conçue 
sur  ce  plan,  n'excéderait  pas  l'étendue  de  20  feuilles  d'impression,  et  pour 
un  tirage  à  800  exemplaires,  coûterait  de  frais  matériels  (sans  compter  les 
honoraires  de  la  rédaction),  environ  6000  francs,  soit  /lOOO  francs  pour  le 
texte  et  *2000  francs  pour  les  figures  sur  bois.  Je  suis  ibnde  a  croire  qu'à 
ces  conditions  un  éditeur  se  chargerait  de  l'entreprise,  en  cotant  chaque 
exemplaire  à  un  prix  modéré. 

Les  honoi-aires  de  la  rédaction  restent,  comme  on  vient  de  le  voir,  en 
dehors  des  prévisions  de  l'éditeur;  ce  serait  à  la  Société  qu'il  appartiendrait 
d'y  pourvoir.  A  cet  égard,  notre  budget,  accru  dans  ces  derniers  temps  par 
suite  de  l'admission  d'un  assez  grand  nombre  de  nouveaux  membres,  nous 
offre  quelques  ressources,  dont  nous  ne  [pourrions  sans  doute  faire  un  meil- 
leur usage.  Le  complément,  il  nous  est  permis  de  l'espérer,  pourrait  être 
demandé,  avec  quelque  chance  de  succès,  a  M.  le  ministre  de  l'instruction 
publique,  par  une  démarche  officielle  du  Bureau  de  la  Société,  appuyée  par 
!MM.  les  membres  de  la  section  de  botanique  de  l'institut.  11  serait  facile  de 
démontrer  l'utilité  et  la  convenance  d'une  pareille  subvention,  d'autant  plus 
que  la  Société  Botanique  de  France,  à  la  différence  de  la  plupart  des  autres 


SÉANCK   DU    2/l   JUILLET   1857.  777 

sociétés  savantes  de  premier  ordre,  n'a  reçu  jusqu'ici  aucun  secours  de 
J-Klat. 

Telles  sont  mes  vues,  Monsieur  le  Président,  sur  cette  affaire  importante. 
Je  ne  les  considère  d'ailleurs  que  comme  un  thème  de  discussion  pour  une 
Commission  spéciale,  qu'il  y  a  lieu,  ce  me  semble,  de  nommer.  Cette  Com- 
mission s'entourerait  de  tous  les  renseignements  propres  à  éclairer  la  ques- 
tion, dresserait  le  programme  de  la  Flore  cryptogamique,  s'assurerait  du 
concours  des  personnes  qui  seraient  chargées  de  la  rédaction,  et,  d'accord 
avec  un  éditeur,  dans  un  rapport  qui  serait  présenté  à  la  Société  à  la  pre- 
mière séance  de  novembre,  indiquerait  d'une  manière  détaillée  les  moyens 
d'exécution. 

Je  vous  serai  très  reconnaissant  si  vous  voulez  bien  présenter  à  la  Société 
dans  la  séance  d'après-demain,  et  appuyer  de  votre  crédit,  une  proposition 
dans  ce  sens. 

Veuillez  agréer,  Monsieur  le  Président,  l'assurance  de  mes  sentiments  de 
luiute  considération  et  d'attachement. 

C**  Jaubert. 

Sur  la  proposition  de  M.  le  Président,  la  Société  décide  qu'une 
(Commission  de  trois  membres  sera  chargée  d'examiner  s'il  convient 
d'entreprendre  la  publication  proposée  par  M.  le  comte  Jaubert. 
Cette  Commission  sera  invitée  à  présenter  son  rapport  à  la  première 
séance  de  novembre  prochain. 

M.  le  Président  désigne,  pour  faire  partie  de  cette  Commission, 
MM.  Tulasne,  Roussel  et  Cosson. 

31.  J.  Gay  présente  une  nouvelle  espèce  à'JEtJùoiiema,  découverte 
dans  les  Pyrénées  par  M.  Bouligny,  et  donne  lecture  de  la  conmmni- 
cation  suivante  adressée  à  la  Société  : 

NOTE  SUR  UNE  ESPÈCE  NOUVELLE  D'^THIONEMA,  par  M.  BOUTlC>I\Y. 

(Foix,  19  juillet  1857.) 

^THioNEMA  pvRENAicuM  (mihl).  —  Ibcris  pyrenaica  (Lapeyr.  Abr.  Pyr. , 

p.  370  et  herbier?) 

Perenne,  caulibus  numerosis,  simplicibm ;  floribus  racemosis;  pedicellis 
(nictiferis  redis  eredisque  démuni  paiulis ;  foliis  elliptico-rotundatis,  sub- 
carnosis,  glaucescentibus. 

Cette  plante,  qui  semble  devoir  être  rapportée  à  VIberis  pyrenaica  de  La- 
peyrouse,  donné  comme  synonyme  de  \'^iJ!tli.  saxatile  R.  Br.,  diffère 
de  ce  dernier  par  des  pédicelles  dressés  portant  des  silioules  plus  petites, 
qui  forment  une  grappe  dense  et  allongée. 


778  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE   DE   FRANCE. 

Les  feuilles  sont  toujours  elliptiques,  très  obtuses,  ayant  jusqu'à  14  mra. 
de  long,  sur  7  mm.  de  iarg.  Elles  offrent,  quanta  la  consistance,  un  peu 
de  ressemblance  avec  les  feuilles  du  Telephiiim  Imperati.  D'une  souebe  li- 
gneuse partent  des  tiges  nombreuses,  toujours  simples  et  jamais  ramifiées 
sous  la  grappe  comme  celles  de  VyEtldonema  saxatile. 

Chaque  loge  contient  une  ou  deux  graines,  plus  grosses  que  celles  de 
Wd^th.  saxatile  et  d'une  couleur  plus  claire. 

UyEthionema  pyrenaicum  habite  de  grands  rochers  calcaires,  en 
compagnie  des  Gypsophila  saxifraga,  Campanula  speciosa  et  Passerina 
dioica. 

Je  l'ai  récolté  pour  la  première  fois  le  19  juin  1857,  sur  le  roc  de  Mont- 
Gaillard,  près  de  Foix  (Ariége). 

M.  J.  Gay  ajoute  les  observations  suivantes  : 

OBSEIWATIO.XS  DE  M.  J.  GAI'  SUR  LA  NOTE  DE  M.  BOUTIGNY  RELATIVE  A  UNE 
NOUVELLE  ESPÈCE  W.'ETHIO^iEMA. 

Je  dois  à  une  aimable  communication  de  M.  Boutigny  la  faculté  d'ajouter 
quelques  mots  à  ce  qui  vient  d'être  lu  et  d'appuyer  par  qui'lques  observa- 
tions nouvelles  la  distinction  spécifique  que  notre  honorable  confrère  a 
voulu  établir  entre  son  .'■Ethionenia  pyrenaicum  et  W'Ethionema  saxatile 
de  R.  Brown. 

Oui,  V.d^thioncma  pyrenaicum  diffère  (in  saxatile  :  1"  par  ses  rameaux 
cauliformes  toujours  simples,  non  souvent  divisés  sous  la  grappe  teiniinale; 
2°  par  ses  feuilles  elliptiques  et  obtuses,  non  linéaire-lancéolées  it  aiguës  ; 
3°  par  ses  silicules  plus  petites,  supportées  à  leur  maturité  par  un  pédicelle 
droit,  et  non  arqué  en  dehors  ;  /i"  par  ses  graines  plus  grosses  et  d'une  cou- 
leur plus  claire. 

Mais  il  existe  entre  les  deux  plantes  plusieurs  autres  différences  que  je 
dois  signaler. 

Les  fleurs  de  la  nouvelle  espèce  sont  d'un  tiers  plus  grandes  que  celles  de 
l'autre,  U  1/2  millim,  au  lieu  de  3,  et  ses  sépales,  plus  larges,  sont  marqués 
de  6  fines  nervures,  au  lieu  de  3  seulement. 

Orbieulaires  ou  obovales,  les  silicules  de  WEth.  saxatile  sont  arrondies 
à  la  base  et  ne  sont  échancrées  qu'au  sommet.  Dans  VyEth.  pyrenaicum, 
l'extrémité  inférieure  est  sensiblement  écbancrée  comme  la  supérieure,  de 
sorte  (}ue  la  silicule  prend  ici  la  forme  didyme. 

I.a  cavité  séminifère,  considérée  à  l'extérieur,  fournit  une  autre  diffé- 
rence. Légèrement  concave  antérieurement  dans  les  deux  plantes,  elle  est 
postérieurement  très  légèrement  convexe  dans  V/Eth.  saxatile,  tandis 
qu'elle  présente,  dans  l'autre  espèce,  avec  une  circonscription  plus  étroite  et 


SÉANCE  nu  24  JUILLET  1857.  779 

de  forme  plus  lancéolée,  une  saillie  considérable,  une  sorte  de  carène  algue, 
([ui  est  surtour  fortement  prononcée  dans  les  fruits  non  encore  parvenus  à 
leur  parfaite  maturité. 

Une  quatrième  différence  dispenserait  de  toute  autre  recherche,  s'il  ne 
s'agissait  ici  que  de  distinguer  spécinquemcnt  les  deux  espèces  comparées. 
La  siliculc  est  toujours  biloculaire  dans  V/Ethionema  saxatile,  toujours 
uniloculaire  dans  le  pyrennicuin  où,  sans  être  indéhiscente,  elle  parait  ne 
s'ouvrir  que  plus  tardivement  !  Ceci  n'est  l'objet  d'aucun  doute,  ni  pour 
WEtli.  saxatile  i\o\\i']iSi  une  centaine  d'échantillons  sous  les yenx,  ni  pour 
le  pyrenaicum  dont  j'ai  ouvert  1\  silicules  à  tous  les  degrés  de  développe- 
ment. J'excepte  pourtant  le  fruit  à  l'état  d'ovaire,  où  je  soupçonne  qu'on 
trouverait  une  cloison,  mais  il  est  certain  que  celte  cloison  se  résorbe  de 
très  bonne  heure  et  si  complètement  que  jamais  je  n'ai  pu  en  apercevoir  lu 
moindre  trace. 

IM.  Bouligny  décrit  la  nouvelle  espèce  comme  aj^ant  les  silicules  mono- 
ou  dispermes.  Cela  est  conforme  à  mes  observations,  mais  ici  je  dois  pré- 
ciser les  faits  davantage.  Deux  graines  sont  un  cas  rare,  que  j'ai  rencontré 
quatre  fois  seulement  sur  21.  Solitaires  ou  géminées,  les  graines  sont 
toujours  accompagnées  d'ovules  avortés,  dont  il  est  difficile  de  dire  le 
nombre,  parce  qu'ils  ont  été  de  très  bonne  heure  arrêtés  dans  leur  déve- 
loppement, et  que  souvent  leur  trace  est  devenue  avec  le  temps  complète- 
ment insensible.  Jamais  je  n'ai  pu  en  compter  plus  de  quatre  dans  une 
même  silicule,  y  compris  celui  ou  ceux  qui  étaient  devenus  graine  parfaite. 
Il  en  est  autrement  de  VyEth.  saxatile,  dont  les  ovules,  au  nombre  de  6  ou 
de  Zi  (3  ou  2  dans  chaque  loge),  donnent  souvent  naissance  à  autant  de 
graines  parfaites. 

Trempées  dans  l'eau  bouillante,  les  graines  de  VjEthionema  saxatile  sont 
ellipsoïdes,  longues  d'un  peu  moins  de  2  millimètres,  de  couleur  châtain,  et 
de  toutes  parts  enveloppées  d'une  couche  de  mucilage  découpé  en  une  mul- 
titude d'aiguilles  hyalines  et  infiniment  déliées.  Traitées  de  la  même 
manière,  les  graines  de  VyEth.  pyrenaicum  sont  sensiblement  plus  longues, 
plus  oblongues  et  plus  pâles  ;  leur  longueur  dépasse  2  millimètres,  et  le  mu- 
cilage aciculaire  y  est  réduit  à  deux  lignes  de  poils  (l'une  sur  le  dos  cotylé- 
donaire,  l'autre  sur  la  radicule),  qui  quelquefois  manquent  complètement, 
auquel  cas  le  tégument  de  la  graine  se  montre  parfaitement  lisse,  ce  qui 
tient  peut-être  à  une  maturité  insuffisante. 

Il  ne  saurait  donc  y  avoir  aucun  doute  sur  la  différence  spécifique  des 
deux  plantes.  Mais  celle  que  M.  lîoutigny  décrit  comme  nouvelle,  est-elle 
réellement  nouvelle,  et  !i'a-t-elle  poiiit  de  synonymes? 

11  ne  faut  point  compter  dans  ce  nombre  VAUth.  saxatile  y  ovalifoUum 
DC.  Syst.  nat.  etProdr.,  au  moins  les  échantillons  que  j'ai  sous  les  yeux, 
venant  de  Candie  et  de  l'Espagne  méridionale.  Quoique  semblables  par  le 


780  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

port  et  par  les  feuilles,  ils  diffèrent  notablement  de  la  nouvelle  espèce  et  se 
rattachent  étroitement  au  vrai  saxotile  par  leurs  pédicelles  fructifères  ar- 
qués, ainsi  que  par  leur  silicule  biloculaire  et  à  plusieurs  graines. 

iM.  Bouligny  avait  soupçonné  que  sa  plante  pourrait  bien  rentrer  dans 
l'une  ou  l'autre  des  espèces  que  Lapeyrouse  a  décrites  sous  les  noms  de 
Thlaspi  iiiarginatum  {khw,  p.  365)  et  d'Ibe7v's  pyrenaica  (ibid.,  p.  370),  et 
pour  s'en  assurer  il  a  échangé  une  correspondance  avec  notre  confrère 
M.  Clos  qui,  comme  directeur  du  Jardin  des  plantes  de  Toulouse,  est 
chargé  de  la  conservation  de  l'herbier  de  Lapeyrouse.  Mais  il  résulte  des 
réponses  de  IM.  Clos,  faites  après  un  examen  attentif  des  trois  plantes,  que 
si  le  Thlaspi  marginatum  et  V Iberis  pyrmaica  répondent  à  l'espèce  comparée 
en  plusieurs  points,  et  notamment  dans  la  forme  de  leurs  feuilles,  ils  en 
diffèrent  néanmoins  par  leurs  pédicelles  fructifères  arqués,  et  non  pas 
droits,  semblables  en  cela  à  VyEth.  saxatile,  auquelje  vois  qu'effectivement 
M.  Clos  les  réunit  comme  simples  synonymes,  dans  un  opuscule  qui  me 
parvient  au  moment  même  où  j'écris  ces  lignes  (Clos,  Jîévis.  comp.  de  Vherb. 
et  de  CHist.  abr.  des  Pyrénées^  1857,  p.  52).  Reste  à  savoir  si,  dans  cet 
examen,  M.  Clos  a  tenu  compte  d'un  caractère  essentiel  de  la  nouvelle  es- 
pèce, celui  de  la  silicule  uniloculaire,  qui  ne  lui  avait  pas  été  signalé  par 
M.  Boutigny.  La  silicule  esl-elle  uni-  ou  biloculaire  dans  les  deux  plantes 
de  Lapeyrouse  ?  cest  ce  que  l'avenir  nous  apprendra.  En  attendant,  il  y  a 
lieu  de  croire  qu'il  n'y  a  point  identité  entre  ces  deux  plantes  et  celle  de 
M.  Boutigny. 

Je  n'ai,  jusqu'ici,  considéré  V jl^thionema pyrenaicum  que  relativement 
à  trois  plantes  françaises  qui  paraissent  se  confondre  toutes  dans  Wl^thio' 
nema  saxatile^  le  seul  qui  ait  figuré  jusqu'ici  dans  la  tlore  de  notre  pays. 
Mais  \q  %ç,ïiVQ  yEthionema,  qui  en  182/4  ne  comptait  que  neuf  espèces,  a 
plus  que  doublé  depuis  cette  époque.  M.  Boissier  n'y  a  pas  ajouté  moins  de 
treize  espèces  [Ann.  se.  //«/.,  2'  série,  XVII,  p.  191-193  5  Diayii.  pi.  or., 
ser.  i\  VI,  p.  16  et  17,  VIII,  p.  42  et  Uk  ;  ser.  2%  V,  p.  h2-h5),  et  j'ai 
pu  rnoi-mème  y  faire  admettre  deux  autres  espèces,  de  sorte  que  le  nombre 
total  des  yEthionema  aujourd'hui  connus  s'élève  au  chiffre  de  2/j,  dont  plus 
de  la  moitié  font  partie  de  ma  collection.  J'ai  soigneusement  étudié  ces  der- 
niers, en  même  temps  que  je  scrutais  minutieusement  les  textes  descriptifs 
de  tous  les  autres.  Or,  il  est  résulté  de  ce  travail  que  quatre  espèces  seule- 
ment sur  2/i  sont  aujourd'hui  comiuesou  décrites  comme  ayant  le  fruit  uni- 
loculaire, deux  orientales  et  deux  occidentales,  savoir  : 

J:1thioisema  HEiEaocAïuniM  J.  Gay  in  ¥\sch.  Ind.scm.  hort.  Petrop..,  IV, 
Y,  VI,  VII,  VIII,  IX  (1837-18/i2).  —  Trevir.  in  ^70^,  1845,  p.  21.  — 
Ejusd.  in  Mohl,  But.  Zcit.,  1847,  p.  409.  —  Campyloptera  svriaca 
Boiss.  in  Ann.  se.  mit.,  2'  série,  XVII  (1842),  p.  194.  —C'est  la  plante 
syrienne  qui,  tlans  les  collections  d'Aucher,  porte   le  n°  339,  Je  l'avais. 


S1>AN(,K    DU    ^h   jriLLKT    1857.  781 

moi,  c'Ievt't' (le  {^raines  récoltées  i\  Alep,  en  183^,  par  Gustave  de  Monthret. 
C'est  une  plante  non-seulement  annuelle,  mais  très  fugace  et  disparaissant 
dès  les  premières  chaleurs  de  l'été.  Elle  porte  deux  sortes  de  fruits,  en- 
tremêlées sans  ordre  dans  une  même  grappe:  les  uns  sont  plus  gros,  plats, 
biloculaires  et  a  quatre  ou  six  graines,  les  autres  beaucoup  plus  petits, 
rec()(|uillésen  goilet,  uniloculaireset  monospermes.  C'est  plus  qu'il  n'en  faut 
pour  établir  une  din'ércnce  profonde  entre  W/'Jt/i.  pyremiicinn  et  V/ietero- 

tW/JUIII. 

tEtuionema  POLYGALOIDES  DC.  Syst.  nnt.,  Il,  p.  562;  Prodr.,  I,  p.  209. 
—  Décrit  par  De  Candolle  sur  des  échantillons  rapportés  de  Chio  par  Oli- 
vier, échantillons  que  j'ai  vus  dans  l'herbier  du  Muséum,  et  qui  sont  tous 
fructifères,  sans  fleur  aucune.  —  C'est  une  plante  d'un  port  semblable  à  la 
nôtre,  à  laquelle  elle  se  rapporte  d'ailleurs  parla  forme  de  ses  feuilles  et  de 
la  silicule  qui  est  pareillement  uniloculaire  et  monosperme.  Mais  la  souche 
est  plus  rameuse  au  collet,  les  silicules  sont  d'un  tiers  plus  petites  et  plus 
ramassées  au  sommet  des  tiges,  les  graines  enfin,  sensiblement  plus  petites, 
sont  parfaitement  lisses  et  ne  développent  point  sous  l'eau  bouillante  les 
deux  lignes  oi)posées  de  papilles  qu'on  remarque  quelquefois  dans  VjEth. 
pi/renaicum.  Quant  aux  pédicelles  fructifères,  que  je  vois  tantôt  droits,  tan- 
tôt arqués  dans  la  plante  de  Chio,  ils  ne  fournissent  aucun  caractère  dis- 
tinctif  bien  tranché.  Bref,  les  deux  plantes  sont  très  voisines  l'une  de  l'autre; 
mais  dans  l'état  des  choses  il  n'y  a  pas  lieu  encore  de  les  réunir,  surtout 
lorsque  l'on  considère  l'éloignement  considérable  de  leurs  stations  et  le  ca- 
ractère si  différent  de  leurs  régions. 

iETHioNEMA  Thomasianum  J.  Gay  in  Ann.  se.  nat.,  Z'  série,  IV  (18/i5), 
p.  81  ;  Bertol.  FL  ItaL,y\  (18^^-/47),  p.  5^9.  —Vallée  de  Cogne,  dans  le 
nord  du  Piémont,  parmi  les  éboulements,  à  la  limite  supérieure  du  Mélèze, 
par  conséquent  à  l'origine  de  la  réiiion  alpine  proprement  dite.  —  Ici  nous 
sommes  dans  l'ouest  de  l'Europe,  ou  au  moins  nous  en  approchons  fort, 
mais  c'est  une  altitude  jusqu'ici  étrangère  à  toute  autre  congénère,  et  qui 
doit  se  traduire  eu  différences  spécifiques  certaines.  —  V^'Eth.  Thomasia- 
num, quoique  vivace  et  à  fruit  monosperme,  diffère,  en  effet,  àxxpyrenai- 
cum  par  sa  souche  quelquefois  très  longue  et  longuement  engagée  sous  la 
terre,  par  ses  rameaux,  annuels  dépassant  la  surface  du  sol  de  la  longueur  à 
peine  du  petit  doigt,  couverts,  dans  leur  moitié  inférieure,  de  feuilles  ellip- 
tiques, charnues  et  presque  imbriquées,  les  fruits  garnissant  la  moitié  su- 
périeure sous  la  forme  d'une  masse  ellipsoïde,  épaisse  et  compacte;  toutes 
choses  qui  tranchent  beaucoup  avec  le  port  de  V  /Eth.  pijrenmcwn,  très 
semblable  à  celui  du  saxaiile.    La  silicule  est  d'ailleurs  de  moitié  plus 
grande  dans  le  Thomasianum,  et  le  style  de  moitié  plus  court  relativement 
à  la  profondeur  de  l'échancrure  d'où  il  sort.  Les  graines  mesurent  juste 
deux  millimètres  de  longueur,  c'est-à-dire  qu'elles  sont  un  peu  plus  courtes 


782  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

que  celles  du  pijrenaicuin  et  un  peu  plus  longues  que  celles  du  mxatile. 
Ti-empées  dans  l'eau  bouillante,  je  les  ai  constamment  vues  parfaitement 
lisses  et  jamais  marquées  de  papilles  aciculaires  bisériées  comme  on  les  voit 
quelquefois  dans  lepyrenaicum.  Somme  toute,  WEth.  Thomasinnum  est  une 
espèce  parfaitement  caractérisée,  qui  ne  saurait  être  confondue  ni  avec  le 
pyrenaicum,  ni  avec  aucun  autre. 

JÎTHiONEMA  MONOSPERMUM  R.Br.  xw  Ait.  Hort.  Kew.,  éd.  2',  IV  (1812), 
p.  80;  DC.  Syst.  nat.,  II,  p.  562,  Prodi\,  I,  p.  209.  —  C'est  une  plante 
qu'on  dit  espagnole,  qui  aurait  été  cultivée  en  1778  par  les  célèbres  pépi- 
niéristes Lee  et  Kennedy,  et  dont  on  ne  connaît,  je  crois,  que  des  échantil- 
lons provenant  de  cette  culture.  R.  Brown  la  définit  brièvement  comme 
ayant  la  racine  bisannuelle,  les  feuilles  ovales  ou  obovales,  les  silicnles  in- 
déhiscentes et  monospermes.  De  Candolle  l'a  vue  dans  l'herbier  Banks,  et  il 
ajoute  aux  indications  de  Brown  plusieurs  traits  caractéristiques  :  port  et 
feuilles  de  VyEth.  saxalile  y  ovalifolium  ;  tiges  herbacées,  rameuses  et 
fermes  ;  grappes  terminales,  longuement  pédonculées,  courtes  pendant  la 
floraison,  s'allongeant  dans  la  suite;  fleurs  un  peu  plus  grandes  que  dans 
le  saxatile;  pétales  oblongs,  deux  fois  plus  longs  que  le  calyce  ;  silicule 
échancrée  au  sommet,  uniloculaire  !  à  dos  largement  ailé.  Or,  tout  ceci 
répond  parfaitement  à  WEth.  pyrenaicum,  moins  seulement  la  racine  dite 
bisannuelle  et  les  tiges  dites  rameuses  qui,  empruntées  à  un  échantillon 
cultivé,  pourraient  bien  ne  pas  rendre  un  compte  exact  du  port  de  la  plante 
et  de  sa  durée  véritable.  Notez  que  ces  rapports  tirent  une  nouvelle  force 
de  la  patrie  que  R.  Brown  et  De  Candolle  assignent  a  leur  espèce  :  ce  n'est 
point  une  plante  orientale  comme  est  le  plus  grand  nombre  de  ses  congé- 
nères, c'est  une  plante  espagnole,  liée  sous  ce  rapport  avec  VyEth.  pyre- 
naicum qui,  lui,  appartient  à  notre  frontière  d'Espagne;  enfin,  c'est,  avec 
notre  espèce,  le  seul  ^Etldonema  uniloculaire  qui  ait  été  jusqu'ici  observé 
dans  l'extrême  ouest  de  l'Europe.  Concluons  que,  si  l'identité  des  deux 
plantes  n'est  pas  encore  démontrée,  ce  qui  ne  peut  résulter  que  d'une 
comparaison  plus  détaillée,  cette  identité  est  au  moins  souverainement 
vraisemblable. 

Je  termine  par  une  diagnose  qui  permettra  de  distinguer  la  plante  sup- 
posée nouvelle,  non  plus  seulement  de  \' /Eth.  saxatile,  la  seule  espèce  avec 
laquelle  elle  ait  été  comparée  par  M.  Boutigny,  mais  encore  de  toutes  ses 
congénères  et  particulièrement  de  celles  qui  y  répondent  par  leur  fruit  uni- 
loculaire. 

iEiHiONEMA  PVRENAicuM  Doutigiiy. 

M.  perenne,  suffruticulosura  ;  caudice  persistente,  à  basi  ramoso;  ramis 
gracilibus,  spithamam  ultraque  longis,  gracilibus,  indivisis,  laxè  folialis; 
foliis  subrotundis  ellipticisve,  obtusis,  inferioribus  opposilis;  racemo  folia 


SÉANCE  DU  2/i   JUILLET   1857.  783 

excipiente  breviter  pcdunculalo,  llorifero  l)rcvissimo,  fructifero  lineari, 
laxiuscnlo,  plus  minus  olouiiato ;  pedicellis  friictifcris  redis;  siliculis  pla- 
niusculis,  didyinis,  lalé  alatis,  uuilocularibiis  !  2-li  oviilalis,  mono-  rarô 
disporniis,  npicis  iiioisurâ  at'utà  vcl  aperlâ  slyliim  brevem  aequante  vel 
superante,  arccl  loculamenti  albidâ,  lanceolatâ,  lateie  anlieoplano-concavâ, 
postico  (quù  spcctat  ad  axcm)  carinato-convcxâ  ;  semiiiihus  ex  apice  locula- 
menti pendulis,  ellipsoidcis,  aquâ  fervidâ  immeisis  undiquc  lœvissiniis  vcl 
papillarum  acieularium  geminà  série  notatis.  — Flores  dimidio  mujoi'es 
quàm  Mth.  saxatilis,  U  1/2  mm.  longi.  Sepola  latè  elliptica,  subtilissime 
l-7iervîa.  Petala  rosea,  cuneata,  sepalis  duplo  longiora.  Filamenta  placen- 
tarin  utrinque  2,  libéra,  laniellala,  linearia,  angulo  vel  dente parvo  sub  apice 
distincfa,  valvaria  2  breviora,  filifoimia,  edentula,  basi  flexd  udscendcntia. 
Siliculœ  apice  basique  emarginatœ,  5-6  mm.  latœ,  paulù  minus  longœ, 
alis  viridibus,  areâ  loculamenti  albidâ.  Silicula  iton  nisi  muturissima 
apiceque  solùm  dehiscens  valvis  à  replo  nunquàm  ex  loto  liberis,  Embnjo 
oblique  notorkizœus^  radicula  scil.  dorsalis,  sed  margini  altero  magis  ap- 
proximafa. 

^thionema  monospermum?  R.  Br.  et  DC. ,  dequo  vide  suprà. 

Habitat  in  rupibus  prœruptis  calcareis  circa  Fuxium  prœfecturœ  aurige- 
ranas,  nominatim  in  rupe  Montgaillard,  ibi  pareè  œgrèque  deceipenda, 
Junio  ineunte  florida,  die  Julii  18'  maturissima,  siliculis  paucis  perfcctis 
(BouHgny!). 

Je  viens  de  passer  en  revue  les  Irois  espèces  à' Â^thionema  qui  ont  le  plus 
de  rapport  avec  ]e  pyrenaicum,  et  on  a  pu  remarquer  que  deux  de  ces  es- 
pèces répondaient  parfaitement  à  la  nouvelle  par  leurs  fruits  tous  unilocu- 
lairesetpar  leurs  graines  lisses.  On  pourrait  se  demander  si  ces  trois  plantes 
ne  méritent  pas  d'être  génériquement  distinguées  de  Vyi£thionema.  R. 
Brown  et  De  Candolle  ne  l'ont  point  cru,  et  je  ne  le  crois  pas  davantage. 
En  effet,  le  caractère  des  graines  lisses  n'est  point  particulier  aux  trois 
espèces,  et  je  retrouve  ce  môme  caractère  dans  plusieurs  espèces  biloculaires, 
telles  que  corjWe'/o/mm,  Diastrophis,  membranaceum  et  speciosum,  au  moins 
dans  leurs  graines  sècbes,  car  Je  n'ai  pas  eu  le  temps  de  les  éprouver  par 
l'eau  bouillante.  Le  fruit  uniloculaire  aurait-il  plus  d'importance  ?  Non,  car 
il  s'agit  ici  d'espèces  d'ailleurs  liées  à  W^thionema  saxatile,  le  vrai  type 
du  genre,  par  les  rapports  les  plus  étroits.  Ajoutons  que  VyEtJiionema  hete- 
rocarpum  est  un  chaînon  intermédiaire  qui  rattache  les  trois  espèces  dis- 
sidentes à  la  masse  de  leurs  congénères,  eu  effaçant  le  mérite  de  leur  prin- 
cipal caractère.  Cette  plante  est  effectivement  remarquable  par  ses  fruits  de 
deux  sortes,  entremêlés  dans  une  même  grappe  et  en  proportion  très  va- 
riable, tantôt  en  majorité  uniloculaires,  tantôt  pour  la  plupart  biloculaires, 
ce  qu'ignorait  M.  Boissier,  qui  les  croyait  tous  et  toujours  uniloculaires, 


78/i  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DR    FRANCE. 

lorsqu'en  1842  il  proposait  pour  cette  même  plante  le  nouveau  genre 
Campyloptera.  Voilà  ce  que  sont  les  fruits  de  VJEtk.  hcterocarpum.  Quant 
à  ses  graines,  elles  sont  mucilagineuses,  comme  dans  le  plus  grand  nombre 
de  ses  congénères  biloculaires. 

Il  ne  faut  donc  pas  songer  à  séparer  génériquement  les  quatre  espèces 
dont  il  vient  d'être  question.  Mais,  si  elles  doivent  rester  dans  le  genre  jîEtliio- 
nemo.,  comme  j'en  suis  convaincu,  il   faut  convenir  qu'elles  affaiblissent 
considérablement  la  valeur  d'un  autre  genre  que  M.  Boissier  a  établi  sous 
le  nom  de  Crenidaria  [Ann.  se.  nat.,  sér.  2,  XVI,  p.  380,  XVlI,  p.  180). 
Ce  genre  était  essentiellement  fondé  sur  le  double  caractère  de  lasilicule 
uniloculaire  et  de  l'embryon  pleurorhizé.  On  vient  de  voir  ce  qu'était  dans 
V  A^thionema  le  premier  de  ces  caractères.  Il  ne  reste  donc  au  Crenularia  que 
le   diagnostic  si  souvent  ambigu  de  la    radicule  accombante,  caractère 
qu'ici  pourtant  j'ai  trouvé  exact  dans  le  Cren.  orbiculata  (je  n'ai  pas  eu  des 
graines  suffisamment  mûres  pour  le  reconnaître  avec  certitude  dans  le 
Cren.  eunomioides).  C'est  par   là  seulement  que  le  Crenularia  peut  être 
sérieusement  distingué  de  Y yEthionema  et  de  V Eunomia,  quoique  ses  feuilles 
toutes  opposées  le  rapprochent  davantage  de  ce  dernier  genre. 

Je  dois  avertir  que  W^thionema  polygaloides  DC.  (la  plante  de  Chio  ci- 
dessus  nommée)  n'est  point  synonyme  du  Crenularia  orbiculata  (la  plante 
du  Mont-Athos,  distribuée  par  Aucher  sous  un  n"  336),  comme  M.  Boissier 
l'a  supposé  [Diagn.  pi.  or.,  ser.  1%  VIU,  p.  Û3).  Cette  plante  n'est  pas 
mêmecongénère  du  Crenularia,  puisqu'elle  a  l'embryon  notorhizé  avec  des 
feuilles  toutes  alternes,  comme  j'ai  pu  m'en  assurer  en  étudiant,  au  Muséum 
d'histoire  naturelle,  les  échantillons  d'Olivier  qui  ont  servi  à  De  Candolle 
pour  l'établissement  de  son  espèce.  C'est  un  des  trois  yEthionema  unilocu- 
laires  dont  j'ai  parlé  plus  haut. 

P.  S.  (Nov.  1857.)  Depuis  que  ceci  a  été  lu  à  la  Société,  j'ai  com- 
muniqué à  iM.  Boutigny  le  résultat  de  mes  observations,  et  M.  Bouligny 
m'a  lui-même  fait  part  (9  août  1857)  de  quelques  nouvelles  recherches 
entreprises  par  lui,  à  cette  occasion,  sur  les  échantillons  complets  de  son 
herbier  (je  n'avais  eu  à  ma  disposition  que  des  échantillons  écourtés  et  mu- 
tilés pour  trouver  place  sous  une  enveloppe  de  lettre).  M.  Boutigny  convient 
que  le  caractère  de  l'unilocularité  des  silicules  de  WEthionema  pyrenai- 
cum  lui  avait  complètement  échappé,  et  il  n'en  conteste  point  l'importance; 
mais  il  croit  que  ce  caractère  n'est  pas  invariable,  et  il  cite  u)i  échantillon 
vigoureux  de  sa  collection,  où,  sur  onze  tiges  partant  du  même  collet,  deux 
lui  ont  offert  quelques  silicules  biloculaires  entremêlées  aux  uniloculaires 
qui  formaient  la  grande  majorité.  Je  ne  doute  pas  que  le  fait  ne  soit  exact, 
et  j'en  doute  d'autant  moins,  que  je  crois  retrouver  dans  ma  mémoire 
(|uelques  vagues  souvenirs  de  mélanges  pareils,  observés  par  moi-même. 


sKvNCF,  DU  24  juiLLF/r  1S57.  785 

iioii-soulciiu'iil  dans  Wl'Jtliionemn  JtPterocnrpwn  ci-dessus  noinmi',  où  ils 
IVappent  tous  les  yeux,  mais  encore  dans  plusieurs  espèces,  habiUicilement 
l)iloeulaires,  de  l'Asie-lMIneure.  Il  y  a  donc  une  légère  niodificalion  ù  intro- 
duire dans  ce  que  j'ai  dit  plus  haut  à  ce  sujet.  X.'yEtlnonivui  pyrenaicum 
est  essentiellenient  uniloculaire,  mais  il  varie  queUjucrois.cpujitiuc  rarement, 
à  silicules  biloculaires,  ce  que  pourtant  je  n'ai  pu  encore  constater  directe- 
ment. 

M.  Ducharln?,  sccrôtairo,  ilonne  lecturo  de  la  coinniiiiiication  sui- 
vante adressée  à  la  Société  : 

SIMPLE  OBJECTION  A  LA  THÉORIE  DE  DU  PETIT-THOUARS  SUR  L'ACCROISSEMENT, 
ET  A  CELLES  DES  PHYTONS  ET  DES  DÉCURRENCES,  par  M.  ».  1X«S. 

(Toulouse,  21  juillet  1857.) 

Depuis  (|ue  la  botanique  a  pris  rang  au  nombre  des  sciences  pliysioloui- 
ques,  on  a  loni^uement  disserté  sur  l'aecroissement  des  plantes,  et  de  nos 
jours  encore  les  théories  de  Mirbel  d'une  part,  de  Du  Pelit-ïhouars  et  de 
Gaudichaud  de  l'autre,  ont  chacune  leurs  partisans. 

Récemment  M.  Germain  de  Saint- Pierre  a  essayé  d'établir  une  troisième 
théorie  sur  l'accroissement,  la  théorie  des  décurrences.  Les  feuilles  y  sont 
considérées  conmie  autant  de  végétaux  dont  les  décurrences  donnent  nais- 
sance aux  axes,  notre  honorable  confrère  reproduisant  ainsi  l'opinion 
d'Agardh,  qui  avait  dit:  Au  premier  état  ^  la  tige  est  une  ou  plusieurs  feuilles 
[Fssai  sur  le  développement  des  plantes,  p.  80).  Les  idées  de  M.  Germain 
de  Saint-Pierre,  exposées  devant  la  Société  Botanique  de  France,  devaient 
y  rencontrer  de  nombreux  contradicteuis.  M.  Chatin  n'a  pas  hésité  a  dé- 
clarer que,  d'après  ses  observations,  dans  la  formation  des  organes,  la  partie 
ancienne  est  l'axe  et  non  l'appendice.  {Voy.  Bull.  Soc.  Bot.,  t.  If,  p.  96-102.) 
Seulement,  on  a  négligé,  ce  me  semble,  d'opposer  aux  théories  de  Du  Pctit- 
Thouars,  de  Gaudichaud,  de  M.  Germain  de  Saint-Pierre,  quelques  faits 
bien  simples,  admis  par  tous  ceux  qui  observent  en  l'absence  d'idées 
préconçues,  et  que  ces  théories  ne  sauraient  expliquer. 

Aucun  physiologiste  de  notre  époque  ne  voudrait  sans  doute  soutenir 
qu'une  feuille  piit  être  la  terminaison  d'un  axe.  C'est  une  opinion  vulgaire 
et  qui  a  servi  de  départ  à  la  théorie  des  inllorescences  de  M.  Rœpei-,  que 
tout  axe  se  termine  par  un  bourgeon,  soit  foliaire,  soit  lloial.  Mais  un 
hourj^eon  est  à  son  tour  formé  d'un  axe  et  d'appendices  ;  au  <iéluit  c'était  un 
petit  mamelon  cellulaire,  sur  les  côtés  duquel  apparaissent  successivement, 
et  de  bas  en  haut,  des  replis  celluleux,  rudiments  des  fe-uilles  futures  ;  mais 
la  partie  terminale  de  ce  bourgeon  (abritée  par  ces  feuilles  latérales)  est  un 
petit  noyau  de  cellules,  extrémité  de  l'axe.  (Vest  ce  que  démontre  l'obser- 
T.   IV.  50 


78fi  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

vation  la  plus  simple;  c'est  ce  que  M.  Trécul  a  bieu  figuré  dans  ses  recher- 
ches sur  les  bourgeons  aLlventils  du  Paidowniu,  daus  lesquels,  avant  qu'il 
existe  aucune  (race  de  feuilles^  l'axe  reçoit  des  vaisseaux  qui  se  prolongent 
plus  tard  dans  les  petites  emiuences,  rudiments  des  organes  appendiculaires. 
(Voy.  Ann.  se.  nat.,  Z"  sér.,  t.  VIII,  p.  278,  pi.  5  et  8). 

Qui.  ne  sait  aussi  qu'au  début  l'embryon  n'est  qu'un  corps  globuleux  et 
cellulaire  sans  distinction  de  parties?  (Voy.  Adr.  de  Jussieu,  Elém., 
5'  éd.,  p.  35;  C.  Mueller,  in  Ann.  se.  nat.,  3^  sér.,  t.  IX,  pi.  1;  Duchartve, 
Jùiri,  t.  X,  pi.  8;  Tulasne,  Ihid.,  t.  XII,  pi.  6  et  7;  etc.)  L'apparition 
ultérieure  d'un  ou  de  deux  lobes  à  son  sommet  témoigne  de  sa  nature 
axile.  C'est  un  axe  réduit  au  collet,  et  qui  reste  quelquefois  tel  jusqu'à 
répo([ue  de  la  germination.  J'ai  cherché  à  montrer  depuis  longtemps  que  le 
prétendu  cotylédon  qui,  aux  yeux  de  Du  Petit-Thouars,  formait  tout  l'em- 
bryon du  Lecijthis  [Essais  sur  la  végétation,  3*  essai,  p.  32,  avec  pi.),  n'était 
rien  autre  chose  qu'un  collet  (V'oy.  Ann.  se.  nat.,  3=  sér.,  t.  XIII,  p.  11). 

Jetez  les  yeux  sur  une  branche  du  Ruscus  Hypoglossum  L.,  et  vous  re- 
connaîtrez que,  cylindrique  dans  sa  plus  grande  longueur,  elle  se  termine 
par  une  expansion  d'apparence  foliacée,  mais  de  nature  bien  évidemment 
axile  (1  ;  celle-ci  diffère  des  rameaux  latéraux,  aplatis  comme  elle  et  dont 
elle  reproduit  la  forme,  par  ce  double  caractère  :  1°  qu'elle  est  de  première 
génération,  n'offrant  pas  d'écaillé  (feuille)  à  sa  base,  tandis  que  ces  rameaux 
naissent  tous  a  l'aisselle  d'un  petit  appendice  squamiforme;  2"  qu'elle  ne 
porte  jamais  à  sa  surface  ni  feuilles  ni  (leurs.  Les  autres  espèces  du  genre 
Ruscus,  les  Xi/lophylla,  les  Pliyllocladus  fourniraient  autant  d'exemples 
analogues. 

Mais  si  l'on  arguait  de  l'apparence  foliaire  de  ces  parties  pour  se  refuser 
à  les  considérer  comme  organes  de  nature  axile  (2),  il  ne  serait  pas  diffi- 
cile d'emprunter  à  la  nature,  toujours  si  riche  et  si  variée  dans  ses  pro- 
ductions, des  cas  d'axes  terminés  par  des  parties  de  même  nature  qu'eux, 
et  comme  eux  cylindriques  ou  coniques.  Il  me  suffira  de  citer  le  renfle- 
ment claviforme  qui  occupe  le  sommet  de  l'axe  floral  des  Arum,  Bianim, 
Arisarum,  etc.;  les  rameaux  terminés  en  épine  des  Cratœgus,  Mespilus, 

(1)  Dans  quelques  cas  rares,  ces  branches  cylindriques  se  terminent  par  deux 
expansions  plates,  stériles,  sans  feuille  à  leur  surface  ni  à  leur  base.  C'est  un  nouvel 
exemple  de  ce  'phénomène  de  partition  dont  j'ai  diMnoiiUé  la  généralité  (voy.  Bull. 
Soc.  Bol.,  t.  II,  p.  /|99  et  suiv.),  et  à  Taide  duquel  M.  Prillieux  a  pu  expliquer 
depuis  la  ramilication  et  rinfloroscencc  de  la  Vigne  d'une  manière  plus  satisfai- 
sante ([u'on  ne  Pavait  fait  jusqnc-là  [ibid..  t.  III,  p.  6!i5  et  suiv.). 

(2)  lîonnet  {Contompl.  de  lu  nat.,  VI,  cliap.  3.  rn  nftte)  et  Adanson  [Fam.  des 
pL,  t.  1,  p.  o6)  admettent  que  les  feuilles  ne  sont  que  des  branches  aplaties.  Agardli 
déclare  que,  dans  les  A'ylophylla  cl  les  l'Iuillnnlhus,  les  appendices  foliifortncssonl 
aussi  bien  des  tiges  que  des  pétioles  (/or.  cit.).  Pins  récemment  M.  Kueiring,  dans  Stn 


SÉANCK    DU    "2ll    .lUlLF.KT     1857.  787 

Prunus,  Gleditsc/iia,  etc.  ;  les  vrilles  pédoiiculaires  de  lu  Vigne,  des  Passi- 
flores, etc. 

Voilà  des  faits  dans  lesquels  un  axe  se  termine  bien  évidemment  par  une 
partie  axile.  Je  ne  crois  pas  ([u'on  puisse  produire  un  seul  exemple  d'axe 
terminé  par  une  feuille.  Si  donc,  au  sommet  d'un  axe,  il  n'y  a  ni  feuilles,  ni 
traces  de  feuilles,  ce  ne  sont  ni  les  racines  émanées  de  eelliis-ci  ou  des 
bourgeons  formés  par  elles  comme  le  voulaient  Gaudichaud  et  Du  Petit- 
Tliouars),  ni  leurs  decurrences  (comme  le  professe  M.  Germain  de  Saint- 
Pierre),  qui  ont  pu  lui  domier  naissance,  a  mi»ins  d'admettre,  couime  le 
faisait  Gaudichaud  pour  les  souches  de  Pins  végétant  et  l'ormaul  de  nou- 
velles couches  annuelles  en  l'absence  de  feuilles,  des  bourgeons  latents  ou 
des  feuilles  latentes,  objection  à  laquelle  je  me  (voirais  dispensé  de 
répondre. 

Il  me  semble  que  tous  les  faits  bien  avérés  témoignent  en  faveur  de  cette 
proposition  énoncée  par  M.  Crueger  [Bolan.  Zeitung,  1851,  p.  507),  que 
l'axe  est  le  seul  organe  fondamental  morphologique,  et  que  la  feuille  est 
une  expansion  latérale  de  cet  axe;  mais  je  ne  suis  plus  de  l'avis  de  cet 
auteur  considérant  la  feuille  comme  la  première  métamorphose  de  l'axe,  die 
erste  Métamorphose  der  Axe  [Ibid.].  L'axe  et  la  feuille  sont  des  organes 
distincts  qui,  dans  les  végétaux  inférieurs,  ne  se  sont  pas  encore  isolés  et 
n'ont  point  encore  conquis  leur  individualité  ;  mais  qui,  dans  ceux  dont  l'or 
ganisation  est  plus  élevée,  ne  passent  point  de  l'un  à  l'autre.  A  mon  sens 
la  feuille  n'est  jamais  une  modification,  une  métamorphose  de  l'axe. 

M.  Decaisne  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

Quelques  personnes  ayant  nié  le  fait  de  la  transformation  de  la  vrille  des 
Cucurbitacées  en  un  rameau  terminé  par  une  feuille  dont  les  nervures 
représentent  les  divisions  de  la  vrille,  ou  tout  au  moins  ayant  proposé 
une  autre  explication  que  celle  qu'en  a  donnée  M.  Naudin,  je  crois 
utile,  au  moment  où  de  nouvelles  discussions  s'ouvrent  sur  ce  sujet,  de 
mettre  sous  les  yeux  de  la  Société  un  échantillon  de  la  Coloquinelle  pomme 

Philosophie  botanique,  s'exprime  ainsi  :  «  Dans  les  Ruscus  et  les  Lemna,  Torgane 
est  la  réunion  de  la  feuille  et  de  l'article  caulinaire  jusqu'au  point  où  le  pédoncule 
devient  libre  »  {Grundzuege,  t.  II,  p.  116).  Si  une  semblable  opinion  a  pu  être 
soutenue  par  Ijink  avec  au  moins  une  apparence  de  raison  pour  les  frondes  dus  Fou- 
gères (Elem.  l'hilos.  bot.),  si  elle  est  vraie  peut-être  appliquée  aux  frondes  des 
Lpmnu,  elle  ne  l'est  plus  lorsqu'il  s'agit  des  Ruscus;  car  là  les  deux  .sortes  d'organes 
(axes  et  feuilles)  sont  parfaitement  dislinclfs,  là  les  prélcndues  expansions  foliacées 
sont  à  l'aisselle  d'écailies  iVraies  feuilles  atrophiées)  et  porlenl  elles-nièiues  de  nou- 
velles écailles  ou  feuilles.  C'est  vouloir  tout  confondre,  tout  nier,  que  d'assimiler 
l'une  à  l'autre  deux  choses  de  nature  si  diiïérenle. 


788  SOCIÉTÉ    BOTANIQL'K    DK    FHANCE. 

hâtive  Aj)/jlc  earlii  egtj  Cat.  Vilm.),  vaiiéfé  ou  Ciicurbitn  Pepo,  remar- 
quable précisément  par  la  Iciulaiico  de  .m\s  vrilles  a  se  inétainorphoser  en 
rameaux  florifères  plus  ou  moins  prolongés.  L'écliantillon  (|uc  je  mets  sous 
les  yeux  (le  la  Société  ne  laissera,  je  pense,  aucun  doute  dans  l'esprit  de 
personne,  quant  à  la  nature  à  la  fois  raméale  et  foliaire  de  la  vrille  des 
Cucurbitacées.  M.  iNaudin  a  observé  récemment  un  fait  tout  semblable  à 
celui-ci  sur  le  Melon-Chaté,  dont  quelques  vrilles  deviennent  florifères  et 
se  terminent  par  une  feuille  rudimentaire  dont  la  nervure  médiane  se  pro- 
longe elle-même  en  vrille. 


'o^ 


M.  LesUboudois  dit  : 

Qu'il  est  incontestable  que  la  vrille  peut  se  transformer  en  feuille, 
(lu'elle  peut  même  devenir  florifère;  ce  sont  la  des  faits  parfaitement  re- 
connus. Mais  la  n'est  pas  la  (|uestion  :  il  s'agit  de  savoir  d'abord  si  la  vrille 
est  une  dépendance  de  la  feuille  qu'elle  accompagne,  ou  si  elle  est  une 
production  axillaire.  Or  la  vrille  n'a  aucune  connexion  avec  les  faisceaux 
foliaires,  ses  fibres  proviennent  de  la  production  axillaire;  elle  est 
consequemment  une  émanation  de  celle-ci  :  c'est  là  un  fait  anatomique  qui 
semble  irréfutable.  La  deuxième  question  est  de  savoirs!  la  vrille,  produc- 
tion axillaire,  est  une  feuille  ou  un  rameau.  Normalement  elle  est  une 
feuille  raméale,  car  ses  faisceaux  ont  la  disposition  des  faisceaux  foliaires 
et  non  celle  des  faisceaux  des  tiges;  occ/(/6'/i/Ê'//e?nen^  elle  peut  s'unir  au 
bourgeon  qui  nait  dans  son  aisselle  et  acquérir  ainsi  les  attributs  des 
rameaux  et  des  pédoncules,  mais  c'est  par  soudure.  On  voit  en  effet,  alors, 
le  cercle  des  faisceaux  d'un  rameau  ajouté  aux  faisceaux  normaux  qui 
constituent  la  vrille.  En  délinitive,  celle-ci  est  donc  normalement  une  feuille 
rnméule. 

M.  Decaisne  fait  remarquer,  sur  l'échantillon  qu'il  a  présenté  à  la 
Société,  la  décurrence  qui  prouve  que  la  vrille  vient  de  la  feuille  in- 
férieure. 

M.  Lesliboudois  est  d'avis  que  celte  décurrence  n'est  qu'appa- 
rente. La  vrille  paraît  formée  par  l'une  des  côtes  qui  de  la  feuille 
s'étendent  sur  la  tige,  parce  que  les  fibres  qui  la  composent  sortent 
précisément  dans  l'angle  de  bifurcation  de  l'un  des  faisceaux  latéraux 
de  la  feuille  ;  mais  elles  n'ont  en  réalité  aucune  connexion  avec  ce 
faisceau,  et,  parlant,  la  vrille   est  étrangère  à   la  feuille  cauli- 

naire. 

M.  Decaisne  dit  (ju'il  considère  la  vrille  comme  entièrement  indé- 
pendante du  Ixjiugoou  à  cùlé  du(juel  on  la  voit  sortir. 


SKANCK    lU     2/|    .lUILLKÏ    1857.  781) 

!\I.  Decaisiic  mol.  ensuite  sous  les  yeux  de  la  Société  le  dessin  d'une 
analyse  complète  des  fleurs  mâles  et  des  Heurs  femelles  du  Cœlcbo- 
'/i/ne,  d'où  il  résulte  que  l'organe  pris  par  M.  IJaillon  pour  une  éta- 
mine,  et  qu'il  a  présenté  comme  tel  à  la  Société  dans  sa  séance  du 
26  juin,  n'est  autre  chose  qu'une  bractée  ou  une  des  pièces  du 
périanthe. 

En  effet,  dit  M,  Decaisne,  cette  prétendue  étamine  ne  rappelle  ni  par  sa 
l'orme  extériciue,  ni  par  sa  structure  interiu',  les  ëtamines  des  autres  Eu- 
phorbiacées  ;  elle  ne  ressemble  même  pas  davantage  à  celles  du  Cœlcho- 
(jl/ue  mâle,  dont  on  prendra  une  idée  par  la  figure  ici  présente.  Quant  aux 
tubérosités  lisses  et  luisantes  que  Al.  Bâillon  a  signalées  sur  les  côtés  de  l'or- 
gane supposé  staminal,  et  sur  lesquelles  il  a  cru  voir  des  lignes  de  déliis- 
cence,  elles  sont  tout  simplement  des  glandes,  analogues  à  celles  de  beau- 
coup d'autres  plantes  de  la  même  famille,  et  ne  contiennent  rien  qui,  de 
près  ou  de  loin,  ressemble  à  du  pollen. 

M.  Decaisne  fait  remarquer  en  outre  que  les  fleurs  mâles  du  Cœleho- 
(jijne  se  composent  :  1°  d'un  périanthe  à  quatre  divisions  valvaires  ;  2°  de 
huit  étamines  sur  deux  rangs  ou  verticilles  de  quatre  chacun  ;  que  ces 
étamiues  rappellent  par  leur  forme  celles  d'une  foule  d'Euphorbiacées; 
qu'elles  sont ,  par  conséquent,  très  différentes  de  celle  qu'a  cru  voir 
M.  Bâillon  au-dessous  d'une  Jeune  fleur  femelle.  Il  ajoute  qu'aucun  vestige 
d'ovaire  n'existant  dans  ces  fleurs  mâles,  elles  ne  sont  pas  de  celles  qu'on 
peut  appeler  unisexuées  par  avortement. 

La  conclusion  de  M.  Decaisne  est  que  M.  Bâillon  s'est  mépris  sur  la 
nature  de  la  bractéole  qui  accompagnait  la  fleur  femelle  du  Cœlebogyne, 
qui  a  fait  le  sujet  de  sa  communication  à  la  Société;  ([ue  d'ailleurs  cet 
organe,  ainsi  que  les  deux  glandes  qu'il  p;)rte  sur  les  deux  côtés,  avaient 
déjà  été  très  bien  décrits  en  1841,  par  Smith,  dans  sa  notice  sur  le  Cwle- 
bogipie. 

M.  Bâillon  répond  : 

Qu'on  ne  saurait  aflirmer  d'une  manière  indubitable  que  l'organe  qu'il  a 
montré  aux  membres  de  la  Société  soit  une  étamine,  parce  que  son  grand 
état  de  jeunesse  ne  permet  pas  d'y  voir  du  pollen  a  l'état  de  complet  déve- 
loppement; mais  que,  sous  ce  rapport,  un  plus  ample  et  plus  minutieux 
examen  pourra  être  fait.  Quant  aux  différences  de  forme  avec  l'anthère 
normale  des  Cœlehogyne,  elle  ne  saurait  avoir  ici  aucune  valeur,  car  il  est 
fréquent  que  les  étamines  anormales  n'aient  pas  l'apparence  de  celles  que 
l'on  trouve  dans  les  fleurs  mâles.  Les  faits  énoncés  dans  la  communication 
du  26  juin  en  font  foi. 


790  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Pour  la  forme,  il  est  évident  qu'il  y  a  une  grande  analogie  entre  la  pré- 
tendue étamine  et  une  des  bractées  que  l'on  rencontre  souvent,  munies  de 
deux  glandes  latérales,  dans  les  inflorescences  femelles;  mais  il  y  a  des 
différences  importantes  de  position  et  de  structure  qu'il  ne  faut  pas  négli- 
ger. Ainsi  : 

1°  Les  glandes  latérales  des  bractées  sont  basilaires  ;  ici  elles  sont  por- 
tées à  une  certaine  bauteur  par  un  pédicelle  qui  représenterait  un  filet  sta- 

minal. 

2°  Les  glandes  sont  globuleuses,  et,  à  un  moment  donné,  leur  sommet  se 
déchire  légèrement  pour  laisser  écbapper  le  liquide  sécrété.  Dans  l'organe 
étudié,  il  y  a  deux  sillons  latéraux  et  longitudinaux. 

3"  Cet  organe  était  situé  à  la  base  d'un  ovaire,  et  plus  en  dehors  se  trou- 
vait un  calice  de  six  sépales.  Le  rapport  de  taille  entre  ce  qu'on  a  pu  con- 
sidérer comme  une  étamine  et  une  bractée  de  l'inflorescence  ou  un  sépale 
bi-glanduleux,  est  environ  de  |  ou  ^  ;  or,  quand  les  bractées  n'ont  encore 
que  cette  petite  taille,  les  glandes  basilaires,  dont  le  développement  est 
postérieur  à  celui  de  la  bractée,  n'existent  pas  encore. 

Enfin,  la  pression  a  fait  sortir  des  masses  latérales  des  corpuscules  qui 
devront  être  étudiés  ;  mais  on  ne  trouve  rien  de  semblable  dans  les  glandes 
que  portent  à  leur  côté  les  bractées. 

M.  Decaisne  ajoute: 

Que  si  l'on  jugeait  utile  de  comparer  cette  bractéole  glandulifère  avec  les 
étamincs  de  la  majeure  partie  des  Euphorbiacées,  pour  mieux  saisir  les  dif- 
férences qui  la  séparent  de  ces  dernières,  on  trouverait  les  éléments  de  celte 
comparaison  dans  les  figures  du  mémoire  classique  d'Adrien  de  Jussieu. 
On  y  ac(iuerrait  la  preuve  que,  dans  toute  la  famille,  les  anthères  sont 
construites  d'après  un  même  plan,  dont  celles  des  genres  Sapiiim,  Micros- 
tachys,  etc.,  etc.,  peuvent  être  prises  pour  le  type,  et  que  les  modifications 
qui  les  déforment  plus  ou  moins,  dans  un  petit  nombre  de  genres,  n'ont 
rien  de  commun  avec  celle  qu'il  faudrait  supposer,  pour  que  l'étamine  prit 
la  forme  que  lui  attribue  M.  Bâillon. 

M.  T.  Puel,  vice-présideiil,  donne  lecture  de  la  communication  et 
des  documents  qui  suivent,  adressés  à  la  Société  par  M.  le  baron  de 
]\Iélicoc(|  : 

NOMS  VULGAIRES  DE  QUELQUES  PLANTES  DANS  LE  NORD  DE  LA  1  HANGE  ,  AUX  \1\  •, 
XV  ET  XVI'  SIÈCLES,   par  Wl.  If  ï».«i-«n  de  MKLIC'OCQ. 

(Lille,  juillet  1S57.) 

Les  registres  aux  comptes  des  hospices  de  L'Ile   nieulionncnt  plusieurs 


SÉANCE    Uli    2/l    JUILLET    1857.  791 

pliintes,  dont  les  noms  étranges  resteront  encore  longtemps   une  (.'niijme 
pour  la  science. 

Ainsi,  en  1321,  nous  y  lisons  (jue  x  s.  ont  été  alloués  à  celui  qui  a  l'aukic 
i\  quartiers  de  wammiel.  Ailleurs,  on  porte  eu  dépense  les  xx\  s.  accor- 
dés à  ceux  (|ui  ont  IVné  le  wammieL  lui  1368,  le  faucheur  obtient  xxvii 
gros  pour  le  foin  et  le  tvanniel  faukier  et  fener,  et,  en  1395,  xxxvi  s.  pour 
faïuiuier  xviii  c.  (il  faut  quatre  cents  de  terre  pour  une  mesure)  de  prêt 
pour  l'aire  ivaitniel. 

Ce  nom  varie  sans  cesse,  car,  en  1328,  les  foins  sont  nommes  vudimidiis. 
Si  maintenant  nous  consultons  certains  documents,  ils  nous  donneront,  ce 
semble,  le  droit  de  supposer  que  le  regain,  toujours  récolté  en  automne, 
était  alors  ainsi  désigne. 

Nous  voyons,  eu  effet,  mentionnés  (13Zi6),  des  fruits  d'estet  et  de  loahn  ; 
le  bure  de  niay  et  le  hure  de  wain  (1362). 

Un  autre  document,  qui  prouve  avec  quel  soin  les  jeunes  taillis  étaient 
alors  débarrassés  des  mauvaises  herbes  et  des  sous-arbrisseaux  qui  y  crois- 
sent aujourd'hui  en  toute  liberté,  nous  paraît  décisif  à  cet  égard.  Il  nous 
apprend,  enellet,  que  les  administrateurs  de  l'hôpital  Saint-Julien  ont  fait 
couper  (1/455)  au  fernient  (serpe),  à  le  pique  (1)  et  autrement  par  deux  fois, 
assavoir  en  esté  et  en  loain,  les  rousches,  cardons  et  autres  ordures,  crois- 
sans  en  grant  habondance  en  deux  bonniers  des  bois  dudict  hospita!. 

D'un  autre  côté,  le  Ménagier  de  Paris  (2)  et  M.  Ach.  Jubinal  (3)  nous 
parlent  des  tVomages  de  gain. 

A  la  même  époque,  les  comptables  lillois  portent  chaque  année  en  dé- 
pense le  salaire  des  ouvi'iers  qui  font  disparaître  des  fossés  le  crcuwau, 
le  cruau,  VcrOillé,  la  lentille,  les  roziaus,  les  glanions. 

Pour  nous,  le  glanion  n'est  autre  que  le  Glaïeul  des  marais  [iris  Ps'iirJa- 
corus  L.)  qui,  aujourd'liui  comme  aux  jours  où  nos  pères  vinrent  s'élablir 
sur  les  bords  de  la  Lys,  y  croît  en  abondance  et  y  acquiert  une  haute  taille. 

Si  nous  en  croyons  l^oquefort  (i)  et  d'autres  auteurs,  les  fleurs  de  lys  de 
l'ancien  écu  de  l'rance  ne  seraient  autre  chose  tiue  les  fleurs  de  notre  /ris, 
les  flors  de  glay,  si  souvent  célébrées  par  les  romanciers  et  les  chanson- 
niers du  moyen-âge,  nommées  par  nos  pères  les  fleurs  de  la  Lys,  puis 
simplement  fleurs  de  lys. 

Ayant  pu  confronter  deux  manuscrits  du  pas  d'armes  du  chevalier  Phi- 
lippe de  Lalain  (1^63),  nous  devons  déclarer  (|ue,  pour  nous  aussi,  la  fleur 
de  lys  de  l'ancien  écu  de  France  est  Vfris  Pseudacorus.  Ainsi,  le  manuscrit 

(1)  l.a  petite  faux  (voy.  le  Bulloliii,  l.  111,  p.  liSS). 

(2)  Tome  II,  p.  213. 

(3)  Mijstères  inédits,  t.  II,  p.  /iDO. 

{k)  Glossaire  de  la  lamjue  romane,  aux  mots  Lkve  cl  C,i.\u 


79'2  SOCIÉTÉ    lUnAMQL'E    1)K    FKANCK. 

n°  10,319%  l'oiul  lialuze,  n"  ()5i  de  la  Bibliothèque  impériale,  décrivant  le 
costume  du  seigneur  de  (>oiidé  qui  }•  figurait,  dit  ([uc  sur  la  croupe  du  c/ie- 
vcd  1/ avait  une  fleur  deglai/  emailié  d'azur,  tandis  (jue,  dans  le  manuscrit 
de  M.  le  baron  Blondel  d'Aubeis,  nous  lisons  :  et  au-dessus  de  la  cruppe 
une  fleur  de  Hz,  enniailliee  d'azur  ou  coupet. 

Quelle  plante  leprésente aujourd'hui,  dans  nos  prairies,  les  docques,  qui, 
ainsi  que  les  cardons  et  les  ortilles,  envahissaient  sans  cesse  les  pâtures  des 
moines  de  Saint-Beitin? 

Lavencre  qui,  il  Béthune  (l/i2(3),  mêlée  à  d'autres  fleurs,  servait  à  faire 

des  chapeaux  le  jour  du  Saint-Sacrement,  et  qui,  à  IJlle  [vancque]  venait 

orner  (151(3),  ainsi  que  l'humble  violette,  le  cercueil  de  l'eiifant-trouve  et 

des  pauvres  des   maisons-Dieu,  ne  serait-elle  point  notre  Pervenche,   le 

Vinca  ? 

Connaît-on  encore  le  blanc  poivre,  plante  oléagineuse,  dont  deux  rasieres 
employées  à  faire  olle  (1380),  avaient  coûté  lx  s,,  tandis  que  la  rasière  de 
navette  était  payée  xlviii  s.? 

Kn  quoi  différaient  les  aubeaux  de  1353,  des  blancqz  obeaux,  avecq  ou 
sans  rachines,  de  1595? 

Même  demande  au  sujet  des  entes  (greffes)  de  pommiers  d'ogelent  et  des 
entelettes? 

La  semence  d'oignoulletes,  qui  coûtait  (1360)  v  gros  la  demi-livre,  etait- 
elle  notre  semence  d'Oignons? 


'D' 


/ 


LISTE  (ENVOVÉE  PAR  M.  le  baron  de  MELBtOCQ)  DES  AROMATES  EMPLOYES 
POUR  L'EMBAUMEMENT  DES  SOUVERAINS  AU  XV'  SIÈCLE, 

(En  l/i67.)  A  Jaspart  iMahieu,  apoticaire,  demourant  à  Bruges,  la  somme 
de  soixante  neuf  livres  sept  solz,  qui  deue  lui  estoitpour  pluiseurs  parties 
d'apoticareries  par  lui  faicles  et  délivrées,  tant  pour  Vespunne  drap^ 
comme  à  mectre  au  corps  et  en  la  tombe  de  feu  M.  S.  le  duc  (Ij,  ainsi  que 
s'ensuit  : 

Assavoir,  pour  quatre  livres  de  picie  megre,  à  douze  deniers 

la  livre,  font 

Item,  pour  trois  livres  de  resure,  à  douze  deniers  la  livre. 
Ileni,  pour  trois  livres  de  colosuiuc,  à  ii  s.  la  livre,  font.  . 
Ilem,  pour  trois  livres  de  thuri.s,  ù  vi  s.  la  livre,  font .  .  . 
Item,  pom'  trois  livres  de  mastich,  à  dix-huil  solz  la  livre. 
Item,  pour  livre  et  demie  de  scordt  calamité,  à  xxiiii  s. 

la  livre 

Ilem,  pour  livre  et  demie  de  (jommxj  arabicij,  à   un  s.  la 

livre VI  s. 

(1)  Philippe-le-Bon,  duc  de  Bourgogne. 


nu 

s. 

III 

s. 

VI 

s. 

XVIIl 

s. 

LIUI 

s. 

X\XVI 

s. 

SKANCK    DU    2/|    .HIILLKT    1857.  703 

llcm,  pour  livre  et  demie  de  gommy  dragagantij,  à  vi  s. 

la  livre ix  s. 

Item,  pour  liois  livres  d'a/ye,  à  XX  s.  la  livre LX  s. 

Item,  pour  trois  livres  de  mirre,  à  huit  solz  la  livre,  .  .  .  xxiiii  s. 

Item,  pour  une  livre  galie  muscale xxxvi  s. 

Item,  pour  une  \i\ie  alupte  muscate lx  s. 

llom,  une  UMi".  scaïuJeli  musscatelun vins. 

Item,  une  livre  nucis  ciprexy viii  s. 

Item,  trois  livres  de  tourmentine,  à  deux  solz  la  livre.  .  .  vi  s. 

Item,  dix  aulnes  de  çManeraf 3  (canevas) xvi  s.  vi  d. 

Item,  pour  poudre  el  sel li  s. 

Item,  pour  huit  livres  de  comin,  à  deux  solz  la  livre  .  .  .  xvi  s. 

Item,  pour  six  livres  de  bouli  armenicy,  à  il  s.  la  livre  .  .  XII  s. 

Item,  pour  six  livres  de  terra  sigillata,  à  ii  s.  la  livre.  .  .  xii  s. 

Item,  pour  douze  livres  à'aloe,  à  xx  s.  la  livre xii  1. 

Ileni,  pour  douze  livres  de  mirre,  ù  viii  s.  la  livre  ....     iiii  1.         xvi  s. 

Item,  pour  trois  livres  d'accanfl,  à  six  solz  la  livre xviii  s. 

Item,  pour  trois  livres  de  galie  muscate,  à  xx\i  s.  la  livre.  cviii  s. 
Item,  pour  m  livres  dealepte  muscaty,  à  lx  s.  la  livre.  .      ix  1. 

Item,  une  livre  de  psidre un  s. 

Item,  une  livre  nucis  cipressy vin  s. 

Hem,  encore  une  livre  scandely  musscatelun vni  s. 

Item,  une  livre  g'a/èarmn lis. 

Item,  demy  livre  lignum  aloes xii  s. 

Item,  deux  livres  alunem,  à  il  s.  la  livre iin  s. 

Item,  demy  livre  thuris m  s. 

Item,  ung  quarlron  scordt  calamité vi  s. 

Item,  une  onze  zebace. il  s. 

Item,  pour  dix  onces  de  balsme  artificiel,  à  vingt  solz  l'once.       x  1. 
Et  pour  quatre  mandes  et  demie  de  herbes  et  fleurs  de 

plusieurs  sortes  aromaticques es. 

Reviennent  ensamble  toutes  les  dictes  parties  à  la  dicte  somme  de  soixante  neul 
livres  sept  solz. 

A  maislre  Guillaume  du  Molin  et  Pierre  Mueller,  cirurgiens 

à  Bruges,  pour  avoir  aydié  et  assisté  ans  cirurgiens  du  d. 

feu  duc,  à  ouvrir,  necloyer  et  embasmer  le  dict  corps.  .     xn  I. 
A  Jehan  de  Grultere,  tonnelier,  xiiii  I.  pour  avoir  faict  et 

délivré  une  huche  ferrée  de  bandes  de  fer,  pour  y  mectre 

le  dict  feu  corps  en  attendant  la  tombe  de  ploncq.  .  .  .  LXXII  s. 

Item,  pour  une   autre  huche,  faite  de   main   d'escrinier, 

toute  dennemarche  (1),  entière  et  colée,  pour  mectre  le 

(1)  Le  bois  dennemarche,  qui  venait  sans  doute  de  Danemark,  se  trouve  souvent 
mentionné  dans  les  comptes  des  villes  du  nord  de  la  France. 


79/1  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

(lict  corps,  atout  le  ploiic,  et  par  dessus  ycelle  huche, 

ung  couvercle  à  cincq  coiustez ix  1.  xii  s. 

A  ceulx  qui  portèrent  le  cotlVe  de  ploncq,  où  estoient  les  eu- 
treilles,  depuis  la  court  jusques  à  Téglise  Saiut-Donas.  .  xvi  s. 

Pour  estrain,  espars  au  cuer  de,  la  dicte  église,  et  pour  la 
ramonner xviii  s. 

(Eu  li'43l.)  A  Jehan  Stellart,  espicier  à  (iand,  pour  l'embau- 

menient  de  feu  Josse  (fils  de  Jean-sans-Peur) xvi  s. 

A  lui,  pour  VIII  aulnes  de  fine  toille  pour  ensevelir  le  corps.  lx  s. 

A  lui,  pour  V  aulnes  d'aultre  toille  cliyrée  pour  mettre  par 

dessus  la  dite  fine  toille.   , \x  s.  vi  d. 

Pour  trois  coll'res  de  buis  d'Irlande,  en  quoy  a  esté  mis  le 

corps  du  (lit  feu  Josse w.vviii  s. 

{Extrait  des  Archives  générales  du  Nord,  registres  aux  comptes  de  la 
maison  de  Bourgogne.) 

M.  Puel  donne  on  outre  lectui'c  des  observations  suivantes  de 
M.  Léon  Soubeiran  : 

Le  dociuiient  qui  nous  est  fourni  par  M.  le  baron  de  iMélicocq,  me  parait 
extrêmement  curieux,  en  ce  qu'il  nous  indique  quelles  étaient  les  matières 
employées,  au  moyen-âge,  poui-  les  embaumements,  quelles  quantités  on  en 
employait,  et  enfin  (juelle  était  leur  valeur  commerciale.  Parn)i  ces  sub- 
stances, il  en  est  quelques-unis  (|n'il  est  extrêmement  facile  de  reconnaître 
et  sur  lesquelles  il  n'y  a  pas  le  moindre  doute.  C'est  ainsi  que  picie 
megre  est  bien  poix  maigre;  thuris,  l'encens  ;  mastich,  le  mastic  ;  scorut 
calamité,  \e  storax  calamité  ;  gommy  arabicy ,  \a  gomme  arabique  ;  gommy 
dragagantij,  la  gomme  adragante ;  aloe,  \'a/nès;  mirre^  la  myrrhe;  galic 
muscate,de.s  galles  ou  noix  de  muscade  ;  scandeli  musscatelun,  le  Scandix 
odorata;  nucis  cipi'essy,  le  fruit  du  Cyprès;  tourmentine,  la  Tormentill.e ; 
quaneralz,  le  canevas;  comin,  le  Ciimimnn  Cyminum ;  hordi  armenicy,  les 
bols  d'Arménie  ;  terra  sigiUa/a,  la  terre  sigillée;  galbarum,  le  galbaman; 
lignum  aloes,  le  bois  d'aloès:  alunem,  Valun;  zebace,  la  f/y^//e;  toutes 
substances  employées  depuis  les  temps  les  plus  reculés  par  les  embaumeurs. 

Quant  à  rolosome  }q  serais  porté  à  croire  (pie  le  rédacteur  du  compte  a 
mal  entendu  et  mal  écrit,  et  qu'il  faut  lire  colophane  ou  colophane ^  au  lieu 
dealupte  muscute,  je  lirais  oleopte  muscate,  c'est-à-dire  huile  de  muscade  ; 
au  lieu  ùepsidre  je  crois  devoir  lire  poivre,  substance  qu'on  ne  manquait  ja- 
mais d'employer  en  pareille  occurrence.  Quant  aux  mots  resure  et  accane  ou 
attame,  je  ne  les  connais  absolument  pas  et  ne  sais  a  quoi  les  attribuer.  Le 
balsuie  artificiel  renfermait,  au  rapport  de  Penicher,  les  poudres  de  racine 
A' Angélique,  cVImperaloire,  de  Gidanga,  i\' Acorns,  de  Carline,  de  clou 
de  girofle,  de  Gentiane,  de   \  alérianc,  d'Iris  de  Florence,  de  Calamus  ara- 


SÉANCE    DU    2/i    JL'ILLKT    J857.  795 

)naticus,  dv  (ihif/cm/o'e,  de  Pijrèthrc,  de  bois  de  rose,  de  Genièvre,  û'écwces 
de  citrons  et  d' oranges,  de  cannelle,  de  tan,  de  baies  de  Laurier,  de  Carda- 
mome, de  poivre  long,  noir  et  ô/onc,  de  poix  noire,  de  gomme  élémi,  d'assa 
fœtida,  de  myrrhe^  de  benjoin,  de  camphre,  de  »/îwst',de  castoreum,  de  civette, 
de  salpêtre,  d'alun,  d'ambre  gris,  de  bitume  de  Judée,  etc.  En  un  mol,  c'était 
un  mélange  indigeste  des  substances  les  plus  disparates,  dont  chacune  devait 
exercer  une  action  spéciale  et  prévenir  tel  ou  tel  phénomène  de  décomposi- 
tion du  corps.  I.es  herbes  et  fleurs  aromatiques,  dont  le  plus  grand  nombre 
entraient  aussi  dans  la  composition  du  baume,  étaient  la  Lavande,  VAneth^ 
V Hiipericnrn,  le  Romarin,  le  Chamœpiti/s,  le  Chamœdrys,  le  Mélilot,  le 
Scordiwn,  le  Safran,  le  Pouliot,  le  Serpolet ,  la  y^Me,  la  Marjolaine,  le 
MyrlCj  le  macis,  V  Armoise,  le  Laurier,  la  Sabine,  etc. 

M.  Weddell  lail  à  la  Société  la  coinniuiiieation  suivante  : 

SUR  LES  FLEURS  FEMELLES  DU  CYNOMORIUM  COCCINEUM,  par  M.  ^l'UDDllLL. 

Mes  premières  études  sur  la  composition  du  pistil  des  Balanophorées  ont 
été  faites  sur  le  Balanophora,  où  le  fruit  se  présente  sous  la  forme  la  plus 
simple.  Je  n'ai  pu,  en  effet,  y  découvrir  que  deux  couches  en  dehors  de  la 
masse,  infiniment  petite,  que  jo  considérais  comme  devant  être  l'embryon, 
me  croyant  dès  lors  fondé  à  assimiler  ce  fruit  si  élémentaire  à  une  graine 
uue.  M.  le  docteur  J.  Hooker,  qui  est  venu  après  moi,  tout  en  reconnais- 
sant que  j'ai  eu  raison  de  regarder  le  fruit  du  Balanophora  comme  très 
simple  (il  y  a  trouvé  même   une  couche  de  moins  que  moi)  n'a  pas  voulu 
admettre  mon  interprétation  ;  pour  lui,  la  couche  externe  était  toujours  un 
ovaiie,  le  petit  corps  central  un  ovule.  J'avais  pu  examiner  le  pistil  de  la 
plante  en  question  à  un  âge  très  tendre,  alors  qu'il  ne  contient  aucune  trace 
d'ovule,  et  j'avais  pu  me  convaincre  qu'a  aucune  époque  de  son  dé\eloppe- 
ment  ultérieur  il  ne  présentait  de  cavité  communiquant  avec  l'extérieur; 
il  me  semblait,  au  contraire,  qu'il  y  avait  une  grande  analogie  entre  ce  qui 
s'y  passait  et  ce  qui  a  lieu  dans  le  nucelle  d'un  ovule  ordinaire;  aussi,  est- 
ce  sur  ce  point  particulier  que  j'ai  appuyé  l'opinion  que  j'émis  à  son  sujet, 
et  c'est  surtout  pour  éclairer  cette  partie  de  l'histoire  organographique  des 
Balanophorées  que  j'ai  voulu  étudier  le  Cynomorium  sur  le  vivant.  Eh  bien! 
on  le  croirait  diClicilement,  quoique  les  fleurs  de  cette  plante  soient  très 
grosses  à  côté  de  celles  du  Balanophora,  leur  étude  est  plus  difficile,  et  voici 
pourquoi  :    le  style  du  Balanophora  est  cylindrique  et  continu  avec   le 
sommet  de  l'ovaire,  dont  aucune  bractée,  aucun  sépale  naissant,  ne  déforme 
la  surface-,  si  donc  il  y  avait  à  ce  sommet  quelque  solution  de  continuité, 
il  ne  serait  pas  très  difficile,  je  pense,  de  l'apercevoir.  I'  n'en  est  pns  de 
même  pour  le  Cynomorium,  ou  le  style,  a  tous  les  âges,  présente,  sur  une 
de  ses  faces,  uue  cannelure  profonde  dont  la  partie  inférieure  pourrait  cacher 


796  SOCIÉTÉ    BOTANIQUK    DE    FRANCE. 

une  comiiiuiiicatioii  avec  la  caviU*  n;iissante  de  l'ovule,  cavité  d'autant  plus 
dinicile  a  découvrir ,  si  elle  existe  réellement,  qu'elle  se  trouverait  encore 
plus  ou  moins  masquée  par  les  jeunes  sépales,  qu'elle  doit  être  recherchée, 
enfin,  sur  un  objet  dont  le  diamètre  total  est  àpeiiîe  d'un  huitième  ou  d'un 
dixième  de  millimètre  et  dont  la  texture  est  si  délicate  que  le  moindre  at- 
touchement suffit  pour  le  déformer.  Le  Cy/iowonwm  présente  cependant,  je 
dois  le  dire,  un  avantage  que  beaucoup  de  plantes  ne  présentent  pas  :  c'est 
qu'une  seule  inflorescence  pourrait  suflire  aux  investigations  de  toute  une 
armée  de  botanistes;  et  la  disposition  des  fleurs  y  est  telle  que  l'on  peut  en 
trouver,  au  même  moment,  de  tous  les  âges.  La  nature  de  l'inflorescence 
est  d'ailleurs  très  facile  à  constater  sur  un  échantillon  frais.  On  voit  alors 
qu'elle  résulte  de  l'agrégation  d'une  quantité  innombrable  de  cymes  di- 
chotomes,  souvent  d'une  régularité  parfaite,  vers  l'extrémité  desquelles  on 
trouve  des  fleurs  à  divers  degrés  de  développement,  par  conséquent  dans 
l'état  le  plus  favorable  à  leur  étude  organogénique.  Voici  alors  ce  que  j'y  ai 
vu.  Lorsqu'une  fleur  femelle  se  montre  tout  d'abord  à  l'aisselle  de  sa  bractée, 
elle  a  la  forme  d'une  papille  cylindrique  et  parfaitement  homogène  ;  c'est  un 
petit  axe.  Un  peu  plus  tard,  si  la  fleur  doit  avoir  un  périgone  à  3  laciniures, 
on  voit  poindre,  au  sommet  de  cette  papille,  h  tubercules:  l'un,  au  milieu, 
est  le  style,  les  autres  sont  les  sépales.  Le  tubercule  central  présente  pres- 
que dès  le  principe  une  échancrure  qui  n'est  autre  chose  que  l'indice  du  ca- 
nal dont  j'ai  parlé.  Ces  tubercules  s'accroissent,  mais  pas  dans  la  même  pro- 
portion :  celui  du  milieu  prend  les  devants  et  a  bien  vite  dépassé  les 
autres.  Quand  les  choses  en  sout  à  ce  point,  mais  pas  auparavant,  on  aper- 
çoit par  transparence  qu'il  s'est  opéré  un  changement  dans  le  petit  axe, 
au-dessous  du  niveau  d'oiigine  des  sépales,  et  si  l'on  vient  à  y  pratiquer 
une  ouverture,  on  trouve  en  ce  point  une  petite  cavité  remplie  par  un  ovule 
dont  l'insertion  est  immédiatement  en  avant  de  la  cannelure  du  style.  Celte 
cavité  a-t-ellc  toujours  été  close  comme  elle  l'est  très  certainement  à  cette 
époque,  ou  communiciue-t-elle  antérieurement  avec  l'extérieur  pai-  un  hiatus 
qui  serait  à  la  base  du  style?  c'est  là,  je  le  répète,  un  point  sur  lequel  il  me 
reste  encore  quelques  doutes.  Voyons,  en  attendant,  ce  que  devient  l'ovule 
que  nous  avons  laissé  pendu  au  sommet  de  lu  petite  cavité  de  l'ovaire;  c'est, 
pour  le  dire  en  passant,  une  des  parties  de  la  question  qui  avaient  le  plus 
besoin  d'être  reprises,  et  je  crois  être  parvenu,  dans  ce  point  de  mon  étude,  à 
un  résultat  assez  satisfalï^ant,  mais  bien  différent  de  celui  auquel  est  arrivé 
mon  ami  M.  le  docteur  Ilooker.  Il  dit,  en  effet,  qu'a  quelque  époque  qu'il 
ait  étudié  l'ovule  du  ('ijnomorhun,  il  n'a  jamais  pu  y  reconnaître  des 
traces  de  tégument,  tandis  (jn'il  résulterait  de  mes  observations  (|ue  cet 
ovule  en  est,  au  contraire,  constamment  muni.  C'est  ce  qui  se  voit  d'abord 
très  évidemment  sur  la  graine  mûre,  dont  j'ai  l'honneur  de  mettre  ((nel(|ues 
préparations  très  instructives  sous  les  yeux  de  la  Société,  et  c'est  ce  ([ui  se 


SÉANCE    Dr    2^1    .HilLLFT    1857.  707 

trouve  piirfailcinoiit  (•()iirn'ni('  pai'  l'ctiuic  des  (li'vcl()pp("mont.s  successifs  de 
l'ovule.  L'ovule  (lu  Ci/iioiiioriinn  ne  présente,  en  un  mot,  rien  à  cet  éj^nrd 
qui  le  dinVrencie  de  ceux  de  la  plupart  des  autres  véjîétaux.  Ce  que  cet  or- 
gane offre  peut-être  de  plus  digne  de  remarque,  c'est  sa  position,  puisciu'il 
est  en  même  temps  presque  orthotropeet  pendant,  double  caractère  qui  n'a 
été  constatéjusqu'iei  (|ue  dans  un  très  petit  nombre  de  plantes. 

.Te  regrette  de  ne  pouvoir  encore  ajouter,  à  ce  que  j'ai  dit  de  l'ovule  et  de 
la  graine,  quelcpies  détails  sur  le  premier  développement  de  la  jeune  plante, 
détails  qui,  Je  le  présume,  ne  seront  pas  sans  intérêt.  C'est  la  un  point  de 
l'histoire  du  Cynomorium  que  j'avais  surtout  à  cœur  d'éclairer,  et,  bien  que 
je  fusse  averti  que  l'on  avait  plusieurs  fois  essayé  inutilement  d'obtenir  des 
germinations  de  Balanopliorées,  je  n'ai  pas  voulu  pour  cela  laisser  de  faire 
une  nouvelle  tentative  qui,  je  me  hâte  de  le  dire,  a  obtenu  un  plein  succès. 
En  ce  moment,  je  me  contenterai  cependant  de  dire  que  l'examen  de  la 
graine  germée  de  cette  singulière  plante  a  tout  à  fait  confirmé  ma  manière 
de  voir  sur  la  nature  de  ses  parties  constituantes,  me  réservant  de  faire  con- 
naître plus  tard,  s'il  y  a  lieu,  les  autres  particularités  que  m'a  présentées  cette 
germination,  et  notamment  ce  qui  a  rapport  à  la  direction  de  la  radicule, 
qui,  jusqu'ici,  s'est  montrée  inverse  de  ce  qu'elle  est  dans  tous  les  autres 
végétaux,  ou  du  moins  dans  leur  immense  majorité. 

M.  de  Schœnefeld,  vice-secrétaire,  donne  lecture  de  la  communi- 
cation suivante,  adressée  à  la  Société  : 

VINGT-QUATRIÈME  NOTICE  SUR  LES  PLANTES  CRYPTOGAMES   RÉCEMMENT  DÉCOUVERTES 

EN  FRANCE,  par  M.  J.-B.-H.-J.  DESMAZIÈREK  (1). 

(Lambersart  près  Lille,  juillet  1857.) 

COiMOMYCETES. 
1.  Uredo  macrospora,  Desmaz.  PI.  ci^ypt.  sér.  2,  n°  /iOl. 

U.  maculis  minutis,  purpureis,  sparsis  vel  diffusis,  quandoqueconfluen- 
tibus.  Acervulis  amphigenis,  ovalibus,  raro  oblongis,  vel  parvis  rotundatis, 
epiderraide  fuscescente  bullata  primura  tectis,  dein  erumpentibus.  Sporulis 
amplis,  piriformibus  vel  clavatis,  aurantiis,  dein  ochroleucis  subalbidis. 
Kpisporio  Isevi,  nucleo  flavido,  granuloso;  pedicello  brevissimo,  hyalino. 
—  Hab.  in  foliis  vivis  Luzulae  pilosœ.  jEstate. 

Cet  Uredo  vit  presque  toujours  en  compagnie  du  Puccinia  Luzidœ,  Lib. 
Il  ne  faut  pas  le  confondre,  ni  avec  le  Cœoma  oblongum^  Link,  Obs.  etSpec. 
(Grev.  Scott,  crypt.  fl.  t.  12),  ni  avec  notre  Uredo  Luzulœ,  PI.  crypt.  de 

(1)  Voyez,  pour  les  Notices  i  à  xxin,  les  Annales  des  sciences  naturelles,  séries 
1,  '->,  3  et  ti. 


798  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Fv.  (18^8)  qui  est  VUredo  oblonga  de  Rabenhorst,  Herb.  viv.  n"  16941 
L'espèce  qui  nous  occupe  est  bien  distincte  de  ces  deux  autres  Coniomycètes 
par  ses  spoiules  piriforines-aliongccs  ou  en  massue,  qui  n'ont  pas  moins 
de  0""",030,  et,  le  plus  souvent,  0"'"',0/i5  dans  leur  longueur,  sur  une  épais- 
seur de  0'""',02.  Elles  sont  pourvues  d'un  pédicelle  qui  n'a  pas  plus  de 
0""",005,  rarement  0""",01  de  lontrueur.  Il  se  détache  facilement  de  laspo- 
rule,  mais  on  y  distingue  sa  place  d'insertion,  parce  qu'elle  est  presque  tou- 
jours tronquée  et  non  obtuse,  la  sporule  n'étant  véritablement  obtuse  qu'à 
son  extrémité  opposée  toujours  plus  grosse.  Notre  Uredo  macro$pora  a  été 
trouvé  par  M.  l'abbé  Questier,  en  septénaire  et  octobre,  dans  les  bois 
couverts  de  Valligny  el  Bourneville,  près  Tbury-en-Valois  (Oise). 

2.  CoNioTHECiUiM  QuF.sTiEiu,  Dcsmaz.  PI.  crijpt.  sér.  2,  n.  /i03. 

C.  epiphyllum.  Âcervulis  superficialibus,  minutissimis,  numirosissimis, 
subsphaei  icis,  gregariis,  effusis,  nigris,  nitidis.  Sporulis  conglobatis,  com- 
presso-angulatis,  subfuscis,  scmi-opacis.  —  Occurrit  in  foliis  languescen- 
tibus  Corni  sanguinese.  Autumno. 

Cette  espèce  nous  a  été  adressée,  sans  nom,  par  M.  Questier,  a  qui  nous 
la  dédions  pour  rappeler  la  découverte  qu'il  en  a  faite,  en  septembre  1855, 
dans  la  forêt  de  Villers-Cotterets  (Aisne),  sur  les  feuillesencore  vivantes  du 
Cornus  sanguinea.  Elle  en  couvre  la  face  supérieure  d'une  couche  mince, 
noire  et  pulvérulente,  qui  est  composée  d'une  multitude  de  grains  noirs, 
luisants  et  fort  rapprochés.  Ces  grains,  bien  distincts  avec  une  forte  loupe, 
ont  environ  0""",025  de  diamètre,  et  sont  formés  par  6  à  10  sporules  envi- 
ron, conglutinées,  semi-opaques  et  anguleuses  par  leur  pression  les  unes 
contre  les  autres.  Leur  grosseur  est  à  peu  près  de  0"'"',01  et  par  conséquent 
plus  considérable  que  (elle  des  sporules  de  notre  Coniothecium  phyllophi- 
lum  [Ann.  des  se.  nat.,  18/j5),  autre  espèce  très  différente,  et  qu'il  ne  faut 
pas  confondre  avec  le  Coniotheciumphyllophilum,  Rabenb.,  publié  en  1853, 
au  n"  1795  de  V Herbariwn  vivum. 

3.  PucciNiA  REcoNDiTA,  Rob.  iti  Hevb . —  Desmaz.  PL  crypt.  de  Fj\  sér.  2, 
n"  252. 

P.  maculis  luteolis.  Acervis  amphigenis,  ovalibus,  oblongis,  dein  lineari- 
bus,  sœpc  confliientibus  epidermide  sero  rumpente  tectis.  Sporidiis  clongato- 
clavatis,  mcdio  vi\  constriclis,  loculo  superiore  fusco,  obtuse,  subrotundo 
seu  ovali  ;  inferiore  subpellucido,  elongato,  sensim  tenuato;  stipite  albo, 
brevissimo.  —  Hab.  in  foliis  languescentibus  Secalis.  yî'lstate. 

Par  la  forme  de  la  pustule  et  des  sporidics,  cette  espèce  se  rapproche  du 
P.  Caricis,  DC,  et  nous  aurions  été  disposé  à  la  réunir  avec  lui,  si  la  con- 
sidération du  pédicelle  très  court  (0""",01  environ)  et  des  pustules  recou- 
vertes par  l'épidonne  (jui  se  déchire  rarement  et  toujours   Ires   tardive- 


SÉANCE   DU    2/i    JUILLET    1857.  799 

ment  dans  notre  Conlomycète,  ne  nous  avait  engagé  à  conserver  le  nom 
proposé  par  M.  Uoberge  (iiii  a  bien  voulu  soun^eltre  celte  espèce  à  notre 
appréciation. 

Les  pustules  sont  plus  ou  moins  rapprochées,  (juelquefois  très  serrées. 
Là  loge  supérieure  de  la  sporidie  est  grosse  et  ne  forme,  le  plus  souvent, 
que  le  tiers  de  sa  longueur  totale,  qui  peut  être  évaluée  de  0"'"',07  à 
()■"■",  09. 

U.  GuKOSPOuiuM  PopuLi  AU?,!-:,  Uesmaz.  PL  cri/pt.  de  Fr.  sér.  2,  n"  25^. 

G.  epiphyllum.  IMaculis  olivaceis,  dein  rufis,  sinuosis,  irregularibus,  li- 
nea  obscuriore  cinclis.  Pustulis  minutis,  numerosis,  Inimidis  convexis  oli- 
vaceis, siccis  applanatis  subuii!;ris  rugosis.  Sporidiis  nunierosissiniis,  bya- 
linis,  ovato-oblongis  vel  cylindricis,  obtusiusculis,  reetis  vel  curvulis; 
sporulis  3-5  globosis  vix  distinctis  ;  cirris  albidis.  —  Hab.  in  foliis  lan- 
guescentibus  Fopuli  albœ.  J^^state  et  Autumno. 

C'est,  à  notre  connaissance,  la  quatrième  espèce  de  Glœosporiuni  qui  se 
développe  sur  la  feuille  des  Peupliers,  et  la  deuxième  que  l'on  trouve  sur 
le  Peuplier  blanc.  On  pourra  voir,  dans  les  Anna/es  de  18^9,  la  description 
du  Glœosporhnii  Castagnei,  qui  a  ce  dernier  habitat  et  qu'il  ne  faut  pas 
confondre  avec  celui  dont  nous  nous  occupons  aujourd'hui. 

Les  taches,  de  formes  et  de  grandeurs  variables,  envahissent  (luehiuefois 
des  portions  considéral)les  de  la  feuille.  A  peine  sont-elles  formées,  qu'on  y 
voit  paraître  des  pustules  dont  le  nombre  augmente  a  mesure  qi:e  la  tache 
s'étend.  Llles  ont  un  quart  à  un  tiers  de  millimètre  de  diamètre,  et  sont 
formées  par  l'épiderme  soulevé  et  qui  recouvre  les  sporidies.  Cet  épiderme 
finit  par  se  fendre,  et  celles-ci  s'échappent,  avec  le  mucilage  qui  les  enve- 
loppe, sous  la  forme  d'un  gros  filet  ou  d'une  masse  blancbâtre  qui  s'étale 
plus  ou  moins.  Les  sporidies  ont  0""",01  à  0""",U2  de  longueur,  sur  une 
épaisseur  de  O'""',0033.  Il  n'est  pas  facile  de  voir  les  sporules  qu'elles  ren- 
ferment, cependant  nous  sommes  parvenu  à  les  distinguer  parfaitement, 
en  donnant  au  porte-objet  une  lumière  convenable. 

HYPHOMYGETES. 

5.  Macrospoiuum  cladgsporigides,  Desmaz. 

M.  maculis  magnis,  fulvis,  irregularibus;  acervuHs  numerosis,  minutis, 
rotundatis,olivaceo-obseuris,  velutinis.  Floccisereciis,  siraplicibus,  nodu- 
losis,  septatis,  semihyalinis,  fasciculatim  conjunctis.  Sporidiis  subpellu- 
cidis,  quandoque  torulosis,  ina^qualibus,  di,  tri,  vel  polydymis,  ovoideis, 
oblongis  vel  eiongatis,  cluvseformibus,  infra  attenuatis  subpedicellatis.  — 
Hab.  in  foliis  languescentibus  Betœ  vulgaris.  yEstate. 

Cette  espèce  se  rapproche  beaucoup  de  quelques-unes  de  ses  congénèies, 


800  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE.      ^ 

sans  qu'il  soit  possible  de  la  réunir  à  l'une  ou  à  l'autre.  Lesspoiidies  didy- 
mes  qu'elle  présente  souvent  et  la  forme  remarquable  de  ses  filaments, 
semblables  à  ceux  de  quehjues  Cladosporhtm,  justifient  le  nom  spécifiqiu' 
que  nous  lui  donnons.  Nous  aurions  même  été  disposé  à  la  rapporter  à  ce 
genre,  si  nous  n'avions  observé  constamment  dans  ses  fascicules,  et  sans 
pouvoir  croire  au  mélange  de  deux  cryptogames,  de  nombreuses  sporidics 
conformées  exactement  comme  celles  du  genre  auquel  nous  la  réunissons.  Le 
nom  de  M.  Iietero^iorum  lui  aurait  convenu  parfaitement,  s'il  n'avait  déjà 
été  pris  par  nous  pour  une  espèce  qui  n'est  pas,  sous  ce  rapport,  sans  avoir 
une  grande  analogie  avec  celle  qui  nous  occupe  aujourd'bui.  Quoi  qu'il  en 
soit,  le  M.  cladosporioides  se  développe  sur  les  deux  faces  des  feuilles  de 
la  Betterave,  lorsqu'elles  ont  pâli  et  pris  une  teinte  jaunâtre,  par  un  état 
maladif  que  nous  ne  pouvons  attribuer  à  sa  présence.  Les  tacbes  sur  les- 
quelles se  trouve  notre  Hypboniycète  n'ont  aucune  l'orme  déterminée,  et 
sont  dues  à  une  altération  du  parenchyme,  qui  leur  donne  une  apparence 
desséchée.  Lorsque  l'on  examine  ces  taches  à  la  vue  simple  seulement,  on 
les  trouve  couvertes  d'un  assez  grand  nombre  de  points  noirâtres,  plus  nom- 
breux et  plus  visibles  à  la  face  supéiieure  ;  mais,  si  l'on  fait  usage  de  la 
loupe,  on  ne  tarde  pas  à  découvrir  que  cette  ponctuatiou  est  formée  par  des 
filaments  simples  ou  presque  simples,  dressés  et  réunis  à  leur  base  en  pe- 
tites houppes  convexes  qui  n'ont  pas  plus  d'un  millimètre  de  diamètre. 
Ces  filaments,  examinés  avec  un  pouvoir  amplifiant  plus  considérable  et 
mesurés  au  micromètre,  ont  O^'-.lô  à  0""",20  de  hauteur  sur  0""", 005 
d'épaisseur.  Ils  sont  cloisonnés,  plus  ou  moins  reufiés  ou  comme  noueux  à 
des  distances  inégales,  et  toujours  obtus  au  sommet.  Les  sporidies,  ainsi 
que  nous  l'avons  déjà  fait  remarquer,  varient  beaucoup  dans  leur  forme 
et  dans  leur  volume  :  les  unes  sont  ovoïdes  ou  obloiigucs,  pourvues  de  1,  2 
et  même  3  cloisons,  et  n'ont  guère  plus  de  G'""', 005  à  0"'"',015  dans  leur 
grand  diamètre  ;  d'autres  sont  plus  ou  moins  allongées  en  massue  et  offrent 
un  plus  grand  nombre  de  cloisons  :  nous  en  avons  compté  jusqu'à  10  dans 
les  plus  longues  qui  mesurent  0"'"\05  à  0"'°',075. 

6.  Oïdium  C^RVSA^THEMT,  Rabenh.  Hedw.  n"  5,  p.  19,  tab.  3,  fig.  1,  et 
Herb.  viv.  n°  1763! 

Nous  avons  observé  cet  Oïdium,  en  été  et  en  automne,  sur  les  feuilles 
vivantes  du  Chrijsanthemum  indicum  cultivé  dans  nos  jardins.  Il  s'y  déve- 
loppe sur  les  deux  faces,  mais  nous  l'avons  vu  plus  abondant  à  la  face  infé- 
rieure, où  il  est  épars,  principalement  le  long  des  grosses  nervures.  Ses  ar- 
ticles ou  sporules  sont  ellipsoïdes  ;  leur  longueur  varie  entre  0'""',035  et 
0""",0^5  et  leur  épaisseur  entre  0""",015  et  0""",020.  Nous  renvoyons  à  la 
l)onne  figure  publiée  par  M.  Rabenhorst,  pour  les  autres  détails  de  celte 
espèce  qui  n'a  pas  encore  été  sigrialée  comme  ayant  été  vue  en  France. 


sî:aN(,f.  i)i;  2/i  juillet  1857.  801 

7.   l'i:no.\osi'()iï,\    OKNSA,   Unbeiiii.  Ilerh.  viv.  edit.  1,   u"  157'2;   edit.  2 
II"  173! 

Nous  iiuliquoiis  celte  espèce  comme  appartenant  à  la  llore  française. 
Elle  l'ut  d'abord  trouvée  à  Driesen  (Prusse),  par  M.  Lasch,  et  publiée  dans 
VJJerbarium  vivum  de  M.  Rabenborst  avec  la  pbrase  dlagnosticiue  sui- 
vante : 

P.  cœspitibus  densissime  lanalis,  effusis,  aibidis;  slipite  ramoso  byalino 
intricato;  ramis  dicbotomis,  ramulis  abbreviatis,  furcatis;  sporis  sphic- 
ricis,  seu  ovoideis,  seu  quadratis,   utrinque   rotundalis,  hyalinis,  glabris. 

Nous  avions  indiqué  cette  espèce  à  M.  Roberge,  comme  pouvant  se 
trouver  également  en  France,  et  les  recherches  auxquelles  il  se  livra  lui 
firent,  en  effet,  trouver  le  Peronospora  doisa,  en  mai  et  juin,  dans  la 
prairie  de  Saint-Gilles,  à  Caen.  Elle  habite  les  feuilles  souffrantes  du  Jl/ii^ 
nanthus  Crista  galli.  Elle  attaque  surtout  ses  feuilles  supérieures,  tendres, 
et  s'élève  jusque  sur  ses  bractées.  Les  pieds  où  elle  se  développe  sont  Ja- 
ciles  à  reconnaître  à  leur  chétive  apparence,  ainsi  qu'a  leur  teinte  d'un  vert 
pâle  et  jaunâtre.  Souvent  ces  pieds  ne  fleurissent  pas.  Elle  est  d'abord  cir- 
conscrite, et,  aux  endroits  qu'elle  occupe  à  la  face  inférieure,  correspondent 
sur  l'autre  face  des  taches  pâles,  obliquo-transversales;  puis  elle  s'étend  peu 
à  peu,  accompagnée  de  la  décoloration,  et  finit  par  couvrir  toute  la  face 
qu'elle  envahit  de  son  duvet  cotonneux,  dense  et  d'un  blanc  de  lait,  puis 
d'un  blanc  sale.  L'extrémité  des  filaments  est  une  fourche  à  dents  droites  et 
assez  allongées,  tandis  que,  dans  le  P.  effusa,  ces  dents  sont  arquées.  Les 
sporidies  ont  0""",02  à  0°"",025  dans  leur  plus  grand  diamètre,  et  0""",015 
à  0""",02  dans  leur  plus  petit. 

Nous  profitons  de  cette  note  sur  le  Peronospora  densa,  pour  prévenir  que 
le  P.  effusa^  Desmaz. ,  que  nous  avons  déjà  fait  connaitre  dans  nos  Plantes! 
cryptogames  de  France  sur  V Atriplex  hastata  et  sur  le  Medicago  sativa, 
habite  un  plus  grand  nombre  de  plantes  qu'on  ne  l'avait  cru  d'aboid,  et 
que,  par  les  recherches  de  M.  Roberge,  nous  avons  encore  pu  produire 
cette  espèce,  dans  le  même  ouvrage  (sér.  2,  n"'  /i09,  410  et  ^11),  sur  des 
Ranunculus,  le  Papaver  Rhœas  et  le  Fiimaria  officinalis.  Nous  retrouvons 
dans  ses  divers  habitat  les  mêmes  caractères  essentiels,  seulement  les  spo- 
ridies y  sont  plus  ou  moins  ovoïdes  et  quelquefois  un  peu  inoins  volumi- 
neuses que  dans  le  Peronospora  effusa  de  Y  Atriplex  et  du  Medicago.  Ces 
Peronospora  sont  pour  nous  des  variétés,  dont  quelques  auteurs  ont  fait  le 
Peronospora  grisea  (voy.  Unger,  Bot.  Zeit.  et  Rabenb.  Uerb.  viv.  éd.  2). 

8.  Rrachycladium  penicillatum,  Corda,  Icon.  fung.  t  IL  p.  1/i,  tab.  x, 
L  63!  —  Rabenb.  Handb.  1,  p.  117  et  Herb.  viv.  n"  1367  !  —  Westend. 
et  Wall.  Fxs.  n"  r)91  !  —  Dendry})hiwn  penici  liât  uni,  Fr.  Sinm/t. 
veget. 

n  51 


802  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FHANCE. 

Voilà  encore  une  espèce  qui  appartient  à  la  France  comme  à  l'Allemagne 
et  à  la  Belgique.  Son  faciès  est  si  semblable  à  celui  d'un  Helminthospo- 
rium,  qu'elle  nous  a  été  adressée  sous  ce  nom  des  environs  de  Melun,  où  elle 
se  développe  à  la  base  de  tiges  sèches,  que  noire  savant  correspondant, 
M.  Roussel,  croit  appartenir  au  Papaver  Rhœas.  C'est  en  novembre  et  dé- 
cembre qu'elles  ont  été  prises  dans  un  champ  qui  avait  porté  une  céréale 
dont  il  ne  restait  aucun  épi.  Les  auteurs  de  l'herbier  cryptogamique 
belge  ont  trouvé  ce  Brachycladium  sur  le  Papaver  somniferum,  mais, 
suivant  Corda,  il  se  développe  aussi  sur  les  tiges  sèches  des  Malva  et 
Chelidonium.  Il  s'élève  à  peine  à  la  hauteur  d'un  millimètre;  sa  partie  in- 
férieure, vue  au  microscope,  est  presque  opaque,  mais  le  tiers  supérieur  de 
la  plante  est  presque  translucide.  Les  sporidies  sont  oblongues,  obtuses, 
semi-diaphanes,  longues  de  0""", 02  sur  une  épaisseur  d'environ  0'"™,0075. 
Elles  ont,  le  plus  souvent,  trois  cloisons,  mais  nous  en  avons  aussi  observé 
queUjues-unes  a  deux  cloisons,  etquelques  autres  qui  en  avaient  quatre.  Les 
premières  sont  alors  plus  courtes,  et  les  dernières,  plus  longues,  atteignent 
0"'"\02r).  La  figure  publiée  par  Corda  rend  parfaitement  les  détails  mi- 
croscopiques de  cet  Hyphomycète,  mais  les  teintes  plus  ou  moins  opaques 
n'y  sont  pas  indiquées. 

[La  suite  à  la  prochaine  séance.) 

M.  Germain  de  Saint-Pierre  présente  à  la  Société  le  rapport  (ré- 
digé par  lui  et  par  M.  de  Schœnefeld)  de  la  Commission  chargée, 
dans  la  séance  du  10  juin  dernier,  d'examiner  la  situation  actuelle 
du  Jardin  des  plantes  et  du  Conservatoire  botanique  de  3Iontpellier. 

M.  de  Schœnefeld,  vice-secrétaire,  donne  lecture  du  rapport  (ré- 
digé par  M.  Cosson)  de  la  Commission  chargée,  dans  la  séance  du 
4  2  juin  dernier,  d'examiner  l'état  de  l'herbier  de  Dunal. 

La  Société  adopte  les  conclusions  de  ces  deux  rapports  (1). 

M.  Boisduval  présente  à  la  Société  un  Sempervivum  en  fleur,  à 
inflorescence  presque  sessile,  qu'il  a  reçu  sous  le  nom  de  S.  jiUomm^ 
provenant  de  la  collection  de  M.  Schnittspahn. 

M.  Boisduval  annonce  ensuite  qu'il  vient  de  recevoir  vivants  le 
NotocJdcPMa  Marantœ  et  le  Scolopendrlum  He??iionitis. 

M.  de  Schœnefeld  annonce  la  découverte  : 

1°  Du  Dianthus  superbus,  dans  la  vallée  de  la  Juine,  près  d'Itteville  (Seinc- 

(l)  Par  une  décision  spéciale  du  Conseil  d'administration,  la  Commission  du 
Bulletin  a  été  autorisée  à  distraire  c^s  deux  rapports  du  compte-rendu  de  cette 
séance,  pour  les  annexer  à  celui  de  la  session  de  Montpellier  à  laquelle  Ifur  objet 
les  rattache  dirccltMnent.  Voyez  io  Builclin,  t.  IV,  p.  G72  et  68 1. 


SÉANCE   DU   2/i   JUILLET    1857.  80?» 

et-Oise),  a  riieiborisation  dirigée  par  M.  Chatin  le  19  de  ce  mois.  Les  pre- 
miers échantillons  ont  élé  trouvés  par  M.  Emile  Goiihort.  Cette  espèce  n'a- 
vait pas  été  rencontrée  jusqu'ici  dans  le  département  de  Seine-et-Oise.  On 
ne  la  connaissait  aux  environs  de  Paris  ([ue  sur  quehjues  j-oints  du  dépar- 
tement de  l'Oise  et  dans  les  prairies  de  la  Vouizic  entre  Donnemarle  et 
Bray  (Seine-et-Marne). 

2°  De  VOnonis  Columnœ,  trouvé  par  lui-même,  à  l'herborisation  dirigée 
la  veille  par  M.  Chatin,  sur  les  coteaux  calcaires  qui  bordent  la  Seine 
entre  La  Fretle  et  Herblay  (Seine-et-Oise). 

M.  Prillieux  fait  à  la  Société  la  communication  snivanle  : 

OBSERVATIONS  SUR  LA  DÉHISCENCE  DU  FRUIT  DES  ORCHIDÉES, 
par  n.  Fd.  PRILB.IEl  X. 

On  a  depuis  longtemps  observé  et  décrit  comment  s'ouvrent  les  fruits 
des  Orchidées  de  nos  pays  et  ceux  d'un  grand  nombre  de  plantes  exotiques 
de  la  même  iamille  qui  ont  la  même  structure.  Je  me  propose  de  montrer 
dans  ce  travail,  qu'outre  le  mode  de  déiiiscence  bien  connu,  et  que  l'on 
peut  considérer  comme  normal,  la  famille  des  Orchidées  en  présente,  dans 
divers  genres  exotiques,  plusieurs  autres  qui,  malgré  leur  singularité,  li'ont 
guère  attiré,  je  pense,  l'attention  des  observateurs. 

Le  fruit  des  Orchidées  est  une  capsule  ordinairement  ovale,  plus  ou 
moins  allongée,  parfois  très  longue  et  cylindrique,  d'autres  fois  fort  courte 
et  à  peu  près  sphérique. 

Ce  fruit  s'ouvre  d'ordinaire  par  six  fentes  longitudinales,  qui  s'étendent 
depuis  le  haut  jusqu'au  bas  de  la  capsule  et  la  partagent  en  six  pièces  ou 
valves  d'inégale  largeur.  Trois  d'entre  elles  sont  très  étroites  et  ne  sont  for- 
mées que  par  une  nervure  isolée.  Certains  auteurs  leur  ont  donné  le  nom 
de  valves  (Lindley),  d'autres  le  leur  ont  refusé  (Rob.  Brown)  ;  nous  les  dé- 
signerons simplement  par  le  nom  de  nervures.  Les  trois  autres  pièces  sont 
beaucoup  plus  larges;  elles  portent,  le  long  de  leur  ligne  médiane,  une  rangée 
souvent  double  de  graines  très  petites.  Ces  valves  larges  ou  panneaux  alter- 
nent avec  les  nervures  ;  en  d'autres  termes,  chaque  nervure  se  trouve  entre 
deux  panneaux,  chaque  panneau  entredeux  nervures.  Chacunede  ces  pièces 
est  séparée  de  la  voisine  par  une  fente  dans  toute  sa  longueur,  mais  elles 
demeurent  toutes  jointes  ensemble  à  la  base  et  au  sommet  du  fruit.  Il 
n'est  pas  rare  cependant  de  voir,  sur  des  fruits  entièrement  desséchés,  les 
panneaux  se  détacher  complètement,  et  les  trois  nervures,  jointes  par  leurs 
extrémités,  rester  seules  à  l'extrémité  du  pédicelle  et  former  ainsi  un  triple 
châssis  à  claire-voie. 

Cette  disposition  de  la  capsule  des  Orchidées  a  été  décrite  exactement 
depuis  longtemps.  MM.  Lindley,  Endiieher,  Bob.  Brown,  et  plus  ancienne- 


80/i  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

ment  A.-L.  de  .lussieu,  et  même  Touriiel'oit,  ont  tous  reconnu  que  les  pla- 
centas sont  (ixés  <'ui  milieu  des  trois  valves  larges  qui  se  détachent,  et  non 
aux  nervures  qui  demeurent  au  sommet  du  pedicelle;  aussi  ai-je  été  fort 
étonné  de  voir,  dans  les  ouvrages  élémentaires  si  estimés  d'Adr.  de  Jussieu 
et  d'Ach.  Richard,  une  assertion  contraire.  Ces  deux  illustres  botanistes  ont 
positivement  affirmé  que  les  arceaux  qui  persistent  après  la  chute  des  pan- 
neaux sont  formés  par  les  placentas  et  sont  couverts  de  graines.  Je  ne  puis 
comprendre  quelle  cause  a  pu  entraîner  dans  une  même  et  si  singulière 
erreur  deux  hommes  aussi  distingués,  et  dont  l'un  surtout  a  fait  durant 
toute  sa  vie  une  étude  spéciale  de  la  famille  des  Orchidées. 

Le  mode  dedéhiscence  que  je  viens  de  rappeler  est  très  commun  chez  les 
Orchidées.  On  peut  toutefois  en  observer  de  différents  dans  certaines  plantes 
exotiques.  Je  puis  citer  plus  d'un  exemple. 

Le  fruit  du  Lépiotes  bicolorne  s'ouvre  pas  comme  celui  des  Orchis,  etc., 
par  des  fentes  longitudinales  (jui  le  divisent  en  plusieurs  valves  soudées 
ensemble  par  le  sommet;  on  aura  une  juste  idée  de  son  mode  de  déhiscence 
si,  eii  se  reportant  au  type  normal,  ou  suppose  que  les  six  pièces  du  fruit  se 
séparent  coaipleteinent  au  lieu  de  rester  jointes  par  leur  extrémité  supé- 
rieure. On  ne  peut  plus  dire  par  conséquent  que  le  fruit  s'ouvre  par  six 
fentes,  puisque  les  panneaux  et  les  nervures  ne  se  joignent  pas  au  haut  du 
fruit  La  capsule  se  divise,  à  partir  de  son  sommet,  eu  six  pièces  libres,  dont 
^  rois  sont  très  étroites  (nervures)  et  trois  larges  et  couvertes  de  graines. 

J'ai  trouvé  une  disposition  toute  pareille  dans  le  fruit  du  Maxillaria 
punctulata  et  dans  celui  de  VEulcphia  yuianensis.  Dans  cette  espèce,  le 
fruit  diffère  un  peu  des  précédents,  tout  en  se  rapportant  exactement  au 
même  type;  les  valves  et  les  nervures  restent  soudées  ensemble  dans  la 
partie  inférieure  du  l'ruit.  La  capsule  ne  se  divise  pas  tout  a  fait  jusqu'à  sa 
base. 

Le  fruit  du  Cattleya  Mossiœ  présente  une  autre  disposition  ^  son  mode 
de  déhiscence  se  rapproche  plus  de  celui  des  Orchidées  de  nos  pays.  Il  se 
sépare  de  même  en  plusieurs  valves  ([ui  demeurent  soudées  au  sommet; 
mais  il  s'en  distingue  en  ce  que  les  fentes  qui  divisent  la  capsule,  au  lieu 
d'être  au  nombre  de  six,  sont  moitié  moins  nombreuses.  La  capsule  du  Catt- 
leya, par  conséquent,  au  lieu  de  se  diviser  en  six  pièces,  se  partage  en 
trois  pièces  seulement.  Chacune  de  ces  trois  pièces  porte  en  son  milieu  les 
placentas  couverts  de  graines.  On  se  rendra  bien  compte  de  la  disposition  de 
ce  fruit  en  considérant  chacune  de  ses  trois  valves  comme  formée  par  un 
panneau  et  une  nervure  soudés  ensemble.  On  pourra  donc  dire  que  la 
déhiscence  du  fruit  du  Cattleya  diffère  de  la  déhiscence  normale,  en  ce  que 
chaque  panneau  demeure  soudé  dans  toute  sa  longueur  avec  l'une  des  ner- 
vures voisines,  de  façon  à  ne  l'ormer  avec  elle  qu'une  seule  valve,  et  que, 
par  suite,  la  capsule  se  divise  en  trois  valves  cohérentes  au  sommet. 


sKANCiî  i)i;  2/i  .iiiLLF.T  1857.  805 

Le  truiL  ilu  P/itijus  nlbus  présente  la  même  disposition.  Il  dift'èi'C  en  cola 
du  Phajxts  Wailichii,  dont  la  dchiscence  est  pareille  à  celle  de  nos  Ophiy- 
d('e«.  On  a,  du  reste,  retiré  le  Phajus  albus  du  genre  PhajuSy  c'est  aujour- 
d'hui le  Tliunia  alba  Rchb.  fil. 

Le  Fernandezia  acuta  nous  montre  un  fruit  qui,  par  son  mode  de  déhis- 
cence,  diffère  de  celui  du  Cattleya  à  peu  près  comme  celui  du  Leptotes 
diffère  de  celui  que  nous  avons  regardé  comme  normal.  C'est  une  capsule 
qui  se  divise,  à  partir  du  sommet,  en  trois  valves  portant  chacune  les 
graines  sur  la  ligne  médiane.  Dans  le  Fernandezia  acuta,  comme  dans 
\'Fidop/iia  (juianensis,  le  fruit  ne  se  divise  pas  jusqu'à  la  base;  les  valves 
restent  soudées  dans  une  longueur  qui  est  à  peu  près  le  tiers  de  la  longueur 
totale  du  fruit.  Le  Fernandezia  pulchella  m'a  montré  un  fruit  pareil  à 
celui  de  F.  acuta. 

Les  fruits  de  plusieurs  espèces  de  Pleiirothcdlis  m'ont  offert  un  mode  de 
déhiscence  différent  de  tous  les  précédents  et  fort  singulier.  La  capsule  se 
partage,  lors  de  la  maturité,  en  deux  pièces  d'inégale  largeur,  qui  demeurent 
fixées  l'une  à  l'autre  par  le  sommet.  Si  on  examine  la  plus  étroite  de  ces 
valves,  on  reconnaît  qu'elle  porte  en  son  milieu  les  graines  disposées  sur  une 
seule  ligne;  (|u"elle  offre  ainsi  la  disposition  ordinaire  des  valves  du  fruit  des 
Orchidées.  Quant  à  l'autre,  qui  est  deux  fois  plus  large,  elle  porte  deux 
rangées  de  graines.  Chaque  rangée  étant  placée  à  égale  distance  du  milieu 
de  la  valve  et  de  son  bord,  il  est  bien  évident  qu'elle  est  formée  de  deux 
valves  pareilles  à  la  plus  étroite,  mais  qui  sont  demeurées  soudées  ensemble 
dans  toute  leur  longueur.  La  grande  valve  est  séparée  de  la  petite  par 
deux  fentes  longitudinales;  elles  sont  jointes  l'une  à  l'autre  par  le  haut. 

Si  l'on  compare  la  déhiscence  des  Pleurothallis  à  celle  du  Cattleya  Mossiœ 
et  du  Phajiis  albus,  on  verra  qu'elle  en  ilitYèie  en  ce  que  deux  des  valves 
restent  confondues,  au  lieu  de  se  détacher  l'une  de  l'autre  comme  dans  ces 
plantes. 

J'ai  observé  le  mode  de  déhiscence  que  je  viens  de  décrire,  sur  Iv^Pleuro- 
thallis  obtusifulia,  clausa  et  raceniiflora,  qui  ont  fructifié  dans  les  serres  de 
la  Faculté  de  médecine,  sur  un  petit  Pleurothallis  de  la  Guyane,  et  sur  une 
plante  portant  le  nom  de  Stelis  dans  l'herbier  de  M.  Delessert. 

Je  l'ai  retrouvé  encore  dans  des  espèces  appartenant  à  d'autres  genres  : 
le  Bolbophyllum  occultum  V.  Th.,  V Epidendruin  niacrochilum,  V Angrœ- 
cum  eburneum. 

Je  suis  fort  porté  à  croire  que  les  fruits  des  autres  Angrœcum  s'ouvrent 
comme  ceux  de  V Angrœcum  eburneum  et  ceux  des  Pleurothallis  (1).  Avant 

(1)  A  l'exception  toutefois  de  l'ancien  Angrœcum  macidatum,  qui  n'est  pas  un 
Angrœcum  et  a  élé  rapporté  au  genre  OEceoclades.  Cette  plante  {OEceoclades 
maculafa  Lindl.)  porte  un  fruit  qui  s'ouvre  comme  celui  de  nos  Ophrydées. 


806  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

d'avoir  observé  les  Iruits  de  V Angrœcum  eburneum,  qui  ont  mûri  dans  les 
serres  du  Muséum,  j'avais  cru  que  les  capsules  des  Angrœcum  s'ouvraient 
d'une  autre  façon.  Mes  observations  n'avaient  porté  que  sur  des  plantes 
conservées  en  herbier.  Sur  des  échantillons  à' Angrœcum  pusillum  Lindl., 
rapportés  du  Cap  par  Drège  et  conservés  dans  l'herbier  Delessert,  j'avais 
cru  reconnaître  que  la  capsule  s'ouvre  par  une  seule  fente  qui  la  partage 
d'un  seul  côté  dans  toute  sa  longueur  ;  la  fente  s'élargissant  de  plus  en  plus 
par  le  milieu  ,  les  deux  bords  s'éloignent  l'un  de  l'autre  et  la  paroi  se  dé- 
roule ainsi  tout  d'une  pièce,  de  façon  à  former  une  seule  valve  concave.  Il 
est  certain  que  la  plus  grande  partie  des  fruits  de  YAngr.  pusillum  que 
j'ai  observés,  présentaient  ce  mode  de  déhiscence.  Quelques-uns  seulement 
paraissaient  s'ouvrir  comme  ceux  des  Pleurothallis.  Il  était  naturel  d'attri- 
buer alors  la  deuxième  fente  à  la  compression  qu'avaient  subie  les  cap- 
suies,  et  de  penser  que  les  fruits  des  Angrœcum  ont  un  mode  de  déhiscence 
spécial. 

J'étais  d'autant  plus  disposé  à  admettre  cette  interprétation  des  faits  que 
j'avais  trouvé  dans  l'ouvrage  de  Du  Petit-Thouars  sur  les  Orchidées  des 
îles  de  l'Afrique  australe,  une  figure  représentant  un  fruit  (y Angrœcum  re- 
curvum  P.  Th.,  ouvert  ainsi  en  une  seule  pièce.  Mais,  depuis  que  j'ai  vu  les 
capsules  ouvertes  de  V  Angrœcum  eburneum,  je  n'ose  affirmer,  d'après  mes 
propres  observations,  que  le  mode  de  déhiscence  des  autres  Angrœcum  soit 
différent.  Dans  les  fruits  de  Pleurothallis  que  j'ai  vus  s'ouvrir,  il  arrive 
souvent  que  l'une  des  deux  fentes  se  montre  avant  l'autre;  que  la  cap- 
sule s'ouvre  d'abord  ainsi  en   une  seule  pièce,  qui  ensuite  se  partage  en 
deux  à    la  complète    maturité.  N'est-il   pas  possible  que   les   fruits   de 
l'échantillon  à' Angrœcum  pusillum  de  l'herbier    Delessert  soient  précisé- 
ment dans  cet  état.  Les  fruits  des  Angrcecum  fragrans,  triquetrum  et  pec- 
tinatum,  (jue  j'ai  observés  aussi  en  herbier,  étaient  incomplètement  mûrs  et 
commençaient  seulement  à  s'ouvrir.  Je  n'ose  donc  point  affirmer  que,  dans 
différents  Angrœcum,  le  fruit  s'ouvre,  comme  je  l'avais  cru  d'abord,  par 
une  fente  longitudinale,  en  une  seule  grande  valve  portant  trois  rangées  de 
graines.  Le  seul  Angrœcum  AouX  ']' \\\q  observé  des  fruits  mûrs  produits  dans 
les  serres,  s'ouvre  en  deux  pièces  inégales,  à  la  façon  des  Pleurothallis. 
Les  autres  espèces  ont-elles  la  même  déhiscence?  D'une  part,  l'analogie  doit 
le  faire  supposer;  mais,  d'autre  part,  la  figure  donnée  par  Du  Petit-Thouars 
doit  faire  admettre  le  contraire.  L'observation  directe  des   fruits  conservés 
en  herbier  ne  peut  permettre  de  trancher  la  question,  puisque  les  fentes  que 
l'on  observe  peuvent  être  attribuées  à  la  compression,  et  l'absence  de  fentes 
à  une  maturité  incomplète.  Il  me  paraît  donc  prudent,  avant  de  rien  décider 
louchant  la  déhiscence  des  Angrœcum  fragrans,  pusillum,  iriqueirwn  et 
pfctinatum,  d'attendre  qw  la  culture  nous  ait  fourni  des  fruits  mûrs  de  ces 
différentes  espèces,  ou  que  les  voyageurs  les  aient  observés  dans  leur  patrie. 


SÉANCR    DU    2/l    JUILLKT    1857.  807 

Le  fruit  de  la  Vanille,  qui  a  été  à  tort  considéré  par  plus  d'un  auteur 
comme  indéhiscent,  offre  dan^  sa  l'açon  de  s'ouvrir  une  assez  f;rande  ana- 
logie avec  celui  du  Fcnumdezin,  dont  il  diffère  comme  le  fruit  des  J'icuro- 
thallis  de  celui  du  Cattlc;i<i  Mossiœ. 

Le  fruit  de  la  Vanille,  bien  connu  par  son  parfum  exquis,  est  fort  lony 
et  cylindrique.  On  lui  donne  dans  le  commerce  le  nom  de  (jousse  ;  ses  parois 
sont  épaisses  et  charnues.  Lorsqu'il  est  mûr,  il  se  fend  à  partir  du  sommet 
et  se  partage  en  deux  valves  de  largeur  inégale.  De  même  que  dans  les  Pieu- 
rot/iallis,  la  valve  la  plus  étroite  porte  une  seule  rangée  de  graines,  la  plus 
large  en  porte  deux  ;  mais  dans  la  Vanille  ces  deux  valves  ne  restent  pas 
jointes  l'une  a  l'autre  par  le  sommet. 

Dans  les  fruits  de  Vanilla planifoUa?(.\\\e]i\\  vus  mûrir  dans  nos  serres, 
les  valves  ne  se  séparent  pas  jusqu'à  la  base  ;  elles  restent  soudées  en- 
semble dans  une  longueur  égale  à  la  moitié  environ  de  la  longueur  du  fruit. 
C'est  un  fait  tout  à  fait  comparable  à  celui  que  j'ai  indiqué  précédemment 
dans  le  Fernandezia. 

Dans  une  autre  espèce  de  Vanille  {Vanilla  guianensis?),  dont  les  fruits 
sont  conservés  dans  les  collections  du  JMuséum,  les  deux  valves  se  séparent 
jusqu'à  la  base;  du  reste,  toujours  l'une  des  valves  est  double. 

Kn  résumé,  la  déhiscence  de  la  Vanille  diffère  de  celle  du  Fcrinindezia, 
en  ce  que  le  fruit  se  divise,  non  en  trois,  mais  en  deux  valves;  de  celle  des 
PlcurothalUs,  en  ce  que  ces  valves  se  séparent  à  partir  du  sommet  et  ne 
sont  pas  soudées  l'une  a  l'autre  par  leur  extrémité  supérieure. 

Il  résulte  de  ce  qui  précède  que  les  fruits  d'Orchidées  que  nous  connais- 
sons peuvent,  au  point  de  vue  de  leur  déhiscence,  être  rapportés  à  six  types 
différents  (peut-être  sept),  que  l'on  peut  caractériser  et  classer  comme  il 
suit  : 


Fruit  s'ouvrant  par  des  fentes  en 
valves  cohérentes  au  sommet. 

Friiil  s'ouvrarit  par  0  l'c-nles  en  G  pièces 

(3  valves  placenlifères  et  o  nervures) 

cohérenles  au  sommet. 

Orchidées    indigènes,    Cypripedium 

barhatum,  Phajus   Wallichii,  Cycno- 

ches,  Odontoglossum,  Dendrobium  mo- 

niliforme,  Ansellia  africana,  etc. 

Fruit  s'ouvrant  en  3  valves  placentifères 
cohérentes  an  sommet. 

Cattlciia  Mossiœ,  Phajus  albus  [Thu- 
nia  alla  llciib.  lil.) 


Fruit  s'ocvrant  a  partir  du  som.met 
£n  valves  libres. 

l''riiil  s'ouvrant  à  partir  du  sommet  en 
6  pièces  (3  valves  placenlifères  et  3 
nervures). 
Lépiotes  bicolor,  Maxillaria  ptmc- 

tulata,  Eulophia  ijuianensis. 


Fruit  s'ouvrant  à  partir  du  sommet  en 
3  valves  piacentifère.s. 

Fernandezia  acuta,  F.  pulchella. 


808  SOCIÉTÉ    BOTAINIOLi;    l)i;    FRANCi:. 

Fruit  s'otivraiil  eu  2  valves  placclUifères  i   Fruil  souvraiil  à  partir  du  sommet  en 
cohérentes  au  sommet.  '2  valves  placontifères. 

Plcurofhallis  clama,  PI.  racemijlora,  Vanilh 

PL  obtusifolia,  Bolbophyllini>,occultuiii 
P.  Tli.,  Angrœcum  eburneum,  Epiden- 
drum  macrochilum. 

Enfin,  si  l'observation  vient  prouver  que  certains  Angrcecimi  ont,  comme 
la  figure  de  Du  Petit-Tliouars  peut  le  faire  croire,  un  mode  particulier  de 
déhiscence,  on  aura  le  septième  type,  (luej'indique  ici  avec  doute. 

Fruit  s'ouvrant  par  une  seule  fente  en 
une  seule  valve. 

.    Angrœcum  fragrans?,  Angrœcum 
pusillum?,  etc. 

Dans  la  plupart  des  fruits  que  je  viens  de  décrire,  on  ne  peut  distinguer 
au  premier  abord  ni  les  placentas  ni  les  graines  ;  la  suiface  intérieure  des 
valves  est  entièrement  couverte  par  des  poils  entre-croisés  dans  tous  les 
sens.  La  plupart  de  ces  poils  n'ont,  après  la  déhiscence,  aucune  adhérence 
avec  la  paroi  de  la  capsule,  alors  ils  sont  entremêlés  sans  ordre;  mais  lors- 
qu'on fait  une  coupe  du  fruit  avant  sa  maturité,  on  reconnaît  qu'ils  sont 
insérés  régulièrement  sur  la  paroi,  le  long  des  nervures  qui  ne  sont  pas  op- 
posées aux  placentas.  Cette  disposition  m'a  paru  constante;  je  l'ai  observée 
sans  exception  dans  tous  les  fruits  d'Orchidées  à  l'intérieur  desquels  j'ai 
trouvé  des  poils,  quels  que  fussent,  du  reste,  le  mode  de  déhiscence  du  fruit 
et  la  structure  des  poils. 

Ces  poils  sont  ordinairement  simples,  et  formés  alors  par  une  sorte  de 
longue  fibre  à  parois  épaisses  et  ponctuées,  qui  se  termine  par  les  deux 
bouts  en  pointe  aiguè.  L'extrémité  inférieure  de  la  libre  est  coudée  en  cro- 
chet, et  c'est  par  la  qu'elle  est  insérée  sur  la  paroi  de  la  capsule.  On  peut 
voir  de  tels  poils  dans  le  Leptotcs  bicolor,  le  Fernandezia  acuta,  le  Vauda 
iiiultiflora,  les  Angrœcum  fragrans  qX.  pusillum,  etc. 

Les  poils  de  l'intérieur  du  fruit  du  liolbophyUum  occultum  diffèrent  des 
précédents,  en  ce  qu'au  lieu  d'être  simples,  ils  sont  composés  de  plusieurs, 
libres  soudées  les  unes  au  bout  des  autres. 

Kntiii,  ceux  des  Pleurothallis  obtusifolia,  rocemiflora  et  clnvsa  se  dis- 
tinguent de  ceux  que  j'ai  observés  dans  les  autres  genres,  en  cela  (|u'ils  sont 
toujours  accolés  deux  à  deux  et  i-estent  soudés  dans  toute  leur  longueur, 
même  après  s'être  détachés  de  la  paroi. 

Tous  ces  poils  sont  bygrométricjues.  Si  on  les  humecte  avec  Ihaleine,  on 
les  voit  s'agiter  et  se  contourner  avec  une  grande  vivacité.  Il  me  parait  hors 
do  doute  ([ue  les  mouvements  dont  sont  animés  ces  filaments  chaque  fois 
que  rhumidité  de  l'air  augmente  ou  diminue,  aident  puissamment  à  pro- 


SÉAINCK  nu  2/1  jiiLi.ET  1857.  809 

jeter  liois  de  la  capsule  les  graines  au  milieu  (les(|uelles  ils  s'éfendent  ;  eu 
d'autres  termes,  qu'ils  jouent  un  rôle  tout  à  fait  eomparahle  a  celui  que  l'on 
a  attribué  aux  lilanients  liy<;ronu'tri(|ues  que  l'on  a  observés  dans  les  fruits 
des  Cryptogames,  et  que  l'on  a  appelés  des  élatères  (1). 

M.  LestiboLulois  est  d'avis  que  les  fruits  des  Orchidées  pourraient 
être  divisés  en  deux  groupes  principaux,  d'après  ce  caractère  que 
dans  les  uns  les  lignes  trophospermiques  se  séparent  des  valves, 
tandis  que  dans  les  autres  ces  lignes  ne  se  séparent  pas. 

M.  Weddell  demande  à  M.  Priilieux  s'il  a  constaté  quelque  rela- 
tion entre  le  mode  de  déhiscence  des  fruits  et  la  forme  du  pollen. 

M.  Priilieux  répond  à  M.  Weddell  que  ses  études  sur  ce  point  ne 
sont  pas  assez  avancées  pour  qu'il  puisse  se  prononcer  à  cet  égard. 

31.  Lestiboudois  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

NOTE  SUR  LES  VRILLES  DES  GENRES  VITIS  ET  C ISSUS , 
par  n.  Théva.  LESTIBOUDOIS. 

Dans  une  note  précédente  (2),  je  suis  parvenu,  je  le  pense,  à  déterminer 
d'une  manière  détinitive,  par  des  considérations  anatomiques,  la  nature  des 
vrilles  extra-axillaires  des  Cucurbitacées,  sur  laquelle  les  botanistes  avaient 
émis  les  opinions  les  plus  diverses.  Je  vais  essayer  aujourd'hui  de  recher- 
cher quel  organe  représente  la  vrille  oppositifoliée  des  Vignes  et  des 
Cissus, 

A  ce  sujet  nous  ne  rencontrons  plus  un  grand  dissentiment.  Les  bota- 
nistes, d'un  avis  presque  unanime,  pensent  qu'elle  est  le  prolongement  de 
l'axe  de  la  tige,  qui  se  trouve  arrêté  dans  son  développement  et  rejeté  du 
côté  opposé  à  la  feuille  par  l'accroissement  prématuré  et  considérable  du 
l)ourgeon  axillaire. 

Ce  n'est  que  dans  les  derniers  temps  que  M.  Priilieux  (3)  a  modifié  cette 

(1)  Depuis  que  j'ai  communiqué  ces  faits  à  la  Société,  j'ai  reçu  de  M.  le  profes- 
seur Reichenbach  fils  une  lettre  dans  laquelle  il  m'annonce  qu'il  a  depuis  longtemps 
observé  les  «  papilles  filiformes  qui  forment  des  touffes  dans  les  fruits  »  d'un 
assez  grand  nombre  d"Orchidées;  il  cite  en  particulier  le  Pachyphyllum  Hart- 
ivegii,  dont  le  fruit  en  contient  une  très  grande  (luanlité.  Ces  observations  inédites 
remontent  à  18/i4.  —  M.  Reichenbach  m'annonce,  en  outre,  que  M.  Béer,  de 
Vienne,  a  vu  que,  dans  les  fruits  mûrs,  u  les  graines  sautillent  avec  élasticité.  » 
Sans  connaître  les  observations  que  j'ai  faites  de  mon  côté,  M.  Reichenbach 
attribue  avec  grande  raison  ces  mouvements  des  graines  aux  «  papilles  filiformes  n 
que  contiennent  les  capsules. 

(2)  Voyez  plus  haut,  page  7Zi4. 

(3)  Voyez  le  Bulletin,  t.  II f,  p.  6^5. 


810  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

théorie  qui  semblait  définitivement  acceptée  par  la  science.  Il  croit  qu'on 
peut  expliquer  le  mode  de  formation  de  la  vrille  de  la  Vigne  d'une  manière 
plus  simple.  Seloi  lui,  la  vrille  conserve  bien  le  caractère  de  l'axe  de  la 
tige,  car  la  production  foliacée  qu'elle  porte,  au  point  où  elle  se  bifurque, 
est  disposée  dans  le  même  sens  que  les  feuilles  de  la  tige,  tandis  que  le  plan 
qui  passe  par  l'insertion  des  feuilles  du  i-ameau  formé  par  le  premier  bour- 
geon axillaire,  coupe  à  angle  droit  le  plan  des  feuilles  caulinaires.  On  doit 
donc,  selon  le  judicieux  observateur  que  nous  citons,  considérer  la  vrille 
comme  participant  de  la  nature  de  l'axe  caulinaire  ;  mais  il  ne  faut  pas, 
selon  lui,  supposer  qu'elle  soit  l'axe  tout  entier,  dévié,  déformé,  atrophié; 
on  doit  admettre  qu'il  y  a  eu  seulement  partition,  et  que  la  vrille  n'est 
(lu'une  des  branches  de  la  division.  La  partie  qui  forme  le  prolongement 
apparent  de  la  tige  ne  peut,  en  effet,  être  considérée  elle-même  comme  un 
bourgeon  axillaire  développé,  puisqu'elle  a  les  feuilles  placées  dans  le  même 
plan  que  la  partie  inférieure. 

Pour  donner  à  cette  question  importante  une  solution  incontestable,  qui 
doit  contribuer  à  la  fixation  des  lois  générales  de  la  formation  des  organes, 
examinons  d'abord  les  dispositions  extérieures,  et  recherchons  si  elles  con- 
duisent à  admettre  les  propositions  qui  ont  été  formulées  ;  nous  demanderons 
ensuite  aux  faits  anatomiques  la  confirmation  des  indications  fournies  par 
les  conformations  qu'on  peut  saisir  sans  dissection. 

Dans  les  \  ignés  et  \esCissus,  les  feuilles  sont  distiques;  elles  sont  généra- 
lement munies  d'un  bourgeon  à  leur  aisselle  ;  même  on  voit  souvent  dans  la 
Vigne  un  double  bourgeon:  l'un,  plus  inférieur,  se  développant  plus  promp- 
tement,  a,  comme  l'a  remarqué  M.Prillieux,  les  écailles  ou  les  feuilles  dans 
un  plan  qui  croise  le  plan  passant  par  l'insertion  des  feuilles  caulinaires; 
l'autre  a  ses  écaille^croisant  les  précédentes  à  peu  près,  et  conséqueinmcnt 
dans  un  plan  parallèle  à  celui  des  feuilles  caulinaires. 

La  vrille  oppositifoliée  est  souvent  bifide  dans  la  Vigne,  garnie  d'une 
feuille rudimentaire  à  la  bifurcation;  dans  le  Cissus  hederacea,  elle  est  non 
dichotome,  mais  distiqucment  divisée,  c'est-à-dire  ([ue  l'axe  principal  pro- 
duit alternativement  de  chaque  côté  des  divisions  simples  ;  aux  divisions  se 
trouvent  des  feuilles  rudiincnlaires. 

Dans  la  Vigne,  un  certain  nombre  de  feuilles  inférieures,  souvent  cinq, 
sont  privées  de  vrille,  et  la  tige  présente  fréquemment  un  renflement  au 
point  opposé  à  la  feuille,  puis  deux  feuilles  sont  munies  de  vrille,  celle  qui 
vient  ensuite  en  manque,  et  ainsi  de  suite,  de  sorte  que  la  feuille  privée  de 
vrille  setiouve  alternativement  dans  chacuiie  des  deux  langées;  mais  cette 
disposition  n'est  pas  absolument  régulière.  Elle  est  plus  constante  dans  le 
Cissus  hederacea  ;  mais,  dans  le  Cissus  nrientalis,  on  ne  retrouve  plus  de 
feuilles  sans  vrille  dans  la  partie  supérieure  des  rameaux.  L'n  fait  assez 
remariiuub'.e  s'observe  dans    le    Cissus  hederacea  :  la   feuille  placée  au- 


SÉANCE   DU    2^1    JUILLET    1857.  811 

dessus  de  celle  qui  maiique  de  vrille  est  privée  de  bourgeon.  Mais  celte  parti- 
cularité ne  se  retrouve  pas  avec  constance  dans  la  Vigne  et  n'existe  pas  dans 
le  CissKS  cordifulia,  etc.  ïl  faut  en  conclure  (jue  toutes  ces  dispositions 
singulières  ne  sont  pas  attaciiées  à  des  circonstances  organiques  londa- 
meutales. 

Tout  le  monde  sait  que  le  pédoncule  de  ces  plantes  occupe  la  même  posi- 
tion que  la  vrille,  et  que  celle-ci  porte  assez  fréquemment  des  fleurs. 
D'après  ces  faits,  on  peut  déclarer  de  la  manière  la  plus  certaine  que  cet 
organe,  dont  la  situation  exceptionnelle  a  frappé  les  botanistes,  participe  de 
la  nature  de  la  lige.  La  vrille,  en  effet,  se  ramifie,  porte  des  feuilles  rudi- 
/nentaires  a  l'origine  des  divisions,  et  se  charge  quelquefois  de  tleurs.  On 
pourrait  ajouter  que,  comme  la  grappe,  elle  contient  un  principe  acide  bien 
plus  développé  que  dans  les  jeunes  pousses.  Mais  il  faut  savoir  si  elle  est 
l'axe  lui-même  qui  a  subi  une  déviation  et  s'est  arrêté  dans  son  développe- 
ment par  l'accroissement  rapide  du  bourgeon  axillaire,  si  elle  est  seulement 
produite  par  une  partition  de  l'axe,  ou  si  elle  est  formée  par  un  bourgeon 
occupant  une  position  inconnue  jusqu'à  présent  dans  l'ordre  normal.  Dans  le 
cas  où  l'axe  aurait  été  arrêté  et  rejeté  latéralement  par  le  bourgeon  axillaire 
fort  développé,  on  ne  rencontrerait  plus  de  bourgeon  dans  l'aisselle  de  la 
feuille;  on  en  rencontre,  au  contraire,  deux  dans  chaque  aisselle,  le  plus  or- 
dinairement. Au  moins  devrait-on  en  rencontrer  davantage  dans  l'aisselle 
de  la  feuille  privée  de  vrille,  il  n'en  est  absolument  rien.  Que  la  feuille  soit 
privée  ou  pourvue  de  vrille,  la  conformation  des  bourgeons  et  du  prolon- 
gement de  la  tige  est  identiquement  la  même.  Il  est  donc  bien  difficile, 
d'après  l'aspect  extérieur  des  organes,  d'admettre  que  la  vrille  soit  le  pro- 
longement de  l'axe. 

L'idée  ingénieuse  émise  par  M.  Prillieux  sera  considérée  comme  plus 
plausible  au  premier  aspect.  Il  annonce  que  le  plan  qui  passe  par  les  inser- 
tions des  feuilles  du  premier  rameau  axillaire,  est  perpendiculaire  à  celui 
des  feuilles  de  la  tige,  tandis  que,  selon  lui,  le  plan  des  feuilles  rudimen- 
taires  des  vrilles  est  le  même  que  celui  des  feuilles  de  la  tige.  Il  en  conclut 
que  cet  appendice  participe  bien  de  la  nature  de  l'axe,  mais  qu'il  est  le 
résultat  de  sa  partition;  qu'il  n'est  pas  l'axe  tout  entier,  comme  l'admet  la 
presque  universalité  des  botanistes,  car  alors  la  tige  apparente  ne  serait 
qu'Un  bourgeon,  et,  s'il  en  était  ainsi,  le  plan  de  ses  feuilles  devrait  être 
contraire  a  celui  des  feuilles  de  la  vrille  formant  le  prolongement  de  la  tige, 
et  a  celui  des  feuilles  inférieures. 

Cette  conclusion  semble  logique;  mais  le  fait  sur  lequel  elle  repose  est 
contestable:  d'abord,  on  doit  dire  qu'il  est  diflicile  de  voir  ([uels  sont  les 
points  cori'espondants  dans  des  organes  si  contournes;  cu->ui;c,  si  fou  arrive 
a  faire  disparaître  les  difficultés  en  observant  ces  organes  très  jeunes,  munis 
alors  de  côtes  très  visibles,  voici  ce  qu'on  observe  :  la  nervure  médiane  de 


812  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

la  feuille  rudimeiUaire  ne  correspond  pas  à  la  côte  qui  occupe  le  milieu 
parmi  celles  qui  se  rendent  à  la  vrille,  ce  qui  devrait  être  si  cette  feuille 
était  véritablement  dans  le  même  plan  que  les  feuilles  de  la  tige.  Elle  cor- 
respond à  l'une  des  côtes  externes  de  ce  groupe.  Cette  feuille  n'est  donc  pas 
placée  en  face  de  l'axe  caulinaire;  elle  lui  présente  le  côté;  elle  coupe  donc 
à  angle  droit  le  plan  des  feuilles  caulinaires  ;  elle  a  donc  une  position  ana- 
logue à  celle  des  feuilles  du  rameau  axillaire;  elle  semble  donc,  au  premier 
aspect,  un  rameau  tout  a  fait  analogue. 

Ce  fait  tendrait  donc  à  prouver  tout  à  la  fois  que  la  tige  principale  est  le 
prolongement  réel  de  l'axe,  qu'elle  n'est  pas  un  rameau  axillaire,  et  que 
la  vrille  est  un  véritable  rameau,  car  les  feuilles  de  la  vrille,  comme  celles 
du  premier  rameau  axillaire,  sont  en  sens  inverse  de  celles  de  la  tige  prin- 
cipale, placée  entre  la  vrille  et  le  rameau  axillaire. 

Mais  il  ne  faut  pas  se  contenter  de  ce  simple  aperçu,  qui  peut  trop  faci- 
lement donner  place  à  l'erreur  :  pour  déterminer  la  nature  vraie  de  cet 
organe,  dont  la  situation  est  si  anormale,  il  faut  recourir  à  la  méthode  que 
j'ai  employée  pour  reconnaître  le  caractère  primordial  de  la  vrille  des  Cu- 
curbitacées.  Je  vais  donc  étudier  la  constitution  anatomiquede  cet  organe. 

J'examine  d'abord  le  Cissus  hederacea.  Dans  celte  plante,  le  nombre  des 
faisceaux  qui  composent  le  cercle  vasculaire  de  la  tige  s'élève  ordinaire- 
ment à  vingt-deux.  Ces  faisceaux  peuvent  être  considérés  comme  formant 
deux  groupes  séparés  par  les  deux  rangées  des  feuilles  distiques  et  des 
vrilles.  Chacun  de  ces  groupes  comprend  deux  faisceaux  destinés  à  la  pre- 
mière feuille,  qui  en  reçoit  ainsi  quatre,  deux  de  chaque  côté,  et  qui  manque 
ainsi,  chose  remarquable,  de  faisceau  médian. 

Dans  chaque  groupe,  deux  autres  faisceaux  sont  destinés  à  la  deuxième 
feuille  ;  l'un  de  ces  faisceaux  est  placé  entre  les  deux  laisceaux  de  la  feuille 
inférieure,  l'autre  entre  le  faisceau  le  plus  éloigné  de  cette  feuille  et  la  ligne 
séparative  des  deux  groupes.  Il  y  a  donc  ainsi  huit  faisceaux  foliaires. 

Cinq  faisceaux  réparateurs,  destinés  à  reconstituer  les  faisceaux  foliaires 
épanouis,  accompagnent  de  chaque  côté  les  faisceaux  foliaires  et  alternent 
avec  eux.  On  a  ainsi  dix  faisceaux  réparateurs,  qui,  joints  aux  précédents, 
font  un  cercle  de  dix -huit  faisceaux.  A  ce  nombre  il  faut  ajouter  des  faisceaux 
situés  dans  les  lignes  séparatives,  et  dont  nous  indiquerons  plus  loin  la 
destination.  On  obtient  ainsi  le  nombre  de  vingt-deux  faisceaux,  le  plus 
ordinaiiemcnt.  Il  faut  noter  cependant  que  l'arrangement  que  nous  avons 
décrit  n'est  pas  absolument  constant.  Les  faisceaux  foliaires  sont  quelque- 
fois au  nombre  de  trois  de  chaquecôté,  et  le  nombre  des  faisceaux  du  cercle 
caulinaire  est  accru  d'une  manière  corrélative.  Il  arrive  même  que  le  nom- 
bre des  faisceaux  n'est  augmenté  que  d'un  seul  côté,  de  sorte  que  la  feuille  a 
trois  faisceaux  d'un  côté  et  deux  de  l'autre,  en  tout  cinq.  Il  semblerait  des 
lors  que  la  composition  de  la  feuille  rentrât  dans  la  symétrie  normale  des 


SKAISCIÎ    DU    2/l    JUILLET     1857.  813 

feuilles  qui  ont  un  faisceau  médian  ;  il  n'en  est  rien  pourtant  dans  les  cas 
ordinaires.  La  feuille,  même  pourvue  de  cinq  faisceaux,  reste  dans  la  café- 
<>orie  de  celles  (|ui  n'ont  pas  de  faisceau  médian.  \.e  faisceau  médian,  en 
effet,  esl  celui  au-dessus  duquel  se  trouve  le  bourgeon  axillaire,  qui  répar- 
tit dès  lors  ses  libres  des  deux  côtés  de  ce  faisceau,  les  place  dans  deux 
intervalles  faseicuhiiresdistincts,  et  les  unit  aux  deux  faisceaux  primordiaux 
{jui  accompagnent  et  reconstituent  le  faisceau  médian.  Or,  dans  le  CissuSy 
le  plus  ordinairement  aucun  faisceau  ne  se  trouve  placé  directement  sous  la 
base  du  bourgeon  axillaire,  et  celui-ci  a  ses  libres  dans  un  seul  intervalle, 
celui  qui  représente  l'une  des  lignes  séparatives  du  cercle  vasculaire.  Le 
faisceau  impair  resie  donc  latéral  et  ne  peut  véritablement  être  un  faisceau 
médian. 

On  doit  dire  cependant  que  cette  disposition  ne  se  rencontre  pas  toujours  ; 
il  n'est  pas  trop  rare  de  voir  les  libres  du  bourgeon  prendre  naissance  des 
deux  côtés  d'un  faisceau  foliaire  et  lui  donner  ainsi  le  caractère  qui  dis- 
tingue le  faisceau  qui  occupe  la  ligne  médiane  de  l'expansion  foliaire. 

Quoiqu'il  en  soit,  les  pétioles  ne  manquent  pas  de  nervure  médiane.  Les 
faisceaux  qui  leur  viennent  de  chaque  côté  s'anastomosent  à  leur  base,  et 
de  leur  union  sortent  une  fibre  pétiolaire  médiane,  puis  deux  latérales 
assez  fortes,  séparées  de  la  médiane  par  des  fibres  plus  petites,  enfin  deux 
supérieures,  volumineuses,  élargies  transversalement,  séparées  des  latérales 
par  une  fibre  fine,  et  ayant  au-dessous  d'elles  une  fibre  fine  qui  suit  comme 
elles  le  côté  supérieur  du  pétiole  ;  quelquefois  même  une  fibre  fine  existe 
sur  la  ligne  médiane  supérieure. 

La  fibre  médiane  inféiieure  correspond  à  la  foliole  moyenne,  les  grosses 
libres  latérales  correspondent  à  l'intervalle  des  folioles  latérales  ;  à  l'extré- 
mité du  pétiole  les  fibres  s'anastomosent  et  fournissent  aux  pétioles  des  fo- 
lioles des  fibres  semblables,  par  leur  nombre  et  leur  arrangement,  à  celles 
qu'on  remarque  dans  le  pétiole  commun.  Il  y  a  cela  de  particulier  que  les 
libres  supérieures  du  pétiole,  non-seulement  concourent  à  former  les  fibres 
des  folioles  externes,  mais  s'unissent  pour  former,  au  sommet  du  pétiole,  un 
cercle  irrégulier,  d'où  partent  des  fibrilles  qui  vont  s'unir  aux  fibres  des 
cinq  folioles,  et  former  surtout  leurs  fibres  supérieures  :  de  sorte  que  les 
fibres  supérieures  qui,  en  réalité,  étaient  les  plus  extérieures,  s'unissent  aux 
fibres  médianes,  et  que,  par  conséquent,  les  fibres  foliaires  ne  forment  plus 
une  simple  expansion,  mais  se  réunissent  en  cône  ou  en  cercle. 

L'organisation  fort  caractéristique  que  nous  venons  de  décrire,  se  re- 
trouve absolument  la  même  dans  la  Vigne:  elle  est  même  plus  visible  parce 
que  les  parties  sont  plus  grandes.  Le  nombre  des  faisceaux  de  la  Vigne 
s'élève  plus  régulièrement  à  trois  de  chaque  côté  ;  le  nombre  peut  être 
même  plus  considérable  encore,  probablement  en  raison  de  l'exubérance  de 
végétation  qu'acquiert  cette  plante  par  la  culture.  Aussi  son  cercle  vascu- 


81 /j  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE    FRANCE. 

laiie  pi'éscnfe-t-il  ordiiiairement  un  nombre  de  faisceaux  qui  s'élève  à  32 
ou  3/i. 

^'ous  voyons  donc,  dans  ces  plantes,  le  cercle  vasculaire  de  la  tige  formé 
des  faisceaux  foliaires  de  deux  feuilles  distiques,  séparés  par  les  faisceaux 
réparateurs;  les  faisceaux  de  chacune  de  ces  feuilles  alternent,  se  présen- 
tent au  nombre  de  deux  ou  de  trois  pour  chaque  côté  des  feuilles,  et  ne 
constituent  pas  de  faisceaux  médians  dans  les  cas  les  plus  ordinaiies;  les 
bourgeons  se  forment  dans  les  lignes  qui  séparent  les  fibres  appartenant  à 
chacun  des  côtés  des  feuilles  5  les  fibres  de  ces  bourgeons  sont  sonventau 
nombre  de  quatre  ou  cinq,  mais  se  soudent  souvent  en  deux  faisceaux  prin- 
cipaux, qui  restent  généralement  libres  enire  les  faisceaux  réparateurs  voi- 
sins jusqu'au  point  où  ils  contournent  la  base  de  la  vrille  ou  le  bourgeon 
de  la  feuille  inférieure.  Ce  sont  ces  fibres  qui  concourent  à  augmenter  le 
nombre  des  faisceaux  du  cercle  vasculaire  formé  par  les  faisceaux  foliaires 
et  réparateurs. 

Maintenant  il  nous  reste  à  examiner  comment  se  forment  les  vrilles. 

Si  la  vrille  est  la  continuation  de  l'axe,  elle  doit  être  formée  par  l'en- 
semble des  faisceaux  qui  se  prolongent  au  delà  du  point  d'expansion  de  la 
feuille,  et  si  la  partie  (jui  porte  les  feuilles  supérieures  est  produite  par  le  dé- 
veloppement du  bourgeon  axil lai re,  elle  doit  être  constituée  par  les  fibres  nais- 
sant entre  les  faisceaux  réparateurs  qui  circonscrivent  l'aisselle  de  la  feuille. 
C'est  ainsi  que  les  choses  se  passent  toujours-,  ce  sont  là  les  conditions  or- 
ganiques rigoureuses  qui  déterminent  la  nature  du  rameau  axillaire.  Eh 
bien  !  la  continuation  apparente  de  la  tige  ne  tire  pas  son  origine  de  l'ais- 
selle; elle  est  formée  par  le  prolongement  même  du  cercle  vasculaire  tout 
entier;  elle  est  constituée  par  l'allongement  des  faisceaux  primordiaux  qui 
existent  dans  le  premier  mérithalle,  par  l'allongement  des  faisceaux  de  la 
deuxième  feuille  qui  existaient  de  même  dans  le  cercle  vasculaire  de  ce 
mérithalle,  enfin  par  les  faisceaux  reconstitués  pour  former  la  troisième 
feuille,  en  se  plaçant  au-dessus  des  fibres  épanouies  de  la  première;  elle 
reçoit  ainsi  tous  les  faisceaux  du  cercle  caulinaire,  seule  elle  est  donc  le 
vrai  prolongement  de  la  tige,  dont  les  éléments  sont  tout  à  fait  distincts  de 
ceux  de  la  production  axillaire. 

La  vrille,  au  contraire,  ne  reçoit  en  aucune  façon  l'ensemble  des  fais- 
ceaux qui  constituent  ce  cercle  vasculaire;  le  mode  de  formation  de  la  vrille 
est  tout  différent  :  ce  n'est  plus  par  le  cercle  vasculaire  entier  qu'elle  est 
constituée;  elle  est  formée,  comme  les  véritables  bourgeons,  entre  deux 
faisceaux  réparateurs  ;  elle  nait,  à  l'opposite  de  la  feuille  et  du  bourgeon 
axillaire,  dans  la  ligne  séparative  des  deux  groupes  de  faisceaux  qui  com- 
posent le  cercle  vasculaire,  comme  les  bourgeons  de  la  feuille  inférieure  et 
de  la  supérieure,  dans  les  mêmes  conditions  que  ces  derniers.  Ses  fibres,  au 
nombre  de  U  ou  f),  quelquefois  réunies  en  2  faisceaux,  restent  libres  entre 


SÉANCR   nu   2A   JLILLET    1857.  815 

les  2  faisceaux  léparateuis,  et  s'unissent  à  ceux-ci  au  point  où  ils  contour- 
nent le  boui'f^'eon  inférieur.  Klles  augmentent  ainsi  le  nombre  des  faisceaux  du 
cercle  vasculaire  comme  ceux  des  bourgeons.  Au  point  où  nait  la  vrille,  ces 
libres  se  ramilient  et  s'anastomosent  pour  constituer  le  cercle  \asculaire  do 
cet  organe,  comme  les  libres  des  bourgeons  constituent  le  cercle  de  nouveaux 
rameaux.  Au-dessus  de  la  vrille  se  produisent  les  libres  du  bourgeon  de  la 
feuille  supérieure,  qui  naissent  des  faisceaux  réparateurs  qui  la  circonscri- 
vent, comme  ceux  de  la  vrille  sont  nés  de  ces  faisceaux  au-dessus  du 
bourgeon  inférieur,  qu'ils  circonscrivent  aussi.  Il  y  a  identité  parfaite  dans 
la  formation  de  ces  organes,  à  ce  point  que,  lorsque  l'écorce  du  tissu  est 
enlevée,  ainsi  que  les  rameaux  axillaireset  les  vrilles,  et  qu'il  ne  reste  que 
la  base  de  ces  organes,  il  est  diflicile  de  décider  quelle  est  celle  qui  appar- 
tient à  la  vrille,  quelle  est  celle  qui  appartient  au  bourgeon  axillaire;  on  ne 
peut  les  distinguer  que  parce  que  les  faisceaux  foliaires  se  rapprochent  du 
bourgeon  et  s'éloignent  de  la  vrille  oppositifoliée. 

Il  arrive  que,  dans  la  Vigne,  l'axe  caulinairese  partage  ;  dans  ce  cas,  les 
faisceaux  se  partagent  eu  deux  groupes.  Ils  se  divisent  et  se  multiplient, 
probablement  à  cause  de  la  vigueur  de  la  végétation,  et  constituent  deux 
cercles  vasculaires  distincts.  Je  pi'oduis  un  exemple  de  cette  division  : 
on  y  peut  voir  qu'aucun  des  deux  cercles  n'est  destiné  'n  former  la  vrille! 
Celle-ci  appartient  à  l'une  des  deux  branches  de  la  partition,  mais  n'est  pas 
constituée  par  l'ensemble  des  fibres  qui  la  composent.  Si  donc  il  n'est  pas 
possible  de  considérer  la  vrille  comme  l'axe  véritable  arrête  dans  son  dé- 
veloppement, on  ne  peut  admettre  davantage  qu'elle  soit  produite  par  une 
portion  de  l'axe  caulinaire  se  séparant  accideiitellement;  moins  encore  on 
peut  dire  qu'elle  est  le  résultat  d'une  partition  constante. 

Les  faits  précédemment  exposés  nous  autorisent  donc  à  dire  que  la 
vrille  des  Vignes  n'est  ni  le  prolongement  de  l'axe  caulinaire ,  ni  le 
résultat  de  la  partition  de  ce  dernier.  Elle  est  produite,  comme  les  bour- 
geons, par  des  libres  nées  dans  la  ligne  séparât! ve  des  deux  groupes  de 
faisceaux  qui  composent  le  cercle  d'une  tige  à  feuilles  disti(|ues,  souvent 
privées  de  faisceaux  médians.  C'est  un  bourgeon  véritable,  naissant,  non 
plus  dans  l'aiselle  d'une  feuille,  mais  à  l'opposite,  et  naissant  privé  d'écaillés. 
On  ne  peut  le  considérer  comme  un  bourgeon  adventif,  car  sa  présence  est 
trop  constante  et  son  lieu  d'origine  trop  caractéristique,  puisque  les  vrilles 
naissent  toujours  dans  les  deux  rangées  des  feuilles  et  des  bourgeons  axil- 
laires,  et  à  l'opposite  d'une  feuille. 

Voilà  donc  un  ordre  normal  qui  n'avait  point  été  aperçu,  et  qui  nous 
apparaît  dans  la  famille  des  Vignes.  Cet  ordre  dérive-t-il  des  ordres  connus? 
la  vrille,  par  exemple,  est-elle  le  bourgeon  d'une  feuille  opposée  qui  est 
avortée?  Mais  il  n'y  a  pas  trace  de  cette  feuille,  et  d'ailleurs  l'ordre  naturel 
des  feuilles  opposées  est  d'être  décussées  :  ici,  elles  seraient  distiques.  I.a 


8i(î  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

vrille  pourrait-elle  être  regardée  comme  formée  par  les  éléments  du  fais- 
ceau médian  delà  feuille  inférieure,  qui  ne  s'épanouiraient  pas,  contourne- 
raient le  bourgeon  axillaire,  et  feraient  éruption  au  nœud  de  la  feuille  supé- 
rieure, à  l'opposite  de  celle-ci?  Mais  certaines  feuilles  ont  un  faisceau 
médian,  et,  d'ailleurs,  il  n'y  a  pas  d'exemple  d'un  faisceau  foliaire  médian 
subissant  une  pareille  déviation,  suivant  un  tel  trajet,  et  formant  un  tel  or- 
gane. 11  serait  plus  plausible  de  penser  que  la  vrille  est  un  deuxième  bour- 
geon axillaire,  superposé  au  bourgeon  ordinaire  comme  dans  V Aristolochia 
Sipho,  mais  considérablement  élevé  au-dessus  de  lui,  et  ne  faisant  érup- 
tion que  vis-à-vis  de  la  feuille  supérieure.  Cette  opinion  recevrait  quelque 
appui  de  ce  fait  que,  dans  la  Vigne,  la  feuille  qui  se  trouve  sous  la  vrille 
manque  souvent  de  bourgeon,  comme  si  la  vrille  avait  totalement  emporté 
la  production  axillaire.  D'autres  faits  viendraient  encore  rendre  plausible 
cette  manière  d'expliquer  une  disposition  insolite:  ainsi  plusieurs  plantes 
ont  les  bourgeons  placés  au-dessus  de  l'aisselle,  tels  sont  les  Marsilea,  Pilu- 
laria,  etc.;  dans  les  Equisetum,\h  sont  élevés  jusqu'au  verticille  supérieur, 
comme  dans  la  Vigne.  Mais  je  ne  veux  pas  insister  sur  cette  manière  de 
considérer  l'appendice  cirri forme  des  Vignes;  dans  l'état  actuel  de  la  science, 
ce  serait  peut-être  piéraaturé  et  peut-être  m'accuserait-on  d'entrer  dans  le 
ebamp  des  hypothèses.  Je  veux  me  contenter  de  constater  la  coïncidence 
des  faits  et  de  retracer  rigoureusement  les  dispositions  anatomiques  et 
l'ordre  singulier  qui  en  dérive.  Cet  ordre,  je  le  résume  en  peu  de  mots  ;  Dans 
les  Vignes  et  les  Cissus,  les  tiges  et  les  branches  ont  un  axe  qui  se  continue 
et  qui  n'est  point  arrêté  et  dévié  à  chaque  nœud  ;  elles  ont  des  feuilles  al- 
ternes, distiques,  habituellement  privées  de  faisceau  médian;  les  bourgeons 
naissent  entre  les  faisceaux  réparateurs  qui  circonscrivent  l'aisselle  des 
feuilles  et  gardent  leurs  fibres  libres  jusqu'à  la  production  inférieure.  A 
l'opposite  des  feuilles,  dans  les  intervalles  affectés  aux  bourgeons,  naissent 
de  la  même  manière  les  vrilles,  qui  gardent  aussi  leurs  libres  libres  jus(|u'au 
bourgeon  qui  est  au-dessous.  Ainsi,  à  chaque  nœud,  on  trouve  un  bourgeon 
axillaire  et  un  autre  oppositifolie  ;  l'un  ou  l'autre  cependant  peut  ne  pas  se 
développer. 

M.  le  Président  déclare  close  la  session  ordinaire  de  1856-57.  La 
Société  se  réunira  de  nouveau  le  13  novembre  prochain. 

Conformément  au  paragraphe  2  de  l'article  Al  du  règlement,  le 
procès-verbal  ci-dessus  a  été  soumis,  le  11  septembre,  au  Conseil 
d'administration,  (jui  en  a  approuvé  la  rédaction. 


REYUE  BIBLIOGIUPHIOÏÏR. 


PHYSIOLOGIE  VEGETALE. 

llcitrae;;-c  xiir  Kciiiitnis»  dcr  I*li>lloBiioi>pli(»sc.  Erates  Heft . 
Ueber  das  gleiche  oder  verschiedene  Verhaltcn  von  JUiUlslicl  iind  Spreite 
im  Gange  dcr  Phi/llomnrphose  [Documents  relatifs  à  la  morphose  des 
feuilles.  Premier  mémoire  :  Sur  la  manière  ou  semblable  ou  dissemblable, 
d'après  laquelle  se  comportent  le  pétiole  et  le  limbe  dans  le  cours  de  la 
métamorphose  des  feuilles);  par  M.  G,-\V.  Julius  Rossmann.  l'rocli. 
\ï\-k  de  60  pages  et  3  pi.  litbogr.  Giessen,  1857;  chez  .1.  Uicker. 

L'auteur  présente  d'abord  un  bistorique  duquel  il  résulte  que,  jusqu'à 
ce  jour,  on  n'a  fait  presque  aucune  observation  sur  les  cbangemenfs  de 
forme  que  peuvent  subir  les  feuilles  d'une  même  pKmte  dans  le  cours  de 
son  évolution,  depuis  la  germination  jusqu'au  développement  des  fleurs. 
Or  c'est  précisément  là  le  sujet  de  son  mémoire.  Il  rapporte  les  h  cas  dis- 
tingués à  ce  sujet  par  M.  Scbleiden.  Il  expose  ensuite  la  mélbode  ([u'il  a 
suivie  lui-même  pour  ses  recherches,  laquelle  consiste  à  noter  et  à  com- 
parer entre  elles  toutes  les  configurations  diverses  que  peuvent  présenter 
successivement  les  feuilles  d'une  même  plante.  Kn  réunissant  ainsi  un 
grand  nombre  d'exemples,  on  arrive  bientôt  à  reconnaître  que  le  limbe  et 
le  pétiole  ne  se  comportent  pas  toujours  de  la  même  manière,  et  que  cha- 
cune de  ces  deux  parties  doit  être  étudiée  séparément.  On  peut  des  lors 
distinguer  3  cas  :  ou  le  limbe  subit  seul  des  modifications  importantes  dans 
sa  configuration,  le  pétiole  variant  uniquement  de  longueur;  ou  c'est  le 
pétiole  qui  modifie  sa  forme  essentiellement  et  régulièrement  en  même 
temps  que  le  limbe  et  plus  tard  indépendamment  de  celui-ci  ;  ou  enfin  ces 
deux  parties  semblent  suivre  deux  marches  parallèles.  De  là  M.  lîossmann 
divise  son  mémoire  en  3  paragraphes  qui  correspondent  à  ces  3  cas  et  qui 
poitent  pour  titres  les  3  dénominations  par  lesquelles  il  désigne  ces  3  mo- 
difications dans  la  marche  des  faits,  savoir:  Pbyllomor[)hose  laminniie 
(p.  11-15),  Phyllomorphose  pétiolaire  (p.  15-^7),  Pbyllomorphose  éga.'c 
(p.  hl-bU).  Il  déduit  ensuite  de  l'ensemble  de  son  travail  les  conclusions 
suivantes  : 

1.   Le  pétiole  et  le  limbe  se  comportent,  dans  le  cours  de  la  phyllonior- 
phose,  en  généra!  d'une  manière  dissemblable,  rarement  de  la  même  ma- 
nière. —  2.  Le  cas  le  plus  fréquent  est  celui  dans  lc(|ut'l  le  pétiole  ne  mo- 
difie pas  sa  forme  de  manière  essentielle  et  ne  présente  que  des  changements 
T.   »v.  5' 


yl8  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRAISCE. 

de  dimensions,  principalement  de  longiieiw.  Souvent  il  reste  à  la  fin  une 
production  (lu'on  ne  peut  regarder  ({ue  comme  un  limbe.  —  3.  Assez  sou- 
vent aussi  le  pétiole  subit  de  grands  cbangenients  de  forme.  Alors  il  resie 
linalement  une  production  qui  ne  correspond  qu'au  pétiole.  —  k.  Le  cas  le 
plus  rare  est  celui  dans  lequel  le  pétiole  et  le  limbe  subissent  simultané- 
ment des  modifications  analogues,  et  de  là  provient  une  feuille  simple  en 
apparence,  à  la  formation  de  laquelle  ces  deux  parties  ont  concouru  égale- 
ment. —  5.  Dans  l'étendue  d'un  seul  et  même  axe  il  peut  se  présenter  des 
raodilications  différentes. — 6.  Aucune  formation  foliaire  n'offre  exclusi- 
vement une  des  modifications  dont  il  vient  d'être  ({uestion;  mais  il  est 
vraisemblable  (jue  toutes  ices  TTiodifications  se  présentent  dans  cbaque 
formation. 

