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Bibliothèque botanique
EMILE BURNAT
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C'ataIo<|iie ^'"
•Vrovient de
Livres |)io\eii;iiil do la hihiiollièqne botanique
il'Emile Burnat ( IS-2<S-l'r2()), insérés en oclol)re r920
dans la bihliollièiinc dn Conservatoire botanicine de
('ienè\e, conforménient à PActe de donation (rKniile
r.iirnat en date des '21 et 25 janNier iUll, ,^ V.
DUPLICATA DE LA ETSLIOTHÊQUE
•ONSEEVATCirîE BOTAITQCE DE GENEVE
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l'nUs. — liii|>rimcric de L. Mautim:'!', rue Mit^ll^h , -.
BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ BOTANIQUE
DE FRANCE
FONDÉE LE 23 AVRIL 185/i
TOME QUATRIEME
LIBKAKV
NEW YO«K
PARIS
AU BUREAU DE LA SOCIÉTÉ
rIe du vieux-colombier, 24
1857
EN 1922
Y6
ÛK LA
^rriS
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE
(AVRIL 1857)
AC4RD (A.), pharmacien, à Pargles (Eure).
ALAIMORE, pharmacien, à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).
AMBLARD (Louis), rue de TOuest, 36, à Paris, et rue Paulin, l/i, à Agen.
AMBROSI (François), à Borgo en Valsugana (Tyrol).
ALSSURE (Alphonse d'), étudiant en médecine , rue St-Jacques, 171, à Paris.
AVICE DE LA VILLEJAIV, médecin aide-major, h l'hôpital français, à Rome.
(Correspondant à l'aris: M. Puel, boulevard Beaumarchais, 72.)
BAILLON (H.), agrégé à la Faculté de médecine, rue Taranne, 7, à Paris.
BALAIVSA (B.), i"ue de l'Arcade, 7, à Montmartre, près Paris.
BALL (Benjamin), interne en médecine, à l'hôpital de La Riboisière, à Paris.
BALL John), membre du parlement britannique , Park-street, 18, Westminster,
à Londres.
BARAN (Gabriel de), rue de Vaugirard, 158, à Paris.
BARAT, professeur au lycée impérial d'Alger.
BARNSBY (David), rue Neuve-Saint-Étienne-du-Mont, 2Z», à Paris.
BARRAU (Adolphe de), docteur en médecine, à Carcenac, près Rodez (Aveyron).
BAUDRIMOIVT, pharmacien en chef de l'hospice Sainte-Eugénie , rue Saint-
; "^ Victor, 22, à Paris.
c-T.^ALDRY (Frédéric), ancien bibliothécaire de l'institut agronomique, rue de la
Paroisse, 12, à Versailles.
j^EACTEMPS-BEAUPRÉ (CHARLES), substitut du procureur impérial, à Troyes
QT^ (Aube).
"IIJPÉLANGER (Charles), directeur du jardin botanique, à Saint-Pierre (Marli-
"^ nique).
BILLOT (Constant), professeur au collège de Ilagueiiau (Bas-Rhin).
1\ SOr.lÉTl': HOTAMOrE I)K FRANCE. r
lil\ET (Alfred), iiUerne en médecine, à Thôpilal de la Cliarité, à Paris.
BLAIVCIIE (Isidore), vice-consul de France à Tripoli (Syrie). — (Correspondanr
à l\Tris : M. Piiel, boulevard Beaumarchais, 72).
BOISDDVAL , docleiir en médecine, rue des Fossés-Saint-Jacques, 22, à Paris.
BOISSIKR (f^DMO.ND), à Genève (Suisse).
BOITAUD (Emmanuel), docteur en médecine, à
BOMIOmiE (Jules), naturaliste, à Milliau (Aveyron).
BOKDÈIU';, inslilutcur piimairc, à Gèdres, près Luz (llaules-l'yrénées).
BOUXKT (EDOUARD), docteur en médecine, rue de la Calandn^ 27, à Paris.
BOLCUAUDAT, professeur à la Faculté de médecine, rue du Cloître Notre-
Dame, 8, à Paris.
BOLDIER, pharmacien, à Montmorency (Seine-et-Oise).
BOUIS (DE , docteur en médecine, rue Saint-Louis, Uh, au Marais, à Paris.
BOULOLMIÉ (Louis), rue du Vieux-ilaisin, 26, à Toulouse.
BOLRGEAU (F.uile), naturaliste voyageiu', rue Saint-Claude, 1Z| , au Marais,
à Paris.
BOUTEILLE, à Alagny-en-Vexin (Seine-et-Oise).
BOUIEILLEIÎ Ed.), professeur, à Provins (Seine-et-Marne).
BOL'TIGiVV, sous-insp( cteur des forêts, à Foix (Ariége).
BRICE (CiEORGi s^, chef de biu-eau au ministère de la maison de l'Empereur, rue
des Écuries d'Artois, 11, à Paris.
BROXDEAU (Louis de), à lîeignac, commune de Moirax, près Agon (Lot-et-
Caronne).
BROXG^IART (Adoli'IIE), membre de l'Académie des sciences, etc., au Jardiiï
des Plantes, à Paris.
BROU (l'abbé), curé à Oulins, par Anet (Eure-et-Loir).
BROWIV (Robert), président de la Société Linnéenne de Londres, associé étranger
(le l'Institut de France, Deanstrcet, 18, à Londres.
BRUTELETÏE (B. de), à Abbeville iSomme).
BUFFET (Jules), élève en pharmacie, rue des Malhurins-Saint-Jacques , U,
à Paris.
BUREAU (Edouard), docteur en médecine, rue de la Sorbonne, 20, à Paris.
CADET DE ClIAMRIi\E (Edmond), rue du Faubourg-Poissonnière, 31, à Paris.
CALLAY (A.), pharmacien, au Chêne (Ardennes).
CALi\lEIL (le docteur), médecin en chef de la maison impériale de Charenlon,
près Paris.
CARBOWEAUX-LEPERDRIEL, élève en pharmacie, rue des Martyrs, 28,
à Paris.
CARO\ (Henri), à Bulles (Oise).
CARUEL (T.), au nuisée d'histoire naturelle de Florence ^Poscane).
r.ASPARY (IlOBERT), docteur en philosophie, Poppelsdorfer-Schloss, à Bonn
(Prusse rhénane).
CAVEIMTOU (Eugène), pharmacien, rue Gaillon, 20, à Paris.
CIIAROY (Alcide), agent-voyer de la ville d'Aumale (Algérie).
CIIASTA\ET (A.), à Mussidan (Pordogne).
HSÏi; DLS MKMIÎRES. HJ
4JIAXIIM (A.) , professeur à l'École de pharmacie , rue du faubourg Saiiil-
llonoré, 208, à l\iris.
(;II.\V1\' (rabl)r), curé à Compesières, près Genève (Suisse).
rJlKVllIEll (Jules), pliannacien. rue du Fauhourg-Montmarlre, 17, à Paris.
CllOMI\Or, pliarniacien, à Joinviile (llaule-Marne).
CIIOISY (le professeur), à Genève (Suisse).
CLAIIIIWAL, colonel d'arlillerie, à Melz.
CI.OS (n.), professeur à la Faculté des sciences, au jardin botanique, à Toulouse.
Membre à vie.
C0:HAR (Ferdinand), pharmacien, rue Poissonnière, 2, à Paris.
COIMTES ;le baron Gustave de), maison Cliaband, rue Saint-François-de-Paule,
à Nice (États sardes).
COSSOIV (Ernest), docteur en médecine, rue du Grand-Chantier, 12, à Paris, et
à Thurelles, par Fontenay-sur-Loing (Loiret).
COLDRAY (Louis), avoué, à Cliàteaudim (Eure-et-Loir).
COURTAUT (Henri), sous-chef à Padministralion des Domaines, rue de l'Ouest,
35, à l'aris.
CRErAIIVE (Alexis), pharmacie Journeil, à ^lelun (Seine-et-Marne).
CROLA!\ (IlippOLYiE), pharmacien, rue de la Fraternité, 6, à Brest (Finistère).
CLIGNEAU (Th.), docteur en médecine, Allées-Damour, 16, à Bordeaux.
D.«IME1\ (l'abbé), aumùhier de la chapelle Saint-Louis, à Dreux (Eure-et-Loir).
DARRACQ (Ulysse), pharmacien, à Saint-Esprit (Landes).
DARRIELX (Arsène), docteur en médecine, àSaint-Jean-Pied-de-Port (Basses-
Pyrénées).
DEBEAUX (Odon), pharmacien aide-major, à l'hôpilal militaire de Boghar,
par Médéah (Algérie).
DECAISIVE (J.), membre de l'Académie des sciences, etc., au Jardin des Plantes,
à Paris.
DE CAIXDOLLE (ALPHONSE), à Genève (Suisse).
DÉCÈS (Arthur), interne en médecine, rue ïaranne, 9, à Paris.
DELASTRE, rue de l'Hospice, 23, à Poitiers.
DELAUXAY, manufacturier, à Tours.
DELBOS (Joseph), professeur à l'École supérieure des sciences appliquées,
rue des Bouchers, 5, à Mulhouse (Haut-Rhin).
DELESSERT (François), membre de l'Académie des sciences, etc., rue Mont-
martre, 172, à Paris.
DELLA SLDDA FILS (GEORGES), pharmacien, àConstantinople. (Correspondant à
Paris: M. L. Soubeiran, quai de la Tournelle, Zi7.)
DELOXDRE (AUGUSTE), à Graville-Uavre (Seine-Inférieure).
DÈLOIVDRE (AUGUSTIN), rue des Juifs, 20, à Paris.
DEMOGET (E.), élève en pharmacie, rue des Tanneurs, 18, à Bar-le-Duc (Meuse).
DEMOLY, pharmacien, à Noyon (Oise).
DERBÈS, professeur à la Faculté des sciences, rue des Minimes, 10, à Marseille.
DEROUET, membre du conseil général d'Indre-et-Loire, rue des Fossés-Saint-
Gcorges, li, à 'l'ours, et rue Chabannais, 1, à Paris.
IV SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
DES ÉT.WGS (S ), juge de paix, à Bar-sur-Aube (Aube).
DESMAZIÈHES, naturaliste, à Lamijersaii , près Lille.
DES I\IOLLI\S (Ch.), membre de plusieurs académies, rueelliôlel de Gourgues,
5 Bordeaux.
DEZANIVEAU (Alfred), interne en médecine, à l'hôpital Sainte-Eugénie, à Paris.
DORVAULT, directeur de la pharmacie centrale des pharmaciens, rue des
Marais Saint-Germain, 23, à Paris.
DOUMET (F.), député au Corps législatif, maire de Celle (Eléraull).
DOURS, docteur en médecine, à Péronne (Somme).
DOVERGIME, pharmacien, à llesdin (Pas-de-Calais).
DUBOC (Edouard), rue des Gobelins, 28, Ingouville, au Havre (Seine-Inférieure).
DL'BY (le pasteur), à Genève (Suisse).
DUCIIARTRE (P.), docteur es sciences, rue de Sèvres, lli, à Paris.
DL'CLALX, vice-président du tribunal civil, à Laval (Mayenne;.
DU COLOMBIER (MAtJRiCE), directeur du télégraphe, à Metz.
DUC0LDRAV-B0URGALLT(L.-11.), rue Cambrûnne, 2, à Nantes.
DLFOLR (LÉON), docteur en médecine, correspondant de IMnstiluI, à Saint-
Sever-sur-Adour (Landes).
DUHAMEL, employé au ministère de la Guerre, rue Saint-IIonoré, 301, à Paris.
DUM0L1IV(J.-B.), à Saint-Maurin, par Piiymirol (Lot-et-Garonne).
DUMOIVT (1Ie>ry), interne en médecine, rue de l'Échiquier, 38, à Paris.
DUQUE\ELLE (EDOUARD), étudiant en pharmacie, rue d'Enfer, 21, à Paris.
DURIEU DE !\LVISOM\EUVE, directeur du nouveau Jardin des Plantes, allée
des Noyers, 28, à Bordeaux.
DUSACQ, libraire-éditeur, rue Jacob, 26, à Paris.
DUSSAUD, pharmacien, rue de Borne, 1, à Marseille.
EBRA\ (Arthur), pharmacien, rue des Pénitents, 2, au Elavre (Seine-Inférieure).
ÉI.OV DE VICQ (LÉo^^ place de la Placelte, à Abheville (Somme).
FABRE (J.-IL), professeur d'histoire naturelle au lycée d'Avignon.
FAIVRE, docteur en médecine, professeur au collège Stanislas, rue Bonaparte,
72, à Paris.
FAUCIIIER (P.), pharmacien, à Rouilly (Indre).
FÉE, professeur d'histoire naturelle à la Faculté de médecine de Strasbourg.
FÉRAUD (IIippolyte) , percepteur des conlrihutions directes, à Carpentras
(Vaiicluse).
FERMO\D (Charles), pharm.icien en chef de la Salpêtrière, à Paris.
FERRER (LÉON), étudiant en pharmacie, rue des Marchands, à Perpignan.
FISTO\, employé des postes, rue des Récollets, i7, ;'i Wisailles.
FORGET (Eugïine), docteur en médecine, place Saint-Michel, 8, à Paris.
FORT (Aristide), interne en pharmacie, à riiùpilal Saint-Louis 5 Paris.
FOURMER (Eugène), interne des hôpitaux, rue Bonaparte, 20, à Paris.
FOVII.LE (Achille de), interne en médecine, h l'hôpital Necker, à Paris.
FR\\OUEVILLE (Aldert de, rue Palatine, 5, à Paris, et au château de
Bisanos. par Pau (Basses-Pyrénées).
LISTR DES MEMBRES.
FKILI.KV, cliiiiirgiçn de marine, ;» Pôle (Jura).
l'IîOGK ((îEOr.GES), pliariiiacicn, à INioit (Ueux-Sèvres).
GAIM.ARDOT (C), mt-deciii do l'hôpital de Saïda (Syrie). — (Correspondant à
Paris : M. l^uei, boulevard Beaumarchais, 72.)
«AMJCIIEU (Paul), quai de la Mégisserie, 26, à Paris.
G.'\ni\Il';K(ALMiRE), interne en médecine, à la Salpélritîre,à Paris.
(iAlUlKAU (Louis), docteur en médecine, à Changé-lez-Laval (Mayenne).
GAVI\'0-GUMA, docienr en médecine et pharmacien, à Pîle de Malte,
GAY (Claude), boulevard Bonne-Nouvelle, 25, à l'aris. Membre à vie.
GAY (Jacques), rue de Vaugirard, 36, à Paris,
GERMAIIM DE SAIXT-PIEKRE, docteur en médecine, me Pavée-Saint-André, ;j,
à Paris, et au château du Bessay, canton de Uornes (Nièvre).
GIDE (Casimir), libraire-éditeur, rue Bonaparte, 5, à Paris.
GIRALDY, boulevard Chave, 90, à Marseille.
GIROU DE BLZAREIXGUES, député au Corps législatif, rue Royale, 28,
à Paris.
GODROIV, doyen de la Faculté des sciences, rue de la Monnaie, Zi, à Nancy.
GOGOT, docteur en médecine, rue dos Trois-Pavillons, h, à Paris.
GOMBAULT (Urbain), interne en médecine, rue do Constantine, 3û, à Paris.
GOIVOD 'Eugène), pharmacien, à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).
GOiMTIER, docteur en médecine, rue Saint-IIonoré, 36/i, à Paris.
GRAVES (Louis), directeur général des forêts, rue de Verneuil, 51, à Paris.
GRE!MEK(Ch.), professeur à la Faculté des sciences, rue de la Préfecture, 1/|,
à Besançon.
GRIS (Arthur), licencié es sciences naturelles, rue Guy-de-la-Brosse, 5,
à Paris,
GRCffi\LAI\D (JOHANNES), rue du Cardinal-Lemoine, 1, à Paris.
GLRLER, agrégea la Faculté do nnklociiio, rue de Soine, 12, à Paris.
GLÉMIOT (Alexandre), étudiant on niédocine, rue Férou, 11, à Paris.
GLÉI»IIV, docteur on médecine, rue dos Lices, 11, à Angers (Maine-et-Loire).
GLEVDOX DE DIVES, à Manzac, par Saint-Astier (Dordogne).
GIJIART, pharmacien eu chef de l'hôpital de la Pitié, à Paris.
GLIDI (Louis), à Pesaro (États de TÉglise).
GLILLARD (ACHILLE), docletu' es sciences, rue de Laval, 15, à Paris.
GLILLON (ANATOLE),sous-inspecteur des contributions indirectes, à Villeneuve-
d'Agon (Lot-et-Garonne).
GURY (Alphonse), pharmacien, rue 'rôte-d'Or, à Metz.
GLYOT-RESSIGEAC (Charles), capitaine d'artillerie, à Grenoble.
IIË\OIV, interprète militaire, à Batua, province de Constanîine (Algérie).
IIENIVECART, ancien député, rue Neuve-des-Mathurins, [\1, à Paris.
IIE\SLOVV, professeur à l'Université de Cambridge (Angleterre).
IIÉRÉTIEU, inspecteur des contributions directes , à Montauban (Tarn-et-
Garonne).
VI SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
HÉRICAUT-FERRAXD (le vicomte), rue SaiiUe-Galherine-cl'Enfer, 1, à Paris.
UÉRIXCQ, atlaché au Muséum clMiisloire naturelle, rue Guy-de-la-Brosse, 11,
à l\uis.
HOMOLLE, docteur en médecine, rue Bonaparte, 7, à Paris.
IIOOKLR (Sir William), au jardin botanique de.Kew, près Londres.
IIOUDBIXE, pharmacien, à Niort (Deux-Sèvres).
HOWARD (John Elliot), à Tottenliam, près Londres.
HLBERT, pharmacien, à New-York. — (Correspondant à Paris: M. Puel, bou-
levard Beaumarchais, 72).
HLGL'EIV'IX (AUGUSTE), à Cliambéry (Savoie).
IIL'MBERT (EMILE), docteur en médecine, rue de la Harpe, 107, passage
d'Harcourt, à Paris.
IRAT (Albert), procureur impérial, à Figeac (Lot).
JACQUEL (l'abbé), curé à Coinches, par Sainl-Dié (Vosges).
JAMAIIV (A.), docteur en médecine, rue .Mazarine, 20, à Paris.
JAUIIÎV (Pierre), directeur du jardin d'acclimalatiou de Beni-Mora (Algérie).
JAUBERT (le conile), ancien ministre, rue Saint-Domini(|ue, 67, à Paris, et au
domaine de Givry, par La Gtierche-sur-Aubois (Cher;.
JEA\BERXAT (Ernest), interne des hospices, à PhOpital Saint- Jacques, à
Toulouse.
JOLIEU (Antoijje), docteur en médecine, à Lavelanet (Ariége).
JORDAN (Alexis), rue Basseviile, 10, à Lyon.
JOUFFROY-GONSANS {M. de), rue de la Préfecture, 20, à Besançon, et rue de
rAncienne-Comédie, 21, à Paris.
JOUVIIV, professeur à l'Ecole de médecine navale, rue Saint-Louis, 88, à Uoche-
fort-sur-mer (Charente- Inférieure).
JULLIEIV-CROSMER, conservateur du Jardin des Plantes, rue d'IUiers, 5U bis,
à Orléans.
KETELEER, horticulteur, rue de Charonne, lZi6, à Paris.
KIRSCHLEGER, professeur à l'Ecole supérieure de pharmacie de Strasbourg.
KRALIK (Louis), rue du (îrand-Chantier, 12, à Paris. Membre à vie.
KRÉilIER, docteur en médecine, pharmacien en chef, à Sidi-Bel-Abbès, pro-
vince d'Oran (Algérie).
KRESZ, docteur en médecine, rue des Bourdonnais, IZi, à Paris.
LABOURET (J.), hôtel de l'ancienne sous-préfecture, à P.ulïec (Charente).
LACROIX (l'abbé de), à Saint-l\omain-sur-Vienne, par les Ormes (Vienne).
LACROIX, ])harmacien, à Màcon (Saône-et-Loire).
LAGRANGE, docteur en médecine, rue Garancière, 6, à Paris.
LAGRÈZE FOSSAT (Adrien), avocat, à Moissac (Tarn-et-Garonne).
LAISSÉ (A. -M.), ancien principal du collège, à Avranches (Manche).
LISTE DES MEMBRES. vij
I-A!\IIJEHTYE (le comte Léonce de), à Clialliail, par MoiUmort (Marne).
LAMIABLE (G.), docteur en mt'decine, h Cliàleau-l>orcien (Ardennes).
LAMOTTE (Martial), pharmacien, à Iliom (Puy-de-Dôme).
LAXGE, I)il)liolli('caire au jardin botanique de Copenii<Tgiie (Danemark).
LA l>Ei;itALDIÈRE (Henri de), rue du Cornet, 2/i, à An5,'crs.
LAPOUTE (Edmond), boulevard de l'Étoile, 38, aux Thèmes, près Paris.
LAnAMJÎEIlGlJE (IlENRi DE), à Castres (Tarn).
LAUEVEl.LlÈlîE-LÉPEALV, au Gué du Berger, à Thouarcé (Deux-Sèvres).
LASÈGLE (A.), conservateur des colleclionfi botaniques de M. François Delessert,
rue Montmartre, 172, à Paris.
EAVALLÉE (ALPHONSE), pue des Coutures-Sainl-Gervais, 1, à Paris.
LAVAU (Gaston de), rue du Bac, 97, à Paris.
LAVERIMELLE (OscAR DEi, rue de Martignac, 2/i, à Paris.
LEBAIL, docteur en médecine, à Kvron (Mayenne).
LEBEL (E.), docteur en médecine, à Valognes (Manche).
LEBEUF (Ferdinand), pliarmacien, à Bayonne (Basses-Pyrénées).
LECADRE, ancien chirurgien de marine, rue Cliilou , 8, au Havre (Seine-
inférieure).
LECLERC, professeur d'histoire naturelle à l'École de médecine et de phar-
macie de Caen (Calvados).
LECLÈRE (Louis), chez M. Léon Denouette, à Monlivilliers,près le Havre (Seine-
Inférieure).
LECOQ (Henri), professeur d'histoire naturelle à la Faculté des sciences de
Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Membre à vie.
LE COLPPEY, pharmacien, à Bercy, près Paris.
LE DIE!\ (Emile), propriétaire, à Asnières (Seine).
LE FORT (LÉON), interne en médecine, rue des Fossés-Saint-Bernard, 22, à Paris.
LEGRAIVD (de l'Oise), ancien député, rue Richepanse, 7, à Paris.
LEGUAY (LÉON), inspecteur des jardins impériaux, rue du Cherche-Midi, 17, à
Paris.
LE MAOLT (Emm.), docteur en médecine, quai de la Tournelle, 33, à Paris.
LENORMAIVT (François), rue Neuve-des-Petits-Cliamps, ih, à Paris.
LÉPmE (Jules), pharmacien de première classe de la marine, à Pondichéry
(Inde française). — (Correspondant à Paris: M. P. Dupont, rue de l'Échi-
quier, 15).
LE PRÉVOST (Auguste), membre de l'Institut, à Bernay (Eure).
LEROUX DE BRETAGNE, avocat, rue des .Saints-Pères, 61, à Paris.
LEROY (André), pépiniériste, ù Angers.
LESPIAIJLT (M.), peintre d'histoire naturelle, à Nérac (Lot-et-Garonne).
LESPIXASSE (Gustave), agent de change, rue du Waux-IIall, 1. à Bordeaux.
LESTIBOLDOIS (TH.), conseiller d'État, rue de la Victoire, 92, à Paris.
LETOL'RNEIJX (ARISTIDE), procureur impérial, à Bône (Algérie).
LEVEI\T, ancien pharmacien, place du Palais-de-Justice, 16, à Ueims (Marne).
LIIÉRITIER, docteur en médecine, rue de la Victoire, 8, à Paris.
LOCK, pharmacien à Vernon (Eure).
LOMBARD (F.), place d'Armes, li, à Dijon.
LORIÈRE (IRÉNÉE DE), rue Chanoinesse, 12, à Paris.
VllJ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
LOYSEL (François-Charles), rue Mazarine, 3, à Paris.
LUTZ, pharmacien en clicfdel'liôpital des Eiifunls malades, rue deSèvres',àParis.
MACREWA (Benjamin Vicunna), au Chili. — (Correspondant à Paris: M. Cliaries
Valder, passage de la Madeleine, /j.)
MAILLAllD (Auguste), rue Saint-Sulpice, 1, à Paris.
:\IAILLE (Alphonse), rue Madame, 1, à Paris.
MA\ESCAU, ancien reprt^scntant, à Pau (Basses-Pyrénées).
MAUCILLY (de), garde général des forêts, à Conipiègne (Oise).
:\1AIÎÈS (P.), docteur en médecine, rue Blanche, 10, à Paris.
MAIMOLIIV, docteur en médecine, rue de la Paix, 1, à Paris.
MARMOTTOiM (IlENRi), docteur en médecine, rue Notre-Dame, /i , à Passy,
près Paris.
;\IARSY (de), procureur impérial, à Compiègne (Oise).
YIAIITIX (Éjule), juge, ù Uonioranlin (Loir-et-Cher).
lIAUTIiXS (Charles), professeiu- à la Faculté de médecine de Montpellier.
.MARTIîI^'-DO^OS (le comte Victor de), Grande-Rue, à Montauban (Tarn-et-
Garonne).
MASSOX (VrcTOR), libraire-éditeur, place de TÊcole-de-Médecine, à Paris.
MASSOT (Aimé), docteur en médecine, rue Saint-Jean, 9, à Perpignan.
MATHIEU (Auguste), inspecteur des forêts, professeur à l'Ecole impériale fo-
restière, rue Stanislas, UG, à Nancy.
MATlG\Oi\ (E.), à Fontainebleau (Seine-et-Marne).
MAUGEUET, directeur du télégraphe, à Bordeaux.
MALGIN (Auguste), interne en médecine, àriIôtel-Dieu, à Paris.
AIALGIIV (Gustave), avocat, rue de Seine, 33, à Paris.
MAI]RI1\ (Alcide). étudiant en médecine, rue Monsieur-le-Prince, 56, à Paris,
IV1ALVAIS (Virgile), interne en médecine, à l'iiôpital Saint-Louis, à Paris.
MÉEICOCO (le baron de Lapons de), rue lloyale, 8Zi his, à Lille.
MEiXIÈRE (le docteur), médecin de l'établissement des sourds-muets, rue Saint-
Jacques, 256, à Paris.
\1ERCIER, pharmacien, me Crébillon, 11, à Nantes.
iVlIClIALET (Eugène), avocat, à Dùlc (Jura).
MIERGLES (Auguste), docteur en médecine, à Anduze ^Gard).
MILLET (C), inspecteur des forêts, rue du Marclié-Saint-llonoré, 6, à Paris.
MilVGAUD, pharmacien, à Saint-Jean-du-Gard (Gard).
MOiVARD (l'.), ancien médecin en chef des armées, conservateur du jardin bo-
tanique, rue de l'Évèché, 25, à Metz.
MO.\TAG\E (Camille), membre de l'Académie des sciences, etc., ruedes Beaux-
Arts, 12, à Paris.
:\!OQIjIi\-TA\DO\ (Alfred), membre de l'Académie des sciences, etc., rue de
l'Est, 2, à Paris.
MORIZE, pharmacien, rue des Francs-Bourgeois, 13, au Marais, à Paris.
MOUGEOT père, docteur en médecine, à Bruyères (Vosges).
MOLRA-BOLROUILLOU (B.), docteur en médecine, rue de la Fontaine-Molière,
33, à Paris.
MSTIÎ DES MF.MIîRES. 1\
MUNBY {€,.), h Oraii (Algérie).
ÎVIUSSAT (flMlLE), élève en pliannacie, à la Salpêlrière, à Paris.
NOÉ (le comte, de), rue du Bac, 10'_>, à Paris.
îMOULliT, professeur à rÉcoie de médecine, rue du Lycée, 8, à Toulouse.
OUIMOLS (LÉO d'), à Saverdun (Ariége), et rue Jacob, 22, à Paris.
PARISOT (Louis), pharmacien, à Belfort (Haul-Rhin).
PARLATOIIE (Philippe), professeur de ijolanique au Musée grand-ducal d'Iiis-
toire naturelle de Florence (Toscane).
PARSEVAL-GRAXDMAISOIV (.Iules de), avocat, aux Perrières, près Mâcon
(.Saône-et-Loire).
PASSY (ANTOINE), ancien député, rue Pigale, 6, à Paris, et h Gisors (Eure).
PAYER, membre de l'Académie des sciences, etc., rue Saint-Myacinthe-Saint-
Michel, 6, à Paris.
PENCIIIMAT (Charles), docteur en médecine, à Port-Vendres (Pyrénées-Orien-
tales).
PÉPIN (Jules), docteur en médecine, rue de l'Est, 7, à Paris.
PERRIER (Eugène), à Conflans-sur-rilôpltal (Haute-Savoie).
PERKIO (Francisque), à Napoléonville (Morbihan).
PERROTTET, à Pondichéry. — (A Paris, rue Montmartre, 172).
PERSOIVIVAT (Camille), rue d'Éligny, 20, à Auch (Gers).
PERSOMÎMAT (Victor), employé des contributions indirectes , à ,SaintGéré(Lot).
PETIT (Guillaume), membre du conseil général de l'Eure, à Louviers (Eure).
PETIT (V.), docteur en médecine, à Hermonville, près ileims (Marne).
PEUJADE (Ulysse), docteur en médecine, Ji Najac (Aveyron).
PICQUOT (EDOUARD), interne en pharmacie, rue de Conslanline, 36, à Paris.
PLANCIIOM (J.-E.), professeur à la Faculté des .sciencesde Montpellier.
POIRIER (Abel), rue de Constantine, 36, à Paris.
POMMARET (E. de), à Asen (f.ot-et-Garonne).
POUCHET (Eugène), à Saint-Miciiel-dp-la-llaie, par Bourgachard (Eure).
PRILLIEL\ (Edouard), rue de la Viile-l'Évèque, 58, à Paris.
PUEL (Louis), pharmacien, à Figeac (Lot).
PUEL (TiMOTHÉE), docteur en médecine, boulevard Beaumarchais, 72, à Paris.
QLESTIER (l'abbé), curé à Thury en Valois, parBetz (Oise).
RAROTIN, pharmacien, à Fontainebleau (Seine-et-Marne).
RAMEUR (P.), docteur en médecine, rue Sainl-Nicolas-Simon, 33, à Tours.
RAHIOIV DE LA SAGRA, correspondant de l'Institut, passage Saulnier, 22, à
Paris.
RAMOXD (A.), directeur des douanes, au Havre (Seine-Inférieure).
RA\TO\\ET, pépiniériste, à Ilyères (Var).
X SOCIÉTÉ nOTAiMQUE DE FRANCE.
KASCOM (Mabtin-Jose), à Mexico. — (CorrespoiidaiU à Paris : M. O'Biicn, rue
Mogador, U).
RATIER (l'alji)é}, professeur au petit séminaire, rue de rKsfjuille, 1, à Toulouse.
RAULI\ (Victor), professeur à la Faculté des sciences, rue Croix-de-Segucy, 87,
à Bordeaux.
RAY\£VAli (le comte Alphonse de), aiubassadeur de France, à Rome.
REBOUD, docteur en médecine, chirurgien aide-major, à Djelfa (Algérie).
RÉCAMIER (Etienne), rue du Hegard, 1, à Paris.
REG\AL'r, attaché à Fadaiinislratiou du cliemiu de fi'r d'Orléans, rue S.iinl-
Ilonoré, 398, à Paris.
REVEIL, agrégé à l'École de pharmacie, à l'hôpital des Cliniques, à Paris.
REl FILS, à Saint-Amand-Monirond (Cher).
ROBI\, ancien ingénieur divisionnaire des ponts et cliaussées, rue de la Victoire,
73, à Paris.
ROQUE DE SAI\ r-PRÉG\AIV , sous-inspecteur des forêts, rue Royale, 8, à l'aris.
ROMAIîV (Chaules), rue Doria, à Alger.
ROSIXY (Li';o\ de), rue Lacépède, 15, à Paris.
ROLMEGUÈKE (Casimir), secrétaire en chef de la sous-préfecture, place de la
Visitation, 9, à Toulouse.
ROUSSEL (le docteur), rue des Fossés-Saint-Jacques, 26, à Paris.
ROYS (le marquis de), ancien élève de l'École polytechnique, rue de Verneuil, 53,
à Paris.
SAIMTIXE (X.-B.), rue de Lancry, 7, à Paris.
SAUBL\ET aîné, membre de l'Académie impériale de Reims (Marne).
SAULCY ( de) , membre de l'Institut, etc., place Saint-Thomas-d'Aquin, à Paris.
SAUZK (C), docteur en médecine, à la Molhe-Saint-lléray (Deux-Sèvres).
SAUZET (L.-H. DE), licencié es sciences naturelles, rue des Saints-Pères, 55,
à Paris.
SAVATIER (Alexandre), de Chéray (Ile d'Oléron), docteur en médecine, à
Beauvais-sur-Matha, par Matha (Charente-Inférieure).
SAVATIER (Ludovic), de Saint-Georges (Ile d'Oléron), chirurgien de la marine,
à Mahé (Inde française).
SA VI (PiETROj, professeur de botanique, à Pise.
SCIIIAII'EU (W.-P.), conservateur du Musée d'histoire naturelle de Strasbourg.
SCIIOEXEFELD (W. DE), rue de la Ferme-dcs-Mathiu-Jns, 30, à Paris, et à Saint-
ricrmaiii-en-Laye (Seine-et-Oise'.
SECOXD-FERRÉOL (FÉLIX), interne en médecine, à l'hôpital Beaujon, à Paris.
SERIXGE, professeur à la Faculté des sciences de Lyon.
SERRES, colonel d'artillerie en retraite, à la Roche-des-Arnauds, près Gap
(Ilaules-Alpes).
SERRES (Hector), pharmacien, à Dax (Landes).
S1M0\, ex-chancelier du consulat de l-'rance à Erzeroum. — (Correspondant à
Paris: M. Puel, boulevard Beaumarchais, 72.)
SOUBEIRAX (J.-LÉON), professeur agrégé à l'Ecole de pharmacie, quai de la
Tournelle, !i7, à l'aris.
SPACII (Kdouard), garde de la galerie de botanique du IMiiséiim d'histoire na-
turelle, ou Jardin des plantes, à Paris.
TARGIO^■I-TOZZETTI (Adolpiik), professeur de botanique, à Florence (Tos-
cane).
TASSI (Attilio), professeur de botanique, à l.ucques (Italie).
TCIIIIIATCIII;f (P. dk), membre de l'Académie des sciences de lîerlin, etc. ,
rue de Rivoli, grand hôtel du Louvre, à Paris.
TIIIBESARD, fondé de pouvoirs du receveur général, à Laon (Aisne).
THOMSON (le docteur), à Kew, près Londres.
TIILIÎET (Gustave), rue Napoléon, 18, h Cherbourg (\Lnnche), et quai Bourbon,
15, à Paris.
TIIXETTE DE CLEKMOAiT-TOXIVERRE (le baron), député au Corps légis-
latif, ù Abbeville (Somme).
TIMBAL-LAGRAVE (ED.), pharmacien, rue Pargaminière, 8û, à Toulouse.
TISSEUR (l'abbé), missionnaire, aux Chartreux, à Lyon.
TITOIV, docteur en médecine, à Châlons-sur-Marne (Marne),
TOCQUAINE (Adolphe), à Remiremont (Vosges).
TODARO (Augustin), directeur du jardin botanique de Palerme (Sicile).
TOPINARD (Paul), interne en médecine, à l'hôpital Saint-Louis, à Paris.
TOURE\T, docteur en médecine, à Thiers (Puy-de-Dôme).
TRACY (de), ancien ministre, rue d'Anjou-Saint-IIonoré, hS, à Paris.
TRÉCUL (A.), rue Cuvier, 20, à Paris.
TROLILLARD, banquier, à Saumur (Maine-et-Loire).
TULASIVE (L.-R.), membre de l'Académie des sciences, etc., rue de Vaugirard, 73,
à Paris.
VALLON (Alexandre), licencié ès-sciences, rue Gracieuse, 20, à Paris.
VANDERMARQ, rue de Lille, 76, à Paris.
VALPELL (Christian), à Copenhague (Danemark).
VIAUD-GRANDIMARAIS (Ambroise), interne des hôpitaux, rue Bonaparte,
à Paris.
VILLIERS DU TERRAGE (le vicomte de), ancien pair de France, rue Racine, 8,
à Tours.
VILMORIN (Louis), quai de la Mégisserie, 28, à Paris.
WARION (Adrien), rue du Palais, 10, à Metz.
WATELET (Ad.), professeur, oflicier d'Académie, à Boissons (Aisne).
WEDDELL (H. -A.), docteur en médecine, aide-naturaliste au Muséum, rue de
Poissy, 1, à Paris.
WEGiMANN (Fernand de), garde général des forêts, à Soultz-sous-Forêts (Bas-
Rhin).
WEISS-SCIILUIVIBERGER, à Mulhouse (Haut-Pdiin).
WIGHT (le docteur), à Grazeley-Lodge, près Reading (Angleterre).
Paris. — Imprimerie de L. MiSTiNF.T, rue Mignon, 2.
SOCIÉTÉ BOTANIQUE
DE FRANCE.
SÉANCE DU 9 JANVIER 1857.
PRÉSIDENCE DE M. A, PASSY.
M. Duchartre , secrétaire , donne lecture du procès-verbal de la
séance du 26 décembre 1856, dont la rédaction est adoptée.
Par suite des présentations faites dans la dernière séance , M. le
Président proclame Tadmission de :
MM. Buffet (Jules), élève en pharmacie, rue des Mathurins-
Saint-Jacques, A, à Paris, présenté par MM. Maurin et
Eug. Fournier.
Romain (Charles), rue Doria, à Alger, présenté par MM. Maille
et Eug. Fournier.
M. le Président annonce en outre cinq nouvelles présentations.
Dons faits à la Société:
1" De la part de M. Ch. Martins, de Montpellier :
La Géographie botanique [extrait de la Revue des Deux Mondes),
2" De la part de M. Ed. Bornet, de Cherbourg :
Description de trois Lichens,
3" De la part de 31. Gavino-Gulia, de Malte :
Repertorio botanico,procedato da una prefazione bibliografico-critica,
fasc. 1. Malte, 1855-56.
A* Kn échange du Bulletin de la Société :
V Institut, décembre 1856 et janvier 1857, dtiux tiuméros,
T. IV, \
2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Lecture est donnée cFune lettre de M. le docteur Leclerc, deCaen,
qui remercie la Société de l'avoir admis au nombre de ses membres.
Conformément à l'article 28 du rèulement, M. le Président fait
connaître à la Société le nom des membres des diverses Commissions
nommées par le Conseil, [)our l'année 1857, dans sa séance du 19
décembre dernier.
Ces Commissions sont composées de la manière suivante:
1° Commission de comptabilité, cliargée de vérifier la gestion de
M. le Trésorier: MM. Brice, J. Gay et T. Puel;
2° Comjnission des archives, cbargée de vérifier la gestion de
M. l'Arcbiviste: MM. Cosson, Maille et Weddell ;
3° Commission permanente du Bulletin: MM. Chatin, Decaisneet
deScbœnefeld.
i'
31. le Président annonce que, par suite du tirage au sort qui a été
fait le 19 décembre dernier, les membres du Conseil qui doivent être
remplacés cette année sont : 3IM. Bouchardat , J. Gay , Le Maout et
le baron Tillette de Clermont-Tonnerre.
A.,
On procède ensuite à l'élection du président pour l'année 1857.
r
M. Moqlln-Tandon, ayant obtenu 100 suffrages sur 128 , est pro-
clamé président de la Société pour l'année 1857.
La Société nomme ensuite successivement:
Vice-préside7îts : MM. le comte Jaubert, T. Puel, Le Maout et
Lasègue.
Vice-secrétaire: M. de Scliœnefeld, en remplacement de M. T.
Puel, nommé vice-président.
Membres du Conseil: MM. A. Passy, Boisduval, Cbatin, Bâillon,
Germain de Saint-Pierre et Menière. -
Il résulte de ces nominations que le Bureau et le Conseil d'admi-
nistration delà Société se trouvent composés, pour l'année 1857, de
la manière suivante :
^
SÉANCE DU 9 JANVIER 1 SS"]
Président.
31. Moquin-Tandon.
Vice-présidents .
MM. le comte Jauhcit.
MM. E. Le Maout.
Lasègiie.
T. Puel.
Secrétaires.
MM. E. Cosson.
Ducliartre.
Vice- secrétaires.
MM. de Schœnefeld. '
L. Soubeiran.
Trésorier.
M. Fr. Delessert.
Archiviste,
M. de Bonis.
Membres t
lu Conseil.
MM. Bâillon.
Boisduval.
Brice.
Ad. Brongniart.
Chatin.
Decaisne.
MM. Germain de Saint-Pierre.
Menière.
Montagne.
A. Passy.
L.-R. Tulasne.
Weddell.
Avant de se séparer, la Société vote des remcrcîments unanimes
à M. A. Passy, pour le dévouement avec lequel il a bien voulu diriger
ses travaux pendant l'année qui vient de finir.
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
SÉANCE DU 16 JANVIER 1857.
PRÉSIDENCE DE M. MOQDIN-TANDON.
M. Dndiarlre, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la
séance du 0 janvier, dont la rédaction est adoptée.
Par suite des présentations faites dans la dernière séance , M. le
Président proclame l'admission de:
MM. Gavino-Gulia, docteur en médecine et pharmacien, à l'île de
Malte, actuellement à Paris, rue de l'École-de-Médecine, 25,
présenté par MM. Dorvault et L. Soubeiran.
Pépin (Jules), docteur en médecine, rue de l'Est, 7, à Paris,
présenté par MM. Moquin-Tandon et Cosson.
Salzet (Louis-Henri de), licencié es sciences naturelles, rue
des Saints-Pères, 55, à Paris, présenté par MM. Moquin-
Tandon et Cosson.
Bélanger (Charles), directeur du jardin botanique de la Mar-
tinique, actuellement à Paris, présenté par MM. Moquin-
Tandon etDecaisne.
Gris (Arthur), licencié es sciences naturelles, rue Guy-de-
la-Brosse, 5, à Paris , présenté par MM. Ad. Brongniart et
Weddell.
M. le Président annonce en outre une nouvelle présentation.
Dons faits à la Société :
1° De la part de 31. Ch. Martins, de Montpellier :
Index seminumhorti Mbmpcliensis, 1856.
2* En échange du Bulletin de la Société :
ZVns^?Vw^ janvier 1857, un numéro.
M. de Schœnefeld , vice-secrétaire, donne lecture d'une lettre de
M. le comte Jaubert , qui remercie la Société de l'avoir appelé aux
fonctions de vice-président.
Lecture est également donnée d'une lettre de M. le D' Caspary,
de Bonn, qui remercie la Société de l'avoir admis au nombre de ses
membres.
SÉANCE DU 16 JANVIER 1857. S
M. Cosson met sous les yeux de la Société plusieurs espèces nou-
velles d'Algérie, et fait les communications suivantes:
ITINÉRAIRE D'UN VOVAGK r.OTANIQLE EN ALGÉRIE, ENTREPRIS EN 185G SOUS LE
PATRONAGE DU MINISTÈRE DE LA GUERRE, par M. E. COSSOIM (1).
(Sixième partie.)
Le ksar d'Arba el Tatnni, dont les maisons à plusieurs étages couronnent
un mamelon rocheux, domine l'oasis qui s'étend sur les bords du vaste maré-
cage que traverse l'Oued Goulila. Nous installons noti-e campement au-des-
sous du village, aux bords du marais et à l'abri des dattiers d'un jardin.
Pour utiliser le reste de la journée, nous laissons M. Mares présider à notre
installation et faire ses préparatifs pour les vues photographiques qu'il se
propose de prendre le lendemain dans ce site pittoresque, et nous en-
treprenons une courte excursion sur les coteaux à l'est du village, où la
présence simultanée de sable mouvant, de rochers calcaires et de grès nous
promet une herborisation intéressante. Là nous recueillons entre autres les
Enarthrocarpus clavatus, Ifloga Fontanesii, Euphorbia Provincialis, Ono-
pordon ambigimm, Centaurea polyacuntha^ Echinopsilon muricatus. Silène
vil/osa var. micropetala , Miiricaria prostrata , Cyrtolepis Alexandrina,
Echimn humile, Arnebia Vivianii, Anchusa Inspida, Carduncellus erioce'
phahts?, Kœlpinia lineains. Les sables des environs de deux marabouts
nous offrent une partie des espèces propres aux dunes, parmi lesquelles nous
nous bornerons à citer les Arthrutherwn pungens, Eupliorbia Gwjoniana,
Echinops spinosus, jSolletia chrysocomoides ^ Rétama Duriœi var. phœo-
catyx, Ononis serrata, Malcolmia/Egyptiaca, Ammochloa subacai(lis,B)'as-
sîca Tourne fortii . Une exploration plus prolongée de ces sables ne semblant
devoir rien ajouter à nos récoltes, nous redescendons vers les jardins,
que nous visitons. Indépendamment du Dattier qui tient une assez large
place dans les plantations et des autres arbres fruitiers que nous avons re-
marqués à Chellala.nous notons la présence du Pommier ; la Garance {^^/ie'a
tlnctorum) croit en abondance paimi les plantes rudérales qui occupent les
terrains en friche. Nous terminons notre excursion par l'exploration du Ut de
l'oued, dont les alluvions sont en grande partie occupées par des Tamarix
Gallica, des Lauriers-Roses, les Phrogmùes commum's, Typha ladfolia,
Juncus maritirmis, Imperata cylindrica ti Scirpus lloloschœnus. Aux bords
du cours d'eau nous observons les ZoUikoferiaresedifolia^ Cleome Arabica^
Paroîiychia nivea var. macrocalyx^ Festuca cynosuroides, Pyrethrum fus-
catum, Statice Bonduellii, Senecio coronopifolius, Spergidaria diandra et
(1) Pour les cinq premières parties d(! cet Itinéraire, voyez le Bulletin, t. III,
. 388, 559, 599, 665 et 697.
§ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
média, une variété remarquable de Tai'axacum Dens-leonis, à rosette de
feuilles appliquée sur le sol, déjà observée par nous à Ain Sefissifa, le
Juncus bu foniits, etc. — A peine sommes-nous revenus à notre tente et avons-
nous eu le temps de nous mettre tous à la préparation de nos récoltes,
que quelques mots français, des plus vigoureusemenl accentués, frappent
nos oreilles et nous jettent dans un profond étonnement; car sur ce point re-
culé du sud, nous nous croyions bien les seuls Français à plus de vingt lieues
à la ronde; après un instant de réilexion , pour nous convaincre que
nos oreilles ne nous ont pas trompés, nous nous précipitons bors de la
tente et nous avons l'agréable surprise de voir descendre de cbeval plusieurs
officiers de Géryville qui viennent pour faire la pêche dans l'Oued Goulila.
Quelques mulets les suivent, chargés de tonnes destinées à transporter
vivants des barbillons qui doivent servir à l'empoissonnement d'une pièce
d'eau récemment creusée à Géryville. Ces messieurs nous apprennent que
M. de Colomb a tout fait préparer à Géryville pour notre réception et
que nous devons y trouver, grâce à la sollicitude et à la généreuse hospi-
talité du commandant supérieur, un bien-être dont nous commençons à sentir
le besoin après toutes les fatigues de notre voyage, ^'ous ne pouvons
résister au plaisir de passer la soirée avec nos aimables voisins, parmi les-
quels M. Kralik trouve avec une vive satisfaction deux compatriotes d'Al-
sace, ce qui lui permet, tout en prenant le café et en fumant la pipe, de
faire échange de politesses en allemand avec les nouveaux compagnons que
nous sommes si heureux de rencontrer ainsi à l'improviste. Ce n'est qu'assez
tard que nous pouvons retourner à nos plantes et achever nos préparatifs
pour la course du lendemain.
Le 18, à 7 heures du matin, nous montons à cheval pour nous rendre au
pied du Djebel INzira, montagne locheuse qui à l'ouest s'élève de quelques
centaines de mètres, renonçant à visiter le Djebel Bou Noueta qui, plus
éloigné, borne la plaine à l'est et atteint une plus grande élévation. Pour
cette course, nous sommes accompagnés de quelques fantassins du village,
auxquels nous donnons un peu de poudre pour se livrer à une fantasia qui
les enchante. Les alluvions sablonneuses d'un oued qui longe la base de la
montagne nous offrent à peu près les mêmes plantes que le lit de l'Oued
Douis que nous avions exploré dans notre trajet de Guelta el Hammam à
Arba; nous y recueillons en outre les Lotus pusilhis, Cleovie Arabica, Gym-
nocarpus dccandrus, Anvillea radiata, Echinospermum Valdianuin, Atrac-
tylis microcephala, etc. Le versant sud du Djebel Nzira, dont nous faisons
l'ascension par un ravin qui s'étend presque jusqu'au sommet de la pente,
est entièrement dépourvu de végétation arborescente, et sur ses flancs ro-
cheux nous ne rencontrons d'autres arbrisseaux que quelques rares touffes
du Jlhus dioicael quelques pieds rabougris des lihamnus hjcioides, Juni-
perus Phœnicea, Pistacia Atlantica. Nous croyons devoir donner ici la liste
SÉANCE DU 16 JANVIER 1857. ?
des espèces les plus intéressantes que nous avons observées dans notre as*
pension de la montagne :
Carrichlcra Vcllse. Asteriscus pygmaeus. Plantago amplfxicaulis.
Silène pyriformis. ColeostcpI)ns inacrotus. Caroxylon articulatum.
Medicago laciniata, Artemisia Ilerba-alba. Anabasis articulata.
Paronychia Cossoniana. Amberboa i rupiiioides. Ruincx vesicariiis.
— nivca var. macrocalyx. Carliiia iiivolucrata. Passerina inicropbylla.
Heniiaria fruticosa. Catananche cierulea. Ephcdra fragilis.
Gymnocarpiis decandrus. Sonchus spinosus. Aspliodelus teiiuifolius.
Scduni altissiinum. Orobaiiche cernua. Allium Cupani.
Eryngiuin ilicifolinm. Phelipaea Schultzii. Asparagus borridus.
Ferula sp. nov.? — lutea. Lygeum Spartum.
Galium ephcdroides. Mieromeria microphylla. Stipa tcnacissima.
Leyssera capillifolia. Statice Bonduellii (abon- Arthrathcrum ciliatum.
Phagnalon purpurascens. dant). — obtusum.
Pyrethrura fuscatum. Bubania Feei.
Au sommet et dans la partie supérieure du versant nord croissent, dans
les fissures des rochers ombragés par des buissons de Juniperus Phœnicea,
les Umbilicus horizontalis et Arabis auriculata. — Vers deux heures nous
sommes de retour à la tente, où nous trouvons M, Mares tout occupé de
photographie avec un jeune sous-officier des tirailleurs indigènes, M, Va-
lette, venu avec les officiers de Géryville et qui nous exprime le désir
qu'il aurait de nous accompagner dans notre tournée jusqu'à Géryville,
où nous ne devons nous rendre qu'après avoir visité El Ahiod Sidi Cheikh
et Brézina; M. Valette, dessinateur habile, se met à notre disposition pour
prendre les vues des sites les plus intéressants. Bientôt nous voyons re-
venir les officiers de Géryville, avec plusieurs barriques de poissons; ces
messieurs ont la bonté de nous offrir une part du produit de leur pêche,
qui vient très agréablement varier la nourriture par trop arabe à laquelle
nous sommes condamnés depuis quelque temps. Le reste de la soirée se
passe en causeries, tout en préparant nos plantes et en organisant tout pour
pouvoir le lendemain de bon matin nous mettre en route pour El Abiod
Sidi Cheikh, situé à environ Ih kilomètres au sud d'Arba: les renseigne-
ments que nous devons à M. de Colomb sur cette excursion, qui doit nous
offrir des sites variés, nous font espérer que la journée sera utilement em-
ployée pour la botanique.
Le 19, à 6 heures du matin, nous levons notre tente et nous expédions
en avant les chameaux chargés de notre bagage, voulant avant notre dé-
part consacrer quelques instants à faire nos adieux aux officiers de Géry-
ville, dont la société nous a été si agréable, et nous ne quittons pas ces
messieurs sans les charger de transmettre à M. de Colomb tous nos re-
raercîments pour la sollicitude avec laquelle il a tracé notre itinéraire et
donné tous les ordres nécessaires pour la tournée que nous allons eu-
.treprendre. Vers 7 heures du matin nous quittons Arba el Tatani accora-
8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
pagnes de M. Valette ; la route que nous suivons ne nous offre guère
pendant environ une lieue que les plantes observées par nous la veille sur
les coteaux qui avoisinent le ksar, et nous ne devons mentionner que le
Morettia canescens, dont nous trouvons ([uelques pieds dans les rocailles
du chemin. Plus loin, la roule, après avoir traversé plusieurs ravines argi-
leuses presque dépourvues de végétation, s'incline vers le sud par une pente
insensible et continue, cl est bordée à l'est et à l'ouest par des montagnes
peu élevées et nues, les Djebel Knnemer et Mouilah. Des dunes de sable
mobile s'étendent à la base du Djebel Ennemer, dont elles contournent les
anfractuosités. Là nous rencontrons pour la première fois VEphedra alata
{Alenda des Arabes), en parfait état de fructification; cet arbuste, dont les
branches dressées et disposées en touffe atteignent jusqu'à trois mètres de
hauteur, forme cà et là de vastes buissons : son tronc est Ciénéralement
enfoui dans le sable et n'est mis à découvert que par des déplacements de la
dune ; dans une dépression des sables, nous en découvions avec une vive
satisfaction un magnifique pied dont le tronc jusqu'aux ramifications prin-
cipales mesure au-dessus du sol près d'un demi-mètre, et dont la circon-
férence prise au niveau du sol atteint 0'",68 ; nous nous empressons de
l'attaquer avec la hache et la scie, car nous désirons offrir au Muséum de
Paris ce curieux spécimen de la végétation arborescente saharienne. Nous
mettons à profit les quelques instants que nous passons à attendre les cha-
meaux que nous avions dépassés pour compléter un chargement, en faisant
un ample abatis des GemstaSaharœ, Hetama Duriœi \aï'. phœocalyx et du
Calliyonwn comosnm dont nous n'avions pas eu le loisir de recueillir d'é-
chantillons de bois à Tyout. I.e Bromus tectorum est associé aux espèces
caractéristiques des sables mouvants telles que les FestucaMcmphitica, Mal-
colmia yEgyptiaca, Evpliorbia Guyoniana, Polycarpœa fragilis, etc. Après
avoir fait charger sur les chameaux notre nouveau supplément de bagage,
nous remontons à cheval et nous ne tardons pas à arrivera un redir de l'Oued
Alfara,où nous trouvons avec grand plaisir de l'eau potable après la fatigue
que vient de nous donner notre métier de bûcherons. Nous suivons pendant
quelque temps le lit pierreux et desséchéde l'oued, dans lequel s'élèvent çà
et là des buissons de Tamarix Gallica et de Zizyphus Lotus. Les terrains
argilo-sablonneux de ses bords nous offrent en excessive abondance les An-
villea radiata, Lygeum Spart um, Sonchus spinosus, Arthratlierum obtusum
et ptutnosum , Caroxylon articulutum, Artemisia Herba-alba, Passerina
microphylla , Echiocfiilon fruticosuin, Bubania Feei, Atractylis microce-
phala et cœspilosa, Ilcrniaria fruticosa, Marrubium Deserti, entre lesquels
croissent les Cladanthus Arabicus, Cyrtolepis Alexandrina^ Onopordon am-
biguum, Statice Bonduellii, C/dami/dophoi-a pubescens, Echinospermum
Vahlianum, Paronychia Cossoniana, Nonnea phanerant liera., Delphiniumpu-
bescens, Reseda eremopkila et Arabica, Hussonia^giceras, Reboudia eru-
SÉANCE DU 16 JANVIER 1857, 9
carioides, Cnrdunccllm eriocephalus? ^ Astrarjatus tenuifolius, Dianthus ser~
rulatus var. f/randiflonis, Convoi vu lus supiiius, Fagonia Sinaica ?, etc. A en-
viron quatre kiloaiétres au sud, le clieinin s"en<^aye dans les pentes calcaires et
rochcusesdu Teniat Ziar, où notre guide Osman nous fait remarquer, dans le
rocher, de petits trous (lui, d'après la tradition arabe, seraient les empreintes
des pas du cheval du marabout vénéré Sidi Cheikh. Arrivés au sommet du
col, nous voyons se dérouler devant nous la plaine saharienne où, malgré
la pureté du ciel, l'éclat de la lumière nous empêche, par sa réverbération,
de distinguer nettement le ksard' El Abiod Sidi Cheikh, vers lequel nous nous
dirigeons, et le Djebel Tismeurt n'apparaît dans le lointain que comme une
ondulation nébuleuse. Un ravin qui du sommet du col se dirige vers la
plaine, présente dans les fissures des rochers des buissons de Bhus dioica
et quelques pieds rabougris de Pistacia Atlantlca et d'Olivier ; au fond
du ravin croissent les Noœa spinosissima , Sedum altissimuini ^ un Beverra,
etle Statice Thouiyii. Au confluent du ravin et de l'Oued Goulila, nous voyons
dans les rocailles du lit desséché de l'oued le Galium ephedroides et le Pen-
nisetum Orientale former d'énormes touffes. De ce point jusqu'à El Abiod
Sidi Cheikh, il y a près de deux lieues ; la plaine uniforme que nous tra-
versons nous offre les espèces que nous avons déjà rencontrées dans les ter-
rains argilo-sabionneux près de l'Oued Alfara, et nous ne trouvons à ajouter
à notre liste que les Anabasis artimlata, Carrichtera Vellœ, Echium humile,
Helianthenium dlipticum, Ecldnops spinosus, Ononis angustissima, Thesium
humile, Alractylis flava, Asteriscus pygniœus.
Vers deux heures nous arrivons à El Abiod Sidi Cheikh ; nous établissons
notre campement, près d'un redir de l'Oued Goulila qui ici prend le nom
d'Oued Sidi Seliman, sur l'emplacement d'un champ d'orge moissonné. —
On donne le nom d'El Abiod Sidi Cheikh (1) à une réunion de six villages
qui de temps immémorial sont gouvernés par les chefs marabouts de la
tribu des Ouled Sidi Cheikh. Ce groupe de villages se divise en El Biad
Ghergui (de l'est) et El Biad Rharbi (de l'ouest). La division d'El Biad
Chergui comprend deux villages, dont l'un, El Biad Chergui, est le plus
important de tous. Au centre des villages, le dôme du vaste marabout où
reposent les ancêtres des Ouled Sidi Cheikh attire les regards par sa blan-
cheur éclatante. Six autres marabouts se trouvent en outre aux environs
de ces villages. El Abiod Sidi Cheikh, situé à environ 85 lieues du littoral,
sous 33°, 6' de lat, et à une altitude d'environ 900 mètres,; est construit
dans une plaine argilo-sablonneuse, traversée, comme nous venons de
le dire, par l'Oued Sidi Seliman ; cette plaine est bordée au nord par la
chaîne des montagnes basses que nous avons traversée en venant d'xVrba
el Tatani ; à quelques lieues au sud s'élève le Djebel Tismeurt rompant seul
•" (1) Voir le Sahara algérien, par M. le général Daumas, p. 225.
10 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
la monotonie de l'immensité des plaines sahariennes qui s'étendent jusqu'au
Gourara; à l'est commencent les dunes de sable mobile que nous devons
traverser pour aller à Brézina. Aux environs d'El Abiod Sidi Cheikh, les
cultures et les arbres fruitiers ne sont pas «groupés dans des jardins entourés
de murs comme au voisinage des autres ksour que nous avons visités ; l'Orge
y est cultivée sur une iïrando étendue dans la plaine elle-même, qui est di-
visée en carrés rectangulaires par les canaux d'irrigation [sarjuia) ; les dat-
tiers sont espacés au milieu des cultures ou plantés avec quelques arbres
fruitiers au voisinage des puits qui fournissent l'eau nécessaire à l'arrose-
ment des champs; les puits, peu profonds, sont entourés d'une margelle eq
pierre sèche, flanquée de deux piliers en terre argileuse, réunis par deux
barres transversales dans lesquelles sont emboîtées deux autres barres ver-
ticales destinées à supporter une poulie ; ces puits, en raison de leur nom-
bre et de leur construction, donnent au paysage un aspect tout particulier;
une excavation en plan incliné est pratiquée au voisinage de chacun d'eux
et sert au va-et-vient nécessaire pour tirer ou faire descendre, au moyen
d'un cordage, les outres qui servent à puiser l'eau- ces outres, largement
ouvertes a leur partie supérieure, se prolongent inférieurement en un
tube assez long, qui est relié au cordage de traction par une corde glissant
sur la margelle et dont la longueur est telle, que le tube destiné à laisser
écouler l'eau est relevé tant que l'outre n'a pas atteint la margelle, et ne s'a-
baisse que lorsqu'elle a dépassé ce niveau ; l'eau déversée est reçue dans un
petit bassin peu profond, généralement situé à peu près à la hauteur de la
margelle elle-même, et de là est dirigée dans les saguia. — Après quel-
ques instants de repos, pris sous la tente des hôtes, où nous sont apportés
en abondance des dattes et du lait fermenté, nous nous empressons de de-
mander des chevaux pour aller visiter les dunes, à l'exploration desquelles
nous devons consacrer le reste de la journée. La partie de la plaine que
nous traversons pour nous y rendre ne nous offre que bien peu d'espèces à
noter, car elle est entièrement cultivée et la moisson est déjà faite-, nous n'y
recueillons guère, au milieu des touffes dePeyaniim Harmalu, que le Convol-
vidus supinus et le Trigonella anguina. Les dunes de sable mobile très
accidentées, et où, sur quelques points, de vastes excavations ont été creu-
sées par les tourbillons de vent, nous offrent en excessive abondance les
Saccocalyx satureioides, Rétama Duriœi var. phœocalyx , Genista Saharœ,
Calligonum comosum, Anabasis articulata-, VEphedt^a alata, qui est égale-
ment abondant sur quelques points, est loin d'y acquérir un aussi beau
développement qu'à la première station où nous l'avons observé, car il
est brouté par les chameaux, et coupé pour servir de bois de chauffage.
Dans ces sables, nous retrouvons la plupart des plantes caractéristiques de
ces terrains dans la région, auxquelles sont associés une espèce nouvelle
(ï Arlhratherum déjà observée par M. Reboud entre Guerrara et Hadjira, le
SÉANCE DU 16 JANVIER 1857. 11
Smignrja longiMyla que MM. lîoissier et Rcuter viennent de distinguer du
S. yEgyptiaca et que M. IJalansa avait découvert à Saada près Biskra, et
Y Asphodelus penduUnus que nous n'avions encore vu qu'à ('.liellala Daiua-
nia. — La matinée du 20 est consacrée tout entière à la préparation de
nos plantes, et vers midi nos préparatifs de départ sont achevés-, mais il
nous faut attendre jusqu'à quatre heures les chevaux et les chameaux qui
doivent nous servir pour nous rendre à Brézina.
(La suite à la jjrochaine séance.)
NOTES SUR QUELQUES ESPÈCES NOUVELLES D'ALGÉRIE, par MM. L'. €0<SlSOIV
et DURIEU DE 1Y1AI!^0I%\EUVE.
Alyssum cochleatlm Coss. et DU.
Planta perennis, basi suffrutescens, a hasi ramosa, puhe stellata incano-
sericea; caudice lignoso, saepius tortuoso multicipite, in radicem fusifor-
menabeunte; ramis florigeris pluribus, ascendeutibus, 5-30 centim, longis,
immixtis ramis sterilibussœpe numerosis; foiiis oblongis obtusis, inferne
attenuatis; tloribus in racemum primum subcorj^mbiformem dein laxiuscu-
lum sœpius elongatum dispositis; ealyce post anthesim cito deciduo, sepalis
naembranaceis pallide luteis ovato-oblongis ; petalis ealyce subdimidio Ion-
gioribus, aureis, obovatis, m imguem longiuscuhim contractis, apice inte-
gris, glabris; glanduUs hypogynis minutis, 2 ad insertionem utriusque sta-
minis lateralis; staminibus subinsequalibus, /?/awen^/s subcomplanatis om-
nibus exnppendiculatis; stylo ovarium s[xbisqnaii\\.e -, pedicellis fructiferis
silicula paulo longioribus, patentibus velpatenti-deflexis; silicula glabra, or-
biculata, apice intégra, dorso convexa, ventile concavo-cochleatn, stylo silicula
subquadruplo breviore mucronata ; funiculis inferne septo adnatis ; semini-
bus in quoque loculo 2, auguste marginatis. — Martio-maio.
In planitiebus excelsis et in regione montana inferiore ut videtur infre-
quens, nempe hucusque in provincia Oranensi in planitiebus excelsis inter
Sebdou etel Arichn! et in provincia Algériens! in monte Djebel Senalba!
(Reboud, Kralik) tantum visum.
Cette espèce, voisine par le port des A. montanum L. et Atlanticum Desf. ,
en est très distincte par la forme de la silicule et l'absence d'appendice aux
filets des étamines.
Alyssum scutigerum DR. in ExpL se. Alger, t. 72, f. h.
Planta annua, pusilla, .sœpius a basi ramosa, pube stellata subcanescens;
caule centrali saepius erecto, lateralibus diffusis vel ascendeutibus; foiiis
oblongis vel oblongo-linearibus, inferne attenuatis; floribus in racemum
subL'orymbiformem vel abbreviatum dein elongatum dispositis; ealyce post
anthesim cito deciduo, sepalis membranaceis oblongo-lanceolatis, silicula
subdimidio brevioribus ; petalis calycem paulum excedentibus, albis, oblongo-
12 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
linearibus unf^ae a limbo vix distineto, apice emarginatis, rarius integris,
glabris; glandulis hypogynis minimis, 1 ad insertionem utriusque staminis
lateralis; staminibus subina^qualibus , plamentis inferne complanatis omni-
bus o/;/}e»c?<cw/a^<'s, appendice lateraliiim saepius in dentés duos, ceeterorum
unilaterali in dentem unicum pioducta rarius subedentula; silicula glabra,
majuscula, suborbiculata, apice retusa, disco inflato-convexa, margine com-
plaiiata, stylo longiuscule mucrouata; funicnlls basi septo aduatis; semini-
bus m quoque ioculo 2, margine submembranaceo albo latiusculo cinctis.
— Aprili-maio.
In planitiebus excelsis et m vallibus regionis montanse iiiferioris trium
provinciarum, ex. gr. : iii proviuciaCirtensi, prope 5G?na/ (du Colombier),
et in valle Oued Abdil montium Aurasiorum ; in provincia Algeriensi ad
Djelfa (Reboud) ; in provincia Oranensi, ad Saïdal, et in planitiebus excel-
sis supra Saïda! (Balansapl. Alger, exsicc. n. 536), SebdouJ, iuter Sebdou
et el Aricha! , iuter el Aric/ia et lacum sestate exsiccatum Chott el
Rharbil, etc.
VA. scutigcrum, en raison de la silicule à valves renflées-convexes au
centre, des funicules adhérant iuférieurement à la cloison, des graines au
nombre de deux dans chaque loge et bordées, appartient au sous-genre
Euahpsum [Alyssum C. A. Mey. in Ledeb. FI. Ross. I, 137. — Alyssum
sect. Adyseton DC. Prodr. I, 160 excl. sp. plur.), où il doit être placé à
côté de l'A. minimum Willd., mais dont il est très distinct par le port, la
grandeur de la silicule, etc.
Alyssum macrocal\x Coss. et DR.
Planta annua, pusilla, ssepius a basi ramosa, pube stellata adpressa ca-
nescens; caule centrali ssepius erecto, lateralibus diffusis vel ascenden-
tibus; foliis ubiongis vel oblongo-linearibus, inferne atteuuatls^ floribus in
racemum subcorymbiformem dein elongatum dispositis ; calyce majusculo,
subpersistente et post anthesim subaccrescente et non nisi silicula matura
deciduo, sepalis crassiusculis, oblongo-lanceolatis, albo-marginatis, silicula
matura paulo longioribus ; petalis calycem paulum excedentibus, albis, linea-
ribus uugue a limbo vix distineto, apice retusis vel integris, dorso stellato-
pubescentibits ; glandulis /typogynis minimis, 2 ad insertionem utriusque
staminis lateralis-, staminibus suheequalibus, filnmentis complanatis omni-
bus exappendiculatis vel rarissime dente obsoleto pra;ditis; silicula glabra,
majuscula, suborbiculata, apice vix retusa, disco inflato-convexa, margine
complanata, stylo longiuscule mucronata; funiculis basi septo adnatis; se-
minibus in quoque Ioculo 2, margine submembranaceo albo latiusculo
cinctis. — Aprili-maio.
In depressis argilloso-arenosis et glareosis Sahara; Algeriensis, nec non
in parte planitierum excelsarum Sabarœ confini , in provincia Algeriensi et
SÉANCE DU 16 JANVIER 1857. 13
Orancnsi hucusque tantum visum : in provincia Algeriensi, ad Djelfa cum
A. sciiti^cro pcrmixlum (Ueboiul) , mAqv Djelfa et Laghouat (Geslin, Re-
bond), ad meridiem iirbis Laghouat (Geslin); in provincia Oianensi liaud
infrequens, ex. j;r. , ad lacnm œstale exsiccatum 67<o</ e/ /{/tarOi ! , pvopa
castellum Aïn Ben KheiiU, Aïn Sefissifa!, Ain Sefra!, Tyoud, Arba el
TatanU, etc.
VA. macrocabjx, en raison de la plupart de ses caractères et de son
étroite affinité avec VA. scutigerim 1)H., nous parait devoir être é{>;alement
rapporté au sous-genre Eualyssum; il se distingue de VA. scutigcrum par
le calice à sépales assez épais, accrescents après la floraison et caducs seu-
lement à la maturité de la silicule et par les étamines à filets ordinairement
non appendiculés.
Cladanthus Cass. (charact. emend.).
Cladanthus Cass. in Bull. soc. philum. 1816, p. 199, et in Did. TX,
3^2, atl. cah. m, t. 9; Less. Syn. 249; DC. Prodr. VI, 18; Kndiich.
Gen. pi. n. 2646.
Capitulurn multiflorum, heterogamwn, flosculis radii uniseriatis, iigu-
latis, styli abortu et ovario effœto neutris, disci tubulosis hermapbroditls.
Involucri bi-triseriati foliolis latissime membranaceo-scariosis. Recepta-
culi conici vel hemisphœrici paleœ tôt quot flores persistentes, rarius deci-
dua; , scariosse rigidee vel raembranacese, acutœ, nervo medio résina sca-
tente, interdum fibrillis piliformibus intermixtis. Flosculi ligulati radii
tubo compresso ; (/«'se? tubo interne plus minus incrassato ampliato infra
insertionem plus minus producto et ovarii partem superiorem obtegente,
limbo 5-dentato. Antherœ ccaudatœ. Stigmata disci apice truncata exappen-
diculata ibique penicillata. Achœnia glabra, obovata, compressa, immargi-
nata vel anguste albo-marginata. Pappus nullus. — Plantse in regione me-
diterranea occidentali crescentes, plus minus ramosœ, glabrescentes vel
pubescentes, foliis alternis vel inferioribus oppositis, indivisis, in lacinias
2-3-palmatifidis, vel pinnatipartitis, lobis linearibus infegris vel bi-trifidis,
capitulis solitariis foliis involucrantibus bracteatis vel ebracteatis, ad dicho-
tomias et apice ramorum sessilibus vel ramos superne aphyllos pedunculi-
formes terminantibus, succo resinoso odoris, flosculis ligulatis croceis,
lutescentibus vel lacteis, disci concoloribus vel lutescentibus.
Le genre Cladanthus nous ayant offert en Algérie deux espèces nouvelles
des plus caractérisées, les C. pedunculatus et Geslini, nous avons cru devoir
donnernon-seulement la description de nos espèces nouvelles, mais encore
celle du genre dont les caractères devaient être notablement modifiés.
Seclio l. Eugladânîhus» — Capiliila foUls b»'actéata, ad dichoto-
mias et apiee ramorum sessilia, flosculis ligulatis croceis. Receptaculum
H SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
fibrillis piliformibus paleis immixtis prseditum.Paleœ concavae demiim su-
perne subcucuilalae, dorso laiiigerae. Flosculorum disci tuhus inferne tere-
tiusculiis vix incrassatus. Achœiiia immarginata. — Folia pinnatipartita,
lobis lincaiibiis iterum bi-trifidis.
Cladanthus Arabicus Cass. , loc. cit. — Anthémis Arabica L. Sp. 1263;
Sm. Spicil. 9, t. 16. — Anthémis proliféra Pers. Syn. pi. II, Zi67. —
Chamcemelum proliferum Mœnch Suppl. 257.
In locishyeme hnmidis, torrentium in alluviis, in glareosis : in Hispaniâ
austialiore prope J/fl/flr/rt(Boissier). In regno Marocano ad Mogad or [Evouss. ).
— In provinciaB Oianensis regione littorali et interiore nec non in Sahara,
Nemours et Lada Maghrnia (Bouigeau), Tlemcen (Desf.), in planitiebus
excelsis supra Tlemcen ( Munby ), ad basim montis Taelbouna! prope
palmetum Asla^ ad aranem Oued Al far a ! intev Arba el Tatani eiEl Abiod
Sidi Cheikh, in petrosis ad amneni Oued Sadana haud procul a Brézina-^
in provincise Cirlensis parte australiore prope Biskra! (Balansa pi. Alger,
exsicc. n. 775). — In regno Tunetano prope Gabes (Kralik pi. Tun. exsicc.
-o. ah). — In Arabia haud obvia secundum De Caudolle.
Sect. II. Mecomischus. — Capitula ebraeteata, ramos apice aphyl-
los pedunculiformes terminantia, flosculis ligulatis pallide luteis vel lacteis.
Receptaculum libriliis paleis immixtis destitutum. Paleee canaliculato-con-
Cavee, dorso parce pubcscentes. Flosculorum disci tubus inferne plus minus
incrassatus compressus. Achaenia albo-submarginata. — Folia indivisa,
,vel inferiora in lacinias 2-3-palmatifida superiora indivisa.
.-., INoraen sectionis e verbis grœois fxyjxo; (lougitudo) et \>.îg/o^ ( pedunculus)
conflatum,
Nous avons dû renoncer au nom de Mischanthus que nous avions d'abord
donné à cette section du genre Cladanthus dans l'exsiccata de M.Bourgeau,
car ce même nom avait été déjà attribué par M. Anderson (in Ofvers. of
K. Vet. Akad. jorh. 14 mars 1855) à un genre de la famille des Graminées
voisin des Irnperata.
Cladanthus pedunculatus Coss. et DR.
Planta annua, sœpius pluricaulis; caulibus teretibus, inprimis in parte
superiore adpresse pubescentibus, subsimplicibus virgatis, vel superne in
ramos florigeros virgatos laxe corymbososdivisis ; foliis adpresse breviter-
que pubescentibus, sessilibus, alternis, elongato-lincaribus, inferioribus
superne in lacinias lineares 2-3 divergentes pahnatifidis, superioribus in-
divisis ; cupitulis apice ramorum clongatorutn superne aphiillorwn pedun-
culiforrniwn post anthesim apice plus minus incrassatorum solitariis;
imolucro caaipanulato-hemisphajrico, adpresse pubescentc, foliolis pluri-
SÉANCE DU 16 .lAîSVIRR 1857. 15
bus,si(htrtseriofis, exteriorihm Innceofatis norvo medio promiinilo margine
scariosis, interioribus oblongis Inte seariosis; receptacalo conico ; jxileis
persistent ihus, scariosis rigidis, ovato-lanceolatis acumiiiatis, supeniedorso
pubescentibus; (losculoruin radii ligida elongata lutescente; flosculorum
disci tubo brevi, infewie incrassato subcompresso, infra insertionem pau-
lulum producto et ovarii verticem obtegente. — Maio-junio.
In arenosis inter segetes prope Mostaganem ! (Balansa pi. Alger, cxsicc.
n. 79).
Cladanthus Geslini Coss. ap. Kralik in Bourgeaup/. Alger, exsicc. n. 190
et 190 bis.
Planta perennis, basi ramosissima, dumosa cœspites raaximos efficiens;
caulibus teretibiis, cinereo-albescentibus cortice rimoso infibrassœpiusso-
hito, inferne saspius arena mobili \{\-\mç,\"&\?, frutescentibus, ramos florigeros
virgatos plurimos emittentibiis, rarnis subsimplicibus viigatis vel superne
laxe corymboso-ramosis ramulis pube brevissima subtomentosa demum
detersibili obtectis ; foliis utrinque pube stellata brevissima canescentibus,
sessilibus, inferioribus ramoruni oppositis, superioribus alternis, oblongo-
îinearibus, obtusis, indivisis, integenimis, crassiasculis, subuninerviis
nervosubtus prominulo ; capitulis apice ramoruni ramulorumve elongato-
rum superne aphyllorum peditncul iformium solitariis;m?;o/i/ero hemisphae-
rico, pube brevissima stellata canescente, foliolis paucis, extei'ioribus late
ovatis dorso crassiusculis nervo medio prominente subcarinalis scariosb-
marginatis, interioribusoblongislatissime scariosis; receptaculo bemisphae-
rico; paleis deciduis, membranaceis, ovato-lanceolatis acuminatis, dorso
superne tautum puberulis ; flosculorum radii ligula elongata, lactea; floscu-
lorum disci tubo elongato, inferne subincrassato compresso-ancipiti, infra
insertionem producto et ovarii partemsuperiorem obtegente. — Maio-junio.
In aggeribus arense mobilis in Sahara Algeriensi et in planitierum excei-
sarum parte Saliarœ confini : in provincia Oranensi prope Leumbahl ad
septentrionem vici Arabici Ain Sefissifa ; in provincise Algeriensis ditioue
Laghouat! baud infrequens (Geslin) ubi primum inventus.
Pyrethrum Gayanum Coss. et DR. ap. Kralik in Bourgeau pi. Alger,
exsicc. n. 226.
Planta perennis, caudice lignoso sœpius tortuoso pluricipite, cortice cl-
nereo-fuscescente, in radicem fusiformem abeunte; caulibus pluribus, im-
îïiixtis nonnullis sterilibus, 10-35 ccntim. iongis, graciiibus, simplicibus
vel subsimplicibus, basi foliatis superne aphyllis, erectis, saltem in parte
inferiore dense pubescentibus -, foliis pubescentibus vel cinereo-villosis, pal-
lide vireutibus, insurculis sterilibus et in parte inferiore caulium approxi-
raatis, linearibus superne in lacinias 3 palrnatifidis, laciniis linearibus
16 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
elongalis divergentibusapice acutis mucronatis ssepius iterwn2-Z-furcatis,
superioribus 2-3-furcatis vel iiidivisis linearibus ; capitulis apice caulium
supenie longe apbyllorum pedunculiformium solitariis; imolucro subhe-
mispbserico, adpresse pubescenti-villoso, foliolis omnibus acutis, margine
pallide fuscescente scariosis,exterioribus lanceolatis, intcrioribus oblongo-
lanceolatis; receptaculo convexo, epaleato^ flosculis iifjulads albis dorso
roseo'purpurascentibus, tuho compressiiisculo, ligiila oblonga apice subin-
tegra vel obtuse 3-/;-denticulata involiicro subœquiloiiga ; flosculis disci
albis superne purpureis, tubo compresso ; achœniis glabris, exalatis, cou-
formibus, teretiusculis, fiisco-nigrescentibus, sz/6-10-eos/!rt//s, costis acutis
subccqualibus rcgiilaribus albidis, omnibus pappo coroniformi membranaceo
hinc elongato-auriculœfonni achœnio et flosculis disci subœquilongo supe-
i^atis. — Maio-junio.
In rupestribus et petrosis iimbrosis regionis montanœ inferioris mon-
tiumSaharœ confinium in provincia Oranensi: in rupestribus montis Djebel
Rharnoug! inter Taoussera et Leumbah ad septentrioiiem vici Arabici Ain
Sefissifa, circiterad 1200 metra-, in petrosis umbrosis montis Djebel Tael-
bouna! prope palmetum Asln, circiter ad 1350 metra (P. Mares).
Nous dédions cette belle plante à M. J. Gay, dont les beaux travaux sur
le groupe des Antliémidées sont connus de tous les botanistes, et qui, depuis
longues années, nous donne de nombreux témoignages de l'affection qu'il
nous a vouée et de l'intérêt qu'il veut bien porter à nos travaux. — Le
P. Gayanum se distingue des autres espèces du groupe des Leucoglossa DC.
[Prodr. VI, 53) par les feuilles bipalmatifides à divisions linéaires, par
l'involucre à folioles toutes aiguës, par les fleurons ligules blancs en dessus,
roses-purpurins en dessous, par les fleurons du centre blancbâtres inférieu-
rement et pourpres au sommet, par les akènes tous surmontés d'une cou-
ronne membraneuse prolongée en forme de languette.
Pyrethrum Maresii Coss. ap. Kralik in Bourgeau pi. Alger, exsicc. n.l98.
Planta perennis, caudice lignoso ssepius tortuoso pluricipite, cortice
cinereo-fuscescente, in radicem fusiformem abeunte ; caulibus ssepius
pluribus, immixtis nonnullis sterilibus, 10-30 centim. longis, gracilibus,
simplicibus vel subsimplicibus, basi folialis, superne aphyllis, erectis vel
diffuso-ascendentibus, inferne dense sericeo-pubescentibus, superne pu-
bescentibus; foltis sericeo-pubescentibus, in surculis sterilibus et In parte
inferiore caulium subapproximatis, linearibus superne m lacinias ^ palma"
tifidis, laciniis linearibus breviusculis vel clongatls divergentibus apice
ncutis mucronatis vel cuspidatis sœpius indivisiÉ^ superioribus sœpius in-
divisi8 linearibus; capitulis apice caulium superne longe ophyllorum pedun-
culiformium solitariis ; involucro câmpanulato-bemisphacrlco, ssepius parce
pubescenle vel glabrescentC) fùliolis oùtusisy morgim niyro'fuscesccnte sca*
SÉANCE nu 16 JANVIER 1857. 17
riosiit, cxterioribus ovato-laiioeolatis, intorioribiis oblon^is; rcceptaculo
convexo, epaleato; flosculis ligulads piimiim liiteisûein purpiiraseentibus
post anthcsim atro-purpitreis, tiibo coniprcssiusciilo, liniila oblonga ampla
apice sul)integra vel obtuse 3-^-(lonticulata invohiero siibaîquiloHga ; flos-
culia (lisci luleis dernwn purpurascentihiis, tiiho tercti ; aclunnih glabris,
exalatis, conformibus, teretiusculis, fusco-nigreseentibus, si(0-\0-ci)Slatis,
costis aciitis subauiualibiis rogularibus albidis, omnibus pappo roronifonni
membrenaceo liinc avrindwformi ncluPiiio et flo^cidis disci sithdhnidiobi'e-
viore mperatk. — Maio-junio.
Iii rupestribus et petrosis umbrosis moiUium Sabaiœ confinium in pro-
vincia Orancnsi : montis Djebel lion Kascliba! ad caciimen, circitcr ad
1500 metra, haud prociil a castello Aïn Den Khelil (kralik); in parte su-
periore xï\q\\W% Djebel 7)ielbouna ! pvo^c palmetum yls/fl, circiter l:?i00-1800
metr. (P. Maiès).
Nous dédions cette espèce à M. le docteur Paul Mares, qui l'a découverte
à l'une des localités indiquées, et (|ui nous a accompagné dans notre dernier
voyage en Algérie en 1856, pendant lequel il nous a secondé dans nos re-
chercbes avec autant de zèle que de dévouement. — Le P. Maresii doit
être placé à côté du P. Gaijanwu, dont il diffère par les feuilles à divisions
ordinairement indivises, par l'involucre ordinairement à peine pubescent ou
glabrescent à folioles obtuses scarieuses noirâtres aux bords, par les fleurons
ligules d'abord jaunes passant ensuite au pourpre, par la couronne mem-
braneuse des akènes n'égalant qu'environ la moitié de la longueur des akènes
et des fleurons tubuleux. — Par la forme de l'involucre et la couleur des
fleurons après la floraison, il se rapproche beaucoup du P. Arundanum
Boiss, (T'û?/. Esp. 317), qui ne nous est connu que par deux échantillons
imparfaits, recueillis dans la Sierra de las Nieves, en Andalousie, et par la
description de l'auteur; mais il nous parait en différer par le port plus ro-
buste, par les tiges feuillées inférieurement, et non pas presque nues, par les
feuilles ordinairement simplement palmatilides, et non pas bi-tripalma-
tifides, par les capitules plus gros, par les fleurons ligules d'abord jaunes,
et non pas d'un blanc rosé, par les akènes présentant ordinairement 10 côtes,
et non pas 5-6 côtes,
Pyrethbum tbifurcatum Willd. Sp. III, 2158; DC. Pvodr. VI, 61. —
ChrysanthemumirifurcatumDeîiL\ Atl. Il, 281, t. 235, f. 2.
Planta annua, glabra, a basi in caulcs 5-30 centim. longos simplices ve!
subsimpllces basi foliatos supcrne aphyllos divisa, caule cmtrali erecto,
làteralibus erectis ascendentibusve.rarius simplex ; foliis in parte inferiore
caulium approximatis, subcarnosis, lincaribus in lacinias l-k supeyne pal-
matifidis vel pinnatifidis laciniis linearibus sœpius elongalis patentibus
apice calloso-mucronatis indivisis vel rarius iterum 2-3-furcalis, superio-»
T. IV, %
l8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
ribus paucis indivisis linearibus; capitulis majusculis, apice caulium ramo-
rumque superne longe aphyllorum pedunculiformium solitariis; involucro
subhemisphaerico foliolis obtusis exterioribiis margine pallide fiiscescente
scariosis lanceolatis vel ovato-lanceolatis, interioribus oblongis margine late
scariosis superne inappendicemscariosam amplamexpansis; receptaculohe-
misphairico, epaleato ; flosculis ligulatis disco concoloribus luteis, tubo
compresso-bialalo, ligula oblonga involucro lougiore; flosculorum disci
tubo compresso-ancipiti -, uchœniis glabris, exalatis, radii compressis facie
ventrali elevato-bicostatis in poppitm membranaceurn coroniformem hinc
auriculœformem longiusculum productis^ disci tereti-subtriquetris, fuscis,
sub-\Q-costatis, coslis promiuentibus subœqualibus albis subhyalinis^j/ws
minus undulatis, pappo coroniformi crassiusculo aibo subhyalino multicos-
tulato iuœqualiter inter costulas acheenii costarum processus dentato supe-
ratis. — Aprili-junio.
In coUibiis argilloso-arenosis, in arenosis et glareosis Sabaïae Algeriensis
et desertiTunetani ; in proviucia Ciitensi in ditioue Biskru! (Jamin, Ba-
lansa pi. Alger, exsicc. n. 781); in regno Tuuetano prope Kairouan (Desf.).
Pyrethrum macrocephalum Coss. et DR. — Chrysanthemmn macrocepha-
lum Viv. FI. Libye. 56, t. 10, f. k.
Planta perennis, glabra, caudice lignoso, tortuoso, pluricipite, cortice
griseo-cinerascente rimoso, in radicem fusiformem abeunte; caulibus plu-
ribus, saipius immixtis non nullis abortu sterilibus vel tardiusfloriferis, 15-
35 centim. longis, simplicibus vel subsimplicibus, basi foliatis, superne
aphyllis, erectis; foliis in parle inferiore caulium subapproxiuiatis, sub-
carnosis, linearibus in lacinias 3 superne palmadfuiis laciniis linearibus sœ-
pius abbreviatis patentibus apice albo-callosis callo mucronato indivisis vel
non nunquam iterum dentato-2-'6-furca(is, superioribus paucis indivisis
linearibus; capitulis magnis, apice caulium superne longe apbylloruni pe-
dunculiformium solitariis; involucro subbemisphserico, foliolis obtusis
exterioribus margine pallide fuscescente scariosis ovato-lanceolatis, interio-
ribus oblongis mrt/'^me ssepius deraum fuscescente late scariosis superne in
appendiceni scariosam amplam expansis ; receptaculo convexo, epaleato-,
flosculis ligulatis disco concoloribus luteis, tubo compresso-ancipiti, ligula
oblonga apice grosse irregulariterque 3-Zi-denfata dentibus obtusis invo-
lucro longiore ; flosculorum disci tubo compresse; ac/iœniis g\i\bns, exala-
tis, subconformibus, radii compressiusculis facie ventrali valide 3-costatis
et dorso5-costulatis, à'isci. te retiusculis fuscis, sub-lO^costatis, costis pro-
minentibus subicqualibus regularibus albidis, omnibus pappo coroniformi
membranaceo crassiusculo margine subintegro vel iuœqualiter deutatosw^e-
ratis. — Aprili-junio.
In arenosis, argilloso-arenosis et glareosis planitierum excelsarum aus-
SÉANCE nu 16 JANVIKU 1857. 19
traliorum et regîonisnioiitanic iiireiioris moulium Saharéc Altierieusi cnnCi-
nium : in piovineicc Aljiei'iciisis ditioue Zahrcs inler Borihur et hji'lfa
(Boiuluelle, Pu'hoiul) ; in provincia Draiicnsi prope castclhim Aïn lien
Khclil! ad nieridioni laeus a.'slateexi3iccatiC'/(0^^f/ llharbi haud iiilVequens
(Ivralik ap. Bourgeau pi. Alger, exsicc. n. i9i), ad vicum Arabicunwlm
6'e/?ss//'rt/, in parte iut'eriore inontis Djabd TaeWouna! [yvope palmetum
Asla circiter ad 1200 motia, prope vicum Arabicum Macta! — In regno
Tnpolitano ad Tripolim (sec. Viviani).
JNous avons cru devoir donner la description comparative des P. trifur-
catum et macrocephalv.m (|ni, n'étant connus que par des éclumtillons im-
parfaits, avaient été confondus par plusieurs auteurs.
M. Bâillon fait à la Société la communication suivante:
DE QUELQUES PARTICULARITÉS QUE PRÉSENTENT LES ORGANES DE LA FÉCONDATION,
par M. II. BAÎLL01\I.
On peut s'attendre, en examinant les organes de la fécondation dans les
végétaux, à trouver que la nature y a préparé tout ce qui pouvait faciliter
l'imprégnation de l'ovule. J'expose ici quelques-uns des moyens qu'elle em-
ploie pour atteindre ce but, dans un certain nombre de plantes, mais no-
tamment dans un des grands groupes de la Dicotylédonie.
L'inflorescence est, pour ainsi dire, un premier moyen de préparer l'ac-
complissement de la fonction dans les plantes à fleurs unisexuées. On sait
qu'en général, lorsque cette inflorescence est indéterminée, épi ou grappe
par exemple, les fleurs mâles se trouvent au sommet, les femelles à la base.
Au contraire, lorsqu'il s'agit d'une inflorescence centrifuge, une fleur femelle
termine généralement l'axe principal et peut èti-e seule de son espèce, tandis
que toutes les fleurs périphériques sont staminées ; ou encore, les cymes se-
condaires sont aussi terminées par une fleur femelle entourée de fleurs
mâles en nombre variable. Parmi les plantes que l'on cultive dans nos jar-
dins, le Ricin offre, au premier abord, une exception frappante. On sait,
en effet, que sur l'axe principal de son inflorescence sont disposées à droite
et à gauche un assez grand nombre de petites cymes. Celles-ci sont à la
partie supérieure composées de fleurs femelles, en bas de fleurs mâles. Iji
un mot, les étamines sont au-dessous des pistils. Une disposition fréquem-
ment observée rend, on peut le dire, cette exception incomplète et rétablit
jusqu'à un certain point la règle générale dont nous avons parlé. II n'est
pas rare, en effet, de trouver vers le milieu de rinflorescence des cymes
mixtes; j'appelle ainsi celles où sont réunies des fleurs des deux sexes. Or,
dans ces cymes mixtes, les femelles redeviennent terminales et centrales, les
mâles sont périphériques.
20 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Ce fait est de quelque importance dans une plante qu'on pourrait faire
servir à des expériences sur la fécondation. Dansées cymes, en effet, on
pourrait croire, après avoir coupé le iiaut de l'inflorescence, n'avoir plus
affaire qu'à des fleurs nulles, au milieu desquelles demeurerait cachée
une fleur femelle. Il est vrai que cela n'aurait pas le même inconvénient
que l'existence de fleurs staminées là où l'on ne croirait rencontrer que des
pistils. Mais si je cite cet exemple, c'est surtout pour montrer qu'en géné-
ral on ne saurait prendre trop de précautions pour se prémunir contre ces
causes d'erreur dans les expérimentations. Les anomalies sont nombreuses;
en voici quelques exemples.
Je ne rappelle pas ici les fleurs de Chanvre, d'Epinard, de Mercuriale, et de
plusieurs autres plantes ordinaiiement dioïques, mais où les étamines et les
pistils se rencontrent fréquemment sur un même pied. Ces faits doivent
être maintenant regardés comme hors de toute contestation. Mais je vais
plus loin, en montrant que des fleurs naturellement unisexuées peuvent de-
venir exceptionnellement hermaphrodites ou que les organes d'un sexe
peuvent porter une portion de ceux du sexe contraire, qu'un filet staminal
peut porter des ovules et des anthères, qu'un pistil peut porter des loges
pleines de pollen et des stigmates ; et cela, dans des fleurs de grande taille,
où cette promiscuité ne saurait être soupçonnée sans un examen attentif et
pourrait faire révoquer en doute les résultats des expériences les plus
importantes.
Ainsi, il se trouva, cet été, dans l'Ecole de botanique du Muséum, un
pied de Iticirius rutilans dont presque toutes les fleurs inférieures, au lieu
d'être réduites aux étamines, étaient hermaphrodites. T/androcée était par-
faitement développé ; le gynécée l'était également. Au centre de la fleur
s'élevait un ovaire à trois loges superposées aux trois sépales 1, 2 et 3 ; un
style à papilles stigmatiques bien développées surmontait ces loges, dans
lesquelles des ovules parlaits avaient déjà été fécondés et grossissaient
chaque jour. J'ai plusieurs fois observé d'ailleurs que, dans ces cas d'ano-
malies, les fleurs qui réunissaient les deux sexes étaient nombreuses sur un
même pied.
Il n'est pas douteux que la présence anormale d'un androcée dans le
même périanthe que l'organe femelle n'aurait ici échappé à aucun observa-
teur. Mais il n'en est pas de même pour le fait suivant : une fleur femelle de
Ricin avait les styles très longs, tout garnis de papilles stigmatiques ruti-
lantes. Du milieu d'elles se détachaient (|uelques filets blanchâtres portés
par le même style et chargés d'anthères. D'autres anthères sessiles se
cachaient en même temps à moitié entre les papilles. Ici l'erreur eût été
très facile. 11 en eût été à peu près de même dans un Croton Tiglium que
j'ai observé. Une fleur mâle avait son réceptacle prolongé en cône. Sur le
sommet de celui-ci s'épanouissait une fleur femelle incluse, qui s'était pédi-
SÉANCE DU 16 JANVIER 1857. 2f
culée à son tour et s'élevait au-dessus du périanthe de la fleur d'où elle
était issue.
On a pu citer uu graud nombre de laits où celte confusion anormale des
sexes est telle, que l'un d'eux n'existe qu'incomplètement. On voit, par
exemple, dans la planche 38 du Imité d'Organogénie florale de M. Payer,
une étamine de Dionœa dont le (ilet porte latéialement au-dessous de l'an-
thère un ovule également bien développé. J'ai rencontré une Courge où
certains appendices charnus entourant l'androcée s'élevaient chargés l'un
d'un ovule, les autres de plusieurs. (Chacun de ces ovules semblait bien
développé; il avait subi un mouvement anatropique complet et portait un
raphé saillant dans toute sa longueur, (tétaient donc là des placentas anor-
maux se dressant en liberté dans l'intérieur du périanthe.
Je me borneàciter ces faits, dans lesquels il semble que la nature multi-
plie, en vue de la conservation de l'espèce et en violant ses propres lois, les
moyens de reproduction. J'arrive maintenant à l'evamen de quelques
organes qui semblent destinés à assurer le même résultat en favorisant le
rapprochement du pollen et de l'ovule.
Chacun connaît le beau dessin que M. de Mirbel a donné de l'ovule de
l'Epurgeet en même temps de ce petit corps celluleux qui vient le coiffer
au moment de l'anthèse, en envoyant un petit prolongement danslemicro-
pyle. Depuis, le nombre des plantes chez lesquelles on a observé un corps
analogue est devenu considérable. Les Statice sont remarquables par l'élé-
gance de ce petit chapeau qui dépince le funicule pour pénétrer dans le
micropyle. Les Urticées possèdent un petit corps analogue, représenté plu-
sieurs fois par M. Weddell dans les planches de sa belle monographie.
M. Payer Ta montré très nettement coiffant l'ovule des Lins. Les Polyga-
lées en ont un semblable, et M. Moquin-Tandon l'a vu présentant de
grandes variations dans sa forme et ses dimensions. Je l'examinerai ici
spécialement dans les Euphorbiacées.
Il apparaît, dans ces plantes, un peu après l'ovule, porté comme lui sur
l'axe du pistil, qui s'arrête dès qu'il l'a produit. D'abord, ce n'est qu'un
petit mamelon celluleux; puis il s'étend de plus en plus, prenant la forme
d'une cloche ou d'un bonnet dans les Euphorbes, d'un auvent dans les Ricins,
d'un casque dans les Sapium, d'un long cylindre infléchi dans certains
Janipha. Entre ces types, tous les intermédiaires de forme se rencontrent.
Toujours à la face inférieure est un prolongement conique aigu, qui pénètre
dans l'exostome de l'ovule. Le moment où celui-ci est complètement bou-
ché correspond au développement maximum de ce petit chapeau ; dès lors
il cesse de s'accroître; il diminue même de volume, mais il ne disparait pas
complètement et prend part à la formation d'un oigane plus complexe
qu'on ne l'a pensé jusqu'ici, la caroncule.
Plusieurs auteurs de traités dogmatiques, Ach. Richard entre autres, le
22 SOCIÉTÉ BOTAMQUK DK FRANCE.
regnrdaient, théoriquement sans doute, comntie devant former la caroncule.
Il n'en est pas ainsi; la caroncule vient de la graine elle-même, de sa
pi'imine; mais quand le gonilement de i'exostome a formé cette caroncule,
le petit chapeau persistant en partie demeure appliqué sur celle-ci. Le
liicinus inermis .lacq. permet d'observer facilement ce fait. Sa caroncule
blanche est formée de deux lobes distiucls. Entre ces deux lobes s'en pro-
duit un troisième, tranchant sur les précédents par sa couleur rutilante.
C'est !(' petit chapeau, dont les cellules allongées sont pleines de matière
colorante. Quand la graine est mûre, ce petit chapeau se détache de l'axe,
séparé peut-être de lui par la pression de la caroncule, et demeure attaché
à elle. C'est qu'en effet la caroncule grossit et se déplace pendant que
le reste delaprimiue disparaît: l'accroissement extrême de I'exostome est
balancé par la destruction du reste de l'enveloppe ovulaire externe. Mem-
brane mince, transparente, chatoyante, la primine va tomber désormais en
poussière, tandis que le testa si dur qui recouvre la plupart des graines de
ces plantes devra son origine à une portion de la seeondine.
Probablement le chapeau du tissu conducteur est destiné à mettre le
pollen en communication avec lenucelle. Toujours il marche à sa rencontre.
J'ajoute ici que la réciproque est vraie. Le chapeau va vers le nucelle, mais,
en même temps, le nucelle s'étend vers le chapeau. Quelques exemples,
pris parmi les plus saillants, vont mettre ce fait en lumière.
Examinons un jeune ovule de PIvjllanthus. Le chapeau vient de recou-
vrir son micropj'le-, alors le nucelle, obtus jusque-là, s'allonge et s'effile,
son sommet sort de i'exostome; il le dépasse et va se mettre en contact avec
le chapeau. Ce développement du nucelle n'est qu'un état transitoire. Quel-
ques jours après l'anthèse, il est devenu de nouveau court et obtus, les
enveloppes de l'ovule couvrent son sommet. Celui dQsJatrop/ia, des d^oton,
présente le même développement, mais poussé plus loin. ÎNulle part je ne
l'ai vu plus considérable que chez le Codiœum pictum. Ce prolongement
uucellaire y atteint la longueur de l'ovule lui-même, sinon davantage, et
forme une longue colonne qui va s'insinuer entre les deux lobes du chapeau
de tissu conducteur. Mais c'est surtout celui du Crozopliora tinctoria qu'on
ne peut voir sans admiration. A mesure que le nucelle se prolonge en de-
hors du micropyle, son sommet s'évase, se dilate; bientôt il a pris la
forme d'une petite raquette ou, si l'on veut, d'un battoir. Il e-t positif
qu'alors ce battoir se coude sur son manche et, se rabattant en dedans sur
les deux lobes du chapeau, lesapplique contre I'exostome.
En présence de ces phénomènes, on ne peut s'empêcher de penser que
ces plantes doivent offrir i)eaucoup de ressources à l'étude des mystères
de la fécondation. C'e>t un point sur lequel nous aurons naturellement à
appeler l'attention de la Société.
SÉANCK DU 30 JANVIER 1857. ^
M. Cosson (lil qu'il a eu occasion de conslaler, chez les Eu[)horl)es
d'Algérie, que la forme de la caroncule l'ournit des caractères spécili-
ques très tranchés et très constants.
M. Bâillon ajoute qu'on efl'et la caroncule des Euphorhiacées pré-
sente des formes très variées, mais fixes dans chaque espèce.
M. Duchartrc demande à M. Bâillon s'il a ohservé ce qui se passe
dans l'intérieur du chapeau et quelle est la route suivie par le hoyau
pollinique.. Ce dernier pénètre-t-il dans le nucelle par le sommet ou
par un |)oint latéral?
M. Bâillon répond qu'il n'a pas eu occasion d'examiner suffisam-
ment ces faits pour émettre une opinion précise à leur égard.
M. Duchartre fait observer que M. Bâillon n'a pas parlé du rôle
du nucelle, qui d'ordinaire prend part à la formation des téguments.
Si la primine devient extrêmement mince, la secondine formerait le
premier tégument et le nucelle le second.
M. Bâillon est d'avis que c'est la secondine qui forme les deux
téguments.
31. Weddell demande comment s'opère le mouvement de la caron-
cule vers le funicule pour opérer comme un coin et détacher la
graine.
RI. Bâillon dit que le chapeau est réduit à très peu de chose, et que
la caroncule voyage sur le reste delà graine; le micropyle se trouve
ainsi plus ou moins éloigné de la caroncule.
SEANCE DU 30 JANVIER 1857.
PRÉSIDENCE DE M. MOQUIN-TANDON.
M. Duchartre, secrétaire, donne lecture du procès-verhal de la
séance du 19 janvier, dont la rédaction est adoptée.
Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le
Président proclame l'admission de:
M. BoiTARD (Emmanuel), docteur en médecine à Martigny (Indre),
présenté par M3I. Comar et L. Soubeiran.
M. le Président annonce, en outre, une nouvelle présentation.
2A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Dons faits à la Société :
1» Par M. le comte Jaubert :
Glossaire du Centre de la France, tome II. Paris, 1856.
2» Par M. Ed. Prillieux :
De la stinœture anatotnigue et du mode de végétation du Neottia Nidus
avis.
3° En échange du Bidletin de la Société :
Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture de Paris^
numéro de décembre 1856.
L'Institut, janvier 1857, deux numéros.
M. le Président annonce à la Société que, iM. de Schœnefeld ayant
été appelé par elle aux fonctions de vice-secrétaire et étant devenu
ainsi membre de droit de la Commission du Bulletin, le Conseil a dû,
dans sa séance de ce jour, pourvoir à son remplacement comme
membre électif de ladite Commission. Le choix du Conseil est tombé
sur 31. T. Puel. En conséquence, conformément à l'art. 28 du règle-
ment, M. T. Puel est proclamé membre de la Commission du Bulletin
pour l'année 1857.
Lecture est donnée d'une lettre de M. Gavino-Gulia, qui remercie
la Société de l'avoir admis au nombre de ses membres.
M. Montagne donne lecture de la communication suivante adressée
à la Société:
OBSERVATIONS MICROSGOl'IQUES SUR L'ORGANISATION, LA FRUCTIFICATION ET LA
DISSÉMINATION DE PLUSIEURS GENRES D'ALGUES APPARTENANT A LA FAMILLE DES
DIGTYOTÉES, par M.W. CROL'AX frères, pharmaciens. {Suite.)
(Brest, 24 décembre 1850.)
Dans nos deux précédenles notices (voyez le Bidletin de la Société, t. II,
p, 639 et f)hk), nous avons analysé les genres Punctaria, Asperococcus,
Striaria, Halyseris, Dictijosiphon, Stilopliora, Culleria et Giraudia ; au-
jourd'hui nous sommes heureux de pouvoir faire connaître les observations
que nous avons faites sur les genres Zanardinia, Agtaozonia, Dictyota et
Zonaria, et d'en entretenir la Société.
Genre Zanardinia Nardo, Crouan, raser,
Zanardinia collaris Cr., niscr, — Zonaria collarisAg. Crouan, Alg. mar. Finisl., vol. I,n° 75.
Eu sectionnant la fronde en lames ou tranches très minces, nous avons
SÉANCE DU 30 JANVIER 1857. 25
observé que tout rintcrieur ct;iit formé par un tissu cellulaire à cellules
hcxa"onak'S irrégulières, toutes pourvues d'un imcleus chromulaire au
centre, plus larges vers la partie inférieure de la fronde, et diminuant de
volume jusqu'au stratum externe supérieur, qui est épais, très dense et
formé par trois rangées superposées de très petites cellules hexagonales qui
ne peuvent être bien appréciées qu'à un fort grossissement. La fructification
forme, à la surface de la fronde, des sores plus ou moins étendus, épais,
irréguliers, ressemblant un peu, à l'extérieur, à ceux de VAfjlaozonia. Elle
consiste en sporanges nombreux, longuement pédicellés, analogues à ceux
du Cutleria-^ mais à pédicellés simples, implantés immédiatement sur le
stratum externe, tandis que, dans les Cutleria laciniata et Culleriaadspersa^
ils sont sessiles et fixés sur des filaments rameux articulés -, on observe de
plus, à la base des sporanges, des anthéridies à pédicellés courts, simples
aussi, nombreuses, peu colorées, très étroites, cylindriques, dressées, nive-
lées, à articles très rapprochés, formant une zone sous les sporanges et
n'atteignant que la hauteur des pédicellés de ceux-ci. D'après la diagnose
générique que nous venons de présenter, nous sommes naturellement portés
à séparer cette Algue du genre Zonaria, où l'avait laissée M. J. Agardh qui
n'en connaissait pas la fructification ; nous ne pouvons non plus la réunir au
genre Cutleria avec lequel elle a beaucoup d'affinité par son fruit, mais pas
assez pour l'y incorporer; elle s'en éloigne encore par ses anthéridies à pé-
dicellés simples entremêlés aux sporanges (c'est un fait singulier dans la fa-
mille qui nous occupe que cette réunion des sporanges aux anthéridies);
enfin par l'organisation tissulaire de sa fronde qui n'offre pas à sa surface,
comme dans le Cutleria adspersa, des stries rayonnant vers la périphérie,
où elles s'épanouissent en filaments articulés, colorés, et libres entre eux;
et par une coloration jaunâtre. Le Zanardinia collaris, au contraire, jeune
ou adulte, ne nous a jamais offert de lignes rayonnantes sur la surface de
son tissu qui, à l'état vivant, est d'un brun noirâtre, ni des poils hyalins
ou colorés à son pourtour ; sa surface est lisse. Il est probable, et tout nous
porte à le croire, que les jeunes individus qui croissent sur les vieilles
frondes du Zanardinia et que l'on a décrits comme étant entourés d'une
couronne de poils colorés, ne sont que de jeunes Cutleria adspersa^ que
nous avons trouvés quelquefois parasites sur ces vieilles frondes.
Le 8 août, nous récoltâmes des échantillons couverts de sporanges qui
avaient presque totalement disséminé leurs sporidies^ cependant il y eut
' encore une nouvelle dissémination de celles-ci qui nous ont paru identiques
avec celles du Cutleria laciniata et de VAglaozonia ; elles se sont compor-
tées, dans leurs mouvements et leur développement, comme celles des deux
genres précités. D'après nos études, nous croyons que ce genre doit prendre
place immédiatement après le Cutleria.
26 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANGÉ.
Genre Aglaozonia Zanard.
Aglaozonia reptans Kùtz. sp. — Zmiaria reptans Crouan, Alg. mar, Finist., vol. I, n' 74.
En faisant des sections perpendicnlaires et très minces de la fronde de
V Aglaozonia ., on y remarque, au microscope, que le centre ou stratum In-
terne est formé par deux ou trois rangées de grandes cellules hyalines
hexagonales ; et le stratum externe par une seule rangée de cellules de même
forme, mais beaucoup plus petites et très colorées par la cbromule. La
fructification consiste en petits sores irréguliers, noirâtres, comme veloutés,
isolés ou rapprochés, quelquefois confluents, dételle sorte qu'alors ils cou-
vrent presque toute la surface de la fronde. Ces sores sont formés par des
sporanges subcylindriques, inarticulés, légèrement épaissis à leurs sommets
qui, à cette partie, offrent un espace hyalin bien accusé ; ils sont nombreux,
très serrés, et renferment chacun huit sporidies superposées; ils ne sotlt
point accompagnés par des némathèques, ni par des poils.
Le 5 avril 1856, après un fort coup de vent du sud, nous trouvâmes sur
la plagede Poulic-an-toul, rade de Brest, une grande quantité à'Ascidia
intestinalis sur lesquels croissait V Aglaozonia reptans Kùtz. , qui couvrait
quelquefois toute la surface de ce mollusque ; nous eûmes le plaisir de voir
la dissémination des sporidies de cette espèce : elle fut assez abondante
pour former, autour de l'assiette où était déposée la plante, un cercle de
couleur jaune. Ces sporidies, examinées au microscope, nous ont offert un
mouvement assez vif et semblable à celui que nous avions observé sur celles
des genres Cutleriaet Zanardinia'^ lasporidie, pendant sa locomotion, a la
forme ovoïde ou pyrique; la matière chromulaire qu'elle renferme occupe
seulement les deux tieris de sa capacité et laisse la partie supérieure hyaline.
Ces sporidies sont un peu plus grosses que celles qui s'observent générale-
ment sur la plus grande partie des genres de la famille des Dictyotées, elles
ont une grande similitude, relativement à leur diamètre etcà la disposition de
la cbromule, avec celles observées par nous sur les Cxitleria et Zanardinia.
Il règne encore un peu d'obscurité sur quelques espèces composant le
genre Zonaria J. Ag.; la cause en est, nous le croyons, que la fructi-
fication de ces espèces n'a pas été suffisamment analysée ; c'est afin de cher-
cher à la faire disparaître, que nous les avons étudiées avec soin. Nous
croyons que M. Ji Agardh n'aurait pas réuni au Zonaria V Aglaozonia, si
M. Areschoug, qui le premier en a décrit la fructification, avait mieux
connu la nature des sporanges et leur contenu, et ne les avait pas considé-
rés comme ne renfermant qu'une spore. Le caractère remarquable des spo-
ranges dans ce genre, de renfermer huit grosses sporidies superposées, nous
montre une affinité, sous ce rapport, avec ceux des Zanardinia ti Ciitleria,
qui n'en contiennent aussi que huit ; mais dans ceux-ci elles sont disposées
SÉANCE ini 30 JANVIKH 1857. 27
sur deux rangs, le sporange est cloisonné longitudinaicmcnt et transversa-
lement; ce qui n'existe pas dans VAglaozonia.
Genre Dictyota Lamour.
On voit sur la coupe mince et perpendiculaire de la fronde du Dirtyota
dichotoma, une seule rangée de grandes cellules incolores, presque carrées
(stratuni interne); puis dans les parties qui forment les surfaces.^une ran-
gée de petites cellules remplies de chromule d'un jaune brun (stratura ex-
terne). Ces cellules corticales donnent naissance, en se transformant, à
deux sortes de fruits, tantôt à des sphérospores ou tétraspores, difficiles à
apercevoir à l'œil nu, espacés ou rapprochés, tantôt à des cystocarpes ayant
l'aspect de sores oblongs irréguliers, très visibles à l'œil nu; mais ces deux
sortes de fruits ne sont Jamais l'éunissur le même individu. Les sphérospores
nous ont montré un fait intéressant et particulier : c'est que leurs spores,
de couleur jaunâtre, offraient, immédiatement après leur dissémination, une
forme ovoïde allongée, et présentaient quatre divisions transversales dans
la chromule, de telle sorte que l'on aurait cru avoii-^ffaire à un tétraspore
zone plutôt qu'à une seule spore ; elles ne jouissaient pas d'une action vitale
sufiisante pour revenir sur elles-mêmes, se contracter et former une sphère,
comme cela se voit généi-alement sur les spores qui, au moment de la dissé-
minalion, sont ovoïdes ou pyriques, et prennent ensuite la forme tout à fait
sphérique. Nos spores se sont développées au bout de huit jours, en donnant
naissance à un système inférieur formé par des filaments incolores, articu-
lés, simples ou rameux • quant au système supérieur, il représentait la spore
un peu plus allongée offrant encore ses quatre divisions zonées dans la
chromule. Les cystocarpes, dont chaque cellule pyrique ne contient qu'une
spore, ainsi que le dit M. Thuret (1), et non un tétraspore, comme l'a repré-
senté i\L Harvey (2) dans sa superbe Phycologie britannique, sont bien re-
marquables; nous avons été assez heureux pour voir la dissémination des
spores qu'ils renferment; ces cystocarpes, formés par quinze à vingt-quatre
cellules de la couche corticale, qui sont devenues pyriques par leur déve-
loppement, disséminent leurs spores assez lentement ; les spores en sortant
de leurs cellules s'étranglent, ce qui nous fait voir que l'ouverture par où
se fait leur sortie est plus étroite qu'elles ; puis, disséminées, elles prennent
la forme sphérique.
On observe aussi sur les dichotomies supérieures du Dictyota dichotoma,
mais sur des individus qui n'ont ni l'une ni l'autre fructification dont nous
venons déparier, des espèces de petits sores elliptiques ou arrondis, faisant
(1) Recherches sur la fécondation des Fucacées {Ann, des se. nat.^ h' série,
t. 111, p. 26).
(2) Phycologiabritannica, planche 103. '• • '
28 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
saillie sur les deux faces de la fronde et formés par la cuticule de celle-ci
qui se tuméiie. Vus par leur surface, à un faible grossissement du micros-
cope, ces sores nous présentent des points noirs dus aux sommets des fila-
ments qu'ils contiennent, car leur position verticale ne permet de voir que
leurs sommets qui ont l'aspect de petites sphères; la cuticule, à mesure de
l'accroissement des filaments qu'elle renferme, se dilate, et les petites émi-
nences qu'elle forme ressemblent bien à une fructification; enfin elle se
déchire pour leur donner issue, et finit souvent par disparaître entièrement;
quelquefois cependant il reste encore, à la base des filaments, des fragments
incurvés de cette cuticule; les filaments, continuant à croître, nous mon-
trent des articles moins longs ou aussi longs que larges, devenant, dans leurs
sommets qui sont obtus, une et demie ou deux fois aussi longs que larges
et remplis par un nucleus de sporidies ; ces filaments se détachent avec
facilité de la base sur laquelle ils sont fixés, quand on fait pour l'analyse
des coupes minces de ces faux sores que l'on prendrait facilement, à la coupe,
pour des groupes de sphérospores, si, par l'analyse, on ne s'assurait pas
de leur organisation réelle. Ces filaments ou fructification sporidiaire, que
nous venons de décrire, ont beaucoup d'analogie avec ceux qui constituent
V Elachistea stellulata Griff., très petite Algue qui pullule sur la fronde du
Dictyota dichotoma. Nous croyons, d'après nos études et nos analyses, que
les poils jeunes, figurés par M. Thuret (1), pourraient bien être les filaments
de V Elachistea stellulata dans leur pi'cmier développement; ils ne sont
point les poils qui se développent çà et là sur toute la fronde de ce Dictyota,
car ceux-ci ont, même à l'état jeune, des articles vers la base plus larges
que longs et remplis de granules grisâtres, les autres parties de ces poils
ont des articles quatre à six fois plus longs que larges et sans chromule ; ils
sont toujours presque incolores.
Genre Zonaria J. Ag.
En sectionnant en lames minces la partie inférieure de la fronde du Zo-
naria lobata Ag., pour en étudier l'organisation, nous avons vu au micros-
cope qu'elle est formée, à l'intérieur, de quatre rangs de cellules presque
rondes, comme cela se voit aussi dans le bas de la fronde du Padinapavonia,
et de trois séries seulement dans la partie supérieure où elles ont une forme
rectangulaire; nous avons éprouvé un bien vif plaisir en découvrant dans
ce Zonaria une fructification bien curieuse, qui nous donne un caractère
générique de plus pour ce beau genre ; elle est formée par de petits cylindres
presque droits ou incurvés, articulés, à articles aussi longs que larges, con-
tenant chacun une sporidie ; ces petits cylindres, par leur réunion, forment
(1) Recherches sur la fécondation des Fucacées {Ann. des se, nat,, k* série,
t. III, pi. 2.)
SÉANCE DU 30 JANVIER 1857. 29
à la surface de la partie supcrieure de la fronde des zones conccntiiques
d'une couleur brun noiriitre ; cette fructification, à un faible grossissement,
offre l'apparence des anlhéridies du Cutleria laciniata.
La grande similitude du tissu cellulaire du genre Zonnria avec celui du
Padina nous fait penser que ce dernier genre doit avoir aussi des sporidies
dans des organes analogues; nous sommes d'autant plus fondés à le croire,
qne les filaments décrits avec doute par M. J. Agardb, comme étant des
anthéridies, seraient la fructification sporidiairedu genre Padina.
M. Gaillard fait à la Société la communicalion suivaiile :
IDÉE GÉNÉRALE DE L'INFLORESCENCE, par M, A€H. CiUILLJtRD.
I. Définition. — Linné a créé le mot m/?o?-escen^/a pour désigner, comme
il le dit lui-même, ce que Ton appelait modus florendi. Il en donne deux ou
trois définitions, dont la plus générale est celle-ci : Inflot^escentia e.<it modus
quo pedunculus fructificationem promit (1).
Il n'a considéré la manière de fleurir que par rapport à la position des
pédicelles ou des pédoncules partiels sur le pédoncule principal , et à leur
longueur absolue ou relative; il a fixé, en conséquence, etavecplus ou moins
de précision, les idées qu'il attachait aux mots Ombelle, Cyme, Capitule,
Chaton, Spadix, Fascicule, Épi, Cori/mbe,Panicule, Thyrse, Grappe, Ver-
ticille (2).
On s'en est tenu à l'idée de Linné pendant trois quarts de siècle sans y rien
ajouter. Enfin on s'est aperçu que le modus florendi n'est pas exclusivement
applicable à la configuration des groupes floraux, et qu'il peut et doit
s'entendre aussi de l'o/'cf>tf dans lequel se succèdent lesfleurssur les groupes
et les groupes sur la plante. Cet ordre d'évolution n'est pas moins constant
que la production des organes eux-mêmes : il parait donc avoir beaucoup
plus d'importance que les considérations qui ne s'appliquent qu'à la forme
des groupes, à la disposition et à la longueur de leurs supports. C'est pour-
quoi , dès que je commençai , il y a plus de vingt ans, mes recherches sur
. (i) Phphia bot., n. 163, Xf, p. ll/i, 1" édit., et n. 279.
(2) Op. cit., n"' 82, llG-il8. L'inflorescence est un mode, ce n'est pas un être.
înflorescere, entrer en fleur, devenir fleur, comme inardescere, entrer en flammes,
inalbescere, devenir blanc. Linné a employé aussi le mot florescentia [Clav. clas-
Sîum en tcie du Gênera) pour signifier fleuraison ou groupe floral. On a fait con-
fusion de ces deux termes, dont le sens est pourtant bien difl'érent : on a pris trop
souvent injlorescentia pour groupe floral. Groupe floral est aussi court qu'inflo-
rescence ; il n'y a donc pas de raison suftisante pour détourner infurrescentia du
sens que lui a donné Linné, son auteur. Si l'on ne veut pas groupe floral, on peut
adopter anthémie, mot élégant qui a été employé par plusieurs,
ftO SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
l'inflorescence, à l'instigation de mon excellent maître C.-N. Seringe, je
pensai qne la question d'ordre primait toutes les autres en ce sujet, et que le
buta poursuivre devait être de découvrir les lois à^ ]a successiondes fleurs [l) .
C'est sous cette forme plus claire et plus complète que m'apparut alors la
pensée implicitement contenue dans les définitions du lén;islateur de la
botanique. Si j'ai consumé de longuesannées dans cette poursuite, j'en ai été
dédommagé par une abondante moisson de phénomènes intéressants et variés,
peu observés jusqu'à présent, surtout peu décrits ou vaguement exprimés,
quoique leur défaut laisse dans la science une très grande et incontestable
lacune.
R. Brown est le premier, à notre connaissance, qui ait éveillé l'alten-
tioudes botanistes sur cette branche si importante de la physique végétale.
Il y fut conduit par l'exception apparente que présente un genre de Com-
posées, chez lequel les capitules semblent s'ouvrir du dedans au dehors,
contre l'analogie bien comme de cette famille. Il remarqua que si, dans les
Composées ordinaires, les fleurs de cha(|ue capitule s'épanouissent du dehors
au dedans, lasuccession des capitules suit un ordre inverse, puisque, après le
capitule terminal et central qui s'épanouit le premier, les capitules axil-
laires évolvent l'un après l'autre, sur les ailes, précisément dans l'ordre où
ils s'éloignent du primordial. De cette seule remarque il induisit que
les capitules d'Fchinops sont uniflores, et que cette tète serrée que l'on
prenait chez eux pour un capitule simple et hétérodoxe, est un ensemble
de capitules s'ouvrant selon la loi commune. Ainsi disparut l'apparente
exception, et le genre qui faisait la difficulté rentra dans l'analogie invaria-
ble de sa famille (2). Huit ans après, Rœper releva l'idée émise par Brown
et qui semblait n'avoir point germé. Il y ajouta de nombreux exemples,
desquels il conclut que toutes les plantes pouvaient être rangées en deux
grandes classes, selon que leur inflorescence se rapportait à l'une ou à l'autre
des deux marches contraires qui avaient été signalées. Son mémoire {Mél.
bot. de Seringe, 1826), important pour l'histoire de la science, ne doit
être consulté qu'avec précaution, parce que l'idée de \a position des fleurs y
est partout mêlée à celle de leur succession : ce qui a laissé dans cet écrit
une confusion pénible, et l'a rendu impropre à fixer la nomenclature,
MiM. Bravais qui, à l'occasion de leurs études sur la phyllotaxie, ont
fait de nombreuses observations sur l'inflorescence, se sont mieux inspirés
de l'idée jetée en avant par B. Brown. Leur travail, qui est considérable
sans être complet, semblait devoir exciter le zèle et l'émulation des amis de
la science, eu leur faisant sentir l'immense lacune qui existe en cette partie
(1) Formules botaniques, thèse inaugurale, 1835. Vocabulaire oryanoyraphi-
que, p. 65,
(2) Linn. Trans., 1817, XII, p. 98,
SÉANCE DU 30 JANVIEU 1857. 31;
(lelal)otanique. Comment se fait-il qu'il soit resté vingt anssans continuation
et sans fruit apparent? Comment se fait-il que plusieurs ouvrages impor-
tants de botanique systématique et descriptive (ouvrages très recomman-
dables sous tous les autres rapports) aient paru depuis cette épo(iue et pa-
raissent tous les jours, sans que l'on y remarque un soin suffisant de
déterminer l'intlorescence par des expressions claires et précises, et de lui
donner le rang que l'on ne peut plus lui refuser parmi les caractères dis-
tiuctifs des espèces, des genres et des familles, et parmi les grands traits
révélateurs de leurs affinités?
Je hasarderai deux explications de ce fait triste et singulier.
Je crois, avec Adr. de Jussieu(l), qu'il faut l'attribuer d'abord à l'absence
de termes techniques clairement définis, et propres à représenter avec
concision les observations qui constituent cette nouvelle branche de la
science. Rœper ne s'est pas occupé assez longtemps de l'inflorescence pour
sentir le besoin d'en compléter le langage et d'en préciser les expressions.
MM. Bravais, qui l'ont tenté, n'ont pas fourni aux botanistes, il faut bien
le reconnaître, ce qui était nécessaire pour que l'inflorescence entrât d'em-
blée et de plain-pied dans les ouvrages descriptifs. Leur terminologie n'a pas
été ordonnée sur une vue d'ensemble, sur une théorie assez large. Ils ont
forgé uu certain nombre de mots qui ne répondent pas assez, pour la plu-
part, aux idées générales qu'ils devaient représenter; et ils ont en outre dé-
tourné arbitrairement les termes les plus usuels, épi, grappe, cyme^de leur
sens généralement accepté. C'était heurter de front et sans nécessité les ha-
bitudes, et mettre un obstacle presque volontaire au résultat pratique de
leurs travaux.
La seconde cause à laquelle j'attribue l'inflorescence négligée, je la dis
avec plaisir devant vous, Messieurs, parce que je crois que vous y avez
porté remède : c'est l'isolement dans lequel les botanistes vivaient et exé-
cutaient leurs travaux avant l'institution de votre Société. Sans doute on
peut observer avec fruit dans le silence de la solitude 5 on peut décrire con-
venablement ce que l'on a observé, sans autre aide que la collation des
échantillons et des descriptions antérieures. Mais les idées générales ne
mûrissent qu'au soleil de la discussion : elles n'ont de prix que par l'assen-
timent qui leur est donné. Voilà pourquoi, en rapprochant les hommes qui
cultivent la botanique , en leur créant des communications périodiques et
fréquentes, en leur donnant la facilité de se connaître, de s'écouter et de
s'entendre, les fondateurs de notre Société ont rendu un important et in-
contestable service à l'histoire naturelle, ont bien mérité de notre chère et ,
aimable science, et en ont assuré les progrès plus sûrement encore par cette
seule idée de réunion, réalisée au moyen de leur activité, que par les excel- ■
(1) Mém.i|/ws., 1830, XIX.
32 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
lents ouvrages dont la botanique est redevable à la plupart d'entre eux.
II. Progression et récurrence. — Lorsque l'on commence à étudier les lois
de l'inflorescence, on remarque d'abord deux marches opposées dans la
succession des fleurs. Si l'on a sous les yeux un rameau de Tropœolum, on
voit que les fleurs s'y produisent et s'y épanouissent dans le même ordre
que les Feuilles, de bas en baut, la fleur aînée étant à l'une des aisselles in-
férieures, et les autres se suivant à cbacune des aisselles qui viennent au
dessus, par rang d'âge, en sorte que la plus jeune, la dernière épanouie ou
la dernière produite, est au sommet du rameau, ou le plus près de ce som-
met. Ainsi, la première loi d'inflorescence, qui est la loi de progression,
est en même temps une loi de pbyllotaxie. Elle appartient en quelque sorte
moins aux fleurs qu'aux Feuilles. On sait, en effet, que les Feuilles se for-
ment l'une à la suite de l'autre, par une série régulière et ascendante, les
plus jeunes étant invariablement les plus éloignées du point de départ. Seu-
lement le point de départ de l'inflorescence se trouve presque toujours au
dessus do celui de la pbyllotaxie, qui est dans l'embryon pour la tige, et
au bas du bourgeon pour la branche.
Si l'on passe de là à un Aquilegia^ on trouve qu'au contraire la fleur
aînée occupe le sommet de la branche et de la plante, et que les autres
fleurs se produisent dans l'ordre inverse de la production des Feuilles, de
haut en bas, les plus Jeunes étant les plus voisines de la racine. Et, comme
il n'y a sur cette plante aucune trace de la progression florale observée sur
Ib précédente, on est porté à admettre que l'empire des fleurs est partagé en
deux grandes provinces, dont l'une comprendrait les plantes à inflorescence
progressive, et l'autre les plantes à inflorescence rétrograde.
Mais, si l'on pousse plus loin ses observations en revenant au Tropœolum
d'abord étudié, on s'aperçoit qu'il est soumis, lui aussi, à la loi de rétrogra-
dation, puisque la fleuraison, après avoir commencé sur la branche princi-
pale, paraît ensuite sur les branches secondaires et dans le même ordre que
l'on vient de trouver sur Aquilegia, ordre inverse de la progression;
c'est-à-dire que la branche qui fleurit la première après la branche princi-
pale est celle qui est immédiatement au-dessous de la fleur primordiale, et
que les autres branches florifères s'épanouissent d'autant plus tard qu'elles
en sont plus éloignées. Chacune des branches secondaires du Tropœolum
répète, à son tour, ce qui s'est passé sur la principale, développant en bon
ordre la double progression des Feuilles et des fleurs. La répétition a lieu
aussi et dans le même ordre sur Aquilegia ; seulement au lieu d'une grappe
ou progression de fleurs, il n'y a qu'une fleura répéter.
II y a donc ici une seconde loi d'inflorescence, qui consiste en ce que
l'évolution quelconque, soit de plusieurs fleurs, soit d'une fleur unique, qui
a lieu d'abord sur une branche, s'opère ensuite de la même manière et dans
un ordre constant sur les autres branches de la plante.
sÉxNfir: nu 30 janvier 1857. 33
Celte loi, que l'on pont Dommcr loi de n'-pcUilion ou loi de rkcurrknce,
a pour clïot griiéral l'unili' de coinposition vc'gt'talc. INullo autre ne la sur-
passe en étendue : elle embrasse le règne végétal tout entier. Elle agit sur
les Monoeotylées de la même manière (jue sur les Dicolylées-, et, sous ce
rapport, il n'y a aucune différence entre un Croci/fi et un CIténe. Elle s'ap-
plique à toutes les plantes sans exception, puis(|ue celles dont l'extrême
simplicité s'arrête <à la production d'une seule fleur ou d'une seule progres-
sion, peuvent être regardées comme manquant du développement normal,
et que, pour constituer une exception formelle, il faudrait une plante se
développant constamment en opposition avec la loi qui nous occupe, ce
qui n'a pas été observé.
Il parait donc rationnel, attendu la simplicité reconnue des grandes vues
delanatuie, d'admettrequelinflorescence est réglée d'après un plan unique
dont les deux ordonnées principales sont : progression et récurrence. La très
grande majorité des familles végétales offrira la réalisation de ces deux
termes, tantôt d'une manière simple et laissant à chacun d'eux son in-
dépendance (Crucifères, Polygalées, Trémondrées, Tropéolées, etc.), tantôt
à divers degrés de complication et d'interférence, qui mériteront d'être
exposés pour chaque famille. Dans un petit nombre de plantes, le déve-
loppement semble appartenir tout entier à la progression, (primitive ou conti-
nuée), et la régression s'efface: Palmiers. Dans certaines familles, au con-
traire, la progression est comme supprimée, ou résumée en la seule fleur
terminale, et toute répétition appartient à la récurrence: Hypéricées, Rutées,
Géraniacées, Caryophyllées, ctc Dans quelques plantes enfin, la vie s'épuise
sur une fleur, et progression et récurrence sont condensées et confondues en
un seul point : quel(|ues Renonculacées, Ranuncuhis Krapfia DC. (Deless.
ic. T, 35), Oxi/graphis :, Orithyia uniflora (Brit. fl. gard. mai 1836) ; PtC'
rostylis (Guill. austral.).
On peut même regarder théoriquement la progression et la récurrence
comme perpétuellement entrelacées et se pénétrant en quelque sorte l'une
l'autre: car, si toute fleur terminale peut être considérée comme résumant
une progression, toute fleur axillaire peut être regardée comme préparant
une récurrence. Cette dernière considération est fondée sur ce fait, qu'il
est peu de pédicelles axillaires qui ne portent 2 bracféoles indiquant qu'il
peut venir à leur aisselle 2 boutons plus jeunes, par conséquent récurrents;
ce que l'on vérifie dans une foule de familles (Berbéridées, Celtidées, San-
guisorbées, Ternstrœmiacées, Balsaminées, Éricaeées, Scrofulariées), et
même dans celles qui jouissent le plus notoirement du développement pro-
gressif: Ribésiacées, Malpighiacées, Orobanchées, Protéacées, Papiliona-
cées, etc.
11 importe peu que le développement se fasse au large, sans parcimonie,
él eu donnant a chaque fleur une Feuille aisselliéi'c formelle et complètement
T. IV, . p
3â SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
constituée (F(?ro«?Vrt agrestis, Capparis spinosa, Celtis australis), ou qu'au
contraire il se contracte, rapproclie les fleurs en groupe, et, par l'effort de
la production florale, amoindrisse ou transforme les Feuilles, les fasse Brac-
tées, les efface même tout à fait, comme on le voit à divers degrés sur tous
les pédoncules raultiflores : l'ordre des successions n'est pas troublé, les
lois établies sont respectées (sauf de très rares exceptions); la grappe des
Groseilliers, le capitule des Composées, la tète ovée des Protéacées, le demi-
globe de Jasione^ des Globulaires, le cylindre de Pkyteuina, le cbaton du
Coudrier, l'épillet des Graminées, des Cypéracées, restent progressifs, la
Cyme capitée des Salsolacées, celle des Polemoniacées, des Laurinées,
conservent leur rétros'adation.
Par l'effet des deux lois que nous venons de reconnaître, la tige d'un
végétal phanérogame bien développé et en pleine fleuraison se distribue en
deux zones ordinairement très distinctes: la zone supérieure, qui se com-
pose de la fleuraison primordiale, progressive et ascendante, et la zone in-
férieure qui comprend tout ce qui se produit par récurrence au-dessous de
la première. Prenons par exemple Scrofulariu [cauina ^ nodosa, aqua-
tica, etc.). Ces plantes fleurissent en une grappe composée terminale qui se
développe progressivement a partir du plan où apparaît la première fleur,
et qui forme la zone supérieure. Au-dessous de ce plan se produisent les
rameaux axillaires récurrents dont l'ensemble forme ce que nous appelons
la zone inférieure; ils portent une fleuraison semblable à la primordiale, la
répétant l'une après l'autre dans l'ordre rétrogressif et descendant.
Ainsi, il y a, dans la hauteur de la tige, un plan de partage au-dessus et
au-dessous duquel le développement général relatif à l'inflorescence suit
deux cours diamétralement opposés : ce plan est celui où s'épanouit la fleur
aînée. Chaque branche est, sous ce lapport, l'image de la plante entière,
ou plutôt la plante elle-même n'est qu'un ensemble résultant de l'associa-
tion régulière d'êtres semblables entre eux et semblables au tout. Car la
même marche ascendante et descendante s'observe à tous les degrés du
développement et pendant toute la vie du végétal.
Cette double marche est représentée aussi par le développement en sens
contraire de la tige et de la lacine. Ce sont toujours des effets de la loi gé-
nérale d'expansion que j'ai signalée dans d'autres circonstances (1), et qui
pourrait s'appeler ici loi d'expansion bipolaire.
III. Loi d'affaiblissement. — Sur un pied de ]'erbascum, le plan de par-
tage est ordinairement vers le milieu de la plante. C'est là que s'épanouit
la première fleur du premier groupe latéral. La fleuraison parcourt succes-
sivement toute la légion supérieure à ce plan, sur lequel elle élève une ma-
gniflque pyramide. Dans le même temps la récurrence développe les
(1) Observations sui- la moelle des plantes ligneuses {Ann. des se. nat., 1847).
SÉANCi: nu 30 janvii.r 1857. 35
rameaux inlV'iicurs selon leur iiuniéco il'ordre, et chacun, dans celte région
descendante, reproduit à son tour, mais avec moins de grandeur, la pyra-
mide primordiale.
Car la répétition affaiblit ordinairement les groupes qu'elle reproduit,
soit par progression, soit pai- récurrence (1). On voit sur les branches récur-
rentes de Verbascum que les Cymes sont beaucoup moins complexes que
sur la tige principale; et sur cette tige elle-même, qui n'est autre chose
qu'un opulent pédoncule terminal, les Cymes inférieures sont beaucoup plus
complètes que les autres, qui vont en s'amoindrissant à mesure ([u'elles
sont plus élevées, perdant successivement leurs rameaux, leurs pédicelles
suppléants, jusqu'à devenir en beaucoup de cas Cymes uniflores.
Leptomeria Billardieri R. Br., qui porte grappe (spiciforme) axillaire, a
les grappes supérieures réduites à une fleur.
Cette loi d'affaiblissement (qui a bien quelques exceptions) est néanmoins
très générale, et mérite fort d'être observée, parce qu'elle est très efficace
pour fixer le jugement sur certains cas obscurs de l'inflorescence. Elle sert
aussi à faire disparaître d'apparentes exceptions, à ramener à l'unité de
plan des phénomènes que l'on aurait crus dissemblables, à rétablir la con-
stance des vues de la nature là où elle semblait défaillir, et aussi à préciser
le sens de quelques expressions vagues employées dans les descriptions,
telles que /jerft</«cM/<s sublrijloris^ subbifloris, etc.
Il est clair (la loi d'affaiblissement une fois reconnue) que, pour donner
une idée juste de l'inflorescence d'une plante, il faut la décrire aux points
les plus rapprochés de la première fleur. C'est donc le point de départ qu'on
doit reconnaître avant tout, sous peine de s'égarer et d'égarer les autres.
C'est pour cela que nous insistons sur la distinction des deux zones de dé-
veloppement qui résultent de progression et récurrence.
IV. Ré progression. — Lorsque la fleur primordiale termine la plante
ou la branche, et que la progression semble impossible, elle reprend cepen-
dant ses droits chez beaucoup de plantes. Considérons une branche de
RUbus (de quelque espèce que ce soif) : la fleur terminale et suprême est
évidemment l'aînée, celle qui s'est épanouie la première (2). Toute progres-
(1) M. Germain de Saint-Pierre l'a indiqué pour la progression [Bull.de la Soc.
bût. de France, 1855).
(2) Quand je parle de l'âge des fleurs, j'entends désigner l'époque relative de
leur épanouissement. J'ai vérifié dans un très grand nombre de cas, en pénétrant
dans le bourgeon, que Tordre de l'épanouissement est conforme à l'ordre de la
naissance. Mais je n'ai pu certainement le vérilier sur toutes les plantes dont j'ai à
parler. Afui donc d'éviter une généralisation prématurée et contestable, je m'en
tiens au phénomène d'inflorescence observable à l'œil nu ou faiblement armé , et
j'accorde toute réserve pour les exceptions que pourrait constater la micrographie
de l'anthogénie.
36 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
sion ost-elle évincée? Non. Car l'épanouissement ne continue point par les
fleurs les plus voisines de l'ainee : il repiend par le bas, et remonte ensuite
régulièrement comme en une progression ordinaire: en sorte que, abstrac-
tion faite de la première fleur, on croit voir une grappe complexe ou un
thyrse. Ainsi, voilà une véritable et légitime progression dans un groupe
où l'évolution est partie du sommet.
Dans ces cas spéciaux (que l'on rencontre néanmoins très fréquemment,
Renonculacées, Dryadées^ Laurinées, Acéracées, Mélastomacées, Sapinda-
cées, Philadelphées, Bignoniacées, etc.), le plan de partage des deux zones
peut être placé à l'origine de la réprogression. Au-dessous de ce plan, la ré-
gression ordinaire a lieu comme chez fous les autres végétaux. La loi d'af-
faiblissement s'exécute aussi dans la réprogression comme dans la progres-
sion commune (1).
En voyant combien sont contradictoires les deux grandes ordonnées du
système de l'inflorescence, on a pu croire d'abord que la nature s'était dé-
partie, en les créant, du soin qu'elle prend de relier tous les phénomènes
par des transitions graduées. Mais \a?'ép)'ogression vient démontrer une fois
de plus l'axiome Non facit saltus. Nous en trouverons plus tard une démon-
stration nouvelle dans une autre loi spéciale (la /;recffSs/on), qui rapprochera
les deux marches opposées jusqu'à les confondre.
V. Récurrence surmontante. — Lorsque la progression man([ue tout à
fait, la fleur primordiale, qui termine l'axe florifère, compose à elle seule,
rigoureusement parlant, la zone supérieure. C'est ce que l'on voit sur les
Polémoniacées, les Magnoliacée?. Mais les cas sont assez rares où la fleur
primordiale est isolée, comme sur Magnolia, Calycanthus; plus rares encore
ceux où la Cyme est subordonnée comme dans les Polémoniacées, c'est-à-
dire où elle porte la fleur ainée placée en évidence au point le plus élevé.
Presque toujours les rameaux qui naissent en récurrence au-dessous de la
fleur terminale, s'élèvent au-dessus d'elle, sont surmontés à leur tour par
ceux qu'ils produisent, et ainsi successivement. Telle est l'inflorescence des
Silénées et Alsinées, des Asclépiadées et Apocynees, des Géraniacées, des
Loasées, des Zygophy liées, dos Nvctaginécs, dos Solanées, des Boragi-
nées, etc., et, dans un sens plus large, celle des Esculacées, et de tous les
arbres à inflorescence terminale ou proternnnale. Ainsi se forme la Cyme
surmontante, dont les rameaux se succèdent dans un ordre ascendant quoi-
que rétrogressif. Dans chaque Cyme, comme dans la progression, la fleur
primordiale est placée, matériellement parlant, au point le plus bas de la
(1) La réprogression a bien souvent échappé à Pœil des dessinateurs. Il y a pour-
tant quelques li(ruies où elle est (idôicmcnt reprôsenlée. Ou en trouve un bon
exemple,. ln7i.J/».v.,VllI, pi. '6k {.Uherospertna) ; voyez aussi Wallich, As.rar.,
2Qli {Swertui), et Koyle, Him., 67.
SÉANCE DU 30 JAiWIlilt 1857. 37
région asceutluiite, et ses sœurs cadettes s'cchelouueiit successivement au-
dessus d'elle. Mais dans l'oidre progressif, les Heurs plus jeunes naissent
réelleinenl au-dessus de leur ahiée, et sur le prolongement du môme axe,
qui est le coips même du laineau (lorilere. Dans la Cyme surniontante, au
contraire, les fleurs cadettes naissent sous leur ainée à l'aisselle des 2 Feuilles
ou Bractées qui la soustent ; puis elles s'élèvent au-dessus d'elle par l'allon-
gement des pédicules axillaires; et ces pédicules se terminent chacun par
une fleur et par une ou plusieurs Feuilles ou Bractées, de l'aisselle desquelles
part une surmontance pareille, et ainsi de suite, comme chacun sait.
Si l'on fait abstraction de la différence d'origine, on ne peut s'empêcher
d'être frappé de l'espèce de ressemblance qu'il y a entre le développement
de la Cyme surmontante et celui de la progression, puisque l'une et l'autre
suivent une marche ascendante. Mais la Cyme rencontre à chaque degré un
point d'arrêt, qu'elle ne franchit qu'en rétrogradant : elle n'est qu'une con-
trefaçon de la zone progressive qui s'étend par un cours continu. Il y a une
ressemblance d'effet, malgré l'opposition de principe et d'action.
Nous reconnaîtrons plus loin, dans d'autres lois spéciales de l'inflores-
cence (les lois d'inégalité), une nouvelle et ti'ès singulière analogie entre la
zone progressive et la Cyme surmcnlante. I,;i rc.'-semblance est quelquefois
portée si loin, que l'on ne distingue pas l'une de l'autre avec une entière
certitude: Vinca, Cuphea, quelqin'S Silenées, tous les groupes scorpioïdes
où les Bractées sont inaperçues, peuvent faire naître ce doute.
Au reste, les plantes à Cyme ascendante n'en ont pas moins la récurrence
inférieure (|ue nous avons reconnue être l'effet d'une loi universelle. Elles
jouissent par consécjuent de 2 sortes de l'éeurrenee : la surmontante, dont
la seule source est dans le rameau ou les 2 rameaux qui soustent immédia-
tement la fleur primordiale- et la descendante, qui se forme de tous les
rameaux axillaires se développant successivement au-dessous : celle-ci com-
pose la zone inférieure proprement dite. Par son origine, la récurrence sur-
niontante appartiendrait aussi a cette zone j mais son essor ascendant l'en
sépare; et elle semble destinée à tenii- lieu de la zone progressive ou \raie
zone supérieure, dans les plantes où la progression est réduite à la seule
fleur terminale.
On verra plus tard que ces deux récurrences ont d'ailleurs leur marche
indépendante, qui ne les distingue pas moins que le caractère que nous ve-
nons de leur assigner.
VI. Proportion des deux zones. — Les familles végétales offrent de
grandes dissemblances quant aux limites des 2 zones de l'évolution florale
(telles que nous les avions déterminées), et quant à leur ampleur respective.
Chez les plantes à tige simple et dressée, se terminant par une progression
bien développée, le plan de parîage est souvent vers le milieu de la hauteur,
comme on le peut voir en Verbaicum^ Digitalis, Scrofularia. Les autres
oo SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
Scrofulaiiées, les Résédncées, les Crucifères, présentent bîcn souvent cette
espèce de balancement. Mais plus souvent encore il est détruit par la prépon-
dérance que s'arroge l'un des deux systèmes. Chez les Papilionacées le déve-
loppement progressif l'emporte de beaucoup. Voyez la tige de Vicia Faba
L., la Fève populaire: elle n'offre, dans presque toute sa hauteur, qu'une
noble progression. La première fleur s'ouvrant à la 3*" ou h" aisselle de la
plante, la zone inférieure est nécessairement fort restreinte. Une Cucurbi-
tacée, Bryonia par exemple, étend à Tinfini et contourne de mille manières
sa progression grimpante. L'humble Draba verna L. ne porte ordinaire-
ment, sur son axe central, qu'une seule et simple petite grappe ; mais
!a récurrence, chassée de la tige aérienne, se réfugie sur le collet de la
plante, et produit, quand l'alimentation abonde, un riche verticille radical.
Ainsi Diplotaxis viminea DC, ainsi Primvla, Androsacc et une foule
d'autres.
Si la progression primitive commence tard et n'obtient qu'un développe-
ment médiocre, la régression l'emporte en étendue : Lysimachia vulyaris.
Lorsque la zone supérieure résulte d'une Cyme terminale surmontante, il
arrive, par exemple dans les végétaux de petite taille, que cette Cyme est,
pour ainsi dire, toute la plante, lladiola linoides termine sa tige par une
fleur après 3 ou k paires de Feuilles : cette fleur aiuée est entourée et sur-
montée de ses cadettes, portées sur deux bras qui se reproduisent jusqu'à
10 ou 15 degrés de multiplication : la récurrence inférieure est peu de
chose; elle est épuisée par l'avidité de la supérieure. De même Thisantha
glabra, scaherula, ylomerata Eckl, et Z., de même Tillœa^ Bulliarda,
Gramfnanthes, etc.
Si la Cyme terminale, au lieu d'être surmontante, reste subordonnée,
comme ùans Aquilegia, Nigella, dans les Polémoniacées, la zone supérieure
est réduite à la fleur ainée, et la plante tout entière, moins cette fleur
primordiale et suprême, n'est que récurrence inférieure.
Nous avons énuméré seulement les principales variétés que présente le
partage des deux zones. Cela suffira peut-être pour faire voir combien il
importerait, dans les observations faites sur le terrain, toutes les fois que
l'on ne peut pas emporter chez soi la plante entière, de noter à quelle hau-
teur moyenne (mesurée par le nombre des aisselles) se trouve \aprimefleur
ou protanthèse, le point de départ régulier de l'épanouissement floral. On
arriverait ainsi, par des faits accumulés, à avoir une histoire beaucoup
moins incomplète des peuplades qui composent le règne végétal.
La double zone d'évolution est maïquée aussi bien sur chaque branche
annuelle (quand elle est suffisamment développée) que sur la planteentière.
Klle peut être marquée sur un sin)ple rameau florifèi-e, feuille ou non feuille.
1^ loi générale de récuirence, telle que nous l'avons exposée, souffre
dans son application a certaines plantes quelques modifications qui résultent,
SÉANCE DU 30 JANVIER 1857. 39
soit normalement des lois spéciales que nous avons fait entrevoir, soit ac-
cidentcIk'iiH'nt des circonstances particulières de renlourap;e, de l'ornbre et
de la lumière. Cette loi n'en est pas moins, comme nous l'avons dit, la plus
générale de toutes celles qui régissent l'évolution des fleurs. En outre, elle
est essentiellement propre au règne végétal, et elle le caractérise à l'exclu-
sion des deux autres. Elle est une des principales causes de l'harmonieux
spectacle que nous offrent les grands végétaux, où l'unité la plus parfaite
est jointe à une infinie variété, et où la même cause, répétant les mêmes
effets avec une constance inaltérable et sans aucune monotonie, charme à
la fois les yeux et l'esprit de l'observateur.
M. Bâillon présente, au sujet de cette communication, les observa-
tions suivantes :
Il félicite M. Guillard d'avoir cherché à mieux définir les inflores-
cences, dont la terminologie est vicieuse et a besoin d'être réformée. Ainsi
la grappe, bien que terminée, est considérée comme une inflorescence in-
définie. Mais il rappelle que Linné avait distingué la floraison de l'inflores-
cence, et il est d'avis que M. Guillard les a confondues, et que sa théorie
se rapporte plutôt à la première qu'à la seconde, car elle est basée sur
l'ordre d'épanouissement, qui est un phénomène de floraison, indépendant
de la disposition des fleurs. De même, en parlant des récurrences, M. Guil-
lard a tenu compte non-seulement des bractées, mais encore des feuilles,
et est ainsi sorti de l'inflorescence, qui est limitée aux bractées.
Si l'on ne se rapporte qu'à l'ordre de floraison, le niveau de départ sera
déterminé différemment par les divers observateurs; et la force des bour-
geons floraux est aussi un pur caractère de sentiment, qui n'a rien d'ab-
solu. Ainsi, en parlant de la grappe, M. Aug. de Saint-Hilairedit que l'Or-
chisSimia se distingue parce que celle de ses fleurs qui s'ouvre la première
est plus ou moins médiane. Dans le Pachysandra, on voit que les fleurs
qui s'épanouissent les premières sont médianes, et il s'en produit plus tard
à l'aisselle des bractées inférieures. On ne peut donc prendre l'ordre de
floraison comme caractère distinctif de tel ou tel mode d'inflorescence.
Passant aux inflorescences dites mixtes, M. Bâillon rappelle que W/Es-
culus a un axe primaire terminé par une fleur, et des axes secondaires
tous en cyme scorpioïde, dont la première fleur peut s'épanouir avant celle
qui termine l'axe principal. L'âge relatif des axes est donc le seul bon
guide à suivre, — Dans le /{usais aculmûus, à l'aisselle de la petite fleur
qui semble épiphylle, il se produit une inflorescence secondaire de 2 à
3 fleurs. Ces fleurs s'épanouissent en même temps, et cependant, si l'on étu-
die leur développement, on voit que l'une naît avant l'autre à l'aisselle
d'une petite bractée. C'est donc là encore une cyme scorpioïde.
âO SOCIÉTÉ BOTâNIQIE de FRANCE.
L'inflorescence est encore plus difficile à définir pour certaines fleurs
unisexuées. Ainsi M. Bâillon n'est pas encore parvenu à se rendre coniple
de l'inflorescence du Buis, qui consiste en un pelit groupe de fleurs dont
celle du milieu est femelle et les autres mâles. Est-ce une inflorescence dé-
finie ou indéfinie ? il ne peut le dire encore.
Enfin M, Bâillon fait remarquer combien il est même difficile de consta-
ei' le moment précis de l'épanouissement d'une fleur. 1/ordre d'épanouisse-
ment ne peut donc servir de base à aucune théorie.
]\I. Guillard répond à M. Bâillon de la manière suivante :
Deux objets distincts ont été traités ensemble par M. Bâillon, à savoir les
lois générales de l'inflorescence et quelques exceptions. M. Guillard n'a
pu aujourd'hui que signaler à peine les lois générales, il ne devait pas en-
trer dans les exceptions,
M. Bâillon ne veut pas qu'on s'occupe des Feuilles en parlant de l'inflo-
rescence. Mais M, Guillard, lui aussi, a cherché à séparer les Feuilles des
Bractées, et n'a pu y parvenir, parce que les organes qu'on désigne sous
ces deux noms se confondent par des transitions graduelles. Est-il d'ailleurs
nécessaire de limiter l'inflorescence aux Bractées ? Qui empêche de consi-
dérer comme appareil d'inflorescence la plante tout entière, si les fleurs s'y
montrent partout? Beaucoup de botanistes ont admis cette manière de voir,
surtout pour les plantes annuelles. Dans les végétaux vivaces, le rhizome
est un appareil de conservation; tout le reste appartient à l'inflorescence.
M. Guillard ne croit pas avoir confondu la floraison avec l'inflorescence.
Dans la distinction de ces deux idées, il a suivi Linné, qui a défini l'inflo-
rescence: modus florendi. — II y a une progression florale analogue à la
progression foliaire. Lorsque les groupes de fleurs sont très condensés, leur
développement devient un peu irrégulier, sans doute à cause de la grande
contraction de l'axe floral, ce qui pourrait expliquer le phénomène excep-
tionnel de VOrchis qm a été signalé. L'inflorescence d'un Orchis est tou-
jours progressive, comme celle d'une Caryophyllée est toujours régressive.
M. Guillard, à défaut de fleurs dans la saison actuelle, a tenu compte de
la force des bourgeons floraux, appréciation dont AL Bâillon conteste la lé-
gitimité. Pourtant la valeur de cette appréciation, sans être absolue, n'en
est pas moins réelle. — Il entend par épanouissement ce que tout le monde
entend par ce mot. Peu lui importe à quel moir.ent précis une fleur peut
être dite complètement épanouie, car l'épanouissement n'est aussi qu'un
fait d'une valeur relative, ]\Iais l'ordre d'épanouissement n'en est pas moins
un fait réel, un fait constant, un fait caractéristique ; et comme tel, il faut
bien le décrire, quoique ÎM. Bâillon ne veuille pas que l'on tienne compte
d'autre chose que de l'ordre de formation des axes.
SÉANCE DU 30 JANVIER 1857. Ûl
Du reste, M. Guillard est loin de contester la valeur des études relatives
à l'anthogénie, car il a été lui-niêiiu; l'un des premiers à s'en occuper (1).
Mais, bien qu'il ait observé l'anthogénie dans un grand nombre de plantes,
il n'a jamais vu de contradiction entre l'ordre de naissance des fleurs et
l'ordre de leur épanouissement.
Il passe en revue les exemples cités par M. Bâillon: Dans le Pachy-
sandra, la floraison a lieu d'abord en ordre progressif, ainsi que M. Bâillon
l'a constaté; si ensuite il se produit des fleurs plus bas, elles sont d'un
autre ordre et d'une autre sorte, et rentrent dans la rép?'0[p'cssion. — Sur
Euphorbia Cijparissias, après le développement de la première Cyme,
de nouveaux rameaux florifères sortent de la base de la tige; c'est encore
une réprogression. — Quant au Buis, ce sont les fleurs du bas du capi-
tule qui s'ouvrent les premières; son inflorescence est donc une progression.
— Le y^wsc«<s présente une disposition très exceptionnelle. On voit souvent
réunies 2 ou 3 fleurs ; quelquefois il n'y en a qu'une seule. La plus grande
est toujours la première à s'épanouir.
M. Guillard croit donc que les faits intéressants rapportés par M. Bâillon
ne forment pas d'objection solide contre l'exposition qu'il vient de faire des
lois générales de l'inflorescence.
M. Prillieux fait à la Société la communication suivante :
OBSERVATIONS SUR LE MODE DE VÉGÉTATION DU NEOTTIA NIDUS AVIS,
par m. ED. PRILLIEUX.
J'ai l'honneur de faire hommage à la Société d'un travail que je viens de
publier sur la végétation et la structure du Neottia Nidus avis. Je profite-
rai de cette occasion pour mettre sous ses yeux quelques pièces à l'appui de
mes assertions, au sujet d'un mode singulier de propagation que j'ai
signalé dans cette plante. Pour que les objets que je lui présente soient
compris, je dois exposer en peu de mots quel est le mode de végétation du
Neottia Nidus avis.
Ou sait que la tige de cette plante fait un coude au-dessous de terre et
que son extrémité postérieure, à peu près horizontale, que l'on doit nom-
mer un rhizome, donne naissance à de très nombreuses racines blanchâtres,
à peu près cylindriques, charnues, lisses, et dont l'ensemble forme un pa-
quet que les anciens botanistes ont comparé au nid d'un oiseau. Le rhi-
zome traverse ce paquet déracines; son extrémité antérieure se courbe
en crosse et produit une tige verticale ou hampe qui porte les fleurs ; son
extrémité postérieure est souvent pourrie; mais souvent aussi elle est ter-
minée par une pointe un peu courbée en forme de corne très large et très
(1) Sur la formation des organes floraux. In-8% 1835, Baillière.
Zi2 SOCIÉTÉ BOTANIQL'E DE FRANCE.
courte. — Cette extrémité diffère par sa structure auatomique du reste du
rhizome; elle est le produit immédiat de la germination du petit noyau cel-
lulaire qui est l'embryon des Orchidées, et elle conserve, jusqu'à ce qu'elle
se détruise, la structure d'un embryon germant. Sou système ligneux n'est
qu'un mince filet vasculaire occupant l'axe du petit corps eu forme de
cdrne, tandis qu'au delà le rhizome prend la structure qu'il conserve tou-
jours; son système ligneux est formé d'un anneau libro-vasculaire à l'in-
térieur duquel sont quelques faisceaux libres.
Le rhizome porte des feuilles imparfaites, il est vrai, mais fertiles pour
h plupart. Les bourgeons qui naissent à leur aisselle produisent-ils des
ramifications du rhizome comme dans VEpipadis pulustrisl un seul se dé-
veloppe-t-il de manière à continuer la direction du rhizome comme dans
le Cei)halanfhera rubra et le IJmodontm abortivum'î
Quelquefois le bourgeon axillaire d'une feuille située près du point où la
tige se courbe en crosse, prend un développement que l'on peut considérer
comme anticipé; il forme une hampe pareille à celle qui termine l'axe pri-
maire et qui fleurit en même temps. J'en ai vu des exemples, mais c'est là
certainement une exception. Dans le cas le plus ordinaire, aucun des bour-
geons axillaires ne se développe, et la plante tout entière meurt aussitôt
après avoir fleuri. J'ai déraciné plus de ZiO pieds de iY. ISidus avis en
graine vers la fin de l'été ; pas un ne portait à sa base de souche vivante. Je
crois donc pouvoir affirmer que le plus souvent, sinon toujours, la plante
n'est point vivace comme on le croit généralement, mais seulement raono-
carpienne.
J'ai montré, par la structure même de la plante arrachée en fleur, qu'elle
provient souvent de graine ; mais il n'en est pas toujours ainsi: bien qu'elle
ne survive pas à la floraison, elle trouve comme les autres Orchidées dans
ses organes de végétation un moyen de se perpétuer.
Si on observe un nombre un peu considérable de souches de iV. Niduff
avis vers l'époque de la floraison, on ne tarde pas à voir que plusieurs ra-
cines sont terminées autrement que les autres, qu'elles portent autour de
leur extrémité de petits mamelons qui semblent disposés sur elles comme
elles le sont elles-mêmes sur le rhizome. — Si l'on fait une coupe de ces
racines, on voit qu'elles sont terminées par un bourgeon.
Je mets sous les yeux de la Société de telles racines conservées dans l'al-
cool. — On y peut observer les principaux degrés de développement du
bourgeon.
Les racines qui doivent être le siège de ces singulières productions ne dif-
fèrent en aucune façon des autres dans le principe ; puis à leur extrémité se
forme un petit mamelon cellulaire où Se produit de la fécule, quand celle
qui remplissait le tissu de la racine a di^à été résorbée pour fournir aux
besoins de la' végétation lors du développement de la hampe. Bientôt, au
séanck nu 30 .lANViFU 1857. /|3
sommet du mamelon naît une petite feuille, et un bourgeon se forme, tandis
qu'un faisceau vasculaire s'orj^anise au-dessous de lui, au milieu du tissu
cellulaire du mamelon. — Ainsi se constituent les rudiments d'un rhizome
adventif sur l'extréniité de la racine; le petit corps à peu près globuleux
qui le représente s'allonge-, puis sur ses côtés, au-dessous du bourgeon,
naissent de petites racines adventives, et bientôt il offre, à très peu près
en petit, la forme ordinaire des rhizomes de N. Nidus avis et est enveloppé
comme eux d'un paquet de racines.
Pendant cette formation, la plante-mère est morte, son rhizome s'est
pourri, et la racine terminée par le jeune rhizome se trouve libre et indé-
pendante.
Les rhizomes ainsi produits deuieurent sous terre pendant près de deux
ans, croissant par leur extrémité antérieure et grandissant lentement sans
montrer au-dessus de la surface du sol aucun indice de leur présence. Ce
n'est que lorsque la souche a atteint tout son développement, que la
plante sort de l'obscurité où elle est demeurée ensevelie depuis sa naissance,
allonge au milieu de l'air et de la lumière une hampe pâle, décolorée et
toute chargée de fleurs, puis meurt épuisée par ce suprême effort.
La connaissance du mode de végétation du N. Nidus avis permet de
comprendre pourquoi on n'a jamais pu jusqu'ici cultiver cette plante. îl
n'est pas nécessaire pour cela de supposer un parasitisme fort hypothéti-
que, que jamais personne n'a pu constater avec certitude. Il suffit de remar-
quer qu'on a toujours transplanté des pieds en fleur, c'est-à-dire des pieds
qui allaient mourir. — Je pense que, si l'on replantait avec soin une sou-
che de N. Nidus avis enlevée durant la période souterraine de la vie de la
plante, on pourrait avoir un grand espoir de la voir fleurir dans un jardin
au commencement de l'année suivante. Il serait à désirer que des personnes
habituées à la difficile culture des Orchidées tentassent cet essai, qui serait
t)robablement couronné de succès.
M. Ducharlre, secrétaire, donne lecture de la conrimunicalion sui-
vante adressée à la Société :
NOTE SUR LE MODE DE MULTIPLICATION DE L'AGAVE AMERICANA,
par M. €HRIST14]« ¥AUPELL.
(Copenhague, 19 janvier 1857.)
Parmi les botanistes qui ont parlé de V Agave americana comme d'une
plante monocarpique (1), je n'en connais pas qui se soit prononcé à ce
(1) Nous onlondons ici le terme monocarpique dans le même sens que De Can-
dolle, qui le premier en a fait usage. Il y avait quelque confusion dans les épithètes
employées' pour distinguer la durée des végétaux, et De Candolle a bien mériié de
44 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
sujet d'une manière plus formelle que Zuccarini : « A l'exception desPal-
» miers, dit-il, il n'y a pas, parmi les monoeotylédones , de plantes plus
» gigantesques que les espèces des genres Furcrœa et Agave , et cela est
» d'autant plus remarquable que leur existence, qui est souvent d'un siècle,
» n'est que la p'réparation d'une floraison, après laquelle l'individu meurt
» tout à fait (1).» Je ne sais pas si cela est vrai desFura'œa; mais, d'après ce
que j'ai moi-même observé àNice, je puis affirmer qu'il n'en est point ainsi
de V Agave americana. Cette plante y est très commune, dans les haies et
sur les rochers exposés au soleil. C'est surtout au château de JNice que la
plante se présente dans les circonstances les plus favorables pour montrer
comment s'opère sa reproduction. Grande fut ma surprise de voir que là
tous les individus adultes étaient entoures de nombreux rejetons, issus delà
base de la tige, alors dégarnie de feuilles. Ces rejetons sont des branches
souterraines qui s' allongent beaucoup avant d'arriver au jour, couronnes d'un
bouquet de feuilles. Ils sont tantôt grêles et flliformes, comme des stolons
de Fraisier, tantôt plus robustes et semblables aux turions de l'Asperge,
mais, dans les tous cas, fragiles et se rompant au moindre effort. La tige périt
après la fleuraison. Les stolons, qui existaient déjà très longtemps aupara-
vant, persistent et deviennent libres pour fournir chacun une nouvelle plante
qui vivra de sa vie propre. Si donc V Agave americana est considéré par
beaucoup de botanistes comme une plante mouocarpique , c'est sans doute
parce qu'ils n'en ont jugé que sur des échantillons cultivés en serre, dont la
tige, droite et grêle, est presque toujours dépourvue de bourgeons basilaires,
tandis que les pieds qui végètent et fleurissent en plein air ont la tige plus
robuste, un peu courbée, et ascendante, avec des bourgeons radicaux très
nombreux, lesquels avortent ordinairement dans la plante des serres.
Tel étant l'état des choses, il serait curieux de savoir qui a, le premier ,
introduit dans la science l'erreur de la monocarpie de V Agave, contraire aux
faits et au témoignage de plusieurs botanistes, tant anciens que modernes,
qui ont eu l'occasion d'observer la plante en plein air, et pour qui cette
plante estvivace, c'est-à-dire polycarpique. Je ne puis entrerpour le moment
dans cette recherche, et je me borne à citer les cinq auteurs qui, à ma con-
naissance, ont signalé avec le plus de précision la polycarpie de V Agave.
la science en substituant le terme mouocarpique aux lermesannuel et l)isannuel.
La contusion cependant n'a point entiôremcnt cessé, surtout depuis que les profondes
éludes faites sur les bourgeons, en Allomac:ne et en France, ont créé l'opinion
que les plantes propagées par bourgeons sont des individus, au même titre que les
plantes nées de graines. Dans ce sons, la Pomme de terre est une plante annuelle
ou mouocarpique. Au nombre des auteurs qui désignent V Agave americana connue
mouocarpique, nous citerons entre autres De Candolle, FI. fr., 1805, I, p. 223,
et M. Al. Braun, Das Pflanzenindividuum, 185/i, p. h-,
(2) Zuccarini, ^If/oue «nd Furcrœa {Act. Acad. Leop., 1833, p. 661).
SÉANCE DU 30 JANVIER 1857, /jS
Dans Clusius, on peut lire le passage suivant : « liadix est crassa, longa,
curva, velidi intcrnodiis articulata, e quilms ad latera nascuntiir alternis
aliœplnntœ, u( in Arundinwn nodis ijerminasnu genim/r sunt disposike (1).
La fi"uro jointe au texte, sous le nom iV Aloi' amerimnn, montre une plante
entière, mais sans indoroseence, à la souehe radicale de laquelle adhère un
rejeton d'une longueur notable, relativement à la plaute-mère.
A Gottorp, en Danemark , VAgmeii fleuri dans les serres en 1668 et 1705,
et l'histoire de la dernière fleuraison nous a été conservée par un médeein
nommé Siricius(2), qui décrit en ces termes le mode de reproduction
de la plante : « Cette plante ne se propage pas seulement de graines, mais
>) aussi de rejetons [Nebcnschossen] ([ui naissent de la racine en nombre tel,
» qu'on peut en compter jusqu'à mille sur un seul pied ; beaucoup de ces re-
» jetons lleurissent en même temps quela plante-mère. » L'auteur donne de
ce phénomène une ligure ou l'on distingue sur un des côtés cinq rejetons
en fleur qui n'ont point affaibli la vigueur de la grande inflorescence.
Au Mexique, M. de Humboldt a reconnu l'importance des rejetons: « I.a
» tige, dit-il, périt après la fleuraison. Une infinité de diageons naissent
» alors de la racine du pied qui vient de périr, car il n'y a pas de plante
» qui se multiplie plus facilement (3). »
M. de Martius compare V Agave à la Pomme de terre, au Palmier qui pro-
duit le sagou [Metroxylon] et à la Canne à sucre, dont les tiges-mères péris-
sent après la fleuraison, mais dont les rejetons persistent et se développent
sous la terre {h).
M. Ch. Martins mentionne aussi expressément la reproduction de V Agave
par drageons {Bull, de la Soc. bot. de Fr., t. II, p. 8).
Dans les pays où \' Agave est cultivé en pleine terre, celte plante est tou-
jours traitée comme vivace : à Nice comme au Mexique, et partout sans
doute, on le propage non de semences, mais de lejetons. Quant à l'espace
de temps nécessaire pour qu'un rejeton arrive à fleuraison, M. Mentoléro m'a
assuré qu'à Nice il faut sept an?. M. de Martius compte dix ans à Li-
vourne, à Valence de huit à dix, à Palerme quatre ou cinq, à Alger de
quatre à six. Les indications sur l'âge des Agave qui ont fleuri après avoir
passé leur vie dans les serres, se rapportent sans doute à peu près toutes à
des sujets propagés de rejetons, et non à des plantes venues de graines.
(1) Clusius, Rarior. pi. Hist., 1601, pi. CLX, fig. dextr. {Aloë americana).
(!2) Siricius, Deschreibimg derer im hochfurstUchen gottorpischen prœchtigen
Gartensehv rar bluhenden Aloen, ivorunter zivo grosse amerikanische. Schleswig,
1705.
(o) IJumboldt, Essai politique sur le royaume de la Nouvelle-Espagne, t. III,
p. 158.
(/i) Martius, Beitrag zur Natur iind tJterargefickichte der Agaven {Bullet.de
VAcad. des se. de Munich) .
A6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Nous venons de voir que V Agave americanu est une plante vivace. II reste
à signaler quelques plantes qui présentent des faits plus ou moins analogues.
Le bourgeon terminal de V Agave périt après la fleuiaison, tandis que per-
sistent les bourgeons latéraux. La même chose a lieu dans un très grand
nombre de plantes, et d'abord dans les arbres, par exemple dans le Marron-
nier (y^scw/ws) et le Lilas [Syringa], dont la pousse terminale périt après la
flegraison, tandis que les bourgeons latéraux subsistent. Mais c'est parmi
les plantes herbacées vivaces (pourvues de rhizome) qu'il faut surtout cher^
cher les analogues de V Agave, par exemple le Polygonatum anceps , dont le
bourgeon terminal se développe eu inflorescence an printemps et meurt
ensuite, bientôt remplacé par des bourgeons latéraux, nés pendant la fleu-
raison et qui fleuriront l'année suivante, après avoir pris le développement
de la tige florale précédente. Mais la grande différence de cette plante, rela-
tivement à V Agave ^ c'est que sa tige est persistante, tandis que celle de
l'A^aye périt tout entière. Le Crocus vernus , la Pomme de terre et VEpilo-
bium palustre ov\\.^\\\?, d'analogie avec notre plante, car ils perdent leur tige
?iprès la fleuraison , conservant leurs bourgeons latéraux, sous la forme de
tubercules ou de stolons, pour fleurir l'année suivante. Toutefois, les rap-
ports physiologiques ne sont pas tout à fait les mêmes : car les bourgeons,
dans les plantes que nous \enons de nommer , ont la faculté de fleurir dès
l'annéesuivante, tandisque ceux de iVl^ayeeiviploient à cela plusieurs auuée^;
ils appartiennent donc à une autre classe de bourgeons.
Indépendamment de la faculté de fleurir, nous pouvons, chez beaucoup
de plantes, distinguer deux sortes de bourgeons. Dans la Jacinthe, par
exemple [Hyacintlius orientalis) , outre le bourgeon principal [Hauptknospe
Irmisch Zwiebelgewaechse, p. 78) , qui est latéral et placé à côté de la
hampe, nous avons plus bas et à l'aisselle des écailles inférieures, d'autres
bourgeons plus petits (bulbilles , Nebenzwiebeln (X\vm\^ch) , ùiHéYinxA du
premier en ceci qu'ils ne peuvent pas, comme lui, fleurir dès l'année sui-
vante.'Ces bulbilles ne représentent néanmoins pas encore les rejetons de
XAgave^ car ce n'est pas eux qui arriveront directement à fleuraison, mais
leur descendance, et cela après trois ou quatre générations; tandis que, dans
V Agave, c'est le même bourgeon qui , fortifié d'année en année, se déve-
loppe tout à coup en inflorescence, après avoir végété, sans s'allonger beau-
coup, de quatre à dix ans dans le midi de l'Europe, et jusqu'à soixante ans,
ou même davantage dans les serres des pays tempérés.
Cette dernière circonstance établit aussi un lapport entre V Agave et les
arbres de nos climats, dont les bourgeons adventifs, nés sur les racines,
exigent pour leur développement un temps beaucoup plus long que les bour-
geons normaux sur les branche^. Mais V Agave a-t-il, comme les arbres, des
bourgeons principaux, autres que le bourgeon terminal destiné à l'inflores-
cence? Ou ne saurait en douter, lorsqu'on voit ce qui se passe alors qu'un
SKANCR DU 30 .lANVIKU 1857. l\7
accident a prive de son bourgeon terminal un Agave prêta fleurir. Plusieurs
rameaux terminés par une inflorescence naissent alors de l'aisselledcs feuilles
extérieures et se développent , soit simultanément, soit l'un après l'autre.
Ce fait a été ol)servé pour la première fois par Munting , à Groningue, en
1680. Il montre assez, suivant nous, que l'Agave n'est pas dépourvu de
bourgeons principaux, quoique ces bourgeons, dans l'état normal de la
plante, soient destinés à rester latents.
Nous croyons donc, d'après ce qui vient d'être dit, ([ueV Agave ainericana
produit, outre le bourgeon terminal, deux sortes de bourgeons latéraux :
1" les bourgeons principaux, qui avortent régulièrement; 2° les bourgeons
adventifs, qui se développent pendant la vie de la plante-mère et persistent
après sa mort pour vivre de leur vie propre,
M. J. Gay fail quelques observations au sujet de cette communi-
cation.
Je n'ai, dit-il, rien à dire sur l'ensemble de cette note, qui renferme assu-
rément des aperçus ingénieux et des observations très propres à dissiper
l'erreur de V Agave monoearpique, mourant tout entier après sa floraison.
Je ne voudrais y contester qu'une seule chose: c'est la qualité de bourgeons
adventifs que l'auteur attribue aux stolons de V Agave. Ce point ne pourrait
être établi avec certitude qu'après des observations directes, lesquelles
doivent être très difficiles , lorsqu'il s'agit d'une plante adulte dont la tige
a non-seulement perdu ses feuilles inférieures , mais où la trace même de
leurs cicatrices a probablement disparu (1). M. Vaupell ne dit point avoir
fait ces observations, et j'en conclus qu'à cet égard il n'y a dans son esprit
qu'une simple supposition. Or , cette supposition n'est nullement vraisem-
blable si j'enjuge, non d'aprèslesarbres de nos climats, auxquels M. Vaupell
compare V Agave, mais d'après une plante vivace qui appartient à la famille
des Asphodélées, c'est-à-dire à une famille voisine des Amaryllidées, dans
laquelle rentre V Agave. Je veux parler de VAsphodelus luteus qui produit,
comme Y Agave, des stolons souterrains destinés à remplacer la plante-mère
et à la propager. Au premier printemps, ces stolons naissent en grand
nombre du collet de la racine, ils s'allongent graduellement sous la terre, et
viennent enfin s'épanouir à la surface du sol en une rosette de feuilles, longs
alors de plusieurs pouces, jusqu'à sept pouces dans la terre meuble de nos
jardins. Pendant que s'accomplit cette évolution des bourgeons, la tige-
mère s'allopge, elle fleurit et meurt après avoir porté fruit. A partir de ce
(1) Les rosettes qui terminent les stolons et qui, sans doute, sont organisées
comme la souche-mère, offriraient indubitablement plus de facilité pour cette
recherche.
/i8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
moment, les stolons, détachés de la planlo-mère, vivront de leur propre
vie, et suivant leur force ils arriverontà fleuraison, les uns l'année suivante,
les autres dans deux ans, si ce n'est plus tard encore. Sauf les formes, c'est
exactement l'histoire des bourgeons de la Jacinthe, dont M. Vaupell parle
dans sa note, car il me reste à dire que les stolons de l'Asphodèle ne provien-
nent point de bourgeons adventifs. Ce sont des rameaux nés , comme les
bulbilles de la Jacinthe, à l'aisselle des feuilles radicales. Kn est-il de même
des stolons de VAgavel L'analogie des deux plantes ne permet guère d'en
douter, et c'est pour cela que la supposition contraire de M. Vaupell me
paraît mal fondée. Si telle est, en effet, la vérité, V Asphodelus luteus est
certainement de toutes les plantes connues de moi celle dont la végétation
se rapproche le plus de V Agave americana. J'en ai fait, l'année dernière, une
étude particulière. M. Germain de Saint-Pierre l'avait reconnue avant
moi ; mais il est à remarquer que, lui et moi, nous avons été devancés par
un auteur du xvii* siècle qui, en 1651, décrivait et figurait les stolons de
V Asphodelus luteus de la manière la plus précise (J. Bauhin, Hist. u, p. 632,
cum ic).
Puisque j'ai la parole, ajoute M. Gay, j'en proliterai pour annoncer que
les Pyrénées viennent de s'enrichir d'un cinquième Andrœa, découvert tout
récemment par M. Durieu (lettre du 15 janvier 1857), parmi ses récoltes
muscologiques du mois de septembre dernier (Voir le Bulletin^ t. III,
p. 565). C'est V Andrœa falcata Schimp,, reconnu tel par M. Zetterstedt, le
monographe tout récent des Andrœa de la Scandinavie. Cette espèce n'a-
vait jusqu'ici été observée qu'en Suisse, où elle parait être fort rare. Le
26 septembre 1856, M. Durieu l'a trouvée, en petite quantité et en mauvais
état, sur un rocher de schiste granitique, auprès duquel passe le sentier qui
conduit au lac de Seculejo, un peu avant le lac et avant d'arriver à un ro-
cher voisin où croissait V Andrœa «/pes^ris Schimp. {A, petrophila, forma
(5. Zetterst.)
M. Balansa dit qu'en Algérie ï Agave ne fleurit pas après ù ou 5 ans,
mais seulement après 10 ou 12 ans.
M. Cosson met sous les yeux de la Société plusieurs espèces nou-
velles d'Algérie, et fait les communications suivantes :
ITINÉRAIRE D'UN VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE, ENTREPRIS EN I85G SOUS LE
PATRONAGE DU MINISTÈRE DE LA GUERRE , par M. E. COSSOIV.
(Septième partie.)
El Abiod Sidi Cheikh est séparé de lîrézina par une dislance d'environ
18 lieues. Après avoir quitté notre campement, nous traversons les cultures
SÉANCK DU 30 JANVIER 1857. Û9
(le la pliiiiio, qui ne nous offrent ^uèrc d'autres espèces que celles obser-
vées par nous aux enviions immédiats du ksar; nous y retrouvons en outre
le Centuurea, voisin du C. Calcitrapa, que nous avons rencontré à An» 15en
Kiielil et dans plusieurs autres stations du sud ; la nous voyons également,
dans dts dépressions argileuses, les Sisynibriwa runcinatwn , Spitze-
lia lijruta , PUuitufjo ciliatn , Cldcmiijdophova pubescens , Euphorbia cabjp-
tnita, etc. Bientôt nous arrivons aux vastes dunes de sable mobile (|ui , au
sud, à l'est et au >iord, circonscrivent la plaine d'Ki AbiodSidi CJicikb et
dont, la veille, nous avions exploré (juelques points situés au sud du ksar ; la
partie des dunes (jue nous traversons nous otfie la vé^fétation des stations
analogues sous ces latitudes; ainsi nous y observons les Mattltiola Iwida,
Malcolmia yEgypliaca, Savifjnya longistyla, Hussonia^Egiceras, Silène vil-
losa, var. nncropetala, Itetoma Dunœi var. phipocali/x, Genista Sahurœ,
Ononis serrata, Uippocrepis biconlorla^ Deverra cidorantita, Scabiosa semi-
papposa, Ifloga Fontanesii, Nolletia chrysocomoidcs, Senecio coronopifolius,
Rhanteviurnadprei^mm, Onopordon aiiibigimm, Atractylis proliféra, Zolli-
kofcria resedifolia, Marrubium Deserti^ Passerina microphylla, Euphorbia
liuyoniana.Festuca Meinphidca, etc. Au delà des dunes, des terrains argilo-
sablonneux ou pierreux nous offrent réunis les Helianthenum ellipticum et
hirtïtmxav.Beserti, Reseda Arabica eleremop/iila, Fagorda Sinaica? , Ar-
gyrolobiwa uniflorum, Uippocrepis scabra.Herniaria fruticosa, Paronychia
Cossoniana, Daucus pubescens, Rlietinole pi s lonadioides, Artendsia Hcrba-
alba , Atractylis (lava, Echium humile^ Echinospermwn Va/dianum, Oro-
banchecernua, Phelipœaviolacea, Teucrium Polium, Lygeum Spartum, Stipa
tenacissima, gigantea et parviflora, etc. — Vers dix beures du soir nous
installons notre campement au pied de coteaux pierreux, nus, et notre
fatigue est telle que nous nous endormons sans attendre la di/fa. I.e lende-
main, 21 mai, vers trois beures du matin, nous i^ommes léveillés par la
faim et la soif; nous nous empressons de tirer de l'eau des outres dont nous
avons eu soin de nous munir en nombre a Kl Abiod Sidi Cheikb, car jusqu'à
Brézina nous ne devons trouver sur notre route ni source ni redirpournous
fournir d'eau potable; et bientôt, avec des touffes d'Artemisia Herba-alba,
nous faisons du feu pour préparer une marmite pleine de cbocolat et une
vaste cafetière de café qui, avec le mouton rôti pendant la nuit par les Ara-
bes, doivent faire les frais de notre déjeuner matinal et nous faire oublier les
privations de la veille. Vers quatre beures nous nous mettons en route , et
après avoir traversé une plaine assez étendue, et dont quelques lentisques
[Pistacia Atlantica) viennent seuls rompre l'uniformité, nous arrivons à des
coteaux pierreux qui se continuent avec les pentes rocbeuses de la partie
occidentale de la cbaine du Gour Seggueur. De la sommité de l'un des points
culminants du gour, nous voyons se déi'ouler à nos yeux un vaste pano-
rama de la région désertique, dont la grandeur et l'austère majesté nous
T. IV. /|
50 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE,
impressionnent vivement, au sud-est, de nombreux ravins très accidentés
se jettent dans !e Khraiieg Macheria, dont le lit, actuellement à sec, est l'un
des affluents de rOued Seggueiir 5 a l'est se dessinent des montagnes basses et
nues, au sud s'étend la plaine saharienne dans toute son immensité etappa-
raissentdaus le lointain des coteaux abruptes, connus sous le nom de gour, et
qui, à cette distance, ressemblent à des murailles gigantesques coupées
de brèches régulières comme des portes; la position de Brézina n'est indi-
quée que par la couleur blanche des rochers calcaires qui avoisinent le ksar.
Les pentes du Gour Seggueur nous offrent réunies des plantes de la région
montagneuse inférieure et de la région saharienne : ainsi nous y observons
les Sedum nltissimnm, Centaureapubescens et Sonchus spinosxs, associés aux
Helionthemun Cahiricum, Atractylis microcephala, Gymnocarpus decandrus,
Herniaria fruticosa , Fagonia Sinaica?, Bubania Feei, Arthratherum ob-
tusum et plwnosum, Farsetia linearis,elc. Un ravin assez large, bordé par
des coteaux pierreux et se jetant dans le Khraneg Macheria, nous présente,
sur sesalluvions argilo-sablonneuses et rocailleuses, \esPi/ret/irum fuscatum,
Medicago laciniata, Rhetinolepis lonadioides. Asteriscuspygmœus, Echino-
spermum Vahlinnum, Reseda eremophilu, Dianthus serrulatus var. grnndi-
floj'us, Plantago albicnns, ovata el cillata, Rhanterium adpressum. Rétama
Dimœi\av.p/ui'ocalyx, Calligonum comosum, Cyrtolepis Alexandrina.Fes-
tuca divaricata, Cynodon Dactylon, Statice Bonduellii, Atractylis [lava,
Ifloga Fontanesii, Delphinium pubescens, Anvillea radiata, etc. LeFœni-
culum officinale {Besbass des Arabes) croit en abondance dans ce ravin, et nos
chameliers en recueillent les sommités, qui ne sont pas encore fleuries, pour
en mettre des morceaux dans leur bouche et tromper ainsi leur soif; à leur
exemple, non-seulement nous en mâchons les tiges, mais, en en faisant ma-
cérer des fragments triturés dans de l'eau, nous en composons une espèce de
boisson. Quehiues Oliviers rabougris et des touffes espacées de Zizyphus
Lotus se montrent sur les flancs rocailleux des coteaux. Nous taisons une
halte à l'ombre d'un magnilique Lentisque, qui, par son feuillage touffu,
nous abrite avec nos bétes, chevaux et chameaux, des ardeurs du soleil ;
d'autres piedsde ce bel arbre se présentent çà et la. Un défilé étroit nous con-
duit bientôt au pied d'immenses rochers de poudingue, où est creusée par
les eaux une vaste grotte, et nous sommes heureux d'y trouver pour nos
chevaux l'eau sauraâtre qui s'est conservée dans un redir du Khraneg
Macheria. Quelques instants de repos dans cette grotte naturelle nous sont
fort utiles pour reparer nos forces et celles de nos chevaux. Nous suivons
pendant quelque temps le lit même du Ivhraneg, qui ne nous offre pas d'au-
tres espèces que celles que nous avons déjà signalées dans la vallée qui y
aboutit, et nous ne tardons pas ta arriver au pied d'un coteau au sommet
duquel existent les ruines d'un petit ksar abandonné ; quelques Dattiers
stériles, croissant par touffes compactes au voisinage d'une source peu
SÉANCE nu 30 JAINVIER 1857. 51
ahoiidanto, indiquent seuls romplaccincnt dos anciens jardins. A partir de
ce point, nous suivons le cours de l'Oued Seggueur, dont le lit, en partie
desséche, est bordé de coteaux rocailleux, assez élevés et nus ; les atterris-
setneuts et le lit argileux de l'oued, excepté dans les endroits déprimés (re-
dii's),où l'eau dos pluies récentes s'est maintenue, forment une croule com-
pacte, qui, sous l'inlluence de la chaleur, se fendille en tout sons, et dont la
couche supérieure se soulève sous forme de lames minces (lui finissent par
s'enrouler sur eiles-mcmes. Plus loin, de vastes dunes de sable mobile (|ui
s'est amoncelé au pied des coteaux , s'étendent piuallèlement au cours de
l'oued; nous en remettons l'exploration au lemlemain, car nous savons que
ces dunes, où l\r. le capitaine Segrétain a observé V Asp/iodelus pendvlimis,
sont une des herborisations les plus intéressantes des environs de Brézina ;
nous avons hâte d'airiver à l'oasis, où nous devons installer notre campe-
ment et où nous conduisent des cavaliers que Si Hamza Ben Abou Becker,
khalifat des Ouled Sidi Cheikh, actuellement à Brézina pour percevoir les
impôtset prévenu de notre arrivée par M. de Colomb, a envoyés au-devant
de nous. Vers trois heures, nous installons notre campement à l'ombre des
dattiers de l'oasis, au-dessous du \illage, et après quelques instants de repos
nous visitons les jardins avec Si Hamza, tout en faisant la chasse aux nom-
breux pigeons qui viennent, dans les cliamps récomment moissonnés, manger
les grains détachés des épis.
L'oasis de Brézina ou Berzina (jolie terre) , située sur la rive gauche de
l'Oued Seggueur, à près de ùUO kilomètres du littoral, environ sous la latitude
de 33° 18', et à une altitude d'environ 850 mètres, s'étend sur une grande
longueur parallèlementà l'oued. Des Dattiers, au nombre de plusieurs milliers,
constituent la culture principale des jardins; mais la plupart de ces arbres
croissent en touffes, car on a négligé d'en éliminer les rejets, et ils sont
loin d'être dans d'aussi bonnes conditions que ceux d'El Abiod Sidi Cheikh.
Indépendamment du Dattier, mais en moins grande abondance, sont plantés
dans les jardins le Figuier, l'Abricotier et le Pécher; çà et là on y rencoiitre
quelques ]}\edsd' Opuntia. Les seuls légumes que nous y ayons observéssont,
dans cette saison , l'Oignon et la Carotte; diverses variétés de Courges et
d'autres Cucurbitacées (1) viennent d'être semées et ne font que commencer
à lever à l'ombre des Dattiers; dans les vides des plantations et dans les
endroits arrosés près de l'oued , l'Orge est cultivée en champs peu
étendus, et la moisson en est déjà faite depuis quelques jours. Les jardins
de l'oasis sont ari'osés par des dérivations de l'Oued Seggueur et par des
puits. Nous faisons remarquer à Si Hamza qu'en établissant un barrage du
(1) D'après les graines que nous en avons rapportées, et que MM. Decaisnc et
Naudia ont bien voulu examiner, les Cucurbitacées cullivéos à Brézina sont les
Lagenaria vulgaris, Cucumis Melo et Citrullus, Cmurbila moschataQt Pepo.
52 SOCIÉTÉ BOTANIQLE DE FRANCE,
cours d'eau, qui pourrait être exécuté à peu de frais, il serait facile de
fertiliser une étendue de terrain l)eaucoiip phis considérable que celle qui
est actuellement en culture. — Le ksar de Brézina est construit sur une
colline rocheuse qui borde l'oasis au nord-ouest; ce village, ou comntiande
Si Hamza, propriétaire d'une grande partie de l'oasis, se compose d'environ
150 maisons bâties en pierres réunies par de la terre argileuse; comme dans
les autres ksour, les murs extérieurs des maisons situées à la périphérie sont
dépourvus d'ouvertures sur la campagne et forment, par leur réunion,
l'enceinte même du ksar, ai l'on ne pénètre que par une seule entrée. Une
petite mosquée et la maison de commandement de Si Harazase font remarquer
par la blancheur de leurs nuirs badigeonnés à la chaux. Au nord du village
et à la base du coteau sur lequel il est construit, de nombreux ravins à
terrain rougeàtre, très accidente, aboutissent à l'Oued Seggueur, dont le
lit longe des montagnes basses, pierreuses et nues qui se dessinent à quel-
ques kilomètres au nord ; à l'est et au sud s'étend la plaine saharienne, qui,
comme nous l'avons déjà dit, présente des coteaux abruptes d'argile rou-
geàtre et brunâtre, coimus sous le nom de (jour et dont le plus remarqua-
ble, désigné sous le nom de Gour Sidi el Hadj Ed Din, apparaît à une assez
grande distance au sud, comme une immense muraille ; a l'ouest s'étendent,
à la base des coteaux qui dominent l'Oued Seggueur, les dunes que nous
avons déjà traversées. — Après la visite faite aux jardins , nous mettons à
profit les quelques instants de jour qui nous restent pour faire une course
rapide sur les coteaux calcaires et siliceux situés à l'ouest du ksai-, qui se
continuent à l'est avec la colline sur laquelle est construit le village. Les
sables rocailleux de ce coteau nous offrent un assez grand nombre déplantes
intéressantes parmi les(|uelles nous citerons les Notoceras Canuriense,Far-
setia linearis, Cleome Arabica, Helianthemum ellipticum, lîeseda eremo-
phila, ErotUum glaucopJnjllum et guttatum, Fagonia Sinaica?, Argy-
rolobium uniflorian, Ononisserrata, Tclephiuiit/mperati, Paronychia Cosso-
niana , Hernioria fruticom, Lœflingia Hispauica, Ggmnocarpas decandrus ,
Eryngium ilicifolium, Danois pubescens , l'hagnalon purpurascens, Ifloga
Fontanesii, Bhelinolepis lonadioides, (' Idamijdophora pidjcscens, Asteriscus
pygmœus, îSoUetia chrysocouinides, Atractylis ftava, microcephala et can-
cellata, Catananche arenaria, Spitzelia lyrala, Sonchus divaricatus, Coîi'
volvulus svpinus, Echium hiimile , Anchusa hispida, Echinospermum Vah-
lianum, Buhnnia Feei, Plantogo ciliata, Anabasis articidata, Passerina
microphylla^ Allium Cupani, Arthratherum obtusitm, plumosum et ci-
liatum, Triticum Orientale, etc. Les Sdpa (enacissima, Lygeum Spartum
et Helianthemum hirlum var. Deserti, constituent le fond de la végétation
du coteau, ou le Calendula platycarpa t%\. egalcincnt abondant.
Le 23, après avoir mis en ordre nos récoltes de la veille, nous partons pour
explorer lesenvirons de loasis, et surtout les bords de l'Oued Seggueur et la
SÉANCK DU 30 .lAN'MKli 1857. 53
partit" de la plaine saharienne au voisinage des premiers fjoiirs, ainsi que les
dunes de sable mobile au sud-ouest de l'oasis. Les atterrissements sablon-
neux de la rive gauche de l'oued, à l'extrémité méridionale de l'oasis, nous
présentent de nombreuses touffes de Tamarix Gallica, el nous y rencontrons
dans un espace restreint un faraud nombre des espèces caractéristiques de la
région saharienne, entre autres les Mnlcolmia yEgyptiaca, Enarthrocarpus
clamtus, JJussonia ^Egiceras, licsedu Arabica et eremophila, Silène villosa
var. micropetala, Medicago Inciniata^ Astragalifs Gombo, Pohimrpœa fra-
gilis, Nnllctia chrysocomoides, Cijrtolepis Alexombnna, Ifloga Fontancsii,
Onopordon ambiguurn , Centaurea polyacantUa , Kœ/pinia linearis, Statice
JJonduellii, Echinopsilonmuricatiiî^, etc. L Arf/irat/icrum piingcns es,[ d'une
excessive abondance dans les parties sablonneuses, et les fleurs détachées de
la plante sont agglomérées et roulées en boule par le vent au pied des touffes;
\' Eitp/torbia Guyoniana et le Festuca Mempldtica y sont également des
plantes dominantes avec YAstragalus corrugatus var., dont les tiges en partie
enfouies dans le sable ont été broutées par les bestiaux. Quelques tertres
argileux qui s'élèvent au milieu des sables sont dépassés par les branches de
Tamarix Gallica et de Hetama Dui'iccivav.p/iœocalyx, dont les souches et les
tiges constituent le cenire de ces tumulus. Nous laissons dans le lointain sur
notre gauche le coteau que surmonte le fort ruiné de Sidi el Arbi, et nous
continuons pendant quelques instants à suivre la rive gauche de l'oued,
dont les berges argileuses, rougeâtres et abruptes forment, sur quelques
points, de véritables falaises. Ces terrains argileux ne nous offrant qu'une
végétation sans intérêt, nous traversons l'Oued Seggueur,dont la rive droite
est bordée de petites dunes de sable mobile, coniques ou arrondies, avec
des espaces aigileux circonscrits pai' les sables. La nous trouvons en
abondance, avec les autres plantes des sables de la rive gauche, le Danthonia
Forskalii et le Carduncelbis eriocephahis?. Au debà de ces dunes, une
plaine argilo-sablonneuse et pierreuse nous offre les Mattlnola livida, Buba-
niaFeei, Gymnocarfjus decandrm, W't, Arthratherimi(\e la région, lesAfmc-
tylis proliféra et microcephala, Rhanterium adpressum, Lotus pusillus,
Farsetia linearis, Passerina microphylla, Telephium Imperati, Hippocrcpis
bicontorta, Herniaria fruticosa, Marrubium Deserti, Catananche arenaria,
Convolvulus siipinus , Echinospermun Va/ilianum , Chluntydophora pm-
ùescens. Le Rétama Duriœi vai. pJui'ocalyx est très abondant dans cette
plaine, où il a été brouté par les chameaux. Là nous trouvons pour la pre-
mière fois le ISeuradaprocumbens, dont les calices fructifères varient de la
forme orbiculaire à la forme étoilée. Dans les ravines argileuses, nous trou-
vons en abondance V Andropogon laniger, et nous rencontrons quelques pieds
de Phagnalon purpurascens. Après avoir constaté les caractères gé.iéraux
de la végétation de cette plaine, nous franchissons un coteau pour nous
rapprocher de l'oasis et travers'^r les dunes de sable mobile, où nous trou-
m
bfi SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
VOUS, entreautres, Iti^Asphodehts pendulinus, Silène villosa var. micropetala,
Nolletia c/ir>/socomoides, Euphorbia cnlyptratn, Echiochilon frutieosus, Neu-
rada procumbem, Ononis serrata. Nous nous empressons de regagner notre
campement, dont nous sommes séparés par une distance de plus d'une
lieue, car nous avons à supporter une clialeui- accaljlante au milieu de ces
sables échauffés par les rayons du soleil et où, malgré l'heure peu avancée
(10 heures du matin), le thermomètre indique comme température du sol
/i6 degrés. Nous retrouvons sous la tente M .Al. Mares et Valette, tout occupés
de prendre des vues photographiques et des dessins de l'oasis et des groupes
de Dattiers ({ui ombragent notre tente. A 6 heures, après avoir terminé la
préparation de nos récoltes, nous allons remercier Si Hamza.qui était venu
nous visiter plusieurs fois, pour s'assurer par lui-même que le caid ne nous
laissait manquer de rien, et qui avait réuni les lettrés du village pour nous
donner les noms arabes des plantes caractéristiques de la région saharienne.
Nous parcourons avec lui le village, et nous demandons à être conduits à
la maison du caïd, qu'avait habitée pendant plusieurs mois un Fran-
çais, i\l. Couturier, venu à Brézina pour apprendre la langue arabe et se
préparer, par la connaissance des liabitudes et des mœurs du pays, à un
voj^age qu'il avait projeté dans l'intéiieur, et qu'il espérait pouvoir pour-
suivre jusqu'à Tombouctou. Ce malheureux voyageur, abandonné de son
compagnon de route, n'avait pas tardé, étant réduit au régime purement
arabe et n'ayant pour demeure que deux misérables chambres au fond
d'une cour mal aérée, à tomber dans un état de prostration complète
qui bientôt devint une maladie grave par suite de privations de tout genre,
conséquences de son isolement. Sans un Arabe qui lui donna les soins les
plus indispensables et qui prévint M. de Colomb de l'état presque désespéré
du malade, M. Couturier eût succombé dès lors à l'affection dont la
gravité ne put malheureusement pas être conjurée plus tard par les soins qui
lui furent prodigués à Géryville, où il fut transporté par les ordres de M. de
Colomb, et ensuite à Saida, où il mourut victime d'un dévouement au-dessus
de ses forces. Si ïlamza, auquel nous annonçons notre départ pour le lende-
main, nous convie à une diffa, à laquelle nous faisons largement honneur,
quoique nous eussions préféré retourner à notre tente, où nous attendait
une nourriture plus convenable pour des Européens. Si Hamza ne nous
laisse pas partir sans nous donnei-, comme souvenir, quelques œufs et por-
tions de dépouilles d'autiuche, ainsi {|ue des cérastes et des lézards du
pays qu'il avait fait prendre à notre intention. — Le 24, à 6 heures et
demie du matin, nous avons terminé nos préparatifs de départ : car bien
que, plus heureux (jue M. Couturier, nous soyons tous bien portants, nous
avons hâte d'aller nous retremper à Géryville, où la cordiale hospitalité
que veut bien nous accorder M. de Colomb doit nous faire oublier les fa-
tigues et les privations inévitables d'un voyage dans le sud de l'Algérie.
{La suite à la prochaine séance.)
SÉANCE DU 30 JANVIER 1857. 55
NOTES SUR QUELQUES PLANTES RARES OU NOUVELLES DE LA RÉGENCE DE TUNIS ,
pni' Iflin. E. COSSOIW cl L. KKAI.IK (1).
Adonis microcarpa !)(>. Si/fif. I, 223, etProdr. I, 2i?i; Boiss. Voj/. Esp. 5.
— A. intermedia Webb ! Phyt. Can. 1,12. — A. Cupaniana Guss. ! Syn.
fl. Sic. II, 37.
Var. dentata (A. dentnta Delile /Eg. 17, t. 53, f. 1 ; DC. Syst. I, 224, et
Prodr. I, 1h [exclue!, var. j3. proviiicialis qiiœ forma A. aestivalis]).
Carpellis minoribiis, in spicam (lensissimam arcte confertis, tuberculis
ina;qualibiis valde proioiiientibns stollatim circiimcirca ciiictis.
In cultis incullisque prope ^S'/'rtA'(Espiiia) et in ditione 6'f//>i?.'? (Kralik pi.
Tun. cxsicc. n. 3 et n. 3r/). — In Sahara Alger'uMisi ! bauci infrequens
(Balansa pi. Alger, exsicc. d. 978). — lu agro Tripolitano (Dickson). In
j^gypto inferiore (Odile).
Nous avons pu nous convaincre, par l'examen d'une nombreuse série
d'échantillons, du peu d'importance des caractères sur lesquels est fondée
la distinction des A. microcarpa et dentata, et nous n'hésitons pas à les rap-
porter au même type spécifique: en effet l'A. dentata ne se distingue de
VA. microcarpa que par les carpelles plus petits, ordinairement plus nom-
breux, rapprochés en épi très compacte et entourés de tubercules inégaux
plus ou moins saillants dont l'ensemble forme une espèce de bordure étoilée.
— L'A. œstivalis présente assez fréquemment une variation analogue dans
la forme des carpelles, et cette variation a été à tort rapportée à l'A. dentata
par De Candolle (A. dentata var. j3. provincialis DC).
FuMARTA DENSiFLORA DC. Cof. Monsp. 113 (1813), et FI . Fr. V, 588;
Greu. et Godr. FI. Fr. 1, 68. — F. micrantha Lagasc. Nov. yen. et sp.
21, n. 281 (1816); Koch Sjjn. fl. Germ. éd. 2, 1018; Parlât. Fum. 60;
Coss. et Germ. FL Par. 78, et Illustr. fl. Par. t. 3, f. 9-10.
In palmetis et in agris prope Cflèes (Kralik pi. Tun. exsicc. n. 5). — ïn
Algeria littoral! et interiore haud infrequens. — In Aîlgypto infeviore ad
Alexandriam et superiore ad Girgeh (Kralik). Syria prope Sai'da (Gaillar-
dot). Lydia prope Smyrnam (Balansa). Palaestina ad Jericj^Q r^e Saulcy).
Scotia (Syme). Hybernia (Balfour). In Gallia fera tota ^ inprimis in centrali
et australi haud infrequens. In Germania rarior, ';,^ Hercynia (Hampe), et
ad Hamburgum (Sonder). In Hispania (Lagase;,^ Bourgeau). Italia (Guss.).
Attica (Heldreich). Provinciis Caucasicis /'.g(, ^ Mey).
(1) Les plantes mentionnées ou déc- '.j^^g ^^^^^ ^^^ y^jes font partie des collec-
tions recueillies par M. Kralik ^' ^^^^ ^^ ^^^^„^ exécuté par lui, en 185Ù, dans
la régence de Tunis (voy. r^-^^^^ ,; ^^^^^^^ .^^ ^_ ^^ p^ 23 et 116, et t. II , p. :2l, les
Lettres de M. kralik ^'- ^. ^^ ^■^^^^i,,, a, i^ Régence de Tunis).
5<3 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Certains échantillons, recueillis dans des eliamps arides, aux environs de
Gabès, diffèrent un peu de la plante de France par les sépales moins larges
et moins dentés, et sont identiques avec ceux que nous avons observés en
Algérie, à Oran et à Djelfa; mais nous avons été à même, sur le terrain, de
nous convaincre que cette différence, due surtout à la localité, est trop peu
importante et trop variable pour permettre d'établir même une variété.
Matthtola oxyceras DC. Sfjst. II, 173, et Prodr. I, IS/i.
Var. basiceras. — Silicjua inferne subsatiittata valvis basi gibbosis vel gib-
boso-cornutis; cietera, ut videtur, eadem ac in planta typica.
In argilloso-arenosis deserti Tunetani prope Sfax et Gabes (Kralik pi.
ïun. exsicc, n. 159 sub nomine M. livida).
Cette variété remarquable du M. oxyceras rappelle la disposition analogue
de la base de la silique signalée dans une seule plante de la famille, le Lon-
chophora Capiomontiana DK. — Par la forme et la largeur assez variable
des pétales, notre plante lient le milieu entre les sections Pinaria ei Aci-
notnin DC. [Prodr. I, 13^) qui, en raison du peu de constance des carac-
tères par lesquels on les a distinguées, devraient être l'éunies, et. il ne serait
pas imposîiible (]ue les M. oxyceras vi lunata DC. ne fussent que des varié-
tés d'une seule et même espèce.
Bkassica Gravin.î: Tenore ! FI. Nap. prodr. 39, et Fi. Nop. II, 88, t. 62,
et Sijll. fl. Nap. 328. — Sinapis recurvata Desf.! Atl. Il, 97 (non Ail.
quœ Sinapis Cbeiranthus Kocli). — Brassica Atkmtica Coss. et DR. in
herb. olim. — B. Boissieri Munby ! in Bull. Soc. bot. II, 283.
In ifipestribus umbrosis montis Djebel Zaghouan (Kralik). — In regione
raontana infeiiore et média in Algeria! haud inlVe(|uens. — In Italia, in
montibus Samnii et Api'utii (Tenore). în Sicilia ad Termini (Guss.).
Celte plante, qui est liés répandue en Algérie dans les lieux rocailleux et
dans les rochers de la région montagneuse inférieure et moyenne, nous a
préseiîtê de nombreuses variations dans la loriiie et la largeur des feuilles,
dans la grjuideur desfleui-s, dans la direction et la forme dessiliques, indif-
féremment asc^"^^'^"^^'^' étalées ou étalées-réflécbies, plus ou moins allon-
gées, presque eylii'^'^l'*'!"^'^' "^ nervure dorsale des valves peu saillante ou
presque tétra^ones pa." '^^ saillie de la nervure dorsale; en raison de la
variabilité de ces caractère.' "^'^'^ ^'^^'O"^ ^^" rapporter, comme simples syno-
nymes, au //. Graviruf les /? ^ ^(lanticact Boissieri, qui n'en sont que des
formes extrêmes.
Mukicariapeostbata Desv. Joarn. bot. '^^' ^^^' *' '^^ ' ^^- ^^^^^ ^^'
647, el Prodr. I, 225. - Bunias prostrata b>^- ^^^- "' '^^' ^- ^^O'
In ruderalis et incultis argilloso-arenosis prope Gul^^^ ^^"^ infrequeus
SÉANCE DU 30 JANVIKIl 1857. 67
(Kralik pl.Tuu. cxsicc.n. 12), inaieiiosis prope rfl/srt(l)esf.). — In Al^criac
nianitiehus excH'Isis auslralioiibus el in Sahara in piovincia Oraiiensi! et
Algériens! ! late diffusa, in provincia Cirtensi rarior indilione Oulcd Djcllul
(Hénon) luicusque tantum nota.
Cette plante, qui n'a encore été observée que dans la partie méridionale
de la Régence de Tunis et de l'Algérie, n'était, jusqu'à ces derniers temps,
connue que par les échantillons recueillis par Dosfontaines en un état de
développement incomplet. De Candolle, à défaut de graines qui lui permis-
sent de voir la forme de l'embryon, n'avait rapporté le genre Muricaria à
la section des Zilleœ que par une véritable intuition qui se trouve con-
firmée par les faits; les graines subglobuleuses présentent, conmie dans les
autres genres des Zilleœ, un embryon à cotylédons condupliqués.
Rapistrum bipinnatum Coss. et Kralik ap. Kralik p/. Tun. exsicc.ïï. 40iet
UOha. — Smapis bipmnataJ)es{. Atl. II, 97. — Didesmus bipinnatus DG.
Syst. veg. II, 659, et Prodr. I, 227.
In arenosis incultis, in fruticetis et in pascuis deserti Tunelani nec non
inruderatis, ad Cafsa (Desf.) , Sfax (Kralik) et prope G ahes {KvaUk pi.
Tun. exsicc. florens fructiferumque a martio ad junium 185&).
Nous avons cru devoir rapporter le Smapis hipinnata Desf. au genre Rapis-
tr'um, car la graine de l'article supérieur de la silicule est dressée et non pas
pendante comme on l'attribue au genre Didesmus. — Nous devons ajouter
que le Didesmus A^gyptius Desv. devrait, selon nous, être aussi rapporté au
genre Rapistrum, car nous y avons vu également, par l'examen d'un assez
grand nombre desilicules, la graine dressée dans l'article supérieur.
Knarthrocarpus clavatos Delile in Godr. FI. Juv. éd. 1, p. k, et éd. 2,
p. 51. — Brassica lyrata Desf. ! Atl. II, 96, t. 166 quoad fructum
raanca (in herb. Mus. Par. spécimen junius). — Enarthrocarpus lyratus
Lois. ISov. not. 30, et FI. Gall. II, 68 (non DC).
In ruderatis, pascuis et collibus argiIJoso-gypsaceis deserti Tuuetani
(Desf.), prope Sfax et Gabes (Kralik pi. Tun. exsicc. n. 186 et 186 a).
— In Sahara Algeriensi et in planitierum excelsarum parte austra-
liore, in provincia Oranensi et Algeriensi frequentissima prsecipue ad pagos
et diversoria, nempe hominis pecorumque comes, in provincia Cirtensi in-
frequentior, ut videtur, nempe hucusque ad amnem Oued Djedi, in ditione
Ouled Djellal tantum obvia (Hénon). — Prope Monspelium loco dicto
Port-Juvénal cum lanis advecta (Delile, Godron).
A VF. clavatus, comme nous l'avons déjà dit ailleurs, doit être rapporté,
comme synonyme, le Brassica lyrata Desf. (Voir Cosson Itinéraire d'un
voyage botanique in Bull. Soc. Bot. III, 562.) — L'F. clavatus a été décrit,
d'après les échantillons trouvés au Port-Juvénal, alors que sa véritable
58 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
patrie était inconnue et qu'il était considéré comme distinct du B. lyrata
Desf. — Au Port-Juvénal ont été également observées un grand nombre
d'autres espèces du sud de l'Algérie, qui y ont été introduites par des cir-
constancesanalogues, et dont le lieu d'origine était inconnu, telles quele Cos-
sonia Africana DR., le Cbjpeola cijclodontea Delile, etc.
HussoNiA JÎGicERAs Coss. et DR. np. Balansa pi. Alger, cxsicc. n. 994
(1853). — Erucaria /Egiceras L Gay mss. (1826), et in Steud. Nom.
bot. éd. 2, 590 (IS/iO). — E. uncata Boiss. ap. Pinard yj/. exsicc. —
Hussonia uncata Boiss. Diagn.pl. Or. ser. 1, fasc. viii, hl (1849).
In pascuis arenosis et inter frutices deserti Tunetani, in ditione Béni
Zid haudprocul a Gabes (Kralik pi. Tun. exsicc. n. 188), 28=» aprilis jam
fructifora. — In Sahara Algeriensi trium proviuciarum diffusa, nempe in
provincia Oranensi australiore ad Aïn Sefra!, Tyout!, Arba el TatanU,
Brézina!, etc. anobisvisa ; in provincia Algeriensi in d'ûlone Laghouat! ïmuà
infrequens (Geslin, l>eboud) ; in provincia Cirtensi in ditione ^/sZ'm (Ba-
lansa pi. Alger, exsicc. n. 994). — In toto deserto Arabiœ petrœœ Paleestiuae
contermino inter Nuckl et Gaza frequens, nec non in Palaîstinee desertis
(Pinard sec. Boiss. loc. cit.), in Arabiae petrœse Wadi jFemm (Scbiraper
pi. Arab. petr. exsicc. n. 453).
Helianthemum Cahiricum Delile FI. jEg. 93, t. 31, f. 2; Dunal in DC.
Prodr. I, 274.
In collibus apricis deserti ad Sidi Boni Baba prope Gabes (Kralik pi.
Tun. exsicc. n. 13). — In Sahara Algeriensi tota diffusa nempe in pro-
vincia Oranensi australiore prope Tjont!, Chellala Dahranial, Brézina!
etc. ; in provincia Algeriensi ad Lagliouat !; nec non in Cirtensi prope Biskra
(Balansa pi. Alger, exsicc. n. 865), et ad amneni Oued Betem prope Bzïoua
(Hénon). — In iEgypto (Delile, Olivier). In Syria (Aucher-Éloy pi. Or.
n. 1996). Ad Sinum Persicum (Aucher-Éloy sub. n. 959 catal. in
Ilerb. Mus.).
HELIA^THEMUM TuNETANUM Coss. ct Kralik. — Cistus glaucus Desf. I Afl.
I, 418(1798), non Cav. le. (1794).
Planta perenuis, glaberrinia, glaucescem, a basi raniosa ; caudice fruti-
coso, multicipite, sœpius tortuoso, in radicem fusiformem abeunte ; caulibus
havhdiCQO-frutescentibus , 1-2 deciu). longis, dilïusis, simplicibus vel inferne
ramosis:, foliis sw6camo.s/s , planis vel arefactione tantum subrevolutis ,
nervo média vixprominulo, utrinque glabris glaucescentibus sub lente punc-
tulatis, inferioribus oppositis, stipulatis, 8-15 millim. longis, linearibus
acutiusculis, inferne atténuât is, breviter petiolatis, superioribus bracteisque
confornflibus, alternis, estipulalis, brevioribus, oblougo vel ovato-liuearibus
SÉANCE DU 30 JANVIKU 1857. 69
obtiisiusculis; stipidh petiolnm longe exredentibus, foliis subconformihus;
raccniis tcrmiiialibus sa-pius (lemum clon^atis, Iaxis, remoUnoris, simpli-
cibus, subsecuiidis, /4-()-lloris; bracteis podiocllis 2-/i-pl() brevioribus ;
pedicellis calyce longioribus, fj;labris, (iciiiuin arcuato-dedexis ; adi/ce {^la-
berriino, 6-8 millim. longo, juniore et IVuctifeio ovato superne paulum allé-
niuito, sepnlis extcrioribus 2 niinimis obloiigis obtusis interioribus sub-Zi-plo
brevioribus, «■n)fmor/6wsmcmbranaceis, scarioso-marginatis,ovato-oblongis,
superne rotundato-obtusis, 3-ncrviis nervis interne prominulis sa3pe violas-
ccntil)us superne non nuncpiam evanescontibus; petcdis ladeis, calyce sub-
duplo lonpioribus ; staminibus numerosis, filnmenfis capillaribus, omnibus
antheriferis ; ovario subgloboso, pnbescenti-tomcntoso; stylo ovario lon-
ciore. inferne arcuato-ascendente; ovuiis rec^/s, pyriformibus, funiculis de-
mum tumido-iiicrassatis; capsula calycem suhœquante, cbartacea, subuni-
loculari, 3-valvi, sœpius Zi-lO-sperma; sem/nzT'/^s ovato-subglobosis, papil-
loso-asperulis, rapheorbalis, ad cbalazani micropyiae diametro oppositam
inseitis;6w6r?/one intra albnmen/)/MS minus arcuato sigmatoideo, radicula
supera, cotyledonibus ovato-suborbiculatis p\an\s. — Fiorensetjam fructi-
ferum, martio-apiili 1854 lectum.
Incollibus apricis argilioso-calcareisdeseiii Tunetani,propeCr/fsa(Desf.),
propeGflèes(Kralikpl. Tun. exsicc. n. 405 sub nomineH. glaucum Coss,
et Kralik non Pers.).
VH. Tunetanum, par la souche ligneuse, les tiges frutescentes, les feuil-
les inférieures opposées munies de stipules, les pétales dépassant longuement
le calice, le style arqué-ascendant , les ovules à funicule épaissi, la capsule
subuniloculaire, les graines dépourvues de raphé, et par l'embryon plus ou
moins arqué, appartient au genre Helianthemimi sect. Euhelianthemum
(Dunal, Spach). — VH. Tunetanum, par la glabréité de toutes ses parties,
parles feuilles un peu épaisses-charnues à nervure moyenne peu prononcée,
se distingue de toutes les autres espèces de la section, à l'exception de VH.
piliferum Boiss. (Foy. Fsp. 69 , t. 17). 11 diffère de cette dernière plante,
qui n'a encore été observée que dans les montagnes du royaume de Gre-
nade, par les feuilles planes ou enroulées seulement par la dessiccation, par
les sépales intérieurs ovales-oblongs arrondis-obtus à nervures peu sail-
lantes, disparaissant souvent au-dessous du sommet et non pas ovales-lan-
céolés fortement nerviés, par les fleurs blanches et non pas jaunes. — Nous
avions cru devoir donner à la plante de Gabes, identique à celle recueillie
par Desfontaines à Sfax, le nom d'H. glaucum ; mais nous devons renon-
cer à ce nom, car VH. glaucum Pers. est fondé sur le Cisttis glaucus Cav.
public antérieurement au C. ^/fa<cws Desf. -, nous avons dû également renon-
cer au nom d'/7. Fontanesii, qui eût rappelé l'auteur de la première descrip-
tion de la plante, car ce nom a été appliqué par iMJM. Boissier et Reuter à
une autre plaute de la même section du genre.
60 SOCIÉTÉ BOTAMQUE DE FRANCE.
Beseda eremophila Boiss. Diagn. pi. Or. ser. 1, fasc. viii, 54.
In arenoso-argillosis cultis vel incultis prope Gabes (Kralik pi. Tun.) ;
in incultis insulaî Djerhn (Kralik). — In Sahara Algériens! tota diffusa
nempe in parte australiore trium provinciarum obvia, in provincia Oranensi
australiore vulgaris: in ditione Lagliouat (lleboud); in ditione Biskra[i<\~
min, Balansa pi. Alger, exsicc. n. 876 infauste sub nomine H. Gayana). —
In arena tenui deserti .^gyptiaci prope Cahiram et Arabici usque ad fines
Palestinae (Boiss. loc. cit.).
Reseda Arabica Boiss, Diagn.pl. Or. ser. 1, fasc. i, 6.
In arenosis apricis prope Gabes (Kralik) et in ditione Béni ZidhwxA pro-
cul a Gabes (Kralik pi. Tun. exsicc. n. 371). — In Sahara Algériens! tota
diffusa videtur sed ferc semper sparsa, in provincia Oranensi australi ! plu-
rimis locis obvia, in ditione Ouled Nayl Cheraga ad El Ouar (ilénon), in
ditione Biskm (Jamin, Balansa). — In /Egypto (Kralik, Schimper pi.
^gypt. un. it. n. 506 sec. Boiss.). In monte Sinaï (Aucher-Éloy sec.
Boiss.). In Persia australi (Kotschy pi. Fers, austr. éd. Hobenacker [18Zi5]
n. 127).
Silène succuleinta Forsk, FI. yEgypt.-Arab. descr. 89; Delile FI. JSg.
t. 29, f. 2; DC.Prodr. I, 81.
In arenosis maritimis prope Gabes (Kralik pi. Tun. exsicc. n. 38 et
38«). — In ^gypto ad Alexandriam (Delile, C. de Fontenay) et ad Abou-
kir (Kralik). In Syria prope Jaffa (Micbon).
Silène setacea Viv. FI. Lib. 23, t. 12, f. 2 (non Otth in DC. Prodr. I,
372).
In arenosis cultis incultisque prope Sfax (Kralik) et prope Gnôes (Kralik
pi. Tun. exsicc. n. 387) baud infrequens. — In littore magnœ Syiteos
(Viv., loc. cit.). — In Saharœ Algeriensis ditione Béni Mzab (Reboua).
Le S. setacea, qui doit être placé à côté du -S", imbricata Desf. , diffère de
cette espèce par les feuilles toutes linéaires, ordinairement trèi étroites, par
les fleurs nocturnes et non pas diurnes, par le calice fructifère plus forte-
ment renflé dans sa partie supérieure , par les pétales à divisions plus
étroites, par la capsule un peu plus longuement stipitée ovoïde, et non pas
oblongue cylindrique, par les graines à faces légèrement concaves et non
pas assez profondément excavées.
Ebodiu-u glaucophyllon Ait. Hort. Kew. éd. 1, II, 416; DC. Prodr. I,
6/i8. — Géranium glaucophyllon L. Sp. 952 ; Cav. Diss. iv, 221,
t. 92, f. 2.
In argilloso-arcnosis vel gypsaceo-calcareis prope Gabes vulgare (Kra-
séaNcr du 50 JANviKU 1857. 61
llk pi. Tiin. exsicc. n. "lOS). — Tu Sahara Al^eriensi ot in planitiorutn
excelsarum parte australioie diffiisum , neinpc in provincia Ora-
nensi ad lacus îcsfale cxsiccalos Cludt el <'ker()ui ! (Balansa pi. Alger,
exsicc. n. 606) et Cliotf el Hharbi ! obvia nec non ad lirô.zbuil ; in provincia
Al^cricnsi in ditione IjKjhomd l ; in Sahara provinciœ Ciitensis in ditione
Ouled Naijl Cheracja ad/iV 0^<a/'(IIénon), in ditione liiskra (B;Hansa pi. Al-
ger, exsicc. n. 9/il), in pianitielms excelsis ad Chott Msouril proipe Melila.
— In ^gypti deseito Cahirino (Delile, Kralik).
Erodium AKiîOREscENS Willd. Sp. ITI, 638; OC. Procb-. I, 6^8. — </em-
iiium arborcscens V)Giï. Atl. Il, 110.
In collibusapiicis deserti Tunetani prope Cafsa (Desf.) ; in colle calcareo
Djebel Keroua prope Gabes infrequens (Kralik pi. Tun. exsicc. n. /i06).
Cette belle plante, qui n'était connue que par des échantillons dépourvus
de fleurs et de fruits , recueillis par Desfontaines, doit être placée à côté de
\'E. ylaucophyllon, dont elle est très voisine par la forme et la consistance
desfeuiliesetparla plupart des caractères; elle en e.st néanmoins très distincte
par la souche, divisée au sommet en plusieurs ramifications ligneuses mu-
nies supérieurement des hases persistantes des pétioles des feuilles détruites,
par les tiges plus robustes dressées, et non pas étalées-diffuses, par les brac-
tées de l'involucre ovales ou suborbiculaires très amples coriaces, et non pas
membraneuses assez petites, par les tleurs deux fois plus grandes, par le
calice à sépales plus brièvement acuminés, velus-pubescents, et non pas
pubescents à pubescence apprimée , par les carpelles deux fois plus grands
a bec plus long. — Dans V E. arborescem, les sépales, oblongs et brus-
quement acuminés en une pointe très courte, sont dépourvus de poils glan-
duleux et fortement nervés. les extérieurs à 5-7 nervures; les pétales
pres([ue égaux, obovales ou obovales-suboibiculaires, environ de moitié
plus longs (jue le calice, de couleur rose-lilas et largement tachés à la base
de violet foncé, sont brusquement contractés en un onglet très court, gla-
bre ou brièvement cilié; les filets des étamines fertiles sont glabres, ovales-
lancéolés inférieurement et dépourvus de dents; les filets des étamines
stériles, égalant environ la longueur de l'élargissement des étamines fertiles,
sont ovales-lancéolés ciliés ; le bec du fruit égale enviro i un décimètre de
longueur ; les carpelles hispides ne présentent, de même que dans \'E. glau-
cophyllon, ni fossettes, ni plis distincts , leurs prolongements sont, dans
leurs deux tiers supérieurs, comme chez cette dernière espèce, très longue-
ment plumeux à poils soyeux.
ZvGOPHVLLDM ALBUM L. Ik'C. 1, t. 8, et PL rùv. Ups. II, t. 6, et Sp. 551 ;
Desf.! Atl. I, 338; Delile /Eg.; DC. PL grass, t. 154; Coss. in Bull,
62 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Soc. bot. Il, 304. — Z. proliferum Forsk. FI. jEg.-Arab. descr. 87,
ic. t. 12 a.
In iucultis ruderatis et pasciiis salsuginosis ciica Gabcs et in insula
Djerba tVequens (Kialik pi. ïiin. exsicc. n. 160); in arenis deserti Tu-
netani et ad maris littora (Dcsf. ioc. cit., d'Kscayrac). — In insula Cypro
(Gaudi-y). In'^gypto inferiore (Delile, Martins, C. de Fontenay, Kralik) ;
in desertis TEgypti superioris (Olivier, Delile, Sieber, Auclier-Eloy, pi. ex-
sicc. n. 791); et in Arabia petrœa (Botta, Bové pi. exsicc. n. 169).
Nous avons déjà constaté ailleurs que le Z. album est bien distinct de
l'espèce Aq Zygophyllwn [Z. Cornutum Coss.) la plus répandue dans le sud
de l'Algérie, et de la plante des Canaries [Z. Webbianum Coss.) que De
Candolle {Prodr. I, 706) avait à tort réunie avec lui.
Haplophvllum BuxBALMii Adr. de Juss. in Mém. Mus. XII, U()U', Jaub. et
Spach Conspect. Haplophyll. in Ann. se. nat. sér. 3, XI, 185. — liiUa
Buxbnumii Poir. Encycl. méthod. VI, 336; DC. Prodr. I, 711. — R.
Unifolia Sibtli. et Sm. Prodr. fl. Grœc. 273 ; Desf. ! AU. I, 336 excl.
syn. (non I..). —R. spathulata Sibth. et Sm. Fl. Grœc. ÏV, 63, t. 370.
In agro Tunetano (Desf.), in arvis post niessem prope Zaghouan
(Kralik pi. Tun. exsicc. n. 162). — In insulis Archipelagi, Creta (Sieber),
Cypro (Sibthorp) et Rhodo (Olivier et Bruguière). In Asia minore diffusa
(Olivier et Bruguière, Labiliardière, Coquebert de Montbret, Sieber, Aucher-
Éloy, Balansa pi. Or. exsicc. n. 357 et 695).
Haplophvllum tubebculatdm Adr. de Juss. in Mém. Mus. XII, t. 17,
n. 10 ; Jaub. et Spacb lllustr. pi. Or. t. 269. — Ruta tubcrculnfa Forsk.
FL .Eg.-Arab. descr. 86; Delile. %. illustr. ; DC. Prodr. I, 711.
In argilloso-arcnosis, glareosis et alluviis deserti Tunetani prope Gabes
(Kralik) et in pascuis ditionis Béni Zid ad pedem mowix?, Dj ebel Aziza haud
procul a Gabes (Kralik pi. Tun. exsicc, n. 163 a). — In Sabara Algerieusi in
ditione liiskra! (Jamin, Balansa, pi. Alger, exsicc. u. 910) et in ditione
Béni Mzab prope Guerrara (Beboud). — lu ^-Egypto média et superiorenempe
aCabira (Delile) usque in i\ubiam(Kotscby, Ivralik). In Arabia (Scbimper,
Bové, Botta). In reguo Mascatensi (Aucher-ïlloy).
TetradiglisEversmanni A. Bunge inZmnceaXIV, 178; Ledcb. Fl. Ross, I,
493.
In arenoso-argillosis salsuginosis ad mare prope Sfax (Espina, Kralik).
— In saisis deserti Caspii ad iluvios Uscen prope Arsargar (Eversmann et
Claussec. Bunge).
Le T. Euersmanni, que son auteur lui-même, M. Bunge, ue propose comme
SKANCE DU 30 JANVIKR 1857. C3
espèce qu'avec doute, ne diflere du T. salsn Stcv. que par les fleurs plus
grandes, plus rapprochées, plus brièvement pédicellées el par les capsules
plus grosses, et n'en est peut-être riuunc l'orme plus robuste ; cette manière
de voir nous semblerait d'autant plus admissible que l'excellente figure et
les détails analytiques donnés par M. Fenzl (in Linntea XV, t. 2) sous le
uom de T. salsa, représentent une plante presque identique aux échantil-
lons recueillis à Sfax et dont le port et les caractères se rapprochent beau-
coup de ceux donnés comme distinctifs du T. Eversmanni. — Le T. salsa
(Steven ap. M. Bieb. FI. Taur.-Cauc. III, 6^8, absque nomine spccifico
[1819]; A. Bungc in Linnœa XIX, 161, t. 1 [l8/i0]; Fenzl in Linnœa XV,
289-297, t. 2 [18^1]; C. A. Meyer /nrf. Cauc. 226; Ledeb. FI. Ross. I,
692. — Anatropa tenella Ehrenb. in Linnœa IV, /i03 [1829]) n'a encore
été observé qu'en Egypte, près d'Alexandrie (Kotschy), en Mésopotamie
(Chesney, Noé), dans les steppes de la Russie méridionale, vers la mer
Caspienne (Steven, C. A. Meyer), dans les déserts de la Songarie (Karel. et
Kiril. sec. Ledeb.).
Rhus oxYACANTHoiDEs Dum. Cours. Bot. cuit. éd. 1, III, 568 (1802). —
R. dioica Brouss. ap. Willd. Enum. hort. Berol. 325 (1809); I)C.
Pro(/r. II, 70 (excl. syn. B.oxyacantha Cav. ad R. oxyacanthamSchousb.
[R. cratœgiforme Pers.] pertinente); Guss ! Syn. fl. Sic. I, 362. — R.
lobata Poir. EncycL méth. suppl. V, 26/4. (1817) (e descriptione et spe-
cimine Broussonetiano in herb. Desf. in herb. Webb). — H. Zizyphina
Tineo! Piuj. pi. rar. Sic. 8.
In duraetis deserti Tunetani prope Gabes, ncc non in insula Djerba ubi ab
incolis iSciccow/i nuncupatur (Kralik'pl. Tun. exsicc. n. 203). — In rupestri-
bus et torrentium alveis Sabarœ Algeriensis occidentalisl, mediœ ! et orien-
talis! nobis pluribus locis obvia (Balansa pi. Alger, exsicc. n. 1037). —
In insula Teneriffa (Broussonet in herb. Desf. in herb. Webb). In regno Ma-
roccano adiyo^arfo?'(Broussonet). In Siciliœ collibus aridis calcareis (Guss.,
Tineo, K. et A. Huetdu Pavillon). Alontis Libani ad radiées (Micbou).
[La suite à la prochaine séance. )
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
PHYSIOLOGIE VEGETALE.
Die lIilcliKafts;cfaessc «ter Cavicn W*nt»n}/a , ilcren
Eutstcliuug;, Bail iiiid Verlaiif ( Las. luticifhcs du Carica
Papîiya, leur origine, leur structure et leur trajet) ; par M. Herm.
Scliaclit [Moiiatsbericht der Kœniijl. Prcuss. Akad. d. Wissensch. zu
Jierliii-^ cahier de novembre 1856, publié en 1857, pp. 515-53Zi, avec
2 plane, in-^" lithog.).
Ce mémoire intéressant de M. H. Scliacht a été envoyé par lui deMadèreet
commuuiqiié à l'Académie des sciences de Berlin par !\L KIntzsch. Nous
en traduirons à peu près inlégralement les conclusions formulées avec soin
par l'auteur, et divisées par lui en trois paragraphes qui se rapportent:
le premier aux laticifères du Papayer, le second aux laticifères en général,
le troisième à l'anatomie végétale en général.
A. Relativement aux laticifères du Papayer.
1. Les laticifères de ce végétal se forment par l'effet de la fusion de
plusieurs cellules en un tout uni(|ue.
2. A cette formation prennent part : 1° les cellules du cambium des-
quelles proviennent les troncs principaux des laticifères qui marchent avec
le faisceau vasculaire ; 2° des cellules particulières des rayons médullaires
qui donnent des tubes d'union d'un tronc à l'autre.
3. Les troncs consistent en plusieurs tubes qui marchent parallèlement les
uns aux autres, et qui sont rattachés plusieurs fois latéralement entre eux
par copulation : au contraire, les tubes d'union sont simples en règle géné-
rale. Les tubes des deux sortes, assez larges et à parois épaisses, forment
de plus des sinuosités latérales qui pénètrent dans les méats intercellulaires
du parenchyme environnant et s'y pi'olongent en tubes très déliés, à parois
minces (tubes capillaires), qui tantôt se terminent en cul-de-sac, et qui
tantôt se portent jusqu'à un tronc voisin.
4. Les laticifères du Papayer se forment dans la tige et dans la racine,
et de même dans la feuille ainsi que dans le péti le , au côté interne du
cambium; de là Ils s'éten lent à In portion lignes ;c d.i f.iiscenu vasculaire,
et ils n'envoient que des ramifications latérales à l'écorcc. Au contraire ,
dans le Sonchus, ils se montrent dans la moelle et l'écorce, mais non dons
le corps ligneux.
REVUE BIRLIOGRAPHIQUE. 65
5. Les Liticifèies appartk'iiueiit au faisceau vasculairc, et dès lors ils
s'étendent avec lui dans toutes les parties de la |)lante. La racine du Pa-
payer en présente moins (|iie la lige; ils sont, d'un autre côté, très abon-
dants dans le fruit. Au contraire, dans le Sonchus, ils se trouvent en bien
plus grande (|uantité dans l:i racine que dans la tige.
B. liela ivement aux laticifères en générai.
\. Tous les laticifères appartiennent au faisceau vasculaire ( Carz'ca ,
Sonc/mx, Lactuca, Gninp/iocarpus^ Vlnca, lîoijay Euphorhia^ Ficus, Cheli-
doniiim). Leurs grands troncs ne le (luittenl jamais, et ils l'accompagnent
dans toutes les parties des plantes.
2. On doit distinguer deux forn^es de laticifères : 1° ceux qui suivent
le faisceau vasculaire sous la forme de tubes sifrples ou rameux, mais qui
ue s'unissent pas en système continu ni entre eux ni avec ceux du faisceau
adjacent {Gomphocarpus, Uoija^ Vinca, Eup/torùia, Ficus, C helidonium) -^
2° ceux qui se réunissent en système continu, soit avec les tubes analogues
adjacents, soit au moyen de tubes d'union avec ceux des faisceaux vascu-
laires voisins {Cavica, Sonchus).
3. Les laticifères se montrent tant dans la moelle que dans l'écorce
et, seulement dans des cas i-ares {Carica), dans cette portion du faisceau
vasculaire qui renferme les vaisseaux et qui, dès lors, doit en être regardée
comme la portion ligneuse. Or comme les laticifères, de même que les
cellules du libei-, proviennent directement ou indirectement des cellules du
cambium, que les deux résultent toujours, à ce qu'il paraît, de la fusion de
plusieurs cellules en un seul tout , que les uns et les autres occupent la
nième situation dans la plante ; comme, en outre, dans le Vinca, on ne
peut distinguer les cellules libériennes des laticifères, ceux-ci provenant
de celles là, que l'on connaît d'ailleurs des cellules de liber rameuses et
lignifiées sans latex (dans l'écorce du Gomphocarpus, dans la moelle et
l'écorce du Rhizophora Mangle, dans l'écorce de VAbies pectinata) , par
tous ces motifs M. Schaebt croit être suffisamment fondé à regarder les
laticifères comme des cellules de liber contenant du latex. Il est à peine
besoin de dire, ajoute-t-il, que les laticifères n'ont aucune analogie avec
les vaisseaux des plantes dans leur mode de formation, ni dans leur struc-
ture, ni dans leurs fonctions. Enfin, comme on voit dans une même plante
des cellules libériennes lignifiées, sans suc laiteux , à côté de véritables
laticifères {Carica, Gomphocarpus), il rappelle qu'on voit fréquemment
de même côte h côte les cellules du bois et le parenchyme ligneux.
U. Comme les laticifères ne se trouvent que dans un nombre de plantes
proportionnellement peu considérable, on ne peut les regarder comme un
élément essentiel du faisceau vasculaire; car, si cela était, Ils existeraient
toujours. De plus, comme il est rare qu'ils soient rattachés entre eux en
système continu , mais que le plus souvent ils forment de longs tnbes pliig
T. \y. 5
66 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
OU moins ranieux, fermés aux extrémités, on ue peut les compaier au sys-
tème veineux des animaux; d'autant qu'on ne constate un mouvement du
latex dans ces tubes que lorsque la pression ou l'introduction de l'eau y
déterminent un courant. Quelle est donc leur importance dans l'économie
végétale? c'est ce qu'on ne peut préciser aujourd'hui. On sait, au reste, que
nous ne sommes pas plus fixés sur les fonctions des cellules, soit lij^neuses,
soit libériennes.
C. Relativement à l'anatomie végétale en général.
1. Les laticifères résultent de la fusion en un tout unique de plusieurs
cellules qu'on ne peut dissocier ensuite par aucun moven ni chimique ni
mécanique.
2. Les longues cellules du liber doivent également leur origine à une
fusion semblable de plusieurs cellules en un tout qu'on ne peut non plus
décomposer ensuite en ses éléments constitutifs. Cette fusion a lieu de très
bonne beuie, et c'est uniquement après qu'elle s'est opérée que les parois
commencent à gagner en épaisseur. Par l'effet d'un allongement indépen-
dant, les jeunes cellules libériennes s'insinuent les unes entre les autres par
leurs extrémités pointues.
3. Les vaisseaux des plantes consistent, tant qu'ils renferment des sucs,
en files longitudinales de cellules ; plus tard leurs cloisons transversales
disparaissent en même temps que le Sruc, de telle sorte qu alors seulement
le vaisseau passe à l'étal de tube dont les cellules élémentaires ne sont jamais
fondues les unes avec les autres, mais dans lequel ou peut reconnaître
celles-ci en tout temps et les dissocier même en se servant des moyens con-
venables pour produire cet effet.
Le mémoire de M. Schaclit se termine par l'explication détaillée des
15 figures comprises dans ses deux planches, parmi lesquelles 10 se rap-
portent au Papayer, 3 à un Sonchus dont l'auteur n'a pu déterminer
l'espèce, faute de livres, et dont 2 sont fournies par le Gomphocarpus
fruticosus.
Das System dcr llilclisaftsaeusc iii Atisênn Ptantago
{Le système des canaux laticifères dans iAlisma Plantago)-^ par INI. F.
Unger [Sitzungsberichte der Kaiser l. Akad. der Wissenscli. In-8°. Vienne,
1856, cah. d'octobre publié le h décembre, p. 269).
Ce travail devant être imprimé en entier dans la collection des Mémoires
de l'Académie des sciences de Vienne, les comptes rendus mensuels n'en
renferment qu'un très court extrait, auquel nous emprunterons l'énoncé
du résultat dernier obtenu par M. Unger. Cet habile observateur a reconnu
que le latex de VAlisma Plantayo n'est pas renfermé dans des vaisseaux,
mais dans des canaux intercellulaires qui forment un système continu,
REVllR TÎIlUJOr.RAPniQrF.. ()7
étendu du rhizome jiis(|n"au ciilice de In plante. Dans les feuilles, on ne
trouve pas un, mais deux rt'scau.x, (|ui ne se recouvrent pas entièrement
et qui se trouvent exaetcnicnt sous lépiderme. Il n'y a pas de mouve-
ment du latex dans la plante intacte.
ifiiii* l»i'iiiioiMllrtI.*»clilaueI»ii*agc [Sur l'utricule primordiale) \ par
M. Dippel. [Flora, u"' 17 et 18, 7 et ik mai 1856, pp. 257-268, 273-281,
pi. IV.)
Dans ee mémoire, M. Uippel examine l'utricule piimordialc successive-
ment aux points de vue de sa manière d'être, de son étude opticjue et chimi-
que , de la manière dont elle se forme et du rôle qu'elle joue dans la for-
mation des cellules. 11 déduit ensuite de l'euscmble de ses observations les
conclusions suivantes :
1. La manière dont l'utricule primordiale se comporte avec les réac-
tifs endosmiques n'est nullement propre à fournir une base solide pour as-
seoir la solution des questions qui la concernent. Cette solution doit plutôt
être basée sur les faits que i'ournit l'étude chimique de cette utricule et sur
la part qu'elle prend à la formation des cellules.
2. La manière dont l'utricule primordiale se comporte avec l'iodure de
potassium, avec le chlorure de zinc iodé, avec l'iode et l'acide sulfurique,
avec le sucre et l'acide sulfurique démontre, sans laisser le moindre doute
à cet égard , qu'elle est formée d'une matière azotée et que sa substance ne
subit pas de transformation en cellulose.
3. Lorsque les cellules se produisent librement , l'utricule primordiale
prend naissance avant l'enveloppe de cellulose, autour d'une portion indi-
vidualisée du contenu de la cellule-mère, sous la forme d'une membrane
extrêmement mince.
h. Lorsque les cellules se forment par division, le commencement de la
formation nouvelle consiste dans un plissement de l'utricule primordiale.
Au contraire, la sécrétion de l'enveloppe cellulosienne doit être considérée
comme un phénomène consécutif. *^
5. Ni lorsque les cellules sont produites librement, ni l()rs(|u'elles nais-
sent par division, leur enveloppe cellulosienne ne provient d'une transforma-
tion du revêtement azoté; mais elle est excrétée sur la face externe de ce
dernier, et très probablement par suite de l'action qu'il exerce sur le con-
tenu organisable de la cellule-mère.
6. D'après cela, l'utricule primordiale doit être considérée comme le l'e-
vêtement primaire azoté de la cellule végétale et comme une membrane
indépendante qui porte à très juste titre la dénomination que M. Hugo von
Mohl a cru devoir lui assigner.
68 SOCIÉTÉ BOTAMQUE DE FRANCE.
IVotc sur la composition imincdiate de l'ëpideriMC et de
la cuticule épideruii«iue «les végrétaux; par M. Payeo.
{Annal, des se. natur., Zi^soiie, V, 1856, pp. 1()0-162.)
Dans des travaux aiitcMieurs, M. Payeii avait indiqué la présence cons-
tante et les proportions notables de matière azotée et de silice dans l'épi-
derme etdans la cuticule épidermique de toutes les parties superficielles des
plantes en ^'énéral. En poursuivant ses recherches, il a reconnu maintenant
que toujours la cuticule, ainsi que les cellules épidermiques, caractérisées
parla coloration jaune et la résistance à l'action combinée de l'iode et de
l'acide sulfurique, renferment, à l'état normal, outre la cellulose, la silice
et la matière azotée, des sels calcaires et alcalins, plus une matière grasse
qui augmente la résistance de ces parties téguinentaires à l'action des agents
extérieurs. M. Payen a retrouvé les mêmes caractères dans la cellulose
superficielle de toutes les parties externes des plantes, dans la pellicule
externe des gousses du Colutea arborescens et de plusieurs autres fruits,
dans la cuticule des poils et des glandes , dans les membranes externes des
cellules que l'enlèvement de la cuticule ou de l'épiderme avait exposées à
l'air, dans celle des excroissances coniques dont un insecte détermine sou-
vent la formation à la surface des feuilles du Tilleul, ainsi que sur les poils
implantés a l'extérieur de ces excioissances.
En analysant la cuticule épidermique d'une tige de Cactus peruvianus
et l'épiderme de la Pomme de terre nommée Patraque jaune, le même chi-
miste y a reconnu la composition suivante pour 100 parties à l'état sec :
Azotvi ou Mat. azjlée. Mat. grasse. Silice. Sels.
Épiderme de la l^mme de terre . 1,39 9,035 3,/i0 1,135 10,60
Cuticule du Cactus ....... 2,01 13 9,09 2,66 6,67
La cellulose se trouve dans la proportion de 68, 58 dans la cuticule du
Cactus, de 76,03 dans l'épiderme de la Pomme de terre.
M. Payen indique ensuite dans sa note les moyens à employer pour déter-
miner la matière azotée, la silice et les sels, ainsi que la matière grasse qui
existent dans la cuticule ou dans l'épiderme.
De la ^erniinatiou des Oplii'ydées et de la nature de
leurs tubercules; par M. J. H. Fabre (Anna/, des scienc. natw.,
Botan., /l'sér., V, 1856, pp. 163-186, plauc. 11 non publiée encore.)
Le mémoire de M. Fabre est divisé en trois paragraphes relatifs : le pre-
mier à la germination des Ophrydées, étudiée sur VOphrys apifera, le se-
cond au développement du tubercule de ces plantes, nommé terminal par
l'auteiir, le troisième à la nature de leurs tubercules palmés. Pour donner
un résumé succinct de ce travail intéressant, nous croyons ne pouvoir mieux
fnirç que d'en reproduire les conclusions,
HKVUK HIHLIOGRAPHIQUE. 69
1. \a\ ti<,'('ll(' (le l'embryon maci-opode de VOpliri/a npifera forme le pre-
Mîier tiil)ereiile de cette plante.
2. La jeune plante est dépourvue de radicule, et se compose à son début
du tubercule ti^'ellaire surmonté d'une gemme, rappelant ainsi, de la ma-
nière la plus exacte, les tubercules qui doivent s'organiser plus tard aux
dépens, soit de la gemme terminale, soit des bourgeons axillaires.
3. Le tubercule tigellaire produit, tôt ou tard, une racine adventive qui
n'a rien de particulier.
h. La gemme terminale s'organise en tubercule, c'est-à-dire que la por-
tion terminale de l'axe se conglobe en noyau, et s'ouvre une issue violente
au dehors en entraiiiant la gemme.
5. Le noyau tuberculaire est suspendu à l'extrémité d'un long pédicelle
formé d'un côté par l'axe de la plante, et de l'autre par les premières feuilles
de la gemme, soudées avec cet axe. F.e but du pédicelle est d'amener la
gemme tubéreuse à une profondeur suffisante pour y passer l'hiver en sé-
curité.
6. Le tubercule ainsi formé est nommé terminal par l'auteur. Il a la
même structure anafomi(iue ([ue le tubercule tigellaire.
7. Il ne reproduit pas la plante, il la continue.
8. La pousse, issue l'année suivante de ce tubercule, produit à sa base un
renflement tubéreux, rappelant à s'y méprendre le tubercule tigellaire.
M. Fabre nomme ce \-ennvmeu\ tubercule basilai7'e. Lasommité de la pousse
produit en même temps un tubercule terminal, en tout pareil au premier.
9. Du tubercule basilaire s'échappent deux racines adventives, dont
l'une placée à sa hase est napiforme, et offre les plus grands rapports de
structure et de fonctions avec une racine pareille que M. Fabre a fait con-
naître dans le Snfian.
10. Après un nombre indéterminé d'évolutions annuelles pareilles, l'axe
issu de la graine se termine en tige ordinaire, stérile et sans tubercule ter-
minal. Les bourgeons axillaires sont alors chargés de reproduire la plante,
de la multiplier, et d'amener enfin la forme florale après plusieurs généra-
tions par gemmes. :
11. Si l'on suppose que cet axe primitif produise en une saison tous les
tubercules qu'il produit à sa base et à son sommet par périodes annuelles,
on aura la structure d'un chaume d'Avena bulbosa, dont les entre-nœuds in-
férieurs forment un chapelet de tubercules.
12. Ce mode d'évolution parait être général dans les Ophrydées. L'au-
teur dit l'avoir constaté en tout ou en partie sur toutes les Ophrydées qu'il
a pu observer assez jeunes.
13. Les tubercules ovoïdes des Ophrydées, soit axillaires, soit terminaux,
résultent également d'un noyau évulsé de la partie centrale et terminale
d'un axe. La couche qui revêt ce noyau est ta partie de l'axe éliminée do
70 SOCihTK UOTAMyUli UE FHANCE.
celle formation : c'estelle qui, sous la pressiou du noyau, se rompt et foi nie la
gaint" ([u'on trouve à la base du pédieelle. ^r. Fnb;e dit cjuil avait d'abord
rapporté par erreur cette gaine à la première feuille de la gemme.
\U, Ce noyau, ce tubercule ne peut, à cause de son origine, avoir rien
de commun avec des racines; il ne peut n )n plus, à cause du mécanisme
dosa formation, être contenu dans un sac, un éperon, formé par les bases
dilatées de ses premières feuilles.
15. Le pédieelle qui le supporte est formé d'un côté par l'axe même dont
le tubercule est l'extrémité, et du côté opposé par les premières feuilles de
la gemme campilotrope soudées avec l'axe par une de Icui's faces.
16. Les tubercules palmés, aj'ant la même origine et le même méca-
nisme de formation que les tubercules ovoïdes, reconnaissent la même
nature que ces derniers.
17. Leurs prolongements radiciformes sont, ou de simples partitions
résultant de l'élongation des colonnes vasculaires plus rapide que la forma-
tion du tissu féculent; ou bien encore des racines advenlives analogues à la
racine napiformc, observée par l'auteur dans YOpJirys apifera et dans le
Safran.
18. Leur structure anatomique n'étant pas celle des racines, la première
de ces deux opinions est regardée par M. Fabre comme la plus probable.
Uclici* «lie relative lTn<^e1iaefllielikeit vou ]Se.«!teliae«lis;iin-
^eii des S(a(iaisi!t> und des* Illaetter mit N«ilt.*itauzvei'lust
aiifdiel^iitM'ieS^ltBiiS'derltlaetteriiiid <lei*;a;anKeiiPflaii-
zc, ciiid «iâe l'a'odiietiou von ^Visexelat aia iiuj£-e^voehii-
lielte» NtelleiB. [Sur l'innocuité relative des blessures faites à la tige
et aux feuilles avec perte de substance relativement à l'accroissement des
feuilles et de la plante entière, et sur la production de racines à des pla-
ces inaccoutumées) ; par M. le D"" G. Jaeger. {Flora, n° 5, 7 février 1856,
pp. 65-72.)
Les premières observations de M. .laeger ont été faites en 1853 sur des
feuilles de Tigridia pavonia et de Canna indica qui avaient été percées et
rongées en partie par des limaces et qui n'en sont pas moins arrivées à leur
développement complet. Il les a étendues ensuite aux feuilles de diverses
plantes, tant monocotylédones que dicotylédones, dont ceiiaines ont été
blessées à dessein, et suivies ensuite dans leur accroissement. L'auteur
rapporte aussi plusieurs faits relatifs a des tiges blessées de manière plus
ou moins grave, et sur lesquelles des racines s'étaient développées en des
endroits où leur présence est entièrement inusitée; il déduit ensuite de ces
faits, parmi lesquels, ainsi qu'il le fait observer, la plupart étaient déjà
connus, les conséquences suivantes :
REVUE UUJLlOCiltAl'llIUUE. 7i
1° Les plantfs qui ont subi, de manière quelconque, une perte de sub-
stance dans quoI(jues-iins de leurs organes ont la faculté de rendre ces bles-
sures sans conséquence nuisible pour la vie de ces organes ou pour celle du
végétal entier, et cela par l'effet de la cicatrisation ({u'elles opèrent; mais
elles ne peuvent réparer ces pertes aux points où elles ont eu lieu. La perte de
substance qu'ont subie certains organes, notamment les feuilles et les bran-
ches de la tige ou de la racine est, d'un autre côté, remplacée par une nou-
velle production qui a lieu à une autre place. C'est grâce à cette faculté que
les végétaux remplissent le rôle qui leur a été assigné par la nature et qui
consiste à nourrir les animaux, comnu! on le voit surtout pour les Saules et
pour les prairies, soit naturelles, soit artiiicielles, lorsqu'on taille les pre-
miers et qu'on fauche les dernières.
2" Les plantes possèdent en outre, dans certaines limites, la faculté de
conserver la vie de l'individu, lorsqu'elle est en danger, par l'effet de la mé-
tamorphose des organes ou des fonctions ou par un développement de ra-
cines. Comme, en pince de la propagation par graines, la multiplication des
Individus a lieu naturellement ou aitiliciellement par développement de
bourgeons, d'oignons ou de tubercules, la conservation de l'espèce et l'aug-
mentation de nombre des individus des différentes plantes dans une forte
proportion, sont assurées, et par là encore se trouve atteinte la destination
du règne végétal pour l'alimentation des animaux, ainsi que l'exigeait l'é-
conomie de la nature.
Mémoire .««■■• que1<|nes p4»iiif s de la pliysiologie des Al-
g:ues, par M^L Alph. Derbès et Antoine-Joseph-Jean Soliei'. {Supplé-
ment aux Comptes rendus hebdomadaires de l' Académie des sciences. I,
1856; pp. 1-120, pi. 1-23.)
Le mémoire de MM. Derbès et Solier a obtenu, en 1850, le second prix
dans le concours ouvert en 1847, à l'Académie des sciences, pour le grand
prix des sciences naturelles. La question proposée était « l'étude des mou-
vements des corps reproducteurs ou spores des Algues zoosporées et des
corps renfermés dans les anthéridies des Cryptogames, telles que lesCharas,
Mousses, Hépaticjues et Fucacées. » La date a laquelle il remonte, maloré
sa publication toute récente, lui ôte malheureusement quelque peu de son
intérêt, attendu que plusieurs des points qui y sont traités ont reçu dans
ces derniers temps, tant en France qu'en Allemagne, des solutions beau-
coup plus précises et plus complètes. Mais c'est là un inconvénient inévi-
tableauquel sont exposés les mémoires publiés dans les grands recueils aca-
démiques, à cause du long espace de temps qui s'écoule entre le moment où
ils ont été rédigés et celui où ils ont pu être livrés à la publicité.
MM. Derbès et Solier proposent d'abord pour la classe des Algues une
72 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
nouvelle classification dont voici le tableau, à laquelle ils rattachent les
genres qu'ils ont examinés dans leur mémoire.
I. Spores mouvantes (zoospoies). Anlhéridies nulles ou inconnues jus-
qu'à ce jour.
A. Zoospores naissant dans toutes les cellules de la fronde ou dans des
cellules particuliei'es-, mais se développant simultanément avec les
autres, semblables à celles-ci, ou plus larement en différant par la
forme.
P* famille. Nostochinées — Genres Nostoc, Sphaerozyga.
2* famille. — Ulvacces — Tetraspora, Ulva, Colpomenia Derb. et
Sol.
3* famille. — Confervées — Hydrodictyon, Hormiscia, Tribonema
Derb. et Sol., Tiresias, Conferva, Chsetopbora, Draparnaldia,
Bretonia.
B. Zoospores naissant dans des organes particuliers et localisés (cystocar-
pes), dont le développement a lieu à une période déterminée de la
végétation.
a. Cystocarpes communiquant à l'origine, et quelquefois constam-
ment avec le reste de la fronde.
4* famille. — Siphonées — Bryopsis, Derbesia, Codium, Dasycla-
dus, Halymeda.
b. Cystocarpes séparés dès l'origine du reste de la fronde.
5^ famille. — Ectocarpées — Ectocarpus, Spbacelaria, Giraudia
Derb. et Sol.
6* famille. — Mésogloiées — Liebmannia, Stylophora, Castagnea
Derb. et Sol. , Nereia.
II. Spores non douées de mouvement. Anthéridies produisant des Anthé-
rozoïdes.
A. Anthérozoïdes endochromés.
7' famille. — Cutlériées — Culleria.
8^ famille. — Fucacées — Cystoseira.
B. Anthérozoïdes hyalins.
a. Corps reproducteurs naissant dans toutes les cellules, ou dans des
cellules semblables à celles du reste de la fronde, et se développant
simultanément avec elles.
9* famille. — Bangiées — Porphyra, Bangia.
è. Corps reproducteurs naissant dans des organes localisés, dont le dé-
veloppement a lieu à une période déterminée de la végétation.
01. Fruit capsulairc (Polyspore) à enveloppe membraneuse continue.
10* famille, — Delessériées — Agiaophyllum.
REVUE HIKLIOGHAPHIQUE. 73
11* famille. — Céramiées — Callithamnioii, Griffithsia, Ceramium,
Wranfiolia.
6. PolyspoiT à enveloppe celhileuse.
12' famille. — Rhodomélées — Polysiphonia, Rytiphlœa.
13" famille. — Chondriées — Laurencia, Bonnemaisoiiia.
A ces 38 penres, MM. Derbès et Solier rattachent l'étude approfondie
d'environ 80 espèces, dans laquelle ils exposent notamment un grand nom-
bre de détails d'un grand intérêt sur les corps reproducteurs qui sont l'ob-
jet essentiel du travail tout entier. L'intelligence de ces faits est rendue fa-
cile par les 23 planches qui accompagnent le mémoire et qui renferment
un grand nombre de figures gravées sur cuivre et coloriées dans leurs par-
ties essentielles.
Après cette partie descriptive, les deux auteurs s'élèvent aux considéra-
tions générales sur les corps reproducteurs des Algues. Ils examinent en
autant de paragraphes distincts, 1° la structure des zoospores et des anthé-
rozoïdes ; 2° la disposition des cils que présentent ces corps; 3° la nature
de leurs mouvements; U" les changements qu'ils éprouvent aux différentes
périodes de leur existence; 5° les modifications que peuvent apporter à ces
phénomènes certaines circonstances physiques ou chimiques, naturelles ou
artificielles; 6» le rôle physiologique des anthérozoïdes dans la reproduc-
tion.
Dans le premier de ces paragraphes, les deux auteurs examinent d'abord
la structure des zoospores et des anthérozoïdes , ensuite la constitution
chimique ou intime de ces corps, étudiée à l'aide de l'iode. Les zoospores
leur ont toujours présenté une enveloppe épidermique hyaline, incolore,
recouvrant une cellule dont le contenu liquide est entremêlé de granules
solides. L'enveloppe un peu plus dilatée d'un côté y forme le rostre, qui se
porte ordinairement en avant, et qui est prédestiné à servir de point d'atta-
che à la jeune plante, lorsqu'il est dans sa nature de se fixer. Cette struc-
ture est absolument celle du végétal tout entier qui proviendra de la zoo-
spore. La distribution de l'endochrome ou du contenu de ces corps établit
entre eux quelques différences. Quelques zoospores ont offert un ou même
deux petits points rouges paraissant généralement très près de la surface.
Si cette couleur rouge a paru n'être quelquefois qu'un accident optique,
quelquefois elle s'est montrée inhérente au granule. Les anthérozoïdes ont
une structure plus simple. Ceux des Fucacées consistent en une petite vési-
cule hyaline, incolore, portant un seule granule ponctiforme, orangé, qui
se trouve ordinairement en arrière pendant la progression. Ceux des Flo-
ridées sont encore plus simples et se sont montrés aux deux auteurs
comme une masse uniforme, sans trace d'organisation, sans apparence de
membrane enveloppante.
?4 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
La disposition des cils varie. Dans les zoospores, les uns sont uniques au
sommet du rostre, les autres sont multiples au sommet, ou un peu au-des-
sous du sommet, ou bien disposés circulaiiement autour de la base du ros-
tre; d'autres enfin sont uniques a la partie postérieure de la zoospore. Quant
aux anthérozoïdes, ceux des Floridées ont paru aux deux auteurs doués
d'un appendice ciliforme, ordinairement placé à leur partie postérieure,
tandis que dans les Fucacées ce cil a paru également unique mais antérieur.
Le mouvement des corps reproducteurs des Algues est dû essentiellement
à leurs organes llagellilormcs. Les deux auteurs cberchent à expliquer
comment ces organes produisent cette remarquable locomotion, grâce à
une motilité propre et aussi à la faculté qu'ils leur supposent d'être alter-
nativement et successivement rigides, sur les différents points de leur
étendue.
L'exposé des changements qu'éprouvent les zoospores et les anthérozoïdes
aux diverses périodes de leur existence se trouve compris dans la portion
descriptive du mémoire. Fn outre, les deux auteurs en présententles points
les plus généraux dans le paragraphe consacré spécialement à ce sujet.
Le paragraphe relatif à l'inlluence des conditions extérieures est réduit à
quelques ligues. Lutin, le dernier, relatif au rôle que jouent les anthéro-
zoïdes dans la fécondation, ne renferme que des idées hypothétiques. On sait
que, depuisl'époque à laq\ielle le travail deMM, Derbès et Solieraété écrit,
cette partie du sujet a fait des progrès immenses.
L'explication détaillée des planches termine le mémoire.
BOTANIQUE DESCRIPTIVE.
Descriptio Glancii liovî, annexis diagnosibus specierum affinium,
auctore comité Victor de Martrin-Donos. {Flora, n° 11, 21 mars 1856,
p. 171.)
Cette espèce nouvelle est caractérisée, par l'auteur, de la manière sui-
vante:
Glaucium auront iacum de Martr.
G. radiée simplici ; caule hirsutissimo, erecto, parce ramoso, ramis pa-
tentibus; foliis viridibus nec glaucis, pinnatilidis, ultra médium lobatis,
sinuhus rotundatis, ulrincjue hirsutis; pilis cauliuin, foliorum et omnium
partium copiosissimiscrispatisque; floribus minoribus ; petalis aurantiacis,
basi macula atro-purpurea flavo-areolata nofatis; siliquis crassioribus lon-
gioribusque hirsutis; seminibus atris late alveolatis.
Llle a été trouvée par M. de Martrin-Donos en juillet 1855 à Lafenal,
près de INarbonne, où elle croit dans les terres sablonneuses et dans les en-
droits pierreux.
WhWE HIULIOUIUPIIIQIIK. 75
Elle se distingue du (Udifium coniicida/um Ciirt. et des autres espèces
voisines par ses corolles beaucoup plus petites, de couleur orangée et très
élégamment panacliées, par ses sili(|ues plus épaisses, et par sa taille plus
basse
f.a note de M. de Marlrin-Donos se termine par les diagnoses comparatives
àes Glaucium luteton Sco\). , ftilvum SmWh.mbrum Smilh, corniculatum
Curt. et uuruntiacura de Martr.
Drel,lV#»if/««tf»M-Artoii mît ilircu Bastariïcu ( 7'rois e^ipèces dû
\?^n\W\\^\w avec leurs lajb)'ule>i);\K\v M. W. Lascli. Botan. Zcit., ISjuiq
1856, n" 2/;, col. ^09-^il5).
Il y a vingt-cinq ans environ que M. Lasch trouva, sur les rives sablon-
neuses de la Netze, un Ximthium qu'il reconnut comme nouveau et qu'il
nomma X ripnrinm. Depuis cette époque, il a continué de s'occuper des
espèces indigènes de ce genre, et il communique aujourd'hui dans sa note
les résultats de toutes ses observations.
Il expose d'abord fort en détail les caractères du genre Xanthium\i\o?>c.
Il décrit ensuite les espèces et les formes hybrides suivantes: 1. X. Struma-
rtum, Lin., dans lequel il existe deux variétés: è. minorée, major. —
2 X. arenarium Lasch, avec U variétés : b. minor, c. major, d. microcar-
pum, e. macrocarpum. — 3. X. arenarium-Strumarium. — k. X. Stru-
mainum-arenarium. — 5. X. riparium Lasch, avec U variétés : b. minor,
c. major, d. microcarpnm , e. macrocarpum. — 6. X. riparium-arenarium.
— 7. X. arenarium-riparium. —8. X. riparium-Strumarium. — 9. X. Stru-
marium-riparium.
Catalogue «les plautes observées dans 3e «léparteinewt tle
l'Oise; par M. Graves. — 1 in-8° de xv et 302 pages. Beauvais, 1857.
Le volume intéressant dans lequel M. Graves vient de présenter les
résultats de ses longues recherches sur la flore du département de l'Oise est
indiqué comme extrait de \' Annuaire de ce département pour 1857.
Dans sa préface, l'auteur fait observer que, malgré son voisinage de Paris,
et bien que toutes les contrées qui l'avoisinent possèdent déjà des flores
ou des catalogues, le département de l'Oise parait avoir été négligé par les
auteurs d'ouvrages sur la botanique française. Les indications anciennes se
réduisent, dit-il, a un trèspelit nombre d'espèces desenvirons de Chantilly
etdeCompiègne, mentionnées par ïournefort et par le Botanicon parisiense.
Cambry a joint a sa Descriptiondu département de l'Oise^ publiée en 1803,
une liste d'environ 800 plantes plus ou moins vulgaires , dont les noms ne
sont accompagnés d'aucune autorité ni d'indications de localités précises.
M. Thiébaut de Berneaud a inséré dans son Voyage à Ermenonville, im-
76 SOCIÉTÉ BOTANIQUE 1)K FRANCE.
primé en 1826, un recensement de 812 espèces, aussi défectneux que celui
de Cambry. Il a même admis dans sa liste des plantes qui n'ont jamais
existé dans le pays.
M. Graves a commencé ses recherches sur la végétation de l'Oise en
1817, et il les a continuées jusqu'en 18^3. Pendantces vingt -six années ila
visité successivement toutes les communes du département, F.es résultats de
ces recherches suivies avaient été consignés partiellement dans les publi-
cations locales sous la forme de listes des plantes les plus remarquables
trouvées danslacirconscriptiondechaquecommune. Aujourd'hui, cesdonnées
éparses sont réunies en un travail d'ensemble dans lequel ont trouvé place
de nombreuses indications entièrement inédites et pour lequel , d'ailleurs,
l'auteur a profité des publications récentes ainsi que des communications qui
lui ont été faites par différents botanistes.
L'ouvrage de M. Graves porte sur 3,527 espèces, réparties de la manière
suivante :
Vasculalres 1333 Calycillores Zi83
Cellulaires 2i9/i Corolliflores 205
Dicotylédones 1011 Monocotylédones-Phanérogames . 290
Monocotylédones 322 — Cryptogames. . 32
Thalaminores 227 Monochlamydées 96
Ce tableau, que nous avons emprunté à l'ouvrage, montre que l'ordre
adopté par M. Graves dans la série des familles est celui de De Candolle.
Les espèces sont indiquées par leur nom suivi de la désignation détaillée
des localités, de l'indication des noms vulgaires et de l'énumératinn des
variétés. Au total, le Catalofjue des plantes du département de l'Oise est un
relevé fait avec soin , aussi complet qu'il lût possible de l'espérer, et tel
qu'il serait àdésirer, pour la statistique botanique de la France, que chacun
de nos départements en possédât un pareil.
(ïcucra plantariiin flortv seniiantcte îconibus et descrl-
ptionihus ilIustrata.OpusaTh. Fr. Lud. PseesabKsenbeck inchoa-
tum, deinde a Frid. Carol. Leop. SpenneretAloysio Putterlick, adjuvante
Stephano Endiicher, dum vixerunt, et nunc conjunctis studiis plurium
auctorumcontinuatum. FasciculusXXÏX. Papilionacea;. AuctoreDiterico
Brandis. ln-8°; Bonnœ, 1856, Sumptibus Henry et Cohen.
Après une longue interruption dans la publication de cet ouvrage, un
nouveau fascicule de planches et de texte vient de paraître tout récemment,
11 renferme 20 planches de Papilionacées, dues, ainsi que le texte qui les
accompagne, au D' Dietr, Brandis, — Ces planches illustrent les 18 genres
suivants: 1. Spartium Lin.— 2. Genista Lin.— 3. Syspone Griseb. (Genistae
specics). — k. Cytisus Lin. — 5. Luplnus Lin. —6. Ononis Lin. — 7 et 8.
REVUE BIBLIOGRAI'IUQL'E. 77
Trifoliiim Lin. — 9. Doryt'iiiinn Tourn. — 10. [.otiis Un. — 11. Tetraf,'o-
iiolobiis Scop. — 12. Psoraloa Lin. — 13. Glycynhiza Lin. — U. Gaiega
Lj„. 15. Colutt'a Lin. — K). Oxytropis Lin. — 17etl8. .\stra<;alus Lin. —
19. Coronilla Lin. — '20. Ornitliopus Lin. Chacune d'elkvspiésente unefiguie
(le porl aussi complète qu'a permis de la faire le format in-octavo, et à côté
de celle-ci, les nombreux détails de la Heur et du fruit, analysés avec beau-
coup de soin. Ces figures sont gravées sur pierre de manière très satisfaisante.
Il est à désirer, dans l'intérêt de la science, que cette grande entreprise,
déjà plusieurs fois ou retardée ou interrompue par suite de la mort des
quatre botanistes qui, successivement, en avaient accepté la tâche, arrive
maintenant à sa fin sans nouvelle n>alencontre.
Synopsisi of tlie Cactacea; of tlie territory of tlie IJuited
Jetâtes and adjacent région». [Si/nopsis des Cactacées du ter-
ritoire des États-Unis et des pays adjacents); par M. George Kngelmann
{Proceedings oftlie American Academy ofarts and sciences, vol. III, 1856.
Tirage a part en broch. in- 8° de 59 pages.)
Le seul Cactus connu de Linné qui provînt des pays situés au nord du
Mexique était son Cactus Opuntia [Opuntia vulgaris). Longtemps après, il
y a déjà plus de quarante ans, Nuttall découvrit deux Mamillaria et deux
Opuntia ûixn^ le Haut-Missouri, et vingt ans plus tard, en Californie, un
nouvel Echinocactus. Plus récemment M. F. Lindheimer a trouvé dans le
Texas nombre de plantes de lu même famille, et plusieurs autres ont été
découvertes dans le Nouveau-Mexique par le D"" A. Wislizenus, dans le nord
du Mexique par le même voyageur et par le D' J. Gregg ; quelques autres
entêté indiquées dans le pays de Gila par M. W.-G. Emory. Peu après ces
explorateurs, M. A. Fendlerena recueilli plusieurs nouvelles espèces près
de Santa-Fé; et, en 18W, M. Ch. Wright a fait encore des découvertes de
plantes de la même famille dans le Texas occidental et le midi du Nouveau-
Mexique. Maisleplusgrand nombre de Cactacées du midi des Etats-Unis a été
observé, dans l'expédition chargée de déterminer les limites de cet Etat et du
Mexique, commandée d'abord par le colonel Graham, etensuite par le major
Emory, particulièrement par le D'C.-C. Parry, M. Ch. Wright, le D'J.-M.
Bigelow.M. G. Thurberet M. A.SchotL Versie même temps, M. A. Trécul
et après lui le Prussien D' Poselger ont également recueilli beaucoup de
Cactacées dans le sud du Texas et dans le nord du ^lexique. Les expéditions
faites en vue du chemin de fer depuis 1853 ont amené encore de nouvelles
explorations, et M. Bigelow, botaniste et médecin de l'expédition du capi-
taine A.-W. Wipple au 35° parallèle, en a prolité de la manière la plus
heureuse, tandis que M. P.-V. Hayden a beaucoup ajouté à nos connais-
sances pour les Cactacées les plus avancées vers le Nord, Enfin en 185^ et
^8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
1855, M. Arthur Schott, pendant rexploratioii du pays situe au sud de la
rivière Gila, sous le major Kmory,a pu encore ajouter de nombreuses décou-
vertes à celles de ses devanciers.
La plupart des matériaux recueillis par ces nombreux explorateurs sont
passés entre les mains de M. Engelmann ; mais diverses circonstances ont
fait que seulement un petit nombre d'entre les découvertes faites depuis
dix ans ont été publiées. M. Kngeimann a donc rendu service à la science
en rédigeant un synopsis de ces nombreuses espèces , en attendant que les
rapports sur les différentes expéditions qui en ont amené la découverte soient
imprimés; ce qui ne pourra certainement avoir lieu avant quelques années,
à cause des belles plancbes qui doivent accompagner ces importantes publi-
cations.
Voici, genre par genre, le relevé des espèces qui figurent dans le sy-
nopsis de M. Engelmann:
CACTACEJÎ. Tribus I. Tulmlosa? Miquel. Sous-tribu I. Paballel^.
Cotyledones margine liilum versus spectautes, lateribus seminis parallelae.
1, Mamillaria Haw.: 30 espèces, dont 13 appartiennent au sous-genre
Eumamillaria , 16 au sous-genre Cortjphanthu, 1 au sous-genre AnJialo-
Hium^ qui n'est que le genre proposé sous le même nom, par M. Lemaire.
— 2. EcHiNOCACTUs Link et Otto: 19 espèces dont 8 rentrent dans la
section des hamati, 9 dans celle des corniyeri^ 1 dans chacune des deux
sections thelo'idei et inteiHexti.
Subtribus H. Contraki.*. Cotyledoiies facie hilum versus spectautes,
lateribus seminis parallelae.
3. Cereus Haw. : 31 espèces, dont 25 pour le sous-genre Echinocereus,
3 pour le sous-genre Eucereiis, 2 pour le sous-gonre Lepidocereus, 1 pour
le sous-genre Pilocereus.
Tribus II. — Rotatac Miquel.
h. Opuntia Tourn. : 50 espèces distribuées de la manière suivante entre
les di\ers sous-genres: Stenopuntia Eng., 1 ; Platopuntia id. , 27 5 Cijlin-
dropuntia id. , 22.
Le synopsis de M. Engelmann comprend donc 130 espèces de Cactacées
qui rentrent dans quatre genres. Mais comme les matériaux sur lesquels ce
travail a été exécuté ne permettaient pas toujours de décider avec une en-
tière certitude si les plantes qu'ils représentaient devaient être regardées
comnrt; des espèces bien distinctes ou comme de simples formes, l'auteur
indique celles de ses espèces qu'il faudrait probablement réunir. Par l'effet de
ces réunions, les 30 espèces de Mamillaria se réduiraient à 22, les 19 Echi-
nocnctus à 15, les 31 Cereiis à 18, les 50 Opuntia à 31, dont 2 sont simple-
ment cultivés. On aurait ainsi un total de 86 espèces.
Dans un chapitre qui termine son mémoire, M. Engelmann présente le
tableau de la distribution géographique de ses Cactacées. Le territoire des
RRVUK BIBLIOGHAPHIQUR. 79
États-Unis pouf, dit-il, être divisé en huit rôttions de la manière suivante:
1" La région Atlantique. Kllc ne possède qu'un Opuntia, mais il lui est
propre ;
2" La rë"ion du IMississipi, comprenant les États occidentaux, a un autre
Opuntia qui se retrouve, sous dos formes différentes, dans les 3% /i* et 5'
régions ;
3° La région du Missouri, savoir la partie N.-O. ou supérieure du
Missouri jusqu'aux montagnes Roclieuses. lîllle a donné 2 Mamillaria du
sous-genre Cory pliant ha, qui s'étendent aux k^ et 5" régions, ainsi que
3 Opuntia, dont 1 lui est propre;
6° La région du Texas, savoir les parties orientales et inhal)ilées du
Texas. Elle produit 5 Mamillaires, dont 2 lui sont propres; 3 Echinocactes
qui ne se retrouvent pas dans les autres régions; 6 Cereus également pro-
pres à elle; 6 Opuntia, dont 3 lui appartiennent exclusivement, c'est-à-dire
20 espèces, dont \k spéciales ;
5" La région du Nouveau-Mexique. C'est la plus riche de toutes : elle a
fourni 65 espèces, dont 55 lui sont particulières, savoir : 19 Mamillaires,
dont 16 spéciales; 9 Echinocactes, tous à elle propres; 16 Ccreus^ dont 2
seulement se retrouvent dans les autres régions; 22 Opuntia, dont 17 lui
appartiennent exclusivement ;
6» La région du Gila, comprenant toute la vallée du Colorado, au sud du
36' degré de latitude et la contrée du Gila , son grand tributaire méridio-
nal. Elle a fourni 36 Cactacées, savoir: 5 Mamillaires, dont 3 à elle propres;
6 Echinocactes, qui n'ont pas été rencontrés ailleurs; 7 Cereus, dont 5
spéciaux: 18 Opuntia, tous limités à elle;
7° La région Californienne, savoir la Californie à l'ouest de la Sierra-Ne-
vada, avec la portion sud-ouest de l'État actuel de la Californie. On y a
trouvé 6 espèces, dont 5 lui sont propres:! Mamillaire;! Échinocacte;
1 Cereus; 3 Opuntia, dont un n'est probablement qu'une forme d'une espèce
plus orientale ;
8° La région Nord-Ouest, qui comprend les parties nord de l'État de
Californie, les territoires de l'Utah, de l'Orégon et dé Washington. On n'y
connaît qu'un Opuntia, qui se trouve aussi dans le Missouri.
BryoIog;ia «lauica ellci* «le daiiske Itlaclniosser {Bryologie
danoise ou les Mousses du Danemark)-^ par M. Thomas Jenseu. 1 vol. in-S"
de IV et 216 pages, avec 9 planches gravées sur cuivre. Copenhague;
1856, chez C. G. Iversen.
Cet ouvrage, écrit entièrement en danois, comprend d'abord une préface
de deux pages, dans laquelle M. .Tensen expose le but de son travail ; en-
suite une introduction (pp. 1-35) consacrée l'a une étude détaillée de tous
80 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
les organes des Mousses examinés en entier et dans leur structure auato-
mique, 2° à deux tableaux synoptiques, le premier pour les groupes de di-
vers ordres, le second pour les genres de Mousses. Celui-ci est une vérita-
ble clef analytique. Quant au coips même de l'ouvrage de M. Jensen, il com-
prend l'énuméralion méthodique des Mousses du Danemark. Les espèces y
sont rangées d'après la méthode suivie par M. Cari Mueller, dans son
Synopsis Muscorum frondosorum. Chacune d'elle est accompagnée d'une diag-
uose en danois, dune courte synonymie, de l'indication détaillée des locali-
tés. Des observations imprimées en petit caractère suivent généralement
l'exposé des caractères des genres et des groupes supérieurs.
Les 9 planches gravées sur cuivre sont consacrées à l'illustration de 50
genres.
lutrofliictioii to cryptog:ainic Botaiiy [Introduction à la botani-
que cryptogamique) , par M. M.-.l Berkeley. 1 vol. in 8° de viii et 604
pag., avec 127 figures gravées sur bois d'après les dessins de l'auteur;
1857, Londres, chez L. Baillière, Regent-Street, 219, et Paris, chez
MM. Baillière et fils, rue Hautefeuille.
Cet ouvrage, dû à l'un des cryptogamistes les plus justement renommés
de notre époque, fait partie d'une collection de traités sur diverses scien-
ces que publie à Londres M. H. Baillière, sous le titre de Library of illus-
trated standard scientific works. II forme le 12'' volume de cette collection.
En présentant dans un cadre suffisamment étendu, et en même temps sous
une forme qui le rend abordable atout le monde, un résumé de l'état ac-
tuel de la science, relativement à l'organisation et à la classification des
Cryptogames, il comble une lacune qu'on ne pouvait trop regretter. En
effet, l'absence d'ouvrages généraux sur les plantes cryptogames complets
ou suffisants obligeait, jusqu'à ce jour, les personnes qui voulaient s'occuper
de ce vaste embranchement du règne végétal à chercher les éléments de leurs
études dans une multitude de mémoires et de travaux partiels qui n'étaient
guère à la portée que d'un petit nombre d'entre elles II y a lieu de penser
que, grâce à M. Berkeley, cet inconvénient n'existera plus désormais. Il
est cependant nécessaire de faire observer que le savant cryptogamiste an-
glais ne destine pas son livre aux personnes qui ne possèdent encore au-
cune notion de botanique; mais il pense que, pour en comprendre toutes
les parties, il suffira d'avoir déjà les connaissances (|ue peut donner la lec-
ture des traités élémentaires sur l'ensemble de la science.
Après unepréface de deux pages, dans laquelle l'nulrur exprime sur quel-
ques traités généraux de cryplogamic son opinion, un peu sévère, relative-
ment au plus récent et nu seul compU^t d'entre eux, l'auteur expose d'a-
bord, avec détail, dçs considérations générales sur les Cryptogames et les
niîVL'E BIBLIOGRAPHIQUE. 81
faits principaux que révèle leur élude à grands traits. Cette première partie
de son ouvrage ne comprend pas moins de 70 pages. Dans sa définition de
ces végétaux nous remar((uoiis (ju'il regarde les spores, soit simples, soit
composées, comme « contenant larement un embryon. » Il termine ce cha-
pitre par la division, conforme à celle de M. fj'ndiey, de l'ensemble de ces
végétaux en T/iallof/hies et Acrogènes et par la définition qu'il donne de
ces deux sous-embranchements. Les premiers sont caractérisés par lui de la
manière suivante: Raiemenl ils sont herbaci's ou pourvus d'appendices
foliacés, et quand ceux-ci existent, ils ne portent pas de stomates; leurs
spores produisent rarement un prothallus, et, quand il en est ainsi, ils don-
nent naissance à un second ordre de spores qui germent par des points dé-
terminés; enfin, leurs spermatozoïdes, comme les nomme l'auteur, ne sont
pas spiraux. Quant aux Acrogènes, ils sont le plus souvent heri)acés ou
pourvus d'appendices foliacés, souvent avec stomates. Leurs spores, dans
la plupart d'entre eux, produisent un prothallus, ou si non, elles donnent
un fruit compliqué, grâce à la fécondation d'une cellule embryonaire.
Leurs spermatozoïdes sont spiraux.
Abordant ensuite en particulier l'étude de ces deux divisions, M. Ber-
keley en présente d'abord les généralités, à la fin desquelles il en donne la
division dichotomique en groupes qui sont examinés chacun en particulier
d'après la même méthode. L'intelligence des détails est facilitée à un haut
degré par les figures gravées sur bois qui sont intercalées dans le texte.
Comme il serait absolument impossible de suivre l'auteur dans cette por-
tion de son ouvrage, nous nous contenterons de donner quelques indications
sur la subdivision adoptée par lui pour l'ensemble des végétaux dont il
s'occupe.
M. Berkeley adopte une division des Cryptogames en grands groupes ou
Alliances, conformément à ce qui a été fait déjà par M. Lindley dans son
Vegetable kingdom (18^6). Il admet pour les Thallogènes 2 alliances seule-
ment, nommées Algales pour les Algues, Mycetales pour les Champignons
et les Lichens réunis, confondant ainsi dans cette dernière les deux que for-
mait séparément M. Lindley sous les noms de Fungales et Lichenales.
Quant aux Acrogènes, il en forme 3 alliances : Churaceales pour les Chara-
cées, Muscales pour les Mousses et les Hépatiques, Filicales pour les Fou-
gères, les Ophioglossacées considérées comme une famille distincte et sépa-
rée, les Équisétacées, Marsiléacées et Lycopodiacées. M. Lindley établissait
pour cette dernière famille une alliance séparée, sous le nom de Lycopoda-
les, et il rangeait les Characées à la suite des Algues.
Comme il est facile de le sentir d'avance, les Thallogènes occupent une
grande partie de l'ouvrage de M. Berkeley. Les Champignons en particu-
lier, objet favori des études de l'auteur, n'occupent pas moins de \7il pages
de texte, et de leur côté, les Algues ont une part pHis large encore, puisque
ï. tv. 6
82 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
150 pages sont consacrées à leur histoire. Les Acrogèoes toutes ensemble
n'occupent que 1^3 pages.
A la lin de l'ouvrage on trouve : 1° trois pages d'additions, 2" une liste
des ouvrages et mémoires les plus utiles, se rapportant plus ou moins à la
botanique cryptogamique en général et à ses diverses branches: l'auteur
les divise d'après les groupes de ces plantes auxquels ils se rapportent ;
3° une table alphabétique des noms d'espèces, de genres, de familles, etc.,
mentionnés dans l'ouvrage.
Le livre de M. Berlieley est sans doute appelé à rendre de grands servi-
ces à la botanique cryptogamique ; malheureusement son prix élevé empê-
chera peut-être qu'il ne se répande autant qu'il mériterait de le faire.
Populnerc Itotauik. otlci* g^eiiicinfasslieltc Anlcituns
ziini ^tiKliiiiu dei* Pflauzc uud des Pflauzeureiches
[Botanique populaire ou introduction générale à l^ étude de la plante et
du règne végétal); par M. Edouard Schmidlin. (1 vol. in-8° de vi et
712 pages, avec plus de 1600 figures coloriées. Stuttgard, 1857. Chez
Krais et Hoffmann.
Cet ouvrage destiné, comme l'indique sou titre, à rendre l'étude des
plantes facile pour tout le monde, se divise en deux parties. La première
partie est un traité élénj^ntaire de botanique. L'auteur y jette d'abord un
coup d'oeil général sur la vie de lu plante et ses conditions, sur les différen-
ces par lesquelles un végétal se distingue d'un minéral et d'un ani-
mal. Il passe ensuite a l'étude des organes en les suivant dans l'ordre du
développement à partir de la germination; il les considère non-seulement
en eux-mêmes, mais dans leurs fonctions. Il expose aussi l'histoire abré-
gée des éléments analomiques qui constituent ces organes et celle des sub-
stances chimiques qui concourent à former les végétaux. Il termine en con-
sacrant quelques pages à un tableau des monstruosités les plus remarqua-
bles, des principales maladies et altérations que peuvent subir les plantes,
enfin, en exposant la subordination des groupes sur l'établissement desquels
repose toute classification : espèce, genre, fainille, ordre et classe. Cette
première partie est la moins étendue des deux ipp. 3-226), et elle est divisée
en deux chapitres dont le second on forme la presque totalité.
La seconde partie, intitulée Partie spéciale, est divisée en trois chapitres.
Le premier (pp. 227-290^ traite successivement,!" de la manièrededessécber
les plantes et de disposer un herbier; 2° des herborisations et de la récolte
des plantes pour l'herbier ; 3° de l'étude et de la détermination des plantes.
Le second chapitre (pp. 290-54^) est intitulé : Clef pour la détermination des
plantes à fleurs visibles, ou énumération des plantes phanérogames sponta-
nées en Allemagne, d'après une méthode qui facilite cette détermination aux
REVUE BlHLIOGRAI'IIIQLi:. |^^
commençants. M. Schmidiin y donne d'abord un tableau des genres de la
flore d'Allemagne avec une analyse destinée à en rendre la détermination
facile. Il présente ensuite l'énumération des espèces en indiquant pour cha-
cune d'elles quelques caractères distinct! fs. Danscetteénumération, les plantes
sont partagées en 3 divisions : 1" arbres et arbrisseaux; 2" glumacées;
S'herbes.Unedivisionqui vient à la suite de celles-ci est spécialement consa-
crée aux Cryptogames de l'Allemagne. Le troisième chapitre (pp. 571-687)
est relatif a l'étude de la méthode naturelle en général. L'auteur y pré-
sente les caractères des familles rangées d'après l'ordre proposé par M.
Reichenbach.
L'ouvrage se termine par deux tables alphabétiques, l'une pour les noms
latins, l'autre pour les noms allemands des plantes.
Quant aux planches qui suivent le texte de cet ouvrage, elles sont au
nombre de 62, et elles renferment, non pas 1600, comme l'indique le titre
général, mais 931 figures gravées sur pierre et coloriées de plantes destinées
à fournir des exemples pour toutes les familles. Ce sont des figures de ports,
sans détails, dessinées avec une netteté satisfaisante, mais extrêmement
petites, puisque chaque planche in-8" en réunit, eu moyenne, une quinzaine.
BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE ET GÉOLOGIQUE.
Crchocrt clic Pnauzcu^velt dei* fiiïeg;cuvrart xu ciuct* uu«l
tlersclbcu ><[»clioc|»f'uug-!it|ici'io«lc ? [Le monde végétal actuel
appartient-il à une seule et unique période de création?); par M. Karl
Mueller {Botan. Zeit., n°= 22 et 23, 30 mai et 6 juin 1856, col. 377-386,
393-iOO).
Dans son mémoire, M. Karl Mueller se propose d'établir deux points : le
premier, que les périodes géologiques, distinguées par des végétations diffé-
rentes, ne sont pas brusquement séparées l'une de l'autre, mais plutôt que
les derniers produits d'une création s'étindont jusqu'à la création nouvelle,
et que, par suite, il en a été de même , bi^n plus qu'il peut en être encore
de même pour la création actuelle 5 le second, que les causes de la destruc-
tion des organismes éteints résultaient de la nature même de ceux-ci et
peuvent être reconnues encore aujourd'hui.
Relativement an premier point, on sait, dit-il, que les botanisleshabituésà
travailler surdegrands herbiers, et même les jardiniers quicullivent ungrand
nombre de plantes vivantes, reconnaissent au premier coup d'œil de quels
pays proviennent les collections de végétaux qui leur arrivent. Il y a donc-
dans ceux-ci quelque chose qui les distingue sans qu'on puisse préciser ce
que c'est. C'est une affaire de coup d'œil et de tact. Les naturalistes doivent
apçtliquer le même coup d'œil à la comparaison des types perdus et de
84 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
ceux qui vivent encore, et c'est, en effet, ce qu'ils font depuis longtemps.
Or, il existe encore de nos jours des types tout au moins l)izarres ou qui
semblent appartenir à des créations antérieures. Tels sont, dans le règne
végétal, hsSp/mgnum et quelques Conifères de l'archipel antarctique. Les
premiers s'écartent à tel point des autres Mousses, qu'on en ferait volontiers
une famille à part, à côté de celles-ci. i/auteur a déjà exprimé sa manière
de voir à leur sujet, il y a plus de trois ans, dans son livre sur les Mousses
del'Allemague. Quant aux Conifères, le genre P/iyllocladus, de la Nouvelle-
Zélande, ne peut être comparé à aucun genre vivant, et le Salisburia forme
comme un intermédiaire entre lui et les (Conifères fossiles. Parmi celles-ci,
lesSphénophyllitesou Rolulaires rappellent, par leur fruit, le cône des Coni-
fères, par leur épi de fleurs les Cosuarina et par leurs feuilles les Phyllo-
cladus; ce dernier genre l'orme ainsi le trait d'union entre le Salisburia et
les Sphenophyllum, et ceux-ci doivent dès lors être i-angés parmi les Coni-
fères. — Une autre forme de Conifères tout aussi bizarre est le Cupressus
columnaris de Forster, (lu'Endlicher a reconnu comme un véritable Arau-
caria. D'après un échantillon recueilli par I^'orster, chacjue rameau est pro-
prement une reproduction d'un cône de Sapin, allongé seulement en cylindre
grêle. Cette forme des Araxcai'ia et ceWe des Dacrydium semblent avoir une
analogie suffisante avec celle des Lépidodendrées pour que ces fossiles
puissent être regardés comme des Conifères. — Une conséquence nécessaire
de ce rapprochement, c'est que les Conifères dont il vient d'être question
appartiennent à une période de création antérieure à la période actuelle. Or,
c'était précisément, dit M. M. Mueller, ce que j'ai voulu montrer. La dif-
fusion de ces végétaux concorde aussi parfaitement avec l'idée qu'on se fait
du climat de l'ancien monde, particulièrement de la période carbonifère,
pendant laquelle toute la terre était en forme d'iles perdues au milieu de
l'Océan et possédant; des climats marins, à peu près comme il en est encore
pour les terres antarctiques. Aussi l'auteur pense-t-il que celles-ci ont con-
servé le cachet des périodes antéiieures beaucoup plus qu'on ne l'a dit jus-
qu'à ce jour. Ainsi, les tapis de Fougères de la A'ouvelle-Zehinde,oùil n'existe
pasdeGraminées sociales, rappellent l'ancien monde où les Fougèresjouaient
aussi un rôle très important dans le tapis végétal. A l'appui de sa manière
de voir que la iNouvelIe-Hollande pourrait être le plus vieux continent, il
cite deux passages: l'un du docteur Leichardt, écrit sur les lieux en 18Zi2 ;
l'autre du docteur Ferdinand Mueller, l'actif explorateur de l'Australie. —
Au total, M. Mueller croit être fondé ;: admettre que la végétation actuelle
ne doit pas être regardée comme dérivant d'une seule période. On doit
renoncer à déterminer la période de laquelle sont venus les types conservés,
bien qu'il ne soit pas douteux qu'ils ne proviennent de la période où ils
ont été les plus abondants. Aux Sphagnum, Phyllocladus, Ducrydium^
Araucaria^ Casuarina, Exocarpus, réprésentaots à notre époque d'une
REVfE BmUOr.RAPHIQUR. 85
flore antôriouro, on peut ajouter les Foncières de la Nouvelle-Zélande et de
la Noiivclle-HollaiHle, c\ même le Salhhuria et les Cycadôcs. De cette
premicM-e portion de son mémoire, M. K. M uollcr conclut qu'il existe aujour-
d'hui des types végétaux communs à l'époque actuelle et à l'ancien monde,
et que ce fait s'explique beaucoup plus simplement par leur conservation
que par une nouvelle création.
Quant au second point, quelle est , se demande M. K. Mueller, la cause
intérieure delà destruction des types de création? La seule diversité de
durée de l'espèce et de la famille explique la destruction des uns et la
couserviition des autres. Il admet, en effet, que l'individu végétal a une
limite dans la durée de son existence. Pour établir ce principe, il cite plu-
sieurs exemples de substitutions d'une essence à une autre qui s'opèrent
habituellement après des périodes d'un ou plusieurs siècles dans le nord de
l'Kurope. Des faits pareils ont pu avoir lieu pendant les milliers d'années
des périodes géologiques. Or, dit-il , comme la vie de l'espèce et de la
famille repose sur celle de l'individu , la disparition des types de l'ancien
monde s'explique de la manière la plus simple sans révolution extraordi-
naire, et de môme la conservation des types persistants s'explique par des
différences de durée dans la vie des individus et des espèces. Ces destructions
peuvent tenir aussi à des cbaugeraents dans le climat et dans la diffusion
par les vents, les eaux, les animaux, de certains types végétaux, qui ont
dominé et fait disparaître les autres. Gomme exemples de ces plantes qui
amènent ladisparition de toutes les autres, M. K. Mueller cite VAndroporjon
caricosum L., les parasites, soit l.oranthacées, soit Figuiers {Cipo matador
des Brésiliens) , le Cynara Cardunculus dans les pampas de la Plata. Il
montre ensuite que des faits analogues se sont passés et se passent encore
dans le règne animal.
L'auteur cherche ensuite à reconnaître comment peuvent s'expliquer
l'enfouissement des plantes et leur succession à diverses périodes. Sûrement,
pense-t-il, il a été rare que des forêts entières aient été détruites, et jamais
elles ne l'ont été subitement. Comme dans toutes les forêts primitives, il
s'est formé, dans le cours de milliers d'années, une énorme couche d'humus
due aux débris des végétaux morts et dans laquelle ont pu être enfouis çà et
là des troncs de grandeur colossale. Il cite comme exemple ce qu'on observe
dans plusieurs tourbières du nord de l'Europe. Mais jamais toute la végétation
qui couvrait la terre pendant une période n'a été ainsi détruite en totalité.
En résumé, d'après M. K. Mueller, la végétation actuelle est le produit
de toutes les périodes de création ; elle a conservé et conserve encore quel-
ques types qui appartiennent à des périodes très anciennes. L'étude des
végétaux fossiles a besoin d'arriver a un degré de certitude tout autre que
celui qu'on peut lui reconnaître, et ce sera seulement par la connaissance la
plus exacte des types vivants qu'elle pou-ra devenir une science dans
laquelle il sera permis d'avoir plus de confiance qu'on n'eu a aujourd'hui.
èl SOCIÉTÉ BOTANIQUE UE FRANCE.
BOTANIQUE APPLIQUÉE.
IVotc sur une couleur verte connue eu f lilne sous le uout
de Lio-Kao, renfermant la description des procédés des fabriques de
Azé, dans le Tché-Kiang ; par le P. Hélot, niissloiinaire {Annal, de
' la propagation de la foi, cahier de mars 1857, p. 1^2-1 57).
Les reaseimiements contenus dans cette note ont été recueillis dans l'une
des principales fabriques de la couleur verte employée en Chine, à Azé,
gros bourg situé à six ou huit lieues de Kia-hin-fou, dans le Tché--Kiang.
M. Hélot a dû faire un voyage dans le but spécial de les obtenir, et lés
thinois ne se sont écartés en sa faveur de leurs habitudes peu communica-
tives qu'en raison des rapports de religion qu'il avait avec plusieurs
d'entre eux.
Vers 18/i8-1850, on envo3'a au ministère du commerce, entre autres
produits de l'industrie chinoise, une pièce de toile colorée en vert d'eau, dans
laquelle l'analyse fit reconnaître l'absence de toute couleur jaune et bleue.
On fut conduit ainsi à penser que la matière tinctoriale qui avait servi à la
préparation de cette toile était un vert inconnu en Europe. Plus tard oii
réussit à se procurer une petite quantité de cette substance tinctoriale, dont
l'examen confirma les premières suppositions. Enfin, vers 1854, M. de
iMontigny, consul à Shang-Haï, lit parvenir en France des graines et deux
ou trois cents pieds vivants des végétaux qui fournissent cette matière.
Ces végétaux sont de deux sortes (|ui pourraient bien n'être, dit M. Hélot,
que deux variétés de la même espèce : l'une est un buisson qui vient sur les
montagnes stériles du sud-ouest du Tché-Kiang et du Chang-Tong et qu'on
nomme Pa-bi-lo-za (à blanche peau vert-sarment); l'autre est Un buisson
qui vient sans culture dans les fertiles plaines des environs de Azé, dans
'le Tché-Kiang, et qu'on nomme Hom~bi-lo-za (à rouge peau vert-sarment).
A la chute des feuilles, les paysans font, avec les menues blanches de ces
arbrisseaux, des fagots appelés Lo-za, qu'ils portent ensuite aux fabriques.
100 livres du premier se vendent 1,000 sapèqucs (environ 5 francs); le
second se vend trois fois plus cher, la distance à parcourir pour le porter
à Azé étant beaucoup plus considérable (plus de ^0 lieues).
Aux fabriques on enlève avec un couteau l'écorce de ces fagots encore
frais (l'écorce sèche ne donnant plus de couleur), et on écrase au marteau
les plus petits rameaux. On met 12 livies de cette écorce dans 150 livres
d'eau, et l'on fait bouillir dans une chaudière. Use forme une écume blanche
' qui passe plus tard au rose pour le hom-bi, qui reste blanche pour \e pa-bi.
On verse ensuite le tout dans un grand vase, où on laisse macérer US heures
pour \c/ia)n-bi, au muins dix jours pour W pa-bi. Après ce temps la teinture
est prête. Au moment de s'en servir on y ajoute un peu d'eau de chaux. On
HKVllE HlltLIOGRAPIIIQUi;. 87
teint les toiles vn les plongeant 7 à 10 fois dans la teinture du hom-bi, et
on iinit l'opération par 3 immersions dans la teinture du pa-bi, en faisant
sécher après chaque immersion. La décoction du premier donne une teinte
plus prononcée, mais sans lustre ni reflet-, celle du second donne mie teinte
plus faible, mais d'un reflet magnifique.
L'excès de couleur dont ces toiles se sont chargées dans leurs nombreuses
immersions est enlevé par 5 ou 6 lavages successifs dans de l'eau claire et
froide, lorsqu'on veut obtenir la matière colorante verte ou le lo-kao. On fait
bouillir ensuite les eaux de lavage dans une grande marmite, en recouvrant
leur surface d'un lit assez épais de filaments de coton qui retiennent cette
matière. En lavant ce coton dans de l'eau claire, on en détache une pous-
sière verte, très fine, qui se précipite au fond du vase. On décante, on fait
enfin sécher la bouillie ainsi obtenue, d'abord en l'étendant en couche mince
sur une feuille de papier buvard posée sur de la cendre, ensuite en l'expo-
sant au soleil. La matière sèche forme de petites lames nunces qui
constituent le lo-kao. La proportion de cette substance que donne cette
fabrication est très peu considérable. Ainsi les cinq fabriques de Azé n'ont
pu arriver ensemble a en livrei- 30 à ZjO livres en un an. Le lo-kao se vend
en paquets de 10 onces. Son prix moyen est de 8 ou 9 francs l'once. Mais
déjà les demandes des Luropéens en ont fait hausser le prix. Cette couleur
nepeutêtre falsifiée, la moindre addition de matières étrangères en viciant
fortement la teinte. L'humidité l'altérant promptement, on la conserve
bien enveloppée dans une peau et enfermée dans un vase, où l'on met des
morceaux de chaux vive, qu'on a le soin de renouveler quand ils sont
délités.
Note on thc Afrîcan specîes of Copal [Note sur les sortes de
Copal d'Afrique); par M. T.-C. Archer. (Voy. Gardeners'Chronicie du
13 décembre 1856, p. 822.)
Cette note a été présentée à la Société linnéenne de Londres, dans la séance
du 2 décembre 1856. Nous en trouvons un i-ésumédans le Gardeners' Ch?^o-
nicle du 13 décembre.
Elle a pour sujet la gomme-résine produite par l'arbre nommé Robo à
Sierra- Leone ((jw/6oMr^/a Bennett). Selon INI. Aicher, cette gomme-résine
est probablement l'une des trois sortes qu'on apporte en grand à Liverpool
sous les noms de Copal d'Afrique, gomme-jaune d'Afrique , gomme-rouge
d'Afrique [African Yellow-gum, African Red-gum). La première de ces
trois sortes de copal forme de grosses larmes arrondies, transparentes, d'un
jaune paille clair. Les deux autres sont en masses qui paraissent cassées. La
jaune est souvent demi-opaline. On en a vu des morceaux du poids de près
de trois livres, qui pourtant n'étaient évidemment que des portions de masses
88 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
encore beaucoup plusgrosses. La grosseur moyenne des morceaux est celle
d'un œuf de poule. Il arrive au port de I.iverpool des quantités énormes de
ces gommes-résines. L'importation s'est élevée à plus de 150 tonnes en
1855. Toutes servent à la fabrication des vernis, sous la dénomination com-
mune de copal.
Cruidc pratique du .lardinier niulfiplicatcnr, ou Art depro-
pager les végétaux par semis, boutures, greffes, etc-^ ipar M. E. A. Car-
rière. Un vol. in-12 de xiv et 272 pages. Paris, 1856. Chez l'auteur,
rue de Buffon, 53.
La multiplication des plantes est évidemment l'opération la plus impor-
tantede la culture; aussi tous les livres publiés sur la culture des jardins et
des champs renferment-ils nécessairement un chapitre sur les divers moyens
à l'aide desquels on peut multiplier les espèces cultivées. De là, une multi-
tude de petits traités presque perdus au milieu de traités plus généraux.
M. Carrière a eu l'heureuse idée de réunir en un seul volume, commode pour
le format et peu coûteux, sous une forme d'ailleurs et en des termes qui les
rendissent facilement intelligibles à tout le monde ces nombreuses données
éparses, et d'y joindre ce qu'a pu lui apprendre une longue expérience ac-
quise dans les différents services qu'il a dirigés ou qu'il dirige encore au Jar-
din des Plantes. C'est ce volume dont nous allons donner rapidement une
idée aux lecteurs de ce Bulletin.
L'ouvrage est divisé en cinq parties suivies d'une division qui a pour
titre : « Observations générales.» La première partie est relative aux semis.
L'auteur y examine d'abord : le sol dans ce qu'il peut avoir d'avantageux
ou de désavantageux pour les semis; les conditions qui distinguent les bon-
nes graines, la manière de les stratifier, la profondeur à laquelle on doit
les semer, la préparation qu'il est souvent avantageux de leur faire subir
avant de les confier à la terre, les soins dont elles doivent être l'objet
après le semis, et l'époque a laquelle celui-ci doit être fait. Il passe ensuite
à l'exécution même des semis, soit en grand, soit en petit, et il termine par
des considérations générales sui' les graines et sur les divers modes de semis.
La deuxième partie a pour objet les soins que doivent recevoir les plantes
provenant des semis, savoir l'éclaircissage, le repiquage, l'empotage, le
pincement, etc. Les plantes y sont considérées séparément selon qu'elles
sont de pleine terre ou deserre, annuelles, bisannuelles, vivaces ou ligneu-
ses. La section relative aux plantes de serre se termine par l'indication des
moyens propres à la destruction des insectes qui s'y multiplient trop sou-
vent au point de devenir funestes.
La troisième partie traite des couchages ou marcottages. Elle en expose
successivement la théorie et la pratique. La quatrième partie, relative aux
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 89
boutures, a reçu plus de développemenls. M. Carrière présente d'abord la
théorie de cette opération ; il on indique le but et les avantages, ainsi que
les conditions diverses qui sont nécessaires pour qu'elle réussisse. Tl passe
ensuite à la pratique des boutures, et il examine successivement celles
qu'on fait sans feuilles et celles qu'on laisse plus ou moins feuillées. 11 con-
sacre quelques pages aux plantes vivipares, et il ajoute des détails sur le
moyen de faciliter le bouturage de quelques espèces rebelles, sur le rempo-
tage des boutures, les arrosements, etc.; enfin sur les soins à donner aux
boutures pendant et après leur reprise.
La cinquième partie traite de la greffe. Après avoir fait connaître le but,
les avantages et les inconvénients de cette opération importante, l'auteur
en développe d'abord la théorie, et ensuite la pratique. Il examine séparé-
ment la greffe des végétaux ligneux et celle des plantes herbacées. Il divise
la première en greffe par rameaux détachés, comprenant les greffes en
fente, de côté, en couronne, en placage, anglaises, etc., et greffes dépour-
vues de rameaux, c'est-à-dire en écussou et en flûte. Il ajoute des considé-
rations générales sur les soins à donner aux greffes, sur le temps où il est
avantageux de les pratiquer, sur le choix des rameaux qui les fournissent,
etc. Il termine par l'indication des outils et des accessoires divers nécessai-
res pour greffer.
Les observations générales qui terminent l'ouvrage de M. Carrière portent
sur les mères destinées à fournir des boutures, des marcottes, des greffes et
des graines, sur les abris, sur l'enterrage des pots, enfin sur les différents
modes d'ombrager les serres et les châssis. Comme conclusion générale, l'au-
teur insiste sur la nécessité d'unir la pratique à la théorie.
Ce petit ouvrage est de nature à rendre service aux cultivateurs par la
clarté et la netteté de son style, par la précision de sa méthode, par l'exac-
titude et la simplicité des données dont il présente l'exposé.
SOCIÉTÉS SAVANTES.
Société lilnnéeiiiie de Londres. Séance du 20 janvier 1857. (Voy.
Gard. Chron. du 24 janvier 1857, p. 55.)
l. Note on Spirauthes gemmipara [Note sur le Spiranthes gemmipara) ;
par M. Liudley.
Cette espèce rare d'Orchidée irlandaise fut découverte en 1810 , près de
Cork. Elle fut publiée par J.-E, Smith sous le nom de Neottia gemmipara
et figurée sous ce nom dans le supplément à V English Botany. Dans son
Gênera and Species of Orchid. Plants, M. Lindiey la rapporta au genre
Spiranthes, en faisant observer qu'elle ressemblait au 5'. Romanzoffiana ,
de l'Unalaschka, au point qu'on ne pouvait guère douter de l'identité des
^^ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
deux. Plus tard, M. Babington en fit, sans hésiter, un synonyme du Spi-
rnnthes cernna A' kmérique. Dansuneétude récente des Néottiées, M. Lindley
a été conduit à rechercher la valeur de ces différenles manières de Voir, et
Il est arrivé à reconnaître ainsi que la plante irlandaise constitue une espèce
parfaitement distincte et séparée, limitée à un petit canton de l'Irlande. Il
a vu que cette espèce a beaucoup plus de ressemblance avec le S. autufn-
nalïs qu'avec le 5'. cernua, et qu'elle se distingue de la preiiiière de ces
plantes par son épi serré, à trois rangs de fleurs, par sa tige feuillée, à peiiië
plus longue que les feuilles radicales, par sou ovaire court, pyriforrae, enfîù
par la base très large de son labclle.
IL Contributions to the Orchidology of India , n° 1 . {Premier mémoire sur
les Orchidées de l'Inde), par M. Lindley,
Ce mémoire commence une série de travaux que M. Lindley se propose
d'écrire sur les Orchidées de l'Inde. Le fait le plus remarquable et inattendu
qui s'y trouve consigné consiste en ce que le savaut auteur a reconnu pour
plusieurs espèces une diffusion géographique très étendue. Jusqu'ici ou avait
pensé que les Orchidées étaient extrêmement locales. Il est probable qu'il
en est ainsi, en effet, pourles espèces épiphytes; mais il en est tout autrement
pour les espèces terrestres, dont certaines sont aussi largement disséminées
que les plantes les plus ubiquistes, appartenant à d'autres familles, dont on
ait encore connaissance. Ainsi VOrckis lotifolia , qu'on savait se retrouver
dans le nord-ouest de l'Inde, a été découvert]aussi dans le Thibet occidental.
L' Herminiwn i/onorc/»'s, identique à la plante anglaise, a été rencontré dans
le N.-O. de l'Inde, et parait exister aussi dans le Sylhet; tandis que, d'Un
autre côté, VH. unalaschkense, des îles Aléoutiennes, s'est trouvé identique
Sl\2cV II. congestum, dès Alpes du Sikkim. Le Gyrnnadenia cucullata, Triante
de l'est de l'Europe et de la Sibérie, a paru à M. Lindley être le mêtne
qu'une Orchidée récoltée par le D' Hooker sur le Sikkim, à une altitude de
14,000 pieds anglais (4270™), Le Goodyera repens est commun dans le
Sikkim, tandis que le G. procera s'étend aux INeilgherries, à Ceyian, à
Java et à la Chine. Le Zeiixine sidcata , trouvé à Hong-Kong, ftUx Philip-
pines et à Ceyian, s'est montré aussi dans les plaines de l'Inde jusqu'à
Peshawur. Une plante que AL Lindley croit être le Spiranthes autumnalis
se trouve dans le N.-O. de l'Inde. Le Sp. australis parait croître partout,
de la Sibérie, de Peshawur et du N.-O. de l'Inde en général, des Neil-
gherries, de Ceyian et Java, jusqu'à la Chine, la Nouvelle-Hollande, la
Nouvelle-Zélande. M, Lindley fait observer que cette plante variable n'est
probablement pas autre chose que notre Sp. œstivalis. VEpipactis veM-
trifolia, plante remarquable de la Perse, a été trouvé à Peshawur, et
l'auteur ne doute pas que les espèces communes de l'Inde, décrites sous les
noms de Epipactis consimilis, macrostachya, herbacea et Dalhousiœ ue soient
HlîVUK BlHLlOGnAPHlOIK. 91
de simples formes de notre ^. Intifolia. \.e Cephaiœithern acuminata, qui a
été trouvé dans tout le nord de l'Inde, est identique au C. e/îsî/b/zfl d'Europe.
\' Epipofjinm Gmeiini, rencontré récemment en Angleterre, a été trouvé
danS'le Sirmur. Une découverte plus remarquable encore est celle qui a été
faite dans le Sikkim d'une espèce du genre 'l'ijmlarin qu'on croyait propre
aux États-Unis. L'espèce indienne, ((uoique différente à certains és^ards de
Celle d'Amérique, n'est probablement pas autre chose qu'une forme de celle-
ci. Des faits de cet ordre sont, dit M. fjndley, d'autant plus importants,
qu'ils montrent que les modes ordinaires de dispersion des plantes par les
oiseaux, les vents et l'homme, n'ont pu agir dans ces cas, ou que du moins
ils sont insuffisants pour expliquer une distribution géographique si remar-
quable. — Le reste du mémoire est consacré principalement à l'énumération
de 70 espèces d'Orchidées de l'Inde. 'Il se termine par quelques remarques
critiques sur les genres du groupe des Physuridées , et par un tableau ana-
lytique qui montre plus nettement les différences entre ces genres.
MÉLANGES.
£lo|;;io di Filippo Barker fVebb {Eloge de Philippe Barker
Webb); par M. Parlatore. Brochure in-i" de 113 pages, avec un portrait
lithog. Florence, 1856. Typog. Le Monnier.
Cet éloge de Ph. Barker Webb a été prononcé par M. Parlatore, à Flo-
rence, le 1" décembre 1855, dans la séance solennelle qui eut lieu à l'ou-
verture du cours de botanique, en présence d'un auditoire aussi nombreux
que choisi. Nous n'essayerons pas de résumer ici, d'après cet écrit remar-
quable, les détails de la vie seientiliquê de ce botaniste distingué, dont les
ouvrages ont puissamment contribué aux progrès de la science, de cet
homme excellent dont le souvenir vit dans le cœur de tous ceux qui l'ont
connu. Ce résumé serait maintenant superflu dans ce Bulletin, où M. .T. Gay
a déjà consigné ( Voy. Bulletin de lo Société botanique de France , III ,
1856, pp. 37-52) le récit de la vie de Webb et une appréciation éclairée
de ses œuvres. Nous nous contenterons de dire que M. Parlatoi-e n'a pas
Seulement publié l'éloge de Ph. Barker Webb, mais qu'il y a joint plusieurs
appendices qui augmentent encore l'intérêt de sa publication. L'une de ces
additions (pp. 39-50) comprend la description des magnifiques collections
que Webb avait formées à Paris et qu'il a léguées au grand -duc de Tos-
cane. Ces collections sont : 1° sa bibliothèque botanique, composée, d'a-
près le relevé de [M. Parlatore, d'environ 5000 volumes ou brochures;
1° son herbier, qui ne comprend pas moins de 1110 paquets, et dans lequel
se trouvent, outre les plantes recueillies par lui-même, /lOOO espèces don-
nées par Pavou, les précieux herbiers de Labillardière et de Desfontaincs,
92 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE,
ainsi que plusieurs autres plus OU moins considérables. D'après M. Parla-
tore, cette riche collection contieiulrait environ 80,000 espèces de plantes.
Un autre appendice (pp. 51-70) est consacré à la description de l'herbier
central italien, et plus gonëralementdes herbiers qui existent dans le musée
de physique et d'histoire naturelle de Florence, parmi lesquels on doit citer
surtout ceux de Césalpin, de Micheli, et une collection venue de Linné lui-
même. L'énumération seule de ces collections réunies à Florence n'occupe
pas moins de onze pages à deux colonnes. Elle est présentée d'après l'ordre
géographique. Enfin, pensant avec juste raison qu'un homme se peint tout
entier dans sa correspondance intime, M. Parlatore a publié, à la suite des
parties que nous venons d'indiquer, un choix de lettres écrites par Webb à
quelques-uns de ses amis pi y en a joint un certain nombre d'autres choi-
sies parmi celles que Webb avait reçues des savants les plus distingués de
notre époque.
rn très vieux pied d'Aubépine. [Gardeners Chronicle du h oc-
tobre 1856, p. 660).
A Hethel Hall, dans le comté de Norfolk, en Angleterre, existe le pied
d'Aubépine le plus vieux peut-être de toute l'Europe. Comme le dit le rédac-
teur du journal anglais, c'est peut-être un témoin de la conquête romaine,
et des cérémonies du culte druidique. Il est mentionné sous le nom devieille
Aubépine dans un acte qui date du commencement du xiii' siècle, et il est
dit, dans une vieille chronique, qu'il servit à préciser le lieu où se tint une
assemblée pendant une insurrection des paysans, sous le règne du roi Jean.
D'après M. Grigor, qui l'a décrit et figuré en 18ai, il présente les dimen-
sions suivantes : à 30 centimètres de sa base son tronc a une circonférence
de 3'",675 (12 pieds 1 pouce angl.), et à 1"',525 de hauteur il a a'",3Zi5 de
tour (l/i pieds 3 pouces angl.). La circonférence de l'espace qu'il couvre de
ses branches est de 28"', 33^ (31 yards). Le tronc de cet arbre est réduit à
une simple lame; néanmoins il n"a pas cet air de décrépitude que présentent
quelquefois les vieux Chênes. Quant à sa cime, elle est fort singulière
d'aspect, a cause du curieux entrelacement de ses branches. Son écorce est
très dure et très dense. La particularité la plus singulière que présente cet
arbre consiste en ce que toutes ses branches forment un tube par suite de la
destruction delà plus grande partie de leur bois et qu'en outre plusieurs
sont fendues d'un côté de manière à ressembler à une planche enroulée. On
dirait que le tronc lui-même a été divisé en lanières longitudinales qui se
sont ensuite recourbées en tube. Cette singulière manière d'être se retrouve
dans d'autres vieilles Aubépines qui existent dans le voisinage. C'est à l'écar-
tement de ces divisions que le tronc de l'arbre doit d'être plus gros à 1 mètre
et demi du soi qu'à sa base. — >Lalgré sa vétusté la vieille Aubépine de
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 98
Helhel est eu bomio végétation. Le propriétaire du sol sur lequel elle se
trouve veille avec soin à sa conservation.
NOUVELLES.
Une nouvelle chaire vient d'être créée au .lardin des Plantes de Paris,
avec la quali(icatioii de Chaire de Plajsique végétale. Le chimiste, M. G,
Ville, à qui l'on doit des expériences ayant pour but de démontrer l'absorp-
tion directe de l'azote de l'air par les végétaux, a été appelé à la remplir.
Les Botanistes auraient applaudi à cette création, si elle avait dû donner ce
qu'indiquait le mot de Physique végétale , employé autrefois et même jusqu'à
nos jours pour désigner la portion de la science qui étudie les plantes au point
de vue de leurs organes et de leurs fonctions. Ils auraient vu avec bonheur
ce premier pas dans un retour vers l'état normal, qui a cessé, pour l'ensei-
gnement de la Botanique à Paris, par la suppression récente des deux chaires
restées vacantes à la mort de Ad. de .lussieu. Malheureusement le choix du
nouveau professeur ne laisse aucune illusion à cet égard, ses connaissances
toutes spéciales devant nécessairement donner à ses leçons une direction
purement chimique et physique, mais nullement botanique.
— Un acte de noble désintéressement vient d'être accompli au profit du
Jardin des Plantes de Paris. La famille de Jussieu a donné à cet établisse-
ment la portion la plus précieuse des collections dont elle avait hérité à la
mort de notre illustre Ad. de Jussieu. Cet éminent botaniste, n'ayant eu que
deux filles , a mis fin en sa personne à cette longue suite de générations
d'hommes justement célèbres qui, pendant plus d'un siècle, ont maintenu
au premier rang en Europe la Botanicjue française, et qui ont élevé d'abord ,
affermi ensuite, l'impérissable monument de la Méthode naturelle. L'her-
bier formé par Bernard, Antoine Laurent et Adrien de Jussieu, dans lequel
ils avaient trouvé les éléments de leurs immortels travaux, était dès lors,
pour notre pays, un de ces trésors dont les nations sont justement fières et
qu'elles conservent comme de véritables titres de gloire. C'est ce qu'avait
très bien senti l'administration du Jardin des Plantes ; aussi avait-elle
demandéque leGouvernement voulût bien fairel'acquisitiondeces précieuses
collections. Cette demande est devenue superflue , grâce à la généreuse dé-
termination qui a été prise par la famille de Jussieu. ÎNous croyons devoir
faire connaître aux lecteurs de ce Bulletin la lettre par laquelle MM. A.
Ramond et H. Fizeau, les deux gendres de Ad. de Jussieu, ont annoncé à
l'administration du Jardin des Plantes le don important qui lui était fait:
« Paris, 25 mars 1857.
» Messieurs ,
» Vous avez bien voulu exprimer le désir que les herbiers des Jussieu
fussent achetés par l'État, pour être conservés au Muséum.
94 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
• 1) Notre famille a pensé, comme nous, qu'il serait plus lionorable encore
pour elle que le Jardin des Plantes reçût ces herbiers à titre de don. INous
vous prions de vouloir bien les accepter. Ils se composent :
» 1° De l'herbier de Bernard et d'Autoine-Laurent de Jussieu ;
» 2° De l'herbier de notre beau-père, M. Adrien de .Tussieu, à la seule
exception de l'herbier de France, qui n'aurait que peu d'intérêt scientifique ;
' » 3° De divers anciens herbiers.
» Nous aurons aussi l'honneur de vous remettre , dès que nous les aurons
nous-mêmes réunis, les manuscrits imprimés et inédits des Jussieu, ainsi
que dès catalogues du Jardin des Plantes et des papiers relatifs à l'histoire
de cet établissement.
» Nous osons espérer, Messieurs, que l'administration du Muséum vou-
drabien affecter un local spécial à l'herbier de Bernard et d'Antoine-Laurent
de Jussieu, et faire conserver à part les manuscrits de la famille. Si l'herbier
d'Adrien de Jussieu devait être réparti dans l'herbier général du Muséum,
nous attacherions beaucoup de prix à ce que chaque échantillon reçût une
étiquette indiquant son origine.
» Agréez, etc. A. Ramond, H. Fizeau. »
— Depuis le commencement de l'année 1857, il paraît à Paris un nou-
veau journal d'horticulture, sous le titre de y Horticulteur praticien. Le
directeui- de cette publication est M. Galleotti, de Bruxelles. Le format de
ce nouveau journal est grand in-S". Il parait par livraisons mensuelles
contenant chacune deux planches coloriées.
BIBLIOGRAPHIE.
Flora oder allgciiieiuc botauischc Zeitiiug;.
Articles originaux publiés en 1856.
Buchenau (Franz). — Bemerkungul)er Sorhus hybrida L. (Remarque sur le
Soibas Iiybridu L.) ; n" 1, 7 janv. , pp. \-h.
Hoclistetter. — Kritische Bemerkungen iiber einige exotische Grasgat-
tungen und dahin gehoerige Arten (Remarques critiques sur quelques
genres exotiques de Graminées et sur les espèces qui y rentrent) ; n° 2,
, lajanv., pp. 17-29i n" 6, U fév., pp. 81-95; n° 7, 21 févr., pp,
97-112.
Dans ce travail, qui fait suite à un premier article publié dans le
Flora en 1855 (n° 27), M. Hochstetter examine successivement les
genres Trisetaria Forsk. , Anotnalutis St ud. , Crinipcs Hochst, , //a;*-
pachne Id., Hcterantkelium Id., Amblijachirwn Id., JJcte?'opugon Pers. ,
Elionurus ^^'illd., Ischœnnan L.
Wydler (H.). — Morpbologische Notizen (Notices morphologiques) \ w!" 3,
21 janv., pp. 33-^7; plane. 1-111.
REVUE HIULKKiUAPIIIQli;. Hft
Heuffel (Joli.). — Dicin Uugarn vorkommendeu Arlender Galtiing Knautia
Coult., etc. (Les espèces du genre Knautia Coult. (lui se Irouveut ea
Hongrie, avec quelques remarques); n" h, 28janv., pp. /i9-r)6.
Lchmann (C.-li.) et Sc/miUspahn (G.). — Semjjervioum lomentosum, eine
lieue Art ans der Gruppc der Arachnoideœ {Sempcruivum (omcntosum ,
nouvelle espèce du groupe des Arac/moideœ), n. h, 28 janv,, pp. 56-59.
Jaeycr (G.). — Uebcr die relative Unschaedlichkcit von lieschaedigungen
des Starams und der Blaelter, etc. (Sur l'innocuité des blessures de la
tige et des feuilles avec perte de substance relativement au développe-
ment des feuilles et de toute la plante et sur les productions de racines
à des places inusitées) ; n" 5, 7 fév., pp. 65-72.
C«^/;an/ (Robert). —Ueber die taegliche Période des Wachsthums des Blattes
der Victoria regia Lindl. (Sur la période journalière de l'accroissement
de la feuille du Victoria regia Lindl., et sur l'accroissement des plantes en
général) ;n° 8, 28 fév., pp. 113-126; n" 9, 7 mars, pp. 129-1^3^1° 10,
\k mars, pp. 1^5-160; n" 11, 21 mars, pp. 161-171.
Martrin-Donos (C^ Victor de). — DescriptioGlaucii noviaunexisdiagnosibus
specierum affinium; n" 11, 21 mars, p. 171.
Hochstetter. — Kritische Bemerkungen ueber einige exotische Grasgat-
tungen und dabin gehoerige Arten, wodurch Irthuemer verscbiedeuer
Autoren berichtigt, etc. (Remarques critiques sur quelques genres de
Graminées exotiques etsur les espèces qui y rentrent, destinées à rectifier
leserreursde divers auteurs, et particulièrement adonner des explications
sur plusieurs Graminées publiées par VUnio itineraria) ; n" 12, 28 mars,
pp. 177-192.
Sendtner (0.). — Zur Kenntniss der bayerischen Brombeerstraeucher (Sur
les Rubus de la Bavière) ; n" 13, 7 avril, pp. 193-205.
Schultz (F.). — Eine neue Anémone (Une nouvelle espèce d'Anémone) ; n" 13,
7 avril, p. 205.
Massalongo (A.-D.-B.). —De nonnullis Collemaceis ex tribu Omphalariea-
rum, W \k,\h avril, pp. 209-215.
Boeckeler. — Neue americaniscbe Biedgraeser (Nouveaux Carex d'Amé-
rique) ;nM5, 21 avril, pp. 225-231,
Massalongo (A.-D.-B.). — De Thamnolia génère Lichenum nondum rite de-
finito brève commentarium ; n° 15, 21 avril, pp. 231-235.
Arnold (F.).— Ueber dicLaubmoosedesfraenkischen Jura (Sur les Mousses
du Jura français); n" 16, 28 avril, pp. 2^1-250.
Dippel. — ZurPrimordialscblauchfrage (Sur l'utricule primordiale); n°17,
7 mai, pp. 257-268; n° 18, 1^ mai, pp. 273-281 ; plane. IV.
Massalongo (A.-D.-B.). — Gênera lichenum aliquot nova proponit et de-
scribit; n" 18, 1^ mai, pp. 281-286; n" 19, 21 mai, pp. 289-292.
Landerer (X.). — Ueber die iuGriechenlaud vorkommenden Arzneipflanzen
96 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
(Sur les plantes médicinales qui croissent en Grèce) ; n° 20, 28 mai, pp.
305-317.
Boeckeler. — Kritische Bemerkungen ueber einige Seggen (Remarques
critiques sur quelques Carex qui ont été présentés comme espèces nou-
velles par Steudel dans son Synopsis pi. Ci/pemc); n"21, 7 juin, pp.
321-329.
Wolfner. — Kritische Bemerkungen ueber mehrere neue, seltene oder
zweifelhafte Pflanzeu der Flora Boehmens ^lAemarques critiques sur plu-
sieurs plantes nouvelles, rares ou douteuses delà Flore de Bohême); n''22,
l^juin, pp. 337-349.
Schuitz (C. -H.-Bip.) . — Verzeichniss der Gassiniaceen, velche Herr Edelstan
Jardin in den Jahren 1853-1855, auf den Insein des stillen Océans
gesammelt hat (Catalogue des Cassiniacées récoltées par M. Edelstan Jardin
en 1853-1835 , dans les îles de l'Océan pacifique); n° 23 , 21 juin,
pp. 353-362.
Schuitz (F.). — Die inFrankreich vorkommenden Arten von Gagea (Sur les
espèces de Gagea qui croissent en France) ; n" 23, 21 juin, pp. 363-366.
Fries (El.)— Beitrag zur naeheren Bestimmung von SchaeflVr's Icônes Fun-
gorum Bavariœ et Palatinatus (Note relative à la détermination des
Icônes Fungorum Bavariœ et Palatinatus de Schaeffer) ; n° 24, 28 juin,
pp. 369-373.
Vogel (A.). — Beitraege zur Kenntniss des Verhaeltnisses zwischen Licht
uud Végétation (Notes sur les rapporisqui existent entre la lumière et la
végétation) ; n''25, 7 juillet, pp. 386-388.
Buchenau (Franz). — Monstrositaet der Bluethe bei Dipsacus fullonum
Mill. (.Monstruosité de la fleur dans le Dipsacus fullonum Mill.) ; n° 25,
7 juillet, pp. 389-393.
Steudel. — Einige Beitraege zu der Chilesischen und Peruanischen Flora,
etc. (Quelques notes relatives à la Flore du Chili et du Pérou, écrites
surtout d'après les collections de Bertero et de LeclUer); n" 26, 14 juillet,
pp. 401-412 5 n° 27, 21 juillet, pp. 417-426 ; n° 28, 28 juillet, pp. 436-
444.
Guembel (Tii.) — Zur Entwickelungsgeschichte von Viscum album (Sur le
développement du Viscum album) \ w" 28, 28 juillet, pp. 433-436;
plane. VI.
Landerer {X.). — Botanische Notizen aus Griechenland (Notices botani-
ques relatives à la Grèce) ; n° 29, 7 août, pp. 449.
Koernicke (Fv.) Beitrilge zur Kenntniss der Gattung Crocus (Notes relatives
au genre CrocMs) ^ n» 30, 14 août, pp. 465-478).
Parla. - Imprimerie de L. MihTiftET, rue Mignon, 2.
SOCIÉTÉ BOTANIQUE
DE FRANGE.
SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1857.
PRÉSIDENCE DE M. MOQUIN-TANDON.
M. Diicliartre, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la
séance du 30 janvier, dont la rédaction est adoptée.
Par suite de la présentation l'aile dans la dernière séance, M. le
Président proclame l'admission de:
M. Keteleer, horticLilteiu', rue de Charonne, lZi6, à Paris, pré-
senté par 31M. Boisduval et Duchartre.
M. le Président annonce en outre trois nouvelles présentations.
Dons faits à la Société:
1" Par M. Decaisne :
Le Jardin fruitier du Muséum, livr. 1 et 2.
Note sur le Jardin fruitier du Muséum (extrait des comptes rendus
de l'Académie des sciences).
2° De la part de M. Àttilio Tassi, de Lucques :
Indice alfabetico dei giardini botanici o stahilimente coi quali VI. R.
orto botanico di Lucca trovasi in correspondenza.
Index scminum quœ in anno 1856 reperiuntur in eodcm horto I. R.
botanico.
3» De la part de M. C.-M. Guillemin :
Composition de laradiatlon solaire; son influence sur les êtres vivants.
/i" En échange du Bulletin de la Société r
Bulletin de la Société impériale zoologique d'acclimatation.^ numéro
de décembre 1856.
L'Institut., jativiei- et février 1857, trois numéros.
T. IV. 7
98 SOCIÉTÉ BOTANIQUE \)E FRANCE.
M. Duchartre, secrétaire, donne lecture cVune lettre de M. Leclère,
de 3Iontivilliers (du 11 février), relative aux sécrétions de quelques
Orchidées, etc. (1).
MM. les Secrétaires donnent lecture des communications suivantes,
adressées à la Société :
NOTE DE M. ROBERT CASPARY SIH LA DIVISION DE LA FAMILLE DES
HVDROCHARIDÉES , PROPOSÉE PAR M. CHATIN.
(Bonn, n janvier 1857.)
Notre honorable confrère, M. Chatin , a cru devoir diviser les Hydro-
charidées en deux familles, les Ottéliacées et les Hydrocharidées propres
[Comptes rendus, XLI, 1855, p. 819, et Anatomie comparée, 1856, p. k).
Les caractères des deux familles sont, selon lui, les suivants:
Ottéliacées. — Ovules anau-opes.
A. Ottéliées. — Axes et feuilles tous
vasculaiies. Des stomales à la face su-
péiieure des feuilles. Plantes flouantes.
(Ottelia.)
B. Enhalées. — Ovules à une seule
uiembrauc. Axes et feuilles non tous
vasculaires. l^as de stomates. Plantes
immergées. {Stratiotes, Enhalm.)
Hydrocharidées. — Ovules oitho-
tropes.
A. Hydrocharéen. — Axes et feuilles
tous vasculaires. Des stomates à la face
supérieure des feuilles. Plantes flot-
tantes. {Hijdrocharis, Limnobium.)
B. Vallisnériées. — Ovules à une
seule membrane. Axes et feuilles non
vasculaires. Vas de stomates, liantes
immergées. ( VaUisneria, HydrHla,Ana-
charis, Udora.)
Quant à la subdivision des Hydrocharidées propres en Hydrocharées et
Vallisnériées, un des principaux caractères sur lesquels elle est fondée est
que les premières ont, a la lige et aux feuilles, des vaisseaux qui, selon
M. Chatin, font défaut cbez les autres. M. Cbatin a dit aussi ailleurs
[Comptes rendus, 1855, XLI, 695, et Anat. comp., p. 21) que les vaisseaux
manquent aux ylnac/irtnc/ec's Endl., et il est vrai que, cbez ces plantes, la
ti^e adulte n'a point de vaisseaux; mais j'ai trouvé dans la tige non adulte
de VAnacharis Ahinastrum Bab. [Elodea canadensis Ricb.) que j'ai examinée
sur le vivant, a environ une ligne au-dessous du bourgeon terminal, un
vaisseau central tout seul (et non pas un faisceau de vaisseaux!) parcou-
rant dix a quinze entre-nœuds, et duquel partent à chaque nœud trois autres
vaisseaux qui se dirigent vers les feuilles , saus toutefois sortir de la
ti"e. Mais bientôt ces vaisseaux, qui sont des vaisseaux annulaires impar-
(1) M. liCclère ayant complété sa commuiiicalion par une seconde lettre lue à la
séance du 27 ft-vricr, c'est dans le compte rendu de cette séance (voyez plus bas
page lZi8) (lue Pou trouvera les extraits de ses deux lettres.
SKANCIO DU 13 ILVIUIU J857. 09
iaits, sont résorbés, et le vaisseau central de hi tige est traiisfoimé en un
canal qui se Irouvo au milieu du faisceau de cellules longues, cylindriques,
remplies de matière azotée, qui parcouri la tige. Les autres Anacharidées
ont probablement aussi ces vaisseaux transiloiies, mais il est impossible
de s'en convaincre par l'examen d'échantillons desséchés. Or, si les Ana-
charidées possèdent des vaisseaux, elles n'appartiennent pas à la tribu des
Vallisnériées de iM. CJiatin, caraclérisée, suivant lui, par l'absence de
vaisseaux; ou bien il faut cesser d'admettre ce caractère comme distinctif
delà tribu. D'ailleurs, M. Chatin lui-même a trouvé (une seule fois, il est
vrai) une petite tiachée dans le Vallisneria spiralis , trachée (jui, dans l'or-
gane où elle a été vue, existe peut-être toujours pendant la jeunesse de cet
organe.
La structure des fleurs ne diffèi-e pas essentiellement dans les denx
familles sépai'ées par M. Chatin, et notre honoiable confrère lui-même
reconnaît que la différence principale réside dans l'ovule, qui, suivant lui,
est anatrope chez les Ottéliaeées et orîhotrope chez les Hydrocharidécs. Je
n'ai pas eu occasion d'examiner le genre En/talus; mais les genres Strutiotes
et Ottelia oui en effet des ovules anatropes; ceux de VOttelia ont deux tégu-
ments 5 quant à ceux du Slratiotes, je ne puis pas reconnaître, sur le sec,
s'ils n'en ont qu'un seul. iM, Chalin a aussi raison en disant que le genre
H'jdrocharis a des ovules orthotropes à deux téguments. Endlicher {Gen.
pL, 1216) décrit ces ovules comme ascendants et anati'opes, ce qui n'est pas
exact. Mais quant aux ovules des Vallisnériées, les caractères que M. Chatin
leur attribue ne me paraissent pas tout à fait d'accord avec les faits.
J'ai examiné, il y a déjà quelques années, dans les herbiers publics de
Berlin et de Vienne et dans ceux de quelques amis, les ovules de plusieurs
piaules de ce groupe, telles que les Serpicida verticillata L. fil. (de l'her-
bier de Willdenow), Hydrillaovalifolia Kich., H. najadifolia Zoll, et Mor.
H. augiistifolia Mas^-k., Elodea giiyanensis Rich., E. canadensis Jlich.,
Anacharis Auttal ii Pïanch., A. ckilensis Planch., A. Alsinastrum Bi\b.^
Lagarosiphon muscoides Harv. , L. cordofanus [Udora cordofana Hochst.),
et j'ai trouvé les ovules de toutes ces plantes, sans exception, à deux tégu-
ments et non pas à un seul, comme M. Chatin les décrit. On peut s'en con-
vaincre en traitant ces ovules avec une solution de potasse caustique, qui
rend les téguments visibles, au moins pendant quelques instants. J'ai
vu aussi deux téguments chez le Vallisneria , et M, Chatin lui-même
attribue avec raison deux téguments à l'ovule de cette plante, dans sa notice
publiée dans le Bulletin de la Société Botanique de France (t. I, 185Zi,
p. 362, en note), quoique ailleurs il ne lui en donne qu'un seul [Comptes
rendus, 185^, p. 822, et Mém. sur le Vallisn. spircdis, 1855, p, 16 et 29,
pi. o, fig. 11, 11' et 13). Du reste, le \ullisneria spiralis a en effet des
ovules orthotropes et dressés, comme les a trouvés M. Chatin, et non pas
100 SOLIÉTfc; BOTAMQLE DE FIIANCE.
ascendnnts et anatropes comme Endlicher les décrit. Mais ni l'orthotropie,
ni les deux téguments des ovules du V. spiralis ne sont des faits nouveaux.
M.Treviranus(6'//»?6oto, 1831, p. 7/i, tab. IF, f. ^3 elhh] a décrit et figuré
la graine de cette plante et son embryon comme inverse, et M. Scbieiden a
aussi, dès 1837 [Nov. acta Acad. Lcop. Car., XIX, ii, p. ^5, t. 3, f. 25),
décrit et figuré ses ovules comme orthotropes et pourvus de deux tégu-
ments, qui ne sont pas formés, comme le dit M. Cbatin {Bull. Soc. Bot.
Fr., I, p. 362), d'un seul rang d"ulricules, mais de deux, les téguments
d'aucune plante n'étant jamais, ([ue je sacbe, formés d'un seul rang(l). Les
ovules dt'S Eludea, Anachuris [Lkloro], Lagarosiphon, sont en effet ortbo-
tropes, ainsi que M. Cbatin lésa trouvés. Ricbard figure la graine de VElodea
comme ayant la plumuledirigée vers le bas(;'J/em. de l'Institut^ aun. 1811,
pi. 1, F.), de sorte que l'on peut en présumer l'orthotropie, bien que, par
erreur, Endlicher ail décrit, chez VUdora {Elodea Uich.), la radicule comme
infère.
M. Harvey [Hooker's Journ. ofBot., 1862, IV, p. 230, pi. 22) a figuré
avec exactitude les ovules du Lagarosipfion comme orthotropes-, mais, dans
la description de la graine, il a commis une erreur en décrivant la radicule
comme infère. Quant au genre HydriUa, M. Cbatin n'a pas reconnu exacte-
ment l'organisation et la situation des ovules. Chez Vlli/drilla verticillata
[Serpicula verticillata L. fil.) les ovules ont deux téguments et sont ana-
tropes. Les ovules supérieurs ou les deux plus hauts sont généralement
ascendants, c'est-à-dire qu'ils ont le funicule dirigé vers le haut et le
inicropyle vers le bas. Les autres ovules sont pendants et leur micropyle
est dirigé vers le haut; mais je n'ai pas été le premier à observer cela , car
M. Hasskarl [PL juv., 18/i8, p. 118) adéjcà décrit la direction différente des
divers ovules de YHtjdrilla\ mais ce botaniste indique à tort les ovules
supérieurs comme pendants et les ovules inférieurs comme ascendants. Ra-
rement on trouve, par anomalie, un ovule hémi-anatrope.
M. Cbatin, <à l'exeniple de Près! [Abhandl. dcr Kœnigl. Bœhm, Gesellsch.
d. Ms.s., 18/;5, 111, 562) et de M. Plancbon {Anii. se. nat., 3" série, 1869,
XI, 79), a réuni dans le genre HydriUa [Anat. comp., p. 22) les II. ovali-
folia Ricb. et tuijadifolia Zoll. et i\Ior., et le Lagarosiphon Harv., c'est-
à-dire des plantes génériquement différentes. Dans la diagnose du genre
Ilgdrilla [loc. cit.), il décrit les spatlus des fleurs mâles comme uniflores,et
néanmoins il place le Lagarosiphon dans le genre Hndrilla, bien que, cbez
le Lagarosiphon, un grand nombre de fleurs mâles se trouvent réunies dans
une même spathe, ce que M. Harvey a bien figuré {Hooker's Journ. of Bot.,
(Ij La fij;uro (!<> l'oviili' du \'(illisnf'ria spiralis (Iouik'i' par M. .Schk-idon rst
reproduite dans les Ainialrs dos svicnccy naturelles {'ô' .série. iS2id, \\. Vi, (ig. 3),
mais mullicureuscnKMil i'exi)licaiiyii de o/tie figure ne se trouve pas dans le icxlc.
SI^.ANCK V.V. n IKVniKU 1857. 101
TV, pi. 22, fig. '^ (l/i)- l-t'sc;iraolcMCs {linVieiiticIs des -oi.ifs J/ydnl/n d
Lnrjnrosiphon sont les siiivaiUs, outre ci'liii qui est relatif au nombre de
lleiirs niâlos contoiîues dans la spathe.
llljdrilla lîicli. .
Lagaroaiphon llarv.
1. demmiilae ortiiotropa',
2. G(Mnniulae onines orocla',
;5. Folia sparsa,
U. Folia duo (vel Iria?) membraiiacea
ad basin rami in vagiiuun coiinata.
1. r.emmula; aiiatiop;i>,
'2. C.pmmidœ inftîriorcs pcndniai, supe-
riores adscendentes,
3. Folia verllcillala,
h. Foliiim uniciim ad basln rami ani-
plcxicaulo.
Tl me paraît résulter de ce qui précède, que le genre Hydrilla ayant des
ovules anatropes et ne pouvant d'ailleurs être séparé de ses plus proches
voisins les genres Elodca {Anacharis et [/dora Auct. — Apalanthe Plancb.)
et Lagarosiphon, la division des Hydrocbaridéesde Richard en Ottéliacées
et Hydrot'haridécs propres, proposée par M. Chatin et basée uniquement sur
l'organisation des ovules, ne peut être maintenue.
LETTRE DE M. E. GERM.%IIV DE SAI\T.PIERRE. i
A Monsieur le Président de la Société Botanique de France.
' Coslebelle, près Hycres (Var), 31 janvier 1857.
Monsieur le Président, l'état de ma santé m'oblige à passer cet hiver loin
de Paris; je suis allé demander au beau ciel et à la douce température do
la Provence les forces dont je désire surtout le retour pour les consacrer,
comme par le passé, tout entières à l'étude. Veuillez, je vous prie, me per-
mettre de dire à nos confrères de la Société combien je suis cruellement
privé de ne pouvoir assister de plusieurs mois à nos séances.
J'ai quitté mon séjour d'été de la INièvre le 20 novembre; à Mâcon
les montagnes étaient couvertes de neige; à Lyon ce n'était plus qu'une
pluie froiJe et un ciel brumeux ; à Nimes, où j'arrivais le lendemain, je
trouvais un ciel pur, un soleil magnifique, une température tiède le matin
et cliaude le jour. — Le point que j'habite aux environs d'Hyères (à Coste-
belle) est presque le plus méridional du littoral de la France; j'ai compris,
dès mon arrivée , tout le parti que je pouvais tirer , pour mes recherches,
d'un hiver passé sous un pareil climat.
J'adresserai à la Société l'ensemble des notes botaniques que j'ai recueillies"
en décembre et en janvier; j'ai partagé ces notes en plusieurs séries qui
com.prennent : 1" des observations relatives à la flore locale (époques de
floraison et de maturation, etc.); 2' des observations relatives aux plantes
cultivées ici en pleine terre et particulièrement aux plantes tropicales;
10*2 SOCIÉTÉ ROTAMQIE DK FRANCE.
3° eniiii, des observations diverses d'orjïanogi-aphie et de tératologie, — J'ai
t'onsigné dans ces notes ce qui frnppe le plus un liabitant du nord trans-
porté brusquement à la pointe la plus méridionale de la Provence, et étonné
de trouver, sans quitter le sol de la France, un climat propre à la végéta-
tion des Palmiers. Je n'envoie d'ailleurs à la Société que les impressions
de voyage d'un botaniste; quelques faits m'ont paru peu connus^ d'autres,
qui le sont davantage, auront surtout le mérite d'être signalés, non par oui-
dire, mais de visu. Il ne faudrait pas, du reste, juger du climat et des pro-
ductions de la Provence par ce que j'ai à dire des environs d'Hyères; ce
petit coin de la France doit en effet sa température (exceptionnelle même
pour le littoral de la Provence) à ce qu'il est complètement abrité des vents
du nord par une triple ceinture de montagnes qui en font une véritable
serre cbaude à ciel ouvert.
J'ai Thonueur, etc.
OBSERVATIONS SUR L'ÉTAT DE LA VÉGÉTATION AUX ENVIRONS D'HYÈRES PENDANT
LES MOIS DE DÉCEMBRE 185G ET DE J.\NVIER 1857, par M. E. C^FK'HAIX I»E
§ I, — VÉGÉTATION SPONTANÉE.
Aspect du pays aux environs d'Hyères. — Les montagnes qui dominent
Toulon sont rocheuses et dénudées-, en se rapprochant d'Hyères, oit peut,
des points culminants, apercevoir à l'horizon les sommets des basses Alpes
et des montagnes de Nice, actuellement couvertes de neige; mais les mon-
tagnes du premier et du second plan sont moins élevées : c'est là que s'é-
tendent les bois de Chêne-r.iége. Une chaîne de hautes collines, qui court
parallèlement à la côte et dont le pied plonge dans la mer, est cou-
verte de forêts de Pinus halepensis, et sur quelques points de la côte de
Pinus Pinea. C'est dans le repli d'une de ces collines, et au niveau de la
petite ville d'Hyères (Olbia), qu'est située la villa de Costebclle, centre de
mes explorations. Un bras de mer d'une à deux lieues de largeur sépare
la côte de la presqu'île de Gien et des îles montueuses de Porquerollcs, de
Port-Croset du Levant [Insidœ Stœchades). Gien et les îles de Por(iuerolles
et de Port-Cros sont peu habitées : une garnison occupe les forts qui y sont
établis. L'île du Levant ou du Titan, qui est la plus grande et la plus éloi-
gnée, est presque entièrement livrée à la nature et doit être, par consé-
quent, la plus intéressante au point de vue de la végétation spontanée; elle
est cependant moins accidentée que les précédentes. Quelques îlots plus ou
moins couverts de végétation, et qui élèvent à la pointe des îles leurs ro-
chers dénudés au-dessus de la mer, sont les crêtes les moins élevées de la
petite chaîne de montagnes sous-marines qui constitue les îles.
Les îles et les montagnes de la côte étaient, dit-on. il y a moins d'un
SKANCK DU 13 Fî;\nii:iî 1857. 103
(Iciiii-sièc'Io, convoites cl(! l'u^èts il(3 pins Muip;ni(K|iies cl de clu^ncs séculai-
res : ces belles el aiicieiuies loriHs ont disparu. Aujourdiuii, de jeunes bois
de Piniis /la/epemis, qui sont conpt'S en berbc, continuent sur la nionta<^nc
l'aspect un peu monotone des plantations d'oliviers qui s'étendent dans la
plaine. Pendant l'hiver, ces jeunes bois de pins sont nettoyih des arbustes
et des buissons de myrtes et de romarins (jui poussent entre les arbres, et la
parure de la montagne est convertie en fagots. Mais, telle est la puissance
de la végétation dans ce climat favorisé, qu'une ou deux saisons suffisent
pour recouvrir les pentes rocailleuses d'une nouvelle végétation frutescente.
Liate des principaux arbres et arbustes à feuilles persistantes qui don-
nent, pendant l'hiver, un aspect verdoyant aux collines boisées et aux
basses montagnes : Pinus halepensis, P. Pinea, Quercus Suber, Q. Ilex, Q.
coccifera (couvre de ses touffes basses et compactes les pentes rocailleuses
des montagnes de grès et des terrains calcaires), Juniperus Oxycedrus, J.
Lycia (l'ochers au bord de la mer), Myrtus comtmmis (forme des buissons
impénétrables dans les collines et dans les rochers au bord de la mer), Pistacio
Lentisciis (mêlé aux autres buissons), Arbutus Unedo (çà et là dans la mon-
tagne) en fruits mûrs et en fleur pendant le mois de décembre, Oleaeuropœa,
çà et là spontané, Phillyrea angu.sfifolia, Jtltaimms Alaternus, Vibumuni
Timis, dont les fruits, comme ceux des arbres ou arbustes précédents,
achèvent de mûrir pendant l'hiver, et sont encore, la plupart, attachés aux
rameaux quand la nouvelle floraison commence; le V. 7Vnî<s paraît ici tout à
fait spontané, plusieurs de ses corymbes ont commencé à s'épanouir le 20
janvier ; le Neriicm Oleander (Laurier-Rose) est abondant dans les ravins des
hautes montagnes, ses longs fruits siliquiformes s'ouvrent dans cette sai-
son, et laissent échapper leurs flocons de graines mûres. — -Les plantes fru-
tescentes ou sous-frutescentes, à tige verte ou à feuilles persistantes, pen-
dant décembre et janvier, sont: Spartium Juncewn , Cytisus spinosus ,,
Jasminum fruticans, Globulai^ia Alypum, Lavmidula Stœchas, et L.Spicn,
Thyimis vulgaris, Rosmarinus officinalis, Cistus salvifolius, C . albidus,
C. mo7ispjeliensis, ete ; Asparagus acutifolius, Smilax aspera, Ruscus
aculeatus, etc. — J'ai trouvé l'autre jour (20 janvier), dans un rocher exposé
au midi et humecté par un filet d"eau, les premières touffes fleuries du
Thymus vulgaris et du Lavandula Stœchas; il n'est pas de Labiée d'un
port plus élégant et d'un aspect plus agréable que le Lavandula Strochas;
ses épis prismatiques veloutés, surmontés d'une rosette de bractées colorées,
présentent plusieurs rangs de fleurs d'un pourpre noir, à gorge rose, dont la
couleur contraste avec le vert blanchâtre du feuillage. Le Romarin, non
moins abondant que la Lavande, n'a cessé de fleurir depuis le commence-
ment de l'hiver.
Parmi les plantes herbacées d'autmnne dont la floraison s'est continuée on
s' affaiblissant pendant le mois de décembre, et s'est à peu près terminée
\0!l SOCIÉTÉ BOTAMQfE DE FRANCE.
'pendant In première quinzaine de janvier, je citerai : Scabiosa lucida, Cen-
trant/tus ruber. Aster Tripolium, Inula crithmoides, Buphthalmum spino-
swn, Chrijsantliemum segetum, Centaurea snlstiticdis, C. aspera, Conyza
saxatilis, Picris Inerncioides, Andryala integrifolia, Antirrliinum majus,
Calamintha Ncpeta, Galeopsis Ladamim, etc. — Les phmtesdont la floraison
continue depuis l'automne jusqu'à ce jour (31 janvier), et nie parait devoir
continuer tout l'hiver, sont : Alysswn maritimum (herbo blanco), très com-
mun partout, Fî'odiwn romanmn, Reseda Phijteuma, Diplotaxis erucoides,
Bellisperennia var. sylvestris, Anthémis mi xta, Vincaîntermedia, Borrogo
offlcinalis, Antirrliinum Orantiiim, Salicornia fruticosa, Passerina hirsuta,
Eujiltorbia segetalis, Ceterach of fie inarum, Pol y podium mdgare, Ad.iantum
CapiilusVeneris, etc., et quelques autres plantes communes partout, telles
que : Senecio vulgaris , Solanuin ochroleucum, Thlaspi Bursu pastoris,
Sonchus oleraceus, Euphorbia Peplus, qui retleurissent ici comnie aux en-
virons de Paris, mais plus abondamment; enfin, dans les plates-bandes des
jardins : Sinapis nigra et S. alba, Diplotaxis viminea, Thlaspi alliaceum,
Hypecoum procumbens, Fumaria spicata ç.\. F . parviflora.
Les plantes vernales dont la floraison a commencé en janvier sont : Ficaria
grandiflora, Fumaria major, F. capreolata, Bellis annua, Calendula ar-
vensis (qui fleurit en même temps dans les vignes aux environs de Paris),
Urospermum Dalcchampii, Picridium vulgure, Thrincia tuberosa, ^'ero-
nica filiformis, V. agrcstis, Euphorbia IJelioscopia, E. Characias, Cory-
lus Avellana, Iris spuria, Narcissus Tazetta, A. polyanthos, A}'um Arisa-
rum^ Ophioglossum lusitanicum. De ces floraisons, celles du Calendula, du
Corylus et de \'Arum Arisarum sont seules franchement hyémales, les au-
tres ne font que commencer à poindre. A ces espèces, il faut ajouter les
espèces méditerranéennes suivantes, {jue je n'ai eu occasion de rencontrer
encore que dans les jardins: Lovatera arborea, Anagyris fœtida et Cneorum
tricnccum. — Les collines sont déjà parsemées des rosettes de nombreuses
espèces û'Orchis, Ophrys, Serapias, etc., dont les fleurs ne paraîtront qu'au
printemps. Lesespècesde Liliacéesetd'Aniary!lidées(r«///;c;, Allium, Scilla,
Aarcissus, etc.) sont nombreuses, et plusieurs ne tarderont pas à fleurir;
les pentes rocailleuses sont couvertes des rosettes de VAsphodelus 7'amosus.
On voit que, sous ce climat privilégié, les floraisons hâtives du printemps
succèdent sans interruption aux floraisons tardives de l'automne. Les flo-
raisons d'hiver ne sont cependant ni aussi abondantes ni aussi variées que
l'aspect verdoyant des collines pourrait le faire penser au premier ctuip
d'oeil ; cet aspect est dû surtout à l'abondance des arbres et arbrisseaux à
feuilles persistantes. Il me semble, en outre, que la floraison des espèces
qui, sous notre climat parisien, épanouissent leurs fleurs exclusivement
pendant Ihiver, constitue un phénomène bien plus remarquable que celui
que j'observe sous un climat où l'hiver est plus chaud que nos printemps.
SÉANCE Di; 13 Fiivuii:u 1857. 105
N'avons-noiis pas en effet, en février, le Corylns, le Calciululu, les Dap/ine,
VEranthb hycmaUs, le Galant/ius nivalis ; dès le mois de mars, le Coryda-
lis solida, les Bellis, Taraxacum, Ilolosteum, Saxifmtjn, Mi/jorn, et niènie
Pulmonaria et Ficaria ; et ne voyons-nous pas llcmir sous la neige, dans
nos jardins, les Primevères, la Violette et \eSaxifi^aga crassifolia? Le tem-
pérament essentiel d'une plante détermine donc surtout l'époque de son entrée
en végétation, de sa lluraison et de son repos plus ou moins eompict et plus
ou moins long; et, à part quelques différences accidentelles dues à des pluies
ou à des sécheresses, à des chaleurs ou à des froids plus ou moins prolon-
gés, plus ou moins précoces ou tardifs, l'époque de la floraison est indé-
pendante du climat; en effet, de même que la rigueur de la température
n'empêche pas, dans nos climats du nord, le Galanthm nivalis de fleurir, la
chaleur du soleil n'ohlige pas non plus, en Provence, les espèces vernales à
fleurir pendant l'hiver. — Une plante des climats chauds, transportée dans
un climat froid et en pleine terre, entre en végétation à la même époque que
dans son pays natal ; les efforts de la nature sont souvent impuissants pour
la faire aboutir à la lloraison, mais elle lutte jusqu'à ce que la gelée l'ait
frappée de mort.
§ II. — État des jardins.
Passons maintenant aux plantes tropicales qui sont cultivées en pleine
ferre dans les jardins de Toulon, et surtout d'Hyères, et dont un certain
nombre ont fleuri pendant les mois de décembre et de janvier. La 'tempé-
rature de ces deux mois a été très douce à llyères : la température du matin
et du soir a été de + 8° à 10° rarement seulement a" à 5° ; la température
du jour a été de -[- 10° à 18° à l'ombre. Le soleil, qui a rarement été voilé,
était souvent très chaud de onze heures à trois heures; le thermomètre
exposé au soleil montait rapidement à + 35" et 40°. Bans les deux derniers
jours de janvier, il est descendu le matin au-dessous de zéro ; il y avait de
la glace au nord des collines et dans la plaine, mais les jardins généralement
bien exposés n'ont pas souffert. Le mois de février s'annonce par des tor-
rents de pluie, mais cette pluie est tiède comme celle de notre mois de mai.
On conçoit {|ue cette température rende ici l'usage des serres presque
inutile pour les plantes dites de serre tempérée, et même pour quelques-
unes dites de serre chaude. Beaucoup de ces plantes, en effet, demandent
moins une température toujours élevée, qu'elles ne craignent un froid acci-
dentel trop vif; il leur suffit que le thermomètre ne descende pas, ou des-
cende peu au-dessous de zéro. Nous avons des Bananiers en pleine terre :
nos faibles gelées ont tué leurs feuilles, mais les parties souterraines de la
plante n'ont pas été atteintes et donneront ^es tiges vigoureuses au prin-
temps. Il en est de même des Pontederia cordata plantés dans les pièces d'eau
et dans les bassins, leurs feuilles ont subi (vers le 30 janvier) les atteintes
10() SOCIÉTÉ ROTANIQLR DE FRANCE.
(If In gelée. Les tiges et les feuilles seules des Cnmio sèchent, comme dans nos
jardins, après la maturation des graines ; on ne rentre pas Ws Sfrditzia,
leurs feuilles n'ont pas souffert; le Tritomn nwdia commence à épanouir
sou magnifique épi de fleurs roses. Les dattiers et les orangers sont d'une
vigueur merveilleuse et achèvent de mûrir leurs fruits. L'arbre tropical
qui m'a frappé le plus est un magnifique Latania borbonica de onze ans,
qui végète sans abri et étale des palmes magnifiques à Hyères (1). Les nom-
breuses espèces ù' Acacia de l'Australie (à rachis dilatés non folioles) sont
plantées dans tous les jardins et sont actuellement couvertes de jeunes ca-
pitules qui ne s'épanouiront que dans deux ou trois mois ; plusieurs autres
Acacia (à feuilles [)innées) sont garnis de leur élégant feuillage, et fleuris-
sent en pleine terre pendant tout l'hiver, tels sont : Acacia Farnesiana
(nommé improprement dans le pays Cassie), et surtout Acacia leptophylln
et A. lophantha. Ces arbres poussent avec une vigueur et une rapidité pro-
digieuses; j'ai mesuré un A. leptophylla âgé de quatre ans: sa circonfé-
rence à sa base est de 70 centimètres, et il se divise en trois branches, dont
chacune a 32 à 35 centimètres de circonférence : la hauteur de l'arbre est
d'environ 5 mètres.
Parmi les arbres ou arbustes dont la floraison a commencé en janvier, je
citerai encore les Cassia tomentosa, corymbosa et graadiflora, le Spar-
tium Scorpius, le Medicago arborea^ le Calycanthvs prœcox (dont la fleur
à odeur de jasmin devrait étie utilisée par les parfumeurs), le curieux Castia-
rina equiseti folio, \e Jasminum revoliidmi, le Laurus Camphora^ VEphedra
nltissima et une charmante Protéacée, le Grevillea Thelemanni. — VEriobo-
Iryajupjonica (Néflier du Japon), dont les fruits mûrs se vendent en été sur
le marché et sont glacés par les confiseurs, était en fleur pendant le mois
de décembre; ses fruits sont noués maintenant, sa floraison coïncide avec
celle de VArbulus Unedo. — Outre les plantes que je viens de nommer, j'ai
vu fleurir dans les jardins, en décembre et en janvier : Malcolinia inaritima,
dMuttIdola incana, TropŒohmi Lobbianum, Abutilon striahim, Passif ara C(i>-
rulea, Ulex provincialis, Scdvia mexicana, S. coccinea, S. falgens, etc.
Teucrium fruticans, Heliotropiwn peruvianum, Cobœa scandens, Habro-
tainnus elegans, Buddleia glaberrima, Maurandia antirrJdnifora, Veronica
speciosa, Dafura arborea, Nicotiana glauca (subspontané sur les vieux murs
où il est subarborescent), Pétunia nyctaginifora, P/dumis fruticans, Eupa-
loriimi ndcranthum, Ageratum cœrulouui, Apunogefon distachyon, Me-
deola asparagoides (en fruit), Gladiolus xantJiophyllus, et, dans le courant
de janvier plus particulièrement : Oxalis remua, 0. purpurca, Polygala
/iiyrtifolia, P. Dalinaisiana, P. cordata, e\.c.;Jas)in7iuni revolulum, Canarirm
Campanula, Lavandula dentcfki, Lobelia Erinns, Gladiolus fragam, Iris sty-
(1) Jardin de M. r.anlonnol, pépinit^riste.
siÎANr.K DU 13 Fi^:vRiF.n 1857. 107
lam, Lencoium vemicin, vie. — Diî nomlu-ouscs (>spèccs do la famille des
Cactées et do oolle des Mésembryanthéméos subissent égaleinont dans les
jardins, sans en souffrir, la toinpératurc de rhivor, mais ne fleurissent pas
dans cette saison.
M. Cosson fail remarquer que M. Germain de SaiiiL-Pierre signale
l'Olivier eomme spontané près d'Hyères. Cependant il ne pense pas
que cet arbre ait été jamais trouvé incontestablement à Tétat sauvage
dans le midi de la France.
M. Docaisne est d'avis que la forme sauvage appelée Oleas ter [ioiir-
rait bien avoir toujours existé en Provence. Cette contrée serait alors
la limite vers le nord-ouest de la région naturelle de XOleaster. Les
Phéniciens ou les Grecs y auraient peut-être introduit les variétés
d'Olivier cultivées, après y avoir reconnu l'existence de la formo
sauvage.
M. Moquin-Tandon dit avoir vu en Corse de nombreux buissons
d'Olivier, à feuilles plus petites même que celles du Buis, et qui lui
ont été signalés comme complètement sauvages.
M. Prillieux ajoute qu'il a vu souvent les Oleaster porter des fruits
de formes diverses. Il suppose que ce sont les oiseaux qui sèment les
fruits de ces variétés sauvages.
M. Cosson dit qu'en Algérie, où l'Olivier est évidemment spontané,
l'arbre à l'état sauvage fructifie aussi bien que la forme cultivée. Il a
même appris qu'à Mascara un moulin avait été construit pour ex-
traire l'huile des fruits de l'Olivier sauvage, qui, dans cette contrée,
atteint les dimensions de nos arbres fruitiers.
BI. Docaisne fait remarquer qu'il n'est pas prouvé que les grands
Oliviers dont parle M. Cosson soient identiques avec XOleaster.
La spontanéité du véritable Olivier en Algérie ne lui paraît pas avérée,
et il est porté à considérer cet arbre comme essentiellement oriental,
ayant été introduit même en Grèce, et spontané seulement dans l'Asie
Mineure.
M. Balansa dit qu'en Cilicie, l'Olivier sauvage forme de véritables
forêts. Lorsqu'il se présente sous la forme de buisson, il est facile de
le confondre avec les Phillyrea, à cause de la forme et de la dimen-
sion des feuilles.
M. Cosson rapporte que, dans les rochers et dans les montagnes
des plateaux sahariens de l'ouest de l'Algérie, il a vu l'Olivier sous
forme arborescente ou sous forme de buisson, bien ({U(» l'arbre n'y
108 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
soil cultivé niilie part. — M. Cosson demande ensuite ù M, Balansa
si, dans l'Asie Mineure, les Oliviers sont semblables à ceux d'Algérie,
et s'ils croissent dans des stations analooues.
M. Balansa répond que l'Olivier croît abondamment en Cilicie et
dans les mêmes conditions qu'en Algérie. La hauteur de l'arbre di-
minue insensiblement en s'élevant de. la plaine dans la montagne.
M. Balansa ajoute qu'aux environs de Batna (Algérie, province de
Constantine), à environ 1000 mètres d'altitude, il n'a observé que
deux ou trois pieds rabougris (ÏOleaster. L'Olivier ne paraîtrait pas
être spontané dans la région saharienne de cette province. Si M. Cosson
a pu le voir abondamment dans le sud de la province d'Oran, c'est
probablement par suite de la différence d'altitude et de conditions
climatériques.
M. Kralik ajoute à son tour que, dans la régence de Tunis et en
Egypte, il n'a vu nulle part l'Olivier à l'état spontané.
M. Eugène Fournier fait à la Société la communication suivante :
NOTE SUR QUELQUES ESPÈCES NOUVELLEMENT OBSERVÉES AUX ENVIRONS DE PARIS ,
par M. EIG. FOL'RMER.
Je demande à la Société la pern)lssion de l'entretenir de quelques faits
intéressants de naturalisation observés aux environs de Paris. Je le fais
avec d'aillant plus d'empressement que les observateurs ne comptent pas
tous au nombre de nos confrères, et que la mention faite de leur découverte
au sein de la Société en est pour eux la récompense flatteuse et assurément
méritée.
1° Le Thalictrum angustifolium L., a été recueilli le 12 juillet 1856 par
M. Ad. Gilon, au bois de Vincennes, le long de la route de Nogent. On sait
que cette espèce, qui habite le département du Doubs et l'Alsace, n'avait
pas encore été rencontrée dans le rayon de la flore parisienne.
2° Mon frère a trouvé au bois de Boulogne, le 3 mai 1855, aux environs
de Madrid, le Géranium jihœwn [.., que plu>ieurs membres de la Société
ont pu récolter en abondance, a la (in de juillet dernier, dans les montagnes
d'Auvergne. Cette espèce, que j'ai depuis cultivée avec facilité, fleurit plus
tôt dans notre région, et devient plus forte, plus herbeuse et moins velue
que dans les pâturages élevés et un peu froids des monts Dômes.
Le hois de lioulogue, je le sais, est la patrie des plantes naturalisées (quel-
ques-uns de nos collègues }^ sèment annuellement des plantes cultivées ou
étrangères à notre floi-e) : je n'aurais donc pas attribué une gi'ande impor-
tance a la déconvei'te de mon iVère, si mon excellent collègue, M. Amblard,
ne m'eût appi'is cpi'il avait 'louve, Jurant le méine été, la même espèce
sÉANCK DU VS rKVi!ii;ii 1857. 109
dans le bois do Chaville. Peut-être le Géranium phœum f., devra-t-il
prendre raiii:; parmi les espèces parisiennes.
3" Enfin j'ai à vous présenler, messieurs, le Barbarea prœcox R. lir. ,
indiqué par Mérat d;ins ({uelques localités de nos environs, rayé depuis
du catalogue par MM. Cosson et Germain de Saint-Pierre, et que j'ai retrouvé
dans la foret de Saint-Germain le 13 mai 185t).
Si je ne craignais de dépasser les limites d'une simple note, je citerais ici
quelques espèces rares recueillies à des localités nouvelles : V Anémone ra-
nimculoldes L., au château de la Chasse, dans la foiét de Montmorency,
par M. I.e llardelay; V HcUanthemum cunum Dun., sur les coteaux cal-
caires de Moret, par iMM. Hagueron et Bonnet (ce qui relie les stations con-
nues de cette plante entre Paris et Rouen à celles qu'elle occupe en Bour-
gogne) ; le Scirpus supinus L., à Villeneuve-Saint-George, dans les mares
qui bordent le chemin de fer, par M. GiUiu, etc.
Je termine en remerciant vivement M. Cosson de l'obligeance extrême
qu'il a mise a me seconder dans la détermination du Thalictrum qui fait
l'objet principal de cette note.
M. Decaisne l'ait hommage à la Société des deux premières livrai-
sons de son nouvel ouvrage intitulé : Le Jardin fruitier du Muséum^
et expose le plan de ce travail.
M. Decaisne donne ensuite lecture de la communication suivante,
adressée à la Société :
REMARQUES AU SUJET DES OBSERVATIONS DE M. LE D' CLOS, RELATIVES AUX
VRILLES DES CUCURBITACÉES , par M. C. I^ÎAÏJDIIV.
(Paris, 10 février 1857.)
J'ai pris connaissance, dans le Bulletin de la Société Botanique (t III,
p. 545 et suivantes), des arguments que M, le docteur Clos oppose à l'ex-
plication (lue j'ai donnée de la nature de la vrille chez les Cucurbitacées.
IMon opinion n'en a pas été modifiée, et je tiendrai mon interprétation pour
bonne jusqu'à ce qu'on m'en présente une meilleure; mais puisque la ques-
tion a été remise sur le tapis, je profiterai de l'occasion pour exposer les
motifs qui ne me permettent pas d'accepter la théorie pioposée par iM. Clos,
et pour mettre sous les yeux de la Société une de ces vrilles métamorpho-
sées dont j'ai parlé dans ma note. Elle a été cueillie, en 1855, sur une variété
de Cueurbita Pepo à fruits très petits et très déprimés, qui nous avait été
envoyée par M. E. Vilmorin sous le nom de Apple early egg, que j'ai tra-
duit par celui de Co/o*7?/î?îfe-/jo??2me /n^J^/ye. Ea plante en question ne pro-
duisait pour ainsi dire que de ces vrilles anomales, plus ou moins retournées
à Tetat de feuille par leur extrémité, et portant, sur ce ([ue j'appellerai leur
110 SOCIÉTÉ BOTANIULE DE FRANCE.
pédicule, un bourgeon tantôt rudimcntaire et presque imperceptible, tan-
tôt, au contraire, fort développé et présentant, outre de petites feuilles, des
boutons de fleurs inales et de fleurs femelles, faibles sans doute, mais par-
faitement conformés. I. 'échantillon ici présent est une vrille entière, déta-
chée à sa base même du rameau qui la portait. On voit que le bourgeon,
situé à environ un centimètre au-dessus de cette base, s'est lui-même dé-
veloppé en un rameau, long aussi d'un centimètre, et sur lequel il est facile
de reconnaître une petite fouille et deux boutons de fleurs mâles. Le reste
de cette vrille, comme chacun peut encore le constater, est un pétiole long
et grêle, terminé par une feuille dont les nervures se prolongent au delà du
limbe avec tous les caractères des divisions d'une vrille normale.
Je rappelle que j'ai observé tous les passages entre les vrilles dont les
bourgeons étaient le plus développés et celles où ils avortaient pour ainsi
dire totalement et sans laisser de traces. Suivant que cet avortemeut était
plus complet, la vrille reprenait davantage l'aspect qu'elle présente d'habi-
tude, et finissait par ne plus différer des vrilles proprement dites. Lorsque
j'assigne à ces organes une nature mixte, axile dans une partie plus ou moins
grande de leur pédicule, foliaire dans le reste, je ne fais donc que me
conformer a un fait matériel qui n'est pas aussi rare que M. Clos semble le
croire, puisque d'autres l'ont signalé avant moi et que je l'ai trouvé simul-
tanément sur plusieurs plantes appartenant à des variétés très différentes
du Cucurbita Pepo.
Je ne puis admettre, avec M. Clos, que la vrille des Cucurbitacées soit
un dédoublement latéral de la feuille:
1° Parce que la théorie du dédoublement, en tant qu'on l'applique aux
feuilles, n'est rien moins que prouvée.
2° Parce qu'en admettant comme pos-ible en principe le dédoublement
des feuilles, il faudrait, pour que l'explication proposée par M. Clos fût
recevable, même à titre de simple hypothèse, qu'elle s'appuyât au moins
sur des analogies, c'est-à-dire sur des faits bien constatés de ce dédouble-
ment latéral, ce dont il n'y a, je crois, aucun exemple authentique à citer
dans le règne végétal. Faute de reposer sur des faits de ce genre, éloignés
ou proches, sa théorie doit être considérée comme purement gratuite.
3" Parce que les feuilles des Cucurbitacées sont toujours parfaitement
symétriques, c'est-à-dire formées de deux moitiés semblables et égales, ce
qui ne devrait pas être si une partie quelconque en était détachée pour se
pri'senler sous la forme d'un organe distinct et séparé.
W Parce que, pour expliquer les faits anormaux que j'ai cités, M. (^los
est obligé lui-même de recourir à la supposilion de soudures qu'il
semble me reprocher de faire intervenir pour donner une idée, -sinon une
explication, de la structure complexe des tiges des Cucurbitacées. Effecti-
\eMienl,s'il admet que, dans les vrilles gemmifères dont j'ai parle, le bour-
tjÉANCE DU 13 FÉVRIER 1857. 111
geou, né ailleurs que sur le pédicule de la vrille est soudé avec ce deriiiei-
sur une étendue plus ou moins longue, il n'est plus autorisé à me contes^ter
{|ue la vrille est le dernier soupir d un rameau dont l'origine véritable est
déguisée par sa coalescence avec d'autres axes et qui est alors supplanté par
eux.
Dans une première note qui a été, je crois, communiquée à lAcadémic
des sciences, en 185G, IM. Clos s'autorise de la structure des vrilles du Cu-
runiis bicirrha (il eût fallu dire bicirT/ms) de Forster, pour coiicliirequccps
organes, qu'il suppose exister ici simultanément des deux côtés de la
feuille, sont les analogues des stipules, ou du moins une dépendance de la
feuille. Pour mon compte, je ne trouve rien qui vienne à l'appui de sa sup-
position. Le Cucumis bicirrha n'a été vu jusqu'ici que par Forster, et bien
probablement M. Clos ne leconnait que par la phrase descriptive de ce der-
nier. Or voici comment Forster s'exprime en parlant des vrilles de cette
Cucurbitacée : Cirrlii ad alterwn latus petioloriim, spirales^ bifidi (Forst.
iNSS.), ce qui ne veut évidemment pas dire qu'il y ait deux vrilles oppnsées
à cliaque nœud, mais seulement que la vrille, solitaire comme de coutume,
se divise en deux branches, de la même manière que celles de la Gourde.
M. Clos objecte enfin que la vrille n'a jamais été vue à l'aisselle d'une
feuille. C'est précisément parce qu'elle n'est jamais située dans l'aisselle de
la feuille voisine, que je suis obligé d'aller chercher plus loin son point
de départ, et, bien que cette manière de voir ne soit qu'hypothétique, elle
trouve du moins un certain appui dans ce fait que, chez la plupart des
Cucurbitacées, le pédicule de la vrille semble se continuer inférieurement
sur la tige par une côte saillante qui se prolonge jusqu'au niveau de la
deuxième feuille. D'ailleurs, cette coalescence supposée ne serait pas un
fait unique et sans analogue; on peut eu citer bien des exemples, et la fa-
milledesSolanées en offre de vulgaires. Personne n'admettra, par exemple,
que les rameaux dichotomes du Datura Stramonium et de quelques autres
soient nés autre part qu'à l'aisselle de feuilles qui cependant ne correspon-
dent plus, sur les rameaux adultes, au point où ils se séparent de la tige
qui les pi'oduit. Au premier abord, on pourrait être tenté de croire que chez
ces plantes les rapports habituels des feuilles et des bourgeons sont inter-
vertis, mais il suflit d'un peu d'attention pour se convaincre qu'il n'y a
de changé que les apparences. Au siuplus, je n'ai pas prétendu expliquer
lastructure des tiges des Cucurbitacées; j'ai seulement voulu constaterpar
des faits la nature organique de leur vrille, qui n'est, à mes yeux, ni une
stipule, ni une fraction de la feuille qui l'accompagne, ni tout entière un
rameau, comme le veut M. Fabre, niais un organe mixte, un rameau
atrophié dont le bourgeon terminal avorte dans la plupart des cas, et dont
la feuille unique est modifiée en vue d'une finalité déterminée.
11-2 SOCIÉTÉ BOT.OIQUE DE FRANCE.
M. Ducharlre fait à la Société la communication suivante :
OBSERVATIONS SUR LA FANAISON DES PLANTES ET SUR LES CAUSES QUI LA DÉTERMINENT,
par M. IV DL'CIIIRTUE.
Les observations dont Je vais avoir l'honneur de communiquer les résul-
tats à la Société m'ont conduit, relativement à la fanalson des plantes et
aux conditions dans lesquelles elle peut se produire, à des idées différentes
de celles qui ont cours généralement et que partagent les physiologistes en
fort petit nombre dont l'attention s'est portée sur ce curieux phénomène.
En effet, elles m'ont montré que si, dans la plupart des cas, les plantes se
fanent parce que leurs racines se trouvent dans un sol trop sec pour leur
permettre de réparer les pertes déterminées en elles par la transpiration,
dans d'autres circonstances on les voit se l'aner aussi, bien que la terre où
s'étendent leurs racines renferme assez d'humidité pour fournir à tous
leurs besoins. Alors leur fanaison est due à un défaut d'équilibre entre la
déperdition et la réparation, c'est-à-dire entre la quantité deau que les
feuilles versent dans l'air sous la forme de vapeur invisible et celle que les
racines envoient aux parties aériennes dans le même espace de temps. Je
crois donc devoir distinguer deux sortes de fanaison : 1" celle qui est la
conséquence de la sécheresse de la terre ; c'est la plus ordinaire et celle qu'on
a j-egardée jusqu'à ce jour comme la seule que présentent les plantes; 2° celle
qui lient à une transpiration surabondante dans un temps donné et qui est
indépendant de l'état d'humidité ou de sécheresse du sol.
Pour ne pas donner trop de longueur à cette communication, je me con-
tenterai d'y exposer une partie des faits que j'ai constatés sur un Hortensia,
sur une Reine-Marguerite et sur un Heliantlius annuus. Les pots dans les-
quels étaient plantés ces trois sujets avaient été renfermés dans des appareils
de verre clos hermétiquement, identiques avec ceux que j'ai eu l'honneur
de mettre, dans une autre circonstance, sous les yeux de la Société. Grâce à
cette disposition, je pouvais régler à mon gré l'humidité de la terre, et j'ap-
préciais exactement, avec une bonne balance, les pertes que la plante faisait
dans l'air par la transpiration, sans avoir à m'imiuiétor de ce qui concernait
les pots avec la masse de tcire dont ils étaient remplis.
\. — Hortensia.
1" Le 15 juillet 1856, cette plante avait reçu 78 grammes d'eau. Le 17,
ù six heures du matin, elle était encore très fraîche, et elle pesait 2046 gram-
mes. Elle avait alors perdu pai' la transpiration 51°' ,6 d'eau sur les 78
qu'elle avait reçus deux jours auparavant. A midi, après être restée pen-
dantiiualre heures exposée à un beau soleil qui avait fait monter à 25" cent,
un thermomètre découvert, elle était fanée, et ses feuilles se montraient
sÉANCK DU 13 féviui:r 1857. 113
presque eiitièrcaicnt pendantes. Dans cet clat, elle pesait 'iOSl^' ,6. La
transpiration lui avait donc enlevé dans la nuilinre 1/4'"-,G, et sa terre ren-
fermait encore 12 grammes d'eau sur les 78 du dernier arrosement. L'ar-
buste a été transporté aussitôt dans une chambre peu éclairée, où l'air chaud
et sec maintenait le thermomètre à 20", 6. Là, au bout d'une heure et de-
mie, ses feuilles s'étaient relevées et il avait repris sa fraicheur. De nom-
breuses expériences antérieures m'avaient appris qu'il ne pouvait se pro-
duire une absorption d'humidité dans l'air, lors même qu'il en aurait été
chargé et, par suite, que cet air ne pouvait contribuer en rien à rendie à
ma plante sa fraicheur. Aussi n'ai-je été nullement surpris de voir qu'après
l'espace de temps qui lui avait suffi pour reprendre la turgescence de ses
tissus, il avait encore subi une nouvelle perte de poids qui s'élevait a
l^' ,6. Ce résultat acquis, j'ai replacé mon Hortensia dans le jardin, mais
cette fois à l'ombre. Là il a perdu dans la soirée, par l'effet de la transpi-
ration, à peu près tout ce qui pouvait rester dans la terre des 78 grammes
d'eau qu'il avait reçus dans le dernier arrosement. .-\ussi, peu avant la
nuit, ses feuilles sont-elles devenues de nouveau flasques et pendantes. La
nuit suivante, quoique très fraiche, puisque sa température minimum a été
de 9', 7, n'a pu leur rendre leur état normal, et le lendemain, de bonne
heure, la plante a dû être arrosée.
2" Le 28 juillet, dès le matin, mon Hortensia a reçu kS grammes d'eau
qui ont porté son poids à 2161 grammes. La journée du 29 ayant été très
chaude, ce poids s'était réduit, vers huit heures du soir, à 2093 grammes.
La plante avait donc perdu 68 grammes; aussi était-elle très fanée par dé-
faut d'humidité dans la terre. La nuit du 29 au 30 a été assez fraîche; la
rosée a été abondante; cependant, le lendemain, à 5 heures du matin, les
feuilles étaient fanées comme la veille, et il a fallu arroser pour leur rendre
leur fraicheur.
3" Le 1" août, à six heures du matin, mon Hortensia, quoique très frais,
a reçu ^iS giammes d'eau. Avec cette addition, il a pesé 2190*^'-, 6. Par
l'effet d'un beau soleil qui avait fait monter à 35", 5 le thermomètre décou-
vert, à une heure et demie ses feuilles fanées pendaient toutes flétries. Son
poids s'était alors réduità 2136'' ,2. Laissé ensuite pendaut une heure dans
une chambre peu éclairée et très chaude (28°, .S), il a relevé ses feuilles et a
repris sa fraicheur. A deux heures et demie il a été mis de nouveau en
plein air, à l'ombre, en un lieu où la température s'élevait à 30". Le soir,
il s'était fané de nouveau, et son poids n'était plus que de 2121s'" ,6. La
nuit suivante n'a produit aucun changement dans son état.
Ii° Le matin du k août, le même arbuste arrosé avec kS grammes d'eau
a pesé 2186'' ,6. La journée a été très chaude, et le thermomètre découvert
a marquéjusqu'à 38°. Aussi l'Hortensia a subi une perte de 57°'-, 2; le soir,
vers huit heures, ses feuilles étaient très fanées et pendantes, llien n'était
T. IV. 8
\ill SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
change dans leur état le lendemain matin, à 5 heures, après une nuit calme
mais sans rosée, dont la température minimum avait ctéde 15°, 5. Laplante
avait même perdu ls'-,2 depuis la veille.
Comme on le voit, dans les observations que je viens de rapporter, mon
Hortensia s'est comporté de deux manières, à mon avis, entièrement diffé-
rentes, selon les conditions sous l'iniUience desquelles il s'était fané. Le
17 juillet et le 1" août, sa fanaison avait été déterminée par l'action d'un
beau soleil, et il a suffi de le tenir pendant quelque temps dans un lieu peu
éclairé, quoique chaud, pour qu'il ait repris sa fraîcheur tout en continuant
à diminuer de poids. Dans les autres circonstances, il s'est lané par suite
de la sécheresse de la terre, et alors ni l'obscurité, ni la fraicheur de la
nuit, ni même la rosée, n'ont pu lui rendre la turgescence de ses tissus.
Il me semble dès lors évident qu'il y a eu pour cette plante deux sortes de
fanaison distinctes l'une de l'autre, et dont les causes ont dû être aussi dif-
férentes que l'ont été leurs effets.
II. — Iteine-Margue^nte.
1° Le 15 juillet 1856, à six heures du matin, cette plante était très fraîche
et pesait 1992 grammes. A midi, elle avait été sensiblement fanée par le
soleil et laissait retomber ses feuilles; elle pesait alors 1979s% h. Laissée à
la même place en plein air, elle a été atteinte par l'ombre avant trois heures.
Dès lors elle a relevé graduellement ses feuilles, et, à six heures du soir, elle
était redevenue fraîche, bien que son poids fût descendu à 19565'"-,6.
2» Le 17 juillet, à six heures du matin, la même plante était en bon état
et pesait 20i78'-,6. A midi, sous l'action d'un beau soleil, elle s'était fanée,
laissait pendre ses feuilles et ne pesait plus que 20(16 grammes. Elle avait
donc subi une perte de 11^", 6. Elle a été alors transportée dans une chambre
peu éclairée et chaude (20", 6) dans laquelle elle a repris f-a fraîcheur en une
heure, quoique au bout de cet espace de temps elle eût encore diminué de
poids et qu'elle pesât seulement 2005^'^ ,6. Remise en plein air vers deux
heures, elle est restée fraîche, et cependant à huit heures du soir, sou poids
s'est trouvé réduit à 19988^-, 8.
3o Le 17 juillet, à six heures du matin, quoique ma Reine-Marguerite fût
très fraîche, je l'ai arrosée avec 78 grammes d'eau. Son poids s'est trouvé
alors de 2070«' ,6. A midi, par un beau soleil, elle s'était fanée quoiqu'elle
n'eût perdu encore que 8 grammes et que sa terre fût très humide. Aussi
l'ombre a-t-elle suffi pour l'amener à relever ses feuilles, et, revenue à son
premier état, elle a pesé 2050=' ,8, le soir, à huit heures. Sa perte, depuis
midi, avait donc été supérieure à celle qu'elleavait subie dans la matinée, et
cependant elle ne l'avait pas empêchée de redevenir fraîche, tandis que la
première l'avait fanée.
k" Le 19 juillet, la même plante était très fraîche; à six heures du matin
SÉANCE i>u 13 FÉVRirn 1857. 115
elle pesait 20/i9 grammes. A midi, elle était dosceiuUie à SOSS^',/!, et clic
s'était faïu'c. A six licuics du soii- elle était redevenue fraîche, et cependant
son poids n'était plus alors que de 202i) grammes.
On voit (|ue les faits observés sur cette espèce sont entièrement con-
formes à ceux que j'ai signalés sur la première.
llï. — Helianthus annuus.
1» Le 2 août 1856, à huit heures du matin, cette plante a été arrosée avec
^8 grammes d'eau, quoique sa terre fût déjà humide. Elle a pesé alors
30976',6. A midi, frappée par un soleil ardent qui avait fait monter
le thermomètre découvert jusqu'à 35", elle s'était complètement fanée et
laissait pendre ses feuilles toutes flétries. Elle ne pesait plus alors que
2901^', 8; elle avait ainsi perdu, en quatre heures de soleil, IOjs' ,8.
Transportée aussitôt dans une chambre peu éclairée, mais très chaude,
il lui a sulfi d'une demi-heure pour relever ses feuilles et pour reprendre
sa fraîcheur, qu'elle a conservée ensuite toute la soirée, quoique je l'eusse
placée en plein air, à l'ombre, en un lieu où la température était de 30°, et
s'élevait encore a 28°, 6 a six heures dn soir.
2° i.e 5 août, de bonne heure, mon Helianthus, arrosé avec 78 grammes
d'eau, a pesé 3023=' ,6. Vers une heure, il laissait pendre toutes ses feuilles
flétries et ne pesait plus que 292^^'-, 2. Tl avait donc transpiré 99''-, Zi. Dans
cet état, il a été transporté dans une chambre peu éclairée, très chaude
(25", 5), dans laquelle il avait entièrement relevé ses feuilles au bout de
deux heures. Remis en plein air et a l'ombre, il est resté frais comme il l'était
redevenu. Le lendemain, 6, quoiqu'il eût reçu le matin 96 grammes d'eau
la forte transpiration de la journée l'a fané de nouveau. Dès lors ses racines
ne trouvant plus dans la terre l'humidité qui pouvait seule rendre aux tissus
leur turgescence, il est resté fané malgré la fraîcheur de la nuit suivante
pendant laquelle la température minimum a été de 13°.
3" Les choses se sont passées absolument de même les 7 on 12 août. Par
suite de l'abondante transpiration de la journée, mon Hélianthe s'est trouvé,
le soir, entièrement fané. Aussi, dans l'une et l'autre circonstance, malgré
la fraîcheur de la nuit et nialgré la rosée, il s'est montré le lendemain ma-
tin tout aussi flétri qu'il l'était la veille, et il a fallu l'arroser pour le ra-
mener à son état normal.
Ainsi, pour cette plante comme pour les deux premières, il y a selon moi
deux modes différents de fanaison.
Les observations que Je viens de rapporter en détail me semblent démon-
trer l'exactitude de la distinction que j'ai établie entre la fanaison ordinaire
dos plaintes due simplement à la sécheresse de la terre et celle que déter-
110 SOCIÉTÉ DOTAÎSIQUL DE FKANCE.
mine en elles une exagération momentanée de la transpiration, qui est indé-
pendante de la quantité d'humidité contenue dans le sol. Voici comment
celle-ci me parait s'expliquer sans difficulté.
Les racines absorbent l'humidité du sol qui, une fois introduite dans la
plante, s'élève à travers la tige pour arriver aux feuilles, organe essentiel
de la transpiration. Mais ce pouvoir absorbant des racines a des limites,
cette perméabilité des tissus de la tige a aussi les siennes. Dès lors, si le so-
leil vient exagérer la transpiration par sa forte chaleur et sa vive lumière,
la plante versera dans l'atmosphère, sous forme de vapeur invisible, plus
d'humidité que les racines ne peuvent en absorbei-, que la tige ne peut lui
en transmettre dans le même espace de temps. Dès lors aussi les pertes in-
cessantes que subissent les tissus des parties herbacées ne seront plus répa-
rées que de manière incomplète. Par suite les feuilles se flétiiront, et la
plante se fanera. Mais supprimons la cause à laquelle est dû cet excès de
transpiration qui n'a pu être compensé ^ pour cela mettons ces plantes fanées
à l'ombre ou à une demi-obscurité; dès lors l'afflux de suc nourricier qui
avait été momentaném.ent insuffisant, mais qui n'a jamais cessé d'avoir
lieu, va réparer graduellement les pertes subies par les organes. Peu à peu
les tissus reprendront leur turgescence, les organes leur apparence nor-
male, et la piaule redeviendra bientôt aussi fraîche qu'elle l'ait jamais
été.
M. Guillard fait à la Société la communication suivante :
IDÉE GÉNÉRALE DE L'INFLORESCENCE, par M. ACH. GL'ILLARD.
(Suite.)
Bans une première communication, j'ai cherché à définir l'inflorescence
en remontant au sens que lui avait attribué Linné, auteur de ce mot, et en
l'éclaireissant au moyen des observations modernes ; j'ai indiqué que j'en
traiterais exclusivement comme question d'ordre et de succession normale
dans l'épanouissement des fleurs 5 et j'ai tâché de faire voir combien
il est urgent pour le progrès de notre science de relever cette branche de
l'état de marasme où elle est tombée. Lusuite, J'ai établi les deux lois les
plus générales :
La loi de prog7'ession, qui est conforme à la phyllotaxie ;
La /ojc?e récurrence ou de j'égressio», qui est inverse de la phyllotaxie;
puis
La l(ji spéciale de ré progression^ par kujuelle la nature relie les deux
grandes lois contradictoires-, enlin
SK.vNci'. ni; 1.'^ ri':viiii:n 1857, 117
\.!\ lui (iul[aibliwiiiPnt,(\K\\ pose t'Oticm rcinnicnt sur les deux okIodik'cs
f^L'iu'ralcs (lu système ii;iUiit'l de riiiflorcscnici', — qui i.'aj^it pas moins sur
la marche r(''ijr agressive, — et rnii tempère pailoul l'unité de composition
par la variété d'aspect.
Dans la discussion qui a suivi cette communication, l'ingénieux investi-
gateur des Kuphoibiacécs a contesté le sens général dans lequel-nous em-
ployons les mots inflorescence et jleuraison. Nous avons maintenu pour
inflorescence le sens agrandi de (.inné, faisant voir qu'il n'y avait aucune
utilité à détourner ce terme du sens que lui a donné son auteur, et qu'il y
a au contraire nécessité de conserver un nom propre pour une branche par-
faitement déterminée de la science.
Nous avons pris acte de ce que personne n'a contesté l'importance du
sujet, le grave desideratum qu'il laisse Jusqu'à présent dans la physique
végétale, enfin l'urgence qu'il y a à en fixer la théorie générale, et à facili-
ter l'application de cette théorie par un langage précis, qui puisse se prêter
avec souplesse a lexpression des phénomènes si nombreux et si variés que
l'observation fournit.
VII. Critique des termes. — Avant d'aller plus loin, nous nous trouvons
dans la nécessité, pour assurer les abords de l'inflorescence, de critiquer
quelques couples de mots qui, depuis MM. Brown et Rœper, ont été fré-
quemment employés faute d'autres, et qui ont contribué beaucoup, selon
nous, à retarder en cette partie le progrès de la science. Ce sont défini et
indéfini, centrifuge et centripète^ ascendant et descendant, introrse et
extrorse.
A prendre les mots dans leur sens naturel, le groupe floral, soit progres-
sif, soit régressif, est défini ou indéfini, selon la manière dont il se termine,
— selon que son évolution a ou n'a pas de terme marqué : il est défini, si
son évolution est déterminée, indéfini si indéterminée. Les grappes du Lilas
sont définies, parce que leur bourgeon terminai est une fleur qui s'épa-
nouit après les latérales, et après laquelle il ne peut y en avoir d'autres.
La Cyme d'Elœagnus peut être regardée jusqu'à un certain point comme
définie, parce que les pédicelles qui portent la deuxième et la troisième fleur,
n'offrent aucun indice de prolongation de la Cyme (1). Mais la plupart des
Cymes sont dans un cas contraire : les dernières fleurs qui s'épanouissent
sont soustées de 2 bractées, qui déclarent que la Cyme se peut continuer,
qu'elle n'est pas nécessairement terminée au point où nous voyons éclore
le dernier bouton; et en effet, dans des circonstances favorables, la plante
(1) C'est, je crois, en ce sens que M. Weddell a employé l'expression de cijme
définie dans l'importante monog;rapliio dos Urlicées que les Archives du Muséum
niellent au jour en ce moment.
118 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE,
offre quelque degré de plus dans sa fleuraison ; au lieu d'une Cyme à U de-
grés, elle en porte une à 5 ou à 6.
Il n'y a peut-être qu'une sorte de Cyme qui soit proprement définie et
déterminée, parce qu'elle est, nécessairement et par sa nature, limitée dans
les deux sens ; c'est celle que nous avons fait voir sur les /{ubus, les Clé-
matites, les Euphorbes communs, et que nous avons nommée réprogres-
sive. Elle marque elle-même ses deux confins, qu'elle ne peut dépasser,
puisqu'elle commence à un bout et reprend par l'autre.
On voit donc que les termes employés par M. Rœper pour désigner les
deux marches contraires de rindorescence, ne peuvent pas être conservés
dans l'emploi qu'il leur a attribué. Le groupe défini, dit-il (1), est celui
dont l'axe se termine par une fleur, et l'indcfini celui dont l'axe ne se ter-
mine pas par une fleur. Eh bien ! la grappe du Lilas est définie, celle de
tous les Agrimonia de même, celles des Laurinées, des Campanulacées, des
Berbt^ridées, et une foule d'autres. îl n'y a aucune raison pour détourner ce
participe de son sens usuel et seul français, qui n'a pas de rapport avec la
loi de structure ([u'on prétend lui faire représenter.
M. Rœper appelle indéfinie ou centripète la marche progressive, et défi-
nie ou centrifuge la marche régressive. On vient de voir que le groupe flo-
ral peut être défini ou indéfini dans l'un et l'autre système. Qui pourrait
dire que la grappe axillairc triflore à'Erijthrina, de Dolic/ios, est quelque
chose d'indéfini? Les Cymes des Caryophy liées, des Potentilles, des Polé-
nioniacées, des Rubiaeées sont-elles définies? M. Rœper lui-même (chose
étrange!) dit en parlant de la Cyme iVErythrcea : « Cette multiplication de
» rameaux n'aurait aucune borne si la plante n'était détruite par des causes
» extérieures (/. c, p. 80). » Il reconnaît donc, sans le dire, que cette mul-
tiplication de rameaux est indéfinie. Puisque la Cyme peut être formée d'un
nombre indéfini de pédicules et de pédicelles, il est clair qu'elle est elle-
même indéfinie. C'est De Candolle qui en a fait la remarque.
En théorie on pourrait même dire que toute Cyme est indéfinie, puisqu'on
peut toujours supposer des bourgeons latéraux destinés à la prolonger, et que
cette supposition est le piussouventappuyée par 2 bractées d'attente. On ne
saurait faire la même hypothèse pour toutes les grappes, puisqu'il y en a,
comme celle de Berberis^ par exemple, dont la fleur suprême, sans aissel-
lière, et nettement terminale, ôte toute possibilité de prolongement. Les
grappes décussées en général, et surtout la plupart des grappes composées,
sont parfaitement définies: Oléinées, Campanules, Staphyléacées, Lauri-
nées, etc.
L'idée de détermination ou d'indétermination n'est donc pas convenable
(1) P. 83, Mél. bot. de Serinjje, /. c.
SÉANCi: DU 13 FKVRIKU 1857. 110
pour (lislini;ucr foiKlami'iilali'ineiit les deux pivots du système de l'iiillo-
l'csi-ence. 11 l'aut s'en tenir à leur nature, et les dclinir sans liypothèse d'a-
pros leur mouvement respeetif, d'après leur marche piujohessive ou
HÛriiU'SSivi:. Centrifuge et centripète ne sont pas moins impropres. Si ceu-
tripèle est applicable en apparence à l'évolution d'un capitule, il ne l'est
plus à celle d'un épi cylindriciue tel que celui du Plantain, tel que la i;rappe
du Groseillier, où il n'est nullement vrai de dire que le développement tend
au centre, puisque au contraiie il s'élève sur une échelle verticale à degrés
égaux et semblablement placés, qui serait représentée assez lidèlement par
la figure d'une trachée. Par la même raison, la Cyme descendante ne peut
pas être appelée centrifuge : car cette expression s'appliquerait tout au plus
aux deux premières fleurs, et nullement aux suivantes qui descendent l'hé-
lice de la même manière (jue les fleurs de la grappe la remontent. Dans la
Cyme ascendante (ou dichotomée) il y a plus : l'essence de cette Cyme est
que chaque fleur s'épanouisse au eeutie des rameaux florifères qui s'élèvent
au-dessus d'elle; ainsi, il serait plus vrai de dire que l'inflorescence y cher»
che le centre, que de dire qu'elle le fuit. Enihi, il y a des exeitiples de
Cymes véritablement et formellement centripètes,' — de Cymes où l'on voit
les boutons i-angés en entonnoii- dans l'ordre de leur âge, et où les plus
jeunes sont au centre : il faut les observer vivantes sur Andryala pin-
nnti/ïda, Piqueriatrinervia et quelques autres Composées, sur la plupart
des Apocynées, sur Centradenia floribunda (qui est à point dans les serres
en ce moment), sur HemerocoUis fulva, etc.
L'inconvénientdes dénominations employées par M. Pioeper est donc d'avoir
été basées sur des considérations particulières et trop restreintes. M. Browu,
partant d'un point de vue un peu plus général, avait proposé de nommer
inflorescence ascendante la progression, et descendante la récurrence. Ces
expressions n'ont pas été adoptées; elles n'entraient pas encore dans la na-
ture des choses, et d'ailleurs elles auraient juré trop souvent avec l'aspect
des groupes désignés : pourrait-on, sans faire violence à la langue et à la
pensée, appeler ascendante l'évolution d'un capitule de Cichorium, et des-
cendante une Cyme de Gypsophila? Nous fivons fait voir l'antre jour que
la récurrence peut être ascendante aussi bien que la progression. Il y a
même infiniment plus de Cymes ascendantes que de desceiidantes; par
contre, il y a des Composées dont le capitule est plan et même concave, et
dont par conséquent la progression n'est nullement ascendante. En quoi
l'inflorescence des ombelles, des faisceaux, est-elle ascendante?
Nous avons donc dû likher de représenter les deux faits généraux de la
succession florale par deux termes propres qui, applicables à tous les cas,
sans exception et sans hypothèse, ne donneraient lieu à aucune équi-
voque.
Quant aux termes introrse et extrorse que nous avons employés autre-
120 SOCIÉTÉ nOTANIQLE DE FRANCE.
l'ois (1), ils doivent être rojetés par motifs semblables, et surtout parée
qu'ils n'indiquent qu'au point de vue secondaire de la configuration une
distinction capitale qui tient essentiellement à la pliysiologie, comme nous
croyons l'avoir démontré.
Nous avons insisté sur le choix des termes, à cause de la grave impor-
tance qu'il y a pour la justesse des idées et la facilité de l'étude à tenir au-
tant que possible le langage de la tbéorie en harmonie avec les faits fonda-
mentaux sur lesquels elle repose. Qu'un systématique change sans nécessité
le nom propre d'une plante, même en lui en donnant un meilleur, on le
blâme; il le mérite, car une amélioration individuelle, isolée, ne peut com-
penser l'inconvénient d'ag;j;raver le fardeau déjà si lourd d'une immense
synonymie. Mais pour la théorie, c'est tout différent : ses termes ne for-
ment qu'un bien mince bagage : ils se rapportent à des points de vue gé-
néraux qui obligent à les répéter souvent : répétition blessante pour l'esprit
et pour le goût, si les mots sont mal formés ou mal choisis ; — bien pesante
et bien fastidieuse, si l'on se met dans le cas de redire à chaque instant les
mêmes périphrases, en voulant s'épargner le risque d'un mot nouveau.
Tout pas incontestable fait par la théorie peut et doit être représenté par
une expression juste et appropriée: toute erreur de même ordre, reconnue,
entraîne le saciilice du terme qui la consacrait. On a cru d'abord que le
vêtement externe de la fleur était un organe simple, plus ou moins découpé :
on l'a nommé calice . Plus tard, on vient à reconnaître que c'est un verti-
cille d'organes analogues aux Pétales et aux Feuilles ; on donne un nom nou-
veau à ces organes, on les nomme Sépales : après une certaine résistance
des habitudes froissées, tout le monde adopte le terme qui était inconnu à
nos devanciers. Si quelqu'un s'en tenait obstinément au calice en refusant
de reconnaître des organes parfaitement personnalisés, il montrerait un res-
pect aveugle pour les anciens, et protesterait contre le progrès de la science.
Au reste, dans la création des nouveaux termes techniques, c'est leur
auteur seul qui court quelque risque, — le risque d'une peine perdue et du
ridicule qui s'attache à un barbarisme repoussé. La science n'y risque rien :
car si les mots proposés sont mal tournés ou forgés sans nécessité, on ne
les adopte pas, ils tombent dans l'oubli, et n'embarrassent plus personne.
Les Annales des sciences naturelles sont pleines de ces exemples et nous
allons peut-être en fournir un de plus.
YIH. Division. — Si l'on veut bien jeter une vue d'ensemble sur le champ
que nous avons à parcourir, on verra que l'on y peut distribuer toutes les
observations recueillies en quatre groupes principaux. Kn effet, après avoir
posé les lois générales de l'inflorescence, qui déterminent en quelque sorte
l'étendue de ce champ d'investigations, nous devrons considérer :
(1) Formules botaniques, Vocabulaire des organes. 1835, Baillière.
SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1857. 121
1° Le point de départ de l'évolulioM florale;
2° La qualitf- diverse des firoiipes floraux, d'où rc'sullc la nécessité de
leur imposer des noms propres qui les fassent reconnaître avec facilité et
permettent d'en parler commodément;
3° l.a forme des groupes floraux ;
h' Enfin \Qm' position.
IX. Départ de l'inflorescence. — Nous croyons avoir démontré que ce
qui importe le plus pour la détermination de l'inflorescence, c'est de recon-
naître exactement le point où elle commence, ce point climatérique par où
passe le plan qui divise les deux zones d'évolution. L'inflorescence part de
là pour se développer, en haut par progression ou par récurrence surmon-
tante,— en l)as par récurrence descendante et subordonnée. La récurrence
descendante répète soit la progression directe et vraie, soit son imitation
par surmontance.
Si l'on essayait de déterminer l'inflorescence d'une plante sans avoir re-
connu, avant tout, le plan où commence l'épanouissement régulier, on ris-
querait de tourner le dos à la vérité, et l'on ferait mieux de s'abstenir de
tout jugement. La plupart des meilleures figures ne servent presque à rien
pour la détermination de l'inflorescence; et cela vient de ce que les dessi-
nateurs ont fait défaut à l'observation de la fleur primordiale, — du point de
départ, duquel dépend toute la succession.
Ce plan de division, sur lequel s'ordonne toute la marche florale, est si
important, il revient si souvent à la bouche, qu'il est fort à souhaiter que l'on
s'accorde pour le doter d'un nom propre (1). C'est là que se trouve le vrai
centre de l'activité vitale par rapporta l'inflorescence; c'est là qu'elle se
développe ordinairement dans sa plus grande force, et qu'elle montre tout
ce qu'elle peut produire; c'est là que le groupe floral est le plus complet,
que la Cyme s'élève à ses plus hauts degrés, et que ses branches s'éloignent
le moins de l'égalité symétrique.
Là aussi se déclarent de soudains changements dans la Phyllotaxie,
Le plus fréquent consiste en ce qu'une plante à Feuilles alternes, ou sa
branche, se termine en décussation : Renonculacées, Dryadées, Fumaria-
cées, Linées, Euphorhiacées, Chénopodées, Gyrocarpées, plusieurs Ombel-
lifères, plusieurs Rutacées [R. graveolens, macrophylla)^ Ampélidées,
Sapindacées, etc.
Ou la plante, sans cesser d'être alternée, porte, aux aisselles, des groupes
floraux binés-décussés : Campanulacées, Méliacées, Thésaciées {Thesium
et genres voisins), Lauracées, Stylidiées, Goodéniacées, Convolvulacées,
llicinées, plusieurs Urticées, etc.
(1) On pourrait le nommer primejleur, ou anthèse, ou protanthèse (ivpÛTYi
àvÔTriat;).
122 SOCIÉTK BOTANIQUE DE FRANCE.
Ce sont les cas les plus abondants.
Au contiaire, ccM-taines plantes, qui ont les Feuilles dëcussées au-dessous
du plan de partage de l'inflorescence, passent à l'alternance dans la floraison:
les Véroniques, beaucoup de Composées, le plus grand nombre des Ver-
veines, des Épilobes, Zauschneria^ Œnothera rosea, etc.
La grappe composée terminale de Scrofularia canina a d'abord ses ra-
meau.v exactement binés-décussés; bientôt les deux pédicules opposés ne
restent plus au même niveau : l'un d'eux s'élève et tourne plus que l'autre;
ils passent à l'ordre 2/5, selon lequel s'achève la progression, il en est de
même de plusieurs Verbena : leurs épis terminaux ont les fleurs d'abord
opposées, puis dénivelées, enfin 2/5 ou 3/8.
On trouve de IVéquenls exemples du dénivèlement des Feuilles sur plusieurs
Rkamnus. Dutrochet a remarqué cette modification graduée. C'est aller trop
loin que de dire pour cela (comme a fait M. Lestiboudois) que la spirale 2/5
n'est qu'une altération de la décussation, par avortement de quelque cohorte
foliale, La grande classe des Monocotylées, a laquelle la décussation est
étrangère, et qui multiplie ses cohortes foliales beaucoup plus que les Dico-
tylées, admet fréquemment l'ordre 2/5 le plus régulier. 11 parait bien plus
conforme a l'observation et aux vues générales de la nature d'admettre que
la phyliotaxie a diverses lois propres (2, 3, 1/2, 2/5, 3/8, etc. Al. Braun,
Sébimper, Bravais), dont l'une n'est pas l'autre, mais dont le passage de
l'une à l'autre s'opère par transition graduée au moyen de certaines plantes
qui remplissent la fonction de lien et d'intermédiaire.
X. Nomenclature des groupes floraux. — On sait déjà que la progres-
sion et la récurrence, qui ont dans beaucoup de cas leur marche indépen-
dante, se trouvent aussi fort souvent entremêlées à divers degrés, en sorte
(jue l'on rencontre la régression dans la progression, et réciproquement. Il
s'agit maintenant d'énoncer, avec autant de clarté et de precisiou qu'il sera
possible , tous les degrés de développement de chaque système, avec les
modifications régulières qu'ils comportent, et tous les phénomènes que pré-
sente leur pénétration mutuelle.
Pour exprimer convenablement toutes les combinaisons des deux parties
du système de l'inflorescence, il suffit de désigner ces deux ordonnées par
deux termes propres qui puissent se composer entre eux à autant de degrés
qu'il y a de combinaisons dans la nature.
Pour Viuihvescenine progressive., nous proposons de conserver en quehfue
sorte le mot grappe, non dans sa forme moderne qui ne se prête à aucune
composition (puisque sa consonnance tudesque ne permet pas de l'amalga-
mer avec d'autres mots sans barbarisme), mais en employant sa forme
grecque, qui est familière aux botanistes. Kn effet, nous connaissons tous
celte charmante petite plante, Teucrium Botuys, qui, réduisant le l'ascicule
des Labiées à une seule fleur, \i'offre qu'une grappe feuilléc, une JJotryde
SÉANCE DU 13 FÉVRIRR 1857. 123
011 lioiryc. Nous dirons donc mie Botri/i^ pour exprimer le groupe floral
progressif.
Quant à rinfloresoence régressive, les groupes simples qu'elle peut for-
mer sont bien représentes par le mot Cj/rne, que l\œper, Link et De Can-
dolle père et fils y ont eo4isaeré. MM. Bravais ont essayé (1), il est vrai, de
restreindre le sens générique du mot à cette espèce particulière de Cyme où
les pédicules naissent les uns des autres, et dont nous nous entretiendrons
plus tard. Mais ils n'ont pas tardé à être entraînés malgré eux par l'analo-
gie et par la nécessité, à laquelle on ne peut se soustraire, de donner un
nom commun à une idée commune : aussi disent-ils Cyme de Pommici-, de
Laurier, d'Oxalis, de Lnmiuni, de Verbascum, quoique, chez ces plantes,
les pédicelles se voient tous, directement et sans intermédiaire, sur l'axe
unique et indivis qui porte la Cyme (2). Nous voulons donc que la succes-
sion Uorale régr/'ssive continue à s'appeler Cyme, et nous demandons que
l'on nous permette de nommer Botryde ou Botrye la succession florale p?^o-
yressive. Nous nous engageons à représenter dans toute la rigueur de la
théorie et de l'observation tous les groupes floraux possibles, par la seule
combinaison de ces deux termes techniques, Botrye et Cyme.
On renoncera sans regret à grappe, si l'on remarque que ce mot désigne
dans l'usage commun le raisin qui est formé de Cymes; si l'on se rappelle
que la grappe est prise pour Cyme et double Cyme par i\lM. Cosson et Ger-
main, dans les Gran)inées; qu'un autre de nos célèbres confrères (W. Hoo-
ker), s'efforçant de décrire la fleuraisondeson Ceanof/ius velutinus, la traite
de grappe, de thyrse et de pauicule dans le même article. Que pouvaient
faire ces judicieux descripteurs? Ils savaient bien qu'il y a de l'inconvé-
nient à heurter les habitudes de l'oreille; que la science, qui doit tendre à
devenir populaire, ne doit pas employer un mot connu avec une significa-
tion contradictoire à celle qu'il a daqs la langue usuelle : mais le savant
est trop tenté de violer la langue, quand elle se refuse obstinément à ses
besoins.
Nous appelons donc Botrye tout rameau simple qui porte à chaque als-
(1) Annales des se. nat., 1837, Vil, 193, 291 ; Vit!, 11.
(2) 1\IM. Bravais vont même, dans celle généralisation, au delà de ses jusies
bornes, lorsqu'ils attribuent la Cyme à Berberis, à Buxus, qui n'a que Boirye
simple, même à Sisijmbrium el à Capparis ! (VII, 3/i6). Après tout cela ils finissent
par délinir la Cyme, sans rcsuiclion, inflorescence centrifuge, montrant
bien, parcelle définition qui résume leur long travail, qu'ils la prennent dans le
sens le plus large et It; plus général. C'est ainsi que nous le faisons depuis vingt
ans, après les botanistes que nous avons cités. Nous pouvons donc consolider les
motifs rationnels par Wintêriorité, dont personne ne conteste le droit dans le lan-
gage des sciences, toutes les fois qu'elle n'apporte pas d'obstacle décisif au déve-
loppement de la théorie.
i-'2h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
selle une fleur s't'paiioui.ssant dans l'ordre progressif : tels sont la branche
de Tropœoium, d'Anagallis, des Violacées, dos Polygalées, la grappe du
Groseillier, des Cletlira, des Andromèdes, des Knlmia, des Pyroles, de
toutes les Crucifères, de toutes les Légumineuses, le bouquet des Azalea et
des Rhododendron, l'ombelle des Primulacées, des Daphnacées, l'ombellule
des Ombellifères, l'épi des Plantains, des Orchis, l'épillet des Graminées,
le capitule des Composées sans exception, etc. Tout cela est Botrye.
Au contraire, nous reconnaissons pour Cyme tout ensemble où la fleur
ainée, primordiale et terminale, est reliée, par un système simple, à une
ou plusieurs fleurs récurrentes toujours plus jeunes qu'elles. La majorité
des plantes, surtout Dicotyles, fleurit en Cyme axillaire ou biaxillaire,
effective ou indiquée (Urticées, Thésiacées, Célastrinées, Ilicinées, Malva-
cées, Ericacées, Labiées, Scrofulariées et Acanthacées (presque toutes),
Oléacées, Convolvulacées, Cucurbitacées, Bégoniacées, Lonicérées, etc.)
Un grand nombre fleurit en Cyme terminale plus ou moins complexe : Gé-
raniacées, Hypéricées, Caryophyllées, Granatées, Asclépiadiées et Apocy-
uées, Solanées, etc.
Peu importe la forme du groupe : ce n'est pas sur sa forme que nous le
nommons Cyme ou Botrye, c'est sur sa construction et sur Vordre d\'volN-
tion qui en résulte. La Botrye est le groupe floral où la fleur ainée est axil-
laire et suivie d'une ou plusieurs fleurs plus jeunes, pareillement axillaires.
La Cyme est le groupe floral dont l'axe est terminé par la fleur aînée. Que
ces groupes soient racémiformes, convexes ou concaves, coniques ou obco-
niques, ovés ou ombelles, scorpioïdes, fascicules ou capités, que leurs ra-
meaux s'embranchent l'un sur l'aufre ou qu'ils naissent tous d'un même
axe, — pédoncule, branche ou rameau, — c'est toujours une Botrye du mo-
ment où la fleur la plus âgée est axillaire, et suivie de fleurs axillaires; c'est
toujours une Cyme, du moment où la fleur la plus âgée est terminale, et
les fleurs plus jeunes axillaires ou portées sur axillaire.
Dans une prochaine communication, nous indiquerons le moyen facile de
représenter en toute précision, par la seule combinaison de ces deux termes,
tous les cas d'inflorescence, même les groupes mixtes les plus compliqués
qui aient été observés jusqu'à présent.
M. Puel, vice-président, donne lecture de l'extrait suivant d'une
lettre qui lui a été adressée par M. le baron de Mélicocq ;
Lille, 10 février 1857.
Distribution géographique de /'Alchemilla vulgaris L., dans les départe-
ments du Pas-de-Calais, de l'Aisne et des Ardennes. — Dans sa Géogra-
sÉANCi-: DU 13 FKViuKu J857. 125
phie hotnniqup, M. Alpli. De Canclollc (1), après avoir sifinalé la présence
de \'Alc/ic»iilla oulgaris, L,, dans k's îles Britanniques, s'elonne de ne pas
le retrouver dans les Flores du Calvados et de la Loire-Inférieure, et il
ajoute :
« Cette espèce est près de Rouen (Turquier, FI., t. I, p, SU). On la cite
» comme plante rare au nord de Paris. » (Coss. et Germ. FI. Par. p. UIQ.)
Les diverses localités que je vais avoir l'honneur de signaler à la
Société prouveront, je pense, (jue, fréquente en certains lieux, cette plante
s'égare souvent et, devenue fort rare, ne reparait qu'à de giandos distances.
.Musi, dans le Pas-de-Calais, l'A. vulgaris ne croit que dans les bois de
Saint-Pal en Artois, où il est fort rare. Inconnu à tous les botanistes de
la Somme, on ne le retrouve qu'auprès de Prémoutré, entre La F^ère et
Laon, où il est aussi très rare.
Dans les cantons de Rosoy-sur-Serre, au contraire, VA. vulgaris, com-
mun dans tous les bois, où il est accompagné du Lysimachia nemorum L.,
que l'on ne retrouve plus qu'entre Chauny et Noyon, descend même,
comme en Lorraine (2), dans les prairies, y croissant presque toujours
confondu avec le Polygonum Bistorta et le Buniura Carvi.
Moins fréquent dans les vastes forêts de l'arrondissement de Vervlns et
celles des environs de Rocroy, il y accepte l'ombre protectrice du Sam-
bucus racemosa L. , du Digitalis purpurea L., du Senecio saracenicus, du
Centaurea montana L.
Z'Hypericum linearifolium Vahl., et le Saxifraga sponhemica Gmel.,
observés dans la forêt des Ardennes. — La présence de ces deux plantes
dans l'immense forêt des Ardennes a vivement surpris M. Godron , à
l'examen duquel elles ont été soumises en 1852. En effet, dans leur Flore
de France, MM. Grenier et Godron donnent à VHyp. linearifolium la ville
de Vire, en Normandie, pour extrême limite vers le nord (t. I, p. 316), et
déclarent que le Sax. sponhemica appartient au Jura, ayant été naturalisé
dans les Vosges par M. 3Iougeot. {Ibid., p. 653.)
Comme dans les provinces de l'ouest de la France, VHyp. linearifolium
des environs de Rocroy croit sur des rochers schisteux, aussi bien que le
Sax. sponhemica de Monthermé, près Cliarleville.
M. Fuel ajoute les observations suivantes:
Il rappelle que V Alchemilla vulgaris appartient à ce groupe de plantes
qui croissent dans les plaines du nord de l'Kurope en même temps que sur
(1) T. 1, p. 22/1.
(•2) Voy. Codroii, l''l. de Loir., t. I, p, 22o.
126 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
les monlasnesdes régions méridionales, telles que les Alpes et les Pyrénées.
Les diverses localités signalées par M. de Mélicoeq vienncntremplirquelqiies
lacunes observées par M. De Candolie dans la disliibution géographique de
cette espèce. La découverte de V Hyper icum linearifoUum dans les Ar-
dennes est. un fait très intéressant, car c'est une piaule de la région occi-
dentale. Quant au Saxifi^ija sponhemica, c'est une plante du Jura français,
qui a plusieurs localités en Allemagne, et sa présence sur les rochers
schisteux de Monthermé mérite en effet d'être remarquée.
M. Lagrange présente à la Société la thèse de 31, Guillemin, sur
la composition de la radiation solaire, et sur son influence sur les
êtres vivants.
M. Cosson met sous les yeux de la Société plusieurs espèces rares
ou nouvelles rapportées de la régence de Tunis par 31. Kralik, et fait
les communications suivantes :
ITINÉRAIRE D'UN VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE, ENTREPRIS EN 1856 SOUS LE
PATRONAGE DU MINISTÈRE DE LA GUERRE, par M. E. C'OSSOX.
(Huitième partie.)
Dès notre sortie de l'oasis , nous trouvons entre les pierrailles d'un
ravin, au-dessous du ksar, de très beaux pieds du Neurada procumbens
que la veille nous n'avions pas pu récolter en nombre dans les dunes;
nous y recueillons également le Leyssera capillifoli/i, qui, dans ce lieu
frais , a pris un admirable développement. Nous longeons ensuite la
base du coteau que domine le village, pour rejoindre le cours de l'Oued
Seggueur, dont la rive droite, que nous suivons, offre de nombreuses
touffes de Tamarix presque arborescents; sur la rive gauche, coupée de
falaises argileuses, apparaissent des dunes de sable mobile plus ou moins
étendues. Les coteaux pierreux qui bordent la rive droite sont parsemés de
touffes des Anabasis articulata, Salsola vermiculata, Jletama Duriœi vai'. ,
et de quelques pieds de Pistacia Atlanticu. iNous y observons la plupart
des espèces que nous avons déjà signalées dans les stations analogues des
environs immédiats de Bi-ézina. Bientôt la route s'engage dans des coteaux
argileux pierreux que nous traversons par un défilé ouvert au sud, et où
les sables ont été amoncelés par les vents ; là nous revoyons, groupées en
abondance, la plupart des plantes sahariennes; indépendamment des espèces
des sables des environs de Brézina, nous recueillons le Reboudia eruca-
rioides, le Genista Saharœ en fruits mûrs, et le Calligonnm comosuni; dans
l'argile lavinée des berges du défilé, croissent encore, en grande abon-
dance, le Jhibania Feei, le Deverra cidoranthu aux touffes volumineuses et
iquiséliformes, le Itims dioica, qui forme des buissons d'un beau vert-,
SÉANCE DU 13 FKVRIRU 1857. 127
aux plantes sahariennes telles que les Itinnex vmcarnis, Gjjmnocarpus
decandrus, Antivrlnnum rmnosissimim, nous voyons s'associer une espéee
(le ici région niontajineuse intérieure chaude, le Ga.lium (.-phedivides. A
l'extrémité du délilé, nous arrivons sur les bords de l'Oued Sadana, qui,
avec les Oued Cheria et Kl Goul, est l'un des affluents principaux de l'Oued
Seggueur. Nous ne manquons pas d'aller visiter le Khraneg el Arouia (ravin
de la femelle de l'Aroui), ravin très pittoresque, coupure de la montagne,
étroitement et profondément encaissé entre des rochers abrupts, (jui
s'élèvent à droite et à gauche comme des murailles gigantesques; l'un de
nous, entraîné par son ardeur, lance son cheval dans les sables mouvants
qui bordent un redir à la base de la coupure; mais bientôt son cheval s'en-
fonce jusqu'au poitrail dans ce sol perfide, et nous avons la plus grande
peine à le dégager de ce pas dangereux. Les rochers du khraneg ne nous
offrent pas une végétation aussi intéressante que semblait le promettre un
site aussi pittoresque, et nous ne trouvons guère à y signaler que le Pen-
nisetum Orientale, qui y croît avec une espèce delà région montagneuse, le
Catanancke cœrulea; dans le lit du khraneg, le Scolymus Hispanicus est très
abondant ainsi que le Pyrethrum fuscatmn. Nous suivons pendant quelque
temps, en remontant vers le nord, le lit de ce torrent actuellement à sec,
que nous quittons pour gravir, par une montée rapide dans les rochers, la
pente de sa rive droite, et arriver h un plateau rocailleux, où nous revoyons
les Anabasis articulata, Echium humile, Plantaijo ciiiata, Ilelianlhemuiu
hirtum var. Deserd, Corduncellus eriocephalus ?, Eryngium ilicifoliurn, Ca-
roxylon articidatum et. Gymnocarpus decandrus entre les touffes espacées du
Stipa tenacissima, qui est la plante dominante de ce plateau. Environ deux
lieues plus loin, nous redescendons dans le lit de l'Oued Sadana, qui, sur
ce point, s'élargit et forme une vallée étroite, bordée de rochers et de
falaises argileuses grisâtres. Le lit du cours d'eau est bordé par un assez
vaste marécage, où les plantes dominantes sont les Pltrwpidtes communù,
Festiica arundinacea var. interrupta, Juncus maritimus, Scirpus Holoschœ-
nus, Polypogon Monspeliensis, Pulicaria Arabicn. Autour du marécage
s'étendent des champs d'orge encore sur pied, ensemencés par les Arabes
d'un petit douar qui font paître leurs troupeaux dans le marais. Une
source abondante d'eau douce, située au pied du rocher qui ferme la
vallée, est l'origine de l'Oued Sadana. Dans les eaux, au voisinage de la
source, nous recueillons le Chara fœtida var. longibracteata, et le Pota-
mogeton pusillus. Sur les atterrissements de l'oued croît en très grande
abondance VËuphorbia luteola, que nous avions découvert sur les hauts
plateaux de la province de Constanline; le Humex vesicarius y est égale-
ment fréquent. Sur les rochers qui dominent la source se rencontrent de
nombreux pieds du Centuurea sulphurea. Un dattier d'une assez belle
venue contribue.à orner ce joli site, où nous resterions volontiers plus long-
128 SOCIÉTl' BOTANIQUE DE FUANCE.
temps, si nous n'étions pressés de nous rendre à Ghassoul, notre dernière
étape avant d'arriver à Géryville. Nous remontons sur le plateau que
nous avions quitté, où d'immenses rochers de grès, affleurant le soi sur
(|uelques points, forment une sorte de dallage naturel. Le terrain argilo-
sablonneux et pierreux du plateau nous offre les O'ucianellu patula, Ebe-
nus fjinnata, Kentroph]jUum lanalum, Carduncellus eriocephalus? , Cladan-
thus Arabicas et le Centaurea, voisin du C. Calcitrapa. que nous avons
déjà signalé dans plusieurs localités du sud. Une pente insensible du pla-
teau nous conduit a une plaine uniforme, bornée au nord par des coteaux
rocailleux, sur l'un desquels se dessine, dans le lointain, un pied unique de
dattier. Dans la plaine dominent les Stipa tenacissimu et Artemisia Herba-
alba, avec l'espèce nouvelle de Ferula que nous avons déjà mentionnée
plusieurs fois dans les localités analogues. Nous y observons, en outre, les
C/damydopfwru pubescens, Caroxijlon articulatum, Pheltpœa Sckultzii,
Farsetia yEgijptiaca^ Helianthemuin sessili flonim , Asteîiscus py(jmœus.
Aux bords d'un ravin croit en abondance le Rétama sphœrocarpa, qui
forme de magnifiques buissons couverts d'innombrables fleurs jaunes. Des
sables qui s'étendent à la base des coteaux nous présentent les Asphodelus
pcndulinus, Rhantcrium adpresswn, Reseda Arabica, Onopordon ambi-
guum, Rétama Duriœi var. , Marrubium Deserti, AiHhratherum obtusum,
Atractylis flava, Scabiosa semipapposa. Bientôt nous arrivons au défilé ro-
cheux de Teniat el Temeur, où des oliviers sauvages croissent en assez
grand nombre et prennent un beau développement. Les plantes les plus
remarquables du défilé sont le Centaurca nouveau voisin du C. Scabiosa,
que nous avons déjà signalé dans la région montagneuse chaude, et les
Pennisetum Orientale, Triticum Orientale, Polycnemum Fontanesii, Con-
volvulus supinus , Argyrolobium uniflorwn, Astragalus tenuifolius. Au
sortir du délilé, nous avons k l'aire franchir à nos chevaux une pente assez
roide, où les rochers de grès forment comme un escalier natuiel, à assises
régulières souvent de près d'un mètre de hauteur. Une plaine uniforme,
bordée de montagnes basses et nues, nous conduit jusqu'à l'Oued Cheria,
dont le lit, en grande partie à sec, contourne la base de la colline que do-
mine le ksar de Ghassoul. Nous ne notons guère dans cette plaine argilo-
sahlonneuse (|ue les Malva ^Egyptiaca, Lepidium subidatum, Ononis an-
gustissima ; dans le lit même de l'oued, le Tamarix Gailica et les Rétama
Duriœi var. et sphœrocarpa forment de nombreux buissons.
Vers cinq heures, nous arrivons à Ghassoul, où nous trouvons, en dehors
du village, la tente des hôtes, dressée par les soins du caïd, et du pain frais et
du vin, que M. de Colomb, prévoyant bien notre dénùmeiit après notre longue
tournée dans les ksour, a eu l'aimable attention de nous envoyer par un
exprès; ces provisions nous sout d'autant plus agréables, que, en raison
des difficultés de la route, nous avions dû laisser assez loin derrière nous
SlÎANtK 1)1 13 FÉVKILK J8o7. l'29
les chnmt'iuix chnrgOs de nos caiititics, et (|ii(' nous eussions viv réduits à
l'éternel couseoussou et au mouton rôti, sur le compte dcs(iuels nous com-
incncions à être plus que blasés. Après notre collation, nous utilisons les
quelques instants de jour qui nous restent pour visiter les jardins de l'oasis
et Caire une rapide reconnaissance de la végétation du coteau. — Le ksarde
(iliassoul s'élève en amphitiiéàtre sur la colline, et domine les jardins et les
ciiamps entourés de murs qui couvrent la pente méridionale du coteau et
s'étendent jusqu'aux bords de l'Oued Ghassoul. Les jardins et les champs,
indépendamment de leurs clôtures, sont protégés par de petites tours en
terre contre les déprédations des tribus nomades. Les jardins groupés au-
dessous du ksar, et arrosés par les eaux abondantes d'une source située à
l'entrée du village sont plantés de Figuiers, d'Abricotiers, de Pêchers, de
Grenadiers; l'Oignon, la Fève, la Carotte, diverses variétés de Courges,
des Melons et des Pastèques y sont cultivés. L'Orge est semée dans les
vides des plantations et dans les champs situés au-dessous des jardins et
arrosés, soit par les eaux de la source, soit par des dérivations de
l'oued. Les terrains argilo-sablonneux de la pente occidentale du coteau
présentent quelques espèces de la région des hauts plateaux réunies à des
plantes sahariennes-, ainsi nous y notons les Nasturtium coronopifoliwn,
Enarthrocarpus clavatus , Helianthemum sessiliflorum , Iteseda Arabica ,
Malva .Egyptiaca , Pegamim Harmalu (abondant) , Paromjchia Cosso-
niana, Onopordon ambiguum, Atractylk cœspitosa, ZoUikoferia resedifolia,
Sonc/ms divaricatus, Taraxacum Dens-lconis (même variété qu'à Aïn Sefis-
sifa), Echium humile, Arnebia Vivianii, Marvubium Désert l (abondant),
Salvla lanïyera, Rumcx Tingitaiius var., Euphorbia luteola^ Triticmn
Orientale; sur quelques points où le sel vient eftleurir, nous voyous les
Frankenia thymifolia, Spergularia diandra, Statice globulariœfoiia ? (non
fleuri), Atriplex Halimus et parvifolia^ Salsola vermiculuta.
Le lendemain, 25 mai, à sept heures du matin, nous nous mettons en
route pour Géryville, dont nous sommes séparés par un trajet de près de
12 lieues; nous suivons pendant quelque temps le lit desséché de l'Oued
liou Selah, encaissé par des coteaux pierreux, nus, dont les ravins nous
offrent les Pyret/irum macroceplialum, Sonc/ms divaricatus, Ononis a)i-
giisfissima, Asterothrix Hispanica, Centaurea alba et C. sp. nova (C. Sca-
biosœ affinis), Argyrolobium nnifiorum ^ Erucustruni leucanthum, Cata-
nanche cœrulea, Sedum altissimwn ; dans les lieux frais du lit de l'oued
croissent le Laurier-Rose, qui y forme de nombreux buissons et le Scir-
pus Holoschœnus ^ des champs d'orge encore sur pied occupent des atterris-
semeiits de l'oued dans un élargissement de la vallée. Nous quittons le
ravin de l'Oued Bou Selah pour atteindre la plaine d'Araza, entourée de mon-
tagnes basses et nues; cette plaine est en grande partie inculte, et quelques
champs d'orge y occupent les dépressions du sol. Nous prolitous d'une
T. IV. 9
\'iO SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
petite halte pour faire demander d'autres chevaux dans une tribu voisine,
car, malgré sa bonne volonté, le caïd de Ghassoul n'avait pu nous procurer
dans le village que des montures bien inférieures à celles des Arabes de la
tente, et insuffisantes pour le pénible trajet qui nous reste encore à faire dans
un pays accidenté, et nous consacrons à l'herborisation les quelques instants
dont nous pouvons disposer; les plantes que nous recueillons dans les
moissons appartiennent pour la plupart à la région des hauts plateaux,
ainsi nous y trouvons entre autres les Onopordon acaule, Ceratocephalus
fulcalus, yEgilops ovata var. ùnaristata, Nonnea micrantha, Atractylk
cœspitosa, avec un petit nombre d'espèces du Sud, telles que VEuphorbia
cali/ptmta, le Scabiosa semipapposa et le Triticum Orientale. Après avoir
traversé la plaine, nous nous engageons dans le ravin de l'Oued el Djelal,
bordé de coteaux rocheux où croissent dans les fissures le Pistacia Atlan-
tica et le Juuiperus Phœnicea. Au delà de ce ravin et après avoir franchi
un coteau, nous arrivons a la fontaine d'Ain el Meghesel, près de laquelle
nous devons faire la halte du déjeuner, dont le reste des pains et du vin
envoyés par M. de Colomb doit faire tous les frais. Les eaux douces et
pures de cette source abondante qui viennent sourdre à fleur du sol, for-
ment un bassin où s'abreuvent de nombreux troupeaux, et qui est entouré
de pâturages marécageux où dominent les Scirpus Holosckœnus , Festuca
arundinacea var. interrupto., Phataris aquatica, Hordewn murinam, Poa
trivialis, Carex divisa, Alopecurus pratensis var. ventricosus, flammcu-
liis macrophyllus et Trifolium fragiferum. Dans le bassin même de la
fontaine, où, vers midi, l'eau est à une température de + 11°, tandis que
celle de l'atmosphère est de + 28% nous recueillons le Zannichellia macro-
stemon. Aux environs de la fontaine croissent les jEgilops ventricosa et
ovata \a\'.triaristata, Toriiis nodosa, Malva sijtvestris et le Plantago Coro-
nopus, qui couvre le sol de ses rosettes déprimées. Au delà de la fontaine,
nous traversons une plaine bornée au nord par deux montagnes pierreuses
connues sous le nom de Djebel el Kebour et el Khaloua. Dans la plaine
même dominent le Stipa tenacissima et V Artetaisia Herba-alba, entre
les touffes desquels nous observons le Bromus squarrosus; cette plaine
nous conduit par une pente insensible à un col qui sépare les deux mon-
tagnes. Sur leurs pentes escarpées et rocheuses, \es Junipems Phœnicea et
Oxj/cedrus forment des buissons et des arbres peu élevés ; dans les rochers
qui encaissent l'étroit et difficile passage où nous sommes engagés, le Bu-
plevrwn spinosum, par son abondance, nous indique que nous sommes à une
altitude assez grande. Indépendamment de celte espèce, nous y notons les
Centaurea alba, Polycarpon Bivonœ, Il/iamnus oleoides , Hutchinsia pé-
(rœu, Thymus hirtus. La pente septentrionale du col, très roide, presque
abrupte sur quelques points, et où nos chevaux ont parfois des escarpe-
ments de plus d'un mètre à descendre, nous conduit à un plateau peu
sF.^^Cl•: w l'^ i'Kvitii:u I8ô7. 431
('tendu, il rcxliciiiili' (huiucl s'ouvre !a vallée élevée connue sous le nom de
TenialOuled Mouiticii, eiieiiisséc à l'esl et à l'ouest par les deux monta<;;nes
([ui constituent le Djebel Mezouzin. Des pâturafjjes assez riches occupent
la plus i^rande partie du eol, où, dans les endroits déprimés, existent quel-
ques champs d'or<fe sur les bords desquels nous trouvons, pour la première
lois, V Acliillea SantoHna. — Du sommet de ce col se déroule devant nous
le plateau où s'élève le fort de Géry ville, ([ue nous voyons enfui, et avec une
vive satisfaction, apparaiti-e à nos yeux. Nous sommes si impatients de
lingncr ce centre de civilisation européenne, où la bienveillante sollicitude
du commandant supérieur, M. de Colomb, nous prépare une cordiale hos-
pitalité, que, remettant à un autre jour toute exploration botanique, nous
lançons nos chevaux de toute leur vitesse; presque aussitôt nous voyons,
dans la direction du fort, s'élever un nuage de poussière, au milieu duquel
nous distinguons des cavaliers précédés de trois officiers vers lesquels nous
nous hâtons de nous diriger. Au bruit d'un coup de fusil tiré par Osman,
notre spahi, ces cavaliers viennent droit sur nous et ne tardent pas à nous
aborder. Heureux de revoir M. de Colomb, dont les bons offices m'avaient
déjà été si utiles pendant mon séjour à Mascara, en 1852, je lui exprime
toute ma gratitude pour les soins qu'il a donnés a notre voyage, depuis
notre entrée sur le territoire qu'il commande. Je lui présente mes compa-
gnons de voyage, auxquels il fait le plus aimable accueil, et il nous pré-
sente à son tour les officiers du bureau arabe, MM. Burin et La Ferronay,
qui ont bien voulu se joindre a lui pour venir à notre rencontre. A quatre
heures, tout en causant avec ces messieurs, nous entrons dans la vaste
enceinte du fort, où notre tente est dressée dans la cour pour abriter nos
bagages et nos plantes, et nous nous installons dans une chambre de l'hô-
pitiil, où d'excellents lits nous promettent un confortable dont nous avons
presque peidu l'habitude, mais non le besoin.
