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Full text of "Bulletin de la Société géologique de France"

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SOCIÉTÉ  GÉOLOGIQUE 


DE  FRANCE 


XV.  1. 


F.   A0MAU.  —    IMPRIME  Rit   DS  LAGMT 


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BULLETIN 


DE   LA 


SOCIÉTÉ  GÉOLOGIQUE 


DE   FRANCE 


TROISIÈME  SÉRIE  —  TOME  QUINZIÈME 


1886-1887 


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PARIS 

AU   SIÈGE    DE    LA    SOCIÉTÉ 

7,  rue  des  Grands-Augustins,  7 

1887 


211162 


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SOCIÉTÉ   GÉOLOGIQUE 


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DE  FRANCE 


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Séance  du  8  Novembre  1886. 


PRÉSIDENCE   DE   M.    COTTEAU. 


Par  suite  des  présentations  faites  à  la  Réunion  extraordinaire,  le 
Président  proclame  membres  de  la  Société  : 

M.  Arrault,  ingénieur,  rue  Rochechouart,  69,  à  Paris,  présenté  par 
MM.  Munier-Chalmas  et  Dru. 

M.  Edmond  Flournoy,  étudiant,  rue  Bonaparte,  13,  à  Paris,  pré- 
senté par  MM.  Munier-Chalmas  et  Kilian. 

M.  Gouverneur,  maire  de  Nogent-le-Rotrou,  présenté  par  MM.  Cot- 
teau  et  Robineau. 

M.    Parize,   professeur  au    collège    de    Morlaix,    présenté  par 
MM.  Barrois  et  Hovelacque. 

M.  Dumas,  inspecteur  à  la  Compagnie  des  chemins  de  fer  d'Orléans, 
place  Dumoustier,  1  bis,  à  Nantes,  présenté  par  MM.  Barrois  et  Davy. 

Il  annonce  ensuite  une  nouvelle  présentation. 

Le  Président  fait  part  à  la  Société  de  la  mort  de  MM.  De  Serre, 
Uermann  Abich,  Dieulafait  et  Guyerdet. 

M.  Gauthier  présente,  au  nom  de  M.  Peron,  une  brochure  inti- 
tulée :  Note  sur  les  étages  de  la  craie  aux  environs  de  Troyes  ;  et  en  son 
nom  propre  une  seconde  brochure  où  se  trouvent  décrites  trois  espèces 
nouvelles  d'Échinides,  citées  par  M.  Peron:  Miwaster  sanctœ-maurœ, 
M.  beonensis,  Epiaster  Renaii. 

Une  troisième  brochure  traite  du  genre  Micraster  en  Algérie.  Ce 


6  .  *./•*-  séawcb.  8  nov. 

genre,  éù-furt  rare  dans  notre  colonie;  il  D'y  en  a  que  quatre  espèces 
coD.auês'-jusqu'à  ce  jour,  dont  une  seule  se  rencontre  en  Europe,  le 
St^'-brtvis  qui  est  accompagné  aux  environs  de  Gonstantine  des 
ffr&hes  fossiles  qu'à  Reones-les-Bains  et  an  Beausset . 
'■ .  "M.  Gauthier  présente  encore  une  autre  brochure  sur  quelques  Échi- 
nides  monstrueux  appartenant  au  genre  Hemiaster. 

M.  de  Boury  présente  a.  la  Société  géologique  ses  trois  dernières 
publications  sur  les  Scatidœ. 

La  première, extraite  du  Journal  de  Conchyliologie,  comprend  la 
description  des  ScaUdœ  nouveaux,  appartenant  presque  tous  aux  cou- 
ches éocènes  du  Bassin  de  Paris.  La  diagoose  en  avait  été  donnée 
antérieurement. 

La  seconde  brochure,  tirée  du  même  recueil  et  intitulée  Nouvelles 
observations  sur  l'Acirsa  subdecussata,  Caotraine  sp.  est  une  réponse  de 
quelques  observations  suggérées  à  JefTreys  par  la  brochure  précé- 
dente. 

Le  troisième  travail  est  le  premier  fascicule  de  la  Monographie  des 
Scalidœ,  ouvrage  de  longue  haleine  dont  l'auteur  réunissait  depuis 
longtemps  les  premiers  éléments. 

Cette  première  partie  débute  par  un  historiqu  e  détaillé  dans  lequel 
les  principaux  travaux  sur  les  Scalidœ  sont  ana  lysés  et  discutés.  Cet 
historique  est  suivi  de  quelques  considérations  sur  l'habitat,  l'ana- 
iomie,  les  mœurs,  la  distribution  des  Scalaires  et  de  quelques  obser- 
vations sur  l'espèce  et  sur  la  terminologie. 

L'auteur  aborde  ensuite  son  snjet  par  l'étude  d'un  sons-genre  bien 
homogène  auquel  il  donne  le  nom  de  Crisposcala, 


1888.  SÉAffCB.  7 

et  donne  communication  de  la  note  suivante  qui  accompagne  cet 
ouvrage. 

M.  Coesmann  fait  la  communication  suivante  : 

J*ai  l'honneur  de  déposer  sur  le  bureau  de  la  Société  te  premier 
fascicule  d'un  travail  intitulé  :  Catalogue  illustré  des  Coquilles  fossile* 
èe  tEocene  des  environs  de  Paris  qui  vient  d'être  édité,  à  Bruxelles, 
le  27  octobre  dernier,  par  les  soins  de  la  Société  royale  malacoiogîçue 
de  Belgique,  pour  faire  partie  du  volume  XXI  de  ses  Annales.  Ce  fas- 
cicule a  d'ailleurs  été  tiré  à  part,  à  un  nombre  d'exemplaires  suffi- 
sant pour  pouvoir  être  mis  en  vente  au  profit  de  cette  Société,  indé- 
pendamment du  volume  que  reçurent  les  membres.  Je  saisis  cette 
occasion  pour  remercier  publiquement  la  Société  royale  malacolo- 
gique  de  la  généreuse  hospitalité  qu'elle  m'a  accordée  en  se  char- 
geant, à  ses  frais,  de  la  publication  de  ce  mémoire  qui  ne  laisse  pas 
que  d'être  coûteuse 

Le  fascicule  actuellement  livré  à  la  publicité  comprend  la  revision 
des  genres  de  Pélécypodes  compris  entre  les  Clavagella  et  les  Car- 
dium  inclus,  soit,  en  tout,  17  familles,  74  genres  et  463  espèces,  pour 
43  genres  et  436  espèces  que  comptait  l'ouvrage  de  Deshayes,  dans 
les  mômes  familles. 

Cette  augmentation,  en  apparence  anormale,  du  nombre  des  genres 
que  contient  l'ouvrage  de  Deshayes,  tient  surtout  à  une  cause 
qu'ont  dû  remarquer  ceux  qui  consultent  fréquemment  ce  grand  ou- 
vrage et  qui  en  ont  pénétré  l'économie  générale. 

Très  érudit  sur  la  plupart  des  questions  conchyliologiques  traitées, 
avant  l'apparition  de  son  livre,  par  des  savants  français  ou  étrangers, 
Deshayes  a  développé,  d'une  manière  parfois  remarquable  et  en 
tous  cas  intéressante,  les  considérations  dont  il  fait  suivre  le  nom 
de  chaque  genre. 

Et  cependant,  lorsqu'on  arrive  à  examiner  de  près  les  coquilles 
que  l'auteur  rapporte  à  ces  genres,  qui  ont  été  l'objet  d'une  discus- 
sion si  approfondie,  on  est  étonné  de  voir  combien  peu  il  met  en 
pratique  l'érudition  dont  il  vient  de  faire  preuve  quelques  lignes 
plus  haut.  C'est  à  ce  point  que  l'on  se  demanderait  si  la  description 
des  espèces  est  de  la  même  plume  que  la  discussion  des  genres. 

Ce  sont  ces  petites  défaillances  que  j'ai  cru  devoir  relever,  en  m'ai- 
dant,  d'ailleurs,  des  travaux  de  Bayan,  de  Stolicika  et  de  M.  Tryon, 
qui  ont  été  publiés  à  une  époque  ultérieure. 

Pour  la  suite  des  autres  fascicules,  j'aurai  en  outre,  un  guide  qui 
m'a  manqué  jusqu'ici,  c'est  l'excellent  Manuel  de  notre  éminent  col- 
lègue, M.  P.  Fischer. 


8 


SÉANCE. 


8  nov. 


En  ce  qui  concerne  les  espèces,  notre  catalogue  en  comprend 
79  non  citées  dans  l'ouvrage  de  Deshayes  :  mais  comme  il  y  en  a 
52  supprimées,  cela  fait  seulement  27  espèces  en  plus. 

A  ces  espèces  il  faut  en  ajouter  21  dontle  nom  spécifique  a  dû  être 
changé  et  94  dont  le  nom  générique  a  été  modifié.  En  résumé,  il  y  a 
339  espèces  atteintes  ou  ajoutées,  soit  plus  de  la  moitié  du  nombre 
primitif.  On  jugera  probablement,  par  ces  chiffres,  que  la  nécessité 
d'une  revision  se  faisait  sentir. 

Néanmoins,  je  n'ai  entrepris  ce  travail  difficile  et  long  qu'après 
m'être  assuré  du  concours  amical  et  obligeant  de  tous  ceux  de  nos 
collègues  qui  s'occupent  particulièrement  du  bassin  de  Paris;  je  tiens 
à  leur  exprimer  ici  combien  je  leur  suis  reconnaissant  de  leur  colla- 
boration. 

Je  souhaite  vivement  que  les  amateurs  accueillent  avec  indul- 
gence mon  petit  catalogue  et  me  réservent,  plus  que  jamais,  leur 
concours  pour  la  suite  de  ce  travail,  qui  est  actuellement  sur  le  mé- 
tier. 


M.  de  Boury  ajoute  qu'il  n'a  pas  besoin  d'apprécier  ce  remar- 
quable travail  qui  a  déjà  reçu  les  plus  vifs  éloges  de  nombreux  sa- 
vants français  et  étrangers.  Il  fait  seulement  observer  que,  s'occu- 
pant  depuis  de  longues  années  de  l'étude  du  Bassin  de  Paris,  il  s'est 
trouvé  à  même  de  juger  ce  catalogue.  Malgré  son  titre  modeste  c'est 
sans  contredit  une  des  meilleures  publications  qui  aient  été  faites 
sur  le  Bassin  de  Paris.  Deshayes  a  donné  la  première  impulsion; 
mais,  pour  la  description  des  espèces,  M.  Cossmann  a  de  beaucoup 
dépassé  le  maître. 


1886.  SÉANCE.  9 

M.  Cotteau  offre  à  la  Société  un  numéro  de  la  Revue  scientifique 
contenant  le  Compte  rendu  des  travaux  de  la  section  de  géologie  au 
Congrès  de  Nancy.  Les  communications  ont  été  très  nombreuses  et 
c'est  à  peine  si  les  séances  de  la  section  ont  suffi  pour  épuiser  l'ordre 
du  jour.  Parmi  les  travaux  présentés,  les  plus  intéressants,  M.  Cot- 
teau cite  une  notice  de  M.  Grad  sur  les  Terrains  glaciaires  du  Sinaï, 
parfaitement  reconnaissables  à  leurs  anciennes  moraines  et  à  leurs 
roches  polies  ;  plusieurs  notes  de  M.  Bleicher,  dont  Tune  est  relative 
aux  Couches  inférieures  de  Vétage  bathonien  ;  un  mémoire  de  M.  Peron 
sur  le  Terrain  miocène  de  la  Corse,  renfermant  un  grand  nombre  de 
documents  inédits  sur  l'orographie,  la  stratigraphie  et  la  paléonto- 
logie de  ce  terrain,  ainsi  que  sur  les  divers  bouleversements  dont  il  a 
été  l'objet  ;  un  travail  de  M.  Gauthier  sur  Y  Appareil  apical  des  He- 
miaster  et  les  variations,  vraiment  étonnantes,  qu'il  éprouve  dans 
une  même  espèce  ;  les  résultats  des  recherches  de  M.  Thomas  et  de 
M.  Rolland  sur  les  Phosphates  de  la  Tunisie  ;  de  très  utiles  renseigne- 
ments de  M.  Fuchs  sur  les  Phosphates  de  chaux  en  général,  et  en  par- 
ticulier sur  les  gisements  de  Bauval,  dans  la  Craie  du  nord  de  la 
France  ;  une  notice  de  M.  Fouqué  sur  la  nature  et  la  provenance  des 
matériaux  de  construction  employés  à  Pompéif  et  beaucoup  d'autres  tra- 
vaux qu'il  serait  trop  long  d'énumérer,  pour  lesquels  nous  renvoyons 
à  notre  compte  rendu. 

§ 

M.  Chelot  présente  une  brochure  intitulée  ;  Supplément  à  la  géo- 
logie de  la  Sarthe  de  A.  Guillier,  destinée  à  mettre  cet  ouvrage  au 
courant  de  la  science  jusqu'à  la  date  de  sa  publication.  L'auteur, 
amené  à  faire  quelques  rectifications  et  additions  aux  listes  de  fos- 
siles trouvés  dans  le  département  de  la  Sarthe,  propose  de  désigner 
sous  le  nom  de  Naricopsina  le  genre  Lobostoma  créé  par  M.  Cossmann 
en  1885  pour  une  espèce  de  Bathonien  de  Domfront  (Lobostoma  Gue- 
rangeri  Davoust,  sp.)  et  sous  le  nom  de  Marbodœia  le  genre  Gueran- 
geria  créé  par  M.  Cossmann  pour  une  autre  espèce  du  môme  gise- 
ment, voisine  des  Patella  (Guerangeria  clypeola  Desl.  sp.),  les  deux 
noms  proposés  par  M.  Cossmann  ayant  déjà  été  employés  dans  la 
nomenclature  zoologique. 

M.  G.  Dollfus  offre  à  la  Société,  au  nom  de  M.  John  Belknap 
Marcou,  deux  publications  récentes  : 

1°  Sous  le  nom  de  Bibliography  of  publications  relating  to  the  collec- 
tion of  fossiles  invertebrates  in  the  United  States  national  Muséum ,  une 
liste  bibliographique  des  ouvrages  dans  lesquels  ont  été  décrits  les 
fossiles  invertébrés  existant  au  Musée  national  des  Etats-Unis,  avec 


io 


S  É  AUGE. 


la  liste  des  espèces,  recueillies  par  MU.  Meek,  Ch.  A.  White,  Cb. 
Walcott,  Conrad,  Dana,  Hall  et  antres  explorateurs  qui  ont  parcouru, 
depuis  1840  pour  le  service  du  gouvernement  l'immense  étendue  des 
Etats-Unis  de  l'Amérique  dn  Nord. 

On  trouvera  aussi  dans  ce  travail  du  fils  de  notre  savant  confrère 
Jules  Marcou  des  détails  biographiques  précis  sur  les  plus  célèbres 
des  géologues  américains. 

Le  dépouillement  soigneux  des  nombreux  genres  et  espèces  (avec 
indication  des  figures)  décrits  dans  une  foule  de  publications  peu 
connues  en  Europe,  étant  accompagné  d'une  table  générale,  sera 
utile  à  consulter  pour  éviter  de  réemployer,  pour  des  espèces  nou- 
velles, des  noms  déjà  attribués  et  qui  viendraient  à  tomber  en  syno- 
nymie. 

S*  Record  of  Nortk  american  Iiwertebrate  paleontology  for  tke  year 
1885.  Brochure  dans  laquelle  sont  énumérés  et  sommairement  ana- 
lysés, comme  dans  la  brochure  de  1884,  les  diverses  publications 
américaines  parues  en  1885  relatives  à  la  paléontologie  des  inverté- 
brés. On  jugera  que  le  mouvement  scientifique  est  à  présent  aussi 
puissant  de  l'autre  coté  de  l'Atlantique  qu'en  Europe,  et  que  le  nombro 
des  auteurs,  des  planches,  la  variété  des  travaux  ne  le  cèdent  en  rien 
comme  intérêt  è  ce  que  nous  pouvons  offrir  nous-mêmes. 

H.  G.  Dollius  présente  ensuite,  en  son  nom  et  en  celui  de  son 
collaborateur,  M.  G.  Ramond,  deux  brochures. 

Ie  Liste  des  Ptéropodes  du  terrain  tertiaire  parisien.  Cet  opuscule, 
extrait  des  Mémoires  de  la  Société  malacologique  de  Belgique,  donne 
une  révision  critique  avec  figures  des  espèces  de  Mollusques  ptéro- 
podes connues  jusqu'ici  dans  l'Eocène  parisien.  Les  noms  suivants 


4886.  séance.  if 

dftftt  la  date  précise  de  beaucoup  de  publications  issues,  par  livrai- 
sons, à  des  époques  diverses,  en  rappelant  l'historique  d'une  œuvre 
paléontologique  déjà  grande  à  laquelle  plus  de  travailleurs  qu'on  ne 
supposait,  ont  apporté  leur  contribution.  Ils  ne  se  dissimulent  pasr 
toutefois,  tout  ce  que  leur  liste  a  d'incomplet  et  seront  heureux  de 
toutes  les  indications  complémentaires  qu'on  voudra  bien  leur 
fournir. 

Le  Secrétaire  donne  communication  de  la  lettre  suivante  de  M.  A. 
Gaudry  : 

«  Monsieur  et  cher  Confrère, 

»  fin  recevant  le  Bulletin  où  se  trouve  le  Compte  rendu  de  la  séance 
du  17  mai,  je  vois  sous  mon  nom  une  observation  qui  me  fait  affir- 
mer une  chose  que  je  n'ai  présentée  que  d'une  manière  très  dubita- 
tive. Voici  le  texte  de  la  note  que  j'avais  remise  au  Secrétariat  : 

»  M.  Albert  Gaudry  fait  remarquer  que  ni  M.  Lebesconte  en  Bre- 
tagne, ni  M.  Vulpiandans  l'Anjou,  ni  Delfortrie  à  Bordeaux,  ni  Paul 
Gervais  à  Montpellier,  ni  MM.  de  Zigno  et  Capellini  en  Italie  n'ont 
encore  signalé  chez  les  Halitherium,  faluniens  et  pliocènes  des  os  des 
membres  postérieurs  comme  ceux  qui  ont  été  découverts  dans  le 
Tongrien.  Si  on  continuait  à  ne  pas  en  rencontrer,  il  serait  permis 
de  croife  que  la  suppression  des  membres  postérieurs  des  Siréniens  a 
eu  lien  avant  l'époque  actuelle,  pendant  le  cours  4e  la  période  ter* 
tiaire.  » 

Le  Secrétaire  ajoute  à  cette  rectification  que  la  note  de  M.  Gaudry 
n'est  pas  parvenue  entre  les  mains  des  Secrétaires,  ce  qu'ils  regret- 
tent infiniment,  sans  quoi  elle  eût  été  insérée  dans  le  Bulletin. 

M.  rtôt  fait  une  communication  sur  le  Probalicore  Dutoa- 
leûl,  Plot  (1). 

M.  de  Boury  fait  observer  que  de  très  nombreux  débris  d'Hali- 
terium,  trouvés  par  lui,  en  Anjou,  il  y  a  plus  de  dix  ans,  sont  entre 
les  mains  de  M.  le  docteur  Lemoine,  de  Reims.  Il  y  a  entre  autres 
pièces  un  crâne,  des  mâchoires  et  une  omoplate,  pièce  qui  a  manqué 
à  M.  Flot.  Il  existe,  en  outre,  un  os  problématique  qui  pourrait  bien 
être  un  bassin.  On  a  trouvé  dans  les  mêmes  gisements  de  grosses 
vertèbres,  appartenant  à  un  grand  cétacé. 

M.  de  Boury  a  pensé  ne  pouvoir  remettre  ces  objets  en  meilleures 

(1)  La  note  de  M.  Flot  n'étant  pas  parvenue  au  'Secrétariat  au  moment  de  l'im- 
pression sera  insérée  à  la  suite  d'une  séance  ultérieure. 


12      L.    DE    LAUNAY.  —  COHOIÉHITÉ,    SILLIMANITE    DU    COMMENTRY.      8    DOT. 

mains  qu'entre  celles  de  M.  le  docteur  Lemoine,  dont  les  travaux  sur 
les  vertébrés  éocènes  sont  si  remarquables. 

Le  Secrétaire  donne  communication  de  la  note  suivante  de  M.  de 
Launay. 

Note  sur  deux  gisement)  de  Cordiérite,  sillimanite  et  grenat 
dans  la  région  de  Commentry 

Par  M.  L.  de  I.aunay. 

Les  bords  sud  et  ouest  du  bassin  bouiller  de  Commentry  (Allier), 
sont  formés  par  un  massif  de  gneiss,  coupé  d'innombrables  filons  de 
granulite,  de  direction  générale  est-ouest,  qui  en  ont  par  places  in- 
jecté tous  les  feuillets  de  la  manière  la  plus  frappante.  Ces  filons  de 
granulite  sont  en  relation  avec  deux  importants  massifs  de  la  même 
roche  situés  :  l'un  près  du  village  des  Mazelles,  l'autre  dans  le  voisi- 
nage de  l'étang  de  la  Cote,  vers  Foobonne. 

Deux  gisements  remarquables  de  cordiérite  et  de  sillimanite  se  sont 
développés  au  contact  de  ces  massifs  de  granulite  avec  le  gneiss  gra- 
nulitique,  dans  des  conditions  déjà  signalées  par  M.  Michel  Lévy,  dans 
le  Uorvan  et  le  Puy-de-Dôme  : 

1"  Le  gisement  des  Mazelles  se  trouve  au  nord  du  massif  granuli- 
tique  sur  la  rive  droite  du  ruisseau.  La  granulite  y  contient  en  abon- 
dance de  la  cordiérite,  en  partie  transformée  en  matière  verte  et 
cireuse,  présentant  au  microscope  ses  auréoles  polychroïques  habi- 
tuelles, delà  sillimanite  d'une  belle  fraîcheur  et  du  grenat  rose  al- 
mandin. 


1886.  MOUTET.    —  FORMATION  WEALDIENNE,   DU  VAR.  13 

Le  bord  ouest  de  l'étang  de  Bourbon-l'Archambault,  (grenat  et  cor- 
diérite)  ; 
Et  le  ruisseau  de  Reuillat  au  nord  de  Saint-Marcel. 

Le  Secrétaire  donne  lecture  de  la  note  suivante,  de  M.  Moutet  : 

Note  sur  F  existence  (Tune  formation  wealdienne  dans  le  département 
du  Var,  au  quartier  du  Revest,  près  Toulon. 

Par  M.  Moutet. 

On  sait  que  la  formation  wealdienne  est  une  formation  lacustre,  ou 
d'eau  douce  qui  a  été  particulièrement  reconnue  et  décrite  en  Angle- 
terre, dans  les  régions  S.  E.,  où  elle  forme  les  falaises  de  Hastings. 
Ces  régions  portent  le  nom  de  Weald,  qui  a  été  donné  à  la  formation 
elle-même.  De  l'autre  côté  du  détroit,  sur  les  côtes  françaises,  on  en 
retrouve  des  indices  dans  le  bas  Boulonnais.  Partout  ailleurs,  et  en 
France  notamment,  cette  formation  n'a  pas  été,  je  crois,  reconnue  et 
constatée.  Quelques  recherches  récentes  m'ont  permis  de  laretouver 
sur  les  côtes  de  la  Méditerranée,  vers  les  sources  du  Ragas,  près  le 
Revest.  Voici  le  résultat  succinct  de  mes  observations. 

Fig.  1.  —  Coupe  du  bassin  du  Ragas. 
N  S 


i.  Jurassique.  —  2.  Colline  calcaire  néocomienne  avec  puits  d'extraction.  — 
3.  Couches  wealdiennes  supérieures.  —  4.  Couches  wealdien nés  inférieures. 

La  couche  wealdienne,  figurée  dans  la  coupe  de  terrains  ci-dessus, 
apparaît  à  la  surface  du  sol  sur  deux  points  différents,  éloignés  en- 
tr'eux  à  une  distance  de  quatre  cents  mètres  environ,  numéros  3  et  4. 

La  partie  supérieure  n°  3,  est  dans  le  lit  môme,  ou  gorge  du  Ragas. 
La  partie  inférieure,  n°  4,  la  plus  basse,  vers  le  sud,  est  sur  la  rive 
gauche  de  la  petite  rivière  de  Dardenne. 

Ces  deux  parties  sont  reliées  entr'elles  et  se  rejoignent  en  passant 
au-dessous  d'un  monticule  néocomien,  n°  2,  sur  lequel  la  Compa- 
gnie des  eaux  du  Ragas  a  ouvert  quatre  ou  cinq  puits  d'aérage  et 
d'extraction  de  matériaux  pour  l'établissement  d'un  aqueduc  souter- 


14  MOUTET.    —  WBMATIOK  WKÀIPIBHHE,    DU    VAB.  8   DOT. 

rain,  Lee  débris  et  roches  extraits  de  ces  puits  sont  épars  et  amonce- 
lés sur  le  sol  environnant  et  nous  montrent  la  composition  exacte  de 
la  couche  wealdienne  d'où  ils  proviennent. 

La  partie  supérieure,  n°  3,  est  argileuse,  de  couleur  brune  ou  noi- 
râtre, et  se  désagrège  ou  se  brise  facilement  eu  plaquettes  marneuses 
remplies  de  petites  coquilles  microscopiques,  dites  Cypris,  d'un 
blanc  Tir,  qui  se  dessine  nettement  sur  le  fonds  noir  de  la  plaquette. 
Ces  plaquettes  présentent  ça  et  là  des  lâches  de  rouille,  ou  emprein- 
tes ferrugineuses,  avec  quelques  parcelles  de  bois  noir  fossile. 

Les  plaquettes  de  l'assise  supérieure  contiennent,  avec  les  CyprU, 
quelques  coquilles  marines,  Ottrea  Coulant,  de  la  formation  néoco- 
■mianne,  située  immédiatement  au-dessus. 

Au-dessous  de  cette  première  assise  argileuse,  se  trouvent  des  bancs 
calcaires  noirâtres,  schisteux,  pétris  de  coquilles  d'eau  douce,  telles 
-que  :  PaltuUna,  Atelania,  Cyrena,  Cyctas  eiUnio, 

La  partie  supérieure  de  la  formation,  n*  3,  n'apparaît  que  dana  la 
traversée  de  la  gorge  du  Hagas  ;  elle  disparaît,  de  chaque  coté  de  la 
gorge,  sous  les  premières  et  plus  basses  assises  calcaires  de  l'étage 
uéocomien. 

La  partie  inférieure  de  la  formation,  n"  4,  apparaît,  du  coté  du  sud, 
de  l'autre  coté  et  au  bas  de  la  colline  uéaco  mienne,  n°  2,  sous  la  forme 
de  grès  et  argile  brune.  Cette  partie  inférieure  se  prolonge  et  dispa- 
raît ensuite  sous  les  ondulations  de  la  formation  néocomienne  voi- 
sines des  dernières  assises  jurassiques. 

La  partie  intermédiaire  de  celte  formation  wealdienne  nous  est 
révélée  par  les  déblais  importants  extraits  des  puits  de  la  Compagnie 
des  eaux  du  Ragas.  Ces  déblais  consistent  :  en  calcaires  noirâtres, 


4886.  M.    ARNAUD.    —  ARGILES   BARIOLÉES  DE   TERCIS.  45 

des  régions  de  l'Europe.  Nous  en  avons  vu  récemment  un  exemple  en 
Espagne,  signalé  par  notre  collègue  M.  S.  Galderon  dans  le  numéro  6, 
tome  XIV  du  Bulletin  de  la  Société  géologique.  Il  m'a  paru  qu'il  n'était 
pas  sans  importance  de  signaler  une  semblable  formation  en  France, 
sur  les  eûtes  de  la  Méditerranée. 

M.  Bertrand  fait  la  remarque  suivante  : 

Les  couches  d'eau  douce  que  signale  notre  confrère  au  Revest,  au 
nord  de  Toulon,  sont  connues  depuis  longtemps  (v.  notamment 
Toucas,  B.  S.  G.,  3*  série,  T.  IV,  p.  313);  elles  ne  sont  pas  purbec- 
kiennes,  mais  cénomaniennes  ;  c'est  le  Gardonien  de  Goquand. 

C'est  par  erreur  que  M.  Montet  les  croit  comprises  entre  le  Jurassi- 
que et  le  Néocomien  qui  n'affleurent  pas  dans  le  voisinage.  Elles  sont 
bien  comprises  en  effet  d'une  manière  générale  entre  une  masse 
de  calcaires  compacts  et  de  calcaires  marneux,  mais  les  premiers 
renferment  le  Chôma  Ommania  et  les  seconds  le  Periaster  Verneuilli. 