A  la  fin  de  son  mémoire,  M.  Rossmann  indique  les  questions  qu'il  lui 
semble  nécessaire  de  résoudre  pour  arriver  à  connaitre  à  fond  la  phyllo- 
morpbose.  Il  donne  enfin  la  table  des  noms  des  plantes  citées  par  lui  et 
l'explication  des  66  fmures  que  comprennent  les  3  planches  de  son  mémoire. 

l'rodiiefiuii  <Ie  la  rliloropliyllc  et  direction  des  tiges, 
sous  l^isifltieuce  des  rayons  ultra-violets,  ealoriOqiies 
et  lumineux  «lu  spectre  solaire;  par  M.  C.-M.  Guillemin 
[Autiales  des  sciences  naturelles,  W  série,  VII,  1857,  p.  15^-172). 

M.  Guillemin  avait  déjà  publié  sur  ce  sujet,  dans  les  Comptes  rendus  àe 
l'Académie  des  sciences  (XLV,  séance  du  13  juillet  1857),  une  note  peu 
étendue  dont  le  Bulletin  a  donné  une  courte  analyse  (voy.  Bulletin  de  la 
Soc.  bot.  de  France,  IV,  p.  M3);  mais  ce  n'était  là  qu'un  premier  et  ra- 
pide aperçu  des  principaux  résultats  fournis  par  des  expériences  qui  appe- 
laient encore  un  complément.  Le  mémoire  récemment  publié,  dont  nous 
venons  de  reproduire  le  titre,  a  pour  base  la  série  entière  des  observations 
de  l'auteur;  il  est  d'ailleurs  beaucoup  plus  développé  et  plus  complet;  nous 
croyons  donc  devoir  en  présenter  une  analyse  qui  ne  pourra  faire  double 
emploi  avec  le  coui't  article  déjà  inséré  au  Bulletin. 

M.  Guillemin  rappelle  d'abord  les  travaux  des  observateurs  qui  ont 
cbercbé  à  reconnaître  l'infiuence  exercée  sur  les  végétaux  par  les  différents 
éléments  réunis  dans  la  lumière  blanche.  11  cite  les  recherches  de  l'abbé 
Tessier,  de  Séaebier,  de  Poggioli,  de  M.  Payer,  du  docteur  Gardner,  de 
M.  Draper  et  de  Dutrochet.  Il  étudie  ensuite  séparément,  en  deux  para- 
graphes distincts  :  1°  la  production  de  la  chlorophylle  sous  l'infiuence  des 
rayons  ultra-violets  et  calorifiques;  2°  l'action  des  rayons  ultra-violets  et 
calorifiques  dans  le  phénomène  de  la  tendance  des  tiges  vers  les  rayons 
solaires.  La  conclusion  générale,  déluile  par  lui  de  l'enseinhle  du  premier 
paragraphe,  est  i|u;'  la  m,  tière  \e.!e  des  plantes  se  forme  principalement 


REVUE    BllîLIOfiRAPIlIQLE.  819 

SOUS  l'aclion  de  la  partie  colorée  du  spectre;  mais  que  les  rayons  qui  n'iiii- 
pressioiineut  pas  la  rétine  peuvent  aussi,  pour  une  part  moindre,  con- 
courir à  son  (léveloppenu'ut. 

Le  second  par;igraplie  du  mémoire  de  IM.  Guillemin  en  forme  la  majeure 
partie.  Col  habile  physicien  avait  vu  les  liges  s'inlléehir  plus  fortemonl 
dans  les  rayons  ultra-violets  que  dans  tous  les  autres  rayons  colorés  ou 
caloriliques.  I.a  nouveauté  de  ce  l'ait   l'a  déterminé  à  en  l'aire  l'objet  de 
nouvelles  expériences  pour  lesquelles  il  s'est  entouré  de  nombreuses  pré- 
cautions qu'il  indique  et  dans  lesquelles  il  s'est  servi  d'appareils  qu'il  fait 
connaître,  au.\(|uols  il  a  adapté  successivement  des  prismes  de  sel  gemme, 
de  quartz,  de  tliiit  et  de  flint  pesant.  La  conclusion  définitive  qu'il  déduit 
de  toutes  ses  expériences  est  que  les  rayons  ullra-violets,  compris  enti-e  les 
raies  H  et  I,  sont  de  tous  les  plus  actifs.  — Les  observateurs  qui  s'étaient 
occupés  du  même  sujet  avaient  obtenu  des  résultats  différents  ou  même 
contraires,  Dutrochet  attribuait  le  maximum  d'action  aux  rayons  violets  ; 
mais  il  avait  été  conduit  à  cette  manière  de  voir  par  ses  procédés  d'expé- 
rimentation.  Gardner  regardait  les  rayons    indigo  comme    possédaiit   le 
maximum  d'action  ^  mais  ses  expériences  paraissent  avoir  été  faites  pour 
la  plupart  sans  écrans  qu'il  est  cependant  nécessaire  d'employer  et  même 
de  multiplier.  Quant  à  M.  Payer,  il  pose  en  principe  que  le  rayon  bleu  est 
le  plus  énergique;  il  refuse  toute  action  aux  rayons  chimiques,  aux  rayons 
rouges,  orangés,  jaunes,  verts,  et  il  nie  l'influence  des  écrans  placés  entre 
les  plantes  et  la  lumière.  «  Il  résulte,  au  contraire,  dit  M.  Guillemin,  des 
expériences  que  je  viens  d'exposer,  que  les  rayons  bleus  sont  moins  éner- 
giques que  tous  les  rayons  colorés,  chimiques  ou  calorifiques  du  spectre, 
pourvu  qu'on  limite  l'étendue  de  ces  derniers  à  une  petite  distance  du  maxi- 
mum de  chaleur;  que  les  rayons  chimiques  plus  réfrangibles  que  le  violet 
sont  les  plus  actifs  de  tous;  que  les  rayons  calorifiques  rouges  et  m.ême 
orangés  viennent  en  seconde  ligne  pour  l'énergie;  enfin  que  les  propriétés 
optiques  et  le  nombre  des  milieux  transparents,  ou  des  écrans  placés  entre 
les  plantes  et  les  rayons,  ont  une  influence  capitale  sur  la  nature  des 
résultats.  En  variant  les  expériences  de  toutes  les  manières,  je  n'ai  pas  pu 
saisir  la  cause  de   la  différence  qui  sépare   mes  résultats  de  ceux  que 
M.  Payer  a  obtenus.  <> 

En  dernière  analyse,  M.  Guillemin  déduit  de  ses  expériences  des  conclu 
sions  formulées  en  12  alinéas  que  nous  reproduirons  en  majeure  partie. 

\°  Les  jeunes  plantes  étiolées  se  courbent  sous  l'influence  de  tous  les 
rayons  du  spectre  solaire;  les  rayons  calorifiques  les  moins  réfrangibles, 
ou  les  rayons  de  basse  température,  paraissent  seuls  faire  exception.  — • 
2"  Les  rayons  calorifiques  moins  réfrangibles  que  le  rouge  et  les  rayons 
chimiques  plus  réfrangibles  que  le  violet  présentent  2  maxima  d'action  pour 
la  fle.xion  des  tiges  végétales  ;  les  rayons  colores  intermédiaires  détermi- 


820  SOCIÉTÉ    nOTANIQL'R    DE    FRANCK. 

nont,  avi  contraire,  plus  ;ictivenient  (|ue  les  précédents,  la  formation  de  la 
ehloiophyile.  • —  3°  La  flexion  latérale  s'étend  nu  delà  di!  rouge  el  du  violet 
extrêmes;  elle  a  pour  centre  les  rayons  indigo;  elle  se  produit  souvent 
malgré  la  présence  des  écrans  qui  séparent  les  différents  rayons  colorés. — 
W  La  production  de  la  matière  verte  est  à  son  maximum  dans  le  jaune; 
elle  diminue  lentement  en  allant  vers  le  violet,  dépasse  cette  limite  et 
devient  nulle  dans  les  derniers  rayons  fluorescents.  —  5°  Du  côté  du  rouge, 
l'aptitude  des  divers  rayons  à  déterminer  la  formation  de  la  chlorophylle 
décroit  plus  rapidement.  —  6°  Les  i-ayons  bleus,  verts,  jaunes,  orangés  et 
rouges  font  verdir  plus  rapidement  les  feuilles  étiolées  que  les  rayons 
solaires  directs;  l'action  du  jaune  est  presque  égale  à  celle  de  la  lumière 
diffuse  atmosphérique.  —  7"  Les  rayons  polarisés  paraissent  agir,  à  l'inten- 
sité près,  comme  les  rayons  naturels. 

UcIjcp  PartlienogeMc.çîs  lieî  Pflanzcu  {Sur  la  Parthénogenèse 
dans  les  plantes)  ;  par  INI.  Al.  Braun.  {Abhandlungen^  etc.,  Mémoires  de 
la  classe  plnjsiq.  de  l'Acad.  roy.  des  sciences  de  Berlin,  pour  1856, 
pp.  oH-37(i,  avec  une  planche  lithog.  Tirage  à  part  en  broch.  \\-\-l\°  de 
65  pag.;  Berlin,  1857.) 

Le  grand  Mémoire  de  M.  AI.  Braun  est  divisé  en  trois  parties  :  la  pre- 
mière a  pour  objet  la  production  de  bonnes  graines  sans  fécondation  préa- 
lable ou  la  Parthénogenèse,  comme  on  l'a  nommée,  dans  les  Phanérogames, 
et  plus  particulièrement  dans  le  Cœlebogyne ;  la  deuxième  est  relative  aux 
faits  analogues  que  présente  le  Chara  crinita  ;  la  troisième  est  consacrée  à 
des  considérations  très  développées  sur  l'analogie  qui  existe  entre  les  modes 
de  reproduction  tels  qu'ils  ont  lieu  dans  les  divers  embranchements  du 
règne  végétal,  sur  l'explication  qu'on  pourrait  donner  de  la  paithénogé- 
uèse,  etc.  Il  serait  au  moins  difficile  de  résumer  cette  dernière  partie  aussi 
succinctement  que  nous  serions  obligé  de  le  faire,  sans  lui  enlever  à  peu  près 
tout  son  intérêt;  nous  la  laisserons  donc  à  legret  de  côté  ;  mais  nous  pour- 
rons resserrer  dans  un  cadre  étroit  l'indioation  rapide  des  faits  exposés  dans 
les  deux  premières. 

L  M.  Al.  Braun  donne  d'abord  un  aperçu  historique  des  principaux  tra- 
vaux modernes  sur  la  fécondation  dans  les  plantes.  Il  dit  qu'après  la  décou- 
verte en  1823,  par  M.  Amici,  du  tube  poUinique,  des  observations  très 
nombreuses  ont  établi  comme  un  fait  général  la  reproduction  des  végétaux 
due  au  concours  de  deux  sexes  caractérisés  l'un  et  l'autre  par  le  rôle  qu'ils 
jouent  dans  ce  grand  phénomène.  Il  rappelle  que  la  théorie  proposée  en 
1837  par  M.  Schleiden,  selon  laquelle  ce  sçrait  l'extrémité  du  tube  poUini- 
que lui-même  qui  deviendrait  l'embi-yon,  est  aujourd'hui  abandonnée  par 
tout  le  monde,  même  par  son  auteur.  Il  ajoute  que  cependant  la  doctrine 
universellement  admise  sur  les  sexes  et  sur  la  fécondation  est  contredite  par 


KEVl'K    BIBLIOMt.U'illOlK.  821 

It'S  observations  de  parthénogenèse,  et  il  piisentc  le.  tableau  détaillé  des 
plantes  soit  dioiques,  soit  monoïques,  dans  lesquelles  divers  auteurs  ont  cru 
eonstater  une  production  de  graines  embryonées  sans  fécondation  préalable. 
Voici  quelles  sont  ces  plantes  :  A.  Dioiques  :  Cannabis  sotiva  ;  Spinacia 
oleracea  ;  Lyclmis  dioica;  Mercurialis  nnnua  ;  Bryonia  dioica  ;  Pistacia 
narbonemis  et  autres.  B.  Monoïques  :  Cucurbita  Mclopepo,  Cùrullus,  etc.  ; 
Urtica  pilulifcra;  Ficus  Carica.  —  On  peut  faire  des  ol)jections  à  ces  ob- 
servations, mais  non  à  celles  qui  ont  pour  sujet  le  Cwlebogyne  ;  car,  celui- 
ci  est  une  espèce  exotique,  dioïque,  dont  il  n'existe  pas  de  pieds  mâles  dans 
les  jardins  où  il  produit  cependant  de  bonnes  graines  susceptiblesde  germer. 
Aussi  l'auteur  porte-t-il  sur  ce  végétal  toute  son  attention. 

Cet  arbuste  ayant  été  envoyé  vivant  à  Kew,  en  1829,  par  Allan  Cunnin- 
gham,  donna  bientôt  des  fleurs  qui  le  firent  reconnaître  pour  une  Euphor- 
biacée.  J,  Smith,  qui  l'avait  d'abord  nommé  Sapium  ilicifoiium,  établit  en- 
suite pour  lui  le  genre  Cœlebogyne  et  en  fit  son  C.  ilicifolia.  Ce  botaniste 
reconnut  qu'en  l'absence  de  tout  organe  mâle,  ce  singulier  végétal  donnait 
des  graines  susceptibles  de  germer,  et  dont  on  ne  pouvait  expliquer  la 
production  par  l'action  du  pollen  d'une  autre  Euphorbiacée.  Ces  observa- 
tions de  J.  Smith  ont  été  confirmées  par  celles  qu'on  a  faites  après  lui,  à 
Kew,  pendant  vingt-sept  ans.  —  D'un  autre  côté,  au  Jardin  botanique  de 
Berlin,  on  observe  avec  une  attention  soutenue,  depuis  vingt  ans,  trois  pieds 
de  Cœlebogyne,  et  M.  Al.  Braun,  en  particulier,  a  poussé  les  précautions  à 
cet  égard  jusqu'à  en  mettre  un  pied  dans  son  cabinet,  afin  de  pouvoir  le 
suivre  presque  sans  interruption  dans  les  phénomènes  qu'il  présente. 

Jamais  cet  habile  et  patient  observateur,  ni  ses  devanciers,  n'ont  pu  y 
voir  autre  chose  que  des  fieurs  exclusivement  femelles;  cependant,  de 
même  qu'à  Kew,  la  plante  a  produit  fré(|uemment  de  bonnes  graines  des- 
quelles sont  provenus  déjeunes  pieds  en  grand  nombre  qui  ont  été  donnés 
à  différents  jardins. 

Il  semble  donc  parfaitement  établi  que  le  Cœlebogyne  produit  dai]s  les 
jardins  de  bonnes  graines  sans  fécondation;  mais,  cette  connaissance  acquise, 
ou  est  conduit  naturellement  à  se  poser  diverses  questions  que  M.  Al. 
Braun  examine  successivement. 

1"  Ne  peut-on  admettre  ici  une  fécondation  sans  pollen,  due,  par  exemple, 
aux  glandes  calycinales,  con>me  Smith  l'insinuait  ?  M.  Al.  Braun  ne  croit 
pas  qu'il  puisse  y  avoir  la  moindre  incertitude  quant  a  la  réponse  négative 
a  cette  question.  Il  a,  du  reste,  étudié  avec  soin  la  structure  de  ces  glandes, 
et  il  n'y  a  rien  vu  qui  puisse  ressembler  de  près  ou  de  loin  a  du  pollen. 

2°  Comment  se  forme  l'embryon  du  Cœlebogyne  ?  Pour  répondre  à  cette 
question,  l'auteur  rapporte  les  résultats  d'observations  très  attentives  qui 
ont  été  faites  à  sa  demande,  par  M.  Deecke.  L'ovule  de  cette  plante  est  pen- 
dant, anatrope,  à  deux  téguments,  d'abord  égaux  en  épaisseur,  dont  l'in- 


822  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

terne  devient  ensuite  le  plus  épais  des  deux.  Dans  son  nueelle  se  trouve  uu 
sac  enibryonaire  étroit  et  allongé,  dans  le  haut  du(|uel  se  forment  deux  vé- 
sicules embryon  a  ires  ovoïdes.   Bientôt  on  voit  une  de  ces  vésicules  se 
diviser  en  deux  cellules  superposées,  dont  la  supérieure  formera  un  très 
court  suspenseur,  unicellulé,  dont  l'inférieure  se  divise  et  subdivise  peu 
à  peu  en  nombi'euses  cellules,  de  manière  à  devenir  un  globule  embryo- 
naire,  qui  se  développe  ensuite  en  embryon  à  deux  cotylédons  bien  formés. 
Tout  ce  développement,  parfaitement  analogue  à  celui  de  l'embryon  des 
Phanérogames  angiospermes  en  général,  a  lieu  sans  qu'on  découvre  dans 
l'ovule  le  moindre  indice  de  tube  pollinique.  —  M.  Al.  Braun  ajoute  que 
les  observations  faites  à  Kew,  par  M.  Radikofer,  établissent  tout  aussi  bien 
que  celles  de  M.  Deecke,  la  naissance  de  l'embryon  du  Cœlebogijne  dans  wn 
ovule  normal,  sans  intervention  de  pollen,  par  conséquent  la  parthénogenèse 
de  cette  plante.  La  longue  durée  du  stigmate  de  cette  même  espèce  indique 
à  l'extérieur  l'absence  de  fécondation,  comme  J.  Smith  l'avait  très  bien  vu 
le  premier. 

3°  Le  Cœlebogyne  n'aurait-il  qu'un  seul  sexe  ?  La  réponse  à  cette  ques- 
tion est  facile  puisque  l'herbier  de  sir  W.  Hooker  renferme  le  pied  mâle  de 
cette  plante.  Des  fragments  détachés  de  cet  échantillon  mâle  permettent  à 
M.  AI.  Braun  de  donner  du  Cœlebogyne  mâle  et  femelle  une  description 
complète,  dont  nous  résumerons  les  traits  principaux. 

Les  feuilles  sont  en  spirale  d'après  la  formule  3/8.  L'inflorescence  mâle 
est  composée  ;  elle  consiste  en  15  ou  20  sortes  de  petits  épis  placés  isolément 
ou  par  2  sur  un  axe  long  d'environ  8  centimètres.  Dans  chaque  petit  épi, 
on  voit  une  bractée  avec  sa  fleur  axillaire,  sous  laquelle  sont  2  bractées 
ayant  chacune  une  fleur  de  deuxième  ordre  à  son  aisselle  ;  enfin,  sous  cha- 
cune de  celles-ci  se  trouvent  2  bractéolules  dont  l'externe  abrite  à  son  ais- 
selle une  fleur  tertiaire.  Tl  y  a  donc  là  un  dichasium,  (fui,  au  2*  degré  de  la 
ramification,  devient  un  monochasium.  Chaque  fleur  a  8  étamines,  quelque- 
fois 6.  Celles-ci  ont  un  lilct  très  court  :   leur  anthère  ovale,  obtuse,  a  ses 
2  moitiés  arquées,  se  louchant  aux  deux  bouts  et  un  pou  séparées  par  le 
connectif  dans  leur  portion  interm.édiairc.  Le  pollen  est  bien  conformé,  glo- 
buleux ou   arrondi-triangulaire,  à  3  pores  fort  peu  apparents  ;  au  total,  il 
ressemble  beaucoup  à  celui  du  Mercurialis  annua  pour  la  grosseur  et  la 
forme. 

Quant  à  l'inflorescence  et  aux  fleurs  femelles,  elles  étaient  connues  ;  d'ail- 
ieurs  leurs  caractères  principaux  sont  présentés  dans  la  caractéristique  du 
genre,  que  nous  reproduirons. — Le  fruit  ressemble  à  celui  d'une  Fluphorbe; 
il  a  7-8  mm.  en  tous  sens.  Les  graines,  solitaires  dans  leur  loge,  offrent  3  té- 
guments dont  l'externe  est  mince  et  provient  de  la  priniine,  tandis  que  le 
médian  est  dû  îi  la  couche  externe  de  la  sccondine.  L'interne  est  le  plus 
épais  dos  trois.  L'albumen  osi  blanc,  charnu-huileux,  à  petites  collulcs. 


RRvuii  lîiiu.iocHAPiiiorii,  823 

L'embryon  est  assez  petit;  ses  deux  cotylédons  dirigent  leur  face  vers  le  raphé. 
Au  total,  le  genre  Cceleùûg>/ne  est  un  bon  genre  d'Euphorl)iacées,  de  la 
tribu  des  Ilippomanées,  que  M.  Al.  Braun  caractérise  de  la  manière  suivante  ; 
C.iauBOGVNK  .T.  Smitb,  f.inn.   Trans.,  XVIII  (IS.'il),  p.  509,  t.  36. 
Planta  dioica.  Inllorescentia  mascula  composita  e  spicis  anientiforniibus. 
Bracleee  imbricata3,  glonierulos  paucifloros  occultantes.  Flores  masculi  scs- 
siles.    Calyx  depresso-globosus,  subquadratus,  deinum  apertus,   Midus. 
Stamina  8,  lllamentis  libcris,  antberis  oblongisbilocularibus  extrorsis.  Spi- 
cœfemineaipaucifloraîcum  flore  terminali.  Flores  feminei  inaxillis  bractea- 
rum  solitarii,  sessiles,  bibracteolati.  Calyx  5-partitus  (rarius  Zi-partitus), 
erectus,  basi  cxtus  glandulis  globoso-disciformibus  1-5  munilus.  Ovarium 
triloculare,  loculisl-ovulatis.  Stigma  magnum,  carnosum,profunde3-lobuni 
lobis  expansis  intcgris  subcmarginatis.  Capsula  tricocca,  elastice  dehiscens, 
coccis  bivalvibus  1-spermis;  senien  ecaruuculatum. 

Frutcx  humilis,  aridus,  non  lactescens,  ramis  divaricatis,  foliis  duris, 
sempervirentibus,  Ilicis  more  spinoso-dentatis. 

Species  unica  :  C.  ilicifolia  J.  Smith,  e  Nova  Hollandia  occidentali. 
II.  Après  avoir  prouvé  que  la  parthénogenèse  a  lieu  dans  certaines  Pha- 
nérogames, M.  Al.  Braun  montre  par  l'exemple  du  Chara  crinata  qu'il  peut 
y  avoir  quelque  chose  d'analogue  dans  les  Cryptogames. 

II  est  reconnu  aujourd'hui  ([ue  les  Characées  possèdent  des  organes  re- 
producteurs des  deux  sexes,  sporanges  et  anthéridies  ;  que  les  unes  5;ont 
monoïques  tandis  que  d'autres  sont  dioïques.  Pour  les  espèces  dioiques,  les 
pieds  mâleset  femelles  se  trouvent  d'ordinaire  non  loin  les  uns  des  autres. 
On  n'avait  d'abord  trouvé  (jue  desindividus  mâles  des  Chara  ceratophylla  et 
stelligera-^  mais  plus  tard  on  a  trouvé  des  femelles  mêlés  aux  mâles  dans 
certaines  localités.  Le  Chara  criaita  fait  seul  exception  à  cette  loi  générale 
de   distribution  des  Characées  dioiques. 

M.  Al.  Braun  expose  en  détail  l'histoire  botanique  de  cette  espèce;  il  en 
indique  la  distribution  géographique,  en  la  suivant  dans  toutes  les  localités 
dans  lesquelles  elle  a  été  indiquée  jusqu'à  ce  jour.  —  Elle  est  habituelle- 
ment regardée  comme  dioïque,  et  cependant  aucun  auteur  n'en  a  encore 
décrit  ni  mentionné  seulement  les  anthéridies.  W'allmann  a  même  été  [jus- 
qu'à regarder  ce  Chara  comme  unisexué.  L'examen  détaillé  que  fait  M.  AL 
Braun  de  tout  ce  qu'on  sait  sur  cette  plante  le  conduit  \\  la  conclusion  sui- 
vante :  «  Il  me  parait  certain,  d'après  toutes  ces  recherches,  que  le  Chara 
crinita  n'est  représenté  que  par  des  pieds  femelles  dans  toutes  ces  contrées 
ainsi  que  dans  beaucoup  d'autres,  et  que  néanmoins  il  y  produit  très  abon- 
damment des  sporanges  et  des  spores  l'ertiies.  »  Cependant  les  anthéridies 
de  ce  Chara  existent,  i.o  savant  allemand  les  a  vues  en  abondance  sur  un 
cchantiilon  trouvé  par  Re(|iiicr.,  à  Courteisou,  pr;'s  d'Orange  et  qui  lui  a 
été  donné  par  M.  J.  Gay.  Il  leur  a  trouvé  une  organisation  analogue  à  celle 


82/i  SOCIÉTÉ  BOTANiQur:  i)i:  fu.vm^:. 

qu'elles  piosentcDl  dans  toutes  les  autres  Char;icées.  Il  est  donc  certain(iue 
celte  espèce  offre  les  doux  sexes  réunis  dans  certaines  localités.  Dans  les 
lieux  où  on  n'en  trouve  que  des  pieds  femelles,  ses  sporanges  et  ses  spores 
ne  s'ccartenl  en  rien  de  l'organisation  habituelle  et  celles-ci  germent  facile- 
ment. Dans  les  contrées  voisines  de  la  Baltique  où  elle  forme  de  vrais  ga- 
zons, les  innombrables  individus  qui  la  représentent  montrent  encore  fré- 
quemment les  restes  des  sporanges  qui  leur  ont  donné  naissance,  à  l'époque 
où  eux -mêmes  portent  des  fructifications  à  peu  prés  mûres.  La  germination 
des  spo!-es  du  Cluira  crinila  a  été  observée  et  figurée  par  Kaulfuss;  elle  ne 
diffère  pas  de  celle  des  autres  Chara.  De  ces  faits,  M.  Al.  Braun  conclut 
(juc  le  C.  crinita  possède,  au  nioins  dans  certaines  localités,  la  faculté  de 
produire,  même  liors  de  l'influence  des  anthérozoïdes,  des  spores  bien  orga- 
nisées, susceptibles  de  germer,  et  que  dès  lors  il  y  a  chez  lui  une  véritable 
parthénogenèse. 

La  planche  qui  accompagne  l'important  Mémoire  de  M.  Al.  Braun  ren- 
ferme 15  ligures  dont  les  lU  premières  représentent  l'inflorescence  mâle  et 
les  détails  de  la  fleur  mâle,  dont  les  5  dernières  montrent  le  sac  embryonaire 
avec  la  naissance  et  le  développement  de  l'embryon.  Celles-ci  ont  été  choi- 
sies parmi  un  plus  grand  nombre  de  dessins  communiqués  par  M.  Deecke. 

L'cljcr  die  walirc  PartBicBiosc"<*sîs  I»ei  l'flauzen  [Sur  la  vé- 
ritable Parthénogenèse  dans  les  plantes]  ;  par  M.  Radikofer.  [Zeitsch.  fur 
wissensch.  Zoologie  de  Th.  v.  Siebold  et  Kôlliker,  A'iil,  W  cah.,  1857. 
Donplandia  du  1"  juil.  1857,  n°  12,  pp.  177-180.) 

Au  commencement  de  son  Mémoire  M.  Radikofer  montre  toute  l'impor- 
tance qu'a  pour  la  zoologie  la  démonstration  donnée  récemment  par  ^J.  de 
Siebold  de  ce  fait  que  dans  les  Abeilles  et  dans  certains  Papillons  il  y  a  for- 
mation d'embryons  sans  intervention  des  spermatozoïdes,  c'est-à-dire  véri- 
table parthénogenèse.  11  lappelle  que,  dans  les  végétaux,  l'action  du  tube 
pollinique  sur  la  vésicule  embryonaire  est  regardée  comme  nécessaire  pour 
(|u'il  se  forme  un  embryon  ;  il  ajoute  que  cependant  il  a  été  reconnu  qu'ici, 
comme  chez  les  animaux,  il  peut  y  avoir  dans  quelques  cas  une  véritable 
parthénogenèse.  La  plante  la  plus  remarquable,  sous  ce  rapport,  est  le 
Ca'lcbo'jijne  ilicifulia  Smith;  aussi  a-t-il  cru  devoir  en  faire  à  Kew  même 
une  étude  attentive  et  approfondie,  dont  son  Mémoire  a  pour  principal  objet 
de  faire  connaître  les  résultats. 

La  première  idée  qu'a  eue  M.  Radikofer,  relativement  alaproduction  de 
graines  embryonées  par  les  pieds  de  ('wlehogijne  exclusivement  femelles,  a 
été  qu'il  pouvait  y  avoir  là  une  hybridation.  La  parfaite  ressemblance  des 
jeunes  p'eds  venus  de  ces  graines  avec  les  pieds-mères  était  déjà  tout  à  fait 
défavorable  a  cette  conjecture.  Pour  s'éclairer  entièrement  à  ce  sujet,   il 


UKVUK    UlliLIOGUAl'IMQLIi.  825 

a  exainiiK-  21  pislils  de  cette  plante;  sur  ce  nombre  un  seul  stigmate 
portait  un  grain  de  pollen,  encore  celui-ci  n'avait-il  pas  émis  de  tube,  et  les 
ovules  de  ce  pistil  ne  renfermaient-ils  pas  d'embryon.  En  disséquant  et  exa- 
minant, avec  la  plus  jurande  attention,  les  ovules  de  tous  ces  pistils,  il  n'a  pu 
y  observer  le  moindre  indice  de  tube  pollini((ue,  ni  sur  le  cbemin  (jue  celui- 
ci  aurait  dû  suivre  pour  arriver  à  l'ovaire,  ni  dans  la  cavité  ovarienne  elle- 
même.  Au  contraire,  il  a  trouvé  ces  tubes  sans  difliculté  dans  toutes  les 
autres  Kupborbiacées  qu'il  a  examinées  de  la  même  manière.  «  Malgré  l'ab- 
sence des  tubes  polliniques  dans  le  Cœlehoyijnc,  dit-il,  les  deux  tiers  des 
ovules  ont  montré  leurs  vésicules  embryonaires,  qui  sont  au  nombre  de 
3  dans  chaque  sac  embryonaire,  développées  en  embryon,  soit  toutes  à  la 
fois,  soit  deux,  soit  même  une  seulement.  Le  développement  de  ces  em- 
bryons a  lieu  tout  à  fait  comme  celui  des  Kupborbiacées  en  général  lors- 
qu'elles ont  été  fécondées.  » 

De  ces  observations,  M.   Radlkofer  tire  lacoûclusion,  que,  sans  être  fé- 
condée, la  vésicule  embryonaire  du  CœlebogyncT^eut  se  développer  en  em- 
bryon. Un  autre  fait,  qui  avait  été  déjà  signalé  par  J.  Smith,  lui  semble 
confirmer  cette  conclusion.  Dans  toutes  les  plantes,  peu  après  la  féconda- 
tion, les  stigmates  se  flétrissent,  sèchent,  et,  le  plus  souvent,  se  détachent. 
Au  contraire,  dans  le  Cœlcbofjijne,  les  stigmates  ne  se  flétrissent,  ni  ne 
sèchent,  lorsque  l'embryon  commence  à  se  développer  et  que  l'ovaire  gros- 
sit ;  ils  végètent  même  et  prennent  de  l'accroissement  en  même  temps  que 
l'ovaire.  —  On   a  vu  la  même  particularité  se  produire  dans  les  diverses 
espèces  qu'on  a  citées  jusqu'à  ce  jour  comme  présentant  des  exemples  de 
parthénogenèse.  C'est  notamment  ce  qui  a  été  observé  récemment  sur  la 
Mercuriale  annuelle  et  la  Bryone  dioïque,  par  MM.  INaudin  et  Decaisne, 
par  M.  Radlkofer  lui-même,  qui  a  pu  voir  un  des  pieds  de  Chanvre  sur 
lesquels  ont  porté  les  observations  de  M.  Naudin  ;  c'est  ce  qu'a  vu  encore 
sur  la  Mercuriale  annuelle  M.  ïhuret,  qui  a  répété  à  Cherbourg  les  obser- 
vations de  ce  dernier  botaniste  et  qui  en  a  obtenu  les  mêmes  résultats.  La 
manière  dont  se  comportent  les  stigmates  de  ces  plantes  ainsi  que  celui  du 
Cœlebogyne  prouve  positivement,  pense  M.  Radlkofer,  que  le  pollen  n'a 
pas  agi  sur  eux  et  ainsi  se  complète  la  démonstration  de  l'existence  de  la 
parthénogenèse  dans  le  lègne  végétal. 

IiCçon.«  cléniciif  aires  de  botanique  fouclées  snr  raualyse 
de  cinciiiante  plaute.<s  vnlg;aires  et  formant  un  traité 
complet  d'org;anog:rapliie  et  de  physioIog;ie  vég:étalcs; 

par  M.  Kmm.  Le  Maout.  2'  édit.  ;  1  gr.  in-8  de  XVI  et  558  pages, 
comprenant  un  atlas  de  50  ligures  de  plantes  avec  leur  texte  explicatif 
et  701  figures  gravées  sur  bois,  intercalées  dans  le  texte.  Paris,  1857. 


826  SOCIÉTÉ    BOTANrQUi:    l»E    FRANCE. 

Chez  V.  Masson,  place  de  rÉcoIe-de-Mcdecinc;  Langlois  et  Leclercq,  rue 
des  Malluirins-Saiiit-Jacques,  10. 

Danslesoiivrages  élémentaires,  on  peut  se  proposer  deux  objets  différents 
et  suivre  deux  marches  à  peu  près  opposées  j  tantôt  l'auteur  s'adresse  à  des 
personnes  non-seulement  tout  à  fait  étrangères  à  la  science  dont  il  traite,  mais 
encore  n'éprouvantcju'un  désir  ti'ès  modéré deselivreràcettenouvelleétude, 
ou  ne  voulant  y  chercher  qu'une  pure  et  simple  distraction,  parfois  même 
qu'un  amusement;  tantôt  il  éciit  pour  un  public  plus  sérieux,  plus  avide 
de  connaissances  ou  plus  instruit,  disposé  à  ne  pas  s'effrayer  d'un  peu 
d'aridité  dans  la  forme  d'un  ouvrage,  pourvu  (|u'il  ait  la  certitude  d'y 
apprendre  en  peu  de  temps  une  masse  considérable  de  faits  méthodique- 
ment coordonnés,  et  de  principes  généraux  logiquement  déduits  de  ces 
faits.  La  marche  analyti(]ue  procédant  du  simple  au  composé,  ou,  plus 
exactement,  du  facile  au  difiicile,  convient  parfaitement  aux  Traités  élé- 
mentaires de  la  première  catégorie;  la  marche  synthétique  est  la  seule  qui 
puisse  être  adoptée  dans  ceux  de  la  seconde  catégorie;  car,  envisageant 
chaque  partie  de  la  science  d'abord  dans  son  ensemble,  ensuite  et  succes- 
sivement dans  tous  ses  détails,  elle  conduit  directement  au  but  sans  détours 
et  sans  perte  de  temps. 

Les  Leçons  élémentaires  de  botanique  de  M.  Le  Maout  sont  un  ouvrage 
de  la  première  des  deux  sortes  que  nous  venons  de  distinguer.  La  première 
édition  avait  été  publiée  en  deux  volumes;  la  seconde,  qui  a  paru  il  y  a 
peu  de  mois,  ne  forme  plus  qu'un  seul  volume,  mais  d'un  format  plus 
grand  et  d'une  édition  plus  compacte. 

Dans  un  avant-propos,  l'auteui-  fait  connaître  l'objet  qu'il  s'est  proposé 
en  publiant  ce  livre.  Il  a  voulu  donner  une  connaissance  approfondie  de 
l'organisme  végétal  aux  personnes  qui  n'en  possèdent  pas  même  les  pre- 
miers éléments,  et  cela  en  faisant  d'abord  abstraction  du  langage  scienti- 
fique, en  n'exposant  au  début  (jue  des  faits  d'une  telle  simplicité  que  l'in- 
telligence la  plus  vulgaire  les  accepte  et  les  saisisse  sans  la  moindre  difficulté. 
Dans  ce  but,  il  ligure  et  décrit  50  espèces  des  plus  communes,  qui  présen- 
tent des  types  d'organisation  très  différents  et  dont  il  donne  d'abord  une 
description  succincte  en  langage  vulgaire.  Cette  première  portion  de  son 
ouvrage  a  pour  objet  de  familiariser  les  commençants  avec  la  \ue  des 
plantes,  avec  l'appréciation  des  grands  traits  de  leur  structure,  par  suite, 
de  leur  inspirer  le  désii-,  le  besoin  même  de  pénétrer  plus  avant  dans  la 
connaissance  des  organes. 

Après  cette  initiation,  l'élève  doit  apprendre  les  mots  par  lesquels  la 
science  dcsignc  les  diverses  parties  dQ^  végétaux  dont  il  possède  déjà  une 
connaissance  supçrlîcielle  ;  il  doit  en  nigmc  temps  pénétrer  de  plus  en  plus 


WV.XVE    BIRLrOGKAI'IIIQLK.  8'27 

profond  cm  eut  (huis  les  détails  de  la  nicrveillen.se  organisation  (jni  ne  lui  a 
été  encore  ([u'ébauehée  A  grands  tiaits.  Dans  l'emploi  de  la  langue  scienti- 
fique, !\l.  Ke  Maont  s'attache  à  simplifier  le  plus  possible;  pour  cela,  il 
élague  une  multitude  de  mots  dont  divers  auteurs  modei-nes  ont  malheu- 
reusement encombré  et  encombrent  encore  de  plus  en  plus  la  science  de 
manière  à  en  rendre  l'élude  aussi  fastidieuse  que  difficile.  Dans  plusieurs 
passages  de  son  livre  il  s'élève  contre  cette  déplorable  manie  de  création  de 
mots  nouveaux,  dont  l'inutilité  est  souvent  le  moindre  défaut,  ttiulance 
funeste  à  laquelle  obéissent,  il  faut  bien  l'avouer,  la  plupart  des  botanistes 
et  dont  l'effet  inévitable  est  d'éloigner  beaucoup  de  personnes  de  l'étude 
des  végétaux.  Quant  h  l'histoire  détaillée  de  l'organisation  végétale,  l'auteur 
la  présente  dans  une  série  de  50  études,  dont  les  50  espèces  de  son  atlas 
fournissent  en  général  le  sujet,  ou  pour  lesquels  ces  plantes  forment  plus 
souvent  comme  un  centre  autour  duquel  des  rapprochements  ingénieux  et 
méthodiques  lui  pei-mettent  de  grouper  une  multidude  de  faits  divers. 
Dans  toutes  ces  études,  qui  forment  le  corps  même  de  son  livre,  il  reste 
fidèle  à  sa  méthode  de  complication  progressive,  et  ce  n'est  jamais  qu'en 
allant  du  facile  au  difficile ,  du  simple  au  composé,  qu'il  expose  successi- 
vement tous  les  détails  de  l'organisation  végétale.  Grâce  à  cette  méthode, 
l'élève,  qu'il  a  pris  étranger  aux  plus  simples  notions  de  botanique,  est 
conduit  par  lui  à  ce  point  que  l'organographie  végétale  lui  est  connue  dans 
toutes  ses  parties.  Les  nombreuses  figures  intercalées  dans  le  texte  faci- 
litent beaucoup  l'intelligence  des  faits  dont  l'exposé  est  du  reste  présenté 
avec  toute  la  lucidité  désirable  dans  un  livre  élémentaiic. 

Deux  branches  importantes  de  la  science  n'ont  pas  trouvé  place  dans  la 
série  des  50  études;  ce  sont  l'anatomie  et  la  phj'siologie  végétales.  M.  !.e 
Maout  a  pensé  que  l'étude  des  éléments  anatomiqnes  des  organes  devait 
suivre  et  non  précéder  celle  des  organes  eux-mêmes;  aussi  en  a-t-il  fait 
l'objet  d'un  chapitre  particulier  (p.  /ii3-ii80),  qui  vient  après  la  50*  étude. 
Après  ce  chapitre  se  trouve  celui  qui  est  consacré  à  un  précis  de  phy- 
siologie végétale  (p.  Ù81-528) ,  et  qui  commence  par  l'exposé  des  no- 
tions élémentaires  de  chimie  indispensables  pour  l'intelligence  des  phé- 
nomènes de  la  végétation.  — Sous  le  titre  de  Classification,  nous  trouvons 
ensuite  un  chapitre  (p.  529-5^2)  dans  lequel  l'auteur  fait  connaître  les 
classifications  de  Tournefort,  de  Linné,  la  méthode  naturelle  de  .Tussieu,  la 
classification  de  De  Candolle,  dans  lequel  enfin  il  expose  les  principes  et 
donne  un  exemple  de  la  clef  dichotomique  employée  dans  un  grand  nombre 
de  flores  pour  faciliter  la  détermination  des  plantes.  Le  dernier  chapitre 
de  cet  ouvrage  est  intitulé  Généralités  (p.  5/i3-5/j6).  Il  présente  en  *26  ali- 
néas les  principaux  faits  généraux  auxquels  conduit  l'étude  organogra- 
phique  et  physiologique  des  plantes. 

L'ouvrage  de  1\L  Le  Maout  se  termine  par  une  liste  dos  auteurs  consultés, 


828  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE   FRÂ"NCE. 

par  une  table  alpbabélique  des  matières  et  par  une  table  des  familles, 

genres  et  espèces  qui  y  ont  été  décrits  ou  mentionnés. 

BOTANIQUE  DESCRIPTIVE. 

riorc  d'Alsace  et  «les  contrées  lîinîtroplics  ;  par  M.  Fréd. 
Kirschleger.  Strasbourg  et  Paris  (Chez  V.  Masson).  2  ia-12  :  1"  vol. 
de  XVII  et  662  pages,  portant  la  date  de  1852;  2"  vol.  de  CXXIV  et 
612  pages,  portant  la  date  de  1857. 

La  dore  d'Alsace  de  M.  Kirschleger,  dont  la  publication  a  été  commencée 
en  1850,  vient  d'être  terminée  par  la  publication  de  la  29^  livraison  qui  eu 
complète  le  deuxième  volume.  Cet  ouvrage  consciencieux  se  distingue  au 
milieu  de  la  généralité  des  flores  publiées  dans  ces  derniers  temps,  par  la 
variété  remarquable  des  données  que  l'auteur  y  a  réunies,  au  sujet  de  la 
végétation  du  pays  qui  en  a  fourni  le  sujet.  Ainsi  on  y  trouve  non-seule- 
ment les  espèces  spontanées,  mais  encore  celles  qui  se  sont  naturalisées  et 
celles  qui  sont  fréquemment  cultivées.  Parmi  ces  dernières,  celles  qui  occu- 
pent une  place  importante  dans  la  culture  des  champs  et  des  jardins  sont 
indiquées  et  caractérisées  soit  quant  à  leur  type,  soit  quant  à  leurs  races  et 
à  leurs  principales  variétés.  Les  usages  des  plantes  en  médecine,  dans  les 
arts,  dans  l'industrie,  etc.,  sont  signalés  avec  soin,  et,  pour  celles  dont  la 
culture  a  de  l'importance,  l'auteur  présente  des  renseignements  variés  et 
très  intéressants,  tels  que  leur  lendenient,  la  valeur  vénale  de  leurs  pro- 
duits, l'étendue  des  terres  sur  lesquelles  on  les  cultive  dans  les  deux  dépar- 
tements du  Haut  et  du  Bas-Rhin,  etc.  Il  complète,  le  plus  souvent  possible, 
leur  histoire,  en  indiquant  les  principes  chimiques  qui  leur  donnent  leurs 
propriétés  caractéristiques  ou  leur  mérite.  Même  dans  beaucoup  de  familles 
il  signale  les  parties  des  plantes  sur  lesquelles  ou  doit  surtout  porter  son 
attention,  à  cause  des  particularités  qu'elles  présentent  dans  leur  organi- 
sation ou  dans  leur  développement. 

Quant  à  Thistolre  botanique  des  espèces,  elle  comprend  les  parties  sui- 
vantes :  1°  Le  nom  adopté,  suivi  d'une  synonymie  dans  laquelle  l'auteur 
s'est  attaché  beaucoup  plus  qu'on  ne  le  fait  d'habitude  à  remonter  aux 
auteurs  anciens;  2°  une  description  généralement  succincte,  dans  laquelle 
les  caractères  essentiellement  distinctifs  sont  mis  en  relief  par  l'impression 
en  lettres  italiques;  3°  la  durée  et  l'époque  de  la  floraison;  Zj°  les  loca- 
lités où  elles  ont  été  observées  dans  les  limites  de  la  Flore,  relevées  avec 
une  attention  toute  particulière;  5"  les  noms  vulgaires  français  et  alle- 
mands. 

La  détermination  est  facilitée  à  la  fois  par  tous  les  divers  moyens  usités 
dans  les  Flores  modernes.  Ainsi,  dans  le  corps  de  son  ouvrage,  M.  Kirsch- 


REVUE    RIIÎLIOGRAPIIIQIK.  829 

léger  emploie  concun  einment  des  clés  dichot()mi(|ues  et  des  tableaux  synop- 
tiques; eu  outre,  voulant  ouvrir  encore  aux  commençants  une  autre  voie 
qui  puisse  les  conduire  aisément  à  déterminer  les  plantes  qu'ils  rencontrent, 
il  vient  de  terminer  sa  Flore  par  une  clef  dichotomique,  d'après  le  système 
de  I.inné. 

Pour  les  genres,  l'auteur  de  la  Flore  d'Alsace  s'écarte  souvent  d'un  usage 
traditionnel,  admis  peut-être,  il  est  vrai,  sans  motifs  suffisants.  Voulant, 
en  effet,  rendre  pleine  justice  aux  auteurs  anciens,  sous  ce  rapport  comme 
sous  plusieurs  autres,  il  cite  pour  autorité  le  premier  auteur  qui  a  établi  le 
genre,  et  non  pas  uniquement  Linné  qui,  venu  plus  tard,  n'a  fait  qu'adop- 
ter ce  groupe  tel  qu'il  existait  déjà. 

Quant  aux  familles,  l'auteur  en  expose  les  caractères  en  détail,  et  il 
indique  non-seulement  les  auteurs  qu'on  peut  consulter  plus  particulière- 
ment pour  une  étude  approfondie,  mais  encore  les  figures  analytiques  qui 
peuvent  en  faciliter  la  connaissance;  l'Atlas  de  M.  Le  Maout  et  Y  Icono- 
graphie de  M.  Schnizlein  sont,  sous  ce  dernier  rapport,  les  ouvrages  qu'il 
cite  le  plus  fréquemment.  Il  ajoute  des  considérations  sur  les  caractères  qui 
ont  servi  à  former  les  tribus  et  les  genres,  sur  ceux  de  la  famille  elle-même, 
sur  les  usages  des  plantes  qui  forment  celle-ci,  etc. 

Le  premier  volume  de  cet  ouvrage  commence  par  un  avant-propos  de 
six  pages,  dans  lequel  l'auteur  expose  les  motifs  pour  lesquels  il  joint  aux 
genres  anciens  le  nom  de  leur  fondateur  réel,  aux  espèces  transportées 
dans  un  nouveau  genre  simplement  démembré  d'un  autre  le  nom  du  pre- 
mier auteur  qui  a  réellement  établi  l'espèce,  aux  espèces  établies  avant 
Linné  le  nom  du  botaniste  ancien  qui  les  a  nommées  le  premier,  etc.  Quant 
au  second  volume,  il  renferme,  outre  la  partie  descriptive  :  1"  une  intro- 
duction (de  11  pages)  intitulée  :  Considérations  sur  les  flores  en  général  et 
la  flore  alsato-vosgienne  en  particulier;  2"  une  revue  bibliographique  et 
historique  très  complète  (enlO/i  pages)  des  travaux  relatifs  a  la  Flore 
d'Alsace  et  des  Vosges,  depuis  le  xvi®  siècle  jusqu'à  nos  jours  ;  3°  des  addi- 
tions à  la  Flore,  ainsi  qu'à  l'introduction  et  à  la  Revue  historique;  h°  les 
tables  des  noms  latins  et  des  noms  allemands. 

Au  total,  on  voit  que,  dans  sa  Flore  d'Alsace^  M.  Kirschleger  a  consi- 
déré la  végétation  dont  il  s'occupait  sous  tous  les  points  de  vue  qui  per- 
mettaient d'en  compléter  la  connaissance.  Il  paraît  cependant  que,  pour  lui, 
cette  mine  est  encore  loin  d'être  épuisée;  car  nous  savons  qu'il  se  propose 
de  faire  de  cette  même  végétation  l'objet  de  nouveaux  écrits  dont  les  bota- 
nistes ne  peuvent  que  désirer  vivement  la  publication. 

Bcrberides  Aiucricte  australîs,  descripsit  Willibaldus  Lechicr. 
Br.  iu-18  de  59  pag.  Stuttgart;  1857.  Chez Schweizerbart, 

Dans  un  avis  imprimé  en  tête  de  cette  brochure,  M.  G.  Zeller  nous  ap- 


830  SOCIÉTÉ    IJOTAMQUE    DE    FRANCE. 

prend  que  la  publication  des  descriptions  des  Berberis  de  l'Amérique  mé- 
ridionale est  faite  par  lui  conformément  au  \œu  exprimé  par  Lechler  peu 
de  temps  avant  sa  mort,  il  ajoute  qu'il  a  cru  devoir  ajouter  a  ce  travail  la 
liste  des  plantes  que  cet  infortuné  botaniste  avait  découvertes  pendant  son 
grand  voyage  dans  l'Amérique  du  Sud. 

Les  Berbéridées  abondent  dans  les  parties  tempérées  de  l'Amérique  mé- 
ridionale, de  l'Equateur  jusqu'aux  côtes  du  détroit  de  Magellan  et  à  laTerre 
de  Feu.  A  cette  extrémité  sud  du  continent  américain  on  en  trouve  5  espèces, 
parmi  lesquelles  une,  le  Berberis  iikifoUa  Forst.,  est  un  arbre  dont  le 
tronc  acquiert  de  15  à  20  centimètres  d'épaisseur  et  fournit  aux  indigènes 
leur  principal  combustible.  Sous  l'F^quateur  on  les  trouve  à  l'altitude  de 
300U  mètres  et  plus  au-dessus  du  niveau  de  l'Océan.  A  partir  de  30  degrés 
de  latitude,  les  végétaux  de  cette  famille  couvrent  souvent  de  vastes  espaces 
sur  les  l)e)rds  des  forêts  et  le  long  des  rivières.  Les  Indiens  emploient  l'é- 
corce  et  les  racines  de  toutes  les  espèces  pour  teindre  la  laine  en  jaune; 
les  habitants  de  la  Terre  de  Feu  font  leurs  flèches  avec  les  branches  par- 
faitement droites  du  Berberis  buxifolia.  Les  fruits  de  cette  espèce  mêlés  à 
ceux  de  VAristotelia  Maqui  et  du  Bromeliu  crassifolia  Steud.  servent 
aux   Araucans  pour  la  préparation  d'une  boisson  enivrante. 

Voici  le  relevé  des  espèces  de  Berberis  de  l'Amérique  du  Sud  dont 
M.  Lechler  donne  la  description. 

Sect.  T.  Foliis  simplicibus,  pedunculis  multifloris  racemosis. 
1.  Berberis  confertillora  Cl.  Gay.  2.  B.  gloraerata  Hook.  et  Arn.  3.  B. 
ilicifolia  Forst.  h.  B.  Darwinii  Hook.  5.  B.  ferruginea  Lechl. ,  n.  sp.  6.  B. 
trigonaKunze.  7.B.  bidentata  Lechl. ,  n.sp.  8.  B.  chilensis  Gill.  9.  B.  ferox 
Cl.  Gay.  10.  B.  diffusa  Cl.  Gay.  11.  B.  brachybotria  Cl.  Gay.  12.  B.  co- 
rymbosa  Hook.  et  Arn.  13.  B.  glauca  DC.  \k.  B.  monosperna  Buiz  et  Pav. 
15.   B.  serrato-dentata  Lechl.,  n.   sp.   16.    B.  rotundifolia  Poepp.  17.  B. 
lalifolia  Ruiz  et  Pav.  18.  B.  tlexuosa  Buiz  et  Pav.  19.  B.  ruscifolia  Larak. 
20.  B.  spinulosa   A.-S.-Hil.    21  B.  boliviana  Lechl.,  n.  sp.  22.  B.   Wed- 
delli   Lechl.,  n.  sp.  23.    B.   paniculata  Juss.   2^.  B.   rigidifolia  H.  B.  K. 
25.  B.  quinduensis  H.  B.  K.  26.  B.  laurina  Thunb.   27.  B.  glaucesceus 
A.-S.-Hil.  28.  B.  loxensis  Benth.   29.  B.  ciliaris  Lindl.  30.  B.   undulata 
Lindl.  31.  B.  aurahuacensis  Lemaire.  32.  B.  multillora  Bentb. 
Sect.  IL  Pedunculis  unifloris. 

33.  B.  actinacanlha  Mart.  3^i.  B.  crispa  CI.  Gay.  35.  B.  dulcis  Sweet. 
36.  B.  buxifolia  Lamk.  37.  B.  rariflora  Lechl.,  n.  sp.  38.  B.  globosa  Benth. 
39.  B.  Grisebachii  Lechl.,  7i.  sp.  U(i.  B.  empetrifolia  Lamk.  k\.  B.  cuneata 
DC.  Li2.  B.  heterophylla  Juss.  /|3.  B.  marginata  Cl.  Gay.  ^i.  B.  montana 
Cl.  Gay.  U5.  B.  colelioides  Lechl.,  ?i.  sp.  U6.  B.  inermis  Pers.  Ul.  B.  Haen- 
keana  Presl.  US.  B.  tomentosa  lUiiz  et  Pav.  U9.  B.  carinata  Lechl.,  n.  sp. 
50.  B.  lulea   Ruiz  et  Pav.  51.  U.  saxicola  Lechl.,   n.  sp.  52.  B.  conferta 


REVUE    RIIJLIOGr.Al'HIQUi:.  831 

H.  B.  K.  53.  li.  itgnpateiisis  Loch!.,  n.  s/j.  ')[\.  V,.  virgatîi  Buiz  et  Pav. 
55.  13.  Gi'cvillcawa  Gill.  56.  15.  lion'idaCI.  Gay. 

La  secoiuU'pailu'  dv  la  brochure  (jui  nous  occupe  est  U\[\Ui\éii  F)uimefnfi() 
plantaruni  fjiias  in  America  auMruli  detexit  W.  Lechler.  378  espèces  /i<.;u- 
rent  dans  cette  liste  qui  est  divisée  en  k  portions  :  l'une  pour  les  iles  Ma- 
louines,  la  deuxièine  pour  le  détroit  de  Magellan,  la  troisième  pour  le  Chili, 
la  quatrième  pour  le  Pérou.  Chaque  espèce  est  accompagnée  du  numéro 
qu'elle  porte  dans  les  collections  de  Lechler.  Nous  donnerons  ici  le  relevé 
des  genres  nouveaux  compris  dans  cette  liste. 

1.  Iles  Malouines.  Algues:  1.  Cœpiliuui  J- Ag. 

IL  Détroit  de  Magellan.  Graminées  :  2.  Airidium  Steud.  Composées  : 
3.  Eriuchœnium.  C.-H.  Sch.  bipont.  Calycérées  :  ^i.  Acarpha   Griseb. 

III.  Chili.  Graminées  :  5.  Rdchela  Steud.  ;  6.  liytidospcrma  Steud.; 
7.  Didymocliœte  Steud.  Iridees  :  8.  Lechlera  Griseb.  ;  9.  Roterbe  Steud. 
Rubiacées  :  10.  Oreopolus  Schlchtd.  Primulacées  :  11.  Theopyxis  Griseb. 
Loranthacées  :  12.  Myrlobium  Schlchtd. 

IV".  Pérou.  Joncacées  :  13.  Agapalea  Steud.  Smilacées  :  1^.  Sc/iidos- 
permum  Griseb.  Asclépiadées  :  15.  Ptycholepis  Griseb.  Ombeliit'eres  : 
16.  Niphogeton  Schlchtd.  Crucifèi'es  :  17.  Machœrophoriis  Schlchtd. 
18.  Km^danogiyphos  Schlchtd.  Rosacées  :  EleutJierocarpun'è)i.-\\W\\\(\. 

Oversig't  ovcr  Groculands  Plautcr  [Coup  d'œil  sur  la  végéta- 
tion du  Groenland)  ;  par  l\f.  J.  Lange.  (6"  chapitre  de  l'ouvrage  intitulé: 
Naturhistoriskê  Bidrag  til  en  Beshrivelse  af  Groenland;  in-8.  Copen- 
hague; 1857;  pp.  10(3-135.) 

M.  J.  Lange  a  inséré  dans  un  ouvrage  danois  relatif  à  l'histoire  naturelle 
du  Groenland  le  relevé  des  espèces  qui  ont  été  trouvées  jusqu'à  ce  jour  sur  ces 
terres  arctiques,  et  qui  y  ont  été  recueillies  par  Kgede,  Gieseke,  Wormsk- 
jold,  Raben,  etc.  Ce  relevé  présente  un  haut  intérêt  comme  donnant  une 
idée  exacte  de  cette  végétation  fort  peu  connue  et  comme  fournissant  à  la 
géographie  botanique  un  document  important;  en  outre,  l'ouvrage  qui  le 
renferme  n'arrivera  probablement  qu'entre  les  mains  d'un  petit  nombre  de 
botanistes  à  cause  du  pays  dans  lequel  il  a  été  publié  et  de  la  langue  dans 
laquelle  il  est  écrit.  Pour  ces  divers  motifs  nous  pensons  que  les  membres 
de  la  Société  botanique  de  France  seront  bien  aises  d'en  posséder  la  repro- 
duction dans  le  Bulletin. 

Le  nombre  des  espèces  observées  jusqu'à  ce  jour  au  Groenland  est  de  320 
qui  appartiennent  à  52  familles.  Parmi  ces  familles  21  n'y  comptent  qu'un 
seul  représentant,  7  y  sont  représentées  par  2  espèces,  et  12  seulement  y 
comptent  au  moins  10  espèces.  Celles-ci  forment  le  fond  de  cette  flore  sep- 
tentrionale; ce  sont  les  ("lypéracées  (/t6  esp.),  Graminées  (35),  Crucifères 


832  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE   FRANCE. 

(25),  Composées  (20),  Alsinacées  (19),  Rosacées  (1^),  Joncacées  (13),  Scro- 
fulariacées  (12),  Fougères  (11),  Éricacées  (11),  Renonculacées  (11),  Saxi- 
fragacées  (10).  Voici  maintenant  la  liste  complète  des  familles  et  des  es- 
pèces signalées  par  M.  Lange. 

I.  ACOTYLEDONEyE.  —  1.  I-^quisetace^  (5  spec).  Equisetum  varie- 
gatum  AH.;  E.  scirpoides  Mich.;  E.  arvense  L.  j3.  riparium  Fr.;  ?  E.  um- 
brosum  Willd.;  E.  sylvaticum  L,  —  2.  Filices  (11  sp.).  Pobjpodium 
Dryopteris  L.-,  P.  Phegopteris  L.;  P.  alpestre  Hop.  Aspidiiim  Lonchitis 
Sw. ;  A.  fragrans  Willd.  Lastrœa  Filix  mas  Presl  ;  L.  dilata,  Pr.sl; 
Cystopteris  fragilis  Bernli.  Woodsia  ilvensis  R.  Br. ;  W.  hyperborea  W. 
Br.  Botryddwn  Lunaria  Sw. ;  B.  rutaceum  Fr.  —  3.  Isoete./e  (1  sp.), 
Isoetes  lacustris  L.  —  U.  Iacopodiace.î:  (6  sp.}.  Selaginella  spinulosa  A. 
Br.  Lycopodiiim  Selago  L.;  L.  alpinum  L. ;  L.  Chamœcyparissus  A.  Br. ; 
L.  annotinum  (3.  alpestre  Hn.;  L.  clavatum  L. 

II.  MONOCOTYLEDONE.E.  —  5.  Gramine^  (35  sp.).  Alopecurus  al- 

pinus  Sm.-,  .'^.  geniculatus  L.  Phleum  alpinum  L.  Anthoxanthum  odora- 

tum  L.  HierocJdoa  alpina  R.  et  S.  Agrostis  rubra  L.;  A.  canina  L.,  (3,  mu- 

tica  Hn.-   A.  alba  L.   Calamagrostix  Halleriana  DC;  C.  purpurascens  R. 

Br.;  C.  neglecta  Ehrb.  Dvpontia  psilosantha  Rupr.  Aira  alpina  L.;  A. 

flexuosa  L.  Va/dodea  atropurpurea  Fr.  Trisetum  subspicatum  Beauv.  Ca- 

tahrosa  algidaFr.  (PluppsiaSol.);  C.  latifoliaFr.  (Colpodium  R.  Br.).  67y- 

ce7'ia  festucseformis  Heynii.;  G.  conforta  Fr.;  G.   pendulina  Laestad.  Poa 

alpina  L.;  P.  pratensis  L.;  P.  cenisia  AIL;  P.  Vahliana  Liebm.;  P.  nemo- 

ralis  var.  glauca;  P.  caesia  Sm.;  P.  aspera  Gaud.;  P.  annua  L.  Festuca 

ovina  L.  c.  var.  vivipara-,  F.  brevifolia  R.  Br.;  F.  arenaria  Osb.  (F.  sabu- 

licola  L.  Duf.).  Agropyrum  violaceum  Horn.  Elymus  arenarius  L.  JSardvs 

slricta    L.  — 6.  Cyperace^  (^(i  sp.).  Carex  gynocrates  Wormskj.;   C. 

Wormskjoldii  Horn.;  C.  rupestris  Ail.;  C.  micioglochin  Wablenb.;  C.  ca- 

pitata  L.;  C.  nardinaFr.;  C.  ursina  Dewey;  C.  incurva  Lightf. ;  C.  durius- 

cula  C.    A.    Mey.;   C.    festiva    Devey  ;    C.   pratensis  Drej.;    C.  glarcosa 

\Vahlenb. ;  C.   lagopina  p.  leiostacbya  Drej.;  C.  canescens  |3.    robustior 

Blytt;  C.  rufina  Drej.;  C.  bicolor  Ail.;  C.  holostoma  Drej.;  C.  Vablii  Schk.; 

C.  atrata  L.-,  C.  nigritella  Drej.;  C.  fuliginosa  Stbg.  et  Hpp.;  C.  subspa- 

thacea  Wormskj.  ;  C.  reducta  Drej.;  C.  vulgaris  Fr.;  C.  stans  Drej.;  C.  ri- 

gjda  Good.;  C.  hyperborea  Drej.;  C.  bœmatolepis  Drej.;  C.  filipendula  y 

ooncolor  Drej.;  C.  rariflora  Sm.;  C.  vaginata  Tausch  ;  C.  capillaris  L.;  C. 

supina  AVahlenb.;  C.  pilulifera  3  defle.xa  Drej.;  C.  pedata  Wablrnb.;  C. 

Œderi  Ehrb.;   C.    saxalilis   F,.;    C.   rotundata  Wablenb.;  C.  ampullacea 

Good.;  C.  amp.  [3  borealis  (C.  hymenocarpa  Drej.);  C.  vesicaria  L.  Erio- 

|>/io/-u»J  Scheuchzeri  Hpp.;  E.  anguslifolium  Rolb.  £/y/ja  spicata  Schrad. 

Kobn-na  caricina  W  illd.  Elfocharis  palustris  R.  Br.  Scirpus  caespilosus  L. 

—  7.  JuNCAGiNE.'E  (1  sp.).   Triglockin  palustre  T.  —  8.  Juncace.*:  (13  sp.). 


nEVCK    BIBLIOGRAPHIQUE.  833 

J.nz>da  spieata  DC;  L.  arciiata  Walileiih. ;  L.  arc.  j3  hypfiborca  (L.  Iiyper- 
hoiea  R.  Hr.)  ;  I..  arc.  y  snbspicata  Lge,  msc;  L.  miiltiflora  Lej.,  et  [3  coii- 
gesta  Koeh;  L.  parvidora  Desv.,  «  sparsiflora  Lgc,  msc,  p  dciisifloi-a  f.ge. 
y?/«^wsareticus  Willd.;  .T.  tiliformis  !>.;  J.  squarrosus  L.;  J.  a'pinus  VMII.; 
J.  bufonius  L.;  J.  trifidus  L.;  J.  castaneus  Sm.;  J,  tritilumis  L.;  J.  biglu- 
mis  L.  — 9.  Colchicace.t:  (1  sp.).  Tofieldia  borealis  Wahleiib.  — IO.Smi- 
LACE^E  (1  sp.)  St/'eptopus  amplexifolius  DC.  —  11.  Ouchidicf..  {k  sp.).  Cb- 
rallo7diizn  innata  R.  Br.  Habenaria  aibida  R.  ]5i'.  l'iatanthera  Kœnigii 
Liiidl.  Z/sfera  cordata  R.  \\\\  —  12.  Najade^  (^sp.).  Zostera  marina  L. 
Potamogeton  mariniis  !..  ;  V.  heterophyllus  Schreb.  ;  P.  rufcscens  Scbrad. 
—  13.  Typhace;e  (1  sp.).  Spar/juniwn  niiiiirnuin  Fr. 

m.  DICOTYLEDONES].  —  ih.  Calutiuchfne^^  (2  sp.).  Callilriche 
verna  et  csespitosa  Kiitz.,  j3  latifolia  Kûtz.;  C.  bamulala  Kûtz,  —  15.  Co- 
NiFERjî  (1  sp.).  Juniperus  nana  Willd.  —  16.  Betuline/K  (3  sp.).  Alnra^ 
repens  Wormskj.  Betida  nana  L.  et  var.?  (B.  frulicosa  Florn.  non  Pall.); 
B.  alpestris  Fr.  —  17.  Saltcine^  (7  sp.).  6'a/2X  herbacea  L. ;  S.  rcliculata 
L. ;  S.  Myrsinites  L.;  S.  arbuscula  L.;  S.  arctica  Pall.;  S.  glauca  L. ,  et  p 
appendiculata  Wablenb.;  S.  lanata  L.  — 18.  Chenopodiace.ï:  (1  sp.).  Bli- 
tum  glaucum  Kocb.  —  19.  Polygones  (7  sp.).  Kœnigia  islandica  L. 
Oxyria  digynaCampd.  /^w»«^x  Acctosella  L. ;  R.'Acetosa  L  ;  R.  domesticus 
Hn.  Pobjgonum  aviculare  L.  ;  P.  viviparumL.  (3  alpinum  Dn. — 20.  Plan- 
tagtne.î;  (1  sp.).  Plantago  maritima  L.  —  21.  Plumbagine/E  (1  sp.).  Ai'- 
meria  labradorica  Wallr.  —  22.  Composit.*:.  a.  Asteroideœ  (12  sp.).  £J?h- 
geron  compositus  Pursb;  E.  alpinus  L.;  E.  uniflorus  L.  et  (3  pulcbeilus  Hn. 
Achillea  Millefolium  L.  Arnica  alpina  Murr.  Matricaria  inodora  j3  pbœo- 
ccpbala  Rupr.  Arfemisia  borealis  Pall.  (A.  groenlandica  Woi'mskj.).  G^m- 
phalium nor\eg.icum  Gunn;  G.  uliginosum  T.;  G.  supinimi  T.,  «  subacaule. 
(3  fuscnm.  Antennaria  dioica  R.  Br.  p  liyperborea;  A.  alpina  R.  Br.  et  p 
glabrata  J.  Vahl,  msc.  —  b.  Cichoraceae  (8  sp.).  Leontodon  autnmn.ilis  L. 
Taraxacum  palustre  Sm.  ;  T.  phymatocarpnm  J.  Vahl.  Hieraciinn  alpinum 
L.;H.  murorum  L.-,  H.  atratum  Fr.;  H.  vulgatumFr.;H.  crocatuni  Fr.  — 23, 
CAMPANULACE.E(2sp.).  Campanidû  uniflora  E.;  C.  liuifolia  ^  Langsdorfdana 
Alph.  DC. — 24.  RiiBrACE^.(2sp.).Ga/î'M7?2  trinorum  iNlicb.;  G.  palustre  E.  p 
minor.  —  25.  Gentianes  (5  sp.).  Gentiana  nivalis  L.;  G.  scrrata  Gunn; 
G.  invoIucrataRottb.  Pleurogyne  rotata  Griseb.  Menyanthes  trifoliata  L. — 
26.  Borragine.ï:  (1  sp.).  Stenhammaria  marilima  Rchbc.  — 27.  I.ariat.e 
(1  sp.).  Thymus  Serpyllum  E.  —  28.  ScRoruLAEiACE.E  (12  sp.).  Lima- 
sella  aquatica  E.  Veronica  alpina  E. ,  et  p  viilosa  (V.  Wôrmskjoldii  Scluilt.); 
V.  saxatilis  E.  PediculartsWn?,\\\.o.L.;  P.  Eangsdorffii  Fiscli.;  P.  Groenlan- 
dica Retz.;  P.  euphrnsioides  AVilld.;  P.  lapponica  E. ;  P.  Ilauimea  f>.  Rhi- 
vanthus  minor  Ehrli.  Euphrasia  officinalis  E.  Pnrtsio  alpina  f,.  —  29.  I.en- 
TiBULARiRi':  (1  sp.).  Pinguiciiln  vulgaris  E.  —  30.  Pi',i\ii;r.Ar.E.i-:  (2  sp.). 
T.   m  53 


83/|  SOCIÉTli    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Priijuda  stiicta  Horn.;  P.  sibirica  |3  minor  Hook.  —  31.  DIAPE^SIACE^ 
(l  sp.).  Diapensia  lapponica  L.  —  32.  ^]aICl^E.î:  (H  sp.).  Loiselewna  pro- 
cumbens  Desv.  Rhododendron  lapponicum  Wahleiib.  Ledum  groenlaiidi- 
cum  Œcler;  !..  palustic  jSdecunibens  Ait.  /V/z/Z/oc/oee  ceeruleaGreii.  etGotlr. 
Cassiope  tetiagona  Don;  G.  bypnoides  Don.  Arctostaphi/los  Uva  ursi  Spr. 
Oxycoccos  palusti'is  Peis.  Vacciniwu  Vitis  idœa  j3  puniiluni  Horn.;  V.  uligi- 
nosuni  1 .  var.  (V.  pubeseens  Wormskj.)  — 33.  Umbellifeh^  (2sp.).  .4?'- 
c/iangelica  ofCicinalis  Hoffm.  Haloscias  scoticiim  Fr.  —  34.  CoRiNEj;(l  sp.). 
Cor/H/5  suecica  L.  —  35.  Cuassulace.e  (3  sp.).  Sedimi  Rbodiola  DC. ;  S. 
annuuiu  L.;  S.  villosiun  L.  —  36.  Saxifbagace.e  (9  sp.).  Saxifraya  stel- 
laris  L.,  (j  comosa  J.  Vahl;  S.  iiivalis  L. ,  (3  tenuior  \\'aldenb.;  S.  rivularis 
L. ;  S.  cernua  L. ;  S.  ceespitosa  L.  et  var.  (S.  groenlandica  L.)  ;  S.  Aizoon 
Jacq.;  S.  liieiispidata  Rottb.;  S.  flageliaris  Willd.;  S.  aizoidesL. ;  S.  oppo- 
sitit'olia  L.  —  37.  Rakunculage.e  (11  sp.).  Tkalictrum  alpinum  L.  Ané- 
mone Richardsonii  Hook.  Batracidum  confervoides  Fr.  Ranunculus  pyg- 
mœus  ^Vahli'nb. ;  H.  byperboreus  Rottb.;  R.  nivalis  L.;  R.  lapponicus  L.; 
R.  Gymbalaiia  Pursh  ;  R.  reptans  L.;  R.  acris  L.  Coptis  trifolia  Salisb.  — 
38.  Papaverace.e  (1  sp.).  Papaver  nudicaule  L.  — 39.  Grucifek.e  (25  sp.). 
Vesicaria  arctica  R.  Rr.  Coclilearia  officinalis  L.  var.  (G.  arcticaDC.); 
G.  fenestrala  R.  Br.  Draba  corymbosa  R.  Br.;  D.  artica  J.  VabI;  D.  cras- 
sifolia  Grali  ;  1).  lapponica  DG. ;  D.  lacfea  Adanis,  et  y  laevigata  Fr.;  D.  ni- 
valis Liljebi.;  i).  rupistris  R.  Br.  et  var.;  D.  hirta  L  et  var.;  D.  alpina  L. ; 
D.  aureaM.  Vahl  ;  D.  incana  L.  Lepidium.  groenlandicum  Hoin.?  Capsella 
Bursa  pastoris  Moencb.  Eutrema  Edwardsii  R.  Br.  PlutypeUduui  purpu- 
rasccns  R.  Br.  Nasturtium  palustre  R.  Br.  Sisymbrium  humifusuni  .T.  N'alil. 
6'ar^a?/n«é' bellidifolia  ï..;G.  pratensis  !..  Arabis  alpina  L.;  A.  Holboellii 
Horn.  Turritis  mollis  Hook.  —  UO.  ViolacejE  (3  sp.).  Viola,  palustris  L.  ; 
V.  Mùhlenbergii  p  minor  Hook.;  V.  canina  L.  —  lx\.  DuosERACEJi;  (1  sp.). 
Parnaasia  Koizebiiei  Schleclitd.  et  Cham.  —  42.  Pykolace.e  (2  sp.).  Py' 
ro/«  grand iilora  Rad.  ;  P.  minor  L.  —  43.  Empetre.e  (1  sp.).  Empetrum 
nigruni  L.  — Uh.  Portulacace.1;  (1  sp.).  Montia  rivularis  Gmel.  —  45.  Al- 
sinacejE  (20  sp.).  Arenaria  groenlandica  E.  Mey.-,  .A.  ciliata  j3  humifusa 
Horn.  Halianthm  peploides  Fr.  Alsine  rubella  [3  birta  Wablenb.,  etyGie- 
sekii;  A.  stricta  ^^ablenb.;  A  biilora  Wablenb.  Stellaria  média  Wilb.;  St. 
bumifusa  Rottb. ;  St.  cerastoidcs  L.;  St.  borealis  Big.;  St.  glauca  With.; 
St.  Edwardsii  U.  Ur.  Ccrastiuin  alpiaum  L.;  G.  triviale  Lk. ;  G,  semidcean- 
drum  L.  Sagina  nodosa  Fzl.;  S.  saxatilis  Wimm.;  S.  procumbens  L. ;  S. 
caîspitosa  J.  Vahl.  —  46.  Silene^e  (5  sp.).  Silène  acaulis  L.  Viscaria  al- 
pina Fr.  Wahlberyella  apetala  Fr.  ;  W.  affinis  Fr.;  W.  trinora(Melandrium 
trifl.  J.  Vabl).  —  47.  Onoorarie.e  (6  sp.).  Epilopimn  alpinum  !>.;  E.  ori- 
ganifolium  lamk.;  E.  palustre  L.;  K.  linearo  Mûbleiib.  ;  E.  latifolium  L. 
C/wmrpnermm  angustifcliiim  Spaeb,  —  4S.  ÏIippiMunE.i:  (1  sp.).   /fippuris 


HEVLE  BinLiOGRAi'iiiori:.  835 

vulgaris  (i  inarilima  llu.  —  f\\).  llAi.oiuuiAcjKii;  (1  sp.).  Mj/rio/j/iyllui/i 
aUtTiiilloruin  DC.  —  50.  Pomack^e  (1  sp.).  Pyrm  americaiia  Dd.  —  51.  Ho- 
SACËyE  (1/i  sp.).  /^i<^ws  saxatilis  L.;  R.  Chama^morus  L.  />r/yfls  inte«Trifolia 
M.  Vahl.  Sihbaldia  procumbeiis  J>.  Comarum  palustre  L  Pdfmtilln  ai)se- 
rina  L.,  et  p  grociilaiulica  DC. ;  P.  pulchclla  U.  Br.;  P.  Valiliana  F.elim.; 
P.  nivea  L. ;  P.  enuirginata  Pursh;  P.  maculata  Poiin-.;  I'.  tiidentata 
Pursh.  A/chciniila  vulgaris  L.;  A.  alpiiia  L.  — 52.  Papiltonack^  (2  sp.). 
Latlujnis  maritlmus  Fr.  Vicia  Cracca  L. 

Plauttc  Jiins'huliuiaiiac;  fasc  IV.  Lichenes  exposuerunt  C.  Mon- 
tagne et  U.  B.  van  den  Bosch  (pp.  427-^9/i). 

Le  travail  de  iVJiVI.  G.  Montagne  et  van  den  Bosch  porte  la  date  de  fé- 
vrier 1856,  bien  que  le  fascicule  Zi  des  Plantœ  Junghulinianœ  qui  le  ren- 
ferme porte  celle  de  1855.  Il  comprend  le  catalogue  synonymique  d'un 
grand  nombre  d'espèces  déjà  connues  et  les  descriptions  de  beaucoup 
d'autres  signalées  pour  la  première  fois  par  les  deux  .-luteurs,  ou  mal  con- 
nues avant  eux.  Parmi  celles-ci  la  plupart  figurent  déjà  dans  le  Sylloge  de 
M.  Montagne,  où  les  botanistes  en  trouveront  les  diagnoses  beaucoup  plus 
facilement  que  dans  l'ouvrage  dont  il  s'agit  ici.  Un  certain  nombre  d'autres 
sont  nommées  et  décrites  ici  poui-  la  première  fois  ;  ce  sont  les  suivantes  : 
Peltigera  ntelanocoma,  Neph?'oma  o/ivacea,  Parmelia  xantholepis,  P.  dic- 
tyoplaga ,  Cladonia  Junghuhniaim  ,  Grciplns  Montagnei ,  Lecanadis  pla^ 
niuscula. 

Illustrazloue  délie  plaute  uiiove  o  rare  dcll'orfo  bota- 
nico  di  Padova  [Illustration  des  plantes  nouvelles  ou  raines  du  Jar- 
din botanique  de  Padoue)  ;  par  le  prof.  Robert  de  Visiani.  3*^  mémoire. 
{Memorie  deW  I.  R.  Istituto  veneto  di  scienze,  lettere  ed  arti,  vol.  VI. 
Tirage  à  part  en  brochure  petit  in-fol.  de  28  pages  et  5  planch.  color. 
Venise,  1856,  chez  G.  Antonelli.) 

Au  commencement  de  son  mémoire  et  avant  d'aborder  l'histoire  des 
plantes  qui  sont  l'objet  spécial  de  son  travail,  M.  Visiani  entre  dans  des  dé- 
veloppements assez  étendus  au  sujet  de  la  tendance  qui  lui  semble  dominer 
aujourd'hui  parmi  les  botanistes  et  qu'il  regarde  comme  pouvant  amener 
de  graves  inconvénients  pour  la  science.  Il  fait  observer  que  i'étudc  des 
plantes  se  réduisait  autrefois  à  peu  près  exclusivement  à  celle  de  leurs  ca- 
ractères, de  sorte  que  la  phytographie  proprement  dite  constituait  la  bota- 
nique tout  entière.  Plus  tard  a  pris  naissance  la  physique  végétale,  ou, 
pour  éviter  toute  équivoque,  la  physiologie  végétale,  qui  a  fait  des  progrès 
immenses  pendant  le  siècle  dernier,  de  telle  sorte  que  les  botanistes  de  tous 
les  pays  se  sont  mis  en  grand  nombre  a  la  cultiver,  négligeant  et  abandon- 
nant même  la  partie  descriptive  de  ia  science...  De  là  vient  que  les  bota- 


83(3  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE, 

nistes  descripteurs  deviennent  plus  rares  de  jour  on  jour.  Après  avoir  fait 
ressortir  de  quelle  importance  il  est  pour  tous  ceux  qui  veulent  s'occuper 
de  botanique  de  commencer  par  éludier  les  plantes  en  elles-mêmes,  l'au- 
teur résume  son  opinion  à  ce  sujet  dans  la  phrase  suivante  :  «  Cultivons 
donc  la  physiologie  végétale  avec  l'amour  et  l'application  que  mérite  l'ex- 
trême impoitance  des  connaissances  qu'elle  donne  ;  mais  faisons  toujours 
précéder  son  étude  de  celle  des  caractères  extérieurs  du  végétal  et  de  la 
manière  de  les  exposer  convenablement,  car  ces  caractères  servent  de  fon- 
dement à  toutes  les  classifications  sans  lesquelles  il  est  impossible  d'établir 
un  ordre  quelconque  dans  la  science.  » 

Les  espèces  de  plantes  décrites  dans  ce  troisième  mémoire  de  M.  de 
Visiani  sont  au  nombre  de  12,  savoir  :  1.  Pinus  Parolinii  Vis.;  2.  Junipe- 
rus  Bonatiana  Vis.  ;  3.  J.  Cobinncœ  Vis.  5  h.  Dophne  Elisœ  Vis.  5  5.  Eu- 
patorium  Morisii  Vis.  ;  6.  Ituellia  undulata  Vis.  ;  7.  Clerodendron  Ma- 
netti  Vis.  ;  8.  Teiicrium.  densiforum  Vis.;  9.  Eremo^tochys  ibericaNis.  ; 
10.  Calamintka  Fenzlii  \\s.;  11.  IJgustrum  Kellerianum  Yis.  ;  12  Z. 
Massai ongianum  Vis.  Les  n<"  1,  2,  3,  û,  5  et  7  sont  figurés  sur  les  h  plan- 
ches de  grand  format  qui  accompagnent  ce  travail.  Les  h  premières  et  les 
2  dernières  espèces  sont  nommées  et  décrites  pour  la  première  fois.  Nous 
croyons  faire  plaisir  à  la  plupart  des  lecteurs  de  ce  Bulletin  en  reprodui- 
sant ici  les  diagnoses  des  3  Conifères  qui  figurent  en  tête  des  12  espèces 
décrites  par  M.  de  Visiani.  L'importance  de  tous  les  végétaux  qui  consti- 
tuent ce  grand  groupe  naturel  est  le  motif  qui  nous  détermine  à  cette 
reproduction. 

1.  Pinus  Parolinii  Vis.  (p.  11,  tab.  1.) 

P.  foliis  geminis  rigidiusculis,  margine  cartilagineo-serrulatis  scabris, 
vaginis  rugosis  longiusculis;  strobilis  ovato-conicis,  basi  truncatis,  opposi- 
tis  verticillatisque,  subsessilibus,  patulis  ercctisve,  folio  paullo  brevioribus, 
squamarum  apophysi  latere  superiore  couvcxa,  argute  carinata,  nitida, 
umbone  depresso  radiatim  rimoso;  junioribus  ovatis,  pedunculatis,  erectis, 
squamarum  dorso  recurve  mucronatis,  seminumala  trapetioidea  nuculam 
ter  superante  ejusque  basim  obtusam  auguste  marginante. 

Ilab.  in  devexitatibus,  vallibusque  monlis  Ida;  in  Bithynia,  ubi  haec 
sola  spccies  vastas  conficit  sylvas.  FI.  apr.  maio 

2.  Juniperus  Bonatiana  Vis.  (p.  13,  tab.  1*.) 

J.  arborca  glaucescens;  ramis  patentissimis;  foliis  oppositis  dccussato- 
imbricatis,  adpressis,  ovato-rhombeis,  apice  gibboso-trigonis  acutiusculis, 
dorso  glandula  oblouga  impressa  notatis  ecarinatis,  junioribus  acuminatis 
pungentibus  erecto-patulis;  ramulis  tetraquetris,  fructiferis  strictis  brevis- 
simis;  galbulis  pedunculatis  globosis  tuberculatis. 

Ilab.  Colitur  in  H.  patavino  ubi  iVuctificat  niaio-junio.  Galbuli  nigro- 
cœruk'i,  U-5  Uiberculati, 


iu:vn;  itiiujociiAiMiiQct:.  837 

Aftinis  ./.  sabinoidi  Gnse\).,  J.  fjirbinntœ  Giiss. ,  J.  thiirifcrœ  f..,  quoe 
differt  coIoit.  totius  plantai  lœte  vifidi,  et  u;all)iilis  obovato-ovoideis,  basi 
breviter  protnu'tis. 

3.  Jiiiu'perusCaljiancœ  \is.  (p.  14,  tab.  1**.) 

J.  arborescens,  viridis;  ramis  erecto-patulis;  foliis  opposilis,  omnilxis 
decussato-imbricatis  adpressis  ovato-rhombeis  aculis,  dorsi  convexi  medio 
glaiidula  oblonga  impressis  ecariiiatis  ;  ramulis  tetraquetris,  fructiferis 
strictis  brevissiiiiis;  galbulis  pedunculatis  subglobosis,  apice  retusis  sublo- 
batisque,  opacis,  laîvibus,  demum  iiigio-cœrulcis. 

Ifab.  colituriu  IJ.  Cabianca  auhnomlne  J.  phœniceœ ,  cu\  simWls,  scd  a 
qua  differt  foliis  acutis,  ramulis  tetraquetris  et  forma  galbuli  apice  truu- 
cati  vel  etiain  euiarginati  et  bi-trilobi. 

l*i>o(lrointis  .«ysteiiiati»i  uatiiralis  rcg;ni  vcftctaliilis,  sive 
Enumeratio  contracta  ordinum,  generwn,  specierumque  plantarum  hucus- 
que  cognitaruin,  Juxta  methodi  naturalis  normas  digesta,  editore  et  pro 
parte  auctore  Alphonso  de  Caudolle,  vol.  XTV,  2'  partie,  1  in-8,  493- 
706  pp.  Paris,  1857;  chez  V.  Masson,  place  de  l'École-de-Médecine. 

La  2*  partie  du  \U'  volume  du  Prodromus  qui  vient  de  paraître  renferme 
les  monographies  desThyméléacées,  desÉlœagnacées,  des  Grubbiacées  et  des 
Santalacées,  dues,  la  première  à  M.  Meisner,  la  seconde  à  M.  de  Schlech- 
tendal,  la  troisième  et  la  quatrième  à  M.  Alph.  De  Candolle.  Tel  qu'il  est 
aujourd'hui  l'immense  ouvrage  entrepris  par  A.  P.  De  Candolle,  à  la  date 
de  36  ans,  renferme  l'histoire  de  179  familles,  6,525  genres,  50,509  espèces. 
Pour  le  mener  à  sa  fin,  il  ne  reste  plus  qu'à  publier  les  deux  volumes  qui 
contiendront  les  derniers  Dicotylédons;  car,  comme  M.  Alph.  De  Candolle 
l'annonçait  dernièrement,  le  Prodroyrais  n'abordera  pas  la  série  des  Mono- 
cotylédons. 

La  famille  des  ïhyméléacées  (1)  par  laquelle  commence  le  demi-volume 
qui  vient  de  paraître  (Daphnoidées  Vent.,  DaphnacéesdeC.  .\.  Meyer  el  de 
divers  botanistes),  réunit,  dans  le  travail  actuel  de  M.  Meisner,  les  Thymé- 
lées  proprement  dites  et  les  Aquilarinées  qui,  depuis  leur  séparation  en 
groupe  distinct  par  R.  Rob.  Brown,  avaient  été  regardées  comme  une 
famille  à  part  par  tous  les  auteurs  et  même  par  le  savant  professeur  de 
Bàle  lui-même,  dans  son  Gênera.  De  là  une  division  en  2  sous-ordres  : 
1°  les  Thymélées,  caractérisées  par  un  ovaire  uniloculaire,  à  un  seul  ovule 
suspendu  près  du  haut  de  la  loge;  2°  les  Aquilarinées,  dans  lesquelles 
l'ovaire  offre  2  loges  uniovulées,  ou  bien  une  seule  loge  avec  2  placentaires 
pariétaux,  portant  chacun  un  ovule.  La  présence  ou  l'absence  d'écaillés 
ou  de  glandes  périgynes,  fixées  à  la  gorge  ou  sur  le  tube  du  calice  fait 

(1)  M.  Lindley  écrit  Thyindaceœ  dans  son  Veyctabk  Kinydoin,  p.  530. 


838  socrÉTÉ  botanique  dk  fuance. 

diviser  ensuite  la  famille  entière  en  U  tribus,  lesThymélées  en  Gnidiées  et 
Daphnées,  les  Aquilarinées  en  Gijrinopéa  et  Dr  y  mi  sperme  es.  La  tribu  des 
Daphnées  renferme  23  genres,  parmi  lesquels  2  sont  nouveaux  [Ovidia  et 
Chymococca)  ;  celle  des  Gnidioes  renferme  10  genres,  parmi  lesquels 
M.  Meisner  en  propose  un  nouveau  sous  le  nom  de  Dap/mobryon  {Drapetis 
spec.  Hook.  f.).  Quant  au  sous-ordre  des  Aquilarinées,  il  comprend  6  genres 
tous  déjà  connus.  La  famille  entière  des  Tbyraéléacèes  comprend  378  es- 
pèces, parmi  lesquelles  55  sont  nouvelles. 

La  moMOgrapbie  de  la  famille  des  Élaeagnées  par  M.  de  Scblecbtendal 
nous  offre  l'bistoire  de  h  genres  déjà  connus,  auxquels  un  5'  {Octarillum 
Leur.)  est  rattaché  comme  douteux.  Un  6'  [Aextoxicon  R.  et  P.)  qu'on 
range  habituellement  parmi  les  Euphorbiacées,  a  été  rattaché  aux  Elœa- 
gnées  par  M.  Grisebach.  Mais,  pour  divers  motifs,  M.  deSchlechtendal  pense 
qu'il  est  convenable  de  le  laisser  parmi  les  genres  sans  place  déterminée, 

La  petite  famille  établie  par  Endlicher  sous  le  nom  de  Grubbiacées,  in- 
termédiaire entre  les  Santalacées  et  les  Bruniacées,  ne  renferme  que  le 
genre  Grubbia  Berg.,  dans  lequel  JM.Alph.  De  Candolle  réunit  les  Ophira 
Burm.  et  Lin.,  et  Strobilocarpus  KIotzsch,  ou  Grubbia  Berg.  Endl.  3  espèces 
déjà  connues  composent  seules  le  genre  et  la  famille. 

Les  Santalacées  ont  été  traitées  par  M.  Alpb.  De  Candolle  avec  le  soin 
qu'elles  méritaient  à  plusieurs  égards.  Après  avoir  exposé  les  caractères  et 
la  distribution  géographique  de  la  famille,  le  savant  botaniste  présente  des 
observations  générales  sur  les  affinités  de  ce  groupe  naturel,  sur  son  inflo- 
rescence et  sur  quelques  particularités  organographiques.  Ainsi    l'étude 
attentive  des  lleurs  de  presque  toutes  les  espèces  de  la  famille,  particu- 
lièrement des  fleurs  femelles  du  Buckleya  Tore,  l'a  conduit  à  cette  idée  que 
cette  dernière  plante,  bien  que  appartenant  essentiellement  aux  Santalacées, 
possède  un  calice  et  une  corolle,  et  que  le  périanthe  simple  de  ces  végétaux 
en  général  serait  analogue  a  une  corolle  en  dehors  de  laquelle  manquerait 
ordinairement  le  calice.  Il  en  serait  de  même  pour  les  Loranthacées  et  les 
Protéacées.  —  M.  Alph.  De  Candolle  divise  la  famille  des  Santalacées  en 
3  tribus  :  1°  les  Buckleyées  pour  le  seul  genre  Buchleya  Torr. ,  qui  ren- 
ferme une  seule  espèce;  2"  les  Santalées,  qui  comprennent  16  genres  parmi 
lesquels  3  sont  proposés  comme  nouveaux,  sous  les  noms  à&  Ithoiacarpos 
[Santali  spec.  Spreng.),  Osyridicarpos  [T/tesii  s^Qc.  Auct.),  Omphacomeria 
{Leptomeriœ  sect.  2  Rob.  Br.)  ;  3°  les  Anthobolécs  (Gênera  Santalaceis  af- 
finia  R.  Br.;  Anthoboleœ  [Ordo]   Dumort.   Endl.)   pour  2  genres.  —  Le 
genre  Cervantesia  R.  et  P.  est  rangé  avec  doute  à  la  suite  de  la  famille. 
Les  Santalacées,  caractérisées  par  ^\.  De  Candolle,  sont  au  nombre  de  220, 
parmi  lesquelles  60  sont  nouvelles.  Le  seul  genre  Thesium  comprend  112 
espèces. 

I,e  de.mi-volume  dont  nous  venons  d'indiquer  le  contenu  renferme  encore 


HKVUL    lUHLlOGHAl'HIQUi:.  S30 

8  pages  d'Addenda  et  corrigenda  pour  le  l/i"  volume  tout  entier,  ainsi  que 
la  table  alphabétique  complète  du  volume. 

Moiio^rapliio  de  la  f'aiiiillc  dcw  tJrticéow;  par  M.\H.-A.  Wcd- 
(Icll  {Archives  du  Muséum  d'histoire  naturelle,  vol.  IX,  1856  et  1857, 
livr.  1-4;  tirage  à  part  en  1  in-U  de  591  pages  et  20  planches  gravées). 

II  y  a  trois  ans  environ,  M.  Weddell  avait  présenté  dans  \es Annales  des 
sciences  naturelles  (4*  série,  I,  pp.  173-212),  sous  le  titre  de  Ikvue  de  la 
famille  des  Urticées,  un  aperçu  général  de  l'ensemble  de  ce  groupe  naturel 
et  un  tableau  général  des  genres  ainsi  que  des  espèces  qui  le  composent.  Il 
a  été  rendu  compte  de  ce  tiavail,  en  quelque  sorte  préparatoire,  dans  le 
premier  volume  du  Bulletin  de  la  Société  botanique  de  France  (p.  255- 
257).  Aujourd'hui,  ce  botaniste  a  terminé  la  publication  de  la  mono- 
graphie de  la  même  famille,  à  laquelle  il  a  consacré  plusieurs  années 
d'études.  C'est  de  cette  monographie  que  nous  avons  à  rendre  compte,  et 
nous  le  ferons  avec  les  développements  que  mérite  ce  travail  considérable, 
sans  avoir  à  craindre  que  notre  analyse  fasse  double  emploi  avec  celle  qui 
existe  déjà  dans  le  Bulletin,  puisque  celle-ci  ne  comprenait  gnère  que  le 
tableau  des  genres  et  des  tribus  que  M.  Weddell  admettait  alors  parmi  les 
Urticées,  et  que,  quant  aux  genres,  sa  Monographie  présente  plusieurs  dif- 
férences avec  sa  Bévue. 

M.  Weddell  devant  s'occuper  dans  sa  Monographie  non  du  grand  groupe 
très  naturel  ou  de  la  classe  des  Urticées  dans  son  ensemble,  mais  seulement 
de  celui  d'entre  les  démembrements  de  cette  classe  auquel  les  botanistes 
modernes  ont  exclusivement  appliqué  ce  nom,  c'est-à-diie  de  la  famille  des 
Urticées,  présente  d'abord  la  division  delà  classe  en  5  familles  (Ulmacées, 
Cannabinées,  Artocarpées,  Morées,  Urticées),  telle  qu'elle  est  admise  au- 
jourd'hui. Il  fait  observer  que  c'est  à  peine  si  la  nature  a  tracé  des  limites 
appréciables  entre  ces  5  groupes  secondaires.  —  Dans  \m  paragraphe  con- 
sacré à  des  remarques  préliminaires,  il  rappelle  que  Gaudichaud  est,  avant 
lui,  le  seul  botaniste  dont  les  travaux  aient  embrassé  l'ensemble  de  la  fa- 
mille, mais  que  malheureusement  celles  des  études  faites  sur  ce  sujet  par 
notre  regrettable  botaniste,  qui  aient  été  livrées  à  la  publicité,  se  réduisent  : 
1°  à  celles  qui  ont  été  publiées  dans  le  Voyage  de  l'Uranie  (1826),  dans 
lesquelles  11  genres  nouveaux  ont  été  ajoutés  aux  8  déjà  existants;  2°  à 
une  série  de  belles  planches  qui  font  partie  du  Voyage  de  la  Bonite  (1839- 
18Z|6),  dont  le  texte  n'a  pas  été  mis  au  jour.  Il  fait  ressortir  les  difficultés 
que  présente  l'histoire  de  ces  végétaux  par  ce  motif  qu'il  n'est  pas  de  famille 
végétale  où  l'espèce  propi'ement  dite  soit  plus  sujette  à  varier,  ni  dans  la- 
quelle il  soit  plus  difficile  de  rcconnailre  les  espèces  et  même  les  geiu'es  par 
la  seule  inspection  du  faciès.  "  C'est  assez  donner  à  entendre,  dit-il  ensuite, 


8â0  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DK    FKANCE. 

que  je  l.iisse  encore  bien  à  faire  à  ceux  qui,  après  moi,  prendront  cette 
matière  en  sous-ordre.  »  La  synonymie  lui  a  surtout  offert  de  très  grandes 
difticuitis  (ju'il  a  pu  lever  en  majeure  partie,  grâce  aux  nombreux  maté- 
riaux qu'il  a  trouvés  dans  les  berbiers  de  Paris,  de  Londres  et  de  Kew. 

Dans  le  troisième  paragrapbe  de  sa  Monographie,  M.  Weddell  étudie  en 
détail  les  organes  de  la  végétation  des  Urticées.  Il  examine  successivement 
et  en  autant  d'alinéas  distincts  :  1"  la  tige,  qui,  dans  la  plupart,  ne  diffère 
pas,  sous  le  rapport  de  sa  structure  auatomique,  de  celle  de  la  généralité 
des  Dicofylédons  et  les  bourgeons;  2°  les  poils,  donton  sait  que  l'organisa- 
tion consiste  en  une  seule  cellule  allongée,  renflée  à  sa  base  à  latfuelle  une 
couche  de  cellules  épidermiques  forme  une  gaine,  terminée  le  plus  souvent 
par  un  petit  bouton  qui,  se  brisant  sous  l'effort  nécessaiie  pour  qu'il  y  ait 
piqûre,  ouvre  un  orifice  par  lequel  le  liquide  brûlant  contenu  dans  la  ca- 
vité pénètre  dans  la  peau  et  produit  la  sensation  brûlante   que  tout  le 
monde  connaît;  3"  les  cystolithes,  au  sujet  desquels  on  peut  consulter  une 
communication   spéciale  de  l'auteur  dans  ce  Bulletin   (p.  217)  ;   h°  les 
feuilles;  5"  les  stipules.  —  f.e  quatrième  paragraphe  est  relatif  à  l'inllores- 
cence  à  l'étude  de  laquelle  est  rattachée,  en  deux  alinéas  distincts,  celle 
des  bractées  et  involucres,  et  des  pédicelles.  — Le  cinquième  paragraphe  a  pour 
sujet  les  organes  de  reproduction  ;  après  quelques  généralités,  M.  ^Yeddell 
y  étudie  successivement  les  fleurs  mâles  et  leslleurs  femelles.  —  Le  sixième 
paragraphe    (numéroté  VII  par  erreur)  traite  en  détail  des  affinités  des 
Urticées.  Les  affinités  les  plus  prononcées  que  l'auteur  reconnaisse  dans 
ces  plantes  sont  celles  qui  les  rapprochent  des  Tiliacées.  «  Les  seuls  carac- 
tères, dit-il;  par  lesquels  les  Tiliacées  se  différencient  notablement  des 
Urticées  sont  :   la  non-persistance  du  calice  et   le  nombre  des  étamines 
toujours  au   moins  double  de   celui  des  segments  de  l'enveloppe  florale; 
l'affinité  di:<,  deux  groupes  ne  iTie  semble  donc  pas  devoir  être  mise  en 
doute.  »  D'un  autre  côté,  il  existe  une  affinité  collatérale  entre  ces  plantes 
et  les  Euphorbiacées.  —  Le  septième  paragraphe  (numéroté  Vlll)  a  pour 
titre  ;  Distribution  géographique  des  Urticées.  Un  grand  tableau,  qui  se 
trouve  à  la  lin  du  mémoire  entier,  présente  tous  les  détails  de  cette  distri- 
bution. ■ —  Le  huitième  paragraphe  (numéroté  IX)  est  relatif  aux  propriétés 
et  usages  des  Urticées;  plantes  sans  vertus  médicinales  tant  soit  peu   pro- 
noncées, usitées  seulement  pour  l'urticationà  cause  de  leurs  poils  brùlar.ts, 
et  dont  plusieurs,  comme  les  irlica  dioica  et  cannabina,  surtout  le  Boeh- 
mei'ia  nivea,  fournissent  une  matière  textile  utilisée  par  divers  i)euples. 

Le  corps  même  de  la  Monographie  des  Urticées  par  M.  Weddell  est  écrit 
en  latin,  sauf  les  observations  qui  suivent  généralement  l'exposé  des  genres 
et  des  espèces,  et  qui  sont  en  français.  La  synonymie,  les  caractères  sont 
exposés  avec  tous  les  développements  requis  dans  une  histoire  monogra- 
phifiue.  Pour  cliaque  espèce,  l'autour  donne,  selon  l'us  ige,  duquel  tendent 


RliVLK    BIIJLIOGHAPHIQUK.  8/il 

malheureusement,  selon  nous,  à  s'écarter  plusieurs  botanistes  de  notre 
époque,  non-souiement  une  description,  mais  encore  une  diagiiose.  I/articlc 
déjà  cité,  qui  a  paru  dans  le  premier  volume  de  ca  Bulletin  (p.  255),  ren- 
ferme le  tableau  syuopti(iue  des  5  tribus  admises  par  l'auteur  dans  la  fa- 
mille des  Urticées,  ainsi  que  les  caractères  de  ces  tribus;  nous  n'avons 
donc  pas  à  y  revenir  ici.  Ces  tribus  sont  celles  des  Urérées,  des  Procridées 
(nommées  Lecantbées  dans  les  premiers  écrits  de  l'auteur),  des  Boebmé- 
riées,  des  Pariétariées  et  des  Forskahlées.  Mais  nous  croyons  devoir  donner 
le  relevé  des  genres  que  renferment  ces  diverses  tribus,  parce  que  la  ta- 
bleau que  nous  venons  de  citer  n'est  pas  entièrement  conforme,  sous  ce 
rapport,  à  ce  que  nous  montre  maintenant  la  Monographie. 

I.  Urérées.  —  1.  Urtica  Gaudic.  ;  51  esp.  — 2.  Obetia  Gaudic.  ;  2  esp. 

—  3.  Kleurya  Gaudic.  •,  11  esp. — h.  Laportea  Gaudic.  ;  17esp. — 'S-Urera 
Gaudic;  17  esp.  —  6.  Girardinia  Gaudic;  6  esp.  — Total:  6  genres  ; 
lOZi  esp. 

II.  Procridées.  —  7.  Pilea  Lindl.;  136  esp.  —  8.  Acbudemia  Blume  ; 
1  esp.  — 9.  Lecanthus  Wedd.  ;  1  esp.  —  10.  Peliionia  Gaudic;  6  esp.  — 
11.  Nanocnide  Blume;  1  esp.  — 12.  ElatostemaForst.;  /;3  esp.  —  13.  Pro- 
cris (>ommers.  ;  6  esp. —  Total  :  7  genres;  94  esp. 

III.  BoEHMÉRiÉES.  1"  sous-tribu.  Euboehmériées — 1/i.  Boehmeria  Jacq.  ; 

38  esp. —  15.  Cbamabainia  Wight;  1  esp.  —  16.  Pouzolsia  Gaudic; 
23  esp.  —  17.  Memorialis  Hamilt. ;  13  esp.  —  2*  sous-tribu.  Sarcochla- 
mydées.  —  18.  Cypholopbus  Wedd.;  3  esp. — 19.  Neraudia  Gaudic;  2  esp. 

—  20.  Sarcochiarays  Gaudic  ;  1  esp.  —  21 .  Touchardia  Gaudic.  ;  1  esp.  — 
22.  Laurea  Gaudic;  1  esp.  —  3'  sous-tribu.  Villebrunées.  —  23.  Pipturus 
Wedd.;  7  esp.  —  Ik.  Villebrunea  Gaudic;  9  esp.  —  25.  Debregeasia  Gau- 
dic; 5  esp.  —  h"  sous-tribu.  Maoutiées.  —  26.  Missiessya  Gaudic.  ; 
\ti  esp.  —  27.  Maoutia  Wedd.;  8  esp.  —  28.  Myriocarpa  Benlb.;  6  esp. 

—  29.  Pbenax  Wedd.;  11  esp.  —  Total  :  16  genres;  lU'à  esp. 

IV.  Pariétariées.  —  30.  Parietaria  Tourn.  ;  7  esp.  — 31.  Gcsnouinia 
Gaudic;  2  esp.  —  32.  Heraistylis  Benth.;  3  esp.  — 33.  RousseliaGaudic; 
1  esp.  —  3k.  Heixine  Requien;  1  esp.  — Total  :  5  genres;  iU  esp. 

V.  FoRSKOHLÉES. —  35.  Forskohlca  Lin.;  5  esp. — 36.  DroguetiaGaudic.  ; 
û  esp.  —  37.  Australina  Gaudic;  3  esp.  —  38.  Didymodoxa  E.  Meyer; 
3  esp.  —  39.  Disteinon  Gen,  nov.  {Urticœ  sp.  Wall.);  1  esp.  —  Total  : 
5  genres  ;  16  espèces. 

Ainsi  la  Monographie  des  Urticées  de  M.  Weddell  comprend  l'histoire  de 

39  genres  et  de  471  espèces.  Elle  est  suivie  d'un  appendice  de  Ix  pages  et 
d'une  table.  —  Les  20  planches  qui  l'accompagnent  renferment  un  grand 
nombre  de  figures  analytiques  gravées  sur  cuivre  par  M.  Picard,  d'après 
les  dessins  de  l'auteur. 


8/i2  SOCIÉTÉ    WOTAMQUE    DE    FRANCE. 

De  .Stert'ocaulis  et  Pilo|)huri«  coiikiiieiitatîo  ;  auotor  ïheo- 
dorus  iMagnus  Fries  (Thèse  in-8  de  /i2  pages.  Upsal,  1857). 

Dans  un  avant-propos,  M.  Fries  fait  ressortir  l'extrême  difficulté  que 
présente  l'étude  des  Lichens  de  la  trihu  des  Cladoniaeés.  I.e  genre  Stereo- 
caulon.en  particulier  a  été,  dans  ces  dernières  années,  l'objet  de  plusieurs 
écrits  qui  ont  ajouté  la  difficulté  de  la  synonymie  à  toutes  celles  que  sou 
histoire  présentait  deja  par  elle-même.  Le  travail  dont  il  fournit  le  sujet  au 
savant  botaniste  suédois  est  devenu  une  grande  Monographie  qui  a  été  re- 
mise par  lui  à  la  Société  royale  des  sciences  d'Upsal,  et  dont  la  dissertation 
qui  nous  occupe  n'est  que  le  synopsis.  —  L'auteur  iiomme  ensuite  les  per- 
sonnes qui  l'ont  aidé  en  lui  fournissant  des  matériaux  pour  sa  Monographie 
et  le  premier  qu'il  cile  est  notre  éminent  cryptogamiste,  M.  Montagne. 

Au  commencement  de  sou  synopsis  monographique,  M.  Fries  recherche 
la  place  que  doivent  occuper  les  Cladoniaeés  dans  la  série  des  Lichens.  Cette 
place  est  des  plus  élevées  et  immédiiUement  après  les  Lsnéacés,  auxquels 
les  relient  des  formes  intermédiaires,  qui  ne  laissent  presque  entre  les  uns 
et  les  autres  d'autre  différence  (jne  celle  des  apothécies. 

Le  genre  Sterkocaulon  Schreb.  comprend,  dans  le  travail  de  M.  Fries, 
23  espèces  rapportées  à  2  sections.  Voici  le  tableau  de  ce  genre  et  de  ces 
espèces  : 

Sectio  1.  Eustereocaulon.  A.  Saxifraga.*Apotheciis  terminalibus  (velter- 
minalibus  lateralibusque  mixtis),  podetiis  vage  ramosis.  1.  St.  ramulosum 
Sw.  2.  ^St.  vimineum;  n.  sp.  mexicana.  3.  St.  furcatum  Fr.  k.  St.  my- 
riocarpum,  n.  sp.  mexicana.  5.  St.  coralloides  Fr.  6.  St.  japonicum,  n. 
sp.  japonica.  7.  St.  cereolinum  Acii.  Koerb.  8.  St.  claviceps,  n.  sp. 
mexicana.  9.  St.  piluliferum,  n.  sp.  nepalensis.  10.  St.  macrocarpum  A. 
Rich.  11.  St.  impli'xum,  n.  sp.  magellanica  et  Chilocnsis.  *'  Apotheciis 
lateralihus  sessilibus  !.  tandem  podicellatis,  podetiis  apice  siibdichotome 
divisis  — 12.  St.  strictum,  n.  sp.  mexicana —  13.  St.  Vulcani  Bory.  Ach. 
\h.  St.  leporinum,  n.  sp.  in  Insulis  Fortunatis.  15.  S.  denudatum  FI.  16. 
St.  obesum,  n.  sp.  in  America  centr. — B.  Terrestria — 17.  St.  tomentosura 
Fr.  18.  St.  incrustatum  FI.  19.  St.  paschale  L.  Fr.  20.  St.  condensatura 
Hoffm.  21.  St.  Delisei  Bory. 

Sect.  IL  Chondrocaulon.  22.  St.  albicans,  n.  sp.  peruviana.  23.  St.  na- 
num  Ach. 

Les  PiLOpnoRus  forment  un  nouveau  genre  établi  par  ^L  Fries,  qui  le 
caractérise  de  la  manière  suivante  :  Apothecia  intus  solida,  cephaloidca, 
subimmarginata;  lamina  sporigera  hypothecio  simplici  crasso  imposita,  ex 
ascis  clavatis  paraphysibusque  arcte  conglutinatis  contexta;  sporœ  oblongo- 
ovoidea-,  simplices  ;  sperniatia  .spermatophoris  ramosis  infexa. —  Thallus 
duplex  :  pocletia  listulosa  I.  araneoso-farcla,  strato  medullari  e  filamcnlis 


REVUE    BIBLIOGRAPHIQUE.  Sll^ 

parallelis  contcxtf),  corticali  tennissimo,  mox  iii  tomcntum  evanescens  so- 
luto;  pliyllocladia  suhcrustat'oa,  venucaeformia  I.  s(ni:imiiln.sa,  poiiidin 
foventia.  Ce  <,fenre  est  intermédiaire  entre  les  iionres  Stcreocoulon  et  f^la- 
donia  ;  il  se  rapproche  de  ce  dernier  par  le  port  et  par  divers  caractères  ; 
il  ressemble  au  premier  par  la  végétation,  etc.  Il  comprend  les  trois  espèces 
suivantes:  1.  P.  robustus.  n.  sp.  norvegica.  2.  P.  acicularis  (Bœomyces 
acieularis  Ach.  [Meth.).  3.  P.  Fibula  (Stereocaulon  Fibula  Tuckerm.). 

BOTANIQUE  APPLIQUÉE. 

]to<anÎN4-li('  Strcifzuc$c  auf  dcni  Gieliiofe  «loi*  C'uHiir^fcw- 
cliiclilc.  I.  !lalii*uii;^s|»i1anzcu  flciv  ïlcusclicii  [Excursions 
botanùpics  dans  le  domaine  de  la  culture.  I.  Plantes  servant  à  l'alimen- 
tation de  l'homme);  par  IM.  F.  Unger  {Sitzunysberichte  der  matliem. 
naturw.  Classe  der  lùiis.  Akad.  der  Wissenschaften,  XXIII,  1857, 
p.  159-25/i;  tirage  à  part  eu  brochure  in-8  de  98  p.  et  1  carte.  Vienne; 
1857). 

Dans  des  considérations  placées  au  commencement  de  son  mémoire, 
M.  Unger  montre  l'inégalité  de  distribution  géographique  des  végétaux  ali- 
mentaires qui  deviennent  de  plus  en  plus  nombreux  des  régions  froides  à 
la  zone  équatoriale.  Il  ajoute  que  toutes  les  recherches  qu'on  a  faites  pour 
reconnaître  la  patrie  de  nos  espèces  les  plus  importantes  poui-  l'alimentation, 
les  ont  montrées  originaires  des  contrées  que  limitent  les  plus  grandes  mers 
intérieures  du  globe,  le  golfe  Persique  et  la  mer  Rouge,  la  Méditerranée,' 
la  mer  Noire  et  la  mer  Caspienne.  C'est  du  Caucase,  du  Tauruset  de  l'Ai  hors 
que  tirent  leur  origine  non-seulement  nos  arbres  fruitiers  les  plus  répandus, 
mais  encore  nos  céréales. —  Il  n'est  presque  pas  une  plante  alimentaire  qui, 
dans  son  état  naturel,  fournisse  un  aliment  agréable  ou  de  hou  goût  ;  ce  sont 
la  culture  et  les  soins  assidus  dont  toutes  ont  été  l'objet  qui  les  ont  amé- 
liorées graduellement  et  amenées  à  leur  état  actuel.  Pour  celles  dont 
l'homme  n"a  pu  changer  la  nature,  il  a  inventé  des  procédés  au  moyen 
desquels  il  en  extrait  les  principes  nutritifs  en  les  séparant  des  matières 
mauvaises  au  goût  ou  même  vénéneuses,  comme  le  montrent  la  fécule 
extraite  du  Manioc,  du  Tacca,  de  diverses  Aroïdes,  etc. 

M.  Unger  divise  les  végétaux  qui  servent  à  l'alimentation  de  l'homme  en 
cinq  catégories  :  1°  les  féculents,  amylucea,  qui  forment  la  base  de  toute 
nourriture  végétale;  2°  les  oléifères,  oleoso;  3°  les  sacchariféres,  saccharina 
seu  dulcia  ;  l\°  les  acidulés,  acidula;  5°  les  salins,  salina.  Sur  une  grande 
mappemonde,  qui  est  jointe  a  son  mémoire,  il  indique,  par  des  signes  con- 
ventionnels, la  distribution  géographique  de  ces  catégories  de  plantes  ali- 
mentaires. Évidemment  il  nous  serait  impossible,  sans  sortir  des  bornes 


Slltl  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

imposées  aux  ailicles  de  cette  Revue,  de  présculer  ici  lo  relove  de  toutes 
les  espèces  alimentaires  citées  par  le  savant  botaniste  allemand,  puiscjue  le 
nombre  s'en  élève  h  plus  de  800;  nous  devons  donc  nous  contenter  d'indiquer 
les  principales  d'entre  elles  en  les  rapportant  à  la  section  dans  laquelle  elles 
rentrent;  après  quoi,  nous  résumerons  en  quelques  lignes  les  faits  géné- 
raux c|ui  découlent  de  l'ensemble  de  ce  travail  intéressant  et  instructif. 

1°  Végétaux  féculents.  —  En  tète  de  cette  section  et  de  toute  la  série  des 
plantes  alimentaires  se  trouvent  naturellement  les  céréales,  parmi  Ies(juelles 
l'Avoine  appartient  à  l'Iùnope,  l'Orge  et  le  Froment  au  nord  de  l'Asie,  les 
Millets  et  le  Riz  au  sud  de  l'Asie,  les  Sorgbos  à  l'Afrique,  le  Maïs  a  l'Amé- 
rique. On  peut  joindre  aux  céréales  :  pour  l'Abyssiuie,  le  Tef  {Eragrostu 
abyssinica  Link,  et  le  Dngussa  [Eleusine  Tocusso  Freseu.);  pour  l'Inde,  les 
Fleusine  coro.cana  Gaertn.  et  s^n'c^a  Roxb.,  ainsi  que  le  PeniciUaria  spi- 
cata  Willd.  ;  pour  l'Europe  et  le  nord  de  l'Asie,  les  Polygonum  Fagopyrwn 
L. ,  tataricum  L.  ;  pour  le  Pérou  et  le  Chili,  le  C henopodium  Quinoa  Willd.; 
pour  l'Inde,  YAmarantus  fnimentaceus  Buchau.,  etc.  A  cette  catégorie  se 
rattachent  les  plantes  à  tubercules  farineux,  comme  la  Pomme  de  terre,  la 
Batate  {Batatas  cdulis  Choisy),  les  Ignames  [Dioscorea],  le  Tacca  pinnati- 
fida  Forst. ,  le  Tarro  des  Océaniens  ou  Arum  esculentuni  Forst. ,  le  Manioc, 
quelques  Oxalis,  etc.  Il  faut  y  joindre  les  végétaux  dont  la  tige  se  remplit 
de  fécule  dans  ses  parties  cellulaires,  comme  plusieurs  Palmiers,  surtout 
les  Sagoutiers,  etc.;  enfin  ceux  dont  les  fruits  ou  les  graines  sont  remplis 
de  la  même  substance  alimentaire,  tels  que  l'arbre  à  pain  [Artocarpus)^  le 
Châtaignier,  les  Chênes  à  glands  doux,  les  Légumineuses,  etc. 
*  2"  Les  végétaux  oléifères,  quoique  moins  importants  que  les  précédents, 
ont  cependant  beaucoup  d'intérêt.  Ce  sont  leurs  graines,  leurs  fruits,  quel- 
quefois leurs  tubercules  qui  renferment  une  huile  grasse  généralement 
mêlée  de  fécule,  de  gomme,  de  sucre  et  d'albumine.  Ici  rentrent  l'Aman- 
dier, le  Noyer,  le  Noisetier,  le  Cacaotier  [Theobroma) ,  le  Noyer  du  Brésil 
ou  Juvi  is  [Bertholletia  excelsa  H.  B.),  divers  Palmiers  et  surtout  parmi 
eux  V Liais  guineensis  L. ,  le  Cocotier,  etc.,  l'Olivier,  divers  Trapu,  le 
Cyperus  esculentus  L. ,  etc. 

3°  A  la  tête  des  végétaux  saccharifères  se  place  la  Canne  à  sucre,  que 
suit  de  près  aujourd'hui  la  Betterave.  Diverses  espèces  à  fruits  sucrés 
acquièrent  une  haute  importance  pour  l'alimentation  de  l'homme.  Tels 
sont  particulièrement  le  Dattier  et  le  Bananier;  il  faut  y  rattacher  l'Ananas, 
le  Papayer  [Carica  Papaya  L.),  le  Figuier,  le  Caroubier  [Ceratonia  siliqua 
L.),  l'Opuntia,  plusieurs  Cucurbitacées,  etc.  M.  Unger  classe  à  la  suite  de 
celles-ci  les  espèces  alimentaires  du  genre  Alliinn,  dont  les  bulbes  l'enfer- 
ment de  la  fécule,  du  sucre,  avec  une  huile  volatile  à  laquelle  ils  doi- 
vent leur  saveur  piquaute  et  leur  odeur  bien  coiuiue. 

W  Les  fruits  acidulés  sont  caractérisés  par  un  mélange  de  sucre  et 


REVUE    RmLIOGRAPHIQIÎE.  8^5 

d'acides,  dans  lequel  on  voit  dominer  tantôt  l'une,  tantôt  l'autre  de  ces 
deux  substances.  C'est  dans  cette  catégorie  que  rentrent  la  plupart  des 
fruits  comestibles,  dont  la  liste  est  fort  longue.  M.  Unger  les  énumère  en 
les  rapportant  à  la  partie  du  monde  qui  les  produit,  a.  L'Asie  est  la  patrie 
du  Manguier  [Mamjifera  indica  L.),  de  la  Pomme  rose  {Jambosa  vuUjaris 
DC),  de  l'Oranger  et  du  Citronnier,  du  Pêcber,  du  Prunier,  de  l'Abricotier, 
des  Cerisiers,  du  Jujubier,  du  Mangoustan  [Garcinia  ûltunjnslanu  L. ),  de  la 
Vigne,  etc.  —  b.  L'Afrique  est  peu  ricbe  en  arbres  à  fruits  comestibles 
acidulés.  L'auteur  cite  le  Zizyphus  Lotus,  les  Chrysobalanus  elliplicus  Sol. 
et  luteus  Sab.,  le  Mammea  africana  Don,  un  Bursera  nommé  Safu  dans  le 
Congo  où  on  le  cultive  abondamment,  le  Baobab  {Adansonia  digitata  L.), 
\eBnlunites  a'gyptiacaDd.,  etc.  — c.  L'Europe  est  encore  plus  pauvre  ; 
mais  elle  possède  le  Poirier  et  le  Pommier,  auxquels  il  faut  joindre  les 
Groseilliers,  le  Framboisier  et  le  Fraisier.  —  d.  L'Australie  est  la  partie  du 
monde  la  plus  pauvre  en  fruits  bons  à  manger;  les  seuls  qui  méritent  d'être 
cités  sont  ceux  du  Fusanus  acuminatus  R.  Br. ,  le  plus  important  de  tous, 
du  Scmtalimi  lanceolatum  R.  Br.,  de  âeuxMesembryant/iemian,  du  Nitraria 
BiU.ardieri  DC,  de  quelques  Leptomeria,  Exocorpus^  etc.  —  e.  L'Amé- 
rique, au  contraire,  est  ricbe  sous  ce  rapport.  Ainsi  elle  produit  le  Cajou  ou 
Acajou  {Anacardium  occidentale  L.),  le  Mammei  [Mammea  americana  L.), 
l'Avocatier  (Persm  gratissimaG-A^nn.),  les  Goyaviers  [Psidium),  plusieurs 
Eugenia,  Tlcaquier  [Chrysobalanus  Icaco  L.),  le  Sapotillier  (AcAras5'«/J0/rt 
L.),  divers  Anona,  etc. 

5°  Sous  le  nom  de  végétaux  salins  ou  salifères,  M.  Unger  réunit  ceux 
dans  lesquels  on  ne  trouve  pas  de  principe  dominant,  mais  un  simple  mé- 
lange de  fécule,  de  gomme,  de  sucre,  d'albumine,  de  cire,  etc.  Cette  caté- 
gorie comprend  nos  plantes  potagères,  Épinard,  Salades,  Asperge,  Arti- 
cbaut,  etc.,  et,  dans  la  zone  intertropicale,  divers  Palmiers  dont  le  gros 
bourgeon  terminal  forme  le  légume  connu  sous  le  nom  de  Chou-palmiste. 
Un  grand  nombre  de  végétaux  plus  ou  moins  propres  à  servir  d'aliment 
sont  répandus  dans  tous  les  pays  du  giobe;  d'où  cette  catégorie  est  peut- 
être  la  plus  nombreuse  de  toutes,  mais  non  la  plus  utile. 

Au  total,  le  nombre  des  plantes  alimentaires  qui  existent  peut  être  évalué 
à  1,000,  sans  crainte  d'exagération;  on  peut  aussi  admettre  que  chacune 
d'elles  a  donné,  en  moyenne,  une  dizaine  de  variétés,  ce  qui  porterait  à 
10,000  le  chiffre  probable  de  celles-ci.  La  distribution  géographique  de 
ces  plantes  alimentaires  n'est  pas  uniforme;  elles  abondent  dans  certains 
pays,  tandis  qu'elles  sont  peu  fréquentes  ou  manquent  même  dans  d'autres. 
L'hémisphère  oriental  l'emporte  beaucoup  à  cet  égard  sur  l'hémisphère 
occidental.  Le  savant  botaniste  allemand  rend  cette  inégalité  frappante  par 
le  tableau  suivant  : 


Féculents  .  .   . 

237 

191 

U5 

Oléifi-res    .  .  . 

9Û 

A9 

U5 

Saccharifères   . 

81 

52 

29 

Acidulés.  .  .  . 

213 

151 

62 

Salins 

lZi5 

122 

23 

8/iG  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

NOMBRE  TOTA.L  NOMBRF.   DES   PI,.\NTES   ALIMENTAIRES. 

(les  ,-— "  ~^ ^         ~~ — 

PLANTKs  Ojiis  rhe'niisphère         D.nis   riiifmisphèri;     U.ius  les  2  hémisplièies 

Ai.iMr;Nr*.iRF.s.  oiieiital.                         occidental.                         à  la  fois. 

1 

» 
» 
» 

770  565  20/i  1 

Un  fait  très  remarquable,  c'est  que  si  l'on  tire  une  ligne,  dans  l'hémisphère 
occidental,  des  Moluques  jusqu'à  l'Irlande,  celte  ligne  passera  parla  patrie 
des  plantes  alimentaires  les  plus  nombieuses  et  les  plus  importantes.  Il  en  est 
de  même,  quoique  de  manière  beaucoup  moins  saillante,  pour  l'hémisphère 
occidental  ;  car  la  patrie  des  plantes  alimentaires  les  plus  essentielles  et  les 
plus  nombreuses  se  trouve  sur  une  zone  qui  s'étend  du  Brésil  à  la  Guyane, 
au  Pérou,  à  l'Eciuateur,  et  qui  se  termine  au  Mexique.  M.  Unger  nomme 
ces  deux  lignes  ou  zones  broinatoriques  (de  Çpwjma,  nourriture,  et  opoç,  terme, 
limite). 

NOUVELLES. 

On  annonce  comme  devant  paraître  prochainement  et  même  comme 
étant  déjà  sous  presse  la  3'  partie  de  la  table  générale  et  spéciale  (/«rfeu;  ge- 
ncnilis  et  sjjccialts)  des  genres,  espèces  et  synonymes  du  Prodromiis  par 
M.  H.-W.  Buek.  On  se  rappelle  que  les  deux  premières  parties  de  ce  tra- 
vail ont  ete  publiées  en  I8/1O  et  18/i2,  à  Berlin,  en  un  volume  in-8,  et 
qu'elles  correspondent,  la  première  aux  quatre  premiers  volumes  du  Pro- 
drome, la  seconde  aux  cinquième,  sixième  volumes,  ainsi  qu'à  la  première 
moitié  du  septième  volume  de  ce  grand  ouvrage.  La  nouvelle  partie  de 
V Index  qui  doit  être  publiée  en  1858  chez  MM.  Perthes,  Besser  et  INIauke, 
à  Hambourg,  aura  pour  objet  la  seconde  moitié  du  septième  volume  du 
Prodrome,  ainsi  que  les  volumes  8,  9,  10,  11,  12  et  13.  Elle  comprendra 
donc  toute  la  série  des  familles  depuis  les  Composées  exclusivement  jus- 
qu'aux Amarantacées  inclusivement. 

—  D'après  le  Bonplandia  du  1"  décembre  1857,  M.  de  Siebold  doit 
partir  prochainement  pour  les  Lides  néerlandaises,  avec  une  mission  du 
gouvernement  des  Pays-Bas,  On  doit  beaucoup  espérer  de  ce  nouveau 
voyage  du  savant  distingué  qui  déjà,  dans  son  exploration  du  Japon,  avait 
su  réunir  les  éléments  d'un  grand  ouvrage  riche  en  nouveautés  d'un  rare 
intérêt.  Malheureusement  cet  ouvrage  [Flora  japonica)  dont  il  u'a  paru  que 
le  premier  volume  avec  cinq  fascicules  du  second,  et  que  la  mort  de  Zuc- 
carini,  le  savant  auteur  de  ce  que  nous  en  possédons,  avait  empêché  de  con- 


REVUIC    RIBLIOGRAPHIQLE.  847 

tiiuicr.  se  trouve  peiil-etre  aujounl'lnii   coiulamiu'  définitivement  à  lesler 
inaclievé  par  suite  du  nouveau  voyage  de  M.  de  Sieliold. 

—  Lq  Hamburger  Gartcn-uud  lUumenzeitung  du  mois  de  décembre  1857 
annonce  que  Herni.  Wendland,  de  retour  depuis  peu  de  temps  à  Hanovre  de 
son  voyage  dans  l'Aujérique  centrale,  particulièrement  dans  l'état  deCosfa- 
Rica,  se  propose  de  publier,  avec  la  collaboration  du  savant  professeur  de 
Gôttingen,  INI.  Hariling,  la  description  des  plantes  en  grand  nombre  qu'il  a 
recueillies  pendant  cette  courte  mais  fructueuse  exploration.  11  désire  que 
quelques  autres  botanistes  veuillent  bien  se  joindre  encore  à  lui  pour  l'exé- 
cution de  cet  important  travail,  particulièrement  pour  l'élaboration  des  Pal- 
miers et  des  Fougères.  La  publication  qu'il  se  propose  de  faire,  devant 
former  une  sorte  d'essai  d'une  flore  de  l'état  de  Costa-Rica,  comI)lera  une 
lacune  regrettable  dans  le  tableau  général  de  la  végétation  de  l'Amérique, 
puisque,  abstraction  faite  de  ([uelqucs  petits  écrits  du  docteur  OErstedt,  on 
ne  possède  encore  rien  sur  ce  sujet.  —  Le  même  journal  dit  aussi  que, 
parmi  les  nombreuses  plantes  ornementales  que  IM.  Wendland  a  décou- 
vertes et  rapportées,  il  faut  citer  surtout  le  Warscewiczia  pulchcrrirnu, 
qui  avait  été  trouvé  pour  la  première  fois,  près  de  San  Miguel ,  de  Costa- 
Rica,  il  y  a  quelques  années,  par  M.  de  Warscewicz  à  qui  le  genre  qu'il 
forme  a  été  dédié. 

A  ce  propos,  nous  croyons  utile  d'extraire  d'une  lettre  écrite  par  M. Wend- 
land sur  son  voyage  et  publiée  dans  le  même  journal',  pp.  532-550,  quel- 
ques détails  sur  cette  magnifique  Euphorbiacée,  devant  laquelle  cet  babile 
liorticulteur-botaniste  dit  qu'on  ne  peut  man(|uer  de  rester  saisi  d'admira- 
tion. Le  Warscewiczia  forme  un  arbre  d'environ  16  mètres  de  bauteur.dont 
les  ieuilles  opposées,  oblongues,  d'un  vert  frais,  ont  50  centimètres  de  lon- 
gueur. Chacune  de  ses  branches  se  teiinine  par  une  iutlorescence  rameuse, 
lâche,  longue  de  315  eentim.  a  1  mètre,  dans  laquelle  les  fleurs  sont  accom- 
pagnées de  bractées  longuement  pétiolées,  d'un  beau  rouge.  Celte  espèce 
n'existait  pas  encore  dans  les  jardins  de  l'Europe;  M.  Wendland  vient  de 
la  rapporter  de  son  voyage.  Ce  serait  pour  les  serres  une  acquisition  d'au- 
tant plus  précieuse  que,  dans  son  pays  natal,  elle  commence  à  fleuiir  lors- 
qu'elle n'est  haute  encore  que  de  3  ou  4  mètres. 


Plantes  à  vendre. 


D'après  le  Botanische  Zeitung,  le  docteur  Ludwig  Thienemann  (auteur 
du  voyage  dans  le  nord  de  l'Europe,  particulièrement  en  Islande)  met  en 
vente  ses  collections  de  Cryptogames  particulièrement  arctiques.  Sou  adresse 
est  à  Dresde,  Trachenherge. 


8/j8  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

—  L'herbier  de  feu  Willibald  Lechler  est  en  ce  moment  à  vendre.  D'à 
près  les  détails  que  donne  à  ce  sujet  M.  de  Scldechtendal,  dans  le  Botnnis- 
che  Zeitung  du  8  janvier  1858,  cette  collection  comprend  19,636  espèces 
qui  se  répartissent  géographiquement  de  la  manière  suivante  :  1°  pour 
VEurope,  1/i,127  espèces  parmi  lesquelles  4,625  d'Allemagne,  3,000  de 
Suisse.  500  de  France,  682  des  Pyrénées,  de  l'Espagne  et  du  Portugal, 
1230  du  Caucase  et  du  Taurus,  etc.;  2"  pourj Asie,  2,896  espèces,  dont 
1,060  de  l'Asie  Mineure,  720  de  la  Perse,  220  du  Kurdistan,  301  delà 
Russie  asiatique,  etc.;  3'^  pour  l'Afrique,  1,058,  dont  500  du  Cap  et  395 
d'Abyssinie;  k"  pour  la  Nouvelle-Hollande,  80;  5°  enfin  pour  V Amérique, 
1/j82. 

A  cet  herbier  Lechler  avait  joint  plus  tard  environ  1,500  espèces  recueil- 
lies par  lui  pendant  ses  voyages,  dont  la  moitié  appartiennent  aux  Ma- 
louines,  au  détroit  de  Magellan  et  au  Chili  méridional,  dont  les  autres  sont 
du  Pérou.  —  On  trouve  aussi  avec  ces  plantes  une  belle  collection  d'Algues 
de  M.  I.enormand,  etc. 

On  désirerait  vendre  toutes  ces  collections  ensemble. 

S'adresser  à  M.  Zeller,  conseiller  de  finances  (Finanzrath),  à  StutlL^art. 


BIBLIOGRAPHIE. 

Botauisrlic  Zcifuug;. 

Articles  originaux  publiés  en  1857  (suite). 

Crueger  [Hermann],  —  Westindische  Fragmente  (Fragments  envoyés  des 
Indes  occidentales  ;  9'  fragment.  Sur  le  Cauto)  ;  n"  17  et  18,  2/;  avril  et 
1  mai,  col.  281-292,  297-309,  plan.  VI  et  Vïl. 

Karsten  [Hermann).  —  Ueber  die  Entstehung  desHarzes,  Wachses,  Gum- 
mis  und  Schleims  durch  die  assimilirende  Thœtigkeit  der  Zellmembraii 
(Sur  la  formation  de  la  résine,  de  la  cire,  de  la  gomme  et  du  mucilage 
par  l'activité  assimilatrice  de  la  membrane  cellulaire);  n°  19,  8  mai,  col. 
313-321. 

Caspary  [Robert).  —  Neuc  Unlersuchungen  liber  Frostspalten  (Nouvelles 
recherches  sur  les  fentes  produites  dans  les  arbres  par  la  gelée)  ;  n°'  20, 
21,  22,  15-22-29  mai,  col.  329-335,  345-350,  361-371,  avec  un  grand 
tableau. 

Millier  [Charles,  de  Halle).  —  Beitraege  zu  einer  Flor  der  Kryptognmen 
Rrasiliens,  insbesondere  der  Insel  Santa  Catharina  (Notes  relatives  à  une 
flore  cryptogamique  du  Brésil,  en  particulier  de  l'ilc  Sainte-Catherine)  ; 
n°  23,  5  juin,  col.  377-387. 


Paris.  — Imprinierio  do  1..  Martinet,  rue  Mif;non, 


SOCIÉTÉ    BOTANIOUE 

DE  F  11  ANGE. 


ÎV' 


SEANCE  DU    13    NOVEMBRE    1857. 

Pr.ÉSIDENCE   DE    M.    MOQUIN-TANDON. 

La  Sociélé  se  réuni l  à  sept  lieures  et  demie  du  soir,  dans  le  local 
ordinaire  de  ses  séanecs,  rue  du  Vieux-Colombier,  *lh. 

M.  le  Président  déclare  ouverte  la  session  ordinaire  de  1857-58, 
et,  par  suite  des  présentations  faites  dans  la  séance  du  2/i  juillet 
dernier,  proclame  l'admission  de  : 

MM.  OuDiNET,  pharmacien,  rue  Hoche,  9,  à  Versailles,  présenté 

par  MM.  Chalin  et  Guilioteaux-Vatel. 
Bkrgeron  (Georges),  étudiant  en  médecine,  rue  Villedo,  7,  à 

Paris,  présenté  par  MM.  Chatin  et  de  Schœnel'eld. 
GouBERT  (Emile),  étudiant,  rue  Saint-Sulpice,   25,  à  Paris, 

présenté  par  MM.  Chatin  et  de  Schœncfeld. 
RoYER    (Charles),   avocat,    à    Saint-P»émy    près    Montbard 

(Cùte-d'Or),  présenté  par  MM.  Chatin  et  de  vScliœnei'eld. 
'  AuGÉ  DE  Lassus,  rue  Saint- Jean,  hh,  à  Saint-Quentin  (Aisne), 

présenté  par  MM.  Montagne  et  Viaud-Grandmarais. 

M.  le  Président  annonce  en  outre  treize  nouvelles  présentations. 

M.  le  Président  annonce  la  mort  de  M.  Guiart,  pharmacien  en 
chef  de  l'hôpital  do  la  Pitié,  membre  de  la  Société,  décédé  à  Paris, 
au  mois  de  septendjre  dernier. 

M.  T.  Caruel,  membre  de  la  Société,  est  proclamé  membre  à  vie, 
sur  la  déclaration  faite  par  M.  le  Trésorier  qu'il  a  rempli  la  condition 
à  laquelle  Farticle  lU  des  statuts  soumet  l'obtention  de  ce  titre. 

Do72S  faits  à  la  Société: 

■l"  Par  M.  P.  (le  Tchihatchef  : 

Sur  la  véyé(atin7t  rJe^  hantes  ^nonfagncfi  de  l'A^ie-Miinino  et  ffei'Av' 
même. 
T.   IV.  5'» 


850  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE   FRANCE. 

2°  Par  M.  Léon  Soubeiran  : 

Note  sur  la  récolte  de  la  gomme  adragnnte  en  Asie-Mineure . 
Note  sur  les  marais  à  sangsues  de  Clairefontaine. 
Description  de  U Aquarium  du  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris. 
Description  de  deux  cas  de  monstruosité  comparés,  observés  sur  un 
canard  et  un  poulet,  par  MM.  L.  Soubeiran  et  A.  Luton. 

3°  Par  M.  Ducliartre  : 

Observations  sur  la  fanaison  des  plantes  et  sur  les  causes  qui  la  déter- 
minent. 
Note  sur  quelques  monstruosités  du  Tulipa  Gesneriand. 

û"  Par  M.  de  Bonis  : 
Une  lettre  autographe  de  Schultes. 

5"  De  la  pari  de  M.  Alpb.  De  Candolle,  de  Genève  : 

Espèces  nouvelles  du  genre  Thesium. 
Note  sur  la  famille  des  Santalacées. 

6"  De  la  pari  de  M.  Godron,  de  Nancy  : 
Flore  de  Lorraine,  2*  édition. 

7"  De  la  part  de  M.  G.  Thuret,  de  Cherbourg  : 
Observations  sur  la  reproduction  de  quelques  Nostochinées. 

8"  De  la  part  de  M.  Cuigneau,  de  Bordeaux  : 

Compte  rendu  des  travaux  de  la  Société  Linnéenne  de  Bordeaux  pen- 
dant Vannée  1855-5G. 

9»  Delà  part  de  M.  Fée,  de  Strasbourg  : 
Sur  les  Cycadées. 

10»  De  la  part  de  M.  M.  Du  Colombier  : 

Exposition  d'une  méthode  propre  à  résoudre  diverses  questions  de  sta- 
tistique végétale. 

li''  De  la  part  de  M.  l'abbé  de  Lacroix  : 

^    Nouveaux  faits  relatifs  à  l'histoire  de  la  botanique  et  à  la  distribution 
géographique  des  plantes  de  la  Vienne. 

12°  De  la  part  de  M.  Iluberl  : 
Essai  sur  quelques  llydrophijtes  de  la  C harente-Inférieure . 

13"  De  la  part  de  M.  Sahut,  horticulteur  à  Montpellier: 
Catalogue  de  son  établissement,  pour  1857-58. 


SKANCE    DU    13    NOVEMBRE    4857.  851 

1Û°  De  lu  part  de  M.  N.  Fringslieim,  de  Berlin  : 

Untersuchungen  iteber  Befruchtung  imd  Générât  ionswechsel  der  Al  yen. 
15°  De  la  part  de  31.  Conrad  Kindbcrg  : 

Symbolœ  ad  synopsin  gencris  Lepigonum. 

16°  De  kl  part  de  M.  W.  Gregory  : 

On  new  forrm  of  marine  Diatomaceœ,  etc.,  et  plusieurs  autres  mémoires 
sur  cette  famille.  ' 

17°  De  la  part  de  M.  Malbranclie,  de  Rouen  : 
De  la  prétendue  transformation  de  IJEgilops  en  Blé. 

18°  De  la  part  de  M.  de  Gaze  : 
Sur  une  correspondance  inédite  entre  Linné  et  Bernard  de  Jussieu. 

190  De  la  part  de  M.  Ed.  Le  Héricher  : 
Essai  sur  la  flore  popidaii^e  de  Normandie  et  d'Angleterre. 

20°  De  la  part  de  l'Institut  Smithsonien,  de  Washington  : 

Publications  of  the  learned  Societies  and  perlodicals  in  tlie  library  of 

the  Srnithsonian  Institution,  part  2. 
Okio  agricultural  Reports,  1850-5Û. 
Srnithsonian  Reports,  1855. 
Act  of  incorporation  and  By-laws  oftlie  Academy  of  Natural  sciences 

of  Philadelpkia. 

21°  Compte  rendu  de  la  séance  générale,  du  Ijuin  1857,  de  la  Société 
d'encouragement. 

22"  En  échange  du  Bulletin  de  la  Société  : 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  d'Angers,  luiméros  de  janvier  et 

février  1857. 
Journal  de  la  Société  impériale  et  centrale  d'horticulture,  numéros  de 

juillet  à  septembre  1857,  et  Procès -verbaux  des  séances  du  Jury 

pour  l'exposition  universelle  de  1855. 
L'Institut,  juillet  à  novembre  1857,  seize  numéros. 

M.  Brice  donne  lecture  du  rapport  de  la  Commission  de  compta- 
bilité, chargée  de  vérifier  la  gestion  de  M.  le  Trésorier  pendant 
l'exercice  1856.  Ce  rapport  est  ainsi  conçu  : 


852  sôciétf:  DOTAisiorio  hv.  ri'.v^icr:. 

RAPPORT  DE  LA.  COMMISSION  DE  VÉRIFICATION  DES  COMPTES  DU  TRÉSORIER  DE  lA 
SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE   POUR  L'ANNÉE  1856. 

Messieurs, 

La  Commission  cliargéo,  aux  termes  do  l'article  27  de  votre  règlcmeut 
administratif,  de  vérifier  la  gestion  de  IM.  le  Tréf-orier  de  la  Société  pendant 
l'année  1856,  a  bien  voulu  me  confier  le  soin  de  rédiger  son  rapport,  et  Je 
vais,  eu  conséiiuence,  avoir  l'iionueur  de  nous  sounieltro  !e  résultat  de  notre 
travail. 

Nous  vous  devons,  avant  tout,  quchiues  courtes  explications  sur  l'épociue 
tardive  de  l'accomplissement  de  notre  mission.  Sans  doute,  si  nous  nous 
fussions  attachés  à  la  lettre  plutôt  (ju'à  l'esprit  du  règlement,  il  nous  eût  été. 
facile  de  vous  apporter,  dès  la  fin  de  janvier,  une  balance  extraite  à  cette 
date  des  livres  de  M.  le  Trésorier,  elde  l'analyser  devant  vous,  comme  ont 
dû  le  faire  les  Commissions  qui  nous  ont  précédés,  pour  obéir  à  une  pres- 
cription réglementaire,  à  notre  avis  inexécutable,  quant  a  la  date  fixée  par 
elle.  -Mais,  résolus  à  procéder  à  la  vérification  des  comptes  de  1856  île  ma- 
nière à  pouvoir  vous  faire  connaiti-e  la  situation  réelle  de  cet  exercice,  il 
nous  a  fallu  nécessairement  attendre  que  toutes  Us  dépenses  (lui  s'y  ratta- 
chent fussent  constatées  et  soldées.  Agir  autrement,  c'eût  été  nous  exposer 
à  ne  pouvoir  mettre  sous  vos  yeux  (|ue  des  résultats  incomplets,  puisfju'il 
eût  fallu  rejeter  sur  l'exercice  1857  iv\  grand  nombre  de  dépenses  créées 
en  1855  et  1856,  mais  dont  le  chiffre  était  alors  inconnu. 

Nous  nous  empressons,  d'ailleuis,  de  rendre  hommage  à  la  parfaite  régu- 
larité qui  règne  dans  les  écritures  de  M.  le  Trésorier.  Un  compte  spécial  est 
ouvert  chez  l'honorable  M.  Delcssert  au  nom  de  la  Société  Botanique  de 
France,  et  ses  receltes  comme  ses  dépenses  viennent  y  figurer  tour  à  tour, 
au  moyen  de  ce  mécanisme  compliqué,  mais  aussi  ingénieux  qu'infaillible, 
que  l'on  nomme  la  comptabilité  en  partie  double. 

Cependant,  quelque  rigoureusement  exucr  que  soit  ce  compte,  ce  n'est  et 
ce  ne  peut  être  qu'un  conq)le  de  cai^^se  ;  et  pour  (jue  la  Société  lût  à  même 
d'en  apprécier  utilement  les  résultats,  il  a  fallu  en  faire  le  complet  dépouil- 
lement, en  decompoicr  les  éléments  divers  et  ks  grouper  ensuite  sous  la 
forme  d'un  compte  administratif  que  nous  itablissons  ainsi  qu'il  suit  : 

Aclif  de  la  Société  an  \*'  janrior  IHoG. 

/Solde  au  (31  di'ccnihre  1855.  .  .    '2,0L>i     77] 
1"  Espi'ces '  licliquat  reslé  CDlrt' les  niaiii.s  de  2,o8Zi     2'2 

(      rai:!OMt 59     /p) 

2°  Lu  récépissé  de  la  Caisse  (li's  (l(''i)ôi.s  II  consiii;iiulioiiï 3,000       » 

o"  l)<Mi\  bons  (lu  Tr('sor,  enscinhle 1,575      » 

Total  de  l'oiicaisso  PI  dos  \al('iir>,  .   .   .         (i,959     22 


sj-:am:i:  uu  13  novkimhiU':  1857.  853 

Uncllrs  de  l'diinn'  1856. 

.     -^  X    I    .o-r        (    G8  cotisations  à  30  IV.  2,0/i0     »)„,„,,       ^ 
Arriéré  de  I8a5 ..  I      „      ,,  .,,         2,100     .. 

(      o  soldes (lO      >'  ) 

,     .     .        ,    ,„..  (^06  cotisations  à  30  fr.  6,180     )>),.,„„ 
Cotisations  de  18i)6.|      .      ,,  .,         6,182 

(      1  solde 2      )'j 


Une  cotisation  à  vie  (M.  KraliL^ oOO 

Vente  du  Bulletin 691     »' 

Excédant  de  paj^os  d'impression  payé  par  les  auteurs.  .  15     » 

Encaissement  de  deux  bons  du  Trésor  (intérèlscompris).  1,582  50 . 


10,870     50 


6,300     10 


Total  des  recettes,  y  compris  l'encaisse  au  1"  janvier  1856.        17,829    72 

DÉPENSKS. 

Arriéré  de  1855. 

Loyer AOO  » 

CliaulTage  et  éclairage 51  50 

Impression  du  Bulletin Ù,835  Zi5 

Ileviie  bibliographique 261  25 

Port  du  Bulletin 75  50 

Impression  de  lettres  et  circulaires 53  50 

Ports  de  lettres  et  alïranchissement Û6  70 

Dépenses  diverses 26  20 

Traitement  de  Tagent  comptable 500  » 

Gages  du  garçon  de  bureau  {k^  trimestre) 50 

Année  1856. 

Loyer ^00  »  "^ 

ChaulTage  et  éclairage. 198  50  1 

Impression  du  Bulletin /l,160  55 

Revue  bibliograplii(pie 976  « 

Pondu  Bulletin 376  75 1 

Impression  de  lettres  et  circulaires 71  25  ^       7,36/i     10 

Ports  de  lettres  et  afl'ranchisseinent 63  85 1 

Mobilier  et  bibliothèque 364  15' 

Dépenses  diverses 63  05 

Traitement  de  l'agent  comptable 500  » 

Gages  du  garçon  de  bureau 200  » 

Versement  au  Trésor  contre  deux  bons 1,500 


»/ 


Total  des  dépenses 15,164    20 

RIlSUMÉ. 

Recettes 17,829  f.  72 

Dépenses 15,164     20 

Restant  disponible  au  31  décembre  1856.      2,665    52 


85â  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE    FRANCE. 

Eq  ce  qui  coocerne  ie  chapitre  des  receltes,  nous  devons  faire  observer 
que  les  livres  de  M.  le  Trésorier  comprennent,  en  outre  des  recettes  que 
nous  avons  énoncées  plus  haut,  une  somme  de  1,860  fr.,  produit  de  62  co- 
tisations afférentes  à  l'année  1857,  et  que,  par  cette  raison,  nous  avons  cru 
devoir  retrancher  du  compte  de  1856  pour  la  reporter  à  celui  de  1857  au- 
quel elle  appartient. 

Les  détails  et  les  chiffres  que  nous  venons  de  mettre  sous  les  yeux  de  la 
Société  présentent  quelques  faits  sur  lesquels  nous  ne  pouvons  nous  dis- 
penser d'appeler  son  attention. 

On  a  pu  remarquer  que  les  recettes  de  1856  ne  comprennent  que  206 
cotisations  versées  dans  la  caisse  de  M.  le  Trésorier,  à  la  date  du  17  juillet 
dernier,  époque  à  laquelle  s'arrête  le  compte  de  caisse  que  nous  avons  eu 
sous  les  yeux  :  cependant,  si  l'on  consulte  la  liste  générale  des  membres  de 
la  Société  pour  cette  même  année,  on  voit  qu'elle  se  compose  de  3Zil  noms. 
C'est  donc  un  nombre  de  135  retardataires  existant  à  la  date  que  nous  ve- 
nons d'indiquer,  et  par  suite,  une  recette  de  /i,050  fr.  en  moins  dans  la 
caisse  de  M.  le  Trésorier.  11  est  résulté  de  ce  retard  dans  les  versements  que, 
sans  l'emploi  des  fonds  provenant  des  62  cotisations  appartenant  à  l'année 
1857,  le  compte  de  M.  le  Trésorier  pour  l'année  1856  se  fût  soldé  en  débet, 
et  qu'il  eût  été,  dès  lors,  dans  l'impossibilité  de  faire  face  à  tous  les  engage- 
ments de  la  Société. 

Un  pareil  fait,  hâtons-nous  de  le  dire,  n'a  certes  rien  qui  puisse  nous 
inspirer  des  alarmes  sérieuses,  en  présence  de  la  situation  de  plus  en  plus 
prospère  de  notre  Société  qu'accroissent  chaque  jour  de  nouvelles  admis- 
sions ;  mais  ce  fait  n'en  constitue  pas  moins  un  état  de  choses  anormal  et 
irrégulier,  auquel  il  est  désirable  de  mettre  un  terme. 

Vous  le  savez,  IMessieurs,  et  personne  d'entre  nous  ne  doit  l'oublier,  les 
seules  ressources  financières  de  la  Société  consistent  dans  les  cotisations 
annuelles  de  ses  membres.  Ces  cotisations  suffisent,  il  est  vrai,  et  au  delà, 
pour  couvrir  les  dépenses  ordinaires  d'une  année;  mais  pour  qu'il  en  soit 
ainsi,  il  faut  de  toute  nécessité  qu'elles  soient  versées  avec  exactitude  dans 
le  cours  même  de  l'année  à  laquelle  elles  s'appliquent ,  sous  peine  de  créer 
tôt  ou  tard  des  embarras  réels  dans  l'administration  de  nos  linances. 

Fous  ne  pouvons  que  recommander  cette  observation  à  l'attention  de 
tous  nos  confrères  de  Paris  et  des  départements,  et  en  particulier  aux  ho- 
norables membres  de  notre  Bureau,  que  leurs  fonctions  appellent  à  prendre 
\es  mesures  convenables  pour  porter  remède  aux  inconvénients  que  nous 
avons  dû  vous  signaler. 

L'examen  des  cliiffres  dont  se  compose  le  chapitre  des  dépenses  offre  éga- 
lement le  sujet  d'observations  non  moins  importantes.  Si  l'on  considère  les 
sommes  payées  pour  d<;s  services  effectués  eu  1855,  ou  remarque  qu'elles 
s'élèvent  au  total  d«  6,300  Ç\-,  10  c,  ce  qui  constitue  un  arriéré  presque 


SÉANCE  DU   13   NOYEMBUI':  1857.  855 

égal  au  montant  des  dépenses  de  l'année  185G,  (|ui  est,  comoie  on  l'a  vu, 
de  7,36^1  tV.  10  c.  Ainsi  donc,  l'exercice  1856  a  dû  faire  face  à  une  dé- 
pense presque  double  de  celle  d'une  année  ordinaire,  et  cela  avec  des  res- 
sources d'autant  plus  faibles  que  les  recettes  se  réalisaient  avec  moins 
d'exactitude. 

Il  ne  vous  échappera  pas,  Messieurs,  que  continuer  ainsi  à  rejeter  la  plus 
grande  partie  des  dépenses  d'une  année  sur  la  suivante,  ce  serait  nous  ex- 
poser à  amener  une  confusion  regrettable  dans  nos  finances  dans  un  avenir 
plus  ou  moins  éloigné,  et  tous,  nous  avons  trop  à  cœur  les  intérêts  et  la 
prospérité  future  de  notre  Société  pour  ne  pas  chercher  à  éviter  un  tel  ré- 
sultat. 

Nous  espérons  donc  qu'il  aura  suffi  d'appeler  la  sérieuse  attention  de  la 
Société  sur  les  observations  que  nous  venons  d'avoir  l'honneur  de  lui  pré- 
senter, pour  que  chacun  de  nous,  dans  sa  sphère  d'action,  s'efforce  de  con- 
tribuer à  maintenir  aussi  régulière  que  possible  la  situation,  d'ailleurs  réel- 
lement heureuse  et  progressive,  de  la  Société  Botanique  de  France. 

Avant  de  terminer,  il  n'est  peut-être  pas  sans  intérêt  de  faire  connaître  à 
la  Société  que  l'exercice  1856,  en  supposant  toutes  ses  ressources  réalisées, 
présentera,  en  fin  de  compte,  une  recette  totale  de  10,900  fr.,  une  dépense 
de  7,500  fr.,  et  partant  un  solde  restant  libre  d'environ  5,500  fr.,  non  com- 
pris l'excédant  de  recette  des  exercices  antérieurs. 

Aucune  des  observations  qui  précèdent  n'étant  applicable  aux  comptes 
tenus  par  M.  le  Trésorier  avec  la  régularité  remarquable  que  nous  nous 
sommes  empressés  de  vous  signaler  au  commencement  de  ce  rapport,  la 
Commission  de  comptabilité  vous  propose.  Messieurs,  de  donner  votre  com- 
plète approbation  à  la  gestion  de  M.  François  Delessert  pendant  l'année 
1856,  et  de  lui  exprimer  toute  notre  gratitude  pour  le  zèle  éclairé  et  le  dé- 
vouement sans  bornes  avec  lesquels  il  s'est  acquitté  des  fonctions  que  la 
Société  a  eu  la  bonne  fortune  de  lui  confier. 

Les  membres  de  la  Commission  : 
J.  Gay,  t.  Puel,  g.  BsicE,  rapporteur. 

Paris,  13  novembre  1857. 

Les  conclusions  de  ce  rapport  sont  adoptées  par  la  Société. 

M.  Cosson  donne  lecture  du  rapport  de  la  Commission  chargée 
d'examiner  la  proposition  de  M.  le  comte  Jaubert,  relative  à  la  pu- 
blication, sous  les  auspices  de  la  Société,  d'une  Flore  cnjptogamique 
des  environs  de  Paris.  Ce  rapport  est  ainsi  conçu  : 

Messieurs, 
Dans  une  des  séances  de  la  session  extraordinaire  tenue  celte  année  à 
Montpellier,  M.  le  comte  Jaubert  a  appelé  l'attention  de  la  Société  sur  la 


S56  SOCIÉTÉ   BOTAMULK    DK    lllAMJK. 

lacune  regi'etlable  qui  exisle  dans  la  Flore  des  environs  de  Paris,  la  cryp- 
togamie  n'étant  représentée,  dans  les  ouvrages  descriptifs  récents  sur  les 
végétaux  de  celle  région,  que  par  les  familles  de  l'ordre  le  plus  élevé.  Notre 
honorable  vice-président  a  insisté,  à  cette  occasion,  sur  l'intérêt  pratique 
qu'il  y  aurait  à  la  publication  de  rensenW)le  de  la  cryptoL,amie,  rédigé 
d'après  un  plan  analogue  à  celui  qui  a  été  adopté  pour  la  partie  phanéro- 
gamique  par  M3I,  Cossoa  et  Germain  de  Saint-Pierre, 

Par  une  lettre  du  22  juillet  1857  adressée  à  M.  le  président  de  la  Société, 
et  qui  a  été  lue  dans  la  séance  du  2k  du  même  mois,  M.  lecomle  Jaubert 
a  formulé  une  proposition  au  sujet  de  cette  publication,  et  a  demandé  le 
patronage  de  la  Société  pour  un  ouvrage  dont  la  réalisation  devra  être  un 
puissant  encouragement  pour  les  études  cryplogamiques  trop  généralement 
négligées.  En  conséquence,  il  a  été  arrêté  par  la  Société  qu'une  Commission 
composée  de  trois  membres  serait  nommée  pour  examiner  s'il  conviendrait 
d'entreprendre  la  publication  proposée  par  M.  le  comte  Jaubert,  et  M.  le 
Président  a  désigné  pour  faire  partie  de  cette  Commission,  iMiM.  L.-R.  Tu- 
lasne,  Pioussel  et  E.  Cosson. 

Dans  une  première  réunion,  la  Commission  a  reconnu  tout  l'intérêt  que 
présente  la  publication  d'une  Flore  cryptogamiqne  des  environs  de  Paris. 
Elle  a  pensé  qu'il  y  aurait  lieu  de  diviser  le  travail  en  deux  parties  :  la 
première  comprenant  les  cryptogames  d'un  ordre  élevé  :  les  Fougères, 
Equisetacées,  Cbaracées,  Mousses,  Hépati(]ues  et  IJchens  ;  et  la  seconde 
comprenant  les  Champignons  et  les  Algues.  Elle  a  reconnu  que,  pour  la 
première  partie,  l'état  actuel  de  la  science  et  les  documents  réunis  jusqu'à 
ce  jour  sur  la  flore  locale  permettraient  de  s'en  occuper  immédiatement; 
mais  elle  n'a  pas  cru  qu'il  en  fût  de  même  de  la  seconde  partie,  pour  la- 
quelle les  documents  recueillis  sur  la  flore  locale  sont  loin  d'être  sul'fisants, 
et  où  la  délimitation  des  espèces  et  même  des  genres  laisse  encore  beaucoup 
à  désirer  dans  les  ouvrages  généraux,  ainsi  que  l'ont  d'ailleurs  démontré 
les  importants  travaux  publiés  récemment  par  MM.  L.-R.  Tulasne  et 
G.  Thurct,  sur  les  groupes  des  Champignons  et  des  Algues. 

La  première  partie  de  la  Flore  cnjptogamique,  d'après  le  relevé  de  la 
Flore  de  M.  Mérat,  se  composerait  de  601  espèces,  savoir  : 


Fougères env.  25  espèces. 

Marsiléacées  ...  —        1 

Cliaracées —  H 

É<iuisélacées  ...  —        6 


Lycopodiacécs  .  .  .  env.  3  espèces. 

Mousses —  200 

Ili'paliques —  55 

Licliens —  300 


Les  espèces  nouvellement  dt-couvertes  dans  nos  environs,  ou  récemment 
établies,  porteraient  probablement  ce  nombre  à  650  ou  700.  La  Com- 
mission a  estimé  que,  en  y  comprenant  les  descriptions  de  familles  et  de 
genres,  les  tableaux  synoptiques  et  les  explications  des  planches,  deux 


SKA^(;K  i>i;  lii  ^ovEMH!\l:  JS57.  857 

espèces  au  moins  poiiir.'iiont  tHredccrilcs  par  page,  et  ((uc,  par  coiisc^qncnt, 
avec  la  préface  et  les  tables  synoii^miqucs,  l'impression  n'exccHlerait  pas 
320  pages,  soit  20  feuilles  d'impression. 

La  seconde  partie,  également  d'après  le  relevé  de  la  Flore  de  iM.  Mérat, 
contiendrait  près  de  1600  espèccfi  ;  mais,  en  raison  de  l'organisation  moins 
complexe  des  végétaux  des  groupes  des  Champignons  et  des  Algues,  les 
descriptions  pourraient  avoir  moins  d'étendue,  et  l'ensemble  de  cette  se- 
conde partie  ne  dépasserait  probablement  pas  le  même  nombre  de  feuilles 
d'impression. 

La  première  partie,  la  seule  dont  la  publication  puisse  être  immédiate- 
ment entrcpiise,  devrait  avoir,  indépendamment  du  texte,  un  certain  nombre 
de  planches,  les  unes  sur  bois  et  intercalées  dans  le  texte,  les  autres  en 
taille-douce,  gravées  sur  pierre  ou  sur  cuivre,  et  placées  eu  regard  des  des- 
criptions. 

La  Commission,  à  l'unanimité,  a  reconnu  que  les  honoraires  de  la  rédac- 
tion devraient,  au  minimum,  être  de  60  francs  par  feuille  d'impression, 
soit  1200  francs  pour  l'ensemble. 

Elle  a  eu,  le  8  octobre,  une  entrevue  avec  M.  V.  Masson,  éditeur  de  la 
Flore  phanérogamique  des  environs  de  Parts,  pour  examiner  avec  lui  les 
conditions  auxquelles  il  se  chargerait  de  la  publication.  M.  Masson  a  fait 
observer  que,  pour  couvrir  les  frais  d'impression,  il  faudrait  que  le  tirage 
fût  de  1250  exemplaires,  plus  la  passe,  au  total  1375  exemplaires,. le 
prix  de  chaque  exemplaire  étant  fixé  approximativement  à  10  francs.  A 
cette  condition,  il  se  chargerait,  sans  rétribution  aucune,  de  tous  les  frais 
d'impression;  il  concourrait  en  outre  aux  frais  du  dessin,  de  la  gravure  et 
du  tirage  des  planches,  jusqu'à  concurrence  de  la  somme  de  2000  francs; 
il  contribuerait  enfin  aux  honoraires  de  la  rédaction  pour  la  somme  de 
500  francs.  Une  somme  approximative  de  700  francs  resterait  par  consé- 
quent à  fournir  par  la  Société.  Le  versement  de  cette  dernière  somme  se 
ferait  au  fur  et  à  mesure  du  tirage,  par  payements  égaux  de  35  francs  par 
feuille  d'impression. 

M.  Masson,  en  raison  du  patronage  accordé  à  la  Flore  cryptogamiquey 
ferait  aux  membres  de  la  Société  une  remise  d'un  tiers  sur  le  prix  de  cata- 
logue. 

Voilà,  Messieurs,  l'état  actuel  de  la  question  examinée  par  votre  Commis- 
sion, à  laquelle  MM.  Ad.  Brongniart,  le  comte  Jaubert,  Montagne,  Mo- 
quin-Tandou  et  de  Schœnefeld  ont  bien  voulu  prêter  leur  concours  offi- 
cieux; en  conséquence,  j'ai  l'honneur  de  proposer  en  son  nom  à  la  Société 
de  voter  une  allocation  de  700  francs  comme  encouragement  pour,  la  pu- 
blication de  la  première  partie  de  la  Flore  cryptogatnique,  et  de  désigner 
une  nouvelle  Commission,  qui  serait  chargée  de  la  direction  générale  de 


858  SOCIÉTÉ  BOTANIQIK  DE    FHANCE. 

l'ouvrage,  tant  au  point  de  vue  du  fond  que  de  la  forme  typographique. 
Les  conclusions  de  ce  rapport  ont  été  préalablement  soumises  au  Conseil 
d'administration  de  la  Société,  et  adoptées  par  lui  à  l'unanimité. 

Les  membres  de  la  Commission  : 
L.-R.  TuLASNE,  Roussel,  E.  Cossojn,  rapporteur. 

La  Société  adopte  les  conclusions  de  ce  rapport  et  vote  une  allo- 
cation de  700  francs  pour  subvenir  en  partie  aux  frais  de  la  publi- 
cation de  la  première  moitié  de  la  Flore  crijjHogamique  des  en- 
virons de  Paris. 

Une  nouvelle  Commission  devant  être  chargée  de  surveiller  et 
diriger  cette  publication,  31.  le  Président  désigne  pour  faire  partie 
de  ladite  Commission,  MM.  Cosson,  3Iontugne,  Roussel,  L.-U.  Tu- 
lasne  et  Weddell. 

M.  de  Scliœnefeld,  vice-secrétaire,  donne  lecture  de  la  communi- 
cation suivante,  adressée  à  la  Société  : 

VINGT-QUATRIÈME  NOTICE  SUR  LES  PLANTES  CRYPTOGAMES  RÉCEMMENT  DÉCOUVERTES 
EN  FRANCE,  par  M.  J.-B.-H.-J.  DESMJlZIÉRES  (suite  »). 

DISGOMYCETES. 

9.  Trochila  Populorum,  Desraaz.  PI.  crypt.  sér.  2,  n"  451 1 

T.  maculîs  minutis  brunneis,  vel  griseo-plumbeis,  dein  albidis,  irregu- 
lariter  rotundatis,  demura  confluentibus.  Discus  innatus,  erumpens,  minu- 
tissiraus,  laxe  subgregarius,  humidus  plauus  cinereus,  siccus  concavus 
brunneus.  Ascisclavatis;  sporidiis  octonis  ellipsoideis;  sporulis2,  byalinis, 
globosis.  —  Hab.  in  foliis  siccis  Populorum.  Vere. 

Nous  devons  la  connaissance 'de  ce  Discomyeètc  à  M.  Roberge,  qui  l'a 
observé  sur  les  feuilles  des  Peupliers  d'Italie  et  du  Canada.  11  vient  surtout 
à  leur  face  supérieure,  et  détermine  les  taches  que  nous  avons  décrites  plus 
haut.  En  se  réunissant,  ces  taches  prennent  toutes  sortes  de  formes  et  de 
dimensions.  Dans  le  jeune  âge,  elles  sont  circonscrites  par  une  ligne  brune. 
Sur  toute  leur  étendue  sont  réunis,  sans  ordre  bien  déterminé,  les  individus 
de  ce  très  petit  Champignon;  mais  ils  tendent  pourtant,  quoique  faible- 
ment, à  la  disposition  annulaire.  Les  lanières  de  l'épiderme  percé  par  eux 
forment  une  sorte  de  collerette  autour  des  disques,  qui  sont  arrondis  en  des- 

(1)  Voyez  plus  haut,  page  797. 


SÉANCE   DU   13    NOVEMBRE    1857.  859 

SOUS,  plans  eu  dessus,  et  sans  l'cbords  ni  dents.  Leur  couleur,  quand  ils 
sont  humides,  est  le  gris  de  perle.  Leur  diamètre  excède  rarement  un  quart 
de  millimètre.  Par  la  dessiccation,  ils  se  contractent  et  ne  paraissent  plus 
que  comme  des  points  noiriitres.  Les  thèques  sont  assez  volumineuses  et  leur 
double  membrane  est  très  distincte.  Leur  longueur  est  de  0'"",075  à  0""",08r). 
Les  sporidies,  au  nombre  de  huit,  sont  ellipsoïdes,  longues  de  0'"",012  à 
O^^jOlS,  sur  une  épaisseur  de  O^^jOO?;")  à  O^'^OL 

Il  faut  réunir  au  genre  TrocJdla,  créé  par  ]\L  Fries  (Summ.  Veget.),  le 
Sphœria  Craterium,  ï)C.==Peziza  insidiosa,  Desmaz.,  ainsi  que  les  Pha' 
cidium  Taxi,  Fr.,  Laurocerasi,  Desmaz.,  et  Tini,  Duby.  Dans  les  trois 
dernières  espèces,  les  lanières  de  l'épidcrme,  qui  forment  collerette  autour 
du  disque,  ont  été  prises  pour  des  dents  de  Phacidium. 

Le  Peziza  smaragdina,  Lév.  et  Moug.  Stirp.  n°  1345,  ne  diffère  pas  de 
notre  n»  992,  Phacidium  Laxœocerasi  var.  majus  :  il  sera  donc  pour  nous 
le  Trochila  Laurocerasi,  parce  que  l'antériorité  est  acquise  à  ce  dernier 
nom  spécifique.  Le  Sphceria  cyafhoidea,  Pers.  in  Hook.  llerb.,  est  aussi 
cette  même  espèce. 

10.  Peziza  Polygoni,  Lasch  m  Rahenh.  Herb.  viv.  n"  1127  ! 

Cette  très  petite  espèce,  nouvelle  pour  la  cryptogamie  de  la  France,  a 
été  trouvée,  en  avril  1853,  par  M.  Roberge,  dans  un  pré  des  environs  de 
Caen,  près  du  canal.  Elle  forme,  sur  les  vieilles  tiges  des  Polygomim  Persi- 
cariaei  Hydropiper,  des  groupes  allongés,  tantôt  ambiants,  tantôt  disposés 
d'un  seul  côté,  et  qui  s'étendent  souvent  d'un  nœud  à  l'autre.  Les  capsules 
sortent  des  couches  ligneuses,  fendent  l'épiderrae,  et  sont  d'abord  peu  ap- 
parentes, surtout  à  l'état  sec,  à  cause  de  leur  petitesse  (un  quart  ou  un  tiers 
de  millimètre),  et  parce  qu'elles  sont  à  peu  près  de  la  couleur  du  support. 
Elles  naissent  globuleuses,  exactement  fermées,  puis  elles  s'ouvrent  au  som- 
met par  l'écartementdes  bords,  et  prennent  enfin  la  forme  d'un  bol  à  bords 
entiers  et  épais.  Elles  sont  sessiles,  glabres  et  charnues.  Leur  couleur  est  le 
roux  noisette  assez  pâle  d'abord,  puis  tirant  sur  le  marron  sale;  elles  parais- 
sent noirâtres  quand  la  dessiccation  lésa  contractées  et  déformées.  Nous 
n'avons  pu  observer  bien  distinctement  les  thèques,  que  nous  croyons  très 
petites  et  grêles. 

11.  Peziza  Spires,  Rob.  in  Herb.  —  Desmaz.  PL  crypt.  de  Fr.  sér.  2, 
n"  /i53  1 

P.  hypo-  rarius  epiphylla,  sessilis,  miuutissima,  ceraceo-mollis,  glabra, 
spar9a,punctiformis;  junior  globosa,  adulta  aperta,  coucava  vel  plana,  sicca 
rufo-bruunea,  humida  disco  subcinerescentc,  raargiue  subdenticulata.  Ascis 
clavatis,  rectis  vel  arcuatis  -,  sporidiis  ellipsoideis  ;  sporulis  2,  globosis 
hyalinis.  —  Hab.  in  foliis  vetustis  Spirese  Ulmariae.  Vere.  (Desmaz.) 