{La suite à la prochaine séance.)
NOtES SUR QUELQUES PLANTES RARES OU NOUVELLES DE LA RÉGENCE DE TUNIS ,
pm- MM. E. COSSOIV et L,. KRALIK.
(Deuxième partie.)
t\ÈTAMA R/ÈTAM Wcbb Pkfjt . Cttu. Il, 56, et in Anii. se. nat, sér. 2, XX,
279. — Genista Rœtam Forsk. FI. ^Eg.-Arah. descr. Hlx. — Spavtium
monospermwn Delile yEy. illustr. n, 657, excl. syn. L. — Sparthnn
Rœtam Spach in Anu. se. nat. sér. 2, XIX, 288. — Rétama Duriœi var.
phii'oèabjx Webb ap; Balaiisa pi. Alger, exsicc. n. 9l/i.
In arenis deserti Tunetàni finctu uvato-sitbgloboso vel vvafo obvia, inter
^Sfax et Gabes ad Inrrem JSadour, et ad occidentem urbis Gabes ad basinr
monlis Djebel Aziza, et in alluviis ainnis Oued Gabes (Kralikpl. Tun. ex-
132 hU(;ii:TÉ buiamqle de i'ka.nci;.
sicc. 11. 'idl Ml!) iioiniiie H . Duriasi]-, fi-uctu nvuto-obhnujo vci obloïKjo mX
basini montis hjvbci Aziza (Krniik pi. Tiiii. e.xhicf. n. /lOO suh nomiiie R.
Rœtam). — Iii Sahara Algoriensi Iota et in provinciai Oraiiensis et Alge-
rieiisis planitierum excelsarum parte austialiorecum fiuctu ovato vel ovato-
subgloboso late diffusa, cuni ftuctu ovato-oblongo larioi-: in ditione Bis-
kra! (Jamin pi. Alger, exsicc. n. 250 sub nominc Rétama Rietani? ; Balansa
pi. Alger, exsicc. n. 91;^ sub noniine Rétama Diiriœi var. pliœocalyx)^ in
provincia Oranensi australiore! (Kralikap. Bourgeau pi. Alger, exsicc.
n. 216 et 216 bis). — In desertis .Egypti superioris (Olivier, Bové,
Aucher-Éloy) et Arabise petrœae (Bové, Aueher-Eioy, Schimper, Boissier).
In Syria ad promontorium montis Carrnel (Labillardière) et ad Csesaream
(Michon).
L'étude que nous avons été à même de faire, à un grand nombre de loca-
lités du sud de l'Algérie, de la plante que nous avons distribuée sous le nom
de Rétama Ihiriœi var. 'phœocalyx, nous a démontré que le légume d'une
grosseur variable, le plus souvent ovoïde ou ovoïde-subgiobuleux, passe
par de nombreuses transitions à la forme oblongue ou oblongue-ovoïde
donnée comme caractéristique du lietama Rœtam par les auteurs mo-
dernes, et que par conséquent on ne peut considérer cette forme du légume
comme un caractère spécitique. ÎS'ous avons pu également constater que
les graines, d'abord vertes ou vertes-brunâtres, deviennent d'un jaune citrin
à la maturité, et que ces variations de coloration ne sont dues qu'à l'âge et
ne sont pas non plus des caractères d'espèce, — INous croyons devoir rap-
porter la plante d'Algérie et de la régence de Tunis au Rétama Rœtam, qui
par la grandeur, la forme de la fleur et la proportion de ses parties, lui est
complètement identique, et serait du reste, d'après Forskal, caractérisé par
un légume ovale. — Le Rétama Duriœi du littoral algérien (Balansa pi.
Alger, exsicc. n. 913) nous parait difféier surtout du Itetama Rœtam par le
calice moins coloré, les fleurs ordinairement plus grandes, par les ailes dé-
passant assez longuement la carène, et non pas environ de sa longueur, et
par la carène presque aiguè et non pas obtuse.
Argybolobium umflorum Jaub. et Spach in Ami. se. nat. sér. 2, XL\, ^5.
— Cijtims unillorus Dcne Floriil. Siit. in Aim. se. mit. sér. 2, III,
265.
In pascuis, in collibus apricis et in torrentium alveis descrti Tunetani,
prope 6'fiw (Kspina), vulgaie in ditione (/«^es (Kralik pi. Tun, exsicc.
n. 389) , eliam in iusula Djerba. — In Sahara Algériens! nec non in regione
monlana infcriore calidiorc Saharie conlini diflusum, in tribus proviuciis
obvium (Balansa pi. Alger, exsicc. li. 931). — In Arabiaî petra'SC dcserto
.Sinaico (Bovc in iicrb. Mus. n. 197). In Libano (Auclicr-Eloy).
SKANCE DU 13 Fl^lVRIKR 1857. ^?>'^
Ononis Aisr.iiSTissiMA Lmk Fnci/cl. uiétli. I, 508 (cxcl. syn. et pafr. llisp.) ;
Webb /'//y/. Cnn. IF, 23, t. 51. — 0. longifolia \Mlld. Enum. fiort.
Borol. Il, 750.
In arp,illosis, arf^illoso-arcnosis et coUibus ealcareis apricis deserli Tunc-
tani prope /:'/ Djcm et S fax ^ in ditione Gnbcs frequcntissiina (Kralik pi.
Tun. exsicc. ii. /i6), nec non in insula I)jerl)aoh\\{\ (Kralik). — In Sahara
Algériens! tota diffusa nec non in regione niontaua inferiore calidiore Sahara?
confini et planitlorum e.xccisarum parte austraiiore (Balansa pi. Alger, ex-
sicc. n. 923), — In montosis insularum Teneriffœ et Canarise et a cl. Webb
tanquam species omnino Canariensis habita (Webb; liourj^eau pi. Can.
exsicc. [18H6] n< 517 et [4855] absque numéro).
Medicago LAciNiATA AU. FI. Pecl. I, 316, n. 1159; Willd. Sp. TU, UIO;
DC. Fi Fr. IV, 5/|7; Seringe in DC. Pmdr. II, 180; Webb Phyt.
Can. Il, 63; Gren. etGodr. Fl. Fr. I, 392. — TrifoUum cochlcatum spi-
nosum Syriacum, foliis laciniatif^ Breyn. Cent. 81, t. ok. — M. ]i()ly-
morpha var. laciniata !.. Sp. 1099; Desf. AU. II, 212. — ^1/. diffnsa
Poir. EncycL mêtli. suppl. 111, 52i, forma foliolis non dissectis.
In argillosis, ar<iilloso-arenosis et alluviis deserti Tunetani prope 562/::«,
Sfax, ad tnrrem Nadour Sfax inter et Gahes, in ditione Gabes haud infre-
quens (Kralik pi. Tun. n. 20i et 206). — In arenosis et alluviis Saharee
Algeriensistotius (Balansn pi. Alger, e.xsicc. n. 929) et in planitierum excel-
sarnm parte calidiore diffusa. — In insulis Canariis l'requens (Webb; Bour-
geau pi. Gaii. exsicc. n. 1318). In Africa australi (ïhunb. ; Ecklonet Zeyher
sec. Webb). In Syria (sec. Breyn.). Hinc inde in Europae regione mediterra-
nea calidiore, sed ibi vcri.similifer vi\ indigena ex. gr. in Hispania (ex
Willd.) , in Gallia australi prope Monspelium ctTelonem, nec non in Cor-
sica (Gren. et Godr.) , in agro ISicœensi (sec. Ail.) , in arvis Dalinatia; olim
visa (sec. Vis. Fl. Daim.).
Les folioles du M. laciniata sont des plus variables; ainsi, et quelquefois
.sur le même pied, on obsei've toutes les transitions entre les folioles
obovalesou oblongucs dentées et les folioles linéaires profondément incisées
ou pinnatilides.
Var. j3. hrachyacantha Boiss. Diagn. pi. Or. ser. 1, fasc. ix. 10. — Legu-
mine subduplo minore, spinis brevioribus.
In pascuis deserti Tunetani rarior, in ditione Béni Zid haud procul a
Gubea (Kralik pi; Tun. exsicc. n. 165). — In /Egypti média?, ditione /flyo?/w
in arvis arenosis incultis prope lacum Birket el Karonn (Kralik). In areua
mobili deserti Arabia' petra^se ad \\ nili llanime (Schimpor pi. Arab. petr.
exsicc. n. 196).
'13/j SOCIÉTK BOTAMQUF DE FRANCE.
Mkdicago seci NDiFr.ORA DR. iii Duchaiti-e Bev. bot. T, 365, et in Expl. »c.
Alger, t. 88, f. 2 optiinn.
In alluviis ad amnem Oued Gahcs prope Gabes (Kralik), prope Sfax
(Espina). — In Algeria! late dilTusa ncmpe in regione niontana inforiore
montium planitiebiis excelsis (Balansa pi. Alger, exsicc. n. 374) etSaharae
confinium, nec non in planitlebus excelsis et in alluviis Sahaiœ in tribus
provinciis obvia.
Trigonella MARiTiMA Dclile iu Poir. Encijcl. méth. V, 361, et in /Eg.
illustr. n. 721 (absque desciipt. ) t. ô/i, f. 6 (ined. in bibliotheca Deles-
sert); Seriiige in DC. Prodr. il, 181- Moris FI. Sord. I, 456, t. 55;
Guss. Syit. fl. Sic. II. 360. — 7'. littoralis Guss, Cot. hort. reg. [1821]
p. 23; DC. Prodr. II, 182. — 7'. dura Vis. PI. /Eg.-Nub. 32, t. 7, T. 1.
In pascuis arenosis mafitimis ad Sfux et Gcdjcs vulgaris {Kralii\ pi.
Tun. exsicc.) et in insula Djcrba (Fvralik). — In pascuis littoreis Saidiiiiae
ad Caglkirl (sec. Moris, loc. cit.). In Sicilia meridionali (sec. Guss., loc.
cit.). In arenosis marilimis /l]gypti inferioris prope Alexandriam (Delile,
Kralik).
Cette plante, que M. Seringe ne décrit comme annuelle qu'avec doute, est
certainement annuelle, ainsi que nous avons pu le voir sur un assez grand
nombre d'écbantillons.
Trigonella stellata Forsk. Fl. ^Eg.-Arab. descr. 140 [1775]; Delile
/Eg. illustr. n. 726, t. 64, f. 7 (ined. in bibliotheca Delessert); et /^?y<^?/<.
fl. Arab. pétr. 22. — T, yEgyptiaca Poir. Encycl. méth. VIII, 95
(1808). — T. microcarpa Fresen. in Mus. Senck. I, 86 ; Dcne Florul,
Sin. in Ann. se. nat. sér. 2, III, 266. — T. hamom var. mici'ocarpa
Webb! Phyt. Can. II, 67.
In argillosis incultis secus vias et ;igros in ditione Gabes frequcns (Kralik
pl. Tun. exsicc. n. 402). — In Saharœ Algeriensis ditione Biskrn! (Jamin,
Balansa pl. Alger, exsicc. n. 934 sub nomine T. /Egyptiaca). — In insulis
Canariis, Lancerotta (Webb), Canaria (Despréaux, Bourgeau) , Fuerteven-
tura (Bourgeau pl. Can. exsicc. n. 400 sub nomine T. bamosa var. mi-
crocarpa). In yEgypto média ad C.ahiram (Forskal, Delile, loc. cit.). In
arenosis Arabiœ petrœEC prope Ilaouura ad siiium Suez (Scbimper pl. Arab,
petr. exsicc. éd. Hohenacker [1843] n. 426 sub nomine T. microcarpa
Fres.) et ad El Tor (Bové n. 198 in berb. Mus. Par.).
La synonymie de cette plante, telle que nous l'avons présentée, ne laisse
aucun doute, et le T. stellata est un nouvel exemple de l'étendue en latitude
qu'occupent un grand nombre d'espèces observées dans la région saha-
rienne.
SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1857. 135
TRroo^KM.A angtina Dolile A'Jç). illustr. n. 725, FI. t. 38, 1". 2 ; Seringe in
DC. Prodr. Il, 183.
In incultis, ad vias, in pascuis deserti Tanotnni, prœscrtim In alluviis et
in doprcssis hyeme inundatis vel luimidis prope Sfax et Gahes (Kialik pi.
Tiin. oxsicc. n. 300). — In Sahara Algeriensi prope El Abind Sidi (Jheikhl)
fn ditione Tient Mzab (Uebond), noc non in ditione Biskra (Balansa pi. Alger.
exsicc. n. 933). — In il^^gypto inferiore ad Aiexandriam (Cadet de Fontcnay)
et média ad Cahiram (l)elile, Kralik). In Persia australi ad Mohamera
(Noo).
AsTKACrALus coRRUGATus Bei'tol. Bar. Ital. pi, dec. 3, p. 33, et Amœn.
Ital, 38; DC. Prodr. Il, 289. —A cruentus \io\h. App. I ad Cat, liort.
acad. Taurin. [1813], p. 8, sec. Bertol.
Vai". tenuirufjis. — A. tenuirugis Boiss. Diagn.pl. Or. ser. 1, fase. ix, 61.
In arenoso-argillosis incultis prope Gabes (Kralik). — Hinc inde in are-
nosis Saharai algeriensis trium provinciarum, nempe in provincia Oranensi
pvo^c Brézina! (Kralik ap. Bourgeau pi. Alger, exsicc. n. 222 sub nomine
A. corrugatus vrtr.), in Algériens! in ditione Laghoiiat (Geslin), in Cir-
tensi in ditione Biskra (Balansa). — In arenosis deserti Arabia; petraese Palses-
tinœ confini (Boiss., loc. cit.) et prope Hamata et in ericetis loco Bestan
(Schimper pi. Arab. petr. exsicc. un. it. [1835] n. 120 et 322).
Nous croyons devoir rattacher cette plante comme variété à VA. corru-
gatus, dont elle ne diffère que par les légumes finement réticulés- rugueux
et non pas rugueux à rugosités saillantes, cette différence ne nous parais-
sant pas à elle seule constituer un caractère spécifique suffisant. — L'A. cor-
rugatiis, que M. Bertoloni a décrit d'après des échantillons cultivés, et n'in-
dique en Egypte qu'avec doute, a été observé dans l'Arabie Pétrée, où il
croit avec la variété tenuirugis (Boissier, loc. cit.), et en Perse (sec. Bois-
sier) à Mohamera (Noë pi. Or. exsicc. n. 911 [1851]). — UA. reticu-
latus M. Bieb., DC, plante des steppes de la Bussie méridionale, bien que
très voisin par le port et la plupart de ses caractères de l'A. corrugatus, en
est suffisamment distinct par les légumes beaucoup plus courts, terminés
par une pointe droite, et non pas par un mucron courbé.
AsTRAGALUS EiFLORUs Viv. FL Libf/c. UU, t. 20, f. 1.
In pascuis arenosis deserti Tunetani ad Sidi Mansour prope Sfax (Es-
pina), inter Sfax et Gabes ad turrem Nadour et in ditione Gabes (Kralik
pi. Tun. exsicc. n. 5a, ^ha et ^hh). — In Sahara Algériens! in ditione
Biskra prope Saada (Balansa).
Nous n'avons pas hésité, malgré les pédoncules ordinairement pluriflores
de la plante de Gabes, à la rapporter à VA. hiflorm de Viviani, quoique
cet auteur ne décrive pas le légume et qu'il donne les pédoncules comme
bi- ou triflores. Notre plante se rapporte du reste parfaitement à la des-
136 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
cription et à la figure du Flora Libyca, et dans les échantillons les moins
développés, et, en particulier, dans ceux de Saada, les fleurs ne sont aussi
qu'au nombre de deux ou de trois nu sommet des pédoncules. Les légumes
de \ A. bifiorus sont au nombre de 2 à 10 et en grappes courtes pédonculécs,
à pédoncules un peu plus longs que les feuilles, longs d'environ 2 centi-
mètres, linéaires-triquètres, assez épais, fortement arqués-subannulaircs,
ascendants et convergents, à dos largement et profondément canalicuié et
à boi'd intérieur étroit non tranchant, hispides à poils roides tuberculeux
à la base et presque apprimés, divisés en deux logos presque complètes par
l'inlroflexion de la nervure dorsale. — LVi. bifiorus a été rapporté à tort
comme synonyme à 1*^4. annularis Forsk. (Steud. Nom. bot. cd. 2, 160),
dont il est très distinct; il est plus voisin de VA. luspididus DC, qui en
diffère surtout par le légume plus allongé, moins arqué, plus comprimé, à
dos plus étroitement canalicuié.
AsTnAGAiiis GoMBO Coss. et DP», ap. Balansa pi. Alger, exsicc. n. 5/i9
[1852], et ap. Coss. Voy. bot. Alger, in Ann. se. nat. sér. /i, I, 239.
Planta perennis, csespitosa, ssepissime multicaulis, caudice pluricipitein
radicem fusiformem abeunte; caulibiis ssepius 5-10 decim. longis, crassis,
decumbentibus vel diffusis, inferne indurato-suffrutescenlibus plus minus
arena immersis et petiolis subpersistentibus prseditis, pube brevi densissima
cano-subtomentosis; foliis 2Q-Z0-jHgis, nonnunquam 2 decimeira longis,
petiolo piloso vel cano-pubescente demum indurato-subpersistente, foliolis
ovato-suborbiculatis, supra glabiescentibus, subtus piloso-hiitis aut utrin-
que pubescenti- vel villoso-paniiosis; stipulis tenuiter membranaceis, pal-
lide vircntibus, cito emarcidis, triangularibus acuminatis, ciliato-pilosis,
petiolo vix adnatis, inter se liberis; jloribus in racemos axillares 3-7-floros
laxiusculos subsessiles foliis multoties breviores dispositis , breviter pe-
dicellatls , erecto- patentibus , bibracteolatis , bracteis membranaceis
iineari-Ianceolatis ciliato-pilosis pedicello subduplo longioribus , brac-
teolis linearibus calyce multoties brevioribus ; calyce 10-15 millim.
longo, membranaceo, pallide luteolo-viresceute, pubesceiiti-piloso de-
mum glabrescente, marcescente fisso et ad basim fructus subpersistente,
tubo tubuloso-campanulato , dcntibus tubum subdimidium aequantibus,
superioribus lanceolatis , inferioribus Iineari-Ianceolatis ; corolla calyce
duplo longiore, lidea^ vexillo ovato basi attenuato apice subemarginato
alis vix longiore, alis oblongo- linearibus, obtusiusculis, carina obtusa lon-
gioribus ; leguminibus Z-h centim. longis, crassis, pube brevi densissima
cano-subtomentosis, fructum Hibisci esculenti (vulgo apud Arabes Gombo,
unde specici nomen) referentibus, oblongo-lanceolatis vel oblongis teretius-
culis a latere compressiusoilis, rectiusculis, dorso subarciiatis, epicarpio
crasso snhevo'io elevato irregulariterque costatis, costis flcxuosissœpius ana-
stomosanlibus, sutura dorsal! introflf^xa exacte biloeuiaribus, apice sensim
SÉANCK DU 13 FKVRIKU 1857. 137
vel abrupte ro«tratis, rostru recto vnlido pioigenfc ; semin}7»/<t ]0-\'> leiii-
formihuscompressis. noniuiiKHiam prcssionc imitiia-clerormatis, subo/incis,
[mncfato-subscrobiculalis. — Martio-jimio.
[il aiTuis deserti ïunotaiii prope Sfhx et iii iiisula I)Jer/ja (Kralik). —
In Saliara Al^erionsi tota ! et in planitieruin cxcclsai-um ! parte australiorc
late diffusa (Balansa pi. Alger, exsicc. n. iViO et 936).
l.'A. Gombo, par les stipules à peine soudées au pétiole et libres entre elles,
par les fleurs jaunes en grappes courtes snbsessiles à l'aisselle des feuilles,
appartient au groupe des Cf/vistiani (UC. Prodr. Il, 295), et présente une
grande analogie avec les diverses espèces orientales suivantes de ce groupe,
dont nous croyons devoir donner l'énuméralion et les caractères différen-
tiels 5 ces espèces d'après leur affinité avec l'A. Grmbo viennent se classer
dans l'ordre suivant : — L'-'l. tomentoms Lmk {Enajcl. métliod. I, 312 ;
DC. Astragal. 185, t. 29, et Prodr. II, 295), plante d'Egypte (Delile in
berb. Ventenat in herb. Delessert), très voisine par le port, diffère par la
pubescence étalée des tiges, par les fleurs solitaires ou géminées, plus ra-
rement au nombre de Z-h (DC), parles légumes velus-pubescents à pubes-
cence étalée, à péricarpe moins épais, réticulés-rugueux à rugosités moins
saillantes, à pointe épineuseplus courte, et par les graines d'un brun rougeâtre
lisses.— L'A. Gerensis Boiss. {Diagn. pi. Or. ser. 1, fasc. tx, 711, plante du
midi de la Perse, où elle a été recueillie, entre Atjuscbir et Scliiraz (Kotseby
pi. Pers. austr. éd. Hobenaeker [18/i5] n. 85), très voisine de notre espèce
par le port, le mode de villosité et l'épaisseur du péricarpe également ru-
gueux, en diffère par les (leurs plus grandes en grappes plus allongées pe-
donculées, par les bractées plus courtes, par le légume atténué en une
pointe épineuse plus courte, et surtout par les graines exactem.ent quadran-
gulaires et non pas réniformes.— L'A. gilvus Boiss. [Diagn. pi. Or. ser. 1,
fasc. IX, 71), plante de la Carie, qui ne nous est connue que par la des-
cription rédigée d'après un échantillon dépourvu de fleurs et de fruits mtirs,
parait différer par les feuilles à 15 paires de folioles, par les stipules lan-
céolées longuement linéaires-sétacées au sommet, par les grappes assez
longues, par le légume jeune à rugosités presque indistinctes.— L'A. Alcp-
picns Boiss. {Diagn. pi. Or. ser. 1, fasc. 11, 58), de Syrie où il a été
récolté près d'Alep (Aucher-Éloy pi. Or. exsicc. n. 1287 in berb. Delessert),
voisin par le port, diffère par les tiges velues-pubescentes à poils étalés, par
les feuilles à folioles ordinairement moins nombreuses, par les calices velus-
pubescents, par les ailes égalant environ la carène, par les légumes notable-
ment plus petits, velus-pubescents. — L'A. Sieùeri DC. (Prodr. 11, 295.—
A. trigonvs Sieber! exsicc. non DC), plante d'Egypte, diffère par les pé-
tioles, moins ceux des feuilles supérieures, persistants-indurés etspinescents,
et surtout par les légumes pubescents ou glabrescents à la maturité, beaucoup
moins gros, oblongs-lancéolés, environ quatre fois plus longs que larges,
trigones, à peine rugueux, plus insensiblement atténués en bec, et par les
138 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE,
graines lisses et plus petites. — L'A. Vanillœ Boiss. {Diagn. pi. Or. ser. 1,
fasc. II, 60), plante de Perse (Aucher-Éloy pi. Or. exsicc. u. khZk in
herb, Delessert), en est très éloigné par les légumes très longs, arqués,
réticulés-rugueux, à rugosités peu saillantes, à bec peu distinct non épi-
neux.— L'A. sparsus Delile (mss ; Dcne! Florul. Sin. in Ann. se, nat.
sér. 2, III, 267) de l'Arabie Pétrée, où il a été recueilli près d'EI Tor et
du raont Sinaï (Bové n. 192) et dans la vallée d'Hébron (Schimper pi.
Arab. Petr. exsicc. un. it. [1835] u. 180), est très distinct par la pubes-
cence étalée des tiges, par les feuilles à folioles moins nombreuses et sur-
tout par les légumes allongés, étroits, presque linéaires, comprimés, velus-
soyeux , à péricarpe membraneux-cartilagineux dépourvu de rugosités
saillantes. — L'A. radicatus Dcne {Florul. Sin. in Ami. se. nat. sér. 2,
III, 268), plante des sables du désert duSinai (Bové exsicc. n. 193; Schim-
per pi. Arab. Petr. exsicc. un. it. [1835] n. 229 sub nomine A. Sieberi), dif-
fère par l'extrême brièveté des tiges, par les pétioles, même ceux des feuilles
supérieures, persistants indurés et spinescents, par les légumes glabres-
cents à la maturité, à rugosités peu prononcées, et par les graines lisses. —
L'A. d actf/locar pus Bolss. [Diagn. pi. Or. sér. 1, fasc. ii, 60), plante de
Mésopotamie (Aucher-Éloy pi. Or. 1288 in herb. Delessert), diffère par les
tiges courtes, par les pétioles, même ceux des feuilles supérieures, indurés
et spinescents, et par les.légumes allongés, étroits, lancéolés-linéaires triquè-
tres un peu comprimés.'^à péricarpe assez mince, cartilagineux, dépourvu
de rugosités saillantes. — VA. neurocarpus Boiss. [Diagn. pi. Or. ser. 1,
fasc. II, 59), qui a été recueilli en Syrie près d'Antab (Aucher-Éloy pi. Or.
exsicc. n. 13^0 in herb. Delessert), diffère par les légumes beaucoup plus
petits, glabres, terminés par une pointe épineuse plus longue et plus grêle.
ScoEPiuRL's L.'EviGATA Sibth. ct Sm. Prodr. fl. Grœc. II, 81, eiFl. Grœc,
t. 718optima; Seringe inDC. Prodr. ^OS. — Scorpioides Buplevri folio,
siliquis levibusTomnet Inst. Zi02.
In pascuis arenosis et olivetis prope Gabes (Kralik pi. Tun. exsicc. n. 210).
— In arvis Archipelagi (sec. Sibth. et Sm.).
HiPPOCREPis BicoNTORTA Lois. Nouv. not . in Mém. soc. Linn. Par. VI,
klk, et Fl. Gall. éd. 2, H, 162, t. 28; Godr. Fl. Jiiv. éd. 1, p. 21.—
H. Buceras Delile /Eg. t. 6^, f. 13 (ined. in biblioth. Delessert) forma
leguminibus glabris. — H. velutina Delile /Eg. t. 6^, f. 10 (ined. in
biblioth. Delessert) forma leguminibus velutinis. — H. cornigera Boiss.
Diagn.pl. Or. ser. 1, fasc. ii, 102.
In argilloso-arenosis herbidis regni Tunetani australioris prope Sfax
(lîspina), prope Gaôes frequens (Kralik pi. Tun. e.vsicc, n. 211).— In are-
nosis et argilloso-arenosis Saharaî Algeriensis et planitierum excelsarum
parte australiore, in tribus provinciis: in provincia Orancnsi australiorel
SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1857. 139
multis locis obvia (Kralik ap. Bourgeau pi. Alî^er. cxsicc. n. 221 a); in
provincia Aloopiensi in ditione Laghovaf (Keboud); in provincia Cirteiisi
in ditione lliskra (Halansa). — ïn /Egypte (Delilo). In Arabia petraia
(Schiniper sec. lîoissicr), in arenosis montis Sinaï (Aucber-Eloy pi. Or.
exsicc. n, 1153). Prope Monspelium loco dicto Port-Juvénal cum lanis
arlvecta (Millois sec. (.oiseleur).
Nous avons été à même, dans notie dernier voyage dans le sud-ouest de
l'Algérie, où la plante est très répandue, de constater que la longueur des
prolongements latéraux des articles du légume est très variable, et nous
avons vu inditïéremment les légumes être glabres, pubescents ou velus.
Aussi n'hésitons-nous pas, à l'exemple de INI. Godron, à réunir à VH.
bicontorta les //. Bucerns et velutina Delile, ainsi que VU. cojniigera
Boiss.
Onobrvchis Crista-Galli Lmk FI. Fr. II, 652 sec. Boiss. Diagn. pi. Or.
ser. 1, fasc. i\ 108 (in adnot) non?Seringe in DC. Prodr. II, 3^6 née
Gaertn. Fruct, t. IZtS qwx 0. Gœrtneriana Boiss. — Hedysarum Crista-
Galli f>. Syst. veget. 563 sec. Boiss.-, Sibth. et Sm. FI. Grœc. VU, 16,
t. 724 optima. — Onobrychi.« trilophocarpa Coss. et DR. ap. Balansa pi.
Alger, exsicc. n. 381 [1852], et ap. Coss. Voy. bot. Alger, in Ann. sr.
nat. sér. U, I, 223.
Inpasciiis deserti ïunetaiii circa Gabe/i (Kralik pi. Tun. exsicc. n. 403
sub nomine 0. trilophocarpa). — In Algerise occidentalis regione littorali,
in collibus apricis prope iMostaganem (Balansa), Oran (DR. ; Balansa pi.
Alger, exsicc), Saint-Denis du Sig (Durando). — In iEgypto int'eriore
prope Alexaudriam et ^6o?/^"2V (Cadet de Fontenay, Kralik). In Palœstina
(Boiss.). In Peisia australi prope Gère inter Abiischir et Schiraz (Kotschy
pi. Pers. austr. exsicc. éd. Hohenacker [1845] n. 60 cum 0. Gœrtneriana
Boiss. sub nomine 0. sequidentata permixta). In agro Argolico, Messe-
niaco et Kliensi nec non in insula Cypro et circa Byzantium (Sibth. et Sm.,
loc. cit.).
La plante de Gabes, qui diffère un peu de celle d'Algérie par les fruits
plus petits à ailes divisées en lobes dentés épineux, établit le passage vers la
plante d'Egypte, que M. Boissier, d'après la figure du Flora Grœca et la
description du Species, considère comme étant VOnobrychis Crista-Galli
{Hedysarum Crista-Galli L.). Pour éviter de créer un nom nouveau, nous
croyons devoir admettre la synonymie établie par M. Boissier, et renoncer
au nom cVO. trilophocarpa pour la plante d'Algérie et de Tunis, peut-être
distincte spécifi(]uement de \'0. Crista-Galli des auteurs (0. Gœrtneriana
Boiss. — 0. trilophocarpa Coss. et DR. olim). E'O. Crista-Galli \.. (sec.
Boiss). diffère surtout de \'0. Gcertneriana [0. Crista-Galli Seringe in DC
Prodr.) par les fleurs à corolle plus pâle, un peu plus courte que les dents
du calice, par les fruits à fossettes plus étroites, ordinairement plus nom-
1/iO SOCIÉTÉ BOTANIOrE DE FRANCE.
breuses, munis de deux crêtes latérales plus prononcées, par les lobes de la
crête dorsale moins aigus, et surtout, ainsi que l'a remarqué M. Durieu de
Maisonneuve, par les caractères de végétation lors de la germination; dans
ïO. Crista-Galli, la jeune plante présente au-dessus des feuilles cotylédo-
naires quatre feuilles (phyllodcs) réduites a un pétiole linéaire filiforme dé-
pourvu de folioles ou à une seule foliole terminale de n)ême forme que le
pétiole lui-même, et distincte seulement par une articulation; les feuilles
siluées immédiatement au-dessus présentent trois folioles linéaires filifor-
mes; dans YO. Gœrtneridiia, ^]an\e de la Syrie, de la Palestine et de la
Perse, et que M. Durieu de Maisonneuve a reti'ouvée également à Oran
croissant pêle-mêle avec l'O. Crista-GaUi^ les premières feuilles sont trifo-
liolées à folioles linéaires-oblongues, et celles qui viennent immédiatement
au-dessus présentent déjà plusieurs paires de folioles comme celles de la
partie supérieure de la plante. Malgré l'importance de ce dernier caractère,
il serait utile d'étudier comparativement, dans toutes les phases de leur
développement, ces deux plantes trop voisines pour être maintenues comme
espèces, si le mode de germination ne coïncidait pas d'une manière con-
stante avec les auti'es différences que nous avons signalées.
Vicia sativa L. Sp. 1037 forma amphicarpa. ■ — V. amphicarpa Dovih.
Journ. phys. XXXV, 131 ; mZ.FI. Fr. IV, 59ù ; Duby Bot. Gall. I, 152 ;
Gren. et Godr. FI. Fr. I, h^\ ; J.-H. Fahre in Bull. Suc. bot. II, 503.
In agris hoideaeeis, arvis incuitis, olivetis et alluviis, in terra mobili
arenoso-argillacea prope Gabea (Kralik pi. Tun. exsicc. n. 377 et 377 bis).
— Hinc Inde in Algeriœ! planitiebus excelsis. — In insula Teneriffa (Bour-
geau). In l.usitania australi prope Olisiponem {\\ eiwitscb it. Lus. cont.
[1851] n. 105). In Mispania (Bourgeau pi. Hisp. exsicc. ii. 6/i0 et 1729).
In Gallia australiore passim.
Xous avons eu l'occasion, en Algei-ie et dans la régence de Tunis, où le
V. amphicarpo Dorth. croit en assez grande abondance, de le trouver mêle
soit au V. sativa, soit à sa variété angustifolia, et il n'en différait que par la
présence de rameaux bypogés; aussi n'hésitons-nous pas à ne considérer le
V. amphicarpa que comme un état particulier du V. sativa ou de sa variété
(fnr/ustifolin dû a la station dans un terrain meuble; cette manière de voir
])ous semble complètement confirmée par les intéressantes observations sur
les fleurs et les fruits bypogés du V. amphicarpa^ publiées par M. J.-H.
Fabre (in Bull. Soc. bot. II, 503). IS'ous devons ajouter qu'en semant en pot
en égal nombre des graines provenant de légumes bypogés et de légumes
aériens, et en repiquant ensuite les jeunes individus, M. Durieu de Maison-
neuve n'a obtenu que des plantes dépourvues de rameaux bypogés et sem-
blables au r. satira var. angustifolia.
{La suite à la priyhaini' '<i'<nicp.)
iJÉ/iiscK i)i: 27 l'ÉviUKii 1857. l/il
S1:A"NCE 1)1 27 KÉVRIKH 1857.
PUÉSLDENCE UE M. MOQUIN-TANDON.
M. de S('liuMie(clcl,vice-secrélaire, donne lectunî du procès-verbal
(le la séance du 13 lévrier, dont la rédaction est adoptée.
A l'occasion du procès-verbal, M. J. Gay lait Tobscrvalion sui-
vante :
M. le docteur Clos, notre confrère de Toulouse, apprend que M. Guiilarcl
vient de communiquer à la Société un grand travail sur les inlloiescences.
A cette occasion, M. Clos désire faire connaître qu'à son avis, on doit
admettre quatre groupes principaux d'inflorescences, définies , indéfinies,
m'wiGS et de partition. Il avait indiqué ce dernier groupe en IS55 {Bull.
Soc. Bot. de Fr., II, p. 699 et suiv.), mais sans lui donner de nom.
Par suite des présentations faites dans la dernière séance , M. le
Président proclame Tadmission de:
MM. Fiston, employé des postes, rue des Récollcts , 17, à
Versailles, présenté par MM. Germain de Saint-Pierre
et de Schœnefeld.
Uantoinnet, pépiniériste, à Hyères (Var), présenté par
MM. Germain de Saint-Pierre et Cosson.
Jeanbernat (Ernest), interne des hospices, à l'hôpital Saint-
Jacques, à Toulouse, présenté par MM. Clos et 3Ioquin-
Tandon.
M. le Président annonce en outre une nouvelle présentation.
Do?is faits à la Société:
1° Par M. Montagne :
Rapport sur un mémoire pour servir à l'histoire naturelle des Sphai-
gnes, de M. Schimper.
Plantes cellulaires nouvelles, indigènes et exotiques, septième centurie.
Note sur le Boschiu, nouveau genre de la fanùlle des Hépatiques.
1° Par M. Léon Soubeiran :
Du sucre de Jagre ou de Palmier.
:l/i2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FHANCE.
3° Par M. Léon de Rosny :
]J Opuntia ou Cactus-i'aquette de l'Algérie. *
4° De la part de M. W.-P. Schimper, de Strasbourg :
Mémoire pour servir à l'histoire naturelle des Sphaignes.
5° De la part de M. Derbès de Marseille :
Description d'une nouvelle espèce de Floridée [Ricardia Monfagnei).
6» En échange du Bulletin de la Société :
Bulletin de la Société impériale zoologique d'acclimatation, numéro
de janvier 1857.
L'Institut, février 1857, deux numéros.
31. Ducliartre, secrétaire, donne lecture de la note suivante,
adressée à la Société par M. Guillard, au sujet de la communication
de M. Naudin, sur les vrilles des Cucurbitacées, lue dans la dernière
séance.
NOTE SUR LES VRILLES DES CUCURBITACÉS, par M. ACU. UUILLARO.
(Paris, 25 février 1857.)
N'ayant pu examiner réchantillon présenté à la dernière séance par
JM. Naudin, je ne sais s'il ajoute un fait nouveau aux faits déjà très lucides
que le même savant avait dessinés en 1855 (1). 1mi tout cas, les débats
soutenus devant la Société par MM. Clos, Naudin, Fabre et quelques autres
membres, ont certainement avancé beaucoup la connaissance de la vrille des
Cucurbitacées. La nature foliacée de cette vrille ne parait plus pouvoir être
contestée (l'hypotbèsede M. Fabre, qui la compare à la <i;rappe terminale
déjetée des Ampélidées, restant jusqu'à ce jour sans observation à l'appui).
Quanta l'opinion mixte de M. Naudin, qui y voit à la fois une feuille et
un rameau abortif, un rameau par le bas, une feuille par le haut, il est
peut-être facile de la rapporter au sentiment de M. Seringe, qui n'y voit
qu'une feuille. En effet, un rameau n'étant qu'un ensemble de feuilles, peut
avorter, quand cela a lieu, aussi bien après la première qu'après les sui-
vantes. Dans les cas adventifs et irréguliers, figurés par notre savant con-
frère (/. c), où la vrille et le rameau vont l'un portant l'autre, j'avoue que
je suis porté à regarder comme support le rameau plutôt que la vrille. Dans
une autre famille, l'anatomie ferait bonne justice de ce doute. On sait, en
ieffet, qu'un pétiole n'offre ordinairement, en section transversale faite à sa
(1) Annales des se, nat., '6* série, tV, u» 1.
SÉANCE DU 27 FÉVRIKR 1857. 1A8
hiKse, qu'une cohorte Iblialc (1), ou 3, rarement 5, rangées en demi-
cercle, tandis que tout rameau eu a un plus grand nombre, faisant cercle
complet plus ou moins régulier. Mais les Cucurbitacées se refusent à une
telle vérilii-ation : les faisceaux trachéens y sont rangés en cercle aussi bien
dans le pétiole que dans le rameau , aussi bien dans la vrille que dans le
pétiole. Nous dirons donc seulement à M. Naudin : Pour que nous acceptions
la vrille comme rameau, elle qui est toujours contiguë à un rameau normal
portant feuilles et fleurs, il faudrait nous faire voir quelquefois deux
rameaux effectifs existant côte à côte : si cela ne se rencontre pas,
tenons-nous à l'observation, qui nous montre la vrille comme une feuille plus
ou moins déformée , soit qu'on la voie à la base du rameau axillaire, soit
que ce rameau l'ait entraînée dans son évolution.
La vrille étant une fois adoptée comme feuille, il reste encore a savoir à
quel axe cette feuille appartient : c'est actuellement le nœud de la question
entre MM. Clos et Naudin. Ici l'anatomie reprendra tous ses droits. On
admet, en effet, que les faisceaux trachéens (ou cohortes foliales) quijiais-
sent dans un rameau , qui lui donnent sa forme et entretiennent sa vie, ue
sortent de ce rameau que pour aller à ses feuilles, et point ailleurs ; ou, en
termes plus exacts, que les bourgeons qui naissent à l'aisselle des
feuilles ne tirent aucun faisceau du rameau qui les porte, mais créent en
eux-mêmes toutes leurs cohortes foliales. Cette grande loi de physiologie
étant rappelée, il ne s'agit plus que de voir quelle est l'origine des faisceaux
de la feuille-vrille, où ils s'arrêtent inférieurement , pour dire si elle fait
partie de la production axillaire que l'on considère, ou de l'axe qui porte
et cette production et sa feuille aisselière. Nous ne voyons pas que les
deux conlendants se soient rendus sur ce terrain. Pourtant M. Clos a rap-
pelé une observation, une seule, consignée aux Ann. se. nat. (2), dans une
courte note, où il est dit que la vrille du Melon cultivé reçoit l'un des trois
faisceaux vasculaires qui appartiennent à la feuille voisine. Et c'est peut-être
cette note qui l'a induit à penser que la vrille résultait d'un dédoublement de
cette feuille. Nous venons à la rescousse pour M, Naudin, et nous disons
d'abord que le fait énoncé dans la note (et que nous ne contestons pas
comme observation, n'a pu être qu'un fait accidentel et tératologique ,
attendu que, si nous ne nous trompons, on n'en connaît pas, dans tout le Règne
végétal, un seul exemple régulier et constant. Dans un travail publié il y a
dix ans (3) et qui nous obligeait à rechercher les rapports entre le rameau
(1) Faisceau trachéen dans une colonne séreuse. Voyez la note ci-dessous.
(2) Annales des se. nat., 3° série, t. III, p. IGZi.
(3) Observations sur la moelle et les cohortes foliales, inséré d'abord aux
Mém. de la Soc. d'agric, etc., de Lyon, puis reproduit Ann. des se. nat., 3' série,
t. VIII.
l/i/i sociÉTL botamqll; 1)1-: fuanci;.
ol ses l'euillcj, nous avoDS dû prendre des exemples dans toutes les familles
dicotylédonées, et nous n'en avons pas trouvé un seul qui nous montrât les
faisceaux s' égarant pour aller ailleurs que dans la feuille. INous avons fait
voir qu'elle tire du rameau qui la porte une cohorte foliale ou trois, selon
les classes et les familles , ou très rarement cinq et sept, etc. 31ais partout
et toujours, et en quelque nombre qu'elles soient, ces cohortes (faisceaux
ou manipules) se rendent à la feuille (ou plutôt en sortent pour aller former
le verticille interne qui entoure la moelle du rameau). Quelquefois les sti-
pules y contribuent, mais pour une très faible partie qui se joint à la cohorte
latérale de la feuille.
Si ces observations s'accordent avec les faits généraux, et si l'on venait
déplus à reconnaître que chez les Cucurbitacées la vrille reçût quelqu'un
des faisceaux trachéens qui appartiennent à la feuille, il faudrait accorder
h M. Clos que la vrille n'est qu'une partie de la feuille voisine. La solution
du débat entre lui et !M. Naudin repose donc, à notre avis, sur ces
deux points d'anatomie, l'un général, l'autre spécial. Et cela donne beau-
coup d'importance à cette étude des vrilles, qui au premier coup d'œil ne
semblait peut-être qu'une mince question de détail.
Mes observations peu nombreuses , il est vrai , sur le point spécial , sont
contraires à l'hypothèse de M. Clos. J'ai vu la vrille indépendante de la
feuille et ne recevant rien d'elle sur les plantes suivantes, étudiées à l'état de
vie: Trichosanthes anguina , Mclothria pcndida, Benincasa cerifera, La/je-
naria vitlfjaris^ Cucurbita Melopepo^ Cucumis metulifer, C. prophetca'um.
Kt j'ajoute qu'aucune autre Cucurbitacée ne m'a offert l'exemple du con-
traire.
La considération de l'inflorescence servirait peut-être à limiter les solu-
tions du doute relatif à la vrille. On peut déiinir l'inflorescence générale des
Cucurbitacées : Cyme axillaire fasciculée, dont la fleur ainée est fructifère
dans le plus grand nombre des genres , et dont les deux récurrents sont
collatéraux et dissemblables ; l'un étant ordinairement un groupe de fleurs
mâles, l'autre est toujours un rameau répétant la Cyme progressivement,
avec ou sans feuilles. On sait que, dans toutes les familles dicotylées, chacun
des deux rameaux récurrents de la Cyme est à l'aisselle d'une feuille ou
bractée. Si nous cherchons cette aissclière sur la Cyme cucurbitacée, nous
devons la trouver, d'un côté, aisselant la grappe mâle, de l'autre, aisselant
le rameau ou bourgeon plus jeune. En effet, on la voit souster le pédoncule
mâle chez Lii/fa acufangula, striata, œgijptiaca , Sechium jjcruviammi,
Cucumis dipsaceus,Fiyarei,d)cz Benincasa, Cucurbita, et quelques autres;
souvent la bractée existe sans le pédoncule {Cucumis Figarei, Luffa, Ci-
trullus), par un elTet de dimidiation dont les (^ymes de diverses familles
offrent beaucoup d'exemples; souvent enfin la bractée est effacée. De l'autre
côté de la Cyme axillaire, du côté du rameau ou bourgeon immanquable, la
siî:anck du 27 iévuikh 1857. 1/i5
l)r;i('ti'c aisseliéii! se voii sur lù'balinin hldicriiini, pcHiolcc et lancéolée
(c'est Cl' (|iie M. Nauilin iu)n)nie un .ippcndice giolc, pt ce qu'il a Irès-bicn
ligure (/. c). Citez toutes les autres Cuourbilacées, ([uc trouve-t-oii à l'en-
droit ou doit être cette bractée/? La vrille. Il parait donc naturel de conclure
(|ue la vrille est elle-même celte bractée, dont l'alisence constituerait une
anomalie que l'on ne doit pas admettre, puisqu'on a un moyen de la re-
pousser. Si l'on accepte cette conclusion, on ne sera point surpris de trouver
(|iu'l(|uetois une deuxième vrille de l'autre côté de la Cyme nxillaire (comme
l'a observé M. Payer), car ce sera un retour à l'état normal de toutes les Cymes,
où les deux bractées connexes sont semblables; — ni de voir que la vrille
manque aux premières aisselles de la plante^ si la Cyme y manque aussi;
— ni de rencontrer la vrille surhaussée, comme l'a montrée M. Naudin, puis-
(lu'on sait combien le surbaussement des bractées est fréquent, et puisqu'on
en a l'exemple dans celte l'amille môme, où si souvent le pédoncule mâle ,
en s'élançant, emporte avec lui sa bractée just(u'au milieu de sa longueur
[Momordica Chanoitia), ou jusqu'au haut (J7. Balsamina, etc.), tandis que
sur les mêmes plantes, quand le pédoncule mâle manque, la bractée reste
au pied du pédoncule femelle, avec lequel elle n'est pas en rapport
immédiat.
M. Chalin rappelle qu'il s'est occupé, il y a longtemps déjà, des
vrilles des Cucurbilacées. Eu raison des l'aisceaux. fibreux passant de
la tige dans ces vrilles, il ne les considérait dès lors ni comme des
feuilles, ni comme des rameaux. Les nombreux travaux qui ont été
[)ubliés depuis sur ce sujet n^ont pas changé son opinion à l'égard
de ces vrilles, qui, aujourd'hui encore, ne lui paraissent dériver d'aucun
organe ordinaire des végétaux..
M. Payer fait remarquer qu'il n'y a que deux moyens pour recon-
naître la nature réelle d'un organe : 1° Tanatomie ou l'étude de la
structure intime, et 2" Torganogénie ou l'observation du mode de
développement. En examinant la structure des tiges des Cucurbi-
lacées, dans la tige du Melon par exemple, on reconnaît cinq faisceaux
fibro-vasculaires. Trois de ces faisceaux vont aux feuilles inférieures,
qui n'ont pas de vrilles. Plus haut sur la tige, on voit que deux
faisceaux seulement vont à la feuille, et un à la vrille placée auprès
d'elle. Enfin, lorsqu'il y a deux vrilles près d'une feuille, un seul
faisceau va à la feuille, et les deux latéraux chacun à une vrille. Ces
faits ont été ex[)osés par M. Payer dans la note qu'il a [)ubliée dans
les Annales des sciences naturelles, et qui est citée par M. (kiillard.
— M. Payer fait ressortir l'analogie de ces faisceaux de la tige des
X. IV. 10
l/iO sociÉTK i;(HAMQir, ni: fi'.anci".
Cuciirbitacées qui vont aux vrilles, avec ceux de la tige des Rosacées
qui vont aux stipules. Chez ces dernières, lorsqu'une feuille manque
de stipules, il y a soudure anatomique des faisceaux. — Il conclut
de cette analogie que les vrilles des Cucurbitacées représentent des
stipules. C'est là la seule signification qu'il croit pouvoir leur donner.
La situation des bourgeons vient confirmer encore cette manière de
voir, car le bourgeon se trouve toujours vis-à-vis de la nervure
médiane de la feuille, — Il n'y a d'ailleurs aucune différence anato-
mique entre une stipule et une foliole de feuille composée. La foliole
tombe, la stipule persiste ; voilà tout ce qui distingue ces organes.
Dans le Mespilus OxyaccuitJia, on voit des transitions entre les sti-
pules et les folioles.
M. Clialin est d'avis que ce que vient de dire M. Paver éclaire la
(juestion et confirme ce qu'il a dit lui-même, à savoir, que la vrille
des Cucurbitacées n'est l'analogue ni d'une feuille ni d'un rameau.
M. de Bonis rappelle que Uupetit-Thouars a déjà expliqué la for-
mation des stipules par divergence des faisceaux de fibres.
M. Léon Soubeiran, vice-secrétaire, donne lecture de la note sui-
vante, adressée à la Société par M. Montagne :
NOTE DE M, ITIOA'TACiXE.
(Paris, "il février 1857.)
I.'iin de iios confrères, i\î. Schimper, correspondant de l'Institut à
Strasbourg, me charge de faire hommage a la Société d'un exemplaire de
son Mémoire pour sermr à riùstoire naturelle des Sphuujnes, extrait du
tome XV des Mémoires présentés à l'Académie des sciences pur des savants
étrangers.
Ce travail important, ou plutôt cette biologie complète des Sphaignes,
est analogue a celui de M. de iMirbei sur le Murchantia, et à un autre de
M. le docteur Gottsche, d'Altoiia, sur V Haplomitrium Hookeri. L'auteur a
en elTet suivi, ab ovo, le développement des plantes de cet ordre, et parmi
les faits qu'il a eu l'occasion d'observer, il en est un qui avait échappé à
tous les bryologistes qui l'ont précédé : c'est la coexistence, dans ce genre,
de deux sortes de spores, les unes grandes et fertiles, et les autres beaucoup
plus petites et stériles. Les premières, en forme de tétraèdre déprimé, sont
simpl{'iï)ent quaternaires dans la même cellule-mère; les secondes sont de
petits polyèdres réunis au nombre de seize dans vwc cellule globuleuse. Un
autre fait (|ui n'est pas moins etnicux, c'est que ces deux sortes de spores,
tantôt sont réunies dans la mOine capsule, tantôt bc montrent daos des
iitxsci] nu '27 FÉVHnai 1857. 147
capsules propres à cliacimc. Le volume des Mémoires de l'Académie des
sciences ([ui eoiitient ees faits étraiifies, pouvant tarder lontitemps encore
à paraître, j'ai pensé qu'il était bon de les porter plus pronipfement à la
coDr.aissanee îles botanistes. Voilà, messieurs, pourquoi J'ai pris la liberté
de vous en entretenir.
Je ne suivrai pas l'auteur dans la série des faits nouveaux qu'il a obser-
vés, soit quant à la structure, soit quant à la reproduction des Sphaignes.
Je me bornerai à citer, d'après lui, les merveilleux phénomènes de leur
hygroscopieité.
C'est surtout aux branches réfléchies qu'est dévolue cette propriété. En
aidant avec le tissu spongieux cortical à faire monter l'eau de la base au
sommet de la plante, elles font en quelque sorte fonction de racines adven-
tives, et constituent, par leur adhérence à leur tige, un système hydrau-
lique dont les effets sont, au plus haut degré, surprenants et curieux. Une
tige de Sphaigne, haute de plusieurs décimètres, que l'auteur avait plongée
par sa base, garnie des rameaux en question, dans un flacon rempli d'eau,
l'a vidé en fort peu de temps, en déversant le liquide par son capitule ter-
minal que l'auteur avait eu l'attention d'incliner un peu.
Tous les bryologistes savent que AI. Schimper n'a pas fait figurer les
Sphaignes dans son splendide ouvrage intitulé Bri/ologia europœa. Il en
donne les raisons dans le présent Mémoire. S'appuyant sur plusieurs
caractères tirés surtout de l'absence de la coiffe et de la transformation
du rameau périchétial et de son allongement en faux pédoncule [pseudo-
podium], M. Schimper en forme une famille naturelle intermédiaire entre
les vraies Mousses et les Hépatiques.
Dans la seconde partie du Mémoire, l'auteur donne une monographie
complète des espèces d'Europe, qui sont toutes figurées dans les vingt-
quatre belles planches qui l'accompagnent.
Le peu que j'en ai dit montre su('(iï;amment le mérite de cet ouvrage et
Justifie pleinement la distinction qu'il a reçue dans la première de nos Aca-
démies.
J'aurai encore l'honneur de faire hommage à la Société, au nom de M. le
professeur Derbès , de la Faculté des sciences de Marseille, d'une Note sur
un nouveau genre d'Algue, le Ricardia, qui vit en parasite sur le Lauren-
cia obtusa dans la Méditerranée. Ce genre est dédié à Madame Ricard, tante
de notre confrère, M. Maille, laquelle cultive l'aimable science avec un
zèle qui ne s'est point démenti depuis longues années.
Eolin, j'ai aussi l'honneur d'offrir, en mon propre nom, un exemplaire
de ma septième Centurie et de la ÎSote sur mon nouvenu genre d'Hépa-
tique, le Boschia, trouvé au Brésil par M. Weddell, et qui est extraite d'un
des derniers numéros du Bulletin de la Société.
lZi8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
M. Duchartre, secrétaire, donne lecture d'une nouvelle lettre
adressée au secrétariat par M. Leclère. Cette lettre rectifie et com-
plète les renseignements donnés par M. Leclère dans celle qui a été
lue dans la dernière séance (voy. plus haut, p. 98).
EXTRAITS DES LETTRES DE 1»I. LECLÈRE.
Monlivillieis, H février 1857.
Ayant lu la note de M. Menière (1) sur la sécrétion d'une Orchidée, j'ai
pensé qu'il ne serait pas inutile de signaler à la Société un fait presque tout
à fait semblable.
Tl y a deux ou trois ans, mon attention fut attirée par de grosses gouttes
d'un liquide visqueux suspendu à la partie supérieure de chac|ue bouton
d'une Orchidée exotique dont j'ignore le nom. J'ai pensé d'abord que ce
liquide provenait de la condensation des vapeurs contenues dans la serre;
mais bientôt je fus convaincu du contraire, car je goûtai ce liquide et je le
trouvai très sucré, presque autant que le suc du Strelitzia Reginœ, mais
beaucoup moins dense que celui-ci.
Mon observation diffère de celle de M. Menière, en ce sens que j'ai
constaté la présence des gouttes peu de jours avant l'authèse; elles étaient
très abondantes jusqu'à l'entier épanouissement des fleurs. Trois ou (|uatre
jours api'ès, la sécrétion avait cessé. Pendant les sept ou huit jours qu'elle
a duré, j'ai remarqué qu'elle était le plus forte vers cinq ou six heures du
matin.
Les sépales étant encore retenus par leur extrémité supérieure, il me fut
impossible de reconnaître quel était l'organe sécréteur de ces gouttes
18 février.
Je viens d'avoir occasion, hier même, de constater de nouveau le fait
dont je vous ai parlé dans ma précédente lettre, sur une Orchidée à fleurs
jaunes, odorantes, dont j'ignore le nom et dont je vous envoie deux fleurs.
La plante a en ce moment sept hampes unifîorcs, dont deux ont leurs fleurs
presque ouvertes. Néanmoins les sépales étaient encore en quelque sorte
agglutinés il y a quelques instants. J'examinai de près ces deux fleurs, et je
vis qu'une excrétion avait lieu depuis peu ; je pensai d'abord que le liquide
venait de l'intérieur de la fleur- mais je fus surpris, après avoii- b-gèrement
séparé les ti'ois sépales, de remarquer que les organes intérieurs étaient abso-
lument dépourvus de tout liquide; évidemment la cause était externe. En
effet, celte excrétion se faisait par la partie inférieure et surtout vers l'ex-
trémité supérieure des trois sépales du périgone, comme j'ai pu m'eu assurer
(1) Voyez le Buileliu, t. Ill, p. 577.
SÉANCE DU 27 l'KVUIKU 1857. 1^9
pni" tni nouvol examen, et eette fois je crois pouvoir ;itTirmer que je ne me
suis pas trompé
A la demande de M. Leclère, M. Ducliarlre a déterminé l'espèce à
laquelle appartiennent les (leurs qu'il lui a envoyées, et il pense que
c'est le Maxillaria aromatica Grah.
M. Menière rappelle que ses propres observations sur la sécrétion
des Coryanthes ont été le point de départ des observations subsé-
quentes qui ont été laites sur des pbénomènes analogues, soit par
d'autres botanistes, soit par lui-môme. Ainsi dernièrement il a
signalé un fait du même genre chez le Pholidota imhricata. Quant
aux Catasetinn, il ne croit pas que l'on ait jamais vu de goutte-
lettes sur leurs fleurs avant l'épanouissement. Il lui paraît également
douteux que l'on ait pu observer une véritable sécrétion cbez les
Maxillaria, où, comme chez les Oncidium, on remarque, à la base
du gynostème, une viscosité, mais qui n'est pas sécrétée par la
plante elle-même.
M. Duchartre fait observer que, dans les deux fleurs envoyées par
M. Leclère., il a vu les gouttelettes sur la face externe du labelle et
des deux pétales, à quelque distance du sommet, occupant abso-
Uiment la même situation. Ce liquide est donc réellement sécrété par
la fleur, car le point oii il paraît a quelque chose de fixe.
M. Payer est d'avis que ce phénomène n'a rien de surprenant,
car M. Morot a dès longtemps constaté que, sur les feuilles des Gra-
minées, il y a parfois des gouttelettes non produites par la rosée, mais
sécrétées par l'extrémité de ces feuilles elles-mêmes.
M„ Duchartre rappelle qu'ludépendanmient des observations de
M. Morot, M. Gasparrini, en 1851 (voy. les Mémoires de YAcademia
Pontana)^ a reconnu que cette sécrétion des feuilles de l'Orge, du
Mais, du Seigle et du Froment, a lieu peu de temps après la germi-
nation, pour cesser au bout de quelques jours.
M. Duchartre fait à la Société la lecture suivante :
La Société a paru entendre dernièrement avec un vif intérêt In lecture de
quelques observations très curieuses extraites d'une lettre de ^L Durieu de
Maisonneuve. M. J. Gay, à qui était due cette communication, se propo-
sait d'en faire aujourd'hui une nouvelle, puisée à la même source; mais
une indisposition, dont la gravité a très heureusement tout à fait dis-
paru en ce moment, l'ayant mis dans l'impossibilité de réaliser cette idée,
150 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
il a bien voulu me charger de le remplacer. La nouvelle lettre de M. Du-
rieu, qui m'a été confiée par lui, est remplie de faits curieux, d'observations
importantes faites avec lu sagacité et l'exactitude qui distinguent a un haut
degré notre savant conIVère. Les parties que j'ai cru devoir en détacher in-
téresseront donc vivement la Société, j'ose le croire, et la communication
que J'aurai l'honneur de lui en faire aura, de plus, le mérite de l'actualité,
puisque les détails instructifs qu'elle renferme se rapportent tous à des
articles publiés dans l'un des derniers cahiers de notre Bulletin (n" 9
de 1856).
EXTRAITS D'UNE LETTRE DE M. DL'RIEI' DE MAISOXI^El'VE A M. J. GAV.
(Bordeaux, le H février 1857.)
M. Durieu consacre d'abord (juelciues lignes à la note de M. Kirsch-
leger sur les longues feuilles linéaires cl flottantes du Scirpus palustris (1).
J'ajouterai, dit-il ensuite, que ces feuilles peuvent n'être pas toujours flot-
tantes. Il y a peu de temps, j'ai lu, dans je ne sais plus ([uel mémoire ou
livre tout récent, que le Scirpus lacustris avait été rencontré muni de feuilles
dressées comme celles d'un Cart;x a([uati(iue. Le même fait s'est offert à
moi, le 5 août 1855, dans une herborisation que je dirigeais près de la
Teste. J'aperçus sur les bords de la Leyre plusieurs pieds de Scirpus lacus-
tris feuilles, à feuilles pointant au-dessus de l'eau et stipant le chaume. Je
fis remarquer à mes auditeurs que ce fait était intéressant; aussi chacun
s'empressa-t-il défaire provision d'échantillons, de telle sorte qu'il ne m'en
revint à moi-même qu'un fort petit nombre.
Les observations de M. Des Moulins sur le mode d'attache des Orobanches
aux racines de la plante-mère(2), observations qui me paraissent très exactes
en raison de ce que j'ai vu moi-même, rappellent a mon souvenir un fait
curieux, que malheureusement je puis seulement rapporter, sans en elaver
la description de preuves matérielles. Ce fait consi-ite eu Orohanches atta-
chées, non pas à des racines, mais au bas de tiges. Le 20 avril 18'4^, Je
découvris une belle Orobanchée, a Mostaganem, sur le Romarin et sur le
Micromeria inodora. Je reconnus sur-le-champ (lu'elle constituerait un
genre nouveau, intermédiaire entre les Orohanches et les vrais PJidipœa.
En effet, plus tard, M. Bourgeau ayant rapporté la même plante de l'Ara-
"OU, M. Cosson en a fait, dans une noie publiée dans les Annales des
sciences naturelles (3), un genre distinct et séparé [Ceratocalijx). Je ne
dis pas que cette Orobanchée ne s'implante pas sur les racines des deu.x
(1) Voyez le liullclin, t. III, p. 562.
(2) Voyez le Bulletin, t. III, p. 5/|0.
(3) Sér. 3, t. IX, p. 1/|5.
sÉANcr DU 27 Fi^:vRiER 1857. 161
arbustes cités, mais je ne fis point alors d'observation précise sur son
adbérence aux racines, tout préoccupé que J'étais du fait singulier qui
s'offrait à mes regards: c'était l'Orobanchée elle-même fixée au bas d'un
grand nombre de tiges, y ayant pris naissance, et s'y étendant sur une
hauteur de U à 5 centimètres. Dans l'état où elle était alors , toute la
plante consistait en un simple empâtement pénétrant dans la tige, sec,
informe, et d'autant plus réduit qu'il se montrait sur un point plus
élevé au-dessus du sol. C'est par centaines que je vis ces curieux empâ-
tements, et sur aucun Je n'observai de tige ilorifère. Seulement, ceux
qui se trouvaient le plus bas montraient des protubérances qui, sans au-
cun doute, n'étaient que des tiges arrêtées dans leur développement. Je
m'empressai de recueillir des tiges des deux arbustes munies de ces Oro-
bancbes avortées. J'en formai un véritable fagot , que Je portai à Mos-
taganem. Ainsi approvisionné, Je ne crus pas avoir besoin de recueillir
avec adhérence l'Orobanche développée, et je n'en pris les tiges qu'en les
coupant a la base. Peu de Jours après, partant pour l'intérieur. Je confiai
à M. Delestre, pharmacien-majoi-, toutes les récoltes que J'avais faites à
Mostaganem. Pins taid, je retrouvai le tout en état pariait; mais le fagot
de tigfs des deux Labiées ligneuses avait disparu; le soldat au service de
M. Delestre en avait fait du feu ! C'est ainsi qu'il ne me reste pas une .seule
pièce probante du fait que j'avance. J'ai bien demandé ensuite la plante à
quelques amateurs, en indiquant avec précision l'endroit où on la trouverait
en abondance j J'en ai même reçu de très beaux échantillons, mais tous
étaient soigneusement mondés à la base.
Dans le résumé des travaux de la section de botanique au congrès de Vienne,
je lis avec grand intérêt (p. 615 du t. III. du Jhdlefin) une analyse succincte
d'une communication laite par M. Alex. Jîraun au sujet de la production
d'embryoi\s sans fécondation préalable. Le savant professeur cite d'abord le
fait classique du Cœlebogyne ; là-dessus je n'ai rien a dire. Mais lorsqu'il
signale ensuite un nouveau cas, probant selon lui, de parthogénésie dans le
Charita crinita, espèce dioïque, dont on ne i encontre habituellement que
l'individu femelle, et qu'il déduit de ce fait la conséquence que le Characri-
nita se reproduit généralement par des fruits non préalablement fécondés,
je crois que sa déduction est un peu hasardée. ïl ne s'est pas rappelé un fait
non moins singulier, dont il dut la connaissance aux matériaux que Je lui
fournis dans le temps, et qui est précisément la contre-partie du premier.
Le Nitella syncarpa, var. oxygyna, est très commun a La Galle. En hiver,
toutes les mares ou flaques qui se forment dans les bois et sur les collines
en sont infailliblement remplies. Or, on ne trouve Janmis dans cette contrée
que des individus mâles. Pendant plusieurs mois qu'a duré mon séjour
dans le cercle de la Cal le, Je n'ai pas laissé passer une seule occasion de
rechercher l'individu femelle de cette Characée, et je n'en ai Janiais aperçu
152 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
le moiudre indice. Je suis bien convaincu, et M. Alex. Brnun eut le pre-
mier cette pensée sur ce que je lui en dis, je suis bien convaincu, dis -je,
qu'il n'existe pas d'individus femelles du Nitella ayncarpa dans la contrée
dont j'ai exploré les eaux avec tant d'intérêt et de soin. A la vérité, quel-
ques années plus tard, M. lîalausa a rencontré l'individu fennelle de la
même espèce et de- la même variété, et l'individu femelle seulement, je
crois, dans quelques mares du territoire d'Oran, c'est-à-dire à l'autre
extrémité de rAI<iérie ; mais ce fait est :-ans importance pour la question
qui nous occupe. Personne ne supposera certainen^ent une fécondation à
distance dans les Characées. Il suffit d'avoir une idée de la merveilleuse
organisation de l'appareil fécondateur dans ces plantes, pour rejeter la pos-
sibilité du transport des antbérozoïdes juscju'à une mare très voisine même
de celle où ils sont enfermés. Donc le fait de la reproduction abondante
du Nitella syncarpa, dans toutes les eaux du cercle de La Calle, par les
seuls individus mâles, semble parfaitemiMit positif. Mais ce fait, quelque
étrange qu'il puisse paraître au presuier abord, ne présente pourtant rien
de bien merveilleux. Je crois, en effet (et j'espère me mettre en mesure de
le prouver avec le temps par une suite d'observations qui sont déjà com-
mencées), je crois que toutes les Gbaracées sont susceptibles de se multiplier
par leurs articles inférieurs, je veux dire par tous ceux de ces articles dont
les nœuds présentent un renflement charnu. Ces renflements ne sont pas
autre chose que les bulbilles (non mûris) qui ont été observés sur certaines
espèces. Détachés de la plante-mère et déposés sur un limon baigné d'eau
pure, ils ne tardent pas à donner naissance à des rameaux et, par suite, à
un nouvel individu. Ils paraissent même être plus actifs que les bulbilles;
car j'ai fait facilement pousser, l'été dernier, des nœuds épaissis d'un Chara,
et je n'ai encore rien vu sortir des bulbilles de cette plante que je semai
vers le même temps. Je crois même qu'ils sont déjà pourris.
Je ne terminerai pas ma lettre sans vous dire un mot au sujet d'une com-
munication présentée au congrès de Vienne par M. Schnizkiu (p. 620 du
t. III du Bulletin).
Encore une prétendue nouveauté déjà vieille. Cette particularité préten-
due nouvelle de la \égétalion de V Op/rioglossum vulgalum qui développe en
terre un long rhizome, était connue de moi depuis longtemps, il est vrai que
je n'ai rien publié à ce sujet depuis l'époque où je constatai ce fait, d'abord
sur l'Ophiofjlosswn lusitanicum, plus tard, avec plus de difficulté, sur
VO. vulgatum; mais je l'ai montré a quantité de personnes, et la plu-
part de celles à (|ui je l'ai communiqué m'ont dit qu'il leur était bien
connu. J'introduis dans celte lettre quelquis bouts qui vous montreront
clairement ce qu'on observe dans ces plantes. Ceux qui voudraient en voir
de plus beaux exemples, tels que des rhizomes à 5 ou 6 mérithalles, les
trouveraient parmi les Fougères de l'Algérie, qui se trouvent au Muséum
SÉANCE DU 27 FÉvniRU 1857 153
dans la collection achetée à M. Bory de Saint-Vincent. M. Bory avait fait
choix de tout ce qu'il y avait de bon el même de passable dans nos récoltes
de Fouyi'ies; et il ne m'est resté de la sorte que des brihes. Ainsi, je n'ai
pas ici (VO/j/iioglossum lusitanicum dont le rhizome ait plus de trois méri-
thalies intacts, et cependant je me rappelle bien en avoir récolté de plus
prolonsés. Quoi (|u'il en soit, le fait du rhizome rampant horizontalement
est l)ien connu, quoi(|u'il n'ait peut-être pas été imprimé. Ti est très diflicile
à reconnaître dans le vulgatiim, attendu que cette espèce ne croit guère que
dans les prairies humides, et que ses rhizomes étant, comme ceux du lusi-
tanicum, extrêmement fragiles, on ne peut parvenir à les dégager du lacis
épais des racines des Graminées au milieu desquelles ils s'étendent. Je n'en
ai Jamais obtenu d'échantillons munis d'un second nœud ; mais, avec un peu
d'attention, on enlève une portion horizontale de rhizome sur laquelle on ne
peut se méprendre. D'ailleurs, ces deux espèces sont si voisines (s'il y en
a deux), et passent tellement l'une à l'autre, par l'intermédiaire de la forme
curieuse trouvée par M. Puel à la tour de Pocancy, près Lardy (Seine-et-
Oise), que l'extrême différence qui existe entre les époques de végétation
des deux plantes est réelleiuent la seule qui ait de l'importance pour leur
distinction. Je possède des Ophioglossum lusitanicum vrais, plus vulgatum
que la plante de Lardy.
M. Chatiii dit que, dans son herborisation de l'année dernière à
Lardy, il a trouvé Y Ophioglossum lusitanicum, non pas auprès
de la tour do Pocancy, mais dans les bois situés au pied des coteaux.
M. Balansa dit avoir constaté la présence de rhizomes chez plusieurs
plantes qui sont considérées comme en étant dépourvues. Il cite le
Glttux maritima, le Butomus umhellatus, les Triglochin, dont les
tiges meurent chaque année, mais dont les rhizomes persistent; et le
Cressa cretica, qu'on regarde comme annuel et qui est réellement
vivace.
M. Cosson rappelle que le Poa annua peut présenter, dans les
terrains sablonneux, de longs rhizomes capillaires réunissant souvent
plusieurs touffes distinctes.
M. de Schœnefeld ajoute que le Scirpus acicularis, espèce sou-
vent décrite comme cespiteuse, offre aussi des rhizomes horizontaux
longs et très ténus.
M. J. Gay est d'avis que les rhizomes souterrains se trouvent chez
beaucoup plus d'espèces qu'on nelecroitgénéralement. Ainsi M. Irmisch
en a constaté aussi l'existence dans les Raimnculus, et notamment
dans le R. illyricus.
15/i SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
M. Gris fait à la Société la communication suivante :
DES RAPPORTS DU NUCLÉUS AVEC LA CHLOROPHYLLE , par I»I. ARTIIL'R GRIS.
Les Annales d'histoire naturelle de Londres ont publié en 18/j6 (t. XVIII,
p. 193) un extrait d'un travail de M. Qiiekett sur le développement de l'a-
midon et de la chlorophylle. Je vais citer textuellement ce qui a rapport
au développement de la matière verte. « Relativement à l'origine de la
chlorophylle, M. Quekett dit que, dans les plantes qu'il a examinées, le
même mode de développement parait avoir lieu que pour l'amidon, à savoir,
que les granules prennent naissance d'une cellule nucléaire, et il cite la cu-
ticule de la très jeune fronde du Scolopendrium vulgare comme en offrant
un exemple ; mais il ajoute que la première origine de la chlorophylle est
tellement confondue avec la formation de la cellule elle-même, qu'il est
impossible par la dissection d'arriver à savoir où a lieu sa formation. »
Je demanderai maintenant à la Société la permission de lui soumettre
mes propres observations. Ce petit travail était achevé quand je pris con-
naissance du mémoire de M. Quekett.
Les cellules sous-épidermiques du parenchyme des feuilles renferment,
en général, des grains de chlorophylle moins nombreux et moins développés
que ceux qui sont contenus dans les cellules plus profondes du paren-
chvme, en sorte qu'il est assez facile d'étudier la disposition et la manière
d'être de ces grains dans la cellule qui les contient.
Si donc on fait une coupe mince, parallèle à la face supérieure d'une feuille
de Vanille, de manière à intéresser les cellules sous-epidermiques du paren-
chyme, on remarque que, dans les cellules placées iminédiatement sous
l'épiderme, des grains de chlorophylle, a divers états de développement
quant à leur diamètre, à l'intensité de leur couleur et a leur constitution
intime, tantôt sont disposés régulièrement autour du nucléus, et quelquefois
même semblent adhérer à sa surface, tantôt sont agglomérés confusément
autour de lui, d'autres grains n'étant pas en général disséminés dans les
autres parties des cellules.
Dans le deuxième rang des cellules sous-épidermiques les granules sont
plus volumineux, d'un vert plus vif et sont encore groupés autour du nu-
cléus; ici des grains de chlorophylle commencent en outre à apparaître
quelquefois à une assez grande distance du nueléus. J'ai observé des faits
analogues dans les cellules sous-épidermiciues des feuilles du Saxifraçfa
Aizoon, de VEria veliitina, du Cœloijyne fimbriata, dans le Selaginella
stolonifera, dans le Pellia epiphylla, etc.
Si, dans une pomme déterre soumise à l'action de la lumière, on exa-
mine de même les couches externes du tissu vert, on remarque que, dans
un grand nombre de cellules, le nueléus est entoure de petites sphères
SKANCE Di: 27 FÉvniKR 1857, 155
transparentes dont une. partie de la surface seulement est enduite de nia-
tiére verte. Ces petites splieres renferment (luehjuefois, en outre, de trois à
cinq granules amylacés. Les couches sous-épidermiques du bulbe d'un
Pliajus m'ont présenté des faits analogues. Les petites sphères ([ui gravi-
tent autour du nucléus, et souvent sont en contact avec lui, ont un \olume
assez considérable, et sont de même colorées en vert dans une partie de leur
surface. On rencontre de plus, autour des nucléus, des corps alloi)gés, renflés
en leur milieu, qui est enduit de matière verte, mais dont les extrémités
sont incolores. Ces corps fusiformes sont souvent appliqués par une de
leurs extrémités à. la surface du nucléus. Si maintenant on examine
■ es cellules de l'épiderme dans ce mémo bulbe, on remarque autour du
nucléus une agglomération de petits bâtonnets incolores ou très vague-
ment teintés de vert, fixés par une de leurs extrémités ou par leur partie
médiane a la surface du nucléus. Ces bâtonnets ne semblent-ils pas être
des formations analogues aux corps fusiformes enduits de matière verte
des cellules plus profondes, mais qui ont subi un arrêt de dévelop-
pement? Si on les traite par une dissolution de potasse caustique, ils se
changent subitement en ellipsoïdes, puis en sphérules qui présentent en
un point de leur surface un noyau légèrement vert. Sous l'action de
l'ether a froid, les bâtonnets passent lentement par ces deux états, puis
se dissolvent complètement en laissant un résidu granuleux autour du
nucléus.
[,a disposition des grains de chlorophylle autour du nueh'us ne se re-
trouve pas aussi aisément dans les cellules assez profondes du parenchyme
des feuilles; cependant on la reconnaît dans le parenchyme des feuilles du
Sempervlmim tectorum, de ïBria velutim, d'un Crassufn, dans les cellules
profondes du parenchyme d'un pétiole dans le Coloccma odora, etc.; mais
alors le nombre des grains de chlorophylle disséminés à une assez grande
distance du nucléus est plus ou moins considérable.
Ces observations dans les feuilles adultes, j'eus l'idée de les poursuivre
dans ces mêmes organes en voie de formation et dans les écailles des bour-
geons. Dans les cellules d'une jeune feuille d'AucubaJaponica, j'ai trouvé
un nucléus très développé et enveloppé de matière verte, laquelle n'appa-
raît que sur lui et autour de lui. Les écaillas des bourgeons dans le Bibes, le
Lilas, le Marronnier d'Inde, m'ont présenté le même phénomène. J'ai trouvé
de même un nombre très considérable de grains de chlorophylle agglomérés
autour du nucléus dans déjeunes feuilles de Lis, de Vanille, de Plwjns,
de Crocus, dans les divisions externes du périanthe d'une jeune fleur de
Jacinthe, etc.
Ayant placé un plant de Sempervivum dans l'obscurité , je l'y laissai
jusqu'à ce que l'étiolement fût complet. Alors je soumis la plante à l'in-
fluence de la lumière, et quand les feuilles eurent pris une légère teinte verte,
156 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
j'observai ce qui suit : Certaines cellules, dont la paroi antérieure avait
été tranchée par la lame du rasoir, présentaient a peu près, à la partie
moyenne de leur paroi postérieure, un nucléus volumineux enveloppé d'un
disque ou d'un cercle de grains de chlorophylle disposés très régulièrement
sur trois ou quatre rangs autour de lui, et seulement autour de lui. Dans
d'autres cellules, les grains de chlorophylle sont confusément agglomérés
autour du nucléus, et semblent s'en écarter deux à deux et un à un, pour
se répandre sur les parois de la cellule. De plus, la matière verte m'a semblé
quelquefois distinctement accompagnée de grosses sphères incolores, et
d'une sorte de protoplasma ou de mucus membraniforme.
Puissent les faits que je viens d'avoir l'honneur d'exposer devant la
Société appeler l'attention des botanistes plus expérimentés que moi sur
une fonction qu'il me semble difficile de ne pas accorder au nucléus : je
veux parler du rôle important qu'il semble jouer dans le développement et
dans la nutrition de la matière verte.
M. Cliatin fait à la Société la communication suivante :
RÉPONSE AUX OBSERVATIONS PRÉSENTÉES PAR M. R. CASPARY SUR LA DIVISION DE
L'ANCIENNE FAMILLE DES HVDROCHARIDÉES EN OTTÉLL\CÉES ET EN HYDROCHARIDÉES,
par M. AD. CH.ATII^J.
M. Robert Caspary, savant botaniste appelé à Bonn pour y suppléer
l'illustre professeur Treviranus, a communiqué à la Société, dans la
dernière séance, un mémoire dont l'objet est de réfuter sur plusieurs points
un de mes propres travaux, et de revendiquer, pour presque tout le reste,
la priorité des observations en faveur de divers botanistes, A mon tour, je
viens présenter quelques remarques sur les remarques provoquées par mes
recherches. Mais, avant de suivre le savant critique dans ses objections, je
veux remercier notre savant confrère d'avoir inauguré ses communications
à la Société Botanique de France, en appelant l'attention du monde savant
sur un sujet dont je me suis personnellement occupé, et l'assurer de la sa-
tisfaction avec laquelle nous accueillerons toujours, même si elles frappent
sur nous, les études consciencieuses qui feront profiter nos séances de la
vaste érudition, de l'habileté à observer, de la hardiesse et de la largeur de
vues de l'école allemande.
J aborde maintenant l'argumentation exposée par M. H. Caspary avec un
art dont je le félicite.
1° J'ai trouvé, dit notre savant confrère, un petit vaisseau vers le sommet
de \a jeune tige de YAnacharis Alsinastrum, et bien que ce vaisseau n'exis-
tât plus dans la tige adulte, il renverse la classification fondée par M. Cha-
tin sur l'absence de vaisseaux dans ses Vallisnériées (tribu des Hydrochari-
SÉANCE DU 27 FÉVRIER 1857. 157
(lées vraies dans la(|uelle rentrent \vs Anac/tco'is, et plus généralement les
Anachni'idres d'iMullichcr). Les autres Anacharidées, ajoiUet-il, out proha-
blement aussi des vaisseaux transitoires, bien que sur le sec on ne puisse le
constater. -- \.e probablement &?.\, une conjecture rendue assez plausible par
quel(jues faits que possède la science, et en particulier par l'observation
niénu' de M. Cnspury sur l'A. Alsinastrum^ obsci-vation que je trouve inté-
ressante au point de vue de l'organo^zéuie anatomique, mais à laquelle on
peut opposer (jue l'existence, et même la structure des vaisseaux, sont par-
faitement déterminables sur le sec, que par conséquent le fait cité se perd
dans son isolement. Mais je dirai plus : j'affirme que, fût-il même général,
il serait, eu égard à son existence transitoire, sans valeur t'ixonomique.
C'est qu'en effet nos classifications reposent, ou sur la forme première fixe
et constante qui répond à la graine, ou sur les plantes considérées à l'état
adulte et parfait, nullement sur des états temporaires ou sur des fœtus en
évolution.
M. Caspary rappelle, pour fortifier la thèse élevée sur les rares vaisseaux
transitoires de VAnachoris, que j'aurais vu moi-même une petite trachée
dans le Vallisneria, type de la section ou tribu dans laquelle je place VAna-
charis. Mais c'est précisément parce que j'avais constaté un fait de même
ordre que celui observé plus récemment dans VAnacharis, que je n'ai pas
attendu jusqu'à ce jour pour considérer la signification d'observations dont
je rejette l'importance dans la classification, non par ce qui pourrait être
considéré aujourd'hui comme un désir de défendre mon travail, mais au
contraire par ce motif qu'elles ont été mûrement pesées, il y a déjà long-
temps, avec un esprit parfaitement libre et désintéressé. J'ajouterai, puis-
que l'occasion m'en est offerte, que de très jeunes pieds de Vallisneria,
que je viens de suivre après leur germination jusqu'à une longueur de trois
centimètres, n'offrent, comme les pieds adultes, aucun vaisseau (1).
2» Kndiicher a décrit comme anatropes les ovules de V Hydrocharis (la
plus commune cependant et la plus connue de nos Hydrocharidées), dont
mes observations ont établi l'orthotropie. M. Caspary reconnaît que ces
ovules sont en effet, comme je l'ai signalé, orthotropes et à deux tégu-
ments (2). J'ai encore le bonheur de voir M. Caspary confirmer mes obser-
vations sur l'anatropie des ovules dans le Stratiotes et VOttelia, ainsi que
sur l'existence d'une double membrane ovulaire dans celui-ci.
3° ]M. Caspary assure que, dans le Vallisneria, les ovules ont une double
(1) Le pliL'nomcne de gyration ou de rotation, constant dans les utricules du
Vallisneria adulte, ne se montre pas encore chez les individus longs de 1-3 centi-
mèlres.
(2) M. le professeur Parlatore était arrivé, de son côté, au même résultat sur
rovulo de r Hydrocharis.
158 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
enveloppe (iiie reiclioii de la potasse permettrait de bien distinguer à un
moment donné de cette action. U rappelle (|'je j'ai moi-même, dans mes
premières observations, admis l'exislence des deux membranes autour du
nucelle. Il est très vrai que j'ai d'abord cru, comme le fait aujourd'hui
M. Caspary, à la présence de deux téguments; mais c'est qu'alors j'avais été
induit en erreur, précisément par l'emploi des réactifs cbimi([ues qui colo-
rent diversement la portion superficielle et la partie profonde ou inierne du
tégument. Mais je ne doute pas que si, comme je l'ai fait dans ces derniers
temps, i\f. Caspary suit l'ovule du Vallisnen'a depuis la première appari-
tion du nucelle jusqu'à son développement parfait, il ne reconnaisse que le
tégument est simple. Notre confrère, M. Groenland, dont l'habileté est
connue, et qui a examiné avec moi un a^sez grand nombre d'ovules de
Valiisneria, u hésite p.is à admettre aussi l'existence d'une seule enve-
loppe. De bonnes oupes transversales, beaucoup plus propres à éclairer le
sujet que la plupart des autres modes d'observation, n'ont pas peu contribué
à l'ormer son jugement.
Que si j'avais maintenant à me justifier d'avoir un moment admis deux
téguments dans le Valiisneria^ ']& ferais remarquer que ses propres obser-
vations viennent de conduire à la même conclusion le savant professeui- de
Bonn. Kt cependant, quels soin.s notre confrère n'a-t-il pas appoi'tés dans un
travail qui était, par son objet, un travail de vérification plutôt qu'un tra-
vail spontané ou original.
h" M. Caspary dit encore que les ovules du Valiisneria ne sauraient
avoir leurs téguments formés d'un seul rang d'utricules, aucune plante,
qu'il sache, n'ayant d'enveloppe à un seul rang. — Pour bien comprendre
le fond de cette grave objection, qui touche non-seulement à ce qui est, mais
à la possibilité d'être, il faut savoir que, d'après une théorie ayant cours
en quelques contrées de l'Allemagne, toute membrane ovulaire est un repli
qui ne saurait se composer de moins de deux rangs d'utricules, par ce motif
qu'il serait formé de deux feuillets adossés l'un à l'autre. Or, ces feuillets
ne pouvant se composer chacun, dans l'hypothèse, de moins d'une assise
d'utricules, la conséquence simple et nécessaire est celle-ci : jamais on n'a
vu de membrane réduite à une seule rangée d'utricules, jamais on n'en
verra. On comprend que, sur ce terrain, la discussion ne puisse continuer.
Cependant, je citerai à mon honorable contradicteur ce fait, que la graine
même du Valiisneria a pour toute enveloppe deux langees d'utricules, d'ail-
leurs fort différentes l'une de l'antre, ainsi que je l'ai fait connaître en par-
lant de la germination du Valiisneria. Or, si l'on considère que ces deux
rangées d'utricules répandraient, ou aux deux membranes ovulaires admise ;
par M. Caspary, ou à une membrane unique, on est conduit a ce dilemme :
ou il existe deux membranes dont chacune est représentée par une simple
assise d'utricules, ou il n'y a qu'une membrane à deux rangs. Quel que soit
sÉANCK DU 27 FKviui;n !l857. iôO
le choix que I on fasse, il resterait établi au moins que l'une des deux opi-
nions soutenues par M. Caspary n'est pas l'ondée.
Sur celle de ces opinions qui dénie l'existence de téguments ovulaires
formés d'une seule rangée d'utricules, et qui semble importante par ce mo-
tif qu'elle est présentée comme l'expression d'un fait {2;énéral, j'ai dit qu'elle
n'était (|u'une théorie, une vue de l'esprit, et qu'à ce titre je ne la discuterais
pas. Cependant, dans ma eoiiliance en mon honorable contradicteur, je ne
peux m'empècher d'en appeler de M. Caspary théoricien à M. Caspary
observateur, bien sûr que le second convertira le premier, [.es membranes
à une simple assise d'utricules sont assez peu rares, surtout parmi les es-
pèces aquatiques ou parasites et les plantes glumacées, pour qu'en choisissant
convenablement celles-ci on en ait observé bientôt une somme suffisante pour
ne plus di)uter, non-seulement de leur existetice, mais de ce (ju'on pourrait
presque diie leur fréquence. Que si, pour persuader par avance M. Caspary
que ce n'est pas en vain qu'il s'engagerait dans cette voie de recherches, il
fullaitciter une autorite qu'il tient en grande estime, je rappellerais que notre
distingué confrère, M. Trécul (dont l'absence regrettée se fait trop sentir
dans nos séances), vient de faire connaître que les ovules du Blé [Triticum]
ont leur primine et leur secondine formées chacune d'une simple assise
d'utricules (Trécul, C. rendus de l'Acad. des se, XLIV, p. hU'ô , avec
une planche). Et, puisque j'ai emprunté une citation à M. Trécul, je me
vois à peu près obligé de citer aussi un de nos plus savants confrères, qui a
dit de V Hijpopitys : « Une seule couche d'utricules compose le tégument de
la graine... »> (Duchartre, /^ryî^e botanique, II, p. 16.)
5° Quant à ce t[ue l'orthotropie des ovules du Vallisneria aurait été vue
par MM. Treviranus et Schleiden, je ne peux que dire que, lorsque j'ai fait
mes observations, l'anatiopie était admise en France, et surtout, parait-il,
en Allemagne, où Endliclier, après avoir tracé les caractères des Hydro-
charidees, écrivait cette phrase : » Embryonis situia orthotropum contra
Cl. Richard, quiillum antitkopum, extremitaie radiculari umbilico et dia-
metro opposita describit, in plerisque (jeneribus confirmare licuit. » — Si
cependant mon savant critique pense que, malgré l'autorité d'Endlicher,
il était inutile de retrouver l'orthotropie, non de l'embryon, mais de l'ovule
du Vallisneria, il me restera du moins à me féliciter de m'étre rencontré
iciavecdes botanistes aussi émineuts que MM. Schleiden et Treviranus, et
d'avoir fait adopter de tous un point de science qui, même après leurs travaux,
restait méconnu comme après ceux de Richard. Qu'on n'oublie pas, d'ail-
leurs, que l'ovule anatrope ne prend souvent son caractère définitif qu'aune
période très avancée de son évolution, et qu'on pourrait se tromper en
(îoncUiant à l'orthotropie d'ovules anatropes dont on n'aurait vu que le
premier âge.
6" LWnac/iuris , ïL'lodea el le Lagarusiphon ont, et bur ce point
160 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
M. Casparv confirme mes observations, les ovules ortliotropes. Mais je suis
moins heureux, quant aux téguments de ces plantes, que notre confrère dit
avoir vus Ibrmés iioiî d'une seule, mais de deux enveliippes. C'est encore la
potasse qui aui-ail (ait découvrir que le tégument est double. Je n'ai pu,
par l'emploi du même mode d'observer, acquérir la certitude de l'existence
de deux enveloppes. Cependant, n'ayant pu suivre sur ces plantes, comme
je l'ai fait pour le Vallisneria, le développement des ovules sur les individus
vivants, j'attendrai des circonstances d'observation plus favorables avant de
contester l'assertion de M. Gaspary. Et comme le nombre des téguments
importe peu à ma ciassiiication des Hydrorharidées, il rae suflîra delà dé-
gager d'un caractère qui ne pouvait d'ailleurs intervenir que dansdes coupes
secondaires.
7° Uu mot encore sur le Lagarosiphon. Harvey a figuré avec exactitude,
dit M. Caspary, les ovules du Lagarosiphon comme orthotropes; mais,
ajoute-t-il, il a commis une erreur dans la description de la graine, en
indiquant la radicule comme infère. J'admire vraiment le talent que notre
cher confrère emploie à me dépouiller, l.à c'est avec une figure de Cl. Ri-
chard (et combien de dessins de ce savant, d'ailleurs justement renommé,
sont inexacts en ce qui touche les Hydrocharidees) sur la graine de \'Elo-
dea, qu'il établit que je n'avais vraiment que faire à dire que l'ovule de
cette plante est orthotrope; ici c'est malgré la figure de la graine du
Lagarosiphon qu'il veut faire remonter à Harvey la première observation
sur l'orthotropie de l'ovule de cette plante. Mais peut-on, je le répète,
oublier que l'orthotropie n'est que le premier âge de l'anatropie, et que
la graine doit toujours faire autorité sur l'ovule: que, par conséquent, il
est impossible de conclure à un ovule orthotrope d'une graine à radicule
infère.
8" Quant à Vffi/drilla proprement dit, je dois avouer que n'ayant
examiné que des ovules de VHydrilla rnuscoules Planch. appartenant à la
section Lagarosiphon, et ayant de leur examen conclu pour le genre entier,
en adoptant la réunion faite par MM. Presl et Planchon, je n'ai aucun iuo-
tif pour contester l'exactitude des observations de M. Caspary, qui con-
firme, quant à VHydrilla, celles de Cl. Richard adoptées déjà par Endli-
cher. Je pense, dès lors, que c'est avec raison que M. Caspary sépare de
nouveau ûcV Hydrilla vrai le Lagarosiphon, daws lequel il reconnaît l'exis
tence d'ovules orthotropes.
Le second caractère de séparation des deux genres tiré des ovules qui,
au lieu d'être tous dressés comme dans le Lagarosiphon, sont dans
Vffgdrilla, les inférieurs pendants, les supérieurs ascendants, est, il faut le
reconnaître, un point d'organisation d'autant plus important qu'il se lie à
une inversion dans l'évolution des ovules, les premiers tournant leur mi-
cropyle vers le sommet de l'ovaire, auquel les seconds présentent au cou-
SKANCE DU 27 FKVKIKFl 1857. 161
traire leur dos. C'est pourquoi je vois, dnns la (iiifércnce de structure et de
direction dos ovules du Lagarosiplion et de V Ilijdrilla^ doux fois plus de
motifs qu'il u'ou faudrait pour justilier la soparaliou de ces deux genres,
que dès lois j'adopte pleinomont avec M. Caspai'y, et qui devront même,
nonobstant leurs ressomhlances extérieures, être placés plus loin l'un de
l'autre que le pren)ier ne le sera de \' Udora ou Elodea; les fleurs mâles à
spathe nuillillore, dans le seul Lagarosiphon, viennent encore corroborer
cette conclusion. Toi est, d'ailleurs, le sentiment de M. Caspary qui, dans
son Conspeclus IJijdriUearuin, met V Elodaa entre V Htjdrillu et le Lagaro-
siphoii. On va voir que cette séparation doit être plus complète encore.
9" J'arrive enfin à la dernière objection de M. Caspary, la plus grave,
celle que les autres n'ont fait que préparer, et qui est en réalité le but et la
conclusion de tout le travail critique. Elle peut être ainsi formulée :
M. Chatin a partagé, d'après leurs ovules, les Hydrocbaridées en Ottélia-
cées caractérisées par l'anatropie des ovules, et en Hydrocbaridées, celles-ci
conservant seulement les genres à ovules orthotropes. Or, VHijdrilla a, en
realité, des ovulos analropes et ne peut être séparé de ses plus proches voi-
sins, V Elodea (1) et \e Lagurosip/tori', donc la division proposée ne sau-
rait être adoptée. — Distinguons, .l'admets, avec Kndiicber, M. Caspary, etc.,
l'anatropie dans VHydriUa; mais je pense que la conséquence {|u'en tire ce
savant, parfaitement légitime dans l'état où était la science il y a quelques
années, ne saurait plus l'être depuis que les beaux travaux de M. I. Geof-
froy Saint-Hilaire sur les séries parallèles ont ouvert, non pas seulement
aux zoologistes, mais a tous les naturalistos, que ceux-ci soient botanistes,
minéralogistes, etc., un nouvel horizon. Aussi, loin de laisser V Hydrilla
accolé au Lagarosiphon, etc , le transporterai-je parmi les Ottéliacées,
dans le groupe des Enhalécsoù il ligurera le dernier, parallèlement au La-
garosiplion et à V Anackuris ou Elodea. Si, dans la classification parallèle
que j'adopte, V Hijdrilla n'est pas au-dessus ou au-dessous du Lagarosiphon,
il est à ses côtés, à la même hauteur, reste par conséquent son voisin, mais
sans que, pour réaliser ce voisinage, le bolaniste soit contraint de sacrifier
(1) M. Caspary, (pii s'est livré, sur les plantes dont il est ici question, ù des obser-
vations suivies, dont les résultais sont consignés dans son Conspechis systematicus
Hydrillearum (Berlin, 1857), ayant observé des formes polygames, etc., de
YVdora[Elodea) que caractérisaient leurs fleurs hermaphrodites, et de VA7iacharis,
dont l'existence reposait sur la dioïcité, oprrc] avec raison la fusion de ces deux
genres. Mais si nous appiouvons celle-ci sans réserve , nous n'en dirons pas tout à
fait autant du nom du nouveau genre, pour lequel Tauteur préfère celui d'Elodea
(déjà donné par Nultail à des Hypericum dont plusieurs portent encore le nom
iVËlodes Adans. Spach.), à ceux d'Aiiacharis ou (k'Udora, dont l'emploi ne don-
nerait lieu à aucune confusion ou explication synonymifjue. l'ourquui surtout ne
pas conscr\er le nuni (VAnavhuiis, du à C. f.icliard comme celui d'/v'/o(/co ?
T. IV. Il
162 SOCIÉTÉ BOTAISIOLE DE FRANCE.
le caractère imporrnnt tiré de Tovule, aiiatrope dans l'un, orthotrope dans
l'autre, .le dirai même plus: c'est que ma famille des Ottéliacees atleiulait,
pour èire parallèle de tous points avec les Hydrocharidées, que l'un des
genres amcharidoïdes \int en faire partie. Le seul et très petit change-
ment qu'il y ait à faire aux Enhalées pour y faire entrer VHydrilla, est de
taire, dans les caractères, la nature simple ou double de l'enveloppe ovii-
laire. Alors nous avons la classification suivante, qui ne diffère en réalité,
de celle que nou.s avons d'abord indiquée, que par le déplacement de
YHydrilla.
OTTÉLI.ACÉES. — Ovules aiiatropes.
A. Otti-liées. — Axes et feuilles tous
vasciilciires. Des sloinalcs. Plantes
flolianles.
Ottelia.
B. Enhalées. — Axes cl feuilles cellu-
laires ou incomi)lélemout vascnlaires.
Pas de sloniates. Plantes inimerf,'ées,
Stratioles.
Enhalus.
Hydrilla.
IIYDIIOGIIAIUDÉES. — Ovules orlho-
Iropes.
A. liYDP.OGHARÉES. — Axcs et feuilles
tous vasculaircs. Des stomates. Plantes
flolianles.
Hydrocharis. Limnobium, Bootia?
(o\ules, etc., à observer).
B. Vallisnériées. — Axes et feuilles
non vasculaires. Pas de slomaies.
Plantes immerfjées.
? Blt/xa (ovules, etc., à observer).
VaUisneria.
Elodea ou Anacharis, Lagarosiphon.
.!e n'ai pu observer encore le Bootia et le Blyxa : l'examen des ovules dé-
cidera de leur place parmi les Hydrocharidées ou les Otteiiacées; on peut
seulement prévoir, en raison du mode de vivre de ces genres, dont le pre-
mier a des feuilles flottantes tandis que l'autre serait, d'après les descrip-
tions qui en sont données, immergéj que celui-là est vasculaire, et prendra
place dans les Hydrocharées ou les Otléliées, mais que celui-ci est plus ou
moins cellulaire et viendra se ranger parmi les Vallisnériées ou les Enhalées.
M. Caspary, qui par ses voyages jouit des richesses l'éparties entie les di-
vers herbiers de l'Europe, qui fait des plantes aquati(jues l'objet proféré de
sei études, et à qui la science doit, en particulier, des recherches fort éten-
dues sur les principaux genres des Hydrocharidées, sai-ira, j'en exprime
l'espoir, la première occasion pour fixer la nature orthotrope ou anatrope
de l'ovule des curieux Blyxa et Bootia.
Je ne finirai pas sans offrir mes remercîments à M. Caspary, pour son
empressement à me confier le manuscrit et les nombreux dessins de sou in-
téressant travail s\ir les UyJriliées.
M. Lagrange fait à la Société la coiiimuiiicalion suivante :
sÉANOii nu 27 M viîiKr. 1857. 165
NOTE DE 11 l.\UK\yUi: SLll UN NOUVEAU C.Wii'.V TUOUVÉ DANS LA BUESSE.
J'ai riutiiiK III- (If picM'iitcr a la Société une plante fint intéressante qui a
éle trouvée i).iiii' la preiDJeie lois aux environs de Loulians (Saône-et- Loire)
par M. Moniez, professeur de n)alhemati(Hies au collège de cette ville.
(>. botaniste (jui, depuis (|uel(|ue.s aonées, étudie avec ardeni' la flore
don pays très imparlaiteinent exploré, ne pouvait maixjuer de l'aire quel-
(|ues découvertes heureuses pour la science; aussi, dans les premiers jours
de juin 1856, il trouva, à k kilomètres de l.ouhans, sur les bords d'un
etaii;, un Cnvex qui lui était ineonnn et qui se présentait dans les condi-
tions suivantes : il croissait au milieu de saules et d'aulnes, sur le revers
extérieur d'inie digue l'ormant le péiimètre de l'étang; placé la dans une
position un peu élevée relativement aux eaux, et sur une partie de la
digue directement exposée au nord, il formait quatre ou cinq touffes
énormes donnant niv.issance chacune à des centaines de tiges. Le terrain
était de nature argilo-silieeuse faisant partie du reste des anciennes allu-
vions de la Bresse, dans les(|uelles Louhans se trouve encore placé.
M. iVJoiiiez, ne pouvant arriver à la détermination de cette plante et
voulant s'éclairer de quelques avis, en envoya plusieurs échantillons a
Beaune, a Dôle, a Besançon et même a Dijon. — Si les botanistes qui ont
étudié ce Carex ne sont arrivés a aucun résultat, c'est, je crois, parce que,
rejetant tout d'abord loin d'eux l'hypothèse qu'il pouvait s'agir d'une es-
pèce nouvelle, et prenant poui- point unique de comparaison des Carex de
la tlore de France, ils cherchaient et voulaient absolument trouver des affi-
nités qui n'existaient réellement pas. Quoiqu'il en soit, je vais avoir l'hon-
neur d'exposer a la Société le résultat de mes recherches, résultat qui me
conduirait à regarder cette plante comme entièrement nouvelle.
Comparé aux espèces indigènes, le Carex dont il s'agit trouve naturelle-
ment sa place entre le C. vidpinn et le C. paradoxa; il établit un passage de
l'un à l'autre, en comblant cette grande lacune qui existe pour la France
entre le groupe des Vulpinœ et celui des Panicuiatœ. Je dois cependant
ajouter que ses utricules très petits, paucinerviés, que la forme remar-
quable de ses écailles, que ses bractées filiformes, que son faciès propre le
tiendront toujours à une assez grande distance de ces deux groupes pour
qu'il y ail lieu de créer pour lui un nouveau groupe intermédiaire dont il
sera l'unique représentant. — Mais si nous quittons, non-seulement la
France, mais l'ancien continent pour le nouveau, nous trouvons un Carex
de physionomie tout a fait semblable au nôtre, ayant les mêmes utricules
et les mêmes bractées ; c'est le Carex multiflora MuehI., commun dans
l'Amérique septentrionale.
lui comparant ces deuN planits, ow est de suite frappé par un caractère
dislinctif saillant que fournissent les écidlles florales fertiles : celles-ci, dans
16A SUCIÉIÉ r>OTAMt!LK DK I UAX'.i:.
le Carex aincricaiii, sont étroites, ovales-aiguës, plus ou moins arislées ; dans
le Carex de Louhans elles sont presque aussi larges que longues, obovaies,
echancrées et lo\iguement mucionees. Ces caractères sont-ils constants?
Telle est la première question que je me suis faite. La réponse me semble
devoir êtreaflirmative, si je m'en rapporte du moins aux données acquises
jusqu'à ce jour. — Eu effet, si les observations faites sur le Carex de
Loubans représenté seulement par quelques individus (6-7) sont restreintes,
il n'eu est pas de même de celles qui ont eu pour objet le Carex américain.
J'ai pu étudier celui-ci sur de nombreux échantillons dans les principaux
herbiers de Paris. Qu'il me soit permis de remercier ici M. J. Gay et mon
excellent confrère M. Cosson, qui ont bien voulu mettre a ma disposition
leurs riches collections de Carex, et chez lesquels on est toujours sûr de
trouver l'accueil le plus cordial. Or, les écailles florales se sont toujours
rencontrées avec les mêmes caractères. — D'une autre part, les auteurs,
et je citerai en particulier les américains, tout en mentionnant les nom-
breuses variations du Carex multi/îura, relatives les unes a la grandeur et
a la forme de l'utricule, les autres aux moditications du rostre, ont toujours
été muets en ce (jui concerne les écailles llorales, et il n'est pas probable
(|uun caractère aussi saillant, s'il avait existé, eût échappe aux investigations
des auteurs.
.le crois donc être fondé à admettre aujourd'liui le Corex de Louhans au
rang d'espèce nouvelle, et je résumerai les motifs de ma détermination en
disant qu'il se distingue du C. raultiflorn MuehI., surtout par ses remar-
quables écailles, ensuite par ses feuilles caualiculées, par ses tiges presque
lisses, et enfin par sa station dans un point du globe de longitude si diffé-
i-eiile. — Je propose de lui donner le nom du botaniste qui l'a découvert,
c'est-à-dire de l'appeler Carex Moaiezi. — Je ne sais quel sera le sort du
Carex louhannais dans un avenir plus ou moins éloigné, et lorsque des ob-
servations plus nombreuses auront été recueillies; mais, quoi qu'il arrive,
qu'il doive être maintenu comme espèce ou qu'il soit reconnu plus tard
n'être qu'une variété du C. multijlora MuehI., la présence dans le bassin
de la Bresse d'une plante appartenant à un type tout à fait américain,
sera toujours un fait de géographie botanique des plus intéressants.
Carex Moniezi ]Nob.
Spiculis compositis, androgynis, superne mascuiis, in spicam elongatain
dispositis, superioribus conlluentibus, cœteris subdiscretis; stigmatibus
binis; utriciilis minimis, paucnierviis, squamam emarginatam longeque
nuicronatam buba-quanlibus : bracleis iiliformibus ; foliis canaliculatis,
eauliuis 2-3 superioribus culnumi lae\eni vel scabriuseulum superan-
tibus.
Rhizomn ramosissiraum densissimequc Cicspitosum. Folln canaliculata,
sr.A>ci; iiu ?.7 lÉviiii.it is:;7. Itib
rnrissimc plana, al),^ll^tissilna nempc l-'J niilliinetia lata, lu'te viridia,
excepta Itasi iiiarj;ine scabra ; nilir.ea iiifcriora hievia, 'i-o siipcriora culino
loimioia, vajiiius inteuris, magis miiiubve iml)ricatis, lij;ula milla vel sub-
milla oblusissimaqiio. (-'nlmus erectiis, 5-7 decimetra altns, uif^oiuis, acii-
tanguhis, l;r.vis, raiius scaber, usquc ad médium circitcr loliatus, supenie
luidus. Bnictpœ t'oliacea; liliformes aiit etiam ai-istiformes, iii(im;r. majores,
a basi ad apieem spica* gradatim longitudine immiiuitœ. SpienUc uume-
losio, composita'., ovato-oblongae, in spicam elougatam seu paniculam
angustissimc coarctatam digestœ, supciiores confluentes, infimîc basi sub-
approNimatae. Squonur fertiles membranacea>. , byalino-ferrugiueae , late
obovata?, valde emarsinatae lobulis apicalibus obtusis fimbriatis, trinerviœ,,
nervis subcontiguis in mucronem viridem elongatiimquecoeuntibus. Stylus
bilidus, basi bulboso-incrassatus. Utriculi minirai, ovati, plano-convexi,
dorso tri-quinquenervii, anlice obsolète bi-trinervii, in rostrum gracile
utriculo ipso subaîquilongiim, bifidum, raargine leviter serrulato-scabrum
acuminati. Achœnium snbrotundum basi attennatum et substipitatum.
In prefecturaiS«one-^^/.o?Veprope Lœvincum fLonhaus) ad ripas stagni.
— Api'ili floret, juIio fructus maturat.
('. muld/lorœ xMuehI. valde alfinis, differt imprimis squamis fertilibus
late obovatis emarginatis longeque mucronatis, née unquam ovato-aoutis,
foliis canaliculatis, et culnio lœvi vel seabriusciilo.
A la suite de eette roniniunication, M. J. Gay fait les observations
suivantes :
Ce l'ait d'un Carex nouveau pour la France, qui a son affinité la plus pro-
cliaiuedans un Cflrej? d'Amérique, rappelle à M. Gay le fait tout semblable
d'un autre Carex dont il a jadis esquissé l'histoire sans l'avoir publiée. Il
s'agit du Carex yrisea Viv. , espèce très rare de la Ligurie orientale et du tei-
ritoire pisan, si rare qu'on a pu longtemps douter de son indigénat, quoi-
que ces doutes paraissent aujourd'hui dissipés. Peu d'auteurs en ont parle
jusqu'ici, et tous l'ont comparée aux Ca7'ex tristigmatiques de la section
spicissexudistinctis {C. pallescens, panicea, rotundata, brachystachys et to-
mentosa). Mais c'est dans la section spicis lateralibus fœmineis, terminait
ondrogynô, basi masculà qu'il faut chercher sa véritable affinité. Là se
trouve en effet le Carex virescens Muhlenb., avec lequel le C. yr/sea a de
tels rapports, que M. Gay n'a pas su l'en distinguer spécifiquement. Le
C. fjrisea devient pour lui C. virescens ^ grisea, ainsi qu'il résulte de la
notice par lui écrite en août 1838 et que nous reproduisons textuellement
ici. L'auteur n'y a rien ajoute, si ce n'est la citation de deux textes posté-
rieurs a sa date et une uoted'où il résulte que la plante est réellement spon-
tanée sur la côte orientale du golfe de Gènes.
16(i SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FHANCE.
('arex virescens P Grioleti J. Gay.
C. cuimo foliisque <ïla!)ris; spiculis 5-6 crectis, terminal) longissimâ,
gracili, tolA masciilâ, vel hasi loeiiiiicâ, reiiqiiis fœmineis, cylindraceis,
foliaceo bracteatis, iiifimâ remota, pedunculatâ, 2-3 inferioriim sqviamis
inferioribus sterilibus; ulriculoium nervis 3 anticis in fasciam linearem
aibidam lon^iiusculam supernè confluentibus.
Carex grisea. Viv.l FI. ital. Fragm. in ejusd. Ann. di Bot., 1, part. 2*
(180/i), p. 186, tab. 35 (quœ icon vcrisimiliter nunquam prodiit, deside-
raJur enim in tribus à me collatis libri exemplaribus). Stirpem ibi fusiùs
descriptam, quamvis à nemine bucnsque citatam, in berb. Ventenatiano
nùne Lesseriiano vidi, ab ipso auctore missani. Eadem quoque nomine
eodem in berb. t^ontanesiano nunc Webbiano exslat, à Savio missa. Defi-
nitionem ex Vivianii opellâ excerptam conféras apud Roem., CoUect. Bot.
(180D),p. 290.
C. Grioleti. BertoL! in herb. Roem. — Roem. in Schk., Car. svppl.
(1806), |). 76, tab. Rrrr, (ig. 209 [ex herb. RicU). — Spreng., Sgst. veg.,
m 1826), p. 821. — KnnfJ), Enum. II (1837), p. ^/il. — Parlât., FI.
fiai. ,11 (1852). p. 163. — BertoL FI. liai. X (I85ù), p. 95.
Plantarum curiosus, Grioiet PeLili, stirpem olim ad Vivianium misit, et
prope Levante locis spongiosis lectam perbibuit, undè eadem, per Vivia-
nium, quasi l.igarise orientalis civis, m Roemeri atciue Scbkuhrii manus
venit. Ego vero ex America ortam, et in horto quodam cultam, vel cum
navium saburrâ fortuite» introductam, posteàque exstirpatam, vebementer
suspicor, in (|nâ opinione eo magis confirmor, quod neque Bertolonius,
strenuus plantarum Ligusticarum scrutator, neque ullus Italorum, indè
abanno 180^, meiitionem ejus vel minimam fecerit (1).
Culmus 1-2 pedalis, erectus, acute trigonus, scaber. Folia radicalia, cum
radiée, desiderantur. Folium caiilinum adesl in uno specimine, à spiçutâ
imâ longé remotum, pedem longum, totum quantum glabenimum, vaginâ
triunciali, tubuiosà, obtuse trigonâ, Ifevissimâ, limbo piano, sesquiiineam
lato, margine serrulato-scabro. Spiculae 5-6, omnes erectse ; terminalis 1-2
(imô ex Viv. 3-) uncialis, gracilis, in uno speeimine tota ma5:cula,in altero
basi imâ fœminea (ex toto masculam Vivianius describit), squamis arctè
imbricatis. elliptico-laneeolatis, obtusis, tulvis, triandris, nervo carinali
viridi, infra apicem evaneseente, filamentis capillaribus, squamam deniùra
longé superantibus, antberis non visis; reli(inœ spicuiœ fœmineœ, mia al-
(1) Ad rivulos inontis Pisani rêvera crescere pl.mtam, ami. 18/j3 cl. Petr. Savi,
misse speciiiiine, nos duciiil, quod ami. 1852. cl. l'aihitore I. c. coiilirmavii, Ad-
dendiis el lociis natalius terliiis ab Berlolonio luiper iiolalus, vailes circa villam
Leyt prope Clavaruin Ligurià orientali (coiif. Berlol., /. c).
SÉANCE nu 27 FÉVRIER 1857, 167
tern.vesuperior masculsp valdè approximata, plané sossilis, ovoiflea, breviiis
i)r;u'lcat<i, iiilermi'diai distiiictcC, neo coiidiieiiU's, suhsessilcs, cyliiidraccae
7 8 lin. loiiyœ, foliaceo-braotealae, infeiior mox doscriptis similis, scd 2-3
iiiicias remota, et pe.Imiculata, bi-acteâijue lon|.;iore munita, pedunculo 10-12
lin. loni^o, fil formi, triquetro, scabenimo, bnu-teâ ciilir.um supeiante, 5-7
iiiu'. loniié, basi vagiiia'à, limbo piano, 1 1/2 lin. lato, basi interna pilis
panrissiniis sparsis vestito, caeteiùm a,\nbw, vaginâ brevissirnâ, 1 1/2
3 1/2 lin. lonjiâ, tolâ f:labiâ et tubniosâ, pedunculmn muito lon^ioreni hasi
incliidente. Squaniœ fœinincse ovato-ohionu», aciiniinatœ, h\ alino-albidae,
cariiiâ laîtè viridi, Iruotifeiaî laxiusciilœ, utriculo brevioies angustiores-
((ue, persistentes, neccaducœ, inlerioium 7-10, inspicnla infVridi-e (non ita
in spic'ulis snpei ioribus, vel saltem pauciores mulio) vaeuac ! rachi ad-
pressœ, unde spicula basi in cuneinn attenuata. Utriculi sessiles, viiides,
membianacei, unam lineam vix longi, vixque dimidiam lati, erostres, ob-
tuse tiigoni, apice et pi-ee^ertiiTi basi attenuati,supernè, iniprimisad latera
et utiâ :|ne parte hispiduli, iiUeniè glabii, posticè énerves vel obseuriùs
nervati, anlicè 5-6 nervii, nervis plus minus distincfis, 3 intermediis fili-
formibus, approxiniatis, supcrnè in fasciam longiusciilam, albidam, linea-
retn cocuntihus (quod quidem in stirpe maxime notabile!), rostello bre-
vis^imo, cylindrico, toto albido, ore integerrimo, vel obseuriùs bidentato.
Aohseiiiiiin (maturuin) sessile, utricuium replens, ellipsoideo-obloiigum,
apice bisique attenuatum, obtusiiisculé trigonum, fuscmn, distincte gra-
nulatum, basi persistente styli coronatum, angulo tertio nùnc anlico nùnc
postico, undè utriculus nùnc anlicè nùnc posticè carinato-convexus. Stylus
brevissimus, ro>tellum vix sequans, giacilis, proximè supra basim fragilis.
Stiginata 3, capillaria, ferruginea, longitudine ferè utriculi.
Obs. — Stirpem Viviaiiius cum C. pallescente et panicm comparavit,
Schkuhrius rotundatam inter et bracivjstachym interposuit, Kunlhius tan-
dem post C tomentosam, quasi formam ejus, spiculis distantibus, pedun-
culatis, squaraisque fœmineis byalino-albidis diversam, enumeravit. Qui
verô omnes, cùm affinitatem siirpis inter species sexn distinctas quœsive-
rint, à scopo, ni vaidè fallor, maxime aberrarunt. iVîihi enim stirps, nullis
arctè speciebus cognata videtur, nisi illis quibus spicula terminalis andro-
gyna, basi mascula, reliquse fœminca;, inter quas C. virescenti tàm pn pè
accedit, utomninô non, nisi varietatis iege, distinguere valeam. Ligusti-
cam l'ormam ab Ameiieanâ, primo intuitu, amovere videntur l'olia giabra,
née (ùlosa, spieula terminalis tota mascula vel basi l'œminea, nec basi mas-
cula, spicuiae, (juo(|ue, fœminese plures, latis bracteis munitœ, (|uae iii
virescente Americanà omninô sessiles vel suhsessiteset subula'.o bracteatœ,
utriculus denique rostellatus (non muticus), magis birsutus, nec antieè
albo-fasciatus. Has verô differentia.s omnes, in C. virescente aut proximè
aflinibus, variabiles comperio. Foliis glabris virescentem ludere, Miiblen-
'les scr.iÉTi; iiotamqlc m: iiuntr.
beigiiis tuliiotavit [Descripl. ubo'., p. 233), nei' iii C. (jriokti piorsiis
glabia esse, specimiiia à inc visa doceiit. Vaiictaten» pedunciilatani in
C. Idrsutû, specie pi'oxiinè arfiiii, Toneyus memorat [Ann. of tke Lyc. I,
p. 323, III, p. 608); exstant quoque specimina \<p?,\wsvirescentis, Novebo-
racensia, à me visa, quibiis podunculus 5-6 lin. loiigus spiculam inferio-
rem sustentât. Spiculam terminalem in virescente aliquando totam mascu-
lam, sed graciiem et 8 lin. maximum longani, occuirere è speciminibns
Ameiicanis ipse quoque cognovi. Nec discrimen stabile, ipsa uti'iculi fascia
offert, cujiis indicium manifestissimum in virescentia ^ovmA macrostaebyà
observo. Nostra igitur, cum virescente comparata, non, nin spiculis fœmi-
iieispluribus (4-5, non 2-3), intima basi stcrili, et spiciila masculâ dimi-
dio vel eliam quadruplo longiore, utriculis tandem parciùs hispidis et ros-
tello magis distincto,differre oensenda est, notis scilicet pei- totam Caricum
gentem fallacissimis. Stiipem eigo, origine dubiam nec nisi ex diiobus
speciminibus cognitam, prout speciem propriam ego admiltere noilem. In
quâ opinione si forte fallor, si quoque C. Grioleti pro certâ unquàm Ligu-
riae civi habenda erit, manebit lamen stirpis vera affinitas, extra omne
dubium posita, etbicprinuim a nie notata.
M. Boisduval présente à la Société V Hacquetia Epipacùsy vivant,
en pleine fleur, provenant de rhizomes recueillis dans les Grisons, et
quelques pieds ^'Erythronium Dens canis fleuris aussi et qu'il
cultive également avec succès.
M. Cosson met sous les yeux de la Société plusieurs espèces rares
ou nouvelles de la régence de Tunis, et fait les communications
suivantes :
NOTE &\}V,\:ANABASIS ALOPECVROWES, par MM. MOQUIIX-TAI^IDOIV et E. COSSOX.
Parmi les Salsolacées à embryon en spirale {Salsolacec subordo Sph'o-
lobeœ C. A. Mey. — iMoq.-Tand.),à tégument séminal simple et à embryon
conico-spiral (tribus Salsoleœ Moq.-Tand.) se trouve le genre Anabasis L.
qui appartient à la sous-tribu des Anabaseœ (Moq.-Tand.) par la verticalité
de la graine. Ce genre, réformé par les auteurs modernes, se distingue des
autres genn-s de la même sous-tribu par le calice à 5 sépales, tous, ou seu-
lement les 3 extérieurs, s'accroissant après la fécondation et se prolongeant
sur leur dos en une aile transversale scarieuse, par les anthères brièvement
appendiculées ou noi» appendiculees, et principalement par l'existence de
Spetitsstaminodesplacésentre les filetsdesélamines, et par la radicule infère;
il parait assez naturel, et les espèces qu'il comprend ont entre elles par le
port une assez grande ressemblance; toutes, à l'exception de VA. alopecu-
roides, objet de cette note, présentent des tiges, des brancbes ou des rameaux
^l'ANCi" Kl' •?./ i'i:vi;iEr. 1S.")7. 109
nrliculés d'iino manière plus on moins notto, ol lonis tiiics sont simples on
r;nT)euses,à rameaux opposés (cxceptionncllcmpnl alloues), leurs fcuillos sont
nulles ou opposées- notre plante, à rameaux alternes non articulés et à
feuilles alternes, présente le port d'un Ilalogeton , mais est munie de sla-
minodes comme les Anabasis, et la radicide regarde la base du fruit : c'est
vuie espèce intermédiaire entre les deux genres, l'un de nous l'avait d'abord
désignée sous le nom (V Halor/oton a/opecuroides {Cheno/). eimm. [18^0]
161, 11. 10); plus tard, après un nouvel examen (in l)(-. Prodr. XJIf,
sect. 2, 210 [IS/iO]), il l'a rapportée aux Aiudm/^ia: mais il l'a placée en
tête de la série comme pour montrer qu'elle forme le passage vers les
geni'es précédents.
Sur les quinze espèces du genre Anaias^s décrites dans le Prodromus (1),
onze ont le calice à sépales tous ailés, et quatre à trois sépales extérieurs
seuls ailés; c'est parmi ces dernières que se rencontre VA. olopecuroidea,
et nous devons faire remarquer en passant que son calice fructifère n'offre
souvent que deux sépales ailés.
\\\\ combinant les caractères tirés de l'articulation ou de la non-articula-
tion des rameaux, de leui- opposition ou de leur alternance, de l'absence ou
de la présence des feuilles et de leur disposition, et du nomi)re des sépales
ailés, nous sommes amenés à di\ iser le genre AnoMsif; en deux sections, dont
nous donnons ci-dessous la diai^nose :
Sect. I. AgatliOphora [Halogeton sect. Agathophora Fenzl in Lcdeb. FI.
Boss. III, 831). — Rami alterni, inarliculati. Folia alterna. Calycis
fructiferi sepala 2-3 exteriora soluiii alata.
A. alopecuroides.
Secf. II. Anabastrum. — Rami oppositi, rarius variatione alterni, articu-
lati , rarius subarticulati. Folia opposita vel nulla. Calycis fructiferi
sepala 3 exteriora vel omnia alata.
'* Calycis fructiferi sepala 3 exteriora solum alala.
A. phyllophora. — A. brevifolia. — A. aphylla.
** Calycis fructiferi sepala 5 omnia alata.
A. ammoderuh'on. — A. arliculala. — A. multiflora, — A. cretacea. — A. nia-
croptera. — A. brachiata. — A. inlermedia. — A. cincrea. —A. selifera.
— A. kitea. — A. florida.
Anabasis alopecuuoides Moq.-Tand. in DC. Prodr. Xllf, sect. 2, 210,
n. 1. — Salsola olopeciœoides Delile! yEg. illustr. n. 306, et FI. 56,
(1) Il y a deux autres non satis notœ et deux nomine tanfum nofœ, en tout 19 ;
nous en décrirons bientôt une vingtième.
170 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
t. 21, f. 1 (imperfecta et veiisimiliter e specimine quoad inflorescentiam
abiioimali delineata). — Salsola giomerulata Lippi iiied. sec. Delile /Eg.
illustr, n. 311 (non Mcyeii). — Halogeton alopecuroides Moq -Taud.
Chennp. enum. 161, n. 10.
Suffrutex dumosns. Gaules erecti, flexiiosi, i-amosissimi, subteretes,
corfice rimoso cinerascente, basi indurata foliorum elapsorum pemmis-
qiie al)ortivis persistentibus tuberculato-iiodosi; rami alterni, divergenti-
ascendentes, inarticulati, inermes, tortuosi, subteretes haud compressi
iiec marginato-alati, glabii, pallidi ; ramuli albidi. Folia demum all)ido-
glaucescentia, 6-8 niillini. loiiga, 1-i tnillim. lata , alterna, semitere-
tia , subtils convexa, supra planinsciila, basi dilatata, coiicava, semi-
amp!cxic'aulia, oblongo-linearia, patula, interdum subdeflexa, raro sub-
recurva, carnosa, apice obtusiusculo parum incrassata et in mucronem
elongatum seliformem acutum rig;dum nunc rectum nunc subarcualunrj
aeuminata, villis copiosis longiusculis flexuosis albidis in axilla lanata,
pleraque gemmas abbreviatas villis axillaribus tomentosas in axilla foven-
tia; floralia breviora, ovata, supra concava, mucrone obliquo instructa;
bractese folium florale subœquantes, carnosse, squama-formes, ovalae, su-
pra concavse, subtus obsolète carinatœ, obtusae, muticse. Flores 5-meri,
5-andri, alterni, axillares, sessiles, dense 2-3-glomerulati, glomerulis ex
icône Delileana in spicam terminalem approxiniatis, sed hœc dispo>itio veri-
siniiliter abuormalis. Sepala lanceolata, concava, duobus interioribus angus-
tioribiis. Staminum (ilamenta lineari-complanata, médium versus baud
dilatata, interne in cupulam membranaceam cum staminodiis coalita. Sta-
minodiaovato-semi-orbiculata,carnosiuscula,marginetroso-cilio!ata,glabra5
antherse oblongse, médium versus affixœ, appendiculo brevi albido subemar-
ginato supenitœ. Stylus crassiusculus ; stigmata mediocria, angusta subulafa.
Calycis fructiferi sepala 3 (interdum 2, rarius A) exteriora soUmi dorso
transversim alata ; aise striafte, marf;ine crosulo-sinuatae, paulum supra
sepalorum rnediam longitudinem inserta;, valde inaetiuales nempe diioium
sepalorum exteriorum late obovato-suborbiculatae 3-5 millim. longae pa-
tentes, et sepali tertii vel etiam quart! interioris ala multo angustior ovato-
lanceolata erectiuscula interdum obsoleta. Fructus ovato-suborbiculalus,
compressus, pericarpio subpulposo. Semen verticale, orbiculare, integumento
simplici membranaceo. Albumen nullum. Eiubryo cocideatus, viridis, l'a-
dicula dorsalis inl'era ! — (Descripiio juxta spécimen yEgyptiacum valde
mancum ex berbario Delileano et specimina paucissima incompleta Saharae
Algeriensis).
In yEizypIi dcserto Cahirico ad Pyramides Gyzenses (Ddile! in berb.
Redouté). — In Sabarœ Algerieasis australis dilione Dmi-Mzab ad amnem
Oued-Mzab pluribus locis obvia et inter Hadjar Lasereg et Anit el Moktar
SÉANCE DU 27 FÉVRIER 1857. 171
quam maxime cnpiosa et nb iiidigenis Rade m\. Hade nuncupnta (Re-
bond ISSC)); jam iinno 185/; c Saliiua Algcricnsi allata, sed sine designa-
lioDe loci proprii (Geslin).
\:A. alnpecuroides est une plante des plus rares dans les herbiers, et
MOUS n'en possédons d'Algérie que des échantillons incomplets; elle n'était
connue, avant sa découverte dans le Sahara algérien, que par deux échan-
lilioiis d'K«^ypte assez imparfaits, l'un dans l'herbier de Delile, et l'autre
recueilli par Lippi et conservé dans l'herbier d'A.-L. de .Tussieu.
ITlNÉRAmu: D'UN VOYAGE ROTANIQUE EN ALGÉRIE, ENTREPRIS EN d856 SOUS LE
PATRONAGE DU MINISTÈRE DE LA GUERRE , par IW. E. COSSOW.
(Neuvième partie.)
Le fort de Géryville, situé à environ 260 kilomètres en ligne directe
du point le plus rapproché du littoral, sous une latitude de 33° 53' et
à une altitude approximative de 1300 mètres, est construit sur les ruines
de l'ancien ksar de Gueraridj, près d'une source abondante (Aïn el
Beiod), dont les eaux constituent l'origine principale du cours d'eau qui
a creusé le ravin du Khraiieg cl lîeiotl. Ce fort, de construction toute
récente, car l'inauguration du drapeau français au ksar de Gueraridj, n'a
été célébrée que le 21 mai 1853, consiste en une vaste enceinte rectangu-
laire percée de meurtrières et, aux angles, d'embrasures pour les canons
de l'artillerie- il s'élève à l'entrée du Khraneg el Beiod, à l'extrémité septen-
trionale d'une plaine légèrement accidentée, dépourvue de végétation arbo-
rescente et entourée de montagnes rocheuses, dont les plus élevées sont au sud
le Djebel Mezouzin, à l'est et au nord-est la chaîne du Djebel Ksel ; une porte
monumentales'ouvreau nord-ouest de l'enceinte fortifiée, et donne accès dans
une cour plantée d'arbres, assez vaste pour les exercices militaires de la gar-
nison. P]n l'ace de la porte s'étend un grand édifice qui renferme une caserne,
un hôpital, où le petit nombre de malades nous laisse un large espace pour
notre installation, et des magasins pour les approvisionnements de la place;
un autre côté de la cour est occupé par l'habitation du commandant supé-
rieur et le bureau arabe. Des autruches apprivoisées se promènent grave-
ment dans la cour avec des sangliers pris dans les montagnes voisines et éle-
vés par les soldats qu'ils suivent comme des chiens. Au voisinage immédiat
du fort, une maison de commandement a été construite pour le Khalifa Si
Hamza Ben Abou Bi ker, dont l'inËuence religieuse sur les tribus du Sud est
des plus utiles a la doiuination française, et dont l'autorité s'exerce jusque
sur les lointaines oasis d'Ouargla. La colonisation n'est représentée à
Géry\ille que par quelques maisons d'assez chélive apparence groupées au
nord du fort et habitées par des marchands, des cantiniers et des familles
arabes. — Les eaux des sources désignées par les indigènes sous le nom
172 sc.r.nVn'; i;(ViANion: ni: ['liANŒ.
(l'Ain ol Reio I sont, c'om;-!ie nous l'avons déjà dit, très ahontîantes, douces
et limpides: sur reniplncement des plus importantes d'entre elles, M. de
Colomba fait creuser par la garnison, aidée par les populations voisines,
un vaste bassin ellipti(|ue, dont le trop-plein fournit à l'irrigation des jar-
dins «iroupés à l'entrée du Kbranegel Beiod. Le bassin est assez étendu pour
que Ion ait pu y installer un batelet ((ui permet le plaisir, si rare en Al-
gérie, d'une promenade nautique; de jeunes canards tadornes, que les
officiers ont offerts à M""' de Colomb, se mêlent sur les eaux du bassin
aux canards domestiques, dont la basse- cour du fort est déjà amplement
pourvue; les barbillons pris à Arba el Tatani pendant notre séjour à
cette localité promettent de nouvelles ressources alimentaires aux ha-
bitants de Géryville. [,es jardins créés par les soins des officiers, et dont
le plus important et le moins récemment établi est celui du commandant
supérieur, fournissent dès maintenant des légumes en abondance pour
les besoins de la garnison, qui, au début de l'occupation, était réduite,
pour l'alimentalion végétale , au Rwnex Tingitanus var. qui croit en
abondance dans les terrains sablonneux. Des plantations d'arbres fruitiers
et d'agrément fourniront bientôt la plupart de nos fruits d'Kurope et
donneront un ombrage bien utile dans un pays dépourvu de bois. Les
principaux arbres fruitiers dont l'acclimatalion a été tentée sont : le
CiCi-isier, diverses variétés de Poirier et de Pommier, le Pêcher, l'Abri-
cotier, le Noyer et le iMiirier, Les principaux arbres forestiers ou
d'agrément sont : le Lnurus nobi/is, le Sycomore, le Vernis-du- Japon,
le Melia Azedarach, le Baguenaudier, le Itobinia viscosa, l'Arbre-de-
.Tudée, le Ghditschia triacanthos, le Cerasus Padus, les Tamarix Gollica et
Africana var. laxiflora de boutures prises à Miserghin près Oran, le Su-
reau, le Lilas, le Laurier-Rose double, le Cestrum Parguy, VElœagnus
onyuatifoiia, le Broussonotia papyrifera^ l'Orme, le Salix pedicellnta, le
Sauh' pleureur, le Peuplier pyramidal, le Peuplier blanc, même variété
qu'à Tiemcen, et le Cyprès. Parmi les légumes dont la culture présente une
certaine importance, nous mentionnerons le Cresson alénois, le Chou, le Na-
vet, le Pois, la Fève, le Pois-cbiche, le Melon, le Pourpier doré, le Persil,
la Carotte, l'Artichaut, diverses variétés de salade, Laitue, Komaine et
Chicorée, la Tomate, le Piment semé en pot et repicjué en pleine terre, la
Pomme-de-terre, l'Épiuard, l'Oseille et l'Oignon. Parmi les plantes d'orne-
ment, nous avons remarqué le Pied-d'alouette, diverses variétés de Pavot,
diverses variétés de Giroflée et de Pensée, l'OLillet, l'Œillet-de-poète, le
(lalff/n of/icinnlis, la Scabieuse, le Da/i/iu, la Reine-Marguerite, les Ta-
gef.es, le Chrysanthème-de-Chine, la Belle-de-nuit, diverses espèces et va-
riétés de Rosiers. Pour compléter le tableau des cultures des environs im-
médiats de Géryville, il nous reste à mentionner des champs de Blé et
d'Orge assez étendus, d'une belle venue, qui occupent l'entrée du Kbraiieg el
SKANCK ni 27 ri:vuii:u 1857. 17")
Ik'iod au-dessous (les jaidiiis -, plusieurs millii'is de lu'ps de V igné out été
plantés récemment sur Us pentes sablonneuses des coteaux peu élevés qui
limitent la rive gauche du khraneg. — Tous les essais de culture (jue nous
venons de signaler, malgré toute l'intelligence avec lacjuelle ils ont été
dirigés, ne promettent pas, dans les conditions actuelles, un égal succès;
car la plaine de Géryville, en raison de son altitude et de l'absence de
bois, est exposée à des variations subites de température et à des vents très
violents : ainsi, fréquemment la température, tort élevée au milieu du jour,
s'al)aisse beaucoup pend.mt la nuit, et des gelées et des neiges tardives,
qui se produisent quelqucl'ois jusque dans ies mois de mai et de Juin, vien-
nent brusquement arrêter la végétation (1) ; en automne, il n'est pas rare
de voir la neige et la gelée survenir prématurément. Nous avons pu appré-
cier les effets des gelées tardives sur le Mûrier et le Cerch SUiquasti'um
(Arbre-de-Judée), dont les jeunes pousses avaient, au printemps, été tuées
par le froid; M. de Colomb nous a signalé la difficulté avec laquelle a été
cultivé le Dahlia, qui a été atteint par les froids prématurés de l'automne.
Ces données sont confirmées par les observations et les renseignements
pris à Djelfa, qui, bien que situé aune moindre altitude, dans une plaine
également dépourvue de bois, est exposé à des froids tels que, dans une
saison déjà avancée, au mois de juin, les t*ommes-de-tcrre et les jeunes
pousses du Noyer ont été atteintes par la gelée. Nous ne désespérons pas
cependant de l'avenir agricole de Géryville, car, par le boisement des
endroits les plus exposés a la violence des vents et par l'établissement d'a-
bris convenablement disposes, il Jious parait possible de garantir les cul-
tures des chances de destruction auxquelles elles sont actuellement expo-
sées dans un pays découvert situé a une aussi grande altitude.
Les journées des 26 et 27 mai sontsurlout consacrées par nous au repos et à
une installation confortable, à laquelleM.de Colomb lui-même veut bien pré-
sider avec la sollicitude la plus empressée. Pendant ces journées, nous n'avons
guère exploré que les environs immédiats du fort, les cultures, les maréca-
ges du Khraneg el Beiod et les montagnes basses qui l'encaissent. Dans la
cour même du fort croît en abondance, sur le talus intérieur du mur d'en-
ceinte,\'Enarthroca/-pus clavatus ay/ec\ePeganu)H Harmala, le Beta vulga-
rls et Yji^gllops ventrlcusa, etc. Sur les bords des rigoles qui arrosent le
jardin du commandant supérieur, nous notons les Poa trlvlalls, Festuca
orundlnaceu, Alopecurus pratensls viir. veiUrlcosus, Carex divisa, Juncus
(1) En 1855 il a neige encore dans la plaine de Géryville le l" juin, et la couche
de neige ne mesurait pas moins de 30 à /lO cenlim. ; il a neigé de même dans la nuit
du '27 au 28 oclobre, et la couche de neige avait environ la inènie épaisseur; en
1856 la dernière neige est tombée au mois d'avril, et dans la nuit du 11 au 12 mai,
sous une tente, bien qu'elle fût habitée par trois hommes, Teau s'est couverte de
ï^l.ICC.
illl SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
maritimus, Veronicn Anagallis, Sonchus niaritinms, Trifnliwn fragife-
rwn, etc. Dans le terrain argilo-s;il)!oniieux dn jardin et dans les lieux
incultes qui \'i\voh\[\eu[, nous ohatwons \es Ceratoceji/ialiin falcatus, Hœ-
meria hijbrida, ffi/pecoum pendulum, Fumaria Vaillantii, parti flora et
micrantha, Sisymbrium Irio et runcinatum, Erysimutn Orienfale, Rapis-
trum Orientale et Linnœanum^ Helianthemum Niluticum, Reseda olha,
Malva ji^gyptiaca et parviflora^ Tribulus terresfris, Tetragonolobus sili-
quosus, Trigonella Monspeliaca et pulycerata^ Astragalvs Itamoaus, Her-
niaria anniia, Valerianelia discoidea, chlorcmthn et step/mnodon, Anacy-
dus Valentinus, Micropus bombycinus, Carduus mocrocephnliiii, Scolijmus
Hispanicus (abondant), Hypockœris Neapolitana, Roclielia stellulota, La-
mium amplexicaule, Onut/mjalum Narbonensc, Festuca cynosuroides et
divaricata, Triticum Orientale^ ^^gilops venir icosa, etc. Le Centaureo
acaidis et V Achillea Sanlolina croissent en abondance extrême dans les
lieux en fVii'he ou qui n'ont pas encore élé défrichés; la nous observons
également V Onopordon acaule, qui y est beaucoup plus rare. — La l'outc
d'Oran longe les coteaux pierreux qui bordent la rive gauche du Khranegel
Beiod ; aux bords de ce chemin, dans des terrains sablonneux pierreux,
nous recueillons un grand nombre d'espèces caractéristiques de la région,
parmi lesquelles nous citerons les Eruca satica, Meniocus linifolius,
Muricaria prostrotu, Helianthemum pilosum var. , hirtum var, Deserti
et salicifolium var. bi'evipes, Malva jEgyptiaca, Peganum Hormala,
Ononisangustissima, Anthyllis Numidica, Onobrychis orgentea, Minuartio
campestris, Erynyium campestre, Crucianella potuh., Anacyclus Pyre-
thrum, Xeranthemum inapertum, Echinops spifiosus, Onopordon macracan-
thum et acaule^ Cirsium echinatwn, Atractylis ccrspifosa, Carduncellus
pinnatus e\. Atlanticus, Kalbfussia Salzmanni , Convolvulvs linentus, Nonnea
micrantha, Echium Imriiile, Echinospermum patulvm, Roclielia stellulota,
Androsace maxima. Thymus hirtus, Teucrium Polium var., Planfago albi-
cnns, Rumex Tingitanus var. (abondant), Passerina virgata. Asphodelus
fîstulosus, Carex divisa, Lygeum Spartum^ Stipa gigantea, barbata var.
brevipila etparviflora, Echinaria capitata, Ammochloa pungens, Wangen-
heimia Lima, Elymus crinilus, ^Egilops ovata var. triaristnta. — I.e lit
marécageux du ravin qui se dirige vers le nord-ouest est occupé par un cours
d'eau dont les origines principales sont une source située au sud du fort
dans la plaine deGéryville, les eaux du bassin creusé au voisinage des jar-
dins et d'autres soui'ces qui viennent soui'dre à la base des coteaux qui en-
caissent le khraneg. Dans les m.arécages du cours d'eau et sur ses berges argi-
leuses, nous retrouvons les mêmes espèces qu'aux bords des rigoles des
jardins, et nous y observons en outre les Polypogon Monspeliemis, Ranun-
culus macrnphyllus, Juncus glaucus, Plantago Coi'onopus (abondant), Scir-
pus Holoschœnus, Darkhausia taraxacifolia, etc.; aux bords des ruisseaux,
SÉANCE DU 27 FÉVKIER 1857. 175
le l.aurier-Uose {IS'erium Oleunder) l'orme de nombreux buissons; li'S Typha
angusCi folio, P/irufjmites comnmnis, croissent en grande abondance dans le
inarocagt", dont les cuix, sur (int'l(|nes points, sont envahies par le Potamo-
getondensus, qui y forme un véritable gazon. — Une des collines pierreuses
et rocheuses situées sur la rive droite du ravin, et où la végétation ligneuse
est représentée par ijnel(|ues buissons espacés de Juniperus Oxijcedrus, de
Rosmarinus of/icinalis, de Zizi/phus Lotus et de Rétama sp/iœrocarpa, nous
présente la réu\iion d'espèces de la région des hauts plateaux, croissant
pèle-mèle avec des espèces appartenant à la région montagneuse intérieure;
ainsi, nous y observons le Stipa tenacissima dont les vastes touffes consti-
tuent le fond de la végétation avec VAtractylis ccespilosa, et nous y notons
les Arabisauricidata elparvula, Erucasfrum leucantluun, Erysimum gran-
diflorum , Alyssum scutigerum , Helianthcmum sessiliflorum , Dianthus
sylvestris var., Ononis angmtissima et Columnœ, Medicago secundiflora,
Melilotus Neapolitanu, Argyi'ohibium uniflorum, Aslragalus tenuifoUus
et geniculalus , Psoralea bituminosa, Hippocvepis scahra, Paronychia
niuea, Polycarpon Bioonœ, Sedum altiss/mum, JJeverra (non fleuri),
Pimpinella dic/iolonia, Ferula communis, Rhaponticum acaule, Centaurea
alba et pubescens, Zollikofcriavesedifolia, Catananche cœrulea, Astero-
thrix Ilispanica, Sonckus divaricatus, Anai'rhinwn frulicosum, Zizypkoru
Hispanica, Polycnemwn Fontanesii, Festuca tenaiflora, etc. A l'entrée du
khraneg, du côté du fort, nous cherchons vainement dans les terrains remués
le Hohenackeria btiplevrifolia que M. Segrétain, capitaine du génie sous
la direction duquel a été bâti le fort, avait découvert à cette localité.
Le 28, après avoir consacré la matinée à la préparation de nos récoltes,
nous faisons nos dispositions pour l'excursion du Djebel Ksel qui, en laisou
de son altitude et de l'existence de sources et de bois, nous promet une
herborisation des plus intéressantes. Non contents d'avoir tout fait disposer
pour notre campement dans la montagne, M. et M"'^ de Colomb veulent
bien nous accompagner, avec les officiers de Géryville, dans cette course,
qui devient ainsi pour nous une véritable partie de plaisir, après les longues
et fa'igaides journées de notre récent voyage dans le Sud. — La plaine de
Géryville, que nous traversons lapitlement à cheval, est assez uniforme et
s'élève, par une pente insensible, jusqu'au pied même du Djebel Ksel ; nous
n'y voyons guère que les plantes déjà signalées dans le IvhranegelBeiod, et
les (juelques temps d'arrêt que nous y faisons ne fournissent qu'une seule
espèce nouvelle pour notre liste, VAlsine setacea, plante des environs de
Paris. Les plantes qui dominent dans les pâturages sont l'Alfa {Stipa tena-
cissima), V Hclianthemum Idrtum var. Deserti^ avec VAntIvjllis Mumidica
et \' Atractylis cœspitosa. De rares champs d'orge, dans les endroits dépri-
més ou arroses, forment comme des Ilots au milieu des pâturages qui les
entourent. Arrives au pied du Djebel Ksel , nous nous arrêtons quelques
176 SOCIÉTÉ. BOTAMQLE Dli l'RA>CE.
instants poui' prendre, par une observation barométrique, l'altitude de
cette partie de la plaine, qui dépasse d'environ 100 mètres celle de Géry ville,
car elle n'est pas inférieure à 1400 mètres.
[La suite à la prochaine séance. ]
NOTES SLT, QUELQUES PLANTES RARES OU NOUVELLES DE LA RÉGENCE DE TUNIS ,
pur Mn. E. COSSOIV et L. KRALIK.
(Troisième partiel
Neurada procumrens !.. Sp. 631; Forsk. FI. yEg.-Arab. descr. 90;
Lmk Illustr. t. 393; Desf. Atl. I, 369; Delile .'Eg. t. 6Zi, f. 1-2 (ined.
in bibliotheca Delessert) ; DC. Prodr. II, 548.
In deserto Tunetano (Desf.) ; in collibus calcareis apricis, in arenosis, de-
sertiet littoris, inter S fax et Gabes ad turrem Aadour, in collibus ad montes
Djebel Aziza et Djebel Keroua prope G«6es(Kralikpl.Tun. exsicc. n. 218),
in insula Djerba oopiosa (Kralik pi. Tun. exsicc. n. 374). — In arenosis et
collibus apricis Sabarai Algeriensis bine inde diffusa nempe in ditione
Biskra (Jamiii pi. Alger, exsicc. n. 241, Balansa pi. Alger, exsicc. n.951),
in ditione Mzab propre Guerrara (Reboud), in provincia Oranensi austra-
liore ad Brézina! (Kralik ap. Bourgeau pi. Alger exsicc. n. 207). — In
jEgypto (Forskal, Sieber pi. exsicc). In Aiabia petrœa (Boiss.).
Le JS . procumbens se présente en Algérie avec le calice fructifère exac-
tement orbiculaire ou, au contraire, à 5 angles très saillants; ces deux
formes extrêmes tigurées dans la plaucbe citée du Flora jE fjyptiaca se
relient entre elles par de nombreuses transitions.
Paronychia LONGiSETAWebbPA?/^ Can. 1, 163 in adnot., et Fragm. fluiml.
,Ethiop.-yEg. 37 ; Coss. et DR. ap. Jamin pi. Alger, exsicc. — P. nitida
Delile .Eg. illustr. n. 270 sec. Webb. —P. Arabica DC. Prodr. III, 371
ex descript.; Boiss. Z>/a^?i.^j/. Or. fasc. m, 11 in adnot. ^ Godr. Fl.Juv.
éd. 1, 21. — Illecebrum longisetum Bert. Fi It. II, 733. — P. argentea
var. ^Egijptiaca Webb, loc. cit. — P. Cossoniana var. Webb in Balansa
pi. Alger, exsicc. n. 1002.
In depressis argilloso-arenosis, glareosis et alluviis deserti Tunetani,
prope S fax, inter S fax et Gabes ad turrem ^adoio\ prope Gabes baud in-
frequens (Kralik pi. Tun. exsicc. n. 61 sub nomiiie V. Cossoniana J. Gay),
nec non in insula Djerba. — In Sabara Aigeriensi! laie diffusa (Jamin pi.
Alger, exsicc; Balansa pi. Alger, exsicc). — In /Egypto prope Alexan-
driam (C. de Fontenay) et prope Kanka (sec. Webb),
Par une étude attentive sur le terrain et l'examen dune très nombreuse
série d écbantillons conservés dans l'berbier, p.ous avons pu nous con-
vaincre ([ue la plante de Gabes et celle du Sabara algérien sont identiques
SKANCE DU 27 FÉVRIKK 1857. 177
a la plaiite (rK;j;ypte tlëon'le par M. Webb sous le nom du /'. longisetu tt
(|uel;i plii|)art (les auteurs ont cloiince sous le nom de /'. Arabica. — Il ré-
sulte également pour nous de cet examen que les P. longiseta Webb, Am-
hica Oelilc, desertorum Boiss. , CossunianaS. Gay, et Aurasiuca Webb, ne
se distinguent pas par des caractères assez tranchés et assez constants, et
que probablement ils devraient être réunis sous le nom spécifique de
P. Arabica, sinon, ainsi que l'avait pressenti M. Webb (Pbyf. Can.], être
rapportés au P. nrgenlea, dont ils ne seraient q^ie des formes extrêmes.
Rkaumiuua vERMicur.ATA L. Sp. 75/i; Desf. ! Atl. I, ^31 5 DC. Prodr. III,
456. — H. mucronata Jaub. et Spach in Ann. se. nat. sér. 3, Vill,
379, eiJllustr. pi. Or. III, 5U et 57, t. 2ti5. — II. sfenophyllu Jaub. et
Spach in Ann. se. nat. sér. 3, VlII, 379, et llluslr. pi. Or. III, 54.
In arenis deserli Tunetaui et ad maris littora prope Sfax (Desf.), in
areuosis maritimis ad Sfax, m pascuis circa Gabes frequens, in insula
Djerba vulgatissima (Kralik pi. ïun. exsicc. sub nomine P. stenophylla).
— In Aigerite australioris ditione Biskra! vulgaris (Jarain pi. Alger, ex-
sicc, Balansa pi. .\lger. exsicc. n. 909 sub nomine R. stenophylla). — In
Siciliaaustraliore ad Agrigentum (Boccone, Gussone). In ^Egypto infe-
liore et média (Delile, Sieber, Kralik).
Le P. stenophylla que AI 31. .laubert et Spach n'avaient distingué qu'avec
doute du R. mucronata, car il ne leur était connu que |)ar réchantillon de
1 herbier de Desfontaines conservé au Muséum, doit lui être rapporté
comme synonyme; en effet, nous avons été à même de nous assurer que
l'étroite.sse des feuilles, donnée comme caractère essentiel du /{. stenophylla,
n'est pas même suffisant pour établir une variété, la plupart des individus
en fruit présentant, comme l'échantillon de Desfontaines, de jeunes ra-
meaux à feuilles beaucoup plus étroites que celles des tiges florifères. —
JNous avons cru devoir conserver à notre plante le nom de //. vermiculata
L., car la desciiption du Species et les figures citées s'y rapportent très
exactement. — Aux environs du Caire, l'un de nous a recueilli un Reau-
>/«M?7« glabre et à sépales obtus qui tient exactement le milieu entre les
R. niueronuta et hirtella Jaub. et Spach ; aussi pensons-nous que le R. hir-
tella .laub. et Spach (in Ann. se. nat. sér. 3, VIII, 378, et Plustr. pi. Or. III,
54 et 55, t. 244), plante d'Egypte et d'Arabie, doit être également réuni
au /{. vermiculata avec lequel le confondaient les anciens auteurs.
NiTUARiA TiuDEiSTAT.\ Desf.! Afl. I, 372; Jaub. et Spach ! Illustr. pi. Or.
III, 140 et 141, t. 293, et in Ann. se. nat. sér. 3, \lil, 23. — N. Sene-
galensis Lrak Encycl. niéthod. IV, 493, et Illustr. t. 403, n. 2. —
-Y. tridentata et N. Senegalensis DC. Prodr. III, 456.
lu argillosis etarcnosis apricis l'i-gni Tunetani australis, in arvis arenosis
r I \- . 12
178 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
deserti (Dest'Oi P'ope Sfax (Espina), in ditione Gahes frequens, etiam in
iiisula Djerba obvia (Kralik). — In Algerise australioris ditione Biskra
(Jaiiiin, Balansa pi. Alger, cxsicc. n. 958), nec non \n AW'xonQ Laghouat
(Reboud) et ad lacum exsieeatum Cliott el Rharbi! — In ^gypto (Deiile,
Kralik). In Arabia (Bové, Aiicher-Éloy). In Palœstiua apiid Jéricho (de
Saulcy). In Senegalia (Penotet sec. DC).
AizooN CanarienseL. .S/j.TOO-, Desf. Atl. I, 399 ;DC. PL grass. t. 136,
et Prodr. lïl, Z;53 ; Webb P/iyt. Can. I, 207.
In regno Tunetano austral!, in arenis ad maris littora (Desf., loc. cit.). In
ruderatis prope .S7'-'(,r et in ditione Gabes frequens (Kralik). —In Sahara
Algeriensi provinciae Cirlensis, in ditione Ouled Djellal (Hénon). — In
insulis Canariis vulgare (Webb, Bourgeau pi. Can. exsicc. n. 10 el 1297).
In ^gypto (Deiile, Kralik). In Palœstina ad Rhôr Safieh (de Saulcy).
Gymnocarpos DECANDRUsForsk. FI. /Eg.-Arab. descr. 65, ic. t. 10 (1775);
Desf. Atl. I, 203 ; Yiviani FI. Libye. 13, t. 10, f. 1 ; Webb Phyt. Can.
I, 166. — Trianthema fruticosa Vabl Symb. I, 32 (1790). — Gymno-
carpum fruticosum Pers. Syn. plant. I, 262.
In argillosis, glareosis et collibus apricis deserti Tunetani, prope Cafsa
(Desf.), in ditione Gabes frequens (Kralik pi. Tun. exsicc. n. 227). — Id
Sahara Algeriensi tota diffusus nempe in provincia Orancnsi australiore !
baudinfrequens (Kralik ap. Bourgeau pi. Alger, exsicc. n. 208 a), in ditione
Laghouat! (Geslin) et in ditione Biskra ! vulgaris (Balansa pi. Alger, exsicc.
n. 101/4). — In insulis Canariis (Webb; Bourgeau pi. Can. exsicc. n. US'i).
In arenosis iittoris Magnse Syrteos (Viviani). In ^gypto (Forskal ; Deiile).
In Persia australi (Kotschy pi. Pers. austr. exsicc. éd. Hohenacker [1845]
n. 9i).
BupLEVRUM HETEBOPHYLLUM Llnk EnuM. Iiort. Bcrol. I, 262 ; I)G. Prodr.
IV. 129.
In regno Tunetano prope Sfax (Espina) et in arvis post messeni prope
Zaghouan (Kralik). — In ^Egypto (Willd. heib. sec. DC). Prope Aleppum
(L'Héritier herb. sec. DC.j.
Cette plante, queSprengel avait réunie au B. protractum. ne nous parait
devoir être distinguée de cette espèce qu'à titre de variété; en effet, elle n'en
diffère que par les feuilles plus allongées, la plupart lancéolées-aiguës.
Devebra tobtuosa DC. Prodr. IV, 143 5 Coss. in Bull. Soc. bot. II, 248.
• — Bubon tortuosus Desf.l Atl. I, 257, t. 73; Poir. Encycl. méth. suppl. I,
733. — Athamanthatortuosa Spven^. Syst. veg. I, 900.
In regno Tunetano australi prope Kerouan (Desf.), prope Sfax et in di-
SÉANCK i»i '27 Fii:v»iF;i! 1857. 17^
tione Gdhes in (ir^'illosis iiiciiltis, ;illii\ iis ( t ('i)lli!)ti.snpi icis (Krnlik pi. Tmi.
exsicc.) lU'C non in insiiin Djcfbn. — lu dcserto (^yicnaico (Paclio). lu
j^gypto (l)flile, Siclx'i-, Hove, VVicst, l\r,'iliiv).
Var. virycUa. — Siiflriitcx seoparius, rainis t'i-eotis vix divergintibus liaud
tortuosis.
In pasi'iiis cicscrti in ditione Gahes (Kraliit pi. Tuii. exsicc. ii. 236).
Cette variété du D. tortuosa diffère par de nombreux caractères du
D. scoparia {Coss. et DR. in fJx/l. Snc. hot. 11, 2^8) dont elle rappelle le
port (voir /iull. Soc. hot., I(>c. cit.).
Dhveuua cHLOiîANnu (^oss. et i)l{. ap. Hulansapl. AUer. exsicc. n. 877,
et in Bull. Soc. hot. Il, 2/i9.
In pascuis deserti ïunefani circa (iabes (Kralik). — In arenosis petrosis
i'X coilibus apricis Saliarte Aliieriensis et planitierum excelsarum Sahara»,
conliniuni, in provinciae Cirtensis ditione BiskraîhiiwA intVequens (.lamin,
Balansa pi, Alger, exsicc. ), in provinciae Algeriensis ùil'ume Lag/iouat 1 (Re-
bond, Kralik apud Bourgeau pi. Alger, exsicc. n. 206) et in ditione Mzab
inler Guer7'ara et y4/c'/rt(PveI)oud), in provincia Oranensi plnribus locis obvia
tx. gr. ad m Abiod Sidi C/œtUi.' et ad lacuni saisnm festate exsiccatuni
Chott el Cher gui!
Callipeltis CuGiiLLAUiA Stcvcu m Méhi. Suc. nat.ur. Mosc. VII, 275; DC.
Prudi\ IV, 613. — Vnlantia Cucullaria L. .im. ncod. IV, 295; Lrak
lUustr. t. 8-'j3.
In lorrentium alveis giareosis ditionis Gabes ad pedes inontium Djebel
Keroua Ql Djebel Aziza Vàv\o\' [MvàWk). — In regione montaua inferiore
montiiun Saharai Algériens! conlinium haud infrequens, ex. gr. in ditione
Biskra! (Balansa pi. Alger, exsicc. n. 822), m ditione Laghouat (Gestin,
Reboud), in provincia Oranensi australiore in monte Djebel Taelbouna
prope Asla! — In Jîlgypto superiurc (Husson). In Arabia petrœa (Scbimper
pi. Arab. petr. cd. Hohenacker [18^3] n. 232). In Persia australi (Rotschy
pi. Pers. austr. éd. Hohenacker [18/i5] n. 105). In Asia minore (Hel-
dreicli, Balansa pi. Or. exsicc. n. 594). In Palaestina (Boissier). In His-
paniseauslro-orientalis et australis piuribus iocis obvia (Bourgeau ap. Coss.
Pl.crit, p. 113 et 167). In proviuciis Cancasicis (Steven, Ledeb. FI. Ross.).
Gymnabrhena migrantha Desf. in Mém. Mus. IV, 1, t. 1; DC. Prodr. Y,
Zlh. — Frankia Schùnpet'i ^lauû.l in Schimper pi. Arab. petr. exsicc.
un. it. [1837] n. 899.
In coilibus calcareis apricis et in ailuviis argillosis prope Gabes bine inde
eopiosa (Kralik pi. Tun. exsicc. n. 2/43 el 243 a). — In Sahara Algériens!
180 SOCIÉTK BOTAMUIK DE FHA.NCE.
Imcusque tantuin iii ditioue Biskra ! ubi haud infrequeiis (Balausa pi.
Alger, exsicc. ii. 98i, Ht'iion) et it) ditione Layhoual (Tessière) obvia. —
fil Arabia pt'lia?a iiiter Suez et el Tor (Sciiimper exsicc). Iii Persia iiiter
Mossul et Bagdad Olivier et Bruguierej.
Aux environs de Biskra, M. Balansa a recueilli, croissant péle-nièle avec
le (t. micrantha, une plante quia été distribuée sous le nom de G. Balansœ
Coss. et DR. (Balansa pi. Alger, exsicc. n. 985); cette plante, ainsi que l'a
signalé M. Balansa, diffère du G. laicrantha par les feuilles cotylédonaires
oblongues entières, et non pas bifides à lobes linéaires, et elle s'en éloigne
en outre par les folioles de l'involucre et les paillettes moins nombreuses,
plus larges, ordinairement plus brusquement acuminées, par les akènes un
peu plus gros, par l'aigrette un peu plus longue, à soies extérieures moins
scabres et à soies intérieures plus roides, plus larges, lancéolées-linéaires.
Un examen ultérieur des deux plantes sur le terrain pourra seul déterminer
la valeur des différences que nous venons d'indiquer et nous démontrer si
le G. A'fl/«ns(eest spécitiquement distinct du G. micrantha, o\\ s'il n'en est,
au contraire, qu'une forme remarcjuable.
NoLLETiA cuuvsocoMoiuES Cass. iu Dict. XXXVII, .'j79; DC. Prodr. V,
366. — Conyza chryaocoraoides Desf. ! .1^/. II, 269, t. 232. — Conyzn
pitlican'oides Coss. et DU. ap. Balansa /j/. Alyer. exsif-c. n. 773.
In deserto Tunetano, in collibus arenosis prope Ki^roaan (Desf.), in are-
nosis prope Sfax, et inter Sfax et Gabes ad turrem Nadour, et in insula
Djevba{\iYix\\]\ p!. Tun. exsicc. n. 80 et 80 a. — In arenosis et in aggeri-
bus arena* niobilis in Sabaia Algériens! et in planitiebus excelsis Saharœ
confinibus late diffusa et sa^pius copiosissima, ex. gr. in ditione Biskra!
(Jamin, Balansa pi. Alger, exsicc.^, in ditione Toutjourt prope Megarin
(Reboud), in ditione Lagltouat (Reboud, Kralik ap. Bourgeau pi. Alger,
exsicc. n. 196 «), in provincia Oranensi australiore vulgaris (Kralik, ibid.
n. 196V — In regno Marocano ad Mogador (Broussonet sec. DC).
Rhantebium suaveole.ns Desf. Atl. II, 291, t. 240 ; DC. Prodr. V, 463 ;
Coss. in Bull. Soc. bot. II, 252.
In regno Tunetano australi, in arenis littoris prope Souza (Pélissier in
Munby Cat. Alger.), prope Sfax (Desfontaines, Espina), inter Sfaxel Gabes
ad turrem Nadour (Kralik pi. Tun. exsicc. n. 246) et in argillosis inter
palmetum Gabes et Djebel Keroua frequentissima sed fine maii vix flori-
fora, nec non in deserto ad pedem montis Ujebd .lr/-a (Kralik).
Cette espèce parait renq)iacer dans les déserts de la régiiice de Tunis' le
A', ndijressuin Cn-vs.. et l)B. \\n Bull. Sùc. bot. H, 252), ;jui est très ré-
pandu dans la partie cbaude des bauts plateaux de l'Algérie et dans tout
le Sahara algerii'n, ou l'on ne i encontre pas le /{. si/nreolcns.
SKVNCK 1)1 27 iKvmi'.ii l<Sr)7. ISI
F«AiNt:(*.tiiuA i.AciNiATA Coss. ot DR. ii[). Ralaiisa pi. Akcr. exsicc. ii. 969,
et ap. (j)«s. I oy. ho/. Mqi'i-. in .\)in. m:, vnt. si'r. 'i, IV, '28/|.
Planta amuia vel sa'pius iiuluratione pcrennniis, caiulifc pluiicipite iii
radicem fusiformein abeunte; caulibus siepius pluribus plmimisve, lana
deniiim deleisibili plus minus floecoso-tomentosis, trectis vel aseendenlibus,
siiperne vel a basi raniosis, 1-5 decim. longis, ramis teretibus monoccphalis
erectis vel divergcnti-aseendentibiis corymbum terminalem et'fornianti-
bus; follis plus minus floccoso-lanatis vel glabrescentibus, alternis, infe-
lioribus in petiolum attenualis, superioribus sessilibus semiamplexicauli-
bus, obiongis vel oblongo-lanceoiatis, plus minus erispatis, irrégularité!'
pinnatifidis pinnatipartif.isvc, lobis inferiorum ssepius iterum sinuato-den-
tatis; capitulis multifloris, pluribus vel numerosis, caulera ramosque termi-
nantibus; involuero bemispbffrieo, foliolis pubescentibus vel pubescenti-
subtomentosis, lineari-subulatis ; reeeptaculo convexo, nudo ; floscul i s ïaûii
miiseriatis lifjulafis femineis ligiila radiante flosculos disci longe superantc,
disci tubulosis .'i-dentatis liermapbroditis^ antherarum lobis basi in appen-
dices setil'ormes productis; acbœniis glabris. minutis, obiongis, tereti-
subcomprossis, erostribus: pappo in radio et in disco conformi caduco,
«iW/.s- 6-8 uniserialibiis a parte inferiore (pquaJitcr barbellato-mbplurafmH,
basi in annulum brevem setulis paleiformibus niinimis interstinetis coro-
natum conferruminatis. — Aprili-Junio.
In regno Tunetano , in rnderatis prope Tunetum et Zaghouan, in argil-
loso-arenosis prope Sfax et Gabes (Kralik). — Sabarœ Algeriensis ad
limites, in glarcosis amnis Oued Biskra prope Biskra ubi primum inventa
(Balansa pi. Alger, exsice.), in argillosis depressis biunidis ditionis Lughouut
loco dicto Dalda Grar el Hainra ! inter Laghouat et Sidi Moklipt onf [(à^^Ww
ap. Bourgeau pi. Alger, exsice. n. 193).
Le F. laciniata se distingue du F. crispa Cass., qui, jiisiiu'a la decou
verte de notre plante en Algérie, était le seul représentant du genre, par
les feuilles pinnatilldes ou pinnatipartites, et non pas seulement dentées, par
les capitules plus gros, par les fleurons iigulés rayonnants dépassant lon-
guement les fleurons tubuleux, et par les soies de Taigrette plus longues,
presque plumeuses dès leur partie inférieure, tandis que dans le F. crispa
elles sont scabres dans leur partie inférieure et presque plumeuses seule-
ment au sommet. — En Algérie, le P\ laciniata n'a encore été observé qu'à
la limite septentrionale du Sahara, tandis qu'au coiitraire le F. crispa n'a
encore été trouvé que dans le Sahara algérien méridional, dans le pays des
Béni Mzab près Guerrara (Ueboud). — Le F. crispa Cass. n'avait encore été
signalé qu'en Egypte (Delile, Sieber), dans l'Arabie Pétrée (Schimper),
dans la Perse méridionale fKotschy, Noë) et au Sénégal (ex DC).
182 SOCIÉTÉ BOTANIQLK DE FltANCK.
Cyrtolepis Alkxanduiw DC. Prodr. VI, 17. — Anacijclu^ Alexandrinns
Willd. Spec. 2173; Delilc ./f^. FI. 13/i, t. ^8, f. 3.
In arenoso-argillosis prope Sfax, propo Gabefi ubique obvia (Kralik pi.
Tun. exsicc. n. 2^8). — In Sahara .\lp;ericnsi tota ut videtur late diffiisa
nec non in planitifriim excclsai'um parte Sahara? confini obvia, p\. gr. in
^WÀonQ Biskra! frcqiiens, in ditiono Lafihnuat (Gcsihi, Rebond), in pro-
vincia Oranensi australiore a lacu exsiccato Chntt el lihnrbi (Kralik ap.
Bonrgeau pi. Alger, exsicc. n. 198) usque ad Saharani copiosa. — In
vEgypto inferiore ad Alexandriam (Deliie, Kralik). Prope Monspelium loco
dicto Port-Jnvéna.l cwxn lanis advecta (Godron).
Aux environs de Gabes, le C. Alexandrina se présente sons deux formes
en apparence bien distinctes : l'une identique avec la plante d'Alexandrie,
caractérisée par les capitules plus gros, subglobuleux à la maturité, agglo-
mérés par 3--'4 au collet et sessiles, ou presque sessiles le long des tiges et des
rameaux ; l'autre, identique avec la plante d'Algérie, ordinairement dé-
pourvue vers le collet de capitules sessiles, et à capitules petits hémisphé-
riques, plus ou moins longuement pédoncules à l'extréQiite des tiges et des
rameaux. Nous avons, du reste, observé toutes les transitions entre les
deux formes extrêmes que nous venons de signaler.
ANTHEMIS piiNCTATA Vahl Sijmh. II, 91, t. ^6; Desf. AU. II, 288, t. 239;
DC. Prodr. VI, 8.
In monlibus agri Tunetani : in iissuris rupiuin Atlantis a Desf'ontaines
sine designatione loci proprii indicata, sed in herhario spécimen adest ex
monte Zowan (Djebel Zaghouan), ubi in petrosis et rupestrihus Imprimis
verticis excelsioris copiosa (Kralik pi. Tun. exsicc. n. 392); in montibus
Tunetanis haud frequeus (Vahl, loc. cit.), in berbario Vahliano spécimen
adest ex summitate montis Plumbi (Djebel Reças). — Nuperrime in Al-
geriae provincia Cirîensi, in montibus ditionis Guelmo, Djebel Mahouna^
Thaïael Debcujh (A. Letourneux, maio 1856) inventa.
[La suite à la prochaine séance.)
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
PHYSIOLOGIE VEGETALE.
Elu klcincr Bcîtras «tir Maturscscliiclïte des Theiygo-
t*ifM» Vfjittoei'fttÊtbtf Liii. {Note relative à lliistoire naturelle du
Thelygomm C ynoc.rambe Lin.]; par M. Th. Irmisch {Flora, u° kk^
2h novembre 1856, p. 689-698).
M. Th. Irmisch a étudié le Thr'bjgonum Cynocrambe sur le vivant et
d'après de nombreux individus obtenus de graines, qui ont fleuri pendant
tout l'été. Il pense de là que les Aoristes, qui indiquent cette plante comme
fleurissant seulement en mai et juin, en restreignent trop la floraison.
Les cotylédons du 77ie l y gonum sont élevés de 3-5 centimètres au dessus
du sol par l'axe Lypocotylé, continu à un pivot grêle et rameux. Ils res-
semblent aux feuilles qui viennent après eux pour la texture et la gran-
deur; mais ils sont largement elliptiques et arrondis au sommet, tandis que
celles ci sont ovales et un peu aiguës ; leurs nervures sont d'ailleurs moins
saillantes et ils n'ont pas les petits cils que présentent les feuilles ; mais,
comme ces dernières, ils offrent 2 stipules membianeuses soudées entre
elles et avec le côté interne du pétiole. Les rares dentelures que présentent
les stipules des feuilles supérieures manquent à celles des inférieures et des
cotylédons, de sorte qu'elles forment de chaque côté entre les 2 pétioles une
écaille unique, assez large et membraneuse, qui rattache l'un à l'autre les
2 cotylédons. Le Thelygonum est donc un exemple remarquable de coty-
lédons pourvus de stipules ou plutôt peut-être d'une gaine.
Une autre particularité qu'offre le Thelygonum, c'est que sa tige princi-
pale, ainsi que les ramifications qui en proviennent, portent d'abord 3-^,
plus rarement 2 paires de feuilles opposées, toutes les feuilles supérieures
étant alternes avec une divergence de 90 degrés. L'auteur croit avoir re-
connu que cette alternance tient à ce que, sur les deux feuilles que portent
les nœuds supérieurs, une avorte constamment ou forme rarement une
simple éciiille. Ce cas rappelle celui des plantes qui, dans cbaque paire de
feuilles, en présentent une plus petite (Aconthacées).
D'après cette manière de voir, l'auteur regarde les inflorescences mâles
de cette plante comme axillaires, puis(ii;"elles se trouvent immédiatement
iiu-dessusdu point où a eu lieu l'avortement d'une feuille. Il a vu toujours
une inflorescence mâle au point où se fait le passage des nœuds bifoliés aux
184 SOCIKÏl': BOTANIQIE I>F> FRANTi:.
nœuds iinifoliés, point ou uiiefiniilie se réduit à l'état d'ccaille: il en a même
vu quelquefois une à l'aisselle d'une feuille (alors plus petite) d'un nœud
bifolié, l'autre feuille ayaut à son aisselle une inllorescenee femelle. Ordi-
nairement les feuilles opposées supérieures n'ont à leur aisselle que des
inflorescences femelles, tandis que les inférieures y produisent des pousses
feuilléesqui fleurissent comme la tige.
M. Wydier ayant très bien étudié ces inflorescences (F/om de 1833,
n° 28), M. Irmisch se contente de faire observer (juc l'inflorescence mâle
(l'inférieure, s'il y existe une feuille-mère), a souvent 3 fleurs, dont la mé-
diane oppose un lobe de son perigone à la feuille-mère, les latérales se
trouvant à côté d'elle ou en arrière d'elle. Ces fleurs ont souvent un pédi-
cule très visible. Une petite écaille qu'il a vue une fois sur un pédicule latéral
lui fait penser que, conformément a l'opinion de iM. Wydier, dans ces
inflorescences ordinairement biflores, une des fleurs doit être axillaire. Les.
inflorescences femelles sont pluriflores, des fleurs rudimenlaires se trou-
vant ordinairement au-dessous de fleurs bien développées. Déplus, la pré-
feuille antérieure des fleurs latérales du premier degré a souvent aussi une
fleur.
M. Th. Irmisch regarde l'axe situé au-dessus de la première inflores-
cence mâle comme la contiimation directe de l'axe primaire, tandis que
M. Wydier y voit un sympode composé d'articles simplement unifoliés et
que les inflorescences mâles lui semblent terminer la portion d'axe anté-
rieure. L'auteur entre dans quelques détails au sujet de cette divergence
d'opinion.
Dans la fleur femelle centrale, l'auteur a vu toujours le perigone tubuleux,
un peu arqué, situé sur le côté de l'ovaire qui regarde l'axe d'origine, et les
2 courtes divisions de son limbe dirigées l'une en arrière, l'autre en avant,
de mém.e que les 2 lobes plus allongés de la fleur mâle centrale. I,e peri-
gone tombe de bonne heure sans laisser de traces sur le l'iuit. Le micropyle se
rouve sur le côté de l'ovule qui est opposé au point dattache du perigone.
Naturellement c'est du même côté que se trouve plus tard la radicule cylin-
drique de l'embryon. — Les cotylédons de celui-ci sont décrits comme
linéaires par Endlieher et par MM. Grenier etGodron, dans \i\ Flore de
France. Mais, eu isolant l'embryon, M. Irmisch a reconnu qu'ils sont lar-
gement elliptiques. MM. Grenier et Godron décrivent la radicule comme
dorsale, correspondante au dos d'un des cotylédons. Au contraire, d'après
^I. Irmisch, l'embryon étant courbé en fer à cheval, sa courbure rapproche
bien la radicule des cotylédons ; mais les deux parties restent séparées par
l'échancrure qui contient le funicule. Il est donc impossible, dit-il, que la
radicule s'applique contre le dos d'un cotylédon. Il suppose que nos deux
auteurs ont simplement interprété de manière peu exacte les mots de coty-
ledones incumbeufes em^\oyés par Kndlicher.
lU'Vll': «IBLIOGHAI'HIQI K. 185
Ucllo Kv»l»ifiii('ii<4» (li <'til4»r<!' nat"' liori délia Iftaf/nr^tiii
ifvit»i*iîfl«»i'*t lin. [Sur le dévclojijxniicnt (II! cltalcvr qui n lia n dans
ics fleurs di/ Magnolia rpvmdiflora l.ii).), P^»!' ^ï- Altilio Tassi ; lettre
ailiossée h M. Louis Ai-riglii, directeur du Lycée I H. de I.ucqnes; in-8
de U pag.,2 septembre 1856.
Le l'ait intéressant qui l'ail le sujet de la lettre de M. Altilio Tassi avait été
reconnu, parait- il, en IK:");"), par M. Arrighi. INL'iis ce savant ne s'était pas
attaché à en rechercher les diverses circonstances, et c'est ce qu'a fait avec
soin M. A Tassi. Ce botaniste a reconnu que le développement de chaleur
a lieu dans les ileurs du Magnolia (/randi/loro, soit encore attachées à la
branche, soit coupées; qu'il est assez prononcé pour que le réchauffement
qui en est la conséquence soit appréciable au toucher, et qu'il a lieu après
le moment où les étamines se sont écartées les unes des autres et aussi de
l'axe lloral, c'est-à-dire d'ordinaire le matin dans les ileurs coupées, l'our
mesurer l'intensité de ce réchauffement et son siège, l'auteur a procédé
comme il suit :
D'abord il a mis un thermomètre en contact avec l'axe staminifèi'e d'une
fleur coupée. Le mercure s'est élevé ; puis il s'est maintenu dans cet état
pendant quelque temps et n'est redescendu ensuite i\i\e lentement, de ma-
nière à se trouver enfin au même point qu'un autre thermomètre placé dans
l'air. En second lieu, il a mis en même temps un thermomètre en contact
avec une partie de l'axe staminifère qu'il avait dépouillée d'étamines et un
autre eu contact avec les étamines elles-mêmes. Les deux instruments ont
indiqué promplement une élévation de température; mais l'action a été
plus intense sur le premier que sur le second. Enfin M. A. Tassi a mis en
même temps deux thermomètres en contact, l'un avec la poition stamini-
fère de l'axe, l'autre avec les carpelles. Le premier a indiqué lapidement
un développement de chaleur; le second n'a pas accusé la moindre éléva-
tion de température.
De ses observations l'auteur déduit les conclusions suivantes :
Les fleurs du Magnolia grandiflora manifestent une chaleur propre.
Cette chaleur ne se produit pas, au moins de manière appréciable pour
un thermomètre ordinaire, avant le mouvement staminal qui a été indi(iué
plus haut.
L'élévation de température peut être reconnue par le toucher.
Cette chaleur paraît être concentrée dans la portion staminifère de l'axe
floral.
Elle se communique peut-être à la base des pétales, et certainement aux
étamines.
Le maximum de chaleur est d'environ h degrés centigrades.
Les carpelles ne donnent aucun indice de chaleur.
186 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Dans les fleurs coupées le soir et conservées pendant la nuit plongeanl
dans l'eau, il y a une émission abondante de vapeur qui, retenue sous la
voûte des pétales, s'y condense en gouttelettes.
« Si le sens du toucher ne m'a trompé, dit en note M. Attilio Tassi, les
fleurs du Nymphœa alba donnent étzalement signe de chaleur. »
Mote sur ^appareil reproducteur niultSple des Oypo-
xylées DC. ou Pyréuomycètes Fries, par M. L. R. Tulasne
[Ann. des se. natur., k^ série, V^ 1856, p. 107-118).
M. Tulasne fait d'abord ressortir le nombre immense et plus particuliè-
rement la polymorphie des petits Champignons ou Micromycètes dont les
recherches dos observateurs modernes ont amené la connaissance.il signale
les fâcheuses conséquences de cette polymorphie par suite de laquelle « une
foule de Champignon?, d'Hypoxylées principiilement, figurent à la fois en
2, 3, ou même 'i genres qui sont tenus pour distincts, et placés le plus sou-
vent en des familles différentes. » Cependant il expriiue l'espoir que ces
erreurs pourraient être réformées, que ces doubles emplois pourraient être
supprimés par des observateurs attentifs et prudents. Son Mémoire actuel
prouve, en effet, pour les Pyréuomycètes, que cet espoir est certainement
fondé.
Les Hypoxylées ou Pyrénomycètes possèdent au moins h appareils dis-
tincts de reproduction. Ce sont les suivants, d'après l'ordre d'apparition :
1° les Con?'c?i>s, corpusculesde formes très variées, qui, leplus souvent, nais-
sent directementsoitdu mycélium, soit du stroma ou pulvinule solide auquel
ce mycélium donne naissance. Elles sont susceptibles de germer. Une multi-
tudedeGymnomycètes et d'Haplomycètes regardes comme des êtres distincts
etautonomes, ne représentent réellement que l'état conidifere d'autant d'Hy-
poxylées. L'auteur dit s'en être assuré pour les genres Melanconium, Stilho-
spora, Stegonosporium, Corijnetim, Exosporium, Cylindrosporium, Macro-
sporium, Vermicularia, Mi/strosporium, Cladosporiwn, Helniinthosporiwn,
Periconia, Pohjthrincium, Tubercularia, Slilbum , Atractium , Gra-
phium, etc., qui tiennent tantde place dans nos flores mycologiques. M. Tu-
lasne appuie celte assertion sur des preuves pour plusieurs de ces genres.
— 2'' Les conceptacles auxquels il adonné le nom de Pi/cnides, dans l'inté-
rieur desquels sont produits les stijlospores, corps séminiformes nus et primi-
tivement stipites, dont la forme est plus constante dans chaque espèce que
celle des conidies, mais dont le volume et la couleur varient beaucoup,
l.es stylospores germent comme les conidies. L'auteur regarde comme
de simples pycnidesde Sphériacées la plupart des formes de Pyrénomycètes
réparties dans les prétendus genres Diplodin, Sporocladus, Sphœropsis,
Hendersonifi, Myxoci/c/m, Ph/j/loaticta, P fiomn, c\c. —S"* \.esSpe7'maties
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 187
sont des corpuscules acrogènes comme .les stylospores, auxquels ils s'asso-
cient parlois dans le même conceptacle, mais beaucoup plus ténus, ordi-
nairement linéaires, courbes ou droits, qui composent des masses pultacées
jaunes, orangées, roses, blanches ou brunâtres. Plus .souvent les spermaties
naissent dans des appareils spéciaux plus complexes, ou Spermogonies Tul.
Les prét(Midiis genres Cijtispora, Nœmasporo^ Lihertella, Septoi'ia, Chei-
laria, LejHo/hijrhm, etc., ne comprennent que de simples spermogonies de
diverses Hypoxyiées. La plupart des spermaties ne germent pas, etiM. Tu-
iasne est porté a leur attribuer un rôle analogue à celui des anthérozoïdes.
— Eniîn, je dernier et le plus parfait des appareils reproducteurs de ces
petits Champignons donne naissance aux spores endothèques. Celles-ci res-
semblent souvent beaucoup soit aux conidies, soit aux stylospores, et elles
germent de même qu'elles.
A ce travail de M. ïulasne sont jointes en note les descriptions de di-
verses espèces d'Hypoxylées nouvelles ou peu connues, dont il s'était con-
tenté de donner le nom dans d'autres écrits. Ces espèces sont 10 Melanconis ,
5 Sphœria, 3 Stilhum, 1 Dothidea et 2 Valsa.
Das!<ï claw Faaileit «1er f^artoflelUiiollcn lieS «1er sog;e-
naiiiiten HartofrelkraulKbeit «liircU die ansgestreu-
tcii uikI l«.«;iineii«lcit Sporcn «les ItlattpilKC^ii (Het'ono-
sgiOi'fê ftfvnsfati'ijp) vcrwrsaclit ^vîr«l, «liireli Kxperi-
■nciifc lïcwîcseii (Démonstration expérimentale de ce fait, que la
pourriture des tubercules dans la maladie des pommes de terre est déter-
minée par la dissémination et la germination des spores du Champignon
épiplii/lle, Peronospora devastatrix); par M. .1. Speerschneider {Flora
du U février 1857, n° 6, pp. 81-87).
L'auteur de ce mémoire, présumant que le Peronospora devastatrix était
la cause de la putréfaction des tubercules de pommes de terre malades, a
fait, pour recoîinaitre ce qu'il y avait de fondé dans cette idée, les expé-
riences suivantes :
1. Sur des tubercules de pomme de terre mûrs et couverts d'une peau
(couche subéreuse) épaisse et bien formée, il a répandu les spores du Perono-
spora devastatrix. Après s'être bien assuré que les spores du Champignon
s'étaient positivement attachées aux points sur lesquels il avait opéré, il a
enveloppé ces tubercules dans des linges et il les a ensuite gardés à sec. Au
bout de quatre semaines ils étaient notablement flétris ; mais, même après
un plus long espace de temps, ils n'étaient pas du tout malades. Aucune
spore n'avait germé à leur surface.
2. Après avoir traité de la même manière un certain nombre d'autres
tubercules, il les a entourés de linges humides et il les a placés les uns dans
ISS socii'yrÉ isotamou'. i>f. 1"!<aN(;k.
(le la terre huinido, les autres dans de la mousse humide. Au bout de seize
jour.-, aucun indice de maladie ne se présentant, il a examiné au microscope
les places sur lesquelles les spores avaient été répandue.^. Il a vu qu'elles
avaient germé çà et là. Déjà quelques-unes avaient enfoncé des filaments
dans la couche subéreuse ; mais ceu.x-ci s'étaient arrêtés en se racornis-
sant da:;s la 3' ou h" coucbe de cellules, vraisemblablement par suite du
manque de nourriture. Dans aucun cas ils n'avaient pénétré jusque dans
le parenchyme à fécule.
3. Dans une troisième série d'expériences l'auteur a enlevé sur un ou
plusieurs points la peau bien développée de tubercules mûrs. Il a ré-
pandu sur ces points les spores du Champignon, et il a attaché à d'autres
places, également dénudées, des morceaux de feuilles couvertes de ce même
Peronospom. Knsuite il a enveloppé ces tubercules avec des linges mouillés
et il les a conservés dans cet état, pendant cinq à dix jours, dans de la terre
humide ou dans de la mousse également humide. Au bout de sept à dix jours,
tous ces tubercules, sans exception, présentaient les premiers indices déjà
parfaitement nets de la maladie, sur les points où la peau avait été enlevée
A l'.iidedu microscope, M.^Speerschneider a vu que les spores, ayant parfai-
tement germé, avaient insinué leurs lilaments jusque dans le parenchyme
des tubercules, et que toutes les cellules situées près des fdaments qui avaient
ainsi pénétré commençaient à brunir et à se décomposer.
U. Dans d'autres expériences, l'auteur a pris de jeunes tubercules sur
lesquels la couche subéreuse était encore réduite à un petit nombre de
couches de cellules et s'enlevait facilement; il atixé à leur surface des feuilles
couvertes de Peronospora et il a répandu sur d'autres les spores de ce
champignon. Tous ces tubercules, enveloppés de linges mouillés , ont été
conservés dans de la terre humide ou dans de la mousse également humide.
Après trois, cinq ou dix jours tous étaient malades. Les filaments produits
par la germination des spores, après avoir traverse la couche subéreu>e
encore mince, avaient pénétré dans le parenchyme et s'y répandaient de
tous les côtés. Les parois des cellules voisines commençaient à brunir et à
s'altérer.
5. Un certain nombre déjeunes tubercules à peau mince ont été plantés
à quelques pouces en terre et, aux endroits oii ils se trouvaient, on a ré-
pandu sur la terre des feuilles de pommes de terre malades (jui portaient en
abondance le Pcronoi^porn avec .ses spores mûres. De temps en temps on ar-
rosait ces feuilles avec de l'eau de rivière qui, s'inliltrant dans le sol, devait
y entraîner les spores du Champignon. Au bout de quatorze jours, presque
tous ces tubercules étaient plus ou moins malades, et sur quelques-uns
l'auteur a trouvé le Peronospora devastatrix développé à leur surface.
6. Des tubercules qui avaient été rendus malades par l'une des méthodes
dont on vient de voir l'indication ont été conservés pendant longtemps
llKVLfc; HIBLIOGKAPHIQIE. 189
(huit a dix semaines). A la liii railleur en a vu provenir le Fusisporium So-
lani. Une étude microseopique attentive lui a prouvé que le mycélium de ce
Champipfnon provenait des filaments produits à la germination des spores
du Peronoiipora, qui s'étaient beaucoup étendus dans le parenchyme des tu-
bercules.
Ces expériences, faites d'abord pendant l'automne de 1855, or.t été sou-
vent répétées en 1856, et toujours elles ont donne les mêmes résultais, [.'au-
teur en déduit les conclusions suivantes :
1. Les filaments émis par les spores en germination du Peronospom
demstatrlx pénètrent dans le parenchyme des tubercules de la Pomme de
terre. A la suite de cette pénétration, ce tissu devient malade et se détruit
peu à peu. Le Champii;non est donc la cause de la maladie.
2. Ce n'est qu'au hasard que les spores du Champignon arrivent aux
tubercules; de là il est facile de s'expliquer pourquoi les pieds de pommes
de terre dont les fanes sont malades peuvent porter des tubercules sains, et
réciproquement.
3. La maladie des tubercule, ne se déclare que sous l'inilueiR-e de l'hu-
midité, celle-ci étant indispensable pour la germination des spores.
Ix. Une peau épaisse, comprenant de nombreuses assises de cellules subé-
reuses, empêche la pénétration des filaments émis par les spores du Cham-
pignon. Ce fait explique pourquoi la maladie s'est déclarée avec facilité
principalement sur les tubercules jeunes, à peau mince, ou en des points
dénudés de leur peau bien formée.
5. La maladie des tubercules doit partir toujours de la surface pour se
propager ensuite de proche en proche dans l'intérieur.
6. Les fanes de la Pomme de terre doivent être toujours attaquées les
premières par la maladie, avant que la pourriture puisse envahir les tu-
bercules.
7. Le Fusisporium Solani et le Peronospora devastatrix ne sont que
deux formes morphologiquement différentes d'un seul et unique Cham-
pignon.
L'auteur fait ressortir l'importance majeure que ne peut manquer d'avoir,
dans la pratique, la connaissance de ce fait, que le Champignon à l'invasion
duquel est due la maladie des pommes de terre se développe d'abord sur les
fanes et ne se communique de là aux tubercules que par l'effet du Iransport
de ses spores. Il pense qu'en supprimant, en temps convenable, une grande
partiedes fanes, particulièrement leurs portions déjà vieilles, on empêcherait
l'infection des tubercules, et il croit que cette suppression ne nuirait pas au
dé\eloppement de ces derniers. Il rapporte quelques expériences qui lui
semblent appuyer cette croyance à l'innocuité de l'effeuillaison partielle de
lu Pomme de terre, expériences auxquelles il se propose de donner suite.
.Nous croyons devoir ajouter que dernièrement, en rendant compte dans
190 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
le Gnrdpners' Chronicte des observations de M. Speerschneider, M. Ber-
keley conseillait, au lieu de supprim m- partiellement ou totalement les fanes
des pommes de terre malades, de les traiter par la fleur de soufre, l'action
souverainement efficace de cette substance sur les Champiiinons étant au-
jourd'hui parfaitement démontrée par le nombre considérable d'expériences
auxquelles a donné lieu la maladie de la vigue.
BOTANIQUE DESCRIPTIVE.
Obscr^atioiftK critûiucs et syuoai^ inique»» sur Titerhier
de Tabbé CliainL, curé des Beaux, près Gap, eu 1791 ; par M. Ed.
Timbal-Lagrave [Mém. de l'Acad. des sciences de Toulouse, pour 1856.
Tirage a part (1) en brochure in-S» de Ik pages ; 1856. Toulouse, chez
Milbès, rue St-Uorae, 46, et Gimet, rue des Balances, 66).
Dans une introduction à son mémoire, M, Timbal-Lagrave rappelle la part
active que prit Chaix à la réunion des matériaux à l'aide desquels Villars
écrivit son histoire des plantes du Dauphiné (1786-1789). Les relations
intimes du modeste curé des Beaux avec le célèbre Aoriste du Dauphiné
donnent à son herbier un intérêt particulier ; et cet intérêt s'accroit par ce
fait que, avant d'envoj'er cette collection à Lapeyrouse qui en avait fait
l'acquisition, Villars avait eu le soin d'en revoir toutes les espèces et d'y
faire même quelques corrections. A la mort du fils de Lapeyrouse, cet her-
bier était passé entre les mains du colonel Dupuy, amateur zélé des sciences
naturelles. Il appartient aujourd'hui au neveu du colonel Dupuy, le docteur
Judan, qui Ta mis obligeamment à la disposition de M. Timbal-lagrave.-
Cette collection intéressante forme cinq gros volumes in-folio, reliés en
parchemin, dans lesquels les plantes sont collées sur de fort papier de Hol-
lande, plusieu's espèces figurant généralement sur chaque feuille. Llle
comprenait 3000 espèces ; mais les insectes en ont détruit un bon nombre,
lin outre, M. Timbal-Lagrave dit, et nos propres souvenirs nous porteraient
à généraliser peut-être plus que lui sous ce rapport, qu'un assez grand
nombre de ces espèces y sont représentées par des écbantillons incomplets
ou fortement endommagés. Le travail attentif dont cet herbier a été l'objet
en devient d'autant plus digne d'éloges qu'il présentait plus de difficultés.
Dans sa révision de l'herbier de Chaix l'auteur suit l'ordre d'après lequel les
plantes y sont rangées ; or cet ordre est précisément celui (|ue Villars avait
adopté dans sa Flore. On sent qu'il nous serait impossible, sans réimprimer
presque le travail de .M. Timbal-Lagrave, d'indiquer les synonymes qu'il
rapporte à un grand nombre d'entre les plantes de Chaix, et par conséquent
(l) Il u été lire à pari ioo exemplaires de ce mémoire, qui soiil mis en vente
cliez les deux libraires de Toulouse dont l'adresse est indiquée plus haut.
KEVUE BIBLIOGRAPHIULE. 191
de Villart. ; mais nous croyons devoir consigner ici le résume, de quelques
discussions sur des plantes litijiieuses, et suitoul l'indication de (juelques
plantes qui lui paraissent constituer des espèces nouvelles et dont il insère
la description dans son niécnoire.
1. Api es avoir assigné à VAgrosds feslucotdes Vill.j Cli., Herb., vol. I,
fol. ^1, le synonyme (VA. al/jùia Scop. , iM. Ïinibal-Lagrave dit que
\'Ayrostis al/jina des Pyrénées dilïère notablement de celui des Alpes, et il
en fait l'espèce sui\anle.
Agrostis pyrenœa Tmb-Lgrv. (p. 17). A. alpina Auct. pler. non Scop.
« Hacine vivace cespiteuse ; tiges de 2 à 4 décim., grêles, flexueuses,
faibles, ascendantes; feuilles infér. enroulées, fines et /énues; celles de la
tige courtes et arquées; gaines enflées ; ligule longue, un peu déchirée; pani-
cule resserrée /o/î</Me ; pédicelles inégaux^ niultillores ; fleurs très nom-
breuses,/)«/es, blanchâtres ; glumes lancéolées, entières, un peu scabres sur
le dos, égales; glumelles a 2 nervures noirâtres, dépassant le sommet;
arête dépassant la fleur, se genouillant un peu avant sa sortie de la glume.»
Pyrénées occidentales. — Fleurit en août.
\.' Agrostis pyrenaïca Pourr. est l'A. rupestris Ail.
"i. Urtica Dodarti Lin., sp. Ch., Herb., vol. I. fol. 187. — De la discus-
sion a laquelle \\ se livre au sujet de celte plante M. Timbal-Lagrave conclut
que les différences caractéristiques qu'elle présente sont le résultat d'une
maladie de V Urtica piluli fera Lin. causée par l'absence d'éléments néces-
saires à son développement, laquelle a déterminé la faiblesse du sujet et,
comme conséquence, la soudure des dents des feuilles ainsi que l'avor-
lement de quehiues fleurs.
3. Campamila Bocconi Vill. ^ Ch., Herb., vol. Il, fol. 120. — Cette
plante est identique avec le Campanula rotundifolia Lin.
h. Hieracium lanceolatum Vill.5 Ox.^Herb., vol, III, fol. 72. — Cette
plante est regardée par l'auteur comnie formant une bonne espèce bien
caractérisée.
5. Hieracium controversum Tmb.-Lgrv. (p. 43) {H. sabaudwn Lapeyr.,
Herb., non L.).
« Souche vivace, oblique, grosse, à flbres fortes, longues et dures, don-
nant 1-2 tiges florifères et autant de non florifères; calathides en corymbe
ramassé en tête, souvent 1-/'.; ptdonc. courts, épais, hérissés de poils
simples et de poils noirs glanduleux, offrant des bractéoles linéaires et quel-
ques fi. avortées; périclineoô/on.ir/, à folioles extér. hérissées de poils uoirât.,
formant un calicule non appliqué, les intér. hérissées sur le dos, glabres et
scaricuses aux bords, linéaires, lancéolées, obtuses ; corol. à dents non
ciliées; style ne brunissant pas en séchant; achaines striés, égalant l'aigrette,
colorés en rouge orangé très vif, de\enant rouge foncé en séchant. Feuil.
infer. ovales, lancéolées, obtuses, atténuées eu pétiole ailé, détruites à la
192 SOCIÉTÉ BOTAMQLK DE FRANCE.
floraison ; les rnoy, et les super, alternes, décroissantes vers le haut, ovales,
elliptiques, embrassantes en cœur à la base, arquées en dehors, hérissées sur
les deux faces de gros poils isoles, dentées aux bords, à dents inégales;
nervures et nervilles très saillantes en dessous; tige de 0"',2 à 0"\à, hérissée
de poils simples, glanduleux au sommet, longuement nue à sa base. »
Très co.mmun dans les montagnes moyennes des Pyrénées centr,, notam-
ment à Ksquierry,à Medassoles, dans les pâturages. — Fleur, en septembre.
Cette plante pyrénéenne ne rentre ni dans V Hier, sabaudum l>., ni dans
\'N. prenant hoi des Vill., ni dans 1'^. elaU.n)i de M>1. Grenier et Godron.
Elle a plus d'analogie avec \li. lanceolatum Vill.
6. Le Géranium purpurcum WW.; Ch., Herb., vol. iV, fol. 19, regarde
par M. Godron comme synonyme du (i. modestum .lord., en est distinct,
d'après M. Timbal-Lagrave, qui, pour Justifier son opinion, décrit l'échan-
tillon conservé dans l'Herbier de Chaix.
7. Euphorbia Chaixiana Tmb.-l.grv. (p. 72;.
« Ombelle à 5 rayons allongés (10-12 cent. , bifurques ; feuil. du verti-
cille ombellaire arrondies au sommet; bractées jaunes pendant et après
l'anthèse, semi-orbicuiaires, soudées base à base dans l//i de leur étendue;
glandes de l'involucre caliciformes jaunes, en croissant, à pointes très
longues^ aiguës et peu convergentes, formant dans la partie évasée 2 angles
presque aigus et non une courbe parfaite comme dans la plante commune
[E. sijlvatica Jacq. ; L.)om les 2 pointes se rapprochent beaucoup ; Capsule...
Feuil. de 2 sortes, celles de la base d'un vert Jaunâtre, coriaces, elliptiques,
atténuées en pétiole, à bords repliés en dessous, mais non enroulées ; celles
placées au-dessus sont obovées, spatulées, plus molles que lesinfér.; liges
grêles, sous-frutesc. , toutes florifères, pourvues d'une ombelle et de longs
pédoncules latéraux bifurques. Plante vivace, parfaitement ^/((ôre. »
Commun a Fontfrolde, près de iN'arbonne. Fleurit vers le milieu de mai.
Quoique voisine de V Euphorbia sylvatica Jacq. {E. amijgduloides Auct),
celte plante, dit l'auteur, en diffère sensiblement par les caractères qui
viennent d'être rapportés.
Flora voii lleiclelliei*;;- {Flore de heidelberg), par M. ,1oh. Ant.
Schmidt (l vol. in-16 de xxxix et 39^ pages).
Cette flore est spécialement destinée a servir pour les herborisations. Elle
est écrite entièrement en allemand. Dans sa préface M. Schmidt nous ap-
prend quels matériaux il a eus a sa disposition pour écrire son livre. Il
donne la liste des ouvrages soit spéciaux, soit ^e rapportant à une circon-
scription plus étendue, dans lesquels la végétation des environs de Heidel-
berg a eie étudiée. H trace ensuite, dans une introduction assez étendue
fpp. vM-x\nj, le tableau de la distiibution géoi;iaphique des plantes daiis
UKVl'K HIHLIOGRAPIIIQUE. 193
le pa^'s doiil il s'occupe. Pour cela, il examine successivement la llore des
principales stations. Il présente ensuite le relevé des Phanérogames carac-
térisées p.'ir lui. (À'S pinntes s'élèvent à i\\l\ espèces spontanées qui se rîîp-
portent à /i/i8 «zenres et 107 familles. Sur ce nombre se trouvent 866 Dico-
tylédons et 268 Monocotylédons, dont il donne la répartition par familles.
La flore de Heidelberg, envisagée à un autre point de vue, se compose de
30 espèces arborescentes, 51 frutescentes, 15 sous-frutescentes et 69/i her-
bes vivaces ou annuelles. — Le fait de géographie bolaniciue le plus sail-
lant que l'auteur nit constaté consiste en ce que la plupart de ses plantes
sont assez largement répandues dans l'Allemagne moyenne et méridionale.
— M. Schmidt indique aussi les particularités spéciales de sa flore relaiive-
ment à la distribution géographique d'un certoin nombre d'espèces. —
L'introduction se termine par un tableau des genres et familles rattachés au
système de Linné, comme en facilitant la déteimination, et, en outre, par
l'explication des abréviations ainsi que des signes.
La flore de M. Schmidt est disposée selon l'ordre des familles établi par
De Candolle, seulement avec les modifications légères que Koch y a appor-
tées. Dans chaque famille, après l'exposé assez développé des caractères,
on trouve un tableau des genres caractérisés succinctement. Quant aux
espèces, elles sont indiquées par leur nom suivi de celui de l'auteur;
elles sont caractérisées par une diaguose et suivies de la désignation de la
durée, de la taille, des localités et de I époque de la floraison. L'ouvrage
se termine par une table des ordres, familles et genres.
leouc!^ l!l<»i*a^ S'crisianScoî et liclveticie siiiitil tcrrarniu
afljaeeistiiiiii ergo iiBcdii» Knropaî, auctoribus L. Reichenbach
et H. -G. Reichenbach fil.in-i. Leipzig, vol. XVIII, décades 1-6.
Ces six décades sont entièrement consacrées aux Labiées. Voici le relevé
des espèces de cette famille dont elles renferment la ligure.
Plane. 1202. Melittis Melissophyllum L. — 1203. Prasium majus L. —
Lamium cupreum Schott adj. Nyman, Kotsciiy. — 1206. Lamium inter-
medium Fries ; L. amplexicaule L.; L. purpureum L.; L. incisum W. —
1205. L. album L.; L. maculatum L. — 1206. L. flexuosum ïen.; L. bi-
fidum Cyr. ; L. Galeobdolon Crantz. — 1207. L. longiflorum Ten.; L. gar-
ganieum L. — 1208. L. Orvala L. — 1209. Stachys heraclea Ail.; S. alpina
L. — 1210. St. germanica L ; St. lanata Jacq.; St. italica Mill. — 1211.
St. palustris L. ; St. sylvatica L.; St. spiiuilosa Sibth.; St. Spruneri Roiss.
— 1212. St. arvensis L.; St. annua L.; St. mcnthœfolia de Vis. — 1213.
St. hirta L. ; St. pubescens Ten.; St. maritima L. — 1216. St. recta L.;
St. subcrenata De Vis. et var. angustifolia Id., fragilis Id. — 1215. St.
ambigua Sm. — 1216. St. densiflora Renth.; Sr. Alopecuros Renth. —
T. IV. 13
i9li SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
1217. St. Betonica Bentli., a. glabra Koch, b. stricta Id., c. hirta Id. —
1218. Ballota uigra L.; a. fœtida, ù. borealis, c. rudoralis, rf. urticifolia. —
1219. B. spinosa Lk. — 1220, B. italica Benth. ; B. Pseudodictamnus
Benth. — 1221. Phlomis tuberosa L.; P. pungens W. — 1222. P. fruti-
cosa L. ; P. Lychuitis L. — 1223. Brunella hyssopifolia Lara.; Br. vulga-
ris Lam.; Br. laciniata Lara.; B. gi-audifloia Moeiich et var. pinnatifida. —
I22lx. Marrubium vulgare L.; M. candidissimum L.; M. peregriuum L, —
1225. Sideiitis hirsuta L.; S. scordioides L. — 1226. S. romana L.; S. pur-
purea Talbot-, S, montana L. — 1227. Lavandula veraDC; L. spica DC;
Stœchas officinarum MilL — 1228. Galeopsis ocbioleuca Lara.; G. canes-
cens Bess.; G. latifolia Hoffm. — 1229. (Marquée par erreur 1220) G. an-
gustifolia Lhrb. ; G. Beuteri Bchb. fil.; G. Beichenbachii Beut. — 1230.
G. bifida Bngh.; G. pubeseens Bess.; G. pyreuaica Bartl. — 1231. G. Te-
trahit L.; G. acurainata Bchb.; G. versicolor Curt., et var. sulphurea. —
1232. Slachys Alopecuros Benth. Leouurus villosus Desf.; L. cardiaca L.
— 1233. Chaiturus Marrubiastrum Bchb. Leonurus cardiaca L. — 123/i.
Ajuga geneveusis L.; A. pyraraidalis L.; A. reptans L. — 1235. A. chia
Schreb.; A. Chamaîpitys Schreb.; A. Iva Schreb.; A. pseudo-lva Bob.
Cast. — 1236. Phleboanthc Laxraauui Tausch. Teucrium llavura L. ;
T. Marum L. — 1237. T. Arduini L.; T. Scorodonia L. — 1238. T. mou-
laiiura L.; a. niajus De Vis., b. villosus Heidr., c. supinus Vis.; T. Po-
liuni L.; a. vulgare Benth., b. hirsutum Id., c.purpuiescens Id., cl. augus-
tifoliuin Id. — 1239. T. BotrysL. ; T. Scordiuni L.; T. scordioides Schreb.;
T. Chan)8edrys L. — 12/jO. Dracocephalum MoldavicaL.; Dr. Buyschiaua
L.; Dr. aiistriacum L. — 12Zil. Glechonia Uederaceum L.; Gl. hirsutum
\V. K. — 12Zi2. Nepeta Cataria L. — 1243. N. JNepelella L.; K. ucra-
nicaL.; N. nuda L. — 12W. Salvia Rosmarinus Schleid. — 1245. S. offi-
cinalis L. — 1246. S. glutinosa L.^ S. Hormiuum L. ; S. viridis L. —
1247. S. argentea L. — 1248. S. .^thiopis L. —1249. S. Sclarea L. —
1250. S. nutans L.; S. pendula Vahl. — 1251. S. Sibthorpii Sra. Sibtb.;
S. austriaea L. — 1252. S. pratensis L.; a. vulgaris, b. dumetorum, c. ros-
trata, d. transsylvanica. — 1253. S. sylvestris L. et var. uemùrosa. —
1254. S. Bertolonii Vis.; S. Verbenaca Vis.; a. siuuata Id., b. multiflda
Id., S. hispanica L. — 1255. S. verticillata L. — 1256. Scutellaria hastœ-
folia L.; Se. galeiiculata L.; Se. minor L. — 1257. Se. Columnai AU.; Se.
comrautata Guss ; Se. peregrina L. — 1258. Se. alpina L. ; Se. orieutaiis
L. — 1259. Hyssopus olficinalis L. — 1260. Horminuin pyreuaicuni L. —
1261. Melissa offieinalis L.
Le te.xte correspond, à très peu de chose près, aux planches.
Flora des siliirischcu Dudcus vou Esthiauti, IVord-Liv-
laud uu<l Ocsel [Flure du terrain silurien de l'Esthonie^ de la Li-
UKMi: lUIlMUCKAl'IlIQl K. 195
oonie se/jtentri)ttuU<: ef de l'tlr d'O/^se/'; \);\v M. b'r. Scliinidl [Arr/iio.
far lUe .\ati()-!,tuu/c Liu., I^sth-und KurUiiah, 1" série, vol. 1, pp. 1/i9-
. 260. Tiraf,'e a part, eu broch. in- 8» de 1 l/i paires ; Dorpat, 1855).
Dans une prolace de trois pages, l'auteur lapporte les cireonslances qui
Tout conduit a la rédaction et à la publication de son travail, cl il indique
les per.sounes qui lui en ont facilité l'exécution en lui l'ournissant des maté-'
riau\ ou en l'aidant de leurs conseils. Il signale les i^cnres Hieraclum et
Ihibus comme n'ayant pu être encore suffisamment étudies par lui , et, les
genres Viola, Potentilla, Rosa, les Orcliidees et les Cypéracées comme
ayant été, au contraire, de sa part l'objet de travaux appiofondis, comme
lui ayant fourni même l'occasion d'enrichir la flore des pays sur lesquels
porte son livre.
Un chapitre étendu (pp. fi-kk), intitule « Partie générale », se divise en
quatre paragraphes. Dans le premier, M. Schmidt fait connaître succincte-
ment les limites de sa flore, qui comprend essentieliement l'Esthonic et l'île
d'Oesel. l.e second paragraphe, intitule Sources, expose avec beaucoup de
détails tous les travaux qui ont été publi('s antéiieurement sur cette même
portion de la Russie d'Europe, à partir de l'ouvrage de Fischer, qui a été
publié en 1778 sous le titre d'Essai d'une histoire naturelle de la Livonie
[Versuch einer Naturyeschichte von Livland), jusqu a ce jour. L'auteur y in-
dique les personnes qui. dans ces dernières années, ont exploré ce pays
pour en étudier les plantes, et il raconte aussi les herborisations que lui-
niénie y a faites, particulièrement depuis 18/i3. Le troisième paragraphe de
ce chapitre est intitulé : Caractéristique de la Flore. Il renferme un exposé
détaillé de la distribution géographique des espèces dans les pays auxquels
se rapporte l'ouvrage. Enfin le quatrième paragraphe est consacré à la Com-
paraison avec les flores voisines. Le fait général qui ressort de cette compa-
raison est que la flore de la portion de la Russie occidentale étudiée par "
M. Schmidt a beaucoup d'analogie avec celle de la Suède. L'auteur ne trouve
<iue 19 de ses plantes qui manquent en Suède. Ce sont les suivantes : Pul-
satillapatens, Alyssum montanum, Silène chlorantha, Astragalus hypoglot-
tis, Agrirnonia pilosa, Chœi'ophyllum aroinaticuni, Conioselinwn Fischeri,
Ostericum palustre, Andromeda calyculata, Senecio nemorensis, Gentiana-
rruciata, Veronica latifolia, Phyteuma spicatum, Thesium comosurn, He-
tula fruficosa ?, Gladiolus imbricatus, Carex Davalliana, Hierochloa aus-
tralis. ''
A la tin de ce paragraphe, M. Schmidt présente un relevé des plantes
qui composent la flore étudiée par lui. Elles sont au nombre de 888 Phané-
rogames, et de 3/1 Cryptogames supérieures, y compris 7 Chara. Les familles
les plus riches sont les Composées (avec 81 espèces), les Cypéracées (avec
78 espèces), les Graminées (73), les Crucifères (ù7), les Papilionacées (30),
190 SOCIÉTÉ BOTAMQll-: 1)K FRAiNCE.
les Reiioiieulaeees (33). les Labiées (33), les Rosacées (30), les Scrofularia-
cées (30), les Orchidées (30), les Ombellifères (26).
La seconde portion de l'ouvrage de >L Schniidt est intitulée : Partie spé-
ciale. Elle comprend le catalogue des plantes qui croissent dans le bassin
de la flore, rangées d'après les familles naturelles et selon l'ordre de De
Candolle. Les localités sont indiquées en détail, et assez souvent le nom des
espèces est accompagné d'observations critiques.
Rcpcriorio hutaiiico iiialfci^c prececlnto cla iiua prefa-
zionc liililiog;aflco«critica^ etc. {Répertoire botanique de Malte,
précède d'une préface bibliographico-critiqiie, contenant les noms scien-
tifiques avec les noms correspondants italiens et anglais des plantes qui
sont connues a Malte sous une dénomination populaire, avec l'indication
de leurs usages, des époques de leurs diverses phases végétatives, des
moyens pour les multiplier, enfin avec quelques autres instructions et
avec l'indication de leur patrie ainsi que leur place dans le système de
Linné)', par M. Gavino Gulia. Iu-8 carré de viii et 68 pages. Malte.
1855-1856.
Le titre de cet ouvrage, que nous avons traduit en entier, en indique
suffisamment la nature et l'objet. iNous dirons seulement que, disposé par
ordre alphabétique, il constitue un véritable vocabulaire usuel destiné à
donner aux personnes qui connaissent les plantes d'après leur nom maltais
la concordance des noms botaniques et vulgaires tant italiens qu'anglais,
avec diverses indications d'une utilité pratique. M. G. Gulia présente son
travail comme une sorte de prodrome d'une flore économique et médicale
de Malte qu'il se propose de publier aussitôt, dit-il, qu'il aura entre les
mains quelques matériaux qui lui sont nécessaires pour la mise à exécution
de son projet.
Nous emprunterons à la préface du liepertorio botanico maltese quelques
renseignements sur les divers auteurs qui se sont occupés de la flore mal-
taise, soit spécialement, soit plus ou moins incidemment.
La première flore de Malte est celle que le docteur G. -F. Bonamieo a
publiée en 1670 au milieu d'autres travaux relatifs à cette île. Le docteur
G. Zammit, de l'ordre de Jérusalem, qui, en 1675, professait la botanique
à Malte, rendit service à la science, non par des écrits, mais en établissant
un jardin botanique dans les fosses de Saint-Elme. Elève de celui-ci, le
docteur Cavallini publia en 1698 la flore de Bonamieo en y faisant un petit
nombre d'additions. Cet ouvrage a été reproduit en 17^9 par l'allemand
Brûckmann qui a dédie son édition à Linné. Le sicilien Boccone a fait con-
naître, de 167/i à 1697, différentes plantes de Malte et il a laissé inédite
une histoire naturelle de celte ile. Ag. Scilla (1752), Forskahl (1775), Go-
l'.KVi i: inBLio(;n\i'iiioi i:. 197
lielieu (17 l()) t'I iiotii' d'Uivilli' (1822), ont piiblii- des observations iiitcr-
ressantessur les fossiles, les poissons et les plantes de Malte. I.a Malte an-
tique et moderne du oliev. Boisgelin (180;)) renleroie des observations bo-
taniques ainsi (jue la reproduction de la tlore de Cavallini et de la Flornie
maltaise deForskabl. Le génois P.-C. Giacinto, qui fut nommé professeur
de botanique à Malte en 1805, a publié en 1806-1811-1825, quelques écrits
sur la botanique agricole de l'ile. En 1831, M. Zerafa a commencé la pu-
blication d'une Flore de Malte qui n'a pas été terminée et dans laquelle
figurent U9S espèces indigènes ainsi que 155 espèces exotiques. On doit à
\L Bertoloiii la publication de quelques observations sur des plantes mal-
taises (1832) qui lui avaient été communiquées par M. Gussone. Récem-
ment, les botanistes suédois F. Nyman (18i5) et F. Wikstroem (18i9) ont
publié des recbercbes sur la botanique de Malte, et M. G. Aquilina s'est oc-
cupé des plantes comestibles qui sont indigènes de cette ile. Enfin l'ouvrage
le plus complet que nous possédions sur la végétation maltaise est la Flore
que le docteur G.-C. Delicatii a publiée en 1853, dans laquelle figurent 71G
plantes vasculaires recueillies par lui, Une portion de ce travail avait été
publiée par Wikstroem en ISW.
Retzia sivc Observationcs botauiciv, quas in primis in liorto
botanico Uogoriensi mensibus februario ad julium 1855 fecit .T.-K. Has-
skarl. Batavia:', 1855. Pugillus primus, in-8 de 252 pages.
Le titre de cet ouvrage en dit assez l'objet. M. Hasskarl y a consigné les
résultats des observations faites par lui sur un assez grand nombre de
plantes cultivées au jardin botanique de Buitenzorg à Java. Une bonne
partie de ces plantes sont nouvelles; les autres étaient en général impar-
faitement connues, ou du moins l'auteur a pu constater sur elles de nom-
breux et intéressants détails qui en complètent la connaissance. Les des-
criptions qu'il donne sont très développées et presque toutes aussi com-
plètes que possible. Toute la portion descriptive de son livre est en latin ;
elle est généralement suivie, pour chaque espèce, de quelques lignes de
remarques écrites en hollandais.
153 espèces figurent dans le Betzia. Elles sont réparties dans Z|7 familles
de la manière suivante : 2 Orchidées, 1 Palmier, 1 Nyctaginée, 1 Laurinée,
1 Campanulacée, 1 Lobéliacée, 15 Rubiacées, 1 Lonicérée, 6 Apocynées,
1 Spigéliacée, 3 Labiées, 9 Verbénacées, 1 Borragiuée, 1 Cardioptéridée,
5 Convolvulacées, h Solanacées, 2 Scrofularinées, 6 Acantbacées, 3 Lenti-
bulariées, /i Sapotacées, 3 Ébénacées, 1 Siphonandracée, 2 Ombellifères,
1 Saxifragacée, 2 Anonacées, 2Capparidées, 3 Nymphéacées, 1 Alsodéinée,
1 Pangiée, 1 Phytolaccacée, 1 Malvacée, k Sterculiacées, 1 Byttnériacée,
j Tiliacées, 1 Diptérocarpée, 1 ïernstroemiacée, 5 Méliacées, 2 Polyga-
198 SOCIÉTÉ BOTANIQUK DE l'RANCE.
lées, 2 Célastiinùes, l lliciiiée, 2 Aquilnrinée-!, 9 Eiiphorbiacées, 1 l'.om-
brétacée, 1 l.ytliraiiéc. 2 Mélastoinacees, 1 Amygdalée, 31 Légumineuses.
Plusieurs genres nouveaux lijjurent dans ce travail ; en voici l'indieation :
1. Blcekeria HsskrI., Apocynée qui se place entre les Cerbera et l'cwg/unùt.
Bumphius la nommait. Loctaria ; mais ce nom a été abandonné par l'au-
teur comme étant appliqué à un genre de Poissons. 2 et 3. Kakosmanthus et
Keratep/iorusHi>i,k\-ï., 2 genres de Sapotacées. U. RInpidostigmo HsskrI.,
genre d'Ébénacées qui t'c rapproebe du iio>/e7Ui par ses fleurs hermaphro-
dites et par son calice profondément parli, mais qui en diffère à plusieurs
égards. L'auteur en décrit 2 espèces. 5 Dioryktondra HsskrI., genre de la
famille des Alsodéinées. G Taraktoyenos HsskrI., de la famille des Pangiëes,
formé pour un arbre décrit pin- M. Blume sous le nom û' Hydnocnrpm
heterophyllus. 7. Stenotropis HsskrI., genre de Légumineuses formé pour
VErytkrina poianthn Brof. Quant aux espèces nouvelles, elles sont au
nombre de /i5.
illovaruin et iiiiittiN cojsiiitafuin >*!»tii*|>iuin pu8;illii.< dcci-
iiius, addita enumeratione pinntariiin omnium in pugillisI-X descrip-
taruni ; auctore Christiano Lehmann. In-^nle 3/i pages. Hambourg, 1857.
Ce nouveau fascicule, par lequel M. Lehmann parait devoir terminer la
série de ses Pugilltis, ne renferme que des descriptions d'Hépatiques dont
nous devrons forcément nous contenter de présenter ici le relevé.
Piagiochila Oerslediana Liiidbg., Mss. ; P. heterophylla Lindbg. , Mss.;
P. Notarisii Lehm.; P. mollusca Lebm. Scnpania Vahliana Lehm. Jun-
germannia Preissiana Lehm. Chiloscyphus pertusus Lebm. Lepidozia gro-
enlaudica Lehm. Mastigobryum Miquelianum Lehm. Trichocolea elegans
Lehm. Radula Wallichiana Lehm. Phragmicoma Berteroana De Notaris,
Mss.; Phr. Ludoviciana De Notaris, Mss. Omphialanthusdiapbanus Lehm.
Lejeunia Oerstediana Lindbg. Mss.; L. cryptantha De Notaris, Mss.;
L. Camilli Lehm. Frullania elegans Lebm.^ F. valparaisiana Lehm. Sym-
pbyogyna suhcarnosa Lehm. Sarcomitrium australe Lehm. Marchantia
Miqueliana Lehm.; ^L Pappeana Lehm.^ .M. Notarisii Lebm. BebouliaSul-
livantl Lehm. Anthoceros denticulatus Lehm.; A. Hookerianus Lehm. Car
polipum fertile l.ehm. (Chamœceros fertilis Mildel.
Ce fascicule se termine par la table des espèces décrites dans les dix
cahiers qui composent jusqu'à ce jour la série entière.
Benierkiinscn awr C.attuus' .Itufi'osace [Remarques sur le
genre Androsace); par M. F. L. v. Schlcchtendal {/ioUm. Zeit. n°' 29
et 30, 18 et 25 juillet 1856, col. /i97-5U/i, 515-525).
Dans le Prodromus (vol. Vlll), M. Duby a divise les hl espèces du genre
REVUE RmLlOGRVIMIIQUE. 199
Am/rosoce en 2 sections seiilcnu'nr : cille des Aretia, qui ont des fleurs so-
litaires, et celle qu'il a nommée Andraspis, dans laquelle les fleurs forment
une ombelle. Cependant, plusieurs années auparavant, Koch avait admis
dansée même genre les ù sous-genres suivants: 1 Aretia; 2 Chamœjasme;
3 Andf^ospis Duby, Bot. (jall. ; h Androsace Hall. M. Schlechtendal regarde
cette dernière division comme beaucoup plus naturelle que la première, qui
réunit sous une même dénomination des formes très dissemblables. Il ad-
met dans son inémoire ces /| sections de Kocb, en se bornant à changer en
Megista le nom tS! Androsace qui, étant déjà celui du genre entier, ne peut
être donné encore à un sous-genre; il ajoute une cinquième section qu'il
nomme Samîielia et qui a pour type V Androsace Gmelini.
La section Aretia Lin. se compose de petites plantes des grandes hau-
teurs ou du Nord, qui forment des coussinets convexes, dont la surface
supérieure paraît formée de petites rosettes de feuilles fort serrées, dans
lesquelles sont enfoncées les petites fleurs solitaires. Tout le petit coussin se
termine en dessous par un pivot allongé, grêle, duquel naît une petite tige
ramifiée très bas, et plusieurs fois de suite, mais non par dichotomie. Les
petites feuilles sessiles, imbriquées, recouvrent la tige et ses ramifications.
La fleur est portée sur un pédoncule toujours court et sans bractées, non
réellement terminal, mais sorti d'une aisselle très voisine du sommet. La
gorge de la corolle porte 5 saillies lisses. M. Duby en a décrit 12 espèces,
dont la moitié sont d'Europe et les autres d'Asie, une seule du nord-est de
l'Amérique. C'est dans cette section que rentre VAndros. Ochotensis Willd.,
que M. Dul)y rangeait parmi les espèces inconnues de lui, et dont
M. Schlechtendal donne une description étendue.
La section Chamœjasme renferme des espèces vivaces dont l'axe primaire
porte une rosette de feuilles de laquelle s'élèvent des brandies qui restent
longuement nues et se terminent par une rosette serrée de feuilles. L'inflo-
rescence consiste aussi en branches nues portant vers le haut une petite ro-
sette de feuilles de l'aisselle de laquelle sortent les pédoncules. La gorge de
la corolle parait entourée d'un cercle glanduleux. Ordinairement, les inflo-
rescences sont pauciflores. Les Chamœjasme croissent sur les montagnes de
l'Europe, et s'étendent aussi vers l'est du Caucase jusqu'à la côte N. 0. de
l'Amérique arctique. Ils sont très difficiles à di'^tinguer les uns des autres
à l'état sec. On les voit très rarement dans les jardins botaniques.
Quant à la section Samuelia que l'auteur examine après la précédente,
bien qu'elle soit la cinquième dans l'ordre naturel, son espèce unique, \' An-
drosace Gmelini Gixertn. a. son axe principal raccourci, pourvu de feuilles
longuement pétiolées, qui, par leur limbe arrondi et réniforme, bordé de
grosses dents, et par leur pétiole élargi en membrane à sa base, font ressem-
bler la plante à une Saxifrage plutôt qu'à une Primulacée. Elle ne se ra-
mifie ensuite que s'il se forme de nouveaux bourgeons dans l'aisselle des
200 sociKTK botamoijF. 1)f. i-nvNr.E.
feuilles à^ées. Klleest très délicate et pu-ait ne pas êtrede longue durée. Ces
caractères, joints à ceux de la capsule demi-2lo!)uleuse, accompagnée par le
calice fortement accru et vl\\(', autorisent sa séparation en seulion, dans
laquelle rentrera probablement l.-l. saxifragœ folio. Bunge, delà Chine.
M. Koch adopte pour la troisième section des Androsaces le nom H'An-
draspis proposé par IM. Duby. M. de Schlechtendal préfère lui donner celui
ce Haplorrhiza'Leàith. Elle comprend simplement des espèces bisannuelles,
comme les A. septentrional is, elongata, filiformis, etc. Ces plantes ont
une racine simple, une seule rosette inférieure, d'entre les feuilles de
laquelle sortent des tiges qui portent, vers le haut, une petite rosette de
bractées avec des pédoncules généralement allongés. La gorge de leur co-
rolle porte de petites éminences glanduleuses. La plupart ontdes feuilles qui
passent de la forme linéaire à la forme lancéolée, tantôt entières, tantôt
dentées, ou même incisées, quelquefois rétrécies en pétiole à leur base.
Dans toutes les espèces, on voit quelquefois le pédoncule commun, généra-
lement nommé hampe, se raccourcir au point que l'ombelle commence en-
tre les feuilles ou peu au-dessus d'elles. Dans VA. septentrional is, des pieds
cultivés, très vigoureux, ont montré à l'auteur leur hampe fasciée, tordue
ensuite en spirale au sommet. M. de Schlechtendal entre, au sujet des es-
pèces de cette section, dans des détails synonymiques qu'il nous est impos-
sible de résumer. Il décrit fort au long, d'après des individus cultivés, \'A.
lactiflora F \sch., Cat. 1808 et plurium auct. nec Bartl. [A. olismoidesHov-
nem., Bartl.) et comme espèce nouvelle, sous le nom d'y4. commutata
Schlecht., l'A. lactiflora Bartl., non plur. auct. L'A. lactiflora se dislingue
de l'A. commutata par le vert clair de ses feuilles plus longues, mais non
plus larges; par sa corolle beaucoup plus grande, dont les lobes, presque
obcordés, se recouvrent par leurs bords, et dont la gorge est plus ou-
verte; par les glandes de sa gorge colorées en jaune plus intense et plus
grosses, qui présentent une ligne de division médiane verte.
Le type de la section Mcgista est l'A. maxima Lin. Ici la durée est la
même que dans la section Haplorhiza. Les caractères dislinclifs résultent
des lobes calycinaux foliacés, fortement accrescents, du grand involucre
foliacé, de la gorge nue, des graines petites et nombreuses. La fleur est
blanche ou purpurine, et sa teinte purpurine se prononce davantage à me-
sure que la corolle se développe, dans quelques parties de la Russie et dans
l'Altaï.
Description de troif« liielieitfii nouveaux: par M. Kd.Bornet. Bro-
chure in-8 de 12 pages et ^i pi. gravées; décembre 1856. Cherbourg,
chez Feuardent.
Les trois Lichens dont M. Kd. Bornet présente la description dans son
mémoire appartiennent à la catégorie de ces êtres ambigus qui tiennent à la
ni'.vri-: hibliogiiaimiique. 201
fois (les Lic'luMis ol des Algues, puistni'ils oui le ihallus de celles-ci avec la
tViictilicatioii (|tii earaeleriM' eeiix-la. Ils ont été Iroiivcs par l'auteur a ('au-
nes, en l^'tiveiiee, pendant l'Iiiver de ISâ^-GG. l/iin d'eux constitue un
genre nouveau qui rew'it \c nom ûe Spiloneina ; les deux autres rentrent
dans le genre Synnlissa. Tous les trois sont non-seulement décrits^ mais
encore illustrés à l'aide de bonnes figines d'ensemble et de détails, très
bien gravées d'après les dessins de l'auteur.
Spilonkma. Borner, gen. nov. p. 6, pi. I et II.
Thallus cylindricus, fruticulosus , raniosus , contextu celluloso, intus
granulis gonimis magnis strata transversa eflicienUbus farctus. Apothecia
lecideina. Paraphyses valde crassas, clavata^, articulalaî. Spermogonia
clausa. Basidia eiongata, articulata [Arthroslerifjmata iNyl.). Spermatia
oblonga.
Sp. paradoxumBoru. — Ce IJchen abonde sur les rochers granitiques
de Cannes, surtout dans les endroits un peu bumides. Tl forme des gazons
hauts seulement d'environ 2 millimètres , d'un noir olivâtre. Les filaments
de son thalle sont presque sétaeés, dressés, souvent arqués, opaques, plus
ou moins divisés en rameaux et ramules transparents, disposés inégulière-
ment, mais qui tendent à devenir unilatéraux. Sa fructification dioïque con-
siste en apotbécies et en spermogonies; les premières sont hémisphéi'iques,
terminales, assez grosses, d'un noir foncé; elles présentent des thèques en
massue qui renferment chacune 8 spores elliptiques, un peu arquées, lon-
gues de 1/85' à 1/90*^ de millimètre, et qu'accompagnent de grosses para-
physes claviformes, articulées. Quant aux dernières, elles sont implantées
sur le côté des rameaux, sous forme de saillies oblongues, d'un noir brillant;
leur cavité close est tapissée de basides convergentes articulées munies de
siérigmates très courts, sur lesquels sont portées des spermaties ovoïdes,
liyalines, très petites (l/2/j0''de millimètre).
Quant aux 2 Synalissa, 31. Ed. Boinet leur donne les noms de -S', conferta
Born. (p. 8, pi. III) et .S', inicrococca Born. et Nyl. (p. 9, pi. IV).
Le premier croit mélangé à l'espèce précédente, formant des taches gra-
nuleuses, d'un brun rougeâtre, composées de fruticulcs peu rameux qui
ont au plus 1 millimètre de hauteur. Ses apotbécies sont terminales, assez
grandes, scutelliformes, à disque granulé; les thèques cylindiiques ou
renflées au-dessous de leur milieu contiennent huit spores elliptiques pres-
que sphériques, obtuses aux deux bouts, longues de 1/90'' à 1/120* de milli-
mètre. Ses spermogonies sont terminales, pyriformes, ouvertes par un pore,
et elles renferment des spermaties oblongues, longues d'environ 1/300" de
raillimètre. L'auteur dit que, dans son premier état, ce Lichen ne lui parait
pas distinct de l'Algue connue sous le nom de Glœocapsa Magma Kùtz.
Le Sijnalisua micrococra Born. et Nyl. est très rare. Il croit sur la terre
parmi les filaments d'un Si)'osip/ion. Son thalle est une masse gélatineuse
202 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
amorphe, qui renferme des granules très petits, oblongs, d'un vert pâle, et
des globules rouges, plus gros. Sa fructification est dioïque. Ses apotliéeies
et ses sperraogonies sont également pyriformes, fermées, avec un pore très
étroit; leur couleur est un rouge brunâtre qui noircit par la dessiccation.
Les paraphyses sont très grêles, flexueuses et continues; les thèques, ren-
flées vers le bas, contiennent 8 spores ovoïdes, un peu arquées, longues de
1/65° de millimètre. Lesspermatiesoblongues n'ont que 1/370* de millimètre
de longueur.
L'explication des 19 figures que réunissent les U planches termine le
mémoire.
BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE.
Deiiicrkuii;i;:eii ucbcr clic Flora cler Iiiscl Juau Fernan-
deas [Remarques sur la Flore de l'île Juan Fernandez); par le docteur
R. A. Philippi Botan. Zeitung, n" 36 et 37, 5 et 12 septembre 1856,
col. 625-636, 641-650*).
La flore de toutes les îles éloignées du continent est remarquable, d'un
côté par sa pauvreté, de l'autre par le grand nombre des espèces qui lui
appartiennent en propre. Ce sont là de puissants arguments en faveur de
la multiplicité des centres de création. L'ile de Juan Fernandez ne s'écarte
pas sous ces deux rapports de la règle générale. Malheureusement sa végé-
tation ne peut pas être encore regardée comme complètement connue, bien
que, postérieurement à l'exploration qui en a été faite par M. Cl. Gay,
M. Philibert Germain y ait fait de belles récoltes à la fin d'octobre et au
commencement de novembre 1854.
L'ile de Juan Fernandez est située par 33° 45' de latit. S., et 296" 56' de
long, orient., au méridien de l'ile de Fer, c'est-à-dire a 9 degrés de Valpa-
raiso. Sa voisine, l'ile de Masafuera, sur laquelle porte aussi le travail de
M. Philippi, en est éloignée de 90 milles anglais à l'ouest. L'ile de laPâque,
la plus rapprochée parmi toutes celles de la Polynésie, en est distante de 28".
Juan Fernandez forme presque un croissant de l'est à l'ouest. Elle est de
nature volcanique. Sa moitié orientale est très montagneuse, très boisée, et
sa sommité la plus élevée, le Yunque, s'élève à 1000 mètres. Sa moitiéocci-
dentale est basse, unie, sèche et nue. Les forêts toujours vertes qui en cou-
vrent principalement le versant septentrional rappellent celles du Chili
méridional; mais on n'y trouve ni lianes ni sous-bois.
M. Philippi donne la liste de 137 espèces de lui connues comme croissant
spontanément à Juan Fernandez et Masafuera. (]es plantes se rapportent à
(*) Ce mémoire est une reprothictioii en allcinaïul failc par l'auleur lui-même
(l'un travail (|ui a éu'i publié au Cliili, dans le cahier de jiiillel ISâti des Anales d e
la Universidad de Chile,
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 203
/j3 familles parmi lesquelles les plus riches sont : les Fougères, avec 36
espèces, c'est-à-dire dans la proportion de 26, :5 pour 100 ; les Synantlié-
rées, avec 23 espèces ou 16 pour 100 ; les Graminées, avec 10 espèces ou
7 pour 100. Les familles des Haloragées, Myrtacées, Solanacées, Urticées,
Cypéracées, y sont représentées cliacune par U espèces ; les Ombellifères,
Labiées, PIpéracces, chacune par 3 espèces ; les Rosacées, Caryophyllées,
Saxifra'4ées, Campanulacées, Rubiacées, Chénopodécs et Kuphorbiacées,
chacune par 2 espèces ; enfin les Magnoliacées, Rerbéridées, Crucifères,
Bi.xacées, Oxalidées, Xanthoxylées, Rhamnées, Légumineuses, Portulacées,
Toranthacées, Lol)éliacées, Éricacees, Priinulacées, Polémoniacécs, Borra-
ginées, V\n-bénacées, Scrofularinées, Plantaginées, Polygonées, Santalacées,
Broméliacées, Iridées, Palmiers, Joncées, y comptent chacune un seul re-
présentant.
Sur ces 137 espèces 61 ne se retrouvent pas dans le Chili, et 75 ou plus
de la moitié n'ont jamais été vues hors des deux îles.
Une particularité très remarquable par laquelle se distingue la flore de
Juan Fernandez, c'est la forte proportion de végétaux ligneux qu'elle com-
prend. En effet, on n'y compte pas moins de 50 espèces arborescentes ou
frutescentes, qui font ainsi 36 pour 100 du total. Le plus gros des arbres
de l'ileest le Xanthoxylon Mayu Bert., nommé par les habitants Naran-
Jillo, dont le tronc a quelquefois 2 mètres de diamètre et dont l'amiral An-
son a pu obtenir des planches longues de 13 mètres environ. Le Drimys
confertifolia, VEugenia Lumilla, YEdwardsia Fernandezia, les Cuminia
ont des troncs épais de 33 cent, à 1 mètre. On y trouve des espèces arbo-
rescentes d'Ombellifères {Eryngium bupleuroides), de Labiées [Cuminia),
de Composées [Rea, Robinsonia), même de Gunnern (G. globraVh. et
peltata Ph.). Plusieurs espèces de cette île méritent, dit M. Philippi, d'être
cultivées dans les Jardins soit pour la beauté de leurs fleurs, soit pour celle
de leur feuillage.
Plusieurs espèces propres à Juan Fernandez ont des analogues sur le
continent; mais le plus souvent les premières l'emportent sur celles-ci par
leur beauté et notamment par la grandeur de leurs fleurs.
Un fait extrêmement curieux, c'est l'existence du bois de Santal dans
cette île. Molina en avait parlé ; mais ce fut plus particulièrement Caldcleugh
qui, en 1825, appela l'attention à ce sujet. Ce bois s'y trouve par mor-
ceaux dispersés, qu'on rencontre jusque sur le haut des rochers les plus
élevés, et qui ont perdu, sous l'action des agents atmosphériques, non-seu-
lement leur écorce, mais encore leur aubier. Un morceau conservé dans
le musée de Santiago a dû appartenir à un arbre d'environ 0°',65 de dia-
mètre. Jamais on n'en a observé de tige entière, à plus forte raison de pied
vivant; d'où il paraît à peu près certain que l'espèce a disparu de l'ile.
M. Philippi n'adopte pas l'opinion de M. CI. Gay, qui croit que c'est là le
20/1 SOCIÉTÉ B0TA:\IQUE de Fi'.ANCE.
Santalwii nlhum I . , espèce de rinde et des iles asiatiques. Kn l'absence
d'éléments suffisants pour une détermination quelconque, il suppose que ce
devait être une espèce particulière, en raison de sa situation géographique
remarquable.
Le mémoire de M. Philippi se termine par la description de 28 espèces
ou variétés nouvelles de .tuan Fernandez, qui se réduisent à 27, une note
postérieure [liotan. Zeit., n° Ul, 21 novemb. 1856) nous apprenant que le
grand et beau palmier de cette île, ou le Chanta des habitants, que l'auteur
décrit sous le nom de Morenia Chanta Ph., a reçu antérieurement de M. de
Martius le nom de Ceroxylon australe. Voici le relevé de ces plantes.
Driniys confertifolia. Heteroearpus Fernandezianus. Arenaria rubraL. ,
var. polyphylla Ph. Edwardsia Fernandeziana. Gunnera insularis; G. gla-
bra;G. peliata. Eugenia Lumilla Myrtus Berteroi. Escallonia Fernande-
ziana. Erigeron rupicola. Hobinsonia longifolia; R evenia; R. corrugata;
R.? nervosa. Gnaphalium insulaie ; G. Fernandezianum. Pernettia Brid-
gesii. Citharexylon venustum. Nicotiana cordifolia. Euphorbia Masafuerae.
Urtica Masafuerœ. Ochogavia (nov. gen. Bromeliacearum) elegans. Liber-
tia granditlora. Padopharm (nov. gen. Graminearum) bromoides. Panta-
theru (nov. gen, Graminearum) Fernandeziana. Trichomanes dichotomum.
BOTANIQUE APPLIQUÉE.
I/Opuutia, ou €acfii!>i» Raquette «l'Al^çérîc; par M. L. -Léon de
Rosny. Broch. in-8del2 pages. Paris, 1857.
Dans cet écrit, M. L. de Rosny s'est proposé de faire ressortir ce que
présenterait d'avantageux pour l'Algérie la propaiiation en grand de
l'Opuntia qui, parfaitement naturalisé dans toute l'Afrique septentrionale,
y fournit en abontlance des produits utiles de natures diverses. INous
résumerons rapidement, d'après lui, les différents usages de ce précieux
végétal.
Les fleurs de l'Opuntia, qui se développent du mois d'avril à celui de
juin, sont parfaitement comestibles. Ses fruits, connus vulgaiiement sous
le nom de Figues de Barbarie, contribuent pour une part importante a Tali-
mentalion du peuple dans le sud de l'Europe et dans le nord de l'Afrique.
Après en avoir détaché les parties supérieure et inférieure, on les fend
pour en détacher la couche externe, et l'on en obtient ainsi la portion
bonne à manger qui est colorée en rouge orangé tirant plus ou moins sur
le jaune et dont la saveur est agréable et toute particulière. Ce fruit est à
la fois nourrissant, très sain et très rafraîchissant. On le mange quelque-
fois cuit. On peut en faire la base de gelées, de confitures, de liqueurs et de
sirops. On a même essayé d'en extraire une matière colorante. \u Mexique,
REVUE HIIILKHJKAI'HIQUE. 205
on mange cuits a l'eau, on manière d'asperges, les boutons de fleurs et
les articles jeunes. Il y a peu d'années, INT. Toussaint, ancien sous-officier
de spahis, a réussi à isoler les uns des autres, par l'cbullition dans de l'eau
additionnée de 1/20' de carbonate de soude, les feuillets ligneux qui entrent
dans la constitution des articles ou racjuettes de l'Opuntia et dont les libres
solidement entrelacées forment un tissu semblable par son aspect à des
dentelles ou des guipures. On a confectionné différents objets avec ces feuil-
lets ligneux, notammeut des chapeaux pour hommes et pour femmes, et il
est probable, d'après l'auteur, que ce dernier emploi ne tardera pas à en
amener la consommation en grand. Le mucilage que renferme cette plante
est employé en guise de colle; mélangé au lait de chaux destiné au badi-
geon, il lui donne plus de liant et de durée, le rendant ainsi plus avanta-
geux poin- l'emploi qu'on en fait habituellement dans les maisons. Les
expansions foliiformes ou les raquettes de l'Opuntia encore jeunes four-
nissent un excellent aliment pour les bestiaux, d'autant plus précieux
qu'on l'obtient sur des terrains arides et dépourvus de toute autre végéta-
tion pendant l'été. Pour les donner aux animaux, on les coupe en tranches.
La taille des plantes, à l'aide de laquelle on obtient ce fourrage, assure une
végétation plus régulière et augmente la production. Les portions aban-
données par les bestiaux et celles qu'on n'utilise pas constituent un bon
engrais. Kntin, le bois de l'Opuntia peut être utilement employé pour le
chauffage des fours.
'o^
Die Bodenkuuflc {i.'Agrologie. Manuel pour les agriculteurs, sylvi-
culteurs, horticulteurs, etc.); par le docteur C. Trommer. In-8 de xiii
et 577 pages, avec une carte géologique imprimée en couleur et une plan-
che lithogr. Berlin, 1857, chez Gust. Bosselmann.
Nous croyons devoir traduire le titre allemand de cet ouvrage par le
mot d'Agrologie proposé et employé par M. de Gasparin dans son Cours
d'agriculture. C'est, en effet, presque exclusivement du sol considéré en
lui-même, dans sa composition, ses propriétés physiques, etc., que s'oc-
cupe M. Trommer. On sent dès lors que son sujet est trop en dehors du
cadre de ceBulletin pour que nous eussions pu nous en occuper, si l'auteur
n'en avait consacré une portion à une étude beaucoup plus directement en
rapport que tout le reste avec la botanique elle-même. Cette partie du livre
en occupe 92 pages (pp. Ziii-536). Elle comprend d'abord un chapitre inti-
tulé : « Examen de la productivité ou des conditions de végétation du sol. »
M. Trommer y examine successivement la production du sol en plantes cul-
tivées et, plus au long, celle en plantes spontanées. Après avoir recherché les
conditions du sol dans lequel celles-ci se trouvent, il conclut (ju'on ne peut
admettre qu'elles croissent sur des terres de toute nature. En passant, il
206 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
signale la naturalisation complète autour de Berlin, dans un rayon de deux
ou trois milles, du Galinsoga parviflora Cav., plante du Pérou, qui joue
déjà le rôle d'une mauvaise herbe des plus nuisibles. Il présente ensuite en
détail le tableau de la végétation spontanée : 1° des terres sablonneuses,
2° des terres argileuses, 3" des terres calcaires, h° des sols riches en humus,
5° des sols tourbeux, 6° des terres salées, 7" des sols humides. Les diffé-
rents paragraphes relatifs à ces flores partielles comprennent des listes de
plantes généralement accompagnées d'observations sur leur fréquence, et
assez souvent aussi d'une description sommaire de leur faciès,
MÉLANGES.
IJcbcr Auriicwahruiig; iiiikroskopisclier Objecte, etc. [Sur
la conservation des préparations pour le microscope)', par le docteur Her-
maun M elcker. Broch, in-8" de hk pag. et 1 pi. Giessen, 1856.
Le Mémoire de M.jWelcker est divisé en cinq chapitres dont le premier et
le plus étendu (pp. 5-26) est relatif à la conservation des préparations pour
le microscope, l.e 2« (pp. 27-30) renferme la description d'un appareil très
simple destiné à faire tourner commodément les objets pendant qu'on les
examine au microscope, et qui, pouvant s'adapter à tous les instruments,
permettrait de réduire beaucoup les difficultés de construction, et par suite
le prix de ceux qu'on a disposés de manière à en obtenir un résultat ana-
logue, par exemple les microscopes à tourbillon et en fer à cheval de
G. Oberhaeuser. Le 3° chapitre (pp. 30-31) a pour objet de signaler une
disposition très commode pour le micromètre à fils logé dans un oculaire.
Le h" chapitre (pp. 33-39) est relatif à la description d'une forme simplifiée
de microtome. Enfin le dernier chapitre (pp. k^-kh) expose l'état actuel de
l'institut optique de M. C. Kellner à Wetziar. Nous nous contenterons de
résumer succinctement le premier de ces cinq chapitres.
La Société micrographique de Giessen, appréciant l'importance qu'aurait
l'adoption par tous les micrographes de lames de verre de même grandeur
pour toutes les préparations, recommande comme très avantageuse sous
divers rapports la forme d'un rectangle de 37 millim. sur 28. Pour recou-
vrir les préparations, M. Welcker conseille d'employer des lames de verre
mince carrées, n'ayant que 10 à 15 millim. de côté, ou rectangulaires et de
surface équivalente pour les préparations allongces. Pour loger la prépara-
tion, on faitsur la lame porte-objet une petite enceinte carrée avec de la cire
à moitié fondue. L'espèce de petit bassin ainsi formé reçoit la préparation
plongée le plus souvent dans un liquide (baume du Canada, glycérine, so-
lution de chlorure de calcium, etc.), et il est ensuite fermé au moyen de la
petite lame mince qu'on assujettit à l'aide de la cire. On passe ensuite sur
REVUE ninLlOGRAPHIQlJK. 207
celle-ci une couche épaisse de mastic d'Oscliat/ (blanc de plomli avec du
vernis au copal), ou plus commodomeiit de vernis d'asphalte. Cette couche
doit débordcria cire sur les deux verres de 1 ou 2 millim.l'our protéger le
tout, il est bon de coller h droite et à gauche de l'espèce de petite boîte
formée comme il vient d'être dit, doux bandes étroites de verre qui, s'ele-
vant au-dessus du niveau de la lame mince, lagaiantissent des chocs. Au
bout de peu de jours, la dessiccation du mastic ou de l'asphalte est complète
et la préparation est terminée. Le point essentiel dans cette disposition est
de faire le petit mur de cire de manière à fermer exactement l'espace des-
tiné à contenir le liquide conservateur.
Le baume du Canada (ainsi que la résine de Dammara, le copal, etc.),
est très bon pour conserver les objets peu transparents, pour le pollen, les
spores, etc. On en dépose une goutte sur le verre préalablement chauffé. Sur
cette goutte on met l'objet à conserver, sur lequel on applique une autre
goutle de baume. On pose par-dessus tout la lame mince en pressant peu à
peu avec une aiguille, de manière à expulser l'air de tous les côtés. Au
besoin, le baume, séchant sur tout le pourtour, suffit pour préserver indéfi-
niment, sans cire ni vernis; cependant l'auteur croit qu'il vaut mieux
mettre tout autour de la cire et enfin de l'asphalte. L'essence d'anis est
avantageuse dans certains casa cause de sa grande réfringence. Seulement,
quand on s'en sert, il faut substituer le baume de Canada épais à la cire
pour former le rebord. La glycérine est le meilleur liquide conservateur
pour les préparations végétales et animales. On peut même y conserver
longtemps des objets sans former un rebord quelconque autour de la petite
cavité .située entre les deux verres. Cependant il vaut mieux fermer avec une
couche de ciment d'Oschatz ou de vernis d'asphalte. Il n'est pas nécessaire
que la glycérine remplisse complètement l'espace. — Une solution de 1 partie
de chlorure de calcium dans 3 parties d'eau distillée; de l'eau sucrée
formée avec 1 partie de sirop blanc pour 2 d'eau et 1/7000° de strychnine;
la liqueur conservatrice composée de 3 onces de sel marin sans magnésie,
2 onces d'alun, U grains de sublimé corrosif en solution dans l'eau ; une
solution arsenicale saturée; l'acide acétique étendu ; l'alcool affaibli, servent
a conserver différentes préparations. Enfin, M. Welcker recommande
comme bonne pour conserver les objets une nouvelle composition que vend
M.L. Batka, à Prague, et qui a reçu le nom de Wasserglasfirniss, ou
vernis-glace. L'emploi de cette matière, dont le prix est très peu élevé, est
des plus simples. Ou met sur la lame porte-objet la préparation légèrement
mouillée; avec une petite baguette de verre on dépose sur colle-ci une goutte
de vernis; on pose sur le tout la petite lame de verre mince, et la prépara-
tion est terminée. Kn une demi-heure le vernis a séché sur la ligne qui le
circonscrit, et l'on n'a besoin d'ajouter ni cire ni asphalte. L'auteur regarde
ce dernier procédé comme le plus simple et le meilleur à la fois.
208 SOCIÉTÉ BOTANIQLK Dli FRANCb).
NOUVELLES.
yécroloyte. — Le naturalisle Jean-Auguste Walilberg, qui voyageait,
dans l'Afrique méridionale, a été tué le 6 mars 1856, sur les bords du Ta-
manakie, par un éUpliant qui l'a foulé aux pieds. Ce savant était surtout
zoologiste. 11 était le frère du professeur P. F. Wahlberg, secrétaire de
l'Académie des sciences de Stockholm.
— Le Botanische Zeitunrj du 17 aoiit dernier annonce la mort du bota-
niste allemand Friedr. W ilh. Wallrotb, le célèbre auteur de la Flora crijiAo-
gamica Ger)Haniœ,d'[xnG Histoire des Liciiens {Naturgcschichte der Flechten)
en 2 volumes in-S", et de plusieurs autres ouvrages relatifs, soit aux
Cryptogames, soit aux Phanérogames, principalement de l'Allemagne. Il est
mort àNordhausen, le 22 mars dernier.
D'après le Botanische Zeitwuj , la chaire d'histoire naturelle oi'ga-
nique à l'université de Greifswald, qui a été occupée pendant longtemps
par Hornschuch, va être subdivisée en deux; il en résultera dès lors la
création d'une chaire spéciale de botanique.
— Le baron de Meyendorffa été nommé, le 22 janvier 1857, chef du
jardin impérial botanique de Pétersbourg, sous la haute direction du mi-
nistre de la cour impériale.
— On a songé dans ces dernières années à utiliser, pour la fabrication du
papier, les fibres qui remplacent la chair dans le péricarpe du Luffa œgyptiava
Mill., vulgairement connu dans les jardins sous le nom de courge-torchon. Il
y a quelque temps, M. \\'est\vood a mis un échantillon de ce fruit sous les
yeux de la Société linnéenne de Londres. Dans les pays où cette plante est
cultivée, ces fibres, qui forment un réseau élégant, sont employées à divers
usages, particulièrement à la confection de petits ouvrages de vannerie, de
filets, etc. Nous rappellerons à ce propos qu'une espèce d'un genre voisin
desLuffa, \e Poppya fabiana K. Koch, récemment introduiteeu Europe, du
Texas et du Mexique, fournit de la même manière des fibres qu'on emploie,
dans son pays natal, pour un grand nombre d'usages divers, notamment
pour la fabrication de différents tissus et de chapeaux excellents, très du-
rables, qui forment la matière d'un grand commerce local, et que l'on com-
mence même, assure-t-on, à envoyer en Europe.
— M. Balansa vient de partir pour un nouveau voyage dans la Turquie
d'Asie. Si nous sommes bien informe, il se propose d'explorer lachainedu
Taurus, qui lui fournira certainement encore la matière d'importantes
collectious.
Paris.— Iminiiiierii; Je L. SUhtii^kt, nie Mignon, 2.
SOCIÉTÉ BOTANIQUE
DE FRANCE.
N. B. — La plupart des membres du secrétariat s'étant rendus à
Montpellier pour la Session extraordinaire, leur absence a déter-
miné une interruption dans l'impression de la partie du Bulletin
relative aux travaux de la Société pendant ses séances ordinaires.
Pour que cette interruption ne rendît pas trop long l'intervalle entre
la publication du cabier no 2 du Bulletin et celle du cabier n" 3, la
Commission do rédaction a décidé que ce dernier numéro ne renfer-
merait que la Revue bibliographique, et qu'il serait dès lors publié
sans retard.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
PHYSIOLOGIE VEGETALE.
Iiitorno ad uua parlicolarita di istrutfura dell' Âilium sati-
vum Lii). {Sur une particularité de structure de rAllium sativum Lin.);
par M. Attilio Tassi {I Giardini, cah. de juillet 1856 ; tirage à part en
broch. in-8° de 7 pag. et 1 pi.).
Cette note renferme la description et la figure d'un pied monstrueux
à' Ailium sativum. La portion souteiininc de cette plante présentait un pla-
teau déprimé et légèrement conique, dont la face inférieure avait donné
naissance à une grande quantité de racines adventives, tandis que sa face
supérieure portait, vers son pourtour, un cercle de petits bulbes charnus,
ovales-oblongs et acuminés, du contre duquel s'élevait une hampe longue
seulement de sept centimètres et terminée par un faisceau de G bulbes pres-
que entièrement semblables à ceux du bas. Ces bulbes, qui s'étaient substi-
T. IV. H
210 SOCItTK lîOTA^lQUE DE FRANCE.
tués à rinfloiescence, étaient légèrement tiiquètres et verdâtres dans leur
portion supérieure, qui se prolongeait en une sorte de petite queue. Sur un
plan légèrement inférieur à l'insertion de ces corps terminaux se trouvaient
quelques folioles à nervures parallèles, qui n'étaient évidemment que des
divisions plus ou moins profondes de la spathe scarieusc, destinée norma-
lement a protéger les jeunes Heurs, celles-ci, dans la plante dont il s'agit
ici, ayant complètement avorté. Ces folioles se réfléchissaient tout le long
de la hampe.
M. Alt. Tassi examine en détail les différents exemples d'ombelles bul-
bifères observées dans le genre Alliwn, notamment dans les A. montanum
Sibth. et Sm., A. carinatum L. , .1. scorodoprasum L., A. oleraceum L.,
A. ascalonicwn L., A. Cepa L., A. asralonicum L. , etc. Il insiste principa-
lement sur la variété bulbifère de l'A. roseum L. Il recherche ensuite la na-
ture et l'origine de ces productions terminales, dans lesquelles il voit des
bulbilles destinés h reproduire la plante et provenus d'une transformation
accompagnée d'hypertrophie des boutons de fleurs. Il montre enfin que cette
substitution de bulbilles a des boutons de fleurs n'est pas un fait rare, et
qu'on en voit de fréquents exemples dans le Polygonum viviparum L. , les
Poa alpina et buibosa, ainsi que dans VAyave vivipara L. Il termine en rap-
prochant de ce fait ceux dans lesquels on voit aussi des bulbilles se pro-
duire sur différentes parties des plantes sans relation avec l'appareil re-
producteur, comme sur les feuilles du Calanc/ioe pinnata, du Malaxis palu-
dosa, du Cardamine pratensis, du Polygonum Bistorta, dans les aisselles
des Lis, des Bentaria, du Bégonia Evaiisiana Andr. , de la Patate, etc., etc.
Ou thc structure aucl alliuitieis of Balanoplioreœ [Su?' la
structure et les affinités des JJalanophorées) ; par :M. Joseph Dalton
Hooker {Transactions of the Linnean Society^ vol. XXII ; tirage à part
en brochure \i\-k° de 68 pag. et 16 plane).
Ce grand et important travail a été lu à la Société Linnéenne de Londres
dans les séances des 6 et 20 février et du 19 juin 185;"). Il a été publié seule-
ment en 1856. Il comprend deux parties consacrées, l'une, à l'étude générale
des Balanophorées, l'autre à leur histoire particulière. Dans la première, le
savant auteur, après avoir fait connaître les matériaux qu'il a eus à sa dis-
position, examine successivement et en autant de paragraphes distincts :
1° le parasitisme et la structure du rhizome (pp. 2-21) ; 2» les affinités des
Balanophorées(pp. 21-26); .3" la classification des Balanopliorées(pp. 26-27) ;
/i" leur distribution géographique et leurs variations (pp. 27-28). Dans la
seconde partie il donne d'abord le tableau synoptique des genres et espèces
de Balanopliorees rapportées aux divisions et subdivisions de la famille
(pp. 29-31) ; il consacre ensuite le reste de son mémoire à l'étude spéciale
RKVUE BIBLIOGllAPHIQL'E. 211
et (K'tailk'iMles genres et des espèces qu'il admet parmi ces singuliers xé'^é-
taux (pp. lU-GO). Ces deux parties sont suivies de l'explication des ligures
(pp. 6l-6iS). lis IG planches qui accompaj^nent le mémoire de M. Dalton
Hooker ne comprennent pas moins de 273 ligures qui représentent, pour plu-
sieurs espèces, les plantes entières, pour presque toutes de nombreux détails
anatonu(|ues et organogrnphiques. Elles ont été coloriées toutes les fois que
la couleur a pu faciliter la connaissance, soit des piaules entières, soit de
leurs parties, l'.lles ont été lithographiécs au crayon par M. W. Fitch, avec
le rare talent que tous les botanistes lui connaissent, d'après les dessins de
l'auteur. INous regrettons seulement que, pour leur exécution, la Société
!>innéeune ait cru devoir renoncer à la gravure au burin qui avait rempli
ses Transactions d'une multitude de planches d'une rare beauté, et qui en
avait fait jusqu'à ce Jour une collection sans égale sous ce rapport, li nous
semble, en effet, que le crayon lithographique, à l'aide duquel on peut
représenter d'une manière satisfaisante l'ensemble des plantes et de leurs
organes, laisse quelque chose à désirer sous le rapport de la netteté toutes
les fois qu'on l'emploie, même avec l'habileté de M. Fitch, pour reproduire
les détails intimes de l'organisation et surtout ceux de la structure anato-
mique; et nous sommes convaincus que les dessins de M. D. Hooker méri-
taient, sous tous les rapports, d'être exécutés sur le cuivre par les burins
les plus exercés. Mais les observations que nous nous permettons de faire
ici à cet égard, ne sont nullement une critique et n'expriment simplement
qu'un regret.
I. Parasitisme et structure du rhizome. — M. D. Hooker désigne sous le
nom de rhizome l'axe principal des Balanophorées. La forme la plus simple
et en même temps la plus fréquente sous laquelle il se présente, est celle
d'un tubercule simple ou rameux, sessile sur la racine de la plante nour-
ricière et doimant naissance à un ou plusieurs pédoncules florifères. Dans
l'état le plus jeune que le savani anglais ait pu examiner, une Balanophorée
se montre comme une masse cellulaire, homogène et sans traces de vais-
seaux, enfoncée dans l'écorce delà racine nourricière avec laquelle son tissa
cellulaire présente une adhésion organique, mais en s'en distinguant toutefois
sans difficulté. Avant qu'elle ait atteint le cambium de cette racine et qu'elle
se soit beaucoup allongée vers l'extérieur, on reconnaît nu centre de sa
niasse ou de chacun de ses lobes une ligne opaque de tissu cellulaire blanc,
différent du reste, dans laquelle se montrent des vaisseaux. Peu après le
corps ligneux de la racine attaquée subit l'influence du parasite; ses couches
annuelles sont déplacées, et plus tard encore des faisceaux vasculaires
enfermés dans une gaine cellulaire se trouvent dans l'axe du rhizome, et se
font remarquer par leur continuité avec ceux qui s'étaient déjà formés dans
celui-ci. Dans quelques genres on ne voit pas de faisceaux vasculaires rat-
tachés à ceux de la racine; mais ceux du parasite descendent jusqu'à la
212 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
ligne où il s'unit avec la racine, et là les systènnes vasculaires des deux
s'appliquent exactement l'un contre l'autre sans entrelacement ni union
organique. C'est ce qui a lieu dans les Lophophytum et peut-être dans le
Scybalium.
A l'état de développement complet, les rhizomes des Balanophorées se
divisent en ceux qui sont simples ou simplement fourchus ou lobés et ceux
qui sont cylindriques, allongés horizontalement ou rameux ; mais ces grandes
différences de formes, quoique se rattachant à des particularités anatomiques
importantes, ne concordent pas avec des modifications dans la structure
florale, de manière h pouvoir servir à l'établissement de sections dans la
famille. Les rhizomes allongés de quelques espèces s'attachent par leurs
ramifications aux différentes racines qu'elles rencontrent ; ils n'ont jamais
d'appendices foliacés, si ce n'est à la base des pédoncules. Quant aux rhi-
zomes amorphes ou simples, ils portent souvent des écailles {Ctjnomorhm,
Lophopfujtum, Sphœrorhizon) ou des papilles cellulaires (quelques Balano-
phora). — Les rhizomes de plusieurs espèces vivent longtemps : tels sont
ceux ôesHelosis, Phyllocoryne, Bhopalocnemis, de divers Balcmophora, etc.;
mais le Cynomorium parait être annuel. Le développement de ces végétaux
est très lent.
Les divers modes d'adhérence des Balanophorées à la racine nourricière
permettent de les ranger en trois catégories : 1° celles dans lesquelles les
vaisseaux du parasite sont continus avec ceux de la racine; 2" celles dans les-
quelles l'adhérence s'établit uniquement au moyen du tissu cellulaire;
3° enfin celles où les faisceaux vasculaires de la racine vont se terminer de
manière déterminée dans le tissu du parasite, à une faible distance du point
d'attache, les systèmes vasculaires des deux végétaux ne présentant pas de
confluence appréciable. Les Balanophom et Bhopalocnemis, qui appartien-
nent à la première de ces catégories, ont été regardés par quelques auteurs
comme des excroissances morbides des plantes qui les portent, opinion déjà
réfutée par M. Goeppert. Ce savant et M. Unger admettent dans le parasite
un double système vasculaire, dont l'un serait émis par la racine nourricière,
tandis que l'autre serait propre au pédoncule et à ses appendices, descendrait
cependant à travers l'axe du rhizome, jusque tout près de la base du para-
site et se terminerait là brusquement. Mais M. D. Hooker a constaté sur le
Bhopalocnemis vivant que les faisceaux vasculaires du pédoncule sont si
intimement unis à ceux du rhizome, vers la base de ce dernier, que les deux
ne forment organi(|uement qu'un seul et même tissu. Les branches vascu-
lau-es qui rattachent la racine-mère au rhizome du parasite sont tout à fait
analogues à celles qu'on trouve dans les exostoses des racines de diverses
Légumineuses, notamment du Cytisus Laburnum.
On trouve deux sortes d'attaches dans les rhizomes raraeux et très
allongés. Dans les Helosis le rhizome forme un tubercule à chaque point où
MKVUi': 1!Ii;li(m;i!A1'iii<jlii;. 213
il s'atlaoheaux diiïiTtMites racines qu'il rciic-oiitro, et il ne reeuit ([ue rare-
ineiit, sur ces points, ([iieUiues faisceaux vasculaires émis par la racine,
mais qui ne paraissent pas coniniuni(iuer directement avec le tissu vascu-
laire antôrieurement formé du rhizome, ni s'unir à lui. Dans le Zaw^s-
dorffia la branche du rhizome corrode l'écorce des racines qu'elle rencontre.
I.eplus souvent le rhizome et la racine se renHent beaucoup l'un et l'autre,
et celle-ci envoie dans le premier, à droite et à gauche de son axe, de lon-
gues branches vasculaires. On voit quelquefois deux ou plusieurs espèces
dicotylédones envoyer leurs racines dans un tubercule de vieux rhizome,
chacune y pénétrant par plusieurs points.
M. D. Hooker examine et discute les divisions établies par M. Unger
parmi les parasites, relativement à la nature de leur parasitisme. Il n'y voit
que des distinctions de mots plutôt que de faits, du moins quant aux trois
sections du savant allemand dans lesquelles rentreraient les Balanophorées.
Il dit qu'il n'existe que de simples différences du plus au moins entre les
modes de parasitisme de ces végétaux, et que pour tous le point principal
consiste dans la puissance qu'ils ont de produire une érosion et d'établir une
adhérence organique. Il énonce comme une règle générale que plus la racine
attaquée est vieille, mohis elle envoie de branches va^.culaires dans le para-
site. Il n'admet pas l'opinion de M. Unger, que le rhizome des i?a/ano/j/<ora
et analogues est une sorte de corps intermédiaire, ni cel'e de M. Goeppert,
qu'il existe dans ces parasites deux systèmes de faisceaux vasculaires tota-
lement indépendants et sans connexion. Il conclut, de l'examen détaillé
auquel il se livre à cet égard, que les différences anatomiques qui existent
entre les vaisseaux du rhizome et ceux du pédoncule dépendent de leur
situation et du degré de leur développement.
Le rhizome des espèces les plus parfaites de Balanophorées est nettement
exogène. Celui de VHelosis mexicana, coupé transversalement, se montre
composé de tissu cellulaiic renfermant un système vasculaire de sept coins
qui entourent un axe cylindrique étroit. Chacun de ces coins est formé de
plusieurs rangées de vaisseaux cylindriques ou anguleux, annelés ou rayés
en travers, qui occupent la place du pleurenchyme des Exogènes ordinaires.
Chacun d'eux s'emboite extérieurement dans la concavité d'une masse
réniforme de grosses cellules libériennes allongées. Enfin, plus en dehors,
se trouve une masse cellulaire très épaisse, spongieuse, qui s'étend jusqu'à
la circonférence, où les cellules sont plus étroites et plus serrées, et dans
laquelle sont entremêlées de petites masses de clostres à parois épaisses,
semblables à des faisceaux libériens épars. Enfin vers le centre et autour de
l'axe il existe une zone à sept lobes de gros tubes de sclérogène ou clostres,
dont les lobes s'avancent vers l'extérieur comme s'ils formaient les bases des
rayons médullaires et séparent les extrémités axiles des coins vasculaires.
Cette structure anatomique rappelle celle de la tige des Ménisperraées. Quant
21 â SOCIÉTÉ HOTAXiyiK DK FUANCE.
au pédoncule de ce même Ilelosis, sa section transversale présente huit fais-
ceaux vasculaires disposés symétriquement, et plus en dehors quelques
autres plus petits, épars. Chaque faisceau en particulier consiste en un étui
de tissu cellulaire allongé, qui entoure un petit nombre de vaisseaux en
fuseau, les uns scalariformes, les autres avec des bandes spirales ou des
raies transversales, ainsi qu'un petit nombre de tubes ligneux et de cellules
de sclérogène.
Le tissu cellulaire est remarquable dans les genres Langsdorffia et Bala-
nophora par une sécrétion abondante de cire [halanophorine Goepp,), que
remplacent des grains de fécule dans la plupart des autres genres. L'épi-
derme des Balanophorées ne porte jamais de stomates, et il est formé de
petites cellules entremêlées quelquefois d'autres grandes et vésiculeuses,
qui sont isolées ou groupées.
Les feuilles, ne manquent jamais entièrement, mais elles sont réduites à
l'état d'écaitles et quelquefois presque nulles. Leur répartition sur les diffé-
rentes parties des plantes et leur grandeur ne sont soumises à aucune règle.
Cependant les plus développées se trouvent vers le haut.
Vinflorescence est un capitule uni ou bisexué, sphérique, oblong, cylin-
drique, ou ovoïde, excepté dans les Lophophytées et dans le genre Sarco-
pkyfe, où elle constitue un épi composé ou une panicule, et où elle offre son
degré supérieur de développement. Ce capitule est toujours composé, malgré
sa simplicité apparente.
Les fleurs varient beaucoup quanta leur degré de perfection. Les plus
complètes sont celles du Mystropetalon; les plus imparfaites sont les mâles
desLophop/iytiimet les femeWesàes Balanophora. Quand il y a un périanthe,
il est presque toujours dimorphe, le plus parfait étant celui des fleurs mâles,
qui diffère toujours beaucoup de celui des fleurs femelles, excepté dans le
genre Cynomorium.
Les étamines varient autant de forme que le périanthe. Les caractères
"énériques résument ces variations. Le pollen ne présente rien de remar-
quable; généralement sphérique, il est polygonal dans \es Mystropetalon. Il
est probable que les insectes jouent un rôle important dans la fécondation.
Les ovaires sont au nombre d'un seul dans les Monostyli et \tSarcophytc,
de deux dans les Distyli, quelquefois de trois dans les genres Helosis et
Scybalium, d'après Lndlicher. Lorsqu'il en existe plus d'un, ils sont soudés
dès l'origine, renfermés dans le périanthe adhérent, et toutes les cavités
moins une sont supprimées. Le style varie beaucoup.Dans les /?fl/m20/;Aora,
Langsdorffia, Tormingia, il ne l'orme qu'une colonne composée de très peu
de cellules oblongues, entourant un tissu mou, pulpeux, stigmatique, qui
ne constitue pas un stigmate distinct. Toujours le pollen parait agir vers l'ex-
trémilé du style, dans l'axe duquel l'auteur a trouvé des tubes polliniques.
Le style est un peu plus parfait dans les Distyli, et il se termine par quel-
lîKVUK i{ii{hiO(.r,\i'iii(,>ri:. 215
qiies cellules plus ^'i-andes, souvent <:;l()l)uleuses. Le Snvcaphyta a un large
sti<;male (liscoide, sessile. Le style du Cf/noniorium est le plus compliqué;
il porte un sti}j;mate hilobé. 'roujouis les parois ovariennes consistent en
cellules très lâches, oblongues, à nueléus, sans vaisseaux (il y a des vais-
seaux dans le style du Cynomorium).
l.'ovide est toujours solitaire et pendant. A l'origine c'est une cellule soli-
taire, en saillie sur les parois ovariennes. L'auteur l'a vue ensuite, dans le
Balnnophora involncrata, comme un sac délicat, hyalin, contenant deux
cellules sphériques libres. La l'ormcition de nouvelles cellules dans ce sac
marche ensuite i-apidement et rappelle celle qui a lieu dans le sac embryon-
naire des ovules ordinaires; d'où l'on pourrait considérer cet ovule comme
réduit au sac embryonnaire. M. D. Hooker n'a pu y découvrir ni chalaze,
ni raphé, ni ouverture quelconque. Plus tard l'ovule, remplissant tout
l'ovaire, adhère aux parois de celui-ci par son tégument membraneux, et il
forme alors une masse serrée et opaque de cellules hexagonales, cohérentes.
Le savant botaniste anglais regrette de n'avoir pu suivre le développement
de l'ovule dans les trois genres pourvus d'embryon et d'albumen, Sarcophyte,
Mijsf.ropetalun, Cynomorium; il dit seulement que leur albumen se forme
dans le sac embryonnaire.
\jxgraine^ toujours pendante, n'est pourvued'un embryon et d'un albumen
que dans les genres Cynomorium, Sarcophyte et Mystropetalon. Son test
extrêmement mince contracte une adhérence intime, mais non organique,
avec la paroi interne de l'endocarpe généralement crustacé. Dans la plupart
des genres la graine consiste uniquement en une masse cellulaire uniforme,
qui devient cornée à la maturité, surtout à l'extérieur. Les cellules de cet
embryon homogène sont anguleuses; leurs parois très épaisses sont transpa-
rentes, et leur petite cavité est remplie de granules de chlorophylle.
M. D. Hooker expose les opinions qui ont été publiées relativement au fruit
et à la graine des Balanophorées par MM. Richard, Endiicher, Goeppert,
Liebmann, Martius, surtout par M. Weddell, qui ne voit dans ces plantes
que des ovules nus et, par conséquent aussi, des graines nues.
IF. Affinités des Balanophorées (pp. 21-26). — Après avoir exposé la
place généralement très inférieure qui a été donnée à ce groupe de végétaux
par les botanistes, M. D. Hooker exprime et développe ses propres idées a
ce sujet. A ses yeux, ce sont des Exogènes dont les tiges diffèrent peu, quant
à leur structure, de celles des Ménispermées et d'autres Dicotylédones ano-
males. En outre, par les caractèi'es de leurs fleurs, ils se placent parmi les
Calyciflores epigynes, et leurs rapports les plus directs sont ceux qui les
rattachent aux Haloragées, particulièrement au genre Gunnera. L'auteur
expose en détail les faits qui lui semblent établir cette affinité.
ni. Classification des Balanophorées (pp. 26-27), — Le tableau que nous
reproduisons rend inutile tout détail à ce sujet.
216 SOCIÉTÉ LOi.VMQLK DE IHANCi:.
IV. Distribution gêogrnphique et variations (pp. 27-28). — La plupart
des Balaiiophorées sont des montagnes tropicales et subtropicales de l'Asie et
de IWniéiique méridionale. Certaines espèces s'élèvent jusqu'à 3050 mètres.
On n'a guère trouvé dans les forêts tropicales que le Balanophoi^a fangosa^
V Hclosis (juyanensis et le ThonninQia. Plusieurs se trouvent en dehors des
tropiques : ainsi le Cynoinoriinn atteint ^1" de latit. IN., en Europe; les
deux Mystropetalori et le Sarco/jlii/te habitent l'Afrique australe; Y Helosis
(juyanensis arrive Jusqu'à la P;ata; enfin le nord de l'Inde possède plusieurs
Balanophora et le Jîhopalocnemis. — Certaines Balanophorées ont une dif-
fusion géographique étendue, tandis que d'autres sont extrèniement locales.
Comme exemples des premièies, l'auteur cite leCynomoriuni coccineum, qui
s'étend des Canaries aux embouchures du Nil ; le Rhopalocnemis qui, de
27" de lat. N. dans leNépaul oriental, va jusqu'à Java, sous l'équateur; les
Balanophora dioica et fungosa; enfin le Langsdorffia hypogœa, qui a été
trouvé au Mexique par 18" lat. N. ,dans la Nouvelle-Grenade, à Rio-
Jaueiro et dans les Pampas, par 3^* lat. S. — Malgré l'espacement consi-
dérable des lieux dans lesquels on les a observées, ces dernières espèces
n'ont présenté aucune variation dans leurs caractères.
Nous terminerons cette analyse, a laquelle la haute importance du travail
de M. D. Hooker nous a déterminé a donner une assez grande étendue, en
reproduisant le tableau synoptique des Balanophorées, que nous abrége-
rons toutefois le plus possible.
Balanopliorcariiiu labnla synopfica.
Div. I. MONOSTYM Gril'i'. Styli 1.
§ 1. Stam. libéra. Semen embiyone et albumine inslructum.
A. IWystropctalcai.
Gen. I. Mystropetalon Harv. l'crian. fl. masc. 3-part., 2-labiatum,
segmentis valvatis, 2 anticis coni.aiis ; tl. faim, epigynum, campanul., 3 lob.
Stam. 3, segmentis periantliii opposita, iisq. inser. ; anth. extrorsis. Embr.
hiloproximus. — Pedunc. solit.,squamosus, Capitulum oblong., bisexuale;
florib. fa;m. inferiorib., masc. 3- hracteatis,
1. M. Polemanni Harv. ; Air. austr. — 2. M. Thomii Harv. ; Afr.
aust.
B. C^nomoriese.
Gen. II. CvNOMOiuuM Mich. Pcrian. utriusq sexus G-phyl. Sta)n. 1, in
fl. hermaph. epigyn. ; lilam. in fl. masc. basi stylo del'ormato suffultura ;
anth. intror. Embr. latcr. , hilo remotus. — Pedunc. solit. , squamos. Capii.
cylindricum. Flores 1-sexu., rarius 2-sex., masc. et fa;m. immixii ; bracteis
sparsis remotis.
1. C. coccineum AHch. ; Reg. médit., et 1ns. Fortun.
KEVUb; lUBLIOGKAPIlIQUK. 217
r
C. Sareophytt'j»'.
Gen. III. Saucophyte Sparrm. FI. dioi., masc. paniculati; periaii.
lobis 3, valvatis. Stum. 3, antli. multilocul., liboris. FI. faem. in capitulis
globos. arcte cohae rentes. Stigvia discoid., sess. — Rhizoma simplex,
lobatum. Pcdunc. nudus, lamis infloresc. primariis basi bracteatis.
1. S. sanguinea Sparrm.; Afr. aust.
§ II, Stam. connata. SQmen homogeneum?
D. Langsdorfficîe Endl. Pcrian. fl. fœm, tubulosum.
Gen. IV. LANGSDORFFrA Mart. ^Yflmmwm columna cava. Perian. fl. masc.
lobi 3, valvati, praîfloratione geiiitalia includentes. Anth. brèves. — Rhtz.
horiz., ramos. Pedunculi termin., squamis imbricatis tecti. Capit. 1-sexu.
1. L. hypogîea Rich. ; .\mer. trop. — 2. L. rubiginosa Wedd., MSS.;
Bras, et Guiana.
Gen. V. TaoNNiNGiA Vahl. Stam. colum. solida, infra médium squamis
2-6 aucta. Anth. lineares. — Habituset vegetatio Langsdorffise.
1 T. sanguinea Vahl; Afr. trop, occid.
E. Baianopiiorese. Periau. fl. faem. 0.
Gen. VI. Balanophora Forst. Perian. fl. masc. 3-6-phyl. Anth. extror.
Fl. fsem. pistilla bracteolis clavatis immixta v. pedicellis bractearum
inserta — Rhiz. tuberos. v. ramos. Pedunculi nudi v. squamosi. Capit.
1-sexu. V. 2-sexu. Fl. 1-sexu.
a. Pedunculi squamis in cupulam v. involucrum connatis.
1. B. involucrata n. sp. ?; Himalaya temperata.
(3. Pedunculi squam. alter. v. imbric. ; anth. 3-6 2-locul.
2. B. dioica R.Br. ; Ind. bor., Bengal., Blrma. — 3. B. elongataBlume;
JavaetPeninsuIaliid. or.— ^.B. indica Wall.; Penius. Ind. or. et Ceylona.
— 5. B. globosa Jungh. ; Java. — 6. B. fungosa Forst. ; Austr. trop, or.,
Nov. Hebrid. — 7. B. alutacea Jungh. 5 .Java et Philip.
y. Pedunculi squam. alter. v. imbric; anth. multilocul.
8. B. poiyandra Griff. ; Himal. or. et Khasia.
Div. H. DISTYLÎ Griff. Styli 2.
F. Lophophytese Endl. Stam. libéra.
Gen. VII. LopnoPHYTiiM Schott et Endl. FL secus ramulos pedunculi
mamillteformes apice obtusoscongesti, mamillis basi bracteis deciduis suf-
fulti. — Rhiz. crassum, superue squamis imbric. tectum. Pedunc. basi
nudus.
1. L. mirabile Scholt et Endl. ; Bras. —2. L bolivianum Wedd. ; Boliv.
— 3. L. Weddellii n. sp. ; Nova Granada.
Gen. VIII. Ombrophytum Poepp. et Endl. /^/ores secus pedicellos brac-
218 SOCIÉTÉ BOTANIQL'K DE FRANCE.
tear. peltatar. congestl. — Veget. et liabitus Lophophyti, sed squamte 0.
Pedunc. basi volva v. annulo circumdatus.
1. 0. peruvianum Poepp. et Kndl.; Boliv, et Peruv.
G. Helosidese Eiidl. Sfauh counata.
Gen. IX. ScYBAULiM Schottet Kndl. J{/iiz. tiibeios., lobatum, FI. pedun-
culis distinctis squamis imbiicatis tectis monoici. Capitula con\exoL v. pla-
niusc. Peiian. masc. 3-lob.
1. S. fungiforme Schott et Endl. ; Bras.
Gen. X. SpHiEROBHizoN nov. gen. Rliiz. tuberos., indivisuna. Pedunc.
solit., squamis decidiiis tectus. Capit. sphaBrica v. oblon. Perian. masc.
3- lob.
1. S. depressum nov. sp. ; Nova Granada.
Gen. XI. Phyllocorvne nov. pen. Jihiz. lobat. v. ramos. Pedunc. plu-
l'imis s(|uamis persistentib. subhexastiche iinbricalis tectus. Cdpif. cylin-
dracea v. oblon. Perian. mase. 3-iob.
1. P. jamaicensis (Cynomorium jamaicense Sw.); Jamaica.
Gen. XII. Rhopalocnemis .lungb. lihiz. tubtros., simpl. v. lobat.
Pedunc. pauci v. solit., basi annulo v. volva instructi. Capit. oblon. -cyliu-
draceum. Perian. masc. tubulosum.
1. R. phalloïdes .Tungb. ; Himal. tempcr. or., Khasia, Java.
Gen. XIII. (]orvn.4:a wowgi^n. Hhiz. tuberos., simpl. v. lobat. Pedunc.
solit. V. pauci, basi annulo v. volva obscura instructi. Capit. sphaer.
v. oblon. -eylindracea. Perian. masc. campanulatuni.
1. C. Classa n sp. ; Nova Granada. — 2. C. spbaerica n. sp.; Ibid. —
G. Purdiei n. sp. ; Peruv.
Gen. XIV. Helosis Rich. liliiz. cylindrac, ramos. Pedunc. plurirai,
midi v. basi v. niedio annulati. Capit. ovoidea, oblon. v, 9-lob. Perian.
masc. 3-part.
1. H, guyanensis Ricb. ; Amer. trop. — 2. H. niexicaua Liebm. ; Amer,
trop.
Dcr Befrnchtuugiïproecss ini l'ilauxeureicbc und sein
Vcrliaeltui.*!!» zu «lein im Tliierreiclic {La fécûndation dans
le règne végétal et ses rapports avec celle qui a lieu daiis le règne animal] ;
par M. I„ Uadikofer. In-8° de x et 97 pages, avec 3 tableaux syuopti-
^ ques. Leipzig; 1857. Chez Wilh. Engelmann.
Ce nouveau travail de M. Radikofer est une thèse écrite par lui pour ob-
tenir le titre de docteur dans la Faculté de philosophie de Munich.
Dans sa préface ce jeune savant fait ressortir toute l'importance que peut
avoir aujourd'hui un résumé concis de toutes les observations tant anciennes
HliVUK ItlHLKtGUAJMIKtli;. 21V)
que récentes auxquelles a donné lieu la fécondation dans les plantes, et il
dit qu'il croit être autorisé à la publication d'un semblable travail par les
études qu'il a faites lui-même sur ce sujet fondamentitl, études dont les lec-
teurs de ce liullctiu ont pu apprécier tout l'intcrèt (Voy. Bail, de la Soc.
bot. de France, 111, p. 123). Il divise son ouvrage en trois cbapitres d'é-
tendue inégale, subdivisés à leur tour en plusieurs paragraphes. — La pre-
mière partie (pp. 1-67) est relative à la reproduction régulière des végétaux
et aux organes par lesquels elle s'opère. Dans les six paragraphes qu'elle com-
prend l'auteur expose l'état actuel et l'historique de nos connaissances sur la
marche de la fécondation : 1° dans les Cliampignous ; 2" dans les Lichens ;
3° dans les Algues divisées en Algues d'eau douce, Fucoïdées, Floridées et
Cfinra; Zi"dans les Mousses ; 5° dans les Ptéridoïdes, c'est-à-dire dans les Fou-
gères comprises dans le sens le plus large du mot et renfermant les Fougères
proprement dites, les Equisétacées, les Uhizocarpées, les I ycopodiacées avec
les Isoétées ; 6° dans les Phanérogames considérées selon leur division en
Gymnospermes et IMono-Dicotylédons. M. Radikofer expose très succinc-
tement la fécondation des Phanérogames, puisque le texte qui s'y rapporte
équivaut seulement à trois pages de son livre ; mais il y ajoute une longue
note dans laquelle il résume les résultats consignés dans un grand nombre
d'écrits publiés pendant ces dernières années, et dans laquelle aussi il présente
les principaux faits que lui ont offerts ses obsei-vaiions récentes sur le Gui
relativement à l'existence des vésicules embryonaires dans l'intérieur du
sacembryonaire antérieurement à la fécondation. On se rappelle sans doute
que la préexistence de ces vésicules à l'acte fécondateur est le fait capital
que M. Radikofer s'était proposé d'établir dans son premier mémoire. —
Dans toute cette première partie de son ouvrage , ce savant a le soin de
citer en note les nombreux écrits relatifs à la fécondation dont il parie spé-
cialement ou auxquels il fait allusion dans son texte.
La seconde partie (pp. 68-83) est relative à l'acte intime de la féconda-
tion, que l'auteur considère d'abord dans les animaux, ensuite dans les Al-
gues d'eau douce et les Fucoïdes, dans les Mousses et les Fougères, dans les
Floridées, dans les Charagnes, enfin dans les Phanérogames. La consé-
quence finale à laquelle il est conduit, eu égard aux Phanérogames, est que
rien n'a prouvé jusqu'à ce jour qu'il y eût chez elles une coputition ou
conjugafion entre l'extrémité du tube pollinique et le sac embryonaire ;
que, d'un autre côté, la distance qui sépare ordinairement le bout du tube
pollinique de la vésicule embryonaire fécondée ne permet pas d'admettre
un passage direct de la substance fécondatite du premier à la matière qui
doit subir riulluence de celle-ci. Toutefois il reste établi, pense-t-il, que le
contenu du tube pollinique est l'analogue des spermatozoïdes, que la vési-
cule embryonaire est l'analogue de l'œuf; que dès lors l'acte de la féconda-
tion des Phanérogames correspond absolument à celui des Cryptogames et
220 SOCIÉTÉ BOTANIULli DE FKANCE.
à celui des animaux. — M. Radikofer s'occupe ensuite de la copulation dans
les Algues; enfin il expose ses idées sur la signification réelle et l'impor-
tance de la fécondation, moyen employé par la nature « pour conserver les
espèces dans leur complète intégrité, conformément au plan primitif d'or-
ganisation. »
A la page 77 se trouve une note assez importante pour que nous pensions
devoir la traduire ici en majeure partie. Elle est relative à la production
d'embryons sans fécondation préalable dans le Cœlebogijne ilicifolia, Eu-
phorbiacée dont il a été bien souvent question depuis la note de J. Smith
la concernant {Trans. of the Linn. Soc, XVIII, 1841, p. 509 etsuiv.).
Le Cœlebog]/ne, dont les fleurs mâles disposées en chaton n'existent en
Europe que dans l'herbier de M. Hooker, est cultivé à Kew en compagnie
d'un grand nombre d'autres Euphorbiacées. Dès lors on aurait pu admettre
la possibilité d'une hybridation. « Mais cette supposition devenait fort
peu admissible, dit l'auteur, par ce fait que les plantes de la troisième et
de la quatrième génération ressemblent parfaitement au pied-mère pri-
mitif. Elle n'était nullement corroborée par mon observation relative à un
grain de pollen sec que j'ai trouvé sur le stigmate d'un pistil fertile dont
j'ai fait l'examen, puisque cette observation est entièrement isolée. Je n'ai
pu trouver un boyau pollinique dans aucune partie de l'ovaire ni de l'ovule
du Cœlebogyne ; au contraire, dans d'autres Euphorbiacées prises par moi
pour une étude comparative je n'ai eu aucune peine à en voir un frag-
ment faisant encore saillie hors du mamelon nucellaire. Le sac embr3^o-
naire du Cœlebogyne encore jeune m'a montré trois vésicules embryouaires
appliquées contre la paroi interne de son extrémité supérieure. De ces vé-
sicules étaient provenus, dans les ovaires avancés, tantôt un, tantôt deux,
quelquefois même trois embryons. Les différentes phases du développement
de la vésicule embryonaire en embryon ressemblent parfaitement à celles
des autres Euphorbiacées. »
La troisième partie (pp. 87-96) de l'ouvrage de iM. Radikofer a pour objet
l'histoire des « différentes phases du développement dans le règne végétal. »
L'auteur y traite les sujets suivants : lo Génération alternante dans le
règne végétal ; 2° différentes manières de comprendre la notion de l'indi-
vidu dans les plantes supérieures ; 3° diversité de signification du mot spore;
h" génération alternante dans les Algues.
Les trois tableaux synoptiques qui terminent le livre présentent par co-
lonnes la correspondance des différents degrés de développement, des appa-
reils sexuels, des produits sexuels qui paraissent équivalents dans les di-
verses divisions du règne végétal et dans le règne animal.
ilénioirc pour servir à l'histoire undirclle de.s ^s^piiai-
g;nes [Siihagnum Lin.), par M. W.-Ph. Schimper {Mémoires présentés
ÎIKVCE lUBLlOORAl'HIQriî. 221
par divers savants à l'Académ'iv dus sciaticcs, XY, 1857. Tirage a part
en brochure in-^i" de 06 pages et 1k planches gravées sur cuivre).
Dans un avant-propos placé en tète de son mémoire, M. Schimper dit
que, désirant depuis longtemps compléter ses publications sur les Mousses
par une histoire monographique des Sphaignes, il a pu mettre son projet
à exécution dès l'instant où il est parvenu à cultiver dans des cages de verre
toutes les espèces européennes de ce genre, de manière à faire sur le vivant
les recherches variées qu'exigeait ce travail. Il ne présente du reste sa mo-
nographie que comme un premier essai d'une histoire naturelle des Sphai-
gnes, dans lequel il a réuni les résultats de ses propres observations aux
faits qui avaient été constatés jusqu'à lui dans l'étude de ces curieux
végétaux.
Le mémoire de M. Schimper est divisé en 7 parties dont voici l'indica-
tion : I. Historique (p. 3-12). — II. Système (p. 12-1^). — III. Morpho-
logie et anatomie (p. l/i-21). — IV. Plante parfaite (p. 21-29). — V. Ge-
nèse et structure anatomique (p. 29-57). — VI. Distribution géographique
des Sphaignes (p. 57-6U ). — VII. Description des Sphaignes d'f:urope
(p. 61-80). L'explication détaillée des 1k planches (p. 81-96) termine cet
important travail.
I. Un grand nombre de botanistes se sont occupés des Sphaignes, soit
pour en décrire les espèces, soit pour en étudier la structure et l'organisa-
tion. Le genre Sphagnum lui-même a été établi par Dillenius et adopté par
Linné ; mais il n'a été circonscrit dans ses limites actuelles qu'en 1780, par
Ehrhart. L'auteur énumère les travaux dont ce genre a été l'objet de la
part d'Hedwig, Bridel, Schwœgrichen, Palisot de Beauvois, Nées d'Esen-
beck et Hornschuch, Hegetschweiler, Fûrnrohr, C. Millier et W. Wilson,
qui en ont étudié et décrit les différentes espèces ; il rapporte les résultats
des recherches faites sur la structure de la tige et des feuilles des Sphaignes
par Moldenhawer dont M. H. Mohl a confirmé les assertions, par Meyen
qui est tombé dans « les erreurs les plus grossières, » par MM. C. Naegeli,
Schacht et Dozy. Il rappelle que Hedwig a bien figuré les Anthéridies et
le mode d'émission de leur contenu; que M. Fréd. Nées d'Esenbeck a vu
le premier le mouvement des anthérozoïdes qui a été nié plus tard par
MM. Fiirnrohr, Schleiden, et regardé comme un mouvement animal spon-
tané par M. Unger, aux yeux de qui les anthérozoïdes eux-mêmes n'ont
été qu'un animalcule, le Splrillam bryozoon; que M. G. ïhuret a découvert
les cils vibratiles de ces anthérozoïdes; enfin que M. Hofmeister a été le
premier à faire connaître l'organisation des archégones et le prothaliium
terrestre de ces Cryptogames.
II. « Du moment, dit M. Schimper, qu'on sépare les Hépatiques des
Mousses, il faut aussi en séparer les Sphaignes. » Pour lui ces derniers
forment une classe à part qu'il nomme Sphagmnœ, qui se place entre les
'222 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Hépatiques et les tMousses. Cette classe est rattachée d'un côté aux Hépa-
tiques par le mode de germination et la première évoluiion, par la forme
des fleurs et des organes floraux mâles, enfin par l'absence d'une véritable
coiffe; de l'autre aux Mousses par la capsule operculée, portée sur une
vaginule, munie d'une columclle, dépourvue d'élatères. Elle se distingue
des unes et des autres par la structure de la tige et des feuilles, par le mode
de ramification, par la vaginule discoïde, la coiffe imparfaite, l'organisation
extérieure de la capsule, enfin par les deux espèces de sporules.
III. Dans cette partie, l'auteur expose l'évolution des organes végétatifs
en 6 paragraphes relatifs aux Eporules, à la germination dans l'eau, k la
germination sur la terre humide, aux racines, à la tige, aux feuilles. Les
sporules destinées à germer naissent par U dans des cellules-mères; elles
sont grandes, en forme de tétraèdres déprimés, à vives arêtes. Leur surface
esl presque lisse, leur membrane externe mince recouvre une cellule
intérieure très délicate. — Lorsque les sporules germent dans l'eau, la
membrane sporulaire s'entr'ouvre à un angle pour laisser sortir la première
cellule proembryonaire ; elle persiste en coiffe sur le jeune germe souvent
jusqu'à ce que le proembryon soit entièrement développé. Selon que les
circonstances sont plus ou moins favorables à son développement, ce pro-
embryon reste filamenteux et se ramifie à l'infini, ou bien il forme, à un
ou plusieurs bouts de ramifications, des renflements celluleux ou sortes de
tubercules qui sont les commencements des jeunes plantes dont plusieurs
naissent aussi sur un seul proembryow. D'autres extrémités du proembryon
s'allongent en radicelles. Assez souvent plusieurs plantes naissent d'un seul
tubercule. Dès que l'évolution de la jeune plante a commencé, le proera-
bryon filamenteux disparaît-, enfin le tubercule générateur, qui forme un
bourrelet a la base de la plante, émet des radicelles très fines et hyalines.
— Quand la germination a lieu sur la terre humide, M. Hofmeister a vu
qu'il se forme un protballium foliacé semblable à celui des Prèles, qui se
ramifie en un grand nombre de lobes, sur lesquels se produit un bourrelet
d'abord demi-globuleux, ensuite cylindrique, commencement de la tige de
la jeune plante, sur laquelle de nouveaux bourrelets indiquent bientôt les
feuilles naissantes. Les bords des mêmes lobes sont garnis de filaments
simples ou rameux, a une seule file de cellules, qui rampent sur la terre, et
qui peuvent, en multipliant leurs cellules terminales, donner naissance à de
nouveaux prothalliums. L'évolution de la jeune plante se fait avec une
grande rapidité ; en même temps les racines s'allongent et se multiplient
beaucoup. Dès lors le protonéma, devenu inutile, ne tarde pas à disparaître.
— Les racines, inconnues jusqu'à ce jour dans les Sphaignes, n'y existent
que dans le premier âge et disparaissent ensuite complètement. Nées au
bas de la jeune lige a mesure que les filaments proembryonnaires dispa-
raissent, elles sont très fines, formées d'une seule série de cellules cylin-
RIÎVLK RIBLlOGliArniQUE. 22.'i
driqucs, parfiiiUMiu'ot hyalines; elles se bifurquent plusieurs l'ois. — l.a
tige est d'abord simple, dressée, très grêle, garnie de petites feuilles espa-
cées, qui avec l'cige grandissent graduellement pour arriver enfin a leurs
dimensions normales et a leur structure caractéristique. Klle ne développe sa
touffe coronale de feuilles qu'au bout de quatre ou cinq mois et lorsque la
plante devient a lulte. Le tissu cellulaire qui forme cette jeune tige offre,
comme plus tard, un .système périphérique ou cortical, un système ligneux
et un système médullaire. — Les premières feuilles sont pentastiques (2/5)
comme celles des plantes partaites. Elles consistent en quelques cellules
parenchymateuses qui contiennent peu de grains de chlorophylle, et qui
forment par leur juxtaposition des mailles en losange, d'un vert jaunâtre.
Dès la quatrième ou la cinquième l'euille, on voit à la base de l'organe des
cellules étroites, vertes, s'inlerealer entre les grandes cellules hyalines qui
perdent dès lors leur chlorophylle, et qui commencent à montrer les pre-
miers rudiments de fibres. Les feuilles formées un peu plus tard sont entiè-
rement composées de ces deux sortes de cellules.
IV. Dans cette partie, sous le titre général de Phénomènes végétatifs
extérieurs, M. Schimper étudie en h paragraphes: 1" la tige, 2° les
rameaux, 3° les feuilles, h" la couleur. — 1" La tige des Sphagmun, com-
plètement développée, forme un axe principal simple, à végétation termi-
nale indéfinie, et un grand nombre d'axes secondaires, stériles ou fertiles,
à végétation limitée annuelle. Elle est dichotome dans les plantes âgées,
par l'effet d'une innovation due a un jet latéral qui nait immédiatement
au-dessous du sommet, et qui commence un nouvel individu avec son
évolution particulière. L'innovation est périodique et se règle d'après
l'époque de la fructification. — Les rameaux, à l'exception de la branche
destinée à l'innovation, ont une végétation annuelle limitée. Ils sont en
partie stériles, en partie florifères. Quelquefois ils deviennent prolifères, et
alors ils donnent a leur extrémité amincie une jeune plante semblable à
celle qui nait d'une sporule, qui se détache de bonne heure et devient
indépendante. Sur U feuilles successives, on trouve toujours un rameau éloi-
gné de 3 feuilles du précédent, c'est-à-dire que 3 feuilles stériles alternent
régulièrement avec unequatriemequiestfertile.il en résulte que les insertions
des rameaux décrivent une spire marchant en sens opposé avec celle des
feuilles. Les rameaux latéraux des Sphaignes sont toujours fascicules, c'est-
à-dire divisés en branches dont le nombre varie de 3 à 7. Vers le sommet de
la tige, les rameaux se rapprochent en capitule, et ils s'espacent ensuite de
plus en plus vers le bas. Deux ou trois de leurs branches s'étalent horizon-
talement en arc, tandis que les autres descendent le long de la tige; il en
résulte pour ces végétaux une physionomie toute particulière. — Les feuilles
varient suivant leur place sur la plante, tant quant à la forme qu'au tissu
cellulaire. Les cauliuaires sont toujours très espacées, arrangées d'après
Tlli SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
2/5, souvent insérées obliquement dans le sens ascendant de la spire et
presque toujours réfléchies. Celles des branches écartées en arc sont très
rapprochées, surtout au milieu. Elles fournissent des caractères spécifiques
plus constants que ceux qu'on peut tirer des autres feuilles. La disposition
des feuilles raméales est moins constante que celle des feuilles de la tige,
mais toujours dérivée de 2/5. — La couleur des feuilles varie dans les
diverses espèces de Sphogmim du vert {S. squrirrosnm et cuspidotum) au
vert jaunâtre tendre {S. molluscmn), au jaune ferrugineux {S. contortum),
quelquefois même à diverses nuances de rouge {S. latifolium, acutifo^
Hum), etc.
V. La cinquième partie, consacrée à \a genèse et à la structure anatomique
des Sphaignes, est la plus étendue de toutes. Elle est divisée en deux cha-
pitres relatifs, l'un aux organes de végétation, l'autre aux organes de
reproduction. — La tige des Sphagnum se termine en cône, dont le sommet
est occupé par la cellule mère commune de toutes celles qui composent la
plante. Elle présente trois zones concentriques : 1° une enveloppe corticale,
formée de une à quatre couches de cellules hyalines, très grandes, presque
toujours percées de trous arrondis et bordés ; 2» un système ligneux formé
de cellules d'abord vertes, puis brunes, à parois souvent très épaisses, sans
contenu liquide; 3° un système ou corps médullaire composé de grandes
cellules à parois vertes, et assez épaisses, d'abord ponctuées, cessant de
l'être plus tard. — Le développement et la structure des feuilles des Spha-
gnum ont beaucoup occupé les botanistes; aussi ]\L Schimper se borne-t-il
à examiner à ce sujet quelques points restés en litige. Ainsi il établit que,
contrairement aux idées admises, elles ne naissent pas de la couche corti-
cale de la tige, mais de la couche cellulaire extérieure du cylindre ligneux
encore très jeune; qu'elles croissent par multiplication des cellules se conti-
nuant encore vers la base, quand elle a dt\jà cessé au sommet et à la base
même. Il expose aussi en détail la formation des deux sortes de cellules qui
composent la couche unique de ces feuilles, les unes étroites et oblongues,
renfermant de la chlorophylle, et formant un réseau dont chaque maille est
occupée par les autres qui sont grandes, vides, hyalines, percées de grands
pores et garnies de fibres spirales ou annulaires. — Le chapitre relatif à la
genèse et à la structure anatomique des organes de reproduction renferme
l'étude détaillée: 1° des fleurs mâles, c'est-à-dire des feuilles involucrales
ou périgoniales, des anthéridies, des anthérozoïdes, des paraphyses; 2° des
fleurs femelles; 3" de l'évolution du fruit considérée quant aux premiers
phénomènes, à l'origine et formation de la capsule et du sporange, à la for-
mation des sporules; /i°du fruit mûr présentant le périchèze, la vaginule,
la coiffe, la capsule, le sporange. On sent aisément que nous ne pourrions
condenseï- les faits nombreux [exposés daus ce chapitre sans dépasser les
limites d'une simple analyse.
lîKVii': mhLKUJKM'iiiQrr:. 225
VI. Les Spluiignes liabitcnt siirloiit les pnys tcmpéri's et froids. Leur
vraie patrie se trouve dans les parties septoiitrioiiales de riu-misplieie boi-éal,
où elles couvrent d'immenses siirfaees. Là elles préparent la voie à des
végétaux d'ordre plus élevé. Les espèces des terres antarctiques diffèrent
peu de celles des contrées arctiques ; mais il en est tout autrement de celles
des pays intertropicaux, qui, du reste, n'occupent qu'un rang très subor-
donné parmi les végétaux cellulaires de ces contrées, f.es Spharpida man-
quent dans les pays chauds, bien (|u'ils soient souvent humides, et par
suite les tourbières, pour lesquelles \çi Sphnignes sont la première condition
d'étabhssement, y manquent également.
VII. La partie du mémoire de M. Scliimper consacrée à la Description
des Sphaig7ïes d'Europe contient l'histoire complète des espèces suivantes:
1° Espèces à fleurs monoïques. 1. Sphayninn acutifolium Lhrii. (pi. 13 et
14); 2. S. fimbriatum^^'xhow (pi. 1.)); Z. S. cuspidatwin Dill. (pi. 16);
k. S. squarrosum Pers. (pi. 17); 5. ^. rigidiim JNees, Schimp. (pi. 18).
— 2° i"-spèces à fleurs dioïques. 6. S. cymbifolium Ehrh. (pi. 19, k, 5 et
12); 7. S. rubellum Wilson (pi. 20); 8. S. molluscum Bruch (pi. 21);
9. S. subsccundimi Nées et Hornsch. (pi, 22 et 23). — Sedis incertœ. 10.
S. auriculatum'^Qhim^. (pi. lU).
Les vingt-quatre planches qui accompagnent ce mémoire ont été gravées,
d'après les dessins de l'auteur, par mademoiselle Taillant, avec le talent que
tous les botanistes lui connaissent. Les douze premières sont consacrées à
l'étude morphologique et organographique des Sphaignes; les douze der-
nières représentent les espèces européennes de ce genre. Chacune de ces
deux séries ne renferme pas moins de 215 figures.
Beitraeg;e zui* Pilaiizeutcratolos;ie {Notes de tératologie vé"
gétale); par M. Albert Wigand {Flora du 7 décembre 1856, n" /!i5,
pp. 705-719, pi. VIII).
Dans cet article M. Albert Wigand a réuni un nombre considérable
d'observations qui se rattachent à diverses sortes de monstruosités et que
nous indiquerons dans l'ordre d'après lequel il les présente.
A. Fasciatiom. — Une tige û'JIesperis matronalis haute de 2 pieds et
demi a présenté une fasciation en lame épaisse d'une ligne et dont la largeur
arrivait jusqu'à 5 pouces, contournée en vis à tours serrés dans le haut et
couverte de cicatrices indiquant qu'elle avait été toute chargée de feuilles,
du reste abondamment florifère a son extrémité. — Sur le Crépis virens
l'auteur a observé une tige fasciée et en même temps dichotome, chargée
de feuilles sans ordre, et un autre pied à 3 tiges également faseiées, laini-
fiées par dichotomie, l'une d'elles contournée en vis, toutes chargées de
feuilles sans ordre. -— Une tige de Lactuca sativa était fasciée dans le bas,
T. IV. i:>
226 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
(lichotome dans le haut. — Le Fiitillaria imperialis, qui est sujet à dépa-
reilles monstruosités, en a présenté une en même tenips fasciée, dichotome
et en vis, a feuilles vigoureuses mais sans ordre et à fleurs mal développées.
a. Monstruosités de feuilles. — M. \\ igand cite une feuille de Trèfle à
6 folioles et des feuilles de Dipsacus fullonum a côte médiane et limbe bi-
partis.
C. Monstruosités d' inflorescences. — Sous ce rapport l'auteur men-
tionne un Trifoliumpratense, à enpitule fendu; un Tayetes patula dont le
capitule était dimidié; un Diyitalis lutea à lige partagée au sommet en 6-7
grappes; un Plantago major ayant la hampe chargée Jusqu'au haut de
feuilles de l'aisselle desquelles sortaient en partie de petits épis; un Maïs à
pauicule androgyne; enlin plusieurs pieds de Carex glauca sur les(|uels le
bas des épis femelles portait quelques épis latéraux qui sortaient des utri-
cules et dont les uns étaient femelles, taudis que d'autres étaient femelles au
bas, mâles dans le haut, que d'autres enfin étaient entièrement mâles.
D. Fleurs soudées ou Synanthies. — Une grappe de Polygonatum anceps
avait ses 2 fleurs du bas toutes les deux jumelles, avec un periantheà 12 lobes
et le tube partagé en deux par une cloison, 12 etamines et 2 ovaires, l'un à
U loges et 3 styles, l'autre à 2 loges et 2 styles. — • Une synanthie de Pedicu^
loris sylvatica, d'un grand intérêt, est décrite avec détails par l'auteur. Les
deux fleurs normalement adjacentes au sommet de l'epi étaient ici soudées
en une seule de la manière suivante. Au fond du calice commun se trouvaient
deux bractées opposées. Le calice présentait 8 dents profondément divisées
eu 2 lèvres, la supérieure de 5 dents, l'inférieure de 3 dents plus grandes.
La corolle monopétale avait le bas du tube divisé en deux par une cloison ;
son limbe formait 2 lèvres supérieures juxtaposées et en carène, chacune
avec 2 dents latérales, et 2 lèvres inférieures trilobées, placées l'une à
droite, l'autre à gauche, entre lesquelles se trouvait, au côté inférieur ou
antérieur de la fleur, un lobe lancéolé impair, dressé. Il existait 8 eta-
mines insérées à la même hauteur sur le tube de la corolle, h en arrière,
h en avant, lùdin le centre présentait 2 pistils bien distincts, situés i'un à
droite, l'autre à gauche, chacun à 2 loges latérales, accompagnés de 2 dis-
ques demi-circulaires situés à droite et à gauche. Evidemment il y a eu
dans ce cas soudure de 2 fleurs; mais M. Wigand pense qu'elle a dû
s'opérer de très bonne heure, lorsque le calice était seulement en voie de
formation et que tous les autres détails de la monstruosité ont été la con-
séquence de cette première soudure.
E. Cldorimthies. — M. ^Vigand en décrit plusieurs cas. Divers pieds
de Geum coccineum onl présente plusieurs fleurs dont le calice était noiinal;
dont les pétales normaux pour le nombre, la situation, la nervation, étaient
verts et plus ou nioins herbacés; dont les etamines avaient les anthères
vertes et sans pollen; enlin dont les pistils étaient très allongés, lubulés au
KEVUK BIlîLIOfMîAl'HIQlE. 227
bas, sans ovules, ouverts dans le haut en (.Mi)uchon, (bliaeés, a bords
dentés, et prolongés en pointe rcconi I)ée. D'autres (leurs avaient leurs or-
ganes déformés et ressenihlaienl a un laisceau de feuilles impaifaites em-
brassé par un ealice normal, — Une Tnlipa Gesnerinna avait les folioles
externes de son peiinntlie encore verticiliée , mais vertes à l'exception des
bords et presque seinl)la')les aux feuilles caulinaires. — Un Cerastiurn
{(/lutinosuiiii) avait des fleurs a verticilles externes peu altérés avec un
ovaire souvent divisé en 5 petites feuilles vertes. — Lin Gbjceria fluitans
avait un gros épillet formé d'un rachis en zigzag, chargé de 10 feuilles
alternes, longues de 1 et 1/2 à 2 pouces, embrassantes, planes en majeure
partie et pourvues d'une ligule vers le quart supérieur de leur longueur. Ce
fait semblerait prouver (jue c'est la gaine de la feuille qui forme les balles,
Les 2 feudles inférieures formées par la glume n avaient rien à leur ais-
selle. Les autres, correspondantes aux paillettes infei'ieures, y présentaient
un petit axe dont la feuille la plus basse, analogue a la paillette supérieure,
était sans ligule, hicarénée, quoique à plusieurs nervures, herbacée aux
2 côtés, violette entre les carènes, terminée par 2 pointes. Plus haut, sur ce
petit aXe, étaient 3 petites feuilles quelquefois nées au uiême niveau, lon-
gues de 1/2 pouce à 1 pouce, herbacées, en gaine dans le bas, avec une li-
gule au milieu et un limbe daiis le haut; en(in vena-ent une 5^ et même une
6* feuille, également à limbe séparé de la gaine par une ligule. Il était im-
possible de méconnaître dans ces dernières feuilles les étan)ines et le pistil.
La plante était attaquée par un Uredo. ■ — On trouve fort souvent des chlo-
ranthies de Juncm qui renferment en même temps une larve de mouche. —
Un Symphytum officinale avait une fleur dont la corolle verte accompagnait
un calice et des étamines à l'état normal avec un pistil dont l'ovaire grossi,
foliacé, était biioculaire, à 2 ovules par loge, et dont le style se divisait
inférieurement en deux branches formant chacune une saillie entre les
2 carpejles qui communiquaient librement entre eux dans l'intervalle.
Parmi les autres monstruosités décrites dans ce mémoire, nous mention-
nerons encore les suivantes : 1" Une fleur de Vinca herbacea avait son ovaire
fendu longitudinalement en deux ainsi que les deux tiers du style ; dans la
fente ainsi formée était logé un second pistil complet, mais dont les 2 car-
pelles croisaient ceux du premier. 2° Lue fleur de Gentiana amar el la oUraW.
une corolle à 6 lobes dont l'un dédouble en pétale intérieur; des étamines
transformées a divers degrés en pétales; au centre un petit pistil stipité, tout
a côté duquel se trouvait une seconde fleur plus monstrueuse encore^ en
effet, les lobes de sa corolle ét.iient en partie changés en anthères, tandis
que les étamines étaient devenues des pétales ; enfin son pistil, en entonnoir
dans sa moitié inférieure, formait au même niveau, dans sa moitié supé-
rieure, deux anthères presque sessiles et trois lobes linéaires, contournesau
sommet en tire-bouchou. 3° Une diaphysis d'Hypochœris rudicata daus la-
228 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE,
quelle de l'intérieur du tube de la corolle s'élevait une petite tête ovale,
stipitée, forniée de 2 folioles verles, ovales-lancéolées, opposées, l'une anté-
rieure, l'autre postérieure, représentant les 2 carpelles, tandis qu'entre ceux-
ci se trouvait un petit ljonrp;eon dû à l'ovule transformé. W Des fleurs de
Centranthusmacrosip/ion Boiss. dans lesquelles l'ovaire infère avait disparu et
était remplacé par un simple pédoncule Au lieu du bourrelet circulaire de
la fleur norniale, dont les dents s'allongennt finissent par former l'aigrette,
il existait là une couronne de 9-12 petites folioles verles, lancéolées, en-
tières, réunies entre elles par le bas et en entonnoir d'une faible longueur.
BOTANIQUE DESCRIPTIVE.
Catalog;iie raisonné des plantes vasculaires du départe-
ment deTAnbc, par M. J. R. Bourguignat, 1" volume, in-S" de VIII
et 18i pages. Paris, 1856.
Ce catalogue parait devoir être assez étendu puisque le premier volume,
publié au mois de juillet 1856, ne renferme que les familles suivantes : Re-
nonculacées, Berbéridées, Nympbéacées, Papavéracées, Fumariacées, Cru-
cifères, Resédacées, Cistinées, Violariées, Droséracées, Polygalées, Caryo-
phyllées, Élatinées, Linacées, Malvacées, Tiliacées, Hypéricinées, Acérinées,
Hippocastanées, Ampélidées, Géraniacées, O.xalidées, Célastrinées, Rham-
nées, Papillonacées, Onagraires. — Pour cbaque espèce l'auteur donne, à
la suite du nom adopté, la synonymie, principalement de MM. Lorey etDu-
ret, Cosson et Germain, Grenier et Godron, Boreau. Il indique les nonos
vulgaires, l'époque de la floraison, le degré de fréquence ou de rareté, la
durée; enfin, avec beaucoup de détails, les localités. La série de familles
que nous avons indiquée montre que l'auteur suit l'ordre de de Candolle.
Flora lirasiliensis, sivc enunieratio plantarnin in Bra-
.silia liaetenus tietectaruni (juas... edidit Carolus Frid. Phil. de
Martius. Fasciculus XIX et XX, editus 28 m. februarii 1857, et fasci-
culi XVIII pars 1 édita 15 maii 1857. In-fol. Leipzig.
La publication de la Flore du Brésil^ de M. de Martius, a été notable-
ment activée depuis quelque temps. On a pu voir dans un article antérieur
Ag CQ Bulletin [Bull, de la Soc. bot. de France, III, pp. 370-372) l'in-
dication des divers fascicules de ce grand ouvrage qui avaient été publiés
jusqu'au mois de mars 1856, ainsi que la date à laquelle chacun d'eux avait
paru. Or, depuis le commencement de 1857, deux nouveaux fascicules
sont venus s'ajouter aux premiers, à trois mois seulement d'intervalle l'un
de l'autre. Nous indiquerons en peu de mots les familles qui sont traitées
dans l'un et l'autre.
RKVC'K IJIBLlOGKAI'HigUE. 229
Le fascicule (jui porte les luiincros XIX et XX, date du 28 février 1857,
reui'erme : 1° les CorJiacées (p. 1-28), les Ileliotropiées (p. 30-60), les Bor-
raginées (p. ôl-G^i) traitées par M. Georges Freseiiius et accompagnées de
13 planclies^ 2" les Lacistémées (p. 270 -288), dont l'histoire est due à
M. Adalbert Scliniziein et qu'accompagnent 5 planches; les Monimiacées
(p. 290-328) monograpliiées par M. L. l\. Tulasne, qui a joint 5 planches
à son travail.
La première partie du fascicule XVIH, datée du 15 mai 1857, forme un
véritable volume occupe en entier par l'histoire des Myrtacées (p. 1-668)
écrite par iM. Otto Berg. A ce travail sont jointes 35 planches, dont les sept
premières renferment 166 ligures de feuilles obtenues par le procédé de
l'impression naturelle. Celles-ci sont suivies de deux planches sur lesquelles
M. Otto Berg a représenté l'orgauogénie de la fleur du Grenadier par des
figures tellement grossies qu'on y voit entre autres une coupe transversale
d'anthère large de plus d'un décimètre, une coupe d'ovule longue de huit
centimètres, la section longitudinale d'un bouton de fleur qui n'a pas moins
de vingt-cinq centimètres de longueur. Toutes les autres planches sont con-
sacrées aux figures de plantes, avec des détails analytiques très bien gravés
sur pierre,
La quantité d'espèces nouvelles décrites dans ces deux nouveaux cahiers
de la Flore du Brésil est tellement considérable, qu'il nous est impossible
d'en présenter ici le relevé. Au fascicule XVIII est jointe une grande carte
du Brésil gravée suc pierre sur laquelle on a tracé l'itinéraire suivi par les
divers botanistes qui ont exécuté de grands voyages dans ces vastes con-
trées, savoir: Ruiz et Pavon, 1778-1788; Velloso, en 1780-90; M. de
Humboldt, en 1799-1806; f^.At Langsdoriï, en 1803, 1816-1829; Guil.de
Eschwege, en 1810-1821; Sellow, de 1815 à 1829; le prince Maxim, de
Neuvvied, eu 1815-1817; Aug. Saint-Hilaire, 1816-1822; MM. Spix et
Martius, 1817-1820; Mikan et Schott, 1817-1818; Thad. Haenke, 1790-
1817 ; M. Pohl, 1817-1821 ; Natterer, 1817-1832 ; M. Poeppig, 1827-1832 ;
M. H.-R. Schomburgk, 1835-1839; Gardner, 1861-1866; le prince Adal-
bert de Bavière, 1862-1863; MM. Weddell et Casteinau , 1863-1868;
M. Weddell, 1851; M. R. Spruce, depuis 1869; M. Alcide d'Orbiguy,
1826-1833.
Kotes ou soine rare aiitl little-kiioi^i'M Plantât of lladeira
{Notes sur quelques plantes rares ou peu connues de Madère, par M, James
Yate Johnson, Hookers Journal ofbotany, cah. de juin 1857, p. 161-165).
Le principal fait énoncé dans cette lettre à M. W. Hooker consiste dans
la découverte faite l'été dernier, par M. J. M. Mouiz, du Visnea Mocanera
L. fil., qu'on regardait jusqu'à présent comme propre aux îles Canaries. Cet
arbre croit assez abondamment dans le nord de Madère ; mais ou ne l'y voit
'2'M> SOCIÉTÉ BOlAMULb; l)K l-HAALt:.
guère en tUiii' parce que les habitants le mettent comme en coupe réglée
pour en donner les branches aux bestiaux. Or, !^es jeunes feuilles ressem-
blent tellement à celles du Cntha cassino/des W eb!), qu'on l'a sans doute
toujours pris pour celui-ci. Ce n'est que lorsqu'il croit sur des rochers à peu
près inaccessibles qu'il peut prendre tout son développement de manière à
fleurir et fructifier. >!. Johnson en a fait une étude approfondie par suite
de laquelle il lui assigne dans la méthode une place différente de celle qu'on
avait proposée pour lui jusqu'à ce jour. Endiicher l'a rangé parmi les
ïernstroemiacées ; mais plus tard, dans le second supplément de son Gênera,
il s'est montre disposé a le rapporter aux Ebénacées. Sa première manière
de voir a été sui\ie par INIM. Webb, Lindiey, etc. M. Johnson peu'-equela
place réelle de ce genre se trouve parmi les Ericacées, tout à côte des Cle-
thra. Il trouve que le Visnea Mocanera ressemble au Clethra arborea Ail. :
par son calice persistant 5-fide; par sa corolle marcescente à 5 sédiments
légèrement soudés entre eux à la base et en préfloraison imbriquée; par ses
anthères à k loges inappendiculées, mais en cœur à la base etacuminées au
sommet; par son ovaire ovoïde, hérissé, à 3 loges, avec les ovules pen-
dants, et avec le style profondément trifide; par sou fruit capsulaire; par
son volumineux al!)umen ciiarnu entourant i'embiyon ; enfin, par sescoty-^
lédons petits et sa radicule dirigée près du hile. Par sa structure le liois du
Visnea ressemble extrêmement a celui du Clethra; on peut ajouter que les
feuilles de l'un et de l'autre sont dépourvues de stipules et que leurs pédon-
cules portent des bractées. L'auteur dit aussi que le Visnea forme un nou-
veau trait d'union entre les Éiicacées et les Vacciniacées.
M. Mason a trouvé sur les montagnes de Madère le Lycopodiuni compla-
natum, plante de l'Europe moyemu- et des Acores, et Vffi/metio/j/vjHum uni-
latérale Willd., des Canaries. Par la découverte de ce dernier les espèces
de Fougères canai'iennes iu)n retrouvées à Madère sont icduites a trois, et
celles des Açores qu'on n'a pas encore rencontrées à Madère ne sont plus
quau nombre de deux.
A propos de la note de M. I.owe sur des plantes de Madère (voy. Bull,
de la Soc. bot., III, p. 629-630), M. Johnson fait observer que les plantes
décrites par ce botaniste sous les noms de Pedrosia Purtosantana Lowe et
P. florida Lowe avaient été décrites par Wehb sous les noms de lotus
Loiveonus {Phyt. can., \, p. 87^ et Z. sessilifulius DC. {Phyt. can., II,
p. 85, tab. 60).
11 dit aussi que la Campanulacée décrite par M. Lowe sous le nom de
Musschia? iro/Ms/or// appartient bien réellement au genre Musschia. C'est
une très belle piante moins rare a iMadère que ne le supposait M. Lowe, et
qui atteint jusqu'à deux mètres de hauteur.
Enfin M. Johnson constate la spontanéité parfaite dans l'ilede Madère du
Tainnusedulis Lowe et du Prunus lusitunica.
ui:vi i; I5ii{|,i(h;»ai'hiui'i;. ''^•'^1
Ou tlic K'Hlêniie ol" *io«tli-AI'rî<^a [Sur le Palmite de i' Afrique,
australe^; par M. W. .T. Hooker {Hooher's Journ. of bot., cah. de
juin 1857, p. 173-175, pi. IV).
Le Palniitc. Palmiet ou Palmel, comme l'appellent les habitants de
l'Afrique australe, est le Prioulum Pulm'Ua de K. Meyer, qui l'a très bien
décrit [Linuœa, VIF, p. 131), le Juncus sermtus Thunb., Willd., Uoem. et
Scbult., VAcorusPabnita Lichfenst. C'est une plante dont tous les carac-
tères font un vrai Juncus, à cela près que ses stigmates sont sessiles; mais
qui se distini^ue par un port tout a fait spécial parmi les Joncées. Il res-
semble en effet à diverses Broméliacées, de telle sorte que Burchell dit
qu'on peut se faire une bonne idée de l'effet que produisent les rivières ra-
pides de l'Afrique australe, dont il remplit entièrement le lit, en se figurant
un nombre immense de pieds d'Ananas sans fructification serrés les uns
contre les autres. Ses ti^es, qui s'élèvent du fond de l'eau, ont la grosseur
du bras d'un homme, sont noires, généralement simples, formées d'un tissu
résistant et spongieux, La partie inférieure des vieilles feuilles, dépouillée
de l'épidernie et du parenchyme, fournit en quantité des fibres fortes et
grossières qu'il suftit de réunir en paquets pour en faire de fortes brosses et
de bons balais. Le reste des feuilles renferme des fibres plus longues et
beaucoup plus fines dont M. Hooker présume qu'on pourrait tirer un bon
parti. Or, s'il en était ainsi, l'abondance de la plante dans l'Afrique australe
fournirait des ressources importantes pour ce pays.
Aux caractères assignés par E. Meyer a son Prionium, M. J. D. Hooker,
dans une note qui précède l'article de son père, ajoute que les ovules sont
insérés au-dessous du milieu des loges; que les graines sont solitaires dans
leur loge, ascendantes, pourvues d'un test celluleuxet lâche, d'un albumen
charnu et d'un embryon en massue, qui occupe de la moitié à presque la
totalité de l'axe de l'albumen.
r Nouvelles recberclies $»ur le<^ caractèrcsi spécifiqnes et
les variétés «les plantes dw gcaire CMCtf t '©«f « ,• par M. Ch.
Naudin [Annal, des se. natur., h^ série, VI, 185(3, pp. 5-73, pi. 1-3).
Les écrits relatifs à la classification des espèces et variétés de plantes
cultivées ont un tel intérêt, qu'on ne saurait trop applaudir aux efforts des
botanistes qui ne se laissent pas rebuter par les difficultésinhérentes à cegenre
de travaux. Sous ce rapport M. Naudin vient de rendre un véritable ser-
vice à la science en jetant un nouveau jour sur les espèces et les variétés de
plantes du genre Cucurbita au sujet desquelles les différents auteurs qui
s'en étaient occupés jusqu'à ce jour avaient émis des opinions entièrement
divergentes, et en formant pour cet objet au Muséum, avec le concours de
232 SOCIÉTÉ lîOTANigUK DE FKANCE.
M. Deeaisne., la collection la plus riche de sujets vivants (plus de 1,200)
qu'on soit encore parvenu à réunir.
I.e mémoire dans lequel il expose les résultats de ses nombreuses obser-
vations est divisé en trois sections que nous essayerons de résumer, la pre-
mière et la dernière très succinctement, la seconde avec un peu plus de
développement.
I. Résumé des travaux monographiques qui ont eu pour objet le genre
Cucurbita. — En 1762, dans son Species, Linné admettait cinq espèces de
Cucurbita, dont trois seulement appartenaient réellement à ce genre;
celles-ci étaient : le C. Pepo, amalgame de deux et peut-être de trois espèces
distinctes; les C. verrucosa et Melopepo, simples variétés d'une des espèces
confondues sous le nom de C. Pcpo. — Koeireuter, se basant sur ses expé-
riences d'hybridation, pensait que toutes les Courges connues de lui ne for-
maient qu'une espèce. — ^Yilldeno^v adopta les espèces de Linné, et il en
sépara deux formes secondaires qu'il nomma Cucurbita subverrucosa et
C. aurantia. — Duchesne, avec une rare sagacité et à la suite de longues re-
cherches, fit abstraction de tout ce qui avait été écrit avant lui. Il reconnut
que le C. Pepo L. contenait plus d'une espèce et que d'autres plantes décrites
comme des espèces n'étaient que des variétés peu stables. Il divisa toutes les
Courc^es en deux grandes espèces : 1° les Potirons ou son Cucurbita maxima,
2° les Pépons ou son C. Pepo, subdivisé en Mélonées ou Courges musquées
[C. Pepo moschata) et Pépon polymorphe (C. Pepo polymorpha).l\ n'y au-
rait eu presque rien à modifier a i-oa travail, dit M. Naudin, si, au lieu de
rattacher le groupe des Mélonées aux Pépons, il en eût fait dès l'abord une
espèce totalement distincte. — :M Naudin critique comme défectueux les
travaux de M. Serluge, qui admettait d'abord huit espèces de Cucurbita et
qui plus récemment a porté ce nombre à vingt ; celui de Metzger qui réunis-
sait toutes ces plantes sous la seule dénomination de C. Pepo; enfin celui
de M. Roemer pour qui les Cucurbita ne forment pas moins de 31 espèces
rattachées à 3 sous-genres.
IL Description comparative des espèces du genre Cucurbita et de leurs
principales variétés. — On ne connait aujourd'hui avec certitude que 6 es-
pèces de Cucurbita: C. maxima, Pepo, moschata, melanosperma, perennis
(itdigitata. La dernière n'existe pas dans les jardins; les 3 premières sont
alimentaires et cultivées depuis longtemps ; leur patrie est inconnue. C'est
d'elles surtout (ju'il est question dans le mémoire de M. Naudin.
1. €ucurbha maxima Duch. in Lamk. , Encyc, Il {C. Pepo,
var. «, L.\ Cette espèce, vulgairement nommée Potiron, est caractérisée
par la diagnose suivante que nous reproduisons de même que les suivantes :
C. annua; caulibus subteretibus repentibus ; foliis reniformibus S-lob.,
lobis rotundatis, siuubus inter lobos subuullis, peliolor. pilis aequalib. as-
REVITK RIRLIOGRAl'HIQUI-:. 233
péris non autem punfiontil).; pcdunc. floiifens(masc. fœni. q.) tcretib.; ca-
lycis tuboobcoDicoiumquam sub insertione corolljecoiistricto, sepal. linear.
filiforiTiib. interdiimq. aboitientib.; pedunculo tVuctifero crasso suberoso
striato nunquam vere sulcato; piilpa fructus vix aut minime fibrosa ; pla-
centis spongiosis nec facile deli(|uescentibus.
Les fruits des Potirons sont généralement de grande ou moyenne taille ;
souvent ils ont le volume de la tête ; ils atteignent jusqu'à 60 à 80 cent, de
diamètre transversal, ou même plus ; mais alors ils ont une grande cavité
qui en diminue beaucoup le poids. Leur forme typique et la plus ordinaire
est celle d'uue sphère déprimée ; mais elle devient dans quelques cas obo-
voïde ou même cylindrique. Leur cbair^ est fine, à peine filandreuse, ja-
mais rouge. Les placentas sont spongieux, pâteux lorsqu'on les malaxe
entre les doigts, mais jamais déliquescents ; aussi les graines y adhèrent-elles
plus que dans les Pépons. Les graines sont grandes (20-2Zi mm. sur
12-14 mm.), ovales, bordées ou non, d'une couleur qui varie du blanc pur
au fauve basané. Cette espèce est la seule où certaines variétés présentent
les carpelles en saillie hors de la cupule réceptaculaire. Ce caractère en fait
diviser toutes les variétés en 2 groupes.
A. Potirons couronnés ou Turbans, à carpelles saillants [Cucurbita cly-
peiformis J. Bauh. C. Melopepo Pî^ocl. , III, pro parle. Pileocalyx elegans
Gaspar.). — Ce groupe renferme : 1° le Turban rouge avec les sous-variétés
Turban étranglé ^ petits Turbaiis rouge et vert; 2° le Turban nouveau du
Brésil.
B. Potirons simples ou sans couronne {Cucurbita maxima Ducb. C.Farinœ,
Mozzetti).Les 3 premières variétés parmi les suivantes offrent un faible reste
de couronne ; les autres en sont complètement dépourvues. 1. Petit Potiron
plat. 2. Potiron à œil vert. 3. Potiron ou Courge marron, li. Potiron ou
Courge châtaigne. 5. Potiron ou Courge de Californie. 6. Potiron maraîcher
ou jaune gros de Hollande. 7. Gros Potiron gris. 8. Potiron lisse. 9. Potiron
de Corfou. 10. Grand Potiron b!anc de Naples. 11. Petit Potiron blanc de
Constantinople. 12. Potiron musqué. 13. Potiron pain du pauvre. \U. Po-
tiron messinais ou Courge de Messine. 15. Potiron de Farina. 16. Potiron
ou Courge de l'Ohio. 17. Potiron Malamoco. 18. Potiron ou Courge de
Valparaiso. 19. Potiron gris de Virginie. 20. Potiron Hahre Estambouli.
2. Cucurbita Pepo DC. {C. Pepo polymorpha et C. pyxidaris Ducb.,
C. verrucosa et C. ovifera L., C. aurantia Willd.)
C. caulib. nunc longis repentib,, nunc sed infrequentius abbreviatis et
erectis, angulatis sulcatisq.-, folior. lobis haud rarolobulatis ; pilis petiolor.
nervor.q. in pagina infer. folii rigidulis, fere aculeiformib. et ssepe pun-
gentib.; pedunc. florum omnium obtuse pentagonis ; calycis masculor.
tubo campanul. , sub insertione corollae Donnihil constricto, deutib, subu-
2'6ll SOCIETE BUIAMULE DK 1 HAISCE.
latis ; pedunc. friictifero sœpitis lip;noso, polyedro siilcisq. inter costas vali-
das interjectis cxai'ato ; pulpa IVuetus (ihrosa ; placentis facile deliques-
centib.
Cette plante est extrêmement polymorphe non-seulement pour les fruits,
noais encore pour le feuillage et pour tout le port. Cependant la chair de ses
fruits présente un caractère constant qui la distingue, au premier coup
d'oeil, de celle de l'espèce précédente: elle est presque entièrement com-
posée de grosses iilandres transversales, en plexus serré, qui sert d'appui aux
placentas, et que la cuisson ne fait pas entièrement disparaître. M. jNaudin
en divise les nombreuses variétés en 7 «iroupts bien plus artificiels, dit-il,
que naturels, distingués d'après la forme des fruits et un peu aussi d'après
leur volume, et dont voici l'indication.
1° Les Courqernns, a fruits sphériques, plus ou moins déprimés, ayant
de 20 a 30 cent, de diamètre transversal. 1. Courgeron de Genève (C. cour-
gerû Seiinj^c). 2. Courgeron ou Courge de Maroc.
2° Citrouilles proprement dites, a fruits gros ou moyens, lisses ou verru-
queux, ovoides, obovoïdes ou elliptiques. 1. Grande Citrouille verruqueuse.
2. Citrouille de Touraine. 3. Citrouille longue d'Kspagne. U. Citrouille su-
crièredu Brésil.
3° Giraumons, à fruits au moins deux fois plus longs qu'épais, tantôt
ohovdïdes-allongés, tantôt cylindriques, lisses ou verruqueux, quelquefois
ayant de grosses cannelures longitudinales et souvent 5-10 rides rayon-
nantes auiour du pédi)i»cule. 1. Giraumon de Paiagonie ou Courge des
Parafons (C des Patagoiis imire ; C. des Patagons blanche ; G. verte de
>lar>eille). 2. Giraumon Cnucourzelle ou Couige longue d'Italie. 3. Courge
à la moelle, Vegetoble Mnrrow des Anglais. Zi. Courge de Larnaca. 5. Courge
de Barbarie. 6. Courge blanche très allongée. 7. Peliie Courge bicolore.
8. Courge Poik. 9. Courge cou-tors ou Crook-neck des Américains.
W Pùtissons ; iiroupe très vaguement deliui : Tige courte et dressée;
feuillage grand et développé ; fruits petits ou tout au plus moyens, géné-
ralement déprimés, quelquefois a peu près sphériques, avec ou sans côtes,
le plus souvent lisses, jamais entoiwés d'une coque ligneuse. 1. Pâtisson
proprement dit ou Artichaut d'Espagne, ou Uonnet d'électeur ou Arbouse
d'Astrakhan. 2. Pâtisson vert a côtes. 3. Grand Pâtisson coureur.
^° Oranyinou Courge orangine. C'est la variété la plus stable parmi les
Pépons. Plante toujours coureuse; feuillage plutôt à 3 qu'à 5 lobes, com-
parativement petit et peu découpé, à lobes assez obtus; fruits petits, à peu
près sphériques, lisses, d'un orangé un peu rougeâtre, à coque mince et
assez ferme, à chair fade, lilandreuse et jaunâtre.
6° Barbarines. Groupe indécis et arbitraire, réunissant les innombrables
et inconstantes variétés de Courges d'ornement nommées Fausses Colo-
quintes. Plantes coureuses, a feuilles presque toujours très découpées.
llKVn: BlKLIOGUAI'UKjLK. 'iS'^
I A' II rs fruits rcpioduisont toutes les lonues connues do Pj'pons. (■ Il est im-
possible, (lit M. i\au(liu, de sijinalef des variétés voritabieniont stables dans
ce groupe, et il serait Inutde de décrire celles (|ui naissent tous Icsans dans
les jardins d'amateurs, ordinairement pour disparaître l'année suivante.'»
7° Coloquinelles et Cougourdettes, répondant tant bien (|ue mal aux f'u-
curbita ovifera, pyxidaris et pyrifomm. Plantes coureuses, à feuilles tiès
découpées, h petites fleur>. Fruits petits, pyril'ormes, ovoïdes ou pres(|ue
spbériques, lisses, unicolores ou bariolés de biane, de jaune et de vert, sur
un pédoncule souvent allongé. 1. Coloquinelle ovilorme. 2. Cougourdette
proprement dite.
3. Cucurbita uioseiiata Diu'b. [C. moschalu et C. hippopern Serin.
C. macrocarpa, Gaspar.), vulgairement (Courge musquée; C. muscade,
Mélonée ; C. berbère ou bédouine.
C. annua; caulib. repentib., rarissime abbreviatis, subteretib.; foliis pro
génère mollib. , intense vjridib., frequentissime albo-marmoratis, lobissinu-
busq. acutis (in quibusdam varietiilib. rolund;itis) : pilis piliolor. uervor.
q. nunquam pungenlib. ; llorum masc. pedunculis birsutis, subteretib. te-
retib ve; calycis tubo breviss. aut fere nulio, sep, linearib. planis. apice
ut plurimum dilatato-foliac. aut lobalis; fœm. pedunculis pentnedris ;
fruct. maturis pulvere tenuissimo glaucescentib.; pulpa vix librosa; pla-
centis facile deliquescentib.
Encore généralement confondu avec les Potirons et les Pépons. Ses
fruits sont le plus commu(»ément d'un vert noirâtre, qui passe plus ou
moins au jaune orangé; leur chair, a peine (ibindreuse, se rapproche lieau-
coup plus de celle des Potirons que de celle des Pepons, et elle varie du
Jaune pâle, au rouge de sang. Les grains, d'un blanc sale, ont un rebord
saillant plus colore. Ces plantes exigent plus de chaleur (|ue les précé-
dentes. 1. Melonée ou Courge nmseade des Marseillais (Courge de Chine;
Courge de Madagascar). 2. Courge berbère. 3. Grande Courge pleine.
h. Cucurbîta melanosperma Al. Braun. Vulg. Courge OU Melon de
Siam.
C. annua; caulib. gracillb., longe repentib.; fol. 5-lob. , lobis sinub.q.
rotundatis; fruct. rotundato-ovoid., aibo marmoratis, plenis, cortice sub-
liunoso tectis ; carne dulci, alba, fibrosa; semin. nigricantib. aut etiam
nigerruïiis.
Cette espèce est connue en Kurope depuis le commencement de ce siècle.
Elle vient probablement de l'Asie méridionale. Klle n'a donné encore aucune
variété. Ses fruits sont de la grosseur de la tête ; leur chair est très blanche,
très fine et tendre lorsqu'ils sont jeunes, dure et lîlandreuse à leur maturité.
5. Cucurhita perennis Asa Grav.
C. radiée perenuante, crassa, dauciformi caulib. aunuis. longiss.,scan-
236 SOCIÉTÉ HOTAMQUE UE FRANCE.
dentib. ; fol. triangularib., oblus., integris ; oorol. aurantiaeis, violam redo-
lentib.; fructib. pai-\is, sphœiicis obovoid.ve, pulpafibrosa amaiissima.
Indigène du Texas et de la Californie, la Courge vivace végète et fructifie
en plein air à Paris. C'est une plante d'ornement encore peu connue,
6. Cucnrbita digitata Asa Gray. — Cette espèce du Nouveau-Mexique
n'est connue encore que par la diagnose que M. Asa Gray en a donnée.
M. Naudin signale ensuite les plantes qu'on a rapportées aux Cucnrbita,
dont les descriptions publiées ne permettent pas même de décider si elles
rentrent bien réellement dans ce genre.
ni. Essais (V hybridation entre les différentes espèces de Courges. — Les
nombreux essais que M. INaudin a faits pour féconder l'une par l'autre les
différentes espèces de Courges avaient un grand intérêt, puisqu'on regarde
généralement ces plantes comme pouvant aisément se féconder entre elles.
Or les résultats en ont été tels, qu'ils l'ont conduit à penser qu'il n'existe
aujourd'hui aucun hybride de ces plantes. 1" Sur 8 fleurs de Potiron fé-
condées avec des pollens d'autres espèces, il n'y en a eu qu'une dont l'ovaire
ait pris quelque accroissement sans mûrir. 2° Sur 32 fécondations hybrides
de Cucurbita Pepo deux seulement ont amené la production de fruits bien
conformés, qui ont mûri, mais dans lesquels il n'existait aucune graine em-
bryonée. 3" Deux expériences faites sur le Cucurbita moscliata sont restées
sans résultat. h° Sur 13 fleurs de Cucurbita melanospermn fécondées avec
un pollen étranger, deux ont produit des fruits qui ont mûri, mais dont les
graines étaient vides ou incomplètement formées et non susceptibles de
germer. 5° Trois expériences tentées sur le Cucurbita perennis n'ont amené
aucun résultat.
L'explication de la planche 3 contient l'énoncé de ce fait extrêmement
remarquable, que des graines prises dans les fruits de Cucurbita Pepo qu'un
même pied avait produits en 1855 ont donné en 1856 quinze pieds dont les
fruits ont offert les surprenantes variations de forme et de grosseur que
montrent les 15 figures de cette planche.
On irofo»i#«rf«»fM»5 a ncw ^cuuis of IiCg;uniiuos»e, froiii
Ife^v-Xcalau«l {Stir le Notospartiura, nouveau genre de Légumi-
neuses de la Nouvelle-Zélande)-^ par M. J. D. Hooker {Hooker's Journ.
ofbot., cah. de juin 1857, p. 176-177, pi. III).
Le nom donné à ce nouveau genre signifie Spartium austral. Ses princi-
paux caractères sont un calice campanule, tronqué, à 5 dents; une corolle
dont l'étendard est obovale-obcordé, sans callosités ni oreillettes, dont les
ailes linéaires-oblougues portent d'un côté une oreillette incurvée, dont la
carène plus longue que les ailes, dolabriforme, a ses 2 pétales munis d'une
oreillette droite et obtuse; des étamines diadelphes; un ovaire presque ses-
REVUE lîinLIOGRAPIIlQUE. 237
sile, liiu'airo, ù 8-10 ovules, prolongé en style incurvé, légèrement cilié
à son bord interne ; un légume linéaire, un peu arqué, acuminé, comprimé,
membraneux, indéhiscent, multiloculairc, à bords échancrés aux points
correspondants aux cloisons ; des graines solitaires dans les loges, oblon-
gues, sans strophiole. — Ce geiu-e est en quelque sorte intermédiaire aux
Seskoiia et Carmichœlia. Le Notospartimn Carmichœliœ J. i). Hook., qui
en est le type, est un arbrisseau de deux à six mètres commun sur les mon-
tagnes de l'ile moyenne à la Nouvelle-Zélande, dont le port et l'inflores-
cence rappellent parfaitement un Carmichœlia, et dont les fleurs roses, réu-
nies en grappes courtes sur des branches aphylles et pendantes, produisent
un charmant effet.
, iSysf cniatisclie Uebersiclit der Uydrillecn ( Tableau systémati-
que des Ihjdrillées) par M. Rob. Caspary. [Monatsbericht der Kœnigl.
preuss. Akademie d. Wissench. zu Berlin; càh. de jaiw. 1857, pp. 39-
51.)
La tribu des Hyd rocharidées à laquelle M. Caspary donne le nom d'Hydrii-
lées a pour synonyme les Anacharidées d'EndIicher. Les plantes qui la con-
stituent sont faciles à distinguer de celles qui composent les autres genres
de la même famille parce qu'elles ont une longue tige formée d'entre-nœuds
à peu près égaux en longueur et chargée de petites feuilles presque toujours
verticillées, tandis que dans les autres Hydrocharidées la tige est assez rac-
courcie pour que les botanistes qualifient ces plantes à'acaules. M. Caspary
range dans cette tribu les trois genres Hydrilla, Elodea et Lagarosiphon.
Le genre Jli/drilla, établi par L. C. Richard dans son beau mémoire sur
les Hydrocharidées, ne contient qu'une espèce, \'B. verticillata Casp.,
plante très largement disséminée dans les eaux douces de la surface du
globe, dans laquelle M. Caspary distingue les 7 variétés suivantes : a. Jîox-
burg/ni {Hydrilla ovalifolia Rich. ,ex parte; H. WightiiV\m\e. ex parte;
Serpiculn verticillata Lin. fil.) — 6. brcvifolia {Hydrilla ovalifolia Rich. ex
parte). — y tennis. — o gracilis {Udora occidentaiis Kocb., Syn. U. lithua-
nica Rchbc. ; commune à l'est de l'Europe, à l'Inde et à la Chine. — ^incon-
sistens. {Serpicula verticillata Willd. ex parte). — -n Longifolia {Hydrilla
naiadifolia Zoll. et Moritzi ; H. angustifolia Hassk.) Les variétés a, 6, y, C, »j,
se trouvent dans l'Inde et dans les îles de l'Asie, à la Chine, même à la
Nouvelle-Hollande.
Le genre Elodea Rich., tel que l'admet M. Caspary, réunit les Elodea
et Anacharis Rich. in Michx, les Apalanche, Anacharis et Egeria Plane.
L'auteur y comprend \E. canadensis Rich., tantôt hermaphrodite, tantôt
dioïque, tantôt polygame, ce qui lui donne des synonymes nombreux ; \'E.
chilensis Casp., {Anacharis chilensis et Mathewsii Plane); !'£'. guyanensis
238 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Kich. [Apalanche guyanensis Piano.) ; \'E. Naias Caçp. {Egeria Naias
Plane.) et avec doute : \'E. Intifoiia Casp. , peut-être simple forme de \'E-
lodea caiiadensis; \'E. Plunc/mui Casp. {Anacharis canudemis Plane),
peut-être aussi simple forme de V Et. canadenHis ; \'E. caliitrichioides Casp.
{Anacharis caliitrichioides Ilich.) peut-être forme de \' E. chilensis ; \'E.
(jranatensis Humh. et Bonpl. , vraisemblablement identique avec VEl.
guyanensis; enfin, \'E. densa Casp. [Egeria densa Plane). M. Caspary n'a
pu voir \ El. orinocensis Ricb.
Le genre Lagarosi^jhon Harvey comprend 2 espèces : le L. musccides
[Hydrilla mnscoides Plane), du eap de Bonne-Espér.'uice et le L, cordnfa-
num Casp. [Udora cordofana Hocliit.) trouvé par Kotscby dans le Kordo-
fan.
Dans son mémoire, M. Caspary expose avec beaucoup de détails et de
soin les caractères des 3 genres d'Hydrillées, et il donne des diagnoses dé-
veloppées ainsi que la synonyme conip'ète des espèces. Pour les Eludea,
qui constituent la plus grande pirtie du groupe entier, il signale les points
sur lescjuels devront porter les recherches ultérieures, et il mentionne l'exis-
tence de vaisseaux dans Y Elndea canadensis à l'état jeune.
l^alpers Annales hotanices .sjsteniatîea;, IV, fasc. 1. Aucfore
Carolo jMûiler Berol. Tn-S" de VIU et 160 pages. Leipzig, 1857, chez
.Ambr. Abel.
C'est avec une vive satisfaction que nous annonçons la publication du
premier fascicule du W volume des Annales botanices systematicœ. L'uti-
lité majeure de ce relevé des plantes décrites dans les ouvrages de
toute sorte avait été parfaitement appréciée du vivant de son auteur; mais
elle avait été sentie plus vivement encore depuis que la mort de Walpers
avait fait disparaître ce moyen précieux de connaitre en un instant une
foule d'espèces dont les descriptions sont disséminées dans des livres et
recueils très divers. Aussi espérons nous un plein succès pour cette reprise
de ce travail éminemment utile. Al. Cb. Mûiler, de Berlin, qui a eu le cou-
rage de se charger de la continuation de celte œuvre réunit toutes les
conditions nécessaires pour en assurer la parfaite exécution. Espérons que
la persévérance ne lui manquera pas.
Le 4* volume, dont le premier fascicule vient de paraître, contiendra le
relevé de toutes les espèces publiées depuis le commencement de l'an-
née 1851 ,us(iu'a la (in de 1855. On se rappelle en effet que le second et le
troisième volume publie- par Walpers s'arrêta ent aux travaux de l'an-
née 1850. Dans une courte preftce M. Ch. Mùllcr nous apprend qu'il
compte publier dans le cours de cette année le volume qu'il commence en ce
moment. .Maigre toute son activité, il n'a pas cru pouvoir suflire seul à
KEVUi-: biBLiuGii.vi'niyii:. 239
cette rufle tâche, et i! s'est adjoint deux collaborateurs, M. lU'ichenbnch fih,
pour les Orchidées, dont il s'etnit éfzalement chnrue dans la première série
des Annales, M. Andcrsou, de Stockholm, pour les Graminées et les Cypé-
racées.
Le premier fascicule du tome IV renferme le relevé des espèces qui ren-
trent dans les larnilles suivantes : Ri-nonculiicées, Dilléniacees, Magnolia-
cées, Anonacées, Scliizîindracées, Monimiacées, IMénispermncéi s, Sahiacées
Hook. lil. et Th., Lardizahalées, Berhéridées, Cabombces, Nélumbiacées,
INymphoacées; celle-ci est seulement conjinencée. les ouvrages (jiii en ont
fourni la plupart des matériaux sont les Plnntœ Wrighlinnœ et Plontœ
Fremontinnœ de M. Asa Gray, le volume publié de la Flora indica de
MM. Hooker fils et Thomson , la Monographie des Monimiacées de
M. L. R. Tulasne, le travail de M. Planchon sur les Nymphéacées. Les Re-
uonculacées, les Anonacées et les Monimiacées sont les familles qui ont été
enrichies du plus grand nombre d'espèces nouvelles.
Il est presque inutile de dire que la nouvelle série des Annales continue
exactement la première pour le format, la disposition et les caractères ty-
pographiques.
Rceherclies snr les Coiiferves des eaux lliermales «le
IVéris, siiP leur développement, leur sli'uctwre Intime,
leurs «sages en tliérapeuticfiie, etc. ; par MM. C. de Laurès
et A. Becquerel. Broch. in-8° de hh pages avec \.h figures intercalées
dans le texte. Paris, 1855. Chez Victor Masson.
Au commencement de leur Mémoire, MM. de Laurès et A. Becquerel
expriment leur étonnement de ce qu'on ne trouve nulle part la description
complète de la plante thermale qui parait contribuer, pour une bonne part,
à l'action therapeislique des eaux de Néris, et qui exivte aussi dans celles
d'Évaux et de Bourbon-l'Archambault. Ils se sont proposé de combler cette
lacune et d'exposer aussi l'histoire complète du développement de cette
Algue. Us examinent d'abord le volume de la source de ISeris, sa tempé-
rature qui a baissé de 26 degrés depuis quatre-vingt-neuf ans, les propriétés
physiques et chimiques de ses eaux, et les matières diverses dont l'analyse
y a constaté l'exibtence. Ils abordent ensuite l'histoire de la plante qui est
l'objet essentiel de leur travail.
A Néris, dans les bassins où séjourne l'eau minérale, se développe en
abondance, sous rinfkieuee de l'air ou de la lumière, une substance orga-
nisée qu'on nomme improprement limori. Les deux auteurs ne lui donnent
pas d'autre dénomination que celle de Conferve. Ils en distinguent deux
sortes : la Conferve des bassins chauds, qui croit dans les bassins où l'eau
conserve uue température de û2 à US degrés, et la Conferve du bassin de
IliO SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
réfriçiération, dans lequel l'eau se refroidit graduellement de ^5° à 20° C.
Ils étudient en détail la formation et le développement de la première, qu'ils
figurent sous ses différents états successifs et dont ils résument de la manière
suivante les principales qualités physiques.
a. Produit végétal, dans lequel on remarque, pendant une certaine pé-
riode, un état gélatineux ; — è. se présentant sous forme de masses bour-
soufflées divisées en pyramides irrégulières, qui naissent sur un fond com-
mun ; — c. ou bien disposé en couche unie et continue, renfermant un grand
nombre de bulles de gaz 5 — d. d'une couleur dun jaune verdâlre, à l'ori-
gine, d'un vert d'émeraude quand le développement est plus avancé, d'un
vert olivacé brunâtre, quand il est complet ; — e. d'une odeur herbacée très
prononcée; — /.d'une saveur fade, mais presque nulle, à l'état frais, très
fortement herbacée et salée, à l'état sec. — g. La Conferve récente, soumise
à l'action du soleil ou de l'étuve sèche, se réduit à une trame végétale très
mince, qui reprend les apparences de la vie quand on la met de nouveau
dans l'eau. La trame végétale est beaucoup plus épaisse dans la Conferve
ancienne. — A. A l'air libre, elle se décompose facilement; conservée en
vases clos, dans l'eau minérale refroidie, elle ne tarde pas à répandre une
odeur très prononcée d'hydrogène sulfuré, par suite de la décomposition
des sulfates qui se trouvent en présence de la matière organique.
La Conferve de Néris est constituée, disent les deux auteurs, par des
tubes immergés dans une masse gélatiniforme au milieu de laquelle des
bulles de gaz sont disséminées en grand nombre. Laissant de côté l'élément
gazeux, on voit que toute sa portion végétale est formée : 1° de filaments \
2° de tubes cloisonnés, ponctués, moniliformes. Les filaments sont opaques,
d'un vert foncé, légèrement fiexueux, continus dans toute leur étendue,
formant un lacis inextricable, situés plutôt à l'intérieur qu'à l'extérieur de
la masse gélatiniforme. Ces filaments deviennent moins nombreux avec
l'âge et à proportion que les tubes se multiplient. Les tubes cloisonnés for-
ment au moins 19/20 de l'élément végétal de la Conferve. D'abord peu
abondants, ils le deviennent de plus en plus avec l'âge, et ils forment bientôt
une véritable couche extérieure en se juxtaposant, sans s'unir toutefois, par
séries parallèles et longitudinales. Ils finissent par être si nombreux, si
pressés les uns contre les autres, qu'il en résulte un tissu solide. Leur épais-
seur varie, en moyenne, de 1/80 à 1/150 de millim. Ils sont composés de
cellules plus longues que larges, soudées bout à bout, formant un étrangle-
ment à chaque plan d'union, dont les unes paraissent vides, dont les autres
sont remplies d'endocbrome vert. Les tubes ponctués et moniliformes sont
formés de même. L'endochrome des premiers se montre tantôt à l'état de
petits points granuleux opaques, tantôt sous la forme de 2, ."5, /i corps sphéri-
ques libres, constituant des spores nées d'une division de Tcndochrome. Ces
spores se forment seulement dans certaines cellules. A une certaine époque,
REVUK niHLiOGnAI'lIlQUE. 2/il
elles s'allongent, déchirent la cellule-mère et donnent naissance à des indi-
vidus nouxcaux (|ui s'auf^lonièrent au moyen de la matière gélaliniforme.
Enfin les tubes monilitbrmes sont beaucoup plus rares que ceux des deux
premières sortes. Ils sont d'un vert ibncé. les cellules sphériqucs qui les
forment en se soudant bout à bout ont environ 1/120 de millim. de diamètre.
Elles ne renferment pas d'endochrome.
Dans les interstices des divers tubes dont la réunion produit la trame
végétale de la Conferve, se trouvent des cristaux de carbonate de chaux,
dont la quantité et le volume augme'ntLiit avec l'âge de la plante.
Quant à la place à donner à la Conferve de Néris dans la classification
algologique, MM. de Laurès et A. Becquerel se contentent de dire que c'est
une Confervacée.
La partie gélaliniforme de la Conferve fraîche est légèrement verdâtre.
Elle doit son état gélatineux à la pectose ; elle contient 60 d'eau pour 1 de
matière sèche.
Cette portion du Mémoire se termine par l'analyse de la Conferve des
bassins chauds.
Quant à la Conferve du bassin de réfrigération, elle forme sur le fond et
sur les parois une couche de 1 ou 2 centim., d'un jaune verdâtre, entre-
mêlée de bulles de gaz. Sa zone inférieure est amorphe et ne montre, au
microscope, que des fragments amorphes et quelques cristaux rhomboédri-
ques. Sa zone moyenne consiste en une gélatine blanchâtre, au milieu de
laquelle se trouvent quelques fragments de matière verte. Le microscope y
montre quelques cellules isolées, en ovale étranglé près de son milieu, avec
un noyau grenu d'un vert émeraude qu'entoure un pourtour parfaitement
transparent. La zone supérieure est d'un vert-brun, assez consistante. Elle
renferme une matière verte et une matière brune disséminée dans son épais-
seur, à peu près en même proportion, le microscope y montre des cellules
isolées semblables à celles de la couche moyenne et un petit nombre de
corpuscules ronds, d'un très beau vert, environ quinze à vingt fois plus gros
que les cellules.
La (in du Mémoire est consacrée à la partie thérapeutique. Nous ne pou-
vons nous en occuper ici.
linéiques remarques sur la uoincuclature g:éuériquc
des Algues 5 par M. Le Jolis {Mémoires de la Société impér. des
scienc. natur. de Cherbourg, U^ vol., 1856 ; tirage à part en broch. in -8»
de 20 pages).
M. Le Jolis se propose de montrer dans cet écrit que MM. Trevisan et
Ruprecht ont eu tort de vouloir substituer aux noms de genres générale-
ment adoptés aujourd'hui d'autres noms puisés dans des auteurs ou très
anciens ou très peu connus, et/iueces substitutions, sans motifs admis-
T. IV. 16
242 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DK FRANCE.
sibles , auraient pour résultat certain d'introduiro clans la science une
confusion extrêmement uui:>ible.
M. Trevisan a fait ses essais de réforme dans la première livraison pu-
bliée en 18^5 d'un Nomenclotor Algarum. Mais les permutations qu'il pro-
posait heurtaient si violemment les usages reçus, dit M. Le Jolis, qu'elles
n'ont guère rencontré de partisans.
Quanta M. Ruprecht, c'est pour appliquer avec une extrême rigueur les
lois de la priorité qu'il a voulu remplacer la plupart des noms génériques
usités de nos jours par d'autres plus anciens et tirés soit d'auteurs anté-
rieurs à Linné, comme Donati (1750), soit d'ouvrages publiés postérieure-
ment, mais, dit M. Le Jolis, complètement ignorés. Ces ouvrages postérieurs
à Linné sont : 1° la Flore du Calvados par de Roussel (l''^édit., Caen, an
IV ; 2' édit., Caen, 1806) ; 2" le Tentamen marino-cryptogamicum deStack-
house, écrit en 1807 et publié en 1809 par la Société des naturalistes de
Moscou dans le T tome de ses Mémoires. Le premier de ces deux ouvrages
ne vaut pas, pense l'auteur, l'bonneur que M. Ruprecht lui a fait, et il n'y
aurait aucun avantage à le retirer de l'oubli dans lequel il sommeillait
depuis un demi-siècle. Quant au second, quoiqu'il ait beaucoup de valeur,
il est resté très peu connu, et il n'a eu en réalité qu'une publicité fort res-
treinte, l'édition presque entière en ayant été anéantie lors de l'incendie de
Moscou. Ce défaut de publicité, qui explique pourquoi les noms génériques
de Stackhouse ont passé inaperçus, semble à M. Le Jolis un motif suffisant
pour Justifier l'abandon définitif de ces noms, puisque, en appliquant en leur
faveur la loi d'antériorité, on arriverait nécessairement à bouleverser presque
de fond en comble la nomenclature générique adoptée aujourd'hui pour les
Algues. Plusieurs de ces noms sont d'ailleurs mauvais comme étant adjec-
tifs ou comme ayant été donnés par l'auteur anglais à des groupes mal
limités et composés de plantes hitérogèues.
Au total, après l'examen détaillé auquel il se livre, l'auteur du Mémoire
arrive aux conclusions suivantes :
Les noms assignés à quelques Algues par les auteurs qui ont écrit anté-
rieurement à l'établissement de la nomenclature binaire, ne peuvent figurer
dans cette nomenclature en remplacement des noms génériques de l'École
liunéenne.
Aucun motif ne peut engager à réhabiliter l'un quelconque des noms
génériques indiqués dans la Flore du Calvados de Roussel, attendu que ces
noms s'appliquent a des groupes mal circonscrits et composés d'espèces
hétérogènes.
La reprise des noms génériques proposés par Stackhouse dans le Tenta-
men murino-cryptoyai/iicum présenterait des inconvénients plus ou moins
graves pour la clarté de la nomenclature ; et, de tous ces noms, on ne peut
admettre que les trois suivavits :
lU'^VliK Bir.LIOCUAPHIQlIi:. '^^'^
IhDBOLAPATHA Sluckli., 1809 = Woimskioldia J, A^., Ibf)! {non
Spreng. uec Aresch. ).
BiFUucABu Stnekh., 1809^= Pycnophycus Kuetz., IH^i.'î.
AscopHYLLA Staokii., 1809 = ()/.olhalli<i Dciie et Tluir., 18/i3.
BOTANIQUE GKOCÎKAPHIOlIi: ET (lÉOLOGIQUE.
Ktuclos sur la s-<^os°raplii«' lli«»t»itif|iic fie l'IOnropc, vi en
partifiilier hwv la véj;éta4ioai flu plateau central de la
France: par M. Henri Lecoq. Vol. V, 1856; VI, 1857. — Gr. 111-8»
de 680 et de 603 pages (1).
A la fin du dernier m'Vic\e ve\dV\( anx Études sur la géographie botanique,
nous disions que M. Lecoq avait commencé, vers la fin du quatrième
volume, un tableau de la distiibutiou géographique des différents groupes
déplantes de la Flore européenne. C'est à la continuation de ce tableau que
sont consacrés les volumes V et VI publiés, le premier en 1856, le second
depuis le commencement de 1857. Voici la liste des familles qui y ont trouvé
place. Dans le cinquième volume : Papavéracées, Fumariacées, Crucifères,
Cistinées, Violariées, Résédacées, Droséracées, Polygalées, Silénacées,
Alsinacées, Elatinées, Linées, Malvacées, Tiliacées, ilypéricinees, Acéra-
cées, Géraniaeées, Balsaminées, Oxalidées, Zygophyllees, Rutacées, Coria-
riées, Célastrinées, Rhamnées, Térébinthacées, Légumineuses.
Dans le sixième volume : Rosacées, Onagrariees, Haloragées, Callitri-
chinées, Cératophyllées, Lythrariées, Cucurbitacées , Portulacées, Paro-
iiychiées, Crassulacées, Grossulariées, Saxifragées, Ombellifères, Aralia-
cées, Cornées, Loranthacées , Caprifoliacées, Rubiacées, Valérianées,
Dipsacées.
Kn voyant le nornbre des familles traitées par M. Lecoq dans les deux
derniers volumes de ses Etudes, et en le rapprochant de celui des groupes
naturels qu'il devra faire entrer dans son cadre, il est facile de voir que
son ouvrage aura nécessairement encore plusieurs volumes et qu'il de-
viendra ainsi la plus vaste publication a laquelle ait douné lieu l'étude
de la Géographie botanique.
Flora tcrtiaria llelvetite; par M. Oswahl Heer. 5' et 6*= livr.5
in-folio. Winterthur, 1856 ; chez J. Wurster et Comp.
Le Bulletin delà Société botanique de France renferme déjà deux ar-
ticles qui présentent le relevé des nmtériaux composant les h premières li-
(1) Voyez Bullelinde la Société botanique de France, f, p. 98-100 ; II, 711-713 ;
m, p. 7o-76.
24â SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
vraisons de cet important oiivraîie (1). Nous allons indiquer de même les
sujets traités dans la 5^ et la 6^ livraison.
A la fin de In h' livraison ÎM. 0, Hcer avait commencé l'histoire des Ul-
macées. Il la termine au commencement de la 5% et il passe ensuite à celle
des Morées représentées par le seul penre Ficus. Sur H espèces de Figuiers
fossiles décrites par lui, 10 sont entièrement nouvelles et 2 avaient été dé-
crites par d'autres auteurs sous une dénomination différente. Les feuilles de
ces végétaux présentent beaucoup de diversité et leur nervation se range
dans les deux types penninerves et palminerves qui fournissent à l'auteur
le principe de la division des espèces en deux groupes. Aujourd'hui que les
travaux des botanistes de nos jours et surtout ceux de M. Miquel ont amené
la division du grand genre Ficus L. en plusieurs, il y avait de l'intérêt à
déterminer auquel de ces nouveaux genres devaient se rapporter les espèces
fossiles. Or, d'après leur analogie avec les Figuiers vivants, la plupart
d'entre elles (8 esp. ) paraissent se rapporter aux Urostigma Miq. ; 3 se rat-
tachent aux Sycomorus, 2 aux Ficus proprement dits et une seule au genre
Coveliia. — Un Artocarpus, A. œningensis 0. H. très rare à CEningen, et
un Artocarpidium déjà décrit par M. Unger représentent la famille des
Artocarpées, — Celle des Platanées ne compte qu'un représentant fossile,
le Platanus aceroides 0. H. dont l'auteur possède l'écorce, des feuilles de
formes variées, les stipules, les fleurs, les fruits et l'axe des fiuctilications,
de telle sorte que la comparaison avec les espèces vivantes en deviendrait
facile, si la circonscription de celles-ci était arrêtée dans les écrits des bota-
nistes modernes. — La famille des Chénopodées figure dans l'ouvrage de
M. 0. Heeravec 3 espèces nouvelles de Salsola trouvées toutes également
à Œningen. — Celle des Nyctaginées y compte un Pisonia [P. lancifolia
0. H.) de la même localité. — Les Laurinées y occupent une large place
avec leurs 28 espèces rapportées à six genres, savoir: 7 Laurus L., Nées,
dont 1 nouveau ; 2 Persea, nouveaux l'un et l'autre; 2 Bcnzoin également
nouveaux; 1 Sassafras nouveau; 9 Cinnamomuni dont 7 sont rapportés ici
pour la première fois à ce genre, tandis que les deux autres sont décrits et
nommés ici pour la première fois ; enfin 2 Dap/inogene dép décrits et ligures
par M. Unger. — Les Daphnoïdées sont représentées par 2 Pimelea, dont
un nouveau, et les Eléagnées le sont par VElœagnus acuminatus Weber.
— La 5" livraison est terminée par l'histoire des Protéacées et par celle des
Aristolochiées. La première de ces familles est très nombreuse dans les
terrains tertiaires de la Suisse. Elle y compte 8 genres et 20 espèces, savoir:
1 Protea décrit pour la première fois; 2 Persoonia également nouveaux ;
1 Grevillea et 2 Hakeu tous nouveaux ; 1 Dryandi^a décrit et figuré anté-
rieurement par M. Brongniart et par M. Unger comme un Comptonia;
(1) Voyez Bulletin de la Société botanique de France, II, pp. 275-277, 63Zi-637.
lu: vil'; itiiiLKKiuvi'iiioi i:. 2/15
1 Embothnim lapporle pour la pieinièfc fois à ce geme; ft Jiauksia dont
5 nouveaux ; enlin G Dricou/ruidcs dont 1 seulement avait (lt\jà reçu ce
nom. — Quant aux Aristolochices, l'auteur décrit 2 Arislotocida nou-
veaux.
Le 2' volume tinit avec cette livraison, à la lin de laquelle se trouve l'ex-
plicalii)n des figures du volume enlier, et qu'accompagnent les plan-
ches 81-100.
La sixième livraison commence la série des Gamopétales par les Com-
posées que représentent 2 genres établis par INL Osw. Ileer, Le premier,
nommé par lui Cypselites à cause du nom de Cypsèle donné au fruit des
Synantherées par Mirbel et par W. Lindley, est caractérisé de la manière
suivante : Achsenium monospermum, striatum vel costatum, basi attenua-
tum, pappo piloso vel plumoso coroualum. Il ne compte pas moins de
19 espèces, dont deux seulement avaient été signalées sous le nom d!Achœ-
nites par M. A. Braun. Le second, nommé Bidentites, a pour caractères :
Achaînium monospermum, apice bidentatum. Il est représenté par 1 espèce.
— Les Éricacées sont représentées par les genres Erica (3 espèces), Andro-
nieda [U espèces), Cletlira (1 espèce), Monotropa [i espèce). Chacun de ces
genres compte 1 espèce nouvelle. — [.es Vacciniées sont réduites au genre
Vacciniuin avec 7 espèces, dont 2 sont nouvelles. Nous trouvons ensuite
les Ébénacées avec 2 Diospyros et 1 Macreightia nouveau ; les Styracées,
avec 1 Styrax nouveau; les Sapotacées représentées par 1 Sapotacites et
1 Bumelia; les Myrsinées avec 6 espèces de Myrsine. — La famille des
Scrofularinées ne compte qu'un seul Scrofularina, qui est nouveau. — Les
Borraginées sont réduites aussi à un genre, Borraginites, comprenant 2 es-
pèces nouvelles. — Les Convolvulacées ont encore un seul genre pour re-
présentant, le génie Porcma Burm. ; mais il compte 5 espèces à chacune
desquelles l'auteur attache son nom. — Les Gentianées, réduites à un
Menyanthes nouveau , les Asclépiadées à 2 Accrûtes nouveaux, les Apocy-
nées à 1 Apocijnophyllum nouveau et a 1 Ec/dtonium, enfin les Oléacées
avec 5 Fraxinus nouveaux, constituent la série des Tubiflorœ. — 1 Lonicera
et 1 Viburnum nouveaux représentent les Rubiacées.
La série des Polypétales commence par les Ombellifères avec 3 Peucéda-
nites nouveaux et 2 Diachœnites, par les Araliacées, que représente un
Hedera, et par les Cornées qui comptent 6 Cornus. — Les Saxifragées qui
viennent ensuite n'ont pour représentant qu'un Weinrnannia ; les Renon-
culacées comptent 1 Ranunculus et 3 Cleinatis; les Magnol lacées sont ré-
duites au Liriodendron helveticum. — Les Nymphéacées ont pour représen-
tant un Nymphœa et les Nélumbonées un Nelumbiwn. — Quant aux Cruci-
fères, les seuls échantillons que l'auteur en possède, sont deux silicules sur
lesquelles il établit son Lepidium antiquum et son Clypeola debilis. — Un
Samyda représente les Saraydées. — Les Corabrétacées figurent avec
2/i(3 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DK FHVNCE,
'J Terminalia et 1 Combretum. — Les Myrtacces comptent 1 Mijrtm,
2 Fugenia, 1 Metrosideros et 1 Eucalyptus; tandis que les Mélastomacées
sont réduites au Melastornites quinquenervis O. H . — Pour les Steiculia-
cées, on trouve 2 Sterculin, et pour les Buttnériacées 1 Dornbeyopsis et
2 Pterospermùes, geni-e nouveau que caractérisent : Semîna compressa,
aiata, nucleo curvato ; ala membranacea, enervia. ■ — Dans les Tiliacées,
M. 0. Heer établit sous le nom d'Apeibopsis, un genre auquel il assigne les
caractères suivants : Fructus capsularis, 5-16 valvis, polVspCrmus, semi-
nibus rotundatis, pâ^'ulis, in quovis loculo biseriatis : folia palminervia»
nervo medio fortiore, lateralibus camptodromis. [Cummites Bowerb.). Il
en décrit 3 espèces. 3 Grewio, dont 2 nouveaux, complètent la famille. —
Enfin, la sixième livraison se termine par l'Histoire des Acéracées fossiles
de la Suisse, exposée avec des développements importants. 17 Acei' et
1 Negundo s'y trouvent décrits.
Les figures comprises dans les 20 planches qui accompagnent cette li-
vraison correspondent non-seulement aux familles traitées dans le texte,
mais encore auxSapindacées dont l'histoire se trouvera seulemeut dans la
livraison suivante. Les articles précédents sur l'ouvrage de M. 0. Heer ont
fait ressortir l'exécution remarquable des planches publiées dans les pre-
mières livraisons; nous ne pourrions que répéter ici, pour les dernières
livraisons, ce qui a été dit pour les premières.
BOTANIQUE APPLIQUÉE.
||aii«ll»9B<'li i\vv liotaniseïien PltaruiaettguoAiie fucr
At-rate, Apotlickcr «ind Botaiiîker [Manuel de pharmoco-
gnosie botanique pour les médecins, les pharmaciens et les botanistes) ;
par M. M. J. Scbleiden. 1 vol. in-8° de xviii et ù98 pag., avec 83 fig.
sur bois intercalées dans le texte. Leipzig , 1857 ; chez \N\ EngeJmann.
Dans une préface de quatre pages placée en tète de son nouveau livre,
RL Scheiden nous apprend que ses études approfondies des drogues tirées
du règne végétal remontent à dix ans. époque a laquelle, le professeur Koch
ayant quitté léna, il fut appelé à taire le cours de pbarmaeognosie à l'in-
stitut pharmaceutique de cette vile. Obligé de chercher U^ éléments de son
enseignement dans les ouvrages déjà publiés sur cette matière, il ne tarda pas
à reconnaître (|ue, excellents quant au fond, ils laissaient tous plus ou moins
a désirer relativemenl à la forme ; aussi forma-t-il dès lors le plan du traité
qu'il vient maintenant de faire paraître. Voici quelle est la division de cet
ouvrage.
Dans une introduction peu étendue (pp. 1-6), M. Scbleiden indique lira-
portanceet l'ancienneté de la pbarmaeognosie, qui a été la mère de labota-
RI':VlJli HIBLIOGIîAPHIUUE. 247
nique, puisque c'est uniquement la recherche des espèces médicinales et
alimentaires qui a conduit à s'occuper des plantes en elles-mêmes. Il la dé-
finit <( la science qui nous apprend à connaître en elles-mêmes les sub-
stances médicinales brutes, à apprécier leur qualité, à distinf,'uer entre elles
celles qui se ressemblent et les vraies des fausses. « Le sujet de la pharma-
cognosie consiste dans les matières brutes ou les drogues. Originairement
on employait presque toutes les plantes ou leurs parties à l'état frais, tandis
que des circonstances diverses ont conduit peu à peu à ne faire presque
usage que de matières sèches. Cependant, comme l'auteur le prouve par
des exemples, les propriétés de certaines plantes se modifient beaucoup par
la dessiccation. — Il montre aussi que les descriptions pharmaceutiques des
parties de plantes usitées doivent être beaucoup plus détaillées que ne le
sont d'ordinaire celles que rédigent les botanistes. Il dit, en outre, que, dans
un ouvrage sur la pharraacognosie, les drogues doivent être classées et ca-
ractérisées de telle sorte, quen s'aidant de ce système on puisse déterminer
sûrement toute drogue non étiquetée. C'est un pareil système qu'il s'est
efforcé d'établir dans son livre.
Le Traité de pharniacognosie botanique de M. Schleiden se divise en
deux parties extrêmement inégales pour l'étendue. La première (pp. 7-22)
est intitulée Partie générale, et, comme l'indique ce titre, elle ne comprend
que des généralités sur les drogues, sur ce que devrait comprendre leur
histoiie (nom et synonymes ; origine • figures ; histoire et commerce; ca-
ractéristique exacte, soit eu général, soit d'après les diverses sortes com-
merciales; falsifications et moyens de les reconnaître), sur les systèmes
qu'on peut adopter dans les ouvrages sur ces matières, etc. M. Schleiden
expose ici le système qu'il a suivi lui-même pour la classification des dro-
gues. La seconde partie (pp. 23-471), intitulée Partie spéciale, renferme
l'histoire particulière des drogues tirées du règne végétal. Voici comment
elles sont distribuées.
Leur ensemble est rapporté à deux grandes divisions primaires : I. Plantes
entières ou parties de plantes laissant reconnaître en elles la structui'e vé-
gétale • II. Matières sécrétées et dans lesquelles on ne voit pas de structure
organique celluleuse. La première de ces divisions comprend deux sous-
divisions : A. Plantes complètes ou drogues conservant au moins les or-
ganes qui sont nécessaires pour une détermination systématique de l'espèce.
Celle-ci ne comprend qu'une classe et un ordre, \q8 herbes dicotylédones.
B. Portions de plantes dont les caractères sont insuflisants pour une com-
plète détermination scientifique des espèces. Cette sous-division est la plus
étendue de toutes et comprend 12 classes déterminées d'après les organes
qui constituent les drogues. Ce sont : 1° les drogues cryptogarniques ; 2" les
racines, divisées en ligneuses et charnues ; 3° les tiges, soit de Monocotylé-
dons, soit de Dicotylédons^ U" \esbois, avec ou sans couches annuelles ap-
2A8 SOCIÉTÉ BOTAMQLE DE FRANCE.
préc'iables ; 5° les écorces, rapportées à h ordres selon qu'elles sont aroma-
tiques, amères et astringentes, acres, enlin qu'elles appartiennent aux
Quinquinas; 6° les feuillf-s, soit coriaces, soit herbacées-, 1° les bourgeons
divisés en raniipares et plantipares (bulbes, tubercules et faux tubercules) ;
8° les fleurs et leurs parties, formant 5 ordres pour les boutons, les fleurs
simples parfaites, les fleurs composées parfaites, les corolles, les stigmates ;
9° les fruits, qui caractérisent 6 ordres selon que ce sont de faux fruits,
desaohaines, des baies, des drupes, des scbizocarpes (c'est-à-dire des fruits
se divisant à leur maturité en parties qui renfermet)t les graines et qui se
laissent uniquement percer par celles-ci à la germination, comme ce que
Linné nommait graines nues, coinme les fruits des Ombellifères), ou des
capsules ; 10" les graines formant un ordre pour les Monocotylés, un se-
cond pour les Dicotylés ; 11° les parties du fruit et de la graine^ comme
les péricarpes, les sarcocarpes, les noyaux, les testas, les albumens, les
arilles, les cotylédons, constituant tout autant d'ordres ; 12° enfin les dro-
gues qui présentent une structure celluleuse, mais dans lesquelles on ne
peut reconnaître à quelle partie de plante elles appartiennent ni dans quelle
des classes précédentes elles rentrent : telles sont les poussières, les débris
de toute sorte, etc.
Quant à la seconde grande division comprenant les matières sécrétées,
M. Scbleiden la divise en trois classes : 1° matières qui se présentent en
grains de forme déterminée-, 2° matières qu'on reconnaît au microscope
comme étant des mélanges de substances amorphes et de substances à
formes précises; 3° matières qui paraissent homogènes sous le microscope.
Celles-ci forment 9 ordres : graisses végétales ; huiles essentielles ; baumes;
résines; gommes-résines; sucs laiteux; gommes; matières saccharines;
matières colorantes bleues.
Une ta!)le détaillée par ordre de matières se trouve au commencement de
l'ouvrage; on en trouve a la lia une autre plus détaillée encore, par ordre
alphabétique, ainsi qu'une liste explicative des abréviations employées pour
les noms d'auteurs.
Anipélograpliic fi*au<;aîsc, comprenant la statistique, la descrip-
tion des meilleurs cépages, l'analyse chimique du sol, et les procédés de
culture et de vinification des principaux vignobles de la France, par
M. Victor Rendu, 2" édit. 1 vol. in-8'^de xvi et 576 pages. Paris, 1857,
chez Victor Masson.
Cet ouvrage, relatif à l'une des principales sources de richesse de la
France, est le résultat de cinq années d'explorations attentives pour les-
quelles la position officielle de l'auteur, inspecteur général de l'agriculture,
a certainement levé bien des difficultés inhérentes à de pareilles recherches.
REVUF RinLlOGUAl'IlIQLl!;. 2/i9
Nous possédions déjà divers écrits spéciaux sur certains des vipnobles delà
France, et (|uel((ues ouvrap;es «généraux qui avaient einbiassé plus ou moins
complètement l'ensemble de nos vignes, comme ceux de Jullicn, du comte
Odart, etc. Mais il nous manquait encore une bistoire complète de la cul-
ture de la vigne en France, et de ses produits. C'est cette lacune que M . Vic-
tor Rendu s'est attaché à remplir.
Son livre commence par une courte préface, suivie d'une sorte d'intro-
duction sous le titre de Considérations générales sur la Vigne. L'auteur y
examine les conditions qui influent sur la culture de ce végétal et sur la
qualité de ses produits, la marche naturelle de sa végétation, sa longé-
vité, etc. Dans le corps de son ouvrage il trace d'abord une division viticole
de la France en six régions : du sud, du sud-est, de l'est, du centre, de
l'ouest et du sud -ouest, en indiquant les départements ou leurs divisions
qui forment ces régions. Il ajoute un relevé duquel il résulte que, surnos
86 départements, onze ne cultivent pas la vigne; vingt-cinq ne produisent
que des vins communs; enfin les cinquante autres possèdent des crus plus
ou moins renommés et fournissent des vins estimés, tant pour la consom-
mation intérieure que pour l'exportation. C'est à cette division par régions
que se trouve rattachée l'étude spéciale des vins et des vignobles qui les
produisent. Chaque région elle-même est divisée d'après les catégories de
vins qu'on y récolte, et ces catégories fournissent la division même de l'ou-
vrage en chapitres et paragraphes. Pour chaque sorte de vins l'auteur exa-
mine successivement les principaux vignobles. Pour chaque vignoble il in-
dique l'étendue, la nature du sol, les cépages qu'on y cultive, l'indication
de ceux-ci étant suivie d'une description et de la synonymie locale; il ex-
pose ensuite la marche adoptée pour la culture des vignes, pour la fabri-
cation des vins dont il apprécie la qualité; enfin, il ajoute les différents
renseignements qui peuvent compléter cette histoire.
A la suite de cette portion la plus considérable de l'ouvrage se trouvent :
un chapitre sur la culture du chasselas à Thomery ; un relevé des cépages
dont il a été question dans le livre; une nomenclature des vignobles secon-
daires qui produisent de bons vins d'ordinaire; enfin une classification gé-
nérale des vins de France. On trouve, enfin, une table alphabétique de tous
les vins qui ont été mentionnés et une table des matières.
UAmpélographie française est accompagnée d'une petite carte géogra-
phique sur laquelle des teintes particulières distinguent les différentes ré-
gions ou l'absence des vignes, et sur laquelle aussi le papier non teinté in-
dique les départements qui ne produisent que des vins communs.
250 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
MELANGES.
Flore |>ôéttc|uv aiioîesaue, an S'Iliicles suv les plantes les
plus fliiïleiles à reeuiiiiaitrc (les poètes aaiciens, gérées
et latins; par IM. J E. Du IMoliii. 1 vol. in-8" de vu et 320 pages.
Paris, 1856; chez J. B. Baillièi-t.
L'es noms des plantes qui ont fonvni à\ix poêlés anciens des images ou
d«!S comparaisons sont général emçn't acconipagivéis de si peu dé 'détails tel
%i peW significatifs paV èux-mém'es qu'on Vré doit nullement s'étonner de la
^difficulté qu'on éprouve pour les rapporter à des espèces botaniques nette-
ment déterminées. Des commentateurs ériklits, des botanistes ingénieux
ont "exercé à l'envi leur sagacité ^ur ces délicates déterminations, et ce-
pendant il reste encore bien des doutes à lever, même bien des lacunes à
remplir. M. Du Molin vient d'appliquer à son tour à ce difficile sujet ses
•connaissances botaniques et sa Vaste érudition littéraire. Son livre, dedîé
à la Soei'eté boianiquede Franc'e , porte sur un grand nombre de plantes
dont les noms employés par les poètes g^-ecs et latins avaient déjà, presque
tous^ fourni la matière de savantes dissertations et pour la plupart des-
■qwellés cependant aucun rappi-Ochemenl satisfaisant n'avait encore été pi'o-
pos^. Grâce à l'étude attesitive de nombreux passages des autelirs anciens,
il a pu former une sorte de caractéristique vraisemblable, satisfaisante pour
les plus obscures de ces espèces, et il est arrivé de la sorte à leur appliquer
fies noms botaniques en barmonie avec Cfes caractères. La méthode qu'il
« Suivie est de tous points rationnelle, iogique ; peut-être même était-ce
la «'eule qui pût donner des résultats precis dans une matièi-e si vague 'efsî
peu dépourvue de données vraiment positives.
Dans Un avant-propos M. Du Molin expose dans quel esprit botanique et
littéraire il a conçu son ouvrage ; il donne ensuite, sous forme d'inïroduc-
■tion, une préface qu'il destinait d'abord à une flore poétique générale et
complète et daiîs laquelle il développe le plan de son travail ainsi que la
méthode qu'il a suivie. Ainsi il a consulté et examiné très attentivement :
1" les synonymies on les différents noms vulgaires et autres-, 2° les étymo-
logies; 3° les épithètes données aux plantes par les poètes; 4" les <^rcon-
stances de personnes, de temps et de lieu ; 5° l'analogie ou la ressemblance de
forme et de couleur ; 6° la station ou l'habitat ; 1° les vraisemblances et les
convenances; H° l'induction; 9" le sens intime. — Le corps de l'ouvrage
lui-même ne pourrait être analysé que longuement ; dès lors nous devrons
nous contenter forcément de rapporter les déterminations qu'il a pour objet
d'établir.
1 et 2. Les plantes dont M. Du Molin s'est d'abord et principalement
UEVUE »iblkk;iiai'iiiouk. 251
préoccupé sont celles que mentionne ce vers très connu de Virgile :
Alba Ligustra cadunt, Vaccinia nigra lej;unlur.
Il établit qu'en appii(|uant, comme on le fait d'ordinaire, à ces deux
plantes la synonymie française de Troène et Vaciet, c'fest^-dirc du Ligus-
trmn vulgare et du Vaccimum Myrtillus, on se met daus l'impossibilité
absolue d'expliquer une foule de passages desauteuvs anciens, et que le Li-
gustrumde Virgile est le Convolvulus sepium L., tandis que son Vaccinium
ou mieux Vacinium n'est que Viris germonica. — 3. Le Ligustrum nigrum
dont il est question dans un vers de Columelle (lib. X, v. 300) lui parait
être, avec doute, iJ est viai, le Liseron violet ou Convolvulus Nil Lin. —
h. L'Hyacintbe des anciens est encore, aux yeux de l'auteur, l'/n's germa-
nica L. ou Iris llambe. Une longue et très savante dissertation a pour objet
d'établir cette synonymie. — 5. L'AîytTrufoç (Aïghipuros) de Théocrite est
VOnonis antiqiiorum L., synonyme ou simple variété del'O. spinosa L. ^^
6. Le KvûCa 0" KôvuCa (Conyza) du même poète est Vinula viscosa Desf.,
et — 7. Son MikL-ctia (Meliteia) est le Melissa officinalis L. — 8. Quant à
l'EAotta (Elaia) des Grecs, c'est évidemment l'Olivier. — 9, L'ÀrpaxtuÀtç
(Atractulis) de ïhéoerite est le Carthamus lonotus L. — 10, Le Papoç
(Rbamnos) des poètes grecs est regardé par l'auteur comme l'Aubépine, ou
Cratœgus oxyncantha L. — 11. L'À<77raÀa9G;(Aspalatbos) est pour lui VUlex
em^opœus L. — 12. L'AVytXo? (Aighilos) est peut-être le Lonicera Caipri-
folium L. — 13. L'Aj^ep^oç (Akherdos) revient au Prunus spinosa L. — ■
Ik. Le Bâx;^aptç (Baccbaris) est le Salvia Sclarea L. — 15. L'ÉXi^j^puooç
(Helikbrusos) est le Gnaphalium Stœchas \.. — 16. L'ÈX£joj(;pu(7oç (Heleio-
kbrusos) est le Caltho. palustris L. — 17-. Le Kitctoç ou Kjttoç (Kîssos ou
Kittos) est le Liene, Hedera Hélix L. — 18. Le Kpt'vov (Krinon) de Tbéo-
crite est le Galanthus nivalis L. — 19. Le MœXu (Môlu) d'Homère est VAl-
liuni magicum L. var. — 20. Le nôXtov (Polion) revient au Santolina Cha-
mœcyparissus L. — 21. Le Sj^rvoç (Skbînos) est le Pistacia Lentiscus L. —
22. Le Cerinthade Virgile est synonyme du Galium verum L. — 23. Le
Viburnum des auteurs latins est regardé par l'auteur comme étant le Cle-
matis vitolba L. — Enfin, sous le titre général d'ApEEÇu, M. Du Moiin ex-
pose les synonymies suivantes et en développe les motifs. — 2/i. Àxavôoç
(Akbantbos) = Mimosa Nilotica L. (?) — 25. Alga = Fucus L. —
26. Carduus = Serratula arvensis L. — 27. ('asia =. Lavandula Spira
L. (?) — 28. Hibiscus = Maioa stjlvestris L. — 29. lov = Viola L. -^
30. XeÀîfJôvfov (Khelidonion) = Chclidonium majus L. — 31. Lappa =
Caucaiis grandiflora L. — 32. M-oçilin (Murikbê) = Erica vnlgaris L. — -
33. Narcissus sera comans = Amaryllis luteaL. — 3^. Oleaster Tr= Qlea
europœa L. var. — 35. Ruscus ^=llex Aquifoliuia L. — 36. Saliunca ==
Valeriana celtica L. (?) — 37. Sardoa (Herba) = Ranunculus sceleratush.
252 SOCIÉTÉ BOTANIQUl;; DE FRANCE.
— 38. ScXfvov (Seliiion) = Apium f/raveolens L. — 39. 0a\|>o; (ïhapsos) =
Verbascum Thapsns î.. — ^0. Tribidus ^== Centaurea Calcitrapa L. (?) —
k\. &ç>irj (Thrion) = Ficus Carica L. — hl. Ulva = Carex, Iris, Typha,
Sparganium, etc.
L'ouvrage de M. Du Molin est terminé par une table des noms grecs et
une des noms latins des plantes expliquées, avec la concordance linnéenne,
par une table des noms français, enfin par une table des poètes cités.
NÉCROLOGIE.
II y a deux mois à peine, le Bulletin de la Société botanique de France
rendait compte (IV, p. 75) d'un ouvrage intéressant de M. Graves, le Cata-
logue des plantes observées dans le département de l'Oise; il remplit au-
jourd'hui le triste devoir d'annoncer à ses lecteurs la mort de cet homme
distingué à plusieurs titres, enlevé à la science et à ses nombreux amis par
une longue maladie, le 5 de ce mois (juin 1857), à l'âge de soixante-six ans.
— Doué d'une activité et d'une énergie qui venaient merveilleusement en
aide à son ardent amour des études scientifiques, M. Graves a su, tout en
parcourant les différents degrés de la carrière administrative, jusqu'au
poste élevé de directeur général des forêts, consacrer toujours une partie
de son temps à des travaux importants de divers ordres. L'archéologie, la
géologie, la botanique, considérées en général, occupaient tour à tour ses
loisirs; mais c'est surtout au profit de l'histoire naturelle et monumentale
du département de l'Oise qu'il a fait tourner ses connaissances étendues
dans le champ de ces sciences, ainsi que des recherches approfondies
poursuivies pendant plus de trente années. La botanique était cependant
sa science favorite; même, vers la fin de sa vie, il s'est livré h l'étude des
plantes avec une ardeur et une assiduité qui, peut-être, ont un peu con-
tribué à développer en lui le germe du mal auquel il vient de succomber.
En dernier lieu, les Fougères étaient devenues l'objet spécial de ses
travaux, et il se proposait d'en publier un Nomenclator qui aurait été
d'une immense utilité pour les botanistes, vu l'état actuel de la science au
sujet de cette belle et vaste famille. La maladie, dont les piogrès incessants
ont anéanti ses facultés l'une après l'autre, s'est déclarée au moment où il
commençait a mettre son projet à exécution. — Le nom de M. Graves
sera toujours cher aux membres de la Société botanique de France ; ils
aimeront à se rappeler que c'est lui qui, le premier, a songé à rattacher
entre eux par un lien commun les botanistes français, jusqu'alors trop
isolés, et ils honoreront en lui l'un des trois véritables fondateurs de celte
Société, qu'appelaient les besoins de la science, mais dont la création sem-
blait offrir des difficultés, bien que, une fois créée, elle n'ait pas tardé à
réaliser, a dépasser même toutes les espérances.
REVUE bibliographioif:. 253
— Le 18 décembre 1856 est mort à Floroiu'e M. Antoine Tntj,'ioni
Tozzetti, professeui- de botanique, d'agriculture, directeur du jardin de
l'École de médecine de cette ville, etc. Ce savant distingué s'était fait
connaître également comme chimiste, comme médecin et comme botaniste.
On lui doit de nombreuses analyses de minéraux et d'eaux minérales de la
Toscane, un ouvrage sur la matière médicide, un mémoire relatif à l'ac-
tion qu'exerce l'arsenic sur les racines des plantes, un livre rempli de
recherches du plus haut intérêt sur l'introduction en Toscane des plantes
cultivées, plusieurs écrits sur différents sujets de médecine, etc. Il a suc-
combé à une maladie aussi longue que douloureuse, lorsque son âge
permettait encore d'attendre de lui de nouveaux travaux. Il laisse, comme
héritier de son nom et de son mérite, son petit-fils, le professeur Adolphe
Tozzetti, à qui la botanique doit déjà des écrits importants.
La famille Targioni Tozzetti a donné jusqu'à ce jour à la science quatre
générations d'hommes distingués. Le premier d'entre eux, Jean Targioni
Tozzetti, était élève de Micheli et illustra de ses dessins les ouvrages du
célèbre Florentin ; on lui doit différents écrits , notamment un voyage
en Toscane, dans lequel il justifie de connaissances profondes en médecine,
en botanique et en géologie. Son fils, Octavien Targioni Tozzetti, était
professeur de botanique au Musée de physique et d'histoire naturelle de
Florence. Il a publié des mémoires d'agriculture, des décades de plantes
nouvelles ou rares, un dictionnaire de botanique et des institutions bota-
niques. Antoine Targioni Tozzetti, qui vient de mourir, était le fils de ce
dernier et appartenait dès lors à la troisième génération de cette famille
justement célèbre.
NOUVELLES.
Dans sa séance du 25 mai 1857 , l'Académie des sciences a nommé
M. Antoine Passy, académicien libre, en remplacement de M. de Bonnard.
La Société botanique de France applaudit de tout cœur à cet hommage
rendu au mérite de l'homme distingué qu'elle-même avait appelé, par un
vote unanime, à la présider pendant le cours de l'année 1856, et qui a rempli
ces honorables fonctions avec un zèle et une dignité dont elle aime à se
souvenir.
— M. Naegeli, professeur à Zurich, vient d'être appelé à Munich en
qualité de professeur de botanique et de directeur du jardin des plantes de
cette ville.
— Le Botanische Zeitung annonce que le prix quinquennal de 500 francs,
fondé par Aug.-Pyr. De Candolle en faveur de la meilleure monographie
présentée au concours pendant ce laps de temps, a été décerné au mois de
'Ibll SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE,
septembre dernier à M. J. Mùller, coDScrvateur de l'herbier de M. Alph.
De Candolle, pour une monographie des Hésédacées dont il s'occupait sans
relâche depuis deux ans. Des fragments de ce travail important ont été
publiés dans ce journal allemand et analysés dans le Bulletin de la Société
botanique de France. La monographie tout entière ne tardera pas à pa-
raître, a\ec les 10 planches qui doivent l'accompagner.
— Un document officiel, publié par la Gazette de la Nouvelle-Zélande et
reproduit dans le ./ownîa/ de M. Hooker (cah. de juin 1SS7, p. 183-185)
fournit une nouvelle preuve des efforts que fait avec beaucoup d'intelligence
le gouverneur actuel de la Nouvelle-Zélande pour utiliser le mieux possible
les produits naturels de cette importante colonie. En effet, le gouvernement
de ces îles propose des récompenses pour une somme totale de ùOOû livres
sterling ou 100,000 francs aux personnes qui retireront du Phormium tenax
ou de toute autre plante indigène de la colonie une quantité de filasse assez
considérable pour devenir matière d'exportation. Cette somme sera distri-
buée de la manière suivante : 1" 2000 livres sterling ou 50,000 francs à celui
qui, par un procédé de son invention, obtiendra 100 tonnes (100,000 kilog.)
de fdasse du Phormium ou d'une autre plante du pays; 2° 1000 livres
(25,000 francs) à toute personne autre que celle qui aurait obtenu le pre-
mier prix, qui, après celle-ci, aurait obtenu la même quantité de filasse
des mêmes plantes par un procédé de son invention • 3" 1000 livres
(25,000 fr.) seront partagées entre les 5 premières personnes qui, par un
procédé quelconque, auront obtenu 25 tonnes (25,000 kilog.) de filasse du
P'kormium ou d'une autre planteindigène de la Nouvelle-Zélande. Une con-
dition essentielle consiste eu ce que la matière susceptible d'être exportée
devra être fabriquée de manière à coûter tout au plus 75 p. 100 de sa valeur
réelle au moment de son arrivée au port d'où elle sera exportée, et que le
procédé d'extraction devra être rendu public. Le concours est ouvert pour
cet important objet jusqu'au 1'^' janvier 1859.
— En 1852 la Société des sciences de Harlem avait célébré le centième
anniversaire de sa fondation. A cette occasion, elle avait annoncé qu'elle
décernerait en 1857 un prix de mille florins ou deux mille francs à « l'au-
teur de l'ouvrage le plus remarquable dans une des branches des sciences
naturelles qui serait publié dans le laps de quatre années après 1852. »
Différents ouvrages ont été examinés par la commission qui avait été char-
gée de décerner le prix. Le résultat de cet examen a été que la Géographie
botanique raisounée, de M. Alph. de Candolle, et la Flora tertiaria Hel-
vetiœ, de M. Oswald Heer, ont été reconnus les plus dignes de la récom-
pense proposée; mais comme il était difficile de donner la prééminence à
l'un ou à l'autre de ces importants ouvrages, la Société a cru devoir dé-
cerner à chacun de leurs auteurs un prix de mille ilorins (2000 francs). Ce
REVUK HIHLlO(;i;AIMllQlJE. 255
jugemout de la Société de Harlem proclame ainsi la supériorité des ouvrages
de botanicmc publiés dans l'espace de ces quatre dernières années sur ceux
doût les autres branches des sciences naturelles ont fourni la matière.
niBLIOGRAPHIE.
Botanisclie Keitniig-.
Articles originaux publiés en 1856 (suite).
Crueger (flerman). — Westindische Fragmente (Fragments envoyés des
Indes occidentales). 7* fragment: N™ 32 et 33, 8 et 15 août; col. 5/i5-552,
565-573, pi. X et XI. 8" fragment: n° hl, 21 novem.; col. 809-818;
pi. XV.
1 Irmisck [Tkilo). — Einige Bemerkungen ùber die einheimischen Pyrola-
Arten (Quelques remarques sur les espèces indigènes de Pyrola). N»" Zk
et 35, 22 et 29 août; col. 585-591, 601-606.
Losch [W.). — Ueber BotrychiumKannenbergii\{.\. (Sur le Botrychiuni
Kannenbergii Kl.). 1N° 35, 29 août ; col. 606-608.
Schuchardt (D'" Th.). — Zur Kenntnis der liadix Lopeziana (Note rela-
tive à la racine de Lopez). N" 35, 29 août; col. 608-612.
Lasch ( W.). — Ilieracium Nestleri Koch mit H. Pilosetla [VHieracium
Nestleri Koch et VH. Pilosella). N» 35, 29 août ; col. 612-615.
Philippi (D' R. A.). — Bemerkungen ûher die Flora der Insel Juan
Feruandez (Remarques sur la flore de l'île de Juan Fernaqdez). N" 36
et 37, 5 et 12 sept.; col. 625-636, 6/il-650.
Guepperû — Das botanische Muséum zu Breslau (Le musée botanique de
Breslau). N" 37, 12 sept.; col. 650-651.
Pegel [Ed.). — Professor Cienkowski's Entdeckung und Urerzeugung
^Découverte du professeur Cienkowski et génération première). IV" 38
et 39, 19 et 26 sept.; col. 665-672, 681-687, pi. XII.
Mohl {Hugo V.). ~ Welche Ursachen bewirken die Erweiterung und
Verengung der Spaltoeffnungen? (Quelles sont les causes qui produisent la
dilatation et le rétrécissement des stomates)? N"' ZiO et ^1, 3 et 10 octob.;
col. 697-70^, 713-721; pi. XllI.
Irmisch [Th.). — Notiz iiber Drosera intermedia et rotundifolia (Note
sur les Drosera intermedia et rotundifolia). N°/42, 17 octob.; col. 729-731.
Schlechtendal [F. L.v.). — Abnorme Bildungen (Formations anomales).
^"Ul, 17 octob., col. 731-73^.
Berg {\y 0.). — Ueber die bis jelzt bekannten Arten der Gattung Krn-
meria und die im Handel belindlichen Ratauhiawurzel (Sur les espèces
aujourd'hui connues du genre Krameria et sur les racines de Ratanhia qui
256 SOCIÉTÉ BOTAiNIQUE DE FRANCE.
se trouvent dans le commerce). N" 43, i/i, 65 et 46, 24 et 31 oclob., 7 et
14 nov.: col. 745-752, 761-767, 777-782, 793-799; pi. XIV.
Milde (I)'). — Chaniœceros fertilis Milde, ein neues Gemis aus der Fa-
mille der Anthoceroteen {Ckamœceros fertilis Milde, nouveau genre de la
famille des Anthocérotées). N° 44, 31 octob.; col. 767.
Bail [PL). — Entscheidung der Frage: « Waslsl JR/dzomorpha? n (Solu-
tion de la question: Qu'est-ce qu'un Rhizomorpha?). N" 46, 14 nov.;
col. 799-800).
Philippi [W lî. A.). — Nachtrag zu meinem Aufsatz ûber die Flora
von Juan Fern;indez (Appendice à ma note sur latlorede Juan Feruaudez).
]N°47, 21 nov.; col. 818-819.
Treviranus {L. C). — Noch etwas ùber den Stammbau der Phyto^
lacca dioica L. (Encore quelques mots sur la structure de la tige du Phyto^
lacca dioicaUu.). N" 48, 28 nov.; col. 833-837.
Scklechtendai (D' F. L. v.). — Betrachtungen ûber das Geschlecht der
Stechaepfel (Considérations sur le genre Datura Lin. ou Stramonium
Tourn.). N"» 49, 50, 51 et 52 5 5, 12, 19 et 26 déc; col. 849-859, 875-
881, 903-911, 920-927.
Berg [lY Otto). — Ueber eine neue deutscbe Cardamine (Sur une nou-
velle Cardamine d'Allemagne). N" 50, 12 déc; col. 873-875.
Caspanj [Robert). — Ausscbeidung von Nektar aut der Narbe abgefal-
lener Blûthen bel Charnœdorea desmoncoides (Sécrétion de nectar sur le stig-
mate des fleurs tombées du Charnœdorea desmoncoides). N° 50, 12 déc;
col. 881-882.
Fresenius [G.). — Notiz, Insekten-Piize betreflend (Note relative à des
Champignons venus sur des insectes). JN" 50, 12 déc; col. 882-883.
Caspary [RoheiH). — Bemerkungen iiber Bhizomorphen (Remarques
sur les Rhizomorphes). N" 51, 19 dec. ; col. 897-899.
Caspary [Robert). — Ein neuer Standoit der Udora occidentalis Koch.
[Hydrilla verticillata Casp.] (Une nouvelle localité pour V Udora occideu'
talis [Hydrilla verticillata y Casp.]. N" 51, 19 déc; col. 899-901.
Milde (D'' J.). — [)ie Radix Panna und die Gefaesbuudel im Stipes der
Farren (La racine Panna et les faisceaux vasculaires dans le stipe des
Fougères). IN° 51, 19 déc; col. 901-903.
Itzigsohn (D"" Hermann). — Geologische Bedeutung der Laubmoosflor
der erratischen Bloecke Norddeutschiands (Importance géologique des
Mousses qui croissent sur les blocs erratiques du nord de l'Allemagne).
^52, 26 déc; col. 913-920.
Paris. — Imprimerie de L. Mabtinbt, rue Mignon, 2.
SOCIÉTÉ BOTANIQUE
DE FRANGE.
SKANCK DU 13 MARS 1857.
PRÉSIDENCE DE M. MOQUIN-TANDON.
M. Diicliartre, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la
séance du 27 février, dont la rédaction est adoptée.
Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le
Président proclame l'admission de:
M. GiROU DE BuzAREiNGLiES, député au Corps législatif, rue
Royale, 28, à Paris, présenté par MM. Moquin-Tandon
et de Scliœnefeld.
M. le Président annonce en outre une nouvelle présentation.
Dons faits à la Société :
\° Par M. Duchartre :
De l'influence de l'humidité sur la direction des racines. '
2" Par M. Contejean :
Du climat de Montbéliard au XVI h siècle.
Guide du botaniste à la Mer de glace, de Payot.
3° De la part de M. Guihourt :
Sur le quinquina rouge.
h" De la part de M. Eusèbe Gris :
De l'action des composés ferrugineux solubles sur la végétation.
Nouvelles expériences sur l'action des composés ferrugineux.
5° En échange du Bulletin de la Société :
Journal de la Société impériale et centrale d'/iorticulture. numéro de
janvier 1857.
L'Institut, mars 1857, deux numéros.
T. TV. J7
25S SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
M. le Président annonce que le Conseil, sur le rapport d'une Com-
mission prise dans son sein, composée de MM. Chatin, Cosson et
T. Puel, et chargée d'examiner les avis reçus des membres résidant
dans les départements, relativement à la tenue de la prochaine
session extraordinaire, a décidé que la proposition suivante serait,
conformément à l'art. à7 du règlement, soumise à l'approbation de
la Société :
La Société tiendra cette année une session extraordinaire, qui s'ouvrira
à Montpellier le lundi 8 Juin prochain. — En conséquence la séance ordi-
naire annoncée pour le 12 juin sera supprimée.
La Société adopte cette proposition à l'unanimité.
M. le Président soumet en outre à la Société une proposition de
M. Duchartre, adoptée par le Conseil dans sa séance de ce jour, et
tendant à moditier l'art. 59 du règlement, et à porter de cinquante
à cent le nombre d'exemplaires du tirage à part que les auteurs des
notes ou mémoires insérés dans le Bulletin sont autorisés à faire faire
à leurs frais.
La Société adopte à l'unanimité cette modification de l'art. 59 du
règlement.
MM. les Secrétaires donnent lecture des communications suivantes,
adressées à la Société :
NOTICE SUR L'IIERBARIUM LICHENUM PARISIENSIUM quod edidit W. NYLANDER, med.-doct.,
fasc. m, Parisiis, 1855 (1), par M. inOLCiEOT.
(Bruyères, février 1857.)
Ce troisième fascicule de l'herbier des Ijchens des environs de Paris
renferme 21 espèces corticoles, 21 saxicoles, 3 terrestres et 5 muscicoles.
Nos relations botaniques avec M. le docteur i\ylauder nous pernieltent,
comme nous l'avons déjà tenté pour les deux premiers fascicules, d'offrir à
la Société quelques observations sur plusieurs Lichens de ce troisième fas-
cicule. iNous avons dû consulter le docteur Njlaiider sur ces observations:
il les approuve et cela nous enhardit à les tracer ici. iNous réclamons
sans cesse l'assistance du savant lichcnographe pour arriver à bien con-
naître la végétation Hellénique des Vosges, que nous n'avons pu qu'impar-
faitement indiquer dans la statistique de notre département, mais a la-
quelle nous reviendrons incessamment.
(1) Nous avons fait connaître les deux premiers fascicules de cet Iierbier par
une notice insérée dans le Bulletin, t. II, p. 6S3.
SliANCK DU 13 MARS 1857. 259
Voici nos ohservaUoiis siii- les l.iflic'iis de ce troisième rascieiiie :
N" 1(),'5. Omplmliiria pubinata Nyl. (Test le Collemn stijgium v.'ir. pul-
vinatum Schicr., qui par sa structure thalliiie dilïefe gëiiérlquemeut des
Collema propronient dits. Dans les Oniphnlaria les grains gonidiaux ne sont
pas disposés en chapelet, mais dispersés en petits groupes ou gloméiules.
IN" lO/i. Calicium disseminatwti Fr., forma tlmlb) uliena. Le thalle l)lanc
appartient peut être à un Arthoniu pruinosa stérile.
N" 105. ('uUciuin ulboufram Flk. Ce n'est peut-être qu'un Calicium
subtile venant sur le même thalle que le précédent.
Mo 108. Cladonia niacilenta \ar. ostreata Nyl. Thalle stérile assez sem-
blable à celui du Lecidea ostreata; cette variété curieuse n'a présenté à
M. JNylander que très raremeni des podéties développées et fructifères.
N" 114. Pannaria nebulosa (Hoflm. FI. germ. p. 166 sub Psora), géné-
ralement confondu avec \e Pannaria triptuplnjlla \ii\\. , dont le type est
beaucoup plus rare en France. I.e premier a les apothécies blanchâtres à
l'intérieur, au lieu que l'hypothéeium du dernier est d'un brun foncé.
N° 121. Lecanora pldorjina (Ach. Meth. p. 180, sub Lecanora citrina).
C'est une belle espèce du voisinage du L. viteUina.
JN" 124. Lecanora constans iNyl. Classif. 2^ mém. p. 199. Espèce d'un
faciès insidieux, mais facile a reconnaître à ses thèques polyspores.
N" 126. Lecanora cinerea var. calcarea (L.) Nyl. Le docteur Nylander
ue croit pas qu'il soit juste de distinguer spéciliquement le Lecanora ci-
nerea et le Lecanora calcarea. Le n" 127, Urceolaria calcarea var. farinosa
Ach. Syn. p. 144, offre un status calcareus encore plus prononcé du même
Lichen.
N" 129. Stictis lichenicola Mont. D'après M. Nylander, ce n'est pas
autre chose que V L rceolaria scruposa dépourvu de thalle propre et dont les
apothécies se développent sur les squames du Cladonia pyxidata. SfUrceo-
laria bryopkila Ach. est peu différent.
IN" 133. Lecidea fuscescens Somf. Excellente espèce qu'on ne connaissait
auparavant que de la Norvège, où Sommerfelt l'avait découverte dans le
temps sur les bouleaux. Le docteur Nylander l'a trouvée en bon état sur
les pins dans la forêt de Fontainebleau. Ses spores sphériques, au nombre
de 8 dans les theques, distinguent facilement cette espèce de toutes ses con-
génères.
1N° 136. Lecidea holomelœna Flk. var. vermifera Nyl. Ce n'est peut-
être qu'une modification lecidéine (c'est-à-dire a apothécies noires) du très
polymorphe L. luteola.
N° 142. Lecidea turgidula Fr., probablement identique avec le Lecidea
ammala Ach., qui se confond avec le Lecidea vernalis Ach. de manière
qu il n'est guère possible de les considérer comme des espèces distinctes.
N" 143. Opegrapha atra, forma denigrata (Acli.) Scha^r. F.e n" 78 du se-
s-». ,
260 SOCIÉTÉ BOTAMUIE DE mANCE.
cond fascicule' appartient à V Opcgroplia vuUjnta Ach., i.eight. Br.Groph.
p. 22.
N" \'\5. Opegraphn varia, forma saxicola. C'est V Opegruplia rupeslris
Pers. Leiglit. I. c. p. 11, tab. 5. f. 5.
No \kl . VeiTucoria glebulosa Nyl. Voisin du Verrucaina fuscella
Ach., mais a périthèces pâles.
N° 1^9. Verrucaria oxi/spora Nyl. Sur des bouleaux dans les environs
de Paris et probablement partout en France. Il est plus petit que le Ve7'r.
epidermidis et ses spores sont cylindrico-fusiformes.
N" 150. Gassicurfia silarea Fée. D'après le docteur Nylander, ceci se-
rait un Champii^non parasite sur le thalle du Lecanora o.tra.
Ce troisième fascicule ne le cède en rien aux deux premiers par le bon
choix des éL-haniillons, par la lumière qu'il répand sur les Lichens des en-
virons de Paris, ce qui nous fait vivement désirer que M. INylander le
fasse suivre bientôt d'un quatrième fascicule, dont nous savons que les
matériaux sont déjà en grande partie réunis. Nous ne reviendrons pas sur
l'indispensable nécessité des herbiers, et pins particulièrement de ceux
des familles de plantes (|ui appartiennent à la cryptogamie, afin de pouvoir
les étudier convenablement dans le silence du cabinet de travail, comme
nous l'avons dit dans notre première notice ; nous n'insisterons pas davan-
tage sur le savoir du docteur Aylander, sur l'importance de ses découvertes
relatives aux espèces nouvelles de la tlore parisienne, mais nous ne pouvons
taire notre étoimement, notre satisfaction, en voyant avec quel soin, quelle
ardeur, quel succès, il arrive à rétablir les espèces que les auteurs ont plus
ou moins bien décrites, à signaler les erreurs commises par qui que ce
soit, avec cette franchise que des études approfondies peuvent seules per-
mettre. C'est là un mérite bien rare, hérisse de grandes diflicultés que
M. Nylander parvient souvent et heureusement à surmonter, tout en ren-
dant justice aux liclunogrnphes ses devanciers. Sa tache ne se borne pas
là; sa grande habitude du microscope lui procure des moyens qui lui per-
mettent, tout en débrouillant la synonymie, d'améliorer la méthode des-
criptive, de la rendre plus rigoureuse, plus simple, plus claire, ce qui
nous conduira à la classilicalion naturelle des Lichens la mieux fondée.
Nous en aurons bientôt une nouvelle preuve dans le Prodromus licheno-
grapkiœ Galliœ et Algeriœ, ouvrage qui s'imprime maintenant.
Dans ces derniers temps, les auteurs qui ont écrit sur les Lichens d'Eu-
rope ne se sont pas livrés à une étude aussi attentive que le docteur Nylander.
La gloiiole d'attacher leur nom à chaque espèce à peu près, par les change-
ments faciles de nomenclatuie, les a éblouis : aussi lisons-nous à la suite des
noms de genres et d'espèces, presque constamment, le doux mot ISobis (1),
(1) On pput riier ici entre autres les nomenclaUires de llcpp et Nœgeli, Massa-
SIOANCE ItU 13 MARS 1857. 261
comme si personne n'avait encore ni vu ni dcci il le même objet Cette glo-
riole se L'omprend dans nn sièele ou tonte sorte d'ainbilion s'empare des
esprits el où l'on veut arriver vite à la renommée. Ceites, il est plus aisé de
forger nn nom nouveau, soit générique, soit specilique, en histoire naturelle,
que de scruter les livres oi'i il peut être (|ueslion des mêmes objets. Nous,
savons par expérience ce (|n'il faut de loisir, de patience, pour accorder aux
naturalistes d'autrefois la part grande qu'ils ont eue dans les progrès de la
vaste science qu'ils cultivaient. C'est ce (|ui nous a empêché de nous servir
du mot i\obis dans nos collections de plantes cryptogames et ce qui nous
a conduit a parler comme nous venons de le faire de M. Nylander. Nous
désirons que notre manière d'apprécier ses travaux soit partagée par tous
les botanistes qui s'intérôssent a l'importante classe des Lichens.
LETTRE DE M. U. I.KCOQ.
A M. le Secrétaire de la Société Botanique de France.
Clerraont-I''eiTancl, 'J mars 1857.
Won cher confrère,
J'ai lu dans le compte rendu de la séance du l^i novembre dernier,
comme un fait nouveau, la mention de la présence du Gui sur le Sapin,
fait que je croyais signalé. Je vous envoie l'épreuve de l'aiticle Gui dans le
sixième volume (non paru) de mes Etudes sur la Géographie botanique de
r Europe, que je vous prie de communiquer a la Société, si vous pensez
que cela puisse l'intéresser. J'ajouterai que le Gui abandonne les Sapins
comme les autres arbres (en Auvergne) avant 1000 mètres d'altitude.
Ce parasite est si commun sur les Sapins {AOies pectinata} de la Char-
treuse de Ponigibaud, qu'il m'a souvent trompé dans mes recherches d'or-
nithologie, et que je croyais avoir trouvé l'aire du Circaëtus galliciis, ou
des Milvm qui nichent dans cette forêt. Il est généialement implanté sur le
tronc et sur les grosses branches. Son abondance est telle, que les habitants
du pays le recueillent pour en nourrir leurs vaches, qui en sont très friandes.
Recevez, etc.
NOTICE SUR LE GUI , par M. H. LECOQ.
ViscuM ALBUM, l.iu. — Ic Gui est une des plantes ligneuses les plus
remarquables de nos climats, des plus singulières dans le paysage. Sa station
réelle est d'être parasite sur le Sapin. On le voit attaquer avec vigueur ce
géant des forêts d'arbres verts, s'implanter sur ses branches, absorber sa
sève parfumée, donner à ses feuilles toute l'ampleur qu'elles peuvent acquérir,
et vivre pendant des siècles, comme l'arbre vigoureux dont il s'est constitué
longo, Kœrber, hommes d'ailleurs très instruits et qui ont rendu d'importants ser-
vices à la licbénologie.
262 SOCIÉTÉ BOTANIOL'K 1)Ë FKANCE.
le parasite. Le Gui s'est éciiappé des (orèts d'arbres verts; les oiseaux, en
quittant leur séjour d'été, l'ont transporté surles Alisiers et sur W.sCratœgus;
ils l'ont semé sur les Pomnuers sauvages, et, descendant dans nos vergers,
ils en ont couvert nos arbres fruitiers. Ailleurs, ils ont abandonné ses graines
sur la cime des Tilleuls, sur l'écorce lisse des Trembles et des Peupliers
blancs, sur les rameaux cannelés de VAcer campestre, et le Itobinia, importé
de l'Amérique du îNord, n'a pas été préservé de ce parasite envahissant. —
Quoique paraissant presque indifférent pour son support, le Gui ne se pré-
sente pas toujours avec le même aspect. Il est plus vigoureux, plus rameux,
et ses feuilles sont plus larges sur le Sapin que sur les autres arbres; ses
touffes sont plus Jaunes sur les- Pommiers; il croit en touffes plus volumi-
neuses et plus arrondies sur les Tilleuls et sur les Peupliers blancs que dans
toutes ses auties stations. Nous ne l'avons Jamais vu sur le Chêne. — L'as-
pect du Gui est très curieux; sa lige cassante et dichotome est garnie d'une
écorce verte ou jaunâtre, et la moelle y est remplacée par des rayons mé-
dullaires; ses feuilles sont entières, épaisses, charnues, à nervures diver-
gentes et jaunâtres comme le reste de la plante. — La cime arrondie que
forme chaque touffe de Gui offre une série de dichotomies successives, dont
toutes les pièces, solidement fixées, semblent articulées les unes sur les
autres, et à l'extrémité de chacune d'elles se trouvent trois fleurs également
articulées, dont deux latérales et une terminale. Entre ces fleurs latérales
se trouvent deux feuilles, dont chaque aisselle pioduit un rameau semblable
à celui dont nous parlons, et ainsi de suite d'année en amiée. 'Mais il arrive
presque toujours qu'indépendamment de ces deux rameaux axillaires, il en
sort d'autres autour des articulations, et, quand le développement est com-
plet, il y a quatre rameaux accessoires et deux axillaires, ce qui donne des
verticilles de six, souvent diminués par des avorieraents. — Le Gui fleurit
au mois de mars, et se présente en touffes dioïques. Tantôt le même arbre
est garni d'individus de sexe différent, tantôt un seul sexe en occupe la
cime, ce qui nous a paru être l'effet du hasard. La fleur est jaune, les
pétales sont épais, et les anthères sessiles, collées sur ces mêmes pétales, s'y
présentent en petites masses épaisses, offrant un réseau aréolaire dont les
mailles sont remplies d'un pollen très fin et un peu adhérent. Ces étamines
s'ouvrent déjà dans le bouton. Le stigmate est sessile et peu apparent. —
Après la fécondation, l'ovaire ne tarde pas à grossir; il blanchit peu à peu,
et, au bout d'une année, lorsque les fleurs nouvelles paiaissent, il s'est trans-
formé en une baie blanche et demi-transparente, ovale et remplie d'une pulpe
visqueuse, dans laquelle une seule graine aplatie se trouve engagée. — Les
baies pesantes tombent sur la terre et sont perdues pour la reproduction,
mais beaucoup d'entre elles servent d'aliment aux oiseaux, qui, dans leurs
voyages rapides, les disséminent sur les arbres où ils se reposent. Alors la
graine collée sur la branche laisse sortir une ou plusieurs radicelles qui
SKANCE DU 1?» MARS 1857. 263
chert'hent à pénétrer, à travers l'écorce, ju=(iiie dans la coiiclie extérieure
de l'aubier. Là elles se ramifient et prennent possession du niilicu (pii leur
eonvicnt, et, (|u;ind elles ont ainsi assuré l'existence du premier bourfreon,
les deux cotylédons s'étalent, et la jeune plante prend successivement du
développen)ent. Elle s'allonge cbaque année, et elu'upie année la couche
nouvelle de l'aubier vient serrer la base de sa tige, tandis que des racines
nouvelles s'implantent et se ramifient au milieu des jeunes fibres du bols,
donnant ainsi aux buissons arrondis du Gui une solidité qui leur permet de
résister aux tempêtes et de ne tomber qu'avec les branches qui les suppor-
tent. — Le V. album est remplacé, à Grenade, par le V. cruciatum Sieber,
qui croît sur les branches de l'Olivier, et, à l'ile de Norfolk, entre la Nou-
velle-Zélande et la Nouvelle-Calédonie, par le V. distichum Endl., qui lui
est aussi parallèle, selon Bauer.
Nature du sol. — Altitude.— Nous avons cité le Gui sur un grand
nombre d'arbres où il croit habituellement; nous pouvons ajouter que
M. Bouteille l'indique sur un très vieux Bouleau aux environs de Magny
(Seine-et-Oise), et M. Cosson sur un Chêne dans la forêt de Troyes (Aube).
Wahlenberg l'indique, en Suède, sur les arbres feuilles, tel? que le Poirier,
le Chêne, le Hêtre, etc. Nous ne connaissons aucune autre citation sur ce
dernier végétal. M. Gravier l'a vu sur le Pinus sylvestris dans la vallée du
Queyras, et M. Godron sur les Peupliers, à Nancy. Il reste dans la plaine
ou sur des montagnes peu élevées. Nous ne l'avons pas vu au-dessus de
1000 mètres.
Géographie. — Le Gui est circonscrit dans des limites assez étroites; au
sud, il ne passe pas le plateau central de la France, et n'atteint pas le kh".
H est pourtant cité par Tenore et Gussone en Italie et en Sicile, et De Can-
dolle dit qu'il est commun, en Provence, sur les Amandiers. Il existee n
Espagne. — Au nord, ou rencontre le Gui dans la majeure partie de l'Eu-
rope, en Danemark, en Gothie, dans la Norvège et la Suède australe, et il
est seulement sporadique en Finlande. Il croit en Angleterre jusqu'au 55°.
— ^ A l'occident, il a sa limite en Angleterre. A l'orient, il s'étend davan-
tage, vit en Suisse, en Toscane, où, selon Santi, il habite les Châtaigniers;
à Majorque, en Dalmatie, en Croatie, en Hongrie, en Transylvanie, en
Grèce, en Turquie, en Livonie, où Ledebour en cite un échantillon sur un
Tilleul ; en Lithuanie, où il habite les Bouleaux ; dans la Russie australe, en
Tauride, dans le Caucase, en Géorgie, sur les bords de la Caspienne et dans
la Sibérie de l'Oural, où il croit aussi sur le Bouleau. M. Bove le cite, aux
environs de Ba!i)ek, sur les Poiriers et les Aubépines; mais, d'après les
observations de M. Decaisne, ce pourrait être une espèce voisine,
M. Réveil dit que M. Robinet a présenté à la Société de pharmacie
et à la Société d'agriculture une branche de Chêne portant le Gui.
26/i SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
M Robin ajoule qu'il a observé le Gui sur un Cratœgus Crus-Galli
et sur un Salix caprea, en Normandie, dans un parc entouré de
Pommiers couverts du même parasite.
M. Contejeaii dit :
Qu'il est d'autant plus disposé à partager l'opinion de M. Lecoq sur les
limites supérieures du l'iscuin alhiim, que dans les montagnes du Doubs,
VAbies pectinata devient rare à 1000 mètres, et est remplacé par VAbies
excelsa vers 1100 mètres. A ce niveau, les arbres fruitiers n'existent plus.
Sans être répandu dans la cliaine du Jura avec autant de profusion que
dans les montagnes d'Auvergne, le Gui n'y est pas rare. M. Contejean l'a
observé dans les environs de Montbéliard sur le Poirier et le Pommier
sauvages et cultivés, sur le Tilia microphylla et le liobinia Pseudacacia
d'une promenade, sur les Abies pectinata, Fagus sylvatica, Sorbus Aria,
Acer Pseudoplatanus, Salix alba, Cratœgus monogyna. M. le pasteur Roy
l'a trouvé sur le Charme à. Longeveile. AVetzel l'a recueilli sur les So7'bus
torminalis, Cratœgus monogyna, Acer campestre , Salix babylonica, Ftosa
canina. M. Contejean a vu les échantillons authentiques dans l'herbier de
ce botaniste. Jean Bauhin le signale a Iklfort sur le Cornus mas. On ne l'a
encore observé ni sur le Chêne, ni sur VAbies excelsa, dans les limites de
la llore de Montbéliard.
M. Moquin-Tandon dit avoir vu le Gui sur le Quercus llex.
M. Brongniart rappelle que De CandoUe, dans sa Physiologie vé-
gétale^ a donné une longue liste des espèces sur lesquelles se déve-
loppe ce parasite.
M. J. Gay cite cette phrase d'Eiidliclier, au sujet du Gui : Nullum
om?îino arhorwn vel fniticum genus respuens, in ipso Lorantho
europœo parasiticum vivit (1).
M. Guillard présente les observations suivantes au sujet d'une
communication faite dans la dernière séance par M. J. Gay, au nom
de M. Clos :
JNI. Clos a rappelé qu'il avait proposé en 1855 (2) d'expliquer par la
partition l'intloiescence des Crucifères, et en général des plantes chez les-
quelles les pédicelles sont latéraux sans être aisselés.
31. Clos a rappelé la délinition de \9.partition donnée par Aug. de Saint-
Hilaire. Un exemple de ce phénomène se rencontre, non très rarement,
au bord de nos chemins, sur Loliiim perenne L., lorsque son épi, d'abord
(1) Enrhirid. hol., p. 399.
('2) Voyez le Bullolui, l. il, p. Zi99.
sKAN(;i'; 1)1 lii M.vus 1857. 2(i5
simple, se bifiiiciue el contiime en cpi double. Au lieu (riiii seul axe, ou eu
a deux marcliaut coueurreuimcnt, eoniim! serait d'uu homme et de son
ombre, ou d'uu objet et de sou iuiage rétlétce par un miroir. Ce n'est pas ce
que l'on reucoutre communément chez les Crucifères. Aussi M. Clos ne s'en
tient pas là; il généralise l'idée de la partition : il la voit partout ou il y a
division eu deux parties, quelle que soit la dissemblance des rameaux ainsi
produits. Le globule qui est au centre du bourgeon terminal d'une tige de
Crucifère se divise eu deux mamelons, dont l'un sera une fleur, l'autre une
grappe. M. Clos appelle ce\i\ j)(irtition. Il y a partition si l'on veut, c'est-à-
dire division, partage, mais non plus dans le sens où l'entendaient Link et
Saint-Hilaire, et où l'entendent prol)ablement la plupart des botanistes ; il
n'y a plus dédoublement doimant naissance a deux rameaux semblables.
Au reste, M. Clos a raison de dire que la partition, dans le sens très étendu
qu'il lui donne, est un phénomène général ; elle appartient en effet à toutes
les plantes. Tout rameau sort d'un bourgeon, tout bourgeon sort d'un glo-
bule muqueux, tout globule muqueux se divise, se partage, pour produire
nne première feuille, puis une seconde et le reste. C'est ainsi que s'opère la
progression. Il n'y a donc rien, dans la manière de voir de M. Clos,
qui s'oppose à ce que l'inflorescence des Crucifères soit regardée comme
purement progressive, et leurs grappes classées parmi les Botryes simples,
puisque, de l'aveu même de ce savant professeur, les pédicelles y sont dis-
posés dans le même ordre que les feuilles.
Soit dit sans préjudice des Cymes scorpioïdes , où la régression se
démontre par d'autres observations.
Mais l'absence des bractées ! Si cette absence était absolue, il faut con-
venir qu'il y aurait dilliculté à classer avec certitude ce genre d'inflores-
cence et à décider de la qualité du groupe floral qui en résulte. Mais qui
ne sait qu'un certain nombre de Crucifères ont au nioins leurs premiers
pédicelles à l'aisselle d'une bractée, même d'une feuille ? Nous citerons
seulement (les ayant en herbier) :
Alyssum maritimum Lmwk. ., Arabis auriculata Lamk. ,/4. hirsuta Scop.,
Biscutella amhigua DC. , Brassica mnntana DQ,., Capsella Bursa-pastoris
Mœnch, Cochlearia glastifolia L., Diplotaxis erucoides DC. ,/?. tenuifulia
DC. , D. viminea DC. , Sinapis orvensis L., Thlaspi arvense L., Sisymbrium
Columnœ .Tacq., Lepidiani campestre R. Br. , L. sativwn L. , Brassica ole-
racea L. Voyez aussi Jac(iuemont, Yoy.pl. XIII {Cheirantlms himalayensis
Camb.), etc.
Enarthrocarpus lyratus DC. est bien mieux encore : toutes ses fleurs sont
AXiLLAiRES, dcpuis la première qui a pour aisselière une feuille formelle,
jusqu'à la dernière qui conserve une petite bractée. Il en est de même de
plusieurs espèces des genres Sisymbrium, Cardamine, Farsetia, citées par
les auteurs que rappelle ]M. Clos [loc. cit., p. ."ïOl).
266 SOCIFTÉ BOTAMQUR UK FRANCE.
Nous cnncliinns : \° que l'absence de bractées, qui est très fréquente,
mais qui n'est pas universelle chez les Crucifères, s'explique suffisamment
par l'oblitération ou l'avortemenf, comme dans lieaucoup d'autres familles;
2° Qu'il y aurait danger de confusion à étendre aux phénomènes les plus
communs le sens du mot partition, qui a été utilement spécialisé pour
des cas particuliers bien définis ;
3° Qu'il n'y a pas lieu, quant à présent, d'admettre une troisième ordon-
née «générale du système naturel de l'inflorescence, tous les faits normaux
observés jusqu'ici rentrant sans effort dans les deux ordonnées progression
et RÉGRESSIOiV,
Nous protestons à cette occasion contre « les faisceaux fibro-vascu-
laires gérm'ateurs des feuilles ou des fleiu's » de M. Clos (1). Les feuilles
et les boutons floraux sont engendrés dans des bourgeons où l'on ne trouve,
à l'époque et à l'endroit de cette génération , ni fibres ni vaisseaux,
mais seulement des cellulettes séveuses et des courants séveux. Ce qu'on
appelle fibre n'engendre rien que l'on sache, ce qu'on appelle vaisseau non
plus, et leur réunion pas davantage. Cette partie inférieure et prolongée
des trachées qui a nom vaisseau et les tubules nommés fibres sont des
organes postérieurs à ia naissance et au premier développement de l'être
vivant auquel ils s'ajoutent, et des êtres qui se produisent de sa sul)stance.
On peut ouvrir en ce moment un bourgeon floral de Bibes, par exemple, y
voir des boutons bien formés, la progression nettement marquée ; y discer-
ner sépales, étamines, carpelles même, sans trouver seulement une trachée
dans ces organes déjà éloignés de l'époque de leur naissance. On n'en trou-
vait pas davantage à cette même époque dans le mamelon muqueux qui les
avait conçus.
M. J. Gay fait observer que, dans les grappes des Crucifères, les
fleurs inférieures naissent souvent à Faisselle de feuilles. On peut
d'ailleurs y trouver toujours des bractées rudimentaires, sous forme
de petites écailles, au moins pour les pédicelles inférieurs. Quant
aux feuilles supérieures, leurs bractées sont souvent nulles; mais là
encore on retrouve les deux stipules glanduleuses qui caractérisent
les feuilles des Crucifères. M. Gay cite, à Tappui de ces faits, les
observations encore inédiles de M. Nordinaim, de Christiania. Il
signale aussi la manière de voir de M. Krause, ijui, chez les Cruci-
fères, cherchait la bractée dans le calice et considérait comme telle
le sépale antérieur. Le sépale postérieur était, pour lui, un vorblatt
ou préfeuille. M. Gay considère celte opinion comme non soutenable.
(1) Loc. ciLt p. 500.
SKVNCi'', nr 13 maks '1(S57. '2f>7
M. Chaliii rappolle que cortaiiies Crucifèios ont. des bractées très
iiianirestes. Il cite les Sisytnbrium polyceratium , rimcinntum j
Brcn/a snpina, etc.
M.day ajoute que, dans le genre lonopsidiwn, tous les pédicelles
naissent à l'aisselle de f(Hiilles.
M. Guillard fait remarquer (|ue ce qui vient d'ôtre dit par
MM. Gay et Cliatin conlirine Topiiiion qu'il a émise, en considérant
l'inllorescence des Crucifères comme se rapportant au type ordinaire
de la progression et n'étant pas le résultat d'une partition spéciale.
M. Ducliartre fait à la Société la communication suivante :
NOTE SUR UNE FEUILLE MONSTRUEUSE DE TILLEUL, SUIVIE DE QUELQUES CONSIDÉRATIONS
SUR LES FEUILLES PELTÉES, par M. P. UU€HARTRE.