Le  Secrétaire  donne  connaissance  de  la  note  suivante  de  M.  Arnaud  : 

Position  ttratigraphique  des  argiles  bariolées  de  Terris,  Landes. 

par  M.  H.  Arnaud. 

L'âge  des  argiles  bariolées  de  la  lande  de  Tercis,  près  de  Vinport 
(Landes),  a  fait  naître,  dans  le  bulletin  de  la  Société,  des  questions 
qui  ne  paraissent  pas  encore  définitivement  résolues. 

Leur  intercalation  entre  les  calcaires  néocomiens  de  Vinport  et  les 
roches  sénoniennes  de  la  Grande- Roque,  la  concordance  de  leur  di- 
rection avec  celle  de  ces  calcaires  ont  amené  quelques-uns  de  nos 
confrères  à  les  ranger  dans  le  terrain  crétacé. 

Pour  d'autres,  les  caractères  généraux  de  cette  formation,  les  dé- 
pôts minéraux  qu'elle  renferme,  devraient  la  faire  classer  dans  le  Trias. 

Pour  d'autres  enûn,  elles  formeraient  l'un  des  éléments  essentiels 
des  éruptions  ophitiques  dont  elles  sont  l'inséparable  satellite  (1). 

Je  n'examinerai  de  ces  systèmes  que  le  premier,  celui  qui  tend  à 
classer  les  argiles  bariolées  dans  le  Crétacé. 

La  stratigraphie  ne  paraît  pas  jusqu'à  présent  en  avoir  fourni  le 
critérium  :  en  effet,  si  à  l'Est  Tordre  des  calcaires  de  la  Grande- 
Roque  est  constant,  il  n'en  est  point  ainsi,  à  l'Ouest  des  argiles,  des 
couches  de  Vinport  et  Ton  ne  peut  affirmer,  avec  preuves  certaines, 
que  les  bancs  les  plus  rapprochés  des  argiles  soient  plus  récents  que 
ceux  qui  s'en  éloignent. 

Au  delà  de  la  roche  de  Vinport,  sur  la  rive  gauche  de  l'Adour,  on 

(1)  Bull.  Soc.  Géol.  Fr.,  2«  série, T.  XVIII,  p.  548  ;3«  série,  T.  I,  p.  304.  Comptes 
rendus  de  l'Académie  des  sciences,  21  juin  1880,  notes   de  MM.  Jacquot  et  Hébert. 


16  H.    ARNAUD.    —    ARGILES   BARIOLÉES   DE    TIÎBCIS.  8  DOV. 

ne  trouve  plus  que  les  sables  des  Laudes  qui  recouvrent  les  terrains 
plus  anciens  d'un  manteau  dont  l'épaisseur  est  inconnue. 

L'ordre  de  succession  des  couches,  indéterminable  à  Vinport,  pa- 
raît susceptible  d'être  reconnu  &  une  faible  distance  de  ce  point. 

En  effet,  on  exploite  sous  l'église  de  Terris,  à  trois  ou  quatre  mè- 
tres de  profondeur,  le  calcaire  de  Vinport  qui,  au  mois  d'octobre 
dernier,  fournissait  des  moellons  destinés  à  la  construction  de  la 
maison  d'école. 

Ce  banc  n'est  pas  seulement  l'équivalent,  mais  la  continuation 
même  de  celui  de  Vinport  :  la  continuité  eu  est  attestée  par  un  poin- 
tement  saillant  au  milieu  des  champs  sur  la  ligne  qui  joint  les  car- 
rières de  Vinport  à  celle  de  Tercis. 

Si  de  l'église  on  descend,  à  angle  droit  de  cette  ligne,  vers  les 
bains,  par  le  chemin  qui  se  dirige  au  S-,  on  rencontre,  à  la  hauteur 
des  bains,  la  route  qui,  du  pont  de  Tercis  conduit  à  celui  de  Vinport  : 
en  la  traversant,  on  s'engage  dans  un  chemin  qui  mène  à  la  prairie 
sur  les  bords  du  Luy  :  à  une  centaine  de  mètres  de  l'intersection  de 
ces  chemins,  au-dessous  du  moulin  à  eau,  et  sur  la  gauche  de  la 
route,  on  a  attaqué,  pour  en  tirer  du  moellon,  uu  calcaire  dur,  d'un 
grain  très  serré,  blanc  au  cœur  de  la  roche,  en  rognons  irréguliers 
empâtés  de  traînées  glauconieuses,  avec  silex  violacés,  cariés,  em- 
pâtant souvent  des  spongiaires.  Celle  couche  ne  fournit  que  peu  de 
fossiles  :  j'y  ai  cependant  recueilli  : 

Corax...  Inoceramits  regularis,  d'Orb. 

Nautilus  Dtkayi,  Mon.  Rhgnchoaella    deformit    (var.  globata), 

Trochus  Marroti,  d'Orb.  d'Orb. 

Janira  quadricoslata,  d'Orb.  Terebratella  santonensis,  d'Orb. 

J.  Truellei,  d'Orb.  Pyriaa  petracorirn&ia,  d'Orb. 

Spondylus  dutempltanus,  d'Orb.  Ananehytes  ortiis.  Coll. 

Sp.  spinosus?  Desh.  Cùlaris. 

Ostrtra  proboscid&a,  d'Arcli.  Astéries... 

Exogyra  malheroniana,  d'Orb. 

Si  l'on  compare  cette  faune  à  celle  du  Crétacé  du  S.-O.,  c'est  cer- 
tainement celle  du  Campanien  moyen. 

En  se  dirigeant  à  l'E.,  à  une  centaine  de  mètres  en  amont  du  pont 
de  Tercis,  sur  le  bord  même  du  Luy,  affleure  un  calcaire  blanc,  ex- 
trêmement dur,  compact,  presque  marmoréen,  d'un  grain  litho- 
graphique qui,  en  1881,  était  exploité  pour  l'empierrement  des 
routes:  dans  les  morceaux  concassés  sur  le  bord  de  la  route  da 
Tercis,  j'ai  trouvé,  avec  mon  regretté  confrère  et  ami  Tournoûer,  des 
débris  de  sphérulites  identiques  à  ceux  que  Tournoiier  avait  décou- 
verts entre  Saint-Pandelon  et  Heugas,  au  moulin  de  Barbe,  et  qui 
partk'iiniiiil  à  Sp/t.  radiusus  .  Tùuruuiiiir  id'.i  dit  avoir  retrouvé  des 


4886.  M.   ARNAUD.   —  ARGILES   BARIOLÉES  DE  TERCIS.  17 

coupes  de  cesrudistes  dans  la  carrière  môme,  aujourd'hui  abandon- 
née dont  ces  matériaux  étaient  extraits. 

Ces  deux  constatations,  la  dernière  due  à  Tournouûr,  me  parais-  • 
sent  trancher   sûrement  la ,  question  de  stratigraphie  restée  en 
suspens  jusqu'à  ce  jour. 

Il  en  résulte  qu'en  se  dirigeant  des  argiles  vers  l'O.,  c'est-à-dire 
dans  le  sens  opposé  à  la  Grande-Roque  dont  les  couches  sont  d'au- 
tant plus  récentes  qu'on  s'éloigne  davantage  des  argiles,  on  ren- 
contre successivement  : 

1°  Sous  l'église  de  Tercis,  comme  à  Vinport,  le  Crétacé  inférieur, 
Néocomien  moyen; 

2°  Sur  la  rive  du  Luy,  en  amont  du  pont  de  Tercis,  le  Turonien  à 
Sphxrulites  radiosus  (Provencien). 

3°  Au-dessous  du  moulin  de  Tercis,  le  Campanien  moyen. 

L'ordre  de  succession  à  partir  des  argiles  est  donc  inverse  de  celui 
de  la  Grande-Roque. 

Les  argiles  bariolées  occupent  ainsi  le  centre  d'une  grande  faille 
anticlinale,  de  chaque  côté  de  laquelle  les  couches  crétacées  sont 
redressées,  les  argiles  et  l'ophite  qu'elles  accompagnent  ayant  brisé 
et  disloqué  les  calcaires  de  la  craie  entre  lesquels  elles  ont  joué  le 
rôle  de  coin. 

11  n'est  donc  pas  possible  de  les  classer  stratigraphiquement  comme 
dépendant  du  terrain  crétacé  et  comme  chronologiquement  déposées 
entre  le  Crétacé  inférieur  de  Vinport  et  le  Crétacé  supérieur  de  la 
Grande-Roque. 

On  ne  retrouve  point  à  TE.  les  couches  de  Vinport.  Près  de  la 
métairie  de  la  Cabe  on  a  attaqué  sous  bois,  sur  plusieurs  points, 
tantôt  au  contact  des  argiles,  tantôt  plus  près  du  Crétacé  supérieur, 
on  calcaire  blanc,  très  dur,  d'un  grain  très  serré,  dont  les  matériaux 
sont  employés  pour  l'empierrement  :  au  contact  des  argiles,  ce  cal- 
caire dolomitique,  cristallin  et  peu  fossilifère  ne  laisse  guère  recon- 
naître en  saillie  les  coquilles  spathisées  qu'il  récèle  :  un  peu  plus 
loin  et  dans  une  carrière  récemment  ouverte,  nommée  carrière 
neuve,  le  calcaire,  plus  caverneux  et  superficiellement  corrodé  per- 
met de  déterminer  avec  certitude  : 

Sphxrulites  Fleuriausi,  d'Orb.  Chaperia  costata,  d'Orb. 

Toucasia  lœvigatay  d'Orb.  Hhynchonella  contorta,  d'Orb. 

Caprotina  quadripartita,  d'Orb.  Alveolina  cretacea,  d'Arch. 

J'y  ai  reconnu  de  plus  une  grande  huître  ondulée,  à  test  feuilleté 

et  mince  commune  au  môme  niveau  dans  les  Charentes.  Cet  horizon 

est  bien  le  Cénomanien  supérieur  (Carentonien,  Coq.),  dont  les  assises 

inférieures  sont  représentées  par  les  bancs  plus  rapprochés  des  argiles. 

XV.  2 


-  AMILES   HUIOLÉES  HE   TBBCIS. 


La  disposition  générale  des  couches  dea   deux  cotés   des    argiles 
peut  être  représentée  par  le  diagramme  ci-joint  : 


m 


;  F  E 

A.  Argiles  bariolées. 

B.  Nùocomien . 

C.  Car  en  ionien. 

D.  Provencien. 


0 
0 


E.  Campanien  m 07e a. 

F.  Campa  nie  D  supérieur 

G.  Garuuiiiien. 


Le  passage  du  Carentonien  de  la  Cabe  aux  calcaires  bleus  des  car- 
rières de  la  Grande-Roque  n'est  pas  visible,  de  sorte  qu'on  ne  peut 
se  rendre  compte  de  l'existence  des  niveaux  intermédiaires  qui  les 
séparent. 

En  s'avançant  à  l'E.  la  première  roche  apparente,  après  une  an- 
cienne carrière  abandonnée  et  recouverte  par  les  éboulis  (carrière 
des  Mottes),  est  visible  dans  la  carrière  de  Hontarède  :  à  partir  de  ce 
point  on  peut  observer,  dans  les  exploitations  dont  elles  ont  été 
l'objet,  la  succession  des  couches  crétacées  dans  l'ordre  suivant  : 

1*  Hontarède:  calcaire  blanc,  dur,  avec  veines  glauconieuses,  irré- 
gulièrement distribuées  :  nombreux  silex  violacés,  cariés,  avec  spon- 
giaires :  c'est  évidemment  la  continuation  du  dépôt  attaqué  sous  le 
moulin  de  Tercis  et  que  nous  avons  reconnu  dépendre  du  Campanien 
moyen  :  Hontarède  en  représente  le  couronnement  :  j'y  ai 
recueilli  : 


Baculitet  anceps,  Lk. 
Exugyra  laciniata,  d'Orb. 
Janira  quadricoitata,  d'Orb. 
RhijnchoneUa  Eudcsi,  Coq. 
«A.  defoi-mis,  d'Orb. 
Astéries. 


Tereèraiula  lemiglobosa,  Sow. 
Ananchytes  vulgaria,  Breyn., 

de  grande  (aille. 
Cidaris  itibvesiculasa,  d'Orb. 
CM. 


2°  Ancienne   carrière  abandonnée,  passant  à  la  carrière  0°  3,  ci- 
après  (Grande  carrière).  Calcaire  blanchâtre,  gélif. 


Ostrvea  vesicuiarii,  Lk. 
Bxogyru  laciniata,   d'Orb. 
Pectrn  cretoiut,  Dafr. 


Holaiter  Bouillei,  Coll. 
Cjf  elaiitr  integer.Gou. 
Terebratula  Nauclasi,  Coi). 


1886. 


ARNAUD.  —  ARGILES   BARIOLÉES  DE  TERCIS. 


19 


3°  Grande  carrière  ;  calcaire  bleu,  sans  silex,  exploité  à  la  poudre 
pour  la  fabrication  delà  chaux  hydraulique,  quelques  pyrites:  c'est 
à  partir  de  ce  point  que  les  Céphalopodes  et  les  Echinodermes  pren- 
nent leur  plus  grand  développement  : 


Baculites  anceps,  Lk. 

Baculites  distans,  Aro. 

Heteroceras  polyplocum,  d'Orb. 

Ancyloceras  pseudocu*matumt  d'Orb. 

Hamites,  s  p. 

Ammonites  lewesiensis,  Sow. 

Am.  neubergicus,  Schl. 

Am.  nov.  sp. 

Turrilites  Archiaci,  d'Orb. 

Sautilus  Dekayi,  Morton. 


Ostrœa  vesicularis,  Lk. 
Pectcn  cretosus,  Defr. 
Spondylus  spinosus,  Desh. 
Inoceramus  reyularis,  d'Orb. 
Lima  maxima,  d'Arch. 
Micraster  aturicus,  Heb. 
M.  corcolumbarium,  Det. 
Ananchytes  Beaumonti,  Bayan, 
Sale  nia  llcberti,  Go  M. 
Cyphosoma  corollarc,  Ag. 


4*  Partie  anciennement  exploitée  de  la  môme  carrière  avec  mêmes 
Céphalopodes  et  Ostrœa  vesicularis  :  les  échinides  ont  cédé  la  place  à  : 
Ananchytes  conoïdœa,  d'Orb.,  sommet  arrondi  et  Cranta  parisiensis, 
Defr. 

5*  Calcaire  plus  dur,  avec  petits  silex  cornus,  en  bancs  réguliers 
espacés  d'environ  un  mètre,  le  plus  souvent  laiteux  et  opaques,  quel- 
quefois noirs  au  centre  et  empâtant  des  spongiaires  silicifiés:  couche 
exploitée  pour  enrochements  aux  carrières  d'Angoumé,  sur  la  rive 
droite  de  l'Adour  :  on  n'y  trouve  guère  qu'un  ananchyte  de  taille 
au-dessous  de  la  moyenne,  voisin  de  An.  orbis,  Cott,  mais  un  peu 
plus  allongé  et  que  je  désigne  sous  le  nom  de  : 

An.  reyularis,  Am,  avec 
Crania  parisiensis,  Defr. 


Au  delà  de  cette  carrière  les  couches  sont  masquées  par  la  végéta- 
tion jusqu'à  la  Pointe  où  Ton  trouve  les  restes  d'une  grande  exploi- 
tation :  mais  des  recherches  faites  de  distance  en  distance  et  encore 
visibles,  quoique  difficilement  accessibles,  permettent  d'affirmer 
Tidentitéde  constitution  et  de  faune  de  ces  dépôts  formés  de  calcaires 
de  plus  en  plus  marneux  à  mesure  qu'on  s'éloigne  de  la  Grande  Car- 
rière et  caractérisés  comme  elle  par  l'abondance  des  Céphalopodes. 
On  peut  d'ailleurs,  sur  la  rive  droite  de  l'Adour,  contrôler  l'exactitude 
de  cette  affirmation  en  suivant,  à  partir  du  passage  à  niveau,  le  che- 
min parallèle  à  la  voie  ferrée  ;  la  formation  y  est  entaillée  jusqu'au 
point  où  s'exploite  la  roche  dure  dont  nous  parlerons  plus  loin  et 
par  laquelle  débute  le  Garumnien. 

6°  La  Pointe.  Calcaire  gris,  gélif,  sans  silex,  quelques  pyrites  ; 


20  M.    lliâUTJ-   —  AlfafLKS  uudlOs  »k  nias.  S  nov. 

passant  4  on  calcaire  schisteux,  arts.  lenticulaire,  soin  d'une  marne 
grise  friable  : 

SpjWj.'i.)  iç:\:jil!.  l'est.  Jn.Tfc.-iue-»  i-c-r-njîs.  Son. 

l'ftnru  fr.-*.:j-u.  Lk.  A.  i.  w  .  ï:*Tne  ii«e. 

.liun.-^fet  .wfJrr,  i»ï.    —  *:e-      A. -.  M    brae  «Mfeèe. 
metai^j.  S^stcmi»  xXfner^u* 

7'  Marnes  Terdltres,  çUuconieu***.  enipâsint  des  rcçnons  cal- 
caires solides: 


8.  A  ce  point  se  dresse,  comme  nn  mur  plongeant  dans  le  lit  du 
fleuve,  une  assise  de  cinq  à  six  mètres  de  puissance,  formée  d'un 
calcaire  dont  nous  avons  déjà  reconnu  le  faciès  lilhologique  dans 
le  Cénomanieu  et  le  Turonien  :  calcaire  blanc  jaunâtre,  d'un  grain 
serré,  lithographique,  extrêmement  dur.  tranchant  delà  manière  la 
plus  frappante  sur  ceux  qui  l'ont  précédé  :  utilisée  comme  le  Céno- 
manieu et  le  Turonien  pour  l'empierrement,  cette  roche  ne  livre  sa 
faune  qu'a  regret  ;  mais  j'ai  reconnu  dans  ses  débris  des  échantil- 
lons suffisamment  conservés  pour  la  caractériser: 

Xautitus  itenitur.  Sohl.  R\ji:\**e:Li  voisine  da  Rh.  Stjuenvr, 

Anawhytrs  wmiyhttu*.  Lk.  C*|. 

Cgclastir  pyrifwmit.  Coll.  Te rrtrvtuU,  Toisine  de  T.  incerta,  Arn. 
Et  des  Bricliivi«o4es. 

C'est  bien  là  le  début  du  Garumnien. 

Pour  en  suivre  le  développement,  il  faut,  soit  doubler  en  bateau 
le  cap  formé  par  cette  roche,  soit  reprendre,  sous  bois  au-dessus  des 
carrières,  le  chemin  du  Bédat.  On  arrive  ainsi  aux  carrières  clas- 
siques de  cette  localité. 

Là,  ou  remarque  qu'au  delà  du  mur  de  la  Grande-Roque,  les  assises 
jusque-là  verticales  tendent  à  se  renverser  et  s'infléchissent  dans  la 
direction  du  fleuve. 

On  constate  successivement  : 

0.  Calcaire  gris,  piqué  de  glauconie,  blanchissant  et  s'altérant  à 
l'air,  solide  au  cœur  de  la  roche  où  il  est  exploité  à  la  poudre  pour 
moellon,  avec  quelques  petits  silex  allongés  :  7  mètres. 

1-hrragnifînttn,  Cott. 


188H. 


M.   ARNAUD.    —  ARGILES  BARIOLÉES  DE   TBRGIS. 


21 


10.   Quatre  bandes,  deux  d'argile  grise,  deux  de  calcaire  gris 
marneux  avec  taches  ferrugineuses  :  1  m.  80. 


I  sas  ter  aquitanicus.  Des. 


An.  semiglobus,  Lk. 


11.  Calcaire  glauconieux,  dur,  grisâtre,  avec  nodules  ferrugineux  : 
1  m.  30. 


ïsaster  aquitanicus,,  Des. 
Ananchytes  se mig lotus,  L  k. 
Micros  ter  tercensis,  Gott. 
Cyclaster  pyriforniis,  Cott. 


Echinoconus  tercensis,  Cott. 
Pentacrinus,  sp. 
Ostrœa  vesicularis,  Lk. 
Cyphosoma  pseudomagnificumt  Cott. 


12.  Calcaire  blanc  grumeleux  avec  concrétions  calcaires  paraissant 
formées  d'algues  calcarifères  :  1  m.  50  à  2  mètres. 

Echinoconus  tercensis,  Cott. 

13.  Calcaire  blanc,  grisâtre,  en  deux  bancs  :  quelques  silex. 

14.  Calcaire  dur,  d'un  grain  fin,  blanc  jaunâtre  avec  silex  noirs  : 
puissance  de  ces  deux  couches  :  8  m.  environ. 

C'est  la  dernière  couche  visible  du  terrain  crétacé  ;  au  delà  de  la 
vallée,  le  tertiaire  se  montre  seul  dans  le  coteau. 

L'ensemble  des  carrières  crétacées  de  Tercis  sur  le  bord  de  l'A- 
dour  peut  ôtre  représenté  par  le  croquis  ci-joint  : 

Fig.  2.   Croquis  des  carrières  ouvertes  dans  le  Crétacé  supérieur, 

rive  gauche  de  ÏAdour. 


K 


\f\r>  * 


4    S 


Garomriiea 


Campanien 

!*•  i  •!  SiZe.7> 


supérieur  Caaft.'roojrn 

Parties  hcisttos: 


y  9 


'Ai/ 


ftaiie  irèsréêuii^en/lar^axr 
Ebouhs. 


Cettesérie  se  décompose  naturellement  en  deux  groupes  :  l'un 
constitué  par  les  couches  de  Hontarède  à  la  Grande-Roque  ;  l'autre 
par  la  Grande-Roque  et  les  assises  qui  lui  succèdent. 

Le  rapprochement  des  assises  du  premier  groupe  avec  celles  du 
Crétacé  des  Charentes  les  classe  dans  le  Campanien  supérieur. 

La  Grande-Roque  et  les  couches  qui  terminent  la  série  appartien- 
nent au  Garumnien  (Danien  supérieur  (1). 


(1)  Bull.  Soc.  Géol.  S«  série,  T.  VII.  p.  78. 


22 


.    ARNAUD.   —    ARGILES   BAH  10  LE  ES  DB  TERCIS. 


Entre  ces  deux  groupes  se  placeraient  normalement  lei  bancs  a 
Bemijmeiates  d'Audignon,  s'ils  existaient  a  Tercis  :  leur  absence,  sur 
ce  point,  paraît  démontrée,  et  fournit,  en  dehors  des  dislocations 
produites  après  coup,  une  nouvelle  preuve  de  l'irrégularité  des  dé- 
pôts crétacés  de  la  région  ;  on  reconnaît,  en  effet,  que  le  calcaire  de 
la  Grande-Roque  a  commencé  par  délayer  et  s'assimiler  la  glanconie 
de  la  couche  précédente,  avant  de  s'isoler  et  de  donner  naissance  à 
la  roche  homogène  qu'il  constitue. 

Le  Danien  moyen  h  RemipneusUs  et  le  Danien  inférieur  ont  donc 
fait  défaut  sur  ce  point. 

En  résumé,  les  niveaux  crétacés  se  montrent  aux  environs  de  Ter. 
cis  dans  l'ordre  suivant  : 


A.  Calcaire  île  Viuiiml: 

Niiocomicn,  d'Orb. 

B.  Calcaire  de  la  Cabe  : 

Caren ionien,  Coq. 

<:û  h  oui  ai  lie  ii,  d'Orb. 

C.  Calcaires  a,   rudistes  du 

moulin  de  Barbe  et  de 

Tercis  : 

Provencieti,  Coq. 

Turooien.  d'Orb, 

D.  Calcaire  sous  le  moulin 

de  Tercis  : 

Campanien,  Coq. 

zone 

moyenne,  partie 

infë- 

1 

E.  Calcaire  de  Hontarcde  : 

Campanien ,  Coq. 

zone 

F  Sénonien,  d'Orb. 

moyenne,  partie  : 

mpé- 

i 

F.  Calcairebleu  de  la  Gran- 

1 

de  Carrière  à  la  Poinle: 

Campanien,  Coq. 
supérieure. 

■o» 

0.    Couches  de  la  Pointe 

1  la  lin  de  la  série  : 

Garumnicn,  Leym 

Danien,  Desor. 

Si  l'on  rapproche  de  ce  tableau  le  résultat  des  recherches  de  M. 
Hébert  dans  l'arrondissement  de  Saint-Sever,  on  voit  que  les  horizons 
précédents  sont  complétés  dans  cette  dernière  région  par  : 

1»  Turonien  moyen  :  zone  à  Radiolàet  lumbricalii  ; 

2"  Danien  moyen  :  zone  à  Hemipneustes. 

Les  subdivisions  créées  par  M.  Coquand  se  trouvent  ainsi  toutes 
représentées  dans  le  département  des  Landes,  à  l'exception  du  Ligé- 
rien  et  du  Coniacien-Santonien  qui  attendent  des  découvertes  ulté- 
rieures pour  combler  les  lacunes  existant  aujourd'hui. 


4866.  STANISLAS  MEUNIER.    —   SUBSTANCE   RÉSINEUSE  23 

La  Secrétaire  dépose  sur  le  Bureau  la  communication  suivante  de 
M.  Stanislas  Meunier* 

Paris,  le  6  novembre  1886. 

Examen  dune  substance  résineuse  recueillie  à  Luchon  le  28  juillet 

1885  à  la  suite  d'un  coup  de  foudre. 

Note  de  M.  Stanislas  Meunier. 

En  m'envoyant  récemment  une  série  intéressante  d'échantillons, 
notre  savant  confrère,  M.  Maurice  Gourdon,  voulait  bien  m' écrire  ce 
qui  suit  : 

«  Le  28  juillet  1883,  vers  1  heure  1/2  de  l'après-midi,  un  homme 
de  Luchon,  se  trouvant  à  la  sortie  de  Luchon  sur  la  route  deBigorre, 
à  150  mètres  après  le  pont  de  Mousquères,  au  lieu  dit  la  Croix-de- 
Paysas  et  au  moment  de  l'orage  qui  grondait  fortement,  vit  tomber  la 
foudre  à  vingt  mètres  de  lui  environ.  Remis  de  la  commotion 
éprouvée,  il  vint  par  curiosité  regarder  l'effet  produit  par  la  foudre  et 
constater  sur  le  mur  longeant  la  route  de  la  Croix-de-Paysas  au  pont 
de  Mousquères,  sur  les  schistes  et  calcaires,  des  enduits  de  couleur 
brune;  certains  arbres  (érables)  en  avaient  un  enduit  sur  l'écorce. 

»  Prévenu  par  cet  homme,  j'allai  le  lendemain  matin  sur  les  lieux 
et  récoltai  des  spécimens  d'écorce,  de  schiste  et  de  calcaire  portant 
le  même  enduit  brunâtre. 

»  Après  le  pont  de  Mousquères,  j'ai  inutilement  cherché  la  trace 
do  passage  du  fluide  électrique  sur  les  schistes  de  la  carrière  immé- 
diatement en  face. 

»  Avant  la  chute  delà  foudre,  le  28  juillet,  je  n'avais  jamais  rien 
vu  sur  le  mur  et  les  arbres  de  la  route  et  ces  fulgurites  me  semblent 
donc  devoir  dater  de  ce  moment  précis.  » 

J'ai  soumis  à  une  étude  très  attentive  les  enduits  dont  il  s'agit  et 
dont,  grâce  à  M.  Gourdon,  je  possède  plusieurs  spécimens. 

Ils  sont  en  forme  de  gouttes  et  de  couches  minces  translucides 
brunâtres,  à  éclat  vitreux  et  à  texture  bulleuse.  Au  lieu  de  varier  avec 
la  substance  qui  les  supporte  comme  les  vrais  fulgurites,  qui  n'en 
sont  comme  on  sait  que   des  produits  de  fusion,  ils  restent  iden- 
tiques à   eux-mêmes  sur  les   schistes,  sur  les  calcaires   et  même 

sur  les  êcorces  d'arbres. 
A  première  vue,  il  est  manifeste  que  ces  substrata  n'ont  pas  subi 

d'élévation  notable  de  température  et  Tétonnement  augmente  encore 

quand  on  s'aperçoit  que  les  gouttelettes  et  les  enduits,  loin  d'être  en 

un  verre  dur,  se  laissent  rayer  à  l'ongle  et  se  pulvérisent  sous  une 

pression  très  faible.  Par  la  simple  friction,  ils  se  ramollissent  ;  une 


24 


STANISLAS   MEUNIER.    —   SUBSTANCE    RESINEUSE. 


bougie  les  enflamme  et  dégage  une  odeur  résineuse  et  beaucoup  de 
fumée.  La  matière,  chauffés  dans  un  tube  fermé  sur  la  lampe  à  alcool, 
distille  et  laisse  un  résidu  charbonneux  considérable  ;  il  se  condense 
en  même  temps  une  eau  acide,  de  fines  gouttelettes  incolores,  dont 
une  partie  cristallise  par  refroidissement,  et  de  la  résine  blonde  très 
analogue  d'aspect  à  la  matière  primitive.  Elle  est,  surtout  à  chaud, 
Boluble  dans  l'alcool  d'où  l'eau  la  précipite.  Une  analyse  élémentaire 
y  a  trouvé  : 

Carbonet     ....      77  09 

Oxygène 12  11 

Hydrogène.    ...      10  80 

100  00 

C'est-à-dire  des  résultats  très  voisins  de  ceux  qui  concernent  la 
colophane. 