860  SOCIÉTÉ    BUTAMQUE    TE    rHANCE. 

Celle  Pézizc  appartient  à  ia  seclion  des  Ceracellœ  ;  elle  est  une  des  plus 
petites  que  nous  connaissions,  son  diamètre  n'étant  que  d'un  quart  à  un 
cinquième  de  niillimètie.  Le  duvet  cotonneux  qui  couvre  ordinairement  la 
face  inférieure  des  feuilles  de  la  Reine-des-prés,  empêche  souvent  de  l'aper- 
cevoir, et  ce  n'est  que  lorsque  celle  face  est  glabre,  ou  à  peu  près,  qu'on  la 
dislingue  bien.  La  longueur  des  theques  est  d'environ  0""",06  ;  celle  des  spo- 
ridies  est  de  0""",01,  sur  O-'^.OOd  d'épaisseur. 

HYMKlNOMYCETKS. 

12.  Kpicoccum  l'URPUBAscENS,  Ehreul).  Sylv.  mi/c.  — Link,  Spec.  — 
Kickx,  Itec/i.  cri/pt.  cent.  111.  —  Fr.  Swnm.  Ver/et.  Scand.  —  Desmaz. 
PL  cnjpt.  de  Fr.  scr.  2,  n°  269!  — Epicoccu7n  vulgcœe  {i^mV\m)  Corda, 
Ico7i.  Fung. 

C'est  en  hiver,  sur  les  deux  faces  des  vieilles  feuilles,  plutôt  mortes  que  sè- 
ches, de  VArundû  Donax,  que  cette  espèce  se  montre  sous  la  forme  de  petits 
tubercules  pulvérulents,  superficiels,  rapprochés  et  même  serrés  en  groupes 
ovales,  allonges  ou  linéaires,  qui  atteignent  2  à  3  millimètres.  Ces  tubercules 
sont  presque  globuleux  et  ont  O'^'^^S  à  U°"",15  de  diamètre.  A  l'état  sec  et 
dans  leur  plus  grand  développement,  ils  paraissent  d'un  beau  noir  mat; 
mais,  en  les  observant  lorsqu'ils  sont  humides,  on  ne  tarde  pas  à  s'aperce- 
voir qu'ils  sont  compo:>és  d'un  stroma  charnu  de  couleur  de  brique  ou  can- 
nelle plus  ou  moins  foncée,  et  de  nombreuses  sporules  qui  les  recouvrent  de 
toutes  parts,  et  dont  la  couleur,  d'abord  jaunâtre,  passe  à  celle  du  cinabre,  • 
et  enfin  au  brun  foncé  presque  noir.  Vues  au  microscope,  ces  sporules  sont 
globuleuses,  réticulées  et  pourvues  d'un  petit  pied  conique  et  hyalin;  leur 
diamètre  varie  entre  0°"",0175  elû""",0225.  La  tache  purpurine  dont  parlent 
les  auteurs  n'existe  sur  le  support  que  dans  la  jeunesse  des  groupes  et  lors- 
qu'ils participent  eux-mêmes  de  cette  couleur;  mais  en  prenant  plus  de 
développement,  cette  tache  ne  tarde  pas  à  disparaître.  Pour  compléter  ce 
que  nous  avons  cru  devoir  dire  ici  sur  cette  espèce,  ajoutons  (|ue  les  spo- 
rules qui  se  détachent  les  premières  de  leur  stroma  sont  celles  de  la  partie 
supérieure  qui,  ainsi  dénudée,  laisse  voir  sa  couleur  ;  dans  cet  état,  il  semble 
que  la  plante  s'ouvre  à  la  manière  d'une  Pézize,  en  montrant  un  disque  ([ui 
n'existe  pas  en  réalité. 

13.  Selenospobium  minutissimum,  Desmaz.  PL  crypt.  de  France,  sér.  2, 
n"  û56! 

S.  bypophyllum,  gregarium,  maculseforme.  Maculis  irregularibus, 
griseis  vel  rutis;  stromate  minutissimo,  hemispliSBrico,  brunneo.  Sporidiis 
byalinis  subcyiindrieis,  utrintiue  obUisis,  rectis  vel  curvulis,  uniseptatis, 
primitus  pedicellatis.  —  Hab.  in  pagina  inferiore  foliorum  vivorum  Gerauii 
mollis.  iËstate. 


si;ANCE  m;  13  novi.mbi'.k  1857.  801 

Au  premier  aspect,  on  ne  voit  que  des  tnclicscparscs  et  d'un  gris  cendré; 
mais,  en  les  examinant  avec  une  forte  loupe,  on  remarque  qu'elles  sont  for- 
mées par  de  petites  houppes  fort  rapprooliées,  posées  cliaeune  sur  une  base 
compacte,  pi-oémiiiente,  qui  paraît  comme  un  très  jjelit  point  brun.  Cette 
base  est  le  stronia,  et  les  sporidies,  dressées  et  souvent  portées  par  des  sporo- 
phores,  forment  les  houppes  floconneuses  dont  nous  venons  de  parler.  La 
longueur  de  ces  sporidies  varie  entre  0'""',02  et  0""",0/t,  et  leur  épaisseur  est 
d'environ  ()""", 005.  Cette  petite  production,  qui  pourrait  liyurer  dans  le  genre 
Fusarium,  si  le  Selenosporiwa  de  Corda  n'était  point  adopté,  a  été  récoltée 
par  M.  Robcrge,  le  long  d'un  mur,  à  Louvigny,  près  de  Caen. 

PYRENOMYCETES. 

\h.  Sacidium  Of.smazieri,  Mont,  in  Herb.  —  Desmaz.  PL  crypt.  sér.  2, 
n"  ;J51  ! 

S.  araphigennm,  microscopicum,  erumpens.  Peritheciis  confertis,  dimi- 
diatis,  hemisphœricis,  seu  subtus  deficienlibus,  atris,  apice  nilido  poro 
amplo  perlusis  ;  nucleo  aibo;  sporis?  subglobosjs,  hyalinis.  Maculas  effor- 
rcat  griseas,  subrotundas,  oblongas  vel  linearespassim  confhientes.  —  Hab, 
in  foliis  siccis  Iridis  Pseudacori.  Hieaie  et  vere.  (Desmaz.) 

Cette  petite  production  ne  se  montre  guère  que  dans  la  parlie  moyenne 
et  la  parlie  supérieure  du  support,  et  les  groupes  qu'elle  y  forme  ont  des 
aspects  ilifferents.  Dans  la  partie  moyenne,  ces  groupes  sont  étalés,  irré- 
gulièrement ovales  ou  allongés,  et  acquièrent  1  à  2  centimètres  de  long, 
sur  une  largeur  moindre  d'environ  un  tiers;  dans  la  parlie  supérieure,  les 
groupes  sont  linéaires,  gris  comme  les  précédents  et  ensuiie  brunâtres.  Ils 
occupent  les  intervalles  des  nervuies  qu'ils  ne  fiandiissent  point,  et  leur 
longueur  ac{|uiert  jusqu'à  h  cenlimèties,  sur  un  tieis  à  un  demi  millimètre 
de  largeur.  Le  diamètre  des  périthéciums  est  de  O""",075  a  0"'"',1.  Le 
n"  973  [Sp/icrria  obslrusa)  de  V Herborivni  viviim  de  M.  Rabenhorst  paraît, 
dansnilre  exemplaire  du  moins,  avoir  quelque  rapport  avec  le  Pyrénomy- 
cète  dont  il  est  ici  question,  mais  l'échantillon  n'est  pas  en  assez  bon  état 
pour  oser  prononcer.  Les  échantillons  que  nous  avons  publiés  dans  nos 
Plantes  erijptofjames  de  France  ont  été  pris  par  M.  Robcrge,  en  mars  1856, 
dans  un  bois  humide  à  Biéville  (Calvados). 

15.  Septoria  ScLERA^THi,  Dcsmaz. 

S.  maculis  ohliteratis.  Peritheciis  dense  sparsis ,  innato-prominulis, 
convexis,  nigiis,  subuitidis,  ostiolo  minutissimo  conico  instructis.  Spori- 
diis  linearibus,  subarcuatis  ;  spoiulis  vix  distinctis.  — Hab.  in  omnibus 
partibus  Seleranthi.  il^statc  et  autumno. 

C'est  sur  les  liges,  les  feuilles  et  même  h'S  ^^Wcv^  \\{i  Siderantims  annrms 


862  SOCIÉTÉ   BOTAMQUE    DE    FRANCE. 

que  se  développe  ce  petit  Pyrénomycète  :  à  la  loupe,  ces  parties  paraissent 
piquetées  de  points  noirs,  plus  apparents  et  plus  saillants  que  dans  la  plu- 
part des  espèces  de  ce  genre.  Ces  points  sont  les  périthéciums,  qui  ont  en- 
viron un  dixième  de  millimètre,  et  sont  surmontés  d'un  très  petit  ostiole 
pyramidal.  Les  sporidies  mesurent  0™",03  à  0'""',035. 

16.  Perisporium?  fibrillosum,  Desmaz. 

P.  caulicola,  erumpens,  gregarium,  subspbœricum,  dein  depressum, 
minutissimum,  subostiolatum,  pertusum,  extus  atrum,  nitidum,  intus 
griseum,  maculée  brunneœ,  fibrillosse  insidens.  Sporulis?  numerosis,  bya- 
linis,  globosis.  —  Hab.  in  caulibiis  Scrofulariae  aquaticcC.  Vere. 

Les  péritliéciums  sont  groupés,  mais  les  groupes  sont  d'abord  lâcbes  et 
un  peu  indéterminés  ;  en  devenant  plus  nombreux  et  en  se  rapprochant,  les 
périthéciums  soulèvent  l'épiderme  qui  prend  une  teinte  grise.  Plus  tard,  en 
se  rapprochant  encore  davantage,  ils  forment  avec  lui  des  taches  noirâtres. 
Ils  sont  érumpents,  à  demi  saillants,  globuleux  ou  un  peu  ovoïdes,  dépri- 
més et  surmontés  d'un  ostiole  gros  et  court,  quelquefois  peu  apparent.  Leur 
grosseur  égale  à  peine  uu  huitième  de  millimètre.  Il  part  de  leur  base,  soit 
qu'ils  soient  isolés  ou  rapprochés,  des  fibrilles  rampantes,  rameuses, 
flexueuses,  formant  une  petite  rosette  d'un  brun  mat,  puis  s'entrecroisant 
et  devenant  un  réseau  très  délié  semblable  à  celui  du  Perisporium  poliotum, 
avec  lequel  cette  espèce  n'est  pas  sans  avoir  quelque  rapport.  Les  sporules? 
sont  inégales  en  grosseur  :  les  plus  grosses  mesurent  à  peine  0'""',005,  et  les 
plus  petites  0'"'",0025.  Nous  avons  vu  une  seule  fois  un  groupe  de  thèques 
cylindriques,  longues  de  0""",025  sur  une  épaisseur  de  0""", 005,  mais  nous 
n'avons  pu  découvrir  aucune  sporidie  dans  leur  intérieur,  et  comme  sur 
plus  de  vingt  analyses  nous  n'avons  pu  rencontrer  d'autres  thèques,  il 
serait  possible  qu'elles  fussent  celles  d'un  périthécium  étranger  et  mêlé  au 
Perisporium  fibrillosum.  Il  serait  également  possible  que  ce  que  nous  avons 
appelé  sporules  fût  le  premier  état  des  thèques.  Le  docteur  Montagne  (FI. 
d'Alg.)  nous  apprend  qu'il  n'a  pas  été  plus  heureux,  quand  il  s'est  agi  de 
retrouver  celles  du  P.  elegans  et  celles  du  P.  Ihibi,  et  que  ses  P.  Lentisci 
et  Amjnop/iilœ  en  sont  peut-être  dépourvus.  Au  reste,  toutes  les  espèces 
que  l'on  a  l'ait  entrer  dans  le  genre  Perisporium  demandent  une  révision, 
et  ce  genre,  uu  peu  problématique  dans  notre  manière  de  voir,  est  lui-même 
mal  défini  par  les  auteurs,  qui  ne  sont  pas  d'accord  sur  les  caractères  qu'on 
doit  lui  accorder.  Ce  peu  de  mots  justifiera  le  point  de  doute  dont  nous 
avons  lait  usage  en  rapportant  au  genre  Perisporium  la  production  qui  vient 
de  nous  occuper. 

17.  Perisporium  fidrilloscm,  Desmaz.  var.  productum,  Rob.  in  litt. 
«  Celte  production,  nous  dit  M.  Roberge  qui  a  pu  en  observer  un  très 


SÉ.VKCR  DU  13    NOVliMBRi;   1857.  8G3 

grand  nombre  d'échanlillons,  ne  paraît  qu'une  forme  allongée  du  type.  Elle 
vient  sur  les  liges  sèches  de  diverses  LabitTs  des  genres  Slacfnjs,  Ilallota^ 
Ment/ia,  etc.  Elle  y  forme  des  taches  grises  et  enfin  noirâtres,  suivant  que 
les  péritliéciunis  sont  écartés  ou  rapprochés  les  uns  des  autres.  De  leur 
base  partent  des  fibrilles  qui  s'allongent  plus  que  celles  du  type.  Elles 
finissent,  en  s'entrecroisant,  par  former  une  sorte  de  réseau.  Elles  sont 
aussi  plus  fines;  mais  ce  qui  distingue  surtout  cette  variété,  c'est  la  forme 
étirée  que  prennent  souvent  les  taches.  Cette  forme  provient  de  ce  que  les 
fibrilles  s'allongent  plus  dans  le  sens  de  la  longueur  du  support  que  dans 
le  sens  transversal  :  cet  allongement  atteint  quelquefois  plusieurs  centi- 
mètres, tandis  que  la  largeur  n'est  que  de  1  à  2  millimètres.  Cet  étirenient, 
dû  à  l'allongement  du  support,  se  remarque  aussi,  mais  rarement,  sur  le 
type,  et  prouve  que  le  support  végétait  encore  lorsque  les  fibrilles  se  sont 
développées,  o 

{La  suite  à  la  prochaine  séance.) 

M.  de  Tchihatchef  fait  ù  la  Société  la  communication  suivante  : 

ÉTUDES  SUR  LA  VÉGÉTATION  DES  HAUTES  MONTAGNES  DE  L'ASIE-MINEURE 
ET  DE  L'ARMÉNIE,  par  M.  Pierre  de  TCUlHiUTCnEF. 

Occupé  à  classer  les  matériaux  recueillis  par  moi  pendant  dix  années  sur 
la  végétation  de  l'Asie-Wineure  et  de  l'Arménie,  j'ai  été  heureux  de  me 
voir,  à  l'égard  de  plusieurs  des  localités  les  plus  importantes  de  ces  classi- 
ques contrées,  déjà  en  possession  d'un  nombre  de  faits  suffisiint  pour  donner 
une  idée  générale  ou  approximative  du  caractère  de  leurs  flores.  Parmi  ces 
localités  figurent  l'Olympe  bithynieu,  le  Bulgardagh,  le  mont  Argée,  le 
mont  Ali  (Alidagh)  et  le  mont  Ararat;  ce  qui  constitue  une  série  de  massifs 
plus  ou  moins  vastes  et  élevés,  répandus  sur  les  points  les  plus  opposés  de 
la  péninsule  anatolique.  J'ai  cru  que  la  Société  accueillerait  avec  intérêt 
peut-être  le  tableau  curieux  que  présente  l'étude  botanique  comparée  de 
cinq  groupes  montagneux  situés  dans  une  des  contrées  les  plus  belles  et  les 
moins  connues  de  l'Orient,  et  dont  les  traits  épars  n'ont  encore  jamais  été 
réunis  dans  un  seul  cadre. 

Les  limites  de  notre  Bulletin  ne  me  permettant  pas  de  donner  l'énuméra- 
tion  des  espèces  connues  jusqu'à  ce  jour  sur  chacun  des  cinq  massifs  dont  il 
s'agit,  je  me  suis  borné  à  le  faire  seulement  pour  un  seul  d'entre  eux,  le 
Bulgardagh,  comme  étant  le  plus  intéressant  de  tous,  et  je  me  suis  efforcé 
de  condenser  dans  deux  tableaux  de  médiocre  extension  les  éléments  sta- 
tistiques de  la  végétation  des  quatre  autres  chaînes. 

Je  m'empresse  de  déclarer  que,  tant  pour  le  Bulgardagh  que  pour  le  mont 
Argée,  ces  éléments  sont  particulièremeot  dus  aux  infatigables  explorations 


SôU  S0CI1^;TK   BOTANIQLI-:    DE    FRANCE. 

de  noire  excellent  confrère  M.  Bainnsa,  ainsi  qu'à  celles  de  M.  Kotschy. 
Les  plantes  recueillies  par  moi-même  surccs  intéressantes  montagnes  dispa- 
raissetit  presque  devant  les  collections  beaucoup  plus  riches  de  ces  deux 
estimables  savants  ;  d'ailleurs  M.  Balansa  a  exploré  quelques  points  du  Bul- 
gardayli  qui  n'avaient  jamais  été  visités  par  aucun  botaniste,  ainsi  que 
le  Mesmenevdaf^h;  et  si  d'un  autre  côté  j'ai  eu  le  bonheur  d'avoir  été 
parmi  les  botanistes  le  premier  (que  je  sache)  qui  ait  herborisé  sur  le  mont 
Argée,  et  le  second,  après  William  Hamilton,  qui  en  ait  fait  l'ascension, 
M.  Balansa  a  tellement  enrichi  mon  répertoire  de  plantes  argéennes,  ((ue  le 
modeste  pécule  amassé  par  mes  mains  ne  figure  plus  aujourd'hui  que 
comme  le  denier  du  pauvre  égaré  au  milieu  des  trésors  du  riche.  Aussi, 
dans  mon  grand  ouvrage  sur  la  végétation  de  l'Asic-Mineure  en  général,  où 
toutes  les  sources  qui  m'ont  fourni  mes  données  se  trouveront  citées  avec 
la  plus  scrupuleuse  exactitude,  les  noms  de  iMM.  Kotschy  et  Balansa  figu- 
reront fréquemment  (sans  oublier  ceux  de  MM.  Jauhertet  Spach,  Grisehach, 
Sibthorp,  C.  Koch,  et  de  plusieurs  autres) ,  justice  qu'il  m'a  été  impossible 
de  leur  rendre  dans  le  présent  travail,  vu  que,  pour  l'abréger,  je  me  suis 
borné  à  signaler  les  espèces  et  les  localités,  eu  m'absteuant  d'indiquer  les 
autorités  d'après  lesquelles  je  les  cite;  j'ai  cru  devoir  aussi  exclure  de  ma 
nomenclature  les  synonymes,  les  subdivisions  et  coupes  naturelles  dans 
les  familles  et  les  genres,  etc.  Il  va  sans  dire  que  je  n'ai  pas  pu  me  dis- 
penser de  citer  les  noms  des  auteurs  des  espèces:  c'était  un  devoir  d'autant 
plus  agréable  pour  moi  (ju'il  me  mettait  dans  le  cas  de  reproduire  presque  à 
chaque  ligne  le  nom  de  M.  Boissier,  nom  cher  à  tous  les  botanistes  de 
l'Orient,  et  qui  leur  rappelle  à  tous  autant  le  savant  éminent  que  l'ami 
dévoué  et  désintéressé. 

Des  deux  tableaux  qui  suivent  immédiatement  l'énuméralion  des  plantes 
du  Bulgardagh,  le  premier  est  destiné  non-seulement  à  résumer,  pour  chacun 
des  cinq  massifs,  le  nombre  des  familles,  genres  et  espèces,  mais  encore 
à  indiquer  combien  parmi  ces  espèces  appartiennent  à  l'Asie-Mineure  en 
général,  à  chacun  des  cinq  massifs,  et  enlin  à  l'Europe  (1).  Il  est  en  consé- 
quence divisé  en  cinq  colonnes,  dont  la  première  marque  le  nombre  des 
genres  pour  chaque  famille,  la  deuxième  celui  des  espèces,  la  troisième 
celui  des  espèces  appartenant  exclusivement  à  l'Asie-lVIir.eure,  la  quatrième 

(1)  Dans  tout  le  cours  de  mon  travail,  le  nom  d'Europe  est  pris  dans  un  sens 
restreint,  car  j'en  exclus  la  Iluinélie,  la  Grèce  et  la  Crimée,  dont  la  végétation  se 
rapproche  plus  du  lype  oriental  que  du  type  etiropi-cii.  J'ai  réuni  les  espèces  qui 
figurent  dans  ces  trois  contrées,  ainsi  que  dans  rArmciiie,  le  Caucase,  la  Sibérie, 
la  Syrie,  la  l'erse  et  l'Asie  centrale,  sous  le  nom  collectif  d'espèces  arméno-cauca- 
sienncs,  et  c'est  dans  ce  groupe  que  je  range  toutes  les  espèces  (|ui  n'appartieiinenl 
pas  exclusivenical  à  l'Asie-i\haeuie,  et  se  retrouvent,  non  dans  rjùnopc  propre- 
ment dite,  mais  bien  dans  l'une  des  contrées  sii.s-nienlionuées. 


SÉANCiî  DU  'lo  novi:mhiu'   1857.  805 

celui  des  espèces  exclusivcnieiit  propres  a  cliacun  des  massifs,  er  enfin  la 
cinquième  celui  des  espèces  que  chacun  des  massifs  possède  en  commua 
avec  l'Europe,  proprement  dite.  I.e  deuxième  tableau  a  pour  objet  de  signa- 
ler le  nombre  des  espèces  que  chacun  des  cin(|  massifs  a  en  commun  avec 
les  quatre  autres  :  de  cette  manière  on  y  voit  successivement  passés  en  revue 
le  Bulgardagii  compaié  à  l'Olympe  (R,  0.),  au  mont  Argée  (15.  Ag.),  etc.;  le 
mont  Argée  comparé  a  l'Alidagh  (Ag.  AL),  etc.,  et  ainsi  de  suite  pour  cha- 
cun des  autres  massiis.  Pour  gagner  de  l'espace  et  faciliter  à  l'œil  les  moyens 
d'embrasser  le  plus  de  faits  possible  systématiquement  coordonnés,  j'ai  cru 
devoir  ado[)ter,  tant  pour  l'enumération  des  plantes  du  Hidgardagh  que 
pour  les  tableaux  places  à  la  suite,  une  série  d'abréviations  dont  voici 
l'explication  : 


Ag. 

Al 

Ag. 

Al 

AT. 

, 

As,    ...  Asie-Mineure,  à  rcxceplion 
des  localités  de  celle  con- 
trée indiquées  par  des  lel- 
tres  spéciales. 
Ag.   .  .  .  Mont  Argéc. 
Al ...  .   Mont  Ali  (Alidagh). 
Ar.    .  .  .   Mont  Ararat. 
Am.  .  .  .   Arménie  (turque  et  russe),  à 
l'exceplion  du  mont  Ararat. 
Mont  Argée  comparé  au  mont 

Ali. 
Argée  comparé  à  l'Ararat. 
Aiili-Tannis,  dans  les  limites 
admises  dans  ma  carie  de 
l'Asie- Mineure. 
M.    .  .  .  Kgyple. 

I)Z.   .  .  .  Constantinople  el  ses  envi- 
rons. 

B Bulgardagli. 

1*.  Ag,     .  B,  comparé  à  Ag, 
B.  comparé  à  Al. 
B,  comparé  à  Ar. 
I),  comparé  à  l'Olympe, 
Billiynie,  l'Olympe  excepté. 
Mont  Cadmus  en  Carie. 
Cappadoce. 

Hi'gion  chaude  de  la  Cilicie. 
C Caucase  et  provinces  cauca- 
siennes russes. 

E Europe,  à    l'exception  de  la 

Crèce,  de  la  Crimée,  et  des 


B.  Al, 
B.~Ar. 
B.  0,  , 
Bilh. 
Cd.  . 
Cp.  . 
Cil,  cal 


G.  . 
Gb. 


Is,  . 

I-yca 
M,  . 
Ms. 


provinces  de   la    Turquie 
d'Europe. 
.  Grèce, 

,  (jlieidagli,    montagne    dans 
risaurie  (voy.  ma  carte  de 
rAsie-Minenre). 
.   Isaurie ,    à    l'exception    du 

Gheidagb. 
.   l.ycaonie. 
.  Mésopotamie. 
.  Mont  Messogis, 

0 Mont  Olympe. 

0,  Ag,     ,  0.  compaié  à  Ag. 

0.  B.    .  ,  0.  comparé  ù  B. 

0.  Al.  .  .   0.  comparé  à  Al. 

0.  Ar.     .  0.  comparé  à  Ar. 

I' Le  l'ont. 

l'r.  .   .  .    Perse. 

Pis,  .   .  .   l'isidie. 

lî Piumélie    comprenant   toute 

la  Tuniuie  d'Europe  ainsi 
que  les  principautés  danu- 
biennes, mais  non  Conslan- 
linople). 

Sm.  ,  .  ,  Smyrne. 

Sp,    .  .  .  Mont  Sipylus  on  lonie. 

Sr.    .  .   .  Syrie. 

S Sibérie. 

T Crimée. 

Tm.  .  .  .  Monri'molus  en  Phrygie. 


Avant  d'aborder  notre  sujet,  il  serait  bon  de  dire  quelqî;f?s  mois  sur  les 
T    IV,  i)5 


866  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE   PRÂNCE. 

positions  géofïraphiques  et  astronomiques,  ainsi  que  sur  les  altitudes  des 
cinq  massifs  dont  nous  allons  examiner  le  caractère  végétal.  Pour  ce  qui 
concerne  l'Olympe,  le  Buigardagii,  l'Alidagh  et  le  mont  Argée,  je  pour- 
rais me  contenter  de  reproduire  quelques  données  empruntées  aux  des- 
criptions détaillées  ((ue  j'ai  faites  de  ces  montagnes  dans  le  premier  volume 
de  mon  Asie-Mineure,  ouvrage  dont  le  deuxième  volume  renferme  des  re- 
cherches sur  la  constitution  climatologique  de  ces  massifs.  Je  ne  puis 
malheureusement  pas  toucher  à  la  question  météorologiciue,  malgré  son 
intime  connexion  avec  les  phénomènes  du  monde  végétal,  surtout  dans  une 
contrée  aussi  anormale  que  l'Asie-Mineure.  En  revanche,  j'essayerai  de 
joindre  aux  données  sur  les  latitudes  et  altitudes  quelques  traits  qui  puis- 
sent fournir  une  certaine  idée  du  développement  des  surfaces  et  des  di- 
mensions principales  des  massifs  en  question  (car  lorsqu'il  s'agit  d'appré- 
cier le  chiffre  des  habitants,  il  est  utile  de  ne  pas  ignorer  l'espace  qu'ils 
occupent),  bien  que,  faute  d'éléments  topographiques  plus  précis,  je  sois 
obligé  de  me  borner  à  indiquer  approximativement  la  circonférence  de  la 
base  de  chacun  des  cinq  massifs,  en  y  ajoutant  l'évaluation  (toujours 
très  approximative)  de  leur  longueur  et  de  leur  largeur  moyennes,  chaque 
fois  que  leur  développement  est  sensiblement  plus  considérable  dans  un  sens 
que  dans  un  autre.  Le  tableau  suivant  résume  toutes  ces  données  : 


BULGARDAGU  (') 

Olympe. 

Argke. 

Ali. 

AlUBAT. 

Latitude.  .  .  . 

370  10'—  ôgoS' 

r>9o40'— 40o  4' 

38°  15'  —  38o  43' 

38o  43' 

390  25'  —  590  39' 

.altitude  [points 

culminants) . 

env.  3800  m. 

1930  m. 

38il  m. 

env.  «850  m 

5198  m. 

Circonférence 

de  la  liase  .  . 

tiiv.  200  kil. 

env.  teo  kil. 

env.  80  kil. 

env.  3  kil. 

env.  112  kil. 

Longueur  .  .  . 

env.  H3  kil. 

env.  30  kil. 

env.  33  kil. 

env.  .■>(!  kli. 

du  N.-N.-E.  an 

du  N.-N.-O.  au 

du  N.  au  S. 

duS.-E.auN.-O. 

s.-s.-o. 

S.-S.-E. 

• 

Largeur  .... 

env.  40  kil. 

env.  50  kil. 

env.  2b  kil. 

env.  23  kil. 

Après  ces  observations  préliminaires  qui,  malgré  leur  brièveté  et  leur 
manque  de  précision,  m'ont  paru  indispensables  à  l'intelligence  de  localités 

(1)  Dans  tout  mon  travail,  le  nom  de  Bu];i;ardagh  est  pris  dans  un  sens  étendu, 
que  justifient  d'ailleurs  les  con.si(léralions  idéologiques  ;  il  comprend  également 
TAlladagh,  mais  non  rivri.sdagli,  bien  que,  géograpliiquement  parlant,  ce  dt>rnicr 
ne  soit  qu'une  dilaiaiioii  terminale  de  l'extrémité  S.-O.  de  la  cliaîue  du  Uulgar- 
dagh  proprement  dite;  mais  comme  je  n'ai  point  encore  visité  l'Ivrisdagh  et  que 
je  ne  possède  aucun  renseignement  positif  à  son  égard,  j'ai  dû  l'exclure  des  limites 
dans  lesquelles  je  circonscris  le  massif  du  Bulgardagli.  Ces  limites  seraient  :  au 
N.-N.-E.,  l'extrémité  sei)tcntrionale  du  massif,  qui  expire  ln.sensiblemcnt  dans  les 
parages  du  petit  cours  d'eau  nommé  Yahally  ;  au  N.-E.,  une  ligue  sinueuse  qui,  de 
l'extrémilé  N.-N.-E,  sus-meiuiouuée  du  massif,  côtoierait  la  pcule  oriemale  de  la 


SÉANCE   DU   13    NOVERIRUR    1857.  867 

avec  lesquelles  bien  pi  u  de  savants  sont  familiers,  je  puis  aborder  l'éiiu- 
niératiou  des  plantes  du  Bulgardagh,  en  la  faisant  suivie  des  deux  tableaux 
dont  j'ai  donne  l'explieation  (1). 

Enumeratio  plantanmi  in  Ciliciœ  j'ugo  Bulgardagli  dicto  hucusque 

coynitarwn  (2). 

DICOTYLEDONE^E. 


Papilionaccie.  i    Podocvtisus  caramanicus  Boiss.  —  As. 

CoNocïTiSLs  angulatus  Spacli,  1300. — 

Sp.,  As.,  Tm. 
Anthyllis  Wcbbiaua  Hook.  —  0.,  R.,  E. 
—  Diileuii  Scliull.,  2599.  —  R.,  G.,  T., 

C,  E. 


Leobordea  cylisoides  Feuzi,  liCO. —  As. 
—  genisloides  Fenzl;  1350.  —  As. 
Ononis  Kotschyana  Fenzl.  —  As. 
Genista  Peslalozsœ  Boiss.  —  Cp.,  As. 


chaîne,  en  passant  par  le  village  Faracli,  les  célèbres  pyles  ciliciennes^  les  villages 
Mamroun  et  Gulek,  et  se  terminerait  dans  les  parage.s  limitrophes  des  sources  du 
Cydnusct  du  commencement  de  rivrisdagh;  enfin  la  limite  A.-O.  serait  formée 
par  une  ligne  qui  du  commencement  de  Tlvrisdagh  (son  point  de  jonclion  avec  le 
Bulgardagh)  se  dirigerait  au  N.-N.-E.,  en  traversant  le  torrent  Bosanta  (Bosanta-sou) 
et  le  village  Bérékélly-Madène  jusqu'à  l'exlrémilé  JN.-O.  de  l'Alladagh. 

(1)  Je  ne  dois  pas  oublier  de  faire  observer  qu'en  signalant  le  nombre  des  es- 
pèces qui  croissent  spontanément  sur  les  monts  Argée  et  Ali,  je  n'y  ai  compris  que 
celles  qui  ont  été  constatées  dans  le  domaine  de  la  montagne  proprement  dite,  en 
excluant  celles  observéts  dans  la  plaine  de  Kaisaria, ainsi  que  sur  les  vastes  plateaux 
qui  entourent  le  mont  Argée  de  tous  côtés,  et  qui,  malgré  leur  élévation  très  con- 
sidérable, ne  font  cependant  pas  partie  intégrante  du  groupe  montagneux.  Par  cette 
exclusion  que  je  crois  ralionnelle,  j'ai  perdu  une  foule  d'espèces  extrêmement  in- 
téressantes, et  dont  le  montant  eût  pu  augmenter  d'un  quart  peut-être  mou  cata- 
logue argéen.  Il  est  une  auire  circonstance  qui  a  également  soustrait  un  bon 
nombre  d'espèces  à  mon  catalogue  des  plantes  du  Bulgardagli,  c'est  l'indication 
locale  un  peu  trop  vague  qui  leur  est  donnée  par  quelques  auteurs,  et  entre  autres 
par  De  GandoUe,  surtout  dans  les  premiers  volumes  tlu  Prodromus ;  c'est  ainsi 

•  qu'on  y  voillréquemment  des  espèces  citées  comme  habitant  le  Taurus  {in  l'aura), 
ce  qui  ne  prouve  pas  toujours  qu'il  s'agisse  du  Taurus  cilicien  ou  Bidgardagh,  En 
général,  j'ai  constamment  préféré  n'admettre  que  des  espèces  à  habitat  clairement 
désigné,  et  par  là  j'ai  diminué  le  montant  des  espèces  du  Bnigardagh,  montant 
déjà  si  faible  comparativement  au  chilire  réel,  que  certes  nous  serons  condamnés  à 
ignorer  bien  longtemps  encore. 

(2)  Dans  cette  éuuméraiion,  les  espèces  et  les  variétés  en  lettres  italiques  sont 
exclusivement  propres  à  l'Asie-Mineure,  et  celles  également  en  italiques,  mais 
accompagnées  d'un  astérisque,  n'appartiennent  qu'au  massif  montagneux,  et  n'ont 
encore  été  trouvées  sur  aucun  autre  point  de  l'Asie-Mineure  ni  ailleurs,  —  Le? 
chillres  indiquent  (en  mètres)  l'aUltude  précise  ou  appioximalivc  des  stations. 


868 


,S0C1ÉT[';   COTANIQUr:    bV.    FRANCE. 


Cytisopsis  dorycnifolia  ,1.  S.  —  Sr. 
Medicago  lupulina  L.,  iriOO.  —  Bz.,  Ani., 
C.,T.,S.,G.,  E. 

—  tribiiloidcs  Desv.  —  Bz. ,  Sr.,  G.,  E. 
Trigonella  azurca  C.  A.  Mey.,  1400. — 

Bz.,As.,  C,  G. 

—  relulina  Bohs. ,  13r>0.  —  Cd. 

—  Kotschyi  Fenzl,  1300.  —  Am. 

—  macrorrhyncha  Boiss.,  1500.  ■ — As. 

—  arcuata  F.   M.,  1400.  —  As.,  Am., 

G.,T.,  G.,R. 

—  Fisc'heriaiia  Scringe,  1300.- — ^Am.,C. 

—  *  rhytidocarpa  Boiss.,  1300. 

—  sinuiila  Boiss.,  1350.  —  As. 

—  crassipes  Boiss.,  1700.  —  Sp.,  Cd. 

—  *  rigida  Boiss.,'  1300. 

—  nionanlha  C.  A.  Mey.  — C. 
PococKiA  radiala  Traiitv.,  1300.  —  Bz. 

—  lunata  Boiss.,  1300.  —  Bz.,  As.,Cd. 

—  *  plicala  Boiss.,  1400. 

—  *  c«7tc(crt  Boiss.,  1400, 

—  KotS'-liyi  Boiss.,  1300.—  Pr. 

—  '''  rostrala  Boiss.,  1300. 
Trifolum  arvense  L.,  900.  —  Bz. ,  As., 

R.,  T.,G.,C.,  S.,E. 

—  erinaceiim  MB.,  1400.  —  C. 

—  reclinaluni  W.  K.,  1500.  —  As.,  R., 

G.,  E. 

—  prateose  L. ,  reg.  alp.  —  E. 

—  annlolicum  Boiss.  — Sp.,  Tm.,  0.,Ag. 

—  macrorrhizum  Boiss.,  2273.  —  Ag. 
DoiiYCNiDM  ibericuin  Willd.,  1300. — Bz., 

0.,  As..  Sp.,  T.,  C. 

—  analoUcum  Boiss.,  1949.  —  Cp. ,  As. 
Lotus  coriiicuialus  L.,  1600. —  AI.,  Aï., 

Am.,  As.,  R.,  E. 
CoLUTEA  ciUcica  Boiss.,  1350.  —  Al. 
OxYTRons  dioritica  Boiss.,  1950.  —  Ag., 

AT. 
AsTRAGALUS  onobrycliioides  MB.,  I  300.  — 

Am.,  As.,  C 

—  ■■*  acmonotrichus  Fv.n2\,  2925. 

—  Lisloniœ  Boiss.,  1200. —  AT.,  As. 

—  '■'  cubrycliioides  Boiss.,  2599. 

—  *  ijlad'ialus  lîuis.-;,  \ar.,  1300. 

—  ornitliopodioidcs  Lmk.,  1900.—  Am., 

As.,  Pr, 

—  *  pannosiis  Fonzl,   1700. 

—  aduncus  Mli.,  1400.  —  C. 

—  oxygiollis  Slev.,  1350.  —  T. 

—  Astorias  Stov.,  i:^50.  —  C. 

—  '   rncl(in<u('ph(tlus  Boiss. 

—  caiiipyloriniHliiis  F.  M.,  1300.  —  C. 

—  '■■  pelhycr'Vvm\,  2.-.98-'2923. 

~  odoraliis  Fiiiiv.,   1000.  —  As  ,  Am., 
Cp.,  H.,  E. 

—  Bonaiiiii  Frcsi,  icg.  alp.  — G.,  E. 

—  mainxH'pliaiiisWilld.,  1300  1500.— 

Am.,  As  ,  C. 


AsTRAGAtxs  ciUcicus  Boiss.  —  cp.,  AT. 

—  pnisia»us  Boiss.,  900.  —  As. 

—  *  Schottianus  Boiss.,  1559. 

—  Fenzlii  lio\ss.,  1721-1949.  —  Ag. 

—  aiidrachria;roliiis  Fenzl.  —  Sr. 

—  augustifolius  Lmk. —  Sp. ,  Am.,  As., 

G. 

—  *  vaginans  DC,  1500. 

—  laurivulu  Boiss.,  reg.  alp.  —  Ag. 

—  chionopinlus   Boiss,,   2398-3248.  - 

(Ui.,  Ag. 

—  *  chrysoclilnrusVmhs.,  2112-2G95. 

—  *  (ivinus  Boiss. 

—  monspessulanus  L.  —  C,  R.,  G.,  E. 

—  *  campylosenia  Boiss. 

—  nucleiferus  Boiss.,  1200.  —  Cp. 

—  schizopterus  Boiss.,  1300. —  As. 

—  amœnm  Fenzl,  2600-3249.  —  Gh. 

—  *  decumhens  Boiss, 

CiCER  judaicum  Boiss.,  1200.  — Sr. 

—  *  floribundum  Vpt)7.\,  1500. 

—  pimpinellifolium  J.  S.,    reg.   alp.  — 

Am. ,  As.,  G.,  Sr. 
PisuM  Aucheri  J.  S.,  reg.  alp.  —  Am. 
Ervlm  liirsutum  L.,  1300.  —  C,  T.,  R,, 

E. 

—  orientale  Boiss.,  1400.  —  As.,  Sr., 

Pr. 
Vicia  hypolcuca  Boiss.,  2761.  — AT. 

—  *  ciUcica  Boiss.,  reg.  alp. 

—  *  sericocarpa  Fenzl,  1300. 
Lathyrus  pseiulo-Aphaca  Boiss.,  1300. — 

As. 
Orori'S  birsutus  MB.,  1500. —  As.,  Am., 

R.,  C,  T.,  G. 
ConoNiLLA  grandiflora  Boiss.,    1000.  — 

Am, 
*  var.  calyce  glabro,  1000, 

—  varia  L.  —  As.,  R,,  T  ,  C,  E. 
Arthuoiobilh  scorpioides  DC. —  Cd.,  As., 

R.,  C,  T.,  Sr.,  G..  E. 
Hamatoi.ouh'.m  *  lotoidcs  Fenzl,  1400, 
Hedvsahum   atomarium   Boiss.,  1300.  — 

Sr. 

—  *   erylhrolcuciun  Scb,  et  Kot.,  2599. . 
Onorrychis  cadmea  Boiss.,   reg.  alp.  — 

Cd.,  AT. 

—  *  aurea  Boiss.,  1400. 

Ebenus  hirsula  i.  S.,  2112.  —  As.,  Cp, 
Cercis  Siliquaslnim  L.,  400.  —  .\s.,  R  , 
G.,  E. 

Rosacoae. 

CiiAT.ECis  AroiiiaBose,  1600.  —  Ag.,  Sr. 

—  orientalis  Mi?.  —  .Xs.,  C, ,  T. 
Cotoneastf.r  Pyracantba  .'^pacb,  1400. — 

An),,  C  ,  K.,  T.,  E. 

—  nnniimilaria  F.  M.,1400,  — Ag.,  Am., 

Ar.,  C. 


SÉANCL    DU    J  î^ 

Amki.anchii  ti  viil^'.'iris  ^ïa'll(•h,   2000.   — 

T.,H.,(:.,  K. 
Fmus  salicifolia  Pall.,  \(iOÙ. —  Ag.,  As., 

C,  S.,  (;.,  H. 

—  Aria  Ebrli.,  1130.— Ar.,  T.,  ll.,(J., 

E. 

—  lorminalis  Elirh.,  1300.  —  I!z.,  AT., 

C,  T.,  S.,  R..  E. 
Spir.ïa  Filipcndula  L.,  1300.  —  Bz.,  C, 

R.,  T.,  S.,  E. 
Geum  IiPterocarpinn  Boiss.,   1700.  —  E. 

(Ilisp.). 
PoTENTiLLA  Kotscln/aua  Eenzl,   2oU0.  — 

As. 

—  hirta  L.,  900.   —  Sp.,  Al.,  As.,  R., 

T.,G.,E. 

—  *  pulvinaris  Fcnzl,  2500. 

—  supiiia  L.,   1200.   —  0.,   Am,,  As., 

R.,G.,  S.,  E. 

—  *  calycina  Boiss.,  1300. 

—  poetaruin  Boiss.,  22"4-2u99.  —  Bz., 

R.,  G, 

—  Fcn:lii  I.ehm.,  1000. — Al. 

RosA  pimpinellifolia  L.,    1250.  —  Am., 
Ar.,  C,  T.,  G.,  S.,  E. 

—  nibiginùsa    L.     var.    cretica    Red., 

1000.  —  Al.,  E. 

—  *  pulcheUa  Sch.  et  Kot. 
Alchf.milla  vuIgarisL.,  2599.  —  0.,  Am., 

Ar.,  As.,  R.,  T.,  C,  S.,  E. 

LjUirariew. 

Lytiirum   Salicaria    L.    var.    lomeutosum 
DC.  1500.  — E. 

Onagrarieae. 

EpiLonniM  *  menlhoides  Boiss.,  ad  radiées 
jugi. 

—  moiitamim   L.,  reg.  alp.  —  Bz.,  0., 

R.,C.,T.,  E. 

—  hirsutum  L.,  1630.   ~  As.,  Bz.,  R., 

T.,  C,  G.,  E. 

—  tetragonum  L. ,  1300.  —  Bz.,  C,  T., 

R.,S.,  E. 

—  —  var.  obsciiriun  Pcrs.,  1300. —  Bz. 

Liiieip. 

LiNDM  tenuifolium  L.,  1  iOO.  —  Am.,  As., 
R.,  E. 

—  —  *  var   florih.  major.,  2761. 

—  arelioides     Boiss.    var.    anatolicum  , 

2600.  — Bz  ,  As. 

—  catliarticnm  L.,    1  iOO.   —  0.,  Bz., 

R.,  E. 

—  *  empeLvifolium  Sch.  et  Kot.,  2599. 

—  *  ciU'.iCum  Fcnzl,  1400. 


.NOVHMin'.K  1857. 

(i(>i'a  nia  crus 


869 


EuoDuiM  cicutarium  Willd.  — As.,  R.,C., 
T.,  S.,  E. 

—  *  Koischynnuni    Boiss.    mss.,  2598- 

3250. 

—  *  Cedruniui  Scli.  cl  kot.,  2000. 
(iERANiiJM   pyrcnaicum   L.,  1330. —  0,, 

Ag.;  As.,C.,T,,G.,R.,E. 

—  asphodeloides  Buriu. ,  1300.  —  Bz., 

Ar.,  C,  E. 
PEixnooswii  Kndlichcrianum  Fenzi,  1700. 
—  A g.,  AT. 

Riilaco»'. 

Hai'Lopiivllum  pwnilum  Boiss.,  1000.  — 

Ms. 
Peganum  Harmaia  L.,  1800. —  Am.,  As., 

R.,  C,  T.,  S.,  G.,  E. 

Eupliorlnaceœ. 

Euphorbia  ChamjBsycc  L.  —  Bz.,  Am.,  R., 
T.,  G.,  S.,  E. 

—  aulacospcrma  Boiss.,  1500.  —  Sr. 

—  Apios  L.,  1500.  —  As..  G.,  E. 

—  micrantha  Willd.  —  As.,   Ms. ,  0., 

(;p.,R.,  E. 

—  Anacampseros  Boiss.,   1200.  —  Ms., 

Tm.,  Cp. 

—  aleppica  L,,  1500. — Bz.,  0,,  R.,  G., 

Sr.,E. 
• —  pumila  S.  et  S.,  reg.  alp.  —  0.,  Ag., 
As.,  Tm.,  Cd.,  G. 

—  rigida  MB.,  1500.  —  As.,  T. 

—  Kotschyana  Fenzl,  1787-2274.  — As., 

Sr. 

—  •■"  densa  Sch.  et  Kot.,  3249. 

Riiaiiiiifie. 

Paliurus  australis  Gœrtii.,  C,  900.  — 
0.,  AT.,  As.,  R.,  C,  T.,  G.,E. 

Ruaunus  Alaterims  L.,  decliv.  merid.  — 
As.,  G.,  E. 

—  petiolaris  Boiss.,  1300.  — As.,  Al. 

—  oleoides  L.,  decliv.  merid.  —  G.,E. 

—  libaiiotica  Boiss.,  1400.  — As.,  Sr. 

—  cornifolia  Boiss.,  1950.  — 0. 

—  grœca  Boiss.  var.  pubc\^cens,  1000. 

Celaslriiiea". 

EvoNYSius  latifolius  Mill.,  1300.  — •  0., 
AI.,  As.,  R.,  T.,  C,  G.,  E. 

—  vcrrucosiis  Scup. ,  1200.  —  As.  ,T., 

R.,C.,  S  ,  E. 

Acerineae. 

Acer  monspessiilanum  L.,  lOOO. —  AT., 
C,  R.,  E. 


870 


SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 


Aceh  platanoides  L.,  1800.  —  Am.,  T., 

R.,  C,  E. 
—  *  tauficola  Boiss.,  1700. 


RIalvacese. 

Alth.ea  *  Kotschyi  Boiss.,  reg.  alp. 
Hibiscus  Trioiium  L.,  1000.  —  Am.,  C, 
R.,T.,  E. 

Carjopliylleae. 

Silène    inflata    Sm.,   var.    macrophylla 
Boiss.,  1400. 

—  olympica  Boiss.,  reg.  alp. — 0.,  Am. 

—  stenloria  Feiizl,  2273.  —  0.,  Tm., 

Cd. 

—  odonlopetala  Feozl,  1949-2274.— C. 

—  —  var.  y..  Feuzl.  1624. 
var.  p.  Kot.,  2924. 

—  staticifolia  Sm.,  2599.  —  As.,  G. 

—  macrodonta  Boiss.,  1200.  —  Cd. 

—  dianthifolia  Oith,  reg.  alp. 

—  *  arfjitla  Fenzl,  1200-2273. 

—  fruticulosa  Sieb. ,  1949.  — Creta. 

—  macroclada  Boiss.,  1300.  —  Tm. 

—  *  lasiopetala  Fenzl,  1200. 

—  noctiflora  L.,  1300.  —  Am.,  As.,  C, 

R.,T.,E. 

—  supina  MB.,  2.j99-2924.  —  C,  S. 

—  chioraefolia  Sm.,  2399.  — Sp.,  Am. 

—  swerliœfolia  Boiss.,  1300. — Tm. 

—  italica  Fers.,  1300.  —  Bz.,  Ara.,  T., 

E. 

—  *  Sieberl?em\,  1200. 

—  *  pharnacefoUa  Fenzl,  2277-2o99. 

—  *  pumila  Boiss.,  2599. 

—  *  rimarum  Boiss.  mss.,  reg.  alp. 

—  *  veaiculifera  3 .  Gay  mss.,  1300. 

—  *  psorophora  J.  Gay  mss.,  1450. 

—  *  masmenœa  Boiss.  mss.,  reg.  alp. 
Vaccauia    vulgaris    Host,   1300.  — Cp., 

Am.,  R.,  C,  T.,  S.,  H. 
Saponaria  pamphylka  Boiss.  —  As. 

—  *  A'o(sc/iyi  Boiss.,  1300. 

—  glutinosa  Boiss.  —  T.,  R.,  G. 

—  orientalis  F.,  leg.  alp.  —  Am.,  As. 

—  pulvinaris  J!oiss.,  reg.  alp.  —  Cd.,  .'^r. 
GvPsoPHiLA  curvifoiia  Fenzl,  1940-2270. 

—  AT. 

—  libanotica  Boiss.,  2599. — Sr. 

—  *  sphœrocephala  Fenzl. 
TusicA  pachygena  F.  M.  — Tm.,  C. 

—  olympica  Boiss.,  1500.  —  0.,  Tm. 
DiANTiius  strialellus  Fenzl,  1300.  —  Sr 

—  zonaïus  Fenzl,  1600.  —  Sp. 

—  *  oc<ji!o;)da/HS  Feuzl,  1625. 

—  *  oculatus  Boiss. 

—  *  brevicaulisYeml,  1223-2923. 


-Tm. 


reg.  alp.- 
reg.  alp.  —  R.,  G., 


DiANTHLs  fimbriatus  MB 
.Vni.,  As.,  C, 

—  anatolicus  Boiss.,  2189.  —  Sp. 

—  A'o/sc/iyo»ws  Boiss.,  1624. —  Al.,  As. 

—  *  lactiflorus  ¥eaz\,  2112. 

—  *  masvienœiis  Boiss.,  reg.  alp. 
BuFFONiA  Oliveriana  Ser.,  1400.  —  Pr.,G. 

—  *  calyculata  Boiss.,  reg.  alp. 
QuERiA  hispanica  L.,  1450.  — .\m..  As., 

T.,  G.,  R. ,  C,  E. 
Lepvrodiclis   holosteoides  Fenzl.  —  Cp., 

Am.,  C. 
Alsine  pinifolia  Fenzl,  reg.  alp.  —  Am. 

—  juuiperina   Fenzl  ,    reg.    alp.    —  0., 

Ag.,  Sp.,  Am.,  G. 
*  var.  nitida  Fenzl,  2274. 

—  *  nmhellifera  Boiss.,  reg.  alp. 

—  setacea  W.  K.,  reg.  alp.  —  E. 

—  erythrosepala  Boiss 

0.,  Ag. 

—  viscosa   Schreb, 

E. 

—  decipiens  Fenzl,  1800.  —  Cp.,  Sr. 

—  lydia  var,  Kotschyaua  Boiss.  —  Hz., 

As. 

—  su6/i7is  Fenzl,  1625.  —  As. 

—  glomerata  Fenzl.  —  Bz.,  As.,  R. 

—  *  brachycarpa  Boiss.,  1330. 
MiNUARTiA  montana  L.,  1400.  —  As.,  E. 
Arenaria  serpyllifolia  L.,  1233,  — Am,, 

C,  T.,  S.  E. 

—  pubescens  d'Urv.,  1400.  — Arch.gr. 

—  rotuudifolia  MB.,  reg.  alp.  — 0.,  R., 

C. 

—  *  spimrocarpa  Feuzl,  1300. 

—  neelgherrensis  W.  A.,  3100. — lodia. 

—  —  *  var.  Fenzl,  2399.  — ■  S. 

—  libanotica  Fenzl,  1891.  —  Sr. 

—  *  Kotachy ana  Feaz\,  1629-2274. 

—  —  *  var.  alpina  Fenzl,  reg.  alp. 

—  Ledebouriana  Fenzl,  reg.  alp. — AI., 

As.,  R. 
Cerastilm  trigynum  Vill.    —   Bz.,  0.,  T. 
vnr.  [:!  Fenzl,  2598.  —  S. 

—  dichotomum  L.,  1300.  — Am.,  E. 

—  braihvpetalum  Pers.,  1400. — C.,T., 

S.,  È. 

—  gnaphalioides  Fenzl,   2599-2924.  — 

var.  lanatum,  1623.  — 

—  Cd., 

Cp., 

■0., 


Ag. 


alpinum  L 

As.,  E. 
fragiUimum  Boiss.,    1500 

Ms.,  Tm,,  Am. 


Telephium  orientale  Boiss.  —  Sp 

Am.,  Sr. ,  C, 
Paronvchia  argenlea  Lmk.,  1300. 

Bz.,  G.,  E. 
—  nivea  DC.  var.  pubcsccus  Fenzl,  1 949- 

2599. —  C.,E. 


SÉAISCE   DU   13 

ScLiîRANTnus  anmius  L.,  227  4.— Bz.,  0. , 

As.,  R.,  (î.,  K. 
—  uncinatus  Schk. ,  1500.  —  Am.,  AI., 

Tainariscinca*. 

Tauarix  sniyrncnsis  Bungc,  812.  —  Sm. 
Mykicaria  gcmianica  Desv. ,  1390.  —  P., 
R.,C.,T.,  E. 


NOVEMBRfc;    1857. 

Crilciferap. 


Ilypericincie. 


Cd., 


HyPERicuM  hjdium  Boiss.,  liOO. 
Tm.,  AI.,  As. 

—  confertura  Choisy,  rcg.  alp. 

—  naiium  Poir.,  ad  rad.  jugi.  — Sr. 

—  pcrforatum  L.,  4300.   — Bz.,  0.,  R., 

As.,  T.,  C,  G.,  E. 

—  pulverulentutn  Fenzl.  —  Al. 

—  *  crenulalumTio\ss.,  1300. 
*  var.  niaJKS  Boiss.,  rcg.  alp. 

—  lanugiQOsiim  Lnik.,  900.  —  G. 

—  *  gracile  Buiss.,  1300. 

—  veniistum  Feozl,  rcg.  subalp.  —  AT. 

—  *  rupestre  J.  S.,  ad  rad.  jngi. 

—  repens  L.,  reg.  alp.  —  0.,  Am.,  As., 

T..  C,  Pr.,S. 

—  *  scabrcllum  Boiss.,  1623. 

—  scabruiri  L. ,  reg.  subalp. — Al.,  Am., 

As.,  AT.,  C,  S. 

—  *  ve/Ma'Hum  Boiss.,  2680. 

Droseraceae. 

Pabnassia  palustris  L.,  2599.  —  0,,  Cp., 
Am.,  E. 

Reaiimuriaceae. 

Reaumuria  *  orientalis  Boiss.,  1350. 

Cistinea;. 

Helianthemum  salicifolium  Pers.,  1350. — 
Bz.,  E. 

Vlolarieœ. 

Viola  *  crassifoliaVem],  3085-3249. 

—  *  amœna  Feuzl,  IGOO. 

—  occulta  Lehm.,  1330.  —  Am.,  G. 

Polygaleae. 

PoLYGALA  *  telephioides  Boiss.,  reg.  alp. 
iufer, 

—  major  Jacq.,  1500.  —  Bz.,  As.,  R., 

E. 

—  anatolica  Boiss.,  1300.  —  As. 

—  pruinosa  Boiss.,  1300. —  As  ,  Cp.,  R. 


871 


As. 


Matthiola  oxyccras  DC,  1400. 

Ms..  Pp. 
Nastuhtil'm  cUipticum  Boiss.,  1350. — As. 

—  sylvestre  R.  Br.,   1450.—  0.,  Cp., 

Am.,  R.,  E. 
Barbarka  nriuata  Rchb.,  1350.  —  Bz., 
Ar.,  E. 

—  —  var.  taurica,  1300.  —  T.,  C. 
Arabis  ionocalyx  Boiss.,  1400.  —  As. 

—  Billardieri  DC,  3086.  —As.,  Am,, 

Sr. 

—  thyrsoidea  S.  et  S.,  3000.  —  Bz., 

0.,  Al.,  C. 

—  sagittata  DC,  1300.  —As.,  R.,  G., 

S.,  G.,E. 

—  *  androsacea  Fenzl,  2S99. 

—  purpurca  S.  et  S.,  reg.  alp.  —  0., 

Bz. 

—  *  cremocarpa  Boiss.,  1300. 

—  Turritis  L.,  1300.  —  Sp.,  E. 
Farsetia  clypeata  R.  Br.,  1400.  —  Bz., 

Sp.,  G.,  E. 

—  macrocarpa  Boiss.,  reg.  alp.  —  Cp., 

AT. 
AuBRiETiA  deltuidea  DC,  reg.  alp.  — 0., 

Sp.,  G.,  Pr.,E. 
Vesicaria  *  glabrescens  Boiss.,  r.  subalp. 
Alyssdm  argeuteum  Vitm.,  1350.  —  Bz., 

Am.,  As.,  R.,  C,  Pr.,  S.,  E. 

—  —  *  var.  alpininn  Boiss.,  reg.  alp. 

—  *  telrastcmon  Boiss. 

—  —  *  var.  cappadocicum,  1380. 

—  serpyllifolium    Desf.,    1300.  —  As., 

R.,  Sr. 

—  *  conslellatum  Boiss. 

—  *  oxycarpum  Boiss.,  reg.  alp.  infer. 

—  hirsutuni  MB.,  1330. —  Bz.',  Am., 

As.,  R.,  G.,  C,  Pr.,  S. 

—  *  ca/hc/irouw  Boiss.,  reg.  subalp. 

—  elatum    Boiss.,    1400.  —  Cd.,   As., 

Creta,  E. 

—  *  masmenœum  Boiss. 

-   *  Cedrorum  Sch.  et  Kot. 

—  Szovitzianiira  F.  M.,  1500.  —  Am., 

Ar.,  Cp.,  C. 

—  *  pellarioides  Boiss. 

—  floribundum  Boiss. —  AT. 

—  *  conteuiptum  Sch.  et  Kot. 

—  *  argyruphyllum  Sch.  ctKot.,222i- 

3248. 

—  *  Kotschyanum  Boiss.  mss. 
Odont.\rruena  *  surculosa  Sch.  et  Kot., 

2112. 

—  *  paniculata  Fenz\,  1300. 
PiiLOïRicuuM  cyclocarpum  Boiss. ,  2782. — 

Am.,  AT. 
Peltaria  augustifolia  DC,  1300. 


872 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE   \)K    V\{\1SCE. 


Draba  olympien  Boiss.    var.  hcterocoma 
Boiss.,  1949-227  4.  —  Cp. 

—  *  accmlis  Boiss.,  2:.99-3249. 
■ —  *  cognata  Scli.  et  Kot. 

—  muralis  L.,  1300.  — Bz.  As.,T.,R., 

C,  G, ,  S. ,  E. 
CocHLKARiA  *  Sempcrvivum  Boiss. 
Thlaspi  *  violascens  Sch.  ctKot.,  2274. 

—  *  inornalmn  Sch.  et  Kot. 

—  elegans  Boiss.,  loOO.  —  As. 
CAttPOCF.RAs  *    cilicicum   Sch.    et    Kot,, 

2274. 
Iberis  olympica  Boiss.  —  0. 

—  tauiicaDC,  1200.  —  Bz,,  As.T..  C. 

—  *  hrachystyla  Fcnzl,  1025-1949. 

—  *  glauccscens  Boiss.,  1800. 

—  *  jiicunda  Sch.  et  Kot.,  1950, 

—  *  commutata  Sch.  et  Kot.,  1949. 
Heldreiciiia  *    Kolschyi    Boiss.,    2599- 

3000. 
EucLiDiu.M  syriacum  R.  Br.,  1350.  — As,, 

R.,  C,  T.,Sr. 
OcHTHODii'M  œgyptiacutn    DC,  2782.  — 

Sr. 
Malcolmia  africana  R,  Br.,  1400.  —  As  , 

T.,  C,  Sr.,  l'r.,  E. 
Hesperis  violacea  Boiss,,  1400.  —  Am., 

As. 

—  *  campicarpa  Boiss.,  1400. 

—  *  Kotschyi  Boiss.,  2600. 
Parlatoria  *  brachycarpa  Boiss.,  1400. 
Alliaria  officiiialis  Aiidrz.,  1300. — Am., 

Bz,,  R.,  T.,  C,  E. 
Erysimum  *  rupicola  Sch.  et  Kot. 

—  *  Kotschyanum  J.  Gay,  reg.  alp. 

—  Ihyrsoideum  Boiss.,  2826. — Am.,  Cp. 

—  repaiidum  L.,  1500.  —  As  ,  R.,  C, 

T.,E. 
Camelina  sativa  Crantz,  1500.- Am.,  C, 

T.,S.,E. 
EuNOMiA  oppositifolia  DC,  2299-3249. — 

Sr. 

—  iberidea  Boiss.,  reg.  alp.  —  Bz.,0.,  Cp. 

—  rotuiidifuha  C.  A.  Mey.,  3512.  —  C. 

—  *  rubcscens  Sch.  et  Kot.,  3800. 
Lepidium  campestre  R.  Br.,  1000.  —  Bz,, 

AI.,  R.,  C,  T.,  E. 

—  perfoliatum  L.,  1300.  —  As.,  R,  C, 

T.,  S.,  Sr.,Pr.,  E. 

—  lalifoliumL.,950.  — Am  ,Cp.,G.,T., 

C,  E. 
jEthionema  Biixbaumii  DC,  1300.—  AI., 


As.,  Am.,  R.,  .Sr.,  C 


—  *  scliisiosum  Boiss.,  reg 

—  cordifolium  DC,  1400.  ■ 

—  capitalwn  Boiss,,  1600. 

—  *  lacerum  Boiss,,  1000. 
Crenularia  *  eunonniMes  Boiss 
Isatis  *  frigUla  Boiss,,  2923, 


subalp. 

-Sr. 

-AT. 


!74. 


Anchiomlim  Tournefortii  Boiss.,  2437.  — 
Am.,  Sr.,  AT. 

Papaveraceae. 

CoRYDALis  rutœfolia  DC,  reg.  alp.  —  Bz., 
As.,  Am.,  Sr.,  Crela,  Cy|)r. 

—  bulbosaDC  — 0.,R.,  G.,  T.,  C,  S., 

E. 
Cryptoceras  pulchellum  Schott.  —  Sr. 

—  modestum  Schott.  —  Sr. 

—  purpurans  Schott.  — Sr. 
Gl.aucium  calycinum  Bois,^.,  1400,^Cp., 

P. 

—  fil! vum  Sm.,  1350.  —  E. 

Papayer  Argemone  L.,  1350.  —  0.,  As., 
Arch.,  G.,  T.,  C,  E. 

—  persicum  LindI,  —  Cp. 

—  caucasiciim  MB.  — C. 

—  —  *  var.  Icnuifolium. 

—  pohjschistosum  Sch.  et  Kot  ,  reg.  alp. 

-Ag. 

—  *  i«o/7)fl/!{m  Sch.  et  Kot. 


Bei'berldeœ. 

Berberis  cratœgina  DC,  2598. 

naniiiiciilaccœ. 


Cp. 


Anémone  *  blanda  Sch.  et  Kot. 
TiiALiCTitUM  *  orientale  Boiss. 
Ranunculus  demissusMB.,  ad  uivrs  déli- 
quescentes. —  E. 

—  *  lasiostemoi  Fcnzl,  2274-2600. 
Eranthis  *  ciUcica  Sch.  et  Kot. 
Nigella  orientalis  L.,  130(».  —  Am.,  C, 

Sr. 

—  arvensis  L.    var.  glaucescens  Boiss., 

950. 
Delphinium  virgatum  Poir.,  1000.  —  As., 
Cp.,  Sr. 

—  cuncatum  Stev.  —  C. 

■ —  /i'urd(cum  Boiss.,  1400.  —  Am. 
P.KONiA  triteruata    Pall.,    1400.  —  T., 
S. 

Crassulaccie. 

Sedum  Semperviviim  Ledeh.,  227  4,  reg. 

al|).  -   AT.,  Cp.,  C. 
--  Cepœa  F.,  1000.  —  G.,  R.,  E. 

—  ca'ruleiim  Vahl.,  900.  —  E. 

—  rubens  I-.  var.  decandriim,  1300.  — 

As.,  C,  T.,  E. 

—  album   L.,   1400.    -  0.,  R.,  C.,T., 

S.,  E. 

—  Clusi.inum  Guss.  —  Ag.,  G.,  E. 

—  o!ym[»iriim  Boiss,,  reg.  alp.  iiifer.  — 

Bz.,  0.,  Ag. 

—  aiHplexicaulc  DC,  reg.  alp,  —  G.,  E. 


sÉANCK  m;  13  isovi.MnnK  IST)?. 


873 


Sedum  criocarpuin  Siblli.  *  var.  iiindcslnm 
13ois.s.,  1000. 

—  tcnelliim  M15.,  rcp.  alp.  —  Am.,  C. 
Umbii.icus  liltaiiotic'us  DC,  iriOO-2500.  - 

Cp.,  Sr. 

—  Aizoon  Fenzl,  2G00.  —  AT. 

—  *  chriisanlhus  Hoiss.,  reg.  alp. 
*  var.  pallidiis  Boiss. ,  reg.  alp. 

—  erectiis  DC,  IttOO.  —  As. 

—  *  />ai/(dMsSch.  cl  Kot.,  2273-2.435. 

Saxifraffea*. 

Saxifraga  *  Kolschyi  Boiss.,  2273-2924. 

—  Cymbalaria  L.  —  0.,  Am.,  Pr.,  C, 

T. 

Umbelliferie. 

Eryngium  *  Kotschiji  Boiss.,  2000. 
Critamus  Falcaria  Griscb.,   1400.  —  Bz., 

0.,  Am.,  G.,  T.,R.,  G.,  S.,  E. 
BuNiUM  *  cilicicum  Fenzl,  2600-2924. 
Bui'LEURiM  Kœchelii  Fenzl,  1949.  —  Cp. 

—  ranunculoides  L. ,reg.  alp.  —  E. 

—  australe  Jord.,  1350.  —  E. 

—  *  lophocarpum  Boiss.,  1300. 
Seseli  cm-iimbosinv  Boiss  ,  1800. —  Lyca. 
Cnidum  conifoliuin  Boiss.,  reg.  subalp.  — 

Bz.,  0.,  Sp.,  Tm.,  R.,G. 
Fercla  pachyJoba  Fenzl,  1949.  —  Sp. 
Tommasi.ma  '*'  Kotscliyi  Boùss.,  1950. 
Peucedanum  *  depauperatum  Boiss.,  reg. 

alp. 
Heracleum  *  Paslinaca  Fenzl,  2600. 
ZoziMiA  *  humilis  Fenzl,  2600. 

—  absinthifolia  DC,  1300.— Ins.  Cypr., 

M. 
Johrenia  *  aîpina  Fenzl,  2600. 
- —  dichotoma  DC.  —  Tni.,  Sp. ,  Sr. 

—  *  seiinoidfls  Bo\ss.,  950. 
AiNSwoRTHiA  *  elcgans  Boiss.,  1400. 
PoLYLoi'HiuM  *  thaliclroides  Fenzl,   2274- 

2600. 
Orlaya  inter média  Boiss.,  980.  —  Sm. 
TuRGEisiA   liitifolia  Hoffm.,  1300.  —Bz., 

As.,  Am.,  Cp.,  S.,  R.,  E. 
TuRGENiop.^is  *  /bs«JaWacea  Boiss.,  1300. 
ScANDix  pinnalifida  Vcnl.,  1400.  —  As., 

Am.,  C,  T.,  E. 
Anthriscus  sicula  DC,  1400.  —  E. 

—  vulgaris  Pars.,  1400.  —  T.,  C,  S., 

E. 
Ch.krophyllum  *  Kotschyi  Fenzl,  2600. 
Physocailis   nodosus  Tausch  ,   1500.  — 

T.,  C,  R.,  Srn.,  E. 
EcHiNOPHORA  *  carvifoUa  Boiss.,  reg.  inf. 
Lecokia  cretica  DC..,1500.  —  C,  Creta, 

Cypr.,  E. 


CoNiiM    niaciilaluiii    L.     var.   leiocarpum 

Boiss.,   1400. 
Malaraii.a   platyptera    Boiss.,  1300.    — 

Gli.,Sr.,  .]■:. 
Piivsosi'KitMi  M  a(i\iilet.'irolium  Koch,  1300. 

—  0.,C  ,  T.,R.,  E. 


.\rallaccu' 

Hedera  Hélix  L. ,  1400.  - 
L. ,  T.  I  E. 

Corncœ. 


0.,  Bz.,  R., 


0.,  AT.,  As., 


Cornus  mas  L.,  1400. 
R.,  G.,  C,  T.,  L. 

—  sanguinca  L.  — 0.,  C,  T.,  G.,  R.,  E. 

Ericacea*. 

Erica  verticillala  Forsk.,    1400.  —  Bz., 
P.,  R.,G.,E. 

Ebenacca'. 

Styrax  officinalis  L.,  812-1500.  —  As., 
G.,E. 

Priinulacea>. 

Androsace  olympica  Boiss.,  2826.  —  0., 

Ag. 
— •  multiscapa  Daby,  2858.  —  Am.,  Ar. 

—  armeniaciiDuhY,  2858. —  Am.,  Ar. 

—  maxima  L.,  1624. — Am.,  R.,  T.,  S., 

Pr.,  E. 
Primula  acaulis   Jacq.,  1949. —  Bz.,  0., 
R.,  Sr.,  E. 

—  auriculata  Lmk.,  reg.  alp.  —  0.,  As., 

AT.,  Am.,  Ar.,  C,  S.,  Pr. 
Cyclamen  *  cilicicum  Boiss.,  974-2112. 
Lysimachia  anagalloidesS.  et  s.,  1700.— 

G. 

Acantliacca;. 

Acanthus  hirsutus  Boiss.,  1400.  —  Ms., 
Cd.,  Tm.,  Ag. 

—  Dioscoridis  L.,  900.— Op.,  Sr. 

Scrofiilarieic. 

Verbascum  *  Tauri  Boiss.,  2597. 

—  *   ciliciciDH  Boiss.,  1700. 

—  *  adenocaulon  Boiss.  inss.,  1350. 
Celsia  *  brachysepala  Fiscli.,  1400. 

—  *  cilicica  Buiss.,  ad  rad.  jugi. 

—  *  LephtD/s  6ch.  et  Kot. 
ScROFDLARiA  *  A'otsc/ji/ana  Bcnth.,  J209- 

19  i9. 

—  Scopolii  Hoppe.  —  0.,  C,  T.,  R.,E. 


874 


ScBOFULAniA  heterophylla  Willd.,  1600. 
—  As.,  G.,  Pr. 

—  libaiiotica  Boiss. ,  2761. —  Am.,  AT., 

Sr. 

—  decipiens  Boiss.,  2587.  —  Am. 

—  Pinardi  Boiss.,  11  57. —  As. 
Anarrhinum  orientale   Benth.,   1700.  — 

Al.,  Am.,  Sr. 
LiNARiA  genistfnfolia  Chav.,  1200.  — Bz., 

Am.,  Ag.,  R.,  T.,  G.,  E. 
_   _  var.  a,  1000.  —  Bz.,  Lyca. 

—  *  Z?a/ansœ  Boiss.,  reg.  al  p. 

—  eorifolia  Desf.,  1200.  —  Lyca.,  As., 

Am.,  E. 

—  pterosporaF.  M.,  1233.  —  G. 
Veronica  Anagallis  L.,  1250.  —  Br.,  0., 

As.,Âm.,P.,  G.,  R.,E. 

—  BeccabungaL.,  I400.-Bz.,0.,  Am., 

R.,T.,  G.,  E. 

—  pectinataL.,  2274.— Sra.,  As.,  AI., 
'  R.,  Sr.,  E. 

— "*  surcidosa  Boiss.,  reg.  alp. 

—  cuneifoliaD.Don*var.])J/osa  Benth,, 

1200. 

—  kurdica  Benth.,  reg.  alp.— Am.,  As., 

Pr. 

—  cœspitosa  Boiss.,  reg.   alp.   sup.  — 

Bz.,  Cd. 

—  *  A'ofsc/iyana  Benth.,  2599. 

—  acinifolia  L.,  1300.  —  Bz.,  Sm.,  T. 

—  *  glaherrhna  Hohs.,  reg.  alp. 

—  *  ixodes  Boiss.,  reg.  alp. 

—  *  divaricala  Boiss.,  J500. 

—  biloba  L.,  1300.  — Am.,  Ms.,  G.,  S. 

—  campylopoda    Boiss.,   1300.   —  Gp., 

Am.,G.,Sr.,M.,Pr. 

—  *  exilis  Sch.  et  Kot.,  1212. 

—  *  dichrus  Sch.  et  Kol. 

Odontites  Aucheri  Boiss.,  1714.  —  Al., 
Am.,  Pr. 

—  ixodes  Boiss.,  reg.  alp.  —   Al.,  0., 

Am.,  G. 
EuPHRAsiA     ofGcinalis    L.    var.    minima 

Benth.,  2598.—  E. 
Pedicdlaris  caueasica  MB.,  2599. —  Gd., 

Gp.,P.,G. 

—  cadmea  Boiss.,  reg.  alp.  —  Gd. 

—  Siblhorpii  Boiss.,  reg.  alp.  — 0.,  As., 

Gd.,  Gp.,  P. 

—  *  jucunda  Sch.  et  Kot.,  2599. 

Solancse. 

PiiTSAus  Alkckengi  L.  —  Bz.,  0.,  Am., 

R.,  T.,S.,E. 
SoLAMiM  Dulcamara  L.,  1200.—  Bz.,  0., 

P.,R.,  G.,  T.,  S.,E. 


SOCIÉTÉ    BOTANIQUli    DE    FRANCE. 

Urobancheae. 


PUEL1P.EA  loDgiflora  G.  A.  Mey.,  1600. — 
Bz.,  P.,  Am.,  G.,  E. 

Gentianese. 

Erythr-ea  Gentaurium  Pers.,   1700.  — 

As.,  0.,R.,  G.,  T.,E. 
Gentiana  ciliata  L.,2437.  — Am.,  C.,E, 

—  verna  L.  var.  alata  Griseb.,  2437.  — 

0.,  Am.,G.,  S.,  E. 

*  var.  foliis  oblusis  Boiss.,  reg. 

alp. 

—  Boisséeri  Fenzl,  2599. —  AT. 

Apocyncœ, 

ViscA  herbacea  W.  K.,  1300.  — As.,  R., 
T.,  G.,E. 

Asclepiadcae. 

ViNCETOXicuM  tmoleum  Boiss.,  1787.  — 
Tm.,  Cp. 

—  *■■  steUifloriim  Bois?.,  1000. 

—  *  alpinum  Sch.  et  Kot.,  2437. 
Marsdenia  erecta  R.  Br.,  900.  — Bz.,  0., 

Sp.,  P.,  G. 

JasiDineœ. 

Phillyrea  média  L.,  1400. — Bz.,  G.,  E. 
Fraxinus  Ornus  L.,  1000.— Sm.,  Sp.,  G., 
R.,E. 

—  oxvphylla  MB.,  reg.  alp.  —  Sm.,  G., 

T. 

—  *  petiolulata  liolss.,  reg.  alp. 
FoNTANEsiA   phiUyrcoides   Labill.,  1400. 

—  As.,  Sr. 

Convolviilaceœ. 

CoNVOLVULUS  compaclus  Boiss.,  reg.  alp. 

—  Gd.,As.,AT. 

—  lineatus  L.,  1350.  —  Am.,  As.,  R., 

T.,E. 
GoscuTA  major  G.  Bauh,,  1700.  —  Gil. 
cal.,  G.,  S.,  E. 

—  *  elegans  Boiss.,  reg.  alp.  iufcr. 

A»perifolia?. 

Heuotroi'ium  suaveolens  MB.,  1300.— 

Gp.,  G.,  T. 
Onosma  anguslifolia  Lehm.,  1400.  —As., 

G.,  E. 

—  pallida    Boiss.,    1500.  —  Bz.,  Sm  , 

Lyca.,  Al.,  G. 

—  rupestris  MB.,  1350.  —P.,  Am.,C. 

—  nana  DC.,  reg.  alp.  —  Gp. 

—  *  decipiens  Sch.  et  Kot.,  21 12. 


SÉANCE    nu    13    NOVEMFJUK    1857. 


875 


MoLTKiA  cœnilca  F.elitn.,   I3:i0.  —  Am., 

C,  Sr. 
LiTHOSPEHMUM    purpuTco  -  casiuleum     L., 

1500.  —   Am.,  Ar.,   As.,   R.,    T., 

C,  E. 
MuNBYA  *  conglohataBoiss.,  2273-2599. 
Alkanna  orienlalis  l?oiss. — B7,.,As.,  Cp., 

Am.,  Ar.,  Ag.,  C,  G. 
NoNNEA  lamprocarpa  Griscl).,  ITiOG. —  G. 
Anchusa  uudulata  L.,  1400.  —  As.,  R., 

G.,  Arch.,  E. 
Myosotis   *    speluncicola    Sch.   et  Kot., 

1950. 

—  *  modesta  Sch.  et  Kot.,  2599. 

—  *  amœna  Sch.  et  Kot. 
Paracakyum  myosotoidos  Hoiss. ,  2599.  — 

Cil.  cal.,  Sr.,  Greta. 

—  azureum  Boiss.,  2599. — Lyca. 
Omphalodes  Luciliœ  Boiss.,  2599. —  Cd., 

Sp. 
Cynoglossum  Dioseoridis  Vil!.,    900.   — 
Am.,C.,E. 

—  montanum  Lmk.,  1890.  —  Ara.,  C, 

E. 
EcHiNosPERiiuM    barbatum  Lehm.,  1300. 
—  Am.,  C,  T.,  E. 

—  patulum  Lehm.,  1600.  —  Bith.,  Cp., 

Am.,  C,  T  ,  S.,  E. 
RocHELu  stellulata  Rchb.,  1350.  —  Am., 
Cd.,  R.,  Sr.,  Pr.,  S.,  E. 

—  *  cancellata  Bo\ss. ,  1700. 

Labialie. 

Mentha  *  Kotschyctna  Boiss.,  2534. 
Salvia  Aucheri  Benth. ,  1 1 97-1299.  -  Cp. 

—  *  incarnala  Eli.,  1400. 

—  Benthamiana  Boiss.,  1890.  —  As. 

—  cryptantha  Monlbr.,  reg.  alp.  —  Al., 

As.,  Cp. 

—  Moluccellœ    Benth.,   1600.   —   Am., 

Sr. 
— •  tmolea  Boiss.,  1300.  —  Tm. 

—  .î:thiopisL.,  1350.— Bith.,  As.,  Cp., 

R.,  T.,  C,  G.,  E. 

—  frigida  Boiss.,  reg.  alp.  —  Cd. 

—  Monlbretii    Benth.,    1300.    —  Cp., 

Lyca.,  Sr.,  M. 

—  *  oreades  Sch.  et  Kot.,  2000-2600. 

—  virgata    Ait.    var.   albiflora    Boiss. , 

1300,  —  Am. 

—  sylvestris  L.,  1400.  —  Bz.,  0.,  Cp., 

Am.,  R.,  C,  T.,  S.,  E. 

—  verticillata  L.,  1233. — Bz.,  Am.,  C, 

T.,  R.,  Sr.,  E. 

—  *  cilicica  Boiss.,  1300, 

—  cyanescens  Boiss.,  1250.  —  Am. 
ZizYPHORA  canesceos  Benth.  *  var.  glabra, 

reg.  alp. 


OniGANi  M  hirtuni  Link  ,  1300.  — Bz., 
Bith.,  Sm.,  Tm.,  Am.,  G.,  Sr.,  lus. 
Creta. 

—  lœvigdtnm  Roiss.  —  AT. 

—  *  niicranl}ni)n  Vogcl,  1450. 

—  *  ciliaium  Boiss.,  1950. 
Thymus  *  rigidus  Sch.  et  Kot.,  1150. 

—  hirsutusMI5.,1948  2600.-G.,Arch., 

T.,  C.,S.,E. 
Satureia  hortensis  L. —  1'.,  Am..  R.,  C, 
T.,E. 

—  cuiieirolia  Teii.,  reg.  siihaip.  —  E. 
MiCROMEUiA    marifolia  Benth.,    1600.  — 

Am.,  R.,  T.,  Sr. 

—  myrtifolia  Boiss.,  1350.  -  Sm.,  M. 
Calamintha  Acinos  Benth.,  1450.  —  0., 

R.,C.,  G.,  T.,E. 

—  *  /îonV/o  Boiss.,  1475-1787. 
Melissa  officinalis  L.,  1300.  —  Bz.,  C, 

R.,G.,T.,Sr.,  E. 
Brunella   vuigaris   L.,   900.   —  0.,  P., 
AT.,  As.,  R.,C.,  S.,  l'r.,  G.,  E. 

—  laciuiaia  L.  var.  flore  cœruleo,  1300. 

—  E. 

ScuTELLARiA  orientalis  L.,  reg.  alp,  —  0., 
Ar.,  Bith.,  Cp.,  An). 

—  —  *  var.  glnreosa  Kot.,  2600, 

—  salviœfolia  lieuth.,  1700. —  Gp.,G. 

—  diffusa  Benth.,  1300.  —Al.,  Al. 
Nepeta  leucoslegia  Boiss.,  reg.  alp. — Pis. 

—  nuda  L.,  1300.— Tm.,  C,  T.,Sr,,S, 

—  pycuanlha  Benth.  —  AT. 

—  cilicica  Boiss.,  2437.  — Sr. 
Lallemantia  iberica  F.  M.,  1600.—  Am., 

Cp.,  Sr.,  C. 
Lamium  glechomoides  Sm.,  reg.  alp.  — 
Bith.,  Ag, 

—  *  eriucephalum  Benth.,  2924. 

—  7iepetœfolimn  Boiss.,  1940-2593.  — 

Cd. 
Stachys  lanata  Jacq.,  1400.— Bz.,  Bith,, 
T.,C.,G.,  Pr. 

—  pubescens  Ten.,  1400,  —  Bz,,  Am., 

C,  E. 

—  leucoglossa  Griseb.,  1300. —  Cp.,R. 

—  lavanduiaîfolia  Vahl,  reg,  alp,  —  Am., 

As.,  C, 

—  *  pinetoruni  Boiss.,  1400. 
SmERiTis  perfoliata  L,,  1300. —  Cil.  cal., 

Sr.,  E, 

—  romana  L,,  1300. —  Ara.,  Sr.,  G.,  E. 

—  montana  L.,  1300. —  Bz.,  0.,  Am., 

C,  R.,T.,  Sr.,  Pr.,E. 

—  ambigua  Fenzl,  2112-2600.—  Ag. 

—  *  c»/icjca  Boiss.,  1400. 
Marrueil'm  micranthiim  Boiss.,  reg.  alp. 

—  Cil.  pctr. 

—  astracanicum  Jacq.,   1400.  —  Am., 

Ag.,C. 


876 


SOCIÉTÉ   BOTAMQUi-:    Dl^    FIlANCIi. 


MAiini  BUM  parvinonim  C.  A.Mey.  —  Pis., 
Cp.,  Am.,  C. 

—  velutiinim   S.   et  S.   var.   heterodon 

Bculh.,  2112. 

—  *  faucidens  Boiss.,  1400. 

B.\LLOTA  obliqua  Benth.,  1000.—  M.,Sr. 

—  *  macrodonta  Boiss. 

Phlomis  armcniaea  Wiild  ,  1200.  —As., 
C. 

—  samia  L.,  1200.  —0.,  P.,  R.,  G. 

—  punsens  WilId.  —  Bz.,  Bilh.,    As., 

Ani.,  R.,  G.,  T.,  C,  E. 
Teucrilm   Cliama'drys  L.     var.    australe 
Kot.,  1250. 

—  monlanuni    L.,  rcg.   aip.  —  R.,  T., 

G.,E. 
Ajuga  orientalis   L.,  1300.  — 0.,  Am., 
Cp.,  T.,C.,  R.,G.,Sr.,  E. 

—  chia  L.,  2924.— Bith.,  As.,  Cil.  cal., 

R.,  C,  T.,  G.,  E. 

Caprifollaceae. 

LoNiCERA   etrusca  Santi  ♦  var.  hispidula 
Boiss.,  1000. 

—  *  nummularifolia  3.  S. 

Riibiaceie. 

t 

Galium  orientale  Boiss.,  reg.  alp, 

var.  a//<i«Mm  Boiss.,  2924.  — Cd., 

Ms.,  Tm. 

—  —  var.  cinereum  Boiss,,  reg.  alp.  — 

Cd.,  Sp.,  Cp.,  AT. 

—  *  cilicicmn  Boiss.,  2599-2922. 
- —  raiiuin  Req.  —  Sr. 

—  *  melanantherum  Boiss.,  1700. 

—  —   *  var.  scabrifoUum  Boiss.,  1890. 

—  humifiisum  MB.,  1300.   —  Am.,C., 

T.,  G. 

—  coronalum  S.  et  S.,  1200.  —Bith., 

0.,  Am.,  C.,E. 

—  pedciiioutanuiii  Ail.,  1400.  —  T.,  G., 

E. 

—  cordutimi  R.  S.,  1500.  —  Sr. 

—  tenuissimum  MB..  1300. — T.,  C. ,G. 

—  nigricans  Boiss.,  1400.  —  M. 

—  Vaillantii  DC.  —As.,  T.,  C,  S.,  E. 

—  peplidifolium  Boiss.,    1500.   —  Sm., 

Cd. 

—  verticillalum   Danth.,    1400.  —  C, 

G.,  Arih.,T.,  E. 

—  leinpliijllum  Boiss.,  1500. —  AT. 
Asi'ERiLA  stricta  Boiss. 

—  —  v.ir.    tomeutosa    Boiss.,  1000    — 

Cp. 

—  —  var.  glahrpsccns  Boiss.,  2300.  — 

Cp.,  G. 

—  —  *  var.  alpina  Boiss.,  rcg.  alp. 


AsPEnri.A  stricta    var.    scabrida    Boiss., 

1400.  -    I.yca.,  As. 
Ckucianeli.a  macrostachya  Boiss.,   1000. 

—  Sr. 

—  glomcrata  MB.,  reg.  alp.  —  Cp.,  C. 
Cai-lipeltis  Cucullaria  Stev.,  1000  —  Bz  , 

Lyca.,  Cp.,  Am.,  C. ,  Pr.,  E  (Hisp.) 
PcTORiA  calabrica   Pers.,  1000.  —  Sm., 
Gh.,  R.,  G.,  Sr.,  E. 

Valerianeae. 

Valerianella  Kotschyi  Boiss.,    1350. — 

Sr. 
Centranthus  elatus  Boiss.,  2000.  -  Pis., 

Sr. 
Vai.eriana  alliariajfolia  Vahl,  2000. —  0., 

Cp.,  Am.,  P.,  C,  Pr. 

Dipsaceae. 

Cephalaria  *  dipsacoideii  Boiss.,  1000. 
Knautia  hybrida  Coult.,  900. — 0.,  Sm., 
R.,  E. 

—  bidens  Boiss.,  1300.  —  Sm. 
Pterocephalus  piumosus  Coult.,  1300. — 

Bz.,  Sm.,  As.,  Sr.,  C,  R.,T.,  E. 

—  Pinardi  Boiss.,    2288-2600.  —  As., 

Cp.,  AT. 
ScABiosA  anatoUca  Boiss.,  1350. — Ms. , 
Pis.,  Cil.  cal. 

—  stellata  L.,  1700.  —  Pis-,  As.,  Am., 

C.,S.,  E. 

—  inicrantha  Desf. ,  1400.  —  Am.,  C, 

T.,  E. 

—  Webbiaua  Don,  1949-2273.  —  Bz., 

Lyca.,  G. 

Sjiiantherca*. 

Erigeron  alpiiius  Lmk. ,  reg.  alp. —  Ag., 
Ar.,  C,  S.,  E. 

—  *  pycnotrkhus  Sch.  et  Kot.,  2437. 

—  *  cilicicus  lioiss. ,  2600. 

SoLiDAGO  Virga  aurea  L.  —  0.,  Ag.,  R., 

C.,T.,  S.,E. 
EvAX  anatolica  Boiss. —  Cp.,  Gh.,  M.,  S. 
Inui.a  monlana  L.  —  AI.,  Am..  T.,  E. 

—  *  (icaulis  Sdi.  et  Kot.,  2i37. 
Chrysophthalmum  *  sternutatorium  Fcnzl, 

1400. 
Cota  *  oxylepis  Boiss.,  reg.  alp. 
Anthémis  anatolica  Boiss.,  1948-2761. — 

Cd.,  Ms. 

—  *  Kotschyana  Boiss.,  1949. 

—  — ■   *  var. po'ci/e/ji's  Kot.,  2597-3570. 

—  linctori.i  L.,  1200.  —  Cp.,  As.,  E. 
CuAM.EMELi'M  orcadcs  Boiss.,  2599.  —  Ag  , 

P.,  Sr. 

—  *  Kotscluji  Boiss.,  reg.  alp.  , 


SltANCR    DU    13    NOVEMniU'l    ISf)/. 


877 


CiiAM.KMF.uiM  prœcox  Vis.,  2599.—  Siii., 
As.,  Am.,  C,  T.,  Sr.,  Pr. 

—  disciformc   Vis.,   reg.    ali).    —  ïni., 

Am.,  {". 
Leucocychis  *  /'o)-»(o.>;ms  Boiss.,  1949. 
AcHiLi.KA  leiilophylla  MB.,  1500.—  E. 

—  micraiith.i    MB.,    1300.   —   Bz.,  Ag., 

Cp.,  A  ni. 

—  —  var.  laciniis  incarnalis,  1300. 

—  ochrokMna  Kliiii.,  1000   -  E. 

—  terclifolia  Wiiid.,  1800.  —  Bz.,  Cp., 

Am.,  C. 

—  *  spinulifolia  Fciizl,  1449. 

—  *  grata  IVnzl,  2209. 

—  *  monocephnla  Boiss.,  1000. 
PïRETHRUM  *  fruUculosum  Gajrtn.,  2112- 

2600. 

—  ParliieniumL,,  1000.  —  Bz.,0.,P., 

R.,  T.,  C,  G.,  E. 

—  *  cilicicum  Boiss. 

GvMNOCLiNE  -^  cedrelorum  Sch.    et  Kot., 

2100, 
Artemisia  Absiulhium   L.,   2000.  —  0., 

G.,  E. 
Tanacetl'm    argenteum    Willd.  ,    1299  - 

2600.  —  i.yca.,  Am.,  E. 
Gnaphaliom  uoivegicumGuan.,  rcg.alp.— 

P.,  Am.,  C. ,  E. 

—  *  leucopilinum  Sch.  et  Kot.,  2600. 
Helichrysim  armenium  DC,  reg.  alp. — 

AI..  Am.,  Pr. 

—  psychrophiliniiBoiss. ,  1600.  —  C,  Pr. 

—  anatoiicum  Boiss.,  1950.  —  0.,Tm., 

Sp.,  Am.,  Cp.,  B.,  Pr. 
DoRONicuM  caucasicum  MB.  —  Bz.,  As., 

R.,C. 
Senecio  *  farfarœfolius  Boiss.,  2274. 

—  orientalis  Willd.,  16J4.  —  Ag. 
T-  *  megalophron  Feuzl,  1950. 

—  *  cUicicus  Roiss.,  2000. 

EcHiNOFs  bilhynifus  Boiss.,  1500.  —  0., 

Bith.,iE. 
Xeranthemum  squarrosum  Boiss.,   1300. 

—  Cp.,  Tm.,  As.,  M.,  Pr. 
Chardinia   xeranlhemoides   Desf.,    1300. 

—  0.,  As..  Am.,  R.,Pr.,Sr. 
Siebf.ra  pungcns  J.  Gay,  1600.  —  Sr. 
St.ehelina  apicuiata  Labiii.,  1640.—  Sr. 
Carlina  oligocephaia  Boiss.,  1787.^ — Sr. 
CoDsiNiA  *  cirsiuides  Boiss.  mss.,  1400. 
Centaurea  babyionica  L.,  1200.  —  Sr. 

—  *  chciroloplia  Fenzl,  1400. 

—  *  chnjsolopha  Boiss.,  2599. 

—  depressa  MB,  —  Ar.,  C,  Pr.,  E.  (liis- 

pania.) 

—  cana  S.  et  S.,  reg.  alp.  —  Ar.,  As., 

0.,R. 

—  squarrosa  Willd.,  liOO. — Am.,  Ar., 

Al.,  Pr.,  G  ,  S, 


Cr.NTAiiREA  *  iiielanacaidha  Boiss.,  1600. 

—  llrvillei  DC,  1000.  -  As..  G.,  Arcli. 

—  *  crioplnjlld  Roiss.  mss.,  KiOO. 
IIyam'.a  mucrnnifera  J.  S.,  I!)'i9. —  Cp. 
Ciir.iiini.Ki'is    drahilblia   Roiss.,    2600.   — 

0.,  Bz. 
Onoporoon  *  pdhiccphahnn  Boiss.,  1600. 
Cham.epeuce  afra  f)C.,  1200.  —  G. 
CiRsiuM  rhizocephalum  C.  A.  Mey.,  2599. 

—  C. 

PicNOMON  Acarna  Cass.,  1000.  --  C,  T., 

G.,  Arili.,  R.,  E. 
Carduhs  milans  L.,  1400.  —  0.,  R.,  T., 
C,  S.,  E. 

—  laniiginosits  Willd.,  2761.  — Am. 
Jurinea    macrocephaia     DC,    1600.  — 

Cp,,  Pr. 

—  anatolica  Boiss.,  1200. —  AT.,  As, 

—  depressa  C.  A.   Mey.,   2600. —  Ag,, 

C, 
Lampsana  grandidora  MB,  var.   p     DC, 

1200.  —  As.,  0, 
KœLPiNiA  linearis  Pail.,  1400. — As.,Pr., 

M.,  S. 
Leontodon   asper  Rrlib.,    1200.  — Bz., 

Am.,  E, 

—  oxylepis  Boiss,,  2600.  —  As,,  Sr. 

—  *  masmenœus  Boiss, 

Tragopogo.n  iiervulosus  Boiss.,  reg.    alp, 

—  Sr. 

Scorzoneha  iindulata  Vahl.  — G.,  E.  (Si- 
rilia.) 

—  pygmœaS.  et  S.,  reg.  alp.  —  0. 

—  *' cilicica  Boiss.,  2600. 

—  cinerea  Roiss..  3086.  —  AT.,  Pr. 
Prenanthes  muralis  L.,  1200. —  Bz.,  0., 

As.,R.,G.,E. 
Ph.enopus  vimineus  DC. ,   1500. — Bz,, 
As.,  T.,  C,  R.,E. 

—  *  Kotschyi  Boiss.,  1400. 

Mycelis  *  glareosa  Sch.  et  Kot.,  2599- 

2924. 
Cephalorrhynchus     glandulosus     Boiss., 

1200.  —  Sp. 
Taraxacum  Dens  leonis  Desf.,  reg.  alp. — 

Bz.,0.,  R,,  C,  T.,  S.,  E. 

—  —  *  var.  alpinum  Boiss.,  reg.  alp. 

—  montanum  DC,  1600.  — Am.,  G. 

—  *  psyclirophilunt  Boiss.,  1614. 

—  libanolicum  DC,  1300.  — Sr. 
Intyrellia  *  glareosa  Sch.  et  Kot.,  2436. 
Deroietia  *  /Vif/ida  Boiss.,  3200. 
Ckepis  pinnatifida  Frœl.,  2437. —  Am. 

—  *  divritica  Sch.  et  Kot.,  2975. 
Barkhausia  zacyulhica  Marg.    et  Reut., 

1300.  — Am.,  iDS.  Zacynth.' 
HiERACiLM  pilosclliforme  Stiirm,  reg.  alp. 

—  E. 

—  macrolrkhum  Roiss.,  1600, — ^Tm. 


878 


SOCIETE  BOTANIQUE   DE   FRANCE. 


HiERACiOM  pannosum  Boiss.,  1299-2274. 
—  Sp.,  Ag.,  Al. 


CampaniiIaceK. 


Bz., 


Phîteuma  repaudum  Sm.,  1000. 
AiH.,  0. 

—  Kolschiji  Boiss.,  2112.  —  Ag.,  Am. 

—  cappadocicuiu  Boiss.,  1000-2112.  — 

Cp. 
MicHAUXi.\  carapanuloides  L'Hér . ,  1 600.  — 
Cp.,  AT.,Sr. 

—  Tihiliatchefi  F.  M.,  1200-1600.— AT. 
Campaxula  Willdenovii  Boiss.,  Tt^.  alp. — 

AT. 

—  dicholoma  L.,  1500.  —  M.,  E, 

—  *  Reuleriana  Boiss.,  1000. 

—  libauolica  A.  DC,  24  37.  -  AT.,  Sr. 

—  *  axillaris  Boiss.,  1400. 

—  involucrata  Auch.,    2112-2274. — 

Ara. 

—  Traclielium  L.,  1469.  —  0.,  R.,  C, 

T.,  S,,  E. 

—  rapunculoides  L.,  reg.  subalp.  —  0., 

Bz.,  R.,  C,  T.,  S.,  E. 

—  Billardierii  A.  DC.  var.  major.,  reg. 

alp.  — Ag.,  0.,  Sr. 

—  *  psilostacliya  Boiss.,  1300. 

—  peregrina  L.,  1300.  -   Sr.,  E. 

—  fastigiata  Dufour,  1400.  —  C,  E. 

—  *  Jntybus  Sch.  elKot.,  2761. 

—  *  trachyphylla  Sch.  et  Kot.,  reg.  alp. 

—  tauricola  Boiss.  —  Al. 
Trachelium  tubulosum Boiss.,  1300. — Sr. 

Globiilariese. 

Globularia  trichosautha  F.  M.,  1400. — 
0.,  As.,  AT.,  C,  R. 

Plumbagiueae. 

AcANTHOLiMON  androsaceum  Boiss.,  1949- 
2599.  — Tm.,  Am.,  G. 

—  —  var.  iiiajus  Boiss.  —  Tm.,G, 

—  Kotschyi  Boiss.,  1137.  —  Cp. 

—  Pinardi  Boiss.  var.,  1624. 

—  t'eHusiwm  Buiss.,  1200.  —  Ag.,AT. 
Plumbago  europœa  L.,  lOOO.  —  0.,A1., 

Am.,  C,  R.,  E. 

Planlagineae. 

Plantago  alpina  L.,  *  var.  diorilica  Sch. 
et  Kot.,  2600, 


Aniarautaceae. 

Amarantcs  caudatus  L.,  1500. 
E. 


•M.,Pr., 


Salsolaceae. 

BuTCM  virgaium    L.   var.  minus    Moq,, 

1460.  —  Lyca.,  E. 
Beta  longespicata  Moq.,  1300.   —  Am., 

Al. 
Noi;A   l'ourncfortii  DC,  reg.  alp.  iofer. 

—  Am.,  AT. 

—  spinosissimaMoq.,  1800. — Cp.,  Am., 

Al.,  Sr.,  Pr.,  Arcli. 

Polygonea;. 

PoLYGONUM  poiycnemoides  J.  S.,  reg.  alp. 
-Cp.,Pr. 

—  coguatum  Meisu.  var.  alpestre,  1400. 

—  Am.,  C,  As.,  Sr. 

—  Beliardi  Ail.,  1400.  —  Am,,  C,  E. 

—  Bistorla  L.  var.  angustifoliumMciso., 

2598.  —  AT.,  As.,Tm. 
Oxyria  digynaCampd. ,reg.  alp.— 0.,  Bz., 

Ag.,  Am.,  C,  R.,  S.,  E. 
KuMEx  *  macranlhus  Boiss.,  reg.  alp. 

—  Acetosella  L.,  1500.  —  0.,  Am.,  R,, 

G.,  E. 

Laurinex. 

Laurcs  nobilis  L.,  1000.  —  0.,  Bz,,  As,, 
G.,  T.,  E. 

Elaeagueae. 

HiPPOPHAE  rhamuoides  L.,  1400.  —  G., 
S.,  R.,  E. 

Tlijnaelé». 

Daphne  buxifolia  Yahl,  1891.  —  Ag.,  Al., 
AT.,  Am.,  C. 

—  oleoides  L.,  1700.  —  0.,  Ag.,  Am., 

C,  G.,  E. 

—  coliiua  Sm.,  2112.— 0.,  Bz.,  R.,  E. 
THYMELJiA  *  cilicica  Meisn.,  1233. 

—  Aucheri  Meisn.  —  As.,  Pr.,  Sr. 

Sautalaceae. 

Thesiijm  graecum  Boiss.,  1400.  —  As.,  G. 
Arch.,  Sr. 

—  brachyphyllum  Boiss.,   reg.   alp.  — 

Tiu.,  Am.,  Ag. 

Loraiifliacea>. 

Arceuthobium  Oxycedri  MB.,    1000.  — 

Bz..  C,  T.,  R.,  E. 
ViscuM  album  L.,  1400.  —  Bz.,  C,  0., 

R-,  G.,E. 


SÉANCE   DU    13 
Arisioloclilca;. 

Aristolociiu  Bottœ  J.  S.,  1500. — Am. 

Lrticca;. 

Urtica  dioica  L.,  reg.  alp.— 0.,Bz. ,  Am., 

C.,T.,  R.,  G.,  E. 
Parietaiiia  niicruiillia  Lcdeb.,  1980. — S, 
Celtis  Tourncfortii   Lmk.,    1000.  —  0. 

Am.,  Cp.,  T.,  C. 
Ficus  Carica  L.,  1300.  —  Am.,  As.,  C, 

T.,R.,  G.,  E. 

Platane». 

Platanus  orientalis  L.,  1800.  — Bz.,  0., 
As.,  R.,  G.,  C. 

Anientacea. 

QuERCUS  pedunculata  Willd.  —  R.,  C,  E. 
*  var.  Haas  Kot.,  1233. 

—  sessilifloia  Sra,  —  As. ,  C,  T.,  R.,  G., 

E. 

—  —  *  var.  Ahielum  Kot.,  1G24. 
*  var.  Cedrorum  Kot.,  l.HOO. 

—  iafectoria  L. 

*  var.  foliis  grosse  serratis  Kot., 

1884. 
*  y &r.  foliis rotundatis  Kot.,  812- 

1137. 

*  var.  ibicis  Kot.,  1625. 

_-  —  *  var.  tauricola  Kot.,  974-1300. 
*  var.  foliis  undulalis  Kot.,  973- 

1300. 

—  —  *  var.  Pfaffingeri  Kot.,  650. 

—  —  *  var.  polycarpos  Kot.,  1884. 

—  coccifera  L.,  812-1137.  —  As.,  Cp., 

AT.,  R.,  G.,  E. 

—  —  *  var.  Fenslii  Kot. 

*  var.  aquifolia  Kot.,  2274. 

var.   Calliprinos   (  Q.    Calliprinos 

Webb),  1400.  —  Pis.,?.,  As.,  Sr., 
E.  (Hisp.) 

—  —  *  \ar.  microphylla  Kot.,  1300. 

—  —  *  var.  pungens  Kot.,  1300. 

—  —  var.    rigida    (Q.    rigida  Willd.), 

1300.  — As.,  G. 


NOVF.MRHK    1857. 


879 


QuEP.cus  coccifera  var.  trojana  (Q.  trojana 
Webl)  MOU  Kot.),  81 2.— Mys. ,  Pliryg. 

—  Libaiii  Oliv.,    1200  -  1400.  -  Pis., 

Troad.,  Mys.,  Phryg.,    Isaur,,    P., 
Sr. 

—  /Egilops  L. 

—  ^  *  var.  vallonea  Kot.,  1400. 
*  var,  Gœdellii  Kot.,  974. 

—  *  Ehrcnbergii  Kot. 

—  Ccrris  L. 

^-  —  "■  var.  cilicica  Kot.,  680-976. 

—  —  *  var.  karamanica  Kot.,  975. 

—  haliphlpos  Lmk.,  1500.  —  E;  (Sicil.) 

—  brutiaTcn.,  975-1300.  -   Bz.,  R.,E. 

(Neap.) 
Carpinus  orientalis  Lmk.,  1300.  —  As., 

AT.,  C,  T.,  R. 
OsTRYA  vulgaris  Willd. ,  1000. — 0.,  Ara., 

R.,G.,  E. 

Coniferae. 

Ephedra  campylopoda  C.  A.  Mey.,  1200. 

—  Cp.,  G.,  Arch.,  Sr. 
Taxus  baccata  L,,  1950  -  2599.  —  Am., 

C,  T.,  G. ,  R.,  E. 
Jdniferus  drupacea  LabilL,  1620. —  Sr. 

—  rufescens  Link. — As.,  AT.,  R.,  G.,  E. 

—  sabinoides  Griscb.,  3000. —  0.,  As., 

R.,  C,  G. 

—  fœlidissimaWilld.,2112.  -As.,Am., 

T.,C.,  G. 

—  excelsa  Royie,    2112.  —  As.,  AT., 

T.,  Sr. 
Abies  pectinata  DC,  2000.— 0.,  As,,  C, 
G.,E. 

—  «//cicffl  Carr.,  1492-2112.  — AT. 

—  *  Kotschyana  Fenzl,  1600. 
Cedrus  LibaDi  Barr.,  1500. —  AT.,  Sr. 

—  —  *    var.  argentea    Ant.    et   Kot., 

1299-2112. 
PiNUs  Pinaster  Soland.,  644-1786. —  As., 
G.,  E. 

—  Laricio  Poir.,  3000.—  0.,  As.,  AT., 

T.,  G,,  R.,  E. 

—  pseudo-halepensis  Dehnh.,  1200, 

—  brutia  Tea.,  812-1137.  —  E.  (Cala- 

bria.) 


880 


SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FIJANCÉ. 


MONOCOTYLE  DONEE. 


Alismacesp. 

Triglochin  maritimum  L,,  1400. —  Am., 
C,  S.,  E. 

Orcllideap. 

Orchis  ana<o/»VaBoiss.,1500.  — lus.  Chio. 

—  incarnata  L.  *  var.,  2110. 

—  saccifera  Bory,  1800.— R.,  C,  G.,E. 

—  Morio  L.,  ir;00.  —  0.,Bz.,  As.,  R., 

T.,  G..  Am.,  S.,  E. 
CoMPERiA  taurica  C.  Koch,  1000.  —  T. 

Irideie. 

Iris*  Junonia  Sch.  et  Kot. 

Crocis  cancellatiis  Willd.,  rcg.  alp. —  G. 

—  *  pylarum  J.  Gay  niss.,  1300. 
_  *  cilichis  Kot.,  2599. 

—  *  candidus  Clarkc. 

—  *  Kotichyanus  C.  Koch,  2420. 

Aiiiaryllidese. 

SxERNBERGiA  Clusiaiia  Gawl.,  1233-1^)52. 
—  Bz. 

—  *  micrantha  J.  Gay  niss.,  1000. 


Liliaccae. 


C,  Sr. 


CoLCUicuM  lœlum  Stev.,  1000. 

—  *  crocifloruni  Sch.  et  Kot. 

■ —  *  Ba/a>i.sœ  IMaiich.,  reg.  subalp. 
TuLiPA  *  alpina  J   Gay  mss.,  reg.  alp. 
Hyacintuijs  orientalis  L.,  1500.  —  G.,  E. 
AluscARi  *  alpinumi.  Gay,  reg.  alp. 
Scii-LA  aiitumnalis  L.,  1624.  —  Bz.,  G., 

Arch.,  R.,  Sr.,T.,  E. 
Urginia  Scilla  Steinh.,    900.  —  As.,  G., 

Arch.,  Sr.,  E. 
Ornitiiogalum  *  Aucheri  Boiss.,  reg.  alp. 

—  *  sororum  Sch.  et  Kot. 

—  *   rydrîi  Sch.  et  Kot. 

AlliLiM  *  cilkicum  Boiss.,  1200-2274. 

—  sphœrocephaluiii  L.,  2209.  —  Tni., 

C,  G.,  E. 

—  frigidnm  Boiss.,  2599.  —  G. 

—  myrinnthmn  Boiss.,  1000. — As. 

—  cassiuin  Boiss.,  2112-2274.  —  Sr. 

—  *  Cydni  Sch.  et  Kot.,  reg.  alp. 
AspHooELiNE  taurica   Kth.,   reg.   alp.    — 

t:.,T.  . 

—  globifera  J.  Gay  mss.,  reg.  alp.—  Cp. 

—  *  prismalocarpa  .1.   Gay  mss.,  IGOO. 

—  *  isthinocarpa  J.  Gay  mss.,  lOno. 


AspiiODEi.ixr.*  Ba/f/nsœ  J.  Gay  mss.,  1000. 
PuALANGiUM  Liliago  Schrcb.,  1000.  — Ar- 
chip.  grœc. 

Smilacineap. 

PoLYGONATUM  *    ciHcicum  Sch.   et  Kot., 
I3i0. 

Cjperaceae. 

Carex  *  Schottii  Boiss.,  2304,   reg.  alp. 

—  nigra  Ail.  var.  uliginosa  J.  Gay. 

—  sempervireiis  Vill.  lar  ,reg.alp.  — E. 
KoBRESiA  cariciiia  Willd.,  2599.— C.,E. 
Blysmus  compressas  Panz.,  reg.  alp.  — 

C.,T.,E. 
FiMBRisTYLis  dichotoma    Vahl,    1200.  — 

R.,  C,  E. 
Cyperus  glaber  L. — As.,  C,  T.,  S.,  Sr., 

Gramineœ. 

Crypsis  alopeciiroides  Schrad.,  reg.  alp. — 

0.,  Cp.,  R.,  S.,  E. 
~   schœiioides   Lmk.,    1400,  —  0.,  R., 

C.,S.,E 
Alopecurus  angustifolius  Sm.,  2399.  — 

0.,  Bz.,  E, 

—  anthoxanthoides  Boiss.,  1000.  —  Sr. 
Phlelim   arenarium   L.    forma    orienlalis 

Boiss.,  1950.  —  As.,  G. 

—  ambiguimi  Ten.,  reg.  alp.  —  E. 

—  alpiinim  L.,  reg.  alp.  —  As.,  0.,  Bz  , 

R.,  E. 
PiPTATHERiM  paradoxum  Beauv.  Yar.  mi- 

cranthum,  1000.  —  E. 
Penniseti'm  orientale  Rich.,  1137.  —  As., 

Cp.,  Sr. 
Lappago  racemosa  Willd.,  1300.  —  Bz., 

R.,  T.,  es.,  E. 
Stipa  peiiiiata  L.,  2H00.  —  As.,  Sp.,  AI., 

C,  R.,  T,,S  ,  E. 

—  barbala  Desf.,  reg.  alp. —  Africa  bor. 
Aristella  bromoidcs  Bertol.,  1000.  — Bz., 

A.S..  G.,  E. 
Calama(;r()stis  olympica  Boiss.,  rcg.  alp. 

—  0. 
Avkna  dni>nensis  Boiss.,  reg.  alp.  —  Pr. 
TiusETi'M  Yalesiacum  Boiss.,  1400. —  E. 
Ventenata  macra  Boiss.,  1000.  —  Cp  , 

Am.,  C  ,  T. 

—  diibia  Coss.,  reg.  suhalp.  —  Algeria. 
Sesleria  elonpata   Ilost,  162i-l!>49.   — 

As.,  T.,  E. 

—  cœrulea  Ard.  forma  clalior,  reg.  alp. 


SÉANCE    IJL    13    NOVKMinU':   1857. 


881 


PoA  alpina  \..\ar.*brpvi/'iilia  Hoiss  ,  2.".9't. 

—  bulbosa  I,.  var.  vi\i|iara  Ktli.,  1200. 

—  As.,  T.,  H.,  E. 

—  compi-pssa  I,.,  1000.  — C,  T.,  S.,  K. 
Nkpiiei.uculoa  persica  l.odt'b.,  reg.  alp. — 

Ain.,  As.,  C,  Sr. 

—  —  var.  viojor.,  1600.  —  As. 
Festi'ca  sylvalica  L.,  1000.  —  E. 

—  varia  Ilost  var.  flavpsroiis,  l'JiO. 

—  diversifoliu  Hoiss.,  1000. — Sp. 
liRAciiYPODiUM  sylvaticum  H.  S.,  1000. — 

B/..,  C,  T.,  R.,  K. 

—  ramosuni  R.  S.  var.,  2599. 
Bromus  erertiis  Hutls.,  reg.  alp.  —  0., 

As.,  T.,C.,E. 


Bromiî.s  scpiarrosim  L. ,  1 000.  — C.  ,T. ,  S. ,  E. 

—  sciciopinjllits  lioiss.,  292i.  —  Tin. 
Agropyrijm  *  Tauri  Boiss.,  KiOO. 
TniTiciM  panorniitaiiiiMiBorlol.,9()(». — E. 
yEciLops  ovata  1,.,  |.i(»().  — As.  ,0.,  R.,G., 

K. 

—  triuncialis  I,.,  1000.  —  As.,  Hz.,  E. 
Ehianthus  Ravciiiia!  Hicli.,  1000.  —  As., 

C,  R.,  G.,  E. 
ANTinsTiniA*  bmchyanlha  Boiss  ,  CoO. 

Arohh'se. 

AnuM  *  spectabile  Schott. 
LscuARUM  eximiuni   Sch.   et  Kot.  —  Cil. 
cal  (1). 


(1)  .le  dois  faire  remarquer  que,  les  siihdivisions  des  genres  n'ayant  pu  être  in- 
diquées dans  celle  liste,  ainsi  que  je  l'ai  dit  plus  haut,  certains  groupes  y  ligurent 
comme  genres  qui,  d'après  la  classilicalion  que  j'ai  adoptée  ne  seront  admis  dans 
mon  grand  ouvrage  que  comme  sous-genres.  Dans  le  tableau  I  ces  sou.s-genres  ne 
sont  pas  comptés,  aliu  de  faire  concorder  les  conclusions  du  piéseiit  travail  avec 
celles  de  mes  iravau.x  ullérieuis.  Ce  sont  les  suivants  : 


Erviini  rapporté  à  Vicia, 

Onohrychis  à  Hedysarum, 

Farselia,  Aubrielia,  Fesicana  à  Alyssum, 

Peltaria  à  Clypeola, 

Cnchlearia  à  Draba, 

AlUaria  à  Sisyinbrium, 

Carpoceras  à  Tldaspi, 

Micromeria  à  Salureia, 

Knautia,  Pterocephahts  à  Scahiosa, 

Cota.  Chamœmchtm  à  Anthémis, 

Pyrelhrum  à  Chrysanthcnmm, 

llelichtysiim  à  Gnaphalium, 

Ilyalea,  Cheirolepis  à  Centaurea, 


Chaiiiœpeuce,  Cirsium,  Picnomon  à  Car- 

duus, 
Jurinca  à  Serratula, 
Mycelish  Lactuca, 
Barkhausia  à  Oepis, 
Asphodeline  à  Asphodelus, 
Polygonalum  h  Convailaria, 
Ftmbrislylis,  lilysnnts  à  Scirpus, 
Piptatherum  à  Milium, 
Triselmn,  Ventenata  a  Avena, 
Brachypodium  à  Festuca, 
Agrnpijrum  à  Triticum, 
Eriantkus  à  Saccharum. 


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882 

SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

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884 


soc;É'n';  botainiqle  di:  france. 


Tableau  IF.  —  Nombre  des  espèces  que  deux  massifs  possèdent  en  commun . 


Papilionacées  . 

Rosacées 

Linées 

(léraniacécs. . . 
Eiiphorbiacées. 
Ilhaninéos. . . . 
Célaslrinées. . . 
Caryopliyliées. 
Hypériciiiées. . 
I)ros('racées. . . 

(^riuiléres 

(j-assulacées.. . 

Saxilragées 

Onibclliféres  . . 
Pririuilacées.. . 
AcaiilhaLées .  . 
Scrofiilarices. . 

Solanéos 

G  en  M  cillées. . . . 

Ascl  piadées  . . 

I  Aspérifoliées. . 

Laliiécs 

Valéiiaiiées. . . 

Dipsacées 

SynanHiérées. . 
Gloliiilariées  . . 
Plûmliaiiinées. 
Plantaginées . . 
Polviionées..  . . 

Laminées 

'Tliy mêlées. . . . 
}  Loranlliacées.. 

l'iticées 

I  Plalanées 

Amenlacées. . . 

ISalicinées 

jConileres 

:  Orcllidées 

I  Graminées. . . . 


Totaux. 


B.  0. 


1 
1 
3 
1 
I 
S 
2 
1 
10 
2 
l 
4 
1 


6 
1 
1 
13 
I 
1 
1 

1 
-2 

1 

1 
1 

3 
1 


94 


B.   Ag. 


36 


B.  Al. 


33 


B.   Al-, 


17 


0    Ae 


O.   Al. 


3 
~22' 


0.   Al. 


Ag.Al. 


Ag.Ar. 


Al.  Ar. 


Les  conclusions  suivantes  lôsuitcnt  de  ces  tal)lc;uix  : 

I.  —  Sous  le  rapport  du  nombre  des  l'ciniilles,  les  cinq  massifs  se  rangent 
dans  l'ordre  suivant  :  Ol.ympe,  avec  81  familles,  dont  71  dicot.  et  10  mono- 
cot.;  lUdgardafçIi,  avec  73  familles,  dont  dk  dicot.  et  9  monocot. ;  Alidagli, 
avec  31  lamilles,  dont  2S  dicot.  et  3  nionoeot.  ;  .Ararat.  avec  29  familles, 
dont  26  dicot.  et  3  monocot.;  Aigée,  avec  30  familles,  dtmt  27  dicof.  et 
3  mcinocot.  C'est  donc  le  Biilgarda^li  qui  possédciait  conipaiativenuiil  le 
nomhre  le  plus  fort  de  familles  monocot.;  après  lui  \ieiidraient  d'abord 
l'Ararat,  puis  r.r  nujiia  les  antres  massifs.  I.a  proporlion  moyenne  v;\\vç  les 


SÉAlNCl';    l)L     i^    MOVKMHI'.K     lfSÔ7.  885 

faiiiilli's  moiiocot.  et  dicot.  serait  pour  les  cinq  massifs  à  peu  près  comme 
1  à  7  *. 

II. — Relativement  au  nombre  absolu  des  espèces,  leBulf:çardn^b  occuperait 
la  première  place,  et  les  auti'es  massifs  se  classeraient  dans  l'ordre  suivant: 
Olympe,  Argée,  Ararat,  Ali.  D'un  autre  côté,  si  nous  considérons  le  nombre 
des  espèces  dans  leur  rapport  avec  les  dimensions  des  massifs  qu'elles  ha- 
bitent, la  première  place  reviendrait  de  droit  au  mont  Ali,  car  tout  en  étant 
infiniment  plus  petit  que  les  autres,  il  ne  le  cède  que  de  trois  espèces  au 
mont  Ararat  et  de  (|uatorze  au  mont  Argée. 

Ifl.  — Sous  lepoint  de  vue  des  rapports  numériquesentrelesespècesmono- 
cot.  et  les  espèces  dicot. ,  le  Buliïardagh  se  rapproche  beaucoup  de  l'Olj'mpe, 
car  dans  l'un  et  l'autre  le  nombre  des  monocot.  est  de  plus  de  neuf  fois  in- 
férieur à  celui  (les  dicot.,  tantlis  que  dans  le  mont  Argée,  ce  rapport  est 
environ  comme  1  h  5,  dans  l'Alidagh  comme  1  h  12,  et  dans  l'Ararat  comme 
1  à  10.  La  proportion  moyenne  entre  le  chiffre  des  espèces  monocot.  et 
dicot.  serait  donc  pour  les  cinq  massifs  à  peu  près  comme  1  a  9.  Il  en  ré- 
sulte que,  parmi  les  cincj  massifs,  le  mont  Argée  est  le  seul  ((ui  indique,  entre 
les  monocot.  et  les  dicot.,  une  proportion  analogue  a  celle  généralement 
admise  pour  le  règne  végétal,  c'est-à-dire  comme  1  à  5,  et  que  sur  les  autres 
massifs,  lesdicot.  sont  relativement  bien  plus  nombreuses  que  partout  ailleurs. 
Ainsi  (lescouHderalious  purement  botaniques  poiteiaient  a  attribuerau  mont 
Argée  un  climat  plus  boréal  et  plus  humide  qu'aux  autres  massifs,  si  Ion 
admet  comme  règle  générale  que,  dans  les  régions  tempérées  des  deux  hémi- 
sphères, la  proportion  des  dicot.  augmente  et  celle  des  monocot.  diminue 
a  mesure  qu'on  se  rapproche  des  tropiques,  et  qu'avec  une  température 
analogue,  les  pays  humides  offrent  une  proportion  de  monocot.  plus  forte 
(Alph.  De  Candolle,  Géogr.  but.  II,  1180).  Au  reste,  mes  registres  des  espèces 
des  monts  Ali  et  Ararat  présentent  une  particularité  qui  pourrait  bien  être 
plutôt  l'effet  de  nos  notions  imparfaites  sin-  la  végétation  de  ces  monta- 
gnes qu'une  anomalie  réelle  :  c'est  l'absence  complète  des  Cypéracées  sur 
les  monts  Ali  et  Ararat,  et  la  réduction  des  Graminées,  sur  celte  dernière 
montagne,  à  une  seule  espèce.  Il  est  vrai  que  l'Ararat  a  été  bien  plus  ex- 
ploré que  le  mont  Ali,  visité  seulement  par  M.  Balansa  et  moi,  et  cepen- 
dant, dans  le  Flora  rossica  de  M.  Ledebour,  on  ne  voit  figurer  (|u'uue  seule 
Graminée,  le  Poa  littoralis  Gouan,  comme  venant  sur  l'Ararat;  si  ce  fait 
était  réellement  constaté,  il  serait  presque  unique  dans  son  genre,  c?.r  nous 
ne  connaissons  aujourd'hui  qu'un  seul  pays  (|ui  soit  dans  ce  cas,  c'est  l'ile 
de  .lava,  où  sur  près  de  3000  phanérogames  enumérées  par  M.  Blume,  les 
fiimilles  des  Giaminées  et  Cypéracées  manquent  complètement. 

IV.  —  Dans  le  Ikilgardagh,  l'Olympe  et  l'Ararat,  la  famille  la  plus  nom- 
breuse est  représentée  par  les  Synanthérées  qui,  sur  l'Ararat,  constituent 
plus  de  lacinciuième  partie  de  la  flore  phanérogamique;  mais,  tandis  que  dans 


886  SOCIÉTÉ   BOTANIQUI-:    DE    FRANCE. 

le  RuI^ardagii  les  Syiianthéiées  ne  l'emportent  que  de  très  peu  sur  les  Papi- 
lionacées  et  même  sur  les  Caiyophyllées,  elles  sont  dans  le  mont  Olympe 
deux  fois  plus  nombreuses  que  ces  deux  dernières  familles,  et  forment  à  elles 
seules  presque  la  huitième  partie  de  la  totalité  des  phanérogames  olympiennes; 
dans  le  Bulgardagh,  les  Synanthérées  ne  constituent  qu'à  peu  près  la  neu- 
vième partie  de  la  végétation.  Ainsi,  sur  les  trois  massifs  sus-mentionnés,  la 
grande  famille  des  Composées  offre  un  chiffre  relatif  supérieur  à  celui  qu'elle 
possède  habituellement,  et  qui  est  d'un  dixième  des  plantes  phanérogames 
(Alph.  De  Candolle,  Géogr.  bot.  II,  1113).  Il  en  est  tout  autrement  des 
monts  Argée  et  Ali,  car,  dans  le  premier,  la  famille  des  Graminées  est  la 
famille  la  plus  riche  et  y  représente  à  peu  près  la  septième  partie  de  la 
végétation,  et  dans  le  second  ce  rôle  appartient  à  la  famille  des  Papiliona- 
cées  qui  forme  presque  la  huitième  partie  de  la  flore  de  cette  montagne. 
Or,  la  prépondérance  des  Graminées  et  des  Papilionacées  constitue  deux 
faits  assez  rares,  puisque,  sur  environ  126  flores  des  pays  les  plus  opposés 
du  globe  que  M.  De  Candolle  {ibid.  p.  1190-1233)  passe  en  revue,  on  ne 
voit  que  21  localités  à  Papilionacées  et  17  à  Graminées  prédominantes. 
Parmi  les  21  localités,  toutes  situées  sous  des  latitudes  inférieures  à  h%°,  ce 
sont  les  îles  du  Cap-V(  rt  (lat.  15°  N.)  qui  offrent  à  peu  près  la  même  pro- 
portion que  le  mont  Ali,  entre  les  Papilionacées  et  le  reste  des  phanéro- 
games. Quant  aux  17  localités  à  Graminées  prépondérantes,  bien  qu'on  les 
retrouve  sous  les  parallèles  les  plus  divers  des  deux  hémisphères,  cependant 
dans  l'un  et  l'autre  elles  sont  plutôt  groupées  sous  les  latitudes  boréales;  de 
manière  qu'en  s'appuyant  sur  les  faits  nombreux  rapportés  par  M.  De  Can- 
dolle, on  pourrait  dire  qu'en  général  la  prépondérance  des  Graminées  carac- 
térise particulièrement  les  contrées  froides,  ou  bien  à  climat  humide  ou  in- 
sulaire, tandis  que  la  prépondérance  des  Papilionacées  accuserait  plutôt  des 
régions  à  faciès  éminemment  méridional.  Outre  les  familles  sus-mention- 
nées  du  Bulgardagh  comme  figurant  en  tête  de  toutes  les  autres  par  leur 
richesse  spécifique,  on  y  en  voit  quelques-unes  (jui,  sans  donner  un  chiffre 
assez  élevé  pour  pouvoir  entrer  en  concurrence  avec  ces  deraièi'es,  offrent 
cependant  une  quantité  d'espèces  supérieure  à  celle  que  ces  familles  pré- 
sentent ordinairement  dans  d'autie:)  pays.  Pour  ne  citer  qu'un  seul  exemple. 
Je  rappellerai  que  les  Cupulifères  y  sont  représentées  par  neuf  espèces, 
avec  non  nioins  de  dix-huit  vmHétés  exclusivement  locales,  et  dont  plusieurs 
tellement  caractéristiques,  qu'un  jour  peut-être  elles  seront  élevées  au  rang 
d'espèces  distinctes  (1). 

\^ — Parmi  les  espèces  qui  habitent  les  cinq  massifs  montagneux,  il  n'en 

(1)  Les  riches  coileclions  de  M.  Kotschy  renferment  une  si  grande  quantité  de 
formes  inlthTssanlos  de  Chênes  du  Bulgardagh,  que  le  répertoire  de  la  llore  de 
rAt>ie-i\liaeure  pourra  recevoir  un  notable  accroissement,  lorsque  M.  Kotschy  en 


siLvNCK  i)i;  13  NOVKMuiiK  1857.  887 

est  pas  une  seule  qui  soit  comuuiue  à  tous  les  cinq,  et  l'on  peut  même 
admettre  que  les  exemples  d'une  espèce  répandue  sur  trois  massifs  sont 
extrêmement  rares,  puisqu'un  examen  scrupuleux  de  tous  mes  volumineux 
registres  ne  m'a  fait  découvrir  que  les  espèces  suivantes  :  a)  sur  l'Olympe, 
le  Bulgardargh  et  l'Aiarat  :  Primula  auriculala  l.amk, ,  Scutellaria  orien- 
fcdis  L.;  b)  sur  l'Olympe,  le  mont  Argée  et  l'Ararat  :  Critamus  Falcaria 
Griseb.;c)  sur  l'Olympe,  l'Argée  et  le  Bulgardagh  :  Erigeron  alpinus  l.,.  Gé- 
ranium pyrenaicumL.,  Oxyria  digijna  Caïupd.,  Sedirm  olympicum  Boiss. , 
Daphne  oleoides  L.;  d)  sur  l'Argée,  le  Bulgarda^h  et  l'Ararat  :  Cotoneaster 
nummulariaV .  M . ,  Solidago  Virga  aurea  L. ,  A/kanna  orientalis Boiss. ;  e)  sur 
les  monts  Argée,  Ali  et  Ararat:  Astragalus  mollis  MB.;  f)  sur  l'Olympe,  le 
Buliîardagh  et  l'Alidagh  :  Arabis  tityrsoidea  S.  et  S.;  g)  sur  le  mont  Argée, 
le  Biilgardagh  et  l'Alidagh  :  Daphne  buxifoliaYc\h\.  Voilà  donc,  sur  un  total 
de  plus  de  2000  espèces  (|ui  habitent  les  cinq  massifs  montagneux  de  l'Asie- 
Mineure,  seulement  \U  espèces  qui  figurent  a  la  fois  dans  t7^ois  localités. 
D'ailleurs  même  celles  qui  en  embrassent  deux  n'offrent  qu'un  chiffre 
d'une  exiguïté  remarquable.  C'est  ainsi  cjue,  sur  le  Bulgardagh  et  sur  l'O- 
lympe (distants  d'enviion  ^80  kilom.),  les  espèces  que  ces  deux  montagnes 
possèdent  en  commun  ne  forment  que  la  dix-neuvième  partie  environ  de 
l'ensemble  de  leurs  espèces,  qui  est  de  1G65.  Quant  aux  autres  massifs,  la 
proportion  est  encore  beaucoup  plus  faible,  comme  on  pourra  en  juger  par 
les  exemples  suivants.  Bien  que  l'Alidagh  ne  soit  distant  du  mont  Argée 
que  seulement  d'environ  k  kilom.,  ces  deux  montagnes  n'ont  qu'a  peu 
près  cinq  espèces  en  commun,  c'est-a-dire  la  cinquante-cinquième  partie 
environ  de  l'ensemble  de  leurs  espèces  s'élevant  à  282.  !)e  même  le  Bul- 
gardagh, qui  n'est  éloigné  du  mont  Argée  que  d'environ  110  kilom.,  pos- 
sède en  commun  avec  ce  dernier  seulement  36  espèces,  c'est-a-dire  environ 
la  vingt-septième  partie  de  l'ensemble  du  chiffie  total  de  leurs  espèces, 
qui  est  de  992.  La  distance  entre  l'Olympe  et  l'Ararat  est  à  la  vérité  d'en- 
viron 1100  kilomètres,  mais  en  revanche  la  différence  moyenne  entre  les 
latitudes  respectives  n'est  même  pas  tout  à  fait  d'un  degré;  et  cependant  le 
nombre  des  espèces  qu'ils  ont  en  commun  ne  constitue  que  la  cent  quaran- 
tième partie  environ  de  l'ensemble  de  leurs  espèces,  qui  est  de  982.  La  dis- 
tance entre  le  Bulgardagh  et  l'Ararat  e.st  d'environ  170  kilomètres  et  la 
différence  entre  les  latitudes  est  de  moins  de  2  degrés  :  eh  bien!  les  es- 
pèces qui  leur  sont  communes  ne  constituent  que  la  soixantième  partie  de 
l'ensemble  de  leurs  espèces,  qui  est  de  990  ;  elles  ne  forment  que  la  qua- 
rante-cinquième partie  entre  l'Olympe   et  le  mont  Argée,  la  deux  cent 

aura  publié  les  diagnoses.  Pour  le  moment,  j'ai,  d'après  les  indications  de  M.  Ba- 
lansa,  réuni  à  litre  de  variétés  plusieurs  des  espèces  de  M.  Kolschy  seulement  con- 
nues de  nom,  à  certains  types  déjà  plus  ou  moins  parfaitement  établis. 


SS8  SOCIÉTÉ    nOTAMQL'R    DH    FK.V^CK. 

qiiatre-vin^lièinc  entre  l'Olympe  et  le  mont  Ali  (total  983)  et  la  cinquante- 
septième  entre  l'Ararat  et  lAigée  (total  des  espèces,  273).  T.n  un  mot, 
si  nous  prenons  la  moyenne  des  proportiins  (ju'i  ffient  sous  ce  rapport 
les  cinq  massifs,  elle  ne  donnera  que  le  cliiffre  modi(|ue  de  81,7;  ou  en 
d'autres  termes,  sur  environ  quatre-vingt-uue  espèces,  il  n'y  aurait  pour 
chaque  groupe  de  deux  massifs  qu'une  seule  espèce  qui  fùl  commune  aux 
deux  ;  et  cependant  la  distance  la  pins  considérable  qui  s'interpose  entre  les 
cinq  massifs  est  d'enxiron  1100  l<ilomètres,  c'est  celle  entre  l'Olympe  et 
l'Ararat,  c'est-à-dire  un  peu  plus  de  la  distance  (|ui  sépare  Paris  de  Berlin, 
tandis  que  le  maximum  de  différence  latitudinale  n'atteint  pas  trois  degrés, 
c'est  celle  qui  existe  entre  l'Olympe  et  le  Bulgardagb,  c'est-à-dire  à  peu 
près  celle  entre  Paris  et  Anvers. 

VI.  —  Parmi  les  cinq  massifs  de  l'Asie-Mineure,  aucun  ne  présente,  au 
même  degré  que  le  Bulgardagli,  le  phénomène  de  la  localisation  des  espèces, 
car  presque  le  tiers  de  sa  flore  phanérogamique  est  composé  d'espèces  ex- 
clusivement propres  à  l'Asie-Mineure,  parmi  lesquelles  plus  des  deux  tiers, 
c'est-à-dire  environ  le  quart  du  total  de  la  flore,  n'ont  été  trouvées  jusqu'à 
ce  jour  que  sur  cette  seule  montagne,  et  nulle  part  ailleurs;  de  façon  que, 
si,  par  l'originalité  de  ses  formes,  TAsie-Mineure  cimstitue  en  quelque  sorte 
un  petit  État  indépendant  dans  le  grand  royaume  végétal,  on  peut  dire 
que  le  Bulgardauh  figure  dans  cet  État  comnu'  une  république  séparée. 

Sous  ce  rapport,  le  Bulgardagh  a  probablement  très  peu  de  rivaux  dans 
les  parties  botaniquement  connues  de  notre  globe,  car  il  serait  difficile  de 
signaler  une  autre  montagne  dont  le  quart  de   la  flore  fût  composé  d'es- 
pèces locales,   et  presque  le  ^/ers  de  la  flore  d'espèces  n'habitant  que  la 
contrée  comparativement  restreinte  où  cette  montagne  se  trouverait  située. 
Au  reste,  si  dans  le  sens  absolu  le  Bulgardagh  l'emporte  sur  toutes  les  au- 
tres montagnes  de  la  péninsule  anatolique  par  sa  richesse  en  espèces  lo- 
cales, le  mont  Ali  peut  lui  disputer  la  palme  et  même  le  vaincre,  eu  égard 
à  l'exigu'ité  de  ses  dimensions  relativement  à  celles  du  Bulgardagh;  en  effet, 
presque  la  moitié  de  la  flore  du  mont  Ali  est  composée  d'espèces  exclusi- 
vement anatoliques,  parmi  lesquelles  plus  de  la  moitié,  c'est-à-dire  environ 
la  cinquièn)e  partie  de  la  flore  de  l'Ali,  n'a  été  trouvée  jusqu'ici  que  sur 
cette  montagne.  Après  le  Bulgardagh  et  l'Ali,  vient  le  mont  Argée,  où  les 
espèces  anatoliques  forment  la  troisième  partie  et  les  espèces  argéennes  en- 
viron la  septième  partie  du  total  de  la  flore;  puis  le  mont  Ararat,  dont  la 
septième  partie  environ  de   la  végétation  phanérogamique  appartient  aux 
tispèces  anatoliquesvt  la  onzième  environ  aux  espèces  exclusivement  pro- 
pres à  cette  montagiu'.  Enfin  la  dernière  place  est  occupée  par  l'Olympe, 
où  les  espèces  locales  ne  figurent  que  pour  un  douzième  environ  du  total 
de  la  végétation.  Ainsi,  les  agents  physiques  très  compliques  qui  donnent 
naissance  au  remar(|uable  phénomène  de  localisation  dis  types  végétaux, 


sKA^CK  m    13   NovKMimK  ISôT.  (S89 

paraissent  avoir  en  Asie-Mineure  leur  loyer  le  jiliis  actil'  dans  la  pailie 
boréale  de  laCilicieet  la  région  centrale  de  la  C.appadoee,  d'où  ils  rayonnent 
encore  avec  assez  de  force  dans  la  direction  de  l'est,  en  atteignant  les 
plateaux  de  l'Arménie,  tandis  qu'ils  semblent  au  contraire  perdre  de  leur 
énerGic  dans  le  sens  de  l'ouest,  en  n'excrcint  en  liitbynie  qu'une  inllnence 
comparativement  plus  faible. 

VII.  —  I  es  proportions  numériques  que  J'ai  indi(|uées  pour  ebncnn 
des  cin(|  massifs,  entre  les  espèces  (jui  leur  sont  propres  et  le  total  de  leur 
végétation,  nous  ont  déjà  fait  pressentir  les  différences  que  doivent  pré- 
senter entre  elles  leurs  flores  respectives,  sous  le  rapport  du  rôle  qu'y  jouent 
les  espèces  européennes  ou  du  moins  non  étrangères  a  l'Europe.  Malgré 
l'état  imparfait  de  nos  connaissances  relativement  à  la  végétation  des  mas- 
sifs dont  il  s'agit,  nous  pouvons  admettre,  sans  crainte  d'erreur,  (|ue  le 
mont  Olympe  est  celui  des  ein(|  massifs  qui,  sous  ce  point  de  vue,  réclame 
le  premier  rang,  puisque  le  nombre  des  espèces  européennes  y  atteint  pres- 
que la  moitié  du  total  de  la  végétation.  Le  mont  Argée  parait  devoir  se 
placer  immédiatement  après  l'Olympe,  les  espèces  européennes  y  consti- 
tuant à  peu  près  le  tiers  de  la  végétation.  Puis  viendrait  l'Ararat,  où  ces 
espèces  forment  à  peu  près  le  quart  du  total.  Le  Bulgardagb,  dont  à  peine 
un  cinquième  de  la  végélation  appartient  aux  espèces  européennes,  n'occu- 
perait que  le  quatrième  rang.  Enfin  l'Alidagli  se  placerait  à  la  fin;  plus  que 
les  quatre  autres  massifs,  en  effet,  celui-ci  parait  empreint  d'un  cacliet  ori- 
ginal, sa  llore  éminemment  locale  n'accordant  qu'environ  une  neuvième 
partie  aux  types  européens. 

VIII.  —  Après  avoir  éliminé  des  espèces  qui  constituent  la  flore  de  chacun 
des  cinq  massifs:  1°  les  espèces  anatoliques  ;  2"  les  espèces  exclusivement 
locales;  et  enfin  3°  les  espèces  qu'ils  ont  en  commun  avec  l'Europe,  en 
prenant  ce  nom  dans  le  sens  restreint  que  je  lui  ai  assigné,  voici  pour 
chaque  massif  les  chiffres  de  l'excédant,  c'est-à-dire  des  espèces  qu'ils  ont 
en  commun  avec  les  contrées  (Bumélie,  Grèce,  Crimée,  Arménie,  Perse, 
Caucase,  Sibérie  et  Asie  centrale)  dont  J'ai  désigné  le  caractère  végétal  par  le 
terme  collectif  de  type  rtrmeno-caî<cosïen:B. =521  (plus  de  la  moitié  du  total), 
O.=550  (id.),  Ag.=78  (presque  la  moitié).  Al. =5/;  (id.j,  Ar.=83  (moins 
de  la  moitié).  Je  m'abstiendrai  de  signaler  les  considérations  nombieuses  et 
intéressantes  (jue  pourrait  suggérer  l'appréciation  de  l'influence  que  les  es- 
pèces arméno-caucasiennes  exercent  sur  la  végétation  de  chacun  des  cinq 
massifs  de  l'Asie-Mineure  ;  il  suffira  pour  le  moment  d'observer  que,  sur 
le  mont  Ararat,  ces  espèces  semblent  être  un  peu  moins  répandues  que  sur 
les  quatre  autres  montagnes,  ce  t|ui  est  contraire  aux  prévisions  qu'auraient 
dû  faire  naître  les  positions  géographi([ues  respectives;  d'un  autre  côté,  le 
mont  Ararat  possède,  en  commun  avec  la  (primée,  un  nombre  d'espèces  re- 
lativement plus  considéi'able  que  les  quatre  autres  massifs,  ce  qui  égale- 


890  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DD    FKANCE. 

ment  n'aurait  pu  être  admis  à  priori.  Cette  dernière  particularité  constitue 
un  fait  curieux,  mais  qui  vient  à  l'appui  des  considérations  exposées  dans 
ma  Climatologie  de  l'Asie- Mineure,  relativement  au  climat  des  deux  rives 
opposées  du  Pont-Kuxin  (1).  1!  paraîtrait  en  effet  que  le  type  du  climat 
excessif,  qui  atteint  sur  le  plateau  de  l'Arménie  peut-être  son  plus  haut 
point  de  développement  connu  (2),  trouve  sur  le  littoral  boréal  du  Pont- 
Euxin  (également  empreint  de  ce  type),  et  notamment  en  Crimée,  plus  de 
conditions  analogues  que  sur  les  autres  points  de  l'Asie-iMineure. 

IX.  —  Pour  apprécier  les  espèces  qui,  en  Asie-Mineure,  s'élèvent  aux 
hauteurs  les  plus  considérables,  je  ne  tiendrai  compte  ni  du  mont  Olympe, 
ni  du  mont  Ali,  parce  qu'ils  n'atteignent  point  la  l'égion  des  neiges  perpé- 
tuelles, et  par  conséquent  je  ne  m'occuperai  que  de  l'Ararat,  du  mont 
Argée  et  du  Bulgardagb,  en  y  notant  seulement  celles  des  espèces  qui  dé- 
passent l'altitude  de  oOOO'". 

Ababat.  —  Astrogalus  mollis  MB.  ait.  ^222".  Alsine  recurva  Wahlb. 
4222".  Cerastium  Kusbeck  C.  A.  Mey.  Zi222'".  Saxifraga  muscoides  Wulf. 
4222".  Erigcron  pulchelliis  DC.  4222°".  Cl/amœnielnm  caucasicum  Boiss. 
4222".  yEtheopappus  pidclierrimus  Cass.  4222".  Tragopogon  pusillus  MB, 
4222'".  Scorzonera  coronopifolia  DC,  3897". 

BuLGABDAGH.  —  Astrcigalus  chionophilus  Boiss.  3248"'.  A.  amœnus 
Fenzl.  3248".  Erodium  Kotschyanum  Buiss.  mss.  3250"'.  Euphorbia  densa 
Sch.  et  Kot.  3249"\  Viola  crassifolia  Fenzl.  32^9"'.  Arabis  Billardieri 
DC.  3086'".  AlijssKm  argyrophyllum  Sch.  et  Kot.  3248"'.  Druba  acaulis 
Boiss.  3249"\  Eunomia  rubescens  Sch.  et  Ivot.  3800">.  E.  rotumlifolia  C. 
A.  Mey.  3512'".  E.  oppositifolia  DC.  3249'".  Arenaria  neclgkerrensis  W.  A. 
3100'".  Anthémis  Kotschyana  Boiss.  var.  pœcilpeis  Kot.  3570"'.  Scorzonera 
cinerea  Boiss.  3086'".  Derouetia  frigida  Boiss.  3200". 

Abgée.  —  Oxijtropis  cyanea  MB.  3206'".  Astragalus  chionophilus  Boiss. 
3005'".  A.  nummularius  Lmk.  3005".  A.  argœiis  Boiss.  3206".  Euphorbia 
nicœensis  AU.  3840™.  Silène  argœa  F.  M.  3005"'.  Alsine  recurva  Wahlb. 
3005'".  Cerastiwn  argœum  Boiss.  mss.  3650'".  Sedum  objmpicum  Bois.s. 
3005"".  Androsace  olympica  Boiss.  3200"'.  Scrofularia  olympica  Boiss. 
3840"^  Veronica  gentianoides  Vahl.  3200"'.  Myosotis  pcdustris  With. 
3005"'.  Festuca  duriuscula  L.  var.  glabra  Boiss.  3707"". 

Nous  voyons  par  cette  indiiation  sommaire  que  les  espèces  principales 
qui,  en  Asie-lMineure,  atteignent  les  altitudes  les  plus  considérables, 
espèces  parmi  lesquelles  plus  de  la  moitié  sont  étrangères  a  l'Europe, 
appartiennent  particulièrement  aux  lamilles  suivantes  :  Papiliouiicées,  Vio- 
iariées,  Crucifères,  Caryophyilées,  Synanthérées,  Primulacées,  Saxilragées, 

(1)  Voy.  mon  Asie-Mineure,  vol.  II,  p.  104-106. 

(2)  /6îc/.,p.  256-282. 


SÉANCE    DU    13    NOVEMBRK    1857.  891 

Sn-ofiilariécs,    Aspéiifoliées,   Eiiphorbiacées  et  Gramiiu'cs,  bien  que  sur 
chacur)  des  trois  massifs  ces  familles  soient  différemment  représentées,  tant 
sous  le  rapport  des  genres  et  des  espèces  que  sous  celui  du  nombre,  puisque 
sur  le  mont  Araral  ce  sont  les  Synanthérées  qui  dominent,  sur  le  Bul^ar- 
dagh   les   Papilionacées,  et  sur  le  mont  Argée  les  Caryophyllées.   Nous 
voyons  de  pins,  qu'à  l'exception  du  mont  Argée  qui  seul  parmi  les  trois 
massifs  nous  offre  une  Graminée,  les  monocotylédones  ne  figurent  point 
parmi  les  plantes  des  régions  les  plus  élevées  des  trois  massifs.  ICnfin  nous 
voyons  que  ces  régions  reproduisent  en  petit  le  remarquable  pbénomène 
de  localisation  développé  en  grand  dans  le  tableau  général  de  la  végétation 
des  montagnes  de  l'Asie-Mineure;  en  effet,  parmi  les  36  espèces  que  j'ai 
citées   comme   leprésentant   les    altitudes   les  plus   considérables  qu'at- 
teignent les  végétaux  pbanérogames  sur  les  trois  massifs  dont  il  s'agit, 
deux  seulement,  savoir  V Astragalus  chionophilus  et  VAlsine  recicrva,  sont 
communes  à  deux   localités,  et  nommément  la  dernière  espèce  à  l'Ararat 
et  à  l'Argée,  et  la  première  à  l'Argee  et  au  iJulgardagb;  toutes  les  autres 
espèces  se  trouvent  rigoureusement  linùtées  a  un  seul  massif,  ce  qui  est 
particulièrement  le  cas  pour  le  Bulgardagb,  qui  a  l'air  de  tenir  à  conserver 
partout  sa  tranchante  individualité,  et  de  se  montrer  original  des  pieds 
à  la  tête,  puisque,  même  dans  ses  plus  hautes  régions,  il  n'admet,  pour 
la  plupart,  que  des  espèces  inconnues  à  l'Europe,  tandis  que  dans  les  ré- 
gions analogues  de  l'Argée  et  de  l'Ararat  quelques  formes  européennes 
osent  s'associer  aux  formes  orientales. 

X. — Pour  compléter  ces  observations  sommaires  sur  la  végétation  des 
cinq  massifs  montagneux  de  l'Asie-Mineure,  j'aurais  dû  discuter  plus  que 
je  ne  l'ai  fait  les  résultats  qu'ils  m'ont  fournis,  en  les  comparant  avec  ceux 
que  présentent  les  hautes  montagnes  dans  d'autres  pays  ;  de  même  j'aurais 
dû  donner  quelque  développement  aux  considérations  générales  que  sug- 
gèrent toutes  ces  études  comparées,  parmi  lesquelles  il  en  est  une  surtout 
qui  pourrait  conduire  à  des  aperçus  intéressants  :  c'est  celle  du  phénomène 
curieux  de  localisation  si  fortement  prononcé  en  Asie-Mineure,  phénomène 
qui  se  rattache  à  la  grave  question  des  espèces  disjointes,  à  laquelle  M.  Alph. 
De  Candolle,  dans  l'excellent  ouvrage  que  nous  connaissons  et  admirons 
tous,  a  avec  raison  attaché  une  si  grande  importance,  car,  en  effet,  elle 
peut  jeter  (pielque  lumière  sur  l'origine  probable  des  espèces  en  général. 
Malheureusement  les  limites  imposées  à  mon  travail  me  défendent  de 
m'élever  aux  abstractions  de  la  philosophie  botanique,  bien  qu'elles  con- 
stituent le  résultat  le  plus  attrayant  et  la  récompense  la  plus  flatteuse  de 
l'aride  et  fatigant  labeur  de  classification  des  faits  locaux  auquel  je  me  suis 
particulièrement  attaché. 

Il  ne  me  reste  donc,  Messieurs,  qu'à  vous  prier  de  vouloir  bien  remar- 
quer que  le  travail  soumis  aujourd'hui  à  votre  bienveillante  appréciation 


892  SOCIÉTK    HOTAHIQll':    l)K    MtA.NCi:. 

n'est,  tipiès  tout,  qu'un  fragment  mutile;  cependant,  ([uoitiu'il  donne  à 
peine  une  idée  de  tout  le  développement  dont  le  sujet  est  susceptible,  et 
que  je  désire  lui  donner  un  jour  malgré  les  difficultés  de  la  tâche,  il  pourra 
peut-être  me  valoir,  dès  à  présent,  quelques  titres  à  l'indulgence  de  la  So- 
ciété. 

Je  n'ai  presque  pas  besoin  d'ajouter  qu'un  travail  qui  a  pour  objet  la 
description  d'un  grand  pays  très  imparfaitement  exploité  devra  nécessaire- 
ment demeurer  fort  incomplet,  lors  même  qu'on  lui  ;iura  donné  le  degi'é  de 
perfection  dont  il  est  susceptible.  La  valeui'  d'un  tel  travail  aura  toujours 
quelque  chuse  de  relatif.  Malgré  cette  défectuosité  inhérente  au  sujet  même, 
je  crois  cependant  pouvoir  me  flatter  de  l'espoir  (|ue,  ((uand  j'aurai  utilisé 
tous  les  matériaux  en  ma  possession,  je  serai  a  même  de  toucher  de  près 
le  but  que  je  me  propose,  savoir,  de  tracer  un  tableau  de  la  péninsule 
anatolique  suffisamment  complet  pour  donner  une  idée  des  traits  (lui  ca- 
ractérisent sa  lloi'e  et  la  distinguent  de  celles  des  auti-es  pays.  Cet  espoir  est 
particulièrement  fonde  sur  les  considérations  suivantes  : 

1.  Bien  qu'encore  très  peu  explorée  dans  ses  détails  locaux,  l'Asie-Mi- 
neure  a  cependant  été,  pendant  les  vingt  dernières  années,  visitée  par  un 
assez  grand  nombre  de  botanistes  pour  que  les  formes  les  plus  rares  de  sa 
végétation  n'aient  pas  été  négligées,  de  sorte  que  la  majorité  des  espèces 
nouvelles  qu'elle  possède  est  déjà  acquise  à  la  science. 

2.  Par  le  même  motif,  on  peut  admettre  ((n'en  fait  d'espèces  déjà  con- 
nues ailleurs,  celles  (|ui  n'ont  pas  encore  été  signalées  en  Asie-Mineure  y 
doivent  être  fort  rares,  et  que  par  consé(juent  les  découvertes  ultérieures 
auront  particulièrement  pour  effet  de  changer  le  chiffre  absolu  des  es- 
pèces et  même  des  genres,  sans  détruire  les  valeurs  numériques  ([ui,  d'a- 
près nos  connaissances  actuelles,  expriment  en  Asie-Mineure  les  rapports 
ou  proportions  entre  les  grandes  divisions  du  règne  végétal  (monocot.  et 
dicotyl.),  ainsi  qu'entre  les  familles,  genres  et  espèces.  I,e  fait  est  que,  si 
certaines  familles  monocotylédones,  comme  les  Graminées,  les  Cypéra- 
cées,  etc.,  sont  certainement  plus  exposées  a  échapper  a  l'attention  des 
observateurs,  plusieurs  familles  dicotylédones  se  trouvent  dans  le  même 
cas,  ou  du  moins  leur  absence  dans  mes  registres  ne  peut  être  en  paitie 
expliquée  que  par  le  man(|ue  d'observations,  de  sorte  que  les  erreurs  se 
compenseront.  Ainsi,  pour  ne  citer  que  quelques  exemples,  je  rappel- 
lerai que,  si  des  recherches  ultérieures  prouvent  que  mes  registres  sont 
incomplets  (et  certes  ils  le  sont  en  généra!)  quand  ils  montrent  sur 
l'Ararat  les  Graminées  réduites  à  une  seule  espèce,  les  Cypéracécs  y  man- 
quant complètement,  ainsi  que  sur  le  mont  AU,  et  seulement  représentées 
par  trois  espèces  sur  l'Olympe,  etc.;  d'un  autre  colé,  on  peut  également 
prévoir   que  plusieurs   genres    et  même   quelques  familles  dicotylédones 


si;:ANrj.:  du  d3  novi:mduk  1857.*  893 

que  mes  registres  ne  mciilioiiiuiit  point  dans  ces  massifs,  ou  ne  icpri;- 
seiitent  (|iie  par  un  cliiffie  insifinidant,  y  seront  plus  laid  siunak's  et 
représentés  plus  lar|i;ement,  car  le  maii(|i;e  prcscjuc  absolu  des  Graminées 
sur  l'Ararat,  1  extrême  exiguïté  du  chiffre  des  Gypéracccs  sur  l'Olympe, etc., 
sont  tout  aussi  peu  probables  que  l'absence  de  certaines  familles  dicotylé- 
dones que  mes  registres  ne  signalent  pas  sur  l'Ararat,  telles  que  les  Ku- 
phorbiacées,  Violariées,  Droseracées,  Kricaeées,  V'alérianées,  Orobancbées, 
Campanulacées,  Tliyuiclées,  etc.,  familles  dont  la  plupart  ne  figurent  pas 
non  plus  dans  mes  catalogues  des  espèces  de  l'Argée  et  du  mont  Ali.  Il  en 
résulte  donc  (|ue  les  augmentations  et  rectilications  porteront  également 
sur  toutes  les  familles,  s;>ns  (jue  les  rapports  numériques  que  j'ai  établis 
subissent  des  changements  assez  notables  pour  détruire  la  validité  des 
conclusions  générales  que  j'en  ai  lirées. 

3.  Les  doutes  que  de  prime  abord  pourrait  inspirer  la  valeur  du  grand 
nombre  d'espèces  nouvelles  (jui  figurent  dans  la  flore  de  i'Asie-Mineure  sont 
atténués  par  cette  considération  (]ue  la  majorité  des  espèces  ont  été  créées 
par  deux  savants  des  plus  consciencieux,  et  qui  certes  figurent  en  tête  des 
botanistes  (|ui  s'occupent  de  la  flore  orientale,  je  veux  dire  M.  Fenzl,  et 
surtout  M.  Boissier,  auquel  ses  magniliques  herbiers,  ainsi  ([ue  de  nom- 
breux essais  de  culture  entrepris  dans  le  but  de  contrôler  la  légitimité  de 
ses  espèces,  fournissent  assez  de  moyens  de  les  établir  solidement,  pour  ne 
pas  admettre  qu'une  bonne  partie  parmi  elles  ont  déjà  acquis  le  droit  de  se 
placera  côté  de  leurs  congénères  le  mieux  accréditées;  et  si,  comme  il  est 
naturel  de  le  supposer,  (|uelques-unes  même  doivent  linir  par  être  rayées, 
cette  lacune  se  trouvei-a  comblée  par  d'autres  espèces  réellement  nouvelles 
que  renferme  l'Asie-Mineure;  de  sorte  qu'ici  encore  la  valeur  des  rapports 
numériques  ne  court  pas  giand  risque  d'éprouver  une  noiable  altération,  et 
que  le  nombre  d'espèces  exclusivement  anatoliques  (ou  du  moins  orien- 
tales) restera  toujours  énorme  comparativement  aux  espèces  européennes  ou 
non  exclues  de  l'Iùirope. 

Cette  appréciation  générale  de  l'influence  que  peuvent  exercer  sur  la 
valeur  réelle  de  mon  travail  la  nature  incomplète  des  matériaux  qui  lui  ont 
servi  de  base  et  l'accroissement  de  ces  derniers  par  les  découvertes  ulté- 
rieures, peut  donc  me  confirmer  dans  l'espoir  que  j'ai  déjà  exprimé 
plus  haut,  c'est-à-dire  que  toutes  ces  défectuosités  n'enlèveront  point  au 
tableau  que  j'essayerai  d'es(|uisser  le  seul  mérite  auquel  il  ose  prétendre, 
savoir,  celui  d'offrir  pour  la  première  fo's  une  expression  de  l'origiual 
suffisamment  exacte  pour  traduire  les  proportions  entre  les  traits  carac- 
téristiques qui  le  composent,  et  pour  donner  aux  contours  une  valeur 
indépendante  des  modifications  qu'éprouveront  un  jour  les  détails.  Sans 
doute  le  mérite  de  la  silhouette  n'est  pas  toujours  le  même  que  celui  du 
portrait;  mais(iuand  l'original  ne  pose  pas  et  ([u'on  ne  peut  saisir  son  image 


89/i  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE   FRANCE, 

qu'en  passant,  tout  dépend  du  degré  d'importance  qu'attache  le  public  à 
()i)tenir  cette  dernière,  ainsi  que  du   besoin  (ju'i!  éprouve  de  préférer  la 
possession  d'une  ébauche  à  l'attente  indéfinie  d'un  portrait.  Aussi,  lorsqu'il 
s'aïit  d'un  vaste  pays  encore  très  peu  connu,  et  dont  l'exploration  tant  soit 
peu  complète  est  placée  dans  une  perspective  lointaine,  les  aperçus  géné- 
raux peuvent  non-seulement  satisfaire  aux  exigences  du  moment,  mais 
encore  servir  l'avenir,  en  formulant  d'avance  certaines  lois  de  proportion  et 
de   corrélation  entre  les  éléments  constitutifs,  lois  qui  conserveront  une 
partie  de  leur  valeur  lors  même  que  le  chiffre  absolu  de  chacun  de  ces  élé- 
ments aura  changé.   jN'os  connaissances  des  grands  principes  de  la  géo- 
eraphie  botanique  seraient  aujourd'hui  bien   restreintes  si  elles  n'avaient 
pour   matériaux   que  de  petits  cantons  consciencieusement  calqués    par 
d'imperturbables  photographes.   Ce    n'est  que  quand  les  grands  et  aven- 
tureux travaux  des  premières  reconnaissances  ont  été  faits  que  peuvent 
arriver  les  descripteurs'  spéciaux  5  et  ce  n'est  qu'à  ces  derniers  que  s'adres- 
sent les  sages  paroles  par  lesquelles  M.  Alph.  De  Candolle  termine  son  ad- 
mirable ouvrage  [Géogr.  bot.  If,  13Zi9),  en  disant  aux  botanistes  :  Voyagez 
moins;  comme  aussi  ce  n'est  qu'aux  cultivateurs  des  terres  parfaitement 
connues  de  notre  vieille  Europe  que  l'agriculture  moderne  a  le  droit  de  dire  : 
Ayez  moins  de  champs.  Mais,  pris  dans  un  sens  absolu  et  exécute   trop 
riooureusement,  cet  avis  aurait  eu  pour  premier  effet  de  nous  priver  de  bien 
des  ébauches  immortelles,  comme  celles  des  contrées  du  nouveau  monde, 
crayonnées  par  la  main  vigoureuse  de  M.  de  Humboldt,  qui  heureusement 
ne  s'est  point  borné  à  l'étude  monographique  de  quelque  district,  mais  qui 
a  préféré  voyager  beaucoup,  en  se  contenlant,  pour  la  gloire  de  sou  siècle, 
d'esquisser  a  grands  traits  des  régions  inconnues  avant  lui,  et  de  laisser  à 
ses  successeurs  le  soin  de  reloucher  et  de  conipléter  son  cadre  impéris- 
sable; tant  il  est  vrai  que,  bien  que,  dans  les  sciences  d'observation,  il  n'y  ait 
point  de  principe  plus  important  que  celui  qui  prescrit  de  remonter  ù  la 
synthèse  par  l'analyse,  on  doit  cependant  admettre  que  la  découverte  de  cer- 
taines lois  générales  peut  devancer  quelquefois  de  beaucoup  l'analyse  minu- 
tieuse de  la  totalité  des  faits  qui  leur  servent  réellement  de  base.  C'est  qu'en 
embrassant  un  vaste  terrain,  l'observateur  habitué  a  la  généralisation  saisit 
un  faisceau  compî\cte  d'éléments  qui  ne  se  trouvent  point  réunis  dans  un 
espace  [)lus  restreint,  de  sorte  qu'il  parvient  souvent  a  deviner,  pour  ainsi 
dire,  certains  résultats  qu'on  ne  pourrait  obtenir  que  bien  plus  tard  par 
l'étude  laborieuse  de  chacune  des  localités  dont  l'ensemble  seul  peut  les 
donner. 

J\I.  Germain  de  Saint-Pierre  fait  à   la  Société  la  communication 
suivante  : 


SÉANCE    DU    13    NOVEMBRE    1857.  895 

STRUCTURE    BICARl'ELLAIHE     DE    L'OVAIRE     DANS     LA    FAMILLE     DES     B0RRA6INÉKS  , 
DÉMONTIiÉE    l'AP.    L'Él'UDE    D'UNE     CIILORANTIIIE     DU     MYOSOTIS     C/ESPITOSA  ,     par 

n.  E.  CiEUM.tBX  i»i:  $!>Aii\T.pii:Ritii:. 

La  structure  des  ovaires  fjiynobasiques  de  la  famille  des  Labiées  et  de 
celle  des  Borraniiiées  ne  devait  pas  être  recoiimie  tl  explicpiée  de  bonne 
heure;  l'ovaire  des  plantes  de  ces  familles  est  en  effet  de  ceux  dont  le  nom- 
bre exact  des  feuilles  carpellaires  constituantes,  est,  à.  priori,  difficile  à  dé- 
terminer. Dans  certains  groupes,  la  difficulté  de  reconnaître  le  nombre  réel 
des  carpelles  dont  se  compose  l'ovaire  résulte,  soit  de  divers  ari'êtsde  déve- 
loppement, soit  d'avortemenis  partiels,  soit  de  modes  particuliers  de  déhis- 
cence,  soit  enfin  de  la  soudure  bord  à  boid  des  carpelles  dans  toute  leur 
étendue  et  de  leur  non-séparation  à  la  maturité.  Chez  les  Labiées  et  les  Bor 
raginécs,  le  nombre  réel  des  feuilles  carpellaires  est  dissimulé  par  une  bifi- 
dité  complète  de  cba(|ue  carpelle. 

Dès  le  moment  de  la  floraison,  l'ovaire  des  Labiées  et  des  Borraginées  pa- 
raît en  effet  composé,  comme  on  sait,  de  quatre  parties,  (|ni  semblent  entiè- 
ment  libres  et  indépendantes  l'une  de  l'autre  dans  toute  leur  étendue.  Ces 
quatre  parties  (lobes)  devaient  naturellement  être  considérées  comme  con- 
stituant quatre  carpelles  distincts  ;  le  style  unique  et  bifide  qui  s'élève  entre 
elles  était  regardé  comme  le  résultat  de  la  réunion  de  quatre  styles  simples 
partant  chacun  du  sommet  (défléchi  jusqu'au  niveau  du  gynobase)  de  cha- 
cun des  carpelles.  Ce  style  composé  étant  bilide  et  non  qoadrifide,  sa  l)ifi- 
dité  pouvait  donner  a  penser  (lu'il  était  formé  de  deux  styles  cori'espondant 
chacun  à  un  carpelle  bilobé  ;  niais  on  pouvait  penser  aussi  que,  chacun  des 
quatre  lobes  de  l'ovaire  représentant  un  carpelle,  chacun  des  deux  stig- 
mates était  le  résultat  de  deux  stigmates  soudes.  —  Le  nombre  des 
divisions  du  style  et  le  nombre  apparent  des  stigmates  ne  correspondent 
pas  toujours,  en  effet,  au  nombre  des  feuilles  carpellaires.  Chez  les  Saules, 
par  exemple,  le  nombre  des  stigmates  est  souvent  double  de  celui  des  car- 
pelles; nous  avons  pu  récemment  démontrer  d'une  manière  évidente  (par 
l'observation  de  la  fleur  femelle  du  Salix  babylonica  anormalement  dé- 
veloppée en  organes  foliacés)  que  le  nombre  des  carpelles,  dans  le  genre 
Salix,  est  le  nombre  deux,  comme  on  l'admettait,  du  reste,  malgré  l'appa- 
rence de  quatre  stigmates  (1). 

L'examen  de  l'ovaire  chez  les  Labiées  et  les  Borraginées,  pendant  la  pre- 
mière période  de  son  existence,  avait  donné  à  penser  que  le  nombre 
normal  des  feuilles  carpellaires  dans  ces  familles  tievait  être  le  nombre 
deux,  mais  aucun  fait  démonstratif  n'était  venu  fournir  une  preuve  irrécu- 
sable de  l'exactitude  de  ce  fait,  lorsque  certaines  anomalies  observées  chez 

(1)  Voy.  le  Bulletin,  t.  IV,  p.  617. 


80(5  '    SOCIÉTÉ    BOTANIQIK    DE    FRANCE. 

diverses  plantes  de  la  famille  des  Labiées  vinrent  démontrer  d'une  manière 
évidente  la  structure  bicarpellaire  de  l'ovaire  ehez  cette  première  famille. 
Un  Stachijs  sj/loatica  à  fleurs  tondant  à  revèlir  la  forme  foliacée,  recueilli 
par  M.  .1.  Gay,  il  y  a  piusieui's  années,  et  que  notre  savant  confrère  a  bien 
voulu  me  communiquer,  a  été  l'objet  de  mon  examen,  et  J'ai  présenté  à  la 
Société  le  résultat  de  cette  étude  (1). 

La  ressemblance  qui  existe  entre  l'ovaire  ou  le  fruit  des  Labiées  et  des 
Borraginées  devait  faire  penser  ([ue  si,  dans  la  première  de  ces  deux 
familles,  l'ovaire  est  composé  de  deux  carpelles  seulement,  la  structure  est 
la  même  dan^  la  seconde;  mais  une  induction,  (jnelque  rationnelle  qu'elle 
puisse  être,  n'équivaut  pas  à  une  démonstiation,  et  j'avais  vainement 
cberché  dans  la  nature  et  dans  les  collections  un  cas  de  cbloranlbie  qui 
vînt  apporte!'  pour  les  Borraginées  un  témoignage  irrécusable,  analogue  à 
celui  que  le  genre  Stachys  avait  fourni  pour  la  famille  des  Labiées, 
lorsque  mon  ami  ^L  de  Scbœnefeld  rencontra  dans  son  piopre  jardin  {à 
Saint-Germain  en  Laye)  l'anomalie  si  désirée.  iNotre  bonoiable  confrère 
avait  joint  celte  année  a  son  intéressante  culture  de  Crassulacjes  la  culture 
de  quelques  formes  de  plusieurs  Mijosotis  aquati(|ues  ;  dans  le  courant  d'oc- 
tobre il  l'emarcjua  (|ue  son  M.  cŒspitosa  présent.iit  un  aspect  insolite  :  les 
nombreux  individus  de  cette  espèce  qui  végétaient  isolés  dans  une  terrine 
étaient  pres([ue  tous  et  a  di\ers  degrés  affeclésde  chloianlbie. 

^L  de  Si'bcenefeid  ayant  bien  voulu  me  confier  l'examen  de  cette  intéres- 
sante anomalie,  jai  constaté  les  faits  suivants  :  Les  fleurs  d'un  certain  nombre 
de  rameaux  sont  sul)n^)rmales  ;  d'autres  tiges,  en  plus  grand  iiombie,  pré- 
sentent sur  un  mênu'  rameau  florifère  des  fleurs  anomales  à  divers  degrés. 
—  Dms  une  premeie  déformation  le  calice  est  encore  campanule,  mais  ses 
lobes  sont  amples  el  étales  ;  la  corolle  est  au  contraire  plus  petite  (|n'cà  l'état 
normal,  ses  cin((  lobes  sont  courts  et  dressés,  elle  est  de  couleur  verdâtre; 
les  étamines  sont  suhnormales  et  présentent  seulement  une  tendance  à  s'a- 
trophier. L'ovaire  est  très  amplifié,  mais  il  conserve  encore  quekiue  chose  de 
sa  forme  noiinale  ;  il  est  absolument  semblable  à  celui  du  Stnc/iys  dont 
nous  avons  parlé,  indivis,  subbilobé  dans  sa  paitie  inférieure  et  qua- 
drilobé  dans  sa  moitié  supérieure  ([ni  dépasse  longuement  les  lobes  dressés 
de  la  corolle;  un  style,  formé  de  deux  cylindres  juxtaposés  et  soudés  dans 
toute  leur  longueur,  part  du  centre  des  quatre  lobes,  cet  ovaire  renferme 
ordinairement  deux  ovules  atrophiés.  Il  est  extrêmement  facile  de  recon- 
naître dans  cet  ovaire  la  structure  bicarpellaire  reconnue  précédemment 
dans  l'ovaire  de  forme  analogue  observé  chez  le  Stac/iys;  la  sutuie  des 
deux  carpelles  donne  lieu  a  une  introdexion  très  prononcée.  L'intrulle.xion 
de  la  nervure  dorsale  de  chacune  des  deux   feuilles  carpellaires  est  moins 

(1)  Voy.  le  niillcliii,  ;.  Il,  p.  '25«. 


sÉANCK  1)1    13  Novi:Mnr,i;  1S57.  897 

pi'ofonde;  un  des  deux  styles  est  naturellement  opposé  à  cette  nervure,  et 
la  ligne  de  soudure  des  styles  correspond  à  la  ligne  suturuie  des  ovaires. 