Le fait qui fait le sujet principal de cette note n'a peut-être pas beaucoup
d'intérêt, et en le signalant à la Société, j'aurais craint d'occuper son attention
sans motif suffisant, si je n'avais constaté qu'aucune observation analogue
ne se trouve signalée dans le Traité de Tératologie végétale ûq M. Moquin-
Tandon. Il m'a été présenté par une feuille de Tilleul qui, seule sur son
rameau, avait soudé l'une à l'autre ses deux grandes oreillettes basilaires
sur toute la longueur de leurs bords en regard, et cela de manière à devenir
complètement peltée. Cette soudure avait déterminé une altération dans le
contour général de la feuille, qui était devenue notablement plus longue
que large, tandis que les feuilles normales voisines étaient toutes aussi
larges ou même un peu plus larges que longues. A cela près rien n'avait
été changé dans l'organe, dont les nervures avaient conservé, sans le
moindre changement, le nonibre, le développement relatif et la disposition
qu'elles présentent habituellement dans le Tilleul. La ligne de soudure des
deux bords unis n'était indiquée par rien de particulier; maison recon-
naissait sa situation grâce à une nervure très grêle qui, dans les feuilles
normales du Tilleul, suit à une faible distance le bord interne de la grande
oreillette. Cette nervure existait dans ma feuille peltée, et elle montrait
que l'union s'était faite tout a côté d'elle.
Eu observant cette monstruosité, je me suis demandé si elle ne dévoilait
pas l'origine réelle de la disposition, peu fréquente au total, qui rend les
feuilles peltées; en d'autres termes, je me suis demandé si les feuilles
peltées, en général, ne seraient pas purement et simplement des feuilles à
deux grandes oreillettes basilaires, soudées entre elles par leurs bords en
regard. Je crois que la dispositio!» peltée ou la peltation, si l'on veut me
passer ce mot, ne peut avoir que deux origines : 1" celle que je viens
d'indiquer; 2" une ramification parfaitement uniforme du pétiole tout
2(58 sociÉTi:; botamquk dk iua.nci:.
aiitoui' (le son extrémité. Djins le prenùer de ces modes de formation, la
soudure sera toujours infiiqute, ce me semble, parce que, si l'on trace
une ligue qui prolongerait la nervure médiane du limbe en arrière de sa
base marquée par l'extrémité du pétiole, cette ligne ne rencontrera pas de
nervure et parcourra un espace uniquement cellulaire; tandis que, dans le
second mode, cette même ligne rencontrera une nervure équivalente ou à
peu près équivalente aux autres; ces deux sortes de peltation semblent, a
priori, devoir différer beaucoup d'importance, puisque l'une n'est due qu'à
une soudure, c'est-à-dire à un fait indépendant de l'organisation même,
tandis <|ue l'autre tient a une sorte particulière de ramification du pétiole,
c'est-à-dire à la constitution tnên)e de l'organe. La deiiiière donnerait
seule des feuilles essentiellement peltées, tandis que la première produirait
des feuilles en quelque sorte imparfaitement peltées.
Il y avait un certain intérêt à reconnaître, en premier lieu, si la nature
emploie uniquement l'un ou l'autre, ou bien simultanén)ent l'un et l'autre
de ces modes ; en second lieu, si la différence que, théoriquement, on
trouve entre eux, est tellement grande en effet, que la même espèce ne
présente jamais que l'un ou l'autre mode séparément, et non l'un et l'autre
à la fois, Pou'" me fixer a cet égard, j'ai observé beaucoup de feuilles
peltées, et les résultats de cet examen ont été :1" que la très grande
majorité de ces feuilles doit sa manière d'être à une soudure bord à
bord des deux oreillettes basilaires; 2" qu'un petit nombre seulement sont
peltées par ramification du pétiole tout autour de son extrémité; 3° que
cette dernière sorte de peltation, quoique tenant à l'organisation même
de la feuille, peut être remplacée par la première, de manière à rendre
moins tranchée qu'on ne l'aurait cru à priori la ligne de démarcation
entre les deux.
Je ne crois pas nécessaire de citer des exemples de feuilles peltées par
soudure, puisqu'elles constituent la généralité; mais j'indiquerai les Ne-
lumbium comme le meilleur exemple, à ma connaissance, de celles qui
sont peltées par uniformité de ramification. Dans ces végétaux le limbe
de la feuille revient à un cercle coupé en deux par un diamètre que trace
une nervure médiane, partagée elle-même par le point d'attache du pétiole
en deux parties égales, situées bout à bout. Ces deux parties constituent en
réalité deux nervures médianes, l'une antérieure, l'autre postérieure. Une
particularité digne de remarque, c'est que ces deux nervures médianes
sont simples, tandis que toutes les autres, en grand nomf)re, qui rayonnent
autour du sommet du pétiole, sont rameuses par dichotomie. Par exception
à cette structure, j'ai vu deux feuilles de A t'/?/mi<w»i iy;cc/o<;//?/? parmi celles
de l'herbier Delessert , dans lesquelles la nervure médiane postérieure
manquait entièrement, et (jui, dès lors, semblaient appartenir au type
commini des feuilles peltées. .l'ai trouvé aussi, sur un pied de la même
SÉANCK i»i: U M.viss 1857. •2m)
espèce cullivc dans l'ii(|uaiiuin O.u Jardin des plantes, une feuille (|ui
formait la transition de l'état normal à ce dernier, et dans lequel la nervure
médiane postérieure, simple à sa base sur une certaine lon^^ueur, se bifur-
quait plus loin en deux nervures égales et parallèles. • — les espèces à
feuilles pellees du genre Tropœolum présentent, de leur côté, des varia-
tions assez grandes pour rendre fort difficile la distinction entre les deux
sortes de pellation, ou pour prouver même que cette distinction est peu
admissible. Ainsi, dans le Tropœolum mojus, la nervure médiane posté-
rieure man(iue le plus souvent, mais elle existe aussi dans un certain
nombre de cas. Pour le Tropœolum minus, les cas dans lesquels cette ner-
vure existe sont plus fréquents que pour le Tropœolum mojus; mais ils le
sont encore moins que ceux dans lesquels elle manque. Je ne l'ai pas
trouvée sur la généralité des feuilles de Tropœolum tuberosum que j'ai
examinées; sur une feuille de cette espèce, dans l'herbier Delesscrt, je l'ai
observée formant une bifurcation en deux nervures symétriques. — Ces
exemples, qu'il serait je crois inutile de multiplier, me semblent prouver
l'exactitude des énoncés (|ue j'ai exprimés relativement aux modes de for-
mation des feuilles peltées en général.
.M. Réveil dit avoir vu en 18/i9, dans un jardin, à Paris, un Lonicera
Caprifolium portant des feuilles soudées, non pas à leur base, mais
par leurs bords.
M. Bâillon présente les observations suivantes :
La formation des feuilles peltées semble pouvoir se rapporter aux deux
modes différents qu'invoque M. Duchartre, si l'on en juge, entre autres
exemples, par les deux qui suivent. La marche qu'y suit la nature semble
en effet être inverse dans les deux cas.
Les feuilles de nos Ricins ne sont pas d'ordinaire peltées à l'âge adulte,
mais dans leur extrême jeunesse elles le sont toujours. Si l'on examine
comment s'y comportent à leur apparition les nervures, on voit que du
sommet du pétiole diverge un faisceau infundibuliforme de ces nervures
qu'on (lira plus tard digitées. Le parenchyme s'étend de l'une à l'autre, et
forme avec elles une sorte de cornet continu. Cependant ce cornet s'échancre
légèrement sur un des points de son ouverture. On peut voir alors que la
nervure qui, partie de l'extrémité du pétiole, s'avance vers celte échan-
crure, s'est bifurquée pour suivre chacune des lèvres de celle-ci, tandis
que toutes les autres sont encore simples. Cette nervure affecte donc alors
la disposition d'un Y, et l'angle que forment les deux branches supérieures
par leur rencontre se trouve dépourvu de parenchyme. Le jambage basi-
laire est donc le trait d'union qui persiste entre les deux moitiés de la base
270 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FlUNCE.
de la feuille ; mais comme ce jambage va désormais s'accroître très peu,
relativement aux deux branches supciiLures divergentes de i'Y, la pelta-
tion va se détruire graclueilemcnt et iiuira par être imperceptible. Acci-
dentellement elle pourra cependant subsister, et c'est ce qui arrive très
souvent dans la variété du Ricinus communis qu'on a nommée JR. afri'
canus.
Un exemple complètement opposé semble pouvoir être tiré des feuilles
du Nelumbium cité par M. Ducbartre. Si l'on brise, en effet, une graine
de cette plante et que l'on en retire l'embryon végétal, lequel est déjà très
développe avant toute germination et se distingue par sa couleur verte de
l'albumen blanchâtre, on voit que, sinon la première feuille, laquelle est
d'ordinaire simple et aciculée, la seconde et la troisième le plus souvent se
présentent avec l'aspect suivant. Au pétiole fait suite un limbe étroit,
conique, subule, aigu, et sur ses côtés sont portées deux cornes obliquement
réfléchies vers le pétiole, et donnant à l'ensemble de la feuille la forme de
certains fers de flèche. Il y a donc dans cette feuille deux grands angles
vides par absence du parenchyme entre ces lobes et le pétiole. Sur les
feuilles suivantes, le parenchyme devenant plus abondant, cet intervalle
est comblé, et l'on arrive peu à peu à un limbe cordé-échancré à sa base,
puis pelté d'une manière de plus en plus manifeste. C'est simplement la
quantité du parenchyme interposé qui fait, par son accroissement, dispa-
raître les solutions de continuité des bords de la feuille.
M. Cosson met sous les yeux de la Société plusieurs espèces rares
ou nouvelles de la régence de Tunis, et fait les communications
suivantes :
ITINÉRAIRE D'UN VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE, ENTREPRIS EN 4850 SOUS LE
PATRONAGE DU MINISTÈRE DE LA GUERRE, par M. E. COSS^OIV.
(Dixième partie.)
Le Djebel Ksel, comme nous l'avons déjà dit, constitue avec le Djebel
Mezouzin, les massifs les plus élevés des montagnes rocheuses qui circon-
scrivent 'a plaine de Géryville. Le massif de citte montagne, étendu du
sud-ouest au nord-est, s'élève à environ 8 kilomètres au nord-est de Géry-
ville, par une pente étroite dont l'inclinaison est assez forte; ses versants
principaux sont ceux du nord et du sud. Deux sommités terminent le
massif, l'une moins élevée et plus approchée de Géryville, l'autre qui forme
la cime principale et qui est désignée sous le nom de Kef el Mardjem. Un
col assez large, ou plutôt une vallée peu profonde, sépare les deux sommets.
— Le versant nord, malgré sa pente assez roide et la présence de nombreux
blocs de rochers, est en grande partie boisé, et ces bois, dont ^'essence
SÉANCK DU 13 MAUS 1857. 271
principale est le Chéne-vert [Quercus Ilex, et v;ir. /Jal/ota), s'élendent de-
puis environ 200 mètres au-dessus de la base de la montagne jusqu'aux
sommités, qui présentent encore quehjues buissons espaces et rabougris.
Dans une antVaetuosilé de la partie la plus occidentale de ce versant, et
à environ /iOO mètres au-dessus de la plaine, existent les seules véritables
sources que présente la montagne, et elles ne sont pas assez; abondantes
pour donner naissance <à un ruisseau, car bientôt leurs eaux se perdent dans
le pâturage qu'elles arrosent. C'est auprès de ces sources que iVJ . de Colomb,
qui la veille avait eu l'obligeance d'aller cboisir le lieu de campement le
plus favorable pour nos explorations, a lait dresser les tentes qui doivent
nous servir d'abri pendant notre séjour dans la montagne. — Le versant
sud, escarpé dans presque toute son étendue, est dépourvu de véritables
bois, et il ne s'y rencontre que (juelques arbres et quelques buissons, espacés
à la base des rochers qui constituent les escarpements et sur les bords des
ravins. La roche dominante du Djebel Ksel est un grès assez compacte ;
sur quelques points seulement se rencontrent des schistes argileux.
Le terrain rocailleux et dépourvu de bois et de broussailles, par lequel
nous commençons l'ascension du versant nord, nous montre, réunies aux
plantes de la plaine, un certain nombre d espèces caractéristiques de la ré-
gion montagneuse^ ainsi nous y voyons en abondance les Eruca sativa^
Heiianthemiun salici folium var. brevipes et hirtum var. Deserti, Peganunt
Hormala (très abondant), Ononis angustissima (très abondant), Anthyllis
Numidica, ScancUx austrulis, Paltenis spinosa, Xerantkemum inapertum,
Atractylis cœspitosa (très abondant), Echinops spinosus, Thymus ciliatus
var. , Plantago albicans, Scilla Peruviana, Asphodelus rnio^ocarpus, ^tipa
ifenacissiwa (très abondant), gigantea, barbata et parviflora, Lygeum Spar-
tum, uEgilops ovata var. triaristata; outre ces plantes dominantes nous y
notons encore les Erucastrum leucanthum, Meniocus linifolius, Alyssuni
scutigerum, Silène ceraslioides, Ebenus pinnata , Astragalus te.nuifolim,
Eryng ium cainpeslre , Crucianella patula^ C ard uncellus piiinutus , Centaurea
acaulis^ Onopordoii macracantliwn, Rhaponticum acaule, Scorzonera undu-
lata, Asterotlirix Hispanicu, Androsace maxiuta, Rochelia stellulata, Zi-
zyphora Bispanica, Passerina virgata, Wangenheimia Lima, Festuca in-
cro.ssata, Broinus squarrosus, etc.; la végétation de la région montagneuse
est repi'esentee par les Ononis Columnœ, Medicago secundiflora^ Sedum
altissimuin, Piinpinella dichotoma, Centaurea alba el pubescens, Phœnixo-
pus vimineus, Sonchus spinosus, Festuca cynosuroides ; le Carduncellus
atractyloides, qui n'avait encore été observé dans notre voyage qu'au
sommet du Djebel Taelbouna près Asia, et qui n'était connu qu'en Algérie
dans la région montagneuse supérieure des monts Aurès et du Djurdjura,
se rencontre ici à une altitude bien moindre que celle des autres stations
où nous l'avions observé.
2 '2 SOCIKTK liOiAMQli: |)F, FKVNCE.
Ali-dessus des rocailies que nous venons de traverser apparaissent de
rares buissons de Bosmarimts officinalis, Betama sp/ufrocarpu non encore
Henri, Colutea arborescens, Cistus villosus, Rliamnns lycioides, Jasminum
fruticans, Ephedra Grœca, que dominent çà et là des touffes de Junipeims
Oxijcedrus et quelques Chênes-verts rabougris, premiers représentants de ia
zone boisée que nous atteindrons bientôt. Entre les broussailles croît en
grande abondance le Fenda communis, qui par sa taille les dépasse sou-
vent. La nous observons, outre la plupart des espèces de la base de la mon-
tagne, les Alj/sswn serpyllifolium, Heliantheuium. g/ut/nosum et rubel-
ium, Dianthui sijlvestris, Linum suffruticosum, Argyrulohium Linnœanum,
Coronilla mininia, Bippocrepis scabra, Seduru album var., Carum Mauri-
tanicum, Thapsia latifolla, Jurinea humilis var. Bocconi, Carlina involu-
crata, Sen^otula mucronata, Leuzea conifein, Helminthia aculeata, Avena
pratensis, Melica dilata, Elymus a-initus, etc.; nous y recueillons égale-
ment le Santolina canescens, que nous n'avions encore vu que dans les
montagnes de l'Aurès et dans le Djurdjura, avec les Genlsta pseudopilosaet
Buplevrum exaltatum var. linearifolium liois^. [B. paniculatuin Coss. ap.
Balansa exsicc. ) qui en Algérie n'étaient connus que dans les monts Aurès.
Au-dessus de ce point, tout le versant nord de la montagne est couvert, à
l'exception de quelques clairières plus ou moins étendues, de bois formés
presque exclusivement par des Cbènes-verts peu élevés et des /«rujoerws
Oxycedrus. — L'approche de la nuit et surtout un orage qui se prépare, et
qui nous est annoncé par un violent ouragan, quelques coups de tonnerre,
et les nuages qui s'amoncellent, nous forcent de remonter à cheval et
de gagner en toute hâte le lieu désigné pour le campement. Les bois,
où l'obscurité déjà profonde ne nous permet plus de distinguer le sen-
tier, sont traversés sans accident, grâce à la vigueur et à l'adresse de nos
chevaux, qu'il ne nous est plus possible de guider et qui souvent ont à
gravir des pentes roides et rendues plus difficiles par des pierres éboulées.
i\L et M'"^ de Colomb, ainsi que nos autres compagnons d'excursion,
qui n'avaient pas comme nous trouvé un vif intérêt dans l'exploration des
pâturages de la base de la montagne, voient avec grand plaisir les tentes
où nous allons trouver un abri contre la pluie, qui commence à tomber et qui
heureusement n'a pas atteint notre provision de papier. Un excellent souper
que M. de Colomb a eu l'attention de faire préparer, et auquel tout le
monde fait amplement honneur, nous dispose à passer une bonne nuit pour
nous préparer a la course du lendemain, au succès de laquelle nos aimables
compagnons s'intéressent vivement et pour laquelle tous nous promettent le
concours le plus empressé.
Le 29 mai, vers 7 heures du matin, après avoir mis en ordre nos récoltes
de la veille et avoir pris une piemière observation barométrique au voisi-
nage des sources, situées à environ ^00 mètres au-dessus de la plaine de
SÉANCE DU 13 MA!«S 1857. 273
Géryville et à 1700 mètres d'altitude .-ibsolne, nous explorons minutiense-
n)enl la clairière où yont dressées nos fentes et ou l'inij^ation naturelle des
sources a favorisé le développement d'une l'iclie vonctatioii. Dans les en-
droits vaseux où viennent se perdre les eaux des sources, nous tiouvons en
abondance le llammculus cœnosiis avec les Trifolium resupinutum, Juncun
ùufonius, Scirpiis Jld/oschœnus, Carex divisa, Alopecun/s prnt/nsis var.
ventricosus, etc. Les pâturajJies aux environs du campement, où dominent
les Trifolium splucrocephalum, Ar/i,n-iit plunkiginea var. leuranlha, Plan-
tago mbidatu et Coronopus, Humex i/njt'soides, Cynosurus flegans, Trise-
tum flavesceus, Pou Indbosa et Fastucaei/nQSW'oides, nous offrent en outre
un certain nombre de plantes intéressantes, entre autres les Mannibiam su-
piiium, IJelianihernum papillare, Trifoliuut niicrunt/iuni (nouveau pour
l'Algérie), Sisijmhrium rrassifolinm, Evax Heldreichii, avec les Arabis
auriculata, Anthémis tuberculafa, Anacyclus Pyrethrum, h'rysimuni gran-
di flonim, Inula monlanu , Trigonella polycerata, Catnnanche cœrulea^
Centaurea acaulis, Silène conica, Capsclla Bursa-pastoris, Convolvulus seri-
ceus, Trifolium glomeratum et tomentosum, Géranium rotundifoUum, Apera
interrapta (connu en Algérie à une seule localité des monts Aurès, au
sommet du Djebel Cheliab), etc. — A la limite de la clairière de notre cam-
pement nous trouvons, sur la lisière du bois de Cbènes-verts (|ue nous de-
vons traverser pour gravir la sommité occidentale de la montagne, les Thy-
mus hirtus et Guyonii qui croissent sur des pelouses rases et pierreuses.
Parmi les espèces que nous observons dans le bois et que nous n'avons pas
encore vues jusque-là, nous devons nous borner à mentionner les Veronica
rosea, Silène Italica var., Bromus erectus, Calamintha alpina, Miliimi
vernale var. Montianum, Arabis pabescens , Belianthemum glaucum, Litho-
spermum incrassatum^ Fcstuca tri flor a, Silène triparlita var. oxyneura, Va-
leriana tiiberosa, Polycarpon Bivonœ, Saxifraga Carpetana, etc. Le Cra-
tœgus Oxyacantha, le Basa canitta et le Lunicera Iitrusca se rencontrent
çà et là dans le bois, où le Santolinu canescens devient d'une grande abon-
dance. Des rocbers escarpés assez élevés nous restent a francbir pour
atteindre le plateau étroit et rocailleux qui constitue le point culminant de
la première sommité. Dans les fissures des rocbers et dans les rocailles qui
s'étendent à leur base, nous trouvons le Droba Hispanica qui est beaucoup
plus rare que dans les autres montagnes de l'Algérie, d'une même altitude,
que nous avons visitées dans nos voyages préi-édents. La nous notons éga-
lement les Anthytlis Vidneraria, Atra'ctylis cœspifosa. Jurineii humilis \iw.
Bocconi, Linum suffruticosum, Inula rnontuna, Plinitago subtdata, Baple-
vrum exaltatum var. lineurif'olium, non fleuri, Centaurea alOa, Carduus
macrocephalus, etc. A l'ombre de touffes de Chênes-verts rabougris et de
Berberis vulgaris var. australis , espacées sur le plateau (environ à
200 mètres au-dessus des sources), nous obseivons Us Valeriauella cari-
T. IV. 18
274 SOCIÉTÉ «OTAMQUE DE FRANCE.
nata, Veronico prœcox q\ (yiubalarin, GaUwn Aparine, Tlilaspi perfo-
liatum, Mi/osotis hispidu, Rubiu It/wis, Anlhriscus vulgaris, Arenaria ser-
pyllifolia, Cijaosurus eleyans. Les rocailles du plateau, où les plantes
dominantes sont les Atractylis aespitosa, Plantago subulatn et Evax Hel-
dreichii sous forme de touffes orbiculaiies déprimées, nous piésentent la
plupart des espèces déjà signalées dans les rochers que nous venons de
gravir, avec les Helianthemum pilosuin var. et rubellurn, Bromus squar-
i'osus, Avena pratensis, Sediim album vai'., Irisetum flavescens, Teucrium
Polium, Echinaria capitata, Armeria plantaginea var. leucantha, Cala-
mintlia a/pina, Anaci/clus Pyrethrum, Ifanunculus Oinenlalis , Silène
conica, irifoUivn i^phœroccphulum , Alyssum serpylUfoiium, Veronica
rosea, Rocheliu slellulata, Xerardhemuin inapertum, liomulea Bulboco-
diu/n, Festuca cynosuroides. Nous avons à peine terminé l'exploration de
cette première sommité, que nous voyons descendre du pic principal nos
compagnons d'excursion, qui nous rappellent que l'heure du déjeuner est
arrivée et qu'ils vont nous attendre au lieu du campement; nous nous
hâtons donc de les rejoindre avec d'autant plus d'empressement, que le
reste de la journée doit à peine suffire a la préparation de nos récoltes. A
notre arrivée nous trouvons avec grand plai^<ir un excellent déjeuner servi
sous des Cliénes-verts, dont l'ombi'age a été rendu plus complet par des
branchages coupés et entrelacés dans leur feuillage, et qui forment ainsi
un véritable dôme de verdure au-dessus du rocher qui nous sert de table.
Nous n'avons pas besoin de dire que, dans ce charmant site et en aussi bonne
compagnie, le temps du repas est employé d'une manière aussi agréable
qu'utile.
Le 30, tout le monde est sur pied dès six heures du matin; M. et M°'*de
Colomb, ainsi que les officiers de Géryvitle, nous quittent pour retourner au
fort, après nous avoir laissé toutefois les vivres nécessaires pour la journée,
que nous nous proposons de consacrer encore a l'exploraiion de la montagne.
A 8 heures, nous partons pour aller visiter le pâturage du col, qui, comme
nous l'avons dc^a dit, sépare les deux sommités, etsurtout le point culminant
delà montagne, le Kef el Mardjem. Le bois de Chênes- verts que nous avions
exploré la veille, el que nous traversons pour nous rendre au col, ne nous
offre pas de nouvelles espèces à ajouter a notre liste. Les pâturages du col
présentent une végétation assez analogue à celle du lieu de notre campe-
ment; aussi nous bornerons-nous ici à appeler l'attention sur les quelques
espèces que nous n'avons pas observées à cette dernière station ou sur la
première sommité que nous avons visitée la veille, la pelouse dépourvue de
bois qui occupe toute l'étindue du ool, et qui çà et lu est labourée par des
broutis de sangliers, est constituée par un gazon assez épais, où dominent
les Armeria plantaginea var. leucanthn, TrifoLium sp/urrocephaluin etpar-
vtflorum, que nous avons déjà rencontrés au voisinage des sources, avec les
SjilANCIi DL lii MAItS 1S57. 275
liromus mollis, llurdcuni viiiriuuiii, Pua ùiilôusa, lldrhhdiisia turaxaci/h-.
lia, etc. Dans le tiazon mèiiu' nous recueillons le JA'iiidiinn Urnnatensi', qui
y est très abondant, et les Hanunculua clKnroitliullos var. (hiùcllatus, Tu-
lipa CelsinnaJ.'efdStium (jlome?att(7n, Erodimn cicutarium, Hcrniariaqla-
hra?, OrnillKKjaium umbellutinn, Aalbfassia Salzmanni , Taraxacum abova-
tum, Valerianellu discoidea, Scleranthus annuus var., Aù-a minuta, Lamium
amplexicaule. Sur les points ou le sol a elé dénude par les san<iliers, nous
observons le Carduncellus pinnatus et le Curduncelli/s atfacti/loides dont
les touffes ne sont pas encore fleuries, avec le Ceratocejj/ialas falcatm et le
Uo/ienackeria biipk'vri/bliu, plante des hauts plateaux qui à cette altitude
n'avait jamais été observée en A If^érie ; dans ces mêmes bioulisde sangliers
nous retrouvons VApera interrupta, qui en Algérie semble propre à la région
montagneuse supérieure. Nous nous dirigeons ensuite vers la pente assez
roide qui nous reste à gravir pour atteindre le point culminant du Kefel
Mardjem. A la base de cette pente existent quelques buissons de Peuplier
h\<uic [Populus albà), tout à fait semblables par la forme des l'euilles à la
variété du même arbre que nous avons observée aux environs de TIemcen.
Dans les rocailles nous trouvons en abondance le Polycurpoa Bivonœ avec le
Queria Hispanica et le Kœleria Vnlesiaca. L'étroit plateau qui constitue la
sommité, et où sont espacés quelques buissons de Juniperus Oxycedrus et
de Cbêne-vert, ne nous offre guère entre les rocailles et dans les fissures
des rochers de giès que les plantes déjà signalées sur le premiei' pic, et nous
n'avons à ajoutera notre liste que les Papaver Rkœas, Hutcldnsia petrœa,
Sisymbrium crassifolium, Dianthus serrulatus, Trifolium aruense, Umbi-
licus horizontalis, Anlkemis tuberculata, Bellis sylcestris, Catananche cœr
rulea, Linarin simplex, inaryinata et heterophylla, Fesluca dwiuscula,
Bromus rubens et lectorum, Asplenium Adiavtum-nigrum. Nous nous arrê-
tons (|uelques instants au pied d'une pyramide en pierres sèches pour
prendre l'observation barométi iquo (|ui nous servira à déterminer l'altitude
de ce point, l'un des plus élevés des montagnes du sud de l'Algérie. Cette
altitude, autant (|ue nous pouvons en juger d'après une seule observation
faite dans des conditions atmosphériques peu favorables, nous parait devoir
être évaluée approximativement à 1950 mètres, soit a 650 mètres environ
au-dessus de Géryville. Au nord seulement la vue embrasse uu vaste hori-
zon, car elle s'étend sur les plaines des hauts plateaux jus{|u'au Chott el
Chergui; au sud-ouest s'élève le Djebel Mezouzin, dont l'altitude est pres-
que la même, et que traverse le col de Teniat Ouled Moumen par lequel
nous avions pénétré dans la plaine de Géryville; à l'ouest la vue est bor-
née par les montagnes du Khraueg el Beiod qui limitent la plaine de Géry-
ville; à l'est appfirait la plaine accidentée de Stitten. — Dans les rochers
escarpés qui constituent la partie supérieure du versant mciidional, nous
observons les Alyssum maritimum, Brassica Gravinœ, Arabis pubescens,
276 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE
Anagallis linifulia et Cistus villosus. Kmiroii à 50 méties nti-dessous du
sommet du Kef, dans un endroit argileux déprimé où viennent se perdre
les eaux d'une petite source, nous leeneillons un certain nombre des espèces
que nous avons déjà notées au voisinage de notre campement, avec les
Phleum [jrateme var. nodosinn, Festuca arundinacea, Poa trivialis, Mentha
Pulegium, et nous trouvons avec une vive satisfaction le Ty^igonella orni-
thopodiokles, plante de l'Iùnope occidentale ([ui n'avait encore été vue en
Algérie t|u'aux environs d'Algei-. — Nous ne sommes i]o retour au campe-
ment près des sources (|ue vers deux heures, et après avoir épuisé le reste
de nos [Vivres, nous nous empi estons de regagner Gery ville, où nous ne
sommes rendus (|u'a la lomb(e de la nuit.
Les journées du 31 mai et des 1" et 2 juin, ainsi que la matinée du 3,
sont employées à la préparation de nos dernières récoltes, a l'étude avec
M. de Colomb de l'itinéraire le plus avantageux à suivre jusqu'à Lagliouat,
à notre correspondance, a la mise en ordre de nos notes, à des conférences
avec le tolba du Bureau arabe, pour lui l'aire transcrire les noms aral)es des
plantes sahariennes (iùe nous avions recueillies à Kl Abiod Sidi Cheikh et à
Brézina, et surtout a l'emballage delinitif de nos volumineuses collections.
Nos nombreux pacjuetsde plantes sèches sont, grâce à l'obligeance de l'of-
ficier d'administiation, renfermés dans des caisses à biscuit, dont les
dimensions sont parfaitement appropriies au tiansport à dos d'animaux, et
sans lesquelles nous eussions difficilement pu faire arriver a bon port nos
collections, cai- il ne s'agissait de rien moins que de leur faire parcourir à dos
de chameaux le tiajet de Géryville à Laghouat, et de Laghouat à Médéah,
c est- à-dire près de 150 lieues. Nous n'avons pas d'ailleurs à regretter beau-
coup tout le temps que nous sommes forcés de passer à la chambre et de
consacrer à nos prep uatiCs de départ, car depuis notre retour du Djebel Ivsel
les variations atmospbériiiuesont et.' incessantes ; il est tombé de fré(|uentes
et formidables averses, et la violence du vent a été telle, que toute herbori-
sation eût été bien difficile, sinon impossible.
Le 3 seulement, vers deux heures, après avoir exprimé à M"'^ de Colomb
toute notre reconnaissance pour sa bonne hospitalité et l'aimable sollicitude
avec laquelle elle a présidé a nos approvisionnements, nous montons à che-
val, accompagnés de M. de Colomb et des autres officiers de Géryville qui
veulent bien nous faire la conduite pendant uiie grande partie de notre pre-
mière étape.
{Ln suite à une pmr haine séance.)
KM
si;a.\(.k 1)1 13 M\RS 1857. 277
NOTES SLin QUELQUES PLANTES liA^ES OU NOUVELLES DE LA RÉGENCE DE TUNIS ,
pai nn. K. C'OSSOK et L. KICtlJH.
(Qu<itrii";mc partie.)
AsTEiusciis l'VGM.Kiis Coss. c't DU. ;i|). Haliiiisa pi. Alger, cxsicc. [1853J
n. 793. — A. aqiiaticus var. pygmœus 1)C. Prodr. Vil, 287; Coss. et
Kr. Cat. Palesl. in de Sauicy Voy. mer Morte, 10. — Sauicija Hiaro-
chnntica Mhhow Vinj. re/i(j. Or. 11, 383.
Plantu aiimia, pusilln, subacauUs inoiiocephala, vel infra capitula 1-2
subradimlia dic/iotoma vel radiatùn ramosa ramis ascoiuienlibus monoce-
phalis \el iiitVa capitiiluni teiminale iterum diclioîoiiio- vel radiatim
ramosa; foliis seiioeo-villosis, intejierriniis , eloii^ato-oblongis, ohtusis,
eliam superioribus in petiolum Lonije altenuotis; capitulis minimis vel
majusculis, foliis .«uperioribus stipatis; iinolucro seiic<^o-villoso, hemi-
spliœiico-canipanulato, t'oliolis biseiiatis, in parte iiiferiore coriaceo-indurata
crassiusculis, laiiceolato-triangiiîaribus obtiisiusciiiis, exterioribiis saitem
apice foliaceis flosculos longe excedeiitibus, perantbesini patcntibus, dein
arcte conniventibus et in planta mareescenti-exsiccata madefacfis tantum
patenti!)us- receptaculo piano, paleato , paleis coriaceis oanaliculato-
carinatis aouliusculis, fluscnlos disci sub8equantil)us; flosrulis luteis, radii
ligulalis ligula oblongo-cnneata apice tridentata, tnbo triquetro villoso,
disci tuhulosis 5-dentatis tnbo glabro teretinsenio inferne incrassato;
acbceiiiis conformibus, subtriquetris, exalatis, dense adpiesseqne sericeo-
villosis; puppo e setis paleiforniibus, sa'pius 10, lanceolalis, i)idivisis vel
vix laceris apice subniatis constante. — Aprili-maio.
In argillosis depressis byeme biinndis vel innndatis, née non in allnviis
et glareosis prope Gabes (Kralik pi. Tini. exsicc. n. 83), etiani in insula
DJerba. — In Sahara Algériens!!, née non in planitieriim excelsarnm parte
aiistralioie ! triuii) |)rovineiaruni baud infrecjiiens ( Balansa pi. Alger,
exsicc. n. 793). — In Palaîstina prope Jéricho (de Saiilcy, Miclion). Iq
Aral)ia petiaei (Scliimper pi. Arab. petr. exsicc. n. 336). In monte Sinaï
et ad Rboduni (Ancher-Éloy pi. Or. e.xsicc. n. 3093 et 309Zi sec. DC).
l.'A. pi/fpnœus, bien que très voisin de l'A. aquaticus Mœncb, nous
parait devoir en être distingné comme espèce, car sur le terrain nous
n'avons pas vu vai ier les caractères distinctit's des deux plantes qui croissent
souvent aux menées localités; il en dilfère par sa tige pre.sque nulle,
monocéphale, ou divisée au-dessous d'un capitule presque radical en deux
ou plusieurs rameaux étalés, diffus, et non pas dressée et a rameaux dressés,
par les feuilles, même les supérieures, longuement atténuées en pétiole et
non pas sessiles semi-amplexicaules, et surtout par les soies paléiforraes
de l'aigrette, entières ou à peine lacîuiées, — Les propriétés bygromé-
278 socii^TK mriAiNiyLK dk France.
triques de cette plante ayant appelé l'attention de tous les observateurs,
nous croyons devoir reproduire ici la note que nous avons publiée dans le
Catalogue des plantes de la Palestine : « l.'involucre des capitules fructifères
dessécbés de cette plante présente des propriétés des plus remarquables,
car SQUS l'influence de l'humidité, on en voit les folioles étroitement
imbriquées et infléchies s'étaler presque instantanément. D'après ces
propriétés hygrométriques, bien plus prononcées que dans V Anastatica
Hierochuntiea, fjénéralement désie;né sous le nom de Rose de Jéricho, et
d'après l'abondance de la plante dans la plaine de Jéricho, où ils n'ont pas
rencontré V Anastatica, MM. de Saulcy et IMichon sont amenés à considérer
\ Asieriscus comme étant la plante hygrométrique connue des anciens sous
le nom de Rose de Jéricho; a l'appui de cette opinion, iMM. de Saulcy el
dMichon font encore observer que l'écn des armoiries de quelques familles
dont la généalogie remonte jusqu'aux croisades, représente, comme Rose de
Jéricho, Y Asieriscus et nullement V Anastatica. »
Chamomilla aurea J. Gay ap. Bourgeau pi. Hisp. exsicc. [1852] n. 17&3;
Coss. et Kr. Cat. Palest. in Saulcy Voy. mer Morte 10. — Cotula
aurea L. Sp. 1257; DC. Prodr. VI, 78. — Anacyclus aureus hmk
Illustr. t. 700, f. 2.
In arvis et cultis, nec non in alluviis regni Tunetani, prope Tunetum
(Kralik), ad Sfax (Espina), circa Gabes vulgaris et in emporio ad usum
œconomicum venumdata. — In Saharse Algeriensis ditione Riskrn (Balansa
pi. Alger, exsicc. n. 787) et ditione Tougourt (Prax). — In Hispania
australi et média (Bourgeau pi. Hisp. exsicc. n. 1763 et 2251). In pro-
vinciis Caucasicis (Ledeb. , FI. Ross.). vEgypto (Delile). Syria (Michon).
Arabia petrœa (Boissier). Persia australi ad Mohamera (Noë) et in insula
Sinus Persici Karck (Kotschy pi. Pers. austr. éd. Hohenacker [1845]
n. 12).
Var. j3 coronata. — Achse.niis pappo membranaceo coroniformi interne
elongato-auriculseformi margine ineequaliter dentato superatis.
Cette plante a été distraite par M. .1. Gay du genre Cotula, dans lequel
elle n'avait pu être placée qu'en raison du port et de l'absence de fleurons
ligules; des caractères plus importants, et en particulier ceux tirés de la
forme des akènes, ne permettent pas de l'y maintenir. Par le réceptacle
conique, par les akènes presque cylindriques, présentant trois côtes à
leur côté interne et dépouivus de côtes sur le dos, par le port et la durée,
la plante se rattache (malgré l'absence de fl"urons ligules, caractère du reste
tout à fait secondaire dans les Anthémidées) au genre Chamomilla {Matri-
com/Godr. FI. Lorr. et FI. Fr.), dont le type est \oMafriri/ria Chamomilln
^., — I.a var. rojxmafa est «nie au type par de nombreux intermédiaires, et
RKVNri; Dti 13 M\us 18i)7. 270
il n'est pas rare de trouver dans un même capitule (|iiel(|nes akènes
poui vus d'une couronne membraneuse, tandis que les autres eu sont com-
plètement dépourvus.
CHLAMYuoennR.v piiBESCRNs Coss. ct DU. ap. Jamin pi. Alger, exsicc.
n. 271 |185'2], et ap. Coss. Voy. bot. Alfjôr. in Ann. se. nat., sér. û, IV,
19>h. — Cotulnpnbescem Desf. Atl. II, 28/i ; DC. Prodr. VI, 80.
In deserti 'ruiietaui ar^illoso-arenosis vel t>iareosis iiyeme hnmidis
nec non in alluviis exsiccatis, inter Sfax et Gabes ad turiem Nadow\ in
ditione Gnbes, ad occidenteni urbis Gabes '\uxVd montem Djvbel Aziza
(Kralik pi. Tuii. exsiec. n. 381). — In Saii;ira Algeriensi ! tota nec non
in planitierum excelsarum parte australiore! haud infrequens.
Par le réceptacle conique à la maturité, par les akènes sessiles, cylin-
driques, à peine comprimés, cette plante nous parait devoir être rattachée
&yx genre C/dmiiydophot'a, dont elle présente tous les autres caractères
essentiels; les akènes, de même que dans le C. tridentota., sont surmontés
d'une couronne membraneuse développée en languette unilatérale, mais
nous n'attachons aucune importance générique à ce dernier caractère, qui
est assez fréquemment variable chez une même espèce, comme nous l'avons
déjà signalé pour le CliamomiUa aurea.
Chl.\mydophora TiuDENTATA Elircnb. in Less. Syn. 266; DC. Prodr. Y\,
139. — Bahamita tridentata Delile! yEg. Illustr. n. 794 et FI. 273,
t. hl, ï. 1.
In pascuis et incultis salsuginosis regni Tunetani australioris prope Gabes
(Kralik pi. Tun. exsicc. n. 382). — In /Egypto inferiore prope Alexandriam
ad Pompeii columnam et lacum Mareotidem (Delile).
Ifloga spicata Scbuitz Bip. ap. Webb PItyt. Cun. II, 310. — Chryso-
coma spicata Forsk. FI. j'Eg.-Arab. Cat. Jî^g. n. hZZ [1775]. — Gna-
phnlium spicatuiu Vahl Symb. I, 70 [1790]. — G. cauiiporum. Desf.!
Atl. 11, 267 [1798]; I abill. Dec. IV, 4, t. 2, f. 1. - Iftoga Fontanesii
Cass. in Dict. se. nat., XXIII, 14; Fenzl Gnaphal. 34. — Trichogyne
cauliflora DC. Prodr. VI, 266.
In arenosis maritimis et deserti nec non in alluviis exsiccatis regni
Tunetani prope el Hammah (Desf.), prope Sfax, inter Sfax et Gabes ad
turrem Nadow\ prope Gabes (Kralik pi. Tun. exsicc. n. 88 et 88 a), ad
occidentom urbis Gabes ad radiées montis Djebel Aziza, nec non in insula
Djerba. — ïn Sahara Algeriensi! trium provinciarum (Balansa pi. Alger,
exsicc. n. 807; Kralik ap. Bourgeau pi. Alger, exsicc. n. 199), nec non
in planitierum excelsarum provincise Algeriensis et Oranensis parte aus-
traliore. — In insuiis Canariis (Webb; Bourgeau pi. Can. exsicc. n. 438 et
280 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
1Z|07). Iii Hispaiiiii orientaii australioie ad Promontoriiim Cabo de Gala
(Boiirgcau pi. Hisp. exsicc. n. 15^9). In /Eayplo (Forskal, Delile, Kralik).
Syria (Labill., Gail!ar;lot). CiliL'ia (lîalansa). Palœstina (de Saulcy). liidia
orientaii pio|)e Suharumpore (W'allich).
Nous avons été à même de constater sur le terrain le peu d'importance
qu'il faut attribuer aux variétés de coloration des folioles de l'involucre ;
aussi ia variété yM//<V/fl, établie par l'un de nous (Coss. PL crit. 108), ne
peut-elle être distinguée du type, auquel elle se rallie par de nombreux
intermédiaires.
FiLAGO sect, Gifolaria. — Capitula in dichotomiis et secus rames sessilia,
solitaria vel interdum geminata. Involucri polyphylli foliola subœqualia,
quiuduplici série et quiiiatim disposita, omuia fertilia, demum quasi
in calyculum 5-radiatum vix patentia. Receptaculum filiforme superne
vix inorassatum. l'Iosculi fœniinei 5-seriati pappo nullo; flosculi berma-
pbroditi pcipauci (3-5), pappo 1-seriali valdedeciduo donati.
FiLAGO Mabeotica Delile! jEg. Illustr. n. 866. et FI. Tth, t. Zi7, f. 2. —
Mia-opus Mareoticus Spreny. Syst. III, /i99. — Evax Mareotica DC.
Prodr. V. 659.
Planta annua, incano-tomentosa , a basi ramosissima, 5-20 centim.
longa, ramis plu ries bi-trichotomo-ramosis vel superne dichotomiarum
abortu subsinii)licibus , corymbum confcrtum generalem efficientibus ;
foliis remotiuscule sparsis, crectiuscuiis vel subpatentibus, lineari-oblongis
obtusiusculis , integerrimis , |)l;iuiusculis vel subimdulatis ; cnpitulis
niinin)is, ovatis, solitariis vel interdum geminatis, sessilibus dicbotomias
obtinentibus vel in lacemos scorpioideos unilatérales dispositis, foliis
seepius ."> involucranlibus subai(iuilongis vel paulo longioribus; involucro
basi tomentoso , superne searioso , subpentagono , foliolis sœpius 25,
5-se)'iatis, subœfjuallbus, arcte imbricatis, eliam defloratis erectiusculis,
confonnibiis coiicavis, oblongo-lanceolalis acutis, interioribus obtusius-
culis; receplaculo filifonai apiee vix incrassato; flos^cuUs fœinineis lenuis-
sime tiibuiosis 5-serialis pappo nullo, centralibus eilo deciduis bcririapbro-
ditis perpaticis (3-5) tubulusis, limbo /4-5-dentato, pappo piloso uniscriali
\alde deciduo donalis; autherarum lobis l)asi in appendicem basilarem
caudiformem productis; stylo incluso, bifulo, lamis obtusis; aebteniis
ovoideis , omnibus hyalino- papillosis , cxterioribus pappo destilutis,
interioribus (3-5) pappo vaide deciduo superati-. — Aprili-maio.
In argilloso areuosis maritiaiis regni Tunetani australioris, pvnpe Sfax,
mier Sfax et Gabes ad turrem Nadour, in alluviis exsiccatis amnis Otœd
Gobes ad Gabes (Kralik pi. Tun. exsicc. sub nomine Filago lloribunda). —
In jïlgypto inferii)re prope Alexandriam ad lacum .Mareotidem (Delile).
SKANCK l.l 13 .^lAl!.-, 1857. 281
Lors 11*1111 picmicr exnmeii, nous avions (Icjà (-U' frappi's de l'identité
du port de notre |)laiite ot de ses antres caractères avec ceux du F. Marcn-
tica, figuré dans la Flore d'Kuypte, auquel nous reiissi()ns rapportée, si
Delile, et après lui tous les auteurs, n'eussent décrit les fleurons inférieurs
comme dépourvus d'aif^retfe, Kn en faisant une nouvelle analyse, nous
avons reconnu que l'aigrette des fleurons intérieurs existe toujours, mais
qu'elle se détache avec une très grande facilité et sans laisser aucune trace;
aussi n'hésitons-nous plus à considérer la plante de In régence de Tunis
comme appartenant à la même espèce que celle d'Egypte, le prétendu carac-
tère tiré de l'absence d'aigrette n'étant, comme nous avons pu nous en
assurer par l'examen des échantillous de l'herbier de Delile, (|ue le résultat
d'une observation faite avec des instruments impaifaits. — la section du
genre Filago [Gifolaria] que nous établissons pour le F. Mareoticn, est
intermédiaire entre les sections Gifola et Oglifa; en effet, la structure des
capitules est la même que dans la section Gifola, tandis que les caractères
du port sont au contraire ceux de la section Oylifa.
CALE^DULA suFFi'.uTicosA Vahl Symb. Il, 9k [1791], DC. Pi^odr. VI,
453; Boiss. Voy. Esp. 337, t. 99. C. stellala Desf. Atl. Il, 30Zi (non
Cav.). C. fulgida Rafin. Caratt. Sic. 83; Guss. Syn. fi. Sic. II, 523.
C. stellata var. y ? fulgida DC. Prodr. VI, 456. Planta viiescens, pu-
bescenti-subglaudulosa, achœniis exterioribus sœpius longiuscule ros-
tratis, dorso basi muricatis, rarius laevigatis. — C. tomentosa Desf. Atl.
11,305, t. 245 [1798J. C. incana Willd. .Syj.' III, 23/jl [1800]; DC.
Prodr. VI, 452. C. marginata\Y\\\d, Enum. hort. 5ero/. 935 [1809].
Planta canescens, plus minus tomentosa tomento detersibdi, rarius gla-
brescenti-virescens, acliaeuiis exterioribus sœpius longissime rostralis,
dorso basi ieevigatis, rarius muricatis.
In montosis regniTuuetani (Vahl, loc. cit.), in arboretis prope Zaghouan
C. stellatae socia. — In Algeriae i-egione littorali trium provinciarum fre-
quens, etiam in montes editiores ascendens. — In regiio Marocano littorali
(Broussonet, .1. Bail). In insulis Canariis (Bourgeau). In Lusitania et His-
pania austi-alioribus (Boissier; Bourgeau pi. Hisp. et Lus. exsioc. n. 1240
et 2080j. In Sicilia (Guss., Huet du Pavillon sub nomine C. fulgida). In
agro Byzantino (INoé).
La plante (le Zaghouan est identique avec celle de Vahl, décrite d'api es des
échantillons également recueillis dans la régence de Tunis, et paiait au pre-
mier abord très distincte du C. tomentosa Desf., non- seulement par l'ab-
sence du tonjentum et par les fleurons ligules plus courts, mais encore parles
akènes extérieurs atténués en un bec moins long et munis d'épines sur le
dos ; mais nous avons été à même, par l'examen sur le terrain et par l'étude
d'une très nombreuse série d'échantillons conserves dans les herbiers, de
282 SOCIKTK HOTAM(.)rK HK FRANCK.
constater que les diverses plantes dont nous donnons l'énumeration synony-
nii(|ue doivent être rattachées au même typespeoKique ; en eftet non-seule-
ment les caractères tirés de l'induration des tiges et de la villosité sont
variables, mais ils sont encore loin de coïncider d'une manière régulière avec
les autres caractères tirés de la lontuueur des fleurons lifiulés, de l;i longueur
des akènes extérieurs relativement à l'involucre, et de la présence ou de
l'absence d'épines sur le dos de ces akènes.
Calendula stellata Cav. le. I, 3.
Var. «. ><tell.ata. — C. stellata Cav. le. 1, 3, t. 5 [1791] ; DC. Prodr. VI,
454 excl. var. (3? et y? — 6'. Sieula{Zyv\\\. ex Bail). Hort. Taur. [1800]
sec. ne. Prodr. VI, 452; Poir. Eneyel. méth. VU, 277. — C. parviflora
Rafin. Cnratt. Sic. 83 [1810] nonThunb.; DC. Prodr. VI, 542; Guss.
Syn. fl. Sic. II, 523. — (\ cerntosperma Viv. FI. Libye. 59, t. 20, f. 2
[1824]. —C. Cristn-Galli Viv., loe. eit., t. 26, f. 2.
Achaeniis exterioribus rostratis, marginato-alatis, alis marginalibus in-
ciso-denlatis, dorso plus minus muricatis.
In cullis et ruderatis regni Tunetani, Mokammedia, Zaghouan (Kralik
pi. Tun. exsicc. n. 250) promiscue cum C. suffruticosa, Souza, Sfax. —
In Algeria! eentraii et australiore bine inde. — In Cyrenaica (Viviani). In
iEgypto prope Alexandriam (Kralik). Tu Gallia australi prope Béziers
(Grenier, Godron) et prope Marseille (Kralik). In Sicilia (Gussone). In Syria
(Micbon).
Var. j3. intermedia.
Acbaeniis exterioribus subrostratis vel suberostribus, membranaceo-alatis
alis marginalibus denlalis, dorso plus minus muricatis.
In cultis et ruderatis prope Sfax et Gabes (Kralik pi. Tun. exsicc. n. 89
sub nomine C. parviflora). — In Algeria australiore! bine inde.
Var. y. ftymenocarpn. — C. Siculaxaw kymenoearpa t)i]. Prodr. VI, 453.
— C. pUityearpa Coss. in berb., et Itin. voy. bot. in Bull. Soc. bot. III.
— C.samtaL. Sp. 1304?
Acba;niis exterioribus erosfribus, Intissime membranaceo-alatis, alis mar-
ginalibus integris vel obsolète sinuato-dentatis, dorso tuberculatis, rarius
submuricatis.
In cultis rudeiatisque regni Tunetani prope Sfax. — In Sahara Alge-
riensi ! tota nec non in planitiebus excelsis australioribus provincial Ora-
nensis ! et Algeriensis! fréquent. — In Hisp;ini.\ orientali australiore prope
Almeria (Bourgeau). In Palœstina (sec, 1.., si C. Sancfa bue rite refertur).
Ce n'est pas sans avoir longtemps hésité ([ue nous avons cru devoir réunir
conime variété au C. stellata le C. platycarpo, en apparence si distinct, et
nous n'avons été amenés à effectuer cette réuuion qu'en raison des écban-
skam;i; m 27 m.viîs 1857. 283
tillons iiitormcdiairps pour lcsi|uels nous avons otabli notre variété inter-
media. — ■ ISous avons ftc en oul:(.' a nu'nie de nous assurer que les diverses
plantes que nous avons rapportées à notre variété stelluta n'en sont que de
simples synonymes.
Othonna chf.irtfolia !.. Sp. 1310; Desf. Ml. IF, 305: Ker Bot. rcij.
t. 266; DC. Prodr. VI, /j76. — 0. caltlioides Mill. Dict. ic. t. 2^5,
f. 1; Duham. Arbr. II, 9^, t. 17.
In agroTunetano ad maris littora (Desf. ), prccsertiin in paseuis, collibus
montil)us(|ue huniilioiibus ad orientem urhis Tuneti usque ad Souza fre-
quentissiiiia, etiam in moutosis circa Zaghounh (Kralik pi. Tun. exsicc). —
In Algerisc planitiebus exeelsis et re;;ione montana inferiore et média, in
provincia Cirtensi ! a Comtantine ad Batna bine inde quam maxime copiosa
(Balansa pi. Alger, exsicc. n. 768), in Alseriensi multo rarior et in ditione
Djelfa hucusque lantum nota (Reboud), in Orauensi desideratur. — In
jïthiopia indicatur (L. Sp.)^ sed hœc plantée patria valde dubia, nempe a
recentioribus non niemorata.
{La suite à une prochaine séatice-,)
SÉANCE DU 27 MARS 1857.
PRÉSIDENCE DE M. MOQDIN-TANDON.
M. Duchartre, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la
séance du 13 mars, dont la rédaction est adoptée.
Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le
Président proclame Tadmission de:
M. Di:mouy, pharmacien à Noyon (Oise), présenté par MM. Chatin
et Réveil.
M. le Président annonce en outre une nouvelle présentation.
Dons faits à la Société :
1° Par M. Léon Soubeiran :
Note sur la matière sucrée de quelques Algues.
2° De la part de MM. de Laurès et Becquerel :
Recherches sur les Conferves des eaux thermales de iSéris.
284 sociiîTi-: I50TAN1UU1': nr: iia.vnci:.
3° El! écliMnii'e du Biillctiii de la Soriélé .
Bulb'tin de la Société industrielle d'Angers^ 11'- uiiiiée, 1856.
Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture, numéro de
février 1857.
L'Institut, aiars 1857, deux numéros.
M. Réveil présente à la Société le travail de M.M. Becquerel et
de Laurès sur les eaux de Néris. Dans cet ouvrage, les auteurs men-
tionnent notannnent l'aclion thérapeutique des Coni'erves que con-
tiennent ces eaux thermales. — M. Réveil met eu outre sous les
yeux de la Société des Champignons hémostatiques, provenant delà
Pointe-à-Pitr(; (Guadeloupe). Ces (Champignons sont renvoyés à
Texamen de M. Montagne.
M. T. Puel, vice-président, donne lecture de l'extrait suivant d'une
lettre qui lui a été adressée par M. Gaillardot;
NOTE SUR LE DÉBOISEMENT DES MONTAGNES EN SYRIE, \v.\v M. €. Ci/tlLLARIIOT.
Saïda (Syrie), décembre 1856.
Monsieur et cher confrère,
Je viens de lire avfec un vif intérêt la note que M. Germain de Saint-
Pierre a communiquée à la Société dims la séance du "25 juillet 1856, sur
l'influence du dcjjoiscmeiit des montagnes, etc. (-ette note m'a d'autant
plus frappe, ([ue j'habite et, que j'cludie un pays où, a chatpie pas, on ren-
contre des scènes de dé.solatiou probablement produites en griinde partie
par les causes qu'a signalées M. Germain de Saint-Pierre. Si vous croyez
que les observ.itions cpie je vous ti'ansmels ici soient as.sez intéressantes
pour venir a la suite de ses rellexious, veuillez les piésenter à la Société. Je
n'ai point ici la prétention de vous eu\oyer un travail complet sur cette
n)atiere, que je compte étudier plus tard en détail ; je veux seulement vous
présenter un des exemples les plus remarquables d'une contrée, autrefois
fertile et couverte d'une nombreuse populalion, devenue aujourd'hui nue,
stérile et déserte, sous l'enipire de causes dont l'une des plus puissantes est
la destiuction des végétaux.
En voyageant en Syrie, on est souvent etounéde rencontrer au milieu de
contrées désertes, arides et conipiétement abandonnées, des ruines de villes
que leur elemlue, daecord avec les traditions his!ori((ues, nous signale
comme ayant été, a des époques plus ou uïoins reculées, de grands centres
de population ; ce (|ui frappe le plus, c'est l'absence complète de végétation
autour de ces ruines. Je me bornerai a vous eu citer (pielques exemples.
Le triangle situe entre .^ntioche, Alep et l.alakie était encore occupe au
SKANCI-; m 27 jimis 1S57. 285
commcncomnit des (M'oisailos par uiii> foule de villes dont plusiiiirs (l.'iiciil
assez imporLiiites, Im» 1837, j'eus l'oeoasioii d'eu visiter une, eomme toutes
les autres eoniplétemeia iiiIium^ et abandonnée; elle est située à deux lirties
environ au nord du villa<.>e de Kefline et oeeupe un espaee tel ({u'on peut
sans exagération évaluer la population (|ui l'a habitée à une soixantaine
de mille âmes. Ses palais, ses églises, sa eitadelle, la dimension et l'areiii-
tecture de ses maisons iiidi{|uent qu'elle a dû être habitée par des gens ri-
cbes et puissants ; elle est enlomee d'une eeinturede collines roeiieuses nues
et tellementdépourvuesde terre végétale, que Ton n'aperçoit pas un arbre,
pas un arbuste. Quatre ou ein(| f;imilles arabes se sont logées dans les dé-
combres et troiMcnt a peine dans une petite source voLsine l'eau suflisante
pour abreuver leurs troupeaux. Il est bien certain (lue celte ville n'aurait
point ac(juis l'importance qu'elle a dû avoir, si au temps du Bas-Kmpiie
elle s'était trouvée dans les mêmes conditions qu'aiijuurd'bui.
A environ 12 lieues au nord de Hama, en descendarit l'Oronte, on
trouve a 3 kilomètres à l'est du fleuve les ruines d'Apamée. Je ne dirai
rien de sou étendue ni de son importance sous les Séleueides ; je me con-
tenterai de dire (lu'aujourd'liui elle est entourée de tous côtes par une plaine
nue et aride; que, bien certainement, les rois de Syrie n'auraient point
choisi celte localité pour fonder une de leurs cipitales, pour établir leurs
baras, si, -a celle époque, elle n'avait pas offert plus d'eau, plus de végé-
tation qu'elle n'en offre aujourd'liui : ils auraient fait comme les pauvres
habitants du petit village de Famieb qui, à peu de distance de la, ont con-
struit leurs cabanes près de l'Oronte.
Tadmour (Palmyre) qui a été la capitale d'une province, dont la popu-
lation a été assez nombreuse pour lutter avec la puissance romaine et dont
les ruines couvrent aujourd'hui un espace de plus d'une lieue carrée, est à
quarante-huit heures de marche da;.s l'intérieur du désert; après avoir
quitté le dernier village, Kariiilène, il faut marcher au moins vingt heures
sans rencontrer ni le plus mince filet d'eau, ni la plus faible source; quelques
puits donnent en hiver un peu d'eau saumâtre, et tarissent en été. Les col-
lines qui entourent la ville sont complètement nues et desséchées pendant
dix mois de l'année; pendant deux niois seulement, sous l'influence des
pluies d'hiver, un tapis de verdure couvre les parties basses, le fond des
vallées où l'humidité peut se conserver plus longtemps. Il n'y a plus ni arbres
ni arbustes ; on ne rencontre autour des ruines que quekiues Dattiers, dont
les racines grêles et pénétrantes peuvent vivre du peu d'eau que conservent
les couches les plus profondes du sol : voila tout ce qui reste des immenses
forets de Dattiers qui entouiaient la ville de Salomon. Une petite source
sert aux besoins des Arabes nomades dont les troupeaux paissent dans les
environs au printemps ; on trouve cependant parmi les ruines les traces
d'aqueducs qui devaient amener à la villejuue masse d'eau assez considé-
*286 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
rable, mais le poiiil de départ de ces conduits est aussi avide que le reste de
la contrée • les sources (|ui Ifs alimentaient ont coniplctement disparu.
Toute la partie nord de l' Anti-Liban était autrefois occupée par une nom-
breuse et riche population : elle est formée par des montagnes et des col-
lines à pentes assez douces, peu escarpées et séparées par des plateaux et
de larges vallées. 11 y a peu de points qui ne puissent être cultivés ; cepen-
dant ou ne trouve que de rares lilets d'eau coulant au fond de quelques ra-
vins, et c'est sur leurs bords que se sont établis les rares villages que l'on
rencontre. Ces faibles ruisseaux sont si loin de suffire aux habitants, que
leur possession et la distribution de leurs eaux sont souvent des causes de
rixes et de guerres.
• Je ne veux pas dire ici que le déboisement seul a causé la ruine et la
dépopulation de contrées autrefois si riches et si puissantes : des événe-
ments dont ce n'est point ici le lieu de parler ont commencé l'œuvre de des-
truction, qui a ensuite marché d'autant plus vite (|ue le peu d'habitants qui
restaient ont épuise en peu de temps les ressources qui les environnaient,
sans penser que, plus tard, le manque d'eau et de combustible devait les
forcer à aller vivre ailleurs.
Au pied du versant ouest de l'Anti-Liban, il y a un gros village appelé
Karaône , dominé par une montagne assez élevée , l'un des derniers
gradins du Djebel Cheikh ; les vieillards de ce village m'ont assuré qu'ils
avaient encore vu des arbrisseaux sur cette montagne aujourd'hui complè-
tement nue, et qu'ils avaient bu de l'eau d'une source qui sortait des rochers
à l'enti-ee du village ; ils sont obligés aujourd'hui d'aller puiser l'eau et
abreuver leurs troipcaux dans le Laitani, à plus d'une demi-heure, et d'aller
chercher leur bois a S ou 10 lieues de distance du côté de Racheya.
Un autre résultat bien plus funeste que la peine d aller au loin chercher
les matériaux nécessaires à la vie journalière des populations, c'est l'insa-
lubrité. Le sol d'une grande partie de la Syrie est une marne calcaire assez
perméable reposant sur des couches compactes. Or, depuis que les monta-
gnes sont déboisées, quand la pente est assez roide et la couche de terre peu
épaisse, cette dernière est entraînée dans les bas-fonds et l'eau des pluies et
des torrents glisse sur le roc dénudé, tandis que, dans le cas contraire, l'eau
filtre a travers les manu's, descend en nappe le long de la surface des cou-
ches calcaires, et vient se ramasser dans les vallées où la couche terreuse
offre une plus grande épaisseur ; elle pénètre et imbibe cette couche, et
lorsque le soleil brûlant dété a desséché les couches superficielles, elle est
ramenée par la capillarité à la surface, où elle entretient une humidité con-
tinuelle. Déplus, les sources étant taries aux premières chaleurs, les habi-
tants des campagnes y suppléent par l'établi-sement de vastes bassins qu'ils
creusent au voisinaiie des villages et où ils rassemblent les eaux de pluie
après avoir garni leur foud et leurs parois de terre glaise : lévaporatiou de
SKANCK UL 27 MAiis 1857. 287
l'eini, le piétinement, des bestiaux, le lava;i;i', des linges, finissent par con-
vertir ces réservoirs en n^.ares inlectes, et l'on conçoit qne l'usage de ces eaux
croupissantes pour la boisson, les exhalaisons (|u'elles produisent, jointes a
l'humidité du sol, développent cliez les malheureux habitants de ces villages
les lièvres malignes qui les déciment tous les ans pendant l'été et l'automne.
Tout cela n'arriverait point si les sources d'eau vive existaient encore, et les
sources ne seraient point taries si la végétation qui couvrait la surface du
sol n'avait pas été détruite.
Cette de.struciion marche avec une rapidité qu'il est difficile de com-
prendre quand on ne connaît point la Syrie, les usages et les habitudes de
ses populations. L'existence dune végétation protectrice du sol y est bien
plus nécessaire qu'en Kurope : dans les pays montagneux la couche de terre
végétale est peu épaisse, et la Syrie est presque entièrement composée de
montagnes. H n'y croit en général que des arbrisseaux, des arbustes, des
taillis de petits Chênes, des Rhamnus; puis des buissons de Calycutome
villosa, de Poterium sp inoswn, elc, poussent dans les intervalles; enfin
les Centaurées, les Inula, et une foule de petites plantes qui forment la
flore de la Syrie couvrent le sol. En hiver et au printemps les pluies sont
très fréquentes: elles durent quelquefois pendant des semaines, et elles
tombent avec une telle force sur le sol dénudé, qu'elles entraînent le peu
d'humus et le limon qui restent a sa surface. Puis, pendant sept ou huit
mois, il ne tombe plus une goutte d'eau, et la terre aurait alors besoin d'un
ombrage assez épais pour garantir d'un soleil presque tropical les plantes
qu'elle produit. Les arbrisseaux et les arbustes en buisson que je \iens
de citer suffiraient donc a peine pour y entretenir en été l'humidité né-
cessaire, pour la protéger pendant les pluies d'hiver, pour former et
retenir à sa surface les couches de terre végétale.
Eh bien! rien n'est respecté; les arbrisseaux servent au feu de la cuisine
et au chauffage en hiver, et les paysans pour ne rien perdre arrachent jus-
qu'à leurs racines; les buissons, les broussadies, les plantes elles-mêmes
sont incessamment transportes par des milliers de bêtes de somme pour
alimenter les fours et les bains des villes. Ori conçoit qu'une végétation aussi
chétive, aussi clair-semée que celle de la Syrie ne puisse suffire longtemps
a une exploitation pareille, a laquelle il faut ajouter la destruction des
arbres cultives qui, autrefois, avant la réforme en Turquie, était, ou la
punition que les pachas infiigeaient aux populations révoltées et vaincues,
ou le résultat de la défaite des partis qui se battaient pendant des années
entières.
Aussi les inondations, qui en France ne sont que des accidents, sont ici
presque habituelles : les torrents causent au sol autant de dommage qu'en
Europe ; seulement la où une nombreuse population vit serrée sur un ter-
ritoire qu elle couvre presque entièrement, ces desastres sont bieu plus ap-
288 SOCIKTK BOTaMQLE DK FRANCE.
parents, tandis qu'ici ils n'apissent tiujonrd'hiii quesur une terre dépeuplée
et passent inaperçus. Hien certainement ils ont achevé autrefois la ruine
des grands centres de population, déjà ébranlés et à demi défruits par d'au-
tres causes ; aujourd'hui ils rendent inhabitables certaines localités, forcent
des populations à chantier de territoire, et créent de jour en jour de nou-
velles difficultés (|ui viendront arrêter plus tard ceux qui voudront tra-
vailler à la régénération de ces malheui'eux pays.
Tout ce que je vii-ns de vous exposer, mon cher confrère, sort un
peu du domaine de la !)otanique; mais après avoir lu les judicieuses ré-
flexions de M. Germain de Saint-Pierre, je n'ai pu m'empécher de vous pré-
senter un triste exemple qui vient fortement a l'appui des idées qu'il a si
bien développées.
M. Cosson dit que, d'après ses propres observations, le déboise-
ment d'un assez grand nombre de localités nionlagneuses, en Algérie,
a eu des résultats aussi fâcheux que ceux sur lesquels M. Gaillardot
appelle justement rattenlion.
M. Duchartrc, secrélaire, donne lecture de la communication
suivante, adressée à la Société :
NOTE SUR LE BLÉ DE NOÉ OU BLÉ BLEU, par M. le comte FRANK DE IVOÉ.
: (Paris, mars 1857.)
Illa seines demum votis rcspondet avari
Agricolae
{Georg., lib. I, v. 47.)]
Il y a environ seize ans, nous nous promenions pai' un beau soleil de
juin dans les plaines de Lectoure, dépaitement du Gers, avec feu le docteur
Duffourc qui, aux connaissances médicales les plus étendues, joignait uu
ardent an>our pour l'agriculture, lorsque tout à coup nos yeux furent frap-
pés de l'aspect particulier d'un Blé prêt à être coupé. « Ah ! nous dit notre
ami, vous apercevez la une espèce nouvelle^ elle mérite bien voire atten-
tion. Cultivez-la en Beauce, cette mère nourrice de Paris, et attendez-vous
à des résultats heureux. » INous sui\imes le conseil.
Depuis cette épo(|ue, ce Blé prospère admirablement en Beauce, et, sous
le nom de Blé de Noé, donne lieu chaque année à des affaires de plus en
plus importantes.
iS'ous croyons donc être agréable à nos confrères de la Société en leur
présentant aujourd'hui une courte notice sur un Blé ()ui est déjà l'objet d'un
grand commerce.
Kn 1826, un chargement de grains d'Odessa otfrit a M. Plante, riche et
iutelli-eut meuuier de ^erac, département de Lot-el-Guronne, une singu-
SÉANCE DU 27 MARS 1857. 2S9
larité qu'il n'avait pas encore remarquée : c'étaient dos grains beaucoup
plus gros, d'une forme plus ronde, d'un Jauiu' plus vif que ceux des lilés
qu'il avait coutume de recevoir de ses correspondants. Il eut l'idée de les
mettre à part et d'essayer d'en propager l'espèce. Il y réussit, et bientôt
il considéra sa nouvelle acquisition comme très recommandable et payant
les frais de sa naturalisation par des qualités solides.
I.e nouveau Blé se distingue aisément des autres espèces de nos cultures :
sa tige est plus courte, plus robuste ; son épi, gros, nourri et cylindrique,
est toujours dressé et sans barbes, et sa maturité d'au moins quinze jours
en avance sur celle des premiers. Jusqu'au moment de la récolte la plante
est tout entière d'un beau glauque bleuâtre : de là la dénomination de Blé
bleu, sous laquelle cette nouvelle espèce est désignée dans le Midi (1).
Déjà le Blé de M. Planté se faisait des amis dans le Gers, quand M. le
docteur Duffourc quitta Paris en 183/i pour se livier entièrement à l'agri-
culture. Il se retira a Bazin, propriété située près de Lectoure, qui devint
bientôt entre ses mains la ferme-modèle du départem.cnt. Il ne tarda pas à
considérer avec intérêt le Blé bleu de M. Planté, et il fit de sa culture l'objet
d'une étude particulière.
L'expérience lui apprit qu'aucune autre espèce de Blé ne réunissait à un
plus haut degré l'avantage d'une maturité précoce à celui d'un rendement
avantageux ; son seul défaut, si c'en est un, est de ne donner qu'une paille
courte, mais robuste, et qui par là même offre peu de prise au vent ; aussi
est-il peu exposé à verser. Le docteur Duffourc y vit avec raison un
nouveau motif pour en recommander la cultuie.
Sollicite par le docteur Duffouic, comme nous l'avions été nous-mème
deux ans auparavant, M. Pérès, élève distingué de Roville, qui relevait
notre ferme du Caumont, sise a l'Isle-de-Noé, département du Gers, de
l'état de délabrement où l'avait laissée tomber l'incurie d'une vieille race de
bordiers, M. Pérès, disons-nous, se détermina en 18^2 à faire du Blé bleu
une des bases de son agriculture. Depuis il n'a négligé aucun soin pour en
étendre la renommée et la lendie durable. Grâce à son activité, la nouvelle
race de Blé a obtenu la faveur des Darblay, des Rabourdin, desTbiroin,
des Lefèvre et autres grands industriels qui viennent chaque année au
Caumont s'approvisionner des semences qu'ils confient à leurs terres.
Maintenant comment le Blé bleu, avec 2 hectolitres semés en Beauce par
nos soins en 1841, a-t-il pu changer de nom et arriver en 1856 au premier
rang sur les marchés d'Étampes, de Chartres, d'Orléans et de Dourdan ?
Il le doit à notre voisin et ami M. Péchard, de Provelu, près Ablis. Ce
fermier actif et habile reconnut, après plusieurs années d'essais, que le Blé
(1) Ce Blé portait primitivement, dans le Midi, le nom de Blé itirc, qu'il con-
serve encore dans quelques localités.
X. IV. 19
290 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
introduit par nous dans la Beaucc donnait, en moyenne, 7 1/2-8 pour 1
dans les terres nnédiocres, et jusqu'à 16-18 pour 1 dans les fonds substan-
tiels. Il se livra dès lors à sa culture avec une sorte d'enthousiasme, et par
reconnaissance, disait-il, pour l'introducteur du nouveau Blé dans le pays,
il voulut lui donner notre nom, qui est aussi celui du vieil inventeur de la
Vigne; sa proposition fut ncceptée.
Nous ne terminerons pas cette courte notice sans parler de l'aptitude du
Blé de Noé à se transformer en Blé printanier ou marsais. Des expériences
récentes ont établi d'une manière incontestable que, semé à l'entrée du
printemps, il devient aussi beau et aussi productif que s'il l'eût été en
octobre ; mais il perd par là sa maturité hâtive. Cette propriété du Blé de
Noé, qui n'avait pas été soupçonnée jusqu'ici de ceux qui ont contribué à
le naturaliser dans notre pays, me parait devoir être signalée comme un
nouveau litre à l'attention des cultivateurs.
M. Duchartre appelle l'attenlion de la Société sur la faculté parti-
culière que paraît avoir le Blé de Noé de passer de Tétat de Blé d'hiver
à l'état de Blé d'été.
M. Janiain dit avoir vu, aux environs de Paris, une variété de
Blé glauque, à tige courte, ne versant pas, et à épis très gros, qui
lui parait être la même que celle dont parle M. de Noé.
M. Chatin met sous les yeux de la Société les dessins de son tra-
vail sur la germination du Vallisneriaf et fait la communication
suivante :
DE L'EXISTENCE DE RAPPORTS ENTRE LA NATURE DE L'ÉPIDERME ET CELLE
DU PARENCHYME DES FEUILLES , par M. AD. CIIjtTITV.
Un coup d'oeil jeté sur l'épiderme et le parenchyme des feuilles, dans
l'ensemble des végétaux, fait aisément reconnaître l'existence de telles
relations entre ces parties, qu'étant donné l'un des deux termes du rapport,
on puisse, avec assez d'exactitude, eonnaitre le second terme.
En négligeant, comme on est presque toujours forcé de le faire dans la
coordination des faits d'histoire naturelle, quelques cas de transition, on
reconnaît que l'épiderme des feuilles affecte deux états fort distincts l'un
de l'autre : dans le premier de ces états, surtout commun parmi les plantes
monocotylédones, l'épiderme des deux faces de la feuille est identique;
dans le second état, l'épiderme de la face inférieure et celui de la face
supérieure sont dissemblables.
Les deux épidermes d'une même feuille peuvent d'ailleurs différer :
a, par la forme ou l'agencement de leurs cellules, comme on le voit dans
siî:anck nu 27 maus 1857. 291
le Bnlsmninn, Ip Pcpli.'^, lo Ihiinex ; h, par les stoiïi.ilcs qui tantôt sont en
nombre (lifréieiit ou inan((ueiit même sur l'une des faces de la feuille,
comme dans le Knlmid, VIlcx, le Primvla sinensia ; c, par les cellules en
même temps (|ue par les stomates, ainsi (ju'on l'observe dans le SamOucus,
VAcanthus, le Damasonium, etc. Les modifications du parenchyme seront
d'autant plus profondes que les deux épiderraes d'une feuille seront plus
dissemblables.
Contrairement à l'épiderme, dont les différences se rattachent à deux
types, le parenchyme se présente sous trois états généraux : 1 " Le paren-
chyme est homogène, c'est-à-dire formé d'un tissu sensiblement uniforme
dans toute sa masse, comme dans le Lilœa, le Trigloclùn, le Sempervivum
tectorum ; 2° le parenchyme est hétérogène, mais symétrique, savoir :
formé vers les deux faces de cellules dirigées perpendiculairement aux
épidermes, riches en matière verte, pressées entre elles et ordinairement de
forme elliptique, tandis que le tissu utricuiaire du plan moyen de la feuille
est plus ou moins lâche, peu chargé de chlorophylle et à cellules tantôt
arrondies, tantôt de forme très irrégulière ; telle est la structure offerte par
\e Dianthus Caryophi/llus, \e Na7x issus, Y Hulimus ; ?>" le parenchyme peut
être hétérogène et asymétrique, savoir : forme vers l'une des faces de la
feuille de cellules (de forme ordinairement elliptique), dirigées perpendi-
culairement à l'épiderme, et vers l'autre face, d'utricules contenant peu de
matière verte, et disposées en un tissu lâche, souvent caverneux. Les dico-
tylédones offrent souvent ce troisième type du parenchyme, tandis que
c'est chez les monocotylédones que le premier et le deuxième type sont le
plus fréquents.
Etant donnés les types de structure de l'épiderme et ceux du paren-
chyme, on reconnaît bien vite qu'ils tiennent les uns aux autres par des
rapports d'une grande généralité, dans lesquels on trouve que l'un des deux
types de l'épiderme répond à deux des trois types du parenchyme. Ces
l'apports peuvent être formulés comme il suit :
Premier rapport. — Lorsque les deux épidermes d'une feuille sont
identiques, le parenchyme est symétrique.
Ce rapport se dédouble d'ailleurs en deux rapports secondaires que
j'exprimerai ainsi :
a. Quand le parenchyme est homogène, les deux épidermes sont iden-
tiques : Triticum repe^is, TypJia moxima, T. minima, Oryza sativa, Aco?'us^
Tetronciiim, Scheuchzeria, /Jutomus, et un grand nombre d'autres mono-
cotylédones ; Sempervivum arboreum, S. tectorum, ainsi que beaucoup
d'autres plantes grasses; Cymbidium juncifolium et d'autres Orchidées;
Hippuris, Potamogeton perfoliatus, et dicotylédones submergées diverses.
b. Quand le parenchyme e^t symétrique, quoique hétérogène, les deux
épidermes sont identiques : Dianthus Caryophyllus, Fritillaria, Hyacinthus,
502 SOCÎKTÉ BOTAMQIE DE FRANCP:.
Narcissus, Atriplex, Nalimus, et des plantes diverses appaitennnt poui' le
plus srand nombre aux monocotylédones ; rameaux foliiformes du Ihiscus,
de VOpuntia, etc.; pliylludes des Acacia.
Deuxièmi: iiAPPORT. — f.oisque les deux tpidermes d'une feuille sont
dissemblables, le parenchyme est asymétrique et hétérogène : Arbutus,
Auciiba, Balsamina, Cerasits, Cltimo/diila, Centrantlms, Cyclamen, Coto-
neaster, Fcgatella, Kalmia, Ilex, Plevrothallis spatulafa, S^nilax et un
nombre infini de végétaux, surtout compris dans les dicotylédones et dans
les acotylédoi'.es vasculaires.
Il est aisé de reconnaître, par leur coloration surtout, si les épidermes
d'une feuille sont ou identicjues ou dissemblables ; à cette première et facile
notion s'en î attachera désormais une seconde, lelative au parenchyme, dont
on devinera la nature, ou symétrique ou asymétrique, au premier coup
d'œil jeté sur les feuilles.
Aux rappoits que Je viens de signaler touchent un assez grand nombre
de faits dont je poursuis l'étude; dès que je serai arrivé à quelques résultats
de nature à pouvoir offrir quelque intérêt à la Société, je m'empresserai de
les soumettre à sa bienveillante appréciation.
M. Diicharlre, secrétaire, annonce la réception d'une note de
M. Attilio Tassi, en italien, sur les vieilles des Ciicurbitacées. Cette
note sera traduite en français et coniminiiquée à la Société dans
la prochaine séance.
M. le comte Jaubert fait k la Société la communication suivante :
SUR LE DÉPÉRISSEMENT DES ARBRES DE NOS PROMENADES PUBLIQUES,
par M. le comte JALBERT.
L'existence des arbres de nos promenades publiques est exposée à mille
dangers: aussi les tables de la mortalité qui sévit dans leurs rangs sont-
elles lamentables, k peine sont-ils plai>tés que, malgré les moyens préser-
vatifs que la police multiplie autour et auprès d'eux, ils ont à subir de la
part des passants des outrages de toute espèce: chocs, meurtrissures, rien
ne leur est épargné. Les enfants, — cet âyc sans pitié, comme dit La Fon-
taine, — les tourmentent de toutes f;içons, et à cet endroit les gens qui
devraient être raisonnables ne le sont guère plus que les enfants. Sauf
quelques situations privilégiées, comme les Tuileries où la végétation se
développe librement avec une magnificence digne de la nature sauvage, et
les boulevards extérieurs parce qu'ils sont déserts, la plupart des planta-
tions languissent et meurent prématurément, victimes du contact malsain'
de la civilisation. Vainf^ment leurs racines plongent dans un terrain de
choix: le sol bientôt piétiné, recouvert en partie d'un pavé ou même d'une
PKANCK nu 27 MARS J857. 293
coiiclie impciTTirable d'asphalte, est infocté par les l'uitos des conduits du
gaz. La nuit nu'iiu' n'a pas de repos pour eux : réelaiia<ie (|iii inonde leurs
feuilles, en les privant de l'espèee de sommeil (jui leur est indispensable,
trouble nécessairement l'économie de leurs jonctions, et surtout ces alterna-
tives d'expiration de l'acide carbonique et de l'oxygène, destinées à établir
avec le règne animal un si merveilleux équilibre.
Si, au travers de tant d'obstacles, l'arbre parvient à vivre et à développer
ses branches, on l'accuse d'olTustiuci- les maisons voisines. Trop souvent,
malgré la surveillance des sergents de ville, il est victime d'un empoisonne-
ment avec préméditation. Qui sait même si, au jour de l'émeute, le bourgeois
imprudent ne donnera pas lui-même le signal du renversement? Mais le
bourgeois ne tardera pas à se repentir de son ingratitude. L'invasion étran-
gère avait devancé nos discordes civiles dans cette œuvre de destruction.
Aux Champs-Elysées, nos plus beaux arbres portent encore les cicatrices
de 1814 et de 1815. Les l'eux de bivouac, allumés a leur pied, avaient
brûlé leur écorce ; la dent des chevaux l'avait dechii'ée. Grâce à de bons
pansements, les plaies ont été recouvertes d'année en année par des couches
nouvelles; et nos descendants, a défaut de l'histoire, pourront un jour lire
sur la tranche de ces arbres la date précise de nos malheui's.
11 est évident que les causes purement naturelles, les météores, les pas-
sages brusques de la chaleur au froid, doivent agir avec une funeste inten-
sité sur des êtres condamnés au régime que nous venons d'indiquer. Si quel-
que branche est brisée par le vent, il se forme d'autant plus promptement
sur son écorce des crevasses, des gouttières, le longdes(iuelles l'eau pluviale
coule avec la sève extravasée : ailleurs, et ce cas est le plus fréquent, la
partie desséchée de l'écorce, composée de l'épiderme et de lenveloppe subé-
reuse, est minée dans tous les sens par des insectes xylopliages (rongeurs de
bois); la partie vivante, fibres corticales et liber, est bientôt compromise;
l'arbre ne résistera pas longtemps. Il faut le dire pourtant: on a constaté
que certains insectes s'attaquent même aux arbres plantés dans les conditions
les plus favorables.
Un insecte coléoptère du genre Scolyte exerce les plus grands ravages à
Paris et dans les environs ; il y en a cjuatre espèces : les Scolytes intri-
catus et pygmœus qui vivent sur le Chêne, les S. destructor et multistriatus
qui sont le fléau de l'Orme -, le ..S. destynœtor s'attaque aux vieux Ormes, le
5. multistriatus aux jeunes: nous nous occuperons ici des deux derniers.
Vers la fin de l'été, la femelle s'insinue dans les gerçures de l'écorce, y
creuse (le bas en haut une galerie parallèle aux fibres corticales, et destinée
à recevoir ses œufs. Apiès la ponte, l'insecte se traîne à l'extrémité de la
galerie et y meurt, comme pour y former, avec les débris de son coi-ps des-
séché, un rempart à sa progéniture; car un autre insecte, Vic/ineumon, s'y
présentera pour y introduire la sienne, qui dévorerait dans leurs retraites les
29/> SOCIÉTÉ BOTANIQUE UK FRANCE.
larves du Scolyte, en se. formant des coques avec leurs dépouilles. Cepen-
dant ces larves se sont développées, et chacune d'elles s'est mise à creuser,
perpendiculairement à la galerie maternelle, sa galerie particulière, dont le
prolongement est plus ou moins sinueux. De là ces espèces de tatouages
que l'on remarque à l'intérieur des plaques décollées de l'écorce : chaque
groupe de galeries, sorte de miniature des foudres que les artistes placent
dans les serres de l'aigle, présente dans son ensemble une forme ovale et
dessine, sur 5 à 8 centimètres dans le petit diamètre, le champ d'activité
d'une famille de Scolytes composée d'une centaine d'individus. Il existe dans
la galerie d'enlomologie du Muséum d'histoire naturelle une collection
curieuse des travaux, soit utiles, soit nuisibles, des insectes qui vivent aux
dépens des substances végétales : c'est la que l'on peut examiner à loisir les
traces de l'invasion vraiment redoutable des Termites, dans les ports de La
Rochelle et de Rochefort, si bien décrite par M. de Quatrefages, il y a
quelques années, dans la Revue des Deux-Mondes, et que nous avons
mentionnée nous-même dans notre Botanique à V Exposition universelle de
1855. Dans l'une des vitrines de cette collection se trouvait un échantillon
de bois d'un jeune Orme, comme sculpté pour ainsi dire par le Scolytes
multistriatus.
A ce moment, une foule d'autres insectes, espèce de populace, ne manquent
pas d'arriver, soit pour miner à sa façon l'écorce déjà ébranlée, soit, comme
les Cloportes et les Millepieds, pour jouir de l'abri frais que présentent les
intervalles des couches décollées de l'écorce. D'autres, comme la grosse
larve du Romhyx {Cossus ligniperda), percent du premier coup éoorce et
bois, n'attendant pas, poui- pénétrer jusqu'au cœur de l'arbre par des galeries
sinueuses aussi, que les approches de la place aient été facilitées par le Sco-
lyte. Enfin, l'écorce se détache entièrement du tronc et se renverse par
plaques souvent longues de plusieurs mètres, comme des pans de murs.
Sur ces entrefaites, le Scolyte, dont la larve se sera métamorphosée, aura
prolité des beaux jours de juin pour abandonner son berceau, et se sera
envole par myriades sur les arbres sains du voisinage, pour aller y recom-
mencer la même série de ravages.
Le nombre d'Ormes ainsi détruits par le Scolyte est immense. L'adminis-
tration municipale, sous l'excellente direction de M. le comte de Rambuteau,
grand planteur lui-même dans ses terres de Bourgogne, s'était préoccupée
de cet état de choses et s'était efforcée d'y porter remède.
C'est alors que M. le docteur Eugène Robert, déjà connu par ses travaux
comme géologue attaché au voyage de la Commission scienlifique dans le
IVord, s'était livré à des recherches sur les ravages causés par les insectes.
Le sujet, dans sa généralité, n'était pas entièrement neuf: Réaumur ne
l'avait pas négligé. En 1837, M. Ratzeburg avait entrepris, à Berlin, la
publicdlion de son grand ouvrage sur lus insectes utiles ou nuisibles des
6È\mK DU 27 MAns 1857. 295
forêts (1). Ce traite approfondi contient une fouie de détails instructifs sur
les Bostryches, qui infestent les forêts de Conifères dans le Harz, mais peu ou
point de documents applicables aux Scolytes, qui paraissent être assez rares
dans le nord de rAIIemagne. A cet égard, et dès 1836, l'éveil avait été
donné par le savant auteur des Mémoires sur la Pyrale de la Vigne, Audouin.
M. Robert se livra à cette étude d'une manière spéciale. Ses premières
expériences sur les arbres des promenades de Paris, de Saint-Cloud, de
Versailles, datent de IS/iS, et furent, l'année suivante, l'objet d'une com-
munication à l'Académie des sciences, La Société centrale d'agriculture
avait ouvert un concours pour de bonnes observations sur les insectes nui-
sibles; le prix, consistant en une médaille d'or, fut décerné en 18^5 à
M. Robert, qui publia son mémoire en décembre de la même année. Le
rapporteur de la Société d'agriculture, M. Guérin-Méneville, avait carac-
térisé la méthode de M. Robert en disant qu'elle offrait un moyen simple,
certain, appuyé sur les données de la physiologie végétale et de l'entomo-
logie : 1° de rendre la vitalité aux arbres languissants, ce qui en éloigne
déjà les Scolytes ; 2° et surtout de faire périr une prodigieuse quantité de
ces insectes. Le 7 juin ISUl, M. Milne Edwards présenta à l'Académie des
sciences un mémoire de M. Robert, en appelant sommairement l'attention
de l'Académie sur le double effet (guérison des arbres avec augmentation
d'accroissement en diamètre) produit par l'enlèvement paitiel ou général de
la vieille écorce du tronc et des grosses branches jusqu'au liber Un rapport
plus détaillé sur ce mémoire fut présenté le 27 mars 1848, par M. Milne
Edwards, au nom d'une commission spéciale dont il était membre, avec feu
Achille Richard et M. Decaisne. Les conclusions, qui tendaient a approuver
les recherches de M. Robert et à ordonner l'impression de son mémoire
dans le Recueil des savants étrangers, furent adoptées.
Les végétaux, en leur qualité d'êtres animés, relèvent, comme les ani-
maux, de l'art de guérir considéré dans sa plus grande généralité (2).
L'hygiène qui leur est propre, s'appuie sur la connaissance de leurs organes
et du mode de leur accroissement, sur celle des milieux où ils sont destinés
à vivre, afin d'écarter d'eux les influences pernicieuses et de leur fournir
avec plus de régularité et d'abondance les éléments nécessaires a leur
accroissement; l'étude des parasites de toute sorte qui se fixent sur les
végétaux, et la théorie des engrais, éclairent cette hygiène-, et nous avons
déjà dit combien est funeste aux arbres de nos villes le régime auquel ils
sont soumis.
(1) Ratzeburg. Die Forst-Insecten, oder Abbildungen und Beschreibimg der
in den Wœldern Preussens und der Nachbarstaaten als schœdlich oder niietz-
lich bekannt geivordcnen Insecfcn, Ix vol. in-Zi". Berlin, 1837-1853.
(2) Meyeo. Pflanzen-Pathologie. Berlin, 1841.
206 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Le traitement médical des plantes dérive des lois de l'hygiène ; mais il
y a aussi inie chirurgie végétale. I.a plus usuelle de ses opérations, la
taille des arbres, c'est-à-dire l'amputation, selon certaines règles, de cer-
tains rameaux, met en évidence cette différence fondamentale entre les
végétaux dune part et les animaux des classes supérieures d'autre part, et
consistant en ce (jue, ceux-ci étant des êtres essentiellement terminés, la
régénérescence des tissus sous ra(;tion du scalpel est renfermée dans
d'étroites limites. Une plaie se refermera par suite de la formation, sur ses
bords, d'une partie peu étendue de tissu nouveau ; lorsque les ongles et les
cheveux auront été coupés, ils repousseront dans de certaines limites : mais
là se borne la faculté reproductrice de la substance organique. Au contraire,
le végétal, analogue aux animaux inférieurs, aux polypes par exemple, est
un être à propagation pour ainsi dire indéfinie par bourgeons, ou plutôt il
semble former une association d'individus a divers degrés d'évolution et
susceptibles d'acquérir un développement complet, si les circonstances leur
sont favorables. Ce phénomène est si général, il domine tellement l'en-
semble de la pliysiologie végétale, que la reproduction par graines, si
étendue pourtant et si variée, ne parait plus elle-même qu'une grande ex-
ception. C'est ainsi que s'expliquent le mieux l'accroissement et la durée
énorme de certains arbres fameux, tels que le Dragonnier des îles Canaries,
le Châtaignier de l'Etna, où les parties atteintes par la décadence étant
réduites à l'état de support inerte, de substrutum, pour emprunter le lan-
gage de l'école, les bourgeons qui revêtent ce support se substituent les uns
aux autres en se transmettant le principe de la vie :
Et quasi cursores vitaï lampada iradunt.
(Lucrèce, I. II, v. 78.)
M. Robert a fait sur les arbres malades plusieurs sortes d'opérations de
chirurgie végétale, dans chacune desquelles il s'agit de régénérer l'écorce,
pour recouvrira iiouveau les parties endommagées de l'arbre; cela est
toujours possible lorsqu'il en a conservé une portion suffisante à l'état de
vie : voilà ce que M. Hubert appelle ¥,a phloioplustie (de ujXoi'o;, écorce, et
vlà'j'jîi-j, former).
C'est un axiome élémentaire, en chirurgie, que les plaies doivent être
tenues proprement. Celles des arbres, meurtrissures, chancres, gouttières,
seront débarrassées de toutes les parties de tissu décomposées, et grattées à
vif. Si le mal a été assez profond pour mettre le bois a nu, on étendra sur
la surface ligneuse un enduit quelconque, pour la préserver du contact de
'air qui en bâterait la destruction. Partout, au contraire, où il existe quel-
que partie vivante de l'écorce en parenchyme ou fibres corticales, et à plus
forte raison en liber, soit sur le fond de la plaie, soit sur ses bords, non-
seulement il faudra la respecter soigneusement, mais encore il importe
sÉ\N(,i: DU "27 M,vus 1857. 297
beaucoup de consc>rvor, si on le peut, pour la protéger, (iuel(|ues ininces
feuillets de la eouelie subéreuse : c'est l'espoir de la phloiopUislie. Lors-
qu'on opérera dans une saison où la cbaleur sera modérée, ou nnême pen-
dant l'hiver, il ne faudra pas craindre comme pour le bois le contact pro-
chain de l'air pour les fibres corticales; elles en ont besoin au contraire, et
l'application d'un enduit bitumineux, surtout s'il était employé à chaud,
serait funeste. Quand l'opération aura été bien faite, les bourrelets régéné-
rateurs ne tarderont pas à paraître.
Les bons effets du traitement méthodique des plaies ont conduit à l'idée
des plaies faites à dessein, avec des instruments tranchants, comme moyen
de rétablir la santé générale de l'arbre. M. Robert enseigne à les faire, dans
les cas suivants, et son succès a été complet.
Lorsque l'écorce du tronc et celle des grosses branches, entière à l'exté-
rieur, mais rugueuse et d'un aspect noirâtre, aura été envahie par le Scolyte,
ce que dénote, d'autre part, le dépérissement du feuillage, il faudra se hâter
de pratiquer longitudinalement, sur les parties attaquées, des incisions pé-
nétrant les couches corticales, jusqu'au liber exclusivement. Souvent ces
incisions suffiront pour déterminer tout le long de leurs lignes la formation
de bourrelets. Plus souvent il faudra enlever entre deux incisions une
bande étroite aux dépens des couches subéreuses, mais en ménageant les
plus intérieures de ces couches, comme nous l'avons dit pour le nettoyage
des plaies accidentelles. Cette espèce de scarification déterminera un afflux
de la sève, provoquera la formation de tissus nouveaux et arrêtera la
marche longitudinale des larves du Scolyte, partout où l'instrument de la
scarification ne les aura pas effectivement atteintes et enlevées.
Mais si, faute d'une scarification pratiquée à temps, l'arbre a été envahi
de toutes parts par le Scolyte, et si la maladie est arrivée à ses derniers
périodes, alors il faudra recourir aux remèdes héroïques. M. Robert n'hé-
site pas, dans ce dernier cas, à pratiquer ce qu'il nomme la dé cortical ion
sur une partie plus notable, ou même sur la totalité du pourtour de l'arbre,
jusqu'aux premières branches; les simples incisions étant réservées pour
le tronc des arbres nouvellement atteints et les grosses branches des arbres
très malades.
Pour ces diverses opérations, M. Robert se sert d'instruments très com-
modes, analogues à la doloiredes tonneliers et à l'herminette des charpen-
tiers. L'ouvrier détache avec facilité des plaques minces ou copeaux,
procédant avec précaution, par petites entailles, de manière à ne pas
offenser le tissu vivant; la plupart de ces copeaux sont remplis de larves
de Scolytes. Dans les opérations de l'enlèvement des lanières longitudinales
et de la décortication se manifestent plusieurs effets liés lun h l'autre :
d'abord, une sorte de débridement, pour parler avec M. Robert ; les parties
jeunes de l'écorce sont comme soulagées du poids qui comprimait leur
298 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
développement, le tissu cellulaire s'étend, la sève circule avec plus de
liberté pour repousser en dehors les parties anciennes, et il est évident que
cet effet de dikitation doit se propager jusqu'à l'aubier Uii-mème. De tout
temps, les jardiniers avaient remarqué qu'un moyen sûr d'activer le déve-
loppement des jeunes arbres était de fendre leur épidémie; ces jeunes
arbres étaient trop serrés dans leurs langes, on laissait plus de liberté à
leurs mouvements.
lin second lieu, et c'est le phénomène principal, il se forme, comme nous
l'avoDS vu, des bourrelets ; dans le cas de l'enlèvement des lanières, ils se
développent sur les bords de la bande longitudinale ; dans le cas de la
décortication, on voit se former sur toute la nouvelle surface une espèce de
réseau dont les mailles sont tracées par les lignes mises à nu des fibres
corticales.
De tout temps aussi il a été pratiqué en Normandie avec succès, sur les
Pommiers languissants, une décortication partielle, mais très superficielle,
et qui consistait le plus souvent à nettoyer la surface de la tige. Saus-
sure et plusieurs autres s'en sont occupés; mais ils ne s'étaient rendu
compte que sommairement du phénomène : aujourd'hui les progrès qu'ont
faits l'anatomieetla physiologie végétales nous permettent de le suivre dans
son développement intime. On pourra donc rechercher si, dans la forma-
tion pour ainsi dire artificielle des nouveaux tissus corticaux, les organes
élémentaires se produisent selon le même ordre que dans la formation
naturelle et normale; si, par exemple, et à quelle épo(|ue, sous l'épiderme
des bourrelets, on trouve les cellules cubiques de l'enveloppe subéreuse
ordinaire, si distinctes des cellules polyédriques à parois plus épaisses,
plus lâchement unies, de l'enveloppe cellulaire proprement dite; si cette
position relative se maintient, ou bien si à aucune époque de la vie de ces
bourrelets, qui se confondent peu à peu avec les anciennes formations, il
n'y a de différence entre les cellules. Nous recommandons ces questions à
ceux des membres de la Société qui sont familiarisés avec les recherches
anatomiques.
Enfin, l'accroissement de l'arbre en diamètre résulte nécessairement de
la vigueur rendue à sa végétation, et par conséquent de la formation des
bourrelets. Apriori, on pouvait le dire; on s'en est assuré par l'expérience.
Il est remarquable, en effet, que la partie ménagée de l'enveloppe subé-
reuse tendra bientôt elle-même à se détacher naturellement, ce qui ne peut
s'expliquer que par un plus rapide accroissement des parties intérieures
appelées à la remplacer. De plus, comme les bourrelets qui se sont formés
sur les bords des incisions longitudinales font bientôt saillie et constituent
des côtes sur le tronc, faute de pouvoir se loger dans le vide formé p;u- ces
incisions ; qu'ensuite ces côtes disparaissent comme résorbées par le tronc
qui redevient cylindiique, il faut bien que le diamètre du tronc se soit
siiANCK DU 27 MARS 1857. 299
accru. Kni?;ht avait icmaniué depuis l()n<j;temps que les arbres décortiqués
avaient plus grossi, dans l'espace de deux années, (ju'ils ne l'avaient fait
pendant les dix aimées qui avaient précédé l'opération.
Ou l'a vu, les procédés de M. Robert n'ont rien en eux-mêmes d'abso-
lument nouveau ; mais ce qui lui appartient en propre, c'est d'en avoir
systématisé la pratique et de l'avoir appliquée hardiment, profondément,
et de manière à amener la destruction du Scolytc. M. Robert est allé jusqu'à
se demander si, en vertu du principe que nous avons exposé ci -dessus de la
multiplication pour ainsi dire indéfinie des bourgeons, on ne serait pas
fondé à espérer un accroissement considérable de durée cbez les arbres déjà
vieux, qu'on soumettrait a une decortication périodique, et il a été conduit,
par ses expériences variées et ses observations rétrospectives sui' la longé-
vité des arbres en général, à regarder comme probable le succès d'une
pareille méthode; elle ne serait, après tout, qu'un corollaire du principe
sur lequel toutes ses opérations sont fondées.
Les travaux de M. Robert furent malheureusement interrompus en 18^8 ;
l'administration d'alors en perdit de vue, ou a peu près, le but et l'impor-
tance. Les nouveaux inspecteurs des promenades crurent remédier suffi-
samment au dépérissemeiit des arbres par l'emploi de moyens hygiéniques
et médicaux. Par exemple, on traitait les arbres malades par l'application
à leur pied d'une certaine quantité de bon terreau ou d'engrais énergiques,
tels que le sang de bœuf, nourriture trop substantielle pour des constitu-
tions délabrées. Ailleurs on renouvelait, sur une assez tzrande étendue et à
une certaine profondeur, le sol tout entier d'une plantation, et l'on ne com-
prenait pas que le mal principal était causé beaucoup moins par une pro-
portion insuffisante des principes nutritifs dans le sol que par la détério-
ration de l'ecorce, et que la devait être appliciué le remède : c'est ce qui
est visible, en ce moment même, dans les travaux qui s'exécutent dans le
jardin du Palais-Royal. De plus, on commit la faute d'enduire de goudron
employé chaud la surface des incisions, et on brûla une partie des tissus
nouvellement formés sur les plaies et incisions longitudinales. La propaga-
tion du Scolyte avait fait des progrès surprenants sur les Ormes. Les fores-
tiers allemands conseillent de disposer, de place en place, des troncs atta-
qués par les insectes, afin d'y attirer ces animaux, dont on se débarrasse
ensuite plus facilement, et ils les appellent des arbres-piéges {Fangbœume) .
La plupart des Ormes de nos promenades étaient réduits à ce triste état,
mais ils propageaient le fléau au lieu de servir à l'arrêter.
Alors fut organisé le service municipal des plantations et promenades de
Paris, sous la direction de M. Alphand, ingénieur en chef des ponts et
chaussées, heureuse association de l'École polytechnique et du jardinage.
Le nouveau service ne manquera pas, sans doute, de se mettre en com-
muuicaliou habituelle avec le savant professeur de culture au Muséum,
300 SOCIÉTÉ I50TANIQUE DE FRANCE.
M. Decaisiu", et parviendra, nous l'espérons, à concilier l'.ippllcaHon des
lois de la physiologie végétale avec les exigences de la voirie urbaine. On
ne tarda pas à reconnaître que les arbres traités, notan^mcnt en \8hl, par
M. Robert, et abandoiuiés depuis à eux-mêmes, étaient, à peu d'exceptions
près, parfaitement guéris, pleins de vigueur : on réclama de nouveau le
concours éclaire de M. Robert. Malheureusement, pour un grand nombre
d'arbres il était bien tard. M. Robert, en médecin dévoué qui ne recule
pas devant les cas qui semblent désespérés, a répondu à cet appel et s'est
remis à l'œuvre avec un généreux empressement. En ce moment môme, il
dirige une opération assez étendue aux Champs-Elysées. Aux environs
du Palais de l'Industrie, la curiosité des passants est attirée et leur in-
quiétude s'émeut jusqu'à un certain point, à l'aspect étrange d'une foule
de troncs décortiqués et comme écorchés ; l'espèce de pellicule qui reste
de la couche subéreuse et des fibres corticales tranche par un brun rou-
geâtre avec la teinte noire du tronc. Cette couleur rougeâtre qui, au reste,
ne persistera pas longtemps, est due au contact de l'air sur les parties en
voie de formation, parenchyme et fibres corticales, dans lesquelles la sève
est déjà en mouvement : il en est autrement lorsque l'opération est pra-
tiquée à l'entrée de l'hiver. Or, on peut recueillir au pied de l'arbre, avec
les lambeaux de l'enveloppe subéreuse en état de décomposition avancée
qui ont été simplement détachés à la main, de nombreux copeaux enlevés
par le fer; les uns et les autres sont attaqués, à divers degrés, par les larves
du Scolyte.
Nous engageons les membres de la Société à se bâter d'aller étudier l'opé-
ration, que la saison déjà avancée où nous sommes viendra bientôt inter-
rompre. Non pas que M. Robert ne la pratique aussi quelquefois dans le
cours de l'été, lorsque la végétation est dans toute son activité ; mais alors
il a soin d'entamer moins profondément l'écorce, et d'employer pour garan-
tir les plaies contre les ardeurs du soleil, cet onguent très connu dont l'in-
vention est attribuée au saint patron des jardiniers.
On remarquera aussi, au pied d'un certain nombre d'arbres, des tranchées
pratiquées à 50 ou 60 centimètres de profondeur dans le sol, et disposées
comme les rayons d'une croix d'honneur, dont elles ont la forme élargie
vers la circonférence, rétrécie vers le centre. Ces tranchées, qu'on remplit
ensuite de pierrailles, sont destinées à procurer aux racines l'accès de l'air
et de l'eau des pluies ou des arrosemenis artificiels : pour en être plus sûr,
vu le piétinement auquel le sol est sans cesse soumis, des tuyaux de drai-
nage sont adossés verticalement au pivot de l'arbre et on en couvre l'ouver-
ture avec un tuileaii. Cette méthode accessoire a paru utile dans cette
partie des Champs-Elysées, où le collet des arbres se trouve trop enterré
par les remblais qui ont eu lieu à la suite de la construction du Palais de
l'Industrie.
si;:ancf. nu 27 mmîs 1857. ."lOl
Nous ne terminerons pas cot exposé sans IVlicitcr r.Klministration umni-
eipale de sa sollicitude pour l'extension et la conservation des plantations
qui contribuent a l'enihellissement, d'ailleurs j^i rapide, de Paris dans ces
dernières années. Ce qu'il en coûte, ce que cette extension de la capitale
entraîne de conséquences diverses et d'une haute portée, n'est pas de notre
sujet ; mais le botaniste, qui naguère encore herborisait en dehors de la
barrière de l'Ktoile, lorsqu'il voit nos fortifications de IS'jO comme égarées
au milieu de quartiers nouveaux, et le bois de Boulogne devenu une pro-
menade de Paris et un jardin peigné, où il n'y aura bientôt plus une seule
mauvaise lierbe, peut avoir quelque droit de se plaindre. Toutefois, s'il est
forcé d'aller chercher plus au loin dans la campagne la trace des Jussieu,
il est appelé à prendre sa part dans les jouissances du citadin, et il mêle
volontiers sa voix à celle du public pour rendre hommage aux soins pré-
voyants d'une administration qui, non contente de bâtir, semble avoir pris
aussi pour devise le mot du sage octogénaire de la Fable :
Mes arrière-neveux me devront cet ombrage.
M. Boisduval ne croit pas que les scoly tes soient lacause de la ma-
ladie des arbres. En effet, ces insectes n'attaquent pas les arbres
sains, mais seulement des arbres déjà malades ou au moins lan-
guissants. Ainsi, dans le bois de Vincennes. en 1835, il y a eu beau-
coup de scolytes sur les Cbènes, mais seulement sur les Cbènes ma-
lades. Il a sufli d'abattre ceux-ci pour que le fléau ne se communiquât
pas aux arbres sains.
M. Brongniart fait remarquer que Fopinion émise par M. Bois-
duval était aussi, jusqu'à un certain point, celle d'Audouin. Cet
observateur était d'avis que les scolytes attaquent de préférence les
arbres déjà malades, mais qu'à défaut de ceux-ci ils se répandent
aussi sur les arbres sains. A l'appui de cette opinion, 31. Brongniart
rappelle (pie sur le boulevard des Invalides, vers l'extrémité de la
rue de Sèvres, il y avait, il y a quelques années, une très belle
rangée d'ormes parfaitement sains. Des cbarrons s'étant établis
dans le voisinage, ces arbres furent attaqués par les scolytes et
souffrirent beaucoup. En général, cependant, quand un arbre est
très vigoureux, les insectes s'y développent mal, car ils y sont pour
ainsi dire noyés dans la sève. C'est pour cela que M. Eugène
Robert, en rendant les arbres plus vigoureux, les rend aussi moins
attaquables. Lors de ses premiers essais, M. Robert enlevait au
302 SOCIÉTK BOTANIQUE DE FRANCE.
tronc tle simples bandes longitudinales, en entamant l'aubier; les
parties intermédiaires prenaient alors un développement rapide,
mais il se formait des bourrelets le long des bandes, et l'arbre
était bientôt tout à fait défiguré. Pour éviter cet inconvénient,
M. Robert a modifié sa méthode : il a décortiqué tonte la surface *
du tronc d'une manière incomplète, c'est-à-dire en respectant le
liber intérieur et en en laissant une épaisseur de 3 à /i millimètres.
Cette opération doit se pratiquer lorsque l'arbre n'est pas en sève,
sans quoi l'on risquerait d'enlever toute l'écorce. Sur les arbres traités
ainsi, l'aubier s"est développé avec une vigueur remarquable, et il ne
s'est pas formé de bourrelets. Ces arbres, au bout de deux ans, sont
redevenus bien portants, tandis que ceux sur lesquels cette opération
n'avait pas été pratiquée sont restés malades.
M. le comte Jaubert donne lecture d'un nouveau mémoire Sur
l'enseignement de la Botanique, faisant suite à celui qu'il a lu dans
la séance du 23 mars 1855 (1).
M. Balansa fait à la Société les communications suivantes :
CONSIDÉRATIONS SUR LA STRUCTURE DE L'EPI ET DE L'ÉPILLET DES GRAMINEES,
par m'. B. BALitlVSJt.
Les épis des Graminées peuvent se diviser en deux groupes : ceux dont
l'axe est terminé par un épillet (épi défini), et ceux dont Tépiliet supérieur
n'est pas la terminaison de cet axe.
Ces deux modes d'inflorescence ne sont pas tellement tranchés, qu'il
n'existe dans certains cas cpielque indécision dans leur délimitation ; car il
arrive souvent que Iclplllet supérienr est felleinent déformé, tellement petit,
qu'on a de la peine a distinguer s'il termine vraiment l'axe, ou bien s'il
appartient à un épi iudélini dont l'axe devrait se prolonger encore au-dessus
de cet épillet, sous forme généralement de petite pointe. Dans le plus grand
nombre de cas, cependant, le doute n'est pas permis, et même, avec un
peu d'habitude, à la seule inspection d'un épi, on peut juger à laquelle
des deux inflorescences il appartient.
Ce caractère d'inflorescence, indépendamment des sections naturelles
qu'il permet d'établir dans certains genres, les Triticum par exemple,
(1) M. Jaubcri se réserve, comme il l'a fait la première fois, d'adresser directe-
ment 1111 exemplaire do cette communication à chacun de MiM. les membres de la
Sociélé.
SfiANCR DU 27 MARS 1857. 303
peut servir aussi à distiiiguer des espèces voisines enlie elles, iiutaiiiineiit
dans les Eiijiims. Dans le genre Triticum, au moins tel qu'il a été déli-
mité par l-inné, on trouve de la manière la plus tranchée ces deux sortes
d'épis : dans les espèces cultivées, à l'exception du Triticum monococcum
L., l'épi est défini; les Af/ropyrum sont dans le même cas; les Triticum
villosum et hordeaceum au contraire, qui, il est vrai, seraient peut-être
mieux placés dans le genre Sccale, ont l'épi indéfini; il en est de même de
tout ce groupe de Triticum si abondants en Orient (7'. prostratwn, squar-
rosum, orientale, cristatum, etc.), et que plusieurs auteurs ont, avec raison,
séparés des vrais Triticum.
L'étude de l'épillet terminal d'un épi défini est d'une grande importance
dans la distinction des espèces de certains genres, dans les yEgilops par
exemple. — Dans quelques espèces d'Flymus, entre autres VF. crinitus,
l'épillet terminal nous démontre la nature un peu controversée des glumes
dans les genres Elymus et Hordeum. Kn effet, dans ces épillets, les deux
glumes, non gênées par la présence d'un ou de deux épillets collatéraux,
ont la position normale de celles de la plupart des Graminées; il faut donc
leur assigner une origine commune.
Je dois faire observer que, dans les épis à axe fragile, il y a deux modes
de désarticulation très distincte-, cette désarticulation a lieu ou au-dessous de
l'insertion de la glume inférieure [jFgilops a axe fragile), ou au-dessus
(Secale).
Je n'ai parlé jusqu'à présent que de l'axe même de l'épi ; il me reste à
dire quelques mots sur la manière dont les épillets sont insérés sur cet axe.
— Si la glume inférieure des épillets du Lolium n'avortait pas constam-
ment (à l'exception de celle de l'épillet terminal), il faudrait regarder lépi
de ce genre comme le type normal dans la famille des Graminées. Plusieurs
botanistes ne partageront pas peut-être cette manière de voir, car dans la
plupart des autres genres [Triticum, Secale, etc.), les épillets étant paral-
lèles à l'axe de l'épi et non opposés, comme dans le Lolium, on s'est habitué
à regarder comme normale cette dernière disposition qui est la plus com-
mune.
Qu'il me soit permis de parler encore de l'épi des Lolium ; la connaissance
de sa structure jette un grand jour sur celle des épis des autres Graminées.
Il ne faut pas perdre de vue que, dans les Graminées, la première feuille
(préfeuille) d'un axe secondaire alterne toujours avec la feuille qui a donné
naissance cà son aisselle à ce même axe secondaire. Il y a longtemps que l'on
a décrit l'épillet des Lolium comme à une seule glume, la glume inférieure
(l'intérieure) ayant avorté. Cette manière de voir me semble conforme à la
vérité. M. Germain de Saint-Pierre (1) prétend, il est vrai, que « s'il existe
(1) Voyez le Bulletin, t. I, p. 52.
30/j SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
une. seule gliime stérile, ce n'est pas parce que l'autre glume a avorté, mais
parce que cette glume est devenue fertile en produisant une fleur à son
aisselle;» mais il a oublié de nous dire si c'est la glume inférieure ou
supérieure qui avait produit ainsi une fleur à son aisselle. Malgré son
silence, il est évident qu'il a voulu parler de la glume inférieure, et alors
notre honorable confrère regarderait la glume extérieure comme l'infé-
rieure. Pour réfuter cette manière de voir, je n'ai qu'à faire connaître la
structure de VOropef/mn T/iomœum. Dans cette Graminée les épillets sont
unidores et disposés comme dans le Lolium: la glume inférieure (intérieure)
avorte comme dans ce dernier genre, et la glume supérieure (extérieure)
a ses bords pourvus d'un appendice membianeux très remarquable. Eh
bien! dans l'épillet terminal, qui est à deux glumes, la glume supérieure
seule est pourvue de ces appendices, et il est ici de toute évidence que
cette glume représente l'extérieure des autres épillets.
Il est bon d'observer que, dans un épi défini, l'épillet terminal a ses
glumes insérées sur l'axe général de cet épi, et que, par conséquent, elles
appartiennent au même axe que les feuilles, avortées il est vrai, à l'aisselle
desquelles sont nés les épillets inférieurs.
L'épi des Triticum est en tout semblable à celui des Lolhim, si ce n'est
qu'en raison d'une torsion des pédicelles, les épillets qui le constituent sont
parallèles à l'axe au lieu de lui être opposés. L'épillet terminal seul de cet
épi (lorsque cet épi est défini) est placé normalement. Cette disposition de
l'épi terminal permet, à première vue, de distinguer, dans le plus grand
nombre de cas, si l'axe est défini ou indéfini.
J'ai à parler maintenant de tout un groupe de Graminées, dont les épil-
lets, lorsqu'ils sont disposés en épi, offrent, par rapport a l'axe de cet épi,
un diagramme inverse de celui des Lolimn, c'est-à-dire dont la glume
extérieure, lorsque l'épillet est opposé à l'axe, est l'inférieure, au lieu d'être
la supérieure.
Dans le Phacelurus digitatus, appartenant au groupe des Rottbœiliacées,
sur chaque excavation de l'axe de l'épi, se trouvent insérés deux épillets
qui lui sont opposés: l'un de ces épillets est sessile, l'autre pédicellé, tous
les deux ont deux glumes dont l'inférieure est l'extérieure; c'est, comme on
voit, le contraire de ce (jue l'on observe chez les Lolium, Monerma, etc.
Pour se rendre compte de cette singulière anomalie du Phacelurus, il ne
faut que considérer la position que ses feuilles occupent sur divers axes de
la tige. Cette Graminée se ramifie souvent, et on trouve fréquemment un
axe secondaire émettant, de l'aisselle même de sa préfeuille, un axe ter-
tiaire. Or de l'observation directe il résulte que : 1° la préfeuille de cet axe
tertiaire est extérieure par rapport à l'axe primaire; 2° que la première
feuille de l'axe secondaire naissant au-dessus de l'insertion de l'axe tertiaire
sera aussi extérieure par rapport à ce même axe primaire. Supposons main-
Si!:anck du 27 mars 1857. 305
tenant que la préfouillc de l'axe secondaire avoitr, (|ue cet axe secondaire
représente l'épillet sessile, et l'axe tertiaire l'épillet pédicellé ; il est évident
que l'un et l'autre de ces épillets devront avoir un diagranniie inverse de
celui des Lolium. Dans le Fhacelurus je serais donc très porté a regarder
répillet pédicellé comme produit par un axe tertiaire, et l'épillet sessile par
un axe secondaire. \' Hemartliria offre la même structure (|ue le Phacelurus
quant à la position de ses épillets, seuleroent le pédicellé de l'épillet pédi-
cellé s'est soude avec l'axe primaire.
La plupart des Rottbœiliacéesquej'ai observées présentent une sfiucture
à peu près semblable a celle des Phacelurus, aussi semblent-elles former
dans les Graminées un groupe assez naturel. Quelques auteurs modernes, il
est vrai, ne l'ont pas adopte ; cela provient sans doute de ce que Kunth et
quelques autres agrosto>raphes ont rapporté aux Rottbœlliacées des genres
{Leptwus, Monermn, Oropetitnn) qui plus tard en ont été exclus avec raison
pour être réunis aux Triticées. Les Rottbœlliacées ainsi démembrées, on a
cru pouvoir fondre les genres qui restaient dans les Andropogonées. Les
observations ultérieures prouveront si cette dernière manière de voir est
conforme à la vérité.
M. Cosson rappelle que, dans la Flore d'Algérie, il a cru devoir
supprimer le groupe des Rottbœlliacées, rattacher aux Triticées le
Monerma et les genres voisins, et rapporter aux Andropogonées
les autres genres placés dans le même groupe par les auteurs,
et dont l'épillet présente une tleur inférieure mâle ou neutre.
M. Brongniart, qui a étudié la structure de l'épillet dans les
genres rapportés aux Rottbœlliacées, dit qu'il ne saurait admettre
non plus ce groupe, tel qu'il a été limité par certains agrosto-
graphes.
DESCRIPTION DE QUELQUES ESPÈCES NOUVELLES DE GRAMINÉES D'ORIENT,
par mm. BOIS^ilEK et BALA]%[ISA.
Ventenata subenervis Boiss. et Bal. in. Bal. pi. Or. exsicc. n. 7, et ap.
Coss. et DR. Fi. Alger, t. 11, p. lOZj, in adnot.
Cette plante est voisine par le port du V. dubia Coss. et DR. {Avena
tenuis Mœncb) ; mais elle s'en distingue facilement par les gluraes plus
insensiblement atténuées au sommet, presque lisses ou scabres seulement
sur la nervure dorsale, plus inégales, l'inférieure étant environ plus courte
de moitié que la supérieure et ne présentant que 3-5 nervures peu dis-
tinctes.
Très abondant sur les collines pierreuses bordant le fond du golfe de
Smyrue.
T. IV. 2o
\i-i
300 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FKANCE.
Festuca DiVBiisiFOLiA Boiss. ct Bal. in Bal. pi. Or. exsicc. n. 136 et lUQ.
Souche cespiteuse. Tiges lisses, cylindriques dans leurs trois quarts
supérieurs, assez comprimées à leur base. Feuilles, même les plus infé-
rieures, pourvues de limbe; celles des tiges stériles le plus souvent enrou-
lées, filiformes, glabres ; celles des tiges fertiles planes, plus larges ; ligule
courte, tronquée. Préfeuille basilaire, binervée, dépourvue de limbe. Les
2-3 feuilles les plus intérieures des rejets stériles ont la moitié inférieure de
leurs gaines bulbeuse et comprimée, ce qui fait paraître ces rejets comme
autant de petits bulbes comprimés et entourés de feuilles. Gaines des tiges
fertiles glabres, lisses, tubuleuses dans leur moitié ou leurs trois quarts
inférieurs. Épillcts le plus souvent triflores, disposés en une panicule lan-
céolée, à rameaux 5-7-nés dressés scabres et inégaux, les uns ne portant
que deux épillets, les autres en portant plus de vingt. Glumes oblongues,
lancéolées, aiguës, glabres, égalant les deux tiers de la longueur des fleurs;
l'inférieure uninervée, la supérieure trinervée. Glumelle inférieure mu-
tique, trinervée, sensiblement carénée sur le dos; glumelle supérieure
bicaréuée, à carènes scabres, entière au sommet et égalant presque la glu-
melle supérieure. Scjuamules 2, aiguës, entières. Anthères oblongues. Ovaire
glabre; styles terminaux. Caryopse oblong-lancéolé, canaliculé, renfermé
dans les glumelles et adhérant fortement avec elles, à macule hilaire
punctiforme.
Abondant sur le mont Sipyle près Magnésie, et dans la région mon-
tagneuse du Taurus, près du défilé des Portes Ciliciennes. Il se retrouve sur
l'Ali-Dagh, près de Césarée. Dans cette dernière localité, la plante a les
feuilles des rejets stériles plus ténues, plus courtes, la lige moins haute et la
panicule moins ample; ces différences sont dues sans doute à une plus
grande altitude {11x50 mètres environ).
Bromus (sect. Festucoides) Cappadocicus Boiss. et Bal. in Bal. pi. Or.
exsicc. n. 8^1.
Souche cespiteuse, recouverte des débris fibreux des vieilles gaines dé-
truites. Tige cylindrique, glabre, lisse, genouillée à la base ; feuilles des rejets
stériles toutes pourvues de limbe, glabres ou couvertes de poils épars, à
limbe étroit à moitié plié; celles des tiges fertiles planes, scabres sur les
bords. Gaines tubuleuses au moins dans leur moitié inférieure. Panicule
ovale, penchée, a rameaux inférieurs géminés ou ternes, divariques, portant
2-5 épillets. Epillets linéaires-lancéolés, 5-10-ilores, à ileurs supérieures
stériles ; glumes inégales, lancéolées, glabres, égalant les deux tiers des
glumelles inférieures, l'inférieure plus petite 1-uervée, la supérieure tri-
nervée; glumelle inférieure lancéolée, 3-5-nervée, à nervures scabres,
pourvue, un peu au-dessous du sommet, d'une arête presque aussi longue
SKANCE DU 57 M\ns 1857. 307
qu'elle; iilnmelle supérieure hieMiénéc, eiUiè're ou !)i(lciitee au sommet, à
carènes seabres ou même poilues. S(|uamules 'i, Inucéolces, entières,
glabres. Antbères linéaires-lancéolées. Ovaire velu dans sa partie supé-
rieure ; styles distincts s'insérant au-dessous du sommet de l'ovaire; stig-
mates sessiles plumeux. Caryopse égalant les deux tiers de la longueur des
glumelles, convexe à son côté extérieur, concave à son côté intérieur, à
macule bilairc ésialant presque sa longueur, renfermé dans les glumelles et
adbérant avec elles.
Très abondant sur toutes les collines de la Cappadoce, de 1000 à
1500 mètres d'altitude.
AoROPYKUM Tauki Boiss. et Bal. in Bal. pi. Or. exsicc. u. 826. — Brachy-
podium ramosum Rœin. et Scbult. vur. Boiss. in Kotschy pi. Cilic.
exsicc. n. 2o3 h.
Plante glabre dans toutes ses parties. Soucbe cespiteuse. Tiges stériles
atteignant ou dépassant le tiers de la longueur des tiges fertiles, à nœuds
espacés et non recouverts, nu moins les supérieurs, par les gaines des
feuilles; tiges fertiles cylindriques, glabres. Feuilles linéaires-sétacées,
plus ou moins enroulées, lisses et glabres sur leur face externe, pubes-
centes et même velues sur leur face interne. Ligule très courte, tronquée.
Gaines lisses, glabres, tubuleuses dans leur moitié inférieure. Epillets h-1-
flores, disposés en un épi un peu lâche, à rachis défini non fragile. Rachis
de l'épillet glabrescent, se désarticulant au-dessous du point d'insertion de
laglumelle inférieure. Glunies oblongues-lancéolées, obtuses, à bords sca-
rieux, 5-nervées, un peu inégales, égalant les cinq sixièmes des glumelles
inférieures. Glumelle inférieure oblongue-lancéolée, mutique, 3-5-nervée
dans sa moitié supérieure, lisse; glumelle supérieure bi-carénée, entière ou
éclumcrée au sommet, atteignant ou dépassant les trois quarts de la glumelle
inférieure, à carènes presque glabres. Squamules 2, oblongues-linéaires,
aiguës, légèrement ciliées sur les bords. Ovaire velu au sommet, brusque-
ment atténue a la base ; styles distincts, insérés un peu au-dessous du
sommet de l'ovaire ; stigmates plumeux. Caryopse à macule hilaire attei-
gnant son sommet.
Région alpine et sous-alpine du Taurus, près du défilé des Portes Cili-
ciennes, vers 1700 mètres d'altitude.
Agkopybum divaricatlm Boiss. et Bal. in Bal. pi. Or. exsicc. n. 8/iO.
Racine subcespiteuse. Tiges cylindriques, glabres ; préfeuille bicarénée,
à carènes présentant de petits aiguillons dirigés de haut en bas. Feuilles,
même les plus inférieures, pourvues de limbe; limbe plan, lancéolé, mol-
lement pubescent sur les deux faces. Ligule tronquée presque nulle. Gaines
lisses, tubuleuses vers leur base, a bords souvent pourvus à la naissance du
308 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
limbe de deux oreillettes plus ou moins prouoncccs. Rachis de l'épi diTiiii,
non fragile. Epillets à ^-5 Heurs dont les 1-2 supérieures sont stériles.
Rachis de l'épillet glal)re, assez fragile à la maturité, se désarticulant au-
dessous de l'iuseitioM de lagliimelle intérieure. Glumes égalant presque en
longueur la llcur inférieure, glabres, oblongues, aiguës, ordinairement
atténuées en arête assez brusquement ou insensiblement ; l'inférieure 5-
nervée un peu plus courte que la supérieure, qui est 7-nervée. Glumelle
inférieure oblongne-lnncéolée, glabre, lisse ou très faiblement scabre sur
le dos et piiur\ ui' au sommet d'une arête divariquee presque deux fois aussi
longue qu'elle. Glumelle supérieure égalant presque l'inférieure, bicarénée,
à carènes scabres sur le dos. Squamules lancéolées, pourvues vers le som-
met de quekjues poilsrares. Ovsire velu, assez longuement stipité. Caryopse
oblong-lancéolé, canaliculé, à macule bilaire linéaire atteignant son sommet,
glabre, renfermé dans les glumelles et adhérant avec elles.
Région sous-alpine du Karamas-Dagh et du Dédé-Dagh (rappadoce),
vers 1600 mètres d'altitude.
L'/l. divoricalwii est tiè; voisin du TrUicum [Agropi/rum) ebpnoides
Hocbst. ; il n'en diffère guère que par ses glumes généralement aristées
et non pas oblusiuscules, par le limbe de ses feuilles mollement pubescent
et non pas glabre, par ses glumelles infciieures lisses sur leur dos et non
pas scabriuscules.
Elymus Cappadocicus Roiss. et Bal. in Bal. pi. Or. exsicc. n. 8/i3.
Plante très glabre dans toutes ses parties. Souche traçante, à rhizomes
couverts d'écaillés tubuleuses 1-3-dentees au sommet. Tiges florifères
cylindriques, atteignant 50 centimètres de hauteur. Feuilles caulinaires
linéaires, plus ou moins pliees-enroulées , insensiblement atténuées en
pointe, les 1-0 inférieures squamiformes, dépourvues de lintbe, détruites
généralement lors de la floraison. Epi linéaire, terminé par un seul épillet
fertile à glumes non latérales, l'inlérieure plus courte que la supérieure.
Epillets géminés (excepté les supérieurs qui sont souvent solitaires), sessiles,
iini-biflores avec le rudiment d'une seconde ou d'une troisième fleur souvent
réduite au pédicelle. Glumes linéaires-sétacées, scabres, égalant ou dépas-
sant les epillets, les deux médianes très rapprochées parallèles entre elles,
les 2 latérales un peu divergentes. Glumelle inférieure insensiblement atté-
nuée en une pointe courte, 3-5-nervée, a nervures disparaissant vers la
base; glumelle supérieure bicarénée, à carènes ciliolées dans leur tiers
supérieur, atténuée au sommet et un peu plus courte que la supérieure.
Squamules 2, membraneuses, oblongues-lanceolées, entières, gbibres.
Antlières lancéolées. Ovaire renflé au sommet et atténué dans sa partie
inférieure, velu dans sa moitié supérieure, à macule bilaire linéaire attei-
gnant les quatre cinquièmes de sa longueur et s'élargissnnt au sommet ;
sÉANCK m: 27 maks 1857. 309
sti<i;n atos 2, sortant vers If icilicu tk's glumclles, sessilcs, plumeux, dis-
tincts à la base, insnn's un peu au-dessous du sommet de l'ovaire du côté
de la t;luni('lle inférieure. Caryopse...
Croit dans les prairies salées situées à l'ouest de Césarée (Cappadoce),
vers 1100 mètres d'altitude.
M. Boisduval [)rés(Mile à lu Sociélo le l'olt/f/ala (JluuiiœbuxuSy
déjà en pleiiio fleur, espèce des régions luoiitagiieiisos qu'il cultive
avec succès, et lait remarquer la précocité de la floraison de celte
plante.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
PHYSIOLOGIE VEGETALE.
Uclter das Torkoiunicii dcis Kalkspatlis iu (1er Riiide
vicier liolzartiger Ricotylen {Su?' l'existence du spath calcaù'e
dans Vécorce de beaucoup de Dicot y tédons ligneux); pai- M. Sanio [Mo-
natsbericht der Kœnigl. Preuss. Akad. d. Wissensch. zu Boiin; cah. de
janv. 1857 ; pp. 53-56).
M. Sanio a reconnu que l'écorce des Dicotylédons ligneux contient du
carbonate de chaux, sous sa forme caractéristique de rhoinl)oèdre, logé
dans son épaisseur d'après des lois déterminées pour chaque espèce. Ordi-
nairement cette substance accompagne les faisceaux libériens, soit séparé-
ment les primitifs ou les secondaires, soit les uns et les autres en même
temps, x-^ssez souvent aussi elle n'offre plus ces relations, et ses cristaux
sont dispersés dans les cellules de l'écorce secondaire, plus rarement de
l'écorce primaire; très rarement on la trouve dans les cellules de la couche
subéreuse. Voici le tableau de la distribution du spath calcaire dans
l'écorce.
L Les cristaux se trouvent seulement autour du liber primitif. — 1. Fa-
gus sylvatica; gios et beaux cristaux uniquement au côté externe du liber.
— 2. Cellis australis ; id. — 3. Virgiiia lutea; id. — U. Quercus Suber et
pedunculata ; autour du liber primaire. — 5. Ulmvs effusa et U. campes-
tris '^ suberosn ; (iw côté extérieur du liber primaire. — 6. Betula votu-
cosa ; id. — 7. Alnus glutinosn; au côté externe du liber et autour des
groupes de cellules fortement épaissies qui se trouvent dans l'écorce secon-
daire, dans la continuation des rayons médullaires. — 8. Platanus occi ■
dentalis ; hxx côté externe du liber primaire et çà et là dans l'écorce pri-
maire. — 9. Hamamelis virginica ; k\. — 10. yEsculus Hippocastanum ;
çà et là au côté externe du liber primaire.
IL Les cristaux de spath calcaire manquent dans le liber primitif, et ils
existent, au contraire, autour des faisceaux libériens secondaii'es, — 1. Acer
campestre ; ils ne se trouvent qu'au côté externe des faisceaux libérinis, et
seulement loisque les cellules du liber sont parvenues à leur con)plet dé-
vel()[)pement. — 2. Salix peniandra, alba, viminalis, caprea, cinerea, ni-
gricans, rosmarinifolia ; autour des faisceaux libériens secondaires. —
3. Acer striatum — Spirœa opuUfolia ; id.
UKVi'c niRMOGiurniQUE. 311
III. Cos crislaiix se trouvent aiilour des libers primaire et secondaire. -
Populus tremuln et pyramidalis.
IV. Ils se monticnt dans l'écorce secondaire, sans se rattacher au liber.
— 1. Sorbus aucuparia; dans l'écorce secondaire annuelle, où il n'y a pas
de cellules de liber. — 2. Peu abondamment dans le Cydonia vulgaris, le
Mcspilusgermanica^VAmélanchiervulgaris^ le Cotoneaster laxijJora. —
3. Pyrus communis et P. Mains. Ici les cristaux situés dans le voisinage
des faisceaux, libériens secondaires sont plus gros que ceux qui se trouvent
dans les autres cellules de l'écorce secondaire. — U. Acer platanoides ; dans
les couches corticales secondaiies. — 5. Acer tatnricum; ils y existent
aussi çà et là dans l'écorce primaire. — 6. Abies pectinata et Pinus syl-
vestris; dans l'écorce secondaire. — 7. Berberis vulgaris; gros cristaux
isolés. — 8. Melalcuca stypheloides.
V. Autour du liber primaire, dans l'écorce primaire et autour des cel-
lules parenchymateuses fortement épaissies qui s'y trouvent, — Dans le
Gleditschia triacanthos.
VI. Dans les cellules corticales subéreuses, autour du liber primaire et
secondaire dans le Robitiia Pseud-Acacia.
N. B. Dans une communication plus étendue, qui a été faite à l'Aca-
démie de Berlin au mois d'avril dernier (Voy. Monatsbericht d. Koenigl.
Preuss. Akad. d- Wissensch. zu Berlin, cah. d'avril 1857, pp. 252-272,
avec un tableau et une planche), M. Sanio expose en détail les observations
dont on vient de voir le résumé ainsi que les essais chimiques grâce aux-
quels il a reconnu que les cristaux étudiés par lui sont de l'oxalate de chaux,
et non du carbonate du chaux, comme il l'avait cru d'abord.
IJeber deu Ziisamincultang: <ler Blattsfellung- mit dent
Ban des «licotylen Holzriuges {Sur la liaison de la disposi-
tion des feuilles avec la structure de la zone ligneuse des Dicotylédons);
par M. Hanstein {Monatsbericht d. Koenigl. Preuss. Akad. d. Wissensch.
zu Berlin, cah. de lév. 1857, pp. 105-115).
M. Hanstein rappelle, au commencement de son mémoire, que dans un
travail antérieur il s'est efforcé de rattacher la disposition des feuilles sur
les plantes à la structure anatomique des tiges, et qu'il a déduit de ses
recherches les conclusions suivantes : 1. La zone ligneuse des Dicotylédons
n'est constituée originairement que par un certain nombre de faisceaux vas-
culaires qui ^ont dans les feuilles. 2. Ces faisceaux apparaissent isolés dans
la zone de cambium et, à partir de leur point d'entrée dans la feuille, ils
descendent en s'amincissant graduellement jusqu'à ce qu'ils disparaissent
tout à fait. 3. Ce n'est que plus tard que des couches ligneuses secondaires
les unissent en cylindre fermé. U. Ces faisceaux reproduisent parfaitement
312 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
dans rintérieur de la tifze la disposition des feuilles sur la plante, 5. Dans
chaque espèce le nombre des faisceaux que montre une section transversale
de la tige, ou, ce qui revient au même, le nombre des entre-nœuds que par-
court chaque faisceau, est approximativement constant. 6. Dès lors la dis-
position spécincjue des feuilles sur chaque plante est lixée et limitée anato-
miquement, et la fraction qui exprime leur divergence dépend du nombre
des faisceaux subordonnés. 7. Knfin il en résulte encore diverses particula-
rités spécifiques dans le nombre des faisceaux qui vont à chaque feuille et
dans leur coordination réciproque.
Les nouvelles observations de M. Hanstein ont porté principalement sur
VArabls albida ; elles ont été ensuite étendues à plusieurs Conifères, et à un
grand nombre de Dicotylédons ligneux angiospermes. Partout, dit-il, s'est
montré le contraste entre les faisceaux primitifs, qui se portent isolément
vers les feuilles et les couches subséquentes, qui croissent secondairement
et par degrés à partir du bas, qui entourent complètement l'ensemble des
premiers. Partout ce sont les faisceaux primitifs qui donnent au cylindre
ligneux sa configuration première, et nulle part on ne peut démontrer avec
certitude l'existence de faisceaux vasculaires indépendants, sans relation
avec eux. Partout ces faisceaux primitifs impriment en quelque sorte dans
le corps ligneux la disposition des feuilles fixées anatomiquement. — ■ Les
points principaux qu'il regarde comme établis dans son nouveau mémoire
sont les suivants :
4. La zone ligneuse est composée dans l'origine de faisceaux primitifs,
entièrement identicjues avec ceux des feuilles, et dont les bandes de cam-
bium naissent du point végétatif en même temps que le cylindre commun
du cambium.
2. Ces faisceaux primordiaux, composés de vaisseaux spiraux, sont in-
dépendants. Ils parcourent tout isolés un certain nombre d'articles de la
tige. A leur extrémité inférieure ils sont complètement isolés, ou bien ils
ne touchent leurs voisins que par un petit nombre de vaisseaux. De bas eu
haut ils vont constamment en augmentant d'épaisseur et, au point où ils
ont le plus de grosseur, ils se portent complètement dans l;i feuille. Il résulte
de là que les faisceaux vasculaires des feuilles ne peuvent pas être regardés
comme de simples ramifications de ceux de la tige, bien que cette dernière
manière de voir soit généralement admise.
3. C'est par un développement différent que se forment les couches vas-
culaires secondaires composées de vaisseaux ponctués et autres, qui ren-
forcent ces faisceaux primordiaux et qui les réunissent plus ou moins les
uns aux autres.
l\. Ces particularités anatomiques fixent et circonscrivent l'arrangement
des feuilles, qui oscille en général entre certaines limites, mais qui se montre
rarement lié à un nombre précis.
HI'VUK BlBLIOGKM'lllQLi:. 313
5. De tous CCS fiiils résulte uue division parfaitement réglée du corps
ligneux des véiiétaux dicotylés, même dans la tige de ceux qui ont les
feuilles spiralées.
AbuorincPnauaîciiiblldungcn [MonstrmsUés végétnles)-^ par M.F.-
L. de Scliiechlendal {/Jolan. Zeit. du 30 janv. 1857, n» 5, col. 67-70).
1. Fruit de Datura triloculaire. — Le fruit des Datura Sframonium et
Tatula se présente rarement à trois loges et six valves. L'auteur ne croit
pas que, dans les cas où il a observé ce fait, les autres parties de la fleur
qu'il n'a pas vues eussent subi une augmentation de nombre. Les vraies et
fausses cloisons s'y trouvaient développées comme elles le sont dans le fruit
normal, et formaient dès lors 6 loges vers le bas de la capsule.
2. Formes du fruit du Fraxinus excelsior. — M. de Scblechtendal dé-
crit trois de ces formes dont les différences consistent dans des variations
de longueur, de largeur et de contour. Il ajoute qu'on trouve dans des cas
fort rares des fruits de Frêne à 3 ailes.
3. Calice soudé de \ Eschscholtzia. — On sait que le calice de cette
plante a ses deux sépales soudés en une sorte de capuchon conique qui se
rompt circulairemeut à sa base, sous l'effort exercé par les organes internes
lorsqu'ils avancent dans leur développement. Pendant l'été de 1856, M. de
Scblechtendal a observé un pied d'^. crocea sur lequel les 2 sépales inti-
mement soudés formaient au sommet 2 prolongements étalés, fendus deux
ou plusieurs fois et tenant tellement l'un à l'autre que la corolle enfermée
dans leur tube ne pût se dérouler. Il y avait donc là, dit-il, une ébauche
de développement des sépales en véritables feuilles, leur prolongement ter-
minal représentant une lame à peu près aussi longue que le tube.
h. Feuilles rétrécies de Nicandra physaloides. — Cette plante, venue de
graines en 1856 sur une terre où elle végète d'ordinaire avec vigueur, n'a
pas atteint sa hauteur normale; ses ramifications ont été en même temps
plus nombreuses et plus faibles que de coutume. Elle a formé de petits bou-
tons, mais qui ne se sont pas ouverts en fleurs. Kn même temps ses feuilles
étaient étroites, les supérieures lancéolées ou presque linéaires; toutes se
montraient fortement rétrécies à leur base de manière a passer graduelle-
ment au pétiole, quelquefois lobées latéralement, à lobes irréguliers. La
cause de cette anomalie n'a pu être soupçonnée, les Solanées voisines étant
toutes développées normalement.
Efwas deii lleberzag voii Scliuppen bei manclieo Ce-
waecbseu Betreffeude [Quelques observations sw^ le revêtement
écailleux que présentent beaucoup de végétaux) ; par M. L.-C Treviranus
[Botan. Zeitung du 9 janv. 1857, n. 2. col. 17-22).
Après avoir rappelé, relativement aux écailles que porte l'épiderme d'un
314 SOCIÉTÉ BOTAMQUK DE FRANCE.
assez firand noml)i'e de plantes, les observations de Rndolphi qui recardait
chacun de ces petits corps comme formé de poils étoiles, réunis par une
membrane très mince, ainsi que l'opinion analogue de Bischofl" etd'A. de
Jussieu, M. Treviranus cite a\ec éloges les recherches récentes de M. Pril-
lieux sur les poils des Oléacées et des Jasminées. Mais il combat l'opinion
de ce botaniste, aux yeux de qui les écailles des Eléagnées ne sont pas dues
à une réunion de poils rayonnants. En effet si, après avoir enlevé une
écaille foliaire d' Hippop/iac, û'Olea eurnpœa, on examine le point sur lequel
elle était portée, on y voit un enfoncement, dans lequel des sections hori-
zontales font reconnaître un petit amas de cellules bien distinctes des au-
tres par leur transparence moindre et par leur coloration d'abord en vert
sombre, plus tard en brun. Une pareille glande se trouve sous chaque
écaille étoilée, dont son prolongement aminci forme le pédicule. Il faut
voir aussi, d'après M. Treviranus, des glandes analogues, mais restées sous
leur état primordial, dans les corps globuleux qu'on observe sur les feuilles
des Jasminum, Ligustrum, Phillyrea, Fraxinus, etc. Ces glandes se re-
trouvent sous beaucoup de poils, particulièrement sous ceux en navette
(Pili malpighiacei). Le pins souvent ceux-ci sont simples; mais quelque-
fois, par exemple dans les Tryallis, on en voit plusieurs réunis en étoile.
L'auteur cite encore plusieurs plantes dans lesquelles on peut suivre latran-
sition des simples poils étoiles aux écailles discoïdes et rayonnées. Il énonce
ensuite cette conclusion définitive que sur le même individu, sur les es-
pèces d'un même genre naturel ou d'une même famille naturelle, on peut
observer le passage des poils simples aux poils étoiles, aux écailles rayon-
nées, k celles sans rayons visibles et même au revêtement continu de l'épi-
derme. Il pense que ces formations superficielles sont destinées à modérer
l'action des rayons solaires et à modérer ainsi la transpiration des plantes.
Quant aux glandes rattachées à ces écailles, il les regarde comme des or-
ganes qui, par leur sécrétioii, contribuent de manières diverses à protéger
puissamment les parties sur lesquelles on les trouve.
BOTANIQUE DESCRIPTIVE.
Syuopsis de la flore du Jnra septentrional et dn Snnd-
;^au, contenant un résumé analytique et raisomie des végétaux pha-
nérogames croissant sur les différentes chaînes du Jura septentrional,
par feu Friche-Joset père, et dts végétaux vasculaires du Snndgau,
classés d'après une méthode analytique nouvelle, avec l'indication de
toutes les localités où ces plantes ont été trouvées à l'état spontané,
précédés d'un tableau analytique- et de l'explication de la méthode
adoptée, accompagnés d'une planche explicative et suivis d'un vocabu-
laire renfermant la définition des mots techniques employés dans cet
REVUE BlBLIOGItAIMlIQUi:. 315
ouvrage; par P.-.I. Montandon, 1 gr. in-18 de XII et /i09 pages. Mul-
house, 1856.
Le titre extrêmement développé de cet ouvrage en fait connaître suf-
fisamment l'objet et la division ; aussi nous contenterons - nous d'y
ajouter quelques explications. La méthode analytique employée par
M. Montandon consiste d'abord en un tal)leau dichotomique et synoptique,
à l'aide duquel on arrive aux 12 divisions admises par lui plus pronipte-
ment que si l'on était ol)ligé de passer par une série de renvois, comme
dans les méthodes analytiques ordinaires II a suffi ensuite de donner pour
chacune de ces divisions une courte subdivision analytique pour conduire
aux familles.
L'auteur, après avoir partagé les Dicotylédons en pulypétalés, monopé-
talés et apétales, subdivise les premiers en Thalamopétalés, Calicipétalés et
Calicanthés ; les seconds en Calicanthés et Thalamanthés, et les derniers en
Éleuthérogynes ou à ovaire libre, et Symphysogynes.
Dans le corps de l'ouvrage la méthode analytique ou du moins la
subdivision méthodique, d'après la différence des caractères, pouisuivie
jusqu'à chaque espèce en particulier, permet de déterminer successivement
les genres et les espèces, malgré l'abst^nce de toute phrase caractéristique. Le
Synopsis de MM. Friche-Joset et Montandon se réduit ainsi à un catalogue
qui peut servir pour les déterminations. Pour chaque espèce on trouve le
nom spécifique avec le nom de l'auteur, et généralement, un renvoi au
Syîiopsis de la Flore française publié par De Candolle en 1806, au Tas-
ehenbuch ou Manuel de Koch publié en 1848, etc. Cependant, à part De
Candolle, les auteurs sont simplement indiqués par leur nom sans citation
de leurs ouvrages. En examinant l'ouvrage qui nous occupe, nous avons
remarqué un certain nombre de dénominations spécifiques changées par ses
auteurs, sans que le motif de ce changement soit indiqué. D'un autre côté,
les deux auteurs ont adopté plusieurs genres proposés pardivers botanistes,
de manière à faire suivre du Nobis les dénominations nouvelles qui résultent
de cette adoption pour un assez grand nombre d'espèces. C'est ainsi, par
exemple, que, dans les Amarantacées, VAmaranfus Blitum devient pour
eux VAlbersia viridis; VAma7\ atbus ■= Pyxidium sylvestre, VAinm^
spicatus = Pyx. retrofiexwn ; dans les Chénopodées, les Atriplex has-
tata, anrjmti folio, oblongifoiia Koch, deviennent les Armola deltoidea,
mixta, campestris, suivies du Nobis, et les C lienopodium venant se i-anger
dans les genres Ortiiosporum et Anserina de Meyer, reçoivent tous, sans
exception, une nouvelle dénomination spécifique. Il en est de môme pour
toutes les Polygonées rangées dans Us s^ewvçs LapathuiuTowm.; Acctosa
Tourn.; Coluhrina Brun.; Persicavia Tourn.; Centinodium, genre non-
veau, caractérise seulement en ces mots : Stigmates eu tète, fleurs eu fais-
•V16 SOCIÉTÉ BOTAMQUr. Di; FUANCE.
ceaux axillaircs, tige couchée; enfui Tiniaria, propose cgalemei)t comuie
genre (listiiicl par les deux aiiteiiis ctcaractéfisépai- les deux mots: Stigmates
en tête, tige volubile ou giimpante, fleurs faseiculées.
Les variétés sont indiquces a la suite de leur espèce. Les localités sont
signalées avec soin, signées même du nom de celui des deux auteurs qui a
trouvé la plante dont il s'agit. Kniin, a ces données sont jointes la durée
et l'époque de la floraison.
Le volume se termine pai' deux tal)les alphabétiques, Li première pour
les familles, la seconde pour les noms latins des genres.
l)Ves:^'ciser fiir die botauif^clieu Excursioucu in der
llarli. Braudenliiii'g [Guide pour les excursions botaniques dans la
Marche de Brandebourg, particulièrement dans les environs de Berlin)\
par M. J.-H. Schulz. Gr. in-18 de V!II et 171 pages. Berlin, 1857;
chez E. -H. Schroeder.
Ce petit livre est destiné à rendre fructueuses les herborisations dans le
pays dont la flore en a fourni le sujet, en levant le plus possible les diffi-
cultés que peut offrir la recherche des plantes. Il est divisé en 6 chapitres.
Dans le premier, l'auteur jette un coup d'œil général sur la géographie
de la Marche de Brandebourg, sur ses divisions, son sol, ses cours
d'eau, etc.- — Le second chapitre est une liste des plantes qui composent la
flore de Brandebourg distribuées d'après l'époque de leur floraison, c'est-
à-dire par mois. Pour chaque mois, les espèces sont rangées d'après l'ordre
alphabétique de leurs noms de genres. — Le troisième chapitre est intitulé:
Stations où l'on trouve les plantes considérées en général. Ce n'est pas
autre chose qu'une énumération des espèces rappoitées a leur station. L'au-
teur indique, dans autant de paragraphes di•^lincts, celles qui croissent dans
les stations suivantes: 1. Sables; 2. sables argileux; 3. argiles sableuses;
h. terre marneuse; 5. terre argileuse; 6. glaise; 7. humus et sol des ma-
rais ; 8. terre calcaire ; 9. terres salées; lU. bois de Conifères; 11. bois
feuillus; 12. bois d'essences mêlées ; 13. sous-bois; \k. haies; 15. terres
cultivées; 16. jardins et leurs alentours ; 17. coteaux ; 18. chemins et
routes; 19. murs; 20. villages et décon»bres ; 21. terre sèche gazounée et
jachères; 22. pelouses et pacages; 23. terres humides et marécageuses,
généralement un peu ombragées; 2^. prairies; 25. tourbières; 26. fossés;
27. marais et mares; 28 étangs et lacs; 29. sources et ruisseaux; 30. ri-
vières. Il ajoute: 31. végétaux plantés et cultivés; 32. plantes naturalisées.
— Le (juatrième chapitre est relatif aux localités considérées en particulier.
M. Schnlz y examine successivement 26 localités plus ou moins étendues,
pour chacune desquelles il énumère les plantes qu'on y trouve en les divi-
sant d'après les lieux particuliers où on les rencontre. — Le cinquième cha-
pitre est intitulé : Résultats de quelques excursions faites à des époques
RRVLE liini.IOGRMMIIOrK. '>'^~
déterminées. Siiivi\nl un itinéraire' particulier pour clia((uo excursion, il
indique les plantes qu'on rencontre sur les divers points par lesquels on
dirige sa marche. Il présente ainsi les résultats de six excursions. — I-c
sixième ciiapifre contient les instructions nécessaires pour la récolte, la des-
siccation et la conservation des plantes.
L'ouvrage se termine par une table alphabétique des noms allemands et
latins des plantes. Pour chaque espèce on trouve indiquées toutes les par-
ties du livre où elle est mentionnée, ce qui a une importance particulière
pour un travail de ce genre.
Plauttc colwmbîanœ, descripsit H. Karsten [Limiœa, 1856, h' cah.,
publié en juin 1857, pp. 387-W2).
De retour en l^'urope après un séjour de plusieurs années dans l'Amé-
rique du Sud, M. Karsten a commencé de publier les résultats de ses explo-
rations, en y ajoutant les plantes dont il doit la connaissance à d'autres
voyageurs, particulièrement à M. Triann. Dans le mémoire (|ue vient de
publier le Linnœa, il décrit pour la première fois un grand nombre de genres
et d'espèces de la Colombie. 11 complète aussi les caractères de plusieurs
genres qui avaient été observés plus ou moins imparfaitement avant lui.
Nous voudrions pouvoir reproduire ici les caractères de ces nouveaux
groupes génériques; mais les développements avec lesquels ils sont pré-
sentés donneraient à cette reproduction une étendue beaucoup trop grande
et nous devons dès lors nous contenter d'y substituer un simple relevé. A
côté du nom de chaque genre nouveau nous mettrons le numéro d'ordre qui
indique sa placedans lasérie du Geyierad'KwdWchew Suivant notre habitude,
nous imprimerons en italiques seulement les genres nouveaux.
Palmiers. — /essenm (1726. 1): (dédié à M. CarIJessen, professeur de
botanique cà l^ldena)J. polycarpa; Palmier haut de 20 mètres, qui ressemble
à un Oreodoxa. — Marara (1767. 1) : 1. M. bicuspidata et 2. M. erinacea.
Ils ressemblent aux Martinezia et aux Bactris, dont ils diffèrent surtout par
leurs fleurs. — Augustinea[(\é(\\é à M. Augustin, dont les jardins, àPotsdam,
renferment la plus riche des collections de Palmiers formées par des ama-
teurs). Ce genre estétabli pour le Bactris major Jacq. , qui devient l'A. ma-
jor Karst. — L'auteur donne les caractères du genre Martinezia et ceux des
Guilielma considérés principalement sous le rapport de l'androcée et du
noyau. Il décrit ensuite, dans ce dernier genre, les nouvelles espèces sui-
vantes: 1. Guilielma Piritu; 2. G. tenera ; 3. G. granafensis. — 1. Bactris
specio^a var. Chichagui ; 2. B. caribœa; 3 B. pilosa; U. B. Cuvaro;5. B.
Corossilla; 0. B. setulosa. — 1. Geonoraa metensis ; 2. G. paraguanensis ;
3. G. linearifolia.
Rhizanthées. — Apodanthes Flacourtiœ. — Sarna (725. 1) : 1. S. Cau-
lotreti ; 2. S. Ingas,
318 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Gentianéks. — V<)\ liaaragucnsiii. — Biglimdularia: 1. B. azurea. Plante
parasite sur les racines du Galactodeiidioii.
EuPHORBiACÉES. — Croton Malaiiiho. — Centandra: 1. C. hondeiisis.
BuRMANNiACÉES. — Beïiitzia '. 1. B. suaveolens ; 2. B, Fœppigiana
(Dictyostega Pœppigiana Klotz^ch). — M. Karsten complète les caractères
des genres Dictyostega et Cynibocarpa Miers. Il décrit 2 nouvelles espèces
du premier: 1. D. pectinata; 2. D. campanidata.
AscLÉpiADÉES. — L'auteur caractérise complètement le genre Rûhssia,
qu'il avait déjà établi en 18^8 dans les Mémoires de la Société d'horticul-
ture de Prusse, et il y rapporte 5 espèces caractérisées par une courte dia-
gnose: 1. R. glauca;2. R. pubescens ; 3. R. macrophylia (Asclepias macro-
pbylla Herb. Willd.); 4. R. Esfebanensis ; 5. R. purpurea Schidl.
Hydroch A RIDÉES. — Tvianeu (dédié au docteur J. Triana, collaborateur
de l'auteur pour sa Flora INovo-Granatensis): T. bogotensis. •
MÉLASTOMACÉES. — Stephauoyasfra Karst. et Triana (6209. 1): 1. St. pur-
purea.— Lœvigia Karst. et Triana (dédié au chimiste C. Lœwig. 6211,1):
1. L. sericea; 2. L. ovalifolia. — Diplodonta Karst. (622i. 1) : 1. D. setosa,
BiGNONiACÉES. — Codcczzia Karst. et Triana (4H1. 1); 1. C. speciosa;
2. C. rosea.
CucuRBiTACÉEs. — Cabjcopkysum Karst. et Triana (5127. 1) : 1. C. pe-
dunculatum.
DiosMÉEs.— A^Mfl/fl Karst. et Triana (5999. 1) ; 1. K. alata; 2. K. laevis.
]NycTAGI^ÉES. — CephalotONiandra Kaisi. et Triana : 1. C. fragrans.
Sterculiacées. — Matisia Castagno.
BiXACÉEs. — Dendrostylis Karst. et Triana (5080. 1): 1. D. suaveolens;
2. D. apeihaifolia ; 3. D. pubescens; ù. D. grandifolia; 5. D. microphylla.
AspÉRiFOLiÉES. — Diplostylis Karst. et Triana (37/t4. 1): 1. D. fasci-
culata.
Sapindacées. — Comatoglosswn Karst. et Triana (5616-1) : 1. G. stric-
tum.
Convolvulacées. — Tricliantha Karst. et Triana (3801-1): 1. T. ferru-
ginea.
Passiflobées. — Poggendorffîa {51i0i)-\] : 1. P. rosea.
Rubiacées. — Slannia nietensis.
Buettnériacées. — Ancuiiorpha Karst. et Triana (5339-1): 1. A. wal-
therioifies. — Herrania aspera. — Tiieobroma glauca.
Lobéliacées. — IJurmeistera Karst. et Triana (dédié au prof. Burmeister
3069-1) : 1. B. ibaguensis; 2. B. pomifera ; 3. B. tomentosula ; U. B. acu-
minata i 5. B. succulenta; 6. B. lacerata ; 7. B. marginata.
Clusiacées.— Cahota (5^39-1): 1. G. carachensis.
Apocynées. — Lacmellea (337Zi-l): 1. L. edulis.
Fougères. — 1. lleraitelia servitensis ; 2. H. andina. — 1. Gyalhea cri-
REVUE BIRLIOGRAI'IIIQUE. 319
nacea ; 2. C. (|iiiiuliuctisis; 3. C. equeslris Kunzc, var. hoconcnsis; /j. C.
straminea; 5. ('. hoconcnsis; (i. C aurea Kl. v, squamosa;7. C. ebenina ;
8. C. hirtula Mait. var. multisorosa.
Notre relevé des nouveaux genres et nouvelles espèces décrits dans le
mémoire de M. Karsten montre siitïisaniment que cet autour n'a suivi
aucun ordre méthodique dans la série de ses descriptions. Il y a même
placé quelquefois assez loin les uns des autres des genres qui appartiennent
à la même famille. Nous avons cru devoir remédier quelque peu a ce défaut
d'ordre en plaçant les genres a la suite de leur famille, tout en suivant à
cela près la marche générale du mémoire.
MÉLANGES.
Les forêts de Teck €le Tludc et leur rapide destruc-
tion. [Oestcrr. botan. Wockenblatt.)
Le petit nomhre de forets de Terk qui existent encore dans l'Inde se
trouvent dans le Malabar, le Pégu, le Tenasserim et dans l'Assam. Elles
deviennent de plus en plus rares pour des causes diverses, les unes natu-
relles, les autres dépendantes de la volonté de l'homme. Les premières
sont l'extrême lenteur avec laquelle se développe le Tectona, et ce fait, qui
en est la conséquence nécessaire, qu'il croit toujours mélangea d'autres ar-
bres dont l'accroissement est beaucoup plus rapide et qui dès lors s'empa-
rent rapidement des places où ses pieds ont été abattus ou ont péri, La re-
production en devient ainsi très difficile. iViais ce sont surtout les hommes
qui contribuent a la rapide diminution des forêts de cette essence pré-
cieuse. Les Hindous abattent indifféremment tous les arbres jeunes et vieux
qu'ils rencontrent pour en employer le bois aux usages même les moins im-
portants, et la destruction qu'ils en font est si considérable, que le gouver-
nement britannique a dû récemment prendre des mesures pour en arrêter
les progrès rapides. Déjà dans les parties méridionales de l'Inde il ne reste
presque plus de bois de Teck; en ce moment la dévastation porte principa-
lement sur ceux du Pégu et du Tenasserim. On estime que ceux qui se
trouvent dans le Pégu septentrional ne renferment guère que 520,000 ar-
bres de cette essence piécieuse, ce qui, dans une exploitation raisonnée,
permettrait à peine l'abatage de 2,500 arbres par an, tandis que la con-
sommation annuelle s'élève certainement bien au-dessus de ce chiffre.
Quant aux forêts qui se trouvent en dehors des possessions britanniques, ou
manque de données précises "à leur égard.
NOUVELLES.
L'Association américaine pour le progrès des sciences a décidé de tenir
sa huitième réunion le 12 du mois d'août prochain à Montréal, dans le Ca-
320 SOCIÉTl': BOTANIQUE DE FRANCE.
nada. Cette Association étend ses travaux à toutes les branches des sciences
naturelles, physiques et mathématiques, et elle invite à sa prochaine réunion
les savants de tous les pajs. Déjà les plus illustres corporations scienti-
fiques de l'Kurope, l'Institut de France, les Sociétés royale et linnéenne de
Londres, ont désigné, dit-on, les délégués qui les représenteront à cette so-
lennité scientifique. De son côté, la ville de Montréal se prépare à donner
le plus d'éclat possible à la grande réunion de savants qui aura lieu dans
ses murs. Il est des lors à présumer que ce congrès scientifique sera, pour
l'Amérique, le pendant de celui qui a eu lieu à Vienne (Autriche) au mois de
septembre dernier, et auquel s'étaient rendus en grand nombre des hommes
distingués représentant toutes les branches des sciences naturelles et mé-
dicales.
— Le 11 mars dernier a été célébré à Weimnr l'anniversaire séculaire
de l'introduction dans le pays de la culture de la Pomme de terre. Cette
importante introduction était due surtout aux efforts du duc Ernest-Au-
guste-Conslantin, qui encourageait de son mieux les plantations^de cette
plante inappréciable. Un arrêté rendu par lui en 1757 recommandait de
semer et cultiver la Pomme de terre, fruit comestible et propre à différents
usages. Il promettait un prix de ^0 thalers à celui qui cultiverait la plus
grande quantité de Pommes de terre de l'espèce blanche et des récompenses
de 30, 20 et 10 thalers à ceux dont les cultures de cette plante se range-
raient ensuite dans l'ordre d'importance.
— Le 25 mai dernier la Société linnéenne de Londres a tenu pour la
première fois séance, le jour amiiversaire de sa fondation, dans le nouveau
local de Burlington-House, qui lui a été donné par le gouvernement, et
qu'elle occupe en même temps que la Société royale et la Société chimique.
Ce nouveau local est construit dans un très beau style, orné et disposé avec
beaucoup de luxe et de commodité. Cette année le bureau de la Société est
composé de la manière suivante : Président : M, Thomas Bell -, vice-prési-
dents : MM. Robert Brown, F, Boott, qui est en même temps trésorier,
W. Saunders, Richard Owen ; secrétaire: M. J,-J. Bennett; sous-secré-
taire : M. G. Busk.
— Le Bonplandia annonce que \L J. Smith, du jardin de Kew, vient
de terminer un catalogue de toutes les Fougères cultivées aujourd'hui dans
les jardins, que M. Pamplin doit publier. Il annonce aussi que sir W.
Hooker se propose de faire paraître, sur l'ensemble des Fougères cultivées,
un grand ouvrage dont les figures seront dessinées par M. Filch.
Paris.— Imprimerie Ue L. UiBTiNBT. rue Mignon, 2.
SOCIÉTÉ BOTANIQUE
DE FRANCE.
SEANCE DU 3 AVRIL 1857.
PRÉSIDENCE DE M. MOQUIN-TANDON.
M. Ducliaiire, secrétaire, donne lecUire du procès-verbal de la
séance du 27 mars, dont la rédaction est adoptée.
A l'occasion du procès-verbal, M. de Schœnefeld dit que tous les
échantillons fleuris de Polygala Chamœbuxus qu'il possède dans son
herbier portent la date des mois de mai ou de juin. La précocité de
l'échantillon de cette plante, présenté dans la dernière séance par
M. Boisduval, lui paraît donc due à la culture et à l'influence du
climat de Paris, où le printemps commence beaucoup plus tôt que
dans les Alpes.
M. Cosson ajoute que M. Munby a découvert sur le littoral de l'Al-
gérie une espèce nouvelle {Pobjgala Mimbyana Boiss.), très voisine
du P. Chamœbuxus.
Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le
Président proclame l'admission de :
3L Marmotton (Henri), docteur en médecine, rue Notre-Dame'/i,
à Passy-lez-Paris, présenté par MM.Eug. Fournier et A. Gris.
M. le Président annonce en outre deux nouvelles présentations.
Dons faits à la Société :
i" Par M. L. Vilmorin :
Essai d'un catalogue méthodique et sijnonymiquc des Froments.
1" Par M. Decaisne :
Le Jardin fruitier du Muséum, livr. 3-
3° En échange du Bulletin de la Société :
L'Institut^ avril 'lt^57, lin iiinuéro.
T. IV. 21
322 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
31. Ducliartre, secrétaire, donne lecture de la communication sui-
vante adressée ù la Société :
NOTE SUR LES VRILLES DES CUCURBITACÉES, par M. ATTILIO TASSI (1).
(Lucques, 6 mars 1857.)
Je me vois souvent cité dans les/ravaux des auteurs qui recherchent la
signification des vrilles des Cucurbitacées, par exemple par M. Naudiu,
dans le passage où il dit que « les botanistes qui, à l'exemple de M. Tassi,
ont voulu voir dans les vrilles des pédoucules transformés, étaient plus
prèsée la vérité » {Ann. des scienc. nat., W série, IV, p. 14), ainsi que
dans un passage encore plus récent de M. Clos, de Toulouse: « Bien des
hypothèses, dit M. Clos {Bull, de la Soc. botan., III, p. 545), ont été
émises relativement à ces vrilles des Cucurbitacées : c'est qu'en effet on les
a considérées comme des racines, comme des pédoncules avortés (Tassi);
comme des stipules (Aug. de Saint-Hilaire et Stoclvs, opinion émise aussi
avec doute par De Candolle) ; comme des feuilles (Gasparriui, Seringe,
Brauu) ; comme des rameaux dégénérés (Meneghini) ; comme des rameaux
de superfétation (Link); comme des rameaux terminaux de l'axe (Fabre);
comme représentant à la fois des rameaux et des feuilles (Naudiu). « Comme
mes idées sur ce sujet, qui a été longuement agité et discuté en Italie, en
France et en Allemagne, n'ont pas été toujours reproduites fidèlement par
les auteurs'; comme d'ailleurs elles ont besoin d'être éclaircies et modifiées,
en raison d'observations ultérieures, je crois qu'il y a intérêt scientifique et
même devoir pour moi d'en dire aujourd'hui quelques mots.
D'abord il ne faut pas confondre deux points entièrement distincts:
savoir, en premier lieu, celui dont j'ai entretenu, en 1844, les botanistes
réunis a Lucques, qui est relatif à la structure et à la manière d'être des
racines adventives qui se montrent d'ordinaire aux nœuds inférieurs des
Courges communes, que leur conformatiou, leurs dimensions et leur rigidité
m'ont fait considérer comme analogues, tant qu'elles se trouvent dans l'air, à
ceWe^ ûii Polhos violacea[woy .Atti délia o"" riimione degli Se . ital., p. 322); en
second lieu, celui que je traitai dans la réunion suivante et qui se rapporte
à la valeur oiganographique des vrilles. Sous ce dernier rapport, j'ai cité
un fait observé par moi dans VAnguria pedafa Lin., dans lequel il existait
simultanément à un nœud deux vrilles, l'une latérale, l'autre axillaire par
rapport à la même feuille, fait entièrement contraire à l'idée d'une dériva-
tion stipulaire, et qui vient, au contraire, à l'appui de mon opinion que les
vrilles sont de simples rameaux dégénérés. C'est cette opinion que j'ai ex-
primée dans le passage suivant (voy. lue. cit.., p. o27) : « L'auleur dit que,
(1) Traduite de l'ilalien par M. Ducharire.
sÉANCic nu 3 AVRIL 1857. 323
(lai)s son opinion, les vrilles des Cucuibifacécs sont des rameaux dégé-
nérés. »
Plus tard, la transformation en vrille d'un petit pédoncule de Sicyos m'a
l'ait croire à quelque métamorphose des parties de i'inllorescence, et j'ai
exprimé celte opinion, mais avec réserve, comme on le voit par les lignes
suivantes (voy. Nuove oss. sui cirri délie CucKrbitcœee): « Telles sont les
raisons en faveur de l'opinion vers laquelle je suis le plus porté.
Cherchant unicjuement la vérité, sans aborder le terrain des hypothèses, je
m'empresse de déclarer que mes recherches m'ont fait connaître un faiî qui
a une signification différente de ceux que j'ai rapportés jusqu'ici : ce fait
consiste en ce que j'ai vu quelquefois dans VAng/rria deux vrilles placées
aux deux côtés de la base des feuille-, etc. »
Après ces distinctions et ces explications dictées par l'amour de la vé-
rité, il est clair qu'à une époque, ne pouvant concilier avec les faits ob-
servés l'opinion de Saint-Hilaire relative à la nature stipulaire des vrilles
des Cucurbitacées, opinion à peu près totalement abandonnée aujourd'hui,
je cherchai à la réfuter. Alors, guidé par l'étude de la position relative des
organes, je me déclarai, quoique d'une manière peu affirmative, partisan de
la dégénérescence des pédoncules et surtout de celle des rameaux. Mais je
n'ai jamais pensé que ces vrilles si controversées eussent une origine radi-
cale, bien qu'on m'ait attribué cette opinion, que je repousse comme insou-
tenable et absurde.
Les faits ramenés ainsi à leur véritable expression, je dirai que, bien an-
térieurement à la publication en France du travail de M. Naudin, j'ai ob-
servé au jardin botanique de Pise, sur quelques rameaux de Motnot'dka
nngulata Ten., la particularité de la transformation foliacée de vrilles qui
avaient produit des bourgeons à différents degrés de développement, et
qui présentaient ainsi une identité absolue avec celles dont M. Naudin a
donné la figure (1).
Cette particularité, que je communiquai h quelques botanistes mes amis
et qui me fournit le sujet d'une communication faite à l'Académie royale
des Filomati de Lucques, me conduisit h de nouvelles idées que j'aurais dû
publier, mais que diverses circonstances m'ont fait, à mon grand regret,
laisser inédites jusqu'à ce jour. Bien qu'il soit nécessaire de faire encore sur
ce sujet de nouvelles études avant d'émettre une opinion définitive, cepen-
dant, s'il était nécessaire d'exprimer une opinion, me basant sur les ré-
sultats de l'examen que j'ai fait de l'état primordial des vrilles susdites, je
me montrerais porté, dans l'état actuel de la question, vers ceux qui sou-
tiennent la nature foliaire de ces productions, tout en reconnaissant qu'ils
(1) Je conserve desséchées de ces vrilles nionslrueuses, ainsi que les dessins qui
s'y rapportent.
32/1 SOCIÉTÉ BOïANIQUli DE FRANCE.
ont contre eux le fait des vrilles gemmipares, et, sans le moindre doute,
celui de la vrille axilioirc de VAnrjuriu, fait qu'ignorait le botaniste de
Toulouse lorsqu'il disait : « La vrille n'a jamais été vue, que je sache, à
l'aisselle d'une feuille. « (Voy, le Bull. , III, p. 5i7.) Il se pourrait aussi qu'on
proposât une interprétation dilTércnte des mêmes faits; car, comme Je l'ai
dit dans une autre occasion, je ne puis me persuader (juc les faisceaux vas-
culaires qui appartiennent, par exemple, à des organes appendiculuires,
puissent s'allonger notablement sans se diviser, et sous des formes insolites,
hors de la situation normale des appendices dont ils seraient les représen-
tants, selon la pensée des stipulistes ; ni que, s'isolant, ils puissent s'épar-
piller de manière à se montrer, tantôt latéraux, tantôt opposés, tantôt enfin
axillaires relativement à l'organe démembré, selon l'idée très séduisante
de M. Clos, ainsi qu'il faudrait l'admettre pour les cas rapportés ci-dessus.
D'un autre côte, j'ai lieu de croire, quoique je n'aie pas encore tous les
éléments pour une pleine et entière conviction à cet égard, que l'organe
qui, a l'état adulte, se montre, dans les Cucurbitacées, sous l'apparence
d'ime vrille généralement latérale à la feuille, est, au contraire, opposé à
celle-ci et tout à fait identique avec elle dans la période gemmaire. Enfin
si des observations exactes démontraient fausse la théorie généralement
adoptée relativement au mode de développement de la tige de la Vigne,
c'est-à-dire si l'on ne devait plus regarder la vrille comme une inflores-
cence transformée, ni la tige comme une suite d'axes d'ordres différents, et
s'il fallait admettre, au contraire, que le second mérithalle est réellement
la continuation du premier et que la vrille est un organe oppositifolié,
« opinion qui peut parfaitement être soutenue « (voy. Fermond, in Bull.
Soc. bot., 111, p. 595), dans ce cas, la supposition de l'origine foliaire des
vrilles des Cucurbitacées trouverait un puissant appui dans ce qu'offrent les
Ampélidées.
M. Marlins fait à la Société la communicalion suivante :
EXPÉRIENCES SUR LA PERSIST.\NCE DE LA VITALITÉ DES GRAINES FLOTTANT A LA
SURFACE DE LA MER, par M. CU. .IIAKTIIWS.
Dans les indications de recherches qu'il propose aux botanistes physiolo-
gistes à la fin de sa Géographie botanique raisonnée (1), M. Alph. De Can-
dolle place en première ligne la vitalité des graines dans l'eau de mer. « Si
j'habitais près de la mer, dit-il, j'aurais essayé des expériences, en obser-
vant les précautions que j'ai suivies dans mes recherches sur la durée des
graines conservées au sec et dans l'air (2). Pour la (|uestion des transports
(J) 1'. io!xll.
('2) Annales des sciences nularclle^. o" série, l. Vi, p. C/J, ISiG.
sFANdE ni' 3 Avnir. 1857, 325
pnr le^ couraiils et parles fUnive?, poiii- celle de la conservation ou (lestriic-
tion des espèces à la suite de submersions plus ou moins prolonf^ées, à des
époques anciennes, ce serait d'un grand intérêt. On aurait beaucoup de
facilités près de l'embouchure de certains fleuves ou dans les salins du midi
de la France. Qu'on ne croie pas cependant ces expériences bien faciles. Il
faudrait y apporter beaucoup de soins et de jugement. »
Ces motifs m'ont engagé à tenter une première expérience qui pourra en
suggérer d'autres plus complètes et plus décisives.
Le transport des graines par les courants est un fait incontestable et
incontesté. Déjà en 1695, Sloane (1) parle de haricots extraordinaires
que la mer jetait sur les côtes de l'Ecosse, de l'Irlande et des îles Orkney,
et dont on faisait des tabatières. Sloane reconnut dans ces graines celles de
trois plantes qu'il avait observées lui-même en Amérique, et une autre
(|u'il avait vue dans des collections. Le nom de beans (haricots) qu'il leur
donne montre que c'étaient des graines de Légumineuses. Dans la descrip-
tion de la première, qu'il nomme Phaseolus mnximus perennis, il est facile
de reconnaître celle du Mimosa scandens Sw.; dans la seconde, le Dolichos
urens L., et dans la troisième le Guilandina Bonduc L. Sloane rend parfai-
tement compte du transport de ces graines par le Gulfstream jusque sur les
côtes de l'Amérique du Nord; de là il les suppose poussées par les vents oc-
cidentaux. Mais la science moderne a montré que le Gulfstream traversait
l'Atlantique pour aboutir sur les côtes septentrionales de l'Europe : il porte
sur les côtes de Norvège des graines qui parcourent ainsi le quart de la
circonférence du globe. Linné (2) nous apprend que l'on y trouvait de
son temps des graines de Cassia Fistula L,, Anacardium occidentale î..,
Mimosa scandens L, et Cocos nucifem L. .l'ai ramassé moi-même au cap
Nord (3), le plus septentrional de l'Europe, par lat. 71" 12' N., long. 230
30' E. , au milieu des galets du rivage, une graine d'Entada Gigalobium DC.
{Mimosa scandens L,) que je conserve. Le Coco de mer, Lodoicea Seckella-
rwii Labill., est porté depuis des siècles par un courant des ilesPraslin
aux Maldives (^). Mais pour que ces transports puissent contribuer a la
dissémination des espèces à la surface du globe, la première condition c'est
que ces graines aient conservé leurs facultés germinatives. Peu d'expériences
ont été faites à cet égard, et pourtant la question estdcla plus b.aute impor-
tance, non-seulement pour expliquer la dissémination des graines depuis les
temps historiques, mais encore pour se rendre compte de l'établissement à
(1) Philusophical Transactions to the end of the year 1700, abridged, t. lil,
p. 5/i0.
(2) Coloniœ plantarum, Amœnitates academicœ, l. VIII, p. 3, 1785.
(3) Voyage botanique le long des côtes septentrionales de la Norvège, p. 128.
Cl) llookor. Bot. Magaz.. l. 273^.
326 SOCIÉTÉ BOTANIQUK DE FRANCE.
la surface du globe de différentes «ores perdues dont nous retrouvons les
débris dans toute la série des terrains. Tout nous dit, eu effet, qu'à ces
époques la mer occupait la plus grande partie du spbéroïde terrestre. Les
continents n'existaient pas , mais un grand nombre d'archipels étaient
semés à la surface de l'Océan. Sous ce point de vue, la dernière époque
tertiaire ne différait pas des autres, et les courants marins ont été consi-
dérés à priori comme le principal agent de la dissémination des végétaux
à celte époque et aux précédentes (1) ; mais s'il était prouvé que les cou-
rants marins ne contribuent en rien à la diffusion des espèces, il faudrait
en conclure que celles qui sont séparées par l'immense étendue des mers
n'ont pas un centre de création unique, mais des centres multiples; un seul
individu de chaque espèce ne serait pas la souche commune de tous les in-
dividus existant a la surface du globe; un certain nombre d'individus spé-
cifiquement identiques auraient, au contraire, apparu sur des points du globe
très éloignés les uns des autres. La conclusion est forcée pour les espèces
disjointes qui se trouvent dans les régions froides ou tempérées des deux
hémisphères sans exister dans la zone intertropicale (2).
L'importance du problème suffisamment indiquée, nous allons voir que
la science nous offre peu d'observations ou d'expériences pour décider si
les graines conservent leur vitalité après avoir été transportées ainsi à de
grandes distances par les courants marins.
M. Louis Necker affirme (3) que les graines jetées par le Gulfstream sur
les côtes d'Ecosse, ne germent pas. Cependant je lis dans Lyell (4) que
Brown, dans son Supplément à l'ouvrage de Tuckey, n° 5, p. 481, rapporte
que le Guilandina Bonduc provient d'une graine trouvée sur la côte occi-
dentale de l'Irlande. M. le professeur Godron a constaté (5) de son côté,
dans le voisinage des étangs salés, que des graines submergées pendant tout
un hiver n'ont point perdu leur vitalité. L'année dernière, j'ai vu germer
parfaitement des graines extraites de fragments de gousses de Cassia Fifi-
tula (6), que le courant qui longe les côtes de Provence et de Languedoc
avait portées de ALarseille sur la plage de Montpellier, où nous les trou-
vâmes échouées 5 mais ces graines étaient évidemment protégées par le
péricarpe qui les entoure et les cloisons qui les séparent. Enfin, M. ,L
(1) Lyell, Principes de Géologie, traduits par M"' Meulicn, t. IV, p. 151.
(2) Alph. De Candollc, Géographie botanique, p. 10Zi7.
(3) Article Géographie botanique par De CaudoUe, du Dictionnaire des sciences
naturelles, t. XVIII, p. liOli.
(Û) Principes de Géologie, t. IV, p. lZi9.
(5) Migration des végétaux, p. 11.
(6) Sur la germination des graines de plusieurs gousses de Cassia Fistula,
échouées sur la côte du Languedoc {Mém. de VAcad. de Montpellier, t. 111,
p. 239, 1850; et liulMin de la Société botanique de France, {. III, p. 36, 1856).
SÉANCE DU 3 AVIUL 1857. 327
Salter (1) a trouvé de l'Orge, de l'Avoine, Ly&imackia mlrjarh^ Epilnhium
hirsutum et Centaurea Calcitmpa, sur des tas de boues retirées en 18^t3 du
fond du port de Poole, Ces plantes formaient un ilol de végétation contrastant
avec la végétation littorale environnante, composée de Statice, Salicornia,
Atriplex, etc. Or les céréales les plus rapprochées sont à 1600 mètres du
port, Epilobium hirsutum à h ou 5 kilomètres, Lysimnchia vulgnris à 7 ou 8,
et enfin Centaurea Calcifrapa, à peine connu dans le comté, ne se trouve
pas dans un rayon de 16 kilomètres de Poole; mais le port de cette ville
reçoit deux rivières, Frome et Piddie, qui traversent la partie occidentale
du comté de Dorset, et dont les bords sont couverts des espèces d'Epilobium
et de Lysimachia mentionnées. Ces cours d'eau ont amené les graines dans
le port, où elles ont été enfouies dans une vase imprégnée d'eau saumâtre
qui n'a point anéanti leurs facultés germinatives. Ces observations ont été
publiées en 1856. La même année, W. Charles Darwin invitait les lecteurs
du Gardener's Chronicle (2) à lui adresser les documents qu'ils posséderaient
sur ce sujet, et à se livrer à quelques essais. M. .T. Berkeley répondit à son
appel (3), et ces messieurs publièrent le résultat de leurs recherches dans le
Journal of the proceedings of the Linnean Society, t. J, p. 130, 1856.
M. Darwin mettait ses graines dans de petites bouteilles remplies d'eau de
mer artificielle; M. Berkeley envoya les siennes à M. Hoffmann, à Rams-
gate, où elles séjournaient dans des baquets dont l'eau de mer était jour-
nellement renouvelée. Sans connaître les expériences de ces messieurs, qui
n'ont été publiées qu'en novembre 1856, j'entrepris au printemps de la
même année des essais du même genre.
Je choisis dans le catalogue du Jardin de Montpellier des graines récentes
et dont la germination ne manque jamais. J'en pris dans les principales
familles, préférant cependant en général les graines de grande dimen-
sion, pourvues d'un épisperme épais, et celles des plantes littorales: les
premières devant mieux résister à l'action de l'eau salée par leur volum.e et
l'épaisseur de leurs enveloppes ; les secondes étant celles qui, échouées sur
une plage sablonneuse, ont le plus de chances de germer.
Voici la liste de ces plantes, rangées par ordre de familles:
Dicotyleflonea;.
Ranunculace^.. Clematis Vitalba L. —
Delphiuiiini Ajacis L., p. — Ranunculus
creticus L. , p.
Nymph.ï;ace.e. Nelumbium speciosuni
Willd. — Nelumbiura speciosuni [bis
graines incisées). — Nymplia?a cîBrulea
Sa Vigny.
Crucifer.e. Alyssum niaritimum Lara. —
(1) On the vitality of seeds after prolongcd submersion in the sea {Procee-
dings of the Linnean Society, t. I, p. 1/!|0, 1856).
(2) N° 15, p. '262, ih avril 1855.
(3) Gardener's Chronicle, n" 17, p. 278, 28 avril 1855.
328
SOCIÉTÉ ROTANIQL'E DE FRANCE.
Brassica hispida Tciior., p. — Cakile
• niarilima L. — Craiiibo inaritinia, L.
— Isatis tinctoria L. — Matlliiola si-
iS [nuata R. Br., p. — Siuapis ulba L., p.
LiNACE-E. Limim mariliniuni L., p.
Malvace.k. AUlia>a cannaliiiia L. — La-
vatcia arborca L. — Mal va crispa L., p.
AcERi.NE^. Acer neapoiitatium Ton.
Sapin'dace.e. Kœln'utcria paniculata Lam.
Meliace.e. Molia Azcdarach L,
RuTACE.E. Rula inonlaiia L. , p.
CoRiARiE.E. Coriaria niyitifoiia L.
CELASTniNE.E. Evoiiyniiis ciiropseiis L.
Rhamne.e. Pali\irus aculcatiis L.
Leglminos.e. Acacia Julibrissia Wilid. —
Astragaius baeticus L. — Cassia niary-
landica L. — Cercis Siiiquastrum L. —
(lytisus Laburuutn L. — Dolichos bi-
florus L. — Geiiista caudicans L. —
Gleditschia horrida Wiild. — Glcdits-
chia Iriacanthos L. — Hedysanim coro-
iiarium L. — Lathyrus magclianicus
Lani. — Lotus conjiigatus L. — Medi-
cago marina L. — Melilotus officinaiis
L.,p. — Mimosa pudica L. — Ono-
brychis sativa Lam. — Phaseolus rufus
Jacq. — Pisuni sativum L. — Poin-
ciaoa Giiliesii Hook. — Sopbora japo-
nica L. — Tclragoiiolobus siliquusus
Rolh.,P-
Onagrauie.e. OEnothera taraxacifoiia Sw.
P-
CocrnBiTACE.E. Ciicurbita Pcpo L.
Umbellifer.e. Buplevruin fruticosum L. —
Echiuophora spinosa L. — Cachrys
lii'vigata Lam. — Daucus maritimus
Lam., p. — Eryngium marilimum L.
— Kcriila glauca L. — Crithmum ma-
rilimum L.
DiPsACE-E. Dipsacus fcrox Lois). — Sca-
blosa maritima L., p.
CoMPosiT-E. Achiilea Ageralum L. —Aster
Tripolium L., p. -- Anthémis mari-
tima L. — Chondrilla latifolia Koch.
— Xanlhium macrocarpum DC.
Campanulace.e. Campanula Rapunculus L. ,
P-
ASCLEPJADE.E. Asclepias Cornuti Decaisnc.
CoNVOLYLLACE.E. Couvolvulus Soldanolla
L. — Ipomœa cordigera INlart.
BoRRAGiSE.E. Litbospcrmum officinale L.
SoLANE.E. Dalura Slramonium L. — Hyos-
cyamus albiis L., p. — Nicotiana an-
gustifolia L.
Pllmbagine.e. Slatice olcil'olia Pourr., p.
Plantagine.e. Piantago Psyliium L. , p.
Nyctaginee. Mirabilis Jala|)a L.
Chenopode.e. Salsola Kali L. , p. —
Atrii)lcx Halinms L., p. — Beta vulga-
ris L.
Poi.YGONE.E. Rumex aqnaticus DC. — Po-
lygonum marilimum L., p.
EupiioRiîiACE.E. Euphorbia Paralias L. —
Ricinus africanus L. — Ricinus com-
mun is L.
Aristolocuie.e. Aristolocllia Sipho Lhér.
JuGLANDE.E. Juglans uigra L.
CoNiFER.E. Cui)ressus fastigiata L. — Ju-
niperus plnmicea L. — Gingko biloba
L. — Gingko biloba (bis). — Ephedra
distachya L.
Monocolylccloncse.
AusMACE.E. Sagitlaria sagittifolia L., p.
Cannace.e. Canna gigantca Desf.
Ihide-E. Iris Pscudacorus L.
Amauyllide.e. Pancratium marilimum L.
— Agave americaua L.
LiLiACE.E. Asphodelns ccrasiferus Gay. —
Allinm arcnarium L.
Gramine.e. Ilordeumvulgare L. — iEgilops
ovata L. — Zca Mays L. — Panicnm
altissimnrii Brouss., 2'- — Po3 mari-
lima Huds., p. — Saccbarum Ravcnnae
L.,p.
Un premier essai consistait à savoir quelles sont celles de ces graines
qui surnagent à l'eau de mer et celles qui plongent au fond. I,es expériences
ont été faites les graines se trouvant dans l'état où elles doivent se com-
porter à la mer, après avoir flotté quelque temps : ainsi celles des Com-
posées, des Renonculacées ont été dépouillées de leur aigrette ; d'autres, au
contraire, telles que les akènes, les caryopses, les fruits monospermes, in-
déhiscents en général, n'étaient pas séparées de leur péricarpe. Sur 98 graines
observées, 59 surnagèrent; 39, au contraire, sont spécifiquement plus
lourdes que l'eau de la Méditerranée, dont la densité déterminée d'après
sjUnck nu :i AviïiL 1S57. 320
des échantillons pris an largo, devant le poit de Cotte (1). est de 1,025^.
Quelques graines avaient une pesanteur spécifique prcs(iue égale ù l'eau de
mer: c'étaient celles de IS'c/imt/jium, Dotura Straiitom'inn, Jugions nigra et
Gmgho ; elles nageaient pour ainsi dire entre deux eaux; d'autres descen-
daient immédiatement au l'ond de l'eau, par exemple les graines des Lé-
gumineuses ( ïicdysarum coronarium. Mimosa pudica et Onobnjchis sativa
exceptés), quelques Crucifères et quelques Monocolylédones. On se
tromperait si l'on croyait (jue les grosses graines sont, en général, spé-
cifiquement plus lourdes que les petites. Kn effet, tandis que les graines
du Jugions nigra, du Nelinnhium, du (iingko, du Mimosa scandens sur-
nagent, celles du Brassica hispida, du Sino.pis alba, du Lithospermum offi-
cinale, du Medicngo marina, du Lotus siliquosus et du Plantago Psi/lliion
plongent très rapidement. Eu résumé, sur 98 graines choisies au hasard, les
deux tiers surnagent. Je n'ai pas besoin de faire ressortir l'importance de
cette condition pour le transport par les courants. En effet, quoique, par
des gros temps, la mer lejette souvent sur le rivage des corps spécifique-
ment plus lourds que l'eau salée, cependant la propriété de fiotter a la
surface sera toujours une des conditions les plus favorables aux voyages
lointains des graines végétales. Aussi celles de Êlimosa scandens, Cassia
Fistula, Dolichos urens, Guilandina Bonduc, Cocos nucifera, que l'on a
trouvées sur les côtes occidentales de l'Europe, surnagent; V Anacardiuni
occidentale ne surnage pas, et cependant il est porté par les courants des
Antilles jusque sur les côtes de Norvège, soutenu probablement par son
réceptacle charnu, dont il se sépare lorsque le fruit, échoué après son long
voyage, est roulé sur les galets de lu plage.
Four expérimenter l'action de l'eau de mer sur les graines, je n'ai pas
cru devoir procéder comme MM. Ch. Darwin et Berkeley, c'est-à-dire
plonger simplement les graines dans de l'eau salée. J'ai cherché à les
placer dans les conditions physiques où elles se trouvent lorsqu'elles
flottent à la surface de la mer; pour cela j'ai fait faire une boîte carrée en
tôle, ayant 30 centimètres de côté et 3 centimètres d'épaisseur. Cette boîte
était divisée en cent compartiments égaux. Les grandes parois opposées de
la boîte étaient criblées de petits trous qui permettaient à l'eau d'entrer
et de sortir lihi'ement. Chaque case était occupée par une espèce de graine.
La boite remplie, je fis souder le couvercle, et grâce à l'obligeance de
M. Itier, dircclenr général des douanes, je pus amarrer solidement
cette boîte sur une bouée flottante, à l'entrée du port de la douane, à Cette.
Le mouvement des vagues, même par une mer tranquille, soulevait la
bouée, puis la laissait retomber, de façon que la boite était alternativement
plongée dans la mer et élevée au-dessus de sa surface.
(1) Voy. Usii,dio, Analyse de l'eau de la Méditerranée sur les côtes de France
[Comptes rendus de VAcad. des sciences de Paris, I8/18, t. XXVII, p. li'19).
330 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Les graines étaient ainsi exposées à la fois à l'action de l'air et de l'eau,
comme elles le sont quand elles flottent. Cliaque case contenait vingt graines.
Cependant vingt grosses graines n'entraient pas toujours dans une case. Ainsi
il n'y avait qu'inic graine de Jwjlam nigra, 12 de Nelumbium (6 intactes
et 6 incisées); 12 graines de Gingko, 18 de Potiron. Je ne comptais pas les
petites graines, j'en mettais une pincée, c'est-à-dire plus de vingt, car
M. Alph. De Candolle a prouvé qu'elles perdent plus souvent et plus vite
leur faculté germinative (1). Dans la liste, p. 327-328, j'ai fait suivre de la
lettre yu celles qui sont dans ce cas. Autant que possible, j'ai laissé la graine
dans les conditions où elle se trouve en tombant de l'arbre ou de la plante ;
ainsi je n'ai pas détaché le péricarpe des graines des Cakile maritma,
Crambe rnaritùna. Isatis tinctoria, Cachrys lœvigata, Echinophora spinosa,
EryiKjium maritimum, Junipems phœnicea, E[jhedra distachya, Melia
Azedavach, Onobrychis sativa, Mcdicago marina, Paliurus aculeatus, Beta
vulgaris, Acer neapolitanwn et de toutes les Composées.
La boite remplie de graines, je l'amarrai sur la bouée le \lx février 1856 ;
elle y resta jusqu'au l" avril, c'est-à-dire quarante-cinq jours. Le jour
même elle fut ouverte : [\\ espèces de graines sur 98 étaient pourries; les
autres furent semées immédiatement dans des pots remplis de terre de
bruyère et placés sous une bâche.
Je donne ici leur liste, avec le nombre (entre parenthèses) des graines
germées et l'indication des six époques où j'ai constaté la germination,
savoir, le 13, le 16 et le 23 avril, le 2 et le 2U mai, enfin le 5 juin. Toutes
les semences qui n'avaient pas germé à cette époque étaient pourries ou
gâtées. Les graines qui ne sont suivies d'aucune indication n'ont pas levé.
Graines semées sous bâche après un séjour de quarante-cinq jours à la
surface de la mer.
Dicoryleiloueae.
Nelumbium «peciosum (3). — 23 avril.
Nelumbium speciosum, incisées.
Alyssum mnritimum.
Brassica hispida (4). — 13 avril.
Cakile maritima (lo), — 13 avril.
Crambe maritima.
Sinapis alba (15). — 13 avril.
Linum maritimum. — 24 mai.
Huta moutaua. — 5 juin.
Acer iieapolitanum.
Melia Azedarnch. — 24 mai.
Kœlreuteria pauiculata (4). — 2 mai.
Cucurbita Pepo ,13). — 13 avril.
Paliurus aculeaUis, — 24 mai.
Evonymns europa'us.
Acacia Julibrissin (7). — 13 avril.
Astragalus ba>ticus.
Cassia m.irylandica (2). — 2 mai.
Cytisus l.aburnum.
Dolichos biflorus.
Gledilschia borrida (5). — 16 avril.
— Iriacauthos (4). — 13 avril.
Hcdysarum coroiiarium.
Latliyru» magellanicus.
Onobrycbis sativa,
Medicago marina, — 24 mai.
Pbaseolus rufus.
Poinciana Gilliesii (2). — 16 avril.
(1) Sur la durée relalive de la faculté de ï;ernier dans des graines appartenant
ii diverses familles {Annales des sciences naturelles, 3' sf^rie, t. Vf, p. 381, 18/|6).
siUnck du 3 AViuL 1857.
331
Sophora japonica.
Buplevnim frutiiosum.
Cachrys la^ifiata.
Echinopliora spinosa.
Eryngium iiiaritinium (1 1). — 2 mai.
Scabiosa marilinia. — 23 avril.
Xanlhiuni iiiaiTocarpum (10). - 1,3 avril.
Lithospcrmum orficinale. — 23 avril.
Asclopias Cormiti (G). — 16 avril.
Convûlviilus Soldaiiclla.
Ipoma-a cordi;;ora.
Salsola Kali (12). — 13 avril.
Beta vulgari.s (12). — 13 avril.
Riimcx aqualicu.s (IG). — 23 avril.
Ricinus africanus (9). — 16 avril.
— comniunis {[)). — 16 avril.
Knphorbia Paralia.s. — 2i mai.
MirahiMs Jalapa (3). — lii avril.
Ari.slolocliia Siplio.
.higlaiis iiigra.
Giiigko hiloha (5). — 2 mai et 5 juin.
.luiiipi'riis plKL'iiicca.
Ephedradistachya (14). — 23 avril.
Monocolyledoneee.
Canna gigantca (2i. — 21 mai.
Aspliodolns ccrasifcriis (2). — 2 mai.
Pancralium maritiinuni (14). — 2 mai
Iris F.scudacorus.
/Egilops ovata. — 13 avril.
Hordcum vulgarc. — 13 avril.
Sur ces 57 espèces de graines, en apparence non altérées, 35 seulement
ont germé. De ces 35 graines il faut en retrancher 16 qui, étant spécifi-
quement plus lourdes que l'eau salée, n'auraient pu nager à sa surface :
cela réduit à 19 le nombre des graines qui, après six semaines de flottai-
son, peuvent germer lorsqu'elles sont placées dans les circonstances les plus
favorables : c'est environ un tiers du nombre total, proportion fort minime
comparée aux 98 espèces mises en expérience. Ces 19 espèces sont :
Asdepias Cornuti, Asphodelus cerasiferus, Beta vulgaris, Cakile maritima,
Cucurbita Pepo, Ephedra distachya, Eryngium maritimum, Euphorbia
Paralias, Gingko biloba, Linum maritimnm, Nelumbium speciosum, Pa-
liurus aculeatus, Pancratium maritimum, Ricinus africanus, lî. commu-
nis, Rumexaquaticus, Salsola Kali, Scabiosa maritima et Xanthiinn rnacro-
carpum. Telles sont les graines qui, échouées après une navigation de six
semaines, auraient eu quelques chances de s'établir sur le rivage.
Six semaines sont un temps très court, comparé à celui que cerfaines
graines doivent rester en route pour naviguer d'un continent à l'autre. Je
résolus donc de mettre de nouveau à la mer les 34 graines qui avaient
germé, après y avoir séjourné pendant quarante-cinq jours, et qui sont
mentionnées, avec l'époque de leur germination, dans la liste commençant
à la page précédente (1). Sauf celles de Gingko (six seulement) et une pincée
des petites graines , telles que Brassica hispida, Sinapis alba, Salsola
Kali, Scabiosa maritima, Linum maritimwn et Rumex aquaticus, elles
furent placées, chacune au nombre de 20, dans la même boite, que
j'amarrai sur la bouée le 17 juin : elles y restèrent jusqu'au 18 septembre,
savoir 93 jours ou 3 mois. Au bout de ce temps, onze de ces graines
étaient réduites en putrilage (2). Je semai le 18 septembre les 23 restantes,
(1) Je ne nu".s pas dans la boîle les graines de Ruta montana, qui germaient i^
peine au bout de deux mois de séjour .sons la bâche.
(2) Ce sont : Nolumbium speciosum., Gleditschia horrida, Poinciana Gilliesii,
332 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
et les examinai !c 29 du même mois, le 6, le 11 et le 20 octobre. Depuis
cette date aucune ne germa, quoicju'elles eussent été transporlces de la
bâciie dans la sen-e. La liste suivante indique l'époque de la germination ;
les noms qui ne sont suivis d'aucune date sont ceux des graines qui n'ont
pas levé.
Graines semées sous bâche après un séjour de quatre-vimjt-treize jours
à la surface de la mer.
Dicocyledoneap.
Brassica hispida.
Melia Azedarach.
Kœlreutcria paniculata.
Cuoniljita Fopo (,2). — 11 octobre.
Paliuriis aciileatus.
Acacia Julibrissin (I). — G octobre.
Gleditscliia triacanthos.
Eryii^inni niaritimum.
Xaiitiiiuin inacrocar|jum ^3). — 29 sept.
Saisola Kali.
Beta vulgaris (10). — 29 septembre.
Rumex aquaticus (4). - 20 octobre.
Riciuus africanus (4). -
— coiiimunis (3).
Eiiphorbia Paralias.
Mirabilis Jalapa.
Giiigko biloba.
Ephedra distachya (o).
Il octobre.
• 1 1 octobre.
1 1 octobre.
illonocotyledonese.
Cauua gigantea (2). — 20 octobre.
Asphodelus ccrasiferus.
Paucra'ium maritimum.
jEgilops ovata.
Hordeum vuigare.
On voit que \k espèces de graines ne levèrent pas : 9 seulement ger-
mèrent; mais de ces 9 il faut en retrancher 2 : Acacia Julibrissin et Canna
giyantea^ qui nesurnagcnt pas à l'eau demer. Restent donc en tout? espèces
qui auraient pu flotter pendant trois mois dans la nier sans perdre leur
faculté germinative ; c'est donc 4/ii seulement du nombre total sur
lequel nous avons opéré. Si l'on songe maintenant au concours prodigieux
de circonstances favorables qui est nécessaire pour qu'une graine,
échouée sur la plage, y lève, se développe, fructifie et devienne le centre
d'une colonie végétale, on conclura, avec M. Alph. \)c CandoUe, que ce
mode de transport, si souvent invoqué, a dû avoir une part bien minime, à
notre époque et aux époques géologiques, sur la diffusion des végétaux à la
surface du globe.
Quoi(iue les expériences de MM. Darwin et lîerkeley ne me semblent pas
faites dans des circonstances qui reproduisent suffisamment les condilions
où se trouvent des graines (loîtant :'. la surface de la mer, cependant il m'a
pu'u Intéressant de réunir leui's l'ésultats aux miens, pour étiulier les fa-
milles végétales sous le point de vue de la résistance de leurs graines à
l'action de l'eau salée.
Le nombre total des graines expérimentées par les deux savants anglais
est de 88, savoir : 71 dicotylédones et 17 monocotylédones. Sin- ces 88 es-
Cassia marylandica, Cakilc marilinia, Sinapis alla, Brassica liispida, Scabiosa
mariliwa, Liuum maritimum, Asclcpias Curniiti et Lilho.-ipi'rmuin d/ficinale.
sÉANCii DU 3 AViUL 1857. 333
pèces, 13 t;ci'mcrent après sept à viiigl-deux jouis dims l'eau salce, 23
après un mois de si\jour, 12 après six semaines.
Si je coinpari! ma première liste, p. 327-328, à celle de ces messieurs, je
trouve que nous avons cinq espèces communes : Crambc maritima^ Pisum
sativum, /iicinus comiaunis, Hordcum vulgare et Zea Maijs. La première a
très bien germé après trenle-sept jours d'iinmersion dans l'eau salée, en
Angletcne ; à Montpellier, la faculté germinative avait été détruite par
quaiantc-cinq jours de flottaison. Les pois se sont gonflés et pourris-,
quelques-uns ont germé, après onze jours, chez M. Darwin. Le l'»icin a
également bien résisté dans les deux expériences; il germait après trente-
six jours en Angleterre; il a germé encore, après quatre-vingt-treize jours
de flottaison, à Montpellier. L'Orge, qui pousse après quarante-cinq jours
dans les deux pays, ne supporta pas quatre-vingt-treize jours d'immersion.
La faculté germinative du iMaïs ne résista pas à un mois de mer.
Les graines qui ont résisté à plus de quatre-vingts jours d'immersion,
dans les expériences de MM. Darwin et Berkeley, sont :
Rheurn lihaponticum, 82 jours ; liaphanus sativus, Lepidium sativum,
Duiicus Carota, Lactuca sativa et Phalaris canariensis, 85 jours ; Brassica
oleracea (sauvage), Cucurbila Alelopepo, Ageratum mexicanur/c, Solarium
tuberosum, Alriplex hortensis, Deta vidgaris, Avena sativa, Allium Cepa^
100 jours; Spinacia oleracea, 120 jours; Apium graveolens et Capsicum
annuum, 137 jours.
Je n'ai malheureusement qu'une espèce commune dans cette liste avec
MM. Darwin et Berkeley, mais elle a montré une persistance égale dans
l'eau salée de l'Océan et celle de la Méditerranée: c'est le Beta vulgaris.
Voyonsmaintenantsilesgrainesdecertaincs familles sontmieux préservées
que d'autres contre l'action de l'eau de mer. En additionnant les Polygonées
et les Cliénopodées des deux listes anglaise et française, nous trouvons 8 es-
pèces, dont 6 ont séjourné impunément de quarante-cinq à cent vingtjoursdans
l'eau salée; il est donc probable que ces deux familles sont les plus remar-
quables sous ce point de vue. Viennent ensuite les Crucifères : sur 14 es-
pèces, 10 résistèrent de quinze à cent jours. M. Darwin a fait la curieuse
observation que les différentes variétés de Chou supportent très inégale-
ment le séjour dans l'eau de mer. Ainsi des graines de Chou sauvage re-
cueillies sur les rochers de Tenby, dans la baie de Caermarthen, germèrent
très bien après cent dix jours; celles de Chou cavalier [Cattles cabbage)
après trente-six seulement ; le Chou-fleur printanier après vingt-deux,
mais non après trente- six, et le Brocoli blanc après onze et non après vingt-
deux.
Sur un total de 10 Graminées expérimentées, 6 germaient après des im-
mersions de trente à cent jours; enfin, sur 30 Légumineuses, 9 donnèrent
naissance a do nouvelles plantes, après vingt-deux a quatre-vingt-treize
33/i SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
joui-s de flottaison. Pas une seule Renonculacée n'a supporté un mois d'im-
mersion : une seule Malvacée a résisté.
Je ne pousserai pas cette étude plus loin : il est clair que le nombre des
espèces expérimentées n'est pas assez grand pour pouvoir conclure quelque
chose de définitif sur la résistance relative des diverses familles à l'eau de
mer. 11 faudrait, pour s'en assurer, choisir plusieurs groupes naturels, et dans
chacun d'eux beaucoup d'espèces en nombre égal, afin que les chances fussent
les mêmes pour chaque famille. On verrait alors si cette résistance à l'eau
salée est une qualité spécifique, comme je suis porté à le croire, ou bien un
caractère de famille analogue à celui des propriétés médicales.
M. Alph. De C-.mdolle ayant fait des expériences sur la vitalité des
"raines conservées à l'abri de tout agent destructeur, tel que la chaleur, le
froid, l'humidité, la lumière, etc., il m'a paru curieux de comparer l'in-
fluence seule du temps sur la faculté germinative des graines à celle de
l'eau de mer.
M. àlph. De Candolle a semé en 1846 trois cent soixante-huit graines (1)
provenant du jardin de Florence, et vieilles de quinze ans. Je regrette que
sa liste et la mienne n'aient que 8 espèces communes. Ce sont : Lithosper-
muni officinale, Beta maritima, Sinapis alba, Mimosa Julibrissin, Cytisus
Labiirmm, Melilotus officinaiis, Cupressus pyramidalis et Lavatera arbo-
rea. Les quatre premières ont germé après six semaines d'immersion dans
l'eau salée, tandis qu'un séjour de quinze ans dans un cabinet obscur, à
l'abri de l'humidité et des variations de température, avait détruit leur
vitalité. Les trois suivantes n'ont résisté ni à l'une ni à l'autre épreuve.
La dernière, le Lavatera arborea, forme seule un singulier contraste avec les
autres. Une immersion de quarante-cinq jours dans l'eau salée avait pourri
ses graines-, quinze ans passés à l'abri de l'air, de la lumière et des extrêmes
de température n'avaient pas anéanti ses facultés germinatives, qui ne
persistèrent que dans 17 graines sur 368. Ce serait une curieuse étude pour
un chimiste, de chercher quelles sont les modifications que la graine éprouve
dans sa composition, après le séjour dans l'eau de mer et apiès une con-
servation prolongée.
Si nous étudions la structure organique des graines qui ont résisté le
plus longtemps, nous en trouvons dont l'épisperme est dur, épais et résis-
tant; telles sont: Acacia Julibrissin, Canna gigantea, Cucurbita Pepo, Ri-
cinus africanus al H. cojnmunis, Xanthium macrocarpum ; mais celles de
Beta vulgaris, Rumex aquaticus et EpÂedra distachija ne sont pas aussi
bien protégées. Parmi celles ([ui n'ont point résisté à six semaines d'immer-
sion, il en est dont l'épisperme est tout aussi dur. Je citerai le Mimosa
pudica, le P/iaseoius nifus, le Sophora japonica, la Noix protégée par sou
(1) Mémoire cilé {Annales des sciences naturelles, li' série, 18.'|6, t. VI, p. 373).
SÉANCK DU S AVRIL 1857. '535
eiiclocarpc osseux et les petites graines des Ccuciferes. Cependant on ne
saurait nier l'importance de cette condilion ciui a assuré pendant qua-
rante-cinq jours d'immersion la vitalité des graines de Gingko, Nelumbium,
Kœlreuteria paniculata, Poinciana Gîlliesii, Gleditschia, Litliospermum
officinale, Sinapis alba, Melia Azedarach, Paliwus aculmtus et Aspho-
delus cerasiferus; mais celles de Scabieuse, de Salsula, d'Fnjngium rnari-
timum, d'AsclepiasCorniiti, ont résisté tout autant sans être aussi bien
protégées.
J'ai voulu savoir aussi si les graines pourvues d'un albumen supporte-
raient mieux l'immersion que celles qui en sont dépourvues. Le dépouil-
lement des espèces prouve que cette disposition organique ne parait pas
être sans quelque influence sur la persistance de la vitalité. Parmi les
graines qui germèrent après six semaines de séjour dans la mer, 18 étaient
pourvues d'un albumen, lU n'eu avaient pris, et parmi celles qui germèrent
après trois mois de flottaison, 5 avaient un endosperme, et 3 en étaient
dépourvues. La nature de cet endosperme ne paraît pas d'une grande
importance, car dans les graines qui résistèrent le plus longtemps, nous
trouvons l'albumen huileux du Ricin, corné du Canna, charnu de ÏjEphedra
et farineux des Jîumex.
En résumé, les conclusions de ce mémoire sont les suivantes :
1° La plupart des graines surnagent à l'eau salée; toutefois on peut
estimer qu'un tiers environ plonge immédiatement au fond.
2° Dans mes expériences, le tiers seulement des graines a germé après
six semaines d'immersion, et un onzième seulement après trois mois.
3° Si l'on retranche des graines germées celles qui, tombées h la mer,
auraient plongé immédiatement, pour ne considérer que les graines flot-
tantes, le nombre de celles qui ont levé après six semaines d'immersion est
d'un cinquième du nombre total; après trois mois, il est d'un quatorzième
seulement.
U° Les Renonculacées, Malvacées, Convolvulacées, sont les familles qui
paraissent résister le moins à l'action de l'eau salée.
5° Les Salsolacées, Polygonées, Crucifères, Graminées et Légumineuses
sont celles qui semblent supporter le mieux une immersion prolongée,
6° Un perisperme dur et la présence d'un albumen sont des conditions
favorables à la conservation.
7° Conclusion : le transport des graines par les courants doit avoir joué
et jouer encore un rôle insignifiant dans la diffusion des espèces entre des
pays séparés par la mer. Or si l'on considère le nombre d'espèces disjointes
qui n'auraient pu se répandre que par cette voie, l'idée de la multiplicité
des centres de création acquiert tous les jours plus de probabilité.
336 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
M. Payer demaiule à M. Martins s'il a cherché le rapport qui peut
exister entre la durée de la résistance des graines à l'action de l'eau
de mer cl la durée ordinaire de la germination de ces graines.
M. Martins répond quil n'a pas cherché ce rapport, mais qu'il a
toujours noté avec soin le temps que les graines ont mis à germer.
M. Alph. De Candolle dit qu'il a écouté avec beaucoup d'intérêt la
communication de M. Martins, qui touche au problème important de
la disjonction des espèces. Il considère aussi comme très faible la
probabilité du transport des graines par les courants marins. C'est
toujours rinlluence directe ou indirecte de l'homme qui lui paraît
en avoir été l'agent.
31. Martins lait remarquer que les résultats qu'il a obtenus mili-
tent d'autant moms en faveur du transport des graines par les cou-
rants iiiu.his, que ses expériences ont porté sur des espèces litto-
rales. S'il se fût agi de plantes de l'intérieur des terres, le résultat
de l'expérience eût été probablement encore plus défavorable à
l'hypothèse en question. M. Martins, d'ailleurs, est d'avis que la
naturalisation des plantes amenées par les courants marins ou par
l'influence de l'homme est toujours très difficile. Il cite le Port-Ju-
vénal,près Montpellier, où un grand nombre d'espèces apparaissent
chaque année, mais où bien peu d'entre elles ont persisté. Il ne peut
expliquer la disjonction des espèces que par l'hypothèse des centres
multiples de création,
M. de Schœnefeld, vice-secrétaire, après avoir donné lecture de la
circulaire (i) qui sera incessamment adressée à tous les membres de
la Société, pour leur annoncer la session extraordinaire de 3Iontpel-
lier et leur faire connaître les facilités obteimes pour le voyage,
ajoute les observations suivantes :
îl me reste, Mcssieuis, un devoir à remplir : c'est de signaler à votre re-
connaissance celui de nos confrères auquel nous devons les avantages con-
sidérables et presque inespérés que nous avons oI)tenus. lis sont unique-
(1) Nous croyons inutile de reproduire ici celle circulaire, par laquelle tous les
membres de la Société ont appris (pie la libéraliU" éclaii ('le dos Compagnies des chc'
niins de fer de Paris à Lyon, de Lyon à la ^léditenauée, d'Orléans, du Alidi, de
rOucst, du Nord et de l'Est leur accordait une réductiou de 50 ou même de 75
pour 100 sur h; prix ordinaire des tarifs, pour se rendre de Ions les points de la
Kraucc à Montpellier et pour eu revenir.
SÉANCE i)i: 3 AVRIL 1857. 337
ment le résultat do la puissante intervention et des efforts dévoués de notre
honorable vice-président W. le comte Jaubert, (jui a ainsi ajouté un ser-
vice de pins à ceux qu'il ne cesse de rendre aux botanistes, à la Société et
à la science.
Je crois aller au-devant de vos désirs en vous proposant de voter de vifs
et sincères remerciements à M. le comte Jaubert.
Le Bureau ne manquera pas do remercier, au nom de la Société, les Com-
pagnies qui ont bien voulu avec tant d'empressement acquiescer à nos de-
mandes.
M. Cliatin, lui aussi, a droit à une part de notre gratitude. N'oublions
pas que c'est lui qui a consenti à faire participer, l'année dernière, les
membres de la Société à la faveur qu'il avait obtenue do la Compagnie
d'Orléans, pour ses élèves, et qui a ouvert ainsi la voie aux avantages
plus grands et surtout plus généraux qui nous sont accordés aujourd'hui.
Ces avantages, je le répète, sont considérables et ont une gi'ande portée.
Ils ne consistent pas seulement, en effet, dans la petite économie pécuniaire
dont profiteront cette année beaucoup d'entre nous. Une fois obtenus, sur-
tout si nous n'en abusons pas, ces avantages nous sont presque garantis
pour l'avenir. Ainsi encouragée et soutenue, la Société verra s'étendre sou
influence et croître ses succès. Songez, Messieurs, qu'aujourd'hui nous
pouvons dire que toute la France est ouverte à nos explorations, depuis les
dunes de la Flandre jusqu'aux Pyrénées, depuis les rochers du Finistère
jusqu'aux sommets des Alpes et aux côtes de la Provence. JNos courses de-
venant si faciles, si rapides, si peu dispendieuses, pourront ainsi réunir
chaque année nos confrères des points les plus éloignés, et produiront
entre eux ce perpétuel échange d'idées, d'où seul peut jaillir la vraie
lumière. Dans peu d'années nous nous connaîtrons tous, nous nous
apprécierons tous, car nous nous serons tous vus, pour ainsi dire, sur le
terrain ; et la Société que nous avons fondée, ne donnant plus lieu seule-
ment à quelques conférences entre les maitres et les disciples de la science
à Paris, sera réellement le lien qui mettra en contact et unira d'une manière
indissoluble toute la grande famille dos botanistes français.
»'
La Société vote des remerciements unanimes à M. le comte Jaubert
pour les démarches qu il a bien voulu faire en sa faveur auprès des
Compagnies de chemins de fer.
M. Buisduval présente à la Société plusieurs espèces en Heur qu'il
cultive avec succès. Ce sont les Fritillaria Meleagris^ Dodecatheon
Meadia , Androsace Chamœjasme, A. carnea^ Orchis papilio-
nacea.
M. Decaisnc présente à la Société une nouvelle livraison de son
T. IV 22
338 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Jardin fruitier du Muséum^ et fait à cette occasion la communica-
tion suivante :
NOTE SUR L'ORGANGGÉNIE FLORALE DU POIRIER, PRÉCÉDÉE DE QUELQUES CONSIDÉRATIONS
SUR LA VALEUR DE CERTAINS CARACTÈRES SPÉCIFIQUES, par M. J. DECAISIVE.
En présentant les premières livraisons du Jardin fruitier du Muséum
à la Société, j'ai indiqué le but que je me proposais, celui de décrire les
espèces et ie'j variétés de nos arbres fruitiers, en chercliant à reconnaitre, au
milieu des innombrables modifications qu'ils présentent dans la forme, la
coloration et la saveur de leurs fruits, des caractères plus solides que ceux
qu'on leur assigne aujourd'hui et, s'il se peut, réellement spécifiques. Je me
suis demandé si les fruits globuleux, et tout au plus de la taille d'une cerise,
que produisent certains Poiriers sauvages, pouvaient être ramenés aux
mêmes types spécifiques que ces énormes fruits connus sous les noms de
Belle Angevine, Bon chrétien d'Aiich, etc., dont le poids atteint et quelque-
fois dépasse deux kilogrammes. A la rigueur, le fait de l'identité spécifique
de ces diverses variétés est possible, mais il est au moins fort douteux et
toutes données manquent pour résoudre la difficulté. En étudiant les fleurs
de nos Poiriers cultivés, on y reconnaît facilement deux types : l'un à pé-
tales plans, elliptiques, écartés les uns des autres; l'autre à pétales larges,
arrondis, creusés en coquille et se recouvrant par leurs bords. Ces diffé-
rences des organes floraux correspondent-elles toujours à des ports différents
dans les arbres où elles s'observent, ainsi qu'à des formes distinctes dans
leurs fruits, les uns coniques, les autres globuleux? C'est ce que je ne
saurais décider et ce à quoi personne no parait avoir songé. En appelant
l'attention de la Société sur cette question et sur celles qui s'y rattachent,
j'ai exprimé le vœu de voir la botanique entrer dans la voie des expériences,
comme moyen d'arriver plus sûrement à reconnaitre les espèces. La culture
des plantes de détermination difficile, leur reproduction par semis pen-
dant plusieurs générations, elles croisements artificiels fournissent dans la
plupart des cas le moyen de lever toutes les incertitudes, lin voici des
exemples. Des observations déjà anciennes (1829 a 1832) que j'ai faites sur
les Isatis m'ont démontré qu'une multitude de plantes décrites comme
espèces distinctes, et des mieux caractérisées en apparence, flnissaient par
se fondre, dans nos jardins, en une ^eule, le classique Isatis tinctoria. Il en
a été de même d'un genre de Crucifères, découvert en Dahoiirie, le Tetra-
poma, si curieux par la structure de son fruit, qui a repris en peu d'années,
au Jardin des plantes, la forme normale d'une Cameline. La monographie
du genre Cucurbita, qui sera prochainement offerte à la Société par fauteui',
M. INaudin, fournira d'autres exemples, peut-être encore plusremaïquables,
de la variation des formes dans certaines espèces, et de la constance non
SÉANCIi DU 3 AVHIL 1857. 339
moins rcniaïquable de ((uel(iues-unes de ces l'onnes sccoiidaircii, prise»
souvent pour des espèces distinctes.
Pour me résumer, je dirai que, dans ma pensée, l'hisloii-c natureile eu ^^é-
néral, après n'avoir été lon<z temps qu'une science d'observation, doit tendre
à se faire science d'expérimentation ; que la botanique, en particulier, doit
recourir à l'épreuve des expériences pour lixer d'une manière certaine cl
définitive les caractères d'un nombre immense d'espèces mal déterminées.
J'ajoute qu'elle aurait tout à gagner à ce que les botanistes descripteurs
entreprissent de condenser les espèces en les ramenant à des types véritable-
ment stables et naturels, au lieu de les diviser et de les multiplier à l'infini
comme c'est la mode depuis une trentaine d'années. Cette opinion ne m'est
pas exclusivement propre : c'est aussi celle de mon excellent ami le docteur
J. Dalton Hooker [Flora Jnd., Introd. essay, etc,), je pourrais même dire
de la plupart des monograpiies sérieux, qui sentent instinctivement que la
voie dans laquelle la science est engagée, et je parle ici de la zoologie aussi
bien que de la botanique, aboutira tôt ou tard au cbaos, ce qui serait la
mort même de la science.
Comme beaucoup d'autres, j'ai plus ou moins partagé celte manière
étroite de concevoir l'espèce, mais le temps et l'expérience ont modifié mes
idées, et si j'avais à recommencer la monographie des Plantaginées et à la
publier dans un ouvrage autre que le Prodromits, je n'hésiterais pas à ré-
duire, plus que je ne l'ai fait déjà, le nombre des espèces, et peut-être à
ramener quelques sections tout entières à un seul type spécifique. Il suffi-
rait de jeter les yeux sur la série des plantes des sections Arnoglossion, Psyl-
Uum, Coronopus, et quelques autres encore, pour se convaincre qu'il n'y
aurait aucune témérité à faire ces réductions, et qu'il en résulterait un
avantage incontestable, celui de simplifier l'étude des Plantaginées, qui est
déjà assez difficile par elle-même sans qu'on y ajoute encore le luxe de dif-
ficultés artificielles.
Aujourd'hui, en offrant à la Société uue nouvelle livraison du Jardin
fruitier du Muséum, je lui demanderai la permission de l'entretenir du dé-
veloppement de la fleur et du fruit du Poirier, Mes recherches or'iianooé-
niques sur ce sujet datent de la fin de 1855, et elles se sont poursuivies jus-
qu'à ces derniers jours. J'ai pu observer le bouton a fleurs depuis sa pre-
mière apparition, et je crois qu'aucune phase du développement des diffé-
rentes parties qu'il contient ne m'a échappé. Mes observations seront
d'ailleurs faciles à vérifier.
lorsqu'on examine les très jeunes boutons à lleurs du Poirier vers le
mois d'octobre, c'est-à-dire dans des bourgeons qui ne se développeront que
faiinée suivante, on trouvequ'ils sont ovoïdes, sessiles, à peine de la gros-
3/iO SOCIÉTÉ BOTAMQIK DE FKANCE.
t^enr d'une petite tète d'épingle et couronnés par 5 appendices convergeant
les uns vers les autres, qui sont les rudiments des folioles calycinales. Eu
les coupant longitudinalement, on remarque au fond et sur les parois de la
cupule, circonscrite par le calyce naissant, de légères protubérances ou
mamelons, dont cin([, plus intérieures et langées symétricjuement autour
du centre idéal de la cupule, se distinguent bientôt de toutes les autres par
leur développement plus rapide. Ce sont les carpelles, qui, dans le principe,
sont indépendants les uns des autres, et libres aussi de toute adhérence
avec les organes qui se forment autour d'eux. Pres(jue dès l'instant de
leur apparition, on voit se dessiner, sur celle de leurs faces qui regarde le
centre du bouton, une légère rainure, indice de lu ligne de jonction des bords
(le la feuille carpellaire. Un peu plus tard, la loge ou cavité que forme cha-
cun d'eux entre ses bords repliés devient discernable, et, plus tard encore,
on y distingue les deux mamelons ovulaires, nés au fond de la loge des
bords mêmes du carpelle.
Je viens de dire que, primitivement, les carpelles sont libres dans l'en-
ceinte réceptaculaire dont ils occupent le milieu ; cependant, lorsque les
fruits seront parfaits, on les trouvera profondément enchâssés dans le tissu
parenchymateux et succulent de ces fruits. Comment se fait cet enchâsse-
ment qui semble en contradiction avec ce que l'on avait observé d'abord?
C'est ce que je vais essayer d'expliquer en peu de mots.
Presque à l'époque où les jeunes ovaires s'élèvent du fond du réceptacle
sous forme de cônes obtus, on voit se produire sur les parois de ce récep-
tacle, devenu chaque jour plus profond et, si l'on veut me passer le mot,
plus campaniforme, un nouveau tissu cellulaire qui les épaissit graduelle-
ment et y forme ce qu'on appelle le disque périgyne de la fleur. Ce paren-
chyme de nouvelle formation atteint bientôt le verticille central, se moule
sur lui et agglutine les carpelles en pénétrant dans les très petits interstices
qu'ils laissent entre eux. Il ne les enveloppe cependant pas entièrement, car
leurs bords intérieurs, ceux qui correspondent à la suture, restent toujours
libres. On reconnaît très facilement, même dans les fruits murs, ce tissu
additionnel ; c'est lui qui forme ce qu'on appelle le cœur de la poire; il est
toujours situé en dedans de l'enceinte dessinée par les granulations pier-
reuses qui caractérisent ce fruit. Je n'ai pas besoin d'ajouter qu'en iiième
temps que ce phénomène s'accomplit, le sommet des cônes carpellaires s'al-
longe en style, et que le disque, accru en hauteur aussi bien qu'en épais-
seur, reporte les étamines et les pétales bien loin du point où ces organes
avaient pris naissance.
Mais ce ne sont i)as les seuls changements qui se sont opérés dans la fleur
ou dans le très jeune fruit ; il en est un autre qui n'est pas moins digne
d'attention, et sans le(juel le fruit resterait incomplet. INous avons vu (jue
dans le principe le bouton était sessile ou à peu près. Peu à peu le pédon-
SI^IANT.K nu ^ AMI II. 1857. 3/il
cille rudimentairo s'allonge et prend les l'ormes (|ue nous lui eonnaissons,
mais ù son extrémité supérieure il ne cesse pas de se fondre insensiblement
dans le jeune Iruit, qui n'en esta vrai dire que la continuation. C'est effec-
tivement dans cette partie dilatée du pédoncule, celle que nous avons ap-
pelée le réceptacle de la fleur et qui est située au dessous et autour du disque
dont il a été question tout à l'heure, que se fait, au moins dans un grand
nombre de poires, le principal accroissement. C'est donc le pédoncule lui-
même qui, ici, se transforme en fruit, en désignant par ce mot le tissu suc-
culent et comestible, absolument comme dans VAnacardium ou Vllovenia.
S'il pouvait rester des doutes à cet égard, ils seraient levés par l'examen de
ces bourses ou fructifications anormales, comme celle que M. Naudin a re-
présentée dans sa note sur la stucture de la fleur des Cucurbitacées, et qui
sont de véritables poires toutes formées aux dépens du pédoncule, puisque
n'ayant ni cœur, ni carpelles, ni vestige de folioles calycinales, elles n'ont
jamais été terminées par une fleur.
Si je me suis bien fait comprendre, on reconnaîtra que la structure de
l'ovaire dans le Poirier ne diffère en rien de celle des ovaires des autres
végétaux et qu'elle est de tout point conforme au plan général d'organi-
sation exposé par nos illustres maîtres R. Brown, De Candolîe et Jussieu.
Tl n'est donc pas nécessaire de faire intervenir ici cet axe, qu'aujourd'hui
on appelle si volontiers et si souvent à son aide lorsqu'il s'agit d'expli-
quer la structure des fleurs et des fruits. Je vais plus loin, et, si je ne me
fais illusion, il n'est pas impossible de rattacher au plan commun d'or-
ganisation les ovaires à placenta central libre, dont les différences avec
les ovaires ordinaires seraient dans ce cas plus apparentes que réelles.
Une forte présomption en faveur de cette manière de voir, sinon une preuve
absolue, m'est fournie par la famille très homogène des Mélastomacées, où se
trouvent les modes de placentation les plus opposés (1). Ainsi, par exemple,
dans le sous-ordre des IMélastomées proprement dites, dont l'ovaire a de 2 à
20 loges, les placentas sont axiles, c'est-à-dire entièrement adhérents à la
columelle centrale qui résulte de la ligne de jonction des feuilles carpellaires •
dans VEwyckia, où l'ovaire est à h loges, ils sont au contraire pariétaux,
ou, si l'on aime mieux, fixés sur le milieu des loges. Entre ces deux modes
de placentation, nous trouvons celui qui caractérise le groupe des Astroniées
[AstronUi et Macroplacis Bl.), chez lesquelles les placentas sont situés au
fond de chacune des deux loges de l'ovaire à la base de ce qu'on peut appe-
ler la columelle. De là à l'ovaire uniloculaire et à placenta central libre
des iMémécylées, il n'y a qu'un pas. Que les bords carpellaires (\Q\'Astronin,
au lieu de se réfléchir vers le centre de l'ovaire, se soudent simplement par
(1) Voyez io Ruwphia, dans loquH j'ai publié, en IS.I/i, les analyses de r.ellp
famille.
3A2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE,
les bords en lestant ovulifères à la base, nous reconstruisons l'ovaire unilo-
culaire et le placenta central des Mémëcylées et du Spathandm. La grande
affinité qui existe entre les divers membres delà famille des Mélastomacées,
ne permet guère d'admettre entre eux des différences de placentation aussi
radicales que celles qui résulteraient de la théorie régnante sur la nature
organogénique du placenta central libre, de supposer par exemple que, dans
cette môme famille des Mélastomacées, les placentas naissent indifférem-
ment, tantôt de la feuille carpellaire, tantôt de l'axe prolongé du verticille
floral. Il me parait plus naturel et en même temps plus probable que, dans
toutes les plantes de cette vaste et belle famille, la placentation est toujours,
malgré les apparences, une dépendance des feuilles ovariennes. Je pourrais
citer des modifications toutes semblables dans les différents groupes de
la famille des Aroïdées, des Caryopbyllées, des Portulacées, etc., et si l'hy-
pothèse est fondée pour les familles que je viens de citer, on se demande
pourquoi elle ne le serait pas pour les Myrsinées et les Primulacées.
M. Réveil fait à la Société les communications suivantes ;
SUR UN MIEL NOUVEAU, par M. REVEIL.
Le miel que j'ai l'honneur de présenter à la Société vient de l'île Bourbon ;
il est remarquable par sa belle couleur dorée, sa saveur délicieuse et par
son odeur suave, qui rappelle celle du Laurier-Cerise ou plutôt de la fleur
d'Aubépine.
Il sérail intéressant de savoir si ce miel, pris en grande quantité, pourrait
produire des accidents, mais à petite dose il parait qu'on le mange impuné-
ment à Bourbon.
Les empoisonnements par les miels sont fréquents; anciennement on en
avait constaté des cas fort curieux. Xénophon rapporte que, pendant la
retraite des Dix-mille, un grand nombre de soldats grecs furent empoi-
sonnés par du miel dont ils s'étaient nourris en traversant les montagnes
qui avoisinent Trebizonde et les bords méridionaux du Pont-p]uxin.
Tournefort, voyageant dans les même contrées plus de 2000 ans après
Xénophon, a vu que les propriétés toxiques de ce miel devaient être
attribuées à VAzalea pontira , qui couvre les montagnes de l'Asie
mineure, sur lequel les abeilles vont butiner. Tout le monde connaît
d'ailleurs le fait de M. Auguste de Saint-Hilaire, qui faillit être empoi-
sonné au Brésil, en mangeant du miel produit par une espèce de «ruèpe
nommée Chenogna, qui l'avait recueilli sur une plante de la famille des
Apocynées, fort abondante dans le voisinage.
C'est aussi aux plantes aromatiques que l'on attribue l'odeur et la saveur
agréables que possèdent les miels du niont Hymette, du mont Ida, de Cha-
mouny, etc.; tandis que le miel des landes de Gascogne u une légère
BliANCE DU 3 AVRIL 1857. 8/l3
odeur de térébenthine, et celui de Bretagne est réputé par .sa mauvaise
qualité, que l'on attribue au Polygonum Fagopyt'um, sur lequel les abeilles
vont butiner.
Il parait aussi que d'autres hyménoptères que les abeilles peuvent pro-
duire des miels toujours vénéneux , tels sont les Mélipones , d'après
Latreille.
SUR LA CULTURE DU PAVOT A ŒILLETTE ET SUR L'EXTRACTION DE L'OPIUM INDIGÈNE ,
par M. REVEIL.
Parmi les substances qui ont de tout temps lixé l'attention des savants et
surtout des médecins, l'opium doit être placé en première ligne. Son anti-
quité, les formes variées sous lesquelles on l'administre, son action toxique
si remarquable, ses usages si fréquents en thérapeutique, enfin la funeste
liabitude contractée par quelques peuples de l'Orient de préparer des
boissons avec de l'opium ou de le fumer, ont acquis à ce médicament une
célébrité justement méritée. L'analyse chimique, malgré ses résultats com-
pliqués, est venue démontrer quels étaient les principes actifs qu'il renfer-
mait: elle a permis de simplifier les préparations et de multiplier les modes
d'administration.
Contrairement à ce qui avait été dit, je crois avoir démontré, dans ma
thèse inaugurale pour le doctorat, lorsque j'ai écrit l'histoire des fumeurs
d'opium et des opiophages, que l'action stupéfiante et quelquefois stimulante
des produits de la combustion de l'opium lorsqu'on le fume, ne provenait pas
d'alcalis organiques, que quelquefois cependant la morphine pouvait être
entraînée mécaniquement, mais que jamais cet alcali n'arrivait dans la
bouche du fumeur, comme le témoigne d'ailleurs la saveur douce et assez
agréable que possèdent ces fumées, au lieu de la saveur amère que l'on
ressentirait si la morphine arrivait dans la bouche. Enfin j'ai constaté, dans
les produits de la combustion de l'opium fumé, la présence de grandes
quantités d'oxyde de carbone et d'un peu de cyanhydrate d'ammoniaque,
qui, à mon avis, sont loin l'un et l'autre d'être étrangers aux phénomènes
qu'éprouve le fumeur d'opium.
J'ai l'intention, dans ce travail, de revenir sur quelques points que j'ai
déjà traités, et de m'occuper spécialement de l'opium du Pavot à œillette.
L'habitude a consacré l'usage que l'on a contracté d'employer exclusive-
ment en médecine l'opium du Levant, quoiqu'il soit bien démontre aujour-
d'hui que cette substance présente une composition très variable, et que,
très souvent, la quantité de morphine qu'on y trouve est si faible, qu'il est
du devoir du pharmacien de repousser un pareil opium.
Nous savons en effet que les opiums renfermant \k ou 15 pour 100 de
morphine sont extrêmement rares aujourd'hui dans le commerce, et l'on a
dûsedemander s'il ne serait pas possible de produire, en France, un opium
3/|6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
d'une composition à peu près constante, et qui, sous tous les rapports,
pourrait être substitué à l'opium du Levant.
Je me suis livré à des recherches qui m'ont démontré que la culture du
Pavot et la préparation de l'opium en France pouvaient avoir une certaine
importance an point de vue financier, et une plus grande sous le rapport
de la certitude qu'auraient les médecins de trouver dans l'opium indigène
un médicament sur l'action duquel ils pouri-aient compter.
Il résulte en effet du relevé fait a radministration des douanes, que les
quantités suivantes d'opium ont été importées en France et en ont été
exportées pendant dix années :
Tableau officiel des quantités d'opium exportées et importées pendant
dix années.
EXPORTATIOX.
ANNEES.
IMPORTATION.
Commerce j
;e'néral.
Commerce spé
18/iZl. .
5,265
kil.
3,130 kil
18/l5. .
Zi,3/j8
1,989
I8/16. .
10,975
2,286
18Ù7. .
10,082
3,791
18^8. .
9,5ZiO
2,631
18Û9. .
11,360
Zi,687
1850. .
5,708
2,553
1851. .
6,19/1
3,;i/l5
1852. .
8,190
Zl,229
1853. ,
5,8/j/i
Û,665
3,5/i3 kil.
3,368
5,856
8,807
10,652
7,033
3,938
3,015
2,358
1,803
lyZl kil.
69
339
126
173
51
53
62
79
113
Moyenne générale. 11, '290 kil. Moyenne générale. 5,131 kil.
On voit, d'après ce tableau, que l'on peut évaluer approximativement la
quantité d'opium consommée amuiellement en France à 6,000 kilogrammes.
Lors(|ue les arrivages dépassent la consommation, la matière est alors
exportée principalement en Allemagne, où elle est employée à la prépa-
ration des alcaloïdes, car on sait que cette préparation est peu pratiquée en
France. C'est encore un tribut que nous payons à l'étranger et dont on
pourra s'affranchir lors(|ue la culture du Pavot et l'extraction de l'opium
auront pris une grande extension en France.
Si, en effet, on jette un coup d'oeil sur le tableau précédent, on y voit
que la quantité d'opium exportée en ISUS a été de 10,825 kilogrammes,
tandis que le chiffre d'importation pendant la même année n'était que de
12,171 kilogiammes ; il est évident que la (luantité de l,3/'i6 kilogrammes
restante n'aurait pu suffire à la consommation. La raison de ce fait se trouve
dans les quantités d'opium trop grandes importées pendant les années 18ii 6
et 18^7.
SÉANCE IJU 3 WRIL 1857.
3/i5
L'opium (le l'Inde ne nous arrive pas en France; ceux rie ïui(|uic et
(l'Kgypte nous arrivent principalement par le port de Maiseille, comme le
prouve le tableau suivant :
{)uaniité d'opium importée par le port de Marseille en 1853.
PROVENANCES. PAVILLONS TOTAL,
français, de la puissauce. tiers.
États sardes . . 151 kil. 7 kil. 61 kil. 219 kil.
Toscane .... 129 » » 129
Turquie. . . . 3,989 » » 3,989
Egypte 253 » » 253
Brésil » » 10 10
Algérie 5 » » 5
/i,605
Les quantités d'opium consommées en Chine sont prodigieuses; pour
s'en convaincre, 11 suffit de consulter le tableau suivant, d'après
M. Pereira :
Tableau des quantités et de la valeur totale de V opium de l'Inde
consommé en Chine pendant les années 1827 à 1833.
VALEUR
eu iloUai s.
10,625,075
12,533,215
12,657,157
12,90/1,203
11,501,58/1
15,352,720
ANNÉES.
PATNA.
BÉNARÈS.
MALVA.
TOTAL DES CAISSES
chaque caisse contenant
135 liv. I/-2.
1827-28. .
Zl,006
1,128
Zi,/i01 caisses.
9,535
1828-29. .
/i,831
1,130
7,171
13,152
1829-30. .
5,56/1
1,519
6,857
1/1,000
1830-31. .
5,085
1,575
12,100
18,760
1831-32. .
/l,/l/i2
1,518
8,265
1/1,225
1832-33. .
6,/il0
1,880
15,/i03 t/'
2
23,6931/2
Le dollar valant 5 francs 60 centimes, on a, pour les six années, un tolal
de 303,701,088 francs, et en moyenne, 50,616,8/i8 francs par année ; mais
ces chiffres sont encore bien éloignés de la vérité. Meyen affirme que la
quantité consommée par les Malais de l'archipel indien, dans la Cochin-
chine, Siam, aussi bien que dans llnde et la Perse, est si grande, (juc si
l'on pouvait en donner le vrai chiffre, il paraîtrait tout à fait incroyable.
Le commerce de l'opium donne à la Compagnie des Indes un revenu
annuel de 87,000,000, et dans ce chiffre n'est pas compris l'opium que la
Chine reçoit des contrées qui la bornent ix l'ouest. De sorte qu'on peut
porter à 125 millions de francs le prix de l'opium que les Chinois consom-
ment annuellement.
3/16 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Dans le Royaume-Uni la quantité d'opium consommée est en voie d'aug-
mentation ; elle a triplé en cinq ans. En 18/i9 elle était de Zjl,000 livres;
en 1852 elle s'élevait à ll/i,000 livres. Les causes de cette augmentation
doivent être attribuées au nombre des mangeurs et des fumeurs d'opium,
qui augmente tous les jours en Angleterre.
Ainsi donc il est bien établi que la France paie un double tribut à
l'étranger pour l'opium qu'elle reçoit du Levant et pour les alcaloïdes que
l'Allemagne lui fournit. En second lieu, les Anglais retirent d'énormes
bénéfices de l'opium qu'ils fournissent aux Chinois. Ils reçoivent en écbange
des marcbandises, principalement des thés, sur lesquelles ils réalisent de
nouveaux gains.
On peut se demander s'il serait possible de récolter en France une quan-
tité d'opium suffisant à la consommation et à l'extraction des alcaloïdes ;
si enfin on pourrait, sans nuire à l'agriculture et à la production de l'œil-
lette, extraire du Pavot assez d'opium pour qu'on pût en fournir aux Chi-
nois ou du moins aux Anglais, qui paraissent prendre goût à cette drogue.
A toutes ces questions, je n'hésite pas à répondre affirmativement. Il
suffit pour cela d'encourager la culture du Pavot et l'extraction de l'opium,
eu donnant des primes comme on l'a fait en Algérie pour la culture du
Cotonnier et du Pavot lui-même.
Cette question a de tout temps préoccupé les agronomes et les savants.
Dans une intéressante notice sur l'opium indigène, M. le professeur Che-
vallier a indiqué toutes les phases qu'elle a suivie. Mais il faut le recon-
naître, ce n'est que depuis les travaux de M. Aubergier qu'il est démontré
que cette exploitation peut se faire avec des avantages réels pour l'agricul-
ture; et si, comme j'en suis convaincu, cette culture entre dans les habi-
tudes des exploitations agricoles , c'est à M. Aubergier qu'en reviendra tout
l'honneur.
M. Aubergier a opéré principalement sur le Pavot pourpre. Ses expé-
riences, confirmées par celles de !\L le professeur Roux, pharmacien de la
marine a Brest (aujourd'luii à Rochefort), ont démontré que l'opium extrait
de ce Pavot contenait environ 11 p. 100 de morphine.
Dans ces derm'ers temps, M. Descharmes, professeur de sciences phy-
siques et natuielles au lycée d'Amiens, a publié un mémoire fort intéres-
sant sur l'opium indigène, extrait du Pavot à oeillette ou Pavot à graines
noires par M. Bénard, pharmacien, .le dois a l'obligeance de ce confrère
d'avoir pu analyser l'échantillon qui avait ligure à l'exposition universelle.
.Ty ai trouve 19,07 p. 100 de morphine et 1..39 de nareotine. Mi\L Acar et
Mialhe avaient trouvé 20 p. iOO de morphine dans le même opium.
Il résulte des expériences de MM. Descharmes et Bénard qu'un hectare
planté d'oeillettes, contenant environ un million de tètes de Pavot, exigerait
pour l'extraction de l'opiura ^08 journées d'ouvriers ; ce qui produirait
SÉANCE DU 3 AVRIL 1857. 3^7
2S'''',800 gramme^; de suc opiacé, se réduisant, apiés dessiccation, à
13''''-,(i98 i^rainmes d'opium, soit 13'^''-, 500 giamines. Mais comme on peut
inciser deux fois cliaque tête, et recueillir une nouvelle et même quantité
d'opium sans nuire à la graine, on peut porter à 816 le nombre de jours
d'ouvriers nécessaires à l'exploitation d'un hectare d'œiliettes.
Le produit de ces deux opérations serait d.e 27 kil. d'opium ayant une
valeur de 1,350 i'w
Les 816 journées d'ouvriers à 1,25 font 1,020
Bénéfice net 330 fr.
C'est donc 330 fr. de bénéfice qu'il faut ajouter a celui que peut donner
la graine. Mais si l'on prenait des femmes et des enfants pour faire la récolte
de l'opium, le prix de la journée serait alors de 75 c., ce qui ferait pour
les 816 journées 611 fr. 50 c. On remarquera d'ailleurs que l'opium à
20 p. 100 de morphine vaut certainement plus de 50 fr. le liilo, prix des
opiums ordinaires. En portant ce prix à 75 fr. , on a pour les 27 kil. un
total de 2,005 fr. 00 c.
J.e prix des journées d'ouvriers à 75 c. étant de. 611 50
On a pour bénéfice net 1,393 fr. 50 c. par hect.
A mon avis, M. Descharraes va trop loin lorsqu'il ajoute qu'on pourra,
sans nuire à la graine, inciser quatre fois chaque capsule, en mettant quel-
ques jours d'intervalle entre deux incisions consécutives, et obtenir une
même quantité d'opium à chaque opération. Ce fait est très contestable. On
peut sans doute inciser la capsule quatre fois et plus, en mettant entre
chaque opération plusieurs jours d'intervalle, sans nuire à la graine ; mais
la quantité de suc obtenu ira en diminuant à chaque incision, et la pro-
portion de morphine ne sera pas la même pour chaque opération. Toutefois
les faits rapportés par M. Aubergier confirment sur ce point le dire de
M. Descliarmes.
Pour opérer la récolte de l'opium d'une manière régulière, il est indis-
pensable de faire les semis en ligne; les pieds alternants sont préférables
aux pieds opposés. En Turquie, on laisse sécher le suc sur la capsule
avant de l'enlever; on perd ainsi beaucoup de matière, et en enlevant les
larmes on entraine des impuretés qui s'ajoutent à l'opium. D'ailleurs, sous
notre climat variable, une pluie peut survenir et perdre la récolte : c'est
donc avec raison que M. Aubergier a proposé de cueillir le suc avec le
doigt et de le réunir dans un vase que l'opérateur porte suspendu à la cein-
ture. Je me suis bien trouvé du procédé suivant : un ouvrier armé de
l'ineiseur à plusieurs lames parallèles et à surface concave, maintenant la
capsule de la main gauche et pratiquant les incisions de la main droite,
oelles-ci doivent être faites sur toutes les faces de la capsule et dirigées
348 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
obli(|iicment, afin d'ouvrir la plus grande quantité possible de vaisseaux
laticifères. Quelques mètres après cet ouvrier, en vient un autre qui porte
le godet suspendu à sa ceinture, il maintient également la capsule de la
main gauche, et de la main droite il recueille le suc à l'aide d'une éponge
fine qu'il exprime de temps en temps dans le réservoir. Pour toutes ces
opérations, les femmes, (jui ont la main plus légère, qui sont généralement
plus adroites et dont le prix des journées est moins élevé, seraient préfé-
rables, si leurs vêtements trop amples n'avaient l'inconvénient d'abattre
quelques pieds; les enfants conviennent très bien et sous tous les rapports
pour cette récolte.
L'époque la plus convenable pour pratiquer les incisions est celle qui
suit la chute des pétales au moment où l'ovaire s'accroit et avant qu'il
prenne une teinte jaunâtre. L'heure de la Journée que l'on doit préférer est
de deux à huit heures du soii", le suc est alors beaucoup moins aqueux que
dans la matinée ; le suc du Pavot à œillette donne environ la moitié de
son poids d'opium sec ; le suc du Pavot pourpre en produit moins.
Je dois à l'obligeance de M. Louis Renard, cultivateur à Puchevillers,
arrondissement de Doullens (Somme), d'avoir pu examiner un opium qu'il
a récolté sur le Pavot à œillette : cet opium, analysé par le procédé que j'ai
indiqué dans ma thèse, a donné pour 100 parties, morphine pure 26,32,
narcotlne 1,54; ce chiffre est assez éloigné de celui qui m'a été fourni par
l'opium recueilli par M. Benard (d'Amiens) et cette différence peut être ex-
pliquée par l'ensemble des observations faites par M. Renaid. Cet intelli-
gent agriculteur a observé qu'il valait mieux récolter le suc dans la seconde
moitié du jour; lorsque le vent souffle du nord le suc se dessèche plus
i-apidement. D'ailleurs M. Renard n'incise les capsules qu'une seule
fois. On comprend dès lors comment le suc obtenu est plus riche en mor-
phine, comme l'ont démontré les analyses de M. Aubergier. Ce chimiste a
vu en effet que les seconde et troisième récoltes couvraient à peine les
frais d'extraction ; d'ailleurs il parait que par une seule incision les graines
ne souffrent point.
M. Renard a eu la complaisance de m'adresser le tableau d'une partie de
sa récolte en 1856; en voici le résultat :
Dans l'espace de trois-cent-quarante-sept heures, foi-nuiiit trente-cinq
journées et demie d'ouviiers, et revenant à 26 IV. 65 c. a raison de 75 c.
par jour, il a été recueilli 2018 gr., 60 centigr. de suc, qui ont fourni 1027 gr.
d'opium renfermant environ 25 p. 100 de morphine. Cet opium revient
donc à 25 fr. 50 c. le kilogramme, et il contient environ trois lois plus de
moiphine que l'opium du commerce.
D'ailleurs, comme nous allons le voir, l'extraction de r()|)iuiii n'enti'aine
aucun changenn'ut dans la qualité et la (juantité de la graine.
La culliire du l'avol a (l'illctte peut se faire ilans les terres les moins
SÉANCK UU 3 AVIUl. 1857. ?>li\)
hoiincs; les plus légères conviennent mieux. Lesterrcs résistantes peuvent
être employées, mais alors la graine souffre un peu.
Avant d'ensemencer les champs d'oeillette, la terre doit recevoir un fu-
mier dont le prix peut être évalué à 150 fr. par hectare; on fait suivre d'un
labour qui doit être fait avant l'hiver. Vers le mois de mars, on herse deux
ou trois frois et l'on sème par hectare environ 5 litres de graines, dont le prix
peut être évalue à 1 fr. 50 c. Lorsque la graine est levée, on doit pratiquer
au moins trois binages qui reviennent à 65 fr. Au moment où les capsules
d'oeillette commencent à s'ouvrir, on arrache les tiges (vers la fin de juil-
let), on en forme des bottes dont une centaine réunies constituent ce que
l'on appelle un cuhos.
Lorsque les ca[)sules sont desséchées, on les secoue sur une toile; le prix
de cette récolte peut être évalué à 37 fr. par hectare, et même le plus souvent
elle ne se paye pas en argent; on donne aux ouvriers la moitié ou les deux
tiers en pailles d'oeillettes.
En résumé, voici le prix de revient d'un hectare de terre semé d'œil-
lettes :
Fumier 150 fr. 00 c.
Labour et préparation du sol 25 00
Semence 1 50
Binage 65 00
Récolte 37 00
278 50
Dans ce calcul il n'est pas question de la récolte et de la production de
l'opium; nous savons déjà que les frais peuvent être évalués à 25 fr. 50 c.
environ par kilogramme. Voyons maintenant qu'elle serait la quantité
d'opium produite par hectare, et quel est le nombre d'hectares de terrain
employés en France à la culture du Pavot,
Il résulte des expériences de MM. Bénard et Descharmes qu'un hectare
d'oeillette peut produire 27 kilogrammes d'opium ; mais comme on n'ar-
rive à ce chiffe que par des incisions successives, et que nous avons fait
voir ailleurs que les dernières opérations ne couvraient pas les frais de cul-
ture, nous réduirons la production à 13 kilogrammes par hectare.
Si maintenant on examine l'importance de la culture du Pavot <à oeillette,
on trouve que c'est principalement dans les départements du nord de la
France qu'elle se pratique. C'est ainsi que les départements de la Somme,
du Pas-de-Calais, du Nord, etc., produisent annuellement des quantités
considérables de graines de Pavot.
Grâce à l'obligeance de M. Bénard (d'Amiens), J'ai pu savoir quelle était
la production pour le département de la Somme.
350 SOClllTÉ BOTAMIOUE DE FRANCE.
Statistique pour 1855 des graines oléagineuses (colza, œillette et autres)
récoltées dans le département de la Somme.
ARROxniSSFMFNTS HECTARES DE TERRES PRODUITS EN GRAINES
ARRONDISSEMENTS. CULTIVÉES. PAR HECTARE.
bccl. mes. hectol. lit.
Amiens 2673 87 13 " 26 en moyenne.
Abbeville 22/i5 50 13 88 —
Péronne 9813 Z|2 11 95 —
Montdidier 1911 00 13 21 —
DoulJens 3836 96 13 i3 —
Total. . . 20/180 75
Sur ces 20,680 hectares 75 ares de terre cultivées en graines oléagineuses,
les 2/5'' sont cultivées en Pavot, soit 9,600 hectares 28 ares, d'où on pourra
extraire en moyenne 13 kilogrammes d'opium sec par hectare, soit pour
9,600 hectares 124,800 kilogrammes d'opium qu'un seul département
pourrait fournir, et l'on peut assurer, sans crainte d'erreur, que le double de
cette quantité pourrait être fourni par les autres départements dans les-
quels on cultive l'œillette, ce qui porterait la production amnielle, pour la
France, a 376, /lOO kilogrammes d'opium qui, à raison du prix très minime
de 50 fr. le kilogramme, doimerait un total de 18,720,000 fr.
Il y a loin, on le voit, de cette somme à celle de 125 millions que les
Chinois emploient tous les ans à l'achat de l'opium ; mais nous avons déjà
dit que l'opium d'œillette contenait 20 p. 100 de morphine, tandis que
celui dont les Chinois font usage n'en renferme que 2 p. 100 et au-dessous.
Il en résulte que la transformation de l'opium du Pavot à œillette décuple-
rait le produit, et l'on obtiendrait 3,766,000 kilogrammes d'opium analogue
a l'opium de l'Inde, dont les Chinois font usage.
Pour me résumer, je dirai qu'il est facile de produire en Fiance une
quantité d'opium qui dépasse quatre fois celle qui est nécessaire à la con-
sommation, soit sous la forme de préparations pharmaceutiques, soit sous
celle d'alcalis organiques qu'on peut en retirer. C'est donc un tribut de
moins à payer à l'étranger et une source de richesses dont l'exportation
pourrait tirer un grand parti.
On peut oi)jecter que si la production de l'opium augmentait, son prix
diminuerait en laison de cette augmentation. Mais outre les débouches que
l'exporUUion offrirait, il serait raisonnable d'admettre que cette diminution
de prix p(»urrait porter et devrait île préférence être appliquée a l'huile
d'œillette, qui est d'une consommation si grande et d'un prix encore trop
élevé.
J'ai déjà fuit pressentir que l'extraction de l'opium ne niodiliait en rien
la ciuantité et la qualité de la graine. C'est là un fait aujourd'hui démontré
SEANCE DU 3 AVIUL 1B57. 351
par les expériences de M. Aubergler pour le Pavot pourpre, et de MM. Bé-
nard et Kenard pour le Pavot à œillette. Voici ce que me dit M. Bénard à
ce sujet : « La quantité de graines provenant de 8 ares d'oeillettes incisées
a été la môme que de 8 ares d'oeillettes non incisées et du môme champ,
c'est-à-dire qu'un champ de 16 ares avait été divisé en deux sections pour
cette expérience. Elle était également de très bonne qualité, puisque je
l'ai vendue un franc de plus l'hectolitre que celle qu'avait récoltée le
cultivateur des œillettes non incisées. »
Je dirai quelques mots, en terminant, des précautions à prendre pour
déterminer la quantité de morphine contenue dans un opium.
J'ai dit, dans ma thèse et dans le mémoire que j'ai présenté à l'Académie
de médecine, quel était le procédé qui m'avait le mieux réussi; j'ai indiqué
les causes d'erreur à éviter, mais je crois devoir insister sur ce fait, qu'on ne
doit, dans cette détermination, considérer comme morphine pure que ce qui
est insoluble dans l'éther et soluble dans l'alcool bouillant : les lavages à
léther doivent être répétés plusieurs fois. Quant à la dissolution dans l'al-
cool, M.Guibourta démontré depuis longtemps sa nécessité pour séparer
les sels calcaires et magnésiens insolubles.
On a objecté contre le Pavot à œillette le peu d'épaisseur de son péri-
carpe, qui expose à le traverser lorsqu'on pratique les incisions et à
nuire ainsi à la maturation de la graine. Cet inconvénient n'existe plus, lors-
qu'on a le soin de se servir d'un instrument à petites lames. M. Renard
préfère l'inciseur à une seule lame; M. Bénard se sert de celui à trois
lames : à ce sujet, l'expérience seule peut prononcer; mais, quoi qu'il en
soit, il est facile d'inciser les capsules sans percer le péricarpe.
Les capsules du Pavot à œillette non incisées et arrivées à leur parfait
état de dessiccation, peuvent servir et doivent être préférées à celles du
Pavot blanc, puisqu'on n'a pas isolé de morphine de l'extrait préparé avec
ce dernier, tandis que j'ai pu extraire de 85 grammes d'extrait hydro-
alcoolique de Pavot à œillette provenant de 1700 grammes de capsules,
0,63 de morphine pure, ce qui porte la quantité de morphine à 0,50 p. 100
environ. L'extrait de Pavot sur lequel j'ai opéré avait été préparé par
M.Berthet, à la pharmacie centrale, au moyen de capsules que j'avais
reçues de M. Bénard.
Il est bien entendu que la culture du Pavot, dans le but unique d'en
extraire l'opium, serait une mauvaise spéculation. L'extraction de ce pré-
cieux médicament doit être placé à côté de la récolte de la graine, et d'après
ce que l'on sait déjà et ce que nous venons de dire, c'est le Pavot à œillette
qui doit être préféré. Les efforts faits par MM. Descharmes, Bénard et
Renard sont dignes, à mon avis, d'éloges et d'encouragements.
M. Alpli. De Candolle donne quelques détails sur la revue de
352 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
la famille des Sanlalacées, qu'il vient de terminer pour le Pro-
dromus.
Le nombre total des espèces sera d'environ 200, dont une moitié appartient
au genre Thesium, etTautreest répartie entre IH autres genres. Le faux calice
des QuincJiamaUum lui parait une sorte d'involucelle uniflore, formé par la
soudure de la bractée et dos bractéoles ordinaires. Une seule difficulté se
présentait pour cette explication, c'était la présence d'une des k dents entre
l'axe d'inflorescence et la fleur-, mais un des Thesium du Cap présente une
bractéole surnuméraire placée dans cette position. Les lobes du calice ou
périgone sont disposés, lorsqu'il y en a 5, de façon à offrir un lobe opposé
à la bractée extérieure, et, quand il y en a ù, un intervalle de deux lobes
opposé à cette bractée; ainsi, dans ce dernier cas, c'est le lobe inférieur
qui manque. Les poils qui unissent ordinairement les lobes avec les anthères
appartiennent aux lobes, d'après leur état jeune et une monstruosité publiée
par Reisseck. Les stigmates, quand ils sont distincts, sont alternes aux
lobes du périgone dans les Osyris^ Colpoon, etc., et opposés dans les Lep-
tomeria, Myoschilos, etc.-, diversité singulière dans une famille aussi na-
turelle. Les ovules sont au-dessous des stigmates, ce qui n'a pu être vérifié
que dans un petit nombre de cas.
A l'occasion de cette communication sur les Santalacées ,
M. Chatin dit qu'il a reconnu la présence de suçoirs sur tous les
Thesium de France, et, en outre, dans le genre Comandra. Quanta
la bractée des Thesiuin, elle semble portée sur le pédicelle qui de-
vrait sortir de son aisselle. L'étude anatomique a démontré à
M. Chatin que cette adhérence apparente est due à un retard de
naissance, car il n'y a pas de trace de soudure. Les Thesium ont des
cymes uniflores et quelquefois triflores.
M. Decaisne rappelle qu'il avait déjà constaté le parasitisme des
Thesium, Nanodca, Arjona. LOsf/ris est peut-être aussi parasite;
on pourra vérifier ce fait lors de la prochaine session à Montpellier.
M. Decaisne ajoute que le placenta des Santalacées s'éloigne de tous
les organes analogues par l'absence de vaisseaux.
M. Moquiu-Tandon présente à la Sociélé une feuille monstrueuse
de Cerasus Laurocerasus, et ajoute les observations suivantes :
Cette feuille offre un phénomène de partition assez remarquable. Ce
n'est pas la nervure médiane qui s'est fendue, dans le sens de sa longueur,
comme cela arrive assez fréquemment dans beaucoup de feuilles anormales.
Ce sont deux nervures latérales qui ont éprouvé la partition. Ces nervures
si-oci: 1)1 '^ wi'Ai. ISùT. ;),"),')
sodI |)I;k'c'C!s vers li' licrs tcrmiii.'il cl soiil i):irl;ii;r('s diiiis huc ()iiilii)ii dr Iciir
('teiuluo. I.cs IViitcs se trouvi'iil a pi'ii pics ruiie il(\aiil l'autie, (ic niaiiicrc
à proiluiie comme doux liinl)i's placés bout a bout, (les limbes sont nu'iiic
arrondis, le basilaire à son sommet et le tcnniiial à sa base.
Cette opposition des deux fentes parait d'autant plus exliaordinaiii', (ju'il
y a alternance, comme on sait, dans les nervures bitérales des feuilles nor-
males de l'aibrisseau dont il s'agit. Je fei-ai remarquer que, déjà dans le
voisinage des deux fentes, les nervures de dessous et de dessus présentent
un commencpmeut d'oppositioii. Cette feuille monstrueuse rappelle la struc-
ture liabituelle des feuilles uniloliolécs, à pétiole plus ou moins ailé, qu'on
rencontre dans le genre Cilrus.
M. Decaisnefait remarquer l'analogie de forme qui existe entre ia
feuille présentée par M. Moquin-Tandon et les feuille^'; du Plujllar-
thron, de la famille des Biguoniacées.
M. Cliatiu présente à la Société, de la part de M. le docteur Bally,
un fragment d'une étoffe résultant de l'application du duvet de
Tijpha sur une toile.
M. Cosson met sous les yeux de la Société quelques csp(k"es rares
ou nouvelles de la régence de Tunis et fait les communications sui-
vantes :
ITINÉRAIRE D'UN VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE, ENTREPRIS EN 1856 SOUS LE
PATRONAGE DU MINISTÈRE DE LA GUERRE, pai- M. K. CDSSOIV.
(Onzième partie.)
Pour nous rendre à Stitten, première station de notre trajet entre Géry-
ville et l.aghouat, et dont nous sommes séparés par une distance d'environ
28 kilomètres, nous avons d'abord à traverser la plaine de Géryville dans la
direction déjà suivie par nous pour aller visiter le Djebel Ksel 5 aussi pou-
vons-nous, sans fiure tort à la botanique, consacrer les derniers instants
que nous avons à passer avec M. de Colomb et les autres ol'ticiers a w\\
entrelien amical qui nous fait paraître bien court le chemin du foit au
Djebel Ksel. Apies avoir fait nos adieux à ces messieurs et avoir remercie
encore une fois M. de Colomb de toutes ses bontés, qui nous ont rendu
le séjour de Géryville si agréable, nous mettons nos chevaux à une
allure plus vive pour gagner le col de Teniet Ouled Aza, qui est resserré
entre la pente sud du Djebel Ksel et une montagne nioins élevée, détachée
du massif du Djebel Mezouzin. Dans les ravines rocailleuses des pentes
des deux montagnes croissent ([uelques touffes de Laurier-Uose {.\criain
Oleandcf); les pentes elies-mèuies , au voisiiKige du sentier que nous
T. IV. 23
35/| SOCIÉTK DOTAIS IQUE DE FRANCE.
suivons, nous offrent seulement des espèces que nous avons déjà notées
dans l'exploration de la pirtie inférieure du Djebel Ksel. A l'extrémité du
col, s'étend la plaine élevée et assez accidentée où est construit le ksar
de Stitten à la base orientale du Djebel Ksel; des champs d'Orge occupent
une assez large place au milieu des pâturages de la plaine, et les
habitants sont occupés à la moisson. Dans ces champs, nous retrouvons
la plupart des plantes que nous avons déjà rencontrées dans des stations
analogues à Géryville; ainsi nous devons y mentionner les Helian-
themum Niloticum, lleseda alla, Ononis ancjustissima , Anthyllis Vul-
neraria , Curum incrassatum , Turgenia latifolia , Filago Jussiœi ,
Micropus bombijcinus et supinus , Cirsium eddnatum , Kentrophyllum
lanatiim, Onopordon macracantliwn^ Barkhausia toraxacifolia, Echlum
humile , Litliospermum Apulinn, Echinaria capitula, Wangenheimia
Lima, Festuca incrassala, Bromus squarrosus, etc.; les pâturages sont
surtout constitués par les plantes suivantes : Sisijmbriwn cra&sifolium,
Alyssum serpyllifulium, Helianthemum pilosum var. et hirtwn var. Dc-
serti, Beseda luleola var. undulata, Anthyllis Nwnidica, Otioùrychis ar~
gentea, Eryngiwn campestre, Centaurea ucaidis et pubescens, Carduncelius
pjinnatus et Atlanticus, Ithaponticum acaule, Carlina involucrata, Atractyiis
cœspitosa, Scolymus Hispanicus, Scorzonera coronopifolia, Asterothrix ffis-
panica. Thymus ciliatus var., Salvia lanîgera eipatula, Teucrium Polium
var., Plantago albicans, Bumex thyt'soideus, JJactylis glomcrata, Bromus
rubens, ^Egilops ovata var. trioristata, Elyrniis crinitus, etc.; les Lygeum
Spartum, Stipa tenacissirra, gigantca et barbata sont les espèces dcmiinantes ;
VAraùis auriculata et \e Jiirinea humilis \'d\'. Bocconi, indiquent par leur
présence et leur abondance l'altitude de la plaine, plus élevée que celle de
Géryville de près de 50 mètres; plus loin, d'immenses rochers de grès
affleurent le sol et excluent prescjuc toute végétation. Le ciel se couvre de
nuages épais et les approches d'un orage, ainsi que la tombée prémalui'éo
de la nuit, nous forcent de gagner de toute la vitesse de nos chevaux le ksar
de Stitten où nous n'arrivons que vers sept heures, et où nous avons peine
à installer notre campement dans l'une des cours du village a\antque
l'obscurité soit complète, car ce n'est pas sans difficulté que nous parve-
nons à faire traverser à nos chameaux la porte étroite qui forme l'entrée
du village.
Le i juin, après une nuit plus tranquille que ne nous l'avait fait espérer
le temps de la veille, nous sommes sur pied de grand matin ; car pour nous
rendre à Bon .^lem, nous n'avons pas moins de 36 kilomètres de trajet, et
nous savons, d'après ce que nous a dit M. de Colomb, (|uc nous aurons à
nous arrêter h moitié chemin pour faire l'exploration de la localité
intéressante d'Ain Timendert. Toutefois nous ne quittons pas le ksar sans
faire une courte visite aux jardins, pendant que nos Aiabcs sont occupés
sÉANcr: nu 3 avril 1857, 355
an cliargcmciit de nos (.'Iiaineaiix. Le ksar de Slittoii, composé de 30 à
ûO maisons en pierres sèches, est bâti à tire altitude d'cnviion 1350 mè-
tres, au pied même de la montagne; ce petit village ne présente (ju'unc
porte dans l'enceinte continue formée par les murs mêmes du ranf^
extérieur des maisons. Les jardins, peu étendus, sont arrosés par les eaux
d'une source (Aïn Sfi.tten) qui donne naissance à un petit cours d'eau;
les jardins les plus lapproeliés du village et qui ne peuvent être arrosés
par des dérivations du couis d'eau, sont pourvus pour la plupart de puits
en pierres sèches avec bascule et bassins de déversement pour l'irrigation.
Les seuls arbres fruitiers que nous ayons vus dans les jardins sont le
Grenadier, le Figuier, l'Abricotier et la Vigne; quelques Peupliers blancs
[Popidus albo), d'une belle végétation, existent au voisinage de lu source;
V Hyoscyamus niger, plante assez rare en Algérie, croît en abondance dans
les parties en friche des jardins.
A sept, heures nous sommes en route et, presque immédiatement au
sortir du village, après avoir traversé de maigres champs d'Orge et de Blé
qui n'est pas encore arrivé à maturité, nous suivons le lit desséché argi-
leux d'une ravine assez profonde qui nous mène à un petit cours d'eau
alimenté par la source d'Aïn Bon Beker. Dans les moissons nous observons,
indépendamment de la plupart des espèces déjà notées dans les champs qui
précèdent Stitten, les llumex Tingitanm var. , Echinops spinosus, Son-
chus divaricatm, Achillea spithameu, Malva ^Eyyptiaca, Erucastrum leu-
canthum, Zizyphora Hispanica, Androsace maxiina, Saponaria Vaccaria.
Les berges argileuses de la ravine nous offrent les Euphorbia luteola, Cru-
cianella patula, Thapsia Garganica, Herniaria fruticosa, Meniocus linifo-
lius, Festuca cynosuroides, Oriopordon acaule, Triticum Orientale. Un peu
au delà du cours d'eau nous continuons à monter par une pente insensible,
et dans l'argile grisâtre et rougeâtre de la plaine coupée de nombreuses
ravines, apparaissent des touffes argentées orbiculaires de Catananche
cœspUosa; des buissons de Rétama sphœrocarpa, non encore fleuris, se ren-
contrent çà et là dans le lit même des ravins. La plaine, jusqu'aux envi-
rons de la source d'Ain Timendert, où nous devons faire halte, con-
tinue à être accidentée, et nous y voyons le Catananche cœspitosa devenir
d'autant plus abondant que nous nous rapprochons des rochers au pied
desquels jaillit la source. Des pâturages marécageux, où viennent se perdre
les eaux du ruisseau alimenté par la source, sont constitués par une végé-
tation tout européenne, dont les plantes dominantes sont les Juncus glaucus,
Helosciadiiau nodiflorum, Polypogon MonspcUcnsis, Humex crispus, Fes-
tuca anmdinacea, Hurdewa secoUnam , Pludaris nodosa, Poa trivàdis,
Verbena officinaiis, etc. Des rocheis escarpés, grisâtres, composés de cal-
caire, de grès et de poudingues, s'élèvent comme une muraille à nue hau-
teur d'euviiou 25 mètres, pour se continuer avec les immenses blocs que
o5G SOCIÉTÉ BOTAMQtE DP, IliANCi:.
nous avons ii traverser pour tin^^iier le plateau de Giioiiater. Aux environs
de la souree, dont les eaux abondantes et douces sont l'un des ornements
de, ce site pittoresque, le Catananche ccespitosa forme de véritables gazons
par ses touffes compactes et rapprocbées ; la nous recueillons les Marrubiuni
sericeum et Anacyclus Pijn'thnan, qui, avec le Folycarpon Bivonœ et le
Bupleuf'um spinosum, indi([uent l'altitude déjà assez grande de cette station
(enviroii l^iOO mètres). Dans les fissures des rocliers croissent quel(|ucs
Pistacia Atlantica sous forme de buissons rabougris et des Figuiers [Ficus
Carica) ; dans les aufractuosités ombragées le Fumaria Numidica forme de
nombreuses touffes; nous y recueillons égalenient les Brassica Gravinœ,
Sedum cdtittsimum, Catananche aerulca, Cenluurea alba var., ffutc/dnsia
iielrœa, etc.; au sommet des i-ocbers croissent \ci> Kœleria Valesiaca, Arabis
auricnlata, Mediaujo .<ccundi/lora, A/ysswn aciitiyonan ; ce n'est pas sans
étonnement que nous rencontrons sur ce point le Pinipinella Tragium, qu'en
Algi'rie nous n'avions observé que dans la région montagneuse supérieure.
— Un étroit sentier, ((ui contourne le massif de locbers (jue nous venons
d'explorer, nous conduit sur le plateau d'KI Guenater (le pont), étendu de
l'ouest à l'est. Les pâturages maigres de ce plateau, où domine VArtcmisia
Herba-alba, p.e nous offrent aucune espèce digne d'être mentionnée; une
petite scbkha (petit lac h sec dans cette saison), dont nous explorons le bord
et le lit, ne nous offre également aucune espèce à noter. Après un trajet de
près d'une beure sur ce plateau, que nous traversons obliquement, nous
voyons venir au-devant de nous le caid deBou Alem, avec quelques cava-
liers et son lils âgé de cinq ans seulement, aussi à cbeval et disparais-
saut presque entre les montants d'une selle arabe richement brodée. ï.e
caïd et ses cavaliers nous servent de guides pour nous conduire à notre
campement qui, d'^iprèsles ordres de M. de Colomb, a été préparé dans la
vallée de Bou Alem. — Pour nous rendre à cette vallée, nous descendons
par une pente très rapide dans le lit mémo d'un oued dont les eaux abon-
dantes arrosent, par des dérivations, des champs de Blé d'une belle venue,
qui occupent toutes les parties de la pente qui ont pu être mises en culture.
De beaux pieds de Pistacia Atlantica croissent çà et là à la base des rochers
qui bordent le lit du cours d'eau. Par une course rapide dans la vallée,
nous arrivons au can)pement, laissant sur notre gauche un ancien ksar en
ruines et le petit ksar actuel de Bou Alem construit sur une colline pier-
reuse à la base de la pente rapide du plateau de Guenater, Dans les ter-
rains argilo-sablonneux sales qui longent le sentier (|ue nous suivons, nous
voyons de nombreuses touffes de Lepidiuin mbulatum et les Fchium hii-
mile, Mulva ^Jifjijptiaca et Oitopordun ucaidc.
I.a vallée de Bou Alem est un cirque assez vaste, borne au nord par
le relief du plateau de Guenater, et à l'ist et à l'ouest par des montagnes
basse.^ qui ue présentent quelques arbres que dans les ravins ou sur des
SKAINCÈ nu ?i AYiîir. 1857. "ô"
points isoK's; nu sud s'élève le Djebel Toiiiiii cl IMakcna (In haute mon-
tagne (les jNIakoiia) haut de plusieurs ceutaiiios de mètres et à pentes
roeheuses escarpck's, où la végétation arborescente se présente sous forme
de buissons espacés. Le sol argilo-sabionneux de la plaine, traversée du
nord au sud par l'Oued Bou Alera, est cultivé non-seulement au voisinage
de rOued, mais encore dans de nombreuses dépressions où l'eau a pu
séjourner l'hiver. L'Orge, dans ces champs, est arrivée à maturité et déjà
en partie moissonnée. Des pjiUirages assez riches sont parcourus par les
nombreux troupeaux des doualrs, qui ont ét;d)li leur domicile d'été dans la
vallée. L'heure déjà avancée à laquelle nous avons fini notre installation,
nous force de remettre au lendemain l'exploration des environs de notre
campement et notre visite aux jardins. La matinée du ;") juin est donc con-
sacrée à une petite course dans la plaine jusqu'à la partie du cours de l'Oued
Bou Alem la plus rapprochée du Djebel Touila el Makena et aux jardins j
les arbres fruitiers qui y dominent sont le Figuier, le Gren.idier, le Poirier
avec le Pêcher et l'Abricotier qui y atteignent de remarquables proportions;
les cultures potagères se bornent à la Fève, à la Carotle, à la Pastèque,
à diverses variétés de Courges et de iMelons. Malgré l'aliitude de la
plaine, qui est à peu près la même que celle de Géryville (environ 1250
mètres), la végétation est déjà fort avancée et la plupart des plantes annuelles
sont déjà desséchées. Les diverses espèces d'Helianthemum (//. Niloticumy
hirtwii var. Deserti et scdicifolium var. brevipes) ont perdu leui'S cap-
sules que les fourmis agglomèrent en petits tumulus. Dans les champs, les
Ammochloa pungens et subacaulis sont d'une extrême abondance, et nous y
notons les Cyrtolepis Alexnndrina, Androsace maxima^ Malva j^tjyp-
tiaca, lîochelia sfellidatn, Ahjssum scuticjenim, etc. Les sables, qui forment
des dunes basses au voisinage de l'oued, présentent réunies la plupart des
espèces que nous avons observées dans des stations analogu s entre AïQ
Ben Khelil et Tyout, telles que les Onopordon ambigimm, Orlaya marl-
tima, Festuca pectinella et Memphitica, Arthratherum pungens, Delphi-
nium piibescens, Ononis angustis&inia, Centaurea polyacuntlta, Astragalus
Gowbo, Scabiosa semipapposa. Dans le lit de l'oued, sur le bord duquel
nous voj^ons de nombreuses touffes de Rétama Duriœi var., nous consta-
ttms la présence ilesParonychia Cossoniana, Muricarin prosirata, Euphorbia
calypfrata etVEnarthrocnrpus clnvotus dont toutes les siliques sont déjà
désarticulées. A midi, au moment où nous rentrons à notre campement,
nous trouvons un cavalier envoyé par M. de Colomb, qui nous remet des
lettres de France, les seules que nous ayons reçues depuis Tyout ; celles qui
me sont adressées m'appoi-tent malheureusemerit la nouvelle d'une perte
bien douloureuse que vient d'éprouver nia famille et qui m'impose le devoir
d'accélérer mon retour, en abrégeant les séjours que nous comptions feàre
aux diverses stations. A une heure, nos préparatifs de départ sijut terminés,
358 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
et nous nous mettons en route pour aller camper à Kl INIacta, distant de
30 kilomètres, où on nous a signalé l'existence d'une montagne de sel que
nous sommes curieux de visiter. La plaine que nous traversons Justiu'au
petit ksar de Sidi Tiffour el Ammouida, ne nous offre guère d'autres plantes
à mentionner que le Lonchophora Capiomontiana que nous n'avions pas
encore observé jusque-là, et le Noœa spinosissima. Nous faisons une lialte
auprès d'une belle source d'eau douce et abondante, d'une température de
+ 18°5, sur les bords de laquelle nous trouvons avec grand plaisir une
Graminée propre à l'Algérie et des plus rares, le Festuca Lolium, qui
n'avait encore été observé que dans la province de Constantine, aux envi-
rons de Batna, où il a été découvert par M. Balansa. A partir de ce
point, nous nous éloignons peu de l'Oued el Tarfa (rivière des Tamarix).
Dans les terrains argileux salés, VAtriplex Bali?nus, le Phelipœa lutea^ le
Zollihoferia resedifolia, V Echiockilon fruticosum sont assez abondants ;
dans les sables nous observons le Pyrethrum macroceplialum. Dans les
dépressions arrosées par des dérivations de l'oued, existent de beaux champs
de Blé qui n'est pas encore arrivé à maturité. Un cavalier du ksar d'EI
Macta vient au-devant de nous pour nous indiquer le point où nous pouvons
sans danger traverser Je lit large et vaseux de l'oued, couvert de touffes
CCAtrlplcx Halimus , et ombragé par des Tamarix Gallicn en arbres
qui constituent un véritable bois. Ce n'est qu'à la tombée de la nuit que
nous arrivons à notre campement, situé aux bords du marécage el vers
l'entrée du Khraueg el Melab (défilé du sel) à environ 1050 mètres d'alti-
tude ; ce n'est qu'à grand'peine que vers onze heures du soir nous obtenons
la diffa, car les habitants de ce ksar, situé à la limite des provinces d'Oran
et d'Alger, n'avaient pas considéré comme suffisantes les instructions du
bureau arabe de Géryville, de l'autorité duquel ils prétendent ne pas rele-
ver; et sans l'intervention des cavaliers du caïd de Bou-Alem, qui tenaient
essentiellement au couscoussou, nous étions menacés de nous coucher sans
souper.
Le 6 juin, nous explorons les environs immédiats de notre campement,
où nous observons les Pyrethrum fnscatum, Salsola vermiculata, Triti-
cum Orientale^ Atractylis microcephala , Marrubiwn Deserti , Passerina
microphylla, etc., et nous voyous avec une vive satisfaction une espèce
nouvelle de Sideritis, le .S. ochroleuca, que nous n'avions trouvé à Ain
Ben Khelil qu'à peine fleuri, former ici de vastes et nombreuses touffes
couvertes de fleurs et de fruits. Après cette petite herborisation, pendant
laquelle on a selle nos chevaux, nous partons, sous la conduite d'un cavalier
de kl tribu, pour aller visiter le Khraneg el Melah et la Montagne de sel, qui
dès la veille et à une assez grande distance nous avait vivement frappés
par sou aspect étrange et les contrastes de couleurs de sa surface qui la dis-
tinguent des montagnes voisines. Cette montagne , nommée par les
siiANCE DU 3 AvrtiL 1857. 359
Arabes Djobi'l Melah (Moiiln.'iu' de sel), doil son noin aux l)nncs de sel
altiTiiaiit avec les couclies d'argile (|iii en constiiiu ut la masse; lo
i^jeliel .Melali s'élève de plus de 200 mètres sur la rive dioiie du Khrane<5 cl
Melah et forme un vaste coue irrc'gulier, aeeidenté par de nombreux éboule-
meiits et par des ravines qui le sillonnent; l'argile grisâtre ou d'un gris ver-
diitre, terrain dominant de la montagne, laisse à nu. surtout vers le sommet,
où les éboulements se sont le plus étendus, d'i'paisses coucbes de sel mi-
roitant au soleil et (lui tranebenl sur la teinte terne de l'aruile: cà et là de
larges espaces, où vient etïleurir le sel dont le sol est pénétré, sont couverts
de pla(|i!es cristallines d'un blanc éclatant; le lit des ravines, surtout vers
!a base de la montagne où viennent conlluer les infiltrations salines, est
incrusté de dépôts épais de sel pur et cristallisé, trèsdur et très compacte, à
surface raboteu'^e, irrégulièrement mamelonnée et d'apparence spongieuse.
A l'exli-émite d'un pi'olVuid ravin de !a pente de la montagne qui regarde
le Kbraneg, existe une vaste excavation, ouverte seulement dans sa partie
supérieure par un étroit orilice, et tapissée d'une épaisse couche de sel ;
des stalactites de sel cristallisé pendent de la voûte de cette grotte
creusée par la dissolution d'un banc salin ; le ravin étroit qui conduit à la
grotte est profondément creusé entre des masses d'argile, qui, de chaque côté,
s'élèvent comme des murailles à pic et le surplombent sur quelques points;
au voisinage de la grotte se détachent de la montagne de véritables obélis-
(|ues d'argile isoles par les éboidements. De nombreuses volées de pigeons
ont élu domicile dans les anfractuosités de ce sol tourmenté, et il va sans
dire que nous leur envoyons (pielques coups de fusil plus ou moins heureux.
— La Montagne de sel, si intéressante au point de vue géologi(iue, est loin
d'offrir le même intérêt pour la botanique, car ses argiles salées, dont la
surface se modifie incessamment, excluent toute végétation. Le Khraneg
nous offre au contraire une assez riche herborisation au bord du cours d'eau
abondant qui le traverse ; car nous trouvons là, réunis aux alluvions sablon-
neuses de l'oued, des éboulements pierreux de la montagne basse qui fait
face au Djebel JMeluh. De beaux pieds de Pistocia Atlantica sont dissé-
minés sur la rive gauche de l'oued, où les Rétama sphœrocarpa et Duriœi
var, avec des Tamarix Gallica et des Zizypkus Lotus forment de nom-
breux buissons, les alluvions sablonneuses de cette même rive nous offrent
le^ Malcolmia yEgyptiacu, Erucastruni lencanihum, Reseda eremophila,
Astrogalus Gornbo, Nolletia chrysocomoides , Pyretlwnm maa^ocephcdum,
Anvillea radiata, Rhanteruim ad/iressum, Senecio coronopifolius^ Kœl-
pinia linearis, Convolvulus supinus, Ecliinopsilon muricatus, Anabasis
articulatn^ SaUola vermicidata, Festuca Memphitica, etc., et le Triticum
elonijatum ([ui n'avait encore été observé que sur le littoral de l'est de l'Al-
gérie ; quel([ucs pieds vigoureux de Mcdicago saliva croissent à l'ombre
d'un Pistacia Atla^Uica sons lequel nos guides ont abrité nos chevaux. Un
300 sor,ii;it: uur.vMQLt: de i-ranck.
ravin pierreux de la rive droite, à l'extrémité du Djel)el iMelali, présente
déjà un certain nombre d'espèces de la région montagneuse inférieure sous
cette latitude : tels sont les Diplotaxis pendula, Arubis auriculata, Medi-
cago laciniata et secundifïora, Demrra cfdorantha, Pyrethrum fuscafum^
Leyssera ccipillifolia, Catananche cœrulea, Sonc/ms divaricatus et spijiosus,
Statice Bonduellii, etc. ^- Au voisinage de notre campement à l'entrée du
Khraneg, le Lonchophora Capiomontiana croît en abondance sur les atterris-
céments argilo-sablonneux, et dans les flafiues d'eau saumâtre de l'oued le
Itanunculu.^ Bnndotii forme de vastes touffes.
A quatre beures seulement nous avons terminé la préparation de nos ré-
coltes et nous pouvons tout faire disposer pour nous rendre à El Kbadra,
distant de plus de 20 kilomètres. A cause de l'heure avancée et de la diffi-
culté de la dernière partie du trajet, nous ne pouvons guère herboriser que
dans kl portion de la plaine entre El Macta et l'Oued el Tarfa ; nous y voyons
en abondance le Sideritis ochroleuca, dont les touffes constituent sur (luel-
ques points le for.d de la végétation, et nous y notons la présence de l'/i^mc-
/)/lis proU fera, que nous n'avons pas rencontré depuis Ghassoul. Ce n'est
pas sans peine que nous trouvons un passage dans le lit vaseux de l'oued,
où les Tamarix continuent le bais d'EI Macta. A partir de ce point nous
avons à traverser avec la plus grande précaution, à cause de l'obscurité,
plusieurs ruisseaux, dans les marécages desquels nos chevaux manquent
qucl{|uefois de s'enfoncer. Nous devons nous en rapporter entièrement à
l'adresse de nos montures pour descendre ou gravir les berges escarpées
des nombreux ravins qui sillonnent le terrain accidenté que nous avons à
parcourir jusqu'à El Kh;idra.— Vers dix heures seulement nous arrivons à
ce petit ksar, après avoir laisse sur notre droite le ksar de Kebala, construit
sur une éminence. Ce n'est pas sans plaisir que nous trouvons la di/fa pré-
parée par les habitants que nous avions fait prévenir de notre arrivée par
un cavalier, et que nous pouvons enfin réparer par quelques heures de repos
les fatigues de la journée.
{La suite à la prochaine séance.)
NOTE? SUI\ QUELQUES PLANTES RAUE? OU NOCVEI-LES DE L.V RÉGENCE DE TUNIS,
par 5IM. K. COSSOX cl L, KKALIK.
(Ciiiiiuièino pitriic.)
Atcactylis Fi-AVA Dcsf.! Ml. H, 25f», in herb. Mus. Par.; Delile! yEg.
llluslr. n. ISh; DC. Prodr. VI, 551. — Centaurea Carduus Forsk. FI.
yEfj.'Ara/j. descr. \'y2.-'Spadact(s jlava Cass. in Dld. se. nat. XLVH,
510 el r, 51; Less. Sijn. 13.
In dcscrtis regni Tunetani australioris, propc Sfux m arenis (Dcsf.), in
ar^illoso-areuosis el calcarcis apricis in ditione. Ijobcs cl in insula Djerba.
SÉA.NCK 1)L 3 AVRIL 1857. 3(il
— In clescrlis ylvj;ypti iiiferioris ;ul Alcxandi'inm (Delilc, Olivier et JJrii-
guièrc). In deserto Sinaico (IJotia, AucUei'-Kloy pi. Or. cxsicc. n. 3399 in
heib. INfus. Par.).
Dans la plante de l'ile de Djerba les capitules sont dépourvus de fleu-
rons neutres li^uliformes rayonnants, tandis que ces mêmes fleurons exis-
tent dans la plante décrite par Desfontaines ainsi (jue dans celle d'Orient,
idenli(|ue du reste avec la nôtre pour tous les autres caractères. — La sec-
tion S/mdacfis, l'ondée surtout sur la présence de fleurons extérieurs rayon-
nants, ne saui-ait donc être maintenue; ro])servation de Cassini qui a ren-
contré quelquefois des fleurons neutres obscurément ligules chez VA.
mncellata, appartenant a une autre section [Acarna], le développement
que prennent les fleurons extérieurs neutres liguliformes dans VA. pro-
liféra, qui se rattache évidemment a la même section Acarna, démon-
trent encore le peu d'importance qu'il faut attribuer à la présence ou à l'ab-
sence des fleurons neutres; on sait d'ailleurs que, dans le genre Centaurea
et particulièrement chez les C. nigra et Jacea, ce caractère est des plus va-
riables. — La plante, très répandue dans le Sahara Algérien et dans la
partie méridionale des hauts plateaux et qui a été gé)iéralement donnée
sous le nom d'.4. ^am(Jamin pi. Alger, exsicc; Balansa pi. Alger, exsicc.
n. 965) diffère, de la plante de Desfontaines par les tiges à écorce blanche
ou blanchâtre, glabres ou pubescentes seulement à la base, mais non pas
tomenteuses-laineuses à puhescence se détachant par le frottement, par les
feuilles d'un vert pâle jaunâtre, à épines des lobes d'un jaune pâle et non
pas brunâtre, par les folioles de l'involucre plus brusquement cuspidées en
une pointe épineuse plus longue et plus grêle, les intérieures oblongues
brusquement cuspidées, et non pas lancéolées-linéaires atténuées en pointe,
par les fleurons d'un beau jaune citron et non pas d'un jaune sale, par les
fleurons extérieurs ordinairement iii'.nliformes allongés et non pas assez
courts ou nuls; les différences que nous venons d'indiquer nous semblent
suffisantes pour distinguer la plante d'Algérie comme espèce, et nous pro-
posons pour elle le nom (V Atractylis citrina. — Nous devons en outre faire
remarquer que le véritable A. flava parait être une espèce orientale, dont la
dernière station a l'ouest serait les déserts de la régence de Tunis, où Ton
rencontre encore un certain nombre d'espèces d'Orient étrangères a l'Ai-
gérie.
Atbactyus micuockphala Coss. et DP», ap. Coss. Voy. bot. Alger, in
Ann. se. nat. sér. h, 1, 2/4U, et ap. Calansa pi. Alger, exsicc. n. 805.
Suffrutex dumosus, 1-6 decim. a'tus, ereetus, ramosissimus, ramorum
velustiorum cortice rimoso-einerascente, ramis rigidis giabrcscentihus ve!
piibcsceuti-suhtomeiitosis pube delersibili cortice eandido, mono-oligoce-
phalis vel apice coiymboso-ramosis polyeephalis ; foliis giabresccntibus vel
3f>2 SOCIÉTÉ BOTAMQLE DE FRANCE.
aiai.eos()-pul)esc(Mitibiis, rigidis, erccto-patentibtis, sessilil)us, Inuceolatis
vel elon^;ato-laiioeolatis saepe subcaiialiculatis, inConie remote pinnatifido-
spinosis, lobis utrii)qiie 2-/i siiiiplieibus vcl in I<)I)iiIos 2 spinosos diver-
gentes partitis, supernc inle<^ris in spinam attenuatis, spinis llavescenti-
fuscesce;itii)us; capitulis parvulis, niulti- et o'qualiftoris, homogamis,
hernuiphroditis ovato-eyiindiicis, vel abortu masculis nouliisve brevio-
ribus siibcainpaiiuiatis -, involucri foliolis exteriorihus Z-k foliaceis, foliis
conformibus, uniseriatis, capitalum subœquantibus vel paulo siiperantibus,
inteviovibus inibricatis adpiessis, piibescenti-araclmoideis, niargine mem-
branaceis, apice rotundato spinula ioiigiuscula abrupte mucronatis, ab in-
ierioiibus ovato-oblongis ad intin)a obionga sousim elongatis; receptaculo
piano, paleis laiiceolato-Iinearihus basi in alveolos concietis apice tii-plu-
lilidis piloso-ciliatis oiuisto ; floscuîis sordide earncis, D-lidis , in capitulis
fertiiibus longioribus ; antheris in floscuîis berniaphroditis longioribus,
appendice teiminali lanceolala acuta, appendicibus basilaribus caudifor-
mibus elongatis subiutegi-is vel ciliatis; acheeniis teretiusculis, undique
villis elongatis eandidis copiosis obtectis, villis superioiibus quasi pappl
basiai involucrantibus et ejus tertiain longitudinem obtegentibus, sed cum
co non concretis ; pappo flosculi tubuni subaequante, setis uniseriatis, ri"
gidis, nigrescenli-Cuscescentibus, lunyiuscule /jlumosis barbellis albidis,
basi in annulum corneum concretis. — Mnio-julio.
In regni Tunetani australioiis ditione Gabes, in argilloso-arenosis apricis
et in alluviis amnis Oued Gobes, in glareosis caleareis insulœ Djerba
(Kralik pi. Tun. exsicc. n. 37/;). — In Sabaia Algeriensi trium provin-
ciai'uiu et in planititbus excelsis et montibus huiniiibus australioribus late
diffusa (Bcdansa pi. Alger, exsicc; Kralik ap. Bouigeau pi. Alger, exsicc.
D. 187).
L'-4. microcepliala se rapporte à la section Anactis (DC. Prodr. VF,
550. — Anaotis Cass.), où il doit être placé à côté de VA. serratuloidcs
Sieber (DC. Prodr., loc. cit. — Anactis serratuloidcs Cass. in Dict. se.
nat. I-, 56).
Atiîactylis rRor.iFERA Boiss.! Diogn. pi. Or. ser. 1, fasc. x, 96.
lîi argilloso-arenosis et glareosis regni Tunetani australioris prope Sfax,
inter Sfax et Gabes ad turrem Nadour, in ditione Gabes (Kralik pi. Tun.
exsicc. n. 252), ad occidcntem \\y\)\% Gabes ad radiées v(\o\\i\f> Djebel Aziza,
etiain in insula Djerba. — In Algeritc plauiticbus excelsis prœsertim aus-
tralioribus nec non in Saharœ parte confini : in provincia Cirtcnsi ut vidctur
infie([uens, neinpe prope IJiskra bueusque tantuni visa ibique rarissinia;
in provincia Algerien.si a Laghouat! ad diversorium Aïn Oussera prope
Boghar! diffusa; in provincia Oranensi plurimis locis obvia ex. gr. ad
C/ioit cl Cher gui!, AïnSefra.\ El Abiod Sidi Cheikh!, Brczina! — lu arc-
SftANCIî DU 3 A VU IL 1857. 363
nosis ad meiidicm iiibis (htza in rc^nono Anialecitaïuni Arat)ia} confmi
(Boiss., loc. cit.. Pinard in herb. Mus. Par.),
AwnKRBOA Lippu OC. Prodr. YI, 559; Coss, PI. crit. 167. — Amberboi,
enicœ folio, minns\?>n. Ad. acad. Par. [1719] 169, t. iQ. — Cenlmircn
Lippii !.. Sp. 1286 ; Stchkuhv Bnndb. t. 261 ; Dosl'.! A/l. !I, 293. —
Volutarella Lippii Cass. in Dict. se. nat. XI.IV, 39.
In incultis et ruderalis art;iiioso-arenosis ncc non in arenosis maritimis
regni Tunotani australioris, prope Sfux, inler Sfux et Gabes ad turrem
Nadour, in ditione Gabes haud intVequens (Kralik pi. Tnn. exsicc. n. 91
et91«), etiam in insula Djerba (Kralik pi. Tun. exsicc), in arenis descrti
prope Tozer (l)esf.). — Hinc inde in Algeria australioio, iii planitiel)us
exeelsis supra Saïda Beida inter et Khriderl, et in Sahara ditionis Biskra!
(.Tamin, Balansa pi. Alger, exsicc. n. 810), in provinoia Oianensi ad Lalla
J/a^/i/vua (Bourgeau). — In iasulis Canariis (Wehb, Bourgeaii). In His-
pania orientai! australiore prope Pulpi in regno Murcico (A. Guirao) et in
arvis inter Vera atAluieria (Bourgeau pi. Hisp. exsicc. n. 1239). In Palœs-
tina (de Sauicy). In iEgypto (Delile, Kotschy pi. exsicc. [1839] n. 782).
In ArabiaiSchimper pi. Aral), petr. exsicc. éd. Hoiienacker [1863] n. 211).
Prope Monspelitini loco dicto Port-Juvénal introducta (Godr. FI. Juv.).
Ambi-rboa crupinoides DC. Prodr. VI, 559. — Centaurca crupinoides
Desf.l Atl. II, 293; Delile! yi^g. Illustr. n. 850. — Volutarella biculor
Cass. in Dict. se. nat. L, 256. — Lacellia Libijca Viv. FI. Libye. 58,
t. 22, f. 2.
In deserto Tunetano (Desf.), prope .S/rta; (Espina) , in collibus montibus-
que humilioribus nec non in alluviis torrentiuni regni Tunetani australioris,
in monfibus Djebel Keroua et Aziza prope Gabes (Kralik pi. Tun. exsicc.
n. 90 et 90ft). — In Algeria australiore hinc inde in collibus montibusciue
Saharae confmibiis nec non in torrentium alveis: in ditione Biskra (Jamin;
Balansa) ; in provincise Oranensis montibus Djebel Bou Kaschba prope Aïn
Ben Khelil! (Kralik ap. Bourgeau pi. Alger, exsicc), Djebel Nzira prope
Arba el Tutanil, Djebel Taelbouna! prope palmetum Asla. — In monlibus
Cyrenaicis (Délia Cella sec. Viviani, loc. cit.). In/Egypto (Delile).
Centaurea furfuracea Coss. et DR. ap. Balansa pi. Alger, exsicc. [1853],
et ap. Coss. Voy. bot. Alger, in Ann. se. nat. sér. h, IV, 28/i.
Planta unnua, a basi ramosa, ramis duobus vel pluribiis siepius infra
capilulum caulcm brevissimum terminans cnatis, brevibus vei plus minus
elongatis, decwnbenti-diffusis, subsiraplicibus vel supcrne ramuios 1-2
emittentihus, sulcato-striatis, pubescenti-furfuraceis, remote foliutis; /b-
liis haud decurrentibus, pubesceutia crispula demum furluraceis, infe-
36/i SOCIÉTl'; BOTAMQL'F DE FRANCE.
rioribus pptiolatis 'pinnatiseclis \vel pinnatipardtis laciniis sœpius inae-
qiialihiis toi-miiiali majore obloiiisis ovatisve subintegris vel gi'ossc deiitalis
deiitihiis cailoso-imicroiuilatis, siiperioribus oblongis brevius peliolatis piii-
natipartitis vel subiiulivisis, swivnis capitula bracieantibus et siibeeqiian-
tibus ; capitulis apice coulis ramorumque solitariis, mediocribus; involucro
ovoidoo, foliolis ^upevtie parce arachnoideo-pubescentibus, imbricatis, co-
riaeeis, auguste scarioso-marginatis, exterioribus et intermediis in appen-
dicem stramiiieo-pallidam foliolo breviorem patiilam vel subdeflexam baud
decurrentem subulatam gracilem spinescentem inferne spinulis 2-6 pinna-
tain prodiœtis, spina terminali cœteiis longiore, foliolis intimis apice sca-
rioso-subdilatatis spinis sœpe obsoletis ; foscuiis pallide albido-liitescen-
tibus, radii neutris radiantibus dit;cwn sub œ quant ibu r ; achœniis minutis,
tereti-subcompressis, nitidis, glabris, fuscescenlibiis, areola iiisertionis
laterali siib;)rbiculata margiiie ciliolata; pappo sordide albido achœnium
subœqunnte, setis iusequalibiis pluriseiiatis, iiitimis multoties brevioribus
subconniventibus. — Apriii-maio.
Il) ai-gilloso-arenosis deserti Tunetani ad occidenlem iirbis Gobes monlis
Djebel Aziza ad radiées. — In Sabara Algériens! provincise Cirtensis ad
Saada (B.ilansa pi. Alger, exsicc).
Le C. f'nrfnracea, en raison des folioles de l'inYolucre prolongées en un
appendice spinescent muni d'épines latérales plus grêles, appartient à la
série des Calcitrapeœ (DC. Prodr. YI, 592) 5 par la longueur des fleurons
rayonnants il se rattache à la section Calcitropa (Cass. ; DC, toc. cit.
596), mais il diffère des autres espèces de cette section par le port, par la
couleur des fleurons et par l'aigrette environ de la longueur de l'akène.
Centauri-.v DiMor.PHA Viv. FI. Lib)jc. 58, t. 2'i, f. 3 [1824] (forsan splial-
mate sub noiniue C. bimorpba). — C. Pseudop/iilostizus Godr.l FI. Juv.
éd. 2, 86 [1854], — C. Kralikii Boiss. î Diayn. pi. Or. ser. 2, fasc. tu,
84 [martio 1857], forma foliis vix decurrcntibus vel etiam baud decur-
realibus. — C. eriocephala Boiss. et Reut. ! in Boiss., loc. cit. 86.
In regni Tunetani australioris arenosis et terra mobili, prope Sfax.,
\n\v\- Sfax Qi Gabes ^AiwYVQvn Nodour.,\\\ ditione Gabes^ etiam in insula
Djerba (Kralik). — In Sabara Algeriensi tota (Baiansa pi. Alger, exsicc.
11. 797 sub nouiine C. poljacantba) ncc non in planitierum e\celsarum !
parte austra'iore IVequens. — In Cyrcnaica (sec. Viviani). In .'Ëgypto prope
Abnukir (Kralik).
Cette plante, d'après la figure et la description du Flora Libyca, ainsi que
d'après sa distiibutioii géograpbicjue, est certainement l'espèce de Yiviani.
— Le C. dimot'pha diffère du C. pohjncanthn, au(iuel nous l'avions d'abord
rapporté, au même litre que le C. sonchifAia L, du C. sphœrocephala L.,
c'est-à-dire qu'il ne s'en dislingue guère que par les feuilles caulinaires
sl^;A^(;l: lu; .'i a\uii, Ksj?. 305
non dilatées en oicillettcs ;i la base et (le'L'Vinentes ou tiemi-decunenles.
Dans le sud-ouest de l'Algérie, où la plante a été observée par nous a do
nombreuses stations, nous l'avons vue présenter de iVéquc.ites variations
non-seulement (iiumt a la villosite, la grosseur des capitules, la longueur et
les proportions des épines de l'involucre, le nombre des épines accessoires
de la face supérieure des appendices épineux et la longueur et la coloration
des lleurons rayonnants, mais même quant à la décurrence des feuilles
que nous avons vues assez fréquemment s'atténuer à la base en un pétiole
non décurrent {C. Kralikii). — La forme du C. diuwrpha à feuilles non
décurrentes ne se distingue plus du C. polyacantha que par l'absence d'o-
reillettes à la base des feuilles ; aussi n'eussions-nous pas bésité, à cause de
ces échantillons intermédiaires, a rapporter comme variété le 6'. dimorphn
au C. polijacant/m, si nous n'avions été arrêtés par la constance du même
caractère chez les C. sonclii folio, et sphœrocep/tala.
Centaurea Deltlei Godr. FI. Juv. éd. 2, 85.
In regni ïunetani australioris ruderatis et incultis argillosis vel arenosis,
prope Sfax (Kspina); prope Gobes copiosa, ibique in alluviis aranis Oued
Gabes, necnon in pascuis deserti ditionis Béni Zid ixd Djebel Keroua, etiam
in insula Djerba (Kralik pi. Tun. exsicc. absque numéro sub nomine
C. glomerata). — Prope Monspelium in Iccum Port-Juvénal dictuin, tôt
plantarum boreali-africauarum bospitem,cum lanisadvecta(Godr,, /oe.c^V.).
Le C. Delilei appartient à la section Mesocentron (I)C. Prodr. \\, 592)
par tous ses caractères, bien que par le port il se rapproche davantage des
sections Melanoloma et Seridioides ; i\\m\ il a quehiue analogie de port
avec le C. inmlucrata Desf. (sect. Melanoloma), mais il en est très distinct
par l'involucre à folioles spinescentes, par les fleurons extérieurs plus
courts que ceux du disque, par les capitules glomérulés, etc.; il rappelle
encore davantage le C. glomerata Vahl (sect. Seridioides), auquel, ainsi
que Delile, nous l'avions d'abord rapporté, mais il en diffère par l'invo-
lucre glabre et non pas pubescent-aranéeux, à folioles prolongées en un
appendice spinescent muni d'épines latérales plus grêles et non pas divisé
presque jusqu'à la base en 3-5 épines grêles presque égales et naissant au
même niveau. — La patrie du C. Delilei, avant qu'il eût été observé dans
la régence de Tunis, était inconnue et la plante avait été décrite par M. Go-
dron d'après des échantillons recueillis au Port-Juvenul, où Delile lavait
découverte.
Carduncrllus eriocephalus Boiss. Piagn.pl. Or. ser. 1, fasc. x, 100.
în arenosis et argilloso-areaosis deserli Tunetani australioris in ditionc
Gabes (Kralik pi. ïun. exsicc. n. 399) nec non ad occidentem urbis Gabes
in ditione BeniZid ad radiées «lontis Djebel Aziza. —In Sahara Algeriensi
â66 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
hinc iiide diffusa ex. <ir. in piovinoia Aigeriensi australioie in ditione
Lagltniiat et Béni Mzab (Reboud [18;")^]), in provincia Oranensi australiore
pluribus locis obvia ncmpe piope El Abiod Sidi Cheikh!, Arba el
Taldiii!, 7'i/oid!, Aïn Sefrd .\ etc., a nobis visa. — In /Egypti mediaî
deserto Cabirico prope Kanka (Figari [1837] in berb. Delile sub nomine
Carthanius verisiiniliter sp. nov.). In desertis J^gypti (x\ucber-Eloy pi.
Or. exsicc. n. 3502 in herb. Mus. Par.). In Palestinee regione Amale-
citarum ad meridiem urbis Gaza (Boissiei-[l846J).
La plante de Tunis et celle du Sabara Algérien, identiques avec la plante
d'Egypte, nous paraissent devoir être rapportées au C. eriocephaltts Boiss.,
avec lequel M. Reuter, à notre demande, a eu l'obligeance de les comparer;
en effet nos écbant liions, d'après M. Router qui a constaté l'analogie de
port des deux plantes, ne différeraient de ceux de M. Boissier que par les
« feuilles plus larges à dents moins profondes et plus régulières, par les
écailles de l'involucre moins laineuses, les intérieures à appendice plus large
à lanières moins distantes et moins étroites, » et ces différences ne nous
paraissent pas suffisantes pour distinguer deux espèces. — La description
des Diagnoses s'applique très bien à nos écbantillons et nous n'avons à y
ajouter que les caractères tirés des akènes et de l'aigrette que IM. Boi.ssier
n'avait pu observer sur des individus trop jeunes 5 l'aigrette, de même que
dans le C. cœruleus, est environ deux fois plus longue ([ue l'akène et ne
dépasse pas la moitié de la longueur du tube des fleuions; l'akène est té-
tragone à angles aigus assez saillants, à faces ordinairement un peu ru-
gueuses supérieurement.
Serbatula FLAVESCENsPoir. Encycl. méth. VI, 562 ; L. Dufour in Ann. se.
nat. sér. 1, XXIII, 156; l)C. Prodr. M, 670 ; Boiss. Voy. Esp. 369 ex
parte. — Carduus flavescens L. Sp. 1156 ; Cav. le. I, 35, t. 46. —
Cnicus fluvescens ViiM, Sp. III, 1683.
In fruticetis rupeslribus({ue montis Djebel Zaghouan (Kralik pi, Tun.
exsicc. n. 95). — • In Hispania orientali et australi, nompe in Navarra
inferiore (f.. Dufour), regno Valentino et Granatensi (Cav.) nec non in
Murcico (Guiiao apud Bourgeau pi. Hisp. exsicc. n. 1225).
Le S. mucronata Desf. {Atl, IF, 243, t. 219) ne diffère du S. flavescens
que par les fleurons purpurins et non pas d'un jaune pâle, et il n'en est
peut-être qu'une variété, ainsi ([ue l'indique JM. Boissier {loc. cit.). Le
S. mucronata est très répandu sur les collines du littoral algérien (Jamin
pi. Alger, exsicc. n. 181 ; Balansapl. Alger, exsicc. n. 513) et se rencontre
queUjuefois dans les montagnes de l'inférieur-, il se retrouve dans l'Italie
méridionale (Tenore) et en Sicile (Guss.).
siCANcr, i)i; 3 wiîil 1857. 3G7
KcEr.piNiA MM.:.\ius Pall. JleiseW], fipp. l')5, t. I,, f. 2; Lcss. Syn. 127;
DG. J'rodr. VU, 78; I.edol). /•/. Ross. 11, 772^ Jaub. et Spach J/lmtr.
Or. HT, 123, t.26(i optiina.
In reglu) Tuiietanoausti-aliore, in arf^illoso-aienosis vd glareosis incullis,
ad vias et agioruni niargines, prope (laùes (Kralik pi. Tuii. cxsicc. n. 25G)
et ad oceidentcni uihis (îdOea moiitis DJehel Aziza ad radiées. — lu AlgeriîB
planitit'bus cxoelsis! piaesertirn austraiioiibiis et Sahara ! late diffusa (Ba-
lansa pi. Alger, exsicc. n. 771). — In Rossia australi (Pall.), provinciis
Caucasicis(M.-ljieb.j, Sibiria Uralensi et Altaica (Karel. et Kiril.). In Pisidia
(Heldreich), Assyria, Babylonia ac Mesopotamia (Olivier et Bruguière;
Aucher-Eloy; Cbesney), Persia (Aucher-Eloy ; Kotscby pi. Peis. austr. éd.
Hohenacker [1845] n. 169).
Gatananche arknaria Coss. et DR. ap. Balansa pi. Alger, exsicc. n. 756,
et ap. Coss. Vor/. bot. Alger, in A7in. se. nat. sér. û, IV, 285, et in Bull.
Soc. bot. Il, 253.
In deserto ïunetaiio australiore, in argilloso-arcnosis et glareosis prope
Gabes (KraiikpI. Tun. exsioe. n. 258). — In Sahara Algériens! hinc inde,
ex. gr. in dilione Biskra (.lamin ; Balansa pi. Alger, exsit'c. n. 756), in di-
tione Lagliouatl (Reboud), in ditione Mzab prope Guerrara (Rebond), Bré'
zina! (Kralik ap. Bourgeau pi. Alger, exsicc. n. 62 a), Tyout!.
Spitzelia cupuligera DR. in Duchartre i?ey. bot. II, /t31, et in Expl. se.
Alger, t. /i8 optiina.
In regno Tunetano in frnticetis ad basini monlis Djebel Zaghouan. — In
Algeriae (Balansa pi. Alger, exsicc. n. 16/i et 660) regione littoral! calida nec
non montana inferiore, in planitiebus excelsis hinc inde.
Le S. cupuligera est très distinct des antres espèces du genre par les
akènes extérieurs à aigrette réduite à une cupule membraneuse et pai- les
akènes intérieurs à bec long et grêle; l'aigrette des akènes intérieurs est
persistante d'un blanc sale, et est composée de 8-12 soies raides, plumeuses,
plus larges à la base et d'un petit nombre de soies extérieures capillaires
plus courtes.
Spitzelia radicata. — Crépis radicata Forsk. FI. /Eg.-Arab. descr.
1/45; Delile Mg. illustr. n. 768. — Leontodon coronopifolium Desf.!
Atl. Il, 229, t. 214 (planta junior et indecaulibus foliis bievioribus, in
herb. Mus. Par.). — Picris lyrata Delile .Eg. il. 259, t. 40, f. 3. — /^/.
cm /«Voirt Delile, loc. c<V.260, t. 41, f. 1 \ DC. Prodr. VII, 130. — Picris
radicata Less. Srjn. 134; DC. Prodr. VII, 131. — S. Sieberi Schultz
Bip. in Flora [1835], 657, et iu Am. se. nat. sér. 2, VI, 296.— -S. coro-
3G8 SOt:iKTl'; liOi.VMULF. i)f^ fp.ancf..
7io/iifuli(i Schultz Bip., Inc. cit. — .V. li/rata Seluiilz Bip., loc. cit. —
S. ^Eyijptiacu Schultz Bip. in Flora loc. cit. (sphalmafe S. Africana) et
in Ann. se. nat. loc. cit. — Picris coronopifolia 1)C. Prodv. VU, 131.
In regno Tunetano australiore, in aicnis deserti prope Cafsa (Desf.), in
arenoso-argillosis et aliuviis prope Gabes (Kralik pi. Tun. exsiee. n. 261 et
absque numéro sub nomine S. lyrata). — Tn desertis Jigypti inferioris (Dc-
lile ; Kotychy pi. Àv^. exsicc. [1836] n. 17.^; Olivier et Bruguière^ Rocliot
d'Héricourt) et médise ad Cahiram (Forskal; Sieber pi. iEg. exsicc.).
La plante de Gabes se présente sous deux formes, l'une à tiges dépassant
peu les feuilles radicales et à feuilles profondément découpées, l'autre robuste
à tiges assez.elL'vées et à feuilles ordinairement moins découpées ; la forme
naine est identique avec le Crépis radicata Forsk. (Sieber ! pi. ,'Eg. exsicc.)
plante des déserts de l'Egypte; la forme robuste se rapporte à la description
et a la figure du Picris lyrata de Delile {jE(j.), qui n'a pas reconnu
l'identité spécifique de sa plante avec celle de Forskal , dont elle n'est pas
même une variété. De Candolle avait déjà indiqué la réunion en une mémo
espèce des deux plantes, que iM. Schultz avait au contraire distinguées
en attribuant aux akènes extérieurs du Crépis radicata {S. Sieberi
Seluilt/. Bip.) une aigrette à scariosité divisée presque jusqu'à la base en
poils, et aux akènes extérieurs du C. lyrata {S. lyrata Schultz Bip.) une
aigrette à scariosité cupuliforme divisée en poils seulement jusque vers
son milieu 5 mais ces caractères, tirés de la structure de la cupule qui sur-
monte les akènes extérieurs, ne sont pas. plus constants que ceux du port,
car dans nos échantillons nous avons vu les poils de la cupule soudés jus-
qu'au milieu dans la forme naine de la plante et libres dans la forme ro-
buste, tandis que, d'après M. Schultz, les caractères du port et de la cupule
devraient coïncider en sens contraire. — Le S. radicata [Crépis radicata
Fo)sk.), tel que nous le déiinissons, est caractérisé par les akènes extérieurs
surmontes d'une aigrette rudinientaire très courte à poils libres presque
jusqu'à la base ou soudés dans leur moitié inférieure, et surtout par les
akènes du centre très petits, d'une teinte bleuâtre glaucescente à la matu-
rité, à rides transversales assez saillantes, rétrécis en un bec très court sur-
monté d'une aigrette très caduque composée de soies molles et blanches. —
Le Leontodon coronopifoliwn Desf. [Picris coronopifolia D(]. — 6^. corono~
pifolia Schultz Bip.), ainsi que nous avons pu nous en convaincre par l'é-
tude de la plante de Desfontaiues dans l'herbier du Muséum, n'est que le
5. radicata 1res jeune et dont les tiges non développées n'atteignent pas la
longueur des feuilles. — Le Picris pilosa Delile (DC. — iS. .Eyyptiaca
Schultz Bip.), d'après les ecliantiUons de l'herbier de Delile et d'après la
description et la ligure, n'est au contraire qu'une forme très développée du
S. radicata et qui uc diffère de lu Ibrme de la pUuUe lioninne par Delile
sÈA>(:r. iti ") Avp.ir, 1857. o(U)
A't^/.s- [yrata [S. li/rnta Scliultz liip.) (nn- pir K's iVuilk'S à divisions peu
profondes.
Le Sfiitzclin, qui ost très rc'pandu dans le Sahara Al<^orii'ii et dans la
partie chaude des hauts plateaux de l'AIgoric et qui a été donné h)us le nom
de S. h/rata (Balansa pi. Alf^t-r. exsicc. n. 968; Coss. Voij. bot. Alf/rr. in
A)in. se. nat. sér. li, IV, 285), est très diflerent du 6'. radicula par les lleu-
rons dépassant plus longuement rinvolucre et surtout par les akènes du
centre deux a trois fols plus i>;rands, à l'iiles transversales plus saillantes, et
surmontés d'une aigrette persistante d'un hiane sale; celte dernière plante
doit constituer une espèce nom elle, le 6'. Saharœ.
Nous devons faire remarquer (lue le genre Spifzelia, distingué surtout du
genre Picn's par l'aiiirette des akènes extérieurs réduite à une cupule bca-
rieuse ou à des poils tiès courts, se compose, tel qu'il est actuellement dé-
fini, d'espèces assez hétérogènes, puisque l'une, le .S'. nuUcata, a l'aigrette
cadu(|ue composée de soies blanches et molles, tandis ({ue les autres, telles
que les S. cupuligera et Saliarœ, ont l'îiigi'elte persistante composée de
soies plus ou moins raides d'un blanc sale ou roussâtres.
Barrhausia sknkcioioes Spreng. Syst. 111, G52; DC. Prodr. VU, 156. —
Crépis semcioides Delile ! ^Eg. lllustr. n. 76^, et ['l. 262, t. /i2, f. 2,
In arenosis, alluviis et cultis regni Tunctani australioris , in ditione
Gabes (Kralik pi. Tun. exsicc. n. 397). —In desertis^gypti mediœ ad Ca-
hiram (Delile, Husson).
ZoLLiKOFERïA. QUERciFOLiA. — Souchus quercifoUus Desf.! At/. 11, 225,
t. 213 ; DC. Prodr. VU, 188.
Tu deserto ïunetano australiore, in montibus prope (.'afsa (Desf.), in
niontibus humilioribus calcareo-glareosis Djebel Keroua diiionis Gabes
(Kralik pi. Tun, exsicc. ii. 266), nec non ex montibus auluga in planitie et
torrentium alveis obvia.— In Saharœ Algeriensis ditione ^/sAto, prope £1
Outciia! ad niontem salinum (Jamin), prope Biskra in collibus apricis
nec non in alluviis amnis Oued Biskra (Balansa pi. Alger, exsicc. n. 788).
Aux environs de Gabes se trou\e réunie a la l'oi-me de la plante figurée
par Desfontaines et caractérisée par les feuilles larges piesque entières ou à
lobes larges triangulaires et peu profonds, une autre forme, qui croit dans
des lieux plus arides, et dont les feuilles plus étroites et plus ou moins pro-
fondéii^ent pinnatifi.les, rappellent eelle-s du Zollikoferia rcsedifolia. L'é-
tude des akènes est venue nous montrer que le port nous avait indiciue la
véritable aflinite iiénéi'ique de notre plante dont la phice naturelle ed d.Mià
le genre Zollikoferia.
T. IV. 2^
ZoLLiKOFERU AKGusTiFOLiA Coss. ct DR. iii Bull. Soc. hot. II, 25^.
Soncims angustifolius Desl". ! Atl. II, 225 in hcrh. Mus. Par.; f)C. Prodr.
VII, 186. — ZoUikojeria Arabica Boiss. Diagn pi. Or. ser. 1, fasc. vu,
12, et sei-. 2, fasc. iir, 97. — lihabdotheca angustifolia Schultz Bip. in
herb. Mus. Par.
In deserto Tunetnno australiore prope Cofsa (Desf.), in argilioso-are-
nosis incultiset ad margines agrorum ditionis Gobes Kralikpl. Tun. exsicc.
n. 267). — In deseili Algcricnsis austialioiis glareosis, calcareis vel argil-
losis hinc inde diffusa, ex. gr. Diskra (Jamiu; Ralansa pi. Alger, exsicc.
n. 1015 sub noniiiie Sonchus I.ibycus Spacli iued.), in ditioiie Laghouat!
(ileboud), in ùïWowe Béni Mzah prope Guerrara (Reboud), in ditione Ouled
Sidi Cheikh prope Brêzina ! — In Arabia petraea (Scliimper pi. Arab. petr.
exsicc. n. 207 et 287 ; Boissier).
[Jm suite à la prochaine séance. ]
SHLVNCE DU 2li AVRIL 1857.
PRÉSIDENCK, DE M. MOQCIN-TANDON.
M. Cosson, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance
du 3 avril, dont la rédaction est adoptée.
Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le
Président proclame l'admission de :
MM. Targioni-Tozzetti (Adolphe), professeur de botanifpie à
Florence (Toscane), présenté \mv MM. Parlatore et J. Gay.
ToDARO (Augustin), directeur du jardin botanique de Palerme
(Sicile), présenté par MM. Parlatore et J. Gay.
M. le Président annonce en outre deux nouvelles présentations.
M. le Président annonce la mort de M. Hérélieu, inspecteur des
contributions indirectes à Monlauban, membre de la Société, décédé
le 6 de ce mois.
Do7is faits à la Société:
1° Par M. P. deTcbibatchef:
L'Asie Mineure, description ph y signe, statistique et archéologique de
cette contrée, 1' partie [Climatologie et Zoologie).
2° De la part de M. II. Lecoq, de Clermont-Ferrand :
Études sur la géographie botanique de l'Europe, t. VI.
sÉANCR nu 2/i AVitii. 1857. 371
3° Do la part do IM. A. Joidaii, do Lyon :
Nouveau mémoire sur la question relative aux /Egilops triticoides et
spcltœformis.
l\° Do la pari *\ii M. F. Ainbrosi, du Valsugana :
Flora del Tirolo méridionale, t. II, Impartie.
5° De la pari de M. C. Billot, de Hagtienau :
Annotations à la flore de France et d' Allemagne (suite).
6" En ochaiige du Bulletin de la Société ;
L'Institut, avril 1857, trois numéros,
M, .T. Gay présente à la Société la deuxième partie de l'ouvrage
de M. de Tchiliatchef , intitulé : ['Asie Mineure , description pliy-
sique, statistique et archéologique de cette contrée, et ajoute les
observations suivantes :
Cette seconde partie tiaite de la Climatologie et de la Zoologie, et, en
raison de la première de ces matières, elle doit être considérée comme une
introduction nécessaire à la partie botanique du même ouvrage, à Inquelie
l'auteur doit consacrer les deux volumes suivants, sous le titre: Végétation de
l'Asie Mineure, accompagnée d'un coup d'œil sur le caractère de la végéta-
tion de l'Orient en général.
Deux chapitres de cette deuxième partie ont d'ailleurs un rapport, étroit
avec la botanique, puisque l'un d'eux (le chapitre VIII) est consacré aux
Limites des neiges perpétuelles et de la végétation arborescente, tandis que
l'autre (le dixième) traite du Déboisement et du développement des maré-
cages.
Au nombie des faits botaniquement importants consignés dans le cha-
pitre VIII, sont entre autres les limites supérieures de IZiO espèces ligneuses
indiquées d'après les propres observations de l'auteur, dans des contrées
jusqu'ici à peu près incoin)ues aux naturalistes.
M. de Schœnefeld, vice-secrétaire, donne lecture de la note sui-
vante, adressée à la Société par M. Nylander :
SUR LA DIFFUSION DE QUELQUES ESPÈCES DE LICHENS, par M. 1,> D' ]\'lB.,i:\nER.
(Pai-is, 23 avril 1857.)
A la dernière séance delà Société, M. Martins a rappelé l'hypotlsèse (|ui,
pour expliquer les différences que présentent entre elles les flores de pa> s
séparés par de grandes diiimces^ admet plusieurs centres de création. Qu il
3?'2 SOCIÉTÉ ROTAMQL'E DE FRANCK.
ii;e soiî permis de faire observer à ce sujet que la distribulion i:éogiaphi(|ue
des Lichens ne parait nullement être en harmonie avec cette théorie. En
effet ces végt'taux à vie si tenaee, et (|ui souvent semblent se eonf;)ndre
en (|ue!(|ue sorte avec la roche qui les porte, offrer.t un s^rand nombre d'es-
pèees qui se trouvent répandues sur tous les points du globe et sur chaque
îlot qui s'élève au-dessus de la mer, quelque isolé qu'il soit. On remarque
aussi f|ueces espèces, éminemment cosmopolites, sont en général celles (jni
montrent le plus d'indiffei-ence pour la nature de leur substratuni : les
rociiers, la terre, les ccorces, le bois leur conviennent à peu près également 5
cependant la plupart d'entre elles sont principalement saxicoles.
Comment expliquer ici l'immense diffusion par le transport de graines?
Il parait certain que les cellules délicates qui constituent les spores des Li-
chens ne peuvent pas être transportées par les courants marins ou du
moins qu'elles s'altèrent promptcment dans l'eau salée, et à plus forte
raison dans le tube digestif des oiseaux. Admettre le transport des spores
par les agents atmosphériques, à l'aide des hrouillai'ds et des vents par
exemple, serait encore une opinion fort hasardée. D'ailleurs, il ne faut
pas perdre de vue que ce sont surtout certaines espèces que l'on trouve
répandues sous toutes les latitudes, et il est évident que les agents auxquels
nous venons de faire allusion ne vont pas choisir les spores de celles-là
plutôt que celles de toutes les autres.
Voici quelques chiffres qui expriment la proportion dans laquelle les
espèces européennes se retrouvent dans quelques pays exotiques :
Dans rAmériqne boréale, les espèces européennes forment. 78 p. lOO'N g j^ «_
Dans la Nouvelle-Zélande G8 — / = xâ
Au Chili 50 — [ ° "= -a
Dans la Polynésie oO — l - i S
A Java 25 — j ^ '^ %.
La théorie des centres multiples de création semblerait donc s'appliquer
mal aux Lichens, puisque l'cloignement des pays entre eux n'est pour rien
dans la distribution des espèces. Il serait au moins plus Juste d'admettre,
comme conséquence de ce qui précède, Vunité d'action de la force créatrice,
manifestée par la pré^ence de certaines formes identiquement les mêmes
sur tous les points de la teire, et avec lesquelles viennent se combiner en
propai'lion plus ou moins giandr, dans les diverses regons, d'autres formes
appartenant en propre aux grandes zones géographiques, pour constituer
les flores spéciales dont la composition se modilie selon les lieux. Chaque
région se crée ainsi sa flore (jni, considérée isolément, n'est qu'un fragment
d'une création végétale unique et générale, (jui s'est faite sur toutes les par-
ties du glub^, produisant pour chaque localité les organismes qui y trou-
vaient un milieu convenable à leur existence.
SF.ANCi-: ni: *2/j aviul 1857. 373
Les flores qui sont, relativomcnl niix pliaiiéi'oiiames, le plus sensililes aux
influences loenios et qui, sous ce lapport, peuvent otïrir les dissemblances
les plus gianch s, ne présentent souvent, en ce qui concerne les Lichens,
que des différences peu considérables,
M. Boisdtival présente à la Société phisiours plantes en lleur, qu'il
est parvenu à cultiver avec succès : Ranuncnhts Thora, R. alpes-
tris, Orchis mascida, 0. Morio^Ophrys Araneola, Rchb.— M. Hois-
duval dit que le Rammculm Thora est d'une culture très difficile,
ainsi que Y Orchis Morio, qu'il cultive dans un mélange de Sphagnum
et de terre sablonneuse. — I! fait remarquer la précocité do VOphrys
Araneola, qu'il a reçu du département de !a Dordogiie, et qui est
déjà en fleur, tandis que XO. aranifera ne fleurit dans ses cultures
que vers le 10 mai au plus tôt.
31. de Scliœnefeld dit qu'il a vu avec M. Cosson, à Port-Villez
(Seine-et-Oise), le 22 avril 1851, une forme déjà fleurie de l'O.
aranifera, f\m lui paraît la même que celle que M. Boisduval cultive
sous le nom d'O. Araneola. La forme de Port-Villez a été décrite
par M. Cosson, sous le nom d'O. aranifera^ var. Pseiidospecidum.
A l'occasion de ce qu'il vient de dire sur la culture des Orchidées,
M. Boisduval signale ce fait curieux, que le Goodijera repens ne peut
végéter que tant que le terreau dans lequel il est planté contient du
mycélium de Champignons. Quand le mycélium manque, la plante
meurt.
M. PrillieuN: a constaté le même fait à l'égard de plusieurs Orchi-
dées, notamment du Neottia Nidus avis. Les Spiranthes sont dans
le même cas, et la racine si pi-ofonde du Limodorum est aussi en-
tourée de mycélium. Ce mycélium pénètre quelquefois dans le tissu
des racines, mais il vient évidemment de l'extérieur.
M. de Scliœnefeld est d'avis que le développement de certaines
Orchidées et la présence du mycélium peuvent être des faits conco-
mitants, sans avoir l'un avec l'autre des rapports de cause à eiïet.
M. de Bonis rappelle que quelques horticulteurs einploient l'am-
moniaque dans l'arrosage des Orchidées. Le mycélium pourrait jouer
un nMe analogue à celui de l'ammoniaque, en raison de la quantité
d'azote (ju'il contient.
31. 3Icnière ne pense pas que la présence du mycélium soit néces-
saire pour le développement des Orchidées, car dans les serres on
cultive les plantes de cette famille sur du liège ou sur d'autres corj>>
37/i SOCIÉTÉ BOTAMQLE DE FRANCE.
dépourvus de mycélium. Il ne faut pas, dit-il, attacher une trop
grande importance à des faits intéressants sans doute, mais dont la
constance a encore besoin d'être vérifiée.
M. Prillieux dit qu'il a examiné au microscope le mycélium du
Limodorum. Il n'en a vu d'ailleurs ni chez \u\n(/7'œcum, ni chez les
espèces de hi tribu des Ophrydées.
M. Moquin-Tandon présente deux gousses sèches et mûres d'une
Vanille cultivée au jardin de la Faculté de médecine, etqui est proba-
blement le Vanilla lanceolata. Ces gousses sont très aromatiques,
et peuvent servir aux mêmes usages que celles de la Vanille du
commerce.
M.Guillard fait à la Société la communication suivante :
DE L'INFLORESCENCE COMPOSÉE, par M. ACII. GUILL.tRD (1).
XI. Les groupes simples, en se répétant par l'effet de la progression ou
de la récnnence, sont portés sur un axe coninum. On peut considérer leur
ensemble comme un groupe à deux degrés (selon l'expression de Turpin) ou
(jroupe binaire. Les groupes binaires répétés forment un groupe ternaire , et
ainsi de suite.
Phaseolus vulgaris L. et autres espèces du même genre ont un pédoncule
nxillaire qui porte une succession progressive deBotrjes triflores : c'est en
quelque sorte une Botrye de Botrijes; c'est un groupe i)inaire. La branche
sur laquelle ces pédoncules se succèdent à chnque aisselle peut être regardée
comme un groupe ternaire, et la plante entière comme un groupe quater-
naire. Si chacun de ces groupes a des attributs qui lui sont propres, il est
évident que, tant que ces attiibuts n'ont pas été énoncés, la plante ne peut
être regardée comme décrite : son histoire naturelle n'est pas faite.
Une Caryopbyllée quelconque termine sa tige par une Cyme surmon-
tante inégale : les Cymes axillaires, qui s'épanouissent après, forment une
Cyme de Cymes. Cette Cyme composée ne ressemble aux Cymes simples
qui la forment que par la régression. Elle est d'ailleurs d'un caractère diffé-
rent: elle est descendante, suboidonnée; elle suit une autre loi d'inéga-
lité, etc., comme nous le dirons en son lieu. Des branches nouvelles, ve-
nant du bas de la tige, répètent cette Cyme binaire. Leur ensend)le, qui est
la plante entière (ou au moins toute la pousse annuelle), forme un groupe
ternaire qui a encore d'autres particularités.
Les groupes floraux sont des êtres déterminés, puisqu'ils ont leurs qua-
lités propres et constantes. Tout être a droit à un nom. Il faut donc trouver
(I) Ce travail lait suite à celui que M. Guillard a publié dans le Bulletin (t. IV,
p. 29 et IIG) sous le titre (ïldée générale de l'inflorescence.
sr.ANCK nr '-Vi \\n\i. 1857. 375
le moyen de noiniiicr ces divers «iioujxvs d'après leur organisation, il, s'il
est possible, ilc nianièri' (|iit' le lerme lui-même décrive, par sou seul énoncé,
la eomposition du p:roiipe.
Quand ou voudra expérimenter soi-même sur un certain uoml)re de ra-
milles, on se convaincra qu'il y a impossibilité absolue de décrire l'indo-
rescence d'une manière précise el complète, si clia(|ue groupe bien dé-
terminé n'a pas un nom propre pour le désigner. Aussi tous les botanistes
avouent (jue cette description n'a jamais été faite d'une manière satisfaisante.
Xrf. l.a combinaison binaire la plus fré(iuente est celle des Cymes axil-
laires, c'est-à-dire des Cymes se succédant dans l'ordre progressif ; c'est l'in-
tlorcscence des Labiées, Ilicinées, Ulmacées, Rhamnées, Célastrinées, IMal-
vacées, Monimiacées, Tbésiacées, Cucurbitacées, etc. L'inflorescence offre
alors (les Cymes répétées, dont l'ensemble forme une Botrye : nous appelons
cet ensemble une CYM()-U()T1\YK.
Dans ce terme composé, le mot Botrye, qui est le plus avancé el qui
garde sa terminaison propre, est le principal des deux mots composants: il
exprime en effet la nature du groupe total qui est une Botrye, et dont les
Cymes ne sont que les éléments (1).
Au contraire, une Crucifère quelconque fleurit d'abord en Botrye termi-
nale, puis, par réoression, eu Botryes axillaires. On a ainsi des Botryes ré-
pétées, dont l'ensemble forme une Cyme: nous nommons cet ensemble
une BOTRY-CYMK, poursuivre la même analogie.
Reprenons ces deux termes, qui sont comme deux pivots de nomencla-
ture sur lesquels va se dérouler sans peine l'immense série des phénomènes
d'inflorescence composée.
l,a Cymo-Botrye est une Botrye composée de Cymes. On la voit à
nu sur les Esculacées, les Sauges, les Lavandes, le Chèvrefeuille ; on la voit
(l) C'est ainsi qu'en chimie on nomme oxacide un acide formé avec l'oxygène;
hyclracide, un acide formé avec riiydrogène; sulfohase, sulfosel, chlorhydrate,
chlorobase, chlorosel, etc.
Au reste, ces liaisons de mots sont très usitées des botanistes, lorsqu'ils veulent
indiquer une idée ou donner une notion qui résulte de deux faits liés, de deux idées
conjointes. On trouve dans une seule page des Annales des se. nat., t. I, i* série,
p. 197 :
cano-tomentosis, rotundato-ovatis, jmbescenti-pilosis,
crenulato-serratis , crenato-serratis, stigmatoso-villosus ,
elliptico-ovatis, pubescenti-tomeniosis, depresso-conicum,
glomerato-spicati.
Remarquez le dernier, glomerato-spicati, qui désigne un t,Moupe floral dans
lequel des glomérules sont disposés en épi (mais sans indiquer si cet épi est pro-
gressif ou régressif).
87») SOCIETi: BUTAMULIO DM FitA.NCK.
ruuillee chez Lainiuin, Thymus, Saturcia, Ocimum, Phlomis, les Cclastri-
uées, etc., etc.
La Boti y-Cyme est une Cyme composée de Botryes. Elle est mie sur
plusieurs Spirées, sur Arbutus, Clethra, Hcdera Heli\ L. etc.; elle est
fouillée chez les Ti'opéolées, les Crucifères, les Potamées, etc.
Kn généralisant le principe de cette nomenclature, on arrive à repré-
senter avec autant de clarté que de facilité toutes les successions pos-
sibles des deux ordres d'infloiescence. Nous unissons ensemble les deux
mots Cyme et Botrye, en les énonçant dans l'ordre où les groupes
(|u'ils représentent se suivent sur la plante. Ainsi, sur la plupart des
Tabiées, le groupe simple étant une Cyme, les groupes binaires étant
des Cymo-Botryes , et les C-Botryes se succédant dans l'oidre régressif,
rinflorescence donne une Cymo-Botry-Cyme (C-B-Cyme). Sur Hakca mi-
crocnrpa Br. , les groupes simples étant des Botryes, ces gioupes se succé-
dant dans l'ordre régressif forment une Boti-y-Cyme ; et les B-('ymes se
succédant dans Tordre progressif, l'inflorescence complexe est une Botry-
Cymo-Botrye (lî-C-Botrye).
Ri'GLr: GÉN'ÉRAT.E. Les noms composés se forment en répétant les deux
termes simples dans l'ordt^e oh les groupes se répètent sur la plante.
On commence l'observation par le groupe simple et on l'énonce; puis on
énonce le groupe binaire, puis le ternaire, et ainsi de suite. Celui des
deux termes élémentaires qui est énoncé le dernier et qui garde sa termi-
naison (Botrye ou Cyme), exprime la qualité du groupe total que l'on con-
sidère.
r.orsque l'ordre pi'ogressif se présente deux fois de suite, au lieu de Botry-
Botrye, nous disons Dibotryc; trois fois, Tribotrye, etc (1). Nous disons de
Tuéme, au lieu de Cymo-Cyme, Dicyme (ScNMue), puis Tricyme (Seyme),
Tétracyme (^cyme), etc.
Dicyme ne veut pas dire (ju'il y a deux Cymes, mais que la Cyme est
multipliée par elle-même, qu'elle est Cyme complexe à deux degrés; —
3cyme, que la 2cyme est multipliée par elle-même, qu'elle est Cyme com-
plexe à trois degrés, et ainsi de suite. De même pour 2botrye, Sbotrye, etc.
C'est ainsi que bipenne ne veut pas dire qu'il y a 2 folioles pennées,
mais que la feuille est pennée à 2 degrés ; — tripenné, de même, etc.
Xllf. Voici une série de groupes observés, i\w\ pourra familiariser avec
une nomenclature indispensable, sans la(jue!le nous déclarons qu'il nous eût
été impossible de sortir du dédale de rinllorescencc.
Ces listes serviront en même temps à donner, par le seul appel nominal
des groupes et avant toute énonciat:on de leurs qualités diverses, une pre-
(l) 'Y:;, deux fuis, rp'.;, Ifois fois : L^ibonyc e.^l pour Di^botrye, Dicyme pour
Discyme.
SÉANCK DU '2/1 AVUIL ISÔT. 377
mière idée do la variété inliiiie (|ui resulU' du simple jini, aUenialil' ou con-
tinu, des deux ordonnées de l'intlorescence.
GROUPES BINAIRES.
2boti'ye (Oil)otryo) : Mahonia Niitt.; Pimelea decussata 1>. Br.; Molpi-
ghla L ; Kuimia lutifolia L., K.anrjustifolia L.; Lnntana l..; Myricées,
Chloianthees, Protéaeées, r>aidizal)alées, Papilionacées, Plantaginées,
Ombellileres.
Cymo-Botrye : Ulmaeées, Amyridées, Foresliérées, Esculacées, Célastri-
nées, Malvaeées, Oxalidées, Meliaeées, Sapindacées, Labiées, Acantha-
cées, Convolvulacées, l.onicérées ; Bégonia L., Aristotelia L'iiér. ; le
Poirier, le Houx, le Bananiei-.
Botry-Cyme: Virgilia Laink., Arbidus L., Clethra L., Hadera Tourn.,
Verbena I .; Ardisia crenata Sirns. , Gcdpliimia hirsuta Cav.; Tropéoltes,
Cruc^l'èies, Phytolaecées, Potaméees.
2cyme (Dioyme) : Hosa Tourn., Sorbns T., Sedum T., Dullinrda DC,
Riita T.; Euphorbes, Géraniacées, Linées, Hypéricées, Zygophy liées,
Solanees, Cestrinées, Boraginées, Hydropliyllées, Hydroléaeées, Apocy-
nées, Aselepiadées, Cistacées , Loasécs , Caryophyllées, Nyctaginées,
Commelynees.
GROUPES TERNAIRES.
.3botrye (Tribotrye) : Trifolium incarnotum L., 7'. fragiferumlb. et quel-
ques autres ; Soja Idspida et autres Phaséolées; Miinosées; Paratropia
DC, Fraxinus T.; Lilac T.; Sc/iufia excorticata Spach.
C-2botrye : Aviccnnia tomentosa E., Phyllanthus IS'ùuri L. ; Paulownia
Sieb, , Catalpa Juss. ; lioxburghia gloriosoides Roxb.
B-C-Botrye: Spirœa fissa (or. mus. octobre), Avicennia afidcana Beauv.,
Piper excelsum Fovii. Cette inflorescence est fort rare.
2C-Botrye : Connaracées, Lauracées, Ménispermacées; Mercurialis T.,
Vitis L.; Stranvœsia glaucescens Lindl., Hermaania denudata L., Ster-
culia cordifolia Cav., Bhus suaveolens Ait.. Rh. Vernix L.
2B-Cyme : Ononis biflora Desf.; les Luzernes et autres Papilionacées;
Balsamiuées; Vcronica officinalis L. ^ V. Lindlegana \Yall., F. salici-
folia Foi'st.
B-2cyme : Lupins et autres Légumineuses; Polygala T.; Stigmaphyllon
emarginatum A. Juss.-, Verbena L.; Dipsacées, Crucifères; Asphodelus
fistulosiis L.
C-B-Cyme : Sempervivum spatliulatwn Horii. ; Malva Tourn. , Andrachne L. ;
Crozophora tinctoria iuss.^ Phyllanthus nutans Jacq., Ph. lungifolius
Jacq. , Codiœum pidum A. Juss., Pistacia vera L. ; Anchusa L., Scro-
fulariaT.; Labiées, Acanthacées; Phalangium abyssinicam.
378 SOCIÉTK BOTANIQUE DE FRANCE.
3cyme Tricymo : Haminculm sceleratus L., Seduin po/julifoliitm L.;
Cralœgus L. : Sparmannia pulmata Kckl., lîlms Cotimis L., /{h. ser7'i-
folia Burcli.; Polénioiiiacées, Caryopliylices.
GUOUPES QUATEKNAIRKS.
6botrye (Tétrabotrye) : Liguslnun Japonicum Tliunb. , Ckamœdorea ele-
gans Mait.
C-3botrye : Hirœa hirsuta Wall. (As. rar. , t. 12), Trattinickia hurseri-
folia iMart., Clirysophyllum sinense (b. par.), Olea undidata Jacq.,
Dioscorea tricmdra bort., iJracœna Draco L.
2B-C-Botrye : Grevillea Thelemanni Hûg.
B-C-2botrye : Tumarix elegans Spach; Boussingaultia H. B. K. la plante.
2G-2botrye : Ailantus glandidosa Desf., Ithus lœvigatu L., Rh. typhina L.
Trymalium cdbidum, Sauravjo, macrop/iylla, Galium veru/n 1.. et les
autres de la section -, Agave mexicana Lamk.
B-2G-Botrye : Ardisia paniculata Roxb. la tige,
(>B_C-Botrye : Branche de Houblon femelle, — de Cissampelos andro-
morp/ta DC. (I)eless. le. t. 98).
3C-Botrye : Diyadées,
3B-Cyine : Spirœa Bardo.yana, Mimosa pudica L.
C-2B-Cymc : Thalictrum m.ini(s L., Th. nigricans Jacq. et plusieurs autres;
Pilea mmcosa Kndl., Esenbeckia febrifuga Mart., Macleya cordata R.
Br. , Logania neriifolia b. p., Cnestis obliqua Beauv., Datisca canna-
bina L.; Vucca 1^. ; Dianella cœridea Sims., D. divaricata R. Br.
B-C-B-Cyme : Ononis spinosa L., Hakea microcarpa Br. la branche.
2B-2cyme : Desmodium podocarpum DC; Jrigonella, Lathyrus, Orobus
et autres de la famille; Manglesia cuneata Endl.; Impatiens L.; le Ruba-
nier rameux.
C-B-2cyme : Croton pentaphyllum hort., Kœlreuteria paniculata Lamk.;
Verbascum T.; Ruellia ventricosa Humb.; Canna L.; Dioscorea bona-
riensis Ten., Arthropodium pendulum DC.
2C-B-Cyme : Nandina domestica Thunb., Eriobotrrja juponica Lindl., Rhus
villosa L. la branche, Schinus Molle L., Baccharis thesioides H. B. K.
B-3cyme : Composées ^ Spirœa Aruncus L.; Aralia L., Isatis L; Scirpus
sylvaticus L. et autres Cypéracées; plusieurs Joncées.
Zicyme (Tétracyme) : Thalictrum ma jus Syst. veg., Th. angustifolium L.;
Photinia\Àm\\.; Ceanothus americanus L., C. ovatus \)Q^Ï.,Campnnula
subpyrenaica Timb., Statice purpurata L., 6'. tripteris h. par. et autres
du même genre.
D^
GROUPES QUINAIRES.
C-ùbotrye : Spirœa Lindleyana Wall., Asparagus amarus DC.
sKAm:!-; m 2/i avru. 1857. ."^TO
2C-3botrye : Davilla elliptica St. -l!il., IJ. Sugrœanu A. Ilicli., lilius
(jlabra !..
2B-C-2botrye : Ilorsfieldia aculeata Hl. (Benu. Jav. l. 26).
2B-2C-Botry(' : Trifolium tumem Bieb.
B-3C-B()tryc' : /Walia racemom L. la tige.
C-B-2C-B()try{! : Polygonum cjjmosum Desf.
^iB-Cyme? Sah/d Adansonii Guer.
C-3B-Cyme : Thalictrurn sa.rafi/eDC. (jard, Monlpollior), Spirœu ariifo-
lia Sm. , Et'iofjlossum edule Blum.
2B-3eyme : Impatiens fulvo, Niitt., /. tricornisWi^W. et autres; Sison Amo-
mum L. et autres Omhelliféres. ■
C-B-C-B-Cyme : /^o/y^oMî^m BistoiHa \j., Rheum palmatum L. , Rumex
longifolins Kth., //. cordifolitis Ilorn.
C-2B-2cyme: Thalictrurn caroliniamim DC.
2C-2B-Cyme: Omphalobium pentagynuni DC. la branche, Mncleya cardaia
B. Br.
2C-B-2cyme : Silène exaltata Fries la plante.
C-B-3c'yme : Vitex incisa Lamk. Polygonum macrochœton Fres. , P. Per-
sicoria L.
SC-B-Cyme : Acalypha caroliniana Michx.
B-ieyme : Beaucoup de Composées-, Kœleria, Deyeuxia et bon nombre de
Graminées.
5eyme (Pentacyme) : Stromanthe sanguinea Sonder.
GBOUPES SÉNAIKES.
C-^B-Cyme : Cannabis Tourn,; Rumex abyssiniens Jacq.
C-2B-C-B-Cyme : Rumex Patientia f.., R. crispus L., Rheum hybridum
H. K., Rh. undulatum\j.
C-2B-3cyme : Spirœa sorbifolia L. la branche.
C-B-Zicyme : Polygonum alpinum Ail.
GROUPE SEPTÉNAIKE.
6C-Botrye : Alisma Plantago T.. le pédoncule radical.
GROUPE OCTONAIRE.
6C-B-Cyme : Alisma Plantago L. la plante ou toute sa production
annuelle.
GROUPE NOVÉNAIRE.
9cyme (Ennéacyme) : Calamagrostis epigeios Uolh . dans tout son dévelop-
pement normal.
380 SOCIÉTÉ BOfA?«lQUE KK FRANCK.
Les (leniièics listes mai'(iuent l'extrême limite (({uant à nos observations)
de la complication détermiiiée des groupes lloiaux et des termes analy-
tiques que nous proposons pour les représenter. Quelques esprits timorés,
redoutant à l'excès le néologisme, même quand il est inévitable, répugne-
runt (nous en sommes averti) à piononcer ces noms complexes. Qu'ils les
repoussent comme noms, ils devient au moins les admettre con^nie signes.
Nous croyons, en effet, que personne ne méconnaîtra l'utilité d'avoir une
représentation exactede faits pbysiologiquesdont le nombre est incalculable,
dont la place est dès longtemps marquée dans la science, et qui jusqu'ici
n'y sont pasenlrés, n'ont p:>s été observés ou n'ont été consignés nulle part,
parce qu'il était impossible de s'en rendre compte snns un système de signes
spéciaux.
Nous ne nous sommes point décidé à présenter le nôtre publiquement
avant de l'avoir éprouvé avec succès pendant plusieurs années, tant sur
nos élèves que sur nous-mème. Qu'en le critiquant, on en présente un
meilleur, un plus précis ou plus complet, nous applaudirons avec joie,
content d'être monté sur la brèche et d'y rester, pourvu que la place soit
emportée. ^
INFLORESCENCE Oo (iNDÉFINIe).
L'inflorescence indéfinie se manifeste d'abord lorsque la progression se
répète progressivement à chaque degré, sans que l'on puisse assigner le
terme de cette répétition, comme on le voit sur l'ordre entier des Urticées
et sur celui des Cucurbitacées, dont cette inflorescence indéfinie forme le
caractère spécial, puisque ces plantes ne se développent guère par régres-
sion qu'à leur groupe le plus simple, qui est, pour les Urticées, une Cyme
bilatérale au ranieau axillaire, et pour les Cucurbitacées, une djine axil-
laire semi-progressive.
Au contraire, dans les plantes qui se développent principalement par
régression (et c'est presque l'universalité), cette régression peut encore
être regardée comme oo, puisqu'une branche qui lait Cyme peut elle-
même porter des rameaux qui feront Cyme à leur tour, et ainsi de suite,
sans qu'il soit possible d'assigner à cette élévation de degrés un terme précis,
puisque sa limite dépend de celle des subsistances que la plante reçoit et
des conditions vitales qui concourent à sa conservation.
Ainsi, ceux qui ne craignent pas une généralisation trop étendue, pourvu
qu'elle soit fondée sur des motifs plausibles, peuvent déclarer que toute
plante a, de sa nature, l'inflorescence oo, que toute plante est une Polycyme
(oocyme) en puissance, et faire entrer ce caractère universel dans la défi-
nition du Végétal.
XiV. En voyant, d'une part, qu'un même litre d'inflorescence simple ou
peu complexe réunit des familles fort éloignées dans la série dite naturelle,
si':.\m;i: ih '2h avuil 1857. .^S1
ef, de l'autir, (jne les divers do^ré:^ (l'iiilloroscciife composée de toute (iiuililé
se trouvent épnrs dans les fainillcs et les ^Tiues, on sera peut-èlre porté à
penser que les earaelères tirés de la snccession des (leurs ne sont pas sus-
ceptibles d'être généralisés de manière à concorder avec la elassillcation
métliudique. Mais on verra bien (ju'il n'eu est pas ainsi, quand nous serons
entré dans le détail des familles (ce que nous ne pouvons faire avant
d'avoir acbevé l'exposé des lois et des autres généralités) ; car, après l'or-
ganisation fondamentale qui ect exprimée par le nom propre, simple ou
complexe, il y a les modifications de forme, de position et de développe-
ment, qui donnent aux groupes floraux leur physionomie particulière, et
qui sont exprimées par des adjectifs- usités. Ces modilieations sont tellement
variées et tellement constantes qu'elles offrent souvent le caractère le plus
extérieurement saisissable pour la distim-tion d'une famille, d'un genre ou
d'une espèce. Déjà les taxonomes les ont employées plusieurs fois avec bon-
beur. On peut assurer qu'ils en tireront un bien plus grand parti, lorsque
ces caractères, restés jusqu'à présent dans le vaguede l'intuiticm, en seront
sortis à la lumière d'uneanalyse méthodique. Le plus souveiit l'inflorescence
justifiera la séparation ou le rappiocbement déjà opérés entre tels et tels
groupes de plantes; quelquefois elle conseillera la révision, en fournissant
des motifs nouveaux au classement ; toujours elle contribuera pour sa part à
nous rapprocher de ce but désiré de tous, que la méthode naturelle, qui
n'est encore qu'une a^piration et un espoir, devienne enfin une vérité.
M. Cossoii, secrétaire, donne leclure de l'extrait suivant d'une
lettre qui lui a été adressée par M. le docleur V. Reboud, au retour
d'une expédition dans la partie méridionale du Sahara de la province
d'Alger :
LETTRE DE M. REBOUD.
(Première partie.)
Djelfa, 25 février 1857.
J'arrive d'Ouargla, le Tombouctou de l'Afrique IVaiiçaise. Giàce a la
bienveillance de M- le commandant Margueritte, j'ai pu voir enlin la vaste
plaine sabaiienne nommée heicha, bas-fond où se jettent l'Oued Kn-JNsa,
l'Oued Mzab, l'Oued Mia et d'autres torrents inconnus : la heicha est
coupée de dunes ; ça et là s'y élèvent des pitons isoles et s'y rencontrent
des sebkha; a l'ouest, elle est bordée par des plateaux, et vers le nOrd par
une ligne de crêtes dentelées d'eiiviron 100 melres de hauteur. Au milieu
des sables sont construites les villes de Negouça et d'Ouargla qui, jusqu'au
1" janvier 1857, n'avaient jamais été visitées par de véritables colonnes
d'infaiiterie et de cavalerie françaises.
La colonne de Laghouat, sous les ordres de M. Margueritte, s'est mise
en marche le 18 décembre 1856, en emportant avec elle 35,000 litres
382 SOCIÉTÉ BOTAMQUK DR FRANCF,.
d'eau, et s'est diriiice par Ras JNili, le col de Mahdjez, les puits de Balloh
et l'Oued Adira, sur la ville de Gardaïa, chef-lieu de la confoderation de
rOued Mzab. Klle est entrée dans cette ville, le 23, par la grande avenue
de l'oasis, dont les trois étages de verdure sont formés par des arbres frui-
tiers, des vignes grimpantes et les cimes de 60,000 dattiers. De là, après
avoir visité les villes pittoresques de Beni-Isguen, de Melika, de Bounoura,
et avoir renouvelé à El Atof nos provisions d'eau, nous avons longé la vallée
de l'Oued Mzab jusqu'à Anit el Moktar; la, vers une vaste dilatation de
l'oued, nous sommes entrés dans la partie du Guentras que de petites et
nombreuses dépressions du sol ont fait nommer chcchia (calotte), et bientôt
nous avons apeiçu au loin la masse conique de lArgoub de Melela. La
végétation persistante, observée juscjue-là dans la région des Dahias, dans
les ravins de la &ebkha et sur les plateaux, se composait des plantes sui-
vantes :
Farsetia ovata et liuearis. Felfela.
Zilia macroplera. Chebrog
Heuophyloii Deserti.
Heliaiithemum sessillflorum. Semahari.
Capparis ovata. Kebar.
Haplopliyllum tuberculatum. Féigel.
Zizyphus Lotus.
Pistacia Atlaiitlca. Bctoum.
Rétama Raetam. lietem.
Genista Saliarae. Hega.
Anthyllis Nuiiiidica. Guendouîe.
Psoralca plicala.
Gymnocarpus decaudrus. Igiefna.
Deverra scoparia. Gue^a.
Rhanteriuni adpressum. Harfedj.
Auvillca radiata.
Asleriseus graveolens.
Artemisia llerba alba. Chihh.
Arteniisia campeslris. Tegoitfel.
Antirrhinura raniosissimum. Giiethem.
Marrubium Deserti. Yaida.
Galligouum cdmosuni. Larta.
Caroxylon artiruiatuni. Remt.
Anabasis articulata. lielbel.
Salsola... Iladjirem.
Passeriua microphyila. Metnan.
Ephedra alata. Alenda.
Lygeuni Sparlum. Senag.
Stipa tenacissinia. Alfa.
Pannelia esculenta, etc.
Vers Khoua el Atrous, un peu au delà d'Anit el Moktar, j'ai rencontré
deux autres espèces, \' Anthyllis sericea (Gbesedir) (1), et un Fayonia
(Cboreik) dont le tronc ligneux mesure 2 décimètres de hauteur et 12 centi-
mètres de circonférence ; je n'ai pu trouver qu'une seule fleur de cet arbuste
dont les nombreuses touffes donnent au plateau un aspect particulier.
Le 30, en quittant le Guentras, nous avons admiré le magniHque pano-
rama qui s'étendait devant nous éclairé par les rayons du soleil levant, et,
vers midi, nos tentes s'élevaient sous les dattiers de Negouça, capitale ruinée
des Ben Babia, à côté du marabout de Sidi Ali Palloul. Le 31, les officiers
sont allés à la rencontre des colonnes de Bouçada, de Biskra et de Batna,
commandées par M. le colonel Pein et AL le général Des vaux, qui a bien
voulu s'intéresser à mes recherches. L'Oasis de ^'egouça, qu'entourent en
partie quelques dunes élevées, et dont le sol se couvre d'efflorescences
salines, renferme 70 ou 80,000 dattiers, sans compter ceux qui, sous le
(1) Étaiu, ainsi uoinuié à cause de la pubescence argentée des feuilles.
SKANCK i)i: 2li AViui> 1857. 381^
nom de djali (isoli's), sont cpars dans le sabli; a t\-3 kilonu'ties de la ville.
Negoiiça possède 25 puits artésiens d'une profondeur de ôO inelres, eolïrés
en trônes d'arbres et en tout semblables a ceux de 'l'u<iii;urt dans l'Oued
IVu: L'eau anière et salée se déverse sans cesse dans des fossés profonds et
étroits et sert à l'arrosenient des dattiers. Le tbcrniomèti'e. plongé à plu-
sieurs reprises et à des profondeurs différentes dans l'eau des puits, mar-
quait + 23", l'air extérieur étant a + 9". '' li^''t beures du matin. Les habi-
tants, qui ont la couleur et quelques traits de la race nègre, cultivent en
dehors de la ville, et dans le sable, de chetifs arbres fruiiiers, des légumes,
le Coton, le Tabac et une Luzerne qui m'a paru tlifférer du Medicngo s<i,-
tiva. Ces jardins sont arrosés au moyen de puits non artésiens peu profonds
et dont l'eau, snoins saumâtre, versée d'abord dans un bassin situé au-des-
sus du sol, se répand dans les petits carrés ensemencés, ou elle est dirigée
par une rigole enduite de chaux et creusée dans la partie supérieure d'une
très étroite chaussée en terre. Pour extraire l'eau des puits, les indigènes
se servent du système de levier connu en France sous le nom de chèvre.
Autour de l'oasis j'ai observe les plantes suivantes : Henophyton Deserti
(Halga), Cleome Arabica {iSeAiw) , Zygophyllimi Geslini{\iùn<^vi>ba), Rétama
Rœtam (Lletem), .\itraria tridentota (Hardigj, Lirnoniastrum Guyonianum
(Zeita) [\),Salsola sp. (Beguel), Caroxylon /e^ra^onw»/ (llarmek), Euphorbia
Guyoniana (Lebine), Artliratherum pungens (Drine), Phragmites commums
(El Rah), etc. Dans l'Oasis même, j'ai remarqué sur les bords des fossés et
des rigoles les Tamarix Gallica, Sonchus maritimus, Samolus Valerandi,
Cressa Cretica, y^luropus liftoralis, Cynodon Dactylon (N'gem), Setaria
verticillata, Phragmites commimis; une plante, qui m'est inconnue, rem-
plissait les rigoles de ses tiges dessécliées.
Le 1" janviei' 1857, les trois colonnes, composées de nombreux escadrons
de chasseurs d'Afrique, de hussards, de spahis, des goums et de plusieurs
bataillons de bonne infanterie, se sont dirigées vers Ouargla, a travers des
dunes et des terrains salés, et sont venues camper près de Bab Rebéa, dans
une vaste plaine dépourvue de végétation. Le 2, un groupe d'officiers a
accompagné M. le général Desvaux dans l'intérieur de la ville, dont les
nombreuses maisons , agglomérées et contiguës , forment un ensemble
régulier percé de rues longues et étroites. Sur les murs de beaucoup de ces
maisons bâties en terre et en pierre a plâtre (timehend), et levétues d'un
crépissage, on pouvait lire la date de leur construction et un verset du
Coran écrits eu caractères saillants. Au-dessus des portes basses et à angles
arrondis, existent de grossiers dessins formes de lignes droites qui se coupent
d'une manière plus ou moins oblique ; dans les vides qui séparent ces
(1) Les Sahariens lui donnent ce nom parce que les nombreuses galles qui se
développent i>ur ses brauches ressemblent à de grosses olives.
3Sâ . SOCIÉTÉ UOTANIQUK DE FRANCE.
lignes on voyait briller, sous les rayons d'un pâle soleil, des bols et des
tasses en faïence bleue, fixés dans le mur. Des trois moscjuées d'Ouargla
je n'ai visité (lue celle de Leila Aza, où les Mzabites de l'endroit vont a la
prière ; du haut de son minaret élevé, j'ai pu embrasser d'un coup d'oeil la
ville entière et les 150,000 dattiers qui l'entourent d'une immense ceinture
de verdure. L'air était pur et tiède, +18° à midi et -f-l/i" à cinq heures du
soir. L'hirondelle des fenêtres, que je voyais pour la première fois dans le
Sahara, rasait les blanches terrasses des maisons, où quelques femmes, au
teint noir etvétues d'étoffe bleue, tournaient leurs fuseaux charfi;ésde laine.
Le même jour, nous avons visité le petit villa>^e de Nouissat, où le chérif
d'Ouargla, surnommé leTlemçani, s'était fait construire une kasba aujour-
d'hui en l'uines. Cette promenade m'a permis d'étudier la végétation de l'oasis
et des clairières que nous avons traversées. Je n'y ai vu que le Ziigopln/l-
lum Gcslini qui s'y montre en abondance et avec un beau développement;
cependant près de Bab Rebéa , j'ai recueilli les feuilles radicales d'un
Stalice, le Chmopodina maritima, et des rameaux d'un Tamarix sans
fleurs ni fruits. Il m'a été impossible de visiter les autres villages
situés autour d'Ouargla; la végétation ne doit pas du reste y être
différente.
Le 3, avant la grande revue qui devait se terminer par des courses à
pieJ et à cheval et un tir à la cible, je suis allé reconnaître le Djebel Krima,
un des pitons isolés qui s'élèvent dans la plaine i\ (|uelques lieues d'Ouargla.
Le Djebel Krima est constitué par une terre rougeàlre serid)lal)le à du sable
durci par l'action des eaux, et mêlée de galets et de concrétions gypseuses
que l'on prendrait pour de longues tiges pétrifiées; la partie supérieure de
ce piton est ondulée; on y trouve du silex et il y croît de maigres touffes
de Traganum nudatumijLonmQVixvt), près des ruines d'une ville mzahite, et
autour de l'orifice béant d'un puits profond et sans eau. Dans le trajet
d'Ouargla au Djebel Krima j'ai observé, aux abords de l'oasis, non loin de
Bab Soltan, le ZijgophiiUum Gcslini si répanau dans la heic/ia, et vers la
montagne le Limoniaslrum (jwjoniarmm , Y Arthratlicrum pungens et le
lictama Rœlam.
Les habitants d'Ouargla sont noirs comme ceux de Negouça ; les jardins,
les cultures et les puits ne diffèrent pas sensiblement de ceux de cette der-
nière localité. Les environs d'Ouargla sont, sur quelques points, couverts
de marécages et de sebkho ; c'est de là sans doute que provenaient les belles
tables de sel cristallisé que des femmes des Chaamba Bou Rouba ont appor-
tées au bivouac des goumsde la colonne de I.agbouat.
Le k, les colonnes se sont séparées et ont pris chacune waa route diffé-
rente ; la nôtre est revenue sur ses pas, laissant a droite l'Oasis de Negouça,
et s'est arrêtée le soir a Doi.'iba près de l'emboucliure de l'Oued Mzab. Le
lendemain, après avoir visite liassi Ps'aga et llassi Cliegga, elle est venue
si:.vNCr. v.v 2/i AViiir, 1857. 3.S5
c;)iKliiii'e les cli.-iMicaiix al'l'aim's du convoi dans les pâturages Je rKu"la dp
KlielUi', à rixtrt'mitc d'une pointe que lu /œic/ia fait dans les plaleaux. Ia>s
puits de Klu'tile sont au nombre de seize et servent à rirrifjçalion de quein nos
champs cultivés par des gens de Madjeira. L'eau suumîîlre de ces puits était
à +17", l'air extérieur étant a +20" par un léger vent d'ouest. iJepuis
notre départ d'Ouargia nous avions longé les bords de la /leicha, ayant p:es
de nous, à notre gauche, la ligne des plateaux : dans les parties sablonneuses
les Limoniasirum Guyonianum, Cnroxylon tetragonuin et Ueto.mn liœtam
forment de hautes touffes; les chaumes robustes et pres(|ue liirnoux de
V Arthratheruin pungcns y atteignent 2 mètres de haut; la graine de cette
Graniinée est recueillie par les Chaamba, qui en font de la farine pendant
les années de disette : !\1. le général Damnas, dans son ouvrage sur le Sahara
Algérien, parle quelquefois de cette plante, dont la graine est nommée Loul
par les indigènes.
Autour des puits de Khefife, M. le commandant Margueritte m'a fait re-
marquer un petit bois formé de deux espèces de Tamarix, dont l'une surtout
attire l'attention par la grandeur de ses fleurs et la grosseur de ses fruits
rouges [T. pauciovulata); on y trouve mêlées au Tratjanum nudatum, à
VHenophyton Deserti, au Cornulaca monacnnt/ia, etc., les touffes vertes
d'un petit arbuste nommé Souïd ou petit noir {Suœda vermiculato); ses
feuilles ovoïdes, cylindriques, caduques, gorgées de sucs aqueux, noircis-
sent par la dessiccation sur pied et sur la terre, et donnent le plus sombre
aspect au pays qu'elles couvrent-, c'est là que, pour la première fois, j'ai pu
en recueillir des échantillons en fleur et constater la dureté extrême des
tiges. On extrait du Suœda vermiculato. et du Zygophyllum Geslini, par
incinération, un carbonate de soude et de potasse, nommé trouna par les
gens de l'Oued Souf, qui l'emploient, ainsi que le Rosmarinus officinalis
(Khelil), pour la préparation du tabac qu'ils vendent dans les villes du
Sahara Algérien : le Khelil est apporté des montagnes de la province de
Constantine.
Le 6, la colonne a regagné les plateaux et suivi les sentiers bien connus
des caravanes qui se rendent de Ncgouça a Guerrara ; ces plaines élevées,
hérissées de cailloux anguleux, ne m'ont guère offert, comme plantes dignes
d'être mentionnées, que V Erythrostictus pu7ictatus (Kelkout), commun dans
cette partie du Sahara avec le Savignya longistyln (Goulglane), le Deverra
chlorantlia et un Arthratherwn (Bon Rouicha). I.a saison peu avancée et la
sécheresse qui fait encore sentir ses terribles effets sur les riches troupeaux
du cercle de Laghouat, m'ont empêché de trouver eu fleur deux plantes
bulbeuses, dont l'une a de longues feuilles étroites contournées en spirale.
Vers trois heures du soir, nos tentes étaient dressées dans le lit de l'Oued
En-Nza, à quelques kilomètres en aval du rocher où l'on remarque les
ruines de la CoubadeSidi Abdallah el Mnéi. La riche végétation arbores-
T. IV. 25
ÎÎSG SOCIKTK BOTANIQUE DE FRANCK.
rente do ce bivouac nous a pcimis de célébrer (lifi;iiement le 0 Janvier, en
ailiimaiit de grands feux en Tbonneur du roi de la fève. Kn effet, dans les
parties basses de la rivière s'élèvent d'énormes TarnmHx articulât a [¥X\\q\),
avec lesquels croissent les ^y9A/?rfrrt alata, Calliijonmn comosum, Rhante-
riuni adpressum, Cornulaca rnonacantha, Aiiabasis articulata, Antirrhi-
num ramosissimum, Psoralea piicata, Francœuriu crispa et le Zilla ma-
croptera (Chebrog), qui donne son nom au lieu du bivouac, appelé Anit el
Cbebrog. l.'Oued Mzab ne par;iît pas avoir de végétation arborescente, D'EI
Atof à Anit el Moktar je n'ai rencontré que le Rétama liœtam avec quel-
ques rares pieds de Tamarix Gallica etartici/lata, de Pistacia Atlantica, de
Rhus ox y avant ho ides, arbres qui abondent dons le lit de l'Oued Kn-Nza,
placé plus au nord et plus riche en redirs ; c'est de la que les menuisiers
deGuerrara tirent le bois dont ils se servent pour leurs travaux, du reste
peu considérables.
Le 8, après avoir un instant remonté le lit de la rivière, la colonne a gravi
les berges de la rive gauche et repris les sentiers qui serpentent sur un sol
formé de poudingue rougeâtre et ({ue recouvre plus loin une légère couche
de sable. Après une course pénible, pendant laquelle nous avons eu à souf-
frir du souffle assez fort d'un vent de nord-ouest, nous sommes allés cou-
cher à quelques lieues de Guerrara, où nous étions rendus le lendemain de
bonne heure, après avoir franchi le col deFeila.
( La fin à la prochaine séance.)
M. de Scbœnefeld annonce qu'il vient de trouver le Vaccinium
Mijrtillus, près de Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise), dans les
petits bois connus sous le nom de Bois-Noirs. Cette espèce n'avait
jamais encore été signalée dans l'arrondissement de Versailles. La
seule localité à peu de distance de Paris où elle ait été trouvée jus-
qu'ici est la forêt de Montmorency.
M. Cosson présente à la Société plusieurs espèces rares ou nou-
velles de la régence de Tunis, et fait les communications suivantes :
rriNÉRAIRE D'UN VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE , ENTREPRIS EN \ 850 SOUS LE
' PATRONAGE DU MINISTÈRE UE LA GUERRE , par IW. E. COSSOj\.
(Douzième partie.)
Le 7 juin, aux premières lueurs du jour, nous sommes réveillés par nos
spahis, car la distance de Kliadra à Ain Madhy, où nous devons aller camper
le soir même, est d'environ 50 kilomètres ; nous ne consacrons que quekiues
instants a l'exploration des jardins et des environs immédiats du village,
afin de nous re.server le temps de faire plusieurs stations en route, pour
étudier avec soin la vegétatiou du pays assez accidenté que nous devons
SKANCK DU 24 AVRIL 1857, 387
parcourir et qui nous piomet des observations intéressantes. • — Le k^ar de
Khadra (environ à 112;") mètres d'altitude), composé d'un pelit nombre de
maisons construites en pisé ainsi que les murs des Jardins, est situé au voi-
sinage d'un allluent de l'Oued Tarfa, à l'extrémité orientale d'une plaine
bornée au nord par des ïnontagnes argileuses déboisées (Djebel J)jelibel) et
au sud par des montagnes pierreuses, ou la végétation arborescente est re-
présentée par des buissons espacés de Plstacia Atlantica et de Juniperus
Phœnicea. Les jardins, assez étendus et bien arrosés par des dérivations de
l'oued, offrent réunis à l'Abricotier, au Figuier, au l^êcber, au Grenadier et
à la Vigne, des Pommiers et surtout des Poiriers qui y acquièrent un magni-
fique développement ; des champs d'Orge occupent les vides des planta-
tions, et la moisson ne fait que commencer; la Garance [Rul>ia tinctorurn)
et la Luzerne {Mcdlcago sativa) croissent en abondance et à l'état spontané
dans les terrains en friche, comme nous les avons déjà vues dans plusieurs
des oasis (|ue nous avons visitées. L'altitude de la plaine est i-évélée non-
seulement par un retard sensible dans la végétation, mais encore par la
présence d'un certain nombre d'espèces des hauts plateaux, entre autres les
Sisymbrium torulosum^ Festuca cynosuroides^ Andr'osace maxima, Asle-
rothrix Hispanica, etc. I>e lit de l'oued, où existent encore des flaques d'eau
(redirs) assez profondes et assez étendues, présente sur ses bords de nom-
breux pieds de Tamarix Gallica arborescents ou sous forme de buissons; k
l'ombre des Tamarix croit le Trifoliurn fragifcrwn ; les alluvions sablon-
neuses de l'oued offrent la réunion de la plupart des espèces que nous ren-
contrerons en abondance dans la vaste plaine argilo-sablonneuse qui s'étend
jusqu'aux ravins d'où naît l'Oued Roddad. Un massif de rochers s'élève
sur notre gauche, et des pieds rabougris de Juniperus Phœnicea y forment
quelques buissons. Dans les fissures des rochers nous recueillons leBuple-
vrum spinosuni et le Centaurea alba var. ; la plaine, où domine VArtendsia
Herba-nlba et le Stipia tenacissima, nous fournit une ample récolte de
plantes intéressantes et nous devons noter entre autres les :
Louchophora Capiomou- Paronychia Cossoniana. Marrubiuni Deserti.
tiaua. Deverra chlorantha. Sideritis ochroleuca.
Erucastrum leucauthum. Gruciauclla patula. Passeriua inicrophjlla.
Lepidium subulatum. Cyrtolcpis Alexaiidrina. Noaea spiuosissima.
Meniocus linifolius. Pyrctlirum fuscatum. Euphorbia calyplrala.
Alyssuiu serpyllifolium. Centaurea polyacantha. Lygeuin Spartum.
Murif.aria prostrata. Onopordou ambiguuin. Stipa, plusieurs espèces.
Resedaeremophila. Atractylis proliféra. Arthratheruin piiugeiis.
Onoais augustissima. — microcephala. Festuca Pectiuelia.
Medicago laciuiata. Kœlpiuia liuearis. Triticum Orientale, etc.
.^stragalus Gonibo. Rochelia stellulata.
Un magnifique Lentisque [Pistacia Atlantica], qui couronne un mamelon
rocheux, est le seul représentant de la végétation arborescente dans celte
plaine unifornae, et nous uous reposons quelques instants sous son ombrage.
388 SOCIÉTÉ HOTAiNIQUE DE FRANCE.
la nous recueillons les Wnngenheimia Lima, Echinospermum Vahlianum,
Astragalus tenuifolius, Gi/psophila compressa, Psoralea bituminosa, Jiham-
iius li/cioides,elc. A quelques kilomètres au delà, nous avons à franchir une
bande de rochers escarpés, où nous trouvons une espèce nouvelle du genre
Genista [G. capitellata) avec les Ebenus pinnata, Sedum altissimum, Cata-
jianche cœrulea ; au pied du versant opposé de cette colline rocheuse, au
voisinage d'un redir (Guelta Abdesson) qui avait été assigné comme halte à
nos chameliers et ou nous devions faire notre déjeuner, nous obi^ervons les
Rétama sphœrocarpa et Duriœi var. avec les Ziz)jpkora Hispanica, Pijre-
tlirum macrocephalum et Allium Cupani ; après avoir vainement attendu
pendant plus d'une heure l'airivée de nos cantines, nous devons remonter à
cheval, n'ayant eu pour toute collation que quelques mauvais morceaux de
biscuit égarés dans nos poches et l'eau terreuse et à peine potable du redir.
Une pente assez forte nous conduit aux nombreux ravins, affluents de
l'Oued Roddad, situés à la base de coteaux très accidentés ; dans le lit des
ravins, nous voyons les Pohjcnemum Fontanesii, Seseli variiim, Sidei^itis
ochroleuca et Coronilla juncea. Une vallée traversée par l'Oued Roddad,
dont le lit est à peine distinct, nous mène à l'entrée du ravin profond,
actuellement presque à sec et creusé par les eaux de l'oued qui en hiver
est un torrent impétueux; nous descendons par un sentier sinueux dans
le lit même du ravin formant, sur une étendue de plus d'une lieue, une
vaste coupure dans les argiles de la montagne qui nous sépare de la plaine
d'Ain Madliy dans laquelle il débouche; sur les bords et dans le lit même
de l'oued, où les eaux disparaissent sous le sable pour ne remontera la sur-
face que sur quelques points, s'élèvent çà et là de magnifiques pieds de Pis-
tacia Atlantica et d'Olivier [Olea Europœu), qui, par leurs dimensions, con-
tribuent à domier à ce site pittoresque un caractère véritablement gran-
diose. Le Zizyphus Lotus avec le Laurier-Rose {Nerhmi Oleander) et le
Tamarix Gallica forment de nombreux buissons ; le Rétama Duriœi var.
déjà en fruits mûrs et le Rétama sphœrocarpa couvert de fleurs sont d'une
extrême abondance; les rameaux de ce dernier arbrisseau sont envahis par
de nombreux buprestes d'un vert d'émeraude. Indépendamment d'un grand
nombre d'espèces déjà notées dans les plaines que nous avons parcourues
depuis Khadra, nous notons les Convolviilus supinus, Argyrolobium uniflo-
mm, Anthyllis Nuinidica, Melilotus iSeapolitana ; les Stutice Ronduellii
et Anvillea radiata, dont nous ne rencontrons que quelques touffes es-
pacées, nous indiquent seuls le'voisinage de la plaine d'Aïn Madhy dans la-
quelle nous ne tardons pas à déboucher. Cette vaste plaine uniforme est
bornée au nord et au sud par des montagnes nues et parallèles qui s'élè-
vent comme des murailles, et le ksar d'Ain Madhy, à une distance de plus de
trois lieues, se lait remarquer par la blancheur éclatante du dôme de son
marabout. Aprè> toutes les fatigues et les privations de la journée, le besoin
!^^:.v^cli un 2/j amui. 1857. :^8'.»
(|ue MOUS éprouvons de prciulrc qiicl([ue repos nous t'ait uaf^ucr de toute la
vitesse de uos chevaux le ksar, où nous avons expédié à l'avance un de nos
spaliis pour faire préparer notre campement.
Le ksar d'Ain Madhy, l'un des plus importants de ceux que nous avons
visités, se compose de près de deux cents maisons construites en pierres et
mieux bâties que celles de la plupart des autres villages arabes. La muraille
d'enceinte est munie de créneaux surmontés de petits chapiteaux en pyra-
mide d'un aspect assez pittorcs(jue (1). Les nombreux jardins qui entourent
le ksar sont eux-mêmes protégés par un mur de clôture assez élevé et bien
entretenu; les arbres fruitiers plantés dans ces jardins sont surtout le Fi-
guier, le Grenadier, l'Abricotier, le Poirier et la Vigne, et quelques Dat-
tiers qui y ligurenl comme arbres d'ornement; on y rencontre également
V Opuntia Ficus-Indica; quelques champs d'Orge existent dans les vides des
plantations; les cultures potagères sont les mêmes que celles des autres
ksour. En 1838 le ksar, gouverné par le marabout vénéré ïedjini, a soutenu
contre Abd-el-Kader un siège de huit mois ; tous les jardins furent dévastés
par ordre de l'émir et les plantations détruites. Aujourd'hui il ne reste
aucune trace de cette dévastation et les arbres des jardins présentent uu
beau développement. — Aux environs de notre campement, vers la porte
de Babel Kebir, dans un terrain pierreux, nous observons les Achillea San-
iolina, Sisymbtium runcinatum^ Convolvulus supinus, avec quelques espèces
rudérales telles que le Senehiera Coronopus, le Verbena supina et le Malva
sylvestris. — A peine notre tente est-elle installée, à la tombée de la nuit,
qu'un cavalier nous remet une lettre de M. le commandant Margueritte et
des lettres de France ; les nouvelles que je reçois de ma famille sont mal-
heureusement telles que je dois effectuer le plus rapidement possible mon
retour a Paris ; de plus, la lettre du commandant m'annonçant qu'il doit
le surlendemain quitter Laghouat pour se rendre en congé en France, je me
vois, à mon grand regret, forcé de quitter dès le lendemain mes compa-
gnons de voyage, pour parcourir en une seule journée la dislance de 64 ki-
lomètres qui sépare Ain Madhy de Laghouat et arriver ainsi à temps pour
avoir l'avantage d'y trouver encore M. Margueritte, auquel je dois demander
la faveur de l'accompagner au moins pendant une partie du trajet de La-
ghouat à Alger.
Le 8 juin, à 11 heures du matin, je pars en emmenant avec moi un de
nos spahis et en prenant pour guide le cavalier (|ui la veille nous avait
apporté nos lettres; je dois traverser la plaine d'Ain Madhy parallèlement
au cours de l'Oued Roddad, laissant à MM. Kraliket Mares, que je compte
revoir le lendemain pour quelques heures seulement à Laghouat, le soin
(1) Voirie Sahara algérien par M. le général Uaunias j p. 32-Zi6, pour la
description et Phisloire d'Aïu Madhy.
390 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FUANCE.
cVexploi-er la plaine dans la direction de Tadjennout où ils doivent aller
camper le soir même. La plaine argilo-sablonneuse d'Ain Madhy, très
aride et légèrement ondulée, est tellement nniforme qu'il n'y a pas lieu de
rendre compte séparément dos deux itinei-aires différents que nous avons
suivis. — L'oasis de Tadjemout, que je laisse à une assez grande distance
sur ma gauche, est située sur une élévation pierreuse, ondulation de la plaine ;
le ksar, dont l'enceinte est flanquée d'une tour carrée, est entouré par les
jardins, eux-mêmes protégés par des murs armés de petites tours percées de
meurtrières; deux marabouts qui s'élèvent sur la pente même du mamelon
attirent surtout les regards (1).
Au voisinage de l'Oued Roddad, dont le lit présente encore quelques re-
diis, sont établis des douairs dont les tentes et quelques Pistacia Atlantica
espacés rompent seuls la monotonie du paysage. L'Artemisia Herba-alba
et le Stipa tenacissima forment de vastes touffes et constituent le fond de la
végétation de la plaine; sur quelques points le Peqanum Hannala est d'une
excessive abondance; çà et la se rencontrent des buissons de Zizyphus
iotus. — Dans la partie de la plaine que je viens de traverser, j'ai trouvé,
réunies à un grand nombre d'espèces de la région saharienne, quelques
plantes de la région des hauts plateaux et je crois devoir donner la liste
abrégée de mon herbori:>alion :
Matthiola tristis. Teiephiumlmperati. Cou\o!vulus supinus.
Nasturliumcoronopifolium. Parooyctiia Cossoniana. Echioctiilon frnticosum.
Reboudia crucarioides. Hcriiiaria fruticosa. Ecliiiiospormum palulum.
Alyssum scutigcrum. Daucus pubcsceus. Echium tuinille.
Helianthiemuiu salicifolium Scabiosa semipapposa. Linarla rriuicosa.
var. brcvipes. Chlamydopliora pubescens. Salvia lanigera.
— hirtum tar. Désert! . Pyrcthrum fnscatum. Anabasis articulata.
— sessilillorum. Auvillea radiata. Noaea spiuosissima.
Reseda Arabica. Onopordon acaule. Passerina microphylia.
— ercinophila. Ceutaurea involucrata. Euphorbia calyptrata.
Dlantbiis scrriitatus var. Atractylis proliféra. Lygeuin Spartiun.
grandiflorus. — microcephala. Arthratherum obtusum.
Malva jEgyptiara. — flava. Stipa, plusieurs espèces.
Aulbyilis Numidica. Kalbfussia Salzniauni.
Astragalus tenuifolius. Souchus divaricalus.
Dans le lit de l'Oued Roddad et sur ses berges argileuses, j'observe les Ré-
tama Duriœi var. et sphœrocarpa, Statice Bonduellii, Deverra chlorantha,
Marrubium Deserti, Lepidium subulatum, Sonchus spinosus, etc. Quelques
kilomètres plus loin j'arrive au pied de la première chaîne des montagnes
(1) Les plantations et les cultures de l'oasis de Tadjemout sont sensiblement les
mêmes que celles (rAïii Madhy : ainsi les arbres friiilicrs des jardins sont le Co-
i,'nassi(>r, le Pommier, le Grenadier, le Poirier, le Pêcher, le iMguier, la Vigne et
l'Abricotier qui y devieiU très beau; les Dattiers senlenicul y sont beaucoup plus
nombreux que dans cette dernière oasis.
SKANCK nu 2/i AVUiL 1857. 391
basses, pierreuses et escarpées qui forment une véritable iiHMitille au sud de
la plaine; dans les terrains sablonneux et pierreux situés a la base de ces
inont;i^nesse rencontrent les:
Moricandia l(>retilblia. .Scnccio coroiiopilolius. Echinospcrmum Vahlianuiii.
IIclianlluMiiuin Caliiricuin. Asteriscus pysiuajus. Stalicc riumiiii.
l-'raiiluMiia Itiyniil'ulia. OiKipordoii ainliiguum. — i)ruiiiosa.
liroflininKlavH'opliylliim. Cardnus coiifcrliis l'ar, Alliiiiii Ctipani.
CyrtotopisAlo\andrii)a. Cataiiaiic!i(> areri.iria. Aspliodcius peudulimis.
Nollctia clirysocotiioidcs. Kœl|)inia liuearis.
Lcysscra capiilifolia. Arnebia Viviaiiii.
Après avoir contourné la partie la plus élevée de ce massif de montagnes,
nous en franchissons un contrefort par une pente raide et rocheuse, pour ga-
gner une petite plaine limitée au sud par une deuxième chaine semblable et
parallèle à celle que nous venons de traverser. I.a pente insensible de cette
plaine nous mène aux bords de l'Oued Mzi ; sur la rive gauche et à la base
des rochers escarpés qui surmontent la rive droite, se sont amoncelées de
véritables dunes de sable, où dominent les Arthratherim pmgens, Cen-
taurea pohjacantha , Festuca Memphitica, Scrofularia Deserti, Euphorhia
Guyoniana, Saccocalyx satureioides, et ou le Calligonurn comosiim et le
Tamarix Gallica forment de nombreux buissons- là se rencontrent égale-
ment les Polycarpœa fragilis, Ifloga Fontanesii, Echinops spinosus, Am-
mocidoa suhacaulis, Danthonia Forskalii, Malcolmia j'Egyptiu.ca, Astra-
galm Gombo, etc. Sur les bords d'un redir desséché je recueille l'^nrfro-
pogon annulatus, le Phelipœa violacea et Y Echinopsilon muricoius. Après un
trajet de queUiues kilometi es dans le lit même de l'oued, nous gagnons une
petite plaine limitée au sud par la chaine de Ras el Aioun ^ dans cette plaine,
en grande partie envahie par des sables mobiles, le Rhanterium adpressum
est la plante dominante, mais il m'est impossible d'en recueillir un seul
échantillon, car toutes les touffes ont été broutées par les chameaux; dans
ces dunes croissent également les Ononù serrata, Nonnea phaneranthera,
Arthratherumciliatam, ohtusum et plumosum, Silène villosa var. micrope-
tala, Hussonia /Egiceras. Brassica Tournefurtii, etc. Au pied de la mon-
tagne de Ras el Aïoun, c'est avec une vive satisfaction que je trouve quel-
ques échantillons du 6'en^«2<?'efl Oiiiphalodes qui n'avait encore été observé
(|u'à Biskra et qui est si remarquable par ses akènes turbines, surmontés en
dehors de l'aigrette d'une bordure intJechie et saillante sons forme de bour-
relet. Nous traversons la montagne de Ras el Aïoun pnr le col de Reg qui
débouche dans la plaine de Laghoual ; a une distance de près d'une lieue à
l'est s'élève en amphithéâtre la ville de Laghouat, entourée par les jardins
de l'oasis dont les nombreux Dattiers forment un admirable massif de ver-
dure. En quelques instants cette dislance est franclde, car j'ai hâte de me
rendre auprès du commandant supérieur, M. iMargueritte, qui me fait l'ac-
cueil le plus cordial, et qui, non content de mettre son habitation à ma dis-
•>^- SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FKAi^CE.
position, a l'extrême obligeance de donner des ordres pour ([u'après son dé-
part, fixé au lendemain matin, mos compagnons de voyage puissent trouver
chez lui une généreuse hospitalité. La soirée se passe de la manière la
plus agréable, car non-seulement j'ai à entretenir le commandant du beau
voyage que nous venons de faire et durant lequel il nous a donné tant
de preuves de sollicitude, mais encore à lui lappeler la charmante
Journée que j'avais eu le plaisir de passer avec lui, en 185^1, dans la
belle forêt de Teniet el Haad. M. Geslin, attaché au bureau arabe de La-
ghouatet préposé à la direction du troupeau-modèle de brebis réuni d'après
les ordres du Gouverneur général, veut bien me consacrer la journée du
lendemain pour me guider dans l'exploration des enviions de l'oasis et me
faire visiter les localités les plus intéressantes ; l'offre obligeante de M. Geslin
m'est d'autant plus agréable que les voyages qu'il a faits dans le Sud lui
ont fait connaître la végétation saharienne et que je serai heureux d'avoir
un aussi bon compagnon de voyage pour aller rejoindre le surlendemain à
quelques lieues au nord de Laghouat,aTaadmit, le commandant, avec lequel
je dois faire route jusqu'cà Boghar.
La ville de Lnghouat est située sous 33", .'i8' de latitude, à une altitude
d'environ 750 mètres (1) et à une distance du littoral de 300 kilomètres prise
à vol d'oiseau ou d'environ Zi80 kilomètres en suivant les sinuosités de la
belle roule carrossable tracée par le génie. Cette ville, l'une des plus impor-
tantes du sud de l'Algérie, non-seulement au point de vue stratégique, car
elle commande tout le pays des Béni Mzab, dont les nombreuses popula-
tions sont les plus industrieuses du Sahara, mais encore à cause des pro-
duits des riches jardins de son oasis, compte pi'ès de 800 maisons bien bâties
et qui occupent les pentes nord et sud de deux collines, sur lesquelles elles
s'élèvent en amphithéâtre. Toutes les traces du siège meurtrier de 1852, à la
suite duquel a eu lieu l'occupation définitive, ont disparu, et une belle place
vers le centre de la ville est entourée de constructions toutes récentes, du meil-
leur goût, munies d'arcades, et parmi lesquelles se font remarquer, par leur
élégance et leur belle disposition architecturale, la maison du commandant
supérieur, le cercle des officiers et un bazar surmonté d'un clocheton. —
L'oasis, dont les jardins sont groupés a lest et à l'ouest de la ville et
comptent environ 28,000 Dattiers, est dans l'état le plus prospère. Les dat-
tiers, bien cultivés et abondamment arrosés, ainsi que toutes les cultures
de l'oasis, par des saguia, amènent leurs fruits à maturité; mais les dattes
ne sont (jue d'une (jualité inférieure et sont consommées sur place. Les
autres arbres fruitiers des jardins arabes sont, d'après leur ordre d'in)por-
tance, l'Abricotier, qui a.cquiert de magnifiques proportions; le Grenadier,
(1) L'alliHuIe de Laiîhouat est do 7ZiO uièU'es, (riiprès M. lleuoii, qui l'a détor-
niiiice par o2 observations baronié niques.
SÉAiNCK DU 2/| AVUIL 1^S^)7. ;î93
dont les fruits sont de bonne qualité, mais moins i-slimés toutefois que
ceux de Messad ; le Figuier, le Pêcher, le Cof^nassier, la Vigne, qu'on ne
taille jamais et qu'on laisse grimper sur les arbres voisins; le Pommier,
variété à petits fruits de médiocre qualité; le Prunier et V Opuntia Ficus-
Indica, qui est peu abondant. Les arbres fruitiers introduits par les soins
de l'administration française, sont le Poirier, le Mûrier, le Cerisier, le
Néflier, l'Amandier, le Caroubier, l'Olivier et l'Orauf^er. Les arbres fores-
tiers, dont l'introduction est également due à l'administration française,
sont le Saule pleureur, les Peupliers blanc et pyramidal, le Platane, le
Sycomore, le Pistacia Atlantica, etc. Dans les vides des plantations et à
l'ombre des Dattiers, les indigènes cultivaient déjà avant l'oecupation fran-
çaise l'Orge et le Blé, toutes les espèces de Cucurbitacées que nous avons
déjà mentionnées pour la plupart des oasis, la Fève, l'Oignon, diverses
variétés de Piment {Capsicunt annuum), la Carotte, laTonuite, l'Aubergine,
le Mais, le Sorgho {Sorghiun vu/gare), le Penicillaria spicata, le Gombo,
le Chou, le Navet, l'Ail, la Coriandre, le Henné [Lawsonia inermis), qui
ici tient encore une bien moins large place que dans les oasis des Ziban, et
le Chanvre, qui, de même que dans ces dei'nières oasis, n'est cultivé que
pour l'usage des fumeurs. De tous les légumes introduits par les Euro-
péens, la Pomme-de-terre est celui que les Arabes ont adopté avec le plus
d'empressement; cette plante donned'abondantsproduits et peut fournir deux
récoltes par au ; du reste, toutes les cultures potagères d'Europe prospèrent
également dans les jardins de l'oasis, et ce n'est pas sans une agréable
surprise que nous avons vu paraître sur la table du commandant supérieur
un plat de fi-aises qui ne le cédaient en rien à celles de nos climats tempérés.
Les soins ((ue ie commandant Margueritte a apportés au développement des
cultures des jardius ne lui ont pas fait négliger des résultats plus impor-
tants, et maintenant, grâce aux norias du défilé de Reg, de Ksar el Haïran
et à celles de la SeriJja, qui ne fournissent pas moins de 360 litres d'eau à
la minute, au double barrage de l'Oued Mzi, et aux canaux pavés et couverts
qui, sur plusieurs points, servent à la distribution des eaux, de vastes
espaces ont pu, dans le voisinage de Laghouat, être appropriés h la culture
des céréales ; l'irrigation, convenai)lement dirigée dans ces terres, jusqu'ici
incultes à cause de leur aridité, a donné des résultats vraiment merveilleux.
C'est ainsi que certains champs ont rendu jusqu'à trente-quatre fois la
semence. Des travaux analogues ont été exécutés dans les diverses parties
du cercle, et dans la suite de notre narnUiou, nous auions a appeler l'at-
tention sur l'importance du magnifique barrage de l'Oued Melab, près du
Rocher-de-sel, sur la route de Djelfa à Boghar,
La flore des environs de Laghouat est riche et très variée, et malgré l'alti-
tude assez grande de cette partie du Sahara, on y retrouve la plupart des
espèces que nous avons déjà signalées a l'iskra, située seulement a une alti-
'M)[i SOCIÉTÉ HOTAISIQIJK l)K FRANCE.
tilde (le 75 mètres, mais à une lalitiule d'environ un detiré plus au nord. La
richesse de cette flore et son caractère saharien s'expliquent par la réunion
sur un espace restreint de montagnes peu élevées, de rochers, de plaines
argilo-sablonneuses, de sables mobiles, des alluvions de lOued Mzi, l'un
des plus importants cours d'eau de la région saharienne, et par l'absence
au midi de montagnes assez élevées pour empêcher l'influence prédominante
du vent du sud. L'exploration du pays, dans la saison déjà avancée où nous
l'avons visité, ne pouvait nous donner qu'une idée imparfaite de la végéta-
tion ; aussi, au lieu de rendre con)pte des résultats de nos herborisations,
croj'ons-nous devoir réunir dans une liste l'indication de la plupart des
plantes observées, soit par MM. Reboud, Geslin, Tessière, qui nous ont
fourni d'importants documents, soil par nous-méme.
Liste (les plantes observées aux environs de Lagkouat (1).
Ucnoiiciilacées.
Adoais microcarpa DC.
— ipstivaiis I^.
Ranuuculus Baudotii Godr.
— muricatus L.
— macrophyllus Desf.
Deiphiiiium pubescens DC.
Papavéracées.
Fapaver liybridum L.
Hœrueria hybrida DC.
Glaucium cornicuiatuui Curt.
Hypecoum pendulum L.
— Geslini Coss. et Kr. — Sables! (Geslin,
Reboud).
— procurabens L. var. glauccscens.
Fuiuariacées.
Fumaria Numidica Coss. et DR., et forma
auuua F. longipes Coss. et DR.
olim. — Rochers à Laghouat 1 (Bon-
duellej ; Grar el Hamia (Reboud).
— parviflora Lmk.
— densifloraDC. (F . micrantha Lagasc).
(1) Dans cette liste sont comprises les espèces observées jusqu'ici aux environs
immédiats de Laghouat, à l'est entre Laghouat el Messad, à l'ouest entre Laghouat
et Ain Madhy, et au nord entre Laghouat et Sidi !\Iakheiouf; nous n'avons pas hé-
sité à réunir dans une nicme liste les plantes de Laghouat et de Sidi Makhelouf, car
à cette dernière localité la végétation est encore presque cxchisivenient saharienne.
— Les plantes recueillies au .sud de Laghouat, et qui ne remontent pas jusqu'à la
latitude de celte oasis, ont été omises, car elles forment les éléments d'une autre
liste qui sera publiée à la suite d'une lettre de M. Reboud sur la portion du Sahara
conq)rise entre Laghouat et Ouargla, conlrée que nous nous proposons de visiter
prochainement nous-méme, et qui sera pour nous l'objet d'un travail spécial. —
Les planies dont le nom n'est pas suivi d'une indication de localité, sont généra-
lement répandues dans la région; les localités ne sont indiquées que pour les
espèces rares ou celles que nous n'avons pas observées nous-mcnie, — I^our la géo-
graphie botanique générale des espèces, consulter le Vo\iaifc botanique en Algérie,
dans les Annales des sciences naturelles, sér. /j, IV, p. 28i et sniv. , tirage à part,
p. 80 etsuiv., Liste des plantes observées dans la région saharienne aux environs
et au sud de Bisicra,
SÉANCK DU '2k AVlilL 1857.
395
<;rucllères.
Mattliiola trislis U. lir.
— liviila DG. — Sables.
— luiiala OC. - Sidi Maklioloiif.
I.uii('h(i|ili()i°a (lai)i(iinoiitiaiia l)K.
Naslurtium coroiioiiifoliuiu DG.
Noloceras Canariens^ \\. Br.
Savignya loiigistyla IJoiss. ot Reiit. ( S.
jEgiipliaca C.oss. olitn non DC) —
Laghouat (Tossitre).
Farsetia yEgypliaca Turr.
Alyssum iiiacrocalyx Goss. et DR. in Bull.
Soc. bot.
— maritinium Lmk.
Capsella Bursa-pastoris Mœach.
Cordylocarpus niuricatus Dcsf. — La-
ghouat (Tessièrc),
Malcolmia Jîgyptiaca Spreng.
Sisymbrium Irio L. var. pubescens.
— runciiiatiim Lagasc.
— torulosiim Dosf.
Erysitmim graiididorum Desf. {Cheiran-
tkus semperflorens Goss. et DR. olim
iiou Scliousb.).
Senebicra lepidioides Goss. et DR. —
Grar el îlamra! (Reboud).
— Goronopus Poir.
Lepidium subulatum L. — Ain Madhy;
Sidi -Makhelouf.
Brassica Tounicfoilii Gouau.
Siuapis anipioxicaulis DC.
Moricandia arvensis DG.
— sutTruticosa Goss. et DR. ( Bmisica
suff'ruUcof^a Desf.) — Messad (Re-
boud); Tadjemout.
— teretifoiia DG.
Diplotaxis pendula DG.
— virgata DG. var. hurailis.
— muralis DC.
Erucu saliva Lmk.
Garrichtera Veila; DG.
Muricaria prostrata Desv.
Rapistnim bipinnatuni Goss. et Kr. {Si-
napis bipwnala Desf.) — Messad
(Reboud).
Enarthrocarpus clavatus Delile in Godr.
FI. Juv. (Brassica lyrata Desf.).
Reboudia erucarioides Goss. el DR. — La-
ghouat (Reboud); Oued Mzi!.
Hussonia .Egiceras Goss. el DR. {H. un-
cata Boiss.).
Cappariclécs.
Cleome Arabica L.
Ciistiiiées.
Helianthemuin salicifolium Pers.
Helianlhemum .Kgypliacuin MiM. — Sidi
Maklicl()urnU-i)Oud).
— sessililloruni l'ers.
var. elliplicum (//. eUipticum
l'ers.).
— Cahirieuin Delile.
— hirlum Pers. var. Deserti.
— pilosuni Pers. var.
K6n('ilac6cs.
Reseda alba L.
— eremophila Boiss.
— Arabica Boiss.
— lutea L.
— slricla Pers.
Fi'aiik<>niac<;es.
Fraiikenia puiveruieula L.
— thymifolia Desf.
CarjophyllÉes.
Dianthus serrulatus Desf. var. grandi-
florus.
Silène inflata L.
• — rubella L.
— villosa Forsk. var. niicropetala.
— Nicœensis Ail.
— muscipula L.
Spergularia média Pers.
— di;indra Heldr. (Arena)ia diandra
Guss.^.
Rhodalsine procumbeus .1. Gay {Arenaria
procumbens Vahl).
Alalvacées.
Malva iEgyptiaca L.
— sylvestris L.
— parviflora L.
Lavalera maritima Gouan. — Ain Milar
(Reboud).
Althaea Ludwigii L. — Laghouat (Tes-
sière).
Géraiiiacéei«-
Erodiura laciniatum Gav.
— glaucophylluni Ait.
— gultatum Willd.
Zygopliyllées.
Tribulus terrestris L.
Fagouia Gretica L.
— Sinaica Boiss.?
• — glutinosa Delile.
Zygophyllum cornutum Goss. in Bull.
Soc. bot. — Messad (Reboud).
Il II taches.
Pcganum Hamiala L.
396
SOCIETt: BOTAMQUE DE FRANCE.
Rliaiiinées.
Zizyphus Lotus L.
Rhaniuus lycioides L.
TOréliintbacées.
Pistacia Atlantica Desf.
Rhus oxyucanthoides Dura. Cours. (R.
dioica Willd.).
Lég:uiiilneii$es.
Rétama sphœrocarpa Boiss.
— Raetam Webb (fi. Duriœi var. phœo-
calyx Webb).
Argyrolobiuni unifloruni Jaub. et Spach.
— Liniiseanuin Walp.
Ononis angustissima Lmk. (0. longifoUa
Willd.).
— serrata Forsk.
Anthyllis tragacauthoides Desf.
— Nuinidira Coss. et DR.
Medicago deiiticulata Willd.
— liltoralis Rliode.
— tribuloides Lmk.
— minima Lmk. var. iongispina.
— laciniata Ali.
Trigonella anguina Delilc. — Grar el
Hamra! (Reboud).
— polycerata L.
Melilolus parviflora Desf.
Lotus pusilliis Viv.
— corniculatus L.
Astragalus tenuifolius Desf.
■ — cruciatus Link.
— Stella Gouan.
— sesameus L.
— corrugatus Bert. var. tenuiriigis (.1.
leuuirugis Boiss.). — Laghouat (Ges-
lin).
— hamosus L.
— Gombo Coss. et DR. in Bull. Soc. bot.
lauigerus Desf.
Sidi Makhelouf
CoroDilla juncca
(Reboud).
Arlhrolobium scorpioides DC.
Hippocrepis biconlorta Lois.
— ciliata Willd.
"Vicia calcarata Desf.
Taniarlscinées.
Tamarix (iallica L.
CuciirhllacCes.
Cucumis Colocynthis \..
Paroiij cillées.
Telephium Imperati L.
Herniaria cinereaDC. (ff.annua Lagasc).
— frulicosa L.
Gymnorar|)us decandrus Forsk.
Paronychia longiseta Webb var. [P. Cos-
soniana 3. Gay).
— nivea DC.
Polycarpœa fragilis Delile.
Lœtiingia Hispanica L.
Pteranthus echiualus Desf.
Crassulacéps.
Sedum altissimum Pers.
Ficoïdées.
Mesembrianthemum nodiflorum L.
Aizoon Hispanicum L.
Nitraria trideniata Dosf. — Ksar cl Haï-
rao, Messad (Reboud).
Oinliellir*res.
Eryngium ilicifolium Lmk.
Helosciadium nodillorum Koch.
Fœniculum officinale Ail.
Deverra chlorautba Coss. et DR.
— scoparia Coss. et DR.
Orlaya maritima Koch.
Daucus pubescens Koch.
Scandix Pecten-Veneris L.
Laghouat
Balanopborées.
Cynomorium coccineura L.
(Tessière).
Rubiacées.
Asperula hirsuta Desf.
Rubia tiuctorum L. — Oasis.
Galiam l'arisiense L. var. trichocarpum.
— Aparine L. — Oasis.
Dipsacées.
Scabiosa Monspeliensis Jacq.
— semipapposa Salzm.
Coiiiposéca (Cynarocéphales).
Çalendula parviflora Rafin.
— — var. hymcnocalyx {C . platycarpa
Coss. incd.).
— gracilis DC.
Echinops spinosiis L.
Carlina involucrata Desf.
Atractylis caiicellata L.
— proliféra Boiss.— Aïn Madhy!; Tad-
jemoul!; l'oslo de Mellili!; Sidi
Makhelouf!.
— microcephala Coss. et DR.
— dilTusa Coss. sp. nov. — Sidi Makhe-
louf!.
sKANci: i)i; "2li avuil 185'
397
Atraclylis ciU'iiia Coss. cl Kr. (.1. /?aia
(^oss. et DU. oliin non Dcsl".).
Aniborboa crupinoidcs DC. — Aïii Milnr
iKohoiid).
Centaurpa iiivolucrata Dosf.
— Nica'cnsis \\\.{C. fusvala Dosf.).
— siilfurca Willd.
— Apiila Lnik.
■ — Caliilrapa I..
— diniorplia Viv. (C. polyacantha Coss.
et DU. olim non Willd.).
— pubesceiis Willd. — Sidi Makhelouf
(Ueboud).
— Ompbalodcs Coss. et DR. — Sables de
iOiicd Mzi.
Kentrophyllum laualum DG.
Carduncellus calvus Boiss. et Rcut.
— eriocephalus Boiss.
Onopordon ambiguum Freseti.
— acaule L.
Carduus confertus Moris var.?
Composées (Corymbifères;.
NoUetia chrysocomoides Cass.
GymuarrhenaniicrantbaDcsf. — Laghouat
(Tessière).
Phagnalon rupestre DC.
Evax pygmœa Pers.
— astcrisciflora Pers.
Micropus bombycinus Lagasc.
Rhanterium adpressum Coss. et DR. in
Bull. Soc. bot.
Francœuria laciuiata Coss. et DR. — Grar
el Hamra! (Reboud; Gcslin).
Pulicaria Arabica Cass. var. (P. longifolia
Boiss. Diagn. pi. noxi. ser. 2).
Asieriscus pygmaeus Coss. et DR.
Palleiiis spinosa Cass. var.
Anvillea radiata Coss. et DR.
Anthémis pedunculata Desf.
Cyrtolepis Alexandrina DC.
Cladanthus halimifolius Coss. et DR. {An-
thémis halimifolia Munby in Bull.
Soc. bot. — C. Geslini Coss. et DR.
olim). — Laghouat! (Guyon; Geslin).
Achillea Santolina L.
Pyrethruni fuscatum Willd.
Artemisia campestris L. var.
— Herba-aiba Asso var.
Chlamydophora pubescens Coss. et DR.
(Cotula pubescens Desf.).
Helichrysum l-'ontanesii Cambess.
Lasiopogou muscoides DC. — Sidi Makhe-
louf (Reboud).
Filago Jussiti'i Coss. et Germ.
Illoga spicala Schullz Bip. [Ifloga Fonia-
nesii Cass.).
Leysscra rapillifolia DC— Laghouat (Tes-
{Sonchus
sière); Tadjemout! ; Poste de Mellili !
(Reboud).
Scnecio coronopifolius Desf.
Composées (Chicoracées).
Kœlpinia linearis Pall.
]lc(lyi»iiois pendilla DC.
Catananehe ca;rulca L.
— arenaria Coss et DR. — Laglio\ial
(Reboud).
Hypocha-ris Neapolitana DC.
Kalbfussia SalzMiaiini Schuitz Bip.
Scorzonera undulala Valil.
Spilzelia Saharœ Coss. et Kr. sp. nov.
(S. lyrata Coss. el DR. olim non
Schuitz Bip.).
Picridium vulgare Desf. — Ain Milar (Re-
boud).
— Tingilanum Desf.
Zollikoferia resedifolia Coss
chondrilloides Desf.).
— angustifolia Coss. et DR. {Sonchus
angusiifoUus Desf.). — Oued Mzi!;
Messad (Reboud).
Sonchus divaricatus Desf.
— tenerrimus L.
— spinosusDC.
Priinnlacées.
Anagallis arvensis L.
Samolus Valerandi L. — Lieux humides.
Oléacées.
Olea Europaea L.
Apocynées.
Nerium Oleander L.
Asclépiadées.
Periploca angustifolia Labill. — Laghouat
(Tessière).
Cynanchum acutum L. — Tadjemout!
Genlianées.
Chlora grandiflora Viv.
Convolvulacées.
Convolvulus liueatus L.
— supinus Coss. et Kr. sp. nov.
— arvensis L.
Cressa Crelica L.
Borragiiiées.
Echiuni humilc Desf. ,
Echiochilon fruticosuni Desf.
Nounea micranlba Boiss. el Reut.
— phaueranthora Viv.
398
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DR FRANCE.
Anchusa hispida Forsk.
— Italica Retz.
Litliospcrmum tenuiflorum L. f.
Arncbia dccumbcns Coss. et Kr. {Lithos-
permitm decuivbemt Vent. — A.
Virianii Coss. et DR. olim).
Ethinospermum Vahlianum Lchm. — Tad-
jciijout !
— patuluni Lehm.
Cyiioglossum chcirifolium L.
Soleuanthus laoatus Alpli. DC. — La-
ghouat (Tessièrc).
Solanacées.
Solaimm nigrum L. — Oasis.
Lycium niediterraneura Duo.
Scrofiilariacées.
Lioaria fruticosa Desf.
— reflexa Desf.
— virgata Desf. — Sidi Makhelouf (Re-
bond).
— laxiflora Desf.— Sidi Makhelouf; Mcs-
sad (Beboud).
Veronica Anagallis L.
— Cymbalaria Bertol.
OrobaiicliacC'CS.
Pheiipaia^gyptiaca Waip.?— Lagliouat
(Tessière).
— lutea Desf. — Sidi Makhelouf!
— violaeea Desl.
Orobauche cernua Lœfl.
VcrbéiiacÉes.
Verbena supina L.
Labiées
Mentha Pulcgium L.
Saccocalyx satureioidcs Coss, et DR. —
Oued Mzi! (Gesliii).
Micromeria niicropliylla Benth. — La-
ghouat!; Grar el llanira (Reboud).
Salvia lauigera Poir.
— .Egypliaca L.
Rosinarinus oflicinalis L. var. Tourne-
fortii de Noé.
Manubium vulgare L.
— Aljssoii L.
— Deserti de Noé in Ralansa pi. Alger.
cxsicc. (Sideritis Desciii de Noé in
Bull. Soc. bot.).
J>aniiuni araplexicaulo L. — Oasis.
Teucriiini campauulatuiu L.
— Poliura L.
Ajuga Iva Schreb.
(ilobulariécs.
Globularia Alypuni L.
Plonibaginées.
Staticc Thouini Viv.
— Bonduollii Lestib.
— globulariipfolia Desf.
— delicatula de Gir. — Messad ( Re-
boud).
— pruinosa L. — Oued Mzi ! ; Ksar el
Haïran, Messad (Reboud).
— echioides L.
Limoniastrum Guyouianum DR. — Messad
(Reboud).
Plantaginées.
Planlago albicans L.
— SyrticaViv. — Laghouat (Reboud).
— ovata Forsk.
— ciliata Desf. — Laghouat (Reboud).
— Lagopus L.
— ampiexicaulis Cav. — Laghouat!; Ain
Milar (Reboud).
— WulfeniiWiild. — Messad (Reboud).
— Coronopus L.
— Psylliuni L.
Salsolacée».
Bêla vulgaris Moq.-Taud.
Chenopodiuin opulifolium Schr. — Oasis.
— murale L.
Blilum virgalum L. — Grar el Hamra
(Reboud).
Alriplexparvifolia Lowe.
— Halimus L.
— diniorphostegia Karel. et Kiril. — La-
ghouat (Bonduelle).
Echinopsilon muricatus Moq.-Tand.
Arthrocnemum fruticosum Moi|.-Tand.
Sueeda fruticosa Forsk.
Chenopodina niaritima Moq.-Taud.
Traganum nudatum Delile.
Caroxylon articulatuni Moq.-Tand.
Salsola telrandra Forsk. non Delile. —
Sidi Makhelouf!
— verniiculata L.
— longifolia Forsk.
Halogetou salivus Moq.-Taud. — Ksar el
Haïran (Reboud).
Noaea arelioides Moq.-Tand. et Coss. sp.
nov. — Pente sud du Djebel Bou
Kahil (Reboud).
— spinosissiina Moq.-Tand.
Anabasis articulala Moq.-Tand.
Polygouées.
Polygonum aviculare L.
— equisctiformc Sibth. et Sm.
sJ^]ANrE DU 2^1 Aviîir. 1857.
?,W)
Callipnnum romosiiin I/lIrrit. — Ouod
M/i ! ; La^^hoiiatl; Grar cl Hainia
(Roboud).
Runicx |)iiUhpr I..
— roscns Canipd. — F.aiihonat (Roboudl.
— vcsicarius L. — Laghouat!; Mcssad
(lleboud).
— Tin^'itaiius !.. var. (/?. laccrus Balb.)-
— .Mi\ssad (Rcboud).
— Bucepbalophorus L.
Thyinélée».
Passeriua (Thymelaia) micropbylla Coss.
et DR.
Santalacées.
Thesium hnmib> Vahl.
Osyris iiuadripartita Salzni. — Aïii Milar
(Keboud).
— albaL. — Grar cl llarnra (Reboud).
Eupliorbiacées.
Eiiphorbia Chaniiesyce L.
— cornuta Pers.
— calyptrataCoss.etDR.sp. nov.— Ksar
el Hairan (Boiiduelle). Laghoual!;
Ain Madhy!; Grar cl Hamra! (Re-
boud); Sidi Makhciuuf!.
— Guyouiana Boiss. el Reut. — Dunes
de sable.
— helioscopia L. — Oasis.
— Provincialis Willd.
— luteola Coss. et DR. — Messad (Re-
boud).
— Peplus L. — Oasis.
— falcata L.
— glebulosa Coss. et DR. sp. nov. —
Laghouat (Gcsliu); Aïn Milar (Re-
boud) .
Lrtlcécs.
Urtica urens L. — Oasis.
Gnélacéen.
Ephedra fragilis Desf.
Iridées.
Moraea Sisyrinchium Ker.
Iris Xyphiuni L.
Liliac(>es.
Gagea reticulata Rœm. et Schult. — La-
ghouat (Reboud).
Uropetalum serotinum Ker. — Laghoual
(Tessière) ; Aïn iVlilar (Reboud).
Aliiuni Ampelopiasum L. — Ain Milar
(Reboud).
— pallens L.
— Cupani Rafin. — Tadjemout!
— roseum L. var. û, albis.
Bclicvalia cnmosa Ktli.
As[)liii(i('Iii,s (islulosus \j.
— pcndulinus Coss. et DR. (,1. refractus
ISoiss. Diai/n. jil. Or. scr. 1 , fasc.
xni). — .Sables.
AsparagiiiCes.
Asparagus albus L.
— horridus L.
Joiicéen.
Juncus niaritimus Lmk.
— bufouius L.
tlypéracées.
Cyperus rotundus L.
— IfEvigatus L. var. distachyus {€. jtin-
ciformis Desf.).
Scirpus Holoschœnus L.
Schœnus uigricans L. — Messad (Reboud).
Garex divisa Huds.
Graminées.
Lygeuni Spartura L.
Phalaris minor Retz.
— paradoxa L.
Pennisetum ciliare Link.
linperata cyliodrica P. B.
Andropogou birtus L.
— annulatus Forsk. — Oued Mzi !.
— laniger Desf.
Agrostis alba L. var. coarctata.
Polypogon Monspeliensis L. — Lieux hu-
mides.
Piptatherum miliaceura Coss. {Agrostis
miliacea L.).
Stipa parviflora Desf.
— tortilis Desf.
— teuacissima L.
Arthratheruni pungens P. B. — Sables.
— ciliatum Nées.
— plumosuni Nées.
— obtusuni Nées. — Laghouat (Reboud).
Aristida Adsceusiouis L. — Laghouat (Re-
boud).
Cynodou Dactyloii Pers.
Animochloa pungens Boiss. [Dactylis pu»'
gens Schreb.).
— subacaulis Balausa [A. l'alœstina
Boiss.). — Laghoual (Reboud)!;
Oued Mzi ! ; Grar el Hamra!.
Danlhonia Forskalii Trin. — Messad (Re-
boud)'. ; Oued Mzi! ; Laghouat!.
Avena barbata Brot.
Kœleria pubesceos P. B.
Phragmites communis Trin, var. Isiacus.
Schismus calycinus Coss. et DR. (S. mar-
ginalus P. B.).
/lOO SOClÉTli BOTAMQLI' DE FRANCE.
Atropisdistans Orispb. [Poa dislans L.).
Spheiiopus divaricaUis Itclib.
Eragroslis vulgaris Coss. et Gerin. var.
spirostarhya. — Poule sud du Djebel
Bou Kahil i^Reboud).
jEluropus littoralis Parlât, var. internic-
dius. — Sidi Makhelouf!.
Dactylis glonierata L.
Bromus teclorum L.
— rubens L.
Festuca rigidaKunth {Poa rhjida L.).
— divaricata Dcsf.
Fcstuca divaricata var. JSIemphitica Coss.
{Festuca Meuiphilka Coss. — Dactylis
Memphiiica Spreng.) — Sables.
Bracliypodiuiii dislachynm Rœm.et Schult.
Loiium percnne L. var. rigiduin (L. ri-
fjklum Gaud.).
llordenm nnirinuiii L.
Trilicuin Orientale M.-Bieb.
— elongatum Host.
^Egilops veutricosa ïausch (A", squarrosa
Dcsf.).
Lepturus incurvatus Trin.
' >
;
,.$..„ (La suite à la mochaine séance.)
NOTES SUR QUELQUES PL.\NTES RARES OU NOUVELLES DE LA RÉGENCE DE TUNIS ,
par MM. E. COSSOIV et L. liR^^OK.
(Sixième partie.)
CONVOLVULUS SIIPINU.S Coss. et Kr. ap. Kralik pi. Tun. exsicc. n. 398,
et in Bourgeau pi. Alger, cxsicc. n. 60.
Planta perennh, oaudice gracili, oblique repente, siiperne ramoso pliiri-
cipite; caulibus pluribus, 1-5 decim. longis, supinù vel decumbenti-ascen-
dentibus, haud volubilibiis, herbaceo-induratis, basi ramosis velsubsimpli-
cibus, stiperne intlorescentiœ ramos edentibus, inferne plus minus villosis,
superne saltem pilis longis patentibus dense mollit erque albo-villosis ; fui lis
alternis vel sparsis, oblongis vel ovatis, apice rotundalis mucronulatis, vel
larius acutiusculis , nervo medio subtus piominulo, .^œpius 8-15 millim.
longis, 5-10 millim. lalis, integerrimis, abrupte in petiolum brevissimum
contractis , villoso-subloraentosis, infeiioribus interdum virescentibus ,
superioribus cancscentibus ; florihus ssepissime pluribus apice caulium in
racemum foliatum disposais ;/:»erfi<ncM//s axillaribus, folio sœpius subduplo
loni:i<)ribus, cum bracteolis calycibusqve pilis longis dense molliterque albo-
villosis, sœpissimcbifloris, inlVaflorum pedioellos bibracteolatis, bracteolis
oblongo-linearlbus pedicellis longioribus ; sepalis ovatis vel oblongis, sœpius
aeutatis, stepissime inaequalibus extorioribus majoribus subfoliaceis ; corolla
calijce subtriplo longiore, 5-plicata, albida, plicis albido-ochroleucis villo-
sis, cfeterum glabra ; staminibus supra basim tubi coroilini insertis, corollte
longitudinem dimidiam subaîquantibus , filamentis inferne glandulosis;
antberis lineari-oblongis, obtusis, basi sagittatis ; ovario disco hypogyno
cincto, ovato, in stylum attenuato, glabro vel apice piloso, 2-I()CuIari, locu-
lis bi-ovulatis ; stylis 2, erectis approximatis, inferne coalitis, in parte libéra
((juie vulgo sligmata) clongatis teroti-filiformibus ; capsula subglobosa,
calyce breviore, cbartacea, apice interdura piloso-birsuta, biloculari ^eplo
eelluloso-membrauaceo, cvalvi, basi irregulariter fissuris debiscente; serai-
nibusin quoquc loculo 2, rarius abortu 1, ovalo-oblongis, nigris, tubcrcu-
SKANCK l)L '2/l AVIIIL 1807. /jOl
lali^, tisla all)!in)iii(' imioilagiiioso iiultita ; radicula i)l)lii>iiisciila, rcclius-
ciila ; cottiledonibuK l'oliaccis, loiii^itiuliiialiter coiuliiplicato-coriuiialis
traiisversim re{)lic'atis, suborbiculatis, emarginato-subbi[ubi$ lobis rotinula-
tis. — Aprili-junio.
In rt'gni ïiinelani australioris ar^illoso-arenosis, glarcosis, alluviis, in
ditione Gabes hiiic indc copiosa (Kralik pi. Tun. exsicc.) eliam in insula
Djo'ba.—lw Sahara Algériens! trium provinciaruin et in planitiebiis excel-
sis et montiljus luunilibus Saharœ confinibus provincial Oranensis et Alge-
l'iensis; in provincia Oranensi ! australiore fieqiiens (Kralik np. Bourgeau
pi. Alger, e.xsiec); in provineiae Àlgeriensis ditio;ie Laijhouat! (Geslin,
Reboud), et inter Lmjhouat et Boghar ad Djelfa in monte Djebd Sakari
(Uebond); in provinciœ Cirtensis ditione Ouled Djellal ad occidenteni
urbis Biskra (Hénon).
Le C. supinus est voisin du C. suffruticosus Desf. {Atl. 1, 175, t. 48),
qui est assez répandu dans la légion littorale de la province d'Oran (Ba-
lansa pi. Alger, exsicc. n. 358; Bourgeau pi. Alger, exsicc. n. 80) ; il en
diffère surtout par la villosité beaucoup plus abondante de la partie supé-
rieu'e de la plante, par les feuilles plus coui'tes brusquement contractées
en un pétiole très court et non pas insensiblement atténuées en un pétiole
assez long, par les fleurs plus rapprocbées, par les pédoncules ordinaire-
ment biflores et non pas uniflores, par la corolle blancbâtre à plis jaunâtres
et non pas d'un rose purpurin, etc.
Heuotropium undulatum VabI Symb. I, 13; I>ehm. Asper. I, 57; DC.
Prodr. IX, 536. — H. crispum Desf. Atl. I, 151, t. h\. — Lithospcr-
mum hispidwn Forsk. FI. jH'g.-Arab. descr. 38.
In deserto Tunetano ad Tozze?' et El Hammah (Desf.), in incultis are-
nosis et ruderalis insulœ Djerba frequens (Kralik pi. Tun. exsicc. n. 39Zt).
— In Sabarai Algeriensis ditione Biskra (Jamin pi. Alger, exsicc. n. 235;
Balansa pi. Alger, exsicc. n. 8Zi9), et ditione Béni Mzab ad Berrian et
Guerrara (Reboud). — In iEgypto ad Cahiram (Delile, Siel)er pi. exsicc),
ad Suez et ad Chartoum in Sennaar (sec. DC). In Senegalia (Perrottet pi.
Seneg. exsicc).
EcHiociîiLON FRUTicosuM Desf. Atl. r, 167, t. kl; DC. Prodr. X, 27.
— Lithospernium divaricatum Sieber herb. Palœst. exsicc; Spreng.
Syst. I, 543.
In deserto Tunetano prope AVoMa» (Desf.), in ditione Gabes in glareosis
et argillosis apricis (Kralik pi. Tun. exsicc n. 115 et 273). — In Sabarae
Algeriensis trium provinciarum glareosis, gypsaceis, argillosis, collibus
apricis, née non in planitiebus excelsis australioribus provinciœ Algeriensis
et Oranensis, ex. gr. in ditione Biskra! (Jamin pi. Alger, exticc. n. 267 ;
T. IV. 26
hO'l SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Baiansapl. Alger, exsicc.i). 8/18), in dilionc Layhouat! (Reboud, Tessière,
Geslin). in planitie Zahres Djelfa inter et Boijhar (Kehoiid), in ditione Ha-
minn Garabas ad Ain Se/îssifa!, ad lacum exsiccatum Ckott el Rharbi ! —
In Cyrenaica (Viviani FI. Libye). In ^gypto (Deiilc). In Paiœstina ad
Jaffa (Bové) et ad niontem Carmel (Michoni. In Aiabia (Aiicher-Eloy).
Arnebia decumbens. — Onosma Orientalis Pail. It. II, 329, et app. 73^ in
nota ad n. 100, t. 50 [1773], et éd. gail. t. 103, f. 1, non L. sec. DC. —
Lithospermwn decumbens Vent. Cels. t. 37 [1800] ^in herb. Delesserl) ;
Lehm. Asper. pars II, 326. — Onosma divaricatum Lebnti. Asper. pars II,
372 [1818]. — Lithospermum micrantimm Viv. FI. Libye. 10, t. 1, f. h
[W2k].—L. cornutum Ledeb. FL. Alt. 1, 175 [1829], et/e. fl. Ross. t. 25.
— Arnebia cornuta Fisch. et Mey. Ind. I hort. Petrop. 22 [1835]; DG.
Prodr. X, 95 ( verisirnilitei- var. [3 excludenda) ; Ledeb. Fl. Ross.
III, 139. — A. Vivianii Coss. et DR. ap. Balansa pi. Alger, exsicc.
n. 8/47, et ap. Coss. Voy. bot. Alger, in Ann. se. nat. sér. û, I, 2/tO et
IV, 285.
Planta annua, saepius humilis, radiée exsiccationeviolaceo-rubescente;
caule setis pafulis flavicantibus hispido, supcrne corymboso-ramoso, basi
subsimpliei erecto, vel a basi ramoso ramis lateralibns sœpius caulem sub-
sequantibus aseendenti-erectis vel rarius decumbentibus ; foliis lineari-
oblongis, setosis ciliatisque, infimis subrosulatis obtusis in petiolum angus-
tatis, superioribiis acutis ; floribus subsessilibus, scepius pkirimis, sub-
approximatis, in racemos toliatos scorpioideos corymbosos demua) elonga-
tos sœpius 2-6 dispositis; foliis bractealibns caulinis conforniibus, calyces
subœquantibus superantibusve; ealyee post anlhesim accrescente setis pa-
tulis flavicantibus hispido, laciniis linearibus vel angnste linearibiis sub-
uninerviis, erecto-conniventibus, corolla brevioribus vel eam subsequanti-
hus, fructiferi tubo ampliato et no^vis primariis albido-flavescentibus éasi
incrassato-induratis et gibboso-prominentibus aeute pentagono angidis C7is-
tœfo7'mibi(s sinuhus membranaceis albidis -, corolla lutea , externe dense
strigoso-pubescente ., tubo gracili elongato sub fauce ad staminum insertio-
nem paulum dilatato, limbo brevi laciniis ovato-tiiangularibus erectiiiscuiis;
nuculis ovato-siibtriquetris, dorso supra médium paulo angustioribus,
griseo-cinerascentibus, opaeis, dense inœqualiterque tuberculatis, — A fe-
bruario ad maium.
Var. a. microcalyx. — Calycis fructiferi laciniis saepius auguste lineari-
bus tubo sesquilongioribus; corollae tubo calyce saepius subcliniidio lon-
giore.
In regno Tunctano australiore, in ruderalis prope Gabes iiec non in
pascuis et collibus deserti ditionis Béni Zid ad occidentcm urbis Gabes
(Kralik pi. ïun. exsicc. n. Zi07 sub nomiue A. Vivianii]. — lu deserto
sÉANCii; DU '2/i vviîiL J857. hO^
magnsc Syrteos (Viviani, loc. cit.). In dcsi'rtis Arabiic petiECtC cum A. linc-
toria et lincarilblia (Boissicr Diagn.pl. Or.). In l'crsia aiistiali (Kotschy
pi. Pers. aiistr. vu. Holieiiacker [1845] ii. 84 et 84 a sub noniinc A. coruul.i
et imr. lou<iilli)ia) noc non in provincia Aderbldjan (Auclier-Kluy pi. Or.
exsicc. n. 5010 iii hcrb. Mus. Par.). In Mesopotaniia Ancher-Eloy pi. Or.
exsicc, n. 2154 cl 2359 sec. DC. ), inter /iiujdad et Mossoul (Olivier et
Bruguière herb. Ventenat in berb. Delessert). In deserto Caspio et Sibiria
Altaica et Uralensi (l.ecieb. FI. Ross.); in Georgia Caucasica (Hohenacker
pi. exsicc. un. it. [1838] sub nomine A. cornuta).
Var. (3. macroccdijx. — Calycis fVuctiferi laciniis clongatis laliiiscule
linearibiis tubo subtriplo longioribus; corolbc tiibo calycom sœpius sub-
aequante vel parum excedente; nuculis sœpius subdimidio majoribus.
In regno Tunetano australiore in collibus et pascuis deserti, prope Sfnx
(Espina), in ditione Béni Zid ad occidentem urbis Gahes ad radiées montium
Djebel Keroua et Djebel Aziza (Kralik pi. Tun. exsicc. sub nomine A.
Vivianii). — In Sahara Algeriensi trium provinciarum nec non in pro-
vincise Algeriensis et Oranensis planiticbus excelsis australioribus : ex. gr.,
in ditione Biskra! (Jamin ; Balansa pi. Alger, exsicc. n. 847, sub nonnine
A. Vivianii); in ditione Lngkouat (Reboud ; Gesiin) et inde sepientriouem
versus usque ad diversorium Ain Oussera! ; in ditione Hamiun Garabas ad
Tyout! et Ain Sefra!, ad lacus exsiccatos Chott el Rharbil, et Chott el
Chergui! (Balansa pi. Alger, exsicc. n. 668 sub nomine A. hispidissima).
Nous avons dû adoptei', pour cette espèce, le nom d'yi. decumbens, à
cause de l'antériorité du Lithospermwn decumbens de Ventenat, bien que
ce nom n'indique pas le port le plus babituel de la plante- les échantillons
de l'herbier de Ventenat, à part leurs tiges décombantes, ne diffèrent en.
rien de la plante de Sibérie, sur laquelle Ledebour a fondé le L. cornutum
et ne sont pas spécifiquement distincts de VA. Vivianii Goss. et DR. — La
variété macrocabjx diffère notablement de l'autre variété par la grandeur
des calices et la longueur de leurs divisions, et nous l'eussious maintenue
comme espèce distincte si ces caractères ne nous eussent pas offert d'assez
nombreuses formes intermédiaires. Nous avons dû aussi renoncer, pour cette
variété, au nom de Vivianii {A. Vivianii Goss. et DU.), car le Lithos-
permum micrantimm de Viviani se rapporte mieux à la variété microcaiyx.
Les A. iinearifolia et ^njc^orza ayant souvent été confondus avec VA.
procumbens, nous croyous devoir donner la synonymie et la distribution
géographique de ces deux espèces, et indiquer leurs principaux caractères
distinctifs.
liOh socunÉ coTANiQci: de franc.i:.
AuNEuiA lim;ai\ifolia DC. Pi'odr. X, 95 et A. (inctoria ex parte. —
Lit/iospermum Arncbia Delile! yE(j. Illustr. n. 203 ex parte (eiim A.
tinctoria in herb. permixta), et FI. Arab. pétr. 12 (in heib, Dflessert).
— A. flavescens Boiss. Diagn. pi. Or. ser. 1, xi, 117.
Tn desertis ^gypti (Husson); Arabia petrœa (Aucher-Éloy pi. Or.
exsicc. n. 23()8 ; Scliimper pi. Arab. pelr. exsico. un. it. [1835] n. 398
sub nomine Lithospermum Arnebia et n. 396 ciim A. tinctoria in berb.
Delessert permixta; L. de Laborde; Boissier, loe, cit.).
L'/l. linearifolia se rapproche beaucoup, par le port et la plupart des
caractères, de la variété mticrocaUjx de l'A. decumbens, et il en diffère
seulement par le calice fructifère a tube dépourvu d'angles saillants
sous forme de crête, et à divisions subtrinerviées largement lancéolées-
linéaires.
AiîNEBiA TiNCTOiuA Forslv. FI. y-Eg.-Avab. descr. 63 [1775]; DC. Pi^odr.
X, 95 ex parte; Boiss. Diagn. pi. Or. ser. 1, xi, 117. — Lithospermum
tetrustigma Lmk. Encycl. méth. III, 30 [1789]; Pers. Syn. pA. I, 158
[•1805].— A. tindorium Valil Sijmb. Il, 33, t. 28 [1791] (non L.).
— L. Arnebia Delile yEg. Illustr. [1813] n. 203 ex parte (nempe in
herb. Delile! cum A. linearifolia permixta); Lehm. Asper. pais II, 316
[1818]; Rœm. et Schult. Sgst. IV, ^5 [1819].
In .-Egypti desertis prope Kahiram (Forskal, Husson). In Arabia peiraea
ad Houaru (Schimper pi. Aral), petr. un. it. [1835] n. 396 sub nomine
Lithospermum Arnebia et sub eodem numéro in herb. Delessert cum A.
linearifolia DC. permixta).
L'A. tinctoria diffère de l'A. decumbens par la villosité blanchâtre
apprimée de toute la plante, par le calice fructifère à tube dépourvu d'angles
saillants sous forme de crête, à divisions linéaires-oblongues obtuses, par
la corolle bleuâtre glabre, par les nucules lisses et luisantes, élargies à la
base, brusquement acuminées, planes en dehors, convexes à angle saillant
à la face interne.
NoNNEA PHAMEBANTHEBA Viv. FI. Libi/c. 9, t. 1 , f. 3; DC. Prodv. X,
33. — Lijcopsis calycina Rœm. et Schult. Syst. IV, Ih. — Moltkia
Cyrenaica Spreng. Syst. 5Zi8. — Nonnea Schultesii G. Don Gen. Syst.
IV, 338.
In deserti ïunelani australioris argilloso-arenosis prope ^/«x et in ditione
Gabes (Kralik pi. Tun. exsicc. n. Ilk). — In Sahara Algeriensi trium pro-
vinciarum nec non in provincial Algeriensis et Oranensis planitiebus
excelsis australioribus: ex. gr., Biskra (Jamiii, Balansa) ; in ditione La-
gliouatl, inter Djelfa et Doghar in aggeribus aren£e mobilis planiliei Zahres!
SÉANCK DU 2h AVRIL 1857. /iOô
(Rebond), iii ditione Ilamian Garabns prope Ahi Sefra (Kialik ap. Hour-
geau pi. Alger, exsicc. n. 58^/). — In (^yrenaica (Viviani, loc. cit.). Vcri-
similiter in regno Marocano ad Mogador (Broussonet sec. DC).
Anchusa Hisi'iDA Forsk. FI. yEg.-Arab. descr. /iO ; Vahl Symh. H, .33 ;
Lehm. Asper. pars II, 216 ; DC. Prodr. X, 50.
Tn alluviis et ruderatis, in gypsaceis et calcareis apricis regni Tunetani
australioris, in ditione Gnbes ( Kralik pi. Tun. exsicc. n. 277 et 277«)
etiam in insula Djcrba (Kralik pi. ïun. abs(|ue numéro). ^ — In Sahara
Algeriensi trium provinciarum hinc inde obvia : ex. gr. , in ditione Bit^kra!