D'un  autre  coté,  l'examen  des  échantillons  conduite  l'opinion  qu'il 
s'agit  bien  réellement  d'un  apport  effectué  parle  météore. 

Sur  les  schistes,  l'enduit  est  en  couches  très  minces,  continues  par- 
fois sur  plusieurs  centimètres,  brunâtre,  souvent  noirâtre  très 
brillant;  il  a  pénétré  en  quelques  points  de  plusieurs  millimètres 
dans  les  joints  de  la  roche.  Il  arrive  que  cette  matière  offre  une  appa- 
rence fibreuse  très  remarquable.  On  peut,  à  la  pince,  en  arracher  des 
filaments  qui  donnent  l'idée  de  poils  et  de  cheveux  ;  mais,  chauffés 
but  une  lame  de  platine ,  ils  braient  sans  répandre  l'odeur  de  corne 
d'une  manière  sensible  et  les  irrégularités,  telles  que  nodosités,  qu'ils 
offrent  sur  leur  longueur,  montrent  qu'ils  consistent  en  résine  sim- 
plement filée.  A  la  surface  de  certains  fragments  schisteux  l'enduit 
est  tout  a  fait  discontinu  et  m  Onu-.  p;u  place,  réduit  a  l'état  de 


1886.  STANISLAS  MEUNIER.   —   SUBSTANCE    RÉSINEUSE.  25 

leur  faire  perdre  l'apparence  qu'ils  ont  sur  des  points  non  recou- 
verts par  l'enduit. 

Dans  tous  les  cas,  celui-ci  présente  des  bulles  très  petites  et,  à  sa 
surface,  font  saillie  des  fibres  entrecroisées.  Ces  fibres  dessinent  un 
réseau  qui  n'est  pas  sans  analogie  extérieure  avec  celui  que  montre 
la  croûte  de  diverses  météorites  et  spécialement  des  eukrites.  Il 
paraît  même  que  les  fibres  ne  sont  pas  simplement  à  la  surface  mais 
qu'elles  existent  dans  la  masse  de  la  substance  car,  ayant  mis  à  dis- 
soudre dans  l'alcool  une  lamelle  de  résine  prise  sur  un  schiste  et  pré- 
sentant une  parfaite  homogénéité  apparente,  j'y  ai  vu  se  révéler  des 
baguettes  et  des  aiguilles  qui  se  sont  dissoutes  à  leur  tour. 

Le  résidu  remarquablement  abondant  de  cette  dissolution,  offre  à 
l'examen  microscopique  une  identité  parfaite  avec  les  poussières  at- 
mosphériques si  bien  connues  maintenant.  On  y  voit  des  fragments 
organiques  variés  :  fibrilles  végétales,  paquets  de  cellules  dont  quel- 
ques-unes chargées  de  chlorophylle,  débris  d'animalcules,  poils, 
grains  minéraux,  les  uns  hyalins,  offrant  parfois  des  formes  cristal- 
lines, les  autres  opaques  et  arrondis  comme  les  corpuscules  ferru- 
gineux des  sédiments  neigeux  par  exemple,  etc.  Ce  sont  évidemment 
des  granules  agglutinés  par  la  résine  au  moment  où  elle  était  fluide  et 
qui  n'ont  pas  nécessairement  la  même  origine  qu'elle. 

Quant  à  celle-ci,  il  se  pourrait  que,  loin  d'être  absolument  nouvelle, 
elle  fut  simplement  le  premier  échantillon  conservé  d'une  matière 
déjà  entrevue  dans  une  série  de  circonstances.  La  plus  nette  est  peut- 
être  celle  que  mentionne  Robert  Boyle  (1)  et  qu'Arago  n'a  pas  man- 
qué de  citer  dans  sa  Noticesur  le  tonnerre  (2)  :  Le  21  juillet  1G81,  vers 
3  heures  de  l'après-midi,  le  vaisseau  Albermarl  naviguant  à  100  lieues 
du  cap  God,  fut  assailli  par  un  orage.  Un  coup  de  foudre  fut  suivi  de 
la  chute,  dans  la  chaloupe  même  suspendue  à  la  poupe  du  bâtiment, 
d'une  matière  bitumineuse  répandant  l'odeur  de  la  poudre  à  canon  et 
qui  se  consuma  complètement  bien  qu'on  essaya  de  l'éteindre  avec  de 
l'eau  ou  de  la  projeter  dehors  au  moyen  de  bâtons  :  «  A  bituminous 
mat  ter  smelling  like  gunpowdvr  and  continuing  to  burn  till  it  was  wholly 
consurrid\  they  cou'd  not  extinguish  it  by  ivater  and  attempting  to  dissi- 
pate  it  with  sticks  ». 

Un  autre  exemple  du  plus  haut  intérêt  a  été  récemment  rappelé  à 
cette  occasion  par  un  des  plus  savants  membres  de  l'Académie  des 
sciences,  M.  Trecul  (3).  Le  25  août  1880,  pendant  un  orage  avec  ton- 
nerre et  éclairs,  cet  observateur  vit  en  plein  jour  sortir  d'un  nuage 

(1)  The  philosophical  Works  of  the  honourablo.  H.  Boyle,  esq.,  t.  III,  p.  32,  1723. 

(2)  Œuvres  complètes  de  François  Arago,  t.  IV,  p.   220. 

(3)  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  Sciences,  t.  CIII,  p.  848,  nov.  1886. 


26  STANISLAS   MEUNIER.    —   SUBSTAHCE    HÉS1NKCSE.  8  SOT. 

sombre  un  corps  lumineux,  très  brillant,  légèrement  jaune  presque 
blauc,  de  forme  un  peu  allongée  avec  les  deux  bouts  brièvement 
■atténués  en  cônes.  Ce  corps  ne  Tut  visible  que  pendant  quelques  ins- 
tants; il  disparut  en  paraissant  rentrer  dans  le  nuage;  mais  en  se 
retirant  il  abandonna  une  petite  quantité  de  sasubstanceyui  tomba 
verticalement  comme  un  corps  grave,  comme  si  elle  eût  été  sous  la  seule 
influence  de  la  pesanteur.  Le  petit  corps  tombant  se  divisa  pendant 
sa  chute  et  s'éteignit  bientôt  après  lorsqu'il  était  sur  le  point  d'at- 
teindre le  baut  de  l'écran  formé  par  les  maisons. 

Dans  un  grand  nombre  de  cas  de  tonnerre  en  boule,  on  a  noté  de 
même  la  présence  de  substances  brûlant  plus  ou  moins  lente- 
ment (1)  et  répandant  l'odeur  du  soufre,  de  la  résine,  du  bitume  et 
parfois  dégageant  une  fumée  noire  (2).  La  suie  conservée  par  l'un 
des  morceaux  de  marbre  de  Luchon  montre  qu'ici  également  il  y  a 
eu  combustion  ;  une  cause  fortuite,  sans  doute  très  rare,  l'a  éteinte 
avant  la  disparition  de  toute  la  masse. 

Il  faut  même  ajouter  que  dans  le  fait  mentionné  par  Boyle,  la 
liaison  avec  le  tonnerre  semble  établie  par  la  désaimantation  de  la 
boussole  qui  accompagna  le  phénomène.  Aussi  dans  le  mémoire  cité 
plus  haut,  M.  Trécul  a-t-il  pu  dire  :  «  Il  peut  donc  exister  dans  cer- 
tains nuages  orageux  une  matière  en  fusion,  incandescente,  qui 
peut  tomber  sur  le  sol  en  se  divisant  dans  l'atmosphère  qu'elle 
traverse.  Quoique  dans  le  cas  dont  il  s'agit  ici,  la  chute  du  corps 
n'ait  pas  été  accompagnée  de  bruit  de  tonnerre,  il  me  semble  que  le 
fait  que  je  viens  de  rappeler  peut  être  rapproché  de  celui  qui  fut 
signalé  par  un  habitant  de  Luchon,  et  qu'il  est  bien  probable  que  la 
matière  résineuse  si  bien  étudiée  par  M.  Stanislas  Meunier,  provient 


1886.  SACCO.    —   LE  FOSSANIEN,    NOUVEL   ÉTAGE  PLIOCÈNE.  27 

sol  de  substances  plus  ou  moins  visqueuses,  poisseuses,  qui  figu- 
rent seulement  dans  les  catalogues  mais  qu'on  chercherait  en  vain 
dans  les  collections.  Ce  ne  sérail  pas  la  première  fois  que  des  corps 
météoritiques  auraient  été  d'abord  considères  comme  dérivant  delà 
foudre;  tous  ont  jadis  porté  le  nom  expressif  de  Ceraunia. 

Dans  tous  les  cas  et  quelle  que  soit  la  solution  définitivement  ré- 
servée à  cette  question,  la  substance  résineuse  recueillie  à  Luchon 
pendant  l'orage  du  28  juillet  1885  paraît  mériter  d'être  conservée 
comme  un  objet  d'un  intérêt  exceptionnel. 

Le  Secrétaire  présente  la  communication  suivante  de  M.  Sacco. 

Le  Fossanien 

nouvel  étage  du  Pliocène  d'Italie 

par  M.  F.  Sacco. 

Depuis  quelques  années  que  je  m'occupe  spécialement  de  l'étude 
des  terrains  tertiaires  de  l'Italie  septentrionale,  j'ai  toujours  trouvé 
non  seulement  utile  mais  absolument  nécessaire  d'abandonner  les 
anciennes  divisions  (Eocène,  Miocène  et  Pliocène)  de  Lyeli  et  d'a- 
dopter à  leur  place  les  subdivisions  ultérieurement  proposées  par  les 
géologues  modernes,  surtout  par  Ch.  Mayer-Eymar;  en  elfet,  d'après 
mes  études  sur  le  terrain,  j'ai  vu  ces  derniers  correspondre  non 
à  de  simples  faciès  locaux,  mais  à  de  véritables  horizons  géologiques 
se  suivant  pendant  des  centaines  de  kilomètres  soit  avec  le  môme 
faciès,  soit  avec  des  faciès  un  peu  variés. 

Ceci  pour  les  divisions  générales.  Quant  à  plusieurs  des  subdivi- 
sions plus  détaillées  proposées  par  le  môme  géologue  pour  les  ter- 
rains tertiaires,  quoiqu'elles  présentent  une  importance  locale,  je  ne 
crois  pas  possible  de  les  admettre  comme  de  véritables  étages  soit  à 
cause  de  leur  manque  d'importance,  en  général,  soit  par  suite  de 
leur  caractère  trop  peu  tranché,  soit  enfin  parce  qu'elles  ont  été  sug- 
gérées par  des  phénomènes  locaux. 

Mais  si,  comme  je  viens  de  le  dire,  à  la  suite  d'études  détaillées 
que  je  poursuis  sur  le  terrain,  dans  l'Italie  septentrionale,  je  ne  crois 
pas  acceptables  quelques-unes  des  subdivisions  secondaires  propo- 
sées par  Mayer  pour  les  terrains  tertiaires,  par  contre,  j'ai  constaté 
l'existence  dans  l'examen  des  terrains  pliocènes  supérieurs  qui  cons- 
tituent une  part  si  importante  du  tertiaire  italien,  d'un  horizon  tout 
à  fait  spécial  tant  par  ses  caractères  paléontologiques  que  par  sa 
nature  lithologique;  cet  horizon  n'a  pas  été  encore  indiqué  d'une 
façon  spéciale  par  les  géologues  et,  par  son  importance  en  exten- 


28  SACCO.    —   LE   FOSSANIEN,    NOUVEL   ÉTAGE    PLIOCÈNE.  8   IlOV. 

sion  et  en  puissance,  doit  constituer,  à  mou  avis,  un  étage  spécial 
qui  vient  ainsi  compléter  la  magnifique  série  des  étages  tertiaires 
d'Italie,  et  principalement  de  l'Italie  septentrionale. 

Je  suis  d'ailleurs  obligé  d'établir  cet  étage  nouveau  puisque, 
dans  les  cartes  géologiques  à  grande  échelle,  dont  j'ai  commencé  la 
publication  pour  les  terrains  tertiaires  du  Piémont,  j'ai  cru  néces- 
saire de  distinguer  avec  une  nuance  et  un  nom  particuliers,  cet 
horizon  que  je  me  propose  de  décrire  ici. 

Jusqu'à  présent  les  terrains  pliocenes  d'Italie  ont  été  généralement 
divisés,  comme  on  le  sait,  en  un  horizon  inférieur  ou  Plaisantien 
presque  toujours  de  mer  profonde  et  en  un  horizon  supérieur 
ou  As  tien  de  mer  moins  profonde  ;  on  voit  souvent  superposés  à 
YAstien  des  dépôts  lacustres  —  fluviaux  (considérés  comme  plioce- 
nes par  quelques-uns  et  comme  quaternaires  par  quelques  autres) 
qui  ont  reçu  le  nom  de  Villa  franchien,  ou  de  Pleislocène,  de  Cro- 
mérien,  ou  û'Alluvions  pliocenes,  etc.  ;  enfin  sur  ces  derniers  dépots 
on  voit  se  développer  les  véritables  terrains  quaternaires. 

Or,  quand  j'ai  commencé  l'étude  détaillée  du  Pliocène  dans  le 
Piémont  et  principalement  dans  la  vallée  de  la  Stura  de  Cuneo,  j'ai 
pu  déjà  constater  que  dans  les  environs  de  la  ville  de  Fossano, 
où  se  fait  le  passage  entre  les  sables  jaunes  marins  de  YAstien  et 
les  dépôts  lacustres  —  fluviaux  du  Viltafranchien,  existait  un  horizon 
assez  puissant,  constitué  par  des  sables  gris-jaunâtres  passant  à  des 
lits  sablonneux  et  à  des  marnes  argileuses  également  gris-jaunâtres 
avec  des  fossiles  appartenant  exclusivement  aux  genres  Ostrea,  Ba- 
lanus,  Cardium  et  Ceritkium,  etc. 

Naturellement  je  crus  d'abord  à  un  fait  local  ou  seulement  à  un 
simple  horizon  de  partage  qui,  quoique  ayaut  une  certaine  extension 
(puisque  je  n'ai  pu  le  constater  partout  entre  Titien  et  le  Villafranchien 
dans  la  vallée  de  la  Stura  de  Cuneo)  n'aurait  pas  eu,  cependant, 
une  importance  pour  le  Pliocène  en  général;  par  conséquent 
je  le  compris  pour  la  plus  grande  partie  dans  YAstien  dans  le 
Mémoire  (1)  que  je  publiai  sur  la  géologie  de  celte  vallée,  tout  en 
indiquant  ces  dépôts  spéciaux  d'origine  littorale  et  saumâtre.  Dans  la 
suite,  cependant,  à  mesure  que  j'étendais  mes  études  dans  les  autres 
parties  du  Piémont,  je  voyais  cet  horizon  spécial  acquérir  toujours 
plus  de  puissance  et  d'extension.  Souvent  il  s'individualisait  mieux  et 
se  séparait  plus  facilement  des  sables  jaunes  marins  du  véritable 


(i)  F.  Sacco.   La  valle  délia  Stura  di  Cuneo  dal  ponte  dell'Olla  a  Bra  e  Che- 
raseu.  {Atti  Soc.  itat.  di  Scienze  Nat.,  vol.  XXIX,  IBM.) 


1886.  SACCO.    —   LE    FOSSANIEN,    NOUVEL   ÉTAGE    PLIOCÈNE.  29 

Aslien  que  des  dépôts  supérieurs  marneux  et  sablonneux  du  Villa» 
franchien. 

Ainsi,  j'eus  l'occasion  de  voir  cet  horizon  à  faciès  saumâtre  prendre 
un  grand  développement  dans  les  collines  de  Bra,  de  Pocapaglia,  de 
Sommariva  Perno,  de  Baldissero  d'Alba,  de  Montaldo  Roero,  de 
Monteu  Roero,  de  San  Stefano  Roero,  de  Monta,  etc.,  et  puis,  vers 
Asti,  se  rétrécir  de  nouveau  peu  à  peu  et  se  réduire  à  des  bancs  de 
peu  d'épaisseur. 

Ces  bancs  servent  à  séparer  VAstien  des  dépôts  superposés  du 
Villa  franchien,  jusqu'à  ce  que,  dans  plusieurs  régions,  ce  dernier  ter- 
rain faisant  défaut,  on  voit  les  graviers  et  les  sables  de  l'horizon 
en  question  couronner  les  collines  sablonneuses  de  l'As  tien,  se 
perdant  enfin  à  leur  tour,  vers  le  Nord  et  vers  le  Sud,  à  une  certaine 
distance  des  dépôts  villa franchiens. 

Puis,  à  l'est  des  collines  d'Asti  où  le  Villafranchien  redevient  plus 
puissant,  reparaît  encore  ce  même  horizon,  avec  son  faciès  et  ses 
fossiles  caractéristiques.  Il  s'épaissit  graduellement  vers  Felizzano, 
Annone,  Quattordio,  Maszio,  Incisa-Belbo,  Gastelnuovo-Belbo,  etc., 
parvient  à  acquérir  une  très  grande  puissance  près  de  Mombaruzzo 
et  Cassine,  pour  s'amoindrir  de  nouveau  vers  Gastelnuovo,  Bormida, 
Gapriata  d'Orba,  etc.  Près  de  Tassarolo,  il  se  perd  complètement  et 
n'apparaît  plus  que  par  bandes  de  peu  d'importance  près  de  Villa- 
vernia. 

Je  viens  d'indiquer,  sommairement,  le  développement  notable 
(environ  150  kilomètres  )  de  cet  horizon  spécial  dans  le  Piémont,  où 
j'ai  pu  Tétudier  très  minutieusement. 

Mais  si  nous  observons  les  dépôts  pliocènes  en  dehors  du  Piémont, 
nous  trouvons  souvent,  dans  la  partie  supérieure  de  VAstien,  des  lits 
de  sable  et  de  gravier  avec  des  fossiles  saumâtres  et  littoraux  qui, 
ne  pouvant  se  confondre  avec  VAstien  typique,  ne  peuvent  non 
plus  être  attribués  à  l'étage  Villafranchien  qui  doit,  je  pense,  repré- 
senter spécialement  les  dépôts  lacustres  et  fluviaux  du  Pliocène  su- 
périeur. 

Or,  si  dans  les  terrains  pliocènes  supérieurs  de  l'Italie  en  général, 
et  du  Piémont  en  particulier,  nous  trouvons  un  horizon  spécial  qui, 
tout  en  se  liant  étroitement,  supérieurement  au  Villafranchien  et 
inférieurement  à  VAstien,  se  distingue  cependant  assez  bien  de  l'un 
et  de  l'autre,  soit  par  les  fossiles,  soit  par  sa  nature  même,  je  crois 
opportun  de  l'individualiser  et  d'en  constituer  un  sous-étage  spécial. 
Je  propose  le  nom  de  Fossanien  pour  ce  sous-étage,  d'après  la  ville  de 
Fossano  où  j'ai  pu,  pour  la  première  fois  l'étudier  et  le  reconnaître, 


30  SACCO.     —    LE   FOSSAHIEIf,   NOUVBL   ÉTAGE    l'LIOCÉSK.  8   nOV. 

et  où  il  se  présente  assez  fossilifère,  typique,  et  aisément  observable, 
surtout  dans  les  gorges  profondes  du  torrent  Yeglia. 

L'on  m'objectera  peut-être  qu'il  n'est  pas  opportun  d'établir  un 
nouveau  sons-étage  pour  un  horizon  qui,  tout  en  étant  généralement 
assez  développé,  vient  pourtant  à  manquer  de  temps  a  autre,  de  sorte 
que  l'on  pourrait  plutôt  le  renfermer  dans  la  série  des  phénomènes 
locaux.  Je  dois  pourtant  faire  observer,  à  cet  égard,  qu'avant  tout,  je 
n'entends  pas  généraliser  ce  sous-étage  pour  le  Pliocène  de  tous  les 
pays,  mais  spécialement  pour  le  Pliocène  italien  subapennin. 

J'ajouterai  que  presque  tous  les  étages  tertiaires  de  Mayer  (comme 
d'ailleurs,  presque  tous  les  étages  géologiques),  même  très  déve- 
loppés dans  certaines  régions,  se  réduisent  et  souvent  même  dispa- 
raissent dans  les  régions  voisines,  pour  reparaître  peu  après,  sans 
que  ces  différences  locales  rendent  ces  étages  inacceptables. 

Pour  ne  citer  qu'un  exemple  de  terrains  qui,  sous  certains  rap- 
ports, ressemblent  au  Fotsanien,  je  puis  indiquer  le  Meainien, 
dépôt  en  général  également  saumfltre  et  littoral.  Dans  certaines 
régions,  il  se  développe  énormément,  de  manière  à  dépasser  de 
beaucoup  cent  mètres  d'épaisseur  et,  dans  des  régions  peu  éloignées, 
il  se  réduit  à  quelques  mètres  ou  disparaît  môme  complètement 
pour  reparaître  peu  après.  Gela  provient  non  seulement  des  oscilla- 
tions locales  du  sol,  mais  principalement  de  la  distribution  des  cou- 
rants d'eau  qui  venaient  déboucher  dans  les  lagunes  messiniennes 
et  qui,  par  le  transport  des  sables,  des  graviers  et  des  cail- 
loux, amoncelèrent  dans  .certains  points  des  dépôts  puissants, 
tandis  qu'en  même  temps,  dans  des  points  peu  éloignés,  il  se  dé- 
posait seulement  quelques  mètres  de  marnes,  dans  des  eaux  Iran- 


1886.  SACGO.    —    LB   FOSSANIEN,   NOUVEL   ÉTAGE  PLIOCÈNE.  31 

base  septentrionale  des  Langhe,  entre  Canale  et  Mombercelli  sont 
dues  au  défaut  de  cours  d'eau  importants  qui,  à  l'époque  pliocène, 
aussi  bien  qu'actuellement  (exception  faite  du  Tanaro  qui  a  changé 
son  cours),  descendaient  vers  ces  régions. 

Des  exemples  pareils  à  ceux  que  je  viens  d'indiquer  pour  le  Pié- 
mont pourraient  être  signalés  par  centaines  au  pied  des  Apennins 
où  se  développe  le  Pliocène,  puisque  le  faciès  fossanien  se  présente 
presque  toujours  là  où  des  fleuves  puissants,  descendant  de  l'Apen- 
nin, venaient  déboucher  dans  la  mer  pliocène. 

Dans  certaines  régions  cependant,  l'absence  du  Fossanien  à  la 
partie  supérieure  du  Pliocène  ne  provient  pas  de  l'absence  de  puis- 
sants cours  d'eau  pliocènes,  comme  je  viens  de  le  dire,  mais  du  fait 
contraire  ou  bien  du  voisinage  des  dépôts  pliocènes  au  pied  des 
Alpes,  d'où  descendaient  des  courants  énormes,  ou  bien  encore 
d'un  soulèvement  local  plus  puissant. 

Dans  les  deux  premiers  cas,  l'on  comprend  aisément  comment,  pen- 
dant le  retrait  graduel  de  la  mer  dans  la  seconde  moitié  de  l'époque 
pliocène,  époque  à  laquelle  il  y  avait  des  fleuves  très  puissants  (par 
suite  du  voisinage  des  Alpes  ou  à  cause  de  la  réunion  des  eaux  sui- 
vant des  directions  spéciales),  les  terrains  sablonneux  marins  de 
YAstien  ont  dû  être  recouverts  directement  par  les  dépôts  lacustres- 
fluviaux  du  Villafranchien  sans  qu'une  période  lagunaire  ait  pu  se 
constituer  et  sans  que  les  dépôts  saumâtres  ou  littoraux  du  Fossa- 
nien pussent,  par  conséquent,  se  former. 

Ce  fait,  nous  l'observons  très  bien  soit  dans  les  environs  de  Mo- 
rozzo,  dans  le  haut  Piémont,  à  cause  des  eaux  du  Gesso  et  du 
Pesio,  soit  dans  les  environs  de  Novi  Ligure,  Villavernia,  etc.,  à 
cause  des  cours  d'eau  de  la  Scrivia.  On  constate  même  dans  ces 
deux  régions  où  le  grand  développement  du  Villafranchien  em- 
pêcha non  seulement  la  formation  du  Fossanien,  mais  encore  de 
YAstien  marin.  On  voit  donc  en  ces  points  le  Villafranchien  reposer 
directement  sur  le  Plaisantien. 

Dans  le  troisième  cas,  il  est  facile  de  comprendre  comment  là  où 
vers  la  fin  de  l'âge  pliocène,  eut  lieu  un  rapide  soulèvement,  les 
régions  occupées  auparavant  par  la  mer  astienne  se  changèrent  en 
peu  de  temps  en  régions  lacunaires,  entrecoupées  par  des  cours 
d'eau  irréguliers  qui  formèrent  les  dépôts  villa franchiens  sans  qu'il 
se  put  constituer  la  phase  moyenne  de  maremmes  qui,  ailleurs,  fut 
Forigine  des  dépôts  fossaniens. 

De  toute  manière,  le  Fossanien,  qui,  sous  certains  rapports,  sur- 
tout par  son  absence  dans  quelques  régions,  semblerait  seulement 
un  dépôt  local,  apparaît  comme  un  horizon  assez  constant,  et  digne, 


32  SACCO.    —   LE    POSSANIBH,    NOUVEL   ÉTAGE   PLIOCÈNE  8   DOV. 

par  conséquent,  de  constituer  un  sous-étage  dans  la  série  des  terrains 
pliocènes,  du  moios  en  Italie. 

Pour  avoir  une  idée  plus  claire  de  cet  étage,  nous  indiquerons 
graphiquement  la  position  du  Fossankn  par  rapport  aux  dépôts 
supérieurs  et  inférieurs,  en  passant  graduellement  (de  a  k  b)  des 
régions  qui,  dans  la  seconde  moitié  de  l'époque  pliocène,  étaient 
plus  éloignées  du  débouché  des  cours  d'eau,  à  celles  qu'arrosaient 
des  fleuves  importants  ou  qui  subirent  un  soulèvement  plus  rapide  à 
la  fin  de  la  période  p  faisan  tienne. 


Ayant  établi  ainsi  le  sous-étage  Fostanien,  il  est  nécessaire  de 
donner  les  caractères  lithologiques  et  paléontologiques  qui  le  dis- 
tinguent avec  un  peu  plus  de  précision  que  je  ne  l'ai  encore  fait  jus- 
qu'ici. 

Comme  les  terrains  tertiaires  constituant  le  Fossanien  sont  tou- 
jours des  dépôts  littoraux  ou  lagunaires,  leur  nature  varie  un  peu 
d'une  région  à  l'autre,  selon  les  circonstances  multiples  dans  les- 
quelles ils  se  formèrent. 

Sans  entrer  dans  un  examen  local  détaillé  qui  serait  trop  long  et 


4886.  SACCO.    —  LE   FOSSANIEN,    NOUVEL   ÉTAGE   PLIOCÈNE.  33 

L* ensemble  des  bancs  indiqués  dans  le  n°  1  est  évidemment  une 
formation  littorale  produite  sous  l'influence  du  mouvement  des 
ondes.  Sa  puissance  varie  beaucoup  selon  la  durée  de  la  pbase  dans 
laquelle  ces  couches  se  sont  formées  et  selon  la  quantité  des  maté- 
riaux transportés  par  les  courants  terrestres  ou  par  les  courants 
marins  ;  souvent,  c'est  dans  ces  bancs  qu'on  observe  le  mélange  de 
fossiles  de  littoral  plus  ou  moins  remaniés  avec  des  fossiles  terrestres 
transportés  par  les  courants. 

Les  couches  désignées  sous  le  n°2,  indiquent  un  plus  grand  soulè- 
vement du  fond  de  la  mer  et  par  conséquent  un  plus  grand  voisinage 
de  la  côte.  Nous  y  notons  la  disparition  de  presque  tous  les  animaux 
marins,  excepté  ceux  qui  peuvent  vivre  dans  de  l'eau  un  peu  sau- 
mâtre  ;  on  y  trouve  souvent  des  bancs  plus  ou  moins  étendus 
d'huîtres,  quelquefois  mêlées  ou  même  adhérentes  à  des  restes 
d'animaux  terrestres,  qui  ont  été  transportés  par  des  courants  terres- 
tres ou  qui  ont  été  rejetés  sur  la  plage  par  les  ondes  marines. 