Dans  une  seconde  déformation,  le  calice  Cbt  complètement  di:dysé[)ale  et 
cliacunc  des  cini;  petites  l'euilks  dont  il  est  composé  a  revèlu  la  forme 
oblongue-ellipticiue  des  feuilles  caulinaires;  la  corolle  est  toujours  gamo- 
pétale, mais  de  couleur  verte  et  a  lobes  dresses,  chacun  de  ces  lobes  tend  à 
revêtir  la  forme  d'une  feuille  foliacée;  le  verticille  staminal  est  peu  modifié  : 
loin  de  tendre  à  l'état  foliacé,  les  étamines  encore  pourvues  d'anthères  teu-- 
dent  à  s'atrophier,  le  verticille  carpellaire  est  le  plus  intéressant:  il  est  re- 
présenté par  deux  feuilles  opposées,  foliacées  et  d'une  belle  couleur  verte, 
(|ui  dépassent  longuement  la  corolle.  Ufi  bourgeon  central  et  terminal  de  la 
fleur  se  rencontre  souvent  entre  ces  deux  feuilles,  qui  du  reste  ne  présen- 
tent aucune  trace  de  placentaire  ni  d'ovule.  —  Cette  transformation  foliacée 
de  l'ovaire  est  si  complète  (|ue  l'on  pourrait  au  premier  aspect  en  contester 
l'identité  et  considérer  l'ovaire  comme  avorté  et  les  deux  feuilles  foliacées 
comme  des  feuilles  supplémentaires;  maison  examen  plus  attentif  ne  permet 
pas  de  maintenir  cette  hypothèse,  car  les  deux  feuilles  opposées  constituent 
an  verticille  distinct  qui  succède  sans  interi-uption  au  verticille  staminal  ; 
or,  le  verticille  floral  qui  succède  au  verticille  staminal  est  le  verticille  car- 
pellaire. I.a  position  de  ces  deux  feuilles  est  d'ailleurs  la  même  (jue  celle  des 
deux  carpelles  soudés,  terminés  en  styles  et  stigmates,  qui  ne  peuvent  pas 
être  méconnus  dans  l'anomalie  moins  intense  {|ue  nous  avons  décrite  la  pre- 
mière. 

Dans  une  troisième  déformation,  le  calice,  la  corolle,  les  étamines  et  les 
deu\  carpelles  présentent  les  mêmes  formes  que  dans  le  cas  précédent,  mais 
le  bourgeon  floral  qui  termine  l'axe  floral  et  se  trouve  entre  les  deux  feuilles 
carpellaircs  prend  les  proportions  d'un  rameau  ordinairement  florifère-  ce 
rameau  porte  une,  deux  ou  plusieurs  feuilles  ou  bractées,  et  se  termine 
par  une  petite  inflorescence  coniposée  de  trois  à  sept  petites  fleurs  (jui 
ne  se  développent  en  général  que  très  incomplètement  et  qui  sont  subnor- 
males, plus  ou  moins  atrophiées,  mais  dont  le  calice  tubuleux  est  assez 


régulier. 


Quelquesjoursplus  tard,  M.  de  Schœnefeld  rencontrait  encore,  par  un  heu- 
reux hasard  (ces  hasards  sont  surtout  familiers  aux  bons  observateuis),  un 
autre  accident  de  végétation  fort  intéressant  dans  la  fleur  d'une  autre  JBorra- 
ginée,  VAnchusa  italica.L'oxahe  des  différentes  fleurs  de  l'inflorescence  était 
très  développé,  mais  cet  ovaire  avait  conservé  sa  forme  quadrilobée,  et  loin 
que  l'hypertrophie  mit  en  é\idence  la  structure  bicarpellaire,  cette  structure 
s'y  trouvait,  vu  le  volume  du  fruit,  masquée  plus  encore  que  dans  l'état 
normal.  —  L'état  de  cet  ovaire  me  rappela  immédiatement  l'ctat  d'hypei-- 
trophie  de  l'ovaire,  très  fréquent  chez  les  Crucifères  [Brassica^  Sinopis,  Cap- 
seila,  etc.),  sous  i'Jnlluencc  du  développement  de  certains  parasites  végé- 
T.  IV.  57 


S98  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DI-:    FP.ANCE. 

taux  {Jiotrjitis  et  autres  Mucédinées).  Dans  ce  cas,  les  parois  de  l'ovaire 
subissent  un  simple  accroissement  de  volume  en  ampleur  et  en  épaisseur, 
ruais  l'ovaire  ne  tend  pas  à  revêtir  la  forme  foliacée.  L'état  dû  a  ce  parasi- 
tisme n'éclaire  donc  pas  la  structure  de  l'ovaire,  mais  il  ne  porte  pas 
atteinte  non  plus,  comme  on  aurait  pu  le  cioire,  à  l'exactitude  des  conclu- 
sions tirées  de  l'examen  d'un  ovaire  qui  tend,  sous  une  autre  inilueuce,  à  re- 
vêtir la  forme  foliacée  et  dont  les  feuilles  carpellaires  tendent  à  s'isoler  et 
peuvent  s'isoler  en  effet. 

L'état  de  chloranthie  souvent  déterminé  par  le  brusque  passage  d'une 
température  cbaude  et  sèche  à  une  température  humide  prolongée,  et  dans 
lequel  la  fleur  tend  à  constituer  un  rameau  feuille,  est  donc  l'un  des  états 
accidentels  les  plus  intéressants,  celui  dans  lequel  l'observateur  peut  le  plus 
espérer  de  surprendre  un  de  ces  oublis  de  la  nature  si  instructifs,  dans  les- 
quels, sous  l'empire  d'une  perturbation  accidentelle,  elle  nous  livre  quelque- 
fois ses  secrets. 

M.  Duchartre,  secrétaire,  donne  lecture  de  la  note  suivante, 
adressée  à  la  Société  par  M.  Chr.  Vaupell  : 

Copenhague,  1"  septembre  1857. 

Je  prends  la  liberté  d'adresser  à  la  Société  encore  quelques  mots,  qui 
confirment  l'opinion  que  M.  J.  Goy  a  émise  dans  les  remarques  dont  il  a 
bien  voulu  accompagner  ma  communication  Sur  le  mode  de  multiplication 
de  l'Agave  americana,  insérée  au  Bulletin,  t.  IV,  p.  ko  et  suiv. 

Dans  cette  communication,  j'ai  appelé  l'attention  de  la  Société  sur  les  di- 
verses sortes  de  bourgeons  dont  V Agave  est  pourvu,  savoir  le  bourgeon  ter- 
minal et  les  bourgeons  latéraux,  dont  quelques-uns,  ai-je  dit,  avortent  régu- 
lièrement, tandis  que  les  inférieurs  s'allongent  beaucoup  avant  d'arriver  au 
jour,  couronnes  d'un  bouquet  de  feuilles.  J'ai  comp.iré  ces  derniers  aux 
bulbilFes  de  la  Jacinthe,  et,  par  opposition  aux  bourgeons  princip-iux,  je  les 
ai  appelés  adventifs.  Je  voulais  exprimer  par  là  leur  analogie  avec  les  bul- 
billes  de  la  Jacinthe,  qu'on  appelle  en  allemand  Nebenzwiebeln;  mais  je 
reconnais  qu'il  est  inexact  d'employer  ici  cette  expression,  si ,  en  français, 
le  terme  de  bourgeon  adveritif  s,\g\\\Wn  toujours  un  bourgeon  latéral  placé  en 
dehors  d'une  aisselle  de  feuilles. 

M.  Gay  a  donc  raison  de  considérer  les  stolons  de  V Agave  comme  des 
rameaux  nés  à  l'aisselle  de  feuilles  radicales.  Si  l'on  examine  un  pied 
<\' Agave  arraché  du  sol,  on  trouve  que  les  stolons  ou  rejetons  sortent  de  la 
base  de  la  tige,  qui  est  tout  à  fait  dégarnie  de  feuilles  et  couverte  de  ra- 
cines adventives.  Mais  dans  l'aisselle  des  feuilles  inférieures,  placées  immé- 
diatement au-dessus  des  racines  et  qui  corameucent  à  se  flétrir,  on  peut 
découvrir  de  petits  bourgeous,  qui  sans  doute  sont  les  premiers  commence- 


SÉANCK    lu      11^    NOVKMliliF,     1857.  899 

innits  (li's  rejt  tons  qui  se  dovclopporoiit  lorsfjiu!  ces  l'cuillos  seioiil  (oinbces. 
Les  houiyeoiis,  au  contraire,  qui  se  Irouvcnt  dans  l'aissello  des  feuilles  su- 
périeures avortent  rép;ulièrement. 

M.  J.  Gay  dit  qu'après  un  examen  plus  attentif  des  faits,  il  est 
revenu  à  l'opinion  qu'avait  d'abord  manifestée  M.  Vaupell,  et  d'après 
laquelle  les  rhizomes  de  Y  Agave  doivent  être  eonsidérés  comme 
des  rameaux  adventifs  plutôt  (jue  comme  des  productions  axil- 
laires  (1). 

M.  le  comte  Jaubert  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

NOTE  SUR  LE  FARSETIA  CLYPEATA  ,  pai-  M.  le  comte  JAL'BERT. 

L'existence,  au  centie  de  la  France,  d'une  espèce  appartenant  notoire- 
ment au  bassin  méditerranéen,  est  un  fait  dont  lexplication  peut  n'être  pas 
indigne  deiigurer  dans  le  recueil  de  nos  Arnœnitates  (2). 

La  ville  de  Saint-Amand,  située  a  la  jonction  des  riantes  vallées  du  Cher 
el  de  la  iNJarmande,  est  dominée  par  le  tertre  assez  élevé  du  Montrond,  où 
existent  encore  quelques  ruines  d'un  château  fort.  Ce  tertre  est  remarquable 
pour  les  géologues  :  le  soulèvement  partiel  qui  lui  adonne  naissance  a  mis  à 
la  fois  à  nu  les  dernières  couches  des  marnes  irisées  et  toute  la  série  du 
lias  (3).  Le  botaniste  est  sûr  d'y  trouver,  dans  les  ruines  du  cliâleau,  une 
des  plantes  les  plus  rares  de  la  flore  française,  le  Farsetia  clypecda  R.  Br. 
{Alyssum  clypeatwn  L.).  M.  Boreau,  dans  la  première  édition  de  sa  Flore  du 
Centre  (introduction,  p.  30,  en  note),  semble  m'attribucr  l'honneur  d'y 
avoir  cueilli  le  premier  celte  plante,  il  y  a  aujourd'bui  plus  de  trente-sept 
ans.  Elle  porte,  en  effet,  dans  mon  herbier,  la  date  du  mois  d'août  1820. 
Personne  ne  me  l'avait  indiquée;  elle  avait  attiré  mon  attention  par  la  gran- 
deur de  ses  silicules,  le  brillant  argenté  de  ses  cloisons  placentariennes 
assez  semblables  a  celles  de  la  i.unaire;  mais  je  n'avais  pas  été  le  premier 
à  la  trouver  à  Montrond.  Dès  181^,  notre  bon  et  respectable  confrère, 
M.  Jacques  Gay,  en  avait  reçu  plusieurs  exemplaires  vivants  de  i\L  Blon- 
deau,  professeur  au  lycée  de  Bourges  et  amateur  de  botanique,  lequel  peut- 
être  tenait  de  M.  Subert,  pharmacien  en  la  même  ville,  la  connaissance  de 

(1)  Voyez  dans  le  Bulletin,  t.  IV,  pages  612-617,  la  communication  laite  par 
M.  Gay,  le  12  juin  dernier,  à  la  session  de  Montpellier. 

(2)  La  Société  Botanique  de  France,  par  la  publication  de  son  Bulletin,  tend  à 
se  rapprocher  du  modèle  qui'  Linné  lui  a  laissé  dans  les  Aiiiœnitate>s  acaJeinicœ 
de  rCniversilé  d'Upsal,  recueil  de  dissertations  composées  par  ce  grand  naturaliste 
on  par  ses  élèves  et  sous  son  inspiration. 

(3)  Explication  de  la  Carie  géologique  de  France,  par  MM.  DulVénuy  et  Klie  de 
Beaumont,  l.  IL  [>•  2/|l  et  2Zi2,  avec  une  ligiue. 


900  SOCIÉTÉ   BOTAMOLK    M-:    FKANCiC. 

la  localité;  quoi  qu'il  en  s;)if,  ni  l'un  ni  l'aulrc  do  ces  amateurs  n'ont  rien 
écrit.  Cm  fut  en  182r>  que  M. .].  Gay  recueillit  lui-même  le  Farsetia  à  Mont- 
rond  ;  il  en  a  constaté  l'indigénat  dans  une  note  de  son  Mémoire  sur  quel- 
ques Crucifères  du  Systema  de  De  Cnndnlle,  inséré  en  1826  dans  les  Anrxdes 
des  sciences  naturelles.  Il  avait  décrit  la  localité  avec  son  exactitude  ordi- 
iiaire,  et  il  ajoutait,  d'après  le  témoignage  de  M.  Blondeau,  ([ue  si  ]eFarse(io 
cbjpeata  n'était  pas  une  production  naturelle  du  territoii'e  de  Saint-Amand, 
I  y  était  au  moins  naturalisé  depuis  plus  de  trente   ans  :  c'était  déjà  une 
sorte  de  prescription.   L'aspect  du  terrain    i-epoussait    d'ailleurs,  selon 
JNI.Gay,  l'idée  de  toute  culture  jardinière  ne  remontant  pas  à  un  temps  fort 
éloigné.  La  découvei'te  de  M.  Gay  fut  mentionnée  en  1828  par  M.  Ouby, 
dans  son  Botanicon  gcdlicum,  et  la  plante  signalée  en  termes  généraux, 
comme  appartenant  au  département  du  Cher.  Quand  je  restitue  à  M.  Gay 
son  droit  de  priorité  sur  le  Farsetia,  il  voudra  bien  me  permettre  de  con- 
tester celui  ({ui  lui  avait  été  attribué  sur   le  Spirœa  hi/pcricifolia  de  nos 
environs  de  Bourges,  dans  le  supplément  de  la  Floi'e  française,  publié  en 
1815  ;cette  plante  y  avait  été  signalée  dès  1739  par  Lemonnier,  ailjoint 
comme  naturaliste  à  la  commission  des  Académiciens  français  chargés  de 
vérifier  !a  méridienne  de  Paris,  et  le  h"  volume  d'une  des  compilations  de 
Buc'hoz  en  fait  foi  (1). 

M.  Boreau,  en  18/^0,  ne  pouvait  s'expliquer  comment  notre  plante  s'était 
pi'opagée  à  Montrond,  et  se  demandait,  avec  une  certaine  inquiétude,  si 
elle  ne  disparaîtrait  pas  de  ces  ruines  qui  venaient  d'être  transl'ormées  en 
promenade  publique  ;  elle  est,  au  contraire,  restée  jusqu'à  ce  jour  aussi 
•ramponnée  au  sol  que  les  espèces  le  plus  incontestablement  aborigènes,  et 
chaque  année  elle  reçoit  la  visite  de  quelque  botaniste. 

Le  Farsetia  clypeata  est  une  plante  essentiellement  orientale,  abondante 
surtout  dans  l'Asie-Mineurc,  où  je  l'ai  recueillie,  en  1839,  aux  environs  de 
Smyrne  et  de  Kizilgibuluk  en  Carie  :  ]\L  Pinard  l'a  rapportée  de  cette  der- 
nière province;  M.  de  Heidreich,  de  la  Pisidie;  M.  Kotscby,  de  la  Perse. 
Klleest  plus  rare  en  Grèce:  AL  de  Heidreich  l'y  a  trouvée  au  mont  Cyllène, 
a  5500  pieds  d'altitude;  elle  existe  en  Géorgie,  et  s'avance  vers  le  nord, 
d'une  paît,  jusque  dans  la  Russie  méridionale;  d'antre  part,  d'après  Uer- 
toloni,  par  la  Sicile,  Rome,  Rologneet  Volterra,  jusqu'à  Vérone,  et  même 
jusqu'à  Trente  dans  le  Tyrol.  Klle  a  été  vaguement  citée,  aux  environs  de 
INice,  par  Allioni  et,  d'après  lui,  avec  doute,  dans  !h  Flore  française  de 
Lamarck  et  De  (^andolle;  depi-.is,  et  d'une  manièic  plus  précise,  par  Bei'- 
toloni,  d'après  Molinari.  Partout,  en  Orient  comme  en  Italie,  elle  se  plait 
sur  li'S  collines  pierreuses  exposées  au  soleil  ;  cette  particularité  avait  été 
remar{|uee  par  Dioscoride,  et  Dodoé'us  en  fait  mention  d'après  lui  :  in  nton- 

(1)    niclioniiairr  (Ipy  Plantes,  l'ai-js.  1771. 


( 


SKAiNCK    1)1      13    N0VKMI511I;     1SÔ7.  OOl 

tibus  et  asperis  locis  emicat,  Dinscorides  inquit.  A  V^ei'onc  elle  s'est  établie 
dans  les  rochers  du  .lardin  Giiisti:  l'olliiii  l'y  avait  vue,  d'autres  l'y  ont 
retrouvée  depuis. 

Quant  a  la  France  proprement  dite,  il  a  été  (lucslion  du  Farscliatlijpuala 
dans  la  Flore,  française  de  Lamarck  et  De  Candoile,  d'abord  d'une  manière 
très  générale,  coninie  croissant  sur  les  bords  de  la  mer  dans  les  j)ri)vinces 
méi-idionales;  puis  spécialement  en  Languedoc,  d'après  Lamarck  lui-même, 
on  nesait  sur  quel  fondement-  enfin  à  Maguelonne  près  IMontpelHer,  d'après 
Gouan.  Aucune  de  ces  indications  n'a  pu  être  maintenue  Personne,  que  je 
sache,  ne  l'a  recueilli  sauvage  dansnos  provinces  méridionales.  Gouan  n'en 
parle, dans  ses  Herhorisatiom dei^ environs  de  Montpellier^  que  pour  l'yavoir, 
en  compagnie  de  son  ami  le  docteur  Amoreux,  semé  parmi  les  rochers  du 
chemin  de  Casteliiau  le  1"  février  1771,  et  planté  à  la  Paillade,  près  du  mou- 
lin d'AIco,  le  18  mars  1772.  On  sait  le  sort  ordinaire  de  ces  tentatives  de 
naturalisation  entreprises,  selon  l'expression  de  Gouan,  dans  la  vue  d'enri- 
chir les  herborisations  et  de  dédommager  les  botanistes  des  pertes  que,  par 
diverses  causes,  une  flore  locale  peut  éprouver.  Gardons-nous  toutefois  de 
décourager  des  œuvres  si  charitables. 

Eh  bien  !  défendez-vous  au  h.ij^e 
De  se  donner  dos  soins  pour  le  plaisir  d'aalrui  (i)  ? 

La  plupart  de  ces  tentatives  échoueront  ;  liuelques-unes  pourront  réussir. 
C'est  ainsi  que  M.  Weddell  a  enrichi  la  flore  des  environs  de  Paris  de  trois 
plantes  introduites,  savoir:  le  Stratiotesaloides,  dai-.s  la  forêt  de  Marly  aux 
mares  du  Roi,  et  dans  le  bois  de  Meudon  à  l'étang  deTrivaux  ;  le  Calla  pa- 
lustris  et  VAconis  Calamus,  à  la  Mare-ténébreuse  de  Marly. 

Or,  le  Farsetia  elijpeata  n'existe  pas  aux  environs  de  IMontpellier  ; 
M.  ïouchy,  explorateur  infatigable  de  cette  contrée,  affirme  qu'il  ne  l'y  a 
rencontre  nulle  part  à  l'état  sauvage.  Kn  ce  qui  eoncernes()écialem('nt l'her- 
borisation de  Maguelonne,  Gouan  n'y  a  fait  nulle  mention  de  notre  plante, 
et  la  Société  Botanique  de  France,  qui  cette  année  même  a  recherché  cu- 
rieusement dans  cette  localité  célèbre  jusqu'aux  trois  plantes  citées  par 
M.  Moquin-Tandon,  peut  rendre  témoignage  de  l'absence  du  Farsetia.  Le 
seul  endroit  où  la  plante  se  soit  naturalisée  à  .'Montpellier,  est  le  mur  d'en- 
ceinte du  Jardin  des  plantes;  cette  circonstance  est  à  noicr. 

Les  rochers  de  Nice  et  le  mur  du  Jardin  des  plantes  de  Montpellier  sont 
donc  les  lieux  d'habitation  du  Farsetia  le  plus  rapprochés  du  centre  de  la 
F'ance.  Il  est  évident  que  nous  n'avons  pas  affaire  ici  à  une  de  ces  espèces 
que  M.  Alphonse  De  CandoHc,  dans  son  ouvrage  classique  sur  la  géogra- 
phie botanique,  appelle  des  espèces  disjointes,  c'est-à-dire  dont  les  colonies 

(1)  lia  Fontaine,  le  Vieillard  et  les  Trois  jeunes  hommes. 


902  SOCIÉTÉ    BOTAMQUI-:    DK    l'ISANCK. 

sont  si'pnrées,  souvent  à  d'énorines  distances  les  unes  des  autres,  par  des 
causes  «jéoloiiicjues  antérieures  à  l'ordre  de  choses  actuel  ,  sans  qu'on 
puisse  attribuer  leur  présence,  dans  telle  ou  telle  de  leurs  colonies,  à  un 
transport  plus  ou  moins  probable.  Mais  le  Farsetia  clypenta  tranche  assez 
sur  le  fond  de  notre  végétation  indigène  du  centre  de  la  France  pour  être 
rangé  p'.rmi  le;  espèces  naturalisées,  c'est-à-dire,  selon  la  définition  de 
M.  Alph.  De  CandoUe,  introduites  dans  la  contrée  à  une  époque  éloignée, 
«  ci'oissant  et  se  multipliantsans  le  secours  de  l'homme,  se  manifestant  avec 
»  plus  ou  moins  d'abondance  et  de  régularité  dans  les  stations  qui  leur  con- 
»  viennent.  »  Le  même  maître  dimine,  en  fait  de  naturalisation,  les  stations 
qui  ont  besoin  d'être  renou\elées  et  entretenues  par  l'homme,  comme  les 
champs,  les  jardins,  où  certaines  plantes  passent  momentanément  à  l'état  de 
mauvaise  herbe,  pour  me  servir  de  l'expression  vulgaire.  La  station  doit 
être  durable,  et  dans  cette  catégorie  on  compte  les  murs,  les  ruines,  les 
décombres  :  notre  pltmie  :-alisfait  aussi  à  cette  condition.  Et  il  faut  dire 
encore  qu'une  plante  ne  peut  passer  pour  franchement  naturalisée,  que  si 
elle  s'est  propagée,  non  pas  seulement  par  le  moyen  de  ses  racines,  par 
une  sorte  d'extension  de  lindividu,  mais  par  ses  graines  a  titre  d'espèce, 
A  cet  égard,  les  piantes  annuelles  ou  bisannuelles  donnent  moins  de  prise 
au  doute  que  les  plantes  \ivaces.  Linné  a  cru  le  Farsetia  clijpeata  annuel  ; 
M.  Boreau  l'indique  par  erreur  comme  vivaee  :  la  vérité  est  que  cette 
plante  est  bisannuelle,  ainsi  qu'Allioni  l'avait  dit.  Elle  est  néanmoins  re- 
gardée comme  vivaee  à  l'école  de  botanique  du  Jardin  des  plantes  de 
Paris.  Mais  le  fût-elle,  en  effet,  la  structure  de  ses  graines  bordées  d'une 
petite  aile  membraneuse  suffirait  poui  rendre  compte,  sinon  du  transport 
de  l'espèce  par  l'action  (iu  vent  à  grande  distance  «  en  dehors  du  cercle 
»  primitif  ou  du  cercle  précédemment  connu  de  sou  habitation  »,  du  moins 
de  sa  dissémination  réuuiière  auprès  des  pieds  originairement  établis  dans 
la  localité.  Quant  aux  autres  moyens  naturels  de  transport  par  lescjnels  une 
naturalisation  peut  s'opérer,  comme  les  courants  d'eau,  etc.,  ils  sont  coni- 
pléteujent  inapplicables  a  notre  contrée. 

Le  plus  probable  des  moyens  de  transport,  en  ce  qui  concerne  le  Far- 
setia clj/peata,  est  celui  qui  provient  du  fait  de  l'homme,  «  l'opérant  de  mille 
»  manières,  volontairement  ou  sans  intention.  »  M,  Alph.  De  Candolle  a  dé- 
ployé, dans  cette  partie  (lu  \aste  sujet  (juil  a  traité,  toutes  les  ressources 
de  l'esprit  le  plus  ingéiiieux,  de  l'érudition  la  plus  variée.  Il  a  recherché 
partout  des  preuves  ou  au  moins  des  indices  de  l'origine  étrangère  d'uu 
grand  nombi-e  d'espèces,  dont  plusieurs  ont  donné  lieu,  dans  son  ouvrage,  à 
des  iléveloppements  offrant  un  modèle  accompli  de  critique.  Il  a  mis  à  con- 
tribution l'histoire  et  la  philologie;  il  a  montré  (|ue  les  grandes  migrations 
des  peuples  et  leurs  invasions  passagèresqui  semblaient  vouées  a  l'œuvrede 
la  dévastation,  n'ont  pas  laissé  que  de  déposer  dans  le  sol  des  germes  précieux 


SKANCK  Di;  15  îsovEMBRi';  1857,  903 

de  reproduction,  sortes  de  médailles  végétalrs  (|m'  M  .  Alph.  De  Caiulolle  est 
habile  a  déchiffrer  (1). 

ÎM.  Raynal,  dans  son  excellente  histoire  du  Berry,  publiée  en  18/i5, 
est  tente  de  voir  dans  le  Farsetia  clypeata  de  Montrond  un  poétique 
souvenir  des  croisades.  Sans  faire  remonter  jusque-là  nos  conjectures, 
on  peut  dire  (jue  les  ruines  du  château  de  3Ioufrond,  paréee  au  prin- 
temps des  fleurs  du  Farsetia  clt/peata,  ne  sont  pas  les  seules  en  Jkrry 
où  il  soit  permis  d'évoquer  une  sorte  d'écho  de  l'Orient.  Ne  lit-on  pas 
encore  aujourd'hui  avec  émotion  sur  les  murs  de  la  tour  Blanche 
d'Issoudun,  qui  ser\it  de  prison  aux  Juifs  persécutés  sous  Philippe  le  Bel, 
les  traces  toutes  bibliques  de  leurs  malheurs  ? 

Le  commerce,  cause  puissante  de  dissémination  des  graines,  ne  nous 
offre  pas  des  données  plus  vraisemblables  -,  Saint-Amand  n'a  rien  de  com- 
mun sous  ce  rapport  avec  la  situation  du  Port-Juvénai,  où  après  tout,  ainsi 
que  la  Société  s'en  est  assurée  au  mois  de  juin  dernier,  le  nombre  des  espè- 
ces qui  se  sont  véritablement  naturalisées  est  fort  restreint. 

Pourachever  de  résoudre  notre  petit  problème  de  géographie  botanique, 
reste  enfin  l'intluence  des  jardins,  suitout  des  jardins  i)otaniques;  et  nous 
n'avons  pas  oublie  la  persistance  du  Farsetia  cltjpeata  dans  les  rochers  du 
Jardin  Giusti  et  sur  les  murs  du  Jardin  des  plantes  a  Montpellier.  Aurait-il 
donc  existé  à  Saint-Amand  ou  dans  la  contrée  un  amateur  de  plantes  étran- 
gères, et  un  jardin  où  elles  auraient  été  cultivées?  Cet  amateur,  ne  serait-il 
pas  un  fils  de  Henri  IV,  Gaston  d'Oileans?  ce  jardin,  i'établissetuent  bota- 
nique que  ce  prince  avait  fondé  a  grands  frais  au  château  de  Blois,  sa  rési- 
dence ordinaire,  avec  l'aide  du  savant  Morison  et  de  Nicolas  Maichant? 
Il  faut  lire  la  notice  que  M.  Boreau  a  donnée  du  Jardin  de  lîlois,  dans 
l'introduction  de  sa  Flore  du  Centre.  En  1660,  on  ne  comptait  dans  YHortus 
blesensis  [)as  moins  de  2574  espèces  :  une  seule,  un  Quercus  (Jerris,  a 
survécu  jusqu'à  ce  jour  a  la  destruction  «  du  plus  bel  amas  de  simples  qui 
fût  en  Europe,  »  dit  un  historien  de  la  ville  de  Blois.  Il  n'est  pas  téméraire 
de  supposer,  entre  la  résidence  ordinaire  de  Gaston  et  le  château  de  AJonl- 
rond,  demeure  des  princes  de  Condé,  des  relations  telles  que  le  Jardin  de 
Blois  aitfourni  a  l'autre  quelques-unes  de  ses  raretés.  Le  château  de  Mont- 
rond  fut  démantelé  par  les  ordres  de  Louis  XIV,  lor^qu'a  la  fin  de  la 
guerre  delà  Fronde  il  présida  lui-même  a  la  destruction  de  la  grosse  tour 
de  Bourges.  A  l'exemple  du  Quercus  Cerris  de  Blois,  le  Farsetia  clypeata^ 

(1)  Je  lui  eu  fournirai  une  en  passant  qui   a  Irait  à  la  guerre  :  c'est  le  Corylus 
Colurna,  dont  j'ai  été,  en  1833,  fort  pilonné  de  trouver  de  gigaiile.sqnes  individus 
à  Haden  près  Vienne  (Autriclie)  ;  espèce  oriciilaic  aussi,  dos  environs  de  Constan- 
tinople  {Byzantinische  Haselnuss  de  Willdenow.)  On  assure  que  Pexisience  (h;  ce 
ariu'es  à  Baden  remonte  à  l'époque  du  siège  de  Vienne  par  les  'l'nrcs  en  1683. 


90/i  SOCIKTK    IJOTANtQLt;    [)K    FlîANCK. 

coiitcnipfii'ain  des  jincieniies  magnilicences  du  château  de  Moiitroiid,  sera 
resté  (idèle  à  ses  ruines. 

Gaston  d'Orléans  n'a  pas  jouc'  dans  l'histoire  un  rôle  des  plus  brillants, 
mais  il  a  aime  les  plantes  et  protégé  les  savants:  ineo  certe  principes  cœte- 
ros  vicit,  quod  inter  armorum  slrcpitus  non  sumptibus  tantwn  ut  alii,  sed 
doctrina  quo,  poil  ébat  maxima,  Botanicen  illnstroret  (1).  Il  n'a  pas,  disent 
ses  biographes,  dédaigné  d'herboriser  dans  la  campagne,  et  la  llore  française 
a  été  dotée  par  lui  d'une  espèce  remarquable  :  il  a  acquis  des  droils  à  la 
bienveillance  de  la  postérité. 

M.  Ducharlre,  secrétaire,  donne  lecture  de  la  noie  suivante, 
adressée  à  la  Société  : 

SUR  L'OVULE  DU  VAILIS!SERIX  Sl'lRAhlS,  par  M.  Robert  CASPAKT. 

(Bonn,  20  octoljrc  1S57.) 

Les  oltjections  que  M.  Chatin  [Bullet.  Soc.  Bot.,  t.  IV,  p.  156  et  suiv.) 
oppose  à  quelques-unes  des  assertions  que  j'ai  émises  dans  ma  Note  sur  lu 
division  de  la  famille  des  Hiidrocliaridées  proposée  par  M.  Chatin,  seront 
réfutées  aussi  complètement  (]u'ii  me  semble  utile  de  le  faire,  dans  un 
travail  sur  les  Hydrillees  qui  paraîtra  dans  les  Annales  de  botaniciue  scien- 
tifique de  iM.  fringsheim  [Jahrbuecher  fuer  Wissensc/iaftlic/ie  Botanik), 
Mais  comme,  dans  les  sciences  naturelles,  le  meilleur  moyen  de  se  former 
une  opinion  sur  quoi  que  ce  soit,  est  de  voir,  d'observer  soi-même,  je  prends 
la  liberté  d'adresser  à  la  Société  une  préparation  d'ovules  du  Vallisneria 
spiralis  qui  ont  été  traités  d'abord  par  la  potasse,  puis  conservés  dans 
un  liquide  sucré. 

L'examen  de  cette  préparation  démontrera  à  toutes  les  personnes  qui  con- 
naissent la  structure  des  ovules  en  général  : 

1°  Quel'ovuledu  Vallisneria  spiralis ixûtxw  téguments,  ainsi  que  l'a  figuré 
M.  Schleiden  {Nov.  acta  Acad.  Leop.  Car.,  XL\,  II,  tab.  3,  f.  25],  et  non  un 
seul  comme  l'affirme  M.  Chatin  ;  que  le  tégument  interne  entoure  entière- 
ment le  nucelle,  tandis  que  le  tégument  externe  enveloppe  seulement  la 
partie  inférieure  de  ce  corps,  atteint  un  peu  plus  de  la  moitié  de  sa  iiau- 
teur,  mais  ne  s'élève  pas  jusqu'à  son  sommet  • 

2"  Que  les  téguments  sont  formés  de  deux  couches  de  cellules  (très  dis- 
tinctes surtout  a  la  partie  supérieure  du  tégument  interne)  et  non  d'une 
seule  couche  de  eijllules,  comme  le  prétend  M.  (^liatin. 

J'espère  que  l'examen  de  ma  préparation  pourra  convaincre  M,  Chatin  de 
l'exactitude  de  ces  deux  assertions,  et  aussi  de  l'avanUigc  qu'il  y  a  à  em- 

(1)  Tourncfort,  Jsa(j.,  û9. 


siiA.NCi;  iiL    I  .">  .\(>\K.Mr.i;K   ISf)?.  005 

ployer  in  potasse  ooinnie  rcnctirpour  cHuclier  la  stiuctuicMlts  ovules  du  Val- 
lisncvin  apiralis  et  de  la  plupart  des  autres  plautes.  l/nvule  du  Vidlimeria 
spiral/s  est  teilemeut  opaque,  qu'il  n'est  pas  possible  d'en  reconnaître  la 
struclure  eu  l'observant  dans  l'eau  ;  il  faut  avoir  rreours  à  l'emploi  d'une 
matière  qui  le  rende  transparent  :  j'ai  trouve  que,  pour  cela,  la  potasse  est 
préférable  aux  acides  et  à  l'eau  sucrée.  M.  Chatin  appuie  son  opinion  sur 
l'examen  de  la  coupe  transversale  et  du  développement  de  l'ovule.  Mais  une 
coupe  transversale  ne  peut  fournir  aucun  résultat  certain,  à  moins  qu'on 
ne  fasse  usage  d'un  réactif  qui  rende  la  préparation  transparente  ;  et  quant 
au  développement,  M.  Chatin  trouvera,  s'il  le  suit  avec  exactitude,  pré- 
cisément le  résultat  auquel  j'ai  été  amené  par  l'observation  de  l'ovule 
parfait. 

.l'ai  prié  mon  ami  M.  Prillieux  de  montrer  à  la  Société,  dans  sa 
prochaine  séance  ,  ma  préparation  sous  un  grossissement  d'environ  trois 
cents  fois. 

M.  Prillieux  met  sous  les  yeux  de  la  Société  lu  préparation  dont 
il  est  question  dans  cette  noie. 

M.  Chatin  présente,  au  sujet  de  cette  communication,  les  obser- 
vations suivantes  : 

M.  R.  Caspary,  le  savant  professeur  de  Bonn,  revient  aujourd'hui  sur 
l'un  des  points  de  ses  précédentes  critiques  (1)  de  mes  observations  sur  les 
plantes  de  la  famille  des  Hydrocharidées,  savoir,  à  la  structure  de  l'ovule 
du  Vallisneria  spiralis. 

M,  Caspary  persiste  à  admettre  :  1"  que  cet  ovule  a  deux  membranes 
autour  du  nueelle  ;  2°  que  ces  deux  membranes  ne  sont  pas  formées  d'une 
seule  rangée  d'utricules.  Il  met  sous  les  yeux  de  la  Société  quelques  ovules 
à  l'appui  de  sa  manière  de  considérer  les  faits. 

Relativement  au  second  point,  la  pensée  exprimée  par  M.  Caspary  dans 
sa  première  communication  se  rapportait  a  une  théorie  générale,  et  tirait 
en  réalité  de  là  toute  son  importance.  Notre  savant  confrère  n'admettait  pas 
qu'on  pût  jamais  observer  de  membrane  à  une  seule  langée  d'utricules,  et 
logi(|uement  il  rangeait  le  Vallisneria  sous  la  loi  commune.  Les  faits  que 
j'ai  empruntés  aux  recherches  de  MM.  Trécul  et  Duchartre  l'ont  porté  à 
négliger  la  loi  pour  s'attacher  au  fait  spécial.  La  question  étant  ainsi  cir- 
conscrite, je  me  borne  à  dire  que  jç  conserve  mon  opinion,  la  croyant  aussi 
bien  fondée  sur  des  tranches  minces,  que  celle  de  M.  Caspary  l'est  sur  des 
ovules  rendus  plus  ou  moins  transparents  par  la  potasse.  Je  rappelle  toutefois 
que  la  membrane  interne,  qui  pour  M.  Caspary  est  unesecondine,  qui  pour 

(1)  Voyez  le  Bulletin,  t.  IV,  p.  98. 


906  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE   FRANCE. 

moi  est  formée  peu  à  peu  par  l'atrophie  du  nucellc,  est  d'abord  une  masse 
cellulaire  qui  ensuite  s'amincit  successivement  pendant  le  développement  de 
l'embryon,  mais  qui  couserve  une  certaine  épaisseur  dans  la  portion  non 
recouverte  (dans  la  graine  elle-même  le  nucelle  est  ordinairement  assez  lon- 
guement exsert)  par  la  primine,  principalement  à  son  sommet.  Ce  sommet 
est  d'ailleurs  ou  régulièrement  arrondi,  ou  déprimé,  ou  bilobé. 

C'est  surtout  pour  démontrer  l'existence  des  deux  membranes,  que 
M.  Caspary  a  adressé  les  ovules  qui  passent  sous  les  yeux  de  la  Société. 
Or,  ces  ovules,  dont  j'ai  vu  souvent  les  pareils,  n'ont  pas,  pour  l'opinion  en 
faveur  de  laquelle  on  les  invoque,  la  valeur  qui  leur  est  attribuée.  J'ai 
observé,  dans  le  Vallisneria,  d'autres  ovules  bien  plus  propres  à  faire  croire 
à  l'existence  de  deux  membranes.  Qu'offrent,  en  effet,  les  ovules  de  M,  Cas- 
pary? Une  membrane,  la  primine,  qui  s'élève  jusque  vers  le  milieu  de  la 
hauteur  du  nucelle,  puis  ce  dernier,  avec  le  sommet  bilobé  et  semblant 
avoir  un  micropyle  entre  les  deux  lobes.  La  potasse  ayant  rendu  la  prépa- 
ration plus  transparente  dans  toutes  ses  parties,  proportionnellement  bien 
entendu  à  l'épaisseur  des  tissus  observés,  il  est  inévitable  que  les  bords 
ou  la  circonférence,  où  ces  tissus  offrent  une  grande  profondeur,  aient 
moins  de  transparence  que  la  portion  médiane  formée  seulement  par  les 
parois  antérieure  et  postérieure:  alors  les  bords  plus  opaques  peuvent  être 
pris  facilement  pour  une  secondine  entourant  le  nucelle.  J'avoue  cependant 
ne  pas  comprendre  comment  une  membrane  non  coupée  dans  sa  longueur  (et 
les  ovules  présentés  sont  parfaitement  entiers)  peut  offrir  l'image  d'un  corps 
bilobé  avec  un  canal  micropylaire  entre  les  lobes.  C'est  qu'en  effet  il  ne 
résulterait  pas  autre  chose  de  la  coupe  passant  par  l'axe  d'un  ovule  réelle- 
ment pourvu  d'une  secondine  recouvrant  le  nucelle. 

Les  ovules  que  j'ai  dit  plus  haut  être  bien  plus  favorables  à  l'hypothèse 
de  l'existence  de  deux  membranes  que  ceux  présentés  par  M.  Caspary, 
offrent,  au  sommet  et  dans  l'axe  du  nucelle,  une  dépression  en  fornie  de 
petit  puits,  qu'on  est  tout  d'abord  porté  à  considérer  comme  un  micropyle 
bordé  d'une  véritable  secondine  formant  margelle  :  de  tels  ovuies  sont 
représentés  pi.  III,  fig.  11',  13,  13'  de  mon  mémoire  sur  le  Vallisneria. 
Pourquoi,  dira-t-on  alors,  avoir  renoncé  à  une  opinion  qui  paraissait  si 
plausible?  Par  ce  motif,  auquel  on  accordera  bien  quelque  valeur,  que  lors- 
que j'ai  suivi  pas  à  pas,  dans  les  diverses  ph;ises  de  son  développement, 
l'ovule  du  Vallisneria,  je  n'ai  jamais  vu  apparaitre,  à  aucun  moment,  la 
seconde  membrane,  qu'il  est  si  facile  cependant  d'observer  dans  le  jeune 
âge  des  ovules  chez  lesquels  l'existence  d'une  secondine  est  incontestée.  La 
Société  comprend  que  je  serais  d'autant  plus  disposé  à  être  ici  de  l'avis  de 
M.  Caspary,  que  son  opinion  a  été  d'abord  la  mienne.  Mais,  bien  décidément, 
Je  ne  pourrai  admettre  l'existence  de  la  secondine  que  lorsque  j'aurai  vu 
celle-ci  apparaitre  et  s'élever  sur  les  flancs  du  nucelle,  organe  au  sommet 


SÉANCK    DU    13    iNOVKMBRE    1857.  907 

duquel  on  n'admettra  pus  sans  doute  qu'elle  prenne  naissance.  Qu'un 
seul  ovule  de  Vnllisneria,  avec  nucelle  partant  à  sa  circonférence  (comme 
c'est  le  cas  ordinaire  dans  les  autres  vt-f^étaux)  deux  membranes,  soit  pro- 
duit, et  le  débat  sera  clos  en  faveur  de  l'opinion  à  laquelle  M.  Caspary 
prête  l'appui  de  son  talent.  Je  prends  la  liberté  de  convier  à  cette  recherche 
(que  personnellement  je  ne  négligerai  pas,  ni  sans  doute  M.  Caspary)  les 
botanistes  auxquels  la  question  débat! ue  inspire  quekiue  intérêt. 

Je  me  propose  de  mettre  procbair.ement  sous  les  yeux  de  la  Société 
des  ovules  de  Vallisncria  à  tous  leurs  âges.  Je  l'aurais  fait  aujourd'hui 
même,  si  j'eusse  été  averti  de  la  communication  adressée  par  M.  Caspary. 

31.  Duchartre  donne  lecture  de  la  communication  suivante,  adressée 
à  la  Société  : 

LENTICELLES  ET  RHIZOGÈNES,  par  M.  D.  CLOS. 

(Toulouse,  5  novembre  1857.) 

Les  tiges  et  les  rameaux  du  Solanum  Dulcamara  L.  présentent  à  leur 
surface  de  petits  tubercules  d'un  blanc  verdâtre,  qui  ont  depuis  longtemps 
fixé  l'attention  des  botanistes.  M.  LeMaout,  après  les  avoir  décrits,  conclut 
ainsi  :  v  Les  petites  saillies  en  question  ne  sont  donc  ni  des  cicatiices  de 
feuilles,  ni  des  cicatrices  de  rameaux,  et  je  pense  qu'on  peut  les  considérer 
comme  des  bourgeons  avortés.  »  [Leçons  de  Bot.,  I,  p.  23/;.)  Or,  en  1826,  Du 
Petit-Thouars  disait,  parla  bouche  de  Cuvier,  à  propos  de  la  même  plante: 
«  Sa  tige  est  parsemée  de  tubercules  blancs  qui  paraissent  absolument  sem- 
blables aux  lenticelles,  mais  qui  ne  s'ouvrent  pas.  Si  l'on  enlève  l'écorce, 
on  trouve  vis-à-vis  de  chaque  mamelon  une  radicelle  détachée  du  corps 
ligneux,  et  qui  semble  prête  à  sortir;  et  cela  lui  arrive  immanquablement 
au  bout  de  vingt-quatre  heures,  si  l'on  en  forme  une  bouture  en  la  plon- 
geant dans  l'eau.  ->  (Voy.  Cuvier,  Analyse  des  trav.  de  VAcad.  des  se.  pen- 
dant l'année  1826,  p.  26.) 

J'ai  vérifié  l'exactitude  des  faits  avancés  par  Du  Petit-Thouars.  Des 
branches  de  Douce-amère  plongées  dans  l'eau  ont  très  promptement  émis 
des  racines  adventives,  et  celles-ci  (qui  ne  tardent  pas  à  en  produire  d'au- 
tres à  leur  surface)  sortent  toutes  des  petits  tubercules  désignés. 

En  18il,  M.  Boiichardat  communiciuait  à  l'Institut  un  mémoire  sur  la 
théorie  des  boutures.  Comme  M,  de  MohI,  M .  Bouchardat  avait  vu  les  lenti- 
celles se  gonfler  au  contact  de  l'eau  sous  forme  de  masses  blanches  et  spon- 
gieuses, et  il  les  appelle  spongioles  caulinaires  :  niais  en  même  temps,  ce 
savant  distingue,  sous  le  nom  de  rhizoyènes  (boui-geons  (1)  de  racines)  des 

(1)  Le  mot  germes  serait  plus  exact,  car  un  bourgeon  est  un  petit  corps  com- 
posé ou  qui  se  composera,  par  suite  du  développement,  d'un  axe  et  d'appendices. 


908  SOCIÉTii    «OTAINIQL'i:    l)l'-    !  îi.V.NCK. 

orcanes  spéciaux,  d'abord  conrondus  avei'  les  leiiticellos,  mais  qui  en  diffè- 
rent soit  parleur  forme  conique,  soit  par  la  symétrie  de  leur  disposition, 
soit  enfin  parce  que,  loin  d'être  uniquement  ceiluler.x  et  en  connexion  avec 
la  partie  extérieure  de  l'écorce,  ils  sont  cellulo-vascuiaires  et  en  communi- 
cation évidente  avec  l'axe  liiineux.  C'est  par  eux  seuls  aussi  que  peut  avoir 
lieu  un  véritable  accroissement,  (Voy.  Comptes  rendus,  t.  XII,  p.  1171.) 

Cinq  ans  plus  tard  (en  1866),  M.  Trécul,  étudiant  l'origine  des  racines 
adventives,  était  conduit  à  admettre  l'existence  de  racines  rudiment  aires 
latentes  (1),  nommément  dans  le  Nuphar  et  la  Fougère  mâle,  ainsi  que  dans 
certaines  espèces  de  Peupliers  et  de  Saules,  placées  cbez  ces  derniers  sur 
des  proéminences  allongées  du  bois.  (Voy,  Annal,  se.  nat.,  S""  sér. ,  t.  VI, 
p.  310,  311,  333  et  suiv.) 

N'est-il  pas  évident  que  les  tubercules  blancs  de  Du  Petit-Thouars,  les 
rhizogènes  de  M.  Bouchardat,  les  racines  latentes  de  M.  Trécul,  sont  dos 
organes  de  même  nature,  des  orgatics  entièrement  différents  des  lenticellcs 
au  triple  point  de  vue  anatomique,  morphologique  i^t  plnjsiologique?  Voici 
leurs  caractères  distinctifs  : 

1°  Les  lenticellcs  sont  des  hypertrophies  locales  et  de  nature  subéreuse 
de  la  couche  coiticale  interne  (MohI)  ou  des  couches  subneuse  et  herbacée 
(Germain  de  Saint-Pierre)  ;  tandis  que  les  rhizogènes  (mot  très  convenable 
et  qui  me  parait  devoir  être  adopté)  sont  placés  sur  des  proéminences  allon- 
gées du  bois.  Les  premières  sont  constamment  (?)  à  nu  sous  une  fissure  de 
l'épiderme,  soit  qu'elles  provieiuient  d'un  stomate  (Unger),  soit  que  leur 
production  dérive  des  cicatrices  laissées  par  la  chute  de  certains  poils  de 
l'épiderme  (Germain  de  Saint-Pierre)  (2)  ;  les  seconds  émanent  des  couches 
ligneuses.  Nous  avons  reconnu  (et  en  ce  point  nos  observations  sur  la 
Douce-amère  sont  conformes  à  celles  qu'a  faites  M.  Trécul  sur  d'autres 
espèces  de  plantes),  que  les  rhizogènes  étaient  entiei-ement  celluleux,  con- 
trairement a  l'assertion  de  M.  Bouchardat  :  dans  la  liouce-amére  les  utri- 
cules  des  rhizogènes  sont  très  petits  et  globuleux  ;  mais  dès  que  ces  mame- 
lons commencent  à  s'allonger  en  racines,  et  avant  d'offrir  la  moindre  trace 
de  vaisseaux,  les  cellules  centrales  deviennent  étroites  et  longues  et  forment 
une  sorte  de  faisceau. 

2"  Les  lenticellcs  paraissent  dispersées  sans  ordre  sur  les  axes  ;  les  rhizo- 
gènes, se  trouvant  sur  les  proéminences  allongées  du  bois,  se  montrent  le 

(1)  Le  mot  latent,  appliqué  jusqu'ici  à  des  bourgeons  dont  on  supposait  l'exis- 
tence, mais  qui,  à  noU'c  avis,  ne  sont  que  des  êtres  de  raison,  devrait  disparaître  de 
la  nomenclature  bolanique.  Or,  les  rhizogènes,  si  manifestes  dans  la  Doucc-ainèrc, 
le  sont  aussi,  d'après  M.  Trécul,  dans  d'autres  plantes. 

I-)  Le  travail  de  ce  holaiiislc  sur  les  lenticellcs  a  été  connnuuiqiié  à  la  Société 
philomaiique  dans  la  séance  du  13  décembre  18Zi9.  (Voir  l'Institut,  t.  XVIII, 
n"  836,  p.  10.) 


SÉANCH   1)1!   13    NOVRMIUSK    1S57.  909 

plus  souvnit  disposés  en  lignes  et  plus  ou  iTioins  réf^ulièreincnt.  Les  braii- 
clies  (le  la  Douce-amère  présentent  de  trois  à  cinq  arêtes  longitudinales  peu 
saillantes  à  l'état  vert,  mais  parfois  très  apparentes  sur  le  sec  :  or  les  rliizo- 
gènessont  pour  la  plupart  ou  sur  ces  angles  ou  tout  près  d'eux,  mais  jamais 
ou  presque  jamais  sur  le  milieu  des  faces  qui  les  séparent  :  ils  participent 
ainsi,  du  moins  en  partie,  à  la  symétrie  des  radicelles. 

3"  Tout  rhizogène  placé  dans  des  conditions  favorables  doit  se  développer 
en  racine  adventive.  Or  les  expériences  de  M.  de  MohI,  dont  les  résultats 
ont  été  opposés  à  ceux  qu'avait  annoncés  De  Candolle,  ont  appiis  que  ces 
racines  sortent  très  rarement  et  comme  par  exception  des  lenticelles. 
M.  Trécul  a  constaté  l'existence  des  rhizogùnes  (appelés  par  lui  racines  la- 
tentes) sur  plusieurs  espèces  de  Saules,  et  c'est  sur  des  branches  de  Saules 
qu'ont  expéi'imenté  De  Candolle  et  M.  de  Mohl.  ?s'e  serait-il  pas  dès 
lors  possible  (j'allais  dire  probable)  ((ue,  dans  les  cas  où  ces  deux  savants 
avaient  vu  ou  cru  voir  des  racines  émanant  des  lenticelles,  ces  prétendues 
lenticelles  ne  fussent,  au  moins  pour  la  plupart,  que  des  rhizogènes  ayant 
déjà  percé  l'ecorce  et  prêts  à  oi)érer  leur  sortie? 

Les  rhizogènes,  comme  les  lenticelles,  appartiennent  à  la  division  des  or- 
ganes  intermédiaires  o\.\  mixtes^  mots  queje  préfère  à  ceux  d'organes  acces- 
soires adoptés  par  De  Candolle  dans  son  Organographie  végétale  (1).  .f'ai 
cru  devoir  appeler  l'attention  des  botanistes  sur  ces  petits  corps,  omis  peut- 
être  à  tort  jus([u'a  ce  jour  dans  'dus  les  traités  de  botanique  queje  puis  con- 
sulter. 

Il  convient  aussi  de  distinguer  les  rhizogènes  des  racines  adventives,  car 
les  premiers  existent  dans  la  plante  à  l'état  d'organes  manifestes,  les  secon- 
des ne  s'y  montrent  que  lorsqu'elles  doivent  se  produire  au  dehors.  Sans 
doute  les  rhizogènes  peuvent  s'allonger  en  racines,  mais  ce  n'est  point  là 
une  condition  de  leur  existence;  on  pourrait  même  considérer  leur  allon- 
gement comme  accidentel.  En  effet,  je  n'ai  jamais  vu  des  racines  aériemies 
aux  branches  des  Saules  ou  de  la  Douce-amère,  tant  que  ces  branches 
étaient  dans  l'aii-,  c'est-à-dire  dans  leur  milieu  normal  ;  et  a  ma  connais- 
sance, on  n"a  pas  non  plus  signale  des  faits  de  ce  genre. 

M.  (iiiillard  donne  lecture  d'un  travail  intitulé:  Impressions  de 
wicances. 

M.  le  Président  dit  qu'il  vient  de  recevoir  une  lettre  de  M.  Alph. 
De  Candolle,  qui  lui  annonce  la  prochaine  publication  d'un  nouveau 
demi-volume  du  Prodromus. 

(1)  Celte  préférence  est  fondée  sur  cfitte  considération,  que  les  slonialcs,  rangés 
par  De  Candolle  lui-même  dans  la  catégorie  des  organes  accessoires,  ont  une  assez 
grande  importance,  envisagés  au  point  de  vue  physiologique. 


010  SOCIÉTÉ    BOTANIQUK    DE    FRANCE. 

SÉANCE  DU  27  NOVEMBRE  1857. 

PRÉSIDENCE    DE    M.    MOQUIN-TANDON. 

M.  Ducliartre,  secrélaiie,  donne  lecture  du  procès- verbal  de  la 
séance  du  13  novembre,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance,  M.  le 
Président  proclame  l'admission  de  : 

MM.  Treviranus  (Ludolph-Christian),  professeur  à  l'université  de 

Bonn  (Prusse  rhénane),  membre  correspondant  de  l'Institut 

de  France,  présenté  par  MM.  Caspary  et  Duchartre. 
Allâman,  docteur  en   médecine,  à  Lorgnes  (Var),   présenté 

par  MM.  Martins  et  de  Schœnefeld. 
Bras  (A.),   docteur    en    médecine,    maire    de    Villefranche 

(Aveyron),  présenté  par  MM.  T.  Puel  et  L.  Puel. 
Duvergier  de  Hauranne   (Emmanuel),  rue  de  Tivoli,  5,  à 

Paris,  présenté  par  MM.   le  comte  Jaubert  et  de  Scliœ- 

nefeld. 
Stocker  (G.),  interne  des  hôpitaux,  à  la  Charité,  à  Paris, 

présenté  par  MM.  Léon  Soubeiran  et  Chevrier. 
Lahache  (A.),  pharmacien,  à  Bruyères  (Vosges),  présenté  par 

MM.  DorvaultetChatin. 
De  Bary  (Antoine),   docteur  en  philosophie,  h  Fribourg  en 

Brisgau  (grand-duché  de  Bade),  présenté  par  MM.  (]aspary 

et  Duchartre. 
Delavaud   (C),    docteur  en  médecine,   professeur  à  l'Ecole 

de  médecine  navale ,    à   Brest  (Finistère) ,  présenté   par 

MM.  Decaisne  et  Duchartre. 
Brédisson  (Alphonse  de),  à  Falaise  (Calvados),  présenté  par 

MM.  G.  Thuret  et  Decaisne. 
LoRUT  (Louis),  interne  des  iiôpitaux,  à  l'hôpital  Lariboisière, 

à  Paris,  présenté  par  MM.  Viaud-Grandmarais  et  Eugène 

Fournier. 
Sylvestre  (Léopold),  interne  des  hôpitaux,  à  l'hôpital  Lari- 
boisière, à  Paris,  présenté  par  MM.  Viaud-Grandmarais  et 

Jamain. 


SÉANCE    DU    27    NOVFJIHIÎE    1857,  911 

Mop.HEN  (Edouard),  docteur  es  sciences  naturelles,  professeur 

suppléant  à  runiversilé  de  Liège  (Belgique),  présenté  par 

3IM.  Prillieux  et  Ducliartre. 

Knuettel   (S.),   à    Amsterdam    (Pays-Bas),    présenté  par 

MM.  Prillieux  et  Ducliartre. 

M.  le  Président  annonce  en  outre  quatre  nouvelles  présentations. 

Dons  faits  à  la  Société  : 

1"  Par  M.  E.  Le  Maout  : 

Leçons  élémentaires  de  Botanique,  2*  édition. 

2°  Par  M.  Weddcll  : 
Monographie  de  la  famille  des  Urticées. 

3"  De  la  part  de  M.  Lagrèze-Fossat,  de  Moissac  : 
La  Folle-Avoine. 

h°  De  la  part  de  M.  Rantonnet,  pépiniériste  à  Hyères  : 
Catalogue  de  son  établissement. 

5°  En  échange  du  Bulletin  de  la  Société  : 

Mémoires  de  la  Société  impériale  des  sciences  naturelles  de  Cherbourg^ 

t.  IV. 
Journal  de  la  Société  impériale  et  centrale  d'horticulture,   numéro 

d'octobre  18§7. 
L'Institut,  novembre  1857,  deux  numéros. 

MM.  les  Secrétaires  donnent  lecture  des  communications  suivantes, 
adressées  à  la  Société  ; 

VINGT-QUATRIÈME  NOTICE  SUR  LES  PLANTES   CRYPTOGAMES  RÉCEMMENT  DÉCOUVERTES 
EN  FRANCE,  pai-  M.  DEÎI>IM[AZIÈRES  (suite  '). 

PYRENOMYCETES. 

18.   ExciPULA  iMMERSA,  Desmaz.  PL  crypt.  de  France,  série  2,  n"  268. 

E.  liypo-  et  epiphylla.  Cupulis  miiuitis,  membranaceis,  profuiide  iinmer- 
sis,  suborbiculalis,  sparsis,  paucis,  sub.solitariis,  iiigris,  hispidis,  pezi- 
zoideo-apeitis.  Setis  ntni>erot,is,  longissiniis,  rectis,  atris,  subopacis, 
septatis.    JNucleo  albido,   luiraectalo    dilatato  fluxili,    Sporidiis  copiosis, 

(1)  Voyez  plus  haut,  p.  797  ei  858. 


912  SOCifiTH    BOTAÎS'IQLli    UE    FRANCK. 

cylindricis,  redis,  vel  subciirvulis,  liyalinis,  ulriiKiue  in  npiculutii  fili- 
forme pellucldum,  tenuissimiim  terminalis.  —  Hab.  iii  foliis  vetustisquer- 
ciiiis,  Pruni  lusitanien,  etc.  Hieme  et  vere. 

Cette  espèce,  bien  distincte  de  ses  confrénères,  se  Irouve  sur  les  vieilles 
feuilles  des  Quercus  Ilex  et  coccifera,  ainsi  que  sur  celles  du  Prunus  lusi- 
tanka;  il  est  probable,  comme  le  pense  M.  Robcrge  de  qui  nous  tenons  nos 
échantillons,  qu'on  la  rencontrera  encore  sur  d'autres  feuilles  persistantes. 
Elle  se  développe  sur  les  deux  lames,  mais  plus  souvent  sur  la  lame  infé- 
rieure et  même  sur  le  pétiole.  On  ne  peut  guère  compter  plus  de  deux  à  cinq 
individus  par  feuille;  nous  en  avons  pourtant  trouvé  jusqu'à  vingt  ou  vingt- 
cinq  ;  mais  cette  exception  est  très  rare,  et,  quel  que  soit  leur  nombre,  ils 
sont  presque  toujours  écartés  les  uns  des  autres,  rarement  on  en  trouve  qui 
soient  soudés.  Toute  la  plante,  lorsqu'elle  est  humide,  a  un  demi  ou  trois 
quarts  de  millimètre  de  diamètre.  Les  longs  cils,  roides  et  noirs,  dont  elle 
est  hérissée,  ne  se  remarquent  pas  seulement  à  son  extérieur,  mais  nous  en 
observons  quelques-uns  qui  percent  l'hyménium  et  sont  sortis  du  fond  de 
la  cupule,  comme  cela  a  lieu  dans  le  Desmazierella  acicola,  Lib.  De  l'autre 
côté  de  la  feuille,  et  a  la  place  qui  correspond  à  une  cupule,  il  n'est  pas 
rare  de  voir  des  cils  semblables.  Leur  longueur,  lorscjne  l'individu  est  bien 
développé,  atteint  1  millimètre  à  1  millimètre  et  denn  ;  leur  sommet  est 
presque  hyalin,  et  ils  sont  plus  ténus  ([ue  dans  quelques  espèces  congé- 
nères, puisque  vers  leur  base  ils  n'ont  pas  plus  de  û'"'",01  d'épaisseur.  Le 
nucléus  aplati,  ou  contracte  par  la  sécheresse,  se  gonfle  et  s'amollit  lors- 
qu'on l'humecte;  placé  dans  une  goutte  d'eau  sur  le  porte-objet,  il  s'y 
dissout  de  lui-même  en  sporidies,  qui  ont  O'^^^jOlôà  0"^"',02  de  longueur 
sur  0"'"\0025  d'épaisseur  environ. 

Cette  espèce  pourrait  entrer  dans  le  genre  Dinemosporium  de  M.  Léveillé, 
(année  18ii6)  ;  mais  nous  pensons  que  la  plupart  des  ExcipiUa  ont  la  spo- 
ridie  terminée  par  le  prolongement  filiforme  et  hyalm  qui  caractérise  le 
genre  proposé.  Nous  citerons  par  exemple  les  £'.ir//,iî//rt  graminum  et  ver- 
micularia  de  Corda.  Dans  ce  dernier,  le  prolongement  est  plus  court  et 
assez  difficile  à  apercevoir,  si  l'on  ne  possède  p;is  un  bon  microscope.  Dans 
la  plante  dont  nous  venons  ds  nous  occuper,  ces  lilets  forment  le  crochet, 
ou,  si  l'on  veut,  ne  suivent  pas  la  direction  de  l'axe  de  la  sporidie.  Dans  les 
échantillons  que  nous  avons  donnés  dans  nos  Plantes  cri/ptogames  de 
France,  V Excipula  immersa  s'est  développé  en  société  d'un  Aulacographnm 
Mont.  [Aylographum  Lib.)  et  de  notre  Microthyrium  microscopicum. 

19.    Hendeusoma  typhoidearum,  Desmaz.  Ann.  des  se.  nat.  série  3,  t.  If, 
p.  34Zi,  et  PL  rrypt.  do  Fr.  édit.  1,  n"  1891;  édit.  2,  n"  1/i91  ! 
Yar.  Cyperi. 

Cette  variété  remarquable  diffère  du  type  par  !res  spoiidies  un  peu  plus 


séaNCI':  du  2/   KovKMiJUK  1857.  91:') 

îiliongécs  et  renfermant  f)  ou  0  sporules  ;ni  lien  de  fi.  Illle  lial)ite,  en  hiver, 
snr  les  vieilles  feuilles  du  Ci/perus  loiiyus^  et  principalement  sur  celles  qui 
servent  de  collerette  à  l'ombelle.  Ses  périlhéeiums  se  montrent  sur  les  deux 
faces  et  mieux  à  la  supérieure  (ju'à  l'inférieure. 

20.  AsTEniNA  VAGANS,  Dcsuiaz.  var  Accris.  —  Asteroma  vngans  var.  a. 
Aceris,  Desmaz.  .bm.  des  se.  nat.  série  3,  t.  VIIJ,  p.  37  {18/i7). 

Cette  variété  a  été  publiée  dans  nos  Fxsiecata  sur  VAcer  campcstre,  et 
elle  a  été  retrouvée  depuis  sur  VAcer  platanoides.  C'est  sur  ce  dernier  arbre 
qu'elle  ligure  encore  dans  notre  2'  série  des  Plantes  cri/ptogames  de  Fiwice^ 
au  11"  U22.  Nous  réunissons  maintenant  au  genre  Asteînna  de  M.  Léveillé, 
notre  ancien  Asteroma  vagans,  et  l'on  devra  également  faire  entrer  dans  le 
même  genre,  mais  dans  une  section  particulière,  ceux  des  Asteroma  que 
nous  avons  publiés,  dontia  iVuctilicalion  est  thécasporée,  les  véritables  AcS^<?- 
rouiu  étant  atbèques.  Dans  toutes  ces  espèces,  il  est  vr.ii,  le  faciès  est  un  peu 
différent  de  celui  des  Asterina  que  M.  Léveillé  a  fait  connaître  :  les  fibrilles 
rayonnent  sous  l'épiderme  du  support  et  les  spores  sont  unilocnlaires,  du 
moins  dans  celles  que  nous  avens  pu  observer  assez  développées  pour  con- 
stater ce  caractère  ;  mais  pour  ne  pas  augmenter  le  nombre  des  genres  sans 
une  grande  nécessite,   nous  pensons  que  l'on    peut  admettre  des  spores 
uniloculaires,  ou  présumées  telles,  avec  les  spores  biloculairesdu  genre  v4s/e- 
rina,  comme  l'a  défini  ÏM.  féveillé.  Nous  dirons  encore  ici,  que  ceux  de 
nos  Asterina,  et  même  ceux  de  nos  As^e/'o/«fl  dans  lesquels  nous  n'avons  pu 
observer  de  périthéciums,  pourraient  bien  être  des  mijcélhans  néritatotdes 
de  quelques  Pyrénomycètes  qui  ne  sont  pas  encore  développés, 

21.  AsTEKîiNA  VAGAKS,  Dcsmaz.  var.  f.  Alni,  PL  crypt.  de  Fr.  série  2, 
n°  A23  !  —  Asteroma  vagans,  Desmaz.  Ann.  des  se.  nat.  série  3,  t.  VIII, 
p.  37  (18^7),  et  t.  X,  p.  Zh%  (ISZjS). 

La  var.  f.  Alni  a  été  trouvée,  par  M.  Roberge,  au  bois  de  Biéville  près 
Caen.  Les  nombreux  échantillons  qu'il  a  bien  voulu  nous  en  adresser  pour 
nos  Fxsiecata  étaient  accompagnés  de  la  note  suivante.  «  Cette  variété  se 
montre  de  bonne  heure,  en  automne,  aussitôt  que  les  feuilles  de  l'Aune 
sont  tombées,  quelquefois  même  avant  qu'elles  le  soient.  Klle  y  produit  des 
taches  éparses,  brunâtres,  très  apparentes  à  la  face  supérieui-e,  moins 
visibles  ou  indistinctes  ù  la  face  inférieure.  Ces  taches  sont  irrégulièrement 
arrondies,  parfois  oblongues,  et  ont  leurs  bords  comme  anguleux  ou  lobés. 
Leur  diamètre  varie  entre  2  et /i,  5  et  6  millimètres.  Elles  .-ont  d'abord 
d'un  brun  oli\âtre,  puis  d'un  brun  de  plus  en  plus  foncé  :  elles  prennent 
une  teinte  grise  en  vieillissant.  Ces  taches  sont  des  rosettes  de  fibrilles  qui 
layonuent  du  centre  à  la  circonferenee  ;  elles  ^t)ut  rameuse.-,  peu  distinctes 
ï.   IV.  ;"»8 


91  û  SOCIÉTÉ  B0T.\^'1QL■^;  m:  fkanci:. 

même  sur  les  bords  :   elles  deviennent  plus  apparentes  lorsque  les  taches 
ont  pris  la  teinte  grisâtre.  » 

22.  AsTERiNA  ^^scuLi,  Desmaz.  PL  crypt.  de  Fr.  série  2,  n°  425! 

A.  rviaculis  minutis,  sparsis,  brunueis  vel  griseis,  irregulariter  rotun- 
datis,  fibrillosis.  Fibrillis  nuiverosis,  cpidermide  tectis,  tenuissimis,  dicbo- 
vel  trichotomis  a  centro  radiantibus.  Peritbeciis  laxe  gregariis,  exilissimis, 
nigris.  Ascis  brevibus,  medio  inflatis  e  duplici  membrana  distinctis.  Spo- 
rulis  glaucis.  —  Hab.  in  foliis  exsiccatis  yEsculi  Hippocastani.  Vere. 

Le  di.imètre  des  tacbes  varie  entre  2  et  6  millimètres.  Elles  sont  bru- 
nâtres à  la  face  supérieure  de  la  feuille  et  d'un  gris  glauque  a  l'inférieure. 
C'est  en  les  examinant  à  la  loupe  et  en  regard  de  la  lumière,  principalement 
sur  les  folioles  minces,  que  l'on  reconnaît  qu'elles  sont  formées  par  des 
rosettes  de  très  nombreuses  fibrilles  rayonnant  du  centre  à  la  circonférence 
de  chacune  d'elles,  et  donnant  naissance  à  des  péritbéciums  qui  n'ont  pas 
plus  de  O""",075  de  diamètre.  Ces  fibrilles  se  remarquent  à  la  face  supérieure 
du  support,  tandis  que  les  péritbéciums  se  distinguent  mieux  à  l'inférieure. 
Les  thèques  ont  de  0""",03  à  On^^.Oi  de  longueur;  leur  double  membrane 
est  distincte.  Quant  aux  sporules,  nous  n'avons  pu  constater  leur  forme; 
elles  étaient  trop  peu  développées. 

23.  AsTEBiNA  Epilobii,  Desmaz.  PL  crypt.  de  Fr.  série  2,  n®  k2^\ 

A.  maculis  minutis,  subrotundis,  fuscis,  sub  epidermide  fibrillosis.  Peri- 
theciis  minutissimis  ,  subcentralibus,  globosis  ,  poro  pertusis,  collabes- 
cendo  concavis.  Ascis  brevibus,  medio  inflatis;  sporulis  ovoideis,  hyaliuis. 
—  Hab.  in  foliis  siccis  Epilobii  hirsuti.  Hienie. 

Les  feuilles  sèches  de  VFpilobium  liirsutum  produisent,  sur  les  deux 
faces,  des  tacbes  arrondies,  de  1  a  3  millimètres  de  diamètie,  et  plus  pâles 
en  dessous  qu'en  dessus.  Elles  soulèvent  les  feuilles  de  manière  à  les  rendre 
bombées  à  la  face  supérieure  et  déprimées  à  l'inférieure.  Ces  taches  sout 
des  rosettes  de  fibrilles  que  l'on  n'aperçoit  bien  que  quand  on  observe  le 
support  humide  en  regard  de  la  lumière  et  sur  les  feuilles  les  plus  minces. 
Ces  fibrilles  sont  rameuses,  [lâles,  et  layonnent  sous  l'épiderme.  Le  diamètre 
des  péritbéciums  ne  dépasse  point  un  huitième  de  millimètre^  ils  s'alfaissent 
par  la  dessiccation  et  simulent  alors  de  petites  cupules.  Leur  surface  est 
chagrinée  et  leur  nucléus  est  gris.  Les  sporules,  sorties  des  thèques,  mesu- 
rent environ  0"'"',ÛI  dans  leur  grand  diamètre. 

24.  AsTERiNA?  ANGULATA,  Dcsuiaz.  PU  crypt.  de  Fr.  série  2,  n"424! 

A.  amphigena.  Maculis  minutis,  irregulariter  rotundatis,  angulatis,  siccis 
griseo-ciuereis,  bumidis  brunneis,  e  fibrillis  vix  couspicuis,  teucrrimis, 


SKANCK    DU    '27    NOVKÎMIMIK    1857.  915 

ramosis,  inhicatis,  siihradiaiililxis,  cpidermidc  lectis.  Peritlieciis  ignotis. 
—  Haï),  in  l'oliis  siccis  Ulmi.  Hieme. 

Ses  taches  sont  d'un  gris  cendré  quand  la  feuille  est  sèche,  et  presque 
opaques  quand  on  les  examine  en  regard  de  la  lumière.  Elles  sont  moins 
communes  que  celles  blanciiâtres  et  assez  grande^  ou  petites  et  brunes, 
qui  existent  également  sur  le  même  support.  Nous  rapportons  avec  doute 
la  produel  ion  dont  il  est  ici  question  au  genre  Asterina,  parce  que  nous  ne 
savons  si  elle  donne  naissance  <à  des  périthéeiums  dont  la  fructification 
serait  thécasporée.  Les  taches  d'un  gris  cendré,  qui  doivent  fixer  notre  atten- 
tion, ont  de  "1  à  h  millimètres  de  diamètre  et  sont  marciuées  a  leur  circon- 
férence d'angles  bien  prononcés,  parce  qu'elles  sont  limitées  par  les  plus 
petites  nervures.  Les  rosettes  et  les  fibrilles  ne  se  voient  bien  que  sur  les 
feuilles  les  plus  minces,  surtout  lorsqu'elles  sont  humides  et  qu'on  les 
observe  en  regard  de  la  lumière  avec  une  forte  loupe. 

25.  AsTEiuNA?  UMBONATA,  Dcsuiaz.  PL  cTypt.  de  Fr.  série  2,  n°  ^27! 

A.  epiphylla.  i\laculis  minutis,  fusco-brunneis,  sparsis,  rotundatis  dein 
contluentibus.  Fibrillis  tenerrimis,  ramosis,  siouosis,  radiantibus,  epider- 
mide  umbonata  semper  tectis.  Peritheeiis  non  observatis.  —  Hab.  ad  folia 
delapsa  Ribis  alpini.  Autumno. 

Les  taches  que  produit  cette  espèce  ont  de  2  à  3  millimètres  de  diamètre 
environ;  elles  sont  plus  pâles  ou  simplement  gris  cendré  à  la  face  inférieure 
de  la  feuille;  elles  sont  des  rosettes  de  fibrilles,  et  sous  chacune  d'elles  le 
support  finit  par  se  soulever,  de  manière  à  former  une  bosselure  assez 
convexe  à  la  face  supérieure,  et  une  dépression  à  l'autre  face.  Ce  n'est 
qu'alors  que  l'on  remarque  niieux  les  fibiiiles  à  travers  le  tissu  de  l'épi- 
derme  qui  les  couvre.  En  général,  les  fibrilles  des  espèces  que  nous  signa- 
lons ici  ne  se  distinguent  bien  que  sur  les  feuilles  imprégnées  d'humidité, 
soit  artificiellement,  soit  naturellement  dans  les  lieux  où  elles  sont  récol- 
tées. Nous  croyons  cette  remarque  utile  pour  les  personnes  qui  voudraient 
étudier  ces  productions, 

26.  AsTEHiNA  ?  Pybacainth^,  Desmaz.  PL  crypt.  de  Fr.  série  2,  n"  Zi28. 

A.  amphigena,  maculis  minutis,  brunneis.  Fibrillis  vix  distinctis  epi- 
dermide  tectis.  Peritheeiis  innatis  exilissimis,  nigris,  nitidis,  numerosis, 
in  séries  dispositis.  Ascos  non  vidi.  —  Hab.  in  foliis  vivis,  dein  exsiccatis, 
Mespili  Pyracanthae.  TEstate,  autumno  et  hieme. 

Cette  production  se  montre  sur  les  feuilles  du  Buisson-ardent,  lorsqu'elles 
sont  encore  pleines  de  vie;  elle  achève  de  se  développer  lorsqu'elles  sont 
tombées,  et  y  persiste  même  jusqu'à  ce  qu'elles  se  détruisent.  Ses  taches 
sont  tantôt  petites  et  nombreuses,  tantôt  plus  grandes,  et  alors  moins 
nombreuses  ;  leur  diamètre  varie  entre  2  et  6  millimètres,  mais  en  se  réu- 


916  SOCIÉTÉ  lîOTANiQUE   ni-:  FRANCi:. 

nissaiit  elles  prennent  toutes  sorti's  de  Tonnes  el  de  dinficnsions.  Les  fibrilles 
se  soupçonnent  plnlôt  qu'on  ne  les  voit,  a  cause  de  l'épiderme  épais  qui  les 
recouvre;  mais,  aidé  d'une  forte  loupe,  on  distingue  parfaitement  des  traî- 
nées rayonnantes  de  périthéciums  norabieux  et  fort  rapprochés,  ovales  ou 
allongés,  d'un  noir  luisant  à  l'état  humide,  et  un  peu  mat  à  l'état  sec.  Plus 
tard  les  taches  deviennent  blanchâtres  et  semblent  formées  de  fibrilles  qui 
paraissent  avoir  cette  couleur;  mais  ces  fibrilles  ne  seraient  qu'une  appa- 
rence   trompiuse,   produite  par  l'épiderme    soulevé    sur    les   véritables 

fibrilles. 

{La  suite  ù  la  prochaine  séance.) 

NOTICE  fîUP.  LE  PRODROMUS  LICHEyOGRAPHI.E  GALLI.E  ET  ALGERIE,  quem  conscripsit 
William  Nylander,  D.  M.  (ox  Actis  Societatis  Linnœanœ  Bttrdigalensis,  t.  XXI,  Burdigalce, 
1857),  par  M.  MOL'GEOT. 

(Bruyères,  8  novembre  1857.) 

Voici  un  livre  digne  de  l'attention  des  botanistes  qui  aiment  les  Lichens, 
cette  immense  classe  de  végétaux  cellulaires  répandus  sur  tous  les  points 
du  globe,  en  offrant  presque  partout  des  formes  analogues  à  celles  de  la 
France. 

L'auteur,  dans  son  introduction,  observe  que  l'étude  des  Lichens,  plus 
avancée  aujourd'hui  en  raison  de  l'emploi  du  microscope  et  de  l'action  de 
l'iode  sur  le  mucilage  des  apothécies,  demande  une  révision  critique  des 
opinions  admises  jusqu'alors,  ainsi  qu'un  recensement  de  toutes  les  tlores  qui 
traitent  de  ces  végétaux,  attendu  que  les  déterminations  antérieures  n'ont 
souvent  pas  l'apport  à  de  véritables  espèces,  à  des  formes  définies,  et  ne 
fournissent  que  des  notions  vagues  et  incertaines.  On  peut  donc  espérer  une 
reforme  lichénographique  au  moyen  dos  connaissances  analomiques  plus 
complètes,  propres  à  établir  un  arrangement  systématique  plus  certain. 

M.  le  docteur  Nylander,  après  avoir  mentionné  les  recherches  de  M.  Fée 
sur  les  spores  des  Lichens,  devenues,  entre  les  mains  de  MM.  Norman, 
ïrévisan,  Massalongo,  Kœrber,  la  base  d'une  méthode  de  classification 
lichénographi(iue,  nommée  sporologique,  fait  ressortir  plus  encore  l'impor- 
tance des  travaux  de  iM.  Tulasne  sur  les  organes  propres  des  Lichens,  et 
plus  particulièrement  sur  les  npermogoniea. 

Les  spores  et  les  spermogonies  deviennent  ainsi  la  source  de  recherches  de 
plus  en  plus  approfondies  sur  ces  végétaux.  Pendant  longtemps  leurs  formes 
extérieures  restèrent  les  seules  caraetéristi(|ues  des  genres  et  des  espèces, 
tandis  que  les  antres  plantes  cryptogames  avaient  obtenu,  par  l'analyse 
microscopique,  une  classification  établie  sur  leur  .structure  intime. 

M.  INylander,  suivant  les  traces  des  lichenogiaphes  (jui  ont  enqjloyé 
le  microscope,  est  devenu  très  habile  dans  l'usage  de  cet  insliument, 
ce  qui  l'a  mis  à  même  de  présenter  un  essai  d'un  nouveau  système  de  dis- 


SK.VNCK  m    '27   NovKMiuu':   1857.  917 

Iribiilioii  mctliocliqiii'  de  la  famille  des  IJchcii'--.  (Vcst  dans  l'ouvrage  que 
nous  annonçons,  (jn'il  s'est  proposé  de  nous  faire  apprécier,  par  l'analysc! 
systématique  et  syn()pti(iue,  toutes  les  espèces  et  variétés  de  Lichens  qui 
croissent  en  France  el  en  Algérie,  espérant  que  son  Pi'odntDius  (ou  premier 
jet)  sera  accueilli,  jus([u'a  ce  qu'il  lui  soit  possible  de  publier  un  ouvrage 
plus  explicite. 

Les  bases  générales  de  la  classification  de  M.  Nylander  s'appuient 
donc  sur  les  caractères  simultanés,  tirés  des  formes  extérieures  et  de  tous 
les  appareils  oi'ganiques  de  ces  végétaux,  thalle,  fruits,  spermogonies  ; 
mais  tantôt  l'un,  tantôt  l'autre  de  ces  organes  prédomine,  ûc.  sorte  que  le 
principe  de  division  repose  sur  les  uns  ou  sur  les  autres  indistinctement, 
selon  le  caractère  dominant  de  chacun  d'eux.  M.  Nylander  a  cherché 
à  suivre  l'ordre  naturel  dans  les  distributions  des  genres  et  des  espèces,  en 
indiquant  toujours  les  séries  analogues  et  parallèles.  Les  grandes  divisions 
sont  disposées  dans  un  ordre  peu  différent  des  méthodes  anciennes,  l'auteur 
aimant  à  profiter  de  ce  qui  avait  été  fait  avant  lui.  Soiî  travail  est  sui  tout 
remarquable  dans  les  caractères  qu'il  a  su  tirer  des  spermogonies,  qui, 
à  ses  yeux,  ont  une  grande  valeur  pour  l'établissement  et  la  détermination 
des  genres  et  des  espèces. 

Cette  introduction  renferme  beaucoup  d'autres  considérations  sur  les 
IJchens,  qu'il  faut  lire  dans  le  Prodromiis  pour  bien  comprendre  les  ré- 
formes adojitées,  mais  qu'il  serait  trop  long  de  rapporter  ici.  La  géographie 
botanique  des  Lichens  n'y  est  pas  oubliée.  On  y  apprend  que  le  nombre 
des  espèces  de  ces  plantes  déjcà  connues,  répandues  sur  la  surface  de  notre 
globe,  s'élève  à  llG/i,  dont  537  (et  non  51/t  iiulitjuées  par  erreur)  pour  la 
France.  On  y  trouve  aussi  la  signification  de  certains  termes  consacrés  à 
plusieurs  organes,  employés  dans  les  diagnoses.  » 

Nous  traçons  ici  le  tableau  de  la  classe  des  Lichens  présenté  dans  le  Fro- 
fh'omiis,  par  M.  Nylander;  on  y  verra  les  trois  familles  qu'il  admet, 
si  vraiment  celle  des  INlyriangiées  appartient  plutôt  aux  Lichens  ((u'aux 
Champignons.  Le  nombi'c  des  tribus  de  ces  trois  familles  s'élève  à  21,  et 
celui  des  gem-es  à  72,  dont  14  seulement  nouveaux,  créés  par  l'auteur; 
tous  les  autres  sont  empruntés  aux  botanistes  ses  devanciers. 


918 


SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FKANCE. 


Tableau  de  la  classification  des  Lichens,  selon  M.  Nylander 


ClassisLlCHENUM. 


Familia  I.  Collemacei. 

Gênera. 

1 .  Goiiioaema  Nyl. 

2.  Spilonema  Born. 
Trib.  1.  LicaiNEi {3.  Ephebe  Fr. 

i.  Lichina  Ag. 
5.  Pterygiuni  Nyl. 


Trib.  2.  Collemei. 


'1.  Synalissa  DR. 

2.  Omphalaria  DR.  et  Mont. 

\  3.  Collema  Ach. 

I  4.  Lt'ptogium  Fr. 

5.  Obryzum  Wallr. 

;6.  i'hylliscum  Nyl.. 


Familia  II.   Mïriangiacei. 


Trib,  1.  Myriangiei i.  Myriangium  Mont,  et  Berk. 


1*  séries. 
EPICONIODEI. 


2"  séries. 
CLADONIODEl. 


3"  séries. 
RAMALODEi. 


4"  séries. 
l'IlYLLODEl. 


Familia  111.  Lichenacei. 

(  Trib.  1 .  Caliciei < 

]  (4". 

'Trib.  2.  .Sph.erophorei 1. 

iTrib.  3.  B^ohycei 1 . 
Trib.  4.  Cladoniei 1 . 
Trib.  j.  Stereoc-vuiei I. 

/Trib.  6.  Roccellei I. 

Trib.  7,  SiPHULEi I. 

Wrib.  8.  UsNEEi '/ 

)  \^- 

I  Trib.  9.  Ramalinei \  2. 

'  l3. 

(  1 
\Trib.  10.  Cetrariei l  ,. 

Trib.  i  1 .  Peltigerei <  2. 

(3. 
i. 

\^ 

(Trib.   12.  Parmeliei ,  „ 
II 
Trib.  13.  Gyrophorei 1. 


Trachyb'a  Fr. 
Caliciuni  Âch. 
Coniocybe  Ach. 
Spiiinclrina  Fr. 
Sphseropboroa  Pers. 

Bœomycps  Pers. 
Cladonia  Hoffm. 
Slereocaulon  Schrcb. 

Roccella  Bauh. 
Thamuoiia  Ach. 
IJsnea  Hoffm. 
Chiorea  Nyl. 
Alectoria  Ach. 
Evernia  Ach. 
Rainaiina  .Ach. 
Cetraria  Ach. 
Piaiysma  Hoffm. 

Nepbronia  Ach. 
Peltigpra  Hoffm. 
Soioriua  Ach. 
Sticta  Ach. 
Ricasolia  DN. 
Parmelia  Ach. 
Physcia  Fr.,  Nyl. 
Unibilicaria  Hoffm. 


SÉANCE    DU    27    NOVEMBRK    1857. 


911 


/; 


5'  séries. 
PLÂCODEI. 


G'  séries. 
PYRENODEI. 


/Trib.  14.  Lecanorei. 


\ 


'Trib 
App. 

Trib. 


lo.  Lecideinei 

arl  tribum  Lixideineorum. 


Psoroma  Fr.,  \yl. 

Paiiii.iria  Del.,  A'.i/L 

Ampliilotna  Fr.,  Nyl. 

Sqiiaiiiaiia  I)C. 

Placodiutu  DC. 

Lecaiiora  Ach. 

Glypholecia  Nyl. 

Peltula  Nyl. 

Urccolaria  Ach. 
.   Diriiia  Fr. 
.  Perlusaria  DC. 
.   Phlyclis  Wallr. 
.  Thclotrema  Ach. 
.  Belonia  Krb. 

Lecidea  Ach.,  Nyl- 

Gomphillus  Nyl. 

Lithographa  Nyl. 

Xylographa  Fr.,  Nyl, 

Agyriiiiii  Fr..,  Nyl. 

Graphis  Ach. 

Opegraplia  Acii.,  Nyl, 

Platygrapha  Nyl. 

Stiginatidium  Mey. 
;Trib.  17.  Graphidei {  ">.  Arthoiiia  Ach. 

6.  Mel.'sspilea  Nyl. 

7.  Mycoporum  Flul. 

8.  Pseudographis  Nyl. 
\  9.   Chiodecton  Ach. 

[  X  .  Thelocarpon  Nyl. 
2.   Normaudina  Nyl. 

Etidocarpoti  Hedw. 

Verrucaria  Pers.,  Nyl. 
1  5.   Limboria  Fr. 
le.  Theicnella  Nyl. 
f  7.   Eodococciis  Nyl. 
\8.  Thelopsis  Nyl. 


16.  XïLOGRAPHIDEl \  2. 

(3. 
/l. 

'  2. 
3. 


Trib.  18.  Endocarpei. 


Si  M.  Nylander  diffère  peu  des  liclieuogiaphes  anciens  dans  sa  méthode 
pour  l'établissement  des  familles,  des  ti'ibus,  des  genres,  il  n'en  est 
pas  de  même  pour  les  espèces.  Il  a  souvent  réuni  sous  un  seul  type  spéci- 
fique, des  objets  que  l'on  avait  regardés  comiiie  très  distincts  entre  eux; 
c'est  alors  que  M.  Nylander  devient  un  réformateur  critique,  et  elèvedécidé- 
ment  une  digue  contre  les  innovations  dans  la  caractéristique  el  la  numen- 
elature  des  Lichens,  qui,  depuis  quelques  années,  prenaient  une  extension 
effrayante.  Ce  n'est  pas  toutefois  dans  le  Prodromus  ({ue  nous  trouvons  les 
motifs  d'en  agir  ainsi  de  la  part  de  l'auteur:  un  pareil  livre  ne  permettait 
pas  d'entrer  dans  les  détails  indispensables  pour  faire  ressortir  la  justesse, 
l'importance  des  contractions  ou  séparations  d'espèces,  des  changements 
dans  les  diagnoses  génériques  et  spécifiques.  Ces  détails  peuvent  cepen- 
dant être  déjà  appréciés  dans  les  ouvrages  publiés  antérieurement  par 
M.  INylander  ou  par  d'autres  liehénographes.  \a\  effet,  le  non^bre  des  syno- 
nymes appliqués  aux  Lichens  depuis  près  d'un  siècle  jusqu'à  hier,  rapportés 


050  SOCIÉTÉ   BOTAISIQLK    DK    [■•:; ANCi:. 

dans  le  Prod^'omus  pour  cliaciiie  espèce,  la  citation  des  collectiims  où  se 
trouvent  conservés  des  échantillons  de  Lichens,  prouvent  la  patience  qu'il 
a  fallu  a  M.  Nylander  pour  arriver  a  pareil  résultat,  et  plus  encore  ce 
que  vaut  son  discernement  sur  le  choix  de  cette  noment-lature  et  sur  son 
application.  L'emploi  du  microscope,  l'usage  de  la  solution  aqueuse  d'iode 
(cette  dernière  suhstance,  à  cause  des  colorations  variées  qu'elle  produit  au 
contact  de  la  gélatine  hyniéniale,  ou  encore  à  cause  de  son  inaction  sur 
cette  gélatine  lorsqu'elle  manque  de  lichénine)sont  devenus,  entre  les  mains 
de  M.  Nylander,  des  ressources  merveilleuses,  la  dernière  inconnue  autre- 
fois dans  l'étude  des  Lichens. 

Nous  finissons  cette  notice  en  apprenant  à  nos  confrères  que  M.  Nylander 
vient  d'être  appelé  à  Londres  pour  étudier  les  Lichens  du  vaste  herbier 
de  iMiNL  Hooker.  Cet  examen  ne  peut  manquer  d'étendre  les  connaissances 
de  M.  INylander  et  de  le  conduire  à  perfectionner  sa  classification  lichéno- 
graphique. 

Avant  son  départ  et  après  discussion  entre  nous,  sur  quelques  rectifica- 
tions à  introduire  dans  le  Prodroinus,  il  nous  a  autorisé  à  les  présenter  à  la 
Société. 

Remarques  sur  la  synonyinie  de  certaines  espèces  de  /lichens  mentionnées 
dans  le  Pi'odromus  lichenographiae  Galliae  et  Algericie  de  M.  Nylander, 
de  même  que  sur  des  omissions  de  plusieurs  espèces. 

Page  21.  Collema  chalazanum  Ach,  —  Le  Lenipholenima  compaclum  Krb. 
S.  L.  G.  p.  ZiOl,  et  le  Physma  franconicuni  ^Jass.  Miscell.  Lichen,  p.  21, 
ne  différent  pas  de  ce  Lichen. 

P.  26.  Le  Leptoyium  microscopiciim  Nyl.  n'est  probablement  pas  une  bonne 
espèce,  mais  plutôt  \xn  status  leproideus  diminutus  du  L.  lacerum  Fr, 

P.  35.  Le  Bœomyces  Prostii  Duf.  (thallo  fere  ut  in  Lecidea  glebulosa  Fr. , 
apotheciis  sessilibus  convexis  sœpius  pluribus  confluentibus,  gonidiis  in 
glomerulis  dispositis,  ceteris  fere  ut  in  B.  rufo)  découvert  dans  la  Lozère 
par  Piost,  constitue  peut-être  une  espèce  distincte  du  B.  rufus. 

P.  h\.  Cladonia  maciienta  :  ici  a  été  oubliée  la  variété  ostreata  (cf.  rs'yi. 
Herb.  î./ch.  Paris.  108). 

P.  A2.  Le  Stereocaulon  condensatum  du  Prodromus  n'est  que  le  St.  cereoli- 
num  Acli.,  Th.  Fries.  M.  INylander  n'a  pas  vu  d'échantillons  français  bien 
certains  du  St.  condensatum  Hoffm. ,  Th.  Fries  (Fr.  L.  S.  exs.  88)  ;  ceux  qui 
peuvent  y  appartenir  avaient  été  recueillis  en  Bretagne.  Le  n°9/j7  Moug. 
et  Nestl.  Stirp.  crypt.  vog.,  est  le  Stereocaulon  cereolimim  Ach.,  qui  ne 
forme  peut-être  qu'un  état  plus  développé  et  saxicole  du  Sfer.  condensa- 
tum. —  Le  Sfer.  tomentosum  vient  aussi  dans  les  Vosges. 

P.  S.'î.  Le  Sticta  sylvatica  a  été  trouvé  avec  des  apotbocies,  par  ^L  Bo- 
reau,  à  la  forêt  de  Bonncconibe,  aux  llochers-de-Laval,  dans  les  Cévcnnes; 


SÉANCK    DU    '1~    NOVKMHUK     ISÔT.  0'2I. 

mnis  sa  fiondc  offre  dans  cet  vVài  une  foini'c  iiui  s'approche  beaucoup  de 
celle  du  .S7.  fuliijinosa.  Il  est  possible  que  même  le  St.  Umbata  n'en  soit 
pas  réeliemeat  distinct  comme  espèce. 

P.  56.  r.e  I*arinelia  contorta  IJoiy  ne  parait  pas  être  autre  chose  qu'une 
variété  du  /'.  saxatilish  lanières  thallines  allongées,  d'après  le  type  de 
l'herbier  Tîory. 

P.  67.  Le  Patellaria  anthracina  Dub.  B.  G.  p.  652,  est  identi(iue  avec  le 
Pannaria  triptophylla  v.  lu'gy'a  (Ach.). 

P.  72.  Le  Lncanora  explicata  Cbaub.  in  St-Am.  FI.  Ag.  p.  495,  n'est  autre 
chose  que  le  Placodium candicansDuhy .—  Le  Plac.  Agardhianum  Hepp, 
Flecht.  407,  est  un  status  ecrustaceiis  du  Plac.  circinatinn  v.  psorale  Ach. 
Il  faut  ajouter  li  ce  genre  le  PL  Reuteri  Scha;r.,  que  IM.  Philippe  a  ren- 
contré à  Bédat  près  Bagnères-de-Bigorre. 

P.  75.  Le  Parmeliaparietlna  v.  turyida  Hepp,  Flecht.  373,  ne  diffère  pas 
de  la  forme  gilva  du  Lecanom  cerina  Ach.  Le  Plac.  citrinwn  Hepp, 
Flecht.  304,  et  le  Plac.  citrinellum  ejusdem  305,  se  rapportent  au  Leca- 
nora p/dogina  Ach. 

P.  86.  Le  Lecanora  epibryon  Xch.  devrait  être  mentionné  à  cette  page  comme 
un  état  muscicole  du  Lee.  subfusca.  Le  nom  Lecan.  retorrida  Chaub.  in 
St.-Am.  FI.  Agen.  p.  493,  nest  pas  un  synonyme  de  ce  dernier,  comme 
AI.  Nylander  l'avait  cru,  mais,  d'après  un  échantillon  typique,  le  Lecidea 
coarctata  Ach. 

P.  89.  Le  Lecan.  minutissimu  Mass.  Miscell.  p  37,  paraît  constituer  une 
variété  du  Lecidea  erysibe  Ach.  —  Le  Lecan.  strobilina  Ach.  n'est  pas 
différent  du  n»  125  Nyl.  Herb.  Lich.  Paris.  (  Verr.  macidiformis  Uoffm.], 
présentant  une  modilieation  peu  caractérisée  du  T^ecan.  varia. 

P.  101.  Le  nom  Lecan.  crateriformis  Chaub.  in  St.-Am.  FI.  Agen.  p.  492, 
est  synonyme  du  Lecidea  cupularis  Ach.  [Lecanora  Dub.  B.  G.  p.  665). 

P.  107.  Après  Lecidea  sanyuineo-atra,  il  faut  ajouter  une  variété  particu- 
lière de  ce  Lichen  observée  par  M.  Buchinger  parmi  les  bruyères  du  Bas- 
Rhin,  et  que  iM.  Nylander  appelle  planiuscula  :  «  Apotheciis  faciei  fere 
lecanorinœ,  margine(proprio)  scilicet  pallescente,  et  plauioribusquam  in 
typo  Lecideœ  sanguineo-atrœ .  » 

P.  122.  Le  nom  Patellaria  Prostii  Dub.  semble  se  rapporter  au  Lecidea 
squalida  Ach. —  Le  Toninia  cinereo-virens  Mass.  ne  diffère  pas  du  Leci- 
dea aromatica  Ach.,  pas  plus  que  n'en  diffère  le  Biatora  congesta  envoyé 
par  M.  Arnold  au  Muséum  de  Paris. 

P.  126.  H  faut  ajouter  après  le  Lecidea  confusa,  le  Lecidea  miscella  Ach., 
Nyl.   in   Bot.   iNoiis.  1853,  p.  182,  espèce  terrestre  découverte  par  moi 
dans  les  Vosges. 
■p.  132.   \.e  Lecidea  goniophita  Scha;r.  est  plutôt  une  modification  du  L. 
alào-cœrulescens  Fv.  que  du  /. .  tessellata  Flk. 


922  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCK. 

P.  137.  Dans  l'hei-bier  de  Bory  se  trouve  un  échantillon  de  Ledd.  euphorca 
Flk.  dépourvu  de  thalle  et  recueilli  probablement  en  France;  l'étiquette 
porte  seulement  :  «  Entaillade  du  Pin.  » 

P.  140.  Le  Lecidea  cerebrina  Schaer.  a  été  désigné  par  Massalongo  sous  le 
nom  d' Fncephalogmpha  cerebrina  Mise.  Lich.  p.  19. 

P.  146.  IM.  Nylander  a  vu  une  forme  du  Lecidea  sa.nguinaria  var.  affinis 
Schaîr,,  provenant  des  Cévennes,  dont  les  thèques  étaient  quelquefois 
bispores,  le  thalle  presque  lépreux. 

P.  147.  Le  singulier  Gomphillus calicioides  Del.  offre  quelquefois  des  apo- 
thécies  polycéphales  à  2-5  capitules  portés  sur  le  n)ènie  hypothecium 
stipitiforme. 

P.  161.  Le  Lecnnactis  stictica  DR.  est  très  voisin  de  VOpegrupha  lyncea; 
le  premier  a  des  apothécies  plus  petites  et  plus  arrondies,  des  spores  à 
7-9  cloisons.  M.  Dufour  l'a  observé  sur  l'écorce  du  Chêne,  avec  des  fruits 
saupoudres  d'un  blanc  bleuâtre. 

P.  162.  Le  Platygrapha  periclea  Ach.  se  trouve  aussi,  quoique  rarement, 
sur  les  Chênes  de  la  forêt  de  Fontainebleau,  et  s'approche  en  cet  état  du 
PL  rimata  Nyl.,  que  Flotow  regarde  comme  une  simple  variété  du  PL 
periclea. 

P.  166.  VArthonia  dispersa  Duf.  a  été  observé  par  M.  Philippe  sur  des 
Frênes,  près  de  Bagnères-de-Bigorre,  avec  des  apothécies  assez  semblables 
à  celles  de  VArth.  astroidea.  Les  spores  du  premier  sont  d'une  grosseur 
très  variable,  longues  de  0,016-23  millimètres,  épaisses  de  0,008-0,014 
millimètres. 

P.  167.  Le  Stictis  Castagnei  Mont,  est  absolumeut  le  même  Lichen  que 
V Opegrapha  stictoides  Desmaz.;  c'est  évidemment  un  Lichen  du  genre 
Arthonia  et  d'aucune  façon  un  Discomycète. 

P.  168.  L'échantillon  typique  du  Patellaria  dryina  Dub.  B.  G.  p.  650, 
conservé  dans  l'herbier  du  Muséum  de  Paris,  recueilli  par  Prost  sur 
l'écorce  des  Érables,  autour  de  Mcnde,  appartient  à  ['Arthonia  patellu- 
lata  Nyl.,  qui  doit  ainsi  être  ajouté  aux  espèces  de  ce  genre,  qui,  pour  la 
France  et  l'Algérie,  s'élèvent  au  nombre  de  22. 

P.  171.  le  Pseudographis  maintenant  n'est  peut-être  pas  un  '.Jchen  comme 
le  croyait  M.  Nylander  au  moment  de  la  rédaction  du  Prodromus,  mais  un 
Discomycète,  où  d'ailleurs  le  rangeait  Persoon,  en  le  nommant  Hysterium 
elatinwn. 

P.  180.  Le  Verrucaria  glebulosa  Nyl.  a  été  observé  par  M.  Montagne 
près  de  Lyon.  Le  Thrombium  lecideoides  Mass.  parait  en  constituer 
une  modification  a  thalle  plus  plan  et  moins  dissocié. —  Le  Ve^^rucaria 
circumscripta  Chaub.  in  St.-Am.  FI.  Agen.  p.  484,  dont  M.  Nylander 
n'a  pas  vu  le  type,  ne  diffère  peut-être  pas  du  V.  viridula  Ach. 

P.  182.  Le  Verrucaria  clopima  Duby,  B.  G.  p.  647.  se  rapporte  à  un  état 


SÉANCE    DU    27    NOVKMBUK    1857.  923 

fcrniuineux  du  V.  mmujacea,  à  thalle  d'un  roux  d'ocre,  et  dont  l'herbier 
du  Muséum  de  Paris  possède  un  échantillon  recueilli  par  Prost,  sur  des 
roches  basaltitiues  du  mont  Aubrac,  dans  la  Lozère.  —  Le  Thelidium 
Auruntii  Mass.  et  le  Sagediacataractarum  Hepp,  Flecht.  /i'i2,  expriment 
des  formes  peu  distinctes  du  Verr.  Sprucei  Leight.  —  Les  noms  Sagedia 
Borreri^aig.  et  Amphoridium  umbrosum  Mass.  se  rapportent  au  V.  py- 
renophora  Ach.,  de  même  que  Thelotrema  Hegetschweileri  Naeg.  in  Hepp, 
Flecht.  /il6. 

P.  183.  Les  Verrucaria  baldensis  IMass.  et  Hymenelia  hiascens  Krphb. 
semblent  à  M.  Nylander  être  synonymes  du  Verr.  rupestris,  et  VAm- 
phoridiumveronense  Mass.  du  Verr.  rupestris  v.  intégra  Nyl. 

LçVerr.PazienliiM-A$^.  [Verr.  myriocarpa  Hi^^p,  Flecht.  430),  semble 
également  se  rapporter  à,une  modification  de  cette  dernière  variété  (iden- 
tique avec  le  Verr.  murina  Leight.  à  périthèces  entièrement  noirs,  à 
spores  petites).  Le  Verrue.  Hoffmanni  Hepp,  Flecht.  Zi31,  est  le  Verr. 
rupestris  var.  purpurascens  Hoffm.,  dont  la  coloration  rose  dépend 
d'orciiiéate  de  chaux. 

Le  Verr.  lindtata  Krphb.  n'est  qu'une  modification  du  Verr.  muralis 
Ach.  qui  a  aussi  été  trouvé  par  Prost,  dans  le  département  de  la  Lozère, 
sur  bois  {Verr.  puteana  Hepp,  Flecht.  437). 

Le  Verrucaria  Ungeri  Flot,  se  rapproche  beaucoup  du  Verr.  Sprucei 
V.  rugulosa  Nyl.  Prodr.  p.  182,  note. 

P.  186.  VArthopyrenia  saxicola  Mass.  est  identique  avec  la  forme  persi- 
cina  (Krb.)  du  Verr.  chlorotica  Ach.,  Nyl. 

P.  189.  Le  nom  de  Verrucaria  rubell a  Chaub.  in  St.-Am.  FI.  Agen.  p.  483, 
n'exprime  qu'une  modification  du  V.  conoidea  Fr.,  a  thalle  un  peu  teint 
de  rose. 

P.  190.  Le  Sagedia  Massalongiana  Hepp,  Flecht.  446,  est  un  Verr.  pluri- 
septata'Ny\.  (minor),  auquel  a  été  réuni  à  tort,  comme  synonyme,  le 
Blastodermia  nitida  Mass.  Rie.  p.  180  ,  qui  constitue  une  espèce  bien 
différente  (du  groupe  du  V.  nitida),  à  spores  oblongues,  brunâtres,  et  a 
5-7  cloisons.  M.  Nylander  appelle  cette  dernière  espèce  Verrucaria 
circumfusa  («  apotbecia  depressiuscula,  ambitu  nonnihil  circumfuse 
depianata,  epitbecio  late  impresso  »). 

P,  193.  Le  Trichothecium  Arnoldi  Mass.  Miscell.  p.  27,  est  une  Sphérie 
parasite  sur  le  thalle  de  Y Urceolaria  scruposa  v.  bryophila,  et  non  un 
Endococcus  de  Nylander. 

Dans  une  note  placée  au  bas  de  la  page  86  du  Prodromus,  M.  Nylander 
décrit  une  forme  particulière  de  Pycnide  encore  inconnue,  où  il  s'agit  de 
spores  articulées  (comme  celles  des  Torula]  ou  stylospores,  selon  la  termino- 
logie de  M.  Tulasne,  renfermées  dans  un  conceptacle  clos  {concept aculum 


92/i  SOCIÉTÉ    BOT.VMOl'K    DH    Fl'.A.NCt:. 

pyrenodeuni).  Jusqu'à  pi't'si'iit,  on  n'avait  vu  que  des  stylospores  indivi- 
sibles, et  iM.  iSylandcr  vient  d'en  observer  (jui  se  fractionnent  en  h  ou 
5  spores  oblongues. 

Ce  Prodrome  ou  récapitulation  des  Lichens  qui  croissent  en  France, 
amènera  de  nouvelles  observations  sur  plusieurs  de  ces  Lichens;  nous 
pouvons  déjà  dire  aujourd'hui  et  de  l'aveu  de  l'autetir,  que  son  Cladonia 
fnrcata  Herb.  Par.  n°  21,  n'est  qu'une  modilication  du  Cladonia  ramjl fe- 
rma; que  le  Lecanora  glaucoma  f.  subcatmea  de  la  même  collection  u°  Ui, 
est  une  de  ces  formes  intermédiaires  qui  relient  le  Lecanora  suOfusca  au 
Lee.  glaucoma  (1). 

NOTE  SUR  LE  CASI'AIUNA  EQUISETIFOUA  L.  (noms  tamouls  :  Sombrdni  maram,  Seva  viaram), 

par  M.  Jules  LÉPIIVE. 

(Pondicliéry,  mai  1857.) 

De  tous  les  arbres  qui  végètent  dans  les  îlesde  l'Océanie,  il  n'en  est  pas, 
à  part  ceux  dont  l'homme  tire  sa  nourriture,  qui  soient  plus  utiles  que  le 
Casuarina  equiscfifolia  et  quelques  autres  espèces  de  ce  genre,  comme  le 
C.  muricntn  Roxburgh,  etc. 

Le  genre  Casuarina  parait  appartenir  à  la  tlore  de  la  Nouvelle-Hollande, 
des  iles  de  l'Océanie  et  de  quelques  iles  de  l'Archipel  indien.  Aujourd'hui 
on  en  trouve  plusieurs  espèces  naturalisées  sur  le  littoral  de  l'înde,  à  Ma- 
dagascar, à  l'Ile  Maurice  et  à  la  Réunion  ;  il  a  été  aussi  introduit  au  Brésil, 
aux  Antilles,  et  probablement  sur  d'autres  points  du  globe. 

Les  Casuarina  sont  susceptibles  d'être  utilisés  en  médecine,  dans  l'in- 
dustrie, dans  l'agriculture;  c'est  donc  a  ce  triple  point  de  vue  que  nous 
allons  faire  l'histoire  abrégée  de  la  principale  espèce  du  genre,  le  C.  equise- 
tif'olia. 

C'est  principalement  par  le  tannin  que  renferme  cet  arbre  qu'il  peut 
être  utile.  L'examen  de  toutes  ses  parties  nous  a  conduit  aux  résultats 
suivants  :    Les  feuilles   ne   renferment   pas   de   tannin ,  les  chatons   en 

(1)  Nouvelles  espèces  de  Lichens  récemment  découvertes  en  France  :  i.  Pyre- 
nopsis  fuscatula  Nyl.  n.  g.,  n.  sp.,  de  la  tribu  des  ColUmées,  aux  environs  de 
Clierbonrp;  (l,e  Jolis).  —  2.  Leciâea  lœvigata  Nyl.,  sur  les  scliistos,  près  de  Clicr- 
bourg  (Le  Jolis).  —  3.  Stigmatidiwn  leticinum  Nyl.,  très  belle  espèce  saxicolc 
trouvée  par  M.  I,o  Jolis,  pri's  de  Cherbourg,  —  Zi.  Arlhonia  difformis  Nyl., 
excellente  espèce  découverte  par  le  docteur  Mueblenbeck  dans  la  forêt  de  la  llnidt 
(Hb.  Mougeot).  —  5.  Verrucaria  lialodijtes  Nyl.  in  hb.  Le  Jolis,  espèce  saxicolc 
très  remarquable  (lu  groupe  du  Vcrr.  epidermidix.  Près  de  Cherbourg,  «  au  fond 
d'une  peiiie  llaquc  d'eau  de  mer  situt'C  au  haut  d'un  gros  rocher  recouvert  à 
chaque  marée.  La  plante  était  toujours  recouverte  par  l'eau  »  (Lo  Jolis,  m  lilt.). 

{Note  communiquée  par  M.  Nylandcr.) 


sK.vNci-:  mi  '11  NovHMBUK  1857.  925 

contiennent  peu,  le  bois  est  égaUment  peu  riche  en  tannin.  Il  n'en  est  pas 
de  même  pour  l'écorcc  qui,  des  la  première  année,  est  astringente;  a  (\^\\\ 
ans  le  tannin  augmente  et  récorce  se  colore  en  rouge  pâle;  c'est  vers  la 
cinquième  année  que  la  quantité  de  tannin  et  de  matières  solubles  parait 
être  à  son  maximum  dans  l'écorce.  Plus  tard  la  cellulose  augmente  et 
l'écorce  donne  moins  d'extractif.  En  prenant  des  écorces  depuis  l'âge  de 
trois  ans  jusqu'à  celui  de  trente,  on  obtient  des  quantités  d'extrait  qui 
varient  de  dix  à  trente  pour  cent  de  l'écorce  employée.  Les  bonnes  écorces 
donnent  eu  moyenne  vingt-cinq  pour  cent  d'extrait  sec;  cet  extrait, 
obtenu  soit  par  l'eau,  soit  par  l'alcool  faible,  est  rouge  foncé,  se  pulvérisant 
facilement,  n'attirant  pas  l'humidité,  en  grande  partie  soluble  dans  l'eau, 
et  pouvant,  par  ses  caractères  physiques,  être  confondu  avec  l'extrait  de 
ïlatanhia  dont  les  réactions  chimiques  le  différencient. 
Voici  la  composition  chimique  de  l'écorce  de  Casuarina  : 

Matière  grasse  jaune 1,00 

Matière  colorante  rouge 8, Où 

Malière  résineuse /i,92 

Tannin .  19,22 

Gomme 1,60 

Amidon 2,85 

Matière  extractive.  .  .    . 1,40 

Pectate  de  chaux 5,80 

Chlorures,  sulfates  cl  diirérents  sels,  cellulose,  perte  .  .  65,17 

Le  tannin  contenu  dans  cette  écorce  est  difficile  à  obtenir  à  l'état  de 
pureté  ;  il  reste  uni  à  de  la  matière  colorante  rouge  et  se  transforme 
lui-même,  sous  l'influence  de  la  chaleur,  de  l'air  et  de  divers  dissolvants, 
en  un  tannin  rouge  ayant  de  la  ressemblance  avec  le  rouge  cinehonique.  Le 
tannin  du  Casuarina  colore  les  sels  de  fer  en  noir  bleu. 

Depuis  18^5,  époque  où,  pour  la  première  fois,  j'ai  appelé  l'attention 
sur  les  propriétés  médicales  de  cet  arbre  ,  son  écorce  est  employée 
avec  succès  dans  nos  établissements  de  l'Océanie;  et  depuis  18/i9,  les 
médecins  français  établis  sur  la  côte  de  Coromandel  en  font  un  fiéquent 
emploi.  C'est  un  tonique  et  un  astringent,  sans  arrière-goût  amei-,  qui  peut 
être  donné  dans  tous  les  cas  où  la  médication  astringente  est  indiquée  et 
servir  d'excellent  succédané  à  la  racine  de  Ratanhia. 

Cette  substance  peut  être  employée  aussi  à  la  teinture  sur  coton,  sur  laine 
et  sur  soie;  les  nombreux  essais  faits  par  moi  ne  laissent  aucun  doute  â  cet 
égard.  —  Comme  mordant  et  comme  matièie  colorante,  elle  se  fixe  par 
l'intermédiaire  des  mordants  alumineux  et  feri-uginenx,  et  aussi  directement 
sans  mordants,  par  simple  immersion  du  tissu  dans  un  hnin  de  Casuarina 
et  exposition  à  l'air.  La  couleur  obtenue  est  naukiii  rougeâtre,  elle  e.-t  inal- 
térable par  l'eau,   le  savon,  les  alcalis,  la  liuniere  solaire  et  la  chaleur. 


926  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE    DE   FRANCE. 

K'ccoroc,  r(Mifermant  environ  un  cinquième  de  son  poids   de  tannin,  peut 
encore  être  utilisée  comme  matière  tannante  dans  plusieurs  industries. 

Le  bois  de  Cnsuarina  offre  un?  grande  densité,  ses  fibres  sont  lonijues  et 
très  résistantes;  les  sauvages  de  l'Océanie  se  servent  de  cet  arbre  pour  fa- 
briquer leurs  armes  et  divers  usTensiles  dont  tous  les  Européens  qui  ont 
visité  ces  parages  ont  apprécié  la  couleur  foncée  et  la  dureté.  Le  mode  de 
préparation  du  bois  est  des  plus  simples  :  il  consiste  à  placer,  pendant  envi- 
ron une  année,  des  brandies  de  l'arbre  dans  des  terrains  submerges. 

Ce  bois  n'est  pas  attaqué  par  le  termite,  insecte  qui  ronge  la  plu- 
part des  bois.  Il  est  inaltérable  dans  l'eau,  et  par  suite  précieux  pour  les 
constructions  sous-marines.  Je  ne  connais  que  deux  bois  qui  puissent  lui 
être  comparés  sous  ce  rapport  :  c'est  le  chêne  en  Europe  et  le  tek  dans 
rinde. 

Le  Casuarina  equisetifolia  forme,  dans  les  îles  de  l'Océanie,  des  forêts 
assez  étendues 5  le  terrain  qui  parait  le  plus  propre  a  son  développement  est 
situé  au  bord  de  la  mer,  ce  sont  les  plages  et  les  ilôts  madréporiques  recou- 
verts de  sable.  Cet  arbre  peut  aussi  se  développer  dans  les  terrains  argileux, 
mais  là  sa  croissance  est  moins  rapide;  on  le  voit  même  pousser  sur  les  ro- 
ches basaltiques,  souvent  à  l'état  rabougri,  il  est  vrai,  mais  se  développant 
encore  là  où  l'on  a  peine  à  trouver  un  peu  de  terre  végétale. 

Le  Casuarina  étant  répandu  et  naturalisé  sous  des  latitudes  très  diverses, 
nul  doute  qu'on  ne  puisse  le  propager  dans  le  midi  de  la  France  ;  sa  culture 
en  Corse  et  en  Algérie  serait  certainement  couronnée  de  succès;  il  serait 
surtout  utile  pour  fixer  les  dunes  et  les  sables  du  littoral,  car  ses  racines, 
très  longues  et  horizontales,  le  rendent  piopre  à  cet  usage. 

Je  termine  cette  note  en  faisant  des  vœux  pour  que  la  naturalisation  des 
Casuarina  soit  essayée  en  France  sur  une  large  échelle. 

DE  LA  COLONNE  OU  COLLMELLE  DES  GÉRA.MACÉES,  DES  MALYACÉES  ET  DES  EUPHORBES, 

par  M.  D.  CLOS. 

(Toulouse,  15  novembre  1857.) 

La  plupart  des  auteurs  de  botanique  admettent  que  les  carpelles  des 
(îéraniacées  sont  appliqués  contre  un  prolongement  de  l'axe  :  tels  sont  De 
Candolle  {Prodr.,  1,  637,  et  Organogr.,  I,  klk),  M.  Alpb.  i)e  Candolle 
[Introd.  ù  la  Bot.,  \,  151,  et  11,  126),  Endiicher  {Gêner.,  p.  1166),  Aug. 
de  Saint-Hilaire  [Leçons  de  Bot.,  p.  525),  MM.  Co-sson  el  Germain  [Flore 
des  environs  de  Paris,  U6),  Grenier  et  Godron  [Flore  de  France,  I,  297), 
Adr.  de  Jussieu  (art.  Gébaniacées  du  Dict.  univ.  dliist.  nat.),  Ach.  Richard 
[Précis,  p.  288),  et  enfin,  tout  récemment  encore,  M.  Chatin  (voy.  Ann. 
se.    nat.,  W  série,  t.  VI,  p.  258)  (1).  M.  Le  Maout,  après  avoir  combattu 

(1)    «  La  colouue  qui  sépare  les  carpelles  des  Géraniacées,  dit  M.  Clialiu,  est  uû 


sÉANCi-:  DU  '}.!  NOVKMniïK  1857.  927 

celte  manière  de  voir  dans  nn  premier  ouvrafic  [Leçons  de  Bot.,  I,  p.  7f)), 
se  range  plus  tard  à  l'opinion  commune,  et  dit  les  carpelles  des Géraniacées 
adhérents  à  un  prolonyenienf  de  l'axe  [Atlas  de  liot.,  p.  128). 

Cependant,  dès  1838,  M.  Seringe  s'efforçait  de  démontrer  que  cette 
assertion  n'était  nullement  fondée  sur  des  preuves  rigoureuses.  Kn  même 
temps,  il  faisait  eonnnitre  un  cas  de  tératologie  végétale  présenté  par  le 
Géranium  columbinum  L.,  et  dans  lequel  les  carpelles  s'étaient  écartés, 
comme  ils  le  sont  dans  \esSedum,  et  avaient  repris  leur  individualité,  sans 
laisser  trace  de  columelle  au  milieu  d'eux  (voy.  v4nn.  se.  phys.  de  Lyon., 
1. 1,  p.  316  et  suiv.,  pi.  XI  et  XII).  A  notre  époque,  M.  Schleiden  me  parait 
être  seul  à  soutenir  une  doctrine  semblable  à  celle  de  M.  Seringe  [Grundz. 
d.  Wissensch.  Bot. ,  II,  p.  321 ,  note),  et  néanmoins  cette  doctrine  a  pour  elle, 
si  Je  ne  me  trompe,  le  double  témoignage  des  faits  et  de  l'induction. 

C'est  une  loi  générale  que,  lorsqu'un  axe  va  s'atténuant  vers  une  de  ses 
extrémités,  ses  faisceaux  fibio-vasculaires,  s'ils  étaient  isolés,  se  réunis- 
sent, et  s'ils  étaient  réunis  en  cercle,  se  condensent  en  un  seul  faisceau.  En 
est-il  ainsi  de  la  prétendue  columelle  des  Géraniacées?  Nullement.  Faites 
une  coupe  transversale  intéressant  soit  la  partie  ovarienne,  soit  le  style  de 
ces  plantes,  et  vous  reconnaîtrez,  à  l'angle  interne  de  chacune  des  cinq 
cloisons  ou  des  parties  qui  leur  correspondent  dans  le  style,  un  seul  fais- 
ceau fibro-vasculaire,  entouré  de  tissu  cellulaire  :  une  cavité  centrale  est 
circonscrite  par  cinq  faisceaux  parfaitement  distincts. 

Ce  qui  prouve  bien  que  la  columelle  n'est  qu'apparente,  c'est  qu'au  mo- 
ment de  la  dissémination  des  carpelles,  ceux-ci  ne  sont  jamais  entiers, 
comme  l'a  très  judicieusement  fait  lemarquer  M.  Seringe.  Leur  suture  ven- 
trale est  restée  adhérente  au  centre  de  la  fleur  pour  former  la  columelle. 

J'ajoute  qu'après  la  disjonction  des  carpelles,  les  styles  persistent  (du 
moins  en  partie)  surmontés  des  stigmates.  Or  le  style  ne  fait-il  pas  tou- 
jours partie  du  carpelle  ? 

S'il  convient  d'être  très  réservé  dans  les  conclusions  que  l'on  tire  des  faits 
tératologiques,  il  n'en  est  pas  moins  constant  que  le  cas  décrit  par  M.  Se- 
ringe témoigne  de  l'absence  d'axe  au  centre  du  fruit  des  Géraniacées. 

Aug.  de  Saint-Hilaire  a  soutenu  de  son  autorité  cette  doctrine,  que  dans 
la  placentation  axile,  les  ovules  naissent  sur  un  prolongement  de  l'axe 
[Mém.  sur  les  Réséd.,  p.  11  et  21,  et  Leçons  de  Bot.,  p.  Zi88-Z»90).  Link 
l'admet  aussi  {Élém.  pfiil.  bot.,  2'  édit.,  t.  II,  p.  216)  ;  mais  De  Candolle, 
MM.  Brown,  de  Mohl  et  Brongniart  considèrent  dans  cette  disposition  le 
placenta  comme  une  dépendance  de  la  feuille  carpellaire.  Dans  un  travail 
récent,  M.  Brongniart  a  montré  combien  cette  dernière  théorie  était  plus 

prolongement  de  Taxe,  conlro  lequel  s'appliquent  les  cinq  styles  qui  portent  à  leur 
sommet  les  carpelles.  )>  (Loc.  cit.) 


928  SOCIÉTÉ  botaïniqll:  dk  fuaiNce. 

en  harmoniti  avec  les  faits  (voy.  .4?^.  se.  nat.,  Z"  séiie,  1,  II,  p.  32);  et  tout 
dernièrement  encore,  M.  Decaisne  apportait  de  nouveaux  arguments  à 
son  appui  (voy.  Bull.  Soc.  Bot.,  t.  IV,  p.  341  et  342).  L'admettre,  c'est 
presque  rejeter  implicitement  l'existence  d'une  columelle,  car  celle-ci  est 
dès  lors  inutile  et  ne  semble  pas  pouvoir  résister  à  un  sérieux  contrôle  des 
observations  qui  paraissent  l'étayer. 

Les  considérations  précédentes  relatives  aux  Géraniaeées  s'appliquent 
également  aux  Malvacées  et  aux  Euphorbiacées,  familles  chez  lesquelles  on 
a  aussi  admis  l'existence  d'une  columelle  centrale. 

Voici  les  raisons  qui  ne  permettent  peut-être  pas  de  considérer  la  pré- 
tendue colonne  (  modiolus)  des  Malvacées  comme  un  prolongement  de 
l'axe  : 

1°  Il  est  des  plantes  de  cette  famille  où  les  carpelles  se  séparent  à  la 
maturité  sans  laisser  aucune  trace  d'axe  à  leur  centre  :  telles  sont  les  Pavo- 
nia  hastata  Ca\ . .,  P.  cuneifoliaùdx. 

2"  Le  péricarpe  de  l'Hibiscus  vesicarius  Cav.  et  de  VB.  Trionum  L. 
s'ouvre  en  cinq  valves  septifèies  sur  leur  milieu,  laissant  au  centre  un 
corps  cylindro-conique  qui  se  trouvait  interposé  à  elles  dans  leur  tiers 
inférieur,  mais  qui  nuinquait  au-dessus  de  ce  point.  Ce  corps  est  entière- 
ment celluleux,  les  cloisons  portant  les  placentas  a  leur  bord  inteine. 

Dans  V Hibiscus palustris  L.,  les  cinq  faisceaux  en  croissant  qu'offre  une 
section  transversale  de  la  base  du  péricarpe,  entourent  en  ce  point  une 
petite  masse  de  tissu  cellulaire  central  ;  plus  haut  chaque  faisceau  se  divise 
en  deux,  et  de  ces  dix  faisceaux  deux  occupent  l'angle  interne  de  chaque 
loge;  mais  à  la  réunion  du  tiers  inférieur  avec  les  deux  tiers  supérieurs  du 
péricarpe,  la  moelle  centrale  a  disparu,  et  les  cinq  carpelles  circonscrivent 
une  cavité  dont  les  parois  sont  tapissées  de  poils. 

3°  Le  Kitaibelia  vitifoliaViiWû.  n  ses  nombreux  carpelles  disposés  en  dix 
rangées  longitudinales,  formant  une  calotte  hémisphéiique  qui  coiffe  une 
petite  masse  de  tissu  cellulaire  au  sommet  du  réceptacle. 

4°  C'est  dans  les  espèces  des  genres  Malva,  Altkœa,  Lavateru,  etc.,  que 
la  colonne  est  surtout  apparente.  Dans  le  Lavatera  trimcstris  L.,  elle  forme 
même  comme  une  sorte  de  disque  au-dessus  des  carpelles.  Mais  il  suflit 
d'enle\er  ces  derniers  pour  reconnaître  que  leur  face  ventrale  a  perdu  une 
partie  de  sa  substance  et  en  particulier  ses  éléments  fibro-vasculaires  ou 
ses  placentas.  La  réunion  de  ces  faisceaux  et  du  tissu  cellulaire  qui  les 
accompagne  constitue  la  coUuDcile. 

Les  Kuphorbes  sont  exactement  dans  le  même  cas  que  les  Malvacées. 
Cherchez  a  séparer  les  trois  carpelles  de  ces  plantes,  et  vous  verrez  à  leur 
face  ventrale  la  graine  a  nu,  les  deux  bandelettes  fibro-va.sculaires  que 
chacun  d'eux  devrait  offrir  a  son  angle  interne  étant  restées  adhérentes  en 
un  corps  central  (|ui  constitue  la  eolunulk. 


SÉANCK   DU    27    JiOVKMlUtK    1857.  929 

L'organisation  des  carpelles  des  Sedum  me  parait  éminemment  propre  à 
confirmer  cette  assertion,  que  la  colonne  des  Gércmiacées,  des Malvacées  ctdes 
Euphorbes  est  uniquement  formée  pur  la  partie  interne  ou  ventrale  des  car- 
pelles, et  11  est  pus  un  prolongement  de  l'axe. 

Dans  \c  Sedum  stcllatumL.,  par  exemple,  les  cinq  carpelles  distincts 
sont  étalés  en  étoile.  Chacun  d'eux  offre  a  sa  face  ventrale  renflée  un 
sillon  profond,  au-dessous  duquel  se  trouvent  le  placenta  et  la  cavité  fermée 
de  l'ovaire.  El»  bien  !  supposez  les  cinq  carpelles  réunis  en  un  pistil  simple 
quinquéloculaire  et  a  placentation  axile,  et  les  dix  bords  renflés  des  car- 
pelles formeront  parleur  réunion  une  columelle  ou  colonne  cellul.ure  en 
dehors  de  laquelle  seront  les  placenias. 

On  demandera  peut-être  pourquoi  l'on  n'admettrait  pas  ce  prolonge- 
ment de  l'axe  dans  les  Géraniacées,  les  Malvacées  et  les  Euphorbes,  alors 
qu'il  est  si  évident  dans  quelques  genres  appartenant  à  des  familles  de 
la  classe  despolypétales  hypogynes.  Il  est  très  vrai  que,  dans  les  I\f>josurus 
et  ks  Magnolia,  les  carpelles  sont  étages  le  long  d'un  axe  cylindrique;  mais 
celui-ci  est  une  partie  du  réceptacle  (et  non  des  placentas)  tout  à  fait  indis- 
pensable pour  que  les  carpelles  aient  pu  trouver  place.  v 


M.  Le  MaoLil  fait  observer  que  son  0[)iniou  sur  les  carpelles  des 
Gt'raniacées  est  la  même  que  celle  de  M.  Clos,  et  il  cite  à  ce  sujet 
un  passage  de  ses  Leçons  élémentaires  de  Botanique  (2^  édition),  où 
cette  opinion  est  développée  à  propos  du  Géranium  Robertianum. 

M.  Payer  présente  les  observations  suivantes  : 

l.a  structure  anatomique  est  un  mauvais  caractère  pour  disiinguer  un 
organe  axile  d'un  organe  appendieulaire,  car  nous  connaissons  des  feuilles 
qui  ont  une  moelle  et  des  branches  qui  n'en  ont  pas.  Aussi  i"\I.  Clos  se 
trompe-t-il  quand  il  cherche,  parce  procédé,  si  la  columelle  des  Euphor- 
hiacées  et  des  Géraniacées  est  axile  ou  appendieulaire.  Il  y  a  longteinps 
que  uous  avons  démontré,  dans  notre  Traité  d'organogénie  comparée  de  la 
fleur,  que,  dans  les  Euphorbiacées  comme  dans  les  Malvacées,  la  partie 
qui  supporte  les  ovules  est  axile,  et  que  la  partie  stylaire  est  appendieu- 
laire, taudis  que,  dans  les  Géraniacées,  la  columelle  est  en  partie  axile  et  en 
partie  appendieulaire,  l'axe  placentaire  se  divisant  en  cinq  branches  (qui 
se  soudent  plus  tard  en  un  placenta  axile)  et  les  cinq  feuilles  carpellaires 
s'inséranten  fera  cheval  sur  ces  cinq  branches.  —  Dans  VFsc/isc/toilzia  il 
y  a  ini  placenta  central  en  forme  de  lyre,  deux  feuilles  carpellaires  avec 
quatre  styles,  mais  non  quatre  carpelles.  Deux  des  styles  sont  les  prolon- 
gements des  deux  placentas  et  sont  axiles;  les  deux  autres  sont  les  p:«- 
longenienls  des  carpelles  et  sont  appendiculaires.—  Dans  les  autres  Papave- 
raeées,   ce  H)nt  les  styles  carpellaires  seuls  qui   se  développent;  dans  les 

T.    IV.  J^ 


930  SOCIÉTli    BOTAMQUK    D!.    nSANCK. 

Crucifères,  iiii  contraire,  ce  sont  les  styles  placentaires.  —  Dans  la  colu- 
melle  des  Géraniacées,  il  y  a  cinq  parties  appendiculaires  qui  se  détachent 
à  la  maturité  du  fruit,  et  ce  ({ui  reste  comme  colonne  est  axile. 

M.  Giiillanl  présente  les  observations  suivantes  : 

La  note  de  M.  Clos  soulève  une  question  qui  paraît  fort  importante  pour 
l'avenir  de  la  physiologie  vé^iérale.  Qu'est-ce  que  cet  axe  dont  on  parle 
beaucoup  depuis  quehjues  années?  On  a  usurpé  d'abord  ce  terme  géomé- 
trique et  abstrait,  pour  se  représenter  commodément  la  ligne  idéale  autour 
de  laquelle  les  Feuilles  (de  toute  sorte)  sont  verticillées  et  spiralées.  On  en 
est  venu  peu  à  peu  à  se  le  figurer  comme  une  chose  existante;  on  l'a  pris 
pour  synonyme  de  support,  —  pédoncule,  branche  ou  rameau;  mainte- 
nant on  paraît  en  vouloir  faire  un  être  à  part,  un  organe  sui  generis  :  on 
a  des  axo- feuilles  [l],  des  axes  montants  et  des  axes  descendants  (2),  des 
axes  qui  ne  peuvent  pas  être  terminés  par  une  Feuille  et  qui  sont  terminés 
par  un  cotylédon  (3);  c'est  une  idée  si  peu  déterminée  que  l'on  peut  dis- 
cuter, que  l'on  discute  si  c'est  le  soi-disant  axe  qui  naît  avant  le  soi-disant 
appendice,  ou  l'appendice  avant  l'axe  {Ix). 

Si  l'on  a  découvert  un  organe  nouveau,  qu'on  dise  avec  netteté  en  quoi  il 

consiste,  quels  sont  sa  forme,  sa  substance,  sa  position,  et,  si  on  le  peut,  son 

emploi.  A  l'aide  de  l'observation  nous  pourrons  vérifier  les  données  qu'on 

nous  présentera,  et  savoir  si  cet  axe  organique  est  capable,  comme  on  l'en 

flatte,  d'engendrer  d'autres  organes,  des  ovules,  des  placentas,  des  colu- 

melles  et  jusqu'à  des  stigmates.  Depuis  qu'on  a  pu,  par  des  recherches 

patientes  et  délicates  (dont  le  savant  professeur  qui  vient  déparier  a  donné 

d'élégants  exemples),  jeter  la  clarté  jusque  dans  le  fond  entr'ouvert  du 

bourgeon,  assister,  pour  ainsi  dire,  à  la  conception  des  organes  et  suivre 

toutes  les  phases  de  leur  gestation,  on  est  oblige  à  une  précision  sévère 

quand  on  parle  de  leur  filiation  et  de  leurs  rapports  mutuels.  Le  chaujp  des 

hypotlièses  se  rétrécit  a  mesure  que  celui  de  l'observation  s'étend. 

Le  bourgeon  n'est  qu'un  mamelon  muqueux,  déprimé,  attenant  à  la 
moelle  annulaire  (5),  sur  le(|uel  les  Feuilles  rudimentaires  se  produisent 
successivement  et  en  cercle.  Ces  Feuilles  naissent  donc  sur  un  même  plan 
ou   plateau  court,  que   l'on  peut  comparer  au  collet  de  la   plante  ou  du 

(1)  bulletin  de  la  Société  botanique  de  France,  III,  166. 

(2)  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  sciences,  t.  XXXVII,  p.  971. 

(3)  Bulletin  de  la  Société  botanique  de  France,  IV,  785  et  786. 
(Zi)  Ibid.,  11,  101  et  102. 

(5)  Ann.  des  se.  nat.,  3^  série,  t.  VIII.  Voir  les  conclusions  du  Mémoire  sur 
la  moelle. 


SÉANT!':  nr  27  noykmiîuk   1857.  îilH 

bulbe  l'i'.-iillcux.  l*iiis  il  se  produit  des  tr;u-hées,  qui  se  ranticiit.  eu  vcriicille 
dans  ee  plateau,  autour  des  cellules  centrales  qui  deviendroist  la  moelle. 
On  ne  voit  donc  dans  le  bourgeon  quedesJ^'euilies  et,  un  peu  de  parenebyme 
central  ([u'elles  recouvrent.  Lorsque  l'évolution  cl)ange  le  bourgeon  en  ra- 
meau, les  feuilles  s'écartent,  s'étagent,  lais>ant,  dans  l'intervalle  des  nœuds, 
la  suite  parfaitement  saisissable  de  leurs  faisceaux  tracbéens  (ou  vascu- 
laires),  qui  bientôt  se  fortifient  par  des  tubules.  Que  peut-on  dire  de  ces 
intervalles  ou  entre-nœuds,  si  ce  n'est  qu'ils  sont  la  base  conjointe  des 
Feuilles,  leur  partie  inférieure  (ou  pétioiaire),  engagée  ou  allongée?  Mais, 
de  quelque  manière  qu'on  en  parle,  toujours  est-il  que,  s"il  y  a  dans 
le  rameau  une  chose  matérielle  qu'on  puisse  nommer  axe,  ce  n'est  que 
la  moelle  centrale,  laquelle  arrive  promptement  a  un  étr.t  évidemment 
inactif  et  improductif.  A-t-on  jamais  rencontré  la  moelle  centrale  prolon- 
gée au-dessus  du  bourgeon  qui  termine  le  rameau?  Elle  ne  vient  même  pas 
tout  à  fait  jusqu'à  la  base  de  ce  bourgeon.  Comment  la  moelle  [axe)  du 
pédicelle  pourrait-elle  s'élever  au-dessus  de  la  fleur? 

Donc,  jusqu'à  ce  qu'on  nous  ait  dit  nettement  ce  que  c'est  que  cet  organe 
géniteur  que  l'on  se  plaît  à  nommer  axe,  nous  sommes  autorisé  à  dire  qu'un 
digviate  axile  (par  opposition  a  stigmate  carpellaire)  serait  un  stigmate  (jui 
ne  ferait  point  partie  du  Carpelle,  ce  qui  est  contraire  a  la  nature  et  à  l'emploi 
du  siigmate,  —  w\\  stigmate  qui  n'en  serait  pas  un.  Autant  se  peut  dire  d'uu 
plaeenta-columeile  qui  ne  ferait  point  partie  d'un  Carpelle. 

Toute  Feuille  ayant  sa  lame  composée  de  deux  ia:nelles  que  la  nervure 
dorsale  tient  unies,  si  ces  lamelles  se  prolougeiit  au  sommet  sans  que  ladite 
dorsale  se  prolonge  aussi  (ce  qui  est  le  fait  de  la  feuille  carpellaire,  delà 
Feuiile-etamine,  de  beaucoup  de  Pétales  et  d'autres  Feuilles  membraneuses), 
les  deux  prolongements  lamellaires  pourront  ou  rester  libres  ou  être  encore 
uuis  :  de  la  vient  que  le  Carpelle  montre  tantôt  deux  stigmates,  comme  dans 
les  Composées  et  plusieurs  autres  familles,  tantôt  un  seul  stigmate  qui  en 
représente  deux,  unis  à  divers  degrés.  Ainsi,  il  n'est  pas  nécessaire  de 
recourir  a  un  axe  imaginaire  pour  expliquer  le  stigmate  double,  puisque 
l'on  conçoit  ce  doublement  comme  résultant  de  la  constitution  normale  du 
Carpelle. 

M.  Duchartre,  secrétaire,  donne  lecture  de  la  lettre  suivante, 
adressée  à  M.  le  président  de  la  Société  : 

Montpellier,  24  novembre  1857. 

Monsieur  le  Président, 
[.e  mémoire  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  la  Société  dans  sa  séance 
du  3  avril  1857  se  termine  par  la  phrase  suivante  (1)  :  «  Le  transport  des 

(1)  Voyez  le  Bulletin,  t.  IV,  p.  335. 


932  SOCIÉTÉ  BOT.vNiQLi-:  i)i:  i-iiANCî-:. 

graines  par  les  courants  marins  doit  avoir  joué  et  joue  encore  un  rôle  insi- 
gnifiant dans  la  diffusion  des  espèces  entre  des  pays  séparés  par  la  mer.  Or 
si  l'on  considère  le  grand  nombre  d'espèces  disjoinlcs  qui  n'auraient  pu  se 
répandre  que  par  celle  voie,  l'idée  de  la  multiplicUè  des  centres  de  création 
acquiert  tous  les  jours  plus  de  probabilité.  » 

L'expression  centres  de  création  voulait  dire  que  chaque  espèce  avait  eu 
probablement  plusieurs  centres  de  création,  c'est-à-dire  avail  paru  à  la  sur- 
face du  globe  sur  plusieurs  points  souvent  foi  t  éloignés.  Je  rappelais  la 
supposition  qui  admet  que  tous  les  individus  d'une  même  espèce  ne  pro- 
viennent pas  originairement  d'un  seul  et  unique  ind;^ idu  fertile  :  ce  n'est 
point  l'opinion  commune  qui  fait  reposer  souvent  sur  l'hypothèse  contraire, 
la  définition  même  de  l'espèce.  Je  me  suis  mal  expliqué,  puisque  M.  Ny- 
lander  (1)  conclut  de  la  phrase  citée  que  je  crois  à  Texistence  de  centres  de 
création  distincts  pour  chaque  flore  bien  caractérisée;  ce  n'est  point  là 
ce  que  jai  voulu  dire  ni  ce  que  mes  expériences  tendent  à  prouver.  L'im- 
possibilité de  la  diffusion  des  espèces  disjointes  par  le  transport  des  cou- 
rants marins  conduit  seulement  à  admettre  la  multiplicité  des  centres  de 
création  spécifique  et  ne  prouve  ni  pour  ni  contre  la  multiplicité  des  centres 
de  création  fiorale.  Je  pense  même,  absolument  comme  M.  Nylander,  que, 
dans  des  milieux  analogues,  la  force  créatrice  a  déterminé  l'apparition  de 
foi'mes  analogues  ou  même  identiques.  La  géographie  botanique  est  remplie 
d'exemples  favorables  à  cette  supposition. 

Agréez,  etc.  Ch.  Mautins. 

M.  GuillarJ  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

m  LA  POSITION  DES  GROUPES  FLORAUX  (ilernicrc  parlic  de  la  TniîoRiE  DE  i/Infi.oresc.ence  ■), 

par  M.  Acli.  GML1.ARI». 

XXn.  La  fleur  est  tern.inale  ou  axillaii'c;  il  en  est  de  même  du  groupe 
floral,  simple  ou  coniplexe.  On  ne  leur  leconnait  pas  d'autre  position  origi- 
nelle et  normale.  Les  cas,  assez  nombreux,  où  la  fleuraison  parait  hors  de 
terminaison  ou  hors  d'aisselle,  sont  expliqués  et  ramenés  à  l'une  ou  l'autre 
des  deux  positions  par  l'étude  du  bourgeon  et  par  l'analogie  des  plaistes 
que  la  méthode  rapproche.  Ces  anomalies  apparentes  se  rapportent  à  trois 
o'njels  principaux  ; 

1°  Axe  brisé.  Le  rameau  terminal  est  déjeté  par  le  dévelopi^ment  de 
faxillaire  premier  récurrent,  qui,  usurpant  sa  verticalité,  semble  continuer 
la  branche  et  en  donner  la  terminaison.  No\is  en  a^()ns  cité  plus  haut  quel- 

(l)  Voyez  le  l'.ullcliM,  I.  iV,  p.  ol\. 

(1)  Voyez  les  quatre  preiuicros  j),irliis  de  ce  iravail,  publiées  dans  ce  volume, 
p.  29,  116,  37'i  01  'ir>L\ 


( 

SLANCK    DU    27    NOVEMBIU:    JS57.  03.) 

qiies  exemples  (pai;es  lid'l  et  sniv. ).  Quand  l'usuipatioii  do  verticalité  est 
incomplète,  elle  figure  une  fourche,  comme  dans  plusieurs  Caryopliyllées, 
Rubiacées,  Géraniacées,  Dans  certains  cas,  c'est  la  Feuille  elle-même  ([ui 
se  dresse  au  bout  de  la  branche,  et  renverse  le  rameau  terminal,  l^pime- 
dium  alpinum  L.  en  ofl're  l'exemple.  En  voici  un  autre  sur  Itubus  idœiis  : 
au  premier  coup  d'œil  on  prend  le  pétiole  pour  la  tige,  et  l'on  est  étonné 
de  ne  voir,  au  sommet,  autre  chose  que  trois  folioles;  à  la  l)ase  du  pétiole  la 
Cyme  git  renversée.  On  connaît  l'inflorescence  pseudo-latérale  de  plusieurs 
Joncées  et  Cypéracées,  où  la  première  Bractée  continue  la  tige  si  parfaite- 
ment, qu'on  n'en  voit  pas  ladifférence,  et  où  elle  déjette  à  la  fois  son  propre 
axillaire  et  le  pédoncule  terminal  :  Juncus  ballicus,  J.  communis,  J .  glau- 
cus,  etc.  Scirpus  lacustris  L.,  S.  supinus  L.,  S.  maritimus,  S.  acicu- 
laris  L. ,  etc.  Cette  Bractée  est  d'autant  plus  décevante,  qu'elle  a,  chez 
quelques  plantes,  la  même  organisation  interne  que  la  tige  qu'elle  semble 
terminer. 

Ce  phénomène  de  verticalité  usurpée  n'appartient  pas  exclusivement 
à  l'inflorescence  :  il  se  rencontre  aussi  très  fréquemment  dans  l'évolution 
foliale.  Voyez  la  jeune  pousse  du  Platane  :  chaque  entre-nœud  en  est 
déjeté  par  l'effort  du  pétiole  armé  de  cinq  puissantes  cohortes  foliales. 
De  même,  chez  Pisiim  sativum  et  plusieurs  autres  Pupilionacées,  le  jeune 
rameau  évolvant  offre  une  suite  de  lignes  brisées  par  l'usurpation  ré- 
pétée à  chaque  Feuille,  en  sorte  qu'à  en  croire  la  vue,  c'est  la  Feuille  qui 
est  axile,  et  le  bourgeon  terminal  qui  est  appendiculaire.  Voyez  encore 
Festuca  maritima^  Liiffa,  Bégonia,  Tilia^  Linaria  oriyanifolia  DC,  Ela- 
^os^<???m  et  autres  Urticees,  etc.  (1). 

2"  Soudure  e[  surhanssement.  Le  rameau  axillaire  est  surhaussé  par  ad- 
hérence au  rameau  central;  la  Feuille  aisselière  est  surhaussée  par  adhé- 
rence à  son  axillaire  :  le  premier  cas  est  fréquent  chez  les  Boraginées,  le 
second  chez  les  Solanées.  Dans  l'un  comme  dans  l'autre,  l'axiilaire  est  hors 
d'aisselle,  en  est  même  souvent  fort  éloigné  :  il  y  est  né  pourtant,  l'analogie 
le  déclare,  et  l'étude  du  jeune  âge  n'en  laisse  pas  douter.  (Voy.  ci-dessus, 
p.  Ù61.) 

A  l'aisselle  des  Cucurbitacées,  le  pédicelle  aine  de  la  Cyme  se  soucie,  en 
plusieurs  espèces,  avec  la  Botrye  récurrente  qui  lui  est  contiguë;  il  sem- 

(1)  Beaucoup  d'arljres  offrent  un  effet  contraire  d'axe  redressé  ou  prolongé  par 
une  cause  semblable.  Sur  le  Tilleul,  par  excMiiplc,  rOrine,  le  Bouleau,  le  Charme, 
le  Mûrier,  etc.,  le  bourgeon  terminal  da  la  branche  tombe  peu  après  qu'elle 
évolvé  sa  derniôre  Feuille.  La  progression  en  est  forcément  arrêtée  et  tronquée. 
Cependant  la  tige  et  les  branches  continuent  de  s'allonger  d'année  en  année,  par 
ini  phénomène  de  substitution  :  le  dernier  bourgeon  axillaire,  se  développant  le  pre- 
mier et  le  plus  vivement,  selon  la  Loi  de  récnrrcncc,  se  substitue  au  bourgeon 
terminal  défunt,  et  prolonge  la  branche  ou  la  tige  en  s'alignant  à  sa  suite. 


934  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

blerait  en  fnire  partie  si  l'on  ne  faisait  attention  à  son  âjze  et  si  on  ne  le 
voyait  naître  bien  avant  elle.  Cette  adhérence,  inobservée,  a  fait  longtemps 
méconniiître  nne  Cyme  si  remarquable  et  si  certaine. 

Samolus  Valerandi  :  toutes  les  Bractéoles  paraissent  portées  sur  les  pédi- 
celles  qu'elles  aisselient  et  qui  sont  courbés,  pendant  qu'elles  gardent  la 
ligne  droite.  Il  on  est  de  même  de  Spirœa,  de  Suœda  fruficosa,  d'un  grand 
nombre  de  Thesium,  etc.  (p.  Zi63). 

M.  W.  de  Sehœnefeld  a  observé,  chez  les  Crassulacées,  ((ue  tantôt  l'axil- 
laire  surhausse  son  aisselière  {Sempervivum) ,  tantôt  c'est  lui  qui  est  sur- 
haussé et  éloigné  de  cette  Bractée  qu'il  délaisse  {Sedvm)  (1).  C'est  la  brac- 
téole  mineure  qui,  sur  plusieurs  .Sec?M/n,  est  délaissée,  et  souvent  supprimée. 

3"  Aisselières  ohiitérpes.  Plusieurs  Cucurbitaeées  ont  à  la  Cymeaxiliaire, 
pour  récurrent  floral,  un  groupe  de  fleurs  mâles  portées  sans  bractéoles  sur 
un  pédoncule  commun  :  Cucumis,  Cyclanthera,  Sicijos,  Bryonia  dioica, 
cretica.  La  forme  de  ce  j^-oupe  ne  suffit  pas  à  le  déterminer:  les  fleurs  ex- 
térieures s'ouvient  les  premières,  il  est  vrai,  ce  qui  indique  ordinairement 
Botrye  ;  mais  ce  pourrait  être  Cyme  centripète  (p.  119  et  Z»(52).  On  renonce- 
rait donc  à  le  qualifier,  si  d'autr<'s  plantes  de  la  même  famille  (  Trichosanthes, 
Luffa,  Ecbalium^  Bryonia  aOyxxjnJca,  acutà),  n'étaient  heureusement  mu- 
nies de  ces  bractéoles  qui  manfjucnt  aux  premières,  et  qui  affirment  ici  la 
progression.  Les  scorpiures  des  Boraginées,  des  Hydrophyllées,  s'éclairent 
de  même  les  unes  par  les  autres. 

Presque  toutes  les  Crucifères  portent  grappe  nue  :  on  ne  saurait  pourtant 
hésiter  cà  y  voir  la  progression  indéfinie,  soit  à  cause  des  cas  accidentels, 
très  fréquents,  où  une  ou  tieuv  des  premières  fleurs  ont  leur  aisselière,  soit 
à  cause  des  espèces  où  toutes  les  fleurs  sont  régulièrement  aisselées.  (Voy. 
ci-dessus,  p.  265.) 

Voici  quelques  échantillons  de  Bt'assica  oleracea,  cueillis  à  Enghieo, 
dans  un  lieu  bas,  humide  et  abrité  :  les  Botryes  ont  pris  un  développement 
extraoï'dinaire,  et  tous  leui-s  pédicelles  sont  visiblement  axillaires,  les  pre- 
miers de  Feuilles  formelles,  les  autres  de  grandes  bractéoles. 

XXIIL  (Juehiues  auteuis  ont  avancé  (|ue  le  rameau  terminal  est  à  l'ais- 
selle (le  la  dernière  Feuille,  et  qu'ainsi  «  tout  rameau  est  axillaire  »  (2). 
(Vest  un  abus  de  mots  qui  tendrait  a  tout  confondre.  Le  rameau  terminal  ne 
peut  pas  être  dit  axillaire,  par  la  laison  très  vulgaire  que,  pour  faire  un 
axillaire,  il  faut  avoir  u\n'  aisselle,  c'est-à-dire  une  Feuille  faisnnt  angle 
avec  la  brandie  qui  la  porte  et  qui  se  prolonge,  aussi  peu  que  l'on  voudra, 
au-dessus  de  la  base  de  cette  Feuille.  Si  le  rameau  terminal,  qui  n'est  autre 

(!)  Voyez  le  Jîiilleliii,  t.  l,  p.  170. 

(2)  Alpli.  DC,   Intrud.,   ch.   l,  p.  120.  — Siîr.  et  Guillu-d,  Vocab    —  Trécul, 
Art  oc,  p.  51,  des  Bractées. 


siîANCK  ni;  '11  NovKMBiiK   IS57.  935 

que  ce  prolongement,  est  pris  pour  .ixillniie,  il  ne  reste  pus  la  niiitiere  de 
l'aisselle,  elle  ne  se  conçoit  plus,  elle  est  impossible. 

L'orgnnogénie  confirme  ce  raisonnement.  On  observe  an  cœur  du  boiu- 
geonque  la  leuille  la  plus  jeune  se  découpe  sur  le  mamelon  terminal,  qui 
par  conséquent  existe  avant  elle. 

On  observe  encore  (|uela  dernière  Feuille  d'un  rameau  fait  voir  ordinai- 
rement son  bourgeon  axillaire,  indépendant  du  terminal,  qui  est  souvent 
elfrvé  au-dessus  d'elle  comme  dans  Acer  rubrmn  et  les  autres. 

La  distinction  des  deux  positions  du  rameau  est  donc  aussi  solide  en 
théorie  quelle  est  commode  dans  la  pratique.  La  succession  des  Heurs  et 
des  groupes  floraux  n'étant  dans  la  nature  qu'une  perpétuelle  répétition, 
c'est  par  leur  position  qu'on  les  désigne,  ([uand  on  veut  exprimer  l'ordre 
dans  lequel  ils  se  produisent. 

Il  parait  peu  utile  de  rechercher  la(|uellede  ces  deux  notions,  de  position 
ou  de  succession,  a  le  plus  d'in^portance  :  oii  ne  peut  les  séparer,  dans  l'état 
de  la  science  et  du  langaiie  technique.  Quand  on  désigne  riidîoreseence  des 
Oxalidées,  Méliacees,  Célastiinées,  Sapindacées,  Malvacées,  Cucmbitacées, 
Bégoniacées,  etc.,  par  ces  deux  mots:  Cyme  axillaiiîe,  i!  semble  tout 
d'abord  que  le  premier  n'a  rapport  qu'a  la  succession,  et  le  second  qu'à  la 
position.  Mais,  puisqu'on  entend  par  (>me  un  groupe  où  la  fleur  aînée  est 
terminale,  et  les  autres  axillaires,  il  est  clair  que  la  notion  de  position  est 
nettement  enfermée  dans  ce  nom.  Et,  puisque,  (|ua;i!l  la  tleur  ainée  ou  le 
groupe  primordial  est  axillaire,  la  tleur  ou  le  groupe  se  répète  dans  l'ordre 
progressif,  il  est  donc  clair  que  cet  adjectif,  ainsi  einployc,  enferme  une 
idée  tiès  nette  de  succession,  jointe  à  l'idée d(!  position  qui  apparaît  la  pre- 
mière. De  même,  quand  on  dit  des  Geraniacées,  des  Liiiees,  Alsinées,  Hy- 
péricées,  etc.,  que  leur  inflorescence  est  en  Cyme  terminale,  — ou  des  Com- 
posées en  général  que  le  Capitule  aîné  est  terminal  et  les  autres  axillaires  on 
portés  sur  axillaire,  la  loi  de  récurrence  (p.  32,  §§  Il  et  IV)  lait  connaître 
dans  (|uel  ordre  se  succéderont  ces  Cymes  et  ces  capitules  Ainsi,  l'idée  de 
position  et  celle  de  succession  se  sont  trouvées  indissolublement  liées  des 
lorsque,  d'une  part,  on  est  convenu  généialement  de  nommer  les  groupes 
d'après  iordre  dans  lequel  leurs  fleurs  se  produisent,  et  que,  d'autre  part, 
on  a  reconnu  les  lois  naturelles  qui  règlent  cet  ordre  d'après  la  position  (le 
droit  d'aînesse  constate). 

XXIV.  La  fleuraison  est  terminale  de  la  tige  ou  branche  principale,  ou 
bien  des  rameaux  récurrents. 

Nous  disons  tige  ou  branche  principale  :  car,  lors(|ue  la  tige  primordiale 
porte  fleur  au  sommet,  cela  ne  peut  arriver  qu'une  fois,  la  piemière  année 
de  l'existence  de  la  plante,  ou  la  première  de  sii  fleuraison.  Mais  après  la 
tige  primordiale,  les  branches  qui  se  développent  sur  elle  en  récurrence  re- 
pètent les  mêmes  phénomènes.    Cette  répétition  a  lieu  souvent  i;i  même 


036  sociKTi':  BOTANiQUi':  ni'   fiianck. 

année,  notaiiUTieiit  sur  les  plantes  herbacées,  et  donne  l'inflorescence  oanli- 
fornu'.  Sur  les  i)!antcs  frutescentes  et  arborescentes,  cette  répétition  n'a 
guère  lieu  que  d'une  année  à  l'autre  :  les  bourp;eons  nés  aux  aisselles  des 
branches  vivaces  n'évolvent  (jue  l'année  suivante  ou  dans  l'une  des  années 
qui  suivent. 

Cette  distinction  entre  le  développement  des  rameaux  axillaires  dans 
l'aimée  de  leur  naissance  ou  dans  l'aniiée  ou  les  années  subséquentes  est  im- 
portante pour  l'histoire  de  la  végétation  et  de  l'inflorescence.  Nous  conser- 
verons pour  le  premier  cas  l'expression  usitée  de  rameau  axillaire  ;  pour  le 
second  cas  nous  dirons  vnmeau  post-axillaire. 

Les  observateurs  n'ont  pas  fait  cette  distinction  :  c'est  pour  cola  que  la 
loi  de  progression  leur  a  échappé.  Kn  effet,  cette  loi  régit,  comme  nous  l'a- 
vons dit,  la  succession  axillaire  (annuelle)  des  fleurs  et  des  groupes  flo- 
raux :  niais  elle  ne  régit  plus  la  succession  post-axillaire.  Celle-ci  s'opère 
sans  ordre  apparent  sur  la  branche,  ou  même  en  ordre  régressif.  On  peut  le 
voir  sur  les  aibres,  arbrisseaux  et  arbustes,  lorsqu'ils  évolvent  au  printemps 
les  bourgeons  qui  avaient  été  formés  aux  aisselles  l'été  précédent,  et  qui 
ont  pris  leur  corpulence  dans  l'intervalle... ? 

Jasminum  nudiflorum  fleurit  en  janvier  à  tontes  les  aisselles  que  l'année 
qui  vient  de  finir  avait  produites,  et  que  l'hiver,  démolisseur  des  Feuilles, 
a  changées  en  ex-aisselles.  Si  l'on  décrit  cette  floraison  comme  axillaire,  on 
donne  lieu  à  une  double  erreur  :  premièrement  on  fait  supposer  qu'il  se 
conserve  une  progression  \h  où  au  contraire  il  n'existe  plus  en  fait  que  ré- 
gression ;  deuxièmement  on  attribue  la  progression  florale  à  un  Jasminum, 
contre  l'analogie  de  tout  le  genre  et  peut-être  de  toute  la  famille. 

Il  en  est  de  même  des  Calycanthée.;.  L Herbier  de  F omoteur  (HT,  173)  et 
le  Bot.  Register  (iSl)  ont  donné  dans  le  piège,  en  figurant  sur  la  branche 
de  Chimonant/iiis  fragrans  une  progression  qui  n'existe  pas. 

Nous  sommes  fort  exposé  à  tomber  nous-même  dans  quelque  faute  sem- 
blable, à  l'occasion  des  familles  où  les  Feuilles  se  conservent  au  delà  de 
l'année  qui  lésa  vues  naître.  La  persistance  des  Feuilles  ne  détermine  point 
la  persistance  de  la  progression  -,  et  il  n'est  pas  toujours  facile  de  distinguer 
dans  les  liasses  de  l'herbier,  si  les  Feuilles  qui  prêtent  leur  aisselle  à  la  lieu- 
raison  sont  de  la  même  année  qu'elle,  ou  si  elles  sont  de  l'année  d'avant. 
Jiien  que  nous  nous  soyons  proposé  d'exprimer  le  doute  toutes  les  fois  que 
le  cas  ne  nous  paraîtrait  pas  clair,  nous  demandons  grâce  pour  les  erreurs 
011  le  penchant  à  juger  nous  aura  entraîné. 

Et  à  cette  occasion  nous  implorons  de  la  ntianière  la  plus  pressante  tous 
les  botanistes  qui  sont  à  même  d'observer  et  de  récolter  les  plantes  à  végé- 
tation persistante,  notamment  dans  les  pays  chauds  et  intertropicaux.  Il 
n'y  a  pas  de  branche  de  la  science  qui  soit  plus  pauvre  de  faits  constatés  : 
là  tout  est  à  apprendre,  tout  est  ;i  remarquer.  Combien  l'histoire,  suivie  et 


■si:A^(':K  di    27  NoMvMBiiK   IH57.  937 

datée,  do  (|iK'lqiics  arbres  ou  arbustes  de  la  zone  loi  ride  jetterait  de  clartés 
vives  et  toutes  nouvelles  sur  les  rapports  de  la  production  des  Feuilles  et  de 
celle  des  fleurs  (de  la  i'euillaison  et  de  la  fleuraison),  sur  les  rapports  de  la 
production  et  du  développement  des  bourgeons  chez  les  branches,  et  des 
or<ianes  dans  les  bourgeons  ! 

Voici  une  branche  ligneuse  et  feuilléed'un  Dnp/andhmde  IMacao.  Notre 
confrère,  M.  Spach,  a  bien  voulu  nie  la  confier  pour  vous  la  communiquer, 
etpouraideràladémonstration  de  l'inflorescence  post-axillaire.  LesFeuilles, 
dont  i)hisieurs  ont  été  rongées,  sont  néanmoins  toutes  en  place,  et  certaine- 
ment de  l'année  précédente.  Chacune  d'elles  a  son  axillaire.  Mais,  sur  cet 
échantillon,  évidemment  cueilli  au  réveil  de  la  végétation  (l'étiquette  ne  dit 
pas  en  quel  mois),  on  voit  que  les  Cymo-Botryes  post-axillaires  se  dévelop- 
pent au-dessus  du  milieu  de  la  branche  et  vers  le  haut;  les  boutons  s'ou- 
vrent, les  bourgeons  terminaux  feuillants  s'échappent  de  leurs  écailles.  Au 
milieu  de  la  branche  et  au-dessous,  le  post-axillaire  est  encore  en  repos, 
quoique  évidemment  floral,  puisque  chaque  ombelle  est  distincte,  sphéroï- 
dale.  Au  bas  de  la  branche,  les  aisselles  les  plus  vieilles  n'ont  qu'un  petit 
bourgeon  rudimentaire.  La  grandeur  respective  des  Feuilles  sur  la  branche 
donne  un  ensemble  ovale,  les  plus  grandes  étant  au  milieu. 

XXV.  Il  ne  se  produit  ordinairement  à  chaque  aisselle  qu'un  seul  bour- 
geon. Cependant  il  y  a  un  grand  nombre  de  plantes  où  la  production  axil- 
laire est  plus  riche.  Les  bourgeons  qui  naissent  à  la  même  aisselle  sont 
toujours  d'âge  différent:  le  bourgeon  jeune  peut  naître  ou  au-dessous  Ae 
l'axillaire  en  premier,  e'ost-à-dire  entre  lui  et  la  Feuille,  —  ou  au-dessus  de 
l'axillaire  en  premier,  c'est-à-dire  entre  lui  et  la  branche-porteur,— ouà  co/e 
de  l'axillaireen  premier,  dans  le  plan  vertical  tangent  a  la  branche-porteur 
et  perpendiculairement  au  plan  oculaire  ou  dorsal. 

Ces  bourgeons,  en  quelque  sorte  surnuméraires,  seront  essentiels  à  noter 
pour  compléter  la  description  de  l'inflorescence,  parce  que, si  dans  beaucoup 
de  cas  ils  restent  rudimentaireset  seulement  foliacés^  dans  d'autres  ils  don- 
nent ou  des  groupes  floraux  ou  de  simples  pédicelles  :  exemples,  Thalictrum, 
Teucrimn,  Zieria,  Viola,  Sisymbrium. 

a.  Les  bourgeons  en  second-dessous,  c'est-à-dire  qui  viennent  après  et 
sous  l'axillaire  en  premier,  sont  de  beaucoup  les  plus  fréquents.  Un  grand 
nombre  de  familles,  particulièrement  des  Sympétales  ou  Monopétales  (Scro- 
fulariées,  Acanthacées,  Solanées,  Oléinées,  liubiacées,  Primulacées,  etc.) 
les  offrent,  soit  rudimentaires,  soit  évolvant  ou  en  fleurs  ou  en 
Feuilles  (1). 

(1)  M.  Rœper  les  a  signalés  chez  les  Euphorbes,  Enum.,  p.  26  ;  —  Stcinhcil,  chez 
les  Gentianes  et  les  Scrofulariées  {Ann.  des  se.  nat.,  1839,  t.  Xlt,  p  19i.  où  il  pré- 
tend qu'il  n'y  a  pas  de  seconds-dessus). 


Ç)38  SOriÉTF,    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Ils  évolventsans  faute  lorsque  l'axillaire  titulaire  vient  à  avorter  par  une 
cause  quelconque,  soit  régulière  et  constante,  comme  dans  le  genre  Gledits- 
chia,  soit  accidentelle.  Souvent  aussi  on  trsuve  les  deux  axiilaires  dévelop- 
pés, ce  qui,  quand  les  feuilles  sont  opposées  {Calycanthus  floridus,  Vitex), 
peut  faire  voir  quatre  raintaux  connexes  d;ins  le  même  plan,  et  cinq  en 
comptant  le  rameau  teiminal.  i>Mrcfn;a  Bonardi  a  une  Cyme  terminale  (iiii, 
avec  ses  seconds-dessous  et  ^es  troisièmts-dessous,  donne  jusqu'à  sept  pedi- 
eelles  parfaitement  étalés  eu  éventail.  Les  Cymes  latérales  des  Verbascum 
offrent  en  cette  sorte  des  détails  curieux. 

Certaines  familles  ont  une  grande  aijondance  d'axillaires  en  dessous:  les 
Ménispermées,  les  Légumineuses,  offrent  fréquemment  troisième,  quatrième 
et  même  cinquième-dessous. 

Chez  Cercis  Siliqmstrum,  les  dessous  évolvent  en  post-axillaires,  et  leur 
succession  est  pérenne;  ce  qu'on  a  coutume  d'exprimer  vaguement  en  di- 
sant que  cette  plante  fleurit  sur  buis. 

Dans  le  plus  grand  nombre  des  cas,  le  second-dessous  florifère  a  pour 
axilluire  en  premier  un  pédoncule,  ou  moins  souvent  un  pédicelle.  Il  y  a 
aussi  quelques  exemples  de  pédoncules  placés  sous  des  rameaux  foliacés: 
c'est  particulièrement  lorsque  l'axillaire  en  premier  est  sujet  à  tourner  en 
épine,  comme  sur  Genistu  anglica  ^i  germanica  L. 

b.  Les  bourgeons  en  second-dessus,  c'est-a-dire,  qui  viennent  après  et  au- 
dessus  de  l'axillaire  eu  premier,  beaucoup  plus  rares  que  les  dessous, 
fournissent  un  caractère  nouveau  qui  distingue  trois  familles:  —  les  Viola- 
cées, les  Flacourtianées  et  les  Turnéracees,  —  pour  lesquelles  Bartiing  et 
Endiicher  avaient  déjà  admis  d'autres  motifs  de  rapprochement.  Je  ne  crois 
pas  que  ce  caractère  curieux  ait  été  encore  signalé  comme  commun  à  ces 
trois  familles,  et  les  distinguant  peut-être  de  toutes  les  autres.  Je  n'ai  pas 
été  à  même  d'observer  s'il  appartient  aussi  aux  Sauvagesiées. 

c.  LesCucurbitacées  offrent  l'exemple  leplus  large  des  rameaux  axiilaires 
collatéraux,  puisque  toutes  leurs  espèces  portent,  a  chaque  aisselle  florifère, 
une  Cyme  qui  s'étale  dans  le  plan  tangent,  et  qui  est  formée,  dans  certains 
wenres,  de  deux  récurrents,  l'un  à  fleurs  mâles  ou  femelles,  l'autre  follilere, 
aux  deux  côtés  du  pédicelle  premier  axillaire,  —  dans  d'autres  genres,  du 
seul  récurrent  foliifere  à  l'aisselle  d'une  Bractée  le  plus  souvent  cirri- 
forme;  et,  quand  cette  Bractée-vrille  est  complexe,  elle  représente  encore 
un  autre  rameau  collatéral,  transformé,  neutre  et  stérile. 

Les  Urticées  ont  le  plus  souvent  deux  Cymes  collatérales  au  rameau 

axillaire. 

On  trouve  d'autres  exemples  de  cette  richesse  chez  les  Mélastomaeées 
{i\ledinilla),c\u"£  les  Légumineuses  {Acacia,  Eri/thrina,  Chorozenm).  \)ixns 
cette  dernière  famille,  le  second  axillaire  a  souvent  une  position  oblique  et 
douteuse  {Phaseolus,  Sarothamnus). 


SÉANCE    DU    27    NOVICMBUK    1857.  030 

Au  reste,  ces  distinctions  et  dénonninations  ont  pour  but  principal  de 
décrire  le  fait  de  la  position  :  elles  n'empêchent  pas  de  considérer  les  divers 
rameaux  occupant  une  aisselle  comme  faisant  partie  d'un  seul  axillairc, 
puisque  en  effet  on  les  voit  tous  réunis  un  peu  au-dessous,  et  sortant  succes- 
sivement d'un  même  courant  séveux-médtillaire,  ([ui  procède  de  la  moelle 
annulaire  de  la  tijre,  et  suit  la  route  tracée  par  la  cohorte  dorsale  de  la 
Feuille  aisselière. 

XXVI.  Je  terminerai  cette  esquisse  d'une  théorie  générale  de  l'inflores- 
cence en  revenant  à  mon  point  de  départ.  C'est  l'ordre  dans  la  production 
et  la  succession  des  tleurs  qui  en  fait  la  base.  Je  ne  pense  pas  me  tromper 
en  disant  que  tous  les  botanistes  admettent  aujourd'hui  ce  principe,  bien 
que   plusieurs  n'aient    pas  encore   répudie    les    langes   trop   étroits   dont 
M.  Rœper  avait  enveloppé  la  théorie  nouveau-née.  Il  en  est  de  cette  partie  de 
la  science  à  peu  près  comme  de  la  dévotion  :  il  y  en  a  beaucoup  qui  croient 
et  peu  qui  prati(|uent.  Le  célèbre  professeur  bâiois  a  distribué  tous  les  grou- 
pes floraux  en  deux  grandes  classes,  mettantdans  l'une  tout  ce  qui  estCyme, 
et  dans  l'autre  tout  ce  qui  n'est  pas  Cyme  :  puis,  par  une  méprise  bien  ex- 
cusable dans  celui  qui  fraye  une  route  nouvelle,  il  a  nommé  ces  deux  classes, 
non  d'après  le  mouvement  floral  dont  il  était  parti,  mais  d'après  la  forme 
des  groupes,  phénomène  secondaire  et  subordonné;  et  il  a  dit:  —  inflores- 
cence définie,  inflorescence  indéfinie.  Or,  maintenant  qu'une  masse  formi- 
dable d'observations  a  démontré  que  le  défini  s'étend  plus  loin  que  la  Cyme, 
puisqu'il  y  a  des  ombelles  définies,  des  grappes  définies,  des  épis  définis,  des 
panicules  définies,  la  contradiction  est  manifeste  entre  le  langage  et  le  fait; 
et  il  faut  ou  déclasser  les  groupes  floraux,  ou  réformer  la  nomenclature  tech- 
nique, démontrée  incompatible  avec  la  classification.  Nile  professorat  ni  la 
phytographie  ne  peuvent  rester  dans  une  route  à  ornière,  qui  les  écarte  du 
but,  et  qui  n'a  conduit  depuis  trente  ans  et  ne  pourrait  jamais  conduire 
qu'à  perpétuer  la  confusion  et  l'obscurité  dans  cette  branche  importante  de 
la  physique  végétale. 

On  a  peine  à  l'épudier  le  langage  auquel  on  s'est  accoutumé.  Mais, 
quand  ce  langage  e^t  démontré  vicieux,  il  faut  opter  entre  l'habitude  et  la 
logique. 

Kl  si  les  habitudinaires  prétendent,  pour  se  justifier,  qu'on  peut  bien  avoir 
ou  donner  des  idées  justes  dans  un  langage  qui  ne  l'est  pas,  il  me  sera  facile 
de  démontrer  le  contraire  par  un  exemple  tout  nouveau  :  je  n'aurai  pour 
cela  qu'à  vous  présenter  (en  m'appuyant  sur  l'art.  55  de  notre  règlement) 
l'appréciation  d'une  Note  distribuée  il  y  a  peu  de  jours,  signée  d'un  grand 
nom,  et  relative  à  l'une  des  familles  traitées  dans  le  volume  qui  va  paraître 
du  Prodromiis  de  De  Candolle.  Je  demanderai  à  vous  soumettre  ce  dernier 
argument  a  l'une  de  nos  prochaines  séances. 