(Jamin ; Balansa pi. Alger, exsicc. n. 870) ; in ditione Laghouat (Reboud) ;
in ditione Béni Mzab prope Berrian (Rebond) ; in ditione Ouled Sidi
Cheikh ad Arba et Tatani!, Brézina J -^ in ditione Hamian Garabas ad
Alial, Tyout! — In /Egypto inferiore ad Alexandriani (Dtiiie, Kralik) et
média ad Cahiram (Forskal, Delile). In Arabia petrœa (Schimper, Aucber-
Éloy). In iMesopotamia (Aucher-Éloy).
EcHiNOSPEBMUM Vahlianum Lehm. Asper. pars. II, 132; DC. Prodr. X,
1^2 ; Ledeb. FI. Ross. II, 162. — Anchusa spinocarpos Forsk. FI. yEg.-
Arab. descr. ki ; Delile jEg. Illustr. n. 208, Fi. 186, t. 17, f. i. — Myo-
sotis spinocarpos Vahl Symb. Il, 32. — Rochelia spinocarpos Rœm. et
Schult. Syst. IV, 111 et 783.
In déserte Tunetano australiore, in alluviis exsiccatis amnis Oued Gabes
prope Gabts (Kralik pi. Tun. exsicc- absque numéro). — In Saharse Alge-
riensistrium provinciarum etplanitierumexcelsarumaustraliorum glareosis,
argilloso-arenosis, depressis et alluviis exsiccatis : ex. gr. , in ditione Biskra!
(Balansa pi. Alger exsicc), et inter Biskra et Batna loco dicto les Taîna-
rins ! \ in ditione Laghouat, et inter Laghouat et Boghar au diversorium
Ain el Ebell; in ditione Hamian Garabas ad Tyout! et Ahi Sefra!, ad
lacus eestate exsiccatos Chott el Chergui! et Chott el Uharbi ! — Iq
i^îlgypto ad Alexandriam (Forskal, loc. cit.). In Arabia petrsea (Boissier),
ad montem Sinaï (Aucher-Eloy; Schimper pi. Arab. peti-. exsicc. éd.
Hohenacker [18^13] n. 178). In Rossiee australis desei-to Caspio (Ledeb.
FI. i^oss. ); Georgia Caucasica (Hohenacker pi. Cauc. exsicc. un. it. [1835].)
Linaria ALBiFBOiNS Spreug. Syst. II, 793; Chav. Munogr. AntiiTh. 156;
Benth. in DC. Prodr. X, 280. — Antirrhinwn albifrons Sibth. et Sm.
FI. Grœc. VI, 71, t. 588 optima.
In ogris et inter sei^etes regui ïunetani prope Suuza, Sfax et Gabes
(Kralik pi. Tun. exsicc. n. 279 et 279r(). — In rjra?cia (Olivier et Bru-
guière sec. Benth.)- in insula Riiodo (Sibth. et Sm-, loc. cit.).
Il06 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
LîNARiA FRUTicosA Desf. Atl. II, 39, t. 133; Chav. Monogr. Anth^rh. 111;
Benth. in DC. Prndr. X, 269.
In deserto Tunetano, iii moiitibus calcareispiopeCo/sa (Desf.), iu apricis
avgillosis vel calcareis, in collibiis glareosis, prope Sfax, in ditione Gabes
(Kralik pi. Tun. exsicc. n. 287), etiam in insula Djerba. — lu Sahara
Algériens! provinciœ Cirteusis et Algeriensis, in ditione Biskra! ï\c{\\xqu%
(Jarain; Balansa pi. Alger, e.xsice. n. 8^5), in ditione Laghouat ! pluribus
locis obvia (Reboud, Geslin), in dilione Béni Mzab (Reboud).
Le L. fruticosa est très voisin du L. yEgyptiaca Dum. Cours. (Chav, ;
Delile y^g. t. 32, f. 2. — Antirrhinum spinescens Viv. FI. Libye. 32,
t, 27, f. 2), plante des déserts de l'Egypte (Delile), de la Palestine, de
l'Arabie pétrée (Boissier) et de la Cyrénaïque (Viviani) : il en diffère seule-
ment par les feuilles supérieures rarement hastées, par les pédicelles plus
courts et par le fruit ordinairement plus petit de moitié -, la corolle, que les
auteurs décrivent comme étant plus grande dans le L. fruticosa, nous a
paru à peu près identique dans les deux plantes.
LiNARiA ExiLis Coss. et Kr. in Kralik pi. Tun. exsicc. n, /i09 [1854].
Planta anmia, humillima, gracilliynu, caule filiformi, erecto, irregula-
riter dichotomo-ramoso, ramis dichotomiarum alternatim abortientibus
superne flexuoso, brevissime pubescenti-viscidulo ; foliis minutis, integer-
rirais, violaceo-rubescentibus, crassiusculis, inferioribus caeteris majoribus
ovatis vel oblongis oppositis subapproxiniatis, superioribus lineari-oblongis
a/^ernis 'paucis remotis; floribus minimis, terminalibus et pseudoaxillari-
bus, in racemos scorpioideos demum longiusculos remotifloros dispositis ;
pedicellis demum calyce duplo longioribus; calycis laciniis insequalibus,
oblongo-linearibus, obtusis; corolla calcare dempto Zi-S millim. longa,
violaceo-purpurascente, tubuloso-campanulata, calyce paulo longiore, pa-
latodepresso^ labio superiore antice producto nec ascendente, calcaire subu-
lato corollam dimidiam subœquante ; capsula calyce saepius breviore,
subglobosa, loculis inaïqualibus, rarius aequalibus, loculo majore opercule
valvaiformi déhiscente, dein irregulariter dirrupta ; seminibus minimis,
ovoideis, immarginatis, longitudinalitcr remoteque vix costulalis, inter cos-
tulas mimUissinie denseque tuberculatis . — Initio maii 185/i jam deflorida
Itcta.
In depressis inter riipes calcareas ad cacumen montis humilioris Djebel
Keroua prope Gabes (Kralik pi. Tun. exsicc.) ibique Erythrœae rainosis-
simqe socia.
Le L. exilis se rapporte par tous ses caractères à la section Cliœnorrhi-
nwn DC. (Benth. in DC. Prodr. X, 286), où, en raison de son port et de
SÉANCK DU 2/| AVUIL 1857. /|07
sa durée, il doit ôlre placé à côté des L. rubrifolia et minor ; il diffère du
L. rubrifolia par la tige beaucoup plus f^réle, par la capsule presque glo-
buleuse et surtout par les graines très (ineinent tuberculeuses entre h s
côtes, et non pas tuberculeuscs-écbinées ; par le port et la plupart des
caractères, il se rapproche davantage de certains échantillons très grêles du
L. minor, mais il en diffère par la capsule plus petite, globuleuse, à loges
ordinairement inégales et par les graines trois à quatre fois plus petites, à
côles peu distinctes et espacées-, dans le Z. minor et les espèces voisines
(/-. litturalis Willd. et jvœtermissa Delastre) la capsule est généralement
ovoïde à loges égales, et les graines présentent des côtes rapprochées et très
saillantes.
Anarrhinum brevifolium Coss. et Kr. ap. Kralik pi. Tun. exsicc. n. /i08
etlxQHbis.
Suffrutex dwnosus, rigidus, ramosus, erectus, ramis numerosis, vetus-
tioribns aphyllis lignosis subtortuosis plus minus elongatis cortice rimoso
cinerascente, ramis novellis cortice albido undiquepwôé" minuta glanduli-
fera copiosa ohtectis sparse foliatis j foliis conformibus, parvulis, brevibiis,
oblongis, inferne in petiolum brevem attenuatis, apice mucrouatis, cras-
siusculis , indivisis, integerrimis, glaucescentibus , glabris vel margine
breviter denliculato pubesceiUibus; floribiis pro génère majusculis, in ra-
cemos breviusculos demum subelongatos disposifis, bracteatis bracteis flores
subaequantibus; cabjce campanulato, ad tertiam partem 5-lido, subco-
riaceo, glabro, tubo inter nervos laciniarum membranaceo ad nervos her-
baceo , laciniis brevibus triangulari-lanceolatis herbaceis glabris vel
dorso breviter puberulis sed margine haud ciliato-glandulosis ; corolla
lactea, calyce duplo lougiore, ecalcarata, labio superiore inferiore subdi-
midio vel vix breviorc fere ad médium bilobo lobis ovato-obtusis subasceu-
dentibus, labio inferiore patente trilobo lobis suborbiculatis medio sœpius
majore; staminis quinti rudimento lineari ; capsula calyce subdimidio lou-
giore, ovato-suborbiculata, compressluscula, apice depresso-emarginata. —
Aprili-maio.
In regno Tunetano australiore, in arenosis maritimis inter Sfaxet Gabes
ad turrera Nadour, et in collibus calcareis et pascuis argilloso-arenosis
apricis deserti ad occidentem urbis Gabes et in ditione Béni Zid (Kralik
pi. Tun. exsicc).
LA. brevifolium, par la corolle dépourvue d'éperon, appartient au sous-
genre Simbuleta Jaub. (t Spach [lllustr. Or. Y, 50. — Simbulela Forsk.
FI. ^g.-Arab. descr. 115. — Anarrhini species corolla ecalcarata Benth. in
DC. Prodr. X, 289) ; il diffère des autres espèces du même groupe par les
tiges plus ligneuses, par les jeunes rameaux couverts d'une pubescence
abondante, par les feuilles courtes, oblongues, indivises, toutes conformes,
/|()8 SOCIÉTÉ lîOTAMQll': DE FKANCK.
par les fleurs assez prniides en «iiappes d'abord coui'tes, par le calice à divi-
sions courtes non ciliées, par la corolle à lèvre supérieure fendue jusque
vers son milieu et plus courte que l'inférieure.
ScROFOLARiA ARGCTA Soiaud. lu Ait. Hort. Kew. éd. 1, II, 342; Webb!
Phyt. Cm. III, 131, t. 177; Benth.! in DC. Prodr. X, 305.
In regno Tunetano australiore, in alluviis amnis Oued Gahes prope Ga-
les 18" die maii jam emarcida lecta. — In insulis Canariis haud infrequens
(Masson, Broussonet, Despréaux, Webl), Bourgeau pi. Can. exsicc. n. 55i,
Bolle). In Hispaniœ orientalis australioris ditione Almeriensi ad basim
Yuouiis Sierra de Gador (Bourgeau pi. Hisp. exsicc. n. 1388fl). In regno
il/fwcrt^e secus torrentes (Aucher-Eioy pi. Or. exsicc. n. 5057). In Abyssi-
nia ad flumen Tacaze (Scbiinper pi. Abyss. exsicc. un. it. n. 1428 sub
nomine S. rostrata).
Des graines recueillies sur les échantillons de Gabes ont été semées par
M. Durieu de Maisonneuve qui, en suivant le développement de la plante, a
constaté chez le S. arguta le caractère singulier et constant de l'existence
de rameaux et de fleurs hypogés (voir dans le Bulletin de la Société bo-
tanique, III, 569, les détails donnés par IM. Durieu et les observations
ajoutées par M. J. Gay).
Phelip^a violacea Desf.! Atl. l\, 60, t. 1Zi5; Viv. FI. Libye. 3Zi ; Reut.
in DC. Prodr. XI, 12 ex parte. — Orobanche Phelypœa Willd. Sp.
IH, 352.
Planta glabra, perennis?, caule simplici, elafo, 5-12 decim. longo, ra-
rius abbreviato, carnoso, sulcato, crassitie pollicis et ultra, basi vix incras-
sato vel tuberoso-incrassato ibique squamis imbricatls obtecto, cseterum
laxiuscule squamalo ; squamis nuinerosis, inferioribus ovato-oblongis obtu-
sis margine membianaceo-pallidioribus , superioribus ovato - lanceolatis
ereclis cauli haud adpressis; bracteis squamis conformibus, margine mem-
branaceo-pallidioribus, calycem subine(|uanlibus ; floribus maximis, sessili-
bus, in spicam 3-4 rarius 1-2 decim. longam, i-aepius elongato-cylindricam
dispositis; bracteolis oblongo-lanceolatis, calyce paulo brevioribus, mar-
gine membranaceo-pallidioribus sublacero-denticulatis; calyce glabro,
saepius semi-quinquefido, lobis ovato-oblongis, apice obtusis, subrcticulato-
pauciveniis, integris, margine membranaceo pallidioribus ; corolla maxima,
calyce subduplo longiore, 30-40 millim. ionga, glabra, leviterarcuata, tuhu-
loso-canipunulatu, tubo pallide albido, a basi ad fuucem sensini aniidiato
inferne haud anyustuto, fauce utrinque ad basim lobi medii labii infcrioris
plicatuia prominente flavescente dunata, limbo intus intensius violaceo-
purpurascente subbilabiato 5-lobo, lobis ovato-rolundatis patentibus sub-
a?qualibus, medio labii inferloris paulo longiorc; staminibus ad tertiam in-
SKA^(;H DU 2li avuii. 1857. /i<)^>
feriorem tubl lonf/ididinem inserfis, filamentis ima l)asi villosis, .supcnie
incurvis; (oithcris crassis, lanatis, lobis valide ciisphlalis ; stylo staininibiis
paulo longiore, stigmate crasso retuso suhbilobo ; capsula calyce dimidio
longiore, ovato-suboibiculata, basi styli perdstente cuspidata, valvis in lon-
gitudine tota secedentibus. — Febi-unrio-maio.
In deserto Tunetano australlore, in aienosis prope Tozzer (Oesf. , loc.
cit.), in arenosis niarilimis prope Gabes (Kralik pi. Tun. exsicc. n. 291)
ubi in Zygopbylli aibi et Limoniastii monopetali radicibus parasitica. — In
Sabara Algeriensi ! (Baiausa pi. Algei'. exsicc. n. 8fi6) trium provinciarum
nec non in parte austraiiore planitieium exceisaruin provincia; Algericnsis!
et Oranensis !, solo arcnoso vel argilloso-arenoso, intorduni saiso, sœpius
in Salsolacearum frutescentium radicibus parasitica. — In littore Tripoli-
tano (Viv., loc. cit.).
Le P. violacea Desf. qui, en Algérie, n'a encore été observé que dans
la région Sabarienne et dans la partie chaude des hauts plateaux, est très
distinct de la plante d'Oran, qui lui avait été à tort rapportée comme syno-
nyiTie, alors que le véritable P. violacea n'avait pas encore été observé en
Algérie. — La plante de Desfontaines diffère de l'espèce du littoral {P.Mau-
ritanica Coss. et DR.) par le port, par les bractées et le calice glabres,
et non pas couverts de poils laineux, par le calice à lobes plus lai-ges et
plus obtus, par la corolle à tube large même dans la partie inférieure, et
non pas à tube étroit inférieurement, par les étamincs insérées un peu au-
dessus de la base du tube, et non pas vers le milieu de sa longueur, et par la
capsule environ de moitié plus longue que le calice, et non pas environ de
moitié plus courte.
Pour faire mieux apprécier l'ensemble des caractères distinctifs des
deux plantes nous croyons devoir donner également ici la description du
P. Mauritanica.
Phelip^/v Mauritanica Coss. et DR. ap. Coss. Voy. bot. Alger, m Ann.
se. nat. sér. k, I, 226. —P. violacea Reut. in DC. P7'od7\ XI, 12, quoad
plantam Oranensem nec Fontanesianam.
Planta perennis?, caule simpiici, abbi^eviato, 5-10 rarius 30-'iO centim.
longo,carnoso, sulcato, crassitiedigiti minoris vel pollicis, basi t^sepiushaud
incrassato, siiperne sœpe ampliato, squamls arcte imbricatis undique ob-
tecto vel laxiuscule squamato ; squamis sa}pius numerosis, margine niembra-
naceo pallidioribus, ovalis vel lato-obovati^ obtusis ; bracteis ovato-rhom-
boideis vel late ovatis subacutatls, cnm bracteolis et calyce dorso pilis
crispulis dense lamiginosis, calycem sul)ae(iuantibus; floribus maximis,
sessilibus, in spicam dopressam vel cylindraceo-conicam saspius caulis
longitudinem dimidiam obtinentem congestis ; bracteolis dorso lanuginosis,
linearibus, apice acutatis, calycem subaequantibus, piuriveuiis, margine
!llO SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
sublacero-denticulatis ; calyce extus lanuginoso, circiter ad tertiam partem
S-fido, lobis sequalibus, ovato- vel oblongo-lanceolatis, obtusiusculis acu-
tiusculisve,subreticuiato-pluriveniis, marginedenticulatis; corolla maxima,
calyce duplo longiore, ZiO-50 millim. lon<za, glabra, fubuloso-cijlmdrica,
tuba pallide albldo, inferne anguste tubuloso superne sensim arl faiicem
rn/ipiiato, faiice utiinque ad basim lobi medii labii inferioris plicatura pio-
minuia donata, liinbo iiitus iiiteiisiiis violaceo-piiipurascente subbilabiato
5-lobo, lobis ovato-rotundatis patulis subœciualibus, inedio labii inferioris
paulo longiore; staminibus ad dimidimn tubi lonyitudmem insertis, filamen-
tis basi villosis, supeine incurvis; antheris crassis, lanatis, lobis valide
ciispidatis; stylo staminibus paulo longiore, stigmate crasse vix bilobo ;
capsula calijce subdimidio br&viore , ovato-suborbiculata compressa, basi
styli persistente cuspidata, valvis iu longiludine tota secedentibus. — Janua-
rio-martio.
In arenosis et argillosis littoraiibus provinciœ Oranensis prope Oran /,
Salsolacearum frutesceutiura ad radiées (Balansa pi. Alger, exsicc. n. h\Z
siib nomine P. violacea).
[La fin à la prochaine séance.)
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
PHYSIOLOGIE VEGETALE.
I^iuise lleîspicle aiiumalcr Uililiiiift «les HolKkoerper»
[Quelques exemples de formation anormale du corps lujneu.r); par M. Al-
bert WigaïKl [Flora, w" /i3, 21 novembre I8/16, pp. ()73-681 , plane. Vil).
Dans certaines tiges de Dicotylédons ligneux l'accroissement du corps
ligneux se fait inégalement pour les différentes portions de la circonférence,
ou bien il cesse entièrement sur certains points pour se continuer sur d'au-
tres. Il résulte nécessairement de là des formes anomales de tiges, dont
plusieurs ont été déjà décrites, dont quelques autres fournissent à M. A.
Wigand le sujet de son mémoire.
1° Les racines des Ononis [spinosa et repens] sont remarquables en ce
que leur accroissement, d'al)ord concentrique, cesse souvent dès la seconde
année sur certains points de la circonférence et cela sans cause extérieure
appréciable. Or, comme sur les autres points des couches ligneuses annuelles
continuent à se produire, il en résulte entre ceux-ci des enfoncements pro-
fonds. Ensuite le bois gagne beaucoup en épaisseur sur un seul côté, ce
qui rend la moelle fort excentrique. Le plus souvent ces enfoncements et
ces saillies n'ont aucune régularité; d'où il résulte que les sections trans-
versales de ces racines ù'Ononis offrent des contours très divers et fort
bizarres.
2° Cette inégalité d'accroissement est très connue dans la généralité des
lianes tropicales. M. Wigand en décrit et figure une, probablement une
Malpighiacée, à cause de son bois profondément lobé, qui est remarquable
à l'extérieur et vue tout entière, parce que sa surface présente l'apparence
d'un faisceau irrégulier de cordons tantôt contournés en spirale, tantôt
longitudinaux sur une certaine longueur, ou même se portaut quelque peu
dans le sens opposé à celui de leur enroulement habituel.
3° Une autre tige indéterminée, que M. Wigand a reçue du Brésil, pré-
sente un bourrelet spiral qui nous semble absolument analogue à celui que
nous voyons fréquemment se produire sur les tiges autour desquelles s'en-
roule en spirale une plante ligneuse grimpante.
k" La racine du Polyyala senega, dont Walpers a déjà étudié l'organi-
sation [Bot. Zeit., 1851, p. 297), est très singulière en ce que son corps
ligneux forme seulement un demi -cercle, dans lequel se trouve cependant
compris le centre de l'organe entier. La moelle non renfermée dans le bois,
mais située à côté de lui, complète avec celui-ci un cylindre. Le tissu de
/|12 SOCIÉTÉ BOTANIQUE 1>K FRANCE,
cette moelle passe graduellement au parenchyme cortical. La surface convexe
du bois est recouverte d'une couche de camhium ; celle-ci, a son tour, est
embrassée par un tissu corné, très épais, qui va se rétrécissant graduellement
en coin vers l'extérieur et qui est composé de cellules étroites, à parois
épaisses, filiformes comme les cellules libériennes. On voit donc qu'ici, dès
l'origine, le développement n'a pas été concentrique et que, à part l'écorce
cellulaire qui enveloppe le tout, la moelle, le bois et le liber, au lieu de
former autant de cercles emboîtés, sont simplement placés l'un à la suite de
l'autre.
5° La racine du Cissampelos Pm^eira, qu'on regarde comme constituant la
Pareira brava, présente un accroissement excentri(iue. Pendant un petit
nombre d'années, ses couches ligneuses sont circulaires et complètes; puis
leur formation ne se continue plus que sur une portion de la circonférence,
d'où le bois se porte entièrement vers un côté et la moelle devient très excen-
trique. On sait que des particularités analogues se présentent fréquemment
dans les tiges des Ménispermées. En outre, ces couches ligneuses très incom-
plètes ne sont souvent ni de même longueur ni parallèles; de sorte qu'il
existe dans leur disposition relative une irrégularité remarquable. Les
rayons médullaires d'une couche ne correspondent même pas en général à
ceux de la couche adjacente. Les cellules du parenchyme qui sépare les fais-
ceaux ligneux dans chaque couche et les couches les unes des autres, sont
petites, et elles sont à peu près remplies par un gros grain de fécule com-
posé de 2 ou 3 plus petits grains réunis. —Chaque faisceau vasculaire, avec
le liber qui l'accompagne, forme un tout complet et indépendant.
6» La racine de Caïnca, qui provient d'un Chiococca, présente un exemple
remarquable de formations ligneuses indépendantes. Telle qu'elle existe
ordinairement dans le commerce, n'ayant qu'une faible épaisseur, elle n'offre
rien de particulier, puisqu'on y trouve un corps ligneux épais, situé autour
d'une moelle à peine visible, et entouré d'une écorce mince et brune. Au
contraire, lorsqu'elle est plus vieille, elle possède un corps ligneux central,
entouré de plusieurs corps ligneux secondaires ou excentriques, rattachés
tous entre eux par l'écorce. On voit que c'est une structure analogue à celle
des tiges des Sapindacées, avec cette différence que, dans le Caïnca, il
n'existe pas la moindre régularité dans le nombre ni dans l'arrangement des
corps ligneux secondaires, qu'on voit aussi différer entre eux de grosseur
à un degré surprenant. Toutes ces masses ligneuses sont serrées, traversées
par des vaisseaux distribués assez uniformément et par des rayons médul-
laires très étroits. Celle du milieu a une moelle ; les autres en sont dépour-
vues, à proprement parler; mais, dans l'origine, elles ont à leur centre quel-
ques grandes cellules remplies de fécule. L'écorce est formée d'un parenchyme
brun, solide, à petites cellules, entremêlé de nombreuses cellules libériennes,
isolées ou groupées en petits faisceaux.
UKVUK ninMOGRAl'IlIQlK. AI 3
7» La raciiio du Turbitli [IpdiiKea Turpellmm \\. Wv.) pirscnfc un autic
exemple de corps ligneux contrai avec plusieurs corps ligneux secondaires
périplu'iiques. Lorsqu'elle a environ un centimètre d'épaisseur, son bois
central très poreux est coupé en quatre par \\w moelle prolongée en quatre
grands rayons en croix , son écorce forme à l'extérieur plusieurs saillies
longitudinales arrondies, dont chacune loge un gros faisceau siuis moelle
composé de nombreux et gros vaisseaux. Sur les vieux individus on observe
des couches ligneuses incomplètes qui rappellent celles de VOnonis et du
Cissa77ipelos.
La planche (jui est jointe au mémoire de M. Wigand représente, en 8
figures, les tiges n" 2 et 3 tout entières et les coupes transversales des diverses
racines qui viennent d'être décrites.
DcTcloppeincut «le la iiiatière verte des vég^ctan^K et
flexion «les tiji;;es sons l'înflnenee «les rayons nltra-
violets «lu spectre solaire; par M C,-M. Guillemin [Comptes-
rendusdc l'Acad. des scien., XLV, séance du 13 juillet 1857).
Les rayons dont M. Guillemin a étudié l'action sont situés, dans le spectre
solaire, au delà du violet. Leur caractère essentiel résulte de la propriété
qu'ils ont de réduire les sels d'argent et quelques autres composés. 11 était
intéressant de reconnaître s'ils n'influeraient pas sur le développement
de la matière verte des végétaux. Pour s'éclairera ce sujet par l'expérience,
M. Guillemin a placé un grand nombre de jeunes plantes d'Orge, de
Cresson alénois et de Moutarde blanche, tenues jusqu'à ce moment à
robscurité, dans la région la plus réfrangible d'un spectre assez intense et
assez pur. Au bout de six à huit heures, les feuilles d'Orge ont présenté une
teinte verte très appréciable, mais moins prononcée que celle qui se déve-
loppe sous l'influence des rayons de la partie visible du spectre. Des plantes
semblables, plongées dans les rayons visibles, ont indiqué, conformément
à ce qu'avait déjà vu Gardner, un maximum d'action dans les rayons
jaunes.
Les feuilles d'Orge sont beaucoup plus propres à manifester cette influence
que celles du Cresson alénois et de la Moutarde blanche. Leur portion qui
reçoit directement les rayons ultra-violets prend une teinte verte ((ui con-
traste avec la teinte jaune qu'elles conservent dans le reste de leur étendue.
Des feuilles tenues comparativement à la lumière diffuse ont pris, après un
temps très long, une légère teinte verte; mais cette teinte était beaucoup
plus faible et d'ailleurs elle s'est développée beaucoup plus lentement que
celle qu'ont développée les feuilles exposées aux rayons ultra-violets.
La flexion des tiges du Cresson alénois et de la Moutarde a été évidente
au bout d'une demi-heure, dans les rayons ultra-violets, tandis qu'elle a été
/il A SOCIÉTÉ BOTAINIQUE DE FRANCE.
plus lente à se produire dans la portion visible du spectre. Ainsi dans les
rayons ultra-violets les tiges s'étaient iléchies à angle droit en moins de deux
heures, tandis (lut' leur (lexion était beaucoup moindre dans le jaune, le
rouge, même dans l'indigo et le violet. Les mêmes différences se sont pré-
sentées lorsqu'on a retourné les tiges déjà fléchies de manière à déterminer
en elles une courbure en sens oppose au premier. Quant aux jeunes plantes
exposées à la lumière diffuse, elles se sont fléchies faiblement et avec beau-
coup de lenteur.
De ses observations M. Guillemin déduit les conclusions suivantes :
1° Les rayons ultra-violets déterminent la formation de la matière verte
des végétaux ;
2° Ces mêmes rayons opèrent la flexion des tiges plus rapidement que les
rayons de la partie visible du spectre.
Il ajoute cependant qu'il lui reste à contrôler ce dernier résultat.
Dcti!iLièiiic note sur la f'ccoodatiou des Fncacces; par M. G.
Thuret [Mém. de la Soc. impér. des scienc. nat. de Cherbourg, V, avril
1857. Tirage à part en broch. in-8° de pp. 16 et 1 plane).
Les résultats des premières observations de M. Thuret sur la fécondation
des Fucacées ont été publiés au mois de mai 1853, dans les mémoires de
la Société de Cherbourg; c'est une date importante à relever pour montrer
l'erreur dans laquelle est tombé un habile observateur allemand qui, quoi-
que venu notablement plus tard, a cru pouvoir s'attribuer la découverte
de la sexualité des Algues. Celles que notre éminent Algologue vient tout
récemment de faire connaître dans le mémoire dont nous allons présenter
un résumé, ajoutent des faits d'un haut intérêt à ceux qui nous avaient été
déjà révélés.
Ces observations ont été faites dans le cours de l'hiver dernier et elles
ont porté principalement sur un point très important, sur la détermination
de l'instant précis où, par suite de la fécondation, une membrane vient
recouvrir les spores qui en étaient jusqu'alors entièrement dépourvues, et
qui ne consistaient qu'en une masse de matière granuleuse olivâtre, parfai-
tement sphérique, maintenue seulement par la cohésion de sa substance.
M. Thuret a reconnu par des observations extrêmement nombreuses que
cette membrane enveloppante « nait presque soudainement sous l'influence
de la fécondation, et que, six à huit minutes après avoir été mises en conr-
tactavec les anthérozoïdes, les spores commencent déjà à se recouvrir d'un
tégument dont il n'existait aucune trace quelques instants auparavant. »
Pour constater ce fait il lui a sufli d'ajouter à la goutte d'eau de mer, dans
laquelle se trouvaient les spores, une gouttelette d'une solution de chlorure
de zinc ou d'acide sulfurique faible. A l'instant même où elles sont atteintes
REVtlK BIBLIOGIUMIIQUI-:. Zl 1 5
par l'iiii OU l'autre de ces rractifs les spores se coiitractent légèrement;
presque aussitôt il exsude à leur surface des globules d'un liquide réfringent,
incolore, qui, grossissant et se multipliant avec rapidité, ne tardent pas a
les recouvrir entièrement. La formation de ces globules parait être due a la
substance visqueuse azotée des spores (jue le réactif a l'orcée de se séparer
de la cblorophylle. INaturelIcment dès qu'il se forme une membrane sur les
spores fécondées, la production de ces globules, sous i'inlluenee des réactifs,
y rencontre un obstacle. Aussi voit-on d'abord les spores uniquement en-
tourées d'une zone transparente incolore, dans laquelle on dislingue les
globules comprimés par la membrane naissante. Puis, lorsque la membrane
a pris assez de consistance, elle empécbe totalement l'exsudation des glo-
bules. Les trois figures qui occupent la planche jointe au mémoire de
M. Thuret représentent : 1" la spore non fécondée, toute couverte de gros
globules limpides et libres, dont la formation qui a eu lieu sous l'action du
chlorure de zinc, démontre l'absence de toute membrane à la surface de la
spore; 2° la spore traitée de même dix minutes après qu'elle a été mise en
contact avec les anthérozoïdes ; elle n'est plus entourée que d'une zone
transparente due aux mêmes globules comprimés sous la membrane nais-
sante; 3° la spore traitée de même une heure après qu'elle a été en contact
avec les anthérozoïdes. Celle-ci n'a plus qu'une étroite bordure incolore,
limitée nettement par la membrane à ce moment bien formée et susceptible
même de bleuir sous l'action du chlorure de zinc ioduré.
Les observations de M. Thuret ont été faites sur les Fucus vesiculosus,
sen^ntus et nodosus. Elles ont été répétées un très grand nombre de fois et
les résultats en ont été toujours parfaitement concordants. L'expérience lui
ayant appris qu'il faut prendre quelques précautions pour réussir dans des
recherches de ce genre, il en donne l'indication détaillée. Voici en quelques
mots quelles sont ces précautions. Il est indispensable d'employer les spores
le plus tôt possible après leur sortie des conceptacles et de les délayer dans
une goutte d'eau de mer quelques minutes avant de s'en servir. Il faut
aussi s'assurer que les anthérozoïdes sont dans toute leur activité.
Lorsqu'on prend ces précautions, les anthérozoïdes s'attachent presque
immédiatement aux spores, et celies-ci commencent au bout d'environ une
demi-minute leur curieux mouvement de rotation qui s'opère dans le sens
suivant lequel la plupart des anthérozoïdes fixés à la spore dirigent leur
rostre. La durée de celte rotation varie sensiblement, mais le plus ordinai-
rement elle est de six à huit minutes. M. Thuret a cru voir que cette durée
est en rapport avec la formation plus ou moins prompte de la membrane
des spores, puisqu'elle est moindre pour celles dont la membrane se forme
le plus vite. Il a constaté aussi que ce mouvement se prolonge beaucoup
pour les spores qu'on a mises en contact avec les anthérozoïdes d'une espèce
différente et qu'il peut se continuer alors pendant plus d'une heure dans ce
M6 sociéth: botaïniqir de frange.
cas où il ne se pi'odiiit point ûe membrane. La seule exception qu'il ait
observée a eu lieu loi'S(|u'il a mélangé les antbcrozoïdes du Fucus scrratus
avec les spores du F. vesiculosus ; alors, en effet, il a vu quelques spores se
couvrir d'une membrane, mais leur nombre était beaucoup moindre que
lorsqu'il avait mélangé ensemble les spores et les anthérozoïdes du Fucus
vesiculosus. C'est évidemment, dit-il, pendant ces quelques minutes quedure
la rotation des spores, c'est-à-dire pendant que les anthérozoïdes sont en
contact immédiat avec elles, que la fécondation s'accomplit. Mais comment
s'exerce l'action des anthérozoïdes? Toutes les recherches qu'il a faites lui
ont prouvé qu'ils ne pénètrent pas dans l'intérieur de la spore. Quelquefois
même la fécondation lui a semblé s'accomplir sans qu'il y eût contact immé-
diat entre les spores et les anthérozoïdes. Pour les Algues d'eau douce
M. Pringsheim affirme que ces derniers entrent dans les spores, tandis que
MM. Gohn et de Bary soutiennent le contraire. « De ces diverses opinions,
dit M. Thuret, celle de M. Pringsheim, telle qu'il l'a exposée dans son pre-
mier mémoire, me parait la moins bien fondée. lùi ce qui concerne les
Fucus, elle rejfose sur une erreur manifeste, et, ajoute-t-il, les observations
du même auteur sur le Vauckeria ne me paraissent pas plus décisives. »
Uclicr da;^ Torkomnieu elcr Gcrhsacut'C in deii Pflauzcu
[sur V existence du tannin dans les plantes); par M. Hermann Ivarsten
{Monatsbericht d. Kœnigl. Preuss. Akad. d. Wissench. zu Berlin ;
cah. de févr. 1857, pp. 71-81, avec une planche).
Jusqu'à ce jour on n'avait pas regardé le tannin comme un des premiers
produits de l'assimilation opérée par l'organisme végétal en activité; ou
était plutôt disposé à y voir un produit de la décomposition des principes or-
ganicjues opérée en dehors du cercle des phénomènes vitaux dont la cellule
est le siège, M. Karslen lui assigne un rôle beaucoup plus important. Le
point de départ de son travail a l'té cette observation que le fruit du Bana-
nier, antérieurement à sa maturité, est rempli de fécule à l'exception de
certaines liles longitudinales de cellules larges et en forme de tonneaux,
disposées sur des cercles concentriques au milieu du tissu féculent et charnu
et dans lesquelles est contenu un liquide limpide qui prend sous l'action du
chlorure de fer la coloration en beau bleu à laquelle on reconnaît le tannin.
Cette matière existe aussi dans de pareilles files de cellules que renferment
les feuilles du même végétal.
Le tannin existe aussi fréquemment dans les fibres que dans le parenchyme ;
on le trouve surtout fréquemment dans les laticifères et dans les libres ré-
ticulées que renferment les faisceaux libreux des Monocolylédons ainsi que
le bois des Dicotylédons. M. Karsten en avait déjà signale la présence dans
les cellules des Palmiers qui se transforment eu vaisseaux rayés et ponctués.
URVUR BmLIOnHAlMlIQriî. A 17
Dans les Aroïdt'os, les lalicifc'i'i's en sont, remplis et ils se ramifient beaucoup
dans les espaces intereelluiaiies du parencliyitie voisin, par exemple dans le
Colucasia esculenta, le DieffenOac/na sefjuine qI divers Philodendron. Il en
est de même pour les latieileres plusieurs fois ramilles de VAsdepiassyriaca,
de VAlisnta Plantago, de Vlli/drocleis, des Papavéracées, des (.'urica et
Vasconccllea, ainsi que des fibres libériennes rameuses des Apocynées et
Marcgraviacécs. Les cellules du collenchyme contiennent aussi du tannin
dans leur cavité à une certaine époque de leur développement. L'auteur dit
que la coloration produite par le chlorure de fer sur le tannin des laticifères
met en évidence l'existence d'une membrane autour de ces tubes, contraire-
ment à l'opinion de quelques auteurs qui n'y ont vu que de simples méats
ou lacunes du tissu cellulaire.
Souvent les cellules et les fibres qui renferment le tannin finissent par
avoir des parois très épaisses, par exemple dans les (lycadées, où les fibres
laticifères, à parois d'abord minces, épaississent plus tard leur membrane,
comme celles du liber, au point que leur cavité en disparait presque.
Le parenchyme des feuilles contient aussi du tannin dans son suc cellu-
laire. Dans les noix de Galles tout le tissu en est imprégné.
Dans le tissu végétal le tannin n'existe pas libre, mais combiné avec une
matière coagulable par l'alcool et les acides. Cette combinaison est détruite
par l'action de l'air et alors seulement se produit la reaction du tannin sur
le fer. Ce tannin combiné se trouve, au total, dans les formes élémentaires
les plus diverses du tissu végétal, mais non dans le cambium le plus jeune
encore non recouvert par la cuticule, qui existe dans le bourgeon
terminal, ni dans les cellules lignifiées ou changées en liège. Dans les cel-
lules où il existe généralement il parait se rattacher à une période
particulière du développement. De môme que le sucre, les huiles, les résines,
les matières colorantes, il ne se montre que dans des cellules particulières,
dans des tissus déterminés, ainsi que dans certaines formes végétales.
Relativement aux classes du régne végétal, le tannin parait particuliè-
rement répandu dans les Dicotylédons qui sont pourvus d'un épiderme
riche en stomates et d'une écorce subéreuse; il l'est moins dans les Mono-
cotylédons auxquels manque généralement l'écorce subéreuse. Il est très
rare dans les Acotylédons qui sont dépourvus de liège et couverts d'un
épiderme très simple; les Fougères seules en renferment généralement.
La planche qui accompagne le raémoii-e de M. Karsten montre la distri-
bution des cellules et des laticifères qui contiennent le tannin au milieu du
tissu de la feuille du Colocasia mgittata et de V Hacken crenuta, de la tige
de VUmbilicus peadulinus et du Langsdorffia Moritziana,
T. IV. 27
AI 8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
BOTANIQUE DESCRIPTIVE.
ItéviMÎoii eoiiiparatîve de l'Isorliîcr et «le l'Iiistoire aliré-
gée «les l»yrt'n«'e«, «le Iia|»ejr«»usc; par M. i). C\os {Mémoires
de l'Acad. des sciences de Toulouse; tirage à part en broch. in-S" de 86
pages; Toulouse, 1857).
Les premières pages de cet important mémoire ont pour objet de faire
connaître l'état actuel de l'herbier de l.apeyrouse, les principaux travaux
dont les plantes des Pyrénées ont été l'objet dans ces derniers temps, les
motifs qui ont déterminé M. Clos à écrire sa Révision.
l/berbier de Lapeyrouse occupe hk boîtes en forme de volume in-folio.
Suivant les conseils du colonel Dupuy, le fils du lloriste des Pyrénées le
légua, à sa mort, à la ville de Toulouse. Il fut alors déposé dans une des
salles de la bibliothèque publique dite du Collège où il a pu, depuis cette
époque, être consulté pres(|ue aussi librement que les livres de la biblio-
thèque elle-même. Enfin, par une délibération du conseil municipal de
Toulouse, en date du 11 février li8/;3, il fut confié aux soins du Directeur
du Jardin des Plantes de cette ville. M. Clos relève avec raison dans cet
herbier plusieurs défauts qui en diminuent beaucoup l'utilité : « 1" nombre
d'échantillons ne consistent qu'en fragments de plantes, parfois insuffisants
pour une parfaite détermination ; 2" certains d'entre eux ne sont accompa-
gnés d'aucune indication de loi-alité ; 3° a un seul échantillon de plante cor-
respond la désignation de plusieurs localités différentes, sans qu'on sache
dans laquelle il a été cueilli 5 4" dans une même enveloppe se trouvent par-
fois confondues, sous une même dénomination, deux ou trois espèces
distinctes, confusion qui ne doit pas être imputée sans doute à Lapeyrouse;
5° un certain nombre de plantes ont disparu, soit parce qu'elles sont deve-
nues en totalité ou en partie la proie des insectes, soit par toute autre cause;
6° Lapeyrouse n'a pas eu le soin de distinguer toujours les plantes qu'il a
cueillies lui-même ; l'époque de la floraison et celle à laquelle ces plantes
ont été recueillies ne sont pas non plus mentionnées. » Le premier, le qua-
trième et le cinquième de ces reproches ne tou)bent qu'en partie sur l.ajjcy-
rouse lui-même. Depuis plus de 30 ans son herbier a été consulté par un
grand nombre de personnes 5 il a passé ainsi par des mains souvent fâcheu-
sement inhabiles, quelquefois déplorablement indiscrètes. Le triste fait
d'enlèvement et de mutilation d'échantillons, dont nous sommes personnel-
lement certain, parait être également connu de M. Clos, comme l'indi(|uent
ses expressions de disparition de plantes par le fait des insectes ou « par
toute autre cause. «Quant a l'indication de nombreuses localités pour chaque
échantillon, elle s'expli(|ue par cette circonstance singulière que Lapeyrouse
a fait son herbier après et d'après sa t'Iore, qu'il a voulu avoir, pour ainsi
REVUK lUni.KU.KAl'llIQLi;. /|1<)
(lire, son livro en exsiccaUi; aussi a-t-il f;éiiéralcmeiU copié sur sesétiqueltes
les localités dont réiuimération se trouvait dans V Histoire abrfUjéc à la suif(î
des phrases et des descriptions.
Quelle que soit la valeur réelle de Therhier de Lapeyrouse, la révision
connpièteque vientd'en faire M. Clos aura le précieux avantage d'en constater
l'état actuel et d'en établir la concordance riû;oureuse, soit avec V Histoire
abrégée des plantes des Pyrénées, soit avec les ouvrages de notre épo((iie.
Par suite il deviendra facile dès cet instant d'en fixer la synonymie dans
les travaux qui, à l'avenir, pourront avoir pour objet les nombreuses espèces
de la Flore des Pyrénées.
Il serait impossible d'analyser le travail de révision de M. Clos sans le
reproduire presque en entier. Nous nous contenterons donc forcément de
lui emprunter quelques-unes de ses indications relatives aux espèces liti-
gieuses proposées comme nouvelles par Lapeyrouse parmi lesquelles celles
que M. Clos regarde comme bonnes seront désignées seulement par leur
uom, sans synonymie. Naturellement nous le suivrons dans l'ordre qu'il a
adopté et qui n'est auti'e que celui du système de Linné, selon le:|uel sont
rangées les espèces dans Y Histoire abrégée des plantes des Pyrénées.
Veronica obtusata Lap. , in herh.; désignée avec raison piir Lapeyrouse
dans son Supplément comme variété du F. Chnmœdrys L. — V. acutitlora
Lap. fil., SuppL; appartenant au V. Teucrium, comme le pensait M. ïîen-
tham et non au V. offtcinalis, comme l'ont cru MM. Grenier et Godron.
— Bromus glaucus Lap., SuppL; réuni avec raison au B. erectus L. —
Globularia punctata Lap.; comme l'avait vu M. Bubani, c'est le Globularia
incanescens Viv. ou Cu^^radoria incanescens Alpb. DC., et non un synonyme
du G. cordifolia L. — Scabiosa hirsuta Lap.; c'est le Scabiosa (Kuautia)
collina Req. — Galiuni papillosum et atrovirens Lap. -G. liirsutum Lap.
SuppL; il devient le G. papillosum Lap. (3 hirsutum Clos. — Plantago in-
termedia Lap.; rapporté avec raison par DC. au i^. Lagopus L.-P. pun-
gens Lap.; réuni à bon droit par M. Decaisne au P. subulata L.-P. sessili-
flora Lap.; c'est une forme à capitules sessiles du P. camatoSchrad., vai-.
depauperataGven. et Godr. — Myosotis alpinn Lap. = i)/. pyrenaica Pourr.
— Cynoglossum pellucidum Lap. = C. montanwn L. — Eohium grandi -
florum Lap. ou E.megalanthos Lap., 5m/:»/>/. /rapporté avec justice par Mutel
àVF. plantagineum L,-E. pyramidale Lap.; c'est VF. pyrenaicum DC. ou
\'E. italicum !.. — Primula latifolia Lap. — Campanula lanceolata l.np.;
c'est une variété du C. rlmnboidalis L. — Verbascum dentatum Lap.; c'est
le V. Cliaixii Vill., d'après Lapeyrouse lui-même. — Cbironia uli<>inosa
Lap.; on a reconnu depuis longtemps que c'est V Elodes palustris Sçach —
Illecebrum villosum Lap.; il n'y a dans l'herbier qu'un /. pubescens Lap.,
qui est le Paronychia serpyllifolia DC. — Ulmus pyrenaica Lap.; d .ipres
trois feuilles séparées qui se trouvent dans l'herbier, ce serait VU monuma
/<20 sociKTÉ bot.vmqll; de FïWSCE.
Sm. p mnjor Fri^s — Genliaiia punctata l.ap. = G. Durseri f.ap. — Bii-
plevnim repens Lap. = B. ranuncnloidcr.h. var. -H. oppositifolium Lap.
M. Clos a déjà prouvé que c'est une monstruosité du B. falcutum [..-H.
obtusatiim Lap. ; il ne diffère pas du^. ranunculoidesL. — Ammipyreiiœuni
Lap.; un échantillon incomplet semble appartenir à l'A. daucifolium Scop.
- — Selinum scabrum Lap. = Xot/n-dia scabra Meisn. — Athamania crith-
moidcs Lap.; une des formes de VA. Libanotish. — Laserpitium ferulaceum
Lap. ; sans autre représentant dans l'herbier qu'une ombelle de fruits de
L. Nestleri S. Willm., et une rosette d'une autre plante. — Heracleum
setosum Lap. = H. Panaces L.-H. testiculatum Lap., StippL; c'est vrai-
semblablement VH. œstimmi Jord. — Ligusticum simples Lap. = Liba-
notis montanu Ali. — Corrigiola imbricata Lap.; regardé avec raison par
De Candolle comme une variété du C. telephiifolia Pourr. — Narci^sus
radians Lap. ; variété du N. pseudo-Narcissus L. — Allium serotinum Lap.
= A. ochroleucum W. K. — Saxifi-aga recta Lap; c'est une grande variété
du 5. Aizoon L. - S mi.xta Lap. ^= S. piibescens Pourr. - S. aquatica
Lap. - S. ciiiaris Lap.; serait-ce fln hybride des -S', (indrosacea L. et pla-
nifolia Lap. ? - S. ladanifera Lap.; regardé avec raison par M\L Grenier
et Godron comme une variété du 6'. geramoides L. — Dianthus serratus
Lap.; il revient en partie au B. neglectus Lois, et au B. attenuatus Sm. —
Arenaria cerastoides Lap.; nom antérieur à celui d'A. purpurascens Ram. -
A. mutabilis Lap. = Alsine mucronata L. — Sedum sphsericum Lap.; rap-
porté avec raison par MM. Grenier et Godron au S. brevifolium DC. -
S. divaricatum Lap. ; synonyme du 5. annuum L. — Cerastium glaberri-
nuun Lap.^= C. fjlaucum Gren. — Rosa aristata Lap.; manque dans l'her-
bier — Potentilla heteiophylla Lap.; rapporté avec raison par M. Duby au
P. cerna L. - P. ascendens Lap.; synonyme du P. pyrenaica Ram. —
Cisluspilloselioides Lap. = Beliimthemum camim Dun. — Ranunculus de-
albatus Lap. - R. giganteus Lap.; bonne espèce d'après M!\L Bubani et
Loret - R. tuberosus Lap.; bonne espèce qui comprend aussi les plantes
nommées par Lapeyrouse B. lanuginosus L. et B. polyanthemos L. — R.
Xatardi Lap., SitppL; manque dans l'herbier et parait être \eB.parviflorus
L. — Sideritis crenata Lap. = S. hyssopifolia L. var. — Lamium stoloni-
ferum Lap. = L. maculatum L. et L. galeobdolon Crantz - L. sto/onife-
7nim I>ap. var. flor. al bis hirsutissimis = L. flexuosum Ten. — Stachys
bai bâta Lap. = St. heraclea Ail. — Bartsia Fagonii Lap. = B. alpina L.
- R. imbricata Lap. = Euphrasia nemorosa Pers. y parviflora S. Willm.
- B. humilis Lap.; diffère à peine du précédent — Scrofularia betoni-
cœiolia Lap. =: i>. aquatica L. et non S. alpesti'is Gay — Digitalis inter-
media Lap. = D. purpurascens Rotb — Lepidium cristalum l.ap.; c'est le
Tldaspi alliaceum DC. et non le Lepidium campestrc R. Br. — Thiaspi
procumbens Lap. = Teesdalia nudicaulis R. Br. - Th. marginatum Lap.
IlliVUli lilItLIOGKAI'IIIQlfc:. /l21
= yEtlnonema saxntile R. Br. — tboris pyrenaioa Lap.; c'est V/Ethionema
saxatile W. Br. — fJiscutella picridiCoIia l.ap. ; c'est le /?. lœvifjnfa ]j. y
mformcdia Gr. Godr. et non le /l. clchorufoUa Lois. — Cai-damine helero-
pliylla Lap. = C. resedifolia L. — Turiitis multiflora Lap. = Arabis
sagittata DC. — T. setosaLap. = Sinapis Chciranthm Kocli var. montana
— Krodium lucidum et crispiim Lap.; ce sont des variétés de VE.petromm
Gou. — Ononis senesceus Lap. = 0. procurrens Wallr. - 0. rliinanthoides
Lap. = 0. striata L. - 0. seabra Lap. = 0. Columnœ Ail. - 0. dumosa
Lap. = 0. arragoncnsis Asso. — Orobus variegatus Lap. = Latltyrus
cm'/iosus Ser. -0. Tournefortii Lap.; parait être VO. vernus L. -Orobus
ensifoiius Lap. — Cytisns heteropliyllus Lap. = C. supt'nm Murr. — Tri-
foliuoi intermedium Lap.; justement rapporté par MM. Duby et Gay au
T. hybridum Savi - Lactuca sonchoidcs Lap. = L. perennis L. - Hiera-
cium intermedium Lap. = ^. syhaticum L. - H. altissimum Lap. =. Cré-
pis succisœfolia Tausch, C. altissima Serres - H. cordiroliumi Lap. = H.
umbellatum L. var. cordifolium ÇAos - H. elongatum Lap.; correspond en
partie à \H. cerinthoidcs L. , à VH. prenanthoides Vill. et pour les variétés
(3 y à l'H. neO'Cerinthe Fries - H. rhomboidale Lap. = H. neo-cerinthe
Fries, -H. sericeum Lap. = H. cerinthoides L. - H. scopulorum Lap.;
il répond à V H. cerinthoides L. et, pour la localité de Penna blanca à la
Picade, à VH. mixtum Froel. - H. obovatum Lap., SuppL; c'est VH. neo-
cerinthe F vies, var. — Lepicauue balsamea Lap.= Hieracium amplexicanle
L. - L. balsamea , var. ^ = Crépis grandiflora Tauscb - L. intybacea
Lap.= Hiei^acium pulmonarioides Vill. - L. granditlora Lap. = Crépis
grandi flotta Tausch, ainsi que le L. multicaulis Lap., var. altissima longi-
folia - L. multicaulis Lap. ^= Crépis blattarioides Vill., ainsi que le L.
turbinata Lap. - L. spinulosa Lap.; Arnott a bien vu que c'est le Sonchus
oleraceus L. — Crépis incana Lap. = Andryana ragusinn L. var. b incana
Gr. God. — Cnicus Argemone Lap. = Cmxluus médius Gou. — Erigeron
murale Lap.; réuni justement à VE. acre L. — Senecio rotuudifolius Lap. 5
état tératologique àwS. Tournefortii Lap. — Cbrysantluinum grandiflorum
Lap. = Leucanthemum maximtcmGv. God. — Acbillœa falcata et capillata
Lap.; rapportés à bon droit par M. Benthaiu a VA. chamœmelifolia Pouri-.
— Serapias hirsuta et glabra Lap. = S. longipelala Poil, et 5. lingua L.
— Carex macrostylon Lap.; est-ce bien, dit M. Clos, le C . decipiens Gay ?
— C. furcata Lap. = C. vesicaria L. - C. sphœrica Lap. = C. polyrhiza
Wallr. - C. Dutourii Lap.; rapporté justement au C . rupcstris Ail. -
C. marchandiana Lap. = C. pyrenaica Wabib. - C. Alopecuros L;ip.,
SuppL = Eriophorum angustifolium Iloth — Qiiercus microearpa L;ip.=
Q. pedunculata Elirb. - Q. stolonifera Lap. =^ Q. Tozza Bosc. - Q. aiziiia
Lap. r= (). JlexL. — Arum pyienaicum Lap., SuppL = A. italicum Mil!,
— Pinus sanguiiiea Lap.; réuni a bon droit par M. Benthamau/^ uncinata
A22 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Ram. — Salix incertii Lap.; les échantillons de l'herbier sont identiques
avec le S. grandi folia Ser., Helv. - S. aurigerana Lap. = S. caprea L.
Le mémoire de lAL Clos se termine par la liste des plantes que Lapey-
rouse a signalées dans son ouvrage et qui cependant manquent aujourd'hui
dans son herbier. 3i0 espèces figurent sur cette liste.
ISeitrag; «ur riis<«i!«chcu Flora [Note relative à la Flore de
Jîussie); par M. Ed. Regel {/ionplandia du 1 juin 1857, pp, 150-15/i).
Cette note comprend deux parties distinctes :
L Scilles de la Flotte de Hussie.
M. Regel commence par examiner la valeur des caractères empruntés
aux différents organes des Scilles dont il est question dans ce travail. Il
montre que le nombre et la forme des feuilles, la présence et l'absence des
biactées, la forme des parties du périanthe ne fournissent que des carac-
tères de très faible valeur, tandis qu'il regarde comme beaucoup plus con-
stants ceux qu'on tire du nombre et de la forme des hampes, de la direction
et de la conliguration générale des fleurs, surtout de la longueur relative et
de la direction despédicelles des fleurs inférieures au moment où elles sont
entier 'ment épanouies. Il présente ensuite le tableau des Scilles de la Russie
et de leurs formes, en donnant pour chacune une diagnose et une syno-
nymie étendue.
A. Feuilles étroitement linéaires.
1. Scilla autumnalis L.
B, Feuilles largement linéaires.
1° Fleurs dressées ou dressées-étalées.
2. Scilla bifolia L. ; caractérisée par sa hampe unique et par ses pédi-
celles inférieurs dont la longueur flnit par égaler 2 ou 3 fois le diamètie de
la fleur.
a. genuina : bulbe à deux feuilles ; bractées nulles.
6. bracteata : bulbe a deux ou très rarement trois feuilles ; de petites
bractées.
y. taurica : bulbe portant de 2 à ii feui'lles; bractées membraneuses
[Scilla rosea Lehm., Index sem. 1828). L'auteur en donne la description.
3. Scilla amœna L. : une à U hampes; fleurs en grappe allongée; pédi-
celles avec une bractée à la hase, tous plus courts que le diamètre de la
fleur, l'Ile ne se trouve pas en Russie, et n'est mentionnée que parce qu'on
la confond souvent avec la suivante.
2° Fleurs penchées.
/;. Scilla cermia Redon. : une à 5 hampes, toutes 1-3-flores; pédicelles
dressés-étalés, beaucoup plus courts que le diamètre de la fleur.
a. genuina : 2, Zi, très rarement plusieurs feuilles ; hampes généralement
2- 3 flores.
KKVIJK HllîLKtnUAlMIIQLi:. /i23
§. uniflorn : 2 ou plus larcniciit '^ reuillcs plus courtes que la liampe,
qui est iinillore {Scilla wù/lora Willcl., Iferb. Se. /{osent et monanthos
C. Koch.).
y. In.m : ^-h feuilles qui épiaient presque ou dépassent la hampe unifloïc .
M. llcuci en donne une description.
5. Scilln Holienuckeri Fiseli. Mey. : 1 à 5 hampes pluriflorcs ; pédi-
celles lin.di'ment horizontaux et plus longs que le diamètre de la fleur
[Se. cernun |3 pluriflora l.edeb., FI. rnss., IV, p. 157). L'auteur en donne
une description.
II. Un J /elle bore de la Mingrélie.
Sous le nom de Helleborns officinaiis var. colchicui^, on cultive dans le
jardin botanique de Pétersbour^5 une plante qui rappelle, pour les feuilles,
V/J. vfficinalis ou orientalis, tandis qu'il se rapproche beaucoup, pour
l'inflorescence et les fleurs, de Vff. purpurascens . L'auteur présume que
c'est un hybride de ces deux espèces. Il le nomme provisoirement H. col-
clncus, et il en donne la description.
Flora; Biia(1ait°a<^<^^>*^<^i><^îs fra|i^Biieaita «erîpfsit eolIec<a«|HC
di;;-es.««it L. R. Tuîasne. Frngmentum primum Combreteas, Myi'oba-
lancis junclas, Alangieas, Rhizopiioreas , Halorageas et Lythrarieas
includens. {Ann. des se. nat., h" série, VI, 1856, pp. 75-138.)
M. L. R. Tulasne vient de commencer un travail qui ne peut manquer
d'avoir un haut intérêt pour la science. Mettant à profit les belles collec-
tions de plantes de Madagascar que renferme l'herbier du Jardin des plantes
de Paris, il a commencé la publication de fragments d'une Flore de cette
ile, qui, nous l'espérons, finiront par devenir assez nombreux pour nous
faire connaître la presque totalité de cette végétation peu connue jusqu'à
ce jour et pourtant bien digne de l'èlie.
Le premier fragment de ce grand travail est relatif aux Combrétacées,
aux Rhizophorées, aux Haloragées et aux Lythrai'iées. Le grand nombre
de nouveautés que renferme ce Mémoire permet déjà de se faire une idée
de l'importance des collections formées a Madagascar par les divers voya-
geurs français qvï\, depuis Commerson et Bernier jusqu'à Boivin, ont pu
explorer (juehjues parties de cette ile immense et des ilôts qui l'avoisinent.
Aussi tous les botanistes doivent-ils savoir gre à M. ïuiasne d'a\oir songé
à faire connaître ces richesses (|ui, pour la plupart, étaient comme enfouies
dans les galeries du Jardin des plantes. Tous aussi doivent faire des vœux
pour que cet éminent botaniste mène à bonne fin l'exécution de son plan.
Relativement aux Conibrécacces, M. Tulasne fait observer que la divi-
sion de la famille en Terminaliées généralement apétales, pourvues d'un
embryon à cotylédons minces, convolutésen spirale et eu Combrétées péta-
h2ll SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FHANCE.
lées, à cotylédons épais, plissés et ridés de diverses manières, n'est malheu-
reusement pas admissible à cause des variations que présentent ces plantes
sous le rapport des caractères par lesquels on a voulu les distinguer. Il dit
que, contrairement à l'assertion d'Endlicher, les Combrétacées pourvues
d'une corolle ont leurs [)étales en préfloraison non pas valvaire, mais im-
briquée et même tordue. Voici le relevé de celles de ces plantes qui appar-
tiennent a la Flore de Madagascar.
I. Comhretaceœ opposidfoliœ. Pœvrea Commers. A. Petalis donatae.
1. P. coccinea DC. ; 2. P. violacea (1); 3. P. albiflora; k. P. villosa. —
B. Apetalœ-5. P. macrocalyx ; 6. P. Berneriana; 7. P. rufipes. — Combre-
TCM Loefl. 1. C. obscurum. — Pi-ntaptera Roxb. 1. P. Roxburghii.
(Pœvrea Roxburghii Spreng. ) — Calopyxis TuI. Ce genre nouveau est
caractérisé surtout par des fleurs le plus souvent apétales, dont le calice
pétaloïde est en large coupe ou en entonnoir, à 5 petites dents réfléchies ;
dont les 10 étamines incluses ont l'anthère versatile; dont le long style
porte un stigmate simple et surmonte un ovaire infère oblong, cylindrique,
uniioculaire, à deux ovules pendants au bout de longs funicules. Son fruit
est une capsule presque ligneuse, globuleuse ou oblongue, dont le contour
est tantôt arrondi, tantôt pentagonal et qui renferme une graine à cotylé-
dons charnus et très épais. 1. C. sphaîroides; 2. C. velutina; 3. C. oxy-
gonia ; i^. C. alata; 5. G. eriantha.
II. Comhretaceœ alternifoUœ. — TEKMI^ALIA Lin. 1. T. crenaia (Bvn, in
sched.); 2. T. Badamia DC. ; T. exsculpta; h. T. sulcata ; 5. T. Fatrea
DC. ; 6. Bovinii; 7. T. gracilis ; 8. T. pumila; 9. T. mariana ; 10. T. rhom-
boidea Spreng. ; 11. T. flavicans; 12. T. Catappa Lin.; 13. T. paucitlora.
Spec. minus notae : \h T. rubrigemmis; 15. T. calophylla; 16. T. mo-
desta. — LuMNiTZBRA Willd. : 1. L. racemosa Willd.
Alangicac DC. — Alangium Lamk. : 1. A. Mohillœ.
Rhizopiiorete R. Br. Pour cette famille, que composent des arbres cu-
rieux connus sous les noms communs de Mangliers et de Palétuviers, spon-
tanés sur les côtes maritimes des régions tropicales, dans les parties baignées
par l'eau de la mer, M. Tulasne a domié un soin tout particulier à la des-
cription du fruit et de la graine dont on a souvent parlé à cause de sa ger-
mination qui s'opère sur place et dont cependant il n'existait pas encore
de description ni de figure suffisantes. ,
L Ilhizophorées vraies, à ovaire infère ou demi-infère. — Rhizophora
Lin. : 1. R. mucronata Lamk. — Ceiuops Arn. : 1. C. Boviniana. — Bru-
GuiKRiA Savig. : 1. B. Rheedii Rlume. — Carallia Roxb. : 1. C. mada-
gascariensis (Barraldeia madagascariensis DC. )
IL Kldzophorées à ovaire libre ou Légnotidées Lndl. — Cassipurea
(1) TouH'sIcs espèces sans nom d'auteur sont nouvelles.
HKVUK lUBLIOGItAIMlIQUE. /|25
Aubl.rl.C.madagasoai'ieiisisnC. 5 2. C. ovata; 3. C. lanccolata; ^i. C.phœo-
tricha; 5. C. k-ptoclada; G. C. yuminidiia; 7. C. micropliylla.
ilaioragéeN R. Br. — Skrpicula Liii. : l.S. it'peiis ÏJu.: 2. S, vcro-
nicaîfolia Hoiy.
Lythrariécs Juss. — RoTALA Lin. : 1. R. pusilla. — Ammannia Houst. :
1. A. madagascariensis Rvn., in sclied. msc; 2. A. indica Lamk. — Nesoea
Commers. : 1. N. triflom Knth. ; 2. N. polyantha. — Pemphis J. et G.
Forst. 1. P. acidula Forst. — Lawsonia Lin. : 1. L. alba Laml<. — Gris-
LEA Loett. : 1. G. tomentosa Roxb.— Tetrauia TuL, Pet. Th. in sched.
msc. Genre encore inédit, nommé, d'après sa symétrie florale pentamère :
à grand calice campanule, tétragone, /i-parli, ayant les angles décurrenis
en, ailes; sans corolle; à U étamines saillantes, altcrnisépales; à ovaire
;i-lobé, ^-loc, multiovulé, surmonté d'un long style grêle, que termine
un stigmate entier; capsule polysperme, s'ouvrant au sommet par déhis-
cence septifrage : 1. T. salicifolia.
Dans son travail, écrit entièrement en latin, M. Tulasne a donné de ses
plantes des descriptions complètes, très développées, mais non résumées
en diagnose quant à leurs points essentiellement distinctifs.
Nous prendrons la liberté de lui soumettre une observation sur un point
qui nous semble avoir un intérêt réel. Dans tout son Mémoire, il a cru
devoir donner une forme latine aux noms d'hommes français qu'il a eu
occasion de citer. Il en résulte nécessairement, pour certains d'entre eux,
une déformation qui peut n'être pas sans inconvénients pour nous-mêmes
français, à plus forte raison pour des étrangers. Sauf meilleur avis, il nous
semble que le respect légitime de l'orthographe des noms propres doit
l'emporter sur l'intérêt très secondaire en pareil cas de la latmité, et que,
si l'on fait un reproche à Corneille d'avoir défiguré les noms latins pour
leur donner dans ses vers une physionomie française, à bien plus forte raison
pourrait-on reprocher aux botanistes de défigurer profondément les noms
français pour en faire des noms latins. Il nous semble que !out ce qui pour-
rait être permis à cet égard serait de donner une désinence latine aux noms
propres dont le corps même serait conservé sans ia moindre altération, si
même on n'aimait mieux admettre le principe très jusliliable, même gram-
maticalement, et de plus évidemment utile, de regarder ces noms propres
comme rigoureusement indéclinables, et, par suite, de les conserver sans
rien changer à leur orthographe ni même à leur désinence.
Qartenoi'eliidceu {Orchidées de jardin); par M. H. G. Reichenbach
fils {Botan, Zeit., du 6 mars 1857, n° 10, col. 157-159).
Cet article fait suite à d'autres qui ont été publiés antérieurement par
M. Reichenbach (ils dans le Botanische Zeitwuj ; aussi les espèces dont on
/i26 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
y trouve la description portent-elles les numéros 131-138. Ces espèces sont
les suivantes :
131. Gongora grntulnbunda Rchbe. fil., plante rapportée par M. de
Warszewicz, prohablement de la Nouvelle-Grenade, et cultivée dans le
jardin de M Schiller, où elle a fleuri pour la première fois au mois de jan-
vier rlernier. — 132. Chrijsis Brûnnoiviana Rciibc. fil., espèce d'un bel
effet, qui n'a pas encore fleuri dans les jardins. Elle a été découverte au
Pérou par M. de Warszewicz. — 133. Spiranthes Eldorado Lind. Rchbc.
fil. C'est une petite plante extrêmement Jolie à cause de ses feuilles pana-
chées de jaune d'or. Elle croît au Brésil, dans la province de Bahia ^ elle a
été introduite dans les jardins de l'iùirope par M. Linden ; elle fleurit au
mois d'octobi-e. — \?ik. Oncidium Hirundo Rchbc. fil. Cette espèce, voisine
de V 0 . plnnilabrum Lind., est cultivée dans les serres du prince Camille de
Rolian. Sa patrie est inconnue, — 135. Oncidium pardothyrsus Rchbc. fil.
C'est une belle plante que l'auteur avait d'abord regardée comme une simple
variété de VO. planllabrum Lindl. Klle a été rapportée du Pérou par M. de
Warszewicz. — 136. Pleurothallis cardiotfiallis Rchbc. fil. Espèce voisine
du PI. cardiostola ; elle est cultivée en Angleterre, d'où elle a été envoyée
en Allemagne. Klle a été observée par l'auteur dans le jardin de M. Schiller.
— 137. Sarcanthus insectifer Rchbc. fil. Il ressemble assez au Cleisostoma
roseum. Il a été envoyé de Calcutta au jardin de M. Schiller. — 138. Lock-
hartia ludihunda Rchbc. fil. Plante voisine du L. binifern. Sa fleur est
jaune d'or, mélangée de rouge-pourpre. Elle est cultivée dans le jardin de
M. Schiller.
llouog^raphia llynieuoiiiyecttiiiB Suecite, vol. I. Sisteus Agari-
cos, Copriuos, Bolbitios. Scripsit Elias Pries. In-8° de XI et Zi8i pages.
Upsal ; 1S57.
Le but que s'est particulièrement proposé M. Fries, en publiant l'ouvrage
important dont le premier volume vient de paraître, est indiqué dans une
préface qui a pour titre : Historiola studii mei mycologici. Les nombreux
travaux sur les Champignons que nous devons à cet eminent mycologue,
avaient besoin d'un complément qu'il n'était pas au pouvoir d'un simple
particulier de leur donner. Il fallait appuyer les descriptions qu'ils renfer-
ment sur des figures coloriées qui permissent, en l'absence d'échantillons
authentiques dont la conservation était à peu près impossible, d'en faire
une détermination exacte et rigoureuse. C'est ce qu'a parfaitement senti
l'Académie des science^ de Stockholm qui a décidé, en i^lxk, qu'elle ferait
exécuter a ses frais, et sous la direclion de IM. Fries lui-même, des figures
de tons les Champignons de la Suède qu'il est impossible de conserver,
particulièrement des Hyménomycètes. Depuis douze ans un grand nombre
REVUE BIBLIOGIIAI'HIQUE. ^27
de ces ligures ont été exécutées; mais comme la gravure et la publication
de toutes les planches ainsi réunies entiaineraient une énorme dépense qui
effraie l'Académie elle-même, M. Frics a pensé qu'il devait, en attendant
cetteîpublication, si jamais elle a lieu, publier le texte qui devrait l'accom-
pagner et condenser ainsi en ((uelques volumes toutes Us descriptions (ju'il
a déjà consignées dans des ouviages très divers. Seulement, dit-il, dans la
persuasion qu'un pareil livre n'aura qu'un petit nombre de lecteurs, il ne
l'a fait imprimer qu'à 100 exemplaires. >>ous ne pouvons nous empêcher
d'exprimer notre vif regret de celte détermination qui réduira à une publi-
cité fort restreinte un ouvrage d'importance majeure pour la mycologie.
Le volume qui vient de paraître renferme presque uni(|uement des aga-
rics. Voici le relevé des sections de ce vaste groupe d'Hyménomycètes qui
y ont trouvé place, et celui des espèces qui s'y trouvent décrites :
Atnanita, 28 esp. — Lepiota, "21. — Annillaria., 15. — • Tricholoma, 80.
— Ciitocijbe, 82. — Collybia, 56. — Ornpkulid, '6li. — Mycena, Ih. —
Pleurotus, 38. — Volvaria, 5. — Pluteus, 12. — Fntoloma, 22. — Clito-
piliis, 8. — Leptonia, 17. — Nolanea, 16. -^ Ecci/ia, 6. — ■ Pholiota. 32.
— Hebeloma, 21. — Inocybe, 27. — Flammula, 28. — Naucoria, 46. —
Galera, 21. — Crepidotus, 11. — Psalliota, 10. — Stropharia, 18. —
Hypholoma, 15. — Psilocybe, 19. — Psat/iyra, 12. — Pnnœolus, 8. —
Psatkyrella, 10. — Total 784. — Les Copriyius, qui viennent ensuite, sont
représentés par 39 espèces, et les Bolbitius par 5. — Pour chaque espèce
décrite, IM. Fries donne une description complète, et il cite a la suite du
nom adopté par lui une figure déjà publiée, s'il en existe, plus habituelle-
ment la figure inédite exécutée par les soins de l'Académie de Stockholm.
L'ouvrage de iVT. Fries est dédié à cette académie.
BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE ET GÉOLOGIQUE.
liCs Myiiipliéacées fossiles; par M. Rob. Caspary [Ann. des se.
nat., k" série, VI, 1856, pp. 199-222, pi. XII).
Les Nymphéacées fossiles ne se trouvant jamais représentées que par de
simples fragments qui ne constituent pas des échantillons complets, il est
impossible de reconnaître si elles rentrent dans l'un ou l'autre des genres
vivants de cette famille. Pour ce motif, iVL Casoarv les laisse toutes réunies
sous la dénomination générique commune de Nymphœites Sternb. Il carac-
térise ensuite les espèces suivantes :
1. Nymphœites Arethusœ Sternb. {Nymphœa Arethusœ Brong.); trouvé
dans les meulières de Longjumeau, et entre Bièvie et Palaizeau, près de
Paris, eu empreintes qui ne répondent qu'à de petites portions de tiges.
L'auteur présume que le Carpolites Ovulum Brong. n'est que la graine de
Zi28 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE,
cette espèce, puisque les deux se rencontrent souvent ensemble. Quant au
Corpolites Ovuhim, docrit récemment par M. D. Hooker (voy. Bull, de la
Soc. bot. de France, III, p. 76), ce n'est certainement pas une graine de
Nymphéacée. Il doit porter désormais le nom de Rhytidosporum Ovulum
D. Hook.
2. Nymphœites Brongniartii Casp. Dans le calcaire tertiaire d'Armis-
san, près de Narbonne. Son rhizome cylindrique est le plus gros que l'on
connaisse encore parmi les Nymphéacécs fossiles. Il se distingue, au pre-
mier coup d'œil, par la grandeur des deux canaux aériens que présentent
les cicatrices des pétioles et des pédoncules.
3. Nymphœites Weberi Casp. [Nymphœa Arethmœ C. 0. Weber, non
Broifg.) trouvé dans le quartz lacustre tertiaire a Muffendorf, près de Bonn.
La graine de cette espèce a été décrite par C. 0. Weber sous le nom de
Carpolites gramdatus. Ses rhizomes sont analogues, pour la grosseur et
pour l'organisation, à ceux du Nymphœa alba. Mais les matériaux ne suf-
fisent pas pour rattacher complètement la plante fossile à celle de nos eaux
douces.
U. Nymphœites lignitica Wessel et Weber. Représenté par des feuilles
qui ont été trouvées dans le lignite à Rott, près de Bonn. Il est probable
que cette feuille avait jusqu'à 30 centimètres de largeur et qu'elle était
cordée-réniforme.
5. Nymphœites Ludwigii Casp. Des rhizomes parfaitement conservés
ont été trouvés par M. Ludwig dans le lignite de Woelfersheim en Vetté-
ravie. I.a substance de ces rhizomes est dans un état de conservation plus
parfait qu'on ne l'a vu jusqu'à ce jour pour une herbe fossile quelconque.
Même la cellulose y a persisté si complètement sans modifier sa nature
chimique, que les cellules se colorent en beau bleu sous l'action de l'iode
et de l'acide sulfurifjue. En outre, les cellules de l'écorceet la spiricule des
trachées y ont parfaitement gardé leur forme. Enfin des insectes ont atta-
qué la substance interne de ces rhizomes, tant elle était bien conservée.
6. Nymphœites Charpentieri Osw. Heer ; trouvé dans le lignite de
Paudèze, près de Lausanne.
HoLOPLEURA Casp. (nov. genus): semen ovato-ellipticum, ad micropylea
foveolatum et operculatum, operculum subcirculare micropylen mamilli-
formem et hdum subreniforme gerens, raphe subnulla -, testa crassa,
cornea; cellubc strati extimi graciliter 6-8-sinuosa3, pariete externo cras-
sissimo, lumine subevanido, irregulariter dispositae.
Ce genre a pour type unique V Iloloplcura Victoria Casp., qui n'est
représenté que par des graines lonj;ues de 2 niillim. 7/10-8/10, larges de
1 millim. 7/10-9/10, et que M. Ludwig a trouvées seulement en Vetté-
ravie, dans les lignites de Dorneim et Woelfersheim. L'étude de cette graine
a prouvé à M. Caspary que la plante fossile était très voisine du genre
UF.VIUÎ niBLlOGnAIMIIQUK. A29
Victoria. Pour montrer cetto analogie, il docrit avec soin les graines des
quatre genres de Nympheacées aujourd'lnii connus : Victoria, fiuryale,
Nymphœa et Niiphar; il présente enfin comparativennent la description de
la graine de [' Ilolopleura et de celle du Victoria reijia Lindl.
MÉLANGES.
Ifl^ittcrun;; untl Kl'aclistlmiii otler Griinclxusc «Ici-Pflaii-
xenl4liiiiatolog-ie ( / emy;s et accroissement ou éléments de climatologie
végétale) ; par M. Hermann Hoffmann. 1 in-8° de 583 pages, avec une
grande planche de tracés graphiques. Leipzig, 1857. Librairie de Fœrstner
(Arthur-Félix).
Cet important ouvrage a pour objet essentiel de montrer, par les résul-
tats de nombreuses observations, les rapports qui existent entre les condi-
tions météorologiques et le développement des plantes.
Dans une préface de 11 pages M. Hoffmann expose les difficultés que
présentait le sujet dont il s'est occupé et les moyens qu'il a imaginés pour
les lever, la marche qu'il a suivie dans ses observations, et la manière dont
il en a exprimé les résultats, soit dans le texte de son livre, soit dans la
planche qui l'accompagne, et sur laquelle il a reproduit au moyen des
sinuosités d'un tracé graphique la série des développements de plusieurs
plantes. Le corps de son ouvrage est divisé en deux livres intitulés, le pre-
mier, partie spéciale, le second, partie générale.
Le premier livre (pp. 15-138) est entièrement occupé par les tableaux
qui renferment : 1° les observations météorologiques (pp. 16-32) faites à
Giesseu de mars à novembre 185i; 2° les mesures (pp. 35-12^) prises sur
diverses plantes pendant le même espace de temps; 3" le résumé (pp. 125-
138) du plus grand accroissement des mêmes plantes pour chaque jour de
la même période. Les tableaux des observations météorologiques présentent
en 23 colonnes les données les plus variées sur la température de l'air à
l'ombre et au soleil, sur la température du sol et des puits, l'humidité atmo-
sphérique, la pluie, la neige, etc., la pression barométrique, etc. Ceux relatifs
aux observations de l'accroissement contiennent, avec le plus grand détail,
les mesures de l'accroissement prises chaque jour pour les espèces sui-
vantes : Pêcher; Galanthus nival is; Orge^ Prunus aviwu et clanestica;
Pommier; Quercus pedunculata ; Ribes Grossularia; Secale céréale; Sola-
rium tuberosum avec l'hybride de M. Klotzseh Sol. tuberoso-utile ; Lilas ;
Triticum vulgare; Vigne.
Le deuxième livre (pp. 139-583) comprend tout le texte de l'ouvrage. Il
se divise en cinq chapitres : 1. Considérations sur l'accroissement; 2. Con-
sidérations sur le temps; 3. Besoins climatériques des plantes; U. Considé-
rations finales; 5. Appendice.
A30 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Dans le chapitre intitulé : Considérations sur l'accroissement (pp. l/d-
301), M. Hoffmann expose, en le suivant pas à pas, l'accroissement des
plantes sur lesquelles ont porté ses observations. Kn d'autres termes, il
développe, en les accompa2;nant des explications nécessaires et des considé-
rations auxquelles elles donnent lieu, les nombreuses données consignées
dans les tableaux de la première partie de son livre. Il résulte de là plu-
sieurs paragraphes, parmi lesquels les plus développés sont ceux qui ont
pour sujet l'Orge, le Seigle, le Lilas, la Vigne, surtout la Pomme de terre.
En s'occupantde cette dernière plante, il entre dans de grands développe-
ments au sujet de sa maladie, dont il voit la cause dans une réuuion de
circonstances météoriques.
Le chapitre intitulé : Considérations sur le temps (pp. 302-/i58) est con-
sacré à la discussion des observations météorologiques, à l'exposé des
conséquences qui en découlent. Il se divise en 25 paragraphes, qui corres-
pondent aux différentes séries de données réunies sur les tableaux de la
première partie. Les plus développés de ces paragraphes sont ceux qui ont
rapport aux minima de température, à la température des sources, à l'hu-
midité atmosphérique. Au premier est joint un appendice étendu et d'un
grand intérêt, sous le titre de : Eecherches sur la congélation des plantes.
Aux données qu'on possédait déjà sur ce sujet important, M. Hoff.mann en
ajoute de nouvelles ; en outre, il piopose une nouvelle explication de la
manière dont le froid détermine la mort des plantes.
Le chapitre qui a pour titre : Besoins climatériques des plantes (pp. 460-
541) se divise en plusieurs paragraphes, dont voici le sujet : 1. Aperçu de
la marche de la végétation et recherche des coefficients météorologiques
pour les diverses périodes végétatives, au moyen de semis mensuels d'IIor-
deum vulgare, à'Jberis amara, de Lepidium sativum, et de Linum usitatis-
simum. 2. Comparaison de la végétation à la lumière et à l'ombre. 3. Phases
de la végétation. U. Accroissement et allongement. 5. Coefficients météo-
rologiques de la germination, du développement des racines, des tiges, des
feuilles, des fruits. 6. Teuipérature moyenne considérée comme coefficient
climatérique de la végétation. Ce chapitre commence par une introductien
et il se termine par un appendice relatif à la durée vitale de l'Orge sous
différentes latitudes.
Le chapitre intitulé : Considérations finales (pp. 242-556) a pour objet
de présenter, sous forme concise, les principales conséquences qui décou-
lent des nombreuses observations reunies et discutées dans l'ouvrage entier.
Enlin, l'appendice qui termine l'important ouvrage de M. Hoffmann
(pp. 557-583) consiste en un véritable mémoire sur la végétation de la
Pomme de terre et sur sa maladie.
lîEVUlC IMHLIOGUAI'IIIQIK. fl'.U
NOUVELLES.
M. Balansa cxc-cute en ce moment son quatrième voyage on Asie mineure,
toujours, au moins en partie, dans l'intérêt de la botanique. Sa dei-nière
lettre, adressée à M. J. Gay, est datée d'Oucliak, le 2 juillet 1857, et nous
en extrayons les détails suivants qui intéresseront sans doute plusieurs de
nos lecteurs.
Pour se rendre de Smyrne à Ouchak, le voyageur a remonté, presque
dans toute sa longueur, la magnifique vallée de l'Hœmus, en passant par
Kassaba, Sart-Kalessi (l'ancienne Sardes), et Ala-Cherr (l'ancienne Phila-
delphie), d'où il s'est rendu à Ouchak, en traversant les montagnes qui
servent de contre-fort aux plateaux plus orientaux de l'Asie mineure.
Dominée d'un côté par les hautes sommités du Tmolm, et de l'autre par
des collines de 1000 mètres environ d'altitude, la plaine d'Ala-Cherr a une
végétation toute méditerranéenne. Le Quercm coccifera garnit le bas des
collines. Il est remplacé plus haut par d'autres espèces du même genre,
notamment par le Q. œgilops, qui est très commun dans toute cette région,
où ses cupules (la Vallonée du commerce) sont l'objet d'un trafic consi-
dérable.
L'altitude d'Ouchak (l'ancienne Trajanopolis) est plus forte que ne l'in-
dique la carte de M. de Tchihatehef. Il résulte des moyennes barométriques
prises par M. Balansa qu'elle est d'environ 910 mètres au-dessus de la mer,
au lieu de 750 qu'indique le voyageur russe. La végétation de ses environs
a le caractère propre aux hauts plateaux de l'Asie mineure. On y trouve
un bon nombre des plantes les plus remarquables de Césarée, parmi les-
quelles pourtant ne ligure aucun des Asphodèles piécédemment observés
par le voyageur en Cilicie et à Césarée, si ce n'est VAsphodelus tauricus,
qui cependant n'appartient pas au plateau, mais a la région subalpine des
montagnes voisines.
M. Balansa a visité deux de ces montagnes, le Boulgas Dagh et le Mourad
Dagh. La dernière a, suivant M. Balansa, une altitude de près de
2600 mètres. Tout son versant méridional est couvert d'épaisses forets
composées presque exclusivement de Pinus Laricio. Au 28 juin, ses som-
mités conservaient encore quelques plaques de neige, leur végétation tout
alpine était encore très peu avancée, et M. Balansa n'a pu y récolter que
quelques Liliacées. Ce sont les vallées situées à la base de cette chaîne qui
lui ont fourni les espèces les plus remarquables. Il cite, entre autres, une
magnifique Liliacée, voisine des vraies Asphodèles, qui croit au bord des
ruisseaux, et qui, suivant M. Balansa, pourrait bien être la plante de Perse
figurée sous le nom d' Asphodelus persicus , dans les Illustrationes de
MM. Janbert etSpach. Mais la description fort détaillée (|u'en donne le
voyageur dans sa lettre et les trois fleurs qui accompagnaient la lettre ont
/132 SOCIKTK BOTANIQUE DR FRANCK.
montré à M. Gay que c'était un Bremurus et très probablement le caiica-
sicus. espèce qui jusqu'ici n'avait pas encore été observée en dehors de
l'isthme caucasique.
M. Balansa, avant de rentrer en France, devait, en septembre, faire une
pointe vers le sud pour récolter sur le Baba Dagh (l'ancien Cadmus), près
Denislu, les graines de deux Abies dès longtemps signalés à son attention.
— M. Thilo Irmisch, l'habile organographe allemand, professeur au
gymnase de Sondershauscn, a été nommé, le 30 juin dernier, par la Faculté
philosophique de l'université de Rostock, docteur en philosophie et maitre-
ès-arts libéraux, parce que, porte le diplôme : « Ingenii acumine oculo-
rumque acie plantarum occultissima mysteria tam hypogœa quam epigœa
felicissime observavit, acutissime aperuit, doctissime illustravit- »
— M. Gasparrini, à qui le gouvernement napolitain avait enlevé sa chaire,
a été nommé, il y a peu de mois, par le gouvernement autrichien, profes-
seur extraordinaire de botanique à l'université de Pavie, tandis que M. Ga-
rovaglio est devenu professeur ordinaire de la même science dans cette
université. Ou a fait observer que M. Gasparrini est le premier Italien
étranger par sa naissance aux états sujets de l'Autriche, qui ait été admis à
professer dans une université de la partie de l'Italie qui est soumise à cet
empire.
— Nous avons sous les yeux l'annonce imprimée d'un ouvrage très im-
portant que va publier AI. Harvey, et dont l'éditeur est M. Lovell Reeve
(5, Henrietla Street, Covent Garden, London). C'est une Pliyscologia aus-
tralasica dont le format et les planches seront analogues â ceux de la Phy-
cologia britannica du même auteur. Elle comprendra la figure et l'histoire
de 300 espèces d'Algues australiennes, prises parmi celles en plus grand
nombre que M. Harvey a rapportées de son grand voyage, et choisies de telle
sorte qu'elles serviront a illustrer tous les genres avec les principales sections
de chaque genre. L'ouvrage sera publié par livraisons mensuelles, compo-
sées chacune de 6 planches coloriées et d'autant de pages de texte, dans le
format royal in-8'\ Il sera complet en 50 livraisons. A la fui de son livre,
M. Harvey donnera une courte introduction et un Synopsis systématique,
dans le(|uel il fera entrer de courtes descriptions des espèces australiennes
nouvelles dont la figure n'aura pas été publiée.
La publication de la Phycologia amtralasica est annoncée comme devant
commencer aus.>>itôt que le nombre des souscripteurs sera suffisant pour
couvrir les frais.
Nf'crologie. — On annonce la mort de M. Charles Worren, botaniste
belge, bien connu pour ses nombreux écrits relatii's a la botanique et à
l'horticulture.
Paris. — Imprimerie de L. Maiitiket, rue .Mignon, 2.
SOCIÉTÉ BOTANIQUE
DE FRANCE.
SEANCE DU 8 MAI 1857.
PRÉSIDENCE DE M. MOQUIN-TANDON.
M. Duchartre, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la
séance du 24 avril, dont la rédaction est adoptée.
Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le
Président proclame l'admission de :
MM. DussAUD, pharmacien, rue de Rome, 1, à Marseille, présenté
par MM. Payer et Chatin ;
Du Mesnil-Marigny (Jules), rue d'Amsterdam, 1, à Paris,
présenté par MM. Moquin-Tandon et Guillard.
M. le Président annonce en outre trois nouvelles présentations.
Dons faits à la Société :
1* Par M. Montagne :
Septième centurie de plantes cellulaires nouvelles, tant indigènes
quexotiques.
Lichenes Javatiici auctoi'ibus C. Montagne eiR. B. Van (ieii lijscli.
2° De la part de M. G. Thuret :
Deuxième note sur la fécondation des Fucacées.
3" De la part de M. le comte de Lambertye :
Analyse des articles de M. Dubi'euil sur C Agriculture publiés en 185G
dans la Revue horticole,
h" De la part de M. J.-H. Fabre, d'Avignon :
Note sur le mode de reproduction des Truffes.
De la germination des Ophrydées et de la nature de leur bulbe.
T. IV. 28
/j3/i SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
5° De la part de M. Lange, de Copenhague :
Nogle Bemœrkninger om Efteraorsknopperne hos de Danske arter af
slœgten Epilobium, '18/j9.
Nogle exempler paa planters acclimatisation.
Naturhistoriske bidrag til en Beskrivelse afGrœnland.
6" En échange du Bulletin de la Société :
Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture, numéro de
mars 1857.
L'Institut, avril et mai 1857, deux numéros.
M. Duchartre, secrétaire, donne lecture des communications sui-
vantes adressées à la Société :
NOTES SUR QUELQUES ESPÈCES NOUVELLES OU CONTROVERSÉES DE LA FLORE DE FRANCE,
par M» le colonel SERRES. (Suite K)
(La Roche des Arnauds près Gap, 15 avril 1857.)
Thlaspi cristatum [Lepidium cristatum Lap. abr. pyr. 366). — Cette
plante, représentée dans l'herbier de Lapeyrouse (2) par un seul échantillon
grêle et tout à fait incomplet, m'a paru appartenir au genre Thlaspi et non
au genre Lepidium. Les fleurs sont blanches, petites, et, parmi les silicules
à peine formées, il y en a dont les bords sont entiers et une ou deux qui sont
entourées d'une callosité interrompue, en forme de crête, due soit à la piqûre
d'un insecte, soit à une maladie de la plante. Je crois qu'elle doit être exclue
de la flore française. Au reste, l'échantillon était si mauvais, qu'il était im-
possible de dire à quelle espèce de Thlaspi connue il peut appartenir. Seu-
lement et à coup sûr il n'appartient pas au L. campestre.
Lychnis aspera Poir. — Cette plante n'est-elle qu'une variété du L. Cœli
rasa Desr. in Lara. ? Indépendamment des dimensions plus grandes de
toutes ses parties et des aspérités très rudes et très saillantes qui couvrent
les nervures du calice, celui-ci est plus court que dans le L. Cœli rosa et
toujours ombiliqué à la base : c'est ce que je vois dans de très beaux et
robustes échantillons reçus de l'Algérie. A moins donc que la culture n'ait
déjà résolu la question dans un sens contraire, j'estime qu'il y a là assez de
dissemblances pour constituer une espèce,
(1) Voyez le Bulletin, t. II, p. 223, et t. III, p. 11 h.
(2) Ce qui a rapport aux plantes de Lapeyrouse est extrait de notes prises avec
le plus grand .soin, il y a plus de vingt ans, sur l'herbier de cet auteur, que je pus
feuilleter et examiner à mon aise dans l'une des bibliothèques de Toulouse, où il
était disposé. Cet herbier, 5 cette époque, était, au moins quant à certaines fa-
milles, dans un état déplorable, et je l'ai peut-être préservé d'une destruction
totale en le purgeant de plusieurs milliers de larves qui le dévoraient.
SÉANCE DU 8 MAI 1857, /i35
Saponaria bellidifolia Lnp. abr. pyr. 239. — IM'a semblé n'être autre
chose qu'une variété, à tige nue dans le bas, du Valeriana globulariœfhlia
Ram. Écbantillou unique, un pou avancé et mal desséché, dont les fleurs
sont ton)bées. Je n'osai pas l'aiialyscr à fond, de peur de le gAter. On m'a
assuré au reste que depuis une main oHicieuse avait fait disparaitre celle
erreur du précieux herbier.
Diantims hirtm ViH. — C'est à tort que ViMars a indiqué cette plante dans
les Hautes-Alpes; elle croît dans les lieux les plus chauds de la Piovence où
elle ne fleurit même qu'au mois d'août. Elle n'est pas rare sur les coteaux
boisés do la rive gauche du Verdon à Gréoulx. M. A. Jordan, dans ses Ob-
servations [V fragment), a très nettement séparé cette bonne espèce du
D, graiiiticus, qui vient dans les Céveunes et qu'on avait longtemps con-
fondu avec la plante de Villars.
Arenaria mixta L;ip. abr. pyr. 255 (réuni en synonyme à VA. grandi-
flora, Gr. et Godr. I, 261). — IMorite, selon moi, d'être conservé; s'écarte
beaucoup trop de l'espèce d'Allioni par ses feuilles plus étroites, plus
courtes, (outes dressées; par ses tiges bien plus nombreuses, très gazonnantes
toutes simples et uniflores, non divariquoes, mais atteiguant toutes le même
niveau (fastigiées). L'A. triflora du même auteur n'est qu'une variété à
pédoncules quelquefois bitlores de son A. mixta. J'ai encore reçu, sous le
nom d'yl. grundiflora, une autre forme ou espèce, qui diffère sur plusieurs
points essentiels des deux precodentos et qui a été récoltée à Gèdre (Pyrén.
centrales). Ces trois plantes s'éloignent extrêmement du type A. grandiflora
AH. de nos Alpes du Dauphino, qui croît aussi dans les Pyrénées [A.
montana Lap, herb.!). Elles différent également beaucoup de VA. triflora
DG. fl. fr., à feuilles allongées, presque sétacées, de la forêt de Fontaine-
bleau. Je conclus que, dans l'A. grandiflora décrit par les auteurs, il y a
certainement plusieurs espèces, que les savants botanistes qui ont entrepris
de nous donner une Flore de France complète, sauront débrouiller mieux
que moi dans leur supplément.
Cytisusheterophyllus Lap. abr. pyr. ^22; Gren. et Godr. I, 508 [Genista
heteropInjUa DG.; Duby, bot. gall. 10U8). — L'herbier de Lapeyrouse m'a
offert sous ce nom un ou deux brins ou bouts de rameaux sans légumes et tout à
fait insuffisants : calice campanule à tube très court et à deux lèvres entières
et égales; poils des pétioles, du rameau, des pédoncules et même des feuilles
longs, étalés-hérissés ; je n'ai vu que des feuilles simples. Ce peut être une
bonne espèce, mais elle est mal assise sur de pareils échantillons. Il est
possible qu'on la retrouve; le Cylisus elongatiis W. et K. n'a été découvert
dans l'Ardèche que depuis quelques années, par M. A, Jordan, et quelque
botaniste pourra être aussi heureux dans les Pyrénées, à l'égard de la plante
de Lapeyrouse.
Ononissenescensl&i^. abr. pyr. 405; Gr. etG.I, 508.— C'est sans aucun
Zi36 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
doute VO. andquorum L.; Gr. et G. Il existait un grand désordre parmi les
espèces de ce genre, dans l'herbier de Lapeyrouse, à l'époque où je l'ai
visité.
T^nfoliumclypeatwn Lap. abr. pyr. 436 et supp. lli. — D'après mes sou-
venirs etiadescriptionminutieusede ce Trètle que je trouve dans mes notes,
ce serait bien l'espèce de Linné et non une variété du T. marilimum Huds.,
comme l'ont cru MM. Grenier et Godron (I, Zi08). Resterait à savoir si
l'échantillon, d'ailleurs incomplet et sans racine ni feuilles radicales, que
j'ai vu et déciit, a été réellement récolté à Mont-Louis, comme l'auteur
l'affirme. Je tiens de feu son jardinier qu'il était souvent envoyé seul her-
boriser sur les deux versants, français et espagnol, des Pyrénées, et qu'à
son retour il ne se souvenait pas toujours des localités où il avait récolté
telle ou telle espèce.
Hypericum linearifolium Lap. abr. pyr. 450, non Vahl. — Cette plante
ne paraît pas avoir été connue de l'auteur, car il n'y a dans sou herbier,
sous ce nom, que V H . pulchrum à feuilles un peu plus étroites que dans
le type. Le texte est ici d'accord avec l'herbier, ce qui n'arrive pas tou-
jours ; car il indique pour station à son H. linearifolium les bruyères et
friches autour de Bayonne, localité qui convient à VH. pulchrum^ tandis
que \'H. linearifolium croît sur les collines et montagnes schisteuses, par
exemple autour d'Ax (Pyr. centrales), où je l'ai^aboudamment récolté moi-
même.
Rhaninm sylvaticus'i^. nov. [R. catharticus Chaix in Vill.? ob loc. cit.) —
Je ne propose qu'avec doute cette espèce, qui n'est peut-être qu'une variété
du y/, catharticus L. C'est un bel arbrisseau de 1"',50'^, à feuillage d'un beau
vert foncé très agréable. Il diffère du R. catharticus ^av ses rameaux (/russes,
inermeseinon spinescents, d'un port presque pyramidal, par la glabrescence
de toutes ses parties, même des jeunes pousses et des pédicelles, par ses
feuilles ovales-oblongues ou même lancéolées, jamais arrondies à la base,
un peu prolongées sur le pétiole, à crénelures si fines qu'elles ne sont bien
visibles qu'à la loupe. Je l'ai trouvé sur la lisière des bois de Rabou et
Mondet, à La Roche près Gap.
Ruplevrum oppositifolium Lap. abr. pyr. 141. — Mes notes sur cette
plante sont de tout point conformes aux détails insérés pai- M, Clos dans le
Rullelin de la Société (t. III, p. 642). Seulement je m'étais trompé sans
doiite en rapportant Tespèce aux grands individus du B. caricifolium Rchb.,
au lieu du B. falcatum L.
Anthémis Gerardiana Jord. obs. 7* fragm. [A. montanaa. Linnœana Gw
et G. 11, 155.) — Cette plante me parait constituer une bonne espèce; elle
diffère totalement de l'.l. montana par son port, par les découpures de ses
feuilles, par ses calnthides plus polîtes, par son involucre ombiliqué à
écailler puhcsccnteb-lomentcuiies, très ;j'.'/('.v, .^carieu'K's et non bonlci^s ûa
SÉANCK DU 8 MAI 1857. A 37
noir, par ses tiges dressées, plus grêles, etc. .l'on ai reçu de très beaux
échantillons récoltés dans la forêt des Maures ( Var).
Seriola œtnensis Lap. abr. pyr. 486.— Il n'y a point erreur dans riiorbicr
de Lapcyrouse, quant aux échantillons que J'y ai vus et que j'ai pu com-
parer alors avec ceux que j'avais reçus de M. Robert, de Toulon ; mais il y
a certainement erreur dans l'indication des lieux : je n'ai jamais rencontré
dans le bois d'Aufrery près Toulouse que des Thrinda, des Lcontodon ou
yihjpochœris rndicata. Quant à \H. glabra L., auquel MM. Grenier et
Godron (11, 292) ont cru devoir rapporter la plante de Lapeyrouse, il vient
loin de là, dans les parties à demi défrichées du bois de la Ramette, près
du Touch, affluent de la Garonne.
Hieracium dentatum Hoppe. — MM. Grenier et Godron ne font
mention de cette plante que dans une observation (II, 358), à la suite de
la description de 1'//. villosum L. C'est une très bonne espèce, qui doit
s'ajouter à notre flore française-, elle n'est pas rare au Mont-Aurouse
près Gap, au pied du pic le moins élevé qui domine le hameau de Mata-
charre, à 1600"" d'élévation environ. Il n'y a rien à ajouter à l'excellente
description que M. Grisebach en a donnée dans sa monographie. Elle est
tardive chez nous, et c'est à peine si elle commençait à fleurir le 7 août,
quand je l'ai récoltée et prise d'abord pour une forme de VB. glaOralum
Hoppe. Ses feuilles, très peu dentées et à peine glauques, tendent à prendre
une légère teinte jaune.
Hieracium hybridum Chaix in Vill.— Il faut remarquer qu'il y a eu, par
erreur typographique sans doute, dans toutes les tables de Villars, inversion
entre les fig. des H. Halleri et hybridum. Un auteur d'outre-Rhin a supposé
que cette plante était une hybride des H. Pilosella et alpinwn. Or, dans
la localité où Chaix l'a trouvée et indiquée, et où je l'ai cueillie moi-même
plusieurs fois, on peut bien rencontrer VH. Pilosella, car où ne vient-il
pas? Mais quant à Y H. alpinum L., il faudrait l'aller chercher à quinze
lieues de là, dans les montagnes de l'Isère ; il n'en existe pas un seul individu
dans nos Alpes du Gapençais. Il est même assez remarquable que le seul
Hieracium désigné par Chaix et Villars sous le nom d'hybridum ne
puisse être considéré comme un hybride^ en raison des espèces qui crois-
sent autour et qu'il est impossible de lui assigner pour parents. Au reste,
la plante de Chaix, détruite par la dent des moutons ou le couteau des
accapareurs, a tout à fait disparu de la localité où elle fut découverte.
Hieracium villosum. (3 Vill. Dauph. III, 106. — Les auteurs de la Flore
de France (II, 359) ont donné cette variété comme synonyme de VH. specio-
sum Horn. J'ai récolté cette plante dans le lieu même où Villars, dans sa
note au bas de la page, dit qu'elle a été trouvée par Chaix. Je puis certifier
qu'elle n'a rien de commun avec V H. specinsum, qui ne croit pas dans nos
montagnes. J'ajouterai, à ce que dit Villars dans sa note, que la couleur
^38 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
cendrée de son iiivolucre la fait reconnaître au premier coup d'oeil des autres
variétés de VU. villosum. Sa racine est très lonf^ue, grêle, chevelue et même
un peu rampante. C'est peut-être une espèce distincte, à laquelle j'ai donné
provisoirement le nom à' H. Chaixi.
Campanida lanceolatn Lap. abr, pyr. 105.— Ce que j'ai vu et décrit
dans l'herbier de cet auteur, ne se rapproche fjuère du C. linifolia Lam. ;
l'espèce de Lapeyrouse a lout le port, la taille et les caractères du
C. /-homùoidalis L., dont elle n'est peut-être qu'une variété à feuilles plus
allongées. Les échantillons que j'ai reçus de Gè ire (Pyrén. centrales), sous
le nom de C\ lanceoLata Lap., ne représentent qu'une forme du C. Scheuch'
zeri Vill.
Veronica saxatilis .Tacq. ( V.fruticulosa ^ Gr. et Godr. II, 593.)— Je pense
que MM. Grenier et Godron, moins sévères dans leur supplément, rétabli-
ront cette jolie plante au rang d'espèce. Outre l'absence de poils glanduleux
dans la grappe, sa station plus alpine, la belle couleur bleue d'azur de ses
fleurs, ses tiges gazonnantes, etc., la distinguent suflisamment du V. fruti-
culosa L. Elle forme des tapis magnifiques sur les rochers humides du col
de l'Arc près Grenoble.
Digiialis purpurea L. — Si j'ai bonne mémoire, on a cité cette plante
dans une des séances de la Société, à propos d'une discussion sur le
changement de couleur des fleurs dans certaines espèces. Voici à ce sujet
une'expérience qui m'est personnelle. La Digitale pourprée croit abondam-
ment dans les terrains granitiques de la Bretagne, notamment autour de
Rennes, où je n'ai jamais remarqué la variété à fleurs blanches. Los graines
apportées de cette localité ont très bien réussi dans mon jardin ; mais, à la
seconde génération, je n'ai plus obtenu que des fleurs blanches. La même
remarque a été faite à Gnp par tous les amateurs ou jardiniers qui cultivent
cette plante. Or ici nous tommes partout sur le calcaire; la conclusion est
facile à tirer : le changement de couleur des fleurs est dû dans ce cas au
changement de nature du terrain.
Thesium tenuifolium Saut. \ Gr. et Godr. III, 66. — Une seule localité,
Gap, est citée pour cette espèce par les consciencieux auteurs de la Flore de
France, sur le témoignage de M. Blanc; les écliantillons que mon zélé col-
lègue a récoltés près de Gap, à Chauvet, Mont-Bnyard, et que j'ai sous les
yeux, appartenant sans aucun doute au T. intermedium Schrad., qui abonde
dans nos vieilles prairies subalpines, il faudrait exclure le T. tenuifolium
de la flore française, s'il n'a pas été trouvé ailleurs.
Thesium glaucum sp. nov. — Inflorescence et souche subligneuse du
T. divaricatum Jan, dont on le distingue à première vue par la teinte
éminemment glauque de ses tiges et de ses feuilles. Son fruit est aussi plus
c,ow\% presque rond et à très peuples sessile. Ses tiges sont décombantes. Il
est tardif et ne fructifie (ju'en août-septembre. Je l'ai observé pendant plu-
SÉANCE DU 8 MAI 1857. /|'50
sieui'S années, sur les petits rochers arides et schisteux qui surgissent çà
et là du milieu des vignes, à F^a l\oehe près Gap.
AlUiun scdbcrritnwn sp. uov. — Ombelle globuleuse, capsulifere, 1res
fournie, plus ample que celle de VA. aphœrocephalum L., moins grande
que cçWeAiiVA. polyanthum Rœm. et Sch., à pédicelles serrés-dressés.
Spathe caduque-, périgone toujours d'un blanc pale, assez petit, à divisions
ovales-obtuses et à carène d'im blanc verdâtre, presque lisse. Étamines
alternativement simples et à trois pointes de même couleur que le périgone
ou les anthères d'un jaune très pâle. Feuilles planes légèrement carénées,
linéaires-lancéolées, aciiminées, garnies aux bords de petites dents très
aiguës qui les rendent très rudes et presque vulnérantes. Tige élancée, un
peu grêle, lisse, à peine striée, cylindrique, feuillée jusqu'au quart de sa
hauteur, qui atteint 7-8 décimètres. Ovaire ovoïde ; graines noires, fine-
ment ponctuées. Bulbe petit, anguleux, le plus souvent accompagné de
bulbilles jaunâtres, enveloppés dans les tuniques. Je l'ai observé dans les
blés de la plaine de La Roche près Gap, où il s'est propagé depuis quelque
temps. Il offre beaucoup des caractères de VA. arvense Guss. [A. sphœro-
cephalum j3 anense Gr. et Godr.), mais il s'en sépare nettement par ses
feuilles.
Orchis Hanrii Jord. obs. fragm. 1, p. 27. (0. tridentata j3 Gr. et Godr.
III, 288. 0. variegata Ail. Lam. ex Gr. et Godr.)— Ces plantes diffèrent
trop par le port, l'épi, le labelle surtout et les stations, pour n'être que des
variétés d'un même type. M. A. Jordan a publié d'excellentes figures des
0. Hanrii et variegata, qui montrent que ces deux plantes sont plus dis-
tinctes l'une de l'autre que, par exemple, les 0. rnilitaris L. et/wsea Jacq.
L'O. Hanrii croit abondamment dans les prairies un peu sèches de la
rive gauche de la Garonne à Toulouse, en remontant la rivière à p:irtir du
polygone. Je ne connais pas d'autre station de VO. tridentata que les con-
fins du Var et du Piémont, d'où M. Hanry a bien voulu me l'envoyer.
Carex acuminata Lap. herb. non texte; Gr. et Godr. III, kol. — L'au-
teur de la Flore des Pyrénées n'a autre chose sous ce nom, dans son herbier,
que le C . glauca Scop.
Carex sphœrica Lap. abr. pyr. 570 ; Gr. et Godr. III, /i32. — Échan-
tillons grêles, nains, sans racine, dans lesquels, malgré V appauvrissement
des épis, il est facile de reconnaître le C. frigida AH., qui abonde dans les
Pyrénées. Parmi beaucoup d'exemplaires que je possède de Gèdre, il .s'en
trouve dont les épis femelles sont aussi réduits et qui se rapportent tout a
fait à ceux de Lapeyrouse.
Carex secalina Lap. abi'. pyr. 576, non Wahl.; Gr. et Godr. IIJ, [\\^2.
— <- Il n'est pas probable, disent les auteurs de la Flore de France, que
» cette plante existe à Toulouse » En effet, c'est le C. hirta L. qui a été
pris pour l'espèce de Wahlenberg et qui est commun à Toulouse, pnci.sc-
ll^O SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
meut dans les lieux que Lapeyrouse assigne pour station à son C. secalina.
Carex stihrotunda?-^. nov. — Un épi mâle, cylindrique, terminal, avec le
rudiment d'un second à sa base. Deux épis femelles dressés, très écartés,
uvales-arrondis, ^m courts, sessiles à l'aisselle de bractées foliacées non
engainantes et dont l'inférieure ne dépasse pas les épis mâles. Ecailles fe-
melles égalant les fruits, ovales-lancéolées, aiguës, panachées. Utricules
fructifères imbriqués, serrés, petits, d'une cou\eiu' cendrée- terreuse, ovales-
ob\ongs, plans-convexes, ou même paraissant un peu triquètres, glabres,
légèrement nervés, terminés par un bec très court, arrondi, entier ou
subbidenté au sommet. Chaume de 3-4 décimètres, dressé, triquètre à
angles aigus, presque lisse; les feuilles n'offrent rien de remarquable.
Je n'ai trouvé dans mes auteurs, pour cette plante que j'ai récoltée dans
les marais des bords de la Charente, au-dessus de Saintes, aucun synonyme
applicable ; je ne possède rien non plus, dans mon herbier d'Europe, qui lui
ressemble. Elle est très rare dans la localité citée. Bien que j'aie cru voir
3 stigmates au sommet des utricules, le faciès et l'ensemble de cette espèce
doivent la rapprocher du groupe du C. stricta Good.
Festuca spectabilis Jan-^ Gr. et Godr. III, 579. — Cette belle espèce, qui
n'est indiquée dans la Flore de France qu'au bois de Fonfrède près Mont-
pellier, n'est pas rare à Toulouse, sur les collines boisées, au delà du Touch,
à Coulomiuiers, devant le château de l'Armurier, etc. Je l'avais signalée
sous le nom de F. spadicea, dans ma Florule des environs de Toulouse
(1836), avant d'avoir récolté la véritable espèce de Linné sur les pentes
hcrbenscs de nos montagnes des Hautes-Alpes.
Avena alpestris DC. fl. fr. V, 260, non Host. {Trisetum fîavescens P. de
Beauv.; Gr. et Godr. III, 523.) — Je regrette que, dans leur excellent tra-
vail sur les Graminées de France, MM. Grenier et Godron n'aient signalé
cette jolie plante que comme synonyme de VA. fîavescens L. Ses feuilles
bien plus larges, la couleur de toutes ses parties d'un beau vert foncé, ses
épillets plus gros, agréablement panachés de blanc, de jaune et de rouge,
sa station alpine, ses tiges plus robustes et plus gazonnantes, et sa souche
à peine rampante, jusiilient suffisamment De Candolle d'en avoir fait une
espèce ; mais comme elle ne peut pas conserver le nom qu'il lui avait donné
et ((ui appartient à une espèce plus ancienne, je propose celui d'A. Condollei.
Elle est très rare dans nos montagnes. M. Blanc, de Gap, l'a trouvée dans les
bancs de roches calcaires qui couroiment le Mont-Seùse. L'A. fîavescens
est, au contraire, très commun dans la plaine et se trouve jusque dans
nos blés.
SÉANCK DU 8 MAI 1857. /l/jl
UES GRAINES DE l'ÀTIlIPLEX IIORTENSIS ET DE LEUR GERMINATION, par Mf. D. CLOS .
(Toulouse, 4 mai 1857.)
On sait que, dans la famille des Chénopodces, les graines sont tantôt ver-
ticales et tantôt horizontales; que ces deux dispositions peuvent se rencon-
trer non-seulement dans des espèces d'un même genre (le genre Cfienopodium
tel que le comprennent MM. Grenier et Godron), mais même dans une seule
espèce, les graines du C. glaucum L. étant les unes verticales, les autres,
en beaucoup plus grand nombre, horizontales.
Une des plantes de cette famille, YAtriplex hortensis L., a des fleurs
polygames, les femelles dépourvues de périanlhe, que remplace un invo-
lucre à deux grandes bractées dressées et appliquées sur un pistil déprimé
qui renferme une graine dressée. Le péricarpe très mince laisse bientôt
celle-ci presque à nu.
Or, lorsqu'on examine comparativement un grand nombre de ces graines,
on en reconnaît de deux sortes: les unes rougeâtres, à bord renflé, et un peu
déprimées à leur centre; les autres plus petites, d'un brun noirâtre, lenti-
culaires, renflées en verre de montre aux deux faces, et à bords aigus. La
structure de ces deux espèces de graines ne diffère pas moins que leur
apparence extérieure. Les unes et les autres ont, il est vrai, un embryon
annulaire bien développé, avec une môme position relative de la radicule;
mais le tégument des premières est membraneux, recouvrant un albumen
farineux blancliâtre, et celui des secondes est crustacéet leur albumen dur,
Eubcorné, de couleur brune. Les différences s'étendent jusqu'aux deux
grandes bractées qui les entourent, et sont telles qu'avec un peu d'habitude
on peut déterminer presque à coup siir, d'après leurs caractères extérieurs,
(|uelles sont celles qui abritent ou abritaient des graines rousses, quelles
(les graines noires. Les premières sont ovoïdes, arrondies, et leur principal
faisceau fibro-vasculaire (nervure médiane) se divise à 2 millimètres au-
dessus de son origine, presque à la jonction du tiers inférieur et du tiers
moyen du diamètre longitudinal de la bractée; les secondes sont ordinaire-
nientcordiformes, et leur faisceau médian se ramifie à 1 millimètre environ
.•y.i-dessus du point d'insertion de l'organe.
11 n'est fait mention de ces deux sortes de graines ni dans l'ouvrage de
(Irartner (1), ni dans les traités de phytographie plus modernes que j'ai été
.i même de consulter. Cependant on les retrouve dans YAtriplex hastata L. ,
et plusieurs autres espèces de ce genre les présenteront sans doute encore.
(1) Voici la description que donne cet auteur des graines de VAtriplex hor-
Icnsis L. : (( Semina orbiculala (ce.) utrinque planiuscula, nibro ferruginea, ad
» maiginem saturate et quasi annulo nigro colorata. Somiiia floris liermaphroditi
» ieniiciilaria (f) siib pelliculn ccnerasccntc, atra, glaberrima, nilida. » {Dr fnicl^
et$emin,,t. l,p. 362.)
A/12 SOCIÉTÉ BOTAiMQUK bE FRANCK.
Lfi position relative qu'elles occupent sur la plante ne m'a paru sounuse
à aucune règle.
Après avoir constaté ces faits l'année dernière, je voulus soumettre ces
deux sortes de graines a l'épreuve de la germination, et ici encore lesdiffc-
rences furent des plus notables.
Le 23 niai 1856, je semai dans deux compartiments d'un grand vase en
verre et plein de terre, les graines noires et les graines rousses isolément et
en même nomtire (10 de chacune, sur lesquelles 5 avaient été préalablement
plongées pendant 15 heures dans l'eau). Troisjours après, trois des semences
rousses avaient commencé à germer, et le ^ juin toutes s'étaient développées,
tandis que toutes les noires ne montrèrent aucun indice de germination.
Je chargeai le jardinier-chef du Jardin des plantes de Toulouse de répéter
l'expérience, et le même résultat se reproduisit.
J'ai voulu, avant de publier ce fait, soumettre les graines de l'Arroche
des jardins à une troisième épreuve : le 21 avril dernier, je choisis deux
vases de même grandeur et pleins de la même terre; je sennai dans l'un
21 semences rousses et dans l'autre un même nombre de graines noires :
elles ont reçu les mêmes arrosements, et les conditions ont été identiques
pour toutes : au moment où je trace ces lignes (1" mai), 14 des rousses ont
déjà germé, et pas une des noires n'a commencé à le faire.
A quoi donc faut-il attribuer ce résultat? Bien que les graines noires
renferment un embryon en apparence bien conformé, l'absence de germina-
tion chez elles reconnait-elle pour cause le défaut de fécondation ou une
fécondation imparfaite? La production de graines fertiles, sans une fécon-
dation préalable a été admise par plusieurs physiologistes modernes, en
particulier par Bernbardi (d'après les observations faites sur le Chanvre) (1),
et tout récemment encore par MM. Maudin (2) et Lecoq (3). Ajoutons que
le Cœlebogyne a semblé leur donner gain de cause. Si l'hypothèse que je
viens démettre se vérifiait, les graines noires de VAtriplex horlensisL., en
tant que pourvues d'embryon, offriraient un moyen terme entre les graines
non fécondées mais fertiles et les graines non fécondées dépourvues d'em-
bryon. Je crois devoir rappeler toutefois que, l'albumen de ces deux sortes
de graines différant aussi sensiblement, il peut y avoir dans cette circon-
stance une cause de non-germination pour les graines noires.
Je terminerai en citant cette phrase de l'illustre R. Brown : « In Atri-
(1) Voy. Annales des se. natur., 2' série, t. XII, p. 362, les expériences de
Bemiiardi confirmant celles de Camerarius, Fougcroux, Dureau de la Malle, (iirou
de Buzareingues, etc.
(2) Voyez le Bullelin, t. II, p. 75û.
(o) Voy. Comptes rendus de l'Acad. des sciences, numéro du 8 décembre 1856,
el le Bulletin, t. lll, p. 655.
SÉANCE DU 8 MAI 1857. llk^
plicehortcnsi L. sola semiiia floiis hermaphroditi matnrescuiU. » [Pror/r.
flor. ISov. HolL éd. 2, p. 26-2.) Je ne inexpliqué pas celte assertion du
vénérable doyen de la botanique.
.l'ai cru devoir joindre à cette note les deux sortes de bractées et de
graines, pour être mises sous les yeux de la Société.
A la suite de cette communication, M. Moquin-Tandon présente
((uelques nouveaux détails sur les Salsolacées qui produisent à la
ibis des graines horizontales et des graines verticales.
Il fait voir d'abord que ces deux portes de graines n'infirment nullement
l'importance taxonomique que les phytographes ont donnée, dans cette
famille, à la position de la semence, et que le genre Chenopodium doit être
maintenu tel qu'il se trouve dans Tournefort et dans Linné,
Parmi les graines dont il s'agir, les unes paraissent toujours très peu nom-
breuses, et leur apparition doit être regardée comme un phénomène acci-
dentel ou accessoire : telles sont les graines verticales dans le Chenopodium
gluucum et les graines horizontales dans V Atriplex hortemis.
Chez la première plante, les graines verticales sont généralement entou-
rées d'un calice fructifère à trois ou deux folioles seulement. Ces graines
sont, du reste, organisées comme les horizontales, quelquefois cependant un
peu plus petites et un peu comprimées. Elles germent comme les autres,
mais il y en a toujours un certain nombre qui ne lèvent pas, probablement
les moins développées.
Dans Y Atriplex hortensis, les graines horizontales diffèrent notablement
des verticales: elles ne sont pas protégées par deux grandes bractées appli-
quées l'une contre l'autre, mais placées dans un calice fructifère exactement
semblable à celui des Chenopodium. Ces graines sont lenticulaires, noires,
à testa plus ou moins crustacé, et ressemblent tout à fait à celles de ce der-
nier genre; ce sont de vraies graines de Chenopodium. M. Moquin-Tandon
en a semé, pendant deux ans, pour voir s'il arriverait à transformer le pre-
mier genre dans le second. Ces graines ont levé (mais en partie Seulement),
et ont donné des plantes qui ne diffèrent en rien de Y Atriplex hortensis.
Plusieurs botanistes, particulièrement Dumortier et Dupont, ont fait la
même expérience et obtenu le même résultat.
Les graines noires verticales, dont parle M. Clos, diffèrent à peine, par
leur structure, des graines rousses normales : il est fort extraordinaire
qu'elles n'aient pas germé, lorsque les graines horizontales, celles à type
de Chenopodium, qui s'en éloignent d'une manière si notable et si curieuse,
se sont développées à peu près comme des graines ordinaires !
M. Moquin-Tandon communique un passage d'un mémoire sur les
caractères de la famille des Salsolacées, dans lequel il s'occupe des graines
à^h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FKANCE.
horizontales et des graines verticales exceptionnelles de ces plantes; il montre
le peu d'importance qu'il faut leur attribuer dans la classification. Ce mé-
moire sera lu eu entier, dans une prochaine séance.
A l'occasion de la communication de M. Clos, qui a mentionné le
Cœlebogyne, M. le comte JauberL annonce que celte plante intéres-
sante est en fleur en ce moment dans les serres du Muséum.
M. Duchartre, secrétaire, donne lecture de la communication sui-
vante adressée à la Société :
NOTE SUR DEUX CHAMPIGNONS, par M. C. MOl^TAGl^i:.
(Paris, 8 mai 1857.)
La Société m'a chargé d'examiner deux Champignons, qui ont été adressas
de la Guadeloupe à M. Réveil, et de la renseigner, soit sur leurs noms, so't
sur les propriétés hémostatiques qu'on leur attribue dans notre colonie.
[1 me sera très facile de la satisfaire sur la première question, attendu que
ces deux espèces sont bien connues.
' L'une est une Agaricinée du genre Lentinus Fr., queM. KIotzsch a publiée
dans le Linnœa sous le nom de Z. villosus, sans en donner une figure. L'au-
tre est un Pyrénomycète de la Guyane, que j'ai décrit et figuré dans n.a
seconde centurie de plantes cellulaires, insérée dans le tome XIII, p. 351,
pi. X, f. 2, de la seconde série des Annales des sciences naturelles. On l'y
trouvera inscrit sous le nom d'Bypoxylon irradians, d'après un caractère
important fourni par la disposition des fibres du stroma.
Quant à la propriété hémostatique préconisée chez ces deux Champignons,
je n'eu puis al)soIument rien dire. Peut-être faut-il se tenir en garde contre
une pareille assertion; car, à moins d'une préparation dont on ne parle pas,
le Lentinus s,yxï[ow\, qui est subéreux, ne rae paraît guère propre à remplir
l'objet pour lequel on l'emploierait.
En résumé, ces deux Champignons ne me paraissent pas appelés à détrôner
chez nous, ^y fussent-ils même communs, les moyens dont dispose la chi-
rurgie moderne pour remédier aux hémorrhagies traumatiques.
M. Duchartre présente ensuite, de la part de M. Keteleer, les
hampes fleuries de deux magnifiques Orchidées exotiques : les Cyprl-
pcdùtm Loimi\Àï\à\. et C. caudatum Lindl,
M. Boisduval appelle l'attention de la Société sur la longueur pro-
digieuse de deux des pétales du Ci/pripedium caudatum. Cet allon-
gement des pétales a lieu graduellement et après Tépanouissement.
Ils croissent généralement de 5 centimètres par jour, et atteignent
ainsi jusqu'à 70 centimètres de longueur,
SÉANCE DU 8 MAI 1857. àko
M. J. Gay fail à la Société une communication Hont voici \v.
résumé :
NOTICE SUR UiN CHÊNE NOUVEAU DE LA FLORE DE FRANCE, SUR LES CARACTÈRES QUI LE
DISTINGUENT, ET SUR LA CLASSIFICATION DES CHÊNES EN GÉNÉRAL, ,,ar M. J. CîAY,
(Résumé fourni par l'auteur.)
Nous devons à André Michaux la première révélation d'un des caractères
les plus importants qui puissent être employés pour la distinction des •
Chênes. Dans quelques espèces, dit-il, les ovaires femelles acquièrent tout
leur développement dans l'année même de leur naissance. Mais il en est
d'autres dont les fleurs femelles restent stationnaires pendant une année
entière et ne commencent à grossir qu'au second printemps, pour accomplir
leur évolution à la fin de l'année. Quelque important que lui paraisse ce
caractère, il ne l'emploie cependant qu'en second ordre, pour grouper les
Chênes de l'Amérique du Nord qu'il veut décrire. Sa première division est
fondée sur les feuilles mutiques ou terminées par une soie, les feuilles ou
leurs lobes.
André Michaux écrivait eu 1801; neuf ans plus tard, Michaux fils
reprend le travail de son père, et il en reproduit les divisions, mais en
donnant le premier rang au caractère de la fructification annuelle ou
biennale.
Pursh en 1816, Nutlall en 1818 et EHiott en 1824 suivent l'exemple de
Michaux fils, en fondant sur le caractère de la maturation la division
principale du genre.
Pendant que l'observation des deux Michaux fructifiait en Amérique,
elle restaitcomme non avenue en Europe, d'où elle était partie. Trois Species
plantarum, ainsi qu'une multitude de Flores, s'étaient succédé sans en
avoir le moins du monde profité, et il est curieux d'avoir à comprendre
dans ce nombre le Flor^a Boreali-Americana, qui porte le nom d'André
Michaux, mais qu'on sait être l'œuvre de Louis-Claude Richard.
C'est seulement en 1837 qu'en Europe on voit apparaître un premier
signe d'intelligence à ce sujet, dans une note où Roch, l'auteur du Synopsis
Florœ germanicœ, reconnaît la maturation biennale du Quercus Cerris.
Cette négligence du passé est cependant arrivée à son terme, et le fil de
la tradition va enfin être repris, et cela en France, comme il convenait à une
observation née en France, d'un auteur français.
En 18Ù2 parait le onzième volume de V Histoire naturelle des végétaux
phanérogames de M. Spach, où l'auteur traite les Chênes d'une manière
évidemment supérieure à ses prédécesseurs. Ici le genre est divisé en sept
groupes naturels, tous méthodiquement définis par l'ensemble de leurs
i;;u\x'leres, et tout particulièrement par celui de la maturation, qui reparait
4/16 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
enfin dans toute sa dignité, quoiijue réduit à un caractère secondaire
commun à plusieurs groupes..
C'est sans doute le même auteur qui, dans la même année ou l'année
suivante et dans les Illusfrntiones plantorum orientalium de MM. Jauhert
et Spach, revient sur le même sujet, à propos de quelques espèces nouvelles
ou peu connues qu'il veut décrire et figurer, et la maturation biennale
qu'il avait précédemment attribuée aux groupes Cebris et Subeb, il la dit
maintenant annuelle.
Bientôt après, c'est-à-dire en 184/i, Loudon publie son Traité des arbres
et arbustes cultivés en Angleterre^ où se retrouve le même progrès des
Chênes divisés en groupes naturels et de la maturation employée en seconde
ligne pour caractériser ces groupes, au nombre de dix. L'auteur n'a rien
emprunté à M. Spach, et tout annonce qu'il a emprunté aux deux Michaux
les éléments de sa classilication, quoique ceux-ci n'eussent point eu l'idée
des groupes naturels à introduire dans les Chênes. C'est un travail de com-
pilation intelligente, mais ce n'est point une œuvre d'observation.
Jusqu'ici les classificateurs du Chêne n'avaient opéré que sur les espèces
de l'Amérique du Nord, de l'Europe et de l'Asie occidentale, au nombre
d'une cinquantaine; mais ce n'est là que la plus petite partie du genre, qui
compte 150 autres espèces disséminées en d'autres parties du monde. Il
importait de soumettre ces nombreuses espèces au contrôle dont les autres
avaient été l'objet. C'est ce qu'Endlieher a essayé en 18^7, dans la deuxième
partie du quatriètne supplément de son Gênera plantarum, où se trouve le
catalogue des 197 espèces jusqu'alors décrites et plus ou moins connues. Ce
qui ressort de ce tableau, c'est d'abord que les espèces à classer rentrent
en majeure partie dans les sections précédemment établies, ou plutôt dans
une de ces sections, celle à laquelle M. Spach donne le nom de Sueer.
Quelques espèces seulement échappent à cette classification. Tel est un Chêne
du Japon, dont la cupule, hérissée de piquants et fermée de toutes parts, ne
s'ouvre que tardivement pour donner passage au gland. Tels sont quelques
autres Cliênes de l'Inde orientale et des iles de la Sonde, que distingue une
cupule ou urcéolée et lisse dans la majeure partie de sa longueur, ou
raccourcie de manière à former un simple anneau. De la trois premières
sections à pratiquer dans le genre : A. Lepidobalanus, B. Chlamydobalanus,
C. Cyclobalanus. Le C hlamijdobalanus , réduit à une seule espèce, ne com-
portait aucune subdivision, et il n'i-n est proposé aucune pour le Cycloba-
lamiSy quoique riche de 27 espèces. Autre est le Lepidobalanus, qui à
lui seul en embrasse 169, c'est-à-dire plus des quatre cinquièmes du genre.
Une première subdivision apparaît ici, pour séparer, sous le nom A'Esculus,
les espèces à feuilles caduques, de {Jlex, qui comprend les espèces à feuilles
persistantes. Les groupes naturels arrivent en seconde ligne : Robur, El^o-
BALANUs, Erytheobalanus, Cekris tt Gallifeka SOUS Esculus; SUBER et
SÉANCE DU 8 MAI 1857. ÛA7
CoccTFERA SOUS Hex. Ce sont exactement les sept groupes naturels de
M. Spach, et reproduits dans le même ordre, a\ec le changement dun seul
nom, Elœofjd/anus substitué à Cerroides. Ce sont aussi, pour cha(iue
groupe, les mêmes caractères, et notamment ceux de la maturation annuelle
ou biennale, tels que M. Spach avait cru devoir les modifier pour les
groupes Cerris et Suber.
Comme je l'ai indiqué, ces caractères avaient tous déjà été employés par
les deux Michaux, pour distinguer les espèces de l'Amérique du Nord. Ils
prennent ici une signification plus générale, à laquelle, je crois, ils se
prêtent; et je n'aurais rien à en dire, si l'un d'eux, le plus important de
tous, n'avait été, en plusieurs cas, mal compris de nos deux auteurs, et si
je n'avais à fonder en partie sur ce caractère la distinction d'une nouvelle
espèce, dont je parlerai plus loin.
M. Spach et Endlicher attribuent la maturation annuelle aux groupes
RoBUK et El.îîobalanus (Cerroides Spach), en quoi je suis parfaitement
d'accord avec eux, comme aussi pour reconnaître la maturation biennale
aux groupes Erythroralanus et Coccifera.; mais il n'en est plus de même
des groupes Cerris, Gallifera et Suber.
Groupe Cerkis.
André Michaux en 1801, Kochen 1837 et M. Al. Braun en 1849 parlent
du Quercus Cenns comme ayant la maturation biennale. Loudon, en \8hU,
étend ce caractère au groupe tout entier, devancé en cela par M. Spaeh,
qui avait fait de même en 1842. iMais une année à peine s'est écoulée, et
M. Spach a changé d'opinion ; il croit se corriger en donnant au groupe
Crkris la maturation annuelle, caractère qui est adopté par Endlicher
cinq années plus tard. Or il y a là erreur, car il résulte de mes observations
que, non-seuleraent le Q. Cerris, mais encore les Q. yEgilops, castancœ-
folia eX persica, toutes espèces inscrites dans le groupe Cerris par Spach
et Endlicher, se distinguent du Robur autant par leur maturation biennale
que par leur cupule chevelue. J'en dis autant de deux autres espèces qui
appartiennent sans aucun doute au même groupe : le Q. pseudu-Suber,
qu'Endlicher classe parmi les Coccifera, et le Q. hispanica Lam., qui
n'est pas, comme Endlicher le croit, un simple synonyme du Q. pseudo-
Siiber. Le Q. chinensis de Bunge, jusqu'ici insuffisamment connu, fait
sans doute aussi partie de la même association, comme Endlicher l'avait
déjà soupçonné.
Groupe Gallifera.'
Le groupe Gallifera a été proposé par M. Spach pour le seul Q. infec-
toria Oliv. (celui qui fournit les noix de galle du commerce), avec le
caractère de la maturation bieuuale. Endlicher adopte le groupe sous le même
tlllS SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE,
nom et avec le même caractère; seulement il en élargit le cadre en y intro-
duisant quatre espèces au lieu d'une: Q. /lumi/is Lam., Q. infectoria
Oliv., Q. alpestris Boiss. et Q. hispanica Lam. Toutes ces espèces sont
donc censées avoir la maturation biennale; mais cela n'est vrai que de la
dernière, qui, par ce caractère et par tous les autres, rentre indubitable-
ment dans le groupe Cerris, comme je le disais tout à l'heure. Les trois
premières espèces ont la maturation annuelle. Dans tous les échantillons que
j'ai vus de ces trois espèces , les fruits mûrs ou mûrissant occupent le
sommet des rameaux de l'année, à l'aisselle des deux ou trois premières
feuilles, sans place aucune laissée au-dessus d'eux pour des fleurs femelles
d'une génération plus récente, d'où il suit nécessairement qu'ils sont de
même âge que le rameau, et que, par conséquent, ils ont la maturation
annuelle. J'en dis autant de deux formes anonymes, provenant du défilé
des Portes Ciliciennes, que M. Balansa a distribuées en 1857 sous les n" 1126
et 1126 bis, et qui sont évidemment très voisines du Q. infectoria. Tel
étant l'état des choses, il est fort douteux pour moi que les Chênes gallifères
puissent subsister comme groupe, même après élimination du Q. hispanica.
En tout cas ils devront être placés immédiatement après le groupe Robub,
dont ils ne diffèrent que par leurs feuilles moins caduques, devenant
subcoriaces avec l'âge, et à lobes ou dents mucronés, non mutiques. Encore
y a-t-il dans les formes multiples du Q. infectoria bien des exceptions à ce
dernier caractère.
Groupe Suber.
Sur la maturation du groupe Suber, les auteurs ne sont pas plus d'accord
que sur celle du Cerris, mais il y a ici une cause que je crois toute diffé-
rente, comme on le verra tout à l'heure. Pour M. Spach, ce groupe se com-
posait en premier lieu de quati-e espèces, trois européennes : Q. Ilex, (>.
Ballota, Q. Suber, et une américaine, Q. virens. Ces quatre Chênes
étaient censés avoir la niatuiation biennale. Michaux (ils l'avait dit en
1810 des Q. Suber et virens, M. Spach en 18i2 du groupe tout entier,
Loudon en \SliU des mêmes espèces, mal à propos groupées avec d'autres
espèces très disparates, enfin M. Braun en 1869 du (). Suber. L'opinion
était unanime sur ce point, lorsque M. Spach, occupé eu 1842 et 1863
d'une espèce nouvelle à introduire dans le même groupe sous le nom de
Q. cypria, substitua, dans le diagnostic du groupe, la maturation annuelle
à la maturation biennale, corrigeant ainsi le caractère indiqué dans son
premier travail, Endlicher l'a suivi dans celte voie, et son groupe Siber
ne diffère de celui de M. Spach que par l'addition de 113 espèces ajoutées
aux 5 dont le groupe se composait auparavant, espèces du Mexique, du
.lapon, du Psépaul, des Indes orientalei et des iles de la Sonde. Mais de ces
113 espcces, il n'en est peiil-être pas deux (j'excepte le Q. (anata, doui il sera
sKANci: i)i; 8 mai 1857, /j/jg
qiioslion plus loin) où le caractère de la maturation ait clc remarque par les
auteurs, ce qui met fort en doute la légitimité de leur atlriI)ution au "roupe
dont il s'agit ici. M. Spaeli, donc, ouvrait ici un nouvel avis, opposé à celui
de ses devanciers. Avait-il tort ou raison? .l'ai examiné la question sur les
matériaux qui étaient à ma disposition, et j'ai reconnu qu'il était dans le vrai
et qu'il y avait maturation annuelle dans le Q. virens d'Amérique, ainsi que
dans le (A llcx, le (V. Ballota et le Q. Suber du bassin de la Méditerranée.
Mais en même temps J'ai découvert que, sous le nom de Q. Suber, on avait
jusqu'ici confondu une autre espèce, fournissant pareillement du vrai liège
à l'industrie, mais d'ailleurs très distincte par deux caractères, au nombre
desquels figure la maturation biennale. Cette espèce parait être particulière à
l'extrême frontière occidentale de notre Europe. Mêlée au l'in de Bordeaux
{Pinus Pinaster Soland.), elle forme de véritables forêts sur la côte du
département des Landes, où je l'ai vue en sei)tembre 1813, mûrissant ses
glands de seconde année, .l'en possède un échantillon cueilli à la Serra de
Cintra, près Lisbonne, où, suivant l'étiquette {Q. Suber Welw. Lusit.
exsicc), elle couvre de vastes étendues de terrain, ce qui me donne lieu de
supposer (|u"on la retrouvera sur toute la côte intermédiaire de l'Espagne et
du Portugal, en raison de quoi je lui ai donné le nom de Q. occi.dentalis
Un bel arbre de la même espèce est cultivé au fleuriste du petit Trianon
dans l'enclos où fut jadis établie l'école botanique de Bernard de Jussieu
dont peut-être il a fait partie, ce qui le ferait remonter à l'année 1759. Il
est permis de croire que c'est, des deux Suber, le plus fréquemment ou
plutôt le moins rarement cultivé dans le nord de l'Europe, ce qui expli-
querait pourquoi Michaux, [.oudon, M. Alex. Braun et M. Spach lui-même
dans un premier travail, ont attribué la maturation biennale au Q. Suber
tandis que le dernier de ces auteurs la jugeait annuelle dans un travail
subséquent, sans doute d'après l'autre plante, qui vient du bassin de la
Méditerranée, et qu'aujourd'hui je regarde comme le vrai Q. Suber.
Il y a donc, dans le Chêne-Liége de nos climats, deux espèces qui, quoique
très semblables a beaucoup d'égards, notamment par la nature de leur écorce
et de leurs feuilles, diffèrent néanmoins par le temps nécessaire à la matura-
tion de leurs fruits, quatre ou cinq mois pour l'une, quatorze ou quinze pour
l'autre. Mais ce n'est pas la tout ce qui les distingue, car les écailles de la
cupule, toutes appliquées dansle^A Suber, les supérieures dressées et appli-
quées, les inférieures coniques et réfléchies dans le Q. occidentalis, fournis-
sent une seconde différence qui déjà suffit à mettre hors de doute la légitimité
des deux espèces, en attendant qu'elle se fortifle par l'étude des bourgeons
des stipules et des chatons mâles, à laquelle je n'ai pu'me livrer jusqu'à ce
jour, attendu que le Q. occidentalis de Trianon n'entre en sève qu'au mois de
Juin ; c'est le plus tardif de tous les Chênes cultivés aux environs de Paris (1)
(1) Le temps m'a révélé une troisième (litTércnco qui nVsi pas moins remar-
T. IV. 29
A50 SOCIKTK BOTAMQUK DE FRANCF.
Oiielle place donner à la nouvelle espèce clans la série de ses congénères?
Elle ne peut entrer dans aucun des deux groupes jusqu'ici distingués pour
les espèces à fouilles persistantes, car elle s'éloigne autant du Suber par
sa maturation biennale que du ('occiKnr.A par la mollesse des écailles de sa
cupule, toutes appliquées quoique en partie réfléchies. Il y a donc nécessité
de lui faire une place a part entre les deux groupes, et je propose, pour le
nouveau venu, le nom d'HETEROPHELLOS, qui implique l'idée d'un faux
Liège. Le Q. occidenfalis n'y figurera pas seul, car je viens de découvrir,
dans le Q. ïanata Smith (1), une espèce qui en a tous les caractères princi-
paux, quoique spécifiquement très distincte. C'est un premier démembre-
ment opéré dans la série des 113 espèces exotiques qu'Iùidlicber a voulu
rattacbei-au groupe Slder, mais évidemment avec trop de légèreté.
Il est encore un autre Chêne qui, d'après la description et la figure,
semble devoir formei- un groupe a part, c'est le Q. alnifolin Pœcb, Enum.
pi. Cypr. p. 12 [Q. cijpria .Taub. et Spacb, III. pi. or., I, tab. 56). Inter-
médiaire entre les groupes Cerbis et Subeiî, il diffèie du premier par ses
feuilles persistanles et par sa maturation annuelle, et du second (dans lequel
Spach et Kndlicher l'ont compris) par sa cupule chevelue à l'égal du
Cerris. Je propose de lui ouvrir une case qui, sous le nom de Cypriotes,
viendrait se placer entre les groupes Scjber et Heterophellos.
M. Bureau l'ail à la Société la communication suivante :
NOTE SUR DIVERSES MONSTRUOSITÉS, par M. EI>. BUREAU.
J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de la Société plusieurs échantil-
lons de Narcissus biflorus, qui présentent une monstruosité assez remar-
quable. Cette monstruosité obéit d'une manière fort évidente à la loi CC affinité
qnable, c'est celle qu'offre la durée des feuilles, bi- cl triennale dans le Q. Suber,
comme dans le Q. Ilex, annuelle seulcnicnl ou même à peine annuelle dans le
Q. oceidentalis. Cest au commencement de juin que l'arbre de Tiianon se dé-
pouille de ses feuilles, au momen' où s'ouvrent les bourgeons de l'année précé-
dente. C'est plus loi encore, et même dans les mois d'iiiver, pour l'arbre du sud-
ouest de la France, s'il faut en croire Clusiiis, qui avail déjà observé celle didércnce,
en passant à Bayonne, vers l'an 1565, pour se rendre en Espagne. « Suberis duo
» gênera clariss. Matlhiolus observavit; ego unicum lanlum, nisi forte, quod in
» extrema Aquitania nascilur, ab eo (piod pcr ffispanias Irequens est, diversumsir.
» Etenim Aquilaniciun folia non relinet, sed liyenie ilii decidunt ; uti, cuni mense
» Aprili in flispanias proficiscerer, observavi, foliis euim prorsus viduaUe erant
»' quotquol Suberis arbores circa Bayoïiam conspexi. » (Glus., Hisp. (157G), p. 'J7.)
(1) C'est le Q. nepaulensis Desf., nom sous lequel je l'ai vu cultivé dans un des
grands pavillons vitrés de noire Jardin des plantes, où il a déjà atteint hb pieds de
liauleur, et où il tleiuit abondaunnent tons les ans, sans avoir jusqu'ici produit
des fruits partails.
SKANCE DU 8 MAI 1857. 551
de soi pour mi ^ qn'Kticnnc Geoffroy Saint-lliiaire a montrt'ft régi i' les eas
(lesoiuluro, soit des iiulividiis, soit des parties, dans le règne animal, et qui
gouverne les mêmes cas dans le règne végétal, ainsi que l'a iudi{(ué INI. Mo-
quin-Tandou.
Cette loi, on le sait, consiste en ceci : lors((ue deux individus se
soudent ensemble, ils se soudent par les parties semblables ; lorsque ee sont
deux parties appartenant à un même individu qui tendeut l'une vers
l'autre, elles adhèrent également par leurs faces correspondantes ou de
même nom.
Dans l'exemple ici présent, on verra qu'il s'agit d'une bractée qui s'est
soudée avec un sépale : elle n'est pas venue appliquer sa face supérieure
contre la face inférieure du sépale, comme cela devrait être si les parties
avaient conservé leur position naturelle; mais, pour obéir à la loi que je
rappelais tout à l'heure, la bractée a dû exécuter un demi-tour en se tor-
dant siH' elle-même, de manière à venir appliquer la face inférieuic de sa
nervure médiane contre la face inférieure de la nervure médiane du sépale
situé au-dessus. L'adhérence a lieu par ces nervures seulement, le reste du
limbe conservant sa liberté.
Il y a dans ce moment au Jardin de la Faculté de médecine une touffe de
Narcissus biflorus, dans laquelle presque toutes les fleurs sont monstrueuses:
elles présentent tantôt le genre d'adhérence dont je viens de parler,
d'autres fois des soudures de fleur à fleur, ou synanlhies, de tous les degrés
possibles, depuis la disposition de deux fleurs accolées comme les canons
d'un fusil double, jusqu'à leur fusion complète en une seule fleur avec un
nombre double de parties.
Je demanderai la permission d'ajouter quelques mots sur une mons-
truosité d'un autre genre, que j'ai observée au mois de juillet dernier, et
qui offre un exemple des difficultés que peut prétenter l'interprétation de
certains faits tératologiques.
En ouvrant des fleurs (ï Antirrhinmn majus, j'en remarquai un certain
nombre qui portaient, naissant de la base de la corolle, un très long af-
pendice pétaloïde. Cette partie, située du côté de ia lèvre supérieure, me
parut d'abord représenter l'étaminequi est ordinairement absente dans les
Scrofulariées, et c'était bien là l'hypothèse qui devait se présenter le plus
naturellement. Mais en regardant de nouvelles fleurs, j'en trouvai plusieurs
dans lesquelles il y avait deux de ces appendices naissant tout à côté l'un de
l'autre. J'examinai alors les nervures médianes des deux pétales formant la
lèvre supérieure, et en les suivant de haut en bas, je vis qu'elles naissaient
précisément en face de chacun des appendices. Il fallait attribuer à l'irré-
gularité de la corolle ce rapprochement des nervures médianes, qui m'avait
d'abord fait prendre un appendice opposé à un pétale pour un appendice
alterne, et il devenait dès lors évident que j'avais affaire, non à un retour
/i52 SOCIÉTÉ BOTANIQUR DE FP.ANCR.
au type régulier du verticilc staniinal, mais a un dédoublement antéro-
postérieurd'uue partie de la corolle, ou bien aune sortedecoronule analogue
à celle des Caryophy liées.
Tous les pieds à.' Antirrhinum sur lesquels j'observai des fleurs ainsi
modifiées étaient situés aux environs de ïNantes, dans un jardin, le long
d'un mur exposé au midi, et tous les pieds placés le long de ce mur m'ont
offert cette monstruosité.
[.a plante était aussi très abondante dans les autres parties du jardin, mais
ne présentait plus rien d'anomal.
M, Cliatin domamleù M. Bureau s'il a vu la 5' étamiue rudimen-
tairede V Antirrhimim. Il croit se rappeler qu'il y a toujours d'abord
5 élaniines ; puis la 5* disparaît. Dans les Acaiithacées il a vu souvent
Jaô'élaniine priniitiveuient semblable aux autres, puis disparaissant
de bonne beure sans laisser de trace. Dans d'autres plantes il a re-
marqué que celte 5' étamiue prenait un grand développement et
formait une lame pétaloïde. Cliez VAntm'Jdîium. y aurait-il tantôt
atrophie, tantôt hypertrophie de la 5® étamine? Le dédoublement de
l'organe signalé par 31. Bureau semblerait permettre de supposer que
cet organe est la 5' étamine hypertrophiée. Lorsque le filet s'hypertro-
pbie il ne se dédouble pas, mais l'anthère se dédouble assez souvent.
M. Bureau n'a pas vu la 5* étamine rudimentaire. 11 ne se base,
pour admettre le dédoublement du pétale, que sur la position de cet
organe.
M. Moquin-ïandon dit qu'il a vu deux fois, dans VAntirrJiinum,
un fdet à la place de la 5^ étamine.
M. J. Gay rappelle que, dans les Scrofularia, on voit presque tou-
jours la 5* étamine rudimentaire et atfectant des formes diverses
suivant les espèces.
M. Guillard fait à bi Société la communication suivante :
DE LA FORME DES GROUPES FLORAUX, par W, ACH. OIILLARD (1).
XV. La qualité des groupes iloraux, telle qu'elle est définie dans nos
dernières lectures, résulte de la loi primitive d'organisation qui détermine
l'ordre dans lequel les boutons se forment, grandissent et accomplissent
leurs fonctions.
(1) Siiilc des études sur rtiiflorcscence, publiées dans lo Biillplin, p. 29, 116 et
37 /!| de ce voliuiie.
SÉANCK DU 8 MAI 1857, Û53
I-a forme extérieure des groupes qualifiés dépend de trois eauses priucl-
pales, qui sont :
A. La longueur respective des supports, pédicelles, pédicules, pédoncules;
B. Les modifications de la phyllotaxie ;
C. Les lois spéciales d'inégalité et de dissemblance auxquelles les groupes
floraux sont soumis.
A. — Longueur des supports.
Les modifications qui eu résultent s'expriment par des termes usités,
dont on trouve partout la détinition : le groupe floral, soit progressif soit
régressif, peut être
oinI)ellé, tlqiiimé, globuleux, obcoiiique,
corymbi!, capilé, héinispliériquc, ové, obové,
spiciforme, scssilc, cyliiKlrique, j)yr.'imidii!,
fascicule, omni-sessile, conique, uiiilaléral, etc.
Exemples :
Botrye ombellée : Primulacées, Araliacées; Dibotrye ombellée: Om!)elli-
fères; Cyme ombellée : Malus T.
Polycyme corymbée : Sambucus, Viburnum, Cornus, Sorbus.
Botrye spiciforme : Veronica arvensis L.; B-Cyme spiciforme : Tridcum,
Lolium; C-Botrye spiciforme: les Bœhmeria de la première section
Weddell ; Spinacia T.
Botrye fasciculée : Primula grandiflora Lamk.; Cerasus Mahaleb Mill.,
Impatiens Balsamina L. 5 Dibotrye fasciculée : Plantogo major L.,
P. lanceolata L., Littorella lacustris L.
Cyme fasciculée: Salvia et autres Labiées, Encyanthus Larn.
C-Botrye sessile axillaire, caractère général des Urticées.
Cyme omni-sessile : Sfachys, Lamium, Bêla, Suœda.
C-Botrye omni-sessile (glomérule complexe) : Pouzolzia, P/ienax.
Nous ne voyons pas l'utilité de consevxev dichotomie, calathide, grappe,
thyrse, glomérule, dont le sens n'a jamais été bien déterminé.
B. — Formes phyllotaxiques.
XVL Les Bractées et les Bractéoles (soit semblables à la Feuille, soit
dissemblables), pouvant être alternes, distiques ou décussantes, le groupe
iloral est en conséquence alterné, distiqué ou déçusse.
Bractée et Bractéole sont, pour tous les botanistes, organes d'inflorescence. La
manière dont on les distingue de la Feuille est différente, selon qu'on se place au
point de vue de la fonction ou de la forme. La Feuille, transformée ou non, devient
théoriquement el physiologiquemenl Bractée quand elle aisselle un groupe tloral,
Braciéole quand elle aisselle uu bouton seul. Au point de vue de la forme, il n'est
llbll SOCIÉTÉ BOTANIQUE Dli l-KANCE.
pas possible d'élaljlir nue disiinction générale et précise entre la Feuille et les
Bractées, soit parce que le passage de l'une aux autres est fort souvent graduel et
insensible, soit parce que les phytographes ont rhai)itude d'appeler Feuilles, sur
la mciiie plante, des organes de forme très dissemblable (quand ils donnent à de
vrais pédoncules le nom de lige, qu'ils refusent en d'autres cas à des liges véri-
tables). Toutefois, comme le passage d'une forme à l'autre est fort tranché dans
beaucoup de plantes, la distinction fondée sur la forme est trop commode au lan-
gage pour y renoncer facilement, et l'on ne réussira guère plus à l'abolir qu'à la
préciser (1).
Exemples cF inflorescence alternée (B 1/3,2/5,3/8, etc. (2) :
Botrye terminale : OEiiothérécs.
Botrye biaxillaire ou terminale : les Véroniques.
Botrye 1/3 : lilelia verecunda.
Botrye 1/3 passant à 2/5 : Asphodelus ^fistulosus L., Tofteldia calijculata
Wahl.
Botrye 2/5 : Clethra, Cyrilla, Triglochin, Fritillaria persica L., Smila-
cina stellata Desf., Aloëmargaritifera Ait., Oncidiurn^ Spiranthes, Pobj-
stachya cerea.
Botrye 3/8 : Ribes rubrum L., Celsia Arcturus S. vég., Dracœna reflcxa
Lamk. , Odanthe veratrifolia R. Br., Bodriguczia suavcolens Hook.
La Botrye alternée, surtout quand elle est terminale, ouvre le plus sou-
vent en 2/5 pour terminer en 3/8 ou 5/13.
C-Botrye 1/3: Canna; C-Botrye 2/5 : Dictamnus albusL., Beta vulgaris L.
Dicynie terminale : Ranunculus L., Rosacées, Linées, Chénopodées, etc.
2C-Bolrye 2/5 : Agave.
Exemples d'inflorescence distiquée (Bl/2) :
fridécs, JMusacées; Miltoniu, Demeraria (jard. Kevv).
Botrye feuillée : Biospyros Lotus L.
(1) La langue botanique a été construite au hasard, selon le besoin de chaque
jour, comme on pose les maisons dans Un village, sans subordination respective,
sans uniformité, sans alignement, par imprévoyance de ce qui doit suivre, l'ius
lard on les tranche, on les abat pour les refaire, quand on veut avoir une belle
ville : il faut pour cela une autorité intelligente et le concours des ressources et des
volontés des citoyens L'autorité a manqué en botanique pour régler le sens et
l'emploi des termes, et pour ameublir la langue suivant les progrès de l'observa-
tion. Il en est résulté d'étranges abus de mots, des écarts de théorie (voyez les para-
graphes Cdlntes et Fibres, Floraison et Injlnrescence au Cours d'A. de Jushicu,
l'article Akatomie végi'tale, au grand Diclionnaire de d'Orbigny, etc.), de
continuels tiraillements de langage entre les phytographes et les physiologistes, et
beaucoup de pierres d'achoppement sur le chemin de la science.
(2) Voyez les Traités de phylloiaxiede MM, Braun, Schimper, Bravais, etc.
si;:ain(:ic du 8 mai iSf)?. A55
Botryo? (lépriméc des Aiionacées.
Boti\y(' spicifonne : Cyperus L, Schœnus L..
lîotryo cpilk't : (iramiiu'cs.
Jioh-yc et Dihotiyo : AngrccuDi. P.-Thou.
Dibotiyc laiiii forme : Lathyrus ft autres izeiires de la famille.
C-Hotrye déprimée, définie, prél'oliale : //linus campesirisL.
C-2botiye : PJû'ynium dichotomum Koxb.
?cyme itérativement surmontante : Corchorm L.
6cyme : Stromanthe sangidnea Sonder.
cccyme terminale des Graminées.
Exemples d'inflorescence décussce (B 2,3, etc.) :
Double et triple progression, caractérisant les Malpigbiacées.
Botrye binée (F2), ternée (F3), quaternée {Fk) : les Bruyères, les Myrio-
pbyiles.
2botrye binée ou ternée : Impatiens L.
C-Botrye 2axillaire : Cinnamomum Burm.
C-Botrye ramiforme : Célastrinées.
C -Botrye ternée : Alisma PlantagoL.
B-Cyme terminale : Circœn lutetiana L., Verbena officinnlis L.
B-Cyme ternée : Lippia citriodora H. K.
2cyrae 2axillaire : CJematis Vitalba L., C. erecta L. et autres.
Sbotrye pyramidale Sdécussée (décussée aux 3 degrés d'intloresccuce) :
Ligustrwn japonicum Tlinnb.
C-B-Cyme terminale : i^abiées.
C-B-Cyme 2axillaire : Humubis Lupulus L.
C-B-3Cyme 5décussée : Vitex incisa Lamk.
XVII. On peut rapporter aux formes pliyllotaxiques les divers modes de
terminaison du groupe floral, et particulièrement de la Botryo, simple ou
complexe.
La Botrye se termine de trois manières :
1° Son bourgeon terminal évolve en une fleur, et la Botrye est définie
(selon la définition de ce participe admise par les botanistes) : Erythrina,
Berberis, Galium, Syringn, Ligustrum. Il arrive le plus souvent alors que
la fleur terminale et suprême devance par son épanouissement les fleurs
qui la précèdent; nous disons dans ce cas que la Botrye est définie et pré -
cessive : AgrimoniaT., lihus T., Mœsa mollis A. DC et autres Ardisiacées,
Basella L. ; Triglochin L. ; Reuumuria vtrmiculota DC. (Red. PI. grass.
f. i;i9 a la bibl. Mus.)
La progression définie appartient particulièrement a la Cymo-Botrye ,
simple ou complexe, et elle y est très fréquente : Lauracées, Berbéridées,
Pirus, Ulmus, Ricinus, Dictamnus, Rhus, Pomaderris et quelques autres
hbÔ SOCIÉTÉ BOTANIQLK DE FKANCE.
Rliamnées, Ji'^<7ie, plusieurs Galium [G .marltimum L.,G. Mollugo L.,etc.),
Cichoriwn, S/nnacia tetrandra Stev. ; Alisina Plantago L. , etc.
La /jrecess/on rapproche la C-Botrye de la Dicyme rt'procressive (voyez
plus haut, page 35, IV} : ces deux formes se touchent dans la série générale
des phénomènes d'inflorescence. Ainsi, dans les Campanulacées, notamment
dans le genre Campanula, la plupart des espèces fleurissent en 2cymo
terminale réprogressive; mais chez C. Rapuncidu^L,, C. rajmnculoides L.,
l'épanouissement de la Cyme suprême est ordinairement en retard, et la
2cyme devient C-Botrye précessive.
Presque toutes les Boraginées fleurissent en Dicyme terminale alternée :
quelques genres, Eckiam, Anchusa, Sijinp/n/lum font C-Botrye ; mais cette
C-Botrye est délinie-précessive, et se rapproche ainsi de la 2cyme.
La plupart des Convolvulus fleurisssent en C-Botrye alternée, oo ; C. li-
neatiis f.. fleurit en 2cyme terminale ; le voilà bien loin de ses congénères ;
mais sa 2cyme est réprogressive, ce qui commence à l'en rapprocher; et,
pour l'attacher encore mieux à son genre, il a à côté de lui, méthodique-
ment et géographiquement, C. Cantabrica L., dont l'inflorescence est ea
C-B otry e dé fin ie-précess ive.
C'est par de telles transitions que la nature a voulu relier et comme
anastomoser les deux grandes séries de progression et de régression, qui
parcourent tout le règue eu sens contraire.
2° Le bourgeon terminal de la Botrye n'évolve pas : il reste enfermé dans
ses Bractées, et ne laisse pas deviner comment la fleuraison se compléterait
si des conditions plus fécondes lui permettaient de continuer a produire.
C'est ce qui a fait nommer la Botrye indéfinie. Et en effet, le plus grand
nombre des progressions sont dans ce cas : Légumineuses, Crucifères,
Urticées, Scrofulariées, Labiées, Cucurbitacées, etc.
3" l^e bourgeon terminal continue à évolver, mais il ne produit plus que
des Feuilles (ou Bractées), à l'aisselle desquelles il n'y a pas de bouton.
Nous disons dans ce cas que le groupe floral est désistant, parce qu'en effet
la fleuraison désiste, bien que la feuillaison continue. On a remarqué ce
phénomène depuis longtemps chv?. L\iconi.is, qui lui doit son nom, Mais il
se montre sur un grand nombre de plantes : Tritoma uvaria Gawl., voisin
ù'Kucomis, a la même couronne; mais ses bracléoles trop petites n'attirent
pas raltention. J'acliysundra, hnardia palustris L. , Catnp/torosma jnons-
peliaca L., lllccebum verticillatuni I,., Ccdlitriche, JJippuris, étaient aussi
remarquables qu L'ucomis ; il est vrai qu'ils étaient moins brillants. Les
IMyoporées font la Bi)trye simple désistante- les .Morées, les Eleagnées,
Evonymus, Ilex, Tilia, Phylianthus, Dodonœa, offrent des exemples de
C-Botrye désistante : les Feuilles stéi'iles ne sont pas rapprochées eu rosace;
mais ce n'est qu'un détail de forme et d'allongement des supports.
11 arrive que la Jkuraisou désiste quelque temps, le lameau florifère
SÉANCE DU 8 SIAI 1857. /j57
(lomuuil im ccrlalii nombre d'aisselles sans bouton-, puis elle reprend sur
le même axe ; c'est une Botrye intermittenle : LijsiiiMchia Nummularia L.
On trouve Dibotrye intermittente chez Camp/iorosma monspeltaca L.; ou
l'a plus ri'<iulicre chez Lipjr/ii repians Kth, qui donne 2 biaisselles (2 nœuds
formés eiiaeun de 2 Feuilles opposées) entre chaque reprise (Dibotrye
intermit lento binodale).
Il arrive encore, dans d'autres familles, que la progression s'arrête tout
à fait, mais en conservant son bourgeon terminal, qui la continue l'année
suivante, et ainsi de suite : c'est ce que l'on voit chez les Frênes, les Plan-
tains, les Papayacées, les Ardisiacées, etc., et ce que M. lioisduval offre à
nosyeux en ce moment même sur une de ses belles i^eu^ioumkcs, Jtamondia
pt/renaica. INoiis disons ({u'une telle progression est pérenne, pour nous
servir d'un terme couramment employé par Dombasie, et heureusement
rappelé par notre savant président (Moq. Térat.). La progression pé-
renne caractérise la Dibotrye des Plantains dits acauks, àe Pentar/ta/j/iia
Liudl., de Veronica officinalis L., des Théophrastées, de beaucoup d' Ar-
disiacées; — la C-Botrye des Oxalidées, des Papayacées, de quelques Cyr-
tandracëes, de Tetraiiema mcxicana; — hxTviboh-ye cVArdisia solanacea
Roxb.; — la B-C-Botrye d'^. japonka Dne, d'yl. humilis Vahl, d'A. cre-
nata Sims, etc.
En résumé, la Botrye, simple ou complexe, a trois formes terminatives,
d'après lesquelles elle est : définie (et alors le plus souvent yjrecess/^e),
ou indéfinie, c'est-à-dire de terminaison inconnue, inobservable,
ou désistante (et pérenne quand son bourgeon terminal persiste d'une
année à l'autre).
La Cyme peut aussi être désistante; l'exemple en est très rare dans la
Cyme surmontante : Sedum ternatum Mich., Alsine peploides Frics. Il est,
au contraire, très commun dans la Dicyme et la B-Cyme descendantes.
Dicyme cauliforme désistante veut dire que la récurrence florale s'arrête
abortive sur la tige, avant de s'être répétée jusqu'au bas de la plante, par
opposition à \ix Dicyme cauliforme complète, qui utilise toutes les aisselles
de son support. C'est la différence qu'il y a, par exemple, entre le plus
grand nombre des 6'erf?<w [S. Telephium L., reflexum L., anglicuynYixxùs.,
kamtschaticum Fisch., etc.) et quelques espèces privilégiées [S. Cepœa
L., rubens L., cœruleum Vahl): — ou, comme C-B-Cyme, entre Mentha
rotundifolia L. et M. arvensis.
Elodes palustris Spach nous offre l'exemple d'une Cyme intermittente,
Solanum Ihdcamara L. d'une Dicyme intermittente, Suriana maritima L.
(herb. Deless.) d'une Tricyme intermittente. Drymaria Willd. fait très
constamment 2cyrae intermittente binodale.
La Cyme et ses composées pourraient aussi, selon les cas, être qualiiiées
définies, indéfinies, pérenues. Toute plante dont les aisselles inférieures
A58 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
restent Stériles, est une •"Cyme désistante; toute plante vivace est une
•••Cyme pérenue.
C. — Inégalité des rameaux, coninexes. Lois d'inégalité cgntinle
ET d'inégalité alternative.
XVIII. Toutes les fois que deux ou plusieurs Feuilles naissent norma-
lement au même nœud (Feuilles opposées ou verticil!ées\ il y adécussation
aux nœuds suceessifs.
On peut appeler Feuilles connexes, rameaux connexes, les Feuilles, les
rameaux (floraux ou non), qui naissent au même nœud.
La connexion est toujours vérifiable dans la première enfance des or-
ganes. Elle est souvent dissimulée par leur développement inégal. Des
Feuilles, des rameaux, qui étaient originairement au même niveau, sont
dénivelés sur la tige adulte, quelquefois même de très bonne heure. On le
peut bien voir au bas des tiges de plusieurs Géranium (G. rotnndifolium,
dissectum, molle, pn.^illum). Nous avons déjà cité (p. 122) les lihumnus
chez lesquels Dutrochet a observé que le dénivellement conduit à la spire
F2/5. Sur Cornus alternifolia L. , le dénivellement frappe la plante entière,
mais la décussation est assez visible à l'origine et reste toujours assez
marquée pour rattacher cette espèce à ses congénères. Verbena offici-
nalis L. a la Botrye terminale d'abord décussée, puis dénivelée, puis 2/5.
Voyez aussi la Dicyme d'Apocynum venetum L. et la C-Botrye de Scro-
fularia aquatica L., -S', canina L., etc. On peut encore vérifier la même
transition sur Convolvrdus arvensis, où l'ordre F2 primitif est démontré
par les faisceaux vasculaires opposés et successivement déçusses au bas de
la plante jeune, tandis que sur la plante adulte l'ordre F2/5 est parfaitement
constaté, maigre les torsions de la tige, par sa forme de prisme à 5 pans :
chaque Feuille s'implante sur un pan et le dessine, en s'élevant, par deux
saillies parallèles. Quelques Ombellifères, notamment Sium angustifolium
L., offrent, dans leur récurrence surmontante, de brillants exemples de
2B-Gyme dénivelée.
XIX. Pour donner une idée exacte des phénomènes d'inégalité, il faut
rappeler d'abord que, lorsque les Feuilles sont opposées, la décussation les
range toutes dans deux plans verticaux qui se coupent à angle droit au centre
de l'axe. Si, pour la facilité de l'exposition, on suppose qu'un de ces plans
passe par l'œil de l'obervateur, on pourra le nommer plan oculaire, et
l'autre sera le plan croisant ou décussant. Ce qui se passe dans l'un se
répète dans l'autre.
Cela posé, si l'on considère une Caryopliyllée bien développée, par
exemple Lychnis dioica L., on sera frappé de l'inégalité des rameaux con-
nexes et de la symétrie constante de cette inégalité. Afin de nous en bien
rendre compte, considérons tous les rameaux situés dans un même plan.
SKANCE'DU 8 MAI 1857. Û59
en faisant abstraction de ceux qui sont dans le plan de croisement ; et de
plus , observons séparément les deux zones que sépare la protanthèse
(p. 121) : nous reconnaîtrons que chacune des deux a sa loi d'inégalité. La
zone supérieure est une (îyme iiuléfiniment surmontante, qui peut se dé-
composer en deux grandes branches inégales, collatérales à la première
Heur. Sur chacune de ces deux branches on voit que, dans chaque plan, le
plus grand des deux rameaux connexes est contim\mcnt du même côté :
c'est l'iiNÉGALiTÉ CONTINUK. Elle couslste en ce que, dans chaque plan, tous
les rameaux majeurs sont à droite et tous les rameaux mineurs à gauche,
ou vice versa.
C'est différent dans la zone inférieure, qui offre une Dicyme décussée
descendante : là, le rameau majeur (observé dans un seul plan, en faisant
abstraction de l'autre) est alternativement à droite et à gauche ; il en est
de même, par conséquent, du mineur. C'est I'inégalitk av.teunative.
Ainsi, inéijalité continue dans la zone supérieure, inégalité alternative
dans la zone inférieure. Ces deux lois régissent toutes les Caryophyl-
lées et un grand nombre d'autres familles, puisqu'on peut constater leur
action, ensemble ou séparément, sur la moitié environ des 80 familles
dicotylées où l'on rencontre la décussation.
l:ioVi% à\s>o\-\% ensemble ou séparément, ^diïCQ (.\\\ii l'une agit souvent sans
l'autre : ainsi, nous n'avons pas constaté d'inégalité constante sur la Dicyme
des Hypéricées, ni sur la C-B-Cyme des Labiées, bien que les Cymes (qui
sont terminales chez les premières, et biaxiliaires chez les dernières) offrent
de fréquents exemples de contiuuo-inégalité.
En général, et sauf les exceptions à signaler, nous pouvons poser en
principe que :
La continuo-inégalité est ascendante, et que
V alterna-inégalité est descendante.
Toutes les Cymes surmontantes à degrés répétés (Cymes qui réclament
un nom propre) sont inégales au moins à leurs derniers degrés ; et la conti-
nuo-inégalité s'y peut constater autant de fois que la décussation.
Il y a aussi des plantes qui montrent l'inégalité dans la Botrye décussée,
et c'est le plus souvent l'inégalité continue : Veronica scutellata L., Pilea,
Pouzolzia, et quelques autres Urticées, Gratiola, et un grand nombre
d'autres dans diverses familles. Nous avons déjà signalé ce singulier rap-
port entre la régression ascendante et la progression (p. 37). Nous y reve-
nons plus loin (XX).
Sur la Botrye terminale feuillée de Mimuhis, (VAnûgollis, de Tremandra
vcrticillata ^ l'inégalité continue se manifeste par l'âge différent des deux
fleurs connexes.
Ualterno-inégalité affecte en général la récurrence descendante. Voyez
toutes les Rubiacées qui fleurissent en Polycyme terminale : les rameaux
llQO SOClÉTli BUTAINIQUE DE FKANCE.
récui-reuts, biaxillaires, sont très constamment alterno-inégaux. Il faut
noter que cette inéualité se maintient dans cette famille, même sur les
espèces qui conservent la progression {Galium verum^ Aparine, etc.) : ce
qui établit une uniformité dans la famille, mais une exception relativement
à l'application de l'alterno-inégalité.
L'inégalité alternative est portée plus loin chez les Silénées, les Parony-
quées, les Asclépiadées et Apocynées. Tandis que le majeur s'élève, prend
longueur, feuille, hourgonne et lleurit, le mineur reste à l'état rudimen-
laire: tout au plus montre-t-il ses premières Feuilles, ou, s'il prend quelque
développement, c'est seulement à la biaisselle la plus voisine de \q. prime-
fleur. On peut le \oir commodément sur les genres Silène, Lijchnis, sur
plusieurs espèces de Gypsophila, de Cenistiian, de Stelluria, de Dryrnaria,
cV Asclejjias.
L'inégalité, soit continue soit alternative, est poussée, dans d'antres cas,
jusqu'à la suppression de l'un des deux rameaux connexes. Nous disons
alors qu'il y a diinidiation. L'une des deux aisselles opposées reste sté-
rile, le rameau mineur est entièrement effacé, et l'anatomie elle-même n'en
indique aucune tiace. Plusieurs Acanlhacées ont la Botrye ainsi dimidiée
par continuo-inégalité, soit continuo-dimidiée : Justicia nodosa, qiiudri-
fida, velutina, etc. Il en est de même des Dicymes surmontantes de Ci/nan-
clium et de quelques autres Asclépiadées.
Les Cymes axillaires de Scrofularia et une foule d'autres pareilles sont
d'abord continuo-inégales, puis continuo-dimidiées, coutinuo-inégales aux
premiers degrés, continuo-dimidiées aux derniers. En général, l'inégalité
croît dans une Cyme, à mesure qu'elle s'élève de degré en degré.
Chez les diverses espèces de Dianthus et d'autres Caryophyllées [Alsine^
quelques Arenaria^ Buffonia), chez Scleranthus L. , etc., la Dicyme descen-
dante cauliforme est dimidiée par alteruo-inégalité, soit alterno-dimidicc.
Phénomènes particuliers a l'inégalité continue.
a. — Dans la progression.
XX. Dans quelques cas spéciaux, l'inégalilé continue se manifeste aussi
parla dissemblance des deux rameaux connexes. LippiareptansKthoiïve,
d'un côté, un pédoncule botryque, quia pour connexe, de l'autre côté, un
r.inieau feuillant. Cullilriche donne, à chaque biaisselle, une fleur carpellée,
connexe d'une fleur a étamine, ou quelquefois d'un rameau feuillant.
Asterolinum stellatum Lk. a, aux premières biaisselles, une fleur con-
nexe d'un rameau feuillant, puis, vers le haut de la Botrye, deux fleurs con-
nexes d'âge différent. La plante fait d'ailleurs, par récurrence, B-Cyme
alterno-dimidiee.
Dans un petit nombre de familles, l'inégalité frappe même les Feuilles
SÉANCE nu 8 Mvi ^857. /i61
aissolii'res sur la li|^c ou les Bractées siii- \e prdoucule : On/iipcf/a Hl.
(Rumpli. pi. 179), Sdxifrnga, Solanécs {P/ii/sii/is , Atvopn) , Mélasto-
mncées, ([iicl(|ues Urticécs. La Feuille mineure est queUiuefois supprimée,
comme sur Elutostemma^ dont quelques espèces n'en ont pas moins les
Cymes connexes, et peuvent donner lieu à ces questions : Y a-t-il aisselle
sans aisselière? Les deux Cymes doivent-elles être appelées biaxillaires,
quand l'une des deux aisselières est supprimée?
Le genre (.'uphea laisse voir la fleur hors d'aisselle, placée bizarrement
sur l'axe, à côte de 2 Feuilles avec lesquelles elle n'est pas en rapport. Mais
si l'on regarde à plomb au-dessous de cette Heur, on voit une aisselle vide,
dont la connexe donne un rameau feuillant. On devine que la Heur axil-
iaire a été surhaussée, délaissant son aisselière. Si, pour s'en mieux assurer,
on remonte au sommet de l'axe, on dégage le bourgeon terminal, et on en
écarte avec soin les Feuilles très jeunes, on se convainc que le bouton est
réellement axillaire; on le voit à sa place légitime, d'où il est bientôt en-
levé par révolution de la branche ; son aisselière ne peut le retenir, elle est
atteinte d'une laiblesse dont la cause est inconnue, mais qui se manifeste
par l'amoindrissement continu de cette feuille : en effet, elle passe graduel-
lement a l'état deBractéole linéaire, et finit par disparaitre.
Au-dessous de la primefleur, chaque Feuille de celte plante possède son
.rameau axillaire (1).
b. — Dons les Cymes,
La forme la plus générale de la Cyme simple est d'un pédicelle aîné
que soustend 2 Bractées opposées, quelquefois une seule, très rarement 3 ou
plus; c'est le plus ordinairement 2 chez les Dicotyles, 1 chez les Monoco-
tyles : chaque Bractée aisselle un rameau plus jeune, qui est tantôt un
pédicelle (une seule fleur), tantôt un pédicule qui répète la fleur ainée et ses
Bractées avec leurs axillaires, une ou plusieurs fois.
Il serait nécessaire, pour une description exacte de la Cyme, d'indiquer
et d'énumérer toutes ces circonstances. Ce n'est pas assez de dire le nombre
des Bractées récurrentes comme on le fait communément, il faudrait encore
indiquer le nombre des répétitions ou des degrés de la Cyme, soit comme
(1) Dans la Dicyme décussée iVHydrangea, les 2 pédicules de l'étage inférieur
sont surhaussés par une soudure visible avec le pé,doncule principal, les 2 aisse-
lières délaissées restant au nœud. — Helwingia et Ruscus offrent encore des
exemples peu contestables de surliaussement. Ce phénomène, sans être dénoncé
par une soudure visible, est démontré chez les Crucifères par «ne anomalie qui y
est très fréquente : non-seulement la Botrye primordiale est ou semble sessile, mais
souvent sa première ou ses deux premières fleurs restent au-dessons du rameau
premier récurrent; ce qui ne se peut comprendre que par le surliaussement de
celni-ci.
/i62 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
maximum de développement, soit comme terme moyen ; car ce nombre, sans
être toujours précis dans la nature, se maintient ordinairement dans des
limites à peu près nnilormos, et il nous est arrivé de le trouver identique
pendant plusieurs années sur les mêmes plantes semblablement nourries.
Cette indication précise serait facile avec un petit engin du langage.
Au reste on ne perdra jamais de vue que, dans l'inflorescence comme
dans la fleur, ce qu'il y a de moins constant, c'est le nombre, — de plus
constant, c'est la disposition et la succession.
XXI. L'inégalité continue donne aux Cymes, soit simples, soit com-
plexes, des aspects très variés, quelquefois fort étranges et d'une délicate
appréciation, d'autant plus qu'elle se complique fréquemment du dénivel-
lement des pédicules, du déplacement des aisselières, et de rameaux ou
bourgeons surabondants qui viennent en second sous les premiers axil-
laircs. Voyez Schizanf/nis Kuiz P. et autres Salpiglossées, Dutura L. et les
autres Solanées, qui offrent la série presque entière de ces curieux phéno-
mènes.
Souvent le rameau majeur de la Cyme, par l'effet de sa vigueur plus
grande, usurpe la verticalité, déjetant à la fois et la fleur centrale aînée et le
rameau mineur : alors le majeur, au lieu de montrer plusieurs rameaux
terminés, naissant l'un de l'autre et superposés (ce qui est en réalité), offre
à l'œil le mensonge d'une branche unique prolongée de nœud en nœud. On
peut dire dans ce cas que le rameau récurrent est substitué au rameau
principal, puisqu'il semble le prolonger. Voyez les Cymes bien développées
de Chenopodhou hybridum, poii/spermiim, celles des Paronyquées, etc. Les
Urticécs ont de beaux exemples de ce phénomène, et offrent en outre
toutes les transitions capables de le faire reconnaître et de le constater,'de-
puis la Cyme se développant régulièrement sans inégalité marquée [Urcra
sandwicemis, U. Jacquùn, Villebriinea integrifoUa, Debregeasiavclutinu),
— ou continuo-inégale avec substitution incomplète (PZ/ca, Limera (ngas,
U. buccifera, U. crenvlatn, Fleurya wnbellata] — , jusciu'à la substitution
complète (Aa/jor/ert, Fleurya œsluaus, Sarcoc/damys , Obetio ftcifoliu, Urtica
dioicaet autres).
Ce pliénomène est fréquent chez les Dicymes décussées et surmontantes,
dans plusieurs familles: il caractérise notamment les Asclépiadées, les
Apocynées, et les Solanées où M. Naudin l'a vu e^ 'lécrit en bon observa-
teur (thèse du doctorat). C'est alors la Cyme tou-c entière qui est déjetée.
Souvent chez les Solanées elle est en même temps surhaussée par le déni-
vellement de la Dicyme, et elle semble comme égarée dans la longueur de
l'entre-nœud : Lycopcrsicum, Solamon nigrumh. et une foule d'autres.
Chez les Apocynées et Asclépiadées, la Cyme est ccnt^npcie (v. p. 119)
par un effet particulier de l'inégalité continue : le mineur ne donne à chaque
degré qu'une fleur, pendant que le majeur allonge et répète. Les boutons
SÉANCE ni! s MAI 1857. iiOS
les plus jouncs sont au contre du groupe : ce serait à lo prendre pour une
IJotrye, si la lumière ne se faisait avec l'évolution.
Cet effet (qui n'est qu'un détail) est produit par alterno-inégalité chez
Centvadenia lloribunda, — et par alteruo-dioiidiation chez Elodes palus-
iris Sp.
C'est surtout quand la Cymc est dimidiée (ntiineur supprimé), que la sub-
stitution ou usurpation est complète. Alors se produit la Cyme scorpioïde,
ou Scorpiure (lîoraginées, Crnssulacécs, Cistacées, Droséracées, Escula-
cées etc.), que nous avons expliquée dans une thèse inaugurale i/'Jssai de
formules bot. 1835). Les pédicules majeurs se succèdent, implantés l'un sur
l'autre, comme s'ils n'étaient qu'un, accompagnés quelquefois des 2 Hrac-
tées presque toujours dénivelées (Esculacées, Fumana'^'^ixch, Helianthemum
t/iymifoliuin Pers., Sedum anopetalum DC, Saxifraga), — bien plus sou-
vent d'une seule, qui est la majeure ordinairement surhaussée, la mineure
étant effacée (Boraginées, Crassulacées, Drosera, etc.), — parfois enlin
tout à fait nus [Tourne forlia, HeUotropium, Hydrophyllées).
La Aor^jn^-e se distingue nettement de la Botrye, en ce que ses fleurs
ne sont pas axillaires, bien que, par les effets du surhaussemenc ou du dé-
laissement, l'aisselière du rameau surmontant se voie dans bien des cas a
côté de la fleur (1).
L'enroulement des axes substitués, qui a fait comparer cette Cyme à une
queue de scorpion et d'où lui vient son nom de Scorpiure, n'est qu'un acci-
dent dans cette organisation ; et il a lieu ou n'a pas lieu, selon que la fleur
qui termine chaque pédicule garde sa verticalité, déjetant toujours du
même côté le pédicule qui la surmonte (ce qui a lieu dans l'eslivation), ou
qu'elle est elle-même dejelée par ce pédicule usurpateur, ce qui est l'effet
ordinaire de l'évolution.
On peut montrer aux yeux la génération graduelle de la Scorpiure, en
commençant par les Scrofulaires ou par Helianthemum lasiocarpum Desf.,
qui n'ont pas le dénivellement, — continuant par Sedum hybridum L., qui
superpose les pédicules en ligne brisée, — çav Beliant/iemumniloticum, qui
a les pédicelles franchement opposés aux Bractées et celles-ci bien dé-
cussées ; — par Centranthus, Silène quinquevulnera L., 6". gallica L.,
S. nocturna L. , etc., etc.
Il y a Dicyme scorpiurée chez Sparmannia palmafa Eckl., Calceolaria,
Géranium pusillum L., G. rotundifolium L., etc., etc.
Lorsque la Cyme est feuillée et dimidiée, on a peine à ne la pas rapporter
à Botrye décussée. \inca major, minor, herbacea, offrent les exemples les
(1) Le surhaussement des aisseiières est d'ailleurs fréquent, on le sait, siu- les
Botryes cl les C-Botryes, soit décussées, soit alternées : Thesium, Spirœa, Erica,
Cnestîs, Suœda, Samolus Valerandi L. (S. liijoralis Labill. ne surhausse pas).
IlGll SOCIÉTK BOTANIQUE DE FRANCE.
plus singuliers de ces aspects décevants. Mais le doute se dissipe, quand on
observe le bouton très jeune, toujours aine du rameau qui usurpera la
verticaUté.
La substitution est complète encore dans le cas beaucoup plus rare où le
mineur est un rameau feuillant et progressif, tandis que le majeur reste
fidèle à sa fonction régressive : Potentillu reptans L., P. amerina L., Fra-
garia indica. Cette Cyme peut être appelée semi-progressive.
Sur Polycnemum arvense L. elle est semi-progressive et dimidiée.
Nous avons déjà signalé la Cyme axillaire des Cucurbitacées, qui est pro-
gressive des deux côtés, et qui ne garde des caractères cymiques que la
fleur aînée et centrale (page \U'a). On peut à la rigueur lui contester le titre
de Cyme : la discussion du mot n'aurait pas d'importance en ce cas parti-
culier, qui est hoiné jusqu'à présent ta une seule famille (bien qu'il l'em-
brasse tout entière); — ou à deux au plus, s'il faut reconnaitre aux Malva-
cées une intloresccmce analogue.
M. Boisduval présente à la Société plusieurs plantes en fleur qu'il
eultive avec succès : Orchis (jaleata, Swiia, nstulata, saynhucina,
Erinus alpiuus, Bamondia pyrenaica. M. Boisduval fait remarquer
que dans \0. galcata la fleur qui s'épanouit la première est celle du
haut, et que dans le Simia l'épanouissement commence vers le milieu
(leTépi, ce qui ne justitîe pas l'opinion de M. Guillard, qui attribue
aux Orchidées Tinflorescence progressive (page ZiO).
M. Guillard répond qu'il n'était pas besoin de l'exemple des
Orchis galcata et Simia pour savoir que la nature se joue de nos
classifications. Mais si, parmi trois mille Orchidées, on cite deux
ou trois espèces dont l'épi très dense s'épanouit d'une manière irré-
oulière, un si petit nombre de faits anormaux ne saurait empêcher
de déclarer que l'inflorescence générale delà famille est progressive,
en groupe simple ou primaire. Lorsque les fleurs sont très serrées,
l'ordre d'épanouissement peut se trouver interverti, et cela se ren-
contre dans quelques iamilles : il eu résulte de rares exceptions,
qui n'ébranlent pas les lois générales.
M. Eug. Fournier présente à la Société plusieurs pieds fleuris de
Scllla Lilio-Hi/acint/ms, provenant de bulbes qu'il a recueillis au
Mont-Dore en juillet dernier, et qui ont été cultivés par son frère,
M. Henri Fournier.
M. Cosson, secrétaire, donne lecture de la seconde partie de la
lettre ({u'il a reçue de M. le docteur Ueboud :
si^ANCE nu 8 MAI 1857. /i65
LETTRE 1>K M. RRBOUD.
(SeconJc partie.)
lui tiavers;uil les plaloaux qui séparent G ucrrara de l'Oued En-Nsa, j'ai
observé le Fagonia lignt'ux (jue j'avais déjà rencontré prés d'Anit el Mok-
tar, avec les Jtimnterium adpressuni, Ihnophyton Deserti^ Uelianthernum
semiijlorum, Anthyllis sericea, Anabasis alopecuroides, — C'est pour la
troisième fois ({ue ma tente est dressée dans le bas-fond de Cxucri-ara, où
l'on a cboisi pour bivouac la plaine au bas de la(|uelle est située la Coubade
Sidi Abdallab Bon Altatcha, près des jardins et non loin d'une haute porte
couronnée de créneaux et de mâchicoulis.
I,a ville de Guerrara, qui renferme 700 maisons, est assise sur un rocher
arrondi, dont le sommet est occupé par la Djema et ses dépendances; les
rues, assez larges, pleines de ilocons de laines et de morceaux de (issus indi-
gènes, coupent la ville régulièrement; oo y voit quelques marchands de
fruits du pays, dont les boutiques sont à moilic remplies de noyaux de
dattes. De la galerie à arcades de la maison des hôtes (bit el dinffs), qui est
construite dans la partie la plus élevée de la grande place, on découvre le
bassin où se perd l'Oued Zegrir et où commence l'Oued Zeguièguc;de là
la vue s'étend également sur l'oasis entière qui renferme 20,000 dattiers, sur
la petite plaine de Foulla couverte de petits champs de Navets, de Carottes,
d'Orge, etc., sur le barrage qui amène les eaux dans les fossés des jardins
et sur les dunes dont les croupes mobiles ondulent au midi; çà et là quel-
ques blancs marabouts couronnent les points culminants des environs de la
ville.
Voici la liste des plantes observées autour de Guerrara pendant les trois
séjours que j'y ai faits à des époques à peu près semblables :
Hjpt'coum procumbcns var. Psoralea plicata. Plautago Psyllium.
glaucpscciis. Astragalus (ioniho Analiasis articulata.
Mattliiola livida. Taiiiarix articulata, Conuitaca moiiacaiitha.
Heuopliytoii Dcserti. Paronycliia argciitoa. Echinopsilou niiiricatiis.
Sisyniliriuiu Irio. Eryngium ilicirotium. Cailigomun coniosum.
Capsclia Biiisa-pastoris. Deverra scoparia. Eplicdra aiata.
Alyssuni Liljyciiiu. Scaljiosa camclonim. KrylhroslicUis punctatus.
Zilla iiiacroptcra. Rliaiitcrium adprcssuiii. Cyperus rolundus.
Ctconie Arabica. Auviltca radiata. Scirpus lloloscliœnus.
Heliaiitiicmiunscssilinorum. Fraiicœuria crispa. Scliismus catyciiius.
— ettipticum. Asloriscus graveideiis. ArthralluTuiu puugeus,
HaplopliyttiiniUiberciiIatum. Hcliotropiuni uiidulatum. • — ptumosutn.
Retailla Ra-tain. Littiospcniuim callosiim. — — var. floccusum.
Aiilhytiis sericea. Anlirrhiimiiiramosissiinum.
Medicago iaciuiata. Verbeiia supiua.
Kn 1856, sur les talus des jardins, de jeunes pousses couvraient de leurs
feuilles naissantes le sol encore humide des pluies de décembre; en 1S")7
•I. IV 30
>
^
/i66 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
par suite du manque de pluie, les jardii^s de Guerraia étaient d'une
extrême aridité. — Les puits des villes du Mzab sont profonds et très nom-
breux; on en trouve quelques-uns dans cliacune des villes, les autres sont
dans les jardins ; l'eau qu'on en tire est potable et de bonne qualité ; l'ana-
lyse en a été faite par M. Ville, inijénieur en chef des mines de la province
d'Alger, sur les échantillons que j'en ai rapportés en 1856.
De Guerrara, la colonne s'est rendue à Becheraïa, sur l'Oued Zegrir, en
trois jours d'une marche pénible dans un pays ondulé, semé de cailloux
irréguliers et tranchants. — La vallée de l'Oued Zegrir est resserrée entre
de hautes berges mamelonnées, foiméesde rochers disposés en gradins. Sur
les bords du redir profond, qui l'année précédente était couvert d'une riche
véirétation herbeuse, se rencontrent des PistaciaAflantica au tronc noueux
et des touffes de Tamarix nrticuluta jusqu'au sommet desquelles s'élève
XEplicdra ultissimn (Bou Farag) aux tiges volubiles ; le Rharmms li/doirlcs
y forme des buissons et remplace le J{/nis oxyacardlmdes ; c'est la première
fois que j'observe cette espèce dans des parties profondes de la région des
dahias;j'ai également observé dans les broussailles les feuilles radicales
et les hautes tiges sèches d'un Crambe [C. Kralikii Coss. sp, nov.) que
j'avais di\jà rencontré sur les bords de l'Oued En-iS'sa; le Fœniculwn offi-
cinale, le Lygewn Spartum croissent avec quelques autres plantes aux bords
des redirs. — A un kilomètre de Bechei-aïa, sur les crêtes qui dominent une
vaste dépression circulaire, véritable cuvette sans communicalion avec
les oueds et les dahias voisins, j'ai noté les plantes suivantes qui poussent
au milieu des pierres et dans les fentes des rochers:
Maltliiola... Semmt. Plantago ciliata. i'rfo/a.
Miiritandia sulTrulicosa. Bcgir. Caro\ylon articulalurn. liciiit.
Carriclilcra Vellae. Agrima. Salsolacée... Hadjerem.
Erodiuni liirtum. 7'e»(eje, dont nos guides Artliratliorum obtusuni. El Ouedfe.
coiiuaissaiiMit les tubercules cornes- — ciliatuiii.
tibles. Andropogou lauiger. Uou l\equeba.
l'agonia Sinaica? Choreik. Slipa... Sama.
Scorzonera uudulata. El Guise.
Au pied du coteau, j'ai rencontré les Eruca saliva, lihus oxyacanthoides,
(tymnocarpus decandrm, Jkverra scoparia, Artemisia Herba-alba, Aspho-
delus fîslulosiis, Stipa tortiUs, etc.
Au lieu de regagner Laghoual par l'Lugla de Medaguin, nousavoiis fait
une pointe à l'est à travers les dahias de JMetouilat, de Jaéha, d'Ouni Khe-
cheba, d'Oum el Reneb, de Talla ben Zegulr, de Megrounat-Begeleidat, de
Djebel el Guern, d'Aissa ben Baaze , de Khéiber, de Khouiba, d'LI
Kerch, etc., où dominent les:
Sencbicra iepidioidos. Zizyplms LoUis. Trigonella anguina.
Tribiilus tcrreslris. Pistaiia .\tlaiUica. Anvilloa radiata.
Ilapluplijlluiii tubi'iTulalum. Hclaina Ha-taïu. Fraurœuria crispa.
SÉANCE DU 8 MAI 1S57. /l67
AcliilIeaSanlolina. Teiifriiim rampanulatum. Emex spinosa.
Arteniisia Ilorha-alba. Stalice ISoiiduellii. Hiipliorbia roriiuta.
— caniposlris. Auahasis articulala. Kphodra allissirua.
Anicbia (Iccumbens. Caroxylon arliciilatum. I.ygoiim Spartuin.
Salvia lanigera. Polygouum equisetiformc.
Dans notre trajet à travers la dahia de Kliéiber, j'ai trouvé, dans les
branches creuses d'un vieux PistaciaAtlantica, une substance résineuse noi-
râtre (Semac) en partie soiuble dans l'eau et dont les tolbas se servent pour
la préparation d'une encre jaunâtre que vous pourrez apprécier par le spé-
cimen ci-joint (!}. Sur les troncs de ces arbres, si précieux pour l'ombrage
qu'ils offrent au milieu de ces plaines découvertes, j'ai récolté quelques
beaux échantillons du Seura ou Polypore du Pistacia Atlantica.
Le 23, nous avons remonté le cours de l'Oued el Atar, l'uu des principaux
torrents secondaires du Sahara algérien et nous avons pris la direction de
Messad. Parvenus sur les hauteurs d'Kl Mafoura, grand ravin de l'Oued
Djedi, nous avons découvert distinctement le massif du Djebel Boa Kaliil,
où se cache le Ksar Amoura. Le 26 nous sommes rentrés à Laghouat par
la grande et fertile plaine de Ksar el Haïran.
Notre voyage a duré ^0 jours ; pendant ce temps nous n'avons vu tom-
ber qu'une légère pluie ; nous eussions bien voulu cependant assister au
spectacle d'une grande crue de l'Oued Mzab ou de l'Oued En-Nsa, et voir
les démonstrations de joie auxquelles se livrent les populations du Mzab
dans ces circonstances malheureusement trop rares. INous avons eu, au con-
traire, la douleur de rencontrer, dans les terres de parcours des tribus du
cercle, des centaines de cadavres de jeunes agneaux abandonnés, parce que
les mères pressées par la faim et la soif ne pouvaient les allaiter.
La température, généralement douce pendant la journée, se montrait
froide la tmit et surtout le matin; le thermomètre est descendu plusieurs
fois à — 3° et — 6" et j'ai vu deux fois de la glace dans ma tente. Les troupes
cependant n'ont pas eu à souffrii-, ayant du bois à discrétion dans les lieux
mêmes du bivouac. — Le vent de nord-ouest, qui a longtemps soufflé, n'a
occasionné que de légères ophthalmies déterminées par le sable fin (ju'il
soulevait.
Nos provisions ont toujours été abondantes; le Sahara algérien, tout dé •
sert qu'il est pour certaines personnes, nous a offert de splendides di/fa de
dattes, de gazelles, d'arouis (moufflon à manchettes), de lièvres, d'outardes,
de perdrix, de gangas, de pigeons, de tourterelles, d'alouettes, de traquets,
de crateropes [Mulurus ISumidicus), de pies de Numidie, de pies de Le Vail-
lant, de pies-grièches, de bouvreuils roses, de moineaux des dattiers, de
(1) Plusieurs paragraphes de la lellre de M. Reboud sontécrils avec celle encre
naturelle, d'un brun roussâtre, qui a rinconvénienl de s'enlever par le lavage.
{Note de M. Cosson.)
ZlOS SOCIÉTÉ BOTANIQLK DE FRANCE.
l)niants snharis. Nous v avous ésalement rencontré dos fenecs fienard
ci'Abvssinie), des feeds (espèce d'once ou de guépnid), des lynx, des cha-
cals, des chats de Libye, etc. Les faucons et les fusils de quelques chas-
seurs que vous connaissez ont fait merveille.
En somme nous avons fait nofie voyage d'Ouargla, éloigné de la côte
d'Alger de plus de 2(K) lieues, avec autant de facilité que nous en eussions
eu à venir de Boghar à Laghouat. J'étais de retour à Djelfa le 31 janvier,
et, comme d'habitude à cette époque, le Djebel Senalba et le Sebu Mokhan
étaient couverts de neige.
....Je crois qu'il n'est pas sans intérêt de vous donner la liste des di-
verses variétés de Dattier cultivées dans le ISlzah, avec l'indication de
répo([ue a la(|uolle est pratiquée la fécondation, de celle de la maturité des
fruits et du nombre d'années après lesquelles les aibres portent des fruits.
Noms des vaiiélés, FoconJaliuii. ]M:ituiiti.' ilcs fruits. Nombie irimucos.
Deglct nor A\ril. Octobre. 5
Tinuijorts (dalle perle] — — 5
Tedela — — U
Bcnl-Kehcla (lille bleu reçue) . — — U
El Jfima (rori)liplinf) — — 5
Zcrza — Novcmb;e. à
Timbouheker — Octobre. 5
Heucht — — U
Tazizaout — — 5
Tuiiadjaie — Septembre. li
Tcdmema Mars. Août. h
Tamzouert — — <»
Ghars — Septembre. 9
h'assi bea Muuasa Avril. Oclohro. 5
DcijlPt laamar Mars. Aoûl. U
Taouraiju Sfraia Avril. Oclobre. 5
l'iscouine — — ^
Tasougaret el Ilamra — — 5
Tainzuuert el llefa — — 5
Deglct iaia — — ^
Deglct Kuula — — 5
Kerbouch (ronde) — — Û
Kseba — — 5
/iou arowi- (père du fiancé). . . ■ — — G
Ihidjuuz'd — — «*
Tinileha — "^
Tibiuuiinc — "*
A piu d'e\cepllons près, ce> mème> noms so reiroinenl |.our les di ver.' es
SKANCK DU 8 MAI 1857. /iBO
variétt's de Daflior de l'oasis de Lnghouat. — On sait que les dattes de
cette oasis sont de qualité bieu inférieure à celles du Mzab et de l'Oued
]\iv. Ik'nian est peut-être la ville de la confédération du iMzal) où les dattes
sont le plus généralement de bonne qualité. — Le nombre des dattiers de
l'oued ^Jzabne parait pas dépasser 120 à 130,000.
LISTlî DES PLANTRS OBSERVÉES PAR M. LE IV REROUD DANS LE SAHARA Al.f.Kl.lb'N,
l'END.\Nï L'EXPÉDITION DR 1857 DE LAGHOUAT A OUARGI>A (1), |.;,r Itl. K. «'«ISSOX'.
NoTOCERAS Canarioiiso R. Dr. — lU-yion des daliias : Oued Mazer, lîcriiari.
Farsetia yEgyi)tiaca Turr. s.-v. ovalis (F. ovalis 13oiss.). — Ciieljka du Mzalj : .'^aid
bea Ali, Béni Isgucn; Oued Kn-Nsa : Besseroudj, Mgiiima, Aiiit el Chebrog; Aiiit
cl Moktar sur l'Oued Mzab.
— liiiearisDiuc. — Oued Eii-Nsa : Besscroudj, Mguiina, Anit el Chebrog.
Alyssum Libjcuin {Koniga Libyca R. Br. — Oasis du Mzab : Oardaïa, Ocrrian, el Atof,
Guerrara.
Capsella Bursa-pasloris Mœnch. — Guerrara.
BiscuTELLA Apula I.. — RégioQ des dahias : Daït bel Lille, Tilremt.
Malcolmia ^Egyi)tiaca Sprcng. {Hesperis diffusa Dcne var. siliquis longioribus). —
Gardaïa.
SisïMBRiuM erysimoides Desf. — Dahia de Khéiber; oasis de Gardaïa.
SiNAPis arveusis L, — Oasis de Gardaïa.
IIiRscHFELDiA adprcssa Mœnch. — Redir de Bccheraia sur l'Oued Zegrir ; Oued el Atar;
Tilremt.
Henophyton Deserti Coss. et DR. {Hcnonia Descrli Coss. et DR. olirii). — Oued Mzab :
Bordj Chabaà Gardaïa, barrage d'EI Atof, Feidj el Naam, dunes de Zolfaiia; dans
la héicha à Negoura et à Kkefife; sur les plateaux entre l'oued En-Nsa et Guer-
rara.
ZiLLA macroptera Coss. — Oued et bas-fonds de la Chebka du Mzab : Oued Ourirlou
OuedMaboula, Oued Adira, Oued Soudan; Oued Mzab : Debaï, Hadjar Laserej;,
Anit el Moktar; Oued En-Nsa : Besscroudj, Requcb el Mgulma, Anit el Chebrog,
dans la héicha entre Negouça et Ouargla ; Guerrara; région des dahias: Aïssa
ben Baaze.
HussoNiA -Egiceras Coss. et DR. (//. uncata Boiss.). — Dahias au-dessus de Guerrara
Berrian.
Cleome Arabica L. — Oued Mzab : Béni Isguen, Guerrara; Berrian, etc.
Cappauis spinosa L. var. canescens (C. ovala Gnss.). — Melika; Bounoura, Bcni is-
guen; el Atof.
Helianthemum ellipticum Pers. — Guerrara.
— Cahiricum Dclilc! — Dans la chéchia vers Khoua el Atrous au milieu des touffes
û'AnlliylUs sericea.
Spergularia prostrata {Ahiue proslrata Dclile!) — Coteaux calcaires à Cedret eu ïala
sur rOued Adira ; Berrian.
(1) Voyez dans le Bulletin, II, p. 2;'i2, la liste des plantes observées ddns celt
même région en 1855.
/i70 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FKANCE.
Ehodidm hirtiun Willd. — Rochers près du redir de Bechcraïa sur l'Oued Zegrir; Eugla
de Medaguiii.
— ciculariutn L'Hérit. — Dahia de Tala Ben Seguir : Tilreml.
— nialachoides Willd. — Berriau.
— guttatum "NVilId. — Dahia de Aïssa ben Baaze.
Fagonia (frulicosa, absque floribus fructibusqiie). — Rive gauche de l'Oued Mzab
entre Khoua el Alrnns et Khoua el loudi ; rive gauche de l'Oued En-Nsa le long
des sentiers qui mènent de Negoura à Guerrara.
ZïGOPHVLLUM Gesliui (^oss. (Z. sp. uov.? olini). — Dans la héicha : Hadjira, Khefife ,
HassiNaga, Hassi Ghegga, Negouça ; forme toute la végétation spontanée de l'oasis
de Ouargla.
Haplopiiïlli'm lubcrculatum Adr. de Juss. — Oasis de Bounoura et de Guerrara; Oued
Mzab vers cl Debaï; couvre la grande Dahia cl Guelb.
Peganum Ilarmala L. — Gardaia.
RuAMNus lycioides L. — Redirs de i'Oued Zegrir près de Becheraïa ; Oued Ikel afflueut
(le l'Oued Zegrir.
Rétama Rœtam "Wcbb! (R. Duriœi var. phseocalyx Webb ! ap. Balansa exsicc). —
Daliias; Chebka du Mzab; Oued Mzab; Oued En-Nsa; plaine de la héicha près
de Ouargla.
Genista Saharse Coss. et DR. — Oued En-Nsa : Anit el Chebrog à Kef Rokma; Oued
Mzab : Khef Dokhan à Debaï, Hadjar Lasereg, Anit el Moktar, etc.
Argyroi.obium uuiflorum Jaub. et Spach. — Chebka du Mzab près de Berrian ; Oued
En-Nsa : Mguima; Oued Mzab : Kef Dokhan.
Ononis anguslissima Lmk. — Dans la cliebka du Mzab vers l'Oued Adira; Bounoura;
Berrian.
Anthyllis sericea Lagasc. — Dans la chéchia vers Khoua el Atrous.
— tragacanthoides Desf.! — Rochers entre Bounoura et Béni Isguen.
Medicaco apiculata Willd. — Champs des oasis du Mzab.
— iaciniata Ail. — Guerrara.
Tnir.ONELLA anguiua Délite ! — Dahia d'Aïssa ben Baaze.
PsoRALEA plicata Delile ! — Chebka du Mzab : Oued Soudan ; Oued En-Nsa : Besseroudj ;
Oued Mzab: entre Debaï et Hadjar Lasereg; Guerrara; Dahïa de Feïla près
Guerrara.
AsTRAGAUs Gombo Coss. et DR. — Oued Mzab : Debaï ; el Atof ; Guerrara, etc.
Clcumis Colocynlhis L. — Guerrara (abondant).
Tamarix Gallica L. — Kugla de Khefife au-desssus de Negouça.
— arliculata Vahl. — Bords de l'Oued En-Nsa depuis Mguima jusqu'à Anit el Che-
brog; Dahia de Feïla près Guerrara.
— pauciovulata J. Gay ! — Kugla do Khefife au-dessus de Negouça.
JIkhniakia fruticosa L. — Rochers au-dessus de l'oasis de Bounoura.
LoEPLiNGiA Hispanica L. — Berges rocailleuses de l'Oued En-Nsa vers le Kef el Rokma.
Nitraria tridentata Desf.! — Negouça.
Eryncium ilicifoiium Lmk. — Entre Gardaia et Melika; Bounoura; Guerrara; Dahia
de Tilreiiit.
FoEKicuLUM officinale Ail. — Chebka du Mzab : Becheraïa sur l'Oued Zegrir; Oued En-
Nsa : Meguel el Kéhol.
sÉANCii nu 8 ^\\l JS57. 471
DiiViiriRA scoparia Coss. ot DR. — Oued K(<l)cli ; Oued lialoli ; OiiocJ Soudan; Oiinl
y\(lira ; Oued iùi-Nsa : iJessermulj ; Oued Mzab : ClKniikhat, Feidj cl Nanui, lladjar
l.ascreg; Gucrrara; lîerriaii.
CvNOMoniuM coccineuni L. — Oued cl Atar.
NoLLtTiA chrysocoinoides Cass. — Oued M/ali : Molika, Bouiioura, Boni Isfînon.
Rhantkurm adprossuni Coss. cl DIl. — Gucrrara ; iilalcau entre (iuerrara et l'Oued Mri-
Nsa ; abondant sur les bords de l'Oued Kn-Nso depuis KeC cl Hoiviiia jus(iu';i Anit
cl Chobrog; Oued Mzab : Feidj el Naain, .\nit cl Moktar, etc.
FnANcœuRiA crispa Cass. — Oued Fn-Nsa : (Uicrrara ; région des Dahias : Oued Sci-
boussa. Oued Mazcr, Tilremt, Dabia el Guelb près de l'Oued cl Atar.
AsTERiscus pygmaîus Coss. et DK. (.4. aquaticus var. pygmœus DC. !) — Chebka du
Mzab.
P.ALLENis s[)inosa Cass. var. {Buphlhalmiim aureum Salzm.!). — Redir de l'Oued Ze-
grir à Bcchcraïa.
Anvili.ea radiala Coss. et DR. — Dahia d'Aïssa beu Baaze ; Dabia de Mogrounat; Be-
gleidat; Kliéiber ; Oued En-Nsa; Oued Mzab; Gucrrara.
AciuLLiiA Santolina L. — Dahia de Khorba, de Kouliouni dans le bassin de l'Oued
Djcdi ; Dabia de Tilremt.
Artemisia Hcrba-alba Asso var. — Très abondant dans les dahias ; Bounoura ; Oued En-
Nsa : Besseroudj, Mguima; Oued Mzab : Kef Dokhan au-dessous d'EI Atof.
Leyssera capiliifulia DC. [Gnaphaliiun leysserokles Dcsf. !). — Oasis de Bounoura.
Cai.endlxa gracilis DC. — • Oued Mazcr.
Atractïlis citrina Coss. et Kr. {A. flava Coss. et DR. olim non Desf.). — Chebka
du Mzab : Cedret en Talla, Oued Adira, El Atof; Oued Mazcr, etc.
Centaurea Mciitcnsis L. (C. Apula Lmk). — Oued el Atar.
Kentrophvllum lanatuni |)C. — Région des dahias : Oued el Atar, Oued Seiboussa,
Megrounat, Begcléidat, Djebel e! Gucrn, Oum el Reneb.
Carduncellus eriocephalus Boiss. — Oued Zeguiègue au-dessous de Gucrrara ; Mguima.
Scorzonera undulata Vahi. — Rochers calcaires à Becheraïa sur l'Oued Zegrir.
Samolus Valeraodi L. — Oasis de Negouça.
Erythr EA spicala Pers. — Oasis de Negouija,
Cu.woLVLiLus arvensis L. — Commun dans les dahias.
IIeliotrupil'm undulatum Vahl. — Guerrata.
Anchusa hispida Forsk. — Rochers des environs de Bounoura.
SoLANUM nigrum L. — Plaine de Foulla près Gucrrara; Berrian.
— villosum Lmk. — Plaine de Foulla près Gucrrara ; Berrian.
WiTiiANiA somuifera Dunal {Physalis somnifera Link). — Jardins du Mzab; Gardaïa.
Linaria fruticosa Dcsf. — Chebka du Mzab; Oued Adira.
Antirrhlnum raraosissimum Coss. et DR. — Chebka du Mzab : Oued Baloh, Oued
Kébeh, Oued Adira, Oued Soudan, Oued Zegrir; Oued Mzab : Béni Isgueu , el
Atof, Debaï; Oued Ea-Nsa : Couba Sidi Abdallah el Mnéï, Anit el Chebrog; dans
la héicha.
ScROFiLARiA Dcsertl Delile. — Oued Djedi.
Verbena supina L. — Commua dans la région des dahias : Aïssa ben Baaze, Khéiber,
Dahia de Ouargla près Guerrara, Tilremt, etc.
Salvia lanigera Desf. — Dahia d'Aïssa ben Baaze; Dahia d'Ouargla près Guerrara.
A72 SOCIÉTÉ BOTANIQUIÎ DE FKANCt:.
Salvia .î-lgj ptiaca L. — Chebka du Mzab : Oued Adira, Oued Muboula; Oued Eu-Nsa;
région des daliias.
MAimiiEiuM Deserli de Noé ap. Balansa cssicc. {Sideritis Deserli de Noé i» HuU. Soc.
bot.) — Chebka du Mzab ; Oued Kébch, Berrian, Oued Adira ; Gardaïa ; El Atof.
Teucrium campanulalum L. — Dahia d'Aïssa beo Baazc.
— Polium L. — Chebka du Mzab ; col de Zeiiibala; Oued En-Nsa.
SiATicr, Boiiduellii I.estib. in Ann. se. nat. — Dahia d'Aïssa ben Baaze; Dahia dOuar-
gla près Guerrara ; Dahia de Sidi Ali Soltau; Dahia de Tilremt; Oued el Atar.
Plantago ciliata Desf. — Guerrara.
— Lagopus L. — Oued cl Atar ; oasis de Gardaïa.
— amplexicaulis Cav. — Dahia d'Aïssa Ren Baaze.
— PsylliUMi L. — Bcclieraïa sur l'oued Zegrir.
CuENOi'ODiUM murale \.. — Champs de Foulla près Guerrara.
Atriplex dimorphostegia Karel. et Kiril. — Auprès des puils à Kliofife.
EcHiNOPsiLO.N muricalus Moq.-Tand. — Dabias, oued et bas-fond du Mzal).
Hai.ocnemum strobilaceum M.-Bieb. — Sebkha près Negoura,
Su^EDA vcrmiculata l'orsk. — Héicha de Hadjira (abondant); Negouça; Khefife.
TnAGANi M nudatum Delile. — Guerrara; plateau près Auit el Moktar; Eugla de
KkcGfc.
Carosïlon ictragonum Moq.-Tand. — Héicha près de Negouça et jusqu'à TEugla de
KhcDfc (abondant).
— arliculatuni Muq.-Tand. — Région des dahias.
Salsola verniiculala L. — Beui Isguen ; plateau entre l'oued En-Nsa et Guerrara.
Anabasis alopecuroides Mo(i.-Taud. [Salsula alopecuroides Delile!). — Rive droite de
l'Oued Mzab, constitue le fond de la végélatiuu entre Hadjar Lasereg et Anit el
Moktar.
— articulata Moq.-Tnnd. — Très commun dans le Mzab.
No^EA spinosissima Moq.-Tand. — Point de partage des eaux à 2d lieues au sud de
Laghouat; Khorba, etc.
CoRNULACA inonacautha Delile! — Dans la héicha à Khefife; Anit el Chebrog ; Guer-
rara.
Amarantis sylvestris Desf. — Champs cultivés des oasis du Mzab.
PoLïGO.NLM aviculare L. — Dahia d'Aïssa beu Baaze.
Calligonum comosum L'IIérit. — Oued En-Nsa : Requeb el Kehal , Anit el (Miebrog;
Guerrara; Anit cl Cliouikhat.
Passgrina (Thymebx'a) microphylla Coss. elDR. — Oued Adira; Gardaïa; Ueni Isguen ;
Fcidj el Naani sur l'Oued Mzab.
Ec^'HORiiiA Chama'syce L. — Dahia de Aïssa ben Baaze, de Tilrenil, de Uuargia près
Guerrara.
— calyptrala Coss. et DR. — Dahia de Tilremt.
— Guyouiaua Boiss. et Reut. — Dune à l'est de Negouça.
— Pcplus L. — Oasis du Mzab.
— falcata L. — Dahia de Tilremt.
Crozopiioka verbascifolia Adr. de Juss. — Oued Mzab vcrsChouikhat; Berriau.
FonsKALEA tenacissima L. — Melika.
Epbedua alata Donc! — Oued Eu-Nsa.
séani;k du 8 mai 1857, Û73
Epui'Dra allissinia Dcsf. ! — Dahia do Talba'hpo Ze:;uir, dft Khoibor; rodir de Ucchoraïa
sur Pdiicd Zcf^rir.
AsPHuDELus fislulosus L. — Rocailles de l'Oued En-Nsa.
Asparagus liorridus L. — Daliia d'Aïssa bcn Baazp; Oued Zogrir.
EnvTiiROSTiCTi!s |)unc(a(us Schleclit. (Melanlhium punctaliim Cav.)- — Dahia d'Ouafla
près Guerrara; Oued Mzab; Kbodre; Oued Eti-Nsa ; plalcau cuire l'Oued Eu-Nsa
et Gucrrara.
SciRPL'S Iloloschœnus L. — Euvirons des puits et lieux inondés du Mzab ; Medaguiu.
Cyperus rotundus L. — Ouerrara.
I'ennisi-.tum dichotomum Delile! — Oued Nimel ; Oued lùi-Nsa ; redir de Bcchcraï.i sur
rOued Zegrir.
Andropogon aunulatus Forsk. — Oued Mazer.
SïiPA torlilisDesf. — Redir de Becheraïa.
— tcuacissimaL. — Non observé au sud de l'Oued Zebeibija.
Arthratherum pungens P. B. — Dunes entre Negouça et Ouargla.
— ciliatum Nées. — Collines calcaires de la région des duhias (abondant) ; Oued cl Atar.
• — plumosum Nées var. floccosuni. — Mzab.
— obtusum Nées. — Région desDahias; Dahia d'Aïssa bcn Baaze.
Cynodon Daetylon Rich. — Béni Isguen.
Furagmites conimunis Trin. var. Isiacus {Arundo Isiaca Delile!). — Dunes entre Ouargla
et Negouça.
Parmema esculenta Sprcng. (FI. Ahjcr. crypt. — Lichen esculentus Pall. — Lecanora
esculenla Eversm.)- — Abondant dans la Chebka du Mzab; Redir de Becheraïa ;
Dahia de Talla ben Zeguir, de Boutrekfine, de Deba, de Tilrcmt, etc.
M. Cosson présente à la Société plusieurs espèces rares ou nou-
velles de la régence de Tunis, et fait les communications suivantes :
ITINÉRAIRE D'UN VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE, ENTREPRIS EN 185G SOUS LE
PATRONAGE DU MINISTÈRE DE LA GUERRE , par M. E, COSSOTV.
(Treizième partie.)
Le 10 juin, après avoir fait mes adieux à MM. Kralik et Mares, qui ne
doivent quitter Lagiiouat que le 15, je pars accompagné de M. Geslin, qui
ilùjix, la veille, avait bien voulu me guider dans une riche herborisation, à la
montagne de la Seridja, dans les sables et les alluvions de l'Oued Mzi et dans
la plaine jusqu'à El Assafia ; nous devons suivre la route de Laghouat à Alger
Jusqu'au caravansérail de Sidi Makhelouf, situé à environ Ud kilomètres au
nord de Laghouat, et de là gagner, le soir même, Taadmit, à 36 kilomètres
environ au nord-ouest de Sidi Makhelouf, et où M. IMargueritte nous a
donné rendez-vous. — Au sortir de l'oasis, la plaine est bornée à Test et à
l'ouest par les montagnes nues du Kef cl Zebaz et du Ras el Aioun; dans
les terrains argilo-sablouneux des bords de la route, j'observe un grand
Ixlli SOCIÉTÉ BOTAMQUli Dli lUANCE.
nombre d'espèces intéressantes, parmi lesquelles je me bornerai à citer les
Rebondia erucorioides, Lonc/top/tora Capiomontiana et Asphodelus pcnduli-
nus; nous dépassons bientôt le grand barrage de l'Oued Mzi, au pied du Ras el
Aïoun (tète des fontaines), destiné à relenir les eaux de l'oued et à en élever
le niveau, afin que l'irrigation puisse s'étendre sur une plus large surface.
Plus loin, la plaine est bornée à l'est par le Kcf Metlili, et à l'ouest par le
Djebel Milok, qui forme un vaste massif rectangulaire. Nous nous arrêtons
quelques instants au poste de ]Mellilî , nous y trouvons réunis les EupJiorbia
cornuta et calyptrata (.\m croissent pêle-mêle, et nous pouvons constater,
sur le terrain, la valeur et l'invariabilité de leurs caractères distinctifs.
A partir de là ces deux espèces sont assez abondantes, et nous les verrons,
sur beaucoup de points , former de nombreuses touffes dans la plaine
jusqu'au caravansérail d'Aïn el Ebel ; quelques Pistacia Atlantlca sont
disséminés çà et là, et leur feuillage, d'un beau vert, contraste avec la teinte
terne du sol argilo-sablonneux.Ici dominent encore les plantes de la région
saharienne; nous notons entre autres les Statice Bonduellii, Marrubium
Deserti, JSoUetia chrysocomoides^ AiHhratherum obtusum, Leyssc^a capil-
lifolia, Alyssum macrocalyx, etc., et nous recueillons Y Euphurbia luteola^
que nous retrouverons fréquemment jusqu'au delà de Djelfa. Au pied du
Djebel Touila, qui s'élève à l'ouest de la route, s'étend une vaste dépres-
sion où l'eau séjourne après les pluies, et qui est désignée sous le nom
de Dahia de Grar el Hamra. Dans l'argile humide de cette dahia croit en
extrême abondance le Francœuria laciniata, que I\l. Geslin m'y avait
signalé, et j'y note la présence du Trigonella anguina; c'est à cette même
localité que M. le docteur Reboud a retrouvé le Senebiera lepidioides, qu'il
avait découvert dans le Mzab. Dans les sables qui précèdent Sidi jMakhelouf,
dont le caravansérail s'élève sur la droite de la route, au sommet d'un coteau,
nous voyons les Ammochloa subacaulis, N onneaplianerantherciy Kœlpinia li-
nearis, eic. Quelques dattiers, restes d'anciennes cultures et les derniers que
nous ayons vus au nord de Lagbouat, existent sur la pente rocheuse du co-
teau sur lequel est construit le caravansérail (a une altitude de 900 mètres),
auprès du marabout dont il tire son nom. Le caravansérail de Sidi ]Makhe-
louf, comme tous ceux ou nous devons nous arrêter, consiste en une vaste
enceinte rectangulaire à laquelle donne accès une porte monumentale, et
dont les murs sont élevés de plusieurs mètres ; la maison des hôtes, et des
hangars adossés au mur de clôture, servant de magasins et d'écuries, com-
plètent l'ensemble de l'édifice. Pendant les apprêts du déjeuner, nous
faisons une courte herborisation aux environs et une visite aux cultures
et au jardin dépendant du caravansérail. Près de la porte d'entrée
se trouvent VEnarthrocarpus ckwatus , VOnopordon acaule et VAchi/lea
SunUAIna. Sur la pente argilo-sablomieuse du coteau, au voisinage des
touffes de datlieis, nous notons, entre autres, les Echiaopsiluii muricatus,
SÉANCE DU 8 MAI 1857. /|75
Deverra chlorantha, Onnpordon atnhigunm, fcRtnca divaricata et Mcm~
phifica, Cen(m(7'ca jio/ yacantha, Afi-acti/lis flaua, Marrubium iJeaerti^ Passe-
rina microp/ti/l/a, Brassirn Tourne fort ii, etc.; l'Onoiiin am/nstissiinn y est
extrêmement abondant: dans les terrains salés, situés au pied du roteau et
où viennent se perdre les eaux de petites sources, nous observons les 7'ru-
gammi nudatum, Phelipœa lutea, Convolvulus supinus, Scirpus flolo&chœ-
nus, Statice globulariœfolia, Lepturus incurvatus, etc. — De Sidi Makhe-
louf àTaadmit nous nous éloignons de la route de Lagbouat, pour nous rap-
procher du cours de l'Oued Mouladanc, que nous longeons jusqu'à Taadmit;
et, dans les terrains argilo-sablonneux que nous traversons par une montée
peu prononcée mais continue, nous voyons toujours dominer les espèces
sahariennes, et la végétation ne diffère pas sensiblement de celle des envi-
rons de Sidi Makhelouf ; en effet, nous ne trouvons guère à ajouter à notie
liste que le Lotus pusillus, \g Linaria fruticosa et VAtract//lis diff'um qui
croit pêle-raèleavec VA. microcepliala, dont il se distingue sur le terrain par
ses tiges étalées, diffuses, et par ses capitules plus gros, à involucre presque
glabre, à folioles plus larges. Vers la tombée de la nuit seulement, nous
arrivons à Taadmit, réunion de villages arabes qui avaient été abandonnés
par les indigènes, et que M. le commandant Wargueritte a fait relever en
partie de leurs ruines. Les quelques maisons que l'administration française
a fait reconstruire occupent la base d'un coteau rocailleux situé aux bords
d'un vaste marais, dont le terrain, assaini par des canaux et de nombreux
fossés, est converti aujourd'hui en riches prairies, qui sont fauchées par les
soins de l'administration et dont les foins servent à l'approvisionnement de
la garnison de Laghouat. Les travaux d'assainissement permettront, lorsque
Taadmit sera devenu un centre de colonisation, de livrer à la culture d'assez
larges espaces, et déjà existent sur les bords du marais de beaux champs
de Pommes-de-terre et de Blé encore sur pied. Les eaux de l'Oued Moula-
dane qui traverse le marais, sont retenues à El Outhia par un vaste barrage
récemment établi et presque aussi important que celui du Rocher-de-Sel.
Je regrette beaucoup de n'avoir pu visiter ce beau travail, qui sera un
nouvel élément de richesse pour le pays. — C'est avec un vif plaisir que je
retrouve, dans une maison du village où nous devons passer la nuit, M. le
commandant Margueritte, qui me présente à M. le capitaine Carus, chef du
bureau arabe de Laghouat, et à M. le lieutenant Philibert, commandant
supérieur de Djelfa. Dans la soirée, M. Geslin ressent les premières atteintes
d'une grave dyssenterie, et M. Margueritte se joint à moi pour l'engager à
retourner dès le lendemain à Laghouat, où il pourrait recevoir tous les soins
que réclame son état.
Le 11 juin, j'utilise les quelques instants dont je puis disposer jusqu'au
départ, fixé par M. Margueritte à huit heures du matin, pour faire une
petite herborisation sur le coteau rocheux où est construit le village; là je
A7C SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
rencoutrc plusieurs espèces qui indiquent l'altitude déjà assez j:;rande de lu
localité, telles que \es Bra.'^sica Grcœhiœ, Arabis auriculata, Dianthm vir-
gineus, Polycarijon Bivonœ, Bitplevrum spinosum ^ Valerianella step/iano-
don, Centaurea Parlatoris^ Phœnixopm vimmeus, And rosace maxima,
Sideritis viontana, Polijcmmmn Fontanesii, Ondthogahim sessiliflorum,
Mclica Cupaniy Avenu pratensis, Festuca cynosiiroides, etc. Aux environs
du village, dans les champs, se letrouveuL quelques espèces de la région
saliarienne, entre antres le Centaurea polyacantha et le C. omphalotricha
(jni n'avait encore été observé ([u'à Biskra. Nous ne tardons pas à nous
mettre en route pour Aïn el i'^bel, distant d'environ dix lieues, où nous
ilevons nous rendre en passant par le Ksar Ilamara. Après un trajet d'environ
une lieue, dans une plaine rocailleuse, nous arrivons au pâturage où se
trouve eu ce moment une fraction du magnifique troupeau-modèle de brebis
réuni par les ordres de M. le Gouverneur général. Ce groupe d'animaux se
compose d'environ 125 brebis, choisies parmi les plus belles bêtes des
tribus, et remarquables par la beauté de leurs formes et de leur toison;
plusieurs béliers mérinos de la race Kambouillet, mêlés au troupeau, doivent
le féconder. J^aualogie qui existe entre la végétation des hauts plateaux de
l'Algérie et celle du centre de l'Espagne, patrie de la race mérinos, est un
indice presque certain du succès réservé à une expérience si importante au
point de vue de l'amélioration de la race ovine indigène. M. Geslin, malgré
l'indisposition lontil commence à beaucoup souffrir, a voulu nous accom-
pagner jusqu'à V ette fraction du troupeau confié à sa surveillance; il me
fait observer qu'ux graud nombre de brebis sont déjà fécondées et que nous
n'avons sous les yenx qu'une faible partie de l'ensemble du troupeau, car
près de /iOO autres h ebis doivent être de même croisées avec des béliers
Rambouillet, et enfi. un troisième troupeau ne compte pas moins de
800 brebis, également 'choisies dans les tribus, et qui seront fécondées
par 92 béliers indigènes, afin d'obtenir des résultats comparatifs. Nous
déterminons IM. Geslin à retourner à Laghouat, car son état ne laisse pas
de nous domier des inquiétudes, bien que nous soyons loin cependant de
prévoir la terminaison l'atale de cette maladie à laquelle il devait, peu de
jours après, succomber malgré tous les efforts de la médecine.
Dans la plaine rocailleuse que nous traversons, se trouvent réunies à des
espèces sahariennes un certain nombre de plantes de la région des hauts
plateaux. J'y vois en assez grande abondance VAtractylis diffusa ^ qui
y croit avec les Atractylis microcep/tala et proliféra. Après avoir contourné
un massif de rochers, sur lesquels sont espacés des pieds de Pistacia Atlan-
tica el des buissons de Juniperus Phœnicea, nous ne tardons pjis à arriver
au petit Ksar Ilamara, bâti au pied d'une colline rocheuse, et dont les jar-
dins sont arrosés par les eaux abondantes et pures d'un ruisseau qui prend
sa source au pied même de la colline. De magnifiques Abricotiers couverts
sÉANCiî nu 8 MAI 1857. /i77
(le fruits déjà mûrs pour la plupart, dominent dans la plantation des jar-
dins, où se rcnconlrcnt t-galeinent le Fit:uier, le Pèclur, le (irenadicr, le
Cognassier et la Vigne; les eultuies potat^eres sont les mêmes que dans les
autres ksour; mais Je vois avec plaisir que de plus la Pomme-de-tcrrc a
pris maintenaiit une assez lar<ic place dans les jardins. Je mets à profit les
instants que MM. Mariiueritte, Philibert et Carus consacrent au rèiilemcnt
de quelques atïaircs administratives, pour reconnaître la végétation des
enviions du ksar; Dans les endroits arrosés des jardins, je ne rencontre comme
d'habitude que des espèces purement européennes; mais dans les terrains
incultes et en iViclie je retrouve les AtructijUs //rolifera, Lonrhophora
Copiomontiana, avec VAnvillca radiata dont cette localité est peut-être la
station la plus septentrionale sur la route de Laghouat à Uoghar. — Le
trajet d'environ 8 kilomètres que nous parcourons jusqu'à Aïii el Ebel, ne
m'offie rien de particulier à noter; je mentionnerai seulement la belle
source d'Ain Metroua, dont les eaux viennent sourdre dans un assez grand
bassin naturel creusé à fleur de terre dans un rocher. Bientôt nous arrivons
à la dépression du sol désignée sous le nom de Dahia d'Ain el Ebel, et qui
s'étend à la base du coteau sur lequel sont construits le caravansérail d'Ain
el Ebel et une maison de commandement (à environ 1025 mètres) : les
terrains salés de la daliia, où croissent les Lepidium suhulatum, Fran-
kenia thi/mifolia, Atriplex parvifolia. Salsola vermiculata, Tmfjonwn
niidatum, Arnehia Vivianii, sont déjà en partie défiichés, et des champs
de Blé et de Poiumes-de-terre d'une belle venue donnent la mesure de la
fertilité de ce sol, lorsque par l'irrigation on empêche le sel d'eftleurir à
sa surface. De nombreux ouvriers militaires de la garnison de Laghouat
sont occupés à établir des norias et à creuser des canaux d'irrigation, et
bientôt, grâce a ces travaux, un large espace pourra être livré à la grande
culture. Après avoir visité les travaux avec M. Margueritte, je consacre
le reste de la journée à explorer les berges du ruisseau qui descend du
coteau sur lequel est construit le caravansérail, et le petit plateau argilo-
sablonneux-gypseux qui s'étend du earavansérail jusqu'à une colline
pierreuse qui le limite au nord. Sur le bord du ruisseau et sur les berges
argileuses escarpées et ravinées qui l'encaissent, se rencontrent les Sisym^
bi'iuni torulosicm, (Jnonis angustissima, Hippocrepis bicontorta^ Cyrtolepis
Alexandrina, Pulicaria Arabica, Pyrethrum fuscaêwn, Calendula platy-
carpuy Soncims divaricatus, Echiochilon fruticosicm, Slaticc globidariœ-
foiia, Salsola vertniculata, Halocncmwn sfrubilaceum, etc. Sur le plateau,
ainsi qu'à la plupart des stations depuis Sidi Makhelouf, se trouvent réunies
à un assez grand nombre d'espèces sahariennes quelques plantes des hauts
plateaux : en effet, j'y note entre autres les Ceratocephalus falcatus, Nas-
turtium coronopifolium^ Moricandia teretifolia, Meniocus linifollus, Muri-
caria prostrata, Mal va A'J(jyptiaca, Astrarjalus tenuifolius, Mimartia
Û78 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
campestris, Telephinm Impemti, Asteriscm pyrpnœus, Kœlpinia linearis,
Echlnospcrmura Vafdianum et patulwn, Anabasis articulata, Passetina
microplujllay Allium Cupcni, etc.
Le 12 juin, à six heures du matin, aprôs avoir pris congé de M. Carus,
qui retourne à Taadmit où il doit passer quelques jours, nous partons,
MM. Margueritte, Pliilibert et moi, pour Djelfa, situé au nord, à unedistance
d'environ 36 kilomètres, et où je désire vivement être rendu de bonne
heure pour pouvoir, sous la direction de M. Reboud, consacrer la fin de la
journée à l'étude de la végétation de Djelfa, que son long séjour et ses
nombreuses explorations lui ont rendu familière. Depuis Aïn el Ebel jusqu'à
rOued Sedeur s'étend une vaste plaine uniforme, où dominent l'Alfa [Stipa
tenacissima) et VArtemisia Herba-olba. Pendant que MM. Margueritte et
Philibert font la chasse aux nombreuses outardes de la plaine, je con-
sacre quelques instants à l'herborisation, mais je ne trouve guère à noter
que le Linum Austriacum var.? et plusieurs espèces de la région des hauts
plateaux : ici la végétation saharienne n'a plus que de rares représentants.
Les bords de l'Oued Sedeur, dont le lit est profondément encaissé et les
berges très accidentées, auraient peut-être pu m'offrir quelques espèces
intéressantes, mais je n'ai pas le loisir de m'y arrêter, et je dois y constater
seulement la présence simultanée d'une espèce du sud, VOnonia nmjustis-
sùna, et de plantes des hauts plateaux, telles que le Passerina vmjcita et
Y Atractylts CŒspitosa qui y sont très abondants. Plus loin, aux environs du
poste de Sedeur, existent quelques champs arrosés par des dérivations de
rOued Sedeur et plantés de Pommcs-de-terre ou semés d'Orge encore sur
pied, et de Maïs qui est loin d'avoir atteint son complet développement en
raison de l'altitude de la localité. Sur les bords du ruisseau, se trouvent le
Juncus striatus et V Helosciadium nodiftorum. Bientôt la route s'engage
dans des montagnes basses, où croissent des buissons espaces de Juniperus
Phœnicea et des pieds de Pistacia Atlantica qui sont loin d'avoir atteint les
proportions que ce bel arbre présente dans le sud. Dans les pâturages
qui longent la route, ne se rencontrent plus que des plantes des hauts pla-
teaux et de la région montagneuse inférieure; des touffes argentées de Ca-
tananche cœspitosa et de Passerina l'arton-rairaûimwQni à ces pâturages
un caractère tout particulier; là croissent la plupart des espèces que nous
retrouverons sur le plateau élevé de Djelfa, telles que les Festuca cynosu-
roides^ Euphorbia luteola , Jwnnea humilis var. Bocconi, Alyssum scuti-
gentm , Onobryc/us aryentea , Alyssum serpylUfoliwn , Zizypiiora Uis-
panica, etc. Nous traversons rapidement le plateau de Djelfa, a l'extrémité
nord duquel, presque au pied du Djebel Sahari, est construite la maison de
commandement du poste de Djelfa, où nous arrivons vers onze heures du
matin. Après avoir pris quelques instants de repos et m'étre installé dans
la chambre de M. le docteur lleboud, qu'il veut bien partager avec moi, je
sÉANCK nu 8 MAI 1857. 079
passe on revue ses riches collections, qui me romniront, les élémenls les pins
importants pour ctablii" le catalofjjiie de la lloredu pays. Vers quatre heures,
nous interrompons l'examen de l'herbier, ((ue nous devons reprendre dans la
soirée, pour l'aire une herborisation qui, bien que très restreinte, pourra
me donner une idée suffisante de l'ensemble de la végétation ; pendant les
quelques heures qui nous restent avant la nuit, nous faisons une visite au
Jardin et aux cultures, et une petite herborisation sur les bords de l'Oued
Melah et dans les pâturages incultes voisins du fort.
Le plateau de Djelfa (d'une altitude moyenne de 1150 mètres, 1090
d'après MM. Rcnou et Mac Carthy) s'étend au sud des Djebel Sahari et
Senalba qui forment de l'est à l'ouest une chaîne presque continue ; une
des parties les plus élevées du massif du .Senalba et que, pour simplifier
notre narration, nous désignerons spécialement, à l'exemple des habitants,
sous le nom de Djebel Senalba, est située à environ 10 kilomètres à
l'ouest du fort. Le plateau, dont le sol est argilo-sablonneux et légè-
lement salé sur quelques points où existe le gypse, est encore inculte,
et des essais de culture n'ont été entrepris que tout récemment, sous
la direction de M]M. Philibert et Reboud, auprès du ruisseau qui de-
vient l'Oued Melah, au voisinage presque immédiat de la maison de com-
mandement. En raison de la proximité de montagnes élevées, souvent
couvertes de neige en hiver, et de l'altitude du plateau exposé alternative-
ment aux vents du nord et du sud, le climat de Djelfa est surtout caracté-
risé par des températures très différentes se succédant souvent dans l'espace
de quelques jours; c'est ainsi que, dans la nuit du 19 au 20 juin 1855,
M. Reboud a vu détruits par la gelée la plupart des légumes et les tiges des
Pommes-de-terre, tandis que le 10 juillet suivant le thermomètre n'in-
diquait pas moins de 33 degrés à l'ombre. Cette année encore, à la même
date, MM. Kralik et Mares ont eu de même à constater les effets d'une
gelée tardive. Ce concours de circonstances et la présence de la neige sur
le soi pendant une partie de l'hiver et quelquefois même vers le prin-
temps, ainsi que l'altitude, expliquent l'absence, sur ce point, d'un assez
grand nombre de plantes méridionales que nous retrouverons plus au nord
dans la partie des hauts plateaux comprise entre le Djebel Sahari et les
montagnes de Boghar, et le caractère de la végétation de Djelfa, tout à
fait analogue à celle des plateaux de Batna, de Saïda et de Géryvillc
De même qu'à ces dernières localités, les cultures pour prendre de
l'extension devront, ainsi que l'administration l'a bien compris, être
protégées par des plantations d'arbres et surtout des espèces forestières
les plus rustiques, telles que le Peuplier blanc et les Saules et dans les
endroits non irrigables le Pistacia Atiantica. — 11 n'y a qu'un petit nombre
d'arbres forestiers dont l'introduction ait été tentée dans le jardiii : le Peu-
plier d'Italie, dont la plantation ne remonte qu'à trois mois, parait bien vé-
Û80 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
géteij mais il est à craindre que cet arbre ne soit, au bout de quelques
années, exposé aux causes de dépérissement qui trop souvent en Algérie
vicnucnt l'atteindre lorsqu'il est en pleine végétation; l'Acacia {Rohinia
Pseudo- Acacia) paraît devoir bien réussir; il n'en est pas de même du Sy-
comore, dont l'acclimatation est moins assurée. — La plupart de nos arbres
fruitiers d'Europe, tels que le Poirier, le Pommier, le Prunier, le Cerisier,
sont représentés dans le jardin où ils ont été plantés, mais trop récemment
pour qu'on puisse rien préjuger à leur égard. Des semis de Pèclier, de Châ-
taignier, de Noyer ont bien réussi, mais ce n'est qu'après plusieurs années
de culture que l'on pourra savoir s'ils peuvent supporter les vicissitudes
du climat. — Parmi tous les léi^umes d'Europe qui sont cultivés dans le
jardin, dans des carrés bien arrosés par dos dérivations de l'Oued Mclab, on
doit citer spéciaU-nient, pour l'abondance de leurs produits, le Chou, le
Chou-flour, le Cek-ri, la Betterave, l'Artichaut, l'Oseille et l'Kplnard; les
Tomates jusqu'ici n'ont mûri qu'imparfaitement. Le Pavot serait facile-
ment cultive en grand pour ses produits oléagineux et peut-être pour
l'extraction de l'opium. La facilité avec laquelle d'assez grandes étendues
de terrain peuvent être irriguées est un gage assuré du succès réservé à la
culture des céréales, qui néanmoins sur quelques autres points de la plaine
sont cultivées sans irrigation.
Vers l'extrénillé du jardin, dans les eaux de l'Oued Melab, nous recueillons
les Ranunculus Ikmdotii et cœnosus et le Putauiogclon crisjnis que I\L Re-
bond a découverts à cette localité, et, sur les bords même de l'oued, nous
observons un assez grand nombre d'espèces françaises, telles que les Scirpits
Holoschœnus, Calendula arvensis^ Trifolium fragifcmm, Medicago saliva,
Juncus glaucus, Malva sylvestris, etc.; dans un champ d'Orge croissent
pêle-mêle les Hohenackcvia bvpleurifolia et polyodon qui, à cette localité,
ont acquis un développement tout exceptionnel. A l'ouest du fort, dans
d'autres champs d'Orge mûre mais encore sur pied, non irrigués et situés
au milieu des pâturages ras qui couvrent la plus grande partie de la plaine,
sont réunies la plupart des espèces des terrains cultivés de la région, ainsi
qu'un certain nombre d'autres qui ont persisté malgré le défrichement;
nous nous bornerons à citer, parmi les plantes propres aux moissons, les :
Ccratoceplialus falcalus. Sisymbriuin lunciuatum. Aiidrosacc ma\ima.
Rœmcria liybrida. Alyssiiiii Graiialeusc. Notiiiea micrautha.
nyi)Of.omii procutr.bcns var. — scutiscnim. Polyj;oniini a\iculare.
all)escens (II. albesccns Hcriiiaria anima. Eupliorbia luteola.
UK.). Eryiifiiuin cainpostre. — fakala.
Gesliui. Crucianplla initula. Muscari coinosiira.
Itcndiihini. Valcriauplla clilorodouta. Bromus nibciis.
ErysiiiiuniIv.uiizcamiraBoiss. — steiiliaiiudon. Hordeuiu imiiiiunn.
el Rcut. ( E. strie- Xoraiilbcinuiu iuaiifrtuiu. /Ei^ilops >eiitrico.sa.
lum l'ar. luicrauthum Filaso Jussia;!. — ovalavar. Iriaristala, etc.
j. Gay). Podosperniuni lacinialum.
SKANCK DU 8 MAI 1857. liSl
Dans ces moissons, M. Rcboud me fait recwQWWr \c Cossonia A fricana,
variété à lleiirs jaunes, dontnous pouvons encore trouver plusiein-s échan-
tillons en fruit dans les pâturages voisins. Les plantes qui tloniincnt dans
CCS pâturages sont entre autres les :
Uammculus r.liaMopliylIos Aiiacyclus Pyictluum. Ecliiuni liumilc.
var. tlalicllatus. Arlcmisia llcrba-alba. ïeiurium Poliiim.
Alyssum siMpyllifolium. Echiiiops spinosus, Plaiitago alhicans.
ÎMiiricaria inostiata. Oiioponlou luaLracanthiim. Pnsseriiia virgata.
Ilcliaiitlienium salicifolium — acaul(\ SUpa ljarl)ala.
vac. brevipcs. Alractylis dilTusa. — parvillora.
— rubellum. — ca'spitosa. Aiumodiloa piiiigens.
— liirtum var. Dcscrti. — polycci)hala. Kœlcria Valcsiaca.
HulVoiiia aiiiuia. Canlunccllus Atlauticus. Poa bulhosa.
Erodiuni ciciitariiun. — |)iiinatus. FcsUiea divaiicata.
Trigonolla polycciata. Cenfavirea acaulis. — cynosuroides.
Oiiobrycbis argciilca. — suifurca. Loliuni pcreruie var. rigi-
Hippocrepis scaljia, — imolucrata. dum.
Wiiiuartia caïupcslris. — pullata. Hordeum miuiuura.
Paronychia Cossoniaaa. Asterothrix Hispanica. Elyraus crinilus.
Par l'examen sur le terrain, nous constatons, M. Rebond et mol, la cou-
stance des caractères des Atractylis cœspitosa et polycephola (sp. nov.); cette
dernière plante, que d'après les quelques échantillons d'un envoi deM. Rebond
J'étais disposé à ne considérer que comme une forme monstrueuse de VA.
ae^pHo&a dont elle a tout à fait le port et les feuilles, s'en distingue très
nettement par les capitules très nombreux, très grêles, cylindriques et
paucillores -, mallioureuscn^.ent cette espèce intéressante ne fait que com-
mencer à fleurir, et je prie M. Reboud de ne pas négliger d'appeler sur elle
l'attention de M. Kralik qui, en venant de Laghouat, doit passer par
Djelfa dans quelques jours. A la même localité, l'^. cœspitosa présente
d'assez nombreuses variations: ainsi la plante est acaulc ou caulescente, et
ses feuilles sont indifféremment pubescentes et d'un aspect glauque ou
presque glabres et vertes. — Aux environs du fort, parmi les plantes rudé-
ralcs, le Sihjhurn eburneumiiQÎiuM remarquer par son extrême abondance.
La matinée du 13 juin est consacrée à une course au Djebel Senalha, si
bien connu de M. Reboud, et en quelques heures, sous sa conduite, je vois
sur place la plupart des espèces intéressantes qu'il a découvertes à cette
riche localité. — Le Djebel Senalba, c'est-à-dire l'extrémité orientale de la
chaîne de même nom, est, comme nous l'avons dc^à dit, une des parties
les plus élevées du massif dont il dépend, et son point culminant est environ
à 300 mètres au-dessus du niveau général de la plaine, soit à près de
n50 mètres d'altitude absolue ; ses versants principaux sont ceux du nord
et du sud, et ils sont rocheux surtout dans leur partie supérieure. Le ver-
sant sud est occupé dans presque toute son étendue par un bois composé
presque exclusivement de Pinus Ualepensis, où cet arbre acquiert de belles
proportions; le Chêne-vert [Quercns Ilex var. IJallota) et le Genévrier
T. IV. 31
4S2 SOCIÉTl': BOTANIQUlî DE l-RANCE.
[Juniperim ftxyccdrus) ne se i-eucontrent j^uète qu'à In limito iiiféiiome du
l)ois, doiil la limite supérieure est seulement déterminée par la crête des
rociiers qui forment le sommet. Le versant nord, beaucoup plus accidenté
et presque escarpé dans sa partie supérieure, présente des ravins assez pro-
fonds et est généralement moins boisé. La montagne se termine à l'est pai'
une sorte de bifincation, dont les deux branches circonscrivent un large
ravin accidenté ressemblant à ceux du versant nord. — Après avoir
traversé rapidement ia partie de la plaine que nous avons déjà parcourue
la veille, nous commençons à herboriser dans les pâturages montueux
qui forment îa Imse de la montagne et nous y voyons le Catananche
cœspitosa cl \e Passerina Tarton-raira devenir d'une extrême abondance.
A la partie inférieure du versant sud, quelques pieds espacés de Juniperiis
Oxijccdrus et \e Quercus Ilex var. Ballota constituent le commencement
du I)ois, et là, entre les broussailles forn:ées principalement pai' le liomia-
rinm offcinalis var. Tournefortii et le Cistus Clusii, nous trouvons
associés aux plantes de la plaine le Centaurea Prœlatoris, le Phalaïujiv.m
LiUofjO et le U'angenheimia Lima. Bientôt nous entrons dans le bois
de Pinus Bulepensis, où les AnthyUis seiHcea, Dorycnium suffritiicosum,
Cistus villosus, Globidaria Alypum, Pldllyrea rncdia et angusiifoiia,
forment de nombreux buissons entre lesquels se rencontrent çà et là
quelques pieds de Pistacia Tcrebintlius. La nous recueillons les Platy-
capnos spicata, Atractylis diffusa^ Ebenus pinnota, Rhaponticuvi aconle,
Calonùntlia Alpina, Inida montana, Linum suffruticosinn, Ifeliunthemuni
lavcmdulœfolinm, Sideritis incana, Melic/iryswn Fontanesii, Anarrkinum
svffi'iUicomm , Cytinus Ilypocistis , Leuzca conifera ; Centaurea pubes-
cciis, etc. Au pied de rochers calcaires, le Ilhamnus lycioides, le Buplcvrum
spinosu'in^ V Hcdysavum humile et VOnonis Columnœ deviennent assez abon-
dants et nous voyons apparaître les Santolina squarrosa, Polycarpon Bi-
vonœ, Arabis auriculata, et Asphodcline lutea. Sur la bande de rochers
qui forment la crête de la montagne, nous observons les Cctcrach offœi-
narwa, Velezia rigida, Polycneinum Fonianesii, Avenu pratemis^ Car-
dxiis macroccphidus, lUelica Cupani, Pinqnnella Tragiwn., Jleliantlieinum
glaucum, Papavcr lihœas^ Lauiiwn amplexicaide, Hutchimia petnca, etc.
— Du point culminant, la vue, malgré la faible altitude de la montagne,
embrasse un vaste panorama: à l'est le Djebel Sahari avec la double chaîne
du Zaccar et dans le lointain le Djebel Bon Kahil, au nord le Rocher-de-
sel, la plaine du Zahrcs avec ses deux grandes sebkha et à la limite de l'ho-
rizon les montagnes bas.ses de Guelt el Settel, à l'ouest le massif du Djebel
Senalba avec les nombreuses montagnes qui s'y rattachent, au sud les
hauts plateaux et les montagnes basses de Sedeur. — La pente nord, que je
n'ai pas le temps de visitei-, a une végétation très analogue à celle de la
pente sud et la seule plante qui doive y être mentionnée d'une manière spc-
SÉANCE DU 8 MAI 1857. ^83
ciale est le Saponaria gludnosa, que MM. Kralik et Ilcboud y ont recueilli
(luelques jours après. — Dans les fissures des rochers abrupts (|ui constituent
le sommet et qui surplombcut le grand ravin de l'extrémité orientale de la
montagne, croît en très grande abondance le Fumaria Nnmidica avec VEro-
dium kijincnodes qui est beaucoup plus i-are et le Sedum glandidiferum ;
au pied de ces rochers, et à Tombre d'une excavation naturelle qu'ils for-
moni, nous trouvons le Festuca triflora qui y croit avec le Gcranium lu-
cidnm et le Smijraium Olusatrum. Dans la partie inférieure du ravin,
j\r. Reboud a constaté la présence de VArbutus Unedo et a trouvé YWerls
Pruitii avec VAhjssum cochleatum qui se rencontre également sur le versant
sud. A la base orientale de la montagne, a été ouverte une carrière de plâtre,
dont des terrains gypseux salés et résonnant sous les pieds de nos chevaux
annoncent le voisinage. Ces terrains, qui occupent l'ancien emplacement
de la redoute Lapasset, ont offert à M. Reboud plusieurs plantes intéres-
santes qu'il m'y fait recueillir, entre autres le Campanula filicauli.s, le Se-
nccio Auricula qui n'avait encore été observé que dans le midi de l'Espagne
par M. Bourgeau, et le Campmmla fastigiata plante des plateaux de l'Es-
pagne et de la région caucasique déjà passée, de même que le Senecio,
mais que M. Reboud avait antérieurement recueillie dans la plaine du
Zahrès. — Nous nous empressons de revenir à Djelfa, pour ne pas man-
quer l'heure fixée par M. le commandant Margueritte pour le départ; car
nous devons, le soir même, nous rendre au caravansérail du Rocher-de-
sel, situé au nord à une distance d'environ 2h kilomètres.
Pour doimer une idée plus complète de la végétation de Djelfa, nous
croyons devoir réunir dans une liste l'indication des espèces qui ont été
constatées jusqu'à présent à cette localité, qui présente à la fois la végé-
tation des hauts plateaux et celle de la région montagneuse inférieure.
Liste des plantes observées aux environs de Djelfa et dans les montagnes
voisines (1).
Renonciilacécs.
Clematis Flammula L. — S.
Auemone palmata L.
Adonis aestivalis L.
Ceratocephalus falcatus Pers.
RaQuncuIus Baudotii Godr.
— cœnosus Guss.
— Cliœropliyllos L. var. flabellatus (/}.
flabellatus Desf.).
— Orieutalis L.
— rectirostris Coss. et DR. — Sli,
(1) Pour plus de brièveté nous avons, dans cette liste, supprimé l'indication de
localité pour les plantes que nous n'avions à mentionner qu'aux environs de Djelfa
seulement; nous avons désigné les environs de Djelfa par Dj., le Djebel Senalba
par S., elle Djebel Sahari par Sh. — La constatation de la plupart des espèces est
due à M. le docteur Reboud qui, explore avec soin le pays depuis plusieurs années ;
le nom de celles qui présentent un intérêt spécial et que nous n'avons pas obser-
vées avec ce zélé botaniste est suivi do (R,).
L. var. luzula;-
Gay.
ot Rcut. Diaijn. pi.
12. (D. junceum var.
Ranunciilus craminfiis
folius.
— iii.icio|jliylIus Dcsf.
NiiîPlIa arvensis L,
Dclpliiiiiuin Oriontale J
— Balansa; Boiss.
nou. ser. 2, v,
Coss.j. — S.
— jHuccum DC.
— pubesccns DC.
Papavéracées.
Papavcr Inbridam L. — Dj.; Sli.
— Riiœas L. — P.
Rœinoria hybrida DC.
Glancium coniiculatnm Cuit.
Ilypecoum procumbens L. var. albescens
[II. albescens DR. ap. Balansa pi.
Alger, cxsicc).
— penduliini L.
l'umariacécs.
l'iimaria Niimidica Coss. et DR. — S.
— parviflora Link.
— licnsiflora DC. (F. micrantlia Lagasc).
Plalycapnos spicaliis Beruli. — S.
Ci-ncitcres.
Malthiola tristis R. Br.
Naslurtiuin ofûciiiale R. Br. — Oued
Scdeur.
Arabis auriciilata Lmk. — DJ.; S.
var. dasycarpa. — Dj.; S.
— parvula L. Duf. — Dj. (R.).
Alyssnni Allanticuni Dcsf. — EotreDj. et
rOiicd Scdeur (R.)
— seipyllifolium Desf. — Dj.; Oued
Scdeur.
— cochlcalum Coss. et DR.— Dj.; S.
— canipestre L.
— Granalcnse Boiss. et Reut.
— sc»tit;eruin DR. in Expl. se. Alcj. et
in liull. Soc. bot. — Dj.; S.; Oued
Scdeur.
Mcniocus linifolius Dcsv. — Dj.; Oued
Scdeur.
Clypcola cyelodoulea Dclilc. — Dj. (R.).
Draba vcrna L.
l'hlaspi iiçrfoliatuni L. — S.
HiitLliiiisia peirœa R. Br, — Dj.; S.
Iberis Pruilii Tineo?. — S.
— pertinata Boiss. var. ( /. parvula
Muuby in Bull. Soc. bot.). — S.
niscutella auriculala L.
Sisymbriuni IrioL. var. pnbesccii.s. — SI).
— ruiiciiialuiu Lagasc.
— torulosuiii Desf.
— erassifoliuni Gav. — S.
SOCIETK BOTANIQUE DE FRANCE,
Erysinuun Kunzcauum Boiss. DiaQn. pi.
Or. {E. striclinn J. Gay ap. Balansa
pi. Alg. cxsicc.) — Dj.; Oued Se-
dcur.
— graiidifloruni Desf. ! [Cheiranlhtis sem-
perflorens Coss. et DR. olim non
Schousb.). — Dj.; Oued Scdeur.
— Orientale R. Br.
Caïuelina jativa Gr. var. pubescens,
Brassica diniorplia ('oss. et DR. — Sh. près
Ksar Charef (R.).
Sinapis arvensis L.
Uiplolaxis niuralis DC.
Erucastrum exauriculatum Boiss. et Reut.
ap. Boiss. Diagii. p!. iior. ser. 2. {E.
oblusangulum \ar. exauriculatum
Coss. et DR.).
— leucaathum Coss. et DR. in Bull. Soc.
bol. — S.l (R.).
Eruca sativa Lmk.
Muricaria prostrata Desv.
Enarlhrocarpus clavatus Deliie in Godr.
FI. Juv. {Brasf^iea lyratn Dcsf.!).
Cossoiiia Africaua DR, {Raffenaldia pri-
muloides Godt. FI. Juv.) var. lutea.
- Dj.! (R.).
Cistinécs.
Cistus villosus L. — S.
— Clusii Dun. — S.; Sh.
Ilelianlhcmum Niloticuni Pcrs.
— salicifoliviin Pcrs.
— Fnniana Mill. — S.
— giutinosum Pers. — Dj.; S.
— rubellum Presl. — Dj.; S.
— lavandukTfolium Pers. — S.
— liirtun» Pers. t'«r. Deserti. — Dj.; Oued
Scdeur.
— giaucum Pcrs. — S.; Sh.
— pilosuni Pcrs. — Dj.; S.; Oued Scdeur.
Vlolarit'os.
Viola Iricolor L. var. arvensis.
Rescda alba L.. — Dj.; S.
— crrnioiiliila Boiss. — Oued Sedeur.
— Pliyteuma L.
— stricta l'ers. {/î. saxalilis Pourr.).
PolygaK'CS.
Polygala saxatiHsDcsL — Dj.; S.; Sb.
FraiiUéniacéfs.
Franlicnia pulvcrulenla L.
SÉAWCb: DU 8 MAI 1857.
/|85
CuryopliyllOos.
Gypsoi)liila compressa Dcsf. — S.
Diaiitlms viri;iiu'iis L. ox Gorlr. — S.
— soiTulatus Dcsf. — S.
Sapoiiaria ylutinosa M.-Bieb. — SJ
Siloiio ruix'lla L.
— conica L.
— Itipartita Desf. var. oxyncnra.
— Italica L. — Dj.; S.
Lyclinis niacrocari)a Boiss. et Rcut. — S,
Velozia rigida L. — S.; Sli. (R.).
Bufloiiia (enuifolia L.
Ilolosteum umbcllatum L.
Rhodalsiuc procumbcns J. Gay {Àrenaria
procunihcns Vahl).
Spergularia média Pcrs.
— diaiidra Hcldr. ( Arenaria diandra
Guss.).
Arenaria tctraquctra L. var. aggrcgata J.
Gay (.-l. capilala Lmk). — Rochers
du Djebel Ilaoua (R.).
Liiiécs.
Linum strictum L. — S.
— deciimbens Desf. — S.
— Austriacum L. var."^ — Dj.; S.; Oued
Sedeur.
— suffruticosum L. (L. salsoloides Lmkj.
— Dj.;S.
Malvacées.
Malva ^gyptiaca L.
— syivestris L.
— parviQora L.
GOrauiacées.
Géranium pusillum L. — S.
— lucidum L. — S.
— Robertianum L. — S.
Erodium cicouiuin Wllld.
— ciciitarium Willd.
— guttatum Willd.
— bymenodes L'Hcrit. — S.
r.iitaccies.
lUita aiigustifolia Pcrs. — Sh.
IIai)lo|ihyliuiii liiiifoliuni Adr. de Juss. ~
S.; Sii.
Peganum Harmaia L.
Rhamiius Alateriius L. — S.
— lycioidos I,. — Dj.; S.
T<:Tél»iniliacéc«.
Pistacia I.eiitiscus \.. — Sh.
— Aliaiidcn Dcsf. — Oued Sedeur.
— Tcrcbiiillius L. — S.
I>^iiiinlneu$cs.
Gcnista capiteliata Coss. et DU. — Ksar
Moudjcbar entre Dj. et Mossad (R.),
ArgyrolohiMm Liniueannin Walp.
Ouonis angustissima l.nik {0. lon/jifulia
Willd.). — Oued Sedeur.
— ornithopodioides L. — S.
— reclinata L. — S.
— C()lnmn;e Ail. — S.
Anthyllis sericea Lagasc, — S.
— Vuineraria L.
Medicagosativa L.
— orbiciilaris Willd.— Sli.
— denticulata Willd.
— tribuloides Lmk.
— miuinia Lmk.
— turbinata Willd. var. {M. niuricata
Benth.). — Sh.
— laciniata Ail. — Dj. (R.).
Trigonella prostrata DG.
— Monspeiiaca L.
— polyccrata L.
Melilutus Neapolilaiia Ten. {M. gracilis
DC).
— sulcataDesf.
TrifoliuM) fragiferum L.
Dorycîiinm suffruticosum ViU. — S.
Lotus corniculatus L.
Tetragouolobus siliquosus Roth.
Astragalus Glaux L. — Sh.
— geniculatus Desf. — Dj.; Sh.
— pcregrinus VahL — Sh. (R.).
— lanigcrus Desf. — Dj.; S.
— chlorocyaneus Boiss. et Rcut. — S,
— nununularioidcs Desf. — S. (R.).
Coronilla minima L. — S.
— pentai)hylla Desf. — S.
ArlbrolobiuiM .•:corpioides DG. — S.
ilippoerepis scabra DC.
— eiliata Willd.
Iledysarum spiuosissimum L.
— iiumile L. {II. Fonianesii Boiss. exel.
syn.). — S.
Ouobrycliis argentea Boiss. var. — Dj.;
S.; Oued Sedeur.
Ebenus pimiala Desf. — S.
Vicia saliva L. — Dj.; Oued .Sedeur.
— — vrir. angustifolia ( forma ainphi-
earpa).
— Iulea L.
— caicarala Desf.
Ervuiu liirsuUun. (..
Lathyrus Glymcoujii L. vay. tenuifolius
liSô
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Rosacéps.
Poteriiim Magnolii Spach.
Rosa caiiina L. var. collina.
Pjrus longipes Coss. et DR.? — S,
ParoiiychKîci.
Tclcphiura Imperati L. — Dj.; S.
Ileruiaria cinerea DC.{H. annua Lagasc.)-
— fruticosa L. — Dj.; Sh.
Parouychia longisota Webb var. (P. Cos-
soniana 3. Gay ap. Balaasa pi. Alg.
exsicc).
— niveaDC. — Dj.;S.
• var. niacrocalyx. — Sh. (R.).
Polycarpon Bivonœ J. Gay. — S.
Qiieria Ilispanica L. — S. (R.).
Miuuartia campeslris Lœfl. — Dj.; S.
— nioutaiia Lœfl. — Dj.; S.
Crassnlacées.
Pistnrinia Hi?panica L. — Sh.
Umbilicus horizontalis DC. — S.
Crassula rubens L. — Sh,
SediiDi glanduliferuru Guss. — S.; Sh.
— album L. var. micranthum. — S.;
Sh.
— altissimum Pcrs. — Dj.; S.
Saxifragées.
SaxifragaCarpetaua Boiss. et Reut.
Onibelllfëreg.
Eryngium campestre L. — Dj.; S.
Hohenackeria bupleurifolia Fisch. et Mey.
— Champs.
— polyodon Coss. et DR. — Champs.
Helosciadium nodiflorura Koch. — Dj.;
Oued Sedeur.
Seiiuopsis fœtida Coss. et DR. — Dj. (R.).
Ammi niajus L.
Carura Mauritanirum Boiss. et Reut.
— S.
Pimpinella Tragium Vill. — S.
— dichotoma L. — Sh.
Buplevrura semicompositum L.
— spinosum L. — S.
— exaitalum M.-Bieb. var. linearifolium
Boiss. [B. oligacUs Boiss. Diagn. pi.
nov. ser. 2.). — S. (R.).
OEnanlhe pcucedanifolia Poliich.
l)ev('ira scoparia Coss. ot DR.
Tcrula sulcata Desf. — S. (R.)
Ridolfia segctum Moris {Ancthum sege-
lum L.).
Thapsia villosa L. — S.; Sb.
Daucus parviflorus Desf. — Sh.
— a mous Desf.
Caucalis Icptophyila L.
Turgenia latifolia Hoffm.
Toriiis Helvctica Gmel.
Scandix Pectcn-Veneris L.
— australis L. — S.
Cachrys pungens Jan. — Sh.; Cliaref.
Smyruium Olusatrum L. — S.
Bifora tesliculata L.
LorantliacéeN.
Arceuthobium Oxyccdri M.-Bieb. {Visciun
Oxycedri DC). — Moulin de Djeifa
(R.).
Capri foliacées.
Lonicera implexa Ait. — S.
Rablacécs.
Asperula hirsuta Desf.
Crucianella patula L. — Dj.; Sh.
Galiuin erectum Huds. {G. lucidum Koch
non Ail. sec. Greu. et Godr.). — S.
— Tunelanum Desf. — S.
— saccharatum L.
— tricorne With.
— Parisiensc L. var. trichocarpum
ïausch.
Caliipeltis Cucullaria Stcv. — Sh. près
Charef Jl.).
ValériaiiCcs.
S.
Valerianclla pumila DC. — Dj.
— discoidea Lois.
— chlorodonta Coss. et DR.
• — stephanodon Coss. et DR.
Fedia graciiiflora Fisch. et Mey.
Centranlhus Calcitrapa Dufresn. — S.
Valeriana tuberosa L. — S.
Dlpsacées.
Scabiosa Monspelicnsis Jacq.
— maritima L. var. ochroleuca (S. gran-
di flora Desf.). — Sh. près Charef
(R.).
Conipo!!>éca (Cynarocéphalcs).
Calendnla arvensis L.
Olhonna ciieirifoiia L. — Sh. près Charef
(R.).
lù'hiniips sitinosus L.
Xcrantheniuminaperlum Willd. — Dj.; S.
Slœhclina tiub a L. — Dj.; S.
Carlina iuvolucrata Poir. — Dj.; S.
— sulfurca Desf. — S.
siiANCK nu 8 MAI 1857.
â87
Atruclylis {•jmccllata L.
— diffusa Coss. sp. nov.
— ca-spitosa Dcsf. — Uj.; S.; Oued Sc-
dcur.
— Iiolycopliala Coss. sp. nov.
Miiioloiulius Diiiiaîi Sparh.
Cnipina Criipinaslriiin Viv. {Ccnlaurea
Cniiiinastrunt Moris). — S.
Centaurca alba L. fol. invoUicri cilialis.
— S.
— Pailaloris lleidr. ^ Dj.; S.
— pullata L.
— acaulis L.
— Nica-cnsis Ml. (C. fuscalaTXiSÎ.).
— sulfuica Willd.
— Calcitrapa L. — S.
— pubescciis Willd. — S.
CardiiiicoUiis imillilidus [Carlhamus mul-
tifidus Desf.).
— Atlaiiticus Coss. et DR.
— piunatiis DC. — Dj.; S.
Siljbum eburneum Coss. et DR. iii Bull.
Soc. bot.
Onopordou ambiguum Frescu.
— luacracanthum Schousb. — Dj.; S.
— acaule L.
Carduus niacrocephalus Desf. — S-
Cirsiuin ecliinatum DC. — S.
Rha[)onlicum acaule DC. — Dj.; S.
Leuzea conifera L. — S.
Jurinea humilisDC. vav. Boccoui {Serra-
tiila Bocconi DC). — • Dj.; S.; Oued
Sedeur.
Composées (Corymbiféres).
Bellis annua L. — S.
— sylvcslris Cyrill. — Dj.; S.
Micropus supiuus L. — Ain Mska et Bab
Aïn Meçaouda près Dj. (R.).
— bombycinus Lagasc.
Inula montana L. — Dj.; S.
Pulicaria Arabica Cass. var. (P. longifolia
Bois.s. Diagn.pl. nov. ser. 2). — Dj.;
Mcssad.
Pallenis spiuosa Cass. — Sh.
Anthémis pcdunculata Desf.
Anacyelus Pyrethrum Cass.
— Valentiiuis L.
Santolina squarrosa Willd. — Dj.; S,
Colcostephus macrotus DR. — Sh.
Chrysanthemura segetuni L.
Arteniisia campestris L. var.
— Herba-alba Asso var. — Dj. ; Oned
Sedeur.
Helichrysum Fontauesii Cambess. — S.
'■ ilago Jussia'i Coss. et Germ.
Scnecio Auricula Bourgeau ap. Coss. pi.
crit. — Redoute Lapasset! (R.).
C'ninpuméc.oi (Ciiicoracùes).
lledypiiois pciidula DC.
Catanandic cxTulea L. — Dj.; S.
— Iiitoa L.
— ca'spitosa Desf. — Dj. (abuud.); Dje-
bel Sedeur,
Podosperiiiuni lacinialUMi DC.
Tragoi)ogon porrifolius L. — Dj.; S.
Scorzonera undulata Vabl. — Dj.; Oued
Sedeur.
— coroiio|)ifolia Desf.
Astnrothrix Ilispanica DC.
Taraxaeum Deus-Leonis L.
Pliœnixopus viniiuea DC. — S.; Sh.
SoikIius inarilinuis L.
Andryala Ragusiiia L,
Canipuiiulacécs.
Canipanula Erinus L.
■ — Rapuncukis L. — S.
— rdicanlis L. — Redoute Lapasset ! (R.).
— fastigiata L. Duf. — Redoute Lapasset
(R.).
Specularia falcata Alph. DC.
ÉrlcacCcs.
Arbutus Unedo L. — S.
PriiunlacCes.
Androsace maxiuia L.
Astcrolinuni Linum-stcllatum Liuk. — S.
Olt-acC'CS.
Phillyrca média L. — S.
— angustifolia L. — S.
JasiniuCes.
Jasminum fruticaus L, — S.
Gentiauées.
Erythrica pulchella Pries. — Charef (R.).
Convolvulacées.
Convolvulus Cantabrica L,
— liueatus L.
— supinus Coss. et Kr. sp. nov. — Sh.
(R.).
— arvensis L.
Cusciilacécs.
Cuscuta plauiflora Ten. var. papillala
Engelm. ined. — Dj. ; Charef (R.).
Borragiaécs.
lieliotropium Europœum L.
/»88
SOCIETE BOTANIQUE UE FRANCE.
Erhiiiiu Inimilc Dcsf.
NniiiKM iiiicrniitlia lîoiss. et Rcut.
Lithosporimim arvcusc L.
— Apuluin L.
Myosotis pusilla Lois. — Dj. (R.).
— hispida Sihioclit. — Dj,; S,
Ecliinospermiiiii patiiiuiu Lehm.
Cynoglossuin rheirifolium L. — S.; Oued
Sedcur.
Rochelia stcllulala Rchb.
Srrofnlariacf'cs.
Vcrbascuni Roerliaavii L. aff. — Sh.
Celsia laciiiiata Poir. — S\i.
— befonicaefolia DcsT. — S.
Liuaria siiiipIexDC. — Dj.; S.
— reficxa Desf.
— marginala Desf. — S.
— virgala Desf.
— rubrifolia Rob. et Cast.
Ananhiimin fruticosum Dcsf. — S.
AiUirrliimini Orontium L.
Veronica Anagallis L.
— praîcox L.
— agiestis L.
OrobancliacC-es.
Phclipœa lavandiilacea F. Schultz. (Oro-
banche lavanduhicea Rchb.) — Sh.
(R.).
— arcunria Walp. (Orohanche arenaria
Roi-Ub.).
Orobanche eernua Lœfl. — RedoiUo La-
passct ! (R.).
Labiées.
Thymus hirlus Willd. — S.; Sh.; Oued
Scdciir.
— ciliatns Bcnth. var. — Dj.; S.; Oued
Sedeui'.
— Guyonii De Noé. — Sh.; Charef (R.).
Calainintlia Alpina Lmk. — S.
— graveoleus Bèutb. ( Thymus graveo-
lens M.-Rieb.).
Rosmaririus offieiiiaiis L. var. Tounie-
fortiide Noc. — S.; Sh.
Salvia phlomoides Asso.
— iialiila Desf. — Cliarcf (R.).
— ^■e^l)Cl)n(•a L.
— lanigera Poir.
Zizyphora Ilispanica f;. — Dj.; S.; Djebel
Sedcur.
Cleonia Lusilanica L. — Dj. (R.).
Siderilis iucana !.. (S. virgala Desf.).
— moulaua L.
Dj.; S.
IMarrubium vulgarc L.
— supiuutn L. (.1/. seiicenm Roiss.] —
Kntre Dj. etBab Aïu :\Ieçaouda (R.).
I.amium amplexicaule L. — S.
Pbiomis biloba Desf. — Eutrc Aïu Me-
çaouda et Charef (R.).
Tcucrium flavuni L. — S.
— PoliumL. — Dj.; S.
Ajuga Iva Sehreb. — S.
Globiilariécs.
Globularia Alypum L. — S.; Sh.
Plombagiuées.
Armeria piantaginea Willd. var. leucan-
tha. — Entre le Djel)el Scualba et le
Djebel Haoua (R.).
Statice echioides L, — Charef (R.).
Planlaginécs.
Plantago albicaus L.
— Corouopus L.
SalsolacC-es.
Beta vulgaris Moq.-Tand.
Chenopodiuin Vulvaria L.
BliLum virgatum L.
Atriplcx parvifoliaLowe.
AiiiaraiUacécs.
Polyrnenuim Fontanesii DR. et Moq.-
Tand. — Dj.; S.
Polysonécs.
Polygomun aviculare L.
— Bellardi Ail.
Rumex crispus L.
Thyinélées.
Passerina virescens Coss. et DR. — S.
— virgala Desf. — Dj.; Oued Sedeur.
— Tartoii-rairaDG. — Dj.; Oued Sedeur.
Cytlnécs.
Cytinus Hypocistis L. — S.
r.upliorbiact'cs.
Eupliorbia Charnaîsyce L.
— Iielioscopia !..
— pubcsceus Valil. — Sli. à Ciiaref.
(R.).
— luleoia Coss. et DR. sp. nov. — Dj.;
Djebel Sedeur.
SKANClî DU .S MM 1857.
489
Euphoibia falcata I.. — !)j.; Oued Scdciir.
— calcaroa Coss. et DU.
Merc.urialis aiiiuia \j.
Cii|tiilifOrc$.
Quercus Ilcx L. — Dj.; S.; Sh.
Coiiin^ros.
Juniporiis Oxycedrus L. — S.; Sh.
— l'hœniceaL. — D.j.;S.;DjpI)el Scdt-ur.
Piinis Ualoponsis IMill. — S.; Sli.; Djebel
Guedid entre Dj. et Aïn Arich (U.)«
IVaindC-cs.
Zannichellia niacrosteinoii J. Gay.
Polainogeloii crispns L. — Oued Melah
— dcnsus L. — Id.
— pcctinatus L. — Id.
Orcliidf-es.
Accras authropophora R.Br. {Ophrys an-
Ihropophora L.) — S.
Ophrys lutea Cav.
Kiniodorum abortivum L. — Redoute La-
passet (R.).
AinaryUi(!C-es.
Corbularia moaophylla DR.
Iriflécs.
S. (R.).
Morœa Sisyrinchium Fver. — Dj.
Iris scorpioides Desf. (/. alata Poh\).
— Xyphiuni L. — Charef (l\.).
Gladiolus Ludoviciœ Jau.? {G. By~antinus
Guss.?).— S.
Romulea Bulbocodium Sebast. et Maur.
Smilaclnécs.
Ruscus aculeatus L. — S.
Liiiacécs.
Tulipa Celsiana Redouté.
Fritillaria Alessaiionsis Rafin,
Oniitlioiialum Narbonense L.
— iiinliellatiim L,
— sossilinoruni Desf.
AlliuMi Amiicloprasuin L.
— sphœrocephaium L.
— p.i liens I,. — Dj.; S.
Scilla Feniviaiia L. — S.
Beilevalia eomosa Kth.
Botryanlhus odorus Ktii. {Muscari race-
mosinii Will.).
Asphndclus (îstulosus L. — Oued Sedeur.
Aspbodebne lutea Held). [Asplwdelus lu-
Iciis L.). — S.
Anthericum Liliago L. — Dj.; S.
AsiiaraginCcs.
Asparagus acutifolius L. — S.
Alélauiliacécs.
Colchicuin bulbocodioides Stev. [C. holo-
loplium Coss. et DR. olim).
Mcrciidera lilifolia Cambess.
JoncC'CS.
Juncus {ïlaucus Ehrh.
— striatus Schousb. — Dj.; OucdSedeur.
— bufonius L.
CypéracCes.
Scirpus Holoschœnus L.
Carex divisa Huds.
Graminées.
Lygeum Spartum L.
Phalaris brachystachys Link.
Imperata cylindrica P.B.
Alopecurus pratensis L. var. venlricosus.
Agrostis alba L. var. coarctala.
Polypogon Monspeliensis L.
Piptatheruni miliacum Coss. (Agrostis
miliacea L.) — S.
Slipa barbata Desf. — Dj.; Oued Scdeur.
— gigantea Lagasc.
— parviflora Desf. — Dj.; S.; Oued Sc-
deur.
— tortilis Desf.
— tenacissima L.
Cynodon Dactylon Pers.
Eehinaria eapitata Desf.
Arrhenathcrum elatius Mcrt. et Koch var.
bulbosuni.
Avena barbata Brot. (A. hirsuta Rotb).
— pratensis L. — Dj.; S.
Trisetum flavesceusP.B. — S.
Kœleria pubcsccns P. B.
— Valesiaca Gaud. — DJ.; Sh.
Cynosurus eiegans Desf. — S.
Meliea C.upani <iuss. — Dj.; S. (R.).
Atropis distaiis Griseb.
Glyceria fluitans R.Br. var. plieala.
Sphenopus divaricatus Uchb. [Poa dha-
rictita Gouaa).
Pua bulbosa L. — Dj.; S.
Wangeuheimia I.iiiia Trin. — Dj.; S.
Daclylis gluuicrata L. — S.
490
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Bromus stcrilis L. — Sh.
— Madritonsis L. — Dj.; Sh.
— rigiilus Rotli (B. maximus Dcsf.).
— tcrtoium L.
— rubens L. — Dj.; S.
— squarrosus L. — Dj.; S.; Sh.
— mollis L.
Fcstuca friflora Desf. — S.
— arundinacea Schreb. var. iûlcr -
rupta.
— incrassata Salzra. — ^ Sh.
— cynosuroides Desf. — Dj.; S.; Djebel
Sedcur.
— unilateralis Schrad. {Triticum Narclus
DC.). — Dj.;S.
— rigida Kth {Poa rUjida L.). — S.
— divaricata Dcsf. — Dj.; Sh.; Oued Se-
deur.
Brachj podium distachyumRœm. et Schult.
Lolium pereiine I^. var. ri-^iidum.
Hordemn niiirimim L.
— maritimuin With.
Eh nuis crinitus Schreb.
Triticum Orieutalc M.-Bicb.
iEgilops veutricosa Tausch [jE. squarrosa
Desf.).
— ovata L. var. iriaristata (.i\ Iriaris-
tata Willd.).
Lcpturus iiicurvalus Tria.
Foagères.
Cheilanthcs odora S\v. — Sh. (R.).
Ceterach offitinarum C. Bauh. — S.; Sh.
(R.).
Êqnisétacées.
Equisetum ramosissimura Desf.
{La fin à la prochaine séance.)
NOTES SUR QUELQUES PLANTES RAP.ES OU NOUVELLES DE LA REGENCE DE TUNIS,
par MM. E. COS»iO\ et L. KR;lkLIIÎ.
(Septième cl dernière partie.) (1).
Salvia iEGYPTiACA L. Sp. 33; Jacq. Hot^t. Vind. H, 69, t. 108; Desf.
Atl. I, 19; Webb Phyt. Can. III, 91 ; Benth. in DC. Prodr.'XU, 355.
— Thymus hirtus Viv. FI. Libye. 30, t. \h, f. 1.
lu apiicis deserti Tunetani,iiîarenosi.sprope Cafsa (Desf., sed pei-perara
pro planta culta habita), in argilloso-arenosis prope Sfox, in arylllosis et
collibus calcareis ditionis Gobes (Kralik pi. Tun. exsicc. n. 295), etiam in
insula ÏJjerha (Kralik pi. Tun. exsicc. n. 121). — In Sahara Algeriensi
trium pi'ovinciarum, ex. gr. : in ditione Biskra! haud infiequens (Jamin;
Balansa pi. Alger, exsicc. u. 832); in ditione Lughouat! et in ditione Béni
Mzab pluribus locis obvia (Reboud); in ^\\\o\w. Hamian Garobas prope
Tyrmt !. — In insniis Canariis (Massou; Bourgeau pi. Can. exsicc. n. 549).
In iusiilis Gorgonibiis (Forbes sec. Benth.). In Cyreuaica (VMv., loc. cit.).
lu .Egypte ad Cahiratn (Forsk. ; Delile). In Arabia felici (Schimper pi.
Arab. fel. cd. Ilohcnacker [ISko] n. 820). In Persia australi (Kotschy pi.
Pers. austr. éd. Hohenacker [18/i5] n. 14).
Marrobium Deserti de Noé ap. Balansa pi. Alger, exsicc. u. 1001. —
Sideritis Deserli de Noti in Bull. Soc. bot. II, 582.
In collibus calcareis burailioribus deseili Tunetani australioris in di-
tione Béni Z/d ad occidentem urbis Gabcs (Kralik pi. Tun. exsicc. n. 349
(1) Pour les aulies parlies, voir daus k même volume les pages 55, 131, 176,
277, 360, 600.
SÉANCK DU 8 MAI 1857. ÛOI
subnomiiie Sideritis Oesciti). — In Saliara Algcricnsi trium provinciarura
nce non in planitiorinn cxcelsaruin provinci;c Algeiiensis et Orancnsis
parte australioie, ex. gr.: in ù'aione Biskra! (F>alansa pi. Alger, cxsicc), ad
meridicm oppidi liiskra ad Oued Itcl (llénon) ; in ditione Loghount! haud
infrequens (lioboud ; Geslin), inter Laghonat et Boghor in planifie Zo.hvk!
(Rebond); in ditione Oïdcd Sidi Cheihii ad Ilrézhial et G/iaasoid !, in ditione
Hamian (larabcts ad Aïn Se/isst'fo!, ad lacum exsiccatnm Chott cl lilwrbil
(Kralik apud Bourgeau pi. Alger, exsicc. n. Zhb).
Lamium lONGiFLORUM Ten. FI. Nap. prodr. ZU, Sijllog. fl. Nap. 285,
et Fl. Nap. V, t. 152; Guss. PL rar. 233 ; Benth. in DG. Prodr. XII,
505; Gren. et Godr.l Fl. Fr. II, 678. — /.. lœvigatum DC. Fl. Fr. 111,
5^1 ; Duby Bot. Gall. 366 (non L.). — L. Pcdemontanum Rclib. Fl.
excurs. 322. — L. Aumidicum de INoé ! in Bull. Soc. hot. H, 58^.
In rnpestribusumbrosis montis Djebel Zaghouan ad cacumen (Kralik pi.
Tun. exsicc). — la montibus excelsioribus AlgericC in provincia Cirtei)si
et Algerionsi, in montibus AurasiisI frequens, in monte Djebel loiigoirr
prope Batna (Balansa pi. Alger, exsicc. n. 837 sub nomine L. jNumidicnm
de Noé), in montibus iJjurjiira!. — Jn montibus Galloprovincisel; ia
Pyrenœis (sec. Beutb.). In CorsiCtC montibus C'a^na et Coscione {sec. Gvm,
et Godr.). In Pedemontio et Apenninis superioribus (Rcbb., ioc, cit.). In
montibus Neapolitanis (Tenore, Ioc. cit.). In Sicilia a cl. Bentbam indica-
tum, sed a cl. Gussone Inde non visum. In Graecia (sec. Sibth. et Sm.).
JXous avons pu nous assurer, par l'examen d'un grand nombre d'échan-
tillons, que la plante de Tunis et d'Algérie ne peut pas être distinguée, même
comme variété, du L. longiflorum, auquel M. de ÎNoé la rapporte lui-même
aujourd'hui.
Teucbtum Alopecuros de Noé in Bull. Soc. bot. II, 585.
In rupestribus calcareis ad radiées montis Djebel Aziza in ditione Béai
Zid ad occidentem urbis Gabes, 14" die maii.
Statice Bonduellii Lestiboud. in Ann. se. nat. sér. 3, XVI, 81, 1. 17.
In arenosis raaritimis ad turrem Nadour inter Sfax et Gabes. — In
Sahara Algériens! trium provinciarum, in alluviis etargillosis vel argilloso-
arenosis depressis nec non in montibus calcareis, ex. gr.: in ditione BiskraJ
(Jamin-, Balansa pi. Alger, exsicc. n. 816), in ditione Loghouat! ubi pri-
mum inventa (Bonduelle, Reboud, Geslin), in ditione Béni Mzab ad Guer-
rara (Reboud); in ditione Ouled Sidi Chei/ih pvo])e Arba cl 7(!toi// (Kralik
ap. Bourgeau pi. Alger, exsicc. u. 49), in ditione Hamian Garabccs ad Aïn
Se frai et Tijoull.
Zi92 SOCIÉTÉ BOTAiNIQUE DE FRANCE.
Staticr puuinosa L. Mant. 59; Viv. FI. Libye. 17, t. 27, f. \ ; Boiss. iu
DC. Prodr. XIT, 662. — S. ophylla Foi'sk. F/. /Efj.-Arab. dcscr. 60,
non Poir. — .S. tuhiflora Sieber pi. yEg. exsicc; Rœm. et Sclmlt. Syst.
VI, 798, noD Deliie.
In arenoso-calcareis niaritimis regni Tunetani australioris, prope Sfax^
iutei" S[ax et Gales ad turrem Nadour, in ditione ^V^Acs, etiam in insula
Djerba. — In calcareo-gypsaceis saisis Saharœ Algeriensis triuni provin-
ciaruni, varius in parte australiore planitierum excelsarura provineiœ Al-
geriensis, ex. gi-. : in ditione Dishral (Jamln pi. Alger, exsicc. n. 2^6; Ba-
lansa pi. Alger, exsicc. n. 813); in ditione Laghoual l (Rebond), inter La-
(jhouat et Djelfn ad Ain cl Ebel (Rebond) ; in ditione Hainian Garabas ad
Tyout L — In insnla Canariens! Lobos (Bolle). In littore Tripolitano et
magnai Syrteos (Viv., loc. cit.). In yEgypto inferiore (Sieber; C. de
Fontenay). In Palœstina ad mare mortuum (Boissier; de Saulcy). In
Arabia pelrœa (Boissier).
LiMOMASTEUM GuYONiANUM DR. ap. Boiss. in DC. Prodr. XII, 689.
lu arenosis et argilloso-arenosis maritimis inter S fax et Gabes ad turreni
Nadour, el prope Gabes. — In Sabara Algeriensi provineiae Cirtensis, in
ditione Biskraî frequens (Guyon; Jamin pi. Alger, exsicc. n. 237; Balansa
pi. Alger, e.xsicc. n. 817).
Plantago ovata Forsk. FI. JEij.-krab. descr. 31 [1775] ; Rœm. et
Schnit. Sijst. III, 125; Boiss. Voy. Esp. 535; Dcne in DC. Prodr. XJII,
pars 1, 706. — • P. decumbens Forsk., loc. cit.; Webb P/njt. Can. III,
186; Dcne, loc. cit. — P. villosa Mœnch Meth. ^59 [179^]; Rœm. et
Scbult. Syst. III, 143. — P. argentea Desf. Atl. I, 136 [1798]; Deliie
yEg. illustr. n. 179. — P. microcepkala Poir. in Encycl. mcth. V,
378 [180a].
In arenosis deserli Tunetani prope Cafsa (Desf.), in incultis arenosis et
allnviis prope Sfax el in dilione Gabes (Kralik pi. Tun. exsicc. n, 322).
— In Sabara Algeriensi trium provinciarum, ex. gr. : in ditione Biskra!
(Jamin; Balansa pi. Alger, exsicc. n. 8M); in ditione Layhouat (Rcboud,
Tessière); \\\ ùWxoxxc Ilaiaian Garabas ixd Tyout!; in calidioribiis AlgeriiC
litloralisrarissima, in provincia Oranensi ad Saint-Denis duSiy (Durando).
— In insiilis Canaiiis (Webb; 15ollc ; Boiirgeau pi. Can. exsicc. n. 75 et
1530 sub nomine P. dccnmbens). In /Egypto ad Alexandriam et Cabiram
(Forskal, Deliie). Syria (sec. Boissier Voy. Esp.). h.\-nh\ix petraia (Bové ;
Scbimper pi. Arab. pctr. exsicc. n. 208; Boissier). Persia australi (Kolsoby).
Iiulia orienlali (.lacqueinont, Griiïitli). lu ilispaniie regno Valcntino, Mur-
cico et Granalensi (Boiss. , loc. cil. [1838] snb noininc P. villosa).
SÉANCR DU 8 MAI 1857. /|93
Les /*. ovaia et dccinnbois, que les auteurs iio distinguent que par leur
taille, la direction des pédoneules et leur longueur relativement aux feuilles,
ne sont que des formes d'une même espèce, car nous avons été à même de
constater que ces caractères tirés du port sont des plus variables à une
même localité; les feuilles, l'épi, les bractées, les sépales, la corolle et la
graine sont identiques dans les deux formes que nous avons cru devoir
réunir sous le nom de P. ovala, nom sous lequel la [plante figure le plus
généralement dans les herbiers.
Plantago SvRTicA Viv. FI. Libye. 7, t. 3, f. 2 pessima; Dcnc in I)C.
Prodr. Xll], parsl, 706.
In incultis arenosis et ad margines agrorum regni Tunelanl australioris,
prope S fax et in ditione Gabcs. — In alluviis Saharss Algeriensis: in pro-
vincia Cirtensi ad El Kantaralel Biskra {Balansa pi. Alger, exicc. n. 960) ;
in Algeriensi ad Laghouat (lleboud). — In arenosis magiue Syrteos (Viv.,
loc. cit.). In yEgypto inferiorc ad Alexandriam (G. de Fontenay).
Le P. 5'?/r//c«, avant qu'il n'eût été retrouvé dans le Sahara algéi'ien,
n'était connu que par la description du Flora Libyen^ reproduite par les
auteurs récents; il est voisin, par le portet l'ensemble de ses caractères, du
P. ovatay à côté duquel il doit être placé, mais il en est très distinct par
les bractées larges suborbiculaires à nervui-e peu saillante chargée de longs
poils laineux qui font paraître l'ensemble de l'épi velu, par les sépales
ovales-suborbiculaircs finement membraneux à nervure disparaissant au-
dessous du milieu de leur longueur, et non pas ovales-oblongs membra-
neux à nervure licrbaeée atteignant leur sommet,
EuPHORBiA GLEBULOSA Coss. et DR. ap. Balansa pi. Alger, exsicc. n. 7/j7
[1853], et ap. Coss. Voy. bot. Alger, in Ann. se. nat. sér. h, IV, 286.
Planta amma, glabra, plus minus glaiicescens; caulibus 5-30 centim.
longis, sœpissime pluribus diffuso-ascendentibus, rarissime subsolilariis
erectis, simplicibus raraosisve; Ibliis sparsis, linearibus acutiusculis, vel
ohlongo-cuneatis truncatis emarginatisve ; umbellis terminalibus 3-5-ra-
diatis radiis semel bis quaterve dichotome ramosis ; foliis involucri cau-
'inis subconformibus vel paulo latloribus, involucellorum rhombeis, acumi-
iintis vel obtusis ; ^/«mc/m/Zs aurantiacis vel purpurascentibus, transverse
oblongis, bicornibas, cornibus setaceo-subulatis sœpius elongatis ; capsula
magnitudine E. segetalem referente, lœvi, glabra; seminibus o\oi^\^iis ad
îiilum oblique truncatis, chalaza vix promin ul a, f/ense irregulariterque ele-
vato-tuberculatis cl ijuasi glebulosis, primum lacteis dein fuscescentibus ;
caruncula carnosa, albida, rutione semiuis majuseula, substipitata, conico-
deprcssa, haud coslata ucc lobata, ad raplie tantum einarginata. — Fc-
bruario-maio.
49A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
In collibus calcarei? apricis legiii Timetani australioris iii ditione (inbcs
(Kralik pi. Tiin. exsice. n. 328) iiec non in ditione Béni Zid ad occidentt'm
urbis Gahcs ad radiées mentis Djebel Aziza. — Jn Saliai-œ Algeiiensis gla-
reosis, ai'gillosis et alluviis, in ditione /?isAv'a.' (Jamin ; Hénon; Baiansa
pi. Alger, exsice. n. Ihl), in ditione Laghouat (Reboud, Geslin),
\!E. glehulosn, par ses glandes échancrées en croissant et prolongées en
cornes, appartient à la section Esuln (llœper), où, en raison des graines
munies d'aspérités, il doit être placé dans le même groupe que V E. rxigua;
il diffère de cette espèce par les feuilles plus épaisses, glaucescentes, par les
feuilles des involucelles rliomboïdales, et non pas linéaires ou oblongues-
linéaires élargies à la base, par les capsules environ plus grosses de moitié,
par les graines deux fois plus grosses, à tubercules plus nombreux et plus
rapprochés, et à caroncule plus grosse, plus évidemment stipitée et moins
déprimée. — Il est plus voisin del .Ê". mecUccujinea Boiss. [Voij. Esp. 569,
t. 162) qui a été observé dans le midi de l'Espagne (Boissier) etdu Portugal
(Bourgcau pi, Hisp. et Lus. exsice. n. 2029), aux environs de Tanger
(Boissier et Beutcr), en Algérie sur le littoral à Bône (Durieu) et sur les
hauts plateaux entre Boghar et Djelfa au Kocher-de-sel ! ; mais il en parait
suffisamment distinct par les tiges et les feuilles glaucescentes, par la tige
ordinairement rameuse dès la base i\ rameaux diffus-ascendants, par les
graines à tubercules plus courts, plus irréguliers, plus saillants, et non pas
allongés-vermiculés. — \JE. heteroplujlla Desf. (.1^/. II, 385, t. 102. —
E. Alexandrina Delile! .^'g. illustr. n. Zi76 et fl. 23^, t. 30, f. 2) qui a
été observé dans des stations analogues de la régence de Tunis à Tozzer
(Desf.), et en Egypte à Alexandrie (Delile), si la synonymie que nous pro-
posons est exacte, se rapproche de VE. glcbulosa par le port et l'ensemble
des caractères, mais il en est très distinct par les graines lisses.
EuPHORBiA coKNUTA Pcrs. Sgu. pi. II, 17 ; Spreng. ^//st. veg., 111, 796.
— E. retusa Forsk. Fl, yEg.-Aroh. descr. 93 (non L. nec Cav.j; Lmk
Enctjcl. métlt. II, ^28 ; Delile! yEg. illustr. n. Ixlh.
In deserto Tunetano australiore, prope Gobes m alluviis amnis Oued
Gabes hinc inde sparsa, in argilloso-arenosis ad occidcntem urbis Gabes ad
radiées montis Djebel Aziza juxta agros hordeaceos sat frequens (Kralik
pi. Tun. exsjcc. n. 392), etiam in incultis arenosis insulse Djerba frequens
(Kralik pi. Tun. exsice. n. 330). — In argilloso-arenosis et alluviis Saharee
Algeriensis trium provinciarum sparsa, rarius gregatim obvia, nec non in
planitierum excelsarum provinciœ Algeriensis et Oranensis parte australiore
ibique séepius E. calyptrataî Coss. et DR. socia: in ditione Diskra! (Ilénou;
Janiin; Balansa pi. Alger, exsice. n. 7^9); in ditione Béni Mzab ad (7«cr-
rara (Reboud); in ditione Laghoual! (Reboud; Geslin), inter Laghouat et
SÉANCK DU y MAI J857. /»95
DJelfnaô. Sidi Moklielouf!; in dilioiic Ilamian Garabos prope Tyout I. — In
71']gypli mediae tleserto Kahirico (Forskal •, Dclilc; Kralik).
VE. caiy[)trata Coss. ot DR. , espèce voisine de VE. cornuta, et qui croît
souvent pôio-mêle avec lui dans la partie méridionale des hauts plateaux
des provinres d'Oran et d'Alfier, en diffère par les feuilles, même celles des
involiicres et des involucelles linéaires, à peine plus larges à la base, ordi-
nairement tronquées, échancrées ou irrégulièrement bi-tridentées au som-
mef, et surtout par la caroncule qui surmonte les graines pins longuement
stipitée, plus développée, noirâtre, coiiique-acuminée, en forme de coiffe,
évasée à la partie inférieure, à 10-12 côtes presque égales proéminentes, et
frangée à la base par la saillie des côtes. — Dans VE. cornuta., les feuilles,
au moins celles des involucres et des involucelles sont élargies à la base et
ovales-acuminéos, et la caroncule est blanchâtre ou à peine brunâtre,
conique, obscurément acuminée, à U côtes présentant souvent d'autres
côtes secondaires moins distinctes.
Crozophora verbascifolia Adr. de Juss. Enph. <jcn. ient. 28; Coss. PI.
crit. llO. — Croton verbascifolium Willd. Sp. IV, 539 [1805]. — C vil-
losimi Sibth. et Sm. i^/. Grœc.prodr. Il, 2^9 [1813], et FL Grœc. t. 951.
— C.patulum Lagasc. Nov. gen. et sp.li, n. 275 [1816].
In regni Tunetani australioris argilloso-arenosis maritimis, prope S fax et
\n insula Djerba. — In Sahara Algériens! paucis locis hucusque obvia, in
ditione ^Mr«/ (Jarain), in ditione Béni Mzab çvo[)e Berrian (Ueboud).
— In Hispanise regno Murcico (Lagasca ; Guirao ; Bourgeau pi. Hisp.
exsicc. n. 1^23 et 2307) et provincia Mancha (Lagasca, loc. cit.). in Grœ-
cia (Sibth. et Sm., loc. cit.; Heldreich). In Asia minore ad Smyrnam (C. de
Fontenay ; Balansa pi. Or. exsicc. n. 296). In iMesopotamia ad Mossul
(Ivotschy pi. Alepp. exsicc. éd. Hohenacker [18^3] n. hh\).
Thymel.ï:a (Chiamydanthus) microphylla Coss. et DR. in Bull, Soc. bot.
III. — Passerina microphylla Coss. et DR. ap. Jamin pi. Alger,
exsicc. n. 256, et ap. Balansa pi. Alger, exsicc, u. 256 et 826, et in
Bull. Soc. bot. II, 398.
In deserti Tunetani australioris arenosis, argillosis, apricis et alluviis,
prope Gabes vulgatissima (Kralik pi. Tun. exsicc. n. 333). — In apricis
Saharœ Algerionsis toîius (Balansa pi. Alger, exsicc. n. 826) nempe a de-
serto Tunetano usque ad confines regni Marocani haud infrequens et inter-
dum frequentissima, nec non in planitierum excelsarum parte australiore
(Balansa pi. Alger, exsicc. u. 256 ; Kralik ap. Bourgeau pi. Alger, exsicc.
n. 30).
Ûî)6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Damasonium BouRG^ET Coss. PL crit. hl. — Alisma DamasoniumBesï.]
Ad. I, 324 (non L.).
In regQo Tunetano austialiore, prope Gobes in stagnis sestate exsiccatis
ad Sidi Boul Baba (Kralik pi. Tim, exsicc. d. 33/;). — In Algerise regioue
littorali hinciude diffusa, ex. gr. : Bôiie (Kralik), Alger, 0 ran [Mwahy). —
InLusitaniœ provincla Extramadiira (\YeKvitsch it.Lus. cont.[lë51] n.328).
In Hispanise agro Gaditano (Bourgeau pi. Hisp. exsicc. n. /!58). In Sicilia
(Gussone). In yEgyplo (Bové).
Cette plante est très voisine du B. stellatum Dalech. qu'elle remplace gé-
néralement dans la partie méridionale de la région méditerranéenne-, elle en
diffère seulement par les pedicelles plus nombreux, plus rapprochés et plus
courts à la maturité, par les carpelles plus petits, à bec peu distinct, forte-
ment nervés à nervures prolongées jusqu'au sommet, et par les graines
oblongues-droites, et non pas oblongues-linéaires ordinairement arquées.
SciLLA viLLOSA Dcsf. ! Atl. I, 299, t. 85, f. 2; Poir. Encycl. méth. VI,
Iko; Rœm. et Schult. Syst. VII, 566; Hook. in Bot. mag. t. 3211 ;
Kuntb Enwn.pl. IV, 319.
In deserto Tunetano australiore, in arenis prope Kerouan (Desf.), incol-
libus calcareis apricis prope Gabcs. — In Sahara Algerieusi nondum visa.
— Adïripoliin (sec. Kunth).
AsPHODF.i.us viscTDULUS Boiss. Dlagn. pi. Or. scr. 1, vu, [18ù6], et xttt,
1h [185i]; .1. Gay Monogr. Asphndel. ined. (1).
Var. (3. GaOesiamis J. Gay, loc. cit.
In deserto Tunetano australiore ad occidentcm urbis Gabes, in aigilloso-
arenosisditionis.^e/u' Zid^ nec non in alluviissecus amnem Oued Gabes ra-
rissimus.
Pennisetum asperifolium Kunth Gram. I, ^49, et Enum. pi. I, 162, et
supp. 118. — Cenchrus aspeiifolius Desf.l Ail. }\, 388. — P. Tiberia-
disBohs.l Diagn. pi. Or. ser. 1, xiii, /i3.
In regno Tunetano australiore, in alvco exsiccato amnis Oued (7flZ»cs prope
(1) VA. viscidulus conslilue avec VA. jiendulinus la section Plagiasphodelus
établie par M. J. Gay dans une nionogruphie inédite du genre Asphodelus. Nous
croyons devoir reproduire textuellement les caractères de cette section et les
diaf,Mioses des deux espèces qui la constituent, que nous empruntons à cet impor-
tant travail.
Asi'nouELLs secl. l'IagiasphudcUis J. Gay Monogr. Asphod. ined.
Hadix annua, (il)ris filiformiljus. Axis priuiarius indefinitus, in rosiihini cou-
SÉANCE DU 8 iMAI 1S57. /i97
Cl a/jes {Kv'dWk pi. Tiin. exsioc. n. i,">0\ — ht Algoria litrorali iti petrosis
apiicis prope /Joiigie (Desfoutaines ; Dufoiir-, Duriou), ubi iiiagna copia
crescit. — lu Syria, iii rupostribus al)ruptis vallis /Ja/vj/ioudé prope Suïda
(Blanche in herb. Syr. éd. Pue! et Maille n. 97 sub nomine P. Tiberiadis);
IracUis, lanios caulifoimes, axillares, plures vel paucioros, apliyllos, plus vel minus
declinalos, simplicissimos vcl rainosos fandens. Folia radicalia soiniteieli-linearia,
basi, ut videlur, omnia libéra. Flores miniini, albi, remote racoinosi, inferiorcs
gemini vel terni, superiorcs soiitarii, bracteis niinimis suffulti, pedicellis supra
basiin articiilatis, iiuiupiani circa médium. Perigonium distincte iirceoialum,
urccolo circuinscisso simukpic aniuilalim persistenle, mature deciduum, annnlo
longiusculo mcmbraiiaceo Iriincato, ba.«im capsulas cingenle, parte decidua calyp-
iraeformi. Filanifiila recta non deflexa, siiperne fusiformi-incrassata. Capsula
parva, globoso-turbinata, sub apice ultimo porifera. Latera seminum plana vel
rima longitudinaii notata. — Herbœ arenariie, glaberrlmée, gluline quodam arenain
volatilem rctinenles.
A. PENDULiNCS Coss. fit DR. in Jamin pi. Alger, exsicc. n. 57 [aprili 1853];
Balansa pi, Alger, exsicc. n. 7/i5. — A, refractus Boiss. Diagii. pi. Or. ser. 1,
XIII, 23 [maio 185i].
A. elatior, pedicellis fructiferis reflexis , filamentis déganter tota longiiudine
granulato-papillosis, seminum lateribas planissimis.
liai), in arenosis Arabi;e petra^a', valie Ouadi Mokkaleb regionis Sinailicae (Boiss.l),
et prc-Elerea in Algérie australioris deserto ut videtur toto cpianto, ab oriente ad
occasum prolcnso, provincia nempe Cirtensi circa Biskra (Jamin, Balansa), pro-
vincia Algériens! circa Laghouat (Cosson), provincia denique Oranensi circa liré-
zina et Chellala-Dalirania (Cosson). ■ — iMartio.
A. VISGIDULUS Boiss. Diagn. pi. Or. scr. 1, vu, 118 [1846] et xiii, 2/| [185^].
— A. an fistulosus Hochst. et SteucL in W. Scliimp. pi. Arab. exsicc. n. 237
[1836] (specimina 3 ex i, quarto ad A. pendulinum spectante).
A. liumilior, pedicellis fructiferis brevioribus erectis, filamentis ipsisquc eornin
unguibtis laevissimis, seminum multo minorum lateribus rima longitudinaii tonui,
in t'ossulam punciiformem passim rétracta, notatis.
Ilab. in Arabia peirœa singulis exemplaribus dispersus (W. Scbimpcrj, nomi-
nalim in planitie arenosa Ramleh ad radiées méridionales cristai monlani-e El Tih
(Boissier); eliam in /Egypto inferiore circa Alexandriam (Snmaritani! in herb.
Hcidr. nostroque). — Martio.
Var. p. Gabesianus. {A. micranthus Coss. et Kr. in Kralik pi. Tun, exsicc. [niarlio
1856]). — IMulticanlis, mulliflorus, dlIFiisus.
liai), in tlilionis Tu.nclanai ora orienlaU circa Cabes, cum in ailnvii rivuli Oued
Gabes, Inni in p.iscuis dcscrli viciai, aprilis 20^ et 27'' flori- siniul et friiclifer
rarissimus singulisqne exemplarii)ns ut forma prior dispersus.
T. IV. 32
/|98 - SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FIJANCE.
In rupcstiibus calidis Galileœ piope Tiberiadem, propc Khan Hussein ad
littora \-ditus (Iciiczareth et ad Banias (Boiss. , loc. cit.).
f,c P. Tibcriiidis Boiss, doit être rapporté comme synonyme an /-*. aspe-
7'ifolii/m, cav cette plante est font à fait identique avec celle de Bougie. — Le
P. asperifolium, voisin du P. Orientale par l'ensemble du port et les invo-
lucres pédoncules des épillets, en diffère par l'épi plus dense, par les pé-
doncules des involucres moins longuement velus, par les soies des involucres
à barbes moins étalées après la floraison, et surtout par les glumes dont
l'inférieure est nulle ou très petite et dont la supérieure n'égale pas la moi-
tié de la longueur de la fleur hermaphrodite; dans le /-*. Orientale la glume
inférieure, qui existe toujours, est seulement un peu plus courte que la
moitié de la longueur de la fleur hermaphrodite, et la glume supérieure
dépasse la moitié de cette longueur. En raison de l'avortement fréquent de
la glume inférieure chez le P. asperifolium, on pourrait facilement prendre
pour cette glume la glumelle inférieure de la fleur neutre, mais il est facile
d'éviter cette erreur en examinant plusieurs épillets, car quelques-uns
d'entre eux présenteront la glume inférieure distincte quoique généralement
rudimentaire.
Ammochloa subacaulis Balansa (sub Sesleria) in pi. Alger, exsicc. n. 709
[1853] et ap. Coss. et DB, FI. Alger, phan, I, 92, — A. Palœstina
Boiss. Diagn. pi. Or. ser, 1, xiii, 52 [maio 1854].
In arenis deseiti Tunetani australioris prope Sfax et Gales, etiam in
insula Djerbu. — Tn Sahara Algcriensi trium provinciarum, nec non
in planitiebus excelsis australioribus provinciœ Oranensis, ex. gr.: inditione
Biskra (Balansa pi. Alger, exsicc); in ditione Laghouat! (Reboud); in
provincia Oianensi plurimis locis obvia, prope A'in lien Khelil ! (Kralik
ap, Bourgeau pi. Alger, exsicc. n. 6),AinSefra !, Bon Alem! Brézina! etc.
— In liispania orientali ad Harcinonom (Pourret in heib, Delessert sub
nomine ined, Poa cyperoidesj et australiore haud procul a proraontorio
Cabb de Gâta (Bourgeau). In desertis Palaestiuœ australis (Boiss., loc, cit.).
In Cilicia litloiali (Balansa pi. Or. n. Ihl).
EuAGiiOSTis vuLGAïus Coss, ct Gcrm. FL Par. 6/tl;Coss. et DR. /•"/.
Alger, phanér. I, l/j7. — Poa Eragrostis Bert. FL It. I, 554, — E. poœoi-
(ZesSteud. Syn. glum. 203.
Var. spei^ostachya Coss, et \)\\. FL Alger, phan, I, 148, — Erag-
rostis sperostachya Coss. et DR. in herb. olim.
In regni Tunetani australioris arenoso-argillosis apricis, hx \u&\.i\a DJerùa
{Kialik pi. ïun. exsicc, n. 313) — In Sahara Algeriensi rarissima et hucus-
que tantum ia ditione Laghouat mka Djebel Bou Kakil et ad amnem Oued
Ghonira prope MowXam lie f el Ilaniar (Reboud) visa. — In Hispania orien-
SÉANCE nu 8 MAI 1857. /i99
tali ad oppidum Catalaunifc CastcUo de Lorca (de la Roche in liorb. Webl)),
propp Miircid (Guirao; Bourgoau pi. Hisp. ox.sicc. ii. M'M\ siii) nomiiic
K. vertieillata ; .1. r.aniïe pi. Kurop. austr. [1851-52] n. 70 sub iiomine
K. atrovirens). lu Arabia in ditione TeJi/mia [\\o\Xx\. in lierb. Mus. Par.),
et ad Taïfa (Botta ; Scliimper pi. Arab. exsicc. un. il. [1837] n. 982 sub
nomine Poa Kragrostis L. vur.).
FiîSTLCA DivAiuc^TA Desf. AU. 1, 89 emend.; Coss. et DU. FI. Alger.
phan. I, 183.
Var. [3. dickotomn Coss. et DR. FI. Algn\ phan. I, 183. — F. dichntoma
Foi'sk. FI. yFg.-Arab. descr. 22 sec. Parlât. — Sclerochloa oestila de
Not. in Ind. sem. hort. Gen. 28 [18^6] sec. Parlât. — Sderopoa dichotoma
Parlât. FI. Ital. \, hl\ [18^8]. — Sderopoa pumila Boiss. Diugn. pi. Or.
ser. l,fasc. xiii, 61 [1853].
In regno Tunelano australiore, in alluviis aninis Oued Cubes prope Gabes.
— In jïlgypto inferiorc Nili ad ostia (Figari sec. Parlât., loc. cit.), in do-
sertis prope Alexandriam (Forsk. sec. Parlât.; C. de Fontenay sec. Boiss.;
Delile in berb. Richard), [n deserto Arabise petrseœ Palœstinaî conlermino
(sec. Boiss., loc. cit.).
Var. y. Memphitica Coss. et DR. FI. Alger, phan. T, 18^4. — F. Mem-
phiticaCoss. PL crit. 183 ; Steud. Syn. glum. 302. — Dactylis Memphitica
Spreng. Hort. Hal. add. I, 20 ; Roth Cat. IH, 18. — ■ Dineba divaricata
Rœm. et Schult. Syst. Il, 712 ; P.B.? Agrost. in indice 160. — F. dicho-
toma Mulel FI. Fr. IV, 120 inadnot., et Atl. f. 628.— Sclerochloa Mem-
pliitica Koiss. ap. Pinard pi, exsicc. — Sderopoa Caspica C Koch in Lin-
nœa XXI, 409. — Sderopoa Memphitica Parlât. FL It. I, 471 ; Grisebacb
in Ledeb. FI. Boss. IV, 348 ; Boiss. Diagn. pi. Or. ser. 1, fasc. xiii, 62.
In regni Tunetani australioris arenosis prope Sfax (Espina) et in dilione
Béni Zid prope Gabes. — Inaggeribus arena3 mobilis in Sahara Algcriensi
trium provinciarum tVequens nec non in parte australiore planitierum e\-
celsarum provincise Algeriensis et Oranensis, ex. gr. : in ditione BiskruI
(Guyon ; Janiin ; Balansa pi. Alger, exsicc. n. 728); in ditione Laghouai !
(Bonduelle-, Geslin), inter Laghouat et Djclfa in planitie ZahrèsJ[RQ-
boud); in ditione Hamian Garabas prope Aïn Ben Khdil ! (KvuMk ni).
Bourgeau pi. Alger, exsicc. n. 8), et ad Tyoïtt et Aïn Sefissifa!, ad lacus
œstate exsiccatos Chott d Chergui! (Balansa pi. Algei-, exsicc. n. 279) et
Chott d Bharbi! e\.c. — In Hispania orientali australiore ad promonîo-
rium Cabo de Gâta (Bourgeau pi. Hisp. exsicc. n. 1537). In agro Byzan-
tino (Aucher-Éloy pi. Or. n. 3047). Ad mare Caspium (C. A. Meyer et
C. Koch ex Griseb., loc. cit.). In Jîgypîo (Olivier; Coquebert de Montbret;
Wiest pi. Mg. exsicc. 'un. it. u. 548 sub nomine Dineba divaricata). In
Arabia petrœa (Aucher-Éloy pi. Or. n. 3037 ; Pinard ; Boissier).
500 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
^EPHRODiuM PALT.iDUM Bory Exp. sc . Mor. III pars 2, bot. 287, t. 36
[1832], — Aspidium pallidmn Guss. Syn. fl. Sic. II, 665.
lu rupestribLisumbrosismontisZ>ye^i'/2'«^/ioi<an(Kialik pi. Tun. cxsicc.
n. 3^3). — In Sicilia (Guss., loc. cit.; Huet du Pavillon). In montibus
Grœciœ (Bory, !oc. cit.; Heldreicb). Iii Syria (Blanche in heib. Syr. éd.
Puel et Maille n. 100 ; Gaillardot-, Michon), In Cilicia in monte Taure
(Kotscby it. Cilic. [1853] n. 321).
Marsilea tEgaptiaca Willd. Sp. V, 5/;0. — Delile ^Eg. illustr. n. 972 et
fl.283, t. 50, f. /leti'.
Tn ariiillosis deprcssis byeme inundalis ad Sidi Bout Baba prope Gales
(Kialikpl. Tun. exsicc. n. 396). — In fossis et depressis luimidis yl-lgypti
inferioris Nili ad ostia et mediœ ad pyramides Gyzenses (Delile, loc. cit.;
Kralik).
SEANCE DU 22 MAI 1857.
PRÉSIDEiXCF DE M. MOQUIN-TANDON.
M. Dnrliarlrc, secrélaire, donne lecture du procès-verbal de la
séance du S mai, dont la rédaction est adoptée.
Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le
Présidciil [)r(K'laine l'admission de:
MM. Glilloteaux-Vatel, rue Mademoiselle, 2, à Versailles, pré-
senté par MM. Cliatin et de Scliœnefeld.
KoECHLiN (Eugène), interne en médecine, à l'hôpital Sainte-
Eugénie, rue du Faubourg-Saint-Antoine, 110, à Paris,
présenté par iMM. Dezanneau et Eugène Fournier.
CoRDONNn'.îs (Olivier-Laurent) étudiant en médecine, boule-
vard iMontparnasse, 37, à Paris, présenté par jMM. Dezan-
neau et Eugène Fournier.
M. le Président annonce en outre quatre nouvelles présentations.
Dons faits à la Société :
1* De la part de M. L. de Brondeau :
Description d'une nouvelle espèce de Tremellc.
2° De la pari de MM. Malbranclie et (iirardin :
Exnmrn de': pc/olt'!: fruiiré/s dans roffluinac des Jrnncfi poidcts.
SÉANCE Itll 22 MAI JSf)?. 501
3' En (H'iianj^o du lUilletiu do lu Sociélé :
L'inslitut, mai 1857, deux Dumn'o?,
M. J. fiay fait à la Société la coinmimicalion suivaulo :
NOTE SUR LA VÉGÉTATION, L'INFLORESCENCE ET LA STRUCTURE FLORALE
DU CHÊNE, par M. J. GAY,
J'ai, dans notre dernière séance, lu une notice sur un Chêne nouveau de
la dore de France, et j'ai rattaché à ce travail quelques observations sur
les caractères employés pour distinj^uer des groupes naturels dans ce vaste
genre, essayant en même temps d'améliorer sur ce point les résultats ob-
tenus par mes devanciers. J'avais opéré sur le sec, ce qui suffisait à mon
but, vu la nature des caractères à étudier. Depuis lors, cependant, j'ai senti
le besoin d'étendre mes observations à d'autres caractères, pour lesquels il
y avait nécessité de consulter le vert, et le vert pris dans sa première ieu-
nesiie, ce que permettait l'état de la végétation , au moment précis où les
jeunes rameaux, se dégageant de leur bourgeon, montraient leurs deursdes
deux sexes nouvellement écloses. Ces observations ont porté sur neuf es-
pèces, dont trois à maturation annuelle, Q. Robur, Q. Toza et Q. Ilex et
six à maturation biennale, Q. ilicifolia, Q. Cerris, Q. hispanica (y compris
Q. Turneri), Q. ^Egllops, Q. lanuta et Q. coccifera. Je regrette de n'avoir
pu y comprendre ma nouvelle espèce, celle qui, sous le climat de Paris est
de toutes la plus tardive, puisqu'elle n'entre en sève qu'après le 0. Ilex et
avec le commencement de juin. Voici ce que cette étude, un peu rapide
mais faite la plume à la main, m'a fourni de plus remarquable touchant la
végétation du Chèuc, son inflorescence et ses caractères floraux.
Les rameaux du Chêne sont terminés par un bourgeon écailleux qui s'é-
panouit au printemps, pour continuer l'axe inférieur, lequel est par consé-
quent indéfini, ce qui est, au reste, un fait bien connu (voy. Al. Braun
Verjûngung, p. 22).
La nature des écailles du bourgeon est queltiuefois en rapport avec le re-
vêtement de la cupule adulte. Lorsque celle-ci est tapissée d'écaillés
courtes et appliquées, les écailles des bourgeons ont toujours le même
caractère. Elles sont, au contraire, longues, lâches et subulées, au moins
leurs rangées extérieures, lorsqueja cupule deviendra hérissée ou che-
velue. C'est ce qu'on voit notamment dans plusieurs espèces voisines
du Q. Cerris, espèces dont l'affinité se trahit ainsi, même sur des rameaux
stériles qui n'ont encore produit aucune infiorescence.
Le bourgeon terminal est celui qui se développe le mieux en rameau
feuille. D'autres bourgeons le précèdent, d'autant plus imparfaits qu'ils cii
sont plus voisins. L'imperfection marche de bas en haut et elle tend a
502 SOCIKTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
abrt^ger do plus en plus le rameau feuille sorti de ces bourgeons, jusqu'à ce
que ce jameau soit réduit à un moignon sans feuilles, d'où résultent ces
nombreux paquets de fleurs mâles que l'on voit fréquemment à proximité
du bourgeon terminal, car le rameau latéral, même avorté, n'est jamais
complètement stérile; à défaut de feuilles et de fleurs femelles, il est tou-
jours, au moins à l'état normal, pourvu de chatons mâles.
Quant aux rameaux plus ou moins régulièrement développés et suffisam-
ment feuilles, ils portent constamment des fleurs mâles et des fleurs fe-
melles, celles-ci plus haut sur l'axe, les autres plus bas, comme André Mi-
chaux l'a dit depuis longtemps (Chênes de l'Amériq. sept. Introd. p. IV.)
Les chatons mâles naissent à la base du rameau, au-dessous des feuilles,
et en apparence à l'aisselle des écailles intérieures du bourgeon. C'est aussi
ce que disent la plupart dis auteurs dans leurs descriptions, à la vérité peu
précises sur ce point. Lorsque pourtant on examine avec soin un bourgeon
en voie de développement, où cependant toutes choses sont encore en place,
on trouve que les prétendues écailles-mères d'un chaton mâle sont beaucoup
plus longues et d'une autre forme que les écailles proprement dites du
bourgeon, et on reconnaît en même temps qu'elles sont placées sur les côtés
de la base du chaton, à gauche et à droite, laissant vide, en apparence, la
place intermédiaire qui devrait fournir une aisselle au chaton. Cette position
latérale des deux prétendues bractées est exactement celle des deux stipules
que l'on voit un peu plus haut, sur le même rameau, à la base des feuilles.
L'analogie est des plus frappantes; aussi MM. Dœli et Al. Braun n'ont-ils
pas hésité à dire que les chatons mâles du Chêne naissaient d'une bractée
stipulée, réduite à ses deux stipules (Dœll, zur Erkliir. der Laubknosp.
18/;S, mémoire cité par M. Al.Braun, Verjùngung, 18/i9, p. 66, in nota). Sur
l'article des stipules, on ne saurait, après examen, penser autrement que les
deux auteurs, mais il y a quelque chose à ajouter à leur observation. La
bractée-mère, qu'ils supposent manquer complètement, existe, je crois,
toujours à la place qu'elle doit occuper entre les deux stipules, mais très
petite, longue au plus de 2 millimètres, cachée par la villosité de l'axe,
et de plus masquée par les deux stipules croisées sur !-on dos, mais très dis-
tincte sous la loupe en beaucoup de cas, surtout lorsqu'on a pu la détacher
avec une pointe de canif, se révélant d'ailleurs plus amplement dans quel-
ques cas, où elle prend la forme d'une véritable feuille, comme je l'ai vu
plus d'une fois dans le Quercus yEgilops et suitout dans le Q. coccifera, où
les vraies feuilles portant un chaton mâle à leur aisselle sont un phénomène
très ordinaire. A moins de cette dernière circonstance, il faut, pour bien
voir la bractéole, vu l'extrême caducité de toutes les parties écailleuses
dont se compose le bourgeon, saisir le moment précis où le rameau com-
mence à se dégager avec ses chatons mâles encore vierges.
Ce phénomène de deux grandes stipules accompagnant un simple rudi-
SÉANCK DU 22 MAF 1857. 503
mcnrdorcuillc n'est sans doute point particulier au Cliènc, puisque MM. Dœll
et Al. Hraun assimilent au Chêne, sous ce rapport, le, Bouleau, le Charme,
le Noisetier et le Hêtre, où pourtant ils n'ont pas reeonnti la présence de la
bractée qui sert de lien aux deux stipules (Al. Braun 1. e.).
Les fleurs du chaton mâle sont, comme tout le monde le sait, sessiles ou
brièvement pédonculées, et échelonnées en grand nombre et dans un ordre
spiral sur un axe filiforme et pendant. Ce qui n'a pas encore été dit, je
crois, c'est que toutes ont à la base une bractéole sétacée, bien entendu
sans stipule, qui leur sert de feuille-mère, et quelque insignifiante que pa-
raisse cette nouveauté, elle seit à déterminer la nature de l'axe qui porte
ici les ileurs. C'e^t un axe indéfini, bien qu'on ne voie jamais aucun indice
de l'axe prolongé au-delà de la dernière fleur. Celie-ci a sa bractéole
comme tontes les autres; c'est donc une production axiliaire, et non un épa-
nouissement, une terminaison de l'axe.
Je n'ai rien à dire de l'enveloppe unique de la fleur mâle (caiyce? invo-
lucre?), si ce n'est qu'elle est très variable dans le nombre, la profoiKleur
et la forme de ses divisions, et qu'au milieu de ces variations je n'ai su dé-
couvrir aucun type d'où découleraient naturellement toutes les aberrations
observées. Je ne sais rien, par conséquent, des rapports de position qui
peuvent exister entre l'axe ou la bractéole et les parties de l'enveloppe do-
rai e.
[-es étamines sont insérées au fond même du périgone, en apparence
sans ordre et sans être ni précédées ni suivies d'aucun soulèvement annulaire
du réceptacle. Je n'ai pas su voir le disque glanduleux autour duquel elles
seraient insérées, au dire d'EndIicher (Geu. pi. p. 21Li), Leur nombre varie
de 3 à 6, de /i a 7 ou de Zi à 9 dans une même espèce, et c'est une diffi-
culté de plus pour juger leur position relativement aux lobes déjà si varia-
bles du périgone. Onze est le nombre maximum d'ëtamines que j'ai pu
compter dans une fleur, mais c'était une fleur terminale munie de deux
bractéoles et par conséquent un composé de deux fleurs affectées de sy-
nantbie.
L'anthère, assez grosse relativement cà son filament, comme aussi relati-
vement au périgone, se compose de deux bourses oblongues et parallèles,
placées, à l'opposite l'une de fautre, sur les deux bords d'un étroit con-
nectif, et chacune d'elles distinctement biloculaire. On croirait avoir atiaire
aune anthère quadriloculairc, mais la déhiscence montre (|u'ici la cloison
de chaque bourse est formée par les bords rentrants d'une seule valve, la-
quelle s'étale sur un seul plan après l'émission du pollen. Il n'y a réelle-
ment que deux valves, d'où il faut conclure que l'anthère est biloculaire, et
non pas quadriloculairc, malgré l'apparence contraire du jeune âge. Ajou-
tons que les deux bourses s'ouvrent en dehors et non pas sur le côté- l'an-
thère du Chêne estextrorse. Ajoutons encore que l'anthère est généralement
504 SOCIÉTÉ BOTAMQli: DK FRANCE.
très glabi'e. I.c {K Inspanica est la seule espèce, parmi les neuf (jue j'ai ré-
cemment examinées à l'état frais, où j'aie vu les anthères toujours hérissées
de poils simples plus ou moins nomhi-cux (1). Ceci sera sans doute jugé
important pour la distinction de cette espèce, une de celles sur lesquelles les
auteurs ont le plus controversé.
Au chatons mâles, toujours en petit nombre et organisés comme je viens
de le dire, succèdent sur l'axe du rameau, et à petite distance, les vraies
feuilles, plus nombreuses sur les pousses ternjuiales , moins sur les laté-
rales, comme je l'ai déjà dit. Elles sont disposées suivant la formule 2/5,
c'est-à-dire que la sixième est superposée a la première après deux tours
de circonvolution ; c'est l'ordre le plus commun de la spirale foliaire parmi
les végétaux dicotylédones, et c'est à tort que M. Kirschleger attribue au
Chêne l'ordre 3/5 (Flore d'Alsace, II. p. 79). Ces feuilles n'ont d'ailleurs
rien de remarquable, si ce n'est leurs stipules, grandes, scarieuses et très
caduques, qui se croisent, non à l'intérieur de la feuille, mais sur son dos
et de manière a la couvrir dans le jeune âge, caractère que j'ai déjà indiqué
plus haut pour les stipules des chatons mâles, mais sur lequel je dois ap-
puyer ici une fois de plus, parce que tes stipules extérieures sont fort rares
dans les Dicotylédones à feuilles alternes.
C'est à l'aisselle des véritables feuilles que naissent les fleurs femelles,
non de toutes, mais de quelques-unes d'entre elles, tantôt plus haut sur le
rameau, tantôt plus bas, et assez constamment à la même place dans la
même espèce; car il y a là, je crois, un caractère spécifique qui n'est pas à
négliger et qui vraisemblablement se lie aux caractères plus saillants que
fournit entre autres la maturation annuelle ou biennale, rapports sur les-
(juels je n'ai pourtant rien de précis a dire en ce moment.
Il y a donc des aisselles fertiles et des aisselles stériles. Dans ces der-
nières, la fleur femelle est remplacée par un bourgeon écailleux, qui pourra
avorter ou se développer l'année suivante, et auquel s'applique tout ce que
j'ai dit plus haut des bourgeor.s en général, y compris la différence des
écailles ou très courtes et étroitement imbriquées, ou lâches, grêles et allon-
gées, car cette différence se manifeste dès le plus jeune âge du bourgeon.
L'inflorescence femelle est toujours axillaire (2) et toujours solitaire dans
(1) Depuis que ceci est écrit, j'ai retrouvé le même caraclcrc dans mon Q. occi-
denlalis.
(2) Je n'ai pas su voir los flores fœminei sœpissimô è gemmis aphiillis pro-
deunles ideoque !<iiind ac fructus in ramulis anuoliins laleralcs, qui' M. .Spacli
luit fii;iirci- dans le caractère du groupe Ceuris (111. p!. or. 1, p. 108). Je crois
(lii'il l'.iiii ciilciKlre ce. piissau;e, nou des tleurs femelles à leur naissance, mais des
iVtiits devenus cxlra-axillaires, du moins eu apparence, par suite de la cluile. des
feuilles-nitre.s, ce qui arrive ordluaireineni dans les espèce à iiialuraliuii biennale,
bOit du t;iuiip:i Ctriiili), soil de plu-iieui.-) aulres. ,
siiANCK i»u 22 MAI 1857. 505
l'aissolle de sn fcuillc-mî're. Elle se compose il'im axe «général ornent très
court, mais qui, dans certaines espèces ou variétés, peut s'ailonfi,er jusqu'à
2 pouces ou davantage, comme on le voit dans le <J. //aus, ainsi que dans
les variétés pédonculées des Q. Robur, Ilex^ occidentalis et lanala. Les
Heurs, toujours sessiles, sont agglomérées au sommet de l'axe lorsque
celui-ci est court ou très court, leur nombre variant alors de une à quatre
seulement. Sur un axe plus allongé, les fleurs restent entassées au sommet
de l'axe ((A Bobur pedunculata et Q. Haas), ou bien, leur nombre augmen-
tant et les entrenœuds s'allongeant pour leur faire place, l'iniloreseence
prend la forme d'un véritable épi, sur lequel on peut compter de 5 à
1 5 Heurs, alors disposées autour de l'axe dans le même ordre que les feuilles
sur le rameau, c'est-à-dire dans l'ordre 2/5 {Q. llex, Q. lanata, Q. occi^
dmtalis, quoad formas ' pedunculatas) , ordre qui disparait bientôt par l'a-
vortement constant et la chute de toutes les fleurs, moins une ou deux.
Quel que soit leur nombre, ces fleurs sont toujours bractéolées à la base,
comme celles du chaton mâle, mais ici la bractéole n'est pas toujours soli-
taire, et il est des espèces où on en compte deux ou trois, ce qui, dans le
premier cas, équivaut à deux stipules sans feuille, et dans le second cas à
une feuille munie de ses deux stipules.
L'inflorescence femelle du Chêne a donc plusieurs rapports avec l'inflo-
rescence mâle, mais la première diffère essentiellement de la seconde par
son axe défini. Ici, en effet, l'axe est terminé par une fleur, tantôt bien
conformée, quoiqu'elle doive toujours avorter, tantôt déguisée sous la forme
d'un simple moignon, qu'on prendrait pour la sommité non organisée de
l'axe. Ceci est un des cas nombreux où l'axe défini passe graduellement à
l'axe indéfini et ne peut plus être reconnu que par l'analogie.
Dégagée de ses bractées et considéi-ée isolément, la fleur femelle du Chêne
se compose d'abord de nombreuses écailles imbriquées qui, par leur sou-
dure, formeront plus tard la cupule du gland, c'est-à-dire l'involucre de la
fleur. Cet appareil embrasse, sans la recouvrir, la fleur véritable, toujours
unique, sessile et libre dans son enveloppe, quoique étroitement enserrée par
lui. Dans cette fleur il faut distinguer en premier lieu un calyce adhérent,
dont le limbe urcéolé est marqué de dents plus ou moins profondes, qui va-
rient de 0 à ^ dans le Q. /(ex et de 6 à 8 dans le Q. coccifera, les seules
espèces où j'aie pu l'étudier jusqu'à ce jour. Dans l'un et l'autre cas, je n'ai
trouvé aucune dii'férence, ni de longueur ni de consistance, entre les dents
d'un même calyce, et néanmoins j'ai lieu de croire qu'ici le nombre de 3
ou 4 est seul constitutionnel , les nombres surnuméraires provenant sans
doute de stipules soudées deux à deux. Quoi qu'il en soit, l'urcéole calycinal
est un organe très fugace, car on n'en retrouve généralement aucune trace
dans le fruit ; le Q. coccifera, espèce à fructification biennale, est le seul où
j'aie vu les dents calycinales persistei', quui(iue déjà fort altérées, jusqu'au
506 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
printemps de la seconde année. Après le calyce vient l'ovaire, entièrement
soudé avec le tube de l'enveloppe (jui le précède, et terminé par 3 ou U
styles, souvent portés à 5 ou 6, ou même 7 et 8, par choi-ise plus ou moins
complète, rarement réduits à 2 par soudure. Ces styles , charnus, linéaires
ou spatiiulés et arqués en dehors, alternent avec les dents du calyce toutes
les fois que leur nombre, réduit à 3 ou h, le comporte. Je les nomme styles,
et non stigmates comme on le fait ordinairement, parce que je les ai tou-
jours vus naître immédiatement du sommet de l'ovaire, sans aucune sou-
dure basilaire qu'on pût prendre pour un style à plusieurs stigmates. Inté-
rieurement l'ovaire est divisé en 3 ou !\ loges, qui alternent avec les dents
calycinales, chacune d'elles renfermant, dit-on, deux ovules collatéraux e*
anatropes, suspendus à l'angle interne du sommet de la cavité, ce que je
n'ai pu vérifier dans les jeunes fleurs qui sont actuellement à nia disposi-
tion. Ces ovules sont tous condamnés à l'avortemeiit, un seul excepté qui
deviendra la graine unique du gland.
Tel étant l'état de la fleur femelle au moment de la fécondation, il était
intéressant de savoir comment elle se forme à partir du moment où ses
premiers éléments peuvent devenir visibles à l'œil armé. Je n'ai trouvé au-
cune instruction à ce sujet dans le Traité d'organogénie comparée de
M. Payer, où manquent complètement les Cupulifères, ainsi que toutes les
Amentacées. Je ne connais qu'une seule observation faite directement dans
ce but, et je la retrouve dans un passage du livre de M. Hermann Schacht
\\\i\Xw\é Der Baum (un vol. in-S", Berlin, 1853), où l'auteur traite de l'orga-
nogénie comparée de la fleur femelle du Chêne, du Hêtre et du Châtaignier
(p. 372, tab. k, fig. 1-15). Je crois devoir reproduire ici ce document, fidè-
lement traduit de l'allemand.
« La fleur femelle des vraies Cupulifères (Chêne, Hêtre et Châtaignier) se
') compose d'une cupule et de deux verticilles de feuilles. Dans l'ordre du
» développement de ces parties, la cupule apparaît la première, sous la
» forme d'un bourrelet ou disque annulaire ou divisé, au-dessous du point
» de végétation du bourgeon floral. Le premier verticille de feuilles se
» montre ensuite, et c'est lui que plus tard on trouvera immédiatement sous
» les stigmates, lesquels constituent le second verticille, alternant avec le
» premier. Bientôt la cupule s'élève et, comme le point de végétation d'un
') bourgeon, elle développe successivement, sur son côté libre, de nombreux
') verticilles de feuilles, dont les éléments, alternes dans l'origine, se raulti-
» plient de manière à troubler ce rapport. Les entrenœuds des verticilles
» foliaires de la cupule ne s'allongent que peu. Dans le Chêne, celle-ci est
» urcéolée dès l'origine, tandis qu'elle nait et demeure quadripartite dans
» le; l[être el le Châtaignier. Après la première apparition de la cupule,
1) le point de végétiition du bourgeon floral se partage en deux parties dans
» ie Hêtre, en trois ou plusieurs dans le Châtaignier. Chaque bourgfon,
SÉANCR DU 22 MAI 1857. 507
» formé par division à l'intérieur de la cupule , développe ensuite
n séparément ses deux verticilles de feuilles. Dans le Cliêne, comme
)) dans le Hêtre, il n'y a d'abord aucune; cavité ovarieime, mais plus
» tard le fond du bourgeon floral se relève, au-dessous des stigmates et
» du calyce, c'est-à-dire du second et du premier verticille de feuilles.
» Des placentas pariétaux se montrent alors, répondant aux bords des
» stipules; chacun d'eux donnant naissance à deux ovules liémi-anatropes
» et pourvus de deux téguments. Le sommet du bourgeon floral s'élève à
» l'intérieur de la cavité ovarienne el se soude avec les placentas pariétaux.
» C'est pourquoi l'ovaire n'est uniloculaire et à placentas pariétaux que
» dans sa partie supérieure; plus bas il est divisé en deux, trois ou quatre
» loges dans le Chêne, en trois dans le Hêtre. Le nombre des loges répond
0 à celui des placentas, comme ce dernier répond au nombre des stigmates.
» Je regarde la cupule comme une inflorescence. Dans le Hêtre, ellenaitdu
» bourgeon terminal d'un rameau spécial (pédoncule). Dans le Chêne, où il
» y a toujours plusieurs fleurs sur le même pédoncule, l'une de ces fleurs
» est terminale, tandis que les autres sont les produits axillaires des bractées
» sous-jacentes. Dans le Q. sessiliflora, les entrenœuds des bourgeons axil-
» laires naissent et restent courts; ils s'allongent avec le temps dans le Q.
» peduncitlata. Il est rare que tous les bourgeons femelles d'un même pé-
» doncule ariivent à maturité. »
Un dernier mot sur les ovaires à maturation biennale. On sait que, nés au
printemps, ils restent absolument stationnaires pendant tout le reste de
l'année, et qu'au printemps suivant seulement ils commencent à grossir
pour devenir fruits en automne, seize ou dix-sept mois après leur naissance.
Ceci pourrait faire croire ([u'ils n'ont été fécondés que la seconde année.
Mais il n'eu est rien, et on le reconnaît facilement à l'état dans lequel les
styles se trouvent à cette dernière époque. Ils sont alors desséchés, cassants
et plus ou moins mutilés, hors d'état par conséquent de donner passage
aux boyaux polliniques. Ici donc la fécondation s'opère à la môme époque
que pour les autres Chênes, mais ses résultats plus lents ne se manifestent
que la seconde année, et c'est eu cela que consiste le phénomène de la ma-
turation biennale, dans les Chênes comme dans les Conifères.
M. Hofmeister est jusqu'ici le seul observateur qui, ayant eu connaissance
de la différence que présentent les Chênes relativement à leur maturation,
ait cherché comment se faisait dans les deux cas la transmission du pollen.
Ce qu'il en dit étant très court et renfermant en même temps quelques dé-
tails d'embryogénie, je crois devoir rapporter ici le passage entier, extrait
du mémoire que l'auteur vient de publier sous le titre de JSeucre Beobach-
tungen iJber Embrijobildung dcr Phanerogamev, dans le premier cahier des
Jahrbûcher fur ivissenschaftiiche Botanik de M. Pringsheim (Berlin, 1857,
p. 97 et 98). Je traduis de l'allemand aussi exactement qu'il m'est possible.
508 bUClÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
« De même que les Conifères, les Amentacées présentent au plus haut
» degré la particularité d'une fécondation retardée après l'émission du
» pollen, plus qu'elle ne l'est dans beaucoup d'autres espèces ligneuses.
» Dans les Amentacées, les ovules sont à peine ébaucliés au moment de la
» floraison, et les sacs embryooaires ne se distinguent point encore du reste
j> du nucelie, etc. Dans le Cori/ius Avellana, c'est vers la fin de mai que le
» sac embryonaire est prêt à recevoir la fécondation, l'ovule étant alors à
» moitié replié. C'est seulement alors que les téguments se ferment par-
» dessus le sommet du nucelie, etc. Dans le Chêne, il y a entre l'émission
» du pollen et la fécondation une pause plus longue encore que dans le
» Corylus. Ici, comme dans ce dernier genre, les boyaux polliniques pénè-
» trent dans le canal du style bientôt après que les grains polliniques se
» sont déposés sur le stigmate, mais ils séjournent dans la partie inférieure
» de ce canal jusqu'au développement complet des ovules préparés pour la
M fécondation : deux mois, c'est-à-dire depuis le commencement de mai
» jusqu'au commencement de juillet, dans le Quercus pedunculata, treize ù
» quatorze mois dans les espèces à maturation biennale, le Qnercus rubra
» par exemple. Dressés et à moitié retournés, les ovules du Q. pedunculata
» entourent, au nombre de six, le très court placenta central. Le tissu de
» la paroi ovarienne pénètre entre chaque paire d'ovules, de dehors en de-
» dans, pour former une fausse cloison qui se soude avec le placenta. Les
» deux téguments ovulaires sont assez épais, et l'endostome, encore dé-
» passé par l'exostome, est très long. La cavité du tégument intérieur s'a-
» grandit, par suite de la croissance accélérée des téguments ovulaires,
» plus rapidement que le nucelie. Rejetant de côté la couche de cellules qui
» le couvre, le sommet du sac embryonaire s'échappe au dehors, sous forme
» de vessie, pour remplir la cavité ; en même temps que fréquemment il
» pousse de haut en bas, et en passant devant le nucelie cylindrique, un
» pt^ocessus en forme de cœcum. Les 2 ou 3 vésicules embryonaires s'acco-
» lent par de larges surfaces à la région apicihiire épaissie du sac em-
» bryonaire. L'extrémité du boyau pollinique s'attache solidcmeiit à la
» paroi extérieure du sac embryonaire, ([ui est ferme de consistance et facile
» à isoler. La plus inférieure des vésicules embryonaires, celle qui a été fé-
» coudée, se partage d'abord en deux par une cloison transversale ou au
» moins très oblique, en même temps que commence la formation d'un
» endosperme transitoire. Le suspenseur [Embnjotrager] ne prend qu'une
» très faible longueur. » Des ligures eussent été nécessaires pour faire bien
comprendre ces détails; elles manquent malheureusement ici.
iM. d(; Schœnefeld donne (iiielciiu's iiuuveaux icuseignoniciils sur
l'organisation du voyage de la Sociélé à Moiil[)eilier, au nom de lu
Cornniiijt<ion chargée de ce soin.
SÉANCE DU 25 MAI 1857. 509
M. Boisduval présente à la Société plusieurs plantes rpi'il cultive
avec succès : OjiJirys arachnitcs^ Seraplas oxijtjlotth^ Pinyuicula
vulyaris^ etc.; il annonce qu'il possède un hybride des Opiirys
m y 0(1 es et api fer a.
M. Duchartre fait à la Société la communication suivante :
NOTE sua DIVERSES MONSTRUOSITÉS DE TVLll'A GESNERIANA, par M. P. ULCIIAK'I'RK.
Dans une plantation nombreuse mais mal soignée de Tulipn Gesneriana,
j'ai observé plusieurs monstruosités qui m'ont paru avoir assez d'intérêt
pour mériter d'être étudiées avec soin. Je demande à la Société la permis-
sion de lui communicpier les principaux résultats de l'examen que j'en ai
l'ait, en les exposant toutefois succinctement, les détails circonstanciés dont
une description complète amènerait l'exposé exigeant le secours de nom-
breuses figures qui ne peuvent trouver place dans le Bulletin.
Je ne mentionnerai qu'en peu de mots deux de ces monstruosités que pré-
sentaient des feuilles et qui consistaient, l'une en un redressement presque
complet du plan de cet organe, accompagné d'une longue tlécurrcnce,
l'autre en une pétalisation de feuille correspondant aune fermeture incom-
plète de la fleur. Dans le premier cas, la feuille monstrueuse était la pénul-
tième de la tige florifère. Son insertion était devenue très oblique, presque
verticale, et elle se prolongeait en aile saillante jusqu'à la feuille inférieure,
c'est-à-dire sur une longueur de 5 centimètres et demi. Le plan de la feuille
était en même temps devenu vertical. Dans le second cas, le périanlhe,
quoique ayant ses 6 folioles très bien formées, ne fermait pas entièrement
la coupe de la fleur, qui restait ouverte sur un côté par une large fente.
Vis-à-vis de cette fente et à 8 centimètres environ au-dessous de la fleur,
se trouvait une feuille évidemment supplémentaire, assez analogue de forme
aux folioles du périanthe qu'elle surpassait à peine en longueur, et dont
une moitié était restée verte et foliacée, tandis que l'autre s'était entière-
ment pétalisée pour la texture et la couleur. En outre, cette feuille anor-
male avait son insertion oblique dans sa portion pétaloide, verticale et
longuement décurrente dans sa portion foliacée.
Les exemples de pétalisation partielle ou totale de feuilles, dans le voi-
sinage de la fleur de la Tulipe, ne sont pas très rares et j'ai eu moi-même
occasion d'en observer, dans d'autres circonstances, de très remarquables.
Les autres monstruosités de Tidipa (iesneriann sur lesquelles je désire
attirer un instant l'attention de la Société, affectaient toutes le pistil, qui
était devenu montrueux à des degrés divers, tandis que les verticilles flo-
raux plus extérieurs étaient restés normaux ou à très peu près pour le
nombre et la situation de leurs parties. Dans tous ces pistils anormaux le
nombre des carpelles était augmenté et la série de ces augmentations abou-
510 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
tissait, en dernière analyse, à la formation d'un pistil régulier, de 6 car-
pelles complets. Voici l'exposé succinct de cette série de formations
anormales.
1° La monstruosité que je prendrai comme le degré inférieur de la série
m'a été présentée par une fleur de Tulipe, dont le périanthe et l'androcée
n'offraient rien d'anormal. Le pistil offrait seul des anomalies de plusieurs
sortes. Il consistait, dans son ensemble, en deux corps séparés sur toute
leur longueur, dont l'un était formé d'un carpelle ouvert, creusé simple-
ment en gouttière, avec ses deux bords chargés d'ovules et son extrémité
stigmatique bien formée, dont l'autre également ouvert, résultait de la
réunion de 2 carpelles auxquels s'en était joint un troisième pourvu,
comme les 2 premiers, de ses 2 files marginales d'ovules, mais notablement
moins développé. En outre, de l'un des bords de ce corps complexe naissait
une étamine bien formée et libre presque dès sa base.
Il y avait donc au total, dans ce cas, dissociation complète d'un carpelle,
formation d'un quatrième carpelle, ouverture des loges carpellaires, pro-
duction d'une étamine entre les carpelles.
2° Dans un second cas la complication était plus grande. A l'intérieur
d'un périanthe normal se trouvait un androcée dont 5 étamines occupaient
leur place naturelle, tandis que la sixième était reportée dans le verlicille
même des 3 carpelles typiques. Ceux-ci étaient tous dissociés, pîoyés en
gouttière interne et fortement courbés en un arc dont la convexité regardait
l'extérieur. Deux d'entre eux portaient quantité d'ovules sur leurs deux bords
et se terminaient par un stigmate normal. Quant au troisième, il était péta-
lisé en majeure partie, toute sa portion supérieure et un de ses bords for-
mant une grande expansion pétaloïde ; la portion inférieure de l'autre bord
portait seulement 3 ovules, et plus haut elle présentait de petits replis
membraneux dus certainement à une métamorphose des ovules qui man-
quaient sur ce point. Enfin au centre de cette formation se montrait un
corps plein à sa base, creux et ouvert dans ses 2/3 supérieurs, terminé par
deux doubles replis stigmatiques normaux et dans lequel il était facile de
reconnaître deux carpelles supplémentaires unis entre eux, étalés, stigma-
tifères mais entièrement dépourvus d'ovules.
Ce pistil monstrueux présentait donc : dissociation des 3 carpelles typi-
ques avec pétalisation presque complète de l'un d'eux ; transposition de la
sixième étamine de. l'androcée normal-, formation d'un vei'licille central de
2 carpelles imparfaits et stériles.
3" Une troisième ileur de Tulipe avait son périanthe et son androcée
normaux sous tous les rapports; mais son pistil offrait 5 carpelles bien
formés, stigmatifères et pourvus d'ovules. L'ensemble de ce pistil formait
deux corps distincts et séparés sur toute leur longueur; l'un de ces corps
était entièrement extérieur et consistait en un carpelle isolé, ouvert et
SKANCiî i)i: 22 MAI 1857. 511
creusé en goultièrc, oboiidamMicnt ovulifèi'e t>ur ses deux bords et siu-
nionté d'un double ropli stigmatique normal. L'autre corps, composé de fi
carpelles soudés sur toute ou presque toute leur longueur, formait comme une
lame enroulée non-seulement en cercle, mais même un peu en spirale, l'un
de ses bords venant recouvrir l'autre. Les Zi carpelles, qui s'étaient unis
pour le former, avaient chacun deux files longitudinales d'ovules, à l'ex-
ception du plus interne, dont le bord libre était faiblement pétalisé et dès
lors stérile. Ils étaient tous surmontés de leur double repli stigmatique bien
formé.
En somme, ce troisième cas nous montre un pistil à 5 carpelles fertiles
et stigmatifères, tous étalés, parmi lesquels un seul était dissocié et exté-
rieur par rapport aux U autres.
Les trois observations qu'il me reste à rapporter nous montreront la
Tulipe ajoutant 3 carpelles à ceux qui constituent son pistil normal, arri-
vant à former enfin un pistil régulier de 6 carpelles, mais y parvenant, s'il
est permis de le dire, par des essais et des tâtonnements.
U° D'abord une fleur normale quant à son périanthe et à son androcée m'a
offert un pistil anormal sous divers rapports. Ses 3 carpelles typiques étaient
dissociés et même séparés par un large intervalle diins toute leur longueur.
Ils étaient tous simplement creusés en gouttière, terminés par un repli
stigmatique très développé, chargés d'un grand nombre d'ovules sur leurs
deux bords. L'un d'eux seulement avait une expansion marginale pétaloïde
assez grande, do^t la formation n'avait pas empêché celle des ovules. Je
dois ajouter que ce verticille pistillaire externe présentait une étamine
supplémentaire bien conformée, libre, qui était née sur le même cercle que
les 3 carpelles. A l'intérieur de ce premier verticille on en trouvait un
second remarquable à plusieurs égards. Celui-ci consistait en deux corps
inégaux, entièrement distincts et séparés, placés l'un en face de l'autre. Le
plus grand de ces deux corps résultait de l'union de deux carpelles étalés et
ovulifères, alternes à deux de ceux qui formaient le verticille pistillaire
externe; le plus petit consistait en un carpelle qui complétait le verticille
interne, qui portait 2 files d'ovules et qui, en outre, avait développé chacun
de ses 2 boids en une étamine à filet plus ou moins adhérent, tei'miné par
une anthère libre, bien conformée et remplie de pollen.
Ce pistil anormal présentait, comme on le voit, 6 carpelles fertiles et
stigmatifères, mais dissociés, à l'exception de deux et rangés en deux ver-
ticilles concentiiques. Cette formation complexe s'était compliquée par une
production d'étamines supplémentaires.
5° Dans une autre fleur de Tulipa Gesneriana la nature avait fait un pas
de plus vers la formation du pistil régulier et sénaire qui constituait le
degré supérieur de cette série d'anomalies. Ici, en effet, le centre de la
fleur était occupé par un corps volumineux, qui allait en s'élargissant du
512 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
bas vers le haut, de manière à constituer un tronc de cône renversé. Ce
corps présentait sur un côté une fente longitudinale presque complète, et,
du côté opposé, une seconde fente beaucoup moins prolongée. La première
de ces fentes correspondait à un carpelle ouvert longitudinalement et elle en
laissait sortir les deux files d'ovules bien conformés. La section transversale
de cette formation centrale montrait comme entrant dans sa composition
6 carpelles réunis en un seul corps, présentant tous une loge avec 2 files
d'ovules et, au sommet, un double repli stigmatique bien conformé. Il
était d'ailleurs facile de reconnaître que les 3 carpelles supplémentaires,
correspondant aux 3 faces de l'ovaire, appartenaient à un verticille plus
interne que les 3 carpelles typiques situés sous les 3 angles saillants de ce
même corps.
11 existait donc ici un pistil à 6 carpelles en majeure partie cohérents,
mais élargis et plus ou moins séparés par des fentes courtes dans leur por-
tion supérieure. D'ailleurs un des carpelles était encore entièrement ouvert.
6° Dans la fleur qui m'a fourni le terme extrême de cette série, le pistil
avait acquis une régularité remarquable en même temps qu'il était devenu
complètement 6-carpelIé. Extérieurement il formait un ovaire sensiblement
resserré à ses deux extrémités, relevé dans sa longueur de 6 angles parmi
lesquels 3 étaient plus proéminents que les 3 autres ; enfin il se terminait
par une étoile formée de 6 doubles replis stigmatiques. Intérieurement il
présentait 6 loges qui renfermaient chacune un grand nombre d'ovules en
2 liles longitudinales. Seulement les 3 loges situées sous les angles les plus
proéminents, c'est-à-dire celles des 3 carpelles typiques, étaient visible-
ment plus externes que les 3 autres. En outre, celles-ci, c'est-à-dire les loges
supplémentaires, communiquaient avec une cavité centrale, grâce à la
liberté de leurs deux bords carpellairos chargés d'ovules.
En résumé, grâce au\ complications" successives dont je viens d'essayer
de donner une idée, la nature est arrivée à ce résultat rcniarciuable de
changer le type ternaire, regardé comme essentiellement fondamental pour
le pistil des Monocotylédons, en un type senaiie (lu'on pourrait peut-être
regarder comme complétant et régularisant la symétrie florale de ces végé-
taux. En effet, la fleur dans laquelle ce résultat avait été produit présentait
2 verticilles ternaires de folioles pour le périarithe, 2 verticilles ternaires
d'étamines pour l'androcée, 2 verticilles ternaires de carpelles pour le pistil.
Or on peut se demander si ce type senaire, analogue à celui du périanthc
et de l'androcée, et qu'on observe au reste dans certains Monocotylé-
dons, déviait être regardé comme le type réel du pistil de ces végétaux
plutôt que le type ternaire qu'on observe habituellement dans la généralité
d'entre eux; mais je ne crois pas devoir m'cccuper ici de cette question.
Je n'ajouterai donc rien au simple exposé de.s faits que je m'étais proposé
de faire connaître à la Société.
SKANCE DU 22 MAI 1857. 513
M. nuroaii dit avoir vu un certain nombre de Tulipes donl 1(^ pistil
présentait le type /i ou le type 2. On connaîtrait donc des Tonnes de
cette j)lante à 2, 3, h, 5 et 6 carpelles.
M. Eugène Fournier dit avoir observé une monstruosité de Tulipe
dans laquelle le périantbe avait trois verticilles, dont un extérieur
supplémentaire.
M. Ducbartre ajoute qu'il a vu, il y a déjà longtemps, une ileur
de Tulipe avec un vertieille externe supplémentaire, mais composé
de leuilles irrégulièrement disposées.
M. .1. Gay est d'avis qu'une tleur de Tulipe à neuf parties se rap-
proclie bien d'une (leur double.
M. Guillard fait observer que les carpelles d'un même vertieille
d'une Heur de Tulipe ne sont pas du môme âge, car les trachées ne
se forment pas en même temps dans les trois carpelles. De même les
cinq étamines de la Bryone se forment Tune après Tautre.
M. Bâillon est d'un avis contraire; il croit que les carpelles d'un
même vertieille apparaissent en même temps.
M. Guillard reconnaît qu'ils apparaissent en même temps, mais
leur développement n'est pas simultané.
M. Weddell fait à la Société la communication suivante :
SUR LE MODE DE PARASITISME DU CYNOMOIUVM COCCINEUM L., [lar Iȕ. WEDDEIiL.
La Société se rappellera peut-être qu'au mois de décembre dernier,
j'eus riiouneur de lui reiulre conq^te d'un Mémoire de M. le docteur
J. D. Hooker sur la famille des Balanophorées (1). Je fis remai'quer alors
que je me trouvais en désaccord avec cet auteur sur plusieurs points im-
porlants, et j'annonçai mon intention de me livrer à une nouvelle étude des
faits sur iesijuels j'avais établi ma manière de voir. Cette étude je viens de
la faire, non en reprenant d'un bout à l'autre l'examen delà famille, mais
en me bornant à en étudier complètement une espèce, c|ue j'ai eu le bonheur
de me procurer dans l'état le plus favorable au genre de recherches que je
méditais. [>a plante qui a été l'objet de mon examen est le Cynomnrium
coccineum L., dont j'ai l'honneur de mettre un échantillon sous les yeux
de la Société, sinon avec toute la couleur qu'il avait lorsque je l'ai cueilli,
du moins en assez bon état pour que l'on puisse s'en faire une idée
satisfaisante.
IVIon intention n'est pas de présenter a la Société l'histoire, même abré-
gée, de cette singulière plante (ce seia l'objet d'un mémoir.* auquel je tra-
(l) Voyez le DulUMiii, t. TH. ti, (Jd'i-OQ.j cl p. (.Sl'-(i91.
T. IV, 33
51 /l SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
vaille en ce (iiomcnt), mais seulement d'appeler son attention sur un ou deux
points saillants.
Le t'ynomorlum croît, on le sait, dans notre continent, en Kspagne,
en Sicile, à JMalte, etc.; mais il est bien plus commun sur la partie occi-
dentale du littoral algérien, aussi est-ce là que je me suis décidé presque
inunediatement à aller l'étudier, et je dois dire que, grâce aux excellents
renseignements de nos confrères, MM. Balansa et Cosson, j'aurais presque
pu le trouvei- les yeux fermés. .Fe rencontrai d'ailleurs, en Algérie, un autre
confrère, M. ÎMunby, qui voulut bien, dès mon arrivée à Oran, m'aider de
toute l'expérience qu'il a acquise durant un long séjour dans ce pays; si
bien qu'à peine débarqué, pour ainsi dire, je me trouvai devant la plante
([ue j'étais venu étudier. Je la vis, pour la première fois, dans les prés salés de
le Sénia, où le sol est argilo-calcaire et assez ferme; mais un peu plus tard
j'eus l'occasion de la voir dans d'autres lieux, où elle croissait dans du sable
pur. La flore de ces localités est très variée, mais les plantes qui constituent
le fond de la végétation, notamment à la Sénia et au voisinage du lac de
Misei'gbin, sont en petit nombre : ce sont en particulier le Suœda fruticosa,
le Salsola vei^miculata, le Frankenia corymbosa, les Statice Duriœi et cyr-
tostacliya, le Lepturus incurvatus, \é iMeli lotus parviflora, XaMedicago ara-
bica, etc. Il n'y avait donc guère à douter que ce ne fût aux dépens d'une
ou de plusieurs d'entre celles-là que vivait le parasite ; c'est ce dont je ne
tardai pas à me convaincre.
Le Cynomorium est une plante vivace ou du moins plus qu'annuelle,
consistant en un rhizome et en un nombre plus ou moins grand de
tiges florifères qui en émanent. Ces dernières sont toujours annuelles ;
les ramifications du rhizome, au contraire, m'ont paru être tantôt an-
nuelles el tantôt vivaces : elles meurent au bout de l'année, avec la tige
florifère (|ui les termine, si, dans leur niircbe souferi-aiiie, elles n'ont
trouvé à se mettre en communication qu'avec des plantes annuelles; si, au
conlraire, elles ont pu établir des rapports permanents avec les racines plus
robustes d'une plante nourricière vivace, alors leur existence se prolonge,
et les points du rhizome qui sont ainsi favorisés deviennent de nouveaux
centres de végétation. Cette double connexion du parasite, d'une part, avec
des plantes annuelles qui ne peuvent lui donner qu'im soutien précaire;
d'autre part, avec des plantes vivaces, avec lesquelles, ayant plus à eu
attendre, le parasite n'hésite pas, en quelque sorte, à se lier intimement ;
le mécanisme ingénieux employé par la nature pour arrivera ses linse.
dont je rendrai un conq^te détaillé dans ma monographie; ces faits divers
me paraissent constituer un des points les plus curieux de Ihisiolre de cj
singulier végétal, et je n'ai pas voulu tarder à les faire coimaitre, au moin 5
sonunairement. J^arini les échantillons que j'ai l'honneur de placer sous le >
yeux de la Société, les uns nous montrent le 6'///iowow<m solidement cran.»
SÉANCE nu 22 MAI 1857. 515
ponné à une grosse racine de Salsolo, tandis que les autres laissent voir la
liaison qui s'est opérée entre les Ioniques radieulos (|ni hérissent la surface
des jeunes rliizomes et les racines (ilil'ornies du /.eptxriif; incurontus.
Dans une procliaine séance, je demanderai a la Société la permission
d'ajouter à ce que je viens de dire, quehfues détails sur l'iidlorescence et
sur la structure des fleurs femelles du Ciinomorium ; ils démontreront, je
pense, assez clairement, que l'ovule et la graine n'ont pas, à beaucoup près,
une structure aussi simple qu'on a pu le supposer jusqu'ici, et (jue l'ovaire
est bien, comme je l'avais cru, de nature axile.
M. Cosson demande à M. Weddell si un môme pied do Cynomo-
riiim ne peut pas être parasite sur différentes plantes à la fois.
M. Weddell répond qiril a observé ce fait fréquemment.
M. J. (lay rappelle à celte occasion que certaines Orobanches se
développent indifféremment sur des plantes très diverses, appartenant
à des familles distinctes. Il en est que l'on a rencontrées sur neuf
espèces différentes.
M. Cosson présente à la Société quelques espèces nouvelles
d'Algérie et fait les communications suivantes :
ITINÉRAIRE D'UN VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE, ENTREPRIS EN 1850 SOUS LE
PATRONAGE DU MINISTÈRE DE LA GUERRE, par M. E. C^OSSOÎV.
(Quatorzicmc et dernière partie (1).)
A peine sommes-nous de retour à Djelfa qu'il nous faut en toute hâte
mettre nos récoltes en ordre, car nous ne pouvons disposer qiw de quelques
instants avant le départ. Je dois, a mon grand regret, renoncer à visiter les
ruines romaines, restes de constructions importantes, situées à environ
k kilomètres au nord-ouest du fort; il me faut également renoncera voir,
bien qu'ils ne soient qu'à une faible distance à gauche de la route que nous
devons suivre, de nombreux tombeaux dont l'apparence celtique sem])l(
indiquer l'origine gauloise d'une légion romaine qui a occupé le pays. — A
trois heures nmis m jutons a cheval, accompagnés non-seulement de M. Phi-
libert, qui doit faire route avec le commandant jusqu'au barrage du Rochei-
de-sel, mais encore de M. le docteur Keboud, qui veut bien continuer à ni"
guider dans cette partie du trajet, avec la môme ol)iigeance que dans mes
précédentes herborisations. — Au sortir de Djelfa la route suit le cours de
l'Oued INlelah, qui est déjà, sur ce point, un cours d'eau assez important;
bientôt elle s'engage dans une étroite vallée qui traverse la chaîne du Djehd
Sahari; dans les' pâturagesaux bords du chemin, je ne note que la présence de
(1) l'oiH' les autres parties voir dans le tome III, les pages 388, 559, 599, GO";,
097, el dans le tome iV, les pages 5, /i8, 12(), t71, 270, 353,386, Zi73.
5I(> SOCIÉTÉ BOTANIQl'R DE FRANCK.
nombreuses touffes de Cotanunche cœspitom ; à droite et à gauclie s'élèvent
les pentes rocheuses et accidentées des montagnes qui encaissent la vallée, et
dont la végétation arborescente ne se compose que de buissons de Genévriers.
Dans un élaruissement de la vallée et à une faible distance sur la droite de la
route, est construit, dans un site des plus pittoresques, le moulin de Djcifa,
de fondation toute récente et qui n'utilise qu'une bien faible partie de la
force motrice du cours d'eau ; le barraL'e (jui détermine la hauteur de la
chute laisse écouler de chaciue côté l'excédant des eaux, qui s'échappent
entre les rociiers, sous forme de petites cascades, pour retomber dans une
vaste excavation, ancien lit de l'oued, dont les terrains d'alluvion forment
aujourd'hui un maguilique Jardin, l.es rochers qui, sur la droite, s'élèvent
presque à pic, contrastent par leur aridité avec la fraîcheur de la vallée et
contribuent a donnera ce joli site un charme tout particulier. Des Gené-
vriers [Juniperus Oxycedi'us) croissent sur cette pente rocheuse, et sur quel-
ques-uns d'entre eux JM. Reboud a trouvé V Arccuthohinin Oxjjcedri ; dans
ces mêmes rochers, il a également recueilli le Clypeoln cydodrmtea., les
77i)jmusiii/i>is et Gufjom'i el \' Astt'tif/ohf a peregrinus. Sur les terrains mêmes
(|ui dépendent du moulin, imus avons lemai-qué les Telephhini Imperati,
Muricaria prostrata, Enai'tlirocarpua clavatus, Btjpecoum pendulum, Sisym-
brium i^iincinatuni, etc. Au delà du moulin, la route est tracée dans un pays
accidenté, et tantôt longe les bords de l'oued, tantôt s'élève sur les collines
de sa rive droite pour en dominer le lit, quelquefois de plus de cent mètres.
Nous laissons bientôt sur notre gauche le petit l\sar luiné d'Ain Ouerrou,
dont les environs présentent qucl(|ues champs d'Oige. A l'ouest, à quelque
distance, s'eléve le massif du Djebel Korirech , dont les pentes sont en
grande partie occupées par de belles cultures. A nos pieds l'oued est pro-
fondément encaissé entre des berges argileuses et ravinées, ombragées çà
et la par des laïiinrix Gallira. Dans la petite plaine de Korirech, presqu'en-
tièrement inculte, et dans laquelle les Ariemisia campestris et Herba-
alba sont les plantes dominantes, se présentent çà et là, sous forme de ta-
ches blanches plus ou moins étendues, des terrains gypseux, à la surface
desquels le sel vient eflleurir, et où M. Reboud me signale le Scnecio Auri-
viihi et le Co.mpcmula fi.licaulis. Apres avoir traversé l'Oued Melab, la
route s'élève par une pente insensible sur le coteau sur lequel est construit
'à une altitude d'environ 900 metics) le caravansérail du Rocher-de-sel,
• il nous n'arrivons qu'après 7 heures du soir.
Le 1/i Juin de grand matin tous mes préparatifs de départ sont terminés,
car j'ai à faire une i'orte journée : je dois, accompagné de M. Reboud, con-
sacrer la matinée à l'exploration des pâturages des environ? du caravansé-
rail, des sables et des alluvions de l'Oued Melah et surtout de la montagne
(lu Rocher-de-sel qui s'élève de l'autre cùté de la vallée; après celte Iierbo-
rraiion, no\is devons \isiter avec MM. Margueritte et Philibert le magnilique
SÉANCE m '2'2 MM J857. 517
bai'r<-ii!,e du llochcr-do-sel, et faire une petite excursion dans les dunes du
Zahrès-, de la j'ai encore à me rendre au earavanscrail de (iuell el Seltd et
ensuite a celui d'Ani Oussera, c'est-à-dire (|u'il nie faut parcourir une dis-
tance de 80 kilomètres. Dans les pâturages du coteau, auprcs du caravan-
sérail, se rencontrent les Tliymua Fontanesii, Cistus Clusii, Atractylis mi-
croccphala, Passerina microp/i/jUa, Cenlaurea Parlatoris, Peganwn Hur-
mala, entre les touffes des(|uels croissent les Muricaria prostrata, Enar-
throcarpus davatus, Androsacc maxima, Noimea nùcrantlta, etc. A cette
localité M. Reboud a retrouve le Cossonia Africana que nous avons déjà
signalé àDjelfa. Sur les bords sablonneux de l'oued, les Fe&tuca Memphi-
tica, Ammoc/ilou jjuiigens, Kœlevia villosa et Lœ/liugia Hispanica sont les
plantes dominantes. Au pied de la montagne du Piocber-de-sel, où les eaux
se sont déjà chargées de principes salins, et où se sont formés, sur les bords
de l'oued, d'épais dépôts de sel cristallisé, la végétation est surtout con-
stituée par des plantes des terrains salés, telles que plusieurs espèces de
Salsolacées, de Statice, etc. Sur un rocher nous recueillons les Euphorbio.
medicaginea , Diplotaxis peudula et Asparagus al bus. — La montagne
du Rocher-de-sel, située à une latitude de 3Zi° 53', est trop analogue à la
montagne de sel que nous avons visitée aux environs de Macta, et à celle
d'EI Outaia près Biskra, dont nous avons déjà parlé ailleurs, pour (|u'il y ai
lieu d'en donner une description détaillée; en effet nous y retrouvons le
même aspect généraK la même nudité, les mêmes argiles, les mêmes bancs
de sel, les mêmes efflorescences et les mêmes dépôts salins ; nous ferons
seulement remarquer le contraste que forment l'aspect triste et terne et la
nudité des argiles du Rocber-de-sel avec les deux massifs de l'ochers
accidentés qui l'enclavent à droite et à gauche, et sur lesquels le Juniperus
Phœniceu el le HosinatHmis offic/nalis forment des touffes de verdure. Vers
le sommet de la montagne, de profondes excavations en forme de puits se
sont creusées par des effondrements intérieurs, conséquence de la dissolu-
tion lente et continue des bancs de sel par l'infiltration des eaux, et ce n'est
pas sans danger que l'on peut parcourir cette sommité, où des éboulements
peuvent à chaque instant se produire sous vos pieds; un chétif Statue glo-
bulariœfolia est l'uniiiue représentant de la végétation sur ce sol touraieuté
et saturé de sel.
Dans les pâturages argilo-sablouneux, qui s'étendent jusqu'au barrage, et
oùsur(iuelques points le sel vient eftleurir, nous voyons des plantes salines
réunies aux espèces des terrains sablonneuse ; ainsi nous y notons ka Atractylis
proliféra, Scabiosa semipapposa, Festuca Pectinella, Loncltophora Capio-
montiaua, Kœlpinia linearis, Frankenia thyutifolia, Lepturus incurvatus,
Atriplex parvifolia, Heriiiaria fruticosa, etc. — Le barrage de l'Oued
Melah, étal)li en aval du Rocher-de-sel, entre cette montagne et le Gharsa
sur le teri'itoire des Ouled Rhouini, n'a pas moins de "JfM) métier de ion-
518 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
gueur sur 7 mètres de hauteur et liO d'épaisseur à sa base. Ce maguifique
travail, qui vient d'être exécuté par les indigènes, sous l'habile direction
de MM. Margueritte et Philibert, sera, pour le pays, une importante
source de richesse, car en raison de son étendue et de la hauteur à laquelle
il élèvera le niveau des eaux, il pourra fertiliser par l'irrigation une super-
ficie de près de 1400 hectares sur la rive gauche de l'Oued iMelah, dont les
eaux, avant l'établissement du barrage, allaient, sans profit pour la culture,
se perdre dans les dunes du Zahrès. Les terres rapportées pour former la
digue, déjà'protégées par des madriers de Tamarix Gallica, seront bientôt
consolidées d'une manière plus durable par de nombreuses plantations du
même arbre (1). — Vers la sebkha de la partie occidentale de la plaine du
Zahrès, existe un bois de Tamarix assez étendu, que je regrette de n'avoir
pas le temps d'aller visiter; je dois me borner i\ faire une courte excursion
dans les dunes qui forment une vaste zone étendue de l'est à l'ouest. Là,
dans les sables mobiles, dont les mamelons sont couronnés de buissons de
Tamarix, de Rétama Duriœi var. , d' Atriplex Baiimus et d'innombrables
touffes de Saccocalijx satureioides, Euphorbia Guyoniana, Ononis aagus-
tissima et Arthratherum pungens, nous trouvons la plupart des espèces ob-
servées dans des stations analogues de la partie méridionale des hauts pla-
teaux de la province de l'ouest, telles que les Erysimum grandiflorum,
Malcolmia yEgyptiaca, Muricoria prostrata, Silène Nicœensis, Ononis ser-
rata, Orlaya viaritima, Pyrethrum macrocepJudum, Nolletia c/irysoco-
moides, Centaurea polyacantha, Onopordon amhiguum^ Zollikoferia rese-
dîfolia, Nonnea phaneranthera , Echinopsilon muricotus , Festuca Mem-
phitica, Bromus tectorum, etc. Dans les dépresbious de ces mêmes dunes, où
le sol est plus ferme et la végétation herbacée plus abondante, les Pcga-
num Harmala, Marrubium Deserti, Passerina microphylla, Salsola vermi-
culata forment des touffes entre lesciuelles se rencontrent les plantes que
nous avons déjà vues dans les pâturages de la plaine. Dans celte station, si
analogue aux dunes sahariennes, nous constatons encore la présence du cé-
raste ou vipère-â-cornes. Vers le poste de Messrane, à la limite des dunes,
sur les bords de la route, se rencontrent le Traganum nudatum et Vllalo-
cnemum strobilaceum avec le Thapsia Garganica qui devient très abondant.
Auxenvironsimmédiatsdu poste, dans les sables, s'offrent à nous en grande
partie les mêmes plantes que dans les dunes ; seulement nous devons ajouter
a notre liste les Hypecoum Geslini.Astragalus Gombo, Phelipœa lutea, Cy-
nomorium coccineurn, Arthrathenpn piumoswn. — A peu de 'distance de
(1; D'après des n'iisciiîiirmciil.s loiil récoiils, (|ii(' je dois à robli;;eance do M. l'iii-
lilx'il. Il' Ij.ii raL;i' (lu l'io.liiM-di'-.-cl a pai-railcim'iil iM-.sisii! à la di'i-nirrc rvw liivcr-
nalo; il ne s'y csl prodiil aiii'iim' iiiliitralion, et le lil sabloiinctix de Toiicd, jadis
pcniiéabli', s'élaiii icxclii û\u\ di'-jxM de limon, ne se lai'-sera plus péiirlrcr par les
eaux qui persiblcroiil pi'iidaiU toute rainiéc.
SÉANCE nu 22 MAI 1857. ôl9
Messranc, les sables font place à une plaine uniforme d'Alfa [Slipa Icuacis-
sima), oii jo levois encore d'assez nombreux pieds à' Atractylis proliféra ;
cette plaine ne me semblant pas offrir on grand intérêt pour le botaniste,
je hiUe sans regret la marcbe de mon cbeval, en prévision d'un orage qui
nous menace, pour gagner au plus vite le caravansérail de Gueltel Seltel;
nous n'y arrivons pas néanmoins sans avoir eu à essuyer plusieurs bourras-
ques et des averses torrentielles.
Le caravansérail de Gueit el Settel, à 9 lieues au nord du Rocber-dc-sel
(à une altitude d'environ 950 mètres), est situé d;uis une étroite vallée, qui
traverse du nord au sud une cbainede montagnes basses étendues de l'ouest
à l'est, direction générale des montagnes du pays; il est construit sur la
pente du coteau pierreux qui, à l'ouest, borne la vallée. Les rocailles et les
terrains remués au voisinage du raur d'enceinte nous offrent une végéta-
tion dans laquelle les plantes du sud ne tiennent plus que bien peu de place,
car elles ne sont plus guère représentées que par y Enarthrocarpus davatus
et le Muricaria prostrata. Les autres plantes qui doivent y être mention-
nées sont les Centnurea involucrata, Allium Cupani, Malvq, yEgyptiaca,
Mattliiola lunata, Minnartia carnpestris, Anarrhinum fniticosvm, Pimpi-
nella dichotorna, Ammochloa pungens , Festuca ajnosuroides. — Le coteau
qui limite la vallée à Test est plus élevé : les rocbers qui eu forment la
base, les buissons et les arbres qui en occupent la partie supérieure, lui
donnent un aspect assez pittoresque qui contraste avec le caractère saba-
rien de la plaine du Zabrès ; les eaux du coteau viennent par un ravin se
réunir dans une assez large excavation creusée dans le roc même et dont
la localité a tiré son nom de Guelt el Settel (Rocber-de-l'écuelle). Dans les
fissures des rocbers et sur les alluvions du ravin se rencontrent les :
Brassica Graviuœ. Silène cerastioides. Phagualon rupeslrc.
Sisymbrium crysiinoides. Oiionis oruithopodioides. Rhapouticuin acaule.
Carrichtera Vellœ. Anthyilis Vulncraria. Ceutaurea Parlatoris.
Alyssum Granatense. Mclilolus Neapolitana. — pubescens.
Iberis pectinata. Ebeiius piaoata. Catananche caerulea.
Helianthemuni papillarc. Seduin heptapetalum. Thymus Guyoaii.
i'olygala saxalilis. IMsturiaia Hispanica. Ornithogalum sessiliflorura.
Dianthus virgiueus. Umbilicus horizoutalis. Tragus racemosus.
— serrulatus. Daucus parviflorus. Cynosurus elegans, etc.
Dans la partie inférieure du ravin, la végétation ligneuse n'est repré-
sentée que par quelques Ohviers rabougris, deux ou trois pieds de Figuier
et quelques broussailles formées de Zizyphm Lotus, Rhamnus Alaternus
et iijcioides, P/iillyrea uiedia, Rosmariuus officincUis, Jasmiman fruti-
cans, Cistus salvifulius. I.e bois du sommet est compose de Junipertis
Oxycedrus et de Pislacia Lenliscus, clair-semés entre les broussailles.
Vers 6 beurcs du soir, après avoir pris congé de M. Margueritte, que je
dois revoir à Pctris, et après lui avoir expiimé toute ma reconnaissance pour
520 SOCIÉTÉ BOTAÎSIQLK \)K I KAiNCE.
sa bonne hospitalité et la bienveillance amicale dont il m'a entouré pen-
dant les journées que je viens de ptisser avec lui, je dois pailir, malgré
les approches do la nuit, pour gagner encore ie caravansérail d'Am Oussera
à Uk kilomètres plus au nord. — L'immense plaine argilo-sablomieuse que
j'ai à traverser et qui s'étend jusqu'au pied des montagnes de Bogliar est
très uniforme; les touffes de Stipa tenacissima et d'Arteniisia Herba-alba
y constituent le fond de la végétation; çà et là quelques Lentisques [Pls-
tacia Allant •eu) et des buissons de Zizyphus Lotus rompent seuls la mono-
tonie de ce plateau inculte, où de nombreux troupeaux de chameaux et de
moutons viennent pâturer pendant l'été. Les seules plantes que je puisse
noter avant la tombée de la nuit, sont entre autres les Moricandio tereti folie,
Ënjsimum Kuuzeanum, Meniocus Unifolius, Alyssnm scutùjfrum, Malva
.Egyptiacn, Scabiosa semipapposa, Kcntrophyllwn lunatum, Atractylh
■inicroccpluda et proliféra, Echium humile, Echinaria capitata, Kœleria
villosa, Bromus squarrosus, etc.
A minuit seulement, j'arrive au caravansérail d'Ain Oussera (à une alti-
tude d'environ 675 mètres), où je dois prendre quelques heures de repos.
— Le 15 juin dès le matin, après avoir fait une courte excursion qui com-
prend des terrains compactes et gypseux et des ondulations sablonneuses
de la plaine, je vais visiter les importants travaux récemment exécutés par
le génie pour assainir le marécage fangeux que formaient plusieurs sources
au-dessous du caravansérail, le vaste abreuvoir dans lequel sont recueillies
les eaux et la fontaine qui vient d'être bâtie. Dans les terrains compactes,
sablonneux et gypseux et sur les ondulations sablonneuses croissent les :
Nigella arvensis. Actiilloa Sautolina. Blituni virgatum.
Eiiarllirocarpus clavatus. Onopordon ambiguum. Polygonuni oquisetifonne.
HelianthiMiiuin salicifolium Carduiicelius Allauticus. Passcrina tiirsuta.
var. brpvipps. Eihitiops spiuosus. Euptiorbia l'alcata.
— hirtum var. Deserti. Kali)russia Saizmaiini. Cyiiodon Dactylon.
Bhodaisine procumbens. Soucbus divaricatus. Schismus mariiinatus.
ppp;amim!larmaia(abond.). Nonaea micrantba. Animothloa puageus.
Melilotns Ncapolitana. Echinohpcrmum pntnlum. Lagurus ovalus.
Lœfliugia Hispauica. Tbyinus riliatus var. Fesluca cynosuroides.
Paronychia Cossoniana. Sidcritis moutaua. — Pectinclla.
Crucianeila palula. Chpiiopddium Vulvaria. Hordeum murinum, etc.
(Jyrtolepis Alexaudrina. Atriplev parvifoiia.
Au bord du marais, dont le Lemna gibba couvre les flaques d'eau, se
rencontrent les Jiincus maritimus, Polypogon Monspcliensis, Lepturus in-
curvatus, Plantago Coronopm, Sphenopus divaricatus , Spergnlaria dian-
dra, Frankenia palverulcnta. — Vers midi je m'empresse de revenir au
caravansérail, pour faire mes préparatifs de départ, et je me mets en route
pour me rendre le soir même à Boghar, distant d'environ 60 kilomètres.
Lii plaine, juscju'a la Dahia Kahala, vers laquelle je me dirige en laissant
la route à droite, présente la même uniformité: je n"ai a ajouter à ma liste
bl•;A^(;E dl '22 mai 1857. 521
que les Trignnelin poli/rc/rdu, Cottaurea involucratu, JJcl/thiniuyn pubes-
cens, Erodmni (jUiuco/j/ii/llum, Passerina virqala, Aniebia Vivinnii, Pyj'c-
thrum fuscatmii, Enjiujiwn ilicifolinw, Slutice Thouini, Diplotaxis vir-
gata. — Le sol Irgèieineut de-primé qui constitue la vaste Dahia Kahala.où
les eaux sc^jourueiit peiulaiil la saison des pluies, est ^généralement salé, et
V Halostacliys perfoliata y forme de véritables ilôts d'un gazon glauque; les
Balociicmum slrubilaceum, Sabola longifoUa et vermiculata et le Suœda
fruticosa y forment de nombreuses touffes au milieu des terrains d'alluvion
nus, grisâtres et crevassés. I.à croissent également les Triticum Orientale^
Sphenopus divariraûus, Mesembriant/iemwn tiodiflorum et Asleriscus aqua-
ticus. — Vers le poste de Bou Guezoul, sur des coteaux pierreux, se mon-
trent encore le Loncliophora Capiomontiuna et VAtractijlis proliféra, qui
sont presque les derniers représentants de la végétation du sud. A partir de
ce poste, la route suit le cours du Cliélif et s'engage dans la vallée creusée
par cette rivière dans le massif des montagnes de Boghar, en contournant
les rochers qui la bordent sur la droite. Des champs de Blé et dOrge
arrives à maturité, sur pied ou déjà coupés, occupent les riches terrains d'al-
luvion des élargissements de la vallée, et de nombreux douairs y sont éta-
blis. Dans le lit argileux raviné du Chélif se retrouve le PlieUpœa liitea. —
Enfin, après un assez long trajet dans la vallée, bornée à droite par des co-
teaux rocheux, et à gauche, a plus de distance, par des montagnes élevées
boisées, en partie culiivées, J'arrive au Fondouck de Boghari, construit (à
une altitude d'environ 650 mètres) au pied du coteau argileux dont le vil-
lage arabe Ksar el Boghari occupe le sommet; ce ksar, par sa construction
toute primitive, contraste avec l'aspect imposant de la ville militaire de
Boghar qui lui fait face. La vallée du Chélif, assez large sur ce point, est
tiès bien cultivée, mais ses riches terrains d'alluvion n'offrent au botaniste
que la végétation prescjue européenne de la région montagneuse infei-ieure;
sur les bords de la route, VAtriplex Halimus forme de nombreuses touffes
el le Moricandia arcensls et le Corçlylocarpus muricatus deviennent d'une
extrême abondance.' — Bientôt, la belle route, tracée par le génie dans ce p.iys
accidenté, s'élève en serpentant, par une rampe habilement ménagée, sur la
pente orientale très raide de la montagne de Boghar, où le fort est construit
à près de 350 mètres au-dessus du niveau de la vallée. Enfin, à la tombée de
la nuit, j'arrive au fort, où M. le capitaine Lasalle, commandant supérieur
du cercle, et les autres officiers, m'accueillent avec cette hospitalité cm-
presst'e et cordiale dont nous avians pris une si douce habitude pendant tout
notre voyage. — La soirée est consacrée à l'examen de l'herbier de M. 0. De-
beaux, pharmacien aide-major, qui a exploré avec soin les environs, et Je
trouve dans cette collection des i enseignements utiles sur la fiore d'un pays
dont la lapidité de mon voyage ne me permettait de prendre qu'une idée
générale. Les documents que me l'ournit M. Deheaux. et ceux non moins im-
522 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
portants que nous devons à M. Naudin, qui déjà en 1852 a visité le pays,
ainsi que les résultats de nos propres observations tant à Boghar que dans le
trajet jusqu'à Blidali, trouveront mieux leur place dans un prociiain travail
sur la végétation do la région montagneuse de la province d'Aiger, que dans
cet itinéraire destiné spécialement à donner une idée de la végétation saha-
rienne et de celle des hauts plateaux des provinces d'Oran et d'Aiger.
Le 16 juin, après avoir fait une courte excursion dans la forêt de pins
d'Alep qui couvre en grande partie la montagne de Boghar et être monté
jusqu'au blockhaus couronnant le mamelon le |)lus élevé, au voisinage du
fort, je visite avec M. Lasalle les belles cultures qui indiquent le dévelop-
pement déjà important de la colonisation, et les magnifiques jardins du fort.
— A3 heures je me mets en route pour me rendre directement à Médéah,
où je n'arrive qu'à minuit, après avoir traversé les belles forets qui s'éten-
dent de Boghar à Médéah dans des sites accidentés et des plus pitto-
resques.
Le 17, au lieu de prendre la diligence pour me rendre à Blidah, je pré-
fère y aller à cheval, pour avoir ainsi l'occasion de compléter les notes que
j'avais recueillies en 1854 et visiter de nouveau le site si remarquable des
gorges de la Chiffa, où se trouvent groupées tant de plantes intéressantes.
Le 18, après avoir fait en diligence le trajet de Blidali à Alger, je passe
le reste de la journée à faire les démarches nécessaires pour assurer mon re-
tour en France, par le paquebot du 20.
Le 19, j'ai l'honneur d'être reçu par S. Exe. I\L le Gouverneur-général,
que je suis heureux de lemercier, avant mon départ, du bienveillant appui
qu'il nous a accordé pour notre voyage ; il veut bien écouter la narration
rapide de notre excursion dans le Sud et l'exposé succinct de ses principaux
résultats scientifiques, et me témoigner tout l'intérêt qu'il prend à mes ex-
plorations et aux recherches que j'ai entreprises sur la statistique végétale
de l'Alcérie.
'O^
NOTES SUR QUELQUES ESPÈCES NOUVELLES D'ALr.ÉRlK, par M»I. E. COSSOl^l
et DL'KIEO DE IN[%l!«0]\I«EEYE.
HvPKGOUM Geslini Coss. et Kr. ap. Coss. Voy. bot. Alg. 1856 in Bull.
Sor. bot. IV.
Planta annua, plus minus giaucescens, foliis radicalibus pluribus, petio-
latis, rosulatis, patentibiis vel erectiusculis, bi-tripinnatisectis, lohis linca-
ribus abbreviato-subcuneatis vel elongalis, caulinis paucis miooribus, ses-
silibus, oppositis, ramos dichotomise slipantibus; sepalis ovato-acutis vel
ovatn-lauceolalis- corolla parvula, pallide lutea, /j(?/«/« duobus oxtcriori-
bus oblorif/is iiitcyris vel ad 'médium pnululuin dilctalis, intefioruin lacinia
iiiterou'dia in stipilo.n iongiusculu n uiiguiciiliroiiiiein inirriie contracta.
sÉANCK nu 22 MAI 4 857. 528
laciniis lateralibris stipiterti interuiediœ vix cxcodantibus • staniiiuim (ila-
mentis linearibus inforne hnud dilatatis ; fructihus siliqnaîformibus crecto-
patulis, giacilibus, plus nuiuis areiintis, teretivscidis vix ac ne vix com-
pi'c'ssis, ad articulos haud iiicrassatis vel vix incrassalis. — A februario ad
junium.
In Algerife tribus provinciis, iii plaiiitiebus excelsis et Sahara obvium :
in ditiono ///.s/tm/ (Balansn); in ditione Laghouat ! et inter Lo<jhouat et
Boghar (Reboud, Geslin) ; in provinciœ Oranensis planitiebiis excelsis
Saharœ conlinibur, ! haud infrequeiis. — In arenosis cultis vel incultis regni
Tunetani prœsertim austraiioris, Sonza, Sfax, Nadour (Kralik pi. Tun.
exsicc. n. 25 et 25/>/s sub nomine H. procumbens), Gahes.
L'H. Gedini, par la forme du fruit, est très voisin de VH. païens Willd.
(DC. /Vof/r. I, 123), plante d'Egypte, à côté duquel il doit être plaeé ; il
en diffère surtout par la forme des pétales extérieurs et intérieurs; en effet
dans VH. Geslini les pétales extérieurs sont étroits, oblongs entiers ou à
peine élargis vers leur partie moyenne, et les divisions des pétales inté-
rieurs dépassent à peine le rétrécissement en forme d'onglet de la division
moyenne, tandis que dans V H. patens les pétales extérieurs sont très am-
ples, élargis cunéiformes et fortement trilobés, les divisions latérales des
pétales intérieurs égalent presque la longueur de la division moyenne. — La
forme des pétales rapproche notre pinnte de V H. pendulum L., dont elle est
du reste très distincte par la direction et la forme du fruit. — L'//. procum-
bms (auquel nous rapportons les H. glaucescens Guss. , grand iflonan Benth.
et albescens DR. ap. Balansa pi. Alger, exsicc. n. 72) que nous avons ob-
servé également cette année sur les hauts plateaux du sud-ouest de l'Algérie,
où il croissait pêle-mêle avec VH. Geslini, en diffère non-seulement par la
forme des fruits et des étamines, mais encore par celle des pétales ; en effet,
bien qu'ils varient beaucoup de grandeur et de forme, ils sont néanmoins
toujours très distincts de ceux de VH. Geslini.
Isatis (Sameraria) Djurdjuu^ Coss. et DR. ap. Bourgeau pi. Alger, ex-
sicc. n. 336 b.
Planta annua, biennis vel induratione perennans, glabra, glaucescens,
sœpius pluricaulis dumosa ; caulibus /i-12 decimetra longis, erectis, vali-
dis, superne corymboso-ramosis ; foliis radicalibus amplis, oblongis, in
peliolum longe attenuatis, costa média albida crassiuscula subtus promi-
neiile, caulinis mediis supei'ioribusque scssilibus ininoribus, oblongis, basi
cordato-atriplexicaulibus aiiriculis rotundato-oblusiusculis; floribus parvis,
longe tenuitt-niue prdicollatis, in racenids termiuiiles laxiusculos dispositifs;
calvce mrinbi-anaceo-lutescL'nte, scpulis patulis; pt^talis iutcis calyce paulo
lonuinrihus ; s/iictilis tenuiier pt'diccllalis, pedicello iipice vi.\ iiiorassalo,
delk'xo-pcudulis, ■nuujimis, circitiT 20 n)illi:)i. longis cl 1 j-2u inilini). la-
52/i SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FKANCE.
tis, planis, suborbiculatis vel ovatis, ala latisswia lierbaceo-inembranaceu
cinctis, basi inlegris cordatisve, apice integris vel emarginatis, sutura ner-
vifonni jjai'uiu promincnte ; stigmate sessili. — Maio-junio.
In calcareis ad vicos et vias in moiitium Djurdjura rt'iiione iuferiore, iii
(litione Béni hou Addou ad vicum Ihadissen, coaiitante amitissimo il. de
la Perraudièi-e 26* die junii 1854 ciiciter ad ùOO metra altitudinis inventa.
VI. Djurdjurœ appartient au sous-geure Sameraria par ses silicuies
très largement ailées à aile mentibraneuse- foliacée, et il doit être placée
en raison de la consistance de cette aile à côté de 1'/. Armenu L. {Sameraria
Armena Desv.; Jaub. et Spacb Illustr.pl. Or. III, t. 225 optima), plante
de la Perse et de l'Arménie, mais il en est très distinct par les fleurs plus
grandes, par le stigmate sessile, et non pas terminant un style filiforme, par
les silicuies glabres, et non pas tomenteuses au niveau de la loge, à loge a
peine convexe, et non pas proéminente, à suture nerviforme peu saillante, et
non pas prolongée en un appendice eu forme de dent ou de corne, etc.
KuPHOKBiA CALVPTRATA Coss. ct DR. apud Coss. Voij . bot. Alg. \\\ Ann,
se. naf. sér. 4, IV, 286.
Planta annua vel interdum induratione perennans, sœpius dumosa, gla-
bra, glaucescens, radicefusiformicrassiuscula vel gracili ; caulibus i-tx de-
cimeti'a longis, seepissime pluiibus ascendentibus, simplicibus vel rarius
basi ramosis ; /o/«/s sparsis, crassiusculis, rigidulis, sessilibiis, linearihus
inferne vix latioribus, apice sœpius truncatis emarginalis vel irreguhuiter
bi-tridentalis, mai-ginibus subintegris vel remote inœqaalitcrque serrutis;
umbcllis terminalibus, 2-3-rarius 4-radiatis, radiis interdum inaequalibus,
abortu subsimplicibus vel semel bisve rarius ter dichotome ramosis- f'oliis
involucri involucellorumque caulinis subconformibus, iiwolucelloruin iti-
ferne vix latioribus; glandulis luteo-fuscescentibus obovato-oblongis trans-
verse latioribus, interdum truncatis non vei'o lunatis nec bicornibus;
capsula majuseula, ovata, lœvi, glabra; scminibus ovato-sub^lobosis,
chalaza baud prominula, lœvibus, primum albidis, dein fuscesceutibus; ca-
ruiicula coriacca, nigrescente, viaxiina, longiuscule stipitata, conico-acu-
ininata calyptrœformi { unde speciei nomen), basi expansa , a;qualiler
val idcque 10- V2-costatu, inferne costis ]^\'om\ue[\\.ib\.\s quasi /inibriata. —
Aprili-junio.
In argilloso-arenosis et alluviis planitierum e.xcelsarum australiorum
Sahara; coiiUnium in tribus provinciis, nec non in Sahara Algoriensi sa;pe
È\ cornutœ socia, ex. gr. : in giareosisamnis Oued Biskra prope Biskra (Ba-
lansa); prope Laghonat ubi non inlVe(iuens primum ad EL Assa/ia vt hsa/-
elllairau inventa (Bonduelle 184/i), ad meridiiMU urbis Laghouat inditionc
Béni Mzab loco dicto iJahia de Tiireint (Beboud), ad seplentrioiiom inter
Liiglimuit cl .\//( d Ebdl sal frc([ucntcr obvi.i (Ueboud); Aiii, Mmllig ! ;
SKANCK Dr 22 MAI 1857. 520
in (litioiio Oiflcd Sidi (lœikh ad Hou Alem /, lin'zina! et C/tcllala (jueltUa!;
in ditioiu! f/nmion Go?-af>ns ad Tijoiit!, A'tii Sffissi /a! i't Aïn /Jeu Kke-
]jF. cnli/ptrala, par le port et la grosseur de la capsule, rappelle ïh\ cor-
nuto Pers. (£'. i^etusa Forsk. , f.ink, Delile!, non Cav,), avec lequel il croît
communément pêle-mèle dons la partie méridionale des hauts plateaux des
provinces d'Alger et d'Oran ; il en est très différent par les feuilles, même
celles des involueres et des iuvolueelles linéaires, à peine plus larges à la
base, ordinaireinent tronquées éehancrées ou irrégulièrement bi-tridentées
au sommet, par les glandes entières, et non pas éehancrées en croissant et
prolongées en cornes, et suitout par la caroncule qui surmosite les graines
plus longuement stipitée, plus développée, coriace, noirâtre, conique-acu-
minée, en forme de coilfe, évasée à la partie inférieure, a 10 à 12 côtes
presque égales proéminentes, et frangée à la base par la saillie des côtes.
M. le Président annonce que la session ordinaire est suspendue
jusqu'au vendredi 26 juin prochain. Il invite MM. les membres de la
Société à se rendre à Montpellier pour prendre part à la session
extraordinaire qui s'ouvrira le lundi 8 juin.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
PHYSIOLOGIE VEGETALE.
Uelier tlîc Keimuiijs uinl «lie FruoucrHnssweîsc von
ConroivMtus setfiiëiêt iind C. aa'vensis, so wie liber hypoko-
tylische Adventivknospen bei krautarligen phanerogamcn Pflanzen [Sur
la germination et le mode de renouvellement des Convoi vulus sepium et
arvensis, ainsi que sur les bourgeons aciventifs hypocotylés des plantes
herbacées phanérogames), par M. Thilo Irmisch {Botan. Zeitung,
Vf' 26, 27, 28, 29, 26 juin, 3, 10 et 17 juillet, col. 633-^^3, Z)fi9-^62,
h^^hlh, /i89-/i97 ; plane. VIII.)
Quoique se ressemblant a plusieurs égards quant à leur germination et
leur végétation, les Convoluulus sepium et arvensis se distinguent cependant
l'un de Taulre sous divers rapports assez importants.
Les plantales duC sepium ont de grandes feuilles séminales longuement
pétiolées , écbancrées aux deux bouts, élevées au-dessus du sol d'environ
]k mm. par l'axe hypocotylé. Le pivot s'enfonce profondément et pro-
duit beaucoup de radicelles grêles, tandis que la plumule se développe
bientôt en tige, qui, selon la bonté de la terre, s'allonge de 30 centimètres à
2 mètres et demi dans le cours de l'été. Les pieds observés par M. Irmisch
n'ont pas fleuri pendant le premier été.
Eu été, de l'aisselle des feuilles séminales naissent des branches qui très
souvent s'élèvent et s'enroulent comme la tige, tantôt s'enfoncent dans le
sol obliquement ou verticalement, tantôt enfin s'( talent sur la terre jusqu'à
ce qu'elles trouvent un point sur lequel elles puissent s'y introduire. Ces
branches, un peu charnues et blanchâtres, ne portent que de petites feuilles-
écailles. Souvent au-dessous de ces pousses cotylédonaires sortent des
bourgeons adventifs qui se développent ordinairement en jets dirigés de
haut en bas ; quelquefois même sous un piemier de ces jets il s'en produit
un second. Le plus souvent toutes ces branches latérales se ramifient en
rameaux qui, selon les circonstances, se développent de bas en haut ou de
haut en bas. Des aisselles inférieures de la tige dressée il peut sortir aussi
des branches dirigées de haut en bas. Toutes les extrémités des tiges
aériennes, pourvues de feuilles normales, lorsqu'elles viennent à toucher la
terre, peuvent ue plus produire que des écailles, gagner un peu en épaisseur
et s'enterrer. Ce lait a lieu surtout en automne.
Le pivot meurt vers la lin de l'automne, ainsi que la tige. Par suite les
RKVUR lURLIOOrUl'HIQUF-. 527
stolons restent isolés on terre, et leurs entre -nœuds situés hors du sol
meurent, comme le font souvent aussi leurs plus proelies voisins enterrés.
Au printemps ils élèvent leur extrémité au-dessus de terre; après quoi la
suite de leur végétation reproduit ce qui a eu lieu la première année, et
toutes les extrémités d'axes qui arrivent à terre peuvent y pénétrer et y
passer l'hivei-. Les axes enterrés ou simplement cachés se fixent bientôt au
sol par des racines adventives qui naissent généralement une à droite,
l'autre à gauche de l'insertion decha(|ue feuille. Tantôt ces racines meurent
bientôt; tantôt elles s'allongent beaucoup et se ramifient, mais sans grossir
notablement et en durant seulement autant que les axes qui les portent.
Les axes souterrains blancs, dans lesquels prédomine le paienchyme
cortical rempli de fécule en petits grains, meurent en automne avec les
axes aériens qui sont nés d'eux, le plus souvent en entier, plus rarement
eu partie. Kn été, ils émettent dans le sol de nouvelles pousses axillaires
souterraines, qui donnent ensuite dos tiges aériennes au printemps suivant;
d"où l'on voit que le renouvellement de la plante n'est pas dû, comme la
première année, a des jets qui se soient entenés après avoir pris naissance
hors du sol.
Toute cette végétation est celle de beaucoup d'autres plantes, par exemple
des Menthes, du Lycopus^ de plusieurs -S'^flc/^ys, du P ky salis Alkekengi^ de
rOjca/îss^ne^a. Suus la plupart des rapports, le Calystegia pubeseens Lindl.
et plusieurs autres espèces se comportent comme les pieds âgés du Liseron
des haies.
Le Convolvulus arvensis germe avec de larges feuilles séminales presque
obcordées, d'un beau vert. L'axe liypocotylé est en partie dans la terre, en
partie au dehors. Les branches nées à l'aisselle des cotylédons, ainsi que les
pousses adventives qui les accompagnent iVequen^ment, portent des feuilles
parfaites et ne s'enfoncent pas en terre pour conserver la plante. Lafloraison
n'a Jamais lieu la première année. A l'automne, toutes les parties situées
au-dessus du sol périssent, y comprise une partie de l'axe hypocotylé, et le
renouvellement de la plante pour l'année suivante est dû au développement
sur les parties souterraines de bourgeons adventifs qui se montrent le plus
souvent pendant le premier été, et qui prennent naissance sur le pivot ou
sur la portion souterraine de l'axe hypocotylé. Quand le pivot est très
grêle, ces bourgeons ne se montrent pas la première année. Les plus forts
de ces bourgeons adventifs se développent assez souvent en tiges pendant le
premier été.
Les pieds âgés ressemblent aux jeunes sous le rapport de leur renouvelle-
ment. Toutes les racines ont la faculté de développer des bourgeons adven-
tifs, d'où proviennent des jets qui s'étendent en terre, soit horizontalement,
soit verticalement. Les axes souterrains ont à l'aisselle de leurs feuilles des
bourgeons qui se développent en pousses aériennes, sur lesquelles naissent
528 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
des racines acîventivesqui produisent à leur tour des bourgeons. Les racines,
ainsi que les axes souterrains, durent longtemps, acquièrent la grosseur
d'un tuyau de plume et se lignifient enfin. Les bourgeons adventifs se
montrent les uns à côté des auti-es, développés à des degrés tellement divers
qu'on en voit de trèspetils à côté d'autres qui ont produit des tiges florifères.
Ils paraissent correspondre le plus souvent au bout d'un rayon médullaire.
Avantde percer le pari-nchyme cortical ils forment déjà plusieurs feuilles.
Après s'être fait jour ils donnent rapidement des pousses blanches qui
n'ont que des écailles sur leur portion souterraine.
M. Irmisch montre que les floristes modernes sont restés en arrière
mêmede Tragus dans la description des parties souterraines de nos Lise-
rons. Il n'a pas eu occasion d'observer sur le frais celles des autres espèces
vivaces de Convolvulus de l'Allemagne. Il fait suivre cette première portion
de son mémoire de l'exposé de ses observations sur les axes hypocotylés
qui produisent des bourgeons adventifs dans un grand nombre de Phanéro-
games herbacées. Il suit dans cette énumération la série des familles telle
qu'elle est présentée dans le Synopsis de Koch. Comme il joint à ses propres
observations celles qui ont été déjà publiées par d'autres auteurs, cette
portion de son travail prend beaucoup de développement et n'occupe pas
moins de 30 colonnes de l'édition très compacte du Botanische Zeitung. On
sent dès lors qu'il nous serait impossible d'en présenter ici une analyse qui
}ie dépassât pas de beaucoup les limites imposées aux articles de cette
Revue bihliograpJiique, et nous la passerons forcément sous silence malgré
son intérêt incontestable.
Dcr ktiiistlieli erxojseiie Ba^tard x^isolion j^gilnps
ovatit uiicl Tê'itic9t»»t rttffftere {L'hybride obtcmi artificielle-
ment entre /'yEgilops ovafa et le Triticum vulgare); par IM. VA. Regel
{Gartenflora, cahier de juin 1857, pp. 163-168, plan. 197).
Dans cette note M. Regel rend compte des résultats heureux qu'il a obte-
nus dans ses essais pour obtenir un hybride de VyEyilops ovata fécondé par
le Froment. Dans l'été de 1855, il avait recommencé a Zurich ses tenta-
tives de fécondation de la pre;nièrc de ces plantes par la dernière, bien
entendu après castration opérée de bonne heure. Les graines qu'il a obte-
nues ont été semées par lui en automne, en même temps que du Blé, et, à
sa grande satisfaction, il en a vu nailre un hybride.
Il n'y a rien eu qui ressemblât à un passage graduel de WEgilops au
P^roment. L'hybride s'est trouvé imnîédiatcmrnt intermédiaire entre les
deux ; il a formé WEgilops triticoidcs. « Or, dit l'auteur, les changements
de forme subis par V /Egilops sont tels que, si je n'avais pas fait moi-
même l'expérience, j'aurais eu peine à croire ([ue l'hybride que j'avais sous
REVUE lîinLIOGRAPIIIQUE. 529
les yeux provînt de graines de VyE. ovcta » Ses tiges, beaucoup plus
robustes que celles de cette piaule, un peu couchées à leur hase, s'élèvent
ensuite de 50 à 65 centimètres, et elles portent un éi)i lon<ï de plus de
5 centimètres, qui ressemble beaucoup plus à celui du Froment qu'à celui
de VyEgUops. « Comme dans tous lescasque j'ai observés jusqu'à ce jour,
dans lesquels un hybride s'est produit entre deux genres, ici l'hybride res-
semble complètement au père pour les caractères qui distinguent le genre.
Dès lors les graines de Wlujilops ovata, obtenues p;n' une fécondation
croisée avec le Froment, ont produit un vrai Triti.cutn. »
L'organisation des (leurs de cet hybride ne rappelle VyJujilops que dans
quelques particularités. L'auteur les décrit et les figure. D'un autre côté
les organes végétatifs ressemblent davantage a ceux de la mère.
IM. Regel se demande si les formes de passage entre WEyUopa et le Tri-
ticum, que M. Fabre a décrites, sont des retours de Ihybride aux types
maternel et paternel, ou si elles sont les pi oduits de nouvelles fécondations
de l'hybride par le pollen de l'une ou l'autre de ces deux plantes. Il pense
que l'hybride donnant de bon pollen peut se féconder lui-même et conser-
ver ses caractères essentiels dans toutes les générations suivantes ; mais que
des formes intermédiaires entre cet hybride et ses parents peuvent provenir
de la fécondation de celui-ci par le pollen d'un de ces derniers. A défaut de
preuves positives, il cite un exemple fourni par les Calcéolaires. Il combat
l'opinion de M. Kiotzsch, selon laquelle tout hybride de deux bonnes
espèces ne donnerait pas de bon pollen. D'apiès l'examen (|u'il a fait des
étamines de WFgilops triticoides produit artificiellement, les anthèi-es con-
tiennent surtout du pollen stérile, mais aussi du pollen parfaitement con-
formé, qui ne donne pas de tube pollinique dans l'eau. Jl dit que l'expé-
rience pourra seule appieudre si ce dernier pollen est fertile ou non. Jl a
lui-même commencé des expériences dans le but de s'éclairer à ce sujet.
Les figures données par M. Regel reproduisent comparativement les
détails des fleuis de VjEgilops ovata, du Triticum vulgare et de VJigilopjs
triticoides.
Rhiziiliuiit C'onfervw fftouèei'nittf ; par M. Gienkowski {Holan.
Zeit., n" la, 3 avril 1857, col. 233-237; pi. v. A, fig. 1-6).
I-e lîhizidiuia dont il est ({ucstion dans cette note vit dans les articles du
Conferva glo^nerata. A l'état adulte il forme une vésicule en bouteille, dont
le corps globuleux (0,01-0, 023""" de diam.) s'allonge vers l'extérieur en
col dirigé perpendiculairement sur la paroi cellulaire de la plante nourri-
cière et s'y enfonce plus ou moins ou la traverse même. A l'extrémité op-
posée à ce co! se trouvent \\u ou plusieurs filaments très grêles et rameux
qui constituent le mycélium. Les zoosporcs se forment dans la vésicule de-
T. IV. 3',
530 SOCIÉTÉ BOTANIQir: DE FRANCK.
iiu'ine (|iio dans tous les Chytridivui. D'abord le contenu de celle-ci pré-
sente une vacuole claire, dans hu|uelle on voit un et ensuite plusieurs gra-
nules. Plus tard la vacuole disparait et la vésicule se montre lemplie de
granules, autour de chacun des(|ucls se forme ensuite une boiilure claire. —
Pour leur sortie ces zoospores ne sont pas en mouvement tumultueux, mais
la plus voisine du col s'y introduit et y glisse comme une goutte d'huile;
une autre la suit, et ainsi de suite. Arrivée à l'orilice du col chacune d'elles
se gonfle en gouttelette mucilagineuse irréguliére entraînant le granule net-
tement circonscrit. Klle reste un moment tranquille jusqu'à ce que soit sorti
le filament allongé ou cil (|ui la termine en manière de queue et qu'on voit
très bien sans iode. Ces zoospores ont de 0,003 à 0,005 de millim. en dia-
mètre. Devenues libres elles ont un mouvement saccadé, rapide et elles traî-
nent leur cil après elles.
M. Cienkowski s'est surtout attaché à reconnaitre comment ces zoospores
pénètrent dans la Conferve pour y produire le parasite. Il les a vues d'abord
s'attacher aux parois de celle-ci, leur granule diritjé du côté extérieur -, le cil a
disparu sans qu'on ait pu voir comment. Une heure et demie ou deux
heures apiès qu'elles se sont fixées, au-dessous de leur point d'adhérence,
dans l'intérieur de la Conferve, s'est monti ée une tache mucilagineuse ter-
minée en pointe, qui a bientôt prossi. Le granule de la zoospore s'est alors
porté vers la paroi externe de la Conferve; il a diminué, et peu après on en
a vu une portion dans la tache mucilagineuse intérieure, tandis que l'autre
portion se trouvait dans la zoospore encore fixée. La portion intérieure
s'est gonflée et son contour s'est arrêté, tandis que celui de la zoospore fixée
s'est effacé peu à peu, e! ainsi s'est opérée lentement la germination du para-
site à travers la paroi de la Conferve. — Le mycélium se développe aussitôt
après la pér.étrilion de la zoospnre; pour cela il se forme une pointe qui se
ramifie en filaments très fins. Cette formation du mycélium est très rapide,
tandis que la pénélraiion de la zoospore dure de 2 à 3 heures. — Dans la
suite de la germination le <;ranule de la zoospore se transporte piès du point
d'altache du mycélium. Quel(|uefois la pénétration n'a lieu qu'a moitié;
alors le développLiment du /{/lizidiwn se couVmue, mais il ne fructifie pas.
.Suli.«ttauceol' a ooiirseoi' lectiiroM oniiiariiie .%lfta^ [liésumé
d'une suite de leçons sur les Algues marines) ; par M. W ill. Henry Har-
vey (10'*' annual Ueport of the Bonrd of Urgents of f/ie Smithsonian Ins-
titution; Washington , 1856, pp. 87-130).
Ce mémoire a beaucoup d'intérêt oomnie présentant le tableau complet
de l'histoire générale des Algues maiincs tracé par l'un des botanistes (|ui,
à notre époque, ont fait de ces végétaux l'objet des études les plus spéciales
et les plus approfondies. Il est divisé en plusieurs paragraphes, dont le
RFA'UK BIHLIOCRAI'HIQl i:. 531
premier forme une sorte d'introduction deslinôe à montrer les principales
variations de structure qu'on observe dans l'ensomble du vaste groupe des
Algues, les autres paraiiraphes traitent successivement de la racine, de la
fronde, de la couleur, de la fructification, des mouvements, de riial)itat, de
la distribution néographiciue, de la flore al<^olo^i(|ue que possèdent lescôles
orientales de rAméri(|ue du nord, de la récolte et de la conservation
des échantillons d'Algues marines, des usa<ies de ces plantes. O dernier
sujet est traité avec beaucoup de développements. Il est absolument impos-
sible d'analyser un écrit de ce ijenre ; aussi nous contentons- nous forcément
d'en signaler l'existence aux lecteurs du Bulletin.
•d'
BOTANIQUE DESCRIPTIVE.
Benierkiiiigeii ulier kritisclie l*llaii%eii «1er iletlitei*ran<
llora {Remorques mr des plantes critiqvesdehi p)re méditerranéenne) ;
par M. Willkoinm [Botm. Zeit., n° 13, 27 mars 1857, col. 212-2-20).
Au commencement de son mémoire, M. Willkomm dit qu'il se propose
de publier successivement une suite d'observations sur des plantes de la
région méditerranéeinie. L'article par lequel il commence cette série de
publicatio!)s est relatif au genre Nepeta. Il en étudie 5 espèces, dont la dis-
tinction est facilitée par le tableau synoptique suivant :
A. Corollœ albae vel carneœ rubro-puuctatte.
a. Cymee mullilloi-a;. Calyx sul)anthesi2 1/2 lin. longus; corolla 5-6lin.
longa, valde barbata. Nepefa Nepetellu L. et Kocb.
b. Cymœ pauciflorae. Calyx 3 3/i-^t lin. longus; corolla 7-8 lin. longa,
glabriuscula. N. arngonensis l.anik.
B. Corolla3 tubuspallidus, lahia cyaneavol azurea.
a. Folia floralia, bracteœ dentesq. calycini acuti. Coiollae tubus leviter
incurvus parum exsertus, labia valde barbata. Tndumentum lanatum. .A.
(imethystina Desf.
/>. Folia floralia, biacleaî dentesq. calycini longe acutati v, cuspidali.
Corollœ tubus valde exsertus. îndumentum tomentosum.
* Calyx sub antliesi 2 i/2 lin. longus. Corollœ 5 lin. lo iga? tubus reclus.
A. murciea Çiw'wao .
** Calyx 3-3 1/2 lin. longus. Corolke 6-7 lin. longa» tubus cuivatus. .^'.
Boissieri Willk.
l^Pour le Nepefa Nepetella L., ou plutôt Koch [Synopsis, edit. If,
p. 6^6), M. Willkomm distingue 2 variétés, dont voici la synonymie.
a Cordi folia (iV. Mepefella [i /mmilis lîenth., in Prod., MF, p. 383 !ex
parte. .V. an gusti folia Vi\\\\, Si/mb.! iV. \epefellu L., Cad., n" 6172 !?
(3 Lanceolata Lamk., Eneyc. N. Nepetella x et {3 Bentli , /. c, ex parte,
exceptissynon.
532 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
2° f-e Nepeta aragonemis Lamk., propre aux Pyrénées centrales et aux
parties montagneuses du Haut- Aragon, a été réuni à tort à l'espèce précé-
dente par M. Bentham et par Kocli. Il s'en distingue au premier coup-
d'œil par ses feuilles vertes, presque entièrement glabres, particulièrement
par ses grandes fleurs peu velues et par ses calices allongés, relevés de fortes
côtes et pourvus de nombreuses glandes.
3° Dans \e Xopeta (unct/iijsiinaDcsL, M. Wilkomm distingue 2 variétés :
a Gennina ; des parties chaudes, surtout calcaires de l'Espagne sud-est.
[3 Alpina ; de la région alpine dans le royaume de Muicie. Celle-ci fleurit
en juillet ; la première eu avril et mai.
k" Nepeta murcica Guirao in Litt.
Des montagnes du sud-est de l'Espagne, à une hauteur de 1300 à 4600
mètres. — Il fleurit de mai a Juillet. Un caractère très saillant de cette
espèce consiste dans le tube de sa corolle droit, très saillant, extrêmement
grêle.
5" Dans le Nepeta Boissiei'iWiWk., inéd., l'auteur distingue une variété
a crenata et une (3 luciniata. Celle-ci a pour synonymes : N. Nepetella
Boiss., Foy. , non L. nec Kooh.', N . Nepetella y ixw foliis inciso-sinuatis
Kunze in Willk., PL liisp. exs. i^kh, \\° 305 et in Flora Ratisb., 1866,
p. 673! — Celte plante croit dans les parties montagneuses et alpines du
royaume de Grenade, de 1300 à 2300 mètres de hauteur.
Iliajsii«»scs |»l»iitai'uni oricntaliuaii uovanini ; auctore
'^'^ M. Boissier, in-8", de \W2 à 1858; Genève, Leipzig, Paris.
L'ouvrage important auquel M. Boissier a donné ce titre modeste est déjà
en cours de publication depuis l'année 18/i2, et il est difficile de dire a
quelle époque il sera terminé, tant sont riches et peu connues encore les
contrées qui fournissent au savant et laborieux botaniste genevois les élé-
ments de son travail. Dansie cours des 15 années qui se sont écoulées depuis
qu'il a commencé de paraître, il en a été publié 17 cahiers, qui ont chacun
une pagination distincte et séparée, dont les 13 premiers forment deux
volumes et la première série, dont les k derniers appartiennent à une
deuxième série.
Ses diaguoscs, ou plutôt ses descriptions abrégées, ne se rattachant a
aucun autre ordre qu'à celui de la série des familles, iM. Boissier a parcouru
déjà plusieurs fois celte série entière pour la recommencer chaque fois que
(le nouveaux matériaux le lui ont permis. Ainsi, les 5 premiers cahiers,
publiés de lH/i2 à 18/4^1 inclusivement, comprennent la suite des l'amilles
des Thalamiflores aux Monocotylédons. Cette suite est reprise une première
fois dans les cahiers 6 et 7, publiés en 18.'i5 ei 18'i6 5 une seconde fois
dans les cahiers 8, 9, K», 11, 12 et 13, dont la publicat'on a eu lieu de
UKVIJI'; HllîLKXiUM'Ilinl K, Ô33
liih9 à '18;Vi ; une troisième l'ois flans les cahiers 1, 2 et :> do la doiixième
série, clonL k' premier a paru en 185^1, tandis ((ue les deux autres portent la
date de ISôG, et qu'un quatrième est annoncé comme devant paraître plus
tard ; enfin, elle recommence pour la cinquième fois dans le cinquième
cahier de la seconde série, qui porte encore la date de 185G. En terminant
la première série avec la treizième livraison, M. Boissier l'a complétée p;ir
la publication d'une table générale, sans la{[uelle les recherches dans son
ouvrage étaient extrêmement difficiles. Nous ne craignons pas de lui dire
qu'il rendrait un véritable service aux botanistes en doimantde même avec
le quatrième fascicule, par lequel il complétera la revue des familles, une
table générale pour les Li prcmieis cahiers de la seconde série, et en ajoutant
ensuite à chaque fascicule au moins pour les genres une table, qui pourrait
n'être que provisoire, mais qui aurait l'avantage d'abréger beaucoup les re-
cherches, et par suite d'épargner le temps, ce précieux élément de travail,
auquel nul autre ne peut suppléer.
Il y aurait un intérêt réel à faire le relevé du nombre considérable
d'espèces nouvelles, même de genres nouveaux, dont l'ouvrage de M.Bois-
sier renferme la description. Mais la publication des 1^ premiers fasci-
cules a eu lieu à une époque jusqu'à laquelle ne peuvent remonter les
analyses de ce Bulletin. INous n'aurons donc à nous occuper ici que des
cahiers 2, 3 et 5 de la seconde série, qui portent tous les trois la date de
1856. Le n" 2 renferme, en 125 pages, la suite des familles, des Légumi-
neuses aux Dipsacées inclusivement; le u" 2 s'étend, en 177 pages, des
Composées aux Scrofulariacées : la fin des Dieotylédons et les Monocoty-
lédons sont réservés pour le quatrième fascicule non publié; enfin, dans le
cinquième cahier, qui a 118 pages, l'auteur a parcouru de nouveau la série
des familles, des Rcnonculacées aux Composées inclusivement.
Le deuxième fascicule renferme les diagnoses de 175 espèces nouvelles
et de quelques variétés nouvelles de plantes déjà décrites. Ces plantes se
répartissent dans les familles suivantes : Légumineuses, 62 espèces; Rosa-
cées, 11 ; Onograriées, 5 ; l^ythrariées, 1 ; Tamnriscinées, 4 ; Cucurbita-
cées, 1 ; Crassulacées, 7 ; Saxifragaeées, 13 ; Ombellifèies, ^6 ; Caprifolia-
cées, 1 ; Rubiacées, 13 ; Valériauées, 6 ; Dipsacées, 5. Trois genres sont
proposés comme nouveaux parmi les Ombellifères, sous les noms de : Am-
iniopsis[ç. 96),Huetia (p. 103), Pyramidùpt.era[\^. 106).
Le troisième fascicule contient 2^i7 diagnoses d'espèces nouvelles, savoir:
Composées, 147, dont 48 Coryrabifères, 72 Cynarées, 27 Chicoracées;
Campauulacées, 15; Ericacées, 1 ; Primulacées, 1 ; Oléacées, 1 ; Asclépia-
dées, 1 ; Gentiauées, 1 ; Convolvulacées, 6 ; Cuscutacées, 6; Borraginées,
16; Gesnéracées, 1 ; Scrofulariacées, 51. On n'y trouve pas de genre
nouveau.
Dans le cinquième fascicule sont caractérisées 169 espèces nouvelles
53/i SOCIÉTÉ BOTANIQUE UE FKANCK.
réparties dans les familles suivantes : Renonciilacées, 12 ; Papavéracées,
4 ; Fiimariacées, 1 ; Crucil'ères, 1x6; Violariées, 2 ; Polyo;alées, 2 ; Silé-
uées, 11 ; Alsinées, 7 ; Scléranthées. 1 ; l/uiées, 2 • Malvacées, 3; Hypéri-
cacées, 4; Aeérinées, /i ; Rhamnées, 3; Légumineuses, 30; Rosacées, 3;
Ombeliifères, 12; Rubiacées. 2; Dipsacées, 2; Composées, 18. Trois
genres y sont établis et caractérisés comme nouveaux : le premier parmi
les Scléranthées, sous le nom de Thurya Boiss. et Balansa (p. 63), pour
une plante récoltée par M. Balansa, dans le Taurus, laquelle a reçu le nom
de T. capitata Bois, et Bal. dans les Exsiccota de M. Balansa pour 1856;
le deuxième, parmi les Légumineuses, sous le nom de Gh/cyiThizopsis
Bois, et Bal. (p. 81), pour la plante déjà décrite par M. Boissier, dans le
sixième cahier de ses fJingnoses (p. 33), sous le nom de Gh/crjrrhiza fîmes-
cens ; le troisième, parmi les Cotnposées, sous le nom de Derouetia Bois, et
Bal. (p. llû), pour le Crépis robertioides Bols., qui devient le D. rober-
tioides Bois., et pour le Derouetia robertioides. Bal., pi. exs. Anat. 1855,
qui devient aujourd'hui le D. frigida Rois, et Bal.
Toutes les espèces qui figurent dans l'ouvrage de M. Boissier sont carac-
térisées par une diagnose développée, ou plutôt par une courte description
suivie de l'iiulioation des localités, et d'observations pouvant compléter la
description de la plante, notamment des dimensions de ses parties les plus
importantes, de remarques sur les différences et ressemblances avec les
espèces voisines, etc.
.lu;,
Rc|>oi*t ol* Doctor John liVrîght, Botanist of the geological survey
[ l\ apport da docteur J. Wrig/it, botaniste de re\ploration géologique),
[Transactions of the Michigan stute agricultural Society, VII; 1856,
p. 396-423.)
Le docteur Wright, attache comme botaniste à l'exploration géologique
de l'État du IMichigan, fait connaître dans ce rapport les résultats des
recherches qu'il a faites jusqu'à ce jour relativement a la flore des comtés
méridionaux de cet Éfat, depuis la rivière Détroit jusqu'au lac Michigan,
à l'exception de celui de Monroe, ainsi qu'à celle du conile de Saint-Clair.
Il donne une idée des collections botaniques qu'il y a faites, dans les-
quelles chaque espèce est représentée par 17 échantillons complets, con-
formément au programme qui lui a été tracé; enfin, il donne le catalogue
pur et simple, sans indication de localités, de toutes les espèces déplantes
vasculaires dont il a pu constater l'existence dans l'Etat du Michigan. Les
nombreuses observations qu'il a réunies sur ces plantes seront publiées par
lui lorsqu'il aura terminé l'exploration botanique du Michigan tout entier.
Le catalogue publié par M. Wright comprend 850 espèces phanérogames
et Fougères rangées par ordre alphabétique, indiquées uniquement par
leur nom latin et par un nom anglais.
itKViiK |{|rli<h;i5ai'iii(.»i i:. .')35
d^eitei'iw AiiKf'lli»; Liiidl. Sli»ii<»ft'ii*a|»liia ; .'iiu-loi-c il. (j. IU>i(;!u>ii-
h.ii'li lil. {/{oti/j/nndin(\u 15 mai IS.")?, n" IS^-ISf)).
I.e 'j.Q\wv (rOrohiiU'C's (lue M. I.iiullcy ;i i tabli sous lo nom (VAnse/Jin
[Bot. Reg. XXX, 1H42 sub 12) ne comprenait encore qu'une espèce,
IM. africnna l.iiull., maij;nirnue plante, très répandue dans les serres, qui
a été découverte par M. Ansell dans l'île de Fernando Po, vivant en épi-
pbyte sur V Elœîs guineensia. Tout récemment M. Hooker a signalé comme
une variété de cette espèce une plante trouvée à Natal par M. Guenzius, à
laquelle il a donné le nom d'A. africana natulensis. Cette plante est élevée
par M. Reiehciihach fils au rang d'espèce, sous le nom d'yl. gigantea. La
n^.onograpliie du <j^ii\\re jUisellia contient donc la description de 2 espèces :
1° A. ofricmia Lindl.; 1° A. gigantea Rchhe. fil. Nous reproduisons la dia-
gnose (le cette dernière espèce.
Ansellia gigantea Rehbc. 111., in Linnœa, XX, p. 673 : labelli lobis lale-
ralibus in lobuni médium incunibentibus, earinis geminis postice contiguis,
antice diverger.libus interjecta carina tertia, omnibus crenuintis, vcrrueis
circumstantibus luillis, huccisgynostemii parvis minute crenulatis. [Ansel-
lia africana var. p natalensis Hook., Bot. Dfag., 1857. tab. /i965, fig. 3)
b. var. citrina : omnino flaviflora, labio pulcbre citrino aurantiaeo.
'Le type de cette espèce a le port de l'A. africana, avec des feuilles ordi-
nairement plus étroites. Son inllorescence est tantôt beaucoup plus déve-
loppée que les plus grandes de cette espèce, tantôt, au contraire, elle reste
petite. Ses fleurs sont d'un jaune-citron pale, tachées de brun, avec le
labelle coloré en beau Jaune-citron.
>^yaio|».%i<^ »f brllssli ?*«a^vee«ls coBS»|»île«l froiii j|»a*olV.«-
soi* Ilat'vcj's S^Sajfctttayin briinnttivti [Synopsis des Al-
gues de la Grande-Bretagne., extrait daV\\\ito\og\dL britannica c?w joro-
fesseur Harvey). 1 in-18 de viii et 219 pages. Londres, 1857. Chez
Lovell Reeve.
Dans une courte préface, mise par lui en tête de ce volume, M. Harvey
nous apprend que l'éditeur de son grand ouvrage intitulé Phycologia bri-
tannica a eu l'idée, heureuse selon nous, de réimprimer en un volume peu
coûteux et sous une forme plus condensée le texte de ce beau livre que son
prix élevé met hors de la portée de la majorité des botanistes. M. Harvey
a revu toutes les épreuves de ce Synopsis et il a indiqué quelques change-
ments qu'il croyait avantageux d'y faire. On a du reste conservé dans ce
résumé du Phycologia britannica la classification adoptée par iM. Harvey,
bien que le savant algologue anj^lais soit aujourdbui disposé à y apporter
d'importantes modifications; mais c'est seulement dans les ouvrages qu'il
se propose de publier ultérieurement qu'il lui sera possible d'apporter à son
536 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DK FlîANCli.
premier arrangement des Algues les changements qui lui semblent néces-
saires.
Le Phi/cologia britonnica est un ouvrage déjà terminé depuis quelques
années et pariaitement connu de tous les botanistes. Le Synopsis, qui n'en
est que la rcducliou, ne peut donc nous occuper plus longuement ici pour
ce double motif; mais nous avons cru devoir en faire connaître la publica-
tion parce que les Synopsis des ouvrages qui, par suite de leur prix
extrêmement élevé, sont peu abordables pour la majorité de ceux qui cul-
tivent la science, nous semblent rendre de grands services et mériter dès
lors d'être signalés a la généralité des botanistes auxquels ils fornissent de
précieux moyens de travail.
Le Synopsis du Plujcologia bvitannica est accompagné d'un atlas de figu-
res réduites d'après les planches originales de ce livre.
Dans un appendice de quatre pages, IM. Harvey a présenté : 1° le ta-
bleau de la classification des Uhodospermées, par .^1. Agardh ; 2" une liste
d'espèces découvertes dans les mers de la Grande-Bretagne depuis la publi-
cation du Phijrologia; :5» une liste de synonymes pour des espèces de
Rbodospermées rapportées aujourd'hui à des genres autres que ceux aux-
quels elles avaient été rattachées dans ce grand ouvrage.
BOTANIQUE GÉOGRAPHIQUE ET GÉOLOGIQUE.
Asie mineure. Description physique, statistique et archéologique de
cette contrée, par M. P. de TchihatchetT. — 2"= partie : Climatologie et
zoologie. 1 vol. gr. in-8 de xix et 8/i2 pages, avec U planches. Paris,
1856. Chez Gide et J. Baudry.
Ce volume du grand ouvrage de M. de Tchihatcheff sur l'Asie mineure,
étant spécialement consacré à la climatologie et à la zoologie, sortirait par
cela même du cadre des matières auxquelles il est permis de donner place
dans ce B)dletin,%\ son auteur n'y avait inséré un chapitre important de
géographie botaniciue. Ce chapitre (chap. viii. p. 2S3-36ii), qui a pour
titre : Limilcs des neiges perpétuelles et de la végétation arboi^escente , a un
intérêt d'autant plus grand que les vastes contrées qui en ont fourni le sujet
sont restées a peu près inconnues jusqu'à ce jour quant à la répartition
yéographique des nombreuses espèces végétales qui les peuplent. Nous essaie-
rons donc d'en présenter une analyse succincte.
Le premier paragraphe de ce chapitre est relatif à la détermination des
limites des neiges perpétuelles. Les éludes de M. de Tchihatcheff sur ce
sujet portent particulièrement sur le mont Argée, sur lequel ses observations
lui ont montré la limite des neiges perpétuelles beaucoup plus élevée
{7M)() mètres) qu'en Kurope et en Amérique, mais, en moyenne, moins
clevce que dans l'Asie centrale. Gencraicmcnt cette limite va en sélcvant
KKVIK liinLIOGUAIMIIQUIi;. 587
de l'ouest à l'est de l'Asie, ce qui indique une progression dans le même
sens de la sécheresse de l'air ; et ce résultat remarquable est conlirmé par
l'observalion des limites supérieures de la végétation.
Le second paragraphe du même chapitre (p. 295-36^i) est relatif aux
Limites supérieures des végétations arborescente et frutescente. Pour l'écrire
l'auteur a dû se baser presque uniquement sur les observations qu'il a faites
lui-même en explorant le mont Argée ; il a pu seulement y rattacher quel-
ques faits constatés par un petit nombre de voyageurs sur le mont Olympe
et sur quelques massifs de l'Arménie.
Sur l'Olympe, la limite supérieure de la végétation arborescente, fixée par
M. Grisebacba l/i9^i mètres, est remarquablement basse, puisque sur beau-
coup de montagnes de l'Europe situées plus au nord, cette végétation atteint
une limite beaucoup plus élevée pour des espèces soit plus ou moins ana-
logues, soit tout à fait identiques. Au reste, dit M. de Tcbihatchetï, la
dépression que subil;sur l'Olympe la limite supérieure de la végétation arbo-
rescente, comparativement aux montagnes de l'Europe, s'étend également à
celles de la Koumélie, ainsi que l'a reconnu encore M. Grisebacb. Sur
l'Olympe, comme dans la Roumélie, cette limite estdéterminée par VAbies
pectinata DC.
Sur le mont Argée i! n'existe point de végétation qu'on puisse appeler
arborescente, puisque tous les végétaux à tige ligneuse qui s'y trouvent
sont réduits à l'état de buissons. Cette végétation ligneuse s'y élève beau-
coup plus haut que sur rOlymi)e, puisque le Juniperus nana, qui en déter-
mine la limite supérieure, y arrive jusqu'à 2900 mètres, la différence de lati-
tude entre les deux montagnes n'étant pas même de 2 degrés, et ne pouvant
dès lors expliquer cette différence considérable de l/i06 mètres. Néan-
moins, cette limite supérieure est encore proportionnellement assez basse,
puisque, sous ce rapport, l 'Argée peut à peine supporter la comparaison
avec plusieurs montagnes de l'Europe.
Sur les grands massifs de la Cilicie, la limite s'élève notablement. Ainsi,
dans le Boulgardagh, sur les montagnes qui entourent les Pyles ciliciennes,
M. de Tchihatcheff a vu le Cèdre qui la détermine s'arrêter à 2111 mètres
environ, et, sur le versant méridional, arriver à 3000 mètres, altitude con-
sidérable qui ferait rivaliser la chaîne de la Cilicie avec celle de Grenade,
située à peu près sous la même lal;itude. Quant à l'Arménie, la limite
de la végétation arborescente s'y élève à peine plus haut que sur les mon-
tagnes du continent européen. M. Abich la fixe, pour le mont Alaguez,
entre 2273'", 7 et 2533"\5, et pour le versant S. 0. de l'Ararat, à
2600 mètres.
Après ces généralités, M. de Tchihatcheff indique en détail, et espèce
par espèce, les altitudes auxquelles il a observé les arbres et buissons les
plus caractéristiques dans les différentes parties de l'Asie mineure. Cette
538 SOCIÉTÉ BOTANIUUE DE FRANCE.
énumératioii, dans laquelle figurent 111 espèces ou variétés, n'est malheu-
reusement pas susceptible d'être résumée. Klle est suivie d'un examen
détaillé des allitiides auxquelles parviennent les principales espèces spon-
tanées et cultivées d'un cAté dans l'Asie mineure, de l'autre, et par compa-
raison, en Europe. L'auteur s'étend surtout sur la Viiïne, pour laquelle il
arrive à ce résultat remarquable, que cette espèce précieuse s'élève beau-
coup plus haut en Asie qu'en Europe. Or, dit-il avec raison, en Europe, le
développement de l'industrie a presque partout poussé la culture des végé-
taux jusqu'à leurs limites ext ëmes, tandis qu'en Asie l'état défectueux de
toutes les branches de l'agriculture, joint au manque de population, n'ont
pas permis d apprécier l'étendue du domaine assigné par hx nature a telle ou
telle plante ; en sorte que*si, malgré cet état de choses, la Vigne s'élève si
fré(|uemment en Asie mineure à des hauteurs où elle ne se présente pas en
Europe, cette différence entre les deux contrées ne pourra qu'augmenter
lorsque l'Asie mineure se trouvera dans les mêmes conditions que l'Europe
civilisée.
Voici, en résumé, les principales conséquences générales que M. deTchi-
hatcheff déduit de ses recherches sur la limite supérieure de la végétation
ligneuse.
1° La limite de la végétation arborescente, beaucoup plus basse qu'en
Europe dans l'ouest de l'Asie mineure, devient plus élevée vers l'est de la
péninsule, où elle égale souvent et dépasse quelquefois l'altitude qu'elle
atteint sur le continent européen.
2» L'absence complète de végétation arborescente, remplacée par des
buissons rabougris, sur plusieurs hautes montagnes de l'Asie mineure, tient
peut être à l'absence de dépôts de neige assez puissants et assez étendus
pour abriter les végétaux contre la rigueur du froid.
3° Le Bouleau {Betula ulba] paraît manquer sur les montagnes de l'Asie
mineure proprement dite, ou du moins y être extrêmement rare. Il paraît
être banni de tout l'espace compris entre l'Arménie orientale et la Rou-
mélie, où il devient assez commun. Si, comme le pense M. Alph. de Can-
dolle. l'absence de cet arbre tient généralenienta la sécheresse, on pourrait
tirer de ce fait géographique la consé(|uence que le climat des montngnes
de l'Asie mineure est généralement sec et caractérisé par une température
estivale comparativement très élevée.
k° Cette dernière conclusion est confirmée par l'extrême rareté de l'Epi-
céa {Abies excelsa \)i].) sur ces montagnes ; tandis que la hauteur considé-
rable à laquelle arrive rA6<esjoec^à<fl^a sur plusieurs montagnes de l'Asie
mineure, hauteur supérieure à celle à lM(|uelle il parvient en Europe, pour-
rait faire supposer que la sécheresse de l'air ne doit pourtant pas être exces-
sive sur ces montagnes, et qu'a des hauteurs de *iOOO a 3000 mètres, la
ten)pératine moyenne de l'hiver n'y est pas inférieure à — k on — 6° C.
KËVUK BIBLIOGUAIMIIQUK. 5U0
5" La présence sur les plateaux élevés de la Cappadoce et de la Lycaoïiie,
de oertaines plantes {Alhaqi cnmelorinn Kisch., Morina perncu, etc.) carac-
téristi((iies (le l'Asie centrale, semblerait indiquer une certaine similitude
entre les climats de ces diverses contrées.
BOTANIQUE APPLIQUÉE.
De raiiiifl<»ii du niaiTuii «riiidc, ou des l'écules amylacées des
végétaux non aliinontaircs aux points de vue économicpie, chimique,
agricole et (eohiiique : par MM. Ad. Thibierge et Remilly. 2' éditii)n,
1 in-18 de ni et UO paj>es, avec h plan, gravées. Paris, 1857, chez Vic-
tor Masson, place de l'Ecole-de-Medecine.