Les  bancs  n°  3,  atteignent  quelquefois  une  grande  puissance, 
d'autres  fois,  au  contraire,  ils  sont  très  réduits  ou  bien  manquent  com- 
plètement. Us  sont  caractérisés  soit  par  leurs  nuances  bigarrées,  soit 
par  leur  composition  argileuse.  Leur  nature,  et  les  huîtres  très  rares 
qu'on  y  rencontre  quelquefois,  nous  indiquent  qu'ils  se  sont  déposés 
dans  des  régions  qui,  à  cause  du  soulèvement  graduel  des  continents, 
se  sont  changées  en  lagunes,  plus  ou  moins  grandes,  communiquant 
plus  ou  moins  largement  avec  la  mer.  Elles  étaient  en  général  sépa- 
rées les  unes  des  autres,  très  irrégulières  et  souvent  sujettes  à  des 
changements  notables  dans  la  forme  et  dans  la  proportion  d'eau 
salée.  On  y  trouve  très  rarement  des  restes  d'animaux  terrestres. 

Dans  les  bancs  n°  4,  nous  n'avons  que  des  dépôts  de  passage  qui 
nous  indiquent  l'avancement  rapide  des  courants  terrestres  sur 
les  marécages  pliocènes,  la  disparition  de  toute  vie  marine  et  le  com- 
blement graduel  du  marécage  même  par  les  dépôts  fluviaux. 

Le  banc,  assez  constant,  désigné  sous  le  n°  5,  sert  de  terme  de 
passage  entre  le  Fossanien  et  le  Villa  f ranch  ien.  Dans  certaines  ré- 
gions ce  banc  prend  l'aspect  d'un  véritable  delta  sous-marin  et  nous 
indique  que,  vers  la  fin  de  l'époque  pliocène,  probablement  à  cause 
d'une  précipitation  atmosphérique  prolongée,  les  courants  conti- 
nentaux prirent  un  développement  extraordinaire,  comblant  ainsi, 
presque  subitement,  avec  leurs  alluvions  de  graviers  et  de  cailloux, 
les  marécages  qui  existaient  encore,  et  substituant  définitivement 
un  régime  continental  à  la  vie  marine. 

Mais  si  le  schéma  général  du  Fossanien  se  constitue  de  cette  ma- 
nière dans  les  régions  où  la  série  des  couches  qui  le  composent  est 

XV  3 


34  SACCO.    —   LE    FOSSAKIBH,    NOUVKL    ÉTAGE   PLIOCÈNE.         8   DOT. 

plus  complète  et  mieux  divisible  (comme  entre  Monta  et  Ceresole 
d'Alba  dans  le  haut  Piémont),  par  contre,  ailleurs,  même  lorsqu'il 
est  puissamment  développé,  la  disposition  et  la  relation  des  bancs 
indiqués  se  présente  différemment. 

Où  cet  étage  est  presque  exclusivement  représenté  par  des  dépôts 
de  graviers  et  de  cailloux  jaunâtres,  comme  prés  de  Mombarruio 
dans  l'As  tien,  ou  bien  encore  il  se  présente  en  grande  partie  cons- 
titué de  marnes  argileuses  bigarrées,  c'est-à-dire  de  dépôts  tran- 
quilles de  marécages.  Quand  le  Fvtsanien  est  très  réduit,  il  est 
presque  uniquement  représenté  par  de  minces  couches  de  graviers 
jaunâtres  qui  se  rattachent  inférieu rement  aux  sables  de  VAstien  et 
se  trouvent  presque  directement  sous  les  marnes  argileuses  jaune-ver- 
dltre  du  Villafranchien. 

Quant  aux  caractères  paléontologiques  du  Fossanien,  ils  sont  natu- 
rellement quelque  peu  différents  dans  les  diverses  localités  selon 
les  dépôts  qui  le  constituent  :  mais,  me  rapportant  en  général  à  la 
coupe  que  je  viens  d'indiquer  comme  typique,  nous  pouvons  faire  les 
observations  suivantes  : 

En  général,  on  trouve  dans  les  bancs,  I,  superposés  directement 
à  Y  As  tien  typique,  la  plus  grande  quantité  des  fossiles  du  Fossanien. 
C'est  justement  dans  ces  dépôts  de  plage  que  s'enfouissaient  beau- 
coup de  reste  de  Mollusques  marins  qui,  ou  vivaient  près  du  littoral, 
ou  venaient  transportés  des  bas-fonds  voisins  par  les  courants  ma- 
rins et  abandonnés  sur  la  plage.  En  général,  cependant,  il  s'agit  de 
coquilles  assez  corrodées  ou  cassées  qui  indiquent  le  ballottement 
subi  par  elles  avant  leur  enfouissement. 

Parmi  les   formes   les  plus  communes  dans   ces  couches,   info- 


1886.  SACCO,    n-  W  ft)$SANIEV,   NOUVEL   ËTAftS   PUOGÊNB.  jtf 

Outre  pes  Mollusques,  on  trouve  assez  souvent  des  restes  de  Balgr 
Ridées,  appartenant  spécialement  au  Balanus  stellaris,  Br.  et  Balanus 
$ulcatus%  Brug.»  ainsi  que  quelques  restes  de  Vertébrés  marins  qui, 
Après  4e  long  remaniements!  furent  jetés  et  abandonnés  sur  le  lit- 
toral de  U  mer  pliocène  au  commencement  de  la  période  fouanienne. 

11  faut  enfin  remarquer  que,  bien  que  des  restes  assez  rares  de  Ver- 
tébrés terrestres  se  trouvent  parfois  môme  dans  les  sables  de  V  As  tien 
marin  typique,  U  est  cependant  beaucoup  plus  commun  de  trouver 
des  restes  de  gros  Mammifères  terrestres,  comme  :  Mastodon  arr 
vernensis,  M.  Borsorti,  Elephas  méridionale,  Rhinocéros,  Hippopotames 
§tc,  dans  ce  premier  banc  du  Fossanien,  avec  les  fossiles  marins  eir 
dessus  indiqués. 

Je  dois  noter  à  ce  propos  que  le  prof.  fi.  Gastaldi  et  d'autres  géor 
logues  ont  expliqué  ce  mélange  de  fossiles  marins  un  peu  remaniés 
avec  des  fossiles  terrestres,  en  supposant  que  les  fleuves  qui  trans- 
portaient les  restes  des  gros  Mammifères  terrestres,  courant  sur  les 
sables  marins  fossilifères  de  V  As  tien  déjà  émergés,  les  érodant  et 
remaniant  leurs  fossiles,  ont  déposés  à  une  certaine  distance  les  fos- 
siles terrestres  irrégulièrement  mélangés  avec  les  restes  marins. 

J'explique  pour  ma  part  différemment  ce  fait;  je  suppose  que  des 
restes  de  Mollusques  marins,  ayant  vécu  dans  le  voisinage  et  plus  oi| 
moins  ballottés  par  les  eaux,  venaient  se  déposer  près  du  littoral  plio* 
cène.  Là  venaient  aussi  quelquefois  se  déposer,  abandonnés  par  les 
courants  marins  et  battus  par  les  ondes,  les  restes  de  gros  Mammi- 
fères transportés  par  quelque  fleuve.  Pour  prouver  la  vérité  de  celtç 
explication  il  suffit  de  rappeler  qu'on  a  déjà  trouvé  dans  cet  horizon 
des  dents  de  Mastodontes  auxquels  adhéraient  des  huîtres. 

Dans  la  réunion  des  bancs  désignés  sous  le  n°  2  on  constate  l'ab- 
sence de  presque  tous  les  fossiles  marins  ;  mais  il  s'y  trouve  pourtant 
encore  en  abondance  les  bancs  é'Ostrea  eduïus,  Linn.,  var.,  avec  quel- 
ques de  Balanus  stellaris  Br.  et  des  restes  assez  fréquents  de  gros 
Mammifères  terrestres. 

Dans  les  couches  3,  les  restes  organiques  sont  peu  nombreux  et 
limités  à  quelques  rares  exemplaires  d'Ostria  edulis,  Linn.  ;  les  cou- 
rants terrestres  arrivaient  rarement  à  transporter  dans  ces  maré- 
cages fossaniens  les  restes  organiques  qui,  en  général,  étaient  obli- 
gés de  se  déposer  auparavant. 

Par  contre  dans  les  bancs  désignés  sous  le  n°  4,  les  fossiles  marins 
manquent  complètement;  mais  on  y  trouve  parfois  des  restes  d'ani- 
maux ou  de  plantes  terrestres,  souvent  transformés  en  limonite  ou  en 
silex.  Ces  restes  manquent  presque  partout  dans  le  dépôt  torrentiel 
du  n°  5,  sur  lequel  enfin  reposent  les  terrains  d'origine  fluvio-lacustre 


36  SALVADOR    CALDEROM.  —  ÉTUDES  DE    PHYSIQUE   GÉOLOGIQUE.    8  DOT. 

du  Villafranchien  avec  des  fossiles  terrestres  et  lacustres  abondants. 

Il  y  aurait  encore  beaucoup  à  dire  sur  ce  terrain  Fotsanien  mais  il 
me  suffit  actuellement  d'en  avoir  tracé  les  lignes  générales  et  tes 
principaux  caractères  lithologiques  et  paléonlologiques,  me  réservant 
par  la  suite  d'y  faire  des  études  particulières,  surtout  par  rapport  à 
la  région  piém  on  taise. 

J'espère  cependant  que,  même  avec  cette  description  sommaire, 
les  géologues  voudront  accepter  ce  nouveau  sous-étage,  ce  qui 
facilitera  la  description  des  terrains  pliocènes  supérieurs. 

Quand  cet  horizon  de  marécage  sera  indiqué  également  sur  les  cartes 
géologiques  à  grande  échelle,  il  fera  comprendre,  au  premier  coup 
d'œil,  les  conditions  dans  lesquelles  se  trouvaient  les  diverses  ré- 
gions subapennines  à  la  fin  de  l'époque  pliocène  et  le  développement 
des  courants  continentaux  qui  venaient  déboucher  dans  la  mer  de 
cette  époque. 

Pour  résumer  ce  que  je  viens  de  dire,  je  crois  nécessaire  de  pré- 
senter dans  le  tableau  suivant  la  série  complète  des  terrains  plio- 
cènes de  l'Italie. 


'li;iLl:.UNS    QL'ATKHXAIIŒS 


1886.   SALVADOR  CALDERON.  —  ÉTUDES  DE  PHYSIQUE  GÉOLOGIQUE.    37 

diés  ou  dispersés  dans  la  météorologie,  la  physique  et  la  géologie 
dynamique;  cet  ensemble  correspondrait  à  la  physique  géologique. 
A  cette  branche,  qui  serait  peut-être  tout  aussi  importante  que  la  chi- 
mie géologique,  déjà  fort  développée,  incomberait  la  recherche  d'une 
foule  de  manifestations  particulières  du  dynamisme  terrestre,  en  ou- 
tre des  grandes  questions  qui  forment  le  trait  d'union  entre  la  météo- 
rologie et  la  géologie. 

Je  vais  résumer  ici  certains  problèmes  dont  j'ai  tenté  l'explication 
et,  bien  que  quelques-uns  aient  été  publiés  comme  notes  isolées  dans 
différentes  revues,  je  crois  que  leur  ensemble  pourrait  servir  à  mon- 
trer le  but  de  ce  que  j'appelle  la  physique  géologique. 

Bufadbros.  —  Sous  ce  nom,  on  connaît  aux  iles  Canaries  un  phé- 
nomène curieux,  peu  étudié  et  encore  mal  expliqué.  Viera  y  Glavijo, 
dans  son  Diccionario  de  Historia  natural  de  las  islas  Canarias,  le  décrit 
en  ces  termes  : 

ce  Bufadero.  {Mugitus  maris  salientis).  Nom  que  l'on  donne  dans  nos 
îles  à  certains  jets  d'eau  de  mer  dans  quelques  ravins  qui  les  entou- 
rent. Ce  jeu  de  la  nature  est  dû  à  certaines  cavernes  dont  le  toit  pré- 
sente une  ouverture  ;  quand  les  vagues  y  pénètrent  avec  violence  et 
en  remplissent  toute  rentrée,  l'air  comprimé  déploie,  un  moment 
après,  toute  son  élasticité  et  lance,  par  la  dite  ouverture,  avec  un 
mugissement  terrible  (bufido)  un  superbe  jet  d'eau,  pulvérisée  en 
grande  partie.  Cet  admirable  jet,  répété  à  chaque  coup  de  mer  et 
coloré  parfois,  par  le  soleil,  de  couleurs  irisées,  présente  un  spectacle 
magnifique. 

»  Les  bufaderos  les  plus  nombreux  et  les  plus  connus  sont  :  celui 
qui  existe  entre  le  rivage  de  Santa-Cruz  et  la  vallée  de  San-Andrés; 
celui  de  l'endroit  nommé  Los  Silos;  tous  deux  àTénériffe;  et  celui 
qui  est  près  Melenera  sur  la  côte  de  Telde,  à  Canada.  » 

J'ai  eu  l'occasion  d'observer  d'autres  bufaderos  sur  quelques  autres 
points  de  la  côte,  pendant  mon  séjour  aux  îles  Canaries  et  je  n'ai 
pas  trouvé  satisfaisante  l'explication  précédente  de  ce  phénomène 
(l'unique  à  ma  connaissance).  J'ai  expliqué  le  mécanisme  du  bufadero 
par  le  même  principe  que  celui  sur  lequel  repose  l'appareil  nommé 
bélier  hydraulique  (1).  En  effet,  la  première  partie  de  la  vague,  heur- 
tant la  paroi  de  fond  de  la  grotte,  est  suivie  d'une  autre  qui  vient 
la  comprimer  rapidement  avec  violence.  D'après  le  principe  de 
Pascal,  elle  doit  transmettre,  en  reculant,  cette  pression  avec  égalité, 
dans  toutes  les  directions  sur  des  surfaces  égales,  mais  les  masses 


(1)    Anal,  de  la  Soc.  espaû.  de  Hisl.  nat.,  t.  IV.  1875.  (Note  dans  les  Comptes 
rendus}. 


38  SALVADOR  GALoenon.  -1  êtudbSde  physique  séolooiqob.  8  nov, 
liquides  sujettes  &  cas  pressions,  ne  pouvant  pas  reculer  par  suite 
de  l'entrée  dans  la  caverne  de  nouvelles  lames,  doivent  se  précipiter 
avec  violence  par  l'orifice  supérieur  de  le  grotte.  C'est  ainsi  qui 
s'élève,  à  intervalles  réguliers  et  quelques  moments  après  l'entrée 
de  la  vague  duns  la  caverne,  le  magnifique  jet  qui  ressemble  de  loin 
à  an  geyser»  par  son  aspect,  sa  périodicité  et  le  nuage  d'eau  pulvé* 
risée  qui  l'entoure. 

Ge  phénomène  est  en  rapport  avec  la  nature  et  la  structure  des 
roches  volcaniques,  et  surtout  basaltiques,  dans  lesquelles  la  grotte 
est  creusée,  parce  qu'il  faut  que  ses  surraces  soient  tout  à  fait  unies, 
surtout  dans  la  paroi  postérieure.  Voilà  pourquoi  les  bufaderot  sont  si 
caractéristiques  de  ces  Iles  dont  les  puissantes  falaises  se  laissent 
polir  d'une  façon  parfaite. 

Circulation  Des  éléments  h  m  éra  logique  s  sur  les  côtes  des  Iles 
Canaries.  — Une  des  questions  les  plus  importantes  concernant  la 
physique  géologique  est  celle  de  la  circulation  des  éléments  mobiles 
de  la  surface  du  globe,  tant  des  vapeurs  et  des  liquides  que  des  soli* 
des  (poussières  et  sables).  Mais  la  doctrine  de  la  circulation  terrestre 
étant  partagée  entre  la  météorologie  el  la  géologie  n'est  pas  encore 
bien  établie. 

Un  exemple  des  rapports  entre  Ces  différentes  circulations  est  celui 
que  je  vais  exposer. 

On  sait  depuis  longtemps  que  la  décomposition  des  roches  conti- 
nentales insolubles  donne  des  produits  qui,  triés  par  la  mer,  sont 
réduits  à  des  sables  et  des  galets  près  de  la  cote,  et  que,  plus  loin, 
se  déposent  les  parties  plus  fines  el  argileuses.  On  sait  aussi  que, 
dans  plusieurs  endroits  des  continents,  la  mer  renvoie,  par  voie 


1886.         SALVADOR   CALDERON.  —  ÉTUDES  DE   PHYSIQUE   GÉOLOGIQUE.        39 

Calcaire 45 

Feldspath *3 

Pyroxène 15 

Amphibole. 10 

Fer  oxyda  lé,  maguétite,  etc 5 

100 

Le  calcaire  est  un  ensemble  de  petits  fragments  de  coraux,  éponges, 
coquilles  et  d'oolithes.  Les  autres  minéraux,  qui  offrent  l'aspect  que 
j'ai  décrit  dans  mon  étude  sur  les  roches  du  pays  (1),  sont  évidem- 
ment d'origine  volcanique. 

Jenepeux  pas,  dans  cette  courte  notice,  entrer  dans  le  détail  des 
faits  et  des  circonstances  que  j'ai  dû  remarquer  pour  pouvoir  expli- 
quer le  phénomène  qui  âe  produit  sur  les  côtes  canariennes.  Je  me 
borne  à  indiquer  que  les  îles  en  question  sont  sujettes  à  un  mouve- 
ment continuel  d'élévation.  Les  grès,  espèce  de  tufs  volcaniques  qui 
se  forment  près  la  côte  occidentale,  sont  ainsi  élevés  et  soumis  à  Fac- 
tion des  vagues  qui  les  réduisent  en  poussière  ;  cette  poussière  est 
entraînée  par  ls  vent  et  constitue  les  matériaux  de$  dunes.  De  la  sorte 
la  voie  fluviatile  amène  à  la  mer  des  fragments  de  roches  volcaniques 
qui  sont  pulvérisés,  mêlés  à  des  débris  de  coquilles,  de  Mollusques, 
des  Bryozoaires  et  des  Foraminifères  et  qui  se  consolident  sous  forme 
de  grès.  Ces  sédiments  relevés,  triturés  encore  une  fois  par  la  mer, 
sont  jetés  par  la  voie  aérienne  dans  l'intérieur  des  îles  sous  forme  de 
poussière  fine  mélangée  de  parties  calcaires. 

Influence  des  vents  sur  le  cours  des  matériaux  apportés  a  la 
mer.  —  Un  autre  exemple  des  rapports  entre  les  diverses  sortes  de 
circulation  des  éléments  superficiels  du  globe  m'a  été  communiqué 
par  M.  le  professeur  Meneses,  de  Séville.  En  perçant  le  puits  artésien 
de  la  Garraca,  il  y  a  constaté  que  les  formations  modernes  de  la 
côte  de  Cadix  se  composent  de  deux  sortes  de  petites  couches  alter- 
nantes de  diverse  nature.  M.  Meneses  a  trouvé  l'explication  de  cette 
structure  dans  les  alternances  des  vents  qui  soufflent  dans  la  basse 
Andalousie.  Les  courants  du  sud-ouest  produisent  des  dégagements 
de  la  Sierra  Morena;  tandis  que  Test  de  la  Méditerranée  provoque 
ceux  de  Guadalete.  Le  premier  vent  apporte  des  débris  marianiques 
du  pic  de  Rota,  tandis  que  le  second  y  apporte  des  débris  bétiques 
et  ainsi  se  forment  les  couches  alternantes  de  diverses  natures  mi- 
néralogiques  sur  la  côte  gaditainne,  en  rapport  ave  les  vents  qui 
s'y  produisent. 

(1)  Nnevas  obserraciones  sobre  la  litologia  de  Tenerife  y  Gran  Canada.—  Anal. 
de  la  Soc.  espafl.  de  Hist.  nat;  t.  IX,  1880. 


40 


-   TRIAS   DU    MASSIF   I 


8  no?. 


Cause  de  l'obscurité  impénétrable  des  cavernes.  —  C'est  un  fait 
connu  par  les  explorateurs  des  cavernes  que  l'impénétrabilité  de  leurs 
ténèbres.  Dans  l'intérieur  de  la  plupart  d'entre  elles,  on  remarque 
que  les  flambeaux  éclairent  dans  un  cercle,  beaucoup  plus  restreint, 
autour  du  foyer,  qu'à  l'air  libre  dans  une  nuit  obscure  ou  qae  dans 
un  salon  spacieux.  Cherchant  l'explication  de  ce  fait  qui  m'avait  frappé 
dans  mes  explorations  des  cavernes  en  Espagne,  et,  plus  tard,  en  en 
visitant  d'autres  en  Suisse,  je  crois  l'avoir  trouvé  dans  l'expérience 
classique  de  Tyndall  pour  produire  le  vide  optique  (i). 

En  effet,  à  l'aide  d'une  boite  en  verre  fermée,  dont  les  paroisse 
mouillent  du  coté  intérieur  avec  de  la  glycérine,  cet  émiuent  physi- 
cien a  prouvé  que  la  lumière  ordinaire  se  propage  au  moyen  des  cor- 
puscules qui  flottent  dans  l'atmosphère,  en  cheminant  d'une 
réflexion  à  une  autre.  Si  on  laisse  en  repos  la  dite  boite,  les  corpus- 
cules de  l'air,  y  enfermés,  se  fixent  peu  à  peu  aux  parois,  et  alors 
elle  devient  obscure  et  incapable  de  transmettre  les  rayons  lumineux. 

Dans  la  plupart  des  cavernes,  la  circulation  de  l'air  est  ralentie, 
surtout  dans  les  parties  intérieures,  et  ses  murs  sont  couverts  habi- 
tuellement d'une  cDuche  liquide  due  aux  infiltrations.  11  s'y  reproduit 
ainsi  approximativement  les  conditions  de  la  boite  de  Tyndall;  tes 
corpuscules  atmosphériques  se  fixent  sur  les  murs  et  l'air  finit  par  se 
filtrer.  J'ai  contrôlé  cette  supposition  en  apportant  dans  l'intérieur 
de  cavernes  et  en  dispersant  autour  des  lumières  des  poussières 
artificielles  (lycopode,  oligiste  micacé,  poussière  ordinaire  des  che- 
mins). La  propagation  ordinaire  de  l'onde  lumineuse  s'est  produite 
immédiatement  et  le  changement  de  couleur  de  la  Damme  s'est  ma- 
nifesté sous  la  forme  d'un  magnifique  nuage  qui  s'étendait  à  une 


1886.  CH.    LORY.    —   TRIAS   DU   MASSIF   De   LA    YANOISE.  4l 

trêmes,  dans  le  développement  et  les  caractères  pétrographiques  de 
ses  divers  étages  ;  et  Ton  peut  poser  en  fait  général  que  Caugmentar 
tion  de  puissance  de  ce  terrain  correspond  constamment,  pour  chacune  de 
ses  assises,  à  une  texture  de  plus  en  plus  cristalline. 

Dans  la  zone  que  j'ai  appelée  première  zone  alpine  ou  zone  du  Mont- 
Blanc,  le  Trias  repose,  en  discordance,  sur  les  tranches  des  schistes 
cristallins  ou  du  grès  houiller;  il  est  toujours  mince,  manque  en 
beaucoup  d'endroits,  et  ressemble,  comme  Ta  dit  depuis  longtemps 
Fournet,  au  Trias  atrophié  des  environs  de  Lyon(l).  A  part  des  acci- 
dents locaux,  comme  les  infiltrations  siliceuses  qui  ont  donné  lieu 
aux  jaspes  de  Saint-Gervais  (Haute-Savoie),  ou  comme  les  modifica- 
tions peu  prononcées  résultant  du  contact  des  spilites  dans  le  Trias  du 
bassin  du  Drac  (Isère  et  Hautes-Alpes),  on  peut  dire  en  général,  que 
ce  Trias  de  la  première  zone  alpine  n'a  guère  été  modifié  que  par  des 
actions  mécaniques,  qui  ont,  par  exemple,  durci  et  satiné  ses  schis- 
tes argileux  versicolores,  représentant  les  Marnes  irisées. 

Cependant  ses  couches  dolomitiques  sont  quelquefois  cristallines 
et  présentent  même  généralement  un  caractère  minéralogique  que 
nous  allons  mentionner  ci-dessous  dans  le  trias  des  autres  zones  al- 
pines, celui  de  la  présence  de  cristaux  microscopiques  d'albite. 

Dans  la  deuxième  zone  alpine,  comprise  entre  la  faille  de  Saint- Jean- 
de-Maurienne  et  la  faille  de  Saint-Michel,  le  Trias  est  déjà  bien  plus  dé- 
veloppé. A  ce  terrain  appartiennent  les  grandes  masses  de  gypse  et 
les  grès  transformés  en  quartzites  du  Monestier-de-Briançon,  du  Ga- 
libier,  et  du  massif  des  Encombres.  Mais  c'est  surtout  un  peu  plus  au 
nord,  à  partir  des  environs  de  Moutiers,  dans  la  Taran taise  et  jusque 
dans  le  Yalais,  que  la  physionomie  du  Trias  se  trouve  profondément 
modifiée  par  le  grand  développement  des  marbres  et  des  dolomies  dans 
sa  partie  moyenne,  et  surtout  par  celui  de  son  étage  supérieur  sous 
la  fordae  de  schistes  gris  lustrés,  dont  le  caractère  uniformément  cris- 
tallin est  encore  plus  frappant. 

Dans  la  Tarantaise,  dans  le  haut  de  la  vallée  d'Aoste  et  dans  le 
Valais,  en  amont  de  Martigny,  le  caractère  cristallin  envahit  tout  le 
Trias  et  coïncide  avec  son  énorme  développement  en  épaisseur,  com- 
parativement à  la  première  zone  alpine.  Dans  la  Maurienne  et  le 
Briançonnais,  ce  n'est  guère  que  dans  la  quatrième  zone  alpine,  c'est- 
à-dire  en  amont  de  Modane,  au  Mont-Genèvre,  dans  le  haut  Queyras 
et  dans  la  vallée  de  l'Ubaye,  en  amont  de  Maurin  (Basses-Alpes),  que 
ce  caractère  cristallin  du  Trias  devient  constant  et  général,  comme 
il  l'est,  d'autre  part,  dans  toutes  les  vallées  du  versant  piémontais. 

(1)  Bull.,  «•  sér.,  t.  VII,  p.  550. 


42  CU.    LORY.    —  TBIAS  DU  MASSIF  DE   LÀ   VAH0ISB.  8  nov. 

Aux  environs  4e  Mouliers,  ce  Trias  a-istallin  est  superposé  immé- 
diatement au  grès  houiller  et  recouvert,  en  concordance,  par  les 
couches  a  Avicula  conforta  (1)  :  les  gypses  y  sont  intercalés,  en  amas, 
à  divers  niveaux,  à  la  base  des  schiste/  lustré/  ou  en  alternance  avec 
eux.  Il  ne  peut  donc  y  avoir  aucun  doute  sur  l'unité  de  ce  grand  sys- 
tème et  sur  sa  place  dans  la  série  straligraphique. 

Nulle  part,  dans  les  Alpes  dn  Dauphiné  et  de  la  Savoie,  le  terrain 
permien  n'est  représenté  par  des  sédiments  bien  caractérisés  :  la  seule 
trace  que  j'aie  pu  signaler  d'une  roche  se  rapportant  probablement  à  la 
période  permienne  consiste  en  un  épanchement  porpbyritique,  dont 
les  débris  sont  remaniés  dans  les  grès  de  la  base  du  Trias  (2). 

Le  Trias  inférieur  est  représenté  par  ces  grès,  parfois  nuancés  de 
rouge  et  de  vert,  à  l'état  de  conglomérats  plus  ou  moins  grossiers, 
mais  le  plus  souvent  blancs,  purement  quartzeux  et  passant  à  des 
quartzites  plus  ou  moins  compactes.  Ils  reposent  immédiatement  sur 
le  grès  houiller  ou  sur  les  schistes  cristallins  primitifs. 