9/iO  SOCrÉTK    UOTAMÙLK    l)i:    lIlANCi:. 

M.  Ducliartre  l'ait  ù  la  Société  la  communication  suivante  : 

r.ECHERGHES  SUR  LKS  RAPPORTS  DES  PLANTES  AVEC  LA  ROSÉE  ; 
par  M.  P.  UL'CIItRTRK. 

Les  recherches  dont  je  demande  à  la  Société  la  permission  de  l'entre- 
tenir quelques  instants  ont  été  iaitcs  à  Meudon,  pendant  l'été  et  l'automne 
de  1856  et  1857.  Elles  se  rattachent  à  un  ensemble  d'observations  dont  je 
m'occupe  depuis  le  mois  d'octobre  1855,  et  qui  ont  pour  objet  de  recon- 
naître comment  les  plantes  se  comportent,  pendant  le  cours  de  leur  végé- 
tation, vis-à-vis  de  l'humidité  atmosphérique. 

Les  physiologistes  n'avaient  fait  jusqu'à  ce  jour  qu'un  fort  petit  nombre 
d'expériences  desquelles  on  pût  tirer  (luelques  données  relativement  a 
l'inilucnce  de  la  rosée  sur  les  plantes  vivantes.  Ce  que  je  connais  de  plus 
précis  à  cet  égard  se  trouve  consigné  pres(|ue  incidemment  dans  deux  pas- 
sages de  la  Statique  des  végétaux  de  Haies.  Le  célèbre  auteur  anglais  dit, 
eu  effet,  dans  l'exposé  de  ses  observations  sur  V Helianthus  annmis  :  «  Aussi- 
tôt qu'il  y  avait  un  tant  soit  peu  de  rosée,  il  ne  se  faisait  plus  de  transpi- 
ration ;  et  lorsque  la  rosée  était  abondante  ou  que,  pendant  la  nuit,  il  tom- 
bait un  peu  de  pluie,  le  pot  et  la  plante  augmentaient  de  deux  ou  trois 
onces  »  (p.  U  de  la  traduction  de  Buffon,  in-Zi).  Plus  loin  (p.  17),  on  trouve 
la  phrase  suivante  an  milieu  des  détails  d'une  série  d'expériences  sur  un 
Citronnier  :  «  Pendant  la  nuit,  il  transpirait  quelquefois  d'une  demi-once, 
queUjuefois  il  ne  transpirait  pas  du  tout,  et  d'autres  fois  il  augmentait  d'une 
ou  deux  onces,  savoir  :  lorsqu'il  y  avait  eu  pluie  ou  rosée  abondante.  » 

Ainsi,  Haies  disait  avoir  reconnu  par  l'expérience  que  la  rosée  qui  vient 
mouiller  les  plantes  en  augmente  le  poids,  ce  qu'elle  ne  pourrait  faire,  ce  me 
semble,  que  si  elle  était  absorbée  par  elles.  Je  ferai  cependant  observer  que, 
comme  j'espère  l'établir  ailleurs,  ses  appareils  et  son  mode  d'observation  à 
ce  sujet  laissaient  assez  à  désirer  pour  ne  pouvoir  l'amener  à  des  conclu- 
sions d'une  parfaite  ligueur. 

Ces  énoncés  du  célèbre  physiologiste  anglais  n'ont  jamais  été,  que  je 
sache,  ni  contestés  ni  même  discutés.  Il  ne  pouvait  en  être  autrement, 
puisqu'ils  étaient  conformes  aux  idées  universellement  admises  au  sujet  du 
rôle  de  la  rosée  dans  la  nature,  idées  que  j'ai  partagées  et  exprimées  moi- 
même  dans  des  écrits  antérieurs,  mais  que  j'ai  cru  devoir  soumettre  plus 
récemment  à  l'épreuve  décisive  de  l'expérimentation.  J'espère  prouver  dans 
cette  note  que  les  faits  s'accordent  mal  avec  ces  idées. 

Des  expériences  comme  celles  qui  vont  faire  le  sujet  de  cette  communi- 
cation ne  peuvent  conduire  à  des  conclusions  dignes  de  confiance  (juc  si  elles 
sont  laites  a  l'aide  d'appareils  convenables  et  par  des  méthodes  rigoureuses 
sur  des  plantes  en  bon  état  de  végétation.  Je  me  suis  efforcé  de  réunir  de  la 


siÎAivcE  DU  27  NOVK^iBiU':   1857.  9AI. 

manière  suivante  ces  conditions  essentielles:  l"J'ai  mis  on  observation  des 
plantes  jeunes  et  vigoureuses,  de  différentes  espèces,  cultivées  en  pots  dans 
de  la  terre  ordinaire  de  jardin  ou  dans  de  la  teire  de  bruyère.  Mes  expé- 
riences de  cette  année,  les  seules  dont  je  m'occupe  ici,  ont  porté  sur  deux 
Reines-AFariiuerites,  sur  quatre  Veronica  fJndlei/ana,  sur  deux  }[ortensias 
et  sur  un  Uoclica  falcota.  2"  J'ai  muni  les  sujets  de  mes  expériences  d'un 
appareil  (|ue  j'ai  l'honneur  de  mettre  sous  les  yeux  de  la  Société,  et  grâce 
au(|uel  le  pot  et  la  terre  où  ils  végétaient  se  trouvaient  enfermés  dans  une 
cavité  hermétiquement  close,  tandis  que  leur  tige  entière  flottait  librement 
dans  l'air.  Ces  appareils  ne  présentaient  que  des  surfaces  planes  ou  large- 
ment cylindriques  dont  il  était  facile  d'enlever  toute  l'humidité  qui  venait 
parfois  s'y  condenser  extérieurement.  En  outi-e,  ils  avaient. l'immense  avan- 
tage, grâce  à  leur  fermeture  hermétique,  d'éliminer  toutes  les  variations 
de  poids  qui,  sans  eux,  auraient  été  produites  par  le  dessèchement  ou  l'hu- 
mectation  de  la  terre  et  du  pot;  par  suite,  ils  simplifiaient  considérablement 
les  conditions  du  problème.  Je  dois  ajouter  que  les  plantes  munies  de  cet 
appareil  n'en  sont  nullement  gênées  dans  leur  végétation,  puisc|uej'en  ai 
conservé  pendant  six  mois,  même  pendant  une  année  entière,  sans  remar- 
quer en  elles  le  moindre  dépérissement.  3"  La  méthode  que  j'ai  suivie  a 
consisté  en  pesées  comparatives;  mais  ici  diverses  précautions  étaient 
indispensables  pour  que  les  résultats  des  observations  fussent  concluants. 
D'abord  il  fallait  opérer  avec  une  balance  qui  perniit  d'apprécier  de  légères 
différences  de  poids  ofl'ertes  par  des  objets  assez  lourds.  Celle  dont  je  me 
suis  servi  indiquait  nettement  les  cinquièmes  de  gramme  dans  des  pesées  de 
3  kilogrammes  ou  un  peu  plus.  En  second  lieu,  j'ai  pesé  mes  plantes  une 
première  fois,  le  soir,  vers  l'entrée  de  la  nuit,  une  seconde  fois  le  lende- 
main de  bon  matin,  lorsqu'elles  étaient  couvertes  de  rosée.  Pour  cette 
seconde  pesée  j'essuyais  avec  soin  l'appareil  qui  renfermait  le  pot,  sans 
toucher  le  moins  du  monde  à  l'humidité  qui  s'était  condensée  sur  les 
feuilles.  Lorsque  la  losée  avait  été  abondante,  je  constatais  alors  une  aug- 
mentation notable  sur  le  poids  de  la  veille  ;  mais  il  est  évident  que  l'eau  qui 
se  trouvait  déposée  sur  la  plante  devait  intervenir  par  sa  présence  dans  cette 
augmentation;  il  était  donc  absolument  indispensable  de  déterminer  la  part 
qui  lui  revenait.  Pour  y  parvenir,  j'ai  procédé  de  deux  manières  différentes: 
dans  plusieurs  cas,  aussitôt  après  avoir  pesé  la  plante  encore  couverte  de 
rosée,  je  l'ai  essuyée  avec  soin  feuille  par  feuille  et  je  l'ai  repesée  immédia- 
tement. Il  est  clair  que,  dans  ce  cas,  la  différence  entre  ces  deux  pesées 
consécutives  indiquait,  à  très  peu  de  chose  près,  le  poids  de  la  rosée  enle- 
vée. Celui-ci  déduit,  la  comparaison  avec  la  pesée  de  la  veille  montrait  si 
la  plante  avait  gagné  ou  perdu  pendant  la  nuit.  Dans  les  cas  où  cette  mé- 
thode très  simple  n'a  pu  être  employée,  après  avoir  pesé  mes  plantes  toutes 
mouillées  de  ro>:ée,  je  les  ai  placées  dans  une  chanîbre,  à  \\\\ç  demi-obscu- 


9Zi2  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

riU-,  c'ost-ii-dire  dans  des  condiiioiis  où  la  transpiration  est  toujours  très 
l'aible,  !.ors(|ue,  au  bout  de  deux  on  trois  heures,  ieur  humidité  superficielle 
a  eu  disparu,  je  les  ai  pesées  de  nouveau.  La  difforence  entre  ces  deux 
pesées  ne  pouvait  indiquer  autre  chose  que  le  poids  de  la  rosée  qui  venait 
de  se  dissiper  dans  l'air,  plus  une  certaine  déperdition  subie  par  la  plante 
elle-même,  si  elle  avait  transpiré  dans  les  circonstances  où  elle  s'était 
trouvée.  Or  il  était  facile  d'évaluer  cette  déperdition;  il  suffisait  pour  cela 
de  remettre  la  plante  au  même  lieu,  pendant  le  même  espace  de  temps; 
une  troisième  pesée  indiquait  la  quantité  de  transpiration  qui  avait  eu  lieu 
dans  cette  seconde  circonstance,  et  par  conséquent  aussi  dans  la  première, 
en  faisant  même  la  supposition,  très  e.xagéree,  qu'elle  eût  pu  transpirer 
pendant  tout  l'intervalle  de  la  première  à  la  seconde  pesée. 

Une  réflexion  me  semble  ici  nécessaire.  Si,  en  procédant  comme  je  viens 
de  le  dire,  avec  l'appareil  que  j'ai  indiqué,  on  constate  que,  pendant  la 
nuit  et  malgré  une  abondante  rosée  qui  les  mouille  sur  toute  leur  surface, 
les  plantes  n'ont  absolument  rien  ajouté  à  leur  poids  de  la  veille,  il  me 
semblera  logique  d'eu  conclure  qu'elles  n'ont  rien  pris  a  l'eau  qui  les  mouil- 
lait. Mais,  pour  que  cette  conclusion  soit  rigoureuse,  il  faut  qu'aucun  des 
phénomènes  végétatifs  accomplis  par  les  plantes  pendant  la  nuit  n'ait  pro- 
duit en  elles  une  diminution  de  poids  suffisante  pour  dissimuler,  soit  en 
partie,  soit  même  en  totalité,  une  absorption  qui  cependant  aurait  eu  lieu. 
Or  les  seuls  phénomènes  végétatifs  dont  il  puisse  être  question  ici  sont  la 
respiration  et  la  transpiration. 

La  respiration  consiste,  comme  on  le  sait,  pendant  la  nuit,  en  une  in- 
spiration d'oxygène  accompagnée  d'un  dégagement  corrélatif  d'acide  carbo- 
nique. Or,  quoique  cette  inspiration  d'oxygène  soit  toujours  faible  et 
i»'excède  jamais,  d'après  Th.  de  Saussure,  le  volume  des  feuilles,  elle  est 
toujours  notablement  supérieure  au  dégagement  d'acide  oarboni(]ue.  La 
respiration  nocturne  ne  peut  donc  pas  amener  une  diminution  dans  le  poids 
des  plantes.  Quant  à  la  transpiration,  elle  est  la  cause  essentielle  des  pertes 
que  peuvent  subir  les  sujets  mis  en  observation,  et  je  me  propose  de  revenir, 
dans  une  prochaine  communication,  sur  la  manière  dont  elle  s'opère  pen- 
dant la  nuit,  selon  les  diverses  circonstances  qui  se  présentent;  mais,  en 
attendant,  je  crois  pouvoir  admettre  avec  Haies  et  tous  les  physiologistes 
n)odernes,  sans  ajouter  encore  de  nouveaux  faits  a  ceux  qui  déjà  sont  acquis 
à  la  science,  que  la  déperdition  dont  elle  est  la  cause  est  toujours  faible 
pendant  la  nuit  et  cesse  à  très  peu  près  d'avoir  lieu  lorsque  la  rosée  dépose 
une  couche  d'eau  sur  les  surfaces  des  feuilles.  Elle  ue  peut  doue  pas  dissi- 
muler une  absoi  ption  de  celte  eau  superficielle. 

Dans  une  note  succincte  comme  celles  qu'admet  le  Bulletin  de  la  Société 
Botanique  de  France,  l'espace  me  manque  pour  exposer  en  détail  toutes 
mes  observations  sur  les  rapports  des  plantes  avec  la  rosée.  Je  me  coutea- 


SÉANCK    DU    27    NOVKMHltK    1857,  ^)ll'^ 

teiai  donc  de  présenter  iei  le  relevé  succinct,  de  celles  que  J';ii  faites  sur  un 
sujet  pris  au  hasard  parmi  ceux  que  j'ai  mis  en  observation  cette  année. 
Ce  sera  en  (|uelque  sorte  un  spécimen  destiné  îi  donner  une  idée  des  faits 
que  j'ai  pu  constater  et  à  expliquer  les  conclusions  générales  que  Je  crois 
pouvoir  déduire  de  l'ensemble  de  mon  travail. 

Hortensia.  —  Le  pied  de  cet  arbuste,  que  Je  piends  pour  exemple,  était 
une  bouture  d'un  an,  haute  d'environ  30  centimètres,  et  portait  7  paires 
de  grandes  feuilles  au  moment  où  il  a  été  mis  en  expérience.  Pendant  le 
mois  de  septembre  il  a  perdu  une  de  ses  feuilles  inférieures  le  16,  deux 
autres  le  18,  enfin  trois  autres  le  21;  mais  en  même  temps  la  plante  a  pris 
par  le  haut  un  développement  notable. 

Le  6  septembre,  à  sept  heures  et  demie  du  soir,  cet  arbuste,  avec  l'ap- 
pareil qui  renfermait  son  pot,  pesait  2227«%8.  Le  lendemain  matin,  a 
six  heures,  après  être  resté  toute  la  nuit  au  milieu  d'un  i^rand  jardin, 
sous  une  grande  vitre  horizontale  suspendue  au-dessus  de  lui,  il  ne  por- 
tait pas  du  tout  de  rosée  et  son  poids  était  descendu  à  2225°',6.  Il  avait 
donc  perdu  par  transpiration  28',2.  Il  avait  alors  ses  \k  feuilles  toutes  en 
bon  état.  Un  pied  semblable  ayant  été  laissé  à  découvert  au  même  lieu, 
pendant  la  même  nuit,  se  trouva,  le  lendemain  matin,  tout  mouillé  de 
rosée. 

Le  13  septembre,  à  sept  heures  et  demie  du  soir,  mon  Hortensia  pesait 
2182^',2.  Le  lendemain  matin,  à  six  heures  et  demie  (1),  il  était  couvert  de 
rosée,  et,  celle-ci  comprise,  il  pesait  2183'",2.  i'ssuyé  feuille  par  feuille,  il 
descendit  immédiatement  a  21 81=', 2,  c'est-à-dire  à  1  gramme  au-dessous 
de  son  poids  de  la  veille. 

Le  1Z|  septembre,  vers  sept  heures  du  soir,  le  poids  trouvé  était  de 
2177«'.2.  Le  lendemain  matin  l'arbuste  était  inondé  de  rosée,  avec  laquelle  il 
pesa  2184^%ù  (augmentation  apparente  7'", 2).  Il  fut  mis  alors  à  une  demi- 
obscurité,  dans  une  chambre  fermée  où  la  température  était  de  18°, 5.  Au 
bout  de  trois  heures,  il  n'était  pas  encore  entièrement  débarrassé  de  son 
humidité  superficielle,  tant  elle  avait  été  abondante;  cependant  il  ne  pesait 
déjà  plus  que  2177^',6,  mal<ir('  la  présence  d'un  reste  d'eau  sur  ses  feuilles. 
11  avait  donc  évidemment  perdu  quelque  peu  de  son  poids  pendant  la  nuit, 
malgré  l'abondance  de  la  rosée  qui  l'avait  couvert. 

Le  15,  à  sept  heures  du  soir,  mon  Hortensia  pesait  2208^', 0.  Le  16,  à  six 
heures  du  matin,  il  portait  une  rosée  extrêmement  abondante,  avec  laquelle 
son  poids  fut  de  2215"', 2  (augmentation  apparente  =  7^',2).  Trois  heures 
de  séjour  à  la  demi-obscurité  d'une  chambre,  dont  la  température  était  de 

(1)  Dans  le  jardin  où  ces  observations  ont  été  faites,  le  soleil  n'atteignait  mes 
plantes  que  de  sept  heures  et  demie  à  huit  heures. 


gllll  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE   DE    FRANCK. 

4  9°, 5,  dissipèrent  à  peu  près  celte  eau  et  réduisirent  le  poids  à  22075', 0, 

c'est-à-dire  à  1  gramme  au-dessous  du  poids  de  la  veille. 

Jusqu'alors  il  avait  conservé  ses  Ik  feuilles,  mais  la  plus  basse  tomba  dans 
la  journée. 

Le  16,  à  huit  heures  du  soir,  le  poids  de  l'arbusle  était  de  218Zj°',0.  Le 
lendemain  matin,  à  six  heures,  il  était  chargé  d'une  rosée  très  abondante, 
qui  s'était  même  ramassée  dans  les  petites  cavités  des  feuilles.  Pesé  avec 
toute  cette  eau,  il  donna  le  chiffre  de  2191, »'0  (augmentation  apparente  = 
P',0).  Essuyé  immédiatement,  sans  qu'il  fût  possible  toutefois  d'eu  enlever 
toute  l'humidité,  il  se  trouva  réduit  à  2183s',8,  c'est-à-dire  à  1/5  de  gram. 
au-dessous  de  son  poids  de  la  veille.  Il  est  même  évident  que  ce  chiffre  était 
trop  fort  puisqu'il  comprenait  encore  le  poids  de  la  rosée  qui  n'avait  pu  être 
enlevée. 

Le  17,  à  sept  heures  el  demie  du  soir,  le  poids  de  la  plante  était  de 
2161^',^.  Le  18,  à  six  heures  du  matin,  toute  couverte  d'une  rosée  très 
abondante,  elle  pesa  211)8'',0  (augmentation  apparente  =  6s', 6);  mais 
essuyée  feuille  par  feuille  et  quoique  conservant  encore  un  peu  d'humidité, 
surtout  au-dessous  des  feuilles,  elle  redescendit  immédiatement  à  2161°',/i, 
poids  de  la  veille,  lille  avait  donc  en  réalité  diminué  de  poids  pendant  la 
nuit  et  malgré  la  forte  couche  de  rosée  dont  elle  avait  été  entièrement  cou- 
verte. Deux  feuilles  tombèrent  ce  jour-là. 

Le  18,  à  huit  heures  et  demie  du  soir,  mon  Hortensia  pesait  1181°',8.  (Il 
avait  été  arrosé  dans  la  journée.)  Le  lendemain  matin,  vers  six  heures  et 
demie,  je  lui  trouvai  absolument  le  même  poids  malgré  la  présence  d'une 
rosée  légère  à  la  surface  de  plusieurs  de  ses  feuilles.  Il  avait  donc  en  réalité 
subi  pendant  la  nuit  une  légère  déperdition. 

Enfin,  pour  ne  pas  trop  multiplier  les  exemples,  le  26,  à  sept  heures  et 
demie  du  soir,  mon  arbuste,  qu\  ne  portait  plus  alors  que  huit  feuilles, 
pesait  2203s',0.  Le  27,  à  six  heures  et  demie  du  matin,  pesé  avec  la  rosée 
assez  abondante  qui  le  couvrait,  il  donna  le  nombre  '220h^'\[i  (augmentation 
apparente  =  1^', 6)  ;  mais  ayant  été  essuyé,  il  descendit  immédiatement  à 
2202^',6,  c'est-à-dire  à  O^','!  au-dessous  du  poids  de  la  veille. 

Pour  ne  parler  que  de  mes  expériences  de  cette  année,  les  huit  autres 
plantes  que  j'ai  mises  en  observation  m'ont  donné,  sans  une  seule  excep- 
tion, des  résultats  parfaitement  concordants  avec  ceux  que  je  viens  de  rap- 
porter, résultats  que  je  résumerai  de  la  manière  suivante  : 

Lorsqu'il  ne  s'est  pas  forme  de  rosée  sur  les  sujets  mis  en  observation, 
soit  à  découvert,  soit  sous  une  grande  vitre  horizonlale  siniplenuiit  suspen- 
due, de  manière  à  diminuer  pour  eux  le  rayonnement  et  surtout  a  les  garantir 
de  la  pluie,  la  transpiiation  a  déterminé  en  eux  une  diminution  de  poids  ap- 
préciable, ([ui  a  varie  selon  les  espèces  et  selon  les  circonstajices  extérieures. 


sÉANCK  Dr  '27  Novi;>iHiu:   1857.  0/iô 

Lorsque  la  rosce  ne  s'est  déposée  (lu'ei)  petite  (juantité,  les  plantes, 
pesées  avec  la  faible  couche  d'iuiniidité  qui  les  couvrait,  ont  accusé  uu 
poids  un  peu  iiiréfieur  ou  tout  au  plus  égal  à  celui  qu'elles  avaient  la  veille 
a  l'entrée  de  la  nuit,  et  cela  malgré  la  présence  de  cette  eau  dont  le  poids 
s'ajoutait  au  leur. 

Enfin,  lorsque  la  rosée  s'est  formée  en  abondance,  les  plantes  pesées  de 
bon  matin,  encoie  couvertes  de  toute  l'eau  qui  s'était  condensée  à  leur  sur- 
face, ont  présenté  une  augmentation  très  marquée  relativement  an  |)oids 
(lu'clles  avaient  la  veille,  X  l'entrée  de  la  nuit.  Mais,  pour  reconnaître  que 
cette  augmentation  était  uniquement  apparente  et  non  réelle,  et  qu'elle 
n'était  due  qu'à  la  présence  sur  les  feuilles  d'une  couche  d'eau  ([ui  ajou- 
tait son  poids  à  celui  des  plantes,  il  a  suffi  de  faire  disparaître  de  manière 
ou  d'autre  ce  liquide  superficiel.  Aussitôt  les  sujets  de  toutes  mes  observa- 
tions ont  montré  qu'ils  n'avaient  rien  ajouté  a  leur  poids  de  la  veille,  et 
même  qu'ils  avaient  subi  une  petite  diminution. 

Ainsi,  en  dernière  analyse,  je  n'ai  jamais  vu  la  rosée,  quelque  abondante 
qu'elle  fût,  ajouter  au  poids  des  plantes  la  plus  légère  quantité  appréciable 
au  moyen  d'une  balance  qui  accusait  nettement  les  cinquièmes  de  gramme. 
Je  crois  donc  être  autorisé  à  conclure  de  ces  faits,  auxquels  il  est  bon  de 
rattacher  les  considérations  présentées  plus  haut,  que,  dans  nos  climats  et 
dans  les  conditions  ordinaires  de  la  végétation,  la  rosée  n'est  pas  absorbée 
par  les  plantes  qu'elle  mouille  ;  (|ue  dès  lors  elle  ne  contribue  pas  à  leur  nu- 
trition et  que  le  seul  effet  direct  qu"elle  produise  est  de  léduire  presque  à 
rien,  par  sa  présence,  la  transpiration  qui  aurait  eu  lieu  sans  elle.  J'ajouterai 
seulement  que,  par  l'intermédiaire  de  la  terre,  elle  peut  produire  sur  la 
végétation  un  effet  indirect^  auquel  je  pense  qu'on  doit  attribuer  \\\\^  im- 
portance, sans  doute  variable  selon  le  temps  et  le  lieu,  mais  parfois  très 
considérable. 

Comme  on  ne  saurait  trop  accumuler  les  preuves  lorsqu'il  s'agit  d'établir 
un  principe  entièrement  nouveau,  en  contradiction  avec  les  idées  qui  cnteu 
cours  de  tout  temps,  je  crois  devoir  ajouter  des  faits  d'un  autre  ordre  qui 
viennent  à  l'appui  des  piemiers  et  qui  seraient  eux-mêmes  inexplicables  si 
les  plantes  étaient  douées  de  la  faculté  d'absorber  l'eau  de  la  rosée. 

Dans  ma  note  sur  la  fanaison  (Voy.  Bull,  de  la  Soc.  Ilot.,  IV,  p.  112- 
116)  j'ai  rapporté  que  des  plantes,  dont  le  pot  était  renfermé  dans  uu  appa 
reil  parfaitement  fermé,  s'etant  trouvées  fanées  le  soir  par  l'elfet  de  la  sé- 
•  cheresse  de  la  terre  où  s'étendaient  leurs  racines,  se  sont  montrées  encore 
dans  le  même  état  le  lendemain  matin,  bien  qu'elles  eussent  été  mouillées, 
même  abondamment,  par  la  rosée.  C'est  ce  (|ui  est  arrive  notamment  pour 
un  Hortensia,  les  15,  28  juillet  et  le  l'^"'  ai)ùt  185(3,  pour  un  Helicmt/ius 
annuus,  les  5,  7  et  12  août  1856  [loc.  cit.).  J'ai  observé  encore  des  laits 
analogues  pendant  l'éle  et  l'avilomiie  de  1857,  sur  des  espè^'es  différentes. 

T.     IV.  ()U 


9/i()  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DC    IP.AÎSCE. 

Or  comment  concevrait-on  (jue  les  feuilles  de  ces  diverses  plantes  n'eussent 
pas  repris  pendant  la  nuit  la  lurgescence  de  leurs  tissus,  si  elles  avaient  eu 
la  faculté  d'absorber  l'eau  qui  couvrait  leur  surface?  Il  me  semble  que  la 
seule  conclusion  a  tirer  de  ces  faits,  c'est  que,  dans  nos  climats,  les  plantes, 
même  fanées  par  l'effet  de  la  sécheresse,  n'introduisent  pas  dans  leurs  tissus 
l'huniidité  que  la  rosée  dépose  sur  leurs  feuilles  en  couche  liquide  plus 
ou  moins  épaisse 

En  finissant,  je  crois  devoir  faire  ohseiver  qu'on  s'exagère  beaucoup  la 
quantité  d'eau  qui  se  dépose  sur  les  plantes  par  l'effet  d'une  rosée  même 
abondante.  D'après  les  mesuies  que  j'ai  prises,  je  crois  être  plutôt  au- 
dessous  ((u'au-dessus  de  la  vérité  en  évaluant,  en  moyenne,  la  surface 
d'une  feuille  de  mon  Hortensia  à  1  décimètre  carré  pour  un  seul  côté,  ou 
bien  à  2  décimètres  pour  les  deux.  Les  lU  et  15  septembre,  cet  arbuste 
portait  encore  ses  1^  feuilles,  ce  qui  lui  donnait  une  surface  foliaire  totale 
d'enviion  28  décimètres  carrés.  Pendant  ces  deux  nuits,  la  rosée  fut  d'une 
abondance  peu  commune,  et  cependant  la  couche  d'eau  qu'elle  forma  sur 
les  deux  faces  de  toutes  ces  feuilles  ne  pesa  que  7^%2.  Elle  ne  représentait 
donc  en  volume  que  7  centimètres  cubes  d'eau,  qui,  s'ils  avaient  été  ré- 
pandus uniformément  sur  cette  surface  de  28  décimètres  carrés,  n'y  au- 
raient produit  qu'une  couche  extrêmement  mince,  puisqu'elle  serait  résultée 
d'un  demi-centimètre  cube  d'eau  étalé,  pour  chaque  feuille,  sur  une  surface 
de  2  décimètres  carrés.  En  comparant  l'étendue  superlicielle  de  tous  les 
sujets  de  mes  observations  avec  la  plus  grande  quantité  de  rosée  que  j'ai 
trouvée  sur  eux,  j'arrive  a  des  résultats  analogues.  Or  je  ne  puis  croire 
qu'une  si  faible  quantité  d'eau  pût  produire  un  effet  bien  appréciable  sur  la 
végétation,  si,  contrairement  à  ce  que  j'ose  croire  avoir  prouvé,  elle  était 
introduite  dans  les  feuilles  par  une  absorption  locale. 

Quant  aux  conséquences  qui  découlent  de  la  non-absorption  de  la  rosée 
par  les  plantes,  dans  nos  climats,  elles  sont  nombreuses  et,  si  je  ne  m'abuse, 
importantes;  mais  je  ne  pourrais  m'en  occuper  ici  sans  prolonger  beaucoup 
trop  cette  comn)unicalion,  dans  laquelle  j'ai  voulu  seulement  donner  une 
idée  de  mes  observations  et  de  leurs  résultats. 

M.  Germain  de  Sainl-Pierre  reconnaît  que  les  organes  essentiels 
de  l'absorption  de  l'eau  sont  les  racines;  mais  il  rappelle  que  des 
tiges  coupées  et  fanées  rc|)reniient  leur  fraîcheur  si  on  les  plonge 
dans  l'eau.  Il  en  est  de  même  pour  les  plantes  renversées,  mises  la 
tôle  dans  l'eau,  avec  ou  sans  racines. 

M.  Weddell  ajoute  les  observations  suivantes  : 

La  conclusion  que  M.  Ducharirc  tire  de  ses  observations  ne  me  semble 
pas  rigoureuse.  —  Une  plante  soumise  à  l'action  de  la  rosée  u'augmente 


SÉANCK    nu    '11    KOVKMIUW':   1857.  \)l\l 

pas,  (lil-il,  (le  poids,  elle  en  iliiiiiinu'  même,  donc  clic  n'a  rien  ahsorbc.  — 
Mais  qui  nous  prouve  que  la  rcuillc  recevant  la  rosce  sur  sa  fa'-'C  supt- 
rieiire  (en  la  supposant  dans  une  position  horizontale),  n'absorbe  pas  par 
cette  face,  en  même  temps  qu'elle  exhale  par  sa  l'nee  inféiicure?  Kn  ad- 
mettant même  qu'elle  reçoive  é<^alement  la  rosée  sur  ses  deux  faces,  nous 
est-il  démontré,  par  les  expériences  (h'  M.  Duciiartre,  que  les  deux  fonctions 
ne  s'accomplissent  pas  simultanément?  La  transpiration  étant  le  résultat 
d'un  acte  vital,  il  n'y  a  pas  de  raison  pour  qu'elle  ne  se  fasse  pas  dans  des 
conditions  où  l'évaporalion,  par  exemple,  serait  impossible.  I.orsque  nous  en- 
trons dans  un  bain  de  vapeur  ou  d'eau  chaude,  cessons-nous  pour  cela  de 
transpirer? 

M.  Duchartre  répond  à  M.  Germain  de  Saint-Pierre  : 

Qu'il  faudrait  se  garder  de  confondre  des  tiges  coupées,  des  plantes  sans 
racines  ou  même  conservant  leurs  racines,  mais  arrachées,  avec  des  plantes 
entières,  vivantes,  ayant  leurs  racines  dans  la  terre  et  végétant  normale- 
ment. L'assimilation  de  ces  deux  cas  entièrement  différents  conduirait  à 
une  erreur  grave,  comme  il  se  propose  de  le  montrer  prochaine;;;ent. 

Il  répond  a  M.  Weddell  qu'en  effet  la  transpiration  est  un  acte  vital  et  non 
analogue  à  une  simple  évaporalion,  contrairement  a  l'opinion  de  plusieurs 
auteurs  modernes;  que,  dès  lors,  elle  peut  très  bien  cuulinuei'  d'avoir  lieu 
pendant  la  nuit,  même  lorsqu'il  y  a  condensation  de  rosée  sur  les  feuilles. 
Mais  il  ne  s'ensuit  nullement  que  cette  transpiration  nocturne  puisse  dissi- 
muler une  absorption  de  rosée  qui  aurait  eu  lieu.  En  effet,  M.  Duchartre 
en   donnera  la  mesure  dans  des  communications  prochaines;  il  montrera, 
comme  on  peut  le  voir  déjà  pour  IHorlensia,  par  l'obseivation  du  6  sep- 
tembre, lapportée  dans  la  note  ci-dessus,  que,  dans  les  conditions  les  plus 
favorables,  en  l'absence  de  toute  rosée,  elle  est  déjà  fort  peu  considérable, 
et  qu'elle  devient  extrêmement  faible,  se  réduit  même  a  une  faible  fraction 
de  gran)me  dans  une  atmosphère  chargée  d'iiumidité,  surtout  sous  liu- 
fluence  d'un  revêtement  liquide.  Or  il  est  clair  qu'une  si  faible  transpira- 
tion ne   pourrait  dissimuler  qu'une  absorption  équivalente,  c'est-a-dire 
entièrement  insignifiante  pour  la  végétation,  et  dont,  pour  ce  motif,  il  ne 
serait  pas  utile  de  tenir  compte.  M.  Duchartre   croit  même  pouvoii-  dire 
que  cette  absorption,  tout  insignifiante  qu'elle  serait,  ne  doit  pas  avoir 
lieu,  puisque,  malgré  la  plus  forte  rosée,   les  plantes  perdent  une  faible 
portion  de  leur  poids  pendant  la  nuit,  et  que  leur  diminution  ne  peut  être 
due  qu'à  leur  transpiration,  si  faible  dans  ces  circonstances,  que  la  moindre 
absorption  l'aurait  nécessairement  rendue  inappréciable. 

M.  Moquin-Tandon  rapporte  le  lait   suivant.   Une  racine  d'une 


Ô^S  SOCIKTÉ    BOTANIOIE    DE    FI'.A^Cf•:. 

Orchidée  exotique  s'élant  allongée  sur  une  pierre,  à  laquelle  elle 
adhérait  très  fortement,  il  eut  l'idée  de  passer  une  couleur  rouge  sur 
cette  pierre^  un  peu  en  avant  de  l'extrémité  de  la  racine.  Cette 
couleur  était  parfaitement  sèche  quand  la  racine  s'étendit  par-dessus; 
au  bout  de  quelques  jours  toute  la  partie  inférieure  de  la  racine  se 
trouva  colorée  en  rouge  ou  en  rose. 

M.  Germain  de  Saint-Pierre  fait  à  la  Société  la  communication 
suivante  : 

DE  LA  DIP.ECTION  QUE  PRENNENT  LES  TIGES  ET  LES  RACLNES  CHEZ  LES  BULBES 
RENVERSÉS,  par  M.   E.  (;FH.'VIAI\  »E  SAI\T-PIEKRE. 

Des  expériences  ont  souvent  été  faites  par  les  physiologistes  sur  la  con- 
stance des  directions  opposées  prises  par  la  jeune  tige  et  par  la  racine,  lors 
de  la  germination  des  graines.  Ces  expériences  ont  toujours  conduit  à  con- 
stater la  tendance  invariable  de  la  tige  à  se  diriger  de  bas  en  haut,  et  la  ten- 
dance encoie  plus  absolue  de  la  racine  à  se  dirigei*  de  haut  en  bas.  —  Rn 
essayant  de  pratiquer  quelques  expériences  du  même  genre  chez  les  bulbes, 
je  devais  m'attendre  a  des  résultats  analogues  à  ceux  qui  ont  été  obtenus 
dans  la  germination  des  embryons,  et  ces  derniers  résultats  sont  en  effet 
venus  confirmer  les  premiers. 

Y  a-t-il  d'ailleurs  des  différences  bien  essentielles  entre  l'embryon  d'une 
monocotylée,  d'une  Graminée  par  exemple,  et  le  bulbe  d'une  Liliacée?  Il  y 
a  entre  ces  deux  sortes  d'appareils  des  différences  de  forme  bien  plutôt 
que  des  différences  essentielles.  Dans  l'un  et  l'autre  cas,  il  s'agit  d'un  bour- 
geon libre,  composé  de  plusieurs  feuilles  emboitées,  dont  la  tige  est  encore 
rudimentaire  et  dont  les  racines  ne  sont  pas  encore  développées  ;  seule- 
ment, dans  l'embryon  des  Graminées,  la  feuille  extérieure  (cotylédon  ou 
iiypoblaste)  est  seule  épaisse  et  charnue,  tandis  que,  chez  le  bulbe,  sous  les 
feuilles  extérieures  (épuisées  par  une  période  antérieure  de  végétation),  se 
trouve  une  série  de  feuilles  épaisses  et  charnues-,  en  outre,  chez  la  plupart 
des  Graminées,  mais  non  dans  toutes,  la  racine  est  coléorbizée.  Si  donc, 
chez  le  bulbe  rudimentaire  nommé  embryon,  la  racine  se  dirige  de  haut  en 
bas  dans  quelque  situation  que  la  graine  soit  placée,  la  rncine  de  l'em- 
bryon grossi  ([ui  constitue  un  bulbe  devait  se  comporter  île  la  même  ma- 
nière. 

Tout  le  monde  a  vu  ces  bulbes  de  .hicinthe  ou  de  Narcisse  enfermés  par 
des  horticulteurs  dans  d'étroites  carafes  remplies  d'eau,  et  dirigés  la  tète  en 
bas,  dont  les  feiulles  et  les  tiges  croissent  dans  une  situation  renversée; 
mais  on  remarquera  (jue  ces  tiges,  étant  maintenues  et  empiisonnées  entre 
l'es  parois  du  verre,  se  développent  forcément  dans  cet  étroit  espace  en 
luttant  vainement  contre  l'obstacle  qui  s'oppose  à  leur  redressement. —  f.es 


SÉANCK    DU    "27    >'(»VliMHI!i:    1S57.  0/iO 

bulbes  (jue  j'ai  plantés  dans  une  situation  renversée  ont  au  contraire  été 
placés  dans  un  terrain  meuble  et  en  pleine  terre,  sans  {(u'aucun  obstacle 
pût,  après  la  plantation,  ^èner  la  tige  ou  les  racines  dans  les  diverses  direc- 
tions où  elles  pouvaient  avoir  à  s'étendre. 

Les  bulbes  que  J'ai  ainsi  plantes  étaient  des  bulbes  de  .lacinlbe,  de  Mus- 
cari,  d'Ornitbogale,  etc.;  ces  bulbes  avaient  été  retirés  de  terre  après  la  flo- 
raison ou  la  maturité  des  fruits;  les  racines  qui  vivaient  au  temps  de  la 
floraison  étaient  alors  dessécbées  et  détiuites,  et  celles  de  la  période  de  vé- 
gétation suivante  n'étaient  pas  encore  nées.  Un  bulbe  à  cet  état  est  un 
bourgeon  libre,  à  feuilles  plus  ou  moins  cbarnues,  dont  l'axe  est  représenté 
par  un  disque  d'insertion  (plateau)  plus  on  moins  déprimé,  axe  dont  la 
partie  supérieure  s'allongera  en  une  tige  florifère  qui  commence  à  peine  alors 
à  poindre  au  centre  du  bourgeon,  et  dont  le  système  radicellaire  e-t  provi- 
soirement nul.  J'agissais  donc,  d'une  part,  sur  un  bourgeon  déjà  développe 
normalement  mais  qui  avait  a  s'allonger,  et,  d'autre  part,  sur  des  racines 
prises  à  l'instant  de  leur  naissance  et  dont  la  direction  pouvait  par  consé- 
quent être  influencée,  dès  leur  apparition,  par  la  situation  anormale  dans 
laquelle  je  plaçais  le  bulbe  ou  bourgeon. 

Au  bout  de  quelques  jours,  j'ai  eu  à  constater  les  faits  suivants.  Le 
bourgeon  central  du  bulbe,  en  s'allongeant,  s'est  recourbé  en  remontant  pa- 
rallèlement au  corps  du  bulbe,  et,  ayant  gagné  une  direction  ascendante 
verticale,  a  continué  à  végéter  comme  si  le  bulbe  n'eût  pas  été  l'cnversé. — 
Les  racines,  au  contraire,  qui  n'étaient  pas  nées  avant  la  plantation,  n'ont 
point  eu  à  se  recourber,  elles  se  sont  dirigées  verticalement  de  haut  en  bas. 
Pour  descendre  en  dehors  du  bulbe,  il  eût  fallu  qu'elles  suivissent  sa  con- 
vexité; c'est  ce  qui  n'a  pas  eu  lieu  :  elles  ont  suivi  la  ligne  droite  et,  pour 
cela,  elles  ont  traversé  l'épaisseur  du  bulbe,  en  perforant  les  feuilles  cbar- 
nues qui  forment  sa  masse,  comme  elles  auraient  traversé  un  corps  inerte 
ou  comme  elles  se  seraient  introduites  dans  un  véritable  terrain;  quelques- 
unes  de  ces  racines  sont  sorties  par  la  gaîne  des  tuniques  en  côtoyant  le 
bourgeon  central  et  en  l'accompagnant  à  sa  sortie  des  tuniques,  pour 
ensuite  s'enfoncer  dans  le  sol,  tandis  que  le  bourgeon  se  faisait  jour  à  l'air 
libre. 

Je  ferai  remarquer,  à  cette  occasion,  que,  si  certaines  tiges  se  dirigent  pen- 
dant une  période  de  leur  existence  de  haut  en  bas  (j'ai  fait  connaître  depuis 
longtemps  le  mode  curieux  de  végétation  du  Calt/sfegia  sepium  (1),  du  Sa- 
gittaria,  des  Tulipa,  etc.),  nous  ne  connaissons  aucun  exemple  de  racines 
qui  se  dirigent  de  bas  en  haut. 

(1)  Puisque  j'ai  occasion  de  parler  ici  du  mode  de  végétation  du  Calystegia 
{Convolvulus)  sepium  (le  Liseron  des  haie  j),  je  dois  dire  que  dans  une  étude  récente 
de  AI.  Irmiscli  sur  le  mode  de  végétation  de  cette  plante,  mon  travail  antérieur 


950  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE, 

Aynilt  cnnsfaté  que  les  tiges  à  direction  normale  ascendante  ne  peuvent 
être  mises  en  défaut  et  être  rendues  descendantes  par  une  situation  ren- 
versée accidentelle,  j'ai  voulu  savoir  si  les  tiges  descendantes  dont  je  viens 
de  parler,  maintiendraient  avec  la  même  énergie  leur  direction  normale- 
ment renversée,  et  ne  pourraient  pas  être  rendues  ascendantes.  Ayant  à  cet 
effet  relire  de  terre  des  bulbes  de  Tulipe,  alors  qu'ils  avaient  produit  de 
jeunes  tiges  souterraines  descendantes  (jeunes  bulbes  pédicellés),  je  lésai 
renversés  de  manière  à  placer  l'extrémité  des  tiges  descendantes  ou  pro- 
cessus de  bas  en  baut.  Quelques  jours  après,  je  les  ai  de  nouveau  retirés  de 
terre,  et  j'ai  constaté  que  la  quantité  dont  le  processus  s'était  allongé  for- 
mait un  crochet  dont  la  convexité  regardait  en  haut  et  dont  l'extrémité  re- 
uardait  de  nouveau  le  centre  de  la  terre,  ainsi  qu'aurait  pu  le  faire  une  racine. 

Tl  nous  parait  donc  impossible  de  vaincre  la  disposition  naturelle  d'après 
laquelle  les  tiges  et  les  racines  prennent  leur  direction  ;  et  lors  même  que 
cette  disposition,  chez  u:>e  espèce,  est  contraire  à  la  règle  générale,  cette 
disposition  excrptionnelle  n'est  pas  plus  susceptible  d'être  \aincue  que  la 
disposition  générale  contraii;e  chez  les  autres  espèces. 

M.  Cosson  l'ail  à  In  Société  la  communication  suivante  : 

QUELQUES  CONSIDÉRATIONS  SUR  LA  VÉG'h'ATION  DU  SUD  DE  LA  RÉGENCE  DE  TUNIS, 
par  M.VI.  E.  COI§>$»OI\^  et  L.  Klt.%LIK  (1). 

M.  Webb  s'était  proposé,  des  1853,  d'explorer  les  parties  les  plus  inté- 
ressantes de  la  régence  de  Tunis,  dont  il  avait  l'intention  de  publier  une 
Flore  ;  mais  l'état  de  sa  saute  ne  lui  permit  pas  de  donnei-  suite  a  son  projet. 
Toutefois  il  n'avait  pas  renonce  à  faire  l'exploration  de  cette  contrée,  et,  en 
185^,  il  chargea  l'un  de  nous  de  visiter  les  points  qui  lui  paraissaient  pré- 
senter le  plus  d'intérêt  pour  la  botanique  (2),  espérant  pouvoir  s'y  rendre 
lui-même  plus  tard,  espérance  qui,  malheureusement,  ne  devait  pas  être 
réalisée. 

Le  voyage  entrepris  sous  le  patronage  de  M.  Webb  devait  comprendre 

n'est  pas  mentionné,  M.  Innisch,  sans  avoir  eu  connaissance  de  mon  observation,  a 
observé  et  exposé  les  faits  essentiels  que  j'.i vais  observés  moi-même  il  y  a  plusieurs 
années,  et  doni  j'ai  rendu  compe  alors  à  la  Société  pliiioinati(|ue,  et  pins  lard  à  la 
Société  Botanique  à  Foccasiuii  dnn  article  publié  depuis  sur  le  même  sujet  par  un 
de  nos  confrères  (M.  Lagrèze-Fossal).  Voy.  le  Bulletin,  t.  Il  (1855),  p.  1^5-1^8. 

(1)  l"'(irmani  le  complément  des  Notes  sur  quelques  plantes  rares  ou  nouvelles 
de  la  régence  de  Tunis,  pul)liées  dans  ce  voimne,  pagi's  55,  loi,  176,  277,  3G0, 
ZiOO  et  Zi9'>. 

(2)  Voyez  les  extraits  publiés  dans  le  Bnlleiin  (l.  I,  p.  'J;;et  IIG,  et  t.  11,  p.  21), 
des  lettres  écrites  par  M.  kralik  pendant  son  voyage. 


SK.VISCK    DU   27   NOVIÎMRUK    1857.  951 

le  littoral  du  golfe  de  la  petite  Syrte,  les  oasis  de  la  région  désertique,  où 
Desfontaincs  a  signalé  un  grand  noml)re  d'espèces  intéressantes,  ot  enfin  le 
ma.'sif  des  montagnes  situées  au  sud  de  Tunis.  L'état  politique  du  pays, 
dont  les  tribus  toujours  rivales  étaient  en  guerre  entre  elles,  n'ayant  pas 
permis  de  pénétrer  ius([u'au\  oasis  de  Cal'sa,  de  Tozzer  et  de  Nefta,  voici 
l'itinéraire  qui  a  dû  être  suivi  :  tnjet  par  terre  de  Tunis  a  Souza,  et  de 
là  à  Sfax  -,  trajet  par  mer  de  Sfax  à  Gabès  ;  séjour  à  Gabès,  du  commence- 
ment de  mars  à  la  fui  de  mai  ;  trajet  par  mer  de  Gabès  à  iNadour  (tour 
aujourd'bui  en  ruines)  ;  trajet  parterre  de  Nadour  à  Sfax;  excursion  à 
l'Ile  de  Djerba;  exploration  du  l)jel)el  Zagbouan  -et  enfin  quelques  courses 
rapides  aux  environs  de  Tunis,  a  la  Gouletteet  aux  ruines  de  Cartilage. 

Gabès  est  la  localité  (|ui  a  offert  le  plus  d'intérêt,  non-seulement  a 
cause  de  sa  latitude,  mais  encore  en  raison  de  la  variété  des  stations  que 
présentent  ses  environs.  En  effet,  on  y  trouve  reunis  les  sables  maiitimes, 
des  dépressions  sablonneuses,  humides  ou  salines,  les  cultures  bien  arrosées 
de  l'oasis  avec  leur  végétation  méditerraneenn(!  et  presque  européenne,  le 
lit  argileux  et  pierreux  de  l'Oued  Gabès  avec  ses  allu\  ions  où  se  trouvent 
associées  à  la  plupart  des  plantes  caractéristiques  du  pays  un  certain  nombre 
d'autres  apportées  par  les  eaux,  et  enfin  la  vaste  plaine  argilo-calcaire  qui 
s'étend  depuis  l'oasis  jusqu'aux  montagnes  basses  et  nues  à  rocbes  calcaires 
du  Djebel  Kéroua  qui  la  limitent  a  l'ouest. 

Dans  nos  i\otes,  nous  n'avons  utilisé  (ju'une  faible  partie  des  documents 
recueillis  sur  la  flore  de  Tunis,  car,  dans  le  seul  \oyage  dont  nous  venons 
d'indiquer  sommairement  l'itinéraire,  le  nombre  des  espèces  observées  s'est 
élevé  à  près  de  lOOU,  et  la  plupart  d'entre  elles  ont  été  rencontrées  à  plu- 
sieurs localités.  Les  matériaux  que  nous  n'avons  pas  mis  en  œuvre,  et  ceux 
que  la  science  doit  à  Desfontaines  sur  cette  contrée,  trouveront  leur  place 
dans  la  Flore  d'Algérie^  dont  ils  sont  le  complément  naturel. 

L'étroite  affinité  de  la  flore  des  deux  pays,  dont  la  délimitation  est 
purement  politique,  n'avait  pas  échappé  à  Desfontaines,  qui ,  dans  son 
Flora  Atlantica,  a  réuni  toutes  les  plantes  connues  a  son  époque  dans  lef 
résences  d'Alger  et  de  Tunis. 

Nous  nous  bornerons  a  signaler  ici  l'extrênie  analogie  de  la  végétation  des 
environs  de  Gabès  avec  celle  du  Sahara  algérien  et  l'identité  des  lois  de 
géographie  botanique  auxquelles  est  soumise  la  distribution  des  végétaux 
dans  les  deux  pays  (1).  —  En  effet,  sur  563  espèces  recueillies  aux  envi- 
rons de  Gabès  et  dans  l'ile  de  Djerba,  57  sont  spéciales  (c'est-a-diie  n'ont 
encore  été  observées  que  dans  la  régence  de  Tunis  ou  dans  l'Algérie),  et, 

(1)  Voir  Rapport  sur  un  Voyage  botanique  en  Algérie  de  f'iiilippeville  à  Biskra 
{Annales  des  sciences  naturelles,  scr.  h,  '•  IV),  l'i  suitoui  les  Considérations  géné- 
rales et  le  Résumé. 


052  SOCIKil';    HDT.VMQLJK    DK    II'.AMIE. 

sur  ce  dernier  noniI)ie,  50  se  rctruiiv ent  dans  le  sud  de  la  province  de  Con- 
st.intiiie.  —  Kn  outre,  sur  le  total  de  la  végétation  de  Gabès,  25  espèces 
seulement  n'ont  pas  été  rencontrées  dans  le  Sahara  algérien  : 

Heiiantticmum  Tunotanum.  I.nponyï  hiumStoplianianum?  Linaria  exilis. 

SiioiiP  siicculeuta.  Riiantcrium  suavcolpiis.  Anarrliiiuim  brcvifoliuni. 

—  setacpa.  Ctilatiiydupliora  tridcutata.  Scrofularia  arputa. 

Erotliiim  arborpsccns.  Filago  Marootica.  Teucriiiin  Alopccuros. 

Zypopliylliim  all)iim.  Alractylis  flava.  Scilla  viliosa. 

Haplopliyllum  Bu\t)aiimii.  Centaurea  Delilei.  Ncphrodiuni  pallidum. 

Tetradiciis  Eversmanni.  Spitzolia  radicata.  Marsiica  .Egyptiaca. 

Trigonella  maritima.  Barkhausia  senecioidcs. 

Scorpiurus  laevigata.  Linaria  ailjifrous. 

De  ces  25  espèces  qui  n'ont  pas  été  rencontrées  dans  le  Sahara  algérien, 
9  paraissent  propres  au  sud  de  la  régence  de  Tunis  : 

Ilciiaiilhemum  TuQCtaQum.  Rhanterium  suavoolens.  Anarrliinum  brevifolium. 

Silène  selacea.  Centaurea  Delilei.  Teucrium  Alopecuros. 

Erodium  arborescens.  Linaria  exilis.  Scilla  viliosa. 

Les  16  autres  se  retrouvent  en  Orient  : 

Silène  sncculeula.  LagonychiumStephanianum?  Linaria  albifrons. 

Zygophyllum  album.  Chlamydophora  tridcnlata.  Scrofularia  argnta. 

Haplophylliim  Ruxbaumii.  l'ilago  Mareolica.  Nephrodium  pallidum. 

Tetradi'-iis  Eversnianni.  Alractylis  flava.  Marsilea  .Egyptiaca. 

Trigonella  maritima.  Spitzelia  radicata. 

Scorpiurus  laevigata.  Barkhausia  senecioidcs. 

Nous  devons  faire  remarquer  que  sur  ces  16  espèces,  8  paraissent  surtout 
être  littorales,  et  ne  pouvoir,  par  cela  même,  trouver  dans  le  Sahara  algé- 
rien les  conditions  nécessaires  à  leur  développement;  ce  sont  les  : 

Silène  succulenta.  Trigonella  maritima.  Alractylis  flava. 

Zygoptiyllum  album.  Chlamydopliora  tridentata.      Marsilea  ^gyptiaca. 

Tetradiciis  Eversnianni.         Filago  Mareolica. 

Il  est  important  d'ajouter  que  ces  espèces  littorales  appartiennent  toutes 
^à  la  flore  d'Egypte,  avec  laquelle  celles  du  Sahara  algérien  et  du  sud  de  la 
régence  de  Tunis  se  relient  si  étroitement. 


Ekratum.  —  Page  890,  ligne  26  :  au  lieu  de  pœcilpeis,  lisez  pcccilepis. 


iu:yuk  bibliographique. 


PHYSlOLOr.IE  VEGETALI^. 

Oi*ftaii»si*a|>liiKelM>  Kctraciktiiiig    «1er  Xfëittta    tâittrifata 

Willd.,  fin  Tîeitrag  ziir  Kemitniss  der  Organisations-Verliaeltnisse  der 
Cycadeen  und  dcren  Stcllung  im  natùHichen  Système  (/iVwf/e  nnatomique 
du  Zaniia  nuiricata  Willd.,  mémoire  destiné  à  faire  connaitre l'organisa- 
tion des  Cycadees  et  leur  place  dans  le  système  naturel);  par  M.  H. 
Karsten  [Abhandl.  d.  Kœnifjl.  Akad.  d.  Wissensch.  zu  Berlin,  1856, 
n"  U,  pp.  193-219,  pi.  Mil.  Tirage  à  part  en  broch.  in-^  de  26  p.  et 
3  pi.  liihog.;  Berlin,  1857). 

Le  mémoire  de  M.  H.  Karsten  est  divisé  en  cinq  paragraphes  qui  ont 
pour  sujet,  le  premier  la  description  de  la  plante  développée,  le  deuxième* 
le  développement  des  organes  de  la  végétation,  le  troisième  le  développe- 
ment des  organes  reproducteurs,  le  (juatrième  les  affinités  des  Cycadees, 
le  cinquième  les  matières  sécrétées  que  présente  le  Zamia  muricata.  Nous 
allons  essayer  de  condenser  le  plus  possible  les  faits  principaux  dont  il  ren- 
ferme l'exposé. 

I.  Description  de  la  'plante  développée  (pp.  193-196).—  Lq Zamia  mu- 
ricata Wilkl.  se  trouve  sur  la  côte  septentrionale  du  Venezuela,  près  de 
Puerto  Cabelloet  plus  à  l'ouest.  Sa  tige  atteint  rarement  16  centimètres  de 
longueur,  et  son  diamètre  s'élève  Jusqu'à  13  centimètres.  Sa  racine  est 
lisse,  chargée  de  peu  de  fibres,  peu  rameuse  à  l'extrémité.  Du  sommet  de 
sa  tige  sortent  jusqu'à  6  feuilles,  longues  souvent  de  1'", 65,  pétiolées  et 
ailées,  accompagnées  à  leur  base  de  deux  écailles  charnues,  à  bords  mem- 
braneux [squamœ  petiolanece).  Leurs  folioles,  généralement  opposées,  espa- 
•  cées,  sont  lancéolées,  dentées  en  scie  vers  le  sommet,  nervées,  appliquées 
les  unes  sur  les  autres  dans  la  préfoliation  {vernatio  applicativa).  La 
plante  est  dioïque.  Les  inflorescences  mâles  se  trouvent  d'ordinaire  plu- 
sieurs ensemble  sur  un  même  pied.  Chacune  d'elles  forme  une  sorte 
de  spadice  long  au  plus  de  10  centimètres,  qui  offre  huit  à  treize  files 
verticales  d'écaillés  épaisses,  en  clou  a  grosse  tête,  dont  chacune  porte, 
à  la  face  inférieure  de  son  pédicule  et  de  chaque  côté,  10-12  anthères 
qui  s'ouvrent  longitudinalement  en  deux  valves  pour  laisser  sortir  un 
pollen  lisse  et  globuleux.  Les  spadices  femelles,  solitaires  et  stipités, 
ont  jusqu'à  16  centimètres  de  longueur  et  Z-h  centimètres  d'épaisseur. 
Leurs  écailles,  semblables  à  celles  des  spadices  mâles,  forment  5-8  files 


95/i  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

verticales;  chacune  porte  à  son  côté  inférieur  deux  ovules  latéraux, 
atropes,  à  un  seul  tégument.  Les  graines  sont  généralement  trigones, 
sans  funicule,  et  leur  micropylc  touche  à  l'axe.  Elles  sont  formées  en  ma- 
jeure partie  d'un  albumen  farineux,  dans  l'axe  duquel  se  trouve  l'embryon 
cylindrique.  Sur  les  deux  téguments  séminaux,  l'interne  est  mince  et  fra- 
gile, à  cellules  épaissies,  l'externe  forme  une  membrane  rouge-cerise 
sombre.  L'embryon  droit  a  presque  la  longueur  de  l'albumen;  sa  radicule 
tournée  vers  le  hile  tient  à  un  suspenseur  en  fil  entortillé,  long  de  plusieurs 
lignes,  fixé  au  sommet  de  la  graine.  Ses  deux  grands  cotylédons  égaux 
sont  souciés  au  sommet.  La  gemmule  est  un  petit  cône  chargé  de  poils  ,  qui 
n'a  pas  encore  de  fibres  spirales,  tandis  qu'on  en  trouve  alors  dans  la  radi- 
cule et  dans  les  cotylédons. 

II.  Développement  des  organes  végétatifs  (pp.  196-201).  —  La  -raine  en 
germination  est  toujours  dépouillée  du  tégument  colore.  La  radicule  s'al- 
longe; avec  la  portion  adjacente  des  cotylédons,  elle  traverse  le  micropyle 
et  se  courbe  en  bas.  La  gemmule  se  développant  se  dégage  en  mênietenips 
et  en  direction  inverse  d'entre  les  cotylédons,  dont  l'extrémité  soudée  reste 
«  dans  le  tégument  séminal  et  l'albumen.  Ce  n'est  que  lorsqu'il  s'est  pro- 
duit d'autres  feuilles  que  l'albumen  achève  d'être  résorbé.    La  fécule  des 
cotylédons  seit  aussi  d'aliment  a  la  jeune  plante.  La  première  feuille  qui  se 
produit  a  quatre  folioles  avec   un  long  pétiole.  La  radicule   s'allonge  en 
pivot  comme  dans  les  Dicotylédons.    Dès  que  la  germination  commence, 
les  faisceaux  de  fibres  spirales  de  la  plantule,  qui  n'étaient  qu'au  nombre 
de  deux  dans  chaque  cotylédon,  se  multiplient;  l'tfuteur  en  indique  le  dé- 
veloppement successif  par  des  détails  au  milieu  desquels  il  nous  est  impos- 
sible de  le  suivre.  A  leur  première  apparition,  toutes  les  folioles  forment  un 
bourrelet  en  demi-lune  au  côté  interne  du  jeune  pétiole.  Tant  que  l'activité 
végétative  de  la  jeune  plante  a  pour  seul  effet  de  multiplier  et  perfec- 
tionner les  feuilles,  on  voit  se  répéter   les  faits  suivants  :  Du  cambium  du 
bourgeon  terminal  se  forme   un   parenchyme  qu'une  zone   persistante   de 
cambium  divise  en  moelle  et  écorce.  Dans  ce  cylindre  de  cambium,  entre 
les  fibres  spirales  dt^à  formées,  qui  se  dirigent  vers  les  ébauches  de  feuilles,- 
il  s'en  montre  d'autres  qui  bientôt  vont  aussi  à  d'autres  feuilles  naissantes. 
C'est  seulement  après  l'épanouissement  des  feuilles  (|ue  commencent  à  se 
produire,  au  côté  externe  de  la  couche  de  fibres  spirales,   des  fibres  li- 
gneuses,  poreuses,  qui  se  multiplient  ensuite  peu  a  peu  et  donnent  ainsi 
une  zone  ligneuse  plus  analogue  au  bois  des  Dicotylédons  qu'a  celui  des 
Monocotyledons.  Ces  fibres  ont  de  très  grands  pores.   On  ne  voit  pas  dans 
la  moelle  du  Zamia  muricata  les  libres  spirales  ni  libériennes  qu'on  ob- 
serve dans  celle  des  Encephalartos,  et  ((ui  ont  fait  regarder  les  Cycadées 
comme  des  iMonocotylédons  par  certains  botanistes.  iMais   M.   Karsten  fait 
observer  que  ces  faisceaux  ligneux  épars  dans  la  moelle  ne  sont  pas  caracté- 


REVUE    BIBLIOGRAI'IIIQIIIÎ.  955 

ristiques  des  Monocntylnlons,  dont,  plusieurs  ne  les  ont  pas,  tandis  que, 
d'un  autre  côté,  on  les  trouve  dans  les  Fougères,  les  Pipéraecos,  les  Nycta- 
ginées,  les  Aniarantacres,  les  Stryehnées. 

III.  Développement  des  organes  reproducteurs  (pp.  201-210).—  Ce  pa- 
ragraphe est   le  plus  étendu  des   cinq.    M.   Karsten  y  expose  d'abord  les 
faits  anatoniiques  qui,  dans  la  plante  même,  se   rattachent  au  développe- 
ment de  la  fructification  ;  il  passe  ensuite  à  l'examen  des  organes  reproduc- 
teurs eux-mêmes.  Les  écailles  anthérifères  et  ovulifères  du  Zamia  forment 
d'abord  leur  épaisissement  terminal  pelté  et  charnu,   plus  tard    leur   pé- 
dicule, duquel  naissent,  dans  les  mâles,  les  anthères  uniloculaires,  souvent 
unies  deux  par  deux.  Assez  lonjjitemps  ces  anthères  consistent  en  un  tissu 
cellulaire  honiogène,  duquel   se  distingue  d'abord  un  éi'iderme;  ensuite 
chaque  cellule  mère  du  parenchyme  produit  simultanément  quatre  cellules 
endogènes  qui  donnent  chacune  un  grain  de  pollen  et  qui  disparaissent 
elles-mêmes.  L'epiderme  des  anthères  n'offre  pas  de  cellules  spirales,  mais 
seulement  des  cellules  à  parois  épaisses,  normales  à  la  surface  et  en  couche 
unique,  sous  laquelle  est  une  assise  de  cellules  parenchymateuses  arrondies. 
Le  pollen  consiste  en  deux  cellules  concentriques  transparentes,  renfermant 
un  noyau.  On  ne  peut  admettre  ce  qu'ont  pensé  divers  auteurs,  que  l'écaillé 
anthérifere  est  dans  son  ensemble  analogue  à  une  anthère.  Le  premier  dé- 
veloppement du  spadice  femelle  est  analogue  à  celui  du  spadice  mâle;  les 
deux"  ne  peuvent  d'abord  être  distingués  que  par  la  différence  de  nombre 
des  files  longitudinales  d'écaillés.  Chaque  écaille  femelle  porte  deux  ovules 
qui  se  montrent  d'abord  comme  de  petits  renflements  aux  côtés  du  pédicule 
et  à  la  face  inférieure  du  disque  hexagonal  qui  termine  cette  écaille.  A 
l'extrémité  supérieure  de  l'ovule  droit,  oblong,  atrope,  se  forme,  dès  avant 
la  première  apparition  du  sac  embryonaire,  le  tégument  ovulaire  dont  les 
diverses  couches  celluleuses  se  développent  différemment,  préludant  déjà  à 
la  différence  de  forme  qui  les  distinguera  plus  tard  dans  le  tégument  sé- 
minal.   Dans  l'épaisseur  de    la   couche  cellulaire   externe    s'étendent   six 
faisceaux  de  fibres  spirales  qui  vont  se  terminer  près  du  micropyle.  Dans 
la  portion  du  nucelle  qui  entoure  le  sac  embryonnaire,  la  féculeest  résorbée, 
tandis  que,  au  contraire,   dans  l'intérieur  de  son  tissu,  particulièrement 
dans  sa  portion  basilaire,  il  se  produit  de  la  fécule.  Ce  sac  est  ovale;  d'un 
côté  il  touche  a  la  base  de  l'ovule,  ei  par  son  sommet  il  s'approche  de    plus 
en  plus  du  micropyle.  11  ressemble,  dans  cet  état,  à  celui  des  Pinus,  du 
Thuia  occidentcdis,  des  Loranthus.    L'albumen  prend  beaucoup  de  déve- 
loppement dans  les  ovules  encore  non  fécondés;  il  s'accroil  de  la  base  au 
sommet.  Dans  l'extrémité  de  la  vésicule  embryomiaire,  s'accroissent  forte- 
ment trois,  plus  rarement  quatre  cellules,  les  corpuscula  i\e  M.  R.  Brown, 
qui  se  remplissent  de  grandes  et  larges  cellules,  et  auxquelles,  extérieure- 
ment, le  tissu  cellulaire  de  l'ulricule  embryonnaire  forme  une  sorte  d'épithe- 


t)5(î  SOCIKIK    BOT.VNlyL'l':    \)l\    l'IiANCi;. 

lium.  Vers  cette  époque,  les  écailles  an  spadiee  femelle,  jusqu'alors  ti'ès 
serrées,  commencent  à  être  écartées  par  l'eflet  du  grossissementdes  ovules, 
de  manière  à  permettre  l'accès  jusqu'au  micropyle  proéminent  d'une  es- 
pèce de  Coléoptère  qui  est  aussi  dans  l'habitude  d'aller  sur  les  spadices 
mâles.  Cet  écartement  rend  facile  l'arrivée  du  pollen  jusqu'au  micropyle. 
M.  Karsten  n'a  pu  réussir  à  reconnaître  indubitablement  par  des  dissections, 
que  les  tubes  polliniques  pénètrent  réellement  dans  le  sac  embryonnaire,  ni 
que  leur  contact,  avec  les  corpuscules  détermine  le  développcmciit  de  l'un 
d'eux  en  embryon.  Les  cellules  de  l'épidémie  renfermé  dans  les  corpus- 
cules s'accroissent,  s'allongent,  tandis  que  les  portions  environnantes  du 
sac  embryonnaire  sont  l'ésorbées,  et  qu'il  se  forme  ainsi  une  cavité  dans  la- 
quelle les  ébauches  d'embryon  se  trouvent  les  unes  à  côté  des  autres,  plus 
ou  moins  tordues,  F.es  cellules,  d'abord  globuleuses,  s'allongent  ensuite,  et 
le  cylindre  creux  qu'elles  formaient  devient  le  suspenseur  entortillé  du 
futur  embryon.  Au  moment  où  l'albumen  est  à  moitié  développé  et  s'est 
creusé,  on  voit  ordinairement  deux  embiyons  naissants,  dont  l'un  est  déjà 
plus  avancé  que  l'autre,  dont  il  ne  tarde  pas  à  déterminer  l'oblitération. 
Les  trois  suspenseurs  filiformes  adhèrent  souvent  entre  eux  à  une  époque 
plus  avancée,  tandis  qu'ils  sont  bien  séparés  à  l'extrémité.  L'embryon  est 
déjà  assez  gros  et  ses  cotylédons  assez  nettement  indiqués,  la  gemmule 
même  est  ébauchée ,  loi-sque  les  premières  fibres  spirales  deviennent  vi- 
sibles. Vers  cette  époque  aussi,  la  première  fécule  apparaît  dans  le  tissu 
des  cotylédons.  Lorsque  la  matière  colorante  rouge  du  tégument  séminal 
externe  commence  à  se  former,  la  fécule  (lue  renfermaient  les  mêmes  cel- 
lules disparaît.  Eu  même  temps  ralbumcn,  dans  lequel  la  fécule  commence 
à  disparaître,  prend  une  teinte  rougeàtre. 

IV.  Sur  les  affinités  des  Cucadrcs{çp.  210-217).— Rumphius,  qui  décou- 
vrit le  premier  Ci/cas,  le  prit  pour  une  Fougère  à  cause  de  sa  préfioraison 
en  crosse,  caractère  qui  n'appartient  qu'aux  Cycadées  asiatiques.  Linné  ne 
savait  s'il  devait  voir  dans  ces  végétaux  des  Palmiers  ou  des  Fougères. 
L.-C.  Richard  est  le  premier  à  qui  une  étude  approfondie  des  fleurs,  du 
fruit  et  de  la  graine,  ait  fait  reconnaître  la  grande  affinité  des  Cycadées  et 
des  Conifères.  M.  R.  Brown  a  confirmé  l'opinion  de  Richard  et  lui  a  donné 
un  nouvel  appui  par  ses  belles  études  du  développement  des  ovules  des  Cy- 
cadées et  des  Conifères,  M.  Bartiing  réunit  en  un  seul  ordre  les  Cycadées 
aux  Abiétinées,  Cupressinées  et  Taxinées.  M.  Hooker,  au  contraire,  croit 
qu'elles  se  rapprochent  beaucoup  des  Palmiers.  M.  de  Martius  imite  Bart- 
iing. Fndiicher  place  les  Cycadées  à  un  degré  très  peu  élevé  de  l'échelle  vé- 
gétale, dans  ses  Protophyta.  M.  Miquel  partage  la  manière  de  voir  d'Knd- 
licher.  Link,  dans  son  mémoire  spécial  sur  la  place  des  Cycadées  dans  le 
système  naturel,  arrive  à  ce  résultat  que  ce  sont  des  Palmiers  peu  déve- 
loppés. M.  Karsten  dit  que  les  Cycadées  sont  de  véritables  Dicotylédons, 


r.EVUF.   BinLIOGnAI'llIQL'Ë.  957 

en  raison  de  leur  radicule  qui  devient  un  pivot  et  de  leurs  cotylédons  bien 
visibles  dans  les  Zamla.  II  établit  dès  lors  la  classifieation  suivante,  parmi 
les  Dicotylédons  Gymnospermes  : 

GYMNOSPEIl\JyE  (Apetala;  carpella  ovulil'era,  aperta). 

I.  SrROBULiFE«.«  (Carpella  squamcdbrmia,  nuda). 

1.  Cycadcw  :  ovula  inversa,  gemina. 

2.  Dariunareœ  :  ovula  invei'sa,  solitaria. 

3.  Cupressinecj  :  ovula  erecla. 

II.  CoNiFER.c  (Carpella  squaraccformia,  bracteata). 
/».  Abietineœ  :  ovula  inversa. 

III.  Drupifer/E  (Carpella  cupuliformia  nuda,  vel  bracteata). 

5.  Taxineœ  :  stamina  nuda. 

6.  Gnetaceœ  :  stamina  perigoniata. 

V.  A/atières  sécrcfées  dans  le  Zamia  rauricata  (pp.  217-218).  —  Les  prin- 
cipales sont  la  cbloropbylle,  la  fécule,  la  gomme,  une  matièi-e  bulleusc-ré- 
sineuse  rouge,  qui  se  trouve  dans  les  téguments  séminaux  ,  le  tannin  et  une 
matière  tîcre,  drastique,  encore  non  isolée. 

Le  mémoire  de  M.  Karsten  se  termine  par  l'explication  succincte  des 
31  ligures  réunies  sur  les  3  plaucbes. 

Sur  les  Cycailées;  par  M.  A.  Fée.  (Brocii.  in-S"  de  3  pages, 
sans  indication  d'origine.  Strasbourg,  juillet  1857.) 

Cette  courte  note  a  pour  objet  de  faire  connaître  les  résultats  des  obser- 
vations de  M.  Fée  sur  un  pied  mâle  de  Ceratozamia  mexicana  qui  a  fleuri 
en  1857  au  Jardin  botanique  de  Strasbourg,  et  qui  a  donné  un  épi  long  de 
hO  centimètres,  épais  d'environ  5  centimètres. 

L'auteur  rappelle  d'abord  les  opinions  diverses  des  botanistes  sur  la  place 
que  doivent  occuper  les  Cycadées  dans  la  série  des  familles;  il  aborde 
ensuite  l'examen  de  l'inflorescence  et  de  la  fleur  mâle  du  Ceratozamia.  Les 
corps  en  nombre  considérable  situés  à  la  face  inférieure  des  écailles  dont  la 
réunion  compose  cette  inflorescence,  corps  qui  s'ouvrent  par  une  fente 
I  ongitudinale  dont  les  mai'gcs  sont  nettement  coupées  et  (|ui  laissent 
alors  sortir  un  pollen  très  blanc  et  très  abondant,  ne  sont  pas  à  ses  yeux 
des  aulbères,  mais  «  des  coques  pareilles  à  celles  des  Lycopodiacées,  ren- 
fermant toutefois  un  pollen  fécondateur  au  lieu  de  spores  jouissant  directe- 
ment de  la  faculté  germinative.  »  Quant  au  pollen,  il  est  légèrement  ellip- 
soïde, marqué  sur  sa  partie  centrale  de  deux  plis  longitudinaux.  Son 
enveloppe  externe    ou  exive   Fritzsehe   [exhyménine  A.  Kicb.)  est  très 


958  SOCIÉTÉ    BOTANIQUK    DE    FRANCE. 

épaisse,  et  il  faut  longtemps  pour  que  l'taa  la  pénètre-,  mais  une  fois  pé- 
nétré par  ce  liquide,  le  grain  entier  se  distend,  s'arrondit  et  «  montre  dès 
lors  très  distinctement  les  granules  polléniques.  » 

M,  Fée  conclut  de  ces  observations  «  que  la  famille  des  C\'cadées,  qui 
tient  des  Fougères,  des  Palmiers  et  des  Conifères  par  divers  caractères,  a 
deux  nouveaux  rapports  éloignés,  l'un  avec  les  Equisétacées  par  le  mode 
d'attache  des  organes  pollinifères;  l'autre  avec  les  Lycopodiacoes  par  la 
structure  des  cocjues  déhiscentes,  dans  lesquelles  se  constitue  le  pollen.  » 

IJeljer  «lie  Be^vurzclung  €ler  Paliueu  {Sur  la  radication  des 
Palmiers)  ;  par  M.  H.  Karsten  {Linnœa,  XII,  5=  cahier  de  1856,  publié 
en  août  1857,  pp.601-608). 

Les  Palmiers  doivent  d'un  côté  à  la  structure  de  leur  bois,  de  l'autre  à 
leur  mode  de  germination  et  à  la  manière  dont  se  forme  leur  tige  pendant 
leur  jeunesse,  la  faculté  qui  les  distingue  de  résister  aux  teriibles  ouragans 
des  régions  tropicales  qui  souvent  brisent  de  gros  troncs  d'arbres  dicoty- 
lédops. 

Souvent  les  pieds  isolés  des  Cocos,  Hypkœne,  Copernicia,  Corypha, 
Phœnix,  Aa^ocomia,  Arenga,  Maximiliana,  etc.,  auraient  peine  à  supporter 
leur  grande  couronne  de  feuilles,  si  le  pivot  qui  leur  manque  n'était  remplacé 
par  une  grande  quantité  de  racines  advcntives  et  par  la  manière  dont  s'est 
d'abord  formée  leur  tige.  En  effet  celle-ci,  avant  de  s'élancer,  se  développe 
dans  la  terre  au  point  d'acquérir  le  diamètre  qu'elle  ne  doit  plus  dépasser. 
Mais  les  racines  adventivcs  qui  se  pioduisent  successivement  et  en  grand 
nombre,  à  cette  périphérie  sans  cesse  croissante,  ne  fourniraient  qu'un  faible 
soutien  a  l'arbre  adulte  si  l'allongement  considérable  que  prend  le  pétiole  du 
cotylédon  en  s'enfonçant  verticalement  dans  le  sol  ne  portait  la  partie  sur 
laquelle  elles  se  forment  à  une  profondeur  souvent  considérable.  Cet  allon- 
gement du  pétiole  du  cotylédon  est  de  65  centimètres  ou  même  plus  dans 
les  Copernicia,  ilyphœne,  Phytelephas  ;  il  est  à  peine  de  6  a  12  centimètres 
dauaÏQs  Maximiliana,  Scheelea  et  Attalea,  dans  les  Phœnix,  Chamœrops  et 
Arenga. 

Les  choses  se  passent  autrement  pour  les  Palmiers  des  forêts  dans  les- 
quels la  plante  en  germination  ne  pourrait  supporter  l'humidité  constante 
qui  existe  dans  la  profondeur  du  sol,  bien  que  cette  humidité  soit  néces- 
saire à  l'individu  adulte.  Les  particulaiités  qu'on  observe  dans  ce  cas 
avaient  ete  vues  et  figurées  sur  le  Sabal,  par  M.  de  Wartius  ;  on  les  retrouve 
dans  les  A'iopstochia,  Diplothemium,  Trithrinax,  Acrocomia.  Ici  jusqu'à 
ce  que  la  jeune  plante  soit  arrivée  au  diamètre  définitif  de  sa  tige,  elle  dé- 
veloppe une  pioductiou  latérale,  en  manière  de  stolon ,  à  entre-nœuds 
courts,  qui  s'allonge  vers  le  bas  eu  s'enfonçant  dans  la  terre  humide  et 


uiivui:  nmLHx.itAi'iiiQiK.  9oî) 

meuble,  et  qui  domu;  naissance  a  des  racines  adventives  sur  un  seul  côté  et 
sur  ses  nœuds.  Ce  développement  latéral  et  descendant,  ayant  lieu  pendant 
que  le  bouriieon  terminal  reste  dressé,  cesse  lorsque  la  base  delà  tige  est 
devenue  aussi  épaisse  qu'elle  devra  l'être  jamais;  et  à  ce  moment  il  a  donné 
naissance  à  une  arctire  preque  en  fei-  a  cheval,  qui  se  retrouve  à  peu 
près  sur  l'individu  adulte,  qui  devient  le  point  de  départ  de  nombreuses 
racines  et  qui  fournit  ainsi  une  base  résistante  pour  ces  tiges  dont  la  hau- 
teur égale  souvent  66"', 50,  et  que  termine  une  énorme  couronne  de  feuilles. 
Dans  les  Elœis  cet  état  juvénile  persiste  pendant  toute  la  vie. 

Un  autre  type  entièrement  différent  est  celui  des  tiges  isolées  de  Deckeria, 
Socratea  et  de  plusieurs  Iriartea  [rohusta  et  altisslmo)  du  bas  desquelles 
partent,  jusciu'à  une  hauteur  de  k  mètres  au-dessus  du  sol,  des  racines  ad- 
ventives dont  le  diamètre  est  quelquefois  de  11  centimètres.  A  mesure  que 
de  nouvelles  racines  se  développent  plus  haut  que  les  précédentes,  les 
entre-nœuds  inférieurs  ou  les  plus  âgés  de  la  tige  se  détruisent,  et  celle-ci 
finit  par  être  portée  en  l'air  sur  ce  piédestal  de  racines  qui  la  nourrissait. 
C'est  une  végétation  analogue  à  celle  qu'on  doit  regarder  comme  normale 
dans  tous  les  Monocotylédons.   . 

Dans  un  quatrième  type,  le  pétiole  du  cotylédon  ne  s'allongeant  pas  à  la 
germination,  la  jeune  plante  ne  s'enfonce  pas  dans  la  terre  sur  laquelle  elle 
a  germé.  Les  premiers  entre-nœuds  ne  s'allongent  pas,  et  l'on  ne  voit  pas 
non  plus  la  tige  jeune  s'arquer  par  l'effet  d'un  développement  unilatéral. 
La  plantule  reste  sur  le  sol  dans  lequel  s'enfonce  son  pivot  que  des  racines 
adventives  remplacent  aussitôt  que  paraissent  les  premiers  organes 
foliaires.  Quand  la  tige  est  arrivée  à  sa  grosseur  normale,  elle  produit  le 
plus  souvent  des  bourgeons  latéraux.  Ici  se  rangent  les  Palmiers  grimpants 
des  genres  Calamus  et  Desmoncus,  les  Bactris,  Martinezm,  Pyrenoglyphis 
Karst.  [Augustinea  Ivarst.),  les  Geonoma,  Chamœdorea  et  genres  voisins, 
auxquels  il  faut  rattacher  les  Euterpe^  Œnocarpus,  Tkrinax,  Guilielma, 
Sagus  et  Cocos.  Dans  ces  Palmiers  des  côtes  et  des  rivages,  les  racines  ad- 
ventives longues  et  résistantes  forment  autour  de  la  base  de  la  tige  adulte 
un  revêtement  consistant  et  presque  impénétrable,  et  elles  s'enfoncent  pro- 
fondément dans  le  sol  meuble. 

En  résumé,  M.  Karsten  distingue  pour  la  radication  des  Palmiers  les 
quatre  types  suivants  : 

1°  Le  type  des  Iriartea,  distingué  des  trois  autres  par  la  longueur  des 
premiers  entre-nœuds  de  la  jeune  plante.  l,es  Iriartea  pubescens  et  prœ~ 
morsa  rattachent  ce  type  au  quatrième. 

2°  Le  type  des  Copernicia^  caractérise  par  l'elongation  que  prend  le  pétiole 
du  cotylédon.  Il  se  rapproche  du  quatrième  type  par  l'intermédiaire  des 
Phœnix,  Scheelea  et  Attalea. 

3°  Le  type  des  Sabal,  que  distingue  la  végétation  descendante  et  stoloui  - 


960  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

forme  de  la  jeune  piaule.  Les  Elœis  relient  ce  type  aux  Palmiers  à  rhizome 
du  quatrième. 

h"  Le  type  des  Cocos,  où  la  jeune  plante  n'allonge  pas  le  pétiole  de  son 
cotylédon,  et  forme  d'abord  des  entre-nœuds  courts,  plus  tard  des  entre- 
nœuds  allongés. 

La  forme  à  rhizome  des  BacAris  constitue  une  subdivision  de  ce  type. 

iVofc  »iiir  la  famillr  des  Saiitalaeccs;  par  iM.  Alph.  De  Can- 
dolle  (Bibliot.  univers,  de  Genève,  sepi,  1857;  tirage  à  part  en  broch. 
in-S°  de  13  pages). 

Dans  cette  note,  M.  Alph.  De  Candolle  examine  successivement,  et  en 
autant  de  paragraphes  séparés  :  1°  l'inflorescence,  2"  la  position  des  Heurs, 
V  la  nature  du  périgone  ou  périanthe,  W  les  poils  de  l'intérieur  des  lobes, 
5°  la  position  des  stigmates,  6°  les  ovules  des  Santalacées. 

1°  Inflorescence.  —  L'inflorescence  des  Sanlalacées  est  définie  ou  indéfinie, 
selon  que  les  feuilles  sont  opposées  ou  alternes.  Elle  est  définie,  en  cyme 
simple  ou  composée,  terminant  les  rameaux  dans  les  vrais  Santalwn,  dans 
la  section  Colpoon  des  Osyris,  dans  le  genre  Rhoiacarpos  Alph.  DC.  Elle 
est  indéfinie  dans  la  plupart  des  plantes  de  la  famille,  et  alors  l'axe  étant 
indéterminé,  lesfieurfc  sont  disposées  sur  ses  côtés  tantôt  en  petites  cymes, 
tantôt  en  épillets,  tantôt  elles  sont  solitaires,  et  l'ensemble  constitue  un  epi 
ou  un  capitule. 

A  ce  propos,  M.  Alph.  De  Candolle  fait  observer  qu'on  a  tort  d'accorder 
souvent  la  même  importance  a  la  disposition  des  fleurs  [inflorescence)  et  à 
leur  ouverture  {floraison),  celle-ci  étant  subordonnée  et  dépendant  de  deux 
causes  qui  se  combattent  quelquefois,  savoir  de  la  position  de  chaque  fleur 
soit  à  l'extrémité,  soit  sur  le  côte  de  l'axe,  et  de  l'éloignement  du  centre  de 
la  plante. 

Ordinairement  chaque  fleur  naît  cà  l'aisselle  d'une  bractée,  et  il  y  a  deux 
bractéoles  latéiales plus  intérieures;  souvent  même  on  voit  dans  le  T/iesiwn 
sducjinmm  une  troisième  bracteole  entre  la  fleur  et  l'axe,  ce  que  M.  Alph. 
De  Candolle  regarde  comme  justifiant  l'opinion  de  M.  Brown  pour  qui  la 
coupe  à  quatre  dents  égales  des  Quinchamalium,  que  (|uelques  botanistes 
ont  prise  pour  un  calice,  est  due  a  la  bractée  et  à  trois  bractéoles. 

2"  Position  des  fleurs.  —  Elle  est  de  deux  sortes  dans  les  Santalacées  :  le 
plus  souvent  c'est  un  sinus  du  périanthe  qui  regarde  l'axe,  et  alors  devant 
la  bractée  se  trouve  ou  un  lobe  ou  un  sinus,  selon  que  le  nombre  des  divi- 
sions de  l'enveloppe  florale  est  impair  ou  pair;  ailleurs,  dans  ([uelques 
Santalacées  dont  le  périanthe  est  a  quatre  lobes,  un  lobe  est  oppose  a  l'axe 
et  un  autre  se  trouve  devant  la  bractée.  Cin(|  étant  le  non)bre  type  delà 
famille,  dans  k'  premier  cas,  la  iliur  (K'vient  tclramèie  par  suppression  du 
lobe  externe,  trimère  par  absence  de  deux   lobes  latéraux.    Dans  le  second 


REVUE   BIULIOGUM'IIIQUE.  961 

cas,  la  fleur  est  devenue  tétramère  par  défaut  du  lol)e  qui  aurait  regardé  l'axe. 

3°  Nature  dupérigone.  —  Pour  le  périgoue  ou  périatilhe  des  Santala- 
cées,  M.  Alpli.  De  Caudolie  est  porté  à  se  ranger  a  l'opiiiioii  de  M.  Sclilcl- 
deu,  et  à  penser  (|uc  \c  tube,  ou  au  moins  une  partie  du  tid)e,  appartient  a 
l'axe.  Il  cherche  ensuite  a  reconnaître  si  les  lohes  de  ce  périanthe  repré- 
sentent un  ealice  ou  une  corolle.  H  rappelle  l'incertitude  dans  laquelle 
i\f.  R.  Brown  est  resté  à  ce  sujet.  Il  inoutre  l'insul'lisanee  du  caractère  or- 
ganogénique  par  Ic(|uel  M.  Payer  a  cru  pouvoir  distinguer  en  général  l'un 
de  l'autre  un  calice  et  une  corolle.  Il  fait  ressortir  la  valeur  de  la  tni  thode 
d'analogie  pour  laquelle  ce  dernier  botaniste  professe,  dit-il,  irn  si  profond 
mépris.  Enlin,  il  montre  que  la  découverte  du  genre  Buckteija  est  venue 
trancher  la  question,  puisque  cette  plante  a  des  Heurs  mâles  à  un  seul  ver- 
ticille  floral,  conmie  celles  de  toutes  les  Santalacées,  et  des  fleurs  femelles 
pourvues  d'un  calice  et  d'une  corolle.  De  là  il  conclut  que  l'enveloppe  flo- 
rale unique  des  Santalacées,  étant  analogue  au  verticille  interne  de  la  fleur 
femelle  du  Bucklcya,  est  une  corolle,  ainsi  que  celle  des  Protéacees  et  des 
Loranthacées. 

k"  Poils  de  V intérieur  des  /o/Ç/é-s.  —  La  plupart  des  Santalacées  offrent 
des  faisceaux  de  poils  qui  unissent  la  base  des  lobes  du  périanthe  avec  le 
dos  des  anthères.  Quelques  botanistes  croient  que  ces  poils  dépendent  des 
anthères;  M.  Alph.  De  Candolle  dit,  au  contraire,  qu'ils  dépendent  plutôt 
du  périanthe  que  des  anthères.  Il  regarde  comme  probable  qu'ils  jouent  w\\ 
rôle  dans  la  fécondation. 

5°  Position  des  stigmates.  —  Le  stigmate  des  Santalacées  présente  une 
division  souvent  obscure  en  deux,  trois,  quatre  ou  cinq  lobes.  La  position 
de  ces  lobes  stigmatiques  relativement  à  l'axe  s'offre  d'après  deux  t3'pes 
analogues  à  ceux  que  présente,  de  son  côté,  la  situation  des  lobes  de  l'en- 
veloppe ilorale.  Eu  effet,  quand  les  lobes  stigmatiques  égalent  en  nombre 
ceux  du  périanthe,  ils  sont  tantôt  alternes  {Rhoiacarpos,  Osyris  compressa, 
alba,  etc.),  tantôt  opposés  {Choretrum  chrijsanthum  et  glomeratum,  Lep- 
tomerià)  à  ces  derniers.  Mais  ces  deux  types  ne  peuvent  fournir  que  des 
caractères  génériques. 

6"  0t7</es.  —  Ils  sont  places  au-dessous  des  stigmates  ou  lobes  .stigma- 
tiques qu'ils  égaient  en  nombre.  Dans  les  Santalacées,  il  existe  une  coiréla- 
tion  remarquable  entre  les  feuilles  carpellaires  et  les  ovules,  bien  qu'ils 
soient  portés  sur  un  placenta  central. 

Ueber  die  Xelle>il»SaesclicH  dcr  L.cIici'ii»oosc  [Sur  lesvésicules 
de  cellules  des  Iléputiqucs);  par  M.  G.  v.  Holie  broch.  in-8  de  2»)  pag. 
avec  ]  planch.  m-h  gravée  sur  pierre,  Heidellerg,  1857  ;  chez  liangel  et 
Schmilt). 

Ce  travail  est  divisé  en  trois  paities  dont  voici  les  sujets  :  \.  Situation  et 
T.  IV.  ni 


9(5'i  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FIIANCE. 

histoire  des   vésicules  de  cellules;  2.  examen  aiiatomique  et  physiologique 
de  ces  vésicules;  3.  leur  description  spéciide. 

I,  —  Dans  les  cellules  des  feuilles  de  diverses  Jongermannes,  par 
exemple  J.  ifcalaris,  onomala,  etc.,  se  montrent  certains  corps  dont  on  ne 
connaissait  encore  ni  la  structure  ni  la  composition  chimique.  Pour  la  forme 
et  la  coloration,  ils  ressemblent  à  plusieurs  des  substances  que  renferment 
ordinairement  les  cellules,  de  telle  sorte  qu'on  croit,  en  les  voyant,  recon- 
naître en  eux  tîintôt  des  gouttelettes  d'huile,  tantôt  des  granules  de  résine, 
de  protéine  ou  de  fécule.  Cependant  ils  se  distingueni  nettement  de  toutes 
ces  substances  par  la  manière  dont  ils  se  comportent  avec  les  réactifs  mi- 
croscopiques. Les  premières  observations  exactes  sur  ces  corps  sont  dues  à 
M.  Gottschç,  qui  les  a  nommés  corps  des  cellules  (Zellen-Koerper). 
M.  Schaeht  s'en  est  occupé  dans  son  ouvrage  sur  le  microscope  et  dans  son 
Manuel  d'anatomie  et.  de  physiologie,  dans  lequel  (p.  60)  il  dit  :  Que  ces 
corpuscules  correspondent  à  l'inuline  pour  leur  manière  d'être  généiale. 

II.  —  De  l'examen  détaillé  auquel  il  se  livre,  dans  la  deuxième  partie  de 
son  mémoire,  relativement  à  l'anatomie  et  à  la  physiologie  de  ces  corps, 
M.  Holle  déduit  les  conclusions  suivantes  : 

1°. le  nomme  vésicules  de  cellules  un  élément  histologique  propre  aux 
Hépatiques.  —  2°  Ces  vésicules  se  trouvent  dans  les  cellules  des  feuilles, 
dans  les  parties  périphériques  de  la  tige  et  dans  les   enveloppes  florales  de 
plusieurs  Hépatiques,  particulièrement  des  espèces  feuillées.  —  3°  Elles  se 
montrent  ordinairement  dans  la  plupart  ou  dans  la  totalité  des  cellules  de 
ces  parties,  plus  rarement   dans  certaines  cellules  seulement.' — ^°  Dans 
quelques  espèces  elles  se  développent  particulièrement  sur  le  bord  des  cel- 
lules, ailleurs  indifféremment  au  bord,  au  centre  et  dans  toute  l'étendue  de 
la  cellule.  De  là  on  peut  distinguer  ces  vésicules  en  éparses,  médianes  et 
marginales.  Les  premières  sont  les  plus  communes.  —  5°  Les  vésicules  des 
cellules  voisines  diffèrent  souvent  entre  elles  de  forme,  de  couleur,  de 
structure,  de  grandeur  et  de  nombre.    Celles  d'une  même   cellule    appar- 
tiennent à  un  type  généralement  unique.  —  6°  Parmi  les  formes   diverses 
des  vésicules  de  cellules,  les  allongées  sont  celles  qui  dominent.  On  trouve 
des  formes  ovales,  elliptiques,   en  citron,  en  tubercule,  eu  haricot  ;  on  en 
voit  aussi  d'arrondies.  Klles  varient  beaucoup  de  grosseur.  Les  plus  petites 
vésicules  arrondies  oui  un  diamètre  de  0'""\0016.    Les  plus  grosses  que 
j'aie  rencontrées  (celles  du  Radula complanata  Dumort.)  mesurent  0""",021 
de  longueur,  O""",^/!  de  largeur.  —  7"  Le  nombre  de  vésicules  renfermées 
dans  les  cellules  varie,  pour  chaque  espèce,  entre  certaines  limites.  Pour 
beaucoup  on    peut  déterminer   facilement    un  nombre   moyen   (1,   2  ou 
un  multiple  de  2),  puisque  c'est  celui  qui  est  de  beaucoup  le  plus  fréquent. 
Les  grandes  cellules  en  renfeiment  généralement  plus  que  les  petites.  En 
examinant  comparativement  des  espèces  différentes,  on  voit  que  les  nombres 


lîi.VllO    |{IBLI(H.|!A|'lll(,»Lli;.  i">"'^ 

exti'ênit'S  aussi  hicii  (|uc  les  iiouihrcs  nio^oiis  (lilïeieiit  ou  sunt  les  inèiucs; 
sous  vc  r;ii)|)oil,  rafliuitc  uaturellc  des  espèces  iTexeice  (|u'uiic  iail)lc  iii- 
lluence.  —  8"  Les  vésicules  consistent  en  une  nienil)raii('  (  t  un  tMiniciiu  La 
prenuère  parait  être  analogue  à  l'inuliae;  au  contraire,  le  contenu,  (|ui  est 
en  partie  lluide,  en  partie  solide,  l'appelle  les  huiles  volatiles  et  les  résines. 
Dans  (|uel((ues  espèces,  les  vésicules  sont  composées,  c'est-a-dire  qu'elles 
sont  formées  d'inie  membrane  pluriloculaire  et  d'un  contenu  reparti  entre 
les  ditïerentes  cavités.  —  9°  Les  vésicules  se  produisent  a  une  époque  en- 
core peu  avancée  de  la  vie  de  la  cellule,  mais  non  cependant  dès  les  premiers 
temps.  Ce  sont  les  matières  contenues  qui  se  forment  d'abord  (les  solides 
après  les  liquides);  plus  tard,  apparaît  la  membrane.  Lorsqu'il  ne  se  forme 
qu'un  petit  nombre  (2-6)  de  vésicules,  elles  paraissent  naître  simultané- 
ment. Au  contraire,  dans  les  cellules  qui -renferment  plus  de  quatre  vési- 
cules, elles  se  produisent  successivement  (?).  — 10"  Ces  vésicules  doivent 
être  regardées  comme  le  résultat  d'une  sécrétion  de  la  cellule. 

III.  —  L'étude  spéciale  (jue  comprend  la  troisième  partie  du  mémoire  de 
M.  Holle  porte  sur  les  genres  Sarcoscyphus  Corda,  Alicularia  Corda,  /*/«- 
(5'îoc7«7a  Nées  et  Mont.,  Scapania  Lm(\h^^.  ^  Jnngermannia  L. ,  Lop/wcoleu 
^ .  c\b  li. ,  C/iiloscyphus  Corda,  Calypogeia  {{adûi,  Lepidozia  Tv.  ab  L., 
Mastigobryum  Nées,  Lindbg.  et  Gottscbe,  Trichocolea  Dumort.,  Ptilidiurn 
iV.  ab  L. ,  /{adula  N.  abE. ,  Madotheca  Dumorl. ,  Lejeunia  Goltsche,  Frul- 
lania  Raddi. 

La  planche  jointe  au  mémoire  de  M.  Holle  reunit  30  ligures. 

BOTANIQUE  DESCRIPTIVE. 

Motîce  sur  les  plasates  recueillies   en   Corse,  par  M.  E.  Re- 

velliéie,  avec  des  observations  sur  les  espèces  litigieuses  ou  nouvelles; 
par  M.  A.  Boreau.  (^Mém.  de  la  Soc.  académique  de  Mai7ie-et- Loire., 
L  1"  livr.,  pp.  83-92;  in-8.  Angers,  1857.) 

M.  E.  Uevellière,  de  Saumur,  a  fait  de  riches  collections  de  plantes  pen- 
dant deux  saisons  qu'il  a  consacrées  a  l'exploration  de  la  Corse.  En  185/i,  il 
avait  séjourné  a  Rogliano,  et  ses  herborisations  avaient  dès  loi's  eu  pour 
champ  la  pointe  septentrionale  de  rile;eu  1856,  il  en  a  exploré  la  partie 
méridionale  et  il  a  visité  avec  soin  les  environs  de  Bonifacio,  les  lies  del  Ca- 
vallo  et  Lavezzio,  ainsi  que  les  parages  granitiques  de  Porto-Vecchio.  Les 
collections  formées  par  lui  dans  ces  dernières  localités  out  été  contiées  à 
M.  Boreau,  et  elles  lui  ont  fourni  le  sujet  du  mémoire  dont  nous  allon 
donner  un  résumé. 

Ce  travail  est  une  liste  de  quatre-vingt-cinq  espèces  indiquées  pour  la 
plupart  pour  de  nouvelles  localités,  quelques-unes  parce  quelles  n'avaient 
pas  été  encore  rencontrées  en  Corse,  un  petit  nombre  parce  que  M.  Boieau  les 


96â  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    l'RANCE. 

regarde  comme  tout  à  fnit  nouvelles.  A  la  seconde  catégorie  appartiennent  : 
1°  le  Filago  temdfolia  Presl,  trouvé  à  Rogliano,  lîonifacio,  dans  l'ile  de! 
Cavalli)  et  qui  n'avait  été  indiqué  qu'en  Sicile;  2°  le  Triglochin  laxiflorum 
Guss. ,  de  Bonifacio,  qui  manque  dans  la  Flore  de  France  de  MM.  Grenier 
et  Godron,  bien  que  Loiseleur  l'eût  cité  antérieurement  comme  se  trouvant 
en  Corse  ;  3"  l' Urginea  fiujnx  Steinli. ,  de  Bonifacio,  qui  était  regardé  comme 
propre  à  l'Algérie.  Enfin  trois  plantes  sont  décrites  ici  pour  la  première  fois 
par  M.  Boreau,  qui  croit  pouvoir  les  regarder  comme  nouvelles  parce 
(|u'elles  ne  sont  pas  mentionnées  par  MM.  Grenier  et  Godron  qui  ont  ré- 
sumé dans  leur  Flore  de  France  tons  les  documents  qu'on  possède  aujour- 
d'hui sur  la  r.orse.  Dans  l'intérêt  des  lecteurs  qui  n'auraient  pas  entre  leurs 
mains  la  collection  dans  laquelle  a  été  publié  le  mémoire  de  M,  Boreau  nous 
reproduirons  ici  la  description,  non  résumée  en  diagnose,  que  ce  botaniste 
donne  des  trois  plantes  regardées  par  lui  comme  nouvelles. 

1.  RnmmaUus  HevcUierii  Bor.  Plante  de  O'".,!  à  O^jS,  dressée,  glabre, 
d'un  vert  clair;  racine  annuelle,  fibreuse,  croissant  dans  l'eau;  tige  fistu- 
leuse,  rameuse  presque  dès  la  base,  ram.caux  dressés,  \m  peu  roides,  pres- 
que fastigiés  ;  feuilles  infér.  orbiculaires,  entièiTS,  obtuses,  point  en  cœur 
à  la  base,  les  suivantes  et  une  partie  des  caulinaires  lancéolées,  atténuées 
aux  deux  bouts,  aiguës,  toutes  pourvues  d'un  pétiole  une  fois  et  demie 
plus  long  que  le  limbe,  les  super,  linéaires-lancéolées,  à  pétiole  court, 
foutes  entières  ou  avec  quelques  dents  peu  nombreuses  et  écai'tées;  pédon- 
cules (Istulcux,  munis  de  quelques  poils  apprîmes,  les  fructifères  longs  de 
5-G  centimèti'es  et  un  peu  renflés  au  sommet.  Béceptacle  glabre  ;  sépales 
un  peu  velus  h  l'extérieur,  étalés,  petits;  petaies  jaune-clair,  une  fois  au 
moins  plus  petits  que  les  sépales,  ovales,  à  onglet  court,  écaille  nectarifére 
plus  étroite  que  l'onglet,  presque  nulle;  carpelles  30-35,  finement  tuber- 
culeux, ovoïdes,  obtus,  à  bt'C  très  court,  droit,  large  à  la  base.  —  Avril, 
mai.  —  Marais  des  environs  de  Bonifacio  et  de  Porto-Veccbio. 

2.  Polygala  corsica  Bor.  Plante  de  0"',1  a  U'",  h.  Tiges  nombreuses,  dif- 
fuses ou  ascendantes;  feuilles  infér,  elliptiques  obovales,  les  autres  lan- 
céolées ou  linéaires,  subaigués.  Grappes  terminales,  peu  ou  point  chevelues 
au  sommet;  bractées  membi-aneuses,  caduques;  ailes  ovales-elliptiques, 
blanchâtres,  parfois  lavées  de  rose  au  sommet  (comme  la  corolle),  à  ner- 
vures latérales  un.  peu  ramiliées;  capsule  obcordee,  rétréoieà  la  base,  beau- 
coup plus  courte  que  les  ailes,  à  la  fin  pres(iuc  aussi  large  ;  graines  oblon- 
gues,  obtuses,  héiissées  ;  arille  a  lobes  latéraux,  n'égalant  pas  la  moitié  de. 
la  graine.  —  Juin-juillet.  —  P»ochers  près  de  Rogliano. 

3.  Melica  typltinu  Bor.  Tige  de  0"',()  à  0"',9,  droite,  simple;  feuilles 
linéaires  étroites,  longuement  aeuminées,  les  infér.  hérissées,  ainsi  que  les 
gaines,  les  supt'r.  enroulées-liliformes,  ti'ès  rudes  en  dessous;  ligule  sail- 
lante,  bla'iche,   scarieuse,  lacérée.    Pauicule  droite,  épaisse,   à   rameaux 


iiKVLi:  iîiiti,i(t(;hM'iiiiti;i;.  905 

courts,  dresses,  tri'S  serres  en  epi  bl;iiicl)ûtre ;  spall'.elles  (j^lunies)  ovales- 
lancéolées,  acuniiiiées  en  pointe  almië,  un  peu  membraneuses,  fniernent 
rudes-ponctuées,  a  cinq  neivures  saillantes  ;  spatl'.ellule  (glumelle)  extérieure 
lancéolée,  striée,  chargée  d'aspérités,  longuement  ciliée  sur  les  bords,  celles 
des  fleurs  stériles  glabres;  fruit  oblong  lusiforme,  luisant,  chagriné  sur  toute 
sa  surface.  —  Jnin-juillet.  —  Hogliano. 

Flore  «le  liorraliic;  par  M.  I).-A.  Godron.  2"  édition,  2  vol.  in-12. 

JNancy,  1857. 

M.  Godron  vient  de  donner  une  seconde  édition  de  sa  Flore  de  Lorraine. 
La  première  avait  été  publiée  en  18/r2  ;  aussi,  dans  cet  intervalle  de  quinze 
ans,  des  recherches  assidues  poursuivies  par  lui  et  par  divers  botanistes 
lorrains  ont-elles  avancé  notablement  la  connaissance  de  la  végétation  de 
l'ancienne  province  française  à  l'étendue  de  laquelle  est  limité  cet  ouvrage. 

Dans  sa  préface,  l'auteur  expose  d'abord  les  motifs  pour  lesquels  il  a 
donné  à  sa  Flore  le  nom  d'une  ancienne  province  qui,  comme  Etat  indépen- 
dant, n'existe  plus,  dif-il  avec  raison,  que  dans  les  souveiiirs  de  l'iiistoire. 
Ces  motifs  sont  que  la  Lorraine  «  constitue  une  région  bien  eirconsciite, 
bien  naturelle,  soit  qu'on  la  considère  au  point  de  vue  géographique  ou  po- 
litique, soit  qu'on  l'envisage  sous  les  rapports  ethnologique,  géologique 
et  botanique.  »  Il  indique  ensuite  les  variations  que  présente  ce  piiys([uant 
à  la  nature  de  son  sol,  variations  dont  les  conséquences  relativement  aux 
plantes  sont  si  mar(|uées,  qu'elle  possède  une  végétation  alpine  dans  les  ter- 
rains primitifs,  jui'assique  dans  la  formation  oolithique,  marine  dans  les 
terrains  salifères,  et  qu'elle  présente,  en  outre,  les  productions  végétales 
particulières  aux  terrains  de  sédiment  quartzeux  et  argilo-calcaires. 

M.  Godron  fait  aussi  connaitre  l'esprit  selon  lequel  il  a  résolu  diverses 
questions  importantes  au  sujet  desquelles  les  botanistes  de  notre  époque  ne 
sont  pas  entièrement  d'accord.  Quant  à  la  manière  d'envisager  l'espèce  et 
d'apprécier  les  caractères  différentiels  qu'il  faut  admettre  comme  spécifi- 
ques, il  a  cherché  à  se  tenir  entre  les  deux  excès  dans  lesquels  tombent  trop 
souvent  les  auteurs  de  nos  jours,  les  uns  multipliant  les  espèces  outre  me- 
sure, les  autres  tendant,  au  contraire,  à  les  réunir  le  plus  possible.  Pour  les 
hybrides  spontanés,  il  est  convaincu  qu'ils  sont  assez  fréquents  dans  certains 
senres,  au  moins  fort  rares  dans  d'autres.  Dans  la  nouvelle  édition  de  sa 
Flore  il  n'a  admis  que  ceux  qui  lui  ont  semblé  mériter  incontestablement 
cette  qualification,  et  il  leur  a  donné  des  noms  formés  d'après  la  nomencla- 
ture de  Schiede,  c'est-à-dire  composés  de  la  réunion  des  dénominations  spé- 
cifiques du  père  et  de  la  mère. 

Dans  la  Flore  de  Lorraine  les  plantes  sont  rapportées  aux  familles  natu- 
relles qui,  à  leur  tour,  sont  rattachées  à  la  division  suivante. 


i)<36  SOCIÉTÉ    BOTAMOUK    DE    FRANCK. 

l/ensomble  (ic  la  vi;jçé;;Uion  est  parlagc  conime  de  coutiiine  vn  deux 
embranchements  :  les  Phanérogames  et  les  Cryptogames.  Les  Plianéro- 
games  dicotylédons  forment  quatre  classes  :  les  Dinlypétales  (Polypëtales), 
les  Gamopétales  (Monopétales),  les  Apétales  et  les  Gymnospermes.  Les  deux 
premières  de  ces  classes  sont  subdivisées  chacune  en  deux  ordres  d'après  le 
caractère  de  l'insertion  iiypogyne  et  périgyne.  Quant  à  la  troisième^  elle 
forme  également  deux  ordres  d'après  un  caractère  d'inllorcscencc,  les  Apé- 
tales non  amentacés  et  1rs  Apétales  amentaces.  Les  Gymnospermes  ne  com- 
pi-enan!  que  les  Conifères  ne  sont  divisés  qu'en  familles.  Les  plantes  mono- 
cotyledoiies  forment  deux  classes,  selon  que  leui'  fleui'  possètle  ou  non  un 
périgone  pétaloïde  au  moins  dans  son  verticille  interne  :  les  Coronariées  et 
les  Atelanthées.  Les  Coronariées  sont  subdivisées  en  deux  oriires  :  les  super- 
ovariées  et  les  inférovariées,  tandis  que  les  Atelanthées  le  sont  en  trois 
ordres  :  les  Hygrobiécs  (Potamées,  N.iïadées,  etc.),  les  Spadiciflores  (Aroï- 
dees,  Typhacées)  et  les  Olumaeées  (('ypéracées  et  Graminées).  Knfin  pour 
les  Cryptogames  ^L  Godron  adopte  la  division  en  Acrogèncset  Amphigènes 
et  la  subdivision  des  premières  en  deux  classes  :  les  Filicinées  et  les  Mus- 
cinées,  les  Filicinées  étant  les  seules  qu'il  ait  admises  dans  son  ouvrage 
après  les  Phanérogames. 

La  Flore  (\e  M.  Godron  est  écrite  entièrement  en  français.  Les  caractères 
des  familles  et  des  genres  y  sont  présentés  avec  assez  de  développement. 
Les  espèces  y  sont  l'objet  d'une  description  complète,  dans  laquelle  l'im- 
pression des  caractères  principaux  en  italiques  a  pour  but  de  suppléer  à 
l'absence  des  diagnoses.  La  synonymie  est  généralement  réduite  à  la  cita- 
tion de  l'auteur  dont  le  nom  est  adopté.  Les  variétés  sont  distinguées  avec 
soin  et  caractérisées.  Lnfin  à  l'indication  des  localités  où  croissent  les  plantes 
se  trouve  jointe  celle  des  terrains  sur  lesquels  on  les  rencontre  et,  comme 
toujours,  le  siune  de  la  durée,  ainsi  que  l'époque  de  la  floraison. 

Pour  conduire  commodément  à  la  détermination,  M.  Godron  a  joint  à 
chaque  famille  une  clef  (iichotomi(|ue  (jui  anène  aux  genres,  a  chaque 
^enre  une  semblable  analyse  conduisant  aux  (spèces.  En  outre,  a  la  fin  du 
deuxième  volume  se  trou\e  une  table  analyti(|ue  au  moyen  de  laquelle  on 
arrive  successiven)ent  aux  embranchements,  aux  divisions,  aux  classes,  aux 
ordres  et  aux  familles;  a  côte  du  nom  de  celles-ci  sont  résumés  succincte- 
ment leurs  caractères  distinclifs. 

[]ue  table  générale  alphabeti(|ue  des  familles,  des  genres,  des  espèces  et 
des  synonymes  termine  le  second  volume  et  l'ouvrage. 

l<'luK*;i  ItaEiaii»,  oM^ia  «lescrizioiie  dclle  piaiitc  clie  iias- 
coito  Kalvatielio  «»  kï  smiii»  iii!^alva(i('liife  iit  Kalia  e 
iiellc  i.solc  ad  eniva  adjacciiti  {Flore  italienne,  ou  Descri/idon 
des  //lonfes  qui  ennssent  s/jontanéini'nt  ou  gui  se  sont  naturalisées  en  Italie 


RKVUR    1MHL10GII\I>I11Q11R.  957 

et  dans  les  îles  adjacentes)  \  par  M.   Pliil.   Pailaldie.  Vol.  Il,  2"=  partie, 
in-8,  pp.  221-638.  Florence,  1857.  Cliez  Le  Moiinier. 

Le  deuxième  volume  de  la  Flore  italienne  de  M.  Parlatoie  vient  d'être 
complète  par  la  publication  desaseeoudo  partie,  ^ous  rappellerons  que  le 
premier  volume  de  cet  important  ouvrage  porte  au  titr(î  la  date  de  18^8 
(sur  la  couverture  1850),  et  dès  lors  date  maintenant  de  dix  ans;  (juMI  est 
entièrement  consacré  aux  Graminées,  représentées  par  351  espèces  rangées 
dans  103  genres;  que  la  première  partie  du  second  volume  a  été  publiée 
en  1852,  et  qu'elle  renferme  l'histoire  des  Cypéracées,  dont  les  espèces 
sont  au  nombre  de  161  et  les  genres  au  nombre  de  \h.  La  dernière  partie 
de  ce  second  volume,  près  de  deux  lois  plus  étendue  que  la  première,  a 
paru  vers  la  lin  de  1857.  Elle  continue  la  série  des  Monocotylédons,  dont 
six  familles  y  ont  trouvé  place.  Ces  familles  sont  celles  des  Aracées  et  Ty- 
phacées,  celle  des  Palmieii;,  celles  des  Joncacées,  .Aphyllantlues  et  Li- 
liacées.  Toutes  ensemble  sont  représentées  dans  la  Flore  italienne  par 
kl  genres  et  222  espèces. 

Tous  les  lecteurs  de  ce  Bulletin  savent  déjà  (luel  vaste  plan  M.  Parla- 
tore  a  tracé  pour  sa  Flore;  nous  n'aurons  donc  que  fort  peu  de  chose  à  dire 
à  cet  égard.  Nous  exprimerons  seulement  le  regret  (jue,  par  cela  même 
que  ce  plan  est  vaste  et  surtout  ([u'il  comprend  une  synonymie  tiès  étendue, 
il  exige  un  long  espace  de  temps  pour  sa  mise  a  exécution.  Sans  doute  le 
savant  auteur  est  aujourd'hui  dans  toute  la  force  de  l'âge  et  du  talent,  et 
nous  espérons  pour  lui  une  longue  suite  d'années  qui  seront  parfaitement 
utilisées  pour  la  science;  mais  s'il  lui  a  fallu  plus  de  dix  ans  pour  éwire 
l'histoire  de  8  familles  comprenant  73^  espèces,  il  est  fort  a  ciaindre  que 
le  temps  ne  lui  manque  pour  mener  a  bonne  (ui  cette  œuvre  considérable 
qui  ,  terminée ,  serait  un  véritable  monument  eleve  à  la  botanique 
italienne. 

i\L  Parlatore  apporte  un  soin  tout  particulier  a  l'exposé  des  caractères 
des  familles  et  des  genres  qui,  comme  les  diagnoses  des  espèces,  sont  pré- 
sentés en  latin,  tandis  que  tout  le  reste  de  l'ouviage  est  éerit  en  italien.  Il 
fait  suivre  les  caractères  des  familles  d'observations  générales,  de  détails 
circonstanciés  sur  !e  port  des  plantes  qui  appartiennent  a  ces  groupes,  de 
considérations  géographiques  ,  de  l'indication  des  espèces  cultivées  et  de 
leurs  usages;  car,  évitant  l'usage  regrettable,  selon  naus,  des  floristes  qui 
croient  en  général  devoir  ne  porter  leur  attention  ([ue  sai-  les  plantes  spon- 
tanées, il  a  cru  que  sou  travail  ne  perdrait  pas  de  son  intérêt  s'il  indiquait 
les  espèces  cultivées  en  grand  qui  contribuent  plus  puissamment  que  toutes 
les  autres  ta  donner  au  pays  son  aspect  général.  !);•  même,  après  avoir  déve- 
loppé les  caractères  des  genres,  il  ajoute  un  para-iapîic  particulier  pour  le 
port  et  un  second  pour  des  observations  diverses. 


9(38  SOCIÉTÉ  DOTAMQLii  m:   l  r.VNCIi. 

Nous  donnerons  le  relevé  des  espèces  qui  figurent  dans  cet,  ouvrage 
comme  nouvelles,  soit  qu'elles  aient  en  réalité  le  mérite  de  la  nouveauté, 
soit  (ju'elles  aient  reçu  seulement  de  M.  Parlatore  un  nom  différent  de  celui 
sous  lequel  elles  étaient  déjà  connues.  Ce  relevé  présente  un  intérêt  parti- 
culier pour  les  botanistes  français,  quelf}ues-unes  des  plantes  dont  il  don- 
nera l'indication  se  trouvant  uni(|ueinent  ou  principalement  en  Coise.  Nous 
ferons  observer  (|u'il  aurait  été  sensiblement  plus  long  si  l'auteur  n'avait 
déjà  publié  plusieurs  de  ces  nouveautés  dans  un  écrit  assez  récent  sur  de 
nouveaux  genres  et  de  nouvelles  espèces  de  Monocotylédons. 

Juncace.î:.  — Luzula  italica  (L.  spicata  minor?  Moris,  ^^jrs.).  Juncus 
Tommasinii  (J.  aeutus?  Tommas.,  Exs.,  non  L);  .1.  Gussonii  (.!.  acutiflo- 
rus  var.  a  Guss.  non  Ehrh.);  J.  Requienii  (.luneus....  Req.,  Exs.,  Corse); 
J.  Sorrentinii  (J.  pygmseus  Req.,  £'xs.),  Corse  et  Sicile. —  Liliace.ï;.  — 
Fritillaria  Orsiniana  (Fr.  Melengris  Ten.,  FI.  nap.;  Fr.  montana  Bertol., 
FI.  ikd.);  Fr.  neulecfa  (Fr.  messanensis  Rchbc,  le,  ex  parte).  Ornithoga- 
Jum  Kocbii  (Orn.  collinum  Koch,  Si/n.)  ;  Orn.  etruscum.  Scilla  Clusii 
(Seilla  peruviana  L.).  Leopoldia  (uenre  établi  par  M.  Parlatore  dans  sa 
Flore  de  Palerme)  Calandriniana  (Hyacintbus  romanus  Calandr.,  Exs.); 
L.  Cupaniana  (Muscari  Cupanianum  Gerb.  et  Tarant.);  L.  Gussonii  (Mus- 
cari  maritimum  Guss.  Allium  Savii  (Ail.  paniculatum  Savi,  Exs.).  Aspbo- 
delus  Morisianus  (Asph.  lamosus  Moris,  Exs.);  Aspb.  affinis  ;  Asph. 
macrocarpus  (Aspli.  albus  Seb.  et  Maur.?  Gr.  et  Godr. ,  FI.  de  Fr.?). 

Afideiitl»,  eiufisdatla  ad  Flornin  ItaiealciiKi-flaliuricani, 

auctore  iS'.  Turczaninow.  [Bull,  de  la  Soc.  des  naturalistes  de  Moscou, 
18J7,  n"  1,  suppl.  pp.  i-i>xi.) 

Nous  nous  contenterons  de  signaler  aux  lecteurs  du  Bulletin  la  publica- 
tion de  ce  travail  complémentaire  et  rectificatif  de  la  Flore  déjà  publiée,  il 
y  a  quelques  années,  dans  le  même  recueil,  par  M.  Turczaninow.  Il  est 
inutile  de  dire  que  ce  supplément  n'est  pas  le  moins  du  monde  suscepiible 
d'être  analysé. 

Nynilioliv  ad  s:»iiop!i(in  se»»**«'««  liCpisoMoi'um.  Oissertatio  aca- 
,     demica,  quam  venia  ampl.  facult.  pbilosopb.  pro  gradu  pbilosophico  pu- 

blieoexamini  submitlitNic.  Conrad.  Kindberg.  (Brocb.  in-8  de  16  pages. 

IJpsal,  1856.) 

Le  genre  Lepigonum  Fries  comprend  les  A^^enaria  à  stipules  de  Linné, 
c'est-à-dire  la  section  Spergularia,  admise  par  Persoon  dans  le  genre  Are- 
nuria,  ou  les  Stipularia  d'Hawortb,  S/,ei(pdnria  et  Balardia  de  Cambes- 
sedes(/'7.  Bras,  merid.,  H).  M.  Kindberg  en  donne  un  synopsis  monogra- 
pbique  dans  lequel  il  admet  vingt  et  une  espèces  comme  bien  connues  e 


iJKvi  !■:  i{iui,i()(;i!\i'iiioi  i;.  î'o'.' 

douze  autios  t'ootine  trop  inipat-railciiieiit  coiiniies  de  lui  pour  otrc  classées. 
Voici  l'iiidicalion  de  ces  espèces  rapportées  aux  divisions  établies  par 
l'auteur,  c'esl-à-dire  le  tableau  du  ii;eure. 

Lepigoniim.  —  Sect.  I.  Ciuiles  teueri  filiformes.  Pedunculi  floriferi  elon- 
{lati  capillares.  Inflorescentia  paniculaîformis  diehotoma.  Sepala  scariosa 
nervodorsalielevato  prœdita.  —  1.  L.  segetale  (L.)  Koch  ;  Kur.  moyerme 
et  mérid. 

Sect.  II.  Gaules  crassiores.  Pedunculi  floriferi  brevissimi  fere  nulli.  Inflo- 
rescentia cyniiformis,  adeo  contracta,  ut  quasi  glomerulos  multilloros  con- 
stituât. Sepala  berbacea  niargine  scarosia,  enervia.  —  2.  1-  floribundum 
(Naudin);  Cbili. 

.S'(?C'^ //y.  Gaules  ut  in  sect.  pra^.ced.  Pedunculi  floriferi  elongati  filiformes. 
Inflor.  pauiculala  dicbotoma.  Sepala  berbacea  margine  scariosa,  enervia 
V.  rarissime  nervo  brevi  prœdila.  Semina  tuberculata,  rarius  alata. 

A.  Stirps  Lep.  rubri.  Radix  annua. 

3.  L.  rubrum  (L)  Fries  ;  Europe,  k.  L.  sperguloides  (l.ebm.)  Fiscb.  et 
iMey.;  Egypte.  5.  L.  neglectum  n.  sp.;  France  et  Tburinge.  6.  L.  dian- 
drum  (Guss.)  Fries;  Sicile,  Algérie,  péninsule  ibérique.  7.  L  saisugineum 
(Bunge)  Fiscb  et  Mey;  Egypte,  Arabie,  Marseille. 

13.  Stirps  Lep.  rupestris.  Radix  perennis. 

8.  L.  rupestre  (Lcbel)  ;  France,  Mancbe.  9.  L.  tasmanicum.  n.  sp.-, 
Tasmanie.  10.  L.  azoricum  n.  sp.;  ile  Saint-Michel  des  Açores.  1^.  L.  ca- 
pense  (Schrad.)  Fiscb.  et  Mey.;  cap  de  Bonne-Espér.  12.  L.  radicaus 
(Guss.)  ;  Sicile;  Suède. 

Sect.  IV.  Gaules,  inflorescentia,  pedunculi  et  sepala  ut  in  sect.  preec, 
semina  Igevia  sœpius  alato. 

A.  Stirps  Lep.  salini.  Radix  annua. 

13.  L.  salinum  (Presl)  Fries;  Europe,  surtout  Scandinavie,  Afrique  N. 
\h.  L.  mollugineum  (Lagasca)  Mexique.  15.  L.  depauperatum  (Naud.); 
Chili. 

B.  Stirps  Lep.  marini.  Radix  perennis. 

16.  L.  marinum  Wahiberg;  Europe,  Afrique,  Montevideo,  Tasmanie. 
17.  L.  macrorhlzum  (Req.)  Corse.  18.  L.  arenarium  n.  sp.  ;  Cbili. 
19.  L.  médium  (L.)  Fries;  Suède,  Amer.  N.,  Afrique.  20.  L.  balopbilum 
(Bunge)  Fiscb.  et  IMey.;  Songarie,  Altaï.  21.  L.  macrotbecum  Fiscb.  et 
Mey.  ;  patrie? 

Zwei  neue  Cycadccii ,  «lie  îm  Botanlselicn  Gavteii  «a 
Peter.«liur#  kwltîvîrt  werticn,  uebst  Beltraescn  «ur 
Kenutiiiss  ilicscr  Familic  [Deux  nouvelles  Cycadées  cultivées 
dans  le  Jardin  botanique  de  Pétersbourg,  avec  des  notes  sur  la  famille)  ; 
par  M.   E.   Regel  [Bull,  delà  Soc.   impér.  des  natural.    de  Moscou, 


970  SOCIÉTÉ    BOTAMQLE    DE   FRANCE. 

année  1857,  ii°  1,  pp.  163-191;  avec  2  (ig.  intercalées   dans  le  texte  et 
deux  planches  lithog.  in-8;  Moscou,  1857). 

Ce  mémoire  de  M.  Regel  est  divisé  en  quatre  paragraphes  relatifs  :  1"  à 
la  place  que  doit  occuper  la  famille  des  Cycadées  dans  la  méthode  natu- 
rellcj  2"  à  la  distribution  géographiciue,  à  la  culture  et  à  la  végétation  de 
ces  végétaux;  3°  a  leurs  oiganes  floraux;  U"  aux  genres  que  comprend 
cette  famille,  ainsi  qu'à  la  description  des  espèces  nouvelles  qui  se  trouvent 
dans  le  Jardin  botanique  de  Pétersbourg. 

1.  Place  des  Cycadées  dans  la  méthode  naturelle.  — De  la  discussion  à 
laquelle  il  se  livre  dans  ce  paragraphe,  M.  Regel  tire  la  conclusion  que  les 
Cycadées,  reunies  aux  Conifères  en  une  seule  et  même  classe,  doivent  être 
placées  après  les  Cryptogames  vasculaires  et  avant  les  Monocotyiédons, 
auxquels  elles  sont  inférieures  pour  l'organisation. 

2.  Distribution  géographique,  culture  et  végétation  des  Cycadées.  Les 
69  espèces  de  cette  fan)iile  qu'on  connaît  aujourd'hui  sont  toutes  propres 
aux  régions  tropicales  et  subtropicales.  On  trouve  dans  l'Asie  méridionale 
et  dans  les  Iles  voisines  10  Cycas.  L'Afrique  méridionale  subtropicale  pos- 
sède 1  Cycas,  16  Encephalartos,  1  Strangeria.   Dans  l'Australie  croissent 

2  Cycas  et  2  Macrozamia ;  enlin  on   connaît  eu   Amérique  8  Ceratozamia, 

3  Dioon,  23  Zamia  et  1  Lepidozamia.  Le  reste  de  ce  paragraphe  ayant  trait 
seulement  a  la  culture  des  Cycadées,  ne  peut  nous  occuper  ici. 

3.  Organes  floraux  des  Cycadées.  —  Four  ne  pas  nous  exposer  a  répéter 
des  détails  que  nous  avosis  cru  devoir  reproduire  dans  notre  analyse  du 
mémoire  de  M.  Karsten  sur  le  Zamia  inuricata  V^iWd.,  nous  nous  dispense- 
rons de  résumer  ce  paragraphe. 

U.  Les  genres  de  la  famille  des  Cycadées,  avec  la  description  de  quel- 
ques espèces  qui  se  trouvent  dans  le  Jardin  de  Pétershoury.  —  M.  lU'gel 
donne  les  caractères  de  chacun  de  ces  genres,  et  il  ajoute  l'indication  des 
espèces   que  possède   pour    chacun   d'eux   le  Jardin   de   Pétersbourg.  — 

1.  Cycas  L.  Sur  les  11  espèces  connues,  il  en  existe  2  a  Pétersbourg,  les 
C.  revoluta  et  circinalis,  en  forts  individus  qui  fleurissent   souvent.  — 

2.  Encephalartos  Lehrn.  On  en  connaît  16  espèces,  dont  7  sont  cultivées  a 
Pétersbourg.  On  y  admire  surtout  un  pied  d'^.  caffer  ».,ehm.  ,  dont  la 
tige  est  haute  de  2  mètres,  épaisse  de  33  cent.,  et  qui,  d'après  un  calcul  de 
Fischer,  serait  âge  de  plus  de  500  ans.  — 3.  Macrozamia  Miq.  On  ne  pos- 
sède à  Pétersbourg  que  le  M.  spiralis  iMiq.  —  h.  Dioon  LindI,  Les  fleurs 
de  ce  genre  sont  inconnues  ;  mais  M.  Regel  dit  qu'un  pied  de  />.  edule 
LindI.,  la  seule  espèce  qui  soit  cultivée  à  Pétersbourg,  sur  les  3  aujourd'hui 
connues,  commence,  au  moment  où  il  écrit,  à  développer  une  Inflorescence. 
Il  en  fera  l'objet  d'un  travail  spécial. 

5.  Lepidozamia   Regel,  n.  gen.  — (>e  nouveau  genre  a  tout  à  fait  le  port 


\\\<]\VK    IMHLUtCKAl'IlIQL'K.  971 

d'un  Ceratozamia;  mais  il  s'en  disUiii^iK!  par  ses  folioles  (h'C'iirrentcs  dans 
le  bas  et  non  articulées.  Il  diffère  des  Dioon  par  ses  feuilles  loii'^nement 
pétiolées,  retombantes  dans  leur  paitie  supérieure,  acconipaonées chacune, 
à  la  base,  de  deux  écailles  libres,  charnues,  stipulilonnes.  Les  mêmes  ca- 
ractères l'éloi^nent  des  Cycas  et  des  /ùicephalartns.  Il  ressemble  sous  di- 
vers rapports  au  Macrozamia ;  mais  ses  longs  pétioles  et  ses  écailles  stipu- 
laires  l'en  distinguent  nettement.  I/auteur  ne  connaît  ni  les  fleurs  ni  les 
fruits  de  l'espèce  unique  pour  la(|uelle  il  forme  ce  nouveau  genre,  et  a  la- 
quelle il  donne  le  nom  de  Le/)i(loza)nia  Pcroffsktjmin.  Une  (igure  intercalée 
dans  le  texte  représente  la  plante  entière,  sans  fructification . 

6.  Ccratozarnia  Brong.  Sur  les  8  espèces  de  ce  genre  il  en  existe  3  au 
Jardin  botasiique  dePetersbourg,  les  C.  niexicana,  robusta  et  une  nouvelle 
que  M.  Regel  caractérise,  ligure,  et  a  laquelle  il  donne  le  nom  de  C.  Kûs- 
teriana.  De  nombreux  individus  en  ont  été  rapportes  dn  i>]exique  par  Kar- 
winsky.  On  n'en  connaît  que  l'inflorescence  mâle,  —  7.  Zamia  L.  Sur  les 
23  espèces  aujourd'hui  coiniues,  il  en  existe  7  h  Pétersbourg.  L'auteur  si- 
gnale notamment  trois  variétés  du  Z .  Loddigesii  Miq.,  introduites  par 
Karwinsky,  qu'il  distingue  par  les  noms  de  Z.  Loddigesii  «  genuina, 
(3  obtusifolia,  yangustifolin.  Il  déclare  la  plus  belle  de  toutes  ses  espèces  le 
Z.  Colocoma  Miq.,  de  Cuba.  — 8.  Strangeria.  Le  type  de  ce  genre  curieux 
est  le  St.  paradoxa,  espèce  découverte  récemment  à  Natal,  qui  a  toute 
l'apparence  d'une  Fougère.  Il  n'existe  pas  à  Pétersbourg. 

BOTANIQUE  APPLIQUÉE. 

Botanique  a§;rîcole  et  médicale,  ou  Etude  des  plantes  qui  inté- 
ressent principalement  les  vétérinaires  et  les  agriculteurs,  accompagnée 
de  328  figures  intercalées  dans  le  texte  et  suivie  d'une  méthode  dichoto- 
mique ayant  pour  but  de  conduire  au  nom  de  ces  plantes  ;  par  M.  H.-J.  - 
A.  Rodet,  prof,  à  l'École  impér.  vétérinaire  de  Lyon  (1  in-8  de  vin  et 
856  pages;  1857.  Paris,  chez  Labé;  Lyon,  chezSavy). 

Cet  ouvrage  estparticulièrementdestiné  aux  élevés  des  écoles  vétérinaires 
pour  lesquels  il  n'existait  pas,  d'après  l'auteur,  d'ouvrage  spécial,  et  qui 
étaient  «  réduits,  pour  suivre  leur  cours  de  botanique,  à  se  servir  de  notes 
manuscrites  prises  aux  leçons  de  leur  professeur,  et  le  plus  souvent  incom- 
plètes. y>  M.  Rodet  s'est  proposé  de  décrire  les  espèces  soit  indigènes,  soit 
exotiques,  qui  servent  a  la  nourriture  de  l'homme  et  des  animaux,  ou  qui  sont 
employées  en  médecine  ou  dans  l'industrie.  Il  y  a  joint  les  espèces  spon- 
tanées qui  n'ont  aucune  utilité  connue,  mais  qui  jouent  dans  les  cultures  le 
rôle  de  mauvaises  herbes.  Tracé  de  cette  manière,  le  cadre  de  son  livre  de- 
venait fort  étendu;  pour  le  restreindre,  sans  lui  ôter  sensiblement  de  sou 


972  SOCit;iÉ    BOT.VMQLli    DE    IHA^iCli. 

Utilité,  il  s'est  limité,  quant  aux  espèces  spontanées,  aux  environs  des  trois 
villes  de  France  où  il  existe  aujourd'hui  des  écoles  vétérinaires,  Paris, 
Lyon  et  Toulouse.  Il  s'est  occupé  aussi  des  plantes  médicinales  ou 
vénéneuses  qui  végètent  naturellement  dans  les  autres  parties  de  la  France, 
et  des  végétaux  cultivés  dans  les  cliamps,  les  prairies,  les  jardins  potagers 
ou  pharmaceutiques;  enfin  il  a  indiqué  les  espèces  d'agrément  les  plus 
répandues. 

Le  Traité  de  Botanique  agincole  et  médicale  de  INI.  Rodet  forme  comme 
le  complément  de  ses  Leçons  de  Botanique  élémentaire.  L'auteur  y  a  suivi 
l'ordre  des  familles  adopté  par  De  Candolle.  Il  expose  en  détail  les  caractères 
des  familles,  en  accompagnant  son  texte  de  figures  analytiques  gravées  sur 
bois  et  intercalées.  Il  donne  ensuite  les  caractères  des  genres,  et,  pour  les 
espèces,  une  description  succincte,  l'époque  de  la  floraison  ,  les  noms  vul- 
gaires ,   les  stations  et  plus  rarement  l'habitation,   les  propriétés  et  les 


usages. 


Une  clef  dichotomique  placée  à  la  suite  de  l'ouvrage  a  pour  objet  de  faci- 
liter aux  élèves  la  détermination  des  genres.  Le  volume  se  termine  par 
une  liste  des  auteurs  cités  et  par  une  table  alphabétique  des  matières. 

IVotc  !«ui*  la  récolte  de  la  g^oiiiine  adragantlie  en  Asie 
llinenre  ;  par  M.  Léon  Souheiran  [Annales  de  la  Société  Linnéenne 
de  Maine-et-Loire,  T  vol.,  ISf)?). 

La  gomme  adraganthe,  qui  provient  exclusivement  de  l'Asie  Mineure, 
est  produite  par  des  Astragalus  très  voisins  de  VA.  creticus,  de  la  section 
Tragacantlm.  En  raison  de  la  grande  ressemblance  qui  existe  entre  les 
différentes  espèces  de  cette  section,  il  est  probable  que,  pour  obtenir  cette 
substance,  les  Turcs  les  exploitent  toutes  sans  distinction.  Déjà,  en  1553, 
Belon  avait  relevé  l'erreur  de  ceux  qui  la  font  provenir  de  l'ile  de  Crète. 

D'après  les  renseignements  fournis  à  l'auteur  par  M.  Balansa,  quoique 
les  Astragales  à  gomme  adraganthe  abondent  sur  toutes  les  hautes  mon- 
tagnes de  l'Asie  Mineure,  les  Turcs  des  environs  de  Tarsous  ne  se  livrent 
à  la  récolte  de  celte  substance  que  sur  l'Anti-Taurus  ou  Ala-Dagh.  Vers 
la  fin  de  juin  ou  le  commencement  de  juillet,  lors(|ue  ces  petits  arbustes 
cessent  de  végéter  et  que  leurs  fruits  touchent  a  leur  maturité,  les  Turcs  vont 
sur  la  montagne.  Lorsqu'ils  rencontrent  les  Astragales,  ils  déchaussent  le 
bas  de  leur  tige,  à  la  base  de  laquelle  ils  font  avec  leur  couteau  une  incision 
horizontale  assez  profonde  pour  atteindre  la  moelle;  c'est,  en  effet,  uni- 
quement dans  les  parties  centrales  de  cette  tige  que  se  trouve  la  gomme 
dont  cette  ouverture  déterminera  l'écoulement.  Cette  matière  s'y  trouve 
dans  un  état  de  viscosité  telle  qu'elle  ne  sort  qu'avec  beaucoup  de  lenteur. 
C'est  principalement  vers  le  soir  qu'on  incise  les  tiges.  L'écoulement  gom- 
meux  a  toute  son  activité  pendant   la  nuit,  et  il   s'arrête  ou  se  ralentit  au 


KEVIIE    BlULIOGRAPHIQUE.  973 

moins  boauooiip  pendant,  le  jour  pour  recommencer  le  soir.  I.a  gomme 
adragantlie  en  plaques  présente  toujours  des  lignes  proéminentes  que  les 
gens  du  pays  disent  corresj)oiidrc  a  l'écoulement  d'une  journée.  Ils  disent 
aussi  que  celle  (|ui  est  sous  cette  forme  est  le  produit  obtenu  pendant  les 
années  humides,  tandis  que  celle  en  ^/(?^s  est  obtenue  pendant  les  années 
sèches. 

Quinze  jours  environ  après  avoir  incisé  les  Astragales,  les  Turcs  vont  de 
nouveau  sur  la  montagne  pour  en  enlever  la  gomme  adraganthe.  La  pro- 
duction de  cette  substance,  et  probablement  aussi  l'incision  profonde  prati- 
quée à  la  tige,  fatiguent  tellement  les  plantes  qu'il  faut,  après  une  récolte, 
les  laisser  reposer  pendant  au  moins  deux  ou  trois  ans,  avant  de  les  remettre 
en  exploitation. 

MÉLANGES. 

lias  Bucli  «1er  Pflanxcii^vclt.  Btotaui.«clic  Rcisc  uni  «lie 
^Velt  [Le  livre  du  monde  végétal.  Voyage  botanique  autour  du  monde; 
Essai  de  botanique  cosmique);  par  M.  Cb.  Mûller,  de  Halle.  1"  vol., 
in-8  carré  de  xii  et  290  pages ,  avec  200  fig.  intercalées  dans  le  texte, 
5  planches  et  une  carte  coloriée;  1857.  Leipzig,  chez  Otto  Spamer. 

L'ouvrage  de  M.  Ch.  Millier,  de  Halle,  a  pour  objet  de  présenter  le 
monde  végétal  au  point  de  vue  de  l'effet  qu'il  produit  à  la  surface  du  globe; 
en  d'autres  termes,  de  faire  connaître  les  végétaux  surtout  sous  les  rap- 
ports attachants,  pittoresques  et  ornementaux.  Pour  arriver  à  ce  résultat, 
le  savant  allemand  divise  son  travail  en  deux  parties  :  1°  Préparation  au 
voyage  bolani(|ue  autour  du  monde;  2"  voyage  botanique  autour  du 
monde.  La  première  partie,  qui  occupe  le  premier  volume,  est  la  seule 
publiée  jusqu'cà  ce  jour;  c'en  est,  à  proprement  parler,  la  portion  théorique, 
dans  laquelle  sont  exposées  les  données  générales  qui  préparent  à  la 
deuxième  partie.  La  manière  d'après  laquelle  procède  l'auteur  est  nettement 
indiquée  dans  le  passage  suivant  de  sa  courte  préface.  «Il  néglige  à  peu 
près  tout  ce  qui  a  trait  à  la  plante  elle-même^  il  ne  considère  pas  la 
plante  comme  plante,  comme  être  séparé  de  l'ensemble  du  monde,  du 
cosmos,  mais  comme  un  membre  appartenant  à  cet  ensemble.  » 

Le  volume  que  nous  avons  sous  les  yeux  est  divisé  en  quatre  livres,  qui 
portent  les  titres  suivants  :  1°  L'état  végétal  ;  2°  Histoire  du  monde  végétal; 
3°  Physionomie  des  végétaux;  U°  Distribution  des  plantes. 

Le  premier  livre  (pp.  3-9/i)  comprend  sept  chapitres  relatifs  aux  affinités 
des  plantes  ,  à  ce  que  l'auteur  nomme  les  communautés  végétales,  c'est-à- 
dire  aux  foréls,  aux  terres  couvertes  de  Graminées,  de  Bruyères,  de 
Mousses,  de  végétaux  herbacés,  etc.;  aux  associations  de  plantes;  aux 
rapports  des  plantes  avec  le  sol  -,  aux  formes  des  plantes  ;  aux  rnppoits  dos 
végétaux  avec  les  climats;  à  la  colonisation  Vf'gét:iie,  c'est-à-dire  au  peu- 


97/i  SOCIÉTÉ    BOTAMQLE    ni:    FKANCE. 

picmeiit  tiraduel  de  la  terre  et  de  ses  paiiies.  Les  figures  liisséniinées  dans 
ce  livre  lepiésentent  des  ports  de  plantes,  soit  cryptogames,  soit  phanéro- 
games, et  deux  planches  montrent  l'aspect  d'une  forêt  de  Conifères  et  d'une 
forêt  vierge  du  Brésil. 

Le  deuxième  livre  (pp.  95-163)  expose  l'histoire  du  règne  végétal  consi- 
dérée aux  différentes  époques  géologiques;  il  comprend  dès  lors  un  tableau 
de  botanique  fossile  depuis  les  premiers  temps  jusqu'à  nos  Jours.  Après  un 
chapitre  de  généralités,  M.  Mùller  y  présente,  en  neuf  chapitres,  l'évolution 
successive  du  monde  végétal  pendant  les  périodes  de  transition,  houillère, 
permique,  triasique,  jurassique,  crétacée,  tertiaire,  diluvienne,  enfin  pen- 
dant la  période  actuelle.  Les  figures  réunies  dans  ce  livre  représentent  les 
unes  des  plantes  fossiles  isolées,  les  autres  des  paysages  tels  qu'on  peut  les 
concevoir  aux  différentes  épocjues  géologiques  (celles-ci  empruntées  à 
M.  Unger),  enfin  quelques-unes  des  végétaux  actuellement  vivants,  mais 
remarqual)les  par  leur  forme  plus  ou  moins  analogue  a  celle  de  diverses 
espèces  fossiles,  tels  que  des  Cycadées,  le  Xanthorrhœa^  le  Jubœa 
spectobilis. 

Le  troisième  livre  (pp.  163-2^i6)  a  rapport  aux  formes  diverses  des  vé- 
gétaux. Il  renferme  dix-neuf  chapitres,  dont  les  titres  indiquent  les  formes 
que  distingue  l'auteur.  Ainsi,  après  un  chapitre  de  généralités,  ou  y  trouve 
décrites,  en  autant  de  chapitres  distincts,  les  formes  des  Palmiers,  des 
Bananiers,  des  Orchidées,  des  Liliacees,  des  Aroïdes,  des  Graminées,  des 
P'ougères,  des  Mousses,  des  Lichens,  des  Champignons,  des  Conifères,  des 
Saules,  des  plantes  à  feuilles  divisées,  des  Bruyères,  des  Cactées,  des 
plantes  a  corolle  labiée,  des  Lianes.  Un  derniei-  chapitre  est  relatif  a  plu- 
sieurs arbres  géants.  Uu  grand  nombre  de  figures  de  ports  de  plantes  aident 
beaucoup  à  l'intelligence  de  ce  livre. 

Le  quatrième  livre  (pp.  2/i7-290)  lenferme  un  résumé  de  géographie  bo- 
tanique. Les  quatre  chapitres  qu'il  comprend  ont  pour  sujet  les  régions 
végétales,  les  zones  végétales,  les  lignes  de  végétation  ,  enfin  les  rapports 
du  monde  végétal  avec  le  monde  animal.  Quelques  figures  de  plantes  et  un 
petit  nombre  de  paysages  sont  joints  au  texte  de  ce  livre, 

La  petite  carte  coloriée  qui  termine  l'ouvrage  est  une  mappemonde 
d'après  la  projection  de  Mercator,  sur  la(juelle  sont  tracées  les  lignes  iso- 
thermes et  les  régions  botaniques  distinguées  par  des  teintes  différentes. 

NOUVELLES. 

Dans  le  dernier  cahier  arrivé  a  Paris  du  Bulletin  de  lu  Société  impériale 
des  naturalistes  de  Moscou{\^bl,  n°  1,  pp.  296-300),  l\j.  Selsky  donne  des 
détails  intéressants  sur  l'exploration  que  M.  iiadde  a  faite  de  la  Sibérie 
orientale,  au  point  de  vue  surtout  de  l'histoire  naturelle,  en  1855  et  1856. 
Le  voyage  de  ]M.  Radde  commença,  en  1855,  par  ia  visite  du  bassin  du  lac 


UliVCK    HIBLlOGli.VI'IIIQlJK.  975 

Baïkal.  En  1850,  lo  savant  voyageur  explora  la  Dahonrie  de  Nertschiiisk, 
parliculii'rement  la  partie  méridionale  de  cette  contrée,  iiiii  forme  une 
steppe,  depuis  la  eliaine  des  monts  de  Jablony,  en  longeant  la  frontière  de 
la  Chine,  jusqu'aux  usines  de  Nertseliinsk.  Cette  exploration  dura  onze 
mois.  M.  Kadde  poussa  en  même  temps  une  reconnaissance  zoologique  et 
botanique  sur  les  hauteurs  du  Petit  Gentey  Tchokondo;  ensuite  il  par- 
courut la  steppe  d'Abagaitouy  et  le  lac  de  Torey,  qui  s'y  trouve,  ainsi 
qu'une  partie  de  l'Argouu,  aux  environs  du  lac  de  Dalai-Nor,  sur  les  li- 
mites mêmes  de  l'empire  de  Russie. 

Dans  la  contrée  qui  environne  l'Alpe  de  Tchokondo,  dit  M.  Selsky, 
M.  Radde  a  rennarqué  (jue,  sur  cette  étendue,  le  règne  végétal  présente  six 
régions,  dont  chacune  possède  un  caractère  particulier.  Elles  sont  disposées 
sur  les  pentes  des  montagnes  en  forme  de  terrasses  ,  depuis  la  vallée 
d'Altan  jusqu'à  Tchokondo.  De  toutes  ces  terrasses,  dont  M.  Radde  a  fait 
une  étude  très  attentive,  la  plus  intéressante  est  la  région  alpine  de  Tcho- 
kondo. Il  y  a  trouvé  plusieurs  plantes  rares  dont  voici  les  plus  remar- 
quables :  Oxygraphis  ylacialis,  Dracûcephalu77i  grandi florum,  Callitri- 
chium  rutœfolium,  Pedicalaris  euphrasioides,  P.  lapponica,  P.  amœna, 
P.  versicolor,  Claytonia  nrctica,  Campanula  silenifolia,  Saiix  berberi- 
folia,  etc. 

M.  Radde  ne  s'est  pas  contenté  de  faire  dans  ces  contrées  de  belles  col- 
lections de  plantes  et  d'animaux  •  il  en  a  tracé,  en  outre,  des  cartes  bota- 
niques et  zoologiques,  qui  montrent  nettement  les  limites  géographiques  de 
l'extension  lies  différentes  espèces  de  plantes  et  d'animaux  qui  se  trouvent 
dans  la  Dahourie  de  INertschiiisk. 

—  L'Académie  impériale  des  sciences,  inscriptions  et  belles-lettres  de 
Toulouse  avait  mis  au  concours  pour  sujet  d'un  prix  à  décerner  en  1857  la 
question  suivante  :  «  Faire  connaître,  à  l'aide  de  bonnes  descriptions  et  de 
figures,  les  Mousses  et  les  Lichens  qui  croissent  dans  un  des  départements  du 
bassin  sous  pyrénéen.  »  Le  prix  a  été  décerné  à  M.   Casimir  Roumeguère, 
de  Toulouse,  membre  de  la  Société  botanique  de  France,  auteur  du  seul 
mémoire   qui  ait  été  présenté  au  concours.  D'après  les  termes  du  procès- 
verbal  imprimé  de  la  séance  du  7  mai  1857,  «  la  commission  a  reconnu 
que  le  travail  présenté  avait  exige  de  la  part  de  l'auteur  de  longues  re- 
cherches et  des  études  de  plusieurs  années  ;  elle  a  pu  se  convaincre  de  la 
bonne  détermination  des  espèces  et  de  l'exactitude  des  descriptions.  Aussi 
a-t-elle  été  heureuse  de  pouvoir  proposer  à  l'Académie  :  1°  de  décernera 
l'auteu!  de  ce  beau  travail  la  médaille  d'or  de  500  fr.  ;  2°  de  lui  accorder  le 
titré  de  membre  correspondant.  Ces  deux   propositions  ont   été   adoptées 
successivement  et  à  l'unanimité  par  la  commission  spéciale,  par  le  bureau 
général  et  par  l'Académie.  » 

Le  rapport  sur  le  mémoire  de  M.  Roumeguère  a  été  fait  par  M.  Clos. 


976  SOCIÉTÉ    BOTANIQLE    DE    FRANCE. 

Nous  en  lepi-oduirons  le  passage  suivant  :  «  I']n  denKuuiant  à  la  fois  aux 
concurrents  des  descriptions  et  des  figures  des  Mousses  et  des  Lichens, 
l'Académie  voulait  élargir,  le  plus  possible  ,  le  cadre  de  la  question  et  en 
faciliter  la  solution.  On  peut  dire  qu'elle  a  reçu  plus  qu'elle  ne  demandait; 
car  l'auteur  du  mémoire,  tout  en  satisfaisant  aux  termes  du  programme,  a 
joint  à  son  envoi  une  collection  des  objets  eux-mêmes,  décrits  et  figurés, 
contenus  dans  cinq  grands  cartons,  et  ([u'il  laisse  à  la  disposition  de 
l'Académie.  » 


BIBLIOGRAPHIE. 
l<otaiii»>elftc  Zeitiiug:. 

Articles  originaux  publiés  en  1857  (suite). 

Philippi  {B.-A.).  — Bemerkungen  ûbcr  die  Cbileni^chen  Myrtaceen  (Re- 
marques sur  les  Myrtacéesdu  Cbili)  ;  n°  23,  12  juin,  col.  393-/j01. 

/.((sc/i  {]i\).  — Die  Eichenformen  der  maerkischen  Waelder,  bauptsae- 
cblich  der  um  Diiesen  (Les  formes  des  Chênes  des  foiêts  de  la  Marche, 
principalement  de  celles  des  environs  de  Driesen)^  n"  25,  19  juin,  col. 
UÙ9-li20. 

Sanio  [Charles).  —  Kurze  Notiz  ûber  formlose  Staerke  (Courte  notice  sur 
la  fécule  amorphe)  ;  Ibid.,  col.  /i20-/i23. 

Llanos  {A.,  de  Manille).  —  Zarcoa,  novum  genus  Sterculiacearum.  Ibid., 
col.  /i23. 

lrmisch[Thilo.).  ~  Ueber  die  Keimung  und  die  Erneuerungsweiso  von 
Convolvulus  sepinm  und  C.  aruensis,  u.-s.-w.  (Sur  la  germination  et  le 
mode  de  renouvellement  du  Coiwolvulus  sepium  et  du  C.  arcensis,  ainsi 
que  sur  les  bourgeons  adventifs  hypocotylés  dans  les  plantes  phanéro- 
games herbacées)  ;  n''  26,  27,  28  et  29,  26  juin,  3-IU-17  juillet,  col. 
/i33-/r^3,  /i/)9-/i62,  kG5-lilli,  Zi89-/i97,  pi.  VIÏL 

Milde  [J.].  —  Kuropa's  Gefaess-Kryptogamen  zusammengestellt  (Tableau 
des  Cryptogames  vasculaires  de  l'Europt')  ;  n"  28,  10  juillet,  col.  klh- 
1x19. 

Schenk.  —  Ueber  formlose  Staerke  (Sur  la  fécule  amorphe)  ;  n°  29,  17  juil- 
let, col.  1x91-1x99. 

Lasch  [W.).  —  Aufzaehiung  (Wx  in  der  Provinz  Brandonburg,  bcsonders  in 

der  Gegendum  Driesen,  wildwachsendon  Bastard-Pfianzen (Lnume- 

ration  des  plantes  hybrides  sauvages  de  la  province  de  Brandebourg,  par- 
ticulièrement des  environs  de  Driesen,  avec  do  courtes  notes  pour  faire 
reconnaître  ces  végétaux);  n°  30,  2^  juillil,  col.  505-517. 


Puris.  —    Imiipimcii.'  ilu  !..  Martinkt,  i  ,ic  Mignon,  2. 


SOCIÉTÉ    BOTANIQUE 

DE  FRANCE. 


SÉANCE   DU    li    DÉCEMBRE    1857. 

PRÉSIDENCE  DE   M.    MOQUIN-TANDON. 

M.  Ducliartre,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
séance  du  27  novembre,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance,  M.  le 
Président  proclame  l'admission  de  : 

MM.  BoucHEMAN  (Eugène  de),  rue  Saint-Médéric,  18,  à  Versailles, 
présenté  par  MM.  G.  Thuret  et  de  Schœnefeld. 

MoRis  (J.-H.),  sénateur,  professeur  de  botanique  à  l'Univer- 
sité de  Turin  (Piémont),  présenté  par  MM.  Parlatore  et 
J.  Gav. 

Van  den  Bosch  (le  docteur  R.-B.),  à  Goes,  en  Zélande  (Pays- 
Bas),  présenté  par  MM.  J.  Gay  et  Montagne. 

Triana  (José),  de  Bogota  (Nouvelle-Grenade),  actuellement 
à  Paris,  cité  Bergère,  10,  présenté  par  MM.  Weddell  et 
Guillard. 

M.  le  Président  annonce  en  outre  une  nouvelle  présentation. 

Doiis  faits  à  la  Société: 

i"  Par  M.  Decaisne  : 
Catalogue  de  la  bibliothèque  scientifique  de  MM.  de  Jussieu. 

2°  En  échange  de  Bulletin  de  la  Société  : 
L'Institut,  décembre  1857,  un  numéro. 

M.  Chatin  fait  à  la  Société  les  communications  suivantes  : 

SUR  LES  PRÉ1»AP.ATI0N"S  D'OVULES  DE  VAIUSNERIX  SPIRALIS  MISES  SOUS  LES  YEUX 
DE  LA  SOCIÉTÉ  ,  par  M.  Ad.  CUATIIM. 

Conformément  à   l'engagement  que  j'ai,  en  quelque   sorte,  pris  vis- 
à-vis  de  la  Société  dans  la  séance  du  13  novembre  dernier,  j'ai  l'honneur 

T.  IV.  fi2 


978  SOCIÉTÉ    BOTAISIQUE    DE    FRANCE. 

de  mettre  sous  ses  yeux  des  ovules  de  Vallisneria,  qui  établissent,  comme 
cliacun  pourra  s'en  assurer,  ces  deux  points  contestés  par  notre  savant 
confrère  M.  Caspary,  savoir  : 

1°  Que  le  nucelle  est  entouré  d'une  enveloppe  ou  membrane  unique; 

2°  Que  la  membrane  précédente  est  formée  par  une  simple  assise  d'utri- 
cules. 

Les  préparations  que  je  présente  sont  très  simples  :  elles  consistent  en 
tranches  fort  minces,  les  unes  transversales,  les  autres  longitudinales,  d'o- 
vaires de  Vallisneria  qui  se  sont  conservés  au  fond  d'un  bassin  de  l'Ecole 
de  pharmacie,  adhérents  encore,  par  leur  pédicelle  rétracté  en  spirale,  aux 
plantes  qui  les  ont  produits.  Les  ovules  tiennent  donc,  presque  tous,  à  la 
paroi  interne  de  l'ovaire. 

Ces  ovules  n'ayant  pas  été  fécondés  (par  l'absence  de  pieds  mâles  dans  le 
voisinage  des  individus  femelles)et  l'époque  de  leur  formation  étant  actuelle- 
ment fort  éloignée,  il  est  résulte  de  là  que  la  plupart  d'entre  eux  ont  subi 
un  commencement  d'altération,  consistant  en  ce  que  le  nucelle  s'est  flétri  et 
ramassé  vers  le  fond  de  la  membrane  qui  l'enveloppe  et  qui  est  évidemment 
unique. 

Il  est  digne  de  remarque  que  la  circonstance  même  qui  semblait  pouvoir 
être  défavorable  à  la  conh.tatation  de  la  véritable  structure  des  ovules,  savoir 
l'état  ancien  ou  avancé  de  ceux-ci,  aide  au  contiaire  à  reconnaître  cette 
structure.  On  voit  nettement,  en  effet,  autour  du  nucelle  coloré  et  plus  ou 
moins  opaque,  une  enveloppe  qui,  elle,  n'est  aucunement  altérée,  offre  une 
transparence  parfaite,  n'est  doublée  ni  extérieurement  ni  intérieurement 
par  une  seconde  membrane  et  est  certainement  composée,  ainsi  qu'on  peut 
le  voir  sur  les  bords  et  dans  quelques  parties  divisées  par  le  scalpel,  d'une 
seule  assise  d'utricules.  Or,  comme,  des  ovules  à  nucelle  profondément  al- 
téré et  tombé  au  fond  de  la  membrane  enveloppante,  on  passe,  par  des 
transitions  insensibles,  à  quelques  autres  ovules  dans  un  état  de  parfaite 
conservation,  il  est  facile  de  se  convaincre  que  la  structure  de  ceux-ci  est  bien 
celle  reconnue  dans  les  premiers.  Je  ne  puis  donc  que  conclure,  comme  je 
l'avais  fait  précédemment,  à  l'existence,  dans  \e]'allisneria,  d'une  membrane 
unique  composée  elle-même  d'une  seule  rangée  d'utricules. 

SUR  L'ANATOMIE  DES  SANTALAGÉES  OU  THÉSIACÉES,  par  M,  Ad.  t'HATIIV. 

L'anatomie  des  Santalacées,  que  je  viens  de  faire  pour  mon  Anatomie 
comparée  des  Végétaux  (dont  elles  forment  les  huitième  et  neuvième  li- 
vraisons) montre,  comme  celle  des  divers  ordres  de  végétaux  (Cuscutacées, 
Cassythacées,  Orobanchécs,  Monotropées,  etc.)  dont  j'ai  déjà  tr:iité  dans 
cet  ouvrage,  que,  dans  le  régne  végétal  comme  dans  le  règne  animal,  la 
structure  interne  fournit  a  la  classiiicatiou  des  caractères  sur  lesquels 


SKANCE  DU  h    DKCKMHHK  1857.  979 

celle-ci  peut  s'oppiiyor  avec  avantage'.  Trop  longtemps  les  botanistes,  cle- 
niandanl  exclusivenienl  aux  organes  lloiaux  les  moyens  de  distinguer  les 
uns  des  autres  les  divers  groupes  de  végétaux  ou  les  diverses  unités  végé- 
tales, sont  restés  en  arrière  des  zoologistes. 

Il  doit  être  évident  aujourd'hui,  pour  tout  esprit  non  prévenu  ,  que  l'a- 
natomie,  bien  que  d'un  emploi  plus  ditTicile  en  botanique  qu'en  zoologie, 
par  la  nécessite  de  n'avancer  dans  celle-là  que  presque  toujours  appuyé  sur 
le  microscope,  devra  désormais  intervenir  utilement  dans  nos  diagnoses,  je 
ne  dirai  pas  de  classes  ou  embranchements,  l'illustre  De  Candolle  a  résolu 
la  questii)n  par  l'établissement  de  ses  Plantes  cellulaires  et  Plantes  vaseu- 
laires,  mais  dans  celles  d'ordres,  de  genres,  d'espèces  même.  Et  c'est  surtout 
dans  la  détermination  de  ces  espèces,  genres,  etc.,  litigieux  et  en  apparence 
insolubles  au  point  de  vue   de  la  morphologie  seule  qu'on  sera  heureux 
de  penser  que  l'anatomie  ne  sera  pas  en  vain  consultée.  Non  que  je  pré- 
tende qu'elle  tranchera  toujours  les  questions  laissées  insolubles  par  l'em- 
ploi des  moyens  ou  caractères  tirés  de  la  Heur  :  son  rôle  serait  trop  grand-, 
mais  elle  interviendra  tantôt  (et  le  plus  souvent)  parallèlement  a  la  morpho- 
logie, dont  elle  contirmera  les  enseiguemeuls,  tantôt  avec  ce  qu'on  pourrait 
appeler  son  génie,  son  individualité,  son  indépendance  propres,  pour  se 
jeter  dans  l'un  des  plateaux  de  la  balance  que  la  morphologie  seule  laissait 
en  équilibre.  Je  ne  veux  aujourd'hui  qu'etileurer  le  sujet  dans  les  Santa- 
lacées,  en  prenant  comme  exemples  quelques  genres  et  espèces  de  cet 
ordre. 

\SArjona  et  le  Quinchamalium  sont  des  genres  du  Chili  et  de  la  Pata- 
gonie,  ejitre  lesquels  le  port  de  quelques-unes  de  leurs  espèces,  i'iuilores- 
cence,  ihabitat,  etc.,  signalent  des  at'linités  entrevues  par  M.  Ad.  Bron- 
gniart  (1).  JNlais  l'anatomie,  qui  par  quelques  points  l'ait  toucher  les  Quin- 
chamalium à  plusieurs  Tliesium  (sans  indiquer  bien  entendu  un  rapproche- 
ment complet),  éloigne  au  contraire  beaucoup  les  premiers  des  Arjona.  Or, 
en  séparant  ses  données  de  celles  de  la  morphologie,  l'anatomie  n'ol'fre-t-elle 
pas  ici  un  de  ces  cas  où  elle  aura,  non  plus  a  confirmer  ou  a  étendre,  mais 
à  circonscrire,  a  modérer  les  déductions  tirées  des  seuls  laits  morphologi- 
ques? Voici,  du  reste,  les  caractères  anatomiques  du  Çt<mcAama/ù<m  et  de 
V  Arjona. 

Quinchamalium  et  Arjona. —  Racines  à  axe  ligneux  non  lobé;  vaisseaux 
épars  entre  des  libres  ligneuses  épaisses.  Tubercules-suçoirs  (?)  existant  sur 
les  racines;  cône  vasculaire  bien  développe...  --Feuilles.  Épidermes  ideu- 

(1)  M.  Ad.  Brongniarl  a  publié  {Vorjage  de  la  Coquille)  les  figures  (dessins  par 
i\l.  Decaisue)  dv.^  Quinchamalium,  mais  non  le  icxle  qui  devait  accompagner 
celles-ci.  C'est  dans  une  de  ses  conversations,  toujours  instructives,  que  nihistre 
professeur  du  Muséum  m'a  fait  pari  de  ses  aperçus  sur  les  alliuilés  morphologiques 
du  Quinchamalium  et  de  VArjuna. 


980  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE, 

tiques  sur  les  deux  faces,  ayant  leurs  cellules  à  bords  non  sinueux  et  les  sto- 
mates dirigés  en  tous  sens.  Parenchyme  homogène  ou  du  moins  symétrique, 
c'est-à-dire  à  utricules  sensiblement  pareilles  dans  toute  sa  masse  ou  au 
moins  semblables  entre  elles  dans  les  parties  sous-jacentes  à  l'un  et  à  l'autre 
épidermes  (1).  —  Tige.  Vrais  rayons  médullaires  nuls.  Moelle  à  utricules 
non  ponctuées. 

Ces  divers  points  communs  de  l'anatomie  du  Qtnnchamal ium  et  de  VAr- 
jona  ont  fort  peu  d'importance,  attendu  qu'ils  se  retrouvent  dans  plusieurs 
autres  genres  de  l'ordre,  d'ailleurs  très  distincts  aussi  les  uns  des  autres. 

Quinchamalium  seul.  —  Buse  souterraine  de  la  tige.  Cellules  scléreuses 
nulles.  Couche  perixyle  (2)  formant  toujours  un  cercle  complet  autour  du 
corps  ligneux.  Trachées  vraies  (cependant  peu  ou  pas  déroulablesj  placées 
par  petits  groupes  vers  la  limite  interne  ou  médullaire  du  système  ligneux; 
vaisseaux  ponctués  épars  entre  les  fibres  de  la  masse  ligneuse  extérieure 
aux  paquets  de  trachées  ;  fibres  ligneuses  non  ponctuées.  — 7V^e  aérienne. 
Cellules  scléreuses  nulles.  Couche  périxyle  ordinairement  brisée.  Corps  li- 
gneux divisé  en  segments  iibro-vasculaires  que  relie  entre  eux  un  tissu 
fibreux  ou  fibro-celluleux  qui  coupe  la  couche  périxyle  entre  les  segments) 
complètement  privé  de  vaisseaux,  mais  toujours  dur  ou  ligneux;  vai.sseaux 
ponctués  ordinairement  rapprochés  entre  eux  derrière  les  trachées  et  sou- 
vent pressés  eu  un  même  groupe  avec  celles-ci;  fibres  ligneuses  jamais 

ponctuées. 

Arjona  seul.  —  Tige  souterraine.  Elle  diffère  moins  encore  que  dans  le 
Quinchamalium  du  reste  de  la  tige.  —  Tige  aérienne.  Épiderme  à  stomates 
dirigés  en  tous  sens.  Parenchyme  cortical  remplacé,  à  sa  portion  interne  ou 
voisine  du  corps  ligneux,  par  un  tissu  scléreux  qui  existe  toujours  sur  les 
points  répondant  à  l'intervalle  laissé  entre  eux  par  les  paquets  fihro-corlicaux, 
et  qui  souvent  s'étend  autour  de  ceux-ci  qu'il  sépare  extérieurement  du 
parencliyme  cortical  et  intérieurement  du  système  ligneux.  Fibres  corticales 
réunies  en  un  nombre  déterminé  (6  dans  VA.  piisilla,  10  dans  VA.  tuberosa) 
de  paquets  alternativement  (comme  les  paquets  ligneux  auxquels  ils  cor- 
respondent) plus  gros  et  plus  petits.  Couche  périxyle  toujours  brisée  en  por- 
tions de  cercle  qui  isolent  les  paquets  fibro-corticaux  des  paquets  ligneux, 
et  que  peut  doubler  (dans  l'A.  tuberosa)  un  prolongement  de  tissu  sclé- 
reux compris  entre  elles  et  les  paquets  de  fibres  corticales,  mais  jamais 

(1)  Ceci  n'est  d'ailleurs  qu'un  cas  parliculier  do  ce  rapport,  sur  lequel  j"ai  pré- 
cédemment appelé  rattentiou  de  la  .Société  :  Quand  les  deux  êpidnmes  (d'une 
feuille)  sont  senihlahles  l'un  a  Vautre,  le  parenchyme  est  ou  Iwmoyène  ou  symé- 
trique. Voyez  le  Bullclin,  t.  IV,  p.  !291. 

(2)  Ce  que  je  nomme  couciie  périxyle  est  la  couche  du  cambium,  la  couche  ou 
zone  génératrice  des  aulcur.s. 


SÉANCK    DU    h    DKCKMBRK    1857.  981 

placé  entre  la  couche  péiixyle  elle-niènu!  et  le  tissu  ligneux  (1).  Système 
ligneux  composé  de  faisceaux  ou  paquets  pairaitenient  isolés  par  des  pro- 
longements ou  sorties  du  parenchyme  médullaire,  (jui  viennent  s'appuyer 
au  tissu  scléreux  après  avoir  isolé  aussi  les  portions  de  la  couche  périxyle. 
Paquets  ligneux  privés  de  trachées  vraies  et  à  vaisseaux  ponctués  épars 
entre  des  libres  ligneuses  ponctuées. 

On  voit  que,  par  leurs  tiges  qui  diffèrent  quant  à  la  disposition  et  (juant 
à  la  structure  intime  de  leurs  éléments  analomiques,  le  Quinchainalium  et 
VAi^joria  doivent  être  regardés  comme  de  très  bons  genres.  Je  m'empresse 
d'ailleurs  d'ajouter  que,  dans  la  pensée  de  M.  Ad.  Brongniart,  les  rapports 
morphologiques  entre  ces  plantes  n'allaient  pas  jusqu'à  légitimer  leur  rap- 
prochement en  un  genre  unique. 

Le  Nanodea  [N.  mnscosa),  petite  Thésiacée  des  marécages  du  Chili,  des 
Malouines  et  du  détroit  de  Magellan,  est  on  ne  peut  plus  caractérisé  par  son 
anatomie.  Je  trouverais  même  que  la  structure  de  sa  tige  le  sépare  trop  des 
autres  genres  de  l'ordre,  si  VArJona  ne  venait  diminuer  la  distance  a  la- 
quelle il  se  place  de  la  plupart  de  ces  derniers.  Sa  structure  est  la  suivante. 
—  lige.  Epiderme  à  deux  assises  de  cellules  a  bords  non  sinueux;  stomates 
nuls  ou  très  rares.  Parenchyme  cortical  non  accompagné  de  cellules  sclé- 
reuses.  Fibres  corticales  peu  nombreuses,  solitaires  ou  formant  de  très 
petits  groupes  placés  entre  la  couche  périxyle  et  les  utricules  internes  du 
parenchyme.  Couche  périxyle  divisée  en  portions  de  cercle  auxquelles  sont 
adossés  les  faisceaux  du  bois.  Système  ligneux  consistant  en  2,  3,  U...  pa- 
quets ou  faisceaux,  que  séparent  de  larges  communications  du  parenchyme 
cortical  au  parenchyme  médullaire  et  que  composent  :  a,  des  fibres  ligneu- 
ses rayées,  quadrangulaires  et  disposées  en  séries  dont  les  unes,  plus  com- 
primées, représentent  des  sortes  de  rayons  médullaires  ;  b,  des  vaisseaux 
ponctués  épars  et  non  accompagnés  de  vraies  trachées.  Moelle  à  utricules 
ordinairement  ponctuées.  —  Feuilles  à  épidémies  semblables  sur  les  deux 
faces  avec  les  stomates  nuls  (?)  et  à  parenchyme  homogène. 

Par  ses  paquets  ligneux  au  nombre  de  2,  puis  de  3,  U...,  le  Nanodea 
offre  un  curieux  point  de  contact  avec  plusieurs  Loranthacées,  notamment 
avec  VArceuthobium  ;  par  l'isolement  des  faisceaux  ligneux  et  le  manque 
de  trachées  vraies  dans  la  tige,  il  lient  à  VArjonu;  par  l'épiderme  à  une 
double  assise,  par  le  manque  de  stomates  (2),  par  le  liber  presque  nul,  le 

(1)  C'est  un  fait  constant  que  la  couche  périxyle,  qui  assez  souvent  est  séparée 
des  libres  corticales  ou  des  éiémenls  propres  du  liber  par  l'iiilerposiiion  de  tissus 
pareiiciiymateuxoH  scléreux,  soit  adossée  au  corps  ligneux  lui-même.  C'est  la  (ixilé 
du  dernier  rapport  qui  justifie  le  nom  par  lequel  je  désigne  cette  couche. 