Quoi(iue consacré plus particulièrement au marrou d'Inde et à sa fécule,
cet ouvrafi;e traite aussi des amidons el des fécules en «général. Dans une
sorte d'introduction intitulée : Prélimmaire, les deux auteurs s'attachent à
faire ressortir l'importance de la question qu'ils se proposent de traiter, et,
pour cela, ils montrent qu'il y a déficit dans la production, en b'rance, des
céréales et de la Pomme de terre. Ils cherchent à montrer que de nouvelles
cultures ou l'utilisation de plantes aujourd'hui négligées, pourront seules
combler ce regrettable déficit.
Dans le premierchapitre ils examinent quelle est la quantité de fécules
amylacées soustraite a l'alimentation par l'industrie, et quels sont les États
de l'Europe les plus intéressés à trouver des végétaux non alimentaires
propres à fournir aux arts industriels les matières féculentes qu'ils em-
ploient. Sous le premier rapport, ils trouvent que l'industrie absorbe en un
an, dans notre pays, 8,7^i5,^20 hectolitres de matières alimentaires, repré-
sentant un capital de 29,277,891 francs. Sous le second, ils cherchent a
prouver que la France, la Grande-Bretagne, la Belgique, les Pays-Bas, la
Prusse, la Suisse, la Toscane, l'Espagne et le Portugal, sont surtout inté-
ressés à trouver des substances féculentes non alimentaires, propres à
fournir à l'industrie l'amidon qu'elle prend dans les subsistances publiques,
puisque ces états sont obligés de faire venir du dehors une quantité plus ou
moins considérable de céréales pour leur consomnuttion alimentaire.
Le second chapitre a pour objet l'examen des principaux caractères des
fécules amylacés et l'indication des végétaux alimentaires féculents, savoir:
les céréales, la Pomme de terre, les Légumineuses dont les graines con-
stituent nos légumes secs, le Châtaignier, la Patate et les Ignames;
enfin, les plantes qui fournissent les fécules exotiques. — Le troisième
chapitre contient l'exposé des procédés d'extraction de l'amidon et de la
fécule, ainsi que des usages industriels de ces matières. — Le quatrième
chapitre est relatif aux végétaux non alimentaires féculents, aux caractères
et à l'extraction de leur fécule amylacée. Ici les deux auteurs distinguent
bhO SOCIÉTÉ BOTANIQUE DK FRANCK.
d'abord les végétaux qui ont été indiqués par divers auteurs comme pou-
vant devenii-Jalimentaires, et sur lesquels cependant il ne semble guère pos-
sible de baser des espérances, au moins pour le moment ; ils insistent en-
suite davantage sur les végétaux féculents non alimentaires qui leur parais-
sent capables de fournir avec avantage, et dans un avenir prochain, les
matières amylacées que l'industrie consomme. Parmi ces derniers ils for-
ment une première catégorie pour les espèces qui pourraient, a la rigueur,
être utilisées dans des circonstances extrêmes, comme la Bryone, le Gouet;
le Colchique, le Chêne -, ils en établissent "une seconde pour celles aux
quelles l'industrie devrait demander l'amidon et la fécule qui lui sont néces-
saires, savoir ; le Ttripa natanset le Marronnier d'Inde. Ils examinent en
détail les différentes plantes de la première catégorie. Ils consacrent le cin-
quième chapitre au Trapa natans et a l'utilisation des étangs parla culture
de cette plante. Enlin, ils traitent du Marronnier d'Inde et de sa graine
dans le sixième chapitre, qui forme, à proprement parler, le corps de leur
ouvragt. Ils examinent successivement : 1° le Marronnier d'Inde au point
de vue de ses caractères, de sa culture, de son exploitation, etc. ; 2" le
marron, relativement à sa récolte et sa conservation, à sa composition, aux
différents procédés qui ont été proposés pour en obtenir la fécule, etc. Sous
ce dernier rapport, ils regardent comme la méthode la plus avantageuse
celle qui consiste dans une décortication de la graine fraîche ou macérée,
suivie d'un ràpage etd'un simple lavage à l'eau. Ils apprécient les conditions
économiques de cette fabrication, et ils arrivent à cette conclusion défini-
tive que les marrons d'Inde donneront certainement un amidon semblable
à l'amidon de blé à un prix moindre que celui de la fécule de Pomme de
terre, celui-ci étant estimé à 70 francs les 100 kilogrammes, par M. Payen,
d'après l'exploitation de M. Dailly; enlin, les deux auteuis s'occupent des
usages industriels de cet amidon, qui seraient les mêmes que ceux de l'ami-
don et de la fécule ordinaires, des usages industriels de la pulpe de marrons
d'Inde, des applications raisonnables du marron d'Inde à l'alimentation, etc.
L'ouvrage est terminé pai' un lésunié et des conclusions exprimées en
/lO propositions, par une table bibliographique et par une table des matières.
Quant aux h planches gravées qui l'accompagnent, elles représentent les
différentes fécules, au nombre de 16, dont il a été question dans le texte.
niotcs«»n soiiic cdihBc and n«ei'iil aiiistraliait ptaiits {Notes
sur quelques plantes comestibles et utiles de l'Australie)-, par M. Cari
Wilhelmi. [flookcr's Journal of botany, cah. de septembre, pp. 265-
267.)
Les données consignées dans cette lettre de M. Wilhelmi à l'éditeur du
journal VArgus, de Melbourne, ont été recueillies pendant un voyage au
HEvrr, iui!Lioci!.u'iiM,tri':. 5/i1
milieu des moiihignos de l'Australie, aiixtiiiellcs on a donne les noms de
(irampians, Victoria et Pyrénées. Kn voici le résumé :
Le Kennedija prostrata, }o\ie Légumineuse traînante, sert de thé aux
peuplades qui habitent les monts Victoria. Sa décoction a un goiit très
agréable. On l'emploie soit iVaiche, soit sèche. Les indigènes roulent la
plante eu sortes depelotes, qu'ils mettent ensuite dans l'eau bouillante, et ils
laissent bouillir pendant deux ou trois minutes.
Les feuilles de V Acacia myrtifoUa sont employées en guise de Houblon,
et dans d'autres localités elles sont remplacées par celles du Daviesia lad-
fol ia.
LesD/mera ont été reconnus vénéneux pour les moutons. Le Gompholo-
Inum imcinatum est aussi très nuisible à ces animaux.
Les graines de tous les Acacm servent d'aliment aux indigènes, qui en
font grand cas, et qui les nomment Nundo. Ils les font cuire sur de la
cendre chaude ; cette cuisson les fait doubler de grosseur. Ils cuisent aussi
sur de la cendre chaude les racines du Scorzonera Lawrencii et celles de
quelques Géraniacées. ]M. Wilhelnii dit que le goût en est agréable.
Ils mangent cuites avec de la chair de Kanguroo les feuilles de deux
Mesembryantheumm. Le Nilraria Billardie7'i, arbuste abondant sur les
collines voisines de la mer à Port Lincoln, produit un fruit de la grosseur
et de la forme d'une olive, rouge, de saveur fort agréable et extrêmement
rafraîchissant, dont les naturels sont très friands.
La principale nourriture de certaines peuplades est la racine du Typhn
Shuttleivorthii, qu'ils nomment Gortoncj. Ils la cuisent dans un trou creusé
en terre. Elle renferme une forte proportion de fécule. Ils cuisent sur des
cendres chaudes l'écorce de la racine du Santalum persicariuvi, qui n'a pas
de saveur, mais qui est très nourrissante.
M. W^ilhelmi dit être convaincu que la flore de l'Australie comprend
une aussi forte proportion de végétaux utiles que celle d'aucune autre
partie du globe, et qu'il serait à désirer que les botanistes s'occupassent à
reconnaître les ressources qu'elle peut fournir à ces contrées.
SOCIÉTÉS SAVANTES.
M. Ch. Fritsch a présenté à l'Académie des sciences de Vienne, le
25juin dernier, un grand mémoire sur \a détct'mination des lois d'aprèsles-
qiiellcs la température de l'air agit sur les phases de l' accroissement des
plantes, en tenant compte également de l'iulluence de l'insolation et de l'hu-
midité. Ces deux dernières influences avaient été généralement négligées
jusqu'à ce jour, et les formules qu'on avait proposées étaient basées presque
exclusivement sur la température de l'air. L'objet principal du travail de
bh2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
M. Fritsch est de reconDaitrc, parmi ces formules, celle qui mérite la pré-
férence sur les autres.
Réaumur, Coite et M. Boussiugault ont regarde comme constante la
simple somme des températures que la plante exige pour fleurir, mûrir son
fruit, etc. M. Quetelet y a substitué la somme des carrés des températures
moyennes diurnes pour l'espace de temps qu'on a à considérer. MM. deGas-
parin et Babinet retranchent, pour chaque espèce végétale, des tempéra-
tures dmrnes, la température à elle propre à laquelle l'action commence à
se produire ; mais tandis que le premier se contente d'additionner les tem-
pératures diurnes ainsi diminuées, le second multiplie le carré du nombre
de Jours par leur température moyenne. M. Fritsch a cru, de son côté,
devoir tenir pour constante la simple somme des températures indiquées
par le thermomètre mouillé (1). Voici les résultats des essais des différentes
formules qui ont été faits par M. Fritsch : 1° Les petites erreurs, com-
prises entre les limites nécessaires pour la certitude des observations, sont
les plus nombreuses avec toutes les formules ; les erreurs considérables,
bien qu'étant seulement isolées, ne résultent que des formules de MM. de
Gasparin et Babinet; 2° pour toutes les formules, une bonne moitié des
erreurs, entre les limites des erreurs d'observation, égalent =t trois jours.
Dans la plupart des cas la formule de IVl. Quetelet donne les erreurs les plus
faibits; 3° la somme des erreurs est la plus faible avec la formule de
M. Boussingault et celle de M. Fritsch; elle est la plus grande avec celles
de MM. de Gasparin et Babinet. On a donc a choisir entre les formules de
MM. Quetelet, Boussingault et Fritsch. Or, la première exige des calculs
compliqués ; la dernière suppose des observations psychrométriques qui
peuvent rarement être faites avec les soi)is convenables. L'avantage est donc,
en définitive, pour la formule de M. Boussingault, qui a ete employée la
première, et à laquelle ont recours encore aujourd'hui la plupart des per-
sonnes qui s'occupent de clinuitologie végétale. File a d'ailleurs pour elle
une grande simplicité (|ui la rend fort commode.
Au mémoire de M. Fritsch est joint un tableau qui indique, pour plu-
sieurs centaines d'espèces de plantes, les dates normales exactes de leurs
phases d'accroissement avec les sommes de températures normales qui sont
nécessaires pour les déterminer.
(1) Nous ferons observer que dans l'analyse du travail de M. Fritsch qui a été
puiiliée par le lionplandia du 1" août 1857, p. '227, il est question du thermomètre
mouillé (des nassen Thermomelers), tandis quo dans le (;omple-r<!ndu du même
travail fait par W comte Marsc.liall et publié en français par le journal Vliistitul,
uuinéroclu 30 septembre, il est parlé du lliernionièlrc non mouillé. Nous suivons
ici le texte allemand du B(mplamUn.
IIKVUK BIBLIOGnAI'IIIOLi:. 5A3
NOUVELLES.
— Le Journal of bot any de M. Hooker annonco, dans son cahier de sep-
tembre, (|ue M. Harvey à (|ni l'on doit déjà l'ouvrage intitulé n The Gê-
nera of South African Plants » {Les genres de plantes de r Afrique aus-
trale), publié au cap de lionne espérance, en 1838, se propose de publier
une Flore complète de l'extrémité méridionale de l'Afrique, portion du
globe remarquable entre toutes par la variété et la spécialité de ses pro-
ductions végétales. Aussi le journal anglais invite-t-il tous ceux qui pos-
sèdent des plantes du Cap à les communiquer a M. Harvcy (D' Harvey,
professer of botany, Trinity collège, Dublin), afin de contribuer à rendre
l'ouvrage dont s'occupe ce savant botaniste aussi complet que possible.
— Le Botanische Zeitung avait annoncé, dans son numéro du 17 juil-
let dernier, i\\.\Q M. Charles Morren venait de mourir et (fue son fils
M. Edouard Morren lui avait succédé comme professeur de l;otanique et
d'agriculture et comme directeur du jardin botanique de l'Univeisité de
Liège. Cette nouvelle avait été reproduite par le Bulletin de la So-
ciété botanique de France (5*^ cahier de 1857, p. /432), ainsi que par le
Bonplandia. Heureusement elle était sans fondement: en effet, le même
journal allemand, dans son numéro du 28 août dernier, rectifie sa première
annonce en se basant sur une lettre écrite le 18 août par ]M. Ed. Morren
qui dit que M. Ch. Morren a été dangereusement malade, n»ais que son état
s'améliore de jour en jour et que déjà sa vie n'est nullement en dangei'.
— Le gouvernement anglais étant sur le point d'envoyer en cadeau à
l'empereur du Japon un tiès bel yacht ù vapt'ur, M. Hooker a pensé que
ce pouvait être une excellente occasion pour faire pénétrer un botaniste
collecteur dans cet empire dont la Flore est encore fort imparfaitement
connue. Le savant et zilé directeur de Kew a dès lors présenté aux lords
de l'Amirauté un mémoire dans lequel il faisait ressortir les avantages qui
résulteraient d'une exploration de l'intérieur de ces îles qui nous ont déjà
donné un assez grand nombre de plantes ornementales ou utiles et qui nous
en promettent encore bien davantage. Sa demande d'envoi d'un botaniste
a été parfaitement accueillie; une somme de 800 livres sterling (20,000 fr.)
a été allouée pour cet objet, el M. Charles Wilford , (|ui était attaché de-
puis deux ans à l'herbier de Kew, a été chargé de cette importante entre-
prise. Le 2 du mois de mai deinier il s'est embarqué pour Hong-Kong, où
il séjournera et herborisera jusqu'à ce que le navire envoyé à l'empereur
du Japon arrive d'Iùuope et le prenne à son bord. Il a été même décidé
qu'il aurait la faculté d'aller explorer la côte orientale de la Tartarie qui
s'étend entre le détroit de Corée et l'embouchure de l'Amour, pays d'au-
tant plus intéressant qu'il est presque entièrement inconnu sous le rapport
bhh SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
botanique. M. Wilford y sera transporté par le navire de la marine britan-
nique VActéon, qui est chargé en ce moment de visiter la côte.
— Une nouvelle d'un haut intérêt est donnée avec de longs détails dans
le Journal ofbotany de M. Hooker. IM. Grisebach, le savant botaniste alle-
mand à qui l'on doit la Flore de la Roiimélie et beaucoup d'autres écrits
importants , désirait publier une Flore des colonies anglaises des Indes-
Occidentales; mais il était arrêté dans l'exécution de ce projet par les frais
que devait entraîner la publication de cet important ouvrage, frais assez
considérables, à ce qu'il parait, poui- effrayer les libraires qui n'espéraient
pas les couvrir par la seule vente du livre. Toujours désireux de con-
tribuer aux progrès d'une science pour laquelle il a tant fait lui-même,
M. W. Hooker a demandé au gouvernement anglais qu'il vouliit bien con-
sacrer une somme de 300 livres sterling (7,500 fr.) à l'impression de l'ouvrage
de M. Grisebach. Sa demande a été parfaitement accueillie et il a été dé-
cidé qu'une Plore des colonies anglaises des Indes- Occidentales, par le
savant allemand, sera publiée en deux volumes iu-8° d'environ 500 pages
chacun, aux frais du gouvernement anglais.
A ce propos , IM. W. Hooker fait observer, avec juste raison, que le
gouvernement de la Grande-Bretagne saisit toutes les occasions pour hâter
les progrès de la botanique en prêtant son puissant et généreux appui aux
hommes qui font de cette science l'objet de leurs études assidues.
— M. Criiger, botaniste allemand que ses études ont fait connaître avan-
tageusen;ent, vient de rentrer en Europe après un séjour de seize années
dans l'ile de la Trinité. Divers mémoires, publiés depuis quelques années
dans les journaux botaniques de l'Allemagne, ont prouvé que cet habile ob-
servateur utilisait foi't bien le temps (|u'il passait dans un pays remarqua-
ble par sa belle végétation tropicale. Mais il n'est pas douteux que, rentré
en Europe, il ne publie bientôt des travaux plus importants encore, basés
sur ses observations fort nombreuses, à ce qu'il parait, puisque, dit le lio)i-
plandia , il a fait à la Trinité beaucoup de recherches botaniques. (... hal
dort sehr viel boianisirt) .
— M. de Schlechtendal annonce dans le Botanischc Zeitung du 10 juillet
dernier, que la collection d'environ 1200 espèces, formée à Suiinam par
Keo^el, n'ayant pas encore trouvé d'acheteur, est offerte pour le prix de
00 thalers (225 fr.). La détermination de la plupart de ces plantes se
trouve dans le Linnœa. On met également en vente un herbier de plus de
^000 espèces cultivées, laissé aussi par Ivegel et dont le prix est fixé à
20 thalers (75 fr.).
— La collection de Lichens de FIoIonn \ieut d'être achetée par l'herbier
roval de Berlin.
P.iiis. - Im|iriiiierio de L. SIautiket, nie Mignon, 2.
SOClirrÉ BOTAiNlQUE
DE FRANCE.
SESSION EXTRAOliniNAlUi: A I\IONTPELLIEU
EN JUIN 1857.
La Sociélè, conroniiôment à la décision prise par elle dans sa
séance du 13 mars dernier, s'est réunie en session extraordinaire, à
Montpellier, le 8 juin.
Les autres séances ont eu lieu les 10, 12 et 16 juin,.
Du 8 au 15 juin, des herborisations et des visites aux établisse-
ments scientitiques ont eu lieu chaque jour, d'après le programme
arrêté dans la première séance (voyez p. 558).
Les membres de la Société qui ont pris part à ces diverses réu-
nions sont :
MM. Banandon.
Boisdnval.
Boiulel.
Caroii (lui.).
Clialin.
Cosson.
Cramer.
Danacq.
Deinoi;cl.
Derbôs.
Donmct (E.).
Diiby.
Ducoiidray-L'oiirgaiill.
Diihamol.
Diirieii de MaisoDiieuve.
Espagne.
Forge t (E.).
Foiirnicr (E.).
Foiunier (H.).
Foville (A. de).
Gay (J.).
Germain de Sl.-i'ierre.
Giraiidy.
T. IV.
Ai M. Grœiiiand.
Gros.
Giiillard.
Guilloii.
Giiilloleaux-Vatel.
Jaiiberl (le comte).
Jeanbernat,
.Iiinquel.
kralik.
Lacroix (Fr.).
La g range.
Laporte.
Laranibergue (U. de).
Leclère.
Le Couppey.
Lespinasse.
Lèvent.
Maillard.
Marcellin.
M ares (P.).
Martin (A.-B.).
Marlins (Cli.).
MM. Marlrin - Donos ( le
comte de).
Mangin (A.).
Maugin (G.).
Morize.
Penaudière (H. de la).
Peu jade.
Planchon (J.-E.).
f'ommaret (E. de).
Salait.
Scbcenefeld (W. de).
Seynes (J. de).
Suckan (E. de).
Tcliiliatchef (P. de).
Tbibesard.
Tliéveneaii.
Timbal-Lagrave,
Tisseur.
Twezkiewicz (D.).
Vallon.
Vigineix.
Zanélidès.
35
5/i6 SOCIÉTÉ BOTANiyL'E 1)15 FRANCE.
Knvii'oii 150 élèves des FamUêsde médecine et des sciences (ainsi
que des Ecoles de pharmacie) de Paris, Strasbourg, Bordeaux, Tou-
louse et Montpellier, se sont joints à la Société.
IMusieurs membres de la Société cntomologique de France (1),qui
tenait aussi une session extraordinaire à Montpellier, ont assisté à
quelques-unes des séances.
Enfin, un grand nombre de personnes habitant Montpellier ou les
environs ont pris part aux divers travaux de la session. Parmi
elles nous citerons :
MM. BÉCHAMP, professeur à la Faculté de médecine.
Bkrard, doyen de la Faculté de médecine.
BÉRARD (Paul).
BiMAR (Aug.).
Blanc (Paulin), bibliothécaire au Musée-Fabre.
Blondin, receveur général.
Blouquier, juge au Tribunal de commerce.
BouHiN (Nicolas;, contrôleur des contributions indirectes a Cette.
BouRDEL, agrégé à la Faculté de médecine.
Crassous, commandant de l'École du Génie.
Crouzet (Aug.), docteur en médecine.
DiRARD, membre de la Société archéologique.
Donné (Al.), recteur de PAcadémie.
DouMET (Napoléon), membre de la Société archéologique, à Celle.
Dumas (Isidore), professeur à la T'aculté de médecine.
DupRÉ, professeur à la Faculté de médecine.
EsTOR, interne à riiôpilal Saint-Éioy.
Fabrège, propriétaire, à Maguelonne.
Farel (Eug.).
Fef.rier, avoué, adjoint au maire.
Germain, professeur à la Faculté des lettres.
Gervais (l'aul), doyen de la Faculté des sciences.
GlRBAL, agrégé à la Faculté de médecine.
Gordon (Rich.), docteur en médecine.
GUIRAULT.
Itier, directeur des douanes.
Jacquemet, agrégé à la Facullé de médecine.
Jeannel, professeur à la Faculté des lettres.
Jeax\nel (Julien).
Laurens, secrétaire de la Faculté de médecine.
(1) Entre autres, MM. Bellier de la Chavigneric, président ; Léon Fairmairc,
secrétaire; le docteur Aube, lîoiVidieu , liruand , Cussac , Delamain , Doué,
l'crris, etc.
SESSION lAir.AOKUlN.VllU': A MoNTI'KLLIl.r. KS ,11'IIS 1857. 5^7
MM. liicHTENSTEiN, aiicicii iidgocianl.
LoiîDAT, piofcsseur à la Faciilt<; de inédcciiic.
LuTTiAM), pliiirmacieii.
xMarès (IJeiiri), membre du Conseil général de riléraiilt.
Pagézy (.Jules), maire de Montpellier.
Pascoe (de Londres), membre de plusieurs Sociétés savantes.
PÉciiOLLiKR, agrégé à la Faculté de médecine.
Pharamond, secrétaire de la mairie.
Planchon (Gustave).
POUTINGON, avocat, adjoint au maire.
PouziN, directeur de l'École de pharmacie.
llENOuviER (Jules).
Ricard, secrétaire de la Société archéologique.
Sabatier, aide-anatomisie.
Saint-Pierre (Camille), docteur en médecine.
Saint-René-Taillaindier, professeur à la Faculté des lettres.
Thomas, archiviste.
ToDCHY (Aimant), docteur en médecine, conservateur deî; collections bota-
niques au Jardin des plantes.
ViANÈs, notaire.
ViARD, professeur à la Faculté des sciences.
Westphal-Castelnau père, consul des Villes anséatiques.
Westphal-Castelnau (Alfred), consul de Bavière.
Westphal-Castelnau ((îaston), etc., etc.
ISKAUCE nV 8 JIIIIV 1859.
La Société se réunit à Montpellier, à dix heures et demie du nitalin,
dans la salle des concerts, que l'administration municipale a bien
voulu mettre à sa disposition pour toute la durée de la session ex-
traordinaire.
M. J. Pagézy, maire de la ville, procède à l'installation de la So-
ciété en prononçant le discours suivant :
Messieurs,
.le suis heureux d'être auprès de vous l'Interprète des sentiments de la
population de ]>ronlpelIier, en vous faisant coiinaitre le noble orgueil (prellc
éprouve de voir réunis dans ses tnurs tant d'honnnes éniineiils, tant d'amis
sincères de la botanique.
5/18 SOCIÉTÉ uoiAM^Lii hK fk.\m:i:.
Votre Société, IMessieurs, doit avoir et a toutes les sympathies d'une
vi le qui a toujours mis sa principale gloire dans ses établissements scien-
tifiques.
Aussi , Messieurs, vous ne trouverez pas seulement, sous ce beau climat,
une flore souvent exceptionnelle , vous y serez entourés de souvenirs
d'hommes dont les noms sont chers à la science que vous cultivez : Richer
de Believal, Magnol , Gouan, Broussonnet, De Candolle, Delile, Auguste
de St-Hilaire, Dunal ont créé ou agrandi notre Jardin botanique; ils ont
formé ou enrichi ces collections précieuses que vous voudrez visiter. Vous
vous trouverez ici, Messieurs, en présence de savants, leurs dignes émules,
et de jeunes gens studieux partageant vos goûts et vos sentiments ; ils se-
ront heuieux de vous servir de guides sur ces terrains qu'ils ont tant de
fois explorés, et d'y puiser de nouveaux enseignements en s'éclairant de vos
lumières.
L'administration municipale de Montpellier s'associe avec bonheur à
votre œuvre scientifique: vous pouvez compter. Messieurs, sur son concours
le plus dévoué. La bibliothèque de la ville et le musée seront ouverts pen-
dant toute !a durée de votre session, et je m'empresserai de mettre à la
disposition de votre Bureau les employés municipaux qui pourront lui être
utiles.
Je regrette , Messieurs, que la constitution de votre Société ne nous per-
mette pas de vous conserver longtemps au milieu de nous, ou ne nous
laisse pas au moins l'espérance de vous y revoir bientôt; tous les habitants
de Montpellier auraient été fiers et heureux de continuer les bons rapports
qui vont s'établir entre nous.
Mais, si nous devons renoncei' au plaisir de vous posséder de longtemps,
soyez assurés, Messieurs, que la Société Botanique ne nous sera jamais
étrangèi-e, et que nous \ie pouvons plus l'oublier ; elle a acquis à i\[ontpcliier
le droit de cité. Aussi, Messieurs, nous ne cesserons de porter le plus vif
intérêt à vos travaux et de les suivre de tous nos vœux.
Puissiez-vous, JMessieurs, vous lappeler d'avoir trouvé parmi nous une
cordiale hospitalité ! puisslez-vous conserver un souvenir agréable de votre
session à Montpellier! Voilà le but que nous voudrions atteindre.
En l'absence de M. iMo(iuiM-Tandon, président de la Société, M. le
comte Jaubert, vice-président, occupe le fauteuil. Il est assisté de
MM. E. Cosson, secrétaire, et de Schoeneleld, vice-secrétaire.
M. le Président remercie M. le Maire et exprime la reconnais-
sance de la Société pour l'excellent accueil ([uc l'eidministralion
iiuniinpale de -Montpellier a bien vduIu lui l'aire. Les UKMnbres pré-
SKSSION KXTUAOHIUNAIKI': A M()NTI>Kf,Lir,i; KN .llIN 1857. 5/|9
seuls coiirnniciil, ces rcniercÎMiciils pur dos applaudissiMni-'iiLs
tmaiiimes.
M. le Prt'sidont proiioncc onsuite le distours siuvaiit :
DISCOURS DR M, le comte .litlIBUKT.
Messieurs ,
Eu l'absence l'oit regrettable de notre président , M. Moquin-Tandon ,
retenu à Paris par les devoirs du professorat, et qui m'a chargé de vous
dire eond)ieu il eût été heureux de se trouver aujourd'hui parmi vous, je
suis appelé par votre règlement à l'honneur d'ouvrir, sous les auspices de
l'administration publique, votre session extraordinaire.
Avant de céder le fauteuil à celui de nos confrères que vous élirez pour
présider à vos travaux, permettez-moi de vous présenter quelques réflexions
sur cette solennité, et d'abord de me féliciter avec le Bureau de la Société
de ce qu'un si grand nombre de botanistes de la France et de l'Étranger ont
répondu à notre invitation, Grâces en soient rendues aussi à la bienveillance
éclairée des Compagnies de chemins de fer, qui nous ont facilité, par de
notables réductions sur leurs tarifs, l'accès de ce rendez-vous à 840 kilo-
mètres de l'aris. 11 n'y a pas encore bien longtemps qu'une des lignes que
nous venons de parcourir, celle de Nimes à Montpellier, existait seule
dans ces contrées, comme un jalon planté dans le champ de l'avenir, A
cette époque, les entreprises de chemins de fer étaient rares et chance-
lantes : vous m'excuserez. Messieurs, de revendiquer pour celle de Mont-
pellier la date de 18/iO. Le voilà donc réalisé, dans sa plus large extension,
le plan d'herborisations que nous avions formé autrefois avec Adrien de
Jussieu (1). Aujourd'hui, dans toutes les directions, ou peu s'en faut, le
wagon rapide est à la portée de chacun de nous; les explorations lointaines
ne sont guère moins abordables que ne l'étaient jadis, pour les botanistes de
Paris, celles d' Ermenonville ou de Saint-Léger.
L'année dernière, M. Antoine Passy, un de nos fondateurs, conduisait
la Société en Auvergne et la remettait entre les mains du savant qui s'est
signalé par de si grands travaux sur le plateau central de la France, Notre
bulletin a donné une peinture animée de cette campagne botanique. Nous
avons vu la troupe de M, Lecoq, tantôt s'avançant dans la Limagne comme
une rangée de moissonneurs diligents qui ne laissait rien à glaner derrière
elle, tantôt lancée par son chef sur le flanc des montagnes; le Puy-de-
Dôme et le Mont-Dore étaient pris d'assaut, et notre drapeau était arboré
(1) Sur l'enseignement de la botanique, 2' édition, p. 18, Paris, imp. Marlinet,
1857; voyez aussi h\ Bof<ini(iit(' à r Exposition nirirrrselle, p. 16, lAiris, imp.
C.li.iix, 1S55.
550 SOCIÉTÉ BOTANIQUK DE FRANCE.
par le docteur Nylander au plus liant des roches dénudées et battues par
les vents qui dominent le Val d'Enfer, station favorite des Lichens.
La terre classique de Montpellier nous promet des jouissances qui ne le
céderont en rien aux premières: c'est au sein de cette Faculté célèhre que
la botanique, étrangère, en tant que science d'observation méthodique, au
génie de l'antiquité, étouffée durant le moyen âge sous le fatras d'une vaine
érudition, éveillée enfin au souffle fécondant de la Renaissance, a commencé
à se former en corps de doctrine et à être régulièrement enseignée. Depuis
le jour où le flambeau de la science a été allumé dans cette contrée, il n'a
pas cessé d'y répandre le plus vif éclat. L'histoire des établissements d'in-
struction de Montpellier, à laquelle MM. Martins et Planchon ont ajouté
récemment une foule de documents intéressants, prouve qu'à aucune épo-
que, cette ville n'a manqué d'hommes d'un grand mérite pour y cultiver
et y professer la botanique, soit qu'ils y fussent nés, soit ((u'ils y eussent
été attirés par son heureux climat, par l'agrément de la société et par les
ressources de tout genre qui s'offrent à l'étude de la nature.
Dès le commencement du xvi* siècle, Montpellier était comme un lieu
d'initiation pour les naturalistes de toute l'Europe. L'Allemand Fuchs était
venu y puiser son instruction, lui qui le premier renonça à commenter les
Anciens pour se livrer à l'observation directe de la nature et éclaircit ses
descriptions de plantes par des gravures sur bois. Vers le même temps,
Rondelet y avait inauguré un enseignement régulier ; il n'a rien publié,
mais pour juger de ses talents , il suffit de nommer les élèves sortis de son
école, Lobel,Rauwolf, Ch. de l'Écluse, J. Bauhin. Dalechamp, etc. En 1596,
Richer de Belleval fonde le Jardin botanique, trente ans avant que Guy de
la Brosse eût ouvert celui de Paris. Magnol, né à Montpellier en 1638,
pressent l'établissement des familles végétales, comme l'atteste un passage
curieux de son Prodrome cité par M. Martins, et donne une Flore de
Montpellier. Elle sera perfectionnée plus tard par Sauvages, né à Alais, ami
de Linné, qui forma aussi d'excellents élèves, entre autres Cusson, mono-
graphe des Ombellifères, et dont Vicq-d'Azyr a fait l'éloge. Gouan, né à
Montpellier en 1733, correspondant de Linné, a rendu aussi de grands
services à la science; à la fin de sa longue carrière, nous avons eu le bon-
heur de saluer ce vieillard vénérable, et nous gardons précieusement dans
notre herbier, comme des reliques, les plantes qu'il nous a fait cueillir de-
vant lui dans son jardin, Lilium pyrenaicum et Saxifraga sarmentom ; elles
portent la date du 1" juin 1821. Un herbier n'est pas seulement une col-
lection de formes végétales classées avec art; c'est aussi un recueil de sou-
venirs. Nos maîtres, nos amis y sont en quelque Sorte représentés; les évé-
nements divers de notre existence, et jusqu'à nos pensées d'autrefois y ont
déposé leur trace: delà ce charme mélancolique qui s'empare de nous,
lorsqu'au déclin de l'âge nous compulsons ces annales intime!-.
SESSION EXTRAORDINAinK A MONTl'ELFJr: U EN .ICIM 1857. 551
Vers la lin du cU-niicr siècle, Bi-otissoniicl, ne a Monlpcllicr, est nommé
à vinj^t-quatic ans membre de l'Ac-idémie des Sciences et a l'unanimité des
voix, exemple unique dans les annales de cette illustre eompaunie. De
Candolle, que Genève nous a repris trop tôt, a composé ici même sa Théorie
élémentaire; son nom est inséparable de l'École de IMontpellier. Puis sont
venus Delile, associé aux travaux de la Commission d'Éjiypte, observateur
ardent et sagace . Duual , élevé favori de De Candolle, et loué par M. Plau-
chon, son babile successeur, d'une manière a la fois magistrale et atta-
chante. Duna! est l'auteur de la théorie des dédoublements , confirmative
de l'ordre symétrique dans les organes floraux, développée plus tard par
M. Moquin-Tandon et par Auguste de Saint-Hilaire. Notre honorable
président l'a reconnu dans un récit qui peut servir de pendant à un petit
chef-d'œuvre de M. Biot, intitulé Une Anecdote sur M. de Laplace. Nous
venons de citer Auguste de St-Hilaire: ce botaniste de premier ordre ap-
partient aussi à Montpellier par l'amitié qui l'unissait à Dunal , par les
séjours prolongés qu'il a faits dans le pays et dont il a perpétué le souvenir
en léguant à la Bibliothèque-Fabre la collection de ses livres scientifiques.
Un éloge reste à faire, celui de Requien, d'Avignon, intimement uni aux
disciples de De Candolle, Requien, un de ces naturalistes éminents qui
n'ont laissé que peu ou point d'écrits, mais dont l'autorité était oénéra-
lement reconnue et qui ont eu sur les progrès de la science une influence
marquée. « Leur maison, avons-nous dit ailleurs (1), était toujours ouverte
» au naturaliste en tournée, hospitalité cordiale dont nous avons «^oûté les
» charmes dans notre jeunesse, aimables patrons des débutants, prodigues
» pour eux de leur temps et de leurs conseils, généreux distributeurs de
» leurs récoltes , correspondants infatigables. » Enfant de Montpellier,
élève de Dunal et ami de Requien, notre président, M. Moquin-Tandon,
soutient dignement l'honneur de la tradition, et plus que nous, sans aucun
doute, il aurait été apte à vous recevoir sur le théâtre de ses premiers
succès.
lu) tête de la brillante série que nous venons de parcourir, nous aurions
dû placer, ne fût-ce que dans l'ordre des dates, un homme extraordinaire,
d'un savoir universel pour l'époque où il vécut, un des plus grands écri-
vains de la langue française, qui, un des premiers en Kurope, mérita le
nom de botaniste, une des gloires de cette École; vous avez nommé Ra-
belais. Vous verrez son portrait placé honorablement dans la galerie de
la Faculté; et jusque dans ces derniers temps, l'usage voulait qu'à la suite
des épreuves du doctorat , sa robe fût endossée par les récipieiidiaires
comme si, par une vertu merveilleuse, elle avait dû opérer en eux une
sorte de transfusion scientifique. Des contes apocryphes sur sa vie, des iu-
(1) Notice sur Boivin (Bail de la Soc. hnt., t. I, p. ^226).
552 SOCIÉTÉ BOTANIQL'I': DK FRANCE.
gemeiits supcrfieicls sur ses 0iivr;igps n'ont que trop accrédité l'opiiiiDU
qu'il n'y avait en lui qu'un bouffon de génie. Des critiques moroses lui
ont fait un crime de certaines plaisanteries que le goût du temps, moins
délicat que le nôtre, ne réprouvait pas ; d'ailleurs, Rabelais n'a-t-il pas pris
soin de dire lui-même qu'il n'avait composé son livre qu'en buvant et
mangeant, afin à.' amuser ses malades? Pour ceux dont il s'agissait de déso-
piler la rate , le remède était souverain, et le bienfait s'en est étendu jus-
qu'à la postérité. On a travesti aussi en contempteur des choses saintes,
ce devancier de Molière dans la guerre du bon sens contre les pédants , et
Ton est allé jusqu'à inventer dans sa vie une scène finale d'impénitenee et
de blasphème qui déslionorerait en effet sa mémoire. Il était réservé à ses
derniers éditeurs, MM. Rathery et Burgaud des Marets (1), de réhabili-
ter son caractère moral, de l'exonérer des contes ridicules ou odieux que
la légende mêle toujours à l'histoire des hommes célèbres. Ces savants
éditeurs démontreront que le cinquième livre du Pantagruel, le plus in-
criminé, ne doit lui être attribué qu'en partie. Cette grande figure nous
apparaît enfin dans son véritable jour, et notre estime pour la persoime met
à l'aise notre admiration pour l'écrivain.
Que Rabelais, au jugement de ses contemporains, ait passé pour un des
hommes les plus doctes de son temps, cela n'est pas douteux; mais qu'il
le fût surtout comme botaniste, c'est ce qui n'a pas été assez remarqué.
A la vérité. De Candolle avait, dans une note de sa Théorie élémentaire,
constaté que Rabelais avait devancé tous les autres écrivains dans sa disser-
tation en forme sur l'origine des noms de plantes , à l'occasion de son
Pantagruclion (le Chanvre); mais De Candolle qui, dans l'ouvrage précité,
a si bien défini le style botanique, a laissé à un de nos confrères, feu M. Faye,
conseiller à la cour de Poitiers, le mérite d'une seconde remarque, a savoir
que, pour la même plante, Rabelais était aussi le premier qui eût donné,
jusqu'aux détails de l'oiganogiaphie exclusivement et à cela près de l'in-
terversion des sexes suivant l'opinion vulgaire, l'exemple d'une description
méthodique que les maitres de la science moderne ne désavoueraient pas.
De plus, la description est assaisonnée d'une spirituelle ironie sur la cré-
dulité des Anciens au sujet des piopriétés des plantes. Que l'on compare
ces passages aux plus anciens ouvrages sur la botanique, imprimés vers
la même époque, à ceux de Leonicenus De Plinii crvoribus en 1532, d'Otto
Brunfels en 1533 (car il ne faut pas compter l'O/Yî^s sanz^a^^s de Jacques
de Doudis), et l'on verra combien Rabelais leur était supérieur.
(1) Œuvres de Rabelais, coliationnées pour la preniit-re fois sur les éditions ori-
ginales, acconipaj^nées de notes nouvelles et ramenées à inio orliio^M-.iphc qui faci-
lite la leclnrc, hioii que choisie exclusivement dans les anciens lexlos. 1" volume,
l'aris, nidol, 1857.
SESSIOÎS KXTr.VdlillLNMllK A MONTPRLIJF.It KN .ICIN 1807. fjoS
Son «ïoût pour hi bot;ni!(|U(' paiait avoir pris ii:iissiiiic'e dans l'aLiréablc
retraite de l.igugé, sur les bords du Ciain, que lui avait ouverte son a;iii,
Geoffroy d'Kstissac, évèque de Maillezais; lors([ue nous visitions dernière-
ment cette contrée, remarquable aussi sous le rapport de la géologie, à deux
pas du chemin de fer de Poitiers à Angoulême, nous aimions à évoquer
Rabelais herborisant dans les mêmes lieux. C'était aussi pour les jardins de
Ligugé que, plus tard, il rapportait d'Italie des fleurs et des légumes. Sui-
vant un de ses biograplies, Colietet, « la science des choses naturelles étant
ù celle qui revenait le plus à son humeur, il résolut de s'y appliquer en-
» tièrement, et à cet effet il s'en alla droit à ^lontpellier ; » c'était en 1530.
Tout porte à croire que non-seulement la flore de Montpellier lui devint
bientôt familière, mais qu'il poussa ses excursions jusqu'aux extrémités du
Languedoc et de la Provence, par exemple aux îles d'Hyères, pour lesquelles
il montre, à diverses reprises, une prédilection marquée, tellement qu'il
s'intitule caloyer des iles d'Hyères (1). 11 y avait rêvé, sans doute, à la fa-
veur de quelque petit bénéfice ecclésiastique, un asile où il pût, comme on
le lui permit depuis à Meudon, se livrer à ses études. Ses nouveaux édi-
teurs font remarquer, en outre, que Jean de Nostradamus, frère de l'astro-
logue, qu'on croit avoir étudié à Montpellier avec Rabelais, prenait aussi,
dans ses Centuries analogues aux Fanfreluches antidatées de Rabelais, le
titre de moine des îles d'Hyères.
Ce que l'on ignore généralement, c'est que, dès son arrivée à Montpellier,
Rabelais avait marqué sa place comme botaniste, dans une argumentation
publique qui ravit d'admiration la Faculté tout entière et les assistants.
Le fait est mentionné par M. Faye, d'après M. Paul Lacroix, sans qu'ils y
aient l'un et l'autre attaché une importance suffisante; mais comme ce fait
avait été précédemment contesté par Basnage, en 1669, et, après lui, en
1827,par M. Kuehnhoitz.bibiothécaire de la Faculté, ilyavaitquelqueintérèt
à remonter aux sources. Or, l'anecdote est extraite d'un manuscrit de la
Ribliothèque impériale, n" 870/i, écrit en fort bon latin par Antoine Leroy,
retiré b. Meudon après les barricades de 16^8, neveu on petit-neveu de
Nicolas Leroy , qui fut , avec Rabelais , au service du cardinal Du
Bellay, ambassadeur à Rome du roi François 1"; ces témoins sont assu-
rément dignes de foi. Leur récit représente Rabelais entrant avec la
foule des auditeurs dans la salle de la Faculté, pour entendre une thèse
De herbis et plantis médicinal ibus , et décrit les signes d'impatience
qu'il ne peut s'empêcher de donner, cinn frigide nimis de tantà re
dissertum sibi videretur. Le doyen s'en aperçoit, et sur la bonne mine de
Rabelais, ob personœ jnajesfatem ac specieni doctoratu dignant, le fait in-
viter par l'appariteur à prendre place parmi les argumentateurs. Rabelais
(1) C,arfj(ivtii(i,\i\. [If,cliap. 50.
bbh SOCIÉTÉ BOTANIQUE DK FHANCE.
s'excuse d'abord modestement; mais la lutte s'engage, il prend la parole
et la porte avec tant de succès que l'enlhousiastne des auditeurs est à son
comble, et ub omnibus swnnto cwn plaimi conclavmlwa sit euni doctoris
diynitate dignandum. Cette dernière phrase, interprétée dans le sens d'une
promotion immédiate de Rabelais au titre de docteur, a causé Teneur de
BasnageetcelledeM. Kuehnholt/; ils ont trouvésur lesregistresdelaFaculté
les dates suivantes en regard du nom de Rabelais: élève en 1530 le 16
septembre, sous le patronage du révérend Jean Schyron maître ès-arts et
professeur de médecine; bachelier le 1'' novembre de la même année;
docteur le 25 mai 1537; et ils ont conclu du rapprochement de ces dates
que le fait même de iadissertation était controuvé: nous le maintenons
comme un des plus piquants souvenirs de cette École, Rabelais , dès les
premiers jours de son apparition à Montpellier, a donc été, non pas pourvu
du doctorat par dérogation aux règles de la Faculté, mais il en a été pro-
clamé digne, dignandus, par cette voix commune dont ,\Jolière nous fait
entendre l'écho burlesque dans son Malade imaginaire, mais qui cette fois
était un hommage mérité.
Chacun des grands botanistes de Montpellier avait eu l'honneur, trop
pi'odigué peut-être de nos jours, de donner son nom à un genre de plantes;
Magnolia, Sauvagesia, Gouania, etc. Rabelais seul avait été oublié jusqu'en
18/j5: m. Planc'bon acquitta alors la dette de la science, en dédiant au
grand botaniste de 1530 une belle plante des iles Philippines, qu'il nomma
Rabelaisia philippensis (1). Mais comme s'il était dans la destinée de
Rabelais d'être toujours méconnu, ni Endiicher, ni Walpers, ni même
M. Wittstein, dans son Dictionnaire étymologique de 185i, ne font mention
de cette dédicace. Nous demandons que le Rabelaisia soit cultivé religieu-
sement dans les serres du Jardin de Montpellier.
Apprêtons-nous donc, ÎNlcssieurs, à suivre les traces que Rabelais a
laissées dans cette contrée, d'autant que, dans son système pédagogique, il
n'a pas manqué de comprendre les préceptes d'une bonne herborisation. Son
héros s'éveillait (ne l'oublions pas) à environ quatre heures du matin:
« Et, passans par quelques prés ou autres lieux herbus visitoient les arbres
I) et plantes, les coiiférens avec les livres des Anciens qui en ont escrit...
» et en emportoient leurs pleines mains au logis ; desquelles avoit la charge
» un jeune page nommé Rhizotome ; ensemble des marrochons, des pio-
» ches, cerfouettes, bêches, tranches et autres instruments, requis à bien
» arborizer (2). »
Votre Bureau, Messieurs, vous soumettra tout a l'heure le programme
des courses principales, et pour ainsi dire obligatoires pour le botaniste,
(1) UookQï, Journal of botany, t. IV, p. 519, t.ii). 17 d 18. I.ondon,
(2) Ganjanlua, liv. I, chap. 23.
SESSION EXTRAOUDINAIUI-: A MONTPELLIEK EN JUIN 1857. 555
dans ces environs. Au plus près, le Port-Juvénal et les fameux Prés aux
laines, sortes de jardins botaniciuos, où, grâce aux moyens de dissémi-
nation que le commerce ajoute à ceux de la nature, une foule de plantes
de l'Orient, de l'Afrique et de l'Amérique se trouvent rassemblées; un bien
petit nombre pourtant se sont vraiment naturalisées, entre autres, l'Ono-
portion vinms, et, dans les eaux du Lez, le Jussiwa (j/'andi/loni. Delile avait
réuni beaucoup de matériaux pour une Flore du Port-Juvénal: M. Godron
l'a achevée en 185^. Tout autour de la ville, les champs et les garrigues,
si riches en espèces monspessulanes, à ravir d'aise le botaniste du nord,
subitement transporté dans le midi; — Gramont, locus mirabili planta-
rum varietate jucundus, a dit Linné (1) ; — Maguelonne et ses plages abon-
dant en espèces maritimes, où vous aurez peut-être la bonne fortune de ren-
contrer un de ces beaux phénomènes de mirage, qu'un académicien de
Montpellier, M. Parés, mon ancien collègue à la Chambre des députés, a si
habilement décrits. Maguelonne, chère au botaniste, l'est aussi au philolo-
gue, pour avoir inspiré à M. Moquln-Tandon l'ingénieuse fiction qui a servi
de cadre à ses études sur la langue des troubadours (2). Chemin faisant,
vous récolterez dans les eaux saumâtres de Pérols une Naïadée rare, VAl-
thenia filiformis, dont la découverte et la description originaire appartien-
nent à Delile, ainsi que le constatent les échantillons et les notes de son
herbier déposé au Jardin des Plantes. A l'ouest, Cette et sa montagne, que
plusieurs d'entre vous ont côtoyée hier; Agde et ses roches volcaniques, et
peut-être Narbonne, patrie des Cistus, et Sainte-Lucie, patrie des Statice.
Nous n'y trouverons plus, hélas! pour nous guider, ni De Girard, ni notre
confrère De Lort-Mialhe, qui nous faisait, il y a trois ans à peine, les
honneurs de cette flore exceptionnelle. L'Espérou, comme herborisation de
montagne, est un point intéressant, mais éloigné : Saint-Guilhem-du-Désert
et le Pic de Saint-Loup, qui redresse si près de nous à l'horizon ses couches
calcaires à 659 mètres au-dessus de la mer (3), vous dédommageront en
grande partie.
Dans ce beau climat, les chances de mauvais temps, surtout dans cette
saison, sont rares; aussi lorsque, parmi les moyens que Rabelais conseillait
pour employer le temps quand l'air estoit pluvieux, vous en choisirez d'as-
sortis à l'objet de cette session, le ferez-vous de votre plein gré ; « et, au
1) lieu d'arboriser, visitoieut les boutiques des drogueurs, herbiers et apo-
» Ihycaires, et soigneusement considéroient les fruicts, racines, feuilles,
(1) Amœnitates Academicœ, t. IV, p. /i7'2.
(2) Carya magalonensis Ott Noyer de Maguelonne, 2« édit., Montpellier et Tou-
louse, iSlik.
(3) Explication de la carte géologique de France, par MM. Élie de Beaumonl
el Dufrc'noy, t. Il, p. 709 etsniv.
556 SOCIÉTÉ BOTANIQIE DE FRANCE.
» gommes, semences, axuiigcs peregrines, ensemble aussi comment on les
» adulteroit (1). » Dans les intervalles des séances que vous tiendrez, soit
sur le terrain de l'herborisation, soit dans cette enceinte, les divers établis-
sements d'instruction de Montpellier, mis obligeamment à votre disposition
par les savants qui les dirigent, offriront à vos travaux leur complément
nécessaire : le Jardin des Plantes, avant tout, qui, grâce à l'babile direc-
tion de M. iMartins, se maintient au niveau de son antique réputation; les
herbiers confiés aux soins de M. Touchy; le cabinet d'histoire naturelle
de la Faculté dos sciences, qui possède l'herbier de Salzmann et ses doubles,
riche matière à des échanges réciproquement profitables entre la Faculté
et les botanistes avec qui elle traiterait. Vous le voyez. Messieui-s, notre
temps sera bien employé, et nous regretterons qu'il soit si limité.
Il ne nous appartient pas de préjuger l'opinion que vous aurez à émet-
tre sur le choix à faire par le Conseil d'administration, entre les localités
qui se disputeront votre présence, pour la session extraordinaire de l'année
prochaine; mais nous avons entendu dire que les Vosges réuniraient un
grand nombre de suffrages : ce qu'il y a de certain, c'est que notre respec-
table doyen, M. le docteur Mougeot, nous y attend.
Encore quelques années, Messieurs, et les diverses régions botaniques de
la France auront participé aux avantages attachés à l'institution de nos
sessions extraordinaires. Ainsi se développera chaque jour de plus en plus,
dans notre patrie, le goût de la botanique, si profitable au point de vue
moral, pour ceux qui la cultivent. Ainsi se multiplieront de toutes parts
les recherches, les travaux utiles; bientôt notre Bulletin sera trop étroit
pour les contenir; mais les ressources de la Société s'augmentant avec son
activité, le moment sera venu d'entreprendre la publication spéciale de ses
Mémoires, impatiemment attendue par nos jeunes savants. Un résultat plus
heureux encore de ces réunions, c'est de resserrer les liens à la l'ois doux
et solides qui unissent les membres de la famille des botanistes, si renom-
mée, à ce titre comme à tant d'autres, entre toutes celles que forme dans
le monde savant le goût de l'histoire naturelle.
Par suite des présentations faites dans la dernière séance ordi-
naire, tenue à Paris le 22 mai, M. le Président proelan>e l'admis-
sion de :
MM. SucKAU (Edouard de), licencié ès-leltres, rue d'IJim, /i5, à
Paris, présenté par MM. J. Gay et Moquin-Tandon.
Karr (Alpliotise), homme de lettres, à Nice (Etals Sardes),
présenté par MM. (îermain de Saint-Pierre vi d.- Sclioi?-
nefeld.
(I) Cdrijtnthiii, liv. (. clinp. '2'i.
SliSSION KXir.VUKIlliNAlKl'; A MOiNTl'IiLLIKU hiN .Il LN lcS57. 557
MM. Lacroix (Francisque), élève eu pli.uiuacie, rue deVtuiiiiranl,
62, à Paris, présenté par MM. riiatiu et de Scliœnefeld.
PiNKAU (Louis), étudiant en médeeine, rue Saint-Sulpice. 3(),
à Paris, présenté par MM. Bureau et Viaud-Grandmarais.
M. Cosson, secrétaire, donne lecture de la lettre suivante adressée
à M. le président de la Société :
Montpellier, 8 juin 1857.
Monsieur le Président,
Je viens vous remercier de la bienveillante attention que vous avez eue
de nous inviter, .MM. les membres de la Faculté et moi, à assister à vos
séances. Permettez-moi de vous otlVir, au nom de la Faculté tout entière,
la disposition des collections réunies dans notre musée. Mon collègue, M. le
professeur Planchon, se met plus particulièrement aux ordres de la Société
pour lui faire connaître nos herbiers.
Si quelqu'un de vos confrères avait des recherches à faire dans l'herbier
particulier de M. Dunal, je poiu'rais lui en donner la facilité, M'"" veuve
Dunal ayant eu la prévenance de m'y autoriser avant son départ.
Veuillez agréer, etc.
Le doyen de la Faculté des sciences^ Paul Gi-:rvais.
iM. de Scliœnefeld, vice-secrétaire, communique une lettre de
M. Derouet, de Tours , qui e.Kprime ses regrets de ne pouvoir se
rendre à Montpellier pour prendre part à la session.
En vertu de l'art. 11 des statuts, un Bureau spécial doit être
organisé par les membres présents, pour la durée de la session ex-
traordinaire. En conséquence, M. le Président propose à la Société
de nommer pour faire partie dudit Bureau :
Président.
M. Pierre de Tchihatchef, conseiller d'Etat actuel de S. M. l'empeieui'
de Russie, membre honoraire de l'Académie des sciences de
Berlin, etc.
Vice-présidents.
MM. Derbès, professeur à la Faculté des sciences de Marseille;
Doumet, maire de Cette, député au Corps législatif;
Durieu de Maisonneuve, directeur du Jardin des plantes de Bordeaux ;
Ch. Martins, professeur a la Faculté de médecine de Montpellier,
directeur du Jardin des plantes ;
J.-E. Planchon, piofesseur à la Faculté des sciences et à IFcoie de
pharmacie de Montpellier.
558 sociétl; uorArsiQLi: uii: fUancë.
Secrétaires.
MM. Wilhelm Cramer (de l'Université de Bonn) ;
Eugène Fournier (de Paris), interne des hôpitaux ;
Auguste Maillard (de Dijon), étudiant en médecine;
Paul Mares (de IMonIpellier), docteur en médecine ;
Henry de la Perraudière (d'Angers).
Ces choix sont unanimement approuvés par la Société.
Sur l'invitation de M. le comte Jaubert, M. de Tchihatchef prend
immédiatement place au fauteuil, et MM. Derbès, Durieu de Mai-
sonneuve, Martins, Planchon, Cramer, Fournier, Maillard, Mares et
de la Perraudière s'asseyent au bureau.
M. le Président remercie la Société de l'avoir appelé à diriger sa
session extraordinaire, et annonce quatre nouvelles présentations.
M. Maillard, secrétaire, donne lecture du programme suivant des
séances, herborisations et visites projetées aux établissements et col-
lections scientifiques de Montpellier :
PROGRAMME DE LA SESSION EXTRAORDINAIRE.
Lundi 8 juin, — Réunion au Jardin des plantes à 8 heures du matin. —
Séance d'ouverture à 10 heures. — Herborisations (à 2 heures) : à Gramont,
dirigée par MM. Martins et Touchy ; à La Valette, dirigée par MM. Planchon
et Chatin.
Makdi 9. — Herborisations : au pic de Saint-Loup (à 2 lieures du matin),
dirigée par M. Planchon; à Caunelle et Murviel (à 6 heures du matin),
dirigée par MM. Chatin et Touchy. — Visite au Jardin des plantes (<à
7 heures du matin), sous la conduite de M. IMartins.
Mercredi 10. — Herborisations : au bois de la Moure (à 6 heures du
matin), dirigée par MM. Chatin et Touchy; à Mireval et la Madeleine (à
8 heures du matin), dirigée par M. Martins. — Visite des collections de la
Faculté des sciences (à 9 heures du matin), sous la conduite de M. Plan-
chon. — Séance à 3 heures.
Jeudi 11. — Herborisations : à Saint-Guilhem-du-Désert [k 1 heure du
matin), dirigée par M. Planchon 5 â Cette (à 8 heures du matin), dirigée par
MM. Martins et Chatin.
Vendredi 12. — Herborisation à Aigues-Mortes (à 7 heures du matin),
dirigée par M. Chatin. — Séance à 9 heures. — Visite du jardin de l'École
de pharmacie (à midi), sous la conduite de M. Planchon. — Reprise de la
séance à 3 heures.
Samedi 13. — Herborisation aux dunes de l'alavas et a Maguelonne (à
si'SSiON KXTK.vouiiiNAïui': A MOiNTi'r:[>i.ii:i! i;n .iuin 1857. 550
6 heures du nuitin), dirigôe par MM. Martiiis, Planchon et Chatiii, et pc^clic
à la traîne orj^anisée par M. P. Gervais.
DiMAisciiii 1^, — Visite de l'iierbier Dunal à 2 heures. — Banquet dans
l'orangerie du Jardin des plantes à 6 heures.
i^UMDi 15. ■ — Herborisations : à A^de (à 3 lieures du matin), dirigée par
MM. Planchon et Chatin (1) ; à l'étang de Fréjorgues (à 8 heures du matin),
— Visite du Musée-Fabre à 2 lieures.
Mardi 16. — Séance de clôture à 11 heures du matin.
Ce programme, rédigé d'avance par le Bureau permanent, de con-
cert avec MM. les professeurs de Montpellier, est adopté par la
Société.
Lecture est donnée d'une lettre de M. le président de la Société
impériale et centrale d'horticulture du département de la Seine-
Iiderieure, annonçant que MM. Pinel et 3Iocquerys se rendent à
Montpellier, en qualité de délégués de cette Société, pour assister aux
réunions des Sociétés botanique et entomologique de France.
M. le comte Jaubert dépose sur le bureau et met à la disposition
de la Société :
1° Un extrait, concernant le Pic de Saint-Loup, de la description de la
carte géologique de France, par MM. Dufrénoy et Elie de Beaumont.
2° Un dessin représentant la coupe géologique de la montagne, annexé à
cet extrait.
Les herborisations projetées pour le jour même ne permettant pas
de prolonger la séance, les communications à l'aire sont ajournées à
la prochaine réunion qui aura lieu le 10 juin.
Et la séance est levée à midi.
Le 9 juin, àsept heures du matin, la Société a visité le Jardin des
plantes et le Conservatoire botanique, sous la conduite obligeante de
M. le professeur Martins, directeur, et de M. le docteur Touchy, con-
servateur. Nous n'avons pas à rendre compte de cette intéressante
visite, une Commission spéciale ayant été chargée de présenter, sur
l'état de ces établissements, un rapport qui se trouve inséré plus
bas (2) .
[l] CeUc excursion est la seule qui n'ait pu être faite à cause du mauvais temps.
(2) Voyez ce Rapport, à la suite du compte rendu de la séance du 16 juin.
560 SOCIÉTÉ BOTAMULi: 1)1;; FI'.AiNCE.
Le 10 juin, à neuf Iilmiits du matin, hi Société a visité les collec-
tions d'histoire naturelle de la Faculté des sciences, dont M. P. Ger-
vais, doyen et professeur de zoologie, et M. J.-E. Planchon, profes-
seur de botanique, ont bien voulu lui faire les honneurs, chacun
dans sa spécialité.
Très riches en elles-mêmes, ces collections se trouvent en ce moment
dans (les locnux fort insuffisants et peu dignes d'une ville où la science
devrait avoir un palais. Les herbiers sont provisoirement séparés en deux
parties : l'une placée dans les bâtiments mêmes de la Faculté; l'autre au
Jardin des plantes, au rez-de-chaussée d'une maison d'assez belle appa-
rence, affectée au logement du doyen. C'est là du reste que tous ces herbiers
seront réunis, dès que l'on pourra disposer des fonds indispensables à leur
installation définitive. Outre les herbiers, les collections botaniques se com-
posent des objets nécessaires aux cours, tels que bois, fruits, graines, pro-
duits végétaux, champignons modelés en cire, etc.
Parmi les herbiers qui méritent une mention particulière, le premier par
le nombre des espèces, l'ordre de leur arrangement, l'état parfait de con-
servation et l'exactitude des déterminations, est l'herbier légué à la Faculté
par Salzmann, botaniste allemand, qui s'était établi à IMontpellier, et y a
passé les dernières années de sa vie. Il comprend la flore d'Furope, les
plantes de Tanger, de Corse, de Bahia (Brésil), récoltées par Sal/.mann lui-
même et si souvent citées dans les ouvrages de botani(|ue descriptive, de
nombreux exemplaires de plantes du Cap, etc. (1).
Uni' autre collection très précieuse est celle que la Faculté a acquise des
héritiers de feu AI. Bouchet-Doumencq, botaniste-amateur de Montpellier.
On y remarque, outre des plantes très nombreuses de l'f^uiope méi-idio-
nale, l'Iierbier formé à Mogador et aux des Canaries par le célèbre
Auguste Broussonnet, Les doubles qu'il renferme pourront servir à d'utiles
échanges.
La Faculté possède aussi l'herbier d'Allemagne publié par M. Reichen-
bach.
Les collections cryptogamiques, réunies par les soins de iM. Dunal, com-
prennent les publications classiciues de MM. Mougeot et Nestler, les Mousses
de MM. Si'himper et Bruch, les Lichens d'Acharius, ceux de Schserer, les
Algues de MM. Crouan, Lenormand (de Vire), etc.
L'herbier de Uunal, propriété de la veuve de ce savant et bien regrettable
botaniste, a été l'objet d'une visite spéciale de la Société (le \U Juin, à deux
(1) ITaprès une note prise en 185/i par M. le comte Jaubert, il existe en iloubles
sculenioit (en deliors de riicrbicr coniplrt), 35 paqwcls de Tanger et lOo de
Baliia, qui pourront être, pour la l''acullé, un moyen d'écliangcs avantageux.
siiSsioN i;\Ti5AoiutiNMiu', A M()Mi'i:r.[.ii;i'. K.N ,11 IN 1857. 561
hfui'os). M. le ininislfc de rinslcucliou i)iil)li((ue son^^c, dit-on, a en faire
l'acquisition au prolit de la Faculté (lu'ont ilUisIrec les lougs travaux de
Dunal. !. a Société a chargé une coiViiToission de faire un rapport sur l'état
de ce rielic herbier (i).
.^Û.%^€K) BU 10 Jl]I\ 1859.
PRICSIDENCI', DK M. PIEP.nK DE TCHIHATCriEF.
La séanoc est ouverte à (rois heures.
31. E. Douinet, vioe-présitlenl, prend place uu bureau avec ses
collèiiues.
31. Eug. Fournicr, secrétaire, donne IccUiro du procès-verbal de
la séance du 8 juin, dont la rédaction est adoptée.
Par suite des présentations faites dans la dernière séance, 31, le
Président proclame l'admission de :
313I.Cakon (Edouard), rue Cambacérès, 3, à 3Ionlpellier, présenté
[tar 31M. IManclion et 3Iaillard.
Gros (Joseph), rue Cambacércs, 3, à Montpellier, présente
par 3131. IManclion et 31aillard.
SiiVNKS fJules de), rue Fournarié, 6, à 3Iontpellier, présenté
par 3B1. Planchon et 31aillard.
FouRNiER (Henri), rue Bonaparte, 20, à Paris, présenté par
3131. Chalin et de Schœnefeld.
31. le Président annonce en outre cinq nouvelles présentations.
La Société, sur la proposition de 31. le Président, appelle à prendre
place au bureau, comme vice-président, 3Î. le pasteur Duby (de
Genève), arrivé la veille à 3Iontpellier, et présent à la séance.
31. Aug. 3L»illard, secrétaire, rend compte de l'herborisation faite
le 8 juin à Gramont.
rapport de m. Wii. MAÏLLARD SUR L'HERBORISATION FAITE LE 8 JUIN
A GRAMONT, ET DIRIGÉE PAR M. MAIITINS.
Kn sortant de Montpellier, auN ;\b.)rds du l'ort-Juvenal, M, Martins si-
(1) Voyez le luipporl de celle Commission, inséré tlans le lîulldiii :i lu suiic du
Rapport sur le Jardin des planlis.
T. IV. 36
562 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
^Dîiie yOmpordon tauricum Willcl. [0. virens 1)C.) et, dans le l.ez, sous le
pont même, le Jussiœa grandi flora Mich.; ces deux espèces sont complé-
tcment^ioturalisées, non-seulement à cette localité, mais encore aux envi-
rons de Montpellier, à plusieurs kilomètres de distance de leur station
primitive. Au même endroit, sur les bords de la rivière, on récolte \eNas-
turtlum stenocarpum Godr. (1), baignant a moitié dans l'eau. — En route,
sur les talus du chemin et dans les haies , nous remarquons les plantes
caractéristiques de la région méditerranéenne : Asteriscus spinosus G. G.,
Jasminum frulicans L., Erodhm ciconium Willd., Ecbalium Elaterium
Rich., P/donris Herba venti L., etc.
A Gramont même, terrain d'alluvion à tiros galets quartzeux, nous avons
pu récolter, aux bords de la maie, les Peplis crecta Req., yEfjilops triun-
ciulisL., L inaria grœca Chaw, Gmtiola officinalisL.; et en abondance,
dans les eaux mêmes, V Isoëtes setacea J)el., qui quelquefois disparaît pen-
dant plusieurs années, quand le niveau des eaux est trop élevé ou trop bas
pour lui permettre de se développer. — Dans les vignes se trouvait le Si-
sgmhrium Columnœ Jacq.; et le petit bois de Gramont, coupé l'an der-
nier, s'était rouvert de Légumineuses et de Graminées {Spartium junceum
L., Trifolium angustifolium L., puryureum Lois., beaucoup plus abondant
que le précédent, sfriatum L. , glomeixitum \.., hirtuni kW., Cherleri L.,
stellatum \.., tomentosum L-, Medicago Gerordi \\\M., Ornitltopm corn-
pressus L., Lupinus rcticulatus Desv., Briza maxiuta I.., Corynephorus
fasciculatus Boiss.). Toutes ces espèces se mêlaient aux Cistiis mompe-
liensis L. , ulbidus L., salvifolius L., Linaria PeUiceriana[1) DC, Scubiosa
gramuntia L., Loniceru implexa W\. , etc.
Quelques-uns d'entre nous sont allés voir deux beaux Chênes- Lièges près
de la Plauchude. Ces arbres ont acquis des dimensions remarquables, bien
que le Chêne-Liège ne croisse pas spontanément dans la région de Mont-
pellier.
On sait d'ailleurs que Gramont est la localilé classique des Linaria Pel-
liceriana (Magnol , Bot. monsp., p. 159), Tcesdalia Lepidiwn [Ibid.,
p. 187), Trifolium tomerdosiun [Ibid., p. 265), /swYes.se/wm (l)elile, Mévi.
hist. nat., vol xiv, p. 100, t. 6-7.), plantes qui , malgré des défrichements
considérables, s'y rencontrent encore aujourd'liui.
M. P. Mares, secrétaire, rend compte des herborisations faites
(1) Voy. Gotiroii, Notes sur la Flore de Montpellier, p. /il.
(2) C'est ainsi que doit s'écrire le nom de celte espèce (sipiiak-e pour la première
l'ois par Citiillaiiinc l'cllicicr, savant évè(|U(' de l\Ia;j;ucl()iii)(', mort en 1568), ainsi
que l'a judicicuscnioiit lait observer M. Marlius dans sou ouvrage intitulé : Le Jar-
din des plantes de Montpellier, p. 'J.
SESSION RXTIÎAOUDINAIIII': A MONTPKLLIRK EN JUIN 1857. MVi
le 8 juin à La ValcUe, le 0, à CauiicUe eL Murviel, et le 10, dans
la inaliiioe, à Miruval cl à la Madeleine.
llAl'l'OUT m M. PALli niAKÈS SUR L'HEUnOP.IRATION FAITE LE 8 JUIN A LA VALETTE,
KT UIIUGÉE l'Ail MM. l'LANCllON ET CIIATIN.
Cette herborisation n'est qu'une charmante promenade de quelques heu-
res dans un des plus jolis sites des environs de Montpellier, mais n'oublions
pas que le chemin de fer a porté les botanistes du nord sous un climat
nouveau : cette petite excursion promet d'être pleine d'intérêt pour eux,
car elle va leur permettre de jeter un premier coup d'œil sur une flore que
beaucoup d'entre eux n'avaient encore vue que dans les herbiers ou les jai-
dins botaniques.
Nous partons, à deux heures après midi, de la grille du Jardin des
plantes, et, après avoir traversé le faubourg de Boiitonnet, nous prenons
d'abord le chemin de Montferrier : sur ses talus poudreux, bordés en cer-
tains points par des haies de Gleditschia triacanthos, on remarque, en pas-
sant, le Galactites tomentosa, le Pallenis spinosa et le Scrofularia canina.
Nous quittons presque aussitôt la grande route, pour nous enfoncer dans
de petits chemins de traverse qui sont plus directs et moins désagréa-
bles pour les piétons: les haies sont formées de Cratœgus Oxyacmtha, au-
quel se mêlent le Rosa rubiginosa, le Ligustrmn vulgare et le Pliilhjrea
latifolia; à leur pied viennent V Asparagus acutifoUus et YOsyris alba: au
milieu de cette végétation se glissent les tiges du Lonicera etrusca^ et les
rameaux flexibles et épineux du Lycium barbarum retombent élégamment,
tout couverts de leurs petites fleurs violettes. De tous côtés paraissent les
corolles jaunes du Jasminum fruticans et les belles fleurs corallines du Pu-
nica Granatum, souvent accompagné du Cydonia vulgaris.
Après avoir traversé quelques espaces de terrain incultes, nous rejoi-
gnons la grande route qui côtoie le bois de la Colombière, et nous ramassons
pendant ce court trajet les espèces suivantes : Ruta angiistifolia, Euphorbia
nicœensis, Helichrysum Stœchas, Juncus glaucus, Erodiumciconium, Ana-
cycliis davatus^ Rumex intermedius^ Iberis pinnata, Genista Scorpius, He-
Uanthemum glutinosum , B. penicillatum, Senccio gallicus , Pulypoyon
monspeliensis, Clematis rectal
Du point où nous sommes , on aperçoit dans le lointain le village de
Montferrier, bâti sur un mamelon volcanique: ses maisons, pittorcsquement
groupées, se détachent sur le fond bleu du pic de Saint-Loup, du roc d'Or-
tus, et forment un délicieux tableau. — Nous entrons ensuite dans la belle
propriété de La Valette, où plusieurs espèces exotiques, mais naturalisées
aujourd'hui , sont mêlées à la végétation locale. Le premier terrain sur le-
quel nous nous trouvons d'abord est une garrigue : nous aurons souvent à
56Zl SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
nous servir de ce mot particulier au pays et il n'est peut-être pas inutile
d'en donner, dès à présent, une description rapide, en indiquant en même
temps quel([ues-unes des espèces qui y sont les plus commîmes.
On nomme garrigues, dans les environs de Montpellier, presque tous les
terrains vagues, pierreux et incultes ; on ne les rencontre guère que du côté
des montagnes, les plaines étant à peu près toutes défrichées et très culti-
vées. En général, le rocher, très voisin de la surface du sol, y est recouvert
d'une terre feriugineuse, à travers laquelle pointent mille arêtes, mille sail-
lies, qui rendent la marche très désagréable et même difficile à ceux qui
n'y sont point habitués. Ces terrains servent de pâturages à nos tioupeaux
de moutons, depuis l'automne jusqu'à la fin du printemps, époque à
laquelle ils vont passer l'été dans les hautes Cévennes. La végétation, conti-
nuellement broutée, y reste toujours presque rase; les arbrisseaux et les
plantes ligneuses ne peuvent y prendre leur développement ; aussi une
garrigue a-t-elle en général l'aspect nu et aride. On y aperçoit toujours de
petites touffes arrondies de Jum'periis Oxycedrus^ de Thymus vulgaris et
les feuilles cotonneuses du Phlomis Lychnitis; c'est là, en quelque sorte,
le fond permanent de la végétation, mais, suivant les localités que l'on
parcourt, ces espèces sont accompagnées du liosmarinus offichudis, du
Daphne Gnidium , de \' Euphorbia Characias, de Vlnula viscosa , du La-
vandula Spica qui aime les points les plus arides, tandis que le Lavandida
Stœchas se ^h\\. dans les garrigues boisées. On trouve beaucoup à'Asphode-
lus ramosus {A. cerasi férus .T. Gay), dont les racines sucrées ont fourni dans
ces derniers temps de considérables quantités d'alcool, et les Cistus muns-
peliensis et albidus, ainsi que le Quercus cocci.fera, y couvrent souvent des
espaces assez étendus. Autour de Montpellier, c'est le Cistus monspeliensis,
séché et effeuillé, qui sert à la montée des vers à soie, et l'écorce de la racine
du Quercus coccifera fournit un lan des plus recherchés par le commerce.
Anciennement nos garrigues étaient presque entièrement couvertes
d'épaisses forêts de Chênes-verts séculaires ; une exploitation régulière les
a converties aujourd'hui en taillis, qui sont coupés environ tous les douze
ans. Il ne reste plus, des grands arbres d'autrefois, que quelques témoins
épars. Du reste, sur bien des points les bois ont été détruits, et les souches
du C^wercws //ejt" complètement déracinées: de grandes étendues de garri-
gues sont nues et brûlées par le soleil d'été; mais, près des centres de po-
pulation, les efforts laborieux des cultivateurs défrichent peu à peu ce ter-
rain difficile et rocailleux, dans lequel la Vigne croit avec vigueur et donne
des vins généreux.
Revenons maintenant à la garrigue de La Valotto. En y entrant, nous
rencontrons aussitôt, au milieu des Chênes nombreux dont elle est parsemée,
la plupart des espèces caractéristiques citées plus haut: ce sont Ic^Quei'cus
coccifera, Cistus albidus, C. monspeliensis, Thymus oulgaris, Euphorbia
SESSION KXTRAOIIDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 565
Cliaracias et JuNipci'us Oxyccdrus. Nous trouvons'aussi les Doryoïlum hir-
SKfAtm, D. su/frulicosum, ArthroloOinm scorpiuidcs, Mercurialis tomanlosa.
ï.e Fhloniis Lyc/mitis nous montrede tous côtés ses corolles jaunes entourées
d'un épais duvet; Y Apinjlluntlies mompeliensis étale ses jolies fleurs bleues
si rapidement flétries quand on les cueille; le Spartium junceum répand
autour de lui une délicieuse odeur, et le Psoralea bituminom se mêle abon-
damment à toutes ces espèces; plus loin nous rencontrons le Lithospermum
fruticosum, mais les écbanfillons en sont rares, et plusieurs d'entre nous
doivent renoncer à en recueillir.
Aux Quercus Ilejc sont mêlés quelques pieds de Quercus puk'scens, et
vious trouvons répandus de tous côtés les lihamnus Alaternus, Phillyrea
latifolia,Arbutus Unedo, H/tus Cotinus, Pistada Lentiscus, Pistacia Tere-
lintlius. Dans un petit ravin se trouve un beau Cerasus Mahalcb, et, sur un
coteau argileux, quelques Pins d'Alep forment en quelque sorte l'extrême
avant-garde du grand bois de Pins de Fonfrède (fontaine froide), à l'ouest
de Montferrier.
Nous descendons vers le parc réservé, au bord du Lez; là, autour de
l'babitation, ont été plantés^ il y a dt^à bien des années, un grand nombre
d'arbres exotiques, parmi lesquels nous remarquons les Cedrus Libani ,
Magnolia grandi flora, Liriodendron tidipifcra, Ci/pressus disticha, dont les
racines montrent déjà leurs singulières excroissances, dépassant de plus de
20 centimètres la surface du sol. Nous voyons aussi VAcer monspessulanum
(indigène, comme son nom l'indique) et de beaux pieds de Cupressus ho-
rizontalis, exotique, mais nommé Arbre de Montpellier, parce que la tra-
dition le désigne comme ayant couvert autrefois la colline sur laquelle
s'est élevée plus tard la capitale du Bas-Languedoc. Les espèces exotiques
ont pris droit de cité, par leur force et leur vigueur, parmi les Peupliers
blancs, les Frênes et les Ormeaux qui les entouient. Au milieu de ces
beaux arbres, sont répandus les Taxas baccata, Cercis Siliquastrum, Co-
luten arborescens et Buxus balearica. A côté des Cupressus disticha, dans
un petit ruisseau qui rejoint le Lez à quelques pas de là, nous trouvons
VAponogeton distachyus: cette belle iespèce, que nous récoltons encore en
assez bon état, a été semée il y a longues années; elle occupe seule tout
le lit du ruisseau et s'y maintient toujours, malgré les Nymphœa alba et
Nuphar lutemn , qui essaient en vain d'y pénétrer par la rivière.
Au retour nous récoltons, parmi les broussailles qui bordent le sentier,
le Coriaria myrtifolia; ])u\s, en longeant les bords agrestes et ombragés
du Lez, on trouve sur les rocliers le DupAevrum rigidiim, le Buxus sem-
pervirens, le Rosmarinus officinalis et une variété méridionale de Vllie-
racium murorum. Plus loin, les alluvions qui boident la rivière sont cou-
vertes de /•/e^v's oç?«7//;fl, qui croit au pied des Frênes et des Peupliers
blancs ; nous rencontrons ensuite sur nos pas le joli Coris monspeliensis.
5G(i SOCIÉTÉ BOTANIQUE DR FRANCE.
En sortant de La Valette par la porte de Monplaisir. en face des hauteurs
qu'occupait autrefois la ville romaine de Substantion , nous apercevons, à
quelque distance devant nous, la belle Campagne-Vialars, dont le proprié-
taire actuel , iAI. Farel , nous accueille bientôt après de la manièi-e la plus
gracieuse, et nous fait visiter les serres et le beau jardin qui dominent les
bords du Lez, en face du village de Casteinau.
Il est déjà tard, et nous passons trop rapidement devant ces richesses vé-
gétales, auxquelles nous refirettons de ne pouvoir donner toute l'attention
qu'elles méritent; toutefois, nous y remarcjuons, entre autres plantes inté-
ressantes, un magnifique Ephedra altissima ; tous les arbustes de la ré-
gion méridionale y sont représentés en très beaux exemplaires, et de nom-
breux Eriobotrija japonica y mûrissent parfaitement leurs fruits. Nous
voyons une belle plantation de Conifères, où nous distinguons les Pinus
Pinea, halepensis, maritima, sylvesfn's, et d'autres espèces plus rares.
Après avoir pris congé de M. Farci, nous suivons M. Planchon, qui nous
fait voir en ])assant, à la Campagne-Lichtenstein , un yEgilops-B\é de
M. E. Fabre, arrivé presque à maturité. En sortant de cette dernière pro-
priété, nous jetons un coup d'oeil sur le tuf quaternaire qui forme le chemin
sur lequel nous sommes en ce moment. Ce tuf jaune et sablonneux contient
de très nombreuses empreintes de fruits et de feuilles de plantes diverses,
sur lesquelles M. Gustave Planchon, frère du professeur, doit nous faire
une intéressante communication.
Nous rentrons enfin vers six heures et demie, chargés des abondants pro-
duits de notre première herborisation.
RAPPORT DE M. PAfJL ITIARÈS SUR L'HERBORISATION FAITE LE 9 JUIN A CAUNELLE
ET MURVIEL , ET DIRIGÉE PAR MM. CHATIN ET TOUCHY.
Le rendez-vous est à la grille du Peyrou à six heures du matin. La pre-
mière partie du chemin se l'ait rapidement par la route de Lodève et de
Clermont-Ferrand, ([ui sort de Montpellier par le faubourg du Courrau,
Cette route, tracée sur les sables de l'étage subapennin, ne nous offre d'a-
bord rien de bien intéressant.
A 4 kilom. de ÎNlontpellier, après avoir laissé sur notre gauche le beau
parc de la Piscine, nous trouvons le village de Celleneuve , situé sur un
îlot de poudingues. Le coteau de Celleneuve domine une vallée dans laquelle
coule la rivière de la Mosson; nous apercevons à notre droite la propriété
de Foncaude (fontaine chaude), oii sont des eaux thermales sulfureuses;
devant nous le parc de (Cannelle, dont les grands arbres bordent la rivière
qui descend vers le sud-ouest au milieu d'une riche vallée. Au loin, de
grands massifs de verdure hous indiquent les parcs de Château-lîon et de
la Vérune, remarquables par les arbres magnifiques qu'il renferment et qui
SESSION EXTRAORniNAlRE A MONTPELLIEU EN Jl'IN J857. f)67
sont un bel exeiviplc de la viauoiii" (iiie pe;it ncf|U(''rir la vi'pjétatlon aiix)-
rescenle dans nos contrées, partout où règne un peu d'humidité. Outre
les arbres commnns de nos climats, ces parcs sont ornés de Tulipiers, de
Cyprès-chauves, de Magnolia et d'autres espèces exotitjues qui ont atteint
les plus belles dimensions.
Dès que nous avons franchi le pont de la Mosson, à côté de Caunelle,
nous trouvons à notre gauche un petit espace inculte de terrain tertiaire
(moellon miocène), surlerjuel est hatie l'ancienne église deJuvignac. C'est
ici la localité classique du Crassnla Magnolii et nous le rencontrons en
effet, mais nous no sommes pas aussi heureux pour le Sidcritis Idrsuta
que nous cherchons vainement : il a complètement disparu de cette intéres-
sante localité. Le Camphorosma monspeliaca , si commun dans tous nos
terrains secs, nous présente ici beaucoup d'échantillons qui ne sont malheu-
reusement pas encore fleuris-, en revanche voici VErodium romanum qui
fleurit toute l'année. Nous récoltons aussi V Astrugalus moiispessidanus, ùoat
les racines ont une saveur prononcée qui se rapproche beaucoup de celle
de la réglisse. VAstmglus Stella nous montre ses jolis fruits étoiles et to-
menteux, au milieu des pelouses formées par les Medicago minima, M. Ge-
rardi, M. denticulata, Trifolium tomentomm, Plantago Coronopus, Rumex
buceplialophovus, Linum angustifolium. Nous récoltons aussi le LithoS'-
permum apvlum, qui se plaît sur ces terrains tertiaires; quelques pieds de
Convolvidiis Cantabrica étendent leurs longues tiges vers les haies, et le
bord du chemin nous fournit encore les C arduus pycnocephuhis, C. tenui-
florus, Helianthemum hirtum, Glaucimn lutewn^ Ecldumitalicum, Cyno-
glossum pictum.
Cette récolte nous a retenus quelques instants, et si nous voulions suivre
le programme officiel, qui portait que riierborisation se ferait seulement à
Caunelle et à Foncaudc, afin de revenir de bonne heure à Montpellier, il
serait déjà temps de songer au retour, mais personne ne le désire; on ap-
prend, par M. Touchy, que devant nous est Murviel, localité assez riche
mais surtout remar{iuable par plusieurs belles espèces de Cistes: nous ne
pouvons résister à l'attrait que nous offrent de telles richesses, et il est
décidé à l'unanimité que l'herborisation sera continuée jusqu'au soir. Nous
prenons donc le chemin de Saint-Georges, et nous remarquons dans les
haies les Berberis vulgaris, Rubia peregrina, Lonicera etrusca, Paliurns
aculeatus, liom rubiginosa. Sur les bords des fossés humides, croissent
le Scirpus Holoschœnus et le Rumex pulcher dont la racine est souvent
employée pour remplacer celle du /^ i\ttientia ; enim quelques pelouses
vertes, le long du chemin, nous donnent les Trifolium scabï^um, Erodium
ciconium^ Onobrychis Caput galli^ Urospermum Dalechampii.
A moitié chemin entre Juvignac et St-Georges, sur un terrain vague,
a notre droite, nous rencontrons VAehillea odorata. M, Touchy nous fait
568 SOCIÉTÉ ROTAMQLR DR FRANCE.
ri'inai'qiier k'S jolies plaques vertes (jue Cornient, au milieu des garrigues
!es plus sèches, les feuilles ladicales de celle c'^pèee, dont les individus sont
toujours l'éunis en grand nombre. Le Paronycida nioea nous montre ses
bractées brillantes sur le sol jaunâtre du calcaire miocène ; VUip/jocrepis
cilinta se dérobe souvent à nos recherches par sa taille petite et délicate;
r.ous parvenons cependant à en récolter (juelques échantillons, auxquels vien-
nent se joindre bientôt les Gnaphaliurn luteo-cdbwn, AJuga Chamœpitj/s,
Herniara incana^ Teucrium Politim, Hclianthemwa fj/atinosum , Sedum
album ^ Arthrolobium scorpioides , Scrofuluria canina, ('ruj/ina vulyaris,
et une Cuscute enlacée au Tlnjnnis vulgariii. Le Tamarix gallica borde
le ruisseau presque à sec de La Fosse, et dans les vignes voisines nous trou-
vons de nombreux échantillons de ['Allium Ampoloprasum.
Un petit chemin de traverse qui mène directemeiit à Saint-Georges,
en passant au milieu des vignes, nous oftVe un talus inculte où croit le
Quercus Ilex, ancien mailre presque absolu de nos garrigues : chassé par
la culture, il a persisté sur les points ou la pioche de nos paysans n'en a
pas déraciné la dernière souche, et souvent on retrouve ses pousses sur le
bord des ch&wins et des fosi-és dans les endroits les mieux cultivés. Au
milieu de ces Chenes-verts, nous apercevons quelques pieds de Cratœ-
gits Azaroluf!, et \q .Smilax aspera, le Hubia peregrina s'enlacent au-
tour de ces arbres, tandis qu'à leur pied croissent le Ruscks aculeahts et
V Asparagus acutifolius. ÎNous trouvons encore, avant d'arriver à Saint-
Georges, le beau Catunanche cœrulea, les Linum striclum, L. temdfoliuui,
et le Crupina vulgaris; enlin les murs du village sont couverts en certains
points de Parietaria diffusa, et à leur pied nous rencontrons VAmurantiis
prostratus.
Il est dix heures, Murviel est encore éloigné : nous décidons qu'il faut
déjeuner à Saint-Georges, avant d'aller plus loin, (^ela nous fournira du
reste peut-être le plaisir de constater par nous-mêmes la bonté du vin de
ce fameux crû; mais hélas! VOidium 7'uckeri n'a pas plus respecté ce vi-
gnoble quêtons les autres; il a étendu son réseau destructeur sur les ceps
qui donnaient ce vin généreux, et nous ne pouvons arroser notre frugal
repas qu'avec une piquette digne d'un tout autre climat.
Notre appétit de naturalistes une fois calmé, nous partons avec un nou-
veau courage, et nous rencontrons, le long des murs de pierres sèches qui
bordent le chemin de Murviel, deux formes particulières du Pgrus amyg-
daliformis, le Pistacia Lentiscus^ le Brachypodiuui rainosum, le llhmnnus
infectorius dont les baies, connues sous le nom de graines d'Avignon, pro-
duisent une belle teinture jaune; enlin le Cidora pcrfo/iafa se montre dans
quelques vignes voisines.
A vingt minutes au nord-ouest de Saint-Georges, nous traversons un petit
ruisseau presque à sec : les vignes cessent, nous sommes dans les garrigues.
SESSION KXTn.\OnDliNAlRK A MOISTPRLLlKli EN Jl IN 1807. 5G9
Le terrain miofcae est remplaci-, depuis Saint-Goorges, pur roolillu; infé-
rieure. ^ous nous dirigeons vers une maison de eanipagne situi'e un peu
sur notre gauche, au sommet d'un petit mamelon : c'est le Alas de Bouisson,
bâti sur uu ilôt de marnes supraliasi(|ues. Un espace assez vaste nous offre
une riche réeolle c'i laquelle chacun se livre avec ardeur : nous trouvons
l'éunis les Pulijgaln vionspeliaca, Ononis viscosa, Art/noloùiiim scorpioides,
Scorpiiirits subvillosa, llippocrepis unisiliquosa, Trifolium arif/ulalum?.
Vicia coujuslifolia, Trifuliiim lappaceum, T. angusti folium, Medicago r/rbi-
cnlaris, Ornitliogalum narbonense , Vicia peregrina, Centaurea sohtitialis
(non encore Jleuri), Ih'seda liitea, ApInjUanthes monspeliensis, Cistus
monspeliensis.
Pour reprendre notre route, nous devons passer sous les murs du Mas
de Bouisson, où croissent V JhjoscyamK^ albus et le Fœniculwn officinale,
nous rentrons sur le terrain oolilhique inférieur, et plus loin, dans les
champs incultes près de Murviel, se trouvent VElymus crinitus, le Cen-
taurea paniculata, et WEgilops iriuncialis.
Nous arrivons enfin sur un point élevé d'où l'on aperçoit au loin l'ilc de
Maguelonue et les riches campagnes qui nous en séparent : la de vieilles
murailles bordent le chemin et présentent encore une certaine régularité,
malgré l'état imparfait de leur conservation ; leur puissant appareil indique
clairement d'anciennes constructions romaines, et cette opinion est con-
firmée par la présence sur le sol de débris très nombreux de poteries rouges
grossières et de tuiles anguleuses dont l'origine ne peut laisser aucun doute.
JNous sommes en effet sur les ruines de l'antique Altimunm, et le village
de JMurviel, que nous laissons à quelques centaines de mètres sur notre
gauche, tire son nom de ces vieux murs. On suit leurs traces jusqu'à l'em-
placement actuel du village, où est une belle source encore entourée de
quelques lestes de constructions romaines.
Au pied des antiques murailles qui bordent le chemin, nous rencontrons
VOsyris (dba et le Plumbago enropœa. Mais ce dernier, qui se plaît dans les
lieux rocailleux et arides aux expositions les plus chaudes, est peu avancé
et ne montre pas encore ses tiges florales. Derrière ie mamelon d'Allimu-
rum, dans un vallon assez ombragé, se trouve une petite source, nommée
Font-Valès. Apiès l'avoir dépassée, nous entrons immédiatement dans un
bois taillis (Bois de Murviel), dont l'essence principale est le Quercus llex,
mais où à cette espèce viennent se mêler en assez grand nombre le
Q.Robur et VArbutus Unedo. De beaux Châtaigniers occupent le fond de la
^allée, où se trouve un terrain de transport très siliceux. La présence de ces
arbres est une nouveauté autour de Montpellier, dont le sol presque exclu-
sivement calcaire est tout à fait impropre à leur culture. Nous louchons au
but principal de notre course : en effet, en arrivant dans le bois, au milieu
d'une clairière, nous apercevons le sol couvert du beau Ci^tK^ Inurifoliu^,
570 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
qui, par son port, la grandeur de ses feuilles et la beauté de ses larges fleurs
blauclies, éclipse le modeste C. monspeliensis qui l'entoure de tous côtés.
Entre eux, et établissant un intermédiaire parfait, est le Cistus Ledon, pro-
bablement leur by bride. A. ces trois belles plantes viennent se joindre les
Cistits albidus et C, suivi folius; mais les botanistes sont sans pitié, et
M. Cluitin lui-même donne le signal d'un massacre qui détruira dans cette
clairière, pour ce printemps du moins, cette intéressante association d'es-
pèces congénères.
En poussant notre course à 5 kilomètres plus loin environ, au delà de
Mont-Arnaud, nous trouverions un sixième représentant de ce beau genre,
c'est le Cistus crispus ; mais le temps presse, car le soleil décline, et nous
reprenons la direction du ruisseau de Font-Vales qui coule vers le sud-est.
Cbemin faisant, nous glanons les Erica scoparia, E. arborea, Lavandula
Stœchus, Lathyrus heterophyllus Goiian, non E. (A. ensi folius Badaro),
Rubns tomenlosiis, Limtm gallinim, Arum italicum, Irifulium ocliro-
leucum. Mêlé a ces dernières espèces, VOphrys Scolopax nous offre de
nombreux écbantillons, et sous les taillis de Cbênes-verts nous aperce-
vons les fleurs rosées du Cephakmthei^a rubra. Le Spart itiui junceum, qui
croît dans toute la vallée, répand le plus doux parfum au milieu de cette
belle et fraîche végétation, que les fortes chaleurs d'été n'ont [)as encore
flétrie.
Après avoir traversé un petit bouquet de Châtaigniers, nous gravissons
une colline dont le taillis a été nouvellement coupé, c'est le Bois de Puy-
sérié ; sur cette pente le Fragaria vesca croit en abondance et nous donne
des fruits parfaitement mûrs, aussi parfumés que les meilleures fraises des
Pyrénées. Chacun accoixle quelques instants d'une attention soutenue à la
récolte des réceptacles charnus et succulents du solatium botanicorum, et
notre silence prouve tout le plaisir que nous offre cette récolte carpologique.
iMais tout à coup l'un de nous aperçoit, sortant à peine de terre, de blondes
têtes de Cytinus Hypocistis^ dont la plupart n'ont pas encore cette belle
teinte coralline qu'elles prennent ordinairement lors de leur développement
complet. Chacun reprend aussitôt sa pelle ou sa pioche, on arrache avec
ardeur les Cistus monspeliensis et albidus, et les jolis parasites, encore
attachés à leurs racines nourricières, peuvent à peine trouver un peu de
place dans nos boites déjà pleines. Eulin le Trifolium purpureum et le
Colntea arborescens terminent notre abondante récolte. Comme le jour
baisse rapidement, nous nous hâtons de revenir à Montpellier, où nous arri-
vons après deux heures de marche, en repassant par Sainl-{jeorges et
Celleneuve.
SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 571
RAPPORT DE M. PALL. MARÏ':S SUR L'HERBORISATION FAITE LE 10 JUIN A MIREVAL
ET A LA MADELEINE , ET DIRIGÉE PAR M. MARTINS.
Taudis que MM. Clialiu et Touchy conduisent une partie des botanistes
au bois de la Alouie, nous partons a buit heures par le premier train du
chemin de fer de Cette, que nous quittons à la station de Mireval. ^'ous re-
venons alors vers Montpellier, par un chemin qui passe à la station m(^me
et suit pi-esque paralicicment la voie ferrée. Ce chemin est bordé de vignes
ou de cham[)s, le long desquels nous récoltons les plantes suivantes : Eu-
p/iorùia serrata, Bronnis rubens, Sinapis incana, Cynoglossum pictum,
Scolymm hispanicus, Echaliiim Elaterhim^ Echium pustulatum, Trifolium
lappaceum, Filago lutescens .lord., et le Nigella damascena dont les graines
mûres ont un délicieux parfum de fraise. Dans quelques endroits où les
fossés de la route contiennent un peu d'eau, nous trouvons le Rommcnlns
nqtmtilis var. trichoplnjllm'î et le Scirpus Holoschœnus. Tandis que nous
rencontrons en quantité le Ihibia perogrina dans les baies, nous voyons
quelques champs cultivés de It. tinctorum : la culture de cette plante est
nouvelle dans l'Hérault, mais elle s'est propagée avec rapidité depuis quel-
ques années dans les propriétés qui avoisinent nos étangs et nos marais
du littoral. En effet, ces terres d'alluvions récentes sont profondes,
bumides, riches en humus, et parfaitement appropriées à ce genre de cul-
ture si productif.
L'attention de plusieurs botanistes est attirée chemin faisant par quel-
ques beaux Oliviers qu'un cultivateur est occupé à greffer; ces arbres,
d'une superbe venue, poitent trop de bois et ne donnent que peu de fruits.
Leur maître les greffe en ccusson, selon l'usage du pays ; par cette pra-
tique on peut rabattre l'arbre autant qu'on le désire, et l'on obtient très
promptement de nouvelles et abondantes récoltes.
Nous arrivons peu à peu le long du chemin de fer, au bord d'un marais
qui porte le nom de Vourgaran. Sur les bords, dans les grands fossés qui
longent la route, nous trouvons les Iris Pseudacorus, Typha média, Cladium
Mariscus, Sparganium ramosum, Scrofidaria Balbisii?. Le beau Jmsiœa
grandiflora, naturalisé depuis longues années dans ces lieux, y pousse avec
une extrême abondance et remplit le lit du ruisseau de la Madeleine ((ui
vient se jeter dans le Vourgaran.
Nous remontons le ruisseau, dont les eaux sont couvertes de Lemna gibba
et de Callitricheverna, tandis que dans les champs qui le bordent nous
trouvons le Rapistrum rugosum et le Mgagrum perfoliatum.
Le propriétaire de l'enclos de la Madeleine en a remis obligeamment la
clef à M. Martins, et nous pouvons pénétrer dans ce joli petit bois, dont
572 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
l'essence est le Qiicrcus Ilex. Ici les troupeaux ne viennent jamais, le sol
n'est point brouté, et nous trouvons la végétation parfaitement conservée,
mais peu variée. Imi entrant, nous rencontrons le beau Cenfrant/nis latifolius,
VAntirrhinum mojus, V Arislolochia Pistoloc/iia, le Piptat/ierum para-
doxwn; et le Cephalanthera rubra nous montre ses élégantes fleurs roses
dans tout le bois.
Nous sommes bientôt ariêtés, en pénétrant plus avant, par une ceinture
de rocbers à pic, peu élevés, dont les blocs, à demi éboulés en certains
points, sont entourés d'une vigoureuse végétation. Des Ciiênes-verts au port
gracieux et élancé sortent des anfractuosités, pour aller chercber le soleil
qui leur manque ; de grands Figuiers, le ïérébinthe, le Lentisque, le !>au -
rier-Tin sont entourés de Smilax et de Vignes sauvages qui s'étendcit
comme de longues lianes aux arbres voisins, tandis que de vieux Lierres
tapissent les murailles rocheuses de leur sombre verdure. Le liusciisacu-
leatus se cache sous cette puissante végétation, et le Laurus no/nlis (sub-
spontané) nous montre ses tiges élancées, ses belles feuilles vertes et lan-
céolées, dans quelques points bien abrités, exposés aux rayons du soleil,
au pied de grands rochers que le Ferula communis couronne de ses tiges
élevées et de ses grandes ombelles jaunes.
C'est dans cette ceinture de rochers que s'ouvre la grotte de la Madeleine.
L'entrée est étroite, encombrée de végétation ; puis on arrive tout à coup
sous une large voûte. Le sol y est très incliné, et de nombreux débris ro-
cheux, recouverts d'une terre humide et glissante, rendent le terrain très
inégal et très difficile. On descend ainsi jusqu'à 60 mètres environ, et l'on
arrive au bord d'une eau limpide et transparente. A droite on trouve un
large canal et un batelet sur lequel on peut s'embarquer et parcourir plu-
sieurs sinuosités, dans lesquelles la voûte, tantôt large et élevée, tantôt lais-
sant à peine le passage de la nacelle, se termine par une belle salle circulaire
dont le sonuuet forme un dôme conique. Là, en écoutant avec attention,
on entend le bruissement des eaux qui s'écoulent par des conduits sou-
terrains. Ces lieux ténébreux, habités par de nombreuses chauves-souris
qui s'élancent en tournoyant vers les torches, cette eau parfois profonde,
dont on est séparé par quelques légères planches, le bruit des eaux qui
s'écoulent mystérieusement par dos canaux invisibles, une grande stalactite
dans laquelle l'œi! croit reconnaître la forme d'une statue de Madeleine, tout
en ces lieux sai^it l'esprit d'une crainte involontaire, et c'est avec bonheur
([u'on retrouve le jour, dont la vue inspire un véritable sentiment de
délivrance.
Mais l'heure presse, il faut être à la station de ^ illeneuve à onze licures
et demie; nous devons renoncer à voir le Crcusi^ de Miègo (trou de midi),
beau cirque de rochers qui forme une excavation ovale de 3 à ^jOO mètres
SESSION KXTRAOnUINAIRE A JIONTPfCLLIER KN ,ILIN 1857. 57?)
(]û diamètre et ilc 20 ou 30 mèircs de profondoui', au milieu d'un \)\i\u de
j,'Mrif>ues entre le point ou nous sommes et la roule de Cette (1). Au Innd
est un petit marais. Dans les rocliers, nous eussions pu récolter, outre le
I aurus nobiiis, le Ferula communis et le Vihurmnti 7'inus, déjà trouvés, le
i avalera maritima, qui devient mallicureusement de plus en plus rare;
rnfm le Theligonum Cjjnocrainbe se rencontre au pied des rochers, dans les
pierres qui entourent le petit marais.
Nous nous éloignons à regret des plantes intéressantes que nous eussions pu
trouver eneore, et de ces étranges cavernes, creusées dans l'épaisseui' de l'é-
tage oxfo)'dien du calcaire juiassiquc; nous revenons rapidement par le clie-
min qui, longeant les murs de l'enclos où nous sommes, passe par la propriété
nommée La Madeleine, puis le long de la plaine marécageuse de l'Kstagnol,
et nous arrivons à la station de Villeneuve en moins de trois quarts d'heure,
non sans avoir récolté encore le long du chemin plusieurs espèces, telles
que : Ituta angustifolia, Achillea Ageratum, Onopordon illyricum^ Œnan-
the fislulosa, Scirpt(s lacustris, Eupliorbia falcata, F. scrrata, Medicago
oibicularis, Centaurea pullata , Hippocrepis unisiliquosa , Hèlichrysum
Stœclias, Paliurusaculeatus, Phlomis Herba venti^ Cneorum tricoccon, etc.
M. le Président propose à la Société de nommer une Commission
de cinq membres, chargée de visiter en détail le Jardin des plantes
et le Conservatoire botanique de Montpellier, et de présenter un rap-
port sur l'état de ces établissements à une des prochaines séances
ordinaires de la Société à Paris.
La Société adopte cette proposition. Sont désignés pour l'aire
partie de ladite Commission : MM. Cosson, Doumet, Germain de
Saint-Pierre, le comte Jaubert et de Schœnefeld.
M. J.-E. Planchon, vice-président, fait cà la Société une commu-
nication dont voici le résumé :
M. Planchon expose sommairement l'historique de la question ùçs/Egi-
lops et de leur prétendue transformation en Froment. Il repousse, avec
M. Jordan, ainsi qu'avec la plupart des auteurs, l'idée dune véritable
transmutation de W^Egilops en Blé, et conlirme de tout point l'observation
de iM. Godron sur l'origine hybride de V/Egilops triticoides. Va\ ce mo-
ment, dit-il, on peut voir en Heur, dans le jardin de l'École de pharmacie de
Montpellier, un exemplaire d\Egilops portant 66 épis. Cet exemplaire
provient d'un grain d'^Egilops omta, fécondé le 3 juillet 1856, par le pol-
(1) M. Mariiiis attribue celle formation si pillorcsquc à l'etroiidrement d'une
grande caverne, et toul en effet semble contirincr celte opinion.
blh SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
len (le la Touzelle blanche non barbue {Triticum vulgare, var.). Semé
le 2û septembre 1856, ce grain, bien que flétri, germe vigoureusement et
talle bientôt de manière à préparer la production de nombreux épis. La
plante en fleur est très vigoureuse. P^lie a environ 0'",30 de hauteur. Sa
teinte générale est vert glautjue. Ses épis, bien différents de ceux de VyEgi-
lops ouala, répondent exactement à la forme à courtes arêtes de l'yEgilops
triticoides, récoltée par M. E. Fabre aux environs d'Agde. M. Planchon se
propose de la décrire avec soin dans un mémoire spécial, où il abordera
l'histoiie des yEgilops dans toute son étendue. Actuellement, il se contente
de signaler comme très probable, malgré les assertions contraires de
M. Jordan, la transformation de VyEgilops triticoides en /Egilops speltœ-
fo7vnis,\orù., et ne regardant pas ce dernier comme une espèce, il l'appel-
lerait plus volontiers yEgilops-V>\é d'Esprit Fabre.
M. Cossoii rappelle que déjà Lainarek,dans VEnci/clopcdie métho-
dique (t. II, p. 558), avait réfuté l'opinion de quelques anciens bota-
nistes, qui avaient considéré X/Egilops comme étant l'origine du
Blé cultivé.
M. Cosson ajoute que maintenant la question lui parait réduite à des
éléments très simples ; car personne, depuis les travaux les plus récents
sur ce sujet, ne saurait revenir à l'opinion combattue par Lamarck. Pour
lui, Jusqu'à preuve matérielle du contraire, se fondant sur les observations
consciencieuses de M. E. Fabre, la plante quia été récemment décrite sous
le nom cVyEgilops speltœforuiis, bien que s'étant reproduite de semences
pendant plusieurs générations, ne serait qu'une forme de l'hybride désigné
sous le nom ù'.E. triticoides. Dans l'état actuel de la question, le seul point
peut-être encore litigieux serait de savoir si la forme désignée sous le nom
d'y^. speltceformis pourrait être créée artificiellement, et si le produit de
l'hybridation se reproduirait indélinimeut par graines.
M. Planchon remercie M. Cosson de lui avoir fait connaître l'opi-
nion de Lamarck sur ce sujet. Il se propose de consulter le passage
de Y Encyclopédie^ pour en apprécier la porlée. En attendant, il
regarde comme hors de doute la nature hybride de Y/Egilops triti-
coides.
M. Germain de Saint-Pierre dépose sur le bureau des échantillons
de Posidonia Caulini et d'Apo)iogeto?i distachyus., et fait à la So-
ciété les communications suivantes :
SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 575
sur, LA GERMINATION ET LE MODE DE DÉVELOPPEMENT DU POSlDOiMA CAULINI ,
P»i M. E. r^ERMtlIV l»l<: »<ii%l\T.|>||.;ititE.
Dans la partie de la côte de la iMcditerrancc qui s'étend entre Toulon et
Hyèi-es, mais plus parliculièrement en face de la presqu'île de Gien, on
remarque une ligne interrompue de dunes et de petites ("alaises, dont la
couleur brune ou noirAtre tranche sur celle des rochers de grès qui for-
ment la côte sur ce point. En m'approchant de ces falaises, j'ai vu avec
étonnement qu'elles sont uniquemeut formées par les débris accumulés
d'une seule espèce végétale, peu commune dans nos collections, le Posido-
nia Caulini Kœnig {P. oceunica Del., Zostera L., Cuuliniu i)(]., Ker-
nera Willd.). J'avais, au premier coup d'oeil, pensé que les débris de
feuilles qui constituaient ces dunes, appartenaient au Zostera marina; mais
les fragments de souches ligneuses dichotoraes, et encore chargées de
feuilles, que la mer roulait sur la grève, rendaienttoute méprise impossible.
En m'avançant dans l'eau, peu profonde sur certains points, je ne tardai
pas à trouver le fond de la mer couvert d'une véritable prairie d'un beau
vert, formée par le Posidonia.
Il y a peu de jours, vers le 15 mai, étant allé explorer la côte dans la
même direction, je trouvai le bord de la mer couvert de fruits semblables,
par leur volume, leur forme apparente, et leur couleur verte, aux olives
avant leur maturité. On aurait pu croire, au premier coup d'oeil, qu'un
bâtiment chargé d'olives avait perdu son chargement sur la côte ; ces fruits
étaient ceux du Posidonia Caulini en parfait état de maturité. Les fruits
flottants et roulés par les vagues étaient libres et paraissaient s'être détachés
naturellement de la plante-mère par l'effet de la maturation. Quelques
jours plus tard, le péricarpe de ces fruits altères par la macération dans
l'eau, se déchirait spontanément et laissait tomber au fond de l'eau l'em-
bryon qui commençait à germer.
Cette déhiscence, par déchirure en lambeaux qui s'écartent de la base au
sommet et se rejettent au dehors, en mettant à nu l'embryon, donne à ce
fruit, pendant cette période, quelque chose de l'aspect des Geaster.
Les dunes et les falaises formées par les débris accumulés du Posidonia
sont incessamment exhaussées de nouvelles couches à leur surface, par les
fragments de feuilles détachées par les vagues et rejelées sur la côte; mais
à mesure que ces dépôts, qui ont, sur certains points, plusieurs mètres
d'épaisseur, augmentent en hauteur, la mer en ronge le flanc et en diminue
l'étendue, jusqu'à ce que la dune, complètement minée, retombe dans la
mer, qui en dépose les débris plus loin. Les cultivateurs du pays exploitent
ces dépôts sous le nom de Paille-de-mer et de /low(/o, et s'en servent
comme d'engrais pour amender les terres ; mais cet engrais, formé de
576 SOC.IKTÉ BOTANIQUE DK 1 r.ANCE.
tVaomcnts de fouilles d'un tissu coriace et peu altéiahle par l'actioii de l'eau
ou de l'air libre, ne pai'aît pas être d'une grande efficacité.
.l'avais souvent remarciuésur la même côte, et notamment sur l'isthme
de Gien, des pelotes globuleuses formées de fibres brunes, feutrées, sans
mélange de corps étrangers (et semblables par l'apparence à ces pelotes
formées de poils feutrés que l'on trouve dans l'estomac des animaux rumi-
nants, et qui sont formées des poils accumulés que l'animal enlève de sa
peau avec sa langue). Les chasseurs du pays les recueillent et s'en servent
pour bourrer leurs fusils, .l'ai reconnu que ces pelotes globuleuses, la plu-
part du volume d'une orange, sont composées des libres qui persistent sur
les souches du Posidonia après la destruction des feuilles dont elles repré-
sentent les nervures, .l'ai trouvé plusiems de ces pelotes adhérant encore
aux rhizomes du Posidonia; le frottement des souches les unes sur les
autres, lorsqu'elles sont à demi rompues par les vagues, me parait être la
cause du feutrage; le roulement dans le sable et les galets détermine leur
forme globuleuse.
Les souches du Posidonia sont du volume du doigt , ligneuses ,
radicantes; subdichotomes; chaque branche tendant à ce dichotomiser,
il en résulte que le groupe produit par la ramiiication d'un même
individu, occupe un espace indéfini. Comme chez tous les autres rhi-
zomes, la partie la plus ancienne se détruit au bout d'un certain temps,
et les rameaux radicants, devenus indépendants par la destruction de la
souche-mère, constituent des plantes distinctes. Dans un rhizome d'une
certaine longueur, la partie inférieure présente les cicatrices rapprochées
des feuilles complètement détruites ; plus haut, se trouvent des fibres
brunes, sèches et roides, derniers restes des anciennes feuilles détruites;
plus haut encore, les bases coriaces des dernières feuilles détruites, et, à l'ex-
trémité supérieure, les feuilles vivantes qui terminent chaque branche du
rhizome par une sorte de rosette de feuilles linéaires, distiques. Los fibres
radicales advenlives partent de la face inférieure du rhizome; l'écorce du
rhizome, qu'elles déchirent et rejettent en dehors au point où elles sont
émises, leur constitue une sorte de coléorhize.
J'ai dit que le fruit, lois de sa déhiscence, laisse s'échapper l'embryon :
les enveloppes propres de la graine m'ont semblé en effet réduites, a l'époque
de la maturité, à une couche pulpeuse, qui, lors de la déhiscence, reste
adhérente en partie aux débris du peiicarpe, lui même pulpeux; et, en
partie seulement.^ à l'embryon. L'embryon a le volume et la forme exté-
rieure d'une amande ordinaiie -, il est de couleur verte; une de ses faces
présente une dépression longitudinale qui m'a paru être l'empreinte d'une
sorte de raphé, lequel reste souvent adhérent au péricarpe. Lors de la ger-
mination, une radicule subcoléorhizée se fait jour sur un point voisin de
l'extrémité inférieure obtuse de l'embryon (d'autres fibres radicales nais-
SESSIOiN EMIUOnUliNAlUli A MONTPIXLIEK EN JUIN 1857. 577
sont ù la hase (!(• la gemmule). L'extrémité supérieure de l'embryon se ter-
mine en une gemmule composée de plusieurs fouilles très jeunes, courtes et
membraneuses. I,a plus extérieure de ces feuilles, qui sont distiques, pré-
sente doux appendices membraneux latéraux, forniant une ^aiiic ((ui om-
brasse les fouilles suivantes do la gemmule (1),
Quelle est la nature de la partie charnue qui constitue la masse presque
entière de cet embryon et qui se termine par un limbe court embrassant la
gemmule? Cette masse indivise me parait analogue par sa structure à l'or-
gane qui, chez les Graminées, a été désigné sous le nom d'hypoblaste, et que
Je considère comme un véritable cotylédon ; mais ici, iapartie du cotylédon
inférieure à l'insertion de la gemmule est très voluiDineuse, et sa partie
supérieure ou liiiibaire est très courte; et tandis que, chez les Graminées,
la base du cotylédon ou hypoblaste ne constitue qu'une radicule rudimen-
tairecjui ne s'allonge pas en racine (la racine coléorhizée appartenant chez
les Graminées à une feuille supérieure au cotylédon) , ici, la base volunii-
neuse ou partie radiculaire du cotylédon se prolonge à sa base en une racine
fdiforme. — La gemmule proprement dite est constituée par des feuilles dis-
tiques qui, au lieu d'être enroulées comme chez les Graminées, sont planes
et appliquées face contre face comme celles de la plante adulte.
JNotre honorable vice-président, M . Derbès, ma dit avoir trouvé il y a (|ue!-
((uos années, en octobre, sur la plage de iMarsoille, des débris de Posidonia
portant des fleurs. On a rarement ou occasion d'etudior le Posidonia en fleur:
je me propose de rechercher la plante îlurifére, en octobre, dans la localité
où le fruit a mûri cette année et d'en faire l'objet d'une étude spéciale.
SUR LA GERMINATION DE WAPONOGETON DISTACHYUS , par M, K. iiERlTIAllV
DIE SAi:%T.PIEKRE (2).
Les dissidences qui existent, entre les divers auteurs, sur la place que
doit occuper le genre Aponogeton dans la série végétale, dissidences telles,
(jue les uns l'ont classé dans les Acotylées, d'autres dans les IMonocotylées,
d'autres, enlin, dans les Oicotylées, me faisaient désirer depuis longtemps
d'en étudier la germination. J'ai pu me procurer, cotte année, des graines
(1) Cet embryon a été fitçuré par M. Adr. de .Inssieu dans son Élude sur les
embryons nionocolylés [Ann. se. ncU., 2" sér., t. Xf, pi. 17, fig. 15).
(2) M. Planclioii a publié en ISlili, dans Atinaks des se. natur., 3* série, t. I,
p. 107-120 Cl pi. 0, une excellente élude sur !o même sujet. L'auteur de ce tra-
vail arrive aux mémos conclusions que moi, relativement ù la structure de la
graine, et place le genre Aponogeton cuire les Aiismacéos el les Joncaginées;
M. Aug. de Sainl-Hilaire avait approuvé ce rapproclienient. — iM. Adr. de Jussieu
avait déjà (1839) signalé Tanaiogie de structure qui existe entre l'embryon de
V Aponogeton el celui de VOuvirandra {Mcw. cinbr. monoc in Annales se, nat.,
2' série, t. XI, p. 3/i5). — M. Ad. Brongniart {Enuin. gen. plant, eult. Mus.
T. IV. 37
578 SOCIÉTÉ DOTAMQli: DE FRANCR.
mûi'C's de \'Apo)iogetou distochyus, d'iiDP part nu j:irdin l)()taiii(|ue de Sniiit-
Maiuli'icr près Toulon, et d'autre part dans le jardin de M. Alphonse Karr,
à JNice.
Le genre Aponogcton Thunberg, Amoyeton Necker, Apogeton Schrader,
a été en effet placé par A.-L. de Jussieu dans les Acotylées, parmi ses
iS'aïadées; puis dans les Monocotylées par Mirbel (fann. des Aroïdées);
et dans les Dicotylées (fam. des Saururées) par Bartiing, Liodley et End-
licher.
ISéanmoins, dans une de ces notes si judicieuses dont A.-L. de Jussieu
a enrichi son Gênera plant arwn, l'auteur des familles naturelles exprime ses
doutes sur les affinités des genres dont il a constitué le dernier ordre de ses
Acotylées. « Il serait peut être à propos, dit-il, d'éliminer de la classe des
Acotylédones plusieurs genres de l'ordre des Naïadées et de les rattacher
aux autres ordres"; la germination a encore besoin d'être observée dans tous
ces geiues. »
Endiiclier considère le genre Aponogeton comme ayant un embryon fran-
chement dicotyié. Voici la phrase de son Gênera relative à l'embryon des
Saururées, ordre dans lequel il place le genre Apjonogeton : « Embryon si-
tue il l'extrémité de la graine dans une cavité supeificieile, placé dans un
périsperme farineux ou corne, antitrope, renfermé dans le sac amniotique
qui est persistant, de forme obcordée, à deux cotylédons très courts, a ra-
radicule supère. »
Cette description se rapporte sans doute à l'cmbi-yon du genre Saururus
(que je n'ai pas eu occasion d'étudier), mais, à coup sûr, elle ne se rapporte
en rien à l'embryon des Aponogeton. Le savant et illustre botaniste avait,
du reste, suivi l'opinion commune en rapprochant le genre Aponogeton du
genre Saururus, et n'avait probablement pas eu occasion d'examiner la
structure de l'embryon dans le genre Aponogeton.
Bien que l'erreur dans laquelle est tombe Endiiclier n'ait pas été partagée
par tous les botanistes, j'ai pensé que les détails précis que j'ai recueillis
sur la germination de V Aponogeton et les ligures exactes qui complètent
mon observation pourraient n'élre pas dépourvus d'intérêt.
Var., I8/10) a placé le genre Aponogeton auprès des l'otamogeton, dans la famille
des Naïadées. M. Schleiden {Nov. acta Acad. nat. curios., t. XIX, p. /j5), lui
ultribue la même place. —J'aurais pu, sans inconvénieni, demander la suppres-
sion de cet arlicle, communiqué à la séance du 10 juin à Jlontpellier, puisque le
résultat de mon élude (laile à la campagne et en l'absence des documents publiés)
ne dill'èrc pas de celui qui avait élédéjà obtenu par plusieurs bolanisles. Je ne le
conserve qu'en raison des quehjues détails relatifs au développement de la jeune
piaille, et ù la facilité de sa reproduction à l'air libre, dans les climats tempérés
où elle n'est cultivée ([u'en serre.
(A'o/e communiquée depuis la séance par M. Germain de Saint- Pierre.)
sKssiON i:XTi\AORniNvinr. a MoNTPEMjr.f. kn jlmn 1857. 579
l.a graine de V Aponogeton distac/iyus est d'aiitaiif. plus facile a bien étu-
dier (|u'elle "st volumineuse : elle est a peu près de la dimension d'un fruit
iV Isatis tinctoria. Il est en outre très facile de la faire germer, en la semant
sur du terreau, dans un vase submergé ; mais cette graine charnue se flétrit
et s'altère à. l'air libre : on doit donc la semer aussitôt qu'elle s'échappe du
péricarpe, à la maturité, et imiter en cela ce qui a lieu dans la nature. —
Lorsque l'on enlevé le tégument coriace de cette graine, on voit qu'elle con-
siste en un embryon charnu complètement dépourvu de périsperme. Une
coupe longitudinale, parallèle au sens dans lequel cette graine est déprimée,
montre que la plus grande partie de la masse de l'embryon est constituée
par \in organe indivis qui n'est autre chose qu'un cotylédon unique; vers
la base de ce cotylédon, on découvre la fente gemmulaire (ouverture de la
gaine de la fouille cotylédonaire), et au fond de cette fente on trouve la
gemmule, composée, avant la gei'mination, d'une très petite feuille, à la base
de lacjuelle on distingue le rudiment de la feuille suivante.
Lors de la germination, le cotylédon ne change pas de forme: il grossit
et s'allonge en déchirant, par en haut, les tuniques de la graine. Les bords
de sa gaine (fente gemmulaire) s'écartent pour livrer passage à la première
feuille de la gemmule, qui est fdiforme et atteint bientôt plusieurs fois la
longueur du cotylédon ; en même temps la base du cotylédon se prolonge en
une radicule obtuse. — Un mois plus tard, on voit la jeune plante étaler à
la surface de l'eau deux ou trois feuilles longuement pétioléesetrà limbe ellip-
tique, ne différant des feuilles de la plante adulte que par leur petite taille.
Si, alors , on retire la jeune plante de son vase submergé, on trouve en-
core la feuille cotylédonaire adhérente au collet, et l'on voit que ce coty-
lédon a produit à sa base une racine globuleuse que je puis comparer à la
racine de première année du lamus communis . Cette racine globuleuse émet
aussi, comme celle du Tamus communis, des fibres radicales filiformes, sub-
coléorhizees. — D'autre part la gemmule, en se développant, a constitué
une rosette de trois à cinq feuilles : la plus ancienne, quelquefois déjà détruite,
est complètement linéaire ; la seconde est un peu élargie vers le sommet, et
les suivantes sont pourvues de leur limbe elliptique qui s'étale à la surface
de l'eau. — Cet embryon, si facile à suivre dans les phases de sa germina-
tion, ne diffère, comme on le voit, par aucun point essentiel de l'embryon
des Monocotylées. Si donc la graine, dans le genre Saururus, présente un
périsperme, et si son embryon est à deux cotylédons, le genre Aponoge^
ton ne saurait en être rapproché ; il me semble, au contraire, devoir être
placé non loin du genre Potamogeton, dont il ne diffère essentiellement que
par ses carpelles renfermant plusieurs graines.
J'ajouterai, en terminant, que VApunogeton distac/njus, considéré généra-
lement comme une plante de serre dans le nord de la Fiance, convient à
tous les climats tempérés: il a été naturalisé depuis plus de vingt ans dans
080 SOCIÉTÉ BOTAMQl'Ii: DE Fr.ANCE.
le centre de la France, par M"" A^l. Adanson et M. Anacli. Doiimcl,
dans une pièce d'eau du parc de Baleine (Allier); il v végète et y (Icurit abon-
damment chaque année, sans nécessiter ni soins ni culture. Cette helle plante,
si propre à décorer les bassins et les pièces d'eau, par son feuillage et sur-
tout par ses fleurs élégantes et nombreuses, a, en outi-e, l'avantage de se
propager facilement de graines, comme le prouve la réussite complète des
semis que j'ai faits cette année à Costebelle près Hyères.
M. J. Gay demande à M. Germain de Saint-Pierre quelle est son
opinion sur ralïinité de cette plante.
M. Germain de Sainl-PieiTe répond qu'il la place près des Pota-
mogeton.
M. Gay fait observer :
Qu'après de longues études sur les phanérogames aquatiques, Adrien de
Jussieu était arrivé a une tout autre manière de voir. Suivant lui, \ Apono-
(jetan serait allié avec le Triglochin et le Lilœa (genre dédié à Raffeneau-
Delile), et rentrerait par conséquent dans la famille des Joncaginées.
M. Gay ajoute quelques détails sur la singulière destinée qu'a eue le nom
sous lequel figure dans nos livres la plante dont il est ici question. Aponoge-
^on signifie voisin ou habitant d'Aponus, comme Po^fono^e^n signifie voisin
ou habitant des lleuves, étant dérivé des mots grecs Trora/jiciç et ^eîtcov. Aponus
(aujourd'hui Abano) est, comme ou sait, un établissement thermal situé
près de Padoue, dans la vallée du Pô, célèbre dès le temps des empe-
reurs romains, et (jui a eu l'honneur de donner naissance h Tite-Live,
étahlissement qui est encore fréquenté de nos jours, en raison de l'utilité
médicale de ses eaux. Or, Pontedera, qui écrivait dans le premier quart
du dernier siècle, donna le nom iVAponogeton à une plante aquatique
ol^ervée par lui dans les fossés des environs d'Aponus. La même plante
tomba quelques années plus tard dans les mains de Micheli, le célèbre obser-
vateur florentin, et il la nomma Zannichellio^ sans tenir compte du nom
à'Aponogctcm de Pontedeia, qui pourtant était antérieur de plusieurs an-
nées. C'est ainsi que le nom de Zaruiic/œllio, adopté par Linné, s'est pro-
pagé jusqu'à nos jours, au détriment d'un autre nom qui eût dû être con-
servé, puisqu'il était antérieur en date et qu'il ne prêtait à aucun doute. Tel
était l'état des choses, et un demi-siècle s'était écoulé, lorsque Thunberg
eut à décrire une plante du cap de Jionne-Esperance, à laquelle il fallait un
nouveau nom générique. Aponogcton était vacant, et il l'appliqua à sa
plante sans hésiter, et vraisemblablement aussi sans s'être rendu compte ni
de son étymologie ni de ce qu'il avait antérieurement signifié.
C'est dans le même sens que nous entendons aujourd'hui le mot Aponoge-
tou, d'où résulte cette singularité d'un genre de plantes qui appartient tout
SESSION KXTItAORDINAIRK A MONTIM'-LLIKU EN .IIIN 4857. 581
nitiei- à riu'niisplà'i-e austral el (|ui porte le nom d'iiiio l)()iir;:ailc du rov ;uiii;e
I.onibard-VéïiilitMi, située par le Li3' degré de riiéiidsplicrc boréal!
M. Planclion dit :
Que \' Aponogeton a été naturalisé par Dclile et Farel a La Valette, sur
les bords du Lez, et qu'on l'a vu fructifier à Montpellier. — M. Planclion
ajoute que, dans une note insérée dans les Annales des sciences naturelles, il
a déjà émis, il y a plusieurs années, les idées que M. Germain de Saint-
Pierre vient d'exposer. Tl y a longtemps d'ailleurs que ryl/:/ono^e^o?z est re-
gardé comme monocotylé : Adrien de Jussieu l'a signalé comme tel dans
un mémoire sur les embryons monocotylés, et M. Ad. Brongniart le rap-
proche des JNaïadées.
M. Clialin rappelle :
Qu'Adrien de Jussieu insistait beaucoup dans ses leçons sur la structure
de V Aponogeton, qu'il considérait comme monocotylé. M. Cliatin possède, à
l'appui de cequ'il avance, des dessins pris au cours de cet illustre savant. —
Il a remarqué d'ailleurs, dans l'herborisation faite par la Société à La Va-
lette, que V Aponogeton est complètement naturalisé sur les bords du Lez,
mais il ne pense pas ([u'on doive en conclure ([ue cette plante puisse être
facilement acclimatée dans le nord de la France ; car, sur les bords du Lez,
non-seulement elle se trouve dans la région méridionale, mais encore dans
des eaux dont la source est assez voisine pour qu'elles conservent même en
hiver une température relativement élevée.
M. E. Douinet, vice-président, dit que dans le parc de Baleine
(Allier) , où V Aponogeton a été naturalisé , il se trouve dans une
pièce d'eau alimentée par une source dont l'eau gèle très difticiie-
ment.
M. Ducoudray-Bourgault croit à la facile propagation de cetle
plante dans le nord-ouest de la France. Il l'a vue se maintenir par-
faitement depuis quinze ans, aux environs de Nantes, dans des eaux
qui gèlent tous les hivers, et fructifier malgré les intempéries du
climat, dont toutefois la rigueur est adoucie par le voisinage de la
mer.
M. Durieu de Maisonneuve, en examinant les échantillons de
Posidonia présentés par M. Germain de Saint-Pierre, remarque que
la partie inférieure des tiges est entièrement couverte d'un Champi-
gnon, le seul qui se développe et fructifio on pleine mer: c'est le
Sj)hrprin Posidomm.
582 SOCIÉTÉ BOTAMQIK ni' FHANCE.
M. Germain de Saint-Pierre dit (|ii"il esl lieureiix d'avoir provo-
qué ces intéressantes remarques. Il ignorait, d'ailleurs, les observa-
tions antérieures de M. Planchon.
M. J.-E. Planchon ajoute :
Qu'Kiidlicliei' a eu tort de rapprocher, dans son Gênera plantmnnii, VApo-
nogcton des Saururées, et que la description qu'il a donnée de l'enihryon de
cette plante est entièrement controuvée et copiée sur celle que M. K. Meyer
n donnée de l'enihryon des Saururus, qui présente un double albumen. —
M. Planchon croit qu'on doit, à l'exemple d'Adr. de Jussieu, rapprocher
des Aponogeton, les Ouvirandra (1) ; car, dans l'un et l'autre de ces genres,
on observe un embryon pourvu d'un seul cotylédon charnu, considérable,
comprimé, et d'une grosse gemmule située en dehors. Adr. de Jussieu les ci-
tait comme exemples d'embryon monocotylé à gemmule exserle.
M. Gustave Planchon présente à la Société quelques échantillons
de végétaux fossiles et fait la communication suivante :
SUR LA FLORE QUATERNAIRE DES TUFS CALCAIRES DE CASTELNAU PRÈS MONTPELLIER,
par M. GtSTAVE PLAl\Cn01\.
Ce n'est pas un travail complet que j'ai la prétention de piésenter à la
Société; je désire seulement attirer un instant son attention sur quelques
végétaux fossiles caractérisant la flore quaternaire de notre région, l.e ter-
rain qui les renferme est vulgairement connu dans le pays sous le nom de
tuf calcaire de Castelnau. MM. Marcel de Serres, Taupenot et Paul deRou-
ville l'ont successivement étudié au point de vue géQlogitjue -, mais ils ont
laissé, dans la détermination des diverses espèces de sa flore, des lacunes
nombreuses, que je m'efforcerai de combler dans un travail spécial.
En attendant la réalisation de ce projet, qu'il me soit permis d'exposer
le résultat de mes premières recherches.
Les deux localités que j'ai seiiles explorées jusqu'à ce jour (Castelnau et
le Gasconnet) m'ont offert des empreintes de fruits, de tiges et de feuilles.
Les fleurs, naturellement trop délicates, n'ont laissé aucune trace de leur
présence.
Les fruits y sont en petit nombre: je n'ai rencontré jusqu'ici que:
Quelques cônes de Pins, très incomplets, mais dont les écailles sont par-
faitement reconnaissables ;
Deux fruits, dont la détermination est encore fort douteuse : l'un d'eux a
une ressemblance éloignée avec le fruit de V Aristolochia Clematitis.
(1) Plantes de Madagascar. L'espèce la plus remarquable de ce genre, précieu-
sement cultivée au jardin de Kevv, est l'O. fenestralis Poir., dont les fouilles ré-
duites aux seules nervures forment une sorte de dentelle.
SESSION liXTRAOliDINAini: A MONTI'KI-l-II.K KiN JTIN 1857. 583
Lcsti<i('S t't les racines semblent dominer dans ectte foiiniition.
On voit en eertaiiis points se dessinera la sui l'ace du terrain des eonrl)CS
assez souvent concentriques, simulant des troncs d'arbres d'une dimension
considérable : mais je n'ose pas basarder encore une opinion sur la cause
de leur présence.
Il en est de même de certains tubes sei'puliformes, que l'on rencontre
serrés les uns contre les autres, et que l'on serait d'abord porté à regarder
comme des racines.
Il existe en outre bon nombre de débris, (ju'on doit sans hésitation rap-
porter à des tiges ou à des racines, appartenant la plupart à des Dicotylé-
dones, mais dont une détermination plus exacte est à peu près impossible.
Les seules empreintes que j'aie pu reconnaître, appartiennent à des
branches de Conifères, probablement du genre Pinm; les autres à des
chaumes de Graminées, peut-être du genre Arundo.
Les feuilles sont représentées par de nombreuses empreintes. Celles dont
la détermination me parait a peu près certaine, se rapportent aux espèces
suivantes, rangées dans l'ordre de leur fréquence :
1" Acer Pseudoplatanus. Feuilles très communes àCastelnau, considérées
jusqu'ici comme des feuilles de Vigne. — 2° Smilax aspera. Feuilles com-
munes au Gasconnet, se présentant sous toutes les formes, depuis la plus
étroite jusqu'à la plus large. — y Pinus {espèce encore indéterminée). —
U° Buxus sempemirens. — 5° ffedera Hélix. — 6° Rhamnus Alaternus. —
7° Alniis ghttinosa. ■ — 8° Quercus Ilex. — 9° Cornus sanguinea.
Les espèces suivantes sont déterminées avec doute :
10° Ilex Aquifolimn? — 11° Phillyrea angustifolia? — 12° Lcmrus nobi-
lis ? — 13° Celtis australis ??—i lx°A rundo Donax ? ?
De cette énumération ressort un fait général : c'est l'analogie de la végé-
tation de cette période avec la nôtre, et l'âge relativement récent du tuf de
Casteinau.
Peut-être n'aurais-je dû formuler cette conclusion qu'après avoir exacte-
ment déterminé toutes les espèces de cette flore : cependant elle me parait,
dès à présent, très probable.
Des questions générales et fort intéressantes, mais dont j'ajourne à
dessein la discussion, se rattachent aux faits que j'ai signalés. Telle
est celle de la présence, dans un terrain antérieur à toute culture, de
plantes que l'on a regardées comme les types de nos espèces cultivées. On
y avait signalé des feuilles de Vigne : je les ai vainement cherchées-
toutes celles qui en ont l'apparence appartiennent bien évidemment à VAcer
Pseudoplatanus. Cette question est pour moi dès aujourd'hui complètement
vidée.
.l'hésile beaucoup plus a me prononcer au sujet de l'Olivier. La conclu-
sion est trop importante, et les matériaux que j'ai pu rassembler sont trop
58Ù SOCIÉTÉ ROTANIQUR DH FRANCE.
incompk'ls, pour que j'ose rien préjii<^er à cet éjïard. Je devrai attendre
pour ine décider que de nouvelles recherciies m'aient fourni des résultats
plus satisfaisants.
Et la séance est levée vers cinq heures.
Le 11 juin, la Société s^est l'endue à Celte par le chemin de fer. La
Société entoniologique s'était jointe à elle pour cette excursion.
Après une longue et fructueuse herborisation (1) sur les hauteurs qui
dominent la ville, nous sommes allés visiter le riche musée que
M. Doumetjl'un des vice-présidents de notre session extraordinaire,
a fondé dans sa belle demeure, il y a déjà environ quarante ans, et
qu'il a constamment accru depuis.
M. E. Doumet , aucien officier supérieur d'état-major, aujourd'hui
maire de Cette et député au Corps législatif, a ouvert sa maison aux mem-
bres des Sociétés botanique et entomologique avec la plus cordiale hospi-
talité. Il a bien vo'ulu admettre à sa table un grand nombre d'enti-e eux,
puis il les a conduits dans son musée et dans ses jardins, dont il leur a
permis d'admirer tous les détails. Nous allons en donner une description
succincte.
Musée. — Les galeries sont au nombre de deux , et leur ensemble
forme une sorte de T allongé. L'une a 50, l'autre 70 mètres de longueur ;
sur uue largeur de 10 mètres et 7 mètres de hauteur de plafond. Elles sont
éclairées par 52 portes ou fenêtres, et par des ouvertures au plafond, qui ont
pour but défaire arriver la lumière de tous les côtés sur les objets. Les
trumeaux sont occupés par des armoires vitrées renfermant les gros objets,
tandis que les collections d'objets menus sont casées dans des vitrines
plates, formant deux doubles rangées qui occupent le milieu des galeries
dans toute leui- longueur. Des passages ménagés de distance en distance, et
dont le centre est occupé par des pièces saillantes, telles que le plan en
relief de Jérusalem, le vaisseau-modèle, le globe polymalhique, etc., per-
mettent de suivre les séries sans faire le tour entier des galeries.
Les collections peuvent se diviser en deux séries :
A. Collections archéologiques , Instoriques et artistiques. — Nous devons
citer parmi celles-ci : 1° une icunion de costumes, armes et ustensiles de la
(1) Voyez plus bas, dans le coniplo rendu do la séance du iG juin, le rapporl sur
ceUe liei borisalioi), rédigé par M. t>. Mares.
SESSION EXTIUOnniNAIRK A MONTPELLIF-^R EN .11 IN 1857, 585
plupart (les peuples etrauf^ers à l'Europe ; 2" une rruiiioii (raMli(|uites éiiy|)-
tieiiiies, éli-usques, grecques, etc. , suivie d'un ceilaiii nombre d'objets du
moyen-age-, 3° une collection d'armes et armures européennes, depuis les
temps antérieurs à l'invention de la poudre jusqu'à nos jours; li" une réu-
nion de tableaux et d'objets d'art.
B. Collections d'histoire naturelle. — Klles comprennent :
1° Colleclions minéralogiqucs et géologiques de tous pays, parmi les-
quelles on remarque celle des rocbes de (lorse, réunie par M. Doumet, pen-
dant un séjour de cinq ans qu'il a l'ait dans cette ile.
2" Collection ornithologique, composée essentiellement des oiseaux d'Eu-
rope, presque tous acconipao;nés de leuis œufs. Certains exemplaires de
cette collection ont servi de types aux descriptions de plusieurs auteurs.
3° Collection de reptiles indigènes et étrangers.
i°ColIection des poissons de la Méditerranée, préparée sur les lieux
depuis dix ans, sous la direction de M. Napoléon Doumet, et qu'augmen-
tent chaque Jour les nombreuses espèces rares ou curieuses qui vivent dans
cette mer.
5° Collection des Lépidoptères indigènes et exotiques, remarquable par sa
disposition et par un grand nombre d'espèces rares ou nouvelles.
6° Collection des Crustacés et Échinodermes du littoral, auxquels sont
Jointes un certain nombre d'espèces exotiques.
7° Collection considérable de Zoophytes (madrépores, éponges, gor-
gones, etc.) de tous pays.
8" Collection conchyliologique, l'une des plus complètes qui existent,
comprenant environ 15,000 espèces actuellement vivantes, représentées par
plus de 100,000 individus.
9° Enfin, collections botaniques, composées principalement de l'herbier
de Michel Adanson, qui a servi de base à son ouvrage sur les Familles des
plantes (1763). Cet herbier est encore dans l'état où il l'a laissé, il y a Juste
cinquante ans; quelques-unes des plantes qui s'y trouvent sont récoltées depuis
plus d'un siècle. M. Doumet, petit-fds d'Adanson, possède, outre son lier-
bier, précieux par les nombreuses annotations de l'illustre et laborieux natu-
raliste, une grande partie de ses manuscrits, parmi lesquels on remarque
son fameux Orbe universel, ou Encyclopédie, qui lie devait pas se composer
de moins de 120 volumes in-folio. Ces manuscrits forment un total de plus
de 200 volumes, dont les deux tiers sont écrits de la main même de l'au-
teur. Ces chiffres peuvent déjà donner une idée des immenses travaux
d'Adanson, travaux qui étonneront plus encore, si on ajoute que les 200 ou
300 volumes de sa bibliothèque qui se trouvent chez M. Doumet, sont
annotés de sa main sur toutes les marges et même entre les lignes du texte.
En outre, ses collections, qui renfermaient déjà, vers 1790, plus de 30,000
espèces, el qui étaient connues sous le nom de Musée tle l' Académie
586 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FIUNCE.
d'Adanson, sont toutes ('tiquetées de sa main, avec l'orliiine et qucicfuefois
l'histoire, pour ainsi dire, de cha((ue échantillon.
Jardins. — Les galeries que nous venons de décrire dominent un jardin
de 70 mètres de long sur 25 de large, qu'elles abritent du c5té de l'ouest et
du sud. Sous les fenêtres a l'exposition nord, était placée, lors de notre
visite, une collection de Camellia et autres plantes de terre de bruyère,
dont la culture offre de grandes difficultés sous un climat chaud et sec
comme celui de Cette. Plus loin se trouve une série débâches entourées de
plates-bandes, remplies les unes et les autres par une des plus intéressantes
collections de ('actées que l'on puisse voir. Elle ne compte pas moins de
3000 échantillons. Commencée, il y a quinze ans environ, par M. Doumet,
elle s'est accrue depuis par la collection bien connue du docteur Audry,
secrétaire-général de la Société d'horticulture de la Seine. ÎNe pouvant
énuméi'cr les nombreuses espèces qui y sont réunies, nous nous borne-
rons à citer les Echinocactus acanthodes, Haynii, Williomsii, Cumingii,
Saglionis, triboldcnnthus ; Ecliinopsis obliqua, cinnabarina ; Melocactus
pentacanthus, Hystrix; Mamillaria vberimamma , Brongniurtiana, dœ-
dalea; Pilocereus Columna, glaueescens. Comètes, Pfeifferi, Chrysomalus ;
Cereus euphorbioides, Forbesii, Dumortieri, heteromorphiis, Hermantiamis,
pentaëdropliorus, gilvus, conicus, etc., remarquables, soit par leur rareté,
soit par les dimensions cl la force des sujets. Sur deux individus de la der-
nière espèce citée, M, Germain de Saint-Pierre a constaté un phénomène
intéressant de dédoublement. A lafamilledes Cactées sont joints des Aloë^
des Agave, des Euphorbes cactiformes, des Ficoïdes et des Sempervivum,
constituant l'ensemble des végétaux appelés vulgairement /^/an^es grasses.
A l'extrémité de ce terrain et un peu plus bas, se trouve un second
jardin, plus grand du double et contenant la suite de ces précieuses col-
lections. Enfin l'établissement est complète par six grandes serres, dont
une spéciaicmeat affectée aux Cactées, une pour les Camellia, une serre
chaude, deux serres froides et une orangerie. C'est dans la serre chaude que
la Société a pu voir un Musa paradisiaca ayant porté cinq régimes depuis
un an, et deux pieds de liougainvillea spectabilis couvrant une muraille
de 15 mètres de long sur 6 de haut.
Dans les jardins, nous avons remarqué aussi la riche végétation de l'Acan-
thus mollis, qui semble y venir spontanément, et un très beau pied de
Nicotiana glauca, qui croit eu pleine terre, comme sous le ciel de l'Amé-
rique du sud.
M. Doumet, héritier direct d'Adanson et neveu du comte de Eaccpède,
a su faire un noble et utile emploi de sa fortune. Tout en satisfaisant ses
goûts personnels, il contribue au progrès de la science et s'efforce d'instruire
ses concitoyens en les faisant jouir libéralement des richesses scientiliciucs
(lu'il a réunies. Chacjue dimanche, pendant toute l'année, ses galeries et ses
SE.-^SION KXTRAORUINAIHK A MOiNTI'KLLIKU IN JL'IN 1857. 587
jardins sont ouverts à tout le niondo; les ctiangers y sont admis tons les
jours. Sa bibliothèque, de ^lOOO volumes, eomposée en tnajeuie partie de
livres d'histoire naturelle, est également à la disposition de ceux qui veulent
travailler; et chaque jour, des observations niétéorologicines, horticoles et
botaniques, sont faites sous sa direction dans ses jardins.
Ajoutons que M. Doumet a eu le bonheur de trouverdans son fds un
aide intelligent et dévoué à la tAche qu'il a entreprise. M. Napoléon IJoumet
est digne de continuer et de compléter un jour l'œuvre de son père. Nous
en avons vu la preuve dans l'empressement bienveillant qu'il a mis à nous
faire avec lui les honneurs de ses collections, et dans les intéressantes expli-
cations qu'il nous a données. C'est à son obligeance (jue nous devons une
grande partie des renseignements contenus dans la notice qu'on vient de
lire.
SKAWCE DV t3 JITIM 1857.
PRÉSIDENCE DE M. PIERRE DE TCHIHATCHEF.
La séance est ouverte à neuf heures du matin.
M. Eugène Fournier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal
de la séance du 10 juin, dont la rédaction est adoptée.
Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le
Président proclame l'admission de :
MM. ViGiNEix (Guillaume), rue de la Harpe, ^9, à Paris, présenté
par MM. le comte Jaubert et deSchœnefeld.
Zanétidès (Panagiotès), étudiant en médecine, de Césarée en
Cappadoce, actuellement à. Montpellier, rue du Vestiaire, 10,
présenté par MM. de Tchihatchef et Martins.
Marcellin (Augustin), étudiant en médecine, place du Palais,
3, à Montpellier, présenté par MM. Planchon et 3Iaillard.
Martin (Antoine-Bernardin), docteur en médecine, à Aumes-
sas, près Le Vigan (Gard), présenté par MM. J. Gay et de
Schœnefeld.
TvvEZKiEwicz (Diomède), docteur en médecine, au Vigan
(Gard), présenté par MM. J. Gay et de Schœnefeld.
M. le Président annonce en outre ciiuj nouvelles présentations.
Des échantillons remarquables de céréales, présentés à la Société
588 SOCIÉTÉ ROTANIQUE DF. FRANCK.
\yàv iM, II('lrn, liorliculUnir à Tandon près Monlpollior. sont doposrs
sur le bureau.
M. Fournier, secrétaire, annonce qu'il a reçu de M. Barrandon, de
Montpellier, des écliantillons de Brassica liumilis DC, pour être
distribués à quelques membres de la Société (1).
M. J.-E. Planchon, vice-président, rend compte de l'herborisation
faite le 9 juin, au Pic de Saint-Loup :
RAPPORT DE M. J.-E. Pl.lMEHOX SUR L'HEUBOP.IS.\TION DIRIGÉE PAR LUI,
LE 9 JUIN, AU PIC DE SAINT-LOUP.
Le Pic de Saint-Loup, Mons Lupi des anciens botanistes, s'élève au nord
de Montpellier, à la distance d'environ 18 kilomètres en ligne directe. Ce
n'est pas, comme semblerait l'indiquer le nom de pic, un mamelon isolé,
mais un chainon de montagnes a crête très accidentée, qui se dirige de
l'est à l'ouest sur une étendue approximative de 18500 mètres. Il est divisé
dans sa longueur en deux croupes très inégales, dont la plus haute, formant
le principal massif de la montagne, s'élève à 659 mètres au-dessus du
niveau de la mer. Le versant méridional de la chaîne s'abaisse par des
pentes plus ou moins roides, à l'ouest jusqu'à la petite plaine de Cazevielle,
portion orientale du plateau montueux de Viols; à l'est jusqu'au vallon de
Mortiès, ilôt de terrain de lias enclavé dans un cercle de marnes supralia-
siques qui se font remarquer de loin par leur teinte gris de plomb et leur
surface profondément ravinée. Le versant nord, presque partout inacces-
sible, dresse, au-dessus des talus rapides de sa base, un rempart continu de
rochers à pie, dominant vers l'ouest le bassin fluvio-lacustre (calcaire ter-
tiaire d'eau douce) du Mas de Londres; vers l'est, le bas-fond néocomien,
qui s'étend entre le Saint-Loup et l'Ortus. Cette dernière montagne, bien
moins haute que le Saint-Loup, lui présente presque en ligne parallèle la
corniche abrupte ([ui forme sa crête. Klle semble s'en être séparée par un
déchirement violent; mais ici l'apparence est trompeuse, car la masse du
Saint-Loup appartient à la formation jurassique (étage oxlbrdien), et celle
de l'Ortus a la formation crétacée (étage néocomien).
Malgré sa faible hauteur absolue, le Pic de Saint-Loup joue un peu la
grande montagne. Yu de Montpellier, il forme le trait saillant de cette
vaste ceinture montueuse qui s'étend de l'ouest à l'est par le noid, com-
prenant dans son horizon visible les collinesde laGardiole, les crêtes dénu-
(1) M. Barrandon, prévoyant que la Socit'U; ne pourrait roncontrer code iiité-
ressanlo cspôce dans le cours de .ses excursions, avait eu ro!)ii;;eaaco d'aller la
recueillir, à une lieue au delà du Pic de .Sainl-ÎAHip, avec Pinicnlion ex|uessp de
lui en olTrir des échantillons.
SKSSION KXTKAOltDINAIl'.K A MONTl'KI.IJKi; ICN .lUIN 1857. 58'.»
dcos de la Srraiu', la lif^iic uniforme tlu bois de Valèiic, les cimes lonjiînnps
neigeuses des CéveiHics.el souvent, perdus da:;s If lointain, les PyrtMiees, le
Mont-Ventoux et les Alpes dauphinoises.
Place presque au premier plan de ce tableau, le Saint-Loup s'y dresse
lièrement comme un avant-poste des basses Cévennes, et ferme de ce côté
la région traditionnellement considérée comme siège de la dore locale de
Montpellier. Sa végétation est, du reste, tout à lait méditerranéenne. Le
Chêne-vert et le Thym y croissent dans les rocailles; le Laurier des poètes
[Laurus nobilis) y trouve asile dans un recoin inaccessible de la crête, non
loin du sommet, et quoique la plaine (|ue surplombe le versant nord du
Saint- Loup soit plus froide (pie les pentes exposées au sud des basses Cé-
vennes, elle présente néanmoins comme elles un caractère méridional.
Du reste, la variété des expositions, la diversité des terrains qui se grou-
pent autour du Saint-Loup, tout concourt à donner a cette montagne, en y
joignant les plaines et les collines adjacentes, une végétation des plus riches.
C'est là ce qui lui a fait une réputation séculaire dans les fastes de l'herbori-
sation. Kn y conduisant, le 9 juin 1857, la vaillante caravane de la Sociélé
botanique, nous étions heureux de fouler les traces de Lobel, de Clusius, de
Richer de Belleval, de Magnol, de Sauvages, deGouan, de De Candolle, de
Delile et de Dunal, glorieux éclaireurs de cette classique région.
Deux grandes routes conduisent de Montpellier au voisinage du Pic de
Saint-Loup : celle de Gaiiges à l'ouest et celle de Quissac a l'est. On quitle
la première au plateau de Viols, pour suivre a pied la pente méridionale
du mont. C'est le sentier battu des gens du monde. La seconde permet
d'aller en voiture jusqu'à Tréviès. Là commence l'ascension pédestre. On
peut la faire de deux façons : en suivant un sentier qui rampe par degrés
sur le flanc méridional du mont, ou bien en gravissant, a travers les blocs
de rochers et les broussailles, la crête orientale de la chaîne. Pour accomplir
cette dernière escalade , les vétérans de notre troupe retrouvent leurs
jambes de vingt ans.
Partis en voiture de Montpellier, à deux heures et demie du matin, nous
sommes arrivés à Tréviès à cinq heures. Aussitôt l'avant-garde se dirige vers
le château de Montférand, ruine pittoresque qui couronne la petite croupe
orientale du Saint-Loup. C'était autrefois un château-fort appartenant aux
évêques de Maguelonne. Il n'en reste aujourd'hui que des pans de mur,
des tours démolies, des décombres amoncelés. Pour arriver à ces ruines,
nous traversons le petit village de Saint-Mathieu de Tréviès, situé dans le
terrain lacustre (calcaire tertiaire d'eau douce); et bientôt, sur ce terrain
spécial, deux plantes attirent notre attention. L'une est VA&tragalus inca-
nus, que découvre l'œil exercé de M. Cosson. C'est une espèce rare pc ur
Montpellier, où nous ne la connaissions encore que dans le voisinage
d'Assas, également sur le calcaire d'eau douce. L'autre plante est le Cneo-
500 SOCIÉTÉ BOT.vMnrK DE Franck.
l'ion tricoccon. Très commun sur la chaîne de Gardiole et sur la montaiine
de Celte (terrain oxfordien, oolilhes, doiomies), cet arbuste ne se retrouve
ensuite dans nos environs que près de la montagne de IMounlé, non loin de
Tréviès, et dans la localité nouvelle que nous venons de signaler. On sait
qu'il végète en abondance dans les rocailles néocomiennes de la Clape, près
de Narbonne, preuve qu'il n'a pas de préférence exclusive pour une seule
formation calcaire.
Sur les ruines de Montférand, à /i69 mètres d'altitude, on rencontre
déjà, comme des sentinelles avancées, quelques plantes de la haute crête
du Saint^Loup. Tels sont, par exemple, le Saxifraga pubescens, le Silène
Saxifraga et VAli/ssiim spinosiim.
Descendus de Montférand, nous franchissons rapidement la dépression
qui sépare les deux croupes du Saint-Loup. Il s'agit d'aborder la plus haute
par sa crête orientale. Hic opus, hic labor est. C'est une véritable prise
d'assaut. On s'élance intrépidement à la conquête des plantes. Ici, c'est V Hie-
racium stelligervm, rarissime espèce que nous retrouverons plus abondante
et plus accessible à Saiiit-Guilhem-du-Désert; elle croit mêlée à V Hiera-
ciian amplexicaide, ei à des formes pour nous ambiguës de VHiernciurn
murorwn. Là, ce sont des touffes de V Erodium petrœum, petit sous-nr-
busle a feuilles n^.usquécs, à grandes fleurs roses, délicates et trop fugaces:
la plante est spéciale au Saint-I.oup, dans la région de Montpellier. Çà et
là, sur les rochers, on cueille V Alsine mucronata Dans les crevasses om-
bragées, quelques pieds de EeUadone semblent rappeler que ces roches dé-
nudées ont été autrefois couvertes d'une végétation touffue. Partout s'éta-
lent sur le roc grisâtre les brillantes touffes roses du Saponaria ocymoides;
le Hibcs alpinum fleurit obscurément dans les crevasses; le Saxifraga
pubescens forme des coussins bombés sur le flanc des précipices, où la Fé-
rule [Fer7(la glauca), le Lis Martagon (très rare), le Ccrasus Mahaleb,
VAmelanchier vulgaris, le Coronilla Emerus, semblent fuir à dessein les
atteintes du botaniste.
Knfin, après deux heures d'ascension, nous somn»es tous réunis au som-
met du pic, autour la chapelle de l'ermite et du signal de Cassini. Il est
dix heures: un soleil trop vif diminue l'effet, encore admirable, du tableau
qui se déroule à nos regards. On cueille au bord du puits de la chapelle
le Ilumex scutatus, et près de la tour du Signal, quelques branches du
li/iamnus alpinm.
k onze heures commence la descente. Elle s'opère rapidement et sans
fatigue par le sentier qui se rend à la ferme de Cazevielle. Rien de bien
remarquable sur la route, au moins pour des botanistes méridionaux.
M. Timbal-Lagrave y retrouve son Lotus Delorti de Narboinie, que nous
confondions jusciu'a présent avec le Lotus corniculatus.
La petite plaine de Cazevielle est au pied du versant méridional du Pic de
Si:SSlON KXTKAOnhINAlUI-: A MONTPKLLIKIÎ KN JUIN 4S57. 591
Saiiit-Loiip. Les plantes iiiU'i'cssantt's nous appollenl de l'autre eôtédu pic,
dans le bassin de calcaire deau douce du Mas de Londres.
Partis de la ferme de ïouirièiT, nous franchissons la crête du pic (assez
basse en cet endroit) par le col du même nom, en laissant sur la droite une
tour carrée qui nous explique le mot tourric7-e. Sur les rochers se présente
assez fréquemment le Linaria supina, connu des botanistes de Montpel-
lier sous le nom de Violette de Saint-Loup. Sa fleur, en effet, exbaie
l'arôme de la violette; ailleurs elle est presque toujours inodore, sans que
cette diversité s'accompagne d'aucune différence appréciable dans les
caractères. Avis à ceux qui séparent comme espèces VOrchis fragrans et
I ' Orc/i is coriophora .
On descend du col de Tourrière dans le bas-fond du Mas de Londres, par
un chemin en zigzag qui serpente entre les rochers. C'est là que nous
allons cueillir au premier printemps VArabis verna.
Plus bas, dans les argiles lacustres, une moisson nouvelle se présente aux
botanistes. C'est ici par excellence la région des Lins. Le Linum salso-
/oec?<?s y prédomine, étalant partout ses fleurs blanches, lavées de rose. A
côté viennent !e Linum campanulatum, aux grandes corolles jaunes ; le
Linum narbonense^ aux fleurs d'uu bleu si pur et si vif; le Linum tenui-
folium, qui ressemble par les fleurs au Linum salsoloides. Une autre plante
à citer est le Carduncelhts 3hnspeliensium, qui se retrouve plus près de
Montpellier, dans les argiles du terrain lacustre deGrabels.
Les plus intrépides d'entre nous vont chercher sur le versant du Saint-
Loup le Pœonia peregrina, dont les fleurs sont depuis longtemps passées ,
mais qui présente encore dans ses fruits deux variétés remarquables : l'une
à carpelles parfaitement glabres, l'autre à carpelles %eloutés.
La saison est Irop avancée pour aller cueillir, près du moulin du Renard,
dans les argiles du terrain lacustre, le Diplotaxis humilis Gven. et Godr.
{Brassica hwnilis DC). Cette singulière espèce, d'abord connue en ce seul
endroit, a été retrouvée récemment sur le Causse de Blandas, près de
Montdardier (Gard), par notre ami, le docteur Diomede Twezkiewicz, et
nous croyons aussi dans une localité d'Espagne, par M. le docteur Bubani.
Au Mas de Londres nous sommes déjcà dans les terrains cultivés, et l'in-
térêt de l'herborisation s'affaiblit, bien qu'il y ait encore à glaner dans les
friches et les prairies des environs. Mais on a marché dix heures de suite,
les boites sont pleines, et nous sommes charmés d'atteindre Saint-iMarlin
de Londres, d'où les voitures nous ramènent à Montpellier en deux heures
et demie.
M. J. Gay déclare que les trois échantillons d' Ilieracmm qui lui
ont été j)résenlés au retour du Pic de Saint-Loup doivent être rap*
5y2 SOCIKTÉ HOTANIQLI!; DK ir,.\>CE.
portés à VU. ainplo.x'icanlc ^ tandis (ju'il a reconmi !a piaule do
Saint-Giiilliein pour 17/. nLdl'ujerwni.
M. E. Planchon dit avoir récolté, il y a deux ans, le véritable
H. stell'ujerum au Pic de Saint-Loup. On y trouve aussi une forme
intermédiaire entre \q.%H. stelligerum et murorum.
M. Martins dit qu'il a cueilli avec M. (todron V H. stelligerum à
Saint-Guilliem. L'identité de l'espèce cultivée au Jardin des plantes
de Montpellier a été reconnue par M. Jordan.
M. de la Perraudière ajoute que Y H. stelligerum du Pic de Saint-
Loup, croissant dans des l'entes de rochers très difliciles à gravir,
est presque inaccessible aux botanistes.
M. le docteur Touchy rend compte de l'herborisation faite le 10
juin aux bois de la Moure et au Port-Juvénal :
r.AI'l'ORT DE M. le II"- TOLXHY SUR L'HERBORISATION FAITE, LE 10 JUIN, AUX BOIS DE
LA MOURE ET AU PORT JUVÉNAL, ET DIRIGÉE PAR MM. CHATIN ET TOUCIIV.
iléimis sur la place du théâtre, à six heures du matin, nous avons pris,
à l'est de la ville, la route de Mauguio. En traversant le Lez, on a remarqué
s;n- les deux rives le Nasturtium variifolium (bonne espèce et non variété
du iV. taiiphibiuin) et, dans l'eau, le Jussiœa graadiflora, plante de l'Amé-
ri(|ue du nord, aujourd'hui telieiTieat naturalisée dans le Lez qu'elle nuit à
la navigation. Klle fleurit abondamment vers la lin de l'été, mais ne fructifie
jamais; elle existait déjà dans la rivière en mai iS08, époque ou elle y l'ut
observée par De Candolle en présence même de l'auteur de ce rapport. Les
deux rives du Lez sont coupées daus un sol sablonneux, appartenant au
terrain tertiaire tluviatile supérieur, ainsi que le prouvent les mollusques
lluviatiles et terrestres a demi fossile,^, mis à jour sur toutes les berges.
Parvenus à la Campagne- Limousin, à U kilomètres de Montpellier, nous
avons laissé à droite les tertres de Gramonl et observé a gauche la belle
plaine de iMauguio, couverte de vignes et de moissons; cette partie de la
route nous a présenté quelques plantes, \ç. Lyciwn barbaruin, le Convolvidus
intermedius Lois., toujours stérile, liybride des C. Cantabrica eilineatus.
Au delà de la Plauchude, le sol se relève et change de nature; nous
arrivons sur le terrain quaternaire (diluvium alpin) formé de galets arrondis,
Ihnialiles, presijue tous siliceux, dont lorigine ist encore un problème
pour les géologues. C'est a la nature de ce terrain que parait due la (jualité
du vin de Saint Georges, (pialité qui se retrouve a peu près partout où le
sol est^le même. Nous avons observé en grand nondjre les Cistus vious/m;-
ticnsis, C. salvifolius, Spartiinn juiœeum, Lavandtdo. Stœchab et quantité
d'autres plantes.
SESSION KVTRAOnniNAinK A MOM l'KLl.li;!! KN .((IIN 1857. 593
r;irvei)iis aux bois de la Moiiro (l), sur If point le i)lus rUM r, qui s'avancn
comme une prcsqu'ile sur le sol Icrlinii-e de la plaine de MauL;uio, nous
avons pu jouir du plus bel horizon. Au nord, s'élèvent les hautes montagnes
del'Espérou (Cévennes) à une distance de 100 kilomètres environ (terrains
primitifs oi; de transition) ; plus bas, le î'ie de Saint-Loup, la Si'raiie,
rOrtus (terrains secondait es); plus près encore, divers tertres teitiaires (lu-
viatiles ou marins; le terrain quaternaire est sous nos pieds. Au sud, nous
apercevons une vaste plaine d'alluvion, la zone des étangs visible depuis
Aigues-Morles jusqu'à Cette; enfin la plage de la xMéditeiranée, formée de
matériaux de toute sorLe transportés par le Rhône, du test des mollusfiucs
et du travertin marin, le tout noyé dans un sable lin et mobile.
Lesdeu.x bois de la Moure, séparés par un abaissement, nous ont fourni
beaucoup de plantes : Géranium samjuineum^ Aira cctryophyllea, Airopsis
rjlubosa, Jasione moniana, nombre de Medicago, Trifoiiuui., etc.; nous étions
alors à G ou 7 kilomètres de Montpellier.
Au retour, nous avons parcouru le bois dit de Gramont, parce qu'il est
placé près du château de ce nom, mais qui s'appelle en réalite bois de Flo-
gergues. La coupe ayant été faite ily a un an, la récolte de plantes (surtout
annuelles) est on ne peut plus abondante. Nous trouvons les Linaria Pelli-
ceriana, Trifoliumscabrum, T. arvense, T. hirtwn, T. glomemtwn, T. suf-
focatum, Fumariaspicala, nombre de Medicago, Hieracium sabaudum, H.
cymosum, plusieurs Orobanches, etc.
Après avoir retraversé le Lez, et avant de rentrer à Montpellier (où
nous sommes arrivés vers une heure), nous avons eu soin de visiter lePort-
Juvénal, cette localité classique et si chère aux botanistes. C'est là que, sur
un sol uni, divisé en parallélogrammes limités par des pi(|uets et des bandes
de toile grossière et recouverts de galets calcaires tirés de la rivière voisine,
sont préparées, à l'air libre, des laines qui proviennent de toutes les parties
du monde. Ce lieu ne cesse de fournir un grand nombre de plantes exotiques,
dont la végétation est favorisée par la haute température que consei'vent
les galets échauffés par le soleil. Il a été l'objet des recherches de De Can-
dolle, de Delile et en particulier de celles du rédacteur de ces lignes, depuis
sa jeunesse. Les laines importées par le commerce, après avoir été épluchées
à la main, sont lavées à l'eau bouillante, puis à l'eau froide et courante.
Elles sont étendues à plusieurs reprises sur les galets, dans les parallélo-
grammes dont nous avons parlé, et recouvertes par de grands filets. Les
graines qui s'y trouvent mêlées se détachent, tombent entre les galets et
germent assez souvent. Les plantes croissent ^ on les détruit (juclquefois
pour nettoyer le sol, mais cette destruction même est favorable au dévelop-
pement de nouveaux individus.
(1) La Meure, en patois languedocien, signifie la bien-aimée.
T. IV. 38
59/i SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
On pout diviseï' en trois catégories les plantes exotiques (|ui croissent au
Port-Juvénal. Les unes sont transitoires, ne paraissent que de temps à
aulre ou ne reparaissent pas; ces espèces semblent se renouveler chaque
année. D'autres sont comme acclimatées et se montrent depuis un grand
nombre d'années. D'autres, enfin, se sont propagées et naturalisées dans le
pays, dont elles ont eni'ichi la flore.
Les premières (espèces transitoires) appartiennent surtout aux genres
Trigonella, Medicago, Ttifoliiim, Enarthrocarpus , Dij)lotaxis, Si7}apis,
Hapistrum, Aira, Briza^ /Jromus, Festuco.^ Vulpia, etc.
Parmi les secondes (espèces acclimatées), on remarque les Centaurea ibe-
riciLyC. diffusa^ Verbascumcmpidatum, V. mucronatum, yEgilops cylin-
drica, yE. venir icosa, etc.
Dans le troisième groupe (espèces naturalisées), on doit citer \e9,Vet'basctim
sinipk'X, r. phlomoides^ V. australe, Onopordon virens, etc. Nous regar-
dons même le Jusiiœa grandiflora et le Nasturtiam variifoUum comme
provenant du lavage des laines. Ces deux plantes sont locales, elles ne
remontent pas le Lez à plus de 300 mètres au-dessus du lieu de prépara-
tion ; en aval elles ont suivi la rivière et se sont répandues par les inonda-
tions ; mais, dans les affluents inférieurs du Lez, elles sont limitées à peu de
distance des points de jonction de ces affluents avec la rivière.
31. Durieu de Maisonneiive, vice-président, fait à ka Société les
communications suivantes :
NOTICES DE M. Dl'KIEL^ DE MAISOWXEl'VE.
\. Sur un nouveau C/iampignon du genre Cenococcwn. — Un Champignon
nouveau, ou supposé tel, n'est plus un fait qui mérite de fixer l'attention des
botanistes ; car, depuis les belles découvertes de M, Tulasne, c'est au con-
traire vers la réduction des espèces, vers la réunion à un même type spéci-
fique des étals divers et quelquefois fort dissemblables sous lesquels se mon-
trent souvent ces curieux végétaux, que doivent tendre désormais les études
et les travaux des mycologues. Aussi me serais-je bien gardé de présenter à
la Société le petit Champignon bypogé que j'ai l'honneur de mettre sous ses
yeux, et que je crois encore inconnu, si le fait même de sa manière de croître,
de sou parasitisme sur les racines des jeunes Pins, ne m'eût semblé assez
remarquable pour être signalé.
Ainsi qu'il est facile de le reconnaître au premier coup d'œil, ce Champi-
gnon appartient au genre L'enococcinn. Par son volume, il exagère les di-
mensions ordinairement assez exiguës des espèces jusqu'à présent décrites,
si toutefois il y en a plus d'une. Voici comment je fus amené à sa décou-
verte.
Le 2 n-ars de cette année, m'étant rendu dans la forêt de pins de la Teste
SESSION KXTRAORDINAIHK V MONTPELLIER EN JUIN 1857. 595
(Gironde) pour des reclieichcs d'un autre genre, je remarquai dans une
clairière, un espace à peu près circulaire où tous les jeunes Pins [Pinvs
Pinaster Lamb. ), nés dans le voisinage des grands, éfaienl jaunes, racliif iques,
dans un état d'appauvrissement particulier. J'eus bientôt reconnu la cause
du mal : elle était assez évidente. Toutes les racines de ces jeunes Pins,
même les plus ténues, étaient enveloppées d'un étui épais et continu, de 1 à
2 centimètres de diamètre et au delà, formé par un plexus de filaments
bruns qui agglomèrent et fixent dans leur épaisseur le sable pur de ces an-
ciennes dunes. De nou)breux peridlwn de Cenococcum sont nichés dans l'é-
paisseur des étuis.
Je ne pus découvrir la moindre trace du parasite sur les racines des vieux
Pins environnants ; il semble s'attacher exclusivement à celles des très jeunes
individus, et nul doute que, s'il ne les tue pas complètement, il n'arrête au
moins leur développement ultérieur de façon à les empêcher de devenir des
arbres. 11 y auiait donc un fléau de plus à ajouter à la liste, hélas ! toujours
croissante, de ceux qui frappent nos végétaux utiles, si, fort heureusement,
ce Champignon ne paraissait fort rare. Je ne dis point cela parce que je ne.
l'ai rencontré qu'une seule fois et que les recherches auxquelles je me suis
livré n'ont pu me faire découvrir dans la forêtde la Teste, ou ailleurs, un en-
Viihissement pareil à celui dont je viens de parler, mais parce que, si le
Cenococcum du Pin était réellement plus fréquent qu'il ne semble l'être, ses
funestes effets auraient dès longtemps frappé les sylviculteurs-, le Champi-
gnon lui-même n'aurait pu échappera leur examen, et ils l'eussent imman-
quablement signalé.
Je ne dirai rien sur la question spécifique, n'osant point me hasarder à
la résoudre moi-même. La manière de croître de ce Cenococcum, bien dif-
férente de celle que nous connaissons chez le C. geop/dlum si î^houdmûAans
les bois à terre de bruyère des environs de Paris, le développement excessif
de son mycélium, ses peridium relativement énormes', plus ou moins irré-
guliers, souvent même lobés, et non point toujours assez régulièrement
sphéiiques, tout semble indiquer une espèce particulière et bien distincte.
Désirant utiliser le plus avantageusement possible pour la science, les ma-
tériaux que j'ai recueillis et que j'ai mis tous ici sous les yeux de la Société,
je les ai offerts à notre excellent confrère, M. Tulasne, le célèbre mono-
graphe des Champignons hypogés, dans l'espoir qu'il saura peut-être dé-
couvrir àans ces peridium, plus volumineux que ceux qui ont pu être étu-
diés jusqu'ici, des faits que je serais sans doute inhabile à apercevoir moi-
même, et qui permettraient de jeter quelque lumière nouvelle sur un genre
dont la nature reste encore fort obscure, même après les beaux travaux des
auteurs du savant et splcndide livre Fungi Injpogœi. Je sais déjà ((ue
M. Tulasne réserve à ce Champignon le nom parlaitement juste de C. pi-
tijoctununi.
596 SOCIÉTÉ BOTANIQIE DE FRANCE.
II. Sur le parasitisme du Gui. — Tout semble dit maintenant sur le pa-
rasitisme du Gui. [.a liste des arbres nuxciuels il s'attache, d'abord assez
restreinte, s'est tellement accrue dansées derniers temps par les apports de
nombreux observateurs, (ju'il devient à peu près inutile, je crois, de cher-
cher a la grossir encore. Nous n'aurions donc plus qu'à nous en tenir à ce
qu'écrivait Endlicher, il y a plus de quinze ans, dans un passage déjà cité
dans notre Bulletin, à savoir que « le Gui ne dcdaijïne aucun genre d'arbres
ou d'arbrisseaux. «Toutefois, cette assertion de l'illustre botaniste semble trop
absolue. Un sujet de recherches plus intéressant peut-être que celui d'un
cas nouveau de parasitisme, serait de s'assurer si réellement il n'existe pas
de végétal ligneux, parmi nos espèces indigènes ou acclimatées, sur lequel
le Gui refuserait obstinément de s'implanter. Rien de plus facile que ce
genre d'observation, tant est simple le procédé par lequel on obtient la ger-
mination du parasite sur les écorces vivantes. On saurait bientôt si les ar-
bres à suc acre, caustique ou vénéneux, tels par exemple que le Noyer, le
Figuier, le Ilhus Toxicodendron, etc., sont, comme on peut déjà le supposer
impropres à nourrir le Gui. Au reste, je compte m'occuper de ces expé-
riences aussitôt que je serai en mesure de les entreprendre avec fruit.
Je me bâte d'en venir à la communication annoncée et à l'appui de la-
quelle je dépose sur le bureau de nombreux échantillons. Ce n'est encore,
il est vrai, qu'un cas nouveau de parasitisme que je présente, mais ce cas
est tel qu'on ne peut guère supposer, je crois, qu'il en existe de plus
singulier et qui puisse arriver plus à propos pour clore la liste dont je par-
lais à l'instant.
vjnipso Lorantlio eiwoi^seo parasilicîtm vivit », avait dit Endlicher en
complétant la phrase que je traduisais plus haut. Ce fait me fit supposer que,
puisque le Gui avait été vu sur le Loranlhus, il pourrait bien aussi se mon-
trer parasite sur lui-même. .T'avais sous la main une occasion excellente
d'observation sur uu Peuplier de la Caroline, chargé de Gui, que je faisais
abattre dans l'ancien Jardin des plantes de Bordeaux, a la date du H avril
dernier. Dès le premier examen auquel je melivrai sur les plus fortes touffes
de l'arbuste, je reconnus en effet le Gui semé et développé sur lui-même,
en nombre prodigieux d'individus de tous les âges, depuis les germinations
toutes récentes provenant des baies qui se détachaient journellement, jus-
qu'à des pieds aussi forts et aussi vigoureux que leur support. On recon-
naît toujours à coup sûr l'origine de ces pieds adultes, en ce qu'ils ne sor-
tent point des nœuds ou des dichotomies, mais qu'on les voit implantés au
hasard sur le parcours du mérithalle, partant de points qui ne sauraient
donner naissance à des rameaux.
C'est principalement sur les vieux individus femelles que ce double para-
sitisme se montre fréquemment. Cela se conçoit, car les baies en se détachant
s'agglutinent nalurelleicenl aux lameaux les plus voisins, où un grand
SESSION EXTRAORniNAlRE A MONTPELLIER EN .M IN 1857. 597
nombi'C ne tarde pas à germer. Les intlividiis mules ne recevant qu'acci-
dentellement sur leurs branches des baies échappées des pieds femelles,
présentent bien plus rarement le double parasitisme. Aussi les vieux indi-
vidus femelles paraissent-il, en général, beaucoup plus ramifiés que les
mâles. Quelquefois il arrive encore que des pieds femelles sen)blent donner
naissance ii des rameaux de Heurs mâles et deviennent ainsi faussement mo-
noïques.
III. Sur rOphiocjlossum de Lardy et du cap Ferret. — 11 y a onze ans, le
1^ juin 18^6, MM. Puel et Vigineix découvraient, non loin de la tour de
Poeancy, près Lardy (Seine-et-Oise), une forme extrêmement remarquable
d'Ophioglosse, qui peut être regardée comme une des plantes les plus inté-
ressantes de la flore parisienne. Les botanistes parisiens ont bien été de cet
avis et se sont vivement préoccupés de cette Jolie découverte; aussi presque
tous les ans depuis cette époque, dirigent-ils des excursions publiques ou
particulières vers Lardy, dans le but principal de rechercher cette même
Fougère, laquelle, d'ailleurs, n'a jamais été recueillie qu'en petite quantité.
Il y a peu de jours, le 26 mai dernier, dans une excursion que je con-
duisais aux dunes du cap Ferret (Gironde), entre le bassin d'Arcachon et la
mer, j'eus le plaisir de retrouver quelques pieds de la même plante, dans une
laite iierbeuse, inondée l'hiver et encore un peu marécageuse en été(l). On
nomme dans le pays /a//e.s, lètes^ ou Vedes, car on n'est d'accord ni sur l'éty-
mologie ni sur l'orthographe du mot, les vallons étroits, souvent très frais,
qui séparent les dunes.
J'ai pensé que nos confrères parisiens, accourus à Montpellier en si grand
nombre, reveri-aientavec quelque intérêt leur petite Fougère, retrouvée dans
une localité nouvelle et bien éloignée du rayon de leur llore. Aussi me
suis-je muni en partant des échantillons peu nombreux qui me sont échus,
dans l'intention de les faire passer sous leurs yeux.
Cette communication n'avait pas d'abord d'autre objet. Pourtant, que la
Société veuille bien me permettre de profiter de l'heureuse occasion qui
m'est offerte, et d'accompagner mou exhibition de quelques considérations
rapides et superficielles sur cette forme singulière et vraiment litigieuse.
Plusieurs de nos confrères ont cru voir dans la plante de Lardy YO. lusi-
tunicum L. D'autres botanistes, plus nombreux je crois, ne l'ont considérée
que comme une forme réduite de VO. vulgatum. Enfin, certaines personnes,
n'osant encore formuler une opinion, restent dans le doute ou vont même
jusqu'à supposer la possibilité d'une troisième espèce.
(J) Viiigl-cinq jours plus tard, le 19 juin, au retour de la session, M. Gay et moi
retrouvions i'Ophioglosse dans la même laite, on plus grande quanlilé, mais alors,
comme la première fois, à une seule et unique place, où nous étions arrivés après
trois heures de recherches inutiles.
598 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
La pinnto de Lardy et celle des laites de la Gironde appartiennent-elles
réellement à VO. lui^itanlcuml Poui- mon compte, je n'hésite pas à déclarer
que je ne le crois pas. Et pourtant je possède des échantillons vigoureux
d'O. lusitanicttmwiù, récoltés à la Galle au 1" décembre, dont les dimen-
sions et les formes sont absolument identiques avec l'échantillon, de Lardy
que je dois à l'amitié de M. le docteur Puel.
Les différences organiques que je pourrais invoquer à l'appui de l'opinion
que J'avance sont trop minimes et de trop peu de valeur pour que je m'y
arrête. Des fi'ondes constamment plus épaisses, plus opaques dans le lu-
sitanicwn, un réseau principal plus serré, a mailles plus longues et plus
étroites, le réseau secondaire nul ou non visible, par suite de la consistiince
de la fronde; voilà, avec quelques autres détails non moins légers, ce que
je pourrais faire valoir aujourd'liui comme caractères différentiels.
Mais, d'autrepart, peut-on supposer que deux plantes dont l'époque de
fructification est si prodigieusement différente appartiennent en réalité à une
même espèce? L'une développe sa fructification en hiver, l'autre en été,
c'est-à-dire à une demi-année d'intervalle. C'est là assurément l'exemple le
plus extrême qui se puisse citer de floraison disjointe, si je puis hasarder
cette expression, entre deux plantes congénères appartenant à une même
flore. Une telle différence me semble l'indice certain d'une nature intime
différente, laquelle ne se traduit peut-être point à l'extérieur par des carac-
tères conventionnels bien tranchés, mais qui, je crois, n'en est pas moins
réelle et n'en conserve pas moins aussi une incontestable valeur.
On a dit que l'extrême précocité de VO. lusitanicum était probablement
due aux stations maritimes qu'il affectionne. iNLiis jamais l'influence d'un
climat maritime n'est allée jusqu'à opérer de tels contrastes dans un même
pays. Une différence de quinze jours, vingt au plus, c'est tout ce qu'il est
permis de supposer. D'ailleurs, on ne niera point que le petit Ophioglosse de
la côte d'Aquitaine n'appartienne bien à une localité essentiellement mari-
time; et pourtant la date de sa fructification dans les laites peut être fixée à
la mi-juin, époque ordinaire de la fiuctilication de VO. vulgatwn dans nos
climats. D'autre part, VO. lusitanicum^ quand par hasard il se montre dans
l'intérieur des terres, y reste constanmient hibernal comme aux bords de
la mer.
Je n'ai pu m'occuper encore de l'examen comparatif des spores, mais on
sait d'avance qu'il n'y a guère à espérer d'éclaircissement de ce côté, car il
parait que dans tout le groupe des Ophioglossées, les spores sont d'une
grande ressemblance (1).
(1) Depuis que j'ai eu l'honneur de préscnlor à la Société TOphioglossc du cap
rcrret, j'ai pu procéder à i'cxainca coinparalif des spores. Gel examen m'a oll'ci t
un caraclèie difrérciiliol inespéré, ijieii faible, j'en conviens, mais assez appréciable
SFSSION FATRAOUDINAniK A MONTPKLLIKR i:N .IlilN 1857. 500
Je n'ai plus (lu'uu mot a dire sur la l'oime de Lardy et des laites de la
Gironde.
Évidemment, il n'y a pas à s'appuyer sur la petitesse relative de la plante,
sur le peu de largeur que présentent ordinairement ses frondes, pour s'ef-
forcer de la distinguer de VO. vulgat/nn, car on connaît assez l'extrême va-
riabilité des frondes chez ce dernier, depuis la forme largement cordée
jusqu'à la forme linéaire. Les botanistes qui ont considéré la plante décou-
verte par IMM. PucI et Vigineix comme une forme, une variété notable si
1*0)1 veut de \'0. vulgattan, semblent donc dans le vrai. Je n'oserais pour-
tant l'aflirmcr. lui effet, notre Opbioglosse présente une particularité fort
remarquable, qu'il partage, du reste, avec VO. lusKanicum, et qui consiste
à émettre ordinairement plus d'un stipe de chaque nœud du rhizome. Le
plus souvent ce sont deux stipes qui partent du même point, quelquefois
trois, rarement davantage. Oi", VO. vu/gatuni type est essentiellement uni-
caule. J'en ai vu des myriades d'individus, sans en avoir jamais rencontré
un seul à double stipe, et Je n'ai pas connaissance qu'il en ait été observé
de tels. Cette faculté d'émettre ordinairement plus d'une tige d'un même
nœud, inhérente à la forme dont nous parlons et étrangère à VO. vulgatum,
si elle est insuffisante maintenant pour motiver la création d'une espèce,
au moins donne-t-elle à penser, et doit-on en tenir note pour l'avenir. Qui
peut savoir, en effet, si quelque jour l'apparition imprévue d'un caractère
nouveau, que nous ne savons pas apercevoir encore, parce que l'heure de
sa découverte n'a pas sonné, ne viendra pas doubler la valeur de celui que
je viens d'indiquer et donner raison aux botanistes qui ont soupçonné une
troisième espèce (1) ?
M. Durieu de Maisonneuve présente ensuite à la Sociélc les onze
néanmoins, précieux par conséquent pour l'avancement de la question en litige.
Dans tous nos Ophioglosses, les spores sont sphériques et à peu près de grosseur
égale. Mais celles de VO. lusitaniciim sont évidemment lisses, tandis que celles de
VO. vulgatum, des formes de Lardy et du cap Ferret, ont leur surface revêtue de
très faibles aspérités, de tubercules larges et très peu saillants, qui ne se révèlent à
l'œil sur le champ du microscope que par des créaeiures ou sinuosités extrême-
ment légères, dont le pourtour des spores se montre régulièrement découpé. Les
spores de VO. lusitanicum, enlevées à des échantillons de la Galle et de Pau, ne
présentent rien de pareil : le bord est parfaitement entier.
(1) Note de M. J. Gay. — Il est bon de faire coimaîlre que la même question a
été récemment soulevée en Angleterre. Je tiens de Al. (.;. Bendiani lui-même,
que l'hiver dernier, dans une des séances de la Société linnéenne de I^ondres, un
des assistants, dont je n'ai pu savoir le nom, a présenté à cette Société une série
d'échantillons qui semblaient réunir les deux espèces (0. vulgatum et 0. lusita-
nicuin) par tous les intermédiaires possibles. Mais le rapport ne dit point que ces
600 SOCIÉTÉ BOTANIQl'F. DE FIVVNCF.
feuillns déjà Urées rlu Prodromioi JJchenographirp GûUim oi Algrrirp ,
que iM. le docleur Nylarider publie dans les Actes de la Société
Lmnéennc de Bordeaux. M. Durieu ajoute que cet ouvrage, indis-
pensable à tous les botaîiistes qui s'occupent de l'intéressante famille
des Licliens, et suflisannuent recommandé par le nom seul de son
savant auteur, ne sera tiré à part qu'à cinquante exemplaires. Il
invite les personnes qui désirent s'en assurer la possession à sous-
crire immédiatement. Le prix de l'exemplaire est iixé à 10 francs.
Une liste de souscription est déposée sur le bureau, et plusieurs
des membres présents y apposent leur signature.
M. le comte Jaubert félicite M. Durieu de 31aisonneuve de rben-
reuse initiative qu'il vient de prendre; il profite de cette occasion
pour rappeler à la Société le vœu, déjà maintes fois exprimé par un
grand nondjrc de ses membres, de voir enfin réalisée la publica-
tion d'une Flore cryptogamique des environs de Paris, servant de
complément à rexcellente Flore pbanérogamique de MM. Cosson et
Germain de Saint-Pierre. 31. Jaubert croit pouvoir espérer que plu-
sieurs de ses savants confrères, spécialement adoimés à l'étude des
diverses familles des Cryptogames, prêteraient leur concours à cette
utile entreprise, si elle était faite sous les auspices de la Société. Il
se réserve de présenter à ce sujet une proposition formelle dans une
des prochaines séances ordinaires à Paris.
La séance c.-t suspendue à onze heures et reprise à trois heures.
apparences aient été conliôlées par l'étude iiiicroscopique des spores, étude dont
M. Durieu n'a pas voulu se dispenser, cl qui lend à infirmer l'opiniou de Kiden-
lilé (les d(Mix espèces (voir lii note qtu précède).
.l'ajoiiteiai, pour louiplétcr l'exposé d'ailleurs si lucide de M. Durieu, qu'au cap
Ferret, inoius qu'au plateau de l'ocancy, l'Opliioglosse lilif;ieux prête à la suppo-
sition de l'identité spécifique des O^j/k vulgatum et lusitanicum. Là, on efl'et, les
éclianlillons eu pciil nonii)rL' qui ont été récoltés par diflérenles personnes, se fai-
saient tous reniar(;uer par leurs frondes étroites, plus ou moins semblables à celle
de YOph. lusitanicum. Autre est la localité ilu cap Ferrfl, où, à une seule et unique
place, sous Tcibri d'un saule rabougri, M. Durieu a récolté, moi présent, plusieurs
dizaines d'échantillons réiuiissanl toutes les formes de fronde, depuis la forme
ovale de l'0/;/i. vulgatum jusqu'à la foi me linéaire-lancéolée de VOph. lusifam'cum.
Ici, du moins, il n'était pas iiossible de douter que ces formes extrêmes ne fussent
un jeu de la nature, se produisant dans une seule et même espèce. M. Durieu
montre dans la noie qui précède, que celte espèce n'est pas {'Oph. htsitanicum,
mais bien plutôt VOph. vulgatum.
SESSION FA'TRAORniNAIRK A MONTPELLIER EN JUIN 1857. (501
M. le PrésidciiL propose à la Société de nommer une Commission
chargée d'examiner l'herbier de Dunal, en profitant de l'antorisalion
qu'a bien vouhi donner à cet égard la veuve de Tillustre savant, et
de présenter un rapport sm- l'état de cet herbier à une des prochaines
séances ordinaires de hi Société à Paris.
La Société adopte cette proposition. Sont désignés pour faire partie
de ladite Commission : MM. (]osson, E. Doumet, Durieu de Maison-
neuve, J. Gay, Germain de Saint-Pierre et le comte Jaubert.
M. le Président communique une lettre de M. A. Passy, qui, retenu
par des devoirs impérieux, (\xpi"inie son regret de ne pouvoir se
rendre à 3Iontpellier, pour prendre part aux travaux de la session.
M. J.-E. Planchon rend compte de l'herhorisation laite le 11 juin
à Saint-Guilhem-du-I)ésert.
RAPPORT DR M. J.-E. PLATVCHOrV SUR L'HERBORISATION DIRIGÉE PAR LUI ,
LE il JUIN, A SAINT-GUILHEM-DU-DÉSERT.
En remontant de six à sept kilomètres au-dessus d'Aniane le cours acci-
denté de l'Hérault, on rencontre, sur la rive gauche du fleuve, à l'entrée
d'une magnifique goriie de montagnes, le village de Saint-Guilhem-du-Dé-
sert. Perdu dans cette austère solitude, ce lieu n'en est pas moins cher à
l'ariiste, à l'archéologue, au naturaliste, à tous ceux qui sentent le beau
dans l'œuvre de Dieu, comme dans les débris de l'art arrachés à la barbarie
des siècles. Une belle église romane, les restes honteusement ravagés d'un
cloitre, des traditions et des légendes qui remontent à la période carlovin-
gienne; voilà ce que l'archéologue vient demander à Saint-Guilhem, et ce
dont nos guides en cette savante matière, M. Ricard, secrétaire de notre So-
ciété archéologique et M, Thomas, archiviste de l'Héraidt, nous ont fait
gracieusement les honneurs. Comme amateurs de beaux sites, le cours en-
caissé de l'Hérault, les cascades de la source des Clamouses {Fons damo-
sus), les sévères aspects de ces montagnes calcaires, suffisaient amplement
à défrayer notre admiration. Mais ce côte de nos impressions, ([ue le crayon
de iM. Laurens pourrait seul dignement traduire, est interdit au narrateur
d'une excursion essentiellement botanique. Renfermons-nous dans ce der-
nier rôle, en supprimant les détails personnels qui font la vie d'un récit,
mais que repousse la froide dignité de la science.
Partie de ^Montpellier avant l'aube, notre caravane se dirige d'abord vers
Gignac par la route de i.odèvc. Vers le milieu du trajet, nous laissons à re-
gret sur la gauche, l'intéressante localité botanique de Monlarnaud, le seul
point de notre flore locale où croisse le Cistus crispus. Ce curieux sous-ar-
busle est cantonné dans un espace assez étroit, dont le sol mêle de graviers
602 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FliAKCE.
quaitzeux (appaitenant ù la formation fluvio-lacustre: calcaire tertiaire
d'eau douce) nourrit une colonie de plantes qui recherchent la silice [Erica
cinerca, F. scoparia, J-Jeliunthcinwn guttatum, Lacandula Stwchas^ etc.)
Plus loin, sur la route, nous atteignons la longue côte appelée taillade de
Gignac. Il s'agit cette fois de la descendre. Laissant la voie battue aux voi-
tures, les botanistes mettent pied à terre, et se dispersent dans les ravins qui
sillonnent le côté gauche du chemin. Ici rien de pittoresque ne distingue les
montagnes. Ce sont plutôt des collines uniformes, des mamelons arrondis,
couverts d'un fourré de petits arbres et d'arbustes, parmi lesquels dominent
les Quercus Ilex et coccifera, et qui rappellent à quehjues égards les célèbres
maquis de la Corse. Le fond du terrain est le calcaire lacustre, auquel se
mêle toujours un peu de silice, qui s'y trahit par la présence du Cistus
salvifolius. C'est ici, du reste, que les arbustes de la région de Montpellier
semblent s'être donné rendez- vous. Mentionnons entre autres : Quercus coc-
cifera, Pistacia Lentiscus et Terebinthus, Amelanchier vulgaris, Coronilla
glauca (bien sauvage), Spartiwn junceum (espèce silicicole), Ligustrum
vnlgare, Evonymus europœus (tous deux spontanés), Jasminwn fruticans^
Arbutus Unedo, Lonicera etrusca et implexa, Phillyrea angustifolia et
latifolia, Passerina Thyrnelœa, Jîuplevramfruticosum (qui recherche aussi
iesdolomies), Vigne sauvage (probablement spécifiquement distincte de nos
Vignes cultivées), etc.
Arrivés à Gignac, M. Lamouroux, maire de la ville, nous invile avec une
prévenance hospitalière à visiter son jardin, où i\twx Agave americana
présentent déjà des hampes florales très développées. L'occasion de voir en
fleur ces curieuses plantes n'est pas rare à Montpellier, mais beaucoup de
nos hôtes du nord la regardent comme une bonne fortune.
Rien de remarquable dans les riches alluvions de l'Hérault, sur la route
de Gignac à Aniane. Plus loin, au pont deSaint-,Tean-de-Fos, on entre dans
une gorge étroite, qui laisse à peine un passage aux eaux de l'Hérault et à
la route d'Aniane iiSaint-Guilhem. Cette route offre au touriste une ravis-
sante prouienade : nous en jouirons au retour ; mais, pour le moment, nous
devons gravir les montagnes qui la surplombent, en bordant la rive droite
de l'Hérault. Ce sont des contre-forts de la Séiane, centre d'un vaste massif
calcaire qui supporte des plateaux arides, connus dans le pays sous le nom
de causses.
Traversant le village de Saint-Jean-de-Fos, près duquel nous trouvons,
comme en Provence, la culture du Câprier sous les Oliviers, nous tournons
à droite et sommes bientôt sur les rocailles d'une garrigue à végétation mai-
gre et rabougrie. On y récolte en abondance VOrobus saxaiilis. Bientôt se
montrent les dolomies de l'oolithe. Cette roche calcaire et magué:>ieniie,
très répandue dans les montagnes de cette région, contribue éminennnentà
leur imprimer un caractère pittoresque. Cédant plus vite que le calcaire en-
SESSION FATHAORDINVIUI': A MONÏPELLIKR EN .H'IN 1857. 603
vironnant à l'action corrosive du temps, elle forme, iei, des crêtes dente-
lées ou crénelées comme des remparts naturels ; là, des aiguilles et des pyra-
mides, des poupées à grosse tête, sortes de menhirs naturels capricieusement
groupés en masses ou rangés en (iles. Le détritus de la roclie est un sable fin
et pailleté, d'apparence presque micacée. Diverses plantes s'y plaisent, que
l'on trouve ailleurs, dans les sables siliceux ou même calcaires. Exemples :
Statice echioldcs, Aim canescens, Anchusa tiuctoria, Coris inonsprdieusis.
Le joli Armer ta juncca De Gir. est particulier aux sables dolomitiques : il
s'y mêle presque partout au Sedum unopetaluvt.
Partout, sur les dolomies compactes, de nombreuses plantes insinuent
leurs racines dans les fissures de la roche. Citons, comme spéciales à ces ro-
chers, dans notre région de Montpellier et des Cévennes, le Globularia Aly-
pum, le Kernera saxatilis, le Leucanthemum grammifolium, Vlberis saxati-
lis, V yE thionema saxatile (qui vient pourtant au Serre-de-Bouquet, près
d'Âlais, sur des roches néocomiennes, non clairement dolomitisées), enfin les
Arenaria hispida et tetraquetra qui sont très caractéristiques de la dolomie.
D'antres espèces, moins particulières à la roche dolomitique de Saint-Guil-
hera, y viennent néanmoins avec une prédilection marquée. Tels sont les
Duphm alpina, JUiamnus ulpinus, Campanula speciosa, et \e Pinns Salz-
manni Dun., ([ui mérite une mention spéciale parce qu'il est là dans sa
localité classique et qu'il y forme des bois d'une étendue considérable.
Les premiers exemplaires de ce Pin que nous trouvons sur nos pas, se
présentent comme des buissons clair-semés, rabougris, tortueux, souvent
couchés, à peine hauts de 2 mètres et garnis de branches dès la base. Il y a
loin de ces nains aux gigantesques Laricio de la Corse, que l'on suppose,
non sans raison peut-être, appartenir à la même espèce botanique. Mais l'im-
parfaite croissance de ces exemplaires s'explique par la violence des vents
qui les assaillent. Plus loin, dans les vallons abrités qui s'ouvrent vers le
nord, dans le haut de la vallée du Verdus, l'espèce, plus normalement dé-
veloppée, forme des arbres d'un beau vert, assez droits, hauts de 5 à 6 mètres
et groupés en masses assez denses. Dans ces conditions et malgré leur
taille peu élevée, les Pins sont une admirable décoration pour cette ré-
gion des dolomies. Au lieu de la froide uniformité que présentent dans les
plaines les plantations de Conifères, nous avons ici la scène la pins variée.
Des blocs de rochers aux formes fantastiques, des arbres échelonnés sur les
flancs abrupts ou sur les talus accidentés des vallons en hémicycle, partout le
vert tendre, décorant, sans la di.ssimuler, la roche noirâtre ; une ombi'e assez
claire pour abriter, sans l'étouffer, un tapis d'herbes et d'arbustes ; partout
des fleurs rares qui font la joie du botaniste du nord, et réveillent même
chez ceux qui les ont cueillies vingt fois, des impressions toujours vives. En
nous voyant tous, vétérans ou novices, bondir d'une même ardeur sur ces
bastions de rochers, d'autres que des iu\turalistes auraient pu souriie : tout
60h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
aboutissait à la conquête d'un bel exemplaire de Campamda speciosa ou
d'Orchis fratjrans. Heureuse passion, qu'on pourrait souhaiter à beaucoup
d'oisifs qui la raillent, ou de <>;ens positifs qui la dédaignent!
Nous voici pourtant sur le cours supérieur du Yerdus. Ce ruisseau n'est
là qu'un mince iilet d'eau, coulant à peine sur le sable, entre les blocs de
pierre qu'il use, lorsque les pluies en fout un torrent. Suivons le sentier qui
longe sa rive droite. Bientôt nous quittons ses bords enclavés dans les préci-
pices, et, nous dirigeant vers l'est, nous sortons en même temps des dolomies et
des Pins. Encore quelques minutes de marche sur leflanc de la montagne, et
nos regards plongent tout à coup dans la vaste et profonde gorge du Yerdus qui
vient aboutir a la vallée de l'Hérault. Je renonce à peindre un pareil tableau :
il est unique, même dans cette région où les scènes imposantes abondent. Au
fond, dans le lointain, au débouché de la gorge, le village de Saint-Guilheiii,
dominé par les ciêtes déchiquetées des rochers où perche comme un nid
d'aigle le château ruiné de Don Juan ; sous nos pieds, un abime où serpentent
les hardis zigzags du sentier; à droite, d'énormes bastions de roches grises
s'avançant comme des promontoires à pic ; à gauche, des pentes roides où l'in-
dustrie du paysan a su planter l'Olivier et la Vigne; au milieu, le cours du
Verdus, qui se déroule comme un lilet argenté dans un ruban de verdure.
L'ensemble a quelque chose de sévère, qui contraste avec l'aspect riant des
vallons que nous venons de quitter. C'est un magnifique spécimen de l'âpre
nature des montagnes calcaires du sud de la France.
Mais revenons aux plantes qui nous attendent au passage. La plus inté-
ressante est Y Hieracium stelligerwn. On le voit sur les assises des rochers
qui bordent la droite du sentier, en descendant vers Saint-Guilhem. Arrivé
au village, nous y retrouvons les dolomies et leurs plantes caractéristiques.
Ici naturellement une halte. Vii^ite à l'église, aux débris du cloitrc, sous la
conduite de nos deux savants guides en archéologie. Nous reprenons la route
d'Aniane, non sans admirer les bords de l'Hérault, et sans y cueillir des
plantes intéressantes {Stipa Aristella, Andropogon Gryllus, Buplevrum fru-
ticosum, Globularia Alijpum à fleurs passées, Arenaria hispida), etc.
Nouvelle halte à Aniane. Nous en profitons pour visiter le jardin de la
Maison centrale de détention, dont le directeur, M. Bravy, nous reçoit avec
la plus aimable prévenance. H y a là d'admirables exemplaires de Magnolia
grondiflora et de Tulipiers, et d'autres arbustes exoticiues de pleine terre,
sans parlei- d'une intéressante collection de plantes grasses, formée par le di-
recteur actuel (1).
(1) Les cin(i grands Magnolia grandiflora du jardin de la direction de la Maison
cenUale ont été plantés en 1826 par l'ancien propriélairo, M. l'arel. Le plus fort
mesure en hauteur le^.SO; la circonférence du tronc, à la base, est de 1"',67, et
de l"',û2 à un mètre au-dessus du sol. Un Tulipier piaulé à la même époque mesure
SESSION EXTRAOUDINAIIUÎ A MONTPKLLIRU KN JUIN 1857. 005
li est déjà nuit: plus de plantes à recueillir; d'ailleui-s, les boites sont
combles. Nous reprenons nos voitures, (jui nous déposent vers minuit a notre
point (le départ du malin.
En résumé, l'excursion de Saint-Guilliem, a part l'intérêt du paysage qui
la recommande à tout amateur de beaux sites, est une des plus fructueuses
que puisse faire le botaniste, à l'extrême limite de la flore de Montpel-
lier.
M. Marlins, vice-président, l'ait remarquer que le Pinus monspc-
liensis Salzni. {P. Salzmanni Duiial) est probablement une variété
du P. pyrmaica Lap., et que les doutes à cet égard pourront être
éclairois, car, d'une part, M. Vilmorin cultive dans ses pépinières le
' P. mons pelle mis ei pourra en communiquer des échantillons ; d'autre
part, le Jardin des plantes de Montpellier possède un P. pyrenaica
type, qui a été envoyé par Audibert.
M. J. Gay ajoute qu'il possède dans son herbier le Pinus pyrenaica
recueilli à Canqw, une des localités typiques citées par Lapeyrouse.
M. Martins fait à la Société la communication suivante :
FLORAISON EN PLEINE TERRE D'UN AGAVE AMERICAN A AU JARDIN DES PLANTES
DE MONTPELLIER, EN 185G, par M. CH. MAKTIIMS.
Eu 183/i, deux Agave furent plantés devant une maison de campagne des
environs de Montpellier. Kn 1852, l'un d'eux commença à pousser sa hampe;
elle avait déjà la hauteur de 1™,23, lorsque la plante entière fut enlevée avec
la motte et transportée au Jardin des plantes. Cette transplantation n'arrêta
pas la croissance de celte hampe, qui s'éleva à la hauteur de 6"", ."5, et poussa
18 pédoncules chargés de 1883 fleurs. L'autre Agave, cédé par le proprié-
taire, fut transporté au Jardin dans l'automne de 1852, et planté sur le
versant méridional de la butte appelée la Montagne, au milieu de Chênes-
verts et d'autres arbres dont les raciues ont envahi tout le sol. Néanmoins,
le 13 mai 1856, on aperçut la hampe qui se faisait jour entre les feuilles ;
elle avait déjà 1"",26 de hauteur. Ainsi donc, le premier de ces Agave a
fleuri à l'âge de dix-huit ans, l'autre à celui de vingt-deux ans. C'est ce
dernier dont nous allons décrire la floraison.
Le 31 juillet, sa hauteur totale était de 6 mètres, mais son accroissement
n'avait pas été uniforme ; en effet, si on divise les quarante-huit jours pen-
dant lesquels il a poussé en périodes de seize jours, on trouve que sa crois-
eu bailleur 2/r,30 ; sa circonférence au niveau du sol est de ii^jSô, cl à un mètre
du sol, de 2"',31. Un Lagerstrœmia indica du même âge aueint 11 mètres (Je
hauteur. {Note communiquée par M. Bravy.)
606 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
sance, très rapide au commencement, s'est successivement ralentie. Ainsi
la hampe a poussé :
Accroissement de TAgave par périodes de 16 jours chacune : Différence :
Du IZi au 29 mai 1"',560
Du 30 mai au lu juin l'",220
Du 15 au 30 juiu i'",155
Du 1" au 16 jiiillot 0'",770
Du 17 au 31 juillet 0"',080
0"\3/i0
G"', 065
0™,/i85
0"',690
Ces nombres montrent que l'accroissement n'a pas été uniforme, mais
que sa vitesse initiale s'est toujours ralentie. Ce ralentissement n'a pas été
régulier, mais plus rapide vers la fin. La vitesse initiale s'est soutenue pen-
dant le mois de mai, puis il y a eu un ralentissement moyen de 0"',021 par
vingt-quatre heures : pendant le mois dejuin, la croissance s'est soutenue ;
mais un nouveau ralentissement a commcncéen juillet et a continuéjusqu'à
la fin du mois. Dans la seconde moitié de ce mois, la hampe ne croissait
guère que d'un centimètre par vingt-quatre heures, tandis qu'en mai elle
s'élevait presque de 10 centimètres dans le même espace de temps.
I,a croissance de la hampe des Agave est donc comme celle des tiges de
tous les végétaux, rapide au début et se ralentissant à mesure quelle s'ap-
proche de son terme final. Klie n'est pas également lapide dejour et de
nuit. Ainsi, pendant que le soleil était sur l'horizon', la hampe s'est
élevée de 2°\715, ou en moyenne de 0"',QZh par jour. Les croissances de la
nuit, additionnées ensemble, ne donnent qu'une hauteur totale de 2'", 070, et
l'accroissement nocturne moyen est de 0"',026. Il est donc environ d'un
tiers plus faible que l'accroissement diurne.
Il n'y a pas d'allongement de la hampe; les parties formées conservent
toujours la même longueur, car deux points marqués sur la hampe restent
toujours équidistants, quelle que soit la croissance de celle-ci. C'est donc par
l'addition de nouvelles cellules, par la superposition d'un nouveau cylindre,
que se fait l'accroissement de la hampe. Si on place une lunette munie d'un
fil d'araignée horizontal, de façon que la pointe du bourgeon terminal
affleure le fil, on voit, au bout de quelques minutes, que la pointe du bour-
geon a dépassé le fil, et on constate que l'accroissement se fait sans
saccades.
La hampe portait 32 pédoncules chargés de /jl62 fleurs. Les premiers se
sont dégagés des bractées vers le 12 juillet, époque à laquelle la hampe
avait 3*", 83 de hauteur.
Si l'on analyse avec quelque soin la cause de la croissance si rapide des
hampes de V Afjcwe amerkana, on arrive aux conclusions suivantes : 1" La
hampe peut se développer à un âge quelconque de la plante ; on a vu fleurir
des rejetons d'/liyayt' âgés d'un an, soit pendant, soit après la floraison du pied ;
SESSION KXTK.VOUniNMIU': A MONTPELLli: Il EN .1LIN 1857. 607
mois en général ce ne sont (|uc des vieilles plantes ((ui ponssçnt une hampe ;
on le reconnait très bien en Afrique, où ce végétal sert a former des haies; il
n'est pas rare de voir dans une haie dix à douze Agave qui ont fleuri simul-
tanément. 2" Il est évident que la floraison se fait aux dépens des sucs accu-
mulés dans les feuilles. Turgescentes, remplies de sève avant la floraison,
elles s'amincissent, s'affaissent à mesure que la hampe s'élève ; et, quand les
Heurs s'épanouissent, ces feuilles gisent sur le sol comme des rubans flétris.
Le pied meurt, mais sa descendance est doublement assurée par les fruits qui
succèdent à un certain nombre de lleiirs et par les innombrables rejetons
qui entourent le pied-mère. Les sucs accumulés dans la tige et les feuilles
suflisent seuls au développement de la hampe, dont la croissance
s'accomplit même lorsque la plante est séparée du sol. 3" L'accroissement
s'opère suivant une loi organique, indépendante jusqu'à un certain point
des agents extérieurs. Rapide d'abord, cet accroissement se ralentit de plus
en plus, quoique la chaleur augmente à mesure que la saison s'avance;
mais il y a plus : on ne trouve pas que, dans une période, il y ait une corré-
lation marquée entre la température de la journée et l'accroissement cor-
respondant ; l'action de la chaleur, si elle est réelle, n'est pas nettement
accusée, h" Il n'en est pas de même de la lumière ; nous avons vu que l'ac-
croissement diurne était d'un tiers plus fort que l'accroissement nocturne.
Ce résultat n'étonnera aucun physiologiste 5 toutefois, il faut se garder de
le généraliser, car les hampes du Dasijlirion gracile Zucc. ont un accrois-
sement plus rapide de nuit que de jour. Je n'entrerai pas dans de plus longs
détails, me proposant de faire un travail complet sur la floraison des >l^rtw,
Fourcroya, Dasylirion-^ etc., sous le climat du midi de la France. Cette
note et celle sur la naturalisation de Y Agave dans le midi de la France,
insérée au t. Il, p. 6, du Bulletin, sont deux fragments de ce travail.
M. J. Gay fait à la Société les communications suivantes :
SUR LA DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES TROIS ESPÈCES DE LA SECTION GAMOM
DU GENRE ASPHODELUS, par M. J. GAY.
Le genre Asphodèle compte aujourd'hui une vingtaine d'espèces et peut
être divisé en cinq groupes naturels que distinguent les catactères combinés
de la végétation, de l'inflorescence et de la direction des parties florales.
De ce nombre est le groupe Gamon, qui diffère de tous les autres, entre
autres par ses flbres radicales façonnées en gros navets, par ses bourgeons
écailleux, et par ses feuilles larges et carénées, comme celles du Por-
reau (1). Ce groupe ne renferme que trois espèces, mais ce sont les plus
(1) Ci'est cxaclcmcni la végélaiiou de VEremurus, mais avec une structure llorale
Uilîérente.
608 SOCIÉTÉ BOTAMlQUn DE FRANCE.
difficiles à distinguer, et celles dont hi synonymie est la plus embrouillée,
parce que chacune d'elles a été masquée, depuis bientôt un siècle, sous les
deux noms iVAsphodelus albus et d'Asphodelus ramosus. Pour débrouiller
ce chaos, les textes étant presque toujours insuffisants, j'ai dû visiter les
jardins, visiter les herbiers et faire appel à tout ce que j'avais de corres-
pondants ou d'amis dispersés dans le midi de l'Europe, ainsi que dans les
parties limitrophes de l'Asie et de l'Afrique, partout enfin où je soupçon-
nais l'existence de l'une ou l'autie des espèces à reconnaître et à jiiger. C'est
ainsi qu'en dix-hidt mois j'ai pu réunir les matériaux et les documents né-
cessaires pour fixer mes idées sur la synonymie, jusque-la inextricable, des
[rois espèL'cs, sur leurs caractères distinctifs et sur le rôle géographique
que la nature a assigné à chacune d'elles. C'est ce dernier point que je
veux seul traiter ici sommairement, le leste devant faire partie d'un travail
que je prépare sur le genre Asphodèle et quelques genres voisins. Je ne
puis cependant me dispenser de caractériser par une diaguose chacune des
espèces dont je vais parler.
1. ASPHODELUS ALBUS Mill.
A. caule simplici vel parce i^amuloso ; bracteis atrofuscis; laciniarum
flornlium nervo viridulo; filamentis usque ad médium pupilloso-scabris,
unguibus oblongis^ cuneato-ovatis, dorso plano-convexis, apice in fdamentmn
sensim attenuatis; capsula mediocri, ellipsoiden (8-12 mm. longâ^ 6-10
latâ).
C'est une plante exclusivement européenne, dont l'aire occupe tout le
territoire compris, d'une part, entre le ^9" et le U\^ degré de latitude;
d'autre part, entre le 1^* et le 33^ degré de longitude à l'orient de file
de Fer, et qui manque jusqu'ici à toutes les îles de la [Méditerranée, ainsi
qu'à l'Allemagne cisalpine tout entière.
Elle remplit tout le sud-ouest de la France, depuis le Finistère jusqu'aux
Pyrénées, et depuis l'Océan jusqu'au plateau central de l'Auvergne. Presque
partout ailleurs c'est une plante des montagnes, croissant dans la zone des
Hêtres ou dans celle des Sapins, quelquefois même jusqu'à leur limite
supérieure.
Elle est très répandue dans les Pyrénées et dans la Sierra de Guadarrama,
qui sépare la Vieille de la Nouvelle Castille, et c'est dans cette dernière
chaîne qu'elle a sa limite sud.
Après avoir fait lacune en Auvergne et dans la vallée du Rliône, elle
reparaît dans les Alpes, qu'elle suit sans interruption, principalement sur
leur versant méridional, depuis le col de Tende jusqu'en Carniole, et
môme jusqu'en Croatie, pour se replier de la vers le sud et descvudre par la
chaîne dalmate jusqu'en Albanie, où elle retrouve encore une fois sa limite
par le ^il' degré de latitude. J'ai dit qu'elle manquait en Allemagne. Le
SKSSION KXTnAOHDlNAIRK A MONTPRI-LIKU EN .llIN 1857. ()09
Dniiphiné et, le Valais sont jus(|irici les seuls points on la plante ait été
observée sur les versants ouest et nord de la grande ehaine des Alpes.
L'Apennin est une antre et derniéie partie du donuaine de notre plante,
dans le(|uel on peut la suivre, pres(|ue sans interruption, depuis les Alpes
maritimes iuscju'au Mont Uariçano et au Monte Stoi-Aiiyelo, près de
Naples, où elle s'arrête une troisième fois par /i0"/i2' de latitude. Ici encore
l'Asp/iodc'lus albus (.'st luie plante des montagnes, mais avec une exception
des plus remarquables. Il est un point de la campagne de Home où il
descend jusqu'au niveau de la mer ; ce point est la foret de Nettuno, près
Portod'Anzo.
l.'As/j/iûdclus albus, tel (jue je l'entends avec le plus grand nombre des
auteurs, comprend les A. sp/uerocarpus et subulpinus de la Flore de Finance
de RIM. Grenier et Godron. I.e caractère par lequel on a voulu distinguer
ici deux espèces, repose uniquement sur le plus ou moins d'écartcment que
subissent à leur base les valves de la capsule déhiscente, et je puis affirmer
que ce caractère n'offre aucune fixité ; j'en ai souvent observé tous les de-
grés sur une même grappe fructifère, h' Asphodelas albus de M. Grenier
est une autre espèce, comme on le verra plus loin.
2. AsPHODiiLL's MiciiocAïu'us Salzm. et Viv.
-4. caule ramosissimo, thyrsoideo, ramis ipsis passim ramulosis poniculato ;
bracteis salteni novelUs palliais^ fulvcscentibus; laciniarum floralium nervo
carneo ; fdumentis supra unguem usque ferè ad médium popilloso-scabris,
unguibus elliptico-subroiundis, sulco dorsaii lato divisis, apice in filamen-
tum abrupte atténuât is; capsula par vu, obovoideo-globosà (7-8 7nm. longâ,
5-6 latâ).
Celui-ci est plus méridional que le précédent. Pour le rencontrer en
venant du nord, il faut franchir ici les Pyrénées, et peut-être même la
Sierra de Guadarrama; là, les montagnes de Provence, et plus loin toute
la chaîne des Alpes, continuée jusqu'au Balkan et à la mer Noire. Mais au
delà de ces barrières, la plante se trouve a peu près partout, depuis Lis-
bonne (sous le nom d Asphodelus œstivus Bi'ot. ) jusqu'en Syrie et eu
Egypte, depuis Toulon et Constantinople jusqu'au delà du Tel algérien, em-
brassant ainsi dans toute son étendue le bassin de la Méditerranée, au delà
duquel elle se propage même jusqu'aux îles Canaries.
C'est une plante des lieux bas, qui ne s'élève jamais dans les montagnes,
et qui trouve sou maximum d'altitude sur les plateaux de la i\ouvelle-Cas-
tilleetdu Sahara algérien, où je suppose qu'elle a sa limite sud, au moins
dans cette direction.
Elle est très répandue dans les parties méridionales et orientales du bassin
de la Méditerranée, en Algérie, à Tunis, en Syrie, sur les côtes de l'Asie-
Miueure (Mersina, Adalia, Smyrne, Constantinople), de la Grèce, de la
IV. 39
610 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Dalmatie et de l'Italie, ainsi que dans les îles de ce vaste bassin, toutes
peut-être sans exception. Elle est plus rare sur les côtes de France, où elle
ne quitte pas le bord de la mer et où je ne lui connais que trois localités :
Fréjus, Hyères et Port-Vendres (elle n'existe point à Marseille, car la
plante indiquée sdus ce nom dans le Catalogne de M. Louis Castagne,
n'est autre chose que V Asphndelus fistulosus, d'après les échantillons que
l'auteur a bien voulu me communi(jucr lui-même). En Espagne, je ne la
connais que dans la Nouvelle-Castille (notamment a Aranjuez, au pied de
la Sierra de Guadarrama), dans l'Estramadoure, dans la province de .Taën
et aux environs de Cadix, de sorte qu'elle pourrait bien faire lacune sur les
côtes orientales de la Péninsule, depuis leur frontière nord jusqu'à Cartlia-
gène, ou même au delà. En Portugal, elle continue sa zone occidentale jus-
qu'aux Algarves, jus(|u'à Lisbonne, jusqu'à Coimbre, etc., d'où elle passe
aux lies Canaries, comme je l'ai déjà dit.
3. ASPHODELUS CERASIFERLS JN .
A. caille simpUci vel in ramos paucos longosque sœpiîis divîso ; bracteis
saltem novellispallidis, fulvescentibu^ ; Inciniarum flwalium nervo carneo;
fîlamentis supra ungiiem lœvibus vel imâ basi solhm papilloso-scab?ns,
unguibus elliptico-subrotundis, sulco dorsali lato divisis, apice in filamen-
tum abrupte atfenuatis ; capsnlû maximâ , sphœroideâ (15-20 mm. longâ
lataque).
Cette espèce ne diffère de la précédente que par sa moindre ramification
et par le triple volume de ses fruits ; mais il n'en faut pas davantage pour lui
imprimer un aspect tout particulier, et aucun de ceux qui l'ont vue à \lont-
pellier, où elle est commune, do ceux qui l'ont vue connaissant l'autre
espèce, n'a pu douter qu'elle ne constituât une espèce distincte. Elle a,
d'ailleurs, une distribution géographique bien différente, comme on le verra
tout à l'heure.
C<^^iVAsphodelus ramosus de Gouan et d'un très petit nombre d'autres
auteurs. Mais comme le nom de ramosus o. été fréquemment appliqué aux
deux espèces précédentes, et que le vrai raiyiosus, originairement mal décrit
par Miller et Wilklenow, n'est plus reconnaissable aujourdhui, je me \ois
oblige de lui donner un nouveau nom, et je suis heureux d'inaugurer ce
nom à Montpellier, en le déduisant d'un texte qui se rapporte à la plante de
ce même territoire, et en présentant à la Société la plante vivante, telle que
nous l'avons récoltée dans les courses de ces jours derniers.
L'auteur dont je veux parler est J. Bauhin. qui, dans la dernière moitié
du xvi" siècle et avant l'année 1578 (par conséquent avant la fondation du
Jardin de Montpellier sous Henri IV), étudiait ici la médecine ou y perfec-
tionnait ses études médicales, et qui avait trouvé notre plante ad wnan mil-
iiare à Monspelio {\xw mille d'Allemagne, c'est-à-dire deux lieues ou huit
SESSION EXTRAOKDINAIRR A MONTPELLIKU EN JUIN 1857. 611
kilomètres) çw« itur Frontignan in colle saxoso (c'est-à-dire dai)s la garrigue
de IMireval, où j'ai été moi-n»èine la voir ces jours derniers), et encore i«^<?;'
Aquasmortuas et Arelatcm copiosissimè, in sylvâ quœ dicitur la Vignède,
lieu où la plante croit encore aujourd'hui, si ce n'est dans la foret indiquée,
qui est incoiniue à ceux auxquels j'en ai parlé, au moins et communément
aux environs d'Aigues-Mortes.
Flores stellati, Ornithogali majores , foliis albis stria rubrâ notatis
constantes^ apicibus iuteis : quibus decidentibus capitula \succedunt Cerasis
paria , senien continentia coplusuin triquetrum , fuscum. C'est en ces
termesqueJ. Bauhin décrit la plante de Montpellier {Bist.jï,p. 625), et
c'est de là que je tire le nom de cerasi férus, qui rappelle parfaitement et la
forme et le volume du fruit de notre espèce.
Comme le précèdent, V Asphodelus cerasiferus est une plante du bassin
de la Méditerranée ; mais son aire géographique est bien moins étendue,
puisqu'il manque non-seulement aux îles Canaries, non-seulement à l'Al-
gérie presque entière, mais encore à toute la Méditerranée orientale, y com-
pris l'Italie, sans exception ni de la Sicile ni de la Sardaigne, îles etcon-
' trées qui entrent dans le domaine beaucoup plys vaste de l'autre espèce.
L' Asphodehis cerasi férus manque donc en Italie et dans les deux il es que
j'ai nommées, d'après tous les échantillons et tous les renseignements que
j'ai pu recueillir jusqu'ici. Mais il se trouve en Corse, auxiles Baléares, eu
Provence, en Languedoc, en Roussillon, en Portugal, et dans toute l'Es-
pagne méridionale, a partir de iMadrid, a moins qu'il ne faille en retrancher
les côtes de Catalogne et de Valence, sur lesquelles je n'ai point de rensei-
gnements, pas plus qu'à l'égard de V Asphodelus microcarpus ; d'où il suit
qu'en Europe et à l'ouest de l'Italie, Y Asphodelus cerasiferus joue exacte-
ment le rôle géographique de cette dernière espèce. Mais celle-ci pénètre
jusqu'aux iles Canaries, où la nôtre manque complètement, comme je l'ai
déjà dit; et elle couvre toute la côte d'Afrique, où la nôtre n'a jusqu'ici que
deux localités, l'une algérienne, au Djebel-Bou-Kaschba, sur la frontière
marocaine ; l'autre, à Tanger, près du détroit de Gibraltar.
Kn France, V Asphodelus microcarpus ne quitte pas les bords de la mer.
L'autre, plus robuste, s'avance en Languedoc dans l'intérieur des terres,
jusqu'à la frontière nord du département du Gard, c'est-à-dire jusqu'à la
limite des Oliviers, a 80 kilomètres environ du bord de la mer. Sur un autre
point on le rencontre même à deux degrés de latitude de la côte méditerra-
néenne et à un degré moins quatre minutes des derniers Oliviers de la vallée
du Rhône. C'est à Grenoble que se produit ce phénomène, et quoiqu'il s'y
montre avec une légère altération du caractère spécifique (les bractées
pâles dans le midi deviennent ici d'un brun noir très foncé, comme celles
de \' Asphodelus albus)^ je ne doute pas que ce ne soit la même espèce qui
remonte ainsi vers le nord pour y fonder une colonie disjointe.
612 SOCIÉTÉ BOTAMIQLE DE FIIANCE.
En L;mgucdoc, V Asphodelus cerasi férus parait avoir son maximum d'al-
titude à 800 mètres, notamment a Salagossc. A Grenoble, c'est à 1000 mè-
tres. Mais c'est sur le liane nord de la Sierra-Nevada qu'il déploie toute
sa puissance ascendante, puisque la il s'élève, suivant M. Boissier (qui en
parle sous le nom d'Asiihodelus albus), jusqu'à 1833 mètres, /i33 mètres
plus haut que les derniers Oliviers, ce qui parait prodigieux, et ne s'explique
pas suffisamment par la difrérence des latitudes. L'Asphodelus microcar-
pusest bien moins robuste, puisqu'il ne dépasse pas la hauteur médiocre
des plateaux de la Nouvelle-Caslille et du Sahara algérien.
Ajoutons en terminant (|ue VAsphodelus cerasi férus parait être indifférent
à toutes les natures de terrain. C'est sur le calcaire qu'il vit à la Sierra-
Nevada, ainsi qu'à Grenoble et dans la majeure pai'tie du Languedoc ; mais
à Salagosse, dans le département du Gard, c'est sur le granit. Les sables
siliceux lui conviennent également, et c'est sur ce terrain, tassé et un peu
humide, qu'on le trouve sur la côte du Languedoc, particulièrement sur
l'étroite langue de terre qui, entre Cette et Agde, sépare la mer de l'étang
de Thau, localité où il est très commun et de la plus belle venue. C'est enfin
sur les collines gypseuses, qu'au rapport de M. Graells, on le trouve à
Aranjuez et sur le plateau de la INouvelle-CasIille. Je ne crois pas que l'.ls-
phodelus microcarpus soit aussi accommodant, et je serais porté à croire
que partout il vient sur le calcaire.
Je ne puis omettre de dire que V Asphodelus olbus de la nouvelle Flore de
France est un melangedc noire espèce et du vrai albus, tel que je l'ai défini
plus haut. La description e.Nt, je ciois, tirée de notre plante 5 mais les
auteurs y comprennent V Asphodelus albus lorsqu'ils le font croître ailleurs
que dans la région méditerranéeime et .1 Grenoble, c'est-à-dire sur les bords
de l'Océan, ainsi que da^^s les basses viontagnes des Alpes et des Py-
rénées. (Grenier et Godron, FI. de Fr. , t. III, p. 225.)
V AGAVE AMERICAN A CONSIDÉRÉ DANS SES MOYENS DE REPRODUCTION PAR BOURGEONS
SOUTERRAINS , [.ar M. J. GAY.
Dans une précédente séance de notre Société (1), il a été question du
mode de reproduction (\t\' Agave amerieana, et notre confrère, i\J. Vaupell,
de Copenhague, a fait justice du préjugé très répandu, d'après lequel cette
plante mourrait tout entière après avoir fleuri. 11 a fait voir que si effec-
tivement la plante ne survivait pas à l'effort de végétation d'où était sortie
tout à coup sa hampe florale gigantesque, elle ne mourait du moins (ju'après
avoir assure sa reproduction par des rhizomes souterrains issus de sa souche,
ce qu'attestait d'ailleurs le témoignage positif de plusieurs auteurs dignes
de foi.
(1) Voyez le lînlleiiii, t. IV, p. h^-hK
SliSSIOiN K.VTHAOuniNAIItlC A MOMI'KI.MKIi ES .11 I.N 1857, 613
Mais ce point mis hors de doute, plusieurs ([uestions restaient en sus-
pens, au moins dans mon esprit, et d'abord celle de savoii- si les rejetons de
\' Agave étaient, des produits axillaires ou s'ils provenaient de bourgeons ad-
ventifs ? Sans que nous eussions ni l'un ni l'autre vérillé le fait, M. Vau-
pell inclinait pour la seconde alternative et moi pour la première. Ce n'était
de part et d'autre qu'une opinion, à laquelle n)anquait encore l'observation
directe. Pour y procéder, les circonstances semblaient être ici des plus fa-
vorables. iNon-seulement ï' Agave vit ici en pleine terre, non-seulement il y
est fréquemment cultivé, mais j'avais un sujet à ma disposition : c'est celui
même qui a fleuri l'année dernière au Jardin des plantes, celui dont M. Mar-
tins vient de nous parler et dont la hampe florale est sous nos yeux, lon-
gue de six mètres et aujourd'hui desséchée. Cette hampe avait été sciée
transversalement à quelques pouces au-dessus du sol. La souche restait en
terre, avec les tronçons de quelques basses feuilles, et entourée de nom-
breux rejetons pleins de vie. Telle était l'occasion, j'ai voulu la saisir, et
j'apporte ici à la Société le tribut de mes observations malheureusement
bien peu satisfaisantes.
Avec l'autorisation de M. Martins, la souche restée en terre en a été ex-
traite avec les précautions requises pour conserver entiers, autant qu'il était
possible, tous ses appendices, après quoi j'ai aussitôt procédé à son examen,
assisté de nos confrères, MIM. Cosson, le comte Jaubert, Martins et Plau-
chon, qui avaient bien voulu me prêter le secours de leurs yeux et auxquels
s'était encore adjoint M. Gervais, doyen de la Faculté des sciences.
La souche ainsi mise au jour et renversée sur elle-même se présentait
sous la forme d'un cylindre, long d'environ 50 centimètres sur environ
20 de diamètre. Sa base était tronquée et entourée de nombreuses fibres
radicales circulairement disposées , comme est le plateau des plantes
bulbeuses et comme sont généralement les souches monocotyledones dont le
pivot radical a disparu. Au sommet du tronçon tenaient encore plusieurs
bases de feuilles coupées par la scie. Au-dessous de ces feuilles, le reste du
cylindre était abondamment tapissé de courts et menus débris fibreux, pro-
venant sans doute de la décomposition d'anciennes feuilles, mais où il était
très difficile, si ce n'est impossible, de distinguer avec certitude et les entre-
nœuds très rapprochés de ces feuilles et leur vrai point d'attache.
Autour de cette masse ainsi constituée, flottaient de nombreux rhizomes
terminés en rosette, simples ou rameux, longs de 50 à 100 centimètres, dé-
tachés à angle droit ou entortillés autour de la souche, sans doute par suite
de la gêne qu'une banquette trop étroite avait apportée à leur extension ho-
rizontale. Plusieurs de ces rhizomes étaient depuis longtemps séparés de
leur souche, vivant de leur propre vie et armés pour cela de racines adven-
tives. D'autres s'étaient rompus pendant la manœuvre de l'extraction, et on
ne retrouvait plus même leurs bases au milieu des débris où elles avaient
61/j SOCIKTK BOTANIQUE DE FRANCE ■
pris naissance. C'est ainsi que cinq rhizomes seulement, sui' un nombre plus
que quadruple, purent être suivis jusqu'à leur point d'attache et furent ju-
gés propres à donner des lumières sur la question en litige. Examen fait de
ces cinq rhizomes, avec tout le soin dont nous étions capables, nous avons
d'abord reconnu que tous étaient souterrains et qu'aucuî^ d'eux ne naissait
à l'aisselle des feuilles supérieures, je veux dire de celles dont les bases en-
core subsistantes couronnaient le sommet du tronçon à fleur de terre. Tous
partaient de la partie sous-jacente et en grande partie dénudée de l'axe, là
où toute trace de feuilles et de cicatrices avait à peu près disparu. C'est sur
ce terrain mal disposé que trois fois nous avons vu naître le rhizome parmi
des fibres radicales, sans pouvoir distinguer autrement le point de son ori-
gine. Une quatrième fois, il nous a paru sortir du bourrelet saillant d'une
cicatrice de feuille, mêlé encore ici à des libres radicales, dans une situa-
tion qu'on peut croire exlra-axillaire. Une fois seulement sur cinq, cette
origine extra-axillaire nous a paru évidente, parce qu'ici le point d'attache
était sensiblement supérieur à la cicatrice foliaire, dans un entre-nœud à la
vérité très court.
J'avais prévu qu'avec la plante adulte, cette recherche présenterait de
grandes diflicultés. et supposé que peut-être les jeunes rosettes terminant
les rhizomes de la plante-mere révéleraient plus facilement le secret de l'in-
sertion {loc. cit. p. ^7.). .1 étais dans l'erreur, car, des nombreuses rosettes
provenant de la plante dont il vient d'être question, une seule m'a offert des
rbizomes naissants, et j'ai ie regret de dire que leur examen ne m'a rien
appris. Très jeune était cette rosette, puisqu'elle n'avait encore développé
que deux ou trois feuilles vertes, celles-ci longues de 20 centimètres au plus,
et par conséquent très courtes en comparaison de la souche-raère, dont les
feuilles mesurent jusqu'à 2 mètres. Mais ici comme dans la plante adulte,
les rhizomes naissants se. sontn\ontrés au-dessous des feuilles mortes précé-
dant les feuilles vertesde la rosette, là oùles feuilles plus anciennes n'avaient
laissé ni limbe, ni cicatrice, ni par conséquent aucun point de repère pour
juger de leur vraie situation. Leur voisinage des libres radicales, tout au
bas de l'axe, était la seule circouslance qui permit de supposer qu'ils pro-
cédaient d'un bourgeon adveutif plutôt que d'un bourgeon axillaire. Ces
jeunes stolons de la jeune rosette, au nombre de trois, n'avaient encore dé-
veloppé aucun bourgeon terminal. Gros comme une mince ficelle et couverts
d'écaillés imbriquées et charnues, ils ne mesuraient encore que 12 ou 20 mil-
limètres, i.aissésen place ils auraient pu s'allonger jusqu'à un mètre, comme
ceux de la souche-mère, se fortifier jusqu'à prendre l'épaisseur du petit
doigt, et se partager en deux, trois ou plusieurs rameaux, terminés chacun
par une rosette. Dans cet état de développement, les écailles ont grandi, elles
se sont écartées, et quoiqu'elles soient en partie desséchées, on voit claire-
ment que c'est de leur aisselle que sortent les rameaux.
SKSSION KXTRVUKniNMIÎI-; V MONTI'KI.LIFR EN .lUIN 1857. 615
Il résulte do ce. qui piéi'èile, que, sans avoir auciiiuî certitude résultant
des faits observés, je n'ai point cependant à contredire M. Vaupcll, en ce
qui touche sou opinion sur la ualiire des rhizomes deVAr/ave. Au contraire,
je suis aujourd'hui disposé à cioire, comme lui, que ces rhizomes ne sont
pas des rameaux axillaires, mais des axes nés de hourju;eons adventifs. C'est
le contraire de ce que j'avais d'abord supposé, lorsque je n'avais pour me
diriger que l'affinité de VAsphodelus Inteus {loc. cit. p. hl). Si le fait vient
à se vérifier par d'autres observations, il sera d'autant plus remarquable que
les divisions du rhizome lui-même sont très certainement des rameaux axil-
laires, comme Je l'ai dit plus haut.
A quelle époque de la vie de la plante naissent les rhizomes dont les ro-
settes doivent pourvoir à sa reproduction? On pouvait supposer que c'étaient
des enfants de la vieillesse arrivant juste à point pour remplacer la mère,
épuisée par l'enfantoment de la hampe florale ; mais il n'en est rien. A
tous les âges, sauf de rares exceptions, la souche de VAgavs se montre ac-
compagnée de rejetons, plus ou moins nombreux et plus ou moins déve-
loppés, depuis quelques centimètres i uaqu ai\ maximmn d'un mètre. C'est,
du moins, ce que J'ai vu chez M""^ de Saint-Georges, à Langaran près
Montpellier, où sur vingt-six individus alignés au pied d'un mur tourné au
midi et à tous les degrés de développement (1), j'en ai à peine pu compter
deux ou trois qui fussent privés de rejetons. C'étaient de jeunes sujets, maisia
différence ne tenait point à l'âge, puisque d'autres sujets de la même
taille, plantés tout auprès, étaient accompagnés de rejetons, comme ceux
d'un âge plus avancé. Quant aux sujets adultes, je n'en ai vu qu'un seul
qui parût ainsi dégarni, mais celui-là n'était point à Langaran, c'était un
frère de celui dont j'ai décrit plus haut la souche. Planté comme lui en 1836.
et transporté au jardin de Montpellier en 1852, il attend dans le carré des
plantes oflicinalesune floraison plus ou moins prochaine. Ceci est un exemple
d'une extrême paresse. J'ai cité plus haut l'exemple tout contraire d'une
jeune rosette tenant encore à la plante-mère, qui avait déjà ses commence-
ments de rhizomes. Ces différences dé|)endent sans doute de la nature du
sol, plus ou moins meuble ou compacte, et fournissant à la plante des ali-
ments plus ou moins favorables à son développement souterrain.
Il me reste à dire quelques mots sur un phénomène très remarquable que
m'a présenté la souche dont plus haut j'ai décrit l'appareil stolonifere. Cette
(1) De ce nombre étaient deux pieds adultes, dont la hampe florale se dévelop-
pait sous la forme d'une puissanln o( gigantesque asperge. Une de ces hampes, me-
surée par M. Martins en ma présence et celle de M. le comte Janhert, avant toute
apparition de rameaux tloraux, avait /i"',9i de longueur sur 0"',58 de circonférence
à O^jSO au-dessus de sa base.
616 SOCIÉTÉ BOT.VNIQUC: 1)K FRANCK,
souche a fleuri, comme M. ÎNlartins vient de nous le dire, après vingt-deux
ans de plantation et elle est morte après fructification, laissant autour d'elle
de nombreux rejetons pleins de vie. Tous ces rejetons, maintenant séparés
de leur mère, vivront désormais de leur vie propre et, transplantés dans un
lieu convenable, ils pourront, à leur tour, arrivei- à tloiaison, api es avoir
traversé une période plus ou moins longue d'accroissement et de renforce-
ment. Ce temps a été de vingt-deux ans pour la plante ici présente. Il
pourra être moindre sous un climat plus chaud, et même réduit à dix, à
cinq, ou à quatre années (Vaupell, loc. cit. p, h^) ; mais ce qui est tout à
fait anormal, c'est de voir ces mêmes rejetons anticiper leur floraison avant
tout renforcement et alors même qu'ils tiennent encore à leur mère récemment
frappée de mort. Tel est cependant le phénomène qu'offre en ce moment la
souche dont nous venons de faire l'autopsie et dont nous avons ici l'axe floral
desséché sous les yeux, .le présente à la Société trois jeunes rejetons issus
de cette souche et précédés de leur rliizome, qui, pnr cette singularité, se
distinguent de tous leurs frères, en beaucoup plus grand nombre, dont le
bourgeon terminal est encore contracté en rosette. Ici la rosette primordiale
s'est desséchée, et elle n'existe plus que sous la forme de lambeaux écail-
leux, mais son axe s'est développé en une tige florale très simple et longue
à peine de 3 centimètres, sur 15 millimètres de diamètre à la base. Les
feuilles qui garnissent cette tige décrivent une spirale très allongée. Elles
sont plus lapprochées et plus courtes à la hase et au sommet de l'axe, plus
longues et plus lâches dans ie milieu. Plusieurs des inférieures et des
moyennes ont a leur aisselle un bourgeon foliaire fi es distinct. Plus haut, les
feuilles se raccourcissent, elles passent graduellement a la forme de brac-
tées, et là apparait à toutes les aisselles (les sept dernières dans l'échantillon
que je tiens à la main) un bourgeon floial plus ou moins développé et d'au-
tant plus piirfait qu'il nait d'une aisselle plus superieui'c. De ces sept bour-
geons floraux, les quatre inférieurs se composent d'un pédoncule charnu
très court relativement à la feuille florale, et d'un limbe avorté, de consis-
tance scarieuse, sans examines ou avec des étamines purement rudimen-
taires, et, à ce qu'il m'a semblé, sans aucune trace de cavités ovariennes.
Les trois bourgeons supérieurs paraissent, au contraire, munis de tout l'ap-
pareil qui constitue une véritable fleur solitaire dans son aisselle, puis(iu'on
y distingue un court pédicclle articiUé au sommet, un ovaire cylindrique de
20 millimètres de longueur, un limbe supère encore fermé, de forme ellip-
so'ide, mesurant 10 millimètres de longueuisur 6 ou 8 de largeui-, enlin une
grosse anthère faisant effort sur un des côtés du bouton pour sortir de son
étroite prison, cette anthère jaune, toutes les autres parties vertes et char-
nues comme il convient à une fleur encore vierge. Les trois fleurs s'ouvriront
en leur temps pour manifester plus amplement leur structure, et j'espère les
SKSSION KMIîAOUniNMP.K A MONTl'l" ILIF.R r,N .MIN 1857. 01 7
voir s'épanouir, car la tige qui les porte et (luc je veux soigtieuscment con-
server à sec jus(iue-ià, parait animée d'une vitalité sans é^ale (l).
Voilà donc trois bourfïeons (VAgore développés en tige fleurie, longtemps
avant le terme ordinaire et sur la même souclie (|ui a produit, il y a douze
mois, la magnifique hampe florale qui se dresse devant nous ; des nains,
d'un pied à peine, succédant de très près à un liénnt de dix-liuit pieds ! Ils
auraient pu fleurir l'année dernière tout aussi bien que celle-ci, et alors se
fût produit le phénomène de plusieurs rejetons d'/t^^i'c fleurissant en même
temps que la souche-mère, phénomène dont M. Vaupoll cite un exemple
observé en 1705, par le Danois Siricius, sur une plante cultivée en orangerie.
Je ne trouve aucun autre fait du même genre se rapportant à \'Af/ave, aucun
fait même analogue, dans aucun des livres que j'ai pu consulter. Personne
depuis Siricius n'a parlé, que je sache, de bourgeons de \' Agave arvi\('s si
prématurément à floraison.
P. S. (Septembre 1857.) F.e phénomène vu par Siricius n'a pas tardé à se
reproduire, et cela a Langaran, au pied d'un des deux Agave que \'y avais
vus préparant leur floraison sous la forme de longues et puissantes asperges.
Plusieurs des rejetons issus de cette souche se sont montrés prêts à fleurir,
en même temps que leur mère. Le 7 août, M. Martiiis a bien voulu m'en-
voyer vivant un de ces rejetons. Il mesurait un mèti e hors de terre, et il por-
tait quatorze boutons de fleurs que j'ai vus s'ouvrir successivement sur ma
fenêtre, sans plantation du sujet ni arrosemeut quelcon(|ue. Son inflorescence
formait unepanicule composée de quatre grappes scorpioïdes, et il différait
en cela des individus plus faibles que J'avais observés au Jardin de Mont-
pellier, dans lesquels rinllorescence appauvrie ne montrait (ju'une simple
grappe. Quoi qu'il en soit, il est aujourd'hui démontré que ces rejetons de
l'il^aye peuvent arriver à floraison, au moins accidentellement, tantôt en
même temps que leur mère, tantôt l'année suivante et après qu'elle a cessé
de vivre.
M. Germain de Sainl-Piene fail à la Société les communications
suivantes :
NOTE SUR UNE TRANSFORM.\TION DU CHATON FEMELLE EN R.\MEAU PERSISTANT, CHEZ
LE SALI.X BABYLONICA, par M. GERiTIAIW DE SAII>!T-PIERRE.
L« Salix babylonica (Saule-pleureur) dont nous ne possédons, comme
(1) Deux de CCS Heurs ont successivemcnl avorlé nvanl leur épanouissement; la
troisième setde, la terminale, s'est régulièrement développée, et c'est le 1*' août
que je l'ai vue, dans toute sa perfection, avec sou court pédiceJle articulé au sommet,
son long ovaire adhérent térétiuscule à trois loges multi-ovulées, son périgone à
six lobes dressés, et ses six filaments, tous longuement exserts.
618 SOCIÉTÉ BOTANlQLi: DE FRANCE.
on sait, que le sexe femelle en Europe, m"a fourni, celle année (1857), une
observation tératologique d'un assez grand intérêt, A l'époque de sa florai-
son (dans les pre:niers Jours d'avril), je remarquai que les rameaux florifères
d'un Saule-pleureur, situé dans le jardin de Costebelle près Hyères (Var),
étaient chargés de ramusculcs d'un aspect insolite, et ie m'assurai, au pre-
mier examen, que ces ramuscules n'étaient autre chose que des chatons dont
les carpelles avaienl démesurément grandi et dont les feuilles constituantes
tendaient a revêtir la forme et les dimensions des feuilles caulinaires nor-
males. L'arbre, qui est de très grande taille, ne présentait pas en quelque
sorte une seule branche dont plusieurs chatons n'eussent subi cette transfor-
mation ; mais les épis transformés se trouvaient çà et là, sur le trajet d'un
rameau, souvent immédiatement précédés et immédiatement suivis par des
chatons qui ne participaient eu rien à l'anomalie. J'insiste sur ce point, car
dans le plus grand nombre des cas où un rameau florifère est atteint de
virescence (transformation en feuilles des divers organes de la fleur), toutes
les inflorescences de la tige et du rameau, ou toutes les fleurs de l'inflores-
cence, sont plus ou moins complètement atteintes de la même anomalie.
Quelques jours plus tard, je rencontrais à Hyères et à Toulon (dans la cour
de l'arsenal) d'autres Salix bubijlonim présentant un état identique.
Ces chatons et ces fleurs atteints de virescence offrent les particularités
suivantes: le chaton, caduc à l'état normal, devient persistant à cet état
anormal, et constitue une sorte de rameau court, d'apparence monstrueuse.
J'ai trouvé sur les mêmes arbres de petits axes desséchés et dépouillés de
feuilles, qui ne sont autre chose que les axes de chatons foliacés anormaux,
semblables à ceux de cette année, qui s'étaient développés l'année dernière;
mais, dans quelques cas, la partie supérieure seule du rameau anormal
s'était desséchée, et des rameaux axillaires nés à la partie inférieure avaient
continué à vivre.
Un fait non moins remarquable consiste dans la grandeur relative des
bractées des chatons normaux et des chatons anormaux. En effet, tandis
qu'à la base des chatons normaux on trouve souvent des feuilles florales
de la dimension des feuilles raméales, dans les chatons anormaux dont les
carpelles ont pris une ampleur excessive les bractées sont à peine de la
longueur des pédicelles ; il y a là une sorte de compensation organique; il
est néanmoins bizarre que les feuilles d'un axe primaire robuste (le rachis
du chaton) soient moins développées qu'a l'état normal, lorsque les feuilles
des axes secondaires très grêles représentés par les pédicelles, sont d'une
ampleur démesurée,
La longueur des fruits foliacés est de un à trois centimètres, leur largeur
d'un demi-centimètre à un centimètre, leur couleur est d'un brun vert,
leur consistance est membraneuse. Tantôt ils sont fermés et terminés par
un style indivis ou bifide (carpelles soudés entre eux dans toute leur Ion-
SESSION EXTUAOUDINAIUK A MONTPEI-LIEU EN IIIN 1857. 01 0
gueur y compiis les styles, ou soudés seulement Jus((u'au niveau de la
partie stylaire); ces fruits ont alors tout à fait l'aspect de la silique de cer-
taines Crucifères (des Drassica, par exemple, hsiliques anormales foliacées);
tantôt, et souvent sur un même épi, les deux carpelUis foliacés sont disso-
ciés à leur sommet ou dans leur partie supérieure, et le fruit est béant 5
tantôt enfin les feuilles carpellaires retournent plus complètement encore
à la forme foliacée : elles sont Iil)res dans la plus grande partie de leur
étendue, et elles sont, dans leur partie supérieure, de la dimension et de la
forme des feuilles normales.
L'examen de ce fruit déformé est extrêmement intéressant au point de
vue de la connaissance précise de la structure du fruit normal. On sait, en
effet, que les espèces du genre «S«/«.r présentent tantôt deux, tantôt quatre
stigmates ; la déidscence normale du Ciuit en deux valves devait déjà faire
penser que ce fruit se compose de deux carpelles à stigmates bipartits ;
l'anomalie que nous avons sous les yeux vient confirmer l'exactitude de
cette manière de voir. Le fruit anormal se compose en effet de deux feuilles
foliacées, représentant chacune un des deux carpelles. Les bords des feuilles
carpellaires (qu'elles soient entièrement sondées ou en partie libres) ne pré-
sentent sur leur bords, ni <à leur base, aucune trace d'ovules ; aucun point
glanduleux n'en indique im rudiment ; mais Taxe de la fleur se prolonge
lui-même en un véritable rameau feuille, qui se trouve renfermé entre les
deux valves. J'ai rencontré chez les Crucifères des cas analogues, dans
lesquels l'axe de la fleur était continué par un rameau feuille 5 les deux
feuilles carpellaires à demi foliacées, représentant la silique, portaient des
ovules rudimentaires sur leurs bords, et nepouvaientpar conséquent laisser
penser que l'axe central prolongé en rameau feuille pût représenter un pla-
centa chargé d'ovules transformés en feuilles.
Enfin, dans notre Salix, certaines fleurs de la base du chaton, les plus
vigoureuses, sont franchement transformées en rameaux, ou représentées
par des rameaux; l'analogie seule peut faire reconnaître les deux feuilles
opposées qui se trouvent à la base de ces rameaux, pour les deux feuilles
carpellaires d'une fleur transformée; ces deux feuilles sont complètement
libres, elles sont munies de leurs stipules et elles ne diffèrent que par leur
position opposée, et non alternante, des feuilles d'un rameau normal.
M. Tonchy est d'avis que cette monstruosité n'est point une hyper-
trophie des carpelles, car on voit les chatons mâles des Saules subir
la même altération , mais une hypertropiiie des enveloppes florales
produite par un insecte [Cynips) qui devient une cause d'irritation.
M. Germain de Saint-Pierre reconnaît que l'hypertrophie localisée
dans les feuilles du chaton des Saules peut être causée par la piqûre
620 SOCIÉTÉ BOÏAMQLt; DE FRANCE.
d'un insecte, bien qu'il n'nit pas trouvé de larves dans les chatons
liypertrophiés du Saiix, comme on en trouve dans les galles du
Rosier et du Clu^ne (galles qui sont occasionnées, non par la piqûre
du Cynips qui dépose ses œufs dans le tissu de la plante, mais par la
succion continue des larves sorties des œufs et qui vivent sur la
plante jusqu'à leur métamorphose). Du reste, il maintient que les
les feuilles carpellaires du Salix bahylonica (arbre dont le sexe mâle
n'existe pas en Europe) sont le siège principal de l'hypertrophie
dont il s'agit ici, et il présente, à l'appui de sa manière de voir, les
chatons déformés du Salix babylonica et le dessin des parties ana-
lysées et grossies.
NOTE SUR LES FLORAISONS ANTICIPÉES, DITES FLORAISONS TARDIVES,
par M. GERMitm DE S.%I!«T-PIERRE.
On désigne généralement sous le no;ii de floraison tardive, la floraison
d'un arbre qui, après avoir fleuri au printemps à l'époque normale, refleurit
de nouveau la même année en automne. Cette dernière floraison dite tardive
ne serait tardive en réalité que si la floraison du printemps n'eût pas eu
lieu et eût été retardée jusqu'à l'automne; mais lorsque, après une floiaison
vernale, il se développe une floraison d'autoinne, cette floraison, loin d'être
appelée tardive, doit être dite anticipée ; elle appartient en effet à la flo-
raison qui aurait dû normalement se produire au prii»temps suivant. Ce
sontdes fleurs qui n'aur<\ientdû s'ouvrirqu'après l'hiver qui, sous Tinfluenee
des dernières chaleurs de l'automne, se sont, en ((uelque sorte, trompées
de saison et se sont épanouies hâtivement; elles sont ordinairement frappées
de mort par les premières celées. Il est rare d'ailleurs que la fécondation
s'opère chez ces fleurs sans avenir.
Plusieurs jeunes Marronniers d'Inde plantés sur la nouvelle promenade
de Nimes,se sont couverts de fleurs dans les derniers Jours d'octobre 1856 ;
un de ces arbres présentait dix-huit à vingt grappes magnifiques. J'ai vu
ces arbres le 20 novembre : les grappes anticipées étaient alors réduites à
leur axe portant encore quelques débris de fleurs, et les arbres dépouillés
de leurs feuilles ne différaient plus de ceux qui n'avaient pas refleuri. Vers
le 15 décembre de la même année, j'ai trouvé, dans une terre cultivée au
bord de la mer, dans les environs d'IIyères, un Amandier chargé de fleurs;
cet arbre est abrité du nord par la colline et les débris du couvent de l'AI-
manarre (construit sur les ruines des murailles romaines de Pomponian/i,
entées elles-mêmes sur des bases de murailles pélasgiques) ; un mois plus
tard, dans les derniers jours de janvier, la floraison normale des Amandiers
a commencé; cette floraison était complète le 10 février et s'est terminée
quinze jours plus tard, dans les variétés les plus tardives. C'est à peu près
SrSSlON F.XTRAOnniN.VlUE A MONTPELLIKU EN JUIN 1857. 621
vers cette dernière ('poqiie que l'Aniaiulier fleurit sous le climat de Paris.
J'ai rencontré aux environs d'Hyères quel(|ues rameaux de Myrte fleuris
en décembre et Janvier (l'époque normale de la floraison du Myrte est le
mois de juillet); j'ai également rencontré à Hyères et aux environs, des
Orangers abiités par des murs et exposés au midi, chargés de boutons en-
tr'ouverts le 10 janvier; celte floraison a été imparfaite (l'époque normale
de la floraison de l'Oranger est la fin de mai et le commencement de
juin).
L'activité de la végétation, dans les climats méridionaux, rend ces
exemples de lloraison anticipée plus fréquents dans le midi que dans le nord
et le centre de la France, où ils ne sont cependant pas rares pendant nos
automnes alternalivement chauds et pluvieux ; les Poiriers et les Pommiers
de nos vergers nous en oITrcut souvent des exemples.
M. Marlins partage la manière de voir de M. Germain de Saint-
Pierre. Il dit ([d'au Jardin des |ilantes de l^lontpeliier, dans la grande
ailée des Marronniers, on voit chaque année quelques-uns de ces
arbres refleurir en septembre et en octobre. Ce sont des pieds souf-
IVants et dont la vcgélalion est peu active.
M. Toucby est aussi d'avis que ces floraisons anticipées sont sur-
tout le résultat des grandes sécheresses de l'été. Lorsque la première
pluie d'automne survient (en septembre), un brusque changement
s'opère, la température devient douce et humide, et la végétation
reprend une activité nouvelle qui fait fleurir quelques arbres, nolam-
mentles Marronniers et les arbres fruitiers. En décembre 1839, on a
mangé des cerises rouges chez M. Du[)in, secrétaire de la Société
d'agriculture de l'Hérault. Souvent ces floraisons intempestives sont
bientôt suivies de la mort de l'arbre qui les produit.
NOTE SUR QUELQUES FAITS D'EXPANSIVITÉ (PARTITION OU DÉDOUBLEMENT ET TENDANCE
A LA PARTITION), par n. GERMAIIV DE SAIÎ^T-PIEIÏRE.
Les exemples du phénomène de Y expansivitê (ou diruption) me parais-
sent aussi fréquents dans les climats méi'idionaux que dans le centre et le
nord delà France. Si, pendant une partie de l'année, la sécheresse est exces-
sive en Provence, il est des saisons pendant lesquelles les pluies sont abon-
dantes ; et la durée de ces dernières périodes est suffisante pour déterminer
la production d'anomalies qui nous paraissent être, dans certains cas, un
des résultats de l'action prolongée de l'eau ou de l'humidité sur les plantes
dont le tempérament est approprié aux terrains secs, ou, tout au moins, ne
l'est pa'* aux stations aquatiques.
622 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
J'ai rencontré (15 décembre 1856) un Bellis pey^ennis, dont un pédon-
cule se terminait par deux capitules adossés et repoussés l'un par l'autre, de
manière à former un angle avec le pédoncule ; les autres capitules de la
même rosette de Bellis étaient parfaitement normaux, et les fleurs du capi-
tule dédoublé étaient normales. J'ai eu plusieurs fois occasion d'observer,
aux environs de Paris, des cas d'cxpansivité analogues dans les capitules du
Dahlia, du Scabiosa of/'opurpurea et du Dipsacus fulUmum; mais ces
diverses espèces étaient cultivées ; or, les conditions dans lesquelles les
plantes sont placées par la culture sont généralement favorables à la pro-
duction des anomalies, f.e Bellis perennis observé aux environs d"Hyères
était, au contraire, spontané et croissait sur la berge d'un fossé.
Un buisson de Myrtus communis, croissant dans une gorge bumide et
ombragée, m'a présenté (10 janvier), parmi des rameaux normaux, mais à
fouilles plus amples et plus molles qu'à l'état ordinaire, quelques rameaux
dont les feuilles étaient régulièrement ternées; plusieurs verticilles émet-
taient, à l'aisselle de chacune des ti'ois feuilles, un rameau à feuilles normale-
ment disposées. Un autre rameau du même arbre m'a présenté, parmi des
feuilles normales, une feuille bipartite à une seule nervure médiane à la
base; cette nervure se partageant supérieuremeut en deux nervures qui
jouent chacune le rôle de nervure médiane pour clmcune des deux partitions
de la feuille. Cette feuille, qui présente, comme toutes les feuilles dédou-
blées, l'aspect de deux feuilles souJées, occupe manifestement, dans la
série, la place d'une feuille unique; la feuille située au-dessous et la feuille
située au-dessus sont normales pa;- leur position et par leur forme. J'ai
déjà fait remarquer que le dédoublement partiel des feuilles est le premier
degré de leur multiplication accidentelle ; un même individu nous offre ici
le dédoublement partiel sur une branche, et sur d'autres branches, une
multiplication compièle et régulière, des leuilles ternées remplaçant des
feuilles alternes. Knliii, une forte branche présentait l'état de fasciation
(aplatissement ou hypertrophie tendant au dédoublement), état qui esta la
partition des axes ce que le dédoublement incomplet de la nervure médiane
esta la multiplication des feuilles. J'ai trouvé au même état, c'est-à-dire à
branches, les unes normales, les autres à feuilles ternées, le Lilas com-
mun planté dans un jardin (Costebelle), au voisinage d'une source, et, dans
leméinejardin, un Obîillet de semis, dont l'une des premières feuilles était
profondément bipartite; la feuille opposée à cette feuille bipartite était nor-
male. Enfin, je mets sous les yeux de la Société un rameau de. Phi/tolacca
dioica, qui provient du Jardin des plantes de Montpellier, et que je dois à
l'obligeance de notre vice-président M. Ch. Martins, le savant directeur du
Jardin. Ce rameau, a feuilles nondjreuses, disposées en spirale, à tours rap-
prochés, est un exemple remarquable d'un axe fascié à sa base et terminé en
plusieurs partitions, dont les unes sont elles-mêmes de forme aplatie ou
SESSION KXTRAOP.DINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857, 623
rubanée, et dont une autre est de forme cylindrique et constitue un rameau
de structure normale à feuilles normalement disposées.
M. Julien Jeanne! iliL (|u'il a observé le phénomène de lafasciation
sur des leiiilles de Grenadier et d'Olivier, ainsi que sur des grappes
de raisin.
M. Planehon ajoute que les Câpriers présentent IVéquenurient
des branches iasciées et portent alors beaucoup de tleurs. Il croit,
d'ailleurs, que les phénomènes [)ré3enlés comme des cas de parti-
tion sont souvent des cas de dédoubleineni, et il insiste sur ce que
Dunal, (jui avait trouvé dans la science le mol dédoubie?}i&nt créé [)av
De Candolle, en avait tiré toute la théorie de la partition, telle que
plusieurs botanistes pensent l'avoir découverte depuis.
M. Germain de Saint-Pierre répond à cette observation de la
manière suivante :
Je n'ai jamais pensé, quant à moi, avoir !e piemier fait connaître le
curieux et important phénomène de la partition ; mais j'ai ajouté aux
recherches déjà faites sur ce phénomène, des considérations qui pourront
aider à en compléter l'étude, et j'ai appuyé ces considérations sur de
nombreuses observations qui pourront contribuer à en achever l'histoire.
Je me suis surtout efforce de démontier que les phénomènes étudiés sépa-
rément, les uns sous le nom de fasciation, et les autres sous le nom de par-
tition ou dédoublement, constituent, non pas deux phénomènes distincts,
mais seulement des pl\ases différentes d'un même phénomène (que j'ai dési-
gné sous le nom à' expansivité) ; et j'ai classé, dans l'histoire de ce phéno-
mène général, la partition chez les axes près de la partition chez les organes
appendiculaires des divers ordres. (les feuilles caulinaires et les feuilles /?o-
ruires). 'va\\\\\, je lue suis assuré que la plupart des cas cites conmie des
exemples de soudures (synophtie, synauthie, syncarpie, etc.), ne sont que
des cas de dédoublement (expansivité) et ne diffèrent en rien d'autres cas
analogues cités comme des cas de dédoublement par les mêmes auteurs.
JNous vivons à une époque où les diverses parties de la science ont été
déjà l'objet des recherches et des méditations de génies du premier ordre,
et peu de quesl^ions aujourd'hui sont entièrement nouvelles; chacun de
nous ne saurait donc apporter que quelques pierres à l'édifice, à jamais
interminable, dont la continuation nous a été léguée [lar nos prédécesseurs
et uos maitrcs, et auquel de nouvelles assises serout, pendant bien des
siècles encore, ajoutées par nos successeurs.
&2à SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
NOTE SUR DIVERS AUTRES CAS TÉRATÛLUC.IOUI'IS OBSERVÉS DANS LE MIDI DE LA FRANCE,
par n. «ERIVIAIIV DK SAIIVT-PIERRC.
I. Hameaux à feuilles panaché eii et rameaux à feuilles non panachées chez
un Rhamnus Alatemus. — Un lîhamnus Alaternus, planté dans le jardin
de Costebelk' près Hyèros, présente un phénomène digne de remarque.
Tous les rameaux de la moitié inférieurede i'arbre sont a feuilles panachées
(chaque feuille, verte à sa partie moyenne, est entourée d'une large bordure
irréguîière d'un blanc jaunâtre), et tous les l'ameaux de la moitié supé-
rieure de l'arbre sont à feuilles vertes normales. Pas une feuille des
rameaux inférieurs n'est verte, pas une feuille des rameaux supérieurs n'est
panachée. Voici quelle est la charpente de cet arbre, dont la hauteur est
d'environ deux mètres et demi. Il était terminé, pendant ses premières
années, par une tête à feuilles panachées, qui subsiste encore; à 10 centi-
mètres au-dessous du sommet de cette tète, est née une branche plus vigou-
reuse que les autres et qui a dépassé la tête restte rabougrie; cette branche
latérale est aussi à l'euilles panachées et constitue une seconde tète ana-
logue à la première. C'est cette branche à feuilles panachées, dont la tête
s'est à son tour arrêtée dans sa croissance, qui a émis, vers sa base, les
vigoureux lameaux a feuilles vertes non panachées qui constituent actuel-
lement la moitié supérieure de l'arbre. Ces branches a feuilles normales sont
au nombre de trois et situées l'une au-dessus de l'autre, du même côté que
la branche-mère, il semble (jue l'arbre, pendant les premières années de sa
croissance, ait végété dans un état maladif, et que, dans une dernière
période, il ait été doué subilement d'une grande vigueur; mais cette force
nouvelle n*a profité (ju'aux branches nées sous cette dernière influence; les
branches qui existaient précédemment continuent à végéter faiblement et à
se couvrir de feuilles panachées comme s'il se fût agi d'une greffe. L'indi-
vidualité nouvelle n'a pas reçu de vice héréditaire, et elle n'a pas non plus
réagi sur l'individualité-mère.
II. Végétation iV un arbre accidentellement renversé. — Un Myrte [Myrtus
covirnunis), arraché naturellement dans l'éboulcment des bords d'un ravin,
s'était trouvé la tige et les rameaux lecouverts déterre et la racine entière-
ment hors de terre et dirigée de bas en haut. Les racines les plus grêles
s'étaient desséchées ; mais de jeunes rameaux feuilles (adventifs) étaient
nés sur le pivot tortueux et robuste de la racine. Ayant retiré l'arbuste de
terre, je trouvai les rameaux les plus grêles frappés de mort et les feuilles
détruites; mais les bianches les plus fortes étaient vivantes et avaient émis
des racines advenlives qui permettaient ii l'arbre de végéter malgré la si-
tuation renversée de la tige principale.
III . Genninution des yraincs dans un fruit sain. — En ouvrant une tomate
(fruit du Lijcopersicum csculentum) mûre, mais très saine, et dont l'épi-
SESSION EXTRAORDINVinr, A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 625
derme ne piéscMitnit ni taclies ni (h-chiriircs, j'ai lioiivc (5 janvier) toutes
les graines du fruit complètement iiermées. Les jeunes plantes présentaient
leurs deux cotylédons linéaires d'un l)eau vert, dressés et apprimcs, et
étaient pourvues d'une !oii!j,ue radicule.
IV. Fruit, adventif sur une cicatrice. — \j Opuntia Ficus indica (vulg. Fi-
guier d'Inde, ]\aquette) végète à Hyères avec vigueur; il y a des individus
dont les articles inférieins, épaissis et devenus avecl'âge presque cylindri-
ques, constituent un tronc robuste et volumineux; leurs lourds et bizarres
rameaux décorent les rochers et les vieux murs exposés au soleil. Les ra-
quettes (articles ou mérithalles discoïdes des 0/juntia) brisées, coupées ou
désarticulées accidentellement, et qui tombent et séjournent sur la terre, s'y
enracinent par le point quelconque qui se trouve en contact avec le sol.
L'abondance du suc aqueux renfermé dans ce fragment de tige charnue,
et l'épaisseur de son épidémie, qui le préserve d'une dessiccation rapide, lui
donnent le temps d'émettre des racines avant que la chaleur du soleil ait
pu le dessécher; or, ces fibres radicales adventives, lorsqu'elles ont pénétré
dans le sol, mettent le fragment a l'état d'individu distinct, et, dès lors, son
existence est assurée : il végète et multiplie. Sur un individu vigoureux,
une raquette ayant été coupée transversalement, a émi>, sur la cicatrice, un
fruit bien conformé. On voit fréquemment des bourgeons adventifs se for-
mer sur un point au niveau duquel une tige a subi une perte de substance,
mais ce bourget)n devient ordinairement un rameau ; ici, le bourgeon a
produit immetiiatement une fleur, dont le fruit est arrivé à la maturité.
V. Prolificalion de l'inflorescence des Plantains. — Mon ami iVi. de
Schœnefeid a rencontré près de Villeneuve, dans notre course d'avant-
hier, un beau spécimen de la l'orme anomale prolifère du Plantago lan-
ceolata, et a bien voulu enrichir de cette observation la série d'anoma-
lies que j'avais à présenter à la Société. On sait que, dans cette curieuse et
brusque déformation, les bractées inférieures de l'épi (petites et scarieuses
à l'état normal) deviennent ainpies et foliacées, et constituent à l'extré-
mité de la hampe et au-dessous de l'épi , une rosette plus ou moins
ample et analogue à la rosette des feuilles ladicales. A l'aissellcde chacune
de ces bractées devenues feuilles, il se développe, au lieu d'une fleur, une
inflorescence, un epi analogue à l'epi terminal normal, et, selon que ces
épis surnuméraires sont plus développés, la partie supérieure de l'épi central
ou épi mère, est, par compensation, moins développée, et souvent même
avorte presque complètement. L'individu qtieje place sous les yeux de la
Société offre, dans ses épis, toutes les transitions entre les épis complètement
normaux et les épis complètement prolifères. Je ferai, a l'occasion de cette
anomalie, une remarque : certaines espèces ont une tendance marquée à
dévier du type normal pour passer à un état anormal déterminé. Ainsi, je
ne crois pas que ce soit par un pur effet du hasard que j'aie rencontré si
T. IV. UO
626 SOCIKTÉ BOTAISIQUK DE FRANCE.
fréquemment dans la nature (et vu dans les liorbiers), le Plantago lanceo-
luta a hampe munie d'une rosette terminale foliacée et à épi prolifère (forme
dont il vient d'être question), tandis (juc je n'ai point encoie rencontré cette
anomalie cliez d'autres espèces de Plantains presque également communes.
J'ai, au contraire, trouvé plusieurs fois le Plantago major présentant une
fornie anormale différente et que je n'ai pas rencontrée dans le Plantago
lanceolata. Dans la déformation de l'épi du Plantago major à laquelle je
fais allusion, les bractées llorales restent petites et scarieuses , mais l'épi
est transforme eu une panicule très rameuse, compacte, et plus ou moins
pyramidale ; les nombreuses ileurs de cette panicule sont souvent abortives.
(Je crois me rappeler (jue M. de Schœnefeld m'a remis, il y a quelques
années, un exemplaire de cette seconde anomalie, recueilli aux environs de
Paris. J'en ai recueilli moi-même un des plus complets dans le départe-
ment de la INièvrc.)
M. Planchoii voit dans le phénomène présenté par rAlalerne,dont
vient de parleriM.Germainde Saint-Pierre, un l'ait d'atavisme analogue
à celui qu'oflrent le Cijtisus Adami et le Maïs à grains de diverses
couleurs ; c'est-à-dire une fécondation croisée, puis le retour à l'un
des types primitifs.
M. Germain de Saint-Pierre fait observer que l'AIaterne à feuilles
panachées n'est guère multiplié que de grefle.
M. ïouchy dit qu'il y a dans l'herbier de Delile une déformation du
Plantago major analogue à celle du P. lanceolata que vient de
signaler M. Germain de Saint-Pierre.
M. Planchon ajoute que cette monstruosité est obtenue artificiel-
lement par certains horticulteurs (qui la cultivent comme variété),
notamment par M. Van-Houtte, à Gand. Il l'a d'ailleurs rencontrée
aussi à l'état spontané.
M. ïouchy fait à la Société la communication suivante :
SUR QUELQUES PLANTES ÉTRANGÈRES A LA FLORE DE MONTPELLIER, TROUVÉES AUX
ENVIRONS DE CETTE VILLE, par M. le D-- TOLtUÏ.
Pour que les botanistes puissent se fixer sur les dores locales, il est néces-
saire de distinguer avec soin les plantes introduites par des circonstances
accidentelles, he Port-Juvénal près iMontpeilier, ainsi ((uej'ai déjà eu occa-
sion de le dire aujourd'hui (1), fournit beaucoup d'espèces exotiques, qui
se montrent et disparaissent bientôt eu faisant place u d'autres. Les lieux
(1) Voyez plus haut, p. 593.
SESSION EXTHAOnniNAIRK A MONTI'KI.LIER pN iVA^ 1857. (527
(|iii avoisinent les moulins dans lesquels on convertit eu farine les blés étran-
gers, nous piésonlont un fiiit anaiofiue. Dans l'apiès-niidl du 7 de ce mois,
Je suis ailé herboiiscr auprès de trois moulins sur le Lez, au-dessus du
port neuf de Castolnau. (]e lieu m'avait déjà fourni l'an dernier {|uel(|ues
plantes étrangères. Celles (pie j'y ai remarquées eelte fois, sont les sui-
vantes :
Glaucmn tricolo?' Bernh.; Sinapis Dillenii, et cinq ou six autres es-
pèces du même genre; Ilapistrum, trois espèces; Eruca vesicaria Cav. ;
Brassica, une espèce ; linp/ianus recurvatus Del., et une autre espèce voi-
sine du R. llap/iwiisfrum ; Silène, une espèce; Trigonella Bessei^iana Ser.;
Melilotus, deux espèces; Daucus maxinms Desf. ; Z*. a?<re?/.s Desf.; Ane-
thum segeli/rn !.. ; (Inap/taliwn, une espèce ; Senecio, une espèce; Ant/iemia,
deux espèces^ ('/irysanfheinum coronarium L.; Anacyclus alexandrinus
Willd., et une autre espèce du même genre ; Centaurea, une espèce; Echi-
nospermum Juippula Lehm.; Ecldum, une espèce; Anchusa^ une espèce;
Jiumex, une petite espèce presque acaule; Phalaris quadrivalvis Lag.
Kn tout trente-cinq espèces étrangères a la flore de Montpellier.
A la suite de celle comiiiunicalion, M. le comte Jaiibert saisit
roccasioii de remercier M. Toucliy, au nom de la Société, des obli-
geants et utiles services qu'il lui rend pendant sa session à Montpel-
lier, tant aux herborisations, dont il est un des guides les plus zélés,
que dans le Musée botanique, dont il est le conservateur et qu'il met
à ia disposition des visiteurs avec une complaisance extrême et une
entente parfaite du maniement des herbiers.
Et la séance est levée à 5 heures.
Le 12 juin, à midi, la Société a visité le jardin de l'École de phar-
macie, où M. Pouzin, directeur, et M. J.-E. Planchon, professeur
d'histoire naturelle, ont eu l'obligeance de la guider.
C'est ici une collection toute spéciale. Les plantes de pleine terre, rangées
suivant la méthode naturelle et étiquetées avec soin, sont toutes exclusive-
ment médicinales. Une orangerie et une petite serre chaude reçoivent les
végétaux exotiques qui demandent un abri.
Nous avons remarqué surtout \\E(jUops hybride, obtenu par iM. Plan-
chon, de la fécondation artificielle de VyE. ovata par le Blé-Touzelle. Cet
hybride, qui reproduit exactement W-E. triticoides spontané aux environs
d'Agde, était en fleur, avec 66 épis sur un seul pied.
Les étiquettes de l'Ecole sont formées d'un cadre de fer-blanc peint à
628 SOCIÉTÉ lîOTANIQl'K DE FRANCE.
l'huile, dans lequel est enchâssé un verre qui recouvre l'étiquette de papier,
imprimée et collée au verre. Ce système nous a paru très bon, quoique
quelques imperfections dans l'application de la peinture aient maculé plu-
sieurs étiquettes par des taches de rouille; accident d'ailleurs facilement
réparable et que compense l'avantage de pouvoir lire très nettement les éti-
quettes imprimées.
Le 42 juin, à huit heures du soir, les élèves de la Faculté de mé-
decine et de l'École de pharmacie de Montpellier, pour fêter leurs
condisci|)les de Paris, leur ont offert un punch dans l'orangerie du
Jardin des plantes, éléiiamment décorée et illuminée.
Le Bureau de la Société avait été prié d'assister à celte réunion
toute fraternelle, pleine de gailé et d'entrain, et oii n'ont cessé de
régner une franche cordialité et un ordre parfait. Elle était animée
parles sons de la musique militaire, que M. le colonel du h' régi-
ment de ligne, en garnison dans la ville, avait hien voulu mettre à
la disposition de M. Martins, président de la fête.
L'union cimentée ainsi entre les élèves des Ecoles de Paris
et de Montpellier est un fait qui n'est pas sans importance, et la
Société doit se féliciter d'en avoir fourni l'occasion par sa session
extraordinaire. Nous croyons donc utile de reproduire ici les discours
prononcés à cette fête, et qui permettent d'en apprécier le carac-
tère et la portée.
niscouns de iw. iraj%RTii\'s.
Messieurs,
Recevez d'abord mes remerciments pour l'honneur que vous me faites
en m'appelaiit à présider celte joyeuse et cordiale réunion, .l'avais moins
de titres (jue mes collègues à cette preuve de votre sympathie; mais vous
avez pensé que le directeur du .lardin des plantes, élève de Paris et profes-
seur à IMontpellier, persoimiliaut pour ainsi dire la Aision scientilique des
deux Écoles, devait inaugurer une fête dont la botanique et l'entomologie
ont été l'occasion. Recevez mes félicitations, Messieurs, d'avoir si bien
compris le but de ces congrès scientifiques, qui doivent rapprocher non-
seulement les esprits mais encore les cœurs. Grâce aux généreux instincts
de la jeunesse, vous avez deviné que si la science devait être l'objet prin-
cipal de ces réunions, elle n'en était pas le seul, et que les sentiments de
confraternité qui animent tous les jeunes gens livrés aux mêmes études se
transformeraient en sentiments d'estime et d'amitié mutuelles.
Vos camarades, je me trompe, Messieurs, vos amis de Paris n'oublieront
SESSION KMUAOUUlMAIIîK A MONTl'ELLIKK KN JUIN 1857. 029
pas votre cordiale réception, et cliaeun d'eux sera pour vous un ^uide em-
pressé lorsque vous visiterez le centre cui'opcen des sciences, des lettres et
des arts. Actuellement, oubliez que vous êtes étudiants, rappelez-vous seu-
lement que vous êtes Jeunes ; jouissez dans toute sa plénitude de cette joie
sympathique que l'âge mûr ne connait plus. Soyez heureux pendant cette
période de la vie où il est si facile de l'être, mais demain souvenez-vous
que l'espoir de la médecine française est en vous, que vous aurez à soutenir
le poids d'un glorieux héritage. Vous ne faillirez pas à cette noble tâche et
vous reculerez les bornes de la science ({ue nous vous enseignons aujour-
d'hui et que vous enseignerez à votre tour. I /observation et l'expérience
fécondées par la méditation, voilà vos instruments de travail, car les
tiiéories passent, mais les faits restent. l\emettez-vous donc à l'œuvre, et
peut-être sortira-t-il de vos rangs quelques-uns de ces hommes que l'huma-
nité proclame comme ses bienfaiteurs, et que la science consulte comme ses
oracles.
DISCOURS DE Itl. €HATII\'.
Messieurs les étudiants de Montpellier,
Vous m'avez appelé à cette belle et joyeuse fête ([ue vous offrez à vos
camarades de Paris. J'essayerais en vain d'exprimer le plaisir que j'éprouve
à me trouver au milieu de vous, aux côtés du savant professeur que vous
venez d'entendre et dont la parole élégante et facile contribua à m'initier
aussi aux sciences qui aujourd'hui nous réunissent. Un mailre illustre,
retenu loin d'ici par de multiples devoirs et qui fut a Montpellier, où il a
laissé un sillon lumineux, l'élève, l'aini et le collaborateur de De Candolle
et de Dunal, eût mieux que moi représenté la cordiale fusion qui, en ce
moment, s'opère entre les Écoles du nord et leurs sœurs du midi. Élève de
Montpellier, ce maître, que vous nommez tous, enseigne à Paris quel fut le
tort de ceux qui diient que, dans la plus anciennement célèbre de vos Écoles,
il serait de principe que les idées spéculatives s'affranchissent de l'observa-
tion, qui tour à tour doit en être le moteur uu le fiein.
Permettez-moi de dire, pour me rapprocher aussi de vous, que si je pro-
fesse dans le grand centre scientifique du nord, je suis sorti d'une bourgade
(Tullins près Grenoble) comprise dans la zone médicale dont Montpellier
est le foyer.
J'ajoute encore, pour m'unir davantage a chacun de vous, que je suis
heureux de penser que vous serez tous un jour mes confrères, quelle que
soit celle de nos Écoles à laquelle vous preniez vos grades.
Vos camarades de Paris s'attendaient, ?tlessieurs, a être ici les bien-
venus. Ils savaient qu'à iMontpellier l'esprit, quoique en grand renom, est
encore dépassé par le cœur : votre accueil sympathi([ue dépasse à son tour
leurs espérances.
630 SOCIÉTÉ BOTAMQll'; Di: FHANCE.
La botanique, aimable de sa nature, surtout pour la jeunesse studieuse
dont elle recherche les hoinmjiges, a été l'occasion de cette charmante réu-
nion de famille. Puisse-t-elle en être récompensée en gagnant à clic quel-
ques-unes de ces vives intelligences méridionales qui §ont si dignes et si
capables de contribuer aux progrès de toutes les branrhes des connaissances
humaines.
Nous vous quitterons à regret, Messieurs, en emportant un doux et im-
périssable souvenir de notre passage parmi vous, de notre séjour trop court
dans votre célèbre et savante cité, de nos excursions trop rapides dans vos
belles campagnes, où aux rayons d'un chaud soleil et sous un ciel à rendre
l'Italie jalouse, mûrit, h côté de l'Olivier, cette bienfaisante et renommée
grappe des Gaules, atteinte par un fléau dont un agronome distingué, votre
compatriote (M. Mares), a le premier triomphé dans la grande culture. Inu-
tile d'ajouter, Messieurs, que les botanistes du nord garderont aussi un
durable souvenir de cette végétation variée et presque africaine des basses
Cévennes, des garrigues rocheuses et parfumées qui encadrent et abritent
vos champs d'Oliviers, de celle des plages historiques d'Aigues-Mortes et
de Maguelonne, ou les végétaux les plus rares croissent aux lieux mêmes
d'où partirent les flottes de saint Louis, et sur l'emplacement de la ville
détruite par Charles-Martel.
Au besoin nos herbiers, remplis par la flora monspeliensis, dont le
monde entier connaît les richesses, rajeuniraient notre mémoire. Car, vous le
savez, Messieurs, le grand bonheur du botaniste est de levivre, l'hiver, au
coin du feu, en feuilletant son herbier, à chaque plante ducfuel restent at-
tachées toutes les circonstances de date, de lieu et de compagnons, de com-
pagnons surtout! L'herbier c'est le plaisir, la surprise des découvertes
quand on le compose ; ce sont les doux, les charmants souvenirs li)rsqu'on le
revoit. Cependant, Messieurs, nous ne vous mettrons pas sous sa sauve-
garde. Soyez sûrs que la mémoire du cœur ne nous faillira pas.
Il nous reste un vœu à former. C'est qu'à votre tour vous veniez à Paris,
dont les étudiants et la flore vous attendent. Les Écoles, qui l'an passé avaient
facilité les excursions au Mont- Dore, la Société Botanique de France, qui
cette année, grâce a l'intervention de M. le comte Jaubert, son aimable et
zélé vice-président, a rendu si accessibles les conditions du voyage, ne per-
dront pas de vue qu'il leur reste à convier à Paris, à des époques périodi-
ques et, espéroiis-le, rapprochées, les étudiants de toute la France.
A la visite, aux succès, à la santé des étudiants de Montpellier!
DISCOURS DE M. ESI'OR. iiilunie .-i riiôpital Saiiit-Éloi.
Les étudiants de Monlpcllici- aux étudiants de Paris et de Strasbourg!
Permettez-nous, Messieurs, de nous féliciter de rheareuse inspiration (jui
SESSION KVTKAOUDIiNAlKK A MONTI'IXLIKIi KN .IllLN 1857. Glil
<1 fait flésiitnor la ville médicale du midi commo coiilic (]o vos excursions
scientiliques. l'ille nous donne l'occasion de vous offrir, sinon la plus bril-
lante, tout au moins, croyez-le bien, la plus sympatliique, la plus cordiale
hospitalité. Mais que cette réunion, peut-être sans précédent, ne soit pas
destinée à ne vivre que dans le souvenir de chacun de nous; qu'elle soit
plutôt l'emblème de cette union si vivement désirée entre les Écoles du nord
et celles du midi.
Puisse l'accord spontané de leurs élèves devenir le gage de notre confra-
ternité dans l'avenir! Puisse l'alliance de leurs principes être la base des
progrès futurs de la science!
REPONSE PAR M. Ach. FOVILLE, interne des hôpitaux de Paris.
Messieurs,
Parmi les titres que la Société Botanique de France aura à la gratitude des
étudiants de Paris, auxquels elle a ouvert la route du midi, ce ne sera certes
pas le moindre que d'avoir rendu possible cotte réunion, dont vous avez eu
si spontanément l'initiative et à laquelle nous sommes heureux de nous
rendie.
Consacrés aux mêmes études, poursuivant le même but, nous devons être
guidés par les mêmes principes, unis par les mêmes sentiments. Buvons
donc à l'union médicale en France, et permettez à vos hôtes de porter spé-
cialement un toast à la Faculté de Montpellier.
Le 14 juin, à six heures, un banquet par souscription, organisé
par les soins de M. Martins, a réuni dans l'orangerie du Jardin des
plantes la plupart des membres de la Société présents à 3Iontpel-
lier, les autorités municipales et un grand nombre de professeurs
des diverses Facultés et de savants de la ville.
Nous avons été heureux d'entendre ces messieurs nous exprimer
plus d'une fois l'intérêt qu'ils portent à notre institution et à la
science qui l'ait l'objet de nos études.
Deux toasts ont été portés, l'un par M. Martins : A la Société
Botanique de France ! et l'autre (en l'absence regrettable de M. de
Tchihatcbef, retenu chez lui par une indisposition) par M. le comte
Jaubert : A la ville et aux savants de Montpellier!
Après le dîner, on s'est rendu chez M. Donné, recteur de l'Aca-
démie, qui a bien voulu nous ouvrir gracieusement ses salons, et nous
procurer ainsi le plaisir de [)asser tous ensemble une charnumtc
soirée.
632 SUCIKTi: ItOTAiSlULL DE FUAiNCE.
Le 15 juin, à deux lieures, la Sociêlé a visité le Musée-Fabre, qui
conlienl la principale biblioUièquede la ville, et se compose en outre
de plusieurs galeries de tableaux.
Le fondateur de cet établissement, Fabre, de Montpellier, était un peintre
distingué, qui avait rcuni en Italie des tableaux de prix et un grand
nombre de livres (concernant surtout les beaux-arts), qu'il a légués à sa
ville natale. La bibliothèque, considérablement enrichie depuis et aujour-
d'hui très variée, a fait il y a quelques années une acquisition très précieuse
pour les botanistes. Auguste de Saint-Hilaire lui a légué tous les livres qu'il
possédait (environ 3000 volumes), parmi lesquels se trouvent un grand
nombre d'ouvrages importants et rares. En attendant qu'on puisse lui don-
ner un local plus convenable, cette bibliothèque, essentiellement scienti-
fique, a été placée au troisième étage, dans une chambre particulière.
M. Paulin Blanc, le savant bibliothécaire de la ville, qui en a dressé le
catalogue avec beaucoup de soin, a eu l'obligeance de nous la montrer (1).
Dans le musée de tableaux, nous avons vu avec intérêt et émotion le por-
trait d'Auguste de Saint-Hilaire, qui tut le maître et l'ami de plusieurs
d'entre nous. Ce portrait, que la \ille a fait faire pour rendre hommage à la
mémoire de l'illustre botaniste, qui a passé à Montpellier les dernières et
douloureuses années de sa vie, est une copie fort bien exécutée de l'original
que possède M"'" Parent-Duchàtelet. C'est la veille même que ce tableau
avait été mis en place, à l'occasion de la visite delà Société.
INous avons remarqué aussi des tableaux de fleurs de INode fds, qui était
le dessinateur de Dunal, et une copie de l'inscription de Rosette, prise par
Delile lui-même pendant l'expédition d'Egypte.
SKAUCK BU IC JHJI!% 1857.
PRÉSIDENCE DE M. l'IERKE DE TCHIHATCHEF.
La séance est ouverte à onze lieures du matin.
M. Eu"-. Fournier, secrétaire, donne lecture du procès-verbal delà
séance du 12 juin, dont la rédaction est adoptée.
Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le
Président proclame l'admission de :
(1) M. Blanc nous a remis une listo des ouvrages de bolaiiique à cornplétcr pour
celte bibliothèque oi des échanges proposés. Cflie note est déposée aux archives de
la Société.
SESSION KXTIlAOnniNMIU': A MOM'I*KLLIt;K EN JUIN 1857. (i^iS
MAI. HoiiDKT (Anîitolc), ù Moiitgàcoii, près Maringues (Puy-de-
I)(uue), prc'sontô par MM. Guillard et Darracq.
JuNQUET (Frédéric), docteur en médecine, médecin aide-
major au 2* régiment du génie, à Montpellier, présenté par
MM. Martins et IManchon.
Saiiut (F, -G.), horticulteur, rue du Manège, à Montpellier,
présenté par MM. Guillard et Martins.
Cramer (Wilhelm), étudiant à l'université de Boim (Prusse
rliénane), présenté par MM. Clialin et Grœnland.
Espagne, docteur en médecine, chef-interne à l'hôpital Saint-
Eloi, à Montpellier, présenté par MM. Martins et Mail-
lard.
M le Président annonce en outre deux nouvelles présentations.
Dons faits à la Société :
1" Par M. Gh. Martins :
Projet d'enquête sur la culture de l'Igname de Chine et du Riz sec,
présenté à la Société impériale zoologique d'acclimatation.
2° Par M. Ricard, de Montpellier :
Le Nomenclateur botanique languedocien, par Ch. de Bcllevul.
M. Mares, secrétaire, rend compte des herborisations faites le
11 juin à Cette, le 12 à Aigues-Mortes, et le 13 à Palavas et à Mague-
lonne.
RAPPORT DE M. PAUL MARES SUR L'HERBORISATION FAITE LE 11 JUIN A CETTE,
ET DIRIGÉE PAR MM. MARTINS ET CHATIN.
A huit heures du matin, le chemin de fer nous emporte rapidement vers
Cette ; à quelques minutes de Montpellier, nous apercevons une maison de
campagne surmontée d'un petit belvédère au toit arrondi : c'est l'ancienne
propriété du célèbre Rondelet (le docteur Rondibilis de ^Rabelais). On
désigne encore cette propriété dans le pays sous le nom de Mas de Rondelet.
Nous passons devant Villeneuve-lez-Magueionne, le marais de l'Estagnol
et la Madeleine où nous avons herborisé la veille ; nous voyons ensuite le
village de Mlreval, celui de Vie, dont l'église fortifiée nous rappelle le
temps où nos côtes avaient à se défendre contre les incursions audacieuses
des pirates barbaresques. Nous traversons la grande palud de Vie, dont les
émanations fiévreuses déciment les populations environnantes, et bientôt, sur
les coteaux rocailleux des dernières montagnes de la Gardiole, qui sont à
63^1 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FHANGK.
uotie droite, nous voj'oiis verdoyer les vignes qui donnent, ou plutôt, hélas !
qui donnaient le célèbre muscat de FroiUignnn. Un instant après, nous pas-
sons devant le village de ce nom ; puis la voie fériée s'élance hardiment au
milieu des étangs, sur une large chaussée qui arrive jusqu'à la mer. Nous
côtoyons alors, a quelques mètres a peine, la belle nappe bleue de la Médi-
terranée, dont les flots roulent doucement sur une plage sablonneuse cou-
verte de végétation littorale. On aperçoit déjà les mâts, les vergues des na-
vires, le piiare et les Jettes qui s'élèvent sur la mer biillante de lumière.
Cette nous est cachée par lo train lui-même, mais nous y arrivons en quel-
ques mintites; il est a peine neuf heures. En traversant le marché de la
Ville, nos legards s'arrêtent un instant sur les diverses espèces de poissons
péchés cette nuit : la plupart sont nouveaux pour nous, et M. P. Gervais
nous en nomme quelques-uns des plus remarquables.
Nous suivons les rues qui s'élèvent par une pente assez rapide vers la mon-
tagne de Saint-Clair. Kn passant près de la citadelle qui domine la ville du
côté de la mer, nous ne pouvons nous empêcher de considérer un instant la
vue magnifique qui se déroule à nos pieds et dans le lointain-, la ville, peu
ancienne, mais aujourd'hui très importante, le port, les navires, les jetées, la
plage et un immense horizon demer forment un superbe ensemble. Mais, sur
les rochers qui servent de base à lacitadelle.on commence à trouver quelques
plantes: le Lagurus ovatus, VHedijpnois polymorpha, Y Asteriscus aquaticus,
VAlysmmmarithnura\\yAW<^\\\'^ui\e butin de cettejournée; aussitôt l'ardeur
botanique s'empai-e de chacun de nous, et vient dominer toutes les autres pré-
occupations. En quittant la citadelle, le chemin par lequel nous gravissons
la pente escarpée deSaint-CJair est excessivement rocailleux, resserré entre
deux murs de pierres sèches, au pied desquels nous trouvons le Plumbago
europœa, VUrtica pilulifera déjà couvert de ses fruits caractéristiques, le
Silène nocturna var. brachypd<da^ \ç) Brachypodiiim raniosum^ VOno-
pordon illyricum presque toujours assuré du respect des plus intrépides
collectionneurs, le Tyrimnas leucograplius, le. firdactites tomentosa un port
élégant; et nous voyons sortir d'une anfracluosité les tiges déliées et les
Jolies fleurs bleues du Lactuca tenerrima, qui se retrouve à Narbonne et
aux Pyrénées.
Les murs du chemin présentent parfois de larges ouvertures, qui don-
nent sur des terrains de garrigues heureusement vierges- encore des défri-
chements qui envahissent tous les jours la montagne de Cette ; nous pouvons
donc y butiner à notre aise: aussi, aux plantes déjà trouvées et qui crai-
gnent peu les terrains rocailleux et la séchei-esse, nous ajoutons bientôt
plusieurs autres espèces qui résistent tout aussi bien à notre climat méri-
dional : ce sotil les Avena jniOescens?, Trificam plurnicoidcs, Buin inx-
fjuatifolia, Carduus nufcma, Planlngo Psylliiti/i, Thrincia/diitt, Bt/plevnini
aristatuni, Vcrbascum floccosuni, Trifolium tomentosum^ T. suffocatum, etc.
SESSION EXTUAOUDIiN'All'.K \ IMONTI'I I.MI i; K.N .IIMN 1857. ()35
La montagne de Saint-Clair a près de 200 mètrt's d'altitude et forme une
masse arrondie, np|)artenant,eoninie les loolier.sde la Madeleine et du Creuss
de Miéiie,{j rel;ij;e().\for(llen dn teri-ain jurassique, ('.olline solitaire, entourée
par la mer, i'étan<;' de Thau et le port de Cette, à peine reliée à la terre ferme
par la plaj^e d'Agde , cette hauteur parait surgir du milieu des eaux, et son
élévation, son isolement, eu l'ont le centre d'un magnifique panorama.
Nous atteignons le sommet de la montagne, où se trouve une petite construc-
tion carrée, dont (jueUjues nKirchcs nous permettent d'atteindre le faîte :
de là, rien ne peut gêner la vue : au sud s'étend devant nous la majestueuse
immensité de la mer; à l'ouest la plage d'Agdeet sa montagne volcanique,
noir mamelon (|ui se dessine nettement sur le Gauigou, dont le bleu plus
foncé que celui du ciel se perd dans la iMéditerraliée où il semble plongera
pic ; quelques cimes dentelées lui font suite, s'avancent au loin dans la
mer et disparaissent peu à peu à l'horizon : ce sont les montagnes de Port-
Vendres et les premiers sommets de la côte d'r]spagne. Si le temps était
plus clair, nous apercevrions à droite du Canigou la grande chaîne des
Pyrénées, dont les cimes neigeuses se découpent souvent sur le ciel avec une
parfaite netteté. Au nord, se dresse la ligne des Cévennes, dans laquelle
nous pouvons distinguer le pic de l'Aiguale et le haut plateau de l'Espérou,
dont la vue rappelle à chacun de nous les noms de Magnol, de Gouan, de
Sauvages, de Dunal. Au pied de ces montagnes, nous voyons les grandes
plaines du bas Languedoc qui ne foi-raent pour ainsi diie, entre Béziers et
Montpellier, qu'un immense et riche vignoble; plus près encore, l'étang de
Thau qui entoure toute la face nord de la montagne de Cette. Sur la rive
orientale nous apercevons Balaruc, dont les eaux thermales sont si renom-
mées ; l'église de ce petit village renferme le tombeau du célèbre Mongolfier
et des traces de ruines romaines; divers phénoniènes naturels assez curieux
rendent ce lieu digne d'intérêt sous plusieui's rappoils. Enfin vers l'est, à
l'extrême horizon, nous voyons s'élever la cime arrondie du Mont-Ventoux,
où se trouve la végétation réellement alpine la plus rapprochée de nous.
Il faut enfin s'arracher à ce beau spectacle, que favorisent un radieux
soleil et un air assez transparent. Tandis que quelques zoologistes cherchent
sous les pierres le gros scorpion blanc {Scorpio occitanus) et parviennent à
s'emparer de deux jolis iSeyj*', nous descendons vers une petite garrigue in-
culte sur le versant sud-ouest et, dans un espace de quelques mètres carrés,
nous récoltons les Picris pauciflo7'a, Ononif: minutissima, Centranthus
Calcitrapa, Bhcutella lœvigata, Linum strictum, Juniperus Oxycedrus,
Sideritis romana, Cneorum tricoccon, Leuzea conifera, Teucrium Polium,
Tragopogon porrifolius, Coris monspeliensis , HeliantJiemum Fumana
var. procimibens , Itrula sqitarrosa (non fleuri), Lactiica viminea, Medi-
cago tribuloides, Cardans nigrescens, Rhamnus infectoritis, Evax pyg-
mœa, Nigclla damascetui; et, dans les anfractuosités des murailles, quel-
636 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FliANCK.
ques ôcliantilloiis de Ceterach officinarum, très commun dans le pays.
Mais nous devons penser à revenir vers In ville : M. Doumet, maire de
Cette, un de nos vice-présidents, a bien voulu nous inviter à visiter ses
riches collections, parmi lesquelles se trouve l'herbier de son aïeul, le cé-
lèbre naturaliste Adanson. Il nous faut donc partir sans visiter le salin de
Villeroi qui esta nos pieds, et une partie de la plage, localités qui eussent
immédiatement enrichi notre récolte de plusieurs espèces que nous n'avons
pas encore. A cette epocjue de l'année, nous eussions pu trouver à Villeroi
VOrnithogalwn Pater familia^i God\-.,\e Matf/iioln sinuala, VAtriplex Ha-
limus, le Convolviilus Uneutus, VAsphodeliis fistulosus et quelques autres
plantes que nous retrouverons probablement en grande partie à Mague-
lonne ou à Aigues-Mortes.
Kn descendant, nous recueillons encore au pied des murs et sur quelques
parcelles de terrains vagues, les Urospermuni picroides^ Clypeola Jonth-
laspi, Carnpanula Erinus, Althœa hirsuta, Orlaya grandiflora; c'est dans
cette localité que nous trouverions aussi au printemps le Galium murale,
que les premières chaleurs ont déjà fait disparaître.
En rentrant à Cette, on se divise en plusieurs bandes, car nous sommes
beaucoup trop nombreux pour déjeuner ensemble dans un seul des hôtels
de la ville. Mais, luie heure après, nous nous reunissons tous chez notre
honorable vice-président. MM. Doumet père et fils nous font l'accueil le
plus aimable, et nous conduisent dans les vastes galeries de leur riche
musée, puis dans leurs jardins admirablement tenus et qui excitent surtout
notre vif intérêt. Un compte rendu spécial de cette visite (1) devant être
publié par les soins de M. le Secrétaire de la Commission du Bulletin,
nous n'avons pas à entrer ici dans le détail des richesse'^ de tout genre qui
composent ces remarquables collections.
Après avoir remercié vivement ]MM. Doumet de leur bienveillante hospi-
talité, nous reprenons le cours de notre herborisation. Notre obligeant con-
frère, M. le docteur Diomede Twezkiewicz (dont la connaissance parfaite
de la tlore du pays nous a été plus d'une fois d'une grande utilité durant
toute celte excursion), nous donne quelques échantillons d' Heliotropiwn
curassavicum, qu'il vient de recueillir aux Bourdigues (2) ou cette espèce
s'est naturalisée et où elle est très commune.
Il est quatre heures et le temps a passé rapidement; mais avant de partir
nous voulons encore récolter quelques plantes. Nous nous dirigeons vers le
fort Saint-Pierre, situé au pied de la montagne, entre le port et la mer, à
l'extrémilé sud de la ville. Dans l'enceinte du fort, contre les rochers qui
(1) Voyez plus haut, page 58û.
(2) On nomme les liourdigucfi lui ([iiarlier de la ville situé du côté de, Pctang de
Thau, à rexlrémilé du canal du port.
SESSION F.XTRAORniNAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 687
lesabritent, croissent en pleine terre V Opuntia Ficus indica et V Agave ameri-
cnna var. variegnUi, qui sont, à ce (ju'il parait, parfaitement naturalisés; et
M. Napoléon Doumet nous apprend que V Agave (imericana fleurit de temps
en temps sur le versant loiit a fait méridional qui est un peu pins loin. INéan-
moius ces plantes ont \\\\ aspect lanj^uissant, et sont loin de présenter le vi-
goureux développement qu'elles acquièrent à Perpignan et surtout en Es-
pagne et en Als^érie.
Près du fort, du côté de la mer, nous trouvons, sur un terrain rocailleux,
le Spergularia média, le Frankenia intermedia (plante si voisine du F.
lœuis), les Anaq/clm tomenfosus, Corivolvulus lineaius, Fvax pggmœa,
Planlago Lngopus, Inula viscosa, Artemisia gallica, Statice ec/iioides, Lep-
turus incurvatus, Scolgmns hispanicm ; malheureusement ces cinq dernières
espèces ne sont pas encore fleuries.
A notre droite est une vigne à demi cultivée, dans kuiuelle le propiié-
taire veut bien nous permettre de pénétrer, et nous y trouvons encore plu-
sieurs espèces : Convolvidus olthœoidcs, Glaucium flavum, Avena sterilis
Sedum altissimum (non fleuri), Euphorhia segetaUs, Coni/za sordida, Cen-
taurea aspera, (Uematis Flammula var. maritima (non fleuri), Medicago
Murex, Linum tenuifolium, L. strictum, Urospermuin Dalechampii, Agri-
monia Eupatoria (non fleuri). Toutes ces espèces sont mêlées à la Vigne,
qui pousse avec vigueur quoique plantée irrégulièrement dans un peu de
terre rougeâtre qui remplit les feules de la roche oxfordienne. Dans cette
vigne, nous avons aussi trouvé le Cappa^ns spinosa ûowi nous avons pu voir
une des belles fleurs parfaitement épanouie. Ce joli arbuste , bien que
non spontané chez nous, y vient avec une facilité extrême dès qu'il
a été semé, et fréquemment, dans nos campagnes du midi, on le voit ta-
pisser les murs de pierres sèches près des maisons au bord des vi<'nes ;
mais les ménagères industrieuses nous privent le plus souvent du plaisir
de voir s'épanouir ses magnifiques fleurs, dont le Imuton naissant conservé
dans le vinaigre forme un de nos meilleurs condiments.
M. de Tchiiiatchef, notre président, est frappé des rapports qui existent
entre la végétation que nous rencontrons aujourd'hui, et celle des côtes de
l'Asie Mineure : il reconnaît la plupart de ces plantes pour les avoir d(\ià ré-
coltées dans le pays qu'il a tant étudié. Mais l'heure du départ approche,
et nous revenons à regret au chemin de fer qui est assez éloigné.
Cette fois, par un heureux hasard, nous sommes un peu en avance; aussi-
tôt quelques-uns des plus zélés courent à la plage voisine de l'embarcadère
et rapportent, quelques minutes après, plusieurs espèces littorales; ce sont
\esSalsola Tragus, P/telipœa cœrulca, Crithmum maritiutum (non fleuri).
Anthémis maritima, Medicago marina, Euphorhia Paralias, Polygonum
maritimum, Schœnus7nucronatus, Echinophora spinosa, Ergngium mariti-
638 SOCIÉTÉ BOTANIQLI': DE FRANCE.
mum, Festuca maritirna, Amarantus prostratus, Bromus maximus, ^lat-
thiola sinuata.
A six heures le chemin de fer nous emporte et nous ramène à Montpellier.
RAPPORT DE M. PAUL MARES SUR L'HERBORISATION FAITE LE 12 JUIN A AIGUES-
MORTES, ET DIRIGÉE PAR M. CHATIN.
Aigues-Mortes est certainement, à tous les points de vue, une des localités les
plus intéressantes des environs de Montpellier. Pour nous y rendre, nous par-
tons par le chemin de fer de Nimes, à sept heures du matin, et après avoir
rapidement traversé des plaines couvertes de vignes et d'oliviers, nous arri-
vons en quarante-cinq minutes à Lunel, petite ville dont le vin muscat a
acquis une Juste eéichrité. Les géologues connaissent tous les cavernes à
ossements de Lunel, dont on a retiré de si grandes richesses paléontologi-
ques.Unoinnihus attend les voyageurs; nous nous y installons, et celte voiture
nous conduit en moins de deux heuresà Aigues-Mortes, dont à plus delSki-
lomètres on aperçoit déjà les murailles et la forte tour de Constance, grâce
au nivellement parfait des plaines d'alluvions modernes qui nous en séparent.
Ah kilomètres de Lunel, nous trouvons Massillargues, jolie petite ville, où
un ruisseau d'eau vive, chose rare dans ce pays, répand la fraîcheur et per-
met d'entretenir sur les promenades extérieures, des Platanes, des Tilleuls et
des Peupliers d'une très helle venue.
Après avoir franchi le Vidourle, nous traversons Saint-Laurent d'Aigouse,
à moitié chemin entre Aigues-Mortes et Lunel. A U ou 5 kilomètres au delà,
nous apercevons à gauche une métairie, dont les vieilles murailles et quel-
ques restes d'ogives à demi détruites indi(iuent l'origine ancienne. C'est
en effet Psalmodie, où se trouvait autrefois un couvent de Bénédictins,
dont la présence contribua beaucoup à la prospérité d'Aigues-Mortes. Nous
arrivons presque aussitôt à de grands marais que la route traverse sur une
longue et forte chaussée, La tour Carbonnière, que nous trouvons un peu
plus loin, bâtie en travers de la chaussée même, défend complètement, de
ce côté, les abords de la ville, à plus de 2 kilomètres. La vigne couvre pres-
que exclusivement le pays depuis Lunel jusqu'à Psalmodie ; mais à ce point
commencent les marais. La végétation change tout ii coup, et nous nous
trouvons bientôt entourés de chaque côté par une immense plaine maréca-
geuse et verdoyante.
Au milieu des Arundo, des Joncs, des Carex, des Scirpus et des lypha,
qui forment le fond de la végétation, nous pouvons distinguer, sur les points
plus ou moins immerges qui bordent la chaussée, les ombelles rosées du
BiUuiims umbcllatus, et les tleurs blanches et vertes du Leucoium œstivum.
La rapidité de notre course nous empêche probablcmentd'apercevoir le \'U-
SKSSION KXTIlAUlîDLNAlhK A MONTl'Kl.l.liai K.N .ILliN 1807. (i3i)
larsia yiipit/i/toidi's cf V f^tricuhfid vulyaris^qui se rcncoiilrcni aiis.si diiiis
cette localili'.
L'étroito voûte ogivale de la tour Carbomuèrelivre à peine passfige à notre
voiture ; quelques pas plus loin, nous descendons à côté d'un [)osle de doua-
niers ; c'est là que va eoinnieneer noire herborisation. Nous nous dirigeons
vers les pinèdes (bois de pins) qu'on aperçoit à un kilomètre environ.
Pour y arriver, il faut traverser le canal sur un bac, connu dans le pays
sous le nom de barque de SouUé. L'espace qui nous sépare du eanal est
à peine de quelques centaines de mètres ; mais le terrain sablonneux, à
sous-sol luiniide, sur lequel nous marchons, est couvert d'une l'iche végé-
tation qui nous retient plus d'une demi-heure : nous recollons les Euplior-
bia palustris, Senecio o'ucifoiius, Schœnns nigricans, Orckis fragrans,
Trifolium Cherlcri, Scirpus romanus, Imperata cijlindrica, Malcolmia
littorea, Silène itcdica, Pteris aquilina, Rumcx tingitanus^ Asp/iodelus
ramosus (connu dans le pays sous le nom patois d'Aléda)^ Trifulium
angustifolùan, Lagurusovatus, Cynanchum Vincetoxicum, Scabiosa Coluin-
baria, Plantago arenaria, Buplevnim aristatum, Filugo Jussiœi, Eu-
phorbia pilosa?, Hordeum mariiimum, Lepidium Drabu^ Juncus acutus,
(Jarex extensa, Sonchus inaritimus, Tanmrix gallica, enfin VArtemisia
gallica et le Statice Limonimn non fleuris.
Dans ce sable gris, fin, siliceux, le même (|ue celui de la mer, à peine un
peu moins pur, légèrement ondulé, mais ne formant pas de dunes, on a
planté des iMûriersqui poussent assez vigoureusement, et l'ensemble de la
végétation, dont nous venons de citer le fond principal, a une vigueur remar-
quab'e. Comme nous n'avons pas déjeuné, plusieurs d'entre nous achètent
quelques petits fromages secs qui nous fournissent une observation intéres-
sante se rattachant directement a la botanique. On trouve dans ces fromages
(les points d'un noir verdâtre, d'un goût acre et très prononcé. Le garde
champêtre que nous rencontrons plus loin nous apprend (jue ce sont de
petits fi-agraents cVAoubafi [Clematis Flammula) que y metton per donna
dépiquant (qu'on y met pour donner du piquant).
Après avoir traversé le canal sur le bac de Soulié, nous nous retrouvons
sur un terrain semblable à celui que nous venons de quitter et nous mettons
plus d'une beure à franchir les quelques centaines de mètres qui nous sépa-
rent du bois de Pins qui est devant nous. C'est qu'en effet la végétation est
encore plus riche sur ce point, et que nous rencontrons toujours de nou-
velles espèces : ce sont les Kœlcria villosa, Hellanthemum Idrtum, Hie-
racium Pilosella, Orlaya inaritinia (en fruit, moins vigoureux que sur la
plage même), Teesdalia nudicaulis (déjà passé), Cerinllie majur, Orchis
palustris, 0. fragrans, Heliantliemum sulicifolium, Carex divisa, Andro-
pogon Gryllus, Anagallis tenella, Lithospermum arvense, L. officinale,
6ZiO SOCIÉTÉ BOT.VNIQUR DE FRANCE.
Carex glmtca, Urnspermum DalechMnpii, Contranthus Calcih'apa, Tetr'ci-
gonolobus siliquosus, Helianthemum vulgaire var. tomentosum.
Au milieu de ces plantes, qui couvrent le sol avec profusion et dont un
grand nombre se plaisent dans l'humidité, sur ce terrain sablonneux où nous
chercherions en vain une seule pierre et où l'eau séjourne en bien des
points pendant l'hiver, nous voyons croître des touffes vigoureuses d'ar-
bustes et de plantes que nous sommes habitués à trouver dans nos garri-
gues calcaires les plus sèches et les plus rocailleuses; ainsi, \e Phillyrea
angiistifolia et le Rhnmnm infectorius, souvent entrelacés de Clemath
Flammula, se rencontrent fréquemment, et à leur pied nous trouvons les
Inula viscosa, fiuscus aculeatus, Daphne Gnidium, Jasione montana, qui se
groupent autour d'eux comme pour se soutenir mutuellement contre cette
autre végétation qui les entoure et les presse de tous côtés.
Enfin, nous arrivons aux premiers arbres du Bois de l'Abbé, que nous
avons mis tant de temps à atteindre; l'essence principale est le Piniis
Pinea, dont les grandes ombrelles nous abritent des rayons du soleil ; nous
y trouvons mêlés, mais en très petit nombre, le Pinus halepensis, le
Quercus Robur et VUbnus campestris.
Nous aurions encore bien des plantes à trouver sous ces belles voûtes de
verdure, mais nous sommes pressés par le temps, et à peine avons-nous
atteint le but de notre course que nous devons songer à gagner Aigues-
INIorles. Pour y arriver sans encombre, il faut se diriger sur la tour de
Constance, qu'on aperçoit au loin, et appuyer toujours à droite de façon à
rejoindre le canal à peu près à mi-chemin de la ville ; sans cela on tombe-
rait bientôt dans des marais ou au milieu de cultures qui intercepteraient
absolument le passage.
En quittant le Bois de l'Abbé, nous devons franchir une zone sablon-
neuse comme celle que nous avons traversée précédemment; mais le sable
plus abondant \ forme de petites dunes; nous retrouvons une bonne partie
des plantes ([ue nous avons déjà rencontrées, et nous y ajoutons les Onosina
areuariian, Phelipœd arenaria, Ammophila M'enaria, et Medicago litto-
ralis. Près des marais (|ui sont à notre gauche, nous trouvons dans une
petite llaque d'eau, au milieu des Typhn latifulia, plusieurs pieds de Gla-
diolm illyricus couverts de leurs belles ileurs purpurines. Plus loin nous
voyons des molssonneurj' faire tomber sous leurs faucilles les blés complè-
tement mûrs; dans un champ voisin les gerbes sont déjà entassées, et tout
annonce une végétation plus avancée que celle de Montpellier, où l'on ne
moissoîinera pas avant une dizaine de jours.
J\ous atteignons enfin le canal, dont nous suivons les bords sans perdre
de temps, car nous ne voulons pas partir sans avoir fait ure rapide visite
à la curieuse cité que nous apercevons depuis si longtemps ; cependant
SESSION i:XTRAORl)INAII{E A MONTPKLMKR F':N.IUIN 1So7. OZj 1
nous récoltons oiu-ore le Vicia lulea, le Srolyuins inaadatus, k- Rumex
tingitntius (non fleuri), VAnt/icnu's (inctoriav dans les elinnnps et sur le
bord d'un pré liuniide, le hel Asfer acris; sur l'esplanade qui occupe la
place des fosses comblés de la ville, nous marchons sur un épais tapis de
Trifoliuiii nigrcscens et n'sv/iiuatwii.
Notre herborisation est terminée ; nous faisons rapidement le tour des
remparts, en admii-ant leur conservation parfaite et la teinte dorée des deux
faces exposéesau midi et au couchant, qui forme un contraste frappant avec
la teinte grise et froide des murailles qui regardent le nord. L'étang rfe ^a
ville arrive presque au pied des murailles de la lace sud ; c'est là que ve-
naient autrefois s'amarrer les galères, com*me l'indiquent encore de forts
anneaux de fer scelles dans la muraille et remarquablement bien conservés.
En pénétrant dans la ville, nous voyons sur le pilier de la porte une marque à
1"',30 environ au-dessus du sol ; c'est le point qui indique la hauteur à
laquelle arrivèrent les eaux du Rhône dans les grandes inondations de
18^0 et i^k\. Le fleuve débordé roula ses flots jusqu'à Aigues-Mortes,
inondant cet immense pays de plaines marécageuses, et la ville resta plu-
sieurs jours entourée d'eau ; mais telle est encore la solidité de ses remparts
que, les portes ayant été murées, l'intérieur fut complètement garanti de
l'inondation.
Nous nous dirigeons, à travers des rues presque désertes, vers la grande
tour de Constance, bâtie par saint Louis trente ans environ avant les mu-
railles auxquelles elle se trouve reliée par un pont dormant. Cette four,
dont l'intérieur est admirablement disposé pour la défense, n'a guère servi
qu'à renfermer de malheureuses victimes des persécutions religieuses sous
Louis XIV. Au sommet, la vue est magnifique et s'étend sur les plaines de
Lunel, de Nîmes, de Montpellier, sur les Cévennes, la Camargue, le Mont
"Ventoux, les montagnes de Provence et la mer.
A nos pieds se trouve la ville, entourée de ses remparts, d'une parfaite
conservation, qui forment un paiallelogramme rectangle. Quelques petits na-
vires se balancent dans le port que borde la muraille au-dessous de nous et
qui communique directement avec la mer par un large canal, dont l'embou-
chure est à 6 kilomètres plus loin, au grau du roi, où l'on a maintenant
établi le phare qui brillait autrefois au haut de la tour de Constance. Ce
canal est dû à Louis XV, qui le fit construire en 1725; celui de saint
Louis est comblé et il n'en reste plus (|ue quelques vestiges.
Mais il est temps de revenir à Lunel. Chacun de nous recueille quelque
brin ùq Parieturia diffusa^ de Plantogo Lagopus ou de Medicago litto-
rahs, qui croissent au sommet de la tour dans les interstices de la muraille,
et quelques instants après, nous sortons d'Aigues-Mortes par la tour des
Bimrguignons salés, qui tire son nom d'un épisode de la guerre des Arma-
gnacs.
IV. 41
(5/|2 SOCIÉTÉ BOT.VNiQir, DK FHANCK.
rSoiis regrettons de quitter Irop rapidement cette \ille si riclic en souve-
nirs. Témoin des deux départs de saint Louis pour les croisades, elle vit
Philippe le Hardi construire ses murailles sur le plan exact de celles de
Damielte, selon la volonté du saint roi, qui l'avait déjà dotée d'un port et
de la tour de Constance. I.e 15 juillet 1538, François I"" et Charles-
Quint y avaient une entrevue, et Baiberousse, peu de temps après, biùlait
en partie la foret de pins (jui arrivait à cette époque jusqu'au bord de la
mer.
Aigues-Mortes est bien déchue aujourd'hui de son antique splendeur; le
commerce s'en est peu à peu retiré, le port s'est ensablé en partie, et le canal
de Beaucaire, ouvert en 1811, ne lui a rendu qu'une faible partie de cette
activité commerciale qui en fit jadis une des cités les plus importantes de
notre littoral méditerranéen. Mais Aigues-Mortes sera toujours une ville des
plus originales et des plus curieuses pour l'antiquaire, le peintre et le natu-
raliste, car sa conser\ation parfaite, due surtout à son isolement et à son
climat fiévreux, est peut-être un fait unique dans le monde entier; et sa
position au milieu des marais, près du delta du Hhône, et si pi es de la mer,
en font un centre de superbes excursions botaniques et zoologiques.
En revenant, nous remarquons à quelques kilomètres de Lunel, sur la
droite, un village considérable bâti sur une éniinence arrondie. C'est le
Grand-Gallargue, où se fabrique le tournesol en drapeau au moyen du suc
du Crotontinctorium.On en imbibe a trois reprises des chiffons qui, après
avoir subi une préparation ammoniacale, sont séchés au soleil et expé-
diés ensuite en Hollande, où l'on s'en sert pour teindre les fromages, qu'ils
préservent des vers. Un giand nombre de villages de ce pays ont leur nom
terminé en argue. Cette désinence provient du n)ot ager^ le commencement
du nom indi(iuant le premier possesseur du champ au temps des Romains,
C'est ainsi que Gallargue tire son origine de Q. Statuts Gallus eld'ager :
champ de Q. S. Gallus.
Nous arrivons enfin à Lunel, avant trois heures et demie, et nous pou-
vons prendre le train express^ qui nous ramène a Montpellier à quatre
heures.
r.APPORT DR M. PAI'I. ]VIj%RK8 SUR L'HERRORISATION FAITE LE 13 JUIN A PALAVAS
RT A MAGURLONNE, ET UnUGÉE PAR MM. MAUTINS, PLANCHON, PAUL GERVAIS ET
CIIATIN.
Cette journée doit être fort intéressante sous plusieurs rapports : non-
seulement le bord de la mer nous promet une belle végétation littorale, dont
Cette et Aigues-Mortcs nous ont déjà fourni plusieurs bonnes espèces,
mais encore, une pèciie à la traîne, organisée par M. Paul Gervais, profcs-
SKSSION KXTHAOKDIINAIIU': A MONTI'KLLIKH KN .ll'IN 1857. ()'l3
seur (le zooloiiic et doyen de la Faculté des sciences, nous fournira l'occa-
sion de faire une promenade en mer et de voir quel{(ues-uns des poissons
de nos côtes. Nous ferons ensuite une course à l'ancienne église de Mague-
lonne, seul reste d'une cité maritime assez importante pendant les pre-
miers siècles du moyen âge.
Nous partons a six heures du matin par le chemin des Cahanes, et après
avoir parcouru trois ou (lualie kilomètres à travers une plaine de riches cul-
tures, nous ariivons au hord du Lez, près du point nommé la troisième
écluse. Le Lez, en effet, est canalisé depuis le Port-.IuvéMal,si connu des bo-
tanistes, jusqu'à son embouchure, au grau de Palavas ; et l'on a établi trois
écluses pour raleniir sou courant. Cl'II.' partie du Lez porte le nom de Canal
de Graves. La route suit la rivière : nous passons près de l'ancien port de
Lattes (qui est sur l'autre rive), petite ^ ille dont le commerce florissait vers
lesxiii'^ etxiV siècles •, Lattes ne possède plus aujourd'hui qu'une modeste
église gothique et quelfjues maisons au milieu desquelles on aperçoit eucore
des restes d'ancienues constructions. Nous passons devant le salin de Gra-
menet qui présente peu d'intérêt en ce moment, cor les provisions de sel
sont presque épuisées-, aux vignes ont succédé des prairies bordées de Frênes,
de Saules et de Peupliers, qui, malgré le mistral (vent de N.-N.-O.) pous-
seraient avec vigueur si on ne les ébranchait pas impitoyablement tous les
ans. Après avoir dépassé Gramenet, on se trouve en quelque sorte entouré
parles étangs; la route traverse des terrains salés couverts de Salsolacées
et régulièrement inondés pendant plusieurs mois d'hiver. Nous aperce-
vons, sur la rive gauche du Lez, quelques cabanes pittoresques, de forme
particulière et couvertes de roseaux : ce sont les dernieis restes du village
des Cabanes, remplacé aujourd'hui par les blanches maisonnettes du grau de
Palavas, situé un peu plus loin à l'embouchure de la rivière. Un pont étroit
nous permet de passer les Quatre Canawj: (entre-croisement du canal deBeau-
caire avec celui du Lez) et nous arrivons enfin à Palavas.
Nous nous répandons aussitôt sur la plage: les uns, sans perdre de temps,
vont explorer les dunes qui s'étendent du côté d'Aigues-Mortes ; les autres,
avec M. Gervais et les pêcheurs, montant sur trois canots, vont jeter à
200 mètres en merde larges filets de 120 brasses, qu'ils tirentensuite jusqu'à
terre à l'aide de deux longues cordes fixées à chaque extrémité. On ramène
ainsi plusieurs poissons aux couleurs changeantes, aux nageoires de formes
diverses : un d'eux, très petit, présente sur sa nageoire dorsale un dard
aigu qui cause une vive douleur à celui qui en est piqué : nos pêcheurs
l'appellent aragjie, le redoutent beaucoup, et s'empressent de couper son
aiguillon dès qu'ils peuvent le faire sans danger. L'aragneest une espèce de
vive {Irac/wius araneus). Le filet ramène en outre le loup {Labrax Lupus), le
muge, le caranx (vulgairement gascons) , le petit raacjuereau {Scomber
pneu7nutophorus), de<i trigles aux nageoires azurées et le mulle {Mullus bar-
Qhll SOClliTÉ BOTANIQLi: DE FRANCE.
bâtas), appelé y^ouget dans le midi de la France. M. Gervais rappelle que
ce poisson est le même que les Romains aimaient à voir mourir sous leurs
yeux, pour en observer les changements de couleur, et il fait constater par
les personnes présentes les colorations variées que ce poisson éprouve en
effet lorsqu'on l'a retiré de l'eau. Ce n'est qu'alors qu'il est rouge, et il le
devient graduellement et par parties.
Il y a aussi quelques curieux animaux sans vertèbres : des œufs de
sèches, connus sous le nom de j'aisins de mer, des ascidies simples et com-
posées, des biyozoaires, plusieurs sortes d'échinodermes et de très grosses
méduses, soit cyanées, soit rbizostumes;à ces animaux se trouvent mêlées
des lobulaires,des téthyes et plusieurs sortes d'épongés ; un-dernier coup de
filet ne ramène que des méduses rhizostomes, il y en a plus de cinquante
de l'espèce Rhizostoma Aldrovandi. Ces animaux singuliers écartent le
poisson et nuisent à notre pêche ; chacun les examine avec intérêt et curio-
sité, mais on se garde d'y toucher avec la main, car si on la portait ensuite
vers les yeux, on y produirait une vive et dangereuse inflammation : tous les
pêcheurs présents se hâtent de nous en avertir.
Il est onze heures; l'exercice et l'air vif de la mer nous ont donné un ap-
pétit formidable, et tout le monde se rassemble peu à peu avec ses lécoltes.
Coquilles, insectes, poissons, mollusques, tout s'y trouve; mais les fleurs
dominent, et la plupart des botanistes arrivent le chapeau couvert de Cork
monspeliensis, dont la plage offre de magnifiques échantillons; ils ont, en
outre récolté un assez bon nombre de plantes, dont voici les principales :
Cakile maritima var. ausfralis, Statice caspia , S. oirgatu , Eri/ngiian
tnaritimuin, Ephedra distaclnja, Mal m parvi/Iora, M. ambigua Guss. , Pan-
cratiwn inaritimum, Suœda fruticosa, PhelipœaMuteli, Lepidium ruderale,
Convolvulus SoUianella, Trifolium nigrescens, T. resupinatimi, T. lappa-
ceum, Lepturus fUiformis, Carex extenso, C. bineî'vis, Dorycnium gracile
Jord., Ammopliila urenuria, Orchis fragrans, O.palustris, Potygonum ma-
ritimum, Medicago marina, Aster acris^ Heliolropium curassavicum, Sera-
pias longipetala. Les traines ont ramené deux Algues : les Cistoseiru
Montagnei et Cliryshynienia venir icosa.
Knfin nous prenons place, avec un vrai plaisir, a la table disposée dans
la grande salle de l'hôtel Voltaire; soixante-seize convives s'y trouvent l'éu-
uis; les premières minutes sont silencieuses, car l'air de la mer sait exciter
les estomacs les plus paresseux, et chacun se laisse aller au plaisir de dégus-
ter avec attention les plats nationaux préparés avec soin pour cette fête :
ce sont la classique bouillabaisse, des maquereaux à la vinaigrette, des
escargots {Hélix as per sa), des clovisses (Tenus virginea,V. decussata) nom-
mées arcelis en patois, etc.
Cependant les conversatioiîs s'établissent peu a peu et le repas devient
très anime. iNous donnerions volontiers quelques moments aux causeriez,
SKSSION EXTRAOUniNAIRE A MONTPKLLIKU KN JUIN 1857, 645
mais notre attention est bientôt captivée par une piquante lecture : le mo-
deste dessert est à peine servi, que INI. le comte .laubert se lève pour nous
faire part, d'abord, d'une lettre de M. Moquin-Tandon, président de la So-
ciété, dans laquelle le savant professeur exprime ses regrets de ne pou-
voir assister aux courses de la session extraordinaire et surtout à l'Iicr-
borisation de i\lajj,uelonne : il nous signale trois plantes classiques indiquées
par Magnol sur le toit de l'église et que nous devons y retrouver ; ce sont
VHyoscyamus albus, le Crithmwn mariiimwn et le Parietaria diffusa.
M. Jaubert termine cette communication en nous lisant la traduction du
cbarmant chapitre du Carya mayalonensis de M. Moquin-Tandon, où l'au-
teur célèbre les vertus des plantes du toit de Maguelonne en termes à la fois
si naïfs et si spirituels que nous croyonsj devoir reproduire ici le texte de
cette lecture, pour ceux de nos confrères qui n'ont pas eu le plaisir de l'en-
tendre :
« L'an mil trois cent vingt-cinq, monseigneur l'évêque de Maguelonne
désirait avoir un grand nombre de beaux arbres, bien rapproebés et bien
alignés, autour de son église et de son château de Maguelonne ; mais Dieu
ne le voulut pas; car tous ces arbres moururent dès qu'ils furent plantés,
tant les Jeunes que les vieux; il en fut de même de ceux qu'on avait semé?.
Il fut vu, par tout cela, que le saint territoire de Maguelonne n'est pas un
territoire propre aux arbres.
» Cependant il peut croître à Maguelonne beaucoup d'herbages et surtout
les blés.
» Itsni, il y nait beaucoup d'herbes de mer et d'étang et beaucoup d'autres
menues herbes. Et quel(|ues-unes sont abondamment cueillies, parce qu'on
dit qu'elles sont médicinales,
» M. Sicard de Baupuys, homme expert en choses difliciles, prévost de
Magueloime, s'était spécialement occupe de la cueillette et de l'étude de ces
herbessusdites.QuandM, ledit Prévost habitait Maguelonne, il marchait tou-
jours avec des herbes ou des (leurs à la main, et dans sa chambre on voyait
plus de cent petites caisses différentes avec des herbes, arrangées comme les
parchemins de l'évêché. Tous les noms anciens et nouveaux, M, de Bau-
puys les disait. La vérité est qu'il avait uneexcellente mémoire et une forte
tête. Il parlait de tous les ouvrages qui traitent des herbes, et tout ce qu'un
homme dans ce monde peut savoir sur cette matière, M. Sicard de Bau-
puys le connaissait.
» On a perdu le beau livre de M. le susdit, dans lequel étaient figurées
et décrites toutes les bonnes herbes de Maguelonne. On y voyait spécia-
lement trois herbes renommées qui croissent sur le toit de ladite église de
Maguelonne, par lagrâcede J3ieu, lesquelles saintes herbes sont excellentes
pour la guérison de tous les maux du corps et des membres.
646 SOCIKIÉ BOlAiMQUt; DE FKANCE.
» Et voici ces trois herbes de ce noble loit :
w Uyosciamos seu Jovis Faba, herbe Careiade ou Jusquiame blanciie.
>> Elxine seu Perdicion, herbe de Notre-Dame ou Pariétaire com-
mune.
1) Critamonseu Batis^ herbe Criste ou Fenouil marin.
» La première herbe, Jovis Faba (la Jusquiame blanche), fut donnée en
opiat avec la graine du Coquelicot, à M. l'abbé d'Aniane, qui se trouvait
dans un bien triste état, parce qu'il était tombé d'une fenêtre de la tour du
château de Saint-Guilhem. Tous les habitants d'Aniane avaient grand
peur pour sa vie ; mais M. l'abbé usa pendant sept matins de la Jusquiame
de Maguelonne, et puis il était frais comme vous et moi.
» La seconde herbe, c'est-à-dire le Perdicion (la Pariétaire commune)
fut conseillée à une dame, laquelle avait tant de mal qu'on n'y comiais-
sait rien. Llle était presque au portail du cimetière. Le prévost de Mague-
lonne envoya a ladite dame une touffe sèche de Pariétaire commune, et
elle fut avec son infusion subitement guérie.
0 Avec la troisième herbe, qui est la Criste Bâtis {\q Fenouil marin), fut
entièrement guéri l\. roflicial de Maguelonne, lequel avait pris l'habitude
de boire toute la journée copieusement (ft trop copieusement) deThypocras;
il avait le ventre tendu, gonflé, endolori, et desdouleurs intérieures, et les
jambes un peu entlées, et si grande soif, qu'il demandait toujours de l'hypo-
cras, de i'hypocras, ou de l'eau si l'on me défend l'hypocras !..., (1), »
De joyeux applaudissements accueillent cette divertissante lecture placée
si bien à propos, puis chacun se hâte de suivre l'appel de AL le comte Jau-
oert, qui nous invite à partir, car le temps fuit rapidement.
Un léger mistral favoiise le voyage par mer pour une moitié d'entre nous;
les autres vont pédestrement par la plage moitié sablonneuse, moitié ma-
récageuse, qui sépare la mer des étangs, et l'on fait, chemin faisant, une bonne
récolte; on trouve, outre la plupart des plantes du matin, les espèces sui-
vantes : Crucianella maritima, Juncus maritinms, J. Gerardi^ Stotice
echioides, Schœnus inucronatus, Pobjpogon maritimus, Echinophora spi-
nosa, Arthrocnemum fruticosurn, Ononis Natrix, Malcolmia liftorea, Se-
rapias Lingua, Genista tinctoria, Spergxilaria média, Atriplex portulan
coides. Lotus corniculatus var. decwnbens, Asparo/pis amarus?, Plantage
crassifolia, Vulpia uniglwnis, Cynanchum acuturn var. monspeliense, Tri-
/oliu77i tomentoswn, Linum angusti fuiium, Chenopodium setigerum DC.
(1) Carya magalonensi.s ou .S'oijer de Maguelonne , pages 119-129 do la
seconde édition, j»iil)liép en 18Zi/i, et dans laquelle M. Moquin-Tandon a ajouté une
traduction française au lexle roman. Ce curieux petit livre, tiré à très peu
d'exemplaires, n'a jamais été mis en vente.
SKSSION KXTUAORhlNAlKK A MOMIMM.I.IKR KN JJJIN 1857. 6/l7
Sur les bords de l'étant; on récolte dans rcau le /{uppia marùinia et le
Zannichellin pnlusfris; dans de petites mares saunnâtres-, au nnilieu du sable,
se trouve le C/inra galioif/es et dans des points rapproches de l'étang, où
l'eau a séjourné cet hiver, on reiicontre en assez grand nombre le Triglochin
liarrp.lieri.
Nous arrivons ainsi, sans l'aligne, en moins d'une heure et demie à
Maguelonne, où M. et M'"" Fabrège, propriétaires de l'ile, prévenus de
notre arrivée, ont bien voulu nous faire préparer des rafraîchissements,
que la manière gracieuse dont ils nous sont offerts et une température digue
du climat méditerranéen, rendent doublement agréables. M. le comte Jau-
bert, interprète des sentiments de la Société, remercie M. et M""" Fabrège
de leur aimable hospitalité-, le lieu où nous nous trouvons lui rappelle un
souvenir plein d'intérêt. Il y a trente-six ans, il arrivait dans l'Ile de Ma-
guelonne, alors complètement déserte, avec un jeune botaniste de sou âge:
c'était Victor Jacquemont, voyageur si célèbre depuis, et si prématurément
enlevé à la science.
Nous pénétrons ensuite dans l'ancienne église par une jolie porte gothique
qui présente d'intéressantes sculptures: au soleil ardent qui nous inonde de
chaleur et de lumière, succèdent tout à coup l'ombre et la fraîcheur : nous
apercevons quelques restes d'autels, et de larges pierres tumulaires de marbre
blanc, sur lesquelles sont gravées les figures et les titres des évèques dont
elles ont recouvert les restes pendant des siècles. Mais il n'y a plus une
seule peinture aux voûtes élancées de la nef, plus un ornement sur les
grandes murailles noircies par le temps : l'opulente cathédrale de Saint-
Pierre de Maguelonne n'est plus aujourd'hui qu'une humble grange, dans
latjuelle nous prenons un instant de repos.
Sur l'ile de Maguelonne s'élevait autrefois une ci.té importante : dès le
vi« siècle on y voit des évêques portant le titre de comtes de Melgiieil. Tom-
bée en 673 au pouvoir de Wamba, roi des Visigoths, après un long siège,
elle devint le rendez-vous des Sarrasins qui pillaient les côtes de la Pro-
vence et du Languedoc. La présence de ces pirates fut cause de sa ruine :
Charles-Martel la détruisit complètement en737 ; l'évêque et son chapitre se
retirèrent alors a Substnntion. — Vln 1037, l'évêque Arnaud relève les murs
de la ville, creuse un nouveau port et installe une seconde fois l'évêché et le
chapitre à Maguelonne. C'est à cette époque que la cathédrale de Saint-Pierre,
dans laciuelle nous sommes en ce moment, fut commencée et construite à
plusieurs reprises (10/i8 à 1178). Aussi cette construction présente-t-elle
les caractères d'une architecture de transition : on y trouve quelques dé-
tails romans et byzantins, tandis que l'ensemble de la nef et du chœur offre
une forme ogivale peu prononcée, mais d'une grande élégance. Les con-
structions du chapitre et du cloitre, qui furent élevées au xiii' et au xïv' siècle,
contre la face septentrionale de l'église, sont aujourd'hui complètement dé-
6/i8 SOCIÉTÉ BUTAMQl !•; I)K IKANCi:.
truites et ne présentent plus que quelques fragments d'arcs de voûtes et de
eolonnettes d'une forme ofjivale pure. Contre la façade ouest s'élevait la
cuisine de l'évêché ; on a conservé de curieux détails sur l'hospitalité qu'on
y exerçait avec largesse et sur le menu des jours ordinaiies et extraordi-
naires. — En 1096, Urbain II vint à Maguelonne prêcher la croisade le jour
de Saint-Pierre, et le pape Alexandre III y passa fugitif en 1162. Mais au
commencement du \vr siècle le pape Paul IIî autorisa révê(|ue de Mague-
lonue a transférer l'évêché à Montpellier, et enfin Louis XIII ordonna la des-
truction totale de Maguelonne : on n'y laissa que l'église Saint-Pierre et la
maison du fermier du chapitre. Les pierres servirent au revêtement des
murs du cmial des étangs (1).
M. Adolphe Ricard, secrétaire de la Société archéologique de Montpellier,
s'est joint à nous pour cette course et nous décrit d'une manière intéres-
sante tous les détails archéologiques du monument que nous visitons.
Un large escalier, s'appuyaiit contre le mur de la nef, nous conduit sur
le haut de l'église : on se répand sur les larges dalles calcaires qui en for-
ment le toit : habitués aux rochers à pic, aux chemins les plus dangereux,
déjeunes botanistes parcourent les bords du toit, s'élancent sur les piliers
qui soutiennent l'édifice et se penchent dans l'espace pour y recueillir quel-
ques pieds de Matthiola incana : outre cette jolie espèce, on trouve dans
cette curieuse localité toute une petite flore dont chacun emporte à l'envi un
souvenir : nous notons rapidement les Crithrnummaritimum^Hyoscyamus
o.lbus, Parietaria diffusa, Papaver somniferum. Anthémis maritima^ Eu-
phorbia segstalis, Cratœgus Azarolus et Prunus spinosa.
Après quelques instants donnés à une active récolte, nous sommes dis-
traits par la belle vue qui s'offre à nos yeux et par les conversations qu'elle
fait naître. M. le comte Jaubert n'était pas revenu à Maguelonne depuis sa
première visite : depuis lors il a fait de longs voyages et parcouru l'Orient;
l'aspect du pays qui nous entoure lui r;ippelle d'une manière frappante cer-
tains points des côtes de l'Asie-Mineure. Herborisant un jour aux environs
d'Éphèse, notre savant confrère, séparé de ses compaguoas, fit une halte
dans une mosquée en ruine, au bord de la mer : en entrant tout à l'heure
sous les voûtes de la vieille cathédrale, il a éprouvé une illusion saisissante:
ce détail achevait de lui rappeler tout un ensemble de souvenirs. En effet, la
nature qui nous entoure a une couleur vraiment méridionale et un cachet
tout particulier de grandeur et de solitude; la Méditerranée est à quelques
pas, son murmure parvient jusqu'à nous; une longue plage sablonneuse,
déserte et aride, limite les ondes bleues de la mer et les sépare des étangs et
(1) Ou trouvera une excolleiile liistoire de Maguelonne dans l'ouvrage intitulé :
Monuments de quelques anciens diocèses du Bas-Languedoc, par MM. Reuouvicr
et Laurcns. Montpellier, 18o6, iii-/i.
SKSSION EXTHACMIDIiNAIKL: a MOMI'KLLIKK en JUliN 1857. 6/1O
dos marais qui enviiomient l'ilede Maguelomie ; pas un arbre, pas un [)li
de terrain ne rompent ces grandes lignes ; au delà des étangs, les plaines
cultivées qui entourent Montpellier se confondent peu a peu avec les pre-
miers contre-forts des Cévennes, dont les cimes rocheuses s'élèvent au loin
en vaste amphithéâtre ; les murs colorés de l'ancienne église ont un aspect
simple et sévère et forment un premier plan digne de ce grand tableau,
qu'un soleil ardent inonde d'une lumière éclatante L'ancienne ville, son
port llorissant, sa population active et guerrière, ses riches évèques, tout
a disparu ; sur cet étroit espace de terre où se livrèrent de sanglantes ba-
tailles, il n'y a plus aujourd'hui que de paisibles laboureurs^ ce tertre ou
s'élevait Jadis une grande cité, se couvre tous les ans de belles moissons
dorées.
Après avoir jeté un dernier coup d'œil sur ces ruines pleines de souvenirs,
sur cette nature à demi orientale, nous écoutons enfin la voix de nos com-
pagnons qui donnent déjà le signal du départ: les uns vont chercher les
felouques légères qui se balancent au bord de la plage, les autres suivent à
pied les bords du canal jusqu'à Palavas, où nous arrivons tous presque
en même temps. A sept heures nous sommes de retour à Montpellier avec
de riches récoltes et l'esprit rempli de mille agréables souvenirs.
M. Toucliy fait à la Société la communication suivante :
SUR QUELQUES MODES D'HYPERTROPHIE CHEZ LES VÉGÉTAUX, par M. le D' TOUCHY.
Parmi leslésions physiquesque la pathologie végétale nous fait connaître,
je me bornerai en ce moment à indiquer quelques formes présentées par
les feuilles, les fleurs et les organes qui les portent et les protègent. Ce sont
des hypertrophies, qui se divisent en trois groupes par leur étiologie. Les
unes sont constitutionnelles, et résultent de conditions so't défavorables, soit
au contraire trop favorables.. D'autres proviennent d'une cause eiitomolo-
gique locale. Les dernières sont produites par un champignon parasite, qui
a vicié tout l'individu, mais dont la manifestation est limitée au point d'é-
lection.
Premier groupe. Rachitisme. — Cette altération consiste dans un
développement excessif en dimension et en nombre des enveloppes florales,
notamment chez les Graminées, les Joncs, etc. Le grain est atrophié et avorte
le plus souvent. Le rapprochement outre mesure des plantes et une matu-
ration trop activée peuvent donner ce résultat. Le plus souvent cette ma-
ladie provient de conditions trop parfaites. Par le procédé de culture dit à
rayons, nous sommes parvenus à réduire d'un tiers le nombre total de grains
contenu dans nn litre; le volume de ces grains s'est donc accru. Mais ce
^^0 SOCIÉTÉ BOTAISiyLK DK l'HANCK.
perfectionncMU'iit a produit du mal : des plantes sont restées infertiles.
Chez celles-ci les baies et les ^lunnes ont pris beaucoup de développement
et ont accru leur nombre ; les épillets, favorablement placés, ont doimé des
racines à leur base et formé de nouvelles plantes; le produit en grains est
complètement nul.
Ce fait patl)ologi(|ue se rattache a ce qui se passe normalement dans
d'autres plantes. Le Poa bulbom et autres produisent des épillets à fleurs et
d autres prolifères, non-seulement sur la même plante, mais aussi sur la
méine lige. Dans les Liliacées, on observe des fleurs et des soboies sur un
pédoncule commun.
Le lachilisme est pour les Graminées ce qu'est la duplication pour les
Rosacées. Chez les unes, les enveloppes florales de nature foliacée ont con-
servé cette nature; chez les autres, les pétales accrus en nombre ont con-
servé aussi leur organisation. On a cependant quelques faits qui prouvent
la melamorphose des pétales en feuilles; on peut en citer comme exemples
quelques Crucifères.
Le calice peut accroître ses dimensions et prendre l'aspect de feuilles ;
ceci ai'rivelorsciue les conditions ambiantes sont très favorables. La végé-
tation automnale du Verhascnm Blattaria présente souvent ce fait. Le
calice du Pdijover Rhœai^ , ordinairement caduc, peut se changer en
feuilles et alors il persiste.
Une métamorphose très curieuse est celle des segments du calice en tissu
charnu carpoïde. Sur le liosa leucantha, on observe souvent en automne,
au-dessus des fruits rouges, une couronne formée de cinq ou six appen-
dices; ce sont les divisions du calice qui ont persiste, sont devenues char-
nues, rouges et de même saveur que le fruit.
Les bractées qui protègent les fleurs passent quelquefois à l'état de
feuilles. Ceci a lieu sur des plantes monocotylédones et dicotylédones.
Deuxième onoupE. Nielle. — Je désigne sous ce nom un changemen,
dans la végétation du bourgeon et même dans son évolution. Une diffor-
mité se développe, elle est due à un insecte.
Sur le Blé, si on le sème dans notre pays avant le 15 ou 30 octobre, un
insecte diptère, voisin du genre Psylla Fab. , dépose ses œufs sur la feuille
séminale, peu de temps après sa sortie de terre ; passé cette époque le mal
n'est plus a redouter. Sa larve se développe tout de suite, elle ronge sous terre
la jeune plante au collet; plus tard les feuilles jaunissent et meurent ; il eu
repousse de nouvelles, plus 'longues, élargies, obtuses, pins vertes. L'évo-
lution du bourgeon est changée; les bases des feuilles qui étaient embrassées
à l'état normal, sont seulement appliquées; la plante végète mal et meurt
des le printemps.
Le ./««ci<sfl/-^<c«/a<MS est souvent affecté d'une difformité analogue qui
SESSION E.VTU.VOKhINAlKK A MONiPIJ.I.IK» KN JUI.N 1857. ()51
se développe au-dessus de la terre, quelquefois sur les tif^es. Elle est due
au Psylla Juncnrum. — Dans plusieurs Carex on observe le même fait,
mais toujours à ileur de terre. — Heaucoup de (iraminées nous fournissent
des difformités analogues (juMl serait trop long d'énuinérer ici.
La nielle se montre non-seulement sous terre au collet, mais aussi dans
les bourgeons à feuilles, et sur les chatons uniscxuels ; les difformités (jui
sont produites dans ce dernier cas sont les mêmes sur les deux sexes. Les
diverses espèces du genre Salix, indigènes ou Introduites, en sont la preuve,
La difformité n'a pas son siège dans le fruit qui avorte, et n'existe pas sur
un seul sexe, mais bien sur les segments des enveloppes florales.
La nielle se retrouve pour ainsi dire dans les fruits. Observez une ombelle
de fleurs de Poirier quelque temps après la floraison, elle montre trois
ordres d'ovaires : les uns avortés et qui se détacbent bientôt par désarticu-
lation ; d'autres fécondés ((ui seront les bons fruits; les troisièmes fécondes
aussi, mais plus gros, a formes irregulières et a su iface chagrinée. Ils recè-
lent des insectes hyménoptères voisins des Cynips, lesquels déterminent
une irritation, cause locale de l'hypertrophie.
Troisième groupe. Difformité par cause fongique. — l^'etude des lésions
organiques dans les végétaux, nous montre des (champignons (UréJinées et
autres), dont Its sporules ont été absoibees parles racines des plantes. Cette
inoculation ne peut s'effectuer que dans le jeune âge de la plante, pour le
Blé et autres céréales annuelles; elle détermine une maladie cachée, une
diathese, dont la manifestation sera locale, lorsque les parties qui doivent
lui servir de siège seront développées, et la preuve que la maladie est
constitutionnelle, c'est que dans le cas d'amputation, si les parties se repro-
duisent, la maladie se reproduit aussi.
Quelques vcgétaux ligneux présentent des maladies analogues, qui forment
le passagedes lésions physiques aux lésions organiques. Sur le Quercus llex,
\cFraxinus excelsior, etc., un Uredo, probablement introduit par lesracines,
se montre sur les chatons et les bouquets de fleurs; le plus souvent alors
ces organes sont impropres à leurs fonctions. Le Champignon, dans ce cas,
produit une hypertrophie locale, qui semble altéier plutôt la forme de ces
parties que leur contexture intime.
i>'ombre de Crucifères, le Chou, la Hoquette, le Diplotaxis tenuifolia
surtout et autres, nourrissent souvent VUredo candida, lequel est la cause
matérielle du changement des sépales et des pétales en feuilles mal confor-
mées. D'autres Champignons de la même section altèrent tellement les
formes des Kuphorbes, qu'on les a décrites comme espèces. Enfin, les Cle-
matis Vif.alba et Flmumvla ont souvent des difformités dont la cause est
analogue.
652 SOCIÉTÉ BOTANIQL'L DE FRANCE.
31. Marlins l'ait à la Société la communication suivante :
NOTE SUR LA SOMME DE CHALEUR EFFICACE NÉCESSAIRE A LA FLORAISON DU
NELUMBWM SPECIOSUM, par M. CH. MARTIMS.
Différentes méthodes ont été proposées pour déterminer et calculer la
somme de chaleur nécessaire à la floraison d'un véjiétal donné. Préoccupé
de celte imporlanle question de physiologie végétale, j'ai pris pour sujet de
mes expériences le Melumbiutn speclosuni, dont la végétation est aquatique
dansla première période; mixte, c'est-a-dire aquatique et aérienne à la lois,
dans la seconde. Ce choix n'était pas arbitraire; on sait, en effet, qu'on
obtient avec une grande exactitude la tenipérature d'un liquide tel que
l'eau ; mais les physiciens connaissent les difficultés, peut-être insurmon-
tables, qui empêchent d'estimer avec précision la véritable température de
l'air. A ces raisons physiques s'ajoute un motif physiologique, c'est que le
Ndwnbium est une plante qui, quoique exigeant une somn)e de chaleur
considéra!)le pour fleurir, parcourt cependant rapidement, sous le ciel de
Montpellier, les différentes phases qui séparent le développement du bour-
geon de l'épanouissement de la fleur, .l'ai donc fait choix d'un pied vigou-
reux, contenu dans un baquet en bois et hivernant dans l'orangerie du
Jardin des plantes. De novembre à mars, les rhizomes de cette plante dor-
ment enfouis dans la vase; mais lorsque la température de l'eau se main-
tient habituellement a 10 degrés centigrades , alors le rhizome commeneeà
pousser des bourgeons ; 10 degrés centigrades sont donc le zéro du Nelum-
é/«<m, le degré de chaleur auquel il commeneeà étie sensible, [.es degrés
compris entre 0" et + 10° lui sont indifférents, n'affectent en rien sa vita-
lité et ne doivent pas entrer en ligne de compte dans le calcul des sommes
de chaleur néeessaiies pour amener la floraison. Une température supé-
rieure à 10 degrés est seule efficace.
Si j'avais pu disposer des appareils coûteux qui enregistrent la tempéra-
ture à chaque instant du jour et donnent des courbes continues, je les
aurais employés; car il est évident que la température à laquelle la plante a
été soumise eût été exprimée par une surface limitée supérieurement par la
courbe continue des tenipt ratures, et inférieuiement par une ligne droite
parallèle à la ligne des abcisses ou de 0", mais coupant les ordonnées
à la hauteur de 10 degrés. Je n'avais pas d'appareil de ce génie à ma dis-
position, et presque tous les botanistes seront dans le même cas. 11 faut
donc chercher des moyens moins coûteux et recourir aux instruments ordi-
naires. Deux theimomètres, l'un a mercure et à iitaximn^ l'autre a alcool et
à mm»na, placés dans l'eau, nous donneront pour chaque jour le maxi-
mum et le minimum de la température de l'eau dans laquelle la plante est
SESSION EXTUAOUDINAIUb; A MONTPELLIER EN JUIN 1857. (55.3
entièrement plongée au moment de son réveil. Etudions d'dbord la première
période de la végétation dn •Selumbium.
Premikuk pkriodk. — Végétation aquatique flu '^Q\\xn\h\{\\\\.
La végétation de la plante commença, en ISôG, le 12 avril, .fusqu'au
9 juin elle l'ut purement acjuatique ; mais à cette époque huit feuilles flot-
taient à la surface de l'eau et une s'élevait déjà au-dessus, l.a végétation
cessa donc à celte date d'être purement a(|uatique pour devenirmixte, c'est-
à-dire aquatique et aérienne tout à la fois.
Voici les sommes et les moyennes de chaleur nhsolue et de chaleur effi-
cace de l'eau observées pendant cette période de soixante jours :
Somme des maccma quotidiens .
Somme des ?n//i/ma qiiotidirns. . .
Moyenne quotidienne des maxima
Moyenne quotidienne des minima .
Moyenne quotidienne générale . .
• •
TEMPKRATURF,
iibsoliie.
f fllcace.
1260"
«60°
SSi
28'(
21,0
11,0
1/1,7
li,l
17,9
7,9
Pour obtenir les chiffres delà seconde colonne, il a suffi, d'après les con-
sidérations placées en tête de cette note, de retrancher des degrés de tem-
pérature thermométriques absolus, ceux compris entre 0° et 10°, c'est-à-dire
10 degrés qui sont complètement inefficaces et sans influence sur la vita-
lité du Nelwnbium.
Seconde période. — Végétation aquatico-aérienne du jNelumbium.
A partir du 10 juin, dix feuilles flottant à la surface de l'eau et une
s'élevant au-dessus, ne nous permettent plus de considérer la végétation de
la plante comme purement a(iuatique. Deux thermomètres suspendus au-
près d'elle a l'air libre, sans aucun abri, nous indiqueront les températures
maxima etminima de l'atmosphère. En parcourant les colonnes, je remarque
que les maxima de l'air sont supérieurs à ceux de l'eau, taudis que les
minima de l'air sont inférieurs à ceux de l'eau. Étudions d'abord les pre-
miers; ils agissent énergiquement sur les parties aériennes de la plante; en
effet, ces maxima sont souvent produits par l'action directe du soleil, et
les feuilles s'échauffent encore plus (jue le thermomètre. Avant de se déve-
lopper, le limbe de la feuille du XelwnOium est roule sur lui-même. J'en
profitai pour enfoncer dans le tuyau forme par ce limbe un petit thermo-
mètre à mercure gradué sur tige. La feuille était exactement appliquée sur
la cuvette cylindrique de l'instiument, qu'elle embrassait lui-mêrue dans
65Z| SOCIÉTK BOTANIOUK I>E FRANCR.
toute sa longueur, [jn autre tliermomètre tout semblable fut suspendu
librement à l'air à la même hauteur et à 2 mètres de distance horizontale
du premier.
Quand le ciel était couvert, les deux thermomètres marquaient sensible-
ment la même température. En effet, trente-cinq observations faites entre
le 10 juin et le U juillet, donnent :
Moyenne du tliormomètre roulé dans la feuille de Nelumbium. . 20°, 97
Moyenne du lht;rmomèlre libre, à l'ombre 19", 88
La différence n'est que de 1", 09 à l'avantage du thermomètre roulé dans
la feuille, mais au soleil elle est bien plus grande.
Moyenne du tliermomètre roulé dans la feuille 31°37
Moyenne du lliermomèlre libre, au soleil 25°/i6
La différence est de 5"^, 91 ; elle prouve que le tissu de la feuille s'échauffe
d'un cinquième plus que la cuvette d'un thermomètre à l'air libre, sous
l'influence des rayons solaires. Des expériences comparatives, faites sur des
thermomètres enfoncés sous l'épiderme dans les branches foliiformes des
Opuntia et les feuilles charnues des Aloë, m'ont conduit aux mêmes
résultats.
S'il est indispensable de tenir compte des tnaxima de l'air, on ne saurait
négliger ceux de l'eau; en effet, la plante est plongée dans ce milieu par ses
racines, ses rhizomes et la moitié au moins des pétioles et des pédoncules.
A la fin de juin il y avait quinze feuilles flottant à la surface de l'eau;
leur surface supérieure était en contact avec l'air, mais l'inférieure repo-
sait sur l'eau ; cinq feuilles et un pédoncule tloral s'élevaient au-dessus de
la surface. Pour tenir compte de ces actions complexes, j'ai adopté la tem-
pérature intermédiaire entre la moyenne de l'air et celle de l'eau. J'ai agi
de même pour les minima. En effet, les quinze feuilles flottantes, refroidies
par le contact de l'air et le rayonnement, étaient réchauffées par l'eau qui
baignait leur surface inférieure. Les cinq feuilles et le pédoncule émergés,
plongeant par leur moitié inférieure dans l'eau, se refroidissaient moins
pendant la nuit que si elles avaient appartenu à une plante terrestre. J'ai
donc également pris la moyenne des minima de l'air et de l'eau, comme
expression approchée de la température a laquelle la plante a été soumise.
Cette appréciation est certainement plus exacte que si la chaleur éprouvée
par le végétal était déduite uniquement de la température de l'air ou
de celle de l'eau.
Les sommes et les moyennes des températures de I'kau observées pendant
les trente-sept jours compris entre le 11 juin, commencement de la végéta-
SF.SSION' EXTRAORDINAIRE A MONTI'EI.MER EN JUIN 1857. 055
tion aquatifo-.-u'iieiiiic, et lo 17 juillet, époque de la lloi'aison, (Mil été les
suivantes :
TEMPKRATURE
uljsoliie. ellicuce.
Somme des maxima quotidiens de l'eau . . . 999° 6"29"
Somme des mm/ma quolidieiis 733 363
Moyenne des maxima quotidiens 27,0 17,0
i\loyenne des minima quotidiens 19,7 9,7
Moyenne quotidienne générale 23,3 13,3
On voit que les variations de la température de l'eau sont faibles, puisque
la moyenne des uiaxlma ne diffère de celle des minima que de 7", 3, tandis
que la différence à l'air libre dans le tableau suivant est de 17", 0.
Etudions maintenant les températures de l'Ain.
TEMPÉRATURE
absolue. cllicace.
Somme des maxima quotidiens de l'air . . . 1107" 737°
Somme des minima quotidiens Zi70 100
Moyenne des maxima quotidiens 29,7 19,7
Moyenne des minima quotidiens 12,7 2,7
Moyenne quotidienne générale 21,2 11,2
D'après ce que nous avons dit, la plante a été réellement exposée à une
température intermédiaire entre celle de l'air et celle de l'eau, savoir, à un
27" 0 A- 29° 7
maximum moyen de '- — ~ .— 28°, 3, et de môme à un minimum
, 19°, 7 + 12°,7
moyen de ■= 16°, 2. Le maximum moyen efficace, intermé-
diaire entre celui de l'air et celui de l'eau, auquel la plante a été soumise,
est donc de 18°,2 \ le minimum, moyen efficace, de 6°,2; la moyenne géné-
rale efficace^ 12", 2.
MÉTHODES DE CALCUL.
Nous pouvons actuellement calculer la somme de chaleur nécessaire pour
amener la floraison du Nelumbium. Trois méthodes s'offrent à nous : la pre-
mière indiquée par Réaumur (1) et formulée nettement par MiM. Boussin-
gault (2) et de Gasparin (3), est celle que nous avons employée; elle con-
siste à additionner toutes les températures moyennes quotidiennes, à partir
d'une époque déterminée par le degré thermométrique sous l'influence du-
(1) Observations du thermomètre faites à Paris pendant l'année 1735 (Mémoires
de l'Académie des sciences de Paris, année 1735, p. 558).
(2) Comptes rendus de l'Académie des sciences de Paris, t. IV, p. 178, 30 jan-
vier 1837.
(3) Cours d'agricnlfnrp, IW\, t. H, p. 8G.
656 SOCIÉTÉ BOTANIQUK DK FRANCE.
quel la plante entre en végétation, ou ce qui revient au ntiêrae, à multiplier
la température moyenne générale de l'espace de temps que l'on considère
par le nombre de jours contenu dans ce laps de temps. Ainsi soit t cette
température moyenne, / la température initiale à laquelle la plante est sen-
sible, nie nombre des jours dont la température moyenne estf, nous avons
la formule :
{t—i) n.
Si nous appliquons cette formule a notre exemple, nous avons pour notre
première période, qui est entièrement aquatique, t' étant la température
moyenne de l'eau:
{t'—i) n = (17°,9 — 10») X 60= 7%9 X 60 = ^74".
Pour la seconde, qui est mixte ou aquatico-aérienne, on a, en appelant
fia température moyenne de l'air pendant cette période, t" celle de l'eau :
(t — i)-{.(t''—i) ir,2 + 13",3
î^ '-— X 37 = —^ X 37 = 12%2 X 37 =hbV.
Ainsi, en résumé, \e A'elumbùwi a reçu, du 12 avril 1856, commence-
ment de sa végétation, jusqu'au 17 juillet, époque de sa floraison, savoir
en quatre-vingt-dix-huit jours, la somme totale de température utile ex-
primée par Ù7^° -}- lx5V = 925° thermométriques efficaces,
iM. Quetelet propose une méthode différente (1) : il assimile l'action de la
chaleur à celle des causes vives, et a été conduit par six années d'observa-
tions sur la floraison du Lilas, à Bruxelles, a multiplier la température
moyenne élevée au carré par le nombre des jours; la formule précédente est
alors :
{t — i)^n.
La somme des degrés efficaces pour amener la floraison du Nelumbium
serait, d'après cette formule :
(7°,9)2 X 00 + (12%2)2 X 37 = 9256".
Knfin, M. Babinet (2), considérant qu'en général l'effet produit par une
cause constante (la pesanteur, par exemple) agissant pendant un certain
temps, est j)roportionncl a l'intensité de la cause et au carré du temps,
multiplie la température eflicace par le nombre desjours élevé au carré ; il
écrit :
{t — i)nK
Cette formule appliquée au Nelumbium donnera :
7°,9 X 602 + 12",2 X 372 = Zi51Zj2".
Quelle est celle de ces trois méthodes (ju'il faut adopter? L'expérience
(1) Lettres sur la théorie des probabilités, p. 2Z|2.
('2) Sur les rapporh de la tempérai are avec le développement des plantes
{Comptes rendus de l'Acud, des se. de Paris, t. XXXIf, p. 5'21 , ili avril 1851).
SESSION EXTRAOliniNAIRE A MONTPRLMER EN JUIN 1857. (557
seule peut en décider. Je nw. propose de reprendre pendant plusieurs prin-
temps la série d'observations (jui l'ait le sujet de celte note. Comme les
mêmes saisons ne se ressemblent pas d'une année ù l'autre, la formule qui
donnera le nombre le plus concordant sera évidemment la meilleure. Je
serais heureux si d'autres botanistes voulaient s'assujettir à faire le même
travail sur d'autres plantes: ils vérifieraient de leur côté la concordance des
résultiits donnés par les formules de M. Boussin^ault, de M. Quetelet ou de
M. Bubinet. Ce serait un grand pas défait dans la connaissance des causes
déterminantes de la végétation ; en effet, si la chaleur n'est pas la seule,
elle est certainement la principale, et après l'avoir appréciée on étudierait
les autres, à mesiire que la physique nous fournirait des méthodes pratiques
d'observation ; ainsi , la lumière joue un grand rôledans la floraison du Ne-
/am^«M??i, puisque cette plante fleurit rarement dans les séries de l'Angle-
terre et de la Ilallande, où la chaleur ne lui fait pas défaut, tandis qu'elle
fleurit tous les ans en plein air à Montpellier. L'état hygrométrique de l'air
est encore im élément important ; mais je crois que la température les
domine tous, et c'est elle qui, dans l'état actuel de la physique, peut être
étudiée avec le plus d'exactitude et de facilité. L'e.xemple compliqué d'une
plante amphibie montre que ni les observations ni les calculs ne sont trop
pénibles pour rebuter un naturaliste. Je serais heureux si cette note attirait
l'attention des membres de la Société botanique sur une question qui inté-
resse à la fois la physiologie végétale, l'horticulture et l'agriculture i-a-
tioneljes.
M. J.-E. Piaiichon (lit que les plantes étant pour ainsi dire des llier-
momèlres quiont chacun un zéro différent, il importerait peut-être,
pour déterminer les rapports des climats entre eux, de cultiver com-
parativement les mêmes phmtes dans des régions différentes. Les mé-
téorologistes eux-mêmes reconnaissent rinsulVisance de la méthode
des températures moyennes, et, à l'Académie des sciences, dans une
discussion récente, SI. Biot en a contesté les résultats. Ainsi, par
exemple, il est impossiiile d'obtenir des températures moyennes dans
les Cévennes; mais on aurait des notions exactes sur le climat de ces
montagnes, si l'on faisait semer du Blé simultanément à Montpellier
et à l'Espérou et si Ton en suivait le développement.
M. Martins répond à M. Planchon que le mode d'expérimentation
qu'il propose serait encore insuffisant, parce que la chaleur n'est pas
le seul élément du problème et qu'il faut encore tenir compte de l'hu-
midité, de l'exposition et surtout de la lumière. Si, par exemple, If
Nehmibium fleurit diUicilementdans le noid de la France, c'est prir*
T. IV. k2
65S SOCIÉTÉ ROTATSlQUIi: DE FRANCE.
cipjilement parce qu'il y manque de lumière. Chaque plante étant
différemment sensible à ces diverses influences, l'observation d'une
seule plante ne donnerait pas des résultats complets. M. Martins in-
siste sur l'utilité de la méthode des températures moyennes maxima
et miniina. Il reconnaît l'imperfection des hygromètres et même dçs
thermomètres; mais les erreurs commises par ces instruments se
perdent dans la moyenne.
M. J.-E. Planclion fait à la Société la communication suivante :
QUELQUES MOTS SUR L'ORIGINE DU STTOAX CALAMITE DES ANCIENS,
par M. J.-E. PLAIXCHOX.
Dfs sub.stances très diverses ont porté ou portent encore dans les officines
le nom de styrax. L'une d'elles est le styrax liquide, sorte de baume à con
sistancede miel, qui ressemble beaucoup au liquidambar licpiide d'Amérique,
et dont l'origine, longtemps douteuse, est aujourd'hui parfiiitement élucidée
dans une excellente notice du docteur Daniel Hanbury (1]. Ce baume dé-
coule par incision du tronc du Liquidambar orientale IMill., bel arbre à
feuilles de Platane, qui forme des forêts dans le sud-ouest de l'Asie-Mi-
neure.
Quant au styrax solide, c'est un produit complexe, où la fraude introduit
des ingrédients variés (sciure de bois, styrax liquide, sable, résines di-
verses, etc.), et dont l'étude grossirait le long chapitre des falsifications de
droszues. Plusieurs de ces adultérations remontent au temps de Dioscoride et
de Pline. Aujourd'hui même le commerce ne connaît pUis ([ue ces styrax
falsifiés, et c'esl dans quelques vieux droguiers que la curiosité scientitique
fait retrouver de loin en loin des échantillons de véritable styrax.
Ce styrax ou stirax se présentait sous deux formes : i° en larmes dis-
tinctes, grosses à peu près comme des pois, blanchâtres, pellucides, se li-
quéfiant presque sous les doigts, d'une odeur très suave et très fragrante :
c'était le styrax en larmes {styrax in granis Offic.) ; 2° en masses for-
mées de larmes agglutinées, dont quelques-unes, blanchâtres, empâtées au
milieu de larmes blondes ou rousses, y figuraient comme des graines d'a-
mande : de là le nom de styrax amygdaloïde. On l'appelait aussi styrax
calamité, parce qu'il se vendait souvent enveloppé dans une feuille de ro-
seau (cuiamus).
Plus hahile en matière médicale qu'en botanique, Dioscoride a très bien
décrit le styrax et n'a que très brièvement signalé le végétal qui le fournit.
(1) On Storax, in Pharmaceuticui Journal and traîisadions, febr. and mardi
1857, Loiulf)!!. in-8. Arliclt; Uaduil par ^J. le professeur (Uiiboiul dans le Journal
de pharmarif de l'aris.
SESSION EXTRAORPINAinF A MONTPKM.IER EN .MIN 18Ô7, 659
C'est, dit-il, tin arbuste assez semblable au Co<iiiassier. A ce trait, il est
(liflicile de ne pas reconnaître \q Styrax officinalis des auteurs modernes.
L'arbuste en question appartient au même genre que le Styrax Benzoin,
d'où provient le lienjoin des pliarmacies. Or, l'analoi^it^ étroite ((ui rattache
le benjoin au styrax fait aisnnent supposer un rapport intime entre les
deux plantes qui produisent ces deux substances.
Il est donc naturel de croire que le styrax en larmes et le styrax cala-
mite découlent l'un etV autre du Styrax officinalis. Telle est l'opinion pres-
que unanime des pharmacologues. Klle s'appuie d'ailleurs sur les observa-
tions directes de deux savants dont l'autorité ne saurait être contestée.
L'un de ces auteurs est l'illustre Duhamel du Monceau : « .l'ai trouvé,
dit-il (1), en Provence, près de la chartreuse de Montrieux, sur de gros Ali-
bouriers(>7?/rox), des écoulements assez considérables d'un baume très odo-
rant. Il n'est pas douteux, ce me semble, que ces Alibouliers ne fournissent
du storax. »
L'autre témoignage, celui de l'abbe Mazéas, est encore plus explicite et
plus circonstancié. Nous le citons en note dans les termes originaux (2).
Après des assertions aussi positives, le doute n'est guère permis sur l'ori-
gine du styrax. Une seule difficulté se présente qui mérite d'être expliquée.
Le Styt-ax officinalisiVest pas sauvage à Montpellier, mais il en existe un
bel exemplaire au .Fardin des planteset un autre dans le jardin particulier de
M. Pouzin, directeur de l'Ecole de pharmacie. Invité par mon savant anii,
le docteur Daniel Hanbury, à faire quelques essais sur la production du
styrax, j'ai vainement incisé ces arbres a différentes reprises (juin 1856,
(1) Traité des arbres, elc. Paris, 1775, in'-4, t. II, p. 289.
(2) « Dans tuio plaine des environs de Tivoli, formée du côté dn nord et du
nord-est par une cliaîfiede montagnes conliguë à MoiUe-Genarro, iîocca-Giovane,
San-Polo, etc., qni forment un demi-cercle ouvert au midi, Cft arbrisseau (le
Stijrax) donne, par les incisions qu'on fait à son écorce, la résine précieuse connue
sous le nom de styrax en larmes, tandis qu'il est stérile partout ailleurs; du moins
les incisions m'ont été fort inutiles.
» Il nva paru que c'est à la situation avanta2;pnse de cet arbrisseau au pied du
Monte-C.enarro, plutôt qu'à la natureet à la qualité du terrain, qu'on doit attribuer
ce phénomène. En eifet, il y lait beaucoup plus cliaud que dans la grande plaine
voisine arrosée par le Teverone, comme je m'en suis assuré par le Uiermomètre ;
et j'attribue cet excès de chaletu- aux rayons du soleil réunis par des montagnes
disposées en demi -cercle, et rétléchis sur une plaine de peu d'étendue qui n'est
ouverte qu'au midi. Cette chaleur concentrée favorise sans doute l'exsudation d'une
résine qui ne devient abondante que sons le climat brûlant de la Syrie. » (Extrait
d'une Lettre à MM. les auteurs du Journal des savants sur l'arbrisseau qui
donne le styrax, par M. l'abbé Mazéas, de la Suciété royale de Londres, corres-
pondant de l'Académie des sciences, et chanoine de la cathédrale de Vannes.
Journal de.<! savants, 1769, p. 10/j, édit. in-/i.)
660 SOCIÉTÉ BOTAMQUR DE FRANCE.
août 1856, mai 1857). Il n'est sorti des incisioDS qu'une quantité minime
d'un suc laiteux, à saveur légèrement acre, qui n'a pas laissé de trace ap-
préciable eu se desséchant et n'a pas coulé sur les fentes de la plaie, bien
que celle-ci pénétrât jusque dans l'aubier.
Piqué de cet insuccès, j'ai voulu répéter l'expérience dans une région plus
chaude, sur la plante spontanée, au lieu même où plus de cent ans avant,
Duhamel avait observé les Alibouliers styracifères. Dans ce but, j'ai visité
le 11 avril 1857, la chartreuse de Montrieux, non loin de Toulon, tout près
du village de ^Jéounes. Dans les bois de ses alentours, le Styrax est très
abondant, mais comme on le coupe souvent, il ne se présente plus en grands
exemplaires. Ceux qu'avait vus Duhamel ont probablement disparu et avec
eux la source du styrax. Les plus grands de ceux qui restent ne dépassent
pas la hauteur d'homme. J'en ai incisé plusieurs, en présence du frère Joa-
chim, un des solitaires de la chartreuse, qui s'est prêté très obligeamment
à m'aider dans mes expériences et a m'en transmettre le résultat. L'effet en
a été aussi négatif qu'a Montpellier : extravasation immédiate et insigni-
fiante d'un peu de sève laiteuse, absence complète de concrétion balsamique
et même d'odeur résineuse.
Yoilà donc la même espèce végétale qui, suivant les lieux, donne ou refuse
un produit déterminé. A quoi tient cette différence? Kst-ce à l'âge ou au dé-
veloppement des sujets? L'observation de Duhamel semblerait plaider dans
ce sens : mais les exemplaires de Montpellier, (jui restent stériles en baume,
ont presque atteiiit le maximum de leur taille. Est-ce à la température? Je
le croirais volontiers avec l'abbe JMazeas ; mais avant de présenter sur ce
point des aflirmations absolues, je me propose d'étudier comme terme de
conqDaiaison les sécrétions du Lierre, de l'Olivier, des Cistes, du Térébinthe
[Pistucia Terebintkus), végétaux dont les produits varient suivant les ré-
gions où ils croissent.
M. de Tcliihatchef dit que le S/ijrax officinalis est très répandu
dans l'Asie-i^lineure, et commun surtout sur la pente méridionale du
Bulgardagli en Cilicie, et dans la eliaîne du Tmolns où Slrabon
déjà l'avait indiqué. M. de ïcliihatchef rappelle que M. Fraas,
dans son Synopsis Florœ classicœ^ dit (|ue le Styrax n'exsude ja-
mais en Grèce, mais bien dans l'île de Rhodes. Il croit devoir douter
de la spontanéité de cet arbre en Provence.
M. J.-E. IManchon l'ait observer qu'en Provence, aux environs de
Montrieux (Var), le Styrax forme à lui seul des bois et couvre des
collines entières. Il ajoute que M. Fraas a pu se tromper relative-
ment au Styrax de lUiodes, qui est peut-être un Liquidainhar.
M. Martins dit avoir vu lui-même le Styrax o//ichiaiis à Rhodes.
SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. 661
Sur cet arbre, (railleurs, l'exsudalioii peut dépendre de la localité
où il croît -, il en est de môme pour plusieurs Astragales de la section
des ïragacantliées.
M. Cosson partage l'opinion de M. Martins à cet égard. Il cite à
l'ap[)ui l'exemple du Frnxinus Ornus, qui fournit en abondance la
manne en Calabre et en Sicile, mais ne donne pas naissance à ce pro-
duit dans notre climat.
M. J.-E. Planchon rend compte de ses nouveaux essais de féconda-
lion ci'oisée des /Egilops ovata et triaristata par diverses Graminées.
Il a déjà obtenu quelf|ues graines fertiles de YjE. Irim'istata ïècondà
par le pollen de la Touzelle barbue et de la Touzelle non barbue. Sur
quatre épiilets d'jE. triaristata fécondés le 23 mai 1857 par le pol-
len du Lolium strictum, un seul ovaire a noué ; encore la graine
s'est-elle détachée par accident, avant d'être parfaitement mûre. Il
serait bien curieux d'en voir le produit, en supposant qu'elle puisse
germer.
M. Gustave Planchon fait à la Société la communication suivante :
SUR QUELQUES MONSTRUOSITÉS DU MELIANTHUS COMOSUS,
par IW. GUSTAfE PLAIVCH01V.
[/observation des monstruosités, éclairant p^es^Jue toujours des ques-
tions d'affinités naturelles et de symétrie florale, est surtout intéressante
lorsqu'elle s'applique à des plantes dont les vrais rapports sont restés long-
temps indécis. Tel est entre autres le genre Melianthus Touvu. Placé dans
des ordres différents par Adanson, Linné, A. -L. de Jussieu, Adr. de Jus-
sieu, Reichenbach, il est plus tard devenu lui-même le type d'une petite
famille, celle des Meiionthées, établie par mon frère et placée par lui entre
les Géraniacées et les Sapindacées.
Ces divergences parmi les auteurs, preuve de la ditticulte de classer
convenablement ce singulier genre, peuvent donner de l'intérêt à quelques
anomalies observées sur l'exemplaire du Meliantltus comostis Vahl, que
possède le Jardin des plantes de Montpellier.
Avant d'exposer ces observations, je rappellerai succinctement la com-
position d'une tleur normale de cette espèce. Nous y trouvons :
Un calice à cinq divisions profondes et inégales, dont deux grandes, an-
térieures (1), une postérieure plus petite, deux latérales, presque linéaires.
Quatre pétales, très étroits, insérés des deux côtés des sépales latéraux
autour d'une glande considérable.
(1) Remarquons que, par suite do la lorsioii du pédoncule, les parties posté-
rieures paraissent antérieures, et réciproquement.
662 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRA.NCE.
Qiinlre ëtamines, dont deux postérieures, soudées par leur basé, oppo-
sées aux sépales latéraux : deux antérieures, libres, opposées aux sépales
antérieurs.
Un ovaire excentrique, place en avant de la glande, à quatre loges
alternant avec les étamines.
Ce qui frappe au premier abord dans l'examen de cette fleur, c'est l'ab-
sence de diverses pièces florales, nécessaires pour la symétrie complète.
Mais il est facile de marquer la place que devraient occuper ces organes,
et de suppléer ainsi par la pensée à ce défaut de symétrie.
Les lois de ralternaiice et l'analogie tirée du genre Bersama, voisin du
Melianthus, indiquaient que le cinquième pétale se trouverait entre les deux
sépales antérieurs, et la cinquième ctamine entre les deux étamines posté-
rieures.
Ces présomptions se trouvent vérifiées par l'observatiou d'un très grand
nombre de fleurs de l'exemplaire du Jardin des plantes. Ou y remarque,
en effet, sur les mêmes grappes, des fleurs à l'état ordinaire et des fleurs à
cinq pétales. Ces dernières sont même de beaucoup les plus nombreuses.
Le pétale suppK'mentaiie occupe la place que lui assigne la théorie et pré-
sente des fornu's très diverses: tantôt réduit à un simple filet, tantôt de la
dimension des autres pétales^ il devient parfois aussi grand (lue le sépale
postérieur, dont il prend alors toute l'apparence.
D'autres fleurs, très nombreuses encore, offrent une symétrie plus com-
plète par la présence d'une cinquième étamine. Cette etamine alternjîavee
les deux pétales postérieurs; elle se trouve le plus souvent soudée par sa
base avec les deux étamines qui sont à côté d'elle, et avec l'ovaire, qui est
au devant; son filet aboutit juste au milieu du bord antérieur de la glande.
Mais ce n'est pas tout. La plupart des pièces de cette fleur symétrique se
dédoublent et donnent ainsi naissance à de nouveaux organes. Parmi les
anomalies résultant de ces dédoublements, je citerai les plus importantes :
1" Des fleurs a six étamines. De ces étamines, cinq occupent leur place
normale; la sixième est opposée au pétale antérieur. A quel verticille appar-
tient-elle? Un examen, plus intime de ses rapports avec les organes voisins
nous njontre que cette étamine supplémentaire est sur un rang plus exté-
rieur ({ue les autres, et, comme en même temps elle est opposée au pétale,
on doit nécessairement conclure qu'elle provient d'un dédoublement paral-
lèle de ce dernier.
Du reste, le même pétale peut se dédoubler aussi latéralement et donner
alors naissance a une nouvelle pièce de la corolle, qui se trouve à côté de
lui dans le même verticille.
Le fait du dédoublement parallèle d'ui: pétale donnant naissance a une
étamine est intéressant par le rapprochement qu'il permet d'établir entre les
Géraniacées et les Mélianthées. On sait, en effet, (juc chez lesGérauiacées,
SESSION RXTR.VOnniiNAIRK A MOiNTPELLIKR EN JUIN 1857. 663
les étaiTiiiies du veiticille extérieur sont opposées aux pi-tales, dont elles
sont, par conséquent, un dédoublement; et quoi(|ue le verticille correspon-
dant soit fort incomplot dans nos Heurs de iMe liant hus, la présence d'une
seule de ses pièces sur un grand nombre d'entre elles suffit pour faire con-
cevoir l'existence possible du verliciile entier. Cette analogie de symétrie
entre les deux familles peut donc s'ajouter aux caractères qui les font placer
dans le même groupe.
L'étude de la symétrie florale des llutacécs et en particulier du genre
Dictamnus, à côté duquel A.-L. de Jussieu plaçait les Mel.ianthus, conduit à
une conclusion tout opposée. Le verticille extérieur est chez ces plantes très
évidemment alterne avec les pétales ; il est donc complètement indépendant
de ces derniers et ne saurait être regardé comme en étant un dédoublement.
2° Dans quelques fleurs, l'étamine postérieure se trouve aussi remplacée
par deux organes de même nature. Ces deux étamines sont situées sur le
même plan, soudées par leurs filets dans le tiers de leur longueur, et
affectent, du reste, avec les parties voisines lés mêmes rapports que Téta-
mine unique dont elles occupeiit la place.
Leur position, telle (jue je viens de la déterminer, ne permet pas de
supposer que l'une d'elles appartienne a mi verticille autre (|ue celui des
étamines normales; elle indique bien évidemnjenl un dédoublement paral-
lèle de l'étamine postérieuie.
[I serait trop long, et d'ailleurs inutile, d'insister sur les autres faits de
dédoublement. Il suffit d'indi(iuer qu'ils s'observent assez souvent sur le
segment postérieur du calice, plus rarement sur les pétales, sauf Icintérieur,
et qu'une seule fois une des étamines antérieures a présenté deux autheres
sur son filet.
Ces observations indiquent, chez l'individu qui en est le sujet, une ten-
dance remarquable a la production de fleurs anormales. Cette tendance ne
parait pas résider dans une partie circonscrite du végétal ; toutes les tiges
en offrent des exemples, et partout les fleurs présentant les anomalies les
plus diverses, se trouvent réunies sur les mêmes grappes que les fleurs
normales.
Un fait remarciuable, c'est que des fleurs recueillies sur le même exem-
plaire en 18^1, que j'ai pu observer dans l'herbier de mon frère, m'ont
présenté une symétrie aussi complète que celles de' cette année. Il est diffi-
cile de supposer (|u'il en a été autrement dans les années intermédiaiies, et
l'on peut assez rationnellement présumer que les mêmes anomalies se
reproduiront à l'avenir.
Kn résumé, les faits que je viens d'enumerer peuvent se grouper de la
manière suivante :
1" Présence anormale d'organes rétablissant la symétrie.
2° Faits de dédoublement, indiquant l'analogie de !a symétrie florale des
Mélianthees avec celle des Géi'aniacées.
664 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
30 Tendance à la production de fleurs anormales, persistant chez un indi-
vidu d'une manière remarquable.
31. le comte Jaubert aiinonre à la Société que le 15 juin, pendant
(jue de nombreux botanistes, pour suivre iusfju'au dernier jour le
programme des berborisations, essayaient de se rendre à Agde mal-
gré la pluie (qui les obligea cependant à rebrousser cbemin), quel-
ques personnes, profitant d'une éclaircie du ciel, se sont dirigées vers
Pérols, sous la conduite de M. Durand, employé à la Faculté des
sciences, et se sont arrêtées à l'étang de Fréjorgues pour y cbercber
YAllhenia filiformisVel'û, que Delile y avait découvert avec M. Mil-
lois, alors jardinier en cbeF du Jardin des plantes. La pelile troupe n'a
pas trouvé XAlthenia; les eaux de l'étang, à la suite d'une longue
pluie, étaient fort troubles, ce qui enipècbait de distinguer et par-
tant de recueillir la plante. Mais on s'est dédommagé en récoltant
dans les environs plusieurs espèces intéressantes pour les botanistes
du nord.
M. le comte Jaubert continue en ces termes :
Une autre pensée, Messieurs, me domine en ce moment. Votre Bureau
n'a pas voulu attrister le début de la session en vous annonçant la perte
sensible qu'elle vient de taire dans la personne de M. Graves; maisIaSociélé
ne peut se séparer sans rendre liommage à la mémoire de l'un de ses fonda-
teurs, de l'excellent confrère dont nous avons tous apprécié le mérite émi-
nentet les nobles qualités. l\J. Graves partage avec INI. Antoine Passy l'hon-
neur d'avoir provoqué la première réunion où t'uretil posées les l)ases de la
Société liotani(|ue de France, et où se signala dès lors parmi les plus zélés,
M. de Soliœnefeld, notre honorable secrétaire. M. Graves avait attaché
précédemment son nom à la fondation de la Société géologicjue. Les études
de toute sa vie et l'ascendant de son caractère l'avaient rendu digne d'exer-
cer une si utile initiative. Il était de plus un arcliéologue distingué, et dans
cette science, comme dans l'histoire naturelle, il a déployé une sagacité, une
patience vraiment admirables. Il a exploré sous ce double rapport et décrit
complètement le département de l'Oise, où l'avaient fixé pendant de longues
années les fonctions de secrétaire général de la préfecture, .lamais ses
recherches, si étendues qu'elles fussent, n'ont rien enlevé à l'accomplisse-
ment consciencieux des devoirs de sa place ; aussi le département de l'Oise
a-t-il conservé un souvenir reconnaissant de ses services administratifs. En
effet, l'activité de M. Graves était grande, et il savait avec une égale supé-
riorité mener de front les travaux les plus varies. Ceux de ses mémoires
scientifiques qui sont exclubivement relatifs au département de l'Oise ont
été publiés successivement dans divers recueils, puis reunis par lui-même
SESSION EXTRAOUDINAIRE A MONTPELLIER IN JUIN 1857. (565
en trois volumes, sous les titres modestes de Catalogue des plantes observées
dans le département^ d'Essai de topographie géognostique, et de iXotice
archéologique.
De lieauvais, M. Graves fut appelé aux fonctions de chef de bureau à
l'administralioi) centrale des forêts, et ce que cette nouvelle place lui lais-
sait de loisirs, il le consacrait encore aux sciences ; c'est alors que nous
l'avons connu dans les herborisations du dimanche en petit comité, aux-
quelles plusieurs de nos confrères prenaient paît. A cette épo(|uc, il s'im-
posa la tâche de dresser les listes nominatives de plantes correspondant
aux principales collections exotiques répandues dans les herbiers de la
France et de l'Etranger par les voyageurs botanistes Gardner, Linden,
Funck, Jurgensen, Hartweg, et beaucoup d'autres; à cet effet, il relevait
minutieusement, dans tous les ouvrages, revues et journaux scientifiques, les
indications éparses qui concernent ces diverses collections, et les contrôlait
par l'étude des exemplaires existant à Paris. Une pareille entreprise sup-
pose la plus vaste érudition unie à une grande sagacité, à une patience
infatigable. Tous ceux qui s'occupent de botanique exotique, et les savants
conservateurs de nos collections publiques, savent quel secours apportent à
leurs travaux ces listes précieuses, mises par M. Graves à la disposition de
tous avec une extrême obligeance.
Le désintéressement et la modestie caractérisaient également M. Graves;
aussi fut-il fort troublé lorsqu'un ministre éclairé, M. Bineau, qui l'avait connu
à Beauvais, l'appela inopinément (en 185^) aux fonctions de directeur général
des forêt:?. On applaudit à cet exemple, trop rare chez les ministres, d'un
discernement qui fait sortir des rangs intermédiaires le mérite caché, pour
le mettre en évidence et l'appliquer aux grandes affaires du pays. Nous
avons ete témoin des combats que M. Graves a livrés dans cette circon-
stance; U ne céda qu'aux instances de ses amis, et en stipulant que la bota-
nique du moins lui serait laissée comme délassement de ses nouveaux de-
voirs. S'il s'était contentéde la cultiver à ce titre, nous aurions eu le bonheur
de le conserver plus longtemps au milieu de nous; mais la botanique était
sa passion, et elle a achevé d'épuiser ses forces. Chaque jour, aussi assidu
dans ses bureaux, au ministère des finances, que le plus humble de ses em-
ployés, il revenait a la hâte chez lui ; après un repas léger et une courte pro-
menadesur le quai voisin, il rentrait au milieu de sa collectiouet travaillait
sans relâche, à la lueur fatigante d'une lampe, jusqu'à une heure avancée de
la nuit. Dans ces derniers temps, la belle famille des Fougères était devenue
pour lui l'objet d'une prédilection marquée, et il en avait remanié méthodi-
quement l'ensemble, à l'aide des matériaux considérables qu'il avait ras-
semblés de tous les pays du monde. Cette partie de son herbier est proba-
blement une des plus complètes qui existent (1). Ses études sur les Fougères
(1) Oa lit en têie du manuscril de M. Graves, intitulé Nomendator Filicum, le
666 sociETi': botanique de franck.
l'avaient uatmelleiiit'nt conduit à compulser la iirande collection de Bory de
Sainl-Vincenr, aujourd'luii déposée dans les j^aleries du Muséum d'histoire
naturelle; il en a dressé de sa main, en un volume in-folio, ud catalogue
raisonné, dont il a fait don au laboratoire du Muséum, et qui ajoute un
grand prix à cette collection.
Ces travaux incessants, opiniâtres, ont abrégé la carrière de iVI. Graves;
l'usjige habituel du microscope avait altéré gravement sa vue; c'est par la
que la paralysie a successivement envahi sa constitution, d'ailleurs vigou-
reuse. Il ne s'était pas mépris sur les premiers avertissements de la maladie
cruelle qui devait l'arracher à ses plantes et à ses amis. Peu de temps avant
notre départ de Paris, nous l'avons vu entouré des soins éclairés et affectueux
de plusieurs de nos confrères; le traitement, dirigé par M. le docteur Pue),
devait, hélas! rester impuissant. Nous avons rendu compte a M. Graves
des dispositions prises pour cette session extraordinaire, au succès de
laquelle il prenait encore beaucoup d'intérêt. Quand nous lui avons parlé
de l'espuir que nous conservions de le voir, non pas prendre part à nos
courses, mais du moins nous rejoindre ici pour aller demander aux eaux de
lialaruc le rétablissement complet de sa santé, il nous a souri tristement. Il
ne lui a pas été donné de jouir avec nous du charme que nous devions
trouver dans le séjour de Montpellier, d'échanger ses idées avec les hommes
distingués qui nous y ont accueillis, de profiter de leur savoir, d'admirer
la vie intellectuelle répandue dans cette ville célèbre, que la centralisation
n'a pas encore absorbée ; puisse Montpellier conserver toujours un si noble
privilège !
D'ici a quelque temps, sans doute, la vie si honorable et si utile de
M. Graves sera retracée avec plus de détail et d'autorité par quelqu'un de
nos savants confrères. J'ai obéi à l'impulsion de mon cœur autant qu'à l'in-
vitation de noire Bureau, en exprimant ici, (|uoique d'une manière bien
insuflisante, les regrets unanimes de la Société Botanique de France.
tableau suivant de l'accroissemeiit progressif des e.spècos dans la famille des Fou-
gères :
Auû. I8/1I. Riley, Catalog of Ferns ,
2017.
— 1855. Graves, AS 10.
(liiuoniiiiata', 18).
Ann. 1763. Linné, 202,
— 1806. Swarlz, 718.
— 1810. Willdcnow, 1019.
— 1826. Desvaux, Prodr., 138/i.
— 1827. Spreiigei, 1506.
Le calaloguc do riicrhier général de AI. (Iravcs, commencé en 1817 avec
5503 espèces, en conlienl VA 660, sous la date du mois de scplembre ISZ18.
SESSION EXTRAORDINAlllli A MONTPELLIER EN JLh\ 1857. 667
M. lePrésidoril Leimiiio la séance par le discours suivant :
DISCOURS DE M. «Je TrilIIIA'rCHKF.
Mossieuis,
Avant de prononcer la clôture de la session extraordinaire de la Société
Botanique de France a Montpellier, je vous demande la permission
d'ajouter (juelques mots aux communications intéressantes qu'elle a
reçues. Les considérations que je désirerais vous soumettre se rapportent
à cette branche importante de notre science, qui intéresse particulièrement
les voyageurs, je veux dire la gédgraphie botanique. Livré depuis dix
ans a l'exploration de l'Asie-Mineure, dont la constiiulion géologique, la
flore et la climatologie ont surtout ete pour nu)i l'objet de longues et
laborieuses études, je pense que vous accueillerez avec quelque intérêt un
relevé statistique de la végétation de celte contrée, que l'on peut qualifier
de classique, non -seulement sous le rapport des souvenirs du passé, ce que
tout le monde sait, mais aussi sous celui de la richesse végétale, ce que bien
des personnes supposent, sans toutefois être à même de le démontrer par
des chiffres, ces instruments irrésistibles de la pensée humaine ; aussi me
bornerai-je pour le moment à vous les présenter dans toute leur apparente
séciieresse, en vous soumt'ttant simplement le relevé approximatif du
nombi-e des espèces qui, d'après les matériaux que je possède, composent
les diverses familles phanérogames observées jusqu'à ce jour dans l'Asie-
Mineure, y compris les îles les plus voisines de sa côte occidentale, ainsi
que l'Arménie.
Dicotylédonées.
Papiiiouacées 617
Rosacées 67
Lyllirariées 7
Onagrariées \Q
Linées 20
Géraniacées 41
Oxalidées 2
Rutacées 18
Zygopliyllées 2
TôrôbiiUliacées 8
Oml)e!lifères 319
Caryopliyllées 387
Crucifères 401
Renouculacées 160
Scrofulariuées 309
Solaaées 22
Borraginées 239
Hypéricinées 64
Cistinées 26
Violariées. 20
Polygalées H
Orobanchccs 41
Jasminées ISiTamarisciuécs
Asclépiadées 18 Caprifoliacécs.
Apocyuées 9; Rubiacées
Convolvulacées 40
Malvacées 27
Primulacces 41
Papavéracées 4 i
9
15
131
41
Lentibulariees
Acaïuhacées
Crassulacées
Savifragées
Rhdninées
Célastrinées ,
Acérinées 8
Tiliacées 4
Cucurbitacées \
Pliytoiaccées [ 9
Porluiacées i
Ericacécs 18
Slaphyléacées ^
Ampcl idées f
Capparidées i
18
Valérianées
Euphorbiacées 81
Dips.icées 45
Campaaulacées 110
Labiées 453
5|Piotnbaginées 46
Piantagiiiées f j .
Amarantacées )
14|Salsolacées 77
2.Polygonées 70
Composées 835
Ameutacées 62
Couifèies •*!
Thymélées 33
Aristoiochiées \
Urlicées \ 34
Loraiittiacées )
Sautalacccs H
19i
Gentiauées 27 Dcrbcridées.
Total des Dicotylédonées.
5093
668 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DK FRANCE.
Monocotylédonées.
Graminées 3I4[Smilacinécs ( c„
Cypcracées 80 Dioscorées ) "
Liliacées 1881 Joncées "10
Amaryllidées ItI Alismacôcs.
Aroïdées » «n
Naiadées j
Orchidées 69
Iridéps 52
Total des Mouocotylédonées 791
Total des Phanérogames 5884
Ainsi, ce chiffre énorme de près de 6000 espèces, chiffre qui du lemps
de Linné, c'est-à-dire il y a environ un siècle, représentait la totalité des
végétaux connus de notre globe, se trouve réuni dans un espace équivalant à
peu près à l'étendue de la France, en lui donnant le Rhin pour limite;
c'est donc cet espace, comparativement si restreint, qui renferme à lui seul
près des deux tiers de la totalité des espèces connues aujouid'hui dans l'Eu-
rope entière, même en y comprenant la Grèce, ainsi que l'a fait M. Nymau,
qui, de cette manière seulement, a pu porter, dans son Sylloge Florœ eu-
ropœœ, ie total des espèces européennes à environ 9000.
Les chiffres que je viens de vous présenter, et qui certainement sont très
inférieurs non-seulement aux chiffres réels, mais encore à ceux que j'espère
obtenir avant la publication de la paitie botanique de mon Asie-Mineure,
ces chiffres, dis-je, ne sauraient admettre de commentaire en ce moment,
parce qu'il serait impossible de signaler même les principales réflexions
qu'ils suggèrent, sans dépasser considérablement les limites de nos coni-
munications. Ces réflexions sont tellement nombreuses et touchent de si
près aux questions les plus graves de la géographie botanicjue et à la partie
philosophi(|ue de notre belle science, qu'à elles seules elles offrent des élé-
ments suffisants pour un grand ouvrage ; c'est pourcjuoi je leur destine un
volume enliei- dans la partie botanique de mon Asie^Mineure ; car, après
avoir consacré un volume a l\iuinu'ration très détaillée des espèces, j'ai
l'intention de réunir, dans un autre volume non moins étendu, les
nombreuses et intéressantes considérations que fait naitre ce catalogue
raisonné ; elles auront surtout pour but de faire ressortir les points de
rapprochement et de divergence entre la flore de l'Asie- Mineure et la vé-
gétation des contrées placées dans des conditions climatériques à peu près
semblables. Au reste, ces analogies climatériques sont bien plus difficiles à
établir a l'égard de l'Asie-Mineure que pour un autre pays quelconque, car
tout, dans cette contrée vraiment exceptionnelle, tend a se placer en dehors
de ce que nous sommes habitués à voir ailleurs. En effet, son climat est aussi
varié, aussi complexe que les phases innombrables de son histoire; plus
que dans tout autre pays, les études météorologiques doivent donc, en Asie-
Mineure, précéder celles de géographie botanique, si l'on veut ou si l'on peut
faire ces dernières sur une vaste échelle ; autrement il serait peu aisé d'ex-
SESSION EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN JUIN 1857. (5G9
pliquer ou même de saisir plusieurs des phénomènes curieux que présente
la flore de celte admirable contrée. C'est cette conviction qui m'a déter-
miné à préluder à la publication de mes travaux botaniques par celle de
mes observations météorologi(|ues; elles se trouvent consijinées dans le
deuxième volume de mon Asie-Mi7ieure, qui vient de paraître. Bien qu'elles
n'embrassent ([u'un petit nombre de poiîits et lie soient basées que sur un
laps de temps peu considérable, elles pourront cependant servir utilement
d'introduction à l'élude botanique de l'Asie-Mineure. Après tout, elles ne
sont que l'expression des ressources nécessairement limitées du savant
isolé; et en établissant à mes frais, sur les points les plus opposés de l'Asie-
Mineure, des observatoires météorologiques quej'ai eu le bonheur de voir
fonctionner pendant près de cinq années, je crois avoir fait tout ce que peut
effectuer un voyageur qui n'a jamais été appuyé par aucun gouverne-
ment et qui n'a jamais eu d'autre encouragement que l'espérance d'obte-
nir les suffrages des hommes compétents, suffrages qui, je me hâte de le
dire avec un sentiment de profonde gratitude, ne m'ont pas été lefusés,
puisque mes travaux météorologiques en Asie-Mineure ont été l'objet d'un
rapport extrêmement bienveillant, présenté par M. Becquerel à l'Académie
des sciences.
C'est avec intention, Messieurs, que je me suis arrêté si longtemps sur la
nécessité des études météorologiques comme auxiliaires indispensables de nos
travaux, parce que nulle part cette nécessité ne se prononce aussi impérieu-
sement qu'en Asie-Mineure, ainsi que j'aurai l'occasion de le prouver un
jour. Pour le moment, je dois me borner à vous demander la faveur de vouloir
bien admettre sur ma parole toutes mes assertions relatives à la contrée
dont j'ai l'honneur de vous entretenir; car, veuillez ne pas l'oublier, je ne
me présente aujourd'hui devant vous que comme un pèlerin chargé de volu-
mineuses dépouilles, qu'il s'engage de livrer plus tard à votre compétent
examen, mais dont il ne peut encore vous offrir qu'un simple inventaire
nominatif, inventaire qui même devient de jour en jour plus défectueux,
puisque le répertoire, déjà si riche, de mes plantes d'Asie-Mineure, va s'ac-
croitre, d'un côté, de toutes les espèces que me promet la récolte dont
s'occupe en ce moment notre intrépide et excellent confrère M. Balansa, et
de l'autre, de toutes celles que j'espère conquérir dans mon prochain
voyage. Dans tous les cas, quelque chose peut me consoler de ce que ma
communication a de vague et de peu substantiel : c'est la pensée que si
cette communication se réduit aujourd'hui à des promesses, du moins j'ai
l'espoir de vous donner un jour plus que je ne promets. Mais il y a encore
un autre motif, Messieurs, qui m'a engagé à vous adresser, au moment
même de notre séparation, ces quelques mots de réminiscences orientales :
c'est la foule de souvenirs d'Orient que rappelle la contrée où nous nous
trouvons réunis. En elfet, dès sa première arrivée à Aloutpellier, le bota-
670 SOCir'.TÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
nistey est accueilli par toute uno colonie intéressante, qui, au Port-Juvé-
nal, vient le saluer au nom de sa patrie asiatique. D'ailleurs, qui peut ou-
blier le rôle que la France méridionale a joué de tout temps dans l'histoire
des relations de l'Europe avec l'Orient? C'est vers ces côtes pittoresques
qu'affluaient tous les représentants de la brillante chevalerie du moyen âge,
pour se donner rendez-vous auprès du sépulcre du Ciirist, et c'est encore
sur le même littoral que s'élève majestueusement Marseille, cette cité
d'origine hellénique, qui a déjà payé amplement sa dette envers sa mère,
en jetant un pont indestructible entre l'Asie et l'Kurope, entre son berceau
et sa patrie adoptive. En un mot, Messieurs, le Languedoc et la Provence
se trouvent mêlés à tous les souvenirs orientaux du sol français, et comme
de plus ces belles contrées n'ont emprunté à l'Orient que des souvenirs, et
qu'elles ont acquitté leurs emprunts par des bienfaits, puisqu'elles sont le
point de départ du courant commercial qui se dirige de l'Europe vers
l'Orient et y porte la civilisation avec les richesses, on peut dire que le Lan-
guedoc et la Provence sont en quelque sorte la personnification du carac-
tère chevaleresque et désintéressé qui a constamment marqué la politique
française à l'égard de l'Orient. Car, de tout temps, la France n'a demandé à
l'Orient que le droit de le protéger et de le civiliser, et lorsque après chaque
effort, chaque expédition militaire qu'elle faisait dans ce sens, l'Europe
s'enquérait avec inquiétude des indemnités matérielles obtenues pour tant
de sacrifices , la France ne lui montrait que ses drapeaux couronnés de
quel(|ues feuilles de laurier qui seules payaient toute sa dépense.
Il m'est doux, Messieurs, d'évoquer de tels souvenirs, suggérés précisé-
ment par la contrée où la Société Botanique de France est venue tenir sa ses-
sion extraordinaire, et où elle a joui d'une cordiale hospitalité qui fait autant
d'honneur à ceux qui l'ont accordée qu'à ceux qui en ont été l'objet. C'est
une des plus agréables prérogatives de mes fonctions de président que celle
qui m'accorde le droit d'offrir aujourd'hui, au nom de la Société, l'expres-
sion de notre gratitude à la ville de Montpellier, et surtout aux hommes
éminents qui sont si dignes de continuer et d'enrichir les immortelles
traditions scientifiques de cette cité. En procurant aux savants de Paris et
à ceux des provinces lointaines l'occasion d'une fraternelle réunion ,
et en leur offrant les moyens de parcourir la France avec une rapidité et
une économie inou'ies jusqu'à présent, notre Société a réalisé le rêve géné-
reux de ces nobles prosélytes du mouvement scientifique, dont un des
représentants les plus actifs est en même temps un de nos confrères le
plus justement estimés : sans doute, Messieurs, vous avez déjà tous pro-
noncé le nom du comte .Taubert.
J'aurais bien des choses à ajouter encore h ces (jnelques paroles de sym-
pathie que j'ai cru devoir adresser à nos confrères et à tous ceux que notre
séjour à Montpellier nous a appris à considérer et à apprécier comme tels ;
5KSSI0N EXTRAORDINAIRE A MONTPELLIER EN J[|N 1857. 071
mais jecraiiuliais d'autant plus d'abuser de vos moments qu'une extension
trop grande donnée a mon diseours de elôture m'exposerait au reproehe
parfaitement mérite <le voidoir pi'()lon<iei- a dessein la durée de mes l'onc-
tions, pour avoir le plaisir de me rappeler plus souvent la bienveillanee de
ceux à qui je les dois; cependant vous ne me refuserez pas la satisfaction
de vous otfrir ici l'expression de toute ma reconnaissance. En accordant à
un étranger l'honneur de vous présider, vous lui avez conféré un privilège
qu'aucun de vos compatriotes ne peut posséder au même degré, celui de
parler de vous-mêmes et de la France en général, sans être taxé d'esprit de
partialité nationale. C'est donc non-seulement en qualité de votre président,
mais encore en ma qualité d'étranger, que je viens offrir et nos hommages
et nos adieux a la célèbre cité du Languedoc ; et maintenant que je me suis
ac(|uittéde la partie la plus agréable de mon devoir, je dois en remplir la
plus pénible, celle de prononcer la elôture de notre session, qui, certes,
laissera des souvenirs bien vifs chez tous ceux qui y ont pris part.
La clôture de la session extraordinaire de 1857 est prononcée.
Sur la proposition de M. le comte Jaubert, vice-président, portant
la parole au nom du Bureau permanent, la Société vote des remercî-
menls unanimes à M. le président et à MM. les membres du Bureau
de la session extraordinaire.
Des remercîments sont également adressés à l'administration mu-
nicipale de Montpellier, à M. Donné, recteur de l'Académie, à
M. Paul Gervais, doyen de la Faculté des sciences, et à MM. les pro-
fesseurs des Facultés de médecine et des sciences.
M. de Schœnefeld exprime encore tout particulièrement à MM. Main-
tins et Planclion la vive reconnaissance de la Société pour la bien-
veillance avec laquelle ils ont accueilli leurs confrères, et pour le
dévouement infatigable dont ils ont fait preuve, en dirigeant et ren-
dant fructueuses leurs nondjreuses herborisations.
Et la séance est levée à une heure.
Conformément au paragraphe 2 de l'article 41 du règlement, le
procès-verbal ci-dessus a été soumis, le 11 septembre, au Conseil d'ad-
ministration, qui en a approuvé la rédaction.
RAPPORT
SUR LE JARDIN DES PLANTES ET LE CONSERVATOIRE BOTANIQUE DE MONTPELLIER ,
par nn. GERMAIIV DE SAI]\T-PIER»E ni W. DE SCH(E:VEFELD (1).
(Lu à la Société, à Paris, dans la séance du 24 juillet 1857.)
Messieurs,
Pendant le cours de sa session dans la capitale scientifique de la France
méridionale, la Société a désiré qu'en témoignage de la satisfaction que lui
a fait éprouver sa visite au Jardin des plantes et aux collections botaniques
de Montpellier, une Commission fût chargée de constater les améliorations
réalisées en pini d'années par le directeur actuel, M. Ch. Martins, profes-
seur de botanique à la Faculté de médecine, et d'examiner celles que l'on
est encore en droit d'attendre de son intelligente initiative et de sa bonne
administration.
MM. le comte Janbert, DoumetetCosson,ont été désignés avec nous pour
faire partie de cette Comiuission, qui a accompli sa tâche avec autant d'in-
térêt que de zèle ; nous avons accepté avec plaisir l'honneur de vous trans-
mettre ses impressions.
11 serait peut-être a propos, Messieurs, de vous rappeler quelles ont été
les fortunes diverses du Jaidin des plantes de IMontpellier, et de constater
les phases d'abandon et de prospéiité par lesquelles a passé depuis son ori-
gine l'un des établissements botaniques qui ont le mieux mérité de la science,
et dont la fondation, remontant à 1593, a précédé de plus de quarante ans
celle du Jardin du Roi de Paris. Mais les limites assignées à ce i apport ne
nous permettent pas de vous en faire le récit, que vous pouvez d'ailleurs
trouver, complet et détaillé, dans le bel ouvrage publié en 185Û, par M. Ch.
Mai tins, sous le titre ù'Essai historique et descriptif sur le Jardin des
plantes de Montpellier.
iNous devons nous borner à énumérer les modilications successives les
plus importantes qui ont été apportées à ce Jardin depuis sa fondation jus-
qu'à ce jour.
Sous le règne de Henri IV, Richer de Belleval, créateur du Jardin, établit
une école de botanique dans la partie élevée dite la montagne, qui limitait
(l) Par une décision spi'ciale du Conseil (radininisU'alion, la Conimissioii du
Buili'liii a élé autorisée à distraire ce rapport (!l le suivant du compte rendu do la
séance du 2'i juillet, dans Infiuelic ils oui été lus, pour les annexer à celui de la ses-
sion de Montpellier, à laquelle leur objet les rattache dirccteiuent.
RAPPORT SUR LK .lAUDIN DES PLANTES DE MONTPELLIER- 673
alors le Javdiii du côU- du nord, cl, une école de piaules médieiiiales remplacée
actuellemeiit par la grande allée des marronniers ; il fait eulliver dans des
stations variées les végétaux de tempérament!-, divers, et établit des pépi-
nières dans l'emplacement aujourd'hui occupé par l'école de botanique;
d'élégantes constructions sont consacrées aux écoles et aux laboratoires.
Une vieille estampe fort rare, gravée probablement par Hicher de Belleval
lui-même, représente le Jardin tel qu'il était en 1596 : elle a été reproduite
dans l'ouvrage dont nous avons parlé.
Aymé Chicoyneau (en 1737) dispose l'école de botanique dans l'empla-
cement qu'elle occupe actuellement, et y range les plantes selon la méthode
de ïournefort. La planlation des grands arbres qui couvrent aujourd'hui
la montuf/ne date de cette époque, les anciens bâtiments sont supprimés.
Sauvages (en 1755) obtient la construction d'une serre.
Gouan (de 1771 à 1793) substitue, dans l'école de bolanique, lesystèmede
Linné à la méthode de Tournefort. A cette époque, l'étendue du jardin était
peu considérable, les terrains du Peyrou qui en dépendaient autrefois
n'avaient pas été remplacés pur les terrains acquis depuis dans la partie sep-
tentrionale. Les serres actuelles, l'orangerie, les bossins, le canal, n'exis-
taient pas encore.
Broussonnet obtient de Chaptal, de professeur devenu ministre, la con-
struction de l'orangerie et d'une paitie de la serre, et fait creuser le
canal.
De Candolle (de 1808 à 1816) réalise les plus importantes améliorations :
il trouve les végétaux du Jardin presque tous sans étiquettes et il en fait
faire plus de 2500; il ci'euse des bassins et des réservoiis alimentés par les
eaux de la ville. C'est encore Chaptal, dont la générosité égale les \ues éle-
vées et le dévouement scientifique, qui, en sacrifiant une partie de ses pro-
pres appointements, subvient aux frais de construction de la serre chaude.
En outre, un Conservatoire botanique est ajouté à l'établissement pour
recevoir les collections.
De Candolle replante l'école de botanique suivant l'ordre des familles na-
turelles, et y réalise d'abord sur le terrain, avant de le faire sur le papier,
sa division des Dicotylédones en Thalamiflores, Calycillores, Corollitlores
et Monochiamydées. Il obtient de la ville l'acquisition d'un vaste terrain
qui double l'étendue du Jardin, et en consacre une partie à une école fores-
tière où les arbres sont rangés par familles ; ce qui permet de consacrer
presque exclusivement l'école proprement dite aux plantes herbacées, et par
conséquent d'ei! augmenter le nombre. — De Candolle espérait encore
agrandir la circonscription du Jardin en la régularisant; son projet était
adopté par l'administration municipale, lorsque survinrent les événements
politiques qui déterminèrent sa retrait-: ; la partie ouest de ces terrains est
encore aujourd'hui occupée par un jardin maraîcher qui forme un an*»le
67A SOCIÉTÉ BOTANIQLK DK FRANCE.
rentrant dans ie Jardin des plantes et qu'il serait, sans doute, possible d'a-
cheter. îSous faisons des vœux pour que le projet d'acquisition de ce terrain
soit de nouveau examiné et pris en considération par le gouvernement ou
par la ville.
Si l'on ne doit pas à Delile (de 1819 à 1850) de grandes améliorations
matérielles, on ne saurait oublier qu'il a dote le Jardin d'un grand nombre
de plantes précieuses qui en font l'ornement : le Ginhgo rendu fertile par
la greffe, le yelumbium, le Bougainvillea, le Poinsttlia, les Cycas, les
Zamia, beaucoup de plantes du Port-Juvénal et d'Egypte. Mais ses plus
beaux titres sont ses herbiers, son riche herbier général, celui d'Egypte,
type de son ouvrage, et celui du Port-Juvénal, où iM. Godron a puisé les
matériaux de son Florula Juvenalis.
Trente ans après le départ de De Candolle, plusieurs d'enti-e nous ont eu
occasion de visiter le Jardin de Montpellier. L'impulsion donnée par le maître
n'avait pas été suivie. Les plantes de l'école étaient les seules du Jardin
qui fussent pourvues d'étiquettes. L'école forestière avait été complètement
négligée et le projet d'établir une école de plantes usuelles et ofticinales
n'avait pas été réalisé. Le terrain destiné à cette école était occupé par des
pépinières de plantes marchandes.
.Aussi, Messieurs, est-ce avec la satisfaction la plus vive que votre Com-
mission a pu constater que le nouveau directeui- du Jardin des plantes,
M. Ch. Martins, s'est inspire de la pensée de De Candolle, son premiei'
maiti'e, et s'est fait, en quelque sorte, un devoir de reprendie son adminis-
tration au point où il l'avait laissée, et de poursuivre toutes les sages et utiles
réformes qu'il avait entreprises ou projetées.
M. Martins n'est pas seulement un administrateur zélé donnant au-
tour de lui l'Impulsion par l'exemple de sa propre activité, il est essentiel-
lement naturaliste, il aime ses plantes ; c'est avec bonheur qu'il se consacre
tout entier aux soins et aux travaux les plus multipliés : c'est avec e'ntraî-
nement qu'il se livre à l'espoir de voir s'agrandir et se compléter le Jardin
de Montpellier.
Il est, du reste, bien secondé par les habiles et laborieux ouvriers dont
il a su s'entourer, et surtout par le jardinier en chef, M. Roux; nous avons
pu juger de l'heureuse inlluence de l'autorité à la fois ferme et paternelle
que le directeur exerce sur ses subordonnés.
Un seul fait fera comprendre avec quelle intelligente économie les fonds
plus que modiques de l'établissement sont administrés. Ces fonds suffisent
u peine pour couvrir les dépenses d'entretien des bâtiments, d'acquisition
d'étiquettes, d'engrais et de terreau, le chaulfage dos serres, les gages des
jardiniers ; il ne reste rien pour l'acquisition et les frais de transport des
plantes vivantes, et cependant le Jaidin et les collections s'accroissent et
s'enrichissent tous les jours \ les graines de plusieurs espèces importantes
RAPPORT SUR LK JARDIN DES PLANTES \)E MONTPKLLIIÎR. 675
pnr leiii- Ix-iuité et Icui' rareté [Ginkgo biluba, Ndumhinm speciosum, Bon-
gainvilleu, Poinciana, Wiqandia, etc.), sont la monnaie qui paye ces ac-
quisitions.
Mais les liorticulteurs peuvent seuls se contcr.ter de la monnaie fournie
si libéralement parle miiiïni(i((ue Ginkgo. Nous avons pai'lé de l'utilité de
régulariser en l'agrandissant le périmètre du Jardin ; la reconstruction des
serres, disposées, chauffées et éclairées d'après le système le plus défec-
tueux, en très mauvais état d'ailleurs, et de dimensions tout a fait insuf-
fisantes pour recevoir pendant l'hiver les précieux spécimens de la végé-
tation tropicale qui abondent dans le Jardin, est aussi une dépense urgente
et à Ia(|uelle ne sauraient suffire les fonds de l'établissement, avec (luehiue
sagesse q\i'ils soient administrés.
Au nouîhre des améiioi'alions réalisées pnr l\î. Martins nous devons si-
gnalei- : — Les arbres et tous les véiiétaux intéressants du Jardin soiiiueuse-
ment étiquetés. — L'école de botanique (eonqiosée de 24 banquettes com-
prenant 3800 espèces) mise en rapport avec le Prodromus pour toutes les
familles publiées (des Renonculacées aux Polygonees), — L'école des
plantes officinales, alimentaires, industrielles et vénéneuses, fondée en
185?, en vertu d'une décision ministérielle provoquée par le directeur :
cette école contient 420 espèces dont chacune occupe un petit carré. — Un
jardin spécial pour la culture des doubles à échanger, des porte-graines,
des espèces douteuses à étudier, etc. — L'école forestière mise en état, et les
Conifères susceptibles de réussir en pleine terre rangées systématiquement
au nombre de /i5 ; on y remarque : Pinus filifolia Lindl., /-*. CouUeri Don,,
P. A/«w«na Schiede, Abies Khutroiv Loud., Cephalotaxus Fortunei WooV.,
Thuja filiformis Loud., Bluta pyramidal is Gaz., Séquoia giynntea KndL,
Cupressus californica Cuv., CuUitris quadriualvis Vent., Frenela Hu-
geliWovl., etc. — Dans une partie abritée du Jardin, une autre collection
de Conifères a été établie par le directeur en 1834, pour les espèces exoti-
ques plus délicates que les précédentes et qui ont besoin d'être garanties,
en été, de l'ardeur du soleil, et en hiver, du rayonnement uoclurne. Celles
qui ont le mieux réussi sont : Cupressus funebris, C. mexicana, Pinus
Lamberliana, P. Montezumœ, P. canariensis, Podocarpus punyens, Junipe-
rus excelsa et /. flayelliformis.
A ces collections si variées et si précieuses, M. iMartius vient d'ajouter
un Hortus Juvenalis, c'est-à-dire un carré spécial où les espèces intéres-
santes (}ue le dépôt des laines exotiques fait apparaître au Port-Juveual et
qui d'ordinaire ne s'y perpétuent pas, seront cultivées et observées d'une
manière suivie.
Parmi les })lantes usuelles cultivées dans le Jardin, nous devons signaler :
un Dattier mâle de douze ans rapporté d'Algérie, \' Opuntia inermis ï)il., le
Dioscorea Botatns Dne,, des carrés de Sors.ho sucré, de Cotonnier, de Riz
676 SOCIÉTÉ BOT.OIQLE DE FRANCE.
sec de la Chine, A'At^ochis hypoyœa, de Patates, d'Echinops bannaticuê
Roch. (nouveau fourrage pour les terrains salés).
Nous ne saurions terminer celte énumération sans mentionner spéciale-
ment le gigantesque Ginkgo biloba que vous avez admiré. La hauteur de
j'arhre est de 21 mètres, et sa circonférence de 2"", 11. 11 fut planté en 1795
par Broussoniiet; c'était un individu mâle. Rendu monoïque en 1830, par
des greffes femelles venues de Bourdigny prés Genève, cet arbre donna des
graines fertiles en 1832, et chaque année il sccharged'uneabondante récolte.
Citons encore un Sterculia plotanifolia haut de 20 mètres, un Juglans
iiigra de 21"', 62, les Acacia Julibrissin, Lagerstrœmia indica, Asimina tri-
loba, Cupressus pendilla, Duvaua ouata, Camellia japonica à tleurs sim-
ples, Cereus peruvianus, Nelumbium luteum, N. speciosum, N. codopliyl-
lum , N. caspicurn fleurissant tous les ans, Phijtolacca dioica, Stillingia
sebifera, Jubœa spectabilis, liosa Hardii (1), etc.
Enfin, grâce à la bienveillance de l'administration municipale, M, Main-
tins a pu augmenter notablement la concession d'eau accordée par la ville
au Jardin des plantes^ on conçoit toute l'importance de ce bienfait dans un
pays où souvent il ne tombe pas une goutte de pluie pendant tout l'été.
(1) Sote communiquée par M. J. Gay. — Dans un temps où les hybrides sont
devenus chez nous l'objet d'études approfondies, il importe de rappeler l'histoire
du liosa Hardii et de préciser les faits qui ont accompagné sa naissance.
Un l'.osier qu'on sappo^e d'origine cliinoise, le Rusa dinophijlla de Thory (Re-
doiilé, Roses, I, 1817, p. Zi3, lab. 10), était depuis quelques années cultivé au
jardin du Luxembourg, à Paris, sur une couche que l'on couvrait en hiver. Il y
lleurissait abondamment sans nouer ses ovaires, lorsque enfin un de ces ovaires, un
seul, se développa en un fniil paifait qui fut soigneusement recueilli par M. Hardy,
le jardinier en chef.
Les graines extiaites de ce friiii furent aussitôt semées. Cinq d'entre elles arri-
vèrent à germination, mais elli.>s eurent des destinées très diverses. Une des jeunes
plantes ne tarda pas à périr; deux autres végétèrent longtemps sans produire au-
cune tlf'ur; une quatrième reproduisit la mère, c'est-à-dire le Rosa cliuophylla^
avec ses feuilles pennatiséquées cl ses (leurs blanches et semi-doubles. De la cin-
quième et dernière graiue sortit cnlin la forme étrange dont j'ai vu s'épanouir
les premières fleurs le 20 juin 183G, et qui, en cette même année, a été décrite et
figurée par MM. Gels frères sous le nom de Rosa Hardii, qu'elle porte encore au-
jourd'hui chez les horliculleurs (voy. Ann. de Flore et de Pomone, pour 1835
et 1830, p. 37'2, avec une planche coloriée sans numéro d'ordre).
Celle Piose avait les feuilles pennatiséquées, comme le Rosa clinophylla, dont
elle provenait; mais elh; en din'érail d'ailleurs profondément i)ar la petitesse et
par la forme des folioles, par ses rameaux et ses feuilles très glabres, non pubes-
ceates, par ses aiguillons riipprochés trois à trois, et enfin par ses fleurs simples,
à cinq pétales jaunes, marqués à la base d'une grande tache brune.
Ceci indiquait manifeslemenl l'influence d'un pollen étranger; mais quel était le
RAPPORT SliU LK .lAlîDlN DFS l'LVNTF^S 1)K MONTI'KLLIFR . 677
Le Conservatoire botaniciue de la Faculté de médecine, annexé au Jardin,
a été, de notre part, l'objet d'une visite spéciale et d'un examen attentif. Cet
établissement est placé sous la surveillance de M. le docteur Aimant Tou-
chy, savant aussi modeste que distingué, uniquement occupé de la tâcbe
utile à laquelle il a voué toute sa vie. Grâce à son activité, à ses soins con-
stants et éclairés, un ordre parfait y règne et une disposition ingénieuse et
pratique rend facile le maniement des vastes collections qui s'y trouvent
aujourd'hui réunies.
La nomination de M. Toiichy aux fonctions de conservateur remonte à
l'année 18.M). Celte place était restée inoccupée pendant 31 ans-, une aussi
longue vacance avait laissé tomber l'établissement en décadence. Les col-
lections se trouvaient réduites à quelques fruits et à 80 paquets assez
minces, déposés dans deux armoires, et contenant des plantes presque toutes
exotiques qui provenaient des voyages de Dombey, Née, Riedié, Com-
merson, Balbis, Seringe, etc.
Le nouveau conservateur s'empressa de réunir à l'herbier ses propres
collections et celles du professeur Toucliy, sou père. Quelques autres dona-
tions eurent lieu à la même époque, entre autres celles des herbiers du doc-
teur Fulcrand-Pouzin et du jardinier en chef Banal.
Diverses acquisitions, plus ou moins importantes, ont été faites depuis,
père qui avait pu modifier si puissamment le produit de la plante mère? La
question fut aussitôt n^oUie qu'élevée, 't'ont à côté du Bosa dinophylla qui avait
fourni les graines, et sur la même couche, se trouvait un pied vi-oureux de Rosa
berberifotia,ci'n(t espèce naine et traçante de l'Asie centrale, qui est si remar-
quable par ses feuilles simples, unifoliolées et glauques, ses rameaux très glabres,
ses aiguillons leriiés et ses pétales jaunes tachés de brun à la base (voy. lledouté.
Roses, l, 1817, p. 27, tab. 2), si remarquable à tons égards, qu'on y a cherché,
mais je crois en vain, les caractères d'un nouveau genre {Hulthemia Dumort.,
Endl. et Ledeb.; Lowea Lindl.).
Le Rosa Hardii est nécessairement un hybride du Rosa dinophylla sponta-
nément et accidentellemenl fécondé par le Rosa herberifolia ; il lient de la mère
par sa racine non traçanle, par sa taille, par ses liges dressées, non ascendantes on
couchées et par ses feuilles peunaliséquées, caractères que je puis Ions affirmer,
maintenant que j'ai vu le bel individu que possède le Jardin de Montpellier. Le
reste appartient au père, surface glabre, aiguillons comme ternes, peliics folioles,
pétales jaunes tachés de brun à la base.
Après avoir eu une grande vogue dans sa nouveauté, le Hosa Hardii est
devenu très rare dans les collections, mais il faut espérer que les amateurs éclairés
le conserveront comme un phénomène curieux de physiologie et comme la preuve
d'un croisement possible entre deux espèces très ditlérenlcs. A Montpellier, où
il est cullivé en pleine terre, il forme un buisson (h- 5 à 6 pieds de hauteur. 11
s'élève moins à Paris, où il n« passe l'hiver en pleine terre que moyennant cou-
verture.
678 SOClÉiÉ BOTAiMQLK DE KHANCK.
Une petite portion de l'herbier du Brésil de Vauthier et les plantes d'Orient
d'Aucher-Éloy sont venues enrichir l'herbier. Enfin les collections el les
livres du professeur Delile furent achetés en 1851.
Aujourd'hui, le Conservatoire du Jardin des plantes contient les collec-
tions suivantes ;
i° Un herbier |i;énéral (de 561 paquets) comprenant les trois grandes
divisions des végétaux représentées avec une égale richesse.
a. Cryptogames. Nous y avons remarqué les Characées et les Champi-
gnons, presque tous récoltés et donnés par M. Touchy; le travail de classe-
ment est terminé et toutes les collections fondues.
b. Monocotylédones. Tous les herbiers sont également fondus et l'inter-
calation des espèces est achevée. •
c. Dicotylédones. Cette vaste partie de l'herbier est divisée en quatre
séries toutes classées; mais la fusion n'est pas encore terminée pour un
certain nombre de familles.
2° i>'herl)ier d'É'-'ypte, de Delile (5/i paquets), commencé en 1798, con-
tenant les échantillons-types décrits par lui dans sa Flore de cette contrée,
eteniichi par les produits des voyages qui y ont été faits après l'occupation
fraiiç.iise.
3° l>'Jierbier delà flore de Montpellier (9i paquets) limitée par le Rhône,
les Ceveiines et iNarboiine. C tie coilei tion est le fi uit d'herborisations qui
datent de 1808 et qui se continuent encore.
h" L'herbier du Poit-Juvénal (60 paquets), commencé par Delile et aujour-
d'hui très étendu.
5° Une collrclion carpologi(|ue, comprenant les fruits d'environ 2300
espèces, et qui est presque en enlier l'ouvrage du conservateur actuel.
6' Graines pour semis et pour l'étude (6000 espèces environ) cataloguées
et disposées de manière à permettre l'intercalation des nouveautés.
7° Champignons indigènes (grandes espèces), desséchés, au nombre de
100 '-'oviron, en partie récoltés par Delile.
8° Collection de bois, racines, tiges (1), feuilles, provenant du Jardin des
plantes ou de divers pays (environ 300 pièces).
9° Collection de pathologie et de tératologie végétales, disposée en herbier
ou en relief dans des tiroirs,
10° Une bibliothèque de plus de 2000 volumes, presque entièrement
achetée aux héritiers de Delile.
(1) Parmi les liges, nous avons remarqué celle d'un Verhascum candidis-
simum DC. de près de U mètres de hauteur, cl nous avons examiné avec beaucoup
d'inléièl un Iroiic de Clièiie clivé par la iromhe éleclriipie de Monvillc (Seine-
laférieiue) le 19 aoQl 18^.") i voyez Cl). Marlins, Instructions pour l'observation
des trombes terrostres, dans VAnnitairr météorologique pour 18^9, p. 230).
RAIM'ORT S[;K LR JARDIN l»KS CLAMES l)K MONTPELLIKK. 679
Telles sont aujourd'hui les richesses confiées à la pardn de M. Touchy.
Mais, non content de les conserver et de les classer, il ne cesse de les
accroître avec persévérance. C'est dans ce hut qu'il fait chaque année plus
de cent herhorisations (soit en moyenne deux par semaine), dont les résul-
tats sont constatés dans un carnet spécial. Ce chiffre est remarquable.
Messieurs; il prouve, surtout chez un homme de l'âge de M. Touchy, une
énergie et un dévouement extrêmes. Sous l'heureux climat de Montpellier,
où pendant deux ou trois mois à peine la saison d'hiver ralentit la végéta-
tion sans l'arrêter complètement, l'inl'atigahle collecteur peut, dès la
lin de janvier, commencer ses excursions, qui ont pour objet de récolter
des plantes pour l'herbier, des végétaux vivants (souches, rhizomes, tuber-
cules, bulbes, etc.) pour le Jardin, et enlin des graines d'espèces indigènes
pour les semis et les échanges. Le nombre des espèces de graines recueillies
ainsi chaque année est de 200 à 300. M. Martins attache une juste impor-
tance à enrichir sou catalogue annuel de ces espèces indigènes (1), qui peu-
vent de cette manière être répandues dans presque tous les jardins bota-
niques de l'P^urope et servir à la rectification spécifique de la flore du
pays. Le catalogue général des graines de 1856 contient 23iO noms de
plantes indigènes ou exotiques.
Messieurs, le rapide exposé que nous venons de vous présenter peut vous
avoir fait comprendre la valeur de l'établissement scientifique dont s'enor-
gueillit à juste titre la ville de Montpellier, et le développement qu'il pour-
rait acquérir dans les mains intelligentes auxquelles il est aujourd'hui
confié. Malheureusement les ressources (jui lui sontaliouées sont loin d'être
proportionnées à son importance et à des besoins qui se sont accrus en
raison même des progrès déjà réalisés.
Cette pénurie regrettable vient à tout moment paralyser les efforts du
directeur. La somme annuelle mise à sa disposition n'est que de 7800 francs ;
le jardinier en chef et celui des serres sont payés à part, mais six ouvriers
et un apprenti doivent être rémunérés sur cette somme. C'est une dépense
annuelle de ùOOO francs. Restent 3800 francs pour pourvoir a toutes les
dépenses prévues ou imprévues d'un grand établissement. Il est donc ira-
possible d'acheter des plantes, et c'est uniquement par échanges que le
Jardin peut acquéiir des espèces nouvelles. Sa monnaie, nous l'avons déjà
dit, ce sont les graines de quelques espèces rares ou qui ne mûrissent pas
dans le nord de l'Europe.
La bibliothèque, riche seulement eu ouvrages anciens, ne peut pas non
plus, faute d'argent, être complétée par des acquisitions nouvelles, et une
(1) Voyez la lettre adressée par M. Marlinsà M. le président de la Société, et in-
sérée dans le Bullelin, t. III, p. 32.
680 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
partie des herbiers, ne pouvant être passée au sublimé corrosif, reste exposée
aux ravages des insectes.
Déjà, dans deux circonstances, S. Exe. M. le ministre de l'Instruction
publique a bien voulu venir en aide au Jardin de Montpellier : eu 1852,
lors de la création de l'école des plantes médicinales, par une somme
de 1035 francs, et la seconde fois, cette année même, par une somme de
1150 francs, pour réparer le canal de l'école de botanique et le toit du Con-
servatoire.
Aujourd'hui c'est surtout la serre dont la reconstruction est urgente, car
par sonétatdedélabremenl, par ses dimensions restreinteset par sadisposition
qui n'est pas en harnjoiiie avec les progrès de l'horticulture moderne, elle
est hors d'état de contenir et d'abritei' les végétaux qui doivent y être ren-
fermés. Cette serre menace ruine, et dans son élat actuel elle n'a plus guère
d'intérêt que comme spécimen de l'enfance d'un art qui a fait de si grands
progrès. Nous savons que M. le Minisire a bien voulu promettre à 31. Mar-
tius qu'elle serait reconstruite, d'après l'avis formulé par le recteur et le
conseil académi((ue, et nous avons appris avec plaisir que M. Alexandre,
inspecteur général de l'Instruction secondaire, chargé par M. le Ministre
d'examiner l'état de la serre, l'a visitée depuis notre départ de Montpellier,
et a recoimu la nécessité d'une reconstruction prochaine.
M. Martins est en ce moment même en instance, afin d'obtenir la réali-
sation de ce projet. Vous accompagnerez, nous n'en doutons pas. Messieurs,
ses démarches de tous vos vœux, car il est du devoir de notre Société, tout
en constatant l'état des établissements publics consacrés à la botanique
qu'elle a occasion de visiter, d'appeler sur eux l'attention de l'adminislratiou
supérieure.
i,a Société Botanique de France est en droit d'espérer que son témoignage
sera pris en considérati(^n; mais, quoi qu'il en soit, nous ne rious féliciterons
pas moins d'avoir pu vous dire ce que, malgré c'e nombreux obstacles et
l'insuffisance de ses ressources, est devenu de nos jours l'antique Hortus
monspeliensis, l'établissement qui le premier a inauguré en France, dès le
xvi' siècle, l'alliance féconde de la botanique et de l'horticulture, et d'avoir
rendu un hommage public au zèle, au dévouement et aux lumières de son
directeur actuel.
RAPPORT
SUR L'HERBIER DE DUNAL, par M. K. C'OSSOIV.
(Lu à la Sociétû, à Paris, dans la séance du 24 juillet 1857.)
IMessieurs,
l-a Commission chargée d'examiner à Montpellier l'important herbier de
Dunal se composait de MM. le comte Jaubert, J. Gay, Doumet, Durieu de
Maisonneuve, Germain de Saint-JMerre et Cosson.
A la demande de M. Gervais , doyen de la Faculté des sciences,
M'"* veuve Dunal avait bien voulu mettre cet herbier (déposé provisoire-
ment au Jardin des plantes, dans une des salles de la Faculté des sciences)
à la disposition des membres de la Société, et votre Commission a pu en faire
une étude spéciale. J'ai été chargé, Messieurs, de vous exposer d'une ma-
nière succincte les résultats de son examen et ses conclusions.
L'herbier de M. Dunal ne comprend pas moins de 125 volumineux fasci-
cules ; les échantillons de plantes, quoique non empoisonnés, sont générale-
ment dans un bon état de conservation, et tous sont munis d'étiquettes
écrites soit par M. Dunal, soit par ses correspondants, et indiquant avec
précision, non-seulement la localité, mais encore presque toujours la date de
la récolte.
Les familles des Anonacées, des Cistinées, des Vacciniées et des Sola-
nées, qui ont été pour M. Dunal l'objet de monographies publiées dans le
Prodro)/im de De Candolle, offrent des types importants a consulter. Les
Valérianéos et les Dipsacées renferment également de précieux documents,
dus aux relations d'amilié ou de correspondance du savant professeur avec
Dufresneét Coulter, auteurs de travaux monographiques estimés sur ces
familles. Les Polygonées présentent un intérêt spécial, car tous les Itianex
décrits par Campdera ont été donnés par lui à M. Dunal, sous les yeux
duquel il avait rédigé sa monographie. La famille des Algues n'est pas moins
riche, grâce aux envois de MM. Lenormand et Sonder. — Les échantillons
qui ont servi de base au travail de MM. Dunal et E. Fabre sur les .digilops
du midi de la France, existent également dans l'herbier.
L'important herbier de Thibaud, acheté conjointement par De Candolleet
Dunal, qui se le sont partagé, renfermait des échantillons authentiques de
la Flore du Pérou, de Ruiz et Pavon.
La flore de France est richement représentée ; en effet, M. Dunal avait
accompagné De Candolle dans un de ses voyages botaniques et agrono-
miques, qui ont si puissamment contribué au développement des études
botaniques en France, et, légataire de la propriété de la Flore française de
682 SOCIÉTÉ BOTAMQUK HK H'.ANCK.
De CandolU', le professeur de Montpellier n'avait négligé aucune occasion
de se procurer les matériaux nécessaires pour une nouvelle édition de cet
ouvrage fondamental, dont il était si digne d'être le collaborateur.
I.a flore classique de Montpellier a particulièrement été l'objet des re-
cbercbes et des études assidues du professeur Dunal, qui se proposait de
publier un ouvrage au niveau de la science sur la végétation de cette région
intéressante; aussi son lierbier renfernie-t-il les matériaux les plus pré-
cieux pour l'élude des plantes du pays, et même pour les cryptogames, qui
y sont largement représentées.
En raison de l'importance de la collection qu'elle a été chargée d'examiner
et qui offre surtout un vif intérêt au point de vue de la flore du midi de
la France, et de Montpellier en paiticulier, votre Commission, Messieurs,
a exprimé, à l'unanimité, le vœu que l'herbier de M. Dunal soit acquis
à la Facuhé des sciences de Montpellier, dont ce professeur a été l'une
des illustrations.
UEVUli BIliLlOGllAPUlQUE.
PHYSIOLOGIE VEGETALIL
IVote sur la matière wucrée «le «luclqiie» Al;i;ncs ; par
M. I.éoii Soubeiran [Journal de pharmacie et de chirnk' , XXXVl, 1857,
pp. 219-224).
-Les Algues marines qu'on laisse séclier a l'air se couvrent le plus sou-
vent d'eniorescences blanches, formées de sels, particulièrement de chlo-
rures, et d'autres matières ([ui se trouvaient d'abord dans le tissu même de
ces plantes. Mais, dans (juciques cas exceptionnels, outre ces efflorescences
salines, il s'en produit d'autres entièrement différentes par leur nature et
aussi par leur mode de formation. Ctlles-ci ont une saveur franchement
sucrée ; elles sont composées de mannite. L'étude en a été faite d'abord par
Biaine Poveisen, puis par Vauqiielin, tout lécemment par M. Th. Phipson,
— W. L. Soubeiran a pu s'en occuper lui-même cet été, pendant un
voyage sur les côtes de Bielagne, et sa note a pour objet, non-seulement
de faire connaître les principaux résultats de ses recherches, mais encore
de signaler quelques différences qui existent entre ses observations et celles
de M. Phipson.