Au  Trias  moyen  appartiennent  les  beaux  marbres  bleuâtres  exploi- 
tés a  l'Etroit-du-Ciex,  entre  Mouliers  et  Aime,  dont  le  gisement  stra- 
ligraphique est  ainsi  analogue  à  celui  des  marbres  de  Carrare;  les 
calcaires  grenus,  magnésiens,  du  Chapieu  et  du  Col  du  Bonhomme, 
des  Aiguilles  de  l'Allie  Blanche;  ceux  de  Salins,  près  Mouliers,  as- 
sociés à  l'anhydrite  et  au  gypse,  d'où  sortent  les  sources  salines  et 
thermales;  ceux  des  environs  de  Hodane,  du  fort  de  l'Esseillon,  de 
Bramans,  du  Petit-Mont-Cenis,  etc.,  au-dessus  desquels  viennent  de 
même  les  grandes  masses  de  gypsB  et  d'anhydrile  de  ces  diverses  lo- 
calités. D'autres  amas  de  ces  sulfates  se  reproduisent  à  des  niveaux 
très  divers,  depuis  la  base  Jusqu'à  la  limite  supérieure  des  schistes  lus- 


1886.  CB«    LORY.    —  TBÎÀS  DU  MASSIF   DIS   LA  VANOISK.  4$ 

qui  présente  souvent  la  màcle  figurée  par  M.  Des  Cloizeaux,  Manuel 
de  Minéralogie,  atlas,  pi.  24,  fig.  143. 

Les  sckùtee  gris  Imtrés,  constituant  l'étage  supérieur,  sont  aussi 
presque  entièrement  cristallins  :  ils  sont  formés  de  quartz,  en  débris 
et  en  cristaux,  de  diverses  variétés  de  mica  et  d'autres  silicates  ac- 
cessoires (grenats,  etc.),  reliés  par  un  ciment  plus  ou  moins  abon- 
dant de  calcaire  spathique.  Cette  présence  constante  de  l'élément 
calcaire  les  distingue  facilement  d'avec  les  schistes  cristallins  pri- 
mitifs. L'anhydrite  et  le  gypse,  intercalés  en  amas  dans  ces  schistes 
lustrés,  contiennent  souvent  les  mômes  minéraux» 

L'étage  des  schistes  lustrés  comprend,  en  divers  endroits,  particu- 
lièrement dans  la  Tarantaise,  des  intercalations  de  conglomérats 
grossiers,  renfermant  des  cailloux  et  des  blocs,  parfois  à  peine  rou- 
lés, de  toutes  dimensions,  jusqu'à  plusieurs  décimètres  de  grand 
axe.  Ces  conglomérats  sont  très  développés,  par  exemple  à  la  base  de 
cet  étage,  à  Aigueblanche  et  un  peu  en  amont  de  Moutiers,  et  mieux 
encore  au  col  du  Gormet  et  dans  la  chaîne  de  Pierre-Menta,  au  Cha- 
pieu,  au  col  de  la  Seigne  et  dans  le  haut  de  l'Allée  Blanche.  Us  ren- 
ferment des  débris  de  roches  très  diverses,  de  schistes  cristallins  an«- 
cienst  de  grès  à  anthracite,  des  quartzites  de  l'étage  inférieur  du  Trias* 
des  dolomies  et  des  calcaires  cristallins  de  l'étage  moyen. 

«  Gomme  tous  ces  cailloux  ont  la  texture  caractéristique,  plus  ou 
moins  cristalline,  grenue  ou  feuilletée,  des  roches  dont  ils  provien- 
nent, et  que  leur  feuillets,  dans  les  conglomérats,  ont  des  directions 
quelconques,  il  faut  nécessairement  en  conclure  que  la  cristallinité 
ou  le  feuilletage  des  roches  du  Trias,  dans  cette  région,  date  de  la 
période  même  du  dépôt  de  ce  terrain  et  sont  indépendants  de  toutes 
les  actions  mécaniques  ou  physiques  qu'il  a  pu  subir  ultérieure- 
ment (1).  » 

Les  conglomérats  sont  moins  variés  dans  l'étage  inférieur,  où  il  ne 

peuvent  contenir  que  des  fragments  de  roches  plus  anciennes  que  le 
Trias.  J'en  ai  observé,  l'an  dernier,  un  exemple  très  intéressant,  en 
Savoie,  au  col  de  Rosoire  (ou  d'Aussois),  situé  près  de  la  limite  occi- 
dentale du  grand  massif  de  la  Yanoise,  entre  la  Tarantaise  et  la  Mau- 
rienne. 

Mon  attention  avait  été  appelée  sur  ce  point  par  le  compte  rendu 
donné  par  M.  Pierre  Puiseux,  dans  le  Bulletin  du  Club  Alpin  français*, 
de  son  ascension  à  la  Pointe  de  l'Echelle  (3,432  m.),  située  au  Nord 
de  Modane,  à  3  kil.  Est  du  col  de  Ghavière.  M.  Puiseux  indiquait  que 
ce  pic  était  formé  de  schistes  cristallins  analogues  à  ceux  des  AiguU- 

(1)  BuU.  r»  sér.,  t.  IX,  t>-  s». 


44  CU.    LOHÏ.    —   TRIAS   DU   MASSIF  DK    LA    VANOISK.  8   OOV. 

les  du  Mont-Blanc;  c'était  la  première  fois,  si  je  ne  me  trompe,  qu'un 
affleurement  de  terrain  primitif  était  signalé,  à  cette  extrémité  Sud- 
Ouest  du  massif  de  la  Vanoise.  Je  me  promis  donc  de  pousser  une 
excursion  de  ce  côté,  et  pour  pénétrer  plus  avant  dans  le  massif  et 
suivre  un  trajet  plus  favorable  aux  observations,  je  choisis  le  pas- 
sage peu  fréquenté,  mais  facile,  du  col  de  Rosoire,  à  environ  trois 
mille  mètres  d'altitude,  entre  Pralognao  et  Aussois. 

En  partant  de  Pralognan  (1,424  m.),  on  marche  sur  les  schistes 
(tris  lustrés  du  Trias  supérieur,  servant  de  base  à  l'énorme  massif  de 
calcaires  compactes  liasiques  que  recouvrent  les  vastes  glaciers  du 
Dôme  de  Chasseforèt.  Hais  les  étages  supérieurs  du  Trias  n'ont  qu'un 
développement  généralement  médiocre,  dans  cette  partie  du  massif 
de  la  Vanoise,  et  l'on  arrive  sur  les  grès  du  Trias  inférieur,  bien  avant 
d'atteindre  les  granges  de  Riflort  (1,973  m.).  Quittant  alors  le  sentier 
du  col  de  Chavière,  on  monte,  au  Sud-Est,  et  l'on  ne  cesse  pas  de 
marcher,  jusqu'au  col  d'Aussois,  sur  ce  même  étage  de  grès,  dont 
l'inclinaison  est  vers  l'O.-N.-O.,  dans  le  sens  même  de  la  pente  du 
versant.  A  mesure  qu'on  approche  du  col,  on  voit  affleurer  des  as- 
sises de  plus  en  plus  inférieures,  et  au  lieu  des  grès  compacts,  ou 
quartziies,  qui  constituent  le  faciès  le  plus  habituel  du  Trias  inférieur 
dans  cette  région,  on  rencontre  un  grand  développement  local  de 
grès  schisteux,  où  les  grains  de  quartz  sont  enveloppés  par  les  feuil- 
lets ondulés  d'un  mica  blanc  nacré.  C'est  un  type  de  grès  triasique 
dont  il  existe  des  exemples  ailleurs,  notamment  près  de  la  gare 
d'Oulx  (Piémont)  et  au  Veyer,  sur  la  route  de  Guillestre  au  Chateau- 
Queyras  (Hautes-Alpes). 

Mais  une  circonstance  spéciale  que  présentent  ces  grès  du  col 


1886.  CU.    LORY.    —  TRIAS   DU   MASSIF   DE   LA    VANOISE.  45 

failles  ont  joué  dans  les  Alpes,  pendant  une  longue  suite  de  période 
géologiques. 

On  peut  comparer  ces  conglomérats  du  Trias  inférieur  avec  les  con- 
glomérats infrà-liasiques  du  plateau  des  Fours  (grès  singuliers  de 
Saussure),  à  l'extrémité  Sud  de  la  chaîne  du  Mont-Blanc  (4);  avec  les 
conglomérats /l'as^wfsducol  duGolet,surlesAvanchers,prèsMoutiers, 
contenant  la  Gryphœa  cymbium;  et  avec  les  conglomérats  éocènes, 
tels  que  le  célèbre  conglomérat  des  Aiguilles  d'Arvete  et  ceux  de  la  base 
du  terrain  nummulitique,  aux  environs  de  Saint-Jean  de  Maurienne. 

Mais,  au  point  de  vue  pétrographique,  ces  conglomérats  du  Trias 
inférieur  du  col  d'Aussois  sont  bien  remarquables,  en  ce  que  le  ciment 
quartzeux  et  micacé  qui  en  forme  la  pâte  est  beaucoup  plus  cristallin  que 
Us  fragments  de  grès  houiller  enveloppés  par  cette  pâte. 

Les  feuillets  ondulés  constitués  par  le  mica,  toujours  parallèles  à  la 
stratification,  se  contournent  légèrement  autour  des  graviers  de  peti- 
tes dimensions,  comme  autour  des  grains  de  quartz;  mais  ces  mêmes 
feuillets  s'interrompent  brusquement  à  la  rencontre  des  cailloux  plus 
volumineux,  même  de  ceux  dont  les  dimensions  atteignent  seule- 
ment quelques  centimètres.  Il  est  donc  bien  clair  que  le  feuilletage 
tient  à  la  stratification  même  du  grès  triasique  et  n'est  pas  un  effet 
d'actions  mécaniques  ultérieures  ;  il  est  évident  aussi  que  la  texture 
cristalline  résulte  de  réactions  qui  se  sont  opérées  dans  le  sédiment 
même,  qui  tiennent  essentiellement  à  sa  nature  chimique  et  aux  con- 
ditions physiques  dans  lesquelles  il  s'est  consolidé,  mais  non  à  des 
injections  ou  infiltrations  postérieures  de  matières  étrangères,  qui 
n'auraient  pas  pu  être  si  uniformes,  qui  auraient  effacé  plus  ou 
moins  le  feuilletage  d.ins  le  sens  de  la  stratification,  et  modifié  sen- 
siblement les  galets  enveloppés,  en  même  temps  que  la  masse  même 
du  dépôt. 

Pour  ces  grès  du  Trias  inférieur,  comme  pour  les  schistes  lustrés  du 
Trias  supérieur,  on  est  ainsi  conduit  à  admettre  que  la  nature  et  les 
couditions  physiques  des  sédiments,  dans  les  zones  intérieures  des 
Alpes  occidentales,  étaient  éminemment  favorables  à  la  formation  de 
minéraux  cristallisés,  bien  plus  qu'elles  ne  l'ont  été,  plus  tard, 
pour  les  dépôts  jurassiques  ou  éocènes.  Ces  cristallisations,  comme 
nous  l'avons  rappelé  ci-dessus,  datent  de  la  période  même  du  Trias 
et  non  de  phénomènes  métamorphiques  plus  récents  ;  elles  sont  in- 
dépendantes des  plissements  ou  des  dislocations  que  les  couches 
peuvent  avoir  subis;  mais  elles  sont  constamment  en  rapport  avec 
les  mouvements  d'affaissement,  lents  et  continus,  qui  ont  déterminé 

(i)  Bult.,2'  sér.,  t.  XXIII,  p.  493  et  pi.  X. 


46  Cil.    UrtY.   —  TBIAS   DU   MASSIF    DE   LA    VAMOISB.  8   DOT. 

le  développement  extraordinaire  en  épaisseur,  du  Trias,  dans  cer- 
taines zones  alpines. 

Du  col  d'Aussois,  on  descend  par  une  pente  très  raide,  perpendi- 
culairement aux  tranches  des  couches,  qui  plongent  toujours  vers 
l'O.-N.-O-,  et  l'on  trouve  encore,  sur  une  épaisseur  d'environ  900 
mètres,  les  assises  inférieures  de  ces  grès  triasiques.  Puis  on  les  voit 
reposer  immédiatement,  en  concordance,  sur  des  schistes  cristallins 
très  chloriteux,  qui  forment  tous  les  escarpements  inférieurs.  Cette 
descente  se  fait  en  face  de  l'escarpement,  inabordable  de  ce  côté,  de 
la  Pointe  de  l'Echelle ,  dont  les  couches  sont  inclinées  aussi  & 
l'O.-N.-O.,  mais  plus  fortement  que  celles  du  col  d'Aussois.  11  m'a 
paru  que  la  partie  culminante  de  ce  pic  devait  être  formée  de  grès 
triasiques,  comme  ceux  du  col;  mais  tous  les  grands  escarpements 
sont  certainement  constitués  par  les  schistes  cristallins  chloriteux, 
ce  qui  s'accorde  avec  l'indication  de  H.  Pierre  Puiseux. 

C'est  dans  les  mêmes  schistes  chloriteux  que  se  trouve  entièrement 
creusé  le  profond  vallon  des  pâturages  d'Aussois,  comprenant  les 
granges  de  Fournache  et  du  Plan  d'Amont,  et  venant  aboutir,  par  un 
goulet  étroit,  aux  granges  de  Droset.  Ce  vallon  traverse  un  cirque  de 
schistes  cristallins  primitifs,  bordé,  au  Nord  et  à  l'Ouest,  par  les  créts 
escarpés  qu«  couronnent  les  grès  inférieurs  du  Triât,  et  limité,  d'au- 
tre part,  au  Sud-Est,  par  une  brusque  retombée  en  faille.  A  partir  des 
granges  de  Droset,  on  trouve  les  quantités  du  Trias  inférieur,  plon- 
geant au  Sud-Est,  cachés,  en  partie,  sous  un  énorme  placage  de  boues 
glaciaires  ;  et  sur  ces  grès,  s'appuient,  à  Aussois,  les  calcaires  magné- 
siens du  Trias  moyen,  sur  lesquels  sont  bâtis  les  forts  de  l'Esseillon. 

Ces  observations  conduisent  à  effectuer  des  changements  assez  ira 
portunU  dans  le  tracé  uiif  nous  ;ivion*  donne,  i 


1886.  CD.    LORY.  —  TRIA8  DU   MASSIF   DE   LA    VANOISE.  47 

précisément  sur  la  môme  longueur  et  dans  la  même  orientation  que 
l'antre  saillie  plus  considérable  des  mômes  schistes  cristallins  com- 
prenant le  cirque  de  Champagny  et  les  belles  sommités  du  Mont 
Thuria  (3,788  m.). 

Ces  deux  affleurements  de  terrain  primitif  sont  limités,  à  l'Ouest, 
par  une  ligne  à  peu  près  méridienne,  joignent  Modane  à  Champagny, 
que  Ton  peut  considérer  comme  marquant,  dans  cet  intervalle,  la  li- 
mite orientale  de  la  grande  bande  houillère.  A  Champagny,  comme 
au  col  de  Chavière  et  comme  à  Modane,  les  grès  à  anthracite  se  ter- 
minent, vers  l'Est,  à  un  môme  alignement  de  failles,  établissant  la 
séparation  entre  notre  troisième  et  notre  quatrième  zone  alpine. 

Ces  deux  massifs  actuels  de  schistes  cristallins  appartenaient,  pen- 
dant la  période  houillère,  au  rivage  oriental  du  bassin  où  se  sont 
déposés  les  grès  à  anthracite.  Pendant  la  période  du  Trias,  ils  se  sont 
affaissés,  d'abord  d'une  manière  très  inégale  dans  leurs  diverses  par- 
ties, ce  qui  est  indiqué  par  le  développement  très  variable,  à  de  fai- 
bles distances,  des  grès  ou  quartzites  du  Trias  intérieur,  qui  ont  corn- 
bié  les  dépressions.  Le  Trias  moyen  et  le  Trias  supérieur,  sur  l'éten- 
due de  ce  môme  massif  ancien,  sont  généralement  peu  développés, 
(comme  on  le  voit,  par  exemple,  au  çol  de  la  Yanoise),  et  ils  ont,  le 
plus  souvent,  le  faciès  gypseux,  celui  de  dépôts  formés  dans  des  lacs 
salés  et  non  dans  une  mer  continue,  (Pralognan,  Saint-Bon,  Bozel, 
Champagny,  Tignes).  Cela  indique  une  saillie  relative  de  cette  partie 
du  fond  primitif  tandis  que,  immédiatement  au  Sud-Est,  sur  l'aligne- 
ment parallèle  qui  correspond  aujourd'hui  à  la  vallée  de  l'Arc,  en 
amont  de  Modane,  le  Trias  supérieur,  à  la  faveur  d'un  affaissement 
progressif  de  grande  amplitude,  prenait  son  énorme  développement, 
sous  la  forme  de  schistes  lustrés,  dans  les  massifs  du  Fréjus,  du  Mont- 
Cenis,  de  Lans-le-Bourg  et  du  col  lseran. 

Le  contrepoids  ainsi  constitué  par  cette  accumulation  des  sédi- 
ments des  schistes  lustrés,  sur  plusieurs  milliers  de  mètres  d'épaisseur, 
fut  suivi  d'un  nouvel  affaissement,  dans  la  bande  médiane  de  la  sail- 
lie primitive  :  et  c'est  ainsi  que,  de  Modane  à  Laval  de  Tignes,  put 
pénétrer  en  Savoie,  dans  un  golfe  étroit,  de  dix  kilomètres  de  largeur 
emiron,  le  dépôt  du  Lias  (faciès  compact),  sous  la  forme  des  Calcai- 
res du  Briançonnais,  analogues  à  ceux  du  Mont-Genèvre  ou  du  Mont- 
Tbabor.  Ce  sont  ces  calcaires,  en  couches  massives,  généralement 
peu  inclinées,  qui  constituent  les  énormes  coupoles  neigeuses  de 
Chasseforêt  (3,597  m.),  des  Grands -Couloirs  (3,801  m.),  de  la  Grande. 
Motte  (3,663  m.)  etc.  L'axe  du  golfe  où  ils  se  sont  déposés,  de  même 
que  les  saillies  de  schistes  cristallins  et  de  Trias  qui  en  formaient  les 
bords,  avaient  la  direction  du  Sud-Ouest  au  Nord-Est,  c'est-à-dire 


48 


SÉAHCK. 


11  nov. 


celle  des  failles  fondamentales  limitant  nos  zones  alpines  :  l'une,  sui- 
vant le  pied  du  versant  italien  du  Mont-Blanc;  l'autre,  passant  par 
Bourg-Saint-Maurice,  le  Petil-Saint-Bernard  et  la  Salle. 

Au  fond  de  ce  long  fiord  des  Calcaires  du  Briançonnais,  dont  les  eaux 
devaient  être  profondes  et  calmes,  et  sans  doute  modifiées  dans  leur 
salure  par  les  eaux  affluentes  des  rivages,  les  dépôts  liasiques  ont  eu 
lieu  dans  des  conditions  spéciales  de  pureté  et  de  tranquillité  ;  et  ces 
conditions  expliquent  à  la  fois  l'absence  de  fossiles  et  la  cristallinilé 
des  dépôts  calcaires  et  des  minéraux  microscopiques  qu'ils  renfer- 
ment;—  caractères  d'autant  plus  prononcés  que  l'on  pénètre  plus 
près  de  l'extrémité  de  celle  longue  impasse.  C'est  ce  que  l'on  peut 
constater,  tout  particulièrement,  pour  les  calcaires  de  la  Grande- 
Motte  et  des  autres  sommités  au  sud  de  Laval  de  Tignes. 

Ainsi  la  succession  et  le  développement  si  variable  des  divers  dé- 
pots triasiques  et  liasiques  montrent,  dans  ce  pays,  des  exemples 
frappants  de  la  liaison  qui  existe  dans  les  régions  anciennement 
disloquées,  entre  l'étendue  et  les  variations  des  diverses  formations 
sédimentaires  et  le  jeu  lent  et  continu,  ou  intermittent,  des  failles, 
pendant  les  périodes  géologiques  correspondantes.  Dans  ce  même 
ordre  de  considérations  peut  se. trouver,  si  je  ne  me  trompe,  la  solu- 
tion de  toutes  les  énigmes,  si  attrayantes  et  jusqu'à  ce  jour  si  em- 
brouillées, que  présentent  les  caractères  des  terrains  de  nos  Alpes, 
comparés  &  ceux  des  régions  voisines. 


Séance  du    11   Novembre   18SG 

PRESIDENCE    DE    M.    COTTEAU 


1886.  FOHTANNB.    —  ÉTAGES  SARMATIQUB   ET   LEVANTIN.  49 

les  types  les  plus  remarquables,  M.  Colteau  signale  Linthia  pomun, 
propre  au  terrain  éocène  d'Orglandes  et  longtemps  considéré 
comme  appartenant  an  genre  Pericosmus  ;  Linthia  insignis,  la  plus 
grande  espèce  du  genre,  et  qui  n'avait  pas  encore  été  indiqué  en 
France  ;  Linthia  Pomelt  que  la  longueur  de  ses  aires  ambulacraires 
postérieures  distingue  nettement  de  ses  congénères;  Linthia  Du- 
crocqui  et  cartntonensis,  qu'on  rencontre  associés  au  L.  Pomeli  dans  le 
terrain  éocène  de  Saint-Palais  ;  Linthia  Rousseli,  espèce  nouvelle  très 
curieuse,  voisine  du  L.  insignis,  dont  elle  se  distingue,  cependant,  pair 
sa  forme  régulièrement  bombée ,  par  son  sommet  ambulacraire, 
moins  excentrique  en  avant,  par  ses  aires  ambulacraires  relativement 
moins  longues. 

M.  L.  Garez  offre  à  la  Société,  au  nom  de  'M.  Vasseur  et  au 
sien,  quatre  nouvelles  feuilles  de  la  Carte  géologique  de 
France  au  1  /500,000e.  Ces  feuilles  qui  portent  à  vingt-six  le  nombre 
de  celles  actuellement  parues,  comprennent  les  environs  de  Lyon,  la 
région  des  Alpes,  une  partie  de  la  Suisse  et  du  Nord  de  l'Italie.  Grâce 
à  de  nombreux  documents  inédits  qui  ont  été  communiqués  aux  au- 
teurs, ces  cartes  présentent  un  très  grand  intérêt  et  diffèrent  absolu- 
ment de  tout  ce  qui  a  été  publié  jusqu'à  ce  jour.  Les  services  géolo- 
giques de  la  Suisse  et  de  l'Italie  ont  autorisé  les  auteurs  à  utiliser  des 
travaux  manuscrits,  ce  qui  a  permis  de  représenter  avec  exactitude 
les  principaux  traits  de  la  géologie  de  ces  deux  pays,  pour  la  partie 
comprise  dans  le  cadre  de  la  carte. 

M.  Douvillô  offre  à  la  Société,  au  nom  de  M.   Fontanne,  un 

exemplaire  d'un  Mémoire  intitulé  :  Contribution  à  C  étude  de  la  faune 
malacologique  des  terrains  néogènes  de  Roumanie  (1)  et  donne  com- 
munication de  la  note  suivantejde  M.  Fontanne. 

Sur  la  faune  des  étages  Sarmatique  et  Levantin  en  Roumanie 

par  M.  Fontanne. 

Les  fossiles  qui  ont  été  l'objet  de  l'étude  dont  je  soumets  les  résul- 
tats à  la  Société,  appartiennent  au  Musée  de  Bucarest;  ils  m'ont  été 
communiqués  par  un  savant  directeur,  M.  le  prof.  G.  Stefanescu  à 
qui  l'on  doit,  outre  de  nombreux  travaux  sur  la  géologie  de  la  Rou- 
manie, la  création  d'un  recueil  périodique  V Annuaire  du  Bureau  géo- 
logique, et  sous  la  direction  de  qui  s'exécute,  avec  la  plus  louable 

(l)  Extrait  des  Archives  du  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Lyon,  t.  IV,   1880. 

XV.  * 


30  foktàumb.  —  étages  sabbatique  ht  levautis.    II   not. 

diligence,  la  première  carte  géologique  de  cet  intéressant  pays. 
foutes  les  espèces,  sauf  une  seule,  recueillie  dans  les  environs  de 
Doljiu,  proviennent  des  districts  de  Vilrca  et  de  Qorjiu  ;  elles  sont 
au  nombre  de  quarante-neuf  et  se  repartissent  entre  quatorze 
genres. 

1.  ÉTAOE   SABBATIQUE 

Couches  à  Cérithee. 
Neuf  espèces  appartiennent  à  des  dépôts  qui  doivent  être  classés 
sans  conteste  dans  l'étage  sarmatique  (coucbes  à  Céritbes).  Ce  sont 
lès  suivantes  : 

Trochiu  Padolieus,  Dubois,  var.  elangata 
Noisa  duplicita,  Sowerby  ei  var.  dtpresia. 

Ctriihium  rubiginasum,  Kichwald  Tapes  gregaiea  Gartsch,  var. 

•*■        piclum,  Basterot  Rimnkensîs,  Fontaoue. 

—        romperei,  d"Orbtgny  Mactra  Podùlica.  Lichwald. 

Mrlanopsii  imprtssa,  Kniut  —     Stefanttcui,  Font  an  ne.  7 

Ces  matériaux,  s'ils  révèlent  certaines  données  précieuses  sur 
l'extension  de  l'étage  sarmatique  en  Roumanie,  n'ajoutent  aucun 
élément  de  grande  valeur  à  la  composition  de  sa  faune.  On  ne  saurait 
d'ailleurs  s'en  étonner.  C'est  assurément  le  caractère  le  plus  persis- 
tant de  cette  faune  curieuse,  que  la  constance  aussi  bien  que  la  loca- 
lisation des  mêmes  espèces  dans  cette  formation,  sur  tout  l'espace 
immense  où  elle  a  été  rencontrée.  Et  l'on  peut  ajouter  que  ces  es- 
pèces sont  aussi  polymorphes  que  l'ensemble  faunique  par  elle 
constitué  est  peu  variable.  Cette  extrême  variabilité  de  l'individu 
dans  un  groupe  restreint  dont  d'énormes  distances  modifient  à  peine 


1886. 


FONTANNE.  —  ÉTAGES  SARMAT1QUE  ET  LEVANTIN. 


51 


centres  de  création,  le  milieu  de  moins  en  moins  favorable  qui  lui  est 
imposé  condamnent  à  une  prochaine  extinction. 

Les  couches  à  Cérithes  de  la  Roumanie  ont  cependant  livré  une 
faune  plus  riche  que  les  matériaux  qui  m'ont  été  envoyés  ne  pour- 
raient le  faire  supposer.  Si,  à  la  liste  ci-dessus,  on  ajoute  les  espèces 
antérieurement  connues  (1),  la  faune  des  dépôts  sarmaliques  qui 
s'étendent  au  pied  des  Alpes  transylvaniennes,  se  trouve  portée  à 
vingt-cinq  espèces  (peut-être  vingt-sept)  (2),  tandis  que  M.  Fuchs 
n'en  cite  que  cinquante-deux  pour  le  bassin  de  Vienne  et  ses  dépen- 
dances, la  région  la  mieux  connue,  grâce  aux  minutieuses  explora- 
tions dont  elle  est  sans  cesse  l'objet  (3).  Sur  ces  vingt-cinq  espèces, 
seize  se  retrouvent  sur  la  liste  publiée  par  cet  auteur  en  1877,  reliant 
ainsi  intimement  la  faune  des  vastes  étangs,  qui,  à  l'ouest,  cou- 
vraient la  dépression  de  la  Hongrie  et  de  la  Styrie,  et  celle  des  eaux 
qui,  contournant  le  pied  Est  des  Carpathes,  formaient  au  nord  de 
cette  chaîne  les  dépôts  classiques  de  la  Yolhynie  et  de  la  Podolie. 

2.    ÉTAGE   LEVANTIN 
(Couches  à  Paludines.) 

Les  nouveaux  gisements  de  cet  étage  explorés  par  M.  Stefanescu, 
sont  représentés  par  8  espèces  dont  voici  la  liste  : 


(iastéropodes. 


Melanopsis  harpula,  Xeumayr. 
var.  capreniensis, 

—  hastatdj  Xeurnavr. 

—  Porumbarui,  Brusina. 

—  VUzui*  Porurnbaru. 

—  Soubeirani,  Porurnbaru. 

—  hybostoma.1  Neumayr. 
var.  amaradica. 

—  rumana,  Tournouër. 

—  Esperi,  Fér.  in  Xeum. 
var.  Covurluetisis. 


Vivipara   bifarcinata,  Bieli. 

—  stricturata,  Xeumayr. 

—  Alexandrirni,  Cobaliescu. 

—  craïovensis,  Tournouër. 

—  Sadleri,  Partsch. 
Vivipara   leïostraca,  Brusina. 

var.  monastenalis . 

—  dezrnanianat  Br usina. 

—  Pilori,  Brusina. 

Plus.  esp.  (aff.    V.    Virginiœ,  Cob.    et 
V.  Giurcscui,  Cob.). 


1>  Dans  an  premier  chapitre,  j'ai  analysé  les  travaux  qui  ont  été  publiés  sur  la 
paléontologie  de  la  Roumanie  et  particulièrement  ceux  de  MM.  G.  Stefanescu, 
Piiide,  Porurnbaru,  Tournouër  et  Cobaliescu. 