('2)  Je  n'ai  pu  examiner  que  des  plantes  (des  voyages  de  M.  Caudichaud)  en  assez 
mauvais  état.  Il  y  aura  lieu  de  vérifier  sur  de  meilleurs  échantillons  le  fait  de 
l'absence  de  stomates. 


982  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCK. 

manque  de  tissu  scléreux,  la  disposition  rayonnée  et  la  forme  des  fibres  li- 
gneuses, la  moelle  à  utricules  ponctuées,  et  j'ajouterai,  par  des  prolonge- 
ments particuliers  fort  remarquables  des  utricules  internes  du  parenchyme 
cortical  autour  des  faisceaux  ligneux  qu'ils  isolent  de  la  moelle  elle-même, 
il  se  distingue  entre  toutes  les  Thésiacées. 

L^  Spliœrocarya  doit-il  continuer  d'exister  à  côtédu  Pyrularia?  M.  Alph. 
DeCandolle,  qui  vient  de  publier  dans  le  Prodromus  une  remarquable  mo- 
nographie des  Santalacées,  le  nie,  et  l'anatomie  justifie  la  fusion  des  deux 
genres. 

La  Société  peut  voir,  par  les  exemples  que  je  viens  de  donner,  combien 
l'anatomie  peut  servir  à  caractériser  les  genres.  Un  mot  sur  son  interven- 
tion dans  la  division  des  genres  en  sections  et  dans  la  distinction  des  es- 
pèces. 

Le  grand  genre  Thesium  offre,  dans  ses  diverses  sections,  des  différences 
anatomiques  qui  tantôt  répondent  fort  naturellement  aux  coupes  fondées 
sur  l'habitat  et  les  formes  des  plantes,  tantôt  et  plus  rarement,  s'écartent 
de  celles-ci  et  mettent  par  là  sur  la  voie  de  rapprochements  jusque-là  à 
peine  entrevus. 

Certaines  espèces,  dont  la  juste  attribution  à  tel  ou  tel  genre  était  un  objet 
de  doute  pour  de  savants  botanistes  que  guidait  la  seule  considération  des 
caractères  floraux,  doivent  décidément,  par  l'introduction  des  données 
anatomiques,  quitter  la  place  qu'elles  occupaient  et  aller  grossir  d'autres 
genres  déjà  admis  ou  devenir  les  types  de  genres  nouveaux.  Ailleurs,  c'est 
pour  la  fixation  définitive  d'espèces  en  réalité  distinctes  mais  rapprochées 
en  une  seule  ;  d'autres  fois  pour  la  réunion  d'espèces  d'abord  séparées,  que 
l'anatomie  prête  son  concours. 

Le  Sphœrocarya  leprosn  doit-il  être  éloigné  des Py?  ula7i'a?  M.  Alph.  De 
Candolle  le  pense;  l'anatomie  confirme  les  prévisions  de  l'illustre  botaniste 
de  Genève. 

V Henslowia  heterantha  est-il  bien  un  Benslowia?  M.  De  Candolle  en 
doute;  l'anatomie,  se  fondant  sur  la  structure  très  exceptionnelle  des 
feuilles,  dit  non;  en  même  temps  (|ue,  par  des  motifs  tirés  de  la  grande 
ressemblance  des  tiges  "de  \'H.  heterantha,  de  VH.  umbcllata,  etc. ,  elle 
assigne  au  nouveau  genre  une  place  contiguë  à  celle  occupée  par  les  vrais 
Henslowia.  h  IL  heterantha  a  d'ailleurs,  comme  on  sait,  l'habitat  terrestre 
(il  est  sans  doute,  malgré  l'observation  négative  de  Champion,  parasite  sur 
racines),  pendant  que  les  vrais  Henslowia  sont,  comme  les  Loranthacées, 
des  parasites  épidendres. 

Le  Santalum  myrtifolium  est-il  spécifiquement  distinct  du  S.  album  ? 
M.  De  Candolle  admet  que  le  premier  est  une  simple  variété  du  second,  et 
l'anatomie  ne  produit  rien  de  contraire  à  une  telle  opinion. 

L'examen  des  Thesium  me  permettrait  de  citer  de  nombreux  faits  éta- 


SftANCK    DU    h    nÉCEiMBRK    1807.  983 

blissaiii  l'utilité  qu'aura  souvent  l'auatomic,  même  pour  les  simples  dé- 
terminations spéeifuiues  ;  mais  cette  communication  est  déjà  bien  longue  et 
l'occasion  ne  me  manquera  pas  de  revenir  sur  cette  question. 

}l.  Payer  demaiide  à  M.  Chatiii  s'il  a  trouvé  de  grandes  dillererices 
de  structure  entre  !a  tige  du  Quinchamallum  et  celle  des  autres 
Sanlalacées,  car  il  résulte  de  ses  observations  que,  contrairement  à 
l'opinion  de  tous  les  botanistes  qui  ont  écrit  sur  les  Santalacées, 
l'ovaire  des  Quinchamaiium  n'est  pas  uniloculaire  comme  dans  les 
autres  genres  do  la  même  famille,  mais  présente  trois  loges  dis- 
tinctes comme  dans  la  plupart  des  Olacinées  et  notamment  comme 
dans  les  Pseudanthe  et  les  Liriosma. 

M.  Ghatin  répond  à  M.  Payer  que  le  Quinchamaiium  lui  a  toujours 
paru  très  caractérisé  comme  genre  parmi  les  Santalacées.  Quant  aux 
Olacinées,  il  ne  s'est  pas  encore  livré  à  leur  étude. 

M.  Decaisne  dit  : 

Qu'il  ne  saurait  partager  l'opinion  de  M.  Payer  relativement  à  la  struc- 
ture de  l'ovaire  des  Quinchamaiium,  qui  ne  diffère  point  sensiblement,  à 
ses  yeux,  de  celui  des  Tliesiwn.  A  la  vérité,  si  l'ovaire  de  ces  plantes  pré- 
sente inferieurement  plusieurs  loges  formées  par  de  fausses  cloisons,  on 
voit  que  ces  cloisons  s'appuient  contre  la  colonne  placentaire,  qui  n'en 
reste  pas  moins  indépendante  et  libre  dans  le  haut  de  la  cavité  ovarienne 
où  cette  colonne  se  termine  par  trois  ou  quatre  ovules.  —  M.  Decaisne  est 
aussi  d'avis  que  M.  Chatin  exagère  l'importance  des  caractères  anatomiques 
de  la  structure  des  tiges,  qui  ne  peuvent  servir  de  base  a  la  délimitation  ou 
au  rapprochement  des  genres.  Il  ne  lui  parait  pas  nécessaire  de  faire  des 
études  anatomiques  des  tissus  pour  distinguer  le  Quinchamaliwn  de 
VAt'jona,  qu'on  reconnait,  dès  la  première  vue,  à  son  port  ainsi  qu'à  ses 
fleurs  soyeuses,  etc.  Au  surplus,  dit-il,  il  ne  voit  rien  d'extraordinaire  h 
ce  qu'une  Araliacée  [Helivingia]  et  un  genre  voisin  des  Combrétacées 
[Nyssa]  s'éloignent  anatomiquement  des  Santalacées  parasites. 

M.  Chatin  répond  : 

Que  les  faits  que  vient  de  mentionner  M.  Decaisne  ne  détruisent  pas  la 
valeur  des  caractères  anatomiciues,  mais  qu'ils  leur  sont  favorables.  Il  cite, 
à  l'appui  du  rapprochement  du  Quinchamaiium  et  de  V Ai^jona^  l'opinion  de 
M.  Ad.  Brongniart.  L'anatomie  vient  confirmer  ce  rapprochement  basé  sur 
les  caractères  organographiques.  L'analogie  signalée  par  M.  Decaisne  entre 
les  Thcsium  et  les  Quinchamaiium  est  confirmée  aussi  par  les  caractères 
anatomiques,  très  peu  différents  chez  ces  deux  genres,   entre  lesquels  le 


93/i  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

Thesium  inontanum  est  en  quelque  sorte  intermédiaire  au  point  de  vue  de 
la  structure  analomique. 

M.  Payer  persiste  dans  sa  manière  de  voir,  qui  diffère  de  celle  de 
M.  Decaisne. 

Il  a  reconnu,  dit-il,  dans  l'ovaire  du  Quinchamalium  chilense,  une  struc- 
ture identique  avec  celle  de  l'ovaire  de  la  plupart  des  Olacinées  (c'est-à-dire 
un  ovaire  triloculaire  dans  les  deux  tiers  inférieurs  et  uniloculaire  dans  le  tiers 
supérieur),  et  par  conséquent  totalement  différente  de  celle  de  l'ovaire  des 
Thesium,  qui  est  uniloculaire  dans  toute  son  étendue  et  présente  dans  son 
milieu  un  long  placenta  central.  Ces  trois  loges  de  l'ovaire  des  Quincha- 
malium et  des  Olacinées  ne  se  développent  pas,  comme  le  croit  M.  De- 
caisne, postérieurement  à  la  fécondation,  mais  bien  antérieurement,  tout  à 
fait  comme  dans  le  Trapa  natans,  dont  M.  Payer  a  décrit  l'organogénie 
dans  son  ouvrage  intitulé  :  Organogénie  comparée  de  la  fleur.  —  M.  Payer 
est  d'autant  plus  sûr  de  ce  qu'il  avance  qu'il  a  étudié  l'organogénie  des 
Santalacées  il  y  a  seulement  huit  Jours. 

M.  Decaisne  fait  observer  ; 

Qu'il  ne  comprend  pas  qu'on  fasse  de  l'organogénie  sur  des  plantes  sè- 
ches. Il  n'existe  effectivement  dans  les  jardins  ni  Quinchamalium,  ni  Ola- 
cinées, ni  Liriosma.  Il  ajoute  qu'il  se  croit  d'autant  plus  fondé  à  regarder 
les  divisions  de  l'ovaire  des  Santalacées  et  des  vraies  Olacinées  comme  dues 
à  de  fausses  cloisons,  qu'on  isole  facilement  et  sans  rupture  le  placenta 
central  et  les  ovules  qui  le  terminent,  ce  qui  ne  pourrait  avoir  lieu  si  l'o- 
vaire se  trouvait  partagé  en  véritables  cloisons  par  les  feuilles  carpellaires. 

M.  Duchartrc,  secrétaire,  donne  lecture  de  la  communication  sui- 
vante, adressée  à  la  Société  : 

LES  VRILLES  DES  SMILAX  NI  FOLIOLES  NI  STIPULES ,  par  M.  D.  CLOS. 

(Toulouse,  28  novembre  1857.) 

La  Société  a  déjà  entendu  plusieurs  communications  ou  discussions  sur 
la  nature  des  vrilles  des  Cucurbitacées  :  un  grand  pas  a  été  déjà  fait  vers  la 
solution  de  cette  question  (1). 

Mais  il  est  encore  une  espèce  de  vrilles  sur  la  signification  de  laquelle  les 

(1)  A  la  suite  de  nombreuses  observations,  j'ai  cru  pouvoir  considérer  la  vrille 
des  Cucurbitacées  comme  provenant  d'un  dédoublement  latéral  de  la  feuille  (voy. 
Bull,  de  la  Soc.  Bot.,  t.  III,  p.  5Zi5).  Mais  je  n'ai  jamais  avancé,  comme  me  le  fait 
djre^  involontairement  sans  doute,  M.  Lestiboudois  {Comptes  rend.,  t.  XLV,  p.  78, 


SÉ.VNCR    DU    ^l    DÉCKMHUK    1857.  985 

auteurs  soîit  loin  de  s'accorder,  et  qui  cependant  mérite  à  un  haut  degré 
l'attention  des  morpholofiistes  :  je  veux  parler  de  la  vrille  des  Smilax. 

MM.  de  Molli  {Ueberd.  liuu  and  d.  Wind.  d.  Ihniken,  p.  h\),  Lindiey 
{Introd.  ta  Bot.,  éd.  2,  p.  118),  Link  {Elcm.  Phit.  but.,  éd.  2,  t.  T,  p.  478), 
Aug.  de  Saint-Hilaire  [Leçons  de  Bot.,  p.  170  et85fi),  Le  Maout  [Atlasde 
Bot.,  p.  23)  et  Duchartre  (Art.  viuixes  du  Dict.  univ.  d'/iist.  nat.)  admet- 
tent que  les  vrilles  des  Smilax  représentent  les  deux  folioles  latérales  d'une 
feuille  composée. 

Mirbel,  au  contraire,  considère  ces  organes  comme  résultant  de  la  mé- 
tamorijlme  d'une  stipule,  et  voit  en  eux  des  vrilles  stipulécnnes  [Elém.  de 
Physiol.etde  Bot.,  2"  partie,  p.  680),  opinion  adoptée  par  MiM.  Treviranus 
[Phijsiol.  der  Gew.,  II,  p.  1 38)  et  Serinée  [Élém.  de  Bot.,  175),  par  De  Can- 
dolle  [Thêor.  élément.,  y  édit.,  p.  321)  et  M.  Trécul  (voy.  Ann.  se.  nat., 
3"  sér..  t.  XX,  p.  295),  qui  les  appellent  des  vrilles  stipulaires,  et  enfin 
tout  récemment  par  M.  Lestiboudois,  qui  les  désigne  sous  le  nom  de  stipules 
cirriformes  [Comptes  rend.,  t.  XLV,  p.  79,  20  juillet  1857,  et  Bull,  de  la 
Soc.  Bot.,  t.  IV,  p.  7/»5). 

De  Candolle  n'hésite  pas  à  déclarer  que  les  stipules  n  existent  dans  au- 
cune plante  monocotylédone  [Organ.  véy. ,  I,  334)  et  la  même  opinion  est 
formellement  énoncée  par  Ach.  Richard  [Précis  de  Bot.,  p.  126).  Mais 
cette  proposition  est  sans  doute  trop  générale  ;  car  les  phytographes  signa- 
lent des  stipules  dans  les  Ruppia  et  dans  les  Potàmées  ;  des  gaines  stipu- 
laires dans  plusieurs  yiroidées  appartenant  aux  genres  Philodendron  Schott, 
Scindapsus  Schott,  Anthurium  Schott.  Quant  au  genre  Pothos,  auquel  on 
assignait  aussi  des  stipules,  il  n'a,  d'après  M.  Schleiden,  que  des  feuilles 
alternativement  inégales  [Grundz.  d.  ivissensch.  Bot.,  II,  p.  189  en  note). 
Je  ne  comprends  pas  dans  cette  énumération  la  ligule  des  Graminées,  au 
sujet  de  laquelle  les  morphologistes  sont  loin  de  s'accorder.  Il  n'en  est  pas 
moins  vrai  que  la  présence  de  stipules  est  très  rare  chez  les  Monocotyle- 
doues,  et  que,  abstraction  faite  des  Graminées  (qui  ne  sauraient  fournir  un 
argument  solide)  et  des  Potàmées,  il  n'est  pas  une  seule  famille  de  cet  em- 
branchement dans  les  caractères  de  laquelle  on  puisse  faire  entrer  l'exis- 
tence de  stipules. 

Il  parait  même  que  la  présence  de  vrilles  n'est  pas  générale  à  toutes  les 
espèces  du  genre5me/fl:r,  car ,  dans  la  description  de  ce  genre,  Kunths'exprime 

et  Bull,  de  la  Soc.  Bot.,  t.  IV,  p.  7/i4),  que  celle  vrille  fût  un  organe  semblable 
à  celle  du  Lathyrus  Aphaca  h.  Loin  d'adtaeltre  cette  comparaison,  je  la  liens  pour 
fausse,  car  la  vrille  de  celte  Légumiueuse  est  la  feuille  normale  quant  à  la 
position,  mais  seulement  presque  entièremenLréduile  à  son  système  tibro  vascu- 
laire;  tandis  que  la  vrille  des  Cucurbitacées,  analogue  à  la  première  par  ses  éléments 
anatomiques,  en  dilTère  totalement  par  la  position  et  par  sa  nature  d'organe 
dédoublé. 


986  SOCIKTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

ainsi  :  petiolia.  sœpissime  supra  basitn  bicirratis  [Verhandl.  Akad.  Wis- 
sensc/i.  211  Berlin,  1848,  p.  txO\.  «  Ordinairement,  dit  Aug.  de  Saint-Hilaire, 
une  espèce  qui  a  des  stipules  à  la  partie  inférieure  de  sa  tige  en  oflVe  dans 
toute  sa  longueur  »  [loc.  cit.,  p.  186).  Les  prétendues  stipules  des  Smilax 
feraient  exception  à  cette  loi,  car,  dans  le  .S',  aspera  L.,  elles  manquent  sou- 
vent à  certaines  feuilles  que  rien  de  plus  ne  distingue  des  autres.  Et  Labil- 

lardière,  décrivant  le  .S.  purpurata,  s'exprime  ainsi  :   Folia adultiora 

bicirrosa cirris  jimiorum  nonduni  evolutis  ;   la   même  assertion  est 

reproduite  dans  la  description  qu'il  donne  du  S.  orbimlata  [Sertum  austro- 
caied.,  p.  17  et  18). 

Ce  sont  là,  si  je  ne  m'abuse,  de  graves  objections  à  opposer  à  ceux  qui 
voient  des  stipules  dans  les  vrilles  des  Smilax. 

Y  a-t-il  plus  de  raisons  pour  considérer  ces  organes  comme  les  deux  fo- 
lioles d'une  feuille  composée  trifoliolée  ?  Je  ne  le  crois  pas. 

On  sait  combien  les  feuilles  réellement  composées  sont  rares  dans  l'em- 
branchement des  Monoeotylédones,  auxquelles  même  Aug.  de  Saint- 
Hilaire  les  refuse  [loc.  cit.,  p.  159  et  182),  et  la  famille  des  Dioscorées 
n'en  offre  pas  d'exemple. 

En  supposant  que  les  vrilles  fussent  des  folioles,  les  observations  que  je 
viens  de  présenter  forceraieiit  d'admettre  qu'une  même  plante  peut  offrir  à 
la  fois  des  feuilles  simples  (autres  que  des  phyllodes  ou  des  bractées)  et 
des  feuilles  composées,  organisation  dont  on  ne  connaît  peut-être  pas  un 
seul  cas. 

Enfin  les  vrilles  des  Smilax  ne  sont  pas  articulées  à  leur  base,  et  on  ne 
les  a  jamais  vues,  que  je  sache,  affecter  la  forme  de  stipules  ou  celle  de  fo- 
lioles. 

Par  tous  ces  motifs,  je  ne  puis  voir  dans  ces  vrilles  ni  folioles,  ni  sti- 
pules; et  je  ne  serais  pas  éloigné  de  penser  que,  parmi  les  botanistes  qui  les 
ont  rapportées  à  l'nne  ou  à  l'autre  de  ces  deux  sortes  d'organes,  tous  n'ont 
pas  eu  une  entière  conviction  de  la  vérité  de  leur  opinion.  Elles  n'appar- 
tiennent pas  plus,  selon  moi,  au  groupe  des  organes  axiles  qu'à  celui  des 
organes  appendiculaires.  Je  les  considère  comme  un  double  prolongement 
latéral  des  éléments  cellulo-vasculaires  du  pétiole.  La  présence  incontes- 
table de  trachtes  dans  ces  vrilles,  du  moins  dans  celles  du  Smilax  mauri- 
tanica  Desf.,  ne  me  parait  pas  être  un  obstacle  à  cette  interprétation.  Le 
pétiole  de  cette  espèce  m'a  offert,  au-dessous  du  point  d'origine  des  vrilles, 
quinze  faisceaux  (ibro-vascuiaires  disposés  en  un  seul  cercle  incomplet.  Il 
est  naturel  que  quel(|ues-uiis  d'entre  eu.x  se  prolongent  dans  les  vrilles. 

J'oserais  presque  dire  que  la  nature  elle-même  s'est  plu  à  faciliter  la  so- 
lution de  ce  problème  de  morphologie  végétale  ;  car  c'est  justement  dans  les 
Monoeotylédones  que  je  puiserai  des  exemples  à  l'appui  de  l'opinion  que  je 
viens  d'émettre.  On  sait  que  les  feuilles  ou  les  phyllodes  des  espèces  appar  ■ 


SÉANCE  DU   4  DÉCEMimE   1857.  ^87 

tenant  aux  genres  Flaqellnrin  et  Metimnica  se  tenuiiieiit  par  une  vrille  ;  et 
l'on  tiouveraif  encore  ntieiix,  ce  me  semble,  ranalo<;ue  de  la  feuille  des 
Sniilax  dans  les  filets  trlcuspidés  du  verticille  interne  de  l'androcée  chez 
plusieurs  espèces  ù'Allium,  telles  que  A.sativum  L.,  A.  Scorodoprasum  I.., 
A.  Porrum  L.,  etc. 

Plusieurs  morphologistes  considèrent  la  ligule  des  Graminées  comme 
formée  par  un  simple  prolongement  de  certains  des  éléments  anatomiques 
de  la  gaine.  C'est  dire  assez  qu'à  ce  point  de  vue  cet  organe  a  son  analogue 
dans  les  vrilles  des  Smilax. 

Si  mon  interprétation  des  vrilles  ùea  Smilax  est  fondée,  il  s'ensuit  1°  que 
la  distinction  admise  par  M.  de  iMohI  des  vrilles  en  deux  groupes,  celles 
qui  résullent  de  la  métamorphose  d'une  feuille  et  celles  qui  sont  dues  à  des 
tiges  ou  à  des  rameaux  transformés  (/oc.  cîL,  p.  39),  n'est  pas  complète. 

2°  Qu'on  ne  connaît  pas  de  viaies  stipules  transformées  en  vrilles,  car 
on  ne  citait  guère,  comme  exemples,  que  celles  des  Smilax  et  desCucurhi- 
tacées  (1),  et  que  dès  lors  la  division  des  vrilles  stipuléennes  (Mirbel),  sti- 
pulaires  (De  Candolle)  et  ceWe  des  stipules  cirriformes  (Lestihoudois)  doivent 
disparaître  du  cadre  de  la  glossologiejusqu'à  ce  qu'on  ait  signalé  des  vrilles 
ou  des  stipules  de  cette  nature,  si  tant  est  qu'il  en  existe. 

3°  Que  le  nom  de  vrilles  pétioléennes  [^\\\-ht\)  ou  pétiolaires  (De  Can- 
dolle, Ach.  Ricliard),  donné  par  ces  auteurs  aux  stipules  àes  Pisum,  des 
Lathyrus,  doit  s'appliquer  exclusivement  aux  vrilles  des  Smilax,  vrais 
prolongements  du  pétiole;  tandis  que  les  vrilles  des  Légumineuses,  repré- 
sentant des  folioles  ou  des  feuilles,  doivent  être  appelées,  selon  les  cas, 
vrilles  foliolaires,  vrilles  foliaires,  folioles  ou  feuilles  cirriformes. 

M.  Bâillon  fait  à  la  Société  les  oommunica-tions  suivantes  : 

EXAMEN  DES  GENRES  QUI  COMPOSENT  L'ORDRE  DES  ANTIDESMÉES,  par  M.  H.  BAILLOÎ^. 

Depuis  Endlicher,  on  a  admis  dans  l'ordre  des  Antidesmées  les  genres  : 
Antidesma  h. ,  Stilaginella  Tul. ,  Daphniphyllum  Bl. ,  Astylis  Wight,  Pyre- 
nacantha  Hook.  t\.  Adelanthus  lùidl.  M.  Lindley  y  comprend,  outre  les  An- 
tidcsma,  les  Stilago  L.  et  hs  Falconeria  Royle.  Quelques-uns  de  ces  genres 
ont  déjà  été  retirés  de  cet  ordre;  les  autres  méritent,  je  crois,  d'en  être 
aussi  retranchés  ;  je  les  passerai  successivement  en  revue. 

A,  —  [.es  Antidesma,  si  nous  nous  eu  rapportons  à  la  caractéristique 
qui  en  a  été  donnée  dans  la  monographie  de  M.  Tulasne  {Ami.  se.  nat., 
1851,  p.  182),  ont  un  calice  gamosépale  à  3-6  divisions,  un  disque  glaudu- 

(1)  Les  filaments  ramifiés  en  peigne  qui  accompagnent  les  feuilles  du  Trapa  ne. 
sont,  d'après  M.  Barnéoud  [Ann.  des  se.  nat.,  3«sér.,  t.  IX,  p.  226),  ni  des  sti- 
pules, ni  des  feuilles  modifiées,  mais  bien  de  véritables  racioes. 


988  SOCIÉTÉ    BOTAÎSIQUE    DE    PUANCE. 

leux  à  aulaïUde  lobes  qu'il  y  a  de  sépales,  lobes  alternes  avec  les  divisions 
du  calice.  L'andi-océe  est  composé  d'un  nombre  d'étamines  égal  en  général 
à  celui  des  sépales. 

Leurs  anthères  sont  biloculaires  et  extrorses,  superposées  aux  divisions 
du  calice;  les  loges  en  sont  distinctes,  réunies  au  sommet  par  un  connectif 
épais  et  obtus,  écartées  par  leur  base  et  dressées  dans  l'anthèse.  Au  centre 
de  la  fleur,  se  trouve  un  corps  central  court  et  épais. 

La  fleur  femelle  a  un  périantbe  à  3-5  divisions,  un  disque  bypogyne 
continu,  entier  ou  irrégulièrement  denté,  l/ovaire  uniloculaire  contient 
deux  ovules  pendus,  collatéraux,  coiffés  par  un  coi'ps  celluleux  émané  du 
placenta. 

Le  style  cylindrique,  très  court,  s'étale  en  trois  branches  simples  ou  bi- 
fides et  constitue  une  sorte  d'étoile  à  3-6  rayons,  dont  la  face  interne  est 
stigmatique. 

Le  fruit  est  charnu  ou  sec,  couronné  du  style  persistant;  sa  loge  unique 
est  le  plus  souvent  monosperme  par  avortement  et  la  graine  renferme  un 
embryon  aplati  au  sein  d'un  albumen  charnu  abondant. 

Un  certain  nombre  de  ces  caractères  appartiennent  à  toutes  les  Kuphor- 
biacées  : 

1°  Le  calice  est  le  même;  c'est  ce  qu'on  n'avait  pu  apprécier  jusqu'à 
présent.  On  savait  bien  que  ce  calice  portait  des  divisions  plus  ou  moins 
profondes,  mais  on  n'avait  pu  sans  doute  l'observer  assez  jeune  pour 
connaître  la  préfloraison  des  sépales,  car  elle  n'est  pas  mentionnée.  Or,  elle 
est  la  même  que  celle  de  toutes  les  Kuphorbiacées  à  loges  dispermes.  Si  le 
périanthe  est  construit  sur  le  type  k,  comme  dans  l'A.  diandrum  Roxb., 
2  sépales  sont  plus  extérieurs  et  2  alternes  avec  eux  plus  intérieurs.  La 
préfloraison  est  donc  imbriquée,  alternative.  Dans  une  espèce  nouvelle 
àWntidesma,  envoyée  au  Muséum  par  M.  Remy,  et  dont  la  fleur  est  con- 
struite sur  le  type  5,  des  échantillons  en  très  bon  état  de  conservation  per- 
mettent de  voir  que  le  calice,  dans  son  jeune  âge,  est  en  préfloraison  quin- 
conciale.  Celte  préfloraison  est  donc  la  même  avec  le  type  k  que  dans  les 
Prosorus,  les  Adenocrepis,  les  Hemicicca,  etc.,  et  avec  le  type  5  que  dans 
les  Flueggea,  ]es  Secu7'inega,  les  Phyllanthus,  etc.,  etc.,  tous  genres  qui 
appartiennent  aux  Kuphorbiacées  dispermes. 

2"  Il  y  a  dans  les  Antidesma  un  disque  de  5  glandes,  tant  dans  la  fleur 
mâle  que  dans  la  fleur  femelle,  ou  d'un  nombre  moindre,  car  il  répond  tou- 
jours à  celui  des  divisions  du  calice,  mais  lorsque  ce  disque  est  lobé,  ces 
lobes  répondent  à  l'intervalle  des  sépales.  Or,  dans  les  Cicca,  nous  voyons 
k  glandes  alternes  avec  les  h  sépales,  et  dans  les,  Fli/eggea  5  glandes  alternes 
avec  les  divisions  du  calice.  H  n'y  a  donc,  sous  ce  rapport,  aucune  diffé- 
rence entre  les  Antidesma  et  les  Kuphorbiacées. 

3°  Dans  un  Antidesma  à  fleurs  pentamères,  on  trouve  5  étamines  super- 


SKANCK    DU    h    DEC KM H UK    1857.  989 

posées  aux  srpalcs.  Dans  le  Theaicoris,  qui  est  le  premier  genre  repré- 
senté dans  la  monographie  d'Adr.  de  Jussieu,  il  y  a  aussi  5  étamines  su- 
perposées aux  sépales.  De  part  et  d'autre  les  filets  sont  libres  et  leur 
insertion  est  la  même.  La  forme  des  anthères  est  aussi  tout  à  fait  semhlable. 
On  ne  peut  pas  regarder  comme  spéciales  aux  seules  Antidesmées  ces  an- 
thères à  2  loges  en  forme  de  sac,  pendues  à  un  connectif  globuleux,  puis 
redressées  sur  celui-ci  lors  de  l'anthèse.  Cette  forme  n'apparait  pas  seule- 
ment dans  les  Antidesma^  mais  on  la  rencontre  dans  les  Thecacoris^  les 
Leptonema,  les  Mercuriales,  etc.,  toutes  plantes  euphorbiacées. 

Les  anthères  sont  exlrorses  dans  Y Antidesrna,  elles  le  sont  aussi  dans  les 
Flueggea,  dans  les  Fhyllanthus,  dans  un  très  grand  nombre  de  genres  voi- 
sins. 

h"  Il  y  a,  dans  toute  la  première  section  des  Euphorbiacées  dispermes 
d'Adr.  de  Jussieu,  un  corps  central  (pistil  rudimentaire)  que  nous  retrou- 
vons dans  les  Antidesma. 

Fleur  femelle.  —  Le  calice  ne  diffère  point  de  celui  de  la  fleur  mâle,  il 
a  la  même  préfloraison  imbriquée.  Nous  avons  vu  qu'il  existe  aussi  un 
disque  hypogyne  ;  la  seule  différence  consiste  dans  la  structure  du  pistil. 
En  effet,  les  Antidesma  sont  décrits  comme  n'ayant  qu'une  seule  loge  à 
l'ovaire,  tandis  qu'ils  ont  un  style  à  3  branches  simples  ou  doubles.  Dans 
les  Euphorbiacées,  au  contraire,  il  y  a  autant  de  branches  au  style  qu'il  y 
a  de  loges.  Ainsi  le  Macaranga,  qui  n'a  qu'une  loge,  n'a  qu'un  style  entier, 
et  le  Crotonopsis,  qui  n'a  également  qu'une  loge,  n'a  qu'un  style.  Si  ce 
style  se  bifurque  ensuite,  c'est  que,  dans  tous  les  genres  voisins  qui  ont, 
comme  l'on  dit,  3  styles,  chacun  de  ceux-ci  est  plus  tard  bifurqué.  L'étude 
organogénique  va  nous  montrer  que  V Antidesma  ne  diffère  d'une  Euplior- 
biacée  à  3  loges  que  par  un  avortement  qui  a  lieu  à  une  époque  assez 
avancée.  Sur  la  plante  recueillie  par  M.  Rem5^  et  dont  il  a  été  question 
tout  à  l'heure,  on  peut  voir  que  l'axe  de  la  fleur  femelle,  se  prolongeant 
après  avoir  porté  les  5  sépales,  produit  3  feuilles  carpellaires  superposées 
aux  sépales  1,  2  et  3. 

Il  en  résulte  3  loges,  dont  chacune  contient  2  ovules;  puis,  lorsque 
les  loges  sont  fermées,  les  3  feuilles  carpellaires  se  réunissent  et  constituent 
un  style  unique,  puis  se  séparent  de  nouveau,  de  manière  à  former  3  bran- 
ches distinctes  qui  sont  elles-mêmes  bifurquées.  C'est  en  ce  moment  que 
la  loge  antérieure  prend  rapidement  un  développement  beaucoup  plus  con- 
sidérable que  les  2  autres.  Celles-ci  s'atrophient  alors  peu  à  peu,  de  bas  eu 
haut,  de  sorte  qu'une  seule  loge  s'étend  bientôt  jusqu'à  la  base  de  l'ovaire 
et  que  le  fond  des  deux  autres  n'arrive  plus  jusqu'à  cette  base.  En  même 
temps,  ces  dernières  sont  comprimées  par  la  loge  fertile,  elles  deviennent 
étroites  et  aplaties,  et  leurs  ovules  ne  se  développent  pas.  Mais  cet  arrêt 
d'accroissement  ne  s'étend  pas  jusqu'au  sommet  des  feuilles  carpellaires  :  la 


990  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

portion  qui  constitue  les  branches  du  style  grandit  également  dans  toutes 
les  trois,  et  c'est  ainsi  que  le  style  étoile  de  V Antidesma  ne  surmonte  pas 
réellement  le  sommet  de  l'ovaire  à  l'état  adulte,  mais  doit  se  trouver  véri- 
tablement latéral  par  rapporta  lui. 

Quelle  est  la  position  des  ovules?  Us  apparaissent  à  l'angle  interne  de  la 
loge,  sont  collatéraux,  et  se  revêlent  de  deux  enveloppes.  Leur  nuceile,  qui 
d'abord  se  dirige  en  dehors  et  en  bas,  pointe  bientôt  vers  le  sommet  de  la 
loge.  Le  micropyle  s'épaissit  en  un  petit  bourrelet  au  niveau  de  l'exostome, 
et  bientôt  on  voit  une  saillie  celluleuse,  qui  semble  devoir  être  un  nouvel 
ovule,  s'avancer  du  placenta  vers  le  sommet  des  micropyles.  Ce  n'est  autre 
chose  qu'un  chapeau  de  tissu  conducteur  comme  il  s'en  produit  dans  toutes 
les  Euphorbiacées.  Bientôt  les  deux  ovules  de  Y  Antidesma,  ovules  aua- 
tropes,  suspendus,  collatéraux,  à  raphé  intérieur,  à  micropyle  tourné  en 
haut  et  en  dehors,  vont  recevoir  un  petit  bouchon  émané  de  ce  chapeau  qui 
va  s'enfoncer  dans  leur  micropyle.  Or,  c'est  absolument  ce  qui  arrive  dans 
les  Euphorbiacées  dispeimes,  qui  d'ailleurs  ont  dans  chaque  loge  le  même 
noml-re  d'ovules,  semblablement  dirigés  et  conformés. 

L'avortement  de  2  loges,  voilà  donc  ce  qui  distinguera  un  Antidesma 
d'un  Flue(jgea.  Or,  cet  avortement  est  fréquent  dans  des  plantes  que  tout  le 
monde  s'accorde  à  considérer  comme  euphorbiacées.  Ainsi  les  Drypetes  ont 
tantôt  2  loges,  tantôt  une  seule  ;  les  Hemicyclia  n'en  ont  jamais  qu'une. 
C'est  parce  qu'au  lieu  d'étudier  les  fleurs  femelles  de  V Antidesma,  on  n'a 
longtemps  examiné  que  de  jeunes  fruits,  qu'on  a  pu  y  trouver  de  grandes 
différences  avec  ce  que  présentent  les  liuphorbiacées.  Dans  les  fruits  d  An- 
tidesma, non-seulement  on  n'a  plus  qu'une  loge,  mais  encore  un  des 
2  ovules  avorte.  Je  ne  parle  pas  ici  de  la  nature  même  du  péricarpe.  Que 
l'endocarpe  soit  lisse  ou  foveolé,  que  le  mesocarpe  soit  sec  ou  charnu,  toutes 
ces  différences  se  letrouvent  dans  les  Euphoibiacées  proprement  dites. 
Ainsi,  il  y  a  un  Flueggea  xerocarpa  et  un  Flueggea  à  péricarpe  très  charnu  ; 
ainsi  l'endocarpe  du  Drypetes  est  fovéolé,  celui  du  Securincga  ne  l'est 
pas. 

La  graine  est  aussi  la  même  dans  les  deux  ordres.  Les  enveloppes  sont  en 
même  nombre,  le  périsperme  aussi  abondant  et  de  même  nature,  et  l'em- 
bryon offiela  même  conformation. 

B.  —  iM.  Tulasne  a  créé  le  genre  Stilaginella  pour  des  Antidesma  amé- 
ricains dont  les  anthères,  introrses  dans  le  bouton,  deviennent  extrorses  eu 
se  redressant  lors  de  l'épanouissement  des  Heurs.  En  outre,  leur  ovaire  est 
biloculaire  et  leur  fruit,  qui  peut  aussi  conserver  deux  loges,  a  le  péricarpe 
à  demi  charnu.  Donc  ce  fruit  est  le  même  que  celui  des  Flueggea  qui,  tels 
que  \gF.  Leucopyrus,  ont  deux  loges  et  le  péricarpe  charnu. Quant  a  la  dif- 
férence de  direction  des  anthères,  elle  existe  aussi  entre  des  genres  très 
voisins  d'Luphorbiacées  dispermcs.  Ainsi  le  Flueggea  xerocarpa  d'Adr.  de 


SÉANCE  DU  h    DKCKMHRE  1857.  991 

Jiissieu  ne  diffère  du  Securinega,  dont  les  5  anthères  sont  introrses,  que 
parce  (jne  les  siennes  regardent  le  côlé  extérieur  de  la  fleur. 

C.  —  M.  Lindiey  a  déjà  ramené  les  Putranjiva  aux  Kupliorbiacées  dis- 
permes  {Veyet.  himjd.,  édit.  2,  p.  282).  Mais  je  ne  sais  pourquoi  il  les  a 
placés  dans  sa  section  des  lUixées.  Puisqu'il  suit  la  division  proposée  par 
Adr.  de  Jussieu,  il  ne  devrait  placer  dans  ce  groupe  que  des  plantes  dont  la 
fleur  mâle  renferme  un  corps  central  (pistil  rudimentaire).  (lomme  celte 
disposition  ne  se  rencontie  pas  dans  les  Putranjiva,  il  convenait  de  les 
ranger  paimi  les  Phyllanthées.  On  y  trouve  en  effet  un  androcée  composé 
de  2-3  étamines.  Les  lllets  sont  dressés,  unis  à  leur  base  en  une  colonne 
centrale,  mais  l'un  d'eux  peut  être  complètement  libre  et  indépendant.  Les 
anllières  sont  biioculaires,  extrorses,  à  débiscence  longitudinale.  Sauf  le 
disque,  la  fleur  mâle  est  donc  à  peu  près  celle  d'un  Phi/llanthus  ou  d'un 
Xylophylla.  L'ovaire,  dans  la  fleur  femelle,  est  à  trois  loges  bi-ovulées,  mais 
dans  le  fruit  on  remarque  les  mêmes  phénomènes  d'avorlement  que  dans 
\ti  Antidesma,  les  Goug/ua,  etc. 

1^.  —  Depuis  longtemps,  on  rapproche  les  Nageia  Gaivtn.  des  Putranjiva 
et  les  deux  genres  se  suivent  dans  les  changements  successifs  de  position 
qu'on  leur  fait  subir.  S'il  s'agissait  uniquement  du  JS.  Putranjiva  Roxb.  qui, 
d'après  Wallich,  serait  son  Putranjiva  Roxburghii,  rien  ne  serait  plus  juste 
et  même  l'un  des  deux  genres  devrait  être  entièrement  supprimé;  mais  la 
description  du  genre  Nageia^  telle  que  la  donne  Gœrtner  (I,  p.  191  et  pi.  39}, 
avec  des  fleurs  mâles  tetrandres  et  un  style  a  deux  branches,  ne  se  rapporte 
guère  aux  Putranjiva^  et  tant  qu'on  n'aura  pas  examiné  la  plante  même,  il 
faut  complètement  laisser  ce  genre  parmi  les  Incertœ  sedis. 

E.  —  Le  Pyrenacantha  ne  peut  être  rapproché  des  Antidesma.  Il  n'y  a 
entre  les  deux  genres  aucune  analogie.  Quant  aux  fleurs  mâles,  les  étamines 
sont  altgrnes  avec  les  divisions  du  calice  et  la  préfloraison  de  celles-ci  est 
valvaire  {P.  volubilis  Hook.).  Il  y  a  au  centre  de  la  fleur  une  petite  saillie 
glanduleuse  conique  (ovaire  rudimentaire).  D'après  cette  description,  la 
fleur  mâle  des  Pyrenacantha  serait  une  fleur  de  Buis  avec  les  étamines  al- 
ternes aux  sépales  ;  j'ajouterai  que  les  ovules  sont  tournés  dans  le  même 
sens  que  ceux  du  Buis.  M.  Thwaites  a  insisté  sur  ce  fait  [Hook.  Jou?'n. 
1855,  p.  209).  Le  même  auteur  a  montré  que  le  genre  Astylis  Wight,  rap- 
porté aux  Antidesmées,  n'était  autre  que  \ Hernicyclia  {lac.  cit.,  p.  270  et 
Wight,  Icon.  1992). 

F.  —  Le  genre  Adelanthus  n'est  pas  plus  une  Antidesmée  que  le  genre 
précédent.  Ils  sont  d'ailleurs  tous  deux  si  voisins  l'un  de  l'autre  que  peut- 
être  ne  les  conservera-t-on  pas  comme  distincts.  Le  calice  a  quatre  divisions 
valvaires,  comme  celui  du  Pyrenacantha;  les  étamines  ont  les  filets  libres, 
les  anthères  biioculaires,  introrses;  elles  sont  alternes  avec  les  sépales,  en- 
core comme  dans  ies  Pyrenacantha  ;  au  centre  de  la  fleur  mâle  aussi  se 


992  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE   FRANCE. 

trouve  une  petite  saillie  obtuse,  chargée  ici  de  poils  blanchâtres  unciformes. 
Quant  à  la  fleur  femelle,  elle  n'a  qu'une  loge,  mais  son  style  étoile  a  plu- 
sieurs branches  qui  peuvent  faire  croire  à  un  avorteraent.  Les  deux  ovules 
que  contient  cette  loge  sont  suspendus  à  peu  près  à  son  sommet,  mais  ils 
ont,  comme  ceux  du  Pyrenucantha,  le  micropyle  dirigé  en  haut  et  du  côté 
du  placenta,  tandis  que  le  raphé  est  extérieur.  C'est  la  direction  de  l'ovule 
des  Buis,  et,  pour  compléter  la  ressemblance,  le  funicule  émet,  dans  VAde- 
lanfhus,  un  prolongement  à  lanières  étroites  et  aiguës  qui  ressemble  beau- 
coup à  un  véritable  arille.  D'où  il  faut  conclure  que  V Adelanthus  n'est  ni 
une  vraie  Antidesmée,  ni  une  vraie  Euphorbiacée.  C'est  près  des  Buxacées 
qu'il  faut  rechercher  ses  affinités,  en  même  temps  que  près  des  Phytocrene 
et  des  Gynocephalium,  comme  on  l'a  déjà  indiqué  (Decaisne,  Lindiey, 
Thwaites). 

G.  —  Les  Dophniphyllum  Bl.  [Goughia  Wight,  Gyrandra  Wall.)  sont 
aussi  placés  parmi  les  Antidesmées.  Leur  fleur  mâle  contient  un  nombre 
variable  d'étamines  remarquables  par  leur  disposition  ombelliforme  et  la 
déhiscence  de  leurs  anthères.  Quant  à  leur  fleur  femelle,  elle  n'est  connue 
jusqu'ici  qu'imparfaitement  et  son  étude  montre  que  ce  genre  ne  diffère  en 
rien  des  véritables  Euphorbiacées.  On  sait  bien  que  son  ovaire,  ordinaire- 
ment à  deux  loges  et  plus  rarement  à  trois,  contientdans  l'origine  autant  de 
fois  deux  ovules  qu'il  y  a  de  loges,  mais  on  n'a  pas  décrit  la  conformation 
de  ces  ovules.  On  n'a  pas  non  plus  déterminé  la  nature  d'organes  qui  se 
trouvent  en  dedans  du  périanthe,  à  la  base  de  l'ovaire.  Ce  sont  des  lan- 
guettes charnues,  à  sommet  aigu,  en  nombre  variable,  qui  sont  superposées 
généralement  aux  divisions  du  calice.  Les  uns  y  verront  un  disque  hypo- 
gyne,  les  autres  un  androcée  rudimentaire.  Quant  aux  ovules,  ils  sont 
pendus  et  collatéraux  5  leur  raphé  est  tourné  en  dedans,  leur  micropyle  est 
extérieur  et  supérieur,  et  ici,  comme  dans  toutes  les  lùiphorbiacées  à  loges 
bi-ovulées,  tandis  que  le  nuceile  se  prolonge  eu  un  cône  qui  sort  du  micro- 
pyle, les  bords  de  l'exostome  s'épaississent  en  un  bourrelet  circulaire  qui 
n'est  autre  chose  qu'un  rudiment  de  caroncule.  Plus  tard,  des  avortements 
successifs  peuvent  bien  réduire  le  nombre  des  loges  et  celui  des  ovules,  mais 
la  graine  reproduit  tous  les  caractères  de  celles  de  la  famille,  elle  est  sus- 
pendue et  l'embryon  foliacé  est  entouré  d'un  abondant  albumen  charnu. 

H.  —  On  sait  bien  que  les  Falconeria,  placés  par  M.  Lindiey  parmi 
les  Antidesmées,  ne  sauraient  appartenir  a  cet  ordre  (Tulasne,  loc.  cit.).  A 
aucun  âge  leurs  loges  ne  sont  bi-ovulees  ;  leur  pistil  est  tout  à  fait  celui 
d'un  Snpium.  C'est  d'ailleurs  peut-être  aussi  bien  au  Falconeria  Royie 
qu'au  Saphnn  .lacq.  qu'on  peut  rapporter  le  genre  Triadica  Lour.  Je  sais 
bien  que  Loureiro  décrit  son  Triadica  comme  ayant  des  chatons  nus,  mais 
RoyIe  a  lîguré  de  même  son  Falconeria,  et  d'ailleurs  Loureiro  ajoute  qu'où 
y  voit  des  tubercules,  qu'Adr.  de  Jussieu  suppose  avec  raison  être  des  brac- 


SÉANCE    DU    h    DÉCEMBRE    1857.  993 

tées  glanduleuses  à  la  base.  En  réalité  les  bractées-mères  des  giomérules 
mâles  sont  munies  de  grosses  glandes  latérales  elliptiques;  mais  en  outre, 
les  bractées  plus  jeunes  qui  accompagnent  les  fleurs  portent  aussi  des 
glandes;  celles-ci  se  développent  beaucoup  et  rejettent  en  dehors  les  fleurs, 
qui  forment  ainsi  une  sorte  de  couronne  circulaire  autour  d'un  amas  de 
glandes.  D'ailleurs,  par  tous  ses  caractères,  le  Falconeria  est  un  Sapium. 

I.  —  Wallich  a  donné  à  Gaudichaud  une  plante  du  jardin  de  Calcutta 
qu'il  a  nommée  Gymnobotrys  lucida  [hei^b.  Mus.  Par.).  Ce  n'est  autre 
chose  qu'un  Falconeria,  et  je  crois  même  que  c'est  le  F.  insignis,  de  sorte 
que  la  même  espèce  aurait  été  classée  par  Wallich  sous  deux  noms  diffé- 
rents, une  fois  parmi  les  Euphorbiacées,  l'autre  fois  parmi  les  Antidesmées. 

De  ce  qui  précède,  je  crois  pouvoir  tirer  les  conclusions  suivantes  : 

1"  Les  genres  Antidesma  et  Stilaginella  se  placent  parmi  les  Euphor- 
biacées, près  des  genres  Flueggea^  Securinega,  Drypetes,  etc.,  et  l'ordre  des 
Antidesmées  doit  être  supprimé. 

2"  Le  Falconeria  est  une  Sapiée,  à  peine  distincte  des  Sapium  propre- 
ment dits. 

3"  Le  Goughia  est  une  Euphorbiacée  à  loge  bi-ovulée  et  se  place  à  côté 
de  quelques  autres  genres  pléiostémonés. 

k"  Le  genre  Astylis  a  été  supprimé. 

5°  Le  Putranjim  n'est  point  une  Buxacée  5  il  doit  être  rapproché  des 
Phyllanthus. 

6°  Le  genre  Gymnobotrys  est  synonyme  de  Falconeria. 

7°  UAdelanthus  n'est  ni  une  Antidesmée,  ni  une  Euphorbiacée. 

8°  Le  genre  Pyrmacantha  rapporté  déjà  aux  Phytocrénées  n'est  que  fort 
peu  distinct  de  X'Adelanthus. 

LES  SCÉPACÉES  DOIVENT-ELLES  CONSTITUER  UN  ORDRE  PARTICULIER? 
par  m..  H.  BAILLOIV. 

M.  Liudley  admet  dans  l'ordre  des  Scépacées  les  genres  Scepa,  LepidoS' 
tachys^  Hymenocardia  et  Forestiera. 

Le  genre  Scepa,  qui  semble  être  synonyme  de  VAporosa  Bl.,  comprend 
des' plantes  dont  les  fleurs  mâles  ont  U  sépales  et  2  étaraines.  Celles-ci  sont 
superposées  à  deux  de  ces  sépales.  C'est  absolument  ce  qu'on  observe  dans 
le  genre  Hemicicca  et  dans  le  genre  Palenga  ïhw.,  ce  dernier  n'a  toutefois 
que  deux  sépales.  Tous  deux  appartiennent,  sans  contestation,  aux  Eu- 
phorbiacées, ainsi  que  le  Scepasma,  V Epistyliura,  qui  ont  des  fleurs  diau- 
dres.  Quant  à  la  fleur  femelle,  elle  a  quatre  ou  cinq  sépales  et  un  ovaire 
biloculaire  à  loges  bi-ovulées.  Les  ovules  sont  pendus,  collatéraux,  aua- 
tropes,  à  raphé  intérieur,  à  micropyle  dirigé  eu  haut  et  en  dehors,  et  les 
ovules  sont  couverts  d'un  petit  chapeau  de  tissu  cellulaire,  qui  s'avauce  du 
T.  IV.  63 


994  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

placenta.  Les  graines  sont  pourvues  d'un  arille  et  d'un  albumen.  Il  n'y 
a  donc  point  de  différence  entre  cette  fleur  femelle  et  le  fruit,  et  ceux  d'un 
Flueggea  à  ovaire  biloculairc,  sinon  que  les  Scepa  n'ont  point  de  disque 
hypogyne;  je  ne  parle  point  de  l'inflorescence  araentacée  des  Scepa^  parce 
qu'elle  caractérise  plus  de  la  moitié  des  genres  des  Euphorbiacées. 

Je  ne  crois  pas  que  le  genre  Lepidostachys  doive  être  séparé  des  Scepa  ; 
car  il  n'y  a  de  différence  que  le  nombre  des  éfamines  indiqué  comme  étant 
de  cinq  par  les  caractérisques.  Or,  le  L.  parviflora  Planch.  n'a  que  2  éta- 
mines  et  le  L.  Roxburghii  n'a  lui-même  très  souvent  que  des  fleurs  dian- 
dres.  C'est  le  nombre  2  que  je  rencontre  toujours  dans  les  échantillons  de 
la  collection  Hooker  et  Thomson  (n"  167);  et,  dans  ceux  de  l'herbier  de 
Wallich,  un  grand  nombre  de  fleurs  sont  diandres  et  d'autres  peuvent 
présenter  un  plus  grand  nombre  d'étamines.  Il  n'y  a  pas  de  différence  im- 
portante pour  la  fleur  femelle,  dont  l'ovaire  est  biloculaire,  et  dont  les 
ovules,  semblables  à  ceux  des  Scepa,  sont  coiffés  comme  eux  d'un  chapeau 
celluleux. 

M.  Tulasne  a  rapporté  le  Forestiera  aux  Oléinées.  Quant  aux  Hymeno- 
cardia,  leur  fleur  mâle  esl  tout  à  fait  celle  d'un  Antidesma,  sauf  les 
glandes;  et  quant  à  la  fleur  femelle,  elle  a  un  ovaire  à  deux  loges,  et  cha- 
que loge  contient  deux  ovules  qui  sont  pendus,  anatropes,  à  raphé  interne, 
à  micropyle  supérieur  et  extérieur.  Les  graines  sont  également  albuminées 
et  il  n'y  a  de  différence  que  le  développement  consécutif  de  la  suture  dorsale 
en  une  aile  membraneuse  qui  fait  du  fruit  une  samare. 

Les  Scépacées  se  trouvent  donc  réduites  au  seul  genre  Aporosa  Bl.,  qui 
est  une  véritable  Euphorbiacée. 

MM.  les  Secrétaires  donnent  lecture  des  communications  suivantes, 
adressées  à  la  Société  : 

VINGT-QUATRIÈME  NOTICE  SUR  LES  PLANTES  CRYPTOGAMES   RÉCEMMENT   DÉCOUVERTES 
EN  FRANCE,  par  M.  DES.llAZIÉRES  (suite  >). 

PYRENOMYCETES. 

27.  AsTEROMA  ELEGANS,  Rob.  ùi  Heib.  —  Desmaz.    PL  crypt.  sér:  2, 
n°  Û15! 

A.  caulicola.  Fibrillislaxeramosis,  brunneis,  sinuosis,  quandoquc  subin- 
flatis  a  centre  radiantibus;  ramis  ultimis  brevibus.  Pcritheciis  ignotis. 
—  Hab.  in  caulibus  exsiccatis  Polygoni  Persicariaî.  Vere. 

Cet  Asteroma  vient  principalement  du  côté  de  la  tige  de  la  Persicaire 
exposé  à  la  lumière  et  qui  a  pris  une  teinte  blanchâtre.  Ses  rosettes  sont 

(1)  Voyez  plus  haut,  page  797,  858  et  911. 


SÉANCE    DU    h    DÉCEMBIIE    1857.  995 

arrondies  ou  oblongucs et  atteignent  jusqu'à  6  et  5  millimètres  de  diamètre; 
elles  n'occasionnent  aucune  altération  sur  le  support  et  sont  plus  ou  moins 
apparentes,  suivant  la  couleur  plus  ou  moins  blonde  de  la  tige  et  suivant 
le  degré  de  ténuité  des  fibrilles.  Celles-ci  sont  distinctes  dans  toute  leur 
longueur,  divisées  eu  rameaux  de  plus  en  plus  courts,  sinueuses,  comme 
tremblées,  et,  çà  et  là,  comme  renflées.  Elles  sont  de  couleur  noisette,  quel- 
quefois brunes  et  même  tout  à  fait  noires.  Quelquefois  les  rosettes  sont  très 
nombreuses  et  alors  très  petites. 

28.  AsTEBOMA  GRAPHOiDES,  Rob.  in  Herh .  —  Desmaz.  PL  crypt.  de  Fr, 
sér.  2,  n"  ^16! 

A.  epi-  rarius  hypophyllum  et  caulicola.  Maculis  minutis  brunneis  vel 
nullis.  Fibrillis  prominulis,  intense  rufo-bruoneis,  ramosis  e  centro  radian- 
tibus;  ramis  divaricatis  brevioribus.  Peritheciis  ignotis.  — Hab.  in  foliis 
Steilariae  holosteœ.  Vere.  (Desmaz.) 

Cette  jolie  petite  espèce  est  d'autant  plus  abondante  que  les  feuilles  sont  plus 
vieilles.  Ses  rosettes  sont  très  petites  et  très  variables  quant  à  leur  forme. 
Dans  son  origine,  la  rosette  n'est  représentée  que  par  un  très  petit  trait, 
qui  émet  ensuite  deux  ou  trois  rameaux  figurant  une  petite  étoile.  Ces 
rameaux  deviennent  les  divisions  principales,  qui,  à  leur  tour,  donnent 
naissance  à  des  rameaux  courts  et  divariqués.  Les  fibrilles  sont  parfois  peu 
apparentes,  à  cause  d'une  tache  de  même  couleur  qui  s'est  produite  sur  le 
support  5  mais  une  forte  loupe  les  fait  apercevoir.  Les  rosettes  atteignent 
tout  au  plus  un  millimètre  et  demi,  mais  elles  finissent  par  se  confondre 
et  couvrent  quelquefois  la  feuille  d'un  dédale  inextricable  de  fibrilles. 

29.  AsTEBOMA  Crbasi,  I\ob.  in  Herh.  —  Desmaz.  PI.  crypt.  de  Fr.  sér.  2 
n"/il8!  ' 

A.  ampbigenum.  Maculis  sparsis  vel  approximatis,  minutis,  rotundatis 
6  fibrillis  innatis,  nigris,  ramosis.  Ramis  dichotomis  rectis  radiantibus. 
Peritheciis  non  observatis.  —  Hab.  in  foliis  siccis  Cerasi.  Hieme. 

Cet  Asteroma  n'est  pas  rare  sur  les  feuilles  du  Cerisier  commun;  on  le 
trouve  plus  ordinairement  à  la  face  supérieure  quand  les  feuilles  sont 
épaisses,  et  à  l'inférieure  quand  elles  sont  minces.  Le  diamètre  des  taches 
varie  entre  un  et  deux  millimètres.  Sur  les  jeunes  rosettes,  les  fibrilles  sont 
bien  apparentes  dans  toute  leur  longueur,  mais  sur  celles  qui  sont  plus 
développées,  elles  s'entrecroisent  et  se  confondent  de  manière  que  l'oa 
n'aperçoit  plus  à  leur  centre  qu'une  croûte  ou  tache,  les  rameaux  ne  pouvant 
plus  se  distinguer  que  sur  les  bords. 

En  adoptant  cette  espèce,  nous  ne  nous  dissimulons  pas  ses  rapports  avec 
les  Asteroma  Mespili  et  Vù^giliœ;  on  réunira  peut-être  un  jour  ces  trois 
formes  sous  un  seul  nom  spécifique.  Cependant  YAsterorua  Cerasi  nous 


996  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE   FRANCE. 

paraît  différer  des  deux  autres  par  ses  rameaux  plus  apparents,  noirs, 
droits  et  figurant  des  rayons  qui  imitent,  en  miniature,  ceux  de  certaines 
Oscillaires. 

30.  AsTEROMA  iNCOMPTUM,  Rob.  iii  Hcrb.  —  Desmaz.  PL  crypt.  de  Fr. 
sér.  2,  n"Zil9! 

A.  maculisgriseo-brunneis,  ovatis  vel  subelongatis.  Fibrillis  tenerrirais, 
ramosissimis,  sinuosis,  subintricatis,  epidermide  teetis.  Peritheciis  paucis, 
exilissimis,  globosis,  subnigris.  Ascos  non  vidl.  —  Hab.  in  fructibus  siccis 
Fraxini.  Hieme.  (Desmaz.) 

On  trouve  cette  espèce  sur  les  deux  faces  des  samares  tombées;  ses 
taches  atteignent  quelquefois  un  centimètre  de  longueur  sur  une  largeur 
moitié  moindre.  Les  fibrilles,  extrêmement  fines  et  rampant  sous  l'épi- 
derrae,  sont  très  divisées,  surtout  dans  leur  moitié  supérieure,  un  peu 
confuses  à  l'état  sec,  mais  bien  distinctes  quand  le  support  est  bumide. 

31.  AsTEROMA  FUGAX,  Rob.  iii  Herb.  —  Desmaz.  PI.  crypt.  de  Fr.  sér.  2, 
n"^  Zi20! 

A.  fungicola,  fugax.  Fibrillis  ramosis,  paucis,  innatis,  tenerrimis, 
brunneo-griseis  a  centro  radiantibus.  Peritheciis  ignotis.  (Desmaz.) 

Cet  Asteroma  a  été  trouvé,  en  été,  par  M.  Roberge,  dans  les  dunes 
d'Ouistreham  (Calvados),  sur  de  vieux  péridiums  du  Tylostoma  brumale, 
sur  lesquels  il  forme  de  très  petites  rosettes  que  l'on  ne  distingue  bien 
qu'avec  une  forte  loupe.  Ces  rosettes,  par  la  délicatesse  et  la  beauté  des 
fibrilles  qui  les  composent  lorsqu'elles  sont  fraîches,  ne  sont  comparables 
qu'à  celles  des  Asteroma  achœnarum  et  delicatulmn. 

32.  Asteroma?  PiRi,  Rob.  in  Herb.  —  Desmaz.  PL  crypt.  de  Fr.  sér.  2, 
n»  421  ! 

La  difficulté  que  nous  éprouvons  à  bien  distinguer,  à  l'état  sec,  les 
rosettes  de  cette  espèce,  nous  fait  renoncer  à  la  décrire  autrement  que  par 
la  note  dont  M.  Roberge  a  jugé  nécessaire  de  l'accompagner  en  nous 
adressant  ses  échantillons.  Voici  cette  note  :  «  Cette  espèce  se  développe, 
en  hiver,  sur  les  vieilles  feuilles  du  Poirier;  il  s'en  faut  bien  qu'elle  soit 
commune,  et  il  faut  une  grande  attention  et  une  forte  loupe  pour  la  distin- 
guer sur  les  taches  brunâtres,  éparses  et  rares  qui  se  remarquent  sur  ces 
feuilles;  encore  ces  taches  n'offrent-elles  bien  souvent  aucune  trace  de 
['Asteroma.  Les  rosettes  sont  peu  régulières  et  ont  de  un  à  deux  millimètres 
de  diamètre;  les  fibrilles  qui  les  composent  sont  d'un  noir  un  peu  luisant, 
rameuses,  flexueuses,  entrecroisées,  un  peu  renflées  à  leur  extrémité,  sou- 
vent distinctes  dans  toute  leur  longueur,  mais  quelquefois  serrées  au  centre 


sKAiscr,  m    /i  Dr.cKMimf',   1857.  997 

des  rosettes,  de  manière  à  formel' comme  une  croûte  noire,  continnc.  .le  n'y 
remarque  point  de  spliérules.  » 

33.  Stiomatea  Potentill.'E,  Fr.  Summ.  veget.^  p.  ^22.  —  Desmaz.  PL 
crypt.  de  Fr.  sér.  2,  n"  S;")?! — fhthidea  Potentill"\  Fr.  Sijst.  mtjc,  2, 
p.  563. 

St.  epi-  rarius  hypophylla.  Peritheciis  minutissimis,  innato-prominulis, 
globosis,  nigris,  nitidis,  iiirtis,  nervisequis,  seriatis,  albofarctis,  poroapertis. 
Ascis  clavatis,  grossis;  sporidiis  4-5,  oblongis  subpiriformibus. —  Hab.  ad 
folia  viva  Potentillaî  Anserinaî.  Autumno. 

La  découverte  du  Stigmatea  Potentillœ ,  faite  par  M.  Bouteille  eu 
octobre  1854,  dans  les  environs  de  Magny-en-Vexin  (Seine-et-Oise), 
assurant  désormais  à  celte  espèce  sa  place  dans  la  llore  cryptogamique  de 
France,  nous  a  permis  d'en  donner  une  description  complète,  en  étudiant 
plus  particulièrement  sa  fructification.  Les  thèques  claviformes  et  grosses 
ont  de  0"'"',04  à  0'""',05  de  longueur,  et  renferment  quatre,  quelquefois 
cinq  sporidies  presque  piriforraes,  d'un  vert  olive  pâle,  et  longues  d'environ 
Qmm  QI5  j^gg  périthéciums  s'ouvrent  par  un  pore  facile  à  constater  lorsqu'ils 
sont  humectés;  ils  n'ont  pas  plus  de  0""",15  de  grosseur  et  sont  hérissés, 
surtout  à  leur  base,  de  gros  poils  noirs,  droits  et  roides,  de  0'""',025  à 
0""",035  de  longueur. 

• 
34.  Nectria.  Pezîza,  var.  minor,  in  pagina  antica  superna  frondis  Pelti- 

gerœ  caninœ,  Desmaz.  PL  crypt.  de  Fr.  sér.  2,  n»  371  ! 

Ce  Pyrénomycète  ne  nous  paraît  différer  du  type  auquel  nous  le  rappor- 
tons qu'en  ce  qu'il  est  plus  petit  dans  toutes  ses  parties.  !\L  Roberge,  qui  l'a 
trouvé  dans  les  dunes,  sous  Ouistreham  (Calvados),  en  septembre  1852,  n'était 
pas  éloigné  de  le  réunir,  comme  nous,  au  Sphœria  Peziza  Tode,  puisqu'en 
nous  l'adressant,  il  dit  que  «  ce  petit  être  a  beaucoup  d'analogie  avec  cette 
espèce,  si  ce  n'est  elle.  »  Les  périthéciums  n'ont  pas  plus  d'un  quart  de 
millimètre  de  diamètre,  et  leur  villosité  blanche,  presque  pulvérulente, 
diminue  peu  à  peu  et  finit  par  disparaître  presque  tout  à  fait.  Les  theques 
sontoctosporeset  mesurent  environ  0"'"',06;  les  sporidies  ellipsoïdes  0°"",01. 
Ces  dernières  nous  ont  paru  renfermer  constamment  quatre  sporules  semi- 
opaques  ;  mais,  dans  le  Nectria  Peziza  type,  leur  nombre  varie  de  deu\  à 
quatre,  et,  le  plus  souvent,  on  n'en  trouve  que  deux.  La  variété  minor  ?,e 
trouve  quelquefois  en  société  du  Nectria  Robergei,  dont  il  va  être  question 
ci-après,  et  du  Scatula  Wallrothi  Tn\.;  il  ne  faut  pas  la  confondre  avec 
le  Sphœria  af/ïnis  Grev, ,  qui  se  développe  sur  V Ephebe  pubescens  et  qui  a 
quelque  ressemblance  avec  elle.  Celte  dernière  espèce  appartient  aussi  à 
la  flore  cryptogamique  de  France,  et  nous  l'avons  décrite  dans  notre 
notice  xxiii. 


998  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

35.  Nectria  pyrochroa,  Desmaz.  PL  cnjpt.  de  Fr.  sér,  2,  n"  372! 

N.  amphigena ,  minuta.  Peritheciis  sparsis,  superficialibus,  globosis, 
membranaceis,  mollibus,  furfuraceis,  rubro-aurautiacis,  siccis  applanatis 
vel  concavis.  Ostiolo  glabro,  brunneo,  late  conico,  obtuso.  Ascis  amplis, 
clavato-ventricosis,  cito  resorptis -,  sporidiis  octonis?  byaliiiis,  fusifoi- 
mibus,  subarcuatis,  utrinque  obtusiusculis.  Sporulis  3.  —  Hab.  in  foliis 
emortuis  Platani.  Autumno.  (Desmaz.) 

Les  feuilles  de  Platane  mortes  accidentellement,  c'est-à-dire,  attachées  à 
des  rameaux  rompus  en  pleine  végétation,  produisent,  sur  l'une  ou  l'autre 
face,  rarement  sur  les  deux  à  la  fois,  cette  très  jolie  petite  espèce.  Ses  indi- 
vidus sont  à  peine  rapprochés  en  groupes  étalés,  presque  épars  et  dispersés 
sur  des  portions  considérables  du  support,  auquel  ils  n'adhèrent  que  par  un 
point  marqué  sur  la  feuille  par  une  petite  impression  brune,  visible  lors- 
qu'on les  en  a  détachés.  Les  périthéciums  ont  environ  un  quart  de  milli- 
mètre de  grosseur;  ils  sont  couverts  de  granules  furfuracés,  et  leur  couleur, 
d'un  rouge  un  peu  orangé,  quelquefois  sale,  pâlit  par  l'humidité.  Les  thè- 
ques  ont  0""", 075  à  0""",10  de  longueur  et  leur  plus  grande  épaisseur  est  de 
0""",025.  Nous  n'avons  pu  observer  leur  double  membrane,  mais  il  nous  a 
été  possible  de  remarquer  constamment  le  rapprochement  et  la  disposition 
des  sporidies,  comme  si  elles  avaient  encore  été  contenues  par  ces  mem- 
branes qui  doivent  être  résorbées  de  bonne  heure.  Les  sporidies  mesurent 
en  longueur  0'"'",05  à  0""",06  et  en  épaisseur  0"'"\0075.  Les  trois  sporules 
qu'elles  renferment  les  font  paraître  comme  si  elles  étaient  munies  de  trois 
cloisons  bien  distinctes.  Nous  ne  saurions  mieux  comparer  les  formes  de 
cette  fructification  qu'à  celles  du  Sphœria  fluvida  (Corda,  Icon.  fung. 
tora.  IV,  fig.  117),  avec  lequel  notre  espèce  a  plus  d'un  rapport. 

36.  Nfxtria  carnea,  Desmaz.  PL  crypt.  de  Fr.  sér.  2,  n"  373  ! 

N.  hypophylla,  minutissima.  Peritheciis  superficialibus,  gregariis  vel 
spnrsis,  membranaceis,  mollibus,  rubello-carneis  vel  ilavidis,  globosis, 
subhyalinis,  breviter  hirsutis,  collabescendo  concavis.  Ostiolo  subtilissimo, 
glabro,  pertuso.  Ascis  subclavatis,  rectis  vel  arcuatis;  sporidiis  octonis, 
oblongis;  sporulis  3-4,  subopacis.  —  Hab.  in  foliis  siccis  Caricis  et  Buxi. 
iïlstate. 

Cette  très  petite  espèce  a  été  trouvée,  par  M.  Roberge,  à  la  face  infé- 
rieure des  feuilles  mortes  par  accident  d'un  Carex  et  du  Buis  :  sur  les  pre- 
mières, elle  est  assez  souvent  en  compagnie  de  notre  Psilonia  Pellicida,  et 
sur  les  feuilles  du  Buis  elle  est  accompagnée  de  plusieurs  autres  petits  cryp- 
togames. Les  périthéciums  affaissés  ressemblent  si  bien  aux  cupules  d'une 
Pézize  qu'il  faut  beaucoup  d'attention  pour  ne  pas  placer  dans  ce  genre  le 
petit  être  dont  il  est  ici  question  ;  ils  n'ont  pas  plus  d'un  cinquième  ou  d'un 
sixième  de  millimètre  de  diamètre,  et  leur  couleur,  lorsqu'ils  sont  frais,  est 


SÉANCE  DU  h    DÉCKMBRK  1857.  999 

d'un  rouge  de  feu,  tirant  quelquefois  sur  le  jaune,  quelquefois  sur  la  couleur 
de  chair;  mais  ils  pâlissent  par  la  dessiccation,  et  surtout  dans  les  herbiers 
après  quelques  années.  Le  duvet  dont  ils  sont  hérissés  est  blanchâtre  et 
très  court.  Les  thèques  ont  environ  0""",OZi  de  longueur  et  se  terminent 
quelquefois  insensiblement  en  pointe  obtuse.  Les  sporidies  mesurent  0""", 01 
de  longueur  et  leur  épaisseur  est  quatre  à  cinq  fois  moins  considérable. 

37.  Nectuia  Robergei,  Mont,  et  Desmaz.  —  Dcsmaz.  PL  crypt.  de  Fr. 
sér.  2,  n"374! 

N.  thallicola,  erumpens,  minuta.  Peritheciis  immersis,  gregariis,  roseis, 
ovoideis,  mollibus,  epidermidestellatim  rumpenteapplicatis.  Ostiolo  crasso, 
obtuso,  subrubro,  nucleo  pallide  roseo.  Ascissubclavatis;  sporidiis  octonis, 
ovoideis,  vel  ovoideo-oblongis  ;  sporulis  2,  subsemiopacis.  —  Hab.  iu 
pagina  superna  frondis  Peltigerœ  canina;.  Autumno  et  hieme. 

M.  Roberge,  à  qui  nous  dédions  cette  espèce  nouvelle,  en  a  fait  la  décou- 
verte, eu  avril  18^3,  sur  un  vieil  Orme,  dans  le  parc  'de  Lébisey,  puis  sur 
les  dunes,  au-dessous  de  Colleville-sur-mer  et  d'Ouistreham  (Calvados),  en 
octobre  1852.  Elle  se  développe  à  la  face  supérieure  du  Lichen,  rarement  à 
l'inférieure,  et  les  endroits  qu'elle  occupe  ont  pris  une  teinte  blanchâtre, 
quelquefois  rougeâtre,  et  sont  plus  ou  moins  altérés.  Les  groupes  de  péri- 
théciums  sont  d'abord  distincts,  puis  confluents  en  s'étendant  sur  une  grande 
partie  du  support.  Ils  sont  d'abord  nichés  sous  l'épiderme,  tantôt  solitaires, 
le  plus  souvent  trois  ou  quatre  ensemble,  et  même  davantage.  Ils  déchirent 
l'épiderme  en  étoile,  et  les  trois  ou  quatre  lanières  triangulaires  et  blanches 
qu'ils  y  produisent,  restent  appliquées.  Le  diamètre  de  ces  périthéciums  est 
d'un  cinquième  à  un  quart  de  millimètre  ;  quand  ils  sont  humides,  on  di- 
rait de  petites  gouttelettes  de  sang.  Les  thèques  ont  0""", 08  de  longueur;  les 
sporidies  0""",01  et  quelquefois  plus. 

Il  ne  faut  pas  confondre  cette  espèce  avec  le  Nectria  affinis  [Sphœria, 

Grev.),  qui  vient  sur  VEphebe  jmbescens;  il  y  a  entre  ces  deux  cryptogames 

cette  différence  essentielle  que  le  nôtre  se  développe  dans  le  thalle  dont  il 

perce  l'épiderme  pour  paraître  au  dehors,  tandis  que  l'espèce  de  l'auteur 

écossais  est  superficielle  et  est  entourée  à  la  base  d'une  villosité  blanche.  Sa 

fructification,  du  reste,  est  tout  à  fait  différeiite  et  pourrait  donner  lieu  à 

l'établissement  d'un  genre  nouveau  (Voy.  la  description  que  nous  en  avons 

donnée  dans  notre  notice  xxiii). 

{La  fin  à  la  prochaine  séance.) 

NOTE  SUR  LE  CH.ETOMIVM  CHARTARUM  Ehrenb.,  par  W.  Louis  de  BROIVUEAU. 

(Reignac  près  Agen  ,  28  novembre  1857.) 

Les  espèces  du  genre  Chœtomium  Kunze,  fort  difficiles  à  caractériser 
d'une  manière  précise,  paraissent  se  confondre  dans  un  même  type,  dont 


1000  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

les  modifications  seraient  dues  à  des  circonstances  locales  ;  ce  type  est  le 
Conoplea  atra  Pers.  [Chœtoiniuin  atrum  Link.). 

Me  bornant  au  Chœtomium  chartarum  seul,  j'ai  observé  que  le  degré  de 
putréfaction  qu'a  subi  le  papier  sur  lequel  il  se  développe,  fait  varier  sa 
forme,  sa  grandeur  et  la  quantité  de  filaments  qui  recouvrent  son  peridium  ; 
sur  le  papier  presque  sain,  seulement  humide,  sa  taille  est  fort  exiguë,  les 
filaments  fort  rares,  tandis  que  sur  les  basanes  et  les  cartons  putréfiés 
qui  recouvrent  les  livres  très  humides,  où  il  se  développe  abondamment, 
il  prend  plus  d'accroissement,  et  parait  se  confondre  avec  le  Chœtomium 
atrum.  Quant  aux  sporules,  il  y  a  peu  de  différence  entre  les  deux  espèces. 

Je  n'insisterai  pas  davantage  sur  les  circonstances  qui  peuvent  modifier 
la  forme  des  espèces  de  Chœtomium,  le  but  principal  de  ma  note  étant  de 
montrer  une  erreur  qui  me  semble  avoir  été  commise  par  M.  Ehrenberg. 
Cet  illustre  savant  admet  au  nombre  des  caractères  distinctifs  de  son  Chœ- 
tomium chartarum,  la  tache  jaune  qui  entoure  les  peridium  ;  j'ai  observé 
avec  soin  cette  tache,  et  voici  le  résultat  de  mon  expérience. 

Ayant  répandu  sur  du  gros  papier  gris  d'enveloppe,  placé  dans  une  boite 
close,  entre  des  couches  de  mousse  humide,  des  sporules  de  Chœtomium  atrum 
Link.  [Conoplea  atra  Pers.),  il  s'est  bientôt  formé  sur  le  papier  des  taches 
jaunes,  sur  lesquelles  ont  apparu  plus  tard  des  peridium  semblables  à  ceux 
qui  m'avaient  fourni  les  spores. 

J'ai  voulu  ensuite  bien  connaître  la  nature  de  ces  taches;  sur  le  papier 
encore  peu  détérioré,  elles  paraissent  comme  une  simple  altération  de  la 
couleur  grise  ;  à  mesure  que  la  putréfaction  s'accroît,  ces  taches  s'épaissis- 
sent et  deviennent  tomenteuses  et  pulvérulentes. 

Alors,  en  maintenant  la  plante  en  observation  dans  les  conditions  éminem- 
ment favorables  à  la  végétation  byssoïde,  savoir  :  humidité,  manque  de 
lumière  et  d'air,  j'ai  obtenu  le  maximum  de  développement  ;  les  taches  se 
sont  couvertes  de  longs  filaments  entrecroisés,  noueux,  articulés;  puis  ces 
flocons  se  sont  condensés,  et  le  centre  des  touffes,  devenu  plus  compacte, 
s'est  rempli  de  nombreuses  sporules  rondes. 

On  reconnaît  ici  la  végétation  des  Sporotrichum ;  en  effet,  en  comparant 
les  taches  pulvérulentes,  byssoïdes,  jaunes,  avec  les  échantillons  de  Tricho- 
derma  flavum  que  je  dois  à  l'obligeance  de  feu  mon  ami,  l'illustre  myco- 
logue Persoon,  j'ai  reconnu  une  identité  parfaite;  or  Greville  a  regardé  la 
plante  de  Persoon  comme  un  Sporotrichum  (Pers.  in  litteris). 

D'après  ces  observations,  je  crois  devoir  conclure  que  les  taches  jaunes 
qui  entourent  les  peridium  du  Chetomium  chartarum  Ehrenb.  ne  peuvent 
être  considérées  comme  une  sorte  de  thallus  propre  à  la  plante,  et  qu'elles 
appartiennent  réellement  plutôt  à  un  Sporotrichum  qu'à  un  Trichoderma. 
D'ailleurs,  les  taches  manquent  souvent  à  l'égard  du  Chœtomium  gelati- 
nosum  Ehrenb.  Je  dirai  que  tous  les  Chœtomium  que  j'ai  observés  dans 


SÉANCE    DU    II    DKCRMHRi:    1857.  1001 

leur  premiei"  développement  m'ont  paru  d'une  substance  transparente,  gé- 
latineuse, de  couleur  d'abord  grise,  puis  noire;  ceci  semble  confirmer  les 
doutes  du  célèbre  Fries  sur  la  validité  de  l'espèce  d'Ehrenberg. 

RECHERCHES  SUR  QUELQUES  PLANTES  ALIMENTAIRES  DE  TAHITI  (Iles  delà  Soeiëlé), 

par  ra.  Jules  LÉPII^E. 

(Pondichéry,  mai  1857.) 

Pendant  un  séjourdequelquesannéesdansl'ilede  Tahiti,  j'ai  étudié  laflore 
de  ce  pays  et  me  suis  livré  à  quelques  recherches  sur  les  plantes  employées 
à  l'alimentation  des  naturels  ;  ce  travail,  fait  sur  les  lieux  en  1847,  n'a  pas 
été  publié  par  suite  d'une  absence  assez  longue  de  France,  et  si  aujourd'hui 
je  viens  en  soumettre  quelques  extraits  à  l'appréciation  de  la  Société,  c'est 
qu'il  m'a  paru  utile,  en  présence  "de  la  rareté  des  substances  alimentaires 
en  Europe,  d'appeler  l'attention  sur  des  plantes  dont  plusieurs  sont  sus- 
ceptibles d'être  naturalisées,  surtout  dans  l'Algérie  et  dans  nos  colonies  des 
Antilles. 

I.  Artocarpus  incisa  L.  var.  Maohi  N.  (nom  tahitien  Maïoré). —  L'Arbre 
à  pain  est  un  grand  arbre  indigène  à  Tahiti  et  dans  presque  tous  les  archi- 
pels de  la  Polynésie;  on  le  trouve  aux  Moluques,  aux  îles  de  la  Sonde, 
dans  la  Malaisieoù  les  Malais  le  nomment  Rima;  il  a  été  introduit  à  Mada- 
gascar, aux  iles  Maurice  et  de  la  Réunion,  dans  les  Antilles,  et  partout  il 
s'est  naturalisé.  A  Tahiti,  11  vient  naturellement  dans  un  terrain  argileux 
et  profond,  à  peu  de  distance  de  la  mer  et  dans  les  vallées;  il  ne  s'élève 
pas  sensiblement,  et  c'est  à  peine  si|  l'on  en  rencontre  quelques  pieds  dans 
les  gorges  des  montagnes  à  3-600  mètres.  Le  bois  est  peu  coloré,  à  tissu 
lâche  et  un  peu  spongieux,  il  est  employé  dans  la  construction  des  maisons 
et  des  pirogues;  l'écorce  est  fibreuse,  et,  dans  quelques  iles,  elle  sert  à  fabri> 
quer  des  étoffes  grossières.  Le  fruit,  nommé  ourou,  se  mange  cuit;  pris 
avant  sa  maturité,  il  est  très  féculent;  lorsqu'il  est  mûr,  il  acquiert  un  goût 
acide  et  sucré.  Pour  le  conserver,  on  l'enterre  dans  des  fosses  où  on  le  fait 
fermenter.  Cet  aliment  porte  le  nom  de  tioho.  On  fait  deux  récoltes  par 
année  des  fruits  de  l'Arbre  à  pain;  chaque  récolte  dure  quatre  mois. 

Les  naturels  multiplient  V Artocarpus,  soit  en  transplantant  des  portions 
de  racines  horizontales  sur  lesquelles  se  sont  développées  de  jeunes  pousses, 
soit  en  plantant,  pendant  la  saison  des  pluies,  dans  des  trous  de  0™,50  de 
profondeur,  des  branches  de  2  mètres  de  longueur,  que  l'on  a  la  précaution 
de  préserver  du  soleil  en  les  enveloppant  de  nattes  ou  d'herbes  sèches. 

Les  Tahitiens  distinguent  trente-deux  variétés  de  l'Arbre  à  pain;  ces  va- 
riétés sont  établies  d'après  la  forme  des  feuilles  et  du  fruit;  les  voici  avec 
les  noms  tahitiens  : 

1.  Maohi.  Feuilles  à  4-5  segments  de  chaque  côté,  segments  s'arrétant  à 


1002  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

3-4  centimètres  de  la  nervure  médiane.  Fruit  orbiculaire,  surface  lisse. 

2.  Paëa.  Feuilles  pyramidales,  à  segments  moins  profonds  que  dans  le 
Maohi,  et  diminuant  de  profondeur  du  sommet  à  la  base  de  la  feuille,  l'im- 
paire très  large.  Fruit  oblong,  surface  à  tubercules  prismatiques. 

3.  Pouëro.  Feuilles  entières  munies  de  quelques  dents  au  sommet.  Fruits 
comme  ceux  du  3Iaohi.  JXave. 

h.  7'afara.  Feuilles  très  découpées.  Fruit  oblong,  très  volumineux; 
styles  persistants  et  se  développant  avec  le  fruit,  qui  paraît  hérissé  de 
pointes.  Variété  peu  estimée. 

5.  Fpéa.  Feuilles  peu  découpées.  Fruit  orbiculaire,  lisse. 

6.  Mttiré.  Feuilles  très  découpées,  segments  étroits  s'arrêtant  à  un  cen- 
timètre de  la  nervure  médiane.  Ces  feuilles  ressemblent  à  celles  du  Poly- 
podium  nommé  Maïré,  d'où  est  venu  le  nom  de  cette  variété. 

7.  Atiati.  Feuilles  presque  entières.  Fruit  orbiculaire,  lisse. 

8.  Epéti,  Feuilles  peu  découpées.  Fruit  orbiculaire,  styles  persistants, 

9.  Amaë.  Feuilles  ressemblant  à  celles  du  Maohi,  le  fruit  est  plus  gros 
que  dans  cette  dernière  variété  et  à  styles  persistants. 

Nous  n'avons  pu  vérifier  les  caractères  des  autres  variétés  et  nous  les 
donnons  d'après  le  dire  des  Tahitiens. 

10.  Aravei.  — 11.  Erorou.  —  12.  Avei.  —  13.  Mahani.  —  \h,  Fati.  — 
15.  Aoutia.  —  16.  Rare.  — 17.  Fafaï.  —  18.  Pouponou.  — 19.  Poutia. 
— •  20.  Fafatea.  —  21.  Maaroaro.  ~  22.  Toutanou.  —  23.  Epouhi.  — 
1k  Tao.  —  25.  Toupaïtaa.  —26.  Huvaë.  —  27.  Evété.  —  28.  Emouci. 
—  29.  Otéa.  —  30,  Péetia.  —  31.  Oviri.  —  32 

L'analyse  des  fruits  de  l'Arbre  à  pain  m'a  conduit  aux  résultats  suivants: 


Fruit  pris  avant  la  matuiité  (1). 

Eau 59,000 

Fécule  (2) 16,650 

Matière  grasse,  grise 0,075 

Mucilage 0,300 

Albumine 0,300 

Gomme 0,250 

Extrait  sucré 1,550 

Exlraclif  sec,  rouge  marron.  .  0,125 

Fibres  amylacées  (3) 21,750 


Fruit  pris  à  la  maturité. 

Eau 57,000 

Fécule 13,200 

Matière  grasse,  grise 0,110 

Mucilage 2,200 

Albumine 0,650 

Gomme 0,230 

Extrait  sucré 6,100 

Exlraclif  sec,  brun  marron  ,  .  0,lûO 

Fibres  amylacées 19,060 

Acide  peclique 1,300 


(1)  Les  calculs  sont  faits  pour  100  grammes  de  plante  fraîche.  Même  observa- 
tion pour  les  cendres. 

(2)  Dans  cette  analyse  et  dans  celles  qui  suivent,  la  fécule  a  été  isolée  en  déchi- 
rant la  pulpe  du  fruit  et  par  des  lavages  à  Teau. 

(3)  Sous  ce  nom  nous  désignons  la  cellulose  impure  qui  relient  encore  beaucoup 
de  fécule. 


SÉANCE    DU    II    DÉCEMBRE   1857,  1003 

Composition  des  cendres  du  fruit. 

Carbonate  dépotasse,  sulfate  de  potasse,  sous-phosphate  de  soude.      0,500 

Silice 0,0/i5 

Phosphate  de  chaux,  carbonate  de  magnésie 0,355 

II.  Convolvulus  fiatatas  L.  (nom  tahitien  Oumara.)  —  La  Patate  douce 
n'est  pas  indigène  à  Tahiti  ;  les  naturels  en  cultivent  deux  variétés,  qui  dif- 
fèrent l'une  de  l'autre  par  les  feuilles  plus  ou  moins  découpées  et  par  la  cou- 
leur des  tubercules,  rougeâtre  dans  une  variété  et  jaune  pâle  dans  l'autre. 
Les  tubercules  sont  arrondis,  allongés,  du  poids  de  3-^00  grammes.  La 
culture  de  cette  plante  diffère  peu  de  celle  de  la  Pomme  de  terre  en  France. 
On  peut  faire  deux  récoltes  par  année.  Ce  tubercule  ne  se  conserve  que 
quelques  mois.  Les  feuilles  de  cette  plante  sont  mangées  comme  celles  des 
Épinards. 

Voici  la  composition  des  tubercules,  pris  après  la  floraison  de  la  plante* 

Eau 76,000 

Fécule 7,616 

Mucilage 0,200 

Gluten 0,150 

Albumine 0,600 

Gomme 1,000 

Acide  pectique 0,ùi6 

Extrait  sucré 1,500 

Matière  résineuse  jaune 0,133 

Fibres  amylacées 12,3/|5 

Composition  des  cendres. 

Sulfate  de  soude,  carbonate  de  soude,  chlorure  de  sodium .  .  .  0,550 

Silice 0,050 

Sulfate  de  chaux,  phosphate  de  chaux,  carbonate  de  magnésie.  0,250 

IIL  Fougères  alimentaires.  —  Deux  plantes  de  la  famille  des  Fougères 
peuvent  être  classées  parmi  les  végétaux  alimentaires  du  pays:  l'une,  appelée 
Para  et  qui  appartient  au  genre  Marattia,  ne  se  trouve  que  sur  quelques 
points  de  l'ile,  et  ne  commence  à  paraître  qu'à  11-1200  mètres.  Cette 
espèce  est  plus  estimée  que  la  suivante,  nommée iVae;  celle-ci  commence  à 
paraître  vers  800  mètres,  et  toutes  les  deux  atteignent  une  altitude  d'environ 
2000  mètres. 

Le  Naé  (1)  a  des  racines  tuberculeuses  pesant  2-k  kilogrammes,  garnies 

(1)  M.  Lépine  n'a  pas  indiqué  le  nom  botanique  de  cette  Fougère.  Il  est  pro- 
bable que  c'est  VAngiopteris  evecta  HofTm.,  dont  Endlicher  dit  dans  son  Enchiri- 
dion  (p.  /t2)  :  rhizoma  a  Sandwicensibus  {quitus  vulgo  Nehai)  comeditur. 

{Note  du  secrétaire  de  la  Commission  du  Bulletin.) 


1004  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DR    FRANCE. 

de  nombreuses  fibres  radicales  et  d'écaillés  charnues  noires  extérieurement, 
de  forme  triangulaire,  blanches  à  l'intérieur  ainsi  qu'a  la  racine  qui  est 
marquée  de  points  jaunes  dus  à  des  fibres  ligneuses  traversant  la  masse.  Sa 
racine  et  les  écailles  ont  une  saveur  fade,  un  peu  âpre.  Les  naturels  man- 
gent les  racines  et  les  écailles  charnues  après  les  avoir  fait  cuire.  Il  m'a  paru 
intéressant  de  comparer  la  composition  de  cet  aliment  avec  celle  des  autres 
plantes  alimentaires,  et  j'en  ai  fait  l'analyse. 

Composition  de  la  racine  de  Naé. 

Eau 62,500 

Mucilage 11,200 

Albumine 0,080 

Extrait  brun  chocolat 1,500 

Matière  résineuse  brune 0,055 

Tannin 0,075 

Fécule  (obtenue  par  décoction) 2,300 

Fibres  amylacées 22,290 

Les  écailles  diffèrent  de  la  racine  par  une  quantité  moindre  de  mucilage, 
l'absence  de  tannin  et  une  plus  grande  quantité  d'eau. 

Composition  des  cendres. 

Carbonate  de  soude,  sulfate  de  soude,   chlorure  de  sodium, 

chlorure  de  magnésium 0,600 

Silice 0,050 

Phosphate  de  chaux,  carbonate  de  magnésie 0,450 

IV.  Tacca  pinnatifida  Forst,  (nom  tahitien  Pia.)  —  Le  Tacca pinnatifida, 
plante  de  la  famille  des  Taccacées,  se  trouve  aux  îles  de  la  Société,  aux 
Moluques  et  dans  la  plupart  des  îles  de  la  Polynésie.  Il  croit  naturellement 
dans  les  vallées,  sur  les  collines  peu  élevées,  à  l'ombre  des  arbres  et  des 
arbrisseaux.  La  récolte  s'en  fait  en  mars  et  avril.  Les  hampes,  privées  du 
parenchyme  vert,  donnent  une  paille  très  blanche  qui  est  employée  à  con- 
fectionner des  chapeaux.  La  fécule  qu'on  retire  des  tubercules  et  qui  donne 
un  des  aroow-roots  du  commerce  est  employée  par  les  Tahitiens  pour 
empeser  le  linge;  ils  la  mangent  aussi  délayée  dans  l'eau  bouillante  et  le  lait 
de  coco. 

Les  tubercules  du  Tacca  pèsent  100-200  grammes,  ils  sont  blanc  jau- 
nâtre à  l'extérieur,  blancs  à  l'intérieur,  arrondis,  allongés,  à  base  aplatie, 
d'une  saveur  fade,  couverts  de  fibres  radicellaires  grêles  et  écartées  les 
unes  des  autres  d'un  centimètre.  Du  tubercule  adulte  partent  des  prolon- 
gements tuberculeux,  d'abord  minces  et  arrondis  à  leur  extrémité,  qui 
grossit  et  constitue  plus  tard  un  nouveau  tubercule. 


SÉANCE   DU    II    DÉCEMBRE   1857.  1005 

Composition  des  tubercules. 

Eau 50,500 

Fécule 29,350 

Gluten 0,130 

Albumine 1,100 

Gomme. î" 0,255 

Mucilage 0,050 

Extrait  amer  (soluble  dans  l'eau) 2,250 

Extrait  amer  (soluble  dans  l'alcool) 0,065 

Matière  résineuse  jaune  brun 0,0/|0 

Fibres  amylacées 10,260 

Composition  des  cendres. 

Sulfate  de  soude,  carbonate  de  soude,  chlorure  de  sodium .  .  .  0,350 

Silice 0,060 

Phosphate  de  chaux,  carbonate  de  chaux,  carbonate  de  ma- 
gnésie    0,Z|Zi0 

V.  Musa  (nom  tahilien  Féi).—  Le  Bananier  Féi  forme  aux  îles  de  la  So- 
ciété, et  particulièrement  à  l'ile  de  Tahiti,  de  véritables  forêts;  on  le  trouve 
dans  le  fond  des  vallées,  dans  les  gorges  et  sur  les  flancs  des  montagnes.  Il 
disparaît  vers  1000-1200  mètres.  Le  fruit  est  la  principale  ressource  ali- 
mentaire des  naturels,  pendant  les  quatre  mois  de  l'année  où  les  fruits  de 
de  l'Arbre  à  pain  manquent.  Les  bananes  se  mangent  cuites  et  à  deux  de- 
grés de  iTiaturité  :  lorsque  l'extrémité  du  fruit  commence  à  jaunir,  elles  sont 
farineuses  et  c'est  dans  cet  état  que  les  Tahitiens  en  font  la  plus  grande 
consommation;  plus  tard,  en  mûrissant,  elles  deviennent  jaune  rougeâtre 
et  sont  alors  très  sucrées  ;  une  partie  de  la  fécule  s'est  transformée  en  sucre. 
A  volume  égal,  ces  dernières  renferment  moins  de  substance  nutritive,  aussi 
peut-on  en  ingérer  une  plus  forte  quantité  que  des  premières;  on  les  réduit 
souvent  en  pulpe  constituant  une  véritable  confiture.  La  matière  colorante 
jaune  que  renferment  ces  fruits  passe  instantanément  dans  l'urine  de  ceux 
qui  en  mangent  et  la  colore  en  jaune  foncé. 

Les  tiges  de  ce  Bananier  contiennent  en  abondance  un  suc  violet  vif,  qui 
au  contact  de  l'air  se  colore  en  rouge  vineux.  Ce  suc  est  très  astringent;  les 
acides  en  avivent  la  couleur-,  les  alcalis  la  font  passer  au  vert,  et  les  sels  de 
fer  au  noir  bleu.  On  pourrait  l'utiliser  dans  la  médecine  et  dans  les  arts. 
On  sait  aussi  que  l'on  peut  extraire  des  feuilles  des  Bananiers  une  matière 
textile  :  il  serait  donc  à  désirer  que  l'on  pût  exploiter  dans  ce  but  les  pré- 
cieuses ressources  qu'offre  l'île  de  Tahiti. 

Les  Tahitiens  distinguent  quinze  variétés  du  Bananier  Féi;  je  n'ai  pu  en 
vérifier  que  trois. 

1.  Afara.  Fruit  court,  triai^ulaire,  trois  arêtes,  surface  lisse. 


1006  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE   FRANCE. 

2.  Onourourou.  Fruit  court,  très  gros,  élargi  au  sommet,  triangulaire, 
à  3-^  arêtes;  couleur  vert-brun;  pulpe  très  mucilagiiieuse. 

3.  Alori.  Fruit  long,  quadrangulaire,  à  ^-5  arêtes;  surface  crevassée. 
h.  Aofa.  —  5.  Tatia.  —  6.  Pooutia.  —  7.  Oréa.  —  8.  Erouréva.— 

9.  Aaïa.  —10.  Piipiia.  —  11.  Etoo.  —  12.   Toréa.  —  13.  Nénou.  — 
14.  7am.  —  15.  Ehaa. 

Composition  du  fruits  variété  Aiori. 


Pris  avant  la  matnrité. 

Eau 6/1,750 

Fécule 15,750 

Gluten 0,075 


Pris  à  la  maturité. 

Eau 59,500 

Fécule 6,500 

Mucilage l,2Zi0 


Mucilage 0,075   j   Acide  pectique 2,800 

Albumine 0,067       Albumine 0,250 


Gomme 0,625 

Extrait  sucré 0,750 

Matière  colorante  jaune.  .  .  .  0,387 

Résine  molle,  jaune 0,112 

Fibres  amylacées 16,009 


Gomme 0,450 

Extrait  sucré 9,042 

Matière  colorante  jaune.  .  .  .  0,387 

Résine  molle,  jaune 0,180 

Fibres  amylacées 15,551 

Sucre  de  raisin 4,100 


Composition  des  cendres. 
Carbonate  de  potasse,  sulfate  de  potasse,  chlorure  de  sodium,  sous- 
phosphate  de  soude 0,600 

Silice 0.020 

Phosphate  de  chaux,  sulfate  de  chaux,  carbonate  de  magnésie  .  .  .      0,330 

{La  fin  à  la  prochaine  séance.  ) 

M.  Euffène  Fournier  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

Notre  honoi-able  confrère,  M.  J.  Buffet,  vient  de  rapporter  de  Saint- 
Martin-de-Ré  (Charente-Inférieure)  divers  échantillons  de  feuilles  mon- 
strueuses, que  je  mets  sous  les  yeux  de  la  Société,  et  que  je  vais  décrire  en 
peu  de  mots. 

1°  Des  feuilles  recueillies  sur  un  Jasmin  officinal  cultivé  offrent  toutes 
les  transitions  entre  l'état  normal,  où  elles  présentent  6  folioles  pinnées 
avec  impaire,  et  une  soudure  complète  de  toutes  ces  folioles.  Il  existe  alors 
un  limbe  unique,  lancéolé,  de  12  centimètres  de  longueur. 

2"  Sur  un  rameau  de  Seringat,  on  remarque,  à  une  certaine  hauteur,  au 
lieu  d'une  paire  de  feuilles  opposées,  un  limbe  unique,  situé  d'un  seul  côté 
de  la  tige,  et  trifide;  il  est  sessile,  et  présente  trois  nervures  principales, 
partant  de  l'insertion,  qui  embrasse  la  moitié  de  la  circonférence  du 
rameau.  Le  nœud  immédiatement  supérieur  porte  une  feuille  diamétra- 
lement opposée  à  la  feuille  trilide  du  nœud  inférieur,  et  en  outre,  à  un 


SÉANCE    DU    h    DÉCEMBRE    1857.  1007 

quart  de  circonférence,  une  autre  icuille  bifide,  dont  les  deux  nervures 
principales  partent  de  l'insertion.  Le  rameau  se  termine  la,  par  un  bourgeon. 
3"  Deux  feuilles  de  Marronnier  d'Inde,  au  lieu  d'être  palmées,  sont  pinna- 
tifides,  à  lobes  un  peu  confluents  à  la  base. 

M.  T.  Puel,  vice-président,  fait  à  la  Société  la  comnnunicalion 
suivante  : 

J'ai  l'honneur  de  placer  sous  les  yeux  de  la  Société  quelques  échantillons 
de  Primula  longiflora  Jacq.,  récoltés  en  juin  1857  par  un  de  mes  amis, 
M.  E.  de  Valon  (1),  à  la  Grangeasse,  commune  de  Saint-Véran,  canton 
d'Aiguilles,  arrondissement  de  Briançon  (Hautes-Alpes). 

Cette  plante,  trouvée  pour  la  première  fois  sur  le  territoire  français  par 
M.  Clarion  et  publiée  par  Loiseleur  dans  ses  Nouvelles  notes  sur  les  plantes 
de  France  {Ann.  Soc.  Linn.  Par.  1827,  t.  VI,  p.  401,  extr.  p.  9),  n'avait 
pas  été  retrouvée  dans  ces  derniers  temps  et  avait  été  exclue  de  la  Flore 
de  France  par  MM.  Grenier  et  Godron.  C'est  donc  une  espèce  rare  à  resti- 
tuer à  la  flore  française,  et  j'ai  pensé  qu'à  ce  titre  ma  communication 
serait  de  nature  à  intéresser  la  Société. 

M.  Cosson  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

DE  L'EMPLOI  DE  L'ALCOOL  POUR  FACILITER  LA  DISSECTION  ET  L'ÉTUDE  DES  PLANTES 
RAMOLLIES  PAR  L'EAU  BOUILLANTE  ,  par  M.  E.  COSSOIV. 

Le  procédé  le  plus  habituellement  employé  par  les  botanistes,  pour 
rendre  aux  parties  florales  des  échantillons  d'herbier  leur  forme  et  leur 
volume  primitifs,  consiste  à  les  faire  macérer  dans  l'eau  froide  ou  chaude, 
cette  macération  étant  généralement  suffisante  pour  en  permettre  la  dissec- 
tion et  l'étude  sur  un  porte-objet  plan.  Dans  un  grand  nombre  de  cas  ce- 
pendant, ce  procédé  est  insuffisant,  surtout  pour  les  fleurs  gamopétales  d'un 
certain  volume  ou  pour  les  corolles  de  consistance  délicate.  Pour  ces  fleurs, 
une  coction  de  quelques  minutes  dans  l'eau  bouillante  isole  plus  compléte- 

(1)  Note  ajoutée  par  M.  Puel  pendant  V impression.  —  Après  avoir  reçu  l'envoi 
de  M.  de  Valon,  je  m'empressai  d'adresser  un  échantillon  de  Primula  longijhra 
à  M.  Grenier;  je  me  fais  un  devoir  de  consigner  ici  sa  réponse,  datée  du  13  dé- 
cembre 1857  : 

«  Votre  Primula  n'a  pas  eu  pour  moi  le  charme  de  la  nouveauté,  car  je  le  pos- 
sède depuis  185/1,  de  ladite  montagne  de  Saint-Véran,  où  il  avait  été  récolté  par 
M.  Roux,  employé  des  contributions  directes.  De  plus,  M.  r.oux  ne  revendiquait 
pas  la  découverte  comme  sienne,  car,  dans  la  lettre  d'envoi,  il  me  disait  qu'il 
devait  la  connaissance  de  la  localité  de  cette  plante  à  un  douanier  dont  il  ne  me 
donnait  pas  le  nom.  » 


/ 


1008  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

ment  les  parties,  en  raison  de  la  vapeur  d'eau  qui  les  distend  et  les  rétablit 
dans  leur  véritable  rapport.  Afin  de  rendre  aux  parties  florales  la  consis- 
tance qu'elles  ont  perdue  par  l'ébullition,  il  est  souvent  avantageux,  après 
les  avoir  retirées  de  l'eau,  de  les  laisser  plongées  pendant  quelques  instants 
dans  une  capsule  remplie  d'alcool  concentré.  Cette  immersion  dans  l'alcool 
amène  le  raffermissement  des  tissus  et  a  l'avantage  de  substituer  à  l'eau  un 
liquide  plus  fluide  et  où  se  produit  moins  facilement  l'interposition  des 
bulles  d'air.  Quand  la  consistance  de  la  fleur  est  suflisantc,  on  peut  la  re- 
tirer de  l'alcool^  laisser  évaporer  les  liquides  dont  la  préparation  est  pé- 
nétrée et  en  faire  alors  facilement  la  dissection.  Pour  les  fleurs  d'un  tissu 
plus  délicat,  la  dissection  peut  au  contraire  être  exécutée  avantageusement 
dans  l'alcool  même,  contenu  dans  la  cuvette  à  fond  plan  formée  par  un 
anneau  de  verre  collé  à  la  surface  du  porte-objet.  Les  pièces  ainsi  préparées 
peuvent  être  conservées  pendant  longtemps,  soit  en  recouvrant  la  cuvette 
d'un  obturateur,  soit  en  les  plaçant  dans  des  flacons  remplis  d'alcool. 


SÉANCE  DU    18    DÉCEMBRE    1857. 

PRÉSIDENCE   DE   M.    MOQUIN-TANDON. 

M.  Duchartre,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
séance  du  li  décembre,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  de  la  présentation  faite  dans  la  dernière  séance,  M.  le 
Président  proclame  l'admission  de  : 

M.  Letourneux  (Tacite),  à  Fontenay-le-Comte  (Vendée),  présenté 
par  MM.  T.  Puel  et  A.  Jamain. 

M.  le  Président  annonce  en  outre  sept  nouvelles  présentations. 

Lecture  est  donnée  de  lettres  de  MM.  Moris,  Laliache,  Auge  de 
Lassus,  Éd.  Morren,  de  Bouclieman,  Oudinet,  Ch.  Royer  et  Triana, 
qui  remercient  la  Société  de  les  avoir  admis  au  nombre  de  ses 
membres. 

Dons  faits  à  la  Société: 

1°  Par  M.  Arthur  Gris  : 
Recherches  microscopiques  sur  la  chlorophylle  (thèse  pour  le  doctorat 
es  sciences). 

2°  Par  M.  J.  Groenland  : 

Revue  horticole,  1857,  deux  numéros. 


SÉANCE    DU    J8    DKCr.MUHR    1857.  1 009 

3"  De  hi  pari  de  M.  \\-\\.  ScliuUz,  do  Wisseiuboiirg  : 

Jieilfœge  ziw  ilora  chr  Pfalz. 

Il"  Catalogue  de  la  bibliothèque  de  feu  M.  Achille  Itichard. 

5'  En  écliango  du  Bulletin  de  la  Snciélé  : 

J'hannaceutical  journal  and  transactions,  vol.    XVI,  n"  1-12;   vol 

XVIf,  n"  1-5. 
Journal  de  la  Société  impériale  et  centrale  d'horticulture,  iiumcro  de 

novembre  1857. 
L'Institut,  décembre  1857,  deux  numéros. 

iMM.  les  Secrétaires  donnent  lecture  des  communications  suivantes, 
adressées  à  la  Société  : 

VINGT-QUATISIÈME  NOTICE  SUR  LES   PLANTES    CllYPTOGAMES  RÉCEMMENT  DÉCOUVERTES 
EN  FRANCE,  par  M.  DE»)lfiAZIÈItE$»  (lin»). 

Q"'  ;  PYRENOMYCETES. 

38.  Sph/Eria?  cinereo-nebulosa,  Desmaz.    PL    crxjpt.    de  Fr.  sér.   2, 
n"  370! 

Sph.  graminicola,  nebulosa,  iiuearis,  tecta,  suberumpens.  Peritheciis 
microscopicis  numerosissimis,  biserialibiis,  confertissimissubconuatis,  glo- 
bosis,  nigris,  intus  albis,  stromati  brunneo  subimmersis.  —  Hab.  in  foliis 
oxsiccatis  Pbalaiis  arundinaceœ  Hierae  et  vere. 

Ce  Pyrénomycète  est  rapporté  avec  doute  au  genre  Sphœrin.,  parce  que 
nous  n'avons  pu  y  trouver  la  fructification  assez  développée  pour  constater 
exclusivement  le  genre  auquel  il  appartient.  En  le  publiant  aujourd'bui, 
nous  avons  seulement  pour  but  de  fixer  sur  lui  l'attention  des  micrographes 
qui  pourraient  être  plus  heureux  que  nous  dans  leurs  observations.  11  est 
sans  contredit  l'une  des  plus  petites  espèces  que  nous  connaissions,  puisque 
ses  périthéciums  n'ont  pas  plus  de  0'""',05  à  0"'-,075  de  grosseur.  Son  sup- 
port est  le  Phalaris  arundinacea,  L.  Il  s'y  trouve  sur  les  deux  faces  des 
feuilles,  surtout  sur  la  face  supérieure.  Par  sa  petitesse  et  sa  disposition, 
il  a  quelque  rapport  avec  Y Ilendersonia  Phragmitis,  Desmaz.  sér.  2, 
n"  70! 

39.  Sph/Eria  devexa,  Desmaz.  PL  cnjpt.  de  Fr.  u'v.  2,  n"  367! 

Sph.  caulicola,  tecta.  Peritheciis  minutis  gregariis  vel   sparsis,  nigris, 
subhemisphœricis ,   inclmatis,    intus   griseis.    Ostiolis   obliquis,    conico- 

(1)  Voyez  plus  haut,  p.  797,  858,  DU  cl  99/i. 

T.    IV.  6Zi 


1010  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    Uli    lUANCK. 

elongatis,  oliUusis,  subnilidis,  cpidermidem  perforantibus.  Ascis  subtusi- 
formi-clavatis.  Sporidiis  octonis,  oblongis,  rectis,  utriiiqiie  obtusis,  Spo- 
rulis/i,  gIoI)osis,  opacis.  — Hab.  in  caulibus  exsiccatisPoiygonorum.  Hieme 
et  vere. 

Cette  espèce  se  développe  sur  les  Pohjgonum  Persicaria  et  aviculare; 
elle  fait  prendre  aux  places  du  support,  surtout  près  des  nœuds,  une  teinte 
blancliâtre;  ses  groupes  sont  ambiants  ou  d'un  seul  côté,  et  s'étendent 
parfois  d'un  nœud  à  l'autre.  Les  péritbéciums  sont  toujours  recouverts  par 
l'éplderme,  que  perce  seulement  un  gros  ostiole  un  peu  conique,  mais 
obtus,  dont  la  longueur  égale  la  moitié  ou  le  tiers  du  diamètre  des  péritbé- 
ciums, qui  est  environ  d'un  quart  de  millimètre.  Ceux-ci  s'enlèvent  le  plus 
souvent  avec  l'épiderme,  et  c'est  alors  que  l'on  voit  bien  distinctement 
qu'ils  sont  inclinés,  c'est-à-dire  coucbés  sur  le  côté,  comme  dans  notre 
Sphœria  inclinata  et  le  Sphœria  cryptoderis,  Lév. ,  avec  lesquels  le  Sphœrio 
devcxa  a  quelques  rapports.  Les  tbèques  ont  0'""\QU  à  0"'"'05  de  longueur, 
et  les  sporidies  a  peine  0"'"',01,  sur  une  épaisseur  quatre  fois  moins  consi- 
dérable. Ce  petit  Pyrénomycète,  assez  curieux  par  la  position  de  ses  péri- 
tbéciums et  de  ses  ostioles,  a  été  trouvé  par  M.  Roberge,  dans  un  pré 
bumide,  près  du  canal  de  Caen. 

ko.  Sph.«:ri\  palustris,  Fr.  in  litt.  ad  clar.Moug.  —  Duby,  Bot.  <jalL  2, 
p.  710  (1830).  —  Desmaz.  PL  crijpt.  de  Fr.  sér.  2,  n°  365  !  —  non 
Berk.  et  Br.  JSot.  of  Brit.  fung.  (1852),  n"  65i. 

Nous  croyons  devoir  ajouter  ici  quelques  mots  à  la  description  du  Bota- 
nicon  gallicum  pour  la  rendre  plus  complète.  Cette  Spberie  vient  égaleraentsur 
le  pétiole  et  sur  les  deux  faces  des  feuilles  secbes  (surtout  sur  la  supérieure) 
du  C  ait  ha  palustris,  et  se  montre  principalement  sur  les  parties  qui  ont 
blanchi.  Ses  péritbéciums  sont  noirs,  épars,  nombreux,  nichés  dans  la 
substance  du  parenchyme;  ils  ont  pour  grosseur  1/5  à  i/k  de  millimètre 
sur  le  disque,  où  ils  sont  globuleux,  tandis  que  sur  le  pétiole,  où  ils  sont 
plus  ou  moins  oblongs,  leur  diamètre  atteint  jusqu'à  l//i  à  1/3  de  milli- 
mètre. A  l'état  humide  et  vus  en  regard  de  la  lumière,  on  les  dirait  entourés 
de  fibrilles  en  rosette,  ce  qui,  à  l'état  sec,  les  fait  paraître  au  milieu  d'une 
tache  noire  dont  31.  Duby  a  fait  mention.  L'ostiole  est  gros,  court  et  obtus, 
le  nucléus  est  blanchâtre.  Tout  ce  que  nous  pouvons  dire  de  la  fructidcation 
de  cette  espèce  se  borne  a  affirmer  qu'elle  est  pourvue  de  tbèques,  qu'elle 
appartient  donc  bien  au  genre  Sphœria,  mais  que  ces  tbèques  étant  peu 
développées  dans  nos  échantillons,  il  ne  nous  a  pas  été  possible  d'en  connaître 
les  sporidies. 

Quoique  cette  espèce  soit  assez  commune,  on  ne  la  trouve  décrite  que 
dans  le  Botanicon  gallicion.  Il  ne  faut  pas  la  confondre  avec  le  Sphirria 
palustris  des  auteurs  anglais,  qui  devra  recevoir  un  autre  nom  spécifique. 


Sl•:.\^(;l■;   m    IS   iii:(.i;miii;|';    IS57.  1011 

le  privilège  de  l'aiitériorilé  étant  acquis  à   la  piaule  (jui   Nient  de  nous 
occupci-. 

ai.  Sph^uia  calostroma,  Desmnz.  PL  cnjpt.  de  Fr.  sér.  2,  n"  368! 

Sph.  siibiculo  librilloso,  tenenimo,  radiato,  ambilu  elogantissimo,  dein 
in  pelliculam  nigram  contexto.  PeritheciissuperrK'ialibiis,!^regariis,  minutis, 
niollibus,  subovoideis  dein  concavis,atris,  lugulosis,  astomis,  setis  brevibus 
validis  rigidis  nigiis  tectis.  Ascis  ignotis.  Sporidiis  oylindricis,  obtiisis, 
curvulis,  brunneis,  semiopacis,  quadriseplatis.  —  Hab.  in  ramulis  Paibi 
tVuticosi.  Vere. 

Cette  espèce,  de  moitié  plus  petite  que  le  Sphœria  iristis,  se  rapproche  du 
^hœria  phœostroma  (Mont.  FI.  d'Alg.),  dont  elle  diffère  principalement 
par  les  sporidies  et  les  gros  cils  ou  pointes  qui  se  trouvent  sur  le  périthé- 
cium.  M.  Roberge,  de  qui  nous  tenons  les  échantillons  qui   sont  publiés 
dans  nos  Plantes   cryptogames  de  France,  l'a  d'abord    remarquée  à  la 
face  supérieure  des  feuilles  mourantes  du  lluhus  fruticosus,  mais  elle  y 
était  naissante  seulement  ou  incomplète,  et  réduite  à  la  seule  rosette  que 
forme  son  subiculum.  Il  la  prenait  alors  pour   un  Asteroma.  Il  l'observa 
ensuite  sur  les  branches  vivantes,  où  elle  persiste  après  qu'elles  sont  mortes 
et  desséchées.  Les  fibrilles  du  subiculum  rayonnent  d'un  centre  commun  et 
paraissent,  à  l'œil  nu,  comme  des  taches  d'abord  d'un  brun  pâle,  puis  de 
plus  en  plus  noires.  Ces  taches  ou  rosettes  ne  font  voir  leur  élégante  struc- 
ture que  dans  le  premier  âge  et  quand  elles  sont  encore  stériles.  Les  fibrilles 
portent  alors  très  distinctement  des  divisions  opposées  qui  diminuent  de 
longueur  de  la  base  au  sommet.  Ces  fibrilles  et  leurs  divisions  sont  garnies 
d'appendices  courts,  en  cône  renversé,  comme  une  miniature  charmante 
du  Chondria  ovalis,  auquel  notre  correspondant  les  compare.  En  s'entrecroi- 
sant  au  centre,  toutes  ces  ramifications  finissent  par  former  une  pellicule 
noire  et  fragile  qui  se  disperse  en  petites  écailles.  Le  diamètre  ordinaire 
des  rosettes  est  de  2  à  3  millimètres;  dans  leur  parfait  développement  elles 
portent  à  leur  centre  un  groupe  de  péritheciums  superficiels,  très  petits 
d'abord,   puis  acquérant   un   diamètre   de   1/5   à  1/3   de  millimètre.  Ils 
sont  d'un  noir  intense,  chagrinés,  mous  lorsqu'ils  sont  humides,  un  peu 
affaissés  au  centre  pnr   la  dessiccation,  et  hérissés  de  gros  cils  figurant 
des  pointes  courtes,  qui,  vues  au  microscope,  sont  obtuses,  brunes  et  de 
Qmm^Q'y5  g^  0'"'",1  de  lougucur.  Nous  n'avons  pu  rencontrer  les  thèques, 
sans  doute  résorbées  de  bonne  heure,  mais   les  sporidies  se  trouvaient 
telles  que  nous  les  avons  décrites  dans  la  diagnose.  Leur  longueur  est  de 
QQin,  05,  sur  0'"'",015  d'épaisseur.  A  la  même  époque  de  l'année,  les  branches 
de  Ronces  vivantes  présentent  le  Sepforia  rainealis,  Rob.,  qui  occasionne 
probablement  les  taches  violacées  que  l'on  remarque  (luelquefois  sous  les 
groupes  de  notre  Sphérie  ou  aux  environs. 


J012  SOCllÎTK    UOTANIULK    DK    KKAISCI-:. 

nECHEUCHES  sur.  (QUELQUES  PLANTES  ALIMENTAIRES  DE  TAHITI  (lies  Je  la  SociOlc), 
par  M.  Jeilcs  LÉPIi^'E  (suite  cl  fin  M. 

VI.  Dmconfium  polyphyllum  L.  (nom  tahitien  Tevé).  —  Cette  plante 
appartient  à  la  famille  des  Aroïdées,  tribu  des  Orontiées;  elle  parait 
exister  dans  la  plupart  des  lies  de  l'Océanie,  on  la  Irouve  aussi  dans 
rinde.  Aux  iles  de  la  Société,  elle  fleurit  rarement  et  vient  naturellement 
dans  les  vallées ,  les  gorges  des  montagnes  ,  où  elle  ne  dépasse  guère 
200  mèlres  en  altitude.  Ses  tubercules  ne  sont  utilisés  par  les  naturels  que 
lorsqu'il  y  a  disette  et  après  les  avoir  fait  bouillir  pour  les  priver  d'un 
principe  acre  et  vésicant. 

Le  tubercule  central  du  Dracontiwa  pèse  /i-r)00  grammes  ;  il  est  aplati 
transversalement,  arrondi,  d'une  épaisseur  de  10  centimètres  sur  15  de 
largeur;  couvert  de  fibres  radicellaires  nombreuses,  courtes;  surface  noire, 
l'intérieur  jaune  pâle;  suc  laiteux  jaune  pâle.  Sur  les  côtés  du  tubercule 
principal,  il  se  développe  de  plus  petits  tubercules  pesant  15-20  grammes, 
allongés,  noirs,  à  surface  irrégulière.  Tous  ces  tubercules  ont  une  saveur 
fade  d'abord,  mais  qui  après  ([uelques  secondes  se  décèle  sur  la  langue 
par  une  cuisson  très  forte;  la  pulpe  délayée  dans  l'eau,  en  contact  avec 
les  mains  pendant  quelques  minutes,  détermine  une  vésication  générale  de 
la  partie  touchée,  l'épiderme  est  détaché  et  l'on  éprouve  pendant  plusieurs 
jours,  sur  toutes  les  parties  qui  ont  été  en  contact  avec  la  pulpe  du  Dra- 
eontium,  une  sensation  analogue  à  celle  que  feraient  éprouver  des  piqûres 
d'épingle  répétées  sans  interruption. 

Dans  l'analyse  de  cette  plante,  nous  avons  isolé  une  huile  volatile  brune, 
qui  se  volatilise  à  la  température  de  l'air  ambiant  (31  degrés  centigrades). 
Cette  huile  est  très  acre  :  en  contact  avec  la  peau,  elle  détermine  un  picote- 
ment non  interrompu  et  produit  la  vésication  en  quelques  minutes.  Cette 
huile  paraît  exister  dans  toutes  les  espèces  de  la  famille  des  Aroïdées,  c'est 
elle  qui  constitue  le  principe  acre  et  délétère  que  l'on  trouve  dans  ces 
plantes.  Aussi  ne  peuvent-elles  servir  à  l'alimentation  qu'après  une  assez 
longue  ébullition  dans  l'eau,  ou  en  les  faisant  cuire  dans  un  four  ou  sous  la 
cendre  chaude;  Ihuile  est  alors  volatilisée  et  presque  toutes  les  Aroïdées 
peuvent  ainsi  être  utilisées  pour  l'alimentation. 

Composilion  des  tubercules  du  Draconliuin  polyphyllum. 

Eau 66, '250 

Huile  volatile,  vésicanlc quanlilé  non  dosée. 

In'culc 1/1,020 

Huile  grasse,  jaune  citron O.O.'iO 

Alhiuniuc 0,l'iO 

(1)  Voy.  plus  haut  p,  1001. 


si'.ANrF  m:  18  DKcr.Mr.r.r.  1857.  1013 

noiinnc (i,«-!'i 

l'Aliiiii  acide,  l)nm  roune 1,<.)'|() 

Fibres  amylacées J(),70G 

IW^siiie  l)riinc (),;300 

Composiliun  des  cendres. 

Carbonate  île  soude,  sulfate  de  soude,  chlorure  de  sodium.  .  .  1,100 

Silice O.GOO 

l'hosplialc  de  cliaux,  sulfate  de  cliaux,  carbonate  de  ma^Miésie.  1,150 

VII.  Arum  macrorrhizon  L.?  (nom  tiihiticu  Ilapé).  —  Celle  plante,  (|ui 
est  cultivée  près  des  habitations  par  les  Tahitieiis,  vient  à  Taliiti,  sur  le 
I)ord  des  ruisseaux,  daiKS  les  i^orges  des  montagnes;  son  altitude  ne  dépasse 
pas  6-700  mètres.  On  la  trouve  dans  tous  les  grands  archipels  des  mers 
du  Sud  et  aussi  dans  l'Inde.  La  tige  de  cet  Armn  a  souvent  un  mèlre  de 
hauteur,  l'intérieur  est  blanc,  la  pulpe  a  une  saveur  acre,  causticiue;  suc 
propre  laiteux. 

Composition  de  la  tige. 

Eau G.'i,000 

Fécule 12Zi,iOO 

.Mucilage 0,770 

Albumine 0,090 

Gomme 0,090 

Acide  peclique 0,900 

Extrait  sucré I,^^i0 

iMatièie  résineuse  jaune 0,090 

Fibres  amylacées 9, '220 

Huile  volatile  acre quantité  indéterm. 

Composition  des  cendres. 

Carbonate  de  soude,  sulfate  de  soude,  chlorure  de  sodium  .  .  .  0,300 

Silice 0,060 

Phosphate  de  chaux,  sulfate  de  chaux,  carbonate  de  magnésie.  0,6/iO 

VIIÎ.  Arum  esculentum  T..  (nom  tahitien  Taro).  —  V Arum  esculentum 
est  cultivé  à  Tahiti,  dans  des  terrains  que  l'on  peut  inonder  à  volonté,  et 
celle  plante  est  piesque  constamment  dans  l'eau.  On  en  cultive  plusieurs 
variétés.  Les  feuilles  ont  une  saveur  acide  et  sont  utilisées  comnie  aliment, 
inais  c'est  principalement  la  racine  tubérifere  qui  sert  à  l'alimentation.  Sur 
le  bord  des  ruisseaux  et  dans  les  gorges  des  montagnes,  on  trouve  plusieurs 
espèces  AWrum  dont  les  racines  renferment  l'huile  vésicante  dont  nous 
avons  parlé  plus  haut.  Dans  l'espèce  cultivée,  le  principe  acre  a  prestjue 
disparu  par  la  culUire.  Les  feuilles  des  espèces  sauvages  se  mangent  aussi 
cuites,  sous  le  nom  de  pota,  et  les  racines  sont  également  utilisées  pour 
l'alimentation.  On  a  proposé  de  naturaliser  le  Taro  en  France;  je  crois  cette 
culture  possible,  la  plante  se  trouvant  déjà  a  l'état  sauvage  ou  naturalisée 


'\(^Ul  SOCIKTli    BOTANIQUE    DT.    Fl'.ANCK. 

d;iiis  phuiciiis  pnys  cloiii  les  climats  sont  très  différents.  D'aillouis  la  nalii- 
raiisation  dos  vctiétaux  a(|iiaf!ques  est  beaucoup  plus  facile  que  celle  des 
plantes  terrestres. 

f.a  racine  tubérifère  du  Tare  pèse  1-2  kilogrammes,  elle  est  noire  exté- 
rieurement, blanche  à  l'intérieur;  suc  propre  laiteux;  saveur  fade. 

Composition  des  racines. 

Eau 71,000 

Mucilage 1,650 

I"'écule 17,250 

Gluien 0,325 

Albumine 0,245 

Gomme .  0,350 

Extrait  brun 0,400 

Résine  molle,  jaune 0,080 

Fibres  amylacées 8,900 

Composition  des  cendres. 
Carbonate  de  soude,  sulfate  de  soude,  sous-phosphate  de  soude, 

chlorure  de  sodium 0,850 

Silice 0,025 

Pliospbate  de  chaux,  carbonate  de  magnésie 0,325 

IX.  Dioscorea  data  L.  (nom  tahitien  Oufi.)  —  Cette  plante  est  peu 
cultivée  par  les  Tahitiens;  elle  vient  natui-ellement  dans  les  vallées  monta- 
<^neuses,  sur  les  flancs  des  montagnes,  et  ne  dépasse  pas  5-600  mètres. 
L'Igname  cultivée  donne  des  tubercules  de  40-50  centimètres  de  longueur, 
sur  20-30  de  diamètre,  et  qui  pèsent  plusieurs  kilogrammes.  Ce  tubercule 
est  blanc  à  l'intérieur;  on  en  trouve  plusieurs  variétés  dans  les  montagnes; 
celle  à  tubercule  rouge  est  appelée  Réré.  L'Igname  croit  naturellement  dans 
plusieurs  lies  de  l'Océanie;  elle  est  cultivée  en  Asie,  eu  Afrique  et  dans 
l'Amérique  du  sud.  La  culture  de  cette  plante  réussit  sous  des  latitudes  très 
différenles  entre  elles,  et  les  variétés  que  l'on  trouve  dans  les  montagnes 
de  Tahiti  pourraient  être  introduites  en  France  et  s'y  naturaliser.  Elles 
viendraient  certainement  dans  nos  marais  tourbeux  et  ombragés,  f.a  racine 
tubérifère  de  l'Igname  de  Tahiti  constitue  un  aliment  sain  et  très  nutritif. 
Voici  sa  eoinposition  : 

Eau 28,000 

Gluten 0,510 

Fécule .  .  19,320 

Mucilage 1,240 

Albumine 0,420 

Gomme 0,550 

ExU-ait  brun 0,G20 

r.ésine  molle,  brune 0,120 

Fibres  amylacées 49,220 


SÉANCE    DU    18    DKCKMBRK    1857.  101 Ô 

Compositùin  des  cendres. 
Carbonate  de  sonde,  snlfato  de  soikIo,  sons-pliosjjliatc  do  sonde, 

cliloriire  de  sodium 0,550 

SUice 0,050 

Sulfate  de  chaux,  phosjjliale  de  chaux,  carbonate  de  magn(''sie.  0,250 

Une  aiiiilyse  laite  sur  la  variété  montagneuse  lU'ri\  et  sur  une  racine 
qui  n'avait  atteint  que  la  moitié  de  bon  développement,  m'a  donné  les  ré- 
sultats suivants  : 

Eau 79,500 

Fécule 9,100 

Résine 0,100 

Mucilage 2,120 

Albumine 0,060 

Gomme 0,300 

Extraclif  brun 0,5/iO 

Fibres  amylacées 8,280 

Composition  des  cendres. 

Sulfate  de  potasse,  carbonate  de  potasse,  sous-phosphate  de 

soude,  chlorure  de  sodium 0,500 

Silice , 0,035 

Phosphate  de  chaux,  sulfate  de  chaux,  carbonate  de  magnésie.  0,315 

Outre  le  Dioscorea  alata^  on  trouve  à  Tahiti  les  Dioscorea  pentaphylln 
et  bulhifera.  Ces  deux  espèces  sont  très  communes  dans  les  terrains  om- 
bragés, les  vallées,  les  flancs  des  montagnes,  jusqu'à  6-700  mètres.  Dans 
les  années  où  la  récolte  de  l'Aibreàpain  est  insuflisante  pour  nourrir  la 
population,  les  Tahitieus  utilisent  les  tubercules  de  ces  Dioscorea  pour  leur 
nourriture,  après  toutefois  les  avoir  fait  bouillir;  i'ébullition  dans  l'eau  leur 
enlève  un  principe  très  amer  et  les  rend  propres  à  l'alimentation. 

X.  Dioscorea  pentaphylla  L.  (nom  tahitien  Paaouara.)  —  Les  tu- 
bercules de  cette  espèce  sont  ovoïdes,  allongés,  piriformes,  pesant  3-/i00 
grammes.  Surface  irrégulière,  brune,  couverte  de  fibres  radicellaires 
courtes  et  serrées,  entourées  d'un  bourrelet  à  la  base.  L'intérieur  est  blanc 
Jaunâtre,  marbré  de  rouge;  suc  laiteux,  jaunissant  à  l'air;  saveur  fade,  un 
peu  amère. 

Composition  des  tubercules. 

Ean. 80,000 

Fécule  grise 5,750 

Matière  colorante,  jaune 0,100 

Matière  résineuse,  brune 0,Zi00 

Mucilage 2,300 

Albumine 0,200 

(ronnne 0,225 


10!  G  SOCIÉTÉ    nOTAlNIOlE    1)F.    Fr.ANCr. 

Exil'ail  aniLT,  jaiinn  hrmi l,Or)0 

Fibres  amylacées 9,975 

Composition  des  cendres. 

Carbonate  de  soude,  sullalc  de  soude,  chlorure  de  sodium.   .  .       0,300 

Silice 0,055 

Phosphate  de  chaux,  carbonate  de  chaux,  carbonate  de  may;nésie.       0,7Zi5 

XL.  Dioscorea  bulbifera  L.  (nom  tahilieii  Hot.)  —  Celte  plante,  comme 
les  deux  espèces  dont  nous  venons  de  parler,  porte,  outre  les  tubercules 
souterrains,  des  tubercules  qui  naissent  sur  la  tige,  à  l'aisselle  des  feuilles. 

Les  tubercules  souterrains  pèsent  2-300  grammes  et  sont  de  forme 
irrégulière,  aplatis  à  la  base;  l'extérieur  est  brun,  l'intérieur  jaune  pâle. Ils 
sont  couverts  de  bourrelets  d'où  partent  des  fibres  radicellaires  longues  d'un 
décimètre;  suc  laiteux,  jaunissant  à  l'air;  saveur  amère. 

Les  tubercules  aériens  pèsent  100-200  grammes  et  sont  de  forme  irré- 
gulière, aplatis  dans  le  sens  horizontal,  concaves  inférieurement,  convexes 
supéiieuienicnt;  surface  grise  noirâtre;  l'intérieur  blanc  verdàtre,  quelque- 
fois marbré  de  rouge  ;  suc  laiteux  jaunissant  à  l'air  ;  saveur  fortement  amère. 


Composition  de  s  tubercules  souterrains. 

Eau 76,000 

Fécule,  couleur  chamois.   .  .  .  7,100 

l'iésiiie  molle,  jaune  verdàtre.  .  0,200 

Résine  jaune  foncé 0,105 

Résine  brun  marron 0,030 

Mucilage /l,100 

Cduten 0,350 

Albumine 0,^00 

Gomme  , 0,220 

Extrait  amer l,/i00 

Matière  colorante  jaune  orangé.  0,125 

Fibres  amylacées 9,970 

Cendres. 

Sulfate  de  soude,  carbonate  de 
soude,    sous  -  phosphate   de 

soude,  chlorure  de  sodium  .  0,000 

Silice 0,035 

Phosphate  de  chaux,  sulfate  de 
chaux,  carbonate  de  magné- 
sie    0,Zii5 


Composition  des  tubercules  aériens. 

Eau 78,000 

Fécule  colorée 2,800 

Mucilaj^e 2,700 

Albumine 0,250 

Gomme 0,175 

Extrait  amer,  brun  rouge  .  .  .  1,850 

lîésine  molle,  verte 0,250 

Fibres  amylacées 1Z|,975 


Cendres. 

Sulfate  de  soude,  carbonate  de 

soude,  chlorure  de  sodium  .     0,100 

Silice 0,020 

Sulfate  de  chaux,  phosphate  de 
chaux,  carbonate  de  magné- 
sie       0,118 


XII.  Plusieurs  des  fécules  que  nous  avons  retirées  des  plantes  tahitiennes 
«ont  susceptibles  d'être  utilisées  comme  aliment  et  toutes  peuvent  être 
employées  dans  l'industrie.  Ces  fécules,  telles  que  nous  les  avons  extraites, 


SÉANCE  DU  18  nÉCi'Miiiu;   1857.  1017 

ne  sont  pas  fliimiquemcnt  pures  ;  elles  présentent  des  caraclères  difleren- 
tiels  qui  peuvent  souvent  servir  a  les  reconnaître,  comme  on  pourra  s'en 
convaincre  par  le  tableau  suivant,  dans  lequel  elles  sont  rangées  d'après  la 
«grosseur  des  grains,  en  commençant  par  les  plus  gros  : 


COULEUR 

FOUME 

EMPOIS 

FÉCULE 

COLORATION 

MATIÈRES  EXTRAITES 

de  la 

gc'nerule 
des 

au 

séchet; 

à  r.oo 

péril  à 

«le  la  fécule 
par  la  vapeur 
d'iode  {pro- 

par  l'alcoG 
de  100  pari 

1 
es 

fe'ciile. 

gruins. 

vingUènie. 

100" 

téilé  Gohlej). 

de  fécule 

Dioscorea  alata  .   .  . 

Blanche. 

Sphériques. 

Consistance 
du  miel. 

12  0/0 

Violet  vif. 

Huile  jaune.   . 

1,80 

Tacca  pinnalinda  .  . 

Id. 

Id. 

Épais,  géla- 
tineux. 

k; 

Chamois. 

Matière  grasse, 
blanche  .  . 

1,40 

Dioscorea      peiita- 
piiylla 

Gris  café 
au  lait. 

Ovales. 

Consistance 
du  miel. 

11 

T. 

I>ruii  mur.     - 

r.ésine  brune  . 
Matière  jaune  . 

0,50 
1,00 

Ai'tocarpus  incisa.   . 

Blanche. 

Sphériques. 

Peu  consis- 
tant. 

10,50 

Lilas  clair. 

Résine  jaune  , 

1,80 

Bananier  saiivag-o .   . 

M. 

Id. 

Onctueux. 

13 

Gris  violet. 

Huile  jaune  .   . 

1,00 

Convolvulus  Batatas. 

Ici. 

Id. 

Consistance 
du  miel. 

10 

Lilas  foncé. 

Résine  jaune  . 

iJ.OO 

Arum  esculentuni.   . 

Id. 

Id. 

Consistant, 
gélatineux. 

10 

Violet  gris. 

Huile  jaune  .   . 

1,20 

Dracontium  polypliyl- 

Id. 

Id. 

Consistance 

15 

Lilas  foncé. 

Résine  jaune   . 

2,20 

lum 

du  miel. 

Dioscorea  bulbifera . 

Nankin. 

Anguleux. 

Consistance 
du  miel. 

0 

Violet  foncé. 

Résine  jaune  . 

1,00 

Arum  macrorrhizon  '? 

Blanche. 

Sphériques. 

Consistant, 
onctueux. 

13 

Gris  tourterelle. 

Huile  jaune.  . 

1,90 

REMARQUES  A  L'OCCASION  D'UNE  COMMUNICATION  DE  M.  LE  COLONEL  SERRES,  CONCERNANT 
QUELQUES  PLANTES  DE  L'HERBIER  LAPEYROUSE ,  par  M.  D.  CI.OIS. 

(Toulouse,  14  décembre  1857.) 

Depuis  la  publication,  dans  les  Mémoires  de  V Académie  des  sciences  de 
Toulouse,  5'"*  série,  t.  I,  p.  221-307,  de  ma  Révision  comparative  de  l'Her- 
bier et  de  l' Histoire  abrégée  des  plantes  des  Pyrénées  de  Lapeyrouse^  travail 
dont  une  analyse  a  paru  dans  le  Bulletin  de  la  Société,  t.  IV,  p.  [\\%  et 
suiv.,  M.  le  colonel  Serres  a  fait  insérer  dans  ce  dernier  recueil  des  Notes 
sur  quelques  espèces  nouvelles  ou  conti^oversées  de  la  flore  de  France  (1). 
II  y  est  question  d'un  certain  nombre  de  plantes  de  l'Herbier  Lapeyrouse. 

(1)  Le  travail  de  M.  Serre,s  est  postérieur  an  mien,  car  il  élait  communiqué  à 
la  Société  Botanique  dans  sa  séance  du  8  mai  dernier,  et  le  mien  l'était  à  l'Acadé- 
mie des  sciences  de  Toulouse  dans  sa  séance  dn  23  avril  (voy.  lac.  cit.,  p.  /|29}; 


1018  soci[:tk   botanique  m:  fhance. 

J'ai  été  heureux  de  voir  que  quelques-unes  de  nies  déterminations  ooneor- 
daient  avec  celles  de  mon  honorable  confrère;  mais  il  en  est  aussi  au  sujet 
desquelles  son  sentiment  s'éloifine  du  mien,  et  il  m'a  paru  utile  de  revoir 
dans  VHerbier  les  plantes  objets  de  cette  dissidence,  et  de  tracer  leurs  ca- 
ractères essentiels  et  distinctifs,  afin  de  dissiper  tous  les  doutes  à  cet  égard. 

1.  Saponaria  bellidifûlia  Luc.  —  «  M'a  semblé  n'être  autre  chose,  dit 
M.  Serres  {loc.  cit.,  t.  IV,  p.  Zi35),  qu'une  variété  à  lige  nue  dans  le  bas 
du  Valeriana  globulariœfol/a  Ram.  »  J'ignore  si,  comme  on  l'a  assuré  à 
M.  Serres,  une  main  officieuse  a  fait  disparaître  cette  erreur  du  précieux 
Herbier;  mais  j'ai  donné  {loc.  cit.,  p.  255,  ou  35  du  tirage  à  part),  les  ca- 
ractères de  l'échantillou,  qui  sont  bien  ceux  du  Saponaria  bellidifolia 
Smith. 

2.  Cytisus  heterophyllvs  Lap.  —  c  Ce  peut  être  uue  bonne  espèce,  dit 
M.  Serres,  mais  elle  est  mal  assise  sur  de  pareils  échantillons,  »  consistant, 
comme  il  l'indique,  en  «  un  ou  deux  brins  ou  bouts  de  rameaux  sans  légumes 
et  tout  à  fait  insuffisants.  «J'ai  cru  devoir  rapporter  au  C.  supinus  Murr.  le 
seul  échantillon  très  incomplet  que  possède  aujourd'hui  Y  Herbier  ;  il  est 
réduit  à  un  petit  rameau  ascendant  dont  l'axe  velu  porte  des  feuilles  trifo- 
liolées,  et  est  terminé  par  un  légume. 

Ce  n'est  évidemment  pas  la  plante  que  Lapeyrouse  et-M.  Serres  ont  eue 
en  vue,  car  le  premier  dit  que  c'est  un  arbuste  glabre,  et  l'un  et  l'autre  lui 
donnent  des  feuilles  simples. 

3.  Ononis  senescens  Lap. —  «  C'est  sans  aucun  doute,  dit  !\I.  Serres  {loc. 
cit.,  p.  Zi35),  \'0.  antiquorum  L.»  J'ai  cru  au  contraire,  et  crois  encore 
après  un  nouvel  examen,  devoir  rapporter  l'échantillon  fort  incomplet 
(réduit  à  deux  sommités  de  tiges  florales  et  sans  fruit),  à  \'0.  procurrens 
Wallr.  Les  caractères  assignés  par  Linné  [Spec.  Plant.)  à  VO.  antiquoj'ian  : 
ramis lœviusculis  spinosis...  pcduncnlis  solitatris  bracteaduplu  longioribus, 
ne  conviennent  nullement  à  l'échantillon,  qui  a  ses  rameaux  pubescents 
sans  épines  (Lapeyrouse  dit  la  plante  jeune  inerme)  et  des  pédoncules  de 
la  longueur  d'un  millimètre.  Un  seul  des  caractères  assignés  par  IMM.  Gre- 
nier et  Godron  a  \'0.  antiquorum  L.  plaiderait,  s'il  a  de  la  valeur,  en  fa- 
veur de  la  détermination  de  M.  Serres,  c'est  que  la  pointe  de  la  carène 
atteint  l'extrémité  échancrée  de  l'étendard. 

Ix.  Trifolium  clgpeatwn  L.  —  M.  Serres  {loc.  cit.,  p.  ù36)  croit,  contrai- 
rement à  MM,  Grenier  et  Godron,  que  l'espèce  ainsi  désignée  dans  VHer- 
bier est  bien  celle  de  Linné.  Ses  stipules  très  étroites  et  longuement  subu- 
lées,  ses  divisions  calicinales  linéaires,  témoignent,  si  je  ne  m'abuse,  qu'à 

le  travail  de  M.  Serres  n'a  paru  dans  le  Bulletin  que  le  25  octobre,  et  ma  Révi- 
sion a  paru  le  11  juillet.  Ces  dates  me  paraissent  justilier  ropportunité  de  ces 
remarques. 


sKANci:  i)i:  18  di^ckmim'.i;  18Î)7.  1019 

l'exemplf  de  .M.  iîiihaui,  j'ai  rappoilc  a  hou  droit  celte  piaule  au  7.  mari- 
t union  lliids. 

5.  Seriola  œtyiensis  Lap.  — M.  Serres  prétoiul  {loc.  cit.,  p.  .'i37)  avoir 
constaté  dans  Vllerbier  la  présence  d'cciiantilions  appartenant  à  cette 
espèce.  On  n'y  trouve  aujourd'liui  sous  ce  nom  qu'un  seul  pied  iVffy- 
'jjochœris  glabra  !..  et  non  A  II.  radicata  L.,  comme  nous  l'avons  fait  im- 
primer {liévis.,  p.  288  et  tirage  à  part  p,  68),  par  suite  d'un  lapsm 
adcuni  (1). 

6.  Le  Carex  sphœrica  Lap.  est  rapporté  par  M.  Serres  [loc.  cit., 
p.  Zi39)  au  C.  frigida  Ail.  Mais,  comme  nous  l'avions  reconnu  M.  I.oret  et 
moi,  V Herbier  offre  sous  le  nom  de  C.  sphœrica  Lap.  deux  pieds  de  C. 
polyrrhiza  Wallr.  (souche  cespiteuse  ;  nombreuses  feuilles  étroites,  dressées, 
égalant  la  tige  florale  grêle  et  terminée  par  trois  épis  très  rapprochés; 
bractées  non  engainantes;  utricules  velus,  etc.),  et  un  sommet  de  tige  de 
C.  frigida  Ail.  (bractées  engainantes;  utricules  glabres  insensiblement 
atténués  en  bec,  etc.). 

7.  Le  Carex  secalina  Wahlenb.  a  été  pris  par  I\L  Serres  pour  le  C. 
flirta  L, ,  mais  il  doit  être  rapporté,  comme  en  témoignent  les  caractères 
indiqués  dans  notre  Révision  (p.  298  ou  78),  au  C.  riparia  Curt.  Je  me 
bornerai  à  ajouter  que  la  plante  a  les  gaines,  les  feuilles,  les  utricules 
glabres. 

Je  saisirai  cette  occasion  pour  signaler  quelques  rectifications  que  nécessite 
mon  travail.  J'ai  rapporté  [Rév.,  p.  260  ou  40)  les  deux  échantillons  qui  sont 
dans  V Herbier  sous  le  non)  de  Sempervivum  montanum  L. ,  l'un  au  ^S'.  ar- 
vernense  Lecoq  et  Lamt.,  l'autre  au  S.  Pomelii  Lamt.  A  la  suite  d'observa- 
tions récentes  faites  dans  les  Pyrénées  par  M.  Loret  sur  les  mêmes  plantes 
à  l'état  vivant,  ce  botaniste  a  reconnu  que  le  premier  était  le  5.  Bouti- 
gnianum  Bill.  Gren. ,  et  le  second  un  hybride  qui,  dans  la  nomenclature  de 
Schiede,  devra  porter  le  nom  de  Boutigniano-arachnoideum  L. 

J'ai  omis  aussi  d'indiquei'  que,  sous  le  nom  de  Sempervivum  montanum 
L. ,  on  trouve  un  mélange,  dans  Y  Herbier.,  de  S,  montanum  L.  et  de  6". 
arachnoideum  L. 

Enfui  j'ai  dit  à  tort  [loc.  cit.,  p.  258  ou  iiO)  que  M.  Bubani  rapportait 
le  Sedum  sphœricum  Lap.  au  S.  dasyphjllum  L.  Ce  botaniste  reconnaît 
la  première  de  ces  plantes,  qui  est  le  S.  brevifolium  DC,  pour  une  espèce 
distincte. 

(1)  M.  Bubani  qui,  depuis  la  publication  de  notre  travail,  a  consulté  VHcrhier 
Lapeyrouse,  nous  a  signalé  celle  absence  de  concordance  entre  noire  détermina- 
tion, (loin  l'exaclitude  était  constatée  par  une  éliquelte  de  notre  main  portant 
Hypochœris  glabra  L.,  et  le  nom  cVHypochœris  radicata  L.  inscrit  dans  notre 
Hévisiûn  à  la  suite  des  mots  Seriola  œtnensis  L. 


'J020  sociKTK  ROTAMorr:  df,  Fn.vNcr:. 

31.  de  Seliœ.K'feld,  secrétaire  de  la  (lomniissioii  du  iîullelin,  affirme 
que  la  commuriicalioM  de  M.  le  colonel  Serres,  dont  l'original  est 
encore  entre  ses  mains,  porte  la  date  du  15  avril  1857. 

M.  Bâillon  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

OP.GANOGÉNIE  DES  GRAINES  CHARNUES  DE  VHYMENOCALLIS  SPECWSA , 
par  M.  H.   BAILLOIV. 

Il  y  a  longtemps  qu'Ach.  Richard  a  montré  que  les  prétendus  bulbilles 
qui  se  développent  dans  l'intérieur  des  fruits  de  quelques  Crinum  sont  de 
véritables  graines  [Ann.  se.  not.,  1824,  p.  12).  Mais,  comme  il  n'a  pu,  dit-il, 
«  observer  ces  organes  en  place,  ->  il  ne  s'est  pas  occupé  de  leur  mode  de 
développement.  C'est  ce  que  j'ai  eu  l'occasion  de  faire  sur  VHymenocnllis 
speciosa,  qui  tleiu'it  abondamment  au  Muséum.  Comme  la  présence  de  ces 
bulbilles  est  un  fait  constant,  j'ai  pu  suivre  leur  organogenie  à  partir  de 
l'époque  de  leur  apparition. 

L'ovaire  est  formé  d'un  axe  et  de  trois  feuilles  carpellaires  qui  se  mon- 
trent simultanément  au-dessus  des  folioles  extérieures  du  périantlie.  Kn  fer- 
mant la  cavité  ovarienne,  cliacune  d'elles  constitue  par  ses  bords  une  fente 
allongée  tournée  du  côté  de  l'axe.  C'est  à  la  base  de  cette  fente  qu'on  voit 
à  droite  et  à  gaucbe  apparaître  les  premiers  vestiges  des  ovules.  Ceux-ci 
consistent  d'abord  en  un  mamelon  celluleux  coni(jue  qui  se  porte  en  haut 
et  un  peu  en  dehors  ;  puis,  au  pourtour  de  la  base,  on  voit  naitre  successi- 
vement les  deux  enveloppes  ovulaires,  la  secondine  et  la  primine.  A  me- 
sure qu'elles  s'élèvent  autour  du  nucelle,  l'ovule  exécute  sou  mouvement 
anatropique.  Son  micro|)yle  se  porte  en  dehors,  puis  en  bas,  et  bientôt  on  a 
un  ovule  complètement  anatrope,  à  raphé  saillant  logé  dans  l'angle  interne 
de  la  loge.  Les  deux  ovules  ayant  suivi  simultanément  ce  même  mouve- 
ment, on  les  trouve  dressés,  collatéraux,  ascendants,  et  l'on  voit  en  même 
temps  à  la  base  de  chacun  d'eux  v\n  nouveau  mamelon  celluleux  se  produire 
à  la  partie  tout  à  fait  inférieure  de  la  loge  Ce  mamelon,  qu'on  prendrait 
d'abord  pour  un  ovule,  ne  devient  qu'une  sorte  d'auvent  qui  s'avance  vers  la 
paroi  extérieure  de  la  loge  et  qui  bientôt  s'appli(|ue  sur  le  micropyle  de 
chaque  ovule,  de  manière  à  l'obturer.  Cet  oigane  a  déjà  été  observé  dans 
un  grand  nombre  de  plantes  dicotylédones;  il  peut  donc  exister  aussi  chez 
les  monocotyledones.  Son  origine  étant  la  même  que  celle  du  bile,  il  re.s- 
send)le  beaucoup  à  un  arille  vérital)le,  ([uant  à  son  mode  de  développe- 
ment. Seulement,  il  apparaît  avant  la  fécondation  et  c'est  à  lui  que,  dans  les 
dicotylédones,  on  a  donné  le  nom  de  chapeau  de  tissu  conducteur. 

Chacune  des  enveloppes  de  l'ovule  présente  quelque  chose  de  spécial  dans 
la  manière  dont  elle  se  comporte  au  niveau  du  micropyle.  La  secondine 
s'appli(|ue  exactement  sur   le  nucelle  et  bientôt  e'Ie  se  gonfle  légèrement 


SKAXCL  i)i;    IS  iiKCLMiuiK  18Ô7.  1021 

autoiu-  (h;  rt'iulo.sloim-.  An  ('ciilre  do  ce  f^oiiflemciit,  on  ol^.crvi'  iiii  [if[\l  ori- 
licf  |):ir  k'(iuol  on  [leiit  pniclror  jusqu'au  sommet  aigu  du  luieelle.  La  pri- 
niiiic  ne  fcinie  i)as  aussi  rapidement  son  ouverture  exostomi(iue;  elle  l'orme 
un  collier  à  bords  épais  autour  de  l'orifice,  par  lequel  à  ce  moment  le  nu- 
celle  coiffé  de  la  secondine  se  prolonge  un  peu,  de  façon  a  faire  saillie 
au  dehors  du  reste  de  l'ovule  et  à  aller  se  mettre  en  contact  avec  la  face 
supérieure  du  corps  celluleux  qui  coiffe  l'ovule.  Bientôt,  l'exostome s'élève 
davantage  et  cache  toutes  les  parties  profondes  ;  ses  bords  viennent  à  se 
toucher,  ils.se  froncent,  s'épaississent,  et  la  graine  se  trouve  fermée  de  ce 
côté. 

Pendant  ce  temps,  il  s'est  passé  dans  son  intérieur  des  modilications  im- 
portantes. Dans  le  nucelle,  creusé  d'un  long  sac  embryonaire  étroit,  il  s'est 
développé  un  embryon  celluleux  qui  occupe  le  sommet  de  cette  cavité, 
puis  les  membranes  se  sont  épaissies  autour  de  ce  nucelle,  qui  ne  prend  à 
partir  de  ce  moment  qu'un  développement  peu  considérable.  Ce  sont  les 
enveloppes  qui  s'épaississent  dès  lors  beaucoup  et  contribuent  à  former  la 
plus  grande  partie  de  la  graine. 

l']lles  deviennent  tout  à  fait  charnues,  mais  en  même  temps  un  réseau  vas- 
culaire  considérable  s'y  développe.  D'abord  on  voit  des  faisceaux,  dont  le 
nombre  est  le  plus  souvent  de  trois,  suivre  la  longueur  du  raphé  jusqu'à  la 
chalaze.  Là  ces  faisceaux  se  ramifient  et  descendent  dans  les  enveloppes 
jusqu'au  micropyle,  en  conservant  la  môme  coloration  et  la  même  structure 
que  dans  le  raphé.  Si  alors  on  fait  une  coupe  transversale  de  la  graine,  on 
voit  ces  vaisseaux  entourés  d'une  grande  masse  de  tissu  charnu  dépendant 
de  l'épaississement  de  la  primine.  f^-ofondément,  les  enveloppes  et  le  nu- 
celle se  sont  soudés  et  ont  confondu  leur  tissu. 

Il  s'est  donc  formé  ici  des  graines  à  enveloppes  charnues,  comme  ailleurs 
les  fruits  deviennent  charnus  dans  tout  ou  portion  de  leur  péricarpe.  Mais 
cette  transformation  se  fait,  pour  ainsi  dire,  aux  dépens  du  péricarpe  lui- 
même,  car  plus  les  graines  grossissent,  plus  celui-ci  s'amincit;  et  bientôt, 
fortement  pressé  de  dedans  en  dehors  par  les  graines,  il  éclate,  et  ses  débris 
desséchés  laissent  sortir  les  bulbilles,  qui  se  détachent  après  avoir  persisté 
quelque  temps  nus  au  sommet  de  l'axe  de  l'inflorescence. 

Lors  de  la  germination,  ces  corps  se  comportent  exactement  comme  des 
graines,  et  c'est  de  ce  fait  principalement  que  Richard  avait  conclu  qu'ils 
sont  de  véritables  graines.  .Mais  on  peut  en  même  temps  en  donner  une 
preuve  expérimentale  que  voici.  Sur  une  inlloresceuce  encore  en  boutons, 
on  pince  le  sommet  des  fleurs  a  la  hauleur  \ouIue,  pour  enlever  avec  le  haut 
des  sépales  les  anthères  encore  l'einites.  Puis  on  laisse  la  floraison  s'ac- 
complir :  la  base  du  calice,  la  collerette  intérieure  s'épanouissent,  mais  la 
fleur  est  privée  d'organes  inàles.  On  n'a  pas  touché  à  l'ovaire  infère  et,  si  de 
veiiiahh's  b'ilbilles  devaient  se  développer  dans  sa  cavité,  il  est  a  croire 


1022  SOCIÉTÉ    BOTANlULi-:    DE    IHANCE. 

que  leur  évolution  ne  pourrait  qu'être  favorisée  par  cette  suppression  des 
parties  supérieures.  Cependant,  on  acquiert  bientôt  la  preuve  qu'il  s'agit 
ici  de  véritables  ovules,  car  n'étant  pas  fécondés,  ils  ne  se  développent  pas; 
l'ovaire  s'atrophie  autour  d'eux  et  tombe  bientôt  jauni  et  desséché,  tandis 
qu'il  grossit  invariablement  quand  on  ne  supprime  pas  l'androcée. 

Quel  est,  je  ne  dirai  pas  le  but,  mais  le  résultat  de  cette  transformation 
des  graines?  La  rapidité  de  leur  développement.  Tandis  que  le  fruit  des 
autres  Amaryllidées  met  un  long  temps  à  mûrir,  on  voit  souvent,  dans 
l'espace  de  moins  d'un  mois,  les  ovules  de  V  Bymenocallis  gvossiVy  arrivera 
maturité  et  se  détacher  de  la  plante-mère  pour  entrer  en  germination. 

M.  Payer  rappelle  qu'Achille  Richard  considérait  la  partie  charnue 
des  graines  de  Crinum  comme  un  alhumen.  Il  demande  à  M.  Bâillon 
s'il  est  du  même  avis,  et  si  cet  albumen  diminue  ou  augmente  de 
volume  pendant  le  développement  de  la  graine. 

M.  Bâillon  répond  que  le  nucelle  entre  dans  la  formation  de  ces 
graines,  mais,  avec  lui,  la  primine  et  la  secondine  qui  prennent  un 
développement  considérable. 

M.  Weddell  demande  à  M.  Bâillon  s'il  a  reconnu  la  présence  de 
faisceaux  fibro-vasculaires  dans  la  secondine  d'autres  plantes. 

M.  Bâillon  répond  affirmativement.  Le  fait,  dit-il,  est  facile  à  voir 
dans  les  Euphorbiacées. 

M.  Duchartre  demande  à  M.  Bâillon  s'il  a  fait  l'étude  anatomiqu3 
de  ces  faisceaux  libro-vasculaires. 

M.  Bâillon  n'en  a  pas  fait  l'étude  anatoniique,  mais  il  les  considère 
comme  des  faisceaux  fibro-vasculaires,  parce  que  leurs  lignes  partent 
de  la  chalaze. 

M.  Guillard  s'exprime  en  ces  termes  : 

En  terminant  l'exposé  de  la  théorie  générale  de  l'inflorescence, j'aiinsisté 
sur  la  nécessité  d'élever  la  langue  à  la  hauteur  des  découvertes,  et  de  repousser 
les  termes  vicieux  qui  se  sont  introduits  subrepticement  en  ce  sujet  depuis 
quelques  années  seulement;  j'ai  invité  les  habitudinaires  de  ce  langage  im- 
parfait à  se  mettre  d'accord  avec  la  logique,  ce  (lu'ils  ne  peuvent  faire  qu'en 
démontrant  :  ou  que  mes  observations  sont  fausses,  ou  que  le  langage  qu'ils 
veulent  conserver  les  représente  exactement  et  sans  contradiction;  enfin 
j'ai  promis  de  faire  voir,  par  un  exemple  remarquable  et  curieux,  l'impos- 
sibilité de  garder  ou  de  communiquer  des  idées  justes  dans  une  langue 
qui  ne  l'est  pas,  avec  des  mots  arbitrairement  détournés  de  leur  sens  usuel, 
et  mal  déterminés.  Cet  exemple  sera  fourni  par  le  dernier  volume  publié  du 


sÉANCK  i)i;  18  DKcicMKiti':   1S57.  1()'23 

l'rudroniiis  IXJ.  On  y  voit  des  efibits  louables  pour  tirer  de  roi)seurité  et 
du  vague  où  il  est  resté  jusqu'à  présent,  ce  earaclère  essentiel  à  la  détermi- 
nation des  plantes;  mais  on  y  voit  eu  même  temps  l'avortement  de  ces 
efforts  et  de  cette  conception.  Je  crois  trouver  l'explication  de  cette  impuis- 
sance dans  une  Note  sur  la  famille  des  Santalacées,  qui  a  été  distribuée 
ces  jours-ci,  par  M.  Aiph.  De  Candolle,  et  dont  Je  voulais  vous  soumettre 
aujourd'bui  une  appréciation  critique.  Mais  forcé  de  partager  en  deux 
cette  lecture,  qui  serait  trop  longue  pour  une  seule  séance,  je  demande  la 
permission  de  la  remettre  à  l'année  prochaine. 

M.  Guillard  présente  ensuite  à  la  Société  une  tige  de  Chanvre  et 
dit  : 

Cette  tigCj  cueillie  au  mois  d'août  dernier  dans  une  vigne  au-dessus  de 
ileuil  (Seine-et-Oise),  offre  la  doublure  anormale  d'une  Feuille,  phénomène 
intéressant  en  ce  qu'il  se  rapporte  au  problème,  encore  bien  indéterminé, 
de  l'influence  de  la  Feuille  sur  son  axillaire. 

Elle  porte,  vers  le  milieu  de  sa  hauteur,  deux  Feuilles  conjointes  col- 
latéralement,  aisselant  ensemble  un  rameau  axillaire,  beaucoup  plus  fort, 
trois  et  quatre  fois  plus  fort  que  ceux  qui  sont  au-dessus  et  au-dessous.  Cet 
axillaire  est  apprimé  et  un  peu  fascié.  Quelqu'une  de  ses  Feuilles  est  doublée 
à  peu  près  comme  sa  paire  d'aisselières. 

Cela  se  passe  au-dessous  de  la  protanthèse,  au-dessus  du  dénivélement 
sur  tige,  et  avant  que  l'ordre  F  2/5  soit  régularisé.  Chacune  de  ces  deux 
Feuilles  est,  comme  à  l'ordinaire,  palmée  à  6-7  folioles  ;  chacune  envoie  à 
la  tige  3  cohortes  foliales  (faisceaux  séveux-trachéens)  :  les  2  intermédiaires 
sont  contigués  et  unies;  les  6  cohortes  embrassent  les  2/3  du  verticille  in- 
terne, au  lieu  du  tiers  que  les  3  cohortes  d'une  Feuille  de  Cannabis  em- 
brassent dans  l'ordre  normal. 

Il  est  manifeste  que  la  doublure  de  la  Feuille  a  plus  que  doublé  la  force 
du  rameau  aisselé.  [.'aisselle  étant  comme  2,  l'axillairc  est  commet.  Ainsi, 
l'on  pourrait  dire  (si  l'on  croyait  bien  à  la  cause)  que  l'effet  produit  a  crû 
comme  le  carré  de  la  cause  productrice. 

M.  Bâillon  fait  remarquer  que  ces  deux  feuilles  n'ont  que  trois 
stipules  au  lieu  de  quatre;  la  stipule  intermédiaire  compte  pour 
deux. 

M.  Guillard  ajoute  que  celte  stipule  est  placée  sur  la  double 
cohorte  intermédiaire  dont  il  a  parlé,  et  de  manière  à  lui  envover 
ses  trachées  directement,  comme  les  stipules  simples  font  aux  cohortes 
foliales  simples. 

M.  Duchartre  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 


10*2/i  SOCIÉTÉ    15U1AMQLK    DE    FRANCE. 

OBSEIW  AllONS  Sun  LA  TRANSPIRATION  DES  PLANTES  PENDANT  LA  NUIT  ; 
par  M.  P.  DLCIIARTRE. 

Je  désire  appeler  pendant  quelcines  instants  l'attention  de  la  Soeiétc  sui' 
une  phase  de  la  transpiration  qui  me  semble  avoir  été  trop  négligée  par  les 
physiologistes  a  (|ui  nous  devons  de  beaux  travaux  sur  l'ensemble  de  ce 
grand  phénomène;  Je  veux  parler  de  la  portion  de  la  transpiration  journa- 
lière qui  s'effeetue  pendant  la  nuit.  J'ai  été  amené  à  m'en  occuper  par  les 
expériences  dans  iesfiuelles  je  me  suis  proposé  de  reconnaître  comment  les 
plantes  se  comportent  vis-à-vis  de  la  rosée  qui  les  mouille.  Mes  recherches 
m'ayant  conduit  à  ce  résultat,  en  désaccord  avec  les  idées  reçues,  que  les 
feuilles  n'absorbent  pas  l'eau  de  la  rosée  condensée  à  leur  surface,  je  ne  me 
suis  pas  dissimulé  que  la  légitimité  de  cette  conclusion  pourrait  être  con- 
testée, comme  elle  l'a  été  en  effet  dans  l 'avant-dernière  séance  par  un  de  mes 
savants  confrères,  si  l'on  pouvait  dire  qu'il  s'opère  pendant  la  nuit  une 
transpiration  assez  abondante  pour  masquer  une  absorption  tant  soit  peu 
notable  d'humidité  qui  aurait  eu  lieu  pendant  le  même  temps.  J'ai  donc  dû 
chercher  h  reconnaître  si  les  plantes  transpirent  pendant  la  nuit,  et  dans 
le  cas  de  l'affirmative,  quelle  est  l'intensité  de  leur  transpiration  dans  les 
diverses  circonstances  où  elles  peuvent  se  trouver. 

Pour  ces  recherches,  j'ai  dû  faire  abstraction  des  idées  admises  géné- 
ralement dans  la  science  et  présentées  dans  les  ouvrages  relatifs  à  la  phy- 
siologie végétale.  Haies  avait  dit  [Statique  des  végétaux,  trad.  de  Buffon, 
in-i,  p.  h)  qu'un  HeliantJius  annuus,  dont  la  transpiration  s'était  élevée, 
par  un  jour  sec  et  chaud,  a  1  livre  \h  onces,  n'avait  plus  perdu  que 
3  onces  par  une  nuit  également  sèche  et  chaude,  sans  rosée  sensible,  et  il 
avait  ajouté  ((ue  la  moindre  rosée  supprimait  toute  transpiration,  soit 
pour  cette  plante,  soit  pour  les  autres  dont  il  s'était  occupé.  Les  physiolo- 
gistes modernes  ont,  pour  la  plupart,  été  plus  loin  que  Haies,  tout  en  le 
citant;  c'est  ainsi  qu'on  lit  dans  la  Physiologie  de  De  Candolle  (F,  p.  112)  : 
«  Haies  avait  déjà  vu  que  les  \'é^i'\au\7ic  transpirent  que  pendatit  le  Jour;  » 
dans  celle  de  M.  Treviranus  (I,  p.  488),  que  «  la  transpiration  diminue  le 
soir  et  cesse  d'ordinaire  entièrement  pendant  la  nuit  (1).  » 

Contrairement  à  ces  énoncés,  et  me  l)asant  sur  les  observations  que  j'ai 
faites  en  1857,  dans  un  grand  jardin,  à  jMeudon,  en  mettant  à  profit, 
autant  (|u'il  m'était  possible,  les  circonstances  atmosphériques  diverses 
qui  se  présentaient,  je  crois  pouvoir  admettre  :  1°  Qu'il  n'est  pas  exact  de 
direa\ec  De  Candolle  que  les  végétau.x  ne  tran.spirent  (jue  pendant  le  joui'; 
2"  qu'on  ne  peut  considérer  non  plus  comme  fondée  l'assertion  plus  res- 

(1)  «  Abcnds  vcrmindorl  sic  .sicli  inid  Nachts  harl  sic  gtniciniglicli  ganz  auf.  » 
{Physiologie  cler  Geivœchse,  loc.  cil.) 


SKANCK    DU    18    DKCKMlîUI':    1857.  1025 

tieinte  de  Haies,  selon  laquelle  les  plantes  transpireraient  uniquement 
pendant  les  nuits  chaudes,  sècjies,  sans  rosée  et  cesseraient  de  le  faire 
aussitôt  (lu'il  y  aurait  sur  leurs  feuilles  le  moindre  dépAt  de  rosée;  3°  qu'il 
s'opère  généralement  pendant  la  nuit,  quelque  humide  qu'elle  soit,  une 
certaine  transpiration;  /i"  mais  que,  déjà  faible  dans  les  circonstance-^,  les 
plus  favorables,  c'est-à-dire  pendant  les  nuits  chaudes,  sèches  ou  sans 
rosée,  elle  n'amène  plus  qu'une  fort  petite  déperdition  lorsqu'il  se  dépose 
une  légère  rosée,  et  qu'elle  devient  presque  nulle,  peut-être  même  quelque- 
fois nulle,  quand  une  forte  condensation  d'humidité  forme  sur  la  surface 
des  feuilles  un  revêtement  liquide  complet. 

La  transpiration  nocturne  étant  très  faible  aussitôt  qu'il  y  a  sur  les 
feuilles  une  légère  condensation  d'humidité  et  devenant  beaucoup  moindre 
lorsque  la  rosée  est  plus  abondante,  il  résulte  de  là,  comme  conséquences 
naturelles  :  1°  qu'elle  ne  pourrait  dissimuler  qu'une  absorption  d'autant 
moindre  qu'il  y  aurait  une  plus  grande  quantité  d'eau  sur  ces  organes^,  ce 
qui  deviendrait  pour  les  plantes  une  faculté  superflue  et,  si  je  puis  le  dire, 
contradictoire;  2°  que,  comme  pendant  les  nuits  chaudes,  sèches  et  sans 
rosée,  où  par  conséquent  il  ne  peut  être  question  de  l'absorption  d'une 
eau  superficielle  absente,  la  déperdition  est  assez  peu  considérable  pour 
qu'une  quantité  d'eau  équivalente,  étant  introduite  dans  les  plantes,  ne  pro- 
duisit qu'un  effet  peu  marqué  sur  la  végétation,  cet  effet  deviendrait,  à 
plus  forte  raison,  insignifiant  dans  les  cas  de  forte  rosée. 

Je  ferai  observer  que  cette  marche  générale  de  la  transpiration  pendant 
la  nuit  est  en  parfaite  harmonie  avec  tout  ce  qu'on  sait  relativement  à  i'in- 
fluence  des  actions  extérieures  sur  lintensité  de  ce  phénomène,  de  telle 
sorte  qu'on  serait  conduit  à  la  présumer  par  simple  voie  de  déduction  logi- 
que, lors  même  que  des  preuves  expérimentales  ne  viendraient  pas 
l'établir. 

Je  ne  dois  pas  négliger  de  dire  que  les  observations  dont  il  va  être  ques- 
tion dans  cette  note  ont  été  faites,  en  1857,  sur  les  plantes  qui  m'ont  servi 
de  sujets  pour  mes  expériences  sur  la  rosée,  par  conséquent  sur  des  plantes 
en  bonne  végétation,  dont  le  pot  était  enfermé  dans  un  appareil  de  verre 
parfaitement  clos,  mais  dont  la  tige  feiiillée  flottait  libiement  dans  l'atmo- 
sphère. 

Il  me  reste  maintenant  à  exposer  quelques-uns  des  faits  sur  lesquels  je 
crois  pouvoir  baser  les  énoncés  généraux  que  j'ai  donnés  comme  exprimant 
dans  quelle  mesure  les  végétaux  transpirent  pendant  la  nuit,  selon  les  con- 
ditions diverses  où  elles  se  trouvent. 

I.    Transpiration  pendant  les  nuits  sans  rosée. 

1°  vÈRONicA  lijsdleyaisa  Paxt.  —  Je  rapporterai,  [tour  celte  plante,  des 
exemples  fournis  par  trois  pieds  différents. 

T.    IV.  6.') 


1026  sociétl;  botaniquii:  de  frange. 

l^e  pieniiei"  formait  un  petit  arbuste  rameux,  ramassé,  chargé  d'un  assez 
grand  nombre  de  feuilles  de  grandeur  moyenne  ou  même  un  peu  petites. 
Dans  la  nuit  du  17-18  août,  qui  a  été  sèche,  chaude  et  sans  rosée  (tenipér. 
minimum  =  16"),  cet  arbuste,  placé  sous  une  grande  vitre  suspendue  ho- 
rizontalement au-dessus  de  lui,  a  perdu  28',2,  entre  8  heures  du  soir  et 
6  heures  du  lendemain  matin  (15395^0  à  1536s',8).  Cette  déperdition  est 
la  plus  forte  (jue  j'aie  constatée  pour  lui  ;  en  effet,  placé  de  même  pendant 
les  nuits  des  26-27,  27-28  du  même  mois  (tempér.  minimum.  =  15°, 4  et 
1d°,2),  il  n'a  perdu  que  V%&  et  \^\8  (1622s',8  à  162l«S2  pour  la  première 
nuit,  1598s',0  à  1d96^'%2  pour  la  seconde).  Pour  donner  un  terme  de  com- 
paraison, je  dirai  que,  dans  la  journée  du  27  août,  qui  a  été  belle,  calme  et 
pendant  laquelle  un  thermomètre  à  réservoir  nu  marquait  au  soleil  28  de- 
grés dès  9  heures  du  matin,  la  même  plante  a  perdu  37  grammes,  entre 
6  heures  du  matin  et  7  heures  et  demie  du  soir,  placée  en  plein  air  de  ma- 
nière a  recevoir  le  soleil  de  7  heures  et  demie  du  matin  jusqu'à  3  heures  du 
soir.  Ainsi  sa  transpiration  la  plus  forte,  pendant  une  nuit  très  chaude  et 
sèche,  n'a  pas  même  été  1/17  de  celle  qu'elle  a  subie  pendant  une  belle 
journée  d'été.  Si  l'on  veut  une  comparaison  entre  des  époques  aussi  rap- 
prochées que  possible,  sa  transpiration  pendant  les  deux  nuits  qui  ont  pré- 
cédé et  suivi  la  journée  du  27  août  n'a  été,  pour  l'une  que  1/23,  pour  l'autre 
(jue  1/21  environ  de  celle  qui  a  eu  lieu  pendant  cette  journée. 