M. L. Soubeiran a vu la matière sucrée se produire uniquement sur un
petit nombre de nos Algues marines : sur le Laminaria soccharina, sur les
Fucus digitatus et /omen/arius, principalement sur ce dernier, il a reconnu
aussi que cette production est très faible sur les froiules et se concentre
presque exclusivement sur la portion inférieure ou radiculaire des plantes,
par laquelle elles se fixent aux rochers.
Après avoir reconnu que ce n'est pas la simple dessiccation qui déter-
mine l'effloiescence sucrée de ces Algues, M. L. Soubeiran a cherché à re-
connaître les conditionsqui influentsur cette production. Les expériencesqu'ii
a faites dans ce but lui ont appris que ces efflorescences sont d'autant plus
développées, que les Algues sur lesquelles on les trouve ont séché plus len-
tement. Il a reconnu, de plus, qu'il existe un rapport constant entre les
quantités de mannite et de substances salines, la première augmentant ou
diminuant sensiblement en proportion inverse des chlorures. Au microscope
il a vu que cette substance sucrée se présente sous la forme de houppes com-
posées d'aiyuilles, dont la longueur est, en moyenne, de 5 ou 6 millimètres,
que ces aiguilles très fines sont entremêlées de quelques cristaux prisma-
tiques allongés, à surface très irrégulière. Il pense qu'il est nécessaire, pour
684 SOCIÉTK BOTANIQUE DE FRANCE.
la production de cette matière sucrée, que les 2'''ucus subissent une mo-
dification dans leurs éléments par suite de la fermentation visciueuse, et en
ce point il est d'accord avec M. Phipson; mais il ajoute qu'il n'a jamais
vu que la couche superficielle de la plante couverte de mannite fût décom-
posée ni décolorée. Les cristaux de cette matière prenaient très manifeste-
ment naissance dans l'intervalle des cellules, ce qui, dit l'auteur, viendrait
à l'appui de l'opinion, que c'est à la matière intercellulaire que la produc-
tion en est due. « Quelle cause, ajoute-t-il, détermine ainsi la modification
de la matière intercellulaire dans les Fucus? ie ne vois rien qui m'empêche
d'admettre avec M. Phipson que ce soit la matière albumincuse de ces vé-
gétaux qui s'altère à l'air et agisse ainsi. »
■Ban «Ici* Atif/tiio»»»orttiiM fftêliaia iPInjUactinia guttata Lév.),
ikcltistt Ucincrkiiugea (.S7rMC^»re rfe /'Alphitomorpha guttata, arec
des remarques) ; par jM. H.-F. Bonorden [Botan. Zeit.^yi" 12, 20 mars
1857, col. 193-199, plan. IV, A).
\.\\lphitomorpha guttata se trouve ordinairement sur les feuilles du
Noisetier, toujours à leur face inférieure, à laquelle il donne deux aspects
différents. Tantôt sur le vert mat habituel de la feuille se montrent semés
beaucoup de petits points jaunes et bruns-noirs, que des filaments déliés
attachent à la feuille; tantôt la même surface foliaire est couverte d'un
feutre blanc grisâtre, sur lequel reposent ces petits corps. Dans le premier
cas le Champignon est jeune ; d'où l'on voit que c'est de ces petits corps ou
périthècesque proviennent les filaments qu'on trouve plus tard sur les feuilles,
les(|uels se montrent sous le microscope rayonnants, rameux par dicho-
tomie, munis intérieurement d'un petit nombre de cloisons transversales.
Examiné tout jeune, le périfhèce forme un globule brun grisâtre, d'aspect
granuleux, du(iuel soitent par un côté plusieurs filaments de mycélium;
plus t.ud il est brun jaune, et l'on y voit bien, surtout à sa circonférence,
les cellules arrondies (jui le constituent. Les filaments ont à leur bout de
petiis renflements par lesquels ils s'attachent aux cellules de la feuille et
pénètrent vraisemblablement dans les stomates. Plus tard, le Champignon
devient brun rouge, et de son pourtour ressortent, sur un cercle horizontal,
à des distances assez régulières, de 5 à 7 grosses cellules, d'abord globu-
leuses, qui prennent ensuite la forme de matras à long col, et qui s'inclinant
vers la feuille, forment comme un piédestal au périthèce resté fixé à la feuille
par ses premiers fils de mycélium. Mur, le périthèce f'oime un globule un
peu déprimé, à deux enveloppes, dont l'externe est dure et fragile, com-
posée de cellules arrondies, rouge brun foncé, dont l'interne est délicate et
molle, composée de cellules ovales, brun jaune, faciles a dissocier. Si l'on
comprime sous le microscope ce périthèce mûr, il en sort dans l'intervalle
lŒVUE BIBLIOGKAPlliyUfc:. 685
des grosses cellules eu nuitras, de petites cellules arrondies, lonpjuenient
pédiouU'cs, j)()ur les(|uelles l'auteur n'ose pas dire si ce sont les Sti/losporea
de M. TiilasiK'. Elles répondent pour la forme aux paraphyses desDiscomy-
eètes; elles s'altaclieni plusieurs enseniMe à de grosses cellules irrégulière-
ment ovoïdes et un |)eu renflées àeliaijue bout, (|ui partent de la membrane
interne et (|ui entourent un groupe arrondi d'ulricules situées au fond du
péritbèceet unissant aussi de sa membrane interne. Ces utrieules sont au
nombre de 6 à 8 dans ebaque péritbèee. Klles sont ovoïdes, pédieulées; elles
contiennent d'abord '2 gouttes d'iuiile entourées de plasma, et plus tard il s'y
forme 2 spores. A sa maturité le péritbèee s'ouvre du côté qui regarde la
feuille, et il en sort comme une goutte de bijuide. l'ar l'ouverture qui s'est
formée sortent les cellules pédieulées qui entouient les utrieules. Celles-ci
paraissent destinées à favoriser par leur extrême légèreté la dissémination
des spores; ainsi on les trouve souvent sur les feuilles du [Noisetier sans le
Champignon qui leur a donne naissance.
M. Bonorden a pu suivre la formation du péritbèee depuis l'origine. Il
l'a vu d'abord constitué par une seule cellule pédiculée, qui grossit ensuite
et se remplit de cellules secondai resdesquelles naissent les enveloppes; apiès
quoi il devient le petit corps globuleux qui a été décrit plus haut.
Lorsque les péritbèces d'une feuille sont développés, il en pi'ovient des
jets latéraux ; sur ceux-ci se forment encore des péritbèces qui se tiouvcnt
ensuite englobés dans le revêtement tomenteux de la feuille. Ces lilaments
sont des bypba dicbotomes, peu cloisonnés, et souvent renflés aux cloisons.
L'auteur n'a pas vu dans le mycélium les gongyles que. M. Tulasnedit
avoirété pris pour des Torula et Oïdium. Il dit cependant qu'il vient aussi
en même temps sur ces feuilles d'autres Champignons. Il admet mêmequ'un
Acrosporium favorise le développement de \' A/phitomorp/ia ; mais il diffère
d'opinion avec MM. Tulasne, de Bary, etc., quant aux différents états des
Champignons qui auraient été décrits, d'après ces observateuis, comme des
êtres distincts et séparés. II dit formellement que» la confusion (|ui règne
dans la mycologie augmentera plutôt si l'on rattache à une même espèce des
êtres différents que si on les distingue soigneusement daiis les classifica-
tions. B
BOTANIQUE DESCIUPTIVK.
Dr. Friedricli ^Vimiiicr's Flora toi» ^clilesien prcussis-
cheu uiid ocstcrreicliiscBieii Aullieils [Flore de la Silésic,
portions prussienne et autrichienne)', par le docteur Fi'éderic Wimmer.
S-^édit. 1 vol. gr. in-18 de lxxix et 665 pag. Breslau, 1857. Chez Fer-
dinand Hirt.
Cet ouvrage est assez connu pour que nous soyons dispensé d'entrer daus
686 SOCIÉTK BOTANIQL'i: DK FRANCE.
de longs détails à son sujet. Il nous suffira de signaler les changements,
plutôt de forme que de fond, qui y ont été apportés par l'auteur. La pre-
mière édition de cet ouvrage a été publiée en 18ZjO, en 1 vol, grand in-18
de xLvniet U^k pages, avec un chapitre appendiculaire sur la géographie bo-
tanique de la Silesie, et une carte de profils des montagnes de cette contrée.
I.a seconde édition date de ISiZi, et elle comprend 2 volumes grand in-18,
l'un de XLViii et 512 pages, l'autre de 225 et liv pages. Le premier con-
tient la flore proprement dite ; le second comprend plusieurs chapitres
distincts et séparés, savoir : 1° le tableau de la géographie botani |ue de la
Silésie qui formait l'appendii-e de la première édition ; 2° des instructions
pour récolter, déterminer, sécher et conserver les plantes ; 3" une histoire
de la Flore de la Silesie, c'est-à-dire l'indication de tous les ouvrages dont
elle a été l'objet ; k" un aperçu de la Flore fossile de la Silésie par M, Gœp-
pert. A ce second volume est jointe la planche de profils des montagnes
qui se trouvait déjà dans la première édition. Dans ces deux éditions les
plantes sont rangées selon l'ordre des familles établi par De Candolle.
Comparée a ces deux premières éditions, la troisième qui vient de pa-
raître présente quelques changements. D'abord les différents chapitres qui
formaient le second volume de la deuxiè;iie édition ont été supprimes et par
la l'ouvrage s'est trouvé réduit purement et simplement à sa partie descrip-
tive. Néanmoins, il a considérablement gagné en étendue, puisque celte
partie qui occupait 560 pages dans l'édition de \Skh, en remplit maintenant
77Û. Cette différence tient : 1° à des changements dans les dispositions ty-
pographiques, telle que celle qui place les noms de genres en titres au lieu
de les laisser en tète d'une ligne; 2° à un certain nombre de phrases carac-
téristiques modifiées et généralement rendues plus complètes ; 3" à des ad-
ditions, etc. Une modification de forme qui a déterminé un changement
complet dans la série des plantes, consiste dans la substitution de la série des
famillestelle qu'ellea été présentéedans le Ge/ierad'Kndlicher à l'ordre établi
par De Candolle. Mais, on voit que, comme nous le disions plus haut, a
part les suppressions de chapitres, les changements opérés dans la troisième
édition de la Flore de Silésie touchent bien plutôt à la forme qu'au fond
même de l'ouvrage.
Telle qu'est maintenant cette Flore, elle comprend : 1" une préface
de 12 pages; 2° une table des familles et des genres ; 3" un aperçu des
principes sur lesquels repose la disposition générale des familles en général,
et en particulier dans les méthodes de Jussieu, De Candolle, Kndiichef ;
il" un tableau diagnostique des classes et familles ; 5° un tableau des genres
de la Flore de Silesie airangés d'après le système de Linné et caractérisés
succinctement. Ces diverses portions constituent l'introduction. Le corps de
l'ouvrage lui-même comprend les Cryptogames vasculaires, les Monocoly-
lédons et les Dicot^léJoas. Les genres et les eipèces sont caractérisés dia-
HtVLK BmLlUCRAl'HiyUE. 087
gnostiquemcnt ; c'lia(|ue espèce est iiulif|néc par le nom ((u'adopte l'auteur,
suivi de l'autorité, sans indieatioii de sources l't sans synonymie , les lo-
calités sont signalées en détail ; parfois des observations imprimées en pe-
tits caractères sont jointes a l'histoire des espèces; plus rré(|uemn>ent la
diacinose se trouve complétée et la détermination est facilitée par l'indica-
tion dequel(|ues caractères ou par la comparaison avec les espèces voisines.
i>'ouvra«ïe de M. Wimmer est spécialement destiné aux herborisations ; ce-
pendant le volume qu'il forme aujourd'hui est moins commode pour cet
objet que les deux éditions précédentes, mais par une heureuse compensa-
tion, la rédaction et l'exécution typograpliique en ont été améliorées à plu-
sieurs éjiards.
Die GcfaessUryptofianien dcr Scli^'cîa! (Ae.s Cryptogames vas-
culairesde la Suisse); par M. Ch.-Gust. Bernoulli (1 vol. in- 8 deviii et
96 p. Bâie, 1857. Chez Schweighauser.
Dans une préface peu étendue, M. Bernoulli expiime son étonnement de
ce que dans la Flore de la Suisse, les Cryptogames sont beaucoup moins
connues que les Phanérogames. Il en voit la cause dans ce fait (|ue la plu-
part des botanistes de ce pays se sont occupés dans leurs écrits surtout
des Phanérogames. Il se propose de faire disparaître cette inégalité, autant
qu'il est en lui, pour les Cryptogames vasculaires. 38 Fougères, 9 Équisé-
tacées, 7 Lycopodiacées et 3 Rhizocarpées ont trouvé place dans son livre.
Chacune de ces plantes est l'objet d'une description et d'une synonymie
étendue, dans laquelle l'auteur s'attache principalement à la citation des
auteurs locaux. Les ligures indiquées par lui sont particulièrement celles
de Schkuhr et de VEnglish Botany; et quant aux Exsiccata, il mentionne
ceux de Thomas et de Sclileicher, comme étant limités a la Suisse, et ceux
de iM M. INestler et Mougeot, de M. Desmazières, comme renfermant plusieurs
espèces communes a la France el a la Suisse. Les variétés sont distinguées
et caractérisées avec soin ; l'indication des localités est faite très en détail.
L'auteur rapporte aussi les noms vulgaires allemands, français et italien.-;,
les usages, lorsqu'il y a lieu, etc. — Aux caractères des familles, il a joint
des considérations particulières et parfois l'anatomie. Vu un mot, ce travail
présente l'histoire des Cryptogames vasculaires de la Suisse a peu près aussi
complète qu'elle puisse l'être dans un ouvrage descriptif.
Plantes à vendre.
iM. Th. de Heidreich, directeur du jardin botanique d'Athènes, déjà connu
des botanistes par les importantes collections de plantes ({u'il a recueillies
en Asie-Mineure et en Grèce, publie en ce moment un intéressant Exsk-
688 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DR FRANCE.
cata sous le nom cV fJerbarium grœcum normale, dont le but principal est
de répandre dans les herbiers les types des plantes figurées ou décrites dans
le Floi^a (jrœca de Siblhorp et Smith, dans la Flore du Féloponèse de Boiy
et Chaubard , dans les Diagnoses plantarian orienlaliwn de M. Bois-
sier, etc. La publication comprend déjà six centuries, qui se font lemarqiier
non-seulement par le choix des espèces et la beauté des échantillons, mais
encore par le soin avec lequel sont dressées les étiquettes munies de nu-
méros d'ordre et indiquant avec exactitude tous les synonymes importants.
L'auteur de V Herbarium grœcum normale s'occupe toujours activement de
poursuivre son œuvre, et cette année une nouvelle exploration du mont Par-
nasse et du mont Valachi (Thymphreste des anciens) enrichira les pro-
chaines centuries d'un grand nombre d'espèces intéressantes.
Le prix de V Herbarium grœcum normale est de 25 francs par centurie.
M. de Heldreich offre également aux botanistes une centurie de plantes
rares de la Basse-Egypte au prix de 28 francs.
Le représentant de M. de Heldreich, h Paris, est M. Kralik, rue du
Grand-Chantier, 12.
BIBLIOGRAPHIE.
Ifiotaiiisiolic Zcituug.
Articles originaux publiés en 1857.
Karsten [H.]. — Zur Geschichte der Befruchtung der Algen (Sur l'histoire
de la fécondation des Algues) ; n° 1, 2janv., col. 1-9.
Treviranus [L.-C). — Ktwas den Uebeizug von Sehuppen bei manchen
Gewaechsen Belreffende (Quelques mots concernant la couche d'écaillés
qui revêt plusieurs végétaux); n" 2, Ojanv., col. 17-22.
Molli [Hugo von). — Untersuchungen ûber die Knlstehungsweise der Tra-
ganthgummi (Becherches sur le mode de production de la gomme adra-
gante);n'' 3, 16 janv.,col. 33-^.3.
Berg [0.]. — Uebei' die Senegawurzel (Sur la racine de Sénéga) 5 n" 6,
23janv., col. ^9-53, plan. I.
Itzigsohn [Hermann). — Vegetabilische Zelle und Sexus, eine hypothetis-
che Andeutung (Cellule végétale et sexes, explication hypothétique) ;
w" l\, 23 jaiiv., col. 53-56.
Treviranus [L.-C). — Utber das Agiahalid des Prospcr Alpinus (Sur
l'Agiahalid de Prosper Alpin) ; n° 5, 30 janv. , col. 65-67.
SckleclUendal [D.-F.-L.-V.). — Abnorme Pflanzenbildungen (Anomalies
A'égétales) ; n° 5, 30 janv., col. G7 70.
Inaisch[Th.). — Uebereinige llanunculaceen (Sur quelques Renonculacée.s);
n"' 1 et 2, 6 et 13 fev., col. 81-87, 97-lOù, plan. IL
Pmis, — Imimmerie de L. Mabtinet, rue Mignon, i.
SOCIÉTÉ BOTAINIQUE
DE FRANCE.
SKANCH DU 2(i JUIN 1857.
pniîsrDENCE DE i\r. moquin-tandox.
Reprise de la session ordinaire à Paris, au local habiliiel de la
Société.
M. Ducliartre, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la
séance du 22 mai, dont la rédaction est adoptée.
Par suite des présentations faites à Montpellier, dans la séance de
clôture de la session extraordinaire, M. le Président proclame l'ad-
mission de :
MM. Jamin (Ferdinand), horticulteur, à Bourg-la-Reine (Seine), pré.
sente par MM. Boisduval et Grœnland.
Barrandon, huissier près le Tribunal civil de Montpellier,
présenté par MM. Ed. Caron et de Schœnefeld.
M. le Président annonce en outre trois nouvelles présentations.
M. le Président rappelle à la Société la perte douloureuse qu'elle
vient de faire d'un de ses membres éminents, qui fut l'un de ses plus
zélés fondateurs, M. Graves, directeur-général de l'administration
des forêts, décédé à Paris le 5 de ce mois. — M. le Président, qui a
assisté à ses funérailles (1), a prononcé sur sa tombe, pour exprimer
les regrets de la Société, les paroles suivantes :
La Société Botanique de France vient de perdre, dans la personne de
M. Louis Graves, un de ses membres les plus distingués, un de ses conseil-
lers les plus utiles. M. Graves avait contribué puissamment à la fonder.
(i) Un grand nombre de membres de la Socio-lé (liaient alors absents de Paiis,
pour prendre part à la session extraordinaire, de Montpellier; néanmoins la .'^ociolé
a été représentée dans cette triste cérémonie par MM. Moquin-'J'andon, président ;
Puel, vice-président; Ducbartro, secrétaire; Maille, Roussel, \Veddell, eic. — A
la séance de clôture de la session de Montpellier, un hommau;e a été rendu à la
mémoire de M. Graves par M. le comte .laubert. Voyez le Bulletin, t. IV, p. GGli.
— Voyez aussi Particle nécrologique sur M. Graves, inséré au IJulleiin, 1. IV, p. 2J2.
ï. IV. ^l-'i
690 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Au nom de ses confrères, devant celte tombe encore ouverte, je viens dire
à notic ami un éternel adieu.
M. Graves avait suivi la double carrière de l'administration et de la
science. Sincèrement attaché à ses devoirs et homme consciencieux avant
tout, il ne permit jamais aux occupations entraînantes de ses loisirs d'em-
piéter sur les travaux quotidiens de son service. iMais, plein d'ardeur dans
ses recherches d'érudition ou d'observation, il leur donnait ses matinées, ses
veilles, ses dimanches. Il oubliait malheureusement l'alternance si sa-
lutaire du repos et du travail, et cet oubli devait avoir les plus funestes con-
séquences !
Géologue et ])otaniste tour à tour, notre infatigable ami variait avec une
merveilleuse facilité les sujets de ses études.
Cependant la science des végétaux, surtout dans ces dernières années,
paraissait fixer plus particulièrement son attention. Il avait formé une collec-
tion de plantes très riche, déjà distinguée parmi celles qui existent en France;
il achevait à peine la publication d'un ouvrage considérable sur la flore de
sou département; enfin il travaillait avec ardeur à une revue générale de
l'importante famille des Fougères, lorsque la mort est venue interrompre
ses travaux.
JNos confrères n'oublieront jamais lesconnaissances étendues de M. Graves,
la sûreté de son coup-d'œil, l'impartialité de ses appréciations, la modestie
de son langage et sou obligeance à toute épreuve. Esprit juste et solide,
cœur bienveillant et affectueux, M. Graves devait avoir des amis nombreux
et dévoués.
C'était un homme de bien, dans toute la vérité de l'expression. Il est allé
recevoir sa récompense et il doit être heureux Pensées consolantes, au
milieu de la douleur qui nous accable!..
Dons faits à la Société:
1° De la part de M. Ch. Naudin :
Nouvelles recherches sur les caractères spécifiques et les variétés des
plantes du genre Cucurbita.
2" De la part de M. Ricard, de Monlpellicr :
Mémoires de la section de médecine de l'Académie des sciences de
Montpellier, livraison de 1853 {contenant le Floi'ula Juvenalis de
M. Godron).
3" De la part de M. Verlot, de Grenoble :
Catalogue des plantes cultivées au Jardin botanique de la ville de Gre-
noble en 18 50.
•
. SÉANCE DU 26 JLIN 18Ô7. ()91
û" Do la pari de M. Eltore Cœli :
Notice nécrologique sur M. Giovanni de Brignoli di Drunnhuff.
5" Mémoires de la Société académique d'Angers, n" 1.
Ilevue des Sociétés savantes, jauvier 1857.
6» En échatigo du Bulletin de la Société :
Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture, numéros
d'avril et mai 1857.
L'/tn^litut, mai et juin 1857, cinq numéros.
M. de Schœnefeld, vice-secrétaire, donne lecture de la commu-
nication suivante adressée à la Société :
DU BOIS D'IF , CONSIDÉRÉ COMME OBJET D'UN COMMERCE IMPORTANT AU XV SIÈCLE,
lai m. le haron de 9IKLICOCQ.
(Lillo, juin 1857.)
De nos Jours, rif [Taxus baccata L.), dont l'illustre Aug.-Pyr. De
Candolle a parlé dans sa Physiologie végétale (1), et que M. Alph. De
Candolle range parmi les arbres qui occupent la circonférence du cercle
arctique, ou au moins les deux tieis (2), n'est plus cultivé que comme
arbre d'agrément. Il est vrai que M. A. Murray nous apprend que les
sauvages de la Californie emploient pour leurs arcs le bois très élastique
du Taxus Lindleyana A. Murr., grand arbre dont les brancbes sont ex-
trêmement longues et pendantes (3).
J'étais loin de penser que les sauvages ci-dessus mentionnés eussent em-
prunté cet usage à notre vieille Kurope, et, toutefois, les registres de la re-
cette générale des ducs de Bourgogne, conservés aujourd'hui aux archives
générales du Nord, nous font connaitie que les arcs et les arbalètes que les
dues de Bourgogne fournissaient à leurs arbalétiiers et à leurs archers, si
nombreux alors dans les armées, étaient de bois d'If, amené à grands frais
de la Roumélie et du Portugal.
Qu'il nous suffise d'emprunter à ces curieux recueils quelques cita-
tions.
En 1430, le comptable nous apprend qu'une douzaine d'arcs de bois de
Bommenic et de Prusse, a coûté xiiii s. En Mi'ih, il nous dit qu'une ar-
balète ù'ist, garnie de signolks, a été payée l s. Entrant, l'année suivante,
(1) t^agelOOl.
(2) Géographie botanique, p. ô30.
(3) Bulletin de la Société Botanique de France, l. If, p. 20/i.
692 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANGE.
dans de plus amples détails, il nous déclare qu'il a fait venir pour les
troupes du duc cccccxxv basions de Rommenie, à xviii d. pièce.
Il est inutile de répéter ici les dépenses portées , chaque année ,
en compte à ce sujet : qu'il nous suffise de faire remarquer que, en
IhWx, unze cens quartiers de bois d'If de Rommenie, pour faii-e arcs à
main, reviennent, a raison de xxviu 1. nit s. le cent, à cccx 1. un s.;
((ue, trois ans après, le duc fait venir des pays de pardeça v m. quartiers
de bois d'If, pour faire arcs à main ; qu'en \UhS^ enfin, le roi de Portugal
lui en envole ini m. tx c, quartiers (1). — Les flèches de guerre de la
grande sorte et de fjois mit, de neuf palmes de long, chirées à la main
et enipenées, coûtaient nu s. vi d. la douzaine.
M. Haillon fait à la Société la conimuiiication suivanle :
1»E L'UERMAPHRODITISME ACCIDENTEL CHEZ LES EUPHORBIACÉES, par M. II. B/%ILLO^.
Les expériences entreprises dans le but d'élucider les questions de fécon-
dation demandent de grandes précautions, lorsqu'on opère sui- des fleurs de
très petites dimensions. Une cause d'erreur sur laquelle on a souvent in-
sisté est la monœcie accidentelle. Fréquemment, sur un pied femelle, on
voit apparaître une ou plusieurs fleurs mâles; j'ai eu occasion d'en signaler
à la Société des exemples assez inattendus. ,!e l'entretiendrai aujourd'liui
d'une autre cause d'erreur, contre laquelle il est plus difficile, en géné-
ral, de se mettre en garde; il s'agit de l'hermaphroditisme accidentel chez
des plantes à fleurs monoïques ou dioïques. .l'en ai observé bien des cas
chez les Kuphorhiacées, qui m'occupent spécialement pour le moment, et
je puis dire qu'il n'y a guère uu type, dans cette intéressante famille, qui
n'en ait présenté un ou plusieurs exemples.
11 ulait d'abord naturel d'étudier attentivement la fleur femelle des Ku-
phorhiacées qui possèdent des staminodes au pied du gynécée. Parfois de
petites glandes ont été prises pour uu disque hypogyne, (|ui n'étaient en
réalité que des élamines non développées. Le Crozophora tinctoria est dans
ce cas. Cinq étamines apparaissent sur son réceptacle, après les pétales et
dans leur intervalle 5 elles demeurent à l'état de staminodes et ressemblent
à un disque glanduleux. Mais il peut arriver qu'elles prennent un dévelop-
pement anormal et l'on a alors une véritable anthère contenant du pollen,
implantée à la base de l'ovaire, comme j'en ai rencontré et figuré des
exenq)les.
Il faudra donc se prémunir avec grand soin contre cette cause d'illusions,
si l'on veut faire des expériences concluantes a l'aide du Crozophora.
Celies-ci semblent très faciles au premier abord ; une grappe assez allon-
(1) Voy. M. lecoinlc de La F>orde, Le& ducs de Bonrcjognt\ t. T, p. .'392.
# SÉANCE DU 26 jiiN 1857. 693
gée porte à sa base qiu'lques fleurs femelles; le sommet en est occup;' par
des mâles. Celui-ci une Ibis enlevé, on pourrait croire qu'où n'aura plus
affaire qu'à des pistils, niais une étamine peut demeurer caeliée par le pc-
rianthede la fleur i'emelle.
Dans la fleur précédente, on pouvait en ([uelque façon s'attendre à ren-
contrer lot ou tard une étamine fertile à la base du pistil -, on ne s'y atten-
drait guère dans les fleurs o\i l'on sait que les organes glanduleux qui en-
tourent le gynécée sont réellement des expansions tardives de l'axe et
n'appartiennent pas à l'androcée, où il n'y a pas, en un mot, de staminodes.
Aussi a-t-on pu accueillir avec doute les assertions de Jacquin et de î'\)i-
ster, qui ont vu des fleurs d'Euphorbiacées berraaphrodites dans la section
des Phyllantbées. (j'est ainsi que Forster a décrit un Brei/nia comme pou-
vant avoir des fleurs iniisexuées ou hermaphrodites; que .lacquin a non-
seulement décrit, mais encore représenté un (^cca, son PhijUanthm longi-
folius, avec des fleurs polygames. Les observations que j'ai eu l'occasion de
faire me portent à admettre complètement ces faits; ils sont loin d'élre
rares.
La fleur femelle du Ricin n'a aucun appendice à la base de son pistil ; la
Heur mâle n'a normalement aucun vestige de gynécée. Cependant, je pré-
sente ici quatre fleurs de Ricin, recueillies dans l'école de botanique du
Muséum, qui ont, avec une cinquantaine d'anthères parfaitement dévelop-
pées, un pistil central à trois loges contenant chacune une foraine déjà
fécondée et en voie de maturation. J'ajouterai que ces fleurs, recueillies en
1856, n'étaient pas une rareté ; il y en avait une quarantaine sur un
même pied ; d'autres personnes ont pu en recueillir. Toutes ont remarqué
qu'il fallait quelque attention pour distinguer ces fleurs hermaphrodites des
fleurs mâles qui les entouraient.
Il n'y a pas normalement de staminodes dans le Conceveiba macrophylla
Kl., que le Muséum a reçu de l'herbier de Berlin. Cependant, sur cet échan-
tillon en assez mauvais état, où il ne reste que quelques fleurs femelles, en
voici une qui porte au pied de son ovaire une anthère parfaitement déve-
loppée. J'en dirai autant d'un échantillon â' Aparisthmiwn provenant de
l'herbier de Labillardière. Beaucoup de fleurs y sont hermaphrodites, celle-
ci avec une étamine, celle-là avec deux; il n'y en a que trois ou quatre
dans la fleur mâle normale (herb. Delessert).
L'herbier du Muséum possède deux échantillons du Cluijtia semperflo-
rem Roxb., envoyés par Wallich lui-même (Coll. Bonite n° 501). Les fleurs
femelles y sont peu nombreuses, deux ou trois sont hermaphrodites. L'une
d'entre elles a six sépales, un ovaire à deux loges, et entre ces loges une
étamine hypogyne à anthère pleine de pollen. Une autre, au lieu de six
divisions au calice, n'en a que trois, les trois extérieures ; les intérieures
sont remplacées par trois étamines parfaitement développées et dont per-
OQ/i SOCIÉTÉ BOTANIQUE l)K FK.VNCÊ. |P
sonne cependant n'aurait pu soupeonnci- l'existence sans une dissection
attentive.
C'est aussi un caractère des vrais >Vo^//<?m d'avoir un ovaire parfaite-
ment nu à la base ; normalement il n'y a trace ni de glandes, ni de stami-
nodes. Dans une espèce que je ne crois pas décrite et qui a été rapportée
de la Nouvelle-llollaiide par IM. Leiciiard, j'ai trouvé et j'ai fait repré-
senter une fleur femelle qui a autour de son ovaire une trentaine d'éta-
mines, dont les anthères sont pleines de pollen et en ont répandu une
partie.
Le fait suivant appartient à une fleur de Mercurialis annua qui est
entre mes mains. C'est une fleur femelle à pistil bien développé, à la base
duquel il y a sept ou huit étamines ; elles sont toutes fertiles. Leur pollen
a été examiné à l'état frais ; il était normal, entièrement formé. Je signa-
lerai ici, en passant, un fait assez probant : cette fleur, outre ses étamines,
contient les deux grands filets cellulaires qu'on a jusqu'ici regardés comme
des staminodes et qui ne sont, en réalité, qu'un disque glanduleux déforme
assez particulière. Avec un développement d'anthères anormal, on en aurait
sans doute trouvé au sommet de ces organes, s'ils eussent appartenu à
l'androcée; ils n'en portent pas trace. Ainsi les Mercuriales qui, naturelle-
ment dioïques, peuvent être et sont souvent monoïques, sont encore parfois
hermaphrodites, et l'examen de la fleur que je possède suffit pour démon-
trer ([u'il est impossible d'en voir les étamines, si elle n'est séparée de la
plante et placée sous la loupe montée, pour être analysée avec soin.
Après l'exposé de ces faits, qui me semblent significatifs, il ne me parait
pas inutile de dire quelques mots de la forme et de la direction de ces éta-
mines anormales, pour les personnes qui attachent aces caractères quelque
importance. Un fait général, qui frappera tous ceux qui se livreront à
ces observations, c'est que les anthères anormales dont il s'agit présentent
rarement la forme des anthères normales. Ainsi, dans le Ricin, les anthères
sont naturellementextrorses ; dans les Ricins hermaphrodites que j'ai étudiés,
elles sont tournées tantôt en dedans, tantôt en dehors. J'en ai fait représenter
une qui n'a qu'une loge, ((uand elle devrait en avoir deux ; une autre, qui ap-
partient à la même fleur, a deux loges au delà desquelles le connectif se pro-
longe en une lanière velue qui a bien douze ou quinze fois la longueur de
l'anthère elle-même, bien que, dans l'état normal, le connectif ne dépasse
guère le sommet des deux loges.
])ans le Cluytia semperjlorens, les anthères sont extrorses quand elles
émettent leur pollen, mais dans leur jeune âge elles sont au contraire in-
trorses. Les anthères anormales que j'ai sous les yeux sont déjà ouvertes;
elles so)it introrses. Les anthères normales ont un connectif légèrement
apiculé ; là où est cette saillie dans ra\ulrocée naturel, je trouve .sur une
petite étaminc, d'ailleurs bien développée, une dépression assez marquée.
SÉANCE DU 26 JUIN 1857. 695
Toutes les anthères uormales du Ilottkra de M. Leichard sont introrses ;
elles ont un connectif aigu, presque aussi long que l'anthère elle-même.
La présenee de cette pointe est un caractère dont on a même tiré parli, dans
ces derniers temps, pour Ci'éer dans le genre une section spéciale. Le carac-
tère a disparu dans la fleur hermaphrodite que j'ai fait graver. Là, au con-
traire, toutes les loges dépassent de heaucoup leur connectif qui est obtus;
de plus," ces loges sont tournées en dehors, leur ligne de déhiscence regarde
les divisions du calice.
Dans la Mercuriale hermaphrodite, les anthères sont généralement à
deux loges, mais il peut n'y en avoir qu'une, et l'insertion de cette loge sur
le filet peut différer de l'insertion normale.
J'avais depuis quelque temps réuni ces faits, quand, en étudiant les
fleurs femelles du Cœlebogijne itkifolia qui vient de fleurir dans les serres
du Muséum, j'ai rencontré dans l'une d'elles un organe queje mets sous les
yeux des membres de la Société, et que je pense, sans pouvoir l'affirmer,
être une étamine anormalement développée dans l'intérieur de la fleur fe-
melle. Cette fleur avait un calice à six divisions, dont trois extérieures et
trois intérieures alternant avec les premières. Au centre se trouvait un
pistil bien développé, avec un ovule dans chacune de ses trois loges. Au
pied de ce pistil était cet organe, dont la forme est celle-ci : un pédicelle
grêle, étroit, s'élargissant ensuite pour supporter deux corps arrondis dont
l'ensemble constituerait pour moi une anthère cordiforrae ; sur les bords se
voit un sillon longitudinal qui occupe toute la hauteur de ces lobes latéraux,
et du sommet de l'intervalle qui les sépare s'élève une petite bandelette
étroite, assez longue, couverte de petits poils simples. La position latérale
des deux corps que j'incline à regarder comme des loges, les fait ressembler
beaucoup aux glandes que l'on trouve à la base de quelques-uns des sé-
pales et des bractées de l'inflorescence, et pourrait faire penser que l'on a
affaire ici à un sépale place au pied de l'ovaire, plus intérieur et beaucoup
plus petit que les sépales normaux. Je ne le pense pas, parce que ces glandes
latérales n'ont pas, comme les lobes de cet organe, un sillon longitudinal
sur toute leur hauteur; parce que les glandes des bractées n'ont pas l'aspect
finement mamelonné de ces lobes latéraux ; parce que les glandes des
bractées ne sont pas encore développées sur ces bractées, quand celles-ci
n'ont que la taille du corps queje présente à la Société; et parce que l'on
ne peut faire sortir de ces glandes latérales les corpuscules que la pression
a tirés de ce qui représenterait les loges de l'anthère. On ne peut cependant
affirmer que ceux-ci soient des grains polliniques; s'il s'agit d'une éta-
mine, elle est encore peu développée.
3L Ducharlre est d'avis (jac l'observalioii laite par 3L Bâillon
semble mettre sur la voie de la solution de la ililliculté présentée par
69() SOCIÉTÉ BOTANIQUK DH FRANCK. ^
le Cœkbogyne,^ mais ne la résont pas complètement. Il rappelle que
M. Raillkorer, qui a examiné celte plante avec grand soin, n'a trouvé
aucune trace de boyau pollinique dans des ovules dont l'embryon
était (Ml voie de développement.
M. Ijaillon fuit remarquer (ju'à Paris du moins, les Ileurs du Cœle-
bogi/ne ne sont pas fertiles. Elles tombent peu de temps après
l'anllièse.
]\1. Chatin rappelle que lorsque, en décembre dernier, on a dis-
cuté dans le sein de la Société la ([uestion de la parlliénogénésie, il
a pris la parole pour constater que le Cœlebogyne était le seul
exemple avéré de développement d'embryon végétal sans fécondation ;
car, dans toutes les autres plantes dioïques, on a trouvé des étamines
sur les pieds femelles qui semblaient fructifier sans le concours du
mâle. Aujourd'bui la découverte d'une étamine cliez le Cœlebogyne
ferait tomber le seul exemple qui milite en faveur de la parlhénogé-
nésie. M, Chatin ne pense pas que l'observation de M. Radlkofer soit
concluante, car un embryon peut se développer jusqu'à un certain
point sans que l'on puisse constater la présence de boyaux polli-
niques.
M. Germain de Saint-Pierre fait remarquer qu'il est des fruits,
tels que les poires par exemple, qui peuvent mûrir en apparence
sans avoir été fécondés et sans contenir de graines fertiles.
M. Cosson ajoute que les Salir, hippophaëfolia et imdulata, qui
ne sont représentés aux environs de Paris que par des individus
femelles, développent d'abord leurs ovaires de la même manière
que s'ils avaient été fécondés, mais qu'après avoir acquis le volume
à peu près normal ces ovaires ne tardent pas à se flétrir et à tomber.
M. 3Iûquin-Tandon dit que pendant deux ans il a séquestré des
pieds femelles d'Epinard. Deux ou trois fois il a obtenu des fruits,
mais un(î observation attentive lui a fait découvrir sur ces pieds fe-
melles (juelques étamines; plusieurs Heurs étaient ainsi devenues
bermaphrodites. Comme exemple d'un phénomène inverse, 3L Mo-
quin-Tandon cite le Blitiim Bonus Henricus , dont les fleurs
supérieures deviennent fréquemment femelles par suite de l'avorte-
ment des étamines.
M. Germain de Saint-Pierre fait à la Société la communication
suivant»' :
sÉANCK DU 56 ivis 1857. 697
GËI'.MINATION DU DIOSCOHEA BATATAS COMPARER A CELLE DU TA.MIJS COMMIJNIS ET
DK VASl'ARAGUS OFl'ICmALIS, par M. K. 4;f:iSiraitlI\ IHi $»AII\T-l*IF:itKI;;.
.l'ai eu riionneur de présenter à la Société (séance du 22 février 1856)
une étude sur le mode de végétation du Dioscorea Batatas (1). Le but de cette
étude était de déterminer la nature de la partie souterraine et cliarnue de
celte plante. Je crois avoir démontré que cette partie n'est point, comme ou
l'avait pensé, une tige souterraine ou rhizome, mais une véritable racine.
Il manquait à cette étude l'examen de la plante à l'époque de I<i germina-
tion ; je suis heureux de me trouver aujourd'hui en mesure de remplir cette
lacune.
M. Hardy, directeur de la pépinière centrale du gouvernement , à
Alger, a eu l'obligeance de partager avec moi et de m'envoyer quelques
graines qu'il avait obtenues du seul pied femelle de Dioscorea qui fût
coiuiu dans nos cultures d'Europe ou d'Afrique. Deux de ces graines ont
germé dans mou jardin (au Bessay, Nièvre), pendant le mois d'août 1856,
et j'ai pu suivre le développement de cette intéressante germination. Mal-
heui-eusement les jeunes plantes, retirées plusieurs fois de la terre pour être
examinées, ont péii malgré mes soins, avant d'avoir atteint le développe-
ment qui correspond à la période de la première année de végétation.
.l'ai dit que dans le Dioscorea Batatas, comme dans le Tanius cotnmunis,
la partie souterraine charnue est une véritable racine, mais je n'ai pas assez
insisté sur les l'apports et les dissemblances qui existent entre les curieux
modes de végétation des genres Dioscorea et Tamus. Je vais le faire, en
considérant les plantes à partir de la première période de leur germina-
tion.
Dans le Tamas communis^ la graine est globuleuse; dans le Dioscorea
Batatas, elle est déprimée et entourée d'une aile membraneuse très ample ;
les relations entre le périsperme et l'embryon sont à peu près les mêmes.
Dans le Tamus, la feuille cotylédonaire (dont le limbe, comme chez le
Dioscorea^ reste engagé dans le périsperme) se prolonge en une radicule
courte, qui n'est susceptible ni de s'allonger, ni de croître; cette radicule
ne tarde pas a être perforée de haut en bas et transformée en une véritable
colcorliize par une seconde racine émise par la seconde feuille ; cette seconde
feuille est semblable, par sa forme, à celles qui doivent la suivre; elle
est pétioiée et terminée par un limbe foliacé. La racine de cette feuille,
qui perfore la première racine et en fait une coléorhize, est de forme glo-
buleuse, et d'abord du volume de la graine elle-même ; en grossissant
elle déchire latéralement la coléorhize; un mois plus tard elle a acquis le
volume d'une noisette et présente déjà la forme qu'elle doit conserver, plus
(1) Voyez le BuUeliu, t. ill, p. 108. \;
698 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
OU moins, pendant toute la vie de la plante. Des racines filiformes se déve-
loppent en même temps, d'abord au niveau du collet, puis sur tous les points
de la racine ovoïde charnue.
Dans le Dioscorea Batatus, la racine émise par la feuille cotylédonaire
se prolonge elle-même en une longue fibre filiforme (comme dans le genre
Asparcujus, dont j'ai suivi également la germination); cette racine primor-
diale n'est pas, par conséquent, convertie en coléorhize. La deuxième feuille
(qui, comme dans le Tarniis, est une feuille foliacée) se prolonge eu une
racine qui se fraie obliquement un passage, en déchirant latéralement la
gaine de la feuille cotylédonaire qui lui constitue une fausse coléorhize. —
Dans le genre Asparagus, la gaîne de la feuille cotylédonaire renferme un
bourgeon composé de plusieurs feuilles squamiforraes qui sont bientôt sé-
parées entre elles par des entre-nœuds allongés : des racines secondaires
naissent à la base de la racine primordiale, et il n'existe ni vraie ni fausse
coléorhize.
Dans le Tamus communis et dans le Dioscorea Batatas, la racine ou les
racirics principales sont charnues et ont une tendance à se terminer par
une extrémité obtuse ou renflée ; elles sont garnies de fibres radicales fili-
formes. (Dans le genre Asparagus toutes les racines sont insensiblement
terminées en pointe effilée, et n'ont aucune tendance à se renfler à l'ex-
trémité.)
La racine charnue du Tamus communis \ege\e et grossit lentement et in-
définiment, et dure aussi longtemps que la plante elle-même, c'est-à-dire
un nombre d'années indéterminé, comme chez les autres végétaux à ra-
cine pivotante vivace. Cette racine, d'abord ovoïde, devient plus ou moins
rameuse ; les extrémités de ses divisions, qui sont presque cylindriques,
sont plutôt obtuses que renflées en massue. Chaque année les tiges se dé-
truisent après la maturité des fruits, et sont remplacées Tannée suivante par
des tiges nouvelles.
La racine du Dioscorea Batatas ne dure qu'une année : cette racine
s'épuise à mesure que les tiges achèvent de mûrir leurs fruits, et meurt
avec les tiges; mais une ou plusieurs racines latérales nouvelles se sont
développées pendant le cours de la même année, et le développement
de ces racines est tellement rapide que leur volume est plus considérable
que celui de la racine précédente. La racine et ses divisions sont souvent
renflées en massue ; quelquefois elles sont cylindriques, obtuses. Cette
racine ne reste adhérente à aucun fragment vivant du collet de la
tige détruite : c'est vers sa partie supérieure, dans le voisinage de la cica-
trice de la tige détruite, que naissent des bourgeons adventifs qui produisent
les tiges de l'année suivante.
La partie souterraine charnue, dans le 7'«»m.s comme dans le Dioscorea,
est donc un? racine; mais la racine du Tamus est vivace et sa croissance
SÉANCE DU 26 JUIN 1857. 099
est lente, tandis (luc la racine du Dioscorea est annuelle ou, pour parler
plus exactement, monocarpienne (puisque, née une première année, elle ne
s'épuise que l'année suivante avec la tige qu'elle a produite), et son renou-
vellement est rapide. — Dans le Tamus, c'est la même racine qui végète
indéliniment ; dans le Dioscorea, ce sont des générations de racines,
émettant des bourgeons adventifs, qui se succèdent ; ces racines succes-
sives ne sont pas des divisions les unes des autres, elles naissent chaque
année de la base de la tige avant sa destruction : ce sont des racines
adventives. — Si le Dioscorea Batatas cultivé demande plusieurs années
de culture pour fournir des racines assez volumineuses pour la con-
sommation, ce n'est donc pas parce que ses racines grossissent pendant
ce laps de temps, mais parce qu'elles sont remplacées chaque année par
des racines de plus en plus volumineuses ; la racine de l'année précédente
se vide et se détruit en quelque sorte au profit de la racine nouvelle.
Enfin, le Tamus présente, lors de sa germination, une véritable coléo-
rhize et le Dioscorea n'offre qu'une fausse coléorhize, c'est-à-dire que chez
le premier la racine cotyiédonaire est perforée et convertie en gaine, et que
chez le second elle s'allonge en véritable racine. Cette différence essen-
tielle dans la structure de la racine primordiale ne me parait pas liée
d'une manière essentielle avec les caractères de la racine pendant les
périodes ultérieures de la végétation. Dans la famille des Graminées,
par exemple, j'ai démontré que le Riz [Oryza) ne présente qu'une
fausse coléorhize ; que la plupart des genres de la famille offrent au
contraire une véritable coléorhize [Triticum, Avena, etc.) ; que le Maïs
présente une véritable coléorhize et de plus une fausse coléorhize; et que
ces différences de structure, pendant la période germinative, ne paraissent
pas influer sur le mode ultérieur de la végétation, puisque, dans les espèces
coléorhizées, tous les modes de végétation propres à la famille peuvent
être rencontrés.
M. Duchartre rappelle que, dans une noie publiée clans le tome
premier (page 201) du Bulletin de la Société, il avait émis, au sujet
des tubercules du Dioscorea Batatas, une opinion semblable à celle
que M. Germain de Saint-Pierre vient d'exposer.
M. Germain de Saint-Pierre répond qu'il a cru devoir donner les
détails qui précèdent, parce que, dans des travaux récents, il a vu
encore la racine du Dioscorea Batatas considérée comme un rhi-
zome ou un tubercule.
M. Duchartre fait à la Société la communication suivante :
700 SOCIÉTÉ BOTAiMQUE DE FKANCE.
NOTE SUR LA VITALITÉ DES PAHTIE5 SOUTERRAINES DU DIOSCOREÀ BATATAS Dci\e,
par M. P. DLiUAKTRE.
Le 1" juillet 1856, M. Fr. Delessert reçut d'un de ses correspondants de
Shanghaï, en Chine, un envoi considérable de tubercules qui paraissent
avoir dans ce pays une haute importance comme aliments. Une portion de
cet envoi consistait en tubercules ou, plus exactement, en tronçons de tu-
bercules d'Iguame-Patate, auxquels se trouvaient entremêlées des produc-
tions particulières qui n'ont pas été observées, du moins à ma connaissance,
sur les pieds de cette plante cultivés en France, et qui constituaient des
rhizomes longs de 10 à 20 centimètres, épais au plus de 1 centimètre, assez
irréguliers et parfois rameux. M. Delessert eut l'obligeance de me donner
un de ces rhizomes et deux fragments de tubercules qui n'avaient guère que
25 à 27 millimètres dans leur plus grande épaisseur. J'essayai sur ces frag-
ments de tubercules une expérience qui ne réussit pas. Je les coupai en
morceaux, de longueurs variées, depuis 2 jusqu'à 8 et 10 centimètres, que
je plantai, le 7 juillet, dans une plate-bande de terre légère, le long d'un mur,
à l'exposition du sud , malheureusement sans avoir eu la précaution d'en
laisser séclier à l'air les deux sections. Le 1"^ août, j'examinai tous ces pe-
tits tronçons et je ne trouvai plus en bon état que les U qui étaient longs de
plusieurs centimètres. Ceux-ci commençaient a végéter; mais l'arrachage
et l'examen que j'en fis suffirent pour arrêter leur végétation à son début,
car, remis en terre peu de temps après, ils ne donnèrent aucune production
visible. Aussi ne lurent-ils plus l'objet d'aucune attention et furent-ils
laissés en terre tout Ihiver sans le moindre abri. Cependant, cette année,
au mois de mai, la terre qui les renfermait ayant été labourée, j'ai été
surpris d'y trouver l'un de ces morceaux de tubercules parfaitement sain
et en aussi bon état qu'au moment de la plantation. J'ai même lieu de
croire que celui-là n'était pas le seul qui se fût conservé, car cette observa-
tion m'ayant donné l'éveil, j'examinai avec attention la terre de la plate-bande
et j'y retrouvai plusieurs petits nîorceaux des autres fragments que l'outil
avait brisés et dont le tissu était également en très bon état.
Ainsi, ce fragment de tubercule d'Igname-Patate, long seulement de
8 centimètres, tronqué à ses deux extrémités, qui provenait nécessairement
de la récolte de 1855, se trouvait encore en très bon état au moisde mai 1857,
bien qu'il fût resté dans la terre sans abri, pendant l'automne, l'hiver et la
moitié du printemps derniers, et que le tubercule auejuel il avait appartenu
fût arrivé de Chine par la longue voie du Cap de Bonne-Espérance, sim-
plement enfermé dans un tonneau avec de la terre.
11 serait difficile, je crois, de citer des exemples d'une si longue conserva-
tion de tubercules féculents, dans des conditions pareilles.
Un fait plus curieux encorf, à mon avis, est celui que j'ai observé 6Ui' le
SKANCK 1)1' '-^O .ll'IN 1857. 701
rhizome dont j'ai pnrk' plus haut. Celui-ci formait comme un fragment de
tige un peucliarnuc, longue d'environ 15 centimètroa, d'une épaisseur a peu
près égale à celle du petit doigt, un peu comprimée latéralement, llexueuse,
tronquée en arrière, intacte en avant, divisée presque dès sa hase en deux
branches peu inégales. Je me proposais d'en étudier la structure anatomique
et, dansée hut, Je ne le mis pas en terre, mais je le plaçai simplement sur
une tablette dans une chambre. D'autres travaux me l'ayant fait oublier, il
est resté là pendant près d'un an. Au commencement de ce mois, le hasard
me l'ayant fait remarquer, J'ai été surpris de voir à l'exlrémilé d'une de
ses deux branches, un petit bourgeon en bon état, qui paraissait même
disposé à s'ouvrir, .le l'ai planté peu de temps après et bientôt J'ai vu sortir
déterre une tige vigoureuse qu'une autre a suivie peu après (1).
Ainsi r Igname-Patate, outre qu'elle possède une remarquable facilité de
multiplication par ses tubercules coupés en morceaux, puisque de simples
morceaux longs de 1 à 2 centimètres donnent de nouveaux pieds, lorsqu'ils
sont traités convenablement, peut conserver encore , même en terre, et
pendant deux années, la vitalité de ses tubercules, plus généralement de
ses parties souterraines. Elle l'emporte donc, sous ce rapport, sur la géné-
ralité de nos plantes alimentaires ù tubercules, notamment sur la Pomme
de terre et la Patate. Il est permis de penser que ces deux facultés avanta-
geuses, jointes à la facilité avec laquelle ses tubercules se conservent d'une
année ta l'autre sans pousser ni s'altérer, la rendront doublement précieuse,
si jamais elle prend décidément, dans nos pays, le rang qui semble lui
revenir parmi les végétaux cultivés en grand pour servir à l'alimentation.
M. Moqiiin-Tandon dit à celle occasion que quelques-uns des tu-
bercules envoyés dernièrement à la Société d'acclimatation par 31. de
Monligny ont levé au jardin de la Faculté de médecine bien qu'ils
fussent très avariés. Un tubercule à cbair rouge a produit un Bios-
corea qui paraît être le B. alata.
M. de Scbœnefeld reproduit l'annonce faite à la session extraor-
dinaire de Monlpellier par M. Durieu de Maisonneuve, au sujet de la
(1) Un mois seulemenl après la plantation, la première tige s'élevait à l^.TO de
hauteur, et son accroissement s'opérait avec une telle rapidité, qu'en un seul jour,
le 1l\ juin, je l'ai vue s'allonger de 12 centimètres, de luiit heures du matin à six
heures du soir, ce (|ai donne un accroissement de VI millimètres par heure. Dans
le cours de Pété, il s'est produit ainsi un pied vigoureux, analogue à ceux qu'on
ol)tient liabituellenicnt dans les jardins, qui s'est beaucoup ramifié après s'être
élevé à plus de 3 mètres de hauteur, qui a produit une assez grande quantité de
Inilbilles axillaires, mais qui n'a pas fleuri. {Note communiquée par M. Duchartre
('« moment ilf l'impression, en novembre 1857.)
702 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
publication du Prodromiis Lichenoyraphiœ Galllœ et Algcriœ de
M. Nylander.
M. de Schœnefeld présente ensuite à la Société une touffe encore
vivante de Corallorhiza innata.
Cette Orchidée fort rare a été trouvée par MM. le comte Jauhert,
Grœnland, Vigineix et de Schœnefeld, le 21 de ce mois, près du Villard-
de-Lans (Isère), dans uu bois de sapins où elle était abondante. Dans le
même bois se trouvaient aussi les Listera cordata, Goodyera repens,
Cypripedium Calceolus, Pyrola minor, secunda et imiflora, et l'on y ren-
contre même, dit-on, dans une saison plus avancée de l'année, V Epipogium
Gmelini. — M. de Scliœnefeld fait remarquer, autour des organes sou-
terrains du Corallorhiza, la présence d'un mycélium de Champignon, déjà
constatée par M. Prillieux sur les racines de plusieurs autres plantes de la
même famille.
M. Cosson ajoute les observations suivantes :
Mon ami ]>!. de Schœnefeld ayant eu l'obligeance de me communiquer
des échantillons vivants du Corallorhiza innata, je me suis empressé, avant
de les soumettre à la dessiccation, d'en étudier les fleurs, que les auteurs
paraissent avoir eu rarement l'occasion d'examiner sur le vivant; et, ayant
été à même de constater quelques inexactitudes dans les descriptions qui eu
sont données par plusieurs auteurs modernes (1), entre autres par End-
licher [Gen. plant, n. 1339) et par MM. Grenier et Godron {FI. Fr. HT,
27^), je crois devoir communiquer à la Société la phrase descriptive sui-
vante :
Perianthii foliota arcuato-subconniventia ; exteriora linearia, pallide
lutt'olo-virentia , médium cum duobus interioribus connivens, latoralia
cum labello dcflexo-patentia; duo interiora subconcoloria, intus purpureo-
striata vel maculata, hreviora, latiora, oblongo-lanceolala, approximato-
conniventia; labellum lacteum, purpureo-striato-maculatum, perianthii
foliolis exteriorihus brevius, a columna distinclura, ecalcaratum, païens,
a basi cuneata oblongum, supra partem inferiorem marginibus antrorsum
prominulis quasi subtrilobum ibiijue bicallosum callis ohlongis prominulis
purpureo-maculatis, (in spociminihus suppetentibus) apice intcgrum vel
emarginatum.
(1) D'aulres auteurs, tels que Cl. j'.icliard {Orch. Europ. 53) et M. 11. G. Rei-
chenbach [Tent. Orchidogr. Europ. in fc. //. Gcrm. et Uclv. 159), ont décrit avec
plus d'exactitude la fleur du C. innata.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
Bci'iclit iilici* «lie Tcrliaiidliiugcu ticr ljotnni!>«'licu §ek-
lioii «Ici' 33 l^crisaiiiniliiiig- «Icutsclier ]%'atiii*l'oi*Kc*licr
«iu«l Acr*tc [Compte-rendu des travaux de la section hotanujae du
^ù^^congrès des naturalistes et médecins allemands) ; par M. Rob. Caspary
[Dotan. Zcit., n"' lik et 45, 30 octobre et 6 novembre 1857, col. Ik9-
11^, 784-792).
Le 33"" congrès des naturalistes et médecins allemands a eu lieu à Bonn,
du 18 au 2^ septembre dernier. La section botanique comptait 52 mem-
bres, à peu près tous Allemands, parmi lesquels cependant la France comp-
tait deux représentants : MM. W.-P. Schimper, de Strasbourg, M. Pril-
lieuXjde Paris. Elle a eu successivement pour présidents IMiM. de Siebold,
Al. Brauu, Naegeli, W.-P. Schimper et George Engelmanu. Elle a choisi
pour son secrétaire permanent M. Caspary, à qui est due la rédaction du
compte-rendu que nous traduirons en l'abrégeant.
Séance du 19 septeml)re. — Présidence de M. de Sieeold.
1. Sur les vaisseaux vitaux (laticifères) ; par M. C.-H. Schultz-Schult-
zenstein. — L'auteur de cette communication met sous les yeux de la section
des préparations de laticifères nommés par lui, comme dans ses ouvrages
antérieurs, vaisseaux vitaux. Les plus remarquables sont celles qu'il a obte-
nues par macération des stipules du Ficus elastica. Elles raontient un
réseau à nombreuses anastomoses, dans lequel on ne distingue pas de cel-
lules. La macération dans l'eau est un bon moyen pour isoler les laticifères ;
mais il faut en surveiller attentivement les progrès pour l'arièter au mo-
ment convenable. D'après M. Schuitz, le motif pour lequel elle amène
l'isolement de ces canaux est qu'ils possèdent une énergique contractilité,
par l'effet de laquelle ils se détachent du tissu environnant. Dans la plupart
des plantes la macération permet seule d'en faire une étude attentive; mais,
dans quelques espèces, on peut aussi les observer sur le frais, par exemple
dans les Cactées, dans ks Euphorbiacanariensis, purpurea, grâce à la con-
sistance que leur donne l'âge. — Les laticifères ne sont pas des méats inter-
cellulaircs. L'auteur distingue en eux trois états différents dus a l'âge :
1" Sous le premier état, il les nomme vasa contracta. Le suc en coule très
aisément, parce qu'ils sont très contractiles et que leurs parois n'ont pas
encore leur épaisseur définitive. La circulation y est très vive. 2' Au second
état, l'auteur les nomme vasa expans<(. Leurs parois sont alors beaucoup
70Zl SOCIÉTÉ BOTAMQUl': D1-: FKANCE.
plus épaissps; quelquefois même les sections transversales y montrent des
couches superpost-es (lùiphorhiacées). La circulation y est plus lente que
dans l'état précédent. Les laticifères ne sont nullement des cellules libé-
riennes, quoique tel soit l'avis de divers auteurs. Ils ne résultent pas non
plus decellules réunies entre elles par des anastomoses. 3" La troisième sorte
de laticifères est celle que M. Schultz nomme vasa articulata. D'après lui,
ce sont les plus vieux ; ils sont ai'ticulés; ils présentent çà et là des étran-
glements et ils donnent des fragments distincts qu'on ne peut cependant
prendre pour des cellules. Cette troisième sorte de canaux perd son suc lai-
teux avec l'âge ; on les voit ensuite vides et ils ressemblent alors beaucoup
à dos cellules libériennes. — Les poils des plantes présentent toujours deux
membranes emboitées entre lesquelles se trouvent des laticifères. On voit
très bien cette organisation dans certains poils, surtout dans ceux des Cam-
panulacées. Cependant il a été impossible à l'auteur d'isoler par la prépa-
ration ce réseau de laticifères dont il admet l'existence dans les poils.
Cette communication a fourni matière à une discussion à laquelle ont pris
part plusieurs personnes, et surtout M. Caspary.
M. Caspary fait observer que la question de la circulation dans les lati-
cifères a été décidée négativement par les observations de MM. Treviranus,
Mohl et autres. Les canaux nommés vaisseaux vitaux par M. Schultz doi-
vent être nommés vaisseaux laticifères^ parce qu'il est très vraisemblable
qu'ils proviennent de cellules anastomosées. On voit quelquefois des cel-
lules isolées qui contiennent du latex ; d'où il faut admettre des cellules
laticifères. Les vaisseaux laticifères présentent des extrémités fermées,
comme ^l. Caspary s'en est assuré en isolant ceux de V Euphorbia Tii^ucalli.
Dans le rhizome du Nuphar iuteum il a vu que le latex se trouve dans des
cellules qu'il a pu isoler, et qui sont de i à 10 fois plus longues que larges,
avec paroi transversale bien évidente, à parois formées de cellulose.
M. Schultz ayant dit que jamais on ne voit d'anastomoses dans les forma-
tions cellulaires, ]\L Caspary cite comme preuve du contraire le rhizome
du Cyperus Papyrus^ dans lequel les vaisseaux poreux sont rattaches les
uns aux autres par de courtes branches transversales. Il n'est nullement
douteux que les vaisseaux spiraux, poreux, ponctués et scalariformes ne
proviennent de files de cellules dont les parois superposées se percent et
s'oblitèrent plus ou moins pour en faire des tubes continus. On suit très
bien ce mode de formation dans le Cyperus Papyrus. Quant aux prétendus
laticifères des poils, INI. Caspary dit que ce sont simplement les petits cou-
rants de protoplasma qui ont le nucléus pour centre de leur mouvement,
comme on le voit aisément sur les poils desétamines des Jradescantia. Ces
courants n'ont pas de parois, et l'on sait depuis longtemps qu'il u'existe
pas de double membrane dans les cellules des poils.
2. Sur les ] ignés sauvages de la vallée du Jlhin, par M. Bronnor. —
lii:VLIÎ BIBLIOCRAPIllQUE. "05
L'aufeur distingue 30 variétés de Vignes qui croissent sauvages dans la
vallée du Rhin etdont il présente des figures. Sa communication renferme
une partie botanique el une partie œnologique. Sous le premier rapport, il
dit que les Vignes sauvages croissent dans les parties marécageuses de plu-
sieurs bassins, notamment de celui du llhin, entre Carisruhe et Manbeim,
de celui du Danube, etc. Elles portent des .fleurs bermaphrodites fertiles,
des fleurs mâlesetdes (leurs bermapbrodites stériles. Pour ee niotif, Gmelin
[FI. bad.)en a fait son Vids s;/lvestris. Aux feuilles et au fruit, M. Bronner
en a reconnu 36 variétés qu'il a observées pendant toute l'année sur place,
qu'il a même cultivées. La culture a donné plus de développement à plu-
sieurs d'entre elles. Quelques-unes présentent des caractères remarquables ;
ainsi, une a un goût de fleur d'Oranger. M. Bronner pense que ces Vignes
ne sont pas issues des Vignes cultivées; l'existence cbez elles de fleurs
mâles et bermaphrodites stériles, leur présence dans des lieux où la Vigne
n'est pas cultivée, et leur absence dans des localités où il existe de grands
vignobles sont les principaux arguments sur lesquelsil base son opinion. Il
croit, au contraire, que c'est là la véritable souche des Vignes cultivées de
l'Allemagne.
M. Al. Braun,qui a étudié les Vignes sauvages dont vient de parler
M. Bronner, croit qu'elles ne sont pas indigènes, mais naturalisées ; il ne
pense pas non plus qu'elles aient donné naissance à celles qu'on cultive en
Allemagne.
3. Choix de faits remarquables de morphologie empruntés à toutes les par-
ties des plantes, par M. Ch. Sehimper (de Mayence). — a. Fleur. — Le
Vrismatocarpus porte un rameau sur le calice, à l'aisselle d'une petite
bractée. — Les Ec/iium vulgare e[ violaceum ont une fleur terminale; il
en est souvent de même dans VyEscidus Hippocastanum. On voit dans les
Sauges une fleur terminale devenue régulière; celle du Salviapratensis est
tétramère et régulière tant pour le calice que pour la corolle. De même le
Ment/ia aquatica\)vésenie une fleur terminale orthotype, létra-penta- ou
hexamère pour le calice, la corolle et l'androcée. ■ — La corolle des Ajuga
ne tombe pas, par exception, parmi les Labiées. — Dans les Papillonacees,
certaines pièces de la corolle persistent sur l'ovaire; dans les Ornithofjus, la
carène reste sur le fruit; dans le Genista tinctoria c'est l'étendard. — b.
FeuUle. — Les bases des feuilles s'imbriquent dans VEryngiwn eam-
pestre. — Dans les Hi/oscyamus, les feuilles se prolongent d'un côté par leur
base jusqu'à la feuille .intérieure. — Dans les Aiismu, les nervures secon-
daires se prolongent quelquefois obliquement sur les primaires. ■ — Le Ge-
nista germanica présente des nervures proéminentes à la face supérieure
de ses feuilles, enfoncées à l'inférieure.— Dans V Allium ursinum la feuille
est pâle en dessus, bien verte en dessous. Les Festuca si/ivatica, Braeligpo-
dimn sglcnficum, Meliea itnifînra, Milium ''/fasu)n, Setnrin, dirigent vers
IV. ^i5
706 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE,
le liant la face inférieure pâle de leurs feuilles et eu bas leur face
supérieure bien verte. — Si l'on coude une branche, les feuilles de la por-
tion reployée ont souvent la faculté de se retourner de manière ta reporter
vers le haut la face supérieure que le ploiement de la branche avait d'abord
dirigée vers le bas; mais, dans ce cas, le Taxus baccatane retourne ainsi
que les feuilles de ses jeunes pousses. — c. Tige. — Dans le Pinns abies,
quand la flèche (le sommet de la tige) est détruite, les branches se redres-
sent. — Dans le Prunus spinosn les branches sont à peu près horizontales ;
mais si l'on brise le bourgeon qui termine la tige, les branches, même vieilles,
se redressent. — Le tronc des arbres est regardé comme ne s'allongeant
pas ; cependant on y observe un accroissement longitudinal partiel, qui se
montre tantôt dans les couches ligneuses extérieures, tantôt dans les inté-
rieures. Dans le Populus pyramidalis ce sont les couches externes qui ten-
dent à s'allonger ; aussi, lorsqu'on y perce des trous, les bords supérieur
et inférieur se rapprochent. Ce sont, au contraire, les couches internes dans
les racines des Pins et dans la tige du Pinus sylvestris. ■ — Si l'on enlève à
un arbre (par exemple, un Hêtre) un anneau presque complet d'écorce en
laissant une étroite bande verticale de communication entre les deux bords
de la section, il se produit sous cette bande de nouveau bois et latéralement
de nouvelle écorce ; mais les deux sont ondulés ou en zigzag. — h. Racine.
— A quelle profondeur descend-elle? Celle du Thymus Sei'pillum pénètre
à 2 mètres et 2™,60. L'Ononis procurrens Wallr. en enfonce dans le
sabie jusqu'à près de 5 mètres. Le Silaus pratensis en a de très longues.
Un arbre, comme un Peuplier, planté sur une pente, envoie ses racines à
plus de 16 mètres en haut et en bas. Quand un arbre se trouve près d'un
tas de fumier, ses racines s'y portent. — Dans VEclmnn vulyare et les
Cynoglossum la lige semble être attirée graduellement en terre par les
racines ; c'est que les racines secondaires ou adventives élèvent peu à peu
la terre sur la tige. — Les racines adventives naissent par lignes, au nombre
de 2, 3, k, 6 et plus. Ces lignes restant en arrière de développement devien-
nent des enfoncements; de là une racine arrondie, à h lignes déracines
adventives, devient quadrangulaire {Thalictrum) ; une à 2 lignes [Fumaria,
Urtica f/2oeca) prend une section en forme de 8. Parfois les deux sillons de
celles-ci finissent par être convertis en"canal, les deux épaississements inter-
médiaires arrivant à se toucher, ou même à se souder {Piiius). — Quelques
racines offrent des trous dans leur longueur {Fumaria, Aconitum Lycocto-
nunt, surtout Popaver orientale).
h. Sur la déhiscence des capsules des Orchidées, par AI. Prillieux. — Au
mois de juillet dernier, M. Prillieux avait communiqué (séance du 2h)
a la Société Botanique de France les principaux résultats de ses observa-
tions sur la déhiscence des capsules des Orchidées. Nous devons donc nous
contenter ici de renvoyer à sa note sur ce sujet.
RKVlIIî BIRLIOGIUPHIQUE. 707
Séance du 2 1. scplcmbre, — Présidence de M. Al. ]5aAUi\.
5. Sur Ica Cansinincécs ((^omposéos) parasifc^, \r.iv M . C.-II . Scliultz (Bip.).
— r.es Composées iiidiqiu'es par î\l. Scluiltz sont les au'wixuh's : LiaOunt
platylepis Sz.-Hip., qu'on trouve au Mexique sur de vieux Chênes; Caca-
iio parasitica Sz.-\i\p.; Eupatorium araliœfolium Less.; ces trois espèces
du Mexique ; mais l'auleur n'indique pas le végétal qui les porte ; Tubcros-
tylis Rhizophorœ Steelz, (jui vient à Panama sur les racines des Rhizophora.
M. Sehuitz ne dit pas quel sens il donne à ce mot de parasite, s'il l'emploie
pour désigner de simples épipliytes ou de vraies parasites.
(j. Sur la nouvelle maladie des Vers à soie et sur les organismes ana-
logues, par M. Naegeli. — La maladie actuelle des Versa soie, (jui sévit en
France et en Italie, est due à de petites cellules oblongues ou ovales, assez
semblables à celles de la levure de bière, ({u'on trouve dans toutes les par-
ties des chenilles. Le plus souvent ces cellules sont isolées 5 quelquefois
on en voit qui sont en voie de division, et, celle-ci accomplie, les cellules
qu'elles ont formées se séparent inuuédiatement. Ces cellules sont incolores ;
l'iodeen brunit le contenu, tandis qu'agissant avec l'acide sulfurique, il n'en
bleuit pas la membrane. M. Naegeli nomme cet être Nosema Bomhycis ; il
le rapporte aux Champignons et il le rattache à un groupe qu'il nomme Schi-
znmycetcs, dans lequel il comprend aussi les formes nommées Umbinaaceti,
Hacterinm, Vibrio, Spirillum, Ni/grococis, Sarcina. Quant à la question
de savoir si le groupe des Srhizom,ycetes appartient aux plantes, ou aux
animaux, ou aux parties élémentaires altérées par la maladie, il est à peu
près impossiblede la résoudre. Quelques-uns des êtres de ce groupe ont des
mouvements semblables à ceux que l'on connaît chez des végétaux, par
exemple, les Vibrio, et plus clairement encore , les Spirillmn et Bacte-
rium. Si ces êtres appartiennent an règne végétal, faut-il y voir des Cham-
pignons ou des Algues? M. Naegeli leur trouve plus de ressemblance avec
les premiers (|u'avec les dernières au point de vue des phénomènes vitaux.
7. Sur la germinatioii des Champignons-^ par M. Hoffmann. — On n'a
pas réussi jusqu'à cejour à laire avec succès des semis en grand de Cham-
piunons. Au Jardin botanique de Giessen, M. Hoffmann en a semé sans
résultat une vingtaine d'espèces, soit en pleine terre, soit en pots. Mais les
semis en petit réussissent beaucoup mieux. On a imaginé, pour cet objet
différents appareils et M. Hoffmann lui-même en a confectionné un, que
malheureusement il ne décrit pas, dans lequel ses essais ont tous été heu-
reux. Les spores de V Uredo Cariais sont les seules qui n'y aient pas germé
-— Forme de la germination. — L'utricule germinative ressort par un trou
ou a une place queleonciue, sur un ou plusieurs points. S'il n'y a pas de
trou, il se fait une crevasse, a tiavers laquelle passe l'utricule primoidiale
qui se eouvie de eulieiile, se divise souvent par des cloisons transveisaîcif
708 SOCU'ilTÉ BOTAÎSIQLE DE FRANCE.
et se ramilie. Dans VOidium monilmdes, il provient de la spore quelques
filaments qui se rendent en formant 3 lobes, dont le médian est le pins long.—
Les spores nommées secondaires par M. Tulasne se développent eu utricules ;
ce sont cependant de simples forniatior.s anorm;iles.— Dans les Peronospora
le mycélium manque de cloisons, même dans l'intérieur de l'herl-e. —
Quelquefois il s'opère une copulation entre les filaments du Champignon
•germant. Ainsi, dans h Pénicillium glaucum, d'un filament part unebranche
qui eu rencontre une formée vis-à-vis d'elle ; les deux s'unissent et entre
elles se produit une cloison. De pareils filaments copules forment (luelque-
fois comme une échelle. — Les plantes qu'on a fait germer arrivent rare-
ment jusqu'à la fructification; cependant M. floffmann les a suivies jusque-
là dans le Trichntlieciimi roseum. — 11 décrit ensuite, en détail, comment
des sparesde VCh^edo Caricis, qu'il essayait de faire germer, sont provenus
des Infusoircs (Amoebes). — Conditions physiologiques delà germination.
L'auteur a déjà publié {Botan. Zeit. , 185^) ses observations relatives à
l'inlluence qu'exercent sur ce phénomène la lumière colorée, la clarté et
l'obscurité. La température a aussi beaucoup d'im[)ortance. Avant de
germer, les spores supportent, sans souffrir, les froids les plus rigoureux,
tandis que germées, elles périssent par la moindre gelée. \:Uredo destruem
ne peut germer à partir de 3° R.; 1'^/'. segetum var. Hordei peut encore
uermer à + 1 1/2° R. Il en est de même pour le Pénicillium glancum et le
Tricholhecium roseum. Une même espèce n'offre pas de différences à des
temnératures diverses. Les spores sèches, non en germination, peuvent être
chauffées jusque bien au-dessus de la température de l'ébullition, sans
périr pour cela. Ainsi, celles de l' Uredo segetum germent encore après avoir
été chauffées à 150° R. Le maximum de température qui tue les spores
dilTere avec les espèces. — Conditions chimiques de la germination. —
L'eau est indispensable pour la germination des Champignons ; pour quel-
ques-uns, il suffit de l'action de l'air humide ; mais pour d'autres, les spores
doivent être au moins humeclées. Dans l'eau beaucoup ne peuvent germer.
L'action des acides, lorsqu'elle est faible, ne favorise pas la germination;
elle l'empêche quand elle est forte. Une solution saturée d'arsenic, de sul-
fate de cuivre, tue les spores des Credo segetum et desfruens; si la solution
renferme une partie de ces substances pour dix d'eau, elle empêche la ger-
mination ; mais si elle est faite a raison de 50 parties d'eau pour une des
matières dissoutes, elle ne nuit pas du tout à la germination qui s'y opère
comme avec l'eau pure. Ces solutions n'agissent pas de la même manière
sur tous les Champignons ; ainsi le Pénicillium glancum se développe au
point de former des gazons touffus sur la solution saturée d'arsenic. —
Dessèchement. — Une spore en germination qu'on dessèche, n'est plus
apte à germer.
8. Surle df'-veloppemnnt d'une Volcocinf'f' ; pnr M. Cohn. — f.cs Volvo-
cillées se distingue iit de la <2,éiiéralité des Algues à zoospores parce qu'elles
se meuvent pendant la plus grande partie de leur vie; aussi les a-l-on sou-
vent regardoes commodes animaux, bien qu'elles doivent être rangées en
réalité parmi les Algues. Klles se meuvent toujours et ne restent immobiles
qu'à l'état de spores. Celles-ci se produisent a la suite d'une fécondation
opérée par des anthérozoïdes. Leur germination est très importante h étudier,
parce qu'elle seule peut expliquer le groupement des cellules de la plante
adulte. On n'a pas observé, Jusqu'à ce jour, la germination du Volvox glo-
hator; mais M. Cohn a pu suivre celle du Step/mnosphœra pluvialis. — Ce
Steplianosphœra consiste en une cellule globuleuse, a membrane de cellu-
lose, qui présente à son équateur une ceinture de 8 cellules vertes (zoo-
spores); celles-ci ont chacune 2 cils qui sortent à travers la membrane df la
cellule-mère. Chacune de ces zoospores se change en une spore immobile
par résorption de ses deux cils et par formation d'une nouvelle membrane
de cellulose. yVinsi naissent 8 spores d'une même famille, M. Cohu na. pu
voir si cette formation est la conséquence d'une fécondation sexuelle. Les
spores nées, la cellule-mère se détruit, de manière à les laisser en liberté ;
elles continuent alors de croître et peu à peu elles deviennent rouges. Ces
spores ont, comme celles du Chlami/dococcus piumolis, la propriété de ne
germer qu'après avoir été desséchées préalablement. M. Cohn les a conser-
vées dans l'eau, disposéesde diverses manières, pendant l'été etl'hiver, sans
qu'elles aient germé ; tandis que lorsqu'il les a d'abord desséchées, fût-ce i\\\
seul jour, il les a vues germer promptement après avoir ensuite été mouillées.
A la germination, qui a lieu peu d'heures après (|ue la spore a été mouillée,
on voit le contenu de celle-ci se diviser en deux cellules, puisen quatre, par
suite de la formation d'une cloison perpendiculaire à la preniièie. Alors la
couleur verte commence à s'y former de l'extérieur vers l'intérieur; il
n'y reste du rouge qu'au centre. Ensuite les h cellules se transforment en
zoospores; la membrane de la cellule-mèie se change en gelée et laisse res-
sortir les k spores, pourvues chacune de 2 cils, vertes extérieuiement, rouges
au centre et dépourvues de membrane. Peu après, il se forme autour de
chacune d'elles une_ membrane incolore de cellulose, qui entoure le contenu
vert en manière de chemise blanche. Ainsi ces zoospores ne diffèrent pas de
celles du C hlamydococcus pluvialis. Elles restent dans cet état pendant un
jour; vers le soir leur contenu se divise en U cellules situées sur un même plan,
sans que leur membrane participe à cette division ; à leur tour, celles-ci se
divisent radialement chacune en 2, d'où il suit qu'il existe alors 8 cellules ;
cependant la cellule primitive est toujours motile; mais ses cils disparais-
sent après que les 8 cellules se sont formées et dès lors la division cesse.
Cette division commence vers huit heures du soir et elle est complète vers
(|uatre ou cinq heures du matin suivant. I\I, Cohn, a Breslau, et M. Wichura,
en Laponie, ont observé absolument la même marche dans le phénomène,
710 SOCIÉTÉ BOTANiyLK DE FlîANCE.
bien que les observations aient été laites dans ce dernier pays en été, c'est-
à-dire à l'époque où le soleil ne se couche pas. — Autour de la cellule sub-
divisée en 8, à l'intérieur de l'ancienne mem!)rane, il s'en forme une nou-
velle qui laisse passer les 8 paires de cils ; puis l'ancienne membrane se
résorbe et laisse sortir la jeune famille de Stephcmospliœra. Ainsi chaque
spore immobile donne naissance à k familles de cellules.
9. Sur la copulation des Desmidiucées, des Zygnémacées et des Champi-
gnons (Syzygites), sur la germination des produits de cette copulation et
sur les opinions relatives à l'importance de la copulation; par M. deBary.
— Desmidiacées. — Les observations de MM. Ralfs, Focke et Hofmeister
nous ont appris que le produit de la copidation de ces végétaux, ou ce
qu'on nomme leur spore, est placé entre les enveloppes vides des deux in-
dividus qui s'étaient unis pour le former. M. de Bary a pu suivre dans ses
détails la formation de cette spore dans les genres Cosmarium et Stauras-
trum. Chacun des deux individus adjacents s'ouvre dans son milieu par
une fente; le contenu de l'un et de l'autre sort ainsi, sur les deux côtés en
regard, comme un prolongement demi-globuleux ; ces deux prolongements
viennent se toucher 5 la membrane disparaît au point de contact et aussitôt
les deux contenus se réunissent en une masse commune, entourée lâchement
par une membrane en vésicule. Les épines des spores des Desmidiacées ne
se forment pas par un épaisissement de cette membrane vésiculaire, mais
par des saillies en hernie d'une membrane eellulosienne sous-jacente. En-
suite la vésicule, c'est-à-dire la membrane primaire, disparaît. — Les
spores se forment de manière très analogue dans les Closterium, parmi les-
quels M. de Bary a observé le Cl. parvidum jNaeg., qui rentre dans le genre
Stauroceras Kg. ; seulement, ici, la spore lisse présente k angles. Dans les
Gonatozygon spirotœnium et monotœnium deBary, la spore se forme encore
de manière semblable à celle qu'on observe dans les Cosmarium et Closte-
rium. Dans les Palmogloea et Cylindrocystis, M. Al. Braun a dit que deux
cellules se fondent en une seule spore, comme se réunissent deux gouttes
d'eau. M. deBary a vu que la copulation s'opère dans les Palmogloeama-
crococca et chlamydospora comme dans les Desmidiacées; aussi range-t-il
le genre Palmogloea dans cette division des Algues. Les membranes des cel-
lules qui se sont unies n'existent pas toujours ; vraisemblablement elles se
résolvent d'abord en gelée et disparaissent ensuite. On les observe, au con-
traire, constamment dar.s le Palmogloea Brebissonii. — La germination
des spores des Desmidiacées est encore peu connue ; récemment M. Hof-
meister a fait connaître celle du Cosmarium. M. de Bary n'a pu l'observer
suflisamment dans ce genre, mais il a pu suivre en entier le développement
des spores dans le Penium lirebissonii Kg. Ici le contenu de la spore se divise
pendant l'hiver en quatre cellules secondaires situées sur \\\\ même plan;
celles-ci, d'abord aussi longues que larges, s'allongent en cylindres, déchi-
UliVUE lUBLIOGUAl'lllQUE. 711
relit la membrane de la spore, sortent sans se mouvoir et sont alors parfaites.
Dans ks Palittoyloea, la spore se divise en quatre cellules qui sortent, con-
stituant autant d'individus distincts. — Dans le Gonatozygon spirotœnium,
le contenu de la spore est incolore pendant l'iiivcr ; il se colore de nouveau
au printemps, et d'une spore il ne sort qu'une seule cellule allongée, cylin-
drique, la première du futur iilament, — Dans le Stauroccras Acus Kg.
[Clostcrium rostratum Ehrenb.), M. de Bary n'a pu faire que des observa-
tions incomplètes. La cellule primordiale sort de la spore par une déchirure
transversale et forme une vésicule globuleuse, renfermant de la chloro-
phylle ; son contenu se partage en deux masses qui se portent vers les pôles
de cette cellule ellipsoïde. Il est vraisemblable que c'est de celle-ci que pro-
vient directement un nouvel individu. — Les #esoc«r/)m de iJary ont de
longues cellules cylindriques, fdilûrmes. Dans le Mesocarpus la ligne trans-
versale qui règne entre les deux cellules copulécs se renfle quelque peu; la
chlorophylle avec le nucléus, la fécule ctl'huile, se portent des deux cellules
dans ce canal et y constituent une masse unique; dans le canal lui-même se
forment trois cellules secondaires, dont la médiane renferme la spore. —
A la germination, la .'^pore des Mésocarpées s'allonge en fdament. Dans le
Craterospermum Al. Braun, la spore forme un cylindre court. Son contenu
s'étend en une cellule configurée en matras; la chlorophylle forme dans le
col de ce matras un cordon qui s'enfonce aussi dans la portion inférieure
renflée et qui se divise en quatre parties. Au milieu de chacun de ces quatre
petits cordons de chlorophylle il se forme une cloison transversale; de là
résultent cinq cellules, dont la première et la dernière n'ont qu'une niasse
de chlorophylle, tandis que les trois intermédiaires en offrent chacune deux.
Chacune de ces cellules intermédiaires se partage ensuite en trois autres, et
la terminale se partage en deux. Cette division persiste. Le défautde temps
n'a pas permis à M. de Bary de terminer sa communication.
10. Sur la structure de la membrane cellulaire végétale, etc. ; par
M. Ch. Schimper. — M. Ch. Schimper dit qu'il reste encore en botanique
beaucoup de faits inconnus, sur lesquels, cependant, on peut faire aisément
des observations, même sans se servir de microscope. Il en énumère plu-
sieurs exemples. Il passe ensuite à un fait curieux, qu'il regarde comme
pouvant fournir des données précieuses relativement à la structure des
parois cellulaires. Ce fait est que toutes les cellules présentent une torsion,
particulièrement quand elles se sont desséchées. — Le liber se tord géné-
ralement vers la gauche, et sa torsion a une direction constante dans toutes
les plantes. Les poils montrent également une torsion constante quand ils
ont séché ; ceux de la Pulsatille se tournent vers la gauche. Dans les Lu-
zules les poils se tordent pendant le jour en séchant ; ils se détordent la
nuit a la rosée. — La corolle se montre fréquemment tordue et sa torsion
est souvent constante: celles des ÎMalvacées ?e tord indifféremment vers la
712 SOCIÉTÉ BOTANlQLlb: DK IHANCi:.
droilc ou vers la gauclie ; celle des Nerium se tord toujours rv droite; celle
^es Vinca toujours à gauche. Les feuilles des Cypéracées, en séchant, se
tordent toujours vers la gauche. Les Mousses tordent à gauche leur tige et
leurs feuilles, en séchant; quelques Joiigermannes seules lescontou ruent vers
la droite. Parmi les libers, il y en a peu qui se tordent vers la droite : tel
est celui de la Pariétaire. Il arrive, dans certaines espèces, que la torsion
s'opère vers la droite quand elles sont jeunes, vers la gauche quand elles
sont vieilles. C'est ce qui a lieu pour le liber du Charme, du Sop/wra, de la
Vigne. Beaucoup d'arètcs de giaminées se contournent vers la droite dans
le haut, vers la gauche dans le bas ; il en est ainsi, par exemple, dans les
Andropogon. Les deux valves des gousses des f.éguniineuses se tordent en
sens inverse l'une de l'autre et sont dès lors symétriques. Comment expli-
querait-on ces torsions amenées par la dessiccation? Si elles sont dues à une
diminution de volume, il faut que les particules soient de forme rhomboï-
dale et plus serrées au côté externe des cellules qu'à leur côté interne.
Séance du 22 septembre. — Présidence de M. Naegeli.
M. Sur la racine; par M. Ch. Schimper. — Quelques Mousses, Mnium
rostratixm, Leskea sericea, Grimmia pulvinafa, dirigent dans certaines cir-
constances, leurs racines vers le haut. Il en est de même pour le Lierre et
le Gui. Quelquefois le Grimmia pulvmatane recourbe passa soie. Les racines
des plantes laissent sur les pierres des traces profondes des lignes suivant
lesquelles elles se sont appliquées, et ces traces sont dues à l'action d'excré-
tions qui exercent une action dissolvante. l'Iusieurs végétaux phanérogames
manquent de racine; tels sont les Ceratophyllum, \ç Corallorhiza, les Ulri-
cularia. Il y a aussi des Mousses dépourvues de racine ou qui en ont lare-
ment. Les Hijpnum Schreberi et rugulosum en sont rarement pourvus;
VBypnum piirum n'en développe que dans les jeunes bois de Chênes ; ail-
leurs il en manque. — Si( nation des racines. — Quelquefois elles naissent
au-dessous de la feuille; ainsi elles naissent sous le sommet dans VHypnum
cordifolium. Le Polygonnm orientale présente au-dessous de chaque nœud
de la tige, jusqu'à une hauteur de 1™,30, une coin-onne de racines qui se dé-
veloppent toutes les fois que les circonstances le permettent. Le Solamim
Dulcamara porte aussi des racines du même genre dans toute l'étendue de
sa tige. — Dans le Scropindaria aquatica les racines croissent dans les
fossés quelquefois contre le courant, parfois même en se dirigeant vers le
soleil; elles ne fuient donc pas la lumière. Celles du Platane fuient la lu-
mière; aussi, quand cet arbre se trouve sur le bord d'un étang, comme à
Scluvetzingen, ses racines ari-ivées à leau ne continuent pas de s'étendre,
mais elles se recourbent pour rentrer en terre, en formant des paquets d'arcs
superposés ; eh.Tque racine ainsi arquée se trouve extérieuie par rappoi-t à
la précédente. I.e Ficio' repeiis, lorsqu'il grimpe sur un mur cclair(',
HKViiii j{iHLio(;raiMiioLi';. "^l-^
développe derrière sa tit;e, c'cst-a-dire sur le côle opposeau jour, de petites
laciiies qui deviennent longues, larges et minces eoinme des Fucus , quand
elles rencontrent assez d'hunnidité pour se bien développer. — Sur les
tiges liorizontales du Glyceriu (luilans se produisent des cercles de racines
(|ui s'élèvent vers le côté supérieur, en montant même tout à fait vertica-
fement. — l.a racine de VAlnus incana produit dans l'eau de belles racines
latérales, sur quatre lignes, en pyramides superposées. Ces racines sont
noires à l'extérieur, blanches à l'intérieur ; à l'état sec, elles forment la
substance végétale la plus légère de toutes, qui l'emporte de beaucoup,
sous ce rapport, sur le liège lui-même.
12, Sur la copulation des Bacillariêes et Desmidiacécs; pai- M. Focke.
— M. Kalfs a reconnu qu'il existe dans ï Hyalotheca dissiliens des spores
fixes, isolées dans chaque article. De là, M. Focke a présumé qu'il devait en
exister aussi dans les autres Desmidiacées, et il a examiné, dans ce but, les
grosses espèces. Il a suivi VEuastrum Rota Ehrenb. pendant toute l'année,
dans la nième localité, dans des conditions diverses de lumière et de tem-
pérature. VEuastrum Nota Ehrenb. [Micixisterias I{otaMenQ<j^\\. , Mie. ro-
tata Ralfs) est regardé comme synonyme du Micrasterias denticulata
Brebis., dont il ne constituerait qu'une forme plus grande. Cependant ce
sont là deux espèces bien distinctes, caractérisées par les différences qu'of-
frent leurs dentelures marginales. La division de VEuastrum a lieu le ma-
tin. Les globules de chloi'ophylle passent en partie dans la moitié nouvelle-
ment formée ; les dents ne se développent que successivement. La nouvelle
moitié égale déjà l'ancienne en longueur, que la forme des deux est encoie
très différente. Dans une moitié, de formation récente, M. Focke a observé
une fois, avec toute certitude, vers quatre heures après midi, des cils ser-
vant d'organe de mouvement au plasma. Ces moitiés nouvelles sont d'abord
très pâles ; il se produit dans leurs dents de nouveaux globules de chloro-
phylle, qui sont très petits au commencement et qui grossissent ensuite peu
a i)eu. Entre ces globules verts il se forme çà et là des vacuoles nettement
cir(;()nscrites. Souvent il s'en produit pendant l'automne une médiane, plus
grande, qui s'étend dans les deux moitiés de VEuastrum, qui envoie vers le
bord des prolongements grêles, se revêt d'une membrane et déplace les
globules verts, lesquels se condensent finalement en différentes masses si-
tuées autour des utricules. Celte production particulière est peut-être
sexuelle; mais, au total, M. Focke reste daus l'incertitude à cet égard.
— Ce botaniste présume que plusieurs formes, considérées aujourd'hui
comme spécifiquement distinctes, ue sont que des états de développement
d'une même espèce ; ainsi il est possible que VEuastrum ansatum Ehrenb.,
en se développant, se change en Euastrum yemmatum Bréb., celui-ci en
E. Pecten Ehrenb., et que les Euastres en général possèdent un lobe de
plus après chaque copulation.
714 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FHANCE.
13. Plantes fossiles du Keuper et leurs analogues vivants au Chili; pai*
M. Jaeger. — ÎM. Jaeger présente au Congrès des figures du Meniscium
giganteum et de VFquisetuni giganteum récoltés au Chili par Lechlcr, par
lesquelles on voit la grande ressemblance qui existe entre ces végétaux et
des fossiles du Keupersandstein.
1/^ Germination du Cœlebogyne ilicifoiia, par M. Al. Braun. — Le
Bonplandia (1857, n"' i!x et 15) ayant publié un article dans lequel il est
dit que les graines du Cœlebogyne produites sans fécondation ne renferment
pas d'embryon, mais seulement un bourgeon ou un faisceau d'organes fo-
liaires, M. Al. Braun prouve l'inexactitude de cette assertion en montrant à
l'assemblée des germinations de ces graines, dans lesquelles on volt un
pivot très nettement développé et deux grands cotylédons ovales, au-dessus
desquels commencent à se développer sur lajeune tige les feuilles ordinaires
dont la forme est bien connue.
15. Sur V état des sciences naturelles et particulièrement de la botanique
au Japon; par M. de Siebold. — Le savant auteur de cette communication
entre dans des détails circonstanciés qui prouvent que, sous le rapport de la
connaissance des plantes, de la nomenclature botanique et de l'art de des-
siner les végétaux, les Japonais sont beaucoup plus avancés qu'on ne le sup-
pose en Lurope. Il montre à l'assemblée des figures de plantes remarqua-
bles par leur exécution, dues à des artistes japonais.
Séance du 23 septembre. — Présidence de M. W. Schimper.
IG. Sur les poils radicaux et sur les exocet ions des racines; par M. Gas-
parrini. — Cette communication, faite en français, est un résumé du deruicr
travail de l'auteur, qui a ^onv WivQ Ricerche ndlanatura dei succiatori e la
escrezione délie radici ed osservazioni morfologiche sopra taluni organi
deilaLenma minor (Rechercbes sur la nature des suçoirs et sur les excré-
tions des racines et observations morphologiques sur certains organes du
Lemna m»io/' ; Naples, 1856). Les faits principaux énoncés par M. Gaspar-
rini sont que les poils radicaux sont toujours unicellulés dans les Phanéro-
games; que leur membrane est souvent double dans les Hépatiques {Lunu-
laria vulgaris) ; que l'extrémité des poils radicaux exsude une matière
mucilagineuse et granuleuse ; que, dans le Poa annua et le Polypodium
vulgare, ces poils finissent par se percer d'un trou à leur extrémité, etc.
17. Sur In gcograptiie botanique du bassin de Coblenz-Neuwied ; par
M. Wirtgen. — Le résultat le plus général des recherches de M. Wirtgen
sur ce sujet, est que, da)îs la circonsciiption étudiée par lui, la composition
chimique du sol n'a exercé aucune intluencc sur la répartition géographique
des plantes. — Il a trouvé dans cette étendue de pays 1,200 espèces. La
température moyenne de ce bassin est de 10", 5 C. ; la température maxi-
mum atteint 36'', 25 C; les froids les plus rigoureux qu'on ait observés sont
KEVUE BIBLIOOHAI'IIIQLE. 715
de — 2/i" C. Sur la Moselle et le Rhin, vers les frontières du bassin, il y a
beaucoup de vignes. — Les hybrides des Vcrhuscnm et des Menthes sont
communs; les plus fréquents parmi les premiers sont ceux des Verbnsmm
ni(/rwn Lin. et /loccosuin W. Kit. — M. Wirtgen donne des détails sur
la distribution géographique de plusieurs espèces ; mais les faits qu'il rap-
porte ont un intérêt tout local et ne nous paraissent pas mériter d'être re-
produits. .
18. Sttr la flore fossile d'Aix-la-Chapelle; par M. Debey. — La flore
fossile d'Aix-la-Chapelle peut s'être développée dans une ile ou dans une
presqu'île sur le rivage d'une mer. Les restes des végétaux qui la compo-
saient sont pour la plupart bien conservés, quoique fréquemment brisés.
L'étage inférieur de la craie qui en renferme la plus grande quantité appar-
tient au groupe turonien. On y trouve quelques Algues, mais en petit
nombre. Les Fougères y comptent environ UO espèces qui appartiennent
pour la plupart à des genres nouveaux et qui ressemblent, en majeure
partie, à des espèces de la Nouvelle-Hollande. Le Didijmosurm Debey est
vraisemblablement une Gleichéniacée. On trouve, dans cette flore fossile,
beaucoup de Conifères; le Cycadopsis Debey, dont on a trouvé les cônes
et les graines, parait être un Séquoia. Il y a beaucoup de Protéacées et de
Chênes. Les empreintes présentent souvent l'épiderme bien conservé avec
ses stomates sur l'argile; cependant il se peut bien qu'il n'y ait là qu'une
cuticule, et c'est, en effet, ce que M. Caspary dit, en note, avoir constaté
sur des échantillons qui lui ont été donnés. — M. Debey a présenté au
Congrès de bonnes figures de plantes fossiles exécutées par lui, au moyen
d'un procédé qui lui est propre, et dont voici l'indication. Un verre à glace
couvert d'un mélange d'huile d'amandes et d'huile de térébenthine, est posé
sur l'objet qu'il s'agit de dessiner ; c'est sur cette couche qu'on dessine
avec un crayon de mine de plomb les détails qu'on voit par transparence.
La figure lidèle qu'on exécute ainsi, peut être ensuite reproduite sur un
papier huilé, et cette reproduction devient le dessin définitif dont on fait tel
usage qu'on veut.
19. Sur les frints des Floridées; par M. Pringsheim. — On trouve dans
ces Algues trois sortes de fruits: 1° les authéridies; 2° les tétraspores;
3° les sporanges. Les authéridies sont considérées généralement comme des
organes sexuels mâles, mais cela sans preuve. On connaît aujourd'hui les
anthéridies de plus de 80 espèces d'Algues ; les cellules de ces formations ne
présentent ni un filament spiral, tel que l'admet M. Naegeli, ni mouvement
et anthérozoïdes, comme MM. Derbès et Solier avaient cru le voir. Des
expériences nombreuses, faites par M. Pringsheim, lui ont appris que les
tétraspores comme les sporanges germent sans intervention des anthéridies
et même très facilement, au bout de vingt-quatre heures seulement. Il ne
peut donc y avoir la une fécondation extérieure ; nuiiï il ne peut, non plus,
7l(i SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FKAiNCE.
y en avoir d'inU'rieure. Les tétraspores naissent d'une cellule de la tige,
sur laquelle se trouve souvent une couche d'autres cellules. Or, si la cel-
lule-mère des spores doit être fécondée, elle ne présente pas d'ouverture par
laquelle puisse arriver jusqu'à elle la cellule fécondante. ~ Les sporanges
ne diffèrent pas essentiellement des tétraspores ; ce sont des tétraspores a
division plus avancée; dans le Ptilota plimosa on peut suivre le passage de
l'une à l'autre de ces deux sortes de fruits. On voit souvent les spores ger-
mer dans le sporange encore fermé; d'où on ne peut guère songera une
fécondation s'opérant sur elles. Sans doute on n'a pas pu suivre encore le
développement des jeunes plantes gerraées jusqu'au moment où elles fruc-
tifient; mais la marche de leur développement est entièrement semblable à
celle des pieds qui portent fruit. Dans les Kctocarpm, M. Pringsheim a
découvert une troisième sorte de spores; ce sont des amas, en manière d'an-
Ihéridies, de petites cellules qui renferment une zoospore. Ce botaniste con-
sidère les Ptilopteris à spores immobiles comme des Ectocarpus. Il pré-
sente des figures de la spore fixe et de la germination d'une nouvelle espèce
de Ptilopteris qu'il nomme F^t. acrospora, ainsi que des anthéridies du
Dasya coccinea qui ont la structure de ceux des Polysiphonia. — D'après
lui, le Callithamnium Daviesii n'est pas une Floridée. mais un Trente-
poldia ou un Chant ransia.
.\ la suite de cette communication, M. Naegeli fait observer qu'il a formé
le genre Trichât hamnium pour le Callithamnium Daviesii et ses voisins.
20. M. Caspary présente des fruits d'un Péchera fleur double, dont la
couche extérieure au noyau est épaisse, coriace, sans saveur et s'ouvre à la
manière d'une amande. Ces fruits se sont produits abondamment cette
année dans un jardin de Bonn. Ce fait lui parait montrer l'identité du Pêcher
et de l'Amandier.
2 1 . Sur la pi^ésence de zoospores dans le genre Chroolepus ; par M. Cas-
pary.— Le résultat principal de cette communication est de montrer que
le genre Chroolepus a des zoospores et doit des lors être rangé parmi les
Algues. Dans le Chroolepus aureus, M. Caspary a observé ces zoospores
sortant des cellules terminales globuleuses, très épaissies, ou plus rarement
d'une cellule qui s'est renflée au milieu d'un filament ; ils sont pourvus de
deux cils; ils nagent vivement et germent après être tombés au fond, sans
se fixer. Dans cette espèce, il n'a pu découvrir de spores fixes. Il a vu aussi,
après M. Cohn, les zoospores du Protococcus crustaceus qu\ sont ovoïdes,
aplatis d'un côté et à deux cils. La membrane cellulaire, soit du Chroole-
pus, soit du Protococcns a-ustaceiis , bleuit par l'iode et l'acide sulfurique.
Ces deux petits végétaux ont été regardés avec rai.son comme des Algues par
certains auteurs, comme MM. Kiitzing et Rabcnhorst; d'autres, comme
M. Ivocrbcr, les ont rattachés aux Lichens; d'autres enfin, comme Wall-
roth et M. Naegoli en ont fait des Champignons?
REVUE BIBLlOr.n.VIMIlQUE. 717
]M. Naogeli dit qu'il a renoncé depuis longtemps à cette opinion et que
pour lui nu Cltroolepus est une Algue.
Séance du 2A septembre. — Présidence de M. Georges Engelmann.
22. Sur les Pscudofjonidics; \>-A\' IM. Cieukowski. — D'après cet obseï'-
vatcur, les spores motiles que M. Pringsheim a étudiées {Alfjolor/ische
Mittheil-^ Flora, 1852), sont des infusoircs parasites. On voit souvent des
êtres monadifomies s'attacher solidement à la paroi de plusieurs Spiror/'jra,
la percer et pénétrer ainsi dans la cavité de la cellule. Ils ressemblent beau-
coup au Monas Globulus Dujard.; ils ne portent (|u'nn cil. Dans la cellule
la iMonnde commence à ramper ; ses contours s'atïaiblissent et finissent par
être à peine visibles. Klle était d'abord incolore ; mais elle se remplit ensuite
deehioropbylle et verdit.
23. Sur un Champignon parasite d'une Algue vivante; par INI. Cobn.
■ — Outre sa fructification ordinaire en cbapelet, le Lemanea présente sur
d'autres individus une formation dont la nature est fort ambiguë. Ce sont
des corps noirs, qui existent dans quelques cellules, et qui ressemblent tout
à fait a une Spbérie ; ils consistent en vésicules contenant huit spores
quadricellulées, que Î\J. Cohn a vues germer, mais pour lesquelles il n'a pu
découvrir de mycélium. Il présume que ce ne sont pas des fructifications de
Lemanea mais de petits Cbampignons analogues à des Spbéries et parasites.
Tl fait observer, cependant, qu'on ne connaît pas encore d'exemple d'un
Champignon parasite sur une Algue vivante.
Ik. Sur la direction des faisceaux vasculaires dans la tige des Crijpto-
gaines vascidaires, des Gymnospermes et des Dicotylédons ; par M. Naegeli.
— Les éléments des vaisseaux sont les cellules ligneuses, les cellules à fibre
spirale, les cellules du cambium et les cellules du liber. Le collenchyme,
le tissu allongé des Mousses et des Lichens ne constituent pas un faisceau
vaseulaire. Les faisceaux vasculaires sont d'abord séparés; plus tard, ils se
joignent en un cylindre ligneux; l'accroissement en épaisseur commence
en un point péripliérique. M. Scldeiden a distingué des faisceaux simul-
tanés et succédanés; Î\L jNaegeii dit n'en connaître que de succédanés.
L'accroissement en épaisseur peut avoir lieu selon deux directions : 1° de
l'extérieur vers l'intérieur, développement centripète qui a lieu dans les
Lycopodiacées et dans les fibies radicellaires des plantes supérieures;
2" de l'intérieur vers l'extérieur, développement centrifuge qu'on observe
dans la tige de la plupart des Dicotylédons et de quelques Monocotylédons,
lorsque les vaisseaux, dans l'accroissement centripète, se trouvent en cer-
cles, ils finissent par se fondi'e en un cylindre ligneux sans moelle; au con-
traire, lorsque leur développement est centrifuge, ils forment un cjMîndre li-
gneux qui renferme de la moelle. I.a marche des faisceaux vasculaires
dans la tige se rattache à la manière dont ils se portent aux feuilles; ceci
718 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
est connu pour les Monocolylédons, grâce aux travaux de M. de Mohl ; mais
cela est exact aussi pour les Cryptogames vascuiaires et pour les Dicotylé-
dons. Les faisceaux vascuiaires ne se ramifient pas vers le haut, M. Naegeli
a examiné 73 espèces dicotylédones et cryptogames vascuiaires, et chez
toutes il a trouvé ce principe confirmé. M. Hnnstein a eu tort de dire que
tous les faisceaux de la lige passent aux feuilles ; il n'y a que ceux qui se
trouvaient ébauchés dès l'origine au point où nait une feuille qui se portent
dans celle-ci ; en outre, la tige possède souvent encore des vaisseaux qui ne
vont pas aux feuilles et qui lui appartiennent en propre. Les faisceaux vas-
cuiaires commencent toujours au point où la feuille prend naissance et de
là ils descendent plus tard dans la tige; mais l'inverse n'a pas lieu. Il va
dans les feuilles plus ou moins de faisceaux vascuiaires, qui se comportent
de deux manières : 1" si un faisceau va dans une feuille et qu'il s'en forme
un autre dans une feuille placée au-dessus, celui de la première peut des-
cendre dans la tige en dchorsde celui de la seconde ou de l'inférieure ; c'est
ce qui a lieu dans les iMonocotylédons ; 2° ou bien ce premier faisceau peut
se porter vers l'intérieur et en bas, comme dans les Dicotylédons. Ce sont
ces derniers que M. Naegeli a surtout étudiés. Il y a chez eux beaucoup de
types d'arrangement : les uns différant par le nombre des faisceaux qui
vont à une feuille -, les autres différant entre eux par le point de la circon-
férence d'où naissent les faisceaux vascuiaires. Souvent les faisceaux se
croisent en descendant, et ils se perdent à différentes profondeurs. Il y a
quelques plantes dans lesquelles les faisceaux vascuiaires de la tige vont
aux feuilles; l'auteur en a vu 3 exemples sur 73 genres, savoir les Selu-
(jinellu, Cullitriche et Hippuris. Ces plantes manquent de moelle et nont
qu'un cylindre ligneux central. — les l'euilles reçoivent des nombres très
divers de faisceaux : 1" souvent un seul, Alsine, IJypericum, Thuja,
Equisdum, Gaiiwn, llubia; 1" deux dans les Labiées, Salisburin,
Fphedra, Anagallis; 3° trois dans les genres Erythrina, Acer, Philadel-
phus^ Euphorbia, Latlojrus, Fassiflora, Centrant hiis. Ampélopsis, Medi-
cago; U" ûans\es Sambucus et. Vitis 3 faisceaux vont à chaque feuille; il
y en a 10 à 13 dans le Menyanthes. D'après M. Hauslein la disposition
des faisceaux vascuiaires concorderait avec celle des feuilles, ce qui sup-
poserait que les vaisseaux descendent verticalement ; or, c'est ce qui n'a pas
lieu ; toujours ils sont obliques par rapport aux inférieurs et ils suivent une
direction indépendante.
25. Sur la structure de la tige des Nymphéacées; par M. Caspary. —
Dans plusieurs geiwes le champ de la feuille avec les racines qui lui appar-
tiennent, ainsi ([ue celui de la tleur, se montrent nettement circonscrits et
sépares par des bandes de parenchyme dense dans l'écorce qui est très
épaisse et spongieuse; c'est ce qu'on voit dans les genres Victoria, Euryalc,
JSyiiiphiL'a. (A'ia n'a pas lieu dans les Aupbar, les \rtinubiuni, ni clans les
REVUE BIBLIOGUUMIIQUE. 719
Cabombccs. Dans le système médian de faisceaux vasculairos de la tige, les
vaisseaux ne sont pas disposes selon un cercle simple, mais dispersés;
dans les parties externes de ce système médian, les faisceaux vasculaires
s'anastomosent en mailles courtes et serrées, en laissant cependant des es-
paces réguliers pour ceux qui vont en nombre déterminé aux feuilles, aux
stipules et aux Heurs. M. Caspary n'a pu découvrir encore dans ce lacis
anastomotiquede loi précise pour la ramification, ni pour les relations réci-
proques des faisceaux des feuilles successives. La structure de ces tiges pré-
sente plutôt les caractères des Monocotylédons, par exemple des Stratiotes,
que celui des Dicotylédons. — Dans le Nymphœa alba et le Nuphar luteum
la disposition des feuilles est 5/13, 8/21, et elle passe à la branche sans pro-
sentbèse, fait qui n'a d'analogue, pour des dispositions phyllotaxiques si com-
plexes, dans aucune autre Phanérogame. J)ans leA'i/mphœa alba la disposi-
tion des feuilles sur les branches est tantôt antidrome, tantôt homodrorae
avec celle qu'elles affectent sur la tige; dans le Nuphar luteum, elle est tou-
jours homodrome. Les lleurs sont disposées sans ordre régulierdans la plu-
part des espèces de Nymphœa et de Nuphar; au contraire, elles forment des
séries régulières dans le Nymphœa gigoMea,
M. JNaegeli fait remarquer, après cette communication, que des 5 fais-
ceaux, qui, dans \e Nymphœa alba, vont à chaquefeuille, les deux paires
latérales se portent dans linterieur de la tige vers son bord, mais que le
médian envoie un rameau vers l'intérieur pour former un cordon central, et
que c'est uniquement sous ce rapport que la structure du Nymphœa alba
s'éloigne des caractères qui distinguent la tige des Dicotylédons.
26. Sur la fructification des Hyménomycètes ; pav M. de Bary. — Le
Nyctalis as^ro/j/wra porte sur le même chapeau des basides et desutricules
en étoile renfermant une spore. Le N. parasifica n'offre que cette dernière
sorte de fructification; sur les vieilles lamelles de ïAgaricus melleus^ il se
forme en quantité des utricules à tx spores. Ces faits montrent qu'il existe
deux sortes de fructifications dans les Hyménomycètes ; ils autorisent à pré-
sumer que ces Champignons ne représentent qu'un état de fructification des
Ascomvcètes.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE.
RecUcrclics stsi* riuflfBCUcc «lUC l'azote assimilable des
cng;i*als exerec sur la protSuctioii delà matière végé-
tale, par M. Boussingault {Annal, des se. nutar., /l'user., VII, 1857,
pp. 5-20).
Ce mémoire l'enferme d'abord l'exposé détaille de trois expériences faites
sur VHelianthus argop'iydus, dans le but de reconnaitre l'action du phos-
phate de chaux sur la végétation avec et sans le concours du salpêtre ou
720 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
nitrate de potasse. Les plantes ont végété à l'air libre, à l'abri de la pluie,
dans un mélange de brique concassée et de sable calciné. Dans une expé-
rience (A) rien n'a été ajouté à ce sol artificiel ; dans une autre (B) il y a été
ajouté du phosphate de chaux basique, de la cendre végétale, du nitrate de
potasse; dans la dernière (C), le sol a reçu du phospiiate de chaux, de la
cendre végétale, proveuiuit de la combustion du foin de prairie, et une
quantité de bicarbonate de potasse suffisante pour contenir exactement une
proportion d'alcali égale à celle qui se trouvait dans le salpêtre de l'expé-
lience B.
Dans l'expérience A, deux graines d'Uelinnf/ms, pesant 0^%107, ont été
semées le 5 juillet. Les plantes qui en sont provenucs ont été assez fortes
jusqu'au 10 août. A partir de ce moment, les feuilles anciennes s'atro-
phiaient à mesure (ju'il s'en produisait de nouvelles- la végétation est
devenue de plus en plus faible. Les deux tiges n'ont pas dépassé 11 et
13 centimètres de hauteur. Cependant elles ont donné des fleurs en minia-
ture. L'expérience a été terminée le 30 septembre.
Dans l'expérience B, deux graines à'Helianthus, pesant Os^lO?, ont été
semées, le 5 juillet, dans le sol de brique concassée et de sable calciné,
auquel on a mêlé lOs',0 de phosphate de chaux, 06',5 de cendres de foin,
et successivement jusqu'à 1'^,^ de nitrate de potasse. Le 30 septembre, les
deux plantes venues de ces deux graines avaient des tiges hautes de ^h et
lu centimètres, épaisses d'un centimètre. La plus grande a épanoui un
beau capitule large de 9 centimètres. Les plus grandes feuilles égalaient à
peu près celles que portait un pied venu dans la terre d'un jardin.
Dans l'expérience C, M. Boussingault a voulu reconnaitre la part d'in-
fluence sur la production végétale qui appartenait au phosphate de chaux.
Dansce but, il a supprimé le salpêtre de l'expérience B, et il l'a remplacé
par son équivalent de bicarbonate de potasse. A part cette différence, le sol
était identique à celuidans lequel avaient végété les plantes de la deuxième
expérience. L'expérience a duré également du 5 juillet au 30 septembre. Les
deux graines semées pesaient encore 0^',107; mais les deux plantes obte-
nues ne se sont élevées qu'à 13', 6 et IZ; centimètres; le diamètre de leurs
tiges n'a pas dépassé 2 millimètres. L'une et l'autre ont produit un capitule
extrêmement petit, mais bien conformé. Leur végétation, assez vigoureuse
jusqu'à l'âge de deux mois, est devenue ensuite de plus en plus faible.
Voici maintenant le tableau des résultats analytiques obtenus dans ces
trois expériences :
REVUE HIBLIOr.HAI>HIQUR. 721
o . , , , Acide carboni- Acquis par les plantes en
Koijlsaela Matière ve- cpic d.coiii- SG jours
Expériences. 'k „,!;,*;,.' s"'"'^ pos«ei. 2ih. ,ic v<sèi;.ii..r,.
-, , , eliiljorfi', 011 ceiilimcl. .
élaul 1 .
A. Le sol n'ayaiil licii I ., «'•
cul)us. Carliuiic. Azolc.
3,G 0,285 Q,/tr) o"ii/i o"','oo2;i
reçu )
B. Le sol ayant reçu : \
phosphato (lo diaiix, J 198,3 21,111 182,00 ^MU 0,16GG
coiulro, sulpclie . . . )
C. Le sol ayant reçu : \ «
phosphate de chaux, (
cendre , bicarbonate
de i)Otasse
a,6 0,391 3,42 0,15G 0,002]
l/iiiflucnce de l'engrais azoté sur le développement de l'organisine végé-
tal ressort ici, dit M. Boussingauit, de la manière la plus nette. L'expé-
rience C prouve aussi ce fait important que, pour concourir activement à
la production végétale, le phosphate de chaux basique, les sels alcalins
doivent être associés à une substance pouvant fournir de l'azote assimi-
lable. Or, c'est précisément cette association que présente le fumier, l'en-
grais par excellence.
M. Boussingault décrit ensuite l'appareil dans lequel, après avoir fait
passer pendant trois mois un courant d'air à travers des tubes en V, rem-
plis : deux de brique concassée, deux de pierre ponce, deux de craie, ces
trois matières étant imprégnées de carbonate de potasse, il a constaté
l'existence d'une quantité très appréciable de nitrate dans le premier tube;
il en a vu des traces dans le deuxième tube; il n'en a pas reconnu le
moindre indice dans les autres tubes. Ce savant chimiste rapporte encore
une expérience qui montre qu'un sable humide resté simplement à l'air,
reçoit de celui-ci des composés azotés, particulièrement de l'ammoniaque.
Un dernier paragraphe est relatif à l'influence de l'azote assimilable sur
le développement de l'organisme végétal. Pour apprécier cette iniluence,
M. Boussingault a mis, dans quatre vases à fleurs égaux, du sable calcine,
additionné de phosphate de chaux et de sels de potasse. Dans le premier pot
il n'a pas ajouté de nitrate de soude ; il en a mis 0s%2 dans le deuxième,
Os%/idans le troisième, Os',16 dans le quatrième. Il a semé dans chacun deux
graines ù.' Heliavthm pesant 0«',110. Les plantes obtenues ont végète pen-
dant cinquante jours, en plein air, à l'abri de la pluie et de la rosée. Pen-
dant tout ce temps elles sont restées vigoureuses et leurs feuilles d'un beau
vert. A la fin de l'expérience :
Le n" 1, venu sans nitrate. . . était haut de 9^,0, et pesait sec Ogf,507;
Le n° 2, avec 0§r,02 de nitrate, — llS2, — Os',830;
Le n" 3, avec Os'-,0/i de nitrate, — lls5, — lg'-,2'i0;
Le n° 3, avec Os^lf) de nitrate, — 21^5. — 35^,390,
T. TV. /j6
722 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. V
Le tableau suivant résume les résultats des analyses.
Azote contenu Azolo Matiùie organique Carbone Aciile carbonique
-dans les graines intriuliiil formée contenu dans déromposii en
F.X'PKRIENCES. j„ poids (ie par en 30 jouis de la matière 24 heures,
Ogr.H. le nitrate. végétation. organique, en moyenne.
... N» 1 0^0033 o'",'oOOO 0^397 0,159 5,3
N" 2 0,0033 0,0033 0,720 0,288 10,6
N" 3 0,0033 0,0066 1,130 0,^52 17,2
N" Zi 0,0033 0,0264 3,280 1,312 60,5
M. Boussingault tire de ses recherches les conclusions suivantes :
1» Le phosphate de chaux, les sels alcalins et terreux indispensables à la
constitution des plantes, n'exercent néanmoins une action sur la ve<^étation
qu'autant ([u'ils sont unis à des matières capables de fournir de l'azote assi-
milable;
2° Les matières azotées assimilables que l'atmosphère contient inter-
viennent en trop minime proportion pour déterminer, en l'absence d'un
engrais azoté, une abondante et rapide production végétale-
3° Le salpêtre associé au phosphate de chaux et au silicate de potasse agit
comme un engrais complet, puisque des Helianthus venus sous l'influence
de ce mélange étaient, sous le rapport de la vigueur et des dimensions, com-
parables à ceux qu'on a récoltés sur une plate-bande de jardin fortement
fumée.
BOTANIQUE DESCRIPTIVE.
. liidioatioii <Ie quelques plantes nouvelles, rares ou crB-
ti<iues, observées eu Savoie, spécialement «laus les
provinces de iSavoie propre, haute Mavoie et Tareu-
taise, suivie d'une Revue de la section Thylacites du genre Gentiana;
par MM. E. Perrier et h. Songeon. — Annales de la Soc. d'/iist. natur.
de Savoie, pour 183/i; tirage a part en broch. in-8 de /i6 pages. Chain-
béry, 1855.
La brochure dont nous venons de reproduire le titre complet comprend
deux parties entièrement distinctes.
La première partie (pp. 1-26) consiste en un catalogue de plantes re-
marquables de la Savoie. Dans une courte introduction, les deux auteurs
avertissent qu'ils ne se proposent pas de donner une idée de l'ensemble de
la végétation de la Savoie, mais seulement d'en signaler un certain nombre
d'espèces intéressantes par leur rareté ou par leur nouveauté dans ce pays.
Aussi ne voit-t)n figurer dans leur catalogue quelques espèces communes
que parce qu'elles ont été confondues par la plupart des botanistes avec
quiUjue autre plante nouvellement dt^crite qui a du trouver place dans leur
IIKVUK lilliLKK.UAl'IllUUK. 72:'.
Ii.ste. 229 espèces ligiiroiit dans celte énuméiation. Dans ce nombre il s'en
trouve beaiieoiip (le celles que M. Jordan a proposées comme nouvelles
pendant ces dernières années. Seulement, pour offrir à cet égard toutes les
garanties désirables, les deux auteurs avertissent qu'ds ont soumis la plu-
part de ces plantes à l'examen du botaniste lyonnais, ou qu'ils les ont
comparées avec des écbanlillons-types nommés par lui. Pour cbaquc
espèce, MM. Perrier et Songeon indiquent, à la suite du nom spécifique
adopte par eux, la station, la ou les localités, le degré de fréquence ou de
rareté, l'époque de la floraison. Des observations se trouvent jointes à l'in-
dication de quelques espèces.
La seconde partie du travail de MM. Perrier et Snngeon (pp. 26-/i6) est
intitulée : Kevue de la section Tliylacites du genre Gentiana. lis y exami-
nent avec soin les plantes, diverses à leurs yeux, qui formaient pour Linné
une espèce unique, le Gentiana acaulis Lin. D'après eux, cette espèce lin-
néenne réunit, en Savoie, h formes bien distinctes on k espèces, qu'ils dési-
gnent sous les noms suivants ^ 1" Gentiana Kochiana Perrier et Songeon ;
2° G. alpinaWW. ; 3° G. Clusii Perrier et Songeon; k° G. angmtifolia
Vill.
\. Le Gentiana Kochiana Perr. et Song. (6^. acaulis a Ail. ; G. acaulis a,
latifolia Gven. et Godr.; G. excisa Kuch.,Syn., excl. var. P) se trouve
dans les pâturages des Alpes et ne descend jamais, en Savoie, au-dessous
de 1000 métrés. En résumant la description étendue, non accompagnée de
diagnose, qu'en donnent les deux auteurs, on pourrait le caractériser de la
manière suivante :
Soucbe épaisse, courte, tronquée, portant une seule rosette florifère, ou-
plus rarement donnant quelques divisions courtes et robustes; tige généra-
lement allongée, avec des angles peu saillants; feuilles vertes et molles, peu
luisantes en dessus, non rugueuses a l'état sec, à bords cartilagineux-éro-
dés, les radicales étalées en rosette, grandes, planes, elliptiques ou large-
ment obiongues, sessiles ou à peu près. Fleur d'un bleu foncé avec une
teinte pourprée, ayant à la gorge 5 taches d'un vert noirâtre; calice à
divisions étalées ou étalées-dressées, obiongues ou ovales-oblongues, aiguës,
plus ou moins rétrécies à la base, égalant en longueur la moitié du tube;
corolle trois fois plus longue que le calice, à lobes aigus ou acuniinés, avec
les appendices des plis obtus. Graines presque globuleuses, sillonnées et
fortement ponctuées.
2. Le Gentiana alpina Vill. {G. excisa Presl ; G. excisa (3 minor Koch;
G. acaulis y parvifolia Gven. et Godr.) se trouve sur les sommités des
Alpes. Il a été consi^léré par beaucoup d'auteurs comme une forme très alpine
de l'espèce précédente; nos deux auteurs le regardent comme en étant très
distinct; mais, disent-ils, le G. alpina perd malheureusement par la des-
siccation la plupart des caractères {[ui servent à le distinguer. Cependant
72/! SOCIÉTÉ BOTANIQLK DF. FRANCE.
on parvient encore à le reconnaître aisément à sa souche bien plus grêle, a
divisions plus allongées, plus nombreuses, et à la petitesse de toutes ses
parties. Sur le frais, il diffère, au premier coup d'œil, du G. Kochiana pai'
ses feuilles d'un vert jaunâtre et glauque, im-urvées, ce qui donne à ses
i-osettes l'aspect de celles des Sernpr?'vivum.
3. Le Gentiana Clusii Perr. et Song. [Gentiana V, sive Gentianella ma-
jor verna Clus.; G. acaulis Sacq., FI. Aust.-, Kocb, 6'y?î, , excl. syn, ;
G. angustifolia Yill. ; G. ancjmtifolia Rchbc, et Auct. non Vill.) croit
dans les lieux rocailleux des Alpes calcaires, au-dessus de 1000 mètres
d'altitude. Nous essayerons de résumer de la manière suivante la descrip-
tion qu'en donnent MM. Perrier et Songeon :
Souche assez épaisse, tronquée, à divisions souvent assez nombreuses,
terminées par des rosettes ; tige allongée avec des angles saillants ; feuilles
vertes, plus coriaces que celles des 3 autres, non luisantes, rugueuses à Tétat
sec, à bords cartilagineux rudes, presfjue régulièrement et très finement
denticulés, les radicales en l'osette, étalces ou étalées-dressées, planes, lan-
céolées ou elliptiques-lanct'olées, terminées par une pointe oartilagincise
très aiguë. Fleur ù\m bleu foncé, sans taches vertes a la gorge; calice à
divisions dressées, ordinairement appli(iuées sur la corolle, lancéolées-
aiguës, graduellement retrécies de la base au sommet, égalant en longueur
les 2/3 du tube, ou même davantage ; corolle 3 fois plus longue que le
calice, à lobes acuminés, souvent terminés par une pointe, avec les appen-
dices des plis obtus. Graines oblongues, sillonnées, légèrement ponctuées.
h. Le Gentiana angustifolia Vill (non Auct.) se trouve dans les pelouses
sèches, rocailleuses et sur les pentes dénudées des montagnes calcaires,
entre Chambéry et Grenoble, où il descend jusqu'au-dessous de /lOO mètres
d'altitude, tette espèce diffère nettement, selon les deux auteurs, de toutes
les autres par sa corolle plus élégante, plus grande, d'un bleu plus clair,
dont le limbe plus étalé a ses lobes terminés par une pointe plus longue
(1-2™™), blanchâtre ou jaunâtre ; par les divisions de son calice plus
larges et brusquement acuminées-mucronées ; par ses feuilles plus étroites,
atténuées vers la base et comme spathulées, très luisantes sur le frais, les
plus jeunes et celles des rosettes stériles un peu canaliculées ; par ses tiges
souterraines très nombreuses, plus grêles et plus allongées. Il est fort
surprenant, ajoutent-ils, que cette espèce, qui possède des caractères assez
tranchés pour la faire reconnaître immédiatement, soit précisément la
moins connue. Elle semble être tombée dans l'oubli depuis Villars, car tout
ce que les auteurs postérieurs ont désigné sous le nom de G. angustifolia
Vill., se rapporte au 6'. Clusii Perr. et Song.
MiM. l'errier et Songeon lecherchent, dans la suite de leur mémoire, si
le G. acnulis !.. rentre dans une des U espèces qu'ils ont décrites. Ils arri-
vent à la conclusion suivante : < !Si le texte de Linné, u\ les synonymes qu'il
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 725
cite, ni l'usage des auteurs, ne peuvent nous faire connaître laquelle des
U formes que nous avons décrites doit être rei^ardée comme étant le G. ocau-
lis L., ce qui, une lois admis, nous amène nécessairement à rejeter cette dé-
nomination comme n'étant propre qu'à perpétuer yiuc confusion qui n'a dure
que trop lons^temps. »
Dans un appendice à leur mémoiie, IMM. Perrier et Songeon décrivent
comme nouvelle , sous le nom d'Aspenda Jordani Perr. et Song. , mie
plante qui figure dans leur liste (p. 10) comme Aspe^-ula longiflora W.
et K. ? Celte Aspérule croit sur les rochers des vallées alpines, en Taren-
taise 5 elle fleurit en juillet et août. Elle se distingue de VA. cynanchicu \..
par ses feuilles plus courtes, moins larges et moins aiguës ; par ses corolles
Z-lx fois plus grandes, de couleur beaucoup plus foncée, à lobes plus courts
relativement au tube qui n'est presque pas rugueux ; par son ovaire cou-
vert de papilles plus grosses. Klle s'éloigne de VA. rupicola Jord. par les
mêmes caractères de sa corolle, par ses rameaux dressés, etc. Euliu, elle
diffère totalement de VA. longiflora W. et K., par la grandeur de sa
corolle, dont les lobes sont plus longs relativement au tube ; par ses feuilles
beaucoup plus courtes, plus larges et moins aiguës ; par ses tiges plus
basses, plus fortes, etc.
Catalogriic des plantes cnltivéeis au Jardin liotani<iuc tic
la ville de («rcuolile, en 1856, avee l'indication de la
patrie et de la durée des espèces, etc.. par M. J.-B. Verlot,
gr. in-8 de iv et 100 pages. Grenoble, 1857. Chez Maisonville.
Dans un avis imprimé en tète de son ouvrage, M. Verlot nous apprend que
depuis 18^5, époque à laquelle le Jardin botanique de la ville de Grenoble
a été transféré sur un terrain plus étendu que celui qu'il avait occupé jus-
qu'alors, la liste des graines récoltées dans cet établissement a été imp>imée
par lui chaque année pour être envoyée aux pi ineipaux jardins botaniques de
la France et de l'étranger, et pour faciliter les échanges. Mais cette fois il a
cru devoir faire une publication plus complète et faire entrer dans son
Catalogue l'indication de toutes les plantes qu'il cultive dans le jardin
confié à sa direction. Cette liste complète, imprimée de nouveau tous les
quatre ou cinq ans, servira, dans l'intervalle, de base pour les échanges et
les demandes. Il suffira, en effet, de marquer d'un signe convenu les espèces
qu'on peut offrir et celles qu'on désire recevoir pour établir un moyen de
correspondance aussi commode que sûr. D'un autre côte, il suffira de par-
courir cette même liste pour voir, en l'absence de toute demande, ce qu'on
pourra offrir au Jardin botanique de Grenoble pour étendre ses collections.
Le catalogue de M. Verlot est disposé méthodiquement et d'après l'ordre
de De Candolle. 192 familles y ont trouvé place. Les espèces y sont indi-
7*26 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DK FUANCE.
quées par le nom et lautoritc, que suit l'iiulication de la localité. Sous ce
dernier rapport, l'auteur adopte quelques désignations particulières relati-
vement a l'Kurope et à la France. Pour l'Europe, lorsqu'une espèce se
trouve dans plusieurs contrées autres que la France, il cite toujours le pays
le moins éloigné; pour la France, il indique: 1" l'arrondissement de Gre-
noble, si la plante y croit à l'état sauvage; 2° le Dauphiné, si elle vient
dans une localité quelconque de cette ancienne province, mais non près de
Grenoble; enfin, 3° la France, lorsqu'on la rencontre en un point quel-
conque de la France, mais non dans le Dauphiné. La durée des espèces est
marquée para pour les annuelles, pari pour les bisannuelles, parp pour
les pérennes ou herbacées vivaces, par / pour les ligneuses.
Ace catalogue purement botanique, M. Verlot a joint la liste des variétés
d'arbres fruitiers qu'il cultive et dont il peut donner des boutures, des
crossettes ou des greffes. La Vigue, les Groseilliers et le Framboisier sont
compris parmi les arbres fruitiers.
Le volume se ternnne par « l'indication des lieux où croissent, dans
l'arrondissemennt de Grenoble, quelques espèces non signalées dans cette
conirée par les auteurs. » Ces espèces, au nombre de 25, sont les suivantes :
Banunculus aduncns Gren. et Godr.; B. Friesanus iord.; Barbareainter-
niedia Boreau ; Thlnsjn montanim L.; Silène glareosa .lord.- Stellaria
Borœana Jord.; Arenaria lepindndos Rcbhc; Vicia varia Host.- V. pe-
regrina L.; Potentitla delphinensis Gren. et Godr.; P. micrantha Ram.;
Bosa ciliato-petala Bess.; B. montanu Chaix ; Sorbus scandica Fries.;
Eiu/obiam lanceolatum Seb. et Maur.: Sempervivum piliferum Jord.; Se-
seli caroifoliumSxW. ; Caucalis Icptophijlla L. ; Knautia carpop/njlax , lord.;
K. subcanescens Jord.; Pyrola média Sw.; Digitalis média Roth.; Oro-
banche amethystea Thuill.; Stachys delphinensis Jord.; Amm italicum
Mili.
A la page 9i se trouve intercalée une « Note sur deux plantes de l'ordre
des Crucifères. » L'une de ces plantes, envoyée au Jardin de Grenoble par
M. V. Reboud, en 1865, est regardée comme une espèce nouvelle par
M. Verlot, qui la nomme et la décrit comme il suit :
Sisyinhrium Beboudiunum Verlot. Racine fusiforme, grêle; tige haute
de 2 a 6 décimètres, finement pubescente, effilée, simple lors des premières
fleurs, rameuse ensuite au sommet, à rameaux grêles un peu étalés; feuilles
petites, les radicules roncinées-pinnatifides, à lobes entiers, ovales-aigus
(longues seulement de 2 ou 3 centimètres, y compris le pétiole), pubes-
centes-blanchâtres, de forme variable: tantôt sessiles, lyrées, à plusieurs
segments aigus à la base, entières et terminées en pointe au sommet; tantôt
lancéolées ou linéaires, avec quelques incisions peu profondes; tantôt,
enlin, lancéolées ou linéaires entières, atténuées en pétiole a la base. Fleurs
très petites, d'un jaune pâle, à calice peu ouvert, pubescent-herissé ; sili-
RliVUK UIHLIUdKAIMMQlIE. 727
ques loiif^ues de 3 ou U centimètres, à peu près lisses, assez distantes, por-
tées sur des pédicellc's étalés-dressés, longs de 3 à 5 millimètres ; graines
très petites, d'un jaune pâle. Plante annuelle, originaire de la partie orien-
tale du Sahara algérien, entre Djelfa et I.aghouat.
La seconde de ces plantes figure dans le Catalogue de M. Verlot sous le
nom de Fî^ysimum autareticum Verl., ([ui lui a été donnée parce ((u'ellc se
trouve au I>autarct. Mais, depuis l'impression des premières feuilles de son
ouvrage, ce botaniste a reconnu que ce n'est que VFrysimum hclveticum
DC, espèce nouvelle pour la flore française.
Einiges itber Mjasia liOiireiro {Quelques observations sur le (jenrc
l.asia de Loureiro); par iM. Scholt [Bonplandia du 1 mai 1857, n" 8,
pp. 122-129).
Le genre Lasio, (Aroïdée) a été établi par Loureiro dans sa Flora cochin-
chinensis publiée en 1790. Ce botaniste connaissait très bien les affinités do
ce genre avec les Pothos dont il le distinguait essentiellement par le carac-
tère de sa baie constamment monosperme. En effet, ayant entre les mains
le Systema de Linné, édition de Reiehard (1779), il y avait vu les Pothos
caractérisés par des baies dispermes. La picànte qu'il admet sous ce dernier
nom, c'est-à-dire V Appendix arborum de Rumphius, est le Pothos macro-
stachyus Moritzi, Scindapsus arborum Presl.
M.Schott montre qu'on a rangé dans le genre Pothos des plantes hété-
rogènes. Ainsi, sur les 12 que Roxburgh admettait sous ce nom, on trouve
6 Hhnphidophora , 1 Scindapsus, 1 Fpipremum, 2 Lasia et seulement
2 Pothos.
Ce sont les Pothos Lasia et heterophylla du botaniste anglais, qui appnr-
tiennent au genre Losia Lour. Quant à l'espèce dont Loureiro a fait le type
de ce genre, M. Schott se demande si elle est réellement un Lasia, et il
résout cette question affirmativement, en faisant observer toutefois qu'il
croit devoir changer son nom de Lasia aculeata lour., basé sur un carac-
tère commun à toutes les espèces du genre, en celui de L.Loureiri, Voici
maintenant le tableau de ce genre tel que l'ont fait les découvertes de ces
dernières années.
Lasia Lour. Spatha arcte contorla, arrecta, ima basi tantiun in fœcun-
datione hians, tandem delitescens. Spadix brevis. Flosculi tetrameri. Ova-
rium unilocul., ovulo solitario fere tholifixo, anatropo, breviter funiculato,
micropyle vix exacte fundum versus spectante. Baccge vertice muricata^.
Semen curvatum , muriculatum , evanescente-albuminosum. — Caudex
prorepens. Folia saglttata I. pinnatipartlta. Gemmée turionum supra-
axillares.
1. luttsia £oMré'«W Schott {L. aculeata Lour.). Hab. in Cochinchina.
728 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE ERA^CE.
2. /. Hermanni Schott. [Dracontium spinosum L. , FI. zeyL). Hab. in
Zeyiona.
3. L. JcnJdnsii Schott. Hab. in Ind. or. provincia Assam? (Jenkiiis
in Hcrb. Ilook.).
h. L. Zollingeri Schott. {L. /icfcrop/njlla ZoWin^.). Hab. in Java.
5. A. Roxlnirijhu Grifl". , //. Not., \\\, p. 155. {Pothos LasiaMoxh. ex
Griff. cum?). Hab. in Ind. or. provincia Silhet.
6. /. heterophylla Schott. [Pothos heterophylla Roxb.). Hab. in Ben-
galia.
Outre les Lasia. proprement rlits, l'Asie possède des plantes qui leur sont
tellement analogues qu'une d'elles a été nommée L. Merkusii. Griffith avait
cependant reconnu des différences importantes entre elles et \qs Lasia, et
i! en avait fait dans ses notes un genre séparé qu'il avait nommé Cyclos-
prrma. En adoptant ce genre et le caractérisant, M. Schott en modifie le
nom en C yrtosperma (1).
Cvci.osi'i'RMA Griff. Spatha aperta, marcescenti-persistens. Sepala 5-7.
Stam. totidem. Ovar. l-loc, 2-ovu!atum, ovulis parietalib., collateralib.,
infra médium loculamenti exsertis, longule-funiculatis, anatr. , micropyle
arapla, fundum versus spectante. Pericarp. subbaccatum, abortu 1-sperm.
Semen curvatum , reniforme , marginato-cristatum. Album, carnosum.
Embryo hippocrepiformis. — Fol. hastata tantum ut pedunculi aculeis
armata.
1. Cyclosperma lasioides Griff. Hab. Malacca, Singapore.
2. C. Merkusii Schott. [Lasia Merkusii Hassk.). Hab. in Java.
On trouve dans l'Inde une plante qui ressemble par le port aux précé-
dentes dans sa jeunesse, mais qui plus tard en devient tellement différente
que, dit M. Schott, il faut l'analyser pour reconnaître qu'elle appartient
bien au groupe des Lasinées. M. Schott en fait le type du genre suivant :
Anaphvllum Schott. Spatha aperta, elongata. Sep. h. Stam. totidem.
Ovar. l-loc, 1-ovuIalum, ovulo parietali, sub medio loculamenti exserto,
brevissin^c-funiculato, anatr., micropyle ampla fundum versus spectante...
— Fol. juvenculcfi stirpisprimum sagiltato-liastata, demum pedato-partita;
adullœ : lemote-pinnatisecta. Petioli sparse muriculati.
1. AïuiphyUuin Wighfii Schott. Hab. in Ind. or. provincia Carnatic,
prope CourtalUini (Wight).
L' Afri(|iie a aussi une Aroidée voisine des Lasia. L'herbier de M. Hooker
en renferme deux échantillons trouvés l'un en Sénégambie par Heudelot,
(1) Il est assez dinicile de comprtMuirc pourquoi M. .Sclioît, après avoir employé
constamment le nom de Cyclosperma dans sou texte allemand, le niodiOe en
Cyrtospernia on tète des diagnoscs du genre cl des deux espèces, pour Técrirc de
nouveau C'iiclosiicrnw dans le tableau final des Lasinées.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 729
selon toute apparence, l'autre rapporté par l'expédition du Niger. M. Schott
lait pour cette plante le genre suivant :
J.ASiMoiU'HA Schott. Spatha aperta? (nec contorta). Sep. 'i. Slam. toti-
dcni. Ovar. 1-loc., pluriovulaturn, ovulis e fundo in parietcm biserialiter
ascendentib., longule-funiculatis, anatr., micropylo luiidum versus spec-
lante. .. — Fol. hastata. Petioli et pedunc. sparse muriculati.
1. Lasimorp/ia senegalensis Sdiott Ilab. in Sencgambia.
Enfin le genre Urospatha, qui appartient exclusivement a la côte seplen-
trio)iale de l'Amérique du Sud, est le représentant des Lasinées dans le
nouveau continent.
Urospatha Schott. Spatha erecta, inferne cucullata, medio aperta, apice
in ligulam longissimam contortam angustata, persistens. Spadix a spatha
nuiltoties superatus, digitiformis, stipitatus, flosculis ^-5-1. G-meris, ae.sti-
vatione irregulariter-imbricativa obsitus, inferne steriiis, a medio fertilis,
sursum florens. Ovaria incomplete-bilocul., septis a basi ad mediam cavi-
tatem (circiter) usque connatis ; ovulis in^^quolibet loculamento 2, pluri-
busve, e centre quasi exsertis, anatr., micropyle fundum versus spectante.
Uaccse sepalis grandefactis circumvallatœ. Semen submeniscoideum, rai-
cropylen versus attenuatum, testa scrobiculata. Album. 0? ■ — Herbœ pa-
ludosa amantes. Rhizomaperpendiculare, spongiosum. Fol. paucasurrecta.
Petioli lonsissimi, basi tantuin vaginati, scabride - verrucosi, maculati.
I.aaiina sagittato-bastata, venis margini subparallelis, pseudoneura 2-3
nientientibus (interno a margine remoto), venulis quasi unilateralibus.
Pedunculi petiolis longiores, quoque scabridi et maculati. Spatha extus
plerumque colore tincta, intus albida. Spadix albidus.
1. Urospatha Friedrich&thaliana Schott. Hab. San Juan de Nicaragua.
2. U. grandis Id. Hab. Isthmus Panama.
3. U. ajfinis Id. Hab. in Brasil. boreali.
li. U. caudata Id. Hab. Hîid.
5. U. sagittœfoUa Id. Hab. Guiana, etc.
6. U. Meyeri Id. Hab. Esscquebo.
7. U. decipiens Id. Hab, in Bras, provincia Rio Negro.
8. U. dubia Id. Hab. in Demerara.
9. U. Hostmanni Id. Hab. in Surinam.
10. U. Spruceana Id. Hab. in Bras. prov. Rio Negro. (Spruce, PI. ex-
siec. n" 965.)
11. U. Poeppigiana Id. Hab. in Bras, provincia Para.
La seule donnée qu'on possède encore sur l'existence de Lasinées dans
les îles de l'océan Pacifique résulte de ce qu'il existe dans l'herbier de
Vienne une feuille rapportée par Chamisso de Radack et étiquetée par lui
Arum, sagittifollum. M. Schott décrit cette feuille en donnant à la plante
qui l'a fournie le nom de Arisacont/s Chamissonis Schott.
730 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Les diverses plantes caractérisées daus le mémoire de M. Schott consti-
tuent pour ce botaniste, dans la famille des Aroïdées, une sous-tribu des
Lasinées caractérisée de la manière suivante : Spatha laminaris, colorata,
eiongata, recta, diu persistens; spadix brevis. Plantae armatœ, in pakidosis
zouee tropicte vigentes.
MÉLANGES.
Itil>iothcc|ue des Jnssien.
Nous avons sous les yeux le Catalogue de la Bibliothèque scientifique
de MM. de Jussieu, dont la vente aura lieu à partir du lundi 11 jan-
vier 1858, à sept heures du soir, dans l'une des salles de vente de la maison
Sylvestre, rue des Bons-Enfants', 28. Quelques jours vont suffire pour
disperser dans toutes ces parties du monde les trésors scientifiques accu-
mulés à grands frais et avec une persévérance éclairée, par trois générations
d'hommes supérieurs, pendant un siècle et demi. Triste effet de l'instabilité
des choses humaines, qui renverse en quelques instants des monuments
élevés au prix de longues années de sacrifices et d'efforts!
Il est inutile de faire ressortir ici le prix immense d'une bibliothèque îx la-
quelle s'attachent tant et de si précieux souvenirs scientifiques, « sanctuaire,
comme le dit M. Decaisne, où a été élaborée la méthode naturelle, qu'ont
tour à tour consultée Linné, Lamarck, Dupetit-Thouars, Cavanilles, Correa
de Serra, Vabl, Aublet, les deux Richard, Kunth et une foule d'autres per-
sonnages distingués qui se sont fait un nom glorieux dans la science. »
Nous nous contenterons de donner une idée du nombre, de la variété et du
choix des ouvrages qu'elle comprend.
Nous ferons observer d'abord qu'outre le grand nombre de livres qui se
trouvent dans le commerce de la librairie, et que dès lors tout le monde
peut se procurera prix d'argent, il existe dans la Bibliothèque des Jussieu
une quantité considérable de mémoires isolés et de tirages à part, c'est-à-
dire de ces écrits qui sont toujours imprimés à un nombre fort limité
d'exemplaires, et qui ne sont jamais ou presque jamais mis en vente.
M. Adr. de .lussieu attachait avec juste raison un grand prix à cette partie
de sa bibliothèque, et il n'épargnait rien pour la compléter le plus possible.
Ses relations avec les botanistes les plus distingués de tous les pays, son
nom et son mérite éminent, lui attiraient l'hommage du plus grand nombre
de ces brochures toujours rares ; en outre il ne négligeait rien pour se pro-
curer celles qui lui manquaient. Ainsi, pour compléter la série des mémoires
de son père lui-même, il a dû profiter de toutes les occasions quis'offraieiit
à lui pour acquérir isolément les volumes des grandes collections dans les-
quelles ces importants travaux ont été imprimés. C'est ainsi qu'il est par-
IIKVUB RIBLIOGRAPIIIQCIE. 731
venu à posséder séparément la collection complète des niénioires de la plu-
part des grands botanistes de ce siècle, collection probablement unique
aujourd'hui.
Le Catalogue d(! la Bibliothèque des Jussieu comprend /i069 numéros; or,
beaucoup de ces numéros correspondant à des lots plus ou moins nombieux
d'ouvrages peu étendus ou de simples mémoires, il faudrait presque cer-
tainement doubler ce nombre pour obtenir le total des livres ou mémoires
qui composent cette précieuse collection. Les ouvrages imprimés forment
3846 numéros {^SUk et deux supplémentaires]; les manuscrits, dessins et
peintures fournissent 225 numéros. La première portion se divise en deux
sections très inégales, relatives, l'une aux sciences et aux arts (3793 nu-
méros), l'autre à l'histoire, à la géographie, etc. Les sciences forment six
divisions : L Sciences en général = 78 numéros-, IL Sciences philoso-
phiques = 22 numéros ; IIL Sciences physiques et chimiques = 14.5 nu-
méros ; IV. Sciences mathématiques = h\ numéros; V. Sciences natu-
relles = 3046 numéros^ VI. Sciences médicales = 434 numéros. Dans la
division des sciences naturelles, la botanique forme la section C et com-
prend à elle seule 2562 numéros. — Pour fournir des termes de comparai-
son, nous rappellerons que, parmi les grandes bibliothèques botaniques
dontla vente a eu lieu depuis quelques années, celle de Bischoff comprenait
1984 numéros, celles de Kunth et de Koch réunies s'élevaient à 2736; mais
que, dans les Catalogues de l'une et l'autre, chaque ouvrage ou mémoire
séparé portait son numéro distinct, tandis que, dans le Catalogue de la
Bibliothèque de Jussieu, c'est particulièrement pour la botanique que les
numéros correspondent très souvent à des lots. Ainsi, sous les n"' 1250 et
1251 se trouvent portés 48 mémoires de A. L. de Jussieu ; sous le u" 1252
se trouvent 24 mémoires pai- Ad. de Jussieu ; sous les n°^ 1253 et 1254 sont
rangés 49 mémoires de A. P. de Candolle ; sous le n" 1259 sont compris
10 mémoires de L. C. Richaid, et 4 notices biographiques ou autres sur ce
célèbre botaniste; sous le n" 1260 nous trouvons 35 mémoires de Aug. de
Saint-Hil.iire ; sous le n° 1261, 32 mémoires de Turpin, etc.
Il peut n'être pas sans intérêt de montrer la répartition de tous les ou-
vrages de botanique compris dans la Bibliothèque des Jussieu, selon les
divers embranchements de la science. Cette précieuse collection avant été
formée, non au hasard, mais avec une parfaite intelligence des besoins pour
des études complètes, ce relevé peut être considéré comme une sorte de sta-
tistique approximative de la littérature botanique. Nous suivrons pour ce
relevé les sections du Catalogue imprimé, et nous relèverons pour les diffé-
rentes divisions de la botanic|ue proprement dite, non-seulement le nombre
des numéros, mais encore celui des ouvrages eux-mêmes portés dans chaque
catégorie.
1. Histoire : u°» 527 à 541 ; 29 ouvrages.
732 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
2. Dictionnaires de botanique : n°' 542 à 556; 16 ouvrages.
3. Traités sur l'enseignement de la botanique: n°' 558 à 621; 71 ouvrages,
dont certains en plusieurs éditions ou traductions.
h. Physique et chimie des végétaux : n"* 622 à 655 ; 96 ouvrages.
5. Physiologie des végétaux : n"' 656 à 692 ; 62 ouvrages, dont certains
à plusieurs éditions.
6. Organographie végétale.
A. En général : iV 693 à 735 ; 82 ouvrages.
B. Organes de la végétation et leurs fonctions : n"' 736 à Sk2; 259 ou-
vrages.
C. Fleurs; organes de reproduction; pollen : n°' 843 à 886; 86 ou-
vrages,
D. Kmbryologie: ovule; fruit-, graine; germination : n"' 887 à 928;
65 ouvrages.
7. Métamorphose et monstruosités des plantes : n°' 929 à 957 ; 72 ou-
vrages.
8. Pathologie végétale : n"' 958 à 969 ; 31 ouvrages.
9. Taxonomie : n°' 970 à 1110 ; 171 ouvrages, dont plusieurs en diverses
éditions.
10. Histoire générale des plantes : n°' 1111 à 1179; 76 ouvrages, dont
certains en plusieurs éditions.
11. Recueils de figures de plantes et de tleurs : n°' 1180 à 1212 ; 35 ou-
vrages.
12. Dendrologie : n"' 1213 à 1225; 25 ouvrages.
13. Observations, mélanges et opuscules de botanique : n" 1226 à 1313 ;
389 ouvrages.
ik. Journaux de botanique : n°' 1314 à 1341 ; 31 ouvrages.
45. Végétaux fossiles : n"' 1342 à 1364 : 44 ouvrages.
16. Recueils de plantes rares ou peu connues : n"" 1365 à 1382 ; 20 ou-
vrages.
17. Géographie botanique et géographie physique : n°' 1383 à 1405 ;
65 ouvrages.
18. Voyages : n°n406 à 1541.
19. Flores.
De différents pays : n"*1542 à 1553; 16 ouvrages.
A. Europe : n"' 1554 à 1563; 11 ouvrages.
B. France : n"' 1564 à 1658 bis; 122 ouvrages, dont certains en
plusieurs éditions.
C. Espagne et Portugal : n"' 1659 à 1671 ; 20 ouvrages.
D. Italie, Sicile et Sardaigne : n°' 1672 à 1714; 63 ouvrages.
E. Hollande, Belgique et Suisse ; n"' ,1715 à 1732 ; 27 ouvrages.
F. Allemagne, Hongrie, Silésie : n" 1733 à 1785 ; 76 ouvrages.
REVIE BIBLIOGRAPHIQUE. 733
G. Angleterre, Ecosse et Irlande : w" 1786 à 1801 ; 20 ouvrages.
II. Suède, Danemark, iNorwege, Russie : n"' 1802 à 1826; Z'x ou-
vrages.
I. Grèce et empire ottoman : n<" 1827 à 1832 ; 7 ouvrages.
K. Asie : n"M833 à 1895 ; 83 ouvrages.
L. Afrique : n* 1896 à 1930 ; 5U ouvrages.
M. Amérique : n"^ 1931 à 2005 ; 103 ouvrages.
IN. Terres australes : n"^ 2006 à 2020; 18 ouvrages.
20. Collections de plantes des jardins publics et particuliers : n"' 2021 à
2133 (France : 60 ouvrages; le reste de l'Europe : 108 ouvrages; mé-
langes : 17 ouvrages).
21. Poëmes sur la botanique : n°' 2134 à lïkk; 16 ouvrages.
22. Monographies.
A. Cryptogamie : n°' 2U5 à 2341 ; 346 ouvrages.
B. Phanérogames monocotylédons : n°' 2344 (1) à 2437; 187 ou-
vrages.
G. Phanérogames dicotylédons : n°^ 2438 à 2806; 753 ouvrages.
23. Botanique médicale : n°' 2807 à 2917.
24. Botanique économique et culture : n"* 2918 à 3088.
Il résulte du relevé que nous venons de présenter que les ouvrages de
botanique proprement dite, abstraction faite des voyages, dont la plupart
sont relatifs au moins en partie aux plantes, ou sont même purement et
simplement des ouvrages de botanique, forment un total de 3868, qui cor-
respondent nécessairement à un nombre beaucoup plus considérable de
volumes.
Sans doute on peut citer des bibliothèques botaniques plus riches en
grands ouvrages à planches, et, sans sortir de Paris, on en trouve un
splendide exemple dans la magnifique Bibliothèque Delessert, qui n'a pas
d'égale aujourd'hui; mais il ne faudrait cependant pas croire que la collec-
tion de Jussieu ne fût pas elle-même très remarquable sous ce rapport. On
y trouve, en effet : \esPlantœ asiaticœ rariores de Wallich; les Icônes plan-
tarum, etc., de Ledebour (5 gr. in-fol.) ; le Floy^a Javœet le Rumphia, de
M. Blume; les Liliacées de Redouté ; la Flore des Antilles de Tussac ; les
grands ouvrages de Jacquin; les Plantes du Coromandel de Roxburgh, et
beaucoup d'autres ouvrages de grand luxe et d'un prix élevé.
Disons encore qu'un assez grand nombre de livres de la Bibliothèque des
Jussieu sont enrichis de noies de leur main ou de celle de botanistes célè-
bres. Ajoutons enfin que parmi les nombreux manuscrits conservés dans
cette précieuse collection il en est plusieurs du plus grand intérêt soit par
le nom de leur auteur, soit par leur sujet ; nous citerons entre autres ceux
(1) La série des numéros présente ici une petite lacune.
73/i SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
de Tourneforl, de Banelier, d'Aublet, de Vaillant, de Geoffroy, de Com-
merson, de Diipetit-Thouars, etc., les dessins de Plumier, d'Aubriet, etc.
I,a vente de cette précieuse Bibliothèque est annoncée comme devant
occuper 28 vacations-, celle des ouvrages de botanique proprement dite est
lixéeaux 12, 13, 19-23, 25-30 janvier, 1-6, 8-10 février.
NOUVELLES.
Nécrologie. — Le cabier de décembre du Journal ofbotany de M. Hooker
annonce la mort de M. William Purdie, qui était, depuis plusieurs années,
directeur du Jardin botanique de l'ile de la Trinité. M. Hooker rappelle que
ce zélé botaniste voyageur, avant de se fixer a la Trinité, avait exploré très
fructueusement pour la science la Jamaïque et la Nouvelle-Grenade, et que,
entre autres espèces intéressantes, il avait introduit dans les jardins de
l'Europe le Ceroxylon andicola Humb., ainsi que le Phijtclephas macro-
carpa R. et P., connu vulgairement sous le nom de Palmier à ivoire vé-
gétal.
La société Linnéenne de Bordeaux vient de publier le programme des
prix qu'elle propose pour l'année 1858 et les années suivantes. Ces prix
sont relatifs a des questions de conchyliologie, de botanique et d'histoire
naturelle appliquée. La première des deux questions de botanique propo-
sées comme sujet de prix est déjà connue des lecteurs de ce Bulletin; elle
avait été, en effet, mise au concours pour 1856 et 1857 et nous en avions
reproduit l'indication (voy. Bull, de la Soc. bot. de France, III, p. 206).
La Sociéti.' Linnéenne demande « Un travail complet sur les Chênes delà
région du sud-ouest de la France, les Basses- Pyrénées comprises. » Il est
dit dans le programme nouveau que ia Société ne s'était luillement dissi-
mulé les dit'licultés, la longueur du travail nécessaire pour résoudre cette
question d'une manière satisfaisante; aussi, bien qu'elle ait été élucidée
purtieilcment celte année par les travaux de M. J. Gay, croit-on devoir
proroger le concours aux années 1858-59-60. Jusqu'à cette époque, ajoute
le programme, la Société récompensera les travaux qui lui seraient envoyés
et qui n'auraient pour objet qu'une partie des éléments de la question.
Le prix proposé est une médaille d'or.
La seconde question, que la Société Linnéenne remet au concours pour
1858 et les années suivantes, est formulée comme il suit :
a Quels sont, dans les diverses conditions de station des végétaux, les
modes prédominants de reproduction {durée annuelle ou vivace ; racines
traçantes; tiges souterraines ; nuircotage naturel ; graines normales, ou ger-
mination par propagules divers; fissiporité; sexualité; système unique ou
multiple do 7'eproduction, etc.)? »
REVUE BIBLIOGRAF'IIIQL'E. 735
En d'autres termes : « Comment le milieu qu habite une plante, influe-
t-il le plus communément sur son mode de reproduction ? »
Le prix consistera en une médaille d'argent.
L'une des deux questions d'histoire naturelle appliffuée qui sont mises
au concours par la Société Linnéenne de Bordeaux est de nature à inté-
resser les botanistes. Seulement elle n'a qu'un intérêt local. Klleest propo-
sée pour 1858 et les années suivantes.
Elle est formulée comme il suit ;
« Faire connaître quelles sont, parmi les plantes indigènes de la Gironde,
les espèces actuellement regardées comme nuisibles ou tout au moins sans
usage, qui peuvent le mieux être utilisées; et préciser en même temps les es-
sais à tenter et les améliorations que l'on devra chercher à obtenir dans la
culture. »
Le prix sera une médaille d'argent,
— La même publication de la Société Linnéenne de Bordeaux nous ap-
prend un lait que nous sommes heureux de pouvoir porter à la connaissance
des lecteurs de ce Bulletin. Nous en reproduisons textuellement l'énoncé :
« Dans des travaux récents, M. J. Gay, de Paris, a traité, d'une ma-
nière tout à fait supérieure, quelques-unes des parties de la question mise
au concours dans la section de botanique, l'année dernière. La Société vou-
lant récompenser dignement les résultats obtenus par le patient et sévère
observateur, décerne à M. J. Gay, une médaille d'argent, grand mo-
dule, spécialement pour la découverte qu'il a faite, et la diagnose caracté-
ristique qu'il a donnée d'une nouvelle espèce fiançaise de Chêne [Quercus
occidentalis J. Gay) confondue autrefois avec le Chêne liège, par tous les
auteurs de Flores du sud-ouest de la France. »
— Nous lisons dans le cahier de décembre du Journal of botany de
M. Hooker que M. Herman Gruger, botaniste allemand, très avantageuse-
ment connu par ses travaux, qui habite la Trinité depuis plusieurs années
et dont nous avions annoncé à tort la rentrée en Europe, d'après le Bon-
plandia [Bulletin de la Soc. bot. de France, IV, p, 'ôhk), vient d'être
nommé directeur du Jardin botanique de cette île, en remplacement de
M. W. Purdie décédé.
— Le même cahier nous donne une nouvelle que tous les botanistes ap-
prendront avec Ui) profond regret; c'est que sir William Hooker met lin à
la publication inipoitanle qui, sous des titres divers, depuis le Botanical
Miscellany jusqu'au Hooker s Journal of botany, a été poursuivie, de 1827
jusqu'à ce jour, sous sa savante et active direction. Ainsi la botanique va
perdre le seul organe spécial et général qu'elle possède dans la Grande-
Breta";ne !
736 SOCIÉTÉ KOTANlQrF. DE FRANCE.
BIBLIOGRAPHIE.
Botauisclie Xcituiig.
Articles originaux publiés en 1857 (suite).
Speerschneider [J.). Die Ursache der Erkrankung der Kartoffelknolle diirch
eitie Reihe Expérimente bewiesen (La cause de la maladie des tubercules
de la Pomme de terre démontrée par une suite d'expériences) ; n° 8,
20 fév., col. 121-125.
Baijrhoffer [W.). — Entwiokelungs- und Befruchtungsweise von Tfirom-
bium Nostoc Wallr. (Mode de développement et de fécondation du
Th'ombium Nostoc Walli-.) ; n" 9, 27 fevr., col. 137-lZi5, pi. III.
Caspary {liob.). — Bevvirkt die Sonne Risse in Rinde und Holz der Baume
(Le soleil amène-t-il le crevassement de l'écorce et du bois des arbres'?);
n° 10, 6 mars, col. 153-156.
Reichenbach fil. [H. -G.). — Gartenorchideen (Orchidées de jardin); n° 10,
6 mars, col. 157-159.
Millier {fC., de Halle). — Paliiophylologische Blieke (Aperçus palaeophyto-
logiqucs) ; n° 10, G mars, col. 159-165.
Klotzsch [Fr.]. — Ueber die Begoniaceen-GalUmg Platycentrum [sm le
genre de Bégoniacées Platycen(riim); n° 11, 13 mars, col. 177-18^.
Bonorden [H. -F.). — Bau ûev Alphitomorpha guttata [PItyllactinia guttata
Lev.] nebst Bemerkungen (Structure de VAlphitoniorpha guttata [Phyllac-
tiniaguttata Lev.] avec des remarques) ; n° 12, 20 mars, col. 193-199,
pi. IV, A.
Milde [J.). — Rechtfertigungdes Genus Cho.mœceros gegen Herrn Profes-
sor Lehmann. (Oél'ense du genre C/iamœceros contre le professeur Leh-
mann) ; n" 12, 20 mars, col. 199-201.
Bonoi'den {H.-F.). Beitriige zur Mykologie (Notes de Mycologie) ; n" 13,
\U, 27 mars, 3 avril, col. 209-212, pi. IV, B, col. 237-228, pi. V, B.
Willkornm. — Bemerkungen ûber Kritische Pflanzen der Mediterrautlora
(Remarques sur des plantes critiques de la flore méditerranéenne) ; u" 13,
col. 212-220.
Cienkmvski. — Rhizidium Confervae glomeratse ; n» l/i, 3 avril, col. 233-
236, pi. V, A.
Molli [Hugo von). — Ueber die Aufbewahrung mikroskopischer PrSparate
(Sur la conservation des préparations microscopiques); n'"15 et 16, 10 et
17 avril, col. 2^9-255, 265-271.
Palis. — Imprimct'ic Je I., Martinet, r;ie Migdon, 2.
SOCIÉTÉ BOTANIQUE
DE FRANCE.
SÉANCE DU 10 JUILLET 1857.
PRÉSIDENCE Dfi M. MOQUIN-TANDON.
M. Ducliartre, secrétaire, donne lecture du procès-verbal th lu
séance du 26 juin, dont la rédaction est adoptée.
Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le
Président proclame l'admission de :
MM. DE Martius, secrétaire de l'Académie des sciences de Bavière,
membre correspondant de l'Institut de France, etc., à
Munich (Bavière), présenté par MM. J. Gay et Moquin
Tandon.
Théveneau, docteur en médecine, à Béziers (Hérault), présenté
par MiM. J. Gay et Moquin-Tandon.
Merche (Charles), vétérinaire de première classe au régiment
de lanciers de la garde impériale, à Saint-Germain-en-Layo
(Seine-et-Oise), présenté par MM. Weddell et de Schœ-
nefeld.
M. le Président annonce en outre quatre nouvelles présentations.
Dons faits à la Société:
1° Par M. Vattemare, directeur de l'Agence centrale des échanges
internationaux :
Report of the Commissioner of patents, 185i!i, 1855.
Contribution de l'Agence centrale des échanges internai iomu.c au con-
cours universel de 1856.
2" De la part de M. Ch. Marlins, de Montpellier :
Le Platane de Bi/Jngdérc, lithographie.
3" En échange de Bulletin de la Société :
///h.s7/7'//, juillet 1857, deux numéro;-.
T. TV
Ul
738 sociÉTi'; botanique de frange.
M. J. Guy annonce (jue M. Tliéveneau, membre de la Société,
dont l'admission vient d'être proclamée, a découvert dans la mare de
Hiiïauds, près d'Agde (Hérault), le Damasonium jiolyspermum Coss.,
espèce nouvelle pour la llore française et qui n'était connue qu'en
Andalousie, où elle avait été récoltée aux environs de Cadix, en 18/i9,
par M. Hourgeau.
M. Ducliartre, secrétaire, donne lecture de la communication
suivante, adressée à la Société :
DISCUSSION DE QUELQUES POINTS DE GLOSSOtOGIE BOTANIQUE, par M. D. CLOS.
(Toulouse, 4 juillet 1857.)
I. Du mot ACUMiMî. — La signification précise de certains termes a dans les
sciences naturelles une assez grande importance ; elle eu a surtout lorsqu'il
s'agit d'une de ces expressions fiéquemment usitées en phytographie pour
la distinction des espèces: c'est pourquoi nous ne croyons pas inutile d'at-
tirer l'attention des botanistes sur la différence des définitions qui ont été
données du mot acuminé, et de Teinploi qui en a été fait.
Le foiidalcur de la nomenclature, Linné, a établi que la feuille acuminée
doit se terminci- par une pointe subulée {apice subulato), tandis que la feuille
aiguë se termine par un angle aigu [Philos. Bot.).
Plusieurs auteurs modernes, Mirbel [Elém. de Phys., 1. 11, p. 6û8), Acii.
Richard [Éléiii., T édit., p. 193), et M. Godion [FI. de Lorr., III, p. 61)
disent ac}nninée la feuille dont les bords, avant de se rejoindre, changent de
direction, de manière à se rencontrer moins vite; d'autres, Du Petit-ïhouars
[Cows de Phi/s., ^. 21), et M. LeMaout(A^/. de Bot., 17) expriment la même
idée, appelant acuminée la feuille dont la pointe provient d'un rétrécisse-
ment subit qu'éprouve la lame. Link me parait avoir heureusement énoncé
les différences des feuilles aigué, obtuse et acuminée, dans la phrase apho-
ristique suivante: Apicis regio lineis rectisinclusa folium acutatum reddit,
lineis convexis inclusa, obtusatum, lineis concavis inclusa, acuminatum
[Elem.PhiL bot., éd. Î2, t. I, p. h'2'2).
Voici maintenant d'autres botanistes qui me semblent avoir détourné ce
mot de son acception primitive.
De Caudolle écrit : ucutus, pointu, eu général qui se termine par un angle
aigu : acnminalm, qui se prolonge en un angle aigu [Théor. éléin., \'^ éd.,
p. ^159) ; Desvaux traduit le mot latin acuininutus par aiçiu [Traité (jén.
de /Jot., p. 239) ; et INI. Boreau déliait le mot acuininé, se terminant însen-
sibleinent en pointe effilée [FI. du Centre, \"' et '6" edit., p. 88). Une défi-
nition analogue à celle-ci a été donnée par Smith [Introd. to Bot., 5" éd.,
p. 129), par G. A. Moyd [Bof . Tirm.. p. 89), par IM. I.indiey [hUrod.to
But., éd. 2, p. 386).
SKANCE DU 10 .ILILLET 1857, 739
On ne s'ctonneia donc pas si ce mot ucuminé est appliqnc par ces deux
catégories d'auteurs u des leuilles dont le sommet est tout dilïércnt. Des
trois derniers, deux citent comme exemples de feuille acutninée, VArundo
Phmgmiles L. et le Scirpus maritimus I.., et le troisième (M. Lindley) le
Salix alba L. , plantes dont le limbe se termine insensiblenu'.nt en pointe.
Du Petit-Tliouars donne, à bon droit, comme exemple de feuilles acn-
minées celles du Ficus religiosa L., à propos desquelles Mnné dit, en effet,
fol Us cordât is acuminatisaùuis {Syst. JVat.), et l.amarck /o/Z/s suhcordalis
longe acuminatis {DicL, II, p. ^93). Longtemps avant eux (1616), Dodoëns
appelait acuminces [acuminata] les feuilles de son Convolvuius niger {Poly-
gonum Convolvuius L.) et du Tilleul (Dodonœus Pempt., p. 395 et 838).
Les feuilles de ce dernier arbre sont désignées aussi comme telles par Miller
[Dict.), Hoffmann [Gerni., p. 185} et Ventenat [Monogr. p. i), tandis que De
Candolle les dit simplement terminées en pointe [FI. fr.^ IV, p. 825] (1),
appelant également yjom^î^es [ibid., III, 32^) celles de la Pariétaire offici-
nale, que M. l.e Maout donne comme exemple de feuilles acuminées
{Atlas, p. 17). Quant à M. Boreau, il décrit, il est vrai, comme acuminées^
les feuilles du Tilleul et de la Pariétaire (/. c. p. 30 et /ilO), exemples en
contradiction, ce me semble, avec sa définition déjà citée.
Qu'on me permette de produire encore un exemple du peu d'accord des
pbytographes sur le sens des mois cdgu et acuminé. Aiton a dit de son
Corylus rostrata : foliis cordatis acutis [Hort. Keiv.)^ et Walter de son Co-
rylus americana (synonyme, d'après les auteurs, du C. rostrata Ait.) : foliis
cordato-ovatis acuminatis [Flor. ca7'ol.).
Concluons des considérations qui précèdent : 1° que des définitions dif-
férentes et contradictoires ont été données du mot acuminé 5 2° que certains
auteurs ne l'ont pas distingué du mot aigu, la même feuille étant pour les
uns aiguë, pour les autres acuminée 5 3" qu'il convient de rendre au terme
acuminé le sens dans lequel il a été employé par Dodoëns et par Linné.
IL Des mots archégone, ovule, pseudovule. — Après que 3J. le comte
Leszczyc-Suminslvi eut découvert, en 1848, l'exisience de deux sortes d'or-
ganes sexuels sur le ^jroMa//mw des Fougères, M. Hofmeister, ayant dé-
couvert aussi l'appareil sexuel femelle sur le prothallium des Equisétacées
(1851), désigna indifféremment sous le nom ù'archégones et cet appareil
et les jeunes sporanges de la plante adulte {Vergleich. Unters.). A son
exemple, Adrien de Jussieu n'adopta aussi qu'un seul nom pour ces deux
organes (6m»s élém.^ 5'=edit., p. 421,427, 429, etc.). En 1853, Bischoff
fittrèsjudiciousement remarquer l'inconvénient d'appliquer un même terme
à deux organes de nature différente, et réclama l'emploi exclusif du mot
(1) Plus tard, dans \<iProdromus regni veg.,DQ Candolle fait entrer le mot
acuminé dans les diagnoses qu'il donnf des Tilloids.
7/iO SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
nrchégone {primordium fructus) créé par lui, pour le commencement du
fruit ou le jeune sporange venu sur la plante adulte : il désignait en même
temps l'organe sexuel lemelle du protlicdliwn sous le nom de Keimknospe,
expression qui a été traduite en français par le mot ovule {Ann. sr. not.,
3* sér., t. XIX, p. 232). Bien que dans un travail ultérieur (185'i) M. Hof-
meister ait encore conservé pour cet appareil je mot archégone, nous pen-
sons que tous les physiologistes comprendront avec Bischoff l'opportunité
de réserver ce terme pour le jeune sporange qui se montre sur la plante
adulte. Toutefois, il nous paraît y avoir un grave inconvénient à laisser
s'introduire dans la science le mot ovule, en tant qu'appliqué à ces petits
organes femelles du prothallinm des cryptogames élevées en organisation,
Tl est possible, coname l'indique le traducteur anonyme du Mémoire de
Bischoff, que ce terme réponde à l'idée que se faisait ce savant de ces or-
ganes ; cependant il convient de remarquer : 1** que les Allemands ont un
mot spécial [Eichen ou Eierchen) pour designer l'ovule ; 2° que !\1. Schlei-
den, ne voulant pas admettre ce terme, avait proposé de le remplacer
[Grundz. d. wissensc/iaftl. Bot, 2' éd., p. 21x5) par celui de Samenknospe ou
gemmula, suivant en cela l'exemple donné par Kndlicher dans ses ouvrages
descriptifs ; 3° (jue Bischoff lui-même a traduit ailleurs le mot Keimhiospe
par ceux de gemma proUlica, propago,propagulum [Lehrb. d. Bot.^ p. 253).
Si l'on nepeutuier V analogie à^?, prétendus ovules ûes prothalliian avec
les ovules des phanérogames, on ne saurait cependant reconnaître entre ces
organes plus de ressemblance qu'il n'y en a entie les anthéridics et les éta-
raines. En effet, sans parler des différences d'organisalion qui distinguent
ces deux sortes de productions, on peut dire que les prétendus ovules se
montrent sur une membrane ou masse celluleuse dont la durée est éphé-
mère, et les ovules vrais sur la plante adulte : les premiers ne se séparent
pas du corps dont ils émanent, les seconds s'en séparent ; les uns ne passent
pas à l'état de graines, les autres (à moins d'avortement) subissent con-
stamment celte transformation; si bien que les botanistes, dans l'impossi-
bilité d'établir la limite entre l'ovule et la graine, définissent l'ovule, le
rudiment de la jeune graine [De Candolle, Aug. de Saint-Hilaire, etc.). A ces
divers points de vue, mais non (juant à l'organisation ni quant au mode de
formation, les jeunes spores seraient plus analogues aux ovules des phanéro-
games que ces appareils femelles du prothallium, auxquels ne convient pas
plus, à notre avis, le mot cVarchogone que celui cVovule ; nous proposons de
les désigner par celui de pseudovules qui nous paraît être en harmonie avec
celui d'ant/iéridies.
111. Des mots infère et ADHÉRE^T, supère et ltbre, appliqués â l'ovaire. —
ïournefort est de ceux (|ui ont le plus contribué à faire prévaloir cette opi-
nion que l'ovaire infère est formé par la soudure de cet organe avec le tube
du calice, et ce grand botaniste blàrae les phytographes de ne pas avoir
SÉANCE DU 10 JUILLET 1857. 7H
reconnu que la capsule des Campanules tire son origine du calice (Insdt.
rei lierb., p. 71) ; de là son expression favorite dans la caractéristique des
genres à ovaire infère : calyx nbit in fructum.
On lit dans le Cours élnnentairc d'Adrien de .Tussieu, au sujet de la sou-
dure des divers verticilles de la fleur : « les ternies de calice adhérent et
d'ovaire adhérent indiquent tous deux également cette circonstance : on la
désignait autrefois sous ceux de calice supère et à'ovaire infère » (5« éd.,
p. 302). Ach. Richard semble donner aussi la préférence aux mots d'otwVe
adhérent sur ceux d'ovaire infère [Précis, p. 21/i). Or, depuis les curieuses
observations de iM. Schleiden sur la nature du pistil, de nombreuses recher-
ches ont établi que, si le célèbre Allemand avait trop généralisé l'existence
de pistils tigellaires ou cauligènes, il n'en fallait pas moins reconnaître que
les parois de lovaire d'un assez grand nombre de plantes sont formées
par une dilatation de l'axe. Sans doute, la science attend encore de nouvelles
données à cet égard, mais il n'en reste pas moins démontré que les expres-
sions si usitées de calice adhérent et d^ ovaire adhérent représentent dans la
plupart des cas, sinon toujours, des idées fausses : il conviendrait donc, ce
semble, de les abandonner et de revenir à celles d'ovaire supère ou libre et
d' ovaire infère [germensuperum, germen inferum), employées par Linné et
plus près de nous par Kndlicher, et qui ont le double mérite d'être exactes
et de ne rien préjuger au point de vue théorique. Il doit en être de ces mots
comme des termes monosépale et monopétale, appliqués d'abord au calice
et à la corolle, et qui, par suite des observations modernes, tendent à re-
prendre la place sur ceux de gamosépale et d^d gamopétale depuis longtemps
en faveur.
IV. Des mots nucules, achaines, coques, carpelles, mékicarpes, hé-
micarpelles, appliqués aux parties des fruits des Labiées et des Borragi-
nées. — On a donné le nom de nucules {nuculcc) aux éléments du fruit des
Borraginéos (M. Alph. De Candolle, Prodr., t. IX et X) et des î.abiées
(M. Bentham, Ibid., t. Xll). M. Lindley les désigne sous le nom de noix
[nuls], et ce même mot [nuces] est employé par Endlicher [hJnchir., p. 320
et Gen.pl.) pour les Borraginées, ce savant réservant, comme A. Richard
[Précis, p. 16^i), le mot achaines pour les Labiées. Ce dernier terme est
usité dans ces deux familles par iMiM. Adrien de Jussieu [Elém., 5° édit. ,
p. 322), Schleiden [Grundz., t. II, p. il 3) et Grenier et Godron {FI. de
France). M. Le Maout se sert indifféremment, dans le même cas, des mots
achaines ovi nucules [Atlas de Dot., T^. 181 et 182). D'autres botanistes, tels
quelMM. Boreau {FI. du Centre, 1" et 3«éd.) et Cosson et Germain [Flore
desenv. de Paris) admettent dans ces familles, ainsi que le fait A. Richard
pour les Borraginées (/. c, p. \hk), h carpelles (1). Enfin, nous-méme,
(1) M. Germain de Saint-Pierre a reconnu l'inipropriété de ce terme, qui dispa-
7Û2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
nous avons, à tort, désigné les parties du fruit des Labiées sous le nom de
coques {Bull. Soc. Bût, II, p. 169).
Les faits téralologiques ayant confirmé la théorie d'après laquelle le fruit
des Labiées et des Borrnginées serait à 2 carpelles, tous les termes que nous
venons d'indiquer nous semblent inexacts.
L'achaine a toujours été défini un fruit et non une partie de fruit. Le
mot nucule désigne pour Link un péricarpe dur à l'extérieur, petit et mo-
nosperme, Y)Q'f>\i^\\% [Traité de Bot., p. 183) et A. Richard [Précis, p. 272),
voient des nucules dans les petits noyaux renfermés dans les fruits du Sureau,
du Lierre, des Rhamnées. Pour Mir!)el, les nucules sont des boîtes solides,
toujours au nombre de deux ou plus, formées par l'endocarpe (panninterne)
et servant d'enveloppe auxiliaire à beaucoup de graines (£'/(<'n2. de PhysioL,
I, p. 327). Mois, tandis que cet auteur cite pour exemple les noyaux de la
Nèfle, De Candolle n'admet des osselets ou nucules que dans les fruits [nu-
culaines) non couronnés par les lobes du calice [Théor. élém., 1" et 3* éd.,
p. 360, 38i). Ce dernier savant donne aussi le nom de nucula (noisette) au
fruit des Labiées [Ihid., 358, 382). fiischoff, qui applique ce mol7iuctdeaux
parties du fruit des fjorraginées, des Labiées, des Fraisiers et des Rosiers, les
définit des carpelles durs et séparés, et le plus souvent des caryopses nuci-
formes {Lehrb. d. Bot,^ p. 132). A. de Saint-Hilaire ne voit pa> d'inconvé-
nient à appeler noix le fruit de toutes les Cypéracées, tout en faisant re-
marquer que la noix a été tour à tour un noyau, une partie du fruit, un
fruit simple et monosperme, adhérent ou non adhérent à la graine, un fruit
composé iiniloculaire et à une seule semence, un fruit composé pluriloculaire
adhérent ou non adhérent au calice [Leçons de Bot., p. IQU et 707) ; et, en
effet, le père de la carpologie, Gœrlner, donne à ce mot la plus large ex-
tension (1).
Dans son Mémoire sur les Labiées, Mirbel s'est attachée prouver qu'on
ne devait donner aux parties du fruit de ces plantes, ni le nom de ca-
ryopses, ni celui de noix, ni celui d'achaines, et il les désigne très convena-
blement sous celui de /nmcar/36s(voy. Ann. du mus. t. XV), employé aussi,
soit pour cette famille, soit pour celle des Borraginées, par A. de Saint-
Hilaire(/. c. p. 663). Toutefois, ce dernier terme ayant été primitivement ap-
pliquépar Koch et De Candolle, etdepuis par Kndlicher(/. c, par MM. Gre-
nier etGodron {FI. de France) et par M. Bureau (/. c.) aux deux parties du
fruit des Ombellifères ; nous pensons, contrairement à l'opinion d'Aug. de
Saint-Hilaire, qu'il importe de ne pas le détourner de sa signification primi-
raîtra, dit-il, dans une prochaine édition de la Flore des environs de Paris {Bull,
de la Soc. Bot.,U If, p. 258).
(1) !Niix est conceptaculum durum quod vcl plane non dehiscit, vcl si aperilur
in valvulas duabus plurcs secedit. (Gaertncr, De fruct. et semin., p. xci.)
SÉANCE DU 10 JUILLKT 1857. 743
tive, car les mérioarpes des Labiées différeraient de ceux des Ombcllifcrcs
par l'absence de calice et de style, et aussi en ce qu'ils ne représentent clia-
cun qu'un domi-carpelle.
On l'a dit depuis longtemps et avec raison, beaucoup d'espèces différonics
de fruits passent des unes aux autres par des nuances insensibles; etsil'on
veut avoir un ternie pour chacune de ces inodilîcations, la nomenclature
carpoloj^iqne sera un vrai chaos. Aussi croyons-nousqu'on a sagement l'ait
d'éliminer la majeure partie des mots proposés pour les fruits par Mirbel,
Uesvaux et quelques botanistes modernes. Néanmoins, les considérations
qui précèdent nous paraissent établir clairement l'impropriété des mots
achaines, nucules, carpelles ou coques appliqués aux parties du fruit des La-
biées et des Borraginées : M. Seringe a depuis longtemps (1831) proposé
pour elles celui très juste ei con\mah\e (V hémicarpelles [Méni . surremhrijon
des Labiées in Hamilton, Esq. monogr.du genre Scutellaria, p. 65), et les
termes d" hémicarpelles charnus devraient s'appliquer aussi, selon nous, aux
parties du fruit des Ochnacées.
V. Des mots UADicuLEe^ collet. — A l'exemple d'Adanson et de Gserlner,
les botanistes modernes appellent radicule la partie de l'axe de l'embryon
ou hlastème qui est au-dessous des cotylédons et qui avait reçu de Césal-
pin et de Linné le nom de rostellum. Du Petit-Thouars, Gaudichaud et
d'autres physiologistes se sont efforcés de montrer que ce corps ne répond
nullement à la racine de la plante adulte, racine qui, à l'époque de la ger-
mination, se forme de toutes pièces de sa pointe inférieure : il répond, au
contraire, exacteineut à celte partie de l'axe végétal interposée, chez les vé-
gétaux dicotylédons adultes, d'une part aux cotylédons, de l'autre aux
rangées régulièresdes rnùicellesdu pivot, c'est-à-dire au collet tel (|r.enous
l'avons jadis défini. Il nous semble que ce mot de collet remplacerait avan-
tageusement celui de radicule, qui consacre une eri-(ur.
L'identité de ces deux parties de l'axe ne saurait être méconnue, et la
comparaison d'un assez grand nombre de plantes prouve que généralement
celles dont le collet embryonaire (radicule) est très court et comme réduit
à un petit mamelon (Chêne, 'Mari'onnicr, Amandier, Fève, Pois, etc.), offrent
sur la plante adulte leurs radicelles les plus clevées très près de l'insertion
des cotylédons, ce qui revient à dire qu'à cet âge aussi lo collet est très
court,
VL D^Y"'^^'^"^^^ Champignons. — On définit ordinairement les Cham-
pignons des végétaux terrestres vivant sur les corps organisés morts ou ma-
Iodes (voy. Le Maout, Leçons de Bot., p. (ittO). Kndiicher dit aussi de ces
plantes: vegeiabilia in organismis languescenlilms vel emortuis enata {Gen.
plant. y p. 16). Enfin, iVL Duby énonce qu'elles ne se développent pas sur
des végétaux vivants : in plnntis vivis non parasitica {Bot. GalL, p. 728).
Ces définitions et cette assertion ne nous semblent pas exactes et nécessitent
7àll SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCL,
quelques restrictions. Kn effet, bien que, dans la plupart des exemples rap-
portés par Bulliard, de Champignons nés sur d'autres Champignons, le pa-
rasite se soit montré sur des individus morts ou pourris (Voy. Herù. delà
France, Champ., pi. IGG, 256, 57/t, f. 2) ; cependant cet auteur déciit et
figure son Bolet "^ï^v^sMci^Boletui^ puraxiticus\W\\.)veïHnttsur la Vesse-Loup
vemiqueuse vivante.^ et nous même avons vu, au mois d'octobre dernier, le
chapeau d'un Bolctus cdulis Bull, surmonté d'un autre individu de même
espèce, plus petit, mais parfaitement conformé, adhérant par la base de son
pédicule à la partie supérieure du chapeau, en ce point nu peu déprimé,
ij'un et l'autre étaient parfaitement vivants. L'explication de ces sortes de
faits ne nous parait pas facile à donner. Le parasite serait-il dû au dévelop-
pement d'une spore à la surface de l'individu-support? Mais dans le deinier
cas cité, on n'apercevait sur le chapeau aucune trace de mycélium. Fau-
drait-il plutôt voir, dans cette superposition de deux êtres vivants, un
exemple de prolification? Il appartient aux mycologues de nous donner la
solution du problème.
Un fait du même genre a été constaté chez les phanérogames : car je me
rappelle avoir lu dans une des notes ajoutées par M. Rœper à sa traduction
allemande de la Physiologie végétale de De Candolle (si mes souvenirs sont
exacts), qu'on a vu le Gui parasite, non-seulement sur 58 espèces d'arbres
différents, mais encore sur lui-même.
M. Lestiboudois fait à la Société la communication suivante :
DE LA VRILLE DES CUCURBITAGÉES, par M. Tliëni. LESTflBOL'DOI!».
La vrille des Cucurbitacées, insymétrique, placée sur l'un des côtés du
pétiole, devait, par sa position singulière, appeler l'attention des botanistes
et exciter tout particulièrement la sagacité de ceux qui s'efforcent de ratta-
cher aux types réguliers les parties anormales des plantes. Pour déterminer
son origine et sa signification, on a fait un grand nombre de supposi-
tions; il n'est pas d'organe peut-être qui en ait fait naitre davantage.
On a pensé (lu'elle était :
1^ L'analogue des racines advenlives qui naissent souvent à la base du
pétiole ou à l'origine des mérithallcs (Tassi).
2° Une feuille caulinaire transformée, qui serait géminée avi c la feuille
ordinaire (Gasparrini, Seringe, Braun).
3" Un dédoublement de la feuille et un organe semblable a la vrille du
Lathyrus Aphacn (Clos).
W Une stipule (Auguste de Saint-llilairc, Stocks, De Candolle).
f)" Le prolongement de la tige transformée et déjctee latéralement (Fabre).
0" Une production axillaire: soit le rameau axillaire lui-même (Aaudin) ;
sft.vNci': DU 10 juiLLKT 1857. 7/15
soil uuv ramification ou un pédoncule produit par le rameau axillaire
(Tassi) ; soit une feuille ou une bractée de ce rameau (Naudin).
1" Enfin un organe spécial qui ne serait ni une feuille ni un rameau
(Chatin).
A l'appui (Icchaoune de ces manières de voir, en a pu invoquer des ana-
logies très plausibles et faites pour entraîner l'opinion.
On a cru la vrille une racine adventive, parce que, au côté de la feuille
qui manque de vrille, précisément au point correspondant, on voit souvent
sortir une racine.
On l'a regardée comme une feuille caulinaire géminée, parce (|u'elle
naît au côté extérieur du pétiole et qu'elle se change parfois en feuille.
On l'a considérée comme représentant la feuille cirriforme du Lathyrus
Aphacuy paice que celle-ci est accompagnée de deux productions foliacées
(stipules foliiformes), et que, si l'une de ces deux productions avortait, on
aurait la disposition des Cucurbitacées.
On a pensé qu'elle était le prolongement de la tige, arrêtée dans son
développement par l'accroissement d'un bourgeon axillaire, parce qu'on
est habitué à considérer la vrille de la Vigne comme ainsi formée, et qu'on
aurait une disposition assez analogue si dans les Cucurbitacées on prenait
la vrille comme le prolongement de l'axe, le pédoncule axillaire comme le
bourgeon médian de l'aisselle, le rameau axillaire et le mérithalle qui prend
place de la tige comme deux divisions du rameau axillaire.
On a pu surtout prendre la vrille pour une stipule, parce que plusieurs
plantes, comme les Smtlax, ont des stipules cirriformes. Elle paraît de plus
formée par les fibres foliaires. M. Payer, avec la sagacité qui le distingue,
a noté que les tiges des Cucurbitacées ont généralement cinq côtes ; que trois
de ces côtes se rendent aux feuilles inférieures, qui n'ont pas de vrilles;
{[ue deux seulement se rendent aux feuilles qui ont une vrille, et que la troi-
sième côte se rend à la vrille, qui semble ainsi une dépendance de la feuille,
une véritable stipule.
Une seule circonstance pourrait empêcher de la considérer comme telle,
c'est qu'elle est insymétrique ; mais l'une des stipules pourrait être avortée -,
et d'ailleurs, je puis citer un fait qui rétablirait la symétrie ; j'ai vu cer-
taines Cucurbitacées prendre une vrille de chaque côté du pétiole. Je puis
montrer, par exemple, des échantillons de Cucumis Melo qui ont deux vrilles,
et ces échantillons n'étaient pas isolés ni d'une rareté grande. J'en ai quel-
quefois vu cinquante dans une même couche ; ([uelquefois deux feuilles
étaient rapprochées et avaient quatre vrilles entre elles, imitant les vrilles
iuterfoliées.
L'opinion qui considère la vrille comme une production axillaire, soit
feuille ou bractée, soit pédoncule ou rameau, cite en sa faveur des faits qui
ne sont pas sans valeur ; la vrille se développe en feuille ou en rameau,
7/i6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
comme les autres dépendances du bourgeon axillaire. Je citerai aussi, à
l'appui de celte opinion, un fait qui viendrait montrer directement qu'elle
appartient au rameau axillaire. Parfois la vrille sort véritablement à la
base de ce dernier, et peut même être emportée fort haut par la croissance
de ce rameau.
Knfin, on a dû être conduit à déclarer que la vrille des Cucurbitacées
est un organe spécial, par l'insuffisance des preuves sur lesquelles on étayait
les divers systèmes préconisés.
Tant de diversité dans les opinions prouve que la certitude n'est pas ac-
quise. Qu'ya-t-il donc à faire pour arriver à une solution définitive? Il faut
avoir recours à l'anatomie. Mais, pour interroger avec fruit l'anatomie en
ce cas, il faut savoir comment les organes cauUnaiies forment les feuilles,
comment ils en constituent les dépendances, quelle est l'origine des produc-
tions axillaires et quelle connexion elles ont avec les expansions foliacées.
Il faut, en un mot, connaître les lois fondamentales qui président à la for-
mation de tous les organes appendiculaires des végétaux. J'ai tenté de les
établir, il y a bientôt vingt ans, dans mon Etude anatomique (1).
J'ai monti-é que les tiges sont formées d'un nombre déterminé de fais-
ceaux primordiaux;
Que toutes les expansions foliacées, feuilles et parties florales, sont for-
mées par des faisceaux émanés des premiers et habituellement placés dans
leurs intervalles;
Que ces fai'jceaux s'épanouissent régulièrement d'étage en étage, pour
former chaque feuille ;
Qu'ils sont reconstitués au-dessus du point d'épanouissenicnt par des
fibres nouvelles émanées des faisceaux primordiaux ou réparateurs;
Que les stipules, parties de la feuille, sont formées par les faisceaux ou
les fibres latérales de ces organes, soit qu'elles proviennent de ces faisceaux
encore placés dans la tige , comme les stipules caulinaires et siiinescentes
du Robinia , soit qu'elles proviennent des arcades anastomoliqucs qui
unissent les feuilles, coniir.e les stipules interfoliées des Rubiacécs, soit
qu'elles naissent des libres pétiolaires mêmes, comme Us stipules margi-
nales des Rosacées, so;t enfin (ju'clies naissent à la fois des faisceaux consti-
tuant encore le cercle caulinaireet des fibres péliolaires, comme la stipule
embrassante du Platanus.
J'ai montré que le bourgeon terminal n'est que le prolongement des fais-
ceaux réparateurs et de nouvelles fibres foliaires reconstituées;
Que le bourgeon axillaire est une émanation des faisceaux réparateurs
unis au-dessus du point d'épanouissement du faisceau médian de la feuille
pour constituer le faisceau médian de la feuille correspondante supérieure.
(1) Un vol. iii-8, avec 235 figures. Ib/iO.
sÉANCR nu 10 JUILLET 1857. llxl
Tps fîbrps du bourgeon s'unissent, on effet, à celles des deux faisceaux
réparateurs qui circonscrivent raissellc.
Ces faits posés, quelle opinion doit-on avoir de la vrille des Cucurbita-
cées?Je l'ai déjà dit d'une manière expresse dans l'ouvrage cité, qui a déjà
une date ancienne. J'ai fait voir {l'Jtuâ. nnat., pag. 21^-216, pi. 1, fig. 1-
2) que la vrille tire son origine du système fibro-vasculaire qui appar-
tient au bourgeon axillaire.
La nature de l'organe, dont le caractère est pourtant resté douteux pour
tant d'esprits, me semble donc avoir été dès lors irrévocablement fixée.
La vrille ne peut être une racine adventive; elle est produite par l'ac-
croisscment ascendant, non par l'accroissement descendant. I<;ile n'a pas la
structure des racines ; elle naît du plexus vasculalre de l'aisselle, taudis
que la racine unit ses fibres au côté externe du faisceau réparateur.
Elle n'est pas une feuille caulinaire géminée, car elle ne nait pas du
cercle des faisceaux foliaires.
Par la même raison, elle n'est pas un dédoublement de la feuille, d'au-
tant moins que la feuille qu'elle accompagne reste symétrique.
Elle n'est pas l'analogue de la vrille de VAp/iaca, car celle-ci, formée par
le faisceau médian, accompagnée de deux stipules, est la vraie représenta-
tion de la feuille.
Klle n'est pas une stipule, car elle n'est la dépendance d'aucun faisceau
foliaire.
Elle n'est pas le prolongement ~de l'axe transformé, car elle n'est pas la
continuation de l'ensemble des faisceaux primordiaux et foliairt s, qui con-
stituent le cercle fibro-vasculaire de la tige.
Elle est essentiellement une dépendance du bourgeon axillaire, car elle
naît d'un des côtés de la base du bourgeon même.
Je dis, de plus, qu'elle est une expansion foliacée du rameau axillaire,
soit une bractée, soit une feuille raméale, et non une division de ce
rameau, car ses faisceaux fd)ro-vasculaires ne sont point disposés comme
ceux des axes caulinaires, mais ont de l'analogie avec ceux des pétioles.
Pour mettre ces vérités en évidence quelques détails sont nécessaires,
puisque les dissentiments se perpétuent.
Si l'on enlève l'écorce d'une tige de Cucurbitacée, ou mieux si l'on fait
macérer cette tige de manière a détruire tout le tissu cellulaire, en ne
laissant subsister que les faisceaux ligneux, voici les dispositions que l'on
constate :
La tige [Étud. anat. , pi. 1 et 2), contient dix faisceaux fibro-vasculaires :
cinq sont intérieurs, ce sont les faisceaux réparateurs ; cinq plus extérieurs,
intercalés entre les précédents, sont les faisceaux foliaires.
De ces derniers, trois se portent au debors pour former chaque feuille,
l'»nest médian et les autres latéraux. Le médian et l'un des latéraux
7/i8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
s'c'puisenl dans la feuille; le deuxième faisceau latéral se bifurque, une de
ses divisions se rend à la feuille, l'autre se continue dans la tige.
Au point d'expansion, les autres faisceaux foliaires s'anastomosent entre
eux et avec les faisceaux réparateurs, de sorte qu'ils constituent à la base
du méritlialle un cercle vasculaire ouvert en un point, parce que le fais-
ceau médian de la deuxième feuille ne s'unilque d'un côté au cercle anasto-
motique; même les fibres qu'il lui fournit de l'autre côté sont si faibles qu'il
parait isolé à l'opposite de la feuille.
A la baie du pétiole, les faisceaux foliaires se divisent et s'anastomosent,
et de leur réunion sortent les fibres foliaires en nombre impair. La nervure
médiane est la plus furte, les latérales sont d'autant moins volumineuses
qu'elles sont plus supérieures.
Ces fibres sont, d'ailleurs, en nombre variable : il y en a sept dans le
C, Melo^ il y en a jusqu'à treize dans le Pepo. Le bourgeon axillaire se
forme au-dessus du point d'expansion du faisceau médian, au-dessous de
l'arcade formée par les deux fibres qui s'anastomosent pour reconstituer le
faisceau médian épanoui. Il déverse, comme toujours, ses fibres sur les
deux faisceaux réparateurs ([ui se sont rapprocliés pour constituer cette
arcade. Le bourgeon se ramifie dès sa base la plus profonde, et fournit
divers groupes de fibres distinctes; l'un va à la vrille, et, en se portant au
dehors, passe précisément dans l'angle de bifurcation de celui des faisceaux
foliaires latéraux qui ne se rend pas en entier à la feuille.
Les autres groupes de fibres émanés du -bourgeon se rendent aux divers
pédoncules axillaires ; enfin, la masse principale et médiane constitue le
rameau axillaire.
11 ne peut donc y avoir aucun doute sur la nature de la vrille ; elle n'a
aucun rapport avec les faisceaux foliaires de la tige; ses fibres sortent du
plexus vasculaire qui constitue la base du bourgeon ; elle est évidemment
une émanation de la production axillaire.
J'ai dit de plus qu'elle était l'analogue des feuilles et non des rameaux ;
il appartient encore aux faits anatomiqucs de décider cette question. Si l'on
fait la section transversale d'une vrille de Cucurbitacée, du Pepo par
exemple, on voit qu'elle n'est pas pentagone, qu'elle n'a pas cinq faisceaux
primordiaux intérieurs, et cinq faisceaux foliaires intercalés entre les pré-
cédents; ses faisceaux sont en nombre impair, le plus souvent au nombre
de onze. L'un de ces faisceaux, le médian, est un peu plus volumineux
que les autres, ([ui vont en diminuant de chaque côté, à mesure qu'ils sont
plus élevés; le plus ordinairement les faisceaux qui occupent l'un des bords
supérieurs du pétiole, de\it'iHient plus intérieurs; ceux de l'autre côté se
portent au-dessus despremiers et lesdépasscnt, comme si la feuillereprésentee
parla vrille était involutée par la base. La vrille de la plante que nous avons
choisie pour exemple donne raison de ces dispositions ; elle est ordinaire-
sfuNCE nu 10 jnLLF.T 1857. 7/j9
meut quiiunicfide ; l;i hraiiclic médiane, la première (|ui devient volubile,
est plus forte; les autres vont en diminuant de volume ; les deux preiiiières
sont latérales; l'une des deux suivantes devient tout à fait supérieure,
l'autre est centrale et entourée des précédentes.
Les faisceaux fibro-vasculaires de la vrille, au moins dans son entier
développement, ne sont pas formés comme ceux des rameaux, par une
partie parencliymateuse nettement circonscrite, contenant des vaisseaux
fort apparents, de grandeur inégale, et disposés dans un ordre régulier;
ils n'ont pas une partie corticale séparée de la portion ligneuse par un tissu
plus transparent. Leurs vaisseaux, comme dans le pétiole, sont très petits,
disséminés dans un tissu blanc mal limité.
Les faits anatomiques ne peuvent donc laisser aucun doute; ils nous
donnent la certitude que la vrille des Cucurbitacées participe de la nature
foliaire et qu'elle appartient au rameau axillaire. Toutes les circonstances
extérieures sont en concordance avec son caractère fondamental et en
garantissent la sincérité.
La vrille semble sortir d'une des côtes formées par les faisceaux foliaires,
parce que, sortant du bourgeon, elle fait éruption dans l'angle de bij'iirca-
tion d'un des faisceaux latéraux, de sorte qu'à l'extérieur elle semble une
dépendance de ces faisceaux.
Si la feuille a deux vrilles, la même disposition s'observe de cb.aque côté,
de façon que la feuille semble ne recevoir qu'un faisceau médian et que les
vrilles paraissent constituées par les faisceaux latéraux comme des stipules;
mais, en réalité, la feuille reçoit toujours les trois faisceaux normaux, et les
deux vrilles ne reçoivent rien des faisceaux foliaires; elles sont procréées
par des émanations des fibres du bourgeon.
La vrille paraît extra-axillaire, parce que, naissant de la base la plus pro-
fonde du bourgeon et s'en écartant dès l'origine, elle vient sortir à côté du
corps principal du bourgeon et de ses ramifications pédonculaires, de sorte
qu'elle apparaît en dehors du point central de l'aisselle.
Les feuilles inférieures de la tige ne sont pas accompagnées de vrille,
parce que, à son origine, la plante n'a pas toute sa vigueur ; les bourgeons
axillaires ne se développent pas immédiatement.
Les feuilles de certaines tiges sont accompagnées de deux vrilles, parce
que le bourgeon axillaire, au lieu de ne transformer que la première feuille,
transforme les deux premières, qui sont presque à l'opposite l'une de
l'autre.
Les vrilles s'élargissent quelquefois en feuilles ; elles ne font que reprendre
leur conformation naturelle.
l'allés peuvent cesser d'être extra-axillaires; elles peuvent être soudées à
la base du rameau axillaire et emportées par celui-ci loin de l'aisselle.
C'est encore là une condition de leur mode de formation ; productions ra-
750 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FHANCE.
méales, elles peuvent être formées par le rameau |)lus ou moins loin de la
base.
Enfin la vrille peut produire elle-même des lamifications garnies de
feuilles et de fleurs, le bourgeon axillaire de la feuille cirrifornie pouvant
se souder avec elle, se développer et engendrer des parties nouvelles. Ce
mode de soudure n'a rien de fort insolite, et l'anatomie prouva' d'ailleurs
que les productions exeeptionnelles de la vrille sont effectivement formées
par la soudure d'un bourgeon. Ses faisceaux conservent leur disposition
générale; l'un est médian et les autres latéraux; ils ne constituent pas un
cercle de dix faisceaux, dont cinq plus intérieurs ; seulement, les faisceaux
{|ui produisent les parties nouvelles sont groupés du côté intérieur et con-
stituent plus ou moins régulièrement un cercle caulinaire, en queUjue sorte
surajouté aux faisceaux foliaires, comme si un rameau s'était greffé avec ces
derniers.
Ainsi, dans le Melon, la vrille qui, par l'effet de la culture, porte assez
fréquemment des pédoncules et des feuilles, a, au côté externe, ur. faisceau
médian accompagné de un a quatre faisceaux latéraux, représentant les
nervures foliaires, et au côté interne ou supérieui' un groupe plus ou moins
régulier, qui quelquefois, en s'adjoignant les faisceaux qui manquent à la
feuille cirriforme, se compose de dix faisceaux alternativement intérieurs
et extérieurs ; elle renferme donc les éléments d'une expansion foliacée et
d'un rameau qui s'y greffe.
Ce sont bien là les caractères de la feuille raméale soudée avec sou bour-
geon axillaire développé. On ne peut donc douter de la nature de la vrille.
Elle est une production axillaire; elle est, à un certain degré, l'analogue de
la vrille des Passiflores; mais elle ne leprésente habituellement qu'une
expansion foliacée.
Tous les faits anatomiques, toutes les apparences extérieures, toutes les
anomalies produites par la culture, les véritables lois symétriques, les ana-
logies naturelles même, tout concorde à établir l'opinion que nous venons
d'émettre.
Pour compléter ces considérations et montrer combien peuvent être
erronées les appréciations des organes faites en raison des apparences exté-
rieures, je crois utile d'examiner la nature de la vrille oppositifoliée de la
Vigne. Je ferai de cet examen l'objet d'une communication prochaine.
A la suite de celte communication, M. Guillard l'ait les remarques
suivantes :
Les observations de M. Lestiboudois sont d'accord a\ec les nôtres (1)
(l) P. 162 de ce volume. *
SÉANCE DU 10 JUILLET 1857. 751
et avec celles de M. Tassi (1), quant aux vrais rapports de la vrille avec
la Feuille qui prclc son aisselle à la ('yni(! dont cette vrille fait partie.
Ces observations sont confirmées par celles de l'enfance des organes et de
leurs premiers développements. La vrille ne peut être la stipule de la
Feuille aissellière, parce que les stipules naissent avec les Feuilles et se dé-
veloppent avec elles, tandis ((ue la vrille dont il s'agit ne commence à se
montrer que quand la Feuille a déjà pris de notables accroissements, quand
elle est munie de ses principaux faisceaux trachéens, et qu'elle reconvre les
éléments de la Cynie (jue son aisselle enserre. Les faisceaux trachéens de la
vrille, INI. Lestiboudois l'a vu comme nous, sont indépendants de ceux de la
Feuille, puisque ceux-ci communiquent au verticille extérieur de la tige, et
que ceux de la vrille communi(iuent ay verticille intérieur, où ils se ren-
dent (pour s'y joindre au re-^te de la production axillaire) en passant par-
dessus l'une des cohortes latérales de la Feuille, sans la toucher. J'ai vérifié
ce fait capital par la dissection du vif, sur les 25 espèces de 12 genres dif-
férents, cultivées à Paris, comme sur la Bryone de nos haies. M. Lestibou-
dois vient donc fort utilement à la rescousse pour consolider un des prin-
cipes fondamentaux de la physiologie, qui a été un peu secoué à la séance
du 27 février dernier (2), à savoir : que les faisceaux trachéens que l'on voit
traverser l'écorce peu au-dessous de la Feuille^ sont en fonction immédiate
de cette Feuille et lui appaiîtienne^t tous.
Avancer, comme on l'a fait, que, des 3 faisceaux distincts, 1 ou 2 seu-
lement vont à certaine Feuille (ou en viennent), c'est s'inscrire contre
l'observation directe la mieux constatée; la chose vaudrait vraiment la
peine d'être constatée par commission. L'observation n'est pas moins con-
traire aux « faisceaux fibreux passant de la tige dans les vrilles » (p. H5) :
si ces prétendues fbres sont des tubules, il ne passe aucun tubule de la
tige dans aucun organe; si elles sont autre chose que des tubules, on doit
au moins nous dire ce qu'elles sont, afin 'que nous puissions les suivre dans
leur route.
La vrille n'est pas plus racine que stipule. Il vient souvent des racines
adventives aux nœuds des tiges rampantes de Courge et de Melon. Il est
facile de voir qu'elles diffèrent de la vrille par l'aspect, l'organisation et la
position : elles naissent tout à fait en dehors de l'aisselle, en dehors du demi-
cercle tracé par les trois cohortes foliales, dans lequel la vrille a son origine
comme partie de laCyme axillaire.
Il n'est pas possible de définir la vrille en un seul mot, car il est néces-
saire de distinguer d'abord quand elle n'a qu'un bras et quand elle en a plu-
sieurs. On doit surtout se garder de généraliser sur l'examen d'une seule
espèce ou d'un seul genre, et il faut toujours l'avoir vue jeune.
(1) Ibiâ.,\x 322.
(2) Ihid., p. l/i,5.
752 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE..
Quand la vrille n'a qu'un bras, elle se comporte, dans le premier àgc de
la Cvme, tout à fait comme une jeune Bractée. Je trace ici (au tableau) la
subordination respective des organes qui garnissent l'aisselle et qui vont
bientôt la déborder : au milieu s'élève le pédicelle central, portant le boulon
dont l'ainesse qualifie la Cyme; ce bouton, très précoce, domine d'un côté
le récurrent floral avec sa Bractée, quand elle existe [Cucumis, Luffa, Ci-
trullm, Trichosanthes), et de l'autre le récurrent foliacé, contenu par la
vrille, qui se courbe sur lui, comme toute Bractée sur le groupe qui esta
son aisselle.
La vrille ne peut pas être regardée comme une Feuille du récurrent
qu'elle aisselle, parce qu'elle a précisément devant elle la première feuille
de ce rameau.
Le récurrent floral manque quelquefois : il est alors indiqué par sa
Bractée {Benincasa), comme dans toute autre Cyme; ou bien la Bractée
aussi est supprimée {Cucurbila). Le récurrent foliacé ne manque jamais à
l'aisselle de la vrille (ou de la Bractée membraneuse et foliacée qui est à
sa place cbez Ecbalium Elaterium).
Quand la vrille a plusieurs bras, ils ont entre eux une subordination
très marquée, à laquelle je n'ai pas trouvé d'exception. Celui qui est en
dehors et qui fait encore fonction de Bractée se produit le premier, et reste
toujours le plus fort : avant l'évolution, il couvre ses jeunes frères de sa
courbure; quand ils commencent tous à s'enrouler, c'est en face les uns
des autres : on peut dire qu'ils se regardent, comme on le dirait des jeunes
Feuilles d'un bourgeon. Cela justifie, quant aux vrilles complexes, l'opinion
de M. Naudin.
En effet, la vrille a une organisation singulière, qui n'en fait ni une
Feuille ni une tige, quoiqu'elle tienne de l'une et de l'autre. Elle a, comme
l'a vu IM. Lestiboudois, une certaine subordination des faisceaux trachéens,
à l'instar de la Feuille. IMais elle a aussi, ce qui manque à celle-ci, le cercle
des tuhules externes ou tubules corticaux, qui fait manchon autour du
verticille trachéen dans la tige des Cucurbitacées. D'un autre côté, elle
n'a pas, comme cette tige, le verticille double et quinconce. Adulte, on
peut la traiter d'organe neutre, ce qui reviendrait à l'opinion négative de
M. Chatin, mais ce qui ne dispense pas d'étudier la vrille dans sa géné-
ration, ses rapports de voisinage et ses diversités.
Au reste, la vrille ne prend pas dès le bas de la plante tout le développe-
ment qui lui est destiné. On peut voir sur les Courges qui s'étendent si lar-
gement dans nos champs, que la vrille n'est d'abord qu'un filet mince et
court, souvent inaperçu : aux aisselles suivantes le fil s'étend, se fortifie et
s'enroule; puis il en vient 2, 3, enfin jusqu'à 6. Cette gradation est sem-
blable à celle que suivent généralement les premiers bourgeons axillaires.
Quant à la théorie sur laquelle M. Lestiboudois appuie son analyse, elle
siUncf, 1)1' 40 jiULLF/r 1857, 75."^
est (l'une poiloe trop ^ônnale pour que l'on puisse la discuter incidemment
à propos de vrille. Je renouvellerai seulement ici la protestation que j'ai
laite en répondant à IM. Clos (1), et je prendrai de nouvelles réserves.
RI. Lestiboudois a adopte une opinion assez répandue, (|uej<' regarde comme
une idée préconçue des anciens botanistes, et qui consiste à faire produire
la Feuille et les organes qui en dérivent par les faisceaux vasculaires de
la tige. Je n'ai trouvé nulle part la justification de cette théorie, qui règne
pourtant dans tous les traités élémentaires. Les trachées sont-elles fournies
aux Feuilles par la tige ou à la tige par les Feuilles? et doit-on expliquer la
phyllotaxiepar la disposition des faisceaux caulinaires, ou, au contraire, la
disposition de ces faisceaux par la phyllofaxie?Ce problème ne parait pas
insoluble, mais il n'est pas encore résolu. Sa solution expli([uera peut-être
pourquoi les Cucurbitacées, à cette bizarrerie extérieure de la vrille, élrange
liraclée d'une Cyme encore plus étrange (puisqu'elle est peut-être unique
dans tout le règne), ajoutent l'étrangeté d'une organisation interne, qui les
sépare de toutes les autres Dicolylées, non-seulement par l'absence de tous
rayonnements visibles, soit tubuleux, soit trachéens, soit médullaires, niais
aussi par le quinconce de leurs faisceaux disposés en un double \erticille;
— et pourquoi l'espèce qui manque de vrille (A*. Elofpriiiin) manque aussi
de cette dernière particularité.
Je pense donc, nonobstant l'ouvrage publié autrefois et rappelé au-
jourd'hui par M. Lestiboudois, que ce savant a adopté, sans preuves
suffisantes, la théorie à laquelle je viens de faire allusion. A cette théorie
appartiennent les faisceaux soi-disant primordiaux et réparateurs, les
Vi'tlles formées par des faisceaux, les stipules procréées par des fibres, les
bourgeons prolongement de fibres ou émanation de faisceaux (voy. plus haut,
pages Ikk et suiv.).
Mais ce qui n'appartient pas à cette théorie, ce qui subsiste parfaitement
sans elle, ce sont les observations très sagaces de I\ï. Lestiboudois, qui
constatent :
Que la Feuille a toujours les 3 faisceaux foliaires (les 3 cohortes
foliales);
Que la vrille ne reçoit rien de ces faisceaux ;
Qu'elle est une émanation de la production axillaire, une dépendance
du bourgeon axillaire, et qu'elle n'a pas d'autre lien avec la Feuille
aisselière;
Que le bourgeon axillaire et la vrille qui en dépend envoient leurs
vaisseaux au verticille intérieur de la tige, et non au verticilie extérieur
comme on l'a fait entendre de la vrille le 27 février ;
Que la vrille a un verticille de faisceaux vasculaires qui n'a jamais élé
(1) Page SfiC) do ce volume.
T. IV. liS
75/i SOCir^ITÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
reconp.r. »;ans une stipule, et qui est semblable à celui du pétiole oucur-
bitacé;
Enfin, que la vrille est souvent surhaussée par le développement du
rameau contîm;, et soudée sui- lui, comme il arrive à plusieurs autres
Feuilles etBiaetées.
M. Lcsliboudois répond de la manière suivante aux objections de
M. Guillard :
Je constate , avec plaisir, qu'au fond M. Guillard pense exactement
comme moi, sur ce fait capital que la vrille des Cucurbitacées est une pro-
duction axillaire, qu'elle est une feuille, qu'elle peut se souder avec le ra-
meau axiliaire ou l'une de ses branches. Je sollicite seulement une légère
modification dans la manière dont il veut bien constater notre conformité
de vues : il dit que mes observations sont d'accord avec les siennes, que j'ai
vu comme lui que les faisceaux trachéens de la vrille sont indépendants de
la feuille, et que je viens fort utilement à la rescousse de l'opinion qu'il
soutient. Je lui demande la permission de lui dire que cette opinion je l'ai
émise il y a tantôt viiigt ans, qu'en 1840 j'ai publié les faits anatomiques
qui la mettent en évidence, et que je les ai appuyés par des figures. Il me
semble, des lors, que c'est à moi qu'il appartient de me féliciter le premier,
que mes observationssoientconfirméespar un juge aussi compétent que lui-
même.
Après avoir parlé de la formation de la vrille, qui forme le fond même de
la discussion, M. Guillard donne des détails sur l'inflorescence des Cucur-
bitacées, et remonte aux fciits généraux de la phyllotaxie. Je ne dirai rien
de l'inflorescence : la thèse que j'ai posée reste indépendante des considéra-
tions qu'on peut présenter à ce sujet. Mais il m'est impossible de ne pas
direun mot sur les considérationsphyllotaxiquesprésentées par M.Guillard;
elîes se rattachent étroitement à notre sujet, car les preuves qui démontrent
le mode de formation de la vrille dérivent précisément des lois que j'ai tenté
de constater dans une longue série de travaux.
M. Guillard proteste contre la théorie qui consiste à faire produire les
feuilles et les organes qui en dérivent par les faisceaux vasculairesde la tige;
il demande si les trachées sont fournies aux feuilles par la tige ou à la
tige par les feuilles, si l'on doit expliquer la phyllotaxie par la disposition
des faisceaux caulinaires ou, au contraire, la disposition des faisceaux cauli-
iiaires par les feuilles. Je dirai d'abord que la théorie que j'ai fondée, et que
j'ai appujée sur de nombieuscs observations anatomiques, est tout à fait
indépendanle de la solution de ce problème : j'ai établi qu'il y a une cor-
rélation étroite entre la distribution des feuilles et la disposition des fais-
ceaux fibro-vasculaires des tiges, que les lois de la phyllotaxie sont écrites
bÉANCB DU 10 JUILLl!)'!' 1857. 755
à l'intérieur niOmc de l'axe caulinaire ; qu'ainsi l'arrangement des fouilles
acquiert une lixité et une importance considérables, tandis qu'il n'aurait
qu'une valeur bien faible s'il n'exprimait qu'une position apparente, que la
moindre torsion pourrait altérer. Les perturbations extérieures ne peuvent
plus tromper, puisqu'on trouve dans le cercle vascuiaire la symétrie nor-
male des organes appondiculaires ; enfin l'analogie des expansions foliaires
avec les expansions qui constituent les systèmes floraux est matériellement
constatée, car les mêmes règles président à la formation des unes et des au-
tres. Voilà ce qu'il y a d'essentiel dans la théorie que j'ai exposée, et, je le
répète, peu importe que les feuilles soient formées par les faisceaux ou les
faisceaux par les feuilles, ce sont les connexions rigoureuses de ces parties
et les moyens variés par lesquels elles sont établies qu'il fallait constater
et c'est ce que je me suis efforcé de faire, indépendamment de la qucstiou
de préexistence des organes. Je ne refuse pourtant pas de suivre M. Guii-
lard, et de dire ma pensée sur la thèse qu'il a clioisie. Ce judicieux obser-
vateur demande si les faisceaux produisent les feuilles, ou si les feuilles
produisent les faisceaux. ÏMais il a déjà fait la réponse à cette question :
dans la séance du 13 mars 1857, il a déclaré que les feuilles et les boutons
floraux sont engendrés dans les bourgeons ; conséquemment, selon lui, les
faisceaux caulinaires ne produisent pas les feuilles; il est allé plus loin :
dans la séance du 27 février 1857, il avait dit que les faisceaux de la feuille
en sortent pour aller former le verticille interne qui entoure la moelle du
rameau ; ce n'est donc pas une question qu'il pose, c'est" la théorie de Du
Petit-Thouars, deTurpin,de Gaudichaud qu'il établit. Il n'est pas possible
de la discuter ici d'une manière incidente 5 je dirai seulement que, comme
la presque unanimité des botanistes, je la crois contraire aux faits : dans
les végétaux, les tissus nouveaux sont formés au contact des anciens tissus,
par l'élongatiou des parties préexistantes, ou plus généralement par la for-
mation de parties nouvelles créées au moyen des matériaux organiques que
les parties anciennes déposent à leur surface ou dans leurs interstices ; la
feuille et les bourgeons sont, à ce titre, formés par la tige et les rameaux,
leur tissu procède du tissu de ces derniers organes. Les faisceaux des
feuilles sont un prolongement des faisceaux foliaires de la tige, qui sont
placés entre les faisceaux primordiaux et émanés de ces derniers ; les fais-
ceaux du bourgeon terminal sont leprolongementde l'ensemble des faisceaux
primordiaux ; ceux des bourgeons axillaircs sont formés par la partition des
faisceaux primordiaux qui circonscrivent l'aisselle.
Les tissus des nouvelles créations parcourent, comme ceux de la tige,
différentes phases dans leur développement : d'abord transparents, d'uue
consistance sul)gélatiniforme, entièrement composés d'utricules dont les
parois sont à peine visibles , ils arrivent par degrés à leur état de perfection,
et leurs différentes parties consécutives s'organisent successivement comme
75t) SOCIÉTÉ BOTANfOL'li Dli FRANCE.
dans les faisceaux primordiaux ; les élrments des tissus fibreux sont créés
les premiers, la matière organique qui constitue les vaisseaux trachéens est
formée pi us tard ; plus tard encore, ils prennent leurs formes caractéristiques,
de sorte que, durant les premières périodes de l'accroissement, on ne peut les
discerner. De cette façon les faisceaux foliaires font déjà éruption, les feuilles
sont indiquées déjà et ont atteint un certain degré de développement, les
bourgeons sont formés, avant ([ue les vaisseaux trachéens soient apparents-
mais ces organes n'en sont pas moins formés par l'élongation du tissu des
faisceaux caulinaires, et à mesure que les lihres et les vaisseaux se forme-
ront dans les faisceaux caulinaires, les ))arties similaires se formeront dans
les prolongements foliaires et les bourgeons qui continuent à s'accroître.
Ainsi les parties nouvelles, émanations directes des parties de même nature
qui composent la tige, se développent comme elles, passent par les mêmes
états, cellulaire, fibreux, vnsculairo, et procréent successivement les par-
ties qui les prolongent, elles-mêmes donnant naissance à de nouvelles feuilles
et à de nouveaux bourgeons; dans ce système de formation aucun tissu ne
sort de la feuille pour aller à la tige, aucun tissu ne se déplace pour aller
delà tige à la feuille :tout tissu se forme surplace par élongation du tissu pré-
existant. Mais on a dû dire que les faisceaux de la lige se prolongent dans les
feuilles et les bourgeons, parce que ce sont les additions faites à ces faisceaux
comme aux autres tissus, qui ont donné naissance aux expansions foliacées
et aux bourgeons; ces additions n'ont présenté d'abord qu'une consistance
semi-fluide, elle n'ont offert ((u'uneorganisation incomplète, etpour cetterai-
sonM. Guillard ditqu'ellesne sont que des cclluietfcsetùescouranls fiéveux -,
mais les cellulettes, les liquides i iches en matières organiques douées de la
force plastique, sont le produit du tissu ancien dont ils vont prendre les ca-
ractères en parcourant toutes les phases de végétation qu'ont traversées
les tissus anciens eux-mêmes. Quand ils se forment dans les feuilles et les
bourgeons, ils sont dans le même état que celui dans lequel se trouvent les
parties récentes des faisceaux primordiaux dans toute l'étendue de la tige;
ils ont la consistance et les caractères de toutes les parties nouvelles qui
apparaissent sur toute la surface d'accroissement.
Maintenant, que la couche qui procède de l'ancien tissu se forme et se
solidiliede bas en haut, qu'elle se constitue simultanément dans toute l'éten-
due de l'axe caulinaire, qu'elle s'organise même de haut en bas, cela im-
porte peu : le tissu nouveau n'en sera pas moins une émanation du tissu
ancien, les bourgeons et les feuilles seront le développement supérieur de
ce tissu, rien ne sortira des feuilles pour aller accroître la tige; chaque or-
gane sera le producteur direct des parties qui concourent à l'augmenter,
les parties nouvelles tirant leur origine des anciennes et satisfaisant ensuite
aux conditions de leur propre accroissement.
sÉANCii nu 10 juiLLKT 1857. 757
M. Hoisdiival piésente à la Société plusieurs plantes vivantes et en
fleur, «ju'il cullive avec succès : Goodijci'a repens, Ilerminium
reptans (1), Viola rotomagensis el V. mocedonica Boiss.
M. J. Gay lait à la Société la comniutiicatiou suivante :
Notre Biillclin vient de donner (t. IV, p. 239) l'analyse d'un opuscule
publié on 1856, par MM. C. de l.aurès et A. lîet'(|uerel, sous le litre de
liecherches sur les Confervcsdes eaux thermales de Néris, etc. Cette analyse
m'apprend que les deux auteurs distinguent, dans les eaux thermales de
Néris, deux espèces d'Algues confervoïdes qu'ils décrivent sous le simple
nom de Conferves, sans chercher à les rapporter à aucun des genres nom-
breux dont se compose cette tribu de la grande famille des Algues. Suivant
eux, ces deux plantes n'auraient jusqu'ici été nulle part décrites d'une ma-
nière complète. C'est une erreur que je crois devoir rectifier ici. Ayant
passé quelque temps à Néris, en 1825, je fus frappé de la nature gélatineuse
de la substance qui flotte dans ces eaux, et à laquelle on attribuait en
partie leur action thérapeutique. Je vis de suite que c'était une Algue, et,
supposant qu'elle pouvait offrir de l'intérêt à un algologue, j'en fis provi-
sion et la rapportai avec moi à Paris, dans une bouteille remplie de l'eau
même dans laquelle elle s'était développée. Bory, à qui elle fut aussitôt
communiquée, la jugea génériquement distincte de toutes les autres Algues
confervoïdes, et c'est là ce qui a donné naissance au genre Anabaina, que
Bory a décrit dans le Dictionnaire classique, t. 1, p. 307, et dont le nom est
tiré d'àvaÇai'vw, monter, parce que la plante s'élève à la surface de l'eau
après avoir été fixée au fond dans une première période de sa vie. Cette
plante est indubitablement l'une des deux Conferves qu'ont décrites ÎMM. de
Laurès et A. Becquerel. J'ajouterai que le 'j,em'e Anabaina de Bory est pour
Endiicber un simple synonyme du Sphœrozijf/a d'Ag^avàh (Endl. G en. pi.
suppl. 3, p.l2,nM4).
M. Gay présente ensuite un jeune rejet qu'il a délaclié, à Mont-
pellier, de la souche d'un grand Agave ayant Ueuri l'année der-
nière. Ce jeune rejet offre cette particularité remanjuable que, dès
la première ou seconde année de son existence, il développe une
hampe florale (2).
M. de Schœnefeld signale un fait analogue observé par lui sur une
touffe de Sempervivum qu'il cultive actuellement. Une très petite
(1) Celle plante n'est peut-être qu'une variété de 1'//. Monorchis ; mais elle se
distingue du type par la longueur de sa hampe, par l'odeur de miel que répandent
ses fleurs et par sa floraison tardive.
(2) Voyez le Bulletin, t. IV, p. 616.
768 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
rosette de celte année, voisine de la rosette-mère, a suivi celle-ci
dans son évolution florale, tandis que les rosettes plus âgées qui l'en-
tourent n'ont pas produit de hampe.
A cette occasion, M. Moquin-Tandon dit^que lorsque, pour la pre-
mière fois, le grand Ginkgo biloba du Jardin de Montpellier a porté
des fleurs, toutes les marcottes de cet arbre, faites dans l'année, ont
aussi fleuri en même temps que lui.
M. Lestiboudois rappelle la manière dont on greffe les jeunes
Orangers pour en faire ce que les horticulteurs nomment des Oi'an-
gers de toilette. On pose, sur de très jeunes sujets, des greffes prises
sur des Orangers prêts à fleurir, et les jeunes pieds ainsi greffés se
couvrent de fleurs dès la première année.
M. Eugène Fournier fait à la Société la communication suivante :
SUR QUELQUES ANOMALIES DES RUSCVS, par M. Kng. FOIJRIKIEB.
Il est un genre, cultivé dans nos jardins botaniques, sur lequel on peut
fréquemment observer des monstruosités très variées ; je veux parler du
genre /?MSC?<5, et principalement des Ruscus aculeatus L., B. Hypophyllum
L., et 11. Bypoglosswn L. Je n'ai examiné, dans les Jardins de Paris et de
Montpellier, aucune touffe appartenant à l'une de ces espèces, sans y ren-
contrer quelqu'une des anomalies dont la description va suivre, et l'herbier
du musée Delessert m'en a offert encore d'autres. Ces anomalies se pré-
sentent ici dans un genre déjà soumis normalement à une fasciation régu-
lière : disposition qui domine et souvent explique l'irrégularité locale et
passagère que l'on a sous les yeux.
Les faits anormaux que j'ai reeueilUs sur les Ruscus peuvent se classer
sous cinq chefs principaux : ce sont des faits de partition, de soudure,
d'enroulement, de dilatation et de multiplication.
V Partition. — Les rameaux foliacés des Ruscus en présentent souvent
des exemples. Elle est médiane ou latérale.
J'ai vu sur le R. Hypoglossum toutes les variétés de la parlitiou médiane,
qui tantôt divise seulement l'extrémité du rameau, tantôt se prolonge plus
ou moins dans son milieu, vers l'insertion des fleurs et de leur feuille-mère,
qu'elle atteint souvent, mais ne dépasse jamais. Souvent elle est compliquée
de l'atrophie de l'une des deux moitiés du rameau divi^ié ; l'autre moitié
hypertrophiée donne un exemple de balancement organique, et toutes deux
s'incurvent vers la ligne do division, l'une vis-à-vis de l'autre. Sur le
Ji. aculeatus, la partition médiane proiiiit à rcxtréinilé d'un rameau une
échancrure arrondie, du fond de laquelle sort une épine, qui est le prolon-
gement de la nervure médiane.
SÉANCE UU 10 JUILLET 1857. 759
La partition latérale présente une fente partant du contour du rameau,
anléricmeincnt à l'insertion des fleurs, et se dirigeant toujours vers celto
insertion, où elle s'arrête quand elle y parvient. Je ne puis m'empècherde
rapprocher cette disposition, anormale sur un Jïnscus, de la disposilion
normale du genre voisin Danaë^ où les fleurs sont insérées, comme le dit
Webb {P/ii/t. Can.) in cremdis hrevibus ad martjinem ramulorum ffispo-
xitis. Par contre, les rameaux des Danac, à l'imitation de ceux des Jînscns,
offrent quelquefois un fascicule de fleurs unique, inséré sur la ligne médiane.
La structure accidentelle d'un végétal présente généralement la structure
hnbituelle d'un autre végétal (Moq.-Tand., Térat.,\}. 342). On verra plus
loin des exemples analo{jues.
Les anomalies résultant de la partition sont celles que j'ai rencontrées le
plus fréquemment. Les suivantes sont plus rares.
2* Soudure. — La soudurea lieu, soit entre deux axes foliacés, soit entre
uu rameau et une feuille.
Je n'ai observé la soudure entre deux axes qu'à la partie supérieure
d'une branche, entre la dilatation foliacée qui termine l'axe principal et uu
des rameaux voisins. Elle se forme suivant les faces ou suivant les bords.
Dans le premier cas, deux limbes semblables sont adossés et réunis dans
toute la hauteur de leur ligne médiane, d'où divergent quatre lamelles,
égales chacune à la moitié latérale d'un rameau. Dans le second cas, sur
le /?. acideatus, on voit à l'extrémité du rameau une échancrure arrondie,
bordée de chaque côté par une épine.
Ou remarque fréquoramrnt la soudure entre un rameau et une feuille sur
un rameau affecté de partition latérale, quand la division se prolonge jus-
qu'à la feuille située en son milieu; alors le petit lobe du rameau reste
soudé, par son bord interne, avec l'un des bords de cette feuille. La sou-
dure est rare à constater entre deux organes dont l'un est axile et l'antre
appendiculaire ; elle est facilitée ici par la structure entièrement herbacée
du rameau.
3° Enroulement et torsion. — J'ai vu des axes primaires de /?. aculeatus
enroulés eu cercle sur eux-mêmes, de haut en bas; d'autres tordus eu spi-
rale. Ces anomalies des axes sont souvent combinées avec leur fasciation
(Moq.-Tand., Térat., p. 179).
k" Dilatation. — Je rassemble sous ce nom plusieurs exemples d'une
anomalie assez fréquente sur le limbe foliacé qui termine l'axe primaire
des Ruscns. On voit une côte herbacée, de même structure que le limbe, se
dessiner sur lui en relief, suivant un des faisceaux fibro-vasculaires, et
quelquefois acquérir, quand elle est médiane, les mêmes dimensions qu'une
des moitiés du limbe, qui parait alors trifuniué. Ce phénomène doit être
rapproché de l'étatnormal de certains Cactus ci Euphorbes -, c'est un terme
moyen entre l'état cylindrique et la fasciation complète.
7(i0 SOCIÉTÉ BOTAMULE DK FKANCE.
5" Multiidicution. — Enfin, le fait unique auquel j'ai cru pouvoir don-
ner ce nom consiste clans l'insertion, a l'aisselle de la feuille-mère des
tleurs, d'un rameau tertiaire dilaté cumme le rameau secondaire, et portant
les fleurs en son milieu à l'aisselle d'une deuxième feuille. H y a ici pro-
duction d'un axe surnuméraire, ce qui altère les caractères de l'espèce
[R. Hypo(jlosswn). Cela rappelle les articles des Opuntia.
M. Giiillard l'ait ù la Société la communication suivunto :
SUH DEUX i;HLORANTHlES, i^r M. Acli. (;MLI.i\RI>.
Jedepose sur le bureau quelquesexemplaires d'un Stelluria média atleurs
foliacées, trouvés le 31 mai aux Champeaux (au-dessus de INlontmorency)
contre nue haie ; — plus un insecte et sa larve, lesquels j'accuse conjoin-
tement de tentatives d'empoisonnement sur les Cymes de ce Mouron.
La Cyme terminale, 002^^ (indéfiniment bipare), continuo-inégale, n'a
subi aucune modification quant à la succession régressive des fleurs. Cette
ré;^ression est ici normale, telle qu'elle caractérise toutes les Caryophyllées.
Les quatre ou cincj premières fleurs de cliaque Cyme sont aussi à l'état nor-
mal; elles n'ont subi aucune déformation : les Sépales sont velus, les Pétales
blancs et bipartis ; les étamines ont fécondé les graines, qui renferment
l'embryon faisant cercle autour de son albumen farineux. La ligne inté-
rieure de poils blancs se montre sur chaque pédicule.
C'est au-dessus que commence l'anomalie, et elle devient plus grande à
chaque degré. Les Sépales s'agrandissent, restent verts, deviennent gla-
brescents, raultiplient leurs nervures. Vient le tour des Pétales : verts aussi,
ils ne sont plus que bifides, puis bilobcs; enfin, entiers, ovés, plurinervés,
véritables Feuilles ; et ils persistent comme les Sépales, mais en restant un
peu plus petits qu'eux.
Quant aux étamines, elles ne subissent aucune inodi/icatiun^ si ce u'est
([ueleur verticiile parait incomplet.
L'ovaire, qui semblait d'abord échapper, qui a réellement résisté (au
moins extérieurement) à l'action de la cause déformatrice, subit enfin son
influence vers le haut de la Cyme. Il s'allonge au-dessus des Pétales, verdit,
manque de style; le stigmate demeure, comme témoin, en petites papilles
rouges. Bientôt (c'est-à-dire, un peu plus haut sur la Cyme) l'Ovaire reste
ouvert au sommet ; les trois Carpelles se dégagent rapidementde la soudure
normale, restent libres et vraies Feuilles. Enfin, les ovules eux-mcmes, fai-
sant verticiile au centre de ces étranges fleurs, restent d'abord vrais ovules,
clos, mais portes sur de longs pétioles droits; puis ils se montrent ouverts
en cornet ou en cuiller ; aux dernières fleurs on les voit aussi vraies Feuilles
formant verticiile de cinq ou trois, seulement beaucoup plus pcfites que les
SI^ANCL DU 10 JUILLET 1S57. 761
autres organes, mais parfaitemeut caractérisées par leur l'orme et leurs
uervurt'S.
I.a cause de celte monstruosité est peut-être révélée par des traces assez
nombreuses de morsures, que présentent les organes dont la métamorphose
normale en organes floraux n'a pas eu lieu ou n'a pas été complète. J'ai
saisi, au cœur dequeiques Ovaires, une petite larve que je joins aux échan-
tillons conmie pièce de conviction, même comme accuscc, ou complice pour
le moins ; lion un petit hcmiplcre : livrons-les l'une et l'autre à la juridic-
tion entomologique de iM. le docteur Boisduva! (1).
La résistance qu'ont offerte les Étamines démontre, à mon avis, que la
cause déformatrice n'a agi que très postérieurement à la première consti-
tution des boutons. En effet, il a fallu qu'elles fussent déjà bien formées et
munies de leur pollen pour avoir lutté victorieusement contre la déforma-
tion qui a atteint tout le reste. Or, en général, dans la cavité cluse formée
par les Sépales, les Étamines jouissent les premières de la vie active et fonc-
tionnelle: les premières (parmi les organes enfermés) elles forment leurs
trachées, et elles élaborent déjà visiblement leur pollen quand tout ce qui
les entoure est encore à l'état séveux ou muqueux. Il n'est donc pas éton-
nant qu'elles soient restées indemnes de l'atteinte épidémique qui a défiguré
particulièrement les Pétales, les Carpelles et les Ovules (tous organes dont
le développement est postérieur à celui des Anthères), pouivu toutefois
que le virus maladif n'ait pas été inoculé avant ou pendant la conception
des boutons.
Cette chloranthie m'a paru instructive à deux points de vue : 1° pour
l'histoire des Étamines, dont elle affirme la précocité relative; 2" pour
l'histoire des Ovules, qui partagent ici le sort des autres organes foliacés;
ce qui combat la distribution que quelques théoriciens voudraient faire des
organes en appendiculaires et axiles. L'insecte rongeur nous fait voir qu'il
n'y a toujours et partout que la Feuille.
Je profite de l'occasion pour déposer aussi quelques exemplaires chlo-
ranthes deSinopis aroensis L., que j'avais trouvés précédemment au mois
d'août dans un champ inculte, couvert de différentes herbes, à la hauteur
(1) « L'insecte que vous m'avez remis est le type du genre Thrips de Linné...
» Il est facile d'y reconnaître respèce Th. fasciata, dont la larve a été décrite par
I) M. Haliclay, et qui est la plus commune aux environs de Paris : c'est bien elle que
» vous avez capturée... Les Thrips sont éminemment pliytophages: une espèce men-
» tionnée par M. Guérin-Méneville est souvent fort nuisible aux blés. — Ce sin-
" gulier genre a été classe jusqu'à ces derniers temps parmi les hémiptères, dans
» le voisinage des pucerons; mais il appartient tout autant aux névroptères ou
» aux orthoptères. M. Burmeister eu fait un ordre à part. » {Extrait d'une lettre
de M. BoisduvaL)
762 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
du chemin de fer, près Enghien. Les plantes, parfaitement développées
dans leur easemble, offreiit une belle Botiy-Diseyme, dont toutes les (leurs
sont à l'aisscIle d'une Bractée foliacée. Les premières Bractées sont lancéo-
lées, denticuiées, épanouies ; les suivantes sont recoquiliées, capuchonnécs
ou à demi fermées.
Toutes les fleurs sont frappées d'une monstruosité presque identique. Le
Sépale est le moins changé ; seulement il est dressé et uni presque toujours
à l'Etaniine, dont il porte au haut l'Anthère plus ou moins déformée. Il y a
aussi quelques Etamines libres et poliinifères. Les Pétales ont disparu ; à
peine en voit-on deux, ou trois de leur jaune nuance sur toute la plante.
Deux choses surtout attirent l'attention : 1° la persistance des gland ulcs
(nectaires, intermèdes) ; elles sont dans chaque fleur à leur place ordinaire,
avec leur consistance charnue, verte, sans altération ni accroissement ;
2° les Carpelles; ils ont grandi et élèvent, dans toutes les fleurs, leur sligmato
au-dessus des autres organes. Ce stigmate est porté sur un style de la
même masse h peu près et de la même longueur que l'Ovaire. Celui-ci
est un peu moins grand que le Sépale. Les Carpelles sont libres, ou unis
seulement vers le bas, inégaux^ à demi ouverts comme une robe de
chambre, et laissant voir leur rangée d'Ovules, en partie exposée à l'air. Il
y a deux Carpelles ou trois, quelquefois quatre. Le central, qui est le plus
grand, est presque toujours entièrement fermé. [,e stigmate dél)orde le
style de ses papilles translucides; il est subbilobé, ou plutôt plié en deux, à
peu près comme le collet de velours d'un liabit.
Ce fait cin-ieux de tératologie confirme mes observations consignées au-
trefois dans le >[émoire Sur la formation des organes floraux, et reconnues
alors par Mirbel devant l'Académie des sciences (1).
M. de Scliœnefcld, vice-secréLiirc, donne lecture do la coniniuni-
cation suivante, adressée à hi Société :
LLNNÉ AURAIT-IL. DANS UNE INTENTION MAUVAISE, ALTÉRÉ L'ÛRTllUGUAI'UE DU NOM
DU GENRE BUhFONlA? par M. A. FÉE.
(Strasbourg, 4 juillet 1857.)
Le genre Buffonia, de la famille des Caryopliyllées, dont le type, Buf-
fuiiia tenuifulia, est remarquable par la facilité avec laquelle les etamines
varient en nombre, se réduisant parfois à deux, pour s'élever jusqu'à huit,
a été diversement orthographié, les auteurs admettant ou n'admettant pas
le redoublement de la lettre f. IS'OUS allons dire pourquoi.
Quoique plusieurs botanistes, même parmi les contemporains, aient at-
tribué le genre Buffonia ù Linné, il est bien prouvé qu'il appartient à Sau-
(1) Comptes-rendus, I, p. 2Q3.
SÉANCK 1»U 10 JUILLET 1857. 763
vages. Ce qui a pu les égarer, c'est que la première mciilion faile officicl-
lemeiitde eof:,ciiro, se trouve dans le tome I" des Amœnilatcs acadernicœ,
pag. 3S6, année 17'i9, dans une thèse de Dassow, soutenue sous la prési-
dence de Linné, le 15 juin Ml\l, et que les caractères génériques y sont
donnés pour la première fois, quatre ans avant que Sauvages lui-même les
donnât. On lit dans cette thèse : Bufonia, audore Sauvages; il eût fallu
ajouter m litterisad Liimœum.
La correspondance de ces deux hommes illustres ne dura pas moins de
vingt-huit ans: commencée le 20 janvier 1737, elle ne se termina (jue le
3 mai 1763, dix-huit mois environ avant la mort de Sauvages. Les lettres,
au nombrede /i3, se trouvent aujourd'hui en la possession dcM. d'Hombrcs-
Firmas, d'AIais, petit-neveu du célèbre professeur de IMonlpellier ; et il se
propose depuis longtemps de les publier. Elles sont intéressantes, et il nous
a été permis de constater qu'elles ne pouvaient nous fixer sur la date précise
de la création du genre j^H//brtm. Cependant onyaequiert la preuve qu'elle
est antérieure à 17/i5, puisque, dans une lettre du 15 octobre de cette mémo
année, Linné dit que la fleur est tétrandrique et qu'il s'en assurera sur
des spécimens plus complets, le sien ne l'étant pas, et, longtemps après,
lettre xlx.% 20 août 1753, il prie Sauvages de fixer ses incertitudes à cet
égard : quœso etiam hac œstatc examines stamina Bufoniœ; Lœflingiusscri-
bit k esse in singulo flore.
Ainsi il est parfaitement certain que Sauvages, avant de constituer défi-
nitivement le genre Buffonia, en avait référé, de 1743 à 17A4, à Linné, vers
lequel convergeaient alors toutes les découvertes qui pouvaient intéresser
l'histoire naturelle. Linné et Dassow ayant écrit Bufonia^ il est permis de
croire que Sauvages avait écrit ainsi dans sa correspondance.
La plante, type de ce genre, quoiqu'elle vive dans les terrains secs et
arénacés, contrairement à ce qu'en ont dit certains auteurs, ressemble éton-
namment parlCiport au Juncusbufunius de nos marécages, et Linné aura pu
supposer que le nom générique était destiné à rappeler cette analogie exté-
rieure, ignorant à quel naturaliste le genre était dédié ; si Sauvages eût écrit
Buffonia, il eût remarqué que Linné, dans sa lettre du 15 octobre 17Zi5,
avait mal orthographié le nom, et Linné prévenu se fût rectifié dans sa
lettre du 20 août 1747. Non-seulement il n'en est rien, mais nous allons
voir le botaniste de Montpellier donner à cette faute une consécration offi-
cieile, en désaccord avec l'étymologie.
Le Met/iodus foliorum seu plantœflorœ monspcliensis, ouvrage surtout cu-
rieux, publié en 1751, à F^a Haye, donne les caractères génériques du Buf-
fonia, et ils sont suivis, page 141, de ces mots : Dicata illiistrissinw horti
régit parisiensis prœfecto et acad. regiœ &cientinruni. })nris. sodali D. de
Buffon, et par une bizarrerie difficile à expliquer, Sauvages imprime, ou
76/i 60CIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
laisse imprimer Bufonia dans son texte, tandis que dans la table il met
Buffonia sans prévenir qu'il rectifie ou non une erreur ; il y a plus, à la suite
de son nom générique il ajoute unL. (Linné), comme s'il rappelait le nom du
fondateur. Ainsi se trouvent justifiés les botanistes qui attribuent le genre
Buffonia ixLhmé, ainsi s'explique comment Linné, Speciesplantarum édition
légale de 1764; Lamarck eu 1783, premier volume de Y Encyclopédie mé-
thodique-, Gœrtner en 1787, De fniclibus; Jussieu, Gênera plantarum en
1789 et une foule d'autres auteurs, ont pu écrire Bufonia, se soumettant au
texte de Sauvages et à celui des Auiœnitales.
U doit déjà ressortir victorieusement de ce qui précède que l'altération
du nom générique Buffonia, par la suppression d'un /, ne peut être en au-
cune manière attribuée à Linné, mais bien à Sauvages; ainsi se réduisent
à néant les assertions contraires, écrites dans une foule de livres et qui ont
trouvé des esprits crédules, heureux peut-être, malgré leur estime pour un
grand lionmie, de lui découvrir une faiblesse.
Néanmoins, malgré tout, et pour rendre encore, s'il est possible, la justi-
fication plus complète, nous allons admettre un instant que Linné a voulu
eu effet faire un indigne rapprochement entre un illustre adversaire et un
animal immonde. Toute action ayant un but, on se demande quel fut celui
de Linné.
« Il a voulu se venger, dira-t-on, des attaques de Buffou, qui avait
combattu ses idées de réforme. » Qui pourrait le penser, lui qui igno-
rait alors jusqu'au nom de ce futur adversaire, uniquement occupé de géo-
métrie, de physique et d'économie rurale, travaux importants sans doute,
puisque ce sont eux qui le firent admettre, dès 1739, à l'Académie des
sciences?
L'impression de VHistoire ncdurelle s'est continuée de 1749 à 1767, et
c'est dans cet intervalle que s'est étendue et popularisée la réputation de
Buffon. Si ce grand homme fut connu en Suède avant cette époque, ce ne
fut pas de Linné. On ne peut se venger que d'un tort réel ; or, Linné
n'avait eu aucunement à se plaindre d'attaques qui ne pouvaient avoir eu
lieu. Ondoitdoncinvoquer ici une impossibilité matérielle, une sorte d'alibi.
C'est une petite calomnie dirigée à la fois contre deux grands noms; aussi
dirons-nous avec Richler {Opéra omnia Linnœana, 183()): nomen iniqun
mente a Linnœo in Bufoniaui {pro Buffonia] mutatum esse pr'obent ii qui
narrant.
Linné a eu des adversaires, et quel homme de génie n'a eu les siens?
Cependant on chercherait vainement dans ses écrits des traces de mauvaise
humeur. Il avait l'esprit élevé, le cœur excellent et une très grande dignité
de caractère. C'était, qu'on me passe l'expression, un très bon grand
homme. La controverse lui était antipathique; il croyait, non sans raison.
SÉANCIi 1)11 10 JUILLKT 1857. 765
que son temps était mieux cmployc' îi perfectionner (l'aiiciiMinrs publications
et à en picparcrde nouvelles- c'était là une manière très sa{j;e de répondre.
Non-seulement il n'aimait pas les polémiques scientifique?, mais même il
les redoutait. Les preuves de cette assertion sont aussi nombreuses que con-
vaincantes (1). Il n'a répondu ni à ][eister,ni àSiegesbeck, ni à Browall, ni
à aucun autre. « Mon vieil ami l.udwip;, écrit-il à Haller, veut me combattre
et je serai aisément vaincu, car je dépose d'avance les armes. Je ne veux
pas me défendre. » Ayant eu à se plaindre de Haller, qui l'avait fort mal-
traite, il écrivit dans sa Flora zei/lanica : « En Allemagne et parmi les bo-
tanistes suisses, Haller est distingué comme un second Boerbaave,... il est
connu comme le plus infatigable des savants, et il est^ans rival en médecine
et en anatomie C'est bien injustement que l'on m'accuse d'avoirécrit
contre cet excellent homme. Je désire que tout le monde sache que je tiens,
et que j'ai toujours tenu ses publications en haute estime, et que je suis
môme occupé chaque jour à les étudier. »
Tous les réformateurs sont emportés et intolérants : Linné faisait excep-
tion, il était doux et bienveillant. On a écrit et nous-même avons répété
qu'il avait dédié à ses antagonistes des plantes disgracieuses de port, épi-
neuses, ou bizarres dans quelques-unes de leurs parties. Il est très possible
que cela soit, et le mal n'eût pas été grand ; cependant le Siegesùeckia
orientalis, qui "rappelle le nom d'un doses plus fougueux adversaires, est
une très belle Synanthérée ; et l'un des plus grands arbres de la création est
consacré à la mémoire d'Adanson, réformateur qui seul voulait réformer.
Linné ne connaissait ni l'envie ni la haine, et il se montrait content de la
part d'estime et de renommée qu'il avait conquise; nous avons dit ail-
leurs (2) qu'ayant eu connaissance de l'intention injurieuse que lui prêtaient
ses ennemis, à l'égard de Buffon, il s'en était indigné.
Au reste, qu'est-il advenu aux hommes qui ont attaqué Linné? Ceux qui
avaientfondé sur cesattnques l'espoir d'une renommée sont oubliés, et l'on
ne se rappelle plus l'opposition des hommes qui, par leurs travaux, ont mérité
de vivre dans la postérité; ce qu'ils ont fait pour la science est seul resté
debout. Le temps, ce grand justicier, met toute chose à sa place;, et il laisse
impérissable sur le front des hommes de génie la couronne à laquelle les
envieux tentent d'arracher quelques joyaux.
Certes, Buffon, glorieux et honoré, ne pouvait rien envier à Linné ; mais
combien n'eût-il pas été préférable qu'il se fût abstenu d'écrire contre cet
ingénieux réformateur! Non-seulement sa logique s'est trouvée en défaut,
mais sa science elle-même ; par exemple, en blâmant la classe des mam-
malia, aujourd'hui universellement adoptée, il n'eût pas dit qu'on savait
(1) Voyez Vie de Linné, p. 120 et sulv.
(2) Ihitl, p, 287.
766 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
depuis Aristote (1) que le cheval n'a point de mamelles, et il n'en aurait
pas conclu qu'il fait exception parmi les mammifères.
IN'ailoDS pas plus loin ; si le blâme est facile, n'oublions pas qu'il a son
côté dangereux, et gardons-nous de toucher à l'une de nos plus grandes
gloires nationales. Qu'il nous sufllse d'avoir contribué à effacer la tache lé-
gère dont on avait tenté de ternir l'éclat d'un nom justement vénéré, celui
d'un homme qui par son génie a mérité d'obtenir le droit de cité dans tous
les pays de la terre civilisée.
M. Germain de Saint-Pierre fait à la Société la communication
suivante :
SUR l.E MODE DE VÉGÉTATION DU CORALLORHIZA imATA, par M. E. «ERltl.tl!^
DE SAI^T-PIERRE.
La souche de l'une des Orchidées d'Europe les plus bizarres par sa con-
formation et son mode de végétation, le Corallorhiza innata, a été jusqu'ici
a^îsez incomplètement étudiée et décrite, en raison, sans doute, de la rareté
de la plante et du petit nombre d'occasions où elle est arrivée vivante et en
bon état dans les mains d'un botaniste organographe.
Celte plante intéressante vient d'être trouvée et recueillie par quelques-
uns de nos honorables confrères, au Villard-de-Lans, pendant une excursion
botanique on Dauphiné faite par ces messieurs (2) au retour de la session
de Montpellier. Plusieurs pieds de CorallorJdza en pleine floraison, enlevés
avec le plus grand soin, sont arrivés à Paris dans un état de fraîcheur et
d'intégrité parfaites; M. de Schœnefeld a bien voulu me remettre les
individus les plus complets et m'en confier l'examen et l'étude.
Heureux de me trouver à même d'examiner sur le vivant cette plante,
dont la souche est ordinairement incomplète dans les herbiers et déformée
par la compression, j'en ai détaché la terre avec le plus grand soin, en la
plaçant sous un mince filet d'eau, dans la crainte de briser par un autre
procédé la souche fragile et à rameaux intriqués, ou de rompre des adhé-
rences. La souche ainsi mise à nu, chez mes divers échantillons, j'ai con-
staté que sa base, que je m'attendais à trouver constituée par une partie
morte, comme chez les rhizomes ordinaires (ceux des Polyyonafwn et des
Arum par exemple), que cette base, dis-je, manquait, et que, malgré le
soin avec lequel la plante avait été enlevée, le rhizome se terminait parune
cassure franche, dans une partie aussi fraîche et aussi vivante que le reste
de son étendue.
l'ai constaté, en second lieu, un fait très remarquable : ce rhizome ne
(1) lîuffon, Histoire naturelle, Paris, 17i9. t. I, p. 08 (Sur la manière d'écrire
riiisioiic ualurcllc).
(*2) Voyez plus haut, p. 702.
bÉANCK nu 10 JUILLET 1857. 767
présenle aucune trace de racines ou de libres radicales adventives ; or, il est,
je crois, peu d'exemples de liges souterraines ou de rhizomes complétemeut
dépourvus de libres radicales adventives. (Ce fait, qui n'a pas dû frapper ceux
des botanistes qui ont regardé la souche du Corallorlnza comme une sorte de
racine, aétéremarquéet mentionné par M. Neesd'Ksenbeck dans son Geiiera,
bien qu'il ait décrit, dans le même ouvrage, la souche de VKpipogium, qui
est tout à fait analogue, sous le nom de racine.) Quant à la souclie elle-
même, elle se compose d'un rhizome blanc, charnu, très cassant, très ra-
meux, à rameaux ordinairement très courts, dirigés dans tous les sens, et
naissant les uns des autres dans un désordre apparent. Ce rhizome ressemble
assez par sa forme, comme l'indique le nom de la plante, à une brandie
de corail; mais si on l'examine avec plus d'attention, on voit que son mode
de ramification n'a en réalité rien d'anormal. Chaque rameau naît, en
effet, à l'aisselle d'une petite feuille membraneuse squamiforme qui, lors-
qu'elle est détruite, comme il arrive dans la partie inférieure du rhizome,
laisse une cicatrice très visible. — L'extrémité des rameaux souterrains
est la partie de la plante la plus anormale; cette extrémité est obtuse, et,
bien qu'elle constitue, en réalité, un bourgeon rudimeutaire, on conçoit
qu'on ait pu, au premier aspect, la prendre pour une extrémité radicellaire ;
mais il suffirait, pour être détrompé, de remarquer que cette extrémité ter-
mine un axe muni d'écaillesou feuilles squamil'ormes, car, de même qu'wn
bourgeon ne iennine dans aucun cas une racine, une racine ne termine
dans aucun cas rextrémité d'une tige, soit aérienne, soit souterraine.
Chaque bourgeon rudimeutaire est susceptible de compléter successive-
ment son développement et de devenir un bourgeon normal composé de
feuilles squamiformes emboîtées. — Chaque année, un ou plusieurs de
ces bourgeons écailleux (coniques-aigus) se développe en une tige aérienne
à feuilles squamiformes, décolorée ou d'un blanc jaunâtre, florii'ère, puis
fructifère, annuelle (ou monocarpienne) : chaque année aussi, de nouveaux
rameaux souterrains s'ajoutent aux précédents et remplacent ceux qui sont
épuisés par leur développement eu tiges fructifères.
L'examen de la structure et du mode de végétation que je viens d'expo-
ser, m'a conduit h la probabilité, sinon à la certitude, que le Corallorhiza
innafaesi une plante parasite sur la racine des végétaux environnants. Je
n'ai pu, il est vrai, constater l'adhérence, puisque dans les échantillons
que je possédais la souche était brisée, sans doute à ce niveau ; et, par con-
séquent, la prouve directe manque encore. Mais, d'une part, je n'ai pas
trouvé non plus de souclie détruite à sa base, comme dans beaucoup de
Monocotylées et de Dicotylées, ni de souche munie de sa racine, émettant
des rhizomes, comme dans certaines Dicotylées^ d'autre part, jen'ai trouvé
aucune trace de libres radicales adventives 5 or, non-seulement les racines
adventives appartiennent aux rhizomes ordinaires, mais elles existent sou-
769> SOCIÉTÉ BOTAMQrK DE FRANCE.
vent, comme racines adjuvantes, chez les plantes parasites. Knfin, toute la
plante est décolorée ou d'un blanc rougeâtre et les feuilles sont réduites à
des écailles, comme chez un grand nombre de plantes parasites : Lathrœo,
Ovobanche, Cuscitta, Monotropu, etc. — Un de ces caractères isolés ne suf-
lirait pas sans doute pour constituer une probabilité ; car, d'une part, le
Nentiia Nidus avis, qui est complètement décoloré et dont les feuilles sont
squamiformes, ne paraît pas, du moins à l'étal adulte, être une plante pa-
rasite, et, d'autre part, je n'ai pas trouvé de racines adventives sur la base
hypogée du Malaxis paludosa, qui paraît se nourrir directement de l'humi-
dité qn'\\ trouve dans les détritus àii Sphagnvm inondés dans lesquels il est
plonge; mais le Malaxis possède, dans le renflement bulbiforme de sa
tige, renflement qui se renouvelle chaque année à mesure que le précé-
dent s'épuise, une réserve de sucs nutritifs tout préparés et analogues aux
sucs qu'une plante parasite puise dans la substance d'une plante voisine.
Une autre espèce, plus remarquable encore, me paraît réunir ces deux
sources d'alimentation ; je veux parler de \' Fpipogium Gmelini. Cette belle
plante, que j'ai étudiée en Thuringe, présente, dans de plus grandes propor-
tions que le Malaxis, \m renflement bulbiforme de la base de sa tige flori-
fère. Ce renflement charnu, après la destruction de la partie fructifère de
la tige, se vide au profit d'une ou de plusieurs nouvelles tiges, lesquelles
tiges ne sont autre chose (jue le prolongement des bourgeons qui terminent
les rameaux souterrains d'un rhizome coralliforme touth fait semblable, par
sa forme et sa structure, à celui du Corallorhiza. Sur le rhizome de VEpi-
pogiiim comme sur celui du Corallorhiza, }e n'ai trouvé aucune trace de
racines adventives; la base était franchement brisée, et tout me porte à
croire que, comme le Corallorhiza^ VEpipogium est parasite à la manière
des Orobanches et des Lalhrœa.
A la suite de cette communication, M. Prillieux présente les obser-
vations suivantes :
Après ce que vient de dire notre habile confrère, M. Germain de
Saint-Pierre, sur un sujet traité déjà à fond et avec un véritable talent par
M. Schacht (1) et surtout par M. Irmisch{2), il reste bien peu de choses
neuves à ajouter touchant la structure du Corallorhiza.
\a\ nature de la portion souterraine de la plante, le manque de racines
sont des faits parfaitement établis et sur lesquels il serait plus que superflu
de revenir encore une fois. Je désire seulement dire quelques mots au sujet
(1) II. Schacht, Beitrœge zur Anat. u. l'hysiol. der Gewœchse, 185^, p. 120
et siiiv., pi. Vit.
(2) Thilo Irmisch, Beitrœge z. Biologie ii. Morphologie d, Orchidern. 1853,
p. 5G-59, pi. VI.
skanck du 10 jL'iLLRT 1857, 769
(lu parasitisme (|uc M. (Icrmaiii de Saint-Pierre semble attrii)iK'r rui Cornl-
iorhiza.
Notre confrère se sert, pourétayer l'hypothèse du parasitisme du Com/lo-
7'/Hza, des deux arguments suivants: 1° la plante n'a pas de racines, donc
elle doit vivre aux dépens d'autres plantes ; 2" tous les éehantillons observés
paraissent biisés par leur partie postérieure : il est probable que c'est par
là que le rhizome était implanté sur un végétal étranger.
Je répondrai d'abord, à ce second argument, que j'ai été assez heureux pour
observer des échantillons plus complets que ceux que iM. Germain de Saint-
Pierre a eus entre les mains. Je conserve encore dans l'alcool un pied de Co-
rallorhiza où l'on peut parfaitement voir le rhizome se terminant en pointe
comme le rhizome du Neottia Nidus avis que j'ai eu précédemment occasion
de décrire dans une communication que j'ai faite à la Société (1). J'ai montré
que cette pointe conique qui forme le bout du rhizome non-seulement du
N. Nidus avis, mais des Epipactis, des Cephalanthera, etc., n'est autre
chose que le rhizome de la plante germante; qu'elle conserve une structure
anatomique pareille à celle que j'ai observée dans VAngrœcum inaculatum^
au moment où la jeune plante n'est encore qu'une masse charnue en forme
de toupie. — Ce que j'ai dit précédemment s'applique de tout point à la
pointe qui termine le rhizome du Corallorhiza. Dans cette plante comme
dans toutes les autres, cette partie, la première formée, est aussi la première
qui se détruit; tandis que la plante pousse par la partie antérieure de son
rhizome, la pourriture envahit sa partie postérieure; cela a lieu dans
le Corallorhiza comme dans les Epipactis, les Cephalanthera, les Goo-
dyera, etc.
Il me sera permis, je pense, de conclure de ce qui précède que le rhi-
zome du CorcrZ/o^Vu':;» n'est pas implanté par son extrémité postérieure sur un
végétal étranger, comme le suppose M. Germain de Saint-Pierre.
L'absence incontestable de racine peut-elle suffire pour établir qu'une
plante est parasite? Je ne le pense pas. Je rappellerai à la Société qu'une
Orchidée dont j'ai suivi attentivement le développement végète durant la
première période de sa vie sans avoir de racines (2).
Sur le petit corps charnu de l'embryon poussent, dans VAngrœcum macu-
latum, des bourgeons qui se développent en rameaux très courts et charnus;
sur ceux-ci en naissent d'autres également charnus, et leur ensemble forme
une sorte de tubercule digité fort semblable au rhizome du Corallorhiza
et formé comme celui-ci de rameaux d'ordre divers. Puis un des bourgeons
(1) Voyez Bull, de la Soc. Bot., t. IV, p. 61; et Ann. des se. natiir., h" série,
t. V, pi. 17, fig. y.
(2) Voyez Bull, de la Soc, Bol., t. II[, p. 28; et Au)i. des se. nalur., W série
t. V, pi. 5, G et 7.
r. IV. /i9
770 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
qui termine l'une des branches du tubercule charnu se développe autrement
que les autres: il produit une tige et des feuilles vertes. C'est encore exacte-
ment ce qu'on voit se produire dans le Corallorldza. Il y a cette différence
toutefois entre les deux plantes, que, dans VAngrœcum, l'existence du rhizome
charnu est courte : elle ne persiste pas comme dans le Corallorhiza durant
toute la vie de la plante. Aussi, quand le bourgeon à feuilles vertes s'allonge,
voyons-nous, dans VAngrœcum, naître de la tige qui se dresse dans l'air une
racine adventive, puis une seconde, et bientôt la plante enracinée vivre
sans le secours du tubercule lobé (rhizome).
Jusciu'au moment ou V Angrœcum s'enracine, il végète tout à fait comme
le Corallorldza. La surface du rhizome est couverte de bouquets de papilles
qui puisent dans le sol les matières nécessaires à Falimentation de la plante
et suppléent aux racines qui ne sont pas encore développées.
J'ai observé sur le rhizome du Corallorhiza des papilles groupées préci-
sément comme dans V Angrœcum : il ne me paraît pas douteux qu'elles jouent
un pareil rôle dans la végétation de la plante.
En résumé, le Corallorhiza présente d'une façon permanente l'organisa-
tion que VAngrœcum offre seulement d'une manière transitoire et durant
les premiers moments de sa vie. 11 est absolument impossible de supposer
que V Angrœcum soit parasite pendant sa germination 5 on ne saurait par
conséquent, ce me semble, accepter pour le 6ora//or/<«2a l'hypothèse d'un
parasitisme dont on n'a, à ma connaissance, jamais pu montrer de preuve
directe et que l'analogie repousse.
M. de Scliœnefeld dit que le seul fait qu'il ait remarqué comme
militant en faveur du parasitisme du Corallorhiza, c'est que les
nombreuses touffes de cette plante qu'il a vues dans les bois de Sapins
du Daupbiné se trouvaient toutes, sans exception, dans le voisinage
immédiat des arbres.
M. de Bonis présente à la Société, au nom de 31. Vattemare, les
volumes, pour 185/i et 1855, du Patent-Office report.
SÉANCK DU 2h JLILLET 1857. 771
SÉANCE UU 2!i JUILLET 1857.
PRÉSIDENCE DE M. MOQUIN-ÏANDON.
M. Duchartie, secrétairo, donne lecture du procès-verbal de la
séance du 10 juillet, dont la rédaction est adoptée.
Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le
Président proclame l'admission de :
MM. Meunier, maire de Provins (Seine-et-Marne), présenté par
MM. le comte Jaubert et Germain de Saint-Pierre.
Engelmann (Georges), à Saint-Louis-de-Missouri (États-Unis
de l'Amérique du Nord), présenté par MM. J. Gay et
Grœnland.
K'aufmann (Nicolas), à Moscou, présenté par MM. T. Puel et
Maille.
Stoll (Guillaume), de Neuchâtel, actuellement à Paris, rue
de Paradis-Poissonnière, lib, présenté par MM. Cliatin et
de Scliœnefeld.
M. le Président annonce en outre cinq nouvelles présentations.
Do?is faits à la Sociélé :
1° Par M. Decaisne :
Le Jardin fruitier du Muséum^ llvr. 5, 6 et 7.
2° Par M. Montagne :
Communications relatives à plusieurs maladies des plantes économiques
et potagères.
Huitième centurie de plantes -cellulaîres nouvelles.
3° De la part de M. Uamon de la Sagra :
Historia fisica, politica y natural de la isle[de Cub^.
li° Delà part de M. H. Lecoq, de Clermont-Ferrand :
Etudes sur la géographie botanique de l'Europe^ t. VII.
5" De la part de M. D. Clos, de Toulouse :
Révision comparative de V herbier et de l' Histoire abrégée des Pyrénées
de Lapeyrouse.
772 , SOCIÉTK LOTAMOUE I)F. FR.VNCF,
()° De la pari de i\l. Lecailre, du Havre :
Etudes sociales, hygiéniques et médicales sur les ouvriers employés au
port du Havre.
7° De la part de M. Ad. Targioni-Tozzetti, de Florence :
Sulla malattia dell' L'ce, 1856.
Sulle relazione dell' Oïdium e dell' Erysiphe colla nuova forma vege-
tnbile osservata del Cav. Amici, 1853.
Suglisludi di genesi in générale, 1850.
Sopra alcune plante monstruose, letteredi Majini Carpi.
8° De la part de M. Gavino-Gulia, de Malte :
Notes sur la fore de Malte.
9" En échanae du Bulletin de la Société :
Journal de la Société i^npériale et centrale d'horticulture, numéro de
juiu 1857.
L'Institut, juillet 1857, deux numéros.
M. Montagne fait hon:image à la Société de trois décades de ses
Centuries de Cryi^togames et de la traduction de quelques articles
allemands et anglais sur diverses maladies des plantes.
M. Montagne s'exprime ensuite en ces termes :
Messieurs,
Je suis chargé par notre honorable confrère, M. Bamon de la Sagra, de
faire hommage en son nom, à la Société, d'un nouveau travail qui, sous le
titre de : Introduction à la Flore de Cuba, offre non-seulement un résumé
très intéressant et fort bien fait des matériaux renfermés dans cette Flore,
mais encore des considérations nouvelles sur la climatologie, latopographie
et l'agronomie de cette reine des Antilles.
Vous vous souvenez, Messieurs, de (pielle générosité notre confrère a
déjà fait preuve en remettant lui-même à la Société, l'an dernier (1), un
bel exemplaire de son Flora Cubana, Aowl la présente introduction n'est
que le complément. Vous avez encore présents à la mémoire et les détails
dans lesquels il est entré sur cette publication et les éloges qu'il a donnés à
son principal collaborateur, à notre regretté confrère, AI. Achille Richard,
qui en a rédigé la partie phnnérogamique. Ces éloges, si bien mérités, ne
pouvaient que vous toucher profondément.
le livre que j'ai l'iionnour de déposer aujourd'hui sur le bureau tient
(1) Dans la séance du 25 avril 185G.
sÉANci-; i>ij 2A .iL'iLLiiT 1857. 77;i
fidèleincnt les eiiga<>;emcnts que l'auteur avait pris envers la SociéU', lois de
la remise du Floni Cabaiia, car cetîe introduction présente un résultat d'en-
semble que lui seul, pour avoir séjourné longtemps dans le pays et recueilli
la plus grande partie des matériaux qui ont servi à l'érection de ce monu-
ment, était capable de faire convenablement. Etajoulons bien vite qu'il l'a
fait avec succès, et que V E pi t orne, QommQ il le nomme, que nous avons
sous les yeux, donne l'idée la plus exacte et la plus complète des richesses
végétales de ce beau pays.
Ce livre n'étant susceptible d'aucune analyse, je bornerai là ce que
j'avais à en dire ; mais je ne saurais terminer sans vous proposer de remer-
cier notre conCrèrede ce nouveau gage du vif intérêt qu'il prend aux tra-
vaux delà Société.
M. le Président prie M. Montagne de vouloir bien Iransmcllre à
M. Ranion do la Sagra les remercîments de la Société.
M. Montagne fait en outre à la Société la communication sui-
vante :
NOTE SUR LA FRUCTIFICATION DU DIGENEA , par M. C. MOTVTAGIVE.
Avant queSuhr eût fait connaître les tétraspores de ce genre, jusqu'ici
monotype, il régnait quelques doutes sur la place qu'il devait occuper parmi
les Floridées. Ce fut dans le Flora ou Gazette botanique de Batisbonne,
qu'il décrivit pour la première fois, en juin 1836 (p. 337, f. 3^}, la fructi-
fication tétrasporique qu'il venait de découvrir sur des échantillons prove-
nant des Antilles. Je l'ai moi-même plus tard retrouvée sur des exemplaires
d'Alger, et j'ai indiqué dans la Flore d'Algérie, p. 80, le mode de division
des tétraspores, que Suhr n'avait ni vu ni figuré.
Après avoir passé successivement des Cladostephus aux Ceromium^ puis
aux Conferves, etc., cette Algue finit par être rangée dans la tribu des Rho-
domélées, où M. Agardh père, quoiqu'il l'en eût rapprochée, n'avait pas
encore osé la placer. C'est M. J. Agardh, qui, dans ses Algœ mediterraneœ,
lui assigna la place qu'elle occupe en ce moment, et dans laquelle l'ont
maintenue iMM. Kutzing {Species Algaru/ii, p. 8Zil) et Harvey, le dernier
phycologiste qui en ait traité dans sa Nereis Boreaii-Americayia, t. Il,
p. 29. Je demanderai la permission de traduire ce qu'il dit, au lieu cité, à
l'égard de la plante en question.
« L'unique espèce pour laquelle ce genre a été fondé {scparated), quoi-
» que commune dans la Méditerranée, la mer Rouge, l'Océan indien et
» dans toutes les parties chaudes de l'Atlantique, est encore imparfaite-
» ment connue, par la raison que son fruit couccptaculaire a échappé jus-
» qu'ici à toute recherche. En lui assignant une place parmi les Rhodomé-
» lées, la structure nous a seule guidé ; l'anatomie intérieure de la fronde
774 SOCIÉTÉ BOTAKIQUE DE FRANCE.
I) et des rameaux t'tant à pen près semblable à celle de quelques portions
» du Rhodomela^ tandis que les ramules s'écartent fort peu de ceux d'uQ
B Polysiphonia, et sont peut-être encore plus rapprochés de ceux du Bos-
» tivjc/iia. »
De magnifiques individus de cette Algue, recueillis aux îles du Cap-Vert
par M. Bolle, botaniste distingué de Berlin, m'ont mis dans le cas de dissi-
per les incertitudes qui restaient encore au sujet de la place du Digenea.
J'y ai, en effet, observé non-seulement les conceptacles, inconnus jusqu'à
ce jour, mais encore, ce qui complète toutes les notions désirées du fruit, les
organes que l'on s'accorde à considérer aujourd'hui comme les anthéridies.
Je vais décrire succinctement les uns et les autres.
Les conceptacles ou lescéramides du Digenea sont placés latéralement, le
long et près de l'extrémité des ramules, qui hérisssent comme des crins la
fronde et les branches. Ils sont tout à fait semblables et pour la forme et
pour l'organisation à ceux du genre Po/?/s?)5Aon2a, ce qui assure irrévoca-
blement la place occupée par ce genre parmi les Rhodomélées. Ceux que
j'ai sous les yeux sont ovoïdes, arrondis, mousses et sessiles. Leur lon-
gueur est d'un tiers, et leur épaisseur, vers le milieu, d'un quart de milli-
mètre. De leur base intérieure ou placenta central, s'élèvent des filaments
divergents dont le sommet renferme, dans un périspore hyalin, des spores
pyriformes qui deviennent libres. La longueur de ces spores est d'un
dixième, et l'épaisseur, vers le milieu, est d'un vingtième de millimètre.
Les anthéridies, au nombre de trois à cinq, terminent les ramules. Elles
sont pâles et décolorées, ovoïdes ou elliptiques, très finement granuleuses
intérieurement, à granules hyalins presque cuboïdes, mesurant tout au plus
en grosseur trois à quatre millièmes de millimètre.
On comprend, au reste, sans que j'aie besoin de le dire, que je n'ai pu
observer le mouvement des anthérozoïdes, et que j'interprète la signification
de ces organes par la comparaison que j'en fais avec ceux qui ont été trou-
vés sur les Polysiphonia et parfaitement figurés par MM. Thuret, Derbès
et Solier.
M. Duchartre, secrétaire, donne lecture de la lettre suivante,
adressée à M. le président de la Société par JVL le comte Jaubert,
vice-président.
Domaine de Givrj-, près la Guerche-sur-Aubois (Cher), 22 juillet 1857.
Monsieur le Président,
Depuis longtemps les amis de la science se préoccupent d'une grande
lacune dans la Flore des environs de Paris : la cryplogamic presque entière
y est passée sous silence, faute d'un ouvrage descriptif au niveau des con-
naissances actuelles; les familles qui composent ce vaste embranchement
SÉANCE DU 2/i JUILLET 1857. 775
(lu règno vt'gôtal, accessibles à un petit nombre d'adeptes, ne donnant lieu
à aucune herborisation publique, ne sont l'objet d'aucun enseignement
régulier dans les saisons favorables au développement de ces plantes. Et
pourtant on n'est botaniste qu'à moitié, ((uand on reste étranger a la cryp-
togamie.
Plusieurs membres de la Société, après avoir conféré entre eux de ce
fâcheux état de clioses, ont pensé qu'elle devait prendre l'initiaUvc d'un
encouragement décisif aux études cryptogamiques, en favorisant la rédac-
tion d'un manuel destiné à former le complément de la Flore des environs
de Paris, par nos confrères MM. Cosson et Germain de Saint-Pien-e. Le
patronage dont la Société honorerait cet ouvrage, donnerait la garantied'une
bonne et prompte exécution. 11 eu a été question dans une des séances de notre
session extraordinaire à Montpellier; l'idée a été accueillie avec faveur, et
j'ai annoncé qu'une proposition spéciale à cet effet serait présentée prochai-
nement dans une des séances ordinaires à Paris. Je viens aujourd'hui
remplir cet engagement.
La Société ne serait pas embarrassée pour trouver parmi ses membres,
ou même hors de son sein, des hommes de talent déjà connus par de bons
travaux, qui ne craindraient pas d'aborder cette œuvre difficile et méritoire,
soit qu'ils dussent rédiger le texte en commun, soit qu'il parût préféiable
de partager entre eux les diverses familles, pour que chacun eût à les
traiter distinctement, mais d'après un programme d'ensemble dressé sous
les auspices de la Société.
Selon moi, il ne faudrait pas songer à instituer une longue série d'explo-
rations arf hoc des environs de Paris ; il faudrait trop de temps et le con-
cours d'un grand nombre d'hommes instruits pour épuiser, comme on l'a
fait, ou peu s'en faut, à l'égard des phanérogames, la nomenclature des
végétaux cryptogames des environs de Paris, Il s'agit précisément aujour-
d'hui de fournir aux élèves lui manuel commode et sûr, aux botanistes
déjà exercés un cadrede ret-herohes, un livre qui. sans viser de prime abord
à la perfection, se place néaimioins à la tète des ouvrages existants et
puisse servir de base à ui\ édifice plus parfait. Ce manuel devrait avoir un
caractère d'utilité journalière, servir de guide aux environs de Paris, en
indiquant les localités d'une certaine étendue où se rencontre la généralité
des plantes des diverses familles, et des localités plus précises pour les
espèces principales ou rares. Ces derniers renseignements, il ne faudrait
les chercher qu'avec réserve dans les ouvrages précédents; mais ils exis-
tent dans plusieurs herbiers dignes de coîiliaiiee que je poui'rais citer, et il
suffirait de les y relever, en appliciuant aux espèces une méthode diagtios-
lique l'évcre,
.le voudrais que cet ouvrage fut essentiellement pratique ; qu(! ehacur.e
des grandes familles des Mousses, des Hépatiques, des Lichens, des Cham-
7745 SOCIÉTÉ BOTANIQLK Di; lUANCK.
pignons cl des Algues, fût renfermée dans de justes limites, en proportion
avec son importance relative ; que, sans négliger les clnssifieations ré-
centes lorsqu'elles répondent à un besoin véritable, on se contentât le plus
souvent des divisions les plus commodes pour l'étude sur place et le plus
géuéralement admises; que les anciens genres fussent maintenus, sauf à
noter brièvement, dans certains cas bien choisis, les divisions qui y ont
été introduites et même à admettre, mais avec discrétion, les remaniements
bien justifiés qu'ils ont subis. .l'introduirais dans le texte un certain nombre
de figures gravées sur bois, à la manière delà Botanique cryptogauiique,
publiée en 1851 par M. Payer. Une Flore phanérogamique peut à la
rigueur s'en passer; mais, chez les cryptogames, la variété des organes, la
difficulté de les saisir, même à l'aide de verres grossissants, et de les bien
comprendre, rendent un pareil secours indispensable. Sans figures, le meil-
leur texte reste le plus souvent lettres closes pour l'élève : ou il se paie de
mots en ajournant incessamment raequisition réelle des notions les plus
nécessaires, ou il se rebute entièrement. Je suis persuadé que cette innova-
tion dans un manuel d'herborisation exercerait non-seulement sur les pro-
grès des élèves, mais aussi sur l'avenir de la science elle-même, la plus
heureuse infiuence. Je voudrais, d'ailleurs, selon le modèle du Botanicnn
galliciim, des descriptions concises, peu de synonymie, une impression élé-
gante et lisible à caractères variés, comme celle de la Flore de MM. Cos-
son et Germain de Saint-Pierre, mais selon le format in-8, que ces auteurs
paraissent avoir adopté pour l'édition nouvelle, dont le public attend avec
impatience la publication.
On a calculé que la Flore eryptogamique des environs de Paris, conçue
sur ce plan, n'excéderait pas l'étendue de 20 feuilles d'impression, et pour
un tirage à 800 exemplaires, coûterait de frais matériels (sans compter les
honoraires de la rédaction), environ 6000 francs, soit /lOOO francs pour le
texte et *2000 francs pour les figures sur bois. Je suis ibnde a croire qu'à
ces conditions un éditeur se chargerait de l'entreprise, en cotant chaque
exemplaire à un prix modéré.
Les honoi-aires de la rédaction restent, comme on vient de le voir, en
dehors des prévisions de l'éditeur; ce serait à la Société qu'il appartiendrait
d'y pourvoir. A cet égard, notre budget, accru dans ces derniers temps par
suite de l'admission d'un assez grand nombre de nouveaux membres, nous
offre quelques ressources, dont nous ne [pourrions sans doute faire un meil-
leur usage. Le complément, il nous est permis de l'espérer, pourrait être
demandé, avec quelque chance de succès, a M. le ministre de l'instruction
publique, par une démarche officielle du Bureau de la Société, appuyée par
!MM. les membres de la section de botanique de l'institut. 11 serait facile de
démontrer l'utilité et la convenance d'une pareille subvention, d'autant plus
que la Société Botanique de France, à la différence de la plupart des autres
SÉANCK DU 2/l JUILLET 1857. 777
sociétés savantes de premier ordre, n'a reçu jusqu'ici aucun secours de
J-Klat.
Telles sont mes vues, Monsieur le Président, sur cette affaire importante.
Je ne les considère d'ailleurs que comme un thème de discussion pour une
Commission spéciale, qu'il y a lieu, ce me semble, de nommer. Cette Com-
mission s'entourerait de tous les renseignements propres à éclairer la ques-
tion, dresserait le programme de la Flore cryptogamique, s'assurerait du
concours des personnes qui seraient chargées de la rédaction, et, d'accord
avec un éditeur, dans un rapport qui serait présenté à la Société à la pre-
mière séance de novembre, indiquerait d'une manière détaillée les moyens
d'exécution.
Je vous serai très reconnaissant si vous voulez bien présenter à la Société
dans la séance d'après-demain, et appuyer de votre crédit, une proposition
dans ce sens.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'assurance de mes sentiments de
luiute considération et d'attachement.
C** Jaubert.
Sur la proposition de M. le Président, la Société décide qu'une
(Commission de trois membres sera chargée d'examiner s'il convient
d'entreprendre la publication proposée par M. le comte Jaubert.
Cette Commission sera invitée à présenter son rapport à la première
séance de novembre prochain.
M. le Président désigne, pour faire partie de cette Commission,
MM. Tulasne, Roussel et Cosson.
31. J. Gay présente une nouvelle espèce à'JEtJùoiiema, découverte
dans les Pyrénées par M. Bouligny, et donne lecture de la conmmni-
cation suivante adressée à la Société :
NOTE SUR UNE ESPÈCE NOUVELLE D'^THIONEMA, par M. BOUTlC>I\Y.
(Foix, 19 juillet 1857.)
^THioNEMA pvRENAicuM (mihl). — Ibcris pyrenaica (Lapeyr. Abr. Pyr. ,
p. 370 et herbier?)
Perenne, caulibus numerosis, simplicibm ; floribus racemosis; pedicellis
(nictiferis redis eredisque démuni paiulis ; foliis elliptico-rotundatis, sub-
carnosis, glaucescentibus.
Cette plante, qui semble devoir être rapportée à VIberis pyrenaica de La-
peyrouse, donné comme synonyme de \'^iJ!tli. saxatile R. Br., diffère
de ce dernier par des pédicelles dressés portant des silioules plus petites,
qui forment une grappe dense et allongée.
778 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Les feuilles sont toujours elliptiques, très obtuses, ayant jusqu'à 14 mra.
de long, sur 7 mm. de iarg. Elles offrent, quanta la consistance, un peu
de ressemblance avec les feuilles du Telephiiim Imperati. D'une souebe li-
gneuse partent des tiges nombreuses, toujours simples et jamais ramifiées
sous la grappe comme celles de VyEtldonema saxatile.
Chaque loge contient une ou deux graines, plus grosses que celles de
Wd^th. saxatile et d'une couleur plus claire.
UyEthionema pyrenaicum habite de grands rochers calcaires, en
compagnie des Gypsophila saxifraga, Campanula speciosa et Passerina
dioica.
Je l'ai récolté pour la première fois le 19 juin 1857, sur le roc de Mont-
Gaillard, près de Foix (Ariége).
M. J. Gay ajoute les observations suivantes :
OBSEIWATIO.XS DE M. J. GAI' SUR LA NOTE DE M. BOUTIGNY RELATIVE A UNE
NOUVELLE ESPÈCE W.'ETHIO^iEMA.
Je dois à une aimable communication de M. Boutigny la faculté d'ajouter
quelques mots à ce qui vient d'être lu et d'appuyer par qui'lques observa-
tions nouvelles la distinction spécifique que notre honorable confrère a
voulu établir entre son .'■Ethionenia pyrenaicum et W'Ethionema saxatile
de R. Brown.
Oui, V.d^thioncma pyrenaicum diffère (in saxatile : 1" par ses rameaux
cauliformes toujours simples, non souvent divisés sous la grappe teiniinale;
2° par ses feuilles elliptiques et obtuses, non linéaire-lancéolées it aiguës ;
3° par ses silicules plus petites, supportées à leur maturité par un pédicelle
droit, et non arqué en dehors ; /i" par ses graines plus grosses et d'une cou-
leur plus claire.
Mais il existe entre les deux plantes plusieurs autres différences que je
dois signaler.
Les fleurs de la nouvelle espèce sont d'un tiers plus grandes que celles de
l'autre, U 1/2 millim, au lieu de 3, et ses sépales, plus larges, sont marqués
de 6 fines nervures, au lieu de 3 seulement.
Orbieulaires ou obovales, les silicules de WEth. saxatile sont arrondies
à la base et ne sont échancrées qu'au sommet. Dans VyEth. pyrenaicum,
l'extrémité inférieure est sensiblement écbancrée comme la supérieure, de
sorte (}ue la silicule prend ici la forme didyme.
I.a cavité séminifère, considérée à l'extérieur, fournit une autre diffé-
rence. Légèrement concave antérieurement dans les deux plantes, elle est
postérieurement très légèrement convexe dans V/Eth. saxatile, tandis
qu'elle présente, dans l'autre espèce, avec une circonscription plus étroite et
SÉANCE nu 24 JUILLET 1857. 779
de forme plus lancéolée, une saillie considérable, une sorte de carène algue,
([ui est surtour fortement prononcée dans les fruits non encore parvenus à
leur parfaite maturité.
Une quatrième différence dispenserait de toute autre recherche, s'il ne
s'agissait ici que de distinguer spécinquemcnt les deux espèces comparées.
La siliculc est toujours biloculaire dans V/Ethionema saxatile, toujours
uniloculaire dans le pyrennicuin où, sans être indéhiscente, elle parait ne
s'ouvrir que plus tardivement ! Ceci n'est l'objet d'aucun doute, ni pour
WEtli. saxatile i\o\\i']iSi une centaine d'échantillons sous les yenx, ni pour
le pyrenaicum dont j'ai ouvert 1\ silicules à tous les degrés de développe-
ment. J'excepte pourtant le fruit à l'état d'ovaire, où je soupçonne qu'on
trouverait une cloison, mais il est certain que celte cloison se résorbe de
très bonne heure et si complètement que jamais je n'ai pu en apercevoir lu
moindre trace.
IM. Bouligny décrit la nouvelle espèce comme aj^ant les silicules mono-
ou dispermes. Cela est conforme à mes observations, mais ici je dois pré-
ciser les faits davantage. Deux graines sont un cas rare, que j'ai rencontré
quatre fois seulement sur 21. Solitaires ou géminées, les graines sont
toujours accompagnées d'ovules avortés, dont il est difficile de dire le
nombre, parce qu'ils ont été de très bonne heure arrêtés dans leur déve-
loppement, et que souvent leur trace est devenue avec le temps complète-
ment insensible. Jamais je n'ai pu en compter plus de quatre dans une
même silicule, y compris celui ou ceux qui étaient devenus graine parfaite.
Il en est autrement de VyEth. saxatile, dont les ovules, au nombre de 6 ou
de Zi (3 ou 2 dans chaque loge), donnent souvent naissance à autant de
graines parfaites.
Trempées dans l'eau bouillante, les graines de VjEthionema saxatile sont
ellipsoïdes, longues d'un peu moins de 2 millimètres, de couleur châtain, et
de toutes parts enveloppées d'une couche de mucilage découpé en une mul-
titude d'aiguilles hyalines et infiniment déliées. Traitées de la même
manière, les graines de VyEth. pyrenaicum sont sensiblement plus longues,
plus oblongues et plus pâles ; leur longueur dépasse 2 millimètres, et le mu-
cilage aciculaire y est réduit à deux lignes de poils (l'une sur le dos cotylé-
donaire, l'autre sur la radicule), qui quelquefois manquent complètement,
auquel cas le tégument de la graine se montre parfaitement lisse, ce qui
tient peut-être à une maturité insuffisante.
Il ne saurait donc y avoir aucun doute sur la différence spécifique des
deux plantes. Mais celle que M. lîoutigny décrit comme nouvelle, est-elle
réellement nouvelle, et !i'a-t-elle poiiit de synonymes?
11 ne faut point compter dans ce nombre VAUth. saxatile y ovalifoUum
DC. Syst. nat. etProdr., au moins les échantillons que j'ai sous les yeux,
venant de Candie et de l'Espagne méridionale. Quoique semblables par le
780 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
port et par les feuilles, ils diffèrent notablement de la nouvelle espèce et se
rattachent étroitement au vrai saxotile par leurs pédicelles fructifères ar-
qués, ainsi que par leur silicule biloculaire et à plusieurs graines.
iM. Bouligny avait soupçonné que sa plante pourrait bien rentrer dans
l'une ou l'autre des espèces que Lapeyrouse a décrites sous les noms de
Thlaspi iiiarginatum {khw, p. 365) et d'Ibe7v's pyrenaica (ibid., p. 370), et
pour s'en assurer il a échangé une correspondance avec notre confrère
M. Clos qui, comme directeur du Jardin des plantes de Toulouse, est
chargé de la conservation de l'herbier de Lapeyrouse. Mais il résulte des
réponses de IM. Clos, faites après un examen attentif des trois plantes, que
si le Thlaspi marginatum et V Iberis pyrmaica répondent à l'espèce comparée
en plusieurs points, et notamment dans la forme de leurs feuilles, ils en
diffèrent néanmoins par leurs pédicelles fructifères arqués, et non pas
droits, semblables en cela à VyEth. saxatile, auquelje vois qu'effectivement
M. Clos les réunit comme simples synonymes, dans un opuscule qui me
parvient au moment même où j'écris ces lignes (Clos, Jîévis. comp. de Vherb.
et de CHist. abr. des Pyrénées^ 1857, p. 52). Reste à savoir si, dans cet
examen, M. Clos a tenu compte d'un caractère essentiel de la nouvelle es-
pèce, celui de la silicule uniloculaire, qui ne lui avait pas été signalé par
M. Boutigny. La silicule esl-elle uni- ou biloculaire dans les deux plantes
de Lapeyrouse ? cest ce que l'avenir nous apprendra. En attendant, il y a
lieu de croire qu'il n'y a point identité entre ces deux plantes et celle de
M. Boutigny.
Je n'ai, jusqu'ici, considéré V jl^thionema pyrenaicum que relativement
à trois plantes françaises qui paraissent se confondre toutes dans Wl^thio'
nema saxatile^ le seul qui ait figuré jusqu'ici dans la tlore de notre pays.
Mais \q %ç,ïiVQ yEthionema, qui en 182/4 ne comptait que neuf espèces, a
plus que doublé depuis cette époque. M. Boissier n'y a pas ajouté moins de
treize espèces [Ann. se. //«/., 2' série, XVII, p. 191-193 5 Diayii. pi. or.,
ser. i\ VI, p. 16 et 17, VIII, p. 42 et Uk ; ser. 2% V, p. h2-h5), et j'ai
pu rnoi-mème y faire admettre deux autres espèces, de sorte que le nombre
total des yEthionema aujourd'hui connus s'élève au chiffre de 2/j, dont plus
de la moitié font partie de ma collection. J'ai soigneusement étudié ces der-
niers, en même temps que je scrutais minutieusement les textes descriptifs
de tous les autres. Or, il est résulté de ce travail que quatre espèces seule-
ment sur 2/i sont aujourd'hui comiuesou décrites comme ayant le fruit uni-
loculaire, deux orientales et deux occidentales, savoir :
J:1thioisema HEiEaocAïuniM J. Gay in ¥\sch. Ind.scm. hort. Petrop.., IV,
Y, VI, VII, VIII, IX (1837-18/i2). — Trevir. in ^70^, 1845, p. 21. —
Ejusd. in Mohl, But. Zcit., 1847, p. 409. — Campyloptera svriaca
Boiss. in Ann. se. mit., 2' série, XVII (1842), p. 194. —C'est la plante
syrienne qui, tlans les collections d'Aucher, porte le n° 339, Je l'avais.
S1>AN(,K DU ^h jriLLKT 1857. 781
moi, c'Ievt't' (le {^raines récoltées i\ Alep, en 183^, par Gustave de Monthret.
C'est une plante non-seulement annuelle, mais très fugace et disparaissant
dès les premières chaleurs de l'été. Elle porte deux sortes de fruits, en-
tremêlées sans ordre dans une même grappe: les uns sont plus gros, plats,
biloculaires et a quatre ou six graines, les autres beaucoup plus petits,
rec()(|uillésen goilet, uniloculaireset monospermes. C'est plus qu'il n'en faut
pour établir une din'ércnce profonde entre W/'Jt/i. pyremiicinn et V/ietero-
tW/JUIII.
tEtuionema POLYGALOIDES DC. Syst. nnt., Il, p. 562; Prodr., I, p. 209.
— Décrit par De Candolle sur des échantillons rapportés de Chio par Oli-
vier, échantillons que j'ai vus dans l'herbier du Muséum, et qui sont tous
fructifères, sans fleur aucune. — C'est une plante d'un port semblable à la
nôtre, à laquelle elle se rapporte d'ailleurs parla forme de ses feuilles et de
la silicule qui est pareillement uniloculaire et monosperme. Mais la souche
est plus rameuse au collet, les silicules sont d'un tiers plus petites et plus
ramassées au sommet des tiges, les graines enfin, sensiblement plus petites,
sont parfaitement lisses et ne développent point sous l'eau bouillante les
deux lignes oi)posées de papilles qu'on remarque quelquefois dans VjEth.
pi/renaicum. Quant aux pédicelles fructifères, que je vois tantôt droits, tan-
tôt arqués dans la plante de Chio, ils ne fournissent aucun caractère dis-
tinctif bien tranché. Bref, les deux plantes sont très voisines l'une de l'autre;
mais dans l'état des choses il n'y a pas lieu encore de les réunir, surtout
lorsque l'on considère l'éloignement considérable de leurs stations et le ca-
ractère si différent de leurs régions.
iETHioNEMA Thomasianum J. Gay in Ann. se. nat., Z' série, IV (18/i5),
p. 81 ; Bertol. FL ItaL,y\ (18^^-/47), p. 5^9. —Vallée de Cogne, dans le
nord du Piémont, parmi les éboulements, à la limite supérieure du Mélèze,
par conséquent à l'origine de la réiiion alpine proprement dite. — Ici nous
sommes dans l'ouest de l'Europe, ou au moins nous en approchons fort,
mais c'est une altitude jusqu'ici étrangère à toute autre congénère, et qui
doit se traduire eu différences spécifiques certaines. — V^'Eth. Thomasia-
num, quoique vivace et à fruit monosperme, diffère, en effet, àxxpyrenai-
cum par sa souche quelquefois très longue et longuement engagée sous la
terre, par ses rameaux, annuels dépassant la surface du sol de la longueur à
peine du petit doigt, couverts, dans leur moitié inférieure, de feuilles ellip-
tiques, charnues et presque imbriquées, les fruits garnissant la moitié su-
périeure sous la forme d'une masse ellipsoïde, épaisse et compacte; toutes
choses qui tranchent beaucoup avec le port de V /Eth. pijrenmcwn, très
semblable à celui du saxaiile. La silicule est d'ailleurs de moitié plus
grande dans le Thomasianum, et le style de moitié plus court relativement
à la profondeur de l'échancrure d'où il sort. Les graines mesurent juste
deux millimètres de longueur, c'est-à-dire qu'elles sont un peu plus courtes
782 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
que celles du pijrenaicuin et un peu plus longues que celles du mxatile.
Ti-empées dans l'eau bouillante, je les ai constamment vues parfaitement
lisses et jamais marquées de papilles aciculaires bisériées comme on les voit
quelquefois dans lepyrenaicum. Somme toute, WEth. Thomasinnum est une
espèce parfaitement caractérisée, qui ne saurait être confondue ni avec le
pyrenaicum, ni avec aucun autre.
JÎTHiONEMA MONOSPERMUM R.Br. xw Ait. Hort. Kew., éd. 2', IV (1812),
p. 80; DC. Syst. nat., II, p. 562, Prodi\, I, p. 209. — C'est une plante
qu'on dit espagnole, qui aurait été cultivée en 1778 par les célèbres pépi-
niéristes Lee et Kennedy, et dont on ne connaît, je crois, que des échantil-
lons provenant de cette culture. R. Brown la définit brièvement comme
ayant la racine bisannuelle, les feuilles ovales ou obovales, les silicnles in-
déhiscentes et monospermes. De Candolle l'a vue dans l'herbier Banks, et il
ajoute aux indications de Brown plusieurs traits caractéristiques : port et
feuilles de VyEth. saxalile y ovalifolium ; tiges herbacées, rameuses et
fermes ; grappes terminales, longuement pédonculées, courtes pendant la
floraison, s'allongeant dans la suite; fleurs un peu plus grandes que dans
le saxatile; pétales oblongs, deux fois plus longs que le calyce ; silicule
échancrée au sommet, uniloculaire ! à dos largement ailé. Or, tout ceci
répond parfaitement à WEth. pyrenaicum, moins seulement la racine dite
bisannuelle et les tiges dites rameuses qui, empruntées à un échantillon
cultivé, pourraient bien ne pas rendre un compte exact du port de la plante
et de sa durée véritable. Notez que ces rapports tirent une nouvelle force
de la patrie que R. Brown et De Candolle assignent a leur espèce : ce n'est
point une plante orientale comme est le plus grand nombre de ses congé-
nères, c'est une plante espagnole, liée sous ce rapport avec VyEth. pyre-
naicum qui, lui, appartient à notre frontière d'Espagne; enfin, c'est, avec
notre espèce, le seul ^Etldonema uniloculaire qui ait été jusqu'ici observé
dans l'extrême ouest de l'Europe. Concluons que, si l'identité des deux
plantes n'est pas encore démontrée, ce qui ne peut résulter que d'une
comparaison plus détaillée, cette identité est au moins souverainement
vraisemblable.
Je termine par une diagnose qui permettra de distinguer la plante sup-
posée nouvelle, non plus seulement de \' /Eth. saxatile, la seule espèce avec
laquelle elle ait été comparée par M. Boutigny, mais encore de toutes ses
congénères et particulièrement de celles qui y répondent par leur fruit uni-
loculaire.
iEiHiONEMA PVRENAicuM Doutigiiy.
M. perenne, suffruticulosura ; caudice persistente, à basi ramoso; ramis
gracilibus, spithamam ultraque longis, gracilibus, indivisis, laxè folialis;
foliis subrotundis ellipticisve, obtusis, inferioribus opposilis; racemo folia
SÉANCE DU 2/i JUILLET 1857. 783
excipiente breviter pcdunculalo, llorifero l)rcvissimo, fructifero lineari,
laxiuscnlo, plus minus olouiiato ; pedicellis friictifcris redis; siliculis pla-
niusculis, didyinis, lalé alatis, uuilocularibiis ! 2-li oviilalis, mono- rarô
disporniis, npicis iiioisurâ at'utà vcl aperlâ slyliim brevem aequante vel
superante, arccl loculamenti albidâ, lanceolatâ, lateie anlieoplano-concavâ,
postico (quù spcctat ad axcm) carinato-convcxâ ; semiiiihus ex apice locula-
menti pendulis, ellipsoidcis, aquâ fervidâ immeisis undiquc lœvissiniis vcl
papillarum acieularium geminà série notatis. — Flores dimidio mujoi'es
quàm Mth. saxatilis, U 1/2 mm. longi. Sepola latè elliptica, subtilissime
l-7iervîa. Petala rosea, cuneata, sepalis duplo longiora. Filamenta placen-
tarin utrinque 2, libéra, laniellala, linearia, angulo vel dente parvo sub apice
distincfa, valvaria 2 breviora, filifoimia, edentula, basi flexd udscendcntia.
Siliculœ apice basique emarginatœ, 5-6 mm. latœ, paulù minus longœ,
alis viridibus, areâ loculamenti albidâ. Silicula iton nisi muturissima
apiceque solùm dehiscens valvis à replo nunquàm ex loto liberis, Embnjo
oblique notorkizœus^ radicula scil. dorsalis, sed margini altero magis ap-
proximafa.
^thionema monospermum? R. Br. et DC. , dequo vide suprà.
Habitat in rupibus prœruptis calcareis circa Fuxium prœfecturœ aurige-
ranas, nominatim in rupe Montgaillard, ibi pareè œgrèque deceipenda,
Junio ineunte florida, die Julii 18' maturissima, siliculis paucis perfcctis
(BouHgny!).
Je viens de passer en revue les Irois espèces à' Â^thionema qui ont le plus
de rapport avec ]e pyrenaicum, et on a pu remarquer que deux de ces es-
pèces répondaient parfaitement à la nouvelle par leurs fruits tous unilocu-
lairesetpar leurs graines lisses. On pourrait se demander si ces trois plantes
ne méritent pas d'être génériquement distinguées de Vyi£thionema. R.
Brown et De Candolle ne l'ont point cru, et je ne le crois pas davantage.
En effet, le caractère des graines lisses n'est point particulier aux trois
espèces, et je retrouve ce môme caractère dans plusieurs espèces biloculaires,
telles que corjWe'/o/mm, Diastrophis, membranaceum et speciosum, au moins
dans leurs graines sècbes, car Je n'ai pas eu le temps de les éprouver par
l'eau bouillante. Le fruit uniloculaire aurait-il plus d'importance ? Non, car
il s'agit ici d'espèces d'ailleurs liées à W^thionema saxatile, le vrai type
du genre, par les rapports les plus étroits. Ajoutons que VyEtJiionema hete-
rocarpum est un chaînon intermédiaire qui rattache les trois espèces dis-
sidentes à la masse de leurs congénères, eu effaçant le mérite de leur prin-
cipal caractère. Cette plante est effectivement remarquable par ses fruits de
deux sortes, entremêlés dans une même grappe et en proportion très va-
riable, tantôt en majorité uniloculaires, tantôt pour la plupart biloculaires,
ce qu'ignorait M. Boissier, qui les croyait tous et toujours uniloculaires,
78/i SOCIÉTÉ BOTANIQUE DR FRANCE.
lorsqu'en 1842 il proposait pour cette même plante le nouveau genre
Campyloptera. Voilà ce que sont les fruits de VJEtk. hcterocarpum. Quant
à ses graines, elles sont mucilagineuses, comme dans le plus grand nombre
de ses congénères biloculaires.
Il ne faut donc pas songer à séparer génériquement les quatre espèces
dont il vient d'être question. Mais, si elles doivent rester dans le genre jîEtliio-
nemo., comme j'en suis convaincu, il faut convenir qu'elles affaiblissent
considérablement la valeur d'un autre genre que M. Boissier a établi sous
le nom de Crenidaria [Ann. se. nat., sér. 2, XVI, p. 380, XVlI, p. 180).
Ce genre était essentiellement fondé sur le double caractère de lasilicule
uniloculaire et de l'embryon pleurorhizé. On vient de voir ce qu'était dans
V A^thionema le premier de ces caractères. Il ne reste donc au Crenularia que
le diagnostic si souvent ambigu de la radicule accombante, caractère
qu'ici pourtant j'ai trouvé exact dans le Cren. orbiculata (je n'ai pas eu des
graines suffisamment mûres pour le reconnaître avec certitude dans le
Cren. eunomioides). C'est par là seulement que le Crenularia peut être
sérieusement distingué de Y yEthionema et de V Eunomia, quoique ses feuilles
toutes opposées le rapprochent davantage de ce dernier genre.
Je dois avertir que W^thionema polygaloides DC. (la plante de Chio ci-
dessus nommée) n'est point synonyme du Crenularia orbiculata (la plante
du Mont-Athos, distribuée par Aucher sous un n" 336), comme M. Boissier
l'a supposé [Diagn. pi. or., ser. 1% VIU, p. Û3). Cette plante n'est pas
mêmecongénère du Crenularia, puisqu'elle a l'embryon notorhizé avec des
feuilles toutes alternes, comme j'ai pu m'en assurer en étudiant, au Muséum
d'histoire naturelle, les échantillons d'Olivier qui ont servi à De Candolle
pour l'établissement de son espèce. C'est un des trois yEthionema unilocu-
laires dont j'ai parlé plus haut.
P. S. (Nov. 1857.) Depuis que ceci a été lu à la Société, j'ai com-
muniqué à iM. Boutigny le résultat de mes observations, et M. Bouligny
m'a lui-même fait part (9 août 1857) de quelques nouvelles recherches
entreprises par lui, à cette occasion, sur les échantillons complets de son
herbier (je n'avais eu à ma disposition que des échantillons écourtés et mu-
tilés pour trouver place sous une enveloppe de lettre). M. Boutigny convient
que le caractère de l'unilocularité des silicules de WEthionema pyrenai-
cum lui avait complètement échappé, et il n'en conteste point l'importance;
mais il croit que ce caractère n'est pas invariable, et il cite u)i échantillon
vigoureux de sa collection, où, sur onze tiges partant du même collet, deux
lui ont offert quelques silicules biloculaires entremêlées aux uniloculaires
qui formaient la grande majorité. Je ne doute pas que le fait ne soit exact,
et j'en doute d'autant moins, que je crois retrouver dans ma mémoire
(|uelques vagues souvenirs de mélanges pareils, observés par moi-même.
sKvNCF, DU 24 juiLLF/r 1S57. 785
iioii-soulciiu'iil dans Wl'Jtliionemn JtPterocnrpwn ci-dessus noinmi', où ils
IVappent tous les yeux, mais encore dans plusieurs espèces, habiUicilement
l)iloeulaires, de l'Asie-lMIneure. Il y a donc une légère niodificalion ù intro-
duire dans ce que j'ai dit plus haut à ce sujet. X.'yEtlnonivui pyrenaicum
est essentiellenient uniloculaire, mais il varie queUjucrois.cpujitiuc rarement,
à silicules biloculaires, ce que pourtant je n'ai pu encore constater directe-
ment.
M. Ducharln?, sccrôtairo, ilonne lecturo de la coinniiiiiication sui-
vante adressée à la Société :
SIMPLE OBJECTION A LA THÉORIE DE DU PETIT-THOUARS SUR L'ACCROISSEMENT,
ET A CELLES DES PHYTONS ET DES DÉCURRENCES, par M. ». 1X«S.
(Toulouse, 21 juillet 1857.)
Depuis (|ue la botanique a pris rang au nombre des sciences pliysioloui-
ques, on a loni^uement disserté sur l'aecroissement des plantes, et de nos
jours encore les théories de Mirbel d'une part, de Du Pelit-ïhouars et de
Gaudichaud de l'autre, ont chacune leurs partisans.
Récemment M. Germain de Saint- Pierre a essayé d'établir une troisième
théorie sur l'accroissement, la théorie des décurrences. Les feuilles y sont
considérées conmie autant de végétaux dont les décurrences donnent nais-
sance aux axes, notre honorable confrère reproduisant ainsi l'opinion
d'Agardh, qui avait dit: Au premier état ^ la tige est une ou plusieurs feuilles
[Fssai sur le développement des plantes, p. 80). Les idées de M. Germain
de Saint-Pierre, exposées devant la Société Botanique de France, devaient
y rencontrer de nombreux contradicteuis. M. Chatin n'a pas hésité a dé-
clarer que, d'après ses observations, dans la formation des organes, la partie
ancienne est l'axe et non l'appendice. {Voy. Bull. Soc. Bot., t. If, p. 96-102.)
Seulement, on a négligé, ce me semble, d'opposer aux théories de Du Pctit-
Thouars, de Gaudichaud, de M. Germain de Saint-Pierre, quelques faits
bien simples, admis par tous ceux qui observent en l'absence d'idées
préconçues, et que ces théories ne sauraient expliquer.
Aucun physiologiste de notre époque ne voudrait sans doute soutenir
qu'une feuille piit être la terminaison d'un axe. C'est une opinion vulgaire
et qui a servi de départ à la théorie des inllorescences de M. Rœpei-, que
tout axe se termine par un bourgeon, soit foliaire, soit lloial. Mais un
hourj^eon est à son tour formé d'un axe et d'appendices ; au <iéluit c'était un
petit mamelon cellulaire, sur les côtés duquel apparaissent successivement,
et de bas en haut, des replis celluleux, rudiments des fe-uilles futures ; mais
la partie terminale de ce bourgeon (abritée par ces feuilles latérales) est un
petit noyau de cellules, extrémité de l'axe. (Vest ce que démontre l'obser-
T. IV. 50
78fi SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
vation la plus simple; c'est ce que M. Trécul a bieu figuré dans ses recher-
ches sur les bourgeons aLlventils du Paidowniu, daus lesquels, avant qu'il
existe aucune (race de feuilles^ l'axe reçoit des vaisseaux qui se prolongent
plus tard dans les petites emiuences, rudiments des organes appendiculaires.
(Voy. Ann. se. nat., Z" sér., t. VIII, p. 278, pi. 5 et 8).
Qui. ne sait aussi qu'au début l'embryon n'est qu'un corps globuleux et
cellulaire sans distinction de parties? (Voy. Adr. de Jussieu, Elém.,
5' éd., p. 35; C. Mueller, in Ann. se. nat., 3^ sér., t. IX, pi. 1; Duchartve,
Jùiri, t. X, pi. 8; Tulasne, Ihid., t. XII, pi. 6 et 7; etc.) L'apparition
ultérieure d'un ou de deux lobes à son sommet témoigne de sa nature
axile. C'est un axe réduit au collet, et qui reste quelquefois tel jusqu'à
répo([ue de la germination. J'ai cherché à montrer depuis longtemps que le
prétendu cotylédon qui, aux yeux de Du Petit-Thouars, formait tout l'em-
bryon du Lecijthis [Essais sur la végétation, 3* essai, p. 32, avec pi.), n'était
rien autre chose qu'un collet (V'oy. Ann. se. nat., 3= sér., t. XIII, p. 11).
Jetez les yeux sur une branche du Ruscus Hypoglossum L., et vous re-
connaîtrez que, cylindrique dans sa plus grande longueur, elle se termine
par une expansion d'apparence foliacée, mais de nature bien évidemment
axile (1 ; celle-ci diffère des rameaux latéraux, aplatis comme elle et dont
elle reproduit la forme, par ce double caractère : 1° qu'elle est de première
génération, n'offrant pas d'écaillé (feuille) à sa base, tandis que ces rameaux
naissent tous a l'aisselle d'un petit appendice squamiforme; 2" qu'elle ne
porte jamais à sa surface ni feuilles ni (leurs. Les autres espèces du genre
Ruscus, les Xi/lophylla, les Pliyllocladus fourniraient autant d'exemples
analogues.
Mais si l'on arguait de l'apparence foliaire de ces parties pour se refuser
à les considérer comme organes de nature axile (2), il ne serait pas diffi-
cile d'emprunter à la nature, toujours si riche et si variée dans ses pro-
ductions, des cas d'axes terminés par des parties de même nature qu'eux,
et comme eux cylindriques ou coniques. Il me suffira de citer le renfle-
ment claviforme qui occupe le sommet de l'axe floral des Arum, Bianim,
Arisarum, etc.; les rameaux terminés en épine des Cratœgus, Mespilus,
(1) Dans quelques cas rares, ces branches cylindriques se terminent par deux
expansions plates, stériles, sans feuille à leur surface ni à leur base. C'est un nouvel
exemple de ce 'phénomène de partition dont j'ai diMnoiiUé la généralité (voy. Bull.
Soc. Bol., t. II, p. /|99 et suiv.), et à Taide duquel M. Prillieux a pu expliquer
depuis la ramilication et rinfloroscencc de la Vigne d'une manière plus satisfai-
sante ([u'on ne Pavait fait jusqnc-là [ibid.. t. III, p. 6!i5 et suiv.).
(2) lîonnet {Contompl. de lu nat., VI, cliap. 3. rn nftte) et Adanson [Fam. des
pL, t. 1, p. o6) admettent que les feuilles ne sont que des branches aplaties. Agardli
déclare que, dans les A'ylophylla cl les l'Iuillnnlhus, les appendices foliifortncssonl
aussi bien des tiges que des pétioles (/or. cit.). Pins récemment M. Kueiring, dans Stn
SÉANCK DU "2ll .lUlLF.KT 1857. 787
Prunus, Gleditsc/iia, etc. ; les vrilles pédoiiculaires de lu Vigne, des Passi-
flores, etc.
Voilà des faits dans lesquels un axe se termine bien évidemment par une
partie axile. Je ne crois pas ([u'on puisse produire un seul exemple d'axe
terminé par une feuille. Si donc, au sommet d'un axe, il n'y a ni feuilles, ni
traces de feuilles, ce ne sont ni les racines émanées de eelliis-ci ou des
bourgeons formés par elles comme le voulaient Gaudichaud et Du Petit-
Tliouars), ni leurs decurrences (comme le professe M. Germain de Saint-
Pierre), qui ont pu lui domier naissance, a mi»ins d'admettre, couime le
faisait Gaudichaud pour les souches de Pins végétant et l'ormaul de nou-
velles couches annuelles en l'absence de feuilles, des bourgeons latents ou
des feuilles latentes, objection à laquelle je me (voirais dispensé de
répondre.
Il me semble que tous les faits bien avérés témoignent en faveur de cette
proposition énoncée par M. Crueger [Bolan. Zeitung, 1851, p. 507), que
l'axe est le seul organe fondamental morphologique, et que la feuille est
une expansion latérale de cet axe; mais je ne suis plus de l'avis de cet
auteur considérant la feuille comme la première métamorphose de l'axe, die
erste Métamorphose der Axe [Ibid.]. L'axe et la feuille sont des organes
distincts qui, dans les végétaux inférieurs, ne se sont pas encore isolés et
n'ont point encore conquis leur individualité ; mais qui, dans ceux dont l'or
ganisation est plus élevée, ne passent point de l'un à l'autre. A mon sens
la feuille n'est jamais une modification, une métamorphose de l'axe.
M. Decaisne fait à la Société la communication suivante :
Quelques personnes ayant nié le fait de la transformation de la vrille des
Cucurbitacées en un rameau terminé par une feuille dont les nervures
représentent les divisions de la vrille, ou tout au moins ayant proposé
une autre explication que celle qu'en a donnée M. Naudin, je crois
utile, au moment où de nouvelles discussions s'ouvrent sur ce sujet, de
mettre sous les yeux de la Société un échantillon de la Coloquinelle pomme
Philosophie botanique, s'exprime ainsi : « Dans les Ruscus et les Lemna, Torgane
est la réunion de la feuille et de l'article caulinaire jusqu'au point où le pédoncule
devient libre » {Grundzuege, t. II, p. 116). Si une semblable opinion a pu être
soutenue par Ijink avec au moins une apparence de raison pour les frondes dus Fou-
gères (Elem. l'hilos. bot.), si elle est vraie peut-être appliquée aux frondes des
Lpmnu, elle ne l'est plus lorsqu'il s'agit des Ruscus; car là les deux .sortes d'organes
(axes et feuilles) sont parfaitement dislinclfs, là les prélcndues expansions foliacées
sont à l'aisselle d'écailies iVraies feuilles atrophiées) et porlenl elles-nièiues de nou-
velles écailles ou feuilles. C'est vouloir tout confondre, tout nier, que d'assimiler
l'une à l'autre deux choses de nature si diiïérenle.
788 SOCIÉTÉ BOTANIQL'K DK FHANCE.
hâtive Aj)/jlc earlii egtj Cat. Vilm.), vaiiéfé ou Ciicurbitn Pepo, remar-
quable précisément par la Iciulaiico de .m\s vrilles a se inétainorphoser en
rameaux florifères plus ou moins prolongés. L'écliantillon (|uc je mets sous
les yeux (le la Société ne laissera, je pense, aucun doute dans l'esprit de
personne, quant à la nature à la fois raméale et foliaire de la vrille des
Cucurbitacées. M. iNaudin a observé récemment un fait tout semblable à
celui-ci sur le Melon-Chaté, dont quelques vrilles deviennent florifères et
se terminent par une feuille rudimentaire dont la nervure médiane se pro-
longe elle-même en vrille.
'o^
M. LesUboudois dit :
Qu'il est incontestable que la vrille peut se transformer en feuille,
(lu'elle peut même devenir florifère; ce sont la des faits parfaitement re-
connus. Mais la n'est pas la (|uestion : il s'agit de savoir d'abord si la vrille
est une dépendance de la feuille qu'elle accompagne, ou si elle est une
production axillaire. Or la vrille n'a aucune connexion avec les faisceaux
foliaires, ses fibres proviennent de la production axillaire; elle est
consequemment une émanation de celle-ci : c'est là un fait anatomique qui
semble irréfutable. La deuxième question est de savoirs! la vrille, produc-
tion axillaire, est une feuille ou un rameau. Normalement elle est une
feuille raméale, car ses faisceaux ont la disposition des faisceaux foliaires
et non celle des faisceaux des tiges; occ/(/6'/i/Ê'//e?nen^ elle peut s'unir au
bourgeon qui nait dans son aisselle et acquérir ainsi les attributs des
rameaux et des pédoncules, mais c'est par soudure. On voit en effet, alors,
le cercle des faisceaux d'un rameau ajouté aux faisceaux normaux qui
constituent la vrille. En délinitive, celle-ci est donc normalement une feuille
rnméule.
M. Decaisne fait remarquer, sur l'échantillon qu'il a présenté à la
Société, la décurrence qui prouve que la vrille vient de la feuille in-
férieure.
M. Lesliboudois est d'avis que celte décurrence n'est qu'appa-
rente. La vrille paraît formée par l'une des côtes qui de la feuille
s'étendent sur la tige, parce que les fibres qui la composent sortent
précisément dans l'angle de bifurcation de l'un des faisceaux latéraux
de la feuille ; mais elles n'ont en réalité aucune connexion avec ce
faisceau, et, parlant, la vrille est étrangère à la feuille cauli-
naire.
M. Decaisne dit (ju'il considère la vrille comme entièrement indé-
pendante du Ixjiugoou à cùlé du(juel on la voit sortir.
SKANCK lU 2/| .lUILLKÏ 1857. 781)
!\I. Decaisiic mol. ensuite sous les yeux de la Société le dessin d'une
analyse complète des fleurs mâles et des Heurs femelles du Cœlcbo-
'/i/ne, d'où il résulte que l'organe pris par M. IJaillon pour une éta-
mine, et qu'il a présenté comme tel à la Société dans sa séance du
26 juin, n'est autre chose qu'une bractée ou une des pièces du
périanthe.
En effet, dit M, Decaisne, cette prétendue étamine ne rappelle ni par sa
l'orme extériciue, ni par sa structure interiu', les ëtamines des autres Eu-
phorbiacées ; elle ne ressemble même pas davantage à celles du Cœlcho-
(jl/ue mâle, dont on prendra une idée par la figure ici présente. Quant aux
tubérosités lisses et luisantes que Al. Bâillon a signalées sur les côtés de l'or-
gane supposé staminal, et sur lesquelles il a cru voir des lignes de déliis-
cence, elles sont tout simplement des glandes, analogues à celles de beau-
coup d'autres plantes de la même famille, et ne contiennent rien qui, de
près ou de loin, ressemble à du pollen.
M. Decaisne fait remarquer en outre que les fleurs mâles du Cœleho-
(jijne se composent : 1° d'un périanthe à quatre divisions valvaires ; 2° de
huit étamines sur deux rangs ou verticilles de quatre chacun ; que ces
étamiues rappellent par leur forme celles d'une foule d'Euphorbiacées;
qu'elles sont , par conséquent, très différentes de celle qu'a cru voir
M. Bâillon au-dessous d'une Jeune fleur femelle. Il ajoute qu'aucun vestige
d'ovaire n'existant dans ces fleurs mâles, elles ne sont pas de celles qu'on
peut appeler unisexuées par avortement.
La conclusion de M. Decaisne est que M. Bâillon s'est mépris sur la
nature de la bractéole qui accompagnait la fleur femelle du Cœlebogyne,
qui a fait le sujet de sa communication à la Société; ([ue d'ailleurs cet
organe, ainsi que les deux glandes qu'il p;)rte sur les deux côtés, avaient
déjà été très bien décrits en 1841, par Smith, dans sa notice sur le Cwle-
bogipie.
M. Bâillon répond :
Qu'on ne saurait aflirmer d'une manière indubitable que l'organe qu'il a
montré aux membres de la Société soit une étamine, parce que son grand
état de jeunesse ne permet pas d'y voir du pollen a l'état de complet déve-
loppement; mais que, sous ce rapport, un plus ample et plus minutieux
examen pourra être fait. Quant aux différences de forme avec l'anthère
normale des Cœlehogyne, elle ne saurait avoir ici aucune valeur, car il est
fréquent que les étamines anormales n'aient pas l'apparence de celles que
l'on trouve dans les fleurs mâles. Les faits énoncés dans la communication
du 26 juin en font foi.
790 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Pour la forme, il est évident qu'il y a une grande analogie entre la pré-
tendue étamine et une des bractées que l'on rencontre souvent, munies de
deux glandes latérales, dans les inflorescences femelles; mais il y a des
différences importantes de position et de structure qu'il ne faut pas négli-
ger. Ainsi :
1° Les glandes latérales des bractées sont basilaires ; ici elles sont por-
tées à une certaine bauteur par un pédicelle qui représenterait un filet sta-
minal.
2° Les glandes sont globuleuses, et, à un moment donné, leur sommet se
déchire légèrement pour laisser écbapper le liquide sécrété. Dans l'organe
étudié, il y a deux sillons latéraux et longitudinaux.
3" Cet organe était situé à la base d'un ovaire, et plus en dehors se trou-
vait un calice de six sépales. Le rapport de taille entre ce qu'on a pu con-
sidérer comme une étamine et une bractée de l'inflorescence ou un sépale
bi-glanduleux, est environ de | ou ^ ; or, quand les bractées n'ont encore
que cette petite taille, les glandes basilaires, dont le développement est
postérieur à celui de la bractée, n'existent pas encore.
Enfin, la pression a fait sortir des masses latérales des corpuscules qui
devront être étudiés ; mais on ne trouve rien de semblable dans les glandes
que portent à leur côté les bractées.
M. Decaisne ajoute:
Que si l'on jugeait utile de comparer cette bractéole glandulifère avec les
étamincs de la majeure partie des Euphorbiacées, pour mieux saisir les dif-
férences qui la séparent de ces dernières, on trouverait les éléments de celte
comparaison dans les figures du mémoire classique d'Adrien de Jussieu.
On y ac(iuerrait la preuve que, dans toute la famille, les anthères sont
construites d'après un même plan, dont celles des genres Sapiiim, Micros-
tachys, etc., etc., peuvent être prises pour le type, et que les modifications
qui les déforment plus ou moins, dans un petit nombre de genres, n'ont
rien de commun avec celle qu'il faudrait supposer, pour que l'étamine prit
la forme que lui attribue M. Bâillon.
M. T. Puel, vice-présideiil, donne lecture de la communication et
des documents qui suivent, adressés à la Société par M. le baron de
]\Iélicoc(| :
NOMS VULGAIRES DE QUELQUES PLANTES DANS LE NORD DE LA 1 HANGE , AUX \1\ •,
XV ET XVI' SIÈCLES, par Wl. If ï».«i-«n de MKLIC'OCQ.
(Lille, juillet 1S57.)
Les registres aux comptes des hospices de L'Ile nieulionncnt plusieurs
SÉANCE Uli 2/l JUILLET 1857. 791
pliintes, dont les noms étranges resteront encore longtemps une (.'niijme
pour la science.
Ainsi, en 1321, nous y lisons (jue x s. ont été alloués à celui qui a l'aukic
i\ quartiers de wammiel. Ailleurs, on porte eu dépense les xx\ s. accor-
dés à ceux (|ui ont IVné le wammieL lui 1368, le faucheur obtient xxvii
gros pour le foin et le tvanniel faukier et fener, et, en 1395, xxxvi s. pour
faïuiuier xviii c. (il faut quatre cents de terre pour une mesure) de prêt
pour l'aire ivaitniel.
Ce nom varie sans cesse, car, en 1328, les foins sont nommes vudimidiis.
Si maintenant nous consultons certains documents, ils nous donneront, ce
semble, le droit de supposer que le regain, toujours récolté en automne,
était alors ainsi désigne.
Nous voyons, eu effet, mentionnés (13Zi6), des fruits d'estet et de loahn ;
le bure de niay et le hure de wain (1362).
Un autre document, qui prouve avec quel soin les jeunes taillis étaient
alors débarrassés des mauvaises herbes et des sous-arbrisseaux qui y crois-
sent aujourd'hui en toute liberté, nous paraît décisif à cet égard. Il nous
apprend, enellet, que les administrateurs de l'hôpital Saint-Julien ont fait
couper (1/455) au fernient (serpe), à le pique (1) et autrement par deux fois,
assavoir en esté et en loain, les rousches, cardons et autres ordures, crois-
sans en grant habondance en deux bonniers des bois dudict hospita!.
D'un autre côté, le Ménagier de Paris (2) et M. Ach. Jubinal (3) nous
parlent des tVomages de gain.
A la même époque, les comptables lillois portent chaque année en dé-
pense le salaire des ouvi'iers qui font disparaître des fossés le crcuwau,
le cruau, VcrOillé, la lentille, les roziaus, les glanions.
Pour nous, le glanion n'est autre que le Glaïeul des marais [iris Ps'iirJa-
corus L.) qui, aujourd'liui comme aux jours où nos pères vinrent s'élablir
sur les bords de la Lys, y croît en abondance et y acquiert une haute taille.
Si nous en croyons l^oquefort (i) et d'autres auteurs, les fleurs de lys de
l'ancien écu de l'rance ne seraient autre chose tiue les fleurs de notre /ris,
les flors de glay, si souvent célébrées par les romanciers et les chanson-
niers du moyen-âge, nommées par nos pères les fleurs de la Lys, puis
simplement fleurs de lys.
Ayant pu confronter deux manuscrits du pas d'armes du chevalier Phi-
lippe de Lalain (1^63), nous devons déclarer (|ue, pour nous aussi, la fleur
de lys de l'ancien écu de France est Vfris Pseudacorus. Ainsi, le manuscrit
(1) l.a petite faux (voy. le Bulloliii, l. 111, p. liSS).
(2) Tome II, p. 213.
(3) Mijstères inédits, t. II, p. /iDO.
{k) Glossaire de la lamjue romane, aux mots Lkve cl C,i.\u
79'2 SOCIÉTÉ lUnAMQL'E 1)K FKANCK.
n° 10,319% l'oiul lialuze, n" ()5i de la Bibliothèque impériale, décrivant le
costume du seigneur de (>oiidé qui }• figurait, dit ([uc sur la croupe du c/ie-
vcd 1/ avait une fleur deglai/ emailié d'azur, tandis (jue, dans le manuscrit
de M. le baron Blondel d'Aubeis, nous lisons : et au-dessus de la cruppe
une fleur de Hz, enniailliee d'azur ou coupet.
Quelle plante leprésente aujourd'hui, dans nos prairies, les docques, qui,
ainsi que les cardons et les ortilles, envahissaient sans cesse les pâtures des
moines de Saint-Beitin?
Lavencre qui, il Béthune (l/i2(3), mêlée à d'autres fleurs, servait à faire
des chapeaux le jour du Saint-Sacrement, et qui, à IJlle [vancque] venait
orner (151(3), ainsi que l'humble violette, le cercueil de l'eiifant-trouve et
des pauvres des maisons-Dieu, ne serait-elle point notre Pervenche, le
Vinca ?
Connaît-on encore le blanc poivre, plante oléagineuse, dont deux rasieres
employées à faire olle (1380), avaient coûté lx s,, tandis que la rasière de
navette était payée xlviii s.?
Kn quoi différaient les aubeaux de 1353, des blancqz obeaux, avecq ou
sans rachines, de 1595?
Même demande au sujet des entes (greffes) de pommiers d'ogelent et des
entelettes?
La semence d'oignoulletes, qui coûtait (1360) v gros la demi-livre, etait-
elle notre semence d'Oignons?
'D'
/
LISTE (ENVOVÉE PAR M. le baron de MELBtOCQ) DES AROMATES EMPLOYES
POUR L'EMBAUMEMENT DES SOUVERAINS AU XV' SIÈCLE,
(En l/i67.) A Jaspart iMahieu, apoticaire, demourant à Bruges, la somme
de soixante neuf livres sept solz, qui deue lui estoitpour pluiseurs parties
d'apoticareries par lui faicles et délivrées, tant pour Vespunne drap^
comme à mectre au corps et en la tombe de feu M. S. le duc (Ij, ainsi que
s'ensuit :
Assavoir, pour quatre livres de picie megre, à douze deniers
la livre, font
Item, pour trois livres de resure, à douze deniers la livre.
Ileni, pour trois livres de colosuiuc, à ii s. la livre, font. .
Ilem, pour trois livres de thuri.s, ù vi s. la livre, font . . .
Item, pom' trois livres de mastich, à dix-huil solz la livre.
Item, pour livre et demie de scordt calamité, à xxiiii s.
la livre
Ilem, pour livre et demie de (jommxj arabicij, à un s. la
livre VI s.
(1) Philippe-le-Bon, duc de Bourgogne.
nu
s.
III
s.
VI
s.
XVIIl
s.
LIUI
s.
X\XVI
s.
SKANCK DU 2/| .HIILLKT 1857. 703
llcm, pour livre et demie de gommy dragagantij, à vi s.
la livre ix s.
Item, pour liois livres d'a/ye, à XX s. la livre LX s.
Item, pour trois livres de mirre, à huit solz la livre, . . . xxiiii s.
Item, pour une livre galie muscale xxxvi s.
Item, pour une \i\ie alupte muscate lx s.
llom, une UMi". scaïuJeli musscatelun vins.
Item, une livre nucis ciprexy viii s.
Item, trois livres de tourmentine, à deux solz la livre. . . vi s.
Item, dix aulnes de çManeraf 3 (canevas) xvi s. vi d.
Item, pour poudre el sel li s.
Item, pour huit livres de comin, à deux solz la livre . . . xvi s.
Item, pour six livres de bouli armenicy, à il s. la livre . . XII s.
Item, pour six livres de terra sigillata, à ii s. la livre. . . xii s.
Item, pour douze livres à'aloe, à xx s. la livre xii 1.
Ileni, pour douze livres de mirre, ù viii s. la livre .... iiii 1. xvi s.
Item, pour trois livres d'accanfl, à six solz la livre xviii s.
Item, pour trois livres de galie muscate, à xx\i s. la livre. cviii s.
Item, pour m livres dealepte muscaty, à lx s. la livre. . ix 1.
Item, une livre de psidre un s.
Item, une livre nucis cipressy vin s.
Hem, encore une livre scandely musscatelun vni s.
Item, une livre g'a/èarmn lis.
Item, demy livre lignum aloes xii s.
Item, deux livres alunem, à il s. la livre iin s.
Item, demy livre thuris m s.
Item, ung quarlron scordt calamité vi s.
Item, une onze zebace. il s.
Item, pour dix onces de balsme artificiel, à vingt solz l'once. x 1.
Et pour quatre mandes et demie de herbes et fleurs de
plusieurs sortes aromaticques es.
Reviennent ensamble toutes les dictes parties à la dicte somme de soixante neul
livres sept solz.
A maislre Guillaume du Molin et Pierre Mueller, cirurgiens
à Bruges, pour avoir aydié et assisté ans cirurgiens du d.
feu duc, à ouvrir, necloyer et embasmer le dict corps. . xn I.
A Jehan de Grultere, tonnelier, xiiii I. pour avoir faict et
délivré une huche ferrée de bandes de fer, pour y mectre
le dict feu corps en attendant la tombe de ploncq. . . . LXXII s.
Item, pour une autre huche, faite de main d'escrinier,
toute dennemarche (1), entière et colée, pour mectre le
(1) Le bois dennemarche, qui venait sans doute de Danemark, se trouve souvent
mentionné dans les comptes des villes du nord de la France.
79/1 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
(lict corps, atout le ploiic, et par dessus ycelle huche,
ung couvercle à cincq coiustez ix 1. xii s.
A ceulx qui portèrent le cotlVe de ploncq, où estoient les eu-
treilles, depuis la court jusques à Téglise Saiut-Donas. . xvi s.
Pour estrain, espars au cuer de, la dicte église, et pour la
ramonner xviii s.
(Eu li'43l.) A Jehan Stellart, espicier à (iand, pour l'embau-
menient de feu Josse (fils de Jean-sans-Peur) xvi s.
A lui, pour VIII aulnes de fine toille pour ensevelir le corps. lx s.
A lui, pour V aulnes d'aultre toille cliyrée pour mettre par
dessus la dite fine toille. , \x s. vi d.
Pour trois coll'res de buis d'Irlande, en quoy a esté mis le
corps du (lit feu Josse w.vviii s.
{Extrait des Archives générales du Nord, registres aux comptes de la
maison de Bourgogne.)
M. Puel donne on outre lectui'c des observations suivantes de
M. Léon Soubeiran :
Le dociuiient qui nous est fourni par M. le baron de iMélicocq, me parait
extrêmement curieux, en ce qu'il nous indique quelles étaient les matières
employées, au moyen-âge, poui- les embaumements, quelles quantités on en
employait, et enfin (juelle était leur valeur commerciale. Parn)i ces sub-
stances, il en est quelques-unis (|n'il est extrêmement facile de reconnaître
et sur lesquelles il n'y a pas le moindre doute. C'est ainsi que picie
megre est bien poix maigre; thuris, l'encens ; mastich, le mastic ; scorut
calamité, \e storax calamité ; gommy arabicy , \a gomme arabique ; gommy
dragagantij, la gomme adragante ; aloe, \'a/nès; mirre^ la myrrhe; galic
muscate,de.s galles ou noix de muscade ; scandeli musscatelun, le Scandix
odorata; nucis cipi'essy, le fruit du Cyprès; tourmentine, la Tormentill.e ;
quaneralz, le canevas; comin, le Ciimimnn Cyminum ; hordi armenicy, les
bols d'Arménie ; terra sigiUa/a, la terre sigillée; galbarum, le galbaman;
lignum aloes, le bois d'aloès: alunem, Valun; zebace, la f/y^//e; toutes
substances employées depuis les temps les plus reculés par les embaumeurs.
Quant à rolosome }q serais porté à croire (pie le rédacteur du compte a
mal entendu et mal écrit, et qu'il faut lire colophane ou colophane ^ au lieu
dealupte muscute, je lirais oleopte muscate, c'est-à-dire huile de muscade ;
au lieu ùepsidre je crois devoir lire poivre, substance qu'on ne manquait ja-
mais d'employer en pareille occurrence. Quant aux mots resure et accane ou
attame, je ne les connais absolument pas et ne sais a quoi les attribuer. Le
balsuie artificiel renfermait, au rapport de Penicher, les poudres de racine
A' Angélique, cVImperaloire, de Gidanga, i\' Acorns, de Carline, de clou
de girofle, de Gentiane, de \ alérianc, d'Iris de Florence, de Calamus ara-
SÉANCE DU 2/i JL'ILLKT J857. 795
)naticus, dv (ihif/cm/o'e, de Pijrèthrc, de bois de rose, de Genièvre, û'écwces
de citrons et d' oranges, de cannelle, de tan, de baies de Laurier, de Carda-
mome, de poivre long, noir et ô/onc, de poix noire, de gomme élémi, d'assa
fœtida, de myrrhe^ de benjoin, de camphre, de »/îwst',de castoreum, de civette,
de salpêtre, d'alun, d'ambre gris, de bitume de Judée, etc. En un mol, c'était
un mélange indigeste des substances les plus disparates, dont chacune devait
exercer une action spéciale et prévenir tel ou tel phénomène de décomposi-
tion du corps. I.es herbes et fleurs aromatiques, dont le plus grand nombre
entraient aussi dans la composition du baume, étaient la Lavande, VAneth^
V Hiipericnrn, le Romarin, le Chamœpiti/s, le Chamœdrys, le Mélilot, le
Scordiwn, le Safran, le Pouliot, le Serpolet , la y^Me, la Marjolaine, le
MyrlCj le macis, V Armoise, le Laurier, la Sabine, etc.
M. Weddell lail à la Société la coinniuiiieation suivante :
SUR LES FLEURS FEMELLES DU CYNOMORIUM COCCINEUM, par M. ^l'UDDllLL.
Mes premières études sur la composition du pistil des Balanophorées ont
été faites sur le Balanophora, où le fruit se présente sous la forme la plus
simple. Je n'ai pu, en effet, y découvrir que deux couches en dehors de la
masse, infiniment petite, que jo considérais comme devant être l'embryon,
me croyant dès lors fondé à assimiler ce fruit si élémentaire à une graine
uue. M. le docteur J. Hooker, qui est venu après moi, tout en reconnais-
sant que j'ai eu raison de regarder le fruit du Balanophora comme très
simple (il y a trouvé même une couche de moins que moi) n'a pas voulu
admettre mon interprétation ; pour lui, la couche externe était toujours un
ovaiie, le petit corps central un ovule. J'avais pu examiner le pistil de la
plante en question à un âge très tendre, alors qu'il ne contient aucune trace
d'ovule, et j'avais pu me convaincre qu'a aucune époque de son dé\eloppe-
ment ultérieur il ne présentait de cavité communiquant avec l'extérieur;
il me semblait, au contraire, qu'il y avait une grande analogie entre ce qui
s'y passait et ce qui a lieu dans le nucelle d'un ovule ordinaire; aussi, est-
ce sur ce point particulier que j'ai appuyé l'opinion que j'émis à son sujet,
et c'est surtout pour éclairer cette partie de l'histoire organographique des
Balanophorées que j'ai voulu étudier le Cynomorium sur le vivant. Eh bien!
on le croirait diClicilement, quoique les fleurs de cette plante soient très
grosses à côté de celles du Balanophora, leur étude est plus difficile, et voici
pourquoi : le style du Balanophora est cylindrique et continu avec le
sommet de l'ovaire, dont aucune bractée, aucun sépale naissant, ne déforme
la surface-, si donc il y avait à ce sommet quelque solution de continuité,
il ne serait pas très difficile, je pense, de l'apercevoir. I' n'en est pns de
même pour le Cynomorium, ou le style, a tous les âges, présente, sur une
de ses faces, uue cannelure profonde dont la partie inférieure pourrait cacher
796 SOCIÉTÉ BOTANIQUK DE FRANCE.
une comiiiuiiicatioii avec la caviU* n;iissante de l'ovule, cavité d'autant plus
dinicile a découvrir , si elle existe réellement, qu'elle se trouverait encore
plus ou moins masquée par les jeunes sépales, qu'elle doit être recherchée,
enfin, sur un objet dont le diamètre total est àpeiiîe d'un huitième ou d'un
dixième de millimètre et dont la texture est si délicate que le moindre at-
touchement suffit pour le déformer. Le Cy/iowonwm présente cependant, je
dois le dire, un avantage que beaucoup de plantes ne présentent pas : c'est
qu'une seule inflorescence pourrait suflire aux investigations de toute une
armée de botanistes; et la disposition des fleurs y est telle que l'on peut en
trouver, au même moment, de tous les âges. La nature de l'inflorescence
est d'ailleurs très facile à constater sur un échantillon frais. On voit alors
qu'elle résulte de l'agrégation d'une quantité innombrable de cymes di-
chotomes, souvent d'une régularité parfaite, vers l'extrémité desquelles on
trouve des fleurs à divers degrés de développement, par conséquent dans
l'état le plus favorable à leur étude organogénique. Voici alors ce que j'y ai
vu. Lorsqu'une fleur femelle se montre tout d'abord à l'aisselle de sa bractée,
elle a la forme d'une papille cylindrique et parfaitement homogène ; c'est un
petit axe. Un peu plus tard, si la fleur doit avoir un périgone à 3 laciniures,
on voit poindre, au sommet de cette papille, h tubercules: l'un, au milieu,
est le style, les autres sont les sépales. Le tubercule central présente pres-
que dès le principe une échancrure qui n'est autre chose que l'indice du ca-
nal dont j'ai parlé. Ces tubercules s'accroissent, mais pas dans la même pro-
portion : celui du milieu prend les devants et a bien vite dépassé les
autres. Quand les choses en sout à ce point, mais pas auparavant, on aper-
çoit par transparence qu'il s'est opéré un changement dans le petit axe,
au-dessous du niveau d'oiigine des sépales, et si l'on vient à y pratiquer
une ouverture, on trouve en ce point une petite cavité remplie par un ovule
dont l'insertion est immédiatement en avant de la cannelure du style. Celte
cavité a-t-ellc toujours été close comme elle l'est très certainement à cette
époque, ou communiciue-t-elle antérieurement avec l'extérieur pai- un hiatus
qui serait à la base du style? c'est là, je le répète, un point sur lequel il me
reste encore quelques doutes. Voyons, en attendant, ce que devient l'ovule
que nous avons laissé pendu au sommet de lu petite cavité de l'ovaire; c'est,
pour le dire en passant, une des parties de la question qui avaient le plus
besoin d'être reprises, et je crois être parvenu, dans ce point de mon étude, à
un résultat assez satisfalï^ant, mais bien différent de celui auquel est arrivé
mon ami M. le docteur Ilooker. Il dit, en effet, qu'a quelque époque qu'il
ait étudié l'ovule du ('ijnomorhun, il n'a jamais pu y reconnaître des
traces de tégument, tandis (jn'il résulterait de mes observations (|ue cet
ovule en est, au contraire, constamment muni. C'est ce qui se voit d'abord
très évidemment sur la graine mûre, dont j'ai l'honneur de mettre ((nel(|ues
préparations très instructives sous les yeux de la Société, et c'est ce ([ui se
SÉANCE Dr 2^1 .HilLLFT 1857. 707
trouve piirfailcinoiit (•()iirn'ni(' pai' l'ctiuic des (li'vcl()pp("mont.s successifs de
l'ovule. L'ovule (lu Ci/iioiiioriinn ne présente, en un mot, rien à cet éj^nrd
qui le dinVrencie de ceux de la plupart des autres véjîétaux. Ce que cet or-
gane offre peut-être de plus digne de remarque, c'est sa position, puisciu'il
est en même temps presque orthotropeet pendant, double caractère qui n'a
été constatéjusqu'iei (|ue dans un très petit nombre de plantes.
.Te regrette de ne pouvoir encore ajouter, à ce que j'ai dit de l'ovule et de
la graine, quelcpies détails sur le premier développement de la jeune plante,
détails qui, Je le présume, ne seront pas sans intérêt. C'est la un point de
l'histoire du Cynomorium que j'avais surtout à cœur d'éclairer, et, bien que
je fusse averti que l'on avait plusieurs fois essayé inutilement d'obtenir des
germinations de Balanopliorées, je n'ai pas voulu pour cela laisser de faire
une nouvelle tentative qui, je me hâte de le dire, a obtenu un plein succès.
En ce moment, je me contenterai cependant de dire que l'examen de la
graine germée de cette singulière plante a tout à fait confirmé ma manière
de voir sur la nature de ses parties constituantes, me réservant de faire con-
naître plus tard, s'il y a lieu, les autres particularités que m'a présentées cette
germination, et notamment ce qui a rapport à la direction de la radicule,
qui, jusqu'ici, s'est montrée inverse de ce qu'elle est dans tous les autres
végétaux, ou du moins dans leur immense majorité.
M. de Schœnefeld, vice-secrétaire, donne lecture de la communi-
cation suivante, adressée à la Société :
VINGT-QUATRIÈME NOTICE SUR LES PLANTES CRYPTOGAMES RÉCEMMENT DÉCOUVERTES
EN FRANCE, par M. J.-B.-H.-J. DESMAZIÈREK (1).
(Lambersart près Lille, juillet 1857.)
COiMOMYCETES.
1. Uredo macrospora, Desmaz. PI. ci^ypt. sér. 2, n° /iOl.
U. maculis minutis, purpureis, sparsis vel diffusis, quandoqueconfluen-
tibus. Acervulis amphigenis, ovalibus, raro oblongis, vel parvis rotundatis,
epiderraide fuscescente bullata primura tectis, dein erumpentibus. Sporulis
amplis, piriformibus vel clavatis, aurantiis, dein ochroleucis subalbidis.
Kpisporio Isevi, nucleo flavido, granuloso; pedicello brevissimo, hyalino.
— Hab. in foliis vivis Luzulae pilosœ. jEstate.
Cet Uredo vit presque toujours en compagnie du Puccinia Luzidœ, Lib.
Il ne faut pas le confondre, ni avec le Cœoma oblongum^ Link, Obs. etSpec.
(Grev. Scott, crypt. fl. t. 12), ni avec notre Uredo Luzulœ, PI. crypt. de
(1) Voyez, pour les Notices i à xxin, les Annales des sciences naturelles, séries
1, '->, 3 et ti.
798 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Fv. (18^8) qui est VUredo oblonga de Rabenhorst, Herb. viv. n" 16941
L'espèce qui nous occupe est bien distincte de ces deux autres Coniomycètes
par ses spoiules piriforines-aliongccs ou en massue, qui n'ont pas moins
de 0""",030, et, le plus souvent, 0"'"',0/i5 dans leur longueur, sur une épais-
seur de 0'""',02. Elles sont pourvues d'un pédicelle qui n'a pas plus de
0""",005, rarement 0""",01 de lontrueur. Il se détache facilement de laspo-
rule, mais on y distingue sa place d'insertion, parce qu'elle est presque tou-
jours tronquée et non obtuse, la sporule n'étant véritablement obtuse qu'à
son extrémité opposée toujours plus grosse. Notre Uredo macro$pora a été
trouvé par M. l'abbé Questier, en septénaire et octobre, dans les bois
couverts de Valligny el Bourneville, près Tbury-en-Valois (Oise).
2. CoNioTHECiUiM QuF.sTiEiu, Dcsmaz. PI. crijpt. sér. 2, n. /i03.
C. epiphyllum. Âcervulis superficialibus, minutissimis, numirosissimis,
subsphaei icis, gregariis, effusis, nigris, nitidis. Sporulis conglobatis, com-
presso-angulatis, subfuscis, scmi-opacis. — Occurrit in foliis languescen-
tibus Corni sanguinese. Autumno.
Cette espèce nous a été adressée, sans nom, par M. Questier, a qui nous
la dédions pour rappeler la découverte qu'il en a faite, en septembre 1855,
dans la forêt de Villers-Cotterets (Aisne), sur les feuillesencore vivantes du
Cornus sanguinea. Elle en couvre la face supérieure d'une couche mince,
noire et pulvérulente, qui est composée d'une multitude de grains noirs,
luisants et fort rapprochés. Ces grains, bien distincts avec une forte loupe,
ont environ 0""",025 de diamètre, et sont formés par 6 à 10 sporules envi-
ron, conglutinées, semi-opaques et anguleuses par leur pression les unes
contre les autres. Leur grosseur est à peu près de 0"'"',01 et par conséquent
plus considérable que (elle des sporules de notre Coniothecium phyllophi-
lum [Ann. des se. nat., 18/j5), autre espèce très différente, et qu'il ne faut
pas confondre avec le Coniotheciumphyllophilum, Rabenb., publié en 1853,
au n" 1795 de V Herbariwn vivum.
3. PucciNiA REcoNDiTA, Rob. iti Hevb . — Desmaz. PL crypt. de Fj\ sér. 2,
n" 252.
P. maculis luteolis. Acervis amphigenis, ovalibus, oblongis, dein lineari-
bus, sœpc confliientibus epidermide sero rumpente tectis. Sporidiis clongato-
clavatis, mcdio vi\ constriclis, loculo superiore fusco, obtuse, subrotundo
seu ovali ; inferiore subpellucido, elongato, sensim tenuato; stipite albo,
brevissimo. — Hab. in foliis languescentibus Secalis. yî'lstate.
Par la forme de la pustule et des sporidics, cette espèce se rapproche du
P. Caricis, DC, et nous aurions été disposé à la réunir avec lui, si la con-
sidération du pédicelle très court (0""",01 environ) et des pustules recou-
vertes par l'épidonne (jui se déchire rarement et toujours Ires tardive-
SÉANCE DU 2/i JUILLET 1857. 799
ment dans notre Conlomycète, ne nous avait engagé à conserver le nom
proposé par M. Uoberge (iiii a bien voulu soun^eltre celte espèce à notre
appréciation.
Les pustules sont plus ou moins rapprochées, (juelquefois très serrées.
Là loge supérieure de la sporidie est grosse et ne forme, le plus souvent,
que le tiers de sa longueur totale, qui peut être évaluée de 0"'"',07 à
()■"■", 09.
U. GuKOSPOuiuM PopuLi AU?,!-:, Uesmaz. PL cri/pt. de Fr. sér. 2, n" 25^.
G. epiphyllum. IMaculis olivaceis, dein rufis, sinuosis, irregularibus, li-
nea obscuriore cinclis. Pustulis minutis, numerosis, Inimidis convexis oli-
vaceis, siccis applanatis subuii!;ris rugosis. Sporidiis nunierosissiniis, bya-
linis, ovato-oblongis vel cylindricis, obtusiusculis, reetis vel curvulis;
sporulis 3-5 globosis vix distinctis ; cirris albidis. — Hab. in foliis lan-
guescentibus Fopuli albœ. J^^state et Autumno.
C'est, à notre connaissance, la quatrième espèce de Glœosporiuni qui se
développe sur la feuille des Peupliers, et la deuxième que l'on trouve sur
le Peuplier blanc. On pourra voir, dans les Anna/es de 18^9, la description
du Glœosporhnii Castagnei, qui a ce dernier habitat et qu'il ne faut pas
confondre avec celui dont nous nous occupons aujourd'hui.
Les taches, de formes et de grandeurs variables, envahissent (luehiuefois
des portions considéral)les de la feuille. A peine sont-elles formées, qu'on y
voit paraître des pustules dont le nombre augmente a mesure qi:e la tache
s'étend. Llles ont un quart à un tiers de millimètre de diamètre, et sont
formées par l'épiderme soulevé et qui recouvre les sporidies. Cet épiderme
finit par se fendre, et celles-ci s'échappent, avec le mucilage qui les enve-
loppe, sous la forme d'un gros filet ou d'une masse blancbâtre qui s'étale
plus ou moins. Les sporidies ont 0""",01 à 0""",U2 de longueur, sur une
épaisseur de O'""',0033. Il n'est pas facile de voir les sporules qu'elles ren-
ferment, cependant nous sommes parvenu à les distinguer parfaitement,
en donnant au porte-objet une lumière convenable.
HYPHOMYGETES.
5. Macrospoiuum cladgsporigides, Desmaz.
M. maculis magnis, fulvis, irregularibus; acervuHs numerosis, minutis,
rotundatis,olivaceo-obseuris, velutinis. Floccisereciis, siraplicibus, nodu-
losis, septatis, semihyalinis, fasciculatim conjunctis. Sporidiis subpellu-
cidis, quandoque torulosis, ina^qualibus, di, tri, vel polydymis, ovoideis,
oblongis vel eiongatis, cluvseformibus, infra attenuatis subpedicellatis. —
Hab. in foliis languescentibus Betœ vulgaris. yEstate.
Cette espèce se rapproche beaucoup de quelques-unes de ses congénèies,
800 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ^
sans qu'il soit possible de la réunir à l'une ou à l'autre. Lesspoiidies didy-
mes qu'elle présente souvent et la forme remarquable de ses filaments,
semblables à ceux de quehjues Cladosporhtm, justifient le nom spécifiqiu'
que nous lui donnons. Nous aurions même été disposé à la rapporter à ce
genre, si nous n'avions observé constamment dans ses fascicules, et sans
pouvoir croire au mélange de deux cryptogames, de nombreuses sporidics
conformées exactement comme celles du genre auquel nous la réunissons. Le
nom de M. Iietero^iorum lui aurait convenu parfaitement, s'il n'avait déjà
été pris par nous pour une espèce qui n'est pas, sous ce rapport, sans avoir
une grande analogie avec celle qui nous occupe aujourd'bui. Quoi qu'il en
soit, le M. cladosporioides se développe sur les deux faces des feuilles de
la Betterave, lorsqu'elles ont pâli et pris une teinte jaunâtre, par un état
maladif que nous ne pouvons attribuer à sa présence. Les tacbes sur les-
quelles se trouve notre Hypboniycète n'ont aucune l'orme déterminée, et
sont dues à une altération du parenchyme, qui leur donne une apparence
desséchée. Lorsque l'on examine ces taches à la vue simple seulement, on
les trouve couvertes d'un assez grand nombre de points noirâtres, plus nom-
breux et plus visibles à la face supéiieure ; mais, si l'on fait usage de la
loupe, on ne tarde pas à découvrir que cette ponctuatiou est formée par des
filaments simples ou presque simples, dressés et réunis à leur base en pe-
tites houppes convexes qui n'ont pas plus d'un millimètre de diamètre.
Ces filaments, examinés avec un pouvoir amplifiant plus considérable et
mesurés au micromètre, ont O^'-.lô à 0""",20 de hauteur sur 0""", 005
d'épaisseur. Ils sont cloisonnés, plus ou moins reufiés ou comme noueux à
des distances inégales, et toujours obtus au sommet. Les sporidies, ainsi
que nous l'avons déjà fait remarquer, varient beaucoup dans leur forme
et dans leur volume : les unes sont ovoïdes ou obloiigucs, pourvues de 1, 2
et même 3 cloisons, et n'ont guère plus de G'""', 005 à 0"'"',015 dans leur
grand diamètre ; d'autres sont plus ou moins allongées en massue et offrent
un plus grand nombre de cloisons : nous en avons compté jusqu'à 10 dans
les plus longues qui mesurent 0"'"\05 à 0"'°',075.
6. Oïdium C^RVSA^THEMT, Rabenh. Hedw. n" 5, p. 19, tab. 3, fig. 1, et
Herb. viv. n° 1763!
Nous avons observé cet Oïdium, en été et en automne, sur les feuilles
vivantes du Chrijsanthemum indicum cultivé dans nos jardins. Il s'y déve-
loppe sur les deux faces, mais nous l'avons vu plus abondant à la face infé-
rieure, où il est épars, principalement le long des grosses nervures. Ses ar-
ticles ou sporules sont ellipsoïdes ; leur longueur varie entre 0'""',035 et
0""",0^5 et leur épaisseur entre 0""",015 et 0""",020. Nous renvoyons à la
l)onne figure publiée par M. Rabenhorst, pour les autres détails de celte
espèce qui n'a pas encore été sigrialée comme ayant été vue en France.
sî:aN(,f. i)i; 2/i juillet 1857. 801
7. l'i:no.\osi'()iï,\ OKNSA, Unbeiiii. Ilerh. viv. edit. 1, u" 157'2; edit. 2
II" 173!
Nous iiuliquoiis celte espèce comme appartenant à la llore française.
Elle l'ut d'abord trouvée à Driesen (Prusse), par M. Lasch, et publiée dans
VJJerbarium vivum de M. Rabenborst avec la pbrase dlagnosticiue sui-
vante :
P. cœspitibus densissime lanalis, effusis, aibidis; slipite ramoso byalino
intricato; ramis dicbotomis, ramulis abbreviatis, furcatis; sporis sphic-
ricis, seu ovoideis, seu quadratis, utrinque rotundalis, hyalinis, glabris.
Nous avions indiqué cette espèce à M. Roberge, comme pouvant se
trouver également en France, et les recherches auxquelles il se livra lui
firent, en effet, trouver le Peronospora doisa, en mai et juin, dans la
prairie de Saint-Gilles, à Caen. Elle habite les feuilles souffrantes du Jl/ii^
nanthus Crista galli. Elle attaque surtout ses feuilles supérieures, tendres,
et s'élève jusque sur ses bractées. Les pieds où elle se développe sont Ja-
ciles à reconnaître à leur chétive apparence, ainsi qu'a leur teinte d'un vert
pâle et jaunâtre. Souvent ces pieds ne fleurissent pas. Elle est d'abord cir-
conscrite, et, aux endroits qu'elle occupe à la face inférieure, correspondent
sur l'autre face des taches pâles, obliquo-transversales; puis elle s'étend peu
à peu, accompagnée de la décoloration, et finit par couvrir toute la face
qu'elle envahit de son duvet cotonneux, dense et d'un blanc de lait, puis
d'un blanc sale. L'extrémité des filaments est une fourche à dents droites et
assez allongées, tandis que, dans le P. effusa, ces dents sont arquées. Les
sporidies ont 0""",02 à 0°"",025 dans leur plus grand diamètre, et 0""",015
à 0""",02 dans leur plus petit.
Nous profitons de cette note sur le Peronospora densa, pour prévenir que
le P. effusa^ Desmaz. , que nous avons déjà fait connaitre dans nos Plantes!
cryptogames de France sur V Atriplex hastata et sur le Medicago sativa,
habite un plus grand nombre de plantes qu'on ne l'avait cru d'aboid, et
que, par les recherches de M. Roberge, nous avons encore pu produire
cette espèce, dans le même ouvrage (sér. 2, n"' /i09, 410 et ^11), sur des
Ranunculus, le Papaver Rhœas et le Fiimaria officinalis. Nous retrouvons
dans ses divers habitat les mêmes caractères essentiels, seulement les spo-
ridies y sont plus ou moins ovoïdes et quelquefois un peu inoins volumi-
neuses que dans le Peronospora effusa de Y Atriplex et du Medicago. Ces
Peronospora sont pour nous des variétés, dont quelques auteurs ont fait le
Peronospora grisea (voy. Unger, Bot. Zeit. et Rabenb. Uerb. viv. éd. 2).
8. Rrachycladium penicillatum, Corda, Icon. fung. t IL p. 1/i, tab. x,
L 63! — Rabenb. Handb. 1, p. 117 et Herb. viv. n" 1367 ! — Westend.
et Wall. Fxs. n" r)91 ! — Dendry})hiwn penici liât uni, Fr. Sinm/t.
veget.
n 51
802 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FHANCE.
Voilà encore une espèce qui appartient à la France comme à l'Allemagne
et à la Belgique. Son faciès est si semblable à celui d'un Helminthospo-
rium, qu'elle nous a été adressée sous ce nom des environs de Melun, où elle
se développe à la base de tiges sèches, que noire savant correspondant,
M. Roussel, croit appartenir au Papaver Rhœas. C'est en novembre et dé-
cembre qu'elles ont été prises dans un champ qui avait porté une céréale
dont il ne restait aucun épi. Les auteurs de l'herbier cryptogamique
belge ont trouvé ce Brachycladium sur le Papaver somniferum, mais,
suivant Corda, il se développe aussi sur les tiges sèches des Malva et
Chelidonium. Il s'élève à peine à la hauteur d'un millimètre; sa partie in-
férieure, vue au microscope, est presque opaque, mais le tiers supérieur de
la plante est presque translucide. Les sporidies sont oblongues, obtuses,
semi-diaphanes, longues de 0""", 02 sur une épaisseur d'environ 0'"™,0075.
Elles ont, le plus souvent, trois cloisons, mais nous en avons aussi observé
queUjues-unes a deux cloisons, etquelques autres qui en avaient quatre. Les
premières sont alors plus courtes, et les dernières, plus longues, atteignent
0"'"\02r). La figure publiée par Corda rend parfaitement les détails mi-
croscopiques de cet Hyphomycète, mais les teintes plus ou moins opaques
n'y sont pas indiquées.
[La suite à la prochaine séance.)
M. Germain de Saint-Pierre présente à la Société le rapport (ré-
digé par lui et par M. de Schœnefeld) de la Commission chargée,
dans la séance du 10 juin dernier, d'examiner la situation actuelle
du Jardin des plantes et du Conservatoire botanique de 3Iontpellier.
M. de Schœnefeld, vice-secrétaire, donne lecture du rapport (ré-
digé par M. Cosson) de la Commission chargée, dans la séance du
4 2 juin dernier, d'examiner l'état de l'herbier de Dunal.
La Société adopte les conclusions de ces deux rapports (1).
M. Boisduval présente à la Société un Sempervivum en fleur, à
inflorescence presque sessile, qu'il a reçu sous le nom de S. jiUomm^
provenant de la collection de M. Schnittspahn.
M. Boisduval annonce ensuite qu'il vient de recevoir vivants le
NotocJdcPMa Marantœ et le Scolopendrlum He??iionitis.
M. de Schœnefeld annonce la découverte :
1° Du Dianthus superbus, dans la vallée de la Juine, près d'Itteville (Seinc-
(l) Par une décision spéciale du Conseil d'administration, la Commission du
Bulletin a été autorisée à distraire c^s deux rapports du compte-rendu de cette
séance, pour les annexer à celui de la session de Montpellier à laquelle Ifur objet
les rattache dirccltMnent. Voyez io Builclin, t. IV, p. G72 et 68 1.
SÉANCE DU 2/i JUILLET 1857. 80?»
et-Oise), a riieiborisation dirigée par M. Chatin le 19 de ce mois. Les pre-
miers échantillons ont élé trouvés par M. Emile Goiihort. Cette espèce n'a-
vait pas été rencontrée jusqu'ici dans le département de Seine-et-Oise. On
ne la connaissait aux environs de Paris ([ue sur quehjues j-oints du dépar-
tement de l'Oise et dans les prairies de la Vouizic entre Donnemarle et
Bray (Seine-et-Marne).
2° De VOnonis Columnœ, trouvé par lui-même, à l'herborisation dirigée
la veille par M. Chatin, sur les coteaux calcaires qui bordent la Seine
entre La Fretle et Herblay (Seine-et-Oise).
M. Prillieux fait à la Société la communication snivanle :
OBSERVATIONS SUR LA DÉHISCENCE DU FRUIT DES ORCHIDÉES,
par n. Fd. PRILB.IEl X.
On a depuis longtemps observé et décrit comment s'ouvrent les fruits
des Orchidées de nos pays et ceux d'un grand nombre de plantes exotiques
de la même iamille qui ont la même structure. Je me propose de montrer
dans ce travail, qu'outre le mode de déiiiscence bien connu, et que l'on
peut considérer comme normal, la famille des Orchidées en présente, dans
divers genres exotiques, plusieurs autres qui, malgré leur singularité, li'ont
guère attiré, je pense, l'attention des observateurs.
Le fruit des Orchidées est une capsule ordinairement ovale, plus ou
moins allongée, parfois très longue et cylindrique, d'autres fois fort courte
et à peu près sphérique.
Ce fruit s'ouvre d'ordinaire par six fentes longitudinales, qui s'étendent
depuis le haut jusqu'au bas de la capsule et la partagent en six pièces ou
valves d'inégale largeur. Trois d'entre elles sont très étroites et ne sont for-
mées que par une nervure isolée. Certains auteurs leur ont donné le nom
de valves (Lindley), d'autres le leur ont refusé (Rob. Brown) ; nous les dé-
signerons simplement par le nom de nervures. Les trois autres pièces sont
beaucoup plus larges; elles portent, le long de leur ligne médiane, une rangée
souvent double de graines très petites. Ces valves larges ou panneaux alter-
nent avec les nervures ; en d'autres termes, chaque nervure se trouve entre
deux panneaux, chaque panneau entredeux nervures. Chacunede ces pièces
est séparée de la voisine par une fente dans toute sa longueur, mais elles
demeurent toutes jointes ensemble à la base et au sommet du fruit. Il
n'est pas rare cependant de voir, sur des fruits entièrement desséchés, les
panneaux se détacher complètement, et les trois nervures, jointes par leurs
extrémités, rester seules à l'extrémité du pédicelle et former ainsi un triple
châssis à claire-voie.
Cette disposition de la capsule des Orchidées a été décrite exactement
depuis longtemps. MM. Lindley, Endiieher, Bob. Brown, et plus ancienne-
80/i SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
ment A.-L. de .lussieu, et même Touriiel'oit, ont tous reconnu que les pla-
centas sont (ixés <'ui milieu des trois valves larges qui se détachent, et non
aux nervures qui demeurent au sommet du pedicelle; aussi ai-je été fort
étonné de voir, dans les ouvrages élémentaires si estimés d'Adr. de Jussieu
et d'Ach. Richard, une assertion contraire. Ces deux illustres botanistes ont
positivement affirmé que les arceaux qui persistent après la chute des pan-
neaux sont formés par les placentas et sont couverts de graines. Je ne puis
comprendre quelle cause a pu entraîner dans une même et si singulière
erreur deux hommes aussi distingués, et dont l'un surtout a fait durant
toute sa vie une étude spéciale de la famille des Orchidées.
Le mode dedéhiscence que je viens de rappeler est très commun chez les
Orchidées. On peut toutefois en observer de différents dans certaines plantes
exotiques. Je puis citer plus d'un exemple.
Le fruit du Lépiotes bicolorne s'ouvre pas comme celui des Orchis, etc.,
par des fentes longitudinales (jui le divisent en plusieurs valves soudées
ensemble par le sommet; on aura une juste idée de son mode de déhiscence
si, eii se reportant au type normal, ou suppose que les six pièces du fruit se
séparent coaipleteinent au lieu de rester jointes par leur extrémité supé-
rieure. On ne peut plus dire par conséquent que le fruit s'ouvre par six
fentes, puisque les panneaux et les nervures ne se joignent pas au haut du
fruit La capsule se divise, à partir de son sommet, eu six pièces libres, dont
^ rois sont très étroites (nervures) et trois larges et couvertes de graines.
J'ai trouvé une disposition toute pareille dans le fruit du Maxillaria
punctulata et dans celui de VEulcphia yuianensis. Dans cette espèce, le
fruit diffère un peu des précédents, tout en se rapportant exactement au
même type; les valves et les nervures restent soudées ensemble dans la
partie inférieure du l'ruit. La capsule ne se divise pas tout a fait jusqu'à sa
base.
Le fruit du Cattleya Mossiœ présente une autre disposition ^ son mode
de déhiscence se rapproche plus de celui des Orchidées de nos pays. Il se
sépare de même en plusieurs valves ([ui demeurent soudées au sommet;
mais il s'en distingue en ce que les fentes qui divisent la capsule, au lieu
d'être au nombre de six, sont moitié moins nombreuses. La capsule du Catt-
leya, par conséquent, au lieu de se diviser en six pièces, se partage en
trois pièces seulement. Chacune de ces trois pièces porte en son milieu les
placentas couverts de graines. On se rendra bien compte de la disposition de
ce fruit en considérant chacune de ses trois valves comme formée par un
panneau et une nervure soudés ensemble. On pourra donc dire que la
déhiscence du fruit du Cattleya diffère de la déhiscence normale, en ce que
chaque panneau demeure soudé dans toute sa longueur avec l'une des ner-
vures voisines, de façon à ne l'ormer avec elle qu'une seule valve, et que,
par suite, la capsule se divise en trois valves cohérentes au sommet.
sKANCiî i)i; 2/i .iiiLLF.T 1857. 805
Le truiL ilu P/itijus nlbus présente la même disposition. Il dift'èi'C en cola
du Phajxts Wailichii, dont la dchiscence est pareille à celle de nos Ophiy-
d('e«. On a, du reste, retiré le Phajus albus du genre PhajuSy c'est aujour-
d'hui le Tliunia alba Rchb. fil.
Le Fernandezia acuta nous montre un fruit qui, par son mode de déhis-
cence, diffère de celui du Cattleya à peu près comme celui du Leptotes
diffère de celui que nous avons regardé comme normal. C'est une capsule
qui se divise, à partir du sommet, en trois valves portant chacune les
graines sur la ligne médiane. Dans le Fernandezia acuta, comme dans
\'Fidop/iia (juianensis, le fruit ne se divise pas jusqu'à la base; les valves
restent soudées dans une longueur qui est à peu près le tiers de la longueur
totale du fruit. Le Fernandezia pulchella m'a montré un fruit pareil à
celui de F. acuta.
Les fruits de plusieurs espèces de Pleiirothcdlis m'ont offert un mode de
déhiscence différent de tous les précédents et fort singulier. La capsule se
partage, lors de la maturité, en deux pièces d'inégale largeur, qui demeurent
fixées l'une à l'autre par le sommet. Si on examine la plus étroite de ces
valves, on reconnaît qu'elle porte en son milieu les graines disposées sur une
seule ligne; (|u"elle offre ainsi la disposition ordinaire des valves du fruit des
Orchidées. Quant à l'autre, qui est deux fois plus large, elle porte deux
rangées de graines. Chaque rangée étant placée à égale distance du milieu
de la valve et de son bord, il est bien évident qu'elle est formée de deux
valves pareilles à la plus étroite, mais qui sont demeurées soudées ensemble
dans toute leur longueur. La grande valve est séparée de la petite par
deux fentes longitudinales; elles sont jointes l'une à l'autre par le haut.
Si l'on compare la déhiscence des Pleurothallis à celle du Cattleya Mossiœ
et du Phajiis albus, on verra qu'elle en ilitYèie en ce que deux des valves
restent confondues, au lieu de se détacher l'une de l'autre comme dans ces
plantes.
J'ai observé le mode de déhiscence que je viens de décrire, sur Iv^Pleuro-
thallis obtusifulia, clausa et raceniiflora, qui ont fructifié dans les serres de
la Faculté de médecine, sur un petit Pleurothallis de la Guyane, et sur une
plante portant le nom de Stelis dans l'herbier de M. Delessert.
Je l'ai retrouvé encore dans des espèces appartenant à d'autres genres :
le Bolbophyllum occultum V. Th., V Epidendruin niacrochilum, V Angrœ-
cum eburneum.
Je suis fort porté à croire que les fruits des autres Angrœcum s'ouvrent
comme ceux de V Angrœcum eburneum et ceux des Pleurothallis (1). Avant
(1) A l'exception toutefois de l'ancien Angrœcum macidatum, qui n'est pas un
Angrœcum et a élé rapporté au genre OEceoclades. Cette plante {OEceoclades
maculafa Lindl.) porte un fruit qui s'ouvre comme celui de nos Ophrydées.
806 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
d'avoir observé les Iruits de V Angrœcum eburneum, qui ont mûri dans les
serres du Muséum, j'avais cru que les capsules des Angrœcum s'ouvraient
d'une autre façon. Mes observations n'avaient porté que sur des plantes
conservées en herbier. Sur des échantillons à' Angrœcum pusillum Lindl.,
rapportés du Cap par Drège et conservés dans l'herbier Delessert, j'avais
cru reconnaître que la capsule s'ouvre par une seule fente qui la partage
d'un seul côté dans toute sa longueur ; la fente s'élargissant de plus en plus
par le milieu , les deux bords s'éloignent l'un de l'autre et la paroi se dé-
roule ainsi tout d'une pièce, de façon à former une seule valve concave. Il
est certain que la plus grande partie des fruits de YAngr. pusillum que
j'ai observés, présentaient ce mode de déhiscence. Quelques-uns seulement
paraissaient s'ouvrir comme ceux des Pleurothallis. Il était naturel d'attri-
buer alors la deuxième fente à la compression qu'avaient subie les cap-
suies, et de penser que les fruits des Angrœcum ont un mode de déhiscence
spécial.
J'étais d'autant plus disposé à admettre cette interprétation des faits que
j'avais trouvé dans l'ouvrage de Du Petit-Thouars sur les Orchidées des
îles de l'Afrique australe, une figure représentant un fruit (y Angrœcum re-
curvum P. Th., ouvert ainsi en une seule pièce. Mais, depuis que j'ai vu les
capsules ouvertes de V Angrœcum eburneum, je n'ose affirmer, d'après mes
propres observations, que le mode de déhiscence des autres Angrœcum soit
différent. Dans les fruits de Pleurothallis que j'ai vus s'ouvrir, il arrive
souvent que l'une des deux fentes se montre avant l'autre; que la cap-
sule s'ouvre d'abord ainsi en une seule pièce, qui ensuite se partage en
deux à la complète maturité. N'est-il pas possible que les fruits de
l'échantillon à' Angrœcum pusillum de l'herbier Delessert soient précisé-
ment dans cet état. Les fruits des Angrcecum fragrans, triquetrum et pec-
tinatum, (jue j'ai observés aussi en herbier, étaient incomplètement mûrs et
commençaient seulement à s'ouvrir. Je n'ose donc point affirmer que, dans
différents Angrœcum, le fruit s'ouvre, comme je l'avais cru d'abord, par
une fente longitudinale, en une seule grande valve portant trois rangées de
graines. Le seul Angrœcum AouX ']' \\\q observé des fruits mûrs produits dans
les serres, s'ouvre en deux pièces inégales, à la façon des Pleurothallis.
Les autres espèces ont-elles la même déhiscence? D'une part, l'analogie doit
le faire supposer; mais, d'autre part, la figure donnée par Du Petit-Thouars
doit faire admettre le contraire. L'observation directe des fruits conservés
en herbier ne peut permettre de trancher la question, puisque les fentes que
l'on observe peuvent être attribuées à la compression, et l'absence de fentes
à une maturité incomplète. Il me paraît donc prudent, avant de rien décider
louchant la déhiscence des Angrœcum fragrans, pusillum, iriqueirwn et
pfctinatum, d'attendre qw la culture nous ait fourni des fruits mûrs de ces
différentes espèces, ou que les voyageurs les aient observés dans leur patrie.
SÉANCR DU 2/l JUILLKT 1857. 807
Le fruit de la Vanille, qui a été à tort considéré par plus d'un auteur
comme indéhiscent, offre dan^ sa l'açon de s'ouvrir une assez f;rande ana-
logie avec celui du Fcnumdezin, dont il diffère comme le fruit des J'icuro-
thallis de celui du Cattlc;i<i Mossiœ.
Le fruit de la Vanille, bien connu par son parfum exquis, est fort lony
et cylindrique. On lui donne dans le commerce le nom de (jousse ; ses parois
sont épaisses et charnues. Lorsqu'il est mûr, il se fend à partir du sommet
et se partage en deux valves de largeur inégale. De même que dans les Pieu-
rot/iallis, la valve la plus étroite porte une seule rangée de graines, la plus
large en porte deux ; mais dans la Vanille ces deux valves ne restent pas
jointes l'une a l'autre par le sommet.
Dans les fruits de Vanilla planifoUa?(.\\\e]i\\ vus mûrir dans nos serres,
les valves ne se séparent pas jusqu'à la base ; elles restent soudées en-
semble dans une longueur égale à la moitié environ de la longueur du fruit.
C'est un fait tout à fait comparable à celui que j'ai indiqué précédemment
dans le Fernandezia.
Dans une autre espèce de Vanille {Vanilla guianensis?), dont les fruits
sont conservés dans les collections du JMuséum, les deux valves se séparent
jusqu'à la base; du reste, toujours l'une des valves est double.
Kn résumé, la déhiscence de la Vanille diffère de celle du Fcrinindezia,
en ce que le fruit se divise, non en trois, mais en deux valves; de celle des
PlcurothalUs, en ce que ces valves se séparent à partir du sommet et ne
sont pas soudées l'une a l'autre par leur extrémité supérieure.
Il résulte de ce qui précède que les fruits d'Orchidées que nous connais-
sons peuvent, au point de vue de leur déhiscence, être rapportés à six types
différents (peut-être sept), que l'on peut caractériser et classer comme il
suit :
Fruit s'ouvrant par des fentes en
valves cohérentes au sommet.
Friiil s'ouvrarit par 0 l'c-nles en G pièces
(3 valves placenlifères et o nervures)
cohérenles au sommet.
Orchidées indigènes, Cypripedium
barhatum, Phajus Wallichii, Cycno-
ches, Odontoglossum, Dendrobium mo-
niliforme, Ansellia africana, etc.
Fruit s'ouvrant en 3 valves placentifères
cohérentes an sommet.
Cattlciia Mossiœ, Phajus albus [Thu-
nia alla llciib. lil.)
Fruit s'ocvrant a partir du som.met
£n valves libres.
l''riiil s'ouvrant à partir du sommet en
6 pièces (3 valves placenlifères et 3
nervures).
Lépiotes bicolor, Maxillaria ptmc-
tulata, Eulophia ijuianensis.
Fruit s'ouvrant à partir du sommet en
3 valves piacentifère.s.
Fernandezia acuta, F. pulchella.
808 SOCIÉTÉ BOTAINIOLi; l)i; FRANCi:.
Fruit s'otivraiil eu 2 valves placclUifères i Fruil souvraiil à partir du sommet en
cohérentes au sommet. '2 valves placontifères.
Plcurofhallis clama, PI. racemijlora, Vanilh
PL obtusifolia, Bolbophyllini>,occultuiii
P. Tli., Angrœcum eburneum, Epiden-
drum macrochilum.
Enfin, si l'observation vient prouver que certains Angrcecimi ont, comme
la figure de Du Petit-Tliouars peut le faire croire, un mode particulier de
déhiscence, on aura le septième type, (luej'indique ici avec doute.
Fruit s'ouvrant par une seule fente en
une seule valve.
. Angrœcum fragrans?, Angrœcum
pusillum?, etc.
Dans la plupart des fruits que je viens de décrire, on ne peut distinguer
au premier abord ni les placentas ni les graines ; la suiface intérieure des
valves est entièrement couverte par des poils entre-croisés dans tous les
sens. La plupart de ces poils n'ont, après la déhiscence, aucune adhérence
avec la paroi de la capsule, alors ils sont entremêlés sans ordre; mais lors-
qu'on fait une coupe du fruit avant sa maturité, on reconnaît qu'ils sont
insérés régulièrement sur la paroi, le long des nervures qui ne sont pas op-
posées aux placentas. Cette disposition m'a paru constante; je l'ai observée
sans exception dans tous les fruits d'Orchidées à l'intérieur desquels j'ai
trouvé des poils, quels que fussent, du reste, le mode de déhiscence du fruit
et la structure des poils.
Ces poils sont ordinairement simples, et formés alors par une sorte de
longue fibre à parois épaisses et ponctuées, qui se termine par les deux
bouts en pointe aiguè. L'extrémité inférieure de la libre est coudée en cro-
chet, et c'est par la qu'elle est insérée sur la paroi de la capsule. On peut
voir de tels poils dans le Leptotcs bicolor, le Fernandezia acuta, le Vauda
iiiultiflora, les Angrœcum fragrans qX. pusillum, etc.
Les poils de l'intérieur du fruit du liolbophyUum occultum diffèrent des
précédents, en ce qu'au lieu d'être simples, ils sont composés de plusieurs,
libres soudées les unes au bout des autres.
Kntiii, ceux des Pleurothallis obtusifolia, rocemiflora et clnvsa se dis-
tinguent de ceux que j'ai observés dans les autres genres, en cela (|u'ils sont
toujours accolés deux à deux et i-estent soudés dans toute leur longueur,
même après s'être détachés de la paroi.
Tous ces poils sont bygrométricjues. Si on les humecte avec Ihaleine, on
les voit s'agiter et se contourner avec une grande vivacité. Il me parait hors
do doute ([ue les mouvements dont sont animés ces filaments chaque fois
que rhumidité de l'air augmente ou diminue, aident puissamment à pro-
SÉAINCK nu 2/1 jiiLi.ET 1857. 809
jeter liois de la capsule les graines au milieu (les(|uelles ils s'éfendent ; eu
d'autres termes, qu'ils jouent un rôle tout à fait eomparahle a celui que l'on
a attribué aux lilanients liy<;ronu'tri(|ues que l'on a observés dans les fruits
des Cryptogames, et que l'on a appelés des élatères (1).
M. LestiboLulois est d'avis que les fruits des Orchidées pourraient
être divisés en deux groupes principaux, d'après ce caractère que
dans les uns les lignes trophospermiques se séparent des valves,
tandis que dans les autres ces lignes ne se séparent pas.
M. Weddell demande à M. Priilieux s'il a constaté quelque rela-
tion entre le mode de déhiscence des fruits et la forme du pollen.
M. Priilieux répond à M. Weddell que ses études sur ce point ne
sont pas assez avancées pour qu'il puisse se prononcer à cet égard.
31. Lestiboudois fait à la Société la communication suivante :
NOTE SUR LES VRILLES DES GENRES VITIS ET C ISSUS ,
par n. Théva. LESTIBOUDOIS.
Dans une note précédente (2), je suis parvenu, je le pense, à déterminer
d'une manière détinitive, par des considérations anatomiques, la nature des
vrilles extra-axillaires des Cucurbitacées, sur laquelle les botanistes avaient
émis les opinions les plus diverses. Je vais essayer aujourd'hui de recher-
cher quel organe représente la vrille oppositifoliée des Vignes et des
Cissus,
A ce sujet nous ne rencontrons plus un grand dissentiment. Les bota-
nistes, d'un avis presque unanime, pensent qu'elle est le prolongement de
l'axe de la tige, qui se trouve arrêté dans son développement et rejeté du
côté opposé à la feuille par l'accroissement prématuré et considérable du
l)ourgeon axillaire.
Ce n'est que dans les derniers temps que M. Priilieux (3) a modifié cette
(1) Depuis que j'ai communiqué ces faits à la Société, j'ai reçu de M. le profes-
seur Reichenbach fils une lettre dans laquelle il m'annonce qu'il a depuis longtemps
observé les « papilles filiformes qui forment des touffes dans les fruits » d'un
assez grand nombre d"Orchidées; il cite en particulier le Pachyphyllum Hart-
ivegii, dont le fruit en contient une très grande (luanlité. Ces observations inédites
remontent à 18/i4. — M. Reichenbach m'annonce, en outre, que M. Béer, de
Vienne, a vu que, dans les fruits mûrs, u les graines sautillent avec élasticité. »
Sans connaître les observations que j'ai faites de mon côté, M. Reichenbach
attribue avec grande raison ces mouvements des graines aux « papilles filiformes n
que contiennent les capsules.
(2) Voyez plus haut, page 7Zi4.
(3) Voyez le Bulletin, t. II f, p. 6^5.
810 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
théorie qui semblait définitivement acceptée par la science. Il croit qu'on
peut expliquer le mode de formation de la vrille de la Vigne d'une manière
plus simple. Seloi lui, la vrille conserve bien le caractère de l'axe de la
tige, car la production foliacée qu'elle porte, au point où elle se bifurque,
est disposée dans le même sens que les feuilles de la tige, tandis que le plan
qui passe par l'insertion des feuilles du i-ameau formé par le premier bour-
geon axillaire, coupe à angle droit le plan des feuilles caulinaires. On doit
donc, selon le judicieux observateur que nous citons, considérer la vrille
comme participant de la nature de l'axe caulinaire ; mais il ne faut pas,
selon lui, supposer qu'elle soit l'axe tout entier, dévié, déformé, atrophié;
on doit admettre qu'il y a eu seulement partition, et que la vrille n'est
(lu'une des branches de la division. La partie qui forme le prolongement
apparent de la tige ne peut, en effet, être considérée elle-même comme un
bourgeon axillaire développé, puisqu'elle a les feuilles placées dans le même
plan que la partie inférieure.
Pour donner à cette question importante une solution incontestable, qui
doit contribuer à la fixation des lois générales de la formation des organes,
examinons d'abord les dispositions extérieures, et recherchons si elles con-
duisent à admettre les propositions qui ont été formulées ; nous demanderons
ensuite aux faits anatomiques la confirmation des indications fournies par
les conformations qu'on peut saisir sans dissection.
Dans les \ ignés et \esCissus, les feuilles sont distiques; elles sont généra-
lement munies d'un bourgeon à leur aisselle ; même on voit souvent dans la
Vigne un double bourgeon: l'un, plus inférieur, se développant plus promp-
tement, a, comme l'a remarqué M.Prillieux, les écailles ou les feuilles dans
un plan qui croise le plan passant par l'insertion des feuilles caulinaires;
l'autre a ses écaille^croisant les précédentes à peu près, et conséqueinmcnt
dans un plan parallèle à celui des feuilles caulinaires.
La vrille oppositifoliée est souvent bifide dans la Vigne, garnie d'une
feuille rudimentaire à la bifurcation; dans le Cissus hederacea, elle est non
dichotome, mais distiqucment divisée, c'est-à-dire ([ue l'axe principal pro-
duit alternativement de chaque côté des divisions simples ; aux divisions se
trouvent des feuilles rudiincnlaires.
Dans la Vigne, un certain nombre de feuilles inférieures, souvent cinq,
sont privées de vrille, et la tige présente fréquemment un renflement au
point opposé à la feuille, puis deux feuilles sont munies de vrille, celle qui
vient ensuite en manque, et ainsi de suite, de sorte que la feuille privée de
vrille setiouve alternativement dans chacuiie des deux langées; mais cette
disposition n'est pas absolument régulière. Elle est plus constante dans le
Cissus hederacea ; mais, dans le Cissus nrientalis, on ne retrouve plus de
feuilles sans vrille dans la partie supérieure des rameaux. L'n fait assez
remariiuub'.e s'observe dans le Cissus hederacea : la feuille placée au-
SÉANCE DU 2^1 JUILLET 1857. 811
dessus de celle qui maiique de vrille est privée de bourgeon. Mais celte parti-
cularité ne se retrouve pas avec constance dans la Vigne et n'existe pas dans
le CissKS cordifulia, etc. ïl faut en conclure (jue toutes ces dispositions
singulières ne sont pas attaciiées à des circonstances organiques londa-
meutales.
Tout le monde sait que le pédoncule de ces plantes occupe la même posi-
tion que la vrille, et que celle-ci porte assez fréquemment des fleurs.
D'après ces faits, on peut déclarer de la manière la plus certaine que cet
organe, dont la situation exceptionnelle a frappé les botanistes, participe de
la nature de la lige. La vrille, en effet, se ramifie, porte des feuilles rudi-
/nentaires a l'origine des divisions, et se charge quelquefois de tleurs. On
pourrait ajouter que, comme la grappe, elle contient un principe acide bien
plus développé que dans les jeunes pousses. Mais il faut savoir si elle est
l'axe lui-même qui a subi une déviation et s'est arrêté dans son développe-
ment par l'accroissement rapide du bourgeon axillaire, si elle est seulement
produite par une partition de l'axe, ou si elle est formée par un bourgeon
occupant une position inconnue jusqu'à présent dans l'ordre normal. Dans le
cas où l'axe aurait été arrêté et rejeté latéralement par le bourgeon axillaire
fort développé, on ne rencontrerait plus de bourgeon dans l'aisselle de la
feuille; on en rencontre, au contraire, deux dans chaque aisselle, le plus or-
dinairement. Au moins devrait-on en rencontrer davantage dans l'aisselle
de la feuille privée de vrille, il n'en est absolument rien. Que la feuille soit
privée ou pourvue de vrille, la conformation des bourgeons et du prolon-
gement de la tige est identiquement la même. Il est donc bien difficile,
d'après l'aspect extérieur des organes, d'admettre que la vrille soit le pro-
longement de l'axe.
L'idée ingénieuse émise par M. Prillieux sera considérée comme plus
plausible au premier aspect. Il annonce que le plan qui passe par les inser-
tions des feuilles du premier rameau axillaire, est perpendiculaire à celui
des feuilles de la tige, tandis que, selon lui, le plan des feuilles rudimen-
taires des vrilles est le même que celui des feuilles de la tige. Il en conclut
que cet appendice participe bien de la nature de l'axe, mais qu'il est le
résultat de sa partition; qu'il n'est pas l'axe tout entier, comme l'admet la
presque universalité des botanistes, car alors la tige apparente ne serait
qu'Un bourgeon, et, s'il en était ainsi, le plan de ses feuilles devrait être
contraire a celui des feuilles de la vrille formant le prolongement de la tige,
et a celui des feuilles inférieures.
Cette conclusion semble logique; mais le fait sur lequel elle repose est
contestable: d'abord, on doit dire qu'il est diflicile de voir ([uels sont les
points cori'espondants dans des organes si contournes; cu->ui;c, si fou arrive
a faire disparaître les difficultés en observant ces organes très jeunes, munis
alors de côtes très visibles, voici ce qu'on observe : la nervure médiane de
812 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
la feuille rudimeiUaire ne correspond pas à la côte qui occupe le milieu
parmi celles qui se rendent à la vrille, ce qui devrait être si cette feuille
était véritablement dans le même plan que les feuilles de la tige. Elle cor-
respond à l'une des côtes externes de ce groupe. Cette feuille n'est donc pas
placée en face de l'axe caulinaire; elle lui présente le côté; elle coupe donc
à angle droit le plan des feuilles caulinaires ; elle a donc une position ana-
logue à celle des feuilles du rameau axillaire; elle semble donc, au premier
aspect, un rameau tout a fait analogue.
Ce fait tendrait donc à prouver tout à la fois que la tige principale est le
prolongement réel de l'axe, qu'elle n'est pas un rameau axillaire, et que
la vrille est un véritable rameau, car les feuilles de la vrille, comme celles
du premier rameau axillaire, sont en sens inverse de celles de la tige prin-
cipale, placée entre la vrille et le rameau axillaire.
Mais il ne faut pas se contenter de ce simple aperçu, qui peut trop faci-
lement donner place à l'erreur : pour déterminer la nature vraie de cet
organe, dont la situation est si anormale, il faut recourir à la méthode que
j'ai employée pour reconnaître le caractère primordial de la vrille des Cu-
curbitacées. Je vais donc étudier la constitution anatomiquede cet organe.
J'examine d'abord le Cissus hederacea. Dans celte plante, le nombre des
faisceaux qui composent le cercle vasculaire de la tige s'élève ordinaire-
ment à vingt-deux. Ces faisceaux peuvent être considérés comme formant
deux groupes séparés par les deux rangées des feuilles distiques et des
vrilles. Chacun de ces groupes comprend deux faisceaux destinés à la pre-
mière feuille, qui en reçoit ainsi quatre, deux de chaque côté, et qui manque
ainsi, chose remarquable, de faisceau médian.
Dans chaque groupe, deux autres faisceaux sont destinés à la deuxième
feuille ; l'un de ces faisceaux est placé entre les deux laisceaux de la feuille
inférieure, l'autre entre le faisceau le plus éloigné de cette feuille et la ligne
séparative des deux groupes. Il y a donc ainsi huit faisceaux foliaires.
Cinq faisceaux réparateurs, destinés à reconstituer les faisceaux foliaires
épanouis, accompagnent de chaque côté les faisceaux foliaires et alternent
avec eux. On a ainsi dix faisceaux réparateurs, qui, joints aux précédents,
font un cercle de dix -huit faisceaux. A ce nombre il faut ajouter des faisceaux
situés dans les lignes séparatives, et dont nous indiquerons plus loin la
destination. On obtient ainsi le nombre de vingt-deux faisceaux, le plus
ordinaiiemcnt. Il faut noter cependant que l'arrangement que nous avons
décrit n'est pas absolument constant. Les faisceaux foliaires sont quelque-
fois au nombre de trois de chaquecôté, et le nombre des faisceaux du cercle
caulinaire est accru d'une manière corrélative. Il arrive même que le nom-
bre des faisceaux n'est augmenté que d'un seul côté, de sorte que la feuille a
trois faisceaux d'un côté et deux de l'autre, en tout cinq. Il semblerait des
lors que la composition de la feuille rentrât dans la symétrie normale des
SKAISCIÎ DU 2/l JUILLET 1857. 813
feuilles qui ont un faisceau médian ; il n'en est rien pourtant dans les cas
ordinaires. La feuille, même pourvue de cinq faisceaux, reste dans la café-
<>orie de celles (|ui n'ont pas de faisceau médian. \.e faisceau médian, en
effet, esl celui au-dessus duquel se trouve le bourgeon axillaire, qui répar-
tit dès lors ses libres des deux côtés de ce faisceau, les place dans deux
intervalles faseicuhiiresdistincts, et les unit aux deux faisceaux primordiaux
{jui accompagnent et reconstituent le faisceau médian. Or, dans le CissuSy
le plus ordinairement aucun faisceau ne se trouve placé directement sous la
base du bourgeon axillaire, et celui-ci a ses libres dans un seul intervalle,
celui qui représente l'une des lignes séparatives du cercle vasculaire. Le
faisceau impair resie donc latéral et ne peut véritablement être un faisceau
médian.
On doit dire cependant que cette disposition ne se rencontre pas toujours ;
il n'est pas trop rare de voir les libres du bourgeon prendre naissance des
deux côtés d'un faisceau foliaire et lui donner ainsi le caractère qui dis-
tingue le faisceau qui occupe la ligne médiane de l'expansion foliaire.
Quoiqu'il en soit, les pétioles ne manquent pas de nervure médiane. Les
faisceaux qui leur viennent de chaque côté s'anastomosent à leur base, et
de leur union sortent une fibre pétiolaire médiane, puis deux latérales
assez fortes, séparées de la médiane par des fibres plus petites, enfin deux
supérieures, volumineuses, élargies transversalement, séparées des latérales
par une fibre fine, et ayant au-dessous d'elles une fibre fine qui suit comme
elles le côté supérieur du pétiole ; quelquefois même une fibre fine existe
sur la ligne médiane supérieure.
La fibre médiane inféiieure correspond à la foliole moyenne, les grosses
libres latérales correspondent à l'intervalle des folioles latérales ; à l'extré-
mité du pétiole les fibres s'anastomosent et fournissent aux pétioles des fo-
lioles des fibres semblables, par leur nombre et leur arrangement, à celles
qu'on remarque dans le pétiole commun. Il y a cela de particulier que les
libres supérieures du pétiole, non-seulement concourent à former les fibres
des folioles externes, mais s'unissent pour former, au sommet du pétiole, un
cercle irrégulier, d'où partent des fibrilles qui vont s'unir aux fibres des
cinq folioles, et former surtout leurs fibres supérieures : de sorte que les
fibres supérieures qui, en réalité, étaient les plus extérieures, s'unissent aux
fibres médianes, et que, par conséquent, les fibres foliaires ne forment plus
une simple expansion, mais se réunissent en cône ou en cercle.
L'organisation fort caractéristique que nous venons de décrire, se re-
trouve absolument la même dans la Vigne: elle est même plus visible parce
que les parties sont plus grandes. Le nombre des faisceaux de la Vigne
s'élève plus régulièrement à trois de chaque côté ; le nombre peut être
même plus considérable encore, probablement en raison de l'exubérance de
végétation qu'acquiert cette plante par la culture. Aussi son cercle vascu-
81 /j SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
laiie pi'éscnfe-t-il ordiiiairement un nombre de faisceaux qui s'élève à 32
ou 3/i.
^'ous voyons donc, dans ces plantes, le cercle vasculaire de la tige formé
des faisceaux foliaires de deux feuilles distiques, séparés par les faisceaux
réparateurs; les faisceaux de chacune de ces feuilles alternent, se présen-
tent au nombre de deux ou de trois pour chaque côté des feuilles, et ne
constituent pas de faisceaux médians dans les cas les plus ordinaiies; les
bourgeons se forment dans les lignes qui séparent les fibres appartenant à
chacun des côtés des feuilles 5 les fibres de ces bourgeons sont sonventau
nombre de quatre ou cinq, mais se soudent souvent en deux faisceaux prin-
cipaux, qui restent généralement libres enire les faisceaux réparateurs voi-
sins jusqu'au point où ils contournent la base de la vrille ou le bourgeon
de la feuille inférieure. Ce sont ces fibres qui concourent à augmenter le
nombre des faisceaux du cercle vasculaire formé par les faisceaux foliaires
et réparateurs.
Maintenant il nous reste à examiner comment se forment les vrilles.
Si la vrille est la continuation de l'axe, elle doit être formée par l'en-
semble des faisceaux qui se prolongent au delà du point d'expansion de la
feuille, et si la partie (jui porte les feuilles supérieures est produite par le dé-
veloppement du bourgeon axil lai re, elle doit être constituée par les fibres nais-
sant entre les faisceaux réparateurs qui circonscrivent l'aisselle de la feuille.
C'est ainsi que les choses se passent toujours-, ce sont là les conditions or-
ganiques rigoureuses qui déterminent la nature du rameau axillaire. Eh
bien ! la continuation apparente de la tige ne tire pas son origine de l'ais-
selle; elle est formée par le prolongement même du cercle vasculaire tout
entier; elle est constituée par l'allongement des faisceaux primordiaux qui
existent dans le premier mérithalle, par l'allongement des faisceaux de la
deuxième feuille qui existaient de même dans le cercle vasculaire de ce
mérithalle, enfin par les faisceaux reconstitués pour former la troisième
feuille, en se plaçant au-dessus des fibres épanouies de la première; elle
reçoit ainsi tous les faisceaux du cercle caulinaire, seule elle est donc le
vrai prolongement de la tige, dont les éléments sont tout à fait distincts de
ceux de la production axillaire.
La vrille, au contraire, ne reçoit en aucune façon l'ensemble des fais-
ceaux qui constituent ce cercle vasculaire; le mode de formation de la vrille
est tout différent : ce n'est plus par le cercle vasculaire entier qu'elle est
constituée; elle est formée, comme les véritables bourgeons, entre deux
faisceaux réparateurs ; elle nait, à l'opposite de la feuille et du bourgeon
axillaire, dans la ligne séparative des deux groupes de faisceaux qui com-
posent le cercle vasculaire, comme les bourgeons de la feuille inférieure et
de la supérieure, dans les mêmes conditions que ces derniers. Ses fibres, au
nombre de U ou f), quelquefois réunies en 2 faisceaux, restent libres entre
SÉANCR nu 2A JLILLET 1857. 815
les 2 faisceaux léparateuis, et s'unissent à ceux-ci au point où ils contour-
nent le boui'f^'eon inférieur. Klles augmentent ainsi le nombre des faisceaux du
cercle vasculaire comme ceux des bourgeons. Au point où nait la vrille, ces
libres se ramilient et s'anastomosent pour constituer le cercle \asculaire do
cet organe, comme les libres des bourgeons constituent le cercle de nouveaux
rameaux. Au-dessus de la vrille se produisent les libres du bourgeon de la
feuille supérieure, qui naissent des faisceaux réparateurs qui la circonscri-
vent, comme ceux de la vrille sont nés de ces faisceaux au-dessus du
bourgeon inférieur, qu'ils circonscrivent aussi. Il y a identité parfaite dans
la formation de ces organes, à ce point que, lorsque l'écorce du tissu est
enlevée, ainsi que les rameaux axillaireset les vrilles, et qu'il ne reste que
la base de ces organes, il est diflicile de décider quelle est celle qui appar-
tient à la vrille, quelle est celle qui appartient au bourgeon axillaire; on ne
peut les distinguer que parce que les faisceaux foliaires se rapprochent du
bourgeon et s'éloignent de la vrille oppositifoliée.
Il arrive que, dans la Vigne, l'axe caulinairese partage ; dans ce cas, les
faisceaux se partagent eu deux groupes. Ils se divisent et se multiplient,
probablement à cause de la vigueur de la végétation, et constituent deux
cercles vasculaires distincts. Je pi'oduis un exemple de cette division :
on y peut voir qu'aucun des deux cercles n'est destiné 'n former la vrille!
Celle-ci appartient à l'une des deux branches de la partition, mais n'est pas
constituée par l'ensemble des fibres qui la composent. Si donc il n'est pas
possible de considérer la vrille comme l'axe véritable arrête dans son dé-
veloppement, on ne peut admettre davantage qu'elle soit produite par une
portion de l'axe caulinaire se séparant accideiitellement; moins encore on
peut dire qu'elle est le résultat d'une partition constante.
Les faits précédemment exposés nous autorisent donc à dire que la
vrille des Vignes n'est ni le prolongement de l'axe caulinaire , ni le
résultat de la partition de ce dernier. Elle est produite, comme les bour-
geons, par des libres nées dans la ligne séparât! ve des deux groupes de
faisceaux qui composent le cercle d'une tige à feuilles disti(|ues, souvent
privées de faisceaux médians. C'est un bourgeon véritable, naissant, non
plus dans l'aiselle d'une feuille, mais à l'opposite, et naissant privé d'écaillés.
On ne peut le considérer comme un bourgeon adventif, car sa présence est
trop constante et son lieu d'origine trop caractéristique, puisque les vrilles
naissent toujours dans les deux rangées des feuilles et des bourgeons axil-
laires, et à l'opposite d'une feuille.
Voilà donc un ordre normal qui n'avait point été aperçu, et qui nous
apparaît dans la famille des Vignes. Cet ordre dérive-t-il des ordres connus?
la vrille, par exemple, est-elle le bourgeon d'une feuille opposée qui est
avortée? Mais il n'y a pas trace de cette feuille, et d'ailleurs l'ordre naturel
des feuilles opposées est d'être décussées : ici, elles seraient distiques. I.a
8i(î SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
vrille pourrait-elle être regardée comme formée par les éléments du fais-
ceau médian delà feuille inférieure, qui ne s'épanouiraient pas, contourne-
raient le bourgeon axillaire, et feraient éruption au nœud de la feuille supé-
rieure, à l'opposite de celle-ci? Mais certaines feuilles ont un faisceau
médian, et, d'ailleurs, il n'y a pas d'exemple d'un faisceau foliaire médian
subissant une pareille déviation, suivant un tel trajet, et formant un tel or-
gane. 11 serait plus plausible de penser que la vrille est un deuxième bour-
geon axillaire, superposé au bourgeon ordinaire comme dans V Aristolochia
Sipho, mais considérablement élevé au-dessus de lui, et ne faisant érup-
tion que vis-à-vis de la feuille supérieure. Cette opinion recevrait quelque
appui de ce fait que, dans la Vigne, la feuille qui se trouve sous la vrille
manque souvent de bourgeon, comme si la vrille avait totalement emporté
la production axillaire. D'autres faits viendraient encore rendre plausible
cette manière d'expliquer une disposition insolite: ainsi plusieurs plantes
ont les bourgeons placés au-dessus de l'aisselle, tels sont les Marsilea, Pilu-
laria, etc.; dans les Equisetum,\h sont élevés jusqu'au verticille supérieur,
comme dans la Vigne. Mais je ne veux pas insister sur cette manière de
considérer l'appendice cirri forme des Vignes; dans l'état actuel de la science,
ce serait peut-être piéraaturé et peut-être m'accuserait-on d'entrer dans le
ebamp des hypothèses. Je veux me contenter de constater la coïncidence
des faits et de retracer rigoureusement les dispositions anatomiques et
l'ordre singulier qui en dérive. Cet ordre, je le résume en peu de mots ; Dans
les Vignes et les Cissus, les tiges et les branches ont un axe qui se continue
et qui n'est point arrêté et dévié à chaque nœud ; elles ont des feuilles al-
ternes, distiques, habituellement privées de faisceau médian; les bourgeons
naissent entre les faisceaux réparateurs qui circonscrivent l'aisselle des
feuilles et gardent leurs fibres libres jusqu'à la production inférieure. A
l'opposite des feuilles, dans les intervalles affectés aux bourgeons, naissent
de la même manière les vrilles, qui gardent aussi leurs libres libres jus(|u'au
bourgeon qui est au-dessous. Ainsi, à chaque nœud, on trouve un bourgeon
axillaire et un autre oppositifolie ; l'un ou l'autre cependant peut ne pas se
développer.
M. le Président déclare close la session ordinaire de 1856-57. La
Société se réunira de nouveau le 13 novembre prochain.
Conformément au paragraphe 2 de l'article Al du règlement, le
procès-verbal ci-dessus a été soumis, le 11 septembre, au Conseil
d'administration, (jui en a approuvé la rédaction.
REYUE BIBLIOGIUPHIOÏÏR.
PHYSIOLOGIE VEGETALE.
llcitrae;;-c xiir Kciiiitnis» dcr I*li>lloBiioi>pli(»sc. Erates Heft .
Ueber das gleiche oder verschiedene Verhaltcn von JUiUlslicl iind Spreite
im Gange dcr Phi/llomnrphose [Documents relatifs à la morphose des
feuilles. Premier mémoire : Sur la manière ou semblable ou dissemblable,
d'après laquelle se comportent le pétiole et le limbe dans le cours de la
métamorphose des feuilles); par M. G,-\V. Julius Rossmann. l'rocli.
\ï\-k de 60 pages et 3 pi. litbogr. Giessen, 1857; chez .1. Uicker.
L'auteur présente d'abord un bistorique duquel il résulte que, jusqu'à
ce jour, on n'a fait presque aucune observation sur les cbangemenfs de
forme que peuvent subir les feuilles d'une même pKmte dans le cours de
son évolution, depuis la germination jusqu'au développement des fleurs.
Or c'est précisément là le sujet de son mémoire. Il rapporte les h cas dis-
tingués à ce sujet par M. Scbleiden. Il expose ensuite la mélbode ([u'il a
suivie lui-même pour ses recherches, laquelle consiste à noter et à com-
parer entre elles toutes les configurations diverses que peuvent présenter
successivement les feuilles d'une même plante. Kn réunissant ainsi un
grand nombre d'exemples, on arrive bientôt à reconnaître que le limbe et
le pétiole ne se comportent pas toujours de la même manière, et que cha-
cune de ces deux parties doit être étudiée séparément. On peut des lors
distinguer 3 cas : ou le limbe subit seul des modifications importantes dans
sa configuration, le pétiole variant uniquement de longueur; ou c'est le
pétiole qui modifie sa forme essentiellement et régulièrement en même
temps que le limbe et plus tard indépendamment de celui-ci ; ou enfin ces
deux parties semblent suivre deux marches parallèles. De là M. lîossmann
divise son mémoire en 3 paragraphes qui correspondent à ces 3 cas et qui
poitent pour titres les 3 dénominations par lesquelles il désigne ces 3 mo-
difications dans la marche des faits, savoir: Pbyllomor[)hose laminniie
(p. 11-15), Phyllomorphose pétiolaire (p. 15-^7), Pbyllomorphose éga.'c
(p. hl-bU). Il déduit ensuite de l'ensemble de son travail les conclusions
suivantes :
1. Le pétiole et le limbe se comportent, dans le cours de la phyllonior-
phose, en généra! d'une manière dissemblable, rarement de la même ma-
nière. — 2. Le cas le plus fréquent est celui dans lc(|ut'l le pétiole ne mo-
difie pas sa forme de manière essentielle et ne présente que des changements
T. »v. 5'
yl8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRAISCE.
de dimensions, principalement de longiieiw. Souvent il reste à la fin une
production (lu'on ne peut regarder ({ue comme un limbe. — 3. Assez sou-
vent aussi le pétiole subit de grands cbangenients de forme. Alors il resie
linalement une production qui ne correspond qu'au pétiole. — k. Le cas le
plus rare est celui dans lequel le pétiole et le limbe subissent simultané-
ment des modifications analogues, et de là provient une feuille simple en
apparence, à la formation de laquelle ces deux parties ont concouru égale-
ment. — 5. Dans l'étendue d'un seul et même axe il peut se présenter des
raodilications différentes. — 6. Aucune formation foliaire n'offre exclusi-
vement une des modifications dont il vient d'être ({uestion; mais il est
vraisemblable (jue toutes ices TTiodifications se présentent dans cbaque
formation.
A la fin de son mémoire, M. Rossmann indique les questions qu'il lui
semble nécessaire de résoudre pour arriver à connaitre à fond la phyllo-
morpbose. Il donne enfin la table des noms des plantes citées par lui et
l'explication des 66 fmures que comprennent les 3 planches de son mémoire.
l'rodiiefiuii <Ie la rliloropliyllc et direction des tiges,
sous l^isifltieuce des rayons ultra-violets, ealoriOqiies
et lumineux «lu spectre solaire; par M. C.-M. Guillemin
[Autiales des sciences naturelles, W série, VII, 1857, p. 15^-172).
M. Guillemin avait déjà publié sur ce sujet, dans les Comptes rendus àe
l'Académie des sciences (XLV, séance du 13 juillet 1857), une note peu
étendue dont le Bulletin a donné une courte analyse (voy. Bulletin de la
Soc. bot. de France, IV, p. M3); mais ce n'était là qu'un premier et ra-
pide aperçu des principaux résultats fournis par des expériences qui appe-
laient encore un complément. Le mémoire récemment publié, dont nous
venons de reproduire le titre, a pour base la série entière des observations
de l'auteur; il est d'ailleurs beaucoup plus développé et plus complet; nous
croyons donc devoir en présenter une analyse qui ne pourra faire double
emploi avec le coui't article déjà inséré au Bulletin.
M. Guillemin rappelle d'abord les travaux des observateurs qui ont
cbercbé à reconnaître l'infiuence exercée sur les végétaux par les différents
éléments réunis dans la lumière blanche. 11 cite les recherches de l'abbé
Tessier, de Séaebier, de Poggioli, de M. Payer, du docteur Gardner, de
M. Draper et de Dutrochet. Il étudie ensuite séparément, en deux para-
graphes distincts : 1° la production de la chlorophylle sous l'infiuence des
rayons ultra-violets et calorifiques; 2° l'action des rayons ultra-violets et
calorifiques dans le phénomène de la tendance des tiges vers les rayons
solaires. La conclusion générale, déluile par lui de l'enseinhle du premier
paragraphe, est i|u;' la m, tière \e.!e des plantes se forme principalement
REVUE BllîLIOfiRAPIlIQLE. 819
SOUS l'aclion de la partie colorée du spectre; mais que les rayons qui n'iiii-
pressioiineut pas la rétine peuvent aussi, pour une part moindre, con-
courir à son (léveloppenu'ut.
Le second par;igraplie du mémoire de IM. Guillemin en forme la majeure
partie. Col habile physicien avait vu les liges s'inlléehir plus fortemonl
dans les rayons ultra-violets que dans tous les autres rayons colorés ou
caloriliques. I.a nouveauté de ce l'ait l'a déterminé à en l'aire l'objet de
nouvelles expériences pour lesquelles il s'est entouré de nombreuses pré-
cautions qu'il indique et dans lesquelles il s'est servi d'appareils qu'il fait
connaître, au.\(|uols il a adapté successivement des prismes de sel gemme,
de quartz, de tliiit et de flint pesant. La conclusion définitive qu'il déduit
de toutes ses expériences est que les rayons ullra-violets, compris enti-e les
raies H et I, sont de tous les plus actifs. — Les observateurs qui s'étaient
occupés du même sujet avaient obtenu des résultats différents ou même
contraires, Dutrochet attribuait le maximum d'action aux rayons violets ;
mais il avait été conduit à cette manière de voir par ses procédés d'expé-
rimentation. Gardner regardait les rayons indigo comme possédaiit le
maximum d'action ^ mais ses expériences paraissent avoir été faites pour
la plupart sans écrans qu'il est cependant nécessaire d'employer et même
de multiplier. Quant à M. Payer, il pose en principe que le rayon bleu est
le plus énergique; il refuse toute action aux rayons chimiques, aux rayons
rouges, orangés, jaunes, verts, et il nie l'influence des écrans placés entre
les plantes et la lumière. « Il résulte, au contraire, dit M. Guillemin, des
expériences que je viens d'exposer, que les rayons bleus sont moins éner-
giques que tous les rayons colorés, chimiques ou calorifiques du spectre,
pourvu qu'on limite l'étendue de ces derniers à une petite distance du maxi-
mum de chaleur; que les rayons chimiques plus réfrangibles que le violet
sont les plus actifs de tous; que les rayons calorifiques rouges et m.ême
orangés viennent en seconde ligne pour l'énergie; enfin que les propriétés
optiques et le nombre des milieux transparents, ou des écrans placés entre
les plantes et les rayons, ont une influence capitale sur la nature des
résultats. En variant les expériences de toutes les manières, je n'ai pas pu
saisir la cause de la différence qui sépare mes résultats de ceux que
M. Payer a obtenus. <>
En dernière analyse, M. Guillemin déduit de ses expériences des conclu
sions formulées en 12 alinéas que nous reproduirons en majeure partie.
\° Les jeunes plantes étiolées se courbent sous l'influence de tous les
rayons du spectre solaire; les rayons calorifiques les moins réfrangibles,
ou les rayons de basse température, paraissent seuls faire exception. — •
2" Les rayons calorifiques moins réfrangibles que le rouge et les rayons
chimiques plus réfrangibles que le violet présentent 2 maxima d'action pour
la fle.xion des tiges végétales ; les rayons colores intermédiaires détermi-
820 SOCIÉTÉ nOTANIQL'R DE FRANCK.
nont, avi contraire, plus ;ictivenient (|ue les précédents, la formation de la
ehloiophyile. • — 3° La flexion latérale s'étend nu delà di! rouge el du violet
extrêmes; elle a pour centre les rayons indigo; elle se produit souvent
malgré la présence des écrans qui séparent les différents rayons colorés. —
W La production de la matière verte est à son maximum dans le jaune;
elle diminue lentement en allant vers le violet, dépasse cette limite et
devient nulle dans les derniers rayons fluorescents. — 5° Du côté du rouge,
l'aptitude des divers rayons à déterminer la formation de la chlorophylle
décroit plus rapidement. — 6° Les i-ayons bleus, verts, jaunes, orangés et
rouges font verdir plus rapidement les feuilles étiolées que les rayons
solaires directs; l'action du jaune est presque égale à celle de la lumière
diffuse atmosphérique. — 7" Les rayons polarisés paraissent agir, à l'inten-
sité près, comme les rayons naturels.
UcIjcp PartlienogeMc.çîs lieî Pflanzcu {Sur la Parthénogenèse
dans les plantes) ; par INI. Al. Braun. {Abhandlungen^ etc., Mémoires de
la classe plnjsiq. de l'Acad. roy. des sciences de Berlin, pour 1856,
pp. oH-37(i, avec une planche lithog. Tirage à part en broch. \\-\-l\° de
65 pag.; Berlin, 1857.)
Le grand Mémoire de M. AI. Braun est divisé en trois parties : la pre-
mière a pour objet la production de bonnes graines sans fécondation préa-
lable ou la Parthénogenèse, comme on l'a nommée, dans les Phanérogames,
et plus particulièrement dans le Cœlebogyne ; la deuxième est relative aux
faits analogues que présente le Chara crinita ; la troisième est consacrée à
des considérations très développées sur l'analogie qui existe entre les modes
de reproduction tels qu'ils ont lieu dans les divers embranchements du
règne végétal, sur l'explication qu'on pourrait donner de la paithénogé-
uèse, etc. Il serait au moins difficile de résumer cette dernière partie aussi
succinctement que nous serions obligé de le faire, sans lui enlever à peu près
tout son intérêt; nous la laisserons donc à legret de côté ; mais nous pour-
rons resserrer dans un cadre étroit l'indioation rapide des faits exposés dans
les deux premières.
L M. Al. Braun donne d'abord un aperçu historique des principaux tra-
vaux modernes sur la fécondation dans les plantes. Il dit qu'après la décou-
verte en 1823, par M. Amici, du tube poUinique, des observations très
nombreuses ont établi comme un fait général la reproduction des végétaux
due au concours de deux sexes caractérisés l'un et l'autre par le rôle qu'ils
jouent dans ce grand phénomène. Il rappelle que la théorie proposée en
1837 par M. Schleiden, selon laquelle ce sçrait l'extrémité du tube poUini-
que lui-même qui deviendrait l'embi-yon, est aujourd'hui abandonnée par
tout le monde, même par son auteur. Il ajoute que cependant la doctrine
universellement admise sur les sexes et sur la fécondation est contredite par
KEVl'K BIBLIOMt.U'illOlK. 821
It'S observations de parthénogenèse, et il piisentc le. tableau détaillé des
plantes soit dioiques, soit monoïques, dans lesquelles divers auteurs ont cru
eonstater une production de graines embryonées sans fécondation préalable.
Voici quelles sont ces plantes : A. Dioiques : Cannabis sotiva ; Spinacia
oleracea ; Lyclmis dioica; Mercurialis nnnua ; Bryonia dioica ; Pistacia
narbonemis et autres. B. Monoïques : Cucurbita Mclopepo, Cùrullus, etc. ;
Urtica pilulifcra; Ficus Carica. — On peut faire des ol)jections à ces ob-
servations, mais non à celles qui ont pour sujet le Cwlebogyne ; car, celui-
ci est une espèce exotique, dioïque, dont il n'existe pas de pieds mâles dans
les jardins où il produit cependant de bonnes graines susceptiblesde germer.
Aussi l'auteur porte-t-il sur ce végétal toute son attention.
Cet arbuste ayant été envoyé vivant à Kew, en 1829, par Allan Cunnin-
gham, donna bientôt des fleurs qui le firent reconnaître pour une Euphor-
biacée. J, Smith, qui l'avait d'abord nommé Sapium ilicifoiium, établit en-
suite pour lui le genre Cœlebogyne et en fit son C. ilicifolia. Ce botaniste
reconnut qu'en l'absence de tout organe mâle, ce singulier végétal donnait
des graines susceptibles de germer, et dont on ne pouvait expliquer la
production par l'action du pollen d'une autre Euphorbiacée. Ces observa-
tions de J. Smith ont été confirmées par celles qu'on a faites après lui, à
Kew, pendant vingt-sept ans. — D'un autre côté, au Jardin botanique de
Berlin, on observe avec une attention soutenue, depuis vingt ans, trois pieds
de Cœlebogyne, et M. Al. Braun, en particulier, a poussé les précautions à
cet égard jusqu'à en mettre un pied dans son cabinet, afin de pouvoir le
suivre presque sans interruption dans les phénomènes qu'il présente.
Jamais cet habile et patient observateur, ni ses devanciers, n'ont pu y
voir autre chose que des fieurs exclusivement femelles; cependant, de
même qu'à Kew, la plante a produit fré(|uemment de bonnes graines des-
quelles sont provenus déjeunes pieds en grand nombre qui ont été donnés
à différents jardins.
Il semble donc parfaitement établi que le Cœlebogyne produit dai]s les
jardins de bonnes graines sans fécondation; mais, cette connaissance acquise,
ou est conduit naturellement à se poser diverses questions que M. Al.
Braun examine successivement.
1" Ne peut-on admettre ici une fécondation sans pollen, due, par exemple,
aux glandes calycinales, con>me Smith l'insinuait ? M. Al. Braun ne croit
pas qu'il puisse y avoir la moindre incertitude quant a la réponse négative
a cette question. Il a, du reste, étudié avec soin la structure de ces glandes,
et il n'y a rien vu qui puisse ressembler de près ou de loin a du pollen.
2° Comment se forme l'embryon du Cœlebogyne ? Pour répondre à cette
question, l'auteur rapporte les résultats d'observations très attentives qui
ont été faites à sa demande, par M. Deecke. L'ovule de cette plante est pen-
dant, anatrope, à deux téguments, d'abord égaux en épaisseur, dont l'in-
822 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
terne devient ensuite le plus épais des deux. Dans son nueelle se trouve uu
sac enibryonaire étroit et allongé, dans le haut du(|uel se forment deux vé-
sicules embryon a ires ovoïdes. Bientôt on voit une de ces vésicules se
diviser en deux cellules superposées, dont la supérieure formera un très
court suspenseur, unicellulé, dont l'inférieure se divise et subdivise peu
à peu en nombi'euses cellules, de manière à devenir un globule embryo-
naire, qui se développe ensuite en embryon à deux cotylédons bien formés.
Tout ce développement, parfaitement analogue à celui de l'embryon des
Phanérogames angiospermes en général, a lieu sans qu'on découvre dans
l'ovule le moindre indice de tube pollinique. — M. Al. Braun ajoute que
les observations faites à Kew, par M. Radikofer, établissent tout aussi bien
que celles de M. Deecke, la naissance de l'embryon du Cœlebogijne dans wn
ovule normal, sans intervention de pollen, par conséquent la parthénogenèse
de cette plante. La longue durée du stigmate de cette même espèce indique
à l'extérieur l'absence de fécondation, comme J. Smith l'avait très bien vu
le premier.
3° Le Cœlebogyne n'aurait-il qu'un seul sexe ? La réponse à cette ques-
tion est facile puisque l'herbier de sir W. Hooker renferme le pied mâle de
cette plante. Des fragments détachés de cet échantillon mâle permettent à
M. AI. Braun de donner du Cœlebogyne mâle et femelle une description
complète, dont nous résumerons les traits principaux.
Les feuilles sont en spirale d'après la formule 3/8. L'inflorescence mâle
est composée ; elle consiste en 15 ou 20 sortes de petits épis placés isolément
ou par 2 sur un axe long d'environ 8 centimètres. Dans chaque petit épi,
on voit une bractée avec sa fleur axillaire, sous laquelle sont 2 bractées
ayant chacune une fleur de deuxième ordre à son aisselle ; enfin, sous cha-
cune de celles-ci se trouvent 2 bractéolules dont l'externe abrite à son ais-
selle une fleur tertiaire. Tl y a donc là un dichasium, (fui, au 2* degré de la
ramification, devient un monochasium. Chaque fleur a 8 étamines, quelque-
fois 6. Celles-ci ont un lilct très court : leur anthère ovale, obtuse, a ses
2 moitiés arquées, se louchant aux deux bouts et un pou séparées par le
connectif dans leur portion interm.édiairc. Le pollen est bien conformé, glo-
buleux ou arrondi-triangulaire, à 3 pores fort peu apparents ; au total, il
ressemble beaucoup à celui du Mercurialis annua pour la grosseur et la
forme.
Quant à l'inflorescence et aux fleurs femelles, elles étaient connues ; d'ail-
ieurs leurs caractères principaux sont présentés dans la caractéristique du
genre, que nous reproduirons. — Le fruit ressemble à celui d'une Fluphorbe;
il a 7-8 mm. en tous sens. Les graines, solitaires dans leur loge, offrent 3 té-
guments dont l'externe est mince et provient de la priniine, tandis que le
médian est dû îi la couche externe de la sccondine. L'interne est le plus
épais dos trois. L'albumen osi blanc, charnu-huileux, à petites collulcs.
RRvuii lîiiu.iocHAPiiiorii, 823
L'embryon est assez petit; ses deux cotylédons dirigent leur face vers le raphé.
Au total, le genre Cceleùûg>/ne est un bon genre d'Euphorl)iacées, de la
tribu des Ilippomanées, que M. Al. Braun caractérise de la manière suivante ;
C.iauBOGVNK .T. Smitb, f.inn. Trans., XVIII (IS.'il), p. 509, t. 36.
Planta dioica. Inllorescentia mascula composita e spicis anientiforniibus.
Bracleee imbricata3, glonierulos paucifloros occultantes. Flores masculi scs-
siles. Calyx depresso-globosus, subquadratus, deinum apertus, Midus.
Stamina 8, lllamentis libcris, antberis oblongisbilocularibus extrorsis. Spi-
cœfemineaipaucifloraîcum flore terminali. Flores feminei inaxillis bractea-
rum solitarii, sessiles, bibracteolati. Calyx 5-partitus (rarius Zi-partitus),
erectus, basi cxtus glandulis globoso-disciformibus 1-5 munilus. Ovarium
triloculare, loculisl-ovulatis. Stigma magnum, carnosum,profunde3-lobuni
lobis expansis intcgris subcmarginatis. Capsula tricocca, elastice dehiscens,
coccis bivalvibus 1-spermis; senien ecaruuculatum.
Frutcx humilis, aridus, non lactescens, ramis divaricatis, foliis duris,
sempervirentibus, Ilicis more spinoso-dentatis.
Species unica : C. ilicifolia J. Smith, e Nova Hollandia occidentali.
II. Après avoir prouvé que la parthénogenèse a lieu dans certaines Pha-
nérogames, M. Al. Braun montre par l'exemple du Chara crinata qu'il peut
y avoir quelque chose d'analogue dans les Cryptogames.
II est reconnu aujourd'hui ([ue les Characées possèdent des organes re-
producteurs des deux sexes, sporanges et anthéridies ; que les unes 5;ont
monoïques tandis que d'autres sont dioïques. Pour les espèces dioiques, les
pieds mâleset femelles se trouvent d'ordinaire non loin les uns des autres.
On n'avait d'abord trouvé (jue desindividus mâles des Chara ceratophylla et
stelligera-^ mais plus tard on a trouvé des femelles mêlés aux mâles dans
certaines localités. Le Chara criaita fait seul exception à cette loi générale
de distribution des Characées dioiques.
M. Al. Braun expose en détail l'histoire botanique de cette espèce; il en
indique la distribution géographique, en la suivant dans toutes les localités
dans lesquelles elle a été indiquée jusqu'à ce jour. — Elle est habituelle-
ment regardée comme dioïque, et cependant aucun auteur n'en a encore
décrit ni mentionné seulement les anthéridies. W'allmann a même été [jus-
qu'à regarder ce Chara comme unisexué. L'examen détaillé que fait M. AL
Braun de tout ce qu'on sait sur cette plante le conduit \\ la conclusion sui-
vante : « Il me parait certain, d'après toutes ces recherches, que le Chara
crinita n'est représenté que par des pieds femelles dans toutes ces contrées
ainsi que dans beaucoup d'autres, et que néanmoins il y produit très abon-
damment des sporanges et des spores l'ertiies. » Cependant les anthéridies
de ce Chara existent, i.o savant allemand les a vues en abondance sur un
cchantiilon trouvé par Re(|iiicr., à Courteisou, pr;'s d'Orange et qui lui a
été donné par M. J. Gay. Il leur a trouvé une organisation analogue à celle
82/i SOCIÉTÉ BOTANiQur: i)i: fu.vm^:.
qu'elles piosentcDl dans toutes les autres Char;icées. Il est donc certain(iue
celte espèce offre les doux sexes réunis dans certaines localités. Dans les
lieux où on n'en trouve que des pieds femelles, ses sporanges et ses spores
ne s'ccartenl en rien de l'organisation habituelle et celles-ci germent facile-
ment. Dans les contrées voisines de la Baltique où elle forme de vrais ga-
zons, les innombrables individus qui la représentent montrent encore fré-
quemment les restes des sporanges qui leur ont donné naissance, à l'époque
où eux -mêmes portent des fructifications à peu prés mûres. La germination
des spo!-es du Cluira crinila a été observée et figurée par Kaulfuss; elle ne
diffère pas de celle des autres Chara. De ces faits, M. Al. Braun conclut
(juc le C. crinita possède, au nioins dans certaines localités, la faculté de
produire, même liors de l'influence des anthérozoïdes, des spores bien orga-
nisées, susceptibles de germer, et que dès lors il y a chez lui une véritable
parthénogenèse.
La planche qui accompagne l'important Mémoire de M. Al. Braun ren-
ferme 15 ligures dont les lU premières représentent l'inflorescence mâle et
les détails de la fleur mâle, dont les 5 dernières montrent le sac embryonaire
avec la naissance et le développement de l'embryon. Celles-ci ont été choi-
sies parmi un plus grand nombre de dessins communiqués par M. Deecke.
L'cljcr die walirc PartBicBiosc"<*sîs I»ei l'flauzen [Sur la vé-
ritable Parthénogenèse dans les plantes] ; par M. Radikofer. [Zeitsch. fur
wissensch. Zoologie de Th. v. Siebold et Kôlliker, A'iil, W cah., 1857.
Donplandia du 1" juil. 1857, n° 12, pp. 177-180.)
Au commencement de son Mémoire M. Radikofer montre toute l'impor-
tance qu'a pour la zoologie la démonstration donnée récemment par ^J. de
Siebold de ce fait que dans les Abeilles et dans certains Papillons il y a for-
mation d'embryons sans intervention des spermatozoïdes, c'est-à-dire véri-
table parthénogenèse. 11 lappelle que, dans les végétaux, l'action du tube
pollinique sur la vésicule embryonaire est regardée comme nécessaire pour
(|u'il se forme un embryon ; il ajoute que cependant il a été reconnu qu'ici,
comme chez les animaux, il peut y avoir dans quelques cas une véritable
parthénogenèse. La plante la plus remarquable, sous ce rapport, est le
Ca'lcbo'jijne ilicifulia Smith; aussi a-t-il cru devoir en faire à Kew même
une étude attentive et approfondie, dont son Mémoire a pour principal objet
de faire connaître les résultats.
La première idée qu'a eue M. Radikofer, relativement alaproduction de
graines embryonées par les pieds de ('wlehogijne exclusivement femelles, a
été qu'il pouvait y avoir là une hybridation. La parfaite ressemblance des
jeunes p'eds venus de ces graines avec les pieds-mères était déjà tout à fait
défavorable a cette conjecture. Pour s'éclairer entièrement à ce sujet, il
UKVUK UlliLIOGUAl'IMQLIi. 825
a exainiiK- 21 pislils de cette plante; sur ce nombre un seul stigmate
portait un grain de pollen, encore celui-ci n'avait-il pas émis de tube, et les
ovules de ce pistil ne renfermaient-ils pas d'embryon. En disséquant et exa-
minant, avec la plus jurande attention, les ovules de tous ces pistils, il n'a pu
y observer le moindre indice de tube pollini((ue, ni sur le cbemin (jue celui-
ci aurait dû suivre pour arriver à l'ovaire, ni dans la cavité ovarienne elle-
même. Au contraire, il a trouvé ces tubes sans difliculté dans toutes les
autres Kupborbiacées qu'il a examinées de la même manière. « Malgré l'ab-
sence des tubes polliniques dans le Cœlehoyijnc, dit-il, les deux tiers des
ovules ont montré leurs vésicules embryonaires, qui sont au nombre de
3 dans chaque sac embryonaire, développées en embryon, soit toutes à la
fois, soit deux, soit même une seulement. Le développement de ces em-
bryons a lieu tout à fait comme celui des Kupborbiacées en général lors-
qu'elles ont été fécondées. »
De ces observations, M. Radlkofer tire lacoûclusion, que, sans être fé-
condée, la vésicule embryonaire du CœlebogyncT^eut se développer en em-
bryon. Un autre fait, qui avait été déjà signalé par J. Smith, lui semble
confirmer cette conclusion. Dans toutes les plantes, peu après la féconda-
tion, les stigmates se flétrissent, sèchent, et, le plus souvent, se détachent.
Au contraire, dans le Cœlcbofjijne, les stigmates ne se flétrissent, ni ne
sèchent, lorsque l'embryon commence à se développer et que l'ovaire gros-
sit ; ils végètent même et prennent de l'accroissement en même temps que
l'ovaire. — On a vu la même particularité se produire dans les diverses
espèces qu'on a citées jusqu'à ce jour comme présentant des exemples de
parthénogenèse. C'est notamment ce qui a été observé récemment sur la
Mercuriale annuelle et la Bryone dioïque, par MM. INaudin et Decaisne,
par M. Radlkofer lui-même, qui a pu voir un des pieds de Chanvre sur
lesquels ont porté les observations de M. Naudin ; c'est ce qu'a vu encore
sur la Mercuriale annuelle M. ïhuret, qui a répété à Cherbourg les obser-
vations de ce dernier botaniste et qui en a obtenu les mêmes résultats. La
manière dont se comportent les stigmates de ces plantes ainsi que celui du
Cœlebogyne prouve positivement, pense M. Radlkofer, que le pollen n'a
pas agi sur eux et ainsi se complète la démonstration de l'existence de la
parthénogenèse dans le lègne végétal.
IiCçon.« cléniciif aires de botanique fouclées snr raualyse
de cinciiiante plaute.<s vnlg;aires et formant un traité
complet d'org;anog:rapliie et de physioIog;ie vég:étalcs;
par M. Kmm. Le Maout. 2' édit. ; 1 gr. in-8 de XVI et 558 pages,
comprenant un atlas de 50 ligures de plantes avec leur texte explicatif
et 701 figures gravées sur bois, intercalées dans le texte. Paris, 1857.
826 SOCIÉTÉ BOTANrQUi: l»E FRANCE.
Chez V. Masson, place de rÉcoIe-de-Mcdecinc; Langlois et Leclercq, rue
des Malluirins-Saiiit-Jacques, 10.
Danslesoiivrages élémentaires, on peut se proposer deux objets différents
et suivre deux marches à peu près opposées j tantôt l'auteur s'adresse à des
personnes non-seulement tout à fait étrangères à la science dont il traite, mais
encore n'éprouvantcju'un désir ti'ès modéré deselivreràcettenouvelleétude,
ou ne voulant y chercher qu'une pure et simple distraction, parfois même
qu'un amusement; tantôt il éciit pour un public plus sérieux, plus avide
de connaissances ou plus instruit, disposé à ne pas s'effrayer d'un peu
d'aridité dans la forme d'un ouvrage, pourvu (|u'il ait la certitude d'y
apprendre en peu de temps une masse considérable de faits méthodique-
ment coordonnés, et de principes généraux logiquement déduits de ces
faits. La marche analyti(]ue procédant du simple au composé, ou, plus
exactement, du facile au difiicile, convient parfaitement aux Traités élé-
mentaires de la première catégorie; la marche synthétique est la seule qui
puisse être adoptée dans ceux de la seconde catégorie; car, envisageant
chaque partie de la science d'abord dans son ensemble, ensuite et succes-
sivement dans tous ses détails, elle conduit directement au but sans détours
et sans perte de temps.
Les Leçons élémentaires de botanique de M. Le Maout sont un ouvrage
de la première des deux sortes que nous venons de distinguer. La première
édition avait été publiée en deux volumes; la seconde, qui a paru il y a
peu de mois, ne forme plus qu'un seul volume, mais d'un format plus
grand et d'une édition plus compacte.
Dans un avant-propos, l'auteui- fait connaître l'objet qu'il s'est proposé
en publiant ce livre. Il a voulu donner une connaissance approfondie de
l'organisme végétal aux personnes qui n'en possèdent pas même les pre-
miers éléments, et cela en faisant d'abord abstraction du langage scienti-
fique, en n'exposant au début (jue des faits d'une telle simplicité que l'in-
telligence la plus vulgaire les accepte et les saisisse sans la moindre difficulté.
Dans ce but, il ligure et décrit 50 espèces des plus communes, qui présen-
tent des types d'organisation très différents et dont il donne d'abord une
description succincte en langage vulgaire. Cette première portion de son
ouvrage a pour objet de familiariser les commençants avec la \ue des
plantes, avec l'appréciation des grands traits de leur structure, par suite,
de leur inspirer le désii-, le besoin même de pénétrer plus avant dans la
connaissance des organes.