2;  M.  Cobaliescu  cite  parmi  les  Gastéropodes  Lntirus  Pauli  et  Turbo  Srumayri, 
mai*  il  ne  lai  paraît  pas  certain  que  ces  espèces,  rencontrées  dans  un  dépôt  flnvio- 
Iarustre  où  elles  sont  remaniées,  proviennent  réellement  des  couches  à  Cé- 
rithes (Stud.  geol.  si  pal.  a  supra  un.  ter.  tcrt.  din  un,  p.  aie  Roumanici,  Iassy, 

'3j  Géol.  Uebrs.  d.  jung  Tertiarbild.  des  Wienerbeck.,  etc.,  p.  33. 


FONTANNE.    —   ÉTAGES  8ABKATIQUE    ET   t.RVANÏ'IN.       11    DOT. 


Bythinia    Vukatinoeici,  Brusina, 

—         Cf.  spcciasa,  Cobaliescu. 
Hydrotiiu  itpulcralis,  Parisch, 
var.  fulcstit nsii , 


Valrata  piteinalù.  Millier  la    Neum. 
var.  eruiilaitit. 
Ncritina    (Neritodemla)    Slefaneicui, 

Fonlaunes. 


Lamellibranchet 

Drtissensia  (l|  subearinala,  Deshajes  in       (/m'a  Duvilai,  Porumbara. 


—  amygdafoidei,    Dunker 
Pu  du. 

—  Slefaneicui,  Fontanne. 

—  rimeslieniit,  Fontanne- 

—  polymorpha,  Pallas, 

Vnio  Sandbergeri,  Neumajr. 

—  Condai,  Porumharu. 
var.  Turbareensi». 

—  Bielzi,  Cîékèlius. 
j,  Tour  nouer. 


Ltmnocardium(i)  cuceiiienae,  Fontanue. 


procumbtns,  Fuctll. 

—  pritlinui,  Dieli. 
var.  Berbettieniit. 

—  tlaurri,  Neumayr. 

—  Zitteli,  Penecke. 


Limnocardiwn  Cobalietcui,   Fontanne. 

—  lemitulcatum,  Rousseau. 
var.  Stolizkai. 

—  lubdentatum,  Deshayes. 
,  Fontanne. 


(1)  Je  profite  de  l'occaiion  que  m'olïïe  ce  résuma  pour  publier  les  renseigne- 
ment! qui  m'ont  été  fournil  par  M.  L.  Van  Jeu  Broeck  sur  cette  dénomination 
générique  ai  diversement  orthographiée,  renseignements  qui  me  «ont  parvenus 
trop  tard  pour  être  insérés  dans  mon  Mémoire,  mais  qui,  fort  heureusement,  me 
confirment  dans  le  parti  auquel  j'avais  cru  devoir  m'arréter. 

■  Eu  1835,  V.  Beneden  a  dédié  à  M.  Dreissens,  pharmacien  à  Maesxek  le  genre 
qu'il  appela  à  tort  Dreiwma  (Acad.  Belg.  Bull.  1835,  p.  îeo.  )  Dans  les  rapports 
présentés  sur  son  travail  (Idem,  p.  !S),  le  Secrétaire  de  l'Académie  écrit  par  erreur 
Driatena;  l'autre  rapporteur  écrit,  comme  V.  Beneden,  lire, ne na,  et  dans  la  table 


1886.  FONTANNB.   —   ÉTAGES  SARMATIQUB   ET  LEVANTIN.  53 

La  région  qui  a  fourni  ces  intéressants  matériaux  est  trop  voisine 
de  celle  étudiée  par  M.  Porumbaru  pour  qu'il  soit  permis  d'espérer 
une  ample  récolte  d'éléments  nouveaux  ;  cependant  on  peut  voir 
que  le  nombre  des  types  introduits  dans  la  faune  levantine  de  la  Va- 
lachie  par  les  recherches  de  M.  Stefanescu,  est  relativement  impor- 
tant. Au  point  de  vue  stratigraphique,  l'étude  à  laquelle  je  me  suis 
livré  conduit  à  des  conclusions  identiques  à  celles  exposées  par  M. 
Cobaliescu  touchant  lee  dépôts  synchroniques  de  la  Basse-Moldavie 
et  de  Parscov.  L'abondance  relative  des  Dreissensia  et  des  Limnocar- 
dium  (Prilodon,  etc.)  montre  que  ces  genres  ne  sont  pas  aussi  étroite- 
ment limités  aux  couches  pontiques  qu'on  l'avait  cru  tout  d'abord, 
résultat  qui  n'intéresse  pas  exclusivement  la  Roumanie  et  sur  le- 
quel je  reviendrai  plus  loin. 

Les  travaux  dus  à  MM.  Porumbaru  et  Cobaliescu  avaient  porté  à 
140  le  nombre  des  espèces  connues  du  Levantin  de  la  Roumanie. 
M.  Brasina  pense  que  ce  nombre  est  peut-être  excessif,  et  l'attribue 
à  la  tendance  de  M.  Cobaliescu  à  s'exagérer  la  valeur  systématique 
de  certaines  divergences.  Le  savant  professeur  d'Agram  qui,  avec 
l'intelligent  concours  de  M.  Pilar,  a  tant  fait  pour  le  développement 
et  la  rectification  de  nos  connaissances  sur  les  faunes  tertiaires  de  la 
Slavonie,  de  la  Croatie,  de  la  Dalmatie,  a  publié  à  ce  sujet  une  sorte 
de  revision  sommaire  des  dénominations  adoptées  par  M.  Cobaliescu. 
En  donnant  la  liste  de  toutes  les  espèces  ou  formes  signalées  en  Rou- 
manie, j'ai  rappelé  les  observations  critiques  présentées  par  cet  au- 
teur, dont  l'autorité,  en  pareille  matière,  ne  saurait  être  contestée. 

Je  ne  crois  pas  utile  de  reproduire  ici  celte  longue  liste,  ni  de  me 
livrer  à  une  analyse  bien  minutieuse  de  ses  éléments  ;  j'estime  môme 
que  de  telles  opérations  manquent  le  plus  souvent  d'une  base  sé- 
rieuse. En  effet,  la  prédominance  dans  un  catalogue  de  tels  ou  tels 
genres,  le  nombre  des  espèces  qui  les  représentent,  n'ont,  dans  bien 
des  cas,  que  des  rapports  lointains  avec  la  réalité  des  faits.  La  quan- 
tité des  genres,  des  espèces,  des  termes  dénommés  d'une  façon  quel- 
conque, dépend  en  grande  partie,  non  de  la  variété  des  éléments 
d'une  faune,  mais  de  la  méthode  ou  du  caprice  qui  a  présidé  à  leur 
étude.  Exemple  :  sur  27  espèces  de  Vivipara  et  7  d'Unio  trouvées 
dans  la  Basse-Moldavie  et  le  Parscov,  M.  Cobaliescu  ne  reconnaît 
que  10  espèces  de  Vivipara  et  1  d'Unio  déjà  décrites;  il  crée  dans  ces 
deux  genres  23  espèces  nouvelles,  en  sorte  que  les  couches  levan- 

ètre  Limnocardium,  Stolizska.  C'est  celui  que  j'ai  cru  devoir  adopter  et  j'ai  lu 
dernièrement  avec  plaisir  que  c'est  aussi  celui  auquel  MM.  R.  Hœrnes  et  Brusina 
donnent  la  préférence. 


54  FONTANNK.    —    ÉTAGES   SAHMATfOUR    F.T   LEVANTIN,        il    DOT. 

tînes  de  Cralova  et  celles  d'Iassy  n'ont  en  commun  que  trois  espèces 
du  premier  genre  et  une  du  second. 

Il  est  probable,  ainsi  que'le  fait  remarquer  M.  Brusina,  que  si  nn 
esprit  un  peu  moins  enclin  h  restreindre  l'aire  polymorphique  de 
l'espèce  avait  présidé  à  cette  analyse,  les  affinités  de  ces  deux  faunes 
contemporaines  se  seraient  manifestées  d'une  manière  plus  évidente  ; 
mais  je  m'empresse,  par  contre,  de  reconnaître  que  d'aucuns,  à  en 
juger  par  de  récents  travaux,  n'auraient  peut-être  pas  trouvé  une 
seule  espèce  identique  entre  ces  dépôts  syn chroniques  et  relative- 
ment si  rapprochés. 

De  même,  il  semble  que  le  sous-genre  Psilodon,  dont  on  connais- 
sait deux  espèces  en  Valacbie  (P.  Ntumayri  et  P.  Stefanescui),  soit 
représenté  en  Moldavie  par  un  grand  nombre  d'espèces.  M.  Coba- 
liescu  a  déjà  réparti  entre  quatorze  termes  une  partie  seulement  des 
Individus  qu'il  a  recueillis.  Peut-être,  — je  me  garde  bien  d'être  afflr- 
matif  —  ud  autre  eût-il  constitué  un  groupement  moins  fractionné 
et  reconnu  à  chacun  des  1ypes  ainsi  formés  un  polymorphisme  plus 
en  rapport  avec  les  faits  dont  la  nature  actuelle  nous  rend  té- 
moins. 

Il  est  aujourd'hui,  d'ailleurs,  dans  les  listes  de  fossiles  de  certains 
terrains,  un  défaut  à  peu  près  inévitable,  et  à  coup  sûr  très  regret- 
table, qui  provient  en  majeure  partie  du  morcellement  inégal  intro- 
duit dans  la  nomenclature  concbyliologique  par  certaines  exagéra- 
tions fantaisistes  ou  certaines  vues  théoriques.  Je  veux  parler  dn 
manque  absolu  d'impartialité  dans  la  manière  dont  les  genres 
sont  traités.  Ainsi,  pour  prendre  des  exemples  dans  la  faune  qui 
s  occupe,  un  Vîvipara  ne  saurai!  allonger  sa  spire,  est 


1886.      F0NTANNK.  —  ÉTAGES  SABMATIQUE  ET  LEVANTIN.         $5 

sur  eux  des  théorie*  nouvelles;  voilà,  je  crois,  la  seule  explicatioq 
possible  de  cette  profusion  de  dénominations  spécifiques. 

Mais  ce  n'est  pas  tout,  et  l'on  devra  bientôt  se  méfier,  dans  la  com- 
paraison des  listes  de  fossiles,  d'une  autre  source  d'erreurs.  11  de- 
vient, eu  effet,  de  plus  en  plus  difficile  de  comparer  entre  elles  des 
listes  publiées  à  des  époques  éloignées  par  un  même  auteur,  l'expé- 
rience des  uns  les  poussant  vers  un  morcellement  de  plus  en  plus 
exagéré,  celle  des  autres,  au  contraire,  leur  donnant  une  conception 
de  plus  en  plus  large  de  l'espèce  ou  du  genre. 

Lorsque  MM.  Neumayr  et  Brusina,  —  dont  tous  les  travaux  re- 
flètent tant  d'aptitude  et  de  conscience,  —  ont  admis  dans  la  faune 
des  couches  à  Paludines  plusieurs  espèces  vivantes,  qu'ils  en  banis? 
sent  actuellement  (1),  est-ce,  —  ainsi  que  veulent  se  le  persuader 
quelques  naturalistes,  convaincus  de  la  supériorité  de  leur  manière 
de  voir,  —  parce  qu'ils  manquaient  du  coup  dœil  nécessaire  pour 
distinguer  certaines  divergences,  ou  qu'ils  se  refusaient  à  consacrer 
à  leur  étude  le  temps  qu'elle  exigeait?  Non,  des  arguments  de  cette 
nature,  lorsque  malheureusement  ils  se  produisent,  ne  méritent  au- 
cune réfutation.  C'était  bien  certainement  parce  que  MM.  Brusina  et 
Neumayr  comprenaient  d'une  façon  plus  large  l'éteudue  des  varia- 
tions de  ces  espèces  dans  le  temps  et  dans  l'espace.  Depuis,  ce  cycle 
s'est  rétréci  à  leurs  yeux  et,  aujourd'hui,  les  formes  levantines  ne 
peuvent  plus  y  trouver  place. 

C'est  ainsi  que,  peu  à  peu,  dans  les  meilleurs  esprits,  s'accroît  la 
valeur  de  toutes  les  divergences  ;  celles  qui  étaient  négligées,  —  dans 
la  nomenclature,  ■*»  comme  étant  purement  individuelles  et  sans  va- 
leur systématique,  sont  jugées  dignes  de  servir  de  bases  à  la  créa- 
tion de  variétés  ou  d'espèces  ;  celles  qui  distinguaient  entre  elles  Iqs 
espèces  d'un  même  genre,  deviennent  largement  suffisantes  popr 
caractériser  dessous-genres  ou  des  genres  différents  et  aiqsi  de  suite. 
Est-ce  un  bien,  est-ce  un  mal  ?  Je  me  bornerai  à  répondre  que,  pour 
le  moment,  c'est  le  chaos,  mais  que  le  progrès  étant  la  loi  inflexible 
qui  préside  aux  destinées  de  la  science,  cette  période  de  confusion 
est  sans  doute  nécessaire  pour  susciter  un  génie  systématique  qui 
dote  la  nomenclature  ontologique  d'une  méthode  plus  rigou- 
reuse. 

En  attendant,  la  géologie  doit  s'estimer  heureuse  que  cet  engoue- 
ment du  fractionnement  &  outrance  ait  respecté  jusqu'ici,  dans  une 
certaine  mesure,  les  faunes  marines,  et  qu'elle  ait  eu  le  temps  de 

(0  Uyttiiuia  tentaculata,  HydroOia  stagnait  s,   LUhoglyphus  fuse  us,  flelanopsis 
tostata,  M.  acicularis.  M,  Esperi,  Neritina  transversalis,  etc. 


36  F0HT1HHE.  —    ÉTAGES  SABMATIOUE   ET   LEVANTIN.  11    nov. 

tracer  ses  grandes  lignes  à  une  lueur  moins  vacillante  ;  il  lui  eût  été 
difficile,  sans  cette  bonne  fortune,  de  tirer  de  la  paléontologie  les  pré- 
cieuses ressources  qui  ont  tant  contribué  à  la  solidité  de  ses  prin- 
cipes. 

Sous  bénéfice  des  réserves  qui  découlent  des  observations  précé- 
dentes, j'appellerai  l'attention  sur  le  petit  nombre  de  termes  com- 
muns entre  les  faunes  rencontrées  au  milieu  des  couches  levantines, 
dans  les  diverses  régions  de  la  Roumanie. 

Ainsi  la  faune  de  Plœsci,  dont  17  espèces  ont  été  dénommées,  n'a 
qu'une  espèce  commune  avec  celle  de  Craïova  et  aucune  avec  celle 
de  Iassy.  Cette  faune,  d'ailleurs,  est  probablement  un  peu  plus  an- 
cienne. Les  faunes  de  Craïova  et  d'Iassy,  sur  un  total  approximatif 
de  150  espèces,  n'eu  comptent  que  10  a  12  qui  soient  communes  à 
ces  deux  régions.  Enfin,  sur  160  espèces  qui  constituent  le  bilan  ac- 
tuel à  nos  connaissances,  la  faune  du  Levantin  de  la  Roumanie  n'en 
compte  qu'une  cinquantaine  qui  soient  connues  sous  le  même  nom 
en  dehors  de  cette  contrée. 

Il  ne  me  parait  pas  inutile  d'insister  sur  ces  énormes  divergences 
fauniques  entre  des  dépôts  qui  tous  sont  rapportés  au  Levantin 
moyen  et  supérieur  par  les  géologues  romains  ;  elles  semblent  ap- 
peler soit  une  revision  comparative  des  déterminations  adoptées  par 
les  diverses  auteurs,  soit  des  études  stratigraphiques  plus  minu- 
tieuses. 

Malgré  leur  nombre  relativement  restreint,  les  espèces  du  Le- 
vantin de  la  Slavonie,  de  la  Croatie,  de  la  Dalmatie,  qui  ont  été  re- 
trouvées en  Roumanie,  permettent  dès  aujourd'hui  une  comparaison 
suffisamment  motivée  avec  les  formations  plus  occidentales  étudiées 


1886.      FORTANHB.  —  ÉTAGES  SARMATIQUB  ET  LEVANTIN.         57 

bassin  de  Vienne  montrant  entre  ces  deux  groupes  la  môme  indé- 
pendance, n'est-ce  pas  là  un  argument  de  quelques  valeur  à  ajouter 
à  ceux  qui  tendent  à  faire  passer  entre  les  couches  à  Dreissemia  rkom- 
boïdea  et  la  plus  grande  partie  des  dépôts  à  Paludines  la  limite  du 
Pliocène  et  du  Miocène? 

On  sait,  en  effet,  que  tandis  que  certains  auteurs  placent  Tune  et 
l'autre  de  ces  deux  formations  dans  le  Miocène,  d'autres  les  rangent 
dans  le  Pliocène  qu'ils  font  môme  commencer  au-dessus  des  cou- 
ches à  Céiïthes.  Malgré  les  raisons  théoriques  invoquées  en  faveur 
de  cette  dernière  manière  de  voir  et  l'autorité  de  l'un  de  ses  défen- 
seurs les  plus  distingués  (1),  il  me  semble  que  les  données  de  la  pa- 
léontologie lui  sont  trop  manifestement  contraires,  pour  qu'elle  ait 
quelque  chance  de  prévaloir.  Une  faune  d'un  caractère  aussi  franche- 
ment miocène,  aussi  intimement  liée  avec  celle  qui  précède  que  la 
faune  sarmatique,  ne  saurait  ôtre  placée  dans  un  système  différent. 
D'un  autre  côté,  les  couches  à  Paludines  étant  inséparables  des  sa- 
bles à  Mastodon  arvernensis  avec  lesquels  elles  alternent  dans  leur 
partie  supérieure,  il  ne  semble  pas  possible  de  retenir  dans  le  Miocène 
cet  ensemble  de  dépôts  ou  du  moins  ses  termes  moyen  et  supérieur. 

Ces  deux  points  fixés,  toutes  les  couches  à  Gongéries  doivent-elles 
ôtre  nécessairement  reportées  dans  le  Miocène?  Je  ne  le  pense  pas, 
et  si  j'insiste  ici  sur  ce  point,  c'est  que  je  trouve  dans  le  mémoire  de 
H.  Gobaliescu,  et  plus  encore  dans  les  matériaux  que  M.  Stefanescu 
a  bien  voulu  me  soumettre,  un  argument  nouveau  en  faveur  de  la 
manière  de  voir  que  j'ai  cru  devoir  adopter. 

En  dehors  des  spécialistes  de  l'Autriche-Hongrie  qui  ont  appro- 
fondi l'étude  de  ces  faunes,  il  n'est  peut-être  pas  suffisamment  re- 
connu que  les  Dreissemia  et  les  Limnocardium  sont  loin  de  caractériser 
exclusivement  les  couches  à  Gongéries  proprement  dites  (zone  à  Dr. 
subglobosa  et  zone  à  Dr.  spathulata).  Certains  niveaux  assez  élevés  du 
Levantin,  à  en  juger  par  les  espèces  de  Yivipara  qui  y  ont  été  ren- 
contrées, en  renferment  un  nombre  relativement  considérable.  Ge 
fait,  qui  ressortait  de  travaux  récents  publiés  sur  d'autres  régions, 
est  encore  confirmé  par  l'étude  de  la  faune  levantine  de  la  Rou- 
manie. 

En  effet,  en  4877,  M.  Fuchs,  dans  son  Aperça  sur  les  terrains  ter- 
tiaires du  bassin  de  Vienne,  des  plaines  de  la  Hongrie  et  de  la  Styrie,  qui 
a  souvent  servi  de  base  aux  comparaisons  des  auteurs  étrangers  à  ces 
régions,  ne  citait  dans  le  Levantinische  Stufe  (couches  à  Paludines) 
aucun  Gardium  et  un  seul  Dreissensia,  le  Dr.  polymorpha  actuel. 

(I)  V.  A.  de  Lapparent,  Traité  à*,  géologie,  V  édition,  p.  1071. 


38  FOMTANIfE.    —    ÉTAGES   SAHKATiyUK    BI   LEVANTIN.         H    »©¥, 

Dana  l'ouvrage  classique  de  MM.  Paul  et  Neimiay  r  sur  la  Slavonie,  pa» 
un  Cardium,  pas  un  Dremewia  ne  figure  dans  la  faune  des  couches 
a  Paludines,  de  même  que  pas  une  Paludine,  pas  un  Unio  n'est  signalé 
dans  les  couches  a  Congéries. 

Mais  aujourd'hui,  il  parait  établi  que  ces  localisations  ne  sont  pas 
partout  aussi  absolues.  MM.  Puons  et  Tournouër  ont  signalé  dans  le 
Levantin  de  la  Roumanie  deux  espèces  d'un  groupe  de  Cardiidœ, 
dont  M.  Cobaliescu  a  trouvé  en  Moldavie  toute  une  intéressante  série 
de  formes.  Ce  groupe  {Piilodon,  Gob.,  Prosodama,  Tourn.),  compte 
aujourd'hui  onse  espèces,  y  compris  celle  qui  est  décrite  ici-même. 
Le  genre  Limnocardium  est  représenté,  en  outre,  dans  cette  même 
faune  par  8  ou  9  espèces  appartenant  à  des  groupes  divers,  plus 
on  moins  voisins  des  Psilodon.  Quant  au  genre  Dreittentia,  les  es- 
pèces connues  dans  les  couches  levantines  de  la  Roumanie  s'élè- 
vent aujourd'hui  au  nombre  de  six. 

Or,  il  se  trouve  précisément  que  cet  ensemble  de  Dreiiseniia  et  de 
Limnocardium  présente  une  analogie  frappante  avec  ce  même  en- 
semble générique  dans  les  couches  à  Congéries  delà  vallée  du  Rhône 
qui  semblent  être  pliocènes,  tandis  qu'il  n'offre  que  des  affinités  plus 
lointaines  avec  les  groupes  de  Dreissensia  et  de  Limnocardium  qui 
caractérisent  les  couches  a  Congéries  du  bassin  de  Vienne.  Il  se  pour- 
rait donc  que  les  formations  pontiques  du  sud-est  de  ta  France  ainsi 
que  celles  de  l'Italie  dont  elles  paraissent  inséparables,  fussent  d'un 
Age  un  peu  plus  récent  que  les  couches  à  Dr.  rkomboidea  et  Dr.  ipa- 
thulata  de  l' Au  triche-Hongrie  et  représentassent,  sous  ces  faciès  dif- 
férents, la  base  du  Levantin  de  l'Europe  occidentale. 

lUeraient,  d'une    part,  la    présence  de   Mammifères 


1886.  FONTAHNE.    —    ÉTAGES  SARMÀTIQUE    KT  LEVANTIN.  59 

Qu'il  me  soit  permis  à  la  suite  de  la  présentation  de  cet  ouvrage,  de 
signaler  à  la  Société  un  important  mémoire  publié  récemment  sur 
les  couches  à  Congéries  ou  pontiques  de  l'Italie  septentrionale  el 
centrale,  par  M.  le  professeur  Dante  Pantanelli,  mémoire  qui,  par 
ses  aperçus  synthétiques,  rendra  de  réels  services  à  tous  ceux  qu'in- 
téressent la  question  de  Tige  de  ces  dépôts,  ainsi  que  les  conditions 
dans  lesquelles  ils  se  sont  formés  (1). 

Dans  on  chapitre  spécial,  M.  Pantanelli  expose  très  clairement 
tons  las  bâts  observés  dans  le  cadre  de  son  travail,  qui  peuvent 
éclairer  sur  la  place  systématique  à  assigner  aux  couches  à  Congéries, 
leur  place  absolue  étant,  d'ailleurs,  définitivement  fixée.  Tout  en 
leur  reconnaissant  des  afûnités  diverses  avec  le  Pliocène,  le  savant 
professeur  de  Modène,  estime,  dans  ses  conclusions,  que  ces  dé- 
pôts, —  auxquels  ne  correspond  aucune  des  formations  marines 
connues  à  ce  jour,  —  doivent  être  considérés  comme  représentant  le 
dernier  terme  de  la  période  miocène. 

Sans  méconnaître  la  valeur  des  arguments  théoriques  invoqués  en 
faveur  de  la  manière  dont  M.  Pantanelli  tranche  cette  question  d'ac- 
colade, je  pense  qu'il  peut  être  utile  de  rappeler  très  brièvement 
ici,  d'après  son  excellent  travail,  les  caractères  les  plus  saillants  des 
couches  à  Congéries  de  l'Italie  septentrionale  et  centrale. 

Stratigraphie.  —  Sur  dix-huit  lambeaux  ayant  fourni  des  fossiles 
et  dont  les  rapports  stratigraphiques  ont  pu  être  établis,  huit  sont 
superposés  aux  couches  sarmatiques  (formations  marino-saumâtres, 
gypso-salines,  gypse-sulfureuses).  Ce  sont  ceux  de  Bene-Vagienna, 
San  ta- A  gâta,  Sogliano,Pesaro,  Âncona  sur  le  versant  de  l'Adriatique, 
de  M armolajo,  Morra,  Puzzolante  et  quelques  autres  moins  impor- 
tants du  Livournais  sur  le  versant  tyrrhénien. 

Un  lambeau  repose  directement  sur  le  Tortonien,  celui  de  S.  Va- 
lentini. 

Sept  sur  des  terrains  plus  anciens  (Langhien,  Eocène,  etc.)  i  Siviz- 
zano  ?  S.  Polo,  Moscardina  sur  le  versant  septentrional  de  l'Apennin, 
Caniparola,  Casino,  Casole,  Frontignano,  Monterosi. 

limite  du  Miocène  et  du  Pliocène,  les  couches  à  Congéries  étant  pour  lui  franche- 
ment pliocènes. 

Si  ce  classement  peut  être  discuté,  il  n'en  est  pas  moins  très  intéressant  de 
noter  que  les  puissants  phénomènes  d'érosion  que  j'ai  signalés  dans  la  vallée  du 
Rhône  enire  le  Tortonien  et  le  Pontique  ou  Messinien  supérieur ,  se  sont  étendus 
à  d'autres  régions  de  l'Europe  méridionale.  Cette  observation  est  d'une  trop  grande 
importance  pour  que  je  ne  saisisse  pas  la  présente  occasion  d'appeler  sur  elle 
faitention  qu'elle  mérite. 

(!)  Monografia  degli  strati  pont  ici  del  mioc.  sup.  nelC  Italia  sett-  et  centrale 
{Mém.  Acad.  Se.  di  Modena,  ?  s.  t.  IV,  ldS6). 


60  FOKTANNB.   —   ÉTAGES  SABMATIQOB   ET  LEYANT1K.        11  DOT. 

Enfin,  les  dépôts  pontiques  de  Montebamboli  et  de  Gasteani  sont 
superposés  à  des  couches  lacustres  qui ,  très  probablement,  corres- 
pondent an  Sarmatique  et  sont,  en  tout  cas,  pins  anciennes  que 
l'horizon  de  Casino,  la  seule  station  avec  laquelle  on  puisse  les  com- 
parer sous  te  rapport  paléontologique. 

Ainsi,  il  est  bien  établi  qu'il  y  a  discordance  et  transgression  entre 
le  Miocène  et  les  couches  à  Congéries.  C'est  même  une  des  raisons 
données  par  H.  Pantanelli  pour  rejeter  la  dénomination  de  Mio- 
pliocèno  employée  par  quelques  auteurs  pour  désigner  ces  dépôts; 
car,  dit-il,  au  début  de  son  mémoire,  cette  appellation  ferait  sup- 
poser entre  le  Miocène  et  le  Pliocène  une  «  continuité  »  qui  n'existe 
presque  nulle  part. 

Dans  ces  dis-huit  gisements,  les  couches  à  Congéries  sont  recou- 
vertes par  le  Pliocène.  C'est  exactement  ce  qu'on  observe  dans  la 
vallée  du  Rhône  où  ces  mêmes  dépôts,  complètement  indépendants 
du  Miocène  se  sont  rencontrés  uniquement  sous  les  argiles  plaisan- 
ciennes. 

Paléontologie.  —  Par  suite  de  sa  nature  toute  spéciale,  la  faune 
malacologique  de  cet  horizon  ne  peut  être  comparée  avec  aucune  de 
celles  actuellement  connues  du  Miocène  on  du  Pliocène.  Toutefois  il 
esta  remarquer  qu'aucune  espèce  miocène, même  sarmatique,ne  passe 
dans  les  couches  à  Congéries,  tandis  qu'un  petit  nombre  d'espèces 
de  ces  dernières  se  perpétuent  ou  sont  représentées  par  des  formes 
très  voisines  dans  le  Pliocène. 