Les  résultats  fournis  par  les  deux  autres  pieds  de  Vej'onica  Lindleyana 
concordent  avec  ceux  qu'on  vient  de  voir. 

I.e  second  ne  portait  pas  moins  de  Zi9  feuilles  bien  développées,  dont  la 
longueur  moyenne  était  de  6-7  cent.,  et  dont  les  plus  grandes  étaient  lon- 
gues de  8-9  cent.  Pendant  la  nuit  du  20-21  septembre,  qui  a  été  belle  et 
calme,  mais  fraiche  (tempér.  minimum  =  6°, 5),  et  après  laquelle  cepen- 
dant, laissé  à  découvert  au  milieu  du  jardin,  il  n'a  pas  présenté  de  rosée 
visible,  sa  transpiration  a  été  de  2'',6,  entre  8  heures  du  soir  et  6  heures 
du  lendemain  malin  (1809^', 6  à  1807s'-,0).  Pendant  la  journée  suivante  du 
21,  qui  a  été  belle,  mais  où  le  maximum  observé  au  soleil,  sur  le  thermo- 
mètre à  réservoir  nu,  n'a  été  que  22", 5,  la  même  plante  a  perdu  par  trans- 
piration i3s',8,  de  9  heures  du  matin  à  7  heures  du  soir.  Il  est  évident  que 
ce  nombre  se  serait  élevé  au  moins  à  50  grammes,  si  une  circonstance  par- 
ticulieie  n'avait  pas  empêché  de  commencer  l'observation  dès  6  heures  du 
matin.  Ainsi  la  transpiration  de  la  nuit  a  été  avec  celle  du  jour  suivant 
dans  le  même  rappoit  que  pour  le  pied  n"  1. 

Le  troisièine  pied  de  Veronica  Lindleyana  avait  une  surface  foliaire  no- 
tablement moindre  que  celle  des  deux  premiers;  il  consistait  en  un  jet 
simple,  cliargé  d'une  vingtaine  de  feuilles  bien  développées.  Aussi,  observé 
pendant  les  mêmes  nuits  que  le  n"l,  mais  à  découvert,  a-t-il  donné  con- 
hlamment  des  chiffres  plus  faibles  pour  sa  transpiration.  Ces  chiffres  ont 


SÉANCK   UL    18    DÉCKiMIUnO    1857.  1027 

étélK',6,  !«',(),  \^',U  pour  ces  Irois  nuits  du  17-18  .-loût,  des  25-2G,  27-28 
sepU-inbie  (18a26',0  a  IS/Ul^'^ù;  1S77^',0  à  1876«',0;  18688',0  à  18668^6). 
Quant  à  la  Iranspiiation  diurne  de  cet  arbuste,  pendant  la  journée  du 
27  août,  qui  m'a  ser\i  d'exeniplo  pour  le  pied  n"  1,  elle  a  été  de  28^',  2, 
entre  6  heures  du  matin  et  7  heures  et  demie  du  soir.  Ainsi  sa  transpiration 
nocturne  moyenne  a  été  un  peu  au-dessous  de  1/21  de  cette  transpiration 
diurne. 

Je  crois  qu'il  serait  difficile  de  trouver  des  résultats  plus  concordants 
entre  eux  que  ceux  qui  ont  été  donnés  par  ces  trois  plantes. 

2°    lŒINE-MARGUERITE. 

J'ai  mis  en  observation  deux  pieds  de  Keine-Marguerite  rameux  et  bien 
feuilles,  que  j'avais  choisis  aussi  semblables  entre  eux  que  possible. 

Le  n°  1,  placé  sous  une  grande  vitre  suspendue  horizontalement,  pen- 
dant la  nuit  chaude  et  calme  du  25-26  août  (tempér.  minimum  =  15", 7), 
a  subi  une  transpiration  de  V'\1  (2181s^8  à  2178«',6),  maximum  qui  n'a 
jamais  été  atteint  ensuite,  à  1  gramme  près  au  moins  de  différence.  Pendant 
la  même  nuit,  le  n°  2,  ayant  été  laissé  à  découvert  au  milieu  du  jardin,  et 
bien  que  n'ayant  pas  reçu  la  moindre  rosée,  comme  le  premier,  n'a  perdu 
que  2s',2  (2185s%0  à  2182s'",8)  pendant  le  même  espace  de  temps,  ou  entre 
7  heures  du  soir  et  6  heures  du  lendemain  matin.  Quant  au  n"l,  étant  resté 
à  découvert  pendant  la  nuit  suivante,  26-27  août,  il  n'a  pas  montré  de  rosée 
le  lendemain  matin  ;  et  cependant  il  n'avait  transpiré  que  1=",6  (2138^%^  à 
2136s',8).  Les  résultats  ont  été  ou  identiques  ou  presque  identiques  pen- 
dant quelques  autres  nuits  sans  rosée  du  mois  de  septembre,  pendant 
lesquelles  la  plante  a  été  laissée  également  à  découvert  au  milieu  du  jardin. 
Je  citerai  notamment  celles  du  18-19  (tempér.  minimum  =  10°, 5)  et  du 
21-22  (tempér.  rainimum=:9",0),  pendant  lesquelles  sa  transpiration  a  été 
de  16', 8  et  1«^6  (22158',8  à  221is',0  ;  2221s',4  à  2219»', 8). 

Pour  le  \\°  2,  pendant  les  nuits  sans  rosée  de  la  même  époque  qu'il  a 
passées  à  découvert,  sa  transpiration  a  varié  de  ls',8  à  25',6,  terme  le  plus 
élevé  que  j'aie  observé  pour  lui. 

Le  27  août,  entre  6  heures  du  matin  et  7  heures  et  demie  du  soir,  mes 
deux  Reines-Marguerites  ont  été  placées  à  découvert  et  ont  reçu  le  soleil 
pendant  7  heures  et  demie.  Le  n°  1  a  perdu  par  transpiration  h^^%^,  len"  2, 
lxl^\^,  résultats  remarquables  par  leur  concordance.  Si  nous  cherchons  le 
rapport  qui  existe  entre  les  transpirations  nocturnes  et  diurnes  de  ces  deux 
plantes,  nous  verrons  que,  la  moyenne  de  la  nuit  étant  de  1^\l\  pour  le  n°  1, 
de  2s',2  pour  le  n"  2,  le  rapport  dont  il  s'agit  est,  à  fort  peu  de  chose  près, 
1/20  pour  le  premier,  1/21  pour  le  second. 

Il  est  curieux  et  instructif  en  même  temps  de  comparer  la  quantité  d'eau 
que  ces  plantes  ont  transpiréc  pendant  la  nuit,  dans  les  conditions  les  plus 
favorables  à  cette  déperdition,  avec  le  poids  de  celle  qui  a  pu  se  condenser 


1028  SOCIÉTÉ   BOTAr^lQUiC    DE    FRANCE. 

sur  elles  cm  rosée  clans  des  circonstances  opposées  et  fort  défavorables  à  cette 
même  transpiration.  Or,  du  1^  au  18  septembre  1857,  la  coucbe  de  rosée 
([t!e  j'ai  trouvée,  le  matin,  sur  mes  deux  Reines-Marguerites  s'est  élevée 
jusqu'au  maximum  de  7  grammes  pour  le  n"  1,  de  63',8  pour  le  n°  2.  f.c 
simple  rapprochement  de  ceschiffies  me  semble  dispenser  de  tout  commen- 
taire. 

3°  HORTENSIA.  —  Pour  uc  pas  trop  prolonger  cette  note,  je  rappoiterai 
très  succinctement  quelques-unes  des  observations  que  j'ai  faites  sur  deux 
jeunes  Hortensias  qui  portaient  chacun  1^  feuilles,  le  h  septembre,  au  mo- 
ment où  ils  eut  été  mis  en  expérience,  et  qui  avaient  été  choisis  aussi  sem- 
blables que  possible  l'un  à  l'autre. 

Le  n"  1  a  été  placé  sous  une  grande  vitre  horizontale  pendant  les  nuits 
du  6-7,  du  9-10.  De  bon  matin,  le  lendemain,  il  ne  présentait  pas  de  rosée 
appréciable  et  il  avait  perdu  2^',2  dans  le  premier  cas  (2227s',8  à  2225^' ,6), 
l''',2  dans  le  second  (2209?', 8  a  2208e', 6).  Pendant  la  nuit  du  20-21  il  a  été 
placé  à  découvert  et,  ne  portant  pas  de  rosée  le  matin,  il  a  accusé  une  dé- 
perdition de  \^\k  (21686%8  à  21678',^).  Pendant  cette  même  nuit,  le  n°  2, 
laissé  également  à  découvert,  au  milieu  du  jardin,  a  perdu  ls',8  du  poids 
qu'il  avait  à  huit  heures  du  soir  (2132s',/i  à  2130s',6) 

Je  ne  puis  passer  sous  silence  un  fait  remarquable  observé  pendant  la 
nuit  du  ^-5  septembre.  La  pluie  a  été  abondante  et  à  peu  près  continue; 
l'Hortensia  n"  2,  placé  en  plein  air,  a  été  garanti  par  une  simple  vitre  sus- 
pendue hoiizontalement  au-dessus  de  lui  ;  cependant,  au  milieu  de  cette 
atmosphère  chargée  d'humidité,  il  n'a  pas  laissé  de  transpirer,  et  le  matin, 
à  six  heures,  j'ai  constaté  qu'il  avait  perdu  ls',2  (22698',6  à  2268^',^). 

La  faiblesse  de  la  transpiration  de  mes  deux  Hortensias,  pendant  la  nuit, 
est  d'autant  plus  remarquable  que  la  déperdition  pendant  le  jour  est  très 
considérable  pour  cette  espèce,  comme  on  le  sait.  Ainsi,  par  un  jour  cou- 
vert, le  12  septembre,  le  n°  1  a  perdu  oO=',Zi  entre  huit  heures  et  demie  du 
matin  et  sept  heures  et  demie  du  soir;  ainsi  encore  le  7  du  même  mois,  hî 
li"  2,  étant  resté  exposé  à  un  soleil  presque  continu  de  huit  heures  du  matin 
jus(iu'à  une  heure  et  demie,  a  perdu  t\U'°',h,  par  transpiration,  dans  ctt  es- 
pace de  cinq  heures  et  demie,  tandis  que  la  déperdition  a  été  de  37s',6pour 
le  n"  1  qui  avait  été  placé  au  même  lieu,  pendant  le  même  temps,  derrière 
un  écran  formé  de  deux  gazes  superposées. 

II.    Transpiration  pendant  les  nuits  où  il  y  a  eu  de  la  rosée. 

Les  nombreuses  observations  de  Haies,  de  Guettard,  de  Sénebier,  etc., 
en  un  mot,  de  tous  les  physiologistes  qui  ont  fait  des  recherches  expéri- 
mentales sur  la  transpiration  des  plantes,  ayant  prouvé  (|uc  ce  phénomène 
subit  a  un  très  haut  degré  les  induonces  physi(|ues  ou  externes,  il  est  facile 
de  prévoir  que  la  faible  déperdition  qu'il  détermine  dans  les  plantes  peu- 


sÉANCr,  DU  18  Di';r,K;\mnF.  1857.  1()29 

dant  les  nuits  sans  rosée  tlcvieiidra  beaucoup  plus  faible  encore  lorsque  la 
condensation  de  la  vapeur  atmosphériqui;  amènera  sur  les  feuilles  le  (l(''|)ôt 
d'une  couc'be  de  rosée,  c'est-à-dire  la  formation  d'un  revêtement  liquide. 
Aussi  Haies  aflirniait-il  avoir  recoinni,  dans  ses  expériences  justement  célè- 
bres, que,  «  aussitôt  qu'il  y  avait  un  tant  soit  peu  de  rosée,  il  ne  se  faisait 
plus  de  transpiration  »  [loc.  cit.).  Je  ne  sacbe  pas  qu'un  seul  physiologiste 
ait  mis  en  doute  la  justesse  de  cette  assertion,  et  il  est  admis  par  tous  les 
auteurs  que  la  moindre  formation  de  rosée  sur  les  feuilles  met  fin  ;i  toute 
transpiration  de  leur  part.  Cependant,  grâce  aux  appareils  et  à  la  méfliode 
dont  j'ai  fait  usage  pour  mes  recherches,  j'ai  pu  reconnaître  que  ces  idées, 
universellement  admises,  sont  trop  absolues  et  (ju'en  général  la  rosée,  tout 
en  diminuant  la  déperdition  aqueuse  d'autant  plus  ((u'elle  se  dépose  elle- 
même  en  plus  grande  quantité,  ne  l'anéantit  pas  entièrement.  Voici  quel- 
ques-uns des  faits  sur  lesquels  est  basée  mon  opinion. 

Rien  n'est  plus  facile  que  de  prouver  que  les  plantes  transpirent  pendant 
la  nuit,  bien  qu'une  légère  rosée  se  dépose  à  leur  surface.  En  effet,  toutes 
les  fois  que  cette  rosée  produit  sur  elles  l'effet  d'une  simple  buée  plus  ou 
moins  prononcée,  il  suffit  de  les  peser  de  bon  matin,  encore  couvertes  de 
cette  faible  couche  d'humidité,  pour  trouver  un  poids  total  plus  ou  moins  in- 
férieur à  celui  qu'elles  avaient  la  veille  à  l'entrée  de  la  nuit.  Elles  ont  donc 
transpiré;  même  leur  transpii'ation  a  été  assez  marquée  pour  que  la  dimi- 
nution qui  en  a  été  la  conséquence  ne  puisse  être  dissimulée  par  le  poids  de 
l'humidité  superficielle  qu'elles  poitent  lorsqu'on  les  met,  encore  humides 
de  rosée,  sur  le  plateau  de  la  balance.  Ce  fait  est  assez  général  pour  que  je 
l'aie  constaté  dans  tous  les  cas  où  il  y  a  eu  peu  de  rosée.  Je  ne  crois  donc 
pas  nécessaire  d'en  citer  de  nombreux  exemples,  et  je  me  bornerai  à  en 
rapporter  quelques-uns  choisis  de  manière  à  montrer  en  même  temps  que 
la  déperdition  nocturne  devient  d'autant  moindre  que  la  rosée  se  condense 
en  plus  grande  quantité. 

Le  pied  n°  3  de  Veronica  Lindleyana,  dont  il  a  été  question  plus  haut, 
a  transpiré,  en  moyenne,  comme  on  l'a  vu,  l'',3  pendant  les  nuits  sans 
rosée  de  la  fin  du  mois  d'août.  Ee  28  du  même  mois,  à  sept  heures  du  soir, 
il  pesait  1863s',0,  et  le  lendemain  matin,  à  cinq  heures  et  demie,  malgré 
la  présence  d'une  légère  buée  sur  ses  feuilles,  j'ai  constaté  qu'il  ne  pesait 
plus  que  1862'',2.  Il  avait  ainsi  diminué  de  Os',8.  Or,  comme  j'ai  reconnu 
que  cette  mince  couche  de  rosée  pesait  0^',^,  il  résulte  de  là  que  la  déper- 
dition réelle  avait  été  de  1^',2,  c'est-à-dire  égale  cette  fois  à  celle  de  cer- 
taines nuits  sans  rosée.  Après  la  nuitdu  9-10  septembre,  cette  plante  pesée, 
à  six  heures  du  matin,  avec  une  buée  un  peu  moins  légère,  n'a  montré 
qu'une  diminution  de  0^'\2  sur  le  poids  qu'elle  avait  eu  la  veille,  à  huit 
heures  du  soir.  Mais  si  l'on  déduit  06", 6  -pour  le  poids  de  cette  faible  rosée, 
on  aura  08',8  pour  la  diminution  totale  subie  pendant  cette  nuit. 


•]{);iO  SOCIKTK    lîOTAMQll':    Î)F.    FRANCF. 

l'oui'la  Roinc-lMargucMite  n"  2,  ladrpei'ditioii,  pendant  les  nuits  sans  rosée, 
a  été,  au  niiniinnin,  de  l'',8,  au  maximum,  de  2°',6,  ce  qui  donne  2'\.2 
pour  la  moyenne.  Après  la  nuit  du  29-30  août,  elle  ne  portait  qu'une  buée 
très  légère;  celle-ci  comprise,  elle  avait  diminué  depuis  la  veille  de  Os',8. 
Je  crois  être  plutôt  au-dessus  (|u'au-dessous  de  la  vérité  en  évaluant  par 
comparaison  à  0°'\k  le  poids  de  cette  faible  quantité  d'humidité  que  je  n'ai 
pas  apprécié  directement;  cette  quantité  déduite,  on  aurait  ls%2  pour  ex- 
pression de  la  diminution  réelle.  La  buée  que  portait  ce  sujet  après  la  nuit 
du  28-29  août  était  assez  prononcée,  certainement  plus  forte  que  dans  le  cas 
précédent.  Lorsque  je  l'ai  pesé,   le  29,  a  cinq  heures  et  demie  du  matin, 
avec  cette  humidité  superficielle,  je  n'ai  constaté  en  lui  qu'une  diminution 
de  Os',2  sur  le  poids  de  la  veille  (2Hls%8  à  21/il°',6).  J'ai  reconnu  que  la 
rosée  qu'il  portait  pesait  U«',(),  d  où  sa  tleperdition  totale  avait  été  de  Os', 8. 
—  Le  1""  septembre,  vers  sept  heures  et  demie  du  soir,  cette  Reine-Mar- 
guerite a  pesé  2H6^',8.  Le  lendemain,  à  six  heures  du  matin,  elle  portait 
une  rosée  assez  forte  pour  la  couvrir  d'une  couche  d'eau  bien  visible;  delà, 
mise  ainsi  mouillée  sur  la  balance,  elle  a  montré  un  poids  total  de  21^7s',/!i; 
mais,  cette  eau  déduite,  le  poids  réel  est  descendu  à  21A6°',Zi,  accusant  une 
déperdition  léelle  de  0*^',fi.  Enlin  le  dernier  terme  de  cette  série  est  formé 
par  les  cas  dans  lesquels  la  rosée  a  été  très  abondante.  Dans  ces  circon- 
stances, lorsque  j'ai  pesé  la  plante,  le  matin,  fortement  mouillée  de  rosée, 
j'ai  trouvé,  relativement  au   poids  qu'elle  avait   la  veille  à  l'entrée  de 
la  nuit,  une  augmentation  apparente  qui  a  disparu  dès  que  j'ai  enlevé  l'eau 
superficielle,  de  telle  sorte  qu'il  est  resté  ensuite  un  poids  réel  inférieur  à 
celui  de  la  veille  d'une  très  faible  fraction  de  gramme,  plus  rarement  égal 
à  celui-ci,  au  moins  d'après  les  appréciations  de  ma  balance  dont  la  sensi- 
bilité ne  dépassait  pas  1/5  de  gramme.  Je  ne  crois  pas  avoir  besoin  d'insister 
sur  ce  dernier  point,  dont  je  me  suis  occupe  en  détail  dans  mon  mémoire 
sur  les  rapports  des  plantes  avec  la  rosée. 

Des  faits  analogues  à  ceu\  que  je  viens  de  rapporter  m'ont  été  offerts  avec 
une  concordance  remarquable  par  les  diverses  plantes  que  j'ai  prises  pour 
sujets  de  mes  observations.  Je  crois  donc  pouvoir  regarder  comme  suflisam- 
ment  justifiés  les  principes  que  j'ai  formulés  dans  cette  note,  notatnment  la 
persistance  de  la  transpiration  malgré  le  dépôt  de  la  rosée  sur  les  feuilles  et 
sa  diminution  d'autant  plus  considérable  que  celle-ci  se  dépose  en  plus 
grande  (juantité. 

Quant  à  la  suppression  totale  de  la  transpiration  dans  des  cas  de  très 
forte  rosée,  sans  vouloir  la  contester  de  manière  absolue,  je  serais  porté 
à  ne  pas  l'admettre  :  1°  parce  que,  dans  la  plupart  de  ces  circonstances,  j'ai 
constaté  une  déperdition  appréciable  subie  par  les  plantes  ;  2"  parce  que 
j'ai  reconnu  que  même  l'immersion  complète  d'un  végétal  dans  l'eau  pen- 
dant une  journée  ou  une  nuit  entière,  ne  l'empêche  pas  de  subir  une  légère 


séancl:  du    18  dkckmiîp.f.   1S57.  10;')1 

perte  de  poids;  et  (ju'il  me  semble  dès  lors  diflieile  que  h;  .siin[)le  levrU;- 
rneiit  liquide  formé  par  une  forte  rosée  exerce  une  iiifUience  plus  énergi(|ue 
qu'une  masse  d'eau. 

Enfin,  relativement  à  une  absorption  d'buniidité  tant  soit  peu  notable 
s'opérant  en  même  temps  que  la  transpiration  pendant  que  la  rosée  se  dé- 
pose sur  les  plantes,  l'enchainement  des  faits  que  J'ai  présentés  dans  cette 
note  me  semble  en  démontrer  l'impossibilité. 

M.  AVeddell  csl  d'avis  que  les  expériences  faites  par  M.  Ducliarlre 
ne  démontrent  pas  la  justesse  de  ses  conclusions,  conclusions  d'ail- 
leurs qu'il  ne  conteste  pas  en  elles-mêmes.  Il  rappelle  que,  dans  les 
forets  d'Amérique,  certaines  Broméliacées  (les  Vriesia  par  exemple) 
vivent  suspendues  par  leurs  feuilles  aux  branches  d'arbre,  et  cependant 
elles  n'ont  pas  de  racines. 

M.  Ducharlre  reconnaît  que  certaines  plantes  (par  exemple  plu- 
sieurs espèces  de  Tillandsia)  se  développent  sans  jamais  avoir  de 
racines  à  l'état  adulte.  Il  ne  se  prononce  pas  au  sujet  de  l'absorption 
de  l'eau  à  l'état  liquide  dans  certaines  circonstances,  mais  il  nie 
l'absorption  de  rhumidité  à  l'état  de  vapeur.  Quand  on  plonge  dans 
l'eau  un  rameau  flétri,  il  y  a  absorption  locale.  Chez  les  Bromé- 
liacées dépourvues  de  racines,  l'absorption  pourrait  avoir  lieu  par 
l'aisselle  des  feuilles  et  par  la  tige.  Un  Tillandsia  suspendu  a  perdu 
de  son  poids  dans  une  serre  très  humide  du  Muséum.  On  l'a  placé 
ensuite  dans  un  autre  endroit  où  on  l'a  seringue,  et  il  a  gagné  du 
poids. 

M.  Weddell  admet  que  certaines  Broméliacées  absorbent  de  l'eau 
par  leurs  aisselles,  mais  il  ne  saurait  en  être  de  même  pour  le  Til- 
landsia iisneoides. 

M.  Duchartre  répond  que,  dans  le  Tillandsia  usneoides,  le  revête- 
ment écailleux  que  présente  la  plante  entière  doit  nécessairement 
retenir  une  grande  quantité  d'humidité  qui  peut-être  est  ensuite  ab- 
sorbée. 11  rappelle  que,  dans  une  communication  précédente,  il  a  fait 
connaître  les  résultats  d'expériences  analogues  à  celles  de  Bonnet,  et 
dans  lesquelles  la  balance  accusait  une  absorption  d'eau  par  l'une 
des  deux  faces  des  feuilles  détachées  de  diverses  plantes.  M.  Du- 
chartre maintient  que  les  plantes  n'absorbent  pas  Teau  à  l'état  de 
vapeur.  D'ailleurs,  ajoute-t-il,  certains  végétaux  peuvent  s'accroître 
tout  en  perdant  de  leur  poids. 

M.  Cosson  donne  lecture  de  l'extrait  suivant  d'une  lettre  qu'il 


'1032  SOCIKTK    ROTANIQUR    DF.    FRANCE. 

vienl  de  recevoir  de  M.  E.  Bourgeau,  attaché  comme  collecteur- 
botaniste  à  la  Commission  que  le  gouvernement  anglais  a  chargée  de 
Texploration  scientifique  des  possessions  britanniques  de  l'Amérique 
du  Nord  : 

Carlton-House,  H  octobre  4  857. 

J'espère  que  cette  lettre  vous  parviendra,  bien  que  je  sois  dans  un  pays 
où  les  communications  sont  déjà  maintenant  rendues  bien  difficiles  par  les 
glaces  et  la  neige,  lui  raison  de  l'intérêt  que  vous  me  portez,  vous  appren- 
drez sans  doute  avec  plaisir  que  notre  voyage  a  été  heureux  jusqu'ici  et  que 
je  n'ai  qu'à  me  louer  des  bonnes  dispositions  a  mon  égard  de  M.  Palliser, 
chef  de  l'expédition.  De  mon  côté,  je  ne  négligerai  rien  poui'  repondre  à  la 
confiance  que  sir  William  Hooker  et  M.  Palliser  m'ont  fait  l'honneur  de  me 
témoigner  en  m'attachant  comme  collecteur  à  une  expédition  qui  me  per- 
mettra de  visiter  des  pays  si  curieux,  où  je  me  promets  de  faire  de  belles 
collections.  J'ai  déjà  fait  deux  envois  d'une  vingtaine  de  paquets  à  sir 
W.  Hooker,  et  j'espère  qu'il  en  sera  satisfait,  bien  que  les  plaines  et  les  pla- 
teaux que  nous  avons  parcourus  présentent  une  végétation  assez  uni- 
forme. 

Il  m'est  impossible  de  vous  donner  une  idée  exacte  des  immenses  espaces 
que  nous  avons  traversés  cet  été  et  dont  les  cartes  ne  peuvent  fournir  qu'une 
notion  bien  imparfaite.  Nous  avons  fait  par  eau  près  de  hOO  lieues,  après  en 
avoir  parcouru  deux  cents  en  chemin  de  fer  ;  et  le  trajet  à  travers  les  prai- 
ries (où  nous  sommes  actuellement),  qui  a  été  fait  soit  en  charrette,  soit  à 
cheval,  est  de  près  de  500  lieues.  Pendant  près  de  200  à  300  lieues  les  prai- 
ries ne  présentent  guère  que  25  à  30  espèces  qui  forment  le  fond  de  la  vé- 
gétation. Les  plantes  ont  été,  en  moyenne,  recueillies  à  environ  12  échan- 
tillons :  c'est  tout  ce  qu'il  m'a  été  possible  de  faire,  vu  la  difiiculté  des 
transports  et  la  quantité  de  papier  dont  je  pouvais  disposer. 

La  neige  et  la  glace  vont  bientôt  interrompre  mes  herborisations  et  nous 
confiner  dans  le  fort  de  Carlton-House,  où,  dans  une  installation  confor- 
table, nous  attendrons  que  le  retour  de  la  belle  saison  nous  permette  de 
nous  diriger  vers  les  Montagnes-Rocheuses,  l'un  des  buts  principaux  de  l'ex- 
pédition; la  récolte  des  plantes  alpines  y  sera  sans  doute  abondante  et  me 
rappellera  la  végétation  de  nos  hautes  Alpes  de  Savoie,  où  j'ai  fait  mes 
premières  courses  botaniques. 

M.  J.  Gay  ajoute  quelques  détails  sur  le  voyage  qu'exécute  en  ce 
moment  31.  liourgeau  : 

Il  explique  que  la  Commission  scientifique  dont  fait  partie  M.  Boui'geau 
a  pris  ses  quartiers  d'hiver  a  Carlton-House,  sur  le  Saskatehawan,  un  des 
alfiuents  du  lac  AVinnipeg,  dans  le  Haut-Canada.   Carlton-House  est  un 


SÉANCE    DU   18    nWlRMBRK    1857.  1033 

poste  avancé  do  la  Compagnie  des  polk'toiics  de  la  baie  d'iludson.  C'est  de 
là  qu'au  pilntcnips  l'expédition  continuera  ses  opérations,  en  se  dirigeant 
sur  la  chaîne  des  Montagnes-Rocheuses. 

M.  Cosson,  secrétaire,  présente  plusieurs  plantes  rares,  recueillies 
par  M.  Eloy  de  Vicq  dans  les  départements  de  la  Sonmie  et  du  Pas-de- 
Calais,  et  donne  lecture  de  la  communication  suivante,  adressée  à  la 
Société  : 

NOTES  SUR  QUELQUES  PLANTES  DU  LITTORAL  DES  DÉPARTEMENTS  DE  LA  SOMME 
ET  DU  PAS-DE-CALAIS,  par  M.  I^LOY  DE  \IVQ. 

(Paris,  18  décembre  1857.) 

Cochlearia  danica  L.  Sp.  903  ;  Boucher,  Cat.  fl.  cV Ahbev.  [1803]  ; 
Pauquy,  FL  de  la  Somme,  Ul  ;  Gr.  et  Godr.  Fl.  de  Fr.  I,  128;  Puel  et 
Maille,  Herb.  fl.  loc.  i\°  168. — La  première  station  de  cette  espèce  dans  la 
Somme  est  celle  des  dunes  de  Saint-Quentin-eu-Tourmont.  Je  l'ai  récoltée 
aussi  à  Étaples  (Pas-de-Calais)  et  vers  le  cap  Gris-Nez.  Nous  ne  trouvons 
pas  le  C.  anglica  L. 

Crambe  niaritima  L,  Sp.  937;  Boucher,  Cat.  fl.  d'Abbcv.  [1803]; 
Pauquy,  FL  de  la  Somme,  hO;  Gr.  et  Godr.  Fl.  de  Fr.  I,  157.  —  Cette 
plante,  commune  à  Criel  (Seine-Inférieure),  se  trouve  aussi  entre  le  ïré- 
port  et  Mers  et  sur  le  banc  de  galets  entre  le  bourg  d'Ault  et  le  Hourdel 
(Somme). 

Viola  saimiofsa  Boreau,  Not.  pi.  Fr.,  in  Bull.  Soc.  ind.  Angers,  ann.  1U, 
n"  6,  p.  335  [1853];  Puel  et  Maille,  Herb.  fl.  loc.  n"  249  (F.  tricolor 
Boucher,  Cat.fl.  d'Abbev.  [1803])  ;  distinct  du  V.  tricolor  var.  sabulosa  DC. 
par  ses  pétales  beaucoup  plus  longs  que  le  calice.  —  Cette  espèce  ou  variété, 
remarquée  par  M.  Tillette  deClermont,  est  très  répandue  dans  les  dunes  du 
littoral. 

Pisnni  niaritimum  L.  Sp.  1027  ;  Boucher,  Cat.  fl.  rf'Aôôey.  [1803]; 
DC.  Fl.  fr.  IV,  585;  Pauquy,  FL  de  la  Somme,  102  {Lathyrus  mari- 
timus  Pries;  Gr.  et  Godr.  Fl.  de  Fr.  1,  486  ;  Puel  et  Maille,  Berb.  fl.  loc. 
w  145.— Signalé  pour  la  première  fois  eu  1803  par  Boucher  (et  d'après  lui 
par  De  Candolle  et  par  Pauquy),  au  Hourdel,  commune  de  Cayeux  (Somme), 
dans  les  galets  près  de  la  mer.  J'ai  rencontré  en  1853  un  pied  de  celte 
plante  sur  la  digue  de  galets  entre  le  Tréportet  Mers;  depuis  il  a  disparu. 
Il  en  existe,  près  du  fort  de  Mers,  deux  autres  pieds  qui  proviennent  de 
graines  que  j'y  ai  semées  en  1853. 

Cineraria  païustris  L.  Sp.  1243;  Boucher,  Cat.  fl.  d'Abbev.  [1803]; 
Pauquy,  FL  de  la  Somme,  200  {Senecio  palustris  DC;  Gr.  et  Godr.  FL 
de  Fr.  H,  124;  Puel  et  Maille,  Herb.  fl.  loc.  n»  162).  —  Marais  de  Saint- 


103/1  SOCIKTi:    KOTAMOIF    HK    FI'.ANCE. 

Oiieiitiii-en-Tonrmonr,  Étnpics,  Condotto  près  T5oulogno.  Cette  plante  qui, 
d'après  des  notes  manuscrites  de  Dumaisniel  de  l'elleval,  existait  en  1775 
dans  les  fossés  auprès  d'Abbeville,  a  disparu  depuis  longtemps  de  cette  lo- 
calité, ainsi  que  le  Lysimochia  thyrsiflora  L.  qui  a  été  détruit  par  suite  des 
travaux  des  fortifications. 

Pyrola  rotundifoiia  L.  vai".  areiuiria  Koch;  Gr.  et  Godr.  FI.  de  Fr. 
II,  ^37  ;  Puel  et  Maille,  Herb.  fl.  loc.  n°  457.  —Cette  variété  est  très  com- 
mune dans  toutes  les  dunes,  où  elle  vient  à  l'abri  de  \' Hippophaë  rhamnoides. 

Erythrœa  littoraiis  Fries,  Nov.  fl.  suec.  éd.  1,  p.  29;  Fl.  dan.  tab. 
181^;  Puel  et  Maille,  Berb.  des  fl.  loc.  n''212. — Cette  espèce,  découverte 
par  M.  Tillettede  Clermont,  appartient  aux  dunes.  Je  l'ai  rencontrée  de- 
puis Saint-Quentin-en-Tourmont  jusqu'à  Ambleteuse. 

Gentiana  amareiia  L.;  Koch.  — Cette  plante,  indiquée  par  M.  J.  Gay 
et  retrouvée  par  M.  Tillette  de  Clerraont,  n'est  pas  rare  dans  les  dunes. 

Obione  peduncniata  IVIoq.-Tand.  [Afriplex  pedunculata  L.  Sp.  1675; 
Boucher,  Cat.  fl.  d'Abbev.  [1803];  DC.  Fl.  fr.  III,  385;  Pauquy,  Fl. 
de  la  Somme,  3^1).  —  Trépié  près  Étaples  (Pas-de-Calais)  :  marais  baignés 
par  la  mer,  sur  la  rive  gauche  de  la  Canche  près  des  phares.  Je  l'ai  trouvé 
là  pour  la  première  fois  le  13  août  1857,  et  je  l'y  ai  revu  en  abondance  le 
2  octobre.  La  seule  localité  de  cette  espèce  indiquée  par  Boucher  en  1803 
(et  d'après  lui  par  De  Candolle  et  par  Pauquy)  est  celle  qui  se  trouve  entre 
le  Tréportet  Mers  (Somme).  La  plante  y  est  encore,  mais  fort  rare. 

Elymns  arenarins  L.  Sp.  122;  Boucher,  Cat.  fl.  d'Abbev.  [1803]; 
Pauquy,  Fl.  de  la  Somme,  ^98  ;  Gr.  et  Godr.  Fl.  de  Fr.  III,  597.— Cette 
Graminée  existe  à  Boulogne,  à  l'endroit  où  les  dunes  de  Capecure  touchent 
à  la  jetée  de  l'ouest.  Je  l'ai  revue  plus  abondante  vers  Vissant. 

M.  T.  Puel  rappelle  que  la  présence  de  XObione  j^edimculatay 
aux  environs  de  Calais,  avait  déjà  été  signalée  par  Steinheil  ;  mais 
celte  plante  n'y  avait  pas  été  retrouvée  depuis  fort  longtemps. 


Erratum.  —  Page  901,  ligne  31  :  au  lieu  de  trois  plantes  ciliées  par  M.  Moquin- 
Taudon ,  lisez  trois  plantes  de  Magnol  citées  par  M.  Moquin-Tandon. 


UEVUE  BIBLIOGUAPIIIQUE. 


PHYSIOLOGIE  VEGETALE. 

Rcclierclies    microscopiques    sur    la    cUloropliyilc;    par 

M.  Arthur  Gris.  (Thèse  pour  le  doctorat  es  sciences  soutenue  le  3  dé- 
cembre 1857  ;  in-i"  de  Ul  p.  et  6  pi.  Ami.  des  se.  nat.,  W  sér.,  VII, 
1857,  pp.  179-219,  pi.  V-X). 

Le  motif  qui  a  déterminé  M.  A.  Gris  à  porter  son  attention  sur  la  chlo- 
rophylle a  été  le  désir  de  suivre,  à  l'aide  du  microscope,  la  marche  des 
observations  faites  par  son  père  sur  la  chlorose  et  sur  le  verdissement  des 
plantes  chlorosées  quand  on  les  a  traitées  par  des  solutions  de  composés 
ferrugineux.  Il  a  été  conduit  ainsi  à  étudier  la  chlorophylle  en  elle-même  et 
pendant  son  développement  ;  après  quoi,  pour  en  compléter  l'histoire,  il  a 
cru  devoir  s'occuper  aussi  des  plantes  décolorées  par  l'étiolement.  Son  mé- 
moire présente  une  division  en  rapport  avec  ces  divers  points  de  vue  aux- 
quels il  s'est  placé  en  l'écrivant.  On  y  trouve  d'abord  un  résumé  historique 
(pp.  7-15),  et  ensuite  trois  chapitres  relatifs,  le  premier  (pp.  15-28)  au  dé- 
veloppement de  la  chlorophylle,  le  second  (pp.  29-3/i)  à  la  chlorose,  le  troi- 
sième (pp.  35-^1)  à  l'étiolement.  Il  se  termine  par  l'explication  (pp.  t\l-kl) 
des  100  figures  réunies  dans  les  6  planches  gravées  qui  raccompagnent. 

t.  Résumé  historique.  —  L'histoire  de  la  matière  verte  des  feuilles  ne 
remonte  guère  qu'aux  travaux  de  Pelletier  et  Caventou,  qui  en  étudièrent 
avec  soin  les  caractères  chimiques  et  lui  donnèrent  le  nom  de  Chlorophylle. 
Berzelius,  Mulder,  M.  Morot  ont  reconnu  et  parfaitement  établi  que  cette 
matière  est  azotée  et  qu'elle  est  toujours  mêlée  de  graisse.  Quant  aux  no- 
tions précises  sur  sa  structure  et  sur  la  nature  de  ses  grains,  elles  ne  datent 
que  de  1837,  époque  à  laquelle  M.  MobI  publia  son  premier  mémoire  sur 
ce  sujet;  aussi  M.  A.  Gris  insiste-t-il  fort  peu  sur  les  travaux  antérieurs  à 
cette  époque,  tels  que  ceux  de  Sprengel,  Treviranus,  Turpin,  Raspail, 
Moldenbawer,  Meyen,  etc.  A  l'exemple  des  deux  premiers,  la  plupart  de 
ces  savants  admettaient  la  nature  vésiculaire  des  grains  de  chlorophylle; 
mais  M.  H.  MohI,  dans  son  mémoire  de  1837,  admit,  au  contraire,  qu'ils 
consistent  en  un  ou  plusieurs  noyaux  d'amidon  entourés  d'une  matière  gé- 
latineuse verte,  et  ses  idées  à  cet  égard  ont  été  adoptées  par  la  plupart  des 
botanistes  de  notre  époque.  —  M.  Naegeli,  en  18i6,  a  cependant  admis  de 
nouveau  l'état  vésiculaire  de  ces  grains.  En  18/»9,  MM.  Goeppert  et  Cohn 
ont  rapporté,  de  leur  côté,  quelques  faits  observés  sur  le  Nitella  flexilis 


1030  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    mANCE. 

qui  leur  semblent  fiivoiablos  à  la  même  idée.  Quant  à  M.  Ilofmeister,  il 
admet  que  les  grains  de  chlorophylle  sont  tantôt  des  vésicules,  tantôt  de 
petites  niasses  homogènes  ou  renfermant  des  noyaux  plus  solides,  et  il  est 
porté  à  croire  que,  sous  ce  dernier  état,  ce  ne  sont  que  des  vésicules  à  leur 
premier  degré  de  développement.  M.  Quckelt,  dans  un  mémoire  sur  le 
développement  de  l'amidon  et  de  la  chlorophylle,  exprime  l'opinion  que  les 
grains  de  ces  deux  substances  ont  le  même  mode  de  développement  et  nais- 
sent également  d'une  cellule  nucléaire.  Enfin  i>l.  Molil,  dans  son  dernier 
travail,  s'exprime  nettement  contre  l'état  vésiculaii'e  des  grains  de  chloro- 
phylle, dont  il  dislingue  deux  sortes  :  les  uns  n'ayant  pour  noyau  ([ue  des 
granules  (jui  brunissent  par  l'iode,  c'est-à-diie  de  nature  non  ainylacée,  les 
autres  renfermant,  au  contraire,  un  ou  plusieurs  grains  d'amidon. 

Chap.  I.  Développement  de  la  chlorophylle.  —  Cbap.  II.  De  la  chlorose 
et  de  l'action  des  sels  de  fer  sur  la  chlorose.  —  Les  faits  nombreux  dont 
l'exposé  forme  ces  deux  chapitres  conduisent  M.  A.  Gris  à  formuler  les 
propositions  suivantes  comme  conséquences  dernières  de  ses  études. 

1°  Une  gelée  verte  émanée  du  nucléus  s'étend  sur  les  parois  des  cellules 
(parenchyme  et  cellules  sous-épidermiques  jeunes  des  feuilles  de  Vanille  ; 
parenchyme  dans  les  feuilles  de  la  Pomme  de  terre,  de  V Hortensia,  de  la 
Fève,  du  Magnolia,  de  la  Glycine,  etc.).  —  2°  Cette  gelée  est  souvent 
précédée  d'un  réseau  muqueux,  siège  de  courants  entraînant  de  petits  glo- 
bules verts  (f^is,  Semperoivwn,  etc.).  — S''  La  gelée  peut  ne  s'écarter  que 
peu  du  nucléus,  ou  ne  pas  s'en  écarter  du  tout  [Auciibajaponica).  —  U°  La 
gelée  verte  se  divise  en  fragments  polyédriques  plus  ou  moins  considéra- 
bles, ou  s'isole  en  petites  masses  sphériques.  —  5°  La  formation  des  grains 
peut  résulter  du  développement  de  gros  noyaux  d'amidon  qui  s'envelop- 
pent dans  la  gelée  verte  et  s'isolent  peu  à  peu  [Ancuba  jnponica).  —  6''  En 
général,  les  noyaux  amylacés  qu'on  trouve  dans  les  grains  de  chlorophylle 
sont  postérieurs  à  la  transformation  de  la  gelée  en  grains  (Pomme  de  terre, 
Hortensia,  Magnolia).  —  7°  Soit  que  la  segmentation  se  soit  opérée  d'abord 
autour  du  nucléus,  dans  le  cas  où  la  gelée  verte  recouvre  toutes  les  parois 
de  la  cellule,  soit  que  la  gelée  verte  ne  s'étant  pas  écartée  de  cet  organe,  la 
segmentation  n'ait  pu  se  faire  qu'autour  de  lui,  on  voit  le  nucléus  très  fré- 
quemment entouré  de  grains  de  chlorophylle  dans  le  parenchyme  des  jeunes 
feuilles,  dans  les  cellules  sous-épidermiques  des  feuilles  adultes. 

Ce  mode  de  développement  est  général  ;  mais,  dans  des  cas  exceptionnels, 
l'auteur  en  a  vu  un  différent,  dans  lequel  des  sphères,  des  l)àtonncts,  des 
corps  fusiformes  et  autres  formations  incolores,  émanées  directement  du 
nucléus,  se  développent  à  sa  surl'ace  ou  autour  de  lui  et  se  revêtent  peu  a 
peu  de  matière  verte.  — Quant  à  la  structuiedes  grains  de  chlorophylle,  il 
pense  que,  dans  l'immense  majorité  des  cas,  elle  est  telle  qu'ils  forment  des 
globules  solides  albumino-graisseux,  qui  résultent  de  la  ti'ansformalion  de 


ukvul:  i5iBM(ti;ii\i'iiiui  k.  1037 

la  cliloiopliyllc  amorphe  primitive-  il  est  porté  à  croire,  d'un  autre  côte, 
que  dans  les  Plinjus  et  Acunl/iophippium  ce  sont  de  simples  vésicules  qui* 
ont  la  même  composition  chimique. 

Relativement  à  la  ciilorose  M.  A.  Gris  conclut  de  ses  observations  : 
1°  qu'elle  est  caractérisée  par  un  arrêt  de  développement  qui  s'oppose  a 
l'évolution  parfaite  des  grains  de  chlorophylle;  2"  que  les  sels  de  fer  agis- 
sent sur  cotte  affection  des  plantes  en  rendant  à  la  chlorophylle,  arrêtée 
dans  son  développement,  la  faculté  de  continuer  son  évolution.  Ils  rani- 
nK-nl  la  vie  interrompue  de  la  cellule,  et  démontrent  son  individualité  ainsi 
que  son  indépendance. 

Chap.  III.  De  fétiolenienl.  —  Les  observations  de  l'auteur  à  cet  égard 
ont  été  faites  en  plaçant  à  l'obscurité  différentes  plantes,  notamment  des 
Scmpervivum ,  un  Sedunt  dendroideum,  un  Aloë  obliqua,  une  germination 
de  Haricot,  etc.,  et  en  examinant  ensuite  des  coupes  de  ces  plantes  sous  le 
microscope.  Il  en  déduit  la  conclusion  que  l'étiolement  produit  un  arrêt  de 
développement  de  la  chlorophylle  dans  \çs  organes  en  voie  de  développe- 
ment, et  une  destruction  de  cette  chlorophylle  dans  les  oi'ganes  bien  déve- 
loppés. L'arrêt  de  développement  porte  i\  la  fois  sur  la  manière  d'être  et  sur 
la  couleur  de  la  masse  plastique  qui  doit  constituer  le  grain.  La  destruc- 
tion porte  sur  la  masse  albuminoïde  du  grain  qui  diminue  insensiblement 
en  diamètre  à  mesure  que  la  feuille  blanchit,  sur  l'amidon  qu'il  peut  con- 
tenir, enfin  sur  la  matière  colorante  proprement  dite. 

Ucl»ci*  (Icu  Xtizaitiineuliaiig  (1er  Illatt.<«tclliiii^  iiiÊt  dciii 
ISaii  des  «lycotylen  lIolKring'es  {Sur  les  relations  infinies  qui 
existent  entre  la  disposition  des  feuilles  et  la  structure  de  la  zone  ligneuse 
dans  les  Dicotijlédons)\  par  M.  .T.  Hanstein  [Jahrbiïcher  fïir  loissens- 
chaftliche  Botanik,  I,  pp.  233-283,  pi.  XVI-XVIII;  Berlin;  1857. 
Tirage  à  part  en  broch.  gr.  in-S"  de  51  p.  et  3  pi.  lith.). 

Ce  travail,  tout  considérable  qu'il  est,  n'est  donné  par  son  auteur  que 
comme  l'expression  d'une  partie  des  résultats  obtenus  par  lui  dans  ses  études 
sur  la  disposition  des  faisceaux  fibro- vasculaires  de  la  tige  des  Dicotylédons 
envisagée  dans  ses  relations  avec  l'arrangement  phyllotaxiciue  des  feuilles. 
D'autres  mémoires  suivront  celui-ci  et  feront  connaître  des  détails  circon- 
stanciés relatifs  à  des  plantes  dicotylédones  dont  il  est  a  peine  question  ici 
ou  (jui  n'y  figurent  pas  du  tout. 

M.  Hanstein  présente  d'abord  un  historique  succinct  de  la  question.  Il 
cite  surtout  la  Phyllotaxie  anatoniique  de  M.  Lestiboudois  qui  se  rapporte 
spécialement  aux  plantes  à  feuilles  décussées  ou  simplement  alternes.  Mais 
il  fait  observer  que  cet  auteur  a  peu  avancé  la  connaissance  du  sujet  quant 
aux  plantes  à  feuilles  spiralées  et  que,  comme  beaucoup  d'autres  botanistes. 


1038  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

il  voit  dans  les  faisceaux  des  feuilles  de  simples  ramilications  de  ceux  de  la 
lige,  idée  que  n'admet  pas  le  savant  allemand.  M.  Hanstein  ajoute  que, 
jusqu'à  ce  jour,  aucun  observateur  n'a  étudié  le  sujet  assez  à  fond  pour  y 
faire  entrer  l'examen  des  éléments  microscopiques  des  faisceaux,  bien  que 
ce  fût  le  véritable  moyen  d'arriver  à  la  solution  complète  de  la  question. 

L'auteur  de  ce  mémoire  s'est  proposé  particulièrement  de  trouver  dans 
les  faits  la  réponse  aux  deux  questions  suivantes:  1°  Jusqu'à  quel  point 
peut-on  reconnaître  dans  l'anatomie  élémentaire  de  la  tige  les  lois  qui  pré- 
sident à  l'arrangement  des  feuilles  sur  les  plantes?  2"  Réciproquement,  à 
quel  degré  la  structure  et  le  développement  de  la  tige  influent-ils  sur  la  dis- 
position des  feuilles  et  de  leurs  parties  ? 

Pour  parvenir  à  résoudre  ces  deux  questions  il  prend  quelques  exemples, 
dont  le  premier  est  VArubis  albida,  plante  très  avantageuse  pour  ce  genre 
d'observations  à  cause  de  la  remarquable  simplicité  de  structure  de  son 
corps  ligneux,  cbacune  de  ses  feuilles  ne  recevant  qu'un  seul  faisceau  fibro- 
vasculaire  dont  une  suite  de  coupes  transversales  permet  de  suivre  la 
marcbe  dans  la  tige;  il  consacre  ensuite  un  paragraphe  particulier  aux  Co- 
nifères, parmi  lesquelles  il  choisit  comme  exemple  le  Taxus  haccata  qui  ne 
montre  encore  qu'un  faisceau  unique  pour  chaque  feuille.  Seulement  tandis 
que  l'arrangement  phyllotaxique  de  VArabis  albida  est  toujours  plus  ou 
moins  rapproché  de  l'expression  3/8,  celui  de  l'If  est  5/13.  L'auteur  pré- 
sente aussi  l'exposé  succinct  de  ses  observations  sur  le  Podocarpus  chinensis, 
sur  le  Cryptomeria  Lobbii  et  sur  quelques  autres  Conifères. 

Le  paragraphe  suivant  est  relatif  aux  arbres  feuillus  parmi  lesquels  il  en 
est  un  certain  nombre  dont  les  feuilles  ne  reçoivent  du  corps  ligneux  qu'un 
seul  faisceau,  tandis  que,  dans  la  plupart,  chaque  feuille  en  reçoit  trois  ou 
moins  fréquemment  un  nombre  plus  considérable.  iM.  Hanstein  prend 
surtout  pour  exemple  le  Cytisus  Laburnum  dans  lequel  la  structure  est 
d'une  assez  grande  simplicité.  Il  étudie  après  cette  espèce  le  Ribes  nigrum 
et  VAmorpha  fruticosa.  Il  résume  ensuite  dans  un  paragraphe  spécial  les 
conséquences  générales  qui  découlent  des  faits  de  détail  dont  l'exposé  a  été 
l'objet  spécial  de  son  mémoire.  Il  déduit  enfln  de  l'ensemble  de  ses  études 
les  conclusions  suivantes  : 

1°  Dans  les  plantes  examinées  dans  ce  mémoire,  et  peut-être  dans  tous 
les  végétaux  dicotylédons,  la  zone  ligneuse  résulte  dans  l'origine  de  l'union 
d'un  certain  nombre  de  faisceaux  primordiaux  identiques  aux  faisceaux 
vasculaires  des  feuilles  ;  ces  faisceaux  proviennent  de  cordons  de  cambium 
qui  sont  formés  par  le  cambium  de  l'extrémité  de  la  tige  en  même  temps 
que  le  cambium  cylindrique  commun. 

2°  Ces  faisceaux  primordiaux  sont  composés  de  vaisseaux  spiraux  et  de 
cellules  ligneuses}  peut-être  faut-il  également  y  comprendre  quelquefois 
les  premiers  vaisseaux  ponctués.  Ils  traversent,  en  restant  parfaitement 


RKVLH-:    blBLIOGUAPUIQUE.  1039 

indépendants,  un  certain  nombre  d'entre-nœuds  et,  a  leur  extrémité  infé- 
rieure, ils  se  inontrent  encore  isoles,  ou  bien  en  contact  a\ccun  faisceau 
voisin  par  l'intermédiaire  d'un  fort  petit  nombre  de  vaisseaux.  La  grosseur 
de  chacun  de  ces  faisceaux  va  en  augmentant  à  mesure  qu'il  s'élève  et  lors- 
viu'ii  a  atteint  son  maximum  de  volume,  il  se  porte  tout  entier  dans  une 
feuille.  Il  résulte  de  là  qu'on  ne  peut  considérer  ces  faisceaux  comme  con- 
stituant de  simples  ramitications  de  faisceaux  qui  appartiendraient  en 
propre  à  la  tige,  du  moins  si  l'on  conserve  au  mot  ramification  son  sens  or- 
dinaire. 

3°  Postérieurement  à  ces  faisceaux  primaires  on  voit  se  développer  des 
couches  secondaires  composées  de  cellules  ligneuses,  de  vaisseaux  ponctués 
et  autres.  Ces  couches  secondaires  se  juxtaposent  aux  faisceaux  primaires 
et  en  augmentent  le  volume;  elles  finissent  même  par  se  toucher  et  se 
réunir  en  une  couche  commune  qui  gagne  peu  à  peu  en  épaisseur,  mais 
qu'on  peut  toujours  distinguer  sans  difficulté  des  faisceaux  primaires. 

U"  Les  faisceaux  primaires,  renforcés  des  couches  secondaires,  du  cam- 
bium  et  du  liber,  constituent  des  unités  indépendantes  qui  représentent, 
dans  le  cercle  fibro-vasculaire  commun,  des  feuilles  distinctes  et  séparées. 
(M.  Hanstein  donne  à  ces  faisceaux  entiers  le  nom  det7'aces  de  feuilles.) 

5°  L'arrangement  relatif  des  traces  de  feuilles  dans  la  zone  ligneuse  de  la 
tige  donne  une  représentation  anatomique  de  la  disposition  des  feuilles, 
qu'on  voit  varier  entre  certaines  limites  et  qui  est  rarement  liée  de  manière 
invariable  à  une  expression  unique.  Les  variations  de  cet  arrangement  sont 
limitées  par  des  particularités  anatomiques  qui  sont  en  rapport  avec  le 
nombre  des  traces  de  feuilles. 

6°  On  voit  dès  lors  que  la  zone  ligneuse  contenue  dans  la  tige  des  Dico- 
tylédons  ne  constitue  pas  simplement  une  couche  circulaire  composée  de 
faisceaux  fibro-vasculaires  dont  le  nombre  et  la  grosseur  seraient  indéter- 
minés; mais  que,  au  contraire,  elle  a  une  composition  parfaitement  régu- 
lière et  comprend  un  nombre  déterminé  de  traces  de  feuilles. 

7°  On  observe  dans  chaque  espèce  des  particularités  anatomiques  à  peu 
près  constantes  qui  tiennent,  en  premier  lieu,  à  ce  nombre  des  traces  de 
feuilles  réunies  sur  une  même  coupe  transversale  de  la  tige,  nombre  égal  à 
celui  des  entre-nœuds  à  travers  lesquels  s'étend  chacune  d'elles,  en  second 
lieu,  à  la  largeur  spécifique  de  ces  traces,  ainsi  qu'à  la  gi'osseur,  à  la  struc- 
ture, au  nombre  et  à  l'arrangement  relatif  des  faisceaux  qui  les  composent. 

Ou  tlie  antlicrs  of  Colninelliaeeœ  aiid  €nciii*bUaceae  (Sur 

les  anthères  des  Columelliacées  et  des  Cucurbitucées);  par  M.  B.  Ciarke 
[l'he  Aimais  and  Magazine  of  natural  History,  cahier  de  févr.  1858, 
pp.  109-113,  pi.  VI,  fig.  20-22). 

L'incertitude  qui  existe  au  sujet  des  affinités  des  Columelliacées  est  due 


lOZlO  SOCIÉTÉ    liOTANIQLE    DE    FRANCE. 

sans  doute,  pense  M.  Clarke,  à  la  description  inexacte  qu'on  a  donnée  de 
leurs  anthères.  On  regarde,  en  effet,  leurs  ëtamines  comme  formées  clia- 
cune  de  trois  monadelphes  et  leur  anthère  comme  présentant  trois  paires 
de  lohes.  Cependant  l'auteur  a  reconnu,  en  les  examinant  attentivement, 
(|u'elles  sont  toujours  simples  et  à  deux  loges,  leur  apparence  de  plurilocu- 
larité  résultant  uniquement  de  ce  que  leurs  deux  loges  sont  sinueuses.  Si 
l'on  compare,  ajoute-t-il,  ces  étamines  avec  celles  des  Cucurbitacées,  par- 
ticulièrement avec  celles  du  Cucumis  sativa  et  du  Bryonia  dioicn^  on  re- 
connaît que  c'est  à  celles-ci  qu'elles  ressemblent  le  plus. 

[>es  Cucurbitacées  ont  souvent  trois  étamines  dont  une  est  uniloculaire- 
c'est  la  bifurcation  profonde  que  subit  quelquefois  leur  counectif,  qui  a  fait 
penser  qu'il  en  existe  cinq  uniloculaires.  Si  l'on  compare  les  anthères  d'un 
Columellia  à  celles  à  deux  loges  des  Cucurbitacées,  on  voit  comme  unique 
différence  que  ces  dernières  sont  moins  allongées,  ce  qui  fait  que  leurs  deux 
extrémités,  au  lieu  de  se  rejoindre  presque,  comme  dans  un  Columellia,  se 
dirigent  généralement  en  sens  différent;  mais  cette  différence  elle-même 
n'est  pas  constante. 

Bien  que  la  grande  ressemblance  qui  existe  entre  les  anthères  des  Colu- 
melliacées  et  celles  des  Cucurbitacées  indique  de  grands  rapports  entre  ces 
plantes,  cependant  la  plus  grande  affinité  de  cette  petite  famille  est  très 
probablement,  parmi  les  Monopétales,  avec  les  Stylidiacées.  M.  Clarke 
pense  qu'il  faut  la  placer  entre  les  Stylidiacées  et  les  Scéevolées.  Elle  res- 
semble aux  Stylidiacées  parce  que,  ie  nombre  des  lobes  de  sa  corolle  étant 
variable,  elle  présente  toujours  deux  étamines  placées  à  droite  et  à  gauche, 
avec  deux  carpelles  antérieur  et  postérieur.  Les  seules  différences  consistent 
en  ce  que  les  étamines  des  Stylidiacées  adhèrent  au  style  et  non  à  la  corolle, 
de  plus  que  leurs  anthères  ne  sont  pas  sinueuses  ;  mais  l'auteur  ne  croit  pas 
que  cette  dissemblance  «oit  importante. 

l*liyllotaxis.  —  Its  uiiiaieric  aucl  (livcrftcntial  la^v  cx.pli- 
calilc  iiuder  a  .<«iiiiplc  oi*g:auoIoj;ical  idea  [Phijllutaxie.  — 
Sa  loi  numérique  et  de  divergence  pouvant  s  expliquer  par  une  simple  idée 
orgnnologiqfie);  par  M.  T.-C.  Hilgard.  {T/ie  Transactions of  the  Academy 
of  science uf  St- Louis,  vol.  I,  n°  1,  pp.  ^8-61,  pi.  3.  St-Louis  ;  18j7.) 

Nous  nous  contenterons  de  signaler  aux  lecteurs  du  Bulletin  l'existence 
de  ce  mémoire  (jui  ne  nous  parait  pas  susceptible  d'être  analysé  succincte- 
ment et  qui  se  termine  par  une  division  du  règne  végétal,  tracée  conformé- 
ment aux  idées  de  l'auteur.  Le  tableau  de  cette  division  est  intitulé  :  Begni 
veyelabilis  seriei  catholomorphœ  Prodro)nus.  Nous  en  indiquerons  seule- 
ment les  grandes  divisions. 

L'auteur  divise  le  règne  végétal  en  deux  embranchements  :  .1,  CYTKiM- 


\\E\V\i    lUnLIUGRAPHIQrK.  lO/ll 

BRYONK/U:,  ce  sonl  les  Acotylcdons;  B.  PHYLLKiMBRYONK/K,  ce  sont 
tous  les  véf^étaux  colylédonés.  Les  premiers  forment  cinq  {groupes  ou  classes  : 
1.  Fungi-,  2.  IJchenes;  3.  Algtc  ;  ^i.  Musci;  5.  Filices. 

Les  Phyllem!)iyoneaî  forment  deux  grandes  divisions  :  I.  STAunopuvTA 
s.  Monocotyledonk.k;  U.  Plkctoimiyta  s.  DicoTYi.RDOiXK.i':.  L'auteur  ca- 
ractérise ses  Staurophyta  par  les  mots  :  textura  lintea.  Il  les  diviseen  cinq 
groupes  ou  classes  :  1.  Coniferœ  s.  Peucia,  où  il  réunit  les  Lemnacées, 
lialanophorées,  Raltlésiacées,  aux  Cycadées  et  aux  Conifères  ;  2.  Julocanleœ 
s.  Juli,  pour  les  Dioscoréacées,  Taccacées,  Asparaginées,  Wélanlhacées, 
Yuccées,  Dracénécs,  etc.;  3.  liulbifcrœ  s.  ZiVm,  comprenant  les  Liliacées, 
Iridées,  Orchidées,  Scitaminées,  Broméliacées,  etc.;  k.  Gruminu  s.  Calami, 
réunissant  aux  Glumacées  les  Commélynacées,  Xyridées,  etc.:  5.  Pabnœ  s. 
Conjphia,  savoir  Aroïdées,  Palmiers,  Pipéracées,  Podostémées,  Naïadées, 
Hydrocharidées,  etc. 

Les  Plectophyta  ou  Dicotylédons  sont  caractérisés  par  les  mots  :  textura 
reticulari.  Ils  forment  cinq  grands  groupes  :  1.  Chroanthœs.  Chantes,  réu- 
nissant aux  Nymphéacées  et  voisines  les  Annonacées,  Magnoliacées,  les 
Laurinées  et  Monimiacées,  les  Renonculacées,  les  Ombellifères,  Géraniacées 
et  voisines,  les  Crucifères  et  alliées,  les  Loasacées,  etc.  2.  Glossanthœ 
s.  Myrsinw,  qui  comprend  les  Hypéricinées ,  ï.inées,  Plombaginées, 
Caryophyllées  entières,  Crassulacées,  Dilléniacées,  Saxifragacées,  Onagra- 
riées,  Myrtacées,  etc.  3.  Rhinanthœ  s.  Pnoœ,  où  nous  trouvons  les  Styra- 
eées,  Éricées,  etc.-,  les  Primulacées,  Solanées,  toutes  les  Personées,  Yer- 
bénacéos,  Labiées,  Gentianées,  Composées,  Campanulacées,  Cucurbitacées, 
Malvacées,  etc.  h.  Otanthœ  s.  Anibrœ,  où  nous  trouvons  les  Sapindacees, 
Acérinées,  Ulmacées,  Âurantiacées,  Cupulifères,  Haloragées,  Paronychiées, 
Polygonées,  Rhamnées,  Euphorbiacées,  Protéacées ,  Santalacées,  etc. 
5.  Amygdalanthœ  s.  Rhoda,  où  se  rangent  les  Polygalées,  Simaroubées, 
Légumineuses,  Cbrysobalanées,  Rosacées,  etc. 

La  planche  jointe  au  mémoire  de  M.  Hilgard  est  consacrée  à  neuf  figures, 
dont  plusieurs  sont  des  projections  de  spirales  foliaires. 

Uebev  rtîe  Bcfruchtunss-Ersclieiimuftcii  l»eî  if'/ioi'- 
MitMMA  tenajc  {Sur  la  fécondation  dans  le  Phormium  tenax)  •  par 
M.  Herm.  Schai-ht  [Monatsbericht  der  Kœnigl.  Prcuss.  Akademic  d. 
Wissenschaften  zu  Berlin, cah.  dedécemb.  1857,  pp.  576-585, avec  une 
pl.lith.). 

!\L  Schleiden  ayant  fait  sur  le  Phormium  tenax  des  observations  qui  ont 
servi  de  base  principale  à  sa  théorie  de  la  fécondation,  M.  Schacht  désirait 
depuis  longtemps  pouvoir  suivre  lui-même  la  marche  de  ce  phénomène  dans 
cette  plante.  Knfm  il  a  pu  satisfaire  ce  désir  pendant  les  dernières  semaines 

T.    IV.  66 


10Z|2  SOCIÉTÉ    BOTAMQUK    DE    FUANCK. 

de  son  séjour  à  Madère.  Le  Phormium  donne  de  temps  en  temps  des  Heurs 
dans  cette  ile,  mais  seulement  dans  les  lieux  où  il  se  trouve  très  exposé  au 
soleil  et  sur  les  pieds  les  plus  forts,  dont  on  n'a  jamais  coupé  les  feuilles  ou 
qui  ont  subi  plusieurs  transplantations. 

M.  Schncht  décrit  d'abord  la  grande  inflorescence  de  cette  plante,  qui 
occupe 'la  moitié  supérieure  d'une  hampe  haute  d'environ  3  mètres  ou  un 
peu  plus,  et  dans  laciuelle  les  ramifications  primaires  alternes-distiques,  sor- 
tant chacune  de  l'aisselle  d'une  grande  bractée  ou  spathe,  portent  des  divi- 
sions secondaires  également  distiques,  sur  lesquelles  il  en  nait  d'autres  dis- 
posées irrégulièrement.  Les  fleurs  naissent  par  deux,  à  l'aisselle  de  bractéoles 
qui  sèchent  de  bonne  heure.  Elles  offrent:  un  périawthe  de  6  folioles  co- 
riaces, pourvues  de  quel([ues  stomates  sur  leurs  deux  faces;  6  étamiues 
dont  l'anthère  a  U  logcttes  a  dans  l'épaisseur  de  ses  parois  de  belles  cellules 
spirales,  dont  le  filet  porte  quelques  stomates,  et  dont  le  pollen,  bien  que  réel- 
lement jaune,  parait  coloré  en  beau  rouge,  grâce  a  la  présence  d'une  huile 
de  cette  couleur  qui  en  entoure  les  grains;  un  ovaire  supèi'e,  à  3  loges  con- 
tenant chacune  2  files  d'ovules,  surmonté  d'un  style  qui  est  lui-même 
creusé  de  3  cavités  dans  sa  portion  inférieure,  et  qui  est  parcouru  sur  toute 
sa  longueur  par  un  canal  tapissé  d'un  tissu  conducteur  à  cellules  délicates, 
un  peu  oblongues,  sécrétant  un  liquide  visqueux  et  mielleux.  L'épiderme 
de  l'ovaire  porte  quelques  stomates  souvent  imparfaits. 

L'ovule  anatrope  a  2  téguments.  Au  moment  de  la  floraison,  il  est  longà 
peine  d'un  millim.  5  son  micropyle  est  dirigé  en  bas  ;  son  sac  embryonnaire 
est  alors  de  moyenne  grandeur.  Un  peu  avant  l'époque  de  la  fécondation,  ce 
sac  est  ovoïde-ohlong  ,  tellement  délicat  que  M.  Schacht  n'a  jamais  pu 
l'isoler  sans  le  déchirer.  Son  extrémité  qui  regarde  le  micropyle  renferme 
2  vésicules  enibryonaires  d'une  extrême  délicatesse,  qui  disparaissent  par 
un  séjour  de  quelques  secondes  dans  l'eau.  Sou  extrémité  opposée  ou  cha- 
lazique  présente  2  cellules  à  contenu  granuleux  et  à  uucléus,  dont  la  mem- 
brane plus  résistante  ne  disparait  pas  dans  l'eau,  et  qui  sont  dès  lors  faciles 
a  reconnaître. 

Le  tube  pollinique  émis  par  les  grains  de  pollen  globuleux-trigones  et  à 
uïi  seul  pore  a  ses  parois  extrêmement  délicates,  un  contenu  çà  et  là  fine- 
ment granuleux,  pas  de  ramifications,  mais  quelques  légers  renflements. 
Presque  chaque  ovule  en  reçoit  un,  mais  jamais  davantage.  —  Les  ovaires 
fécondés  doublent  de  grosseur  en  trois  ou  quatre  jours,  ainsi  que  lesovules;  du 
micropyle  de  ceux-ci  ressort  alors  une  portion  de  tube  pollinique  semblable 
à  un  fil  de  verre  sinueux  et  à  plusieurs  raniilications.  —  Sur  des  coupes 
longitudinales  bien  réussies,  M.  Schacht  a  vu  avec  la  plus  grande  netteté  le 
ti'.he  polliniqvie  descendre  entre  les  cellules  du  mamelon  nucellaire  jusqu'au 
sommet  du  tac  embryonaire.  «  Dans  tous  les  cas,  les  deux  vésicules  em- 
biyouaires,  devenues  maintenant  plus  consistantes  et  ne  disparaissant  plus 


UEVUK    lîllîLIUGIlAl'JIIQUE.  10/13 

dans  l't>au,    se  sont  monti-ccs  en  contact  immédiat  avec  le   tube   polli- 
iiiqiie,  de  telle  sorte  (jue  l'une  d'elles  semblait  assez  souvent  en  être  la  con- 
tinuation directe.  De  son  côté,  la  membrane  du  sac  embryonaiie,  qui  était 
délicate  et  facile  à  décliirer  avant  la  fécondation,  a  pris  maintenant  assez 
de  consistance  pour  pouvoir  être  isolée  par  la  dissection...  En  isolant  ainsi 
le  sotnmet  du  sac  embryonaire,  j'ai  vu  constamment  le  tube  polliniciue  se 
séparer  de  la  vésicule  embryonaire  avec  laquelle  il  était  en  contact;  son 
extrémité,  souvent  un  peu  renilée,  n'a  jamais  alors  montré  d'ouverture,  mais 
elle  avait  la  même  apparence  brillante  que  le  tube  lui-même.  Il  est  dès  lors 
certain  que  le  tube  pollinique,  dans  le  Phormlum  tenax,  ne  pénètre  pas 
dans  le  sac  embryonaire.  »  —  Dans  un  seul  cas  l'auteur  a  vu  ce  tube  re- 
pousser un  peu  devant  lui  la  membrane  du  sac  embryonaire  ;  dans  tous  les 
autres  cas,  il  n'a  rien  observé  de  pareil.  Autour  du  bout  micropylaire  des 
deux  vésicules  embryonaircs  il  a  retrouvé  la  couronne  de  petits  filets  rayon- 
nants qu'il  a  signalée  d'abord  dans  le  Glndiolus  segetuni  (voy.  JJull.  Soc. 
botan.  de  France,  llï,  p.  415).  A  ce  propos,  il  dit  que  ses  nombreuses  ob- 
servations de  cette  année  sur  ce  Glaïeul  lui  ont  prouvé  que  ces  filets  rayon- 
nants ne  prennent  nullement  part  à  la  fécondation,  et  qu'il  en  est  de  même 
pour  le  Pliormiuin.  Il  rapporte  diverses  observations  faites  à  ce  sujet  par 
lui  sur  d'autres  plantes. 

LesdeuxvésiculesembryonairesduP/?ormm??z  sont  situéesdetelle  manière 
que  le  même  tube  pollinique  les  touche  en  même  temps  l'une  et  l'autre  et 
les  féconde  également  l'une  et  l'autre.  Toutes  les  deux  consolident  aussi 
leur  membrane  simultanément;  cependant  une  seule  continue  à  se  déve- 
lopper et  donne  naissance  à  un  embryon,  tandis  que  l'autre,  après  avoir 
persisté  dans  le  même  état  pendant  quelque  temps,  disparait  ensuite  tout  à 
fait. 

Le  mémoire  de  M.  Schacht  se  termine  par  l'explication  des  22  figures 
que  comprend  la  planche. 

Objïcrvatioiis  sur  la  rcproductiou  de  quelques  IVostoclai- 
uécs;  par  M.  G.  Thuret  [Mémoires  de  la  Soc.  impér.  des  se.  de  Cher- 
bourg, V,  1857,  pp.  3-32,  pi.  l-III  ;  tirage  à  part  en  broch.  in-S"  de 
16  p.  et  3  pi.  gravées). 

Au  commencement  de  son  mémoire  M.  Thuret  avertit  que  le  mode  de 
reproduction  décrit  par  lui,  il  y  a  treize  ans  environ  {Ann.  des  se.  nat., 
3°  sér.,  TI,  18/i4,  p.  319),  sur  un  Noctoe  aquatique  qu'il  a  nommé  iV.  ver- 
rucosum,  dont  M.  Brébisson  a  fait  récemment  son  iV.  Mougeotii,  se  retrouve 
exactement  dans  les  autres  espèces.  Cette  similitude  l'aurait  déterminé  à 
passer  sous  silence  ses  nouvelles  observations  a  ce  sujet  s'il  n'avait  cru  d-?- 
voir  joindre    un  texte  explicatif  aux    magniliqucs  figures  par  lesquelles 


lO/jii  SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

IM,  Riocreux  a  représenté  les  détails  de  la  multiplication  du  Noctoc  vesica- 
rium  DC.  —  Le  mémoire  de  M.  Tliuret  comprend  deux  parties  relatives, 
la  première  à  cette  dernière  plante,  la  seconde  à  des  Nostochinées  du  genre 
Ci/lindrospermuni  Ralfs. 

f.  Le  Nostoc  vesicarium  DC,  petite  espèce  globuleuse,  commune  autour 
de  Cherbourg,  consiste,  comme  ses  congénères,  en  une  masse  gélatineuse 
transparente,  lisse  et  ferme  extérieurement,  dans  laquelle  serpentent  d'in- 
nombrables chapelets  simples,  formés  d'articles  globuleux.  La  série  de  ces 
globules  verdàtres  est  interrompue  d'espace  à  autre  par  la  présence  d'un 
globule  plus  gros,  presque  incolore,  qui  montre  à  chaque  extrémité  d'un 
de  ses  diamètres  un  petit  granule  situé  au  point  de  contact  avec  l'article 
voisin.  Ces  derniers  globules  ont  été  désignés  par  M.  Allman  sous  le  nom 
û'IJétérocystes  qu'adopte  M.  Thuret.  Quant  aux  autres,  c'est  à  eux  qu'est 
dû  l'allongement  des  chapelets  ;  chacun  d'eux  gagne  un  peu  en  longueur  et 
se  coupe  ensuite  en  travers  pour  former  deux  nouveaux  articles  qui  se  sub- 
diviseront plus  tard  à  leur  tour.  Les  Hétérocystes  linissent  par  s'isoler  sans 
s'être  ni  divisés  ni  modifies.  En  septembre  et  octobre  on  voit  sortir  de  cer- 
tains individus  le  contenu  qui  ressemble  à  une  gelée  verdâtre  diftluente, 
que  le  microscope  montre  remplie  de  fragments  de  chapelets  doués  d'une 
reptation  très  lente,  entremêlés  d'hétérocystes  détachés.  — Après  quelques 
jours  ces  fragments  de  chapelets  deviennent  immobiles  et  ils  se  revêtent 
d'une  membrane  transparente;  puis  leurs  globules  s'élargissent  et  une  divi- 
sion sépare  leurs  deux  moitiés  latérales  qui  se  subdivisent  de  même  en  gé- 
néral, à  leur  tour.  Le  fragment  de  chapelet  se  trouve  ainsi  graduellement 
transformé  en  un  sac  plus  ou  moins  long  dans  lequel  les  divisions  succes- 
sives des  globules  et  la  soudure  en  files  des  nouveau-nés  a  donne  nais- 
sance à  des  chapelets  repliés  sur  eux-mêmes,  dans  lesquels  il  ne  tarde  pas  à 
se  produire  quelques  hétérocystes.  Enfin  le  sac  se  dilate,  se  régularise  et  le 
^'ostoc  est  complètement  formé. 

H.  Les  Cylindrospermum  [Anabaina  Bory,  partim)  ont  également  des 
filaments  en  chapelet;  mais  l'hétérocyste  forme  le  dernier  article  du  filament 
et  le  sporange  occupe  l'article  suivant.  Les  articles  de  ces  filaments  sont 
cyliudriiiues,  avec  un  contenu  bleuâtre,  un  peu  granuleux  et,  comme  ceux 
du  Aostoc,  ils  se  multiplient  en  se  partageant  par  une  section  ti'ansversale. 
Le  dernier  se  change  en  hétérocyste  en  perdant  son  contenu,  devenant  plus 
gros  et  ovoïde.  Peu  après  le  sporange  se  développe  aux  dépens  de  l'article 
suivant.  Celui-ci  s'allonge,  grossit;  sa  paroi  s'épaissit  et  brunit,  tandis  que 
son  intérieur  est  rempli  par  une  spore  elliptique  qui  reste  verte. 

M.  Thuret  décrit  la  germination  clu  C ijlindrospcrmum  majus  Kiitz.,  (|u'il 
a  vue  s'opérer  de  In  manière  suivante  au  mois  de  septembre.  La  spore,  en 
s'allongeant,  pousse  devant  elle  une  petite  portion  de  la  paroi  interre  du 
sporange.  Dès  qu'elle  fait  saillie  au  dehors,  elle  se  cloisonne  et  devient  un 


REvri'  nmLior.RAPiiiQUE.  10/|5 

filament  toruleux,  à  trois  ou  quatre  articles.  Pendant  assez  lonf;tcmps  ce 
filament  est  comme  coiffé  par  la  portion  de  la  paroi  du  sporange  qu'il  a  sou- 
levée pour  sortir.  Son  allongement  s'opère  par  ses  deux  I)oufs,  et  comme  les 
nouveaux  articles  sont  d'abord  un  peu  plus  étroits  que  les  autres,  il  en  ré- 
sulte que  le  fil  total  est  un  peu  atténué  vers  ses  deux  extrémités;  mais  peu 
à  peu  ces  différences  disparaissent  et  le  filament  finit  par  ressembler  entiè- 
rement aux  anciens. 

M.  Tliuret  a  reconnu  que  des  échantillons  de  Cylindrospermum  licheni- 
forme  Kiitz.,  conservés  en  herbier  depuis  neuf  ans,  entraient  en  germi- 
nation après  quinze  jours  de  séjour  dans  l'eau. 

Le  mémoire  se  termine  par  l'explication  succincte  des  17  figures  qui  oc- 
cupent les  trois  planches. 

y%linoriue  PAauzenliilduiig-eii  [Anomalies  végétales)-^  par 
M.  D.-F.-L.  V.  Schlechtendal  {Botan.  Zeit.,n°  51,  18  décemb.  1857, 
col.  873-880). 

Ce  mémoire  est  divisé  en  quatre  paragraphes. 

1.  Une  monstruosité  de  Nigella  damascena  L.  a  présenté  une  tige  simple, 
terminée  par  un  involucre  de  6  feuilles,  qui  entourait  5  fruits  inégaux,  non 
exactement  verticillés,  un  peu  cohérents  à  la  base,  offrant,  l'un  U  styles  et 
U  fentes,  2  autres  3  styles  et  autant  de  fentes,  les  2  derniers  2  styles  et 
2  fentes, 

2.  Plusieurs  monstruosités  de  Plantains  ont  été  décrites  par  les  auteurs; 
M.  de  Schlechtendal  en  fait  le  relevé.  Le  Plantago  major  développe  parfois 
ses  bractées  en  petites  feuilles  pétiolées  et  son  épi  devient  une  petite  tête  en 
rosette;  c'est  alors  le  P.  rosea  des  anciens  auteurs.  Ailleurs  cette  plante 
ramifie  son  épi  en  une  sorte  de  panicule  pyramidale.  L'auteur  a  reçu  de 
AL  L-miscli  un  échantillon  de  cette  monstruosité  avec  un  dessin  et  des  notes. 
—  Richier  de  Belleval  a  observé  et  figuré  une  monstruosité  analogue  sur  le 
Plantago  média.  —  .T.  Bauhin  a  figuré  un  PI.  lanceolata  dont  le  pédoncule 
se  termine  par  plusieurs  petits  épis  inégaux.  Le  même  botaniste  a  figuré 
aussi,  après  Gérard,  un  Plantain,  qui  parait  être  le  P.  lanceolata^  sur  le- 
quel on  voit  une  anomalie  analogue  à  celle  du  PL  major  rosea;  la  rosette 
de  feuilles  que  porte  son  pédoncule  égale  presque  en  grandeur  la  rosette 
radicale.  M.  L'misch  a  envoyé  à  M.  de  Schlechtendal  un  échantillon  de  ce 
PL  lanceolata  rosea  trouvé  par  lui  près  de  Sondershausen;  il  lui  a  égale- 
ment envoyé  la  fovme polystac/iya  du  PI,  maritima. —  Clusius  a  aussi  figuié 
deux  monstruosités  de  Plantains,  dont  une  prolifère,  ou  ayant  son  épi  ter- 
miné par  une  touffe  de  feuilles. 

On  connaît  donc  dans  les  Plantains  les   formes   anomales  suivantes  : 
1.  bracteata,  à  bractées  inférieures  foliiformes;  2.  rosea,  à  bractées  déve- 


\0!lC)  SOCIKTIC    r.OTANIQrE    1)F.    Fr.ANCK. 

Inppées  en  rosette  de  feuilles  sans  (leurs  ;  3.  polijsfac/nja,  l'épi  principal  en 
portant  d'autres  nés  à  l'aisselle  de  bractées;  ti.  proliféra^  où  le  pédoncule 
porte  une  rosette  ou  un  épi  ou  un  capitule  avec  d'autres  rosettes;  5.  pani- 
culuta,  où  l'inflorescence  est  devenue  une  panicule  pyramidale  très  rameuse, 
couverte  d'un  grand  nombre  de  petites  bractées. 

3.  Un  capitule  de  Coreopsis  Dmmmondii  affecté  de  virescence  passait  à 
l'ombelle,  ses  fleurs  monstrueuses  se  montrant  pédiculées. 

h.  Un  Cytisus  nigricans  a  présenté  à  M.  deScblecbtendal  une  fasciation 
de  l'axe  de  la  grappe  qui,  arrondi  dans  le  bas,  allait  en  s'élargissant  vers  le 
haut  et  se  ramifiait  plus  ou  moins. 

BOTANIQUE  DESCRIPTIVE. 

:%léiiioirc  «ui*  les  Et*otli»9tn  î>ff#*«et«M»  Willd.,  crispuêtt 
I.ap.,  Itfoifitêètt,  Lap.,  t»uis*»'ettle»iu»n  1/Hérit.;  par  M.  E.  Timbal- 
Lagrave  {Mém.  de  lAcad.  impêr.  des  sciences  de  Toulouse,  1857;  tirage 
à  part  en  broch.  in-S^de  IZi  pages  et  une  planche). 

Dans  son  Histoire  abrégée  des  Plantes  des  Pyy^énées,  p.  390  (et  non 
pas  290,  comme  une  erreur  typographique  le  fait  dire  à  M.  Timbal- 
Lagrave),  Lapeyrouse  proposa  deux  nouvelles  espèces  d'Erodium  sous  les 
nomsd'^.  lucidum  et  crispum.  Il  admettait  en  iTiéme  temps  comme  espèce 
distincte  1'^.  inacradenumAJWi'y'W.  (De  Candolle,  Lapeyrouse,  Pritzel.etc., 
écrivent  macrademum],  auquel  seulement  il  donna  le  nom  A'E.  graveolem 
Lap.  Ces  deux  espèces  de  Lapeyrouse  n'ont  pas  été  admises  par  la  généra- 
lité des  Aoristes;  De  Candolle  (T'Y.  /'/'.,  SiippL,  p.  627)  les  regarda  comme 
deux  variétés  de  \'E.  petrœum  dont  il  laissa  séparée  l'espèce  de  L'Héritier 
sous  le  nom  de  E.  glandulusum  Willd.  M.  Bubani,  dans  sa  brochure  inti- 
tulée Schedulœ  criticœ,  est  allé  beaucoup  plus  loin,  car  il  a  réuni  ces  quatre 
plantes  en  une  seule  espèce  sous  la  dénomination  d'E.  petrœum.  —  Quant 
à  M.  Timbal-Lagrave,  après  avoir  fait  une  étude  attentive  de  ces  mêmes 
plantes,  il  n'hésite  pas  à  y  voir  quatre  espèces  distinctes  et  séparées,  dont  il 
donne  une  description  très  développée,  et  pour  lesquelles  nous  indiquerons, 
d'après  lui,  les  caractères  qui  les  distinguent. 

VErodium  petrœum  Willd.  se  distingue  par  ses  pédoncules  et  pédicelles 
couverts  de  poils  simples  étalés,  ses  pédicelles  deux  fois  plus  longs  que  ceux 
du  lucidum  et  moins  longs  que  dans  le  macradenum;  par  ses  bractéoles 
moins  longuement  acuminées,  très  hérissées;  par  son  calice  plus  globuleux, 
hérissé  de  poils  simples;  par  ses  pétales  concolores,  plus  grands  que  dans 
les  trois  autres;  par  les  valves  du  fruit  couvertes  de  poils  très  déclinés,  plus 
nombreux  et  moins  longs;  par  le  bec  de  moyenne  longueur  (0"',030);  par 
l'arétc  couverte  en  dessus  de  beaucoup  de  poils  courts,  simples,  et  sur  l'in- 


REVMR  rtmi.ionnuMiiQrE.  1()'i7 

téricur  de  poils  longs,  égaux,  jaunâtres;  par  ses  gi'aiiips  plus  grosses  (|uo 
dans  le  lucidnm,  moins  grosses  (|ne  dans  le  i/Kicra/ifii/on,  Hnement  striées, 
cylindriques;  par  ses  feuilles  d'un  vert  jauniUre,  glahriuscules,  planes,  à 
5  lobes  principaux  séparés  par  des  lobules  sessiles,  entiers,  non  décurrents; 
par  ses  stipules  plus  courtes,  plus  écartées  du  pétiole;  par  sa  souche  étalée 
sur  le  sol,  fortement  colorée  en  rouge;  par  sa  floraison  très  précoce  et  sa 
station  méridionale  qui  ne  s'éloigne  pas  du  calcaire. 

VFrodiiim  crispwn  Lap,  est  très  voisin  du  petrœu?n;  c'est  le  moins  ca- 
ractérisé des  quatre;  cependant  l'auteur  pense  qu'il  forme  une  espèce  pour  les 
motifs  suivants  :  Ses  pédoncules  et  pédicelles  sont  couverts  de  poils  simples 
et  glanduleux;  ses  calices  ont  des  nervures  blanchâtres  et  sont  couverts  de 
poils  glanduleux  ;  ses  pétales  ont  des  nervures  plus  foncées  et  deux  d'entre  eux 
sont  maculés  à  la  base,  plus  étroits;  sa  graine  est  lisse;  ses  feuilles,  plus 
longuement  pétiolées,  sont  crépues,  à  5  lobes  principaux,  entre  lesquels  sont 
des  lobules  obtus,  dentés  ou  lobés;  sa  soucbe  est  pins  robuste,  moins  co- 
lorée ;  sa  floraison  est  un  peu  plus  tardive.  Les  poils  courts,  simples,  et  les 
poils  longs,  glanduleux,  qui  en  couvrent  toutes  les  parties,  lui  donnent  un 
aspect  qui  le  fait  distinguer  au  premier  coup  d'œil. 

L'Erodiwn  macradenum  est  parfaitement  distinct  par  ses  pédoncules 
deux  fois  plus  longs  et  par  ses  pédicelles  couverts  de  poils  glanduleux  avec 
quelques  poils  simples  ;  par  ses  bractéoles  très  grandes,  acuminées,  bien 
plus  searieuses  aux  bords;  par  son  calice  ovoïde,  à  nervures  noirâtres  ;  par 
ses  sépales  grands,  elliptiques,  terminés  par  un  long  mucron  glanduleux  ; 
par  ses  pétales  plus  étroits,  elliptiques,  aigus  au  sommet,  les  deux  plus 
grands  marqués  vers  l'onglet  d'une  tache  noir  pourpre;  par  ses  fruits  plus 
gros  (0'",035  à  0"',OiO),  ayant  à  la  face  interne  des  poils  jaunes  i\  la  matu- 
rité; par  ses  graines  lisses,  un  peu  trigones,  très  grosses;  par  ses  feuilles 
couvertes,  comme  toute  la  plante,  de  peu  de  poils  simples  et  de  beaucoup 
de  poils  glanduleux,  à  7  ou  8  lobes  principaux,  dont  ceux  de  la  base  beau- 
coup plus  longs  que  les  supérieurs,  d'où  le  pourtour  général  est  largement 
ovale  ;  divisions  des  lobes  très  fines,  égales,  et  laissant  entre  elles  des  es- 
paces vides,  réguliers;  par  sa  souche  souterraine  très  grosse;  par  sa  llorai- 
son  plus  tardive;  enfin  par  sa  station  alpine,  sur  les  rochers  principalement 
granitiques  ou  schisteux. 

LErodium  lucidwn\.{\p.  est  très  distinct  des  trois  précédents  ;  il  a  le  faciès 
du  macradenum.  Il  a  deux  formes:  l'une  parfaitement  ^hxhro.  (Ivcidum 
Lap.),  l'autre  un  peu  hérissée  {carulescens  L.).  Il  se  distingue  :  par  ses 
pédoncules  et  ses  pédicelles  moitié  moins  longs,  couverts  de  poils  simples, 
arqués,  ascendants;  par  ses  bractéoles  insensiblement  acuminées,  glabres- 
centes-,  par  son  calice  ovoïde,  couvert  à  la  base  de  poils  courts,  simples, 
appliqués,  qui  lui  donnent  un  aspect  farineux  ou  cendré;  par  ses  sépales 
elliptiques,  à  nervure  rouge  sombre,  à  mucron  glabre;  par  ses  pétales 


10/l8  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

égaux,  une  fois  plus  longs  que  le  calice,  concolores  ;  par  son  fruit  à  valves 
couverles  de  poils  plus  longs,  moins  appliqués  et  moins  déclinés,  à  bec  cou- 
vert sur  sa  face  interne  de  poils  inégaux,  simples,  courts  et  d'autres  très 
longs,  blancs,  ceux  de  l'extérieur  étant  courts  et  ascendants  ;  par  ses  graines 
rouges,  de  moitié  plus  petites,  insensiblement  atténuées  en  une  pointe 
fme;  par  ses  feuilles  épaisses,  planes,  glabrescentes,  rougeâtres  ou  d'un 
vert  sombre,  à  5  lobes  principaux,  séparés  par  des  lobules  simples,  entiers, 
largement  décui'rents  d'un  lobe  a  l'autre,  à  pétioles  glabres  ou  hérissés; 
par  ses  stipules  lancéolées,  cuspidées,  rapprochées  du  pétiole;  par  sa  souche 
grosse,  ligneuse,  brunâtre,  étalée  sous  le  sol;  par  sa  (loraison  plus  tardive 
et  par  sa  station  sur  les  rochers  granitiques  ou  schisteux  (près  de  Bagnères- 
de-Luchon). 

Flornla  Miassîlîcnsîs  a<lvcua.  Florule  exotique  de  Marseille,  ou 
énumé ration  des  espèces  étraïuj'eres  introduites  aux  environs  de  Marseille; 
par  M.  Ch.  Grenier  [Mémoires  de  la  Société  d^ émulation  du  département 
du  Doubs,  séance  du  13  Juin  1857  ;  tirage  à  part  en  brocb.  in-8de  t\^  p.; 
1857;  Besançon,  chez  Dodivers). 

Le  mémoire  de  M.  Grenier  commence  par  un  chapitre  (!i' Observations 
préliminaires  (pp.  3-12)  qui  touche  à  différentes  questions.  L'auteur  rap- 
pelle d'abord  le  travail  analogue,  sur  la  flore  exotiqui^  du  Port-.Tuvénal,  à 
Montpellier,  commencé  par  Delile,  poursuivi  et  mené  à  bonne  fin  par 
M.  Godron.  Cette  localité  est  célèbre  pour  le  nombre  élevé  d'espèces  étran- 
gères que  le  lavage  et  le  séchage  des  laines  y  ont  introduites  ;  «  et  cepen- 
dant, dit  M.  Grenier,  il  existe  près  de  Montpellier  une  autre  plage  non 
moins  féconde,  et  qui,  lorsqu'elle  aura  été  longuement  fouillée,  se  mon- 
trera probablement  plus  riche  que  la  première;  »  cette  plage  est  celle  de 
Marseille. 

Les  matériaux  de  la  Florule  exotique  de  Marseille  ont  été  recueillis,  de 
1834  à  1843,  par  l'auteur  lui-même  et,  depuis  1843,  par  MM.  Biaise  et  Roux. 
Avant  d'en  aborder  l'étude  spéciale,  M.  Grenier  examine  les  causes  d'in- 
troduction des  espèces  exotiques  ;  il  pense  que  c'est  uniquement  à  l'action 
de  l'homme  qu'il  faut  attribuer  leur  présence  dans  le  voisinage  des  ports  et 
des  lavoirs  à  laine  de  IMarseille.  Le  lest  des  navires  jeté  sur  la  plage,  les 
enveloppes  de  foin  et  d'herbes  de  toute  sorte  dont  on  entoure  diverses  mar- 
chandises, surtout  les  laines  en  suint  importées  de  pays  étrangers,  con- 
tiennent souvent  et  déposent  ensuite  au  lieu  d'arrivée  des  graines  qui  ger- 
ment, si  elles  trouvent  dans  le  lieu  où  elles  sont  ainsi  transportées  des 
conditions  favorables  à  leur  germination.  De  là  résulte  une  lloie  exotique 
qui  dénote  la  nature  et  la  direction  des  relations  commerciales  du  port  près 
duquel  on  l'observe.  A  IVIarseille  cette  flore  est  plus  orientale  qu'au  Porl- 
Juvénal.  —  Les  espèces  de  ces  flores  étrangères  disparaissent  souvent  pen- 


REVUR    RinLIOGRAPIllOl'E.  lO/jO 

dant  longues  années  pour  se  rencontrer  plustaid.  C'est  que  dans  le  lieu  où 
elles  sont  introduites  elles  ne  donnent  pas,  en  général,  de  bonnes  graines; 
ainsi,  sur  plusieurs  centaines  de  capsules  bien  développées  de  son  ('apscllti 
gracilis,  M.  Grenier  n'a  pas  trouvé  une  seule  graine  en  bon  état.  Ces  plantes 
disparaissent  donc  pour  se  montrer  de  nouveau  lorsqu'il  en  arrive  encore 
des  graines  de  leur  pays  natal . 

A  ce  propos,  l'auteur  exprime  l'opinion  que  l'influence  des  agents  phy- 
siques, des  animaux  et  de  l'Iiomme  ne  peut  prêter  un  appui  suffisant  à 
l'hypothèse  d'une  création  unique  fournissant  à  la  terre  sa  végétation  en- 
tière. Il  développe  son  opinion  à  ce  sujet  en  l'appuyant  sur  des  considéra- 
tions diverses  et  principalement  géologiques. 

La  florule  du  port  Juvénal  est  beaucoup  moins  orientale  que  celle  de 
Marseille.  Sur  près  de  350  espèces  qu'elle  comprend,  à  peine  une  centaine 
appartiennent-elles  à  la  Gièce,  à  l'Egypte  et  au  Levant,  en  prenant  ce  mot 
dans  son  sens  le  plus  large;  presque  tout  le  reste  vient  de  l'Espagne  et  du 
nord  de  l'Afrique  ;  au  contraire,  dans  son  état  actuel,  la  florule  de  Mar- 
seille tire  des  contrées  orientales  au  moins  100  espèces  sur  250. 

Le  travail  de  M.  Grenier  nous  parait  avoir  assez  d'intérêt  pour  que  nous 
reproduisions  la  liste  entière  des  espèces  dont  il  donne  le  catalogue  et  la 
description  de  celles  qu'il  y  décrit  comme  nouvelles. 

FuMARTACÉEs.  — Fumaria  anatolica  Boiss.  —  Crucifères.  —  Enarthro- 
carpus  clavatus  Dell.;  E.  lyratus  DC.  Raphanus  RIaisii  Godr.  etGren.  Si- 
napis  dissecta  Lig.  Erucaria  grandiflora  Bo'ss.  Diplotaxis  virgata  DC;  D. 
pachypoda  Godr.;  D.  tenuisiliqua  Deli.  Moricandia  arvensis  DC.  Mathiola 
coronopifolia  DC. ;  M.  bicornis  Sibth.  et  Sm.  Erysimum  repandum  L.  Si- 
symbrium  erysimoides  Desf.;  S.  pannonicum  Jacq.;  S.  septulatum  DC; 
S.  hirsutum  Lag. ;  S.  tripinnatum  DC;  S.  torulosum  Desf.;  S.  contortu- 
plicatum  DC.  Berteroa  incana  DC.  Alyssum  clypeatum  Durieu  ;  A.  scuti- 
gerum  Durieu.  Bunias  prostrata  Desf.  Lepidium  perfoliatum  L.;  L.  angu- 
losum  d'Urville. 

Capsella  gracilis  Gren.  (p.  17).  Fleurs  très  petites;  sépales  oblougs, 
rougeâtres  au  sommet;  pétales  obovés-cunéiformes,  presque  rétus,  d'un 
quart  plus  longs  que  le  calice;  étamines  égalant  le  calice^  et  par  consé- 
quent plus  courtes  que  la  corolle  ;  stigmate  grand  et  plus  large  que  le  dia- 
mètre du  style.  Silicules  petites  et  courtes,  obcordiformes,  triangulaires, 
brièvement  atténuées  à  la  base,  de  moitié  plus  courtes  que  le  pédicelle  in- 
fléchi, profondément  émarginées  au  sommet,  portant  dans  l'échancrin-e  un 
style  épais  et  non  dépassé  par  les  lobes  de  l'échancrure,  terminées  latérale- 
ment par  des  bords  convexes;  graines...  Feuilles  inférieures  iyrées-pinna- 
tilides,  les  supérieures  lancéolées  et  auriculées-sagittées,  les  unes  et  les  au- 
tres couvertes  de  poils  bifurques;  tiges  de  0"',2,  rameuses  dès  la  base,  à 
rameaux  grêles  et  poilus-étoilés;  racine  annuelle.  —  Patrie  inconnue. 


1050  SnCIKTÉ    r.OT.VMQLT    DV.   FRANCE. 

Maifinsia  gluStifolia  Godr.  Carrichtera  VvWœ  DC.  Kuclidium  syriacum 
DC.  Rapistrum  orientale  DC;  l\.  hispidum  Godr. 

Rapistrwn  Blaisii  Gren.  (p.  18).  Fleurs  très  petites  (2-3  inill.),  jaunes, 
en  grappes  allongées,  dressées,  grêles  et  lâches;  pédicelles  ascendauts-sub- 
étalés  et  non  serrés  contre  l'axe,  grêles,  égalant  ou  surpassant  le  fruit; 
sépales  oblongs,  glabres,  (2  mill.),  promptement  caducs  ;  pétales  presque 
doubles  du  calice,  étroitement  oblongs-cunéiformes  :  style  conique-linéaire, 
aussi  long  que  l'article  supérieur  du  fruit;  stigmate  capité-discoïde  ;  ovaire 
glabre.  Silicules  glabres,  ellipsoïdes,  égalant  environ  5-6  millimètres  avec 
le  style;  article  inférieur  cylindrique,  de  1-2  millimètres,  un  peu  plus 
épais  que  le  pédicelle  ;  article  supérieur  ellipsoïde,  atténué  aux  deux  bouts, 
et  muni  longitudlnalement  de  côtes  fines.  Feuilles  pubescentes,  pétiolées, 
ovales-lancéolées  et  lancéolées,  dentées;  les  radicales..,;  tige  de  0'",4-0">,5, 
hispide  inférieurement  et  à  poils  dirigés  en  bas,  rameuse  et  à  rameaux 
dressés;  racine  annuelle?  —  Patrie  inconnue. 

CiSTiNÉES.  —  Helianthemum  niloticum  Pers.  —  CAR\opnYLLÉEs.  — 
Gypsophila  Rokejeka  Deli.  Saponaria  porrigens  L.  Lychnis  macrocarpa 
Bois,  et  Reut.  Silène  ciuerea  Desf. ;  S.  dichotoma  Ehrb,;  S.  hispida  Desf.; 
S.  rubella  L.;  S.  cretica  L.  —  Alsinées.  —  Alsine  picta  Fenzl  ;  A.  tenui- 
folia  var.  granditlora  Fenzl  ;  A.  tenuifolia  var.  confertiflora  Fenzl;  A.  ma- 
crosepala  Bois.;  A.  procumbens  Fenzl.  Queriahispanica  L.  Cerastium  illy- 
ricum  Ard.;  G.  dichotomum  L.;  C.  manticum  L.  Spergularia  saisuginea 
Fenzl. —GÉRANiACÉKS.  —  Erodium  chium  Willd.;  E.  littoreum  Lem.; 
E.  laciniatum  Cav.;  E.  verbensefolium  Deli.;  E.  sebaceum  Deli.;  E.  Salz- 
manni  Deli.;  E.  alsinœfolium  Deli.  —  iMalvacées.  —  Malva  œgyptiaca  I,. 
Lavatera  cretica  L.  —  Rutacées.  —  Ruta  bracteosa  DC.  Peganum  Har- 
mala  L— Papillonacées.— Ononis  mitissima  L.  Medicago  Soleirolii  Duby; 
M.  laciniata  Ail.;  M.  ciliaris  Willd.;  M.  Echinus  DC.  Trigonella  Besseriana 
Ser.;  T.  capitata  Bois.;  T.  uncinata  Ser.;  T.  Sprunneriana  Boiss.;  T.  au- 
rantiaca  Boiss.;  T.  Fœnum-graecura  L.;  T.  torta  Sm.;  T.  monantba  C.  A. 
Mey.;T.  pinnatifidaCav.;  T.  geminiflora'.Bunge  ;  T.polycerata  L.;  T.  laci- 
niata L.  Melilotus  messanensis  Desf.;  M.  infesta  Guss.;  M.  speciosa  Du- 
rieu.  Trifolium  diffusum  Ehrii.;  T.  flavescens  Tin.;  T  supinum  Savi; 
T.  alexandrinnm  L;  T.  squarrosum  Savi;  T.  dalmaticum  Vis.;  T.  cinc- 
tum  DC;  T.  leiocalycinum  Bois.;  T.  setiferum  Bois.;  T.  Michelianum  Savi; 
T.  isthmoearpum  Brot. 

7'.  Rouxii  Gren.  (p.  27).  Capitules  globuleux  à  la  maturité, /«c//^s,  portés 
par  des  pédoncules  dont  les  inférieurs  égalent  trois  ou  quatre  fois  la  lon- 
gueur de  la  feuille,  les  supérieurs  la  dépassant  à  peine;  fleurs  très  briève- 
ment pédicellécs,  étalées  et  non  réfléchies  après  l'antlièse;  bractéoles  lancéo- 
lées, brièvement  acuminées,  égalant  environ  la  moitié  du  tube  calicinai; 
calice  glabre,  violacé  (toujours?),  à  tube  subcylindrique,  ncrvié-strié,   à 


REvur  r.iiuJor.iiMMiiQrK.  1051 

(lents  ('gales,  (■tal(''es,  (^troitcmoiU  lancci'oU'es-Iiiu'aift'S,  suhiih'cs,  l)ord(''es  de 
blanc,  subtiiii('r\ic'(\s,  aussi  longues  {|ue  le  tube;  corolle  blancbûtr(%  à  éten- 
dard de  moitié  plus  long  (|ue  les  ailes,  qui  cxeèdent  un  peu  les  dents  du 
calice.  Gousse  sessile,  lancéolée,  ne  dépassant  pas  le  tube  du  calice,  mem- 
I)raneuse,  ctraïujlée  vers  son  inilleu  et  à  deux  graines;  celles-ci  ovoïdes- 
comprimées,  fauve  pAle.  Feuilles  à  folioles  oblongues,  finement  dentieulées- 
sétacées,  à  nervures  parallèles  et  distantes  (8-12  de  cbaque  côté)  ;  stipules 
suh/ierbacées,  violacées?,  ovales,  brusquement  acuminées  en  pointe  subli- 
néaire (|ui  égale  à  peu  près  la  stipule;  tiges  assez  nombreuses,  étalées- 
ascendantes,  peu  compressibles,  glabres  ou  obscurément  pubescentes; 
racine  annuelle. — Patrie  inconnue.  —  Plante  voisine  du  T.  isthmocarpum 
Brot. 

Trifolium  nigrescens  Viv.;  T.  Gussonii  Tin.;  T.  parisiense  DC.;  T.  Bois- 
sierl  Guss,  Astragalus  tribuloides  Deli.;  A.  cruciatus  Link.  Scorpiurus  sul- 
cafa  L.  Hedysarura  capitatuin  Desf.  — Cucurbitacées.  —  Cucumis  Colo- 
cyntbis  L.;  G.  eriocarpus  Bois,  et  Noë. — Paronychiées.  —  Lœflingia 
liispanica  L.  Paronychia  arabica  L.;  P.  desertorum  Bois.  —  Ficoidérs,  — 
Mesembryantbemum  nodiflorum  L.  —  Ombelltfères.  —  Daucus  aureus 
Desf.  Caucalis  tenella  Deli.  Bidolfia  segetum  Moris.  Krubera  leptophylla 
Hoffm.  Bupleurum  glumaceum  Sm.  et  Sibth.;  B.  Odontites  L.  Eryngium 
dicbotomura  Desf.  —  Dipsacées.  —  Scabiosa  argentea  L.  Cephalaria  sy- 
riaca  Scbrad.  —  Cgrymbifères.  —  Senecio  cbrysantbemifolius  Poir.; 
S.  nebrodensisL.  ArtemisiascopariaW.  K.;  A.annuaL  Pinardia  coronaria 
Less.  Cota  tinctoria  Gay.  Anthémis  peregrina  L.  ;  A.  chrj^socephala  Bois, 
et  Reut.;  A.  Chia  L.;  A.  scariosa  DC.  Anacyclus  valentinus  L.  Filago 
prostrata  Pari.  Calendula  fulgida  Raf. ;  C.  stellata  Cav.;  C.  parviflora  Raf. 

—  Cynarocéphales.  — Carduus  pteraeanlhus  Durieu.  Cirsium  ciliatum 
Bieb.  Onopordon  tauricum  Willd.  Centaurea  diffusa  Lamk.  ;  C.  parviflora 
Desf.;  C.  nicseensis  Ail.;  C.  scorpiurifolia  Dufour;  C.  alexandrina  DC.; 
C.  iberica  ïrev.  ;  C.  calcitrapoides  L.;  C.  napifoiia  L.;  C.  eriophora  L.  ; 
C.  sulphurea  Willd.;  C.  sonehifolia  L.;  C.  diluta  Ait.;  C.  algeriensis  Coss. 
et  Dur.;  C.  pallescens  Deli.;  C,  byalolepis  Boiss.;  C.  depressa  Bieb.  Zoezea 
leptaurea  L.  Xerantberaum  annuura  L.  —  Chicoracées.  —  Rhagadiolus 
Hedypnois  Fisch.  et  M.  Koelpinia  linearis  Pall.  Kalbfussia  Salzmanni 
Schultz.  Oporinia  laciniataBertol.  Picris  laciniata  Vis.  Barkhausia  Zacintha 
Marg.  et  Reut.;  B.  rhœadifolia  Bieb.;  B.  erucaefolia  Gren  et  Godr.  (Patr. 
inconnue)  ;  B.  laciniata  Lowe.  —  Ambrosiacées.  —  Xanthium  italicum 
Moret.  —  Campanllacées.  —  Spccularia  peutagona  DC.  — Asclépiadées. 

—  Periploca  grseca  L.  —  Convolvulacées.  —  Convolvulus  hirsutus  Stev. 

—  Borragtnées.  —  Heliotropium  villosum  Willd.;  [H.  curassavicum  L. 
Ecliium  Rauwolfii  Deli.   I.ycopsis  orientalis  !..  Arnebia  hispidissima  DC. 


1052  SOCIÉTÉ    nOTAMQUE   DE   FRANCE. 

Ecluiiospormum  Vahlianum  Lchm.;  E.  patulum  Lehm.  Rochelia  stellulata 

Rchbc, 

Mijosotis  brachypoda  Gren.  (p.  39).  Fleurs  en  grappes  très  lâches  vers  le 
bas,  plus  denses  et  poilues-soyeuses  vers  le  haut,  et  occupant  environ  un 
Uers  de  la  longueur  des  ranaeaux  ;  pédicelles  beaucoup  plus  courts  que  le 
calice,  dressés,  héiissés  de  poils  étalés-oncinés  ;  calice  fermé  à  la  maturité, 
à  tube  muni  de  poils  étalés-oncinés  ;  calice  fermé  à  la  maturité,  à  tube 
muni  de  poils  étalés-oncinés,  à  dents  couvertes  de  poils  dressés  et  non  re- 
courbés; covoWe.  très  petite ,  infundibuliforme,  dépassante  peine  le  calice; 
style  ^m  court,  égalant  la  moitié  de  la  longueur  des  carpelles;  ceux-ci 
ovales,  bruns-verdàtres,  brillants,  convexes  d'un  côté  et  carénés  de  l'autre, 
bordés  au  sommet.  Feuilles  oblongues-lancéolées,  hispides,  à  poils  droits; 
tige  très  rameuse  dès  la  base,  à  rameaux  étalés-redressés,  divisés,  hérissés 
(le  poils  étalés,  les  uns  droits,  les  autres  oncinés;  racine  annuelle.  — Patrie 
inconnue.  —  Il  se  place  près  du  M.  australis  Brown. 

Verbasciîes.  — Verbascum  mucronatura  Lamk.  ;  V.  undulatum  Lamk. ; 
V.  pinnatifidum  Vahl.  —  Scrofolarinées.  —  Veronica  glauca  Sibth.  et 
Sm.  Linaria  lanigera  Desf.  —  Labiées.  —  Perilla  ocymoides  L.  Sideritis 
montana  L.  Slachys  italiea  Mill.  (Ces  deux  plantes  paraissent  spontanées). 
.Ylarrubium  alysson  L.;  M.  peregrinum  L.  Salvia  bicolor  Desf. 5  S.  alge- 
riensis  Desf.;  S.  verticillata  l..  —  Plumbaginées.  —  Staticeglobulariœfolia 
Desf.  (parait  indigène).  —  Plantaginées.  —  Plantago  ovata  Forsk. ; 
P.  squarrosa  IMuri".  — ■  Salsolacées.  —  Blitum  virgatum  L.  Chenopodina 
altissima  Moq.  Echinopsilon  liyssopifolius  Moq. — Poiagonées. — Rumex 
dentatus  "Carnpd.  Polygonum  herniaiioides  Dell.  —  Euphobbiacées. — 
Euphorbia  achœnocarpa  Guss.  —  Cypérackes.  —  Scirpus  lateralis  Forsk. 
—  Graminées.  —  Phalaris  obvallata  Trin.  Crypsis  segyptiaca  Tausch. 
Phleum  echinatum  Host.  Alopecurus  anthoxanthoides  Bois. 

Alopecurus  setarioides  Gren.  (p./;3).  Paniculespiciforme,  ovoïde,  serrée; 
pédicelles  des  fleurs  épais  et  un  peu  renfles  au  sommet;  glumes  égales,  lan- 
céolées, carénées-acuminées  et  à  pointe  recourbée,  comprimées,  libres  jus- 
que vers  le  milieu  et  soudées  au  bas,  blanchâtres,  à  trois  nervures  vertes, 
poilues  à  la  base  et  munies  sur  la  carène  de  longs  poils  qui  atteignent  le 
sommet  des  valves;  glumelle  unique,  égalant  les  glumes,  avec  une  arête  ba- 
siiaire,  denticulée,  trois  fois  aussi  longue  que  lépillet.  Feuilles  linéaires, 
aiguës,  glabres,  à  gaine  supérieure  renflée;  \\gu\e  courte  et  tronquée; 
chaumes  ascendants,  grêles,  glabres,  de  1-2  décim.;  racine  annuelle, 
libreuse-capillaire.  —  Patrie  inconnue.  —  11  se  place  à  côté  de  Ivl.  an- 
t/ioxanthoides. 

Alopecurus  candicans  Salzm.  Agrostis  interrupta  L. ;  A.  pallida  DC.  iMi- 
lium  scabrum  C.  Rich.  Aira  lendigera  Lag.  Avena  macra  l.edeb.  Trisetum 


liEVUK    lilIUJOGUAPlIIQUE.  1053 

nc^Icctum  Rœm,  et  Schull.;  T.  condensatum  Piesl.  Kœleiia  hispida  I)C. 
Sfhismus  marginatus  P.  IJeauv.  Scleropoa  philista;a  IJois.  ;  S.  hemipoa  Pari.  ; 
S.  divaricata  Pari.  Poa  persica  Trin.  Briza  spicata  Sm.  etSibtli.  Sphenopus 
Gouani  Trin.  Dactylis  pungens  Schreb.  Cynosurus  Lima  !..  Vulpia  ctnensis 
Tin.;  V.  jieniculata  Link;  V.  ligustica  Link  ;  V.  inerassata  Pari.  Festuca 
pectinella  Dell.;  F.  cynosuroides  Desf.  Bromiis  conferUis  Bieb.  Scrrafalcus 
macrostachys  Pari.  Narcluriis  orientalis  Bois.  Ilordeum  biilbosum  L  Klymus 
criuitus  Sclireb.-,  K.  J)eliliamis  Schult.  Hetcrantliclium  piliforum  Hoclist. 
ïrilicum  s(iiiarrosum  Rotb;  T.  orientale  Bieb.  ^Egilops  ventricosa  Tausch; 
AL  caudata  L.;  M.  speltoides  Tausch;  JE.  cylindrica  Host. 

Anlcitiiuff  xnv  UestiBiunuug;  «ler  Oattiiugcu  lier  in 
l>cutscltlau«l  wlItlMaeliscndcu  umiI  allscineiu  knlti- 
virtcn  pUmaicroftaïuîsclicn  PnanKCu,  etc.  [Clef  pour  la  déter- 
mination des  (jenres  des  plantes  phanérogames  spontanées  et  cultivées  géné- 
ralement en  Allemagne,  d'après  une  méthode  analytique  très  facile  et  très 
sûre,  destinée  aux  personnes  qui  possèdent  le  Synopsis  et  le  Manuel 
de  Koch,  ainsi  que  le  Manuel  de  la  Flore  d'Allemagne  de  Kittel);  par 
M.  .loseph-Cbarles  Maly  ;  2"^  édit.,  in-8°  de  xii  et  170  pages;  185>J. 
Vienne,  chez  Wilh.  Braumùller. 

Le  titre  que  nous  venons  de  traduire  en  entier  nous  dispense  de  donner 
des  détails  sur  cet  ouvrage  spécialement  destiné  aux  personnes  qui  herbo- 
risent en  Allemagne.  La  méthode  analytique  par  dichotomie  et  par  numéros 
qui  le  compose  ne  conduit  qu'aux  genres  ;  mais  un  avis  placé  au  commence- 
ment nous  apprend  que  IM.  Maly  s'occupe  à  en  rédiger  une  qui  conduira  jus- 
qu'aux espèces. 

A  niaiinal  Flora  of  lladeîra  ami  tlic  adjacent  ijslauds  of 
Porto-!§aiito  and  tlie  Désertas  [Flore  manuelle  de  Madère  et 
des  lies  adjacentes  de  Purto-Santo  et  des  Dezertas)  \  par  M.  Richard 
Thomas  Lowe.  l'*^  partie (1  gr.  in-18  de  xii  et  106  pages. Londres;  1857. 
Chez  Jolui  van  Voorst,  1,  Paternoster  Bow]. 

Le  petit  volume  (|ui  va  faire  le  sujet  de  cet  article  est  le  commencement 
d'une  Flore  dans  laquelle  l\L  Lowe  se  propose  de  réunir  les  résultats  des 
herborisations  (ju'il  a  faites  h  [\Iadère  et  dans  les  (juatrc  îles  voisines  pen- 
dant un  séjour  de  trente-six  années.  De  retour  à  Londres  après  ce  long  es- 
pace de  temps,  il  se  proposait  de  publier  ce  travail  en  entier  ;  mais,  oblige 
de  retourner  à  ]>L\dère  pour  échapper  à  l'inlluence  nuisible  pour  lui  du  cli- 
mat de  la  Grande-Brelai^ne,  il  a  dû  se  contenter  de  publier  maintenant  la 
portion  relative  aux  Thalamidores,  des  Renonculacées  aux  Pittosporacées 
inclusivement.  11  annonce  l'intention  de  reprendre  et  de  continuer  sa  publi- 


iOb!\  SOCIÉTÉ    «OTANIQUE    DE    ['IIANCE. 

cation  aussitôt  qu'il  lui  sera  possible  de  venir  de  nouveau  profiter  des  res- 
sources scientifiques  qu'offrent  l'Angleterre  et  ses  grands  établissements. 

La  Flore  de  M.  Lowe  commence,  après  un  avant-propos  de  deux  pages, 
dont  nous  venons  de  donner  le  résumé,  par  un  chapitre  intitulé  Explica- 
tions et  abréviations,  dont  l'intérêt  est  beaucoup  plus  grand  que  ne  le  ferait 
supposer  ce  titre.  En  effet,  il  renferme  d'abord  un  tableau  de  la  végétation 
de  Madère  et  des  îles  voisines  distribuée  par  zones  d'altitude.  Il  contient  en- 
suite l'explication  des  abréviations  par  lesquelles  iM.  Lowe  indique  les  lies 
dont  il  écrit  la  Flore.  Il  donne  une  liste  des  espèces  extrêmement  rares  [rrr], 
fort  rares  {rr)^  rares  (r),  assez  rares  (r/2),  assez  communes  (c/2),  com- 
munes [c),  fort  communes  {ce),  extrêmement  communes  {ccc).  On  y  trouve 
aussi,  sous  les  divers  signes  indiqués  par  l'auteur  pour  ces  différentes  dési- 
gnations, une  liste  d'espèces  1°  entièrement  naturalisées,  mais  probablement 
introduites-  2"  plus  ou  moins  naturalisées  et  se  propageant  sans  culture, 
mais  certainement  introduites;  3°  presque  naturalisées,  mais  ne  se  propa- 
geant pas  d'elles-mêmes  et  exigeant  une  légère  culture.  M.  Lowe  y  explique 
les  principaux  adjectifs  employés  dans  la  description  des  plantes,  ainsi  que 
les  diverses  abréviations  dont  il  fait  usage  pour  les  organes,  pour  les  noms 
d'auteurs,  pour  les  saisons,  etc.  A  la  fin  de  ce  chapitre  d'introduction  se 
trouve  le  tableau  des  hauteurs  des  principales  montagnes  du  groupe  de  Ma- 
dère. Nous  y  voyons  que  le  point  le  plus  élevé  de  Madère  est  le  Pico  Ruivo 
qui  s'élève  à  6056  pieds  anglais  (18^7  mètres),  que  le  point  culminant  de 
Porto-Santo  n'est  qu'à  1663  pieds  anglais  (507  mètres),  enfin  que  la  plus 
grande  altitude  des  trois  iles  Dezertas  est  un  peu  inférieure  à  ce  dernier 
chiffre. 

La  Flore  de  Madère  est  entièrement  écrite  en  anglais,  avec  de  nombreuses 
abréviations  destinées  à  en  diminuer  le  volume.  L'ordre  suivi  par  son  au- 
teur est  celui  des  familles  naturelles  tel  qu'il  a  été  établi  par  De  Candolle. 
Après  les  caractères  des  familles  ceux  des  genres  sont  présentés  en  tableau. 
Quant  aux  espèces,  l'auteur  donne  pour  chacune  une  description  suc- 
cincte, à  laquelle  il  ajoute  pour  la  compléter  des  détails  plus  circonstanciés 
et  souvent  aussi  des  observations,  après  avoir  indiqué  les  noms  vulgaires,  la 
synonymie,  la  durée,  les  localités  et  l'époque  de  la  floi'aison.  Il  expose  encore 
avec  soin  l'histoire  des  variétés,  et  il  ne  néglige  même  pas  de  donner  des 
détails  intéressants  sur  les  principales  espèces  cultivées,  telles,  par  exemple, 
que  la  Vigne,  les  Citrus,  etc. 

La  Flore  de  Madère  renferme,  dans  sa  portion  publiée,  21  familles, 
65  genres  et  133  espèces. 

]lcsci*i|><ioii  «f  tlie  Robo-tree ,  a  iicw  ^ciins  of  licsu- 
■iiiiio.siv,  collectcd  by  D""  W.-F.  Danicll,  in  Sierra-Leonc  {Description 
de  l'arbre  nommé  Kobo,  formant  un  nouveau  genre  de   Légumineuses, 


UliVUI':    HllîLlOGUMMIIQUE.  1055 

rapporté  de  Sierra-Leonc  par  le  D'  W.-l'.  iJiancll)  ;  par  iVJ.  John  Jos. 
Jk'iuiott  {Journ.  of  the  Proceedùujs  of  the  Linn.  Society,  I,  1857,  n"  6, 
pp.lW-151). 

Ce  genre  nouveau  reçoit  le  nom  de  Gnibourtia.  «  Puisque  c'est  un  des  ar- 
bres qui  produisent  une  bonne  sorte  de  Copai,  on  ne  peut,  dit  M.  IJennett, 
le  dédier  plus  convenablement  qu'au  savant  pharmacologiste  à  qui  nous 
devons  tant  de  recherches  approfondies  sur  l'origine  et  l'iiistoire  des  sub- 
stances employées  en  médecine  et  dans  les  arts.  »  Le  Guibourtia  est  une 
Cœsalpiniée  très  voisine,  d'un  côté,  des  Copaifera  et  Cijnometra,  de  l'autre, 
des  Hijmenœa,  Ti^achylobiuin  et  Peltogyne.  En  voici  les  caractères  : 

Calyx  2-bract. ,  /i-sépal.;  sepalis  deciduis.  Corol.  0.  Stam.  10,  libéra, 
sequalia.  Ovar.  eompressum,  pauci-  (2-4)  ovulât.;  stylo  filiformi  ;  stigm. 
ohiw?,o.  Leyumen...  Arbor  Africae  occid.,  Hy7neneœ  facïc  Fol.  2-foIiol., 
foliolis  3-5-nervis.  Paniculae  terrain.;  florib.  in  ramulis  ultimis  approxi- 
matis,  sessilib.,  inconspicuis. 

Spec.  unica  :  Guibourtia  copallifera  Benn. 

Dans  une  lettre  de  M.  Thomas  C.  Archer,  que  le  Journal  de  la  Société 
linnécnne  publie  à  la  suite  de  l'article  de  M.  Bennett,  il  est  dit  que  la 
gomme-résine,  qui,  d'après  le  D''  Daniell,  est  le  produit  du  Guibourtia^  est 
probablement  l'une  des  trois  sortes  que  le  commerce  apporte  en  très 
grande  quantité  dans  le  port  de  Liverpool  sous  les  noms  de  Copal  d'Afri- 
que, Gomme  jaune  d'Afrique  et  Gomme  rouge  d'Afrique.  La  première 
forme  des  larmes  arrondies,  de  dimensions  diverses,  mais  généralement 
considérables,  d'un  jaune  paille  peu  intense;  elle  est  fort  transparente, 
mais  un  peu  louche  à  sa  surface.  Les  deux  autres  paraissent  être  en  mor- 
ceaux, surtout  la  rouge,  que  de  la  poussière  adhérente  rend  souvent  jau- 
nâtre. M.  Archer  a  vu  un  morceau  de  la  jaune  qui  pesait  près  d'un  kilo- 
gramme et  demi.  Les  morceaux  ordinaires  de  ces  matières  ont  le  volume 
d'un  œuf  de  poule.  La  quantité  de  ces  gommes-résines  qui  arrive  au  port 
de  Liverpool  est  vraiment  énorme;  en  1855  elle  a  dépassé  150  tonneaux, 
ou  150,000  kilogr.  Toutes  sont  employées  sous  le  nom  de  Copal  à  la  fabri- 
cation des  vernis. 

Ou  a  uew  mpecics  of  M*e»i»a,  bcciug  tlic  full  dcvc- 
lopineut  of  Scies'otiutiè  roaeum  Kneiff.  [Sur  une  nouvelle 
espèce  de  Pézize,  qui  n'est  que  l'état  parfait  du  Sclerotium  roseum 
Kneiff.);  par  M.  Fréd.  Currcy  [Journal  of  the  Proceedings  of  the 
Linnean  Society,  I,  n"  U,  1857,  pp.  147-H9). 

On  sait  fort  bien  aujourd'hui  que  les  Sclerotium  ne  sont  pas  des  forma- 
tions autonomes,  mais  uniquement  des  mycéliums  de  Champignons  arrêtés 


1056  SOCIÉTÉ    IJOTAMQUE    DK    FRANCE. 

dans  leur  (Icveloppement  OU  qui  n'attendent  que  des  circonstances  favo- 
rables pour  arriver  à  leur  état  parfait.  L'un  d'eux,  le  Sderotiwn  rosewn 
Kneiff.,  se  trouve  dans  l'intérieur  des  tiges  des  Joncs,  dont  il  déloge  par- 
tiellement la  moelle.  Il  est  oblong  ou  presque  cylindrique,  généralement 
arrondi  aux  deux  bouts,  et  sa  longueur  varie  de  1/8*  h  1/2  pouce  anglais 
ou  au  delà.  Il  est  sillonné  longitudinalement;  sa  couche  externe  est  formée 
de  cellules  de  couleur  foncée  qui  le  font  paraître  noir,  tandis  qu'un  gros- 
sissement suflisant  les  montre  seulement  brunes.  Son  tissu  cellulaire  inté- 
rieur est  presque  blanc,  plus  ou  moins  rosé,  d'où  a  été  tiré  le  nom  de 
.y.  7'osc'um.  Une  section  transversale  le  montre  formé  d'une  masse  serrée  de 
cellules  iiliformes,  entremêlée  de  cellules  étoilées  qui  formaient  la  moelle 
du  Jonc.  Il  résulte  de  la  que  Je  Sclerotium  n'a  pas  déplacé  cette  moelle, 
mais  s'est  développé  tout  autour  d'elle  en  l'englobant. 

Au  mois  d'avril  1856,  M.  Currey  remarqua  plusieurs  individus  d'une 
Pézize  très  élégante  qui  s'étaient  développés  sur  les  tiges  de  l'année  pré- 
cédente d'un  Jonc,  qui  était  probablement  le  Juncus  conglomcratus,  et  qui 
sortaient  de  leur  intérieur  par  une  fissure  qu'ils  avaient  produite  pour 
se  frayer  un  passage.  En  ouvrant  le  Jonc  il  vit  que  le  stipe  du  Champignon 
naissait  d'un  Sclerotium  t'oseian.  Cette  Pézize  a  sa  coupe  d'un  beau  brun, 
le  plus  souvent  hémisphérique,  parfois  en  entonnoir,  du  reste  un  peu 
variable  de  forme.  De  chaque  Sclérote  s'élèvent  des  Pézizes  au  nombre  de 
2  à  13;  elles  sont  d'autant  plus  petites  (jue  leur  nombre  est  plus  grand.  Le 
diamètre  de  la  plus  grande  coupe  dépasse  1/2  pouce  anglais,  celui  de  la 
plus  petite  n'est  que  de  1/16*  de  pouce  5  le  stipe  égale  à  peu  près,  en 
longueur,  le  diamètre  de  la  coupe  ;  sa  couleur  est  plus  foncée  et  il  s'atténue 
un  peu  vers  le  sommet.  M.  Berkeley  lui  a  donné  le  nom  de  Peziza  Cur- 
reyana. 

Cette  espèce  nouvelle  est  voisine  du  Peziza  tuberosa  Bull.,  qui  nait 
aussi  dune  base  sclérotioïde;  mais,  entre  autres  caractères  distinctifs,  les 
spores  de  cette  dernière  sont  ellipsoïdes,  tandis  que  celles  du  P.  Ciir- 
rcyana  Berk.  sont  étroites  et  plus  ou  moins  arquées. 

L'auteur  a  appris  de  M.  Tulasne  que  le  Sclerotium  sulcatum  Desm.,  qui 
croit  dans  les  tiges  des  Carex,  se  développe  aussi  quelquefois  en  Pézize, 
d'après  l'observation  de  M.  Durieu  de  Maisonneuve. 

Ou  i&cn  l'oB'iiiiS  wf  iiittriiie  l>iafoiiiaccir  fouii«l  iii  (lie  Firtii 
of  dy«le  ai»«B  iu  liocli  Fin*-  ^Sur  de  nouvelles  formes  de  Diato- 
macées  mari)ics  trouvées  dans  le  Firth  de  la  Clyde  et  dans  le  Loch  Fine)  ; 
par  M.  William  Gregory.  [Transactions  of  the  royal  Society  of  Edin- 
/jiirglt,  vol.  XXI,  part.  IV,  1857.  Tirage  à  part,  en  broch.  in-/j°  de  iv 
et  72  p.;  avec  6  pi.  gravées.) 

Les  r.ombrcuses  formes  de  Diatomacées  décrites  et  figurées  avec  un  soin 


RhVUE    BlBLlOGUAl-llIQUIi.  1057 

remarquable  dans  ce  mémoire  ont  été  observées  au  milieu  des  matières  reti- 
rées au  moyen  de  la  drai^ue  du  fond  du  golfe  de  la  Clyde.  M.  Gregory  les 
décrit  comme  constituant  une  grande  quantité  d'espèces  nouvelles;  mais 
ses  idées  à  cet  égard  ne  sont  pas  tellement  arrêtées  qu'il  n'admette  la  pos- 
sibilitéd'en  diminuer  le  nombre  pardes  observations  ultérieures.  Ainsi,  dans 
sou  avant-propos,  il  s'exprime  à  cet  égard  de  la  manière  suivante  :  «  Par 
le  progrès  des  études  beaucoup  de  nos  espèces  devront  être  modifiées  ou 
supprimées;  dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances,  il  n'est  pas  toujours 
facile  de  décider  si  une  forme  donnée  doit  être  regardée  comme  une  espèce 
ou  comme  une  variété...  Je  donne  mes  nouvelles  espèces  simplement  comme 
des  fornu's  pour  lesquelles  il  fallait  un  nom,  mais  dont  la  valeur  et  la  vé- 
ritable place  devront  être  fixées  par  des  autorités  pins  compétentes.  « 

Gomme  résultats  généraux  de  ses  observations  31.  Gregory  établit  :  1"  que 
les  eaux  desquelles  ont  été  retirés  les  matériaux  de  ses  études  renferment 
une  très  grande  partie  des  Diatoraacées  marines  découvertes  jusqu'à  ce 
jour  sur  les  côtes  de  la  Grande-Bretagne;  T  que  presque  toutes  les  formes 
décrites  antérieurement  par  lui  comme  se  trouvant,  à  l'état  fossile,  dans  les 
sables  de  Glenshira  se  rencontrent  à  l'état  vivant  et  même  généralement  en 
abondance  dans  les  mêmes  eaux. 

Évidemment  nous  ne  pouvons  faire  ici  autre  chose  que  de  donner  un  re- 
levé des  espèces  ou  variétés  décrites  et  figurées  comme  nouvelles  par  le  sa- 
vant anglais,  en  renvoyant  au  mémoire  original  ceux  des  lecteurs  de  ce  Bul- 
letin qui  voudraient  en  connaître  les  caractères.  Pour  chaque  espèce  nous 
citerons  la  figure  qui  la  représente  dans  le  mémoire  et  nous  rangerons  les 
noms  d'après  les  sept  groupes  admis  par  l'auteur. 

1"  groupe.  Formes  navicidoïdes.  — Navicula  minor  (fig.  1);  N.  Clu- 
thensis  (fig.  2);  N.  (?)  inconspicua  (fig.  3);  iN.  brevis  (lig.  U);  N.  Clavi- 
culus  (fig.  5);  N.  Musca  (fig.  6);  N.  rectangulata  (fig,  7);  N.  nebulosa 
(fig.  8)  ;  N.  Barclayana  (fig.  9)  ;  N.  spectabilis  (fig.  10)  ;  N.  preelexta  (Pin- 
nularia  praetexta  Ehr.)  (fig.  11);  N.  Lyra  Ehr. ,  var.  abrupta  (fig.  lu); 
JN.  Smithii,  var.  fusca  (fig.  15),  var.  nitescens  (fig.  16),  var.  suborbicu- 
laris  (fig.  17);  Pinnularia  (?)  subtilis  [fig.  19);  P.  rostellala  (fig.  20)  ; 
P.  Pandura  (Navicula  Pnndura  Bréb. ,  var.  elongata)  ((ig.  22). 

2''  groupe.  Cucconéides.  — Cocconeis  ornata  (fig.  25)  ;  C.  nitida  (fig.  26)  ; 

C.  pseudoaiarginata  (fig.  27)  ;  G.  major  (fig.  28);  C.  splcndida  (fig.  29). 

3'  groupe.  Formes  filamenteuses.    —  Dcnticula  (?)  interrupta  (fig.  30); 

D.  (?)  capiUita  (fig.  31);  D.  (?)  ornata  (fig.  32);  D.  (?)  lœvis  (fig.  33); 
n.nana  (fig.  3/i)  ;  1).  minor  (fig.  35);  1).  distans  (fig.  36);  D.  staurophora 
(fig.  37);  D.  fulva  (fig.  38);  D.  marina  (fig.  39).  Diadesmis  (?)  William- 
soni  (fig.  ùO).  Meridion  (?)  marinum  (ou  Gomphonema  lineare?)  (fig.  k\). 
Orthosira  angulata  (fig.  /i3). 

^t' groupe.  Disques^  renfermant  les  Compylodiscus.  — Melosira  ou  Cos- 
T.   IV.  67 


1058  SOCIÉTÉ    UOTAiNlQUE    Dli    KRAMIE. 

eiiiotiihcus  (?)  il.  sp.  (tig.  Uk).  Coscinodiscus  nitidus  ((ig.  45);  C  punctu- 
latiis  (lig.  1x6)  ;  C.  urabonatus  (lig.  US).  Eupodiscus  subtilis  Ralfs  (lig.  50). 
Campylodiscus  centralis  (lig.  51);  C.  augularis  (fig.  53);  C.  eximius 
(lig.  5U). 

5'  groupe.  Amphiprorcs.  —  Amphiprora  pusiila  (fig.  56);  A.  plicata 
^tig.  57);  A.  lepidoptera  (fig.  59);  A.  obtusa  (fig.  60);  A.  raaxima(flg.  61); 
A.  (?)  complexa  (fig.  62). 

6*=  groupe.  Amphores. — a.  Simples. —  Amphoraturgida  (fig.  63);  A.  nana 
(tig.  dU);  A.  macilenta  (fig.  65);  A.  angusta  (fig.  66);  A.  binodis  (fig.  67)  ; 
A.  veutricosa  (fig.  68);  A.  monilifera  (fig.  69);  A.  lineata  (fig.  70);  A.  Kr- 
gadensis  (fig.  71)  ;  A.  lœvissima  (fig.  72);  A.  pellucida  (fig.  73);  A.  Isevis 
(fig.  llx);  A.  exigna  (fig.  75);  A.  dubia  (fig.  76);  A.  truncata  (fig.  77); 
A.  ob!onga(fig.  78);  A.  robusta  (fig.  79);  A.  spectabilis  (fig.  80);  A.  Pro- 
teus  (fig.  81). 

b.  Complexes.  —  Amphora  lyrata  (fig.  82);  A.  Milesiana  (fig.  83);  A. 
elongata  (fig.  84);  A.  quadrata  (fig.  85);  A.  excisa  (fig.  86);  A.  nobiiis 
(fig.  87);  A.  fasciata  (fig.  90);  A.  complexa  (fig.  91);  A.  acuta  (fig.  93); 
A.  pusiila  (fig.  95);  A.  granulata  (fig.  96);  A.  cymbifera  (fig.  97);  A.  pro- 
boscidea  (fig.  98);  A.  bacillaris  (fig.  100). 

V  groupe.  Miscellanées.  —  JNavicula  (?)  Libeiius  (fig.  101).  Nitzschia  (?) 
panduiiformis(fig.  102);  N.  distans  {il^.  103);  N.  liyalina  (fig.  104).  Pleu- 
rosigma  (?)  reversum  (fig.  105).  Synedra  Henuedyana  (fig.  108). 

M.  Gregory  fait  observer  ensuite  que  la  grande  majorité  des  Diafomacécs 
dont  il  vient  de  donner  la  description  sont  nouvelles  non-seulement  pour  la 
Grande-Bretagne,  mais  encore  d'une  manière  absolue,  bien  que  MM.  Ehren- 
berg  et  Bailey  aient  déjà  décrit  beaucoup  d'espèces  marines  de  ce  groupe 
récoltées  sur  des  points  divers  de  la  surface  du  globe.  Il  ajoute  qu'on  n'est 
pas  encore  entièrement  fixé  sur  la  distribution  de  ces  êtres  microscopiques 
dans  la  profondeur  des  mers;  ainsi,  tandis  qu'on  les  trouve  en  grandequantité 
dans  le  golfe  de  la  Clyde,  il  en  existe  peu  dans  celui  du  Forth  et  sur  d'au- 
tres points  des  côtes  de  la  Grande-Bretagne  ;  ainsi  encore,  tandis  que 
M.  Bailey  en  a  trouve  beaucoup  de  formes  intéressantes  dans  des  sondages 
faits  à  une  profondeur  de  1700  et  même  2700  brasses,  dans  la  mer  du 
Kamtschatka,  l'auteur  n'a  trouvé  à  peu  près  que  des  Foraminifères  et  des 
Polycistinées,  mais  presque  pas  de  Diatomncées  dans  les  matières  retirées 
de  i'Atlautiiiue  par  de  nombreux  sondages  exécutés  à  des  profondeurs  com- 
prises entre  85  et  2000  brasses.  Cependant  M.  Bailey  y  en  a  trouvé  sur 
d'autres  points. 

Un  appendice  est  joint  au  mémoire  de  M.  Giegory;  c'est  une  noti-  de 
ftl.  U.-K.  Greville  intitulée  :  Notice  su?'  unnouvceu  genre  de  Diatomncées. 
Ce  gem-e,  découvert  par  M.  Creswell,  reçoit  de  M.  Walker-Arnott,  qui  l'a 
distingue  le  premier  cl  de  iM.  Greville  après  lui,  le  nom  de  Crcswcllia.  En 


lUiVLE    15IUL1UG1UPII1QUK.  105*.» 

voici  les  caractères  :  IViistuIes  cylin(lii(iiies,  bivalves,  rattachés  les  uns  aux 
autres  en  filament  continu  par  de  coiuis  processus  liliformes.  Valves  en  go- 
belet, cclluleuses,  (lc[)our\  ues  de  toute  bande  siliceuse  qui  les  rattache  l'une 
à  l'autre.  L'espèce  type  de  cegeineest  le  Cresivellia  Turris  ((ig.  100). 

Après  l'explication  des  ligures,  le  mémoire  de  M.  Grcgory  renferme: 
\°  un  post-scriptmn  relatif  à  (|uelques  espèces  ou  variétés;  2"  l'indication 
de  quelques  passages  à  corriger;  3"  une  liste  d'errata. 

On  tlie  structure  aïKl  nfliniticfij  «f  lljrîcaccir,  Platniicn.% 
Altiii;;'iaoci«  aud  Clorantliaec»;  {Sur  la  structure  et  les  affî- 
nitées  des  Myricacées,  des  Platanées,  des  Altingiacées  et  des  Chloran- 
thacées);  par  iM.  B.  Claïke  {77ie  Aimais  and  Magazine  of  natural  His- 
tory,  cah.  de  févr.  1858,  pp.  100-109,  pi.  Vf,  fig.  1-19J. 

Le  mémoire  de  ^L  Clarke  est  divisé  en  quatre  paragraphes  relatifs  aux 
quatre  familles  dont  il  traite. 

L  Myricacées.  —  L'ovaire  de  cette  famille  a  été  étudié  par  divers  bota- 
nistes qui  l'ont  regardé  comme  unicarpellé,  bien  qu'il  porte  généralement 
2  et  quelquefois  3  stigmates.  M.  Claïke,  en  examinant  de  très  jeunes  fruits  de 
Myrica  quercifolia,  y  a  vu  2,  quelquefois  3  carpelles  réunis  par  les  bords. 
Il  dit  qu  en  général,  et  d'après  ses  observations,  c'est  une  règle  invariable 
que  lorsque  l'ovule  est  unique  et  dressé,  ne  s'inclinant  vers  aucun  côté  (les 
stigmates  étant  au  nombre  de  2  ou  davantage),  l'ovaire  est  formé  d'autant 
de  carpelles  soudés  par  les  bords  qu'il  existe  de  stigmates. 

Par  la  structure  de  l'ovaire  les  Myricacées  se  rapprochent  beaucoup  des 
Jugiandées.  Elles  ressemblent  aux  Gupulifères  pour  la  séparation  partielle 
des  lobes  de  l'anthère;  on  peut  aussi  les  comparer  aux  Abiétinées  pour 
le  nombre  variable  desétamines  et  la  monadelphiedes  filets,  quand  celles-ci 
sont  nombreuses.  Elles  forment  comme  une  transition  des  Amentacées  aux 
Gymnospermes.  —  D'un  autre  côté,  d'autres  particularités  de  leur  struc- 
ture les  rapprochent  des  Urlicacées  et  des  Cannabinees,  de  manière  à  en 
former  un  intermédiaire  entre  les  grands  groupes  des  An^.entacées  et  des 
Urticées. 

IL  Platanées.  —  On  a  pris  aussi  l'ovaire  des  Platanées  pour  simple,  ce 
quia  fait  méconnaître  l'organisation  de  leurs  fleurs,  au  point  qu'on  n'a  pas 
fait  attention  à  leurs  enveloppes  florales.  Or,  leurs  fleurs  mâles  et  femelles 
diffèrent  de  celles  des  autres  familles  à  côté  desquelles  on  les  place.  — - 
M.  Glarke  expose  en  détail  les  caractères  de  la  famille  des  Platanées  tels 
qu'il  les  a  vus  dans  ses  observations.  Il  en  résulte  que  les  fleurs,  tant  mâles 
que  femelles,  sont  accompagnées  chacune  de  biactées  au  nombre  de  3  à 
5  pour  les  premières,  de  3  ou/i  pour  les  dernières,  et  pourvues  d'un  périanthe 
le  plus  souvent  à  3  segments  avec  lesquels  alteinent  autant  d'étamines  fer- 


10(50  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

tiles  dans  les  mâles,  autant  de  sinminocles  ou  d'ocailles  pétaloïdcs  dans  les 
lemelles,  qui  possèdent,  en  outre  5,  6,  7  ou  rarement  8  carpelles,  roduils 
parfois  a  Zj,  3  ou  même  2. 

Il  n'y  a  qu'une  analogie  éloignée  entre  les  Platances  et  les  Ameiitacées, 
ainsi  qu'avec  les  Urticées,  et  les  seules  familles  avec  lesquelles  on  puisse 
leur  trouver  une  affinité  prononcée  sont  les  Tiliacées,  surtout  les  Acéracées. 
—  Enfin  on  peut  dire  qu'elles  ont  avec  les  Protéacées  les  mêmes  relations 
que  les  Rosacées  avec  les  Légumineuses. 

III.  Altinyiacées.  —  Le  geme  Liquidambar  qui  forme  cette  famille  a  été 
placé  parmi  les  Amentacées,  à  cause  de  la  ressemblance  d'aspect  de  l'inflo- 
rescence et  peut-être  aussi  parce  ((ue  \L  Blume  a  pris  pour  des  sépales  les 
étamincs  stériles  des  fleurs  femelles.  Grifïith  a  montré  qu'il  se  rapproche 
beaucoup  du  Sedgwichia  parmi  les  Hamamelidées,  et  M.  Clarke  pense  éga- 
lement que  telle  est  l'affinité  réelle  des  Altingiacées  dont  il  e.xpose  en  dé- 
tail les  caractères.  11  ajoute  en  note  que  depuis  que  son  mémoire  est  rédigé, 
IM.  .1.-1).  Hooker  a  rangé  les  Liquidambar  parmi  les  Hamamelidées. 

IV.  Chlorantkacées.  —  M.  Clarke  expose  en  détail  les  caractères  de  celte 
famille.  Il  tire  ensuite  de  cet  exposé  les  conséquences  suivantes  :  L'affinité 
des  Cloranthacéesavec  les  Pipéracées  est  parfaitement  établie;  cellequ'elles 
ont  avec  les  Amentacées  est  a  peu  près  aussi  marquée,  si  l'on  compare  les 
organes  floraux  isolément:  ainsi  la  fleur  de  Y  Ascarina  pobjstachya  est  par- 
faitement semblable  à  celle  des  Casuarina,  à  cela  près  qu'elle  a  2  sépales  au 
lieu  de  U  ;  celle  de  VHedijosmum  a  également  une  seule  étamine  placée  en 
avant,  mais  entièrement  à  nu.  Les  filaments  monadelpbes  des  Chlorantlius 
peuvent  êtie  regardés  comme  analogues  à  ceux  de  quelques  Myricacées 
triandres.  Dans  les  fleurs  femelles  il  y  a  2  ou  3  sépales  libres  ou  adhérents, 
comme  dans  les  Myrica,  et  l'ovaire  de  ceux-ci  à  la  même  structure  que 
ceux  des  Hedyosmum.  —  Les  Chloranthacées  se  rapprochent  aussi  des  Po- 
lygonées  par  leurs  tiges  articulées,  par  le  calice  tubuleux  du  genre  Hedijos- 
inwn,  qui  ressemble  a  celui  des  Coccolobn,  et  par  son  fruit  triangulaire,  tout 
à  fait  semblable  à  l'extérieur  à  celui  des  liuinex.  Il  y  a  aussi  dans  ces  deux 
familles  égale  tendance  à  la  mouadelphie,  d'où  l'on  peut  regarder  les  Chlo- 
ratithacées  comme  ayant  les  mêmes  rapports  avec  les  Polygonées  que  les 
Casuarinées  avec  les  Amentacées  et  les  Urticées.  —  Quant  aux  étamines, 
les  difficultés  qu'elles  ont  fait  naiire  tiennent  à  ce  qu'on  a  examiné  surtout 
celles  des  Cliloranthus.  Celles-ci  peuvent  être  décrites  comme  ayant  le  cor,- 
neclif  épaissi  de  celle  du  Sarcaudra,  et  comme  présentant  en  outre  de 
chatjuc  côte  une  demi-anthère  de  manière  à  constituer  un  faisceau  mona- 
delphe.  Or  quelquefois  dans  le  Sarcandi^i  il  y  a  aussi,  de  chaque  côté,  une 
demi-anthère  addilioimelle.  Enfin  l'ovaiie  de  \'/Jc'dyo$)inim,  à  3  placentas 
alternes  avec  ses  angles  et  avec  les  lobes  ou  angles  du  stigmate,  monti'e 
(ju'il  n'y  a  rien  d'extraordinaire  dans  la  placentation  des  Choranthacées;  le 


p.EVL'K  nip.i.ior.iîAt'iMon-.  1061 

carpelle,  des  C/^/orart/Aws  est  toujours  antérieur,  de  inèine  que  le  carpelle 
fertile  de  VIIc(.hjosmwn. 

BOÏAMOUE  GÉOGUAlMIIOdE  ET  GÉOLOGIQUE. 

noiiiorkuii^cn  iilioi*  «lie  Tlora  doi-  ITiiste  Acataina  l/tr- 
inarrjucs  sur  la  Flore  du  désert  d'Atanuna);  par  M.  U.-A.  Pliilippi 
{Bota7i.  Zeit.,  n"  hO,  2  oet.  1857,  col.  681-G90). 

Pendant  l'été  de  1853-1854  M.  Philippi  a  exploré  le  désert  d'Atacn/na, 
dans  le  Chili,  depuis  les  mines  de  cuivre  de  San-Bartolo,  à  22"  l/i'  de  lalil. 
S.,  jusqu'à  la  ville  de  Copiapo,  par  27"  23'  de  lat.  S.  Sur  cette  surface  de 
pays  il  a  récolté  /i07  espèces  de  plantes  vasculaires,  parmi  lesquelles  il  n'y 
en  a  pas  moins  de 256  nouvelles.  Sur  ce  nombre  il  y  a  27  genres  nouveaux 
pour  la  Flore  du  Chili  ;  ce  sont  les  suivants  :  Poutllacées  :  Stichophylliuii 
Ph.,  MicrophyesVh.,  Diazia  Ph.,  Siivœa  Ph.  Cactées:  Eulijclmla  Pli. 
Omuellifèues  :  £remoc/iaris  Ph.,  Domeykoa  Ph.  Composées,  surtout  1,a- 
BiATiFLORES  '.  Urmeneteci  Ph.,  C hondrochilus  Ph.,  Gypothamnium  Pli., 
Oxyp/iyllumVh.,  TobophesVh.,  Polyclades  Ph.,  Brachyandra  Ph.,  ]'ns- 
qnezia  Ph.,  Stevia  Cav.  Piumulacées  :  Centunculus  I.,,  Glaux  1,.  Gentia- 
NÉES  :  Varcasia  Ph.  lIvonoLÉACÉES  :  Nauia  L.  Boiuiaginées  :  Coldenia  L. 
Acanthacées  :  Dicliptera  Juss.  Sglainacées  :  Ittiopalosùgma  Ph.,^I!'rt^- 
dinytoniu  Ph.  Plomjîaginées  :  Statice  L.  Eupiiokbiacées  :  Croton  L.  Biu)- 
JiÉJ.iACÉES  :  Pitcairnia  L'Hérit. 

Les  /4O7  espèces  de  plantes  trouvées  par  M.  Philippi  dans  le  desei't 
d'Atacama  se  répartissent  par  familles  de  la  manieie  suivante  :  Renoncu- 
lacées,  3  espèces.  Berbéridées,  1.  Crucifères,  15.  Capparidées,  1.  Viola- 
cées, 3.  Polygalées,  1.  Frankéniacées,  2.  Caryophyllées,  7.  Malvacées,  IG. 
Hypéricinées,  1.  Malpighiacées,  3.  Vivianiacees,  1.  Oxalidées,8.  Linées,!. 
Zygophyllées,  2.  Térébintliacées,  1.  Légumineuses,  30.  Rosacées,  2.  Ona- 
grariées,  1.  Halorrhagées,  1.  Lythrariées,  1.  Cucurbitacées,  1.  Malesher- 
l)iacées,  k.  Loasées,  5.  Portulacees,  21.  Paronychiées,  2.  Cactées,  Ik.  Om- 
bellifères,  11.  Rubiacées,  1.  Valérianées,  1.  Boopidées,  1.  Coniposées,  56. 
Lobéliacées,  1.  Campanulacées,  1.  Piiniulacées,  2.  Apocynées,  1.  Asclé- 
piadées,  2.  Gentianées,  3.  Bignoniacées,  6.  Polémoniacées,  1.  Convolvu- 
lacées, 3.  Hydroléacées,  1.  Borraginées,  15.  Labiées,  5.  Verbénacées,  7. 
Acanthacées,  1.  Solanacées,  21.  Noiauacées,  13.  Scrofularinées,  11.  Plom- 
baginées,  2.  Plantaginécs,  U.  Nyctaginées,  1.  Amarantacées,  1.  Chénopo- 
dées,  10.  Phytolaecees,  1.  Polygonées,  2.  Santalacées,  2.  Eupliorbia- 
cées,  6.  l]rticées,l.  Pipéracées,  1.  Gnétacécs,  1.  .Toncaginées.l.  Naïadees,2. 
Broméliacées,  3.  Iridées,  3.  Dioscoréacées,  3.  Amaryllidées,  3.  Liliacées, /i. 
Astéliées,  1.  Joncacées,  3.  Cypéracées,  11.  Graminées,  2/4.  Fougères,  3. 


10C2  socil'yrÉ  hotamqie  nr,  fiiance. 

Toutes  CCS  espèces  se  rattachent  à  trois  flores  distincics:  l°la  flore  littorale 
(\\\\  a  besoin  de  l'influence  de  l'humidité  de  la  iner  et  peut-être  de  particules 
salines  dans  le  sol  ;  2"  celle  des  montagnes  littorales  de  Paposo;  3°  la  flore 
propre  du  désert.  La  deuxième  division  comprend  les  plantes  qui  croissent 
sur  le  penchant  de  la  chaîne  littorale,  à  une  altitude  de  165  à  600  mètres, 
entre  26"  8'  et  2k°  36'  de  lat.  S.  A  cette  hauteur,  il  y  a,  pendant  neuf  mois 
de  l'année,  des  brouillards  cjui  se  résolvent  souvent  en  pluie  fine  et  qui  en- 
tretiennent une  végétation  relativement  vigoui'cuse  sur  des  pentes  abruptes. 
La  troisième  flore  comprend  les  plantes  qui  croissent  dans  l'intérieur  des 
terres  sur  le  sol  aride  ou  humide;  elle  lessemble  assez  à  la  flore  des  Cor- 
dillères. Il  est  bon  de  faire  observer  que  ces  trois  flores  ne  se  distinguent 
pas  d'une  manière  absolue  l'une  de  l'autre. 

Les  espèces  qui  caractérisent  principalement  la  flore  littorale  sont  5  Me- 
nonvillea,  2  Frankenia,  plusieurs  Cristaria,  des  Biiiemandra,  les  Tetra- 
(jonia,  quelques  Ccdandrinia,  Bustillosa,  U  Closia,  des  Infantea,  Enc.elia, 
le  Chuqulrcuja  ackularis,  8  Noianacées,  le  Statice  phimosa,  2  Achyro- 
phorus^  etc.  Presque  tous  les  Cactus  appartiennent  a  cette  flore  et  à  la 
suivante,  puisqu'ils  s'éloignent  peu  de  la  côte. 

La  région  proportionnellement  fertile  du  Paposo  produit  beaucoup  de 
plantes  et  parmi  elles  plusieurs  mériteraient  de  figurer  dans  les  jardins  à 
cause  de  leurs  grandes  et  belles  fleurs,  comme  Ledocarpum  palustre,  Pso- 
ralea  azurea  n.  sp.,  Salvia  tubiflora,  Argylia  puberula,  Sorema.  On  y 
trouve  le  Cleome  chilensis,  plusieurs  Arenan'a,  beaucoup  de  Malvacées,  de 
nombreux  Oxalis,  plusieurs  Légumineuses,  diverses  espèces  d'Héliotropes 
frutescents,  à  fleurs  odorantes,  2  Sauges,  dont  une  à  grandes  et  belles  fleurs 
d'un  rouge  écarlate,  2  nouveaux  Schizanthus,  etc.,  etc.  Plusieurs  plantes 
d'Europe  se  sont  naturalisées  dans  cette  région  :  notre  Moutarde  noire 
jaunit  les  montagnes  de  la  côte  en  bande  horizontale;  V Avena hirsuta  Rotb, 
les  Erodium  ynoschatum  et  cicutarium  y  ont  également  élu  domicile.  Il  n'y 
a  pas  un  seul  arbre  indigène  dans  cette  région  •,  même  les  arbrisseaux  y  sont 
bas  et  très  buissonnants.  Tous,  même  les  Cactus^  y  sont  chargés  de  Li- 
chens. 

I-a  région  désertique  propre  est  caractérisée  par  2  Sida,  2  Oxalis  en 
buissons  bas  etprescjue  gazonnants,  plusieurs  Adesmia  avec  ou  sans  épines, 
2  Zuccagnia,  3  j\lalcsherbia,  de  nombreux  Calandrinia,  1  ou  2  Opuntia, 
plusieurs  Séneçons,  quelques  nouveaux  genres  de  Labiatillores,  2  Verveines, 
2  Fabinna,  beaucoup  de  Nicotianes,  3  Lycium,  5  Atriplex,  VEpliedra 
andivn,  etc.  Les  Graminées  y  sont  rares  en  général.  On  n'y  voit  pas  une 
Fougère,  ni  une  Mousse  ni  un  Lichen  sur  les  rochers,  pas  une  Liliacée  ni 
une  Amaryllidée.  îl  n'y  a  pas  un  arbre  et  les  arbrisseaux  qui  s'y  trouvent 
sont  tous  bas.  La  plupart  des  plantes  qu'on  y  voit  ont  une  teinte  grise  ou 
jaune;  prescjue  toutes  sont  gluantes,  résineuses,  odorantes;  beaucoup  sont 


nr.viH  iiii;i.i()(;iiAi'iiioi;r:.  I()(j3 

épineuses.  Plusieurs  ont  un  nspcot  i)aiti('uii('i',iii;u'0!i  la  petitesse  des  rcuilUs 
(|ui  les  eouvrent  et  à  l'abondance  de  leurs  pousses  axillaires  raccourcies  en 
rosettes.  Kndn  on  ne  trouve  dans  cette  région  aucune  espèce  alimentaire, 
ni  comme  fruit,  ni  comme  légume,  et  le  fourrage  pour  les  amimaux  do- 
mestiffues  y  est  toujours  rare,  assez  souvent  même  y  manque  tout  à  fait. 

BOTANIQUE  APPLIQUÉE. 

lic^'uc  «les  Btlaiites  nouvelles  ou  l'ares  «lécritc.s  et  le 
plus  souvent  llgurées  dans  les  publications  relatives 
à  l'horticulture. 

Dans  une  Revue  bibliographique  comme  celle-ci,  qui  a  pour  objet  de 
tenir  le  plus  possible  les  lecteurs  du  liidletÀn  de  la  SocvHé  botanique  de 
France  au  courant  des  publications  dont  le  règne  végétal  fournit  le  sujet, 
ce  serait  laisser  une  lacune  regrettable  que  de  négliger  systématiquement 
tous  les  recueils  périodiques  horticoles  parmi  lesquels  quelques-uns  n'ont 
pas  d'autre  objet  que  de  décrire  et  figurer  des  plantes  nouvelles  ou  peu  con- 
nues, tandis  que  presque  tous  les  autres  admettent,  au  moins  comme  un 
accessoire  utile,  des  descriptions  ou  même  des  ligures  d'espèces  cultivées. 
Nous  commencerons  donc,  dès  cet  instant,  à  donner  dans  le  Bulletin,  aussi 
régulièrement  que  nous  le  permettra  l'espace  dont  nous  pouvons  disposer, 
une  Revue  des  espèces  décrites  dans  les  publications  horticoles  de  la  France 
et  de  l'étranger.  Seulement,  afin  de  restreindre  le  plus  possible  les  articles  de 
cette  Revue,  nous  y  consignerons  le  simple  relevé  des  plantes  déjà  connues 
et  nous  n'y  reproduirons  que  ladiagnose  des  espèces  nouvelles,  en  résumant 
en  quelques  mots  les  détails  historiques  et  les  indications  relatives  à  Incul- 
ture. Nous  espérons  qu'en  suivant  cette  maiche,  nous  pourrons  rendre  ser- 
vice non-seulement  aux  botanistes  purs,  aux  yeux  desquels  l'introduction 
d'une  plante  nouvelle  dans  les  jardins  ne  peut  être  un  fait  indiffèrent,  puis- 
qu'il leur  donne  les  moyens  d'en  étudier  sur  le  frais  les  caractères,  mais 
encore  et  surtout  à  ceux  pour  lesquels  les  jardins  et  les  plantes  qu'on  y  cul- 
tive ont  un  intérêt  particulier.  La  place  naturelle  de  cette  Revue  nous 
semble  être  dans  la  section  de  la  Botanique  appliquée,  puisqu'elle  s'adresse 
à  peu  près  également  au  Botaniste  et  à  l'Horticulteui-. 

Botanical  lla^aKine. 

1"  Cahier  de  janvier  1858. 

Ananas  bracteatus  ^œm.  et  Schult.,  Syst.,  VII,  p.  1286.  Botan.  Magaz., 
tab.  5025.  [Ananassa  bracteata  Lindl.,  Botan.  Beyist.,  t.  1081.  Scarlet- 
leaved  PineHortul.) 

Très  belle  Broméliacée  de  serre  chaude,  fleurissant  en  été,  qui  pourrait 
bien  n'être  qu'une  simple  variété  de  \'  Ananas sativus.  Brésil. 


lOQli  SOCIÉTÉ    ROTANIQUIÎ    HE    rilANCK. 

Sonerila  speciûsa  Zenkcr,  Pla))t.  lad.  A'i/(//t.,  p.  18,  t.  18.  Wight,  Icon., 
t.  2952.  BuUm.  Maguz.,  lab.  5026. 

Jolie  Mélastomacée  herbacée,  des  Niighenies,  introduite  récemment  par 
MM.  Veitch  en  même  temps  que  le  .S",  elegans ;  à  grandes  (leurs  purpurines 
se  montrant  en  février  dans  sa  patrie. 

Cardia  ipomœœflora  Hook.,  Botan.  Magaz.,  t.  5027. 

C.  {§  Sebestenoides)  arborea,  ramis  teretibus,  petioiis  elongatis  pedun- 
culis  calycibusque  subtus  minute  pubescenti-scabiiusculis,  fuliis  pedalibus- 
sesquipedalibus  late  ohovato-lanceolatis  acutis  vix  acuminatis  dimidio  su- 
periore  grosse  spinuloso-dentatis,  panieula  terminai!  ampla  taxa  pluries 
dichoto))ia,  tloribus  sessilibus,  calyce  urceolato-cylindraceo  apice  2-trirido 
(siccitatesubstrlato)  ante  anthesim  apice  conico-mucronato,  coroilae  (albœ) 
ampiae  infundibuliformi-campanulalœ  plicatulse  lobis  rotundatis,  stamini- 
bus  5,  filamenlis  inferne  hirsutis. 

Espèce  arborescente,  cultivée  dans  les  serres  de  Kew  depuis  longtemps, 
sans  qu'on  sache  d'où  ni  a  quelle  époque  elle  y  a  été  introduite;  voisine  du 
C.  superba. 

Grammutocarpm  volubilis  Presl,  Sijmh.  l/oL,  T,  p.  59,  t.  38.  Botan.  Mngnz., 
tab.  5028.  [Scyphanthus  elegans  Don,  in  Sweet  Btut.  FI.  Gard.,  III, 
t.  238.) 
Loasée  du  Chili,  herbacée,  voluble,  à  fleurs  jaunes. 

Cosmanthus  grand iflorusBenih.,  in  Prodr.,  IX,  p.  297.  Boian.  Magaz.., 
tab.  5029.  [Eutoca  grandi flora  Benth. ,  in  Trans.  Linn.  Soc,  XVII, 
p.  278.) 

Belle  Hydrophyllée  annuelle,  dont  les  fleurs  violettes  sont  les  plus  grandes 
de  la  famille;  découverte  en  Californie  par  Douglas  en  1834,  mais  intro- 
duite récemment  par  M.  W.  Lobb,  qui  en  a  envoyé  les  graines  à  MM .  Veitch. 

2"  Cahier  de  février  1858. 

Dasyllrium  acrotriclmm  Zuccar.,  in  Allgem.    Gartenz.,  1838,  p.   259. 

Botan.  Mngaz.,  tab.   5030.  {Yucca  acrotric ha  Schiede.  Boulin ia  acro- 

Iricha  Brong.) 

Singulière  Asparaginée  appartenant  à  un  genre  dont  on  trouve  assez  fré- 
quemment des  représentants  dans  les  serres  et  les  orangeries,  où  on  les  voit 
rarement  fleurir.  La  chaleur  de  l'été  dernier  en  a  fait  fleurir  2  pieds  à 
Kcw,  et  l'un  d'eux  a  développé  une  hampe  haute  de  5  mètres,  chargée 
dans  sa  moitié  supérieure  d'une  immense  quantité  d'épis  femelles  serrés. 

yEscliynuntlius  (ricotor  Hook.,  Botan.  Magaz.,  tab.  5031. 

JE,  scandens  radicans  subpubesccns,  ramis  herbaceis  teretibus,  foliis 


RKVi'E  Rinr.incuAPMiorR.  1005 

brevi-pcUoIatis  oppositis  ovatis  aeiiliusculis  cainosis  aveniis,  iimbellis  pe- 
liolatis  païu'illoris  (2-3)  ebractcatis,  floiihus  vllloso-glandulosis,  calycis 
tuho  brcvi  linibo  brevi-subaî(j;ialitor  r)-lobc),  coiolla'.  limbo  valde  ()bli(|uo 
longitiuline  tubi  bilabiato  cocciiico  llavo  nigroque  lineato,  lobis  suba'qua- 
libus  ovatis,  staminibus  styloquc  corollai  loiigitudiMC. 

Très  belle  espèce  introduite  de  Bornéo  en  Angleterre  par  M.  Low  .  Klle 
conviendra  merveilleusement  pour  orner  les  serres  cbaudes  humides,  cul- 
tivée dans  des  vases  suspendus  en  lampes. 

Cattleya  luteola  Lindl.,  in  Gard.  C/iron.,  185.'),  p.  77/j.  Rchbc.  f.,  A'eniu 
orch.,  p.  20i),  t.  83.  Botan.  Magaz.,  tab.  5U32. 

Orchidée  remarquable  par  ses  petites  proportions  relativement  à  ses  con- 
génères, à  tleurs  jaunes,  avec  le  labelle  marqué  d'une  zone  orangée.  Brésil. 

Colletia  cruciata  Hook.  et  Arn. ,   in  Bot.   Mise,   1830,  p.  152.    Bolaiii. 
Magaz.,  tab.  5033.  {C.  Bictoniensis  Mndl.) 

Cette  Rbamnée  a  été  découverte  par  le  docteur  Gillies,  dans  l'Améjique 
du  Sud,  Bande  orientale,  près  de  Maldonado.  C'est  un  arbrisseau  fort  cu- 
rieux par  ses  nombreuses  épines  qui  forment  de  grandes  lames  verticales, 
opposées,  triangulaires,  vertes  avec  la  pointe  rouge,  qu'accompagnent  a 
peine  quelques  rares  et  petites  feuilles. 

Gaidtheria  discolor  Nuttall,  imc.  Botan.  Maguz.,  t.  5034. 

G.  ramulis  glabratis,  foliis  obovato-lanceolatis  acuminatis  subserratis 
subtus  argenteis,  nervis  paucis  margini  subparallelis,  racemis  brevibus 
6-8-floris,  pctlicellis  ciliatis  bi-acteolatis,  bracteolis  parvis  oblongis  acutis, 
sepalis ovatis acutis  ciliolatis,  corollse  fauce  barbata,  lobis  loseis,  filamentis 
setulosis,  antheris  apice  bicuspidatis,  ovario  villoso,  disco  10-dentato. 

Élégante  petite  Éricacée  frutescente,  découverte  par  M.  Booth  dans  les 
parties  tempérées  du  Bhotan  Himalaya,  et  cultivée  chez  M.  Nuttall,  à  Nut- 
grove, 

Pilumna  fragrans  Lindl.,  Botan.  Beg.,  184/i,  Mise,  p.  Ih.  Botan.  Magaz., 

tab.  5035.  {Tric/wpilia  albida  Wendl.  f.  ) 

Cette  Orchidée  est  originaire  de  Popayan  où  elle  a  été  découverte  par 
Hartweg.  Ses  grandes  fleurs  verdâtres  avec  le  labelle  blanc,  taché  d'orangé 
au  centre,  sont  délicieusement  odorantes. 

]%'ote  on  tlic  use  of  tlie  rliizoïiia  oT  Piet'is  fiQuilina 
as  an  artiele,  of  foo«l  [Note  sur  l'emploi  du  7'hizome  du  Tteris 
aquilina  comme  aliment)-.^  par  M.  M.-J.  Berkeley  [Journal  of  the  Pro- 
ceedings  ofthe Linncan  Societg,  T,  1857,  n°  U,  p.  156-157). 

Le  rhizome  du  ^Pteris  aquilina,  qui  renferme  beaucoup  de  fécule  et  de 


1060  SOCIÉTÉ    ISOTANIQUlî    DK    FUANCR. 

mucila.ue,  est  (niehiud'ois  employé  en  Europe  et  en  Sibérie  pour  faire  une 
sorte  de  pain  très  grossier.  D'un  autre  côté,  Forster  nous  npprend  que  les 
habitants  de  la  rs'ouvelle-Zelande  tirent  une  iirande  partie  de  leur  nourri- 
ture de  racines  ou  rhizomes  de  Fougères.  Or  on  sait  aujourd'hui  que,  parmi 
diverses  espèces  qu'ils  utilisent  ainsi,  se  trouve  un  Pteris  tellement  ressem- 
blant au  Pt.  aquilina,  qu'on  le  regarde  comme  en  étant  une  simple  variété  à 
laquelle  on  donne  la  qualification  d'esculenta.  —  Ces  diverses  circonstances 
ont  déterminé  M.  Berkeley  à  examiner  le  Pt.  aqUiiina  sous  le  rapport  du 
genre  d'aliment  qu'il  peut  fournir.  Il  en  a  grillé  quelques  rhizomes,  et  il  a 
reconnu  qu'on  peut,  il  est  vrai,  les  manger,  mais  qu'ils  constituent  un  ali- 
ment fort  désagréable  à  cause  de  la  viscosité  de  leur  substance  et  de  leur 
saveur  particulière.  Cependant,  pensant  qu'ils  deviendraient  bien  meilleurs 
si  l'on  pouvait  en  enlever  la  portion  gluante,  il  a  essayé  de  râper  un  certain 
nombre  de  ces  rhizomes  préalablement  lavés  et  pelés,  en  évitant  de  tou- 
cher aux  deux  gros  faisceaux  ligneux  qui  les  parcourent;  après  quoi  il  a  mis 
dans  l'eau  la  pulpe  ainsi  obtenue.  Au  bout  de  vingt-quatre  heures,  l'eau  était 
devenue  extrêmement  visqueuse  et  elle  s'était  colorée  en  jaune-brun.  Elle  a 
été  décantée,  après  quoi  la  pulpe  a  été  lavée  dans  de  nouvelle  eau,  qui  est 
restée  parfaitement  incolore.  Après  une  nouvelle  décantation,  on  a  fait  sé- 
cher la  pulpe  et  on  l'a  pétrie  en  une  sorte  de  gâteau  qu'on  a  fait  cuire  sur 
la  terre.  On  a  obtenu  ainsi  une  sorte  de  pain  grossier,  mais  bon  à  manger, 
absolument  dépourvu  de  toute  saveur  désagréable,  bien  meilleur,  dit 
M.  Berkeley,  et  probablement  pas  moins  nourrissant  que  celui  de  Cassave. 

llouographie  du  tabac,  comprenant  l'historique,  les  propriétés  thé- 
rapeutiques, physiologiques  et  toxicologiques  du  Tabac;  la  description 
des  principales  espèces  employées  5  sa  culture,  sa  préparation  et  l'origine 
de  son  usage;  son  analyse  chimique,  ses  falsifications,  sa  distribution 
géographique,  son  commerce  et  la  législation  qui  le  concerne  ;  par  M.  Ch, 
Fermond.  1  vol.  in-8°  de  352  p.,  avec  un  portrait  lithog.  Paris,  1857. 