Après cette initiation, l'élève doit apprendre les mots par lesquels la
science dcsignc les diverses parties dQ^ végétaux dont il possède déjà une
connaissance supçrlîcielle ; il doit en nigmc temps pénétrer de plus en plus
WV.XVE BIRLrOGKAI'IIIQLK. 8'27
profond cm eut (huis les détails de la nicrveillen.se organisation (jni ne lui a
été encore ([u'ébauehée A grands tiaits. Dans l'emploi de la langue scienti-
fique, !\l. Ke Maont s'attache à simplifier le plus possible; pour cela, il
élague une multitude de mots dont divers auteurs modei-nes ont malheu-
reusement encombré et encombrent encore de plus en plus la science de
manière à en rendre l'élude aussi fastidieuse que difficile. Dans plusieurs
passages de son livre il s'élève contre cette déplorable manie de création de
mots nouveaux, dont l'inutilité est souvent le moindre défaut, ttiulance
funeste à laquelle obéissent, il faut bien l'avouer, la plupart des botanistes
et dont l'effet inévitable est d'éloigner beaucoup de personnes de l'étude
des végétaux. Quant h l'histoire détaillée de l'organisation végétale, l'auteur
la présente dans une série de 50 études, dont les 50 espèces de son atlas
fournissent en général le sujet, ou pour lesquels ces plantes forment plus
souvent comme un centre autour duquel des rapprochements ingénieux et
méthodiques lui pei-mettent de grouper une multidude de faits divers.
Dans toutes ces études, qui forment le corps même de son livre, il reste
fidèle à sa méthode de complication progressive, et ce n'est jamais qu'en
allant du facile au difficile , du simple au composé, qu'il expose successi-
vement tous les détails de l'organisation végétale. Grâce à cette méthode,
l'élève, qu'il a pris étranger aux plus simples notions de botanique, est
conduit par lui à ce point que l'organographie végétale lui est connue dans
toutes ses parties. Les nombreuses figures intercalées dans le texte faci-
litent beaucoup l'intelligence des faits dont l'exposé est du reste présenté
avec toute la lucidité désirable dans un livre élémentaiic.
Deux branches importantes de la science n'ont pas trouvé place dans la
série des 50 études; ce sont l'anatomie et la phj'siologie végétales. M. !.e
Maout a pensé que l'étude des éléments anatomiqnes des organes devait
suivre et non précéder celle des organes eux-mêmes; aussi en a-t-il fait
l'objet d'un chapitre particulier (p. /ii3-ii80), qui vient après la 50* étude.
Après ce chapitre se trouve celui qui est consacré à un précis de phy-
siologie végétale (p. Ù81-528) , et qui commence par l'exposé des no-
tions élémentaires de chimie indispensables pour l'intelligence des phé-
nomènes de la végétation. — Sous le titre de Classification, nous trouvons
ensuite un chapitre (p. 529-5^2) dans lequel l'auteur fait connaître les
classifications de Tournefort, de Linné, la méthode naturelle de .Tussieu, la
classification de De Candolle, dans lequel enfin il expose les principes et
donne un exemple de la clef dichotomique employée dans un grand nombre
de flores pour faciliter la détermination des plantes. Le dernier chapitre
de cet ouvrage est intitulé Généralités (p. 5/i3-5/j6). Il présente en *26 ali-
néas les principaux faits généraux auxquels conduit l'étude organogra-
phique et physiologique des plantes.
L'ouvrage de 1\L Le Maout se termine par une liste dos auteurs consultés,
828 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRÂ"NCE.
par une table alpbabélique des matières et par une table des familles,
genres et espèces qui y ont été décrits ou mentionnés.
BOTANIQUE DESCRIPTIVE.
riorc d'Alsace et «les contrées lîinîtroplics ; par M. Fréd.
Kirschleger. Strasbourg et Paris (Chez V. Masson). 2 ia-12 : 1" vol.
de XVII et 662 pages, portant la date de 1852; 2" vol. de CXXIV et
612 pages, portant la date de 1857.
La dore d'Alsace de M. Kirschleger, dont la publication a été commencée
en 1850, vient d'être terminée par la publication de la 29^ livraison qui eu
complète le deuxième volume. Cet ouvrage consciencieux se distingue au
milieu de la généralité des flores publiées dans ces derniers temps, par la
variété remarquable des données que l'auteur y a réunies, au sujet de la
végétation du pays qui en a fourni le sujet. Ainsi on y trouve non-seule-
ment les espèces spontanées, mais encore celles qui se sont naturalisées et
celles qui sont fréquemment cultivées. Parmi ces dernières, celles qui occu-
pent une place importante dans la culture des champs et des jardins sont
indiquées et caractérisées soit quant à leur type, soit quant à leurs races et
à leurs principales variétés. Les usages des plantes en médecine, dans les
arts, dans l'industrie, etc., sont signalés avec soin, et, pour celles dont la
culture a de l'importance, l'auteur présente des renseignements variés et
très intéressants, tels que leur lendenient, la valeur vénale de leurs pro-
duits, l'étendue des terres sur lesquelles on les cultive dans les deux dépar-
tements du Haut et du Bas-Rhin, etc. Il complète, le plus souvent possible,
leur histoire, en indiquant les principes chimiques qui leur donnent leurs
propriétés caractéristiques ou leur mérite. Même dans beaucoup de familles
il signale les parties des plantes sur lesquelles ou doit surtout porter son
attention, à cause des particularités qu'elles présentent dans leur organi-
sation ou dans leur développement.
Quant à Thistolre botanique des espèces, elle comprend les parties sui-
vantes : 1° Le nom adopté, suivi d'une synonymie dans laquelle l'auteur
s'est attaché beaucoup plus qu'on ne le fait d'habitude à remonter aux
auteurs anciens; 2° une description généralement succincte, dans laquelle
les caractères essentiellement distinctifs sont mis en relief par l'impression
en lettres italiques; 3° la durée et l'époque de la floraison; Zj° les loca-
lités où elles ont été observées dans les limites de la Flore, relevées avec
une attention toute particulière; 5" les noms vulgaires français et alle-
mands.
La détermination est facilitée à la fois par tous les divers moyens usités
dans les Flores modernes. Ainsi, dans le corps de son ouvrage, M. Kirsch-
REVUE RIIÎLIOGRAPIIIQIK. 829
léger emploie concun einment des clés dichot()mi(|ues et des tableaux synop-
tiques; eu outre, voulant ouvrir encore aux commençants une autre voie
qui puisse les conduire aisément à déterminer les plantes qu'ils rencontrent,
il vient de terminer sa Flore par une clef dichotomique, d'après le système
de I.inné.
Pour les genres, l'auteur de la Flore d'Alsace s'écarte souvent d'un usage
traditionnel, admis peut-être, il est vrai, sans motifs suffisants. Voulant,
en effet, rendre pleine justice aux auteurs anciens, sous ce rapport comme
sous plusieurs autres, il cite pour autorité le premier auteur qui a établi le
genre, et non pas uniquement Linné qui, venu plus tard, n'a fait qu'adop-
ter ce groupe tel qu'il existait déjà.
Quant aux familles, l'auteur en expose les caractères en détail, et il
indique non-seulement les auteurs qu'on peut consulter plus particulière-
ment pour une étude approfondie, mais encore les figures analytiques qui
peuvent en faciliter la connaissance; l'Atlas de M. Le Maout et Y Icono-
graphie de M. Schnizlein sont, sous ce dernier rapport, les ouvrages qu'il
cite le plus fréquemment. Il ajoute des considérations sur les caractères qui
ont servi à former les tribus et les genres, sur ceux de la famille elle-même,
sur les usages des plantes qui forment celle-ci, etc.
Le premier volume de cet ouvrage commence par un avant-propos de
six pages, dans lequel l'auteur expose les motifs pour lesquels il joint aux
genres anciens le nom de leur fondateur réel, aux espèces transportées
dans un nouveau genre simplement démembré d'un autre le nom du pre-
mier auteur qui a réellement établi l'espèce, aux espèces établies avant
Linné le nom du botaniste ancien qui les a nommées le premier, etc. Quant
au second volume, il renferme, outre la partie descriptive : 1" une intro-
duction (de 11 pages) intitulée : Considérations sur les flores en général et
la flore alsato-vosgienne en particulier; 2" une revue bibliographique et
historique très complète (enlO/i pages) des travaux relatifs a la Flore
d'Alsace et des Vosges, depuis le xvi® siècle jusqu'à nos jours ; 3° des addi-
tions à la Flore, ainsi qu'à l'introduction et à la Revue historique; h° les
tables des noms latins et des noms allemands.
Au total, on voit que, dans sa Flore d'Alsace^ M. Kirschleger a consi-
déré la végétation dont il s'occupait sous tous les points de vue qui per-
mettaient d'en compléter la connaissance. Il paraît cependant que, pour lui,
cette mine est encore loin d'être épuisée; car nous savons qu'il se propose
de faire de cette même végétation l'objet de nouveaux écrits dont les bota-
nistes ne peuvent que désirer vivement la publication.
Bcrberides Aiucricte australîs, descripsit Willibaldus Lechicr.
Br. iu-18 de 59 pag. Stuttgart; 1857. Chez Schweizerbart,
Dans un avis imprimé en tête de cette brochure, M. G. Zeller nous ap-
830 SOCIÉTÉ IJOTAMQUE DE FRANCE.
prend que la publication des descriptions des Berberis de l'Amérique mé-
ridionale est faite par lui conformément au \œu exprimé par Lechler peu
de temps avant sa mort, il ajoute qu'il a cru devoir ajouter a ce travail la
liste des plantes que cet infortuné botaniste avait découvertes pendant son
grand voyage dans l'Amérique du Sud.
Les Berbéridées abondent dans les parties tempérées de l'Amérique mé-
ridionale, de l'Equateur jusqu'aux côtes du détroit de Magellan et à laTerre
de Feu. A cette extrémité sud du continent américain on en trouve 5 espèces,
parmi lesquelles une, le Berberis iikifoUa Forst., est un arbre dont le
tronc acquiert de 15 à 20 centimètres d'épaisseur et fournit aux indigènes
leur principal combustible. Sous l'F^quateur on les trouve à l'altitude de
300U mètres et plus au-dessus du niveau de l'Océan. A partir de 30 degrés
de latitude, les végétaux de cette famille couvrent souvent de vastes espaces
sur les l)e)rds des forêts et le long des rivières. Les Indiens emploient l'é-
corce et les racines de toutes les espèces pour teindre la laine en jaune;
les habitants de la Terre de Feu font leurs flèches avec les branches par-
faitement droites du Berberis buxifolia. Les fruits de cette espèce mêlés à
ceux de VAristotelia Maqui et du Bromeliu crassifolia Steud. servent
aux Araucans pour la préparation d'une boisson enivrante.
Voici le relevé des espèces de Berberis de l'Amérique du Sud dont
M. Lechler donne la description.
Sect. T. Foliis simplicibus, pedunculis multifloris racemosis.
1. Berberis confertillora Cl. Gay. 2. B. gloraerata Hook. et Arn. 3. B.
ilicifolia Forst. h. B. Darwinii Hook. 5. B. ferruginea Lechl. , n. sp. 6. B.
trigonaKunze. 7.B. bidentata Lechl. , n.sp. 8. B. chilensis Gill. 9. B. ferox
Cl. Gay. 10. B. diffusa Cl. Gay. 11. B. brachybotria Cl. Gay. 12. B. co-
rymbosa Hook. et Arn. 13. B. glauca DC. \k. B. monosperna Buiz et Pav.
15. B. serrato-dentata Lechl., n. sp. 16. B. rotundifolia Poepp. 17. B.
lalifolia Ruiz et Pav. 18. B. tlexuosa Buiz et Pav. 19. B. ruscifolia Larak.
20. B. spinulosa A.-S.-Hil. 21 B. boliviana Lechl., n. sp. 22. B. Wed-
delli Lechl., n. sp. 23. B. paniculata Juss. 2^. B. rigidifolia H. B. K.
25. B. quinduensis H. B. K. 26. B. laurina Thunb. 27. B. glaucesceus
A.-S.-Hil. 28. B. loxensis Benth. 29. B. ciliaris Lindl. 30. B. undulata
Lindl. 31. B. aurahuacensis Lemaire. 32. B. multillora Bentb.
Sect. IL Pedunculis unifloris.
33. B. actinacanlha Mart. 3^i. B. crispa CI. Gay. 35. B. dulcis Sweet.
36. B. buxifolia Lamk. 37. B. rariflora Lechl., n. sp. 38. B. globosa Benth.
39. B. Grisebachii Lechl., 7i. sp. U(i. B. empetrifolia Lamk. k\. B. cuneata
DC. Li2. B. heterophylla Juss. /|3. B. marginata Cl. Gay. ^i. B. montana
Cl. Gay. U5. B. colelioides Lechl., ?i. sp. U6. B. inermis Pers. Ul. B. Haen-
keana Presl. US. B. tomentosa lUiiz et Pav. U9. B. carinata Lechl., n. sp.
50. B. lulea Ruiz et Pav. 51. U. saxicola Lechl., n. sp. 52. B. conferta
REVUE RIIJLIOGr.Al'HIQUi:. 831
H. B. K. 53. li. itgnpateiisis Loch!., n. s/j. ')[\. V,. virgatîi Buiz et Pav.
55. 13. Gi'cvillcawa Gill. 56. 15. lion'idaCI. Gay.
La secoiuU'pailu' dv la brochure (jui nous occupe est U\[\Ui\éii F)uimefnfi()
plantaruni fjiias in America auMruli detexit W. Lechler. 378 espèces /i<.;u-
rent dans cette liste qui est divisée en k portions : l'une pour les iles Ma-
louines, la deuxièine pour le détroit de Magellan, la troisième pour le Chili,
la quatrième pour le Pérou. Chaque espèce est accompagnée du numéro
qu'elle porte dans les collections de Lechler. Nous donnerons ici le relevé
des genres nouveaux compris dans cette liste.
1. Iles Malouines. Algues: 1. Cœpiliuui J- Ag.
IL Détroit de Magellan. Graminées : 2. Airidium Steud. Composées :
3. Eriuchœnium. C.-H. Sch. bipont. Calycérées : ^i. Acarpha Griseb.
III. Chili. Graminées : 5. Rdchela Steud. ; 6. liytidospcrma Steud.;
7. Didymocliœte Steud. Iridees : 8. Lechlera Griseb. ; 9. Roterbe Steud.
Rubiacées : 10. Oreopolus Schlchtd. Primulacées : 11. Theopyxis Griseb.
Loranthacées : 12. Myrlobium Schlchtd.
IV". Pérou. Joncacées : 13. Agapalea Steud. Smilacées : 1^. Sc/iidos-
permum Griseb. Asclépiadées : 15. Ptycholepis Griseb. Ombeliit'eres :
16. Niphogeton Schlchtd. Crucifèi'es : 17. Machœrophoriis Schlchtd.
18. Km^danogiyphos Schlchtd. Rosacées : EleutJierocarpun'è)i.-\\W\\\(\.
Oversig't ovcr Groculands Plautcr [Coup d'œil sur la végéta-
tion du Groenland) ; par l\f. J. Lange. (6" chapitre de l'ouvrage intitulé:
Naturhistoriskê Bidrag til en Beshrivelse af Groenland; in-8. Copen-
hague; 1857; pp. 10(3-135.)
M. J. Lange a inséré dans un ouvrage danois relatif à l'histoire naturelle
du Groenland le relevé des espèces qui ont été trouvées jusqu'à ce jour sur ces
terres arctiques, et qui y ont été recueillies par Kgede, Gieseke, Wormsk-
jold, Raben, etc. Ce relevé présente un haut intérêt comme donnant une
idée exacte de cette végétation fort peu connue et comme fournissant à la
géographie botanique un document important; en outre, l'ouvrage qui le
renferme n'arrivera probablement qu'entre les mains d'un petit nombre de
botanistes à cause du pays dans lequel il a été publié et de la langue dans
laquelle il est écrit. Pour ces divers motifs nous pensons que les membres
de la Société botanique de France seront bien aises d'en posséder la repro-
duction dans le Bulletin.
Le nombre des espèces observées jusqu'à ce jour au Groenland est de 320
qui appartiennent à 52 familles. Parmi ces familles 21 n'y comptent qu'un
seul représentant, 7 y sont représentées par 2 espèces, et 12 seulement y
comptent au moins 10 espèces. Celles-ci forment le fond de cette flore sep-
tentrionale; ce sont les ("lypéracées (/t6 esp.), Graminées (35), Crucifères
832 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
(25), Composées (20), Alsinacées (19), Rosacées (1^), Joncacées (13), Scro-
fulariacées (12), Fougères (11), Éricacées (11), Renonculacées (11), Saxi-
fragacées (10). Voici maintenant la liste complète des familles et des es-
pèces signalées par M. Lange.
I. ACOTYLEDONEyE. — 1. I-^quisetace^ (5 spec). Equisetum varie-
gatum AH.; E. scirpoides Mich.; E. arvense L. j3. riparium Fr.; ? E. um-
brosum Willd.; E. sylvaticum L, — 2. Filices (11 sp.). Pobjpodium
Dryopteris L.-, P. Phegopteris L.; P. alpestre Hop. Aspidiiim Lonchitis
Sw. ; A. fragrans Willd. Lastrœa Filix mas Presl ; L. dilata, Pr.sl;
Cystopteris fragilis Bernli. Woodsia ilvensis R. Br. ; W. hyperborea W.
Br. Botryddwn Lunaria Sw. ; B. rutaceum Fr. — 3. Isoete./e (1 sp.),
Isoetes lacustris L. — U. Iacopodiace.î: (6 sp.}. Selaginella spinulosa A.
Br. Lycopodiiim Selago L.; L. alpinum L. ; L. Chamœcyparissus A. Br. ;
L. annotinum (3. alpestre Hn.; L. clavatum L.
II. MONOCOTYLEDONE.E. — 5. Gramine^ (35 sp.). Alopecurus al-
pinus Sm.-, .'^. geniculatus L. Phleum alpinum L. Anthoxanthum odora-
tum L. HierocJdoa alpina R. et S. Agrostis rubra L.; A. canina L., (3, mu-
tica Hn.- A. alba L. Calamagrostix Halleriana DC; C. purpurascens R.
Br.; C. neglecta Ehrb. Dvpontia psilosantha Rupr. Aira alpina L.; A.
flexuosa L. Va/dodea atropurpurea Fr. Trisetum subspicatum Beauv. Ca-
tahrosa algidaFr. (PluppsiaSol.); C. latifoliaFr. (Colpodium R. Br.). 67y-
ce7'ia festucseformis Heynii.; G. conforta Fr.; G. pendulina Laestad. Poa
alpina L.; P. pratensis L.; P. cenisia AIL; P. Vahliana Liebm.; P. nemo-
ralis var. glauca; P. caesia Sm.; P. aspera Gaud.; P. annua L. Festuca
ovina L. c. var. vivipara-, F. brevifolia R. Br.; F. arenaria Osb. (F. sabu-
licola L. Duf.). Agropyrum violaceum Horn. Elymus arenarius L. JSardvs
slricta L. — 6. Cyperace^ (^(i sp.). Carex gynocrates Wormskj.; C.
Wormskjoldii Horn.; C. rupestris Ail.; C. micioglochin Wablenb.; C. ca-
pitata L.; C. nardinaFr.; C. ursina Dewey; C. incurva Lightf. ; C. durius-
cula C. A. Mey.; C. festiva Devey ; C. pratensis Drej.; C. glarcosa
\Vahlenb. ; C. lagopina p. leiostacbya Drej.; C. canescens |3. robustior
Blytt; C. rufina Drej.; C. bicolor Ail.; C. holostoma Drej.; C. Vablii Schk.;
C. atrata L.-, C. nigritella Drej.; C. fuliginosa Stbg. et Hpp.; C. subspa-
thacea Wormskj. ; C. reducta Drej.; C. vulgaris Fr.; C. stans Drej.; C. ri-
gjda Good.; C. hyperborea Drej.; C. bœmatolepis Drej.; C. filipendula y
ooncolor Drej.; C. rariflora Sm.; C. vaginata Tausch ; C. capillaris L.; C.
supina AVahlenb.; C. pilulifera 3 defle.xa Drej.; C. pedata Wablrnb.; C.
Œderi Ehrb.; C. saxalilis F,.; C. rotundata Wablenb.; C. ampullacea
Good.; C. amp. [3 borealis (C. hymenocarpa Drej.); C. vesicaria L. Erio-
|>/io/-u»J Scheuchzeri Hpp.; E. anguslifolium Rolb. £/y/ja spicata Schrad.
Kobn-na caricina W illd. Elfocharis palustris R. Br. Scirpus caespilosus L.
— 7. JuNCAGiNE.'E (1 sp.). Triglockin palustre T. — 8. Juncace.*: (13 sp.).
nEVCK BIBLIOGRAPHIQUE. 833
J.nz>da spieata DC; L. arciiata Walileiih. ; L. arc. j3 hypfiborca (L. Iiyper-
hoiea R. Hr.) ; I.. arc. y snbspicata Lge, msc; L. miiltiflora Lej., et [3 coii-
gesta Koeh; L. parvidora Desv., « sparsiflora Lgc, msc, p dciisifloi-a f.ge.
y?/«^wsareticus Willd.; .T. tiliformis !>.; J. squarrosus L.; J. a'pinus VMII.;
J. bufonius L.; J. trifidus L.; J. castaneus Sm.; J, tritilumis L.; J. biglu-
mis L. — 9. Colchicace.t: (1 sp.). Tofieldia borealis Wahleiib. — IO.Smi-
LACE^E (1 sp.) St/'eptopus amplexifolius DC. — 11. Ouchidicf.. {k sp.). Cb-
rallo7diizn innata R. Br. Habenaria aibida R. ]5i'. l'iatanthera Kœnigii
Liiidl. Z/sfera cordata R. \\\\ — 12. Najade^ (^sp.). Zostera marina L.
Potamogeton mariniis !.. ; V. heterophyllus Schreb. ; P. rufcscens Scbrad.
— 13. Typhace;e (1 sp.). Spar/juniwn niiiiirnuin Fr.
m. DICOTYLEDONES]. — ih. Calutiuchfne^^ (2 sp.). Callilriche
verna et csespitosa Kiitz., j3 latifolia Kûtz.; C. bamulala Kûtz, — 15. Co-
NiFERjî (1 sp.). Juniperus nana Willd. — 16. Betuline/K (3 sp.). Alnra^
repens Wormskj. Betida nana L. et var.? (B. frulicosa Florn. non Pall.);
B. alpestris Fr. — 17. Saltcine^ (7 sp.). 6'a/2X herbacea L. ; S. rcliculata
L. ; S. Myrsinites L.; S. arbuscula L.; S. arctica Pall.; S. glauca L. , et p
appendiculata Wablenb.; S. lanata L. — 18. Chenopodiace.ï: (1 sp.). Bli-
tum glaucum Kocb. — 19. Polygones (7 sp.). Kœnigia islandica L.
Oxyria digynaCampd. /^w»«^x Acctosella L. ; R.'Acetosa L ; R. domesticus
Hn. Pobjgonum aviculare L. ; P. viviparumL. (3 alpinum Dn. — 20. Plan-
tagtne.î; (1 sp.). Plantago maritima L. — 21. Plumbagine/E (1 sp.). Ai'-
meria labradorica Wallr. — 22. Composit.*:. a. Asteroideœ (12 sp.). £J?h-
geron compositus Pursb; E. alpinus L.; E. uniflorus L. et (3 pulcbeilus Hn.
Achillea Millefolium L. Arnica alpina Murr. Matricaria inodora j3 pbœo-
ccpbala Rupr. Arfemisia borealis Pall. (A. groenlandica Woi'mskj.). G^m-
phalium nor\eg.icum Gunn; G. uliginosum T.; G. supinimi T., « subacaule.
(3 fuscnm. Antennaria dioica R. Br. p liyperborea; A. alpina R. Br. et p
glabrata J. Vahl, msc. — b. Cichoraceae (8 sp.). Leontodon autnmn.ilis L.
Taraxacum palustre Sm. ; T. phymatocarpnm J. Vahl. Hieraciinn alpinum
L.;H. murorum L.-, H. atratum Fr.; H. vulgatumFr.;H. crocatuni Fr. — 23,
CAMPANULACE.E(2sp.). Campanidû uniflora E.; C. liuifolia ^ Langsdorfdana
Alph. DC. — 24. RiiBrACE^.(2sp.).Ga/î'M7?2 trinorum iNlicb.; G. palustre E. p
minor. — 25. Gentianes (5 sp.). Gentiana nivalis L.; G. scrrata Gunn;
G. invoIucrataRottb. Pleurogyne rotata Griseb. Menyanthes trifoliata L. —
26. Borragine.ï: (1 sp.). Stenhammaria marilima Rchbc. — 27. I.ariat.e
(1 sp.). Thymus Serpyllum E. — 28. ScRoruLAEiACE.E (12 sp.). Lima-
sella aquatica E. Veronica alpina E. , et p viilosa (V. Wôrmskjoldii Scluilt.);
V. saxatilis E. PediculartsWn?,\\\.o.L.; P. Eangsdorffii Fiscli.; P. Groenlan-
dica Retz.; P. euphrnsioides AVilld.; P. lapponica E. ; P. Ilauimea f>. Rhi-
vanthus minor Ehrli. Euphrasia officinalis E. Pnrtsio alpina f,. — 29. I.en-
TiBULARiRi': (1 sp.). Pinguiciiln vulgaris E. — 30. Pi',i\ii;r.Ar.E.i-: (2 sp.).
T. m 53
83/| SOCIÉTli BOTANIQUE DE FRANCE.
Priijuda stiicta Horn.; P. sibirica |3 minor Hook. — 31. DIAPE^SIACE^
(l sp.). Diapensia lapponica L. — 32. ^]aICl^E.î: (H sp.). Loiselewna pro-
cumbens Desv. Rhododendron lapponicum Wahleiib. Ledum groenlaiidi-
cum Œcler; !.. palustic jSdecunibens Ait. /V/z/Z/oc/oee ceeruleaGreii. etGotlr.
Cassiope tetiagona Don; G. bypnoides Don. Arctostaphi/los Uva ursi Spr.
Oxycoccos palusti'is Peis. Vacciniwu Vitis idœa j3 puniiluni Horn.; V. uligi-
nosuni 1 . var. (V. pubeseens Wormskj.) — 33. Umbellifeh^ (2sp.). .4?'-
c/iangelica ofCicinalis Hoffm. Haloscias scoticiim Fr. — 34. CoRiNEj;(l sp.).
Cor/H/5 suecica L. — 35. Cuassulace.e (3 sp.). Sedimi Rbodiola DC. ; S.
annuuiu L.; S. villosiun L. — 36. Saxifbagace.e (9 sp.). Saxifraya stel-
laris L., (j comosa J. Vahl; S. iiivalis L. , (3 tenuior \\'aldenb.; S. rivularis
L. ; S. cernua L. ; S. ceespitosa L. et var. (S. groenlandica L.) ; S. Aizoon
Jacq.; S. liieiispidata Rottb.; S. flageliaris Willd.; S. aizoidesL. ; S. oppo-
sitit'olia L. — 37. Rakunculage.e (11 sp.). Tkalictrum alpinum L. Ané-
mone Richardsonii Hook. Batracidum confervoides Fr. Ranunculus pyg-
mœus ^Vahli'nb. ; H. byperboreus Rottb.; R. nivalis L.; R. lapponicus L.;
R. Gymbalaiia Pursh ; R. reptans L.; R. acris L. Coptis trifolia Salisb. —
38. Papaverace.e (1 sp.). Papaver nudicaule L. — 39. Grucifek.e (25 sp.).
Vesicaria arctica R. Rr. Coclilearia officinalis L. var. (G. arcticaDC.);
G. fenestrala R. Br. Draba corymbosa R. Br.; D. artica J. VabI; D. cras-
sifolia Grali ; 1). lapponica DG. ; D. lacfea Adanis, et y laevigata Fr.; D. ni-
valis Liljebi.; i). rupistris R. Br. et var.; D. hirta L et var.; D. alpina L. ;
D. aureaM. Vahl ; D. incana L. Lepidium. groenlandicum Hoin.? Capsella
Bursa pastoris Moencb. Eutrema Edwardsii R. Br. PlutypeUduui purpu-
rasccns R. Br. Nasturtium palustre R. Br. Sisymbrium humifusuni .T. N'alil.
6'ar^a?/n«é' bellidifolia ï..;G. pratensis !.. Arabis alpina L.; A. Holboellii
Horn. Turritis mollis Hook. — UO. ViolacejE (3 sp.). Viola, palustris L. ;
V. Mùhlenbergii p minor Hook.; V. canina L. — lx\. DuosERACEJi; (1 sp.).
Parnaasia Koizebiiei Schleclitd. et Cham. — 42. Pykolace.e (2 sp.). Py'
ro/« grand iilora Rad. ; P. minor L. — 43. Empetre.e (1 sp.). Empetrum
nigruni L. — Uh. Portulacace.1; (1 sp.). Montia rivularis Gmel. — 45. Al-
sinacejE (20 sp.). Arenaria groenlandica E. Mey.-, .A. ciliata j3 humifusa
Horn. Halianthm peploides Fr. Alsine rubella [3 birta Wablenb., etyGie-
sekii; A. stricta ^^ablenb.; A biilora Wablenb. Stellaria média Wilb.; St.
bumifusa Rottb. ; St. cerastoidcs L.; St. borealis Big.; St. glauca With.;
St. Edwardsii U. Ur. Ccrastiuin alpiaum L.; G. triviale Lk. ; G, semidcean-
drum L. Sagina nodosa Fzl.; S. saxatilis Wimm.; S. procumbens L. ; S.
caîspitosa J. Vahl. — 46. Silene^e (5 sp.). Silène acaulis L. Viscaria al-
pina Fr. Wahlberyella apetala Fr. ; W. affinis Fr.; W. trinora(Melandrium
trifl. J. Vabl). — 47. Onoorarie.e (6 sp.). Epilopimn alpinum !>.; E. ori-
ganifolium lamk.; E. palustre L.; K. linearo Mûbleiib. ; E. latifolium L.
C/wmrpnermm angustifcliiim Spaeb, — 4S. ÏIippiMunE.i: (1 sp.). /fippuris
HEVLE BinLiOGRAi'iiiori:. 835
vulgaris (i inarilima llu. — f\\). llAi.oiuuiAcjKii; (1 sp.). Mj/rio/j/iyllui/i
aUtTiiilloruin DC. — 50. Pomack^e (1 sp.). Pyrm americaiia Dd. — 51. Ho-
SACËyE (1/i sp.). /^i<^ws saxatilis L.; R. Chama^morus L. />r/yfls inte«Trifolia
M. Vahl. Sihbaldia procumbeiis J>. Comarum palustre L Pdfmtilln ai)se-
rina L., et p grociilaiulica DC. ; P. pulchclla U. Br.; P. Valiliana F.elim.;
P. nivea L. ; P. enuirginata Pursh; P. maculata Poiin-.; I'. tiidentata
Pursh. A/chciniila vulgaris L.; A. alpiiia L. — 52. Papiltonack^ (2 sp.).
Latlujnis maritlmus Fr. Vicia Cracca L.
Plauttc Jiins'huliuiaiiac; fasc IV. Lichenes exposuerunt C. Mon-
tagne et U. B. van den Bosch (pp. 427-^9/i).
Le travail de iVJiVI. G. Montagne et van den Bosch porte la date de fé-
vrier 1856, bien que le fascicule Zi des Plantœ Junghulinianœ qui le ren-
ferme porte celle de 1855. Il comprend le catalogue synonymique d'un
grand nombre d'espèces déjà connues et les descriptions de beaucoup
d'autres signalées pour la première fois par les deux .-luteurs, ou mal con-
nues avant eux. Parmi celles-ci la plupart figurent déjà dans le Sylloge de
M. Montagne, où les botanistes en trouveront les diagnoses beaucoup plus
facilement que dans l'ouvrage dont il s'agit ici. Un certain nombre d'autres
sont nommées et décrites ici poui- la première fois ; ce sont les suivantes :
Peltigera ntelanocoma, Neph?'oma o/ivacea, Parmelia xantholepis, P. dic-
tyoplaga , Cladonia Junghuhniaim , Grciplns Montagnei , Lecanadis pla^
niuscula.
Illustrazloue délie plaute uiiove o rare dcll'orfo bota-
nico di Padova [Illustration des plantes nouvelles ou raines du Jar-
din botanique de Padoue) ; par le prof. Robert de Visiani. 3*^ mémoire.
{Memorie deW I. R. Istituto veneto di scienze, lettere ed arti, vol. VI.
Tirage à part en brochure petit in-fol. de 28 pages et 5 planch. color.
Venise, 1856, chez G. Antonelli.)
Au commencement de son mémoire et avant d'aborder l'histoire des
plantes qui sont l'objet spécial de son travail, M. Visiani entre dans des dé-
veloppements assez étendus au sujet de la tendance qui lui semble dominer
aujourd'hui parmi les botanistes et qu'il regarde comme pouvant amener
de graves inconvénients pour la science. Il fait observer que i'étudc des
plantes se réduisait autrefois à peu près exclusivement à celle de leurs ca-
ractères, de sorte que la phytographie proprement dite constituait la bota-
nique tout entière. Plus tard a pris naissance la physique végétale, ou,
pour éviter toute équivoque, la physiologie végétale, qui a fait des progrès
immenses pendant le siècle dernier, de telle sorte que les botanistes de tous
les pays se sont mis en grand nombre a la cultiver, négligeant et abandon-
nant même la partie descriptive de ia science... De là vient que les bota-
83(3 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE,
nistes descripteurs deviennent plus rares de jour on jour. Après avoir fait
ressortir de quelle importance il est pour tous ceux qui veulent s'occuper
de botanique de commencer par éludier les plantes en elles-mêmes, l'au-
teur résume son opinion à ce sujet dans la phrase suivante : « Cultivons
donc la physiologie végétale avec l'amour et l'application que mérite l'ex-
trême impoitance des connaissances qu'elle donne ; mais faisons toujours
précéder son étude de celle des caractères extérieurs du végétal et de la
manière de les exposer convenablement, car ces caractères servent de fon-
dement à toutes les classifications sans lesquelles il est impossible d'établir
un ordre quelconque dans la science. »
Les espèces de plantes décrites dans ce troisième mémoire de M. de
Visiani sont au nombre de 12, savoir : 1. Pinus Parolinii Vis.; 2. Junipe-
rus Bonatiana Vis. ; 3. J. Cobinncœ Vis. 5 h. Dophne Elisœ Vis. 5 5. Eu-
patorium Morisii Vis. ; 6. Ituellia undulata Vis. ; 7. Clerodendron Ma-
netti Vis. ; 8. Teiicrium. densiforum Vis.; 9. Eremo^tochys ibericaNis. ;
10. Calamintka Fenzlii \\s.; 11. IJgustrum Kellerianum Yis. ; 12 Z.
Massai ongianum Vis. Les n<" 1, 2, 3, û, 5 et 7 sont figurés sur les h plan-
ches de grand format qui accompagnent ce travail. Les h premières et les
2 dernières espèces sont nommées et décrites pour la première fois. Nous
croyons faire plaisir à la plupart des lecteurs de ce Bulletin en reprodui-
sant ici les diagnoses des 3 Conifères qui figurent en tête des 12 espèces
décrites par M. de Visiani. L'importance de tous les végétaux qui consti-
tuent ce grand groupe naturel est le motif qui nous détermine à cette
reproduction.
1. Pinus Parolinii Vis. (p. 11, tab. 1.)
P. foliis geminis rigidiusculis, margine cartilagineo-serrulatis scabris,
vaginis rugosis longiusculis; strobilis ovato-conicis, basi truncatis, opposi-
tis verticillatisque, subsessilibus, patulis ercctisve, folio paullo brevioribus,
squamarum apophysi latere superiore couvcxa, argute carinata, nitida,
umbone depresso radiatim rimoso; junioribus ovatis, pedunculatis, erectis,
squamarum dorso recurve mucronatis, seminumala trapetioidea nuculam
ter superante ejusque basim obtusam auguste marginante.
Ilab. in devexitatibus, vallibusque monlis Ida; in Bithynia, ubi haec
sola spccies vastas conficit sylvas. FI. apr. maio
2. Juniperus Bonatiana Vis. (p. 13, tab. 1*.)
J. arborca glaucescens; ramis patentissimis; foliis oppositis dccussato-
imbricatis, adpressis, ovato-rhombeis, apice gibboso-trigonis acutiusculis,
dorso glandula oblouga impressa notatis ecarinatis, junioribus acuminatis
pungentibus erecto-patulis; ramulis tetraquetris, fructiferis strictis brevis-
simis; galbulis pedunculatis globosis tuberculatis.
Ilab. Colitur in H. patavino ubi iVuctificat niaio-junio. Galbuli nigro-
cœruk'i, U-5 Uiberculati,
iu:vn; itiiujociiAiMiiQct:. 837
Aftinis ./. sabinoidi Gnse\)., J. fjirbinntœ Giiss. , J. thiirifcrœ f.., quoe
differt coIoit. totius plantai lœte vifidi, et u;all)iilis obovato-ovoideis, basi
breviter protnu'tis.
3. Jiiiu'perusCaljiancœ \is. (p. 14, tab. 1**.)
J. arborescens, viridis; ramis erecto-patulis; foliis opposilis, omnilxis
decussato-imbricatis adpressis ovato-rhombeis aculis, dorsi convexi medio
glaiidula oblonga impressis ecariiiatis ; ramulis tetraquetris, fructiferis
strictis brevissiiiiis; galbulis pedunculatis subglobosis, apice retusis sublo-
batisque, opacis, laîvibus, demum iiigio-cœrulcis.
Ifab. colituriu IJ. Cabianca auhnomlne J. phœniceœ , cu\ simWls, scd a
qua differt foliis acutis, ramulis tetraquetris et forma galbuli apice truu-
cati vel etiain euiarginati et bi-trilobi.
l*i>o(lrointis .«ysteiiiati»i uatiiralis rcg;ni vcftctaliilis, sive
Enumeratio contracta ordinum, generwn, specierumque plantarum hucus-
que cognitaruin, Juxta methodi naturalis normas digesta, editore et pro
parte auctore Alphonso de Caudolle, vol. XTV, 2' partie, 1 in-8, 493-
706 pp. Paris, 1857; chez V. Masson, place de l'École-de-Médecine.
La 2* partie du \U' volume du Prodromus qui vient de paraître renferme
les monographies desThyméléacées, desÉlœagnacées, des Grubbiacées et des
Santalacées, dues, la première à M. Meisner, la seconde à M. de Schlech-
tendal, la troisième et la quatrième à M. Alph. De Candolle. Tel qu'il est
aujourd'hui l'immense ouvrage entrepris par A. P. De Candolle, à la date
de 36 ans, renferme l'histoire de 179 familles, 6,525 genres, 50,509 espèces.
Pour le mener à sa fin, il ne reste plus qu'à publier les deux volumes qui
contiendront les derniers Dicotylédons; car, comme M. Alph. De Candolle
l'annonçait dernièrement, le Prodroyrais n'abordera pas la série des Mono-
cotylédons.
La famille des ïhyméléacées (1) par laquelle commence le demi-volume
qui vient de paraître (Daphnoidées Vent., DaphnacéesdeC. .\. Meyer el de
divers botanistes), réunit, dans le travail actuel de M. Meisner, les Thymé-
lées proprement dites et les Aquilarinées qui, depuis leur séparation en
groupe distinct par R. Rob. Brown, avaient été regardées comme une
famille à part par tous les auteurs et même par le savant professeur de
Bàle lui-même, dans son Gênera. De là une division en 2 sous-ordres :
1° les Thymélées, caractérisées par un ovaire uniloculaire, à un seul ovule
suspendu près du haut de la loge; 2° les Aquilarinées, dans lesquelles
l'ovaire offre 2 loges uniovulées, ou bien une seule loge avec 2 placentaires
pariétaux, portant chacun un ovule. La présence ou l'absence d'écaillés
ou de glandes périgynes, fixées à la gorge ou sur le tube du calice fait
(1) M. Lindley écrit Thyindaceœ dans son Veyctabk Kinydoin, p. 530.
838 socrÉTÉ botanique dk fuance.
diviser ensuite la famille entière en U tribus, lesThymélées en Gnidiées et
Daphnées, les Aquilarinées en Gijrinopéa et Dr y mi sperme es. La tribu des
Daphnées renferme 23 genres, parmi lesquels 2 sont nouveaux [Ovidia et
Chymococca) ; celle des Gnidioes renferme 10 genres, parmi lesquels
M. Meisner en propose un nouveau sous le nom de Dap/mobryon {Drapetis
spec. Hook. f.). Quant au sous-ordre des Aquilarinées, il comprend 6 genres
tous déjà connus. La famille entière des Tbyraéléacèes comprend 378 es-
pèces, parmi lesquelles 55 sont nouvelles.
La moMOgrapbie de la famille des Élaeagnées par M. de Scblecbtendal
nous offre l'bistoire de h genres déjà connus, auxquels un 5' {Octarillum
Leur.) est rattaché comme douteux. Un 6' [Aextoxicon R. et P.) qu'on
range habituellement parmi les Euphorbiacées, a été rattaché aux Elœa-
gnées par M. Grisebach. Mais, pour divers motifs, M. deSchlechtendal pense
qu'il est convenable de le laisser parmi les genres sans place déterminée,
La petite famille établie par Endlicher sous le nom de Grubbiacées, in-
termédiaire entre les Santalacées et les Bruniacées, ne renferme que le
genre Grubbia Berg., dans lequel JM.Alph. De Candolle réunit les Ophira
Burm. et Lin., et Strobilocarpus KIotzsch, ou Grubbia Berg. Endl. 3 espèces
déjà connues composent seules le genre et la famille.
Les Santalacées ont été traitées par M. Alpb. De Candolle avec le soin
qu'elles méritaient à plusieurs égards. Après avoir exposé les caractères et
la distribution géographique de la famille, le savant botaniste présente des
observations générales sur les affinités de ce groupe naturel, sur son inflo-
rescence et sur quelques particularités organographiques. Ainsi l'étude
attentive des lleurs de presque toutes les espèces de la famille, particu-
lièrement des fleurs femelles du Buckleya Tore, l'a conduit à cette idée que
cette dernière plante, bien que appartenant essentiellement aux Santalacées,
possède un calice et une corolle, et que le périanthe simple de ces végétaux
en général serait analogue a une corolle en dehors de laquelle manquerait
ordinairement le calice. Il en serait de même pour les Loranthacées et les
Protéacées. — M. Alph. De Candolle divise la famille des Santalacées en
3 tribus : 1° les Buckleyées pour le seul genre Buchleya Torr. , qui ren-
ferme une seule espèce; 2" les Santalées, qui comprennent 16 genres parmi
lesquels 3 sont proposés comme nouveaux, sous les noms à& Ithoiacarpos
[Santali spec. Spreng.), Osyridicarpos [T/tesii s^Qc. Auct.), Omphacomeria
{Leptomeriœ sect. 2 Rob. Br.) ; 3° les Anthobolécs (Gênera Santalaceis af-
finia R. Br.; Anthoboleœ [Ordo] Dumort. Endl.) pour 2 genres. — Le
genre Cervantesia R. et P. est rangé avec doute à la suite de la famille.
Les Santalacées, caractérisées par ^\. De Candolle, sont au nombre de 220,
parmi lesquelles 60 sont nouvelles. Le seul genre Thesium comprend 112
espèces.
I,e de.mi-volume dont nous venons d'indiquer le contenu renferme encore
HKVUL lUHLlOGHAl'HIQUi:. S30
8 pages d'Addenda et corrigenda pour le l/i" volume tout entier, ainsi que
la table alphabétique complète du volume.
Moiio^rapliio de la f'aiiiillc dcw tJrticéow; par M.\H.-A. Wcd-
(Icll {Archives du Muséum d'histoire naturelle, vol. IX, 1856 et 1857,
livr. 1-4; tirage à part en 1 in-U de 591 pages et 20 planches gravées).
II y a trois ans environ, M. Weddell avait présenté dans \es Annales des
sciences naturelles (4* série, I, pp. 173-212), sous le titre de Ikvue de la
famille des Urticées, un aperçu général de l'ensemble de ce groupe naturel
et un tableau général des genres ainsi que des espèces qui le composent. Il
a été rendu compte de ce tiavail, en quelque sorte préparatoire, dans le
premier volume du Bulletin de la Société botanique de France (p. 255-
257). Aujourd'hui, ce botaniste a terminé la publication de la mono-
graphie de la même famille, à laquelle il a consacré plusieurs années
d'études. C'est de cette monographie que nous avons à rendre compte, et
nous le ferons avec les développements que mérite ce travail considérable,
sans avoir à craindre que notre analyse fasse double emploi avec celle qui
existe déjà dans le Bulletin, puisque celle-ci ne comprenait gnère que le
tableau des genres et des tribus que M. Weddell admettait alors parmi les
Urticées, et que, quant aux genres, sa Monographie présente plusieurs dif-
férences avec sa Bévue.
M. Weddell devant s'occuper dans sa Monographie non du grand groupe
très naturel ou de la classe des Urticées dans son ensemble, mais seulement
de celui d'entre les démembrements de cette classe auquel les botanistes
modernes ont exclusivement appliqué ce nom, c'est-à-diie de la famille des
Urticées, présente d'abord la division delà classe en 5 familles (Ulmacées,
Cannabinées, Artocarpées, Morées, Urticées), telle qu'elle est admise au-
jourd'hui. Il fait observer que c'est à peine si la nature a tracé des limites
appréciables entre ces 5 groupes secondaires. — Dans \m paragraphe con-
sacré à des remarques préliminaires, il rappelle que Gaudichaud est, avant
lui, le seul botaniste dont les travaux aient embrassé l'ensemble de la fa-
mille, mais que malheureusement celles des études faites sur ce sujet par
notre regrettable botaniste, qui aient été livrées à la publicité, se réduisent :
1° à celles qui ont été publiées dans le Voyage de l'Uranie (1826), dans
lesquelles 11 genres nouveaux ont été ajoutés aux 8 déjà existants; 2° à
une série de belles planches qui font partie du Voyage de la Bonite (1839-
18Z|6), dont le texte n'a pas été mis au jour. Il fait ressortir les difficultés
que présente l'histoire de ces végétaux par ce motif qu'il n'est pas de famille
végétale où l'espèce propi'ement dite soit plus sujette à varier, ni dans la-
quelle il soit plus difficile de rcconnailre les espèces et même les geiu'es par
la seule inspection du faciès. " C'est assez donner à entendre, dit-il ensuite,
8â0 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DK FKANCE.
que je l.iisse encore bien à faire à ceux qui, après moi, prendront cette
matière en sous-ordre. » La synonymie lui a surtout offert de très grandes
difticuitis (ju'il a pu lever en majeure partie, grâce aux nombreux maté-
riaux qu'il a trouvés dans les berbiers de Paris, de Londres et de Kew.
Dans le troisième paragrapbe de sa Monographie, M. Weddell étudie en
détail les organes de la végétation des Urticées. Il examine successivement
et en autant d'alinéas distincts : 1" la tige, qui, dans la plupart, ne diffère
pas, sous le rapport de sa structure auatomique, de celle de la généralité
des Dicofylédons et les bourgeons; 2° les poils, donton sait que l'organisa-
tion consiste en une seule cellule allongée, renflée à sa base à latfuelle une
couche de cellules épidermiques forme une gaine, terminée le plus souvent
par un petit bouton qui, se brisant sous l'effort nécessaiie pour qu'il y ait
piqûre, ouvre un orifice par lequel le liquide brûlant contenu dans la ca-
vité pénètre dans la peau et produit la sensation brûlante que tout le
monde connaît; 3" les cystolithes, au sujet desquels on peut consulter une
communication spéciale de l'auteur dans ce Bulletin (p. 217) ; h° les
feuilles; 5" les stipules. — f.e quatrième paragraphe est relatif à l'inllores-
cence à l'étude de laquelle est rattachée, en deux alinéas distincts, celle
des bractées et involucres, et des pédicelles. — Le cinquième paragraphe a pour
sujet les organes de reproduction ; après quelques généralités, M. ^Yeddell
y étudie successivement les fleurs mâles et leslleurs femelles. — Le sixième
paragraphe (numéroté VII par erreur) traite en détail des affinités des
Urticées. Les affinités les plus prononcées que l'auteur reconnaisse dans
ces plantes sont celles qui les rapprochent des Tiliacées. « Les seuls carac-
tères, dit-il; par lesquels les Tiliacées se différencient notablement des
Urticées sont : la non-persistance du calice et le nombre des étamines
toujours au moins double de celui des segments de l'enveloppe florale;
l'affinité di:<, deux groupes ne iTie semble donc pas devoir être mise en
doute. » D'un autre côté, il existe une affinité collatérale entre ces plantes
et les Euphorbiacées. — Le septième paragraphe (numéroté Vlll) a pour
titre ; Distribution géographique des Urticées. Un grand tableau, qui se
trouve à la lin du mémoire entier, présente tous les détails de cette distri-
bution. ■ — Le huitième paragraphe (numéroté IX) est relatif aux propriétés
et usages des Urticées; plantes sans vertus médicinales tant soit peu pro-
noncées, usitées seulement pour l'urticationà cause de leurs poils brùlar.ts,
et dont plusieurs, comme les irlica dioica et cannabina, surtout le Boeh-
mei'ia nivea, fournissent une matière textile utilisée par divers i)euples.
Le corps même de la Monographie des Urticées par M. Weddell est écrit
en latin, sauf les observations qui suivent généralement l'exposé des genres
et des espèces, et qui sont en français. La synonymie, les caractères sont
exposés avec tous les développements requis dans une histoire monogra-
phifiue. Pour cliaque espèce, l'autour donne, selon l'us ige, duquel tendent
RliVLK BIIJLIOGHAPHIQUK. 8/il
malheureusement, selon nous, à s'écarter plusieurs botanistes de notre
époque, non-souiement une description, mais encore une diagiiose. I/articlc
déjà cité, qui a paru dans le premier volume de ca Bulletin (p. 255), ren-
ferme le tableau syuopti(iue des 5 tribus admises par l'auteur dans la fa-
mille des Urticées, ainsi que les caractères de ces tribus; nous n'avons
donc pas à y revenir ici. Ces tribus sont celles des Urérées, des Procridées
(nommées Lecantbées dans les premiers écrits de l'auteur), des Boebmé-
riées, des Pariétariées et des Forskahlées. Mais nous croyons devoir donner
le relevé des genres que renferment ces diverses tribus, parce que la ta-
bleau que nous venons de citer n'est pas entièrement conforme, sous ce
rapport, à ce que nous montre maintenant la Monographie.
I. Urérées. — 1. Urtica Gaudic. ; 51 esp. — 2. Obetia Gaudic. ; 2 esp.
— 3. Kleurya Gaudic. •, 11 esp. — h. Laportea Gaudic. ; 17esp. — 'S-Urera
Gaudic; 17 esp. — 6. Girardinia Gaudic; 6 esp. — Total: 6 genres ;
lOZi esp.
II. Procridées. — 7. Pilea Lindl.; 136 esp. — 8. Acbudemia Blume ;
1 esp. — 9. Lecanthus Wedd. ; 1 esp. — 10. Peliionia Gaudic; 6 esp. —
11. Nanocnide Blume; 1 esp. — 12. ElatostemaForst.; /;3 esp. — 13. Pro-
cris (>ommers. ; 6 esp. — Total : 7 genres; 94 esp.
III. BoEHMÉRiÉES. 1" sous-tribu. Euboehmériées — 1/i. Boehmeria Jacq. ;
38 esp. — 15. Cbamabainia Wight; 1 esp. — 16. Pouzolsia Gaudic;
23 esp. — 17. Memorialis Hamilt. ; 13 esp. — 2* sous-tribu. Sarcochla-
mydées. — 18. Cypholopbus Wedd.; 3 esp. — 19. Neraudia Gaudic; 2 esp.
— 20. Sarcochiarays Gaudic ; 1 esp. — 21 . Touchardia Gaudic. ; 1 esp. —
22. Laurea Gaudic; 1 esp. — 3' sous-tribu. Villebrunées. — 23. Pipturus
Wedd.; 7 esp. — Ik. Villebrunea Gaudic; 9 esp. — 25. Debregeasia Gau-
dic; 5 esp. — h" sous-tribu. Maoutiées. — 26. Missiessya Gaudic. ;
\ti esp. — 27. Maoutia Wedd.; 8 esp. — 28. Myriocarpa Benlb.; 6 esp.
— 29. Pbenax Wedd.; 11 esp. — Total : 16 genres; lU'à esp.
IV. Pariétariées. — 30. Parietaria Tourn. ; 7 esp. — 31. Gcsnouinia
Gaudic; 2 esp. — 32. Heraistylis Benth.; 3 esp. — 33. RousseliaGaudic;
1 esp. — 3k. Heixine Requien; 1 esp. — Total : 5 genres; iU esp.
V. FoRSKOHLÉES. — 35. Forskohlca Lin.; 5 esp. — 36. DroguetiaGaudic. ;
û esp. — 37. Australina Gaudic; 3 esp. — 38. Didymodoxa E. Meyer;
3 esp. — 39. Disteinon Gen, nov. {Urticœ sp. Wall.); 1 esp. — Total :
5 genres ; 16 espèces.
Ainsi la Monographie des Urticées de M. Weddell comprend l'histoire de
39 genres et de 471 espèces. Elle est suivie d'un appendice de Ix pages et
d'une table. — Les 20 planches qui l'accompagnent renferment un grand
nombre de figures analytiques gravées sur cuivre par M. Picard, d'après
les dessins de l'auteur.
8/i2 SOCIÉTÉ WOTAMQUE DE FRANCE.
De .Stert'ocaulis et Pilo|)huri« coiikiiieiitatîo ; auotor ïheo-
dorus iMagnus Fries (Thèse in-8 de /i2 pages. Upsal, 1857).
Dans un avant-propos, M. Fries fait ressortir l'extrême difficulté que
présente l'étude des Lichens de la trihu des Cladoniaeés. I.e genre Stereo-
caulon.en particulier a été, dans ces dernières années, l'objet de plusieurs
écrits qui ont ajouté la difficulté de la synonymie à toutes celles que sou
histoire présentait deja par elle-même. Le travail dont il fournit le sujet au
savant botaniste suédois est devenu une grande Monographie qui a été re-
mise par lui à la Société royale des sciences d'Upsal, et dont la dissertation
qui nous occupe n'est que le synopsis. — L'auteur iiomme ensuite les per-
sonnes qui l'ont aidé en lui fournissant des matériaux pour sa Monographie
et le premier qu'il cile est notre éminent cryptogamiste, M. Montagne.
Au commencement de sou synopsis monographique, M. Fries recherche
la place que doivent occuper les Cladoniaeés dans la série des Lichens. Cette
place est des plus élevées et immédiiUement après les Lsnéacés, auxquels
les relient des formes intermédiaires, qui ne laissent presque entre les uns
et les autres d'autre différence (jne celle des apothécies.
Le genre Sterkocaulon Schreb. comprend, dans le travail de M. Fries,
23 espèces rapportées à 2 sections. Voici le tableau de ce genre et de ces
espèces :
Sectio 1. Eustereocaulon. A. Saxifraga.*Apotheciis terminalibus (velter-
minalibus lateralibusque mixtis), podetiis vage ramosis. 1. St. ramulosum
Sw. 2. ^St. vimineum; n. sp. mexicana. 3. St. furcatum Fr. k. St. my-
riocarpum, n. sp. mexicana. 5. St. coralloides Fr. 6. St. japonicum, n.
sp. japonica. 7. St. cereolinum Acii. Koerb. 8. St. claviceps, n. sp.
mexicana. 9. St. piluliferum, n. sp. nepalensis. 10. St. macrocarpum A.
Rich. 11. St. impli'xum, n. sp. magellanica et Chilocnsis. *' Apotheciis
lateralihus sessilibus !. tandem podicellatis, podetiis apice siibdichotome
divisis — 12. St. strictum, n. sp. mexicana — 13. St. Vulcani Bory. Ach.
\h. St. leporinum, n. sp. in Insulis Fortunatis. 15. S. denudatum FI. 16.
St. obesum, n. sp. in America centr. — B. Terrestria — 17. St. tomentosura
Fr. 18. St. incrustatum FI. 19. St. paschale L. Fr. 20. St. condensatura
Hoffm. 21. St. Delisei Bory.
Sect. IL Chondrocaulon. 22. St. albicans, n. sp. peruviana. 23. St. na-
num Ach.
Les PiLOpnoRus forment un nouveau genre établi par ^L Fries, qui le
caractérise de la manière suivante : Apothecia intus solida, cephaloidca,
subimmarginata; lamina sporigera hypothecio simplici crasso imposita, ex
ascis clavatis paraphysibusque arcte conglutinatis contexta; sporœ oblongo-
ovoidea-, simplices ; sperniatia .spermatophoris ramosis infexa. — Thallus
duplex : pocletia listulosa I. araneoso-farcla, strato medullari e filamcnlis
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. Sll^
parallelis contcxtf), corticali tennissimo, mox iii tomcntum evanescens so-
luto; pliyllocladia suhcrustat'oa, venucaeformia I. s(ni:imiiln.sa, poiiidin
foventia. Ce <,fenre est intermédiaire entre les iionres Stcreocoulon et f^la-
donia ; il se rapproche de ce dernier par le port et par divers caractères ;
il ressemble au premier par la végétation, etc. Il comprend les trois espèces
suivantes: 1. P. robustus. n. sp. norvegica. 2. P. acicularis (Bœomyces
acieularis Ach. [Meth.). 3. P. Fibula (Stereocaulon Fibula Tuckerm.).
BOTANIQUE APPLIQUÉE.
]to<anÎN4-li(' Strcifzuc$c auf dcni Gieliiofe «loi* C'uHiir^fcw-
cliiclilc. I. !lalii*uii;^s|»i1anzcu flciv ïlcusclicii [Excursions
botanùpics dans le domaine de la culture. I. Plantes servant à l'alimen-
tation de l'homme); par IM. F. Unger {Sitzunysberichte der matliem.
naturw. Classe der lùiis. Akad. der Wissenschaften, XXIII, 1857,
p. 159-25/i; tirage à part eu brochure in-8 de 98 p. et 1 carte. Vienne;
1857).
Dans des considérations placées au commencement de son mémoire,
M. Unger montre l'inégalité de distribution géographique des végétaux ali-
mentaires qui deviennent de plus en plus nombreux des régions froides à
la zone équatoriale. Il ajoute que toutes les recherches qu'on a faites pour
reconnaître la patrie de nos espèces les plus importantes poui- l'alimentation,
les ont montrées originaires des contrées que limitent les plus grandes mers
intérieures du globe, le golfe Persique et la mer Rouge, la Méditerranée,'
la mer Noire et la mer Caspienne. C'est du Caucase, du Tauruset de l'Ai hors
que tirent leur origine non-seulement nos arbres fruitiers les plus répandus,
mais encore nos céréales. — Il n'est presque pas une plante alimentaire qui,
dans son état naturel, fournisse un aliment agréable ou de hou goût ; ce sont
la culture et les soins assidus dont toutes ont été l'objet qui les ont amé-
liorées graduellement et amenées à leur état actuel. Pour celles dont
l'homme n"a pu changer la nature, il a inventé des procédés au moyen
desquels il en extrait les principes nutritifs en les séparant des matières
mauvaises au goût ou même vénéneuses, comme le montrent la fécule
extraite du Manioc, du Tacca, de diverses Aroïdes, etc.
M. Unger divise les végétaux qui servent à l'alimentation de l'homme en
cinq catégories : 1° les féculents, amylucea, qui forment la base de toute
nourriture végétale; 2° les oléifères, oleoso; 3° les sacchariféres, saccharina
seu dulcia ; l\° les acidulés, acidula; 5° les salins, salina. Sur une grande
mappemonde, qui est jointe a son mémoire, il indique, par des signes con-
ventionnels, la distribution géographique de ces catégories de plantes ali-
mentaires. Évidemment il nous serait impossible, sans sortir des bornes
Slltl SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
imposées aux ailicles de cette Revue, de présculer ici lo relove de toutes
les espèces alimentaires citées par le savant botaniste allemand, puiscjue le
nombre s'en élève h plus de 800; nous devons donc nous contenter d'indiquer
les principales d'entre elles en les rapportant à la section dans laquelle elles
rentrent; après quoi, nous résumerons en quelques lignes les faits géné-
raux c|ui découlent de l'ensemble de ce travail intéressant et instructif.
1° Végétaux féculents. — En tète de cette section et de toute la série des
plantes alimentaires se trouvent naturellement les céréales, parmi Ies(juelles
l'Avoine appartient à l'Iùnope, l'Orge et le Froment au nord de l'Asie, les
Millets et le Riz au sud de l'Asie, les Sorgbos à l'Afrique, le Maïs a l'Amé-
rique. On peut joindre aux céréales : pour l'Abyssiuie, le Tef {Eragrostu
abyssinica Link, et le Dngussa [Eleusine Tocusso Freseu.); pour l'Inde, les
Fleusine coro.cana Gaertn. et s^n'c^a Roxb., ainsi que le PeniciUaria spi-
cata Willd. ; pour l'Europe et le nord de l'Asie, les Polygonum Fagopyrwn
L. , tataricum L. ; pour le Pérou et le Chili, le C henopodium Quinoa Willd.;
pour l'Inde, YAmarantus fnimentaceus Buchau., etc. A cette catégorie se
rattachent les plantes à tubercules farineux, comme la Pomme de terre, la
Batate {Batatas cdulis Choisy), les Ignames [Dioscorea], le Tacca pinnati-
fida Forst. , le Tarro des Océaniens ou Arum esculentuni Forst. , le Manioc,
quelques Oxalis, etc. Il faut y joindre les végétaux dont la tige se remplit
de fécule dans ses parties cellulaires, comme plusieurs Palmiers, surtout
les Sagoutiers, etc.; enfin ceux dont les fruits ou les graines sont remplis
de la même substance alimentaire, tels que l'arbre à pain [Artocarpus)^ le
Châtaignier, les Chênes à glands doux, les Légumineuses, etc.
* 2" Les végétaux oléifères, quoique moins importants que les précédents,
ont cependant beaucoup d'intérêt. Ce sont leurs graines, leurs fruits, quel-
quefois leurs tubercules qui renferment une huile grasse généralement
mêlée de fécule, de gomme, de sucre et d'albumine. Ici rentrent l'Aman-
dier, le Noyer, le Noisetier, le Cacaotier [Theobroma) , le Noyer du Brésil
ou Juvi is [Bertholletia excelsa H. B.), divers Palmiers et surtout parmi
eux V Liais guineensis L. , le Cocotier, etc., l'Olivier, divers Trapu, le
Cyperus esculentus L. , etc.
3° A la tête des végétaux saccharifères se place la Canne à sucre, que
suit de près aujourd'hui la Betterave. Diverses espèces à fruits sucrés
acquièrent une haute importance pour l'alimentation de l'homme. Tels
sont particulièrement le Dattier et le Bananier; il faut y rattacher l'Ananas,
le Papayer [Carica Papaya L.), le Figuier, le Caroubier [Ceratonia siliqua
L.), l'Opuntia, plusieurs Cucurbitacées, etc. M. Unger classe à la suite de
celles-ci les espèces alimentaires du genre Alliinn, dont les bulbes l'enfer-
ment de la fécule, du sucre, avec une huile volatile à laquelle ils doi-
vent leur saveur piquaute et leur odeur bien coiuiue.
W Les fruits acidulés sont caractérisés par un mélange de sucre et
REVUE RmLIOGRAPHIQIÎE. 8^5
d'acides, dans lequel on voit dominer tantôt l'une, tantôt l'autre de ces
deux substances. C'est dans cette catégorie que rentrent la plupart des
fruits comestibles, dont la liste est fort longue. M. Unger les énumère en
les rapportant à la partie du monde qui les produit, a. L'Asie est la patrie
du Manguier [Mamjifera indica L.), de la Pomme rose {Jambosa vuUjaris
DC), de l'Oranger et du Citronnier, du Pêcber, du Prunier, de l'Abricotier,
des Cerisiers, du Jujubier, du Mangoustan [Garcinia ûltunjnslanu L. ), de la
Vigne, etc. — b. L'Afrique est peu ricbe en arbres à fruits comestibles
acidulés. L'auteur cite le Zizyphus Lotus, les Chrysobalanus elliplicus Sol.
et luteus Sab., le Mammea africana Don, un Bursera nommé Safu dans le
Congo où on le cultive abondamment, le Baobab {Adansonia digitata L.),
\eBnlunites a'gyptiacaDd., etc. — c. L'Europe est encore plus pauvre ;
mais elle possède le Poirier et le Pommier, auxquels il faut joindre les
Groseilliers, le Framboisier et le Fraisier. — d. L'Australie est la partie du
monde la plus pauvre en fruits bons à manger; les seuls qui méritent d'être
cités sont ceux du Fusanus acuminatus R. Br. , le plus important de tous,
du Scmtalimi lanceolatum R. Br., de âeuxMesembryant/iemian, du Nitraria
BiU.ardieri DC, de quelques Leptomeria, Exocorpus^ etc. — e. L'Amé-
rique, au contraire, est ricbe sous ce rapport. Ainsi elle produit le Cajou ou
Acajou {Anacardium occidentale L.), le Mammei [Mammea americana L.),
l'Avocatier (Persm gratissimaG-A^nn.), les Goyaviers [Psidium), plusieurs
Eugenia, Tlcaquier [Chrysobalanus Icaco L.), le Sapotillier (AcAras5'«/J0/rt
L.), divers Anona, etc.
5° Sous le nom de végétaux salins ou salifères, M. Unger réunit ceux
dans lesquels on ne trouve pas de principe dominant, mais un simple mé-
lange de fécule, de gomme, de sucre, d'albumine, de cire, etc. Cette caté-
gorie comprend nos plantes potagères, Épinard, Salades, Asperge, Arti-
cbaut, etc., et, dans la zone intertropicale, divers Palmiers dont le gros
bourgeon terminal forme le légume connu sous le nom de Chou-palmiste.
Un grand nombre de végétaux plus ou moins propres à servir d'aliment
sont répandus dans tous les pays du giobe; d'où cette catégorie est peut-
être la plus nombreuse de toutes, mais non la plus utile.
Au total, le nombre des plantes alimentaires qui existent peut être évalué
à 1,000, sans crainte d'exagération; on peut aussi admettre que chacune
d'elles a donné, en moyenne, une dizaine de variétés, ce qui porterait à
10,000 le chiffre probable de celles-ci. La distribution géographique de
ces plantes alimentaires n'est pas uniforme; elles abondent dans certains
pays, tandis qu'elles sont peu fréquentes ou manquent même dans d'autres.
L'hémisphère oriental l'emporte beaucoup à cet égard sur l'hémisphère
occidental. Le savant botaniste allemand rend cette inégalité frappante par
le tableau suivant :
Féculents . . .
237
191
U5
Oléifi-res . . .
9Û
A9
U5
Saccharifères .
81
52
29
Acidulés. . . .
213
151
62
Salins
lZi5
122
23
8/iG SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
NOMBRE TOTA.L NOMBRF. DES PI,.\NTES ALIMENTAIRES.
(les ,-— " ~^ ^ ~~ —
PLANTKs Ojiis rhe'niisphère D.nis riiifmisphèri; U.ius les 2 hémisplièies
Ai.iMr;Nr*.iRF.s. oiieiital. occidental. à la fois.
1
»
»
»
770 565 20/i 1
Un fait très remarquable, c'est que si l'on tire une ligne, dans l'hémisphère
occidental, des Moluques jusqu'à l'Irlande, celte ligne passera parla patrie
des plantes alimentaires les plus nombieuses et les plus importantes. Il en est
de même, quoique de manière beaucoup moins saillante, pour l'hémisphère
occidental ; car la patrie des plantes alimentaires les plus essentielles et les
plus nombreuses se trouve sur une zone qui s'étend du Brésil à la Guyane,
au Pérou, à l'Eciuateur, et qui se termine au Mexique. M. Unger nomme
ces deux lignes ou zones broinatoriques (de Çpwjma, nourriture, et opoç, terme,
limite).
NOUVELLES.
On annonce comme devant paraître prochainement et même comme
étant déjà sous presse la 3' partie de la table générale et spéciale (/«rfeu; ge-
ncnilis et sjjccialts) des genres, espèces et synonymes du Prodromiis par
M. H.-W. Buek. On se rappelle que les deux premières parties de ce tra-
vail ont ete publiées en I8/1O et 18/i2, à Berlin, en un volume in-8, et
qu'elles correspondent, la première aux quatre premiers volumes du Pro-
drome, la seconde aux cinquième, sixième volumes, ainsi qu'à la première
moitié du septième volume de ce grand ouvrage. La nouvelle partie de
V Index qui doit être publiée en 1858 chez MM. Perthes, Besser et INIauke,
à Hambourg, aura pour objet la seconde moitié du septième volume du
Prodrome, ainsi que les volumes 8, 9, 10, 11, 12 et 13. Elle comprendra
donc toute la série des familles depuis les Composées exclusivement jus-
qu'aux Amarantacées inclusivement.
— D'après le Bonplandia du 1" décembre 1857, M. de Siebold doit
partir prochainement pour les Lides néerlandaises, avec une mission du
gouvernement des Pays-Bas, On doit beaucoup espérer de ce nouveau
voyage du savant distingué qui déjà, dans son exploration du Japon, avait
su réunir les éléments d'un grand ouvrage riche en nouveautés d'un rare
intérêt. Malheureusement cet ouvrage [Flora japonica) dont il u'a paru que
le premier volume avec cinq fascicules du second, et que la mort de Zuc-
carini, le savant auteur de ce que nous en possédons, avait empêché de con-
REVUIC RIBLIOGRAPHIQLE. 847
tiiuicr. se trouve peiil-etre aujounl'lnii coiulamiu' définitivement à lesler
inaclievé par suite du nouveau voyage de M. de Sieliold.
— Lq Hamburger Gartcn-uud lUumenzeitung du mois de décembre 1857
annonce que Herni. Wendland, de retour depuis peu de temps à Hanovre de
son voyage dans l'Aujérique centrale, particulièrement dans l'état deCosfa-
Rica, se propose de publier, avec la collaboration du savant professeur de
Gôttingen, INI. Hariling, la description des plantes en grand nombre qu'il a
recueillies pendant cette courte mais fructueuse exploration. 11 désire que
quelques autres botanistes veuillent bien se joindre encore à lui pour l'exé-
cution de cet important travail, particulièrement pour l'élaboration des Pal-
miers et des Fougères. La publication qu'il se propose de faire, devant
former une sorte d'essai d'une flore de l'état de Costa-Rica, comI)lera une
lacune regrettable dans le tableau général de la végétation de l'Amérique,
puisque, abstraction faite de ([uelqucs petits écrits du docteur OErstedt, on
ne possède encore rien sur ce sujet. — Le même journal dit aussi que,
parmi les nombreuses plantes ornementales que IM. Wendland a décou-
vertes et rapportées, il faut citer surtout le Warscewiczia pulchcrrirnu,
qui avait été trouvé pour la première fois, près de San Miguel , de Costa-
Rica, il y a quelques années, par M. de Warscewicz à qui le genre qu'il
forme a été dédié.
A ce propos, nous croyons utile d'extraire d'une lettre écrite par M. Wend-
land sur son voyage et publiée dans le même journal', pp. 532-550, quel-
ques détails sur cette magnifique Euphorbiacée, devant laquelle cet babile
liorticulteur-botaniste dit qu'on ne peut man(|uer de rester saisi d'admira-
tion. Le Warscewiczia forme un arbre d'environ 16 mètres de bauteur.dont
les ieuilles opposées, oblongues, d'un vert frais, ont 50 centimètres de lon-
gueur. Chacune de ses branches se teiinine par une iutlorescence rameuse,
lâche, longue de 315 eentim. a 1 mètre, dans laquelle les fleurs sont accom-
pagnées de bractées longuement pétiolées, d'un beau rouge. Celte espèce
n'existait pas encore dans les jardins de l'Europe; M. Wendland vient de
la rapporter de son voyage. Ce serait pour les serres une acquisition d'au-
tant plus précieuse que, dans son pays natal, elle commence à fleuiir lors-
qu'elle n'est haute encore que de 3 ou 4 mètres.
Plantes à vendre.
D'après le Botanische Zeitung, le docteur Ludwig Thienemann (auteur
du voyage dans le nord de l'Europe, particulièrement en Islande) met en
vente ses collections de Cryptogames particulièrement arctiques. Sou adresse
est à Dresde, Trachenherge.
8/j8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
— L'herbier de feu Willibald Lechler est en ce moment à vendre. D'à
près les détails que donne à ce sujet M. de Scldechtendal, dans le Botnnis-
che Zeitung du 8 janvier 1858, cette collection comprend 19,636 espèces
qui se répartissent géographiquement de la manière suivante : 1° pour
VEurope, 1/i,127 espèces parmi lesquelles 4,625 d'Allemagne, 3,000 de
Suisse. 500 de France, 682 des Pyrénées, de l'Espagne et du Portugal,
1230 du Caucase et du Taurus, etc.; 2" pourj Asie, 2,896 espèces, dont
1,060 de l'Asie Mineure, 720 de la Perse, 220 du Kurdistan, 301 delà
Russie asiatique, etc.; 3'^ pour l'Afrique, 1,058, dont 500 du Cap et 395
d'Abyssinie; k" pour la Nouvelle-Hollande, 80; 5° enfin pour V Amérique,
1/j82.
A cet herbier Lechler avait joint plus tard environ 1,500 espèces recueil-
lies par lui pendant ses voyages, dont la moitié appartiennent aux Ma-
louines, au détroit de Magellan et au Chili méridional, dont les autres sont
du Pérou. — On trouve aussi avec ces plantes une belle collection d'Algues
de M. I.enormand, etc.
On désirerait vendre toutes ces collections ensemble.
S'adresser à M. Zeller, conseiller de finances (Finanzrath), à StutlL^art.
BIBLIOGRAPHIE.
Botauisrlic Zcifuug;.
Articles originaux publiés en 1857 (suite).
Crueger [Hermann], — Westindische Fragmente (Fragments envoyés des
Indes occidentales ; 9' fragment. Sur le Cauto) ; n" 17 et 18, 2/; avril et
1 mai, col. 281-292, 297-309, plan. VI et Vïl.
Karsten [Hermann). — Ueber die Entstehung desHarzes, Wachses, Gum-
mis und Schleims durch die assimilirende Thœtigkeit der Zellmembraii
(Sur la formation de la résine, de la cire, de la gomme et du mucilage
par l'activité assimilatrice de la membrane cellulaire); n° 19, 8 mai, col.
313-321.
Caspary [Robert). — Neuc Unlersuchungen liber Frostspalten (Nouvelles
recherches sur les fentes produites dans les arbres par la gelée) ; n°' 20,
21, 22, 15-22-29 mai, col. 329-335, 345-350, 361-371, avec un grand
tableau.
Millier [Charles, de Halle). — Beitraege zu einer Flor der Kryptognmen
Rrasiliens, insbesondere der Insel Santa Catharina (Notes relatives à une
flore cryptogamique du Brésil, en particulier de l'ilc Sainte-Catherine) ;
n° 23, 5 juin, col. 377-387.
Paris. — Imprinierio do 1.. Martinet, rue Mif;non,
SOCIÉTÉ BOTANIOUE
DE F 11 ANGE.
ÎV'
SEANCE DU 13 NOVEMBRE 1857.
Pr.ÉSIDENCE DE M. MOQUIN-TANDON.
La Sociélé se réuni l à sept lieures et demie du soir, dans le local
ordinaire de ses séanecs, rue du Vieux-Colombier, *lh.
M. le Président déclare ouverte la session ordinaire de 1857-58,
et, par suite des présentations faites dans la séance du 2/i juillet
dernier, proclame l'admission de :
MM. OuDiNET, pharmacien, rue Hoche, 9, à Versailles, présenté
par MM. Chalin et Guilioteaux-Vatel.
Bkrgeron (Georges), étudiant en médecine, rue Villedo, 7, à
Paris, présenté par MM. Chatin et de Schœnel'eld.
GouBERT (Emile), étudiant, rue Saint-Sulpice, 25, à Paris,
présenté par MM. Chatin et de Schœncfeld.
RoYER (Charles), avocat, à Saint-P»émy près Montbard
(Cùte-d'Or), présenté par MM. Chatin et de vScliœnei'eld.
' AuGÉ DE Lassus, rue Saint- Jean, hh, à Saint-Quentin (Aisne),
présenté par MM. Montagne et Viaud-Grandmarais.
M. le Président annonce en outre treize nouvelles présentations.
M. le Président annonce la mort de M. Guiart, pharmacien en
chef de l'hôpital do la Pitié, membre de la Société, décédé à Paris,
au mois de septendjre dernier.
M. T. Caruel, membre de la Société, est proclamé membre à vie,
sur la déclaration faite par M. le Trésorier qu'il a rempli la condition
à laquelle Farticle lU des statuts soumet l'obtention de ce titre.
Do72S faits à la Société:
■l" Par M. P. (le Tchihatchef :
Sur la véyé(atin7t rJe^ hantes ^nonfagncfi de l'A^ie-Miinino et ffei'Av'
même.
T. IV. 5'»
850 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
2° Par M. Léon Soubeiran :
Note sur la récolte de la gomme adragnnte en Asie-Mineure .
Note sur les marais à sangsues de Clairefontaine.
Description de U Aquarium du Muséum d'histoire naturelle de Paris.
Description de deux cas de monstruosité comparés, observés sur un
canard et un poulet, par MM. L. Soubeiran et A. Luton.
3° Par M. Ducliartre :
Observations sur la fanaison des plantes et sur les causes qui la déter-
minent.
Note sur quelques monstruosités du Tulipa Gesneriand.
û" Par M. de Bonis :
Une lettre autographe de Schultes.
5" De la pari de M. Alpb. De Candolle, de Genève :
Espèces nouvelles du genre Thesium.
Note sur la famille des Santalacées.
6" De la pari de M. Godron, de Nancy :
Flore de Lorraine, 2* édition.
7" De la part de M. G. Thuret, de Cherbourg :
Observations sur la reproduction de quelques Nostochinées.
8" De la part de M. Cuigneau, de Bordeaux :
Compte rendu des travaux de la Société Linnéenne de Bordeaux pen-
dant Vannée 1855-5G.
9» Delà part de M. Fée, de Strasbourg :
Sur les Cycadées.
10» De la part de M. M. Du Colombier :
Exposition d'une méthode propre à résoudre diverses questions de sta-
tistique végétale.
li'' De la part de M. l'abbé de Lacroix :
^ Nouveaux faits relatifs à l'histoire de la botanique et à la distribution
géographique des plantes de la Vienne.
12° De la part de M. Iluberl :
Essai sur quelques llydrophijtes de la C harente-Inférieure .
13" De la part de M. Sahut, horticulteur à Montpellier:
Catalogue de son établissement, pour 1857-58.
SKANCE DU 13 NOVEMBRE 4857. 851
1Û° De lu part de M. N. Fringslieim, de Berlin :
Untersuchungen iteber Befruchtung imd Générât ionswechsel der Al yen.
15° De la part de 31. Conrad Kindbcrg :
Symbolœ ad synopsin gencris Lepigonum.
16° De kl part de M. W. Gregory :
On new forrm of marine Diatomaceœ, etc., et plusieurs autres mémoires
sur cette famille. '
17° De la part de M. Malbranclie, de Rouen :
De la prétendue transformation de IJEgilops en Blé.
18° De la part de M. de Gaze :
Sur une correspondance inédite entre Linné et Bernard de Jussieu.
190 De la part de M. Ed. Le Héricher :
Essai sur la flore popidaii^e de Normandie et d'Angleterre.
20° De la part de l'Institut Smithsonien, de Washington :
Publications of the learned Societies and perlodicals in tlie library of
the Srnithsonian Institution, part 2.
Okio agricultural Reports, 1850-5Û.
Srnithsonian Reports, 1855.
Act of incorporation and By-laws oftlie Academy of Natural sciences
of Philadelpkia.
21° Compte rendu de la séance générale, du Ijuin 1857, de la Société
d'encouragement.
22" En échange du Bulletin de la Société :
Bulletin de la Société industrielle d'Angers, luiméros de janvier et
février 1857.
Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture, numéros de
juillet à septembre 1857, et Procès -verbaux des séances du Jury
pour l'exposition universelle de 1855.
L'Institut, juillet à novembre 1857, seize numéros.
M. Brice donne lecture du rapport de la Commission de compta-
bilité, chargée de vérifier la gestion de M. le Trésorier pendant
l'exercice 1856. Ce rapport est ainsi conçu :
852 sôciétf: DOTAisiorio hv. ri'.v^icr:.
RAPPORT DE LA. COMMISSION DE VÉRIFICATION DES COMPTES DU TRÉSORIER DE lA
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE POUR L'ANNÉE 1856.
Messieurs,
La Commission cliargéo, aux termes do l'article 27 de votre règlcmeut
administratif, de vérifier la gestion de IM. le Tréf-orier de la Société pendant
l'année 1856, a bien voulu me confier le soin de rédiger son rapport, et Je
vais, eu conséiiuence, avoir l'iionueur de nous sounieltro !e résultat de notre
travail.
Nous vous devons, avant tout, quchiues courtes explications sur l'épociue
tardive de l'accomplissement de notre mission. Sans doute, si nous nous
fussions attachés à la lettre plutôt (ju'à l'esprit du règlement, il nous eût été.
facile de vous apporter, dès la fin de janvier, une balance extraite à cette
date des livres de M. le Trésorier, elde l'analyser devant vous, comme ont
dû le faire les Commissions qui nous ont précédés, pour obéir à une pres-
cription réglementaire, à notre avis inexécutable, quant a la date fixée par
elle. -Mais, résolus à procéder à la vérification des comptes de 1856 île ma-
nière à pouvoir vous faire connaiti-e la situation réelle de cet exercice, il
nous a fallu nécessairement attendre que toutes Us dépenses (lui s'y ratta-
chent fussent constatées et soldées. Agir autrement, c'eût été nous exposer
à ne pouvoir mettre sous vos yeux (|ue des résultats incomplets, puisfju'il
eût fallu rejeter sur l'exercice 1857 iv\ grand nombre de dépenses créées
en 1855 et 1856, mais dont le chiffre était alors inconnu.
Nous nous empressons, d'ailleuis, de rendre hommage à la parfaite régu-
larité qui règne dans les écritures de M. le Trésorier. Un compte spécial est
ouvert chez l'honorable M. Delcssert au nom de la Société Botanique de
France, et ses receltes comme ses dépenses viennent y figurer tour à tour,
au moyen de ce mécanisme compliqué, mais aussi ingénieux qu'infaillible,
que l'on nomme la comptabilité en partie double.
Cependant, quelque rigoureusement exucr que soit ce compte, ce n'est et
ce ne peut être qu'un conq)le de cai^^se ; et pour (jue la Société lût à même
d'en apprécier utilement les résultats, il a fallu en faire le complet dépouil-
lement, en decompoicr les éléments divers et ks grouper ensuite sous la
forme d'un compte administratif que nous itablissons ainsi qu'il suit :
Aclif de la Société an \*' janrior IHoG.
/Solde au (31 di'ccnihre 1855. . . '2,0L>i 77]
1" Espi'ces ' licliquat reslé CDlrt' les niaiii.s de 2,o8Zi 2'2
( rai:!OMt 59 /p)
2° Lu récépissé de la Caisse (li's (l(''i)ôi.s II consiii;iiulioiiï 3,000 »
o" l)<Mi\ bons (lu Tr('sor, enscinhle 1,575 »
Total de l'oiicaisso PI dos \al('iir>, . . . (i,959 22
sj-:am:i: uu 13 novkimhiU': 1857. 853
Uncllrs de l'diinn' 1856.
. -^ X I .o-r ( G8 cotisations à 30 IV. 2,0/i0 »)„,„,, ^
Arriéré de I8a5 .. I „ ,, .,, 2,100 ..
( o soldes (lO >' )
, . . , ,„.. (^06 cotisations à 30 fr. 6,180 )>),.,„„
Cotisations de 18i)6.| . ,, ., 6,182
( 1 solde 2 )'j
Une cotisation à vie (M. KraliL^ oOO
Vente du Bulletin 691 »'
Excédant de paj^os d'impression payé par les auteurs. . 15 »
Encaissement de deux bons du Trésor (intérèlscompris). 1,582 50 .
10,870 50
6,300 10
Total des recettes, y compris l'encaisse au 1" janvier 1856. 17,829 72
DÉPENSKS.
Arriéré de 1855.
Loyer AOO »
CliaulTage et éclairage 51 50
Impression du Bulletin Ù,835 Zi5
Ileviie bibliographique 261 25
Port du Bulletin 75 50
Impression de lettres et circulaires 53 50
Ports de lettres et alïranchissement Û6 70
Dépenses diverses 26 20
Traitement de Tagent comptable 500 »
Gages du garçon de bureau {k^ trimestre) 50
Année 1856.
Loyer ^00 » "^
ChaulTage et éclairage. 198 50 1
Impression du Bulletin /l,160 55
Revue bibliograplii(pie 976 «
Pondu Bulletin 376 75 1
Impression de lettres et circulaires 71 25 ^ 7,36/i 10
Ports de lettres et afl'ranchisseinent 63 85 1
Mobilier et bibliothèque 364 15'
Dépenses diverses 63 05
Traitement de l'agent comptable 500 »
Gages du garçon de bureau 200 »
Versement au Trésor contre deux bons 1,500
»/
Total des dépenses 15,164 20
RIlSUMÉ.
Recettes 17,829 f. 72
Dépenses 15,164 20
Restant disponible au 31 décembre 1856. 2,665 52
85â SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Eq ce qui coocerne ie chapitre des receltes, nous devons faire observer
que les livres de M. le Trésorier comprennent, en outre des recettes que
nous avons énoncées plus haut, une somme de 1,860 fr., produit de 62 co-
tisations afférentes à l'année 1857, et que, par cette raison, nous avons cru
devoir retrancher du compte de 1856 pour la reporter à celui de 1857 au-
quel elle appartient.
Les détails et les chiffres que nous venons de mettre sous les yeux de la
Société présentent quelques faits sur lesquels nous ne pouvons nous dis-
penser d'appeler son attention.
On a pu remarquer que les recettes de 1856 ne comprennent que 206
cotisations versées dans la caisse de M. le Trésorier, à la date du 17 juillet
dernier, époque à laquelle s'arrête le compte de caisse que nous avons eu
sous les yeux : cependant, si l'on consulte la liste générale des membres de
la Société pour cette même année, on voit qu'elle se compose de 3Zil noms.
C'est donc un nombre de 135 retardataires existant à la date que nous ve-
nons d'indiquer, et par suite, une recette de /i,050 fr. en moins dans la
caisse de M. le Trésorier. 11 est résulté de ce retard dans les versements que,
sans l'emploi des fonds provenant des 62 cotisations appartenant à l'année
1857, le compte de M. le Trésorier pour l'année 1856 se fût soldé en débet,
et qu'il eût été, dès lors, dans l'impossibilité de faire face à tous les engage-
ments de la Société.
Un pareil fait, hâtons-nous de le dire, n'a certes rien qui puisse nous
inspirer des alarmes sérieuses, en présence de la situation de plus en plus
prospère de notre Société qu'accroissent chaque jour de nouvelles admis-
sions ; mais ce fait n'en constitue pas moins un état de choses anormal et
irrégulier, auquel il est désirable de mettre un terme.
Vous le savez, IMessieurs, et personne d'entre nous ne doit l'oublier, les
seules ressources financières de la Société consistent dans les cotisations
annuelles de ses membres. Ces cotisations suffisent, il est vrai, et au delà,
pour couvrir les dépenses ordinaires d'une année; mais pour qu'il en soit
ainsi, il faut de toute nécessité qu'elles soient versées avec exactitude dans
le cours même de l'année à laquelle elles s'appliquent , sous peine de créer
tôt ou tard des embarras réels dans l'administration de nos linances.
Fous ne pouvons que recommander cette observation à l'attention de
tous nos confrères de Paris et des départements, et en particulier aux ho-
norables membres de notre Bureau, que leurs fonctions appellent à prendre
\es mesures convenables pour porter remède aux inconvénients que nous
avons dû vous signaler.
L'examen des cliiffres dont se compose le chapitre des dépenses offre éga-
lement le sujet d'observations non moins importantes. Si l'on considère les
sommes payées pour d<;s services effectués eu 1855, ou remarque qu'elles
s'élèvent au total d« 6,300 Ç\-, 10 c, ce qui constitue un arriéré presque
SÉANCE DU 13 NOYEMBUI': 1857. 855
égal au montant des dépenses de l'année 185G, (|ui est, comoie on l'a vu,
de 7,36^1 tV. 10 c. Ainsi donc, l'exercice 1856 a dû faire face à une dé-
pense presque double de celle d'une année ordinaire, et cela avec des res-
sources d'autant plus faibles que les recettes se réalisaient avec moins
d'exactitude.
Il ne vous échappera pas, Messieurs, que continuer ainsi à rejeter la plus
grande partie des dépenses d'une année sur la suivante, ce serait nous ex-
poser à amener une confusion regrettable dans nos finances dans un avenir
plus ou moins éloigné, et tous, nous avons trop à cœur les intérêts et la
prospérité future de notre Société pour ne pas chercher à éviter un tel ré-
sultat.
Nous espérons donc qu'il aura suffi d'appeler la sérieuse attention de la
Société sur les observations que nous venons d'avoir l'honneur de lui pré-
senter, pour que chacun de nous, dans sa sphère d'action, s'efforce de con-
tribuer à maintenir aussi régulière que possible la situation, d'ailleurs réel-
lement heureuse et progressive, de la Société Botanique de France.
Avant de terminer, il n'est peut-être pas sans intérêt de faire connaître à
la Société que l'exercice 1856, en supposant toutes ses ressources réalisées,
présentera, en fin de compte, une recette totale de 10,900 fr., une dépense
de 7,500 fr., et partant un solde restant libre d'environ 5,500 fr., non com-
pris l'excédant de recette des exercices antérieurs.
Aucune des observations qui précèdent n'étant applicable aux comptes
tenus par M. le Trésorier avec la régularité remarquable que nous nous
sommes empressés de vous signaler au commencement de ce rapport, la
Commission de comptabilité vous propose. Messieurs, de donner votre com-
plète approbation à la gestion de M. François Delessert pendant l'année
1856, et de lui exprimer toute notre gratitude pour le zèle éclairé et le dé-
vouement sans bornes avec lesquels il s'est acquitté des fonctions que la
Société a eu la bonne fortune de lui confier.
Les membres de la Commission :
J. Gay, t. Puel, g. BsicE, rapporteur.
Paris, 13 novembre 1857.
Les conclusions de ce rapport sont adoptées par la Société.
M. Cosson donne lecture du rapport de la Commission chargée
d'examiner la proposition de M. le comte Jaubert, relative à la pu-
blication, sous les auspices de la Société, d'une Flore cnjptogamique
des environs de Paris. Ce rapport est ainsi conçu :
Messieurs,
Dans une des séances de la session extraordinaire tenue celte année à
Montpellier, M. le comte Jaubert a appelé l'attention de la Société sur la
S56 SOCIÉTÉ BOTAMULK DK lllAMJK.
lacune regi'etlable qui exisle dans la Flore des environs de Paris, la cryp-
togamie n'étant représentée, dans les ouvrages descriptifs récents sur les
végétaux de celle région, que par les familles de l'ordre le plus élevé. Notre
honorable vice-président a insisté, à cette occasion, sur l'intérêt pratique
qu'il y aurait à la publication de rensenW)le de la cryptoL,amie, rédigé
d'après un plan analogue à celui qui a été adopté pour la partie phanéro-
gamique par M3I, Cossoa et Germain de Saint-Pierre,
Par une lettre du 22 juillet 1857 adressée à M. le président de la Société,
et qui a été lue dans la séance du 2k du même mois, M. lecomle Jaubert
a formulé une proposition au sujet de cette publication, et a demandé le
patronage de la Société pour un ouvrage dont la réalisation devra être un
puissant encouragement pour les études cryplogamiques trop généralement
négligées. En conséquence, il a été arrêté par la Société qu'une Commission
composée de trois membres serait nommée pour examiner s'il conviendrait
d'entreprendre la publication proposée par M. le comte Jaubert, et M. le
Président a désigné pour faire partie de cette Commission, iMiM. L.-R. Tu-
lasne, Pioussel et E. Cosson.
Dans une première réunion, la Commission a reconnu tout l'intérêt que
présente la publication d'une Flore cryptogamiqne des environs de Paris.
Elle a pensé qu'il y aurait lieu de diviser le travail en deux parties : la
première comprenant les cryptogames d'un ordre élevé : les Fougères,
Equisetacées, Cbaracées, Mousses, Hépati(]ues et IJchens ; et la seconde
comprenant les Champignons et les Algues. Elle a reconnu que, pour la
première partie, l'état actuel de la science et les documents réunis jusqu'à
ce jour sur la flore locale permettraient de s'en occuper immédiatement;
mais elle n'a pas cru qu'il en fût de même de la seconde partie, pour la-
quelle les documents recueillis sur la flore locale sont loin d'être sul'fisants,
et où la délimitation des espèces et même des genres laisse encore beaucoup
à désirer dans les ouvrages généraux, ainsi que l'ont d'ailleurs démontré
les importants travaux publiés récemment par MM. L.-R. Tulasne et
G. Thurct, sur les groupes des Champignons et des Algues.
La première partie de la Flore cnjptogamique, d'après le relevé de la
Flore de M. Mérat, se composerait de 601 espèces, savoir :
Fougères env. 25 espèces.
Marsiléacées ... — 1
Cliaracées — H
É<iuisélacées ... — 6
Lycopodiacécs . . . env. 3 espèces.
Mousses — 200
Ili'paliques — 55
Licliens — 300
Les espèces nouvellement dt-couvertes dans nos environs, ou récemment
établies, porteraient probablement ce nombre à 650 ou 700. La Com-
mission a estimé que, en y comprenant les descriptions de familles et de
genres, les tableaux synoptiques et les explications des planches, deux
SKA^(;K i>i; lii ^ovEMH!\l: JS57. 857
espèces au moins poiiir.'iiont tHredccrilcs par page, et ((uc, par coiisc^qncnt,
avec la préface et les tables synoii^miqucs, l'impression n'exccHlerait pas
320 pages, soit 20 feuilles d'impression.
La seconde partie, également d'après le relevé de la Flore de iM. Mérat,
contiendrait près de 1600 espèccfi ; mais, en raison de l'organisation moins
complexe des végétaux des groupes des Champignons et des Algues, les
descriptions pourraient avoir moins d'étendue, et l'ensemble de cette se-
conde partie ne dépasserait probablement pas le même nombre de feuilles
d'impression.
La première partie, la seule dont la publication puisse être immédiate-
ment entrcpiise, devrait avoir, indépendamment du texte, un certain nombre
de planches, les unes sur bois et intercalées dans le texte, les autres en
taille-douce, gravées sur pierre ou sur cuivre, et placées eu regard des des-
criptions.
La Commission, à l'unanimité, a reconnu que les honoraires de la rédac-
tion devraient, au minimum, être de 60 francs par feuille d'impression,
soit 1200 francs pour l'ensemble.
Elle a eu, le 8 octobre, une entrevue avec M. V. Masson, éditeur de la
Flore phanérogamique des environs de Parts, pour examiner avec lui les
conditions auxquelles il se chargerait de la publication. M. Masson a fait
observer que, pour couvrir les frais d'impression, il faudrait que le tirage
fût de 1250 exemplaires, plus la passe, au total 1375 exemplaires,. le
prix de chaque exemplaire étant fixé approximativement à 10 francs. A
cette condition, il se chargerait, sans rétribution aucune, de tous les frais
d'impression; il concourrait en outre aux frais du dessin, de la gravure et
du tirage des planches, jusqu'à concurrence de la somme de 2000 francs;
il contribuerait enfin aux honoraires de la rédaction pour la somme de
500 francs. Une somme approximative de 700 francs resterait par consé-
quent à fournir par la Société. Le versement de cette dernière somme se
ferait au fur et à mesure du tirage, par payements égaux de 35 francs par
feuille d'impression.
M. Masson, en raison du patronage accordé à la Flore cryptogamiquey
ferait aux membres de la Société une remise d'un tiers sur le prix de cata-
logue.
Voilà, Messieurs, l'état actuel de la question examinée par votre Commis-
sion, à laquelle MM. Ad. Brongniart, le comte Jaubert, Montagne, Mo-
quin-Tandou et de Schœnefeld ont bien voulu prêter leur concours offi-
cieux; en conséquence, j'ai l'honneur de proposer en son nom à la Société
de voter une allocation de 700 francs comme encouragement pour, la pu-
blication de la première partie de la Flore cryptogatnique, et de désigner
une nouvelle Commission, qui serait chargée de la direction générale de
858 SOCIÉTÉ BOTANIQIK DE FHANCE.
l'ouvrage, tant au point de vue du fond que de la forme typographique.
Les conclusions de ce rapport ont été préalablement soumises au Conseil
d'administration de la Société, et adoptées par lui à l'unanimité.
Les membres de la Commission :
L.-R. TuLASNE, Roussel, E. Cossojn, rapporteur.
La Société adopte les conclusions de ce rapport et vote une allo-
cation de 700 francs pour subvenir en partie aux frais de la publi-
cation de la première moitié de la Flore crijjHogamique des en-
virons de Paris.
Une nouvelle Commission devant être chargée de surveiller et
diriger cette publication, 31. le Président désigne pour faire partie
de ladite Commission, MM. Cosson, 3Iontugne, Roussel, L.-U. Tu-
lasne et Weddell.
M. de Scliœnefeld, vice-secrétaire, donne lecture de la communi-
cation suivante, adressée à la Société :
VINGT-QUATRIÈME NOTICE SUR LES PLANTES CRYPTOGAMES RÉCEMMENT DÉCOUVERTES
EN FRANCE, par M. J.-B.-H.-J. DESMJlZIÉRES (suite »).
DISGOMYCETES.
9. Trochila Populorum, Desraaz. PI. crypt. sér. 2, n" 451 1
T. maculîs minutis brunneis, vel griseo-plumbeis, dein albidis, irregu-
lariter rotundatis, demura confluentibus. Discus innatus, erumpens, minu-
tissiraus, laxe subgregarius, humidus plauus cinereus, siccus concavus
brunneus. Ascisclavatis; sporidiis octonis ellipsoideis; sporulis2, byalinis,
globosis. — Hab. in foliis siccis Populorum. Vere.
Nous devons la connaissance 'de ce Discomyeètc à M. Roberge, qui l'a
observé sur les feuilles des Peupliers d'Italie et du Canada. 11 vient surtout
à leur face supérieure, et détermine les taches que nous avons décrites plus
haut. En se réunissant, ces taches prennent toutes sortes de formes et de
dimensions. Dans le jeune âge, elles sont circonscrites par une ligne brune.
Sur toute leur étendue sont réunis, sans ordre bien déterminé, les individus
de ce très petit Champignon; mais ils tendent pourtant, quoique faible-
ment, à la disposition annulaire. Les lanières de l'épiderme percé par eux
forment une sorte de collerette autour des disques, qui sont arrondis en des-
(1) Voyez plus haut, page 797.
SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1857. 859
SOUS, plans eu dessus, et sans l'cbords ni dents. Leur couleur, quand ils
sont humides, est le gris de perle. Leur diamètre excède rarement un quart
de millimètre. Par la dessiccation, ils se contractent et ne paraissent plus
que comme des points noiriitres. Les thèques sont assez volumineuses et leur
double membrane est très distincte. Leur longueur est de 0'"",075 à 0""",08r).
Les sporidies, au nombre de huit, sont ellipsoïdes, longues de 0'"",012 à
O^^jOlS, sur une épaisseur de O^^jOO?;") à O^'^OL
Il faut réunir au genre TrocJdla, créé par ]\L Fries (Summ. Veget.), le
Sphœria Craterium, ï)C.==Peziza insidiosa, Desmaz., ainsi que les Pha'
cidium Taxi, Fr., Laurocerasi, Desmaz., et Tini, Duby. Dans les trois
dernières espèces, les lanières de l'épidcrme, qui forment collerette autour
du disque, ont été prises pour des dents de Phacidium.
Le Peziza smaragdina, Lév. et Moug. Stirp. n° 1345, ne diffère pas de
notre n» 992, Phacidium Laxœocerasi var. majus : il sera donc pour nous
le Trochila Laurocerasi, parce que l'antériorité est acquise à ce dernier
nom spécifique. Le Sphceria cyafhoidea, Pers. in Hook. llerb., est aussi
cette même espèce.
10. Peziza Polygoni, Lasch m Rahenh. Herb. viv. n" 1127 !
Cette très petite espèce, nouvelle pour la cryptogamie de la France, a
été trouvée, en avril 1853, par M. Roberge, dans un pré des environs de
Caen, près du canal. Elle forme, sur les vieilles tiges des Polygomim Persi-
cariaei Hydropiper, des groupes allongés, tantôt ambiants, tantôt disposés
d'un seul côté, et qui s'étendent souvent d'un nœud à l'autre. Les capsules
sortent des couches ligneuses, fendent l'épiderrae, et sont d'abord peu ap-
parentes, surtout à l'état sec, à cause de leur petitesse (un quart ou un tiers
de millimètre), et parce qu'elles sont à peu près de la couleur du support.
Elles naissent globuleuses, exactement fermées, puis elles s'ouvrent au som-
met par l'écartementdes bords, et prennent enfin la forme d'un bol à bords
entiers et épais. Elles sont sessiles, glabres et charnues. Leur couleur est le
roux noisette assez pâle d'abord, puis tirant sur le marron sale; elles parais-
sent noirâtres quand la dessiccation lésa contractées et déformées. Nous
n'avons pu observer bien distinctement les thèques, que nous croyons très
petites et grêles.
11. Peziza Spires, Rob. in Herb. — Desmaz. PL crypt. de Fr. sér. 2,
n" /i53 1
P. hypo- rarius epiphylla, sessilis, miuutissima, ceraceo-mollis, glabra,
spar9a,punctiformis; junior globosa, adulta aperta, coucava vel plana, sicca
rufo-bruunea, humida disco subcinerescentc, raargiue subdenticulata. Ascis
clavatis, rectis vel arcuatis -, sporidiis ellipsoideis ; sporulis 2, globosis
hyalinis. — Hab. in foliis vetustis Spirese Ulmariae. Vere. (Desmaz.)
860 SOCIÉTÉ BUTAMQUE TE rHANCE.
Celle Pézizc appartient à ia seclion des Ceracellœ ; elle est une des plus
petites que nous connaissions, son diamètre n'étant que d'un quart à un
cinquième de niillimètie. Le duvet cotonneux qui couvre ordinairement la
face inférieure des feuilles de la Reine-des-prés, empêche souvent de l'aper-
cevoir, et ce n'est que lorsque celle face est glabre, ou à peu près, qu'on la
dislingue bien. La longueur des theques est d'environ 0""",06 ; celle des spo-
ridies est de 0""",01, sur O-'^.OOd d'épaisseur.
HYMKlNOMYCETKS.
12. Kpicoccum l'URPUBAscENS, Ehreul). Sylv. mi/c. — Link, Spec. —
Kickx, Itec/i. cri/pt. cent. 111. — Fr. Swnm. Ver/et. Scand. — Desmaz.
PL cnjpt. de Fr. scr. 2, n° 269! — Epicoccu7n vulgcœe {i^mV\m) Corda,
Ico7i. Fung.
C'est en hiver, sur les deux faces des vieilles feuilles, plutôt mortes que sè-
ches, de VArundû Donax, que cette espèce se montre sous la forme de petits
tubercules pulvérulents, superficiels, rapprochés et même serrés en groupes
ovales, allonges ou linéaires, qui atteignent 2 à 3 millimètres. Ces tubercules
sont presque globuleux et ont O'^'^^S à U°"",15 de diamètre. A l'état sec et
dans leur plus grand développement, ils paraissent d'un beau noir mat;
mais, en les observant lorsqu'ils sont humides, on ne tarde pas à s'aperce-
voir qu'ils sont compo:>és d'un stroma charnu de couleur de brique ou can-
nelle plus ou moins foncée, et de nombreuses sporules qui les recouvrent de
toutes parts, et dont la couleur, d'abord jaunâtre, passe à celle du cinabre, •
et enfin au brun foncé presque noir. Vues au microscope, ces sporules sont
globuleuses, réticulées et pourvues d'un petit pied conique et hyalin; leur
diamètre varie entre 0°"",0175 elû""",0225. La tache purpurine dont parlent
les auteurs n'existe sur le support que dans la jeunesse des groupes et lors-
qu'ils participent eux-mêmes de cette couleur; mais en prenant plus de
développement, cette tache ne tarde pas à disparaître. Pour compléter ce
que nous avons cru devoir dire ici sur cette espèce, ajoutons (|ue les spo-
rules qui se détachent les premières de leur stroma sont celles de la partie
supérieure qui, ainsi dénudée, laisse voir sa couleur ; dans cet état, il semble
que la plante s'ouvre à la manière d'une Pézize, en montrant un disque ([ui
n'existe pas en réalité.
13. Selenospobium minutissimum, Desmaz. PL crypt. de France, sér. 2,
n" û56!
S. bypophyllum, gregarium, maculseforme. Maculis irregularibus,
griseis vel rutis; stromate minutissimo, hemispliSBrico, brunneo. Sporidiis
byalinis subcyiindrieis, utrintiue obUisis, rectis vel curvulis, uniseptatis,
primitus pedicellatis. — Hab. in pagina inferiore foliorum vivorum Gerauii
mollis. iËstate.
si;ANCE m; 13 novi.mbi'.k 1857. 801
Au premier aspect, on ne voit que des tnclicscparscs et d'un gris cendré;
mais, en les examinant avec une forte loupe, on remarque qu'elles sont for-
mées par de petites houppes fort rapprooliées, posées cliaeune sur une base
compacte, pi-oémiiiente, qui paraît comme un très jjelit point brun. Cette
base est le stronia, et les sporidies, dressées et souvent portées par des sporo-
phores, forment les houppes floconneuses dont nous venons de parler. La
longueur de ces sporidies varie entre 0'""',02 et 0""",0/t, et leur épaisseur est
d'environ ()""", 005. Cette petite production, qui pourrait liyurer dans le genre
Fusarium, si le Selenosporiwa de Corda n'était point adopté, a été récoltée
par M. Robcrge, le long d'un mur, à Louvigny, près de Caen.
PYRENOMYCETES.
\h. Sacidium Of.smazieri, Mont, in Herb. — Desmaz. PL crypt. sér. 2,
n" ;J51 !
S. araphigennm, microscopicum, erumpens. Peritheciis confertis, dimi-
diatis, hemisphœricis, seu subtus deficienlibus, atris, apice nilido poro
amplo perlusis ; nucleo aibo; sporis? subglobosjs, hyalinis. Maculas effor-
rcat griseas, subrotundas, oblongas vel linearespassim confhientes. — Hab,
in foliis siccis Iridis Pseudacori. Hieaie et vere. (Desmaz.)
Cette petite production ne se montre guère que dans la parlie moyenne
et la parlie supérieure du support, et les groupes qu'elle y forme ont des
aspects ilifferents. Dans la partie moyenne, ces groupes sont étalés, irré-
gulièrement ovales ou allongés, et acquièrent 1 à 2 centimètres de long,
sur une largeur moindre d'environ un tiers; dans la parlie supérieure, les
groupes sont linéaires, gris comme les précédents et ensuiie brunâtres. Ils
occupent les intervalles des nervuies qu'ils ne fiandiissent point, et leur
longueur ac{|uiert jusqu'à h cenlimèties, sur un tieis à un demi millimètre
de largeur. Le diamètre des périthéciums est de O""",075 a 0"'"',1. Le
n" 973 [Sp/icrria obslrusa) de V Herborivni viviim de M. Rabenhorst paraît,
dansnilre exemplaire du moins, avoir quelque rapport avec le Pyrénomy-
cète dont il est ici question, mais l'échantillon n'est pas en assez bon état
pour oser prononcer. Les échantillons que nous avons publiés dans nos
Plantes erijptofjames de France ont été pris par M. Robcrge, en mars 1856,
dans un bois humide à Biéville (Calvados).
15. Septoria ScLERA^THi, Dcsmaz.
S. maculis ohliteratis. Peritheciis dense sparsis , innato-prominulis,
convexis, nigiis, subuitidis, ostiolo minutissimo conico instructis. Spori-
diis linearibus, subarcuatis ; spoiulis vix distinctis. — Hab. in omnibus
partibus Seleranthi. il^statc et autumno.
C'est sur les liges, les feuilles et même h'S ^^Wcv^ \\{i Siderantims annrms
862 SOCIÉTÉ BOTAMQUE DE FRANCE.
que se développe ce petit Pyrénomycète : à la loupe, ces parties paraissent
piquetées de points noirs, plus apparents et plus saillants que dans la plu-
part des espèces de ce genre. Ces points sont les périthéciums, qui ont en-
viron un dixième de millimètre, et sont surmontés d'un très petit ostiole
pyramidal. Les sporidies mesurent 0™",03 à 0'""',035.
16. Perisporium? fibrillosum, Desmaz.
P. caulicola, erumpens, gregarium, subspbœricum, dein depressum,
minutissimum, subostiolatum, pertusum, extus atrum, nitidum, intus
griseum, maculée brunneœ, fibrillosse insidens. Sporulis? numerosis, bya-
linis, globosis. — Hab. in caulibiis Scrofulariae aquaticcC. Vere.
Les péritliéciums sont groupés, mais les groupes sont d'abord lâcbes et
un peu indéterminés ; en devenant plus nombreux et en se rapprochant, les
périthéciums soulèvent l'épiderme qui prend une teinte grise. Plus tard, en
se rapprochant encore davantage, ils forment avec lui des taches noirâtres.
Ils sont érumpents, à demi saillants, globuleux ou un peu ovoïdes, dépri-
més et surmontés d'un ostiole gros et court, quelquefois peu apparent. Leur
grosseur égale à peine uu huitième de millimètre. Il part de leur base, soit
qu'ils soient isolés ou rapprochés, des fibrilles rampantes, rameuses,
flexueuses, formant une petite rosette d'un brun mat, puis s'entrecroisant
et devenant un réseau très délié semblable à celui du Perisporium poliotum,
avec lequel cette espèce n'est pas sans avoir quelque rapport. Les sporules?
sont inégales en grosseur : les plus grosses mesurent à peine 0'""',005, et les
plus petites 0'"'",0025. Nous avons vu une seule fois un groupe de thèques
cylindriques, longues de 0""",025 sur une épaisseur de 0""", 005, mais nous
n'avons pu découvrir aucune sporidie dans leur intérieur, et comme sur
plus de vingt analyses nous n'avons pu rencontrer d'autres thèques, il
serait possible qu'elles fussent celles d'un périthécium étranger et mêlé au
Perisporium fibrillosum. Il serait également possible que ce que nous avons
appelé sporules fût le premier état des thèques. Le docteur Montagne (FI.
d'Alg.) nous apprend qu'il n'a pas été plus heureux, quand il s'est agi de
retrouver celles du P. elegans et celles du P. Ihibi, et que ses P. Lentisci
et Amjnop/iilœ en sont peut-être dépourvus. Au reste, toutes les espèces
que l'on a l'ait entrer dans le genre Perisporium demandent une révision,
et ce genre, uu peu problématique dans notre manière de voir, est lui-même
mal défini par les auteurs, qui ne sont pas d'accord sur les caractères qu'on
doit lui accorder. Ce peu de mots justifiera le point de doute dont nous
avons lait usage en rapportant au genre Perisporium la production qui vient
de nous occuper.
17. Perisporium fidrilloscm, Desmaz. var. productum, Rob. in litt.
« Celte production, nous dit M. Roberge qui a pu en observer un très
SÉ.VKCR DU 13 NOVliMBRi; 1857. 8G3
grand nombre d'échanlillons, ne paraît qu'une forme allongée du type. Elle
vient sur les liges sèches de diverses LabitTs des genres Slacfnjs, Ilallota^
Ment/ia, etc. Elle y forme des taches grises et enfin noirâtres, suivant que
les péritliéciunis sont écartés ou rapprochés les uns des autres. De leur
base partent des fibrilles qui s'allongent plus que celles du type. Elles
finissent, en s'entrecroisant, par former une sorte de réseau. Elles sont
aussi plus fines; mais ce qui distingue surtout cette variété, c'est la forme
étirée que prennent souvent les taches. Cette forme provient de ce que les
fibrilles s'allongent plus dans le sens de la longueur du support que dans
le sens transversal : cet allongement atteint quelquefois plusieurs centi-
mètres, tandis que la largeur n'est que de 1 à 2 millimètres. Cet étirenient,
dû à l'allongement du support, se remarque aussi, mais rarement, sur le
type, et prouve que le support végétait encore lorsque les fibrilles se sont
développées, o
{La suite à la prochaine séance.)
M. de Tchihatchef fait ù la Société la communication suivante :
ÉTUDES SUR LA VÉGÉTATION DES HAUTES MONTAGNES DE L'ASIE-MINEURE
ET DE L'ARMÉNIE, par M. Pierre de TCUlHiUTCnEF.
Occupé à classer les matériaux recueillis par moi pendant dix années sur
la végétation de l'Asie-Wineure et de l'Arménie, j'ai été heureux de me
voir, à l'égard de plusieurs des localités les plus importantes de ces classi-
ques contrées, déjà en possession d'un nombre de faits suffisiint pour donner
une idée générale ou approximative du caractère de leurs flores. Parmi ces
localités figurent l'Olympe bithynieu, le Bulgardagh, le mont Argée, le
mont Ali (Alidagh) et le mont Ararat; ce qui constitue une série de massifs
plus ou moins vastes et élevés, répandus sur les points les plus opposés de
la péninsule anatolique. J'ai cru que la Société accueillerait avec intérêt
peut-être le tableau curieux que présente l'étude botanique comparée de
cinq groupes montagneux situés dans une des contrées les plus belles et les
moins connues de l'Orient, et dont les traits épars n'ont encore jamais été
réunis dans un seul cadre.
Les limites de notre Bulletin ne me permettant pas de donner l'énuméra-
tion des espèces connues jusqu'à ce jour sur chacun des cinq massifs dont il
s'agit, je me suis borné à le faire seulement pour un seul d'entre eux, le
Bulgardagh, comme étant le plus intéressant de tous, et je me suis efforcé
de condenser dans deux tableaux de médiocre extension les éléments sta-
tistiques de la végétation des quatre autres chaînes.
Je m'empresse de déclarer que, tant pour le Bulgardagh que pour le mont
Argée, ces éléments sont particulièremeot dus aux infatigables explorations
SôU S0CI1^;TK BOTANIQLI-: DE FRANCE.
de noire excellent confrère M. Bainnsa, ainsi qu'à celles de M. Kotschy.
Les plantes recueillies par moi-même surccs intéressantes montagnes dispa-
raissetit presque devant les collections beaucoup plus riches de ces deux
estimables savants ; d'ailleurs M. Balansa a exploré quelques points du Bul-
gardayli qui n'avaient jamais été visités par aucun botaniste, ainsi que
le Mesmenevdaf^h; et si d'un autre côté j'ai eu le bonheur d'avoir été
parmi les botanistes le premier (que je sache) qui ait herborisé sur le mont
Argée, et le second, après William Hamilton, qui en ait fait l'ascension,
M. Balansa a tellement enrichi mon répertoire de plantes argéennes, ((ue le
modeste pécule amassé par mes mains ne figure plus aujourd'hui que
comme le denier du pauvre égaré au milieu des trésors du riche. Aussi,
dans mon grand ouvrage sur la végétation de l'Asic-Mineure en général, où
toutes les sources qui m'ont fourni mes données se trouveront citées avec
la plus scrupuleuse exactitude, les noms de iMM. Kotschy et Balansa figu-
reront fréquemment (sans oublier ceux de MM. Jauhertet Spach, Grisehach,
Sibthorp, C. Koch, et de plusieurs autres) , justice qu'il m'a été impossible
de leur rendre dans le présent travail, vu que, pour l'abréger, je me suis
borné à signaler les espèces et les localités, eu m'absteuant d'indiquer les
autorités d'après lesquelles je les cite; j'ai cru devoir aussi exclure de ma
nomenclature les synonymes, les subdivisions et coupes naturelles dans
les familles et les genres, etc. Il va sans dire que je n'ai pas pu me dis-
penser de citer les noms des auteurs des espèces: c'était un devoir d'autant
plus agréable pour moi (ju'il me mettait dans le cas de reproduire presque à
chaque ligne le nom de M. Boissier, nom cher à tous les botanistes de
l'Orient, et qui leur rappelle à tous autant le savant éminent que l'ami
dévoué et désintéressé.
Des deux tableaux qui suivent immédiatement l'énuméralion des plantes
du Bulgardagh, le premier est destiné non-seulement à résumer, pour chacun
des cinq massifs, le nombre des familles, genres et espèces, mais encore
à indiquer combien parmi ces espèces appartiennent à l'Asie-Mineure en
général, à chacun des cinq massifs, et enlin à l'Europe (1). Il est en consé-
quence divisé en cinq colonnes, dont la première marque le nombre des
genres pour chaque famille, la deuxième celui des espèces, la troisième
celui des espèces appartenant exclusivement à l'Asie-lVIir.eure, la quatrième
(1) Dans tout le cours de mon travail, le nom d'Europe est pris dans un sens
restreint, car j'en exclus la Iluinélie, la Grèce et la Crimée, dont la végétation se
rapproche plus du lype oriental que du type etiropi-cii. J'ai réuni les espèces qui
figurent dans ces trois contrées, ainsi que dans rArmciiie, le Caucase, la Sibérie,
la Syrie, la l'erse et l'Asie centrale, sous le nom collectif d'espèces arméno-cauca-
sienncs, et c'est dans ce groupe que je range toutes les espèces (|ui n'appartieiinenl
pas exclusivenical à l'Asie-i\haeuie, et se retrouvent, non dans rjùnopc propre-
ment dite, mais bien dans l'une des contrées sii.s-nienlionuées.
SÉANCiî DU 'lo novi:mhiu' 1857. 805
celui des espèces exclusivcnieiit propres a cliacun des massifs, er enfin la
cinquième celui des espèces que chacun des massifs possède en commua
avec l'Europe, proprement dite. I.e deuxième tableau a pour objet de signa-
ler le nombre des espèces que chacun des cin(| massifs a en commun avec
les quatre autres : de cette manière on y voit successivement passés en revue
le Bulgardagii compaié à l'Olympe (R, 0.), au mont Argée (15. Ag.), etc.; le
mont Argée comparé a l'Alidagh (Ag. AL), etc., et ainsi de suite pour cha-
cun des autres massiis. Pour gagner de l'espace et faciliter à l'œil les moyens
d'embrasser le plus de faits possible systématiquement coordonnés, j'ai cru
devoir ado[)ter, tant pour l'enumération des plantes du Hidgardagh que
pour les tableaux places à la suite, une série d'abréviations dont voici
l'explication :
Ag.
Al
Ag.
Al
AT.
,
As, ... Asie-Mineure, à rcxceplion
des localités de celle con-
trée indiquées par des lel-
tres spéciales.
Ag. . . . Mont Argéc.
Al ... . Mont Ali (Alidagh).
Ar. . . . Mont Ararat.
Am. . . . Arménie (turque et russe), à
l'exceplion du mont Ararat.
Mont Argée comparé au mont
Ali.
Argée comparé à l'Ararat.
Aiili-Tannis, dans les limites
admises dans ma carie de
l'Asie- Mineure.
M. . . . Kgyple.
I)Z. . . . Constantinople el ses envi-
rons.
B Bulgardagli.
1*. Ag, . B, comparé à Ag,
B. comparé à Al.
B, comparé à Ar.
I), comparé à l'Olympe,
Billiynie, l'Olympe excepté.
Mont Cadmus en Carie.
Cappadoce.
Hi'gion chaude de la Cilicie.
C Caucase et provinces cauca-
siennes russes.
E Europe, à l'exception de la
Crèce, de la Crimée, et des
B. Al,
B.~Ar.
B. 0, ,
Bilh.
Cd. .
Cp. .
Cil, cal
G. .
Gb.
Is, .
I-yca
M, .
Ms.
provinces de la Turquie
d'Europe.
. Grèce,
, (jlieidagli, montagne dans
risaurie (voy. ma carte de
rAsie-Minenre).
. Isaurie , à l'exception du
Gheidagb.
. l.ycaonie.
. Mésopotamie.
. Mont Messogis,
0 Mont Olympe.
0, Ag, , 0. compaié à Ag.
0. B. . , 0. comparé ù B.
0. Al. . . 0. comparé à Al.
0. Ar. . 0. comparé à Ar.
I' Le l'ont.
l'r. . . . Perse.
Pis, . . . l'isidie.
lî Piumélie comprenant toute
la Tuniuie d'Europe ainsi
que les principautés danu-
biennes, mais non Conslan-
linople).
Sm. , . , Smyrne.
Sp, . . . Mont Sipylus on lonie.
Sr. . . . Syrie.
S Sibérie.
T Crimée.
Tm. . . . Monri'molus en Phrygie.
Avant d'aborder notre sujet, il serait bon de dire quelqî;f?s mois sur les
T IV, i)5
866 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE PRÂNCE.
positions géofïraphiques et astronomiques, ainsi que sur les altitudes des
cinq massifs dont nous allons examiner le caractère végétal. Pour ce qui
concerne l'Olympe, le Buigardagii, l'Alidagh et le mont Argée, je pour-
rais me contenter de reproduire quelques données empruntées aux des-
criptions détaillées ((ue j'ai faites de ces montagnes dans le premier volume
de mon Asie-Mineure, ouvrage dont le deuxième volume renferme des re-
cherches sur la constitution climatologique de ces massifs. Je ne puis
malheureusement pas toucher à la question météorologiciue, malgré son
intime connexion avec les phénomènes du monde végétal, surtout dans une
contrée aussi anormale que l'Asie-Mineure. En revanche, j'essayerai de
joindre aux données sur les latitudes et altitudes quelques traits qui puis-
sent fournir une certaine idée du développement des surfaces et des di-
mensions principales des massifs en question (car lorsqu'il s'agit d'appré-
cier le chiffre des habitants, il est utile de ne pas ignorer l'espace qu'ils
occupent), bien que, faute d'éléments topographiques plus précis, je sois
obligé de me borner à indiquer approximativement la circonférence de la
base de chacun des cinq massifs, en y ajoutant l'évaluation (toujours
très approximative) de leur longueur et de leur largeur moyennes, chaque
fois que leur développement est sensiblement plus considérable dans un sens
que dans un autre. Le tableau suivant résume toutes ces données :
BULGARDAGU (')
Olympe.
Argke.
Ali.
AlUBAT.
Latitude. . . .
370 10'— ôgoS'
r>9o40'— 40o 4'
38° 15' — 38o 43'
38o 43'
390 25' — 590 39'
.altitude [points
culminants) .
env. 3800 m.
1930 m.
38il m.
env. «850 m
5198 m.
Circonférence
de la liase . .
tiiv. 200 kil.
env. teo kil.
env. 80 kil.
env. 3 kil.
env. 112 kil.
Longueur . . .
env. H3 kil.
env. 30 kil.
env. 33 kil.
env. .■>(! kli.
du N.-N.-E. an
du N.-N.-O. au
du N. au S.
duS.-E.auN.-O.
s.-s.-o.
S.-S.-E.
•
Largeur ....
env. 40 kil.
env. 50 kil.
env. 2b kil.
env. 23 kil.
Après ces observations préliminaires qui, malgré leur brièveté et leur
manque de précision, m'ont paru indispensables à l'intelligence de localités
(1) Dans tout mon travail, le nom de Bu];i;ardagh est pris dans un sens étendu,
que justifient d'ailleurs les con.si(léralions idéologiques ; il comprend également
TAlladagh, mais non rivri.sdagli, bien que, géograpliiquement parlant, ce dt>rnicr
ne soit qu'une dilaiaiioii terminale de l'extrémité S.-O. de la cliaîue du Uulgar-
dagh proprement dite; mais comme je n'ai point encore visité l'Ivrisdagh et que
je ne possède aucun renseignement positif à son égard, j'ai dû l'exclure des limites
dans lesquelles je circonscris le massif du Bulgardagli. Ces limites seraient : au
N.-N.-E., l'extrémité sei)tcntrionale du massif, qui expire ln.sensiblemcnt dans les
parages du petit cours d'eau nommé Yahally ; au N.-E., une ligue sinueuse qui, de
l'extrémilé N.-N.-E, sus-meiuiouuée du massif, côtoierait la pcule oriemale de la
SÉANCE DU 13 NOVERIRUR 1857. 867
avec lesquelles bien pi u de savants sont familiers, je puis aborder l'éiiu-
niératiou des plantes du Bulgardagh, en la faisant suivie des deux tableaux
dont j'ai donne l'explieation (1).
Enumeratio plantanmi in Ciliciœ j'ugo Bulgardagli dicto hucusque
coynitarwn (2).
DICOTYLEDONE^E.
Papilionaccie. i Podocvtisus caramanicus Boiss. — As.
CoNocïTiSLs angulatus Spacli, 1300. —
Sp., As., Tm.
Anthyllis Wcbbiaua Hook. — 0., R., E.
— Diileuii Scliull., 2599. — R., G., T.,
C, E.
Leobordea cylisoides Feuzi, liCO. — As.
— genisloides Fenzl; 1350. — As.
Ononis Kotschyana Fenzl. — As.
Genista Peslalozsœ Boiss. — Cp., As.
chaîne, en passant par le village Faracli, les célèbres pyles ciliciennes^ les villages
Mamroun et Gulek, et se terminerait dans les parage.s limitrophes des sources du
Cydnusct du commencement de rivrisdagh; enfin la limite A.-O. serait formée
par une ligne qui du commencement de Tlvrisdagh (son point de jonclion avec le
Bulgardagh) se dirigerait au N.-N.-E., en traversant le torrent Bosanta (Bosanta-sou)
et le village Bérékélly-Madène jusqu'à l'exlrémilé JN.-O. de l'Alladagh.
(1) Je ne dois pas oublier de faire observer qu'en signalant le nombre des es-
pèces qui croissent spontanément sur les monts Argée et Ali, je n'y ai compris que
celles qui ont été constatées dans le domaine de la montagne proprement dite, en
excluant celles observéts dans la plaine de Kaisaria, ainsi que sur les vastes plateaux
qui entourent le mont Argée de tous côtés, et qui, malgré leur élévation très con-
sidérable, ne font cependant pas partie intégrante du groupe montagneux. Par cette
exclusion que je crois ralionnelle, j'ai perdu une foule d'espèces extrêmement in-
téressantes, et dont le montant eût pu augmenter d'un quart peut-être mou cata-
logue argéen. Il est une auire circonstance qui a également soustrait un bon
nombre d'espèces à mon catalogue des plantes du Bulgardagli, c'est l'indication
locale un peu trop vague qui leur est donnée par quelques auteurs, et entre autres
par De GandoUe, surtout dans les premiers volumes tlu Prodromus ; c'est ainsi
• qu'on y voillréquemment des espèces citées comme habitant le Taurus {in l'aura),
ce qui ne prouve pas toujours qu'il s'agisse du Taurus cilicien ou Bidgardagh, En
général, j'ai constamment préféré n'admettre que des espèces à habitat clairement
désigné, et par là j'ai diminué le montant des espèces du Bnigardagh, montant
déjà si faible comparativement au chilire réel, que certes nous serons condamnés à
ignorer bien longtemps encore.
(2) Dans cette éuuméraiion, les espèces et les variétés en lettres italiques sont
exclusivement propres à l'Asie-Mineure, et celles également en italiques, mais
accompagnées d'un astérisque, n'appartiennent qu'au massif montagneux, et n'ont
encore été trouvées sur aucun autre point de l'Asie-Mineure ni ailleurs, — Le?
chillres indiquent (en mètres) l'aUltude précise ou appioximalivc des stations.
868
,S0C1ÉT['; COTANIQUr: bV. FRANCE.
Cytisopsis dorycnifolia ,1. S. — Sr.
Medicago lupulina L., iriOO. — Bz., Ani.,
C.,T.,S.,G., E.
— tribiiloidcs Desv. — Bz. , Sr., G., E.
Trigonella azurca C. A. Mey., 1400. —
Bz.,As., C, G.
— relulina Bohs. , 13r>0. — Cd.
— Kotschyi Fenzl, 1300. — Am.
— macrorrhyncha Boiss., 1500. ■ — As.
— arcuata F. M., 1400. — As., Am.,
G.,T., G.,R.
— Fisc'heriaiia Scringe, 1300.- — ^Am.,C.
— * rhytidocarpa Boiss., 1300.
— sinuiila Boiss., 1350. — As.
— crassipes Boiss., 1700. — Sp., Cd.
— * rigida Boiss.,' 1300.
— nionanlha C. A. Mey. — C.
PococKiA radiala Traiitv., 1300. — Bz.
— lunata Boiss., 1300. — Bz., As.,Cd.
— * plicala Boiss., 1400.
— * c«7tc(crt Boiss., 1400,
— KotS'-liyi Boiss., 1300.— Pr.
— ''' rostrala Boiss., 1300.
Trifolum arvense L., 900. — Bz. , As.,
R., T.,G.,C., S.,E.
— erinaceiim MB., 1400. — C.
— reclinaluni W. K., 1500. — As., R.,
G., E.
— prateose L. , reg. alp. — E.
— annlolicum Boiss. — Sp., Tm., 0.,Ag.
— macrorrhizum Boiss., 2273. — Ag.
DoiiYCNiDM ibericuin Willd., 1300. — Bz.,
0., As.. Sp., T., C.
— analoUcum Boiss., 1949. — Cp. , As.
Lotus coriiicuialus L., 1600. — AI., Aï.,
Am., As., R., E.
CoLUTEA ciUcica Boiss., 1350. — Al.
OxYTRons dioritica Boiss., 1950. — Ag.,
AT.
AsTRAGALUS onobrycliioides MB., I 300. —
Am., As., C
— ■■* acmonotrichus Fv.n2\, 2925.
— Lisloniœ Boiss., 1200. — AT., As.
— '■' cubrycliioides Boiss., 2599.
— * ijlad'ialus lîuis.-;, \ar., 1300.
— ornitliopodioidcs Lmk., 1900.— Am.,
As., Pr,
— * pannosiis Fonzl, 1700.
— aduncus Mli., 1400. — C.
— oxygiollis Slev., 1350. — T.
— Astorias Stov., i:^50. — C.
— ' rncl(in<u('ph(tlus Boiss.
— caiiipyloriniHliiis F. M., 1300. — C.
— '■■ pelhycr'Vvm\, 2.-.98-'2923.
~ odoraliis Fiiiiv., 1000. — As , Am.,
Cp., H., E.
— Bonaiiiii Frcsi, icg. alp. — G., E.
— mainxH'pliaiiisWilld., 1300 1500.—
Am., As , C.
AsTRAGAtxs ciUcicus Boiss. — cp., AT.
— pnisia»us Boiss., 900. — As.
— * Schottianus Boiss., 1559.
— Fenzlii lio\ss., 1721-1949. — Ag.
— aiidrachria;roliiis Fenzl. — Sr.
— augustifolius Lmk. — Sp. , Am., As.,
G.
— * vaginans DC, 1500.
— laurivulu Boiss., reg. alp. — Ag.
— chionopinlus Boiss,, 2398-3248. -
(Ui., Ag.
— * chrysoclilnrusVmhs., 2112-2G95.
— * (ivinus Boiss.
— monspessulanus L. — C, R., G., E.
— * campylosenia Boiss.
— nucleiferus Boiss., 1200. — Cp.
— schizopterus Boiss., 1300. — As.
— amœnm Fenzl, 2600-3249. — Gh.
— * decumhens Boiss,
CiCER judaicum Boiss., 1200. — Sr.
— * floribundum Vpt)7.\, 1500.
— pimpinellifolium J. S., reg. alp. —
Am. , As., G., Sr.
PisuM Aucheri J. S., reg. alp. — Am.
Ervlm liirsutum L., 1300. — C, T., R,,
E.
— orientale Boiss., 1400. — As., Sr.,
Pr.
Vicia hypolcuca Boiss., 2761. — AT.
— * ciUcica Boiss., reg. alp.
— * sericocarpa Fenzl, 1300.
Lathyrus pseiulo-Aphaca Boiss., 1300. —
As.
Orori'S birsutus MB., 1500. — As., Am.,
R., C, T., G.
ConoNiLLA grandiflora Boiss., 1000. —
Am,
* var. calyce glabro, 1000,
— varia L. — As., R,, T , C, E.
Arthuoiobilh scorpioides DC. — Cd., As.,
R., C, T., Sr., G.. E.
Hamatoi.ouh'.m * lotoidcs Fenzl, 1400,
Hedvsahum atomarium Boiss., 1300. —
Sr.
— * erylhrolcuciun Scb, et Kot., 2599. .
Onorrychis cadmea Boiss., reg. alp. —
Cd., AT.
— * aurea Boiss., 1400.
Ebenus hirsula i. S., 2112. — As., Cp,
Cercis Siliquaslnim L., 400. — .\s., R ,
G., E.
Rosacoae.
CiiAT.ECis AroiiiaBose, 1600. — Ag., Sr.
— orientalis Mi?. — .Xs., C, , T.
Cotoneastf.r Pyracantba .'^pacb, 1400. —
An),, C , K., T., E.
— nnniimilaria F. M.,1400, — Ag., Am.,
Ar., C.
SÉANCL DU J î^
Amki.anchii ti viil^'.'iris ^ïa'll(•h, 2000. —
T.,H.,(:., K.
Fmus salicifolia Pall., \(iOÙ. — Ag., As.,
C, S., (;., H.
— Aria Ebrli., 1130.— Ar., T., ll.,(J.,
E.
— lorminalis Elirh., 1300. — I!z., AT.,
C, T., S., R.. E.
Spir.ïa Filipcndula L., 1300. — Bz., C,
R., T., S., E.
Geum IiPterocarpinn Boiss., 1700. — E.
(Ilisp.).
PoTENTiLLA Kotscln/aua Eenzl, 2oU0. —
As.
— hirta L., 900. — Sp., Al., As., R.,
T.,G.,E.
— * pulvinaris Fcnzl, 2500.
— supiiia L., 1200. — 0., Am,, As.,
R.,G., S., E.
— * calycina Boiss., 1300.
— poetaruin Boiss., 22"4-2u99. — Bz.,
R., G,
— Fcn:lii I.ehm., 1000. — Al.
RosA pimpinellifolia L., 1250. — Am.,
Ar., C, T., G., S., E.
— nibiginùsa L. var. cretica Red.,
1000. — Al., E.
— * pulcheUa Sch. et Kot.
Alchf.milla vuIgarisL., 2599. — 0., Am.,
Ar., As., R., T., C, S., E.
LjUirariew.
Lytiirum Salicaria L. var. lomeutosum
DC. 1500. — E.
Onagrarieae.
EpiLonniM * menlhoides Boiss., ad radiées
jugi.
— moiitamim L., reg. alp. — Bz., 0.,
R.,C.,T., E.
— hirsutum L., 1630. ~ As., Bz., R.,
T., C, G., E.
— tetragonum L. , 1300. — Bz., C, T.,
R.,S., E.
— — var. obsciiriun Pcrs., 1300. — Bz.
Liiieip.
LiNDM tenuifolium L., 1 iOO. — Am., As.,
R., E.
— — * var florih. major., 2761.
— arelioides Boiss. var. anatolicum ,
2600. — Bz , As.
— catliarticnm L., 1 iOO. — 0., Bz.,
R., E.
— * empeLvifolium Sch. et Kot., 2599.
— * ciU'.iCum Fcnzl, 1400.
.NOVHMin'.K 1857.
(i(>i'a nia crus
869
EuoDuiM cicutarium Willd. — As., R.,C.,
T., S., E.
— * Koischynnuni Boiss. mss., 2598-
3250.
— * Cedruniui Scli. cl kot., 2000.
(iERANiiJM pyrcnaicum L., 1330. — 0,,
Ag.; As.,C.,T,,G.,R.,E.
— asphodeloides Buriu. , 1300. — Bz.,
Ar., C, E.
PEixnooswii Kndlichcrianum Fenzi, 1700.
— A g., AT.
Riilaco»'.
Hai'Lopiivllum pwnilum Boiss., 1000. —
Ms.
Peganum Harmaia L., 1800. — Am., As.,
R., C, T., S., G., E.
Eupliorlnaceœ.
Euphorbia ChamjBsycc L. — Bz., Am., R.,
T., G., S., E.
— aulacospcrma Boiss., 1500. — Sr.
— Apios L., 1500. — As.. G., E.
— micrantha Willd. — As., Ms. , 0.,
(;p.,R., E.
— Anacampseros Boiss., 1200. — Ms.,
Tm., Cp.
— aleppica L,, 1500. — Bz., 0,, R., G.,
Sr.,E.
• — pumila S. et S., reg. alp. — 0., Ag.,
As., Tm., Cd., G.
— rigida MB., 1500. — As., T.
— Kotschyana Fenzl, 1787-2274. — As.,
Sr.
— •■" densa Sch. et Kot., 3249.
Riiaiiiiifie.
Paliurus australis Gœrtii., C, 900. —
0., AT., As., R., C, T., G.,E.
Ruaunus Alaterims L., decliv. merid. —
As., G., E.
— petiolaris Boiss., 1300. — As., Al.
— oleoides L., decliv. merid. — G.,E.
— libaiiotica Boiss., 1400. — As., Sr.
— cornifolia Boiss., 1950. — 0.
— grœca Boiss. var. pubc\^cens, 1000.
Celaslriiiea".
EvoNYSius latifolius Mill., 1300. — • 0.,
AI., As., R., T., C, G., E.
— vcrrucosiis Scup. , 1200. — As. ,T.,
R.,C., S , E.
Acerineae.
Acer monspessiilanum L., lOOO. — AT.,
C, R., E.
870
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Aceh platanoides L., 1800. — Am., T.,
R., C, E.
— * tauficola Boiss., 1700.
RIalvacese.
Alth.ea * Kotschyi Boiss., reg. alp.
Hibiscus Trioiium L., 1000. — Am., C,
R.,T., E.
Carjopliylleae.
Silène inflata Sm., var. macrophylla
Boiss., 1400.
— olympica Boiss., reg. alp. — 0., Am.
— stenloria Feiizl, 2273. — 0., Tm.,
Cd.
— odonlopetala Feozl, 1949-2274.— C.
— — var. y.. Feuzl. 1624.
var. p. Kot., 2924.
— staticifolia Sm., 2599. — As., G.
— macrodonta Boiss., 1200. — Cd.
— dianthifolia Oith, reg. alp.
— * arfjitla Fenzl, 1200-2273.
— fruticulosa Sieb. , 1949. — Creta.
— macroclada Boiss., 1300. — Tm.
— * lasiopetala Fenzl, 1200.
— noctiflora L., 1300. — Am., As., C,
R.,T.,E.
— supina MB., 2.j99-2924. — C, S.
— chioraefolia Sm., 2399. — Sp., Am.
— swerliœfolia Boiss., 1300. — Tm.
— italica Fers., 1300. — Bz., Ara., T.,
E.
— * Sieberl?em\, 1200.
— * pharnacefoUa Fenzl, 2277-2o99.
— * pumila Boiss., 2599.
— * rimarum Boiss. mss., reg. alp.
— * veaiculifera 3 . Gay mss., 1300.
— * psorophora J. Gay mss., 1450.
— * masmenœa Boiss. mss., reg. alp.
Vaccauia vulgaris Host, 1300. — Cp.,
Am., R., C, T., S., H.
Saponaria pamphylka Boiss. — As.
— * A'o(sc/iyi Boiss., 1300.
— glutinosa Boiss. — T., R., G.
— orientalis F., leg. alp. — Am., As.
— pulvinaris J!oiss., reg. alp. — Cd., .'^r.
GvPsoPHiLA curvifoiia Fenzl, 1940-2270.
— AT.
— libanotica Boiss., 2599. — Sr.
— * sphœrocephala Fenzl.
TusicA pachygena F. M. — Tm., C.
— olympica Boiss., 1500. — 0., Tm.
DiANTiius strialellus Fenzl, 1300. — Sr
— zonaïus Fenzl, 1600. — Sp.
— * oc<ji!o;)da/HS Feuzl, 1625.
— * oculatus Boiss.
— * brevicaulisYeml, 1223-2923.
-Tm.
reg. alp.-
reg. alp. — R., G.,
DiANTHLs fimbriatus MB
.Vni., As., C,
— anatolicus Boiss., 2189. — Sp.
— A'o/sc/iyo»ws Boiss., 1624. — Al., As.
— * lactiflorus ¥eaz\, 2112.
— * masvienœiis Boiss., reg. alp.
BuFFONiA Oliveriana Ser., 1400. — Pr.,G.
— * calyculata Boiss., reg. alp.
QuERiA hispanica L., 1450. — .\m.. As.,
T., G., R. , C, E.
Lepvrodiclis holosteoides Fenzl. — Cp.,
Am., C.
Alsine pinifolia Fenzl, reg. alp. — Am.
— juuiperina Fenzl , reg. alp. — 0.,
Ag., Sp., Am., G.
* var. nitida Fenzl, 2274.
— * nmhellifera Boiss., reg. alp.
— setacea W. K., reg. alp. — E.
— erythrosepala Boiss
0., Ag.
— viscosa Schreb,
E.
— decipiens Fenzl, 1800. — Cp., Sr.
— lydia var, Kotschyaua Boiss. — Hz.,
As.
— su6/i7is Fenzl, 1625. — As.
— glomerata Fenzl. — Bz., As., R.
— * brachycarpa Boiss., 1330.
MiNUARTiA montana L., 1400. — As., E.
Arenaria serpyllifolia L., 1233, — Am,,
C, T., S. E.
— pubescens d'Urv., 1400. — Arch.gr.
— rotuudifolia MB., reg. alp. — 0., R.,
C.
— * spimrocarpa Feuzl, 1300.
— neelgherrensis W. A., 3100. — lodia.
— — * var. Fenzl, 2399. — ■ S.
— libanotica Fenzl, 1891. — Sr.
— * Kotachy ana Feaz\, 1629-2274.
— — * var. alpina Fenzl, reg. alp.
— Ledebouriana Fenzl, reg. alp. — AI.,
As., R.
Cerastilm trigynum Vill. — Bz., 0., T.
vnr. [:! Fenzl, 2598. — S.
— dichotomum L., 1300. — Am., E.
— braihvpetalum Pers., 1400. — C.,T.,
S., È.
— gnaphalioides Fenzl, 2599-2924. —
var. lanatum, 1623. —
— Cd.,
Cp.,
■0.,
Ag.
alpinum L
As., E.
fragiUimum Boiss., 1500
Ms., Tm,, Am.
Telephium orientale Boiss. — Sp
Am., Sr. , C,
Paronvchia argenlea Lmk., 1300.
Bz., G., E.
— nivea DC. var. pubcsccus Fenzl, 1 949-
2599. — C.,E.
SÉAISCE DU 13
ScLiîRANTnus anmius L., 227 4.— Bz., 0. ,
As., R., (î., K.
— uncinatus Schk. , 1500. — Am., AI.,
Tainariscinca*.
Tauarix sniyrncnsis Bungc, 812. — Sm.
Mykicaria gcmianica Desv. , 1390. — P.,
R.,C.,T., E.
NOVEMBRfc; 1857.
Crilciferap.
Ilypericincie.
Cd.,
HyPERicuM hjdium Boiss., liOO.
Tm., AI., As.
— confertura Choisy, rcg. alp.
— naiium Poir., ad rad. jugi. — Sr.
— pcrforatum L., 4300. — Bz., 0., R.,
As., T., C, G., E.
— pulverulentutn Fenzl. — Al.
— * crenulalumTio\ss., 1300.
* var. niaJKS Boiss., rcg. alp.
— lanugiQOsiim Lnik., 900. — G.
— * gracile Buiss., 1300.
— veniistum Feozl, rcg. subalp. — AT.
— * rupestre J. S., ad rad. jngi.
— repens L., reg. alp. — 0., Am., As.,
T.. C, Pr.,S.
— * scabrcllum Boiss., 1623.
— scabruiri L. , reg. subalp. — Al., Am.,
As., AT., C, S.
— * ve/Ma'Hum Boiss., 2680.
Droseraceae.
Pabnassia palustris L., 2599. — 0,, Cp.,
Am., E.
Reaiimuriaceae.
Reaumuria * orientalis Boiss., 1350.
Cistinea;.
Helianthemum salicifolium Pers., 1350. —
Bz., E.
Vlolarieœ.
Viola * crassifoliaVem], 3085-3249.
— * amœna Feuzl, IGOO.
— occulta Lehm., 1330. — Am., G.
Polygaleae.
PoLYGALA * telephioides Boiss., reg. alp.
iufer,
— major Jacq., 1500. — Bz., As., R.,
E.
— anatolica Boiss., 1300. — As.
— pruinosa Boiss., 1300. — As , Cp., R.
871
As.
Matthiola oxyccras DC, 1400.
Ms.. Pp.
Nastuhtil'm cUipticum Boiss., 1350. — As.
— sylvestre R. Br., 1450.— 0., Cp.,
Am., R., E.
Barbarka nriuata Rchb., 1350. — Bz.,
Ar., E.
— — var. taurica, 1300. — T., C.
Arabis ionocalyx Boiss., 1400. — As.
— Billardieri DC, 3086. —As., Am,,
Sr.
— thyrsoidea S. et S., 3000. — Bz.,
0., Al., C.
— sagittata DC, 1300. —As., R., G.,
S., G.,E.
— * androsacea Fenzl, 2S99.
— purpurca S. et S., reg. alp. — 0.,
Bz.
— * cremocarpa Boiss., 1300.
— Turritis L., 1300. — Sp., E.
Farsetia clypeata R. Br., 1400. — Bz.,
Sp., G., E.
— macrocarpa Boiss., reg. alp. — Cp.,
AT.
AuBRiETiA deltuidea DC, reg. alp. — 0.,
Sp., G., Pr.,E.
Vesicaria * glabrescens Boiss., r. subalp.
Alyssdm argeuteum Vitm., 1350. — Bz.,
Am., As., R., C, Pr., S., E.
— — * var. alpininn Boiss., reg. alp.
— * telrastcmon Boiss.
— — * var. cappadocicum, 1380.
— serpyllifolium Desf., 1300. — As.,
R., Sr.
— * conslellatum Boiss.
— * oxycarpum Boiss., reg. alp. infer.
— hirsutuni MB., 1330. — Bz.', Am.,
As., R., G., C, Pr., S.
— * ca/hc/irouw Boiss., reg. subalp.
— elatum Boiss., 1400. — Cd., As.,
Creta, E.
— * masmenœum Boiss.
- * Cedrorum Sch. et Kot.
— Szovitzianiira F. M., 1500. — Am.,
Ar., Cp., C.
— * pellarioides Boiss.
— floribundum Boiss. — AT.
— * conteuiptum Sch. et Kot.
— * argyruphyllum Sch. ctKot.,222i-
3248.
— * Kotschyanum Boiss. mss.
Odont.\rruena * surculosa Sch. et Kot.,
2112.
— * paniculata Fenz\, 1300.
PiiLOïRicuuM cyclocarpum Boiss. , 2782. —
Am., AT.
Peltaria augustifolia DC, 1300.
872
SOCIÉTÉ BOTANIQUE \)K V\{\1SCE.
Draba olympien Boiss. var. hcterocoma
Boiss., 1949-227 4. — Cp.
— * accmlis Boiss., 2:.99-3249.
■ — * cognata Scli. et Kot.
— muralis L., 1300. — Bz. As.,T.,R.,
C, G, , S. , E.
CocHLKARiA * Sempcrvivum Boiss.
Thlaspi * violascens Sch. ctKot., 2274.
— * inornalmn Sch. et Kot.
— elegans Boiss., loOO. — As.
CAttPOCF.RAs * cilicicum Sch. et Kot,,
2274.
Iberis olympica Boiss. — 0.
— tauiicaDC, 1200. — Bz,, As.T.. C.
— * hrachystyla Fcnzl, 1025-1949.
— * glauccscens Boiss., 1800.
— * jiicunda Sch. et Kot., 1950,
— * commutata Sch. et Kot., 1949.
Heldreiciiia * Kolschyi Boiss., 2599-
3000.
EucLiDiu.M syriacum R. Br., 1350. — As,,
R., C, T.,Sr.
OcHTHODii'M œgyptiacutn DC, 2782. —
Sr.
Malcolmia africana R, Br., 1400. — As ,
T., C, Sr., l'r., E.
Hesperis violacea Boiss,, 1400. — Am.,
As.
— * campicarpa Boiss., 1400.
— * Kotschyi Boiss., 2600.
Parlatoria * brachycarpa Boiss., 1400.
Alliaria officiiialis Aiidrz., 1300. — Am.,
Bz,, R., T., C, E.
Erysimum * rupicola Sch. et Kot.
— * Kotschyanum J. Gay, reg. alp.
— Ihyrsoideum Boiss., 2826. — Am., Cp.
— repaiidum L., 1500. — As , R., C,
T.,E.
Camelina sativa Crantz, 1500.- Am., C,
T.,S.,E.
EuNOMiA oppositifolia DC, 2299-3249. —
Sr.
— iberidea Boiss., reg. alp. — Bz.,0., Cp.
— rotuiidifuha C. A. Mey., 3512. — C.
— * rubcscens Sch. et Kot., 3800.
Lepidium campestre R. Br., 1000. — Bz,,
AI., R., C, T., E.
— perfoliatum L., 1300. — As., R, C,
T., S., Sr.,Pr., E.
— lalifoliumL.,950. — Am ,Cp.,G.,T.,
C, E.
jEthionema Biixbaumii DC, 1300.— AI.,
As., Am., R., .Sr., C
— * scliisiosum Boiss., reg
— cordifolium DC, 1400. ■
— capitalwn Boiss,, 1600.
— * lacerum Boiss,, 1000.
Crenularia * eunonniMes Boiss
Isatis * frigUla Boiss,, 2923,
subalp.
-Sr.
-AT.
!74.
Anchiomlim Tournefortii Boiss., 2437. —
Am., Sr., AT.
Papaveraceae.
CoRYDALis rutœfolia DC, reg. alp. — Bz.,
As., Am., Sr., Crela, Cy|)r.
— bulbosaDC — 0.,R., G., T., C, S.,
E.
Cryptoceras pulchellum Schott. — Sr.
— modestum Schott. — Sr.
— purpurans Schott. — Sr.
Gl.aucium calycinum Bois,^., 1400,^Cp.,
P.
— fil! vum Sm., 1350. — E.
Papayer Argemone L., 1350. — 0., As.,
Arch., G., T., C, E.
— persicum LindI, — Cp.
— caucasiciim MB. — C.
— — * var. Icnuifolium.
— pohjschistosum Sch. et Kot , reg. alp.
-Ag.
— * i«o/7)fl/!{m Sch. et Kot.
Bei'berldeœ.
Berberis cratœgina DC, 2598.
naniiiiciilaccœ.
Cp.
Anémone * blanda Sch. et Kot.
TiiALiCTitUM * orientale Boiss.
Ranunculus demissusMB., ad uivrs déli-
quescentes. — E.
— * lasiostemoi Fcnzl, 2274-2600.
Eranthis * ciUcica Sch. et Kot.
Nigella orientalis L., 130(». — Am., C,
Sr.
— arvensis L. var. glaucescens Boiss.,
950.
Delphinium virgatum Poir., 1000. — As.,
Cp., Sr.
— cuncatum Stev. — C.
■ — /i'urd(cum Boiss., 1400. — Am.
P.KONiA triteruata Pall., 1400. — T.,
S.
Crassulaccie.
Sedum Semperviviim Ledeh., 227 4, reg.
al|). - AT., Cp., C.
-- Cepœa F., 1000. — G., R., E.
— ca'ruleiim Vahl., 900. — E.
— rubens I-. var. decandriim, 1300. —
As., C, T., E.
— album L., 1400. - 0., R., C.,T.,
S., E.
— Clusi.inum Guss. — Ag., G., E.
— o!ym[»iriim Boiss,, reg. alp. iiifer. —
Bz., 0., Ag.
— aiHplexicaulc DC, reg. alp, — G., E.
sÉANCK m; 13 isovi.MnnK IST)?.
873
Sedum criocarpuin Siblli. * var. iiindcslnm
13ois.s., 1000.
— tcnelliim M15., rcp. alp. — Am., C.
Umbii.icus liltaiiotic'us DC, iriOO-2500. -
Cp., Sr.
— Aizoon Fenzl, 2G00. — AT.
— * chriisanlhus Hoiss., reg. alp.
* var. pallidiis Boiss. , reg. alp.
— erectiis DC, IttOO. — As.
— * />ai/(dMsSch. cl Kot., 2273-2.435.
Saxifraffea*.
Saxifraga * Kolschyi Boiss., 2273-2924.
— Cymbalaria L. — 0., Am., Pr., C,
T.
Umbelliferie.
Eryngium * Kotschiji Boiss., 2000.
Critamus Falcaria Griscb., 1400. — Bz.,
0., Am., G., T.,R., G., S., E.
BuNiUM * cilicicum Fenzl, 2600-2924.
Bui'LEURiM Kœchelii Fenzl, 1949. — Cp.
— ranunculoides L. ,reg. alp. — E.
— australe Jord., 1350. — E.
— * lophocarpum Boiss., 1300.
Seseli cm-iimbosinv Boiss , 1800. — Lyca.
Cnidum conifoliuin Boiss., reg. subalp. —
Bz., 0., Sp., Tm., R.,G.
Fercla pachyJoba Fenzl, 1949. — Sp.
Tommasi.ma '*' Kotscliyi Boùss., 1950.
Peucedanum * depauperatum Boiss., reg.
alp.
Heracleum * Paslinaca Fenzl, 2600.
ZoziMiA * humilis Fenzl, 2600.
— absinthifolia DC, 1300.— Ins. Cypr.,
M.
Johrenia * aîpina Fenzl, 2600.
- — dichotoma DC. — Tni., Sp. , Sr.
— * seiinoidfls Bo\ss., 950.
AiNSwoRTHiA * elcgans Boiss., 1400.
PoLYLoi'HiuM * thaliclroides Fenzl, 2274-
2600.
Orlaya inter média Boiss., 980. — Sm.
TuRGEisiA liitifolia Hoffm., 1300. —Bz.,
As., Am., Cp., S., R., E.
TuRGENiop.^is * /bs«JaWacea Boiss., 1300.
ScANDix pinnalifida Vcnl., 1400. — As.,
Am., C, T., E.
Anthriscus sicula DC, 1400. — E.
— vulgaris Pars., 1400. — T., C, S.,
E.
Ch.krophyllum * Kotschyi Fenzl, 2600.
Physocailis nodosus Tausch , 1500. —
T., C, R., Srn., E.
EcHiNOPHORA * carvifoUa Boiss., reg. inf.
Lecokia cretica DC..,1500. — C, Creta,
Cypr., E.
CoNiiM niaciilaluiii L. var. leiocarpum
Boiss., 1400.
Malaraii.a platyptera Boiss., 1300. —
Gli.,Sr., .]■:.
Piivsosi'KitMi M a(i\iilet.'irolium Koch, 1300.
— 0.,C , T.,R., E.
.\rallaccu'
Hedera Hélix L. , 1400. -
L. , T. I E.
Corncœ.
0., Bz., R.,
0., AT., As.,
Cornus mas L., 1400.
R., G., C, T., L.
— sanguinca L. — 0., C, T., G., R., E.
Ericacea*.
Erica verticillala Forsk., 1400. — Bz.,
P., R.,G.,E.
Ebenacca'.
Styrax officinalis L., 812-1500. — As.,
G.,E.
Priinulacea>.
Androsace olympica Boiss., 2826. — 0.,
Ag.
— • multiscapa Daby, 2858. — Am., Ar.
— armeniaciiDuhY, 2858. — Am., Ar.
— maxima L., 1624. — Am., R., T., S.,
Pr., E.
Primula acaulis Jacq., 1949. — Bz., 0.,
R., Sr., E.
— auriculata Lmk., reg. alp. — 0., As.,
AT., Am., Ar., C, S., Pr.
Cyclamen * cilicicum Boiss., 974-2112.
Lysimachia anagalloidesS. et s., 1700.—
G.
Acantliacca;.
Acanthus hirsutus Boiss., 1400. — Ms.,
Cd., Tm., Ag.
— Dioscoridis L., 900.— Op., Sr.
Scrofiilarieic.
Verbascum * Tauri Boiss., 2597.
— * ciliciciDH Boiss., 1700.
— * adenocaulon Boiss. inss., 1350.
Celsia * brachysepala Fiscli., 1400.
— * cilicica Buiss., ad rad. jugi.
— * LephtD/s 6ch. et Kot.
ScROFDLARiA * A'otsc/ji/ana Bcnth., J209-
19 i9.
— Scopolii Hoppe. — 0., C, T., R.,E.
874
ScBOFULAniA heterophylla Willd., 1600.
— As., G., Pr.
— libaiiotica Boiss. , 2761. — Am., AT.,
Sr.
— decipiens Boiss., 2587. — Am.
— Pinardi Boiss., 11 57. — As.
Anarrhinum orientale Benth., 1700. —
Al., Am., Sr.
LiNARiA genistfnfolia Chav., 1200. — Bz.,
Am., Ag., R., T., G., E.
_ _ var. a, 1000. — Bz., Lyca.
— * Z?a/ansœ Boiss., reg. al p.
— eorifolia Desf., 1200. — Lyca., As.,
Am., E.
— pterosporaF. M., 1233. — G.
Veronica Anagallis L., 1250. — Br., 0.,
As.,Âm.,P., G., R.,E.
— BeccabungaL., I400.-Bz.,0., Am.,
R.,T., G., E.
— pectinataL., 2274.— Sra., As., AI.,
' R., Sr., E.
— "* surcidosa Boiss., reg. alp.
— cuneifoliaD.Don*var.])J/osa Benth,,
1200.
— kurdica Benth., reg. alp.— Am., As.,
Pr.
— cœspitosa Boiss., reg. alp. sup. —
Bz., Cd.
— * A'ofsc/iyana Benth., 2599.
— acinifolia L., 1300. — Bz., Sm., T.
— * glaherrhna Hohs., reg. alp.
— * ixodes Boiss., reg. alp.
— * divaricala Boiss., J500.
— biloba L., 1300. — Am., Ms., G., S.
— campylopoda Boiss., 1300. — Gp.,
Am.,G.,Sr.,M.,Pr.
— * exilis Sch. et Kot., 1212.
— * dichrus Sch. et Kol.
Odontites Aucheri Boiss., 1714. — Al.,
Am., Pr.
— ixodes Boiss., reg. alp. — Al., 0.,
Am., G.
EuPHRAsiA ofGcinalis L. var. minima
Benth., 2598.— E.
Pedicdlaris caueasica MB., 2599. — Gd.,
Gp.,P.,G.
— cadmea Boiss., reg. alp. — Gd.
— Siblhorpii Boiss., reg. alp. — 0., As.,
Gd., Gp., P.
— * jucunda Sch. et Kot., 2599.
Solancse.
PiiTSAus Alkckengi L. — Bz., 0., Am.,
R., T.,S.,E.
SoLAMiM Dulcamara L., 1200.— Bz., 0.,
P.,R., G., T., S.,E.
SOCIÉTÉ BOTANIQUli DE FRANCE.
Urobancheae.
PUEL1P.EA loDgiflora G. A. Mey., 1600. —
Bz., P., Am., G., E.
Gentianese.
Erythr-ea Gentaurium Pers., 1700. —
As., 0.,R., G., T.,E.
Gentiana ciliata L.,2437. — Am., C.,E,
— verna L. var. alata Griseb., 2437. —
0., Am.,G., S., E.
* var. foliis oblusis Boiss., reg.
alp.
— Boisséeri Fenzl, 2599. — AT.
Apocyncœ,
ViscA herbacea W. K., 1300. — As., R.,
T., G.,E.
Asclepiadcae.
ViNCETOXicuM tmoleum Boiss., 1787. —
Tm., Cp.
— *■■ steUifloriim Bois?., 1000.
— * alpinum Sch. et Kot., 2437.
Marsdenia erecta R. Br., 900. — Bz., 0.,
Sp., P., G.
JasiDineœ.
Phillyrea média L., 1400. — Bz., G., E.
Fraxinus Ornus L., 1000.— Sm., Sp., G.,
R.,E.
— oxvphylla MB., reg. alp. — Sm., G.,
T.
— * petiolulata liolss., reg. alp.
FoNTANEsiA phiUyrcoides Labill., 1400.
— As., Sr.
Convolviilaceœ.
CoNVOLVULUS compaclus Boiss., reg. alp.
— Gd.,As.,AT.
— lineatus L., 1350. — Am., As., R.,
T.,E.
GoscuTA major G. Bauh,, 1700. — Gil.
cal., G., S., E.
— * elegans Boiss., reg. alp. iufcr.
A»perifolia?.
Heuotroi'ium suaveolens MB., 1300.—
Gp., G., T.
Onosma anguslifolia Lehm., 1400. —As.,
G., E.
— pallida Boiss., 1500. — Bz., Sm ,
Lyca., Al., G.
— rupestris MB., 1350. —P., Am.,C.
— nana DC., reg. alp. — Gp.
— * decipiens Sch. et Kot., 21 12.
SÉANCE nu 13 NOVEMFJUK 1857.
875
MoLTKiA cœnilca F.elitn., I3:i0. — Am.,
C, Sr.
LiTHOSPEHMUM purpuTco - casiuleum L.,
1500. — Am., Ar., As., R., T.,
C, E.
MuNBYA * conglohataBoiss., 2273-2599.
Alkanna orienlalis l?oiss. — B7,.,As., Cp.,
Am., Ar., Ag., C, G.
NoNNEA lamprocarpa Griscl)., ITiOG. — G.
Anchusa uudulata L., 1400. — As., R.,
G., Arch., E.
Myosotis * speluncicola Sch. et Kot.,
1950.
— * modesta Sch. et Kot., 2599.
— * amœna Sch. et Kot.
Paracakyum myosotoidos Hoiss. , 2599. —
Cil. cal., Sr., Greta.
— azureum Boiss., 2599. — Lyca.
Omphalodes Luciliœ Boiss., 2599. — Cd.,
Sp.
Cynoglossum Dioseoridis Vil!., 900. —
Am.,C.,E.
— montanum Lmk., 1890. — Ara., C,
E.
EcHiNosPERiiuM barbatum Lehm., 1300.
— Am., C, T., E.
— patulum Lehm., 1600. — Bith., Cp.,
Am., C, T , S., E.
RocHELu stellulata Rchb., 1350. — Am.,
Cd., R., Sr., Pr., S., E.
— * cancellata Bo\ss. , 1700.
Labialie.
Mentha * Kotschyctna Boiss., 2534.
Salvia Aucheri Benth. , 1 1 97-1299. - Cp.
— * incarnala Eli., 1400.
— Benthamiana Boiss., 1890. — As.
— cryptantha Monlbr., reg. alp. — Al.,
As., Cp.
— Moluccellœ Benth., 1600. — Am.,
Sr.
— • tmolea Boiss., 1300. — Tm.
— .î:thiopisL., 1350.— Bith., As., Cp.,
R., T., C, G., E.
— frigida Boiss., reg. alp. — Cd.
— Monlbretii Benth., 1300. — Cp.,
Lyca., Sr., M.
— * oreades Sch. et Kot., 2000-2600.
— virgata Ait. var. albiflora Boiss. ,
1300, — Am.
— sylvestris L., 1400. — Bz., 0., Cp.,
Am., R., C, T., S., E.
— verticillata L., 1233. — Bz., Am., C,
T., R., Sr., E.
— * cilicica Boiss., 1300,
— cyanescens Boiss., 1250. — Am.
ZizYPHORA canesceos Benth. * var. glabra,
reg. alp.
OniGANi M hirtuni Link , 1300. — Bz.,
Bith., Sm., Tm., Am., G., Sr., lus.
Creta.
— lœvigdtnm Roiss. — AT.
— * niicranl}ni)n Vogcl, 1450.
— * ciliaium Boiss., 1950.
Thymus * rigidus Sch. et Kot., 1150.
— hirsutusMI5.,1948 2600.-G.,Arch.,
T., C.,S.,E.
Satureia hortensis L. — 1'., Am.. R., C,
T.,E.
— cuiieirolia Teii., reg. siihaip. — E.
MiCROMEUiA marifolia Benth., 1600. —
Am., R., T., Sr.
— myrtifolia Boiss., 1350. - Sm., M.
Calamintha Acinos Benth., 1450. — 0.,
R.,C., G., T.,E.
— * /îonV/o Boiss., 1475-1787.
Melissa officinalis L., 1300. — Bz., C,
R.,G.,T.,Sr., E.
Brunella vuigaris L., 900. — 0., P.,
AT., As., R.,C., S., l'r., G., E.
— laciuiaia L. var. flore cœruleo, 1300.
— E.
ScuTELLARiA orientalis L., reg. alp, — 0.,
Ar., Bith., Cp., An).
— — * var. glnreosa Kot., 2600,
— salviœfolia lieuth., 1700. — Gp.,G.
— diffusa Benth., 1300. —Al., Al.
Nepeta leucoslegia Boiss., reg. alp. — Pis.
— nuda L., 1300.— Tm., C, T.,Sr,,S,
— pycuanlha Benth. — AT.
— cilicica Boiss., 2437. — Sr.
Lallemantia iberica F. M., 1600.— Am.,
Cp., Sr., C.
Lamium glechomoides Sm., reg. alp. —
Bith., Ag,
— * eriucephalum Benth., 2924.
— 7iepetœfolimn Boiss., 1940-2593. —
Cd.
Stachys lanata Jacq., 1400.— Bz., Bith,,
T.,C.,G., Pr.
— pubescens Ten., 1400, — Bz,, Am.,
C, E.
— leucoglossa Griseb., 1300. — Cp.,R.
— lavanduiaîfolia Vahl, reg, alp, — Am.,
As., C,
— * pinetoruni Boiss., 1400.
SmERiTis perfoliata L,, 1300. — Cil. cal.,
Sr., E,
— romana L,, 1300. — Ara., Sr., G., E.
— montana L., 1300. — Bz., 0., Am.,
C, R.,T., Sr., Pr.,E.
— ambigua Fenzl, 2112-2600.— Ag.
— * c»/icjca Boiss., 1400.
Marrueil'm micranthiim Boiss., reg. alp.
— Cil. pctr.
— astracanicum Jacq., 1400. — Am.,
Ag.,C.
876
SOCIÉTÉ BOTAMQUi-: Dl^ FIlANCIi.
MAiini BUM parvinonim C. A.Mey. — Pis.,
Cp., Am., C.
— velutiinim S. et S. var. heterodon
Bculh., 2112.
— * faucidens Boiss., 1400.
B.\LLOTA obliqua Benth., 1000.— M.,Sr.
— * macrodonta Boiss.
Phlomis armcniaea Wiild , 1200. —As.,
C.
— samia L., 1200. —0., P., R., G.
— punsens WilId. — Bz., Bilh., As.,
Ani., R., G., T., C, E.
Teucrilm Cliama'drys L. var. australe
Kot., 1250.
— monlanuni L., rcg. aip. — R., T.,
G.,E.
Ajuga orientalis L., 1300. — 0., Am.,
Cp., T.,C., R.,G.,Sr., E.
— chia L., 2924.— Bith., As., Cil. cal.,
R., C, T., G., E.
Caprifollaceae.
LoNiCERA etrusca Santi ♦ var. hispidula
Boiss., 1000.
— * nummularifolia 3. S.
Riibiaceie.
t
Galium orientale Boiss., reg. alp,
var. a//<i«Mm Boiss., 2924. — Cd.,
Ms., Tm.
— — var. cinereum Boiss,, reg. alp. —
Cd., Sp., Cp., AT.
— * cilicicmn Boiss., 2599-2922.
- — raiiuin Req. — Sr.
— * melanantherum Boiss., 1700.
— — * var. scabrifoUum Boiss., 1890.
— humifiisum MB., 1300. — Am.,C.,
T., G.
— coronalum S. et S., 1200. —Bith.,
0., Am., C.,E.
— pedciiioutanuiii Ail., 1400. — T., G.,
E.
— cordutimi R. S., 1500. — Sr.
— tenuissimum MB.. 1300. — T., C. ,G.
— nigricans Boiss., 1400. — M.
— Vaillantii DC. —As., T., C, S., E.
— peplidifolium Boiss., 1500. — Sm.,
Cd.
— verticillalum Danth., 1400. — C,
G., Arih.,T., E.
— leinpliijllum Boiss., 1500. — AT.
Asi'ERiLA stricta Boiss.
— — v.ir. tomeutosa Boiss., 1000 —
Cp.
— — var. glahrpsccns Boiss., 2300. —
Cp., G.
— — * var. alpina Boiss., rcg. alp.
AsPEnri.A stricta var. scabrida Boiss.,
1400. - I.yca., As.
Ckucianeli.a macrostachya Boiss., 1000.
— Sr.
— glomcrata MB., reg. alp. — Cp., C.
Cai-lipeltis Cucullaria Stev., 1000 — Bz ,
Lyca., Cp., Am., C. , Pr., E (Hisp.)
PcTORiA calabrica Pers., 1000. — Sm.,
Gh., R., G., Sr., E.
Valerianeae.
Valerianella Kotschyi Boiss., 1350. —
Sr.
Centranthus elatus Boiss., 2000. - Pis.,
Sr.
Vai.eriana alliariajfolia Vahl, 2000. — 0.,
Cp., Am., P., C, Pr.
Dipsaceae.
Cephalaria * dipsacoideii Boiss., 1000.
Knautia hybrida Coult., 900. — 0., Sm.,
R., E.
— bidens Boiss., 1300. — Sm.
Pterocephalus piumosus Coult., 1300. —
Bz., Sm., As., Sr., C, R.,T., E.
— Pinardi Boiss., 2288-2600. — As.,
Cp., AT.
ScABiosA anatoUca Boiss., 1350. — Ms. ,
Pis., Cil. cal.
— stellata L., 1700. — Pis-, As., Am.,
C.,S., E.
— inicrantha Desf. , 1400. — Am., C,
T., E.
— Webbiaua Don, 1949-2273. — Bz.,
Lyca., G.
Sjiiantherca*.
Erigeron alpiiius Lmk. , reg. alp. — Ag.,
Ar., C, S., E.
— * pycnotrkhus Sch. et Kot., 2437.
— * cilicicus lioiss. , 2600.
SoLiDAGO Virga aurea L. — 0., Ag., R.,
C.,T., S.,E.
EvAX anatolica Boiss. — Cp., Gh., M., S.
Inui.a monlana L. — AI., Am.. T., E.
— * (icaulis Sdi. et Kot., 2i37.
Chrysophthalmum * sternutatorium Fcnzl,
1400.
Cota * oxylepis Boiss., reg. alp.
Anthémis anatolica Boiss., 1948-2761. —
Cd., Ms.
— * Kotschyana Boiss., 1949.
— — ■ * var. po'ci/e/ji's Kot., 2597-3570.
— linctori.i L., 1200. — Cp., As., E.
CuAM.EMELi'M orcadcs Boiss., 2599. — Ag ,
P., Sr.
— * Kotscluji Boiss., reg. alp. ,
SltANCR DU 13 NOVEMniU'l ISf)/.
877
CiiAM.KMF.uiM prœcox Vis., 2599.— Siii.,
As., Am., C, T., Sr., Pr.
— disciformc Vis., reg. ali). — ïni.,
Am., {".
Leucocychis * /'o)-»(o.>;ms Boiss., 1949.
AcHiLi.KA leiilophylla MB., 1500.— E.
— micraiith.i MB., 1300. — Bz., Ag.,
Cp., A ni.
— — var. laciniis incarnalis, 1300.
— ochrokMna Kliiii., 1000 - E.
— terclifolia Wiiid., 1800. — Bz., Cp.,
Am., C.
— * spinulifolia Fciizl, 1449.
— * grata IVnzl, 2209.
— * monocephnla Boiss., 1000.
PïRETHRUM * fruUculosum Gajrtn., 2112-
2600.
— ParliieniumL,, 1000. — Bz.,0.,P.,
R., T., C, G., E.
— * cilicicum Boiss.
GvMNOCLiNE -^ cedrelorum Sch. et Kot.,
2100,
Artemisia Absiulhium L., 2000. — 0.,
G., E.
Tanacetl'm argenteum Willd. , 1299 -
2600. — i.yca., Am., E.
Gnaphaliom uoivegicumGuan., rcg.alp.—
P., Am., C. , E.
— * leucopilinum Sch. et Kot., 2600.
Helichrysim armenium DC, reg. alp. —
AI.. Am., Pr.
— psychrophiliniiBoiss. , 1600. — C, Pr.
— anatoiicum Boiss., 1950. — 0.,Tm.,
Sp., Am., Cp., B., Pr.
DoRONicuM caucasicum MB. — Bz., As.,
R.,C.
Senecio * farfarœfolius Boiss., 2274.
— orientalis Willd., 16J4. — Ag.
T- * megalophron Feuzl, 1950.
— * cUicicus Roiss., 2000.
EcHiNOFs bilhynifus Boiss., 1500. — 0.,
Bith.,iE.
Xeranthemum squarrosum Boiss., 1300.
— Cp., Tm., As., M., Pr.
Chardinia xeranlhemoides Desf., 1300.
— 0., As.. Am., R.,Pr.,Sr.
Siebf.ra pungcns J. Gay, 1600. — Sr.
St.ehelina apicuiata Labiii., 1640.— Sr.
Carlina oligocephaia Boiss., 1787.^ — Sr.
CoDsiNiA * cirsiuides Boiss. mss., 1400.
Centaurea babyionica L., 1200. — Sr.
— * chciroloplia Fenzl, 1400.
— * chnjsolopha Boiss., 2599.
— depressa MB, — Ar., C, Pr., E. (liis-
pania.)
— cana S. et S., reg. alp. — Ar., As.,
0.,R.
— squarrosa Willd., liOO. — Am., Ar.,
Al., Pr., G , S,
Cr.NTAiiREA * iiielanacaidha Boiss., 1600.
— llrvillei DC, 1000. - As.. G., Arcli.
— * crioplnjlld Roiss. mss., KiOO.
IIyam'.a mucrnnifera J. S., I!)'i9. — Cp.
Ciir.iiini.Ki'is drahilblia Roiss., 2600. —
0., Bz.
Onoporoon * pdhiccphahnn Boiss., 1600.
Cham.epeuce afra f)C., 1200. — G.
CiRsiuM rhizocephalum C. A. Mey., 2599.
— C.
PicNOMON Acarna Cass., 1000. -- C, T.,
G., Arili., R., E.
Carduhs milans L., 1400. — 0., R., T.,
C, S., E.
— laniiginosits Willd., 2761. — Am.
Jurinea macrocephaia DC, 1600. —
Cp,, Pr.
— anatolica Boiss., 1200. — AT., As,
— depressa C. A. Mey., 2600. — Ag,,
C,
Lampsana grandidora MB, var. p DC,
1200. — As., 0,
KœLPiNiA linearis Pail., 1400. — As.,Pr.,
M., S.
Leontodon asper Rrlib., 1200. — Bz.,
Am., E,
— oxylepis Boiss,, 2600. — As,, Sr.
— * masmenœus Boiss,
Tragopogo.n iiervulosus Boiss., reg. alp,
— Sr.
Scorzoneha iindulata Vahl. — G., E. (Si-
rilia.)
— pygmœaS. et S., reg. alp. — 0.
— *' cilicica Boiss., 2600.
— cinerea Roiss.. 3086. — AT., Pr.
Prenanthes muralis L., 1200. — Bz., 0.,
As.,R.,G.,E.
Ph.enopus vimineus DC. , 1500. — Bz,,
As., T., C, R.,E.
— * Kotschyi Boiss., 1400.
Mycelis * glareosa Sch. et Kot., 2599-
2924.
Cephalorrhynchus glandulosus Boiss.,
1200. — Sp.
Taraxacum Dens leonis Desf., reg. alp. —
Bz.,0., R,, C, T., S., E.
— — * var. alpinum Boiss., reg. alp.
— montanum DC, 1600. — Am., G.
— * psyclirophilunt Boiss., 1614.
— libanolicum DC, 1300. — Sr.
Intyrellia * glareosa Sch. et Kot., 2436.
Deroietia * /Vif/ida Boiss., 3200.
Ckepis pinnatifida Frœl., 2437. — Am.
— * divritica Sch. et Kot., 2975.
Barkhausia zacyulhica Marg. et Reut.,
1300. — Am., iDS. Zacynth.'
HiERACiLM pilosclliforme Stiirm, reg. alp.
— E.
— macrolrkhum Roiss., 1600, — ^Tm.
878
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
HiERACiOM pannosum Boiss., 1299-2274.
— Sp., Ag., Al.
CampaniiIaceK.
Bz.,
Phîteuma repaudum Sm., 1000.
AiH., 0.
— Kolschiji Boiss., 2112. — Ag., Am.
— cappadocicuiu Boiss., 1000-2112. —
Cp.
MicHAUXi.\ carapanuloides L'Hér . , 1 600. —
Cp., AT.,Sr.
— Tihiliatchefi F. M., 1200-1600.— AT.
Campaxula Willdenovii Boiss., Tt^. alp. —
AT.
— dicholoma L., 1500. — M., E,
— * Reuleriana Boiss., 1000.
— libauolica A. DC, 24 37. - AT., Sr.
— * axillaris Boiss., 1400.
— involucrata Auch., 2112-2274. —
Ara.
— Traclielium L., 1469. — 0., R., C,
T., S,, E.
— rapunculoides L., reg. subalp. — 0.,
Bz., R., C, T., S., E.
— Billardierii A. DC. var. major., reg.
alp. — Ag., 0., Sr.
— * psilostacliya Boiss., 1300.
— peregrina L., 1300. - Sr., E.
— fastigiata Dufour, 1400. — C, E.
— * Jntybus Sch. elKot., 2761.
— * trachyphylla Sch. et Kot., reg. alp.
— tauricola Boiss. — Al.
Trachelium tubulosum Boiss., 1300. — Sr.
Globiilariese.
Globularia trichosautha F. M., 1400. —
0., As., AT., C, R.
Plumbagiueae.
AcANTHOLiMON androsaceum Boiss., 1949-
2599. — Tm., Am., G.
— — var. iiiajus Boiss. — Tm.,G,
— Kotschyi Boiss., 1137. — Cp.
— Pinardi Boiss. var., 1624.
— t'eHusiwm Buiss., 1200. — Ag.,AT.
Plumbago europœa L., lOOO. — 0.,A1.,
Am., C, R., E.
Planlagineae.
Plantago alpina L., * var. diorilica Sch.
et Kot., 2600,
Aniarautaceae.
Amarantcs caudatus L., 1500.
E.
•M.,Pr.,
Salsolaceae.
BuTCM virgaium L. var. minus Moq,,
1460. — Lyca., E.
Beta longespicata Moq., 1300. — Am.,
Al.
Noi;A l'ourncfortii DC, reg. alp. iofer.
— Am., AT.
— spinosissimaMoq., 1800. — Cp., Am.,
Al., Sr., Pr., Arcli.
Polygonea;.
PoLYGONUM poiycnemoides J. S., reg. alp.
-Cp.,Pr.
— coguatum Meisu. var. alpestre, 1400.
— Am., C, As., Sr.
— Beliardi Ail., 1400. — Am,, C, E.
— Bistorla L. var. angustifoliumMciso.,
2598. — AT., As.,Tm.
Oxyria digynaCampd. ,reg. alp.— 0., Bz.,
Ag., Am., C, R., S., E.
KuMEx * macranlhus Boiss., reg. alp.
— Acetosella L., 1500. — 0., Am., R,,
G., E.
Laurinex.
Laurcs nobilis L., 1000. — 0., Bz,, As,,
G., T., E.
Elaeagueae.
HiPPOPHAE rhamuoides L., 1400. — G.,
S., R., E.
Tlijnaelé».
Daphne buxifolia Yahl, 1891. — Ag., Al.,
AT., Am., C.
— oleoides L., 1700. — 0., Ag., Am.,
C, G., E.
— coliiua Sm., 2112.— 0., Bz., R., E.
THYMELJiA * cilicica Meisn., 1233.
— Aucheri Meisn. — As., Pr., Sr.
Sautalaceae.
Thesiijm graecum Boiss., 1400. — As., G.
Arch., Sr.
— brachyphyllum Boiss., reg. alp. —
Tiu., Am., Ag.
Loraiifliacea>.
Arceuthobium Oxycedri MB., 1000. —
Bz.. C, T., R., E.
ViscuM album L., 1400. — Bz., C, 0.,
R-, G.,E.
SÉANCE DU 13
Arisioloclilca;.
Aristolociiu Bottœ J. S., 1500. — Am.
Lrticca;.
Urtica dioica L., reg. alp.— 0.,Bz. , Am.,
C.,T., R., G., E.
Parietaiiia niicruiillia Lcdeb., 1980. — S,
Celtis Tourncfortii Lmk., 1000. — 0.
Am., Cp., T., C.
Ficus Carica L., 1300. — Am., As., C,
T.,R., G., E.
Platane».
Platanus orientalis L., 1800. — Bz., 0.,
As., R., G., C.
Anientacea.
QuERCUS pedunculata Willd. — R., C, E.
* var. Haas Kot., 1233.
— sessilifloia Sra, — As. , C, T., R., G.,
E.
— — * var. Ahielum Kot., 1G24.
* var. Cedrorum Kot., l.HOO.
— iafectoria L.
* var. foliis grosse serratis Kot.,
1884.
* y &r. foliis rotundatis Kot., 812-
1137.
* var. ibicis Kot., 1625.
_- — * var. tauricola Kot., 974-1300.
* var. foliis undulalis Kot., 973-
1300.
— — * var. Pfaffingeri Kot., 650.
— — * var. polycarpos Kot., 1884.
— coccifera L., 812-1137. — As., Cp.,
AT., R., G., E.
— — * var. Fenslii Kot.
* var. aquifolia Kot., 2274.
var. Calliprinos ( Q. Calliprinos
Webb), 1400. — Pis.,?., As., Sr.,
E. (Hisp.)
— — * \ar. microphylla Kot., 1300.
— — * var. pungens Kot., 1300.
— — var. rigida (Q. rigida Willd.),
1300. — As., G.
NOVF.MRHK 1857.
879
QuEP.cus coccifera var. trojana (Q. trojana
Webl) MOU Kot.), 81 2.— Mys. , Pliryg.
— Libaiii Oliv., 1200 - 1400. - Pis.,
Troad., Mys., Phryg., Isaur,, P.,
Sr.
— /Egilops L.
— ^ * var. vallonea Kot., 1400.
* var, Gœdellii Kot., 974.
— * Ehrcnbergii Kot.
— Ccrris L.
^- — "■ var. cilicica Kot., 680-976.
— — * var. karamanica Kot., 975.
— haliphlpos Lmk., 1500. — E; (Sicil.)
— brutiaTcn., 975-1300. - Bz., R.,E.
(Neap.)
Carpinus orientalis Lmk., 1300. — As.,
AT., C, T., R.
OsTRYA vulgaris Willd. , 1000. — 0., Ara.,
R.,G., E.
Coniferae.
Ephedra campylopoda C. A. Mey., 1200.
— Cp., G., Arch., Sr.
Taxus baccata L,, 1950 - 2599. — Am.,
C, T., G. , R., E.
Jdniferus drupacea LabilL, 1620. — Sr.
— rufescens Link. — As., AT., R., G., E.
— sabinoides Griscb., 3000. — 0., As.,
R., C, G.
— fœlidissimaWilld.,2112. -As.,Am.,
T.,C., G.
— excelsa Royie, 2112. — As., AT.,
T., Sr.
Abies pectinata DC, 2000.— 0., As,, C,
G.,E.
— «//cicffl Carr., 1492-2112. — AT.
— * Kotschyana Fenzl, 1600.
Cedrus LibaDi Barr., 1500. — AT., Sr.
— — * var. argentea Ant. et Kot.,
1299-2112.
PiNUs Pinaster Soland., 644-1786. — As.,
G., E.
— Laricio Poir., 3000.— 0., As., AT.,
T., G,, R., E.
— pseudo-halepensis Dehnh., 1200,
— brutia Tea., 812-1137. — E. (Cala-
bria.)
880
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FIJANCÉ.
MONOCOTYLE DONEE.
Alismacesp.
Triglochin maritimum L,, 1400. — Am.,
C, S., E.
Orcllideap.
Orchis ana<o/»VaBoiss.,1500. — lus. Chio.
— incarnata L. * var., 2110.
— saccifera Bory, 1800.— R., C, G.,E.
— Morio L., ir;00. — 0.,Bz., As., R.,
T., G.. Am., S., E.
CoMPERiA taurica C. Koch, 1000. — T.
Irideie.
Iris* Junonia Sch. et Kot.
Crocis cancellatiis Willd., rcg. alp. — G.
— * pylarum J. Gay niss., 1300.
_ * cilichis Kot., 2599.
— * candidus Clarkc.
— * Kotichyanus C. Koch, 2420.
Aiiiaryllidese.
SxERNBERGiA Clusiaiia Gawl., 1233-1^)52.
— Bz.
— * micrantha J. Gay niss., 1000.
Liliaccae.
C, Sr.
CoLCUicuM lœlum Stev., 1000.
— * crocifloruni Sch. et Kot.
■ — * Ba/a>i.sœ IMaiich., reg. subalp.
TuLiPA * alpina J Gay mss., reg. alp.
Hyacintuijs orientalis L., 1500. — G., E.
AluscARi * alpinumi. Gay, reg. alp.
Scii-LA aiitumnalis L., 1624. — Bz., G.,
Arch., R., Sr.,T., E.
Urginia Scilla Steinh., 900. — As., G.,
Arch., Sr., E.
Ornitiiogalum * Aucheri Boiss., reg. alp.
— * sororum Sch. et Kot.
— * rydrîi Sch. et Kot.
AlliLiM * cilkicum Boiss., 1200-2274.
— sphœrocephaluiii L., 2209. — Tni.,
C, G., E.
— frigidnm Boiss., 2599. — G.
— myrinnthmn Boiss., 1000. — As.
— cassiuin Boiss., 2112-2274. — Sr.
— * Cydni Sch. et Kot., reg. alp.
AspHooELiNE taurica Kth., reg. alp. —
t:.,T. .
— globifera J. Gay mss., reg. alp.— Cp.
— * prismalocarpa .1. Gay mss., IGOO.
— * isthinocarpa J. Gay mss., lOno.
AspiiODEi.ixr.* Ba/f/nsœ J. Gay mss., 1000.
PuALANGiUM Liliago Schrcb., 1000. — Ar-
chip. grœc.
Smilacineap.
PoLYGONATUM * ciHcicum Sch. et Kot.,
I3i0.
Cjperaceae.
Carex * Schottii Boiss., 2304, reg. alp.
— nigra Ail. var. uliginosa J. Gay.
— sempervireiis Vill. lar ,reg.alp. — E.
KoBRESiA cariciiia Willd., 2599.— C.,E.
Blysmus compressas Panz., reg. alp. —
C.,T.,E.
FiMBRisTYLis dichotoma Vahl, 1200. —
R., C, E.
Cyperus glaber L. — As., C, T., S., Sr.,
Gramineœ.
Crypsis alopeciiroides Schrad., reg. alp. —
0., Cp., R., S., E.
~ schœiioides Lmk., 1400, — 0., R.,
C.,S.,E
Alopecurus angustifolius Sm., 2399. —
0., Bz., E,
— anthoxanthoides Boiss., 1000. — Sr.
Phlelim arenarium L. forma orienlalis
Boiss., 1950. — As., G.
— ambiguimi Ten., reg. alp. — E.
— alpiinim L., reg. alp. — As., 0., Bz ,
R., E.
PiPTATHERiM paradoxum Beauv. Yar. mi-
cranthum, 1000. — E.
Penniseti'm orientale Rich., 1137. — As.,
Cp., Sr.
Lappago racemosa Willd., 1300. — Bz.,
R., T., es., E.
Stipa peiiiiata L., 2H00. — As., Sp., AI.,
C, R., T,,S , E.
— barbala Desf., reg. alp. — Africa bor.
Aristella bromoidcs Bertol., 1000. — Bz.,
A.S.. G., E.
Calama(;r()stis olympica Boiss., rcg. alp.
— 0.
Avkna dni>nensis Boiss., reg. alp. — Pr.
TiusETi'M Yalesiacum Boiss., 1400. — E.
Ventenata macra Boiss., 1000. — Cp ,
Am., C , T.
— diibia Coss., reg. suhalp. — Algeria.
Sesleria elonpata Ilost, 162i-l!>49. —
As., T., E.
— cœrulea Ard. forma clalior, reg. alp.
SÉANCE IJL 13 NOVKMinU': 1857.
881
PoA alpina \..\ar.*brpvi/'iilia Hoiss , 2.".9't.
— bulbosa I,. var. vi\i|iara Ktli., 1200.
— As., T., H., E.
— compi-pssa I,., 1000. — C, T., S., K.
Nkpiiei.uculoa persica l.odt'b., reg. alp. —
Ain., As., C, Sr.
— — var. viojor., 1600. — As.
Festi'ca sylvalica L., 1000. — E.
— varia Ilost var. flavpsroiis, l'JiO.
— diversifoliu Hoiss., 1000. — Sp.
liRAciiYPODiUM sylvaticum H. S., 1000. —
B/.., C, T., R., K.
— ramosuni R. S. var., 2599.
Bromus erertiis Hutls., reg. alp. — 0.,
As., T.,C.,E.
Bromiî.s scpiarrosim L. , 1 000. — C. ,T. , S. , E.
— sciciopinjllits lioiss., 292i. — Tin.
Agropyrijm * Tauri Boiss., KiOO.
TniTiciM panorniitaiiiiMiBorlol.,9()(». — E.
yEciLops ovata 1,., |.i(»(). — As. ,0., R.,G.,
K.
— triuncialis I,., 1000. — As., Hz., E.
Ehianthus Ravciiiia! Hicli., 1000. — As.,
C, R., G., E.
ANTinsTiniA* bmchyanlha Boiss , CoO.
Arohh'se.
AnuM * spectabile Schott.
LscuARUM eximiuni Sch. et Kot. — Cil.
cal (1).
(1) .le dois faire remarquer que, les siihdivisions des genres n'ayant pu être in-
diquées dans celle liste, ainsi que je l'ai dit plus haut, certains groupes y ligurent
comme genres qui, d'après la classilicalion que j'ai adoptée ne seront admis dans
mon grand ouvrage que comme sous-genres. Dans le tableau I ces sou.s-genres ne
sont pas comptés, aliu de faire concorder les conclusions du piéseiit travail avec
celles de mes iravau.x ullérieuis. Ce sont les suivants :
Erviini rapporté à Vicia,
Onohrychis à Hedysarum,
Farselia, Aubrielia, Fesicana à Alyssum,
Peltaria à Clypeola,
Cnchlearia à Draba,
AlUaria à Sisyinbrium,
Carpoceras à Tldaspi,
Micromeria à Salureia,
Knautia, Pterocephahts à Scahiosa,
Cota. Chamœmchtm à Anthémis,
Pyrelhrum à Chrysanthcnmm,
llelichtysiim à Gnaphalium,
Ilyalea, Cheirolepis à Centaurea,
Chaiiiœpeuce, Cirsium, Picnomon à Car-
duus,
Jurinca à Serratula,
Mycelish Lactuca,
Barkhausia à Oepis,
Asphodeline à Asphodelus,
Polygonalum h Convailaria,
Ftmbrislylis, lilysnnts à Scirpus,
Piptatherum à Milium,
Triselmn, Ventenata a Avena,
Brachypodium à Festuca,
Agrnpijrum à Triticum,
Eriantkus à Saccharum.
r IV
r)G
882
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
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884
soc;É'n'; botainiqle di: france.
Tableau IF. — Nombre des espèces que deux massifs possèdent en commun .
Papilionacées .
Rosacées
Linées
(léraniacécs. . .
Eiiphorbiacées.
Ilhaninéos. . . .
Célaslrinées. . .
Caryopliyliées.
Hypériciiiées. .
I)ros('racées. . .
(^riuiléres
(j-assulacées.. .
Saxilragées
Onibclliféres . .
Pririuilacées.. .
AcaiilhaLées . .
Scrofiilarices. .
Solanéos
G en M cillées. . . .
Ascl piadées . .
I Aspérifoliées. .
Laliiécs
Valéiiaiiées. . .
Dipsacées
SynanHiérées. .
Gloliiilariées . .
Plûmliaiiinées.
Plantaginées . .
Polviionées.. . .
Laminées
'Tliy mêlées. . . .
} Loranlliacées..
l'iticées
I Plalanées
Amenlacées. . .
ISalicinées
jConileres
: Orcllidées
I Graminées. . . .
Totaux.
B. 0.
1
1
3
1
I
S
2
1
10
2
l
4
1
6
1
1
13
I
1
1
1
-2
1
1
1
3
1
94
B. Ag.
36
B. Al.
33
B. Al-,
17
0 Ae
O. Al.
3
~22'
0. Al.
Ag.Al.
Ag.Ar.
Al. Ar.
Les conclusions suivantes lôsuitcnt de ces tal)lc;uix :
I. — Sous le rapport du nombre des l'ciniilles, les cinq massifs se rangent
dans l'ordre suivant : Ol.ympe, avec 81 familles, dont 71 dicot. et 10 mono-
cot.; lUdgardafçIi, avec 73 familles, dont dk dicot. et 9 monocot. ; Alidagli,
avec 31 lamilles, dont 2S dicot. et 3 nionoeot. ; .Ararat. avec 29 familles,
dont 26 dicot. et 3 monocot.; Aigée, avec 30 familles, dtmt 27 dicof. et
3 mcinocot. C'est donc le Biilgarda^li qui possédciait conipaiativenuiil le
nomhre le plus fort de familles monocot.; après lui \ieiidraient d'abord
l'Ararat, puis r.r nujiia les antres massifs. I.a proporlion moyenne v;\\vç les
SÉAlNCl'; l)L i^ MOVKMHI'.K lfSÔ7. 885
faiiiilli's moiiocot. et dicot. serait pour les cinq massifs à peu près comme
1 à 7 *.
II. — Relativement au nombre absolu des espèces, leBulf:çardn^b occuperait
la première place, et les auti'es massifs se classeraient dans l'ordre suivant:
Olympe, Argée, Ararat, Ali. D'un autre côté, si nous considérons le nombre
des espèces dans leur rapport avec les dimensions des massifs qu'elles ha-
bitent, la première place reviendrait de droit au mont Ali, car tout en étant
infiniment plus petit que les autres, il ne le cède que de trois espèces au
mont Ararat et de (|uatorze au mont Argée.
Ifl. — Sous lepoint de vue des rapports numériquesentrelesespècesmono-
cot. et les espèces dicot. , le Buliïardagh se rapproche beaucoup de l'Olj'mpe,
car dans l'un et l'autre le nombre des monocot. est de plus de neuf fois in-
férieur à celui (les dicot., tantlis que dans le mont Argée, ce rapport est
environ comme 1 h 5, dans l'Alidagh comme 1 h 12, et dans l'Ararat comme
1 à 10. La proportion moyenne entre le chiffre des espèces monocot. et
dicot. serait donc pour les cinq massifs à peu près comme 1 a 9. Il en ré-
sulte que, parmi les cincj massifs, le mont Argée est le seul ((ui indique, entre
les monocot. et les dicot., une proportion analogue a celle généralement
admise pour le règne végétal, c'est-à-dire comme 1 à 5, et que sur les autres
massifs, lesdicot. sont relativement bien plus nombreuses que partout ailleurs.
Ainsi (lescouHderalious purement botaniques poiteiaient a attribuerau mont
Argée un climat plus boréal et plus humide qu'aux autres massifs, si Ion
admet comme règle générale que, dans les régions tempérées des deux hémi-
sphères, la proportion des dicot. augmente et celle des monocot. diminue
a mesure qu'on se rapproche des tropiques, et qu'avec une température
analogue, les pays humides offrent une proportion de monocot. plus forte
(Alph. De Candolle, Géogr. but. II, 1180). Au reste, mes registres des espèces
des monts Ali et Ararat présentent une particularité qui pourrait bien être
plutôt l'effet de nos notions imparfaites sin- la végétation de ces monta-
gnes qu'une anomalie réelle : c'est l'absence complète des Cypéracées sur
les monts Ali et Ararat, et la réduction des Graminées, sur celte dernière
montagne, à une seule espèce. Il est vrai que l'Ararat a été bien plus ex-
ploré que le mont Ali, visité seulement par M. Balansa et moi, et cepen-
dant, dans le Flora rossica de M. Ledebour, on ne voit figurer (|u'uue seule
Graminée, le Poa littoralis Gouan, comme venant sur l'Ararat; si ce fait
était réellement constaté, il serait presque unique dans son genre, c?.r nous
ne connaissons aujourd'hui qu'un seul pays (|ui soit dans ce cas, c'est l'ile
de .lava, où sur près de 3000 phanérogames enumérées par M. Blume, les
fiimilles des Giaminées et Cypéracées manquent complètement.
IV. — Dans le Ikilgardagh, l'Olympe et l'Ararat, la famille la plus nom-
breuse est représentée par les Synanthérées qui, sur l'Ararat, constituent
plus de lacinciuième partie de la flore phanérogamique; mais, tandis que dans
886 SOCIÉTÉ BOTANIQUI-: DE FRANCE.
le RuI^ardagii les Syiianthéiées ne l'emportent que de très peu sur les Papi-
lionacées et même sur les Caiyophyllées, elles sont dans le mont Olympe
deux fois plus nombreuses que ces deux dernières familles, et forment à elles
seules presque la huitième partie de la totalité des phanérogames olympiennes;
dans le Bulgardagh, les Synanthérées ne constituent qu'à peu près la neu-
vième partie de la végétation. Ainsi, sur les trois massifs sus-mentionnés, la
grande famille des Composées offre un chiffre relatif supérieur à celui qu'elle
possède habituellement, et qui est d'un dixième des plantes phanérogames
(Alph. De Candolle, Géogr. bot. II, 1113). Il en est tout autrement des
monts Argée et Ali, car, dans le premier, la famille des Graminées est la
famille la plus riche et y représente à peu près la septième partie de la
végétation, et dans le second ce rôle appartient à la famille des Papiliona-
cées qui forme presque la huitième partie de la flore de cette montagne.
Or, la prépondérance des Graminées et des Papilionacées constitue deux
faits assez rares, puisque, sur environ 126 flores des pays les plus opposés
du globe que M. De Candolle {ibid. p. 1190-1233) passe en revue, on ne
voit que 21 localités à Papilionacées et 17 à Graminées prédominantes.
Parmi les 21 localités, toutes situées sous des latitudes inférieures à h%°, ce
sont les îles du Cap-V( rt (lat. 15° N.) qui offrent à peu près la même pro-
portion que le mont Ali, entre les Papilionacées et le reste des phanéro-
games. Quant aux 17 localités à Graminées prépondérantes, bien qu'on les
retrouve sous les parallèles les plus divers des deux hémisphères, cependant
dans l'un et l'autre elles sont plutôt groupées sous les latitudes boréales; de
manière qu'en s'appuyant sur les faits nombreux rapportés par M. De Can-
dolle, on pourrait dire qu'en général la prépondérance des Graminées carac-
térise particulièrement les contrées froides, ou bien à climat humide ou in-
sulaire, tandis que la prépondérance des Papilionacées accuserait plutôt des
régions à faciès éminemment méridional. Outre les familles sus-mention-
nées du Bulgardagh comme figurant en tête de toutes les autres par leur
richesse spécifique, on y en voit quelques-unes (jui, sans donner un chiffre
assez élevé pour pouvoir entrer en concurrence avec ces deraièi'es, offrent
cependant une quantité d'espèces supérieure à celle que ces familles pré-
sentent ordinairement dans d'autie:) pays. Pour ne citer qu'un seul exemple.
Je rappellerai que les Cupulifères y sont représentées par neuf espèces,
avec non nioins de dix-huit vmHétés exclusivement locales, et dont plusieurs
tellement caractéristiques, qu'un jour peut-être elles seront élevées au rang
d'espèces distinctes (1).
\^ — Parmi les espèces qui habitent les cinq massifs montagneux, il n'en
(1) Les riches coileclions de M. Kotschy renferment une si grande quantité de
formes inlthTssanlos de Chênes du Bulgardagh, que le répertoire de la llore de
rAt>ie-i\liaeure pourra recevoir un notable accroissement, lorsque M. Kotschy en
siLvNCK i)i; 13 NOVKMuiiK 1857. 887
est pas une seule qui soit comuuiue à tous les cinq, et l'on peut même
admettre que les exemples d'une espèce répandue sur trois massifs sont
extrêmement rares, puisqu'un examen scrupuleux de tous mes volumineux
registres ne m'a fait découvrir que les espèces suivantes : a) sur l'Olympe,
le Bulgardargh et l'Aiarat : Primula auriculala l.amk, , Scutellaria orien-
fcdis L.; b) sur l'Olympe, le mont Argée et l'Ararat : Critamus Falcaria
Griseb.;c) sur l'Olympe, l'Argée et le Bulgardagh : Erigeron alpinus l.,. Gé-
ranium pyrenaicumL., Oxyria digijna Caïupd., Sedirm olympicum Boiss. ,
Daphne oleoides L.; d) sur l'Argée, le Bulgarda^h et l'Ararat : Cotoneaster
nummulariaV . M . , Solidago Virga aurea L. , A/kanna orientalis Boiss. ; e) sur
les monts Argée, Ali et Ararat: Astragalus mollis MB.; f) sur l'Olympe, le
Buliîardagh et l'Alidagh : Arabis tityrsoidea S. et S.; g) sur le mont Argée,
le Biilgardagh et l'Alidagh : Daphne buxifoliaYc\h\. Voilà donc, sur un total
de plus de 2000 espèces (|ui habitent les cinq massifs montagneux de l'Asie-
Mineure, seulement \U espèces qui figurent a la fois dans t7^ois localités.
D'ailleurs même celles qui en embrassent deux n'offrent qu'un chiffre
d'une exiguïté remarquable. C'est ainsi cjue, sur le Bulgardagh et sur l'O-
lympe (distants d'enviion ^80 kilom.), les espèces que ces deux montagnes
possèdent en commun ne forment que la dix-neuvième partie environ de
l'ensemble de leurs espèces, qui est de 1G65. Quant aux autres massifs, la
proportion est encore beaucoup plus faible, comme on pourra en juger par
les exemples suivants. Bien que l'Alidagh ne soit distant du mont Argée
que seulement d'environ k kilom., ces deux montagnes n'ont qu'a peu
près cinq espèces en commun, c'est-a-dire la cinquante-cinquième partie
environ de l'ensemble de leurs espèces s'élevant à 282. !)e même le Bul-
gardagh, qui n'est éloigné du mont Argée que d'environ 110 kilom., pos-
sède en commun avec ce dernier seulement 36 espèces, c'est-a-dire environ
la vingt-septième partie de l'ensemble du chiffie total de leurs espèces,
qui est de 992. La distance entre l'Olympe et l'Ararat est à la vérité d'en-
viron 1100 kilomètres, mais en revanche la différence moyenne entre les
latitudes respectives n'est même pas tout à fait d'un degré; et cependant le
nombre des espèces qu'ils ont en commun ne constitue que la cent quaran-
tième partie environ de l'ensemble de leurs espèces, qui est de 982. La dis-
tance entre le Bulgardagh et l'Ararat e.st d'environ 170 kilomètres et la
différence entre les latitudes est de moins de 2 degrés : eh bien! les es-
pèces qui leur sont communes ne constituent que la soixantième partie de
l'ensemble de leurs espèces, qui est de 990 ; elles ne forment que la qua-
rante-cinquième partie entre l'Olympe et le mont Argée, la deux cent
aura publié les diagnoses. Pour le moment, j'ai, d'après les indications de M. Ba-
lansa, réuni à litre de variétés plusieurs des espèces de M. Kolschy seulement con-
nues de nom, à certains types déjà plus ou moins parfaitement établis.
SS8 SOCIÉTÉ nOTAMQL'R DH FK.V^CK.
qiiatre-vin^lièinc entre l'Olympe et le mont Ali (total 983) et la cinquante-
septième entre l'Ararat et lAigée (total des espèces, 273). T.n un mot,
si nous prenons la moyenne des proportiins (ju'i ffient sous ce rapport
les cinq massifs, elle ne donnera que le cliiffre modi(|ue de 81,7; ou en
d'autres termes, sur environ quatre-vingt-uue espèces, il n'y aurait pour
chaque groupe de deux massifs qu'une seule espèce qui fùl commune aux
deux ; et cependant la distance la pins considérable qui s'interpose entre les
cinq massifs est d'enxiron 1100 l<ilomètres, c'est celle entre l'Olympe et
l'Ararat, c'est-à-dire un peu plus de la distance (|ui sépare Paris de Berlin,
tandis que le maximum de différence latitudinale n'atteint pas trois degrés,
c'est celle qui existe entre l'Olympe et le Bulgardagb, c'est-à-dire à peu
près celle entre Paris et Anvers.
VI. — Parmi les cinq massifs de l'Asie-Mineure, aucun ne présente, au
même degré que le Bulgardagli, le phénomène de la localisation des espèces,
car presque le tiers de sa flore phanérogamique est composé d'espèces ex-
clusivement propres à l'Asie-Mineure, parmi lesquelles plus des deux tiers,
c'est-à-dire environ le quart du total de la flore, n'ont été trouvées jusqu'à
ce jour que sur cette seule montagne, et nulle part ailleurs; de façon que,
si, par l'originalité de ses formes, TAsie-Mineure cimstitue en quelque sorte
un petit État indépendant dans le grand royaume végétal, on peut dire
que le Bulgardauh figure dans cet État comnu' une république séparée.
Sous ce rapport, le Bulgardagh a probablement très peu de rivaux dans
les parties botaniquement connues de notre globe, car il serait difficile de
signaler une autre montagne dont le quart de la flore fût composé d'es-
pèces locales, et presque le ^/ers de la flore d'espèces n'habitant que la
contrée comparativement restreinte où cette montagne se trouverait située.
Au reste, si dans le sens absolu le Bulgardagh l'emporte sur toutes les au-
tres montagnes de la péninsule anatolique par sa richesse en espèces lo-
cales, le mont Ali peut lui disputer la palme et même le vaincre, eu égard
à l'exigu'ité de ses dimensions relativement à celles du Bulgardagh; en effet,
presque la moitié de la flore du mont Ali est composée d'espèces exclusi-
vement anatoliques, parmi lesquelles plus de la moitié, c'est-à-dire environ
la cinquièn)e partie de la flore de l'Ali, n'a été trouvée jusqu'ici que sur
cette montagne. Après le Bulgardagh et l'Ali, vient le mont Argée, où les
espèces anatoliques forment la troisième partie et les espèces argéennes en-
viron la septième partie du total de la flore; puis le mont Ararat, dont la
septième partie environ de la végétation phanérogamique appartient aux
tispèces anatoliquesvt la onzième environ aux espèces exclusivement pro-
pres à cette montagiu'. Enfin la dernière place est occupée par l'Olympe,
où les espèces locales ne figurent que pour un douzième environ du total
de la végétation. Ainsi, les agents physiques très compliques qui donnent
naissance au remar(|uable phénomène de localisation dis types végétaux,
sKA^CK m 13 NovKMimK ISôT. (S89
paraissent avoir en Asie-Mineure leur loyer le jiliis actil' dans la pailie
boréale de laCilicieet la région centrale de la C.appadoee, d'où ils rayonnent
encore avec assez de force dans la direction de l'est, en atteignant les
plateaux de l'Arménie, tandis qu'ils semblent au contraire perdre de leur
énerGic dans le sens de l'ouest, en n'excrcint en liitbynie qu'une inllnence
comparativement plus faible.
VII. — I es proportions numériques que J'ai indi(|uées pour ebncnn
des cin(| massifs, entre les espèces (jui leur sont propres et le total de leur
végétation, nous ont déjà fait pressentir les différences que doivent pré-
senter entre elles leurs flores respectives, sous le rapport du rôle qu'y jouent
les espèces européennes ou du moins non étrangères a l'Europe. Malgré
l'état imparfait de nos connaissances relativement à la végétation des mas-
sifs dont il s'agit, nous pouvons admettre, sans crainte d'erreur, (|ue le
mont Olympe est celui des ein(| massifs qui, sous ce point de vue, réclame
le premier rang, puisque le nombre des espèces européennes y atteint pres-
que la moitié du total de la végétation. Le mont Argée parait devoir se
placer immédiatement après l'Olympe, les espèces européennes y consti-
tuant à peu près le tiers de la végétation. Puis viendrait l'Ararat, où ces
espèces forment à peu près le quart du total. Le Bulgardagb, dont à peine
un cinquième de la végélation appartient aux espèces européennes, n'occu-
perait que le quatrième rang. Enfin l'Alidagli se placerait à la fin; plus que
les quatre autres massifs, en effet, celui-ci parait empreint d'un cacliet ori-
ginal, sa llore éminemment locale n'accordant qu'environ une neuvième
partie aux types européens.
VIII. — Après avoir éliminé des espèces qui constituent la flore de chacun
des cinq massifs: 1° les espèces anatoliques ; 2" les espèces exclusivement
locales; et enfin 3° les espèces qu'ils ont en commun avec l'Europe, en
prenant ce nom dans le sens restreint que je lui ai assigné, voici pour
chaque massif les chiffres de l'excédant, c'est-à-dire des espèces qu'ils ont
en commun avec les contrées (Bumélie, Grèce, Crimée, Arménie, Perse,
Caucase, Sibérie et Asie centrale) dont J'ai désigné le caractère végétal par le
terme collectif de type rtrmeno-caî<cosïen:B. =521 (plus de la moitié du total),
O.=550 (id.), Ag.=78 (presque la moitié). Al. =5/; (id.j, Ar.=83 (moins
de la moitié). Je m'abstiendrai de signaler les considérations nombieuses et
intéressantes (jue pourrait suggérer l'appréciation de l'influence que les es-
pèces arméno-caucasiennes exercent sur la végétation de chacun des cinq
massifs de l'Asie-Mineure ; il suffira pour le moment d'observer que, sur
le mont Ararat, ces espèces semblent être un peu moins répandues que sur
les quatre autres montagnes, ce t|ui est contraire aux prévisions qu'auraient
dû faire naître les positions géographi([ues respectives; d'un autre côté, le
mont Ararat possède, en commun avec la (primée, un nombre d'espèces re-
lativement plus considéi'able que les quatre autres massifs, ce qui égale-
890 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DD FKANCE.
ment n'aurait pu être admis à priori. Cette dernière particularité constitue
un fait curieux, mais qui vient à l'appui des considérations exposées dans
ma Climatologie de l'Asie- Mineure, relativement au climat des deux rives
opposées du Pont-Kuxin (1). 1! paraîtrait en effet que le type du climat
excessif, qui atteint sur le plateau de l'Arménie peut-être son plus haut
point de développement connu (2), trouve sur le littoral boréal du Pont-
Euxin (également empreint de ce type), et notamment en Crimée, plus de
conditions analogues que sur les autres points de l'Asie-iMineure.
IX. — Pour apprécier les espèces qui, en Asie-Mineure, s'élèvent aux
hauteurs les plus considérables, je ne tiendrai compte ni du mont Olympe,
ni du mont Ali, parce qu'ils n'atteignent point la l'égion des neiges perpé-
tuelles, et par conséquent je ne m'occuperai que de l'Ararat, du mont
Argée et du Bulgardagb, en y notant seulement celles des espèces qui dé-
passent l'altitude de oOOO'".
Ababat. — Astrogalus mollis MB. ait. ^222". Alsine recurva Wahlb.
4222". Cerastium Kusbeck C. A. Mey. Zi222'". Saxifraga muscoides Wulf.
4222". Erigcron pulchelliis DC. 4222°". Cl/amœnielnm caucasicum Boiss.
4222". yEtheopappus pidclierrimus Cass. 4222". Tragopogon pusillus MB,
4222'". Scorzonera coronopifolia DC, 3897".
BuLGABDAGH. — Astrcigalus chionophilus Boiss. 3248"'. A. amœnus
Fenzl. 3248". Erodium Kotschyanum Buiss. mss. 3250"'. Euphorbia densa
Sch. et Kot. 3249"\ Viola crassifolia Fenzl. 32^9"'. Arabis Billardieri
DC. 3086'". AlijssKm argyrophyllum Sch. et Kot. 3248"'. Druba acaulis
Boiss. 3249"\ Eunomia rubescens Sch. et Ivot. 3800">. E. rotumlifolia C.
A. Mey. 3512'". E. oppositifolia DC. 3249'". Arenaria neclgkerrensis W. A.
3100'". Anthémis Kotschyana Boiss. var. pœcilpeis Kot. 3570"'. Scorzonera
cinerea Boiss. 3086'". Derouetia frigida Boiss. 3200".
Abgée. — Oxijtropis cyanea MB. 3206'". Astragalus chionophilus Boiss.
3005'". A. nummularius Lmk. 3005". A. argœiis Boiss. 3206". Euphorbia
nicœensis AU. 3840™. Silène argœa F. M. 3005"'. Alsine recurva Wahlb.
3005'". Cerastiwn argœum Boiss. mss. 3650'". Sedum objmpicum Bois.s.
3005"". Androsace olympica Boiss. 3200"'. Scrofularia olympica Boiss.
3840"^ Veronica gentianoides Vahl. 3200"'. Myosotis pcdustris With.
3005"'. Festuca duriuscula L. var. glabra Boiss. 3707"".
Nous voyons par cette indiiation sommaire que les espèces principales
qui, en Asie-lMineure, atteignent les altitudes les plus considérables,
espèces parmi lesquelles plus de la moitié sont étrangères a l'Europe,
appartiennent particulièrement aux lamilles suivantes : Papiliouiicées, Vio-
iariées, Crucifères, Caryophyilées, Synanthérées, Primulacées, Saxilragées,
(1) Voy. mon Asie-Mineure, vol. II, p. 104-106.
(2) /6îc/.,p. 256-282.
SÉANCE DU 13 NOVEMBRK 1857. 891
Sn-ofiilariécs, Aspéiifoliées, Eiiphorbiacées et Gramiiu'cs, bien que sur
chacur) des trois massifs ces familles soient différemment représentées, tant
sous le rapport des genres et des espèces que sous celui du nombre, puisque
sur le mont Araral ce sont les Synanthérées qui dominent, sur le Bul^ar-
dagh les Papilionacées, et sur le mont Argée les Caryophyllées. Nous
voyons de pins, qu'à l'exception du mont Argée qui seul parmi les trois
massifs nous offre une Graminée, les monocotylédones ne figurent point
parmi les plantes des régions les plus élevées des trois massifs. ICnfin nous
voyons que ces régions reproduisent en petit le remarquable pbénomène
de localisation développé en grand dans le tableau général de la végétation
des montagnes de l'Asie-Mineure; en effet, parmi les 36 espèces que j'ai
citées comme leprésentant les altitudes les plus considérables qu'at-
teignent les végétaux pbanérogames sur les trois massifs dont il s'agit,
deux seulement, savoir V Astragalus chionophilus et VAlsine recicrva, sont
communes à deux localités, et nommément la dernière espèce à l'Ararat
et à l'Argée, et la première à l'Argee et au iJulgardagb; toutes les autres
espèces se trouvent rigoureusement linùtées a un seul massif, ce qui est
particulièrement le cas pour le Bulgardagb, qui a l'air de tenir à conserver
partout sa tranchante individualité, et de se montrer original des pieds
à la tête, puisque, même dans ses plus hautes régions, il n'admet, pour
la plupart, que des espèces inconnues à l'Europe, tandis que dans les ré-
gions analogues de l'Argée et de l'Ararat quelques formes européennes
osent s'associer aux formes orientales.
X. — Pour compléter ces observations sommaires sur la végétation des
cinq massifs montagneux de l'Asie-Mineure, j'aurais dû discuter plus que
je ne l'ai fait les résultats qu'ils m'ont fournis, en les comparant avec ceux
que présentent les hautes montagnes dans d'autres pays ; de même j'aurais
dû donner quelque développement aux considérations générales que sug-
gèrent toutes ces études comparées, parmi lesquelles il en est une surtout
qui pourrait conduire à des aperçus intéressants : c'est celle du phénomène
curieux de localisation si fortement prononcé en Asie-Mineure, phénomène
qui se rattache à la grave question des espèces disjointes, à laquelle M. Alph.
De Candolle, dans l'excellent ouvrage que nous connaissons et admirons
tous, a avec raison attaché une si grande importance, car, en effet, elle
peut jeter (pielque lumière sur l'origine probable des espèces en général.
Malheureusement les limites imposées à mon travail me défendent de
m'élever aux abstractions de la philosophie botanique, bien qu'elles con-
stituent le résultat le plus attrayant et la récompense la plus flatteuse de
l'aride et fatigant labeur de classification des faits locaux auquel je me suis
particulièrement attaché.
Il ne me reste donc, Messieurs, qu'à vous prier de vouloir bien remar-
quer que le travail soumis aujourd'hui à votre bienveillante appréciation
892 SOCIÉTK HOTAHIQll': l)K MtA.NCi:.
n'est, tipiès tout, qu'un fragment mutile; cependant, ([uoitiu'il donne à
peine une idée de tout le développement dont le sujet est susceptible, et
que je désire lui donner un jour malgré les difficultés de la tâche, il pourra
peut-être me valoir, dès à présent, quelques titres à l'indulgence de la So-
ciété.
Je n'ai presque pas besoin d'ajouter qu'un travail qui a pour objet la
description d'un grand pays très imparfaitement exploité devra nécessaire-
ment demeurer fort incomplet, lors même qu'on lui ;iura donné le degi'é de
perfection dont il est susceptible. La valeui' d'un tel travail aura toujours
quelque chuse de relatif. Malgré cette défectuosité inhérente au sujet même,
je crois cependant pouvoir me flatter de l'espoir (|ue, ((uand j'aurai utilisé
tous les matériaux en ma possession, je serai a même de toucher de près
le but que je me propose, savoir, de tracer un tableau de la péninsule
anatolique suffisamment complet pour donner une idée des traits (lui ca-
ractérisent sa lloi'e et la distinguent de celles des auti-es pays. Cet espoir est
particulièrement fonde sur les considérations suivantes :
1. Bien qu'encore très peu explorée dans ses détails locaux, l'Asie-Mi-
neure a cependant été, pendant les vingt dernières années, visitée par un
assez grand nombre de botanistes pour que les formes les plus rares de sa
végétation n'aient pas été négligées, de sorte que la majorité des espèces
nouvelles qu'elle possède est déjà acquise à la science.
2. Par le même motif, on peut admettre ((n'en fait d'espèces déjà con-
nues ailleurs, celles (|ui n'ont pas encore été signalées en Asie-Mineure y
doivent être fort rares, et que par consé(juent les découvertes ultérieures
auront particulièrement pour effet de changer le chiffre absolu des es-
pèces et même des genres, sans détruire les valeurs numériques ([ui, d'a-
près nos connaissances actuelles, expriment en Asie-Mineure les rapports
ou proportions entre les grandes divisions du règne végétal (monocot. et
dicotyl.), ainsi qu'entre les familles, genres et espèces. I,e fait est que, si
certaines familles monocotylédones, comme les Graminées, les Cypéra-
cées, etc., sont certainement plus exposées a échapper a l'attention des
observateurs, plusieurs familles dicotylédones se trouvent dans le même
cas, ou du moins leur absence dans mes registres ne peut être en paitie
expliquée que par le man(|ue d'observations, de sorte que les erreurs se
compenseront. Ainsi, pour ne citer que quelques exemples, je rappel-
lerai que, si des recherches ultérieures prouvent que mes registres sont
incomplets (et certes ils le sont en généra!) quand ils montrent sur
l'Ararat les Graminées réduites à une seule espèce, les Cypéracécs y man-
quant complètement, ainsi que sur le mont AU, et seulement représentées
par trois espèces sur l'Olympe, etc.; d'un autre colé, on peut également
prévoir que plusieurs genres et même quelques familles dicotylédones
si;:ANrj.: du d3 novi:mduk 1857.* 893
que mes registres ne mciilioiiiuiit point dans ces massifs, ou ne icpri;-
seiitent (|iie par un cliiffie insifinidant, y seront plus laid siunak's et
représentés plus lar|i;ement, car le maii(|i;e prcscjuc absolu des Graminées
sur l'Ararat, 1 extrême exiguïté du chiffre des Gypéracccs sur l'Olympe, etc.,
sont tout aussi peu probables que l'absence de certaines familles dicotylé-
dones que mes registres ne signalent pas sur l'Ararat, telles que les Ku-
phorbiacées, Violariées, Droseracées, Kricaeées, V'alérianées, Orobancbées,
Campanulacées, Tliyuiclées, etc., familles dont la plupart ne figurent pas
non plus dans mes catalogues des espèces de l'Argée et du mont Ali. Il en
résulte donc (|ue les augmentations et rectilications porteront également
sur toutes les familles, s;>ns (jue les rapports numériques que j'ai établis
subissent des changements assez notables pour détruire la validité des
conclusions générales que j'en ai lirées.
3. Les doutes que de prime abord pourrait inspirer la valeur du grand
nombre d'espèces nouvelles (jui figurent dans la flore de i'Asie-Mineure sont
atténués par cette considération (]ue la majorité des espèces ont été créées
par deux savants des plus consciencieux, et qui certes figurent en tête des
botanistes (|ui s'occupent de la flore orientale, je veux dire M. Fenzl, et
surtout M. Boissier, auquel ses magniliques herbiers, ainsi ([ue de nom-
breux essais de culture entrepris dans le but de contrôler la légitimité de
ses espèces, fournissent assez de moyens de les établir solidement, pour ne
pas admettre qu'une bonne partie parmi elles ont déjà acquis le droit de se
placera côté de leurs congénères le mieux accréditées; et si, comme il est
naturel de le supposer, (|uelques-unes même doivent linir par être rayées,
cette lacune se trouvei-a comblée par d'autres espèces réellement nouvelles
que renferme l'Asie-Mineure; de sorte qu'ici encore la valeur des rapports
numériques ne court pas giand risque d'éprouver une noiable altération, et
que le nombre d'espèces exclusivement anatoliques (ou du moins orien-
tales) restera toujours énorme comparativement aux espèces européennes ou
non exclues de l'Iùirope.
Cette appréciation générale de l'influence que peuvent exercer sur la
valeur réelle de mon travail la nature incomplète des matériaux qui lui ont
servi de base et l'accroissement de ces derniers par les découvertes ulté-
rieures, peut donc me confirmer dans l'espoir que j'ai déjà exprimé
plus haut, c'est-à-dire que toutes ces défectuosités n'enlèveront point au
tableau que j'essayerai d'es(|uisser le seul mérite auquel il ose prétendre,
savoir, celui d'offrir pour la première fo's une expression de l'origiual
suffisamment exacte pour traduire les proportions entre les traits carac-
téristiques qui le composent, et pour donner aux contours une valeur
indépendante des modifications qu'éprouveront un jour les détails. Sans
doute le mérite de la silhouette n'est pas toujours le même que celui du
portrait; mais(iuand l'original ne pose pas et ([u'on ne peut saisir son image
89/i SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE,
qu'en passant, tout dépend du degré d'importance qu'attache le public à
()i)tenir cette dernière, ainsi que du besoin (ju'i! éprouve de préférer la
possession d'une ébauche à l'attente indéfinie d'un portrait. Aussi, lorsqu'il
s'aïit d'un vaste pays encore très peu connu, et dont l'exploration tant soit
peu complète est placée dans une perspective lointaine, les aperçus géné-
raux peuvent non-seulement satisfaire aux exigences du moment, mais
encore servir l'avenir, en formulant d'avance certaines lois de proportion et
de corrélation entre les éléments constitutifs, lois qui conserveront une
partie de leur valeur lors même que le chiffre absolu de chacun de ces élé-
ments aura changé. jN'os connaissances des grands principes de la géo-
eraphie botanique seraient aujourd'hui bien restreintes si elles n'avaient
pour matériaux que de petits cantons consciencieusement calqués par
d'imperturbables photographes. Ce n'est que quand les grands et aven-
tureux travaux des premières reconnaissances ont été faits que peuvent
arriver les descripteurs' spéciaux 5 et ce n'est qu'à ces derniers que s'adres-
sent les sages paroles par lesquelles M. Alph. De Candolle termine son ad-
mirable ouvrage [Géogr. bot. If, 13Zi9), en disant aux botanistes : Voyagez
moins; comme aussi ce n'est qu'aux cultivateurs des terres parfaitement
connues de notre vieille Europe que l'agriculture moderne a le droit de dire :
Ayez moins de champs. Mais, pris dans un sens absolu et exécute trop
riooureusement, cet avis aurait eu pour premier effet de nous priver de bien
des ébauches immortelles, comme celles des contrées du nouveau monde,
crayonnées par la main vigoureuse de M. de Humboldt, qui heureusement
ne s'est point borné à l'étude monographique de quelque district, mais qui
a préféré voyager beaucoup, en se contenlant, pour la gloire de sou siècle,
d'esquisser a grands traits des régions inconnues avant lui, et de laisser à
ses successeurs le soin de reloucher et de conipléter son cadre impéris-
sable; tant il est vrai que, bien que, dans les sciences d'observation, il n'y ait
point de principe plus important que celui qui prescrit de remonter ù la
synthèse par l'analyse, on doit cependant admettre que la découverte de cer-
taines lois générales peut devancer quelquefois de beaucoup l'analyse minu-
tieuse de la totalité des faits qui leur servent réellement de base. C'est qu'en
embrassant un vaste terrain, l'observateur habitué a la généralisation saisit
un faisceau compî\cte d'éléments qui ne se trouvent point réunis dans un
espace [)lus restreint, de sorte qu'il parvient souvent a deviner, pour ainsi
dire, certains résultats qu'on ne pourrait obtenir que bien plus tard par
l'étude laborieuse de chacune des localités dont l'ensemble seul peut les
donner.
J\I. Germain de Saint-Pierre fait à la Société la communication
suivante :
SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1857. 895
STRUCTURE BICARl'ELLAIHE DE L'OVAIRE DANS LA FAMILLE DES B0RRA6INÉKS ,
DÉMONTIiÉE l'AP. L'Él'UDE D'UNE CIILORANTIIIE DU MYOSOTIS C/ESPITOSA , par
n. E. CiEUM.tBX i»i: $!>Aii\T.pii:Ritii:.
La structure des ovaires fjiynobasiques de la famille des Labiées et de
celle des Borraniiiées ne devait pas être recoiimie tl explicpiée de bonne
heure; l'ovaire des plantes de ces familles est en effet de ceux dont le nom-
bre exact des feuilles carpellaires constituantes, est, à. priori, difficile à dé-
terminer. Dans certains groupes, la difficulté de reconnaître le nombre réel
des carpelles dont se compose l'ovaire résulte, soit de divers ari'êtsde déve-
loppement, soit d'avortemenis partiels, soit de modes particuliers de déhis-
cence, soit enfin de la soudure bord à boid des carpelles dans toute leur
étendue et de leur non-séparation à la maturité. Chez les Labiées et les Bor
raginécs, le nombre réel des feuilles carpellaires est dissimulé par une bifi-
dité complète de cba(|ue carpelle.
Dès le moment de la floraison, l'ovaire des Labiées et des Borraginées pa-
raît en effet composé, comme on sait, de quatre parties, (|ni semblent entiè-
ment libres et indépendantes l'une de l'autre dans toute leur étendue. Ces
quatre parties (lobes) devaient naturellement être considérées comme con-
stituant quatre carpelles distincts ; le style unique et bifide qui s'élève entre
elles était regardé comme le résultat de la réunion de quatre styles simples
partant chacun du sommet (défléchi jusqu'au niveau du gynobase) de cha-
cun des carpelles. Ce style composé étant bilide et non qoadrifide, sa l)ifi-
dité pouvait donner a penser (lu'il était formé de deux styles cori'espondant
chacun à un carpelle bilobé ; niais on pouvait penser aussi que, chacun des
quatre lobes de l'ovaire représentant un carpelle, chacun des deux stig-
mates était le résultat de deux stigmates soudes. — Le nombre des
divisions du style et le nombre apparent des stigmates ne correspondent
pas toujours, en effet, au nombre des feuilles carpellaires. Chez les Saules,
par exemple, le nombre des stigmates est souvent double de celui des car-
pelles; nous avons pu récemment démontrer d'une manière évidente (par
l'observation de la fleur femelle du Salix babylonica anormalement dé-
veloppée en organes foliacés) que le nombre des carpelles, dans le genre
Salix, est le nombre deux, comme on l'admettait, du reste, malgré l'appa-
rence de quatre stigmates (1).
L'examen de l'ovaire chez les Labiées et les Borraginées, pendant la pre-
mière période de son existence, avait donné à penser que le nombre
normal des feuilles carpellaires dans ces familles tievait être le nombre
deux, mais aucun fait démonstratif n'était venu fournir une preuve irrécu-
sable de l'exactitude de ce fait, lorsque certaines anomalies observées chez
(1) Voy. le Bulletin, t. IV, p. 617.
80(5 ' SOCIÉTÉ BOTANIQIK DE FRANCE.
diverses plantes de la famille des Labiées vinrent démontrer d'une manière
évidente la structure bicarpellaire de l'ovaire ehez cette première famille.
Un Stachijs sj/loatica à fleurs tondant à revèlir la forme foliacée, recueilli
par M. .1. Gay, il y a piusieui's années, et que notre savant confrère a bien
voulu me communiquer, a été l'objet de mon examen, et J'ai présenté à la
Société le résultat de cette étude (1).
La ressemblance qui existe entre l'ovaire ou le fruit des Labiées et des
Borraginées devait faire penser ([ue si, dans la première de ces deux
familles, l'ovaire est composé de deux carpelles seulement, la structure est
la même dan^ la seconde; mais une induction, (jnelque rationnelle qu'elle
puisse être, n'équivaut pas à une démonstiation, et j'avais vainement
cberché dans la nature et dans les collections un cas de cbloranlbie qui
vînt apporte!' pour les Borraginées un témoignage irrécusable, analogue à
celui que le genre Stachys avait fourni pour la famille des Labiées,
lorsque mon ami ^L de Scbœnefeld rencontra dans son piopre jardin {à
Saint-Germain en Laye) l'anomalie si désirée. iNotre bonoiable confrère
avait joint celte année a son intéressante culture de Crassulacjes la culture
de quelques formes de plusieurs Mijosotis aquati(|ues ; dans le courant d'oc-
tobre il l'emarcjua (|ue son M. cŒspitosa présent.iit un aspect insolite : les
nombreux individus de cette espèce qui végétaient isolés dans une terrine
étaient pres([ue tous et a di\ers degrés affeclésde chloianlbie.
^L de Si'bcenefeid ayant bien voulu me confier l'examen de cette intéres-
sante anomalie, jai constaté les faits suivants : Les fleurs d'un certain nombre
de rameaux sont sul)n^)rmales ; d'autres tiges, en plus grand iiombie, pré-
sentent sur un mênu' rameau florifère des fleurs anomales à divers degrés.
— Dms une premeie déformation le calice est encore campanule, mais ses
lobes sont amples el étales ; la corolle est au contraire plus petite (|n'cà l'état
normal, ses cin(( lobes sont courts et dressés, elle est de couleur verdâtre;
les étamines sont suhnormales et présentent seulement une tendance à s'a-
trophier. L'ovaire est très amplifié, mais il conserve encore quekiue chose de
sa forme noiinale ; il est absolument semblable à celui du Stnc/iys dont
nous avons parlé, indivis, subbilobé dans sa paitie inférieure et qua-
drilobé dans sa moitié supérieure ([ni dépasse longuement les lobes dressés
de la corolle; un style, formé de deux cylindres juxtaposés et soudés dans
toute leur longueur, part du centre des quatre lobes, cet ovaire renferme
ordinairement deux ovules atrophiés. Il est extrêmement facile de recon-
naître dans cet ovaire la structure bicarpellaire reconnue précédemment
dans l'ovaire de forme analogue observé chez le Stac/iys; la sutuie des
deux carpelles donne lieu a une introdexion très prononcée. L'intrulle.xion
de la nervure dorsale de chacune des deux feuilles carpellaires est moins
(1) Voy. le niillcliii, ;. Il, p. '25«.
sÉANCK 1)1 13 Novi:Mnr,i; 1S57. 897
pi'ofonde; un des deux styles est naturellement opposé à cette nervure, et
la ligne de soudure des styles correspond à la ligne suturuie des ovaires.
Dans une seconde déformation, le calice Cbt complètement di:dysé[)ale et
cliacunc des cini; petites l'euilks dont il est composé a revèlu la forme
oblongue-ellipticiue des feuilles caulinaires; la corolle est toujours gamo-
pétale, mais de couleur verte et a lobes dresses, chacun de ces lobes tend à
revêtir la forme d'une feuille foliacée; le verticille staminal est peu modifié :
loin de tendre à l'état foliacé, les étamines encore pourvues d'anthères teu--
dent à s'atrophier, le verticille carpellaire est le plus intéressant: il est re-
présenté par deux feuilles opposées, foliacées et d'une belle couleur verte,
(|ui dépassent longuement la corolle. Ufi bourgeon central et terminal de la
fleur se rencontre souvent entre ces deux feuilles, qui du reste ne présen-
tent aucune trace de placentaire ni d'ovule. — Cette transformation foliacée
de l'ovaire est si complète (|ue l'on pourrait au premier aspect en contester
l'identité et considérer l'ovaire comme avorté et les deux feuilles foliacées
comme des feuilles supplémentaires; maison examen plus attentif ne permet
pas de maintenir cette hypothèse, car les deux feuilles opposées constituent
an verticille distinct qui succède sans interi-uption au verticille staminal ;
or, le verticille floral qui succède au verticille staminal est le verticille car-
pellaire. I.a position de ces deux feuilles est d'ailleurs la même (jue celle des
deux carpelles soudés, terminés en styles et stigmates, qui ne peuvent pas
être méconnus dans l'anomalie moins intense {|ue nous avons décrite la pre-
mière.
Dans une troisième déformation, le calice, la corolle, les étamines et les
deu\ carpelles présentent les mêmes formes que dans le cas précédent, mais
le bourgeon floral qui termine l'axe floral et se trouve entre les deux feuilles
carpellaircs prend les proportions d'un rameau ordinairement florifère- ce
rameau porte une, deux ou plusieurs feuilles ou bractées, et se termine
par une petite inflorescence coniposée de trois à sept petites fleurs (jui
ne se développent en général que très incomplètement et qui sont subnor-
males, plus ou moins atrophiées, mais dont le calice tubuleux est assez
régulier.
Quelquesjoursplus tard, M. de Schœnefeld rencontrait encore, par un heu-
reux hasard (ces hasards sont surtout familiers aux bons observateuis), un
autre accident de végétation fort intéressant dans la fleur d'une autre JBorra-
ginée, VAnchusa italica.L'oxahe des différentes fleurs de l'inflorescence était
très développé, mais cet ovaire avait conservé sa forme quadrilobée, et loin
que l'hypertrophie mit en é\idence la structure bicarpellaire, cette structure
s'y trouvait, vu le volume du fruit, masquée plus encore que dans l'état
normal. — L'état de cet ovaire me rappela immédiatement l'ctat d'hypei--
trophie de l'ovaire, très fréquent chez les Crucifères [Brassica^ Sinopis, Cap-
seila, etc.), sous i'Jnlluencc du développement de certains parasites végé-
T. IV. 57
S98 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DI-: FP.ANCE.
taux {Jiotrjitis et autres Mucédinées). Dans ce cas, les parois de l'ovaire
subissent un simple accroissement de volume en ampleur et en épaisseur,
ruais l'ovaire ne tend pas à revêtir la forme foliacée. L'état dû a ce parasi-
tisme n'éclaire donc pas la structure de l'ovaire, mais il ne porte pas
atteinte non plus, comme on aurait pu le cioire, à l'exactitude des conclu-
sions tirées de l'examen d'un ovaire qui tend, sous une autre inilueuce, à re-
vêtir la forme foliacée et dont les feuilles carpellaires tendent à s'isoler et
peuvent s'isoler en effet.
L'état de chloranthie souvent déterminé par le brusque passage d'une
température cbaude et sèche à une température humide prolongée, et dans
lequel la fleur tend à constituer un rameau feuille, est donc l'un des états
accidentels les plus intéressants, celui dans lequel l'observateur peut le plus
espérer de surprendre un de ces oublis de la nature si instructifs, dans les-
quels, sous l'empire d'une perturbation accidentelle, elle nous livre quelque-
fois ses secrets.
M. Duchartre, secrétaire, donne lecture de la note suivante,
adressée à la Société par M. Chr. Vaupell :
Copenhague, 1" septembre 1857.
Je prends la liberté d'adresser à la Société encore quelques mots, qui
confirment l'opinion que M. J. Goy a émise dans les remarques dont il a
bien voulu accompagner ma communication Sur le mode de multiplication
de l'Agave americana, insérée au Bulletin, t. IV, p. ko et suiv.
Dans cette communication, j'ai appelé l'attention de la Société sur les di-
verses sortes de bourgeons dont V Agave est pourvu, savoir le bourgeon ter-
minal et les bourgeons latéraux, dont quelques-uns, ai-je dit, avortent régu-
lièrement, tandis que les inférieurs s'allongent beaucoup avant d'arriver au
jour, couronnes d'un bouquet de feuilles. J'ai comp.iré ces derniers aux
bulbilFes de la Jacinthe, et, par opposition aux bourgeons princip-iux, je les
ai appelés adventifs. Je voulais exprimer par là leur analogie avec les bul-
billes de la Jacinthe, qu'on appelle en allemand Nebenzwiebeln; mais je
reconnais qu'il est inexact d'employer ici cette expression, si , en français,
le terme de bourgeon adveritif s,\g\\\Wn toujours un bourgeon latéral placé en
dehors d'une aisselle de feuilles.
M. Gay a donc raison de considérer les stolons de V Agave comme des
rameaux nés à l'aisselle de feuilles radicales. Si l'on examine un pied
<\' Agave arraché du sol, on trouve que les stolons ou rejetons sortent de la
base de la tige, qui est tout à fait dégarnie de feuilles et couverte de ra-
cines adventives. Mais dans l'aisselle des feuilles inférieures, placées immé-
diatement au-dessus des racines et qui corameucent à se flétrir, on peut
découvrir de petits bourgeous, qui sans doute sont les premiers commence-
SÉANCK lu 11^ NOVKMliliF, 1857. 899
innits (li's rejt tons qui se dovclopporoiit lorsfjiu! ces l'cuillos seioiil (oinbces.
Les houiyeoiis, au contraire, qui se Irouvcnt dans l'aissello des feuilles su-
périeures avortent rép;ulièrement.
M. J. Gay dit qu'après un examen plus attentif des faits, il est
revenu à l'opinion qu'avait d'abord manifestée M. Vaupell, et d'après
laquelle les rhizomes de Y Agave doivent être eonsidérés comme
des rameaux adventifs plutôt (jue comme des productions axil-
laires (1).
M. le comte Jaubert fait à la Société la communication suivante :
NOTE SUR LE FARSETIA CLYPEATA , pai- M. le comte JAL'BERT.
L'existence, au centie de la France, d'une espèce appartenant notoire-
ment au bassin méditerranéen, est un fait dont lexplication peut n'être pas
indigne deiigurer dans le recueil de nos Arnœnitates (2).
La ville de Saint-Amand, située a la jonction des riantes vallées du Cher
el de la iNJarmande, est dominée par le tertre assez élevé du Montrond, où
existent encore quelques ruines d'un château fort. Ce tertre est remarquable
pour les géologues : le soulèvement partiel qui lui adonne naissance a mis à
la fois à nu les dernières couches des marnes irisées et toute la série du
lias (3). Le botaniste est sûr d'y trouver, dans les ruines du cliâleau, une
des plantes les plus rares de la flore française, le Farsetia clypecda R. Br.
{Alyssum clypeatwn L.). M. Boreau, dans la première édition de sa Flore du
Centre (introduction, p. 30, en note), semble m'attribucr l'honneur d'y
avoir cueilli le premier celte plante, il y a aujourd'bui plus de trente-sept
ans. Elle porte, en effet, dans mon herbier, la date du mois d'août 1820.
Personne ne me l'avait indiquée; elle avait attiré mon attention par la gran-
deur de ses silicules, le brillant argenté de ses cloisons placentariennes
assez semblables a celles de la i.unaire; mais je n'avais pas été le premier
à la trouver à Montrond. Dès 181^, notre bon et respectable confrère,
M. Jacques Gay, en avait reçu plusieurs exemplaires vivants de i\L Blon-
deau, professeur au lycée de Bourges et amateur de botanique, lequel peut-
être tenait de M. Subert, pharmacien en la même ville, la connaissance de
(1) Voyez dans le Bulletin, t. IV, pages 612-617, la communication laite par
M. Gay, le 12 juin dernier, à la session de Montpellier.
(2) La Société Botanique de France, par la publication de son Bulletin, tend à
se rapprocher du modèle qui' Linné lui a laissé dans les Aiiiœnitate>s acaJeinicœ
de rCniversilé d'Upsal, recueil de dissertations composées par ce grand naturaliste
on par ses élèves et sous son inspiration.
(3) Explication de la Carie géologique de France, par MM. DulVénuy et Klie de
Beaumont, l. IL [>• 2/|l et 2Zi2, avec une ligiue.
900 SOCIÉTÉ BOTAMOLK M-: FKANCiC.
la localité; quoi qu'il en s;)if, ni l'un ni l'aulrc do ces amateurs n'ont rien
écrit. Cm fut en 182r> que M. .]. Gay recueillit lui-même le Farsetia à Mont-
rond ; il en a constaté l'indigénat dans une note de son Mémoire sur quel-
ques Crucifères du Systema de De Cnndnlle, inséré en 1826 dans les Anrxdes
des sciences naturelles. Il avait décrit la localité avec son exactitude ordi-
iiaire, et il ajoutait, d'après le témoignage de M. Blondeau, ([ue si ]eFarse(io
cbjpeata n'était pas une production naturelle du territoii'e de Saint-Amand,
I y était au moins naturalisé depuis plus de trente ans : c'était déjà une
sorte de prescription. L'aspect du terrain i-epoussait d'ailleurs, selon
JNI.Gay, l'idée de toute culture jardinière ne remontant pas à un temps fort
éloigné. La découvei'te de M. Gay fut mentionnée en 1828 par M. Ouby,
dans son Botanicon gcdlicum, et la plante signalée en termes généraux,
comme appartenant au département du Cher. Quand je restitue à M. Gay
son droit de priorité sur le Farsetia, il voudra bien me permettre de con-
tester celui ({ui lui avait été attribué sur le Spirœa hi/pcricifolia de nos
environs de Bourges, dans le supplément de la Floi'e française, publié en
1815 ;cette plante y avait été signalée dès 1739 par Lemonnier, ailjoint
comme naturaliste à la commission des Académiciens français chargés de
vérifier !a méridienne de Paris, et le h" volume d'une des compilations de
Buc'hoz en fait foi (1).
M. Boreau, en 18/^0, ne pouvait s'expliquer comment notre plante s'était
pi'opagée à Montrond, et se demandait, avec une certaine inquiétude, si
elle ne disparaîtrait pas de ces ruines qui venaient d'être transl'ormées en
promenade publique ; elle est, au contraire, restée jusqu'à ce jour aussi
•ramponnée au sol que les espèces le plus incontestablement aborigènes, et
chaque année elle reçoit la visite de quelque botaniste.
Le Farsetia clypeata est une plante essentiellement orientale, abondante
surtout dans l'Asie-Mineurc, où je l'ai recueillie, en 1839, aux environs de
Smyrne et de Kizilgibuluk en Carie : ]\L Pinard l'a rapportée de cette der-
nière province; M. de Heidreich, de la Pisidie; M. Kotscby, de la Perse.
Klleest plus rare en Grèce: AL de Heidreich l'y a trouvée au mont Cyllène,
a 5500 pieds d'altitude; elle existe en Géorgie, et s'avance vers le nord,
d'une paît, jusque dans la Russie méridionale; d'antre part, d'après Uer-
toloni, par la Sicile, Rome, Rologneet Volterra, jusqu'à Vérone, et même
jusqu'à Trente dans le Tyrol. Klle a été vaguement citée, aux environs de
INice, par Allioni et, d'après lui, avec doute, dans !h Flore française de
Lamarck et De (^andolle; depi-.is, et d'une manièic plus précise, par Bei'-
toloni, d'après Molinari. Partout, en Orient comme en Italie, elle se plait
sur li'S collines pierreuses exposées au soleil ; cette particularité avait été
remar{|uee par Dioscoride, et Dodoé'us en fait mention d'après lui : in nton-
(1) niclioniiairr (Ipy Plantes, l'ai-js. 1771.
(
SKAiNCK 1)1 13 N0VKMI511I; 1SÔ7. OOl
tibus et asperis locis emicat, Dinscorides inquit. A V^ei'onc elle s'est établie
dans les rochers du .lardin Giiisti: l'olliiii l'y avait vue, d'autres l'y ont
retrouvée depuis.
Quant a la France proprement dite, il a été (lucslion du Farscliatlijpuala
dans la Flore, française de Lamarck et De Candoile, d'abord d'une manière
très générale, coninie croissant sur les bords de la mer dans les j)ri)vinces
méi-idionales; puis spécialement en Languedoc, d'après Lamarck lui-même,
on nesait sur quel fondement- enfin à Maguelonne près IMontpelHer, d'après
Gouan. Aucune de ces indications n'a pu être maintenue Personne, que je
sache, ne l'a recueilli sauvage dansnos provinces méridionales. Gouan n'en
parle, dans ses Herhorisatiom dei^ environs de Montpellier^ que pour l'yavoir,
en compagnie de son ami le docteur Amoreux, semé parmi les rochers du
chemin de Casteliiau le 1" février 1771, et planté à la Paillade, près du mou-
lin d'AIco, le 18 mars 1772. On sait le sort ordinaire de ces tentatives de
naturalisation entreprises, selon l'expression de Gouan, dans la vue d'enri-
chir les herborisations et de dédommager les botanistes des pertes que, par
diverses causes, une flore locale peut éprouver. Gardons-nous toutefois de
décourager des œuvres si charitables.
Eh bien ! défendez-vous au h.ij^e
De se donner dos soins pour le plaisir d'aalrui (i) ?
La plupart de ces tentatives échoueront ; liuelques-unes pourront réussir.
C'est ainsi que M. Weddell a enrichi la flore des environs de Paris de trois
plantes introduites, savoir: le Stratiotesaloides, dai-.s la forêt de Marly aux
mares du Roi, et dans le bois de Meudon à l'étang deTrivaux ; le Calla pa-
lustris et VAconis Calamus, à la Mare-ténébreuse de Marly.
Or, le Farsetia elijpeata n'existe pas aux environs de IMontpellier ;
M. ïouchy, explorateur infatigable de cette contrée, affirme qu'il ne l'y a
rencontre nulle part à l'état sauvage. Kn ce qui eoncernes()écialem('nt l'her-
borisation de Maguelonne, Gouan n'y a fait nulle mention de notre plante,
et la Société Botanique de France, qui cette année même a recherché cu-
rieusement dans cette localité célèbre jusqu'aux trois plantes citées par
M. Moquin-Tandon, peut rendre témoignage de l'absence du Farsetia. Le
seul endroit où la plante se soit naturalisée à .'Montpellier, est le mur d'en-
ceinte du Jardin des plantes; cette circonstance est à noicr.
Les rochers de Nice et le mur du Jardin des plantes de Montpellier sont
donc les lieux d'habitation du Farsetia le plus rapprochés du centre de la
F'ance. Il est évident que nous n'avons pas affaire ici à une de ces espèces
que M. Alphonse De CandoHc, dans son ouvrage classique sur la géogra-
phie botanique, appelle des espèces disjointes, c'est-à-dire dont les colonies
(1) lia Fontaine, le Vieillard et les Trois jeunes hommes.
902 SOCIÉTÉ BOTAMQUI-: DK l'ISANCK.
sont si'pnrées, souvent à d'énorines distances les unes des autres, par des
causes «jéoloiiicjues antérieures à l'ordre de choses actuel , sans qu'on
puisse attribuer leur présence, dans telle ou telle de leurs colonies, à un
transport plus ou moins probable. Mais le Farsetia clypenta tranche assez
sur le fond de notre végétation indigène du centre de la France pour être
rangé p'.rmi le; espèces naturalisées, c'est-à-dire, selon la définition de
M. Alph. De CandoUe, introduites dans la contrée à une époque éloignée,
« ci'oissant et se multipliantsans le secours de l'homme, se manifestant avec
» plus ou moins d'abondance et de régularité dans les stations qui leur con-
» viennent. » Le même maître dimine, en fait de naturalisation, les stations
qui ont besoin d'être renou\elées et entretenues par l'homme, comme les
champs, les jardins, où certaines plantes passent momentanément à l'état de
mauvaise herbe, pour me servir de l'expression vulgaire. La station doit
être durable, et dans cette catégorie on compte les murs, les ruines, les
décombres : notre pltmie :-alisfait aussi à cette condition. Et il faut dire
encore qu'une plante ne peut passer pour franchement naturalisée, que si
elle s'est propagée, non pas seulement par le moyen de ses racines, par
une sorte d'extension de lindividu, mais par ses graines a titre d'espèce,
A cet égard, les piantes annuelles ou bisannuelles donnent moins de prise
au doute que les plantes \ivaces. Linné a cru le Farsetia clijpeata annuel ;
M. Boreau l'indique par erreur comme vivaee : la vérité est que cette
plante est bisannuelle, ainsi qu'Allioni l'avait dit. Elle est néanmoins re-
gardée comme vivaee à l'école de botanique du Jardin des plantes de
Paris. Mais le fût-elle, en effet, la structure de ses graines bordées d'une
petite aile membraneuse suffirait poui rendre compte, sinon du transport
de l'espèce par l'action (iu vent à grande distance « en dehors du cercle
» primitif ou du cercle précédemment connu de sou habitation », du moins
de sa dissémination réuuiière auprès des pieds originairement établis dans
la localité. Quant aux autres moyens naturels de transport par lescjnels une
naturalisation peut s'opérer, comme les courants d'eau, etc., ils sont coni-
pléteujent inapplicables a notre contrée.
Le plus probable des moyens de transport, en ce qui concerne le Far-
setia clj/peata, est celui qui provient du fait de l'homme, « l'opérant de mille
» manières, volontairement ou sans intention. » M, Alph. De Candolle a dé-
ployé, dans cette partie (lu \aste sujet (juil a traité, toutes les ressources
de l'esprit le plus ingéiiieux, de l'érudition la plus variée. Il a recherché
partout des preuves ou au moins des indices de l'origine étrangère d'uu
grand nombi-e d'espèces, dont plusieurs ont donné lieu, dans son ouvrage, à
des iléveloppements offrant un modèle accompli de critique. Il a mis à con-
tribution l'histoire et la philologie; il a montré (|ue les grandes migrations
des peuples et leurs invasions passagèresqui semblaient vouées a l'œuvrede
la dévastation, n'ont pas laissé que de déposer dans le sol des germes précieux
SKANCK Di; 15 îsovEMBRi'; 1857, 903
de reproduction, sortes de médailles végétalrs (|m' M . Alph. De Caiulolle est
habile a déchiffrer (1).
ÎM. Raynal, dans son excellente histoire du Berry, publiée en 18/i5,
est tente de voir dans le Farsetia clypeata de Montrond un poétique
souvenir des croisades. Sans faire remonter jusque-là nos conjectures,
on peut dire (jue les ruines du château de 3Ioufrond, paréee au prin-
temps des fleurs du Farsetia clt/peata, ne sont pas les seules en Jkrry
où il soit permis d'évoquer une sorte d'écho de l'Orient. Ne lit-on pas
encore aujourd'hui avec émotion sur les murs de la tour Blanche
d'Issoudun, qui ser\it de prison aux Juifs persécutés sous Philippe le Bel,
les traces toutes bibliques de leurs malheurs ?
Le commerce, cause puissante de dissémination des graines, ne nous
offre pas des données plus vraisemblables -, Saint-Amand n'a rien de com-
mun sous ce rapport avec la situation du Port-Juvénai, où après tout, ainsi
que la Société s'en est assurée au mois de juin dernier, le nombre des espè-
ces qui se sont véritablement naturalisées est fort restreint.
Pourachever de résoudre notre petit problème de géographie botanique,
reste enfin l'intluence des jardins, suitout des jardins i)otaniques; et nous
n'avons pas oublie la persistance du Farsetia cltjpeata dans les rochers du
Jardin Giusti et sur les murs du Jardin des plantes a Montpellier. Aurait-il
donc existé à Saint-Amand ou dans la contrée un amateur de plantes étran-
gères, et un jardin où elles auraient été cultivées? Cet amateur, ne serait-il
pas un fils de Henri IV, Gaston d'Oileans? ce jardin, i'établissetuent bota-
nique que ce prince avait fondé a grands frais au château de Blois, sa rési-
dence ordinaire, avec l'aide du savant Morison et de Nicolas Maichant?
Il faut lire la notice que M. Boreau a donnée du Jardin de lîlois, dans
l'introduction de sa Flore du Centre. En 1660, on ne comptait dans YHortus
blesensis [)as moins de 2574 espèces : une seule, un Quercus (Jerris, a
survécu jusqu'à ce jour a la destruction « du plus bel amas de simples qui
fût en Europe, » dit un historien de la ville de Blois. Il n'est pas téméraire
de supposer, entre la résidence ordinaire de Gaston et le château de AJonl-
rond, demeure des princes de Condé, des relations telles que le Jardin de
Blois aitfourni a l'autre quelques-unes de ses raretés. Le château de Mont-
rond fut démantelé par les ordres de Louis XIV, lor^qu'a la fin de la
guerre delà Fronde il présida lui-même a la destruction de la grosse tour
de Bourges. A l'exemple du Quercus Cerris de Blois, le Farsetia clypeata^
(1) Je lui eu fournirai une en passant qui a Irait à la guerre : c'est le Corylus
Colurna, dont j'ai été, en 1833, fort pilonné de trouver de gigaiile.sqnes individus
à Haden près Vienne (Autriclie) ; espèce oriciilaic aussi, dos environs de Constan-
tinople {Byzantinische Haselnuss de Willdenow.) On assure que Pexisience (h; ce
ariu'es à Baden remonte à l'époque du siège de Vienne par les 'l'nrcs en 1683.
90/i SOCIKTK IJOTANtQLt; [)K FlîANCK.
coiitcnipfii'ain des jincieniies magnilicences du château de Moiitroiid, sera
resté (idèle à ses ruines.
Gaston d'Orléans n'a pas jouc' dans l'histoire un rôle des plus brillants,
mais il a aime les plantes et protégé les savants: ineo certe principes cœte-
ros vicit, quod inter armorum slrcpitus non sumptibus tantwn ut alii, sed
doctrina quo, poil ébat maxima, Botanicen illnstroret (1). Il n'a pas, disent
ses biographes, dédaigné d'herboriser dans la campagne, et la llore française
a été dotée par lui d'une espèce remarquable : il a acquis des droils à la
bienveillance de la postérité.
M. Ducharlre, secrétaire, donne lecture de la noie suivante,
adressée à la Société :
SUR L'OVULE DU VAILIS!SERIX Sl'lRAhlS, par M. Robert CASPAKT.
(Bonn, 20 octoljrc 1S57.)
Les oltjections que M. Chatin [Bullet. Soc. Bot., t. IV, p. 156 et suiv.)
oppose à quelques-unes des assertions que j'ai émises dans ma Note sur lu
division de la famille des Hiidrocliaridées proposée par M. Chatin, seront
réfutées aussi complètement (]u'ii me semble utile de le faire, dans un
travail sur les Hydrillees qui paraîtra dans les Annales de botaniciue scien-
tifique de iM. fringsheim [Jahrbuecher fuer Wissensc/iaftlic/ie Botanik),
Mais comme, dans les sciences naturelles, le meilleur moyen de se former
une opinion sur quoi que ce soit, est de voir, d'observer soi-même, je prends
la liberté d'adresser à la Société une préparation d'ovules du Vallisneria
spiralis qui ont été traités d'abord par la potasse, puis conservés dans
un liquide sucré.
L'examen de cette préparation démontrera à toutes les personnes qui con-
naissent la structure des ovules en général :
1° Quel'ovuledu Vallisneria spiralis ixûtxw téguments, ainsi que l'a figuré
M. Schleiden {Nov. acta Acad. Leop. Car., XL\, II, tab. 3, f. 25], et non un
seul comme l'affirme M. Chatin ; que le tégument interne entoure entière-
ment le nucelle, tandis que le tégument externe enveloppe seulement la
partie inférieure de ce corps, atteint un peu plus de la moitié de sa iiau-
teur, mais ne s'élève pas jusqu'à son sommet •
2" Que les téguments sont formés de deux couches de cellules (très dis-
tinctes surtout a la partie supérieure du tégument interne) et non d'une
seule couche de eijllules, comme le prétend M. (^liatin.
J'espère que l'examen de ma préparation pourra convaincre M, Chatin de
l'exactitude de ces deux assertions, et aussi de l'avanUigc qu'il y a à em-
(1) Tourncfort, Jsa(j., û9.
siiA.NCi; iiL I ."> .\(>\K.Mr.i;K ISf)?. 005
ployer in potasse ooinnie rcnctirpour cHuclier la stiuctuicMlts ovules du Val-
lisncvin apiralis et de la plupart des autres plautes. l/nvule du Vidlimeria
spiral/s est teilemeut opaque, qu'il n'est pas possible d'en reconnaître la
struclure eu l'observant dans l'eau ; il faut avoir rreours à l'emploi d'une
matière qui le rende transparent : j'ai trouve que, pour cela, la potasse est
préférable aux acides et à l'eau sucrée. M. Chatin appuie son opinion sur
l'examen de la coupe transversale et du développement de l'ovule. Mais une
coupe transversale ne peut fournir aucun résultat certain, à moins qu'on
ne fasse usage d'un réactif qui rende la préparation transparente ; et quant
au développement, M. Chatin trouvera, s'il le suit avec exactitude, pré-
cisément le résultat auquel j'ai été amené par l'observation de l'ovule
parfait.
.l'ai prié mon ami M. Prillieux de montrer à la Société, dans sa
prochaine séance , ma préparation sous un grossissement d'environ trois
cents fois.
M. Prillieux met sous les yeux de la Société lu préparation dont
il est question dans cette noie.
M. Chatin présente, au sujet de cette communication, les obser-
vations suivantes :
M. R. Caspary, le savant professeur de Bonn, revient aujourd'hui sur
l'un des points de ses précédentes critiques (1) de mes observations sur les
plantes de la famille des Hydrocharidées, savoir, à la structure de l'ovule
du Vallisneria spiralis.
M, Caspary persiste à admettre : 1" que cet ovule a deux membranes
autour du nueelle ; 2° que ces deux membranes ne sont pas formées d'une
seule rangée d'utricules. Il met sous les yeux de la Société quelques ovules
à l'appui de sa manière de considérer les faits.
Relativement au second point, la pensée exprimée par M. Caspary dans
sa première communication se rapportait a une théorie générale, et tirait
en réalité de là toute son importance. Notre savant confrère n'admettait pas
qu'on pût jamais observer de membrane à une seule langée d'utricules, et
logi(|uement il rangeait le Vallisneria sous la loi commune. Les faits que
j'ai empruntés aux recherches de MM. Trécul et Duchartre l'ont porté à
négliger la loi pour s'attacher au fait spécial. La question étant ainsi cir-
conscrite, je me borne à dire que jç conserve mon opinion, la croyant aussi
bien fondée sur des tranches minces, que celle de M. Caspary l'est sur des
ovules rendus plus ou moins transparents par la potasse. Je rappelle toutefois
que la membrane interne, qui pour M. Caspary est unesecondine, qui pour
(1) Voyez le Bulletin, t. IV, p. 98.
906 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
moi est formée peu à peu par l'atrophie du nucellc, est d'abord une masse
cellulaire qui ensuite s'amincit successivement pendant le développement de
l'embryon, mais qui couserve une certaine épaisseur dans la portion non
recouverte (dans la graine elle-même le nucelle est ordinairement assez lon-
guement exsert) par la primine, principalement à son sommet. Ce sommet
est d'ailleurs ou régulièrement arrondi, ou déprimé, ou bilobé.
C'est surtout pour démontrer l'existence des deux membranes, que
M. Caspary a adressé les ovules qui passent sous les yeux de la Société.
Or, ces ovules, dont j'ai vu souvent les pareils, n'ont pas, pour l'opinion en
faveur de laquelle on les invoque, la valeur qui leur est attribuée. J'ai
observé, dans le Vallisneria, d'autres ovules bien plus propres à faire croire
à l'existence de deux membranes. Qu'offrent, en effet, les ovules de M, Cas-
pary? Une membrane, la primine, qui s'élève jusque vers le milieu de la
hauteur du nucelle, puis ce dernier, avec le sommet bilobé et semblant
avoir un micropyle entre les deux lobes. La potasse ayant rendu la prépa-
ration plus transparente dans toutes ses parties, proportionnellement bien
entendu à l'épaisseur des tissus observés, il est inévitable que les bords
ou la circonférence, où ces tissus offrent une grande profondeur, aient
moins de transparence que la portion médiane formée seulement par les
parois antérieure et postérieure: alors les bords plus opaques peuvent être
pris facilement pour une secondine entourant le nucelle. J'avoue cependant
ne pas comprendre comment une membrane non coupée dans sa longueur (et
les ovules présentés sont parfaitement entiers) peut offrir l'image d'un corps
bilobé avec un canal micropylaire entre les lobes. C'est qu'en effet il ne
résulterait pas autre chose de la coupe passant par l'axe d'un ovule réelle-
ment pourvu d'une secondine recouvrant le nucelle.
Les ovules que j'ai dit plus haut être bien plus favorables à l'hypothèse
de l'existence de deux membranes que ceux présentés par M. Caspary,
offrent, au sommet et dans l'axe du nucelle, une dépression en fornie de
petit puits, qu'on est tout d'abord porté à considérer comme un micropyle
bordé d'une véritable secondine formant margelle : de tels ovuies sont
représentés pi. III, fig. 11', 13, 13' de mon mémoire sur le Vallisneria.
Pourquoi, dira-t-on alors, avoir renoncé à une opinion qui paraissait si
plausible? Par ce motif, auquel on accordera bien quelque valeur, que lors-
que j'ai suivi pas à pas, dans les diverses ph;ises de son développement,
l'ovule du Vallisneria, je n'ai jamais vu apparaitre, à aucun moment, la
seconde membrane, qu'il est si facile cependant d'observer dans le jeune
âge des ovules chez lesquels l'existence d'une secondine est incontestée. La
Société comprend que je serais d'autant plus disposé à être ici de l'avis de
M. Caspary, que son opinion a été d'abord la mienne. Mais, bien décidément,
Je ne pourrai admettre l'existence de la secondine que lorsque j'aurai vu
celle-ci apparaitre et s'élever sur les flancs du nucelle, organe au sommet
SÉANCK DU 13 iNOVKMBRE 1857. 907
duquel on n'admettra pus sans doute qu'elle prenne naissance. Qu'un
seul ovule de Vnllisneria, avec nucelle partant à sa circonférence (comme
c'est le cas ordinaire dans les autres vt-f^étaux) deux membranes, soit pro-
duit, et le débat sera clos en faveur de l'opinion à laquelle M. Caspary
prête l'appui de son talent. Je prends la liberté de convier à cette recherche
(que personnellement je ne négligerai pas, ni sans doute M. Caspary) les
botanistes auxquels la question débat! ue inspire quekiue intérêt.
Je me propose de mettre procbair.ement sous les yeux de la Société
des ovules de Vallisncria à tous leurs âges. Je l'aurais fait aujourd'hui
même, si j'eusse été averti de la communication adressée par M. Caspary.
31. Duchartre donne lecture de la communication suivante, adressée
à la Société :
LENTICELLES ET RHIZOGÈNES, par M. D. CLOS.
(Toulouse, 5 novembre 1857.)
Les tiges et les rameaux du Solanum Dulcamara L. présentent à leur
surface de petits tubercules d'un blanc verdâtre, qui ont depuis longtemps
fixé l'attention des botanistes. M. LeMaout, après les avoir décrits, conclut
ainsi : v Les petites saillies en question ne sont donc ni des cicatiices de
feuilles, ni des cicatrices de rameaux, et je pense qu'on peut les considérer
comme des bourgeons avortés. » [Leçons de Bot., I, p. 23/;.) Or, en 1826, Du
Petit-Thouars disait, parla bouche de Cuvier, à propos de la même plante:
« Sa tige est parsemée de tubercules blancs qui paraissent absolument sem-
blables aux lenticelles, mais qui ne s'ouvrent pas. Si l'on enlève l'écorce,
on trouve vis-à-vis de chaque mamelon une radicelle détachée du corps
ligneux, et qui semble prête à sortir; et cela lui arrive immanquablement
au bout de vingt-quatre heures, si l'on en forme une bouture en la plon-
geant dans l'eau. -> (Voy. Cuvier, Analyse des trav. de VAcad. des se. pen-
dant l'année 1826, p. 26.)
J'ai vérifié l'exactitude des faits avancés par Du Petit-Thouars. Des
branches de Douce-amère plongées dans l'eau ont très promptement émis
des racines adventives, et celles-ci (qui ne tardent pas à en produire d'au-
tres à leur surface) sortent toutes des petits tubercules désignés.
En 18il, M. Boiichardat communiciuait à l'Institut un mémoire sur la
théorie des boutures. Comme M, de MohI, M . Bouchardat avait vu les lenti-
celles se gonfler au contact de l'eau sous forme de masses blanches et spon-
gieuses, et il les appelle spongioles caulinaires : niais en même temps, ce
savant distingue, sous le nom de rhizoyènes (boui-geons (1) de racines) des
(1) Le mot germes serait plus exact, car un bourgeon est un petit corps com-
posé ou qui se composera, par suite du développement, d'un axe et d'appendices.
908 SOCIÉTii «OTAINIQL'i: l)l'- ! îi.V.NCK.
orcanes spéciaux, d'abord conrondus avei' les leiiticellos, mais qui en diffè-
rent soit parleur forme conique, soit par la symétrie de leur disposition,
soit enfin parce que, loin d'être uniquement ceiluler.x et en connexion avec
la partie extérieure de l'écorce, ils sont cellulo-vascuiaires et en communi-
cation évidente avec l'axe liiineux. C'est par eux seuls aussi que peut avoir
lieu un véritable accroissement, (Voy. Comptes rendus, t. XII, p. 1171.)
Cinq ans plus tard (en 1866), M. Trécul, étudiant l'origine des racines
adventives, était conduit à admettre l'existence de racines rudiment aires
latentes (1), nommément dans le Nuphar et la Fougère mâle, ainsi que dans
certaines espèces de Peupliers et de Saules, placées cbez ces derniers sur
des proéminences allongées du bois. (Voy, Annal, se. nat., S"" sér. , t. VI,
p. 310, 311, 333 et suiv.)
N'est-il pas évident que les tubercules blancs de Du Petit-Thouars, les
rhizogènes de M. Bouchardat, les racines latentes de M. Trécul, sont dos
organes de même nature, des orgatics entièrement différents des lenticellcs
au triple point de vue anatomique, morphologique i^t plnjsiologique? Voici
leurs caractères distinctifs :
1° Les lenticellcs sont des hypertrophies locales et de nature subéreuse
de la couche coiticale interne (MohI) ou des couches subneuse et herbacée
(Germain de Saint-Pierre) ; tandis que les rhizogènes (mot très convenable
et qui me parait devoir être adopté) sont placés sur des proéminences allon-
gées du bois. Les premières sont constamment (?) à nu sous une fissure de
l'épiderme, soit qu'elles provieiuient d'un stomate (Unger), soit que leur
production dérive des cicatrices laissées par la chute de certains poils de
l'épiderme (Germain de Saint-Pierre) (2) ; les seconds émanent des couches
ligneuses. Nous avons reconnu (et en ce point nos observations sur la
Douce-amère sont conformes à celles qu'a faites M. Trécul sur d'autres
espèces de plantes), que les rhizogènes étaient entiei-ement celluleux, con-
trairement a l'assertion de M. Bouchardat : dans la liouce-amére les utri-
cules des rhizogènes sont très petits et globuleux ; mais dès que ces mame-
lons commencent à s'allonger en racines, et avant d'offrir la moindre trace
de vaisseaux, les cellules centrales deviennent étroites et longues et forment
une sorte de faisceau.
2" Les lenticellcs paraissent dispersées sans ordre sur les axes ; les rhizo-
gènes, se trouvant sur les proéminences allongées du bois, se montrent le
(1) Le mot latent, appliqué jusqu'ici à des bourgeons dont on supposait l'exis-
tence, mais qui, à noU'c avis, ne sont que des êtres de raison, devrait disparaître de
la nomenclature bolanique. Or, les rhizogènes, si manifestes dans la Doucc-ainèrc,
le sont aussi, d'après M. Trécul, dans d'autres plantes.
I-) Le travail de ce holaiiislc sur les lenticellcs a été connnuuiqiié à la Société
philomaiique dans la séance du 13 décembre 18Zi9. (Voir l'Institut, t. XVIII,
n" 836, p. 10.)
SÉANCH 1)1! 13 NOVRMIUSK 1S57. 909
plus souvnit disposés en lignes et plus ou iTioins réf^ulièreincnt. Les braii-
clies (le la Douce-amère présentent de trois à cinq arêtes longitudinales peu
saillantes à l'état vert, mais parfois très apparentes sur le sec : or les rliizo-
gènessont pour la plupart ou sur ces angles ou tout près d'eux, mais jamais
ou presque jamais sur le milieu des faces qui les séparent : ils participent
ainsi, du moins en partie, à la symétrie des radicelles.
3" Tout rhizogène placé dans des conditions favorables doit se développer
en racine adventive. Or les expériences de M. de MohI, dont les résultats
ont été opposés à ceux qu'avait annoncés De Candolle, ont appiis que ces
racines sortent très rarement et comme par exception des lenticelles.
M. Trécul a constaté l'existence des rhizogùnes (appelés par lui racines la-
tentes) sur plusieurs espèces de Saules, et c'est sur des branches de Saules
qu'ont expéi'imenté De Candolle et M. de Mohl. ?s'e serait-il pas dès
lors possible (j'allais dire probable) ((ue, dans les cas où ces deux savants
avaient vu ou cru voir des racines émanant des lenticelles, ces prétendues
lenticelles ne fussent, au moins pour la plupart, que des rhizogènes ayant
déjà percé l'ecorce et prêts à oi)érer leur sortie?
Les rhizogènes, comme les lenticelles, appartiennent à la division des or-
ganes intermédiaires o\.\ mixtes^ mots queje préfère à ceux d'organes acces-
soires adoptés par De Candolle dans son Organographie végétale (1). .f'ai
cru devoir appeler l'attention des botanistes sur ces petits corps, omis peut-
être à tort jus([u'a ce jour dans 'dus les traités de botanique queje puis con-
sulter.
Il convient aussi de distinguer les rhizogènes des racines adventives, car
les premiers existent dans la plante à l'état d'organes manifestes, les secon-
des ne s'y montrent que lorsqu'elles doivent se produire au dehors. Sans
doute les rhizogènes peuvent s'allonger en racines, mais ce n'est point là
une condition de leur existence; on pourrait même considérer leur allon-
gement comme accidentel. En effet, je n'ai jamais vu des racines aériemies
aux branches des Saules ou de la Douce-amère, tant que ces branches
étaient dans l'aii-, c'est-à-dire dans leur milieu normal ; et a ma connais-
sance, on n"a pas non plus signale des faits de ce genre.
M. (iiiillard donne lecture d'un travail intitulé: Impressions de
wicances.
M. le Président dit qu'il vient de recevoir une lettre de M. Alph.
De Candolle, qui lui annonce la prochaine publication d'un nouveau
demi-volume du Prodromus.
(1) Celte préférence est fondée sur cfitte considération, que les slonialcs, rangés
par De Candolle lui-même dans la catégorie des organes accessoires, ont une assez
grande importance, envisagés au point de vue physiologique.
010 SOCIÉTÉ BOTANIQUK DE FRANCE.
SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1857.
PRÉSIDENCE DE M. MOQUIN-TANDON.
M. Ducliartre, secrélaiie, donne lecture du procès- verbal de la
séance du 13 novembre, dont la rédaction est adoptée.
Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le
Président proclame l'admission de :
MM. Treviranus (Ludolph-Christian), professeur à l'université de
Bonn (Prusse rhénane), membre correspondant de l'Institut
de France, présenté par MM. Caspary et Duchartre.
Allâman, docteur en médecine, à Lorgnes (Var), présenté
par MM. Martins et de Schœnefeld.
Bras (A.), docteur en médecine, maire de Villefranche
(Aveyron), présenté par MM. T. Puel et L. Puel.
Duvergier de Hauranne (Emmanuel), rue de Tivoli, 5, à
Paris, présenté par MM. le comte Jaubert et de Scliœ-
nefeld.
Stocker (G.), interne des hôpitaux, à la Charité, à Paris,
présenté par MM. Léon Soubeiran et Chevrier.
Lahache (A.), pharmacien, à Bruyères (Vosges), présenté par
MM. DorvaultetChatin.
De Bary (Antoine), docteur en philosophie, h Fribourg en
Brisgau (grand-duché de Bade), présenté par MM. (]aspary
et Duchartre.
Delavaud (C), docteur en médecine, professeur à l'Ecole
de médecine navale , à Brest (Finistère) , présenté par
MM. Decaisne et Duchartre.
Brédisson (Alphonse de), à Falaise (Calvados), présenté par
MM. G. Thuret et Decaisne.
LoRUT (Louis), interne des iiôpitaux, à l'hôpital Lariboisière,
à Paris, présenté par MM. Viaud-Grandmarais et Eugène
Fournier.
Sylvestre (Léopold), interne des hôpitaux, à l'hôpital Lari-
boisière, à Paris, présenté par MM. Viaud-Grandmarais et
Jamain.
SÉANCE DU 27 NOVFJIHIÎE 1857, 911
Mop.HEN (Edouard), docteur es sciences naturelles, professeur
suppléant à runiversilé de Liège (Belgique), présenté par
3IM. Prillieux et Ducliartre.
Knuettel (S.), à Amsterdam (Pays-Bas), présenté par
MM. Prillieux et Ducliartre.
M. le Président annonce en outre quatre nouvelles présentations.
Dons faits à la Société :
1" Par M. E. Le Maout :
Leçons élémentaires de Botanique, 2* édition.
2° Par M. Weddcll :
Monographie de la famille des Urticées.
3" De la part de M. Lagrèze-Fossat, de Moissac :
La Folle-Avoine.
h° De la part de M. Rantonnet, pépiniériste à Hyères :
Catalogue de son établissement.
5° En échange du Bulletin de la Société :
Mémoires de la Société impériale des sciences naturelles de Cherbourg^
t. IV.
Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture, numéro
d'octobre 18§7.
L'Institut, novembre 1857, deux numéros.
MM. les Secrétaires donnent lecture des communications suivantes,
adressées à la Société ;
VINGT-QUATRIÈME NOTICE SUR LES PLANTES CRYPTOGAMES RÉCEMMENT DÉCOUVERTES
EN FRANCE, pai- M. DEÎI>IM[AZIÈRES (suite ').
PYRENOMYCETES.
18. ExciPULA iMMERSA, Desmaz. PL crypt. de France, série 2, n" 268.
E. liypo- et epiphylla. Cupulis miiuitis, membranaceis, profuiide iinmer-
sis, suborbiculalis, sparsis, paucis, sub.solitariis, iiigris, hispidis, pezi-
zoideo-apeitis. Setis ntni>erot,is, longissiniis, rectis, atris, subopacis,
septatis. JNucleo albido, luiraectalo dilatato fluxili, Sporidiis copiosis,
(1) Voyez plus haut, p. 797 ei 858.
912 SOCifiTH BOTAÎS'IQLli UE FRANCK.
cylindricis, redis, vel subciirvulis, liyalinis, ulriiKiue in npiculutii fili-
forme pellucldum, tenuissimiim terminalis. — Hab. iii foliis vetustisquer-
ciiiis, Pruni lusitanien, etc. Hieme et vere.
Cette espèce, bien distincte de ses confrénères, se Irouve sur les vieilles
feuilles des Quercus Ilex et coccifera, ainsi que sur celles du Prunus lusi-
tanka; il est probable, comme le pense M. Robcrge de qui nous tenons nos
échantillons, qu'on la rencontrera encore sur d'autres feuilles persistantes.
Elle se développe sur les deux lames, mais plus souvent sur la lame infé-
rieure et même sur le pétiole. On ne peut guère compter plus de deux à cinq
individus par feuille; nous en avons pourtant trouvé jusqu'à vingt ou vingt-
cinq ; mais cette exception est très rare, et, quel que soit leur nombre, ils
sont presque toujours écartés les uns des autres, rarement on en trouve qui
soient soudés. Toute la plante, lorsqu'elle est humide, a un demi ou trois
quarts de millimètre de diamètre. Les longs cils, roides et noirs, dont elle
est hérissée, ne se remarquent pas seulement à son extérieur, mais nous en
observons quelques-uns qui percent l'hyménium et sont sortis du fond de
la cupule, comme cela a lieu dans le Desmazierella acicola, Lib. De l'autre
côté de la feuille, et a la place qui correspond à une cupule, il n'est pas
rare de voir des cils semblables. Leur longueur, lorscjne l'individu est bien
développé, atteint 1 millimètre à 1 millimètre et denn ; leur sommet est
presque hyalin, et ils sont plus ténus ([ue dans quelques espèces congé-
nères, puisque vers leur base ils n'ont pas plus de û'"'",01 d'épaisseur. Le
nucléus aplati, ou contracte par la sécheresse, se gonfle et s'amollit lors-
qu'on l'humecte; placé dans une goutte d'eau sur le porte-objet, il s'y
dissout de lui-même en sporidies, qui ont O'^^^jOlôà 0"^"',02 de longueur
sur 0"'"\0025 d'épaisseur environ.
Cette espèce pourrait entrer dans le genre Dinemosporium de M. Léveillé,
(année 18ii6) ; mais nous pensons que la plupart des ExcipiUa ont la spo-
ridie terminée par le prolongement filiforme et hyalm qui caractérise le
genre proposé. Nous citerons par exemple les £'.ir//,iî//rt graminum et ver-
micularia de Corda. Dans ce dernier, le prolongement est plus court et
assez difficile à apercevoir, si l'on ne possède p;is un bon microscope. Dans
la plante dont nous venons ds nous occuper, ces lilets forment le crochet,
ou, si l'on veut, ne suivent pas la direction de l'axe de la sporidie. Dans les
échantillons que nous avons donnés dans nos Plantes cri/ptogames de
France, V Excipula immersa s'est développé en société d'un Aulacographnm
Mont. [Aylographum Lib.) et de notre Microthyrium microscopicum.
19. Hendeusoma typhoidearum, Desmaz. Ann. des se. nat. série 3, t. If,
p. 34Zi, et PL rrypt. do Fr. édit. 1, n" 1891; édit. 2, n" 1/i91 !
Yar. Cyperi.
Cette variété remarquable diffère du type par !res spoiidies un peu plus
séaNCI': du 2/ KovKMiJUK 1857. 91:')
îiliongécs et renfermant f) ou 0 sporules ;ni lien de fi. Illle lial)ite, en hiver,
snr les vieilles feuilles du Ci/perus loiiyus^ et principalement sur celles qui
servent de collerette à l'ombelle. Ses périlhéeiums se montrent sur les deux
faces et mieux à la supérieure (ju'à l'inférieure.
20. AsTEniNA VAGANS, Dcsuiaz. var Accris. — Asteroma vngans var. a.
Aceris, Desmaz. .bm. des se. nat. série 3, t. VIIJ, p. 37 {18/i7).
Cette variété a été publiée dans nos Fxsiecata sur VAcer campcstre, et
elle a été retrouvée depuis sur VAcer platanoides. C'est sur ce dernier arbre
qu'elle ligure encore dans notre 2' série des Plantes cri/ptogames de Fiwice^
au 11" U22. Nous réunissons maintenant au genre Asteînna de M. Léveillé,
notre ancien Asteroma vagans, et l'on devra également faire entrer dans le
même genre, mais dans une section particulière, ceux des Asteroma que
nous avons publiés, dontia iVuctilicalion est thécasporée, les véritables AcS^<?-
rouiu étant atbèques. Dans toutes ces espèces, il est vr.ii, le faciès est un peu
différent de celui des Asterina que M. Léveillé a fait connaître : les fibrilles
rayonnent sous l'épiderme du support et les spores sont unilocnlaires, du
moins dans celles que nous avens pu observer assez développées pour con-
stater ce caractère ; mais pour ne pas augmenter le nombre des genres sans
une grande nécessite, nous pensons que l'on peut admettre des spores
uniloculaires, ou présumées telles, avec les spores biloculairesdu genre v4s/e-
rina, comme l'a défini ÏM. féveillé. Nous dirons encore ici, que ceux de
nos Asterina, et même ceux de nos As^e/'o/«fl dans lesquels nous n'avons pu
observer de périthéciums, pourraient bien être des mijcélhans néritatotdes
de quelques Pyrénomycètes qui ne sont pas encore développés,
21. AsTEKîiNA VAGAKS, Dcsmaz. var. f. Alni, PL crypt. de Fr. série 2,
n° A23 ! — Asteroma vagans, Desmaz. Ann. des se. nat. série 3, t. VIII,
p. 37 (18^7), et t. X, p. Zh% (ISZjS).
La var. f. Alni a été trouvée, par M. Roberge, au bois de Biéville près
Caen. Les nombreux échantillons qu'il a bien voulu nous en adresser pour
nos Fxsiecata étaient accompagnés de la note suivante. « Cette variété se
montre de bonne heure, en automne, aussitôt que les feuilles de l'Aune
sont tombées, quelquefois même avant qu'elles le soient. Klle y produit des
taches éparses, brunâtres, très apparentes à la face supérieui-e, moins
visibles ou indistinctes ù la face inférieure. Ces taches sont irrégulièrement
arrondies, parfois oblongues, et ont leurs bords comme anguleux ou lobés.
Leur diamètre varie entre 2 et /i, 5 et 6 millimètres. Elles .-ont d'abord
d'un brun oli\âtre, puis d'un brun de plus en plus foncé : elles prennent
une teinte grise en vieillissant. Ces taches sont des rosettes de fibrilles qui
layonuent du centre à la circonferenee ; elles ^t)ut rameuse.-, peu distinctes
ï. IV. ;"»8
91 û SOCIÉTÉ B0T.\^'1QL■^; m: fkanci:.
même sur les bords : elles deviennent plus apparentes lorsque les taches
ont pris la teinte grisâtre. »
22. AsTERiNA ^^scuLi, Desmaz. PL crypt. de Fr. série 2, n° 425!
A. rviaculis minutis, sparsis, brunueis vel griseis, irregulariter rotun-
datis, fibrillosis. Fibrillis nuiverosis, cpidermide tectis, tenuissimis, dicbo-
vel trichotomis a centro radiantibus. Peritbeciis laxe gregariis, exilissimis,
nigris. Ascis brevibus, medio inflatis e duplici membrana distinctis. Spo-
rulis glaucis. — Hab. in foliis exsiccatis yEsculi Hippocastani. Vere.
Le di.imètre des tacbes varie entre 2 et 6 millimètres. Elles sont bru-
nâtres à la face supérieure de la feuille et d'un gris glauque a l'inférieure.
C'est en les examinant à la loupe et en regard de la lumière, principalement
sur les folioles minces, que l'on reconnaît qu'elles sont formées par des
rosettes de très nombreuses fibrilles rayonnant du centre à la circonférence
de chacune d'elles, et donnant naissance à des péritbéciums qui n'ont pas
plus de O""",075 de diamètre. Ces fibrilles se remarquent à la face supérieure
du support, tandis que les péritbéciums se distinguent mieux à l'inférieure.
Les thèques ont de 0""",03 à On^^.Oi de longueur; leur double membrane
est distincte. Quant aux sporules, nous n'avons pu constater leur forme;
elles étaient trop peu développées.
23. AsTEBiNA Epilobii, Desmaz. PL crypt. de Fr. série 2, n® k2^\
A. maculis minutis, subrotundis, fuscis, sub epidermide fibrillosis. Peri-
theciis minutissimis , subcentralibus, globosis , poro pertusis, collabes-
cendo concavis. Ascis brevibus, medio inflatis; sporulis ovoideis, hyaliuis.
— Hab. in foliis siccis Epilobii hirsuti. Hienie.
Les feuilles sèches de VFpilobium liirsutum produisent, sur les deux
faces, des tacbes arrondies, de 1 a 3 millimètres de diamètie, et plus pâles
en dessous qu'en dessus. Elles soulèvent les feuilles de manière à les rendre
bombées à la face supérieure et déprimées à l'inférieure. Ces taches sout
des rosettes de fibrilles que l'on n'aperçoit bien que quand on observe le
support humide en regard de la lumière et sur les feuilles les plus minces.
Ces fibrilles sont rameuses, [lâles, et layonnent sous l'épiderme. Le diamètre
des péritbéciums ne dépasse point un huitième de millimètre^ ils s'alfaissent
par la dessiccation et simulent alors de petites cupules. Leur surface est
chagrinée et leur nucléus est gris. Les sporules, sorties des thèques, mesu-
rent environ 0"'"',ÛI dans leur grand diamètre.
24. AsTERiNA? ANGULATA, Dcsuiaz. PU crypt. de Fr. série 2, n"424!
A. amphigena. Maculis minutis, irregulariter rotundatis, angulatis, siccis
griseo-ciuereis, bumidis brunneis, e fibrillis vix couspicuis, teucrrimis,
SKANCK DU '27 NOVKÎMIMIK 1857. 915
ramosis, inhicatis, siihradiaiililxis, cpidermidc lectis. Peritlieciis ignotis.
— Haï), in l'oliis siccis Ulmi. Hieme.
Ses taches sont d'un gris cendré quand la feuille est sèche, et presque
opaques quand on les examine en regard de la lumière. Elles sont moins
communes que celles blanciiâtres et assez grande^ ou petites et brunes,
qui existent également sur le même support. Nous rapportons avec doute
la produel ion dont il est ici question au genre Asterina, parce que nous ne
savons si elle donne naissance <à des périthéeiums dont la fructification
serait thécasporée. Les taches d'un gris cendré, qui doivent fixer notre atten-
tion, ont de "1 à h millimètres de diamètre et sont marciuées a leur circon-
férence d'angles bien prononcés, parce qu'elles sont limitées par les plus
petites nervures. Les rosettes et les fibrilles ne se voient bien que sur les
feuilles les plus minces, surtout lorsqu'elles sont humides et qu'on les
observe en regard de la lumière avec une forte loupe.
25. AsTEiuNA? UMBONATA, Dcsuiaz. PL cTypt. de Fr. série 2, n° ^27!
A. epiphylla. i\laculis minutis, fusco-brunneis, sparsis, rotundatis dein
contluentibus. Fibrillis tenerrimis, ramosis, siouosis, radiantibus, epider-
mide umbonata semper tectis. Peritheeiis non observatis. — Hab. ad folia
delapsa Ribis alpini. Autumno.
Les taches que produit cette espèce ont de 2 à 3 millimètres de diamètre
environ; elles sont plus pâles ou simplement gris cendré à la face inférieure
de la feuille; elles sont des rosettes de fibrilles, et sous chacune d'elles le
support finit par se soulever, de manière à former une bosselure assez
convexe à la face supérieure, et une dépression à l'autre face. Ce n'est
qu'alors que l'on remarque niieux les fibiiiles à travers le tissu de l'épi-
derme qui les couvre. En général, les fibrilles des espèces que nous signa-
lons ici ne se distinguent bien que sur les feuilles imprégnées d'humidité,
soit artificiellement, soit naturellement dans les lieux où elles sont récol-
tées. Nous croyons cette remarque utile pour les personnes qui voudraient
étudier ces productions,
26. AsTEHiNA ? Pybacainth^, Desmaz. PL crypt. de Fr. série 2, n" Zi28.
A. amphigena, maculis minutis, brunneis. Fibrillis vix distinctis epi-
dermide tectis. Peritheeiis innatis exilissimis, nigris, nitidis, numerosis,
in séries dispositis. Ascos non vidi. — Hab. in foliis vivis, dein exsiccatis,
Mespili Pyracanthae. TEstate, autumno et hieme.
Cette production se montre sur les feuilles du Buisson-ardent, lorsqu'elles
sont encore pleines de vie; elle achève de se développer lorsqu'elles sont
tombées, et y persiste même jusqu'à ce qu'elles se détruisent. Ses taches
sont tantôt petites et nombreuses, tantôt plus grandes, et alors moins
nombreuses ; leur diamètre varie entre 2 et 6 millimètres, mais en se réu-
916 SOCIÉTÉ lîOTANiQUE ni-: FRANCi:.
nissaiit elles prennent toutes sorti's de Tonnes el de dinficnsions. Les fibrilles
se soupçonnent plnlôt qu'on ne les voit, a cause de l'épiderme épais qui les
recouvre; mais, aidé d'une forte loupe, on distingue parfaitement des traî-
nées rayonnantes de périthéciums norabieux et fort rapprochés, ovales ou
allongés, d'un noir luisant à l'état humide, et un peu mat à l'état sec. Plus
tard les taches deviennent blanchâtres et semblent formées de fibrilles qui
paraissent avoir cette couleur; mais ces fibrilles ne seraient qu'une appa-
rence trompiuse, produite par l'épiderme soulevé sur les véritables
fibrilles.
{La suite ù la prochaine séance.)
NOTICE fîUP. LE PRODROMUS LICHEyOGRAPHI.E GALLI.E ET ALGERIE, quem conscripsit
William Nylander, D. M. (ox Actis Societatis Linnœanœ Bttrdigalensis, t. XXI, Burdigalce,
1857), par M. MOL'GEOT.
(Bruyères, 8 novembre 1857.)
Voici un livre digne de l'attention des botanistes qui aiment les Lichens,
cette immense classe de végétaux cellulaires répandus sur tous les points
du globe, en offrant presque partout des formes analogues à celles de la
France.
L'auteur, dans son introduction, observe que l'étude des Lichens, plus
avancée aujourd'hui en raison de l'emploi du microscope et de l'action de
l'iode sur le mucilage des apothécies, demande une révision critique des
opinions admises jusqu'alors, ainsi qu'un recensement de toutes les tlores qui
traitent de ces végétaux, attendu que les déterminations antérieures n'ont
souvent pas l'apport à de véritables espèces, à des formes définies, et ne
fournissent que des notions vagues et incertaines. On peut donc espérer une
reforme lichénographique au moyen dos connaissances analomiques plus
complètes, propres à établir un arrangement systématique plus certain.
M. le docteur Nylander, après avoir mentionné les recherches de M. Fée
sur les spores des Lichens, devenues, entre les mains de MM. Norman,
ïrévisan, Massalongo, Kœrber, la base d'une méthode de classification
lichénographi(iue, nommée sporologique, fait ressortir plus encore l'impor-
tance des travaux de iM. Tulasne sur les organes propres des Lichens, et
plus particulièrement sur les npermogoniea.
Les spores et les spermogonies deviennent ainsi la source de recherches de
plus en plus approfondies sur ces végétaux. Pendant longtemps leurs formes
extérieures restèrent les seules caraetéristi(|ues des genres et des espèces,
tandis que les antres plantes cryptogames avaient obtenu, par l'analyse
microscopique, une classification établie sur leur .structure intime.
M. INylander, suivant les traces des lichenogiaphes (jui ont enqjloyé
le microscope, est devenu très habile dans l'usage de cet insliument,
ce qui l'a mis à même de présenter un essai d'un nouveau système de dis-
SK.VNCK m '27 NovKMiuu': 1857. 917
Iribiilioii mctliocliqiii' de la famille des IJchcii'--. (Vcst dans l'ouvrage que
nous annonçons, (jn'il s'est proposé de nous faire apprécier, par l'analysc!
systématique et syn()pti(iue, toutes les espèces et variétés de Lichens qui
croissent en France el en Algérie, espérant que son Pi'odntDius (ou premier
jet) sera accueilli, jus([u'a ce qu'il lui soit possible de publier un ouvrage
plus explicite.
Les bases générales de la classification de M. Nylander s'appuient
donc sur les caractères simultanés, tirés des formes extérieures et de tous
les appareils oi'ganiques de ces végétaux, thalle, fruits, spermogonies ;
mais tantôt l'un, tantôt l'autre de ces organes prédomine, ûc. sorte que le
principe de division repose sur les uns ou sur les autres indistinctement,
selon le caractère dominant de chacun d'eux. M. Nylander a cherché
à suivre l'ordre naturel dans les distributions des genres et des espèces, en
indiquant toujours les séries analogues et parallèles. Les grandes divisions
sont disposées dans un ordre peu différent des méthodes anciennes, l'auteur
aimant à profiter de ce qui avait été fait avant lui. Soiî travail est sui tout
remarquable dans les caractères qu'il a su tirer des spermogonies, qui,
à ses yeux, ont une grande valeur pour l'établissement et la détermination
des genres et des espèces.
Cette introduction renferme beaucoup d'autres considérations sur les
IJchens, qu'il faut lire dans le Prodromiis pour bien comprendre les ré-
formes adojitées, mais qu'il serait trop long de rapporter ici. La géographie
botanique des Lichens n'y est pas oubliée. On y apprend que le nombre
des espèces de ces plantes déjcà connues, répandues sur la surface de notre
globe, s'élève à llG/i, dont 537 (et non 51/t iiulitjuées par erreur) pour la
France. On y trouve aussi la signification de certains termes consacrés à
plusieurs organes, employés dans les diagnoses. »
Nous traçons ici le tableau de la classe des Lichens présenté dans le Fro-
fh'omiis, par M. Nylander; on y verra les trois familles qu'il admet,
si vraiment celle des INlyriangiées appartient plutôt aux Lichens ((u'aux
Champignons. Le nombi'c des tribus de ces trois familles s'élève à 21, et
celui des gem-es à 72, dont 14 seulement nouveaux, créés par l'auteur;
tous les autres sont empruntés aux botanistes ses devanciers.
918
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FKANCE.
Tableau de la classification des Lichens, selon M. Nylander
ClassisLlCHENUM.
Familia I. Collemacei.
Gênera.
1 . Goiiioaema Nyl.
2. Spilonema Born.
Trib. 1. LicaiNEi {3. Ephebe Fr.
i. Lichina Ag.
5. Pterygiuni Nyl.
Trib. 2. Collemei.
'1. Synalissa DR.
2. Omphalaria DR. et Mont.
\ 3. Collema Ach.
I 4. Lt'ptogium Fr.
5. Obryzum Wallr.
;6. i'hylliscum Nyl..
Familia II. Mïriangiacei.
Trib, 1. Myriangiei i. Myriangium Mont, et Berk.
1* séries.
EPICONIODEI.
2" séries.
CLADONIODEl.
3" séries.
RAMALODEi.
4" séries.
l'IlYLLODEl.
Familia 111. Lichenacei.
( Trib. 1 . Caliciei <
] (4".
'Trib. 2. .Sph.erophorei 1.
iTrib. 3. B^ohycei 1 .
Trib. 4. Cladoniei 1 .
Trib. j. Stereoc-vuiei I.
/Trib. 6. Roccellei I.
Trib. 7, SiPHULEi I.
Wrib. 8. UsNEEi '/
) \^-
I Trib. 9. Ramalinei \ 2.
' l3.
( 1
\Trib. 10. Cetrariei l ,.
Trib. i 1 . Peltigerei < 2.
(3.
i.
\^
(Trib. 12. Parmeliei , „
II
Trib. 13. Gyrophorei 1.
Trachyb'a Fr.
Caliciuni Âch.
Coniocybe Ach.
Spiiinclrina Fr.
Sphseropboroa Pers.
Bœomycps Pers.
Cladonia Hoffm.
Slereocaulon Schrcb.
Roccella Bauh.
Thamuoiia Ach.
IJsnea Hoffm.
Chiorea Nyl.
Alectoria Ach.
Evernia Ach.
Rainaiina .Ach.
Cetraria Ach.
Piaiysma Hoffm.
Nepbronia Ach.
Peltigpra Hoffm.
Soioriua Ach.
Sticta Ach.
Ricasolia DN.
Parmelia Ach.
Physcia Fr., Nyl.
Unibilicaria Hoffm.
SÉANCE DU 27 NOVEMBRK 1857.
911
/;
5' séries.
PLÂCODEI.
G' séries.
PYRENODEI.
/Trib. 14. Lecanorei.
\
'Trib
App.
Trib.
lo. Lecideinei
arl tribum Lixideineorum.
Psoroma Fr., \yl.
Paiiii.iria Del., A'.i/L
Ampliilotna Fr., Nyl.
Sqiiaiiiaiia I)C.
Placodiutu DC.
Lecaiiora Ach.
Glypholecia Nyl.
Peltula Nyl.
Urccolaria Ach.
. Diriiia Fr.
. Perlusaria DC.
. Phlyclis Wallr.
. Thclotrema Ach.
. Belonia Krb.
Lecidea Ach., Nyl-
Gomphillus Nyl.
Lithographa Nyl.
Xylographa Fr., Nyl,
Agyriiiiii Fr.., Nyl.
Graphis Ach.
Opegraplia Acii., Nyl,
Platygrapha Nyl.
Stiginatidium Mey.
;Trib. 17. Graphidei { ">. Arthoiiia Ach.
6. Mel.'sspilea Nyl.
7. Mycoporum Flul.
8. Pseudographis Nyl.
\ 9. Chiodecton Ach.
[ X . Thelocarpon Nyl.
2. Normaudina Nyl.
Etidocarpoti Hedw.
Verrucaria Pers., Nyl.
1 5. Limboria Fr.
le. Theicnella Nyl.
f 7. Eodococciis Nyl.
\8. Thelopsis Nyl.
16. XïLOGRAPHIDEl \ 2.
(3.
/l.
' 2.
3.
Trib. 18. Endocarpei.
Si M. Nylander diffère peu des liclieuogiaphes anciens dans sa méthode
pour l'établissement des familles, des ti'ibus, des genres, il n'en est
pas de même pour les espèces. Il a souvent réuni sous un seul type spéci-
fique, des objets que l'on avait regardés comiiie très distincts entre eux;
c'est alors que M. Nylander devient un réformateur critique, et elèvedécidé-
ment une digue contre les innovations dans la caractéristique el la numen-
elature des Lichens, qui, depuis quelques années, prenaient une extension
effrayante. Ce n'est pas toutefois dans le Prodromus ({ue nous trouvons les
motifs d'en agir ainsi de la part de l'auteur: un pareil livre ne permettait
pas d'entrer dans les détails indispensables pour faire ressortir la justesse,
l'importance des contractions ou séparations d'espèces, des changements
dans les diagnoses génériques et spécifiques. Ces détails peuvent cepen-
dant être déjà appréciés dans les ouvrages publiés antérieurement par
M. INylander ou par d'autres liehénographes. \a\ effet, le non^bre des syno-
nymes appliqués aux Lichens depuis près d'un siècle jusqu'à hier, rapportés
050 SOCIÉTÉ BOTAISIQLK DK [■•:; ANCi:.
dans le Prod^'omus pour cliaciiie espèce, la citation des collectiims où se
trouvent conservés des échantillons de Lichens, prouvent la patience qu'il
a fallu a M. Nylander pour arriver a pareil résultat, et plus encore ce
que vaut son discernement sur le choix de cette noment-lature et sur son
application. L'emploi du microscope, l'usage de la solution aqueuse d'iode
(cette dernière suhstance, à cause des colorations variées qu'elle produit au
contact de la gélatine hyniéniale, ou encore à cause de son inaction sur
cette gélatine lorsqu'elle manque de lichénine)sont devenus, entre les mains
de M. Nylander, des ressources merveilleuses, la dernière inconnue autre-
fois dans l'étude des Lichens.
Nous finissons cette notice en apprenant à nos confrères que M. Nylander
vient d'être appelé à Londres pour étudier les Lichens du vaste herbier
de iMiNL Hooker. Cet examen ne peut manquer d'étendre les connaissances
de M. INylander et de le conduire à perfectionner sa classification lichéno-
graphique.
Avant son départ et après discussion entre nous, sur quelques rectifica-
tions à introduire dans le Prodroinus, il nous a autorisé à les présenter à la
Société.
Remarques sur la synonyinie de certaines espèces de /lichens mentionnées
dans le Pi'odromus lichenographiae Galliae et Algericie de M. Nylander,
de même que sur des omissions de plusieurs espèces.
Page 21. Collema chalazanum Ach, — Le Lenipholenima compaclum Krb.
S. L. G. p. ZiOl, et le Physma franconicuni ^Jass. Miscell. Lichen, p. 21,
ne différent pas de ce Lichen.
P. 26. Le Leptoyium microscopiciim Nyl. n'est probablement pas une bonne
espèce, mais plutôt \xn status leproideus diminutus du L. lacerum Fr,
P. 35. Le Bœomyces Prostii Duf. (thallo fere ut in Lecidea glebulosa Fr. ,
apotheciis sessilibus convexis sœpius pluribus confluentibus, gonidiis in
glomerulis dispositis, ceteris fere ut in B. rufo) découvert dans la Lozère
par Piost, constitue peut-être une espèce distincte du B. rufus.
P. h\. Cladonia maciienta : ici a été oubliée la variété ostreata (cf. rs'yi.
Herb. î./ch. Paris. 108).
P. A2. Le Stereocaulon condensatum du Prodromus n'est que le St. cereoli-
num Acli., Th. Fries. M. INylander n'a pas vu d'échantillons français bien
certains du St. condensatum Hoffm. , Th. Fries (Fr. L. S. exs. 88) ; ceux qui
peuvent y appartenir avaient été recueillis en Bretagne. Le n°9/j7 Moug.
et Nestl. Stirp. crypt. vog., est le Stereocaulon cereolimim Ach., qui ne
forme peut-être qu'un état plus développé et saxicole du Sfer. condensa-
tum. — Le Sfer. tomentosum vient aussi dans les Vosges.
P. S.'î. Le Sticta sylvatica a été trouvé avec des apotbocies, par ^L Bo-
reau, à la forêt de Bonncconibe, aux llochers-de-Laval, dans les Cévcnnes;
SÉANCK DU '1~ NOVKMHUK ISÔT. 0'2I.
mnis sa fiondc offre dans cet vVài une foini'c iiui s'approche beaucoup de
celle du .S7. fuliijinosa. Il est possible que même le St. Umbata n'en soit
pas réeliemeat distinct comme espèce.
P. 56. r.e I*arinelia contorta IJoiy ne parait pas être autre chose qu'une
variété du /'. saxatilish lanières thallines allongées, d'après le type de
l'herbier Tîory.
P. 67. Le Patellaria anthracina Dub. B. G. p. 652, est identi(iue avec le
Pannaria triptophylla v. lu'gy'a (Ach.).
P. 72. Le Lncanora explicata Cbaub. in St-Am. FI. Ag. p. 495, n'est autre
chose que le Placodium candicansDuhy .— Le Plac. Agardhianum Hepp,
Flecht. 407, est un status ecrustaceiis du Plac. circinatinn v. psorale Ach.
Il faut ajouter li ce genre le PL Reuteri Scha;r., que IM. Philippe a ren-
contré à Bédat près Bagnères-de-Bigorre.
P. 75. Le Parmeliaparietlna v. turyida Hepp, Flecht. 373, ne diffère pas
de la forme gilva du Lecanom cerina Ach. Le Plac. citrinwn Hepp,
Flecht. 304, et le Plac. citrinellum ejusdem 305, se rapportent au Leca-
nora p/dogina Ach.
P. 86. Le Lecanora epibryon Xch. devrait être mentionné à cette page comme
un état muscicole du Lee. subfusca. Le nom Lecan. retorrida Chaub. in
St.-Am. FI. Agen. p. 493, nest pas un synonyme de ce dernier, comme
AI. Nylander l'avait cru, mais, d'après un échantillon typique, le Lecidea
coarctata Ach.
P. 89. Le Lecan. minutissimu Mass. Miscell. p 37, paraît constituer une
variété du Lecidea erysibe Ach. — Le Lecan. strobilina Ach. n'est pas
différent du n» 125 Nyl. Herb. Lich. Paris. ( Verr. macidiformis Uoffm.],
présentant une modilieation peu caractérisée du T^ecan. varia.
P. 101. Le nom Lecan. crateriformis Chaub. in St.-Am. FI. Agen. p. 492,
est synonyme du Lecidea cupularis Ach. [Lecanora Dub. B. G. p. 665).
P. 107. Après Lecidea sanyuineo-atra, il faut ajouter une variété particu-
lière de ce Lichen observée par M. Buchinger parmi les bruyères du Bas-
Rhin, et que iM. Nylander appelle planiuscula : « Apotheciis faciei fere
lecanorinœ, margine(proprio) scilicet pallescente, et plauioribusquam in
typo Lecideœ sanguineo-atrœ . »
P. 122. Le nom Patellaria Prostii Dub. semble se rapporter au Lecidea
squalida Ach. — Le Toninia cinereo-virens Mass. ne diffère pas du Leci-
dea aromatica Ach., pas plus que n'en diffère le Biatora congesta envoyé
par M. Arnold au Muséum de Paris.
P. 126. H faut ajouter après le Lecidea confusa, le Lecidea miscella Ach.,
Nyl. in Bot. iNoiis. 1853, p. 182, espèce terrestre découverte par moi
dans les Vosges.
■p. 132. \.e Lecidea goniophita Scha;r. est plutôt une modification du L.
alào-cœrulescens Fv. que du /. . tessellata Flk.
922 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCK.
P. 137. Dans l'hei-bier de Bory se trouve un échantillon de Ledd. euphorca
Flk. dépourvu de thalle et recueilli probablement en France; l'étiquette
porte seulement : « Entaillade du Pin. »
P. 140. Le Lecidea cerebrina Schaer. a été désigné par Massalongo sous le
nom d' Fncephalogmpha cerebrina Mise. Lich. p. 19.
P. 146. IM. Nylander a vu une forme du Lecidea sa.nguinaria var. affinis
Schaîr,, provenant des Cévennes, dont les thèques étaient quelquefois
bispores, le thalle presque lépreux.
P. 147. Le singulier Gomphillus calicioides Del. offre quelquefois des apo-
thécies polycéphales à 2-5 capitules portés sur le n)ènie hypothecium
stipitiforme.
P. 161. Le Lecnnactis stictica DR. est très voisin de VOpegrupha lyncea;
le premier a des apothécies plus petites et plus arrondies, des spores à
7-9 cloisons. M. Dufour l'a observé sur l'écorce du Chêne, avec des fruits
saupoudres d'un blanc bleuâtre.
P. 162. Le Platygrapha periclea Ach. se trouve aussi, quoique rarement,
sur les Chênes de la forêt de Fontainebleau, et s'approche en cet état du
PL rimata Nyl., que Flotow regarde comme une simple variété du PL
periclea.
P. 166. VArthonia dispersa Duf. a été observé par M. Philippe sur des
Frênes, près de Bagnères-de-Bigorre, avec des apothécies assez semblables
à celles de VArth. astroidea. Les spores du premier sont d'une grosseur
très variable, longues de 0,016-23 millimètres, épaisses de 0,008-0,014
millimètres.
P. 167. Le Stictis Castagnei Mont, est absolumeut le même Lichen que
V Opegrapha stictoides Desmaz.; c'est évidemment un Lichen du genre
Arthonia et d'aucune façon un Discomycète.
P. 168. L'échantillon typique du Patellaria dryina Dub. B. G. p. 650,
conservé dans l'herbier du Muséum de Paris, recueilli par Prost sur
l'écorce des Érables, autour de Mcnde, appartient à ['Arthonia patellu-
lata Nyl., qui doit ainsi être ajouté aux espèces de ce genre, qui, pour la
France et l'Algérie, s'élèvent au nombre de 22.
P. 171. le Pseudographis maintenant n'est peut-être pas un '.Jchen comme
le croyait M. Nylander au moment de la rédaction du Prodromus, mais un
Discomycète, où d'ailleurs le rangeait Persoon, en le nommant Hysterium
elatinwn.
P. 180. Le Verrucaria glebulosa Nyl. a été observé par M. Montagne
près de Lyon. Le Thrombium lecideoides Mass. parait en constituer
une modification a thalle plus plan et moins dissocié. — Le Ve^^rucaria
circumscripta Chaub. in St.-Am. FI. Agen. p. 484, dont M. Nylander
n'a pas vu le type, ne diffère peut-être pas du V. viridula Ach.
P. 182. Le Verrucaria clopima Duby, B. G. p. 647. se rapporte à un état
SÉANCE DU 27 NOVKMBUK 1857. 923
fcrniuineux du V. mmujacea, à thalle d'un roux d'ocre, et dont l'herbier
du Muséum de Paris possède un échantillon recueilli par Prost, sur des
roches basaltitiues du mont Aubrac, dans la Lozère. — Le Thelidium
Auruntii Mass. et le Sagediacataractarum Hepp, Flecht. /i'i2, expriment
des formes peu distinctes du Verr. Sprucei Leight. — Les noms Sagedia
Borreri^aig. et Amphoridium umbrosum Mass. se rapportent au V. py-
renophora Ach., de même que Thelotrema Hegetschweileri Naeg. in Hepp,
Flecht. /il6.
P. 183. Les Verrucaria baldensis IMass. et Hymenelia hiascens Krphb.
semblent à M. Nylander être synonymes du Verr. rupestris, et VAm-
phoridiumveronense Mass. du Verr. rupestris v. intégra Nyl.
LçVerr.PazienliiM-A$^. [Verr. myriocarpa Hi^^p, Flecht. 430), semble
également se rapporter à,une modification de cette dernière variété (iden-
tique avec le Verr. murina Leight. à périthèces entièrement noirs, à
spores petites). Le Verrue. Hoffmanni Hepp, Flecht. Zi31, est le Verr.
rupestris var. purpurascens Hoffm., dont la coloration rose dépend
d'orciiiéate de chaux.
Le Verr. lindtata Krphb. n'est qu'une modification du Verr. muralis
Ach. qui a aussi été trouvé par Prost, dans le département de la Lozère,
sur bois {Verr. puteana Hepp, Flecht. 437).
Le Verrucaria Ungeri Flot, se rapproche beaucoup du Verr. Sprucei
V. rugulosa Nyl. Prodr. p. 182, note.
P. 186. VArthopyrenia saxicola Mass. est identique avec la forme persi-
cina (Krb.) du Verr. chlorotica Ach., Nyl.
P. 189. Le nom de Verrucaria rubell a Chaub. in St.-Am. FI. Agen. p. 483,
n'exprime qu'une modification du V. conoidea Fr., a thalle un peu teint
de rose.
P. 190. Le Sagedia Massalongiana Hepp, Flecht. 446, est un Verr. pluri-
septata'Ny\. (minor), auquel a été réuni à tort, comme synonyme, le
Blastodermia nitida Mass. Rie. p. 180 , qui constitue une espèce bien
différente (du groupe du V. nitida), à spores oblongues, brunâtres, et a
5-7 cloisons. M. Nylander appelle cette dernière espèce Verrucaria
circumfusa (« apotbecia depressiuscula, ambitu nonnihil circumfuse
depianata, epitbecio late impresso »).
P, 193. Le Trichothecium Arnoldi Mass. Miscell. p. 27, est une Sphérie
parasite sur le thalle de Y Urceolaria scruposa v. bryophila, et non un
Endococcus de Nylander.
Dans une note placée au bas de la page 86 du Prodromus, M. Nylander
décrit une forme particulière de Pycnide encore inconnue, où il s'agit de
spores articulées (comme celles des Torula] ou stylospores, selon la termino-
logie de M. Tulasne, renfermées dans un conceptacle clos {concept aculum
92/i SOCIÉTÉ BOT.VMOl'K DH Fl'.A.NCt:.
pyrenodeuni). Jusqu'à pi't'si'iit, on n'avait vu que des stylospores indivi-
sibles, et iM. iSylandcr vient d'en observer (jui se fractionnent en h ou
5 spores oblongues.
Ce Prodrome ou récapitulation des Lichens qui croissent en France,
amènera de nouvelles observations sur plusieurs de ces Lichens; nous
pouvons déjà dire aujourd'hui et de l'aveu de l'autetir, que son Cladonia
fnrcata Herb. Par. n° 21, n'est qu'une modilication du Cladonia ramjl fe-
rma; que le Lecanora glaucoma f. subcatmea de la même collection u° Ui,
est une de ces formes intermédiaires qui relient le Lecanora suOfusca au
Lee. glaucoma (1).
NOTE SUR LE CASI'AIUNA EQUISETIFOUA L. (noms tamouls : Sombrdni maram, Seva viaram),
par M. Jules LÉPIIVE.
(Pondicliéry, mai 1857.)
De tous les arbres qui végètent dans les îlesde l'Océanie, il n'en est pas,
à part ceux dont l'homme tire sa nourriture, qui soient plus utiles que le
Casuarina equiscfifolia et quelques autres espèces de ce genre, comme le
C. muricntn Roxburgh, etc.
Le genre Casuarina parait appartenir à la tlore de la Nouvelle-Hollande,
des iles de l'Océanie et de quelques iles de l'Archipel indien. Aujourd'hui
on en trouve plusieurs espèces naturalisées sur le littoral de l'înde, à Ma-
dagascar, à l'Ile Maurice et à la Réunion ; il a été aussi introduit au Brésil,
aux Antilles, et probablement sur d'autres points du globe.
Les Casuarina sont susceptibles d'être utilisés en médecine, dans l'in-
dustrie, dans l'agriculture; c'est donc a ce triple point de vue que nous
allons faire l'histoire abrégée de la principale espèce du genre, le C. equise-
tif'olia.
C'est principalement par le tannin que renferme cet arbre qu'il peut
être utile. L'examen de toutes ses parties nous a conduit aux résultats
suivants : Les feuilles ne renferment pas de tannin , les chatons en
(1) Nouvelles espèces de Lichens récemment découvertes en France : i. Pyre-
nopsis fuscatula Nyl. n. g., n. sp., de la tribu des ColUmées, aux environs de
Clierbonrp; (l,e Jolis). — 2. Leciâea lœvigata Nyl., sur les scliistos, près de Clicr-
bourg (Le Jolis). — 3. Stigmatidiwn leticinum Nyl., très belle espèce saxicolc
trouvée par M. I,o Jolis, pri's de Cherbourg, — Zi. Arlhonia difformis Nyl.,
excellente espèce découverte par le docteur Mueblenbeck dans la forêt de la llnidt
(Hb. Mougeot). — 5. Verrucaria lialodijtes Nyl. in hb. Le Jolis, espèce saxicolc
très remarquable (lu groupe du Vcrr. epidermidix. Près de Cherbourg, « au fond
d'une peiiie llaquc d'eau de mer situt'C au haut d'un gros rocher recouvert à
chaque marée. La plante était toujours recouverte par l'eau » (Lo Jolis, m lilt.).
{Note communiquée par M. Nylandcr.)
sK.vNci-: mi '11 NovHMBUK 1857. 925
contiennent peu, le bois est égaUment peu riche en tannin. Il n'en est pas
de même pour l'écorcc qui, des la première année, est astringente; a (\^\\\
ans le tannin augmente et récorce se colore en rouge pâle; c'est vers la
cinquième année que la quantité de tannin et de matières solubles parait
être à son maximum dans l'écorce. Plus tard la cellulose augmente et
l'écorce donne moins d'extractif. En prenant des écorces depuis l'âge de
trois ans jusqu'à celui de trente, on obtient des quantités d'extrait qui
varient de dix à trente pour cent de l'écorce employée. Les bonnes écorces
donnent eu moyenne vingt-cinq pour cent d'extrait sec; cet extrait,
obtenu soit par l'eau, soit par l'alcool faible, est rouge foncé, se pulvérisant
facilement, n'attirant pas l'humidité, en grande partie soluble dans l'eau,
et pouvant, par ses caractères physiques, être confondu avec l'extrait de
ïlatanhia dont les réactions chimiques le différencient.
Voici la composition chimique de l'écorce de Casuarina :
Matière grasse jaune 1,00
Matière colorante rouge 8, Où
Malière résineuse /i,92
Tannin . 19,22
Gomme 1,60
Amidon 2,85
Matière extractive. . . . 1,40
Pectate de chaux 5,80
Chlorures, sulfates cl diirérents sels, cellulose, perte . . 65,17
Le tannin contenu dans cette écorce est difficile à obtenir à l'état de
pureté ; il reste uni à de la matière colorante rouge et se transforme
lui-même, sous l'influence de la chaleur, de l'air et de divers dissolvants,
en un tannin rouge ayant de la ressemblance avec le rouge cinehonique. Le
tannin du Casuarina colore les sels de fer en noir bleu.
Depuis 18^5, époque où, pour la première fois, j'ai appelé l'attention
sur les propriétés médicales de cet arbre , son écorce est employée
avec succès dans nos établissements de l'Océanie; et depuis 18/i9, les
médecins français établis sur la côte de Coromandel en font un fiéquent
emploi. C'est un tonique et un astringent, sans arrière-goût amei-, qui peut
être donné dans tous les cas où la médication astringente est indiquée et
servir d'excellent succédané à la racine de Ratanhia.
Cette substance peut être employée aussi à la teinture sur coton, sur laine
et sur soie; les nombreux essais faits par moi ne laissent aucun doute â cet
égard. — Comme mordant et comme matièie colorante, elle se fixe par
l'intermédiaire des mordants alumineux et feri-uginenx, et aussi directement
sans mordants, par simple immersion du tissu dans un hnin de Casuarina
et exposition à l'air. La couleur obtenue est naukiii rougeâtre, elle e.-t inal-
térable par l'eau, le savon, les alcalis, la liuniere solaire et la chaleur.
926 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
K'ccoroc, r(Mifermant environ un cinquième de son poids de tannin, peut
encore être utilisée comme matière tannante dans plusieurs industries.
Le bois de Cnsuarina offre un? grande densité, ses fibres sont lonijues et
très résistantes; les sauvages de l'Océanie se servent de cet arbre pour fa-
briquer leurs armes et divers usTensiles dont tous les Européens qui ont
visité ces parages ont apprécié la couleur foncée et la dureté. Le mode de
préparation du bois est des plus simples : il consiste à placer, pendant envi-
ron une année, des brandies de l'arbre dans des terrains submerges.
Ce bois n'est pas attaqué par le termite, insecte qui ronge la plu-
part des bois. Il est inaltérable dans l'eau, et par suite précieux pour les
constructions sous-marines. Je ne connais que deux bois qui puissent lui
être comparés sous ce rapport : c'est le chêne en Europe et le tek dans
rinde.
Le Casuarina equisetifolia forme, dans les îles de l'Océanie, des forêts
assez étendues 5 le terrain qui parait le plus propre a son développement est
situé au bord de la mer, ce sont les plages et les ilôts madréporiques recou-
verts de sable. Cet arbre peut aussi se développer dans les terrains argileux,
mais là sa croissance est moins rapide; on le voit même pousser sur les ro-
ches basaltiques, souvent à l'état rabougri, il est vrai, mais se développant
encore là où l'on a peine à trouver un peu de terre végétale.
Le Casuarina étant répandu et naturalisé sous des latitudes très diverses,
nul doute qu'on ne puisse le propager dans le midi de la France ; sa culture
en Corse et en Algérie serait certainement couronnée de succès; il serait
surtout utile pour fixer les dunes et les sables du littoral, car ses racines,
très longues et horizontales, le rendent piopre à cet usage.
Je termine cette note en faisant des vœux pour que la naturalisation des
Casuarina soit essayée en France sur une large échelle.
DE LA COLONNE OU COLLMELLE DES GÉRA.MACÉES, DES MALYACÉES ET DES EUPHORBES,
par M. D. CLOS.
(Toulouse, 15 novembre 1857.)
La plupart des auteurs de botanique admettent que les carpelles des
(îéraniacées sont appliqués contre un prolongement de l'axe : tels sont De
Candolle {Prodr., 1, 637, et Organogr., I, klk), M. Alpb. i)e Candolle
[Introd. ù la Bot., \, 151, et 11, 126), Endiicher {Gêner., p. 1166), Aug.
de Saint-Hilaire [Leçons de Bot., p. 525), MM. Co-sson el Germain [Flore
des environs de Paris, U6), Grenier et Godron [Flore de France, I, 297),
Adr. de Jussieu (art. Gébaniacées du Dict. univ. dliist. nat.), Ach. Richard
[Précis, p. 288), et enfin, tout récemment encore, M. Chatin (voy. Ann.
se. nat., W série, t. VI, p. 258) (1). M. Le Maout, après avoir combattu
(1) « La colouue qui sépare les carpelles des Géraniacées, dit M. Clialiu, est uû
sÉANCi-: DU '}.! NOVKMniïK 1857. 927
celte manière de voir dans nn premier ouvrafic [Leçons de Bot., I, p. 7f)),
se range plus tard à l'opinion commune, et dit les carpelles des Géraniacées
adhérents à un prolonyenienf de l'axe [Atlas de liot., p. 128).
Cependant, dès 1838, M. Seringe s'efforçait de démontrer que cette
assertion n'était nullement fondée sur des preuves rigoureuses. Kn même
temps, il faisait eonnnitre un cas de tératologie végétale présenté par le
Géranium columbinum L., et dans lequel les carpelles s'étaient écartés,
comme ils le sont dans \esSedum, et avaient repris leur individualité, sans
laisser trace de columelle au milieu d'eux (voy. v4nn. se. phys. de Lyon.,
1. 1, p. 316 et suiv., pi. XI et XII). A notre époque, M. Schleiden me parait
être seul à soutenir une doctrine semblable à celle de M. Seringe [Grundz.
d. Wissensch. Bot. , II, p. 321 , note), et néanmoins cette doctrine a pour elle,
si Je ne me trompe, le double témoignage des faits et de l'induction.
C'est une loi générale que, lorsqu'un axe va s'atténuant vers une de ses
extrémités, ses faisceaux fibio-vasculaires, s'ils étaient isolés, se réunis-
sent, et s'ils étaient réunis en cercle, se condensent en un seul faisceau. En
est-il ainsi de la prétendue columelle des Géraniacées? Nullement. Faites
une coupe transversale intéressant soit la partie ovarienne, soit le style de
ces plantes, et vous reconnaîtrez, à l'angle interne de chacune des cinq
cloisons ou des parties qui leur correspondent dans le style, un seul fais-
ceau fibro-vasculaire, entouré de tissu cellulaire : une cavité centrale est
circonscrite par cinq faisceaux parfaitement distincts.
Ce qui prouve bien que la columelle n'est qu'apparente, c'est qu'au mo-
ment de la dissémination des carpelles, ceux-ci ne sont jamais entiers,
comme l'a très judicieusement fait lemarquer M. Seringe. Leur suture ven-
trale est restée adhérente au centre de la fleur pour former la columelle.
J'ajoute qu'après la disjonction des carpelles, les styles persistent (du
moins en partie) surmontés des stigmates. Or le style ne fait-il pas tou-
jours partie du carpelle ?
S'il convient d'être très réservé dans les conclusions que l'on tire des faits
tératologiques, il n'en est pas moins constant que le cas décrit par M. Se-
ringe témoigne de l'absence d'axe au centre du fruit des Géraniacées.
Aug. de Saint-Hilaire a soutenu de son autorité cette doctrine, que dans
la placentation axile, les ovules naissent sur un prolongement de l'axe
[Mém. sur les Réséd., p. 11 et 21, et Leçons de Bot., p. Zi88-Z»90). Link
l'admet aussi {Élém. pfiil. bot., 2' édit., t. II, p. 216) ; mais De Candolle,
MM. Brown, de Mohl et Brongniart considèrent dans cette disposition le
placenta comme une dépendance de la feuille carpellaire. Dans un travail
récent, M. Brongniart a montré combien cette dernière théorie était plus
prolongement de Taxe, conlro lequel s'appliquent les cinq styles qui portent à leur
sommet les carpelles. )> (Loc. cit.)
928 SOCIÉTÉ botaïniqll: dk fuaiNce.
en harmoniti avec les faits (voy. .4?^. se. nat., Z" séiie, 1, II, p. 32); et tout
dernièrement encore, M. Decaisne apportait de nouveaux arguments à
son appui (voy. Bull. Soc. Bot., t. IV, p. 341 et 342). L'admettre, c'est
presque rejeter implicitement l'existence d'une columelle, car celle-ci est
dès lors inutile et ne semble pas pouvoir résister à un sérieux contrôle des
observations qui paraissent l'étayer.
Les considérations précédentes relatives aux Géraniaeées s'appliquent
également aux Malvacées et aux Euphorbiacées, familles chez lesquelles on
a aussi admis l'existence d'une columelle centrale.
Voici les raisons qui ne permettent peut-être pas de considérer la pré-
tendue colonne ( modiolus) des Malvacées comme un prolongement de
l'axe :
1° Il est des plantes de cette famille où les carpelles se séparent à la
maturité sans laisser aucune trace d'axe à leur centre : telles sont les Pavo-
nia hastata Ca\ . ., P. cuneifoliaùdx.
2" Le péricarpe de l'Hibiscus vesicarius Cav. et de VB. Trionum L.
s'ouvre en cinq valves septifèies sur leur milieu, laissant au centre un
corps cylindro-conique qui se trouvait interposé à elles dans leur tiers
inférieur, mais qui nuinquait au-dessus de ce point. Ce corps est entière-
ment celluleux, les cloisons portant les placentas a leur bord inteine.
Dans V Hibiscus palustris L., les cinq faisceaux en croissant qu'offre une
section transversale de la base du péricarpe, entourent en ce point une
petite masse de tissu cellulaire central ; plus haut chaque faisceau se divise
en deux, et de ces dix faisceaux deux occupent l'angle interne de chaque
loge; mais à la réunion du tiers inférieur avec les deux tiers supérieurs du
péricarpe, la moelle centrale a disparu, et les cinq carpelles circonscrivent
une cavité dont les parois sont tapissées de poils.
3° Le Kitaibelia vitifoliaViiWû. n ses nombreux carpelles disposés en dix
rangées longitudinales, formant une calotte hémisphéiique qui coiffe une
petite masse de tissu cellulaire au sommet du réceptacle.
4° C'est dans les espèces des genres Malva, Altkœa, Lavateru, etc., que
la colonne est surtout apparente. Dans le Lavatera trimcstris L., elle forme
même comme une sorte de disque au-dessus des carpelles. Mais il suflit
d'enle\er ces derniers pour reconnaître que leur face ventrale a perdu une
partie de sa substance et en particulier ses éléments fibro-vasculaires ou
ses placentas. La réunion de ces faisceaux et du tissu cellulaire qui les
accompagne constitue la coUuDcile.
Les Kuphorbes sont exactement dans le même cas que les Malvacées.
Cherchez a séparer les trois carpelles de ces plantes, et vous verrez à leur
face ventrale la graine a nu, les deux bandelettes fibro-va.sculaires que
chacun d'eux devrait offrir a son angle interne étant restées adhérentes en
un corps central (|ui constitue la eolunulk.
SÉANCK DU 27 JiOVKMlUtK 1857. 929
L'organisation des carpelles des Sedum me parait éminemment propre à
confirmer cette assertion, que la colonne des Gércmiacées, des Malvacées ctdes
Euphorbes est uniquement formée pur la partie interne ou ventrale des car-
pelles, et 11 est pus un prolongement de l'axe.
Dans \c Sedum stcllatumL., par exemple, les cinq carpelles distincts
sont étalés en étoile. Chacun d'eux offre a sa face ventrale renflée un
sillon profond, au-dessous duquel se trouvent le placenta et la cavité fermée
de l'ovaire. El» bien ! supposez les cinq carpelles réunis en un pistil simple
quinquéloculaire et a placentation axile, et les dix bords renflés des car-
pelles formeront parleur réunion une columelle ou colonne cellul.ure en
dehors de laquelle seront les placenias.
On demandera peut-être pourquoi l'on n'admettrait pas ce prolonge-
ment de l'axe dans les Géraniacées, les Malvacées et les Euphorbes, alors
qu'il est si évident dans quelques genres appartenant à des familles de
la classe despolypétales hypogynes. Il est très vrai que, dans les I\f>josurus
et ks Magnolia, les carpelles sont étages le long d'un axe cylindrique; mais
celui-ci est une partie du réceptacle (et non des placentas) tout à fait indis-
pensable pour que les carpelles aient pu trouver place. v
M. Le MaoLil fait observer que son 0[)iniou sur les carpelles des
Gt'raniacées est la même que celle de M. Clos, et il cite à ce sujet
un passage de ses Leçons élémentaires de Botanique (2^ édition), où
cette opinion est développée à propos du Géranium Robertianum.
M. Payer présente les observations suivantes :
l.a structure anatomique est un mauvais caractère pour disiinguer un
organe axile d'un organe appendieulaire, car nous connaissons des feuilles
qui ont une moelle et des branches qui n'en ont pas. Aussi i"\I. Clos se
trompe-t-il quand il cherche, parce procédé, si la columelle des Euphor-
hiacées et des Géraniacées est axile ou appendieulaire. Il y a longteinps
que uous avons démontré, dans notre Traité d'organogénie comparée de la
fleur, que, dans les Euphorbiacées comme dans les Malvacées, la partie
qui supporte les ovules est axile, et que la partie stylaire est appendieu-
laire, taudis que, dans les Géraniacées, la columelle est en partie axile et en
partie appendieulaire, l'axe placentaire se divisant en cinq branches (qui
se soudent plus tard en un placenta axile) et les cinq feuilles carpellaires
s'inséranten fera cheval sur ces cinq branches. — Dans VFsc/isc/toilzia il
y a ini placenta central en forme de lyre, deux feuilles carpellaires avec
quatre styles, mais non quatre carpelles. Deux des styles sont les prolon-
gements des deux placentas et sont axiles; les deux autres sont les p:«-
longenienls des carpelles et sont appendiculaires.— Dans les autres Papave-
raeées, ce H)nt les styles carpellaires seuls qui se développent; dans les
T. IV. J^
930 SOCIÉTli BOTAMQUK D!. nSANCK.
Crucifères, iiii contraire, ce sont les styles placentaires. — Dans la colu-
melle des Géraniacées, il y a cinq parties appendiculaires qui se détachent
à la maturité du fruit, et ce ({ui reste comme colonne est axile.
M. Giiillanl présente les observations suivantes :
La note de M. Clos soulève une question qui paraît fort importante pour
l'avenir de la physiologie vé^iérale. Qu'est-ce que cet axe dont on parle
beaucoup depuis quehjues années? On a usurpé d'abord ce terme géomé-
trique et abstrait, pour se représenter commodément la ligne idéale autour
de laquelle les Feuilles (de toute sorte) sont verticillées et spiralées. On en
est venu peu à peu à se le figurer comme une chose existante; on l'a pris
pour synonyme de support, — pédoncule, branche ou rameau; mainte-
nant on paraît en vouloir faire un être à part, un organe sui generis : on
a des axo- feuilles [l], des axes montants et des axes descendants (2), des
axes qui ne peuvent pas être terminés par une Feuille et qui sont terminés
par un cotylédon (3); c'est une idée si peu déterminée que l'on peut dis-
cuter, que l'on discute si c'est le soi-disant axe qui naît avant le soi-disant
appendice, ou l'appendice avant l'axe {Ix).
Si l'on a découvert un organe nouveau, qu'on dise avec netteté en quoi il
consiste, quels sont sa forme, sa substance, sa position, et, si on le peut, son
emploi. A l'aide de l'observation nous pourrons vérifier les données qu'on
nous présentera, et savoir si cet axe organique est capable, comme on l'en
flatte, d'engendrer d'autres organes, des ovules, des placentas, des colu-
melles et jusqu'à des stigmates. Depuis qu'on a pu, par des recherches
patientes et délicates (dont le savant professeur qui vient déparier a donné
d'élégants exemples), jeter la clarté jusque dans le fond entr'ouvert du
bourgeon, assister, pour ainsi dire, à la conception des organes et suivre
toutes les phases de leur gestation, on est oblige à une précision sévère
quand on parle de leur filiation et de leurs rapports mutuels. Le chaujp des
hypotlièses se rétrécit a mesure que celui de l'observation s'étend.
Le bourgeon n'est qu'un mamelon muqueux, déprimé, attenant à la
moelle annulaire (5), sur le(|uel les Feuilles rudimentaires se produisent
successivement et en cercle. Ces Feuilles naissent donc sur un même plan
ou plateau court, que l'on peut comparer au collet de la plante ou du
(1) bulletin de la Société botanique de France, III, 166.
(2) Comptes rendus de l'Académie des sciences, t. XXXVII, p. 971.
(3) Bulletin de la Société botanique de France, IV, 785 et 786.
(Zi) Ibid., 11, 101 et 102.
(5) Ann. des se. nat., 3^ série, t. VIII. Voir les conclusions du Mémoire sur
la moelle.
SÉANT!': nr 27 noykmiîuk 1857. îilH
bulbe l'i'.-iillcux. l*iiis il se produit des tr;u-hées, qui se ranticiit. eu vcriicille
dans ee plateau, autour des cellules centrales qui deviendroist la moelle.
On ne voit donc dans le bourgeon quedesJ^'euilies et, un peu de parenebyme
central ([u'elles recouvrent. Lorsque l'évolution cl)ange le bourgeon en ra-
meau, les feuilles s'écartent, s'étagent, lais>ant, dans l'intervalle des nœuds,
la suite parfaitement saisissable de leurs faisceaux tracbéens (ou vascu-
laires), qui bientôt se fortifient par des tubules. Que peut-on dire de ces
intervalles ou entre-nœuds, si ce n'est qu'ils sont la base conjointe des
Feuilles, leur partie inférieure (ou pétioiaire), engagée ou allongée? Mais,
de quelque manière qu'on en parle, toujours est-il que, s"il y a dans
le rameau une chose matérielle qu'on puisse nommer axe, ce n'est que
la moelle centrale, laquelle arrive promptement a un étr.t évidemment
inactif et improductif. A-t-on jamais rencontré la moelle centrale prolon-
gée au-dessus du bourgeon qui termine le rameau? Elle ne vient même pas
tout à fait jusqu'à la base de ce bourgeon. Comment la moelle [axe) du
pédicelle pourrait-elle s'élever au-dessus de la fleur?
Donc, jusqu'à ce qu'on nous ait dit nettement ce que c'est que cet organe
géniteur que l'on se plaît à nommer axe, nous sommes autorisé à dire qu'un
digviate axile (par opposition a stigmate carpellaire) serait un stigmate (jui
ne ferait point partie du Carpelle, ce qui est contraire a la nature et à l'emploi
du siigmate, — w\\ stigmate qui n'en serait pas un. Autant se peut dire d'uu
plaeenta-columeile qui ne ferait point partie d'un Carpelle.
Toute Feuille ayant sa lame composée de deux ia:nelles que la nervure
dorsale tient unies, si ces lamelles se prolougeiit au sommet sans que ladite
dorsale se prolonge aussi (ce qui est le fait de la feuille carpellaire, delà
Feuiile-etamine, de beaucoup de Pétales et d'autres Feuilles membraneuses),
les deux prolongements lamellaires pourront ou rester libres ou être encore
uuis : de la vient que le Carpelle montre tantôt deux stigmates, comme dans
les Composées et plusieurs autres familles, tantôt un seul stigmate qui en
représente deux, unis à divers degrés. Ainsi, il n'est pas nécessaire de
recourir a un axe imaginaire pour expliquer le stigmate double, puisque
l'on conçoit ce doublement comme résultant de la constitution normale du
Carpelle.
M. Duchartre, secrétaire, donne lecture de la lettre suivante,
adressée à M. le président de la Société :
Montpellier, 24 novembre 1857.
Monsieur le Président,
[.e mémoire que j'ai eu l'honneur de présenter à la Société dans sa séance
du 3 avril 1857 se termine par la phrase suivante (1) : « Le transport des
(1) Voyez le Bulletin, t. IV, p. 335.
932 SOCIÉTÉ BOT.vNiQLi-: i)i: i-iiANCî-:.
graines par les courants marins doit avoir joué et joue encore un rôle insi-
gnifiant dans la diffusion des espèces entre des pays séparés par la mer. Or
si l'on considère le grand nombre d'espèces disjoinlcs qui n'auraient pu se
répandre que par celle voie, l'idée de la multiplicUè des centres de création
acquiert tous les jours plus de probabilité. »
L'expression centres de création voulait dire que chaque espèce avait eu
probablement plusieurs centres de création, c'est-à-dire avail paru à la sur-
face du globe sur plusieurs points souvent foi t éloignés. Je rappelais la
supposition qui admet que tous les individus d'une même espèce ne pro-
viennent pas originairement d'un seul et unique ind;^ idu fertile : ce n'est
point l'opinion commune qui fait reposer souvent sur l'hypothèse contraire,
la définition même de l'espèce. Je me suis mal expliqué, puisque M. Ny-
lander (1) conclut de la phrase citée que je crois à Texistence de centres de
création distincts pour chaque flore bien caractérisée; ce n'est point là
ce que jai voulu dire ni ce que mes expériences tendent à prouver. L'im-
possibilité de la diffusion des espèces disjointes par le transport des cou-
rants marins conduit seulement à admettre la multiplicité des centres de
création spécifique et ne prouve ni pour ni contre la multiplicité des centres
de création fiorale. Je pense même, absolument comme M. Nylander, que,
dans des milieux analogues, la force créatrice a déterminé l'apparition de
foi'mes analogues ou même identiques. La géographie botanique est remplie
d'exemples favorables à cette supposition.
Agréez, etc. Ch. Mautins.
M. GuillarJ fait à la Société la communication suivante :
m LA POSITION DES GROUPES FLORAUX (ilernicrc parlic de la TniîoRiE DE i/Infi.oresc.ence ■),
par M. Acli. GML1.ARI».
XXn. La fleur est tern.inale ou axillaii'c; il en est de même du groupe
floral, simple ou coniplexe. On ne leur leconnait pas d'autre position origi-
nelle et normale. Les cas, assez nombreux, où la fleuraison parait hors de
terminaison ou hors d'aisselle, sont expliqués et ramenés à l'une ou l'autre
des deux positions par l'étude du bourgeon et par l'analogie des plaistes
que la méthode rapproche. Ces anomalies apparentes se rapportent à trois
o'njels principaux ;
1° Axe brisé. Le rameau terminal est déjeté par le dévelopi^ment de
faxillaire premier récurrent, qui, usurpant sa verticalité, semble continuer
la branche et en donner la terminaison. No\is en a^()ns cité plus haut quel-
(l) Voyez le l'.ullcliM, I. iV, p. ol\.
(1) Voyez les quatre preiuicros j),irliis de ce iravail, publiées dans ce volume,
p. 29, 116, 37'i 01 'ir>L\
(
SLANCK DU 27 NOVEMBIU: JS57. 03.)
qiies exemples (pai;es lid'l et sniv. ). Quand l'usuipatioii do verticalité est
incomplète, elle figure une fourche, comme dans plusieurs Caryopliyllées,
Rubiacées, Géraniacées, Dans certains cas, c'est la Feuille elle-même ([ui
se dresse au bout de la branche, et renverse le rameau terminal, l^pime-
dium alpinum L. en ofl're l'exemple. En voici un autre sur Itubus idœiis :
au premier coup d'œil on prend le pétiole pour la tige, et l'on est étonné
de ne voir, au sommet, autre chose que trois folioles; à la l)ase du pétiole la
Cyme git renversée. On connaît l'inflorescence pseudo-latérale de plusieurs
Joncées et Cypéracées, où la première Bractée continue la tige si parfaite-
ment, qu'on n'en voit pas ladifférence, et où elle déjette à la fois son propre
axillaire et le pédoncule terminal : Juncus ballicus, J. communis, J . glau-
cus, etc. Scirpus lacustris L., S. supinus L., S. maritimus, S. acicu-
laris L. , etc. Cette Bractée est d'autant plus décevante, qu'elle a, chez
quelques plantes, la même organisation interne que la tige qu'elle semble
terminer.
Ce phénomène de verticalité usurpée n'appartient pas exclusivement
à l'inflorescence : il se rencontre aussi très fréquemment dans l'évolution
foliale. Voyez la jeune pousse du Platane : chaque entre-nœud en est
déjeté par l'effort du pétiole armé de cinq puissantes cohortes foliales.
De même, chez Pisiim sativum et plusieurs autres Pupilionacées, le jeune
rameau évolvant offre une suite de lignes brisées par l'usurpation ré-
pétée à chaque Feuille, en sorte qu'à en croire la vue, c'est la Feuille qui
est axile, et le bourgeon terminal qui est appendiculaire. Voyez encore
Festuca maritima^ Liiffa, Bégonia, Tilia^ Linaria oriyanifolia DC, Ela-
^os^<???m et autres Urticees, etc. (1).
2" Soudure e[ surhanssement. Le rameau axillaire est surhaussé par ad-
hérence au rameau central; la Feuille aisselière est surhaussée par adhé-
rence à son axillaire : le premier cas est fréquent chez les Boraginées, le
second chez les Solanées. Dans l'un comme dans l'autre, l'axiilaire est hors
d'aisselle, en est même souvent fort éloigné : il y est né pourtant, l'analogie
le déclare, et l'étude du jeune âge n'en laisse pas douter. (Voy. ci-dessus,
p. Ù61.)
A l'aisselle des Cucurbitacées, le pédicelle aine de la Cyme se soucie, en
plusieurs espèces, avec la Botrye récurrente qui lui est contiguë; il sem-
(1) Beaucoup d'arljres offrent un effet contraire d'axe redressé ou prolongé par
une cause semblable. Sur le Tilleul, par excMiiplc, rOrine, le Bouleau, le Charme,
le Mûrier, etc., le bourgeon terminal da la branche tombe peu après qu'elle
évolvé sa derniôre Feuille. La progression en est forcément arrêtée et tronquée.
Cependant la tige et les branches continuent de s'allonger d'année en année, par
ini phénomène de substitution : le dernier bourgeon axillaire, se développant le pre-
mier et le plus vivement, selon la Loi de récnrrcncc, se substitue au bourgeon
terminal défunt, et prolonge la branche ou la tige en s'alignant à sa suite.
934 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
blerait en fnire partie si l'on ne faisait attention à son âjze et si on ne le
voyait naître bien avant elle. Cette adhérence, inobservée, a fait longtemps
méconniiître nne Cyme si remarquable et si certaine.
Samolus Valerandi : toutes les Bractéoles paraissent portées sur les pédi-
celles qu'elles aisselient et qui sont courbés, pendant qu'elles gardent la
ligne droite. Il on est de même de Spirœa, de Suœda fruficosa, d'un grand
nombre de Thesium, etc. (p. Zi63).
M. W. de Sehœnefeld a observé, chez les Crassulacées, ((ue tantôt l'axil-
laire surhausse son aisselière {Sempervivum) , tantôt c'est lui qui est sur-
haussé et éloigné de cette Bractée qu'il délaisse {Sedvm) (1). C'est la brac-
téole mineure qui, sur plusieurs .Sec?M/n, est délaissée, et souvent supprimée.
3" Aisselières ohiitérpes. Plusieurs Cucurbitaeées ont à la Cymeaxiliaire,
pour récurrent floral, un groupe de fleurs mâles portées sans bractéoles sur
un pédoncule commun : Cucumis, Cyclanthera, Sicijos, Bryonia dioica,
cretica. La forme de ce j^-oupe ne suffit pas à le déterminer: les fleurs ex-
térieures s'ouvient les premières, il est vrai, ce qui indique ordinairement
Botrye ; mais ce pourrait être Cyme centripète (p. 119 et Z»(52). On renonce-
rait donc à le qualifier, si d'autr<'s plantes de la même famille ( Trichosanthes,
Luffa, Ecbalium^ Bryonia aOyxxjnJca, acutà), n'étaient heureusement mu-
nies de ces bractéoles qui manfjucnt aux premières, et qui affirment ici la
progression. Les scorpiures des Boraginées, des Hydrophyllées, s'éclairent
de même les unes par les autres.
Presque toutes les Crucifères portent grappe nue : on ne saurait pourtant
hésiter cà y voir la progression indéfinie, soit à cause des cas accidentels,
très fréquents, où une ou tieuv des premières fleurs ont leur aisselière, soit
à cause des espèces où toutes les fleurs sont régulièrement aisselées. (Voy.
ci-dessus, p. 265.)
Voici quelques échantillons de Bt'assica oleracea, cueillis à Enghieo,
dans un lieu bas, humide et abrité : les Botryes ont pris un développement
extraoï'dinaire, et tous leui-s pédicelles sont visiblement axillaires, les pre-
miers de Feuilles formelles, les autres de grandes bractéoles.
XXIIL (Juehiues auteuis ont avancé (|ue le rameau terminal est à l'ais-
selle (le la dernière Feuille, et qu'ainsi « tout rameau est axillaire » (2).
(Vest un abus de mots qui tendrait a tout confondre. Le rameau terminal ne
peut pas être dit axillaire, par la laison très vulgaire que, pour faire un
axillaire, il faut avoir u\n' aisselle, c'est-à-dire une Feuille faisnnt angle
avec la brandie qui la porte et qui se prolonge, aussi peu que l'on voudra,
au-dessus de la base de cette Feuille. Si le rameau terminal, qui n'est autre
(!) Voyez le Jîiilleliii, t. l, p. 170.
(2) Alpli. DC, Intrud., ch. l, p. 120. — Siîr. et Guillu-d, Vocab — Trécul,
Art oc, p. 51, des Bractées.
siîANCK ni; '11 NovKMBiiK IS57. 935
que ce prolongement, est pris pour .ixillniie, il ne reste pus la niiitiere de
l'aisselle, elle ne se conçoit plus, elle est impossible.
L'orgnnogénie confirme ce raisonnement. On observe an cœur du boiu-
geonque la leuille la plus jeune se découpe sur le mamelon terminal, qui
par conséquent existe avant elle.
On observe encore (|uela dernière Feuille d'un rameau fait voir ordinai-
rement son bourgeon axillaire, indépendant du terminal, qui est souvent
elfrvé au-dessus d'elle comme dans Acer rubrmn et les autres.
La distinction des deux positions du rameau est donc aussi solide en
théorie quelle est commode dans la pratique. La succession des Heurs et
des groupes floraux n'étant dans la nature qu'une perpétuelle répétition,
c'est par leur position qu'on les désigne, ([uand on veut exprimer l'ordre
dans lequel ils se produisent.
Il parait peu utile de rechercher la(|uellede ces deux notions, de position
ou de succession, a le plus d'in^portance : oii ne peut les séparer, dans l'état
de la science et du langaiie technique. Quand on désigne riidîoreseence des
Oxalidées, Méliacees, Célastiinées, Sapindacées, Malvacées, Cucmbitacées,
Bégoniacées, etc., par ces deux mots: Cyme axillaiiîe, i! semble tout
d'abord que le premier n'a rapport qu'a la succession, et le second qu'à la
position. Mais, puisqu'on entend par (>me un groupe où la fleur aînée est
terminale, et les autres axillaires, il est clair que la notion de position est
nettement enfermée dans ce nom. Et, puisque, (|ua;i!l la tleur ainée ou le
groupe primordial est axillaire, la tleur ou le groupe se répète dans l'ordre
progressif, il est donc clair que cet adjectif, ainsi einployc, enferme une
idée tiès nette de succession, jointe à l'idée d(! position qui apparaît la pre-
mière. De même, quand on dit des Geraniacées, des Liiiees, Alsinées, Hy-
péricées, etc., que leur inflorescence est en Cyme terminale, — ou des Com-
posées en général que le Capitule aîné est terminal et les autres axillaires on
portés sur axillaire, la loi de récurrence (p. 32, §§ Il et IV) lait connaître
dans (|uel ordre se succéderont ces Cymes et ces capitules Ainsi, l'idée de
position et celle de succession se sont trouvées indissolublement liées des
lorsque, d'une part, on est convenu généialement de nommer les groupes
d'après iordre dans lequel leurs fleurs se produisent, et que, d'autre part,
on a reconnu les lois naturelles qui règlent cet ordre d'après la position (le
droit d'aînesse constate).
XXIV. La fleuraison est terminale de la tige ou branche principale, ou
bien des rameaux récurrents.
Nous disons tige ou branche principale : car, lors(|ue la tige primordiale
porte fleur au sommet, cela ne peut arriver qu'une fois, la piemière année
de l'existence de la plante, ou la première de sii fleuraison. Mais après la
tige primordiale, les branches qui se développent sur elle en récurrence re-
pètent les mêmes phénomènes. Cette répétition a lieu souvent i;i même
036 sociKTi': BOTANiQUi': ni' fiianck.
année, notaiiUTieiit sur les plantes herbacées, et donne l'inflorescence oanli-
fornu'. Sur les i)!antcs frutescentes et arborescentes, cette répétition n'a
guère lieu que d'une année à l'autre : les bourp;eons nés aux aisselles des
branches vivaces n'évolvent (jue l'année suivante ou dans l'une des années
qui suivent.
Cette distinction entre le développement des rameaux axillaires dans
l'aimée de leur naissance ou dans l'aniiée ou les années subséquentes est im-
portante pour l'histoire de la végétation et de l'inflorescence. Nous conser-
verons pour le premier cas l'expression usitée de rameau axillaire ; pour le
second cas nous dirons vnmeau post-axillaire.
Les observateurs n'ont pas fait cette distinction : c'est pour cola que la
loi de progression leur a échappé. Kn effet, cette loi régit, comme nous l'a-
vons dit, la succession axillaire (annuelle) des fleurs et des groupes flo-
raux : niais elle ne régit plus la succession post-axillaire. Celle-ci s'opère
sans ordre apparent sur la branche, ou même en ordre régressif. On peut le
voir sur les aibres, arbrisseaux et arbustes, lorsqu'ils évolvent au printemps
les bourgeons qui avaient été formés aux aisselles l'été précédent, et qui
ont pris leur corpulence dans l'intervalle... ?
Jasminum nudiflorum fleurit en janvier à tontes les aisselles que l'année
qui vient de finir avait produites, et que l'hiver, démolisseur des Feuilles,
a changées en ex-aisselles. Si l'on décrit cette floraison comme axillaire, on
donne lieu à une double erreur : premièrement on fait supposer qu'il se
conserve une progression \h où au contraire il n'existe plus en fait que ré-
gression ; deuxièmement on attribue la progression florale à un Jasminum,
contre l'analogie de tout le genre et peut-être de toute la famille.
Il en est de même des Calycanthée.;. L Herbier de F omoteur (HT, 173) et
le Bot. Register (iSl) ont donné dans le piège, en figurant sur la branche
de Chimonant/iiis fragrans une progression qui n'existe pas.
Nous sommes fort exposé à tomber nous-même dans quelque faute sem-
blable, à l'occasion des familles où les Feuilles se conservent au delà de
l'année qui lésa vues naître. La persistance des Feuilles ne détermine point
la persistance de la progression -, et il n'est pas toujours facile de distinguer
dans les liasses de l'herbier, si les Feuilles qui prêtent leur aisselle à la lieu-
raison sont de la même année qu'elle, ou si elles sont de l'année d'avant.
Jiien que nous nous soyons proposé d'exprimer le doute toutes les fois que
le cas ne nous paraîtrait pas clair, nous demandons grâce pour les erreurs
011 le penchant à juger nous aura entraîné.
Et à cette occasion nous implorons de la ntianière la plus pressante tous
les botanistes qui sont à même d'observer et de récolter les plantes à végé-
tation persistante, notamment dans les pays chauds et intertropicaux. Il
n'y a pas de branche de la science qui soit plus pauvre de faits constatés :
là tout est à apprendre, tout est ;i remarquer. Combien l'histoire, suivie et
■si:A^(':K di 27 NoMvMBiiK IH57. 937
datée, do (|iK'lqiics arbres ou arbustes de la zone loi ride jetterait de clartés
vives et toutes nouvelles sur les rapports de la production des Feuilles et de
celle des fleurs (de la i'euillaison et de la fleuraison), sur les rapports de la
production et du développement des bourgeons chez les branches, et des
or<ianes dans les bourgeons !
Voici une branche ligneuse et feuilléed'un Dnp/andhmde IMacao. Notre
confrère, M. Spach, a bien voulu nie la confier pour vous la communiquer,
etpouraideràladémonstration de l'inflorescence post-axillaire. LesFeuilles,
dont i)hisieurs ont été rongées, sont néanmoins toutes en place, et certaine-
ment de l'année précédente. Chacune d'elles a son axillaire. Mais, sur cet
échantillon, évidemment cueilli au réveil de la végétation (l'étiquette ne dit
pas en quel mois), on voit que les Cymo-Botryes post-axillaires se dévelop-
pent au-dessus du milieu de la branche et vers le haut; les boutons s'ou-
vrent, les bourgeons terminaux feuillants s'échappent de leurs écailles. Au
milieu de la branche et au-dessous, le post-axillaire est encore en repos,
quoique évidemment floral, puisque chaque ombelle est distincte, sphéroï-
dale. Au bas de la branche, les aisselles les plus vieilles n'ont qu'un petit
bourgeon rudimentaire. La grandeur respective des Feuilles sur la branche
donne un ensemble ovale, les plus grandes étant au milieu.
XXV. Il ne se produit ordinairement à chaque aisselle qu'un seul bour-
geon. Cependant il y a un grand nombre de plantes où la production axil-
laire est plus riche. Les bourgeons qui naissent à la même aisselle sont
toujours d'âge différent: le bourgeon jeune peut naître ou au-dessous Ae
l'axillaire en premier, e'ost-à-dire entre lui et la Feuille, — ou au-dessus de
l'axillaire en premier, c'est-à-dire entre lui et la branche-porteur,— ouà co/e
de l'axillaireen premier, dans le plan vertical tangent a la branche-porteur
et perpendiculairement au plan oculaire ou dorsal.
Ces bourgeons, en quelque sorte surnuméraires, seront essentiels à noter
pour compléter la description de l'inflorescence, parce que, si dans beaucoup
de cas ils restent rudimentaireset seulement foliacés^ dans d'autres ils don-
nent ou des groupes floraux ou de simples pédicelles : exemples, Thalictrum,
Teucrimn, Zieria, Viola, Sisymbrium.
a. Les bourgeons en second-dessous, c'est-à-dire qui viennent après et
sous l'axillaire en premier, sont de beaucoup les plus fréquents. Un grand
nombre de familles, particulièrement des Sympétales ou Monopétales (Scro-
fulariées, Acanthacées, Solanées, Oléinées, liubiacées, Primulacées, etc.)
les offrent, soit rudimentaires, soit évolvant ou en fleurs ou en
Feuilles (1).
(1) M. Rœper les a signalés chez les Euphorbes, Enum., p. 26 ; — Stcinhcil, chez
les Gentianes et les Scrofulariées {Ann. des se. nat., 1839, t. Xlt, p 19i. où il pré-
tend qu'il n'y a pas de seconds-dessus).
Ç)38 SOriÉTF, BOTANIQUE DE FRANCE.
Ils évolventsans faute lorsque l'axillaire titulaire vient à avorter par une
cause quelconque, soit régulière et constante, comme dans le genre Gledits-
chia, soit accidentelle. Souvent aussi on trsuve les deux axiilaires dévelop-
pés, ce qui, quand les feuilles sont opposées {Calycanthus floridus, Vitex),
peut faire voir quatre raintaux connexes d;ins le même plan, et cinq en
comptant le rameau teiminal. i>Mrcfn;a Bonardi a une Cyme terminale (iiii,
avec ses seconds-dessous et ^es troisièmts-dessous, donne jusqu'à sept pedi-
eelles parfaitement étalés eu éventail. Les Cymes latérales des Verbascum
offrent en cette sorte des détails curieux.
Certaines familles ont une grande aijondance d'axillaires en dessous: les
Ménispermées, les Légumineuses, offrent fréquemment troisième, quatrième
et même cinquième-dessous.
Chez Cercis Siliqmstrum, les dessous évolvent en post-axillaires, et leur
succession est pérenne; ce qu'on a coutume d'exprimer vaguement en di-
sant que cette plante fleurit sur buis.
Dans le plus grand nombre des cas, le second-dessous florifère a pour
axilluire en premier un pédoncule, ou moins souvent un pédicelle. Il y a
aussi quelques exemples de pédoncules placés sous des rameaux foliacés:
c'est particulièrement lorsque l'axillaire en premier est sujet à tourner en
épine, comme sur Genistu anglica ^i germanica L.
b. Les bourgeons en second-dessus, c'est-a-dire, qui viennent après et au-
dessus de l'axillaire eu premier, beaucoup plus rares que les dessous,
fournissent un caractère nouveau qui distingue trois familles: — les Viola-
cées, les Flacourtianées et les Turnéracees, — pour lesquelles Bartiing et
Endiicher avaient déjà admis d'autres motifs de rapprochement. Je ne crois
pas que ce caractère curieux ait été encore signalé comme commun à ces
trois familles, et les distinguant peut-être de toutes les autres. Je n'ai pas
été à même d'observer s'il appartient aussi aux Sauvagesiées.
c. LesCucurbitacées offrent l'exemple leplus large des rameaux axiilaires
collatéraux, puisque toutes leurs espèces portent, a chaque aisselle florifère,
une Cyme qui s'étale dans le plan tangent, et qui est formée, dans certains
wenres, de deux récurrents, l'un à fleurs mâles ou femelles, l'autre follilere,
aux deux côtés du pédicelle premier axillaire, — dans d'autres genres, du
seul récurrent foliifere à l'aisselle d'une Bractée le plus souvent cirri-
forme; et, quand cette Bractée-vrille est complexe, elle représente encore
un autre rameau collatéral, transformé, neutre et stérile.
Les Urticées ont le plus souvent deux Cymes collatérales au rameau
axillaire.
On trouve d'autres exemples de cette richesse chez les Mélastomaeées
{i\ledinilla),c\u"£ les Légumineuses {Acacia, Eri/thrina, Chorozenm). \)ixns
cette dernière famille, le second axillaire a souvent une position oblique et
douteuse {Phaseolus, Sarothamnus).
SÉANCE DU 27 NOVICMBUK 1857. 030
Au reste, ces distinctions et dénonninations ont pour but principal de
décrire le fait de la position : elles n'empêchent pas de considérer les divers
rameaux occupant une aisselle comme faisant partie d'un seul axillairc,
puisque en effet on les voit tous réunis un peu au-dessous, et sortant succes-
sivement d'un même courant séveux-médtillaire, ([ui procède de la moelle
annulaire de la tijre, et suit la route tracée par la cohorte dorsale de la
Feuille aisselière.
XXVI. Je terminerai cette esquisse d'une théorie générale de l'inflores-
cence en revenant à mon point de départ. C'est l'ordre dans la production
et la succession des tleurs qui en fait la base. Je ne pense pas me tromper
en disant que tous les botanistes admettent aujourd'hui ce principe, bien
que plusieurs n'aient pas encore répudie les langes trop étroits dont
M. Rœper avait enveloppé la théorie nouveau-née. Il en est de cette partie de
la science à peu près comme de la dévotion : il y en a beaucoup qui croient
et peu qui prati(|uent. Le célèbre professeur bâiois a distribué tous les grou-
pes floraux en deux grandes classes, mettantdans l'une tout ce qui estCyme,
et dans l'autre tout ce qui n'est pas Cyme : puis, par une méprise bien ex-
cusable dans celui qui fraye une route nouvelle, il a nommé ces deux classes,
non d'après le mouvement floral dont il était parti, mais d'après la forme
des groupes, phénomène secondaire et subordonné; et il a dit: — inflores-
cence définie, inflorescence indéfinie. Or, maintenant qu'une masse formi-
dable d'observations a démontré que le défini s'étend plus loin que la Cyme,
puisqu'il y a des ombelles définies, des grappes définies, des épis définis, des
panicules définies, la contradiction est manifeste entre le langage et le fait;
et il faut ou déclasser les groupes floraux, ou réformer la nomenclature tech-
nique, démontrée incompatible avec la classification. Nile professorat ni la
phytographie ne peuvent rester dans une route à ornière, qui les écarte du
but, et qui n'a conduit depuis trente ans et ne pourrait jamais conduire
qu'à perpétuer la confusion et l'obscurité dans cette branche importante de
la physique végétale.
On a peine à l'épudier le langage auquel on s'est accoutumé. Mais,
quand ce langage e^t démontré vicieux, il faut opter entre l'habitude et la
logique.
Kl si les habitudinaires prétendent, pour se justifier, qu'on peut bien avoir
ou donner des idées justes dans un langage qui ne l'est pas, il me sera facile
de démontrer le contraire par un exemple tout nouveau : je n'aurai pour
cela qu'à vous présenter (en m'appuyant sur l'art. 55 de notre règlement)
l'appréciation d'une Note distribuée il y a peu de jours, signée d'un grand
nom, et relative à l'une des familles traitées dans le volume qui va paraître
du Prodromiis de De Candolle. Je demanderai à vous soumettre ce dernier
argument a l'une de nos prochaines séances.
9/iO SOCrÉTK UOTAMÙLK l)i: lIlANCi:.
M. Ducliartre l'ait ù la Société la communication suivante :
r.ECHERGHES SUR LKS RAPPORTS DES PLANTES AVEC LA ROSÉE ;
par M. P. UL'CIItRTRK.
Les recherches dont je demande à la Société la permission de l'entre-
tenir quelques instants ont été iaitcs à Meudon, pendant l'été et l'automne
de 1856 et 1857. Elles se rattachent à un ensemble d'observations dont je
m'occupe depuis le mois d'octobre 1855, et qui ont pour objet de recon-
naître comment les plantes se comportent, pendant le cours de leur végé-
tation, vis-à-vis de l'humidité atmosphérique.
Les physiologistes n'avaient fait jusqu'à ce jour qu'un fort petit nombre
d'expériences desquelles on pût tirer (luelques données relativement a
l'inilucnce de la rosée sur les plantes vivantes. Ce que je connais de plus
précis à cet égard se trouve consigné pres(|ue incidemment dans deux pas-
sages de la Statique des végétaux de Haies. Le célèbre auteur anglais dit,
eu effet, dans l'exposé de ses observations sur V Helianthus annmis : « Aussi-
tôt qu'il y avait un tant soit peu de rosée, il ne se faisait plus de transpi-
ration ; et lorsque la rosée était abondante ou que, pendant la nuit, il tom-
bait un peu de pluie, le pot et la plante augmentaient de deux ou trois
onces » (p. U de la traduction de Buffon, in-Zi). Plus loin (p. 17), on trouve
la phrase suivante an milieu des détails d'une série d'expériences sur un
Citronnier : « Pendant la nuit, il transpirait quelquefois d'une demi-once,
queUjuefois il ne transpirait pas du tout, et d'autres fois il augmentait d'une
ou deux onces, savoir : lorsqu'il y avait eu pluie ou rosée abondante. »
Ainsi, Haies disait avoir reconnu par l'expérience que la rosée qui vient
mouiller les plantes en augmente le poids, ce qu'elle ne pourrait faire, ce me
semble, que si elle était absorbée par elles. Je ferai cependant observer que,
comme j'espère l'établir ailleurs, ses appareils et son mode d'observation à
ce sujet laissaient assez à désirer pour ne pouvoir l'amener à des conclu-
sions d'une parfaite ligueur.
Ces énoncés du célèbre physiologiste anglais n'ont jamais été, que je
sache, ni contestés ni même discutés. Il ne pouvait en être autrement,
puisqu'ils étaient conformes aux idées universellement admises au sujet du
rôle de la rosée dans la nature, idées que j'ai partagées et exprimées moi-
même dans des écrits antérieurs, mais que j'ai cru devoir soumettre plus
récemment à l'épreuve décisive de l'expérimentation. J'espère prouver dans
cette note que les faits s'accordent mal avec ces idées.
Des expériences comme celles qui vont faire le sujet de cette communi-
cation ne peuvent conduire à des conclusions dignes de confiance (juc si elles
sont laites a l'aide d'appareils convenables et par des méthodes rigoureuses
sur des plantes en bon état de végétation. Je me suis efforcé de réunir de la
siÎAivcE DU 27 NOVK^iBiU': 1857. 9AI.
manière suivante ces conditions essentielles: l"J'ai mis on observation des
plantes jeunes et vigoureuses, de différentes espèces, cultivées en pots dans
de la terre ordinaire de jardin ou dans de la teire de bruyère. Mes expé-
riences de cette année, les seules dont je m'occupe ici, ont porté sur deux
Reines-AFariiuerites, sur quatre Veronica fJndlei/ana, sur deux }[ortensias
et sur un Uoclica falcota. 2" J'ai muni les sujets de mes expériences d'un
appareil (|ue j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de la Société, et grâce
au(|uel le pot et la terre où ils végétaient se trouvaient enfermés dans une
cavité hermétiquement close, tandis que leur tige entière flottait librement
dans l'air. Ces appareils ne présentaient que des surfaces planes ou large-
ment cylindriques dont il était facile d'enlever toute l'humidité qui venait
parfois s'y condenser extérieurement. En outi-e, ils avaient. l'immense avan-
tage, grâce à leur fermeture hermétique, d'éliminer toutes les variations
de poids qui, sans eux, auraient été produites par le dessèchement ou l'hu-
mectation de la terre et du pot; par suite, ils simplifiaient considérablement
les conditions du problème. Je dois ajouter que les plantes munies de cet
appareil n'en sont nullement gênées dans leur végétation, puisc|uej'en ai
conservé pendant six mois, même pendant une année entière, sans remar-
quer en elles le moindre dépérissement. 3" La méthode que j'ai suivie a
consisté en pesées comparatives; mais ici diverses précautions étaient
indispensables pour que les résultats des observations fussent concluants.
D'abord il fallait opérer avec une balance qui perniit d'apprécier de légères
différences de poids ofl'ertes par des objets assez lourds. Celle dont je me
suis servi indiquait nettement les cinquièmes de gramme dans des pesées de
3 kilogrammes ou un peu plus. En second lieu, j'ai pesé mes plantes une
première fois, le soir, vers l'entrée de la nuit, une seconde fois le lende-
main de bon matin, lorsqu'elles étaient couvertes de rosée. Pour cette
seconde pesée j'essuyais avec soin l'appareil qui renfermait le pot, sans
toucher le moins du monde à l'humidité qui s'était condensée sur les
feuilles. Lorsque la losée avait été abondante, je constatais alors une aug-
mentation notable sur le poids de la veille ; mais il est évident que l'eau qui
se trouvait déposée sur la plante devait intervenir par sa présence dans cette
augmentation; il était donc absolument indispensable de déterminer la part
qui lui revenait. Pour y parvenir, j'ai procédé de deux manières différentes:
dans plusieurs cas, aussitôt après avoir pesé la plante encore couverte de
rosée, je l'ai essuyée avec soin feuille par feuille et je l'ai repesée immédia-
tement. Il est clair que, dans ce cas, la différence entre ces deux pesées
consécutives indiquait, à très peu de chose près, le poids de la rosée enle-
vée. Celui-ci déduit, la comparaison avec la pesée de la veille montrait si
la plante avait gagné ou perdu pendant la nuit. Dans les cas où cette mé-
thode très simple n'a pu être employée, après avoir pesé mes plantes toutes
mouillées de ro>:ée, je les ai placées dans une chanîbre, à \\\\ç demi-obscu-
9Zi2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
riU-, c'ost-ii-dire dans des condiiioiis où la transpiration est toujours très
l'aible, !.ors(|ue, au bout de deux on trois heures, ieur humidité superficielle
a eu disparu, je les ai pesées de nouveau. La difforence entre ces deux
pesées ne pouvait indiquer autre chose que le poids de la rosée qui venait
de se dissiper dans l'air, plus une certaine déperdition subie par la plante
elle-même, si elle avait transpiré dans les circonstances où elle s'était
trouvée. Or il était facile d'évaluer cette déperdition; il suffisait pour cela
de remettre la plante au même lieu, pendant le même espace de temps;
une troisième pesée indiquait la quantité de transpiration qui avait eu lieu
dans cette seconde circonstance, et par conséquent aussi dans la première,
en faisant même la supposition, très e.xagéree, qu'elle eût pu transpirer
pendant tout l'intervalle de la première à la seconde pesée.
Une réflexion me semble ici nécessaire. Si, en procédant comme je viens
de le dire, avec l'appareil que j'ai indiqué, on constate que, pendant la
nuit et malgré une abondante rosée qui les mouille sur toute leur surface,
les plantes n'ont absolument rien ajouté à leur poids de la veille, il me
semblera logique d'eu conclure qu'elles n'ont rien pris a l'eau qui les mouil-
lait. Mais, pour que cette conclusion soit rigoureuse, il faut qu'aucun des
phénomènes végétatifs accomplis par les plantes pendant la nuit n'ait pro-
duit en elles une diminution de poids suffisante pour dissimuler, soit en
partie, soit même en totalité, une absorption qui cependant aurait eu lieu.
Or les seuls phénomènes végétatifs dont il puisse être question ici sont la
respiration et la transpiration.
La respiration consiste, comme on le sait, pendant la nuit, en une in-
spiration d'oxygène accompagnée d'un dégagement corrélatif d'acide carbo-
nique. Or, quoique cette inspiration d'oxygène soit toujours faible et
i»'excède jamais, d'après Th. de Saussure, le volume des feuilles, elle est
toujours notablement supérieure au dégagement d'acide oarboni(]ue. La
respiration nocturne ne peut donc pas amener une diminution dans le poids
des plantes. Quant à la transpiration, elle est la cause essentielle des pertes
que peuvent subir les sujets mis en observation, et je me propose de revenir,
dans une prochaine communication, sur la manière dont elle s'opère pen-
dant la nuit, selon les diverses circonstances qui se présentent; mais, en
attendant, je crois pouvoir admettre avec Haies et tous les physiologistes
n)odernes, sans ajouter encore de nouveaux faits a ceux qui déjà sont acquis
à la science, que la déperdition dont elle est la cause est toujours faible
pendant la nuit et cesse à très peu près d'avoir lieu lorsque la rosée dépose
une couche d'eau sur les surfaces des feuilles. Elle ue peut doue pas dissi-
muler une absoi ption de celte eau superficielle.
Dans une note succincte comme celles qu'admet le Bulletin de la Société
Botanique de France, l'espace me manque pour exposer en détail toutes
mes observations sur les rapports des plantes avec la rosée. Je me coutea-
SÉANCK DU 27 NOVKMHltK 1857, ^)ll'^
teiai donc de présenter iei le relevé succinct, de celles que J';ii faites sur un
sujet pris au hasard parmi ceux que j'ai mis en observation cette année.
Ce sera en (|uelque sorte un spécimen destiné îi donner une idée des faits
que j'ai pu constater et à expliquer les conclusions générales que Je crois
pouvoir déduire de l'ensemble de mon travail.
Hortensia. — Le pied de cet arbuste, que Je piends pour exemple, était
une bouture d'un an, haute d'environ 30 centimètres, et portait 7 paires
de grandes feuilles au moment où il a été mis en expérience. Pendant le
mois de septembre il a perdu une de ses feuilles inférieures le 16, deux
autres le 18, enfin trois autres le 21; mais en même temps la plante a pris
par le haut un développement notable.
Le 6 septembre, à sept heures et demie du soir, cet arbuste, avec l'ap-
pareil qui renfermait son pot, pesait 2227«%8. Le lendemain matin, a
six heures, après être resté toute la nuit au milieu d'un i^rand jardin,
sous une grande vitre horizontale suspendue au-dessus de lui, il ne por-
tait pas du tout de rosée et son poids était descendu à 2225°',6. Il avait
donc perdu par transpiration 28',2. Il avait alors ses \k feuilles toutes en
bon état. Un pied semblable ayant été laissé à découvert au même lieu,
pendant la même nuit, se trouva, le lendemain matin, tout mouillé de
rosée.
Le 13 septembre, à sept heures et demie du soir, mon Hortensia pesait
2182^',2. Le lendemain matin, à six heures et demie (1), il était couvert de
rosée, et, celle-ci comprise, il pesait 2183'",2. i'ssuyé feuille par feuille, il
descendit immédiatement a 21 81=', 2, c'est-à-dire à 1 gramme au-dessous
de son poids de la veille.
Le 1Z| septembre, vers sept heures du soir, le poids trouvé était de
2177«'.2. Le lendemain matin l'arbuste était inondé de rosée, avec laquelle il
pesa 2184^%ù (augmentation apparente 7'", 2). Il fut mis alors à une demi-
obscurité, dans une chambre fermée où la température était de 18°, 5. Au
bout de trois heures, il n'était pas encore entièrement débarrassé de son
humidité superficielle, tant elle avait été abondante; cependant il ne pesait
déjà plus que 2177^',6, mal<ir(' la présence d'un reste d'eau sur ses feuilles.
11 avait donc évidemment perdu quelque peu de son poids pendant la nuit,
malgré l'abondance de la rosée qui l'avait couvert.
Le 15, à sept heures du soir, mon Hortensia pesait 2208^', 0. Le 16, à six
heures du matin, il portait une rosée extrêmement abondante, avec laquelle
son poids fut de 2215"', 2 (augmentation apparente = 7^',2). Trois heures
de séjour à la demi-obscurité d'une chambre, dont la température était de
(1) Dans le jardin où ces observations ont été faites, le soleil n'atteignait mes
plantes que de sept heures et demie à huit heures.
gllll SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCK.
4 9°, 5, dissipèrent à peu près celte eau et réduisirent le poids à 22075', 0,
c'est-à-dire à 1 gramme au-dessous du poids de la veille.
Jusqu'alors il avait conservé ses Ik feuilles, mais la plus basse tomba dans
la journée.
Le 16, à huit heures du soir, le poids de l'arbusle était de 218Zj°',0. Le
lendemain matin, à six heures, il était chargé d'une rosée très abondante,
qui s'était même ramassée dans les petites cavités des feuilles. Pesé avec
toute cette eau, il donna le chiffre de 2191, »'0 (augmentation apparente =
P',0). Essuyé immédiatement, sans qu'il fût possible toutefois d'eu enlever
toute l'humidité, il se trouva réduit à 2183s',8, c'est-à-dire à 1/5 de gram.
au-dessous de son poids de la veille. Il est même évident que ce chiffre était
trop fort puisqu'il comprenait encore le poids de la rosée qui n'avait pu être
enlevée.
Le 17, à sept heures el demie du soir, le poids de la plante était de
2161^',^. Le 18, à six heures du matin, toute couverte d'une rosée très
abondante, elle pesa 211)8'',0 (augmentation apparente = 6s', 6); mais
essuyée feuille par feuille et quoique conservant encore un peu d'humidité,
surtout au-dessous des feuilles, elle redescendit immédiatement à 2161°',/i,
poids de la veille, lille avait donc en réalité diminué de poids pendant la
nuit et malgré la forte couche de rosée dont elle avait été entièrement cou-
verte. Deux feuilles tombèrent ce jour-là.
Le 18, à huit heures et demie du soir, mon Hortensia pesait 1181°',8. (Il
avait été arrosé dans la journée.) Le lendemain matin, vers six heures et
demie, je lui trouvai absolument le même poids malgré la présence d'une
rosée légère à la surface de plusieurs de ses feuilles. Il avait donc en réalité
subi pendant la nuit une légère déperdition.
Enfin, pour ne pas trop multiplier les exemples, le 26, à sept heures et
demie du soir, mon arbuste, qu\ ne portait plus alors que huit feuilles,
pesait 2203s',0. Le 27, à six heures et demie du matin, pesé avec la rosée
assez abondante qui le couvrait, il donna le nombre '220h^'\[i (augmentation
apparente = 1^', 6) ; mais ayant été essuyé, il descendit immédiatement à
2202^',6, c'est-à-dire à O^','! au-dessous du poids de la veille.
Pour ne parler que de mes expériences de cette année, les huit autres
plantes que j'ai mises en observation m'ont donné, sans une seule excep-
tion, des résultats parfaitement concordants avec ceux que je viens de rap-
porter, résultats que je résumerai de la manière suivante :
Lorsqu'il ne s'est pas forme de rosée sur les sujets mis en observation,
soit à découvert, soit sous une grande vitre horizonlale siniplenuiit suspen-
due, de manière à diminuer pour eux le rayonnement et surtout a les garantir
de la pluie, la transpiiation a déterminé en eux une diminution de poids ap-
préciable, ([ui a varie selon les espèces et selon les circonstajices extérieures.
sÉANCK Dr '27 Novi;>iHiu: 1857. 0/iô
Lorsque la rosce ne s'est déposée (lu'ei) petite (juantité, les plantes,
pesées avec la faible couche d'iuiniidité qui les couvrait, ont accusé uu
poids un peu iiiréfieur ou tout au plus égal à celui qu'elles avaient la veille
a l'entrée de la nuit, et cela malgré la présence de cette eau dont le poids
s'ajoutait au leur.
Enfin, lorsque la rosée s'est formée en abondance, les plantes pesées de
bon matin, encoie couvertes de toute l'eau qui s'était condensée à leur sur-
face, ont présenté une augmentation très marquée relativement an |)oids
(lu'clles avaient la veille, X l'entrée de la nuit. Mais, pour reconnaître que
cette augmentation était uniquement apparente et non réelle, et qu'elle
n'était due qu'à la présence sur les feuilles d'une couche d'eau ([ui ajou-
tait son poids à celui des plantes, il a suffi de faire disparaître de manière
ou d'autre ce liquide superficiel. Aussitôt les sujets de toutes mes observa-
tions ont montré qu'ils n'avaient rien ajouté a leur poids de la veille, et
même qu'ils avaient subi une petite diminution.
Ainsi, en dernière analyse, je n'ai jamais vu la rosée, quelque abondante
qu'elle fût, ajouter au poids des plantes la plus légère quantité appréciable
au moyen d'une balance qui accusait nettement les cinquièmes de gramme.
Je crois donc être autorisé à conclure de ces faits, auxquels il est bon de
rattacher les considérations présentées plus haut, que, dans nos climats et
dans les conditions ordinaires de la végétation, la rosée n'est pas absorbée
par les plantes qu'elle mouille ; (|ue dès lors elle ne contribue pas à leur nu-
trition et que le seul effet direct qu"elle produise est de léduire presque à
rien, par sa présence, la transpiration qui aurait eu lieu sans elle. J'ajouterai
seulement que, par l'intermédiaire de la terre, elle peut produire sur la
végétation un effet indirect^ auquel je pense qu'on doit attribuer \\\\^ im-
portance, sans doute variable selon le temps et le lieu, mais parfois très
considérable.
Comme on ne saurait trop accumuler les preuves lorsqu'il s'agit d'établir
un principe entièrement nouveau, en contradiction avec les idées qui cnteu
cours de tout temps, je crois devoir ajouter des faits d'un autre ordre qui
viennent à l'appui des piemiers et qui seraient eux-mêmes inexplicables si
les plantes étaient douées de la faculté d'absorber l'eau de la rosée.
Dans ma note sur la fanaison (Voy. Bull, de la Soc. Ilot., IV, p. 112-
116) j'ai rapporté que des plantes, dont le pot était renfermé dans uu appa
reil parfaitement fermé, s'etant trouvées fanées le soir par l'elfet de la sé-
• cheresse de la terre où s'étendaient leurs racines, se sont montrées encore
dans le même état le lendemain matin, bien qu'elles eussent été mouillées,
même abondamment, par la rosée. C'est ce (|ui est arrive notamment pour
un Hortensia, les 15, 28 juillet et le l'^"' ai)ùt 185(3, pour un Helicmt/ius
annuus, les 5, 7 et 12 août 1856 [loc. cit.). J'ai observé encore des laits
analogues pendant l'éle et l'avilomiie de 1857, sur des espè^'es différentes.
T. IV. ()U
9/i() SOCIÉTÉ BOTANIQUE DC IP.AÎSCE.
Or comment concevrait-on (jue les feuilles de ces diverses plantes n'eussent
pas repris pendant la nuit la lurgescence de leurs tissus, si elles avaient eu
la faculté d'absorber l'eau qui couvrait leur surface? Il me semble que la
seule conclusion a tirer de ces faits, c'est que, dans nos climats, les plantes,
même fanées par l'effet de la sécheresse, n'introduisent pas dans leurs tissus
l'huniidité que la rosée dépose sur leurs feuilles en couche liquide plus
ou moins épaisse
En finissant, je crois devoir faire ohseiver qu'on s'exagère beaucoup la
quantité d'eau qui se dépose sur les plantes par l'effet d'une rosée même
abondante. D'après les mesuies que j'ai prises, je crois être plutôt au-
dessous ((u'au-dessus de la vérité en évaluant, en moyenne, la surface
d'une feuille de mon Hortensia à 1 décimètre carré pour un seul côté, ou
bien à 2 décimètres pour les deux. Les lU et 15 septembre, cet arbuste
portait encore ses 1^ feuilles, ce qui lui donnait une surface foliaire totale
d'enviion 28 décimètres carrés. Pendant ces deux nuits, la rosée fut d'une
abondance peu commune, et cependant la couche d'eau qu'elle forma sur
les deux faces de toutes ces feuilles ne pesa que 7^%2. Elle ne représentait
donc en volume que 7 centimètres cubes d'eau, qui, s'ils avaient été ré-
pandus uniformément sur cette surface de 28 décimètres carrés, n'y au-
raient produit qu'une couche extrêmement mince, puisqu'elle serait résultée
d'un demi-centimètre cube d'eau étalé, pour chaque feuille, sur une surface
de 2 décimètres carrés. En comparant l'étendue superlicielle de tous les
sujets de mes observations avec la plus grande quantité de rosée que j'ai
trouvée sur eux, j'arrive a des résultats analogues. Or je ne puis croire
qu'une si faible quantité d'eau pût produire un effet bien appréciable sur la
végétation, si, contrairement à ce que j'ose croire avoir prouvé, elle était
introduite dans les feuilles par une absorption locale.
Quant aux conséquences qui découlent de la non-absorption de la rosée
par les plantes, dans nos climats, elles sont nombreuses et, si je ne m'abuse,
importantes; mais je ne pourrais m'en occuper ici sans prolonger beaucoup
trop cette comn)unicalion, dans laquelle j'ai voulu seulement donner une
idée de mes observations et de leurs résultats.
M. Germain de Sainl-Pierre reconnaît que les organes essentiels
de l'absorption de l'eau sont les racines; mais il rappelle que des
tiges coupées et fanées rc|)reniient leur fraîcheur si on les plonge
dans l'eau. Il en est de même pour les plantes renversées, mises la
tôle dans l'eau, avec ou sans racines.
M. Weddell ajoute les observations suivantes :
La conclusion que M. Ducharirc tire de ses observations ne me semble
pas rigoureuse. — Une plante soumise à l'action de la rosée u'augmente
SÉANCK nu '11 KOVKMIUW': 1857. \)l\l
pas, (lil-il, (le poids, elle en iliiiiiinu' même, donc clic n'a rien ahsorbc. —
Mais qui nous prouve que la rcuillc recevant la rosce sur sa fa'-'C supt-
rieiire (en la supposant dans une position horizontale), n'absorbe pas par
cette face, en même temps qu'elle exhale par sa l'nee inféiicure? Kn ad-
mettant même qu'elle reçoive é<^alement la rosée sur ses deux faces, nous
est-il démontré, par les expériences (h' M. Duciiartre, que les deux fonctions
ne s'accomplissent pas simultanément? La transpiration étant le résultat
d'un acte vital, il n'y a pas de raison pour qu'elle ne se fasse pas dans des
conditions où l'évaporalion, par exemple, serait impossible. I.orsque nous en-
trons dans un bain de vapeur ou d'eau chaude, cessons-nous pour cela de
transpirer?
M. Duchartre répond à M. Germain de Saint-Pierre :
Qu'il faudrait se garder de confondre des tiges coupées, des plantes sans
racines ou même conservant leurs racines, mais arrachées, avec des plantes
entières, vivantes, ayant leurs racines dans la terre et végétant normale-
ment. L'assimilation de ces deux cas entièrement différents conduirait à
une erreur grave, comme il se propose de le montrer prochaine;;;ent.
Il répond a M. Weddell qu'en effet la transpiration est un acte vital et non
analogue à une simple évaporalion, contrairement a l'opinion de plusieurs
auteurs modernes; que, dès lors, elle peut très bien cuulinuei' d'avoir lieu
pendant la nuit, même lorsqu'il y a condensation de rosée sur les feuilles.
Mais il ne s'ensuit nullement que cette transpiration nocturne puisse dissi-
muler une absorption de rosée qui aurait eu lieu. En effet, M. Duchartre
en donnera la mesure dans des communications prochaines; il montrera,
comme on peut le voir déjà pour IHorlensia, par l'obseivation du 6 sep-
tembre, lapportée dans la note ci-dessus, que, dans les conditions les plus
favorables, en l'absence de toute rosée, elle est déjà fort peu considérable,
et qu'elle devient extrêmement faible, se réduit même a une faible fraction
de gran)me dans une atmosphère chargée d'iiumidité, surtout sous liu-
fluence d'un revêtement liquide. Or il est clair qu'une si faible transpira-
tion ne pourrait dissimuler qu'une absorption équivalente, c'est-a-dire
entièrement insignifiante pour la végétation, et dont, pour ce motif, il ne
serait pas utile de tenir compte. M. Duchartre croit même pouvoii- dire
que cette absorption, tout insignifiante qu'elle serait, ne doit pas avoir
lieu, puisque, malgré la plus forte rosée, les plantes perdent une faible
portion de leur poids pendant la nuit, et que leur diminution ne peut être
due qu'à leur transpiration, si faible dans ces circonstances, que la moindre
absorption l'aurait nécessairement rendue inappréciable.
M. Moquin-Tandon rapporte le lait suivant. Une racine d'une
Ô^S SOCIKTÉ BOTANIOIE DE FI'.A^Cf•:.
Orchidée exotique s'élant allongée sur une pierre, à laquelle elle
adhérait très fortement, il eut l'idée de passer une couleur rouge sur
cette pierre^ un peu en avant de l'extrémité de la racine. Cette
couleur était parfaitement sèche quand la racine s'étendit par-dessus;
au bout de quelques jours toute la partie inférieure de la racine se
trouva colorée en rouge ou en rose.
M. Germain de Saint-Pierre fait à la Société la communication
suivante :
DE LA DIP.ECTION QUE PRENNENT LES TIGES ET LES RACLNES CHEZ LES BULBES
RENVERSÉS, par M. E. (;FH.'VIAI\ »E SAI\T-PIEKRE.
Des expériences ont souvent été faites par les physiologistes sur la con-
stance des directions opposées prises par la jeune tige et par la racine, lors
de la germination des graines. Ces expériences ont toujours conduit à con-
stater la tendance invariable de la tige à se diriger de bas en haut, et la ten-
dance encoie plus absolue de la racine à se dirigei* de haut en bas. — Rn
essayant de pratiquer quelques expériences du même genre chez les bulbes,
je devais m'attendre a des résultats analogues à ceux qui ont été obtenus
dans la germination des embryons, et ces derniers résultats sont en effet
venus confirmer les premiers.
Y a-t-il d'ailleurs des différences bien essentielles entre l'embryon d'une
monocotylée, d'une Graminée par exemple, et le bulbe d'une Liliacée? Il y
a entre ces deux sortes d'appareils des différences de forme bien plutôt
que des différences essentielles. Dans l'un et l'autre cas, il s'agit d'un bour-
geon libre, composé de plusieurs feuilles emboitées, dont la tige est encore
rudimentaire et dont les racines ne sont pas encore développées ; seule-
ment, dans l'embryon des Graminées, la feuille extérieure (cotylédon ou
iiypoblaste) est seule épaisse et charnue, tandis que, chez le bulbe, sous les
feuilles extérieures (épuisées par une période antérieure de végétation), se
trouve une série de feuilles épaisses et charnues-, en outre, chez la plupart
des Graminées, mais non dans toutes, la racine est coléorbizée. Si donc,
chez le bulbe rudimentaire nommé embryon, la racine se dirige de haut en
bas dans quelque situation que la graine soit placée, la rncine de l'em-
bryon grossi ([ui constitue un bulbe devait se comporter île la même ma-
nière.
Tout le monde a vu ces bulbes de .hicinthe ou de Narcisse enfermés par
des horticulteurs dans d'étroites carafes remplies d'eau, et dirigés la tète en
bas, dont les feiulles et les tiges croissent dans une situation renversée;
mais on remarquera (jue ces tiges, étant maintenues et empiisonnées entre
l'es parois du verre, se développent forcément dans cet étroit espace en
luttant vainement contre l'obstacle qui s'oppose à leur redressement. — f.es
SÉANCK DU "27 >'(»VliMHI!i: 1S57. 0/iO
bulbes (jue j'ai plantés dans une situation renversée ont au contraire été
placés dans un terrain meuble et en pleine terre, sans {(u'aucun obstacle
pût, après la plantation, ^èner la tige ou les racines dans les diverses direc-
tions où elles pouvaient avoir à s'étendre.
Les bulbes que J'ai ainsi plantes étaient des bulbes de .lacinlbe, de Mus-
cari, d'Ornitbogale, etc.; ces bulbes avaient été retirés de terre après la flo-
raison ou la maturité des fruits; les racines qui vivaient au temps de la
floraison étaient alors dessécbées et détiuites, et celles de la période de vé-
gétation suivante n'étaient pas encore nées. Un bulbe à cet état est un
bourgeon libre, à feuilles plus ou moins cbarnues, dont l'axe est représenté
par un disque d'insertion (plateau) plus on moins déprimé, axe dont la
partie supérieure s'allongera en une tige florifère qui commence à peine alors
à poindre au centre du bourgeon, et dont le système radicellaire e-t provi-
soirement nul. J'agissais donc, d'une part, sur un bourgeon déjà développe
normalement mais qui avait a s'allonger, et, d'autre part, sur des racines
prises à l'instant de leur naissance et dont la direction pouvait par consé-
quent être influencée, dès leur apparition, par la situation anormale dans
laquelle je plaçais le bulbe ou bourgeon.
Au bout de quelques jours, j'ai eu à constater les faits suivants. Le
bourgeon central du bulbe, en s'allongeant, s'est recourbé en remontant pa-
rallèlement au corps du bulbe, et, ayant gagné une direction ascendante
verticale, a continué à végéter comme si le bulbe n'eût pas été l'cnversé. —
Les racines, au contraire, qui n'étaient pas nées avant la plantation, n'ont
point eu à se recourber, elles se sont dirigées verticalement de haut en bas.
Pour descendre en dehors du bulbe, il eût fallu qu'elles suivissent sa con-
vexité; c'est ce qui n'a pas eu lieu : elles ont suivi la ligne droite et, pour
cela, elles ont traversé l'épaisseur du bulbe, en perforant les feuilles cbar-
nues qui forment sa masse, comme elles auraient traversé un corps inerte
ou comme elles se seraient introduites dans un véritable terrain; quelques-
unes de ces racines sont sorties par la gaîne des tuniques en côtoyant le
bourgeon central et en l'accompagnant à sa sortie des tuniques, pour
ensuite s'enfoncer dans le sol, tandis que le bourgeon se faisait jour à l'air
libre.
Je ferai remarquer, à cette occasion, que, si certaines tiges se dirigent pen-
dant une période de leur existence de haut en bas (j'ai fait connaître depuis
longtemps le mode curieux de végétation du Calt/sfegia sepium (1), du Sa-
gittaria, des Tulipa, etc.), nous ne connaissons aucun exemple de racines
qui se dirigent de bas en haut.
(1) Puisque j'ai occasion de parler ici du mode de végétation du Calystegia
{Convolvulus) sepium (le Liseron des haie j), je dois dire que dans une étude récente
de AI. Irmiscli sur le mode de végétation de cette plante, mon travail antérieur
950 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE,
Aynilt cnnsfaté que les tiges à direction normale ascendante ne peuvent
être mises en défaut et être rendues descendantes par une situation ren-
versée accidentelle, j'ai voulu savoir si les tiges descendantes dont je viens
de parler, maintiendraient avec la même énergie leur direction normale-
ment renversée, et ne pourraient pas être rendues ascendantes. Ayant à cet
effet relire de terre des bulbes de Tulipe, alors qu'ils avaient produit de
jeunes tiges souterraines descendantes (jeunes bulbes pédicellés), je lésai
renversés de manière à placer l'extrémité des tiges descendantes ou pro-
cessus de bas en baut. Quelques jours après, je les ai de nouveau retirés de
terre, et j'ai constaté que la quantité dont le processus s'était allongé for-
mait un crochet dont la convexité regardait en haut et dont l'extrémité re-
uardait de nouveau le centre de la terre, ainsi qu'aurait pu le faire une racine.
Tl nous parait donc impossible de vaincre la disposition naturelle d'après
laquelle les tiges et les racines prennent leur direction ; et lors même que
cette disposition, chez u:>e espèce, est contraire à la règle générale, cette
disposition excrptionnelle n'est pas plus susceptible d'être \aincue que la
disposition générale contraii;e chez les autres espèces.
M. Cosson l'ail à In Société la communication suivante :
QUELQUES CONSIDÉRATIONS SUR LA VÉG'h'ATION DU SUD DE LA RÉGENCE DE TUNIS,
par M.VI. E. COI§>$»OI\^ et L. Klt.%LIK (1).
M. Webb s'était proposé, des 1853, d'explorer les parties les plus inté-
ressantes de la régence de Tunis, dont il avait l'intention de publier une
Flore ; mais l'état de sa saute ne lui permit pas de donnei- suite a son projet.
Toutefois il n'avait pas renonce à faire l'exploration de cette contrée, et, en
185^, il chargea l'un de nous de visiter les points qui lui paraissaient pré-
senter le plus d'intérêt pour la botanique (2), espérant pouvoir s'y rendre
lui-même plus tard, espérance qui, malheureusement, ne devait pas être
réalisée.
Le voyage entrepris sous le patronage de M. Webb devait comprendre
n'est pas mentionné, M. Innisch, sans avoir eu connaissance de mon observation, a
observé et exposé les faits essentiels que j'.i vais observés moi-même il y a plusieurs
années, et doni j'ai rendu compe alors à la Société pliiioinati(|ue, et pins lard à la
Société Botanique à Foccasiuii dnn article publié depuis sur le même sujet par un
de nos confrères (M. Lagrèze-Fossal). Voy. le Bulletin, t. Il (1855), p. 1^5-1^8.
(1) l"'(irmani le complément des Notes sur quelques plantes rares ou nouvelles
de la régence de Tunis, pul)liées dans ce voimne, pagi's 55, loi, 176, 277, 3G0,
ZiOO et Zi9'>.
(2) Voyez les extraits publiés dans le Bnlleiin (l. I, p. 'J;;et IIG, et t. 11, p. 21),
des lettres écrites par M. kralik pendant son voyage.
SK.VISCK DU 27 NOVIÎMRUK 1857. 951
le littoral du golfe de la petite Syrte, les oasis de la région désertique, où
Desfontaincs a signalé un grand noml)re d'espèces intéressantes, ot enfin le
ma.'sif des montagnes situées au sud de Tunis. L'état politique du pays,
dont les tribus toujours rivales étaient en guerre entre elles, n'ayant pas
permis de pénétrer ius([u'au\ oasis de Cal'sa, de Tozzer et de Nefta, voici
l'itinéraire qui a dû être suivi : tnjet par terre de Tunis a Souza, et de
là à Sfax -, trajet par mer de Sfax à Gabès ; séjour à Gabès, du commence-
ment de mars à la fui de mai ; trajet par mer de Gabès à iNadour (tour
aujourd'bui en ruines) ; trajet parterre de Nadour à Sfax; excursion à
l'Ile de Djerba; exploration du l)jel)el Zagbouan -et enfin quelques courses
rapides aux environs de Tunis, a la Gouletteet aux ruines de Cartilage.
Gabès est la localité (|ui a offert le plus d'intérêt, non-seulement a
cause de sa latitude, mais encore en raison de la variété des stations que
présentent ses environs. En effet, on y trouve reunis les sables maiitimes,
des dépressions sablonneuses, humides ou salines, les cultures bien arrosées
de l'oasis avec leur végétation méditerraneenn(! et presque européenne, le
lit argileux et pierreux de l'Oued Gabès avec ses allu\ ions où se trouvent
associées à la plupart des plantes caractéristiques du pays un certain nombre
d'autres apportées par les eaux, et enfin la vaste plaine argilo-calcaire qui
s'étend depuis l'oasis jusqu'aux montagnes basses et nues à rocbes calcaires
du Djebel Kéroua qui la limitent a l'ouest.
Dans nos i\otes, nous n'avons utilisé (ju'une faible partie des documents
recueillis sur la flore de Tunis, car, dans le seul \oyage dont nous venons
d'indiquer sommairement l'itinéraire, le nombre des espèces observées s'est
élevé à près de lOOU, et la plupart d'entre elles ont été rencontrées à plu-
sieurs localités. Les matériaux que nous n'avons pas mis en œuvre, et ceux
que la science doit à Desfontaines sur cette contrée, trouveront leur place
dans la Flore d'Algérie^ dont ils sont le complément naturel.
L'étroite affinité de la flore des deux pays, dont la délimitation est
purement politique, n'avait pas échappé à Desfontaines, qui , dans son
Flora Atlantica, a réuni toutes les plantes connues a son époque dans lef
résences d'Alger et de Tunis.
Nous nous bornerons a signaler ici l'extrênie analogie de la végétation des
environs de Gabès avec celle du Sahara algérien et l'identité des lois de
géographie botanique auxquelles est soumise la distribution des végétaux
dans les deux pays (1). — En effet, sur 563 espèces recueillies aux envi-
rons de Gabès et dans l'ile de Djerba, 57 sont spéciales (c'est-a-diie n'ont
encore été observées que dans la régence de Tunis ou dans l'Algérie), et,
(1) Voir Rapport sur un Voyage botanique en Algérie de f'iiilippeville à Biskra
{Annales des sciences naturelles, scr. h, '• IV), l'i suitoui les Considérations géné-
rales et le Résumé.
052 SOCIKil'; HDT.VMQLJK DK II'.AMIE.
sur ce dernier noniI)ie, 50 se rctruiiv ent dans le sud de la province de Con-
st.intiiie. — Kn outre, sur le total de la végétation de Gabès, 25 espèces
seulement n'ont pas été rencontrées dans le Sahara algérien :
Heiiantticmum Tunotanum. I.nponyï hiumStoplianianum? Linaria exilis.
SiioiiP siicculeuta. Riiantcrium suavcolpiis. Anarrliiiuim brcvifoliuni.
— setacpa. Ctilatiiydupliora tridcutata. Scrofularia arputa.
Erotliiim arborpsccns. Filago Marootica. Teucriiiin Alopccuros.
Zypopliylliim all)iim. Alractylis flava. Scilla viliosa.
Haplopliyllum Bu\t)aiimii. Centaurea Delilei. Ncphrodiuni pallidum.
Tetradiciis Eversmanni. Spitzolia radicata. Marsiica .Egyptiaca.
Trigonella maritima. Barkhausia senecioidcs.
Scorpiurus laevigata. Linaria ailjifrous.
De ces 25 espèces qui n'ont pas été rencontrées dans le Sahara algérien,
9 paraissent propres au sud de la régence de Tunis :
Ilciiaiilhemum TuQCtaQum. Rhanterium suavoolens. Anarrliinum brevifolium.
Silène selacea. Centaurea Delilei. Teucrium Alopecuros.
Erodium arborescens. Linaria exilis. Scilla viliosa.
Les 16 autres se retrouvent en Orient :
Silène sncculeula. LagonychiumStephanianum? Linaria albifrons.
Zygophyllum album. Chlamydophora tridcnlata. Scrofularia argnta.
Haplophylliim Ruxbaumii. l'ilago Mareolica. Nephrodium pallidum.
Tetradi'-iis Eversnianni. Alractylis flava. Marsilea .Egyptiaca.
Trigonella maritima. Spitzelia radicata.
Scorpiurus laevigata. Barkhausia senecioidcs.
Nous devons faire remarquer que sur ces 16 espèces, 8 paraissent surtout
être littorales, et ne pouvoir, par cela même, trouver dans le Sahara algé-
rien les conditions nécessaires à leur développement; ce sont les :
Silène succulenta. Trigonella maritima. Alractylis flava.
Zygoptiyllum album. Chlamydopliora tridentata. Marsilea ^gyptiaca.
Tetradiciis Eversnianni. Filago Mareolica.
Il est important d'ajouter que ces espèces littorales appartiennent toutes
^à la flore d'Egypte, avec laquelle celles du Sahara algérien et du sud de la
régence de Tunis se relient si étroitement.
Ekratum. — Page 890, ligne 26 : au lieu de pœcilpeis, lisez pcccilepis.
iu:yuk bibliographique.
PHYSlOLOr.IE VEGETALI^.
Oi*ftaii»si*a|>liiKelM> Kctraciktiiiig «1er Xfëittta tâittrifata
Willd., fin Tîeitrag ziir Kemitniss der Organisations-Verliaeltnisse der
Cycadeen und dcren Stcllung im natùHichen Système (/iVwf/e nnatomique
du Zaniia nuiricata Willd., mémoire destiné à faire connaitre l'organisa-
tion des Cycadees et leur place dans le système naturel); par M. H.
Karsten [Abhandl. d. Kœnifjl. Akad. d. Wissensch. zu Berlin, 1856,
n" U, pp. 193-219, pi. Mil. Tirage à part en broch. in-^ de 26 p. et
3 pi. liihog.; Berlin, 1857).
Le mémoire de M. H. Karsten est divisé en cinq paragraphes qui ont
pour sujet, le premier la description de la plante développée, le deuxième*
le développement des organes de la végétation, le troisième le développe-
ment des organes reproducteurs, le (juatrième les affinités des Cycadees,
le cinquième les matières sécrétées que présente le Zamia muricata. Nous
allons essayer de condenser le plus possible les faits principaux dont il ren-
ferme l'exposé.
I. Description de la 'plante développée (pp. 193-196).— Lq Zamia mu-
ricata Wilkl. se trouve sur la côte septentrionale du Venezuela, près de
Puerto Cabelloet plus à l'ouest. Sa tige atteint rarement 16 centimètres de
longueur, et son diamètre s'élève Jusqu'à 13 centimètres. Sa racine est
lisse, chargée de peu de fibres, peu rameuse à l'extrémité. Du sommet de
sa tige sortent jusqu'à 6 feuilles, longues souvent de 1'", 65, pétiolées et
ailées, accompagnées à leur base de deux écailles charnues, à bords mem-
braneux [squamœ petiolanece). Leurs folioles, généralement opposées, espa-
• cées, sont lancéolées, dentées en scie vers le sommet, nervées, appliquées
les unes sur les autres dans la préfoliation {vernatio applicativa). La
plante est dioïque. Les inflorescences mâles se trouvent d'ordinaire plu-
sieurs ensemble sur un même pied. Chacune d'elles forme une sorte
de spadice long au plus de 10 centimètres, qui offre huit à treize files
verticales d'écaillés épaisses, en clou a grosse tête, dont chacune porte,
à la face inférieure de son pédicule et de chaque côté, 10-12 anthères
qui s'ouvrent longitudinalement en deux valves pour laisser sortir un
pollen lisse et globuleux. Les spadices femelles, solitaires et stipités,
ont jusqu'à 16 centimètres de longueur et Z-h centimètres d'épaisseur.
Leurs écailles, semblables à celles des spadices mâles, forment 5-8 files
95/i SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
verticales; chacune porte à son côté inférieur deux ovules latéraux,
atropes, à un seul tégument. Les graines sont généralement trigones,
sans funicule, et leur micropylc touche à l'axe. Elles sont formées en ma-
jeure partie d'un albumen farineux, dans l'axe duquel se trouve l'embryon
cylindrique. Sur les deux téguments séminaux, l'interne est mince et fra-
gile, à cellules épaissies, l'externe forme une membrane rouge-cerise
sombre. L'embryon droit a presque la longueur de l'albumen; sa radicule
tournée vers le hile tient à un suspenseur en fil entortillé, long de plusieurs
lignes, fixé au sommet de la graine. Ses deux grands cotylédons égaux
sont souciés au sommet. La gemmule est un petit cône chargé de poils , qui
n'a pas encore de fibres spirales, tandis qu'on en trouve alors dans la radi-
cule et dans les cotylédons.
II. Développement des organes végétatifs (pp. 196-201). — La -raine en
germination est toujours dépouillée du tégument colore. La radicule s'al-
longe; avec la portion adjacente des cotylédons, elle traverse le micropyle
et se courbe en bas. La gemmule se développant se dégage en mênietenips
et en direction inverse d'entre les cotylédons, dont l'extrémité soudée reste
« dans le tégument séminal et l'albumen. Ce n'est que lorsqu'il s'est pro-
duit d'autres feuilles que l'albumen achève d'être résorbé. La fécule des
cotylédons seit aussi d'aliment a la jeune plante. La première feuille qui se
produit a quatre folioles avec un long pétiole. La radicule s'allonge en
pivot comme dans les Dicotylédons. Dès que la germination commence,
les faisceaux de fibres spirales de la plantule, qui n'étaient qu'au nombre
de deux dans chaque cotylédon, se multiplient; l'tfuteur en indique le dé-
veloppement successif par des détails au milieu desquels il nous est impos-
sible de le suivre. A leur première apparition, toutes les folioles forment un
bourrelet en demi-lune au côté interne du jeune pétiole. Tant que l'activité
végétative de la jeune plante a pour seul effet de multiplier et perfec-
tionner les feuilles, on voit se répéter les faits suivants : Du cambium du
bourgeon terminal se forme un parenchyme qu'une zone persistante de
cambium divise en moelle et écorce. Dans ce cylindre de cambium, entre
les fibres spirales dt^à formées, qui se dirigent vers les ébauches de feuilles,-
il s'en montre d'autres qui bientôt vont aussi à d'autres feuilles naissantes.
C'est seulement après l'épanouissement des feuilles (|ue commencent à se
produire, au côté externe de la couche de fibres spirales, des fibres li-
gneuses, poreuses, qui se multiplient ensuite peu a peu et donnent ainsi
une zone ligneuse plus analogue au bois des Dicotylédons qu'a celui des
Monocotyledons. Ces fibres ont de très grands pores. On ne voit pas dans
la moelle du Zamia muricata les libres spirales ni libériennes qu'on ob-
serve dans celle des Encephalartos, et ((ui ont fait regarder les Cycadées
comme des iMonocotylédons par certains botanistes. iMais M. Karsten fait
observer que ces faisceaux ligneux épars dans la moelle ne sont pas caracté-
REVUE BIBLIOGRAI'IIIQIIIÎ. 955
ristiques des Monocntylnlons, dont, plusieurs ne les ont pas, tandis que,
d'un autre côté, on les trouve dans les Fougères, les Pipéraecos, les Nycta-
ginées, les Aniarantacres, les Stryehnées.
III. Développement des organes reproducteurs (pp. 201-210).— Ce pa-
ragraphe est le plus étendu des cinq. M. Karsten y expose d'abord les
faits anatoniiques qui, dans la plante même, se rattachent au développe-
ment de la fructification ; il passe ensuite à l'examen des organes reproduc-
teurs eux-mêmes. Les écailles anthérifères et ovulifères du Zamia forment
d'abord leur épaisissement terminal pelté et charnu, plus tard leur pé-
dicule, duquel naissent, dans les mâles, les anthères uniloculaires, souvent
unies deux par deux. Assez lonjjitemps ces anthères consistent en un tissu
cellulaire honiogène, duquel se distingue d'abord un éi'iderme; ensuite
chaque cellule mère du parenchyme produit simultanément quatre cellules
endogènes qui donnent chacune un grain de pollen et qui disparaissent
elles-mêmes. L'epiderme des anthères n'offre pas de cellules spirales, mais
seulement des cellules à parois épaisses, normales à la surface et en couche
unique, sous laquelle est une assise de cellules parenchymateuses arrondies.
Le pollen consiste en deux cellules concentriques transparentes, renfermant
un noyau. On ne peut admettre ce qu'ont pensé divers auteurs, que l'écaillé
anthérifere est dans son ensemble analogue à une anthère. Le premier dé-
veloppement du spadice femelle est analogue à celui du spadice mâle; les
deux" ne peuvent d'abord être distingués que par la différence de nombre
des files longitudinales d'écaillés. Chaque écaille femelle porte deux ovules
qui se montrent d'abord comme de petits renflements aux côtés du pédicule
et à la face inférieure du disque hexagonal qui termine cette écaille. A
l'extrémité supérieure de l'ovule droit, oblong, atrope, se forme, dès avant
la première apparition du sac embryonaire, le tégument ovulaire dont les
diverses couches celluleuses se développent différemment, préludant déjà à
la différence de forme qui les distinguera plus tard dans le tégument sé-
minal. Dans l'épaisseur de la couche cellulaire externe s'étendent six
faisceaux de fibres spirales qui vont se terminer près du micropyle. Dans
la portion du nucelle qui entoure le sac embryonnaire, la féculeest résorbée,
tandis que, au contraire, dans l'intérieur de son tissu, particulièrement
dans sa portion basilaire, il se produit de la fécule. Ce sac est ovale; d'un
côté il touche a la base de l'ovule, ei par son sommet il s'approche de plus
en plus du micropyle. 11 ressemble, dans cet état, à celui des Pinus, du
Thuia occidentcdis, des Loranthus. L'albumen prend beaucoup de déve-
loppement dans les ovules encore non fécondés; il s'accroil de la base au
sommet. Dans l'extrémité de la vésicule embryomiaire, s'accroissent forte-
ment trois, plus rarement quatre cellules, les corpuscula i\e M. R. Brown,
qui se remplissent de grandes et larges cellules, et auxquelles, extérieure-
ment, le tissu cellulaire de l'ulricule embryonnaire forme une sorte d'épithe-
t)5(î SOCIKIK BOT.VNlyL'l': \)l\ l'IiANCi;.
lium. Vers cette époque, les écailles an spadiee femelle, jusqu'alors ti'ès
serrées, commencent à être écartées par l'eflet du grossissementdes ovules,
de manière à permettre l'accès jusqu'au micropyle proéminent d'une es-
pèce de Coléoptère qui est aussi dans l'habitude d'aller sur les spadices
mâles. Cet écartement rend facile l'arrivée du pollen jusqu'au micropyle.
M. Karsten n'a pu réussir à reconnaître indubitablement par des dissections,
que les tubes polliniques pénètrent réellement dans le sac embryonnaire, ni
que leur contact, avec les corpuscules détermine le développcmciit de l'un
d'eux en embryon. Les cellules de l'épidémie renfermé dans les corpus-
cules s'accroissent, s'allongent, tandis que les portions environnantes du
sac embryonnaire sont l'ésorbées, et qu'il se forme ainsi une cavité dans la-
quelle les ébauches d'embryon se trouvent les unes à côté des autres, plus
ou moins tordues, F.es cellules, d'abord globuleuses, s'allongent ensuite, et
le cylindre creux qu'elles formaient devient le suspenseur entortillé du
futur embryon. Au moment où l'albumen est à moitié développé et s'est
creusé, on voit ordinairement deux embiyons naissants, dont l'un est déjà
plus avancé que l'autre, dont il ne tarde pas à déterminer l'oblitération.
Les trois suspenseurs filiformes adhèrent souvent entre eux à une époque
plus avancée, tandis qu'ils sont bien séparés à l'extrémité. L'embryon est
déjà assez gros et ses cotylédons assez nettement indiqués, la gemmule
même est ébauchée , loi-sque les premières fibres spirales deviennent vi-
sibles. Vers cette époque aussi, la première fécule apparaît dans le tissu
des cotylédons. Lorsque la matière colorante rouge du tégument séminal
externe commence à se former, la fécule (lue renfermaient les mêmes cel-
lules disparaît. Eu même temps ralbumcn, dans lequel la fécule commence
à disparaître, prend une teinte rougeàtre.
IV. Sur les affinités des Cucadrcs{çp. 210-217).— Rumphius, qui décou-
vrit le premier Ci/cas, le prit pour une Fougère à cause de sa préfioraison
en crosse, caractère qui n'appartient qu'aux Cycadées asiatiques. Linné ne
savait s'il devait voir dans ces végétaux des Palmiers ou des Fougères.
L.-C. Richard est le premier à qui une étude approfondie des fleurs, du
fruit et de la graine, ait fait reconnaître la grande affinité des Cycadées et
des Conifères. M. R. Brown a confirmé l'opinion de Richard et lui a donné
un nouvel appui par ses belles études du développement des ovules des Cy-
cadées et des Conifères, M. Bartiing réunit en un seul ordre les Cycadées
aux Abiétinées, Cupressinées et Taxinées. M. Hooker, au contraire, croit
qu'elles se rapprochent beaucoup des Palmiers. M. de Martius imite Bart-
iing. Fndiicher place les Cycadées à un degré très peu élevé de l'échelle vé-
gétale, dans ses Protophyta. M. Miquel partage la manière de voir d'Knd-
licher. Link, dans son mémoire spécial sur la place des Cycadées dans le
système naturel, arrive à ce résultat que ce sont des Palmiers peu déve-
loppés. M. Karsten dit que les Cycadées sont de véritables Dicotylédons,
r.EVUF. BinLIOGnAI'llIQL'Ë. 957
en raison de leur radicule qui devient un pivot et de leurs cotylédons bien
visibles dans les Zamla. II établit dès lors la classifieation suivante, parmi
les Dicotylédons Gymnospermes :
GYMNOSPEIl\JyE (Apetala; carpella ovulil'era, aperta).
I. SrROBULiFE«.« (Carpella squamcdbrmia, nuda).
1. Cycadcw : ovula inversa, gemina.
2. Dariunareœ : ovula invei'sa, solitaria.
3. Cupressinecj : ovula erecla.
II. CoNiFER.c (Carpella squaraccformia, bracteata).
/». Abietineœ : ovula inversa.
III. Drupifer/E (Carpella cupuliformia nuda, vel bracteata).
5. Taxineœ : stamina nuda.
6. Gnetaceœ : stamina perigoniata.
V. A/atières sécrcfées dans le Zamia rauricata (pp. 217-218). — Les prin-
cipales sont la cbloropbylle, la fécule, la gomme, une matièi-e bulleusc-ré-
sineuse rouge, qui se trouve dans les téguments séminaux , le tannin et une
matière tîcre, drastique, encore non isolée.
Le mémoire de M. Karsten se termine par l'explication succincte des
31 ligures réunies sur les 3 plaucbes.
Sur les Cycailées; par M. A. Fée. (Brocii. in-S" de 3 pages,
sans indication d'origine. Strasbourg, juillet 1857.)
Cette courte note a pour objet de faire connaître les résultats des obser-
vations de M. Fée sur un pied mâle de Ceratozamia mexicana qui a fleuri
en 1857 au Jardin botanique de Strasbourg, et qui a donné un épi long de
hO centimètres, épais d'environ 5 centimètres.
L'auteur rappelle d'abord les opinions diverses des botanistes sur la place
que doivent occuper les Cycadées dans la série des familles; il aborde
ensuite l'examen de l'inflorescence et de la fleur mâle du Ceratozamia. Les
corps en nombre considérable situés à la face inférieure des écailles dont la
réunion compose cette inflorescence, corps qui s'ouvrent par une fente
I ongitudinale dont les mai'gcs sont nettement coupées et (|ui laissent
alors sortir un pollen très blanc et très abondant, ne sont pas à ses yeux
des aulbères, mais « des coques pareilles à celles des Lycopodiacées, ren-
fermant toutefois un pollen fécondateur au lieu de spores jouissant directe-
ment de la faculté germinative. » Quant au pollen, il est légèrement ellip-
soïde, marqué sur sa partie centrale de deux plis longitudinaux. Son
enveloppe externe ou exive Fritzsehe [exhyménine A. Kicb.) est très
958 SOCIÉTÉ BOTANIQUK DE FRANCE.
épaisse, et il faut longtemps pour que l'taa la pénètre-, mais une fois pé-
nétré par ce liquide, le grain entier se distend, s'arrondit et « montre dès
lors très distinctement les granules polléniques. »
M, Fée conclut de ces observations « que la famille des C\'cadées, qui
tient des Fougères, des Palmiers et des Conifères par divers caractères, a
deux nouveaux rapports éloignés, l'un avec les Equisétacées par le mode
d'attache des organes pollinifères; l'autre avec les Lycopodiacoes par la
structure des cocjues déhiscentes, dans lesquelles se constitue le pollen. »
IJeljer «lie Be^vurzclung €ler Paliueu {Sur la radication des
Palmiers) ; par M. H. Karsten {Linnœa, XII, 5= cahier de 1856, publié
en août 1857, pp.601-608).
Les Palmiers doivent d'un côté à la structure de leur bois, de l'autre à
leur mode de germination et à la manière dont se forme leur tige pendant
leur jeunesse, la faculté qui les distingue de résister aux teriibles ouragans
des régions tropicales qui souvent brisent de gros troncs d'arbres dicoty-
lédops.
Souvent les pieds isolés des Cocos, Hypkœne, Copernicia, Corypha,
Phœnix, Aa^ocomia, Arenga, Maximiliana, etc., auraient peine à supporter
leur grande couronne de feuilles, si le pivot qui leur manque n'était remplacé
par une grande quantité de racines advcntives et par la manière dont s'est
d'abord formée leur tige. En effet celle-ci, avant de s'élancer, se développe
dans la terre au point d'acquérir le diamètre qu'elle ne doit plus dépasser.
Mais les racines adventivcs qui se pioduisent successivement et en grand
nombre, à cette périphérie sans cesse croissante, ne fourniraient qu'un faible
soutien a l'arbre adulte si l'allongement considérable que prend le pétiole du
cotylédon en s'enfonçant verticalement dans le sol ne portait la partie sur
laquelle elles se forment à une profondeur souvent considérable. Cet allon-
gement du pétiole du cotylédon est de 65 centimètres ou même plus dans
les Copernicia, ilyphœne, Phytelephas ; il est à peine de 6 a 12 centimètres
dauaÏQs Maximiliana, Scheelea et Attalea, dans les Phœnix, Chamœrops et
Arenga.
Les choses se passent autrement pour les Palmiers des forêts dans les-
quels la plante en germination ne pourrait supporter l'humidité constante
qui existe dans la profondeur du sol, bien que cette humidité soit néces-
saire à l'individu adulte. Les particulaiités qu'on observe dans ce cas
avaient ete vues et figurées sur le Sabal, par M. de Wartius ; on les retrouve
dans les A'iopstochia, Diplothemium, Trithrinax, Acrocomia. Ici jusqu'à
ce que la jeune plante soit arrivée au diamètre définitif de sa tige, elle dé-
veloppe une pioductiou latérale, en manière de stolon , à entre-nœuds
courts, qui s'allonge vers le bas eu s'enfonçant dans la terre humide et
uiivui: nmLHx.itAi'iiiQiK. 9oî)
meuble, et qui domu; naissance a des racines adventives sur un seul côté et
sur ses nœuds. Ce développement latéral et descendant, ayant lieu pendant
que le bouriieon terminal reste dressé, cesse lorsque la base delà tige est
devenue aussi épaisse qu'elle devra l'être jamais; et à ce moment il a donné
naissance à une arctire preque en fei- a cheval, qui se retrouve à peu
près sur l'individu adulte, qui devient le point de départ de nombreuses
racines et qui fournit ainsi une base résistante pour ces tiges dont la hau-
teur égale souvent 66"', 50, et que termine une énorme couronne de feuilles.
Dans les Elœis cet état juvénile persiste pendant toute la vie.
Un autre type entièrement différent est celui des tiges isolées de Deckeria,
Socratea et de plusieurs Iriartea [rohusta et altisslmo) du bas desquelles
partent, jusciu'à une hauteur de k mètres au-dessus du sol, des racines ad-
ventives dont le diamètre est quelquefois de 11 centimètres. A mesure que
de nouvelles racines se développent plus haut que les précédentes, les
entre-nœuds inférieurs ou les plus âgés de la tige se détruisent, et celle-ci
finit par être portée en l'air sur ce piédestal de racines qui la nourrissait.
C'est une végétation analogue à celle qu'on doit regarder comme normale
dans tous les Monocotylédons. .
Dans un quatrième type, le pétiole du cotylédon ne s'allongeant pas à la
germination, la jeune plante ne s'enfonce pas dans la terre sur laquelle elle
a germé. Les premiers entre-nœuds ne s'allongent pas, et l'on ne voit pas
non plus la tige jeune s'arquer par l'effet d'un développement unilatéral.
La plantule reste sur le sol dans lequel s'enfonce son pivot que des racines
adventives remplacent aussitôt que paraissent les premiers organes
foliaires. Quand la tige est arrivée à sa grosseur normale, elle produit le
plus souvent des bourgeons latéraux. Ici se rangent les Palmiers grimpants
des genres Calamus et Desmoncus, les Bactris, Martinezm, Pyrenoglyphis
Karst. [Augustinea Ivarst.), les Geonoma, Chamœdorea et genres voisins,
auxquels il faut rattacher les Euterpe^ Œnocarpus, Tkrinax, Guilielma,
Sagus et Cocos. Dans ces Palmiers des côtes et des rivages, les racines ad-
ventives longues et résistantes forment autour de la base de la tige adulte
un revêtement consistant et presque impénétrable, et elles s'enfoncent pro-
fondément dans le sol meuble.
En résumé, M. Karsten distingue pour la radication des Palmiers les
quatre types suivants :
1° Le type des Iriartea, distingué des trois autres par la longueur des
premiers entre-nœuds de la jeune plante. l,es Iriartea pubescens et prœ~
morsa rattachent ce type au quatrième.
2° Le type des Copernicia^ caractérise par l'elongation que prend le pétiole
du cotylédon. Il se rapproche du quatrième type par l'intermédiaire des
Phœnix, Scheelea et Attalea.
3° Le type des Sabal, que distingue la végétation descendante et stoloui -
960 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
forme de la jeune piaule. Les Elœis relient ce type aux Palmiers à rhizome
du quatrième.
h" Le type des Cocos, où la jeune plante n'allonge pas le pétiole de son
cotylédon, et forme d'abord des entre-nœuds courts, plus tard des entre-
nœuds allongés.
La forme à rhizome des BacAris constitue une subdivision de ce type.
iVofc »iiir la famillr des Saiitalaeccs; par iM. Alph. De Can-
dolle (Bibliot. univers, de Genève, sepi, 1857; tirage à part en broch.
in-S° de 13 pages).
Dans cette note, M. Alph. De Candolle examine successivement, et en
autant de paragraphes séparés : 1° l'inflorescence, 2" la position des Heurs,
V la nature du périgone ou périanthe, W les poils de l'intérieur des lobes,
5° la position des stigmates, 6° les ovules des Santalacées.
1° Inflorescence. — L'inflorescence des Sanlalacées est définie ou indéfinie,
selon que les feuilles sont opposées ou alternes. Elle est définie, en cyme
simple ou composée, terminant les rameaux dans les vrais Santalwn, dans
la section Colpoon des Osyris, dans le genre Rhoiacarpos Alph. DC. Elle
est indéfinie dans la plupart des plantes de la famille, et alors l'axe étant
indéterminé, lesfieurfc sont disposées sur ses côtés tantôt en petites cymes,
tantôt en épillets, tantôt elles sont solitaires, et l'ensemble constitue un epi
ou un capitule.
A ce propos, M. Alph. De Candolle fait observer qu'on a tort d'accorder
souvent la même importance a la disposition des fleurs [inflorescence) et à
leur ouverture {floraison), celle-ci étant subordonnée et dépendant de deux
causes qui se combattent quelquefois, savoir de la position de chaque fleur
soit à l'extrémité, soit sur le côte de l'axe, et de l'éloignement du centre de
la plante.
Ordinairement chaque fleur naît cà l'aisselle d'une bractée, et il y a deux
bractéoles latéiales plus intérieures; souvent même on voit dans le T/iesiwn
sducjinmm une troisième bracteole entre la fleur et l'axe, ce que M. Alph.
De Candolle regarde comme justifiant l'opinion de M. Brown pour qui la
coupe à quatre dents égales des Quinchamalium, que (|uelques botanistes
ont prise pour un calice, est due a la bractée et à trois bractéoles.
2" Position des fleurs. — Elle est de deux sortes dans les Santalacées : le
plus souvent c'est un sinus du périanthe qui regarde l'axe, et alors devant
la bractée se trouve ou un lobe ou un sinus, selon que le nombre des divi-
sions de l'enveloppe florale est impair ou pair; ailleurs, dans ([uelques
Santalacées dont le périanthe est a quatre lobes, un lobe est oppose a l'axe
et un autre se trouve devant la bractée. Cin(| étant le non)bre type delà
famille, dans k' premier cas, la iliur (K'vient tclramèie par suppression du
lobe externe, trimère par absence de deux lobes latéraux. Dans le second
REVUE BIULIOGUM'IIIQUE. 961
cas, la fleur est devenue tétramère par défaut du lol)e qui aurait regardé l'axe.
3° Nature dupérigone. — Pour le périgoue ou périatilhe des Santala-
cées, M. Alpli. De Caudolie est porté à se ranger a l'opiiiioii de M. Sclilcl-
deu, et à penser (|uc \c tube, ou au moins une partie du tid)e, appartient a
l'axe. Il cherche ensuite a reconnaître si les lohes de ce périanthe repré-
sentent un ealice ou une corolle. H rappelle l'incertitude dans laquelle
i\f. R. Brown est resté à ce sujet. Il inoutre l'insul'lisanee du caractère or-
ganogénique par Ic(|uel M. Payer a cru pouvoir distinguer en général l'un
de l'autre un calice et une corolle. Il fait ressortir la valeur de la tni thode
d'analogie pour laquelle ce dernier botaniste professe, dit-il, irn si profond
mépris. Enlin, il montre que la découverte du genre Buckteija est venue
trancher la question, puisque cette plante a des Heurs mâles à un seul ver-
ticille floral, conmie celles de toutes les Santalacées, et des fleurs femelles
pourvues d'un calice et d'une corolle. De là il conclut que l'enveloppe flo-
rale unique des Santalacées, étant analogue au verticille interne de la fleur
femelle du Bucklcya, est une corolle, ainsi que celle des Protéacees et des
Loranthacées.
k" Poils de V intérieur des /o/Ç/é-s. — La plupart des Santalacées offrent
des faisceaux de poils qui unissent la base des lobes du périanthe avec le
dos des anthères. Quelques botanistes croient que ces poils dépendent des
anthères; M. Alph. De Candolle dit, au contraire, qu'ils dépendent plutôt
du périanthe que des anthères. Il regarde comme probable qu'ils jouent w\\
rôle dans la fécondation.
5° Position des stigmates. — Le stigmate des Santalacées présente une
division souvent obscure en deux, trois, quatre ou cinq lobes. La position
de ces lobes stigmatiques relativement à l'axe s'offre d'après deux t3'pes
analogues à ceux que présente, de son côté, la situation des lobes de l'en-
veloppe ilorale. Eu effet, quand les lobes stigmatiques égalent en nombre
ceux du périanthe, ils sont tantôt alternes {Rhoiacarpos, Osyris compressa,
alba, etc.), tantôt opposés {Choretrum chrijsanthum et glomeratum, Lep-
tomerià) à ces derniers. Mais ces deux types ne peuvent fournir que des
caractères génériques.
6" 0t7</es. — Ils sont places au-dessous des stigmates ou lobes .stigma-
tiques qu'ils égaient en nombre. Dans les Santalacées, il existe une coiréla-
tion remarquable entre les feuilles carpellaires et les ovules, bien qu'ils
soient portés sur un placenta central.
Ueber die Xelle>il»SaesclicH dcr L.cIici'ii»oosc [Sur lesvésicules
de cellules des Iléputiqucs); par M. G. v. Holie broch. in-8 de 2») pag.
avec ] planch. m-h gravée sur pierre, Heidellerg, 1857 ; chez liangel et
Schmilt).
Ce travail est divisé en trois paities dont voici les sujets : \. Situation et
T. IV. ni
9(5'i SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FIIANCE.
histoire des vésicules de cellules; 2. examen aiiatomique et physiologique
de ces vésicules; 3. leur description spéciide.
I, — Dans les cellules des feuilles de diverses Jongermannes, par
exemple J. ifcalaris, onomala, etc., se montrent certains corps dont on ne
connaissait encore ni la structure ni la composition chimique. Pour la forme
et la coloration, ils ressemblent à plusieurs des substances que renferment
ordinairement les cellules, de telle sorte qu'on croit, en les voyant, recon-
naître en eux tîintôt des gouttelettes d'huile, tantôt des granules de résine,
de protéine ou de fécule. Cependant ils se distingueni nettement de toutes
ces substances par la manière dont ils se comportent avec les réactifs mi-
croscopiques. Les premières observations exactes sur ces corps sont dues à
M. Gottschç, qui les a nommés corps des cellules (Zellen-Koerper).
M. Schaeht s'en est occupé dans son ouvrage sur le microscope et dans son
Manuel d'anatomie et. de physiologie, dans lequel (p. 60) il dit : Que ces
corpuscules correspondent à l'inuline pour leur manière d'être généiale.
II. — De l'examen détaillé auquel il se livre, dans la deuxième partie de
son mémoire, relativement à l'anatomie et à la physiologie de ces corps,
M. Holle déduit les conclusions suivantes :
1°. le nomme vésicules de cellules un élément histologique propre aux
Hépatiques. — 2° Ces vésicules se trouvent dans les cellules des feuilles,
dans les parties périphériques de la tige et dans les enveloppes florales de
plusieurs Hépatiques, particulièrement des espèces feuillées. — 3° Elles se
montrent ordinairement dans la plupart ou dans la totalité des cellules de
ces parties, plus rarement dans certaines cellules seulement.' — ^° Dans
quelques espèces elles se développent particulièrement sur le bord des cel-
lules, ailleurs indifféremment au bord, au centre et dans toute l'étendue de
la cellule. De là on peut distinguer ces vésicules en éparses, médianes et
marginales. Les premières sont les plus communes. — 5° Les vésicules des
cellules voisines diffèrent souvent entre elles de forme, de couleur, de
structure, de grandeur et de nombre. Celles d'une même cellule appar-
tiennent à un type généralement unique. — 6° Parmi les formes diverses
des vésicules de cellules, les allongées sont celles qui dominent. On trouve
des formes ovales, elliptiques, en citron, en tubercule, eu haricot ; on en
voit aussi d'arrondies. Klles varient beaucoup de grosseur. Les plus petites
vésicules arrondies oui un diamètre de 0'""\0016. Les plus grosses que
j'aie rencontrées (celles du Radula complanata Dumort.) mesurent 0""",021
de longueur, O""",^/! de largeur. — 7" Le nombre de vésicules renfermées
dans les cellules varie, pour chaque espèce, entre certaines limites. Pour
beaucoup on peut déterminer facilement un nombre moyen (1, 2 ou
un multiple de 2), puisque c'est celui qui est de beaucoup le plus fréquent.
Les grandes cellules en renfeiment généralement plus que les petites. En
examinant comparativement des espèces différentes, on voit que les nombres
lîi.VllO |{IBLI(H.|!A|'lll(,»Lli;. i">"'^
exti'ênit'S aussi hicii (|uc les iiouihrcs nio^oiis (lilïeieiit ou sunt les inèiucs;
sous vc r;ii)|)oil, rafliuitc uaturellc des espèces iTexeice (|u'uiic iail)lc iii-
lluence. — 8" Les vésicules consistent en une nienil)raii(' ( t un tMiniciiu La
prenuère parait être analogue à l'inuliae; au contraire, le contenu, (|ui est
en partie lluide, en partie solide, l'appelle les huiles volatiles et les résines.
Dans (|uel((ues espèces, les vésicules sont composées, c'est-a-dire qu'elles
sont formées d'inie membrane pluriloculaire et d'un contenu reparti entre
les ditïerentes cavités. — 9° Les vésicules se produisent a une époque en-
core peu avancée de la vie de la cellule, mais non cependant dès les premiers
temps. Ce sont les matières contenues qui se forment d'abord (les solides
après les liquides); plus tard, apparaît la membrane. Lorsqu'il ne se forme
qu'un petit nombre (2-6) de vésicules, elles paraissent naître simultané-
ment. Au contraire, dans les cellules qui -renferment plus de quatre vési-
cules, elles se produisent successivement (?). — 10" Ces vésicules doivent
être regardées comme le résultat d'une sécrétion de la cellule.
III. — L'étude spéciale (jue comprend la troisième partie du mémoire de
M. Holle porte sur les genres Sarcoscyphus Corda, Alicularia Corda, /*/«-
(5'îoc7«7a Nées et Mont., Scapania Lm(\h^^. ^ Jnngermannia L. , Lop/wcoleu
^ . c\b li. , C/iiloscyphus Corda, Calypogeia {{adûi, Lepidozia Tv. ab L.,
Mastigobryum Nées, Lindbg. et Gottscbe, Trichocolea Dumort., Ptilidiurn
iV. ab L. , /{adula N. abE. , Madotheca Dumorl. , Lejeunia Goltsche, Frul-
lania Raddi.
La planche jointe au mémoire de M. Holle reunit 30 ligures.
BOTANIQUE DESCRIPTIVE.
Motîce sur les plasates recueillies en Corse, par M. E. Re-
velliéie, avec des observations sur les espèces litigieuses ou nouvelles;
par M. A. Boreau. (^Mém. de la Soc. académique de Mai7ie-et- Loire.,
L 1" livr., pp. 83-92; in-8. Angers, 1857.)
M. E. Uevellière, de Saumur, a fait de riches collections de plantes pen-
dant deux saisons qu'il a consacrées a l'exploration de la Corse. En 185/i, il
avait séjourné a Rogliano, et ses herborisations avaient dès loi's eu pour
champ la pointe septentrionale de rile;eu 1856, il en a exploré la partie
méridionale et il a visité avec soin les environs de Bonifacio, les lies del Ca-
vallo et Lavezzio, ainsi que les parages granitiques de Porto-Vecchio. Les
collections formées par lui dans ces dernières localités out été contiées à
M. Boreau, et elles lui ont fourni le sujet du mémoire dont nous allon
donner un résumé.
Ce travail est une liste de quatre-vingt-cinq espèces indiquées pour la
plupart pour de nouvelles localités, quelques-unes parce quelles n'avaient
pas été encore rencontrées en Corse, un petit nombre parce que M. Boieau les
96â SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE l'RANCE.
regarde comme tout à fnit nouvelles. A la seconde catégorie appartiennent :
1° le Filago temdfolia Presl, trouvé à Rogliano, lîonifacio, dans l'ile de!
Cavalli) et qui n'avait été indiqué qu'en Sicile; 2° le Triglochin laxiflorum
Guss. , de Bonifacio, qui manque dans la Flore de France de MM. Grenier
et Godron, bien que Loiseleur l'eût cité antérieurement comme se trouvant
en Corse ; 3" l' Urginea fiujnx Steinli. , de Bonifacio, qui était regardé comme
propre à l'Algérie. Enfin trois plantes sont décrites ici pour la première fois
par M. Boreau, qui croit pouvoir les regarder comme nouvelles parce
(|u'elles ne sont pas mentionnées par MM. Grenier et Godron qui ont ré-
sumé dans leur Flore de France tons les documents qu'on possède aujour-
d'hui sur la r.orse. Dans l'intérêt des lecteurs qui n'auraient pas entre leurs
mains la collection dans laquelle a été publié le mémoire de M, Boreau nous
reproduirons ici la description, non résumée en diagnose, que ce botaniste
donne des trois plantes regardées par lui comme nouvelles.
1. RnmmaUus HevcUierii Bor. Plante de O'".,! à O^jS, dressée, glabre,
d'un vert clair; racine annuelle, fibreuse, croissant dans l'eau; tige fistu-
leuse, rameuse presque dès la base, ram.caux dressés, \m peu roides, pres-
que fastigiés ; feuilles infér. orbiculaires, entièiTS, obtuses, point en cœur
à la base, les suivantes et une partie des caulinaires lancéolées, atténuées
aux deux bouts, aiguës, toutes pourvues d'un pétiole une fois et demie
plus long que le limbe, les super, linéaires-lancéolées, à pétiole court,
foutes entières ou avec quelques dents peu nombreuses et écai'tées; pédon-
cules (Istulcux, munis de quelques poils apprîmes, les fructifères longs de
5-G centimèti'es et un peu renflés au sommet. Béceptacle glabre ; sépales
un peu velus h l'extérieur, étalés, petits; petaies jaune-clair, une fois au
moins plus petits que les sépales, ovales, à onglet court, écaille nectarifére
plus étroite que l'onglet, presque nulle; carpelles 30-35, finement tuber-
culeux, ovoïdes, obtus, à bt'C très court, droit, large à la base. — Avril,
mai. — Marais des environs de Bonifacio et de Porto-Veccbio.
2. Polygala corsica Bor. Plante de 0"',1 a U'", h. Tiges nombreuses, dif-
fuses ou ascendantes; feuilles infér, elliptiques obovales, les autres lan-
céolées ou linéaires, subaigués. Grappes terminales, peu ou point chevelues
au sommet; bractées membi-aneuses, caduques; ailes ovales-elliptiques,
blanchâtres, parfois lavées de rose au sommet (comme la corolle), à ner-
vures latérales un. peu ramiliées; capsule obcordee, rétréoieà la base, beau-
coup plus courte que les ailes, à la fin pres(iuc aussi large ; graines oblon-
gues, obtuses, héiissées ; arille a lobes latéraux, n'égalant pas la moitié de.
la graine. — Juin-juillet. — P»ochers près de Rogliano.
3. Melica typltinu Bor. Tige de 0"',() à 0"',9, droite, simple; feuilles
linéaires étroites, longuement aeuminées, les infér. hérissées, ainsi que les
gaines, les supt'r. enroulées-liliformes, ti'ès rudes en dessous; ligule sail-
lante, bla'iche, scarieuse, lacérée. Pauicule droite, épaisse, à rameaux
iiKVLi: iîiiti,i(t(;hM'iiiiti;i;. 905
courts, dresses, tri'S serres en epi bl;iiicl)ûtre ; spall'.elles (j^lunies) ovales-
lancéolées, acuniiiiées en pointe almië, un peu membraneuses, fniernent
rudes-ponctuées, a cinq neivures saillantes ; spatl'.ellule (glumelle) extérieure
lancéolée, striée, chargée d'aspérités, longuement ciliée sur les bords, celles
des fleurs stériles glabres; fruit oblong lusiforme, luisant, chagriné sur toute
sa surface. — Jnin-juillet. — Hogliano.
Flore «le liorraliic; par M. I).-A. Godron. 2" édition, 2 vol. in-12.
JNancy, 1857.
M. Godron vient de donner une seconde édition de sa Flore de Lorraine.
La première avait été publiée en 18/r2 ; aussi, dans cet intervalle de quinze
ans, des recherches assidues poursuivies par lui et par divers botanistes
lorrains ont-elles avancé notablement la connaissance de la végétation de
l'ancienne province française à l'étendue de laquelle est limité cet ouvrage.
Dans sa préface, l'auteur expose d'abord les motifs pour lesquels il a
donné à sa Flore le nom d'une ancienne province qui, comme Etat indépen-
dant, n'existe plus, dif-il avec raison, que dans les souveiiirs de l'iiistoire.
Ces motifs sont que la Lorraine « constitue une région bien eirconsciite,
bien naturelle, soit qu'on la considère au point de vue géographique ou po-
litique, soit qu'on l'envisage sous les rapports ethnologique, géologique
et botanique. » Il indique ensuite les variations que présente ce piiys([uant
à la nature de son sol, variations dont les conséquences relativement aux
plantes sont si mar(|uées, qu'elle possède une végétation alpine dans les ter-
rains primitifs, jui'assique dans la formation oolithique, marine dans les
terrains salifères, et qu'elle présente, en outre, les productions végétales
particulières aux terrains de sédiment quartzeux et argilo-calcaires.
M. Godron fait aussi connaitre l'esprit selon lequel il a résolu diverses
questions importantes au sujet desquelles les botanistes de notre époque ne
sont pas entièrement d'accord. Quant à la manière d'envisager l'espèce et
d'apprécier les caractères différentiels qu'il faut admettre comme spécifi-
ques, il a cherché à se tenir entre les deux excès dans lesquels tombent trop
souvent les auteurs de nos jours, les uns multipliant les espèces outre me-
sure, les autres tendant, au contraire, à les réunir le plus possible. Pour les
hybrides spontanés, il est convaincu qu'ils sont assez fréquents dans certains
senres, au moins fort rares dans d'autres. Dans la nouvelle édition de sa
Flore il n'a admis que ceux qui lui ont semblé mériter incontestablement
cette qualification, et il leur a donné des noms formés d'après la nomencla-
ture de Schiede, c'est-à-dire composés de la réunion des dénominations spé-
cifiques du père et de la mère.
Dans la Flore de Lorraine les plantes sont rapportées aux familles natu-
relles qui, à leur tour, sont rattachées à la division suivante.
i)<36 SOCIÉTÉ BOTAMOUK DE FRANCK.
l/ensomble (ic la vi;jçé;;Uion est parlagc conime de coutiiine vn deux
embranchements : les Phanérogames et les Cryptogames. Les Plianéro-
games dicotylédons forment quatre classes : les Dinlypétales (Polypëtales),
les Gamopétales (Monopétales), les Apétales et les Gymnospermes. Les deux
premières de ces classes sont subdivisées chacune en deux ordres d'après le
caractère de l'insertion iiypogyne et périgyne. Quant à la troisième^ elle
forme également deux ordres d'après un caractère d'inllorcscencc, les Apé-
tales non amentacés et 1rs Apétales amentaces. Les Gymnospermes ne com-
pi-enan! que les Conifères ne sont divisés qu'en familles. Les plantes mono-
cotyledoiies forment deux classes, selon que leui' fleui' possètle ou non un
périgone pétaloïde au moins dans son verticille interne : les Coronariées et
les Atelanthées. Les Coronariées sont subdivisées en deux oriires : les super-
ovariées et les inférovariées, tandis que les Atelanthées le sont en trois
ordres : les Hygrobiécs (Potamées, N.iïadées, etc.), les Spadiciflores (Aroï-
dees, Typhacées) et les Olumaeées (('ypéracées et Graminées). Knfin pour
les Cryptogames ^L Godron adopte la division en Acrogèncset Amphigènes
et la subdivision des premières en deux classes : les Filicinées et les Mus-
cinées, les Filicinées étant les seules qu'il ait admises dans son ouvrage
après les Phanérogames.
La Flore (\e M. Godron est écrite entièrement en français. Les caractères
des familles et des genres y sont présentés avec assez de développement.
Les espèces y sont l'objet d'une description complète, dans laquelle l'im-
pression des caractères principaux en italiques a pour but de suppléer à
l'absence des diagnoses. La synonymie est généralement réduite à la cita-
tion de l'auteur dont le nom est adopté. Les variétés sont distinguées avec
soin et caractérisées. Lnfin à l'indication des localités où croissent les plantes
se trouve jointe celle des terrains sur lesquels on les rencontre et, comme
toujours, le siune de la durée, ainsi que l'époque de la floraison.
Pour conduire commodément à la détermination, M. Godron a joint à
chaque famille une clef (iichotomi(|ue (jui anène aux genres, a chaque
^enre une semblable analyse conduisant aux (spèces. En outre, a la fin du
deuxième volume se trou\e une table analyti(|ue au moyen de laquelle on
arrive successiven)ent aux embranchements, aux divisions, aux classes, aux
ordres et aux familles; a côte du nom de celles-ci sont résumés succincte-
ment leurs caractères distinclifs.
[]ue table générale alphabeti(|ue des familles, des genres, des espèces et
des synonymes termine le second volume et l'ouvrage.
l<'luK*;i ItaEiaii», oM^ia «lescrizioiie dclle piaiitc clie iias-
coito Kalvatielio «» kï smiii» iii!^alva(i('liife iit Kalia e
iiellc i.solc ad eniva adjacciiti {Flore italienne, ou Descri/idon
des //lonfes qui ennssent s/jontanéini'nt ou gui se sont naturalisées en Italie
RKVUR 1MHL10GII\I>I11Q11R. 957
et dans les îles adjacentes) \ par M. Pliil. Pailaldie. Vol. Il, 2"= partie,
in-8, pp. 221-638. Florence, 1857. Cliez Le Moiinier.
Le deuxième volume de la Flore italienne de M. Parlatoie vient d'être
complète par la publication desaseeoudo partie, ^ous rappellerons que le
premier volume de cet important ouvrage porte au titr(î la date de 18^8
(sur la couverture 1850), et dès lors date maintenant de dix ans; (juMI est
entièrement consacré aux Graminées, représentées par 351 espèces rangées
dans 103 genres; que la première partie du second volume a été publiée
en 1852, et qu'elle renferme l'histoire des Cypéracées, dont les espèces
sont au nombre de 161 et les genres au nombre de \h. La dernière partie
de ce second volume, près de deux lois plus étendue que la première, a
paru vers la lin de 1857. Elle continue la série des Monocotylédons, dont
six familles y ont trouvé place. Ces familles sont celles des Aracées et Ty-
phacées, celle des Palmieii;, celles des Joncacées, .Aphyllantlues et Li-
liacées. Toutes ensemble sont représentées dans la Flore italienne par
kl genres et 222 espèces.
Tous les lecteurs de ce Bulletin savent déjà (luel vaste plan M. Parla-
tore a tracé pour sa Flore; nous n'aurons donc que fort peu de chose à dire
à cet égard. Nous exprimerons seulement le regret (jue, par cela même
que ce plan est vaste et surtout ([u'il comprend une synonymie tiès étendue,
il exige un long espace de temps pour sa mise a exécution. Sans doute le
savant auteur est aujourd'hui dans toute la force de l'âge et du talent, et
nous espérons pour lui une longue suite d'années qui seront parfaitement
utilisées pour la science; mais s'il lui a fallu plus de dix ans pour éwire
l'histoire de 8 familles comprenant 73^ espèces, il est fort a ciaindre que
le temps ne lui manque pour mener a bonne (ui cette œuvre considérable
qui , terminée , serait un véritable monument eleve à la botanique
italienne.
i\L Parlatore apporte un soin tout particulier a l'exposé des caractères
des familles et des genres qui, comme les diagnoses des espèces, sont pré-
sentés en latin, tandis que tout le reste de l'ouviage est éerit en italien. Il
fait suivre les caractères des familles d'observations générales, de détails
circonstanciés sur !e port des plantes qui appartiennent a ces groupes, de
considérations géographiques , de l'indication des espèces cultivées et de
leurs usages; car, évitant l'usage regrettable, selon naus, des floristes qui
croient en général devoir ne porter leur attention ([ue sai- les plantes spon-
tanées, il a cru que sou travail ne perdrait pas de son intérêt s'il indiquait
les espèces cultivées en grand qui contribuent plus puissamment que toutes
les autres ta donner au pays son aspect général. !);• même, après avoir déve-
loppé les caractères des genres, il ajoute un para-iapîic particulier pour le
port et un second pour des observations diverses.
9(38 SOCIÉTÉ DOTAMQLii m: l r.VNCIi.
Nous donnerons le relevé des espèces qui figurent dans cet, ouvrage
comme nouvelles, soit qu'elles aient en réalité le mérite de la nouveauté,
soit (ju'elles aient reçu seulement de M. Parlatore un nom différent de celui
sous lequel elles étaient déjà connues. Ce relevé présente un intérêt parti-
culier pour les botanistes français, quelf}ues-unes des plantes dont il don-
nera l'indication se trouvant uni(|ueinent ou principalement en Coise. Nous
ferons observer (|u'il aurait été sensiblement plus long si l'auteur n'avait
déjà publié plusieurs de ces nouveautés dans un écrit assez récent sur de
nouveaux genres et de nouvelles espèces de Monocotylédons.
Juncace.î:. — Luzula italica (L. spicata minor? Moris, ^^jrs.). Juncus
Tommasinii (J. aeutus? Tommas., Exs., non L); .1. Gussonii (.!. acutiflo-
rus var. a Guss. non Ehrh.); J. Requienii (.luneus.... Req., Exs., Corse);
J. Sorrentinii (J. pygmseus Req., £'xs.), Corse et Sicile. — Liliace.ï;. —
Fritillaria Orsiniana (Fr. Melengris Ten., FI. nap.; Fr. montana Bertol.,
FI. ikd.); Fr. neulecfa (Fr. messanensis Rchbc, le, ex parte). Ornithoga-
Jum Kocbii (Orn. collinum Koch, Si/n.) ; Orn. etruscum. Scilla Clusii
(Seilla peruviana L.). Leopoldia (uenre établi par M. Parlatore dans sa
Flore de Palerme) Calandriniana (Hyacintbus romanus Calandr., Exs.);
L. Cupaniana (Muscari Cupanianum Gerb. et Tarant.); L. Gussonii (Mus-
cari maritimum Guss. Allium Savii (Ail. paniculatum Savi, Exs.). Aspbo-
delus Morisianus (Asph. lamosus Moris, Exs.); Aspb. affinis ; Asph.
macrocarpus (Aspli. albus Seb. et Maur.? Gr. et Godr. , FI. de Fr.?).
Afideiitl», eiufisdatla ad Flornin ItaiealciiKi-flaliuricani,
auctore iS'. Turczaninow. [Bull, de la Soc. des naturalistes de Moscou,
18J7, n" 1, suppl. pp. i-i>xi.)
Nous nous contenterons de signaler aux lecteurs du Bulletin la publica-
tion de ce travail complémentaire et rectificatif de la Flore déjà publiée, il
y a quelques années, dans le même recueil, par M. Turczaninow. Il est
inutile de dire que ce supplément n'est pas le moins du monde suscepiible
d'être analysé.
Nynilioliv ad s:»iiop!i(in se»»**«'«« liCpisoMoi'um. Oissertatio aca-
, demica, quam venia ampl. facult. pbilosopb. pro gradu pbilosophico pu-
blieoexamini submitlitNic. Conrad. Kindberg. (Brocb. in-8 de 16 pages.
IJpsal, 1856.)
Le genre Lepigonum Fries comprend les A^^enaria à stipules de Linné,
c'est-à-dire la section Spergularia, admise par Persoon dans le genre Are-
nuria, ou les Stipularia d'Hawortb, S/,ei(pdnria et Balardia de Cambes-
sedes(/'7. Bras, merid., H). M. Kindberg en donne un synopsis monogra-
pbique dans lequel il admet vingt et une espèces comme bien connues e
iJKvi !■: i{iui,i()(;i!\i'iiioi i;. î'o'.'
douze autios t'ootine trop inipat-railciiieiit coiiniies de lui pour otrc classées.
Voici l'iiidicalion de ces espèces rapportées aux divisions établies par
l'auteur, c'esl-à-dire le tableau du ii;eure.
Lepigoniim. — Sect. I. Ciuiles teueri filiformes. Pedunculi floriferi elon-
{lati capillares. Inflorescentia paniculaîformis diehotoma. Sepala scariosa
nervodorsalielevato prœdita. — 1. L. segetale (L.) Koch ; Kur. moyerme
et mérid.
Sect. II. Gaules crassiores. Pedunculi floriferi brevissimi fere nulli. Inflo-
rescentia cyniiformis, adeo contracta, ut quasi glomerulos multilloros con-
stituât. Sepala berbacea niargine scarosia, enervia. — 2. 1- floribundum
(Naudin); Cbili.
.S'(?C'^ //y. Gaules ut in sect. pra^.ced. Pedunculi floriferi elongati filiformes.
Inflor. pauiculala dicbotoma. Sepala berbacea margine scariosa, enervia
V. rarissime nervo brevi prœdila. Semina tuberculata, rarius alata.
A. Stirps Lep. rubri. Radix annua.
3. L. rubrum (L) Fries ; Europe, k. L. sperguloides (l.ebm.) Fiscb. et
iMey.; Egypte. 5. L. neglectum n. sp.; France et Tburinge. 6. L. dian-
drum (Guss.) Fries; Sicile, Algérie, péninsule ibérique. 7. L saisugineum
(Bunge) Fiscb et Mey; Egypte, Arabie, Marseille.
13. Stirps Lep. rupestris. Radix perennis.
8. L. rupestre (Lcbel) ; France, Mancbe. 9. L. tasmanicum. n. sp.-,
Tasmanie. 10. L. azoricum n. sp.; ile Saint-Michel des Açores. 1^. L. ca-
pense (Schrad.) Fiscb. et Mey.; cap de Bonne-Espér. 12. L. radicaus
(Guss.) ; Sicile; Suède.
Sect. IV. Gaules, inflorescentia, pedunculi et sepala ut in sect. preec,
semina Igevia sœpius alato.
A. Stirps Lep. salini. Radix annua.
13. L. salinum (Presl) Fries; Europe, surtout Scandinavie, Afrique N.
\h. L. mollugineum (Lagasca) Mexique. 15. L. depauperatum (Naud.);
Chili.
B. Stirps Lep. marini. Radix perennis.
16. L. marinum Wahiberg; Europe, Afrique, Montevideo, Tasmanie.
17. L. macrorhlzum (Req.) Corse. 18. L. arenarium n. sp. ; Cbili.
19. L. médium (L.) Fries; Suède, Amer. N., Afrique. 20. L. balopbilum
(Bunge) Fiscb. et IMey.; Songarie, Altaï. 21. L. macrotbecum Fiscb. et
Mey. ; patrie?
Zwei neue Cycadccii , «lie îm Botanlselicn Gavteii «a
Peter.«liur# kwltîvîrt werticn, uebst Beltraescn «ur
Kenutiiiss ilicscr Familic [Deux nouvelles Cycadées cultivées
dans le Jardin botanique de Pétersbourg, avec des notes sur la famille) ;
par M. E. Regel [Bull, delà Soc. impér. des natural. de Moscou,
970 SOCIÉTÉ BOTAMQLE DE FRANCE.
année 1857, ii° 1, pp. 163-191; avec 2 (ig. intercalées dans le texte et
deux planches lithog. in-8; Moscou, 1857).
Ce mémoire de M. Regel est divisé en quatre paragraphes relatifs : 1" à
la place que doit occuper la famille des Cycadées dans la méthode natu-
rellcj 2" à la distribution géographiciue, à la culture et à la végétation de
ces végétaux; 3° a leurs oiganes floraux; U" aux genres que comprend
cette famille, ainsi qu'à la description des espèces nouvelles qui se trouvent
dans le Jardin botanique de Pétersbourg.
1. Place des Cycadées dans la méthode naturelle. — De la discussion à
laquelle il se livre dans ce paragraphe, M. Regel tire la conclusion que les
Cycadées, reunies aux Conifères en une seule et même classe, doivent être
placées après les Cryptogames vasculaires et avant les Monocotyiédons,
auxquels elles sont inférieures pour l'organisation.
2. Distribution géographique, culture et végétation des Cycadées. Les
69 espèces de cette fan)iile qu'on connaît aujourd'hui sont toutes propres
aux régions tropicales et subtropicales. On trouve dans l'Asie méridionale
et dans les Iles voisines 10 Cycas. L'Afrique méridionale subtropicale pos-
sède 1 Cycas, 16 Encephalartos, 1 Strangeria. Dans l'Australie croissent
2 Cycas et 2 Macrozamia ; enlin on connaît eu Amérique 8 Ceratozamia,
3 Dioon, 23 Zamia et 1 Lepidozamia. Le reste de ce paragraphe ayant trait
seulement a la culture des Cycadées, ne peut nous occuper ici.
3. Organes floraux des Cycadées. — Four ne pas nous exposer a répéter
des détails que nous avosis cru devoir reproduire dans notre analyse du
mémoire de M. Karsten sur le Zamia inuricata V^iWd., nous nous dispense-
rons de résumer ce paragraphe.
U. Les genres de la famille des Cycadées, avec la description de quel-
ques espèces qui se trouvent dans le Jardin de Pétershoury. — M. lU'gel
donne les caractères de chacun de ces genres, et il ajoute l'indication des
espèces que possède pour chacun d'eux le Jardin de Pétersbourg. —
1. Cycas L. Sur les 11 espèces connues, il en existe 2 a Pétersbourg, les
C. revoluta et circinalis, en forts individus qui fleurissent souvent. —
2. Encephalartos Lehrn. On en connaît 16 espèces, dont 7 sont cultivées a
Pétersbourg. On y admire surtout un pied d'^. caffer ».,ehm. , dont la
tige est haute de 2 mètres, épaisse de 33 cent., et qui, d'après un calcul de
Fischer, serait âge de plus de 500 ans. — 3. Macrozamia Miq. On ne pos-
sède à Pétersbourg que le M. spiralis iMiq. — h. Dioon LindI, Les fleurs
de ce genre sont inconnues ; mais M. Regel dit qu'un pied de />. edule
LindI., la seule espèce qui soit cultivée à Pétersbourg, sur les 3 aujourd'hui
connues, commence, au moment où il écrit, à développer une Inflorescence.
Il en fera l'objet d'un travail spécial.
5. Lepidozamia Regel, n. gen. — (>e nouveau genre a tout à fait le port
\\\<]\VK IMHLUtCKAl'IlIQL'K. 971
d'un Ceratozamia; mais il s'en disUiii^iK! par ses folioles (h'C'iirrentcs dans
le bas et non articulées. Il diffère des Dioon par ses feuilles loii'^nement
pétiolées, retombantes dans leur paitie supérieure, acconipaonées chacune,
à la base, de deux écailles libres, charnues, stipulilonnes. Les mêmes ca-
ractères l'éloi^nent des Cycas et des /ùicephalartns. Il ressemble sous di-
vers rapports au Macrozamia ; mais ses longs pétioles et ses écailles stipu-
laires l'en distinguent nettement. I/auteur ne connaît ni les fleurs ni les
fruits de l'espèce unique pour la(|uelle il forme ce nouveau genre, et a la-
quelle il donne le nom de Le/)i(loza)nia Pcroffsktjmin. Une (igure intercalée
dans le texte représente la plante entière, sans fructification .
6. Ccratozarnia Brong. Sur les 8 espèces de ce genre il en existe 3 au
Jardin botasiique dePetersbourg, les C. niexicana, robusta et une nouvelle
que M. Regel caractérise, ligure, et a laquelle il donne le nom de C. Kûs-
teriana. De nombreux individus en ont été rapportes dn i>]exique par Kar-
winsky. On n'en connaît que l'inflorescence mâle, — 7. Zamia L. Sur les
23 espèces aujourd'hui coiniues, il en existe 7 h Pétersbourg. L'auteur si-
gnale notamment trois variétés du Z . Loddigesii Miq., introduites par
Karwinsky, qu'il distingue par les noms de Z. Loddigesii « genuina,
(3 obtusifolia, yangustifolin. Il déclare la plus belle de toutes ses espèces le
Z. Colocoma Miq., de Cuba. — 8. Strangeria. Le type de ce genre curieux
est le St. paradoxa, espèce découverte récemment à Natal, qui a toute
l'apparence d'une Fougère. Il n'existe pas à Pétersbourg.
BOTANIQUE APPLIQUÉE.
Botanique a§;rîcole et médicale, ou Etude des plantes qui inté-
ressent principalement les vétérinaires et les agriculteurs, accompagnée
de 328 figures intercalées dans le texte et suivie d'une méthode dichoto-
mique ayant pour but de conduire au nom de ces plantes ; par M. H.-J. -
A. Rodet, prof, à l'École impér. vétérinaire de Lyon (1 in-8 de vin et
856 pages; 1857. Paris, chez Labé; Lyon, chezSavy).
Cet ouvrage estparticulièrementdestiné aux élevés des écoles vétérinaires
pour lesquels il n'existait pas, d'après l'auteur, d'ouvrage spécial, et qui
étaient « réduits, pour suivre leur cours de botanique, à se servir de notes
manuscrites prises aux leçons de leur professeur, et le plus souvent incom-
plètes. y> M. Rodet s'est proposé de décrire les espèces soit indigènes, soit
exotiques, qui servent a la nourriture de l'homme et des animaux, ou qui sont
employées en médecine ou dans l'industrie. Il y a joint les espèces spon-
tanées qui n'ont aucune utilité connue, mais qui jouent dans les cultures le
rôle de mauvaises herbes. Tracé de cette manière, le cadre de son livre de-
venait fort étendu; pour le restreindre, sans lui ôter sensiblement de sou
972 SOCit;iÉ BOT.VMQLli DE IHA^iCli.
Utilité, il s'est limité, quant aux espèces spontanées, aux environs des trois
villes de France où il existe aujourd'hui des écoles vétérinaires, Paris,
Lyon et Toulouse. Il s'est occupé aussi des plantes médicinales ou
vénéneuses qui végètent naturellement dans les autres parties de la France,
et des végétaux cultivés dans les cliamps, les prairies, les jardins potagers
ou pharmaceutiques; enfin il a indiqué les espèces d'agrément les plus
répandues.
Le Traité de Botanique agincole et médicale de INI. Rodet forme comme
le complément de ses Leçons de Botanique élémentaire. L'auteur y a suivi
l'ordre des familles adopté par De Candolle. Il expose en détail les caractères
des familles, en accompagnant son texte de figures analytiques gravées sur
bois et intercalées. Il donne ensuite les caractères des genres, et, pour les
espèces, une description succincte, l'époque de la floraison , les noms vul-
gaires , les stations et plus rarement l'habitation, les propriétés et les
usages.
Une clef dichotomique placée à la suite de l'ouvrage a pour objet de faci-
liter aux élèves la détermination des genres. Le volume se termine par
une liste des auteurs cités et par une table alphabétique des matières.
IVotc !«ui* la récolte de la g^oiiiine adragantlie en Asie
llinenre ; par M. Léon Souheiran [Annales de la Société Linnéenne
de Maine-et-Loire, T vol., ISf)?).
La gomme adraganthe, qui provient exclusivement de l'Asie Mineure,
est produite par des Astragalus très voisins de VA. creticus, de la section
Tragacantlm. En raison de la grande ressemblance qui existe entre les
différentes espèces de cette section, il est probable que, pour obtenir cette
substance, les Turcs les exploitent toutes sans distinction. Déjà, en 1553,
Belon avait relevé l'erreur de ceux qui la font provenir de l'ile de Crète.
D'après les renseignements fournis à l'auteur par M. Balansa, quoique
les Astragales à gomme adraganthe abondent sur toutes les hautes mon-
tagnes de l'Asie Mineure, les Turcs des environs de Tarsous ne se livrent
à la récolte de celte substance que sur l'Anti-Taurus ou Ala-Dagh. Vers
la fin de juin ou le commencement de juillet, lors(|ue ces petits arbustes
cessent de végéter et que leurs fruits touchent a leur maturité, les Turcs vont
sur la montagne. Lorsqu'ils rencontrent les Astragales, ils déchaussent le
bas de leur tige, à la base de laquelle ils font avec leur couteau une incision
horizontale assez profonde pour atteindre la moelle; c'est, en effet, uni-
quement dans les parties centrales de cette tige que se trouve la gomme
dont cette ouverture déterminera l'écoulement. Cette matière s'y trouve
dans un état de viscosité telle qu'elle ne sort qu'avec beaucoup de lenteur.
C'est principalement vers le soir qu'on incise les tiges. L'écoulement gom-
meux a toute son activité pendant la nuit, et il s'arrête ou se ralentit au
KEVIIE BlULIOGRAPHIQUE. 973
moins boauooiip pendant, le jour pour recommencer le soir. I.a gomme
adragantlie en plaques présente toujours des lignes proéminentes que les
gens du pays disent corresj)oiidrc a l'écoulement d'une journée. Ils disent
aussi que celle (|ui est sous cette forme est le produit obtenu pendant les
années humides, tandis que celle en ^/(?^s est obtenue pendant les années
sèches.
Quinze jours environ après avoir incisé les Astragales, les Turcs vont de
nouveau sur la montagne pour en enlever la gomme adraganthe. La pro-
duction de cette substance, et probablement aussi l'incision profonde prati-
quée à la tige, fatiguent tellement les plantes qu'il faut, après une récolte,
les laisser reposer pendant au moins deux ou trois ans, avant de les remettre
en exploitation.
MÉLANGES.
lias Bucli «1er Pflanxcii^vclt. Btotaui.«clic Rcisc uni «lie
^Velt [Le livre du monde végétal. Voyage botanique autour du monde;
Essai de botanique cosmique); par M. Cb. Mûller, de Halle. 1" vol.,
in-8 carré de xii et 290 pages , avec 200 fig. intercalées dans le texte,
5 planches et une carte coloriée; 1857. Leipzig, chez Otto Spamer.
L'ouvrage de M. Ch. Millier, de Halle, a pour objet de présenter le
monde végétal au point de vue de l'effet qu'il produit à la surface du globe;
en d'autres termes, de faire connaître les végétaux surtout sous les rap-
ports attachants, pittoresques et ornementaux. Pour arriver à ce résultat,
le savant allemand divise son travail en deux parties : 1° Préparation au
voyage bolani(|ue autour du monde; 2" voyage botanique autour du
monde. La première partie, qui occupe le premier volume, est la seule
publiée jusqu'cà ce jour; c'en est, à proprement parler, la portion théorique,
dans laquelle sont exposées les données générales qui préparent à la
deuxième partie. La manière d'après laquelle procède l'auteur est nettement
indiquée dans le passage suivant de sa courte préface. «Il néglige à peu
près tout ce qui a trait à la plante elle-même^ il ne considère pas la
plante comme plante, comme être séparé de l'ensemble du monde, du
cosmos, mais comme un membre appartenant à cet ensemble. »
Le volume que nous avons sous les yeux est divisé en quatre livres, qui
portent les titres suivants : 1° L'état végétal ; 2° Histoire du monde végétal;
3° Physionomie des végétaux; U° Distribution des plantes.
Le premier livre (pp. 3-9/i) comprend sept chapitres relatifs aux affinités
des plantes , à ce que l'auteur nomme les communautés végétales, c'est-à-
dire aux foréls, aux terres couvertes de Graminées, de Bruyères, de
Mousses, de végétaux herbacés, etc.; aux associations de plantes; aux
rapports des plantes avec le sol -, aux formes des plantes ; aux rnppoits dos
végétaux avec les climats; à la colonisation Vf'gét:iie, c'est-à-dire au peu-
97/i SOCIÉTÉ BOTAMQLE ni: FKANCE.
picmeiit tiraduel de la terre et de ses paiiies. Les figures liisséniinées dans
ce livre lepiésentent des ports de plantes, soit cryptogames, soit phanéro-
games, et deux planches montrent l'aspect d'une forêt de Conifères et d'une
forêt vierge du Brésil.
Le deuxième livre (pp. 95-163) expose l'histoire du règne végétal consi-
dérée aux différentes époques géologiques; il comprend dès lors un tableau
de botanique fossile depuis les premiers temps jusqu'à nos Jours. Après un
chapitre de généralités, M. Mùller y présente, en neuf chapitres, l'évolution
successive du monde végétal pendant les périodes de transition, houillère,
permique, triasique, jurassique, crétacée, tertiaire, diluvienne, enfin pen-
dant la période actuelle. Les figures réunies dans ce livre représentent les
unes des plantes fossiles isolées, les autres des paysages tels qu'on peut les
concevoir aux différentes épocjues géologiques (celles-ci empruntées à
M. Unger), enfin quelques-unes des végétaux actuellement vivants, mais
remarqual)les par leur forme plus ou moins analogue a celle de diverses
espèces fossiles, tels que des Cycadées, le Xanthorrhœa^ le Jubœa
spectobilis.
Le troisième livre (pp. 163-2^i6) a rapport aux formes diverses des vé-
gétaux. Il renferme dix-neuf chapitres, dont les titres indiquent les formes
que distingue l'auteur. Ainsi, après un chapitre de généralités, ou y trouve
décrites, en autant de chapitres distincts, les formes des Palmiers, des
Bananiers, des Orchidées, des Liliacees, des Aroïdes, des Graminées, des
P'ougères, des Mousses, des Lichens, des Champignons, des Conifères, des
Saules, des plantes à feuilles divisées, des Bruyères, des Cactées, des
plantes a corolle labiée, des Lianes. Un derniei- chapitre est relatif a plu-
sieurs arbres géants. Uu grand nombre de figures de ports de plantes aident
beaucoup à l'intelligence de ce livre.
Le quatrième livre (pp. 2/i7-290) lenferme un résumé de géographie bo-
tanique. Les quatre chapitres qu'il comprend ont pour sujet les régions
végétales, les zones végétales, les lignes de végétation , enfin les rapports
du monde végétal avec le monde animal. Quelques figures de plantes et un
petit nombre de paysages sont joints au texte de ce livre,
La petite carte coloriée qui termine l'ouvrage est une mappemonde
d'après la projection de Mercator, sur la(juelle sont tracées les lignes iso-
thermes et les régions botaniques distinguées par des teintes différentes.
NOUVELLES.
Dans le dernier cahier arrivé a Paris du Bulletin de lu Société impériale
des naturalistes de Moscou{\^bl, n° 1, pp. 296-300), l\j. Selsky donne des
détails intéressants sur l'exploration que M. iiadde a faite de la Sibérie
orientale, au point de vue surtout de l'histoire naturelle, en 1855 et 1856.
Le voyage de ]M. Radde commença, en 1855, par ia visite du bassin du lac
UliVCK HIBLlOGli.VI'IIIQlJK. 975
Baïkal. En 1850, lo savant voyageur explora la Dahonrie de Nertschiiisk,
parliculii'rement la partie méridionale de cette contrée, iiiii forme une
steppe, depuis la eliaine des monts de Jablony, en longeant la frontière de
la Chine, jusqu'aux usines de Nertseliinsk. Cette exploration dura onze
mois. M. Kadde poussa en même temps une reconnaissance zoologique et
botanique sur les hauteurs du Petit Gentey Tchokondo; ensuite il par-
courut la steppe d'Abagaitouy et le lac de Torey, qui s'y trouve, ainsi
qu'une partie de l'Argouu, aux environs du lac de Dalai-Nor, sur les li-
mites mêmes de l'empire de Russie.
Dans la contrée qui environne l'Alpe de Tchokondo, dit M. Selsky,
M. Radde a rennarqué (jue, sur cette étendue, le règne végétal présente six
régions, dont chacune possède un caractère particulier. Elles sont disposées
sur les pentes des montagnes en forme de terrasses , depuis la vallée
d'Altan jusqu'à Tchokondo. De toutes ces terrasses, dont M. Radde a fait
une étude très attentive, la plus intéressante est la région alpine de Tcho-
kondo. Il y a trouvé plusieurs plantes rares dont voici les plus remar-
quables : Oxygraphis ylacialis, Dracûcephalu77i grandi florum, Callitri-
chium rutœfolium, Pedicalaris euphrasioides, P. lapponica, P. amœna,
P. versicolor, Claytonia nrctica, Campanula silenifolia, Saiix berberi-
folia, etc.
M. Radde ne s'est pas contenté de faire dans ces contrées de belles col-
lections de plantes et d'animaux • il en a tracé, en outre, des cartes bota-
niques et zoologiques, qui montrent nettement les limites géographiques de
l'extension lies différentes espèces de plantes et d'animaux qui se trouvent
dans la Dahourie de INertschiiisk.
— L'Académie impériale des sciences, inscriptions et belles-lettres de
Toulouse avait mis au concours pour sujet d'un prix à décerner en 1857 la
question suivante : « Faire connaître, à l'aide de bonnes descriptions et de
figures, les Mousses et les Lichens qui croissent dans un des départements du
bassin sous pyrénéen. » Le prix a été décerné à M. Casimir Roumeguère,
de Toulouse, membre de la Société botanique de France, auteur du seul
mémoire qui ait été présenté au concours. D'après les termes du procès-
verbal imprimé de la séance du 7 mai 1857, « la commission a reconnu
que le travail présenté avait exige de la part de l'auteur de longues re-
cherches et des études de plusieurs années ; elle a pu se convaincre de la
bonne détermination des espèces et de l'exactitude des descriptions. Aussi
a-t-elle été heureuse de pouvoir proposer à l'Académie : 1° de décernera
l'auteu! de ce beau travail la médaille d'or de 500 fr. ; 2° de lui accorder le
titré de membre correspondant. Ces deux propositions ont été adoptées
successivement et à l'unanimité par la commission spéciale, par le bureau
général et par l'Académie. »
Le rapport sur le mémoire de M. Roumeguère a été fait par M. Clos.
976 SOCIÉTÉ BOTANIQLE DE FRANCE.
Nous en lepi-oduirons le passage suivant : « I']n denKuuiant à la fois aux
concurrents des descriptions et des figures des Mousses et des Lichens,
l'Académie voulait élargir, le plus possible , le cadre de la question et en
faciliter la solution. On peut dire qu'elle a reçu plus qu'elle ne demandait;
car l'auteur du mémoire, tout en satisfaisant aux termes du programme, a
joint à son envoi une collection des objets eux-mêmes, décrits et figurés,
contenus dans cinq grands cartons, et ([u'il laisse à la disposition de
l'Académie. »
BIBLIOGRAPHIE.
l<otaiii»>elftc Zeitiiug:.
Articles originaux publiés en 1857 (suite).
Philippi {B.-A.). — Bemerkungen ûbcr die Cbileni^chen Myrtaceen (Re-
marques sur les Myrtacéesdu Cbili) ; n° 23, 12 juin, col. 393-/j01.
/.((sc/i {]i\). — Die Eichenformen der maerkischen Waelder, bauptsae-
cblich der um Diiesen (Les formes des Chênes des foiêts de la Marche,
principalement de celles des environs de Driesen)^ n" 25, 19 juin, col.
UÙ9-li20.
Sanio [Charles). — Kurze Notiz ûber formlose Staerke (Courte notice sur
la fécule amorphe) ; Ibid., col. /i20-/i23.
Llanos {A., de Manille). — Zarcoa, novum genus Sterculiacearum. Ibid.,
col. /i23.
lrmisch[Thilo.). ~ Ueber die Keimung und die Erneuerungsweiso von
Convolvulus sepinm und C. aruensis, u.-s.-w. (Sur la germination et le
mode de renouvellement du Coiwolvulus sepium et du C. arcensis, ainsi
que sur les bourgeons adventifs hypocotylés dans les plantes phanéro-
games herbacées) ; n'' 26, 27, 28 et 29, 26 juin, 3-IU-17 juillet, col.
/i33-/r^3, /i/)9-/i62, kG5-lilli, Zi89-/i97, pi. VIÏL
Milde [J.]. — Kuropa's Gefaess-Kryptogamen zusammengestellt (Tableau
des Cryptogames vasculaires de l'Europt') ; n" 28, 10 juillet, col. klh-
1x19.
Schenk. — Ueber formlose Staerke (Sur la fécule amorphe) ; n° 29, 17 juil-
let, col. 1x91-1x99.
Lasch [W.). — Aufzaehiung (Wx in der Provinz Brandonburg, bcsonders in
der Gegendum Driesen, wildwachsendon Bastard-Pfianzen (Lnume-
ration des plantes hybrides sauvages de la province de Brandebourg, par-
ticulièrement des environs de Driesen, avec do courtes notes pour faire
reconnaître ces végétaux); n° 30, 2^ juillil, col. 505-517.
Puris. — Imiipimcii.' ilu !.. Martinkt, i ,ic Mignon, 2.
SOCIÉTÉ BOTANIQUE
DE FRANCE.
SÉANCE DU li DÉCEMBRE 1857.
PRÉSIDENCE DE M. MOQUIN-TANDON.
M. Ducliartre, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la
séance du 27 novembre, dont la rédaction est adoptée.
Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le
Président proclame l'admission de :
MM. BoucHEMAN (Eugène de), rue Saint-Médéric, 18, à Versailles,
présenté par MM. G. Thuret et de Schœnefeld.
MoRis (J.-H.), sénateur, professeur de botanique à l'Univer-
sité de Turin (Piémont), présenté par MM. Parlatore et
J. Gav.
Van den Bosch (le docteur R.-B.), à Goes, en Zélande (Pays-
Bas), présenté par MM. J. Gay et Montagne.
Triana (José), de Bogota (Nouvelle-Grenade), actuellement
à Paris, cité Bergère, 10, présenté par MM. Weddell et
Guillard.
M. le Président annonce en outre une nouvelle présentation.
Doiis faits à la Société:
i" Par M. Decaisne :
Catalogue de la bibliothèque scientifique de MM. de Jussieu.
2° En échange de Bulletin de la Société :
L'Institut, décembre 1857, un numéro.
M. Chatin fait à la Société les communications suivantes :
SUR LES PRÉ1»AP.ATI0N"S D'OVULES DE VAIUSNERIX SPIRALIS MISES SOUS LES YEUX
DE LA SOCIÉTÉ , par M. Ad. CUATIIM.
Conformément à l'engagement que j'ai, en quelque sorte, pris vis-
à-vis de la Société dans la séance du 13 novembre dernier, j'ai l'honneur
T. IV. fi2
978 SOCIÉTÉ BOTAISIQUE DE FRANCE.
de mettre sous ses yeux des ovules de Vallisneria, qui établissent, comme
cliacun pourra s'en assurer, ces deux points contestés par notre savant
confrère M. Caspary, savoir :
1° Que le nucelle est entouré d'une enveloppe ou membrane unique;
2° Que la membrane précédente est formée par une simple assise d'utri-
cules.
Les préparations que je présente sont très simples : elles consistent en
tranches fort minces, les unes transversales, les autres longitudinales, d'o-
vaires de Vallisneria qui se sont conservés au fond d'un bassin de l'Ecole
de pharmacie, adhérents encore, par leur pédicelle rétracté en spirale, aux
plantes qui les ont produits. Les ovules tiennent donc, presque tous, à la
paroi interne de l'ovaire.
Ces ovules n'ayant pas été fécondés (par l'absence de pieds mâles dans le
voisinage des individus femelles)et l'époque de leur formation étant actuelle-
ment fort éloignée, il est résulte de là que la plupart d'entre eux ont subi
un commencement d'altération, consistant en ce que le nucelle s'est flétri et
ramassé vers le fond de la membrane qui l'enveloppe et qui est évidemment
unique.
Il est digne de remarque que la circonstance même qui semblait pouvoir
être défavorable à la conh.tatation de la véritable structure des ovules, savoir
l'état ancien ou avancé de ceux-ci, aide au contiaire à reconnaître cette
structure. On voit nettement, en effet, autour du nucelle coloré et plus ou
moins opaque, une enveloppe qui, elle, n'est aucunement altérée, offre une
transparence parfaite, n'est doublée ni extérieurement ni intérieurement
par une seconde membrane et est certainement composée, ainsi qu'on peut
le voir sur les bords et dans quelques parties divisées par le scalpel, d'une
seule assise d'utricules. Or, comme, des ovules à nucelle profondément al-
téré et tombé au fond de la membrane enveloppante, on passe, par des
transitions insensibles, à quelques autres ovules dans un état de parfaite
conservation, il est facile de se convaincre que la structure de ceux-ci est bien
celle reconnue dans les premiers. Je ne puis donc que conclure, comme je
l'avais fait précédemment, à l'existence, dans \e]'allisneria, d'une membrane
unique composée elle-même d'une seule rangée d'utricules.
SUR L'ANATOMIE DES SANTALAGÉES OU THÉSIACÉES, par M, Ad. t'HATIIV.
L'anatomie des Santalacées, que je viens de faire pour mon Anatomie
comparée des Végétaux (dont elles forment les huitième et neuvième li-
vraisons) montre, comme celle des divers ordres de végétaux (Cuscutacées,
Cassythacées, Orobanchécs, Monotropées, etc.) dont j'ai déjà tr:iité dans
cet ouvrage, que, dans le régne végétal comme dans le règne animal, la
structure interne fournit a la classiiicatiou des caractères sur lesquels
SKANCE DU h DKCKMHHK 1857. 979
celle-ci peut s'oppiiyor avec avantage'. Trop longtemps les botanistes, cle-
niandanl exclusivenienl aux organes lloiaux les moyens de distinguer les
uns des autres les divers groupes de végétaux ou les diverses unités végé-
tales, sont restés en arrière des zoologistes.
Il doit être évident aujourd'hui, pour tout esprit non prévenu , que l'a-
natomie, bien que d'un emploi plus ditTicile en botanique qu'en zoologie,
par la nécessite de n'avancer dans celle-là que presque toujours appuyé sur
le microscope, devra désormais intervenir utilement dans nos diagnoses, je
ne dirai pas de classes ou embranchements, l'illustre De Candolle a résolu
la questii)n par l'établissement de ses Plantes cellulaires et Plantes vaseu-
laires, mais dans celles d'ordres, de genres, d'espèces même. Et c'est surtout
dans la détermination de ces espèces, genres, etc., litigieux et en apparence
insolubles au point de vue de la morphologie seule qu'on sera heureux
de penser que l'anatomie ne sera pas en vain consultée. Non que je pré-
tende qu'elle tranchera toujours les questions laissées insolubles par l'em-
ploi des moyens ou caractères tirés de la Heur : son rôle serait trop grand-,
mais elle interviendra tantôt (et le plus souvent) parallèlement a la morpho-
logie, dont elle contirmera les enseiguemeuls, tantôt avec ce qu'on pourrait
appeler son génie, son individualité, son indépendance propres, pour se
jeter dans l'un des plateaux de la balance que la morphologie seule laissait
en équilibre. Je ne veux aujourd'hui qu'etileurer le sujet dans les Santa-
lacées, en prenant comme exemples quelques genres et espèces de cet
ordre.
\SArjona et le Quinchamalium sont des genres du Chili et de la Pata-
gonie, ejitre lesquels le port de quelques-unes de leurs espèces, i'iuilores-
cence, ihabitat, etc., signalent des at'linités entrevues par M. Ad. Bron-
gniart (1). JNlais l'anatomie, qui par quelques points l'ait toucher les Quin-
chamalium à plusieurs Tliesium (sans indiquer bien entendu un rapproche-
ment complet), éloigne au contraire beaucoup les premiers des Arjona. Or,
en séparant ses données de celles de la morphologie, l'anatomie n'ol'fre-t-elle
pas ici un de ces cas où elle aura, non plus a confirmer ou a étendre, mais
à circonscrire, a modérer les déductions tirées des seuls laits morphologi-
ques? Voici, du reste, les caractères anatomiques du Çt<mcAama/ù<m et de
V Arjona.
Quinchamalium et Arjona. — Racines à axe ligneux non lobé; vaisseaux
épars entre des libres ligneuses épaisses. Tubercules-suçoirs (?) existant sur
les racines; cône vasculaire bien développe... --Feuilles. Épidermes ideu-
(1) M. Ad. Brongniarl a publié {Vorjage de la Coquille) les figures (dessins par
i\l. Decaisue) dv.^ Quinchamalium, mais non le icxle qui devait accompagner
celles-ci. C'est dans une de ses conversations, toujours instructives, que nihistre
professeur du Muséum m'a fait pari de ses aperçus sur les alliuilés morphologiques
du Quinchamalium et de VArjuna.
980 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE,
tiques sur les deux faces, ayant leurs cellules à bords non sinueux et les sto-
mates dirigés en tous sens. Parenchyme homogène ou du moins symétrique,
c'est-à-dire à utricules sensiblement pareilles dans toute sa masse ou au
moins semblables entre elles dans les parties sous-jacentes à l'un et à l'autre
épidermes (1). — Tige. Vrais rayons médullaires nuls. Moelle à utricules
non ponctuées.
Ces divers points communs de l'anatomie du Qtnnchamal ium et de VAr-
jona ont fort peu d'importance, attendu qu'ils se retrouvent dans plusieurs
autres genres de l'ordre, d'ailleurs très distincts aussi les uns des autres.
Quinchamalium seul. — Buse souterraine de la tige. Cellules scléreuses
nulles. Couche perixyle (2) formant toujours un cercle complet autour du
corps ligneux. Trachées vraies (cependant peu ou pas déroulablesj placées
par petits groupes vers la limite interne ou médullaire du système ligneux;
vaisseaux ponctués épars entre les fibres de la masse ligneuse extérieure
aux paquets de trachées ; fibres ligneuses non ponctuées. — 7V^e aérienne.
Cellules scléreuses nulles. Couche périxyle ordinairement brisée. Corps li-
gneux divisé en segments iibro-vasculaires que relie entre eux un tissu
fibreux ou fibro-celluleux qui coupe la couche périxyle entre les segments)
complètement privé de vaisseaux, mais toujours dur ou ligneux; vai.sseaux
ponctués ordinairement rapprochés entre eux derrière les trachées et sou-
vent pressés eu un même groupe avec celles-ci; fibres ligneuses jamais
ponctuées.
Arjona seul. — Tige souterraine. Elle diffère moins encore que dans le
Quinchamalium du reste de la tige. — Tige aérienne. Épiderme à stomates
dirigés en tous sens. Parenchyme cortical remplacé, à sa portion interne ou
voisine du corps ligneux, par un tissu scléreux qui existe toujours sur les
points répondant à l'intervalle laissé entre eux par les paquets fihro-corlicaux,
et qui souvent s'étend autour de ceux-ci qu'il sépare extérieurement du
parencliyme cortical et intérieurement du système ligneux. Fibres corticales
réunies en un nombre déterminé (6 dans VA. piisilla, 10 dans VA. tuberosa)
de paquets alternativement (comme les paquets ligneux auxquels ils cor-
respondent) plus gros et plus petits. Couche périxyle toujours brisée en por-
tions de cercle qui isolent les paquets fibro-corticaux des paquets ligneux,
et que peut doubler (dans l'A. tuberosa) un prolongement de tissu sclé-
reux compris entre elles et les paquets de fibres corticales, mais jamais
(1) Ceci n'est d'ailleurs qu'un cas parliculier do ce rapport, sur lequel j"ai pré-
cédemment appelé rattentiou de la .Société : Quand les deux êpidnmes (d'une
feuille) sont senihlahles l'un a Vautre, le parenchyme est ou Iwmoyène ou symé-
trique. Voyez le Bullclin, t. IV, p. !291.
(2) Ce que je nomme couciie périxyle est la couche du cambium, la couche ou
zone génératrice des aulcur.s.
SÉANCK DU h DKCKMBRK 1857. 981
placé entre la couche péiixyle elle-niènu! et le tissu ligneux (1). Système
ligneux composé de faisceaux ou paquets pairaitenient isolés par des pro-
longements ou sorties du parenchyme médullaire, (jui viennent s'appuyer
au tissu scléreux après avoir isolé aussi les portions de la couche périxyle.
Paquets ligneux privés de trachées vraies et à vaisseaux ponctués épars
entre des libres ligneuses ponctuées.
On voit que, par leurs tiges qui diffèrent quant à la disposition et (juant
à la structure intime de leurs éléments analomiques, le Quinchainalium et
VAi^joria doivent être regardés comme de très bons genres. Je m'empresse
d'ailleurs d'ajouter que, dans la pensée de M. Ad. Brongniart, les rapports
morphologiques entre ces plantes n'allaient pas jusqu'à légitimer leur rap-
prochement en un genre unique.
Le Nanodea [N. mnscosa), petite Thésiacée des marécages du Chili, des
Malouines et du détroit de Magellan, est on ne peut plus caractérisé par son
anatomie. Je trouverais même que la structure de sa tige le sépare trop des
autres genres de l'ordre, si VArJona ne venait diminuer la distance a la-
quelle il se place de la plupart de ces derniers. Sa structure est la suivante.
— lige. Epiderme à deux assises de cellules a bords non sinueux; stomates
nuls ou très rares. Parenchyme cortical non accompagné de cellules sclé-
reuses. Fibres corticales peu nombreuses, solitaires ou formant de très
petits groupes placés entre la couche périxyle et les utricules internes du
parenchyme. Couche périxyle divisée en portions de cercle auxquelles sont
adossés les faisceaux du bois. Système ligneux consistant en 2, 3, U... pa-
quets ou faisceaux, que séparent de larges communications du parenchyme
cortical au parenchyme médullaire et que composent : a, des fibres ligneu-
ses rayées, quadrangulaires et disposées en séries dont les unes, plus com-
primées, représentent des sortes de rayons médullaires ; b, des vaisseaux
ponctués épars et non accompagnés de vraies trachées. Moelle à utricules
ordinairement ponctuées. — Feuilles à épidémies semblables sur les deux
faces avec les stomates nuls (?) et à parenchyme homogène.
Par ses paquets ligneux au nombre de 2, puis de 3, U..., le Nanodea
offre un curieux point de contact avec plusieurs Loranthacées, notamment
avec VArceuthobium ; par l'isolement des faisceaux ligneux et le manque
de trachées vraies dans la tige, il lient à VArjonu; par l'épiderme à une
double assise, par le manque de stomates (2), par le liber presque nul, le
(1) C'est un fait constant que la couche périxyle, qui assez souvent est séparée
des libres corticales ou des éiémenls propres du liber par l'iiilerposiiion de tissus
pareiiciiymateuxoH scléreux, soit adossée au corps ligneux lui-même. C'est la (ixilé
du dernier rapport qui justifie le nom par lequel je désigne cette couche.
('2) Je n'ai pu examiner que des plantes (des voyages de M. Caudichaud) en assez
mauvais état. Il y aura lieu de vérifier sur de meilleurs échantillons le fait de
l'absence de stomates.
982 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCK.
manque de tissu scléreux, la disposition rayonnée et la forme des fibres li-
gneuses, la moelle à utricules ponctuées, et j'ajouterai, par des prolonge-
ments particuliers fort remarquables des utricules internes du parenchyme
cortical autour des faisceaux ligneux qu'ils isolent de la moelle elle-même,
il se distingue entre toutes les Thésiacées.
L^ Spliœrocarya doit-il continuer d'exister à côtédu Pyrularia? M. Alph.
DeCandolle, qui vient de publier dans le Prodromus une remarquable mo-
nographie des Santalacées, le nie, et l'anatomie justifie la fusion des deux
genres.
La Société peut voir, par les exemples que je viens de donner, combien
l'anatomie peut servir à caractériser les genres. Un mot sur son interven-
tion dans la division des genres en sections et dans la distinction des es-
pèces.
Le grand genre Thesium offre, dans ses diverses sections, des différences
anatomiques qui tantôt répondent fort naturellement aux coupes fondées
sur l'habitat et les formes des plantes, tantôt et plus rarement, s'écartent
de celles-ci et mettent par là sur la voie de rapprochements jusque-là à
peine entrevus.
Certaines espèces, dont la juste attribution à tel ou tel genre était un objet
de doute pour de savants botanistes que guidait la seule considération des
caractères floraux, doivent décidément, par l'introduction des données
anatomiques, quitter la place qu'elles occupaient et aller grossir d'autres
genres déjà admis ou devenir les types de genres nouveaux. Ailleurs, c'est
pour la fixation définitive d'espèces en réalité distinctes mais rapprochées
en une seule ; d'autres fois pour la réunion d'espèces d'abord séparées, que
l'anatomie prête son concours.
Le Sphœrocarya leprosn doit-il être éloigné des Py? ula7i'a? M. Alph. De
Candolle le pense; l'anatomie confirme les prévisions de l'illustre botaniste
de Genève.
V Henslowia heterantha est-il bien un Benslowia? M. De Candolle en
doute; l'anatomie, se fondant sur la structure très exceptionnelle des
feuilles, dit non; en même temps (|ue, par des motifs tirés de la grande
ressemblance des tiges "de \'H. heterantha, de VH. umbcllata, etc. , elle
assigne au nouveau genre une place contiguë à celle occupée par les vrais
Henslowia. h IL heterantha a d'ailleurs, comme on sait, l'habitat terrestre
(il est sans doute, malgré l'observation négative de Champion, parasite sur
racines), pendant que les vrais Henslowia sont, comme les Loranthacées,
des parasites épidendres.
Le Santalum myrtifolium est-il spécifiquement distinct du S. album ?
M. De Candolle admet que le premier est une simple variété du second, et
l'anatomie ne produit rien de contraire à une telle opinion.
L'examen des Thesium me permettrait de citer de nombreux faits éta-
SftANCK DU h nÉCEiMBRK 1807. 983
blissaiii l'utilité qu'aura souvent l'auatomic, même pour les simples dé-
terminations spéeifuiues ; mais cette communication est déjà bien longue et
l'occasion ne me manquera pas de revenir sur cette question.
}l. Payer demaiide à M. Chatiii s'il a trouvé de grandes dillererices
de structure entre !a tige du Quinchamallum et celle des autres
Sanlalacées, car il résulte de ses observations que, contrairement à
l'opinion de tous les botanistes qui ont écrit sur les Santalacées,
l'ovaire des Quinchamaiium n'est pas uniloculaire comme dans les
autres genres do la même famille, mais présente trois loges dis-
tinctes comme dans la plupart des Olacinées et notamment comme
dans les Pseudanthe et les Liriosma.
M. Ghatin répond à M. Payer que le Quinchamaiium lui a toujours
paru très caractérisé comme genre parmi les Santalacées. Quant aux
Olacinées, il ne s'est pas encore livré à leur étude.
M. Decaisne dit :
Qu'il ne saurait partager l'opinion de M. Payer relativement à la struc-
ture de l'ovaire des Quinchamaiium, qui ne diffère point sensiblement, à
ses yeux, de celui des Tliesiwn. A la vérité, si l'ovaire de ces plantes pré-
sente inferieurement plusieurs loges formées par de fausses cloisons, on
voit que ces cloisons s'appuient contre la colonne placentaire, qui n'en
reste pas moins indépendante et libre dans le haut de la cavité ovarienne
où cette colonne se termine par trois ou quatre ovules. — M. Decaisne est
aussi d'avis que M. Chatin exagère l'importance des caractères anatomiques
de la structure des tiges, qui ne peuvent servir de base a la délimitation ou
au rapprochement des genres. Il ne lui parait pas nécessaire de faire des
études anatomiques des tissus pour distinguer le Quinchamaliwn de
VAt'jona, qu'on reconnait, dès la première vue, à son port ainsi qu'à ses
fleurs soyeuses, etc. Au surplus, dit-il, il ne voit rien d'extraordinaire h
ce qu'une Araliacée [Helivingia] et un genre voisin des Combrétacées
[Nyssa] s'éloignent anatomiquement des Santalacées parasites.
M. Chatin répond :
Que les faits que vient de mentionner M. Decaisne ne détruisent pas la
valeur des caractères anatomiciues, mais qu'ils leur sont favorables. Il cite,
à l'appui du rapprochement du Quinchamaiium et de V Ai^jona^ l'opinion de
M. Ad. Brongniart. L'anatomie vient confirmer ce rapprochement basé sur
les caractères organographiques. L'analogie signalée par M. Decaisne entre
les Thcsium et les Quinchamaiium est confirmée aussi par les caractères
anatomiques, très peu différents chez ces deux genres, entre lesquels le
93/i SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Thesium inontanum est en quelque sorte intermédiaire au point de vue de
la structure analomique.
M. Payer persiste dans sa manière de voir, qui diffère de celle de
M. Decaisne.
Il a reconnu, dit-il, dans l'ovaire du Quinchamalium chilense, une struc-
ture identique avec celle de l'ovaire de la plupart des Olacinées (c'est-à-dire
un ovaire triloculaire dans les deux tiers inférieurs et uniloculaire dans le tiers
supérieur), et par conséquent totalement différente de celle de l'ovaire des
Thesium, qui est uniloculaire dans toute son étendue et présente dans son
milieu un long placenta central. Ces trois loges de l'ovaire des Quincha-
malium et des Olacinées ne se développent pas, comme le croit M. De-
caisne, postérieurement à la fécondation, mais bien antérieurement, tout à
fait comme dans le Trapa natans, dont M. Payer a décrit l'organogénie
dans son ouvrage intitulé : Organogénie comparée de la fleur. — M. Payer
est d'autant plus sûr de ce qu'il avance qu'il a étudié l'organogénie des
Santalacées il y a seulement huit Jours.
M. Decaisne fait observer ;
Qu'il ne comprend pas qu'on fasse de l'organogénie sur des plantes sè-
ches. Il n'existe effectivement dans les jardins ni Quinchamalium, ni Ola-
cinées, ni Liriosma. Il ajoute qu'il se croit d'autant plus fondé à regarder
les divisions de l'ovaire des Santalacées et des vraies Olacinées comme dues
à de fausses cloisons, qu'on isole facilement et sans rupture le placenta
central et les ovules qui le terminent, ce qui ne pourrait avoir lieu si l'o-
vaire se trouvait partagé en véritables cloisons par les feuilles carpellaires.
M. Duchartrc, secrétaire, donne lecture de la communication sui-
vante, adressée à la Société :
LES VRILLES DES SMILAX NI FOLIOLES NI STIPULES , par M. D. CLOS.
(Toulouse, 28 novembre 1857.)
La Société a déjà entendu plusieurs communications ou discussions sur
la nature des vrilles des Cucurbitacées : un grand pas a été déjà fait vers la
solution de cette question (1).
Mais il est encore une espèce de vrilles sur la signification de laquelle les
(1) A la suite de nombreuses observations, j'ai cru pouvoir considérer la vrille
des Cucurbitacées comme provenant d'un dédoublement latéral de la feuille (voy.
Bull, de la Soc. Bot., t. III, p. 5Zi5). Mais je n'ai jamais avancé, comme me le fait
djre^ involontairement sans doute, M. Lestiboudois {Comptes rend., t. XLV, p. 78,
SÉ.VNCR DU ^l DÉCKMHUK 1857. 985
auteurs soîit loin de s'accorder, et qui cependant mérite à un haut degré
l'attention des morpholofiistes : je veux parler de la vrille des Smilax.
MM. de Molli {Ueberd. liuu and d. Wind. d. Ihniken, p. h\), Lindiey
{Introd. ta Bot., éd. 2, p. 118), Link {Elcm. Phit. but., éd. 2, t. T, p. 478),
Aug. de Saint-Hilaire [Leçons de Bot., p. 170 et85fi), Le Maout [Atlasde
Bot., p. 23) et Duchartre (Art. viuixes du Dict. univ. d'/iist. nat.) admet-
tent que les vrilles des Smilax représentent les deux folioles latérales d'une
feuille composée.
Mirbel, au contraire, considère ces organes comme résultant de la mé-
tamorijlme d'une stipule, et voit en eux des vrilles stipulécnnes [Elém. de
Physiol.etde Bot., 2" partie, p. 680), opinion adoptée par MiM. Treviranus
[Phijsiol. der Gew., II, p. 1 38) et Serinée [Élém. de Bot., 175), par De Can-
dolle [Thêor. élément., y édit., p. 321) et M. Trécul (voy. Ann. se. nat.,
3" sér.. t. XX, p. 295), qui les appellent des vrilles stipulaires, et enfin
tout récemment par M. Lestiboudois, qui les désigne sous le nom de stipules
cirriformes [Comptes rend., t. XLV, p. 79, 20 juillet 1857, et Bull, de la
Soc. Bot., t. IV, p. 7/»5).
De Candolle n'hésite pas à déclarer que les stipules n existent dans au-
cune plante monocotylédone [Organ. véy. , I, 334) et la même opinion est
formellement énoncée par Ach. Richard [Précis de Bot., p. 126). Mais
cette proposition est sans doute trop générale ; car les phytographes signa-
lent des stipules dans les Ruppia et dans les Potàmées ; des gaines stipu-
laires dans plusieurs yiroidées appartenant aux genres Philodendron Schott,
Scindapsus Schott, Anthurium Schott. Quant au genre Pothos, auquel on
assignait aussi des stipules, il n'a, d'après M. Schleiden, que des feuilles
alternativement inégales [Grundz. d. ivissensch. Bot., II, p. 189 en note).
Je ne comprends pas dans cette énumération la ligule des Graminées, au
sujet de laquelle les morphologistes sont loin de s'accorder. Il n'en est pas
moins vrai que la présence de stipules est très rare chez les Monocotyle-
doues, et que, abstraction faite des Graminées (qui ne sauraient fournir un
argument solide) et des Potàmées, il n'est pas une seule famille de cet em-
branchement dans les caractères de laquelle on puisse faire entrer l'exis-
tence de stipules.
Il parait même que la présence de vrilles n'est pas générale à toutes les
espèces du genre5me/fl:r, car , dans la description de ce genre, Kunths'exprime
et Bull, de la Soc. Bot., t. IV, p. 7/i4), que celle vrille fût un organe semblable
à celle du Lathyrus Aphaca h. Loin d'adtaeltre cette comparaison, je la liens pour
fausse, car la vrille de celte Légumiueuse est la feuille normale quant à la
position, mais seulement presque entièremenLréduile à son système tibro vascu-
laire; tandis que la vrille des Cucurbitacées, analogue à la première par ses éléments
anatomiques, en dilTère totalement par la position et par sa nature d'organe
dédoublé.
986 SOCIKTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
ainsi : petiolia. sœpissime supra basitn bicirratis [Verhandl. Akad. Wis-
sensc/i. 211 Berlin, 1848, p. txO\. « Ordinairement, dit Aug. de Saint-Hilaire,
une espèce qui a des stipules à la partie inférieure de sa tige en oflVe dans
toute sa longueur » [loc. cit., p. 186). Les prétendues stipules des Smilax
feraient exception à cette loi, car, dans le .S', aspera L., elles manquent sou-
vent à certaines feuilles que rien de plus ne distingue des autres. Et Labil-
lardière, décrivant le .S. purpurata, s'exprime ainsi : Folia adultiora
bicirrosa cirris jimiorum nonduni evolutis ; la même assertion est
reproduite dans la description qu'il donne du S. orbimlata [Sertum austro-
caied., p. 17 et 18).
Ce sont là, si je ne m'abuse, de graves objections à opposer à ceux qui
voient des stipules dans les vrilles des Smilax.
Y a-t-il plus de raisons pour considérer ces organes comme les deux fo-
lioles d'une feuille composée trifoliolée ? Je ne le crois pas.
On sait combien les feuilles réellement composées sont rares dans l'em-
branchement des Monoeotylédones, auxquelles même Aug. de Saint-
Hilaire les refuse [loc. cit., p. 159 et 182), et la famille des Dioscorées
n'en offre pas d'exemple.
En supposant que les vrilles fussent des folioles, les observations que je
viens de présenter forceraieiit d'admettre qu'une même plante peut offrir à
la fois des feuilles simples (autres que des phyllodes ou des bractées) et
des feuilles composées, organisation dont on ne connaît peut-être pas un
seul cas.
Enfin les vrilles des Smilax ne sont pas articulées à leur base, et on ne
les a jamais vues, que je sache, affecter la forme de stipules ou celle de fo-
lioles.
Par tous ces motifs, je ne puis voir dans ces vrilles ni folioles, ni sti-
pules; et je ne serais pas éloigné de penser que, parmi les botanistes qui les
ont rapportées à l'nne ou à l'autre de ces deux sortes d'organes, tous n'ont
pas eu une entière conviction de la vérité de leur opinion. Elles n'appar-
tiennent pas plus, selon moi, au groupe des organes axiles qu'à celui des
organes appendiculaires. Je les considère comme un double prolongement
latéral des éléments cellulo-vasculaires du pétiole. La présence incontes-
table de trachtes dans ces vrilles, du moins dans celles du Smilax mauri-
tanica Desf., ne me parait pas être un obstacle à cette interprétation. Le
pétiole de cette espèce m'a offert, au-dessous du point d'origine des vrilles,
quinze faisceaux (ibro-vascuiaires disposés en un seul cercle incomplet. Il
est naturel que quel(|ues-uiis d'entre eu.x se prolongent dans les vrilles.
J'oserais presque dire que la nature elle-même s'est plu à faciliter la so-
lution de ce problème de morphologie végétale ; car c'est justement dans les
Monoeotylédones que je puiserai des exemples à l'appui de l'opinion que je
viens d'émettre. On sait que les feuilles ou les phyllodes des espèces appar ■
SÉANCE DU 4 DÉCEMimE 1857. ^87
tenant aux genres Flaqellnrin et Metimnica se tenuiiieiit par une vrille ; et
l'on tiouveraif encore ntieiix, ce me semble, ranalo<;ue de la feuille des
Sniilax dans les filets trlcuspidés du verticille interne de l'androcée chez
plusieurs espèces ù'Allium, telles que A.sativum L., A. Scorodoprasum I..,
A. Porrum L., etc.
Plusieurs morphologistes considèrent la ligule des Graminées comme
formée par un simple prolongement de certains des éléments anatomiques
de la gaine. C'est dire assez qu'à ce point de vue cet organe a son analogue
dans les vrilles des Smilax.
Si mon interprétation des vrilles ùea Smilax est fondée, il s'ensuit 1° que
la distinction admise par M. de iMohI des vrilles en deux groupes, celles
qui résullent de la métamorphose d'une feuille et celles qui sont dues à des
tiges ou à des rameaux transformés (/oc. cîL, p. 39), n'est pas complète.
2° Qu'on ne connaît pas de viaies stipules transformées en vrilles, car
on ne citait guère, comme exemples, que celles des Smilax et desCucurhi-
tacées (1), et que dès lors la division des vrilles stipuléennes (Mirbel), sti-
pulaires (De Candolle) et ceWe des stipules cirriformes (Lestihoudois) doivent
disparaître du cadre de la glossologiejusqu'à ce qu'on ait signalé des vrilles
ou des stipules de cette nature, si tant est qu'il en existe.
3° Que le nom de vrilles pétioléennes [^\\\-ht\) ou pétiolaires (De Can-
dolle, Ach. Ricliard), donné par ces auteurs aux stipules àes Pisum, des
Lathyrus, doit s'appliquer exclusivement aux vrilles des Smilax, vrais
prolongements du pétiole; tandis que les vrilles des Légumineuses, repré-
sentant des folioles ou des feuilles, doivent être appelées, selon les cas,
vrilles foliolaires, vrilles foliaires, folioles ou feuilles cirriformes.
M. Bâillon fait à la Société les oommunica-tions suivantes :
EXAMEN DES GENRES QUI COMPOSENT L'ORDRE DES ANTIDESMÉES, par M. H. BAILLOÎ^.
Depuis Endlicher, on a admis dans l'ordre des Antidesmées les genres :
Antidesma h. , Stilaginella Tul. , Daphniphyllum Bl. , Astylis Wight, Pyre-
nacantha Hook. t\. Adelanthus lùidl. M. Lindley y comprend, outre les An-
tidcsma, les Stilago L. et hs Falconeria Royle. Quelques-uns de ces genres
ont déjà été retirés de cet ordre; les autres méritent, je crois, d'en être
aussi retranchés ; je les passerai successivement en revue.
A, — [.es Antidesma, si nous nous eu rapportons à la caractéristique
qui en a été donnée dans la monographie de M. Tulasne {Ami. se. nat.,
1851, p. 182), ont un calice gamosépale à 3-6 divisions, un disque glaudu-
(1) Les filaments ramifiés en peigne qui accompagnent les feuilles du Trapa ne.
sont, d'après M. Barnéoud [Ann. des se. nat., 3«sér., t. IX, p. 226), ni des sti-
pules, ni des feuilles modifiées, mais bien de véritables racioes.
988 SOCIÉTÉ BOTAÎSIQUE DE PUANCE.
leux à aulaïUde lobes qu'il y a de sépales, lobes alternes avec les divisions
du calice. L'andi-océe est composé d'un nombre d'étamines égal en général
à celui des sépales.
Leurs anthères sont biloculaires et extrorses, superposées aux divisions
du calice; les loges en sont distinctes, réunies au sommet par un connectif
épais et obtus, écartées par leur base et dressées dans l'anthèse. Au centre
de la fleur, se trouve un corps central court et épais.
La fleur femelle a un périantbe à 3-5 divisions, un disque bypogyne
continu, entier ou irrégulièrement denté, l/ovaire uniloculaire contient
deux ovules pendus, collatéraux, coiffés par un coi'ps celluleux émané du
placenta.
Le style cylindrique, très court, s'étale en trois branches simples ou bi-
fides et constitue une sorte d'étoile à 3-6 rayons, dont la face interne est
stigmatique.
Le fruit est charnu ou sec, couronné du style persistant; sa loge unique
est le plus souvent monosperme par avortement et la graine renferme un
embryon aplati au sein d'un albumen charnu abondant.
Un certain nombre de ces caractères appartiennent à toutes les Kuphor-
biacées :
1° Le calice est le même; c'est ce qu'on n'avait pu apprécier jusqu'à
présent. On savait bien que ce calice portait des divisions plus ou moins
profondes, mais on n'avait pu sans doute l'observer assez jeune pour
connaître la préfloraison des sépales, car elle n'est pas mentionnée. Or, elle
est la même que celle de toutes les Kuphorbiacées à loges dispermes. Si le
périanthe est construit sur le type k, comme dans l'A. diandrum Roxb.,
2 sépales sont plus extérieurs et 2 alternes avec eux plus intérieurs. La
préfloraison est donc imbriquée, alternative. Dans une espèce nouvelle
àWntidesma, envoyée au Muséum par M. Remy, et dont la fleur est con-
struite sur le type 5, des échantillons en très bon état de conservation per-
mettent de voir que le calice, dans son jeune âge, est en préfloraison quin-
conciale. Celte préfloraison est donc la même avec le type k que dans les
Prosorus, les Adenocrepis, les Hemicicca, etc., et avec le type 5 que dans
les Flueggea, ]es Secu7'inega, les Phyllanthus, etc., etc., tous genres qui
appartiennent aux Kuphorbiacées dispermes.
2" Il y a dans les Antidesma un disque de 5 glandes, tant dans la fleur
mâle que dans la fleur femelle, ou d'un nombre moindre, car il répond tou-
jours à celui des divisions du calice, mais lorsque ce disque est lobé, ces
lobes répondent à l'intervalle des sépales. Or, dans les Cicca, nous voyons
k glandes alternes avec les h sépales, et dans les, Fli/eggea 5 glandes alternes
avec les divisions du calice. H n'y a donc, sous ce rapport, aucune diffé-
rence entre les Antidesma et les Kuphorbiacées.
3° Dans un Antidesma à fleurs pentamères, on trouve 5 étamines super-
SKANCK DU h DEC KM H UK 1857. 989
posées aux srpalcs. Dans le Theaicoris, qui est le premier genre repré-
senté dans la monographie d'Adr. de Jussieu, il y a aussi 5 étamines su-
perposées aux sépales. De part et d'autre les filets sont libres et leur
insertion est la même. La forme des anthères est aussi tout à fait semhlable.
On ne peut pas regarder comme spéciales aux seules Antidesmées ces an-
thères à 2 loges en forme de sac, pendues à un connectif globuleux, puis
redressées sur celui-ci lors de l'anthèse. Cette forme n'apparait pas seule-
ment dans les Antidesma^ mais on la rencontre dans les Thecacoris^ les
Leptonema, les Mercuriales, etc., toutes plantes euphorbiacées.
Les anthères sont exlrorses dans Y Antidesrna, elles le sont aussi dans les
Flueggea, dans les Fhyllanthus, dans un très grand nombre de genres voi-
sins.
h" Il y a, dans toute la première section des Euphorbiacées dispermes
d'Adr. de Jussieu, un corps central (pistil rudimentaire) que nous retrou-
vons dans les Antidesma.
Fleur femelle. — Le calice ne diffère point de celui de la fleur mâle, il
a la même préfloraison imbriquée. Nous avons vu qu'il existe aussi un
disque hypogyne ; la seule différence consiste dans la structure du pistil.
En effet, les Antidesma sont décrits comme n'ayant qu'une seule loge à
l'ovaire, tandis qu'ils ont un style à 3 branches simples ou doubles. Dans
les Euphorbiacées, au contraire, il y a autant de branches au style qu'il y
a de loges. Ainsi le Macaranga, qui n'a qu'une loge, n'a qu'un style entier,
et le Crotonopsis, qui n'a également qu'une loge, n'a qu'un style. Si ce
style se bifurque ensuite, c'est que, dans tous les genres voisins qui ont,
comme l'on dit, 3 styles, chacun de ceux-ci est plus tard bifurqué. L'étude
organogénique va nous montrer que V Antidesma ne diffère d'une Euplior-
biacée à 3 loges que par un avortement qui a lieu à une époque assez
avancée. Sur la plante recueillie par M. Rem5^ et dont il a été question
tout à l'heure, on peut voir que l'axe de la fleur femelle, se prolongeant
après avoir porté les 5 sépales, produit 3 feuilles carpellaires superposées
aux sépales 1, 2 et 3.
Il en résulte 3 loges, dont chacune contient 2 ovules; puis, lorsque
les loges sont fermées, les 3 feuilles carpellaires se réunissent et constituent
un style unique, puis se séparent de nouveau, de manière à former 3 bran-
ches distinctes qui sont elles-mêmes bifurquées. C'est en ce moment que
la loge antérieure prend rapidement un développement beaucoup plus con-
sidérable que les 2 autres. Celles-ci s'atrophient alors peu à peu, de bas eu
haut, de sorte qu'une seule loge s'étend bientôt jusqu'à la base de l'ovaire
et que le fond des deux autres n'arrive plus jusqu'à cette base. En même
temps, ces dernières sont comprimées par la loge fertile, elles deviennent
étroites et aplaties, et leurs ovules ne se développent pas. Mais cet arrêt
d'accroissement ne s'étend pas jusqu'au sommet des feuilles carpellaires : la
990 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
portion qui constitue les branches du style grandit également dans toutes
les trois, et c'est ainsi que le style étoile de V Antidesma ne surmonte pas
réellement le sommet de l'ovaire à l'état adulte, mais doit se trouver véri-
tablement latéral par rapporta lui.
Quelle est la position des ovules? Us apparaissent à l'angle interne de la
loge, sont collatéraux, et se revêlent de deux enveloppes. Leur nuceile, qui
d'abord se dirige en dehors et en bas, pointe bientôt vers le sommet de la
loge. Le micropyle s'épaissit en un petit bourrelet au niveau de l'exostome,
et bientôt on voit une saillie celluleuse, qui semble devoir être un nouvel
ovule, s'avancer du placenta vers le sommet des micropyles. Ce n'est autre
chose qu'un chapeau de tissu conducteur comme il s'en produit dans toutes
les Euphorbiacées. Bientôt les deux ovules de Y Antidesma, ovules aua-
tropes, suspendus, collatéraux, à raphé intérieur, à micropyle tourné en
haut et en dehors, vont recevoir un petit bouchon émané de ce chapeau qui
va s'enfoncer dans leur micropyle. Or, c'est absolument ce qui arrive dans
les Euphorbiacées dispeimes, qui d'ailleurs ont dans chaque loge le même
noml-re d'ovules, semblablement dirigés et conformés.
L'avortement de 2 loges, voilà donc ce qui distinguera un Antidesma
d'un Flue(jgea. Or, cet avortement est fréquent dans des plantes que tout le
monde s'accorde à considérer comme euphorbiacées. Ainsi les Drypetes ont
tantôt 2 loges, tantôt une seule ; les Hemicyclia n'en ont jamais qu'une.
C'est parce qu'au lieu d'étudier les fleurs femelles de V Antidesma, on n'a
longtemps examiné que de jeunes fruits, qu'on a pu y trouver de grandes
différences avec ce que présentent les liuphorbiacées. Dans les fruits d An-
tidesma, non-seulement on n'a plus qu'une loge, mais encore un des
2 ovules avorte. Je ne parle pas ici de la nature même du péricarpe. Que
l'endocarpe soit lisse ou foveolé, que le mesocarpe soit sec ou charnu, toutes
ces différences se letrouvent dans les Euphoibiacées proprement dites.
Ainsi, il y a un Flueggea xerocarpa et un Flueggea à péricarpe très charnu ;
ainsi l'endocarpe du Drypetes est fovéolé, celui du Securincga ne l'est
pas.
La graine est aussi la même dans les deux ordres. Les enveloppes sont en
même nombre, le périsperme aussi abondant et de même nature, et l'em-
bryon offiela même conformation.
B. — iM. Tulasne a créé le genre Stilaginella pour des Antidesma amé-
ricains dont les anthères, introrses dans le bouton, deviennent extrorses eu
se redressant lors de l'épanouissement des Heurs. En outre, leur ovaire est
biloculaire et leur fruit, qui peut aussi conserver deux loges, a le péricarpe
à demi charnu. Donc ce fruit est le même que celui des Flueggea qui, tels
que \gF. Leucopyrus, ont deux loges et le péricarpe charnu. Quant a la dif-
férence de direction des anthères, elle existe aussi entre des genres très
voisins d'Luphorbiacées dispermcs. Ainsi le Flueggea xerocarpa d'Adr. de
SÉANCE DU h DKCKMHRE 1857. 991
Jiissieu ne diffère du Securinega, dont les 5 anthères sont introrses, que
parce (jne les siennes regardent le côlé extérieur de la fleur.
C. — M. Lindiey a déjà ramené les Putranjiva aux Kupliorbiacées dis-
permes {Veyet. himjd., édit. 2, p. 282). Mais je ne sais pourquoi il les a
placés dans sa section des lUixées. Puisqu'il suit la division proposée par
Adr. de Jussieu, il ne devrait placer dans ce groupe que des plantes dont la
fleur mâle renferme un corps central (pistil rudimentaire). (lomme celte
disposition ne se rencontie pas dans les Putranjiva, il convenait de les
ranger paimi les Phyllanthées. On y trouve en effet un androcée composé
de 2-3 étamines. Les lllets sont dressés, unis à leur base en une colonne
centrale, mais l'un d'eux peut être complètement libre et indépendant. Les
anllières sont biioculaires, extrorses, à débiscence longitudinale. Sauf le
disque, la fleur mâle est donc à peu près celle d'un Phi/llanthus ou d'un
Xylophylla. L'ovaire, dans la fleur femelle, est à trois loges bi-ovulées, mais
dans le fruit on remarque les mêmes phénomènes d'avorlement que dans
\ti Antidesma, les Goug/ua, etc.
1^. — Depuis longtemps, on rapproche les Nageia Gaivtn. des Putranjiva
et les deux genres se suivent dans les changements successifs de position
qu'on leur fait subir. S'il s'agissait uniquement du JS. Putranjiva Roxb. qui,
d'après Wallich, serait son Putranjiva Roxburghii, rien ne serait plus juste
et même l'un des deux genres devrait être entièrement supprimé; mais la
description du genre Nageia^ telle que la donne Gœrtner (I, p. 191 et pi. 39},
avec des fleurs mâles tetrandres et un style a deux branches, ne se rapporte
guère aux Putranjiva^ et tant qu'on n'aura pas examiné la plante même, il
faut complètement laisser ce genre parmi les Incertœ sedis.
E. — Le Pyrenacantha ne peut être rapproché des Antidesma. Il n'y a
entre les deux genres aucune analogie. Quant aux fleurs mâles, les étamines
sont altgrnes avec les divisions du calice et la préfloraison de celles-ci est
valvaire {P. volubilis Hook.). Il y a au centre de la fleur une petite saillie
glanduleuse conique (ovaire rudimentaire). D'après cette description, la
fleur mâle des Pyrenacantha serait une fleur de Buis avec les étamines al-
ternes aux sépales ; j'ajouterai que les ovules sont tournés dans le même
sens que ceux du Buis. M. Thwaites a insisté sur ce fait [Hook. Jou?'n.
1855, p. 209). Le même auteur a montré que le genre Astylis Wight, rap-
porté aux Antidesmées, n'était autre que \ Hernicyclia {lac. cit., p. 270 et
Wight, Icon. 1992).
F. — Le genre Adelanthus n'est pas plus une Antidesmée que le genre
précédent. Ils sont d'ailleurs tous deux si voisins l'un de l'autre que peut-
être ne les conservera-t-on pas comme distincts. Le calice a quatre divisions
valvaires, comme celui du Pyrenacantha; les étamines ont les filets libres,
les anthères biioculaires, introrses; elles sont alternes avec les sépales, en-
core comme dans ies Pyrenacantha ; au centre de la fleur mâle aussi se
992 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
trouve une petite saillie obtuse, chargée ici de poils blanchâtres unciformes.
Quant à la fleur femelle, elle n'a qu'une loge, mais son style étoile a plu-
sieurs branches qui peuvent faire croire à un avorteraent. Les deux ovules
que contient cette loge sont suspendus à peu près à son sommet, mais ils
ont, comme ceux du Pyrenucantha, le micropyle dirigé en haut et du côté
du placenta, tandis que le raphé est extérieur. C'est la direction de l'ovule
des Buis, et, pour compléter la ressemblance, le funicule émet, dans VAde-
lanfhus, un prolongement à lanières étroites et aiguës qui ressemble beau-
coup à un véritable arille. D'où il faut conclure que V Adelanthus n'est ni
une vraie Antidesmée, ni une vraie Euphorbiacée. C'est près des Buxacées
qu'il faut rechercher ses affinités, en même temps que près des Phytocrene
et des Gynocephalium, comme on l'a déjà indiqué (Decaisne, Lindiey,
Thwaites).
G. — Les Dophniphyllum Bl. [Goughia Wight, Gyrandra Wall.) sont
aussi placés parmi les Antidesmées. Leur fleur mâle contient un nombre
variable d'étamines remarquables par leur disposition ombelliforme et la
déhiscence de leurs anthères. Quant à leur fleur femelle, elle n'est connue
jusqu'ici qu'imparfaitement et son étude montre que ce genre ne diffère en
rien des véritables Euphorbiacées. On sait bien que son ovaire, ordinaire-
ment à deux loges et plus rarement à trois, contientdans l'origine autant de
fois deux ovules qu'il y a de loges, mais on n'a pas décrit la conformation
de ces ovules. On n'a pas non plus déterminé la nature d'organes qui se
trouvent en dedans du périanthe, à la base de l'ovaire. Ce sont des lan-
guettes charnues, à sommet aigu, en nombre variable, qui sont superposées
généralement aux divisions du calice. Les uns y verront un disque hypo-
gyne, les autres un androcée rudimentaire. Quant aux ovules, ils sont
pendus et collatéraux 5 leur raphé est tourné en dedans, leur micropyle est
extérieur et supérieur, et ici, comme dans toutes les lùiphorbiacées à loges
bi-ovulées, tandis que le nuceile se prolonge eu un cône qui sort du micro-
pyle, les bords de l'exostome s'épaississent en un bourrelet circulaire qui
n'est autre chose qu'un rudiment de caroncule. Plus tard, des avortements
successifs peuvent bien réduire le nombre des loges et celui des ovules, mais
la graine reproduit tous les caractères de celles de la famille, elle est sus-
pendue et l'embryon foliacé est entouré d'un abondant albumen charnu.
H. — On sait bien que les Falconeria, placés par M. Lindiey parmi
les Antidesmées, ne sauraient appartenir a cet ordre (Tulasne, loc. cit.). A
aucun âge leurs loges ne sont bi-ovulees ; leur pistil est tout à fait celui
d'un Snpium. C'est d'ailleurs peut-être aussi bien au Falconeria Royie
qu'au Saphnn .lacq. qu'on peut rapporter le genre Triadica Lour. Je sais
bien que Loureiro décrit son Triadica comme ayant des chatons nus, mais
RoyIe a lîguré de même son Falconeria, et d'ailleurs Loureiro ajoute qu'où
y voit des tubercules, qu'Adr. de Jussieu suppose avec raison être des brac-
SÉANCE DU h DÉCEMBRE 1857. 993
tées glanduleuses à la base. En réalité les bractées-mères des giomérules
mâles sont munies de grosses glandes latérales elliptiques; mais en outre,
les bractées plus jeunes qui accompagnent les fleurs portent aussi des
glandes; celles-ci se développent beaucoup et rejettent en dehors les fleurs,
qui forment ainsi une sorte de couronne circulaire autour d'un amas de
glandes. D'ailleurs, par tous ses caractères, le Falconeria est un Sapium.
I. — Wallich a donné à Gaudichaud une plante du jardin de Calcutta
qu'il a nommée Gymnobotrys lucida [hei^b. Mus. Par.). Ce n'est autre
chose qu'un Falconeria, et je crois même que c'est le F. insignis, de sorte
que la même espèce aurait été classée par Wallich sous deux noms diffé-
rents, une fois parmi les Euphorbiacées, l'autre fois parmi les Antidesmées.
De ce qui précède, je crois pouvoir tirer les conclusions suivantes :
1" Les genres Antidesma et Stilaginella se placent parmi les Euphor-
biacées, près des genres Flueggea^ Securinega, Drypetes, etc., et l'ordre des
Antidesmées doit être supprimé.
2" Le Falconeria est une Sapiée, à peine distincte des Sapium propre-
ment dits.
3" Le Goughia est une Euphorbiacée à loge bi-ovulée et se place à côté
de quelques autres genres pléiostémonés.
k" Le genre Astylis a été supprimé.
5° Le Putranjim n'est point une Buxacée 5 il doit être rapproché des
Phyllanthus.
6° Le genre Gymnobotrys est synonyme de Falconeria.
7° UAdelanthus n'est ni une Antidesmée, ni une Euphorbiacée.
8° Le genre Pyrmacantha rapporté déjà aux Phytocrénées n'est que fort
peu distinct de X'Adelanthus.
LES SCÉPACÉES DOIVENT-ELLES CONSTITUER UN ORDRE PARTICULIER?
par m.. H. BAILLOIV.
M. Liudley admet dans l'ordre des Scépacées les genres Scepa, LepidoS'
tachys^ Hymenocardia et Forestiera.
Le genre Scepa, qui semble être synonyme de VAporosa Bl., comprend
des' plantes dont les fleurs mâles ont U sépales et 2 étaraines. Celles-ci sont
superposées à deux de ces sépales. C'est absolument ce qu'on observe dans
le genre Hemicicca et dans le genre Palenga ïhw., ce dernier n'a toutefois
que deux sépales. Tous deux appartiennent, sans contestation, aux Eu-
phorbiacées, ainsi que le Scepasma, V Epistyliura, qui ont des fleurs diau-
dres. Quant à la fleur femelle, elle a quatre ou cinq sépales et un ovaire
biloculaire à loges bi-ovulées. Les ovules sont pendus, collatéraux, aua-
tropes, à raphé intérieur, à micropyle dirigé eu haut et en dehors, et les
ovules sont couverts d'un petit chapeau de tissu cellulaire, qui s'avauce du
T. IV. 63
994 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
placenta. Les graines sont pourvues d'un arille et d'un albumen. Il n'y
a donc point de différence entre cette fleur femelle et le fruit, et ceux d'un
Flueggea à ovaire biloculairc, sinon que les Scepa n'ont point de disque
hypogyne; je ne parle point de l'inflorescence araentacée des Scepa^ parce
qu'elle caractérise plus de la moitié des genres des Euphorbiacées.
Je ne crois pas que le genre Lepidostachys doive être séparé des Scepa ;
car il n'y a de différence que le nombre des éfamines indiqué comme étant
de cinq par les caractérisques. Or, le L. parviflora Planch. n'a que 2 éta-
mines et le L. Roxburghii n'a lui-même très souvent que des fleurs dian-
dres. C'est le nombre 2 que je rencontre toujours dans les échantillons de
la collection Hooker et Thomson (n" 167); et, dans ceux de l'herbier de
Wallich, un grand nombre de fleurs sont diandres et d'autres peuvent
présenter un plus grand nombre d'étamines. Il n'y a pas de différence im-
portante pour la fleur femelle, dont l'ovaire est biloculaire, et dont les
ovules, semblables à ceux des Scepa, sont coiffés comme eux d'un chapeau
celluleux.
M. Tulasne a rapporté le Forestiera aux Oléinées. Quant aux Hymeno-
cardia, leur fleur mâle esl tout à fait celle d'un Antidesma, sauf les
glandes; et quant à la fleur femelle, elle a un ovaire à deux loges, et cha-
que loge contient deux ovules qui sont pendus, anatropes, à raphé interne,
à micropyle supérieur et extérieur. Les graines sont également albuminées
et il n'y a de différence que le développement consécutif de la suture dorsale
en une aile membraneuse qui fait du fruit une samare.
Les Scépacées se trouvent donc réduites au seul genre Aporosa Bl., qui
est une véritable Euphorbiacée.
MM. les Secrétaires donnent lecture des communications suivantes,
adressées à la Société :
VINGT-QUATRIÈME NOTICE SUR LES PLANTES CRYPTOGAMES RÉCEMMENT DÉCOUVERTES
EN FRANCE, par M. DES.llAZIÉRES (suite >).
PYRENOMYCETES.
27. AsTEROMA ELEGANS, Rob. ùi Heib. — Desmaz. PL crypt. sér: 2,
n° Û15!
A. caulicola. Fibrillislaxeramosis, brunneis, sinuosis, quandoquc subin-
flatis a centre radiantibus; ramis ultimis brevibus. Pcritheciis ignotis.
— Hab. in caulibus exsiccatis Polygoni Persicariaî. Vere.
Cet Asteroma vient principalement du côté de la tige de la Persicaire
exposé à la lumière et qui a pris une teinte blanchâtre. Ses rosettes sont
(1) Voyez plus haut, page 797, 858 et 911.
SÉANCE DU h DÉCEMBIIE 1857. 995
arrondies ou oblongucs et atteignent jusqu'à 6 et 5 millimètres de diamètre;
elles n'occasionnent aucune altération sur le support et sont plus ou moins
apparentes, suivant la couleur plus ou moins blonde de la tige et suivant
le degré de ténuité des fibrilles. Celles-ci sont distinctes dans toute leur
longueur, divisées eu rameaux de plus en plus courts, sinueuses, comme
tremblées, et, çà et là, comme renflées. Elles sont de couleur noisette, quel-
quefois brunes et même tout à fait noires. Quelquefois les rosettes sont très
nombreuses et alors très petites.
28. AsTEBOMA GRAPHOiDES, Rob. in Herh . — Desmaz. PL crypt. de Fr,
sér. 2, n" ^16!
A. epi- rarius hypophyllum et caulicola. Maculis minutis brunneis vel
nullis. Fibrillis prominulis, intense rufo-bruoneis, ramosis e centro radian-
tibus; ramis divaricatis brevioribus. Peritheciis ignotis. — Hab. in foliis
Steilariae holosteœ. Vere. (Desmaz.)
Cette jolie petite espèce est d'autant plus abondante que les feuilles sont plus
vieilles. Ses rosettes sont très petites et très variables quant à leur forme.
Dans son origine, la rosette n'est représentée que par un très petit trait,
qui émet ensuite deux ou trois rameaux figurant une petite étoile. Ces
rameaux deviennent les divisions principales, qui, à leur tour, donnent
naissance à des rameaux courts et divariqués. Les fibrilles sont parfois peu
apparentes, à cause d'une tache de même couleur qui s'est produite sur le
support 5 mais une forte loupe les fait apercevoir. Les rosettes atteignent
tout au plus un millimètre et demi, mais elles finissent par se confondre
et couvrent quelquefois la feuille d'un dédale inextricable de fibrilles.
29. AsTEBOMA Crbasi, I\ob. in Herh. — Desmaz. PI. crypt. de Fr. sér. 2
n"/il8! '
A. ampbigenum. Maculis sparsis vel approximatis, minutis, rotundatis
6 fibrillis innatis, nigris, ramosis. Ramis dichotomis rectis radiantibus.
Peritheciis non observatis. — Hab. in foliis siccis Cerasi. Hieme.
Cet Asteroma n'est pas rare sur les feuilles du Cerisier commun; on le
trouve plus ordinairement à la face supérieure quand les feuilles sont
épaisses, et à l'inférieure quand elles sont minces. Le diamètre des taches
varie entre un et deux millimètres. Sur les jeunes rosettes, les fibrilles sont
bien apparentes dans toute leur longueur, mais sur celles qui sont plus
développées, elles s'entrecroisent et se confondent de manière que l'oa
n'aperçoit plus à leur centre qu'une croûte ou tache, les rameaux ne pouvant
plus se distinguer que sur les bords.
En adoptant cette espèce, nous ne nous dissimulons pas ses rapports avec
les Asteroma Mespili et Vù^giliœ; on réunira peut-être un jour ces trois
formes sous un seul nom spécifique. Cependant YAsterorua Cerasi nous
996 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
paraît différer des deux autres par ses rameaux plus apparents, noirs,
droits et figurant des rayons qui imitent, en miniature, ceux de certaines
Oscillaires.
30. AsTEROMA iNCOMPTUM, Rob. iii Hcrb. — Desmaz. PL crypt. de Fr.
sér. 2, n"Zil9!
A. maculisgriseo-brunneis, ovatis vel subelongatis. Fibrillis tenerrirais,
ramosissimis, sinuosis, subintricatis, epidermide teetis. Peritheciis paucis,
exilissimis, globosis, subnigris. Ascos non vidl. — Hab. in fructibus siccis
Fraxini. Hieme. (Desmaz.)
On trouve cette espèce sur les deux faces des samares tombées; ses
taches atteignent quelquefois un centimètre de longueur sur une largeur
moitié moindre. Les fibrilles, extrêmement fines et rampant sous l'épi-
derrae, sont très divisées, surtout dans leur moitié supérieure, un peu
confuses à l'état sec, mais bien distinctes quand le support est bumide.
31. AsTEROMA FUGAX, Rob. iii Herb. — Desmaz. PI. crypt. de Fr. sér. 2,
n"^ Zi20!
A. fungicola, fugax. Fibrillis ramosis, paucis, innatis, tenerrimis,
brunneo-griseis a centro radiantibus. Peritheciis ignotis. (Desmaz.)
Cet Asteroma a été trouvé, en été, par M. Roberge, dans les dunes
d'Ouistreham (Calvados), sur de vieux péridiums du Tylostoma brumale,
sur lesquels il forme de très petites rosettes que l'on ne distingue bien
qu'avec une forte loupe. Ces rosettes, par la délicatesse et la beauté des
fibrilles qui les composent lorsqu'elles sont fraîches, ne sont comparables
qu'à celles des Asteroma achœnarum et delicatulmn.
32. Asteroma? PiRi, Rob. in Herb. — Desmaz. PL crypt. de Fr. sér. 2,
n» 421 !
La difficulté que nous éprouvons à bien distinguer, à l'état sec, les
rosettes de cette espèce, nous fait renoncer à la décrire autrement que par
la note dont M. Roberge a jugé nécessaire de l'accompagner en nous
adressant ses échantillons. Voici cette note : « Cette espèce se développe,
en hiver, sur les vieilles feuilles du Poirier; il s'en faut bien qu'elle soit
commune, et il faut une grande attention et une forte loupe pour la distin-
guer sur les taches brunâtres, éparses et rares qui se remarquent sur ces
feuilles; encore ces taches n'offrent-elles bien souvent aucune trace de
['Asteroma. Les rosettes sont peu régulières et ont de un à deux millimètres
de diamètre; les fibrilles qui les composent sont d'un noir un peu luisant,
rameuses, flexueuses, entrecroisées, un peu renflées à leur extrémité, sou-
vent distinctes dans toute leur longueur, mais quelquefois serrées au centre
sKAiscr, m /i Dr.cKMimf', 1857. 997
des rosettes, de manière à formel' comme une croûte noire, continnc. .le n'y
remarque point de spliérules. »
33. Stiomatea Potentill.'E, Fr. Summ. veget.^ p. ^22. — Desmaz. PL
crypt. de Fr. sér. 2, n" S;")?! — fhthidea Potentill"\ Fr. Sijst. mtjc, 2,
p. 563.
St. epi- rarius hypophylla. Peritheciis minutissimis, innato-prominulis,
globosis, nigris, nitidis, iiirtis, nervisequis, seriatis, albofarctis, poroapertis.
Ascis clavatis, grossis; sporidiis 4-5, oblongis subpiriformibus. — Hab. ad
folia viva Potentillaî Anserinaî. Autumno.
La découverte du Stigmatea Potentillœ , faite par M. Bouteille eu
octobre 1854, dans les environs de Magny-en-Vexin (Seine-et-Oise),
assurant désormais à celte espèce sa place dans la llore cryptogamique de
France, nous a permis d'en donner une description complète, en étudiant
plus particulièrement sa fructification. Les thèques claviformes et grosses
ont de 0"'"',04 à 0'""',05 de longueur, et renferment quatre, quelquefois
cinq sporidies presque piriforraes, d'un vert olive pâle, et longues d'environ
Qmm QI5 j^gg périthéciums s'ouvrent par un pore facile à constater lorsqu'ils
sont humectés; ils n'ont pas plus de 0""",15 de grosseur et sont hérissés,
surtout à leur base, de gros poils noirs, droits et roides, de 0'""',025 à
0""",035 de longueur.
•
34. Nectria. Pezîza, var. minor, in pagina antica superna frondis Pelti-
gerœ caninœ, Desmaz. PL crypt. de Fr. sér. 2, n» 371 !
Ce Pyrénomycète ne nous paraît différer du type auquel nous le rappor-
tons qu'en ce qu'il est plus petit dans toutes ses parties. !\L Roberge, qui l'a
trouvé dans les dunes, sous Ouistreham (Calvados), en septembre 1852, n'était
pas éloigné de le réunir, comme nous, au Sphœria Peziza Tode, puisqu'en
nous l'adressant, il dit que « ce petit être a beaucoup d'analogie avec cette
espèce, si ce n'est elle. » Les périthéciums n'ont pas plus d'un quart de
millimètre de diamètre, et leur villosité blanche, presque pulvérulente,
diminue peu à peu et finit par disparaître presque tout à fait. Les theques
sontoctosporeset mesurent environ 0"'"',06; les sporidies ellipsoïdes 0°"",01.
Ces dernières nous ont paru renfermer constamment quatre sporules semi-
opaques ; mais, dans le Nectria Peziza type, leur nombre varie de deu\ à
quatre, et, le plus souvent, on n'en trouve que deux. La variété minor ?,e
trouve quelquefois en société du Nectria Robergei, dont il va être question
ci-après, et du Scatula Wallrothi Tn\.; il ne faut pas la confondre avec
le Sphœria af/ïnis Grev, , qui se développe sur V Ephebe pubescens et qui a
quelque ressemblance avec elle. Celte dernière espèce appartient aussi à
la flore cryptogamique de France, et nous l'avons décrite dans notre
notice xxiii.
998 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
35. Nectria pyrochroa, Desmaz. PL cnjpt. de Fr. sér, 2, n" 372!
N. amphigena , minuta. Peritheciis sparsis, superficialibus, globosis,
membranaceis, mollibus, furfuraceis, rubro-aurautiacis, siccis applanatis
vel concavis. Ostiolo glabro, brunneo, late conico, obtuso. Ascis amplis,
clavato-ventricosis, cito resorptis -, sporidiis octonis? byaliiiis, fusifoi-
mibus, subarcuatis, utrinque obtusiusculis. Sporulis 3. — Hab. in foliis
emortuis Platani. Autumno. (Desmaz.)
Les feuilles de Platane mortes accidentellement, c'est-à-dire, attachées à
des rameaux rompus en pleine végétation, produisent, sur l'une ou l'autre
face, rarement sur les deux à la fois, cette très jolie petite espèce. Ses indi-
vidus sont à peine rapprochés en groupes étalés, presque épars et dispersés
sur des portions considérables du support, auquel ils n'adhèrent que par un
point marqué sur la feuille par une petite impression brune, visible lors-
qu'on les en a détachés. Les périthéciums ont environ un quart de milli-
mètre de grosseur; ils sont couverts de granules furfuracés, et leur couleur,
d'un rouge un peu orangé, quelquefois sale, pâlit par l'humidité. Les thè-
ques ont 0""", 075 à 0""",10 de longueur et leur plus grande épaisseur est de
0""",025. Nous n'avons pu observer leur double membrane, mais il nous a
été possible de remarquer constamment le rapprochement et la disposition
des sporidies, comme si elles avaient encore été contenues par ces mem-
branes qui doivent être résorbées de bonne heure. Les sporidies mesurent
en longueur 0'"'",05 à 0""",06 et en épaisseur 0"'"\0075. Les trois sporules
qu'elles renferment les font paraître comme si elles étaient munies de trois
cloisons bien distinctes. Nous ne saurions mieux comparer les formes de
cette fructification qu'à celles du Sphœria fluvida (Corda, Icon. fung.
tora. IV, fig. 117), avec lequel notre espèce a plus d'un rapport.
36. Nfxtria carnea, Desmaz. PL crypt. de Fr. sér. 2, n" 373 !
N. hypophylla, minutissima. Peritheciis superficialibus, gregariis vel
spnrsis, membranaceis, mollibus, rubello-carneis vel ilavidis, globosis,
subhyalinis, breviter hirsutis, collabescendo concavis. Ostiolo subtilissimo,
glabro, pertuso. Ascis subclavatis, rectis vel arcuatis; sporidiis octonis,
oblongis; sporulis 3-4, subopacis. — Hab. in foliis siccis Caricis et Buxi.
iïlstate.
Cette très petite espèce a été trouvée, par M. Roberge, à la face infé-
rieure des feuilles mortes par accident d'un Carex et du Buis : sur les pre-
mières, elle est assez souvent en compagnie de notre Psilonia Pellicida, et
sur les feuilles du Buis elle est accompagnée de plusieurs autres petits cryp-
togames. Les périthéciums affaissés ressemblent si bien aux cupules d'une
Pézize qu'il faut beaucoup d'attention pour ne pas placer dans ce genre le
petit être dont il est ici question ; ils n'ont pas plus d'un cinquième ou d'un
sixième de millimètre de diamètre, et leur couleur, lorsqu'ils sont frais, est
SÉANCE DU h DÉCKMBRK 1857. 999
d'un rouge de feu, tirant quelquefois sur le jaune, quelquefois sur la couleur
de chair; mais ils pâlissent par la dessiccation, et surtout dans les herbiers
après quelques années. Le duvet dont ils sont hérissés est blanchâtre et
très court. Les thèques ont environ 0""",OZi de longueur et se terminent
quelquefois insensiblement en pointe obtuse. Les sporidies mesurent 0""", 01
de longueur et leur épaisseur est quatre à cinq fois moins considérable.
37. Nectuia Robergei, Mont, et Desmaz. — Dcsmaz. PL crypt. de Fr.
sér. 2, n"374!
N. thallicola, erumpens, minuta. Peritheciis immersis, gregariis, roseis,
ovoideis, mollibus, epidermidestellatim rumpenteapplicatis. Ostiolo crasso,
obtuso, subrubro, nucleo pallide roseo. Ascissubclavatis; sporidiis octonis,
ovoideis, vel ovoideo-oblongis ; sporulis 2, subsemiopacis. — Hab. iu
pagina superna frondis Peltigerœ canina;. Autumno et hieme.
M. Roberge, à qui nous dédions cette espèce nouvelle, en a fait la décou-
verte, eu avril 18^3, sur un vieil Orme, dans le parc 'de Lébisey, puis sur
les dunes, au-dessous de Colleville-sur-mer et d'Ouistreham (Calvados), en
octobre 1852. Elle se développe à la face supérieure du Lichen, rarement à
l'inférieure, et les endroits qu'elle occupe ont pris une teinte blanchâtre,
quelquefois rougeâtre, et sont plus ou moins altérés. Les groupes de péri-
théciums sont d'abord distincts, puis confluents en s'étendant sur une grande
partie du support. Ils sont d'abord nichés sous l'épiderme, tantôt solitaires,
le plus souvent trois ou quatre ensemble, et même davantage. Ils déchirent
l'épiderme en étoile, et les trois ou quatre lanières triangulaires et blanches
qu'ils y produisent, restent appliquées. Le diamètre de ces périthéciums est
d'un cinquième à un quart de millimètre ; quand ils sont humides, on di-
rait de petites gouttelettes de sang. Les thèques ont 0""", 08 de longueur; les
sporidies 0""",01 et quelquefois plus.
Il ne faut pas confondre cette espèce avec le Nectria affinis [Sphœria,
Grev.), qui vient sur VEphebe jmbescens; il y a entre ces deux cryptogames
cette différence essentielle que le nôtre se développe dans le thalle dont il
perce l'épiderme pour paraître au dehors, tandis que l'espèce de l'auteur
écossais est superficielle et est entourée à la base d'une villosité blanche. Sa
fructification, du reste, est tout à fait différeiite et pourrait donner lieu à
l'établissement d'un genre nouveau (Voy. la description que nous en avons
donnée dans notre notice xxiii).
{La fin à la prochaine séance.)
NOTE SUR LE CH.ETOMIVM CHARTARUM Ehrenb., par W. Louis de BROIVUEAU.
(Reignac près Agen , 28 novembre 1857.)
Les espèces du genre Chœtomium Kunze, fort difficiles à caractériser
d'une manière précise, paraissent se confondre dans un même type, dont
1000 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
les modifications seraient dues à des circonstances locales ; ce type est le
Conoplea atra Pers. [Chœtoiniuin atrum Link.).
Me bornant au Chœtomium chartarum seul, j'ai observé que le degré de
putréfaction qu'a subi le papier sur lequel il se développe, fait varier sa
forme, sa grandeur et la quantité de filaments qui recouvrent son peridium ;
sur le papier presque sain, seulement humide, sa taille est fort exiguë, les
filaments fort rares, tandis que sur les basanes et les cartons putréfiés
qui recouvrent les livres très humides, où il se développe abondamment,
il prend plus d'accroissement, et parait se confondre avec le Chœtomium
atrum. Quant aux sporules, il y a peu de différence entre les deux espèces.
Je n'insisterai pas davantage sur les circonstances qui peuvent modifier
la forme des espèces de Chœtomium, le but principal de ma note étant de
montrer une erreur qui me semble avoir été commise par M. Ehrenberg.
Cet illustre savant admet au nombre des caractères distinctifs de son Chœ-
tomium chartarum, la tache jaune qui entoure les peridium ; j'ai observé
avec soin cette tache, et voici le résultat de mon expérience.
Ayant répandu sur du gros papier gris d'enveloppe, placé dans une boite
close, entre des couches de mousse humide, des sporules de Chœtomium atrum
Link. [Conoplea atra Pers.), il s'est bientôt formé sur le papier des taches
jaunes, sur lesquelles ont apparu plus tard des peridium semblables à ceux
qui m'avaient fourni les spores.
J'ai voulu ensuite bien connaître la nature de ces taches; sur le papier
encore peu détérioré, elles paraissent comme une simple altération de la
couleur grise ; à mesure que la putréfaction s'accroît, ces taches s'épaissis-
sent et deviennent tomenteuses et pulvérulentes.
Alors, en maintenant la plante en observation dans les conditions éminem-
ment favorables à la végétation byssoïde, savoir : humidité, manque de
lumière et d'air, j'ai obtenu le maximum de développement ; les taches se
sont couvertes de longs filaments entrecroisés, noueux, articulés; puis ces
flocons se sont condensés, et le centre des touffes, devenu plus compacte,
s'est rempli de nombreuses sporules rondes.
On reconnaît ici la végétation des Sporotrichum ; en effet, en comparant
les taches pulvérulentes, byssoïdes, jaunes, avec les échantillons de Tricho-
derma flavum que je dois à l'obligeance de feu mon ami, l'illustre myco-
logue Persoon, j'ai reconnu une identité parfaite; or Greville a regardé la
plante de Persoon comme un Sporotrichum (Pers. in litteris).
D'après ces observations, je crois devoir conclure que les taches jaunes
qui entourent les peridium du Chetomium chartarum Ehrenb. ne peuvent
être considérées comme une sorte de thallus propre à la plante, et qu'elles
appartiennent réellement plutôt à un Sporotrichum qu'à un Trichoderma.
D'ailleurs, les taches manquent souvent à l'égard du Chœtomium gelati-
nosum Ehrenb. Je dirai que tous les Chœtomium que j'ai observés dans
SÉANCE DU II DKCRMHRi: 1857. 1001
leur premiei" développement m'ont paru d'une substance transparente, gé-
latineuse, de couleur d'abord grise, puis noire; ceci semble confirmer les
doutes du célèbre Fries sur la validité de l'espèce d'Ehrenberg.
RECHERCHES SUR QUELQUES PLANTES ALIMENTAIRES DE TAHITI (Iles delà Soeiëlé),
par ra. Jules LÉPII^E.
(Pondichéry, mai 1857.)
Pendant un séjourdequelquesannéesdansl'ilede Tahiti, j'ai étudié laflore
de ce pays et me suis livré à quelques recherches sur les plantes employées
à l'alimentation des naturels ; ce travail, fait sur les lieux en 1847, n'a pas
été publié par suite d'une absence assez longue de France, et si aujourd'hui
je viens en soumettre quelques extraits à l'appréciation de la Société, c'est
qu'il m'a paru utile, en présence "de la rareté des substances alimentaires
en Europe, d'appeler l'attention sur des plantes dont plusieurs sont sus-
ceptibles d'être naturalisées, surtout dans l'Algérie et dans nos colonies des
Antilles.
I. Artocarpus incisa L. var. Maohi N. (nom tahitien Maïoré). — L'Arbre
à pain est un grand arbre indigène à Tahiti et dans presque tous les archi-
pels de la Polynésie; on le trouve aux Moluques, aux îles de la Sonde,
dans la Malaisieoù les Malais le nomment Rima; il a été introduit à Mada-
gascar, aux iles Maurice et de la Réunion, dans les Antilles, et partout il
s'est naturalisé. A Tahiti, 11 vient naturellement dans un terrain argileux
et profond, à peu de distance de la mer et dans les vallées; il ne s'élève
pas sensiblement, et c'est à peine si| l'on en rencontre quelques pieds dans
les gorges des montagnes à 3-600 mètres. Le bois est peu coloré, à tissu
lâche et un peu spongieux, il est employé dans la construction des maisons
et des pirogues; l'écorce est fibreuse, et, dans quelques iles, elle sert à fabri>
quer des étoffes grossières. Le fruit, nommé ourou, se mange cuit; pris
avant sa maturité, il est très féculent; lorsqu'il est mûr, il acquiert un goût
acide et sucré. Pour le conserver, on l'enterre dans des fosses où on le fait
fermenter. Cet aliment porte le nom de tioho. On fait deux récoltes par
année des fruits de l'Arbre à pain; chaque récolte dure quatre mois.
Les naturels multiplient V Artocarpus, soit en transplantant des portions
de racines horizontales sur lesquelles se sont développées de jeunes pousses,
soit en plantant, pendant la saison des pluies, dans des trous de 0™,50 de
profondeur, des branches de 2 mètres de longueur, que l'on a la précaution
de préserver du soleil en les enveloppant de nattes ou d'herbes sèches.
Les Tahitiens distinguent trente-deux variétés de l'Arbre à pain; ces va-
riétés sont établies d'après la forme des feuilles et du fruit; les voici avec
les noms tahitiens :
1. Maohi. Feuilles à 4-5 segments de chaque côté, segments s'arrétant à
1002 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
3-4 centimètres de la nervure médiane. Fruit orbiculaire, surface lisse.
2. Paëa. Feuilles pyramidales, à segments moins profonds que dans le
Maohi, et diminuant de profondeur du sommet à la base de la feuille, l'im-
paire très large. Fruit oblong, surface à tubercules prismatiques.
3. Pouëro. Feuilles entières munies de quelques dents au sommet. Fruits
comme ceux du 3Iaohi. JXave.
h. 7'afara. Feuilles très découpées. Fruit oblong, très volumineux;
styles persistants et se développant avec le fruit, qui paraît hérissé de
pointes. Variété peu estimée.
5. Fpéa. Feuilles peu découpées. Fruit orbiculaire, lisse.
6. Mttiré. Feuilles très découpées, segments étroits s'arrêtant à un cen-
timètre de la nervure médiane. Ces feuilles ressemblent à celles du Poly-
podium nommé Maïré, d'où est venu le nom de cette variété.
7. Atiati. Feuilles presque entières. Fruit orbiculaire, lisse.
8. Epéti, Feuilles peu découpées. Fruit orbiculaire, styles persistants,
9. Amaë. Feuilles ressemblant à celles du Maohi, le fruit est plus gros
que dans cette dernière variété et à styles persistants.
Nous n'avons pu vérifier les caractères des autres variétés et nous les
donnons d'après le dire des Tahitiens.
10. Aravei. — 11. Erorou. — 12. Avei. — 13. Mahani. — \h, Fati. —
15. Aoutia. — 16. Rare. — 17. Fafaï. — 18. Pouponou. — 19. Poutia.
— • 20. Fafatea. — 21. Maaroaro. ~ 22. Toutanou. — 23. Epouhi. —
1k Tao. — 25. Toupaïtaa. —26. Huvaë. — 27. Evété. — 28. Emouci.
— 29. Otéa. — 30, Péetia. — 31. Oviri. — 32
L'analyse des fruits de l'Arbre à pain m'a conduit aux résultats suivants:
Fruit pris avant la matuiité (1).
Eau 59,000
Fécule (2) 16,650
Matière grasse, grise 0,075
Mucilage 0,300
Albumine 0,300
Gomme 0,250
Extrait sucré 1,550
Exlraclif sec, rouge marron. . 0,125
Fibres amylacées (3) 21,750
Fruit pris à la maturité.
Eau 57,000
Fécule 13,200
Matière grasse, grise 0,110
Mucilage 2,200
Albumine 0,650
Gomme 0,230
Extrait sucré 6,100
Exlraclif sec, brun marron , . 0,lûO
Fibres amylacées 19,060
Acide peclique 1,300
(1) Les calculs sont faits pour 100 grammes de plante fraîche. Même observa-
tion pour les cendres.
(2) Dans cette analyse et dans celles qui suivent, la fécule a été isolée en déchi-
rant la pulpe du fruit et par des lavages à Teau.
(3) Sous ce nom nous désignons la cellulose impure qui relient encore beaucoup
de fécule.
SÉANCE DU II DÉCEMBRE 1857, 1003
Composition des cendres du fruit.
Carbonate dépotasse, sulfate de potasse, sous-phosphate de soude. 0,500
Silice 0,0/i5
Phosphate de chaux, carbonate de magnésie 0,355
II. Convolvulus fiatatas L. (nom tahitien Oumara.) — La Patate douce
n'est pas indigène à Tahiti ; les naturels en cultivent deux variétés, qui dif-
fèrent l'une de l'autre par les feuilles plus ou moins découpées et par la cou-
leur des tubercules, rougeâtre dans une variété et jaune pâle dans l'autre.
Les tubercules sont arrondis, allongés, du poids de 3-^00 grammes. La
culture de cette plante diffère peu de celle de la Pomme de terre en France.
On peut faire deux récoltes par année. Ce tubercule ne se conserve que
quelques mois. Les feuilles de cette plante sont mangées comme celles des
Épinards.
Voici la composition des tubercules, pris après la floraison de la plante*
Eau 76,000
Fécule 7,616
Mucilage 0,200
Gluten 0,150
Albumine 0,600
Gomme 1,000
Acide pectique 0,ùi6
Extrait sucré 1,500
Matière résineuse jaune 0,133
Fibres amylacées 12,3/|5
Composition des cendres.
Sulfate de soude, carbonate de soude, chlorure de sodium . . . 0,550
Silice 0,050
Sulfate de chaux, phosphate de chaux, carbonate de magnésie. 0,250
IIL Fougères alimentaires. — Deux plantes de la famille des Fougères
peuvent être classées parmi les végétaux alimentaires du pays: l'une, appelée
Para et qui appartient au genre Marattia, ne se trouve que sur quelques
points de l'ile, et ne commence à paraître qu'à 11-1200 mètres. Cette
espèce est plus estimée que la suivante, nommée iVae; celle-ci commence à
paraître vers 800 mètres, et toutes les deux atteignent une altitude d'environ
2000 mètres.
Le Naé (1) a des racines tuberculeuses pesant 2-k kilogrammes, garnies
(1) M. Lépine n'a pas indiqué le nom botanique de cette Fougère. Il est pro-
bable que c'est VAngiopteris evecta HofTm., dont Endlicher dit dans son Enchiri-
dion (p. /t2) : rhizoma a Sandwicensibus {quitus vulgo Nehai) comeditur.
{Note du secrétaire de la Commission du Bulletin.)
1004 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DR FRANCE.
de nombreuses fibres radicales et d'écaillés charnues noires extérieurement,
de forme triangulaire, blanches à l'intérieur ainsi qu'a la racine qui est
marquée de points jaunes dus à des fibres ligneuses traversant la masse. Sa
racine et les écailles ont une saveur fade, un peu âpre. Les naturels man-
gent les racines et les écailles charnues après les avoir fait cuire. Il m'a paru
intéressant de comparer la composition de cet aliment avec celle des autres
plantes alimentaires, et j'en ai fait l'analyse.
Composition de la racine de Naé.
Eau 62,500
Mucilage 11,200
Albumine 0,080
Extrait brun chocolat 1,500
Matière résineuse brune 0,055
Tannin 0,075
Fécule (obtenue par décoction) 2,300
Fibres amylacées 22,290
Les écailles diffèrent de la racine par une quantité moindre de mucilage,
l'absence de tannin et une plus grande quantité d'eau.
Composition des cendres.
Carbonate de soude, sulfate de soude, chlorure de sodium,
chlorure de magnésium 0,600
Silice 0,050
Phosphate de chaux, carbonate de magnésie 0,450
IV. Tacca pinnatifida Forst, (nom tahitien Pia.) — Le Tacca pinnatifida,
plante de la famille des Taccacées, se trouve aux îles de la Société, aux
Moluques et dans la plupart des îles de la Polynésie. Il croit naturellement
dans les vallées, sur les collines peu élevées, à l'ombre des arbres et des
arbrisseaux. La récolte s'en fait en mars et avril. Les hampes, privées du
parenchyme vert, donnent une paille très blanche qui est employée à con-
fectionner des chapeaux. La fécule qu'on retire des tubercules et qui donne
un des aroow-roots du commerce est employée par les Tahitiens pour
empeser le linge; ils la mangent aussi délayée dans l'eau bouillante et le lait
de coco.
Les tubercules du Tacca pèsent 100-200 grammes, ils sont blanc jau-
nâtre à l'extérieur, blancs à l'intérieur, arrondis, allongés, à base aplatie,
d'une saveur fade, couverts de fibres radicellaires grêles et écartées les
unes des autres d'un centimètre. Du tubercule adulte partent des prolon-
gements tuberculeux, d'abord minces et arrondis à leur extrémité, qui
grossit et constitue plus tard un nouveau tubercule.
SÉANCE DU II DÉCEMBRE 1857. 1005
Composition des tubercules.
Eau 50,500
Fécule 29,350
Gluten 0,130
Albumine 1,100
Gomme. î" 0,255
Mucilage 0,050
Extrait amer (soluble dans l'eau) 2,250
Extrait amer (soluble dans l'alcool) 0,065
Matière résineuse jaune brun 0,0/|0
Fibres amylacées 10,260
Composition des cendres.
Sulfate de soude, carbonate de soude, chlorure de sodium . . . 0,350
Silice 0,060
Phosphate de chaux, carbonate de chaux, carbonate de ma-
gnésie 0,Z|Zi0
V. Musa (nom tahilien Féi).— Le Bananier Féi forme aux îles de la So-
ciété, et particulièrement à l'ile de Tahiti, de véritables forêts; on le trouve
dans le fond des vallées, dans les gorges et sur les flancs des montagnes. Il
disparaît vers 1000-1200 mètres. Le fruit est la principale ressource ali-
mentaire des naturels, pendant les quatre mois de l'année où les fruits de
de l'Arbre à pain manquent. Les bananes se mangent cuites et à deux de-
grés de iTiaturité : lorsque l'extrémité du fruit commence à jaunir, elles sont
farineuses et c'est dans cet état que les Tahitiens en font la plus grande
consommation; plus tard, en mûrissant, elles deviennent jaune rougeâtre
et sont alors très sucrées ; une partie de la fécule s'est transformée en sucre.
A volume égal, ces dernières renferment moins de substance nutritive, aussi
peut-on en ingérer une plus forte quantité que des premières; on les réduit
souvent en pulpe constituant une véritable confiture. La matière colorante
jaune que renferment ces fruits passe instantanément dans l'urine de ceux
qui en mangent et la colore en jaune foncé.
Les tiges de ce Bananier contiennent en abondance un suc violet vif, qui
au contact de l'air se colore en rouge vineux. Ce suc est très astringent; les
acides en avivent la couleur-, les alcalis la font passer au vert, et les sels de
fer au noir bleu. On pourrait l'utiliser dans la médecine et dans les arts.
On sait aussi que l'on peut extraire des feuilles des Bananiers une matière
textile : il serait donc à désirer que l'on pût exploiter dans ce but les pré-
cieuses ressources qu'offre l'île de Tahiti.
Les Tahitiens distinguent quinze variétés du Bananier Féi; je n'ai pu en
vérifier que trois.
1. Afara. Fruit court, triai^ulaire, trois arêtes, surface lisse.
1006 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
2. Onourourou. Fruit court, très gros, élargi au sommet, triangulaire,
à 3-^ arêtes; couleur vert-brun; pulpe très mucilagiiieuse.
3. Alori. Fruit long, quadrangulaire, à ^-5 arêtes; surface crevassée.
h. Aofa. — 5. Tatia. — 6. Pooutia. — 7. Oréa. — 8. Erouréva.—
9. Aaïa. —10. Piipiia. — 11. Etoo. — 12. Toréa. — 13. Nénou. —
14. 7am. — 15. Ehaa.
Composition du fruits variété Aiori.
Pris avant la matnrité.
Eau 6/1,750
Fécule 15,750
Gluten 0,075
Pris à la maturité.
Eau 59,500
Fécule 6,500
Mucilage l,2Zi0
Mucilage 0,075 j Acide pectique 2,800
Albumine 0,067 Albumine 0,250
Gomme 0,625
Extrait sucré 0,750
Matière colorante jaune. . . . 0,387
Résine molle, jaune 0,112
Fibres amylacées 16,009
Gomme 0,450
Extrait sucré 9,042
Matière colorante jaune. . . . 0,387
Résine molle, jaune 0,180
Fibres amylacées 15,551
Sucre de raisin 4,100
Composition des cendres.
Carbonate de potasse, sulfate de potasse, chlorure de sodium, sous-
phosphate de soude 0,600
Silice 0.020
Phosphate de chaux, sulfate de chaux, carbonate de magnésie . . . 0,330
{La fin à la prochaine séance. )
M. Euffène Fournier fait à la Société la communication suivante :
Notre honoi-able confrère, M. J. Buffet, vient de rapporter de Saint-
Martin-de-Ré (Charente-Inférieure) divers échantillons de feuilles mon-
strueuses, que je mets sous les yeux de la Société, et que je vais décrire en
peu de mots.
1° Des feuilles recueillies sur un Jasmin officinal cultivé offrent toutes
les transitions entre l'état normal, où elles présentent 6 folioles pinnées
avec impaire, et une soudure complète de toutes ces folioles. Il existe alors
un limbe unique, lancéolé, de 12 centimètres de longueur.
2" Sur un rameau de Seringat, on remarque, à une certaine hauteur, au
lieu d'une paire de feuilles opposées, un limbe unique, situé d'un seul côté
de la tige, et trifide; il est sessile, et présente trois nervures principales,
partant de l'insertion, qui embrasse la moitié de la circonférence du
rameau. Le nœud immédiatement supérieur porte une feuille diamétra-
lement opposée à la feuille trilide du nœud inférieur, et en outre, à un
SÉANCE DU h DÉCEMBRE 1857. 1007
quart de circonférence, une autre icuille bifide, dont les deux nervures
principales partent de l'insertion. Le rameau se termine la, par un bourgeon.
3" Deux feuilles de Marronnier d'Inde, au lieu d'être palmées, sont pinna-
tifides, à lobes un peu confluents à la base.
M. T. Puel, vice-président, fait à la Société la comnnunicalion
suivante :
J'ai l'honneur de placer sous les yeux de la Société quelques échantillons
de Primula longiflora Jacq., récoltés en juin 1857 par un de mes amis,
M. E. de Valon (1), à la Grangeasse, commune de Saint-Véran, canton
d'Aiguilles, arrondissement de Briançon (Hautes-Alpes).
Cette plante, trouvée pour la première fois sur le territoire français par
M. Clarion et publiée par Loiseleur dans ses Nouvelles notes sur les plantes
de France {Ann. Soc. Linn. Par. 1827, t. VI, p. 401, extr. p. 9), n'avait
pas été retrouvée dans ces derniers temps et avait été exclue de la Flore
de France par MM. Grenier et Godron. C'est donc une espèce rare à resti-
tuer à la flore française, et j'ai pensé qu'à ce titre ma communication
serait de nature à intéresser la Société.
M. Cosson fait à la Société la communication suivante :
DE L'EMPLOI DE L'ALCOOL POUR FACILITER LA DISSECTION ET L'ÉTUDE DES PLANTES
RAMOLLIES PAR L'EAU BOUILLANTE , par M. E. COSSOIV.
Le procédé le plus habituellement employé par les botanistes, pour
rendre aux parties florales des échantillons d'herbier leur forme et leur
volume primitifs, consiste à les faire macérer dans l'eau froide ou chaude,
cette macération étant généralement suffisante pour en permettre la dissec-
tion et l'étude sur un porte-objet plan. Dans un grand nombre de cas ce-
pendant, ce procédé est insuffisant, surtout pour les fleurs gamopétales d'un
certain volume ou pour les corolles de consistance délicate. Pour ces fleurs,
une coction de quelques minutes dans l'eau bouillante isole plus compléte-
(1) Note ajoutée par M. Puel pendant V impression. — Après avoir reçu l'envoi
de M. de Valon, je m'empressai d'adresser un échantillon de Primula longijhra
à M. Grenier; je me fais un devoir de consigner ici sa réponse, datée du 13 dé-
cembre 1857 :
« Votre Primula n'a pas eu pour moi le charme de la nouveauté, car je le pos-
sède depuis 185/1, de ladite montagne de Saint-Véran, où il avait été récolté par
M. Roux, employé des contributions directes. De plus, M. r.oux ne revendiquait
pas la découverte comme sienne, car, dans la lettre d'envoi, il me disait qu'il
devait la connaissance de la localité de cette plante à un douanier dont il ne me
donnait pas le nom. »
/
1008 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
ment les parties, en raison de la vapeur d'eau qui les distend et les rétablit
dans leur véritable rapport. Afin de rendre aux parties florales la consis-
tance qu'elles ont perdue par l'ébullition, il est souvent avantageux, après
les avoir retirées de l'eau, de les laisser plongées pendant quelques instants
dans une capsule remplie d'alcool concentré. Cette immersion dans l'alcool
amène le raffermissement des tissus et a l'avantage de substituer à l'eau un
liquide plus fluide et où se produit moins facilement l'interposition des
bulles d'air. Quand la consistance de la fleur est suflisantc, on peut la re-
tirer de l'alcool^ laisser évaporer les liquides dont la préparation est pé-
nétrée et en faire alors facilement la dissection. Pour les fleurs d'un tissu
plus délicat, la dissection peut au contraire être exécutée avantageusement
dans l'alcool même, contenu dans la cuvette à fond plan formée par un
anneau de verre collé à la surface du porte-objet. Les pièces ainsi préparées
peuvent être conservées pendant longtemps, soit en recouvrant la cuvette
d'un obturateur, soit en les plaçant dans des flacons remplis d'alcool.
SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1857.
PRÉSIDENCE DE M. MOQUIN-TANDON.
M. Duchartre, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la
séance du li décembre, dont la rédaction est adoptée.
Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le
Président proclame l'admission de :
M. Letourneux (Tacite), à Fontenay-le-Comte (Vendée), présenté
par MM. T. Puel et A. Jamain.
M. le Président annonce en outre sept nouvelles présentations.
Lecture est donnée de lettres de MM. Moris, Laliache, Auge de
Lassus, Éd. Morren, de Bouclieman, Oudinet, Ch. Royer et Triana,
qui remercient la Société de les avoir admis au nombre de ses
membres.
Dons faits à la Société:
1° Par M. Arthur Gris :
Recherches microscopiques sur la chlorophylle (thèse pour le doctorat
es sciences).
2° Par M. J. Groenland :
Revue horticole, 1857, deux numéros.
SÉANCE DU J8 DKCr.MUHR 1857. 1 009
3" De hi pari de M. \\-\\. ScliuUz, do Wisseiuboiirg :
Jieilfœge ziw ilora chr Pfalz.
Il" Catalogue de la bibliothèque de feu M. Achille Itichard.
5' En écliango du Bulletin de la Snciélé :
J'hannaceutical journal and transactions, vol. XVI, n" 1-12; vol
XVIf, n" 1-5.
Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture, iiumcro de
novembre 1857.
L'Institut, décembre 1857, deux numéros.
iMM. les Secrétaires donnent lecture des communications suivantes,
adressées à la Société :
VINGT-QUATISIÈME NOTICE SUR LES PLANTES CllYPTOGAMES RÉCEMMENT DÉCOUVERTES
EN FRANCE, par M. DE»)lfiAZIÈItE$» (lin»).
Q"' ; PYRENOMYCETES.
38. Sph/Eria? cinereo-nebulosa, Desmaz. PL crxjpt. de Fr. sér. 2,
n" 370!
Sph. graminicola, nebulosa, iiuearis, tecta, suberumpens. Peritheciis
microscopicis numerosissimis, biserialibiis, confertissimissubconuatis, glo-
bosis, nigris, intus albis, stromati brunneo subimmersis. — Hab. in foliis
oxsiccatis Pbalaiis arundinaceœ Hierae et vere.
Ce Pyrénomycète est rapporté avec doute au genre Sphœrin., parce que
nous n'avons pu y trouver la fructification assez développée pour constater
exclusivement le genre auquel il appartient. En le publiant aujourd'bui,
nous avons seulement pour but de fixer sur lui l'attention des micrographes
qui pourraient être plus heureux que nous dans leurs observations. 11 est
sans contredit l'une des plus petites espèces que nous connaissions, puisque
ses périthéciums n'ont pas plus de 0'""',05 à 0"'-,075 de grosseur. Son sup-
port est le Phalaris arundinacea, L. Il s'y trouve sur les deux faces des
feuilles, surtout sur la face supérieure. Par sa petitesse et sa disposition,
il a quelque rapport avec Y Ilendersonia Phragmitis, Desmaz. sér. 2,
n" 70!
39. Sph/Eria devexa, Desmaz. PL cnjpt. de Fr. u'v. 2, n" 367!
Sph. caulicola, tecta. Peritheciis minutis gregariis vel sparsis, nigris,
subhemisphœricis , inclmatis, intus griseis. Ostiolis obliquis, conico-
(1) Voyez plus haut, p. 797, 858, DU cl 99/i.
T. IV. 6Zi
1010 SOCIÉTÉ BOTANIQUE Uli lUANCK.
elongatis, oliUusis, subnilidis, cpidermidem perforantibus. Ascis subtusi-
formi-clavatis. Sporidiis octonis, oblongis, rectis, utriiiqiie obtusis, Spo-
rulis/i, gIoI)osis, opacis. — Hab. in caulibus exsiccatisPoiygonorum. Hieme
et vere.
Cette espèce se développe sur les Pohjgonum Persicaria et aviculare;
elle fait prendre aux places du support, surtout près des nœuds, une teinte
blancliâtre; ses groupes sont ambiants ou d'un seul côté, et s'étendent
parfois d'un nœud à l'autre. Les péritbéciums sont toujours recouverts par
l'éplderme, que perce seulement un gros ostiole un peu conique, mais
obtus, dont la longueur égale la moitié ou le tiers du diamètre des péritbé-
ciums, qui est environ d'un quart de millimètre. Ceux-ci s'enlèvent le plus
souvent avec l'épiderme, et c'est alors que l'on voit bien distinctement
qu'ils sont inclinés, c'est-à-dire coucbés sur le côté, comme dans notre
Sphœria inclinata et le Sphœria cryptoderis, Lév. , avec lesquels le Sphœrio
devcxa a quelques rapports. Les tbèques ont 0'""\QU à 0"'"'05 de longueur,
et les sporidies a peine 0"'"',01, sur une épaisseur quatre fois moins consi-
dérable. Ce petit Pyrénomycète, assez curieux par la position de ses péri-
tbéciums et de ses ostioles, a été trouvé par M. Roberge, dans un pré
bumide, près du canal de Caen.
ko. Sph.«:ri\ palustris, Fr. in litt. ad clar.Moug. — Duby, Bot. <jalL 2,
p. 710 (1830). — Desmaz. PL crijpt. de Fr. sér. 2, n° 365 ! — non
Berk. et Br. JSot. of Brit. fung. (1852), n" 65i.
Nous croyons devoir ajouter ici quelques mots à la description du Bota-
nicon gallicum pour la rendre plus complète. Cette Spberie vient égaleraentsur
le pétiole et sur les deux faces des feuilles secbes (surtout sur la supérieure)
du C ait ha palustris, et se montre principalement sur les parties qui ont
blanchi. Ses péritbéciums sont noirs, épars, nombreux, nichés dans la
substance du parenchyme; ils ont pour grosseur 1/5 à i/k de millimètre
sur le disque, où ils sont globuleux, tandis que sur le pétiole, où ils sont
plus ou moins oblongs, leur diamètre atteint jusqu'à l//i à 1/3 de milli-
mètre. A l'état humide et vus en regard de la lumière, on les dirait entourés
de fibrilles en rosette, ce qui, à l'état sec, les fait paraître au milieu d'une
tache noire dont 31. Duby a fait mention. L'ostiole est gros, court et obtus,
le nucléus est blanchâtre. Tout ce que nous pouvons dire de la fructidcation
de cette espèce se borne a affirmer qu'elle est pourvue de tbèques, qu'elle
appartient donc bien au genre Sphœria, mais que ces tbèques étant peu
développées dans nos échantillons, il ne nous a pas été possible d'en connaître
les sporidies.
Quoique cette espèce soit assez commune, on ne la trouve décrite que
dans le Botanicon gallicion. Il ne faut pas la confondre avec le Sphirria
palustris des auteurs anglais, qui devra recevoir un autre nom spécifique.
Sl•:.\^(;l■; m IS iii:(.i;miii;|'; IS57. 1011
le privilège de l'aiitériorilé étant acquis à la piaule (jui Nient de nous
occupci-.
ai. Sph^uia calostroma, Desmnz. PL cnjpt. de Fr. sér. 2, n" 368!
Sph. siibiculo librilloso, tenenimo, radiato, ambilu elogantissimo, dein
in pelliculam nigram contexto. PeritheciissuperrK'ialibiis,!^regariis, minutis,
niollibus, subovoideis dein concavis,atris, lugulosis, astomis, setis brevibus
validis rigidis nigiis tectis. Ascis ignotis. Sporidiis oylindricis, obtiisis,
curvulis, brunneis, semiopacis, quadriseplatis. — Hab. in ramulis Paibi
tVuticosi. Vere.
Cette espèce, de moitié plus petite que le Sphœria iristis, se rapproche du
^hœria phœostroma (Mont. FI. d'Alg.), dont elle diffère principalement
par les sporidies et les gros cils ou pointes qui se trouvent sur le périthé-
cium. M. Roberge, de qui nous tenons les échantillons qui sont publiés
dans nos Plantes cryptogames de France, l'a d'abord remarquée à la
face supérieure des feuilles mourantes du lluhus fruticosus, mais elle y
était naissante seulement ou incomplète, et réduite à la seule rosette que
forme son subiculum. Il la prenait alors pour un Asteroma. Il l'observa
ensuite sur les branches vivantes, où elle persiste après qu'elles sont mortes
et desséchées. Les fibrilles du subiculum rayonnent d'un centre commun et
paraissent, à l'œil nu, comme des taches d'abord d'un brun pâle, puis de
plus en plus noires. Ces taches ou rosettes ne font voir leur élégante struc-
ture que dans le premier âge et quand elles sont encore stériles. Les fibrilles
portent alors très distinctement des divisions opposées qui diminuent de
longueur de la base au sommet. Ces fibrilles et leurs divisions sont garnies
d'appendices courts, en cône renversé, comme une miniature charmante
du Chondria ovalis, auquel notre correspondant les compare. En s'entrecroi-
sant au centre, toutes ces ramifications finissent par former une pellicule
noire et fragile qui se disperse en petites écailles. Le diamètre ordinaire
des rosettes est de 2 à 3 millimètres; dans leur parfait développement elles
portent à leur centre un groupe de péritheciums superficiels, très petits
d'abord, puis acquérant un diamètre de 1/5 à 1/3 de millimètre. Ils
sont d'un noir intense, chagrinés, mous lorsqu'ils sont humides, un peu
affaissés au centre pnr la dessiccation, et hérissés de gros cils figurant
des pointes courtes, qui, vues au microscope, sont obtuses, brunes et de
Qmm^Q'y5 g^ 0'"'",1 de lougucur. Nous n'avons pu rencontrer les thèques,
sans doute résorbées de bonne heure, mais les sporidies se trouvaient
telles que nous les avons décrites dans la diagnose. Leur longueur est de
QQin, 05, sur 0'"'",015 d'épaisseur. A la même époque de l'année, les branches
de Ronces vivantes présentent le Sepforia rainealis, Rob., qui occasionne
probablement les taches violacées que l'on remarque (luelquefois sous les
groupes de notre Sphérie ou aux environs.
J012 SOCllÎTK UOTANIULK DK KKAISCI-:.
nECHEUCHES sur. (QUELQUES PLANTES ALIMENTAIRES DE TAHITI (lies Je la SociOlc),
par M. Jeilcs LÉPIi^'E (suite cl fin M.
VI. Dmconfium polyphyllum L. (nom tahitien Tevé). — Cette plante
appartient à la famille des Aroïdées, tribu des Orontiées; elle parait
exister dans la plupart des lies de l'Océanie, on la Irouve aussi dans
rinde. Aux iles de la Société, elle fleurit rarement et vient naturellement
dans les vallées , les gorges des montagnes , où elle ne dépasse guère
200 mèlres en altitude. Ses tubercules ne sont utilisés par les naturels que
lorsqu'il y a disette et après les avoir fait bouillir pour les priver d'un
principe acre et vésicant.
Le tubercule central du Dracontiwa pèse /i-r)00 grammes ; il est aplati
transversalement, arrondi, d'une épaisseur de 10 centimètres sur 15 de
largeur; couvert de fibres radicellaires nombreuses, courtes; surface noire,
l'intérieur jaune pâle; suc laiteux jaune pâle. Sur les côtés du tubercule
principal, il se développe de plus petits tubercules pesant 15-20 grammes,
allongés, noirs, à surface irrégulière. Tous ces tubercules ont une saveur
fade d'abord, mais qui après ([uelques secondes se décèle sur la langue
par une cuisson très forte; la pulpe délayée dans l'eau, en contact avec
les mains pendant quelques minutes, détermine une vésication générale de
la partie touchée, l'épiderme est détaché et l'on éprouve pendant plusieurs
jours, sur toutes les parties qui ont été en contact avec la pulpe du Dra-
eontium, une sensation analogue à celle que feraient éprouver des piqûres
d'épingle répétées sans interruption.
Dans l'analyse de cette plante, nous avons isolé une huile volatile brune,
qui se volatilise à la température de l'air ambiant (31 degrés centigrades).
Cette huile est très acre : en contact avec la peau, elle détermine un picote-
ment non interrompu et produit la vésication en quelques minutes. Cette
huile paraît exister dans toutes les espèces de la famille des Aroïdées, c'est
elle qui constitue le principe acre et délétère que l'on trouve dans ces
plantes. Aussi ne peuvent-elles servir à l'alimentation qu'après une assez
longue ébullition dans l'eau, ou en les faisant cuire dans un four ou sous la
cendre chaude; Ihuile est alors volatilisée et presque toutes les Aroïdées
peuvent ainsi être utilisées pour l'alimentation.
Composilion des tubercules du Draconliuin polyphyllum.
Eau 66, '250
Huile volatile, vésicanlc quanlilé non dosée.
In'culc 1/1,020
Huile grasse, jaune citron O.O.'iO
Alhiuniuc 0,l'iO
(1) Voy. plus haut p, 1001.
si'.ANrF m: 18 DKcr.Mr.r.r. 1857. 1013
noiinnc (i,«-!'i
l'Aliiiii acide, l)nm roune 1,<.)'|()
Fibres amylacées J(),70G
IW^siiie l)riinc (),;300
Composiliun des cendres.
Carbonate île soude, sulfate de soude, chlorure de sodium. . . 1,100
Silice O.GOO
l'hosplialc de cliaux, sulfate de cliaux, carbonate de ma^Miésie. 1,150
VII. Arum macrorrhizon L.? (nom tiihiticu Ilapé). — Celle plante, (|ui
est cultivée près des habitations par les Tahitieiis, vient à Taliiti, sur le
I)ord des ruisseaux, daiKS les i^orges des montagnes; son altitude ne dépasse
pas 6-700 mètres. On la trouve dans tous les grands archipels des mers
du Sud et aussi dans l'Inde. La tige de cet Armn a souvent un mèlre de
hauteur, l'intérieur est blanc, la pulpe a une saveur acre, causticiue; suc
propre laiteux.
Composition de la tige.
Eau G.'i,000
Fécule 12Zi,iOO
.Mucilage 0,770
Albumine 0,090
Gomme 0,090
Acide peclique 0,900
Extrait sucré I,^^i0
iMatièie résineuse jaune 0,090
Fibres amylacées 9, '220
Huile volatile acre quantité indéterm.
Composition des cendres.
Carbonate de soude, sulfate de soude, chlorure de sodium . . . 0,300
Silice 0,060
Phosphate de chaux, sulfate de chaux, carbonate de magnésie. 0,6/iO
VIIÎ. Arum esculentum T.. (nom tahitien Taro). — V Arum esculentum
est cultivé à Tahiti, dans des terrains que l'on peut inonder à volonté, et
celle plante est piesque constamment dans l'eau. On en cultive plusieurs
variétés. Les feuilles ont une saveur acide et sont utilisées comnie aliment,
inais c'est principalement la racine tubérifere qui sert à l'alimentation. Sur
le bord des ruisseaux et dans les gorges des montagnes, on trouve plusieurs
espèces AWrum dont les racines renferment l'huile vésicante dont nous
avons parlé plus haut. Dans l'espèce cultivée, le principe acre a prestjue
disparu par la culUire. Les feuilles des espèces sauvages se mangent aussi
cuites, sous le nom de pota, et les racines sont également utilisées pour
l'alimentation. On a proposé de naturaliser le Taro en France; je crois cette
culture possible, la plante se trouvant déjà a l'état sauvage ou naturalisée
'\(^Ul SOCIKTli BOTANIQUE DT. Fl'.ANCK.
d;iiis phuiciiis pnys cloiii les climats sont très différents. D'aillouis la nalii-
raiisation dos vctiétaux a(|iiaf!ques est beaucoup plus facile que celle des
plantes terrestres.
f.a racine tubérifère du Tare pèse 1-2 kilogrammes, elle est noire exté-
rieurement, blanche à l'intérieur; suc propre laiteux; saveur fade.
Composition des racines.
Eau 71,000
Mucilage 1,650
I"'écule 17,250
Gluien 0,325
Albumine 0,245
Gomme . 0,350
Extrait brun 0,400
Résine molle, jaune 0,080
Fibres amylacées 8,900
Composition des cendres.
Carbonate de soude, sulfate de soude, sous-phosphate de soude,
chlorure de sodium 0,850
Silice 0,025
Pliospbate de chaux, carbonate de magnésie 0,325
IX. Dioscorea data L. (nom tahitien Oufi.) — Cette plante est peu
cultivée par les Tahitiens; elle vient natui-ellement dans les vallées monta-
<^neuses, sur les flancs des montagnes, et ne dépasse pas 5-600 mètres.
L'Igname cultivée donne des tubercules de 40-50 centimètres de longueur,
sur 20-30 de diamètre, et qui pèsent plusieurs kilogrammes. Ce tubercule
est blanc à l'intérieur; on en trouve plusieurs variétés dans les montagnes;
celle à tubercule rouge est appelée Réré. L'Igname croit naturellement dans
plusieurs lies de l'Océanie; elle est cultivée en Asie, eu Afrique et dans
l'Amérique du sud. La culture de cette plante réussit sous des latitudes très
différenles entre elles, et les variétés que l'on trouve dans les montagnes
de Tahiti pourraient être introduites en France et s'y naturaliser. Elles
viendraient certainement dans nos marais tourbeux et ombragés, f.a racine
tubérifère de l'Igname de Tahiti constitue un aliment sain et très nutritif.
Voici sa eoinposition :
Eau 28,000
Gluten 0,510
Fécule . . 19,320
Mucilage 1,240
Albumine 0,420
Gomme 0,550
ExU-ait brun 0,G20
r.ésine molle, brune 0,120
Fibres amylacées 49,220
SÉANCE DU 18 DKCKMBRK 1857. 101 Ô
Compositùin des cendres.
Carbonate de sonde, snlfato de soikIo, sons-pliosjjliatc do sonde,
cliloriire de sodium 0,550
SUice 0,050
Sulfate de chaux, phosjjliale de chaux, carbonate de magn(''sie. 0,250
Une aiiiilyse laite sur la variété montagneuse lU'ri\ et sur une racine
qui n'avait atteint que la moitié de bon développement, m'a donné les ré-
sultats suivants :
Eau 79,500
Fécule 9,100
Résine 0,100
Mucilage 2,120
Albumine 0,060
Gomme 0,300
Extraclif brun 0,5/iO
Fibres amylacées 8,280
Composition des cendres.
Sulfate de potasse, carbonate de potasse, sous-phosphate de
soude, chlorure de sodium 0,500
Silice , 0,035
Phosphate de chaux, sulfate de chaux, carbonate de magnésie. 0,315
Outre le Dioscorea alata^ on trouve à Tahiti les Dioscorea pentaphylln
et bulhifera. Ces deux espèces sont très communes dans les terrains om-
bragés, les vallées, les flancs des montagnes, jusqu'à 6-700 mètres. Dans
les années où la récolte de l'Aibreàpain est insuflisante pour nourrir la
population, les Tahitieus utilisent les tubercules de ces Dioscorea pour leur
nourriture, après toutefois les avoir fait bouillir; i'ébullition dans l'eau leur
enlève un principe très amer et les rend propres à l'alimentation.
X. Dioscorea pentaphylla L. (nom tahitien Paaouara.) — Les tu-
bercules de cette espèce sont ovoïdes, allongés, piriformes, pesant 3-/i00
grammes. Surface irrégulière, brune, couverte de fibres radicellaires
courtes et serrées, entourées d'un bourrelet à la base. L'intérieur est blanc
Jaunâtre, marbré de rouge; suc laiteux, jaunissant à l'air; saveur fade, un
peu amère.
Composition des tubercules.
Ean. 80,000
Fécule grise 5,750
Matière colorante, jaune 0,100
Matière résineuse, brune 0,Zi00
Mucilage 2,300
Albumine 0,200
(ronnne 0,225
10! G SOCIÉTÉ nOTAlNIOlE 1)F. Fr.ANCr.
Exil'ail aniLT, jaiinn hrmi l,Or)0
Fibres amylacées 9,975
Composition des cendres.
Carbonate de soude, sullalc de soude, chlorure de sodium. . . 0,300
Silice 0,055
Phosphate de chaux, carbonate de chaux, carbonate de may;nésie. 0,7Zi5
XL. Dioscorea bulbifera L. (nom tahilieii Hot.) — Celte plante, comme
les deux espèces dont nous venons de parler, porte, outre les tubercules
souterrains, des tubercules qui naissent sur la tige, à l'aisselle des feuilles.
Les tubercules souterrains pèsent 2-300 grammes et sont de forme
irrégulière, aplatis à la base; l'extérieur est brun, l'intérieur jaune pâle. Ils
sont couverts de bourrelets d'où partent des fibres radicellaires longues d'un
décimètre; suc laiteux, jaunissant à l'air; saveur amère.
Les tubercules aériens pèsent 100-200 grammes et sont de forme irré-
gulière, aplatis dans le sens horizontal, concaves inférieurement, convexes
supéiieuienicnt; surface grise noirâtre; l'intérieur blanc verdàtre, quelque-
fois marbré de rouge ; suc laiteux jaunissant à l'air ; saveur fortement amère.
Composition de s tubercules souterrains.
Eau 76,000
Fécule, couleur chamois. . . . 7,100
l'iésiiie molle, jaune verdàtre. . 0,200
Résine jaune foncé 0,105
Résine brun marron 0,030
Mucilage /l,100
Cduten 0,350
Albumine 0,^00
Gomme , 0,220
Extrait amer l,/i00
Matière colorante jaune orangé. 0,125
Fibres amylacées 9,970
Cendres.
Sulfate de soude, carbonate de
soude, sous - phosphate de
soude, chlorure de sodium . 0,000
Silice 0,035
Phosphate de chaux, sulfate de
chaux, carbonate de magné-
sie 0,Zii5
Composition des tubercules aériens.
Eau 78,000
Fécule colorée 2,800
Mucilaj^e 2,700
Albumine 0,250
Gomme 0,175
Extrait amer, brun rouge . . . 1,850
lîésine molle, verte 0,250
Fibres amylacées 1Z|,975
Cendres.
Sulfate de soude, carbonate de
soude, chlorure de sodium . 0,100
Silice 0,020
Sulfate de chaux, phosphate de
chaux, carbonate de magné-
sie 0,118
XII. Plusieurs des fécules que nous avons retirées des plantes tahitiennes
«ont susceptibles d'être utilisées comme aliment et toutes peuvent être
employées dans l'industrie. Ces fécules, telles que nous les avons extraites,
SÉANCE DU 18 nÉCi'Miiiu; 1857. 1017
ne sont pas fliimiquemcnt pures ; elles présentent des caraclères difleren-
tiels qui peuvent souvent servir a les reconnaître, comme on pourra s'en
convaincre par le tableau suivant, dans lequel elles sont rangées d'après la
«grosseur des grains, en commençant par les plus gros :
COULEUR
FOUME
EMPOIS
FÉCULE
COLORATION
MATIÈRES EXTRAITES
de la
gc'nerule
des
au
séchet;
à r.oo
péril à
«le la fécule
par la vapeur
d'iode {pro-
par l'alcoG
de 100 pari
1
es
fe'ciile.
gruins.
vingUènie.
100"
téilé Gohlej).
de fécule
Dioscorea alata . . .
Blanche.
Sphériques.
Consistance
du miel.
12 0/0
Violet vif.
Huile jaune. .
1,80
Tacca pinnalinda . .
Id.
Id.
Épais, géla-
tineux.
k;
Chamois.
Matière grasse,
blanche . .
1,40
Dioscorea peiita-
piiylla
Gris café
au lait.
Ovales.
Consistance
du miel.
11
T.
I>ruii mur. -
r.ésine brune .
Matière jaune .
0,50
1,00
Ai'tocarpus incisa. .
Blanche.
Sphériques.
Peu consis-
tant.
10,50
Lilas clair.
Résine jaune ,
1,80
Bananier saiivag-o . .
M.
Id.
Onctueux.
13
Gris violet.
Huile jaune . .
1,00
Convolvulus Batatas.
Ici.
Id.
Consistance
du miel.
10
Lilas foncé.
Résine jaune .
iJ.OO
Arum esculentuni. .
Id.
Id.
Consistant,
gélatineux.
10
Violet gris.
Huile jaune . .
1,20
Dracontium polypliyl-
Id.
Id.
Consistance
15
Lilas foncé.
Résine jaune .
2,20
lum
du miel.
Dioscorea bulbifera .
Nankin.
Anguleux.
Consistance
du miel.
0
Violet foncé.
Résine jaune .
1,00
Arum macrorrhizon '?
Blanche.
Sphériques.
Consistant,
onctueux.
13
Gris tourterelle.
Huile jaune. .
1,90
REMARQUES A L'OCCASION D'UNE COMMUNICATION DE M. LE COLONEL SERRES, CONCERNANT
QUELQUES PLANTES DE L'HERBIER LAPEYROUSE , par M. D. CI.OIS.
(Toulouse, 14 décembre 1857.)
Depuis la publication, dans les Mémoires de V Académie des sciences de
Toulouse, 5'"* série, t. I, p. 221-307, de ma Révision comparative de l'Her-
bier et de l' Histoire abrégée des plantes des Pyrénées de Lapeyrouse^ travail
dont une analyse a paru dans le Bulletin de la Société, t. IV, p. [\\% et
suiv., M. le colonel Serres a fait insérer dans ce dernier recueil des Notes
sur quelques espèces nouvelles ou conti^oversées de la flore de France (1).
II y est question d'un certain nombre de plantes de l'Herbier Lapeyrouse.
(1) Le travail de M. Serre,s est postérieur an mien, car il élait communiqué à
la Société Botanique dans sa séance du 8 mai dernier, et le mien l'était à l'Acadé-
mie des sciences de Toulouse dans sa séance dn 23 avril (voy. lac. cit., p. /|29};
1018 soci[:tk botanique m: fhance.
J'ai été heureux de voir que quelques-unes de nies déterminations ooneor-
daient avec celles de mon honorable confrère; mais il en est aussi au sujet
desquelles son sentiment s'éloifine du mien, et il m'a paru utile de revoir
dans VHerbier les plantes objets de cette dissidence, et de tracer leurs ca-
ractères essentiels et distinctifs, afin de dissiper tous les doutes à cet égard.
1. Saponaria bellidifûlia Luc. — « M'a semblé n'être autre chose, dit
M. Serres {loc. cit., t. IV, p. Zi35), qu'une variété à lige nue dans le bas
du Valeriana globulariœfol/a Ram. » J'ignore si, comme on l'a assuré à
M. Serres, une main officieuse a fait disparaître cette erreur du précieux
Herbier; mais j'ai donné {loc. cit., p. 255, ou 35 du tirage à part), les ca-
ractères de l'échantillou, qui sont bien ceux du Saponaria bellidifolia
Smith.
2. Cytisus heterophyllvs Lap. — c Ce peut être uue bonne espèce, dit
M. Serres, mais elle est mal assise sur de pareils échantillons, » consistant,
comme il l'indique, en « un ou deux brins ou bouts de rameaux sans légumes
et tout à fait insuffisants. «J'ai cru devoir rapporter au C. supinus Murr. le
seul échantillon très incomplet que possède aujourd'hui Y Herbier ; il est
réduit à un petit rameau ascendant dont l'axe velu porte des feuilles trifo-
liolées, et est terminé par un légume.
Ce n'est évidemment pas la plante que Lapeyrouse et-M. Serres ont eue
en vue, car le premier dit que c'est un arbuste glabre, et l'un et l'autre lui
donnent des feuilles simples.
3. Ononis senescens Lap. — « C'est sans aucun doute, dit !\I. Serres {loc.
cit., p. Zi35), \'0. antiquorum L.» J'ai cru au contraire, et crois encore
après un nouvel examen, devoir rapporter l'échantillon fort incomplet
(réduit à deux sommités de tiges florales et sans fruit), à \'0. procurrens
Wallr. Les caractères assignés par Linné [Spec. Plant.) à VO. antiquoj'ian :
ramis lœviusculis spinosis... pcduncnlis solitatris bracteaduplu longioribus,
ne conviennent nullement à l'échantillon, qui a ses rameaux pubescents
sans épines (Lapeyrouse dit la plante jeune inerme) et des pédoncules de
la longueur d'un millimètre. Un seul des caractères assignés par IMM. Gre-
nier et Godron a \'0. antiquorum L. plaiderait, s'il a de la valeur, en fa-
veur de la détermination de M. Serres, c'est que la pointe de la carène
atteint l'extrémité échancrée de l'étendard.
Ix. Trifolium clgpeatwn L. — M. Serres {loc. cit., p. ù36) croit, contrai-
rement à MM, Grenier et Godron, que l'espèce ainsi désignée dans VHer-
bier est bien celle de Linné. Ses stipules très étroites et longuement subu-
lées, ses divisions calicinales linéaires, témoignent, si je ne m'abuse, qu'à
le travail de M. Serres n'a paru dans le Bulletin que le 25 octobre, et ma Révi-
sion a paru le 11 juillet. Ces dates me paraissent justilier ropportunité de ces
remarques.
sKANci: i)i: 18 di^ckmim'.i; 18Î)7. 1019
l'exemplf de .M. iîiihaui, j'ai rappoilc a hou droit celte piaule au 7. mari-
t union lliids.
5. Seriola œtyiensis Lap. — M. Serres prétoiul {loc. cit., p. .'i37) avoir
constaté dans Vllerbier la présence d'cciiantilions appartenant à cette
espèce. On n'y trouve aujourd'liui sous ce nom qu'un seul pied iVffy-
'jjochœris glabra !.. et non A II. radicata L., comme nous l'avons fait im-
primer {liévis., p. 288 et tirage à part p, 68), par suite d'un lapsm
adcuni (1).
6. Le Carex sphœrica Lap. est rapporté par M. Serres [loc. cit.,
p. Zi39) au C. frigida Ail. Mais, comme nous l'avions reconnu M. I.oret et
moi, V Herbier offre sous le nom de C. sphœrica Lap. deux pieds de C.
polyrrhiza Wallr. (souche cespiteuse ; nombreuses feuilles étroites, dressées,
égalant la tige florale grêle et terminée par trois épis très rapprochés;
bractées non engainantes; utricules velus, etc.), et un sommet de tige de
C. frigida Ail. (bractées engainantes; utricules glabres insensiblement
atténués en bec, etc.).
7. Le Carex secalina Wahlenb. a été pris par I\L Serres pour le C.
flirta L, , mais il doit être rapporté, comme en témoignent les caractères
indiqués dans notre Révision (p. 298 ou 78), au C. riparia Curt. Je me
bornerai à ajouter que la plante a les gaines, les feuilles, les utricules
glabres.
Je saisirai cette occasion pour signaler quelques rectifications que nécessite
mon travail. J'ai rapporté [Rév., p. 260 ou 40) les deux échantillons qui sont
dans V Herbier sous le non) de Sempervivum montanum L. , l'un au ^S'. ar-
vernense Lecoq et Lamt., l'autre au S. Pomelii Lamt. A la suite d'observa-
tions récentes faites dans les Pyrénées par M. Loret sur les mêmes plantes
à l'état vivant, ce botaniste a reconnu que le premier était le 5. Bouti-
gnianum Bill. Gren. , et le second un hybride qui, dans la nomenclature de
Schiede, devra porter le nom de Boutigniano-arachnoideum L.
J'ai omis aussi d'indiquei' que, sous le nom de Sempervivum montanum
L. , on trouve un mélange, dans Y Herbier., de S, montanum L. et de 6".
arachnoideum L.
Enfui j'ai dit à tort [loc. cit., p. 258 ou iiO) que M. Bubani rapportait
le Sedum sphœricum Lap. au S. dasyphjllum L. Ce botaniste reconnaît
la première de ces plantes, qui est le S. brevifolium DC, pour une espèce
distincte.
(1) M. Bubani qui, depuis la publication de notre travail, a consulté VHcrhier
Lapeyrouse, nous a signalé celle absence de concordance entre noire détermina-
tion, (loin l'exaclitude était constatée par une éliquelte de notre main portant
Hypochœris glabra L., et le nom cVHypochœris radicata L. inscrit dans notre
Hévisiûn à la suite des mots Seriola œtnensis L.
'J020 sociKTK ROTAMorr: df, Fn.vNcr:.
31. de Seliœ.K'feld, secrétaire de la (lomniissioii du iîullelin, affirme
que la commuriicalioM de M. le colonel Serres, dont l'original est
encore entre ses mains, porte la date du 15 avril 1857.
M. Bâillon fait à la Société la communication suivante :
OP.GANOGÉNIE DES GRAINES CHARNUES DE VHYMENOCALLIS SPECWSA ,
par M. H. BAILLOIV.
Il y a longtemps qu'Ach. Richard a montré que les prétendus bulbilles
qui se développent dans l'intérieur des fruits de quelques Crinum sont de
véritables graines [Ann. se. not., 1824, p. 12). Mais, comme il n'a pu, dit-il,
« observer ces organes en place, -> il ne s'est pas occupé de leur mode de
développement. C'est ce que j'ai eu l'occasion de faire sur VHymenocnllis
speciosa, qui tleiu'it abondamment au Muséum. Comme la présence de ces
bulbilles est un fait constant, j'ai pu suivre leur organogenie à partir de
l'époque de leur apparition.
L'ovaire est formé d'un axe et de trois feuilles carpellaires qui se mon-
trent simultanément au-dessus des folioles extérieures du périantlie. Kn fer-
mant la cavité ovarienne, cliacune d'elles constitue par ses bords une fente
allongée tournée du côté de l'axe. C'est à la base de cette fente qu'on voit
à droite et à gaucbe apparaître les premiers vestiges des ovules. Ceux-ci
consistent d'abord en un mamelon celluleux coni(jue qui se porte en haut
et un peu en dehors ; puis, au pourtour de la base, on voit naitre successi-
vement les deux enveloppes ovulaires, la secondine et la primine. A me-
sure qu'elles s'élèvent autour du nucelle, l'ovule exécute sou mouvement
anatropique. Son micro|)yle se porte en dehors, puis en bas, et bientôt on a
un ovule complètement anatrope, à raphé saillant logé dans l'angle interne
de la loge. Les deux ovules ayant suivi simultanément ce même mouve-
ment, on les trouve dressés, collatéraux, ascendants, et l'on voit en même
temps à la base de chacun d'eux v\n nouveau mamelon celluleux se produire
à la partie tout à fait inférieure de la loge Ce mamelon, qu'on prendrait
d'abord pour un ovule, ne devient qu'une sorte d'auvent qui s'avance vers la
paroi extérieure de la loge et qui bientôt s'appli(|ue sur le micropyle de
chaque ovule, de manière à l'obturer. Cet oigane a déjà été observé dans
un grand nombre de plantes dicotylédones; il peut donc exister aussi chez
les monocotyledones. Son origine étant la même que celle du bile, il re.s-
send)le beaucoup à un arille vérital)le, ([uant à son mode de développe-
ment. Seulement, il apparaît avant la fécondation et c'est à lui que, dans les
dicotylédones, on a donné le nom de chapeau de tissu conducteur.
Chacune des enveloppes de l'ovule présente quelque chose de spécial dans
la manière dont elle se comporte au niveau du micropyle. La secondine
s'appli(|ue exactement sur le nucelle et bientôt e'Ie se gonfle légèrement
SKAXCL i)i; IS iiKCLMiuiK 18Ô7. 1021
autoiu- (h; rt'iulo.sloim-. An ('ciilre do ce f^oiiflemciit, on ol^.crvi' iiii [if[\l ori-
licf |):ir k'(iuol on [leiit pniclror jusqu'au sommet aigu du luieelle. La pri-
niiiic ne fcinie i)as aussi rapidement son ouverture exostomi(iue; elle l'orme
un collier à bords épais autour de l'orifice, par lequel à ce moment le nu-
celle coiffé de la secondine se prolonge un peu, de façon a faire saillie
au dehors du reste de l'ovule et à aller se mettre en contact avec la face
supérieure du corps celluleux qui coiffe l'ovule. Bientôt, l'exostome s'élève
davantage et cache toutes les parties profondes ; ses bords viennent à se
toucher, ils.se froncent, s'épaississent, et la graine se trouve fermée de ce
côté.
Pendant ce temps, il s'est passé dans son intérieur des modilications im-
portantes. Dans le nucelle, creusé d'un long sac embryonaire étroit, il s'est
développé un embryon celluleux qui occupe le sommet de cette cavité,
puis les membranes se sont épaissies autour de ce nucelle, qui ne prend à
partir de ce moment qu'un développement peu considérable. Ce sont les
enveloppes qui s'épaississent dès lors beaucoup et contribuent à former la
plus grande partie de la graine.
l']lles deviennent tout à fait charnues, mais en même temps un réseau vas-
culaire considérable s'y développe. D'abord on voit des faisceaux, dont le
nombre est le plus souvent de trois, suivre la longueur du raphé jusqu'à la
chalaze. Là ces faisceaux se ramifient et descendent dans les enveloppes
jusqu'au micropyle, en conservant la môme coloration et la même structure
que dans le raphé. Si alors on fait une coupe transversale de la graine, on
voit ces vaisseaux entourés d'une grande masse de tissu charnu dépendant
de l'épaississement de la primine. f^-ofondément, les enveloppes et le nu-
celle se sont soudés et ont confondu leur tissu.
Il s'est donc formé ici des graines à enveloppes charnues, comme ailleurs
les fruits deviennent charnus dans tout ou portion de leur péricarpe. Mais
cette transformation se fait, pour ainsi dire, aux dépens du péricarpe lui-
même, car plus les graines grossissent, plus celui-ci s'amincit; et bientôt,
fortement pressé de dedans en dehors par les graines, il éclate, et ses débris
desséchés laissent sortir les bulbilles, qui se détachent après avoir persisté
quelque temps nus au sommet de l'axe de l'inflorescence.
Lors de la germination, ces corps se comportent exactement comme des
graines, et c'est de ce fait principalement que Richard avait conclu qu'ils
sont de véritables graines. .Mais on peut en même temps en donner une
preuve expérimentale que voici. Sur une inlloresceuce encore en boutons,
on pince le sommet des fleurs a la hauleur \ouIue, pour enlever avec le haut
des sépales les anthères encore l'einites. Puis on laisse la floraison s'ac-
complir : la base du calice, la collerette intérieure s'épanouissent, mais la
fleur est privée d'organes inàles. On n'a pas touché à l'ovaire infère et, si de
veiiiahh's b'ilbilles devaient se développer dans sa cavité, il est a croire
1022 SOCIÉTÉ BOTANlULi-: DE IHANCE.
que leur évolution ne pourrait qu'être favorisée par cette suppression des
parties supérieures. Cependant, on acquiert bientôt la preuve qu'il s'agit
ici de véritables ovules, car n'étant pas fécondés, ils ne se développent pas;
l'ovaire s'atrophie autour d'eux et tombe bientôt jauni et desséché, tandis
qu'il grossit invariablement quand on ne supprime pas l'androcée.
Quel est, je ne dirai pas le but, mais le résultat de cette transformation
des graines? La rapidité de leur développement. Tandis que le fruit des
autres Amaryllidées met un long temps à mûrir, on voit souvent, dans
l'espace de moins d'un mois, les ovules de V Bymenocallis gvossiVy arrivera
maturité et se détacher de la plante-mère pour entrer en germination.
M. Payer rappelle qu'Achille Richard considérait la partie charnue
des graines de Crinum comme un alhumen. Il demande à M. Bâillon
s'il est du même avis, et si cet albumen diminue ou augmente de
volume pendant le développement de la graine.
M. Bâillon répond que le nucelle entre dans la formation de ces
graines, mais, avec lui, la primine et la secondine qui prennent un
développement considérable.
M. Weddell demande à M. Bâillon s'il a reconnu la présence de
faisceaux fibro-vasculaires dans la secondine d'autres plantes.
M. Bâillon répond affirmativement. Le fait, dit-il, est facile à voir
dans les Euphorbiacées.
M. Duchartre demande à M. Bâillon s'il a fait l'étude anatomiqu3
de ces faisceaux libro-vasculaires.
M. Bâillon n'en a pas fait l'étude anatoniique, mais il les considère
comme des faisceaux fibro-vasculaires, parce que leurs lignes partent
de la chalaze.
M. Guillard s'exprime en ces termes :
En terminant l'exposé de la théorie générale de l'inflorescence, j'aiinsisté
sur la nécessité d'élever la langue à la hauteur des découvertes, et de repousser
les termes vicieux qui se sont introduits subrepticement en ce sujet depuis
quelques années seulement; j'ai invité les habitudinaires de ce langage im-
parfait à se mettre d'accord avec la logique, ce (lu'ils ne peuvent faire qu'en
démontrant : ou que mes observations sont fausses, ou que le langage qu'ils
veulent conserver les représente exactement et sans contradiction; enfin
j'ai promis de faire voir, par un exemple remarquable et curieux, l'impos-
sibilité de garder ou de communiquer des idées justes dans une langue
qui ne l'est pas, avec des mots arbitrairement détournés de leur sens usuel,
et mal déterminés. Cet exemple sera fourni par le dernier volume publié du
sÉANCK i)i; 18 DKcicMKiti': 1S57. 1()'23
l'rudroniiis IXJ. On y voit des efibits louables pour tirer de roi)seurité et
du vague où il est resté jusqu'à présent, ce earaclère essentiel à la détermi-
nation des plantes; mais on y voit eu même temps l'avortement de ces
efforts et de cette conception. Je crois trouver l'explication de cette impuis-
sance dans une Note sur la famille des Santalacées, qui a été distribuée
ces jours-ci, par M. Aiph. De Candolle, et dont Je voulais vous soumettre
aujourd'bui une appréciation critique. Mais forcé de partager en deux
cette lecture, qui serait trop longue pour une seule séance, je demande la
permission de la remettre à l'année prochaine.
M. Guillard présente ensuite à la Société une tige de Chanvre et
dit :
Cette tigCj cueillie au mois d'août dernier dans une vigne au-dessus de
ileuil (Seine-et-Oise), offre la doublure anormale d'une Feuille, phénomène
intéressant en ce qu'il se rapporte au problème, encore bien indéterminé,
de l'influence de la Feuille sur son axillaire.
Elle porte, vers le milieu de sa hauteur, deux Feuilles conjointes col-
latéralement, aisselant ensemble un rameau axillaire, beaucoup plus fort,
trois et quatre fois plus fort que ceux qui sont au-dessus et au-dessous. Cet
axillaire est apprimé et un peu fascié. Quelqu'une de ses Feuilles est doublée
à peu près comme sa paire d'aisselières.
Cela se passe au-dessous de la protanthèse, au-dessus du dénivélement
sur tige, et avant que l'ordre F 2/5 soit régularisé. Chacune de ces deux
Feuilles est, comme à l'ordinaire, palmée à 6-7 folioles ; chacune envoie à
la tige 3 cohortes foliales (faisceaux séveux-trachéens) : les 2 intermédiaires
sont contigués et unies; les 6 cohortes embrassent les 2/3 du verticille in-
terne, au lieu du tiers que les 3 cohortes d'une Feuille de Cannabis em-
brassent dans l'ordre normal.
Il est manifeste que la doublure de la Feuille a plus que doublé la force
du rameau aisselé. [.'aisselle étant comme 2, l'axillairc est commet. Ainsi,
l'on pourrait dire (si l'on croyait bien à la cause) que l'effet produit a crû
comme le carré de la cause productrice.
M. Bâillon fait remarquer que ces deux feuilles n'ont que trois
stipules au lieu de quatre; la stipule intermédiaire compte pour
deux.
M. Guillard ajoute que celte stipule est placée sur la double
cohorte intermédiaire dont il a parlé, et de manière à lui envover
ses trachées directement, comme les stipules simples font aux cohortes
foliales simples.
M. Duchartre fait à la Société la communication suivante :
10*2/i SOCIÉTÉ 15U1AMQLK DE FRANCE.
OBSEIW AllONS Sun LA TRANSPIRATION DES PLANTES PENDANT LA NUIT ;
par M. P. DLCIIARTRE.
Je désire appeler pendant quelcines instants l'attention de la Soeiétc sui'
une phase de la transpiration qui me semble avoir été trop négligée par les
physiologistes a (|ui nous devons de beaux travaux sur l'ensemble de ce
grand phénomène; Je veux parler de la portion de la transpiration journa-
lière qui s'effeetue pendant la nuit. J'ai été amené à m'en occuper par les
expériences dans iesfiuelles je me suis proposé de reconnaître comment les
plantes se comportent vis-à-vis de la rosée qui les mouille. Mes recherches
m'ayant conduit à ce résultat, en désaccord avec les idées reçues, que les
feuilles n'absorbent pas l'eau de la rosée condensée à leur surface, je ne me
suis pas dissimulé que la légitimité de cette conclusion pourrait être con-
testée, comme elle l'a été en effet dans l 'avant-dernière séance par un de mes
savants confrères, si l'on pouvait dire qu'il s'opère pendant la nuit une
transpiration assez abondante pour masquer une absorption tant soit peu
notable d'humidité qui aurait eu lieu pendant le même temps. J'ai donc dû
chercher h reconnaître si les plantes transpirent pendant la nuit, et dans
le cas de l'affirmative, quelle est l'intensité de leur transpiration dans les
diverses circonstances où elles peuvent se trouver.
Pour ces recherches, j'ai dû faire abstraction des idées admises géné-
ralement dans la science et présentées dans les ouvrages relatifs à la phy-
siologie végétale. Haies avait dit [Statique des végétaux, trad. de Buffon,
in-i, p. h) qu'un HeliantJius annuus, dont la transpiration s'était élevée,
par un jour sec et chaud, a 1 livre \h onces, n'avait plus perdu que
3 onces par une nuit également sèche et chaude, sans rosée sensible, et il
avait ajouté ((ue la moindre rosée supprimait toute transpiration, soit
pour cette plante, soit pour les autres dont il s'était occupé. Les physiolo-
gistes modernes ont, pour la plupart, été plus loin que Haies, tout en le
citant; c'est ainsi qu'on lit dans la Physiologie de De Candolle (F, p. 112) :
« Haies avait déjà vu que les \'é^i'\au\7ic transpirent que pendatit le Jour; »
dans celle de M. Treviranus (I, p. 488), que « la transpiration diminue le
soir et cesse d'ordinaire entièrement pendant la nuit (1). »
Contrairement à ces énoncés, et me l)asant sur les observations que j'ai
faites en 1857, dans un grand jardin, à jMeudon, en mettant à profit,
autant (|u'il m'était possible, les circonstances atmosphériques diverses
qui se présentaient, je crois pouvoir admettre : 1° Qu'il n'est pas exact de
direa\ec De Candolle que les végétau.x ne tran.spirent (jue pendant le joui';
2" qu'on ne peut considérer non plus comme fondée l'assertion plus res-
(1) « Abcnds vcrmindorl sic .sicli inid Nachts harl sic gtniciniglicli ganz auf. »
{Physiologie cler Geivœchse, loc. cil.)
SKANCK DU 18 DKCKMlîUI': 1857. 1025
tieinte de Haies, selon laquelle les plantes transpireraient uniquement
pendant les nuits chaudes, sècjies, sans rosée et cesseraient de le faire
aussitôt (lu'il y aurait sur leurs feuilles le moindre dépAt de rosée; 3° qu'il
s'opère généralement pendant la nuit, quelque humide qu'elle soit, une
certaine transpiration; /i" mais que, déjà faible dans les circonstance-^, les
plus favorables, c'est-à-dire pendant les nuits chaudes, sèches ou sans
rosée, elle n'amène plus qu'une fort petite déperdition lorsqu'il se dépose
une légère rosée, et qu'elle devient presque nulle, peut-être même quelque-
fois nulle, quand une forte condensation d'humidité forme sur la surface
des feuilles un revêtement liquide complet.
La transpiration nocturne étant très faible aussitôt qu'il y a sur les
feuilles une légère condensation d'humidité et devenant beaucoup moindre
lorsque la rosée est plus abondante, il résulte de là, comme conséquences
naturelles : 1° qu'elle ne pourrait dissimuler qu'une absorption d'autant
moindre qu'il y aurait une plus grande quantité d'eau sur ces organes^, ce
qui deviendrait pour les plantes une faculté superflue et, si je puis le dire,
contradictoire; 2° que, comme pendant les nuits chaudes, sèches et sans
rosée, où par conséquent il ne peut être question de l'absorption d'une
eau superficielle absente, la déperdition est assez peu considérable pour
qu'une quantité d'eau équivalente, étant introduite dans les plantes, ne pro-
duisit qu'un effet peu marqué sur la végétation, cet effet deviendrait, à
plus forte raison, insignifiant dans les cas de forte rosée.
Je ferai observer que cette marche générale de la transpiration pendant
la nuit est en parfaite harmonie avec tout ce qu'on sait relativement à i'in-
fluence des actions extérieures sur lintensité de ce phénomène, de telle
sorte qu'on serait conduit à la présumer par simple voie de déduction logi-
que, lors même que des preuves expérimentales ne viendraient pas
l'établir.
Je ne dois pas négliger de dire que les observations dont il va être ques-
tion dans cette note ont été faites, en 1857, sur les plantes qui m'ont servi
de sujets pour mes expériences sur la rosée, par conséquent sur des plantes
en bonne végétation, dont le pot était enfermé dans un appareil de verre
parfaitement clos, mais dont la tige feiiillée flottait libiement dans l'atmo-
sphère.
Il me reste maintenant à exposer quelques-uns des faits sur lesquels je
crois pouvoir baser les énoncés généraux que j'ai donnés comme exprimant
dans quelle mesure les végétaux transpirent pendant la nuit, selon les con-
ditions diverses où elles se trouvent.
I. Transpiration pendant les nuits sans rosée.
1° vÈRONicA lijsdleyaisa Paxt. — Je rapporterai, [tour celte plante, des
exemples fournis par trois pieds différents.
T. IV. 6.')
1026 sociétl; botaniquii: de frange.
l^e pieniiei" formait un petit arbuste rameux, ramassé, chargé d'un assez
grand nombre de feuilles de grandeur moyenne ou même un peu petites.
Dans la nuit du 17-18 août, qui a été sèche, chaude et sans rosée (tenipér.
minimum = 16"), cet arbuste, placé sous une grande vitre suspendue ho-
rizontalement au-dessus de lui, a perdu 28',2, entre 8 heures du soir et
6 heures du lendemain matin (15395^0 à 1536s',8). Cette déperdition est
la plus forte (jue j'aie constatée pour lui ; en effet, placé de même pendant
les nuits des 26-27, 27-28 du même mois (tempér. minimum. = 15°, 4 et
1d°,2), il n'a perdu que V%& et \^\8 (1622s',8 à 162l«S2 pour la première
nuit, 1598s',0 à 1d96^'%2 pour la seconde). Pour donner un terme de com-
paraison, je dirai que, dans la journée du 27 août, qui a été belle, calme et
pendant laquelle un thermomètre à réservoir nu marquait au soleil 28 de-
grés dès 9 heures du matin, la même plante a perdu 37 grammes, entre
6 heures du matin et 7 heures et demie du soir, placée en plein air de ma-
nière a recevoir le soleil de 7 heures et demie du matin jusqu'à 3 heures du
soir. Ainsi sa transpiration la plus forte, pendant une nuit très chaude et
sèche, n'a pas même été 1/17 de celle qu'elle a subie pendant une belle
journée d'été. Si l'on veut une comparaison entre des époques aussi rap-
prochées que possible, sa transpiration pendant les deux nuits qui ont pré-
cédé et suivi la journée du 27 août n'a été, pour l'une que 1/23, pour l'autre
(jue 1/21 environ de celle qui a eu lieu pendant cette journée.
Les résultats fournis par les deux autres pieds de Vej'onica Lindleyana
concordent avec ceux qu'on vient de voir.
I.e second ne portait pas moins de Zi9 feuilles bien développées, dont la
longueur moyenne était de 6-7 cent., et dont les plus grandes étaient lon-
gues de 8-9 cent. Pendant la nuit du 20-21 septembre, qui a été belle et
calme, mais fraiche (tempér. minimum = 6°, 5), et après laquelle cepen-
dant, laissé à découvert au milieu du jardin, il n'a pas présenté de rosée
visible, sa transpiration a été de 2'',6, entre 8 heures du soir et 6 heures
du lendemain malin (1809^', 6 à 1807s'-,0). Pendant la journée suivante du
21, qui a été belle, mais où le maximum observé au soleil, sur le thermo-
mètre à réservoir nu, n'a été que 22", 5, la même plante a perdu par trans-
piration i3s',8, de 9 heures du matin à 7 heures du soir. Il est évident que
ce nombre se serait élevé au moins à 50 grammes, si une circonstance par-
ticulieie n'avait pas empêché de commencer l'observation dès 6 heures du
matin. Ainsi la transpiration de la nuit a été avec celle du jour suivant
dans le même rappoit que pour le pied n" 1.
Le troisièine pied de Veronica Lindleyana avait une surface foliaire no-
tablement moindre que celle des deux premiers; il consistait en un jet
simple, cliargé d'une vingtaine de feuilles bien développées. Aussi, observé
pendant les mêmes nuits que le n"l, mais à découvert, a-t-il donné con-
hlamment des chiffres plus faibles pour sa transpiration. Ces chiffres ont
SÉANCK UL 18 DÉCKiMIUnO 1857. 1027
étélK',6, !«',(), \^',U pour ces Irois nuits du 17-18 .-loût, des 25-2G, 27-28
sepU-inbie (18a26',0 a IS/Ul^'^ù; 1S77^',0 à 1876«',0; 18688',0 à 18668^6).
Quant à la Iranspiiation diurne de cet arbuste, pendant la journée du
27 août, qui m'a ser\i d'exeniplo pour le pied n" 1, elle a été de 28^', 2,
entre 6 heures du matin et 7 heures et demie du soir. Ainsi sa transpiration
nocturne moyenne a été un peu au-dessous de 1/21 de cette transpiration
diurne.
Je crois qu'il serait difficile de trouver des résultats plus concordants
entre eux que ceux qui ont été donnés par ces trois plantes.
2° lŒINE-MARGUERITE.
J'ai mis en observation deux pieds de Keine-Marguerite rameux et bien
feuilles, que j'avais choisis aussi semblables entre eux que possible.
Le n° 1, placé sous une grande vitre suspendue horizontalement, pen-
dant la nuit chaude et calme du 25-26 août (tempér. minimum = 15", 7),
a subi une transpiration de V'\1 (2181s^8 à 2178«',6), maximum qui n'a
jamais été atteint ensuite, à 1 gramme près au moins de différence. Pendant
la même nuit, le n° 2, ayant été laissé à découvert au milieu du jardin, et
bien que n'ayant pas reçu la moindre rosée, comme le premier, n'a perdu
que 2s',2 (2185s%0 à 2182s'",8) pendant le même espace de temps, ou entre
7 heures du soir et 6 heures du lendemain matin. Quant au n"l, étant resté
à découvert pendant la nuit suivante, 26-27 août, il n'a pas montré de rosée
le lendemain matin ; et cependant il n'avait transpiré que 1=",6 (2138^%^ à
2136s',8). Les résultats ont été ou identiques ou presque identiques pen-
dant quelques autres nuits sans rosée du mois de septembre, pendant
lesquelles la plante a été laissée également à découvert au milieu du jardin.
Je citerai notamment celles du 18-19 (tempér. minimum = 10°, 5) et du
21-22 (tempér. rainimum=:9",0), pendant lesquelles sa transpiration a été
de 16', 8 et 1«^6 (22158',8 à 221is',0 ; 2221s',4 à 2219»', 8).
Pour le \\° 2, pendant les nuits sans rosée de la même époque qu'il a
passées à découvert, sa transpiration a varié de ls',8 à 25',6, terme le plus
élevé que j'aie observé pour lui.
Le 27 août, entre 6 heures du matin et 7 heures et demie du soir, mes
deux Reines-Marguerites ont été placées à découvert et ont reçu le soleil
pendant 7 heures et demie. Le n° 1 a perdu par transpiration h^^%^, len" 2,
lxl^\^, résultats remarquables par leur concordance. Si nous cherchons le
rapport qui existe entre les transpirations nocturnes et diurnes de ces deux
plantes, nous verrons que, la moyenne de la nuit étant de 1^\l\ pour le n° 1,
de 2s',2 pour le n" 2, le rapport dont il s'agit est, à fort peu de chose près,
1/20 pour le premier, 1/21 pour le second.
Il est curieux et instructif en même temps de comparer la quantité d'eau
que ces plantes ont transpiréc pendant la nuit, dans les conditions les plus
favorables à cette déperdition, avec le poids de celle qui a pu se condenser
1028 SOCIÉTÉ BOTAr^lQUiC DE FRANCE.
sur elles cm rosée clans des circonstances opposées et fort défavorables à cette
même transpiration. Or, du 1^ au 18 septembre 1857, la coucbe de rosée
([t!e j'ai trouvée, le matin, sur mes deux Reines-Marguerites s'est élevée
jusqu'au maximum de 7 grammes pour le n" 1, de 63',8 pour le n° 2. f.c
simple rapprochement de ceschiffies me semble dispenser de tout commen-
taire.
3° HORTENSIA. — Pour uc pas trop prolonger cette note, je rappoiterai
très succinctement quelques-unes des observations que j'ai faites sur deux
jeunes Hortensias qui portaient chacun 1^ feuilles, le h septembre, au mo-
ment où ils eut été mis en expérience, et qui avaient été choisis aussi sem-
blables que possible l'un à l'autre.
Le n" 1 a été placé sous une grande vitre horizontale pendant les nuits
du 6-7, du 9-10. De bon matin, le lendemain, il ne présentait pas de rosée
appréciable et il avait perdu 2^',2 dans le premier cas (2227s',8 à 2225^' ,6),
l''',2 dans le second (2209?', 8 a 2208e', 6). Pendant la nuit du 20-21 il a été
placé à découvert et, ne portant pas de rosée le matin, il a accusé une dé-
perdition de \^\k (21686%8 à 21678',^). Pendant cette même nuit, le n° 2,
laissé également à découvert, au milieu du jardin, a perdu ls',8 du poids
qu'il avait à huit heures du soir (2132s',/i à 2130s',6)
Je ne puis passer sous silence un fait remarquable observé pendant la
nuit du ^-5 septembre. La pluie a été abondante et à peu près continue;
l'Hortensia n" 2, placé en plein air, a été garanti par une simple vitre sus-
pendue hoiizontalement au-dessus de lui ; cependant, au milieu de cette
atmosphère chargée d'humidité, il n'a pas laissé de transpirer, et le matin,
à six heures, j'ai constaté qu'il avait perdu ls',2 (22698',6 à 2268^',^).
La faiblesse de la transpiration de mes deux Hortensias, pendant la nuit,
est d'autant plus remarquable que la déperdition pendant le jour est très
considérable pour cette espèce, comme on le sait. Ainsi, par un jour cou-
vert, le 12 septembre, le n° 1 a perdu oO=',Zi entre huit heures et demie du
matin et sept heures et demie du soir; ainsi encore le 7 du même mois, hî
li" 2, étant resté exposé à un soleil presque continu de huit heures du matin
jus(iu'à une heure et demie, a perdu t\U'°',h, par transpiration, dans ctt es-
pace de cinq heures et demie, tandis que la déperdition a été de 37s',6pour
le n" 1 qui avait été placé au même lieu, pendant le même temps, derrière
un écran formé de deux gazes superposées.
II. Transpiration pendant les nuits où il y a eu de la rosée.
Les nombreuses observations de Haies, de Guettard, de Sénebier, etc.,
en un mot, de tous les physiologistes qui ont fait des recherches expéri-
mentales sur la transpiration des plantes, ayant prouvé (|uc ce phénomène
subit a un très haut degré les induonces physi(|ues ou externes, il est facile
de prévoir que la faible déperdition qu'il détermine dans les plantes peu-
sÉANCr, DU 18 Di';r,K;\mnF. 1857. 1()29
dant les nuits sans rosée tlcvieiidra beaucoup plus faible encore lorsque la
condensation de la vapeur atmosphériqui; amènera sur les feuilles le (l(''|)ôt
d'une couc'be de rosée, c'est-à-dire la formation d'un revêtement liquide.
Aussi Haies aflirniait-il avoir recoinni, dans ses expériences justement célè-
bres, que, « aussitôt qu'il y avait un tant soit peu de rosée, il ne se faisait
plus de transpiration » [loc. cit.). Je ne sacbe pas qu'un seul physiologiste
ait mis en doute la justesse de cette assertion, et il est admis par tous les
auteurs que la moindre formation de rosée sur les feuilles met fin ;i toute
transpiration de leur part. Cependant, grâce aux appareils et à la méfliode
dont j'ai fait usage pour mes recherches, j'ai pu reconnaître que ces idées,
universellement admises, sont trop absolues et (ju'en général la rosée, tout
en diminuant la déperdition aqueuse d'autant plus ((u'elle se dépose elle-
même en plus grande quantité, ne l'anéantit pas entièrement. Voici quel-
ques-uns des faits sur lesquels est basée mon opinion.
Rien n'est plus facile que de prouver que les plantes transpirent pendant
la nuit, bien qu'une légère rosée se dépose à leur surface. En effet, toutes
les fois que cette rosée produit sur elles l'effet d'une simple buée plus ou
moins prononcée, il suffit de les peser de bon matin, encore couvertes de
cette faible couche d'humidité, pour trouver un poids total plus ou moins in-
férieur à celui qu'elles avaient la veille à l'entrée de la nuit. Elles ont donc
transpiré; même leur transpii'ation a été assez marquée pour que la dimi-
nution qui en a été la conséquence ne puisse être dissimulée par le poids de
l'humidité superficielle qu'elles poitent lorsqu'on les met, encore humides
de rosée, sur le plateau de la balance. Ce fait est assez général pour que je
l'aie constaté dans tous les cas où il y a eu peu de rosée. Je ne crois donc
pas nécessaire d'en citer de nombreux exemples, et je me bornerai à en
rapporter quelques-uns choisis de manière à montrer en même temps que
la déperdition nocturne devient d'autant moindre que la rosée se condense
en plus grande quantité.
Le pied n° 3 de Veronica Lindleyana, dont il a été question plus haut,
a transpiré, en moyenne, comme on l'a vu, l'',3 pendant les nuits sans
rosée de la fin du mois d'août. Ee 28 du même mois, à sept heures du soir,
il pesait 1863s',0, et le lendemain matin, à cinq heures et demie, malgré
la présence d'une légère buée sur ses feuilles, j'ai constaté qu'il ne pesait
plus que 1862'',2. Il avait ainsi diminué de Os',8. Or, comme j'ai reconnu
que cette mince couche de rosée pesait 0^',^, il résulte de là que la déper-
dition réelle avait été de 1^',2, c'est-à-dire égale cette fois à celle de cer-
taines nuits sans rosée. Après la nuitdu 9-10 septembre, cette plante pesée,
à six heures du matin, avec une buée un peu moins légère, n'a montré
qu'une diminution de 0^'\2 sur le poids qu'elle avait eu la veille, à huit
heures du soir. Mais si l'on déduit 06", 6 -pour le poids de cette faible rosée,
on aura 08',8 pour la diminution totale subie pendant cette nuit.
•]{);iO SOCIKTK lîOTAMQll': Î)F. FRANCF.
l'oui'la Roinc-lMargucMite n" 2, ladrpei'ditioii, pendant les nuits sans rosée,
a été, au niiniinnin, de l'',8, au maximum, de 2°',6, ce qui donne 2'\.2
pour la moyenne. Après la nuit du 29-30 août, elle ne portait qu'une buée
très légère; celle-ci comprise, elle avait diminué depuis la veille de Os',8.
Je crois être plutôt au-dessus (|u'au-dessous de la vérité en évaluant par
comparaison à 0°'\k le poids de cette faible quantité d'humidité que je n'ai
pas apprécié directement; cette quantité déduite, on aurait ls%2 pour ex-
pression de la diminution réelle. La buée que portait ce sujet après la nuit
du 28-29 août était assez prononcée, certainement plus forte que dans le cas
précédent. Lorsque je l'ai pesé, le 29, a cinq heures et demie du matin,
avec cette humidité superficielle, je n'ai constaté en lui qu'une diminution
de Os',2 sur le poids de la veille (2Hls%8 à 21/il°',6). J'ai reconnu que la
rosée qu'il portait pesait U«',(), d où sa tleperdition totale avait été de Os', 8.
— Le 1"" septembre, vers sept heures et demie du soir, cette Reine-Mar-
guerite a pesé 2H6^',8. Le lendemain, à six heures du matin, elle portait
une rosée assez forte pour la couvrir d'une couche d'eau bien visible; delà,
mise ainsi mouillée sur la balance, elle a montré un poids total de 21^7s',/!i;
mais, cette eau déduite, le poids réel est descendu à 21A6°',Zi, accusant une
déperdition léelle de 0*^',fi. Enlin le dernier terme de cette série est formé
par les cas dans lesquels la rosée a été très abondante. Dans ces circon-
stances, lorsque j'ai pesé la plante, le matin, fortement mouillée de rosée,
j'ai trouvé, relativement au poids qu'elle avait la veille à l'entrée de
la nuit, une augmentation apparente qui a disparu dès que j'ai enlevé l'eau
superficielle, de telle sorte qu'il est resté ensuite un poids réel inférieur à
celui de la veille d'une très faible fraction de gramme, plus rarement égal
à celui-ci, au moins d'après les appréciations de ma balance dont la sensi-
bilité ne dépassait pas 1/5 de gramme. Je ne crois pas avoir besoin d'insister
sur ce dernier point, dont je me suis occupe en détail dans mon mémoire
sur les rapports des plantes avec la rosée.
Des faits analogues à ceu\ que je viens de rapporter m'ont été offerts avec
une concordance remarquable par les diverses plantes que j'ai prises pour
sujets de mes observations. Je crois donc pouvoir regarder comme suflisam-
ment justifiés les principes que j'ai formulés dans cette note, notatnment la
persistance de la transpiration malgré le dépôt de la rosée sur les feuilles et
sa diminution d'autant plus considérable que celle-ci se dépose en plus
grande (juantité.
Quant à la suppression totale de la transpiration dans des cas de très
forte rosée, sans vouloir la contester de manière absolue, je serais porté
à ne pas l'admettre : 1° parce que, dans la plupart de ces circonstances, j'ai
constaté une déperdition appréciable subie par les plantes ; 2" parce que
j'ai reconnu que même l'immersion complète d'un végétal dans l'eau pen-
dant une journée ou une nuit entière, ne l'empêche pas de subir une légère
séancl: du 18 dkckmiîp.f. 1S57. 10;')1
perte de poids; et (ju'il me semble dès lors diflieile que h; .siin[)le levrU;-
rneiit liquide formé par une forte rosée exerce une iiifUience plus énergi(|ue
qu'une masse d'eau.
Enfin, relativement à une absorption d'buniidité tant soit peu notable
s'opérant en même temps que la transpiration pendant que la rosée se dé-
pose sur les plantes, l'enchainement des faits que J'ai présentés dans cette
note me semble en démontrer l'impossibilité.
M. AVeddell csl d'avis que les expériences faites par M. Ducliarlre
ne démontrent pas la justesse de ses conclusions, conclusions d'ail-
leurs qu'il ne conteste pas en elles-mêmes. Il rappelle que, dans les
forets d'Amérique, certaines Broméliacées (les Vriesia par exemple)
vivent suspendues par leurs feuilles aux branches d'arbre, et cependant
elles n'ont pas de racines.
M. Ducharlre reconnaît que certaines plantes (par exemple plu-
sieurs espèces de Tillandsia) se développent sans jamais avoir de
racines à l'état adulte. Il ne se prononce pas au sujet de l'absorption
de l'eau à l'état liquide dans certaines circonstances, mais il nie
l'absorption de rhumidité à l'état de vapeur. Quand on plonge dans
l'eau un rameau flétri, il y a absorption locale. Chez les Bromé-
liacées dépourvues de racines, l'absorption pourrait avoir lieu par
l'aisselle des feuilles et par la tige. Un Tillandsia suspendu a perdu
de son poids dans une serre très humide du Muséum. On l'a placé
ensuite dans un autre endroit où on l'a seringue, et il a gagné du
poids.
M. Weddell admet que certaines Broméliacées absorbent de l'eau
par leurs aisselles, mais il ne saurait en être de même pour le Til-
landsia iisneoides.
M. Duchartre répond que, dans le Tillandsia usneoides, le revête-
ment écailleux que présente la plante entière doit nécessairement
retenir une grande quantité d'humidité qui peut-être est ensuite ab-
sorbée. 11 rappelle que, dans une communication précédente, il a fait
connaître les résultats d'expériences analogues à celles de Bonnet, et
dans lesquelles la balance accusait une absorption d'eau par l'une
des deux faces des feuilles détachées de diverses plantes. M. Du-
chartre maintient que les plantes n'absorbent pas Teau à l'état de
vapeur. D'ailleurs, ajoute-t-il, certains végétaux peuvent s'accroître
tout en perdant de leur poids.
M. Cosson donne lecture de l'extrait suivant d'une lettre qu'il
'1032 SOCIKTK ROTANIQUR DF. FRANCE.
vienl de recevoir de M. E. Bourgeau, attaché comme collecteur-
botaniste à la Commission que le gouvernement anglais a chargée de
Texploration scientifique des possessions britanniques de l'Amérique
du Nord :
Carlton-House, H octobre 4 857.
J'espère que cette lettre vous parviendra, bien que je sois dans un pays
où les communications sont déjà maintenant rendues bien difficiles par les
glaces et la neige, lui raison de l'intérêt que vous me portez, vous appren-
drez sans doute avec plaisir que notre voyage a été heureux jusqu'ici et que
je n'ai qu'à me louer des bonnes dispositions a mon égard de M. Palliser,
chef de l'expédition. De mon côté, je ne négligerai rien poui' repondre à la
confiance que sir William Hooker et M. Palliser m'ont fait l'honneur de me
témoigner en m'attachant comme collecteur à une expédition qui me per-
mettra de visiter des pays si curieux, où je me promets de faire de belles
collections. J'ai déjà fait deux envois d'une vingtaine de paquets à sir
W. Hooker, et j'espère qu'il en sera satisfait, bien que les plaines et les pla-
teaux que nous avons parcourus présentent une végétation assez uni-
forme.
Il m'est impossible de vous donner une idée exacte des immenses espaces
que nous avons traversés cet été et dont les cartes ne peuvent fournir qu'une
notion bien imparfaite. Nous avons fait par eau près de hOO lieues, après en
avoir parcouru deux cents en chemin de fer ; et le trajet à travers les prai-
ries (où nous sommes actuellement), qui a été fait soit en charrette, soit à
cheval, est de près de 500 lieues. Pendant près de 200 à 300 lieues les prai-
ries ne présentent guère que 25 à 30 espèces qui forment le fond de la vé-
gétation. Les plantes ont été, en moyenne, recueillies à environ 12 échan-
tillons : c'est tout ce qu'il m'a été possible de faire, vu la difiiculté des
transports et la quantité de papier dont je pouvais disposer.
La neige et la glace vont bientôt interrompre mes herborisations et nous
confiner dans le fort de Carlton-House, où, dans une installation confor-
table, nous attendrons que le retour de la belle saison nous permette de
nous diriger vers les Montagnes-Rocheuses, l'un des buts principaux de l'ex-
pédition; la récolte des plantes alpines y sera sans doute abondante et me
rappellera la végétation de nos hautes Alpes de Savoie, où j'ai fait mes
premières courses botaniques.
M. J. Gay ajoute quelques détails sur le voyage qu'exécute en ce
moment 31. liourgeau :
Il explique que la Commission scientifique dont fait partie M. Boui'geau
a pris ses quartiers d'hiver a Carlton-House, sur le Saskatehawan, un des
alfiuents du lac AVinnipeg, dans le Haut-Canada. Carlton-House est un
SÉANCE DU 18 nWlRMBRK 1857. 1033
poste avancé do la Compagnie des polk'toiics de la baie d'iludson. C'est de
là qu'au pilntcnips l'expédition continuera ses opérations, en se dirigeant
sur la chaîne des Montagnes-Rocheuses.
M. Cosson, secrétaire, présente plusieurs plantes rares, recueillies
par M. Eloy de Vicq dans les départements de la Sonmie et du Pas-de-
Calais, et donne lecture de la communication suivante, adressée à la
Société :
NOTES SUR QUELQUES PLANTES DU LITTORAL DES DÉPARTEMENTS DE LA SOMME
ET DU PAS-DE-CALAIS, par M. I^LOY DE \IVQ.
(Paris, 18 décembre 1857.)
Cochlearia danica L. Sp. 903 ; Boucher, Cat. fl. cV Ahbev. [1803] ;
Pauquy, FL de la Somme, Ul ; Gr. et Godr. Fl. de Fr. I, 128; Puel et
Maille, Herb. fl. loc. i\° 168. — La première station de cette espèce dans la
Somme est celle des dunes de Saint-Quentin-eu-Tourmont. Je l'ai récoltée
aussi à Étaples (Pas-de-Calais) et vers le cap Gris-Nez. Nous ne trouvons
pas le C. anglica L.
Crambe niaritima L, Sp. 937; Boucher, Cat. fl. d'Abbcv. [1803];
Pauquy, FL de la Somme, hO; Gr. et Godr. Fl. de Fr. I, 157. — Cette
plante, commune à Criel (Seine-Inférieure), se trouve aussi entre le ïré-
port et Mers et sur le banc de galets entre le bourg d'Ault et le Hourdel
(Somme).
Viola saimiofsa Boreau, Not. pi. Fr., in Bull. Soc. ind. Angers, ann. 1U,
n" 6, p. 335 [1853]; Puel et Maille, Herb. fl. loc. n" 249 (F. tricolor
Boucher, Cat.fl. d'Abbev. [1803]) ; distinct du V. tricolor var. sabulosa DC.
par ses pétales beaucoup plus longs que le calice. — Cette espèce ou variété,
remarquée par M. Tillette deClermont, est très répandue dans les dunes du
littoral.
Pisnni niaritimum L. Sp. 1027 ; Boucher, Cat. fl. rf'Aôôey. [1803];
DC. Fl. fr. IV, 585; Pauquy, FL de la Somme, 102 {Lathyrus mari-
timus Pries; Gr. et Godr. Fl. de Fr. 1, 486 ; Puel et Maille, Berb. fl. loc.
w 145.— Signalé pour la première fois eu 1803 par Boucher (et d'après lui
par De Candolle et par Pauquy), au Hourdel, commune de Cayeux (Somme),
dans les galets près de la mer. J'ai rencontré en 1853 un pied de celte
plante sur la digue de galets entre le Tréportet Mers; depuis il a disparu.
Il en existe, près du fort de Mers, deux autres pieds qui proviennent de
graines que j'y ai semées en 1853.
Cineraria païustris L. Sp. 1243; Boucher, Cat. fl. d'Abbev. [1803];
Pauquy, FL de la Somme, 200 {Senecio palustris DC; Gr. et Godr. FL
de Fr. H, 124; Puel et Maille, Herb. fl. loc. n» 162). — Marais de Saint-
103/1 SOCIKTi: KOTAMOIF HK FI'.ANCE.
Oiieiitiii-en-Tonrmonr, Étnpics, Condotto près T5oulogno. Cette plante qui,
d'après des notes manuscrites de Dumaisniel de l'elleval, existait en 1775
dans les fossés auprès d'Abbeville, a disparu depuis longtemps de cette lo-
calité, ainsi que le Lysimochia thyrsiflora L. qui a été détruit par suite des
travaux des fortifications.
Pyrola rotundifoiia L. vai". areiuiria Koch; Gr. et Godr. FI. de Fr.
II, ^37 ; Puel et Maille, Herb. fl. loc. n° 457. —Cette variété est très com-
mune dans toutes les dunes, où elle vient à l'abri de \' Hippophaë rhamnoides.
Erythrœa littoraiis Fries, Nov. fl. suec. éd. 1, p. 29; Fl. dan. tab.
181^; Puel et Maille, Berb. des fl. loc. n''212. — Cette espèce, découverte
par M. Tillettede Clermont, appartient aux dunes. Je l'ai rencontrée de-
puis Saint-Quentin-en-Tourmont jusqu'à Ambleteuse.
Gentiana amareiia L.; Koch. — Cette plante, indiquée par M. J. Gay
et retrouvée par M. Tillette de Clerraont, n'est pas rare dans les dunes.
Obione peduncniata IVIoq.-Tand. [Afriplex pedunculata L. Sp. 1675;
Boucher, Cat. fl. d'Abbev. [1803]; DC. Fl. fr. III, 385; Pauquy, Fl.
de la Somme, 3^1). — Trépié près Étaples (Pas-de-Calais) : marais baignés
par la mer, sur la rive gauche de la Canche près des phares. Je l'ai trouvé
là pour la première fois le 13 août 1857, et je l'y ai revu en abondance le
2 octobre. La seule localité de cette espèce indiquée par Boucher en 1803
(et d'après lui par De Candolle et par Pauquy) est celle qui se trouve entre
le Tréportet Mers (Somme). La plante y est encore, mais fort rare.
Elymns arenarins L. Sp. 122; Boucher, Cat. fl. d'Abbev. [1803];
Pauquy, Fl. de la Somme, ^98 ; Gr. et Godr. Fl. de Fr. III, 597.— Cette
Graminée existe à Boulogne, à l'endroit où les dunes de Capecure touchent
à la jetée de l'ouest. Je l'ai revue plus abondante vers Vissant.
M. T. Puel rappelle que la présence de XObione j^edimculatay
aux environs de Calais, avait déjà été signalée par Steinheil ; mais
celte plante n'y avait pas été retrouvée depuis fort longtemps.
Erratum. — Page 901, ligne 31 : au lieu de trois plantes ciliées par M. Moquin-
Taudon , lisez trois plantes de Magnol citées par M. Moquin-Tandon.
UEVUE BIBLIOGUAPIIIQUE.
PHYSIOLOGIE VEGETALE.
Rcclierclies microscopiques sur la cUloropliyilc; par
M. Arthur Gris. (Thèse pour le doctorat es sciences soutenue le 3 dé-
cembre 1857 ; in-i" de Ul p. et 6 pi. Ami. des se. nat., W sér., VII,
1857, pp. 179-219, pi. V-X).
Le motif qui a déterminé M. A. Gris à porter son attention sur la chlo-
rophylle a été le désir de suivre, à l'aide du microscope, la marche des
observations faites par son père sur la chlorose et sur le verdissement des
plantes chlorosées quand on les a traitées par des solutions de composés
ferrugineux. Il a été conduit ainsi à étudier la chlorophylle en elle-même et
pendant son développement ; après quoi, pour en compléter l'histoire, il a
cru devoir s'occuper aussi des plantes décolorées par l'étiolement. Son mé-
moire présente une division en rapport avec ces divers points de vue aux-
quels il s'est placé en l'écrivant. On y trouve d'abord un résumé historique
(pp. 7-15), et ensuite trois chapitres relatifs, le premier (pp. 15-28) au dé-
veloppement de la chlorophylle, le second (pp. 29-3/i) à la chlorose, le troi-
sième (pp. 35-^1) à l'étiolement. Il se termine par l'explication (pp. t\l-kl)
des 100 figures réunies dans les 6 planches gravées qui raccompagnent.
t. Résumé historique. — L'histoire de la matière verte des feuilles ne
remonte guère qu'aux travaux de Pelletier et Caventou, qui en étudièrent
avec soin les caractères chimiques et lui donnèrent le nom de Chlorophylle.
Berzelius, Mulder, M. Morot ont reconnu et parfaitement établi que cette
matière est azotée et qu'elle est toujours mêlée de graisse. Quant aux no-
tions précises sur sa structure et sur la nature de ses grains, elles ne datent
que de 1837, époque à laquelle M. MobI publia son premier mémoire sur
ce sujet; aussi M. A. Gris insiste-t-il fort peu sur les travaux antérieurs à
cette époque, tels que ceux de Sprengel, Treviranus, Turpin, Raspail,
Moldenbawer, Meyen, etc. A l'exemple des deux premiers, la plupart de
ces savants admettaient la nature vésiculaire des grains de chlorophylle;
mais M. H. MohI, dans son mémoire de 1837, admit, au contraire, qu'ils
consistent en un ou plusieurs noyaux d'amidon entourés d'une matière gé-
latineuse verte, et ses idées à cet égard ont été adoptées par la plupart des
botanistes de notre époque. — M. Naegeli, en 18i6, a cependant admis de
nouveau l'état vésiculaire de ces grains. En 18/»9, MM. Goeppert et Cohn
ont rapporté, de leur côté, quelques faits observés sur le Nitella flexilis
1030 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE mANCE.
qui leur semblent fiivoiablos à la même idée. Quant à M. Ilofmeister, il
admet que les grains de chlorophylle sont tantôt des vésicules, tantôt de
petites niasses homogènes ou renfermant des noyaux plus solides, et il est
porté à croire que, sous ce dernier état, ce ne sont que des vésicules à leur
premier degré de développement. M. Quckelt, dans un mémoire sur le
développement de l'amidon et de la chlorophylle, exprime l'opinion que les
grains de ces deux substances ont le même mode de développement et nais-
sent également d'une cellule nucléaire. Enfin i>l. Molil, dans son dernier
travail, s'exprime nettement contre l'état vésiculaii'e des grains de chloro-
phylle, dont il dislingue deux sortes : les uns n'ayant pour noyau ([ue des
granules (jui brunissent par l'iode, c'est-à-diie de nature non ainylacée, les
autres renfermant, au contraire, un ou plusieurs grains d'amidon.
Chap. I. Développement de la chlorophylle. — Cbap. II. De la chlorose
et de l'action des sels de fer sur la chlorose. — Les faits nombreux dont
l'exposé forme ces deux chapitres conduisent M. A. Gris à formuler les
propositions suivantes comme conséquences dernières de ses études.
1° Une gelée verte émanée du nucléus s'étend sur les parois des cellules
(parenchyme et cellules sous-épidermiques jeunes des feuilles de Vanille ;
parenchyme dans les feuilles de la Pomme de terre, de V Hortensia, de la
Fève, du Magnolia, de la Glycine, etc.). — 2° Cette gelée est souvent
précédée d'un réseau muqueux, siège de courants entraînant de petits glo-
bules verts (f^is, Semperoivwn, etc.). — S'' La gelée peut ne s'écarter que
peu du nucléus, ou ne pas s'en écarter du tout [Auciibajaponica). — U° La
gelée verte se divise en fragments polyédriques plus ou moins considéra-
bles, ou s'isole en petites masses sphériques. — 5° La formation des grains
peut résulter du développement de gros noyaux d'amidon qui s'envelop-
pent dans la gelée verte et s'isolent peu à peu [Ancuba jnponica). — 6'' En
général, les noyaux amylacés qu'on trouve dans les grains de chlorophylle
sont postérieurs à la transformation de la gelée en grains (Pomme de terre,
Hortensia, Magnolia). — 7° Soit que la segmentation se soit opérée d'abord
autour du nucléus, dans le cas où la gelée verte recouvre toutes les parois
de la cellule, soit que la gelée verte ne s'étant pas écartée de cet organe, la
segmentation n'ait pu se faire qu'autour de lui, on voit le nucléus très fré-
quemment entouré de grains de chlorophylle dans le parenchyme des jeunes
feuilles, dans les cellules sous-épidermiques des feuilles adultes.
Ce mode de développement est général ; mais, dans des cas exceptionnels,
l'auteur en a vu un différent, dans lequel des sphères, des l)àtonncts, des
corps fusiformes et autres formations incolores, émanées directement du
nucléus, se développent à sa surl'ace ou autour de lui et se revêtent peu a
peu de matière verte. — Quant à la structuiedes grains de chlorophylle, il
pense que, dans l'immense majorité des cas, elle est telle qu'ils forment des
globules solides albumino-graisseux, qui résultent de la ti'ansformalion de
ukvul: i5iBM(ti;ii\i'iiiui k. 1037
la cliloiopliyllc amorphe primitive- il est porté à croire, d'un autre côte,
que dans les Plinjus et Acunl/iophippium ce sont de simples vésicules qui*
ont la même composition chimique.
Relativement à la ciilorose M. A. Gris conclut de ses observations :
1° qu'elle est caractérisée par un arrêt de développement qui s'oppose a
l'évolution parfaite des grains de chlorophylle; 2" que les sels de fer agis-
sent sur cotte affection des plantes en rendant à la chlorophylle, arrêtée
dans son développement, la faculté de continuer son évolution. Ils rani-
nK-nl la vie interrompue de la cellule, et démontrent son individualité ainsi
que son indépendance.
Chap. III. De fétiolenienl. — Les observations de l'auteur à cet égard
ont été faites en plaçant à l'obscurité différentes plantes, notamment des
Scmpervivum , un Sedunt dendroideum, un Aloë obliqua, une germination
de Haricot, etc., et en examinant ensuite des coupes de ces plantes sous le
microscope. Il en déduit la conclusion que l'étiolement produit un arrêt de
développement de la chlorophylle dans \çs organes en voie de développe-
ment, et une destruction de cette chlorophylle dans les oi'ganes bien déve-
loppés. L'arrêt de développement porte i\ la fois sur la manière d'être et sur
la couleur de la masse plastique qui doit constituer le grain. La destruc-
tion porte sur la masse albuminoïde du grain qui diminue insensiblement
en diamètre à mesure que la feuille blanchit, sur l'amidon qu'il peut con-
tenir, enfin sur la matière colorante proprement dite.
Ucl»ci* (Icu Xtizaitiineuliaiig (1er Illatt.<«tclliiii^ iiiÊt dciii
ISaii des «lycotylen lIolKring'es {Sur les relations infinies qui
existent entre la disposition des feuilles et la structure de la zone ligneuse
dans les Dicotijlédons)\ par M. .T. Hanstein [Jahrbiïcher fïir loissens-
chaftliche Botanik, I, pp. 233-283, pi. XVI-XVIII; Berlin; 1857.
Tirage à part en broch. gr. in-S" de 51 p. et 3 pi. lith.).
Ce travail, tout considérable qu'il est, n'est donné par son auteur que
comme l'expression d'une partie des résultats obtenus par lui dans ses études
sur la disposition des faisceaux fibro- vasculaires de la tige des Dicotylédons
envisagée dans ses relations avec l'arrangement phyllotaxiciue des feuilles.
D'autres mémoires suivront celui-ci et feront connaître des détails circon-
stanciés relatifs à des plantes dicotylédones dont il est a peine question ici
ou (jui n'y figurent pas du tout.
M. Hanstein présente d'abord un historique succinct de la question. Il
cite surtout la Phyllotaxie anatoniique de M. Lestiboudois qui se rapporte
spécialement aux plantes à feuilles décussées ou simplement alternes. Mais
il fait observer que cet auteur a peu avancé la connaissance du sujet quant
aux plantes à feuilles spiralées et que, comme beaucoup d'autres botanistes.
1038 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
il voit dans les faisceaux des feuilles de simples ramilications de ceux de la
lige, idée que n'admet pas le savant allemand. M. Hanstein ajoute que,
jusqu'à ce jour, aucun observateur n'a étudié le sujet assez à fond pour y
faire entrer l'examen des éléments microscopiques des faisceaux, bien que
ce fût le véritable moyen d'arriver à la solution complète de la question.
L'auteur de ce mémoire s'est proposé particulièrement de trouver dans
les faits la réponse aux deux questions suivantes: 1° Jusqu'à quel point
peut-on reconnaître dans l'anatomie élémentaire de la tige les lois qui pré-
sident à l'arrangement des feuilles sur les plantes? 2" Réciproquement, à
quel degré la structure et le développement de la tige influent-ils sur la dis-
position des feuilles et de leurs parties ?
Pour parvenir à résoudre ces deux questions il prend quelques exemples,
dont le premier est VArubis albida, plante très avantageuse pour ce genre
d'observations à cause de la remarquable simplicité de structure de son
corps ligneux, cbacune de ses feuilles ne recevant qu'un seul faisceau fibro-
vasculaire dont une suite de coupes transversales permet de suivre la
marcbe dans la tige; il consacre ensuite un paragraphe particulier aux Co-
nifères, parmi lesquelles il choisit comme exemple le Taxus haccata qui ne
montre encore qu'un faisceau unique pour chaque feuille. Seulement tandis
que l'arrangement phyllotaxique de VArabis albida est toujours plus ou
moins rapproché de l'expression 3/8, celui de l'If est 5/13. L'auteur pré-
sente aussi l'exposé succinct de ses observations sur le Podocarpus chinensis,
sur le Cryptomeria Lobbii et sur quelques autres Conifères.
Le paragraphe suivant est relatif aux arbres feuillus parmi lesquels il en
est un certain nombre dont les feuilles ne reçoivent du corps ligneux qu'un
seul faisceau, tandis que, dans la plupart, chaque feuille en reçoit trois ou
moins fréquemment un nombre plus considérable. iM. Hanstein prend
surtout pour exemple le Cytisus Laburnum dans lequel la structure est
d'une assez grande simplicité. Il étudie après cette espèce le Ribes nigrum
et VAmorpha fruticosa. Il résume ensuite dans un paragraphe spécial les
conséquences générales qui découlent des faits de détail dont l'exposé a été
l'objet spécial de son mémoire. Il déduit enfln de l'ensemble de ses études
les conclusions suivantes :
1° Dans les plantes examinées dans ce mémoire, et peut-être dans tous
les végétaux dicotylédons, la zone ligneuse résulte dans l'origine de l'union
d'un certain nombre de faisceaux primordiaux identiques aux faisceaux
vasculaires des feuilles ; ces faisceaux proviennent de cordons de cambium
qui sont formés par le cambium de l'extrémité de la tige en même temps
que le cambium cylindrique commun.
2° Ces faisceaux primordiaux sont composés de vaisseaux spiraux et de
cellules ligneuses} peut-être faut-il également y comprendre quelquefois
les premiers vaisseaux ponctués. Ils traversent, en restant parfaitement
RKVLH-: blBLIOGUAPUIQUE. 1039
indépendants, un certain nombre d'entre-nœuds et, a leur extrémité infé-
rieure, ils se inontrent encore isoles, ou bien en contact a\ccun faisceau
voisin par l'intermédiaire d'un fort petit nombre de vaisseaux. La grosseur
de chacun de ces faisceaux va en augmentant à mesure qu'il s'élève et lors-
viu'ii a atteint son maximum de volume, il se porte tout entier dans une
feuille. Il résulte de là qu'on ne peut considérer ces faisceaux comme con-
stituant de simples ramitications de faisceaux qui appartiendraient en
propre à la tige, du moins si l'on conserve au mot ramification son sens or-
dinaire.
3° Postérieurement à ces faisceaux primaires on voit se développer des
couches secondaires composées de cellules ligneuses, de vaisseaux ponctués
et autres. Ces couches secondaires se juxtaposent aux faisceaux primaires
et en augmentent le volume; elles finissent même par se toucher et se
réunir en une couche commune qui gagne peu à peu en épaisseur, mais
qu'on peut toujours distinguer sans difficulté des faisceaux primaires.
U" Les faisceaux primaires, renforcés des couches secondaires, du cam-
bium et du liber, constituent des unités indépendantes qui représentent,
dans le cercle fibro-vasculaire commun, des feuilles distinctes et séparées.
(M. Hanstein donne à ces faisceaux entiers le nom det7'aces de feuilles.)
5° L'arrangement relatif des traces de feuilles dans la zone ligneuse de la
tige donne une représentation anatomique de la disposition des feuilles,
qu'on voit varier entre certaines limites et qui est rarement liée de manière
invariable à une expression unique. Les variations de cet arrangement sont
limitées par des particularités anatomiques qui sont en rapport avec le
nombre des traces de feuilles.
6° On voit dès lors que la zone ligneuse contenue dans la tige des Dico-
tylédons ne constitue pas simplement une couche circulaire composée de
faisceaux fibro-vasculaires dont le nombre et la grosseur seraient indéter-
minés; mais que, au contraire, elle a une composition parfaitement régu-
lière et comprend un nombre déterminé de traces de feuilles.
7° On observe dans chaque espèce des particularités anatomiques à peu
près constantes qui tiennent, en premier lieu, à ce nombre des traces de
feuilles réunies sur une même coupe transversale de la tige, nombre égal à
celui des entre-nœuds à travers lesquels s'étend chacune d'elles, en second
lieu, à la largeur spécifique de ces traces, ainsi qu'à la gi'osseur, à la struc-
ture, au nombre et à l'arrangement relatif des faisceaux qui les composent.
Ou tlie antlicrs of Colninelliaeeœ aiid €nciii*bUaceae (Sur
les anthères des Columelliacées et des Cucurbitucées); par M. B. Ciarke
[l'he Aimais and Magazine of natural History, cahier de févr. 1858,
pp. 109-113, pi. VI, fig. 20-22).
L'incertitude qui existe au sujet des affinités des Columelliacées est due
lOZlO SOCIÉTÉ liOTANIQLE DE FRANCE.
sans doute, pense M. Clarke, à la description inexacte qu'on a donnée de
leurs anthères. On regarde, en effet, leurs ëtamines comme formées clia-
cune de trois monadelphes et leur anthère comme présentant trois paires
de lohes. Cependant l'auteur a reconnu, en les examinant attentivement,
(|u'elles sont toujours simples et à deux loges, leur apparence de plurilocu-
larité résultant uniquement de ce que leurs deux loges sont sinueuses. Si
l'on compare, ajoute-t-il, ces étamines avec celles des Cucurbitacées, par-
ticulièrement avec celles du Cucumis sativa et du Bryonia dioicn^ on re-
connaît que c'est à celles-ci qu'elles ressemblent le plus.
[>es Cucurbitacées ont souvent trois étamines dont une est uniloculaire-
c'est la bifurcation profonde que subit quelquefois leur counectif, qui a fait
penser qu'il en existe cinq uniloculaires. Si l'on compare les anthères d'un
Columellia à celles à deux loges des Cucurbitacées, on voit comme unique
différence que ces dernières sont moins allongées, ce qui fait que leurs deux
extrémités, au lieu de se rejoindre presque, comme dans un Columellia, se
dirigent généralement en sens différent; mais cette différence elle-même
n'est pas constante.
Bien que la grande ressemblance qui existe entre les anthères des Colu-
melliacées et celles des Cucurbitacées indique de grands rapports entre ces
plantes, cependant la plus grande affinité de cette petite famille est très
probablement, parmi les Monopétales, avec les Stylidiacées. M. Clarke
pense qu'il faut la placer entre les Stylidiacées et les Scéevolées. Elle res-
semble aux Stylidiacées parce que, ie nombre des lobes de sa corolle étant
variable, elle présente toujours deux étamines placées à droite et à gauche,
avec deux carpelles antérieur et postérieur. Les seules différences consistent
en ce que les étamines des Stylidiacées adhèrent au style et non à la corolle,
de plus que leurs anthères ne sont pas sinueuses ; mais l'auteur ne croit pas
que cette dissemblance «oit importante.
l*liyllotaxis. — Its uiiiaieric aucl (livcrftcntial la^v cx.pli-
calilc iiuder a .<«iiiiplc oi*g:auoIoj;ical idea [Phijllutaxie. —
Sa loi numérique et de divergence pouvant s expliquer par une simple idée
orgnnologiqfie); par M. T.-C. Hilgard. {T/ie Transactions of the Academy
of science uf St- Louis, vol. I, n° 1, pp. ^8-61, pi. 3. St-Louis ; 18j7.)
Nous nous contenterons de signaler aux lecteurs du Bulletin l'existence
de ce mémoire (jui ne nous parait pas susceptible d'être analysé succincte-
ment et qui se termine par une division du règne végétal, tracée conformé-
ment aux idées de l'auteur. Le tableau de cette division est intitulé : Begni
veyelabilis seriei catholomorphœ Prodro)nus. Nous en indiquerons seule-
ment les grandes divisions.
L'auteur divise le règne végétal en deux embranchements : .1, CYTKiM-
\\E\V\i lUnLIUGRAPHIQrK. lO/ll
BRYONK/U:, ce sonl les Acotylcdons; B. PHYLLKiMBRYONK/K, ce sont
tous les véf^étaux colylédonés. Les premiers forment cinq {groupes ou classes :
1. Fungi-, 2. IJchenes; 3. Algtc ; ^i. Musci; 5. Filices.
Les Phyllem!)iyoneaî forment deux grandes divisions : I. STAunopuvTA
s. Monocotyledonk.k; U. Plkctoimiyta s. DicoTYi.RDOiXK.i':. L'auteur ca-
ractérise ses Staurophyta par les mots : textura lintea. Il les diviseen cinq
groupes ou classes : 1. Coniferœ s. Peucia, où il réunit les Lemnacées,
lialanophorées, Raltlésiacées, aux Cycadées et aux Conifères ; 2. Julocanleœ
s. Juli, pour les Dioscoréacées, Taccacées, Asparaginées, Wélanlhacées,
Yuccées, Dracénécs, etc.; 3. liulbifcrœ s. ZiVm, comprenant les Liliacées,
Iridées, Orchidées, Scitaminées, Broméliacées, etc.; k. Gruminu s. Calami,
réunissant aux Glumacées les Commélynacées, Xyridées, etc.: 5. Pabnœ s.
Conjphia, savoir Aroïdées, Palmiers, Pipéracées, Podostémées, Naïadées,
Hydrocharidées, etc.
Les Plectophyta ou Dicotylédons sont caractérisés par les mots : textura
reticulari. Ils forment cinq grands groupes : 1. Chroanthœs. Chantes, réu-
nissant aux Nymphéacées et voisines les Annonacées, Magnoliacées, les
Laurinées et Monimiacées, les Renonculacées, les Ombellifères, Géraniacées
et voisines, les Crucifères et alliées, les Loasacées, etc. 2. Glossanthœ
s. Myrsinw, qui comprend les Hypéricinées , ï.inées, Plombaginées,
Caryophyllées entières, Crassulacées, Dilléniacées, Saxifragacées, Onagra-
riées, Myrtacées, etc. 3. Rhinanthœ s. Pnoœ, où nous trouvons les Styra-
eées, Éricées, etc.-, les Primulacées, Solanées, toutes les Personées, Yer-
bénacéos, Labiées, Gentianées, Composées, Campanulacées, Cucurbitacées,
Malvacées, etc. h. Otanthœ s. Anibrœ, où nous trouvons les Sapindacees,
Acérinées, Ulmacées, Âurantiacées, Cupulifères, Haloragées, Paronychiées,
Polygonées, Rhamnées, Euphorbiacées, Protéacées , Santalacées, etc.
5. Amygdalanthœ s. Rhoda, où se rangent les Polygalées, Simaroubées,
Légumineuses, Cbrysobalanées, Rosacées, etc.
La planche jointe au mémoire de M. Hilgard est consacrée à neuf figures,
dont plusieurs sont des projections de spirales foliaires.
Uebev rtîe Bcfruchtunss-Ersclieiimuftcii l»eî if'/ioi'-
MitMMA tenajc {Sur la fécondation dans le Phormium tenax) • par
M. Herm. Schai-ht [Monatsbericht der Kœnigl. Prcuss. Akademic d.
Wissenschaften zu Berlin, cah. dedécemb. 1857, pp. 576-585, avec une
pl.lith.).
!\L Schleiden ayant fait sur le Phormium tenax des observations qui ont
servi de base principale à sa théorie de la fécondation, M. Schacht désirait
depuis longtemps pouvoir suivre lui-même la marche de ce phénomène dans
cette plante. Knfm il a pu satisfaire ce désir pendant les dernières semaines
T. IV. 66
10Z|2 SOCIÉTÉ BOTAMQUK DE FUANCK.
de son séjour à Madère. Le Phormium donne de temps en temps des Heurs
dans cette ile, mais seulement dans les lieux où il se trouve très exposé au
soleil et sur les pieds les plus forts, dont on n'a jamais coupé les feuilles ou
qui ont subi plusieurs transplantations.
M. Schncht décrit d'abord la grande inflorescence de cette plante, qui
occupe 'la moitié supérieure d'une hampe haute d'environ 3 mètres ou un
peu plus, et dans laciuelle les ramifications primaires alternes-distiques, sor-
tant chacune de l'aisselle d'une grande bractée ou spathe, portent des divi-
sions secondaires également distiques, sur lesquelles il en nait d'autres dis-
posées irrégulièrement. Les fleurs naissent par deux, à l'aisselle de bractéoles
qui sèchent de bonne heure. Elles offrent: un périawthe de 6 folioles co-
riaces, pourvues de quel([ues stomates sur leurs deux faces; 6 étamiues
dont l'anthère a U logcttes a dans l'épaisseur de ses parois de belles cellules
spirales, dont le filet porte quelques stomates, et dont le pollen, bien que réel-
lement jaune, parait coloré en beau rouge, grâce a la présence d'une huile
de cette couleur qui en entoure les grains; un ovaire supèi'e, à 3 loges con-
tenant chacune 2 files d'ovules, surmonté d'un style qui est lui-même
creusé de 3 cavités dans sa portion inférieure, et qui est parcouru sur toute
sa longueur par un canal tapissé d'un tissu conducteur à cellules délicates,
un peu oblongues, sécrétant un liquide visqueux et mielleux. L'épiderme
de l'ovaire porte quelques stomates souvent imparfaits.
L'ovule anatrope a 2 téguments. Au moment de la floraison, il est longà
peine d'un millim. 5 son micropyle est dirigé en bas ; son sac embryonnaire
est alors de moyenne grandeur. Un peu avant l'époque de la fécondation, ce
sac est ovoïde-ohlong , tellement délicat que M. Schacht n'a jamais pu
l'isoler sans le déchirer. Son extrémité qui regarde le micropyle renferme
2 vésicules enibryonaires d'une extrême délicatesse, qui disparaissent par
un séjour de quelques secondes dans l'eau. Sou extrémité opposée ou cha-
lazique présente 2 cellules à contenu granuleux et à uucléus, dont la mem-
brane plus résistante ne disparait pas dans l'eau, et qui sont dès lors faciles
a reconnaître.
Le tube pollinique émis par les grains de pollen globuleux-trigones et à
uïi seul pore a ses parois extrêmement délicates, un contenu çà et là fine-
ment granuleux, pas de ramifications, mais quelques légers renflements.
Presque chaque ovule en reçoit un, mais jamais davantage. — Les ovaires
fécondés doublent de grosseur en trois ou quatre jours, ainsi que lesovules; du
micropyle de ceux-ci ressort alors une portion de tube pollinique semblable
à un fil de verre sinueux et à plusieurs raniilications. — Sur des coupes
longitudinales bien réussies, M. Schacht a vu avec la plus grande netteté le
ti'.he polliniqvie descendre entre les cellules du mamelon nucellaire jusqu'au
sommet du tac embryonaire. « Dans tous les cas, les deux vésicules em-
biyouaires, devenues maintenant plus consistantes et ne disparaissant plus
UEVUK lîllîLIUGIlAl'JIIQUE. 10/13
dans l't>au, se sont monti-ccs en contact immédiat avec le tube polli-
iiiqiie, de telle sorte (jue l'une d'elles semblait assez souvent en être la con-
tinuation directe. De son côté, la membrane du sac embryonaiie, qui était
délicate et facile à décliirer avant la fécondation, a pris maintenant assez
de consistance pour pouvoir être isolée par la dissection... En isolant ainsi
le sotnmet du sac embryonaire, j'ai vu constamment le tube polliniciue se
séparer de la vésicule embryonaire avec laquelle il était en contact; son
extrémité, souvent un peu renilée, n'a jamais alors montré d'ouverture, mais
elle avait la même apparence brillante que le tube lui-même. Il est dès lors
certain que le tube pollinique, dans le Phormlum tenax, ne pénètre pas
dans le sac embryonaire. » — Dans un seul cas l'auteur a vu ce tube re-
pousser un peu devant lui la membrane du sac embryonaire ; dans tous les
autres cas, il n'a rien observé de pareil. Autour du bout micropylaire des
deux vésicules embryonaircs il a retrouvé la couronne de petits filets rayon-
nants qu'il a signalée d'abord dans le Glndiolus segetuni (voy. JJull. Soc.
botan. de France, llï, p. 415). A ce propos, il dit que ses nombreuses ob-
servations de cette année sur ce Glaïeul lui ont prouvé que ces filets rayon-
nants ne prennent nullement part à la fécondation, et qu'il en est de même
pour le Pliormiuin. Il rapporte diverses observations faites à ce sujet par
lui sur d'autres plantes.
LesdeuxvésiculesembryonairesduP/?ormm??z sont situéesdetelle manière
que le même tube pollinique les touche en même temps l'une et l'autre et
les féconde également l'une et l'autre. Toutes les deux consolident aussi
leur membrane simultanément; cependant une seule continue à se déve-
lopper et donne naissance à un embryon, tandis que l'autre, après avoir
persisté dans le même état pendant quelque temps, disparait ensuite tout à
fait.
Le mémoire de M. Schacht se termine par l'explication des 22 figures
que comprend la planche.
Objïcrvatioiis sur la rcproductiou de quelques IVostoclai-
uécs; par M. G. Thuret [Mémoires de la Soc. impér. des se. de Cher-
bourg, V, 1857, pp. 3-32, pi. l-III ; tirage à part en broch. in-S" de
16 p. et 3 pi. gravées).
Au commencement de son mémoire M. Thuret avertit que le mode de
reproduction décrit par lui, il y a treize ans environ {Ann. des se. nat.,
3° sér., TI, 18/i4, p. 319), sur un Noctoe aquatique qu'il a nommé iV. ver-
rucosum, dont M. Brébisson a fait récemment son iV. Mougeotii, se retrouve
exactement dans les autres espèces. Cette similitude l'aurait déterminé à
passer sous silence ses nouvelles observations a ce sujet s'il n'avait cru d-?-
voir joindre un texte explicatif aux magniliqucs figures par lesquelles
lO/jii SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
IM, Riocreux a représenté les détails de la multiplication du Noctoc vesica-
rium DC. — Le mémoire de M. Tliuret comprend deux parties relatives,
la première à cette dernière plante, la seconde à des Nostochinées du genre
Ci/lindrospermuni Ralfs.
f. Le Nostoc vesicarium DC, petite espèce globuleuse, commune autour
de Cherbourg, consiste, comme ses congénères, en une masse gélatineuse
transparente, lisse et ferme extérieurement, dans laquelle serpentent d'in-
nombrables chapelets simples, formés d'articles globuleux. La série de ces
globules verdàtres est interrompue d'espace à autre par la présence d'un
globule plus gros, presque incolore, qui montre à chaque extrémité d'un
de ses diamètres un petit granule situé au point de contact avec l'article
voisin. Ces derniers globules ont été désignés par M. Allman sous le nom
û'IJétérocystes qu'adopte M. Thuret. Quant aux autres, c'est à eux qu'est
dû l'allongement des chapelets ; chacun d'eux gagne un peu en longueur et
se coupe ensuite en travers pour former deux nouveaux articles qui se sub-
diviseront plus tard à leur tour. Les Hétérocystes linissent par s'isoler sans
s'être ni divisés ni modifies. En septembre et octobre on voit sortir de cer-
tains individus le contenu qui ressemble à une gelée verdâtre diftluente,
que le microscope montre remplie de fragments de chapelets doués d'une
reptation très lente, entremêlés d'hétérocystes détachés. — Après quelques
jours ces fragments de chapelets deviennent immobiles et ils se revêtent
d'une membrane transparente; puis leurs globules s'élargissent et une divi-
sion sépare leurs deux moitiés latérales qui se subdivisent de même en gé-
néral, à leur tour. Le fragment de chapelet se trouve ainsi graduellement
transformé en un sac plus ou moins long dans lequel les divisions succes-
sives des globules et la soudure en files des nouveau-nés a donne nais-
sance à des chapelets repliés sur eux-mêmes, dans lesquels il ne tarde pas à
se produire quelques hétérocystes. Enfin le sac se dilate, se régularise et le
^'ostoc est complètement formé.
H. Les Cylindrospermum [Anabaina Bory, partim) ont également des
filaments en chapelet; mais l'hétérocyste forme le dernier article du filament
et le sporange occupe l'article suivant. Les articles de ces filaments sont
cyliudriiiues, avec un contenu bleuâtre, un peu granuleux et, comme ceux
du Aostoc, ils se multiplient en se partageant par une section ti'ansversale.
Le dernier se change en hétérocyste en perdant son contenu, devenant plus
gros et ovoïde. Peu après le sporange se développe aux dépens de l'article
suivant. Celui-ci s'allonge, grossit; sa paroi s'épaissit et brunit, tandis que
son intérieur est rempli par une spore elliptique qui reste verte.
M. Thuret décrit la germination clu C ijlindrospcrmum majus Kiitz., (|u'il
a vue s'opérer de In manière suivante au mois de septembre. La spore, en
s'allongeant, pousse devant elle une petite portion de la paroi interre du
sporange. Dès qu'elle fait saillie au dehors, elle se cloisonne et devient un
REvri' nmLior.RAPiiiQUE. 10/|5
filament toruleux, à trois ou quatre articles. Pendant assez lonf;tcmps ce
filament est comme coiffé par la portion de la paroi du sporange qu'il a sou-
levée pour sortir. Son allongement s'opère par ses deux I)oufs, et comme les
nouveaux articles sont d'abord un peu plus étroits que les autres, il en ré-
sulte que le fil total est un peu atténué vers ses deux extrémités; mais peu
à peu ces différences disparaissent et le filament finit par ressembler entiè-
rement aux anciens.
M. Tliuret a reconnu que des échantillons de Cylindrospermum licheni-
forme Kiitz., conservés en herbier depuis neuf ans, entraient en germi-
nation après quinze jours de séjour dans l'eau.
Le mémoire se termine par l'explication succincte des 17 figures qui oc-
cupent les trois planches.
y%linoriue PAauzenliilduiig-eii [Anomalies végétales)-^ par
M. D.-F.-L. V. Schlechtendal {Botan. Zeit.,n° 51, 18 décemb. 1857,
col. 873-880).
Ce mémoire est divisé en quatre paragraphes.
1. Une monstruosité de Nigella damascena L. a présenté une tige simple,
terminée par un involucre de 6 feuilles, qui entourait 5 fruits inégaux, non
exactement verticillés, un peu cohérents à la base, offrant, l'un U styles et
U fentes, 2 autres 3 styles et autant de fentes, les 2 derniers 2 styles et
2 fentes,
2. Plusieurs monstruosités de Plantains ont été décrites par les auteurs;
M. de Schlechtendal en fait le relevé. Le Plantago major développe parfois
ses bractées en petites feuilles pétiolées et son épi devient une petite tête en
rosette; c'est alors le P. rosea des anciens auteurs. Ailleurs cette plante
ramifie son épi en une sorte de panicule pyramidale. L'auteur a reçu de
AL L-miscli un échantillon de cette monstruosité avec un dessin et des notes.
— Richier de Belleval a observé et figuré une monstruosité analogue sur le
Plantago média. — .T. Bauhin a figuré un PI. lanceolata dont le pédoncule
se termine par plusieurs petits épis inégaux. Le même botaniste a figuré
aussi, après Gérard, un Plantain, qui parait être le P. lanceolata^ sur le-
quel on voit une anomalie analogue à celle du PL major rosea; la rosette
de feuilles que porte son pédoncule égale presque en grandeur la rosette
radicale. M. L'misch a envoyé à M. de Schlechtendal un échantillon de ce
PL lanceolata rosea trouvé par lui près de Sondershausen; il lui a égale-
ment envoyé la fovme polystac/iya du PI, maritima. — Clusius a aussi figuié
deux monstruosités de Plantains, dont une prolifère, ou ayant son épi ter-
miné par une touffe de feuilles.
On connaît donc dans les Plantains les formes anomales suivantes :
1. bracteata, à bractées inférieures foliiformes; 2. rosea, à bractées déve-
\0!lC) SOCIKTIC r.OTANIQrE 1)F. Fr.ANCK.
Inppées en rosette de feuilles sans (leurs ; 3. polijsfac/nja, l'épi principal en
portant d'autres nés à l'aisselle de bractées; ti. proliféra^ où le pédoncule
porte une rosette ou un épi ou un capitule avec d'autres rosettes; 5. pani-
culuta, où l'inflorescence est devenue une panicule pyramidale très rameuse,
couverte d'un grand nombre de petites bractées.
3. Un capitule de Coreopsis Dmmmondii affecté de virescence passait à
l'ombelle, ses fleurs monstrueuses se montrant pédiculées.
h. Un Cytisus nigricans a présenté à M. deScblecbtendal une fasciation
de l'axe de la grappe qui, arrondi dans le bas, allait en s'élargissant vers le
haut et se ramifiait plus ou moins.
BOTANIQUE DESCRIPTIVE.
:%léiiioirc «ui* les Et*otli»9tn î>ff#*«et«M» Willd., crispuêtt
I.ap., Itfoifitêètt, Lap., t»uis*»'ettle»iu»n 1/Hérit.; par M. E. Timbal-
Lagrave {Mém. de lAcad. impêr. des sciences de Toulouse, 1857; tirage
à part en broch. in-S^de IZi pages et une planche).
Dans son Histoire abrégée des Plantes des Pyy^énées, p. 390 (et non
pas 290, comme une erreur typographique le fait dire à M. Timbal-
Lagrave), Lapeyrouse proposa deux nouvelles espèces d'Erodium sous les
nomsd'^. lucidum et crispum. Il admettait en iTiéme temps comme espèce
distincte 1'^. inacradenumAJWi'y'W. (De Candolle, Lapeyrouse, Pritzel.etc.,
écrivent macrademum], auquel seulement il donna le nom A'E. graveolem
Lap. Ces deux espèces de Lapeyrouse n'ont pas été admises par la généra-
lité des Aoristes; De Candolle (T'Y. /'/'., SiippL, p. 627) les regarda comme
deux variétés de \'E. petrœum dont il laissa séparée l'espèce de L'Héritier
sous le nom de E. glandulusum Willd. M. Bubani, dans sa brochure inti-
tulée Schedulœ criticœ, est allé beaucoup plus loin, car il a réuni ces quatre
plantes en une seule espèce sous la dénomination d'E. petrœum. — Quant
à M. Timbal-Lagrave, après avoir fait une étude attentive de ces mêmes
plantes, il n'hésite pas à y voir quatre espèces distinctes et séparées, dont il
donne une description très développée, et pour lesquelles nous indiquerons,
d'après lui, les caractères qui les distinguent.
VErodium petrœum Willd. se distingue par ses pédoncules et pédicelles
couverts de poils simples étalés, ses pédicelles deux fois plus longs que ceux
du lucidum et moins longs que dans le macradenum; par ses bractéoles
moins longuement acuminées, très hérissées; par son calice plus globuleux,
hérissé de poils simples; par ses pétales concolores, plus grands que dans
les trois autres; par les valves du fruit couvertes de poils très déclinés, plus
nombreux et moins longs; par le bec de moyenne longueur (0"',030); par
l'arétc couverte en dessus de beaucoup de poils courts, simples, et sur l'in-
REVMR rtmi.ionnuMiiQrE. 1()'i7
téricur de poils longs, égaux, jaunâtres; par ses gi'aiiips plus grosses (|uo
dans le lucidnm, moins grosses (|ne dans le i/Kicra/ifii/on, Hnement striées,
cylindriques; par ses feuilles d'un vert jauniUre, glahriuscules, planes, à
5 lobes principaux séparés par des lobules sessiles, entiers, non décurrents;
par ses stipules plus courtes, plus écartées du pétiole; par sa souche étalée
sur le sol, fortement colorée en rouge; par sa floraison très précoce et sa
station méridionale qui ne s'éloigne pas du calcaire.
VFrodiiim crispwn Lap, est très voisin du petrœu?n; c'est le moins ca-
ractérisé des quatre; cependant l'auteur pense qu'il forme une espèce pour les
motifs suivants : Ses pédoncules et pédicelles sont couverts de poils simples
et glanduleux; ses calices ont des nervures blanchâtres et sont couverts de
poils glanduleux ; ses pétales ont des nervures plus foncées et deux d'entre eux
sont maculés à la base, plus étroits; sa graine est lisse; ses feuilles, plus
longuement pétiolées, sont crépues, à 5 lobes principaux, entre lesquels sont
des lobules obtus, dentés ou lobés; sa soucbe est pins robuste, moins co-
lorée ; sa floraison est un peu plus tardive. Les poils courts, simples, et les
poils longs, glanduleux, qui en couvrent toutes les parties, lui donnent un
aspect qui le fait distinguer au premier coup d'œil.
L'Erodiwn macradenum est parfaitement distinct par ses pédoncules
deux fois plus longs et par ses pédicelles couverts de poils glanduleux avec
quelques poils simples ; par ses bractéoles très grandes, acuminées, bien
plus searieuses aux bords; par son calice ovoïde, à nervures noirâtres ; par
ses sépales grands, elliptiques, terminés par un long mucron glanduleux ;
par ses pétales plus étroits, elliptiques, aigus au sommet, les deux plus
grands marqués vers l'onglet d'une tache noir pourpre; par ses fruits plus
gros (0'",035 à 0"',OiO), ayant à la face interne des poils jaunes i\ la matu-
rité; par ses graines lisses, un peu trigones, très grosses; par ses feuilles
couvertes, comme toute la plante, de peu de poils simples et de beaucoup
de poils glanduleux, à 7 ou 8 lobes principaux, dont ceux de la base beau-
coup plus longs que les supérieurs, d'où le pourtour général est largement
ovale ; divisions des lobes très fines, égales, et laissant entre elles des es-
paces vides, réguliers; par sa souche souterraine très grosse; par sa llorai-
son plus tardive; enfin par sa station alpine, sur les rochers principalement
granitiques ou schisteux.
LErodium lucidwn\.{\p. est très distinct des trois précédents ; il a le faciès
du macradenum. Il a deux formes: l'une parfaitement ^hxhro. (Ivcidum
Lap.), l'autre un peu hérissée {carulescens L.). Il se distingue : par ses
pédoncules et ses pédicelles moitié moins longs, couverts de poils simples,
arqués, ascendants; par ses bractéoles insensiblement acuminées, glabres-
centes-, par son calice ovoïde, couvert à la base de poils courts, simples,
appliqués, qui lui donnent un aspect farineux ou cendré; par ses sépales
elliptiques, à nervure rouge sombre, à mucron glabre; par ses pétales
10/l8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
égaux, une fois plus longs que le calice, concolores ; par son fruit à valves
couverles de poils plus longs, moins appliqués et moins déclinés, à bec cou-
vert sur sa face interne de poils inégaux, simples, courts et d'autres très
longs, blancs, ceux de l'extérieur étant courts et ascendants ; par ses graines
rouges, de moitié plus petites, insensiblement atténuées en une pointe
fme; par ses feuilles épaisses, planes, glabrescentes, rougeâtres ou d'un
vert sombre, à 5 lobes principaux, séparés par des lobules simples, entiers,
largement décui'rents d'un lobe a l'autre, à pétioles glabres ou hérissés;
par ses stipules lancéolées, cuspidées, rapprochées du pétiole; par sa souche
grosse, ligneuse, brunâtre, étalée sous le sol; par sa (loraison plus tardive
et par sa station sur les rochers granitiques ou schisteux (près de Bagnères-
de-Luchon).
Flornla Miassîlîcnsîs a<lvcua. Florule exotique de Marseille, ou
énumé ration des espèces étraïuj'eres introduites aux environs de Marseille;
par M. Ch. Grenier [Mémoires de la Société d^ émulation du département
du Doubs, séance du 13 Juin 1857 ; tirage à part en brocb. in-8de t\^ p.;
1857; Besançon, chez Dodivers).
Le mémoire de M. Grenier commence par un chapitre (!i' Observations
préliminaires (pp. 3-12) qui touche à différentes questions. L'auteur rap-
pelle d'abord le travail analogue, sur la flore exotiqui^ du Port-.Tuvénal, à
Montpellier, commencé par Delile, poursuivi et mené à bonne fin par
M. Godron. Cette localité est célèbre pour le nombre élevé d'espèces étran-
gères que le lavage et le séchage des laines y ont introduites ; « et cepen-
dant, dit M. Grenier, il existe près de Montpellier une autre plage non
moins féconde, et qui, lorsqu'elle aura été longuement fouillée, se mon-
trera probablement plus riche que la première; » cette plage est celle de
Marseille.
Les matériaux de la Florule exotique de Marseille ont été recueillis, de
1834 à 1843, par l'auteur lui-même et, depuis 1843, par MM. Biaise et Roux.
Avant d'en aborder l'étude spéciale, M. Grenier examine les causes d'in-
troduction des espèces exotiques ; il pense que c'est uniquement à l'action
de l'homme qu'il faut attribuer leur présence dans le voisinage des ports et
des lavoirs à laine de IMarseille. Le lest des navires jeté sur la plage, les
enveloppes de foin et d'herbes de toute sorte dont on entoure diverses mar-
chandises, surtout les laines en suint importées de pays étrangers, con-
tiennent souvent et déposent ensuite au lieu d'arrivée des graines qui ger-
ment, si elles trouvent dans le lieu où elles sont ainsi transportées des
conditions favorables à leur germination. De là résulte une lloie exotique
qui dénote la nature et la direction des relations commerciales du port près
duquel on l'observe. A IVIarseille cette flore est plus orientale qu'au Porl-
Juvénal. — Les espèces de ces flores étrangères disparaissent souvent pen-
REVUR RinLIOGRAPIllOl'E. lO/jO
dant longues années pour se rencontrer plustaid. C'est que dans le lieu où
elles sont introduites elles ne donnent pas, en général, de bonnes graines;
ainsi, sur plusieurs centaines de capsules bien développées de son ('apscllti
gracilis, M. Grenier n'a pas trouvé une seule graine en bon état. Ces plantes
disparaissent donc pour se montrer de nouveau lorsqu'il en arrive encore
des graines de leur pays natal .
A ce propos, l'auteur exprime l'opinion que l'influence des agents phy-
siques, des animaux et de l'Iiomme ne peut prêter un appui suffisant à
l'hypothèse d'une création unique fournissant à la terre sa végétation en-
tière. Il développe son opinion à ce sujet en l'appuyant sur des considéra-
tions diverses et principalement géologiques.
La florule du port Juvénal est beaucoup moins orientale que celle de
Marseille. Sur près de 350 espèces qu'elle comprend, à peine une centaine
appartiennent-elles à la Gièce, à l'Egypte et au Levant, en prenant ce mot
dans son sens le plus large; presque tout le reste vient de l'Espagne et du
nord de l'Afrique ; au contraire, dans son état actuel, la florule de Mar-
seille tire des contrées orientales au moins 100 espèces sur 250.
Le travail de M. Grenier nous parait avoir assez d'intérêt pour que nous
reproduisions la liste entière des espèces dont il donne le catalogue et la
description de celles qu'il y décrit comme nouvelles.
FuMARTACÉEs. — Fumaria anatolica Boiss. — Crucifères. — Enarthro-
carpus clavatus Dell.; E. lyratus DC. Raphanus RIaisii Godr. etGren. Si-
napis dissecta Lig. Erucaria grandiflora Bo'ss. Diplotaxis virgata DC; D.
pachypoda Godr.; D. tenuisiliqua Deli. Moricandia arvensis DC. Mathiola
coronopifolia DC. ; M. bicornis Sibth. et Sm. Erysimum repandum L. Si-
symbrium erysimoides Desf.; S. pannonicum Jacq.; S. septulatum DC;
S. hirsutum Lag. ; S. tripinnatum DC; S. torulosum Desf.; S. contortu-
plicatum DC. Berteroa incana DC. Alyssum clypeatum Durieu ; A. scuti-
gerum Durieu. Bunias prostrata Desf. Lepidium perfoliatum L.; L. angu-
losum d'Urville.
Capsella gracilis Gren. (p. 17). Fleurs très petites; sépales oblougs,
rougeâtres au sommet; pétales obovés-cunéiformes, presque rétus, d'un
quart plus longs que le calice; étamines égalant le calice^ et par consé-
quent plus courtes que la corolle ; stigmate grand et plus large que le dia-
mètre du style. Silicules petites et courtes, obcordiformes, triangulaires,
brièvement atténuées à la base, de moitié plus courtes que le pédicelle in-
fléchi, profondément émarginées au sommet, portant dans l'échancrin-e un
style épais et non dépassé par les lobes de l'échancrure, terminées latérale-
ment par des bords convexes; graines... Feuilles inférieures iyrées-pinna-
tilides, les supérieures lancéolées et auriculées-sagittées, les unes et les au-
tres couvertes de poils bifurques; tiges de 0"',2, rameuses dès la base, à
rameaux grêles et poilus-étoilés; racine annuelle. — Patrie inconnue.
1050 SnCIKTÉ r.OT.VMQLT DV. FRANCE.
Maifinsia gluStifolia Godr. Carrichtera VvWœ DC. Kuclidium syriacum
DC. Rapistrum orientale DC; l\. hispidum Godr.
Rapistrwn Blaisii Gren. (p. 18). Fleurs très petites (2-3 inill.), jaunes,
en grappes allongées, dressées, grêles et lâches; pédicelles ascendauts-sub-
étalés et non serrés contre l'axe, grêles, égalant ou surpassant le fruit;
sépales oblongs, glabres, (2 mill.), promptement caducs ; pétales presque
doubles du calice, étroitement oblongs-cunéiformes : style conique-linéaire,
aussi long que l'article supérieur du fruit; stigmate capité-discoïde ; ovaire
glabre. Silicules glabres, ellipsoïdes, égalant environ 5-6 millimètres avec
le style; article inférieur cylindrique, de 1-2 millimètres, un peu plus
épais que le pédicelle ; article supérieur ellipsoïde, atténué aux deux bouts,
et muni longitudlnalement de côtes fines. Feuilles pubescentes, pétiolées,
ovales-lancéolées et lancéolées, dentées; les radicales..,; tige de 0'",4-0">,5,
hispide inférieurement et à poils dirigés en bas, rameuse et à rameaux
dressés; racine annuelle? — Patrie inconnue.
CiSTiNÉES. — Helianthemum niloticum Pers. — CAR\opnYLLÉEs. —
Gypsophila Rokejeka Deli. Saponaria porrigens L. Lychnis macrocarpa
Bois, et Reut. Silène ciuerea Desf. ; S. dichotoma Ehrb,; S. hispida Desf.;
S. rubella L.; S. cretica L. — Alsinées. — Alsine picta Fenzl ; A. tenui-
folia var. granditlora Fenzl ; A. tenuifolia var. confertiflora Fenzl; A. ma-
crosepala Bois.; A. procumbens Fenzl. Queriahispanica L. Cerastium illy-
ricum Ard.; G. dichotomum L.; C. manticum L. Spergularia saisuginea
Fenzl. —GÉRANiACÉKS. — Erodium chium Willd.; E. littoreum Lem.;
E. laciniatum Cav.; E. verbensefolium Deli.; E. sebaceum Deli.; E. Salz-
manni Deli.; E. alsinœfolium Deli. — iMalvacées. — Malva œgyptiaca I,.
Lavatera cretica L. — Rutacées. — Ruta bracteosa DC. Peganum Har-
mala L— Papillonacées.— Ononis mitissima L. Medicago Soleirolii Duby;
M. laciniata Ail.; M. ciliaris Willd.; M. Echinus DC. Trigonella Besseriana
Ser.; T. capitata Bois.; T. uncinata Ser.; T. Sprunneriana Boiss.; T. au-
rantiaca Boiss.; T. Fœnum-graecura L.; T. torta Sm.; T. monantba C. A.
Mey.;T. pinnatifidaCav.; T. geminiflora'.Bunge ; T.polycerata L.; T. laci-
niata L. Melilotus messanensis Desf.; M. infesta Guss.; M. speciosa Du-
rieu. Trifolium diffusum Ehrii.; T. flavescens Tin.; T supinum Savi;
T. alexandrinnm L; T. squarrosum Savi; T. dalmaticum Vis.; T. cinc-
tum DC; T. leiocalycinum Bois.; T. setiferum Bois.; T. Michelianum Savi;
T. isthmoearpum Brot.
7'. Rouxii Gren. (p. 27). Capitules globuleux à la maturité, /«c//^s, portés
par des pédoncules dont les inférieurs égalent trois ou quatre fois la lon-
gueur de la feuille, les supérieurs la dépassant à peine; fleurs très briève-
ment pédicellécs, étalées et non réfléchies après l'antlièse; bractéoles lancéo-
lées, brièvement acuminées, égalant environ la moitié du tube calicinai;
calice glabre, violacé (toujours?), à tube subcylindrique, ncrvié-strié, à
REvur r.iiuJor.iiMMiiQrK. 1051
(lents ('gales, (■tal(''es, (^troitcmoiU lancci'oU'es-Iiiu'aift'S, suhiih'cs, l)ord(''es de
blanc, subtiiii('r\ic'(\s, aussi longues {|ue le tube; corolle blancbûtr(% à éten-
dard de moitié plus long (|ue les ailes, qui cxeèdent un peu les dents du
calice. Gousse sessile, lancéolée, ne dépassant pas le tube du calice, mem-
I)raneuse, ctraïujlée vers son inilleu et à deux graines; celles-ci ovoïdes-
comprimées, fauve pAle. Feuilles à folioles oblongues, finement dentieulées-
sétacées, à nervures parallèles et distantes (8-12 de cbaque côté) ; stipules
suh/ierbacées, violacées?, ovales, brusquement acuminées en pointe subli-
néaire (|ui égale à peu près la stipule; tiges assez nombreuses, étalées-
ascendantes, peu compressibles, glabres ou obscurément pubescentes;
racine annuelle. — Patrie inconnue. — Plante voisine du T. isthmocarpum
Brot.
Trifolium nigrescens Viv.; T. Gussonii Tin.; T. parisiense DC.; T. Bois-
sierl Guss, Astragalus tribuloides Deli.; A. cruciatus Link. Scorpiurus sul-
cafa L. Hedysarura capitatuin Desf. — Cucurbitacées. — Cucumis Colo-
cyntbis L.; G. eriocarpus Bois, et Noë. — Paronychiées. — Lœflingia
liispanica L. Paronychia arabica L.; P. desertorum Bois. — Ficoidérs, —
Mesembryantbemum nodiflorum L. — Ombelltfères. — Daucus aureus
Desf. Caucalis tenella Deli. Bidolfia segetum Moris. Krubera leptophylla
Hoffm. Bupleurum glumaceum Sm. et Sibth.; B. Odontites L. Eryngium
dicbotomura Desf. — Dipsacées. — Scabiosa argentea L. Cephalaria sy-
riaca Scbrad. — Cgrymbifères. — Senecio cbrysantbemifolius Poir.;
S. nebrodensisL. ArtemisiascopariaW. K.; A.annuaL Pinardia coronaria
Less. Cota tinctoria Gay. Anthémis peregrina L. ; A. chrj^socephala Bois,
et Reut.; A. Chia L.; A. scariosa DC. Anacyclus valentinus L. Filago
prostrata Pari. Calendula fulgida Raf. ; C. stellata Cav.; C. parviflora Raf.
— Cynarocéphales. — Carduus pteraeanlhus Durieu. Cirsium ciliatum
Bieb. Onopordon tauricum Willd. Centaurea diffusa Lamk. ; C. parviflora
Desf.; C. nicseensis Ail.; C. scorpiurifolia Dufour; C. alexandrina DC.;
C. iberica ïrev. ; C. calcitrapoides L.; C. napifoiia L.; C. eriophora L. ;
C. sulphurea Willd.; C. sonehifolia L.; C. diluta Ait.; C. algeriensis Coss.
et Dur.; C. pallescens Deli.; C, byalolepis Boiss.; C. depressa Bieb. Zoezea
leptaurea L. Xerantberaum annuura L. — Chicoracées. — Rhagadiolus
Hedypnois Fisch. et M. Koelpinia linearis Pall. Kalbfussia Salzmanni
Schultz. Oporinia laciniataBertol. Picris laciniata Vis. Barkhausia Zacintha
Marg. et Reut.; B. rhœadifolia Bieb.; B. erucaefolia Gren et Godr. (Patr.
inconnue) ; B. laciniata Lowe. — Ambrosiacées. — Xanthium italicum
Moret. — Campanllacées. — Spccularia peutagona DC. — Asclépiadées.
— Periploca grseca L. — Convolvulacées. — Convolvulus hirsutus Stev.
— Borragtnées. — Heliotropium villosum Willd.; [H. curassavicum L.
Ecliium Rauwolfii Deli. I.ycopsis orientalis !.. Arnebia hispidissima DC.
1052 SOCIÉTÉ nOTAMQUE DE FRANCE.
Ecluiiospormum Vahlianum Lchm.; E. patulum Lehm. Rochelia stellulata
Rchbc,
Mijosotis brachypoda Gren. (p. 39). Fleurs en grappes très lâches vers le
bas, plus denses et poilues-soyeuses vers le haut, et occupant environ un
Uers de la longueur des ranaeaux ; pédicelles beaucoup plus courts que le
calice, dressés, héiissés de poils étalés-oncinés ; calice fermé à la maturité,
à tube muni de poils étalés-oncinés ; calice fermé à la maturité, à tube
muni de poils étalés-oncinés, à dents couvertes de poils dressés et non re-
courbés; covoWe. très petite , infundibuliforme, dépassante peine le calice;
style ^m court, égalant la moitié de la longueur des carpelles; ceux-ci
ovales, bruns-verdàtres, brillants, convexes d'un côté et carénés de l'autre,
bordés au sommet. Feuilles oblongues-lancéolées, hispides, à poils droits;
tige très rameuse dès la base, à rameaux étalés-redressés, divisés, hérissés
(le poils étalés, les uns droits, les autres oncinés; racine annuelle. — Patrie
inconnue. — Il se place près du M. australis Brown.
Verbasciîes. — Verbascum mucronatura Lamk. ; V. undulatum Lamk. ;
V. pinnatifidum Vahl. — Scrofolarinées. — Veronica glauca Sibth. et
Sm. Linaria lanigera Desf. — Labiées. — Perilla ocymoides L. Sideritis
montana L. Slachys italiea Mill. (Ces deux plantes paraissent spontanées).
.Ylarrubium alysson L.; M. peregrinum L. Salvia bicolor Desf. 5 S. alge-
riensis Desf.; S. verticillata l.. — Plumbaginées. — Staticeglobulariœfolia
Desf. (parait indigène). — Plantaginées. — Plantago ovata Forsk. ;
P. squarrosa IMuri". — ■ Salsolacées. — Blitum virgatum L. Chenopodina
altissima Moq. Echinopsilon liyssopifolius Moq. — Poiagonées. — Rumex
dentatus "Carnpd. Polygonum herniaiioides Dell. — Euphobbiacées. —
Euphorbia achœnocarpa Guss. — Cypérackes. — Scirpus lateralis Forsk.
— Graminées. — Phalaris obvallata Trin. Crypsis segyptiaca Tausch.
Phleum echinatum Host. Alopecurus anthoxanthoides Bois.
Alopecurus setarioides Gren. (p./;3). Paniculespiciforme, ovoïde, serrée;
pédicelles des fleurs épais et un peu renfles au sommet; glumes égales, lan-
céolées, carénées-acuminées et à pointe recourbée, comprimées, libres jus-
que vers le milieu et soudées au bas, blanchâtres, à trois nervures vertes,
poilues à la base et munies sur la carène de longs poils qui atteignent le
sommet des valves; glumelle unique, égalant les glumes, avec une arête ba-
siiaire, denticulée, trois fois aussi longue que lépillet. Feuilles linéaires,
aiguës, glabres, à gaine supérieure renflée; \\gu\e courte et tronquée;
chaumes ascendants, grêles, glabres, de 1-2 décim.; racine annuelle,
libreuse-capillaire. — Patrie inconnue. — 11 se place à côté de Ivl. an-
t/ioxanthoides.
Alopecurus candicans Salzm. Agrostis interrupta L. ; A. pallida DC. iMi-
lium scabrum C. Rich. Aira lendigera Lag. Avena macra l.edeb. Trisetum
liEVUK lilIUJOGUAPlIIQUE. 1053
nc^Icctum Rœm, et Schull.; T. condensatum Piesl. Kœleiia hispida I)C.
Sfhismus marginatus P. IJeauv. Scleropoa philista;a IJois. ; S. hemipoa Pari. ;
S. divaricata Pari. Poa persica Trin. Briza spicata Sm. etSibtli. Sphenopus
Gouani Trin. Dactylis pungens Schreb. Cynosurus Lima !.. Vulpia ctnensis
Tin.; V. jieniculata Link; V. ligustica Link ; V. inerassata Pari. Festuca
pectinella Dell.; F. cynosuroides Desf. Bromiis conferUis Bieb. Scrrafalcus
macrostachys Pari. Narcluriis orientalis Bois. Ilordeum biilbosum L Klymus
criuitus Sclireb.-, K. J)eliliamis Schult. Hetcrantliclium piliforum Hoclist.
ïrilicum s(iiiarrosum Rotb; T. orientale Bieb. ^Egilops ventricosa Tausch;
AL caudata L.; M. speltoides Tausch; JE. cylindrica Host.
Anlcitiiuff xnv UestiBiunuug; «ler Oattiiugcu lier in
l>cutscltlau«l wlItlMaeliscndcu umiI allscineiu knlti-
virtcn pUmaicroftaïuîsclicn PnanKCu, etc. [Clef pour la déter-
mination des (jenres des plantes phanérogames spontanées et cultivées géné-
ralement en Allemagne, d'après une méthode analytique très facile et très
sûre, destinée aux personnes qui possèdent le Synopsis et le Manuel
de Koch, ainsi que le Manuel de la Flore d'Allemagne de Kittel); par
M. .loseph-Cbarles Maly ; 2"^ édit., in-8° de xii et 170 pages; 185>J.
Vienne, chez Wilh. Braumùller.
Le titre que nous venons de traduire en entier nous dispense de donner
des détails sur cet ouvrage spécialement destiné aux personnes qui herbo-
risent en Allemagne. La méthode analytique par dichotomie et par numéros
qui le compose ne conduit qu'aux genres ; mais un avis placé au commence-
ment nous apprend que IM. Maly s'occupe à en rédiger une qui conduira jus-
qu'aux espèces.
A niaiinal Flora of lladeîra ami tlic adjacent ijslauds of
Porto-!§aiito and tlie Désertas [Flore manuelle de Madère et
des lies adjacentes de Purto-Santo et des Dezertas) \ par M. Richard
Thomas Lowe. l'*^ partie (1 gr. in-18 de xii et 106 pages. Londres; 1857.
Chez Jolui van Voorst, 1, Paternoster Bow].
Le petit volume (|ui va faire le sujet de cet article est le commencement
d'une Flore dans laquelle l\L Lowe se propose de réunir les résultats des
herborisations (ju'il a faites h [\Iadère et dans les (juatrc îles voisines pen-
dant un séjour de trente-six années. De retour à Londres après ce long es-
pace de temps, il se proposait de publier ce travail en entier ; mais, oblige
de retourner à ]>L\dère pour échapper à l'inlluence nuisible pour lui du cli-
mat de la Grande-Brelai^ne, il a dû se contenter de publier maintenant la
portion relative aux Thalamidores, des Renonculacées aux Pittosporacées
inclusivement. 11 annonce l'intention de reprendre et de continuer sa publi-
iOb!\ SOCIÉTÉ «OTANIQUE DE ['IIANCE.
cation aussitôt qu'il lui sera possible de venir de nouveau profiter des res-
sources scientifiques qu'offrent l'Angleterre et ses grands établissements.
La Flore de M. Lowe commence, après un avant-propos de deux pages,
dont nous venons de donner le résumé, par un chapitre intitulé Explica-
tions et abréviations, dont l'intérêt est beaucoup plus grand que ne le ferait
supposer ce titre. En effet, il renferme d'abord un tableau de la végétation
de Madère et des îles voisines distribuée par zones d'altitude. Il contient en-
suite l'explication des abréviations par lesquelles iM. Lowe indique les lies
dont il écrit la Flore. Il donne une liste des espèces extrêmement rares [rrr],
fort rares {rr)^ rares (r), assez rares (r/2), assez communes (c/2), com-
munes [c), fort communes {ce), extrêmement communes {ccc). On y trouve
aussi, sous les divers signes indiqués par l'auteur pour ces différentes dési-
gnations, une liste d'espèces 1° entièrement naturalisées, mais probablement
introduites- 2" plus ou moins naturalisées et se propageant sans culture,
mais certainement introduites; 3° presque naturalisées, mais ne se propa-
geant pas d'elles-mêmes et exigeant une légère culture. M. Lowe y explique
les principaux adjectifs employés dans la description des plantes, ainsi que
les diverses abréviations dont il fait usage pour les organes, pour les noms
d'auteurs, pour les saisons, etc. A la fin de ce chapitre d'introduction se
trouve le tableau des hauteurs des principales montagnes du groupe de Ma-
dère. Nous y voyons que le point le plus élevé de Madère est le Pico Ruivo
qui s'élève à 6056 pieds anglais (18^7 mètres), que le point culminant de
Porto-Santo n'est qu'à 1663 pieds anglais (507 mètres), enfin que la plus
grande altitude des trois iles Dezertas est un peu inférieure à ce dernier
chiffre.
La Flore de Madère est entièrement écrite en anglais, avec de nombreuses
abréviations destinées à en diminuer le volume. L'ordre suivi par son au-
teur est celui des familles naturelles tel qu'il a été établi par De Candolle.
Après les caractères des familles ceux des genres sont présentés en tableau.
Quant aux espèces, l'auteur donne pour chacune une description suc-
cincte, à laquelle il ajoute pour la compléter des détails plus circonstanciés
et souvent aussi des observations, après avoir indiqué les noms vulgaires, la
synonymie, la durée, les localités et l'époque de la floi'aison. Il expose encore
avec soin l'histoire des variétés, et il ne néglige même pas de donner des
détails intéressants sur les principales espèces cultivées, telles, par exemple,
que la Vigne, les Citrus, etc.
La Flore de Madère renferme, dans sa portion publiée, 21 familles,
65 genres et 133 espèces.
]lcsci*i|><ioii «f tlie Robo-tree , a iicw ^ciins of licsu-
■iiiiio.siv, collectcd by D"" W.-F. Danicll, in Sierra-Leonc {Description
de l'arbre nommé Kobo, formant un nouveau genre de Légumineuses,
UliVUI': HllîLlOGUMMIIQUE. 1055
rapporté de Sierra-Leonc par le D' W.-l'. iJiancll) ; par iVJ. John Jos.
Jk'iuiott {Journ. of the Proceedùujs of the Linn. Society, I, 1857, n" 6,
pp.lW-151).
Ce genre nouveau reçoit le nom de Gnibourtia. « Puisque c'est un des ar-
bres qui produisent une bonne sorte de Copai, on ne peut, dit M. IJennett,
le dédier plus convenablement qu'au savant pharmacologiste à qui nous
devons tant de recherches approfondies sur l'origine et l'iiistoire des sub-
stances employées en médecine et dans les arts. » Le Guibourtia est une
Cœsalpiniée très voisine, d'un côté, des Copaifera et Cijnometra, de l'autre,
des Hijmenœa, Ti^achylobiuin et Peltogyne. En voici les caractères :
Calyx 2-bract. , /i-sépal.; sepalis deciduis. Corol. 0. Stam. 10, libéra,
sequalia. Ovar. eompressum, pauci- (2-4) ovulât.; stylo filiformi ; stigm.
ohiw?,o. Leyumen... Arbor Africae occid., Hy7neneœ facïc Fol. 2-foIiol.,
foliolis 3-5-nervis. Paniculae terrain.; florib. in ramulis ultimis approxi-
matis, sessilib., inconspicuis.
Spec. unica : Guibourtia copallifera Benn.
Dans une lettre de M. Thomas C. Archer, que le Journal de la Société
linnécnne publie à la suite de l'article de M. Bennett, il est dit que la
gomme-résine, qui, d'après le D'' Daniell, est le produit du Guibourtia^ est
probablement l'une des trois sortes que le commerce apporte en très
grande quantité dans le port de Liverpool sous les noms de Copal d'Afri-
que, Gomme jaune d'Afrique et Gomme rouge d'Afrique. La première
forme des larmes arrondies, de dimensions diverses, mais généralement
considérables, d'un jaune paille peu intense; elle est fort transparente,
mais un peu louche à sa surface. Les deux autres paraissent être en mor-
ceaux, surtout la rouge, que de la poussière adhérente rend souvent jau-
nâtre. M. Archer a vu un morceau de la jaune qui pesait près d'un kilo-
gramme et demi. Les morceaux ordinaires de ces matières ont le volume
d'un œuf de poule. La quantité de ces gommes-résines qui arrive au port
de Liverpool est vraiment énorme; en 1855 elle a dépassé 150 tonneaux,
ou 150,000 kilogr. Toutes sont employées sous le nom de Copal à la fabri-
cation des vernis.
Ou a uew mpecics of M*e»i»a, bcciug tlic full dcvc-
lopineut of Scies'otiutiè roaeum Kneiff. [Sur une nouvelle
espèce de Pézize, qui n'est que l'état parfait du Sclerotium roseum
Kneiff.); par M. Fréd. Currcy [Journal of the Proceedings of the
Linnean Society, I, n" U, 1857, pp. 147-H9).
On sait fort bien aujourd'hui que les Sclerotium ne sont pas des forma-
tions autonomes, mais uniquement des mycéliums de Champignons arrêtés
1056 SOCIÉTÉ IJOTAMQUE DK FRANCE.
dans leur (Icveloppement OU qui n'attendent que des circonstances favo-
rables pour arriver à leur état parfait. L'un d'eux, le Sderotiwn rosewn
Kneiff., se trouve dans l'intérieur des tiges des Joncs, dont il déloge par-
tiellement la moelle. Il est oblong ou presque cylindrique, généralement
arrondi aux deux bouts, et sa longueur varie de 1/8* h 1/2 pouce anglais
ou au delà. Il est sillonné longitudinalement; sa couche externe est formée
de cellules de couleur foncée qui le font paraître noir, tandis qu'un gros-
sissement suflisant les montre seulement brunes. Son tissu cellulaire inté-
rieur est presque blanc, plus ou moins rosé, d'où a été tiré le nom de
.y. 7'osc'um. Une section transversale le montre formé d'une masse serrée de
cellules iiliformes, entremêlée de cellules étoilées qui formaient la moelle
du Jonc. Il résulte de la que Je Sclerotium n'a pas déplacé cette moelle,
mais s'est développé tout autour d'elle en l'englobant.
Au mois d'avril 1856, M. Currey remarqua plusieurs individus d'une
Pézize très élégante qui s'étaient développés sur les tiges de l'année pré-
cédente d'un Jonc, qui était probablement le Juncus conglomcratus, et qui
sortaient de leur intérieur par une fissure qu'ils avaient produite pour
se frayer un passage. En ouvrant le Jonc il vit que le stipe du Champignon
naissait d'un Sclerotium t'oseian. Cette Pézize a sa coupe d'un beau brun,
le plus souvent hémisphérique, parfois en entonnoir, du reste un peu
variable de forme. De chaque Sclérote s'élèvent des Pézizes au nombre de
2 à 13; elles sont d'autant plus petites (jue leur nombre est plus grand. Le
diamètre de la plus grande coupe dépasse 1/2 pouce anglais, celui de la
plus petite n'est que de 1/16* de pouce 5 le stipe égale à peu près, en
longueur, le diamètre de la coupe ; sa couleur est plus foncée et il s'atténue
un peu vers le sommet. M. Berkeley lui a donné le nom de Peziza Cur-
reyana.
Cette espèce nouvelle est voisine du Peziza tuberosa Bull., qui nait
aussi dune base sclérotioïde; mais, entre autres caractères distinctifs, les
spores de cette dernière sont ellipsoïdes, tandis que celles du P. Ciir-
rcyana Berk. sont étroites et plus ou moins arquées.
L'auteur a appris de M. Tulasne que le Sclerotium sulcatum Desm., qui
croit dans les tiges des Carex, se développe aussi quelquefois en Pézize,
d'après l'observation de M. Durieu de Maisonneuve.
Ou i&cn l'oB'iiiiS wf iiittriiie l>iafoiiiaccir fouii«l iii (lie Firtii
of dy«le ai»«B iu liocli Fin*- ^Sur de nouvelles formes de Diato-
macées mari)ics trouvées dans le Firth de la Clyde et dans le Loch Fine) ;
par M. William Gregory. [Transactions of the royal Society of Edin-
/jiirglt, vol. XXI, part. IV, 1857. Tirage à part, en broch. in-/j° de iv
et 72 p.; avec 6 pi. gravées.)
Les r.ombrcuses formes de Diatomacées décrites et figurées avec un soin
RhVUE BlBLlOGUAl-llIQUIi. 1057
remarquable dans ce mémoire ont été observées au milieu des matières reti-
rées au moyen de la drai^ue du fond du golfe de la Clyde. M. Gregory les
décrit comme constituant une grande quantité d'espèces nouvelles; mais
ses idées à cet égard ne sont pas tellement arrêtées qu'il n'admette la pos-
sibilitéd'en diminuer le nombre pardes observations ultérieures. Ainsi, dans
sou avant-propos, il s'exprime à cet égard de la manière suivante : « Par
le progrès des études beaucoup de nos espèces devront être modifiées ou
supprimées; dans l'état actuel de nos connaissances, il n'est pas toujours
facile de décider si une forme donnée doit être regardée comme une espèce
ou comme une variété... Je donne mes nouvelles espèces simplement comme
des fornu's pour lesquelles il fallait un nom, mais dont la valeur et la vé-
ritable place devront être fixées par des autorités pins compétentes. «
Gomme résultats généraux de ses observations 31. Gregory établit : 1" que
les eaux desquelles ont été retirés les matériaux de ses études renferment
une très grande partie des Diatoraacées marines découvertes jusqu'à ce
jour sur les côtes de la Grande-Bretagne; T que presque toutes les formes
décrites antérieurement par lui comme se trouvant, à l'état fossile, dans les
sables de Glenshira se rencontrent à l'état vivant et même généralement en
abondance dans les mêmes eaux.
Évidemment nous ne pouvons faire ici autre chose que de donner un re-
levé des espèces ou variétés décrites et figurées comme nouvelles par le sa-
vant anglais, en renvoyant au mémoire original ceux des lecteurs de ce Bul-
letin qui voudraient en connaître les caractères. Pour chaque espèce nous
citerons la figure qui la représente dans le mémoire et nous rangerons les
noms d'après les sept groupes admis par l'auteur.
1" groupe. Formes navicidoïdes. — Navicula minor (fig. 1); N. Clu-
thensis (fig. 2); N. (?) inconspicua (fig. 3); iN. brevis (lig. U); N. Clavi-
culus (fig. 5); N. Musca (fig. 6); N. rectangulata (fig, 7); N. nebulosa
(fig. 8) ; N. Barclayana (fig. 9) ; N. spectabilis (fig. 10) ; N. preelexta (Pin-
nularia praetexta Ehr.) (fig. 11); N. Lyra Ehr. , var. abrupta (fig. lu);
JN. Smithii, var. fusca (fig. 15), var. nitescens (fig. 16), var. suborbicu-
laris (fig. 17); Pinnularia (?) subtilis [fig. 19); P. rostellala (fig. 20) ;
P. Pandura (Navicula Pnndura Bréb. , var. elongata) ((ig. 22).
2'' groupe. Cucconéides. — Cocconeis ornata (fig. 25) ; C. nitida (fig. 26) ;
C. pseudoaiarginata (fig. 27) ; G. major (fig. 28); C. splcndida (fig. 29).
3' groupe. Formes filamenteuses. — Dcnticula (?) interrupta (fig. 30);
D. (?) capiUita (fig. 31); D. (?) ornata (fig. 32); D. (?) lœvis (fig. 33);
n.nana (fig. 3/i) ; 1). minor (fig. 35); 1). distans (fig. 36); D. staurophora
(fig. 37); D. fulva (fig. 38); D. marina (fig. 39). Diadesmis (?) William-
soni (fig. ùO). Meridion (?) marinum (ou Gomphonema lineare?) (fig. k\).
Orthosira angulata (fig. /i3).
^t' groupe. Disques^ renfermant les Compylodiscus. — Melosira ou Cos-
T. IV. 67
1058 SOCIÉTÉ UOTAiNlQUE Dli KRAMIE.
eiiiotiihcus (?) il. sp. (tig. Uk). Coscinodiscus nitidus ((ig. 45); C punctu-
latiis (lig. 1x6) ; C. urabonatus (lig. US). Eupodiscus subtilis Ralfs (lig. 50).
Campylodiscus centralis (lig. 51); C. augularis (fig. 53); C. eximius
(lig. 5U).
5' groupe. Amphiprorcs. — Amphiprora pusiila (fig. 56); A. plicata
^tig. 57); A. lepidoptera (fig. 59); A. obtusa (fig. 60); A. raaxima(flg. 61);
A. (?) complexa (fig. 62).
6*= groupe. Amphores. — a. Simples. — Amphoraturgida (fig. 63); A. nana
(tig. dU); A. macilenta (fig. 65); A. angusta (fig. 66); A. binodis (fig. 67) ;
A. veutricosa (fig. 68); A. monilifera (fig. 69); A. lineata (fig. 70); A. Kr-
gadensis (fig. 71) ; A. lœvissima (fig. 72); A. pellucida (fig. 73); A. Isevis
(fig. llx); A. exigna (fig. 75); A. dubia (fig. 76); A. truncata (fig. 77);
A. ob!onga(fig. 78); A. robusta (fig. 79); A. spectabilis (fig. 80); A. Pro-
teus (fig. 81).
b. Complexes. — Amphora lyrata (fig. 82); A. Milesiana (fig. 83); A.
elongata (fig. 84); A. quadrata (fig. 85); A. excisa (fig. 86); A. nobiiis
(fig. 87); A. fasciata (fig. 90); A. complexa (fig. 91); A. acuta (fig. 93);
A. pusiila (fig. 95); A. granulata (fig. 96); A. cymbifera (fig. 97); A. pro-
boscidea (fig. 98); A. bacillaris (fig. 100).
V groupe. Miscellanées. — JNavicula (?) Libeiius (fig. 101). Nitzschia (?)
panduiiformis(fig. 102); N. distans {il^. 103); N. liyalina (fig. 104). Pleu-
rosigma (?) reversum (fig. 105). Synedra Henuedyana (fig. 108).
M. Gregory fait observer ensuite que la grande majorité des Diafomacécs
dont il vient de donner la description sont nouvelles non-seulement pour la
Grande-Bretagne, mais encore d'une manière absolue, bien que MM. Ehren-
berg et Bailey aient déjà décrit beaucoup d'espèces marines de ce groupe
récoltées sur des points divers de la surface du globe. Il ajoute qu'on n'est
pas encore entièrement fixé sur la distribution de ces êtres microscopiques
dans la profondeur des mers; ainsi, tandis qu'on les trouve en grandequantité
dans le golfe de la Clyde, il en existe peu dans celui du Forth et sur d'au-
tres points des côtes de la Grande-Bretagne ; ainsi encore, tandis que
M. Bailey en a trouve beaucoup de formes intéressantes dans des sondages
faits à une profondeur de 1700 et même 2700 brasses, dans la mer du
Kamtschatka, l'auteur n'a trouvé à peu près que des Foraminifères et des
Polycistinées, mais presque pas de Diatomncées dans les matières retirées
de i'Atlautiiiue par de nombreux sondages exécutés à des profondeurs com-
prises entre 85 et 2000 brasses. Cependant M. Bailey y en a trouvé sur
d'autres points.
Un appendice est joint au mémoire de M. Giegory; c'est une noti- de
ftl. U.-K. Greville intitulée : Notice su?' unnouvceu genre de Diatomncées.
Ce gem-e, découvert par M. Creswell, reçoit de M. Walker-Arnott, qui l'a
distingue le premier cl de iM. Greville après lui, le nom de Crcswcllia. En
lUiVLE 15IUL1UG1UPII1QUK. 105*.»
voici les caractères : IViistuIes cylin(lii(iiies, bivalves, rattachés les uns aux
autres en filament continu par de coiuis processus liliformes. Valves en go-
belet, cclluleuses, (lc[)our\ ues de toute bande siliceuse qui les rattache l'une
à l'autre. L'espèce type de cegeineest le Cresivellia Turris ((ig. 100).
Après l'explication des ligures, le mémoire de M. Grcgory renferme:
\° un post-scriptmn relatif à (|uelques espèces ou variétés; 2" l'indication
de quelques passages à corriger; 3" une liste d'errata.
On tlie structure aïKl nfliniticfij «f lljrîcaccir, Platniicn.%
Altiii;;'iaoci« aud Clorantliaec»; {Sur la structure et les affî-
nitées des Myricacées, des Platanées, des Altingiacées et des Chloran-
thacées); par iM. B. Claïke {77ie Aimais and Magazine of natural His-
tory, cah. de févr. 1858, pp. 100-109, pi. Vf, fig. 1-19J.
Le mémoire de ^L Clarke est divisé en quatre paragraphes relatifs aux
quatre familles dont il traite.
L Myricacées. — L'ovaire de cette famille a été étudié par divers bota-
nistes qui l'ont regardé comme unicarpellé, bien qu'il porte généralement
2 et quelquefois 3 stigmates. M. Claïke, en examinant de très jeunes fruits de
Myrica quercifolia, y a vu 2, quelquefois 3 carpelles réunis par les bords.
Il dit qu en général, et d'après ses observations, c'est une règle invariable
que lorsque l'ovule est unique et dressé, ne s'inclinant vers aucun côté (les
stigmates étant au nombre de 2 ou davantage), l'ovaire est formé d'autant
de carpelles soudés par les bords qu'il existe de stigmates.
Par la structure de l'ovaire les Myricacées se rapprochent beaucoup des
Jugiandées. Elles ressemblent aux Gupulifères pour la séparation partielle
des lobes de l'anthère; on peut aussi les comparer aux Abiétinées pour
le nombre variable desétamines et la monadelphiedes filets, quand celles-ci
sont nombreuses. Elles forment comme une transition des Amentacées aux
Gymnospermes. — D'un autre côté, d'autres particularités de leur struc-
ture les rapprochent des Urlicacées et des Cannabinees, de manière à en
former un intermédiaire entre les grands groupes des An^.entacées et des
Urticées.
IL Platanées. — On a pris aussi l'ovaire des Platanées pour simple, ce
quia fait méconnaître l'organisation de leurs fleurs, au point qu'on n'a pas
fait attention à leurs enveloppes florales. Or, leurs fleurs mâles et femelles
diffèrent de celles des autres familles à côté desquelles on les place. — -
M. Glarke expose en détail les caractères de la famille des Platanées tels
qu'il les a vus dans ses observations. Il en résulte que les fleurs, tant mâles
que femelles, sont accompagnées chacune de biactées au nombre de 3 à
5 pour les premières, de 3 ou/i pour les dernières, et pourvues d'un périanthe
le plus souvent à 3 segments avec lesquels alteinent autant d'étamines fer-
10(50 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
tiles dans les mâles, autant de sinminocles ou d'ocailles pétaloïdcs dans les
lemelles, qui possèdent, en outre 5, 6, 7 ou rarement 8 carpelles, roduils
parfois a Zj, 3 ou même 2.
Il n'y a qu'une analogie éloignée entre les Platances et les Ameiitacées,
ainsi qu'avec les Urticées, et les seules familles avec lesquelles on puisse
leur trouver une affinité prononcée sont les Tiliacées, surtout les Acéracées.
— Enfin on peut dire qu'elles ont avec les Protéacées les mêmes relations
que les Rosacées avec les Légumineuses.
III. Altinyiacées. — Le geme Liquidambar qui forme cette famille a été
placé parmi les Amentacées, à cause de la ressemblance d'aspect de l'inflo-
rescence et peut-être aussi parce ((ue \L Blume a pris pour des sépales les
étamincs stériles des fleurs femelles. Grifïith a montré qu'il se rapproche
beaucoup du Sedgwichia parmi les Hamamelidées, et M. Clarke pense éga-
lement que telle est l'affinité réelle des Altingiacées dont il e.xpose en dé-
tail les caractères. 11 ajoute en note que depuis que son mémoire est rédigé,
IM. .1.-1). Hooker a rangé les Liquidambar parmi les Hamamelidées.
IV. Chlorantkacées. — M. Clarke expose en détail les caractères de celte
famille. Il tire ensuite de cet exposé les conséquences suivantes : L'affinité
des Cloranthacéesavec les Pipéracées est parfaitement établie; cellequ'elles
ont avec les Amentacées est a peu près aussi marquée, si l'on compare les
organes floraux isolément: ainsi la fleur de Y Ascarina pobjstachya est par-
faitement semblable à celle des Casuarina, à cela près qu'elle a 2 sépales au
lieu de U ; celle de VHedijosmum a également une seule étamine placée en
avant, mais entièrement à nu. Les filaments monadelpbes des Chlorantlius
peuvent êtie regardés comme analogues à ceux de quelques Myricacées
triandres. Dans les fleurs femelles il y a 2 ou 3 sépales libres ou adhérents,
comme dans les Myrica, et l'ovaire de ceux-ci à la même structure que
ceux des Hedyosmum. — Les Chloranthacées se rapprochent aussi des Po-
lygonées par leurs tiges articulées, par le calice tubuleux du genre Hedijos-
inwn, qui ressemble a celui des Coccolobn, et par son fruit triangulaire, tout
à fait semblable à l'extérieur à celui des liuinex. Il y a aussi dans ces deux
familles égale tendance à la mouadelphie, d'où l'on peut regarder les Chlo-
ratithacées comme ayant les mêmes rapports avec les Polygonées que les
Casuarinées avec les Amentacées et les Urticées. — Quant aux étamines,
les difficultés qu'elles ont fait naiire tiennent à ce qu'on a examiné surtout
celles des Cliloranthus. Celles-ci peuvent être décrites comme ayant le cor,-
neclif épaissi de celle du Sarcaudra, et comme présentant en outre de
chatjuc côte une demi-anthère de manière à constituer un faisceau mona-
delphe. Or quelquefois dans le Sarcandi^i il y a aussi, de chaque côté, une
demi-anthère addilioimelle. Enfin l'ovaiie de \'/Jc'dyo$)inim, à 3 placentas
alternes avec ses angles et avec les lobes ou angles du stigmate, monti'e
(ju'il n'y a rien d'extraordinaire dans la placentation des Choranthacées; le
p.EVL'K nip.i.ior.iîAt'iMon-. 1061
carpelle, des C/^/orart/Aws est toujours antérieur, de inèine que le carpelle
fertile de VIIc(.hjosmwn.
BOÏAMOUE GÉOGUAlMIIOdE ET GÉOLOGIQUE.
noiiiorkuii^cn iilioi* «lie Tlora doi- ITiiste Acataina l/tr-
inarrjucs sur la Flore du désert d'Atanuna); par M. U.-A. Pliilippi
{Bota7i. Zeit., n" hO, 2 oet. 1857, col. 681-G90).
Pendant l'été de 1853-1854 M. Philippi a exploré le désert d'Atacn/na,
dans le Chili, depuis les mines de cuivre de San-Bartolo, à 22" l/i' de lalil.
S., jusqu'à la ville de Copiapo, par 27" 23' de lat. S. Sur cette surface de
pays il a récolté /i07 espèces de plantes vasculaires, parmi lesquelles il n'y
en a pas moins de 256 nouvelles. Sur ce nombre il y a 27 genres nouveaux
pour la Flore du Chili ; ce sont les suivants : Poutllacées : Stichophylliuii
Ph., MicrophyesVh., Diazia Ph., Siivœa Ph. Cactées: Eulijclmla Pli.
Omuellifèues : £remoc/iaris Ph., Domeykoa Ph. Composées, surtout 1,a-
BiATiFLORES '. Urmeneteci Ph., C hondrochilus Ph., Gypothamnium Pli.,
Oxyp/iyllumVh., TobophesVh., Polyclades Ph., Brachyandra Ph., ]'ns-
qnezia Ph., Stevia Cav. Piumulacées : Centunculus I.,, Glaux 1,. Gentia-
NÉES : Varcasia Ph. lIvonoLÉACÉES : Nauia L. Boiuiaginées : Coldenia L.
Acanthacées : Dicliptera Juss. Sglainacées : Ittiopalosùgma Ph.,^I!'rt^-
dinytoniu Ph. Plomjîaginées : Statice L. Eupiiokbiacées : Croton L. Biu)-
JiÉJ.iACÉES : Pitcairnia L'Hérit.
Les /4O7 espèces de plantes trouvées par M. Philippi dans le desei't
d'Atacama se répartissent par familles de la manieie suivante : Renoncu-
lacées, 3 espèces. Berbéridées, 1. Crucifères, 15. Capparidées, 1. Viola-
cées, 3. Polygalées, 1. Frankéniacées, 2. Caryophyllées, 7. Malvacées, IG.
Hypéricinées, 1. Malpighiacées, 3. Vivianiacees, 1. Oxalidées,8. Linées,!.
Zygophyllées, 2. Térébintliacées, 1. Légumineuses, 30. Rosacées, 2. Ona-
grariées, 1. Halorrhagées, 1. Lythrariées, 1. Cucurbitacées, 1. Malesher-
l)iacées, k. Loasées, 5. Portulacees, 21. Paronychiées, 2. Cactées, Ik. Om-
bellifères, 11. Rubiacées, 1. Valérianées, 1. Boopidées, 1. Coniposées, 56.
Lobéliacées, 1. Campanulacées, 1. Piiniulacées, 2. Apocynées, 1. Asclé-
piadées, 2. Gentianées, 3. Bignoniacées, 6. Polémoniacées, 1. Convolvu-
lacées, 3. Hydroléacées, 1. Borraginées, 15. Labiées, 5. Verbénacées, 7.
Acanthacées, 1. Solanacées, 21. Noiauacées, 13. Scrofularinées, 11. Plom-
baginées, 2. Plantaginécs, U. Nyctaginées, 1. Amarantacées, 1. Chénopo-
dées, 10. Phytolaecees, 1. Polygonées, 2. Santalacées, 2. Eupliorbia-
cées, 6. l]rticées,l. Pipéracées, 1. Gnétacécs, 1. .Toncaginées.l. Naïadees,2.
Broméliacées, 3. Iridées, 3. Dioscoréacées, 3. Amaryllidées, 3. Liliacées, /i.
Astéliées, 1. Joncacées, 3. Cypéracées, 11. Graminées, 2/4. Fougères, 3.
10C2 socil'yrÉ hotamqie nr, fiiance.
Toutes CCS espèces se rattachent à trois flores distincics: l°la flore littorale
(\\\\ a besoin de l'influence de l'humidité de la iner et peut-être de particules
salines dans le sol ; 2" celle des montagnes littorales de Paposo; 3° la flore
propre du désert. La deuxième division comprend les plantes qui croissent
sur le penchant de la chaîne littorale, à une altitude de 165 à 600 mètres,
entre 26" 8' et 2k° 36' de lat. S. A cette hauteur, il y a, pendant neuf mois
de l'année, des brouillards cjui se résolvent souvent en pluie fine et qui en-
tretiennent une végétation relativement vigoui'cuse sur des pentes abruptes.
La troisième flore comprend les plantes qui croissent dans l'intérieur des
terres sur le sol aride ou humide; elle lessemble assez à la flore des Cor-
dillères. Il est bon de faire observer que ces trois flores ne se distinguent
pas d'une manière absolue l'une de l'autre.
Les espèces qui caractérisent principalement la flore littorale sont 5 Me-
nonvillea, 2 Frankenia, plusieurs Cristaria, des Biiiemandra, les Tetra-
(jonia, quelques Ccdandrinia, Bustillosa, U Closia, des Infantea, Enc.elia,
le Chuqulrcuja ackularis, 8 Noianacées, le Statice phimosa, 2 Achyro-
phorus^ etc. Presque tous les Cactus appartiennent a cette flore et à la
suivante, puisqu'ils s'éloignent peu de la côte.
La région proportionnellement fertile du Paposo produit beaucoup de
plantes et parmi elles plusieurs mériteraient de figurer dans les jardins à
cause de leurs grandes et belles fleurs, comme Ledocarpum palustre, Pso-
ralea azurea n. sp., Salvia tubiflora, Argylia puberula, Sorema. On y
trouve le Cleome chilensis, plusieurs Arenan'a, beaucoup de Malvacées, de
nombreux Oxalis, plusieurs Légumineuses, diverses espèces d'Héliotropes
frutescents, à fleurs odorantes, 2 Sauges, dont une à grandes et belles fleurs
d'un rouge écarlate, 2 nouveaux Schizanthus, etc., etc. Plusieurs plantes
d'Europe se sont naturalisées dans cette région : notre Moutarde noire
jaunit les montagnes de la côte en bande horizontale; V Avena hirsuta Rotb,
les Erodium ynoschatum et cicutarium y ont également élu domicile. Il n'y
a pas un seul arbre indigène dans cette région •, même les arbrisseaux y sont
bas et très buissonnants. Tous, même les Cactus^ y sont chargés de Li-
chens.
I-a région désertique propre est caractérisée par 2 Sida, 2 Oxalis en
buissons bas etprescjue gazonnants, plusieurs Adesmia avec ou sans épines,
2 Zuccagnia, 3 j\lalcsherbia, de nombreux Calandrinia, 1 ou 2 Opuntia,
plusieurs Séneçons, quelques nouveaux genres de Labiatillores, 2 Verveines,
2 Fabinna, beaucoup de Nicotianes, 3 Lycium, 5 Atriplex, VEpliedra
andivn, etc. Les Graminées y sont rares en général. On n'y voit pas une
Fougère, ni une Mousse ni un Lichen sur les rochers, pas une Liliacée ni
une Amaryllidée. îl n'y a pas un arbre et les arbrisseaux qui s'y trouvent
sont tous bas. La plupart des plantes qu'on y voit ont une teinte grise ou
jaune; prescjue toutes sont gluantes, résineuses, odorantes; beaucoup sont
nr.viH iiii;i.i()(;iiAi'iiioi;r:. I()(j3
épineuses. Plusieurs ont un nspcot i)aiti('uii('i',iii;u'0!i la petitesse des rcuilUs
(|ui les eouvrent et à l'abondance de leurs pousses axillaires raccourcies en
rosettes. Kndn on ne trouve dans cette région aucune espèce alimentaire,
ni comme fruit, ni comme légume, et le fourrage pour les amimaux do-
mestiffues y est toujours rare, assez souvent même y manque tout à fait.
BOTANIQUE APPLIQUÉE.
lic^'uc «les Btlaiites nouvelles ou l'ares «lécritc.s et le
plus souvent llgurées dans les publications relatives
à l'horticulture.
Dans une Revue bibliographique comme celle-ci, qui a pour objet de
tenir le plus possible les lecteurs du liidletÀn de la SocvHé botanique de
France au courant des publications dont le règne végétal fournit le sujet,
ce serait laisser une lacune regrettable que de négliger systématiquement
tous les recueils périodiques horticoles parmi lesquels quelques-uns n'ont
pas d'autre objet que de décrire et figurer des plantes nouvelles ou peu con-
nues, tandis que presque tous les autres admettent, au moins comme un
accessoire utile, des descriptions ou même des ligures d'espèces cultivées.
Nous commencerons donc, dès cet instant, à donner dans le Bulletin, aussi
régulièrement que nous le permettra l'espace dont nous pouvons disposer,
une Revue des espèces décrites dans les publications horticoles de la France
et de l'étranger. Seulement, afin de restreindre le plus possible les articles de
cette Revue, nous y consignerons le simple relevé des plantes déjà connues
et nous n'y reproduirons que ladiagnose des espèces nouvelles, en résumant
en quelques mots les détails historiques et les indications relatives à Incul-
ture. Nous espérons qu'en suivant cette maiche, nous pourrons rendre ser-
vice non-seulement aux botanistes purs, aux yeux desquels l'introduction
d'une plante nouvelle dans les jardins ne peut être un fait indiffèrent, puis-
qu'il leur donne les moyens d'en étudier sur le frais les caractères, mais
encore et surtout à ceux pour lesquels les jardins et les plantes qu'on y cul-
tive ont un intérêt particulier. La place naturelle de cette Revue nous
semble être dans la section de la Botanique appliquée, puisqu'elle s'adresse
à peu près également au Botaniste et à l'Horticulteui-.
Botanical lla^aKine.
1" Cahier de janvier 1858.
Ananas bracteatus ^œm. et Schult., Syst., VII, p. 1286. Botan. Magaz.,
tab. 5025. [Ananassa bracteata Lindl., Botan. Beyist., t. 1081. Scarlet-
leaved PineHortul.)
Très belle Broméliacée de serre chaude, fleurissant en été, qui pourrait
bien n'être qu'une simple variété de \' Ananas sativus. Brésil.
lOQli SOCIÉTÉ ROTANIQUIÎ HE rilANCK.
Sonerila speciûsa Zenkcr, Pla))t. lad. A'i/(//t., p. 18, t. 18. Wight, Icon.,
t. 2952. BuUm. Maguz., lab. 5026.
Jolie Mélastomacée herbacée, des Niighenies, introduite récemment par
MM. Veitch en même temps que le .S", elegans ; à grandes (leurs purpurines
se montrant en février dans sa patrie.
Cardia ipomœœflora Hook., Botan. Magaz., t. 5027.
C. {§ Sebestenoides) arborea, ramis teretibus, petioiis elongatis pedun-
culis calycibusque subtus minute pubescenti-scabiiusculis, fuliis pedalibus-
sesquipedalibus late ohovato-lanceolatis acutis vix acuminatis dimidio su-
periore grosse spinuloso-dentatis, panieula terminai! ampla taxa pluries
dichoto))ia, tloribus sessilibus, calyce urceolato-cylindraceo apice 2-trirido
(siccitatesubstrlato) ante anthesim apice conico-mucronato, coroilae (albœ)
ampiae infundibuliformi-campanulalœ plicatulse lobis rotundatis, stamini-
bus 5, filamenlis inferne hirsutis.
Espèce arborescente, cultivée dans les serres de Kew depuis longtemps,
sans qu'on sache d'où ni a quelle époque elle y a été introduite; voisine du
C. superba.
Grammutocarpm volubilis Presl, Sijmh. l/oL, T, p. 59, t. 38. Botan. Mngnz.,
tab. 5028. [Scyphanthus elegans Don, in Sweet Btut. FI. Gard., III,
t. 238.)
Loasée du Chili, herbacée, voluble, à fleurs jaunes.
Cosmanthus grand iflorusBenih., in Prodr., IX, p. 297. Boian. Magaz..,
tab. 5029. [Eutoca grandi flora Benth. , in Trans. Linn. Soc, XVII,
p. 278.)
Belle Hydrophyllée annuelle, dont les fleurs violettes sont les plus grandes
de la famille; découverte en Californie par Douglas en 1834, mais intro-
duite récemment par M. W. Lobb, qui en a envoyé les graines à MM . Veitch.
2" Cahier de février 1858.
Dasyllrium acrotriclmm Zuccar., in Allgem. Gartenz., 1838, p. 259.
Botan. Mngaz., tab. 5030. {Yucca acrotric ha Schiede. Boulin ia acro-
Iricha Brong.)
Singulière Asparaginée appartenant à un genre dont on trouve assez fré-
quemment des représentants dans les serres et les orangeries, où on les voit
rarement fleurir. La chaleur de l'été dernier en a fait fleurir 2 pieds à
Kcw, et l'un d'eux a développé une hampe haute de 5 mètres, chargée
dans sa moitié supérieure d'une immense quantité d'épis femelles serrés.
yEscliynuntlius (ricotor Hook., Botan. Magaz., tab. 5031.
JE, scandens radicans subpubesccns, ramis herbaceis teretibus, foliis
RKVi'E Rinr.incuAPMiorR. 1005
brevi-pcUoIatis oppositis ovatis aeiiliusculis cainosis aveniis, iimbellis pe-
liolatis païu'illoris (2-3) ebractcatis, floiihus vllloso-glandulosis, calycis
tuho brcvi linibo brevi-subaî(j;ialitor r)-lobc), coiolla'. limbo valde ()bli(|uo
longitiuline tubi bilabiato cocciiico llavo nigroque lineato, lobis suba'qua-
libus ovatis, staminibus styloquc corollai loiigitudiMC.
Très belle espèce introduite de Bornéo en Angleterre par M. Low . Klle
conviendra merveilleusement pour orner les serres cbaudes humides, cul-
tivée dans des vases suspendus en lampes.
Cattleya luteola Lindl., in Gard. C/iron., 185.'), p. 77/j. Rchbc. f., A'eniu
orch., p. 20i), t. 83. Botan. Magaz., tab. 5U32.
Orchidée remarquable par ses petites proportions relativement à ses con-
génères, à tleurs jaunes, avec le labelle marqué d'une zone orangée. Brésil.
Colletia cruciata Hook. et Arn. , in Bot. Mise, 1830, p. 152. Bolaiii.
Magaz., tab. 5033. {C. Bictoniensis Mndl.)
Cette Rbamnée a été découverte par le docteur Gillies, dans l'Améjique
du Sud, Bande orientale, près de Maldonado. C'est un arbrisseau fort cu-
rieux par ses nombreuses épines qui forment de grandes lames verticales,
opposées, triangulaires, vertes avec la pointe rouge, qu'accompagnent a
peine quelques rares et petites feuilles.
Gaidtheria discolor Nuttall, imc. Botan. Maguz., t. 5034.
G. ramulis glabratis, foliis obovato-lanceolatis acuminatis subserratis
subtus argenteis, nervis paucis margini subparallelis, racemis brevibus
6-8-floris, pctlicellis ciliatis bi-acteolatis, bracteolis parvis oblongis acutis,
sepalis ovatis acutis ciliolatis, corollse fauce barbata, lobis loseis, filamentis
setulosis, antheris apice bicuspidatis, ovario villoso, disco 10-dentato.
Élégante petite Éricacée frutescente, découverte par M. Booth dans les
parties tempérées du Bhotan Himalaya, et cultivée chez M. Nuttall, à Nut-
grove,
Pilumna fragrans Lindl., Botan. Beg., 184/i, Mise, p. Ih. Botan. Magaz.,
tab. 5035. {Tric/wpilia albida Wendl. f. )
Cette Orchidée est originaire de Popayan où elle a été découverte par
Hartweg. Ses grandes fleurs verdâtres avec le labelle blanc, taché d'orangé
au centre, sont délicieusement odorantes.
]%'ote on tlic use of tlie rliizoïiia oT Piet'is fiQuilina
as an artiele, of foo«l [Note sur l'emploi du 7'hizome du Tteris
aquilina comme aliment)-.^ par M. M.-J. Berkeley [Journal of the Pro-
ceedings ofthe Linncan Societg, T, 1857, n° U, p. 156-157).
Le rhizome du ^Pteris aquilina, qui renferme beaucoup de fécule et de
1060 SOCIÉTÉ ISOTANIQUlî DK FUANCR.
mucila.ue, est (niehiud'ois employé en Europe et en Sibérie pour faire une
sorte de pain très grossier. D'un autre côté, Forster nous npprend que les
habitants de la rs'ouvelle-Zelande tirent une iirande partie de leur nourri-
ture de racines ou rhizomes de Fougères. Or on sait aujourd'hui que, parmi
diverses espèces qu'ils utilisent ainsi, se trouve un Pteris tellement ressem-
blant au Pt. aquilina, qu'on le regarde comme en étant une simple variété à
laquelle on donne la qualification d'esculenta. — Ces diverses circonstances
ont déterminé M. Berkeley à examiner le Pt. aqUiiina sous le rapport du
genre d'aliment qu'il peut fournir. Il en a grillé quelques rhizomes, et il a
reconnu qu'on peut, il est vrai, les manger, mais qu'ils constituent un ali-
ment fort désagréable à cause de la viscosité de leur substance et de leur
saveur particulière. Cependant, pensant qu'ils deviendraient bien meilleurs
si l'on pouvait en enlever la portion gluante, il a essayé de râper un certain
nombre de ces rhizomes préalablement lavés et pelés, en évitant de tou-
cher aux deux gros faisceaux ligneux qui les parcourent; après quoi il a mis
dans l'eau la pulpe ainsi obtenue. Au bout de vingt-quatre heures, l'eau était
devenue extrêmement visqueuse et elle s'était colorée en jaune-brun. Elle a
été décantée, après quoi la pulpe a été lavée dans de nouvelle eau, qui est
restée parfaitement incolore. Après une nouvelle décantation, on a fait sé-
cher la pulpe et on l'a pétrie en une sorte de gâteau qu'on a fait cuire sur
la terre. On a obtenu ainsi une sorte de pain grossier, mais bon à manger,
absolument dépourvu de toute saveur désagréable, bien meilleur, dit
M. Berkeley, et probablement pas moins nourrissant que celui de Cassave.
llouographie du tabac, comprenant l'historique, les propriétés thé-
rapeutiques, physiologiques et toxicologiques du Tabac; la description
des principales espèces employées 5 sa culture, sa préparation et l'origine
de son usage; son analyse chimique, ses falsifications, sa distribution
géographique, son commerce et la législation qui le concerne ; par M. Ch,
Fermond. 1 vol. in-8° de 352 p., avec un portrait lithog. Paris, 1857.
Dans un avant-propos placé en tête de son ouvrage, M. Fermond nous
apprend qu'il s'est déterminé à l'écrire en voyant que jusqu'à ce jour aucun
auteur n'avait envisagé le Tabac à la fois à tous les points de vue auxquels
il est bon de se placer pour en tracer l'histoire complète. Il a été mû égale-
ment par le désir de faire rapporter au cordelier André Tbevet, d'Angou-
lême, a qui il appartient, l'honneur d'avoir le premier introduit et cultivé
le Tabac en France.
On le conçoit aisément, par cela même que M. Fermond s'est attaché à
rendre sa Monoyrap/iia complète, il a été amené à y comprendre beaucoup
de chapitres divers dont le sujet est entièrement étranger à la botanique ou
ne s'y rattache que fort indirectement. Ainsi toute la seconde moitié du
\\\MK ninLior.iîAiMiiurr.. lOAT
voliinu', a partir (!(• la pa^'o Mi'2, est ri'Intive a la {miIUiic du Tabac, i\ la
préparation des diverses sortes de tabacs, aux l'alsilicatious dont ils sont
l'objet, à l'étude eliinii(|ue du laliao et de sa l'uniée, enfin a toutes les ques-
tions de lé<>islation, d'administration, de satistique, etc., qu'embrasse l'bis-
loire de cet important objet de consommation.
La première portion de l'ouvrage est plus directement relative à l'étude
l)otanique du Tabac. Cependant nous pouvons encore, en nous plaçant à ce
point de vue, en distraire les chapitres consacrés ù une polémique sur l'usage
du tabac (pp. 23-35), à des considérations sur la fabiicalion du tabac au
point de vue de l'hygiène (pp. 78-93), aux secours à donner aux personnes
empoisonnées par le tabac (pp. 93-95). Il reste donc comme constituant
l'histoire du Tabac, dans l'acception la plus laige du mot, les chapitres in-
titulés: Synonymie (pp. 9-17), Historique (pp. 18-23), Usages et propriétés
du Tabac (pp. 35-61), Propriétés toxiques et physiologiques du Tabac
(pp. 61-78), surtout ceux qui ont pour titre : Description botanique des
principales espèces de Nicotiaues en)ployées à la fabrication des tabacs
(pp. 95-118), Observations générales sur le genre Nicotiana (pp. 119-127),
et Distribution géographique (pp. 128-162).
Dans le chapitre qui comprend un exposé historique sur le Tabac, l'au-
teur s'attache à faire ressortir ce fait déjà signalé par M. Ferdinand Denis,
dans sa Lettre sur l'introduction du Tabac en France, que le cordelier
Thevet rapporta en France, du Brésil, des graines de cette plante qui ger-
mèrent sur notre sol quatre ans avant l'époque indiquée par tous les his-
toriens. .Mais il ajoute que « si ce moine a rapporté d'Amérique les semences
du petun (tabac)..., c'est à Jean Nicot que l'on doit de l'avoir, par sa haute
position (comme ambassadeur de Charles IX près de la cour de Portugal),
pour ainsi dire rendu populaire. » C'est le portrait de Thevet qui forme le
frontispice de l'ouvrage de M. Fermond.
Dans le chapitre relatif à la description des principales espèces de Nico-
tiaues employées à la fabrication des tabacs, l'auteur décrit en détail \e Ni-
cotiana TabacumX.. et ses 8 variétés, plus succinctement les Nicotiana fruc-
tnosa L. , N. macrophylla Spreng. , A', ckinensis Fisch., N. auriculata Bevl.
(qui parait être l'espèce importée du Portugal en France par Nicot), N. pa-
nicidata L. (qui donne le tabac le plusestiméen Turquie), N. fjlnuca Grah.,
N. rustica L. (fréquemment cultivé dans le midi de la France, qui donne
un tabac parfumé et probablement aussi le tabac d'Alouchta, très usité en
Crimée), N. suaveolem Lehm. (qui fournil très probablement le meilleui-
tabac de Virginie), N. persica Lindl. (auquel on rapporte le célèbre tabac
de Shiraz), N. reprmda \\'\\\d. (cultivé eu grand à Cuba pour la confection
des cigares de la Havane\ .Y. quadrivcdvis Pursh (avec lequel se fait le
tabac du Missouri).
Knfln, dans le chapitre suivant, cjui a pour titre : Observations générales
lOGS SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
sur \e genre Nicotiana, M. Fermoiul parle des expériences d'iiybridation
dont ces plantes ont été fréquemment l'objet, ainsi que de diverses mon-
struosités qu'elles ont présentées.
SOCIÉTÉS SAVANTES.
.Société l>otuui(|iie «riOtlinaltoiiri;.
Dans la séance de novembre 1857 il a été fait quelques communications
d'un intérêt purement local, et d'autres plus générales, dont voici un résumé
succinct (voy. 77/e An?u(ls and Magaz. of. natitnd Hist., cali. de lévrier
1858).
1. Notice ofabnormality in u Flower o/ iJliuni (Note sur une anomalie
observée dans une fleur de Liiium); par M. J. Cbristian.
Cette fleur présentait 10 folioles au périanthe, 11 étaniines et 2 ovaires;
son pédoncule était un peu aplati et paraissait être composé de 2 pétioles
réunis. Cette fleur était formée sans le moindre doulc, non par le développe-
ment de parlies additionnelles, ni par la division des organes pendant leur
développement, mais par la fusion de deux fleurs eu une seule; on aurait
donc dû y liouver 12 folioles, 12 étamines et 2 pistils. Pour le périanllie
le nombre 12 était facile à reconnaître, deux de ses folioles étant plus ou
moins bilobees au sommet et conservant ainsi des traces de la soudure (jui
en avait fondu deux en une seule ^ quant à l'étamine qui manquait sur
les 12, on n'en voyait pas de traces.
2. Short Notice of a peculiar forin of Fuiigus (Note succincte sur une
forme particulière de Champignon); par M. James Young.
Un Irlandais ayant subi l'amputation de la jambe fut couché sur un lit
neuf et très propre, formé d'un matelas de crin recouvert d'une feuille de
gutta-perclia. Au bout de quelques jours, pendant lesquels le malade reçut
tous les soins de propreté nécessaires, le lit devint très humide. Le qua-
torzième jour, il fallut changer le matelas dont on tiouva le dessous presque
couvert d'une grande quantité du (ihampignon dont il s'agit ici, que
M. Berkeley, dans une note communiquée pendant la même séance, dit être
un état irnpai'fait d'un Coprinus. Le lit fut nettoyé avec grand soin, et ce-
pendant, au bout de neuf ou dix jours, le même Champignon se montra de
nouveau en abondance presque aussi grande que la première fois.
M. lierkeley rappelle que iM. Targioni-Tozzeti a signalé l'apparition de
Champignons sur l'appareil dont on avait entouré une fracture, à l'hôpital
Saint-(ieoi-ge, à Modène.
Dans la séance de décembre 1857, en fait de communications non rela-
tives a la Flore de l'Ecosse, nous trouvons les suivantes :
1. -Notice of /ùpj/itiaii fiants (Note sur des plantes de l'Kgyple); parle
HKVUK HIIJLlOGUAl'lllUUi:. 1.069
(loclour John Kirk. — C'est le récit succinct d'un voya^^e exécuté pendant
le printemps de 1857, en Egypte et en Syrie, par l'auteur, (|ui a mis sous
les yeux de la Société des échantillons des plantes les plus intéressantes re-
cueillies par lui.
2. Contributions to microscopical Analy&is; n" 1. Tobacco (Notes d'ana-
lyse microscopique; n" 1, le Tabac); par le docteur George Lawson.
L'auteur t'ait observer (lu'ou décrit ordinairement le Tabac comme ayant
des poils p,Ian(lnlil'ères ou terminés par un reullement arrondi, et que celte
indication ne donne qu'iuie idée fort imparfaite de la véritable structure
de ces poils, qui présentent des caractères constants, jjcur longueur varie
(le '1/20 à 1/100 de pouce anglais; ils sont généralement renflés a la base,
atténués vers l'extrémité où se trouve l'organe glanduleux. Celui-ci est
ovoïde ou globuleux, composé de quelques cellules étroitement unies, beau-
coup plus courtes que celles qui forment le reste du poil, et elles renfer-
ment une matière d'un brun rougeàtre, quelquefois verte. Ces poils abon-
dent principalement sur les sommités des pousses, ainsi que sur le calice et
les pédoncules du Tabac.
3. Notice oj Galls foundon the Leaves of the Beech (Note relative à des
galles trouvées sur les feuilles du Hêtre); par M. James Hardy.
Le journal anglais ne donne que le titre de ce travail.
MÉLANGES.
B']ssai Nur la iïorc populaire de ^Voriiiasidie et d'Aii^slc-
terre; par M. Edouard Le Héricher. (Un grand in-8' de 103 pages.
Avrancbes;jl857.)
Le titre de cet ouvrage pourrait ne pas en faire comprendre parfaitement
l'objet à tous les lecteurs. En effet, en l'écrivant, M. Le Héricher s'est pro-
posé de présenter un relevé des plantes sur lesquelles s'est portée l'atten-
tion du peuple en Normandie et en Angleterre, comme le prouvent les
dénominations vulgaires par lesquelles on les désigne dans ces deux pays. Il
montre l'étymologie ou la signification de ces noms populaires, les idées
poétiques, superstitieuses ou autres qu'ils expriment, etc. On sent que les
détails en très graiid nombre dont il se compose ne sont nullement suscep-
tibles d'être ni résumés ni analysés; ils sont exposés en style courant; mais
une table alphabétiijuc de tous les noms populaires expliques ou rapportés
dans l'ouvrage permet de les retrouver tous au milieu de ce texte. ■ — Dans
une introduction qui n'a pas moins de Zh pages, l'auteur montre l'intérêt
qui s'attache à cette langue vulgaire par laquelle le peuple exprime, avec plus
ou moins de bonheur, tantôt les rappi'ochcmenls ou les comparaisons (|u'il
établit entre les plantes et des objets usuels, tantôt les propriétés qu'il a
reconnues en elles ou qu'il leur attribue sans trop de raison, etc. Il fait re-
1070 SOCIF/rÉ BOTANIQUE DK IKANCK.
marquer la <î.vAce et la délicatesse de beaucoup de noms populaires des vé-
gétaux communs. Il énumèi-e les principales sources auxquelles ont été
puisés tous ces noms. « Il y a, dit-il, une veine poétique, une veine païenne,
une veine chrétienne, une veine satirique, une veine légendaire, une veine
domestique, etc. » i*lt il donne des exemples de ces diverses origines. Il pré-
sente son ouvrage, dans lequel cependant sont consignées des données très
nombreuses, comme n'étant qu'un fragment d'une œuvre d'ensemble dont
il s'occupe depuis longtemps et qui est relative au dialecte anglo-normand.
NOUVELLES.
Le journal botanique qui paraît depuis sept ans toutes les semaines, à
Vienne, sous le titre de Œsterreichische botanische Wochenblatt (Feuille
hebdomadaire botanique autrichienne), et qui a pour directeur le docteur
Alexandre Skofitz, modifie, à partir de janvier 1858, son titre et son
mode de publication. Il s'appelle maintenant Œsterreichische botanische
Zeitschrift (Gazette botanique autrichienne), et il parait par cahiers
mensuels.
— Le Garfenflora annonce que M. Wagener vient de se démettre des
fonctions de majordome, qu'il remplissait à La Guayra, et qu'il se propose
de recommencera recueillir des plantes surtout vivantes. Or tout le monde
sait combien d'introductions importantes les jardins de l'Europe doivent
à ce zélé voyageur; il y a donc tout lieu d'espérer que les nouvelles
explorations qu'il se propose d'entreprendre dans les parties de l'Amérique
où il se trouve seront encore très fructueuses pour la botanique et l'horti-
culture.
Nécrologie. — L'année 1858 a commencé tristement pour la botanique.
Dans l'espace de trois mois à peine elle a subi des pertes nombreuses, toutes
regrettables, ([uelques-unes immenses. Nous devons nous contenter, faute
d'espace, de présenter ici le relevé de ces décès qui ont affligé la science et
lui ont ravi plusieurs hommes dont les travaux avaient puissamment contri-
bué à ses progrès dans ces derniers temps.
Le 2 janvier, le docteur F. Royle, dont tous les botanistes connaissent
lesgiands et beaux travaux sur les plantes de l'Inde [Illustrations of botanij
of tfœ Himalaya and Cas/miere; fol. Lond., 1839, avec 100 planches) et
sur leurs produits, notamment sur les matières textiles qu'on en obtient, est
mort en Angleterre, dans sa résidence d' Acton. M. Royle était secrétaire de
la Société d'horticulture de Londres. Lue souscription a été ouverte dans le
but de faire exécuter en marbre son buste (jui sera placé dans la grande
salle du King's collège^ à Londres.
I,e 13 janvier est mort à Triesle, u l'âge de soixante cinq ans, le docteur
HKVIK lîlhLIOGKAPIIiyii:. 1071
Barlolomco Biasolotto, pharmacien, directeur du Jardin i)otaniquc de cette
ville.
Le IH janvier est mort à Hardwicke, à l'âge de soixante-huit ans, le duc
de Devonshire, dont le nom mérite d'être inscrit dans cette liste nécrologique
en raison des services qu'il a rendus à l'horticulture et des dépenses im-
menses qu'il a faites pour introduire dans la culture européenne des plantes
étrangères remarquables à divers titres, entre autres V Amherstia. Le duc de
Devonshire était président de la Société d'horticulture de Londres.
Le 10 février est mort à Landau, à l'âge de quarante-six ans, M.Théodore
Giimbel, collaborateur de INIM.Bruch et Schimper pour la Brijologia euro-
pœa, et dont nous avons eu occasion d'analyser plusieurs fois dans cette
Revue bibliographique des mémoires publiés dans des recueils allemands,
surtout dans le Flotta de Ratisbonne.
Le 16 mars est mort à Breslau, à l'âge de quatre-vingt-un ans, le docteur
Christian Gottfried Nées von Esenbeck, le célèbre président de l'Académie
Léopoldino-Caroline des Curieux de la nature, de Bonn, dont tout le monde
connaît les nombreux et importants travaux relatifs non-seulement à la bota-
nique, mais encore à l'entomologie et à la philosophie.
BIBLIOGRAPHIE.
Itofauisclic Zeitiiug.
Articles originaux publiés en 1857 (suite et lin).
Speerschneider (D'"y.). — Mikroskopisch-anatomische Untersuchung der
Peltigera scutata Kbr. (Étude anatomique et microscopique du Peltigera
scutata Khw)', n°' 31, 32, 33, 31 juillet, 7 et Ih août, col. 521-530,
537-5Zi5, 561-572, plan. ix.
Irmisch {Thilo).— Zur Erinnerung an C. Fr. W. Wallroth. Eine biogra-
phische Skizze (A la mémoire de C. F. W. Wallroth. Esquisse biogra-
phique); n" 32, 7 août, col. 5^5-555.
Schenk. — Ueber formlose Stœrke (Sur la fécule amorphe) ; n" 32, 7 août,
col, 555-556.
Mûller {Ch., de Halle). — Manipulus Muscorum e Flora Novie Granadee;
n" 3^, 21 août, col. 577-583.
Bonorden. — 4)ie Gattungen Zyeo/ierc^on, Bovista und ihr Bau (Les genres
Lycoperdon, Bovista et leur structure); n"' 35, 36 et 37, 28 août, h et
11 septembre, col. 593-602, 609-616, 625-632.
C aspar y [D^ Robert). — Der Kartoffelpilz in diesem Sommer (Le Champi-
gnon des Pommes de terre pendant cet été) ; n» 35, 28 août, col. 602-603.
Pfeijfer [Vi" Louis). — Ueber die Nomenklatur bei eiuigen Gattungen der
Fumariaceen, etc. (Sur la nomenclature dans quelques genres de Fuma-
riacées, particulièrement dans le Diclytra Borkh.) ; u" 38, 18 septembre,
coi. 641-650.
1072 SOCIÉTli BOTANIQUE Dli FRAîSCE.
Sanio {Cari). — Kiiiige ^veitel•e Bemerkungen ùber die Spoienentwickeluiig
bei deii Kquiseten (Quelques nouvelles remai-ques sur le développement
des spores dans les Equisetum); n" 39, col. 657-671, plan. x.
P/iilippi (D"" lî. A.). — Bemerkungen ïiber die Flora der Wûste Ataoama
(Remarques sur la Flore du désert d'Atacama) ; n" iO, 2 octobre, col.
681-690.
Treviranus[L. C). — Vermischle Bemerkungen (Remarques diverses:
1. Hybernacles du Pofamogeion crispus; 2. Hybernacles de VHijdro-
charis Morsus Rame L. ; 3. Embryon des Orobanchées ; h. Embryon du
Cijtinm Hypocistis); n° /il, 9 octobre, col. 697-702, pi. xi, A.
Hegel {\)' E.). — Bemerkungen iiber Pflanzen des Petersburger Gartens
(Remarques sur des plantes du Jardin de Saint-Pétersbourg); n" U2,
16 octobre, col. 713-719.
Philippi {[)' R. A.). — Ueber Jaborosa Juss. (Sur le genre Jaborosai nss.) ;
n" k2, 16 octobre, col. 719-723, pi. xi, B.
Millier [Daniel, a Upsal). — Ueber die Befrucbtung der incompleten
Blumen einiger F/o/fl-Arten (Sur la fécondation des fleurs incomplètes
de quelques espèces de Violettes) ; n° h?>, 23 octobre, col. 729-733,
plan. XI, C.
Philippi (D"^ 7?. A.). — Ueber die chilenischen Forme» von Quinchamalium
(Sur les formes chiliennes de Quinchamalium) \ \\° hk, 30 octobre, col.
745-7^9, pi. XI, D.
Millier {Cil., de Halle). — Decas Muscorum Oceaui pacifici^ n° Ù5, 6 no-
vembre, col. 777-782.
Sachs [\y Julius). — Ueber das Bewegungsorgan und die periodische
Bewegungen der Blœtter von Phaseolus und Ox-a/?s (Sur l'organe moteur
et sur les mouvements périodiques des feuilles des Phnseolus et Oxaits);
n"' Zi6 et Ul, 13, 20 novembre, col. 793-802, 809-815, plan, xii et xiii.
Berg {[)'■ ().). — Bemerkungen, die chilenischen Myrlaceen von Pbilippi
betreffend (Remarques relatives aux Myrtacées chilieiuics de M. Pbi-
lippi) ; n"' /i8, h'è et 50, 27 novembre, k et 11 décembre, col. 825-830,
811-8^7, 857-861.
Klinsmann. — Kurze Mittheilungen (Courtes communications: 1. sur le
Daucus Carota; 2. sur V/soetes lacustris, dans la Flore de Pomcianie de
Homaim) ; n° à9, U décembre, col. 847-8^9.
Schlecldendal [D. F. L. v.). — Abnorme Pllanzenbildungen (Monstruosités
de plantes); n" 51, 18 décembre, col. 873-880.
Mildc (D'- J). — Ueber Botryc/iium boréale Milde (Sur le. Botrychium
boréale Milde); u" 51, 18 décembre, col. 880-881.
SchleclUendaliU. L. F. v.). — Eichenfragcn (Question des Chênes); n'' 52,
25 décembre, col. 889-898.
Taris. - Inipiimci if de L BlARTlNr.T, i i:c Mignon, 2.
TABLE ALPHABÉTIQUE
DES
WATIÈUES CONTEiNTES DANS LE TOiME QUAT1\IÈ31E.
N. H. — \.c>^ miiuéros iiidiiineiil les pages. — Tous les noms de gonre on d'csiièce rangiî.s par oi'Jre
alphabelifiucsont les noms lalins des piaules. Ainsi, pour trouver Chénc, cliercliez Qucrcus, etc.
Absence (rimlividus femelles du Chara
crinita var. oxyujjna à La Cailc, 151.
Aceroisseiiient (Théorie de Du l'etil-
Thouars sur 1';, voy. Tliéorie.
Achaines, voy. Nucules.
Acuminé (Du mol), 738.
Adelauilnis Eiull.,991.
Adhérent (Du mot) appl. à l'ovaire, 740.
Adonis ))iicrocarpa DC. var. denlala, 55.
AdvciUif (Fruit) sur une eicalrice, G2o.
^Egiloiis (Hybridation des), 528, 573.
^■Esclujnaitllins Iricolor Hook. , lOGi.
JËlhioncma helcrocavpum i . Gay, 780. —
monosiienmnn R. Br., 782. — polyga-
loides DC, 781. — pyrenaicum Bouti-
gny, sp. nov., 777, 782, 78 i. — Tlw-
masianion .1. Gay, 781.
Agave americaua L. (Mode de multiplica-
tion de r) par bourgeons souterrain.s, 43,
(il 2, 898, — (lloraison d'un) au Jardiu
' de Montpellier, C05. — (.leunes rejetons
florifères deT), GIG, 757.
Agdc [Damasonium polyspcrmum décou-
vert près d'), 738.
Agluozonia Zanard., 2G.
AgropiirinndivaricalumB. B. sj). uov ,307.
— Tauri B. B. sp. nov., 307.
Agroslis feslucoides Vill., idl.—p'jrenœa
Timb. sp. nov., 191. — pyrenaica
Pourr., 191.
Aigues-Morles, voy. Herborisations.
Aisne (Distribution AeV Alcliemillavulgaris
dans le département de 1'), 124.
Aizoon canariensc L., 178.
Akènes, voy. Achaines.
Alchcmilla rulgarisL. Sa distribution dans
trois iléparlements, 121.
Alcool (Emploi del') pour faciliter la dissec-
tion et l'élude des plantes, 1007.
Algérie (l'iore d') et de la régence de Tunis :
Consideialions sur la végét. du sud de
la régence de Tunis, 950. — itinéraire
T. IV.
d'un voyage botanique en Algérie (suite),
5, 48, 126, 171, 270, 353, 386, 473,
515. — Lettre sur la végét. du Sahara
algérien, 381, 465. — Listes déplantes
obs. aux env.de Djelfa, 483. — auxenv.
de Laghouat, 394. — daus le Sahara
algérien, 469. — Prodromus Licheno-
graphiœ Gallice el Algcriœ., 916. — Va-
riétés de Dattier cuit, dans le Mzab, 468.
— Adonis microcarpa var. dcntala, 55.
— Ai:oon canaricnse, 178 — Alyssum
cGchIcatum C. DR., 1 1 .— A. macrocalyx
C.Dl'., 12. — A. .scM%cr«HiC.DR., 1 1.
— Amberboa crupinoides, 363. — .1.
Lippii, 363. — Animochloa siibacaulis,
498. — Anabasis alopecuroides, 169. —
Anarriiinumbrcrifûlium C. Kr. , 407. —
Anclmsa hispida, /iu5. — Anthcmispunc-
tata, 182, — Argyrolobium unifîonun,
132. — Ar^iebia decumhens C. Kr. a.
microcahjx, 402; f>. macrocahjx, 403.
— .1. linearifolia, 404. — A. tinctoria,
404. — A^phodelus pendulinus C. DR.,
497 (en note). — A. visciditlus fl gabc-
sianns3. Gay, 496 et 497 (en note). —
Asleriscus i)ygmœus C. DR., 277. —
Aslragalusbijlorus, 133. — A. corru-
galus\ar. lenuirugis, 135. — A. Gombo
C. DR., 136. — AlractyMs flava, 360.
— A microcephala C. DR. , 361. — A .
proliféra. 362. — Barl;hausia senc-
cioidcs, 369. — Drassica Gravinœ, 56.
— Biipleurum licterophyllum, 178. —
Calcndula stellata a., slellala, {i. inter-
media, 7. hymcnocarpa, 282. — C. suf-
fruticosa, 281. — CaUipellis CiauUa-
ria, 179. — Cardioiccllus eriocephalus,
3G5. — Catananche arenaria, 367. —
Ccnlaurea Delilei, 365. — C. dimor-
2)/i«,364. — r. furfuracca C. DR., 363.
— Chamoniilla aurca et var. coronata,
078 — Chlamydophorapubescens, 279.
Ch. tridentala, 279. — CladanlhiiSf
13. — C. arabicus, 14. — C. Geslini
f)8
i
107ii
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Coss. , 15. — ('. pedunculatus C. DR.,
14. — Convolvuhis t^upinusC. Kr., 400.
— Crozophora verbascifoUa, 495. —
Cynomorium coccineum, 513,793. —
Cyrlolepis alexandrina, 182. — Dama-
sonium Bourgœi, 496. — Deverra chlo-
ranlha, 179. — D. tortuosa, 178; et
var. virgata, 179. — Echinospermum
Valilianum, 405. — Echiocitilon fruti-
cosum, 401. — Enarlhrocarpus clava-
lus, 57. — Eragroslis vulgaris yar.
sperostachya, 498. — Erodium arbo-
rescens, 61. — E. glaucophyllon, 60.
— Euphorbia calyptrata C. DR., 524.
— E. cornuta, 494. — E. glebulosa C.
DR., 493. — Fesiucà divaricala 6. di-
choloma ct-j-. rnemphitica , 499. — Filago
mareotica, 280. — Francœuria laci-
niata C. DR., 181. — Fumaria densi-
flora, 55. — Gymnarrhenamicrantha,
179. — Gymnocarpos decandrus, 178.
— Haplophylium Buxbaumii, 62. — //.
tuberculalum, 62. — HeUanlhemum
cahiricum, 58. — E. tunctanum C. Kr.,
58. — Ileliotropium undulatum, 401.
— Hippocrepis biconlorta, 138. — Hus-
sonia JEgiceras, 58. — Hypecoum Ges-
liniC. Kr., 522. — Ifloga spicatu, 279.
— Isalis Djurdjurœ C. DR., 523. —
Kœlpinia Uncaris, 367. — Lamium Ion-
giflorum, 491. — Limoniastrum Guyo-
nianum, 492. — Linaria albifrons, 405.
— L. cxilis C. Kr., 406. — L. fruli-
cosa, 406. — Marrubium Deserti, 490.
— Marsilea œgyptiaca, 500. — Mallhiola
oxyceras var. basiceras, 56. — J/edi-
coryo laciniala cl var. brachyacanlha,
133. — il/, secundiflora, 134. — J/i(n'-
t'«ria pruslrala, 56. — Nephrodhim pal-
lidum, 500. — Neurada procumbens,
176. — XUella syncarpa var. oxygyna,
151. — Nilraria Ividcntaia, 177. —
Nolleliachryaocomoides, 180. — iYofinea
phancranthera, 404. — Onobrychis
Crista galli, 139. — Ononis anguslissima,
133. — Opuntia, 204. — Olhonna
cheirifolia, 283. — l'aronychia longi-
seta, 176. — Penniaelum asperifoliinn,
496. — Phclipœa mauritaitica C. DR.,
409. — P/î. violucea, 408. — Plantago
ovala, 492. — P. syrlica, 493. — /'y-
rethrum Gayanwn C. DB^., 15. — P.
niavroccphalum, 18. — P. Maresii Coss. ,
16. — P. trifurcaium, 17. — ftay^s-
<ju»i bipinnalum, 57. — Reaumuria
vermiculata, 177. — Heseda arabica, 00.
— /{ . ereinopJiila, 60. — Hclama Rœlaut,
131. — lUianlerium siiavcolens, 180.
— /{/lUs oxyacanthoidcs, 63. — i'a/fia
œgyptiaca, 490. — Scîi?a villosa, 496.
— Scorpiiirus lœvigata, 138. — So-o-
fularia argula, 408. — Serratula (la-
vescens, 366. — Silène setacea, 60. —
S. succulenla, 60. — Stsym6rjt(?/i /îe-
boudianuni Verl., 726. — Spitzeliacu-
puUgera, 367. — -S. radicata, 367. —
Stalice Bonduellii, 491. — S(. pruinosa,
492. — Tetradiclis Eversmanni, 02. —
reucnuHi -liopecuros, 491. — Thyme-
lœa microphylla, 495. — Trigonella
anguina, 135. — T.marilima, 134. —
r. stellata, 134. — T7cia saJiva forma
amphicarpa, 140. — ZolUkoferia an-
gustifolia, 370. — Z. quercifolia, 369.
— Zygophyllum album, 61. — Voyez
(dans la table de la Revue bibliogr.) :
Rosny.
Algues (Obs. niicroscopiciucs sur plusieurs
genres d'), 24.
Alimentaires (Fougères), 1003. — (Plantes)
deïabili, 1001, 1012.
Alliîim scaberrimum Serres, sp. nov.,439.
^iopccuntssdario/dcsGren. sp. uov. , 1032.
Alphilomorpha gutlata, 684.
Altération de l'orthographe du nom du
genre Buffonia, 762.
Alliugiacées (Fam. des), 1060.
/l /yssum cof7i?cati(m DR., 11. — macroca-
lyx C. DR. sp. nov., 12. — sculigerum
C. DR. sp. nov., 11.
Amberboa crupinoides DC, 363. — Lippii
DC, 363.
Amérique du Nord (Voyage de M. Bourgeau
dans 1'), 1032.
Aïiiniochloa subacauUs Bal., 498.
Anabaina Bory, 757.
Anabasis alopecuroides Moq., 169.
Ananas bracteatiis R. S., 1063.
Anaphyllum Scholl, gen. uov., 728.
Anarrhinum brevifolium C. Kr. sp. nov. ,
407.
Anatomie des Saulalacées ou Thésiacées,
978.
Anchusa hispida Forsk., 403.
Andrœa falcata Schimp. découv. dans les
Pyrénées, 48.
Androsace (Caractères des sections du
genre), 199.
Anémone ranunculoides L. trouvé dans la
forcH de Montmorency, 109.
Annonces, voyez ilélanges.
Anomalies, voyez Monstruosités.
Anscllia giganlea Rchb. f. sp. nov. cl var,
citrina, 533.
Anlhcmis Gerardiana Jord., 436. — pitnc-
Uitii Vahl, 182.
Anticipées (Floraisons), 620.
Antidesma L., 987.
TABl-i; ALI'IIABÉTIQUK DES MATIERES.
Anlidesmées (Kxamcii des genres de
l'ordre des"!, 987.
Antirrldnum majus L. nionstriieiix, 451.
Âponogclon (Élyniolos^ie du mot), 580. —
distachyus Tliimb. Sa Kciniinalion, 577.
Arbre (V(''gélation d'un) accideutelloment
renverse, (i'ii.
Arbres (l)éi)éris.>;enient des) de nos prome-
nades publiques, 292.
Arelié^'onc (Du mot'!, 7:^9.
Ardeunes (fiantes obs. dans les), 124, 125.
Arenaria mixla Lap., 435.
ArcjijrohMnm uniflorwni. S., 132.
Arménie (Vcgét. des baules montagnes de
r), 863.
Arnehia dccumben&C.\\.ï. sp. nov. a. mi-
crocaly.r, 402 ; p. macrocalyx, 403. —
linearifoUa DC. , 404 . — lincloria Forsk.,
404.
Aromates empl. pour rcmbaumement au
xv" sièrle, 792-795.
Arlhonia difforiiùs Nyl. sp. uov., 924 (en
note).
Arlocarpus incisa h. var. J/ao/uLép., 1001.
Anm esculenUim L., 1013. — macrorlii-
sonl, 1013.
Asie-Mineure (Quelques faits relatifs à la
géogr. bot. de V), 667. — (Vcgét. des
hautes montagnes de T), 863.
Aspuyagns officinalis L. (Germination du
Dioscorea Ualatas comparée à celle de
r), 697.
Asperula Jordani P. S. sp. nov., 725.
Asphodelus (Esp. de la section Plagiaspho
delusûn genre), 496 (en note). — Dis-
trib. géographique des espèces de la sec-
tion Gamon du genre), 607. — albus
Mil!., 608. — cerasiferus J. Gay, sp.
nov., 610. — microcarpus S. 'V., 609.
— penduUniis C. DR., 497 (en note). —
viscidulus Boiss. et var. gabesianus J.
Gay, 496, 497 (en note).
Asterina .-EscuU Desmaz. sp. nov., 914. —
(?) 0 (iiy il. 'a(a Desmaz. sp. nov., 914. —
Epilobii Desmaz. sp. nov., 914. — (?)
Pijracantha' Desmaz. sp. uov., 915. —
(?) umbonala DQsmai. sp. nov., 915. —
vagans\ar. Aceris et var. Alni Desmaz.,
913.
Asleriscus pygmœus C. DR. sp. nov., 277.
Astcroma Cerasi Rob. sp. nov., 995. —
elegans Rob. sp. nov., 994. — fiigax
Rob. sp. nov., 996. — graphoides Rob.
sp. nov., 995. — incompfum Rob. sp.
nov., 996. — ('!)Piri Rob. sp. nov., 996.
Astragalus bitlorus Viv., 135. — corru-
gntux Bert. var. tenuinigis, 135. —
Go)iibo C. DR. sp. nov., 136.
Alradylis favu Desf., 360. — microcc-
1075
- ))roU-
phala C. DR. sp. nov., 361.
fera Boiss., 362.
A tripler, horlcnsis L. (Des graines de V) et
de leur germination, 441-444.
Avcna alpcslris DC, 440.
B
Bâillon (H.). De quelques parti(;ularilés
qu(' présentent les org. de la féconda-
lion, 19. — De rhermaphroditismeacci-
dentcl chez les Kuphorbiacées, 692. —
Examen des genres qui composent l'ordre
des Antidesmées, 987. — Les Scépa-
cées doivent-elles constituer un ordre
[»articulier? 993. — Organogéuic des
graines charnues de VfJymenocallis spe-
ciosa, 1020. — Obs. 23, 39, 269, 513,
■ 696, 789, 1022, 1023.
/ia/a«op/iora Forst., 217.
Balanopborées (Famille des), 210.
Bai,ans.\ (B.). Sur la struct. de l'épi et de
l'épillet des Graminées, 302. — Obs., 48,
107, 108, 153. — Nouvelles de sou
voyage, 43 i. — Voyez Boissier.
Bally (le docteur). Fait pré>enter un frag-
ment d'élotTe de duvet de Typha, 353.
Banquet de la Société à Montpellier, 631.
Barbarea prœcox R. Br. trouvé dans la
forêt de Saint-Sermain, 109.
Barkhausia senecioides Spr., 369.
Bari\.\ndon. Offre à la Société des échant. de
Brassica humilix, 588.
Bellis perennisL. monstrueux, 622.
Biasolctto (B.). Sa mort, 1070.
Bibliog
"aphie,
94, 255,
683,
736,
848,
976,
1071.
Bibliog
raphique (Revue),
64,
183,
209,
310,
411,
526, 683,
703,
817,
953,
1035.
Bibliothèque des Jussieu, 730.
Bicarpellaire (.'Structure) de l'ovaire des
Borraginées, 895.
Bipartite (OEillet à feuille), 622.
Bois d'If, objet d'un commerce important
au xv° siècle, 69 J.
Bois de la Moure pr. Montpellier, voy.
Herborisations.
BoisDUVAL. Présente des plantes vivantes
qu'il cultive, 168, 309, 337, 373, 464,
509, 757, 802.— Obs., 301, 373, 4U,
802.
Boissier (E.) et Balaksa. Description de
quelques espèces nouvelles de Graminées
d'Orient, 305.
Bonnet, voy. Ilagueron.
Borraginées (Noms donnés aux parties des
fruits des), 741. — (Structure bicarpel-
laire de l'ovaire des), 895.
107G
SOCIÉTÉ BOTANIQUE PE EHANCE.
Boi'is (de). Obs., 14G, 373.
Boulogne [Gcranium phœum trouve au
Bois (le;, 1(J8.
BoLncKAU (E.). LtUre sur son voyage dans
l'Aniériquc du Nord, 1032.
Bourgeons souterrains de VAgave mneri-
cana, Ai, 612, 898.
BouriGNV. Sur une nouv. csp. à'/KlIiioncma
{^a. pyrenaicum), 77".
lirachydudium penicillatum Cordn, 801.
Bradées des (Irueifè'res, 2Cir>-2G7.
Brassica Gravinœ Ten., o(j. — huniHis
DC, S88.
Bresse [Carcx Moniezi sp. nov, trouvé
dans la), 163.
BiiicE ((i.). Rapport de la Commission de
comptabilité, 8o2.
Uroiinib cappadocicus B. B. sp. nov., oOti.
BuoNDKAU (L. de). Sur le Chœlomiumchar-
larian, 999.
Bhongmaiît (Ad.). Obs., 26i, 301, 30:i.
BiniiT (.1.) (Feuilles monstrueuses trou-
vées par), 1006.
liuffonia (Orthographe du nom du genre),
762.
Bulbes renverses (De la direction que
preiincut les racines et les tiges dans
les), 948.
Bulgardugh. Liste des plantes qui crois-
sent sur cette montagne, 867.
Hiiplcurum licteropliyllum Link, 178. —
opposilifoliuvi Lap. , 436.
Blricau (Ed.). Sur diverses monstruosités,
450. — Obs., 452, 313.
Bureau de la Société pour 1857, 3. — de
la session extraord , 557, 561.
Calc.iires (Flore (lualernairc des luTs) de
C'.asteluau, 5S2.
Calendula slcllala Cav. a, slcllata, p. in-
Icniicdia, -^. hijmcnocarpa, 282. — suf-
fritlivom Vahl, 281.
Callipeltis C ucullar ia Slcw, 179.
Cfl/o;)i/.r('s Tul. gen nov., 42i.
Campanula /iocco/u Vill., 191. — lanceo-
lala Lap., 438.
Cannabis saliva L. (Tige monstrueuse de),
1023.
(lap-Ferret (Ophiofilossum du), 597.
Capscllu (j) avilis Grcn. sj). nov., 1049.
Caractères spécifiques (Sur la valeur de
certains\ 338.
Cardutucllas erioccphalus Boiss., 365.
. Carex acuminata Lap., 439. — Moniezi
Lagr. sp. nov., 164. — secalina Lap.,
439, 1019. — spliœrica Lap., 139,
loi'j. — subrolunda Serres, sp. nov.,
440. — virescens p. Griolcti J. Gay
{C. grisca ^Mv.), 166.
Carpelles, voy. Nucules.
Caruel (Th.), membre à vie, 8 59.
Carya magaloneusis. Citation de ce livre,
645.
Caspauy (R.). Sur la division de la famille
des llydrocharidées proposée par M. Clia-
lin, 98. — Sur l'ovule du ValUsneria
siilralis, 904.
Caslelnau i)rès i\Iontpellicr (Flore quater-
naire des tufs calcaires de), 582.
Casuarina crjuisctifolia L., 924.
Catananche arenaria C. DR., 367.
Cattleya luleola Limll., 1063.
Cannelle pr. Montpellier, voy. Herborisa-
tions.
Causes qui déterminent la fanaison des
plantes, 1 12.
Cenococcum 'pilyoctonum lui. sp. nov.,
59 a.
Cenlaurca Dditei Godr., 365. — dimorpha
Viv., 36i. — furfuracea C. DR. sp.
nov., 363.
Cc)!/i/iorf(uiH Montand. gen. nov., 315.
Centres (Multiplicité des) de création, 932.
Cerasus Lauroccrasus Lois. (Feuille mon-
strueuse de), 352.
Ceralocahjx Coss. attaché au bas de tiges,
150.
Cette, voy. Doumet et Herborisations.
Cluvloniium c/inr/nr«»H Ehrcnb. , 999.
Chaleur ^Sur la somme de) eflicacc nécess.
à la lloraisou du Neiumbium speciosmn,
652.
ChanwmiUa aurea 3. Gay et fl coronata,
278.
Champignon (Nouveau) du genre C'e«o-
coccum, 59 4.
Champignons (Définition des), 743. —
(Parasitisme supposé de), 744. — (My-
célium de) autour des racines de quelques
Orchidées, 373, 702. — hémostatiques
(le la Guadeloupe, 284, 4i4.
Charnues (Organogénie des graines) de
Vlli/menocallis speciusa, 1020.
CiiATiN (Ad.). Réponse aux obs. de M. Cas-
|)ary sur sa divis. de la fam. des liydro-
cliariilées, 156. — De rexistcnce de
rapjiorts entre la nature de l'épiderme
et celle du parenchyme des feuilles. 290.
— présente un fragment d'élolVe de du\et
de Typha, 353. — Discours à la fête des
étudiants de Moulpellicr, 029. — Sur
l'ovule du Vallisncria spiralis (r(''|ionses
à M. Caspary), 905, 977. — Sur l'ac:,-
tomie des Santalacées ou Thésiacées,
978. — Obs., 145, 146, 153, 267, 352.
452, 581, (:^[K^, 983.
TARF.K ALPIIAnKTIQlE DES MATIKIU'S.
1077
Chaton femelle du SaUxbabylonica traiisf.
en rameau persistant, (il 7.
Clilamiidophnra pahescens C. I)H., 279. —
Iridcnlala Ehreab., 279.
Chlonnitli.irées (Fam. des), lOGO.
Chlorantliicdu MyosoLis ca'spilosa, 895. —
du Sinapis arvensis, 701. — du Slolla-
ria int'dia, 160.
Chlorophylle (Ua[)port du nuclcus avec la),
154.
Cicatrice (Fruit advcntif sur une), 625.
Cineraria paluslris L., 1033.
Cissns L. (Vrilles des), 809.
Cladanthus Cass., 13. — avabicux Cass.,
li. — Geslini Coss. sp. nov., 15. —
peduni'idalus C. DK. sp. nov., 14.
Classilication dos Chênes, 445.
Clos (D.). Des graines de VAlriplcx hor-
toisix et de leur geriiiinat., i41. — Dis-
cussion de quelques points de glossolo-
gie botanique, 738. — Objection à la
théorie de Du Petit-Thouars sur l'ac-
croissement et à celles des phytons et des
décurrences, 785. — [.enticcllcs et
Rhizogènes, 907. — De la colonne ou
columelle dcsGéraniacées.des Malvacées
et des Eu|)horbes, 926. — Les vrilk's des
Sinilax ni folioles, ui stipules, 984. —
Remarques à Poccasion d'une comm. de
M. Serres sur quelques plantcsde Pherb.
de Papeyrouse, 1017. — Obs., 141.
Cochlearia danica L. 1033.
Cœlehogyne 3. Sm., 823. — Sur la possibi-
lité de l'existence d'étamines dans ses
fleurs femelles, 095, 789. — Sa germi-
nation, 7 14.
Collections de la Faculté des sciences de
Montpellier (Visite de la Société aux),
560.
Collet (Du mol), 743.
Colletia cruciata H. A., 1065,
Colonne ou columelle des Géraniacées, des
Malvacées et des Euphorbes, 926.
Columelle, voy. Colonne.
Commerce important (Bois d'If, objet d'un)
au xv" siècle, 691.
Commission des archives, 2, — du Bulle-
tin pour 1857, 2, 24. — de comptabi-
lité, 2. ■ — Son rapport, 852. — chargée
de visiter le Jardin des plantes et le
Conservatoire botanique de Montpellier,
573. — Son rapport, 672. — cliargéc
d'examiner Pherb. de Dunal, 601. —
Son rapport, 681. — chargée d'exami-
ner la propos, relat. à la publ. d'une
Flore cryplog. des cnv. de Paris, 777.
— Son raiiiiort, 855. — chargée de
diriger la public, de la Flore cryptog,
des env. de Paris, 858.
Composée (Innorescence), 374.
Coniollieciitin Oncslieri Desmaz. S|). nuv.,
798.
Conseil d'administration de la Société [lour
1857, 3.
Conservatoire botanique de Montpellier
((^ommiss. chargée de visiter le), 57 3.
— (Rapport sur le), (i7 7.
CoNTEJiî.AN. .Sur le parasitisme du (iui,
264.
Cnnvoloulus Balalas P., 1003 — siipimis
C. Kr. sp. nov., 400.
Coques, voy. Nucules.
Curallorhiza innala R. Rr. présenté à la
Société, 702. — (Diagnnse rectili('e du
genre), 702. — (Sur le mode de végét.
du), 766-770.
Cordin ipomœœflora Hook., 106i.
Corse (Flore de), voy. France.
Corynma .T. D. Hook. gen. nov., 218.
Cosmanlhus grandiflorus Bonlb . , 106i.
Cosson(E.). Itinéraire d'un voyage botani(pie
en Algérie, entrepris en I 856, sous le pa-
tronage du ministère de la guerre (suite),
5, 48, 126, 171, 270, 353, 386, 473,
515. — Liste des plantes reçoit, par
M. Rchoud dans le Sahara algérien, 469.
— Rapport sur Pherb. de Dunal, 681.
— Diagnose rectifiée du genre Corallo-
rhiza, 702. — Rapport de la Corruniss.
de la Flore cryptogamiqu(ï des env. de
Paris, 855. — De l'emploi de l'alcool
pour faciliter Pctude et la dissection des
plantes, 1007. — Obs., 23, 107, 153,
288, 305, 321, 515, 574, 661, 696.—
et DoRiKu DE M.^isoNNiiuvE. Notcs sm
quelques esp. nonv. d'Algérie, 11,522.
— et l\n,\LUi. Notes sur quelques plantes
rares ou nonv. de la régence de Tunis,
55, 131, 176, 277, 360, 400, 490. —
Considérations sur la végét. du sud de
la régence de Tunis, 950. — Voy. Mo-
quin-Tandûu.
Cramhe mariiima L., 1033.
Cralœgus. Un très vieux pied d'Aubépine,
92. — Crus gain P. (Gui observé sur
le), 264.
Création (De la multiplicité des centres
de), 932.
Cresivcllia Grev. gen. nov., 1058.
Chouan frères. Obs. microscopiques sur
l'organisation, la fructification et la dis-
sémination de i)lnsieurs genres d'Algues
appartenant à la fam. des Dictyotées, 24.
Croz-oidinra verhascifolia A. Jnss., 495.
Crucifères (Rractées des), 265-267. "
Cryptogames (Vingt-quatrième notice sur
les plantes) récemment découveries en
France, 797, 858,911, 994, 1009.
1078
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Cryptoganiique (Flore) des env. de Paris,
774, 855.
Cucurbila L., 231.— (Z/;j//a/aGray, 230.—
maxima Duch., 232, — melanospermaA.
Br., 235. — moschata Duch., 235. —
Pepo DC, 233. — perennis Gray, 235.
Cufurbilacées (Vrilles des), 109, 142, 322,
744-756, 787-788.
Cullurc du Pavot à oeillette, 343.
Cyclospenna Griff. {Cyrtospcrma Schotti,
723.
Cylindrospermum Ralfs, 1044.
Cynomorium Mich., 216. — coccineum
Midi. (Mode de parasitisme du), 513. —
(Sur les floues femelles du), 795.
CypripccUumcaudalum\Aï\û\. et C. Lowii
Lindl. prés, à la Société, 444.
Cyrlolcpis alcxandrina DC, 182.
Cyrtosperma, voy. Cyclosperma.
Cyiisus hctorophyllus Lap., 435, 1018.
D
Damafionium Bmirgœl Coss., 496. — po-
hjspcrmnm Coss. découvert près d'Agde,
738.
DnpIiniphyUum Bl., 992.
Dasyliriuin acrolriclmin Zuccar., 1064.
Déboisement des montagnes en Syrie, 284.
Decaisne(J.). Note sur l'organogénie florale
du Poirier, précédée de quelques consid.
sur la valeur de certains caractères spé-
cifiques, 338. — Sur les vrilles des
Cucurbitacées, 787. — Sur une préten-
due éiamine de Cœlehogyxe, 789. —
Obs., 107, 352, 333, 788, 790, 983,
98 i.
Dr Candolie (Alph.). Sur la fara. des San-
talacées, 351- — Obs., 336, 909.
Décurrenccs (Théorie des), voy. Théorie.
Déhiscencc du fruit des Orchidées, 803.
Dépérissement (Sur le) dos arbres de nos
promenades publiques, 292.
DESMAziiîRi'.s (J.-B.-H.-J.). Yingt-qualricme
notice surles plantes cryptogames récem-
ment déoouv. en France, 797, 858, 911,
994, 1009.
Destruction des forêts de Teck dans l'Inde,
319.
Développement (^lode de) du Posidonia
Catdiiii, 573.
Deverra chlorantha C. DR., 179. — lor-
tuosa DC. et var. virgata, 178, 179.
Devonshire (le duc de). Sa mort, 1071.
DianlhusCaryophyllus L. à feuille bipar-
tite, 622. —hi'rtifs Vill.,435. —super-
l/u'î I>. trouvé à Ittevillc, 802.
Dictyola Lamour., 27.
Diclyotées (Obs. sur plus, genres d'Algues
de la fam. des), 24.
Difformité par cause fongique, 651.
Diffusion de quelques esp. de Lichens, 371 .
Digenea h%. (Fructification du), 773.
Digitalis purpiirea L., 438,
Dioscorea alala L. , 1014. — Ba<a/as Dcne.
Sa germinat. comparée à celle du Ta-
mus communis et de VAsjiaragnf! offlci-
naJis, 697. — (Vitalité des parties sob-
terraines du), 700. — bulbifera L. ,1016.
— pentaphylln L., 1015.
Direction (De la) que prennent les racines
et les tiges dans les bulbes renversés,
948.
Discours de M. Pagézy, maire de Montpel-
lier, 547. — de M. le comte Jaubert à
l'ouv.de la session exlraord , 549. — de
M. de Tchihatchef à la clôt, de la session
exlraord., 667. — de Al. Moquin-Tundon
aux funérailles de M. Graves, 689. —
prononcés à la fête des étudiants de
Montpellier, 628-631.
Discussion de quelques points de glossologie
botanique, 738.
Dissection des plantes (Emploi de l'alcool
pour faciliter la), 1007.
Dissémination (Sur la) do plus, genres
d'Algues de la fam. des Dictyotées, 24.
Distribution des esp. de la section Gamon
du genre Asphodelus, 607. — de VAlche-
milla vulgaris dans trois départ., 124.
Division de la fam. desHydrocharidéesprop
par M. Chatin, 98, 156.
Djelfa (Liste des plantes obs. aux env. de),
483.
Dons faits à la Société, 1, 4, 24, 97, 109,
126, 141, 146, 147, 257, 283, 284,
321, 337, 370, 371, 433, 500, 633,
690, 737, 770, 771, 772, 849, 911,
977, 1008.
DouMET (E.). Obs., 381. — Visite de la
Société à son musée et à ses jardins, à
Cette, 584.
Dracontium polyphyllum L., 1012.
Dressées (Feuilles) du Scirpus lacuslris,
150.
DucHARTRE (P.). Obs. sur la fanai.son des
plantes et sur les causes qui la détermi-
nent, 112. — Note sur une feuille mon-
strueuse de Tilleul, suivie de quelques
consid. sur les feuilles peltées, 267. —
Surdiv. monstruosités de Tulipa Gcsne-
riana, 509. —Sur la vitalité des parties
souterrninos du Dioscorea liatatas, 700.
— Ueclierclies sur les rapports des
plantes avec la rosée, 940. — Observa-
tions sur la iraiL-^piralion des i)lanles
pendant la nuit, 1024. — Obs., 23,
TABLR ALPIIARKTIQUE DES MATIÈRES.
1079
149, 200, 292, 513, 695, C99, 947,
1022, 1031.
Dt'corDHAY-bori'.GAin.T. Obs., 581.
DuiiaI(Cornniiss. chargée ircxainitierl'herl).
(l(0,(i()l.— (Rapport siirrheib.de), ()81.
Du Petil-Tbouais (TlK-orie de] sur l'accrois-
sèment, voy. Théorie.
DuRiEc nv. Maisonneuve. Découverte de
'" VAndrœa falcnta dans les i'yrénées, 48.
— Lettre sur le Scirpus laciistris, le Ce-
rntncalyr, le Nitclla syncarpa et le rhi-
zome des Ophioglossmn, 150. — Sur un
nouv. Chami)i^no[i du^amc Ceiiococcum,
594. — Sur le parasitisme du Gui, 596.
— Sur VOphioglossum de Lardy et du
Cap-Ferret, 597. — Obs., 581, 599.—
Voyez Cosson.
Duvet de Typha (Étoffe de), 353.
E
Echinospermum Vahlianiim Lehni., 405.
Echiochilon frnticosum Desf. , 401.
École de pharmacie de Montpeilier (Visite
de la Société au jardin de 1'), 627.
Élov de Vicq. Notes sur quelques plantes
du littoral des départ, de la Somme et
du Pas-de-Calais, 1033.
Elymus arenarins L., 1034. — cappado-
ciciis B. B. sp. nov., 308.
Embaumement i Aromalcsc/nployés pour Ij
au XV* siècle, 792-795.
Enarthrocarpus clavaîus Del., 57.
Épi (Struct. de 1') des Graminées, 302.
Epicoccum pnrpurascens Ehrenb., 8()0.
Épidermc (Rapports entre la nature de V)
et celle du parenchyme des feuilles, 290.
Épillet (Struct. de 1') des Graminées, 302.
EraijrosUsvulgaris C. G. var. sperostachya
C. DR., 498.
Erodium arborescens Willd., 61. — cris-
pum Lap., 1047. — glaucophyllon Ail.,
60. — lucidnm Lap., iOil . — macra-
denumVUér., 1047. — pelrœumViIUld.,
1046.
Erythrœa JiltoralisVw, 1034.
EsTOR. Discours à la fête des étudian'.s de
Montpellier, 630.
Étamiiies (Sur la possibilité de l'exislence
d') dans les fleurs fcinelies du Cœlcbo-
gyne, 695, 789.
Étang de Fréjorgues pr. Montpellier, voy.
Herborisations.
État de la végét. aux env. d'Hycres en dé-
cembre et janvier, 102.
Étoffe de duvet de Typha. 353.
Étudiants (Fête des) de Montpellier, 628.
Etymologie du nom du genre Avonogelon,
580.
Enphorbia (Colonne ou columellc des),
926.— calyptrala C.DR. sp. nov., 521.
— Chaixiana Timb. sp. nov., 192. —
cornuta Pers., 494. — glebuloxa C. DH.
sp. nov., 493.
Euphorbiacécs (Hermapiiroditisme acci-
dentel chez les), 692.
Excipukt immersa Desmaz. sp. nov., 911.
Expansivité (Sur quelques faits d'), 621.
Expériences sur la persistance de la vitalité
des graines flottant à la surface de la
mer, 324.
Extraction de l'opium indigène, 343.
F
Fabre (Visite de la Société au Musée), à
Montpellier, 632.
Faculté des sciences de Montpellier (Visite
de la Société auxcollectioiis de la), 560.
Falconeria Royle, 992.
Fanaisou des plantes, 112.
Farselia dypeala R. Br., 899.
Fécondation (Sur quelques particularités
que présentent les organes de la), 19.
Fécules do div. plantes de Tahiti, 1016.
Fée (A.). Linné aurait-il, dans une inten-
tion mauvaise, altéré lorthographe du
nom du genre Bujfonia? 762.
Femelles (Absence d'individus) du Kilella
syncariia var. cixygynn à la Galle, 151.
Fesluca divaricata Desf. fi.dicliotoma et -^'.
memphilku, 499. — diversifoUa B. B.
sp. nov., 306. — spcclalilis hm, 440.
Fête des étudiants de Montpellier, 628.
l'^euilic bipartite (OEillet a), 622. —
monstrueuse de Tilleul, 267. — mon-
strueuse de Ccrasits Laurocerasiis, 352.
Feuilles (Rapports entre la nature de l'épi-
derme et celle du parenchyme des), 290.
— (Rameaux à) panachées et rameaux à
feuilles non panachées chez un Aiaternc,
624. — dressées du Scirpus lacustris,
150. — monstrueuses (Diverses), 1006.
— peltées, 267. — ternées (Myrte et Lilas
à), 622.
Filago mareotica Del., 280.
Fleurs (Sur les) femelles du Cynomorinm
coccineiun, 795.
Floraison dun Agave amnricana au Jardin
des plantes de Montpellier, 605. — du
Neluinbium speciosum (Sur l;i somme de
chaleur efficace nécessaire à la), 652.
Floraisons anticipées, dites floraisons tar-
dives, 620.
Florale (Organogénie) du Poirier, 339. —
(Structure) du Chêne, 501.
Floraux (Forme des groupes), 452. — (Po-
sition des groupes), 933.
1080
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Flore (l'Algérie, voy. Algérie. — de Corse,
voy. Fraucc. — de France, voy. France.
— des env. de Paris, voy. Paris. — de
la régence de Tunis, voy. Algérie. — tic
Montpellier (Piaules étrangères à la)
trouvées aux env. de cette ville, 020. —
crypiogamique des env. de Paris, 771,
855. — quaternaire des tufs calcaires
de Castelnau, 582.
Folioles (Les vrilles des Smilax ni stipules,
ni), 984.
Fongique (Difformité par cause), 651.
Forêts de Teck (Destruction des) dans
l'Inde, 319.
Forme des groupes floraux, i52.
Fossiles (Plantes), voy. Castelnau, Nym-
phéacées et (dans la table de la llcvnc
bihli(tgraphique) : Caspary, Debey,Uecr,
Jœger, Schmidt (Fr.).
Fougères alimentaires, 1003.
FouRNiER (Eug.). Sur quelques esp. nouv.
obs. aux env. de Paris, 108. — Découv.
du Darbarea prœcox dans la forêt de
Paint-Germain, 109. — présente des
pieds fleuris de Scilla Lilio-hyacinlhus,
464. — Sur quelques anomalies des
Huscus, 758. — Sur quelques feuilles
monstrueuses rapportées par M. Buffet,
lOOG. — Obs., 513.
FoimNiEa (Henri). Découv. du Géranium
phœum au bois de Boulogne, 108.
Fovii.LE (Ach.). Discours à la fête des étu-
diants de Montpellier, (iSl.
France (Anciens uoms vulgaires de quelques
plantes dans le nord de la), 790. —
(Vingt-quatrième notice sur les plantes
cryptog. récemment découv. en), 797,
858, 911, 994, 1009.
France (Flore de) et de Corse : Herborisa-
tions de la Société aux env. de Mont-
pellier, 561, 563, 566, 571, 588, 592,
r.Ol, 633, 638, 642, 60-4. — Plantes
étrangères à la flore de Montpellier Irouv.
aux env. de cette ville, (i26. — Syno-
nymie des plantes de l'herb. de Lapey-
rouse, 418, 434, 1017. — Anciens noms
vulg. de quelques i)lantes dans le nord
de la France, 790. — Obs. sur l'état de
la végét. aux env. d'Ilyèrcs pendant les
mois de déc. et janv., 102. — Prodro-
iniis Lichenorjraphiœ Galliœ et Algeriœ,
916. — Herbariutn Licheniun parisien-
sium, 258. — Flore cryptog. des env.
de Paris, 774, 855. — Obs. sur plus.
gcnresd'Alguesdela fam. desDictyotées,
24. — Sur la flore ([uateriiaire des tufs
falcaires de Castelnau, 582. — Nym-
pliéacées fossiles, 427. — Jithionema
pjirenakiDii Bout., 777, 782, 784. —
Agroslis festucoides, 191. — A. pyrc-
nœa Timb., 191. — A. pyrenaica, 191,.
— Alcbernilla vulgaris, 12^
AUium
scaberrimum StTvcs, 439. — Alopecunis
setai-ioides Greu., 1052. — Anabaina,
757, — Andrœa falcala, 48. — Ané-
mone raminculoides, 109. — Anlhemis
Gerardiana, 436. — Ai'enaria mixla,
435. — Arlhonia difformis Nyl., 924.
— Asphodelus cerasiferus J. Gay, 610.
— A. microcarpus , 609. — Aslerina
.Esculi Desmaz., 914. — A. {?) angu-
lata Desmaz., 914. — A. Epilobii Des-
maz., 914. — A. (?) Pyracanlliœ Dcs-
maz., 915. — A. (?) tinibonataDeimaz.,
915. — A. vagans var. A ce ris et var.
Alni Desmaz., 913. — Asteroma Cerasi
Rob., 995. — A. elegans Rob., 994. —
.1. j'ugox Rob., 996. — A. graphoides
Rob., 995. — A. incomplum Rob.,
996. —A. {?) Piri l\oh., 906.—Avena
aipeslris, 440. — Barbarea prœcox, 109.
— BrachycladiumpcnkUlaium, 801. —
Drassica humilis, 588. — Uupleurum
opposilifolium, 436, — Campanula Boc-
coni, 191.
C. lanccolata, 438. —
Capsella gracilis Gren., 1049. — Carex
acuminala, 4 39. —
104. — C. secalina.
C. Moniezi Lagr.,
439, 1019. — C.
sphœrica, 439, 1019. — C. stibrolunda
Serres, 440. — Cenococcum pilyoclo-
uiim Tul., 595. — Cenlinodium Mon-
tand., 315. — Cliœlonium chartarum,
999. — Cineraria palustri<i, 1033, —
Cochlearia danica, 1033. — Coniothe-
ciiim Queslieri Desmaz., 798. — Coral-
lorlnza innala, 702. — Crambe mari-
iima, 1033. — Cylindrospermum, lOii,
— Cylisus heleropliyUus, 435, 1018.
— Damasonium polysperntum, 738. —
DicDilhus liirlua, 4 35. — D. supcrbus,
802. — DigilaUspurpui-ea,4:3S. — Ely-
musarenarius, 1034. — Epicoccumpur-
purascens, 860. — Erodium crispum,
1047, — E. lucidum, 1047. — E. nm-
cradcnum, 1047. — E. petrœum, 1046.
— Eryllirœa Uttoralis, 103i. — Eu-
phorbia Chai.riunalhnb., 192. — E.rci-
pula imrncrsa Desmaz. , i)ll . — Farse-
lia clypeala, 899. — Ecstuca spectabilis.
iO.
Gentinna amarclla, 1034. —
Gcraniuni phœum, 108. — Ct. purpu-
rcum, 192. — Glaucium aurantiacnm
Marlr., 7i. — Glœosporium Populi albœ
Desmaz., 799. — Ueliaiilltemum canum,
109. — IleiidersDnid TypIiuUlcarumMw.
Cyperi Desmaz., 912. — llieraciuui con-
//•OL'cr s «m Timb., 191. — //, dcnlalum.
437. — //. hybridum, 437. — IL laii-
TAHLI': ALPIlAltl'lTIQl'R DES M.VTIKIIES.
lOSl
oeûlalum, 19». — //. villosum{'>., 437.
— lliiperivitm lincarifoUiun, \2"i, i^ii.
— Lecidca lœviçiala Nyl., 924. — Lepi-
gonum, 9(i9. — Lychnis aspera, 134. —
Macrosporium clndosporioides Destnaz.,
99.
- Melica liiphiiia Bor., 96 i.
Myosotis brachypoda (Iren., l()o2. ~
Neclria carnea Desmaz., 998. — N.
Peziza var. nii(!o>' Desmaz., 997. — .V.
pyrochroa Desmaz., 998. — A', liober-
fjei M. D., 999. — Nepela amethyslina
et var., r)32. — A'. A'epe<c;/« et var.,
531. — Nostoc rcsicariuni, 1044. —
Obionc pcduncitlala, 1034. • — Oidinm
Chrysantheini, 800. — Ononis Colinii,-
nœ, 803. — 0. scnescens, 435, 1018. —
Ophioglossnm lusitanicum?, 597. — Or-
chisIJanru, AZd.—Perhporium {?)fibril-
/osMmetvar.productorn Desmaz., 862. —
Peronosporadensa.. 801. — Peziza Po-
lygoni, 859. — /'• Spirœœ Kob., 859.
— Pisum marilimum, 1033. — Poly-
gala corsica Bor., 964. — Primula
loiujiflora, 1007. — Puccinia recondita
Rot)., 798. — Pyrcnopsis fuscatula Nyl. ,
924. — Pyrola rolundifolia var. arcna-
via, 1034. — Quercus occidentalis J.
Gay, 449. — Ranuncuhis Reveïlierii
Bor., 964. — Rapislrum Blaisii Gien.,
•1050. — Rhamnus sijlvaticus Serres,
436. — Sacidiuni Desmazkri Mont.,
SGl.—SaponariabdlidiloHd, 435, 1018.
— Saxifraga sponhemica, 125. — Scir-
pus supiiuts, 109. — Selenosporiiim
minutissimum Desmaz., 860. — Seplo-
ria Scleranlhi Desmaz., 861. — Seriola
œtneiisis, 437, 1019. — Sphœria calos-
troma Bcsmaz., 1011. — S'. (.'') cine-
reo-nebulnsa Desmaz., 1009. — S. de-
vexa Desmaz,, 1009. — S. paluslris,
1010. — Spilonema Boraet, 201. — S.
panidoxnm, 201. — Stigmatea Polen-
lillœ, 997. — Stigmalidium Icucinum
Nyl., 924. — Synalissa coo/er/ff Bornet,
201. — S. micrococca B. N., 201. —
Tlialiclruni angustifolium, 108. — Thc-
sium tenuifolium, 438. — Tli. giaucum
Serres, 438. — Thiaspi cristatum,
4 34. — Tiniaria Montand., 316.
— TrifoUum clypeatum, 436, 1018.
— T. Roiixii Gren. 1050. — Trochila
Populorum Desmaz., 858. — Uredoma-
crosp'xo Desmaz., 797. — Urlica Do-
daiii, 191. — Vaccinium MyrliUus, 386.
— Veronica saxatilis, 438.— Vcrvuca-
ria halodyles Nyl., 924. — Viola sabu-
hsa, 1033. — Viscum album, 261.—
Voy. (dans la table de la Revue bibliogr.) :
Boreau, Bornet, Bourguigiiat, Caspary,
Clos, Godron, Graves, Grenier, Kirsclile-
ger, I.aurès, Lecoq, Le H(''ri(,lier, Mar-
iriii-Dmios, Moutandon, Rendu, Tim-
bal-Lagrave.
FrancœurialacinialaC. DR., sp. nov., 181 .
Fructification (Sur la) de i)lusieurs genres
d'Algues de laraniilledca Dictyolées, 24.
— du Digenea, 773.
Fruit advenlif sur une cicatrice, 625. —
sain (Germinat. des graines dans un),
G24. — des Orchidées (Déliiscence du),
803.
Fruits des Labiées cl des Borraginées
(Noms donnés aux parties des), 741.
Fumaria de/isi/loca DC, 55.
Funérailles de M. Graves (Discours pro-
noncé aux), 689.
G
Gaillakdot (C). Sur le déboisement des
montagnes en Syrie, 284.
Gamon (Distrib. géogr. des Asphodèles de
la section), 607.
Gaulllieria djscolor Nutt., 1065.
Gay (J.). Annonce la découv. de VAndtura
falcata dans les Pyrénées, 48. — Sur le
Carex virescens p. Grioleii {C. grisea
Viv.), 165. — Sur les bractées des Cru-
cifères, 266. — Sur un Chêne nouveau
{Q. occidenlalis) de la flore de France et
sur la classification des Chênes en géné-
ral, 445. — Sur les Asphodèles de la
section Plagiasphodelus, 496 (en note).
— Sur la végét., l'infloresc. et la struct.
florale du Chêne, 501. -Sur l'orig. du
nom du genre Ap07wgclon, 580. — Sur
la distrib. géogr. des Asphodèles de la
section Gamon, 607. — U Agave amevi-
cana considéré dans ses moyens de re-
product. par bourgeons souterrains, 6 1 2.
— présente de jeunes rejetons florifères
à' Agave americana, 616, 757. — Sur
le Rosa Hardii, 676 (en note). — an-
nonce la découv. du Damasonium po-
lyspermum près d'Agde, 7 38. — Sur
VAnabaina, 757. — Obs. sur la note de
M. Boutigny relat. à une nouvelle espèce
iV.Klhionema, 778. — Obs., 47, 141,
153, 264, 267, 371, 452, 513, 515,
580, 591, 599 (en note), 005, 899, 1 032.
Gentiana alpina Vill., 723. — amarella
L., 1034. — angustifolia Vill., 724. —
Clusii F. S. sp. nov., 724. — Kochiana
P. S. sp. nov., 723.
Géographie botanique de FAsie-Mineure,
667, 803.
Géraniacées (Colonne ou columelle des),
. 926.
If*
1082
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Géranium phœim L. trouvé au Bois do
Boulogne, 108. — pur pure um\'i\\., 192.
Germain de Saint-Pierre. Lettre à M. le
Trésident, 101. —Sur l'étal de lavégét.
aux env. d'Hycres pendant les mois de
déc. 1856 et janv. 1857, 102. — Sur
la germination et le mode [de dévclopp.
du Posidonia Caulini, 573. — Sur la
germination de VÀponogeton distachyus,
577. — Sur une transformation du cha-
ton femelle en rameau persistant, chez
\e Salix balylonica, 617. — Sur les
floraisons anticipées, dites floraisons tar-
dives, 620. — Sur quelques faits d'cx-
pansivité (partition ou dédoublement et
tendance à la partition), 621. — Sur
divers cas tératolog. obs. dans le midi
de la France, 624. — Germination du
Dioscorea Balalas comparée à celle du
Tamus communis et de VAsparagus
officinalis, 697. —Sur le mode de végét.
du Corallorhiza innata, 766. — Struc-
ture bicarpellairc de l'ovaire des Borra-
ginées, démontrée par l'étude d'une
chlorantliiedu Myosotis cœspitosa, 895.
— De la direction que prennent les
tiges et les racines chez les bulbes ren-
versés, 9i8. — Obs., 580, 582, 619.
62:^, 626, 696, 699, 802, 946.— et
W. de ScHOENEFELD. Rapport sur le Jar-
din des plantes et le Conservatoire bota-
nique de Montpellier, 672.
Germination des graines dans uu fruit
sain, 624. — des graines de VAtriplex
horlensis, 441-444, — de VAponogeton
distachyus, 577.— du Dioscorealiatatas
comp. à celle de Tamus communis et de
VÀsparafius officinaUs, 697. ■ — du Po-
sidonia Caulini, 575.
Gervais (P.). Lettre à M. le Président,
557.
GiLON (Ad.).Découv. du Thaliclrum angus-
lifolium au bois de Vinccnnes et du Scir-
pus supiniis h Villcneuve-Saiut-Gcorges,
108, 109.
Glaucium auranliacumMarlv. sp. nov., 74.
Glœosporium Populi a/6œDesmaz. sp.nov.,
799.
Glossologie botanique (Discussion de quel-
ques points de), 738.
GouBEUT (Ém.). Découv. du Dianlhus super-
bus à Itteville, 803.
Gousses de r«/i(7/rt Innreolata?, 374.
Graines (Corminalion des) dans un fruit
snin, 624. — (Persistance de la vitalité
des) flottant à la surface de la mer, 321.
— (Des) de VAtriple.r liortensis et de
leur gcrminat., 441-444. — cbarnues de
Vlhjmcnocallis spcciosa (Organogénic
des\ 1020. — horizontales et verticales
des Salsolacées, 443.
Graminées (Struct. de l'épi et de l'épillet
des), 302. — d'Orient (Descript. de
quelques esp. de), 303.
Grammalocarpus volubilis PrQi\, 1064. .
Gramout pr. Montpellier, voy. Herborisa-
tions.
Graves (L.). Sa mort, 252, 689. — Disc,
prononcé à ses funérailles, 689. —
Honuuage rendu à sa mémoire, 664.
Gris (A.). Des rapports du nucléiis avec la
chlorophylle, 154.
Groupes floraux (Forme des), 452. — (Po-
sition des), 932.
Guadeloupe (Champignons hémostatiques
delà), 284, 444.
Guembel (Th.). Sa mort, 1071.
Guiart. Sa mort, 849.
GuibourtiaBenn. gen. nov., 1053.
GuiLLARD (Ach.). Idée générale de l'inflo-
rescence, 29, 116. — De l'inflorescence
composée, 374. — De la forme des
groupes floraux, 452. — De la position
des groupes floraux, 932. — Sur les
vrilles des Cucurbitacées, 142. — Obs.
en réponse à une communication de
M. Clos, 26 i. — Sur les vrilles des
Cucurbitacées (réponse à M. Leslibou-
dois), 754. — Sur deux chloraiHhies,
760. — Sur une tige monstrueuse de
Chanvre, 1023. — donne lecture d'un
travail intitulé: Impressions de vacances,
909. — Obs., 40, 267, 464, 513, 930,
1022, 1023.
Gymnarrlieim micraniha Desf., 179.
Gymnocarpos decandrus Forsk., 178.
H
Hagueron et Bonnet. Découv. de VUeUan-
themnm canum à Moret, 109.
IlapJophyllum liuxbaumii A. Juss., 62. —
tuberculalum X. Juss., 62.
Helianlhcmum cahiricum Del., 58. — ca-
num Dun. trouvé à Moret, 109. — lune-
tatutm C. Kr. sp. nov., 58.
Heliolropium uiululalum\aM, 401.
Helleboriis officinalis var. colchicus (hybr.?),
423.
Helosis Rich., 218.
Hémicarpelles, voy. Nuculcs.
Hémostatiques /Champignons) de la Guade-
loupe, 284, 444.
ilendersonia lyphoidearum var. Cyperi Des-
maz., 912.
Hcrharium Lichenum parisiensium, 258.
Herbier de Duual (Commiss. chargée d'exa-
miner 1), GOI.— Rapport sur I'), 681.
TABLE ALPIIAP.KTIQlin DES MATIERES.
1083
— dos .Tiissicu, 93. — de Lapeyrouse
(Synonymie des plantes de 1'), 418, 13i,
1017. — du Jardin des plantes de
Montpellier, voy. ("onscrvatoirc.
Herbiers de la Faculté des sciences de
Montpellier (Visite de la Société aux),
5t)0.
Ilerblay (Ononis Colnmnœ trouvé près d'),
803. •
Herborisations de la Société pend, sa ses-
sion extraord. à Montpellier (Rapports
sur les) :
Gramont, 501. — I.a ValeUc, 5G3. — Cannelle
cl Mni'vicl, 506. — Miroval cl La Madeleine, 571.
— Pic (io Saint-Lniip, 588. — Bois de la Moure
elPort-Juvénal, 592. — Saint-Guilliom-du-Déseii,
601. — Celle, 633. — Aiguës-Mortes, 038. —
Palavas et Maguelonne, 642. — Pévols et Étang de
Fréjorgucs, CG4.
Héréticu. Sa mort, 370.
Hermaphroditisme accidentel chez les
Enphorbiacées, 692.
Herminium repians, 737 (en note).
Hétru. Présente à la Société des échant. de
céréales, 587.
Hieraciiun controversum Tirab., 191. —
dentatum Hoppe, 437. — hyhridum
Chaix, 437. — lanceolalutn Vill., 191.
— vUlosum [j. Vill., 437.
Hippocrepis bicontorla Lois,, 1 38.
Holopleura Casp. gen. nov. foss., 428.
Hommage rendu à la mémoire de M. Graves,
6(J4, G89.
Horizontales et verticales (Graines) des
Salsolacées, 443.
Hussonia .Egiceras C. DR., o8.
Hybridation des -l-^gilops, 528, 573.
Hybrides: jEgilops, 328, 573. — i/eHe/jo-
rus, 423. — Rosa, 67G (en note). —
Xanlhium, 7a.
Hydrillces (Tribu des), 237.
Hydrocharidées. Division de cette fam. pro-
posée par M. Cliatin, 98. 136.
Hyères (État de la végét. aux cnv. d') en
déc. etjanv., 102.
Hymenocallis speciosa Salisb. (Organogénie
des graines cbarnues de 1'), 1020.
Bypecoum GesUni C. Er. sp. nov., 322.
aypericiim linearifolium Lap,, 436. —
obs. dans les Ardennes, 125.
Hypertrophie (Sur quelques modes d')chez
les végétaux, 649.
Hypoxylon irradians Montg., 444.
I
Idée générale de l'infloroseence, 29, 116.
Jfloga spicata Sch. bip., 279.
Inde (Destruct. des forêts de Teck dans
D, 319.
Indéfinie (Inflorescence), 380.
Infère (Du mol) appl. à l'ovaire, 740.
Inflorescence (Idée générale de 1'), 29, 1 16,
— composée, 37 4. — indéfinie, 380. —
Forme des grou|)es floraux.
Po-
sition des groupes floraux, 932. — du
Chêne, 301. — des Plantains (Prolifi-
eation de F), 623.
Introduction à la Flore de Cuba (Sur F) de
M. Ramon de la Sai;Ta, 772.
Isatis Djurdjurœ C. DR. sp, nov., 523.
Itinéraired'un vovage botanique en Algérie
(suite), 5, 48, 126,171, 270, 333,386,
473, 515.
Ilteville [Dianlhiissuperbus trouvé près d'),
802.
Jamain(â.). Obs., 290.
Jardin des plantes de Montpellier (Visite
de la Société au), 539. — (Comniiss.
chargée de l'examen du), 373. — (Rap-
port sur le), 672.' — Floraison d'un Agave
americana an), 603. — de l'École de
pharmacie de Montpellier (Visite de la
Société au), 627.
Jardins de M. Doumet à Cette (Visite de la
Société aux), 584.
Jaucert (le comte). Sur le dépérissement
des arbres de nos promenades publiques,
292. — donne lecture d'un nouveau
mémoire sur l'enseignement de la bota-
nique, 302. — Disc, d'ouv. de la session
extraord., 549. — Sur une course à
Pérols et à l'étang de Fréjorgues, 664.
— Hommage rendu à la mémoire de
M. Graves, 664. — Lettre à M. le Pré-
sident pour proposer la publicat., sous
les auspices de la Société, d'une Flore
cryptog. des env. de Paris, 774. — Sur
le Farseiia clypeala, 899. — Obs., AU,
548, 539, 600, 627,671.
Jeannel (J.). Obs., 623.
luniperiis Bonaliana Vis. sp. nov., 836.
— Cabiancœ Vis. sp. nov., 837.
Jussieu (Bibliothèque des), 730. — (Her-
bier des), 93.
K
Keteleer. Fait présenter deux fleurs d'Or-
chidées exotiques, 444.
Kœlpinia Unearis Pall., 367.
KuALiK (L.). Obs., 108. — Voy. Cosson.
4
los/i
SOCIFiTE BOTANIQUR DE FRANCE.
Labiées (Noms donnés aux parties des fruits
des), 741.
Lfl Caiic (Absence d'individus femelles du
Nitella syncarpa var. o.rygyna à), loi.
La^houat (Liste des plantes obs. aux env.
de), 394.
Laghange (Alph.). Sur un nouv. Carex
(C. Moniezi) trouvé dans la Bresse, 163.
Laminni longiflontin Tcn., 491,
Langsdorffia Mart., 217.
Lapeyrouse (Synonymie des plantes de
l'herbier de), 418, 434, 1017.
Lardy {Ophioglossum de), o97.
Lasia Lour. , 727.
£asi)H0)7)?ia Schott, gcn. nov., 729.
Lccklea lœvigala Nyl. sp. nov., 924 (en
note '.
Lf.clère (L.). Lettre sur la sécrétion d'une
Orcliidée, 148.
Lecoq (IL). Lettre à M. le secrétaire et
notice sur le Gui, 2tM.
Le Hardelay. Découv. de V Anémone ra-
uiinculoides dans la furet de Montmo-
rency, 109.
Le Maout (Emm,). Obs., 929.
Lcnticelles, 907.
Lentinus villosus KL, 444.
Lepidozamia Regel, gen. nov., 970.
Lepigonum (Genre), 909.
Lkpine (J). Sur le Casuarinaequisetifolia,
924. — Sur quelques plantes alimen-
taires de Tahiti, lUOl, 1012.
Lestiboldois (Th.). De la vrille des Cucur-
bitacées, 74 4. — Réponse à M. Guiliard
sur le même sujet, 754. — Réponse à
M. Dccaisne sur le même sujet, 788. —
Sur les vrilles des genres Vilis QlCissus,
8(19. _ Obs., 7:i8, 788, 809.
Lettre deM. (icrmaiu de Saint-Pierre, 101 .
— de M. P. Gervais, 557. — de M. le
comte Jaubert,
de M. Leclère,
de M. Mar-
148. —de M. Lecoq, 261.
lins, 931.
Libre (Du mot) apiil. à l'ovaire, 740.
I.iclienograjiJtiœ (Sur le l'rodronnis) (•alUœ
et Alger iie, 916.
Lichens (Difl'usion de quelques csp. de),
371. — (Nouv. esp. de) récemment dé-
couv. en France, 924 (en note).
Lichenum parii^ienniun herharium, 258.
I.imoniastrum Gtiyo)iiamini DR., 492.
Linaria albifrons Spr. , 405. — e.riiis C. Kr,
sp. nov., 406. — fruticosa DesL, 406.
Linné uurait-il, dans une intention m.iu-
vaisc, altéré rorthographe du nom du
genre H-iffonia? 762,
Liste des piaules obs. aux env. de Djelfa,
483. — des plantes obs. aux env. de
Laghouat, 394. — des plantes obs. par
M. Rebond dans le Sahara algérien, 469.
— des plantes croissant sur le Uulgar-
dagh, 867.
/.ophophylum S. E., 217.
Djchnis aspera Poir., 434.
M
Macrosporium dadosporioides Desmaz. sp.
nov., 799.
Madeleine (La) pr. Montpellier, voy. Her-
borisations.
Maguclonne pr. Montpellier, voy. Herbo-
risations.
Maillard (A.ug.). Rapport sur l'herboris.
de la Société à Graniont, 561.
Malvacécs (Colonne ou columeile des), 926.
Mares (P.). Rapports sur div, iierborisa-
tions de la Société, 503, 566, r.Tl, 633,
638, 6 5 2.
Marrubiuin Deserli de Noé, 490.
Marsilea œgyptiaca W'illd., 500.
^L\RT1NS (Ch.). Expériences sur la persis-
tance de la vitalité des graines flottant à
la surface de la mer, 324. — Floraison
en pleine terre d'un Agave americann
au Jardin des plantes de Montpellier,
605. — Discours à la fête des étudiants
de Montpellier, 628. — Sur la somme
de chaleur efficace nécess. à la floraison
du Xclunibiuin spccio^'um, 652. — Lettre
sur la multiplicité des centres de créa-
tion, 931. — Obs., 336, 592, 605, 621,
657, 660.
Malthiola oxyceras DC. var. basiceras,
56.
Maxillarin aromalka Grah.? (Sécrétion
du), 148.
Medicago laciniata Ail. et var. brarhyacan-
Iha Boiss., 133, — secundiflora DR.,
134.
Mélanges, nouvelles, annonces, nécro-
logie, etc., 91, 206, 250, 519, 429,
543, 687, 730, 846, 973, 1069,
Melianlhu^ cantosus Vahl (Sur quelques
monstruosités du), 661.
Melica lyphina Bor. sp, nov., 96 4.
MÉi.icocQ (le baron de). Distribution géogr.
de V Akhemilla viilgaris dans le Pas-de-
Galais, l'Aisne et les Ardenties, 124. —
\^' llypcricum linearifoduin et le Sa.ii-
fraga sponhemica obs. dans la forél des
Ardennes, 125. — Du bois d'If consi-
déré comme objet d'unconunercc impor-
tant an xv° siècle, 601 — Anciens noms
vuliraires de quelques plantes dans le
nord de la France, 790. — Fisle des
TA15LK ALI'IIAHKTIUI'K DKS M.VTlfcuiiS.
1085
aromates ciiii)l(iy(''s pour rciiihainne-
iiieiit des souverains au xv' siècle, 792.
Menikui;. Obs., 141), 37,'?.
Mer (Persislance de la vilalik^ des f,'raines
llutluut à la surface de la), 32i.
Méricarpes, \oy. Nueules.
Miel (Sur un nouveau), 342.
Mireval pr. Montpellier, voy. Herborisa-
tions.
Monstruosités et Anomalies: Anlirrhinuni
majas, 4.'jl. — Bellis pcrenuis, 622. —
Cannabis saliva, 1023. — Ccrasus Lau-
roccvasus, 332. ■ — Diantlnis Caryo-
]ihijllus, G 22. — Mclianlhus comosus,
()61. — Myosotis cœspitosd, SOo. —
Myrlus coni'nunis, G22. — Narcissus
biflorus, 430. — Pliylolacca dioica,
622. — Planlago, 625. — Jihaniniis
Alalcrnns, 624. — Ruscus, 7o8. —
Saliv babylonica-, 617. — Scirpus la-
citslris, loO. — Sinapisarvensis, 761 . —
Stcllaria média, 760. — Syringa vul-
garis, 622. — Tilia, 267. — Tulipu
Gesneiiana, o09. — DilVormité par
cause fongique, 651. — Feuilles mon-
strueuses diverses, 1006. — Floraisons
anlicijiées, 620. — Fruit advenlif sur
une cicatrice, 62a. ■ — Germination des
graines dans un fruit sain, 624. — Her-
inaplirodilisnie accidentel, 692. — IJy-
liertrophie (Modes d'), 6i9. — Nielle,
6o0. — Rachitisme, 6i9. — Végétation
d"im arbre accidentellement renversé,
624. — Voyez (dans la table de la Re-
vue bibliogr.) : Caspary, Christian, Jœ-
ger, Schlechtendal, Tassi, Wigand.
Montagne (C). Sur la monograjdiie des
S[)haignes d(; M. Schimpcr, li6. — Sur
deux Cluuni)ignons de la Guadeloupe,
414. — Sur l'Introduction à la Flore de
Cuba de M. Ramonde laSagra, 772. —
Sur la frueliiication du Digcnca, 773.
Montagnes (Déboisement des) en Syrie, 28 i.
— (Végétation des hautes) de l'Asie-
Mineure et de l'Arménie, 863.
Montmorency [Ancmone ranunculoides
trouvé dans la forêt de), 109.
Montpellier, voyez Discours, Flore, Her-
borisations, Rapport, Session extraor-
dinaire. Visite.
Moqi:in-Tandon (Alf. ), président de la
Société, 2. — Sur une feuille mon-
strueuse de Ccrasus Laurocerasus, 3."i2.
— présente deux gousses de Vanilla
lanceolala ?, 374. — Sur les graines ho-
rizontales et verticales desSalsolacées,
443. — Citation de son livre intitulé :
Carya Magakmoisis, 645. — Disc, pro-
noncé aux funérailles de M. Graves, 689.
— Obs., 107, 264, i52, 696, 70J, 758,
77 3, 909, 947. — et Cosso.v. Note sur
VAnabasis alopecur aides, \(\H.
Moret [llelianihetnnm canuttt trouvé près
de), 109.
Morrcn (Ch ). Sa mort annoncée, 432. —
démentie, 343.
MoiGiior. Notice sur ry/(?)V;fl)-iH;» Lichcnum
parisiensiuin pubi. par M. Nylander, 258,
— Notice sur le Prodroinus Lichenogra-
pliiœ Galliœ et Algeriœ de M. Nylander,
91(;.
Multi|)lication (Mode de) de V Agave ame-
ricana, 43, 612, 898.
Multiplicité des centres de création, 932.
Muricarla pruslrata Desv. , 56.
Murviel pr. Montpellier, voy. Herborisa-
tions.
Musa L. , 1005,
Musée de M. Doumet (Visite de la Société
au) à Cette, 584. — Fabre (Vi.sitede la
Société au) à Monli)ellier, 632.
Mycélium de Champignons autour des
racines de quehiuesOrciiidées, 373, 702.
Myosotis brachypoda Gvci], sp. nov. , 1052.
— cœspitosa (Clilorantbie du), 893.
iMyricacées (Famille des), 1059.
Myrtuscommunis. L. à feuilles lernées, 622.
Mystropetalo)i Harv. , 216.
Mzab( Variétés de Dattier cultivéesdanslej,
468.
N
Xageia Gœrtu, 991.
Narcissus biflorus Curt. monstrueux, 450.
N.vuDiN (Ch). Remarques au sujet des db-
serv. de M. Clos relal. aux vrilles des
Cucurbitacées, 109.
Nécrologie, voy. Mélanges.
Neclria carneaDef.u}ii/.. sp. nov., 998, —
Vcziza var. ininor Desmaz., 997. —
pyrochroa Desmaz. sp. nov., 998. —
Rubergei M. D. sp. nov., 999.
Nées d'Esenbcck (Chr.-G.). Sa mort, 107 | .
Neliiinbiion speciosuin\N iWd. (Surla somme
de chaleur efficace nécess. à la floraison
du), 652.
NeoV.ia Nidiis avis (Mode de vé^ét. du), 4 1 .
Nepela ameihyslina Desf. et var., 532. —
aragonensis Larn., 332. — Boissieri
Willk. sp. nov.,etvar.,532.— imnxica
Guirao,sp. nov., 532. — NcictcUaL.c\.
var., 531.
Xephrodium pallidum Bory, 300.
\eurada p)'ocuiiibe»s L., I7G.
Mcoliana (Espèces du genre) emid. à la
fabrication des Tabacs, 1067.
Nielle, 650.
1086
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
NUeUa syncarpa Br. var. oxygyna. (Absence
dindividus feinellos de) à La Calle, i M .
Nitraria tridentata, Dcsf. , 177.
NoÉ (le conile Fr. de). Note sur le Blé de
Noc ou Blé bleu, 288.
Nollelia chrysocomoides Cass. , 180.
Noms (Anciens) vulgaires de quelques
plantes dans le uord de la France, 790,
Nonnea phaneranthera Viv., 404.
Nord de la France (Anciens noms vulgaires
de quelques jilantes dans le), 790.
Nosloc vesicartum DC, 1044.
NotospartiumJ. D. Hook. gen. nov., 236.
Nouvelles, voyez Mélanges.
Nuclcus (Rapports du) avecla chlorophylle,
154.
Nucules (Des mots), achaines, coques, car-
pelles, niéricarpes, hcmicarpelles, appli-
qués aux parties des fruits des Labiées
et des Borraginées, 741.
Nuit (Transpiration des plantes pend, la),
1024.
Nylander (W.). Sur la diffusion de quel-
ques espèces de Lichens, 371. — Nouv.
esp. de Lichens découv. eu France, 924
(en note). — (Sur V Herharhtm Lichenum
parisiensium publié par), 258. — (Sur le
Prodromus Lichenographiœ Galliœ cl
Algcriœ de), 916.
Nymphéacées fossiles, 427,
0
Ohione pedunculata Moq. , 1034.
Objection à la théorie Du Petit-Thouars
sur Faccroissenient, et à celles des phy-
tons et des décurrences, 785.
Observations microscopiques sur plusieurs
genres d'Algues, 24.
OEillette (Pavot à). Sa culture, 343.
Oidiuni Chrysanlhemi Rab., 800.
Ombrophytiim P. E., 217.
Onohrychis Crista Galli Lani., 139.
Onoiiis angustissima Lam. , 133. — Colum-
nœ Ail. trouvé à Herblay, 803. — sc-
nt'scens Lap., 435, 1018.
Ophioglossum (Rhizome des), 152. — de
Lardy et du Cap-Ferret, 397.
Opium indigène (Sur l'extraction de 1),
343.
()pu)ilia. Caclus-raquetle d'Algérie, 204.
Orchidée (Sécrétion d'une), 148.
Orchidées (Déhiscence du fruit des), 803. —
(Mycélium de Champignons autour des
racines de quelques), 373, 702. — exo-
tiques présentées à la Société, 444,
Orrhis //fl/î cil .lord., 439.
Organes de la fécondation (Sur quelques
particularités que présentent les), 19.
Organisation (Sur V) de plusieurs genres
d'Algues de la fam. des Dictyotées, 21.
Organogénic des graines charnues del'i/y-
menocallis speciosa, 1020. — florale du
Poirier, 339.
Orient (Description de quelques espèces
nouvelles de Graminées d"), 305.
Origine (Sur V) du styrax calamité des
anciens, 658.
Orobanchée (Ceralocalyœ) attachée au bas
de tiges, 130.
Orthographe (Sur V) du nom du genre Buf-
fonia, 762.
Olhonna cheirifoïia L., 283.
Ottéliacées (Famille des), 98, 162.
Ovaire (Des mots infère et adhérent, supère
et libre, appl. à 1'), 740. — des Borra-
ginées (Structure bicarpellaire de 1'}, 895.
Ovule (Du mot), 739. — (Sur 1') du Valli-
sneria spiralis, 904-907, 977.
Pagézv(J.), maire de Monipellier. Son dis-
cours, 547.
Palavas pr. Montpellier, voy. Herborisa-
tions.
Palniite, voy. Prionium.
Panachées (Rameaux à feuilles) et rameaux
à feuilles non panachées, chez un Ala-
terne, 624.
Papaver sommiferum L. Culture du Pavot
à œillette, 343.
Parasitisme du Gui, 596. — d'une Oro-
banchée attachée au bas de tiges, 150.
— (Mode de) du Cynomorium coccineum ,
513. — supposé des Champignons, 7 44.
Parenchyme des feuilles (Rapports entre la
nature de l'épiderme et celle du), 290.
Paris (Sur quelques esp. obs. aux env. de),
108. — (Flore des env. de), voy. Four-
nier, Goubert, Lardy, Nylauder, Scliœ-
nefeld et (dans la table de la Revue bi-
bliographique) Graves. — (Flore cryplog.
des env. de), 774, 853.
Paronychia longheta Webb, 176.
Particularités (Sur quelques) présentées
par les organes de la fécondation, 19.
Partition, voy. Expansivité.
Pas-de-Calais (Distribution de VAlchemilla
vvlgaris dans le département du), 12i.
— (Sur quelques plantes du départe-
ment du), 1033.
Paveh. Obs., 143, 149, 336, 929, 983,
984, 1022.
Peltées (Feuilles), 267.
Pennisctum asperifoUnm Ivth., Î96.
Pcrisporiuni (.^) fibrillosuui Desmaz. sp.
nov. et \ar. productunt, 862.
TABLE \LPII\ni':TIQUE DES MATIERES.
108:
Pcrols pr. Montpollicr, voy. Ilorborisations.
l'cwnospora dcnsa Kab., 801.
l'EiîtiArniÈBE ;H. delà). Obs., r>92.
l'crsistaiicc de la vitalité des graines flot-
tautà la surlace do la mer, r>2i.
Pesisa Curreijana Bcrk. $[). nov. , 1056.
— Pohjgoni Lasch, sp. nov., 859. —
Spirœœ Rob. sp. nov., 859.
PhelijHca maurUanica C. DR. sp. aov., i09.
— violaccn Desf., 408.
Phœnix clactylifera L. Variétés de Dattier
cuit, dans le Mzab, 't()8.
Phyllocoryne i. D. HooU. gen. nov., 218.
Phylolacca dioica L. (Rameau monstrueux
de), 652.
Phylons (Théorie des), voy. Théorie.
Pic de Saiut-Loup pr. Montpellier, voy.
Herborisations.
Pilupliorus Vi\ gen. uov., 842.
PiluniDa fragrans Lindl., 1065.
Pinus Parolinii y is. sp. nov., 836.
Pisum inarUimum L., 1033.
Pirus. Organogétiic florale du Poirier, 339.
Plagiasphodelus (Asphodèles de la sect.},
496 (eu note).
Planchon 'J.-E.). Sur l'hybridation des
.Egilops, 573. — Rapports sur les her-
borisations de la Soeiété au Pic de
Saint-Loup et à Saint-Guilhem-du-
Désert, 588, 601. — Sur Torig. du
styrax calamité des anciens, 658. —
Obs., 574, 581, 582, 592, 623, 626,
657, 660, 661.
Planchon (Gusl.) Sur la Flore quaternaire
des tufs calcaires de Castelnau, 582. —
Sur quelques monstruosités du Melian-
Unis cotnosus, 66 1 .
Plantago (Prolificaliou de l'inflorescence
des), 625. — ovata Forsk., 492. — sijr-
lica Viv., 493.
Plantes (Fauaison des), 112. — (Rapports
des) avec la rosée, 940. — alimentaires
de Tahiti, 1001, 1012.
Platanées (Fam. des), 1059.
Polijgala corsicaBov. sp. uov., 964.
Port-Juvénal pr. Montpellier, voy. Herbo-
risations.
Posidonia Caulini Kœu. Sa germinat. et
son mode de développement, 575.
Position des groupes floraux, 932.
Prillieux (Ed.). Sur le mode de végét. du
Neottia Nklus avis, 41. — Sur le mode
de végét. du Corallorhiza innata (ré-
ponse à ?il. Germain de Saint-Pierre),
768. — Sur la déhiscencc du fruit des
Orchidées, 803.— Obs., 107,373,374,
809, 905.
Primula longiflora Jacq. découv. à Saiut-
Véraii, 1007.
Prionium Palmita E. .Mcycr, 231.
Prodroiinis Lichenograpliiœ GalliœelAfgc-
riœ, 910. "
Programme de la session extraordinaire de
Montpellier, 558.
Prolification de l'inflorescence des Plan-
tains, 625.
Promenades publiques (Sur le dépérisse-
ment des arbres de nos), 292.
Pseudovulc (Du mot), 739.
PucciniareconditaWob. sp. nov., 798,
Plel (T.) présente le Primula longiflora
trouvé à Saint- Véran, 1007. — Obs.,
125, 1034.
Purdie(W.). Sa mort, 734.
Putranjiva Wall., 991.
Pijrenacantha Hook., 991.
Pyrénées (Découv. de VAndrœa falcala
dans les), 48.
Pyrcnopsis fuscalula Nyl. sp, uov., 924
(eu note).
Pyrelkrum Gayanum C. DR. sp. nov., 15.
— macrocephahim C. DR., 18. — Ma-
resii Coss. sp. uov., 16. — Irifurca-
tum Willd., 17.
Pgrola rotundifolia L. var. arewariaKoch,
1034.
Pyriis, voy. Pirus.
Q
Quaternaire (Flore) des tufs calcaires de
Castelnau, 582.
Querciis. Gui observé sur un Chêne, 263.
— Glassificalion des Chênes, 445. —
Végét., infloresc. et struct. florale du
Chêne, 501. — occidentalis i. Gay, sp.
nov., 449.
R
Rachitisme., 649.
Raciues (De la direct, que prennent les)
dans les bulbes renversés, 948. — de
quelques Orchidées (Mycélium de Cham-
pignons autour des), 373, 702.
Radicule (Du mot), 743.
Rameau monstrueux de Phylolacca dioica,
622. — persistant (Chaton femelle du
Salix habylonica transforme eu),617.
Rameaux à feuilles i)auachées et rameaux
à feuilles non panachées chez un Ala-
terne, 624.
Raïuon de la Sagra, Sur son Introduct. à
la Flore de Cuba, 772.
Rauunculus Revellierii Cor. sp. nov., 964.
Rapislnan bipinnalian C. Kr. , 57. — Blaisii
Gren. sp. nov., 1050.
1 Rapport sur le Jardin des iilautes e( le
1088
SOCIÉTÉ BUTAMQUI': DE FRANCE.
Conservatoire bolaniiiue de Montpellier,
672. — SurTherbicr de Dunal, G81. —
de la Commiss. de comptabilitc^, 8o2.
— de la Commiss. de la Flore crypto-
gamique des env. do Paris, 855.
Rapports sur les berborisatious delà Société,
voy. Herborisations.
Rapports des plantes avec la rosée, OiO. —
du nucléus avcclacblorophylle, 1j4. —
entre la nature de l'épidcrnie et celle du
parenchyme des feuilles, 290.
Beaumuria vermiculala L., 177.
Reboid. Lettre sur la végét. du Sahara
algérien, 381, iCt'ô. — (Liste des plantes
récoltées par) dans le Sahara algérien,
4G9.
Règlement (Modification au) relative au
nombre d'exemplaires des tirages à part,
258.
Rejetons (Jeunes) florifères d'.Jf/aie ameri-
cana, G1C, 7r)7.
Renversé (Végétation d'un arbre acciden-
tellement), 62i.
Renversés (De la direct, que prennent les
racines et les tiges dans les bulbes), 948.
Reproduction (Mode de) de VAgavc ameri-
cana, 43, 612, 898.
Reseda arabica Boiss., GO. — cremophila
Roiss., 60.
Relama Rœlam Webb, 131.
Réveil. Présente des Champignons liémos-
tatiques de la Guadeloupe, 28i. — Sur
un miel nouveau, 3i2. — Sur la cuit,
du Pavot à œillette et sur l'extraction de
l'opium indigène,343.—Obs., 203,269.
Revue bibliographique, voy. Bibliogra-
phique.
Rhaiiihus Alalernus L. (Rameaux à feuilles
panachées et rameaux à feuilles non
panachées chez un), 624. — sylvaticus
Serres, sp. nov., 43G.
RhaïUeriuin suavcolens Desf., 180.
RhizUUuin Confcrvœ gloincralœ, 529.
Rhizomes (Exist. de) ciiez ksO^hioglossum
et div. autres plantes, 152, 153.
Rhizogènes, 907.
Rhopalocncmis Jungh., 218.
HIms oxyacanlhoides, Dum., 03.
RoDis. Ohs., 204.
Rosa llardii Gels (hybr.), G7G (en note).
Rosée (Rapports des plantes avec la), 9i0.
Royic (V.). Sa mort, 1070.
Ruscus (Sur quelques anomalies des), 758.
S
Sacidium /)cs;)ia::ic'rj Mont, sp. nov., SGI.
Sahara algérien (Végétation du), 381, 4G."j,
46'J.
Sain (Germination des graines dans un
fruitj, 624.
Saint-Germain en Layc (Vaccinium Myr-
lillus trouvé près de), 386. — [Barbarea
prœcox trouvé dans la foret de), 109.
Saint-Guilhem-du-Déserl pr. Montpellier,
voy. Herborisations.
Saint-Yéran [Primula longifloradécous . a),
1007.
Salix caprca L. (Gui obs. sur le), 204. —
habylouica L. (Chaton femelle du) trans-
formé en rameau |)ersistant, 617.
Salsolacées. Leurs graines horizontales et
verticales, 413.
Salvia œgypliaca L,, 490.
Santalacées (Sur la fam. des), 352, 900. —
(Anatomie des) 978.
Saponaria bellidifolia Lap., 435, 1018.
Sarcopliylc Sparrm. , 217.
Saaifraga sponliemica Gmel. obs. dans la
forêt des Ardennes, 125.
Scépacées (Les) doivent-elles constituer un
ordre particulier? 993.
Schimpcr (\V. P.). Sur son Mémoire sur les
Sphaignes, 146, 220.
ScHOKNi:Ft:i.D [W . de). Sur les avantages
obtenus en faveur de la Société pour les
sessions exlraord., 336. — ■ Découv. du
Vaccinium Myrlillus près de Saint Ger-
main , 386. — présente une touffe
vivante de Coraliorliiza innata, 702. —
Découv. de VOnonis Coluvinœ à Herblay,
803 —Obs., 153, 321, 373, 50S, 671,
701, "57, 770, 802, 1020. — Voy. Ger-
main de Saint- Pierre.
Scilla amœna L., 422. — aiitu nnalii L ,
422. — bifulia L. et var., 422. —
cernna Red. et var , 422.
Hohenac-
keri F. M., 'f23. — Lilio-hyacinlhus L.
(Pieds fleuris de' présentés à la Société,
40 i. — villosa Uesf., 490.
Scirpus lacuslris I>. muni de feuilles dres-
sées, 150. — supinus L. trouvé à Ville-
neuve-Saint-Georges, 109.
Scurpiurus lœvigala S. S., 138.
Scrofularia argula Sol., 408.
Scybaliiim S. L., 218.
Sécrétion d'une Orchidée, 148.
Selenosporium minulissimum Dcsimxi. sp.
nov., 8G0.
Scjiloria Sc/ennW/u' Hesninz. sj). nov., 8GI.
Seriula œlnensis \.a\)., i^' , 1019.
Serratula flavescens Vo\r., 360.
Serres (IceoloneL. Surqueli|uesesp. nonv.
ou controversées de la flore de France,
434.
Session extraordinaire à Montpellier, 555-
67 1 . - (Fixation de la), 258. — Avan-
tages obteims pour la), 336. — Membres
lAlîLE ALlMIABl-yi'IQliR DES MVTlKliES,
1089
liir,. — (Pro-
<|<ii ont assisté à la),
graïunie de la), 558. — (Bureau de la),
557, 561. — (Séances delà), 547, 561,
587, 632. — (Herborisations de la) voy.
Herborisations.
Silène setacea Viv., 60. — succulcnta
Forsk., 60,
iSinapis arvensis L. (Ciiloranthic du), 761.
Sisymbrium iicboudianuin Vcri. sp. nov.,
726.
Smilax (Les vrilles des) ni folioles, ni
stipules, 984.
Société Botanique de France. Composition
du Bureau et du Conseil pour 1857,
3.
Commissions pour 1857, 2.
Somme (Sur la) de chaleur efQcace nécess.
à la (loraison du Nelumbium speciosum.,
632.
Somme (Sur quelques plantes du dép. de
la). 1033.
Soncrila speciosa Zeuk., 1064.
SouBEiRAN (Léon). Sur les aromates empl.
pour rembaumcmen tau moyen-âge, 7 94.
Souterrains (Bourgeons) de V Agave ameri-
cana, 44, 612, 898.
Souterraines (Vitalité des parties) du Bios-
corea Dalalas, 700.
Spécifiques (Sur la valeur de certains carac-
tères), 338.
Sphœria calostronia Desmaz. sp. nov.,
1011. — {"!) cinereo-nebulosa Bcsmaz,
sp. nov., 1009. — devexa Desmaz. sp.
nov., 1009. — palustris Fr., 1010.
Sphœrorhizon J. D. Uook. gen. nov., 218.
Sphaigues (Mémoire sur la classe des),
146, 220.
Spilonema Bornet, gen. nov., 201. —pa-
radoxum Bornet, 201.
Spiranlhes gemmipara Lindl., 89.
Spilzelia cupiiligera DR., 367. — radi-
cata C. Kr., 367.
Stalice Bonduellii Lest., 491. — 2^'>"'^i''^osC'
L., 492.
Stelloria mediaVW]. (Chloranthie]du), 760.
Stiginutca Potentillœ Fr., 997.
Sligmalidium leucinum Nyl, sp. nov., 924
(eu note).
Stilaginella Tul., 990.
Stipules (Les vrilles des Smilax ni folioles ^
ni), 984.
Structure de l'épi et de l'épillet des Gra-
minées, 302. — bicarpellaire de l'ovaire
des Borraginées, 895. — florale du
Chêne, 501.
Styrax calamité des anciens (Sur l'ori-
gine du), 658.
Supère(Du motjappl. à l'ovaire, 740.
Sijnalissa conferta Bornet, sp. nov., 201,
— micrococca B. N. sp. nov. , 201 .
T. IV.
Syrie.' (Déboisement des montagnes en) ,
284.
Syringavulgaris L, à feuilles ternécs,622.
Tacca pinnalifida Forst., 1004.
Tahiti (Plantes alimentaires de), loOl,
1012.
Tamus communis L. ^Germination du
Dioscorea lialalascomi). à celle du), 697.
Tardives (Floraisons), 620.
Targioni-Tozzetti (Anl.). Sa mort, 2.".3.
TASsi(Att.). Sur les vrilles des Cucurbita-
cées, 322.
Ta.rus baccala L. Bois d'If objet d'un com-
merce important au xv<' siècle, 691.
TcuiHATCHEF (P. de), président de la session
extraord., 557.— Discours de clôture de
la session extraord., 667. — Études
sur la végét. des hautes montagnes de
l'Asie-Miueure et de l'Arménie, 863. —
Obs., 558, 660.
Tecloua. Destruction des forêts de Teck
dans l'Inde, 319.
Ternécs (Myrte et Lilas à feuilles), 622.
Tetradia Tul. gen. nov., 425.
Tetradiclis Eversmanni Bunge, 62.
Teucriiuii Alopeciiros de Noé, 491.
Thaliclvimi anguslifoHum L. trouvé au
bois de Vincennes, l08.
Thelytjonum Cynocrambe L., 183.
Théorie (Objection à la) de Du Petit-
Thouars sur l'accroissement, et à celles
des phytons et des décurrences, 785.
Thésiacées, voy. Santalacées.
Thesium glaucum Serres, sp. nov., 438. —
tenuifolium Saut., 438.
Thkveneau. Découv. du Damasonium po-
lyspennum près d'Agdc, 738.
Thlaspi cristatum Serres, 434.
Tluniningia Yahl, 217.
Tlujmelœa microphylla C. DR., 495.
Tige monstrueuse de Chanvre, 1023.
Tiges (De la direct, que prennent les) dans
les bulbes renversés, 948. — (Oroban-
chée attachée au bas de), 150.
Tilia. Feuille raonstr. de Tilleul, 267.
Tiniaria Montand. gen. nov., 316.
Tirages à part (Modification à l'art, du
Règlement relatif aux) 258.
ToucHY (A.). Rapport sur l'herborisation
de la Société au bois de la Moure et au
Port-Juvénal, 592. — Sur quelques
plantes étrangères à la flore de Mont-
pellier, trouvées aux env. de cette ville^
626. — Sur quelques modes d'hypertro-
phie chez les végétaux, 649.— Obs, 619,
621,626.
{)9
1090
SUCIETE HOT.VMQLK lU': I i; ANCI
Transfoniiatiuii du (li.iton femelle du
SaH.t: Ixihijfonica en raiiicuu persistant,
()I7.
Traiispiinlioii des plantes pendant la nuit,
1024.
Ti ifoliuin clyi)ealum \.a[)., iSii^ 1018. —
liouxii (ireu. sp. nov,, 10'JO.
Trii/Dtidla anguin(iT)e\., 13o. — nuiri-
iiina Del., 134. — N(c'//a(« l'orsk., 134.
Trilkum. Note sur le Blé de Noé ou l?l('
bleu, 288.
Ttocliila Popidorum Desmaz. sp. nov., 8"'>S.
Tufs calcaires de Castclnau (Flore quater-
naire des), ."i82.
ïiiUpa Gesneriana L. (Div. monstruosités
de), .".09.
Tunis (Plantes rares ou nouv. de la ré-
gence de', .j5,13I, 17tJ, 277, 360, -400,
■4y0. — ;Considérat. sur la végét. du sud
de la régence de), Hod. — (Flore de la
régence de), voy. Aliiério.
Tijpha {Élone de duvol de) présentée à la
Société, 3'>3.
Ural) iiiacrosporu Desmaz. sp. nov , 79'
Urospalha Scliott, gen. nov., 729.
Url.ca Dodarli L., 191.
Vaccinium MyrUllus L. trouvé près de
SainlGermain, :'.86.
Valette (La) près Montpellier, voy. Ilerbo-
risalions.
Valeur (Sur la) de certains caractères spéci-
fiiiues, 338.
ValUsneria spiralis\j. (Ovule du), 904-9(i7,
977.
Vai.on (E. de). Découv. du Prinuda loufii-
(lora à Saint Véran, 1007.
\''anilla lanceolata'/, 374.
Valpkli. ((;hr.) Sur le mode de multiplie,
de l'.l;/aic (uncricana, 43, 898.
Végétation des eriv. de Monlpeilier, voy.
ilerliorisalions. — des hautes montagnes
de l'Asie-Mineure et de l'Arménie, 863.
— (Sur la) ilu sud delà régence de Tunis,
D.'iO. — du Sahara algérien, 3S1, -465,
.îG9. — descnv. rie Djella, 483. — des
eiiv. de Laghoual, 39i. — - (État de la)
aux env. d'Hyèrcs en déc. etjanv., 102.
Végétation d'un arbre accidentellement
renversé, 62i. — (Mode de) du (Ihène,
."jOI. — du Corallorhiza innaln, 7GG-
770 . — du Xcollio Sidii^ avis, il.
Vcn'enata sitte;ic/i'tv H. B. sp. nov., 305.
Veroiiica nd.ralilis Jacij., 438.
Vevrucaria lialodyles Nyl. sp. nov., 924
(en note).
Verticales et iiorizontales (Graines) des
Salsolacées, i43.
Vicia salira L. formA amphicarpa, 140.
Villeneuve Saint-(jeorges {Scirpus supinus
trouvé à;, 109.
\im'PMuos[Tlialiclrnmangustifuliuni trouve
an bois de), 108.
\'in!a snijidosa Bor., 1033.
ViscuiiKtWitm L. (Xoliee sur le), 2(11. —
obs. sur un Chêne, 263. — sur divers
arbres, 2(ii-. — Parasitismedu Gui, o96.
Visite de la Société au .lardin des pi. de
Montpellier, .").")9. — aux collect. delà
Fac. des sciences de Montpellier, 560.
— au musée et aux jardins de M. Dou-
met à Cette, ."iSi. — au jardin de
l'Fcole de pharmacie deMontpellier, G27.
— au Musée Fabre à Montpellier, 632.
Vilaliti' des parties souterraines du Dios-
corea Ihitatas, 700. — (Persistance de
la) des graines flottant à la surface de
la mer, 324.
vais (Vrillesdes), 809.
Voyage botanique en Algérie (Itinéraire
d'un) (suite), 5, 48, 126, 171,270,
3ri3. 386, 473, 5iri. — (Nouvelles du)
de M. Bourgeau dans l'Amérique du
Nord, 1032. -- de M. Balansa, i3l.
Vrilles des Cucurbitacées, 109, 142, 322,
744-7.-')6, 787-788. — des Vilis et des
('issus, 809. — (Le.s) des Smdax ni
folioles, ni stipules, 984.
W
Wahllii'rg (.).-A.). Sa mort, 208.
Wallroth T*>.-W.). Sa mort, 208.
Wi.DDF.i I, (II. -A.). Sur le modi- de parasi-
tismedu ('iinonio)iniii cuvcinciini, 513.
— Sur les fleurs femelles du Cynonioriwii
coccineani, 79.*). — Obs.,- 23, 515, 809,
'.)i6, 1022, 1031.
Xaniliitiiii hybrides, 7,^'..
Z
Zamia ninricala WiWil., 953
Zrtlu//•>/^!i^-^'ardo, 21.
Zollikofcria a>njnslifolia C. DU., 370
(/ucrcifolia C. Kr., 369.
Zonaria .1. Ag., 28.
Zyijopliijlliim album L., 6 I .
TABLE
PAIÎ on DR F. ALI' II. un: TIQUE DKK NOMS 1) A l'T E l' R S
DES rUlîLICATIONS
ANALYSEES DANS LA REVOK P.IDMOGRAPFnQUE.
Arciif.r (T.-C). Noie sur los sortes de Copal
(l'Afrique, ST. — Voy. Bciuiett.
BECQUKnEL(A.), voy. Laurès.
Rennett (J.-.T.). Descript. de l'arbre nom-
mé Kobo, forniauturi nouv. genre (Ghï-
hourlia) de Légumineuses rapporté de
Sierra-Leoncpar M. Daniell, suivie d'une
lettre de M. Archer, 10r)4, lOriîi.
Berg (0,), voy. Martius.
Berkeeev (M.-J.). Introduction .'l la bota-
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Braiin. Ciormin.ition du f.œlehogyne ilicifolia,
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valide (lu l'iliiii, 704. — r.ASP.vnv. ?iir des frnils do
P('clicr ;i (leur doidde, 71(3; sur la présence île
zoosporos dnns le genre Chroolepus, 71C;snrla
sirucl. de la lii;c des Nymplic'-acées, 718. — Cien-
KOWSKI. Sur les pseudosoiiidies, 717. — Coh.n.
Sur le développ. d'une; Volvocinéo, 708; sur un
rduniipicrnon parasile d'une Algne vivante, 717. —
r»n l'.AlsY. Sur la rofiulalion des Drsuiidiacécs, des
ZygjK'niaci'CS, de^sGlianipitrnoussyzygKes, o(c., 710 ;
sur la frurdllcalion des Hyméunnivirles, 71 ft. —
DnBlîV. Sin- la dore fissile d'Aix-la-Chapelle, 715.
— I'ocke. Sur la fopulalion des Bacillariécs et des
Desmidiacées, 713. — Oasparrim. Sur les poils
railicaux et les excrétions des racines, 714. -
lIoiTMANX. Sur la germinal, des Champignons, 707.
— J.EGKiï. Plantes fossiles du keuper et leurs ana-
logues vivants au Chili, 714. — N.EfilîLI. Sur la
nouv. maladie des vers ;i soie et sur les org'auismi-s
analogues, 707 ; sur la direcl. des faisceaux vasru-
laires dans la lige des Cryptogames vasculaires, des
Gymnospermes et des Dicotylédones, 717. — I^rii.-
LIEUX. Sur la déhiscence des capsules des Orchidées,
70G. — l'uiNGSHEiM. Sur les fruits des Floridées,
71 5. — ScillMiiEll (C). Choix de faits remarquables
de morphologie, empruntés à toutes les p.arties des
plantes, 705 ; sur la slnul. de la niendu'ane cellu-
laire végétale, 711 ; sur la racine, 712. — Sr.nci.rz
liip. Sur les Cassiniacécs parasites, 707. — Sc.hultz-
Scill'i.TZENSTEiN. Sur les vaisseaux vitaux, 703. —
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VouNG (.1.', voy. Société bol. d'Edimbourg.
ERKATA DU TOME QUATRIEME.
page 1, ligne d (en remontant) : au lieu de procedato, lisez prcceduto.
l/i3, note 1 : au lieu de séreuse, lisez séveiise.
266, ligne 31 : au lieu de feuilles supérieures, lisez fleurs supérieures.
o78, ligne 15 : au lieu de paniculata Roxb.. lisez crenulala Vent.
h'2b, ligne 10 : au lieu de pentamère, lisez tétramèrc.
i61, ligne 2/i : au lieu de soustend, lisez souslent.
639, ligne 12 : au lieu de crucifolius, lisez erucifolius.
85Zj, ligne ùk : au lieu de Fous, lisez Nous.
890, ligne 26 : au lieu de pœcilpeis, //sez pœcilcpis.
901, ligne 31 : au lieu de trois plantes citées par M. Moquin-Tandon, lise:
trois plantes de Alagnol citées par ;M. Moquin-Tandon.
MM. les auteurs des articles publiés dans le Bulletin sont priés de vouloir bien
signaler au Secrétariat de la Société les fautes d'impression qui auraient échappé à la
correction des épreuves.
Taris. — Ini|'iinitrio do L. Maktinkt, nie Mi^noii, 2.
té
:C ^-