Quant  &  la  faune  ma  m  ma  logique  qui  a  été  étudiée  avec  toute  la 
compétence  désirable  par  M.  Forsyth-Major,  on  sait  que  cet  auteur 
la  regarde  comme  pliocène.   M.  le  docteur  Depéret,   que  ses  nom- 


1886.      FONTANNE.  —  ÉTAGES  SARMATIQUB  ET  LEVANTIN.         61 

Ces  quelques  citations  résument,  il  me  semble,  ce  qu'il  est  es- 
sentiel de  connaître  pour  apprécier  l'âge  des  couches  à  Congé  ries  de 
l'Italie  ;  elles  montreront,  je  pense,  que  l'intéressant  et  utile  travail 
de  M.  Pantanelli  est  bien  loin  de  désarmer  ceux  qui  soutiennent  que 
les  formations  pontiques  de  l'Italie  et  du  sud-est  de  la  France 
sont  pins  intimement  liées  avec  les  dépôts  du  Pliocène  qu'avec  ceux 
du  Miocène. 

M.  Douvillé  fait  ensuite  part  des  observations  suivantes  de 
M.  Fontanne. 

M.  Fontanne  signale  les  intéressantes  données  géologiques  four- 
nies par  le  percement  du  tunnel  de  la  ligne  de  Col  longes  à  Lyon-Saint- 
Clair.  A  la  fin  d'octobre,  la  tète  Saône  avait  atteint  215  mètres.  Jus- 
qu'à 185  mètres  environ,  le  tunnel  traverse  des  sables  et  graviers  avec 
Mastodon  arvernensis  qui  descendent  jusqu'au  niveau  de  la  rivière; 
puis  la  base  du  «  chapeau  »  s'engage  dans  une  argile  à  lignite  renfer- 
mant de  nombreux  débris  de  coquilles  presqu'exclusivement  terres- 
tres parmi  lesquelles  se  rencontrent  communément  Hélix  Chaixi, 
Clausilia  {Triptychia)  Terveri,  etc.  Par  la  disposition  des  strates  de  ces 
deux  termes,  cette  coupe  met  en  évidence,  mieux  qu'aucune  de 
celles  étudiées  jusqu'ici,  le  ravinement  des  argiles  lignitifères  à 
Hélix  Chaixi  par  les  sables  et  graviers  du  Pliocène  moyen  de  Mont- 
pellier et  de  Trévoux. 

Elle  révèle,  en  outre,  la  présence,  à  la  base  de  la  terrasse  de  Ca- 
luire,  sous  les  alluvions  préglaciaires,  —  dont  les  caractères  sont  très 
différents  de  ceux  des  alluvions  quaternaires,  —  du  Conglomérat 
bressan  (Pliocène  supérieur  à  Elephas  méridionale)  qui  ravine  les  sa- 
bles et  graviers  du  Pliocène  moyen. 

M.  Fischer  présente,  au  nom  de  M.  Berthelin,  une  note  sur 
l'Hélix  Arnouldi  (Michaud).  Cette  espèce  présente  des  caractères 
qui  avaient  inspiré  à  Deshayes  la  pensée  qu'elle  pourrait  se  rappro- 
cher des  Proserpina,  cependant  il  l'avait  expressément  maintenue 
parmi  les  Hélix.  L'examen  de  moules  internes  de  cette  espèce  m'a 
donné  la  certitude  qu'elle  ne  saurait  être  laissée  ni  dans  le  genre 
Hélix  ni  même  dans  la  famille  des  Helicidœ:  les  tours  intérieurs 
sont,  en  effet,  complètement  résorbés,  tout  à  fait  comme  dans  les 
Proserpina,  Ceres,  etc.  Elle  doit  donc  prendre  place  dans  la  famille 
des  Proserpinidœ,  entendue  dans  le  sens  que  lui  donne  M.  le  docteur 
Fischer  dans  son  Traité  de  Conchyliologie, 

Je  me  propose  de  compléter  cette  communication  en  présentant  à 
la  Société,  dans  une  prochaine  séance,  un  dessin  et  une  description 
complète. 


FHÉDÉMC   DBLAFOND.    ■ 


TUFS   DE    MEX1MIEUX 


Note  tur  le»  Tufs  de  Heximieux. 
par  H.  Frédéric  Delalond. 

(BuU.  t. XIII.  —  S' série,  p.  lei). 

Préliminaire*.  —  Nous  avons,  dans  une  note  précédente,  insérée 
au  Bulletin,  signalé  un  fait  important  concernant  les  terrains  ter- 
tiaires récents  de  la  Bresse.  Nous  avons  cherché  à  établir  que  les  dé- 
pôts de  sables  ferrugineux  à  Masiodcn  avemensis  de  Trévoux,  de 
Montmerle,  etc,  s'étaient  effectués  à  la  suite  de  ravinements  impor- 
tants opérés  dans  les  marnes  bleues  à  Paludines  et  à  Pyrgules. 

Les  sables  auraient  comblé  des  dépressions  profondes  creusées 
dans  la  formation  des  marnes.  Nos  études  ultérieures  sur  la  Bresse 
et  la  Dombes  nous  ont  paru  confirmer  l'exactitude  de  celte  théorie. 

Aux  localités  citées  dans  notre  précédent  mémoire  comme  renfer- 
mant des  gîtes  contemporains  de  ceux  de  Trévoux,  nous  ajouterons 
celles  de  Saint- Germain-au-Mont-d'Or,  de  Riotlier,  de  Beauregard 
(rive  droite  de  la  Saône,  en  face  de  Villefranche)  et  celles  si  classi- 
ques de  Meximieux,  dans  la  vallée  du  Rhône.  Les  tufs  de  cette  loca- 
lité nous  paraissent,  en  effet,  devoir  être  considérés  comme  étant  du 
même  âge  que  les  sables  de  Trévoux,  et  formés  dans  des  conditions 
analogues. 

Ossature  de  Dombes.  —  Nous  présenterons  à  l'appui  de  cette  opi- 
nion les  considérations  suivantes  : 

Nous  avons  déjà  dit,  dans  notre  mémoire  précité,  que  l'ossature 
du  massif  de  la  Dombes  était  essentiellement  constituée  par  la  for- 
mation des  marnes  bleues  à  Paludines  et  a  Pyrgules. 


(886  nsotaïc  dblakhïd.  —  tdpb  db  mxmibux.  6» 

Havts  niveau*  \  Monteiller,  Satigneux,  Villeneuve,  Ambérien-ea* 

Dottbe»,  Sandran»,    La   Cnapelle-do-Chitelard,  Saint-Germain-sar- 

RenoD,  Chalamont  (1). 
Nivtwx  imerméétaira  ;  Saint-Eloi,  Sainte-Croix,  Cordieux,  Mis- 

sten,   Parcion,    Genay,   Reyrieux,   Miserieux|,  Frane,  Lurey,  Oei- 

irtn»,  PeyziMx,    Saint-Àfcdré-le-Panoux,    Saint-André-Ie-Bou- 

flfcOOX. 

Mode  de  formation  et  âge  des  tufs  de  Meximieux.  —  Apres  cette  courte 
digression,  revenons  aux  tufs  de  Meximieux,  qui  font  l'objet  prin- 
cipal de  la  présente  note.  Ce*  tufs  apparaissent  sur  le  flanc  des  co- 
teaux de  la  Bombes  lesquels  sont  constitués,  comme  nous  venons  de 
le  voir,  par  les  marnes  bleues  a  Pâludines.  Ils  ont  été  généralement 
considérés  jusqu'à  présent  comme  faisant  eux-mêmes  partie  de  cette 
Formation  marneuse. 


Une  pareille  hypothèse  nous  paraît  devoir  être  écartée.  En  effet,  la 
formation  de  tufs,  dont  le  Bugey  offre  de  nombreux  exemples,  sup- 
pose, l'existence  de  coteaux  sur  les  flancs  desquels  des  ruisseaux  ou 
des  sources  laissent  déposer  des  sédiments  calcaires.  Or  les  marnes 
bleues  se  sont  sans  doute  formées  au  sein  d'eaux  peu  agitées,  d'un 

L->card;  les  marnes  ont  été  rencontrées  ÉGalement  dans  les  puits  à  eau  de  la. -ville 
deileiimieux.  Les  marnes  descendent  ainsi  sur  le  pourtour  de  la  Doinbes,  jus- 
qu'à oa  niveau  égal  ou  inférieur  A  celui  des  vallées  qui  entourent  celte  région. 

'i)  Cependant  nous  ne  citerons  qu'avec  doute  la  localité  de  Chalamont,  parce 
que  les  renseignements  que  nous  avons  recueillis  sur  les  terrains  traversés  par  les 
puits  i  eau  n'ont  peut-être  pas  toutes  les  garanties  d'exactitude  désirables. 


61  FBÉDÉBIG    DBLAF0ND.   —    TUFS   DE  HBXIH1EUX.      .      11    DOV. 

lac  probablement;  ou  a  peine  alors  à  comprendre  comment  des 
amas  de  tufs  auraient  pu  se  produire  à  une  aussi  grande  distance  du 
rivage  jurassique  (12  kilomètres). 

Le  fait  serait  d'autant  plus  surprenant,  que  dans  le  voisinage  im- 
médiat du  Bugey,  dans  la  vallée  de  l'Ain,  où  les  marnes  bleues  sont 
assez  bien  visibles,  on  n'observe  aucune  trace  de  tuf.  D'un  autre 
coté,  la  flore  et  la  faune  s'opposent  à  ce  que  les  tufs  de  Mexi- 
mieux  soient  classés  dans  une  formation  antérieure  aux  marnes 
bleues. 

L'hypothèse  la  plus  plausible  consiste  donc  à  admettre  que  les  tufs 
sont  postérieurs  aux  marnes.  Elle  est  justifiée  par  le  fait  suivant  déjà 
signalé  par  Dumortïer,  c'est  qne  les  tnfs  passent  par  places  aux  cail- 
loutis. 

Ce  fait  peut  être  observé  assez  nettement  dans  une  ancienne  car- 
rière, située  non  loin  du  hameau  de  Claie  ;  il  résulterait  également  de 
la  coupe  des  terrains  traversés  par  les  puits  à  eau  du  village  de  Pé- 
rouges.  D'après  tes  renseignements  recueillis,  on  aurait  rencontré  la 
succession  suivante  : 

Cailloulis  superficiel.  10  1  1!  mètres 

Tufs t  à    3      — 

Cailloulis 15  à  is      — 

Tufs  (non  traversés) Niveau   d'eau. 

H  convient  de  remarquer  encore  que  les  tufs  de  Meximieux  occu- 
pent des  niveaux  divers;  aux  carrières  de  la  Claie  et  à  Pérouges,  on 
observe  des  bancs  situés  à  la  cote  de  270'"  environ,  c'est-à-dire  à 
peu  de  distance  au-dessous  du  plateau  de  la  Dotnbes;  on  les  retrouve 

i  I  i  ■    i -  ■     .1       '■   u  '   ■  ■  -   ■ 


1886.  FRÉDÉRIC  DBLAFOND.    —  ALLUVIONS   ANCIENNES.  65 

conduit  donc  à  formuler  la  même  hypothèse,  celle  d'un  profond 
raTÎnement  des  marnes  bleues,  et  d'un  comblement  postérieur  des 
▼allées  ainsi  creusées. 

Seulement,  tandis  que  dans  la  vallée  de  la  Saône  il  se  déposait  du 
sable  fin  ferrugineux  [Saint-Germain,  Trévoux,  Riottier,  Beauregard, 
Montmerle]  les  formations  de  la  vallée  du  Rhône  étaient  constituées 
par  des  cailloutis  grossiers,  au  milieu  desquels  se  déposaient  à 
Meximieux  des  amas  de  tufs. 

Les  documents  paléontologiques  ne  s'opposent  pas  d'ailleurs  à 
cette  assimilation  des  sables  de  Trévoux  aux  cailloutis  et  tufs  de 
Meximieux.  Aussi  H.  Faisan  paraît-il  avoir  déjà,  dans  son  impor- 
tant ouvrage  intitulé  Monographie  des  anciens  glaciers,  considéré 
les  Tufs  de  Meximieux  comme  contemporains  des  sables  de  Trévoux. 


Note  sur  les  AlluvioDS  anciennes  de  la  Bresse  et  des  Dombes. 

par  M.  Frédéric  Delafond. 

Les  observations  qui  font  l'objet  de  la  présente  note  se  rapportent 
à  la  Bresse  et  à  la  Dombes. 

Nous  croyons  devoir,  à  l'effet  de  faciliter  l'intelligence  des  dévelop- 
pements qui  vont  suivre,  résumer  en  quelques  lignes  les  traits  prin- 
cipaux qui  caractérisent  l'orographie  de  ces  deux  régions. 

La  Dombes  a  sensiblement  la  forme  d'un  vaste  quadrilatère  ayant 
pour  sommets  les  villes  de  Bourg,  Thoissey,  Lyon  et  Pont-d'Ain. 
Elle  fait  en  somme  partie  de  la  région  de  la  Bresse,  mais  elle  s'en 
distingue  par  certains  caractères  qui  lui  ont  valu  une  dénomination 
spéciale.  Tandis  que  la  Bresse  offre,  au  Nord  de  Bourg  et  de  Mâcon, 
l'aspect  d'une  vaste  plaine  à  l'altitude  moyenne  de  210  à  220  mètres, 
la  Dombes  est,  au  contraire,  constituée  par  une  série  de  plateaux 
étages  de  part  et  d'autre  d'une  dorsale  dirigée  approximativement  de 
Lyon  à  Pont-d'Ain.  Elle  offre  ainsi  l'apparence  d'un  vaste  bourrelet 
transversal  à  la  grande  vallée  de  la  Bresse.  Sur  la  dorsale  précitée, 
beaucoup  de  points  atteignent  et  dépassent  l'altitude  de  300  mètres 
(Chalamont  339a). 

Dans  la  Dombes  les  cours  d'eau  sont  peu  nombreux,  et  par  suite 
les  plateaux  peu  découpés  ;  ces  derniers  étaient  autrefois  presque 
entièrement  couverts  d'étangs  qui  donnaient  au  pays  une  physiono- 
mie à  part.  Dans  la  Bresse,  les  plateaux  sont  au  contraire  échancrés 
par  de  très  nombreuses  vallées,  dans  lesquelles  circulent  des  cours 
d'eau  souvent  importants. 

XV  5 


66 


FBàDÉHIC   DKUfOKD. 


■  ALLOYIOBS  ASCUHBES. 


11  nov. 


Nous  Terrons  pins  loin  que  les  phénomènes' géologiques  survenus 
à  des  époques  relativement  récentes  fournissent  l'explication  des 
dissemblances  mentionnées  entre  ces  deux  régions. 

Dans  une  note  insérée  au  Bultelin(t),  et  relative  aux  sables  à  Mas- 
todon  arverneiuiê  de  Trévoux,  nous  avions  signalé  l'apparition,  à  la 


partie  supérieure  de  cette  formation,  de  cailloutis  qui  établissent  on 
trait  d'union  entre  les  sables  précités  et  les  cailloutis  ou  alluvions  de 


1886. 


FIÉ  SÉRIE    D  BU  POND.    - 


AUUVIONS   ÀNCIEt 


67 


Cette  distraction  est  parfaitement  jastiftée  —  Aussi  noua  es  timons 
«[■-'il  y  ».  lien  de  distinguer  trois  catégories  de  cailloutis  : 

la  Cmllmtti*  des  Allumant  det  Cours  d'Eau  à  l'époque  Quaternaire.  — 
lift  forment  des  dépota  de  rives  qui  sont,  dans  la  Bresse  des  environs 
4e  Coalon  et  de  Tourne»,  masqués  par  les  AJluvions  récentes,  et 
-constituent  au  contraire  dans  la  Dombas  des  terrasses  peu  élevées 


au-dessus  du  thalweg  des  vallées  (Plateaux  de  Thoissey,  et  de  Saint- 
Bernard  prèSjTrévoux,  etc.).  Ces  cailloutis  sont  le  gîte  le  plus  ha- 
bituel de  YElephas  primigenius. 

3°  Cailloutis  recouvrant  non  seulement  les  plateaux  de  la  Bombes,  mail 
encore  tapissant  les  pentes  des  collines  jusqu'au  fond  des  vallées,  et  se  re- 
liant intimement  aux  phénomènes  glaciaires.  —  Ce  sont  des  dépots  formés 
par  les  torrents  qui  s'écoulaient  des  glaciers;  ces  torrents  remaniaient 
les  moraines,  entraînaient  les  galets  et  les  boues  glaciaires  ;  ces  ma- 
tériaux de  transport  se  déposaient  ensuite  et  formaient,  l'un  le  cail- 


68  FRÉDÉRIC   DBLAFOND.    —   ALLUYIOHS   ANCIENNES.  11    nOV. 

loutis  dont  nous  noua  occupons,  et  l'autre  le  lehm  à  Elepkas  primi- 
geniut.  Cette  explication  est  justifiée  par  les  observations  suivantes  : 
d'une  part,  lecailloutis  précité  ne  se  rencontre  que  dans  le  voisinage 
des  dépôts  erratiques,  notamment  en  avant  des  moraines  frontales; 
d'autre  part,  il  existe  tous  les  degrés  intermédiaires  entre  le  terrain 
glaciaire  non  remanié  et  le  cailloutis  proprement  dit. 

Les  cailloutis  que  nous  venons  d'énumérer  dans  les  deux  paragra- 
phes précédents  ont  la  même  composition,  et  présentent  les  mêmes 
caractères;  ils  sont  d'ailleurs  de  même  âge.  Ils  se  distinguent  nette- 
ment dans  la  Dombes,  par  leur  faible  degré  d'altération  et  la  moindre 
fréquence  des  galets  granitiques,  des  cailloutis  que  nous  allons  exa- 
miner maintenant. 

3"  Enfla  Cailloutis  anciens  (1).  —  Ce  sont  ces  derniers  qui  font  l'ob- 
jet de  la  présente  note  ;  nous  allons  successivement  passer  en  revue 
leur  constitution,  leur  gisement,  leur  mode  de  formation,  et  enfin 
leur  Age  probable. 

CONSTITUTION    DES   CAILLOUTIS   ANCIENS. 

Les  cailloutis  anciens  reposent  soit  sur  les  terrains  tertiaires  de 
la  Bresse  et  de  la  Dombes,  soit  sur  les  terrains  anciens  ou  secondaires 
qui  circonscrivent  la  grande  dépression  bressane. 

Nous  laisserons  de  côlé,  dans  cet  exposé,  la  bordure  du  Jura  que 
nous  n'avons  pas  étudiée,  et  nous  nous  occuperons  seulement  de  la 
Bresse  (y  compris  la  Dombes)  et  de  la  bordure  Ouest  (Bourgogne  et 
Beaujolais). 

Éléments  constitutif*.  —  Les  cailloutis  sont  de  composition 
variable  suivant  les  régions  ;  dans  la  Bresse  ils  renferment  surtout 


1886.  FRÉDÉRIC  DE  LA  FOND.    —  AUUVIONS  ANCIENNES.  69 

des  assises  argileuses  jaunes,  blanches  ou  rouges  (exemple  :  les 
terres  réfractaires  des  rives  du  canal  du  Centre)  ;  parfois  môme  on 
observe,  mais  assez  rarement,  des  lentilles  d'argile  noirâtre. 

Dans  certains  cas,  la  formation  est  recouverte  à  sa  partie  supé- 
rieure par  une  couche  de  limon  ferrugineux  constituant  de  la  terre  à 
briques  (I).  Ce  limon  se  relie  insensiblement  alors  au  sable  ou  gra- 
vier par  un  passage  insensible  qui  témoigne  ainsi  d'une  succession 
ininterrompue  dans  les  dépôts. 

Altération  dez  éléments.  — Les  sables,  graviers  ou  cailloutis  sont  tou- 
jours, lorsqu'ils  ne  sont  pas  recouvertsde  limon,  fort  décomposés  ;  les 
granités,  les  porphyres  sont  très  altérés  (2),  et  l'ensemble  présente  gé- 
néralement une  teinte  rougeâtre  due  à  la  suroxydation  du  protoxyde 
de  fer.  On  retrouve  là  les  caractères  que  M.  Fontanne  a  définis 
dans  la  note  que  nous  avons  déjà  rappelée. 

Stratification.  —  La  Stratification  est  toujours  confuse,  on  observe 
des  assises  plongeant  dans  tous  les  sens  ;  cependant  on  remarque 
parfois,  non-seulement  sur  le  pourtour  de  la  cuvette  bressane,  mais 
encore  au  centre  même  de  la  Bresse  (gravières  de  Saint-Germain- 
du-Bois  au  nord  de  Louhans)  des  assises  disposées  d'une  manière 
assez  régulière  en  lits  parallèles  et  affectant  une  forte  plongée. 

Les  matériaux  sont  classés  en  désordre  ;  cependant,  en  général  les 
éléments  les  plus  volumineux  occupent  la  partie  inférieure  de  la  for- 
mation, tandis  qu'à  la  partie  supérieure  existent  des  sables  fins 
qui  se  relient  intimement  au  limon  superficiel. 

Ravinement  du  substratum.  —  Partout  où  l'on  peut  observer  le  con- 
tact des  cailloutis  et  des  terrains  sous-jacents,  ou  reconnaît  que  ces 
derniers  ont  été  ravinés  ;  la  surface  de  séparation  forme  une  série  de 
dos  d'àne  et  de  fonds  de  bateau. 

Disons  de  suite  que  les  caractères  que  nous  venons  d'énumérerau 
sujet  de  ces  cailloutis  sont  absolument  ceux  des  dépôts  fluviatiles, 

(1)  Ce  limoD  ne  saurait  être  confondu  avec  le  lehm  dont  nous  avons  parlé  plus 
haut.  Le  lehm  contient  généralement  des  lits  de  cailloux,  et  varie  à  chaque  pas  de 
puissance  et  de  constitution;  il  est  fréquemment  pétri  d'Hélix  et  de  S  uccinéet.  C'est 
le  type  de  la  terre  à  pisé,  et  il  se  prête  mal  à  la  fabrication  des  briques.  Le  limon, 
an  contraire,  ne  renferme  pas  de  cailloux,  pas  de  fossiles;  il  conserve  la  môme 
composition  sur  d'assez  grandes  étendues  ;  il  ne  constitue  qu'une  mauvaise  terre 
à  pisé,  tandis  qu'il  convient  parfaitement  pour  la  fabrication  des  tuiles. 

(2)  Ce  caractère  est  tellement  accusé  que  les  exploitants  de  matériaux  pour 
l'empierrement  des  routes  évitent  autant  que  possible  d'ouvrir  des  carrières  dan  s  ces 
cailloutis,  tandis  qu'ils  recherchent  lescailloutis  récents  que  nous  avons  mentionnés 
plus  haut.  C'est  la  profonde  altération  des  granités  qui  a  donné  naissance  aux 
terres  réfractaires  que  nous  avons  mentionnées  plus  haut. 


70  FEÉBÉBIC   DBLAFOtTD.   —  ÀLLUYIOBS    ASCIENNEB.  11    IlOV. 

tels  qu'ils  ont  été  définis  par  divers  auteurs,  et  notamment  par  Bel- 
grand. 

*   MODE   DE    GISEHEHT, 

Les  caillou  tin  occupent  des  niveaux  et  des  situations  très  variables; 
ils  couronnent  les  plateaux,  tapissent  les  pentes,  et  s'observent  de- 
puis la  cote  de  180m  jusqu'à  celle  de  450"  (environs  de  Beaojeu). 

Disposition  en  terrasses.  —  Au  premier  abord,  tons  ces  gîtes  parais- 
sent être  disposés  tout  à  fait  au  hasard,  et  n'obéira  aucune  loi.  Ce- 
pendant un  examen  plus  attentif  montre  qu'ils  constituent  une  série 
de  terrasses  situées  à  des  niveaux  divers.  Ces  terrasses  sont  très 
apparentes  snr  certains  points,  nous  citerons  notamment  celte  du 
niveau  de  180-182  (Epervans,  St-Marcel,  Gigny,  St-Cyr,  etc.),  celle  du 
du  niveau  de  190-195  (Toutenant,  Châlon-St-Côsrae,  Saint- Germain- 
du-Plain,  Belleville,  Villefranche,  etc.),  celle  de  240  (Corcelles,  Pizay- 
de- Sain  t- Je  an -d' A  rdi  ères),  celle  de  380  (Saint-Julien,  Denicé,  La- 
cenas)  ;  enfin  nous  signalerons,  plus  loin,  la  présence  dans  la  Dombes 
d'autres  terrasses,  dans  une  forte  étendue,  ayant  l'altitude  de  265" 
environ  (1), 

Partout  où  ces  terrasses  ne  sont  pas  recouvertes  par  des  terrains 
glaciaires,  on  reconnaît  aux  cailloutas  les  caractères  que  nous  avons 
définis  plus  haut. 

L'épaisseur  des  cailloutis  des  terrasses  est  toujours  peu  importante; 
dans  la  Bresse  et  la  Dombes,  où  elle  a  été  reconnue  par  de  nombreux 
puits  à  eau,  elle  ne  dépasse  pas  20m,  et  elle  est  généralement  bien 
moindre,  parfois  elle  n'atteint  pas  un  mètre. 

Snr  las  pentes  qui  relient  les  diverses  terrasses  on  retrouve  aussi 


1886. 


FRBDélIC  DELAFO*».   —  ÀLLUVIONS  AHCIBNNES. 


71 


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72  FRÉDÉRIC  DBLÀFOHD.    —   AT.LUYIONS   ANCIENNES.  11    DOT. 

de  280  et  de  300".  Pour  les  trois  dernières  les  caillouta  sont  mas- 
qués par  des  terrains  plus  récents,  mais  il  est  hors  de  doute  qu'ils 
constituent  également  des  terrasses.  D'une  pari,  en  effet,  les  résul- 
tats fournis  par  les  forages  de  puits  à  eau  indiquent  que  les  limites 
séparatives  des  marnes  et  des  cailloutis  constituent  une  succession 
de  lignes  sensiblement  horizontales;  d'autre  part,  les  plateaux  gla- 
ciaires supportent  nécessairement  une  disposition  en  plateau  pour 
les  terrains  qui  supportent  ce  même  glaciaire.  Aux  terrasses  super- 
ficielles de  255,  280  et  300m  correspondraient  donc,  pour  les  cail- 
loutis soug-jacenls,  des  terrasses  ayant  les  altitudes  probables  de 
250,  265  et  280-. 

La  même  coupe  fait  ressortir  en  outre  la  présence  sur  tout  le  par- 
cours, et  à  une  profondeur  généralement  assez  faible,  de  marnes 
bleues  qui  paraissent,  en  l'état  de  nos  connaissances,  pouvoir  6tre 
toutes  rapportées  à  une  même  formation,  celle  des  marnes  à  Palu- 
dines  et  à  Pyrgules.  La  plus  grande  profondeur  des  marnes  au-des- 
sus de  la  surface  du  sol  se  rencontre  dans  la  partie  centrale  de  la 
Dombes,  cette  circonstance  tient  à  la  présence  d'une  nappe  de  ter- 
rains glaciaires  (1). 

Cette  coupe  montre  également  que  sur  les  pentes  l'épaisseur  des 
cailloutis  est  toujours  faible.  (Exemple  :  la  pente  qui  relie  les  terrasses 
de  255  et  de  215-220  en  passant  par  Virial,  Attignat,  Montrevel, 
Jayat). 

Toutes  les  autres  coupes  qu'on  pourrait  faire  dans  la  région  fe- 
raient ressortir  la  même  disposition:  cailloutis  formant  des  terrasses 
plus  ou  moins  accentuées,  et  disposées  en  placages  assez  minces  sur 
les  pentes  comprises  entre  les  terrasses.  Seulement,  tandis  que  dans 


1886.  FRÉDÉRIC  DBLAFOND.   —  ALLUVIOIJS  AHCIBNNKS.      .  73 

suivant  les  localités,  et  plus  spécialement  suivant  la  terrasse  à  laquelle 
ils  appartiennent.  Leur  épaisseur  totale  ne  dépasse  guère,  dans  la 
Bresse  et  la  Dombes,  ainsi  que  nous  l'avons  déjà  dit,  une  vingtaine  de 
moires;  sur  la  terrasse  de  190-195  elle  est  toujours  bien  moindre,  et 
n'atteint  parfois  que  quelques  décimètres. 

Le  limon  subordonné  aux  cailloutis  offre  les  mêmes  variations,  il 
est  bien  développé  sur  la  terrasse  de  190-195,  son  épaisseur  peut  at- 
teindre 3  ou  4  mètres;  il  est  alors  avantageusement  exploité  pour  la 
fabrication  des  tuiles  et  des  briques  (Chalon-sur-Saône).  Sur  la  ter- 
rasse de  215-220,  il  est  moins  épais,  parfois  môme  il  disparaît  et  fait 
place  alors  à  un  sable  micacé  très  Un.  Dans  une  large  zone  située  sur 
les  rives  de  la  Saône,  le  terrain  superficiel  est  constitué  exclusivement 
par  do  sable  tellement  ténu  que  les  cultivateurs  ont  dû  combattre 
par  des  plantations  les  effets  d'entraînement  du  vent  (Sassenay,  Gui- 
sery,  Sermoyer,  etc.).  Sur  les  terrasses  élevées  le  limon  est  en  gé- 
néral peu  développé  ;  il  fait  le  plus  souvent  défaut. 

Les  alluvions  anciennes  sont  des  dépôts  de  cours  <Teau  dont  les  niveaux 
ont  varié.  —  Si  on  rapproche  l'ensemble  des  faits  que  nous  venons 
d'exposer  :  cailloutis  et  limon  subordonné  offrant  par  leur  constitu- 
tion les  caractères  de  formations  fluviables,  dépôts  peu  épais,  dispo- 
sition en  terrasses  étagées,  ravinement  du  substratum  supportant  les 
cailloutis,  on  arrive  à  conclure  que  ces  derniers  représentent  les 
dépôts  d'anciens  cours  d'eau  (1).  Les  lits  de  ces  derniers  auraient 
occupé  des  niveaux  divers,  qui  correspondent  aux  diverses  ter- 
rasses dont  nous  avons  constaté  l'existence.  À  chaque  terrasse 
répond  un  dépôt  spécial  de  cailloutis,  contenant  parfois  des  as- 
sises argileuses  et  surmonté  fréquemment  par  du  limon.  Les 
cailloutis,  graviers  ou  sables  correspondraient  à  la  période  dans 
laquelle  les  cours  d'eau  n'avaient  pas  encore  atteint  leur  régime 
normal,  corrodaient  leurs  rives,  déplaçaient  leurs  lits;  les  dépôts 
d'argile,  qui  semblent  être  toujours  lenticulaires,  s'effectuaient 
dans  les  parties  où  le  courant  avait  sa  vitesse  très  diminuée,  soit  par 
l'effet  de  remous,  soit  par  toute  autre  cause.  Le  limon  superficiel  se 

(1)  Oo  a  cherché  à  établir  que  les  cailloutis  étaient  des  dépôts  lacustres.  On  a 
fait  valoir,  à  l'appui  de  l'existence  d'un  ancien  lac  Bressan,  la  présence,  sur  la 
rite  Beaujolaise  de  la  Bresse,  de  carrières  de  sable  dans  lesquelles  les  strates 
étaient  régulièrement  inclinées  comme  dans  les  dépôts  de  deltas  (Faisan. -Mono- 
graphie des  anciens  glaciers,  t.  II,  p.  355.)  Nous  répondrons  que  pareil  phénomène 
se  produit  également  dans  les  dépôts  de  rivière  ;  il  suffit  par  exemple  qu'un  courant 
rapide  arrive  dans  une  partie  où  le  courant  est  faible  ou  presque  nul.  La  présence 
de  strates  inclinées  au  centre  de  la  Bresse,  à  Saint-Germain-du-Bois,  démontre 
bien  d'ailleurs  que  le  phénomène  précité  n'exige  pas  nécessairement  la  présence 
du  littoral  d'an  lac. 


74  FRÉDÉRIC   DKLAFOIfD.    —  ALLUTIOHS   AHC1KKWES.  11    DOT. 

Bénit  déposé  alors  que  les  cours  d'eau  avaient  atteint  &  peu  près  leur 
régime  normal;  oe  serait  un  dépôt  d'inondation  absolument  comme 
le  limon,  qui  te  forme  aujourd'hui  dans  le  lit  majeur  de  la  Saune, 
lors  des  débordements  de  cette  rivière. 

Disons  tout  de  suite  que  celte  explication  rend  parfaitement 
compte  de  l'existence  déjà  signalée  précédemment,  sur  les  rives  de  la 
Saône,  pour  la  terrasse  de  213-330,  de  larges  bandes  de  sable  fin  pas- 
sant insensiblement  au  véritable  limon,  à  une  certaine  distance  de  la 
rivière.  Lors  des  inondations,  les  eaux  avaient  encore,  dans  le  voisi- 
nage du  lit  mineur,  une  vitesse  notable  ;  elles  ne  laissaient  déposer 
que  du  sable  fin,  et  retenaient  leur  limon  qui  ne  se  déposait  qu'à  une 
plus  grande  distance  du  lit,  alors  que  la  vitesse  du  courant  était  urée 
réduite.  Cette  circonstance  tendrait  a  prouver  également  que  lors  de 
la  formation  de  la  terrasse  de  215-290,  la  Saône  suivait,  h  un  niveau 
plus  élevé,  un  cours  peu  différent  de  son  cours  actuel. 

Phénomène*  d'ablations  considérable»  lors  de  la  formation  des  alht- 
vùmt  ancienne».  —  La  coupe  ci-jointe  montre  que  dans  la  Bresse  et 
dans  la  Dombes  les  terrasses  ont  été  taillées  dans  les  marnes  bleues; 
sur  la  terrasse  (a  plus  basse,  la  surface  des  marnes  est  à  la  cote 
de  175*  environ,  tandis  qu'elle  atteint  celle  de  260"  au  moins  dans 
le  centre  de  la  Dombes  (I).  Comme  cette  formation  des  marnes  bleues 
a  dû,  à  l'origine,  combler  uniformément  la  cuvette  bressane,  que 
depuis  son  dépôt  elle  n'a  subi  que  de  faibles  oscillations  (les  observa- 
tion» faites  jusqu'à  ce  jour  permettent  de  constater  seulement  un 
léger  relèvement  du  coté  du  Jura),  il  faut  admettre  qu'elle  a  été, 
depuis  son  dépôt,  l'objet  d'ablations  considérables  qui  en  certains 
points,  (lône  des  basses  terrasses)  (1),  ont  provoqué  son  démantèle- 


1886.  FRÉDÉ1IC  DELAFORD.  —  ALLUVIONS  ANCIBffttCS.  75 

loguee  à  admettre,  qu'ils  résultaient  de  l'apport  d'anciens  glaciers 
spéciaux  à  k  région  beaujolaise. 

Cette  hypothèse  d'anciens  glaciers  nous  parait  devoir  être  écartée  (1)  ; 
il  nom  parait  beaucoup  plus  naturel  d'admettre  que  les  cours  d'eau 
ont,  aux  divers  niveaux  occupés  par  eux,  corrodé  leurs  rives,  et  pro- 
voqué ainsi  des  éboulements  souvent  considérables.  Les  massifs  du 
Beaujolais  étaient  alors,  dans  cette  région,  recouverts  de  gros  triasi- 
qnes,  dont  il  reste  encore  quelques  témoins.  L'arrasement  de  ces 
massifs,  sur  les  rives  de  la  Bresse,  a  déterminé  la  chute  de  blocs 
volumineux  d'arkoses,  qui  sont  restés  au  milieu  des  cailloutis  dee 
cours  d'eau.  Cette  explication  fort  simple  s'accorde  parfaitement 
avec  les  faits  observés. 

Ajoutons  encore  que  les  érosions  permettent  d'expliquer  très  faci- 
lement les  placages  de  cailloutis  sur  les  pentes  qui  relient  les  diverses 
terrasses.  Lorsqu'une  terrasse  se  constituait,  les  cours  d'eau  corro- 
daient leurs  berges  qui  soutenaient  les  alluvions  de  la  terrasse  supé- 
rieure, ils  provoquaient  des  éboulements  et  des  glissements.  Les 
cailloutis  s'arrêtaient  en  partie  sur  les  pentes,  et  y  formaient  dee 
placages  plus  ou  moins  épais  et  plus  ou  moins  irréguliers. 

Altitude  des  alluvions  anciennes.  —  Nous  avons  dit  précédemment 
que  les  cailloutis  s'observaient,  dans  la  région  de  la  Bresse  et  du  Beau- 
jolais, depuis  la  cote  de  180  jusqu'à  celle  d'environ  450  m.  Toutefois 
il  est  essentiel  de  remarquer  que  sur  la  bordure  beaujolaise  ou  bour- 
guignonne de  la  Bresse,  les  alluvions  anciennes  forment  un  rivage 
bien  accusé  ne  dépassant  pas  280  à  300  m.  Les  dépôts  situés  à  une 
altitude  plus  élevée  se  trouvent  tous  à  une  certaine  distance  à  l'Est 
de  ce  rivage. 

Nous  pensons  donc  qu'il  faut  admettre  que  dans  la  Bresse  les 
cour*  d'eau  ne  se  sont  pas  élevés  au-dessus  de  280  à  300  m.  et  que 
les  cailloutis  situés  à  une  altitude  plus  grande  ont  été  déposés  par 
des  affluents  latéraux,  venant  se  jeter  dans  les  grands  cours  d'eau 
de  la  plaine  bressane.  Ainsi  nous  dirons  que  pour  les  dépôts  situés 
à  l'Ouest  de  Yillié-Morgon,  l'hypothèse  d'une  formation  correspon- 
dant au  lit  d'un  ruisseau  expliquerait  bien  l'existence  de  la  longue 
et  étroite  bande  de  cailloutis  qui  s'étend,  le  long  de  l'ancienne  voie 
romaine,  depuis  le  hameau  des  Pilets  jusqu'à  celui  du  Fût. 

Nous  citerons  encore,  à  l'appui  des  considérations  précédentes,  la 

(1)  Les  cailloutis  contenant  ces  blocs  de  grès  n'ont  pas  les  caractères  des  dépôts 
morainiqaes  ;  ils  sont  extrêmement  décomposés,  les  granités  et  porphyres,  tou- 
jours en  galets  peu  volumineux,  sont  très  altérés,  très  kaolinisés,  enfin  il  n'y  a 
aucune  apparence  de  boue  glaciaire.  La  formation  a,  au  contraire,  très  nettement, 
l'aspect  caractérisque  des  cailloutis  des  terrasses. 


76  FRÉDÉRIC   DSLAFOEID.    —   ALLUVIONS   ANCEKHKES.  11    DOT. 

grande  traînée  de  cailloutis  située  &  l'ouest  et  au  sud-ouest  de  Villa- 
franche,  et  «'étendant  sur  les  communes  d'Alix,  Frontenas,  Pouilly, 
Liergues,  Si-Julien,  etc.,  entre  le  massif  jurassique  de  limas  Pom- 
miers, etc.,  et  le  massif  également  jurassique  de  Cogny,  Ville,  Bois- 
d'Oingt,  etc.  Ces  cailloutis  sont,  à  n'en  pas  douter,  des  alluvions 
d'anciens  cours  d'eau  allant  se  jeter  dans  ceux  de  la  Bresse,  un  peu 
en  amont  de  Ville  franche.  Or,  on  constate  que  les  alluvions  sont  à 
une  altitude  d'autant  plus  grande,  qu'elles  sont  situées  plus  en 
amont  du  cours  de  ces  anciennes  rivières.  Ainsi  à  Frontenas  on  ob- 
serve l'altitude  de  350  m.,  tandis  qu'au  débouché  de  la  plaine  bres- 
sane on  ne  trouve  plus  que  des  altitudes  d'environ  280  m.  Ces  diffé- 
rences sont  parfaitement  justifiées  par  la  pente  que  devaient  avoir 
les  lits  de  ces  affluents.  Nous  ajouterons  que  l'observation  déduite 
de  ces  alluvions  des  vallées  latérales,  vient  &  l'appui  de  l'évaluation 
que  nous  avons  formulée  ci-dessus,  au  snjet  de  l'altitude  maximum 
des  anciens  cours  d'eau  dans  la  Bresse. 

Nous  croyons  donc  pouvoir  dire,  en  résumé,  que  dans  la  plaine 
bressane,  les  lits  des  cours  d'eau  ne  se  sont  pas  élevés  au-dessus  de 
280  ou  300  m.,  et  que  les  cailloutis  situés  à  une  altitude  plus  grande, 
sur  divers  points  de  la  bordure  beaujolaise,  sont  des  dépots  d'af- 
fluents ayant  des  pentes  plus  ou  moins  considérables  (1). 

Cette  surélévation  des  cours  d'eau  au  début  de  la  formation  des 
alluvions  anciennes  résulte  très  naturellement  des  explications  que 
nous  avons  données  antérieurement  au  sujet  des  sables  à  Mastodon 
arvemensis  de  Trévoux.  Nous  avons  dit  que  ces  sables  passaient  à 
leur  partie  supérieure  a  des  cailloutis.  Ces  derniers  se  seraient  élevés 
jusqu'à  l'altitude  précitée.   Après  ce  comblement,   serait  survenue 


1886.  FRÉDÉRIC   DELAFOND.   —   AlLUVIONS  ANCIENNES.  77 

nouvelles  terrasses  situés  plus  bas  encore,  et  qui  seraient  actuelle- 
ment masquées  par  des  dépôts  quaternaires.  Cependant  si  on  re- 
marque que  les  lambeaux  de  la  terrasse  de  180-182,  situées  sur  deux 
rives  opposées  de  la  Saône,  sont  parfois  à  une  faible  distance  l'un 
de  l'autre,  ainsi  que  le  montre  la  fig.  numéro  2  ci-jointe,  qui  met  en 
évidence  les  terrasses  des  environs  de  Châlon,  on  arrive  à  penser 
qu'il  ne  restait  plus  beaucoup  de  place  pour  la  formation  d'au- 
tres terrasses,  et  que  celle  de  180-182,  pourrait  bien  être  la  der- 
nière. 

Origine  de  la  protubérance  des  Dombes.  —  Nous  croyons  ne  pas  de- 
voir quitter  cet  ordre  de  considérations,  sans  dire  encore  quelques 
mots  des  phénomènes  d'ablation  survenus  pendant  la  formation  des 
caillou ti s  des  terrasses.  Nous  avons  exposé  précédemment  que  la 
coupe  relevée  à  travers  la  Bresse  et  la  Dombes,  et  annexée  à  la  pré- 
sente note,  révélait  des  érosions  beaucoup  plus  intenses  dans  la 
Bresse  que  dans  la  Dombes.  L'explication  de  ce  fait  est  assez  aisée. 
Nous  avons  dit  que  les  cours  d'eau  qui  avaient  déposé  les  alluvions 
anciennes  devaient  déplacer  continuellement  leurs  lits  et  entamer 
fortement  leurs  rives.  Ces  érosions  des  rives  étaient,  dans  une  môme 
région,  d'autant  plus  importantes  que  les  cours  d'eau  étaient  plus 
nombreux  et  avaient  de  plus  grands  débits.  Or,  si  on  examine  la  flg. 
numéro  3  ci-contre,  on  voit  que  la  ligne  de  partage  des  bassins  de 
la  Saône  et  du  Rhône  traverse  la  Dombes  de  Lyon  à  Pont-d'Ain  ;  les 
affluents  de  ces  deux  fleuves,  qui  proviennent  de  la  région  des 
Dombes  sont  peu  nombreux,  n'ont  qu'une  faible  étendue  et  qu'un 
débit  minime,  circonstance  tenant  à  ce  que  leurs  bassins  d'alimen- 
tations sont  peu  étendus. 

Dans  la  Bresse,  au  contraire,  existe  un  très  grand  nombre  de  cours 
d'eau  dont  quelques-uns  assez  importants;  leurs  bassins  d'alimen- 
tations sont  étendus.  Une  disposition  orographique  similaire  exis- 
tait déjà  depuis  que  les  grandes  dépressions  des  vallées  de  la  Saône 
et  du  Rhône  étaient  constituées  ;  or,  nous  avons  montré  dans  notre 
note  précitée  sur  les  sables  de  Trévoux  que  la  vallée  de  la  Saône 
était  déjà  constituée  lors  du  départ  de  ces  sables,  et  l'explication 
donnée  par  nous  au  sujet  de  la  formation  des  tufs  de  Meximieux 
conduirait  à  une  conclusion  analogue  pour  la  vallée  du  Rhône.  — 
On  comprend  alors  pourquoi,  lors  de  la  formation  des  diverses  ter. 
rasses,  et  notamment  de  celle  de  215-220  mètres,  il  s'est  produit 
dans  la  Bresse  des  érosions  considérables  qui  ont  amené  le  déman- 
tèlement, au-dessus  de  ce  niveau,  de  la  majeure  partie  de  la  for- 
mation des  marnes  bleues,  tandis  que  dans  la  Dombes  les  érosions 
ont  été  beaucoup  moins  intenses.  —  On  trouve  ainsi  une  explication 


78  FBÉDâMC    DELAVOlfD.    —   ALLOTIONS  ÂNGlHKlniS.  il    DOT. 

suffisautg  de  l'origine  de  la  protubérance  des  Dombes  qui  s'élève 
entre  les  plaines  de  la  Bresse  et  celles  do  Dauphiué. 

Nous  ajouterons  encore  que  les  considérations  présentées  ci -des- 
sus font  comprendre,  non  seulement  pourquoi  il  reste  pen  de  té- 
moins de  l'ancienne  formation  des  sables  de  Trévoux,  mais  encore 
pourquoi  ces  témoins  se  rencontrent  principalement  dans  la  région 
des  Dombes.  Les  gîtes  de  Saint-Germain-do-Mont-d'Or,  de  Trévoux, 
de  Sainte-Eopbémie,  de  Riottier,  de  Beaoregard,  deHontmerle,  sont 
en  effet  tous  situés  dans  la  Dombes;  dans  la  Bresse,  on  ne  connaît  jus- 
qu'à ce  jour  que  les  gîtes  de  Tournas  et  de  Ghagny,  et  encore  ces  der- 
niers paraissent-ils  n'avoir  été  préservés  des  ablations,  que  grâce  à 
leur  situation  dans  une  cuvette  formée  par  les  terrains  jurassiques, 
qui  les  a  protégés  d'nne  manière  tonte  spéciale. 

Epoque  glaciaire.  —  Disons  encore,  pour  terminer  l'historique  de 
la  formation  des  alluvions  anciennes,  que  les  terrasses  les  plus  infé- 
rieures étaient  déjà  constituées  lorsque  les  glaciers  firent  leur  appa- 
rition dans  la  Dombes  (1). 

Les  vallées  étaient  déjà  creusées  et  avaient  au  moins  leur  profon- 
deur actuelle,  lorsque  les  glaciers  vinrent  les  combler.  On  peut  ob- 
server en  effet,  en  maints  endroits,  sur  les  rives  du  Rhône,  la  boue 
glaciaire,  arrivant  jusqu'au  niveau  actuel  des  eaux  du  fleuve,  et  des- 
cendant même  probablement  plus  bas  encore. 

A  celte  époque  glaciaire,  les  cours  d'eau  considérablement  grossis 
entamèrent  de  nouveau  leurs  anciennes  rives;  les  basses  terrasses 
furent  en  partie  démantelées,  et  le  lit  élargi  fut  comblé  par  des  gra- 
viers à  Etephas  primigenius.  La  figure  n°  2  ci-contre  montre  qu'à 
cette  époque  la  terrasse  de  180-183  fut  fortement  démantelée,   et 


1886.  FRÉDÉRIC  DELAFORD.  —  ALLUVIONS  A N CI E SUR*.  79 

bable  que  les  cailloutât  peuvent  être  considérés  comme  contempo- 
raine de  YElephas  méridional*. 

Les  motife  qui  nous  paraissent  justifier  cette  classification  sont  les 
suivants  : 

Les  cailloutis  se  sont  déposés  après  les  sables  de  Trévoux  à  Masto- 
don arvernensis,  et  avant  l'arrivée  dans  les  Dombes  des  glaciers  qui 
ont  correspondu  au  grand  développement  de  YElephas  primigenius. 

A  Trévoux,  à  Montmerle,  où  les  sables  ferrugineux  à  Mastodon 
arvernensis  sont  nettement  caractérisés,  on  n'a  pas  signalé  la  pré- 
sence de  YElephas  meridionalis. 

De  même,  dans  le  graviers  quaternaires  des  cours  d'eau,  on  n'a 
jamais  signalé  l'association  de  YElephas  meridionalis  à  YElephas  pri- 
migenius qui  y  est  fort  abondant.  Mais  YElephas  meridionalis  a  été 
trouvé  jadis  dans  les  cailloutis  des  terrasses,  à  la  gare  de  Saint-Ger- 
main au  Mont-d'Or  (1),  et  récemment  à  Chagny,  dans  une  tranchée 
du  Canat  du  Centre  (terrasse  de  215-220),  et  à  Demigny  dans  la 
tranchée  du  chemin  de  fer  de  Chagny  à  Auxonne.  On  a,  il  est  vrai 
signalé  autrefois  à  Saint-Germain-au-M ont-d'Or  et  à  Chagny,  la  pré- 
sence simultanée  du  Mastodon  arvernensis  et  de  YElephas  meridionalis. 
Mais  d'une  part  il  est  difficile,  en  l'absence  de  renseignements  précis 
sur  ces  découvertes,  de  savoir  si  réellement  les  divers  ossements 
appartenaient  bien  au  môme  gîte,  d'autre  part  les  gisements  de 
Mastodon  arvernensis  peuvent  être  remaniés.  Cette  dernière  hypo- 
thèse est  très  admissible  en  ce  qui  concerne  Saint-Germain-au-Mont- 
D'Or;  on  aperçoit  en  effet  au-dessous  du  cailloutis  les  sables  ferru- 
gineux à  Mastodon  arvernensis  ravinés  par  ce  môme  cailloutis. 

Nous  pensons  donc,  et  nous  sommes  d'accord  à  cet  égard  avec  les 
théories  généralement  admises,  que  YElephas  meridionalis  n'exis- 
tait pas  à  l'époque  de  la  formation  des  sables  de  Trévoux,  qui  sont 
caractérisés  par  l'abondance  des  débris  de  Mastodon  arvernensis,  et 
qu'il  aurait  vécu  plus  tard,  lors  du  dépôt  de  cailloutis,  des  terrasses. 

Nous  ajouterons,  au  sujet  de  YElephas  meridionalis,  que  ce  mammi- 
fère a  été  trouvé  assez  fréquemment  dans  les  fentes  de  calcaires  du 
Lyonnais  et  de  la  Bourgogne(Mont-Narcel,  Mont-Verdun,  Poleymieux 
Fleurville,  Chagny  (2).  Il  n'était  jamais  associé  au  Mastodon  arver- 
nensis, mais  bien  à  des  animaux  ayant  vécu  également  à  l'époque 
quaternaire  tels  que  YElephas  antiquus  (Poleymieux,  Chagny)  et 
Y Hippopotamus  major  (Mont-Narcel,  Mont- Verdun)  (3).  Ces  faits  vien- 

(1)  Fon tanne.  Note  précisée. 

(t)  Dans  uue  fente  de  calcaire  jurrassique  du  tunnel  du  chemin  de  fer,  d'après 
Jes  archives  du  Muséum  de  Lyon. 
(3)  Falan.   —  Monographie  des  anciens  glaciers*  Tom.  II,  p.  59. 


80  FBÉDÉRIC   DBLAFONB.    —  ALLOVIOMS   AHCIBHNE3.  il    OOV. 

neul  à  l'appui  de  ce  que  nous  avons  dit  plus  haut  nu  sujet  de  VEte- 
pkas méridionale.  Ils  expliqueraient  aussi  pourquoi  on  a  trouvé  & 
Ch&lon-Salot-Cosrae,  dans  les  sables  de  la  terrasse  de  190,  des  ani- 
maux tels  que  Cervus  elaphus,  Cervus  megactrot,  Et/uus  sp?  Bas  $p  ? 
Can'utfi?  (1)  qui  ont  pu  dire  contemporains  de  VEtepkas  meridio- 
nalis. 


RÉSUMÉ    ET   COHCLUSIOSS 


On  peut  donc  résumer,  comme  il  suit,  la  série  des  phénomènes  sur- 
venus dans  la  Bresse  et  dans  la  Dombes,  a  partir  du  dépôt  des 
marnes  bleues  à  Paludines  et  à  Pyrgules. 

1°  Dépôt  des  marnes  bleues. 

2°  Ravinement  de  ces  marnes,  formation  de  vallées  prorondes,  mais 
probablement  assez  étroites. 

3°  Dépôt  dans  les  vallées  précitées  des  sables  ferrugineux  à 
Mastodon  arvernensis  ;  les  dépôts  deviennent  caillouteux  à  leur 
partie  supérieure,  et  ces  cailloutis  s'élèvent  à  l'altitude  de  280  à 
300  mètres. 

4°  Nouveau  creusement  des  vallées,  ou  plus  généralement  déblaie- 
ment des  vallées  précédemment  creusées  dans  les  marnes  bleues, 
démantèlement  de  la  presque  totalité  des  sables  à  Mastodon  arver- 
nensis,  formation  des  cailloutis  des  terrasses  et  du  limon  subordonné 
Erosions  plus  intenses  dans  la  Bresse  que  dans  la  Dombes;  phéno- 
mènes probablement  contemporains  de  VEtepkas  meridionalit. 

5*  Arrivée  des  glaciers  dans  la  Dombes,  nouveaux  phénomènes  d'é- 


SÉANCE  DU  6  DÉCEMBRE  1886.  81 

Séance  du  6  Décembre  1886. 

PRÉSIDENCE  DE  M.   COTTEAU. 

M.  Maurice  Hovelacque,  Secrétaire,  donne  lecture  du  procès-ver- 
bal de  la  dernière  séance,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance,  le  Pré- 
sident proclame  membres  de  la  Société  : 

M.  Bigourbt,  licencié  es  sciences,  à  Paris,  présenté  par  MM.  Hé- 
bert et  Gaudry  et  M.  Steinm ann,  professeur  à  l'Université  de  Fri- 
bourg  (Bade),  présenté  par  MM.  Munier-Chalmas  et  Kilian. 

11  annonce  ensuite  deux  présentations. 

Le  Président  fait  part  à  la  Société  de  la  mort  de  M.  Louis  Bazille, 
et  donne  lecture  d'une  lettre  par  laquelle  on  l'informe  que  M.  Louis 
Bazille  a  légué  à  la  Société  Géologique  une  somme  de  cinq  cents 
francs. 

Le  Président  annonce  la  mort  de  M.  l'abbé  Soulier. 

M.  l'abbé  Soulier  avait  entrepris  de  dresser  une  carte  géologique 
de  la  Drôme  à  une  grande  échelle  ;  malheureusement,  ce  travail  très 
avancé  dans  les  cantons  de  Dieulefit  et  de  Bourdeaux,  n'a  pu  être 
achevé.  En  môme  temps,  M.  l'abbé  Soulier  se  livrait  à  des  recher- 
ches hydrologiques;  ses  connaissances  ont  été  souvent  mises  h 
contribution  pour  la  recherche  des  sources,  notamment  par  la  ville 
de  Nyons  qu'il  a  réussi  à  pourvoir  abondamment  d'eaux  vives. 

M.  Bornemann  fils  présente  au  nom  de  M.  J.-G.  Borne- 

mann  la  première  partie  d'un  mémoire  sur  les  fossiles  du  système 
cambrien  de  l'île  de  Sardaigne.  Ce  travail  vient  de  paraître  dans  les 
actes  de  l'Académie  impériale  des  naturalistes  de  Halle.  La  première 
partie  renferme  la  description  de  divers  fossiles  végétaux  (algues), 
d'un  Spongiaire  et  de  nombreuses  espèces  du  groupe  des  Archaeocya- 
thus.  L'auteur,  à  l'aide  de  l'étude  d'une  série  considérable  de  sections 
minces  qui  se  trouvent  reproduites  sur  une  trentaine  de  planches 
en  photogravure,  est  arrivé,  non  seulement  à  répartir  ces  formes 
nombreuses  en  plusieurs  genres  qu'il  réunit  sous  le  nom  de  famille 
des  «  Archaeocyathinœ  »,  mais  encore  à  établir  exactement  leur 
organisation  compliquée  et  leur  développement  ;  il  en  conclut  que 
les  «  Archaeocyathinœ  »  occupent  une  place  intermédiaire  entre  les 
Spongiaires  et  les  Coelentérés  proprement  dits. 

M.  Douvillé  signale  parmi  les  dons  faits  à  la  Société  une  très  in- 
téressante étude  de  M.  Deslongchamps  sur  les  Brachiopodes  de  la 
collection  Defrance  ;  cette  révision  a  permis  à  notre  savant  confrère 

XV.  6 


82  TARDY.    —   HOUVBLLBS   OBSERVATIONS    SDR   LA   BHKSSE.         6   déc. 

de  préciser  les  espèces  établies  par  cet  auteur  dans  le  Dictionnaire 
des  Sciences  naturelles.  Certains  de  ces  noms  tombent  en  synony- 
mie d'autres  dénominations  usitées  aujourd'hui  ;  M.  Deslongchamps 
revendique  la  priorité  pour  