Dans  un  avant-propos  placé  en  tête  de  son  ouvrage,  M.  Fermond  nous 
apprend  qu'il  s'est  déterminé  à  l'écrire  en  voyant  que  jusqu'à  ce  jour  aucun 
auteur  n'avait  envisagé  le  Tabac  à  la  fois  à  tous  les  points  de  vue  auxquels 
il  est  bon  de  se  placer  pour  en  tracer  l'histoire  complète.  Il  a  été  mû  égale- 
ment par  le  désir  de  faire  rapporter  au  cordelier  André  Tbevet,  d'Angou- 
lême,  a  qui  il  appartient,  l'honneur  d'avoir  le  premier  introduit  et  cultivé 
le  Tabac  en  France. 

On  le  conçoit  aisément,  par  cela  même  que  M.  Fermond  s'est  attaché  à 
rendre  sa  Monoyrap/iia  complète,  il  a  été  amené  à  y  comprendre  beaucoup 
de  chapitres  divers  dont  le  sujet  est  entièrement  étranger  à  la  botanique  ou 
ne  s'y  rattache  que  fort  indirectement.  Ainsi  toute  la  seconde  moitié  du 


\\\MK  ninLior.iîAiMiiurr..  lOAT 

voliinu',  a  partir  (!(•  la  pa^'o  Mi'2,  est  ri'Intive  a  la  {miIUiic  du  Tabac,  i\  la 
préparation  des  diverses  sortes  de  tabacs,  aux  l'alsilicatious  dont  ils  sont 
l'objet,  à  l'étude  eliinii(|ue  du  laliao  et  de  sa  l'uniée,  enfin  a  toutes  les  ques- 
tions de  lé<>islation,  d'administration,  de  satistique,  etc.,  qu'embrasse  l'bis- 
loire  de  cet  important  objet  de  consommation. 

La  première  portion  de  l'ouvrage  est  plus  directement  relative  à  l'étude 
l)otanique  du  Tabac.  Cependant  nous  pouvons  encore,  en  nous  plaçant  à  ce 
point  de  vue,  en  distraire  les  chapitres  consacrés  ù  une  polémique  sur  l'usage 
du  tabac  (pp.  23-35),  à  des  considérations  sur  la  fabiicalion  du  tabac  au 
point  de  vue  de  l'hygiène  (pp.  78-93),  aux  secours  à  donner  aux  personnes 
empoisonnées  par  le  tabac  (pp.  93-95).  Il  reste  donc  comme  constituant 
l'histoire  du  Tabac,  dans  l'acception  la  plus  laige  du  mot,  les  chapitres  in- 
titulés: Synonymie  (pp.  9-17),  Historique  (pp.  18-23),  Usages  et  propriétés 
du  Tabac  (pp.  35-61),  Propriétés  toxiques  et  physiologiques  du  Tabac 
(pp.  61-78),  surtout  ceux  qui  ont  pour  titre  :  Description  botanique  des 
principales  espèces  de  Nicotiaues  en)ployées  à  la  fabrication  des  tabacs 
(pp.  95-118),  Observations  générales  sur  le  genre  Nicotiana  (pp.  119-127), 
et  Distribution  géographique  (pp.  128-162). 

Dans  le  chapitre  qui  comprend  un  exposé  historique  sur  le  Tabac,  l'au- 
teur s'attache  à  faire  ressortir  ce  fait  déjà  signalé  par  M.  Ferdinand  Denis, 
dans  sa  Lettre  sur  l'introduction  du  Tabac  en  France,  que  le  cordelier 
Thevet  rapporta  en  France,  du  Brésil,  des  graines  de  cette  plante  qui  ger- 
mèrent sur  notre  sol  quatre  ans  avant  l'époque  indiquée  par  tous  les  his- 
toriens. .Mais  il  ajoute  que  «  si  ce  moine  a  rapporté  d'Amérique  les  semences 
du  petun  (tabac)...,  c'est  à  Jean  Nicot  que  l'on  doit  de  l'avoir,  par  sa  haute 
position  (comme  ambassadeur  de  Charles  IX  près  de  la  cour  de  Portugal), 
pour  ainsi  dire  rendu  populaire.  »  C'est  le  portrait  de  Thevet  qui  forme  le 
frontispice  de  l'ouvrage  de  M.  Fermond. 

Dans  le  chapitre  relatif  à  la  description  des  principales  espèces  de  Nico- 
tiaues employées  à  la  fabrication  des  tabacs,  l'auteur  décrit  en  détail  \e Ni- 
cotiana TabacumX..  et  ses  8  variétés,  plus  succinctement  les  Nicotiana  fruc- 
tnosa  L. ,  N.  macrophylla  Spreng. ,  A',  ckinensis  Fisch.,  N.  auriculata  Bevl. 
(qui  parait  être  l'espèce  importée  du  Portugal  en  France  par  Nicot),  N.  pa- 
nicidata  L.  (qui  donne  le  tabac  le  plusestiméen  Turquie),  N.  fjlnuca  Grah., 
N.  rustica  L.  (fréquemment  cultivé  dans  le  midi  de  la  France,  qui  donne 
un  tabac  parfumé  et  probablement  aussi  le  tabac  d'Alouchta,  très  usité  en 
Crimée),  N.  suaveolem  Lehm.  (qui  fournil  très  probablement  le  meilleui- 
tabac  de  Virginie),  N.  persica  Lindl.  (auquel  on  rapporte  le  célèbre  tabac 
de  Shiraz),  N.  reprmda  \\'\\\d.  (cultivé  eu  grand  à  Cuba  pour  la  confection 
des  cigares  de  la  Havane\  .Y.  quadrivcdvis  Pursh  (avec  lequel  se  fait  le 
tabac  du  Missouri). 

Knfln,  dans  le  chapitre  suivant,  cjui  a  pour  titre  :  Observations  générales 


lOGS  SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 

sur  \e  genre  Nicotiana,  M.  Fermoiul  parle  des  expériences  d'iiybridation 
dont  ces  plantes  ont  été  fréquemment  l'objet,  ainsi  que  de  diverses  mon- 
struosités qu'elles  ont  présentées. 

SOCIÉTÉS  SAVANTES. 

.Société  l>otuui(|iie  «riOtlinaltoiiri;. 

Dans  la  séance  de  novembre  1857  il  a  été  fait  quelques  communications 
d'un  intérêt  purement  local,  et  d'autres  plus  générales,  dont  voici  un  résumé 
succinct  (voy.   77/e  An?u(ls  and  Magaz.  of.  natitnd  Hist.,  cali.   de  lévrier 

1858). 

1.  Notice  ofabnormality  in  u  Flower  o/  iJliuni  (Note  sur  une  anomalie 
observée  dans  une  fleur  de  Liiium);  par  M.  J.  Cbristian. 

Cette  fleur  présentait  10  folioles  au  périanthe,  11  étaniines  et  2  ovaires; 
son  pédoncule  était  un  peu  aplati  et  paraissait  être  composé  de  2  pétioles 
réunis.  Cette  fleur  était  formée  sans  le  moindre  doulc,  non  par  le  développe- 
ment de  parlies  additionnelles,  ni  par  la  division  des  organes  pendant  leur 
développement,  mais  par  la  fusion  de  deux  fleurs  eu  une  seule;  on  aurait 
donc  dû  y  liouver  12  folioles,  12  étamines  et  2  pistils.  Pour  le  périanllie 
le  nombre  12  était  facile  à  reconnaître,  deux  de  ses  folioles  étant  plus  ou 
moins  bilobees  au  sommet  et  conservant  ainsi  des  traces  de  la  soudure  (jui 
en  avait  fondu  deux  en  une  seule  ^  quant  à  l'étamine  qui  manquait  sur 
les  12,  on  n'en  voyait  pas  de  traces. 

2.  Short  Notice  of  a  peculiar  forin  of  Fuiigus  (Note  succincte  sur  une 
forme  particulière  de  Champignon);  par  M.  James  Young. 

Un  Irlandais  ayant  subi  l'amputation  de  la  jambe  fut  couché  sur  un  lit 
neuf  et  très  propre,  formé  d'un  matelas  de  crin  recouvert  d'une  feuille  de 
gutta-perclia.  Au  bout  de  quelques  jours,  pendant  lesquels  le  malade  reçut 
tous  les  soins  de  propreté  nécessaires,  le  lit  devint  très  humide.  Le  qua- 
torzième jour,  il  fallut  changer  le  matelas  dont  on  tiouva  le  dessous  presque 
couvert  d'une  grande  quantité  du  (ihampignon  dont  il  s'agit  ici,  que 
M.  Berkeley,  dans  une  note  communiquée  pendant  la  même  séance,  dit  être 
un  état  irnpai'fait  d'un  Coprinus.  Le  lit  fut  nettoyé  avec  grand  soin,  et  ce- 
pendant, au  bout  de  neuf  ou  dix  jours,  le  même  Champignon  se  montra  de 
nouveau  en  abondance  presque  aussi  grande  que  la  première  fois. 

M.  lierkeley  rappelle  que  iM.  Targioni-Tozzeti  a  signalé  l'apparition  de 
Champignons  sur  l'appareil  dont  on  avait  entouré  une  fracture,  à  l'hôpital 
Saint-(ieoi-ge,  à  Modène. 

Dans  la  séance  de  décembre  1857,  en  fait  de  communications  non  rela- 
tives a  la  Flore  de  l'Ecosse,  nous  trouvons  les  suivantes  : 

1.  -Notice  of  /ùpj/itiaii  fiants  (Note  sur  des  plantes  de  l'Kgyple);  parle 


HKVUK    HIIJLlOGUAl'lllUUi:.  1.069 

(loclour  John  Kirk.  —  C'est  le  récit  succinct  d'un  voya^^e  exécuté  pendant 
le  printemps  de  1857,  en  Egypte  et  en  Syrie,  par  l'auteur,  (|ui  a  mis  sous 
les  yeux  de  la  Société  des  échantillons  des  plantes  les  plus  intéressantes  re- 
cueillies par  lui. 

2.  Contributions  to  microscopical  Analy&is;  n"  1.  Tobacco  (Notes  d'ana- 
lyse microscopique;  n"  1,  le  Tabac);  par  le  docteur  George  Lawson. 

L'auteur  t'ait  observer  (lu'ou  décrit  ordinairement  le  Tabac  comme  ayant 
des  poils  p,Ian(lnlil'ères  ou  terminés  par  un  reullement  arrondi,  et  que  celte 
indication  ne  donne  qu'iuie  idée  fort  imparfaite  de  la  véritable  structure 
de  ces  poils,  qui  présentent  des  caractères  constants,  jjcur  longueur  varie 
(le  '1/20  à  1/100  de  pouce  anglais;  ils  sont  généralement  renflés  a  la  base, 
atténués  vers  l'extrémité  où  se  trouve  l'organe  glanduleux.  Celui-ci  est 
ovoïde  ou  globuleux,  composé  de  quelques  cellules  étroitement  unies,  beau- 
coup plus  courtes  que  celles  qui  forment  le  reste  du  poil,  et  elles  renfer- 
ment une  matière  d'un  brun  rougeàtre,  quelquefois  verte.  Ces  poils  abon- 
dent principalement  sur  les  sommités  des  pousses,  ainsi  que  sur  le  calice  et 
les  pédoncules  du  Tabac. 

3.  Notice  oj  Galls  foundon  the  Leaves  of  the  Beech  (Note  relative  à  des 
galles  trouvées  sur  les  feuilles  du  Hêtre);  par  M.  James  Hardy. 

Le  journal  anglais  ne  donne  que  le  titre  de  ce  travail. 

MÉLANGES. 

B']ssai  Nur  la  iïorc  populaire  de  ^Voriiiasidie  et  d'Aii^slc- 
terre;  par  M.  Edouard  Le  Héricher.  (Un  grand  in-8'  de  103  pages. 
Avrancbes;jl857.) 

Le  titre  de  cet  ouvrage  pourrait  ne  pas  en  faire  comprendre  parfaitement 
l'objet  à  tous  les  lecteurs.  En  effet,  en  l'écrivant,  M.  Le  Héricher  s'est  pro- 
posé de  présenter  un  relevé  des  plantes  sur  lesquelles  s'est  portée  l'atten- 
tion du  peuple  en  Normandie  et  en  Angleterre,  comme  le  prouvent  les 
dénominations  vulgaires  par  lesquelles  on  les  désigne  dans  ces  deux  pays.  Il 
montre  l'étymologie  ou  la  signification  de  ces  noms  populaires,  les  idées 
poétiques,  superstitieuses  ou  autres  qu'ils  expriment,  etc.  On  sent  que  les 
détails  en  très  graiid  nombre  dont  il  se  compose  ne  sont  nullement  suscep- 
tibles d'être  ni  résumés  ni  analysés;  ils  sont  exposés  en  style  courant;  mais 
une  table  alphabétiijuc  de  tous  les  noms  populaires  expliques  ou  rapportés 
dans  l'ouvrage  permet  de  les  retrouver  tous  au  milieu  de  ce  texte.  ■ —  Dans 
une  introduction  qui  n'a  pas  moins  de  Zh  pages,  l'auteur  montre  l'intérêt 
qui  s'attache  à  cette  langue  vulgaire  par  laquelle  le  peuple  exprime,  avec  plus 
ou  moins  de  bonheur,  tantôt  les  rappi'ochcmenls  ou  les  comparaisons  (|u'il 
établit  entre  les  plantes  et  des  objets  usuels,  tantôt  les  propriétés  qu'il  a 
reconnues  en  elles  ou  qu'il  leur  attribue  sans  trop  de  raison,  etc.  Il  fait  re- 


1070  SOCIF/rÉ    BOTANIQUE    DK    IKANCK. 

marquer  la  <î.vAce  et  la  délicatesse  de  beaucoup  de  noms  populaires  des  vé- 
gétaux communs.  Il  énumèi-e  les  principales  sources  auxquelles  ont  été 
puisés  tous  ces  noms.  «  Il  y  a,  dit-il,  une  veine  poétique,  une  veine  païenne, 
une  veine  chrétienne,  une  veine  satirique,  une  veine  légendaire,  une  veine 
domestique,  etc.  »  i*lt  il  donne  des  exemples  de  ces  diverses  origines.  Il  pré- 
sente son  ouvrage,  dans  lequel  cependant  sont  consignées  des  données  très 
nombreuses,  comme  n'étant  qu'un  fragment  d'une  œuvre  d'ensemble  dont 
il  s'occupe  depuis  longtemps  et  qui  est  relative  au  dialecte  anglo-normand. 

NOUVELLES. 

Le  journal  botanique  qui  paraît  depuis  sept  ans  toutes  les  semaines,  à 
Vienne,  sous  le  titre  de  Œsterreichische  botanische  Wochenblatt  (Feuille 
hebdomadaire  botanique  autrichienne),  et  qui  a  pour  directeur  le  docteur 
Alexandre  Skofitz,  modifie,  à  partir  de  janvier  1858,  son  titre  et  son 
mode  de  publication.  Il  s'appelle  maintenant  Œsterreichische  botanische 
Zeitschrift  (Gazette  botanique  autrichienne),  et  il  parait  par  cahiers 
mensuels. 

—  Le  Garfenflora  annonce  que  M.  Wagener  vient  de  se  démettre  des 
fonctions  de  majordome,  qu'il  remplissait  à  La  Guayra,  et  qu'il  se  propose 
de  recommencera  recueillir  des  plantes  surtout  vivantes.  Or  tout  le  monde 
sait  combien  d'introductions  importantes  les  jardins  de  l'Europe  doivent 
à  ce  zélé  voyageur;  il  y  a  donc  tout  lieu  d'espérer  que  les  nouvelles 
explorations  qu'il  se  propose  d'entreprendre  dans  les  parties  de  l'Amérique 
où  il  se  trouve  seront  encore  très  fructueuses  pour  la  botanique  et  l'horti- 
culture. 

Nécrologie.  —  L'année  1858  a  commencé  tristement  pour  la  botanique. 
Dans  l'espace  de  trois  mois  à  peine  elle  a  subi  des  pertes  nombreuses,  toutes 
regrettables,  ([uelques-unes  immenses.  Nous  devons  nous  contenter,  faute 
d'espace,  de  présenter  ici  le  relevé  de  ces  décès  qui  ont  affligé  la  science  et 
lui  ont  ravi  plusieurs  hommes  dont  les  travaux  avaient  puissamment  contri- 
bué à  ses  progrès  dans  ces  derniers  temps. 

Le  2  janvier,  le  docteur  F.  Royle,  dont  tous  les  botanistes  connaissent 
lesgiands  et  beaux  travaux  sur  les  plantes  de  l'Inde  [Illustrations  of  botanij 
of  tfœ  Himalaya  and  Cas/miere;  fol.  Lond.,  1839,  avec  100  planches)  et 
sur  leurs  produits,  notamment  sur  les  matières  textiles  qu'on  en  obtient,  est 
mort  en  Angleterre,  dans  sa  résidence  d' Acton.  M.  Royle  était  secrétaire  de 
la  Société  d'horticulture  de  Londres.  Lue  souscription  a  été  ouverte  dans  le 
but  de  faire  exécuter  en  marbre  son  buste  (jui  sera  placé  dans  la  grande 
salle  du  King's  collège^  à  Londres. 

I,e  13  janvier  est  mort  à  Triesle,  u  l'âge  de  soixante  cinq  ans,  le  docteur 


HKVIK    lîlhLIOGKAPIIiyii:.  1071 

Barlolomco  Biasolotto,  pharmacien,  directeur  du  Jardin  i)otaniquc  de  cette 

ville. 

Le  IH  janvier  est  mort  à  Hardwicke,  à  l'âge  de  soixante-huit  ans,  le  duc 
de  Devonshire,  dont  le  nom  mérite  d'être  inscrit  dans  cette  liste  nécrologique 
en  raison  des  services  qu'il  a  rendus  à  l'horticulture  et  des  dépenses  im- 
menses qu'il  a  faites  pour  introduire  dans  la  culture  européenne  des  plantes 
étrangères  remarquables  à  divers  titres,  entre  autres  V Amherstia.  Le  duc  de 
Devonshire  était  président  de  la  Société  d'horticulture  de  Londres. 

Le  10  février  est  mort  à  Landau,  à  l'âge  de  quarante-six  ans,  M.Théodore 
Giimbel,  collaborateur  de  INIM.Bruch  et  Schimper  pour  la  Brijologia  euro- 
pœa,  et  dont  nous  avons  eu  occasion  d'analyser  plusieurs  fois  dans  cette 
Revue  bibliographique  des  mémoires  publiés  dans  des  recueils  allemands, 
surtout  dans  le  Flotta  de  Ratisbonne. 

Le  16  mars  est  mort  à  Breslau,  à  l'âge  de  quatre-vingt-un  ans,  le  docteur 
Christian  Gottfried  Nées  von  Esenbeck,  le  célèbre  président  de  l'Académie 
Léopoldino-Caroline  des  Curieux  de  la  nature,  de  Bonn,  dont  tout  le  monde 
connaît  les  nombreux  et  importants  travaux  relatifs  non-seulement  à  la  bota- 
nique, mais  encore  à  l'entomologie  et  à  la  philosophie. 

BIBLIOGRAPHIE. 
Itofauisclic  Zeitiiug. 

Articles  originaux  publiés  en  1857  (suite  et  lin). 

Speerschneider  (D'"y.).  —  Mikroskopisch-anatomische  Untersuchung  der 
Peltigera  scutata  Kbr.  (Étude  anatomique  et  microscopique  du  Peltigera 
scutata  Khw)',  n°'  31,  32,  33,  31  juillet,  7  et  Ih  août,  col.  521-530, 
537-5Zi5,  561-572,  plan.  ix. 

Irmisch  {Thilo).—  Zur  Erinnerung  an  C.  Fr.  W.  Wallroth.  Eine  biogra- 
phische  Skizze  (A  la  mémoire  de  C.  F.  W.  Wallroth.  Esquisse  biogra- 
phique); n"  32,  7  août,  col.  5^5-555. 

Schenk.  —  Ueber  formlose  Stœrke  (Sur  la  fécule  amorphe)  ;  n"  32,  7  août, 
col,  555-556. 

Mûller  {Ch.,  de  Halle).  —  Manipulus  Muscorum  e  Flora  Novie  Granadee; 
n"  3^,  21  août,  col.  577-583. 

Bonorden.  — 4)ie  Gattungen  Zyeo/ierc^on,  Bovista  und  ihr  Bau  (Les  genres 
Lycoperdon,  Bovista  et  leur  structure);  n"'  35,  36  et  37,  28  août,  h  et 
11  septembre,  col.  593-602,  609-616,  625-632. 

C aspar y  [D^  Robert).  —  Der  Kartoffelpilz  in  diesem  Sommer  (Le  Champi- 
gnon des  Pommes  de  terre  pendant  cet  été)  ;  n»  35,  28  août,  col.  602-603. 

Pfeijfer  [Vi"  Louis).  —  Ueber  die  Nomenklatur  bei  eiuigen  Gattungen  der 
Fumariaceen,  etc.  (Sur  la  nomenclature  dans  quelques  genres  de  Fuma- 
riacées,  particulièrement  dans  le  Diclytra  Borkh.)  ;  u"  38,  18  septembre, 
coi.  641-650. 


1072  SOCIÉTli    BOTANIQUE    Dli    FRAîSCE. 

Sanio  {Cari).  —  Kiiiige ^veitel•e Bemerkungen ùber  die Spoienentwickeluiig 
bei  deii  Kquiseten  (Quelques  nouvelles  remai-ques  sur  le  développement 
des  spores  dans  les  Equisetum);  n"  39,  col.  657-671,  plan.  x. 
P/iilippi  (D""  lî.  A.).  —  Bemerkungen  ïiber  die  Flora  der  Wûste  Ataoama 
(Remarques  sur  la  Flore  du  désert  d'Atacama)  ;  n"  iO,  2  octobre,  col. 
681-690. 
Treviranus[L.  C).  —  Vermischle  Bemerkungen  (Remarques  diverses: 
1.  Hybernacles  du  Pofamogeion  crispus;  2.   Hybernacles  de  VHijdro- 
charis  Morsus  Rame  L. ;  3.  Embryon  des  Orobanchées  ;  h.  Embryon  du 
Cijtinm  Hypocistis);  n°  /il,  9  octobre,  col.  697-702,  pi.  xi,  A. 
Hegel  {\)'  E.).  —  Bemerkungen  iiber  Pflanzen  des  Petersburger  Gartens 
(Remarques  sur  des  plantes  du  Jardin  de  Saint-Pétersbourg);  n"  U2, 
16  octobre,  col.  713-719. 
Philippi  {[)'  R.  A.).  —  Ueber  Jaborosa  Juss.  (Sur  le  genre  Jaborosai nss.)  ; 

n"  k2,  16  octobre,  col.  719-723,  pi.  xi,  B. 
Millier  [Daniel,  a    Upsal).  —  Ueber  die  Befrucbtung  der    incompleten 
Blumen  einiger  F/o/fl-Arten  (Sur  la  fécondation  des  fleurs  incomplètes 
de  quelques  espèces  de   Violettes)  ;  n°  h?>,   23  octobre,   col.  729-733, 
plan.  XI,  C. 
Philippi  (D"^  7?.  A.).  —  Ueber  die  chilenischen  Forme»  von  Quinchamalium 
(Sur  les  formes  chiliennes  de  Quinchamalium)  \  \\°  hk,  30  octobre,  col. 
745-7^9,  pi.  XI,  D. 
Millier  {Cil.,  de  Halle).  —  Decas  Muscorum  Oceaui  pacifici^  n°  Ù5,  6  no- 
vembre, col.  777-782. 
Sachs  [\y   Julius).  —  Ueber  das  Bewegungsorgan   und  die   periodische 
Bewegungen  der  Blœtter  von  Phaseolus  und  Ox-a/?s  (Sur  l'organe  moteur 
et  sur  les  mouvements  périodiques  des  feuilles  des  Phnseolus  et  Oxaits); 
n"'  Zi6  et  Ul,  13,  20  novembre,  col.  793-802,  809-815,  plan,  xii  et  xiii. 
Berg  {[)'■  ().).  —  Bemerkungen,  die  chilenischen  Myrlaceen   von  Pbilippi 
betreffend  (Remarques  relatives  aux  Myrtacées  chilieiuics  de  M.  Pbi- 
lippi) ;  n"'  /i8,  h'è  et  50,  27  novembre,  k  et  11  décembre,  col.  825-830, 
811-8^7,  857-861. 
Klinsmann. —  Kurze  Mittheilungen  (Courtes  communications:  1.  sur  le 
Daucus  Carota;  2.  sur  V/soetes  lacustris,  dans  la  Flore  de  Pomcianie  de 
Homaim)  ;  n°  à9,  U  décembre,  col.  847-8^9. 
Schlecldendal  [D.  F.  L.  v.).  —  Abnorme  Pllanzenbildungen  (Monstruosités 

de  plantes);  n"  51,  18  décembre,  col.  873-880. 
Mildc  (D'-  J).  —  Ueber   Botryc/iium  boréale   Milde  (Sur   le.   Botrychium 

boréale  Milde);  u"  51,  18  décembre,  col.  880-881. 
SchleclUendaliU.  L.  F.  v.).  —  Eichenfragcn  (Question  des  Chênes);  n'' 52, 
25  décembre,  col.  889-898. 


Taris.  -    Inipiimci  if  de  L   BlARTlNr.T,  i  i:c  Mignon,  2. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 


DES 


WATIÈUES  CONTEiNTES  DANS  LE  TOiME  QUAT1\IÈ31E. 

N.  H.  —  \.c>^  miiuéros  iiidiiineiil  les  pages.  —  Tous  les   noms  de  gonre  on  d'csiièce  rangiî.s  par  oi'Jre 
alphabelifiucsont  les  noms  lalins  des  piaules.  Ainsi,  pour  trouver  Chénc,  cliercliez  Qucrcus,  etc. 


Absence   (rimlividus   femelles    du   Chara 

crinita  var.  oxyujjna  à  La  Cailc,  151. 
Aceroisseiiient    (Théorie     de     Du     l'etil- 

Thouars  sur  1';,  voy.  Tliéorie. 
Achaines,  voy.  Nucules. 
Acuminé  (Du  mol),  738. 
Adelauilnis  Eiull.,991. 
Adhérent  (Du  mot)  appl.  à  l'ovaire,  740. 
Adonis  ))iicrocarpa  DC.  var.  denlala,  55. 
AdvciUif  (Fruit)  sur  une  eicalrice,  G2o. 
^Egiloiis  (Hybridation  des),  528,  573. 
^■Esclujnaitllins  Iricolor  Hook. ,  lOGi. 
JËlhioncma  helcrocavpum  i .  Gay,  780. — 
monosiienmnn  R.  Br.,  782.  —  polyga- 
loides  DC,  781.  —  pyrenaicum  Bouti- 
gny,  sp.  nov.,  777,  782,  78 i.  —   Tlw- 
masianion  .1.  Gay,  781. 
Agave  americaua  L.  (Mode  de  multiplica- 
tion de  r)  par  bourgeons  souterrain.s,  43, 
(il 2,  898,  —  (lloraison  d'un)  au  Jardiu 
'     de  Montpellier,  C05.  — (.leunes  rejetons 

florifères  deT),  GIG,  757. 
Agdc  [Damasonium  polyspcrmum  décou- 
vert près  d'),  738. 
Agluozonia  Zanard.,  2G. 
AgropiirinndivaricalumB.  B.  sj).  uov  ,307. 

—  Tauri  B.  B.  sp.  nov.,  307. 
Agroslis feslucoides  Vill.,  idl.—p'jrenœa 
Timb.    sp.    nov.,     191.    —    pyrenaica 
Pourr.,  191. 
Aigues-Morles,  voy.  Herborisations. 
Aisne  (Distribution  AeV Alcliemillavulgaris 

dans  le  département  de  1'),  124. 
Aizoon  canariensc  L.,  178. 
Akènes,  voy.  Achaines. 
Alchcmilla  rulgarisL.  Sa  distribution  dans 

trois  iléparlements,  121. 
Alcool  (Emploi  del')  pour  faciliter  la  dissec- 
tion et  l'élude  des  plantes,  1007. 
Algérie  (l'iore  d')  et  de  la  régence  de  Tunis  : 
Consideialions  sur  la   végét.  du  sud  de 
la  régence  de  Tunis,  950.  —   itinéraire 

T.     IV. 


d'un  voyage  botanique  en  Algérie  (suite), 
5,  48,  126,  171,  270,  353,  386,  473, 
515.  —  Lettre  sur  la  végét.  du  Sahara 
algérien,  381,  465.  —  Listes  déplantes 
obs.  aux  env.de Djelfa,  483.  — auxenv. 
de  Laghouat,  394.  —  daus  le  Sahara 
algérien,  469.  —  Prodromus  Licheno- 
graphiœ  Gallice  el  Algcriœ.,  916.  —  Va- 
riétés de  Dattier  cuit,  dans  le  Mzab,  468. 

—  Adonis  microcarpa  var.  dcntala,  55. 

—  Ai:oon  canaricnse,  178  —  Alyssum 
cGchIcatum  C.  DR.,  1 1 .—  A.  macrocalyx 
C.Dl'.,  12. — A.  .scM%cr«HiC.DR.,  1 1. 

—  Amberboa  crupinoides,  363.  —  .1. 
Lippii,  363.  —  Animochloa  siibacaulis, 
498.  —  Anabasis  alopecuroides,  169. — 
Anarriiinumbrcrifûlium  C.  Kr. ,  407.  — 
Anclmsa  hispida,  /iu5.  —  Anthcmispunc- 
tata,  182,  —  Argyrolobium  unifîonun, 
132.  —  Ar^iebia  decumhens  C.  Kr.  a. 
microcahjx,  402;  f>.  macrocahjx,  403. 

—  .1.  linearifolia,  404.  — A.  tinctoria, 
404.  —  A^phodelus  pendulinus  C.  DR., 
497  (en  note).  —  A.  visciditlus  fl  gabc- 
sianns3.  Gay,  496  et  497  (en  note).  — 
Asleriscus  i)ygmœus  C.  DR.,  277.  — 
Aslragalusbijlorus,  133.  —  A.  corru- 
galus\ar.  lenuirugis,  135. — A.  Gombo 
C.  DR.,   136.  —  AlractyMs  flava,  360. 

—  A  microcephala  C.  DR. ,  361.  —  A . 
proliféra.  362.  —  Barl;hausia  senc- 
cioidcs,  369.  —  Drassica  Gravinœ,  56. 

—  Biipleurum  licterophyllum,  178.  — 
Calcndula  stellata  a.,  slellala,  {i.  inter- 
media,  7.  hymcnocarpa,  282.  —  C.  suf- 
fruticosa,  281.  —  CaUipellis  CiauUa- 
ria,  179.  —  Cardioiccllus  eriocephalus, 
3G5.  —  Catananche  arenaria,  367.  — 
Ccnlaurea  Delilei,  365.  —  C.  dimor- 
2)/i«,364.  — r.  furfuracca  C.  DR.,  363. 

—  Chamoniilla  aurca  et  var.  coronata, 
078  —  Chlamydophorapubescens,  279. 

Ch.  tridentala,  279.  —  CladanlhiiSf 

13.  —  C.  arabicus,   14.  —  C.    Geslini 

f)8 


i 


107ii 


SOCIÉTÉ   BOTANIQUE    DE    FRANCE. 


Coss. ,  15.  —  ('.  pedunculatus  C.  DR., 
14.  —  Convolvuhis  t^upinusC.  Kr.,  400. 

—  Crozophora  verbascifoUa,  495.  — 
Cynomorium  coccineum,  513,793. — 
Cyrlolepis  alexandrina,  182.  — Dama- 
sonium  Bourgœi,  496.  —  Deverra  chlo- 
ranlha,  179.  —  D.  tortuosa,  178;  et 
var.  virgata,  179.  —  Echinospermum 
Valilianum,  405.  —  Echiocitilon  fruti- 
cosum,  401.  —  Enarlhrocarpus  clava- 
lus,  57.  —  Eragroslis  vulgaris  yar. 
sperostachya,  498.  —  Erodium  arbo- 
rescens,  61.  —  E.  glaucophyllon,  60. 

—  Euphorbia  calyptrata  C.  DR.,  524. 

—  E.  cornuta,  494.  —  E.  glebulosa  C. 
DR.,  493.  —  Fesiucà  divaricala  6.  di- 
choloma  ct-j-.  rnemphitica ,  499.  —  Filago 
mareotica,  280.  —  Francœuria  laci- 
niata  C.  DR.,  181.  —  Fumaria  densi- 
flora,  55.  —  Gymnarrhenamicrantha, 
179. —  Gymnocarpos  decandrus,  178. 

—  Haplophylium  Buxbaumii,  62.  —  //. 
tuberculalum,  62.  —  HeUanlhemum 
cahiricum,  58.  —  E.  tunctanum  C.  Kr., 
58.   —  Ileliotropium  undulatum,  401. 

—  Hippocrepis  biconlorta,  138.  —  Hus- 
sonia  JEgiceras,  58.  —  Hypecoum  Ges- 
liniC.  Kr.,  522. —  Ifloga  spicatu,  279. 

—  Isalis  Djurdjurœ  C.  DR.,  523.  — 
Kœlpinia  Uncaris,  367.  — Lamium  Ion- 
giflorum,  491.  —  Limoniastrum  Guyo- 
nianum,  492.  —  Linaria  albifrons,  405. 

—  L.  cxilis  C.  Kr.,  406.  —  L.  fruli- 
cosa,  406.  —  Marrubium  Deserti,  490. 

—  Marsilea  œgyptiaca,  500.  —  Mallhiola 
oxyceras  var.  basiceras,  56.  —  J/edi- 
coryo  laciniala  cl  var.  brachyacanlha, 
133.  —  il/,  secundiflora,  134.  —  J/i(n'- 
t'«ria  pruslrala,  56.  —  Nephrodhim  pal- 
lidum,  500.  —  Neurada  procumbens, 
176.  —  XUella  syncarpa  var.  oxygyna, 
151.  —  Nilraria  Ividcntaia,  177.  — 
Nolleliachryaocomoides,  180.  — iYofinea 
phancranthera,  404.  —  Onobrychis 
Crista  galli,  139. — Ononis  anguslissima, 
133.  —  Opuntia,  204.  —  Olhonna 
cheirifolia,  283.  —  l'aronychia  longi- 
seta,  176.  —  Penniaelum  asperifoliinn, 
496.  —  Phclipœa  mauritaitica  C.  DR., 
409.  —  P/î.  violucea,  408.  —  Plantago 
ovala,  492.  —  P.  syrlica,  493.  —  /'y- 
rethrum  Gayanwn  C.  DB^.,  15.  — P. 
niavroccphalum,  18.  —  P.  Maresii  Coss. , 
16.  —  P.  trifurcaium,  17.  —  ftay^s- 
<ju»i  bipinnalum,  57.  —  Reaumuria 
vermiculata,  177. —  Heseda  arabica,  00. 

—  /{ .  ereinopJiila,  60.  — Hclama  Rœlaut, 
131.  —  lUianlerium   siiavcolens,  180. 

—  /{/lUs  oxyacanthoidcs,  63.  —  i'a/fia 


œgyptiaca,  490.  —  Scîi?a  villosa,  496. 

—  Scorpiiirus  lœvigata,  138.  —  So-o- 
fularia  argula,  408.  —  Serratula  (la- 
vescens,  366.  —  Silène  setacea,  60.  — 
S.  succulenla,  60.  —  Stsym6rjt(?/i  /îe- 
boudianuni  Verl.,  726.  —  Spitzeliacu- 
puUgera,  367.  —  -S.  radicata,  367.  — 
Stalice  Bonduellii,  491.  —  S(.  pruinosa, 
492.  —  Tetradiclis  Eversmanni,  02.  — 
reucnuHi -liopecuros,  491.  —  Thyme- 
lœa  microphylla,  495.  —  Trigonella 
anguina,  135.  —  T.marilima,  134.  — 
r.  stellata,  134.  —  T7cia  saJiva  forma 
amphicarpa,  140.  —  ZolUkoferia  an- 
gustifolia,  370.  —  Z.  quercifolia,  369. 

—  Zygophyllum  album,  61.  —  Voyez 
(dans  la  table  de  la  Revue  bibliogr.)  : 
Rosny. 

Algues  (Obs.  niicroscopiciucs  sur  plusieurs 

genres  d'),  24. 
Alimentaires  (Fougères),  1003. — (Plantes) 

deïabili,  1001,  1012. 
Alliîim  scaberrimum  Serres,  sp.  nov.,439. 
^iopccuntssdario/dcsGren. sp.  uov. ,  1032. 
Alphilomorpha  gutlata,  684. 
Altération  de  l'orthographe  du   nom    du 

genre  Buffonia,  762. 
Alliugiacées  (Fam.  des),  1060. 
/l /yssum  cof7i?cati(m  DR.,  11.  — macroca- 

lyx  C.  DR.  sp.  nov.,  12.  —  sculigerum 

C.  DR.  sp.  nov.,  11. 
Amberboa  crupinoides  DC,  363.  — Lippii 

DC,  363. 
Amérique  du  Nord  (Voyage  de  M.  Bourgeau 

dans  1'),  1032. 
Aïiiniochloa  subacauUs  Bal.,  498. 
Anabaina  Bory,  757. 
Anabasis  alopecuroides  Moq.,  169. 
Ananas  bracteatiis  R.  S.,  1063. 
Anaphyllum Scholl,  gen.  uov.,  728. 
Anarrhinum  brevifolium  C.  Kr.   sp.  nov. , 

407. 
Anatomie  des  Saulalacées  ou  Thésiacées, 

978. 
Anchusa  hispida  Forsk.,  403. 
Andrœa  falcata  Schimp.  découv.   dans  les 

Pyrénées,  48. 
Androsace   (Caractères  des    sections    du 

genre),  199. 
Anémone  ranunculoides  L.  trouvé  dans  la 

forcH  de  Montmorency,  109. 
Annonces,  voyez  ilélanges. 
Anomalies,  voyez  Monstruosités. 
Anscllia  giganlea  Rchb.  f.  sp.  nov.  cl  var, 

citrina,  533. 
Anlhcmis  Gerardiana  Jord.,  436.  — pitnc- 

Uitii  Vahl,  182. 
Anticipées  (Floraisons),  620. 
Antidesma  L.,  987. 


TABl-i;    ALI'IIABÉTIQUK   DES   MATIERES. 


Anlidesmées     (Kxamcii     des     genres    de 

l'ordre  des"!,  987. 
Antirrldnum  majus  L.  nionstriieiix,  451. 
Âponogclon  (Élyniolos^ie  du  mot),  580. — 
distachyus  Tliimb.  Sa  Kciniinalion,  577. 
Arbre  (V(''gélation  d'un)   accideutelloment 

renverse,  (i'ii. 
Arbres  (l)éi)éris.>;enient  des)  de  nos  prome- 
nades publiques,  292. 
Arelié^'onc  (Du  mot'!,  7:^9. 
Ardeunes  (fiantes  obs.  dans  les),  124,  125. 
Arenaria  mixla  Lap.,  435. 
ArcjijrohMnm  uniflorwni.  S.,  132. 
Arménie  (Vcgét.  des  baules  montagnes  de 

r),  863. 
Arnehia  dccumben&C.\\.ï.  sp.  nov.  a.  mi- 
crocaly.r,  402  ;  p.  macrocalyx,  403.  — 
linearifoUa  DC. ,  404 .  —  lincloria  Forsk., 
404. 
Aromates  empl.  pour  rcmbaumement  au 

xv"  sièrle,  792-795. 
Arlhonia  difforiiùs  Nyl.  sp.  uov.,  924  (en 

note). 
Arlocarpus  incisa  h.  var.  J/ao/uLép.,  1001. 
Anm  esculenUim  L.,  1013.  —  macrorlii- 

sonl,  1013. 
Asie-Mineure  (Quelques  faits  relatifs  à  la 
géogr.  bot.  de  V),  667.  —  (Vcgét.  des 
hautes  montagnes  de  T),  863. 
Aspuyagns  officinalis  L.  (Germination  du 
Dioscorea  Ualatas  comparée   à  celle  de 
r),  697. 
Asperula  Jordani  P.  S.  sp.  nov.,  725. 
Asphodelus  (Esp.  de  la  section  Plagiaspho 
delusûn  genre),  496  (en  note).  — Dis- 
trib.  géographique  des  espèces  de  la  sec- 
tion Gamon  du  genre),   607.    —  albus 
Mil!.,  608.  —  cerasiferus  J.    Gay,  sp. 
nov.,   610.  — microcarpus  S.  'V.,  609. 
—  penduUniis  C.  DR.,  497  (en  note).  — 
viscidulus  Boiss.  et  var.   gabesianus  J. 
Gay,  496,  497  (en  note). 
Asterina  .-EscuU  Desmaz.  sp.  nov.,  914. — 
(?)  0 (iiy il. 'a(a Desmaz.  sp.  nov.,  914.  — 
Epilobii  Desmaz.  sp.  nov.,  914.  —  (?) 
Pijracantha'  Desmaz.  sp.  uov.,  915.  — 
(?)  umbonala  DQsmai.  sp.  nov.,  915. — 
vagans\ar.  Aceris  et  var.  Alni  Desmaz., 
913. 
Asleriscus  pygmœus  C.  DR.  sp.  nov.,  277. 
Astcroma  Cerasi  Rob.   sp.  nov.,    995.  — 
elegans  Rob.  sp.  nov.,  994.  —  fiigax 
Rob.  sp.  nov.,  996.  —  graphoides  Rob. 
sp.  nov.,  995.  —  incompfum  Rob.    sp. 
nov.,  996.  —  ('!)Piri  Rob.  sp.  nov.,  996. 
Astragalus  bitlorus  Viv.,  135.  —  corru- 
gntux   Bert.   var.    tenuinigis,    135.  — 
Go)iibo  C.  DR.  sp.  nov.,  136. 
Alradylis  favu   Desf.,  360.   —  microcc- 


1075 

-  ))roU- 


phala  C.  DR.  sp.  nov.,  361. 

fera  Boiss.,  362. 
A  tripler,  horlcnsis  L.  (Des  graines  de  V)  et 

de  leur  germination,  441-444. 
Avcna  alpcslris  DC,  440. 


B 


Bâillon  (H.).  De  quelques  parti(;ularilés 
qu('  présentent  les  org.  de  la  féconda- 
lion,  19.  — De  rhermaphroditismeacci- 
dentcl  chez  les  Kuphorbiacées,  692.  — 
Examen  des  genres  qui  composent  l'ordre 
des  Antidesmées,  987.  —  Les  Scépa- 
cées  doivent-elles  constituer  un  ordre 
[»articulier?  993.  —  Organogéuic  des 
graines  charnues  de  VfJymenocallis  spe- 
ciosa,  1020.  —  Obs.  23,  39,  269,  513, 
■     696,  789,  1022,  1023. 

/ia/a«op/iora  Forst.,  217. 

Balanopborées  (Famille  des),  210. 

Bai,ans.\  (B.).  Sur  la  struct.  de  l'épi  et  de 
l'épillet  des  Graminées,  302.  — Obs.,  48, 
107,  108,  153.  —  Nouvelles  de  sou 
voyage,  43 i.  —  Voyez  Boissier. 

Bally  (le  docteur).  Fait  pré>enter  un  frag- 
ment d'élotTe  de  duvet  de  Typha,  353. 

Banquet  de  la  Société  à  Montpellier,  631. 

Barbarea  prœcox  R.  Br.  trouvé  dans  la 
forêt  de  Saint-Sermain,  109. 

Barkhausia  senecioides  Spr.,  369. 

Bari\.\ndon.  Offre  à  la  Société  des  échant.  de 
Brassica  humilix,  588. 

Bellis  perennisL.  monstrueux,  622. 

Biasolctto  (B.).  Sa  mort,  1070. 


Bibliog 

"aphie, 

94,   255, 

683, 

736, 

848, 

976, 

1071. 

Bibliog 

raphique  (Revue), 

64, 

183, 

209, 

310, 

411, 

526,   683, 

703, 

817, 

953, 

1035. 
Bibliothèque  des  Jussieu,  730. 
Bicarpellaire    (.'Structure)   de  l'ovaire  des 

Borraginées,  895. 
Bipartite  (OEillet  à  feuille),  622. 
Bois  d'If,  objet  d'un  commerce  important 

au  xv°  siècle,  69 J. 
Bois  de  la  Moure   pr.    Montpellier,    voy. 

Herborisations. 
BoisDUVAL.  Présente  des  plantes   vivantes 

qu'il  cultive,  168,  309,  337,  373,  464, 

509,  757,  802.— Obs.,  301,  373, 4U, 

802. 
Boissier  (E.)  et  Balaksa.   Description  de 

quelques  espèces  nouvelles  de  Graminées 

d'Orient,  305. 
Bonnet,  voy.  Ilagueron. 
Borraginées  (Noms  donnés  aux  parties  des 

fruits  des),  741.  —  (Structure  bicarpel- 
laire de  l'ovaire  des),  895. 


107G 


SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    PE    EHANCE. 


Boi'is  (de).  Obs.,  14G,  373. 

Boulogne   [Gcranium    phœum   trouve    au 

Bois  (le;,  1(J8. 
BoLncKAU  (E.).  LtUre  sur  son  voyage  dans 

l'Aniériquc  du  Nord,  1032. 
Bourgeons  souterrains  de  VAgave  mneri- 

cana,  Ai,  612,  898. 
BouriGNV.  Sur  une  nouv.  csp.  à'/KlIiioncma 

{^a.  pyrenaicum),  77". 
lirachydudium  penicillatum  Cordn,  801. 
Bradées  des  (Irueifè'res,  2Cir>-2G7. 
Brassica  Gravinœ  Ten.,    o(j.    —  huniHis 

DC,  S88. 
Bresse    [Carcx  Moniezi  sp.   nov,    trouvé 

dans  la),  163. 
BiiicE  ((i.).   Rapport  de  la  Commission  de 

comptabilité,  8o2. 
Uroiinib  cappadocicus  B.  B.  sp.  nov.,  oOti. 
BuoNDKAU  (L.  de).  Sur  le  Chœlomiumchar- 

larian,  999. 
Bhongmaiît  (Ad.).  Obs.,  26i,  301,  30:i. 
BiniiT  (.1.)  (Feuilles  monstrueuses    trou- 
vées par),  1006. 
liuffonia  (Orthographe  du  nom  du  genre), 

762. 
Bulbes    renverses     (De  la     direction    que 

preiincut  les   racines  et  les  tiges  dans 

les),  948. 
Bulgardugh.   Liste  des  plantes  qui   crois- 
sent sur  cette  montagne,  867. 
Hiiplcurum   licteropliyllum  Link,  178.   — 

opposilifoliuvi  Lap. ,  436. 
Blricau  (Ed.).  Sur  diverses  monstruosités, 

450.  —  Obs.,  452,  313. 
Bureau  de  la  Société  pour  1857,  3.  —  de 

la  session  extraord  ,  557,  561. 


Calc.iires  (Flore  (lualernairc  des  luTs)  de 

C'.asteluau,  5S2. 
Calendula  slcllala  Cav.  a,  slcllata,  p.   in- 

Icniicdia,  -^.  hijmcnocarpa,  282.  —  suf- 

fritlivom  Vahl,  281. 
Callipeltis  C ucullar ia  Slcw,  179. 
Cfl/o;)i/.r('s  Tul.  gen    nov.,  42i. 
Campanula  /iocco/u  Vill.,  191.  —  lanceo- 

lala  Lap.,  438. 
Cannabis  saliva  L.  (Tige  monstrueuse  de), 

1023. 
(lap-Ferret  (Ophiofilossum  du),  597. 
Capscllu  (j)  avilis  Grcn.  sj).  nov.,  1049. 
Caractères  spécifiques  (Sur  la   valeur  de 

certains\  338. 
Cardutucllas  erioccphalus  Boiss.,  365. 
.  Carex  acuminata  Lap.,  439.  —  Moniezi 

Lagr.  sp.    nov.,  164.  —  secalina  Lap., 

439,    1019.    —  spliœrica   Lap.,    139, 

loi'j.  —  subrolunda  Serres,  sp.    nov., 


440.  —  virescens  p.  Griolcti  J.  Gay 
{C.  grisca  ^Mv.),  166. 

Carpelles,  voy.  Nucules. 

Caruel  (Th.),  membre  à  vie,  8 59. 

Carya  magaloneusis.  Citation  de  ce  livre, 
645. 

Caspauy  (R.).  Sur  la  division  de  la  famille 
des  llydrocharidées  proposée  par  M.  Clia- 
lin,  98.  —  Sur  l'ovule  du  ValUsneria 
siilralis,  904. 

Caslelnau  i)rès  i\Iontpellicr  (Flore  quater- 
naire des  tufs  calcaires  de),  582. 

Casuarina  crjuisctifolia  L.,  924. 

Catananche  arenaria  C.  DR.,  367. 

Cattleya  luleola  Limll.,  1063. 

Cannelle  pr.  Montpellier,  voy.  Herborisa- 
tions. 

Causes  qui  déterminent  la  fanaison  des 
plantes,  1 12. 

Cenococcum  'pilyoctonum   lui.   sp.  nov., 

59  a. 

Cenlaurca  Dditei Godr.,  365.  —  dimorpha 
Viv.,  36i.  —  furfuracea  C.  DR.  sp. 
nov.,  363. 

Cc)!/i/iorf(uiH  Montand.  gen.  nov.,  315. 

Centres  (Multiplicité  des)  de  création,  932. 

Cerasus  Lauroccrasus  Lois.  (Feuille  mon- 
strueuse de),  352. 

Ceralocahjx  Coss.  attaché  au  bas  de  tiges, 
150. 

Cette,  voy.  Doumet  et  Herborisations. 

Cluvloniium  c/inr/nr«»H  Ehrcnb. ,  999. 

Chaleur  ^Sur  la  somme  de)  eflicacc  nécess. 
à  la  lloraisou  du  Neiumbium  speciosmn, 
652. 

ChanwmiUa  aurea  3.  Gay  et  fl  coronata, 
278. 

Champignon  (Nouveau)  du  genre  C'e«o- 
coccum,  59  4. 

Champignons  (Définition  des),  743.  — 
(Parasitisme  supposé  de),  744.  —  (My- 
célium de)  autour  des  racines  de  quelques 
Orchidées,  373,  702.  —  hémostatiques 
(le  la  Guadeloupe,  284,  4i4. 

Charnues  (Organogénie  des  graines)  de 
Vlli/menocallis  speciusa,  1020. 

CiiATiN  (Ad.).  Réponse  aux  obs.  de  M.  Cas- 
|)ary  sur  sa  divis.  de  la  fam.  des  liydro- 
cliariilées,  156.  —  De  rexistcnce  de 
rapjiorts  entre  la  nature  de  l'épiderme 
et  celle  du  parenchyme  des  feuilles.  290. 
—  présente  un  fragment  d'élolVe  de  du\et 
de  Typha,  353. —  Discours  à  la  fête  des 
étudiants  de  Moulpellicr,  029.  —  Sur 
l'ovule  du  Vallisncria  spiralis  (r(''|ionses 
à  M.  Caspary),  905,  977.  — Sur  l'ac:,- 
tomie  des  Santalacées  ou  Thésiacées, 
978.  —  Obs.,  145,  146,  153,  267,  352. 
452,  581,  (:^[K^,  983. 


TARF.K    ALPIIAnKTIQlE    DES    MATIKIU'S. 


1077 


Chaton  femelle  du  SaUxbabylonica  traiisf. 
en  rameau  persistant,  (il 7. 

Clilamiidophnra  pahescens  C.  I)H.,  279. — 
Iridcnlala  Ehreab.,  279. 

Chlonnitli.irées  (Fam.  des),  lOGO. 

Chlorantliicdu  MyosoLis  ca'spilosa,  895.  — 
du  Sinapis  arvensis,  701.  —  du  Slolla- 
ria  int'dia,  160. 

Chlorophylle  (Ua[)port  du  nuclcus  avec  la), 
154. 

Cicatrice  (Fruit  advcntif  sur  une),  625. 

Cineraria  paluslris  L.,  1033. 

Cissns  L.  (Vrilles  des),  809. 

Cladanthus  Cass.,  13.  —  avabicux  Cass., 
li. —  Geslini  Coss.  sp.  nov.,  15. — 
peduni'idalus  C.  DK.  sp.  nov.,  14. 

Classilication  dos  Chênes,  445. 

Clos  (D.).  Des  graines  de  VAlriplcx  hor- 
toisix  et  de  leur  geriiiinat.,  i41.  —  Dis- 
cussion de  quelques  points  de  glossolo- 
gie  botanique,  738.  —  Objection  à  la 
théorie  de  Du  Petit-Thouars  sur  l'ac- 
croissement et  à  celles  des  phytons  et  des 
décurrences,  785.  —  [.enticcllcs  et 
Rhizogènes,  907.  —  De  la  colonne  ou 
columelle  dcsGéraniacées.des  Malvacées 
et  des  Eu|)horbes,  926. —  Les  vrilk's  des 
Sinilax  ni  folioles,  ui  stipules,  984.  — 
Remarques  à  Poccasion  d'une  comm.  de 
M.  Serres  sur  quelques  plantcsde  Pherb. 
de  Papeyrouse,   1017.  —  Obs.,  141. 

Cochlearia  danica  L.  1033. 

Cœlehogyne  3.  Sm.,  823.  —  Sur  la  possibi- 
lité de  l'existence  d'étamines  dans  ses 
fleurs  femelles,  095,  789.  —  Sa  germi- 
nation, 7  14. 

Collections  de  la  Faculté  des  sciences  de 
Montpellier  (Visite  de  la  Société  aux), 
560. 

Collet  (Du  mol),  743. 

Colletia  cruciata  H.  A.,  1065, 

Colonne  ou  columelle  des  Géraniacées,  des 
Malvacées  et  des  Euphorbes,  926. 

Columelle,  voy.  Colonne. 

Commerce  important  (Bois  d'If,  objet  d'un) 
au  xv"  siècle,  691. 

Commission  des  archives,  2,  —  du  Bulle- 
tin pour  1857,  2,  24.  —  de  comptabi- 
lité, 2.  ■ —  Son  rapport,  852.  —  chargée 
de  visiter  le  Jardin  des  plantes  et  le 
Conservatoire  botanique  de  Montpellier, 
573.  —  Son  rapport,  672.  —  cliargéc 
d'examiner  Pherb.  de  Dunal,  601.  — 
Son  rapport,  681.  —  chargée  d'exami- 
ner la  propos,  relat.  à  la  publ.  d'une 
Flore  cryplog.  des  cnv.  de  Paris,  777. 
—  Son  raiiiiort,  855.  —  chargée  de 
diriger  la  public,  de  la  Flore  cryptog, 
des  env.  de  Paris,  858. 


Composée  (Innorescence),  374. 
Coniollieciitin  Oncslieri  Desmaz.  S|).  nuv., 

798. 
Conseil  d'administration  de  la  Société  [lour 

1857,  3. 
Conservatoire    botanique    de    Montpellier 

((^ommiss.   chargée  de  visiter  le),  57  3. 

—  (Rapport  sur  le),  (i7  7. 
CoNTEJiî.AN.   .Sur  le    parasitisme    du    (iui, 

264. 

Cnnvoloulus  Balalas  P.,  1003  —  siipimis 
C.  Kr.  sp.   nov.,  400. 

Coques,  voy.  Nucules. 

Curallorhiza  innala  R.  Rr.  présenté  à  la 
Société,  702.  —  (Diagnnse  rectili('e  du 
genre),  702.  —  (Sur  le  mode  de  végét. 
du),  766-770. 

Cordin  ipomœœflora  Hook.,  106i. 

Corse  (Flore  de),  voy.  France. 

Corynma  .T.  D.  Hook.  gen.  nov.,  218. 

Cosmanlhus  grandiflorus  Bonlb . ,  106i. 

Cosson(E.).  Itinéraire  d'un  voyage  botani(pie 
en  Algérie,  entrepris  en  I  856,  sous  le  pa- 
tronage du  ministère  de  la  guerre  (suite), 
5,  48,  126,  171,  270,  353,  386,  473, 
515.  —  Liste  des  plantes  reçoit,  par 
M.  Rchoud  dans  le  Sahara  algérien,  469. 

—  Rapport  sur  Pherb.  de  Dunal,  681. 

—  Diagnose  rectifiée  du  genre  Corallo- 
rhiza,  702.  —  Rapport  de  la  Corruniss. 
de  la  Flore  cryptogamiqu(ï  des  env.  de 
Paris,  855.  —  De  l'emploi  de  l'alcool 
pour  faciliter  Pctude  et  la  dissection  des 
plantes,  1007.  —  Obs.,  23,  107,  153, 
288,  305,  321,  515,  574,  661,  696.— 
et  DoRiKu  DE  M.^isoNNiiuvE.  Notcs  sm 
quelques  esp.  nonv.  d'Algérie,  11,522. 

—  et  l\n,\LUi.  Notes  sur  quelques  plantes 
rares  ou  nonv.  de  la  régence  de  Tunis, 
55,  131,  176,  277,  360,  400,  490.  — 
Considérations  sur  la  végét.  du  sud  de 
la  régence  de  Tunis,  950.  —  Voy.  Mo- 
quin-Tandûu. 

Cramhe  mariiima  L.,  1033. 

Cralœgus.  Un  très  vieux  pied  d'Aubépine, 
92.  —  Crus  gain  P.  (Gui  observé  sur 
le),  264. 

Création  (De  la  multiplicité  des  centres 
de),  932. 

Cresivcllia  Grev.  gen.  nov.,  1058. 

Chouan  frères.  Obs.  microscopiques  sur 
l'organisation,  la  fructification  et  la  dis- 
sémination de  i)lnsieurs  genres  d'Algues 
appartenant  à  la  fam.  des  Dictyotées,  24. 

Croz-oidinra  verhascifolia  A.  Jnss.,  495. 

Crucifères  (Rractées  des),  265-267.  " 

Cryptogames  (Vingt-quatrième  notice  sur 
les  plantes)  récemment  découveries  en 
France,   797,  858,911,  994,  1009. 


1078 


SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE   FRANCE. 


Cryptoganiique   (Flore)  des  env.  de  Paris, 

774,  855. 
Cucurbila  L.,  231.— (Z/;j//a/aGray,  230.— 

maxima  Duch.,  232, — melanospermaA. 

Br.,  235.  — moschata  Duch.,  235.  — 

Pepo  DC,  233.  —  perennis  Gray,  235. 
Cufurbilacées  (Vrilles  des),  109,  142,  322, 

744-756,  787-788. 
Cullurc  du  Pavot  à  oeillette,  343. 
Cyclospenna  Griff.  {Cyrtospcrma  Schotti, 

723. 
Cylindrospermum  Ralfs,  1044. 
Cynomorium  Mich.,   216.  —   coccineum 

Midi.  (Mode  de  parasitisme  du),  513. — 

(Sur  les  floues  femelles  du),  795. 
CypripccUumcaudalum\Aï\û\.   et  C.  Lowii 

Lindl.  prés,  à  la  Société,  444. 
Cyrlolcpis  alcxandrina  DC,  182. 
Cyrtosperma,  voy.  Cyclosperma. 
Cyiisus  hctorophyllus  Lap.,  435,  1018. 


D 


Damafionium  Bmirgœl  Coss.,  496.  —  po- 
hjspcrmnm  Coss.  découvert  près  d'Agde, 
738. 

DnpIiniphyUum  Bl.,  992. 

Dasyliriuin  acrolriclmin  Zuccar.,  1064. 

Déboisement  des  montagnes  en  Syrie,  284. 

Decaisne(J.).  Note  sur  l'organogénie  florale 
du  Poirier,  précédée  de  quelques  consid. 
sur  la  valeur  de  certains  caractères  spé- 
cifiques, 338.  —  Sur  les  vrilles  des 
Cucurbitacées,  787.  —  Sur  une  préten- 
due éiamine  de  Cœlehogyxe,  789.  — 
Obs.,  107,  352,  333,  788,  790,  983, 
98  i. 

Dr  Candolie  (Alph.).  Sur  la  fara.  des  San- 
talacées,  351-  —  Obs.,  336,  909. 

Décurrenccs  (Théorie  des),  voy.  Théorie. 

Déhiscencc  du  fruit  des  Orchidées,  803. 

Dépérissement  (Sur  le)  dos  arbres  de  nos 
promenades  publiques,  292. 

DESMAziiîRi'.s  (J.-B.-H.-J.).  Yingt-qualricme 
notice  surles  plantes  cryptogames  récem- 
ment déoouv.  en  France,  797,  858,  911, 
994,  1009. 

Destruction  des  forêts  de  Teck  dans  l'Inde, 
319. 

Développement  (^lode  de)  du  Posidonia 
Catdiiii,  573. 

Deverra  chlorantha  C.  DR.,  179.  —  lor- 
tuosa  DC.  et  var.  virgata,  178,  179. 

Devonshire  (le  duc  de).  Sa  mort,  1071. 

DianlhusCaryophyllus  L.  à  feuille  bipar- 
tite, 622.  —hi'rtifs  Vill.,435.  —super- 
l/u'î  I>.  trouvé  à  Ittevillc,  802. 

Dictyola  Lamour.,  27. 


Diclyotées  (Obs.  sur  plus,  genres  d'Algues 

de  la  fam.  des),  24. 
Difformité  par  cause  fongique,  651. 
Diffusion  de  quelques  esp.  de  Lichens,  371 . 
Digenea  h%.  (Fructification  du),  773. 
Digitalis  purpiirea  L.,  438, 
Dioscorea  alala  L. ,  1014.  —  Ba<a/as  Dcne. 
Sa  germinat.  comparée  à  celle  du  Ta- 
mus  communis  et  de  VAsjiaragnf!  offlci- 
naJis,  697.  —  (Vitalité  des  parties  sob- 
terraines  du),  700.  —  bulbifera L. ,1016. 
—  pentaphylln  L.,  1015. 
Direction  (De  la)  que  prennent  les  racines 
et  les  tiges   dans  les  bulbes  renversés, 
948. 
Discours  de  M.  Pagézy,  maire  de  Montpel- 
lier, 547.  —  de  M.  le  comte  Jaubert  à 
l'ouv.de  la  session  exlraord  ,  549.  —  de 
M.  de  Tchihatchef  à  la  clôt,  de  la  session 
exlraord.,  667.  — de  Al.  Moquin-Tundon 
aux  funérailles  de  M.  Graves,  689.  — 
prononcés  à    la    fête  des  étudiants   de 
Montpellier,  628-631. 
Discussion  de  quelques  points  de  glossologie 

botanique,  738. 
Dissection  des  plantes  (Emploi  de  l'alcool 

pour  faciliter  la),  1007. 
Dissémination  (Sur  la)  do    plus,    genres 
d'Algues  de  la  fam.  des  Dictyotées,  24. 
Distribution  des  esp.  de  la  section  Gamon 
du  genre  Asphodelus,  607.  — de  VAlche- 
milla  vulgaris  dans  trois  départ.,  124. 
Division  de  la  fam.  desHydrocharidéesprop 

par  M.  Chatin,  98,  156. 
Djelfa  (Liste  des  plantes  obs.  aux  env.  de), 

483. 
Dons  faits  à  la  Société,  1,  4,  24,  97,  109, 
126,  141,  146,    147,   257,  283,    284, 
321,  337,    370,    371,   433,   500,  633, 
690,  737,    770,  771,    772,  849,   911, 
977,  1008. 
DouMET  (E.).  Obs.,    381.  —  Visite  de  la 
Société  à  son  musée  et  à  ses  jardins,  à 
Cette,  584. 
Dracontium  polyphyllum  L.,  1012. 
Dressées  (Feuilles)   du   Scirpus  lacuslris, 

150. 
DucHARTRE  (P.).  Obs.  sur  la  fanai.son  des 
plantes  et  sur  les  causes  qui  la  détermi- 
nent, 112.  — Note  sur  une  feuille  mon- 
strueuse de  Tilleul,  suivie  de  quelques 
consid.  sur  les  feuilles  peltées,  267.  — 
Surdiv.  monstruosités  de  Tulipa  Gcsne- 
riana,  509.  —Sur  la  vitalité  des  parties 
souterrninos  du  Dioscorea  liatatas,  700. 
—  Ueclierclies  sur  les  rapports  des 
plantes  avec  la  rosée,  940.  —  Observa- 
tions sur  la  iraiL-^piralion  des  i)lanles 
pendant  la  nuit,    1024.  —  Obs.,  23, 


TABLR    ALPIIARKTIQUE    DES    MATIÈRES. 


1079 


149,    200,    292,    513,  695,   C99,  947, 
1022,  1031. 

Dt'corDHAY-bori'.GAin.T.  Obs.,  581. 
DuiiaI(Cornniiss.  chargée  ircxainitierl'herl). 

(l(0,(i()l.— (Rapport  siirrheib.de),  ()81. 
Du  Petil-Tbouais  (TlK-orie  de]  sur  l'accrois- 

sèment,  voy.  Théorie. 
DuRiEc  nv.    Maisonneuve.    Découverte   de 
'"  VAndrœa  falcnta  dans  les  i'yrénées,  48. 

—  Lettre  sur  le  Scirpus  laciistris,  le  Ce- 
rntncalyr,  le  Nitclla  syncarpa  et  le  rhi- 
zome des  Ophioglossmn,  150.  —  Sur  un 
nouv.  Chami)i^no[i  du^amc Ceiiococcum, 
594.  —  Sur  le  parasitisme  du  Gui,  596. 

—  Sur  VOphioglossum  de  Lardy  et  du 
Cap-Ferret,  597.  —  Obs.,  581,  599.— 
Voyez  Cosson. 

Duvet  de  Typha  (Étoffe  de),  353. 


E 


Echinospermum  Vahlianiim  Lehni.,  405. 

Echiochilon  frnticosum  Desf. ,  401. 

École  de  pharmacie  de  Montpeilier  (Visite 

de  la  Société  au  jardin  de  1'),  627. 
Élov  de  Vicq.  Notes  sur  quelques  plantes 

du  littoral  des  départ,  de  la  Somme  et 

du  Pas-de-Calais,  1033. 
Elymus  arenarins  L.,  1034.  — cappado- 

ciciis  B.  B.  sp.  nov.,  308. 
Embaumement  i  Aromalcsc/nployés  pour  Ij 

au  XV*  siècle,  792-795. 
Enarthrocarpus  clavaîus  Del.,  57. 
Épi  (Struct.  de  1')  des  Graminées,  302. 
Epicoccum  pnrpurascens  Ehrenb.,  8()0. 
Épidermc  (Rapports  entre  la  nature  de  V) 

et  celle  du  parenchyme  des  feuilles,  290. 
Épillet  (Struct.  de  1')  des  Graminées,  302. 
EraijrosUsvulgaris  C.  G.  var.  sperostachya 

C.  DR.,  498. 
Erodium  arborescens  Willd.,  61.  —  cris- 

pum  Lap.,  1047.  —  glaucophyllon  Ail., 

60.  — lucidnm  Lap.,  iOil .  —  macra- 

denumVUér.,  1047. —  pelrœumViIUld., 

1046. 
Erythrœa  JiltoralisVw,  1034. 
EsTOR.  Discours  à  la  fête  des  étudian'.s  de 

Montpellier,  630. 
Étamiiies  (Sur  la  possibilité  de  l'exislence 

d')  dans  les  fleurs  fcinelies   du  Cœlcbo- 

gyne,  695,  789. 
Étang  de  Fréjorgues  pr.  Montpellier,  voy. 

Herborisations. 
État  de  la  végét.  aux  env.  d'Hycres  en  dé- 
cembre et  janvier,  102. 
Étoffe  de  duvet  de  Typha.  353. 
Étudiants  (Fête  des)  de  Montpellier,  628. 
Etymologie  du  nom  du  genre  Avonogelon, 

580. 


Enphorbia  (Colonne  ou  columellc  des), 
926.— calyptrala  C.DR.  sp.  nov., 521. 
—  Chaixiana  Timb.  sp.  nov.,  192.  — 
cornuta  Pers.,  494.  —  glebuloxa  C.  DH. 
sp.  nov.,  493. 

Euphorbiacécs  (Hermapiiroditisme  acci- 
dentel chez  les),  692. 

Excipukt  immersa  Desmaz.  sp.  nov.,  911. 

Expansivité  (Sur  quelques  faits  d'),  621. 

Expériences  sur  la  persistance  de  la  vitalité 
des  graines  flottant  à  la  surface  de  la 
mer,  324. 

Extraction  de  l'opium  indigène,  343. 


F 


Fabre  (Visite  de  la  Société  au  Musée),  à 

Montpellier,  632. 
Faculté  des  sciences  de  Montpellier  (Visite 
de  la  Société  auxcollectioiis  de  la),  560. 

Falconeria  Royle,  992. 

Fanaisou  des  plantes,  112. 

Farselia  dypeala  R.  Br.,  899. 

Fécondation  (Sur  quelques  particularités 
que  présentent  les  organes  de  la),  19. 

Fécules  do  div.  plantes  de  Tahiti,  1016. 

Fée  (A.).  Linné  aurait-il,  dans  une  inten- 
tion mauvaise,  altéré  lorthographe  du 
nom  du  genre  Bujfonia?  762. 

Femelles  (Absence  d'individus)  du  Kilella 
syncariia  var.  cixygynn  à  la  Galle,  151. 

Fesluca  divaricata  Desf.  fi.dicliotoma  et  -^'. 
memphilku,  499.  —  diversifoUa  B.  B. 
sp.  nov.,  306.  —  spcclalilis  hm,  440. 

Fête  des  étudiants  de  Montpellier,  628. 

l'^euilic  bipartite  (OEillet  a),  622.  — 
monstrueuse  de  Tilleul,  267.  —  mon- 
strueuse de  Ccrasits  Laurocerasiis,  352. 

Feuilles  (Rapports  entre  la  nature  de  l'épi- 
derme  et  celle  du  parenchyme  des),  290. 
—  (Rameaux  à)  panachées  et  rameaux  à 
feuilles  non  panachées  chez  un  Aiaternc, 
624.  —  dressées  du  Scirpus  lacustris, 
150.  —  monstrueuses  (Diverses),  1006. 
— peltées,  267. — ternées  (Myrte  et  Lilas 
à),  622. 

Filago  mareotica  Del.,  280. 

Fleurs  (Sur  les)  femelles  du  Cynomorinm 
coccineiun,  795. 

Floraison dun  Agave  amnricana  au  Jardin 
des  plantes  de  Montpellier,  605.  —  du 
Neluinbium  speciosum  (Sur  l;i  somme  de 
chaleur  efficace  nécessaire  à  la),  652. 

Floraisons  anticipées,  dites  floraisons  tar- 
dives, 620. 

Florale  (Organogénie)  du  Poirier,  339.  — 
(Structure)  du  Chêne,  501. 

Floraux  (Forme  des  groupes),  452.  — (Po- 
sition des  groupes),  933. 


1080 


SOCIÉTÉ    BOTANIQUE    DE    FRANCE. 


Flore  (l'Algérie,  voy.  Algérie.  — de  Corse, 
voy.  Fraucc.  —  de  France,  voy.  France. 
—  des  env.  de  Paris,  voy.  Paris.  —  de 
la  régence  de  Tunis,  voy.  Algérie.  — tic 
Montpellier  (Piaules  étrangères  à  la) 
trouvées  aux  env.  de  cette  ville,  020.  — 
crypiogamique  des  env.  de  Paris,  771, 
855.  —  quaternaire  des  tufs  calcaires 
de  Castelnau,  582. 

Folioles  (Les  vrilles  des  Smilax  ni  stipules, 
ni),  984. 

Fongique  (Difformité  par  cause),  651. 

Forêts  de  Teck  (Destruction  des)  dans 
l'Inde,  319. 

Forme  des  groupes  floraux,  i52. 

Fossiles  (Plantes),  voy.  Castelnau,  Nym- 
phéacées  et  (dans  la  table  de  la  llcvnc 
bihli(tgraphique)  :  Caspary,  Debey,Uecr, 
Jœger,  Schmidt  (Fr.). 

Fougères  alimentaires,  1003. 

FouRNiER  (Eug.).  Sur  quelques  esp.  nouv. 
obs.  aux  env.  de  Paris,  108.  —  Découv. 
du  Darbarea  prœcox  dans  la  forêt  de 
Paint-Germain,  109.  —  présente  des 
pieds  fleuris  de  Scilla  Lilio-hyacinlhus, 
464.  —  Sur  quelques  anomalies  des 
Huscus,  758.  —  Sur  quelques  feuilles 
monstrueuses  rapportées  par  M.  Buffet, 
lOOG.  —  Obs.,  513. 

FoimNiEa  (Henri).  Découv.  du  Géranium 
phœum  au  bois  de  Boulogne,  108. 

Fovii.LE  (Ach.).  Discours  à  la  fête  des  étu- 
diants de  Montpellier,  (iSl. 

France  (Anciens  uoms  vulgaires  de  quelques 
plantes  dans  le  nord  de  la),  790.  — 
(Vingt-quatrième  notice  sur  les  plantes 
cryptog.  récemment  découv.  en),  797, 
858,  911, 994,  1009. 

France  (Flore  de)  et  de  Corse  :  Herborisa- 
tions de  la  Société  aux  env.  de  Mont- 
pellier, 561,  563,  566,  571,  588,  592, 
r.Ol,  633,  638,  642,  60-4.  —  Plantes 
étrangères  à  la  flore  de  Montpellier  Irouv. 
aux  env.  de  cette  ville,  (i26.  —  Syno- 
nymie des  plantes  de  l'herb.  de  Lapey- 
rouse,  418,  434,  1017. — Anciens  noms 
vulg.  de  quelques  i)lantes  dans  le  nord 
de  la  France,  790.  —  Obs.  sur  l'état  de 
la  végét.  aux  env.  d'Ilyèrcs  pendant  les 
mois  de  déc.  et  janv.,  102.  — Prodro- 
iniis  Lichenorjraphiœ  Galliœ  et  Algeriœ, 
916.  —  Herbariutn  Licheniun  parisien- 
sium,  258.  —  Flore  cryptog.  des  env. 
de  Paris,  774,  855.  —  Obs.  sur  plus. 
gcnresd'Alguesdela  fam.  desDictyotées, 
24.  —  Sur  la  flore  ([uateriiaire  des  tufs 
falcaires  de  Castelnau,  582.  —  Nym- 
pliéacées  fossiles,  427.  —  Jithionema 
pjirenakiDii  Bout.,  777,  782,    784.  — 


Agroslis  festucoides,  191.  —   A.  pyrc- 
nœa  Timb.,  191.  —  A.  pyrenaica,  191,. 


—  Alcbernilla  vulgaris,  12^ 


AUium 


scaberrimum  StTvcs,  439.  —  Alopecunis 
setai-ioides  Greu.,  1052.  —  Anabaina, 
757,  —  Andrœa  falcala,  48.  —  Ané- 
mone raminculoides,  109.  — Anlhemis 
Gerardiana,  436.  —  Ai'enaria  mixla, 
435.  —  Arlhonia  difformis  Nyl.,  924. 

—  Asphodelus  cerasiferus  J.  Gay,  610. 

—  A.  microcarpus ,  609.  —  Aslerina 
.Esculi  Desmaz.,  914.  —  A.  {?)  angu- 
lata  Desmaz.,  914.  —  A.  Epilobii  Des- 
maz., 914. —  A.  (?)  Pyracanlliœ  Dcs- 
maz.,  915.  — A.  (?)  tinibonataDeimaz., 
915.  —  A.  vagans  var.  A  ce  ris  et  var. 
Alni  Desmaz.,  913.  —  Asteroma  Cerasi 
Rob.,  995.  —  A.  elegans  Rob.,  994.  — 
.1.  j'ugox  Rob.,  996.  —  A.  graphoides 
Rob.,  995.  —  A.  incomplum  Rob., 
996.  —A.  {?)  Piri  l\oh.,  906.—Avena 
aipeslris,  440. — Barbarea  prœcox,  109. 

—  BrachycladiumpcnkUlaium,  801.  — 
Drassica  humilis,  588.  —  Uupleurum 
opposilifolium,  436,  — Campanula  Boc- 


coni,    191. 


C.   lanccolata,  438.  — 


Capsella  gracilis  Gren.,  1049. —  Carex 


acuminala,  4  39.  — 
104.  —  C.  secalina. 


C.  Moniezi  Lagr., 
439,  1019.  —  C. 
sphœrica,  439,  1019.  —  C.  stibrolunda 
Serres,  440.  —  Cenococcum  pilyoclo- 
uiim  Tul.,  595.  —  Cenlinodium  Mon- 
tand.,  315.  —  Cliœlonium  chartarum, 
999.  —  Cineraria  palustri<i,  1033,  — 
Cochlearia  danica,  1033.  —  Coniothe- 
ciiim  Queslieri  Desmaz.,  798.  —  Coral- 
lorlnza  innala,  702.  —  Crambe  mari- 
iima,  1033.  — Cylindrospermum,  lOii, 

—  Cylisus   heleropliyUus,  435,   1018. 

—  Damasonium  polysperntum,  738.  — 
DicDilhus  liirlua,  4  35.  —  D.  supcrbus, 
802.  — DigilaUspurpui-ea,4:3S.  — Ely- 
musarenarius,  1034. —  Epicoccumpur- 
purascens,  860.  —  Erodium  crispum, 
1047,  —  E.  lucidum,  1047.  —  E.  nm- 
cradcnum,  1047.  —  E.  petrœum,  1046. 

—  Eryllirœa  Uttoralis,  103i.  —  Eu- 
phorbia  Chai.riunalhnb.,  192.  — E.rci- 
pula  imrncrsa  Desmaz. ,  i)ll .  —  Farse- 
lia  clypeala,  899.  —  Ecstuca  spectabilis. 


iO. 


Gentinna  amarclla,    1034.  — 


Gcraniuni  phœum,  108.  —  Ct.  purpu- 
rcum,  192.  —  Glaucium  aurantiacnm 
Marlr.,  7i.  —  Glœosporium  Populi  albœ 
Desmaz.,  799.  —  Ueliaiilltemum  canum, 
109.  — IleiidersDnid  TypIiuUlcarumMw. 
Cyperi  Desmaz.,  912.  —  llieraciuui  con- 
//•OL'cr  s  «m  Timb.,  191.  —  //,  dcnlalum. 
437.  —  //.  hybridum,  437.  —  IL  laii- 


TAHLI':    ALPIlAltl'lTIQl'R    DES    M.VTIKIIES. 


lOSl 


oeûlalum,  19».  —  //.  villosum{'>.,  437. 

—  lliiperivitm  lincarifoUiun,  \2"i,  i^ii. 

—  Lecidca  lœviçiala  Nyl.,  924.  —  Lepi- 
gonum,  9(i9.  —  Lychnis  aspera,  134.  — 
Macrosporium  clndosporioides  Destnaz., 


99. 


-  Melica  liiphiiia  Bor.,  96 i. 


Myosotis  brachypoda  (Iren.,  l()o2.  ~ 
Neclria  carnea  Desmaz.,  998.  —  N. 
Peziza  var.  nii(!o>' Desmaz.,  997.  — .V. 
pyrochroa  Desmaz.,  998. — A',  liober- 
fjei  M.  D.,  999.  —  Nepela  amethyslina 
et  var.,  r)32.  — A'.  A'epe<c;/«  et  var., 
531.  —  Nostoc  rcsicariuni,  1044.  — 
Obionc  pcduncitlala,  1034.  • —  Oidinm 
Chrysantheini,  800.  —  Ononis  Colinii,- 
nœ,  803.  —  0.  scnescens,  435, 1018.  — 
Ophioglossnm  lusitanicum?,  597.  —  Or- 
chisIJanru,  AZd.—Perhporium  {?)fibril- 
/osMmetvar.productorn  Desmaz.,  862. — 
Peronosporadensa..  801.  —  Peziza  Po- 
lygoni,  859.  —  /'•  Spirœœ  Kob.,  859. 

—  Pisum  marilimum,  1033.  —  Poly- 
gala  corsica  Bor.,  964.  —  Primula 
loiujiflora,  1007.  —  Puccinia  recondita 
Rot).,  798.  —  Pyrcnopsis  fuscatula  Nyl. , 
924.  —  Pyrola  rolundifolia  var.  arcna- 
via,  1034.  —  Quercus  occidentalis  J. 
Gay,  449.  —  Ranuncuhis  Reveïlierii 
Bor.,  964.  —  Rapislrum  Blaisii  Gien., 
•1050.  —  Rhamnus  sijlvaticus  Serres, 
436.  —  Sacidiuni  Desmazkri  Mont., 
SGl.—SaponariabdlidiloHd,  435, 1018. 

—  Saxifraga  sponhemica,  125.  —  Scir- 
pus  supiiuts,  109.  —  Selenosporiiim 
minutissimum  Desmaz.,  860.  —  Seplo- 
ria  Scleranlhi  Desmaz.,  861.  —  Seriola 
œtneiisis,  437,  1019.  — Sphœria  calos- 
troma  Bcsmaz.,  1011.  —  S'.  (.'')  cine- 
reo-nebulnsa  Desmaz.,  1009.  —  S.  de- 
vexa  Desmaz,,  1009.  —  S.  paluslris, 
1010.  —  Spilonema  Boraet,  201.  — S. 
panidoxnm,  201.  —  Stigmatea  Polen- 
lillœ,  997.  —  Stigmalidium  Icucinum 
Nyl.,  924.  —  Synalissa  coo/er/ff  Bornet, 
201.  —  S.  micrococca  B.  N.,  201.  — 
Tlialiclruni  angustifolium,  108.  —  Thc- 
sium  tenuifolium,  438.  —  Tli.  giaucum 
Serres,  438.  —  Thiaspi  cristatum, 
4  34.     —      Tiniaria    Montand.,     316. 

—  TrifoUum    clypeatum,    436,    1018. 

—  T.  Roiixii  Gren.  1050.  —  Trochila 
Populorum  Desmaz.,  858.  —  Uredoma- 
crosp'xo  Desmaz.,  797.  —  Urlica  Do- 
daiii,  191.  —  Vaccinium  MyrliUus,  386. 

—  Veronica  saxatilis,  438.—  Vcrvuca- 
ria  halodyles  Nyl.,  924.  —  Viola  sabu- 
hsa,  1033.  —  Viscum  album,  261.— 
Voy.  (dans  la  table  de  la  Revue  bibliogr.)  : 
Boreau,  Bornet,  Bourguigiiat,  Caspary, 


Clos,  Godron,  Graves,  Grenier,  Kirsclile- 
ger,  I.aurès,  Lecoq,  Le  H(''ri(,lier,  Mar- 
iriii-Dmios,  Moutandon,  Rendu,  Tim- 
bal-Lagrave. 

FrancœurialacinialaC.  DR.,  sp.  nov.,  181 . 

Fructification  (Sur  la)  de  i)lusieurs  genres 
d'Algues  de  laraniilledca  Dictyolées,  24. 
—  du  Digenea,  773. 

Fruit  advenlif  sur  une  cicatrice,  625.  — 
sain  (Germinat.  des  graines  dans  un), 
G24.  —  des  Orchidées  (Déliiscence  du), 
803. 

Fruits  des  Labiées  cl  des  Borraginées 
(Noms  donnés  aux  parties  des),  741. 

Fumaria  de/isi/loca  DC,  55. 

Funérailles  de  M.  Graves  (Discours  pro- 
noncé aux),  689. 


G 


Gaillakdot  (C).  Sur  le  déboisement  des 
montagnes  en  Syrie,  284. 

Gamon  (Distrib.  géogr.  des  Asphodèles  de 
la  section),  607. 

Gaulllieria  djscolor  Nutt.,  1065. 

Gay  (J.).  Annonce  la  découv.  de  VAndtura 
falcata  dans  les  Pyrénées,  48.  —  Sur  le 
Carex  virescens  p.  Grioleii  {C.  grisea 
Viv.),  165.  — Sur  les  bractées  des  Cru- 
cifères, 266.  —  Sur  un  Chêne  nouveau 
{Q.  occidenlalis)  de  la  flore  de  France  et 
sur  la  classification  des  Chênes  en  géné- 
ral, 445.  —  Sur  les  Asphodèles  de  la 
section  Plagiasphodelus,  496  (en  note). 

—  Sur  la  végét.,  l'infloresc.  et  la  struct. 
florale  du  Chêne,  501.  -Sur  l'orig.  du 
nom  du  genre  Ap07wgclon,  580.  —  Sur 
la  distrib.  géogr.  des  Asphodèles  de  la 
section  Gamon,  607.  —  U Agave  amevi- 
cana  considéré  dans  ses  moyens  de  re- 
product.  par  bourgeons  souterrains,  6 1 2. 

—  présente  de  jeunes  rejetons  florifères 
à' Agave  americana,  616,  757.  —  Sur 
le  Rosa  Hardii,  676  (en  note).  —  an- 
nonce la  découv.  du  Damasonium  po- 
lyspermum  près  d'Agde,  7  38.  —  Sur 
VAnabaina,  757.  —  Obs.  sur  la  note  de 
M.  Boutigny  relat.  à  une  nouvelle  espèce 
iV.Klhionema,  778.  —  Obs.,  47,  141, 
153,  264,  267,  371,  452,  513,  515, 
580,  591,  599  (en  note),  005,  899,  1 032. 

Gentiana  alpina  Vill.,  723.  —  amarella 
L.,  1034.  — angustifolia  Vill.,  724.  — 
Clusii  F.  S.  sp.  nov.,  724. —  Kochiana 
P.  S.  sp.  nov.,  723. 

Géographie  botanique  de  FAsie-Mineure, 
667,  803. 

Géraniacées  (Colonne  ou  columelle  des), 
.      926. 


If* 


1082 


SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE    FRANCE. 


Géranium  phœim   L.    trouvé  au    Bois  do 
Boulogne,  108.  —  pur  pure  um\'i\\.,  192. 
Germain  de  Saint-Pierre.  Lettre  à  M.  le 
Trésident,  101. —Sur  l'étal  de  lavégét. 
aux  env.  d'Hycres  pendant  les  mois  de 
déc.  1856  et  janv.  1857,  102.  —  Sur 
la  germination  et  le  mode  [de  dévclopp. 
du   Posidonia  Caulini,  573.    —  Sur  la 
germination  de  VÀponogeton  distachyus, 
577.  —  Sur  une  transformation  du  cha- 
ton femelle  en  rameau  persistant,  chez 
\e  Salix   balylonica,   617.    —   Sur  les 
floraisons  anticipées,  dites  floraisons  tar- 
dives, 620.  —  Sur  quelques  faits  d'cx- 
pansivité  (partition  ou  dédoublement  et 
tendance   à   la    partition),  621. —  Sur 
divers  cas  tératolog.  obs.  dans  le  midi 
de  la  France,  624.    —  Germination  du 
Dioscorea  Balalas  comparée  à  celle  du 
Tamus   communis   et   de    VAsparagus 
officinalis,  697.  —Sur  le  mode  de  végét. 
du  Corallorhiza  innata,  766.  —  Struc- 
ture bicarpellairc  de  l'ovaire  des  Borra- 
ginées,    démontrée    par    l'étude    d'une 
chlorantliiedu  Myosotis  cœspitosa,  895. 
—  De    la    direction  que  prennent   les 
tiges  et  les  racines  chez  les  bulbes  ren- 
versés,   9i8.    —  Obs.,  580,  582,  619. 
62:^,    626,    696,  699,  802,  946.—  et 
W.  de  ScHOENEFELD.  Rapport  sur  le  Jar- 
din des  plantes  et  le  Conservatoire  bota- 
nique de  Montpellier,  672. 
Germination   des    graines    dans  uu    fruit 
sain,  624.  —  des  graines  de  VAtriplex 
horlensis,  441-444,  —  de  VAponogeton 
distachyus,  577.— du  Dioscorealiatatas 
comp.  à  celle  de  Tamus  communis  et  de 
VÀsparafius  officinaUs,  697.  ■ — du  Po- 
sidonia  Caulini,  575. 
Gervais  (P.).    Lettre  à   M.   le  Président, 

557. 
GiLON  (Ad.).Découv.  du  Thaliclrum  angus- 
lifolium  au  bois  de  Vinccnnes  et  du  Scir- 
pus  supiniis  h  Villcneuve-Saiut-Gcorges, 

108,  109. 

Glaucium  auranliacumMarlv.  sp.  nov.,  74. 

Glœosporium  Populi  a/6œDesmaz.  sp.nov., 
799. 

Glossologie  botanique  (Discussion  de  quel- 
ques points  de),  738. 

GouBEUT  (Ém.).  Découv.  du  Dianlhus  super- 
bus  à  Itteville,  803. 

Gousses  de  r«/i(7/rt  Innreolata?,  374. 

Graines  (Corminalion  des)  dans  un  fruit 
snin,  624.  —  (Persistance  de  la  vitalité 
des)  flottant  à  la  surface  de  la  mer,  321. 
—  (Des)  de  VAtriple.r  liortensis  et  de 
leur  gcrminat.,  441-444.  —  cbarnues  de 
Vlhjmcnocallis    spcciosa     (Organogénic 


des\  1020.  —  horizontales  et  verticales 
des  Salsolacées,  443. 
Graminées  (Struct.  de  l'épi  et  de  l'épillet 
des),   302.    —   d'Orient  (Descript.    de 
quelques  esp.  de),  303. 
Grammalocarpus  volubilis  PrQi\,  1064.    . 
Gramout  pr.  Montpellier,  voy.  Herborisa- 
tions. 
Graves  (L.).  Sa  mort,  252,  689.  —  Disc, 
prononcé    à   ses    funérailles,    689.   — 
Honuuage  rendu  à  sa  mémoire,  664. 
Gris  (A.).  Des  rapports  du  nucléiis  avec  la 

chlorophylle,  154. 
Groupes  floraux  (Forme  des),  452.  —  (Po- 
sition des),  932. 
Guadeloupe  (Champignons   hémostatiques 

delà),  284,  444. 
Guembel  (Th.).  Sa  mort,  1071. 
Guiart.  Sa  mort,  849. 
GuibourtiaBenn.  gen.  nov.,  1053. 
GuiLLARD  (Ach.).  Idée  générale  de  l'inflo- 
rescence, 29,  116.  —  De  l'inflorescence 
composée,     374.   —    De  la    forme  des 
groupes  floraux,  452.  —  De  la  position 
des  groupes    floraux,    932.  —  Sur  les 
vrilles  des  Cucurbitacées,  142.  —  Obs. 
en  réponse    à  une  communication   de 
M.   Clos,    26 i.  —  Sur    les   vrilles   des 
Cucurbitacées  (réponse  à  M.    Leslibou- 
dois),  754.   —  Sur  deux  chloraiHhies, 
760.  —  Sur  une    tige  monstrueuse  de 
Chanvre,   1023.  —  donne  lecture  d'un 
travail  intitulé:  Impressions  de  vacances, 
909.  —  Obs.,  40,  267,  464,  513,  930, 
1022,  1023. 
Gymnarrlieim  micraniha  Desf.,  179. 
Gymnocarpos  decandrus  Forsk.,  178. 


H 


Hagueron  et  Bonnet.  Découv.  de  VUeUan- 
themnm  canum  à  Moret,  109. 

IlapJophyllum  liuxbaumii  A.  Juss.,  62.  — 
tuberculalum X.  Juss.,  62. 

Helianlhcmum  cahiricum  Del.,  58.  — ca- 
num Dun.  trouvé  à  Moret,  109.  —  lune- 
tatutm  C.  Kr.  sp.  nov.,  58. 

Heliolropium  uiululalum\aM,  401. 

Helleboriis  officinalis  var.  colchicus  (hybr.?), 
423. 

Helosis  Rich.,  218. 

Hémicarpelles,  voy.  Nuculcs. 

Hémostatiques  /Champignons)  de  la  Guade- 
loupe, 284, 444. 

ilendersonia  lyphoidearum  var.  Cyperi  Des- 
maz.,  912. 

Hcrharium  Lichenum  parisiensium,  258. 

Herbier  de  Duual  (Commiss.  chargée  d'exa- 
miner 1),  GOI.—   Rapport  sur  I'),  681. 


TABLE    ALPIIAP.KTIQlin    DES    MATIERES. 


1083 


—  dos  .Tiissicu,  93.  —  de  Lapeyrouse 
(Synonymie  des  plantes  de  1'),  418,  13i, 
1017.  —  du  Jardin  des  plantes  de 
Montpellier,  voy.  ("onscrvatoirc. 

Herbiers   de  la  Faculté   des    sciences   de 
Montpellier  (Visite  de  la  Société   aux), 
5t)0. 
Ilerblay  (Ononis  Colnmnœ  trouvé  près  d'), 

803.    • 
Herborisations  de  la  Société  pend,  sa  ses- 
sion extraord.   à  Montpellier  (Rapports 
sur  les)  : 

Gramont,  501.  —  I.a  ValeUc,  5G3.  —  Cannelle 
cl  Mni'vicl,  506. — Miroval  cl  La  Madeleine,  571. 
—  Pic  (io  Saint-Lniip,  588.  —  Bois  de  la  Moure 
elPort-Juvénal,  592. —  Saint-Guilliom-du-Déseii, 
601.  —  Celle,  633.  —  Aiguës-Mortes,  038.  — 
Palavas  et  Maguelonne,  642.  —  Pévols  et  Étang  de 
Fréjorgucs,  CG4. 

Héréticu.  Sa  mort,  370. 
Hermaphroditisme    accidentel      chez    les 

Enphorbiacées,  692. 
Herminium  repians,  737  (en  note). 
Hétru.  Présente  à  la  Société  des  échant.  de 

céréales,  587. 
Hieraciiun  controversum  Tirab.,  191.  — 

dentatum   Hoppe,     437.    —   hyhridum 

Chaix,  437.  —  lanceolalutn  Vill.,  191. 

—  vUlosum  [j.  Vill.,  437. 
Hippocrepis  bicontorla  Lois,,  1 38. 
Holopleura  Casp.  gen.  nov.  foss.,  428. 
Hommage  rendu  à  la  mémoire  de  M.  Graves, 

6(J4,  G89. 
Horizontales   et  verticales    (Graines)   des 

Salsolacées,  443. 
Hussonia  .Egiceras  C.  DR.,  o8. 
Hybridation  des -l-^gilops,  528,  573. 
Hybrides:  jEgilops,  328,  573.  —  i/eHe/jo- 

rus,  423.  —  Rosa,  67G  (en    note).  — 

Xanlhium,  7a. 
Hydrillces  (Tribu  des),  237. 
Hydrocharidées.  Division  de  cette  fam.  pro- 
posée par  M.  Cliatin,  98.  136. 
Hyères  (État  de  la  végét.  aux  cnv.  d')  en 

déc.  etjanv.,  102. 
Hymenocallis  speciosa  Salisb.  (Organogénie 

des  graines  cbarnues  de  1'),  1020. 
Bypecoum  GesUni  C.  Er.  sp.  nov.,  322. 
aypericiim    linearifolium  Lap,,    436.   — 

obs.  dans  les  Ardennes,  125. 
Hypertrophie  (Sur  quelques  modes  d')chez 

les  végétaux,  649. 
Hypoxylon  irradians  Montg.,  444. 


I 


Idée  générale  de  l'infloroseence,  29,  116. 
Jfloga  spicata  Sch.  bip.,  279. 


Inde  (Destruct.   des  forêts  de  Teck  dans 

D,  319. 
Indéfinie  (Inflorescence),  380. 
Infère  (Du  mol)  appl.  à  l'ovaire,  740. 
Inflorescence  (Idée  générale  de  1'),  29, 1 16, 

—  composée,  37  4.  —  indéfinie,  380.  — 


Forme  des  grou|)es  floraux. 


Po- 


sition des  groupes  floraux,  932.  —   du 

Chêne,  301.  —  des  Plantains  (Prolifi- 

eation  de  F),  623. 
Introduction  à  la  Flore  de  Cuba  (Sur  F)  de 

M.  Ramon  de  la  Sai;Ta,  772. 
Isatis  Djurdjurœ  C.  DR.  sp,  nov.,  523. 
Itinéraired'un  vovage  botanique  en  Algérie 

(suite),  5,  48,  126,171,  270,  333,386, 

473,  515. 
Ilteville  [Dianlhiissuperbus  trouvé  près  d'), 

802. 


Jamain(â.).  Obs.,  290. 

Jardin  des  plantes  de  Montpellier  (Visite 
de  la  Société  au),  539.  —  (Comniiss. 
chargée  de  l'examen  du),  373.  —  (Rap- 
port sur  le),  672.' — Floraison  d'un  Agave 
americana  an),  603.  —  de  l'École  de 
pharmacie  de  Montpellier  (Visite  de  la 
Société  au),  627. 

Jardins  de  M.  Doumet  à  Cette  (Visite  de  la 
Société  aux),  584. 

Jaucert  (le  comte).  Sur  le  dépérissement 
des  arbres  de  nos  promenades  publiques, 
292.  —  donne  lecture  d'un  nouveau 
mémoire  sur  l'enseignement  de  la  bota- 
nique, 302.  —  Disc,  d'ouv.  de  la  session 
extraord.,  549.  —  Sur  une  course  à 
Pérols  et  à  l'étang  de  Fréjorgues,  664. 

—  Hommage  rendu  à  la  mémoire  de 
M.  Graves,  664.  —  Lettre  à  M.  le  Pré- 
sident pour  proposer  la  publicat.,  sous 
les  auspices  de  la  Société,  d'une  Flore 
cryptog.  des  env.  de  Paris,  774.  — Sur 
le  Farseiia  clypeala,  899.  —  Obs.,  AU, 
548,  539,  600,  627,671. 

Jeannel  (J.).  Obs.,  623. 

luniperiis  Bonaliana   Vis.  sp.  nov.,  836. 

—  Cabiancœ  Vis.  sp.  nov.,  837. 
Jussieu  (Bibliothèque  des),  730.  —  (Her- 
bier des),  93. 


K 


Keteleer.  Fait  présenter  deux  fleurs  d'Or- 
chidées exotiques,  444. 
Kœlpinia  Unearis  Pall.,  367. 
KuALiK  (L.).  Obs.,  108.  —  Voy.  Cosson. 


4 


los/i 


SOCIFiTE    BOTANIQUR    DE    FRANCE. 


Labiées  (Noms  donnés  aux  parties  des  fruits 
des),  741. 

Lfl  Caiic  (Absence  d'individus  femelles  du 
Nitella  syncarpa  var.  o.rygyna  à),  loi. 

La^houat  (Liste  des  plantes  obs.  aux  env. 
de),  394. 

Laghange  (Alph.).  Sur  un  nouv.  Carex 
(C.  Moniezi)  trouvé  dans  la  Bresse,  163. 

Laminni  longiflontin  Tcn.,  491, 

Langsdorffia  Mart.,  217. 

Lapeyrouse  (Synonymie  des  plantes  de 
l'herbier  de),  418,  434,  1017. 

Lardy  {Ophioglossum  de),  o97. 

Lasia  Lour. ,  727. 

£asi)H0)7)?ia  Schott,  gcn.  nov.,  729. 

Lccklea  lœvigala  Nyl.  sp.  nov.,  924  (en 
note '. 

Lf.clère  (L.).  Lettre  sur  la  sécrétion  d'une 
Orcliidée,  148. 

Lecoq  (IL).  Lettre  à  M.  le  secrétaire  et 
notice  sur  le  Gui,  2tM. 

Le  Hardelay.  Découv.  de  V Anémone  ra- 
uiinculoides  dans  la  furet  de  Montmo- 
rency, 109. 

Le  Maout  (Emm,).  Obs.,  929. 

Lcnticelles,  907. 

Lentinus  villosus  KL,  444. 

Lepidozamia  Regel,  gen.  nov.,  970. 

Lepigonum  (Genre),  909. 

Lkpine  (J).  Sur  le  Casuarinaequisetifolia, 
924.  —  Sur  quelques  plantes  alimen- 
taires de  Tahiti,   lUOl,  1012. 

Lestiboldois  (Th.).  De  la  vrille  des  Cucur- 
bitacées,  74  4. —  Réponse  à  M.  Guiliard 
sur  le  même  sujet,  754.  —  Réponse  à 
M.  Dccaisne  sur  le  même  sujet,  788.  — 
Sur  les  vrilles  des  genres  Vilis  QlCissus, 
8(19.  _  Obs.,  7:i8,  788,  809. 

Lettre  deM.  (icrmaiu  de  Saint-Pierre,  101 . 
—  de  M.  P.  Gervais,  557.  —  de  M.  le 


comte  Jaubert, 


de  M.  Leclère, 
de  M.  Mar- 


148. —de  M.  Lecoq,  261. 
lins,  931. 

Libre  (Du  mot)  apiil.  à  l'ovaire,  740. 

I.iclienograjiJtiœ  (Sur  le  l'rodronnis)  (•alUœ 
et  Alger iie,  916. 

Lichens  (Difl'usion  de  quelques  csp.  de), 
371.  —  (Nouv.  esp.  de)  récemment  dé- 
couv. en  France,  924  (en  note). 

Lichenum  parii^ienniun  herharium,  258. 

I.imoniastrum  Gtiyo)iiamini  DR.,  492. 

Linaria  albifrons Spr. ,  405.  —  e.riiis  C.  Kr, 
sp.  nov.,    406.  —  fruticosa  DesL,  406. 

Linné  uurait-il,  dans  une  intention  m.iu- 
vaisc,  altéré  rorthographe  du  nom  du 
genre  H-iffonia?  762, 

Liste  des  piaules   obs.  aux  env.  de  Djelfa, 


483.  —  des  plantes  obs.  aux  env.  de 
Laghouat,  394.  —  des  plantes  obs.  par 
M.  Rebond  dans  le  Sahara  algérien,  469. 
—  des  plantes  croissant  sur  le  Uulgar- 
dagh,  867. 

/.ophophylum  S.  E.,  217. 

Djchnis aspera  Poir.,  434. 


M 


Macrosporium  dadosporioides  Desmaz.  sp. 
nov.,  799. 

Madeleine  (La)  pr.  Montpellier,  voy.  Her- 
borisations. 

Maguclonne  pr.  Montpellier,  voy.  Herbo- 
risations. 

Maillard  (A.ug.).  Rapport  sur  l'herboris. 
de  la  Société  à  Graniont,  561. 

Malvacécs  (Colonne  ou  columeile  des),  926. 

Mares  (P.).  Rapports  sur  div,  iierborisa- 
tions  de  la  Société,  503,  566,  r.Tl,  633, 
638,  6  5  2. 

Marrubiuin  Deserli  de  Noé,  490. 

Marsilea  œgyptiaca  W'illd.,  500. 

^L\RT1NS  (Ch.).  Expériences  sur  la  persis- 
tance de  la  vitalité  des  graines  flottant  à 
la  surface  de  la  mer,  324.  —  Floraison 
en  pleine  terre  d'un  Agave  americann 
au  Jardin  des  plantes  de  Montpellier, 
605.  —  Discours  à  la  fête  des  étudiants 
de  Montpellier,  628.  —  Sur  la  somme 
de  chaleur  efficace  nécess.  à  la  floraison 
du  Xclunibiuin  spccio^'um,  652.  — Lettre 
sur  la  multiplicité  des  centres  de  créa- 
tion, 931.  — Obs.,  336,  592,  605,  621, 
657,  660. 

Malthiola  oxyceras  DC.  var.  basiceras, 
56. 

Maxillarin  aromalka  Grah.?  (Sécrétion 
du),  148. 

Medicago  laciniata  Ail.  et  var.  brarhyacan- 
Iha  Boiss.,  133,  —  secundiflora  DR., 
134. 

Mélanges,  nouvelles,  annonces,  nécro- 
logie, etc.,  91,  206,  250,  519,  429, 
543,  687,  730,  846,  973,  1069, 

Melianlhu^  cantosus  Vahl  (Sur  quelques 
monstruosités  du),  661. 

Melica  lyphina  Bor.  sp,  nov.,  96  4. 

MÉi.icocQ  (le  baron  de).  Distribution  géogr. 
de  V Akhemilla  viilgaris  dans  le  Pas-de- 
Galais,  l'Aisne  et  les  Ardenties,  124.  — 
\^' llypcricum  linearifoduin  et  le  Sa.ii- 
fraga  sponhemica  obs.  dans  la  forél  des 
Ardennes,  125.  —  Du  bois  d'If  consi- 
déré comme  objet  d'unconunercc  impor- 
tant an  xv°  siècle,  601  —  Anciens  noms 
vuliraires  de  quelques  plantes  dans  le 
nord  de  la  France,   790.    —  Fisle  des 


TA15LK    ALI'IIAHKTIUI'K    DKS    M.VTlfcuiiS. 


1085 


aromates    ciiii)l(iy(''s    pour    rciiihainne- 
iiieiit  des  souverains  au  xv'  siècle,  792. 

Menikui;.  Obs.,  141),  37,'?. 

Mer  (Persislance  de  la   vilalik^  des  f,'raines 
llutluut  à  la  surface  de  la),  32i. 

Méricarpes,  \oy.  Nueules. 

Miel  (Sur  un  nouveau),  342. 

Mireval  pr.    Montpellier,  voy.    Herborisa- 
tions. 

Monstruosités  et  Anomalies:  Anlirrhinuni 
majas,  4.'jl.  —  Bellis  pcrenuis,  622.  — 
Cannabis  saliva,  1023.  —  Ccrasus  Lau- 
roccvasus,  332.  ■ —  Diantlnis  Caryo- 
]ihijllus,  G 22.  —  Mclianlhus  comosus, 
()61.  —  Myosotis  cœspitosd,  SOo.  — 
Myrlus  coni'nunis,  G22.  —  Narcissus 
biflorus,  430.  —  Pliylolacca  dioica, 
622.  —  Planlago,  625.  —  Jihaniniis 
Alalcrnns,  624.  —  Ruscus,  7o8.  — 
Saliv  babylonica-,  617.  —  Scirpus  la- 
citslris,  loO.  —  Sinapisarvensis,  761 . — 
Stcllaria  média,  760.  —  Syringa  vul- 
garis,  622.  —  Tilia,  267.  —  Tulipu 
Gesneiiana,  o09.  —  DilVormité  par 
cause  fongique,  651.  —  Feuilles  mon- 
strueuses diverses,  1006.  —  Floraisons 
anlicijiées,  620.  —  Fruit  advenlif  sur 
une  cicatrice,  62a.  ■ —  Germination  des 
graines  dans  un  fruit  sain,  624.  —  Her- 
inaplirodilisnie  accidentel,  692.  —  IJy- 
liertrophie  (Modes  d'),  6i9.  —  Nielle, 
6o0.  —  Rachitisme,  6i9.  —  Végétation 
d"im  arbre  accidentellement  renversé, 
624.  —  Voyez  (dans  la  table  de  la  Re- 
vue bibliogr.)  :  Caspary,  Christian,  Jœ- 
ger,  Schlechtendal,  Tassi,  Wigand. 

Montagne  (C).  Sur  la  monograjdiie  des 
S[)haignes  d(;  M.  Schimpcr,  li6.  — Sur 
deux  Cluuni)ignons  de  la  Guadeloupe, 
414. —  Sur  l'Introduction  à  la  Flore  de 
Cuba  de  M.  Ramonde  laSagra,  772.  — 
Sur  la  frueliiication  du  Digcnca,  773. 

Montagnes  (Déboisement  des)  en  Syrie,  28  i. 

—  (Végétation  des  hautes)  de  l'Asie- 
Mineure  et  de  l'Arménie,  863. 

Montmorency  [Ancmone  ranunculoides 
trouvé  dans  la  forêt  de),  109. 

Montpellier,  voyez  Discours,  Flore,  Her- 
borisations, Rapport,  Session  extraor- 
dinaire. Visite. 

Moqi:in-Tandon  (Alf.  ),  président  de  la 
Société,  2.  —  Sur  une  feuille  mon- 
strueuse de  Ccrasus  Laurocerasus,  3."i2. 

—  présente  deux  gousses  de  Vanilla 
lanceolala  ?,  374.  —  Sur  les  graines  ho- 
rizontales et  verticales  desSalsolacées, 
443.  —  Citation  de  son  livre  intitulé  : 
Carya  Magakmoisis,  645.  —  Disc,  pro- 
noncé aux  funérailles  de  M.  Graves,  689. 


—  Obs.,  107,  264,  i52,  696,  70J,  758, 
77  3,  909,  947.  —  et  Cosso.v.  Note  sur 
VAnabasis  alopecur aides,  \(\H. 

Moret  [llelianihetnnm  canuttt    trouvé  près 

de),  109. 
Morrcn  (Ch  ).  Sa  mort  annoncée,  432.  — 

démentie,  343. 
MoiGiior.  Notice  sur  ry/(?)V;fl)-iH;»  Lichcnum 

parisiensiuin  pubi.  par  M.  Nylander,  258, 

—  Notice  sur  le  Prodroinus  Lichenogra- 
pliiœ  Galliœ  et  Algeriœ  de  M.  Nylander, 
91(;. 

Multi|)lication  (Mode  de)  de  V Agave  ame- 
ricana,  43,  612,  898. 

Multiplicité  des  centres  de  création,  932. 

Muricarla  pruslrata  Desv. ,  56. 

Murviel  pr.  Montpellier,  voy.  Herborisa- 
tions. 

Musa  L. ,  1005, 

Musée  de  M.  Doumet  (Visite  de  la  Société 
au)  à  Cette,  584.  —  Fabre  (Vi.sitede  la 
Société  au)  à  Monli)ellier,  632. 

Mycélium  de  Champignons  autour  des 
racines  de  quehiuesOrciiidées,  373,  702. 

Myosotis  brachypoda  Gvci],  sp.  nov. ,  1052. 

—  cœspitosa  (Clilorantbie  du),  893. 
iMyricacées  (Famille  des),  1059. 
Myrtuscommunis.  L.  à  feuilles lernées,  622. 
Mystropetalo)i  Harv. ,  216. 

Mzab(  Variétés  de  Dattier  cultivéesdanslej, 
468. 


N 


Xageia  Gœrtu,  991. 

Narcissus  biflorus  Curt.  monstrueux,  450. 

N.vuDiN  (Ch).  Remarques  au  sujet  des  db- 
serv.  de  M.  Clos  relal.  aux  vrilles  des 
Cucurbitacées,  109. 

Nécrologie,  voy.  Mélanges. 

Neclria  carneaDef.u}ii/..  sp.  nov.,  998, — 
Vcziza  var.  ininor  Desmaz.,  997.  — 
pyrochroa  Desmaz.  sp.  nov.,  998.  — 
Rubergei  M.  D.  sp.  nov.,  999. 

Nées  d'Esenbcck  (Chr.-G.).  Sa  mort,  107  | . 

Neliiinbiion  speciosuin\N iWd.  (Surla  somme 
de  chaleur  efficace  nécess.  à  la  floraison 
du),  652. 

NeoV.ia  Nidiis  avis  (Mode  de  vé^ét.  du),  4 1 . 

Nepela  ameihyslina  Desf.  et  var.,  532.  — 
aragonensis  Larn.,  332.  —  Boissieri 
Willk.  sp.  nov.,etvar.,532.—  imnxica 
Guirao,sp.  nov.,  532.  —  NcictcUaL.c\. 
var.,   531. 

Xephrodium pallidum  Bory,  300. 

\eurada p)'ocuiiibe»s  L.,  I7G. 

Mcoliana  (Espèces  du  genre)  emid.  à  la 
fabrication  des  Tabacs,  1067. 

Nielle,  650. 


1086 


SOCIÉTÉ   BOTANIQUE   DE    FRANCE. 


NUeUa  syncarpa  Br.  var.  oxygyna.  (Absence 
dindividus  feinellos  de)  à  La  Calle,  i  M . 

Nitraria  tridentata,  Dcsf. ,  177. 

NoÉ  (le  conile  Fr.  de).  Note  sur  le  Blé  de 
Noc  ou  Blé  bleu,  288. 

Nollelia  chrysocomoides  Cass. ,  180. 

Noms  (Anciens)  vulgaires  de  quelques 
plantes  dans  le  uord  de  la  France,  790, 

Nonnea  phaneranthera  Viv.,  404. 

Nord  de  la  France  (Anciens  noms  vulgaires 
de  quelques  jilantes  dans  le),  790. 

Nosloc  vesicartum  DC,  1044. 

NotospartiumJ.  D.  Hook.  gen.  nov.,  236. 

Nouvelles,  voyez  Mélanges. 

Nuclcus  (Rapports du)  avecla chlorophylle, 
154. 

Nucules  (Des  mots),  achaines,  coques,  car- 
pelles, niéricarpes,  hcmicarpelles,  appli- 
qués aux  parties  des  fruits  des  Labiées 
et  des  Borraginées,  741. 

Nuit  (Transpiration  des  plantes  pend,  la), 
1024. 

Nylander  (W.).  Sur  la  diffusion  de  quel- 
ques espèces  de  Lichens,  371.  —  Nouv. 
esp.  de  Lichens  découv.  eu  France,  924 
(en  note).  —  (Sur  V Herharhtm  Lichenum 
parisiensium publié  par),  258.  —  (Sur  le 
Prodromus  Lichenographiœ  Galliœ  cl 
Algcriœ  de),  916. 

Nymphéacées  fossiles,  427, 


0 


Ohione  pedunculata  Moq. ,  1034. 

Objection  à  la  théorie  Du  Petit-Thouars 
sur  Faccroissenient,  et  à  celles  des  phy- 
tons  et  des  décurrences,  785. 

Observations  microscopiques  sur  plusieurs 
genres  d'Algues,  24. 

OEillette  (Pavot  à).  Sa  culture,  343. 

Oidiuni  Chrysanlhemi  Rab.,   800. 

Ombrophytiim  P.  E.,  217. 

Onohrychis  Crista  Galli  Lani.,  139. 

Onoiiis  angustissima  Lam. ,  133.  —  Colum- 
nœ  Ail.  trouvé  à  Herblay,  803.  —  sc- 
nt'scens  Lap.,  435,  1018. 

Ophioglossum  (Rhizome  des),  152.  —  de 
Lardy  et  du  Cap-Ferret,  397. 

Opium  indigène  (Sur  l'extraction  de  1), 
343. 

()pu)ilia.  Caclus-raquetle  d'Algérie,  204. 

Orchidée  (Sécrétion  d'une),  148. 

Orchidées (Déhiscence  du  fruit  des),  803. — 
(Mycélium  de  Champignons  autour  des 
racines  de  quelques),  373,  702.  —  exo- 
tiques présentées  à  la  Société,  444, 

Orrhis  //fl/î cil  .lord.,  439. 

Organes  de  la  fécondation  (Sur  quelques 
particularités  que  présentent  les),  19. 


Organisation  (Sur  V)  de  plusieurs  genres 
d'Algues  de  la  fam.  des  Dictyotées,  21. 

Organogénic  des  graines  charnues  del'i/y- 
menocallis  speciosa,  1020.  —  florale  du 
Poirier,  339. 

Orient  (Description  de  quelques  espèces 
nouvelles  de  Graminées  d"),  305. 

Origine  (Sur  V)  du  styrax  calamité  des 
anciens,  658. 

Orobanchée  (Ceralocalyœ)  attachée  au  bas 
de  tiges,  130. 

Orthographe  (Sur  V)  du  nom  du  genre  Buf- 
fonia,  762. 

Olhonna  cheirifoïia  L.,  283. 

Ottéliacées  (Famille  des),  98,  162. 

Ovaire  (Des  mots  infère  et  adhérent,  supère 
et  libre,  appl.  à  1'),  740.  —  des  Borra- 
ginées (Structure  bicarpellaire  de  1'},  895. 

Ovule  (Du  mot),  739.  —  (Sur  1')  du  Valli- 
sneria  spiralis,  904-907,  977. 


Pagézv(J.),  maire  de  Monipellier.  Son  dis- 
cours, 547. 

Palavas  pr.  Montpellier,  voy.  Herborisa- 
tions. 

Palniite,  voy.  Prionium. 

Panachées  (Rameaux  à  feuilles)  et  rameaux 
à  feuilles  non  panachées,  chez  un  Ala- 
terne,  624. 

Papaver  sommiferum  L.  Culture  du  Pavot 
à  œillette,  343. 

Parasitisme  du  Gui,  596.  —  d'une  Oro- 
banchée attachée  au  bas  de  tiges,  150. 

—  (Mode  de)  du  Cynomorium coccineum , 
513.  —  supposé  des  Champignons,  7  44. 

Parenchyme  des  feuilles  (Rapports  entre  la 
nature  de  l'épiderme  et  celle  du),  290. 

Paris  (Sur  quelques  esp.  obs.  aux  env.  de), 
108.  —  (Flore  des  env.  de),  voy.  Four- 
nier,  Goubert,  Lardy,  Nylauder,  Scliœ- 
nefeld  et  (dans  la  table  de  la  Revue  bi- 
bliographique) Graves.  —  (Flore  cryplog. 
des  env.  de),  774,  853. 

Paronychia  longheta  Webb,  176. 

Particularités  (Sur  quelques)  présentées 
par  les  organes  de  la  fécondation,  19. 

Partition,  voy.  Expansivité. 

Pas-de-Calais  (Distribution  de  VAlchemilla 
vvlgaris  dans  le  département  du),  12i. 

—  (Sur  quelques  plantes  du  départe- 
ment du),  1033. 

Paveh.   Obs.,   143,  149,   336,  929,  983, 

984,  1022. 
Peltées  (Feuilles),  267. 
Pennisctum  asperifoUnm  Ivth.,  Î96. 
Pcrisporiuni  (.^)    fibrillosuui  Desmaz.    sp. 

nov.  et  \ar.  productunt,  862. 


TABLE    \LPII\ni':TIQUE    DES    MATIERES. 


108: 


Pcrols  pr.  Montpollicr,  voy.  Ilorborisations. 
l'cwnospora  dcnsa  Kab.,  801. 
l'EiîtiArniÈBE  ;H.  delà).  Obs.,   r>92. 
l'crsistaiicc  de  la  vitalité  des  graines  flot- 

tautà  la  surlace  do  la  mer,  r>2i. 
Pesisa  Curreijana  Bcrk.  $[).   nov. ,  1056. 

—  Pohjgoni  Lasch,   sp.   nov.,   859.  — 
Spirœœ  Rob.  sp.  nov.,  859. 

PhelijHca  maurUanica  C.  DR.  sp.  aov.,  i09. 

—  violaccn  Desf.,  408. 

Phœnix  clactylifera  L.  Variétés  de  Dattier 

cuit,  dans  le  Mzab,  't()8. 
Phyllocoryne  i.  D.  HooU.  gen.  nov.,  218. 
Phylolacca  dioica  L.  (Rameau  monstrueux 

de),  652. 
Phylons  (Théorie  des),  voy.  Théorie. 
Pic   de  Saiut-Loup  pr.  Montpellier,  voy. 

Herborisations. 
Pilupliorus  Vi\  gen.  uov.,  842. 
PiluniDa  fragrans  Lindl.,  1065. 
Pinus  Parolinii  y is.  sp.  nov.,  836. 
Pisum  inarUimum  L.,  1033. 
Pirus.  Organogétiic  florale  du  Poirier,  339. 
Plagiasphodelus   (Asphodèles  de  la  sect.}, 

496  (eu  note). 
Planchon    'J.-E.).   Sur  l'hybridation    des 
.Egilops,  573.  — Rapports  sur  les  her- 
borisations   de   la   Soeiété   au    Pic  de 
Saint-Loup    et    à     Saint-Guilhem-du- 
Désert,    588,   601.    —    Sur  Torig.  du 
styrax   calamité  des   anciens,   658.  — 
Obs.,    574,   581,  582,  592,  623,   626, 
657,  660,  661. 
Planchon  (Gusl.)  Sur  la  Flore  quaternaire 
des  tufs  calcaires  de  Castelnau,  582.  — 
Sur  quelques  monstruosités  du  Melian- 
Unis  cotnosus,  66 1 . 
Plantago   (Prolificaliou  de    l'inflorescence 
des),  625.  — ovata  Forsk.,  492.  —  sijr- 
lica  Viv.,  493. 
Plantes  (Fauaison  des),  112.  —  (Rapports 
des)  avec  la  rosée,  940.  —  alimentaires 
de  Tahiti,  1001,  1012. 
Platanées  (Fam.  des),  1059. 
Polijgala  corsicaBov.  sp.  uov., 964. 
Port-Juvénal  pr.  Montpellier,  voy.  Herbo- 
risations. 
Posidonia  Caulini  Kœu.    Sa  germinat.   et 

son  mode  de  développement,  575. 
Position  des  groupes  floraux,  932. 
Prillieux  (Ed.).  Sur  le  mode  de  végét.  du 
Neottia  Nklus  avis,  41.  —  Sur  le  mode 
de  végét.   du  Corallorhiza   innata  (ré- 
ponse à  ?il.  Germain  de  Saint-Pierre), 
768.  —  Sur  la  déhiscencc  du  fruit  des 
Orchidées,  803.— Obs.,  107,373,374, 
809,  905. 
Primula  longiflora  Jacq.  découv.  à  Saiut- 
Véraii,  1007. 


Prionium  Palmita  E.  .Mcycr,  231. 

Prodroiinis  Lichenograpliiœ  GalliœelAfgc- 
riœ,  910.  " 

Programme  de  la  session  extraordinaire  de 
Montpellier,  558. 

Prolification  de  l'inflorescence  des  Plan- 
tains, 625. 

Promenades  publiques  (Sur  le  dépérisse- 
ment des  arbres  de  nos),  292. 

Pseudovulc  (Du  mot),  739. 

PucciniareconditaWob.  sp.  nov.,  798, 

Plel  (T.)  présente  le  Primula  longiflora 
trouvé  à  Saint- Véran,  1007.  —  Obs., 
125,  1034. 

Purdie(W.).  Sa  mort,  734. 

Putranjiva  Wall.,  991. 

Pijrenacantha  Hook.,  991. 

Pyrénées  (Découv.  de  VAndrœa  falcala 
dans  les),  48. 

Pyrcnopsis  fuscalula  Nyl.  sp,  uov.,  924 
(eu  note). 

Pyrelkrum  Gayanum  C.  DR.  sp.  nov.,  15. 
—  macrocephahim  C.  DR.,  18.  —  Ma- 
resii  Coss.  sp.  uov.,  16.  —  Irifurca- 
tum  Willd.,  17. 

Pgrola  rotundifolia  L.  var.  arewariaKoch, 

1034. 
Pyriis,  voy.  Pirus. 


Q 


Quaternaire  (Flore)  des  tufs  calcaires  de 
Castelnau,  582. 

Querciis.  Gui  observé  sur  un  Chêne,  263. 
—  Glassificalion  des  Chênes,  445.  — 
Végét.,  infloresc.  et  struct.  florale  du 
Chêne,  501.  — occidentalis  i.  Gay,  sp. 


nov.,  449. 


R 


Rachitisme.,  649. 

Raciues  (De  la  direct,  que  prennent  les) 
dans  les  bulbes  renversés,  948.  —  de 
quelques  Orchidées  (Mycélium  de  Cham- 
pignons autour  des),  373,  702. 

Radicule  (Du  mot),  743. 

Rameau  monstrueux  de  Phylolacca  dioica, 
622.  —  persistant  (Chaton  femelle  du 
Salix  habylonica  transforme  eu),617. 

Rameaux  à  feuilles  i)auachées  et  rameaux 
à  feuilles  non  panachées  chez  un  Ala- 
terne,  624. 

Raïuon  de  la  Sagra,  Sur  son  Introduct.  à 
la  Flore  de  Cuba,  772. 

Rauunculus  Revellierii  Cor.  sp.  nov.,  964. 

Rapislnan  bipinnalian  C.  Kr. ,  57.  —  Blaisii 
Gren.  sp.  nov.,  1050. 
1  Rapport  sur   le    Jardin  des  iilautes  e(  le 


1088 


SOCIÉTÉ    BUTAMQUI':    DE    FRANCE. 


Conservatoire  bolaniiiue  de  Montpellier, 
672. — SurTherbicr  de  Dunal,  G81.  — 
de  la  Commiss.  de  comptabilitc^,  8o2. 
—  de  la  Commiss.  de  la  Flore  crypto- 
gamique  des  env.  do  Paris,  855. 

Rapports  sur  les  berborisatious  delà  Société, 
voy.  Herborisations. 

Rapports  des  plantes  avec  la  rosée,  OiO. — 
du  nucléus  avcclacblorophylle,  1j4.  — 
entre  la  nature  de  l'épidcrnie  et  celle  du 
parenchyme  des  feuilles,  290. 

Beaumuria  vermiculala  L.,  177. 

Reboid.  Lettre  sur  la  végét.  du  Sahara 
algérien,  381,  iCt'ô.  —  (Liste  des  plantes 
récoltées  par)  dans  le  Sahara  algérien, 
4G9. 

Règlement  (Modification  au)  relative  au 
nombre  d'exemplaires  des  tirages  à  part, 
258. 

Rejetons  (Jeunes)  florifères  d'.Jf/aie  ameri- 
cana,  G1C,  7r)7. 

Renversé  (Végétation  d'un  arbre  acciden- 
tellement), 62i. 

Renversés  (De  la  direct,  que  prennent  les 
racines  et  les  tiges  dans  les  bulbes),  948. 

Reproduction  (Mode  de)  de  VAgavc  ameri- 
cana,  43,  612,  898. 

Reseda  arabica  Boiss.,  GO.  — cremophila 
Roiss.,  60. 

Relama  Rœlam  Webb,  131. 

Réveil.  Présente  des  Champignons  liémos- 
tatiques  de  la  Guadeloupe,  28i.  —  Sur 
un  miel  nouveau,  3i2.  —  Sur  la  cuit, 
du  Pavot  à  œillette  et  sur  l'extraction  de 
l'opium  indigène,343.—Obs.,  203,269. 

Revue  bibliographique,  voy.  Bibliogra- 
phique. 

Rhaiiihus  Alalernus  L.  (Rameaux  à  feuilles 
panachées  et  rameaux  à  feuilles  non 
panachées  chez  un),  624.  —  sylvaticus 
Serres,  sp.  nov.,  43G. 

RhaïUeriuin  suavcolens  Desf.,  180. 

RhizUUuin  Confcrvœ  gloincralœ,  529. 

Rhizomes  (Exist.  de)  ciiez  ksO^hioglossum 
et  div.  autres  plantes,  152,  153. 

Rhizogènes,  907. 

Rhopalocncmis  Jungh.,  218. 

HIms  oxyacanlhoides,  Dum.,  03. 

RoDis.  Ohs.,  204. 

Rosa  llardii  Gels  (hybr.),  G7G  (en  note). 

Rosée  (Rapports  des  plantes  avec  la),  9i0. 

Royic  (V.).  Sa  mort,  1070. 

Ruscus  (Sur  quelques  anomalies  des),  758. 


S 


Sacidium  /)cs;)ia::ic'rj  Mont,  sp.  nov.,  SGI. 
Sahara  algérien  (Végétation  du),  381,  4G."j, 
46'J. 


Sain  (Germination  des  graines  dans  un 
fruitj,  624. 

Saint-Germain  en  Layc  (Vaccinium  Myr- 
lillus  trouvé  près  de),  386.  —  [Barbarea 
prœcox  trouvé  dans  la  foret  de),  109. 

Saint-Guilhem-du-Déserl  pr.  Montpellier, 
voy.  Herborisations. 

Saint-Yéran  [Primula  longifloradécous .  a), 
1007. 

Salix  caprca  L.  (Gui  obs.  sur  le),  204.  — 
habylouica  L.  (Chaton  femelle  du)  trans- 
formé en  rameau  |)ersistant,  617. 

Salsolacées.  Leurs  graines  horizontales  et 
verticales,  413. 

Salvia  œgypliaca  L,,  490. 

Santalacées  (Sur  la  fam.  des),  352,  900. — 
(Anatomie  des)  978. 

Saponaria  bellidifolia  Lap.,  435,  1018. 

Sarcopliylc  Sparrm. ,  217. 

Saaifraga  sponliemica  Gmel.  obs.  dans  la 
forêt  des  Ardennes,  125. 

Scépacées  (Les)  doivent-elles  constituer  un 
ordre  particulier?  993. 

Schimpcr  (\V.  P.).  Sur  son  Mémoire  sur  les 
Sphaignes,  146,  220. 

ScHOKNi:Ft:i.D  [W .  de).  Sur  les  avantages 
obtenus  en  faveur  de  la  Société  pour  les 
sessions  exlraord.,  336.  — ■  Découv.  du 
Vaccinium  Myrlillus  près  de  Saint  Ger- 
main ,  386.  —  présente  une  touffe 
vivante  de  Coraliorliiza  innata,  702. — 
Découv.  de  VOnonis  Coluvinœ  à  Herblay, 
803  —Obs.,  153,  321,  373,  50S,  671, 
701,  "57,  770,  802,  1020.  —  Voy. Ger- 
main de  Saint-  Pierre. 

Scilla  amœna  L.,  422.  —  aiitu  nnalii  L  , 
422.    —    bifulia    L.    et  var.,    422.  — 


cernna  Red.  et  var  ,  422. 


Hohenac- 


keri  F.  M.,  'f23.  —  Lilio-hyacinlhus  L. 
(Pieds  fleuris  de'  présentés  à  la  Société, 
40 i.  —  villosa  Uesf.,  490. 

Scirpus  lacuslris  I>.  muni  de  feuilles  dres- 
sées, 150.  —  supinus  L.  trouvé  à  Ville- 
neuve-Saint-Georges, 109. 

Scurpiurus  lœvigala  S.  S.,  138. 

Scrofularia  argula  Sol.,  408. 

Scybaliiim  S.  L.,  218. 

Sécrétion  d'une  Orchidée,  148. 

Selenosporium  minulissimum  Dcsimxi.  sp. 
nov.,  8G0. 

Scjiloria  Sc/ennW/u' Hesninz.  sj).  nov.,  8GI. 

Seriula  œlnensis  \.a\).,  i^' ,  1019. 

Serratula  flavescens  Vo\r.,  360. 

Serres  (IceoloneL.  Surqueli|uesesp.  nonv. 
ou  controversées  de  la  flore  de  France, 
434. 

Session  extraordinaire  à  Montpellier,  555- 
67  1 .  -  (Fixation  de  la),  258.  —  Avan- 
tages obteims  pour  la),  336.  —  Membres 


lAlîLE    ALlMIABl-yi'IQliR    DES    MVTlKliES, 


1089 


liir,.    —  (Pro- 


<|<ii   ont  assisté  à   la), 

graïunie  de  la),  558.  —  (Bureau  de  la), 

557,  561.  —  (Séances  delà),  547,  561, 

587,  632.  —  (Herborisations  de  la)  voy. 

Herborisations. 
Silène  setacea  Viv.,    60.    —   succulcnta 

Forsk.,  60, 
iSinapis  arvensis  L.  (Ciiloranthic  du),  761. 
Sisymbrium  iicboudianuin  Vcri.  sp.  nov., 

726. 
Smilax  (Les  vrilles  des)    ni    folioles,  ni 

stipules,  984. 
Société  Botanique  de  France.  Composition 

du   Bureau   et  du  Conseil  pour  1857, 


3. 


Commissions   pour  1857,  2. 


Somme  (Sur  la)  de  chaleur  efQcace  nécess. 
à  la  (loraison  du  Nelumbium  speciosum., 
632. 

Somme  (Sur  quelques  plantes  du  dép.  de 
la).  1033. 

Soncrila  speciosa  Zeuk.,  1064. 

SouBEiRAN  (Léon).  Sur  les  aromates  empl. 
pour rembaumcmen tau  moyen-âge, 7 94. 

Souterrains  (Bourgeons)  de  V Agave  ameri- 
cana,  44,  612,  898. 

Souterraines  (Vitalité  des  parties)  du  Bios- 
corea  Dalalas,  700. 

Spécifiques  (Sur  la  valeur  de  certains  carac- 
tères), 338. 

Sphœria  calostronia  Desmaz.  sp.  nov., 
1011.  —  {"!)  cinereo-nebulosa  Bcsmaz, 
sp.  nov.,  1009.  —  devexa  Desmaz.  sp. 
nov.,  1009.  —  palustris  Fr.,  1010. 

Sphœrorhizon  J.  D.  Uook.  gen.  nov.,  218. 

Sphaigues  (Mémoire  sur  la  classe  des), 
146,  220. 

Spilonema  Bornet,  gen.  nov.,  201.  —pa- 
radoxum  Bornet,  201. 

Spiranlhes  gemmipara  Lindl.,  89. 

Spilzelia  cupiiligera  DR.,  367.  —  radi- 
cata  C.  Kr.,  367. 

Stalice  Bonduellii  Lest.,  491.  —  2^'>"'^i''^osC' 
L.,  492. 

Stelloria mediaVW].  (Chloranthie]du), 760. 

Stiginutca  Potentillœ  Fr.,  997. 

Sligmalidium  leucinum  Nyl,  sp.  nov.,  924 
(eu  note). 

Stilaginella  Tul.,   990. 

Stipules  (Les  vrilles  des  Smilax  ni  folioles ^ 
ni),  984. 

Structure  de  l'épi  et  de  l'épillet  des  Gra- 
minées, 302.  —  bicarpellaire  de  l'ovaire 
des  Borraginées,  895.  —  florale  du 
Chêne,  501. 

Styrax  calamité  des  anciens  (Sur  l'ori- 
gine du),  658. 

Supère(Du  motjappl.  à  l'ovaire,  740. 

Sijnalissa  conferta  Bornet,  sp.  nov.,  201, 
—  micrococca  B.  N.  sp.  nov. ,  201 . 

T.   IV. 


Syrie.'  (Déboisement  des  montagnes  en) , 

284. 
Syringavulgaris  L,  à  feuilles  ternécs,622. 


Tacca  pinnalifida  Forst.,  1004. 

Tahiti  (Plantes  alimentaires  de),  loOl, 
1012. 

Tamus  communis  L.  ^Germination  du 
Dioscorea  lialalascomi).  à  celle  du),  697. 

Tardives  (Floraisons),  620. 

Targioni-Tozzetti  (Anl.).  Sa  mort,  2.".3. 

TASsi(Att.).  Sur  les  vrilles  des  Cucurbita- 
cées,  322. 

Ta.rus  baccala  L.  Bois  d'If  objet  d'un  com- 
merce important  au  xv<' siècle,  691. 

TcuiHATCHEF  (P.  de),  président  de  la  session 
extraord.,  557.— Discours  de  clôture  de 
la  session  extraord.,  667.  —  Études 
sur  la  végét.  des  hautes  montagnes  de 
l'Asie-Miueure  et  de  l'Arménie,  863.  — 
Obs.,  558,  660. 

Tecloua.  Destruction  des  forêts  de  Teck 
dans  l'Inde,  319. 

Ternécs  (Myrte  et  Lilas  à  feuilles),  622. 

Tetradia  Tul.  gen.  nov.,  425. 

Tetradiclis  Eversmanni  Bunge,  62. 

Teucriiuii  Alopeciiros  de  Noé,  491. 

Thaliclvimi  anguslifoHum  L.  trouvé  au 
bois  de  Vincennes,  l08. 

Thelytjonum  Cynocrambe  L.,  183. 

Théorie  (Objection  à  la)  de  Du  Petit- 
Thouars  sur  l'accroissement,  et  à  celles 
des  phytons  et  des  décurrences,  785. 

Thésiacées,  voy.  Santalacées. 

Thesium  glaucum  Serres,  sp.  nov.,  438.  — 
tenuifolium  Saut.,  438. 

Thkveneau.  Découv.  du  Damasonium  po- 
lyspennum  près  d'Agdc,  738. 

Thlaspi  cristatum  Serres,  434. 

Tluniningia  Yahl,  217. 

Tlujmelœa  microphylla  C.  DR.,  495. 

Tige  monstrueuse  de  Chanvre,  1023. 

Tiges  (De  la  direct,  que  prennent  les)  dans 
les  bulbes  renversés,  948.  —  (Oroban- 
chée  attachée  au  bas  de),  150. 

Tilia.  Feuille  raonstr.  de  Tilleul,  267. 

Tiniaria  Montand.  gen.  nov.,  316. 

Tirages  à  part  (Modification  à  l'art,  du 
Règlement  relatif  aux)  258. 

ToucHY  (A.).  Rapport  sur  l'herborisation 
de  la  Société  au  bois  de  la  Moure  et  au 
Port-Juvénal,  592.  —  Sur  quelques 
plantes  étrangères  à  la  flore  de  Mont- 
pellier, trouvées  aux  env.  de  cette  ville^ 
626.  —  Sur  quelques  modes  d'hypertro- 
phie chez  les  végétaux,  649.— Obs,  619, 
621,626. 

{)9 


1090 


SUCIETE    HOT.VMQLK    lU':    I  i; ANCI 


Transfoniiatiuii  du  (li.iton  femelle  du 
SaH.t:  Ixihijfonica  en  raiiicuu  persistant, 
()I7. 

Traiispiinlioii  des  plantes  pendant  la  nuit, 
1024. 

Ti  ifoliuin  clyi)ealum  \.a[).,  iSii^  1018.  — 
liouxii  (ireu.  sp.  nov,,  10'JO. 

Trii/Dtidla  anguin(iT)e\.,  13o.  —  nuiri- 
iiina  Del.,  134.  —  N(c'//a(«  l'orsk.,  134. 

Trilkum.  Note  sur  le  Blé  de  Noé  ou  l?l(' 
bleu,  288. 

Ttocliila  Popidorum  Desmaz.  sp.  nov.,  8"'>S. 

Tufs  calcaires  de  Castclnau  (Flore  quater- 
naire des),  ."i82. 

ïiiUpa  Gesneriana  L.  (Div.   monstruosités 
de),  .".09. 

Tunis  (Plantes  rares  ou  nouv.  de  la  ré- 
gence de',  .j5,13I,  17tJ,  277,  360, -400, 
■4y0.  —  ;Considérat.  sur  la  végét.  du  sud 
de  la  régence  de),  Hod.  —  (Flore  de  la 
régence  de),  voy.  Aliiério. 

Tijpha  {Élone  de  duvol  de)  présentée  à  la 
Société,  3'>3. 


Ural)  iiiacrosporu  Desmaz.  sp.  nov  ,  79' 
Urospalha  Scliott,  gen.  nov.,  729. 
Url.ca  Dodarli  L.,  191. 


Vaccinium   MyrUllus    L.   trouvé    près   de 
SainlGermain,  :'.86. 

Valette  (La)  près  Montpellier,  voy.  Ilerbo- 
risalions. 

Valeur  (Sur  la)  de  certains  caractères  spéci- 
fiiiues,  338. 

ValUsneria  spiralis\j.  (Ovule du), 904-9(i7, 
977. 

Vai.on  (E.  de).  Découv.  du  Prinuda  loufii- 
(lora  à  Saint  Véran,  1007. 

\''anilla  lanceolata'/,  374. 

Valpkli.  ((;hr.)  Sur  le  mode  de  multiplie, 
de  l'.l;/aic  (uncricana,  43,  898. 

Végétation  des  eriv.  de  Monlpeilier,  voy. 
ilerliorisalions.  —  des  hautes  montagnes 
de  l'Asie-Mineure  et  de  l'Arménie,  863. 
—  (Sur  la)  ilu  sud  delà  régence  de  Tunis, 
D.'iO.  —  du  Sahara  algérien,  3S1,  -465, 
.îG9.  —  descnv.  rie  Djella,  483. —  des 
eiiv.  de  Laghoual,  39i.  — -  (État  de  la) 
aux  env.  d'Hyèrcs  en  déc.  etjanv.,  102. 

Végétation    d'un   arbre    accidentellement 

renversé,  62i.  —  (Mode  de)  du  (Ihène, 

."jOI.  —   du   Corallorhiza  innaln,  7GG- 

770  .  —  du  Xcollio  Sidii^  avis,  il. 

Vcn'enata  sitte;ic/i'tv  H.  B.  sp.  nov.,  305. 


Veroiiica  nd.ralilis  Jacij.,  438. 
Vevrucaria  lialodyles   Nyl.    sp.  nov.,  924 

(en  note). 
Verticales   et    iiorizontales    (Graines)    des 

Salsolacées,   i43. 
Vicia  salira  L.  formA  amphicarpa,  140. 
Villeneuve  Saint-(jeorges  {Scirpus  supinus 

trouvé  à;,  109. 
\im'PMuos[Tlialiclrnmangustifuliuni  trouve 

an  bois  de),  108. 
\'in!a  snijidosa  Bor.,  1033. 
ViscuiiKtWitm  L.   (Xoliee  sur  le),  2(11.  — 

obs.  sur  un  Chêne,  263.  —  sur  divers 

arbres,  2(ii-.  — Parasitismedu  Gui,  o96. 
Visite  de  la  Société   au    .lardin   des   pi.  de 

Montpellier,    .").")9.  —  aux  collect.  delà 

Fac.  des  sciences  de   Montpellier,  560. 

—  au  musée  et  aux  jardins  de  M.  Dou- 
met  à  Cette,  ."iSi.  —  au  jardin  de 
l'Fcole  de  pharmacie deMontpellier,  G27. 

—  au  Musée  Fabre  à  Montpellier,  632. 
Vilaliti'  des   parties  souterraines  du  Dios- 

corea  Ihitatas,  700.  — (Persistance  de 
la)  des  graines  flottant  à  la  surface  de 
la  mer,  324. 

vais  (Vrillesdes),  809. 

Voyage  botanique  en  Algérie  (Itinéraire 
d'un)  (suite),  5,  48,  126,  171,270, 
3ri3.  386,  473,  5iri.  —  (Nouvelles  du) 
de  M.  Bourgeau  dans  l'Amérique  du 
Nord,  1032.    --  de  M.  Balansa,  i3l. 

Vrilles  des  Cucurbitacées,  109,  142,  322, 
744-7.-')6,  787-788.  —  des  Vilis  et  des 
('issus,  809.  —  (Le.s)  des  Smdax  ni 
folioles,  ni  stipules,  984. 


W 


Wahllii'rg  (.).-A.).  Sa  mort,  208. 

Wallroth  T*>.-W.).  Sa  mort,  208. 

Wi.DDF.i  I,  (II. -A.).  Sur  le  modi- de  parasi- 
tismedu ('iinonio)iniii  cuvcinciini,  513. 
—  Sur  les  fleurs  femelles  du  Cynonioriwii 
coccineani,  79.*). —  Obs.,-  23,  515,  809, 
'.)i6,  1022,  1031. 


Xaniliitiiii  hybrides,  7,^'.. 
Z 

Zamia  ninricala  WiWil.,  953 

Zrtlu//•>/^!i^-^'ardo,  21. 

Zollikofcria  a>njnslifolia  C.   DU.,  370 

(/ucrcifolia  C.  Kr.,  369. 
Zonaria  .1.  Ag.,  28. 
Zyijopliijlliim  album  L.,  6  I . 


TABLE 


PAIÎ     on  DR  F.     ALI' II. un:  TIQUE     DKK     NOMS     1)    A  l'T  E  l' R  S 


DES    rUlîLICATIONS 


ANALYSEES   DANS    LA    REVOK   P.IDMOGRAPFnQUE. 


Arciif.r  (T.-C).  Noie  sur  los  sortes  de  Copal 
(l'Afrique,  ST.  — Voy.  Bciuiett. 


BECQUKnEL(A.),  voy.  Laurès. 

Rennett  (J.-.T.).  Descript.  de  l'arbre  nom- 
mé Kobo,  forniauturi  nouv.  genre (Ghï- 
hourlia)  de  Légumineuses  rapporté  de 
Sierra-Leoncpar  M.  Daniell,  suivie  d'une 
lettre  de  M.  Archer,  10r)4,  lOriîi. 

Berg  (0,),  voy.  Martius. 

Berkeeev  (M.-J.).  Introduction  .'l  la  bota- 
nique cryptogamique,  80. — Sur  remploi 
du  rhizome  du  Vleris  aquUina  comme 
aliment,  IOOj. 

Bernoolli  (Ch.-G.)-  l-cs  cryptogames  vas- 
culaires  de  la  Suisse,  687. 

BoissiKR  (E.)  Diagnoses  plantarum  orienla- 
Uum  novarurn,  'j32. 

BoNORDEN  (H.-F.).  Structure  de  VAlphilo- 
morpha  guttata,  684. 

Bureau  (A.).  Notice  sur  les  plantes  recueil- 
lies en  Corse  par  M.  Revellière,  963. 

BoiiNET  [FA.).  Description  de  trois  Lichens 
nouveaux,  200. 

Botanica!  Magazine  (cahiers  de  janv.  et 
févr.  18ri8),  1063-1063. 

Botanische  Zeilung  (journal).  Articles  ori- 
ginaux, 2:\r.,  688,736,  848,976,  1071. 

Rot;Roi:iGNAT  (.l.-R.).  Catalogne  raisonné 
des  plantes  du  dép.  de  l'Aube  (t.  I),  228. 

BoussiNGAi'i.T.  Recherches  sur  l'inlhience 
que  l'azote  assimilable  des  engraiscxerre 
sur  la  product.  de  la  matière  végétale, 
719. 

Brandis  (D.).  Gênera  plantanim  florœger- 
manicœ,  (fasc.  xxix  rapilionacea'),  76. 

Braun  (Al.).  Sur  la  parthénogenèse  dans 
les  plantes,  820. —  Voy.  Caspary. 

Rronner,  voy.  Caspary. 


Carrière  (K.-A.).  Cuide  pratique  du  .Jar- 
dinier multiplicateur,  88. 

Casparv  (R).  Tableau  systématique  des 
llydrillées,  237.  —  Les  Nymphéacées 
fossiles,  427.  —  Compte  reuJu  des  tra- 
vaux delà  section  botanique  du  33°  con- 
grès des  naturalistes  allemands,  tenu  à 
Bonn  en  sept.  IS.'w,  703-719  : 


Braiin.  Ciormin.ition  du  f.œlehogyne  ilicifolia, 
714.  —  RRriNNER.  Pur  li\<  Vili'ik's  pMiivagrs  île  la 
valide  (lu  l'iliiii,  704.  —  r.ASP.vnv.  ?iir  des  frnils  do 
P('clicr  ;i  (leur  doidde,  71(3;  sur  la  présence  île 
zoosporos  dnns  le  genre  Chroolepus,  71C;snrla 
sirucl.  de  la  lii;c  des  Nymplic'-acées,  718.  —  Cien- 
KOWSKI.  Sur  les  pseudosoiiidies,  717.  —  Coh.n. 
Sur  le  développ.  d'une;  Volvocinéo,  708;  sur  un 
rduniipicrnon  parasile  d'une  Algne  vivante,  717.  — 
r»n  l'.AlsY.  Sur  la  rofiulalion  des  Drsuiidiacécs,  des 
ZygjK'niaci'CS,  de^sGlianipitrnoussyzygKes,  o(c.,  710  ; 
sur  la  frurdllcalion  des  Hyméunnivirles,  71  ft.  — 
DnBlîV.  Sin-  la  dore  fissile  d'Aix-la-Chapelle,  715. 

—  I'ocke.  Sur  la  fopulalion  des  Bacillariécs  et  des 
Desmidiacées,   713.  —  Oasparrim.  Sur  les    poils 
railicaux   et  les    excrétions   des  racines,    714.   - 
lIoiTMANX.  Sur  la  germinal,  des  Champignons,  707. 

—  J.EGKiï.  Plantes  fossiles  du  keuper  et  leurs  ana- 
logues vivants  au  Chili,  714.  — N.EfilîLI.  Sur  la 
nouv.  maladie  des  vers  ;i  soie  et  sur  les  org'auismi-s 
analogues,  707  ;  sur  la  direcl.  des  faisceaux  vasru- 
laires  dans  la  lige  des  Cryptogames  vasculaires,  des 
Gymnospermes  et  des  Dicotylédones,  717.  —  I^rii.- 
LIEUX.  Sur  la  déhiscence  des  capsules  des  Orchidées, 
70G.  —  l'uiNGSHEiM.  Sur  les  fruits  des  Floridées, 
71  5.  —  ScillMiiEll  (C).  Choix  de  faits  remarquables 
de  morphologie,  empruntés  à  toutes  les  p.arties  des 
plantes,  705  ;  sur  la  slnul.  de  la  niendu'ane  cellu- 
laire végétale,  711  ;  sur  la  racine,  712.  —  Sr.nci.rz 
liip.  Sur  les  Cassiniacécs  parasites,  707. —  Sc.hultz- 
Scill'i.TZENSTEiN.  Sur  les  vaisseaux  vitaux,  703.  — 
SiEltOLii  (de).  Sur  l'étal  des  sciences  naturelles  et 
partie,  de  la  liolanique  au  Japon,  714.  —  Wirtcen. 
Sur  la  géographie  liolanique  du  liassin  de  Coldence- 
Neuwied,  714. 


1092 


SOCIÉTÉ   «OTANIQUE    DE   FRÂ^'CE. 


Calaloguc  de  la  bibliothèque  scientifique 
de  MM.  de  Jussieu,  730. 

Chaix,  voy.  Tinibal-Lagrave. 

Christian  (J.),  voy.  Société  botanique 
d'Edimbourg. 

CiENKOWSKy.  Rhizidium  Confevvœ  glome- 
ratœ,  529.  —  Voy.  Caspary. 

CiAiiKE  (B.).  Sur  les  anthères  des  Columel- 
liacées  et  des  Cucurbitacées,  1039. — 
Sur  la  slruct.  et  les  affinités  des  ^lyri- 
cacées,  des  Platanées,  des  Altingiacées  et 
des  Chioranthacées,  1059. 

Ci.os  (D.).  Révision  comparative  de  l'her- 
bier et  de  l'histoire  abrégée  des  Pyré- 
nées de  Lapeyrouse,  418. 

CoHN,  voy.  Caspary. 

Congrès  des  naturalistes  allemands  à  Bonn. 
Compte  rendu  des  travaux  de  la  section 
botanique,  voy.  Caspary. 

Cruur.v  (F.).  Sur  une  nouv.  espèce  de  Pe- 
zize,  qui  n'est  que  l'état  parfait  du  À'de- 
rotium  roseum  Kn.,  1055. 


Daniell  (W.-F.),  voy.  Benuett. 

De  Bary  (A.),  voy.  Caspary. 

Debev,  voy.  Caspary. 

De  Candolle  (Alph.).  Sur  la  fam.  des  San- 
talacées,  960.  —  Voy.  Prodromus. 

DenuÈs  (A.)  et  Soliek.  Mémoire  sur  quel- 
ques points  de  la  physiologie  des 
Algues,  71. 

DippEL.  Sur  l'utricule  primordiale,  67. 

Du  MoLiN  (J.-B.).  Flore  poétique  ancienne, 
250. 


Engrlmann  (G.).  Synopsis  des  Cactacées  des 
États-Unis  et  des  pays  adjacents  (t.  111), 
77. 


pABnE  (J.-H.).  De  la  germinal,  des  Ophry- 
décs  et  de  la  nature  de  leurs  tuber- 
cules, (i8. 

Fée  (A.).  Sur  les  Cycadées,  957. 

Fermond  (Ch.).  Monographie  du  Tabac, 
1066. 

Flora  (journal).  Articles  originaux,  04. 

FocKK,  voy.  Caspary. 

Fresenhis  (G.),  voy.  Martius. 

Fries  (E.).  Monographia  Ilymenamycetum 
Sueciœ  (t.  I),  A'Id. 

Fries  (Th. -M.).  De  Stereocaulis  cl  Pilo- 
phoris  commentatio^  8i2. 

Fritscu  (Ch.).  Sur  la  détermination  des 
lois  d'après  lesquelles  la  température 
agit  sur  les  phases  de  l'accroissement 
des  plantes,  5 il. 


Gaspariuni,  voy.  Caspary. 

Gavino-Gi  LIA.  Répertoire  botaniqne  de 
Malle,  196. 

Godron(D.-A.).  Flore  de  Lorraiue(2'édit.), 
965. 

Graves  (L.).  Catalogue  des  plantes  obs. 
dans  le  dép.  de  l'Oise,  75. 

Gregory  (VV.j.  Sur  de  nouv.  formes  de 
Dialomacées  marines,  1056. 

Grenier  (Ch.).  Florulamassiliensis  advena, 
1048. 

Greville  (R.-K.).  Notice  sur  un  nouv.  genre 
de  Dialomacées  {CresiveUia),  1058. 

Gris  (A  ).  Recherches  microscopiques  sur  la 
chlorophylle,  1033. 

GuiLLEMiN  (C.-M.).  Développement  de  la 
matière  verte  des  végétaux  et  tlexion 
des  liges  sous  l'infl.  des  rayons  ultra- 
violets du  spectre  solaire,  413.  —  Pro- 
duction de  la  chlorophylle  et  direction 
des  liges  sous  l'infl.  des  rayons  ultra- 
violets calorifiques  etiumineux  du  spectre 
solaire,  818. 


Hanstein  (J.).  Sur  la  liaison  de  la  disposit. 
des  feuilles  avec  la  struct.  de  la  zone 
ligneuse  des  Dicotylédones,  311.  —  Sur 
les  relations  intimes  qui  existent  entre 
la  disposit.  des  feuilles  et  la  struct.  de 
la  zone  ligneuse  dans  les  Dicotylédones, 
1037. 

Hardy  (J.),  voy.  Société  bot.  d'Edimbourg. 

Harvey  (W.-H.).  Résumé  d'une  suite  de 
leçons  sur  les  Algues  marines,  530.  — 
Synopsis  des  Algues  de  la  Grande-Bre- 
tagne, 533. 

Hasskarl  (/{e/3(a  sive  ohservationes  Quas  in 
horto  bogoriensi  fecit  .T.-K.),  197. 

Heer(0.).  Flora  ter tiaria  Helvetiœ  {\\\t. 
5-6),  243. 

Hélot  (le  P.).  Sur  une  couleur  verte  connue 
eu  Chine  sous  le  nom  de  Lo-Kao,  86. 

HiLGARD  (T.-C).  Pbyllotaxic.  Sa  loi  numé- 
rique et  de  divergence  pouvant  s'expli- 
par  une  simple  idée  organologique,  1040. 

Hoffmann  (H.).  Le  temps  et  l'accroissement 
ou  éléments  de  climatologie  végétale, 
429.  —  Voy.  Caspary. 

IIûLLE  (G.  de).  Sur  les  vésicules  des  cellules 
des  Hépatiques,  9G1. 

HooKER  (sir  W.).  Sur  W  Palmite  de 
l'Afrique  australe,  231 . 

HùOKEu(J.-U.).  Surlastrucl.  et  les  affinités 
de.s-  Italanophoréfs,  210.  —  Sur  le  .Vo(os- 
parlium  de  la  Nouvelle-Zélande,  23G. 


Irmisch  (Th.).  Note  relat.  à  l'hisl.  na(.  du 


TABLK    ALPIIABI'.TIQIJE    DF.S    AITEUHS. 


1093 


Thelygonum  Cynocrambe,  183.  —  Sur 
la  };ciiiiinaliuii  et  le  mode  de  rcnouvel- 
Iciiiciil  des  Cunvolvidus  scpiuni  et  at- 
venais,  526. 

.T.KCEn  (G.).  Sur  rinnocuité  relative  des 
blessures  faites  à  la  tige  et  aux  feuilles 
et  sur  la  produetion  de  raciues  à  des 
places  iiiaceouluuiées,  70.  —  Voy.  Cas- 
pary. 

Jensen  (Th.).  Bryologia  danica,  79. 

Johnson  (J.-Y.  ).  Sur  quelques  plantes 
rares  ou  peu  communes  de  Madère, 
229. 

Karsten  (H.).  PJanlœ  columbianœ,  317. 
—  Sur  l'existence  du  tannin  dans  les 
plantes,  41G.  —  Étude  anatomique  du 
7Mmia  muricata,  953.  —  Sur  la  radica- 
tion  des  Palmiers,  958. 

KiNDBERG  (N.-C).  Symbolœad  synopsbi  ge- 
neris  Lepigonorum,  9G8. 

KiRK  (J.),  voy.   Société  bot.  d'Edimbourg. 

KiRscHLEGER  (Fr.).  Flore  d'Alsace  et  des 
contrées  limitrophes,  828. 


Lange  (J.).  Coup  d'oeil  sur  la  végétation  du 

Groenland,  831. 
Lapeyrocse,  voy.  Clos. 
Lasch    (W.).    Trois  espèces  de  Xanthium 

avec  leurs  hybrides,  75. 
Laurès  (C.  de)  et  Becquerel.  Recherches 

sur  les  Conferves  des  eaux  de  Néris,  239. 
Lawson  (G.),  voy.  Société  bot. d'Edimbourg. 
Lechler    (W.).    Berberides  Americœ  aus- 

tralis,  829. 
Lecoq  (H.).  Études  sur  la  géographie  bota- 
nique de  l'Europe  (t.  V  et  VI),  243. 
Le  Héricher  (Éd.).  Essai  sur  la  flore  popu- 

lairedeNormandieetd'Angleterre,1069. 
Lehm.ann  (Chr.).  Xovarum  et  mimis  cogni- 

tanim  stirpium  pugiilus  decvnus,  198. 
Le  Jolis  (Aug.).  Quelques   remarques   sur 

la  nomenclature  générique  des  Algues, 

241. 
Le  Magit  (E,).     Leçons    élémentaires  de 

Botanique  (2*  édit.),  825. 
LiNDLEY.  Note  suT\e'Spiranthes  gemmipara, 

89.  —  Premier  mémoire  sur  les  Orchi- 
dées de  l'Inde,  90. 
LowE  (R.-Th.).  Flore  manuelle  de  Madère 

et  des  îles  adjacentes  (1'^  partie),  1053. 


Malv  (J.-Ch.).  Clef  pour  la  détermination 
des  genres  des  plantes  phanérogames 
spont.  ou  cuit,  en  Allemagne,  1053. 


Martiis  (C.-F.-r-h.  de).  Flora  hnistliensis  : 
(lordiacées,  Iléliotropiées,  liorrnginées, 
Laci.slétnées,  Moniiniacécset  Myrlacées, 
par  MM.  Fresenius,  Schnizlein,  Tulasne 
clBcrg,  228. 

MAn-rniN-DoNos  (le  comte  V.  de).  Dcscriplio 
Glaiicii  novi,  7  4. 

Mmisner,  voy.  l'rodromus. 

Montagne  (C.)  et  'Van-den-Bosch.  Plantœ 
Junghuhnktnœ  {fasc.  IV,  IJchenes),  835. 

MoNTANDON  (P.-J.).  Syuopsis  de  la  flore  du 
Jura  septentrional  et  du  Sundgaii,  314. 

Mueller  (C.)  berol.  Walpers  Annales  bota- 
nices  systeinaticœ,  238. 

Mueller  (C.)  de  Halle.  Le  monde  végétal 
actuel  appartient- il  à  une  seule  période 
de  création?,  83.  —  Le  livre  du  monde 
végétal,  voyage  botanique  autour  du 
monde  (t.  I),  973. 


N^GELi,  voy.  Caspary. 

Naudin  (Ch.).  Nouvelles  recherches  sur  les 
caractères  spéciflques  et  les  variétés  des 
plantes  du  genre  Cucurbita,  231. 


Parlatore  (Ph.).  Éloge  de  Ph.  Barker 
"Webb,  91.  —  Flore  italienne  (t.  Il, 
2«  part.),  966. 

Payen.  Sur  la  composition  immédiate  de 
l'épiderme  et  de  la  cuticule  épidermique 
des  végétaux,  68. 

Perriicr  (E.)  et  Songeon.  Indication  de 
quelques  plantes  nouv.  rares  ou  cri- 
tiques, observées  en  Savoie,  suivie  d'une 
revue  de  la  section  Thylacites  du  genre 
Gentiana,  722. 

Philippi  (R.-A.l.  Sur  la  flore  de  l'île  de 
Juan  Fernandez,  202.  — Sur  la  flore  du 
désert  d'Atacama,  1061. 

Puillieux  (Éd.),  voy.  Caspary. 

PiiiNGSHEiM  (N.),  voy.  Caspary. 

l'rodromus  systcmalis  naturalis  regni  ve- 
getabilis,  vol.  14,  2°  partie  :  Thymelœa- 
ceœ  (auct.  Meisner)  ;  Elœagnaceœ  (auct. 
de  Schlechtendal)  ;  Grubliaceœ  et  5ati- 
talaceœ  (auct.  Alpli.  De  Candolle),  837. 


Rarlkofer  (L.).  La  fécondation  dans  le 
règne  végétal  et  ses  rapports  avec  celle 
qui  a  lieu  dans  le  règne  animal,  218. 
—  Sur  la  véritable  parthénogenèse  dans 
les  plantes,  824. 

Regel  (Ed.).  Note  relative  à  la  flore  de  Rus- 
sie :  1.  Scillcs  de  la  flore  de  Russie, 
422;  2.  Un  Hellébore  de  la  Mingrélie, 
423.  —  L'hybride  obtenu    artificielle- 


1 09/i 


SOCIKTÉ    BOTANIQIR    DK    FlîANCE. 


ment  entre  Wlùjilopx  ovata  et  le  Triti- 
ciim  vuhjure,  o28. — Deux  nouvelles  Cy- 
cadées  cuit,  dans  le  jardin  de  Saint- 
Pétersbourg,  avec  des  notes  sur  la 
famille,  969. 

Reichkneach  (L.  et  H. -G.).  Icônes  florœijer- 
maiikœ  el  helveticœ  (t.  XVIII,  dec.  1-G), 
193. 

Reichenbacu  (H. -G.).  Onliidées  de  jardin 
(suite),  425.  —  Gcneris  Anselliœ  mo)io- 
g raphia,  o2o. 

Reuillv,  voy.  Thibierge. 

Rendu  (V.).  Ampélographie  française,  2i8. 

REVELLn':i(E,  voy.  Borcau. 

Revue  des  plantes  nouv.  ou  rares  décrites 
et  le  plus  souvent  figurées  dans  les  publi- 
cations relat.  à  l'horticulture,  1063. 

RODET  (A.)  Botanique  agricole  et  niddi- 
cale,  971. 

RosNV  (L.  de).  l^Opuntia  ou  Cactus-Ra- 
quette d'Algérie,  20  i. 

RossMANN  (G.-W.-J.).  Documents  relat.  à 
la  morphose  des  feuilles  (1"  mémoire), 
817. 

Saniu.  Sur  l'existence  du  spath  calcaire 
dans  récorce  de  beaucoup  de  Dicotylé- 
dons  ligneux,  310. 

ScnACHT  (H.),  I-es  laticifères  du  Carica 
Papaya,  6i.  —Sur  la  fécondation  dans 
le  riionnium  lenax,  1041. 

ScHiMPER  (Ch.).  voy.  Caspary. 

ScHiMPER  (W.-P.).  Mémoire  pour  servir  à 
Phist.  nat.  des  Sphaignes,  '220. 

ScHLECHTENDAL  (F.-L.  dc) .  Remarques  sur 
le  genre  Androsacc,  198.  —  Monstruo- 
sités végétales,  313.  —  Anomalies  végé- 
tales, 10i5.  —  Voy.  Prodromus. 

Sr.HLEiDEN  (J.).  Manuel  de  pharmacogiiosie 
botanique,  246. 

ScHMiDLiN  il-:d.;.  Botanique  populaire,  82. 

ScHMiDT  (Fr.).  Flore  du  terrain  silurien  de 
l'Esthonic,  de  la  Livonic  septentrionale 
elde  l'île  d'OEsel,  194. 

ScHMiDT  (J.-A.).  Flore  de  Heidelberg,  192. 

SciiNizLEis  (A.),  voy.  Martius. 

ScHOTT.  Observ.  sur  le  genre  Lasia  dcLou- 
reiro,  727. 

ScnLLT/.  bip.,  voy.  Caspary. 

ScHijLTz-ScHCLTZENSTEiN,  voy.  Caspary. 

ScHULZ  (J.-II.).  Guide  pour  les  excursions 
botaniques  dans  la  Marche  de  Brande- 
bourg, 316. 

SiEBOi.D  (de),  voy.  Ca.spary. 

SociKTi>  botanique  d'Edimbourg.  Commu- 
nications faites  dans  les  séances  de  nov. 
et  dedéc.  18ri7,  10(i8-1069  : 
fiiRisTiAN.  Sur  une  anomalie  .ibs.  ilans  iiiio  niiir 

rie  l.iliacéo,  10C8.  —  Hakuv.    Nok'   relilivc  II  .li's 


g.iUcs  ti'ouvt'cs  sur  les  fouillos  du  Hi'-lrp,  iOriO.  — 
Kmii.  Nolos  fiir  dés  iilanlcs  d'Ei;v|iU',  1008.  — 
I.AWSON.  Noies  d'analoniio  niicnisr(ipif|iip  :  1 .  le 
Tabac,  lOdO. — YouNG  (.I.V  Sur  une  forme  parli- 
culière  de  Cliauipignoii,  1068. 

Société  Linnécnne  de  Londres.  Notes  de 
M.  Liudiey,  89. 

SoLiEn  (A.-J.-J.),  voy.  Derbès. 

.SoNGEON  (A.),  voy.  Perrier. 

Soi'BEiRAN  (Léon).  Sur  la  matière  sucrée  de 
quelques  Algues,  683.  —  Sur  la  récolte 
de  la  gomme  adraganthe  en  Asie-Mi- 
neure, 972. 

Speerschneider  (J.).  Détermination  expéri- 
mentale de  la  product.  de  la  pourriture 
dans  la  maladie  des  pommes  de  terre 
par  les  spores  du  Peronospora  devasla- 
trix,  187. 


Tassi  (Att.).  Sur  le  développement  de 
chaleur  dans  les  fleurs  du  Magnolia 
grandifora,  18o.  —  Sur  une  particu- 
larité de  struct.  de  VAlliurn  ialivnm, 
209. 

TcHiHATCHEV  (P.  dc).  Asic-Mincurc  (2'"  par- 
tie :  Climatologie  et  Zoologie),  536. 

Thibierge  (Ad.)  et  Remillv.  De  l'amidon  du 
marron  d'Inde,  539. 

TiiL'RET  (G.).  Deuxième  note  sur  la  fécon- 
dation des  Fucacécs,  114.  —  Sur  la 
reproduction  de  quelques  Nostochinées, 
1043. 

TiMBAL-LAGRAVE(Éd.).  Obscrv.  critiques  el 
synonymiques  sur  l'iierbier  de  l'abbé 
Chaix,  190.  —  Sur  les  Erodinm  pe- 
trœum^  crispum,  lucidutn  el  macrade- 
num,  1046. 

Treviranus  (L.-C).  Sur  le  revêtement  écail- 
leux  que  présentent  beaucoup  de  végé- 
taux, 313. 

Trommeu  (C).  L'Agrologie  (Bodenlcunde), 
20r'). 

Tllasne  (L.-R.).  Sur  l'appareil  reproduc- 
teur multiple  des  Hypoxylées  ou  Pyré- 
nomycètes,  186.  —  Florœ  niadagasca- 
jïensù  fragmenta,  i23. — Voy.  Martius. 

TunczAMNow  (N.).  Addcmln  el  emcndanda 
ad  floram  laicalensi-dahuricam,  968. 

Uncer  (F.).  I.e  système  des  canaux  latici- 
fères dans  l'.l/iSHi(7  Plantagn,  66.  — 
Excursions  botaniques  dans  le  doniaiue 
de  la  culture:  1.  Plantes  servante  l'ali- 
mentation de  l'homme,  8  43. 


VAN-DKN-nOSCll  (R.-B.).  ^Oy-    M<"llar'lC- 


tai;li:  alpiiauktiui  iù  dks  m  ri.iiis. 


1 09;") 


Vi;itL(ii  (.(.-H.),  (".atolosuc  des  pliUitcs  cuil. 

iiii  jindiii  l)ol;iiii(iuc  de  (jrcnohlo,  7'J.'>. 
V'isiANi   (U.    tJc).    llliislratioii    des   idaiilcs 

rares  ou  uouv.  du  jardin  ljolani(]UP  de 

Padouc,  835. 

WAiiMcns,  voy.  Miieller. 

Wh.nnKLL  (11. -A.).  Mduograpliie  de  la  fa- 
mille desUrlicees,  830. 

Wki.civI'.ii  (II.).  Sur  la  eouservaliou  des 
l)réi)aralious  pour  le  microscope,  '20(). 

\Vk;.\nd   (A.).  Notes  de   tératologie  végé- 


tale,   22.'j.    —    Mveiiipli'.N  de    fortuation 

anormale  rlu  corps  liyiieux,  i  I  I . 
Wii.iiki.Mi  ({].].  Sur  quehiuesiilaiiles  coiues- 

lihles  et  utiles  de  lAuslralie.  .'iiO. 
WiM.udM.    Hemar(pi('s  sur  des  plantes  cri- 

liqiiesde  la  flore  inédilerranéeniic,  .j31. 
WiMMKR  iFr.).  riorc  de  la  Silésie,  685. 
WiitTc.K.N,  \()\.  (laspary. 
Wiiicirr  (Uapjiorl  de,l.),  botaniste  de  l'ex- 

l»!oralion  géologique  de  l'Klal  du  Miclii- 

gau,  53i. 

VouNG  (.1.',  voy.  Société  bol.  d'Edimbourg. 


ERKATA  DU  TOME  QUATRIEME. 


page    1,  ligne  d  (en  remontant)  :  au  lieu  de  procedato,  lisez  prcceduto. 
l/i3,  note  1  :  au  lieu  de  séreuse,  lisez  séveiise. 
266,  ligne  31  :  au  lieu  de  feuilles  supérieures,  lisez  fleurs  supérieures. 
o78,  ligne  15  :  au  lieu  de  paniculata  Roxb..  lisez  crenulala  Vent. 
h'2b,  ligne  10  :  au  lieu  de  pentamère,  lisez  tétramèrc. 
i61,  ligne  2/i  :  au  lieu  de  soustend,  lisez  souslent. 
639,  ligne  12  :  au  lieu  de  crucifolius,  lisez  erucifolius. 
85Zj,  ligne  ùk  :  au  lieu  de  Fous,  lisez  Nous. 
890,  ligne  26  :  au  lieu  de  pœcilpeis,  //sez  pœcilcpis. 

901,  ligne  31  :  au  lieu  de  trois  plantes  citées  par  M.  Moquin-Tandon,  lise: 
trois  plantes  de  Alagnol  citées  par  ;M.  Moquin-Tandon. 


MM.  les  auteurs  des  articles  publiés  dans  le  Bulletin  sont  priés  de  vouloir  bien 
signaler  au  Secrétariat  de  la  Société  les  fautes  d'impression  qui  auraient  échappé  à  la 
correction  des  épreuves. 


Taris. —  Ini|'iinitrio  do  L.  Maktinkt,  nie  Mi^noii,  2. 


té 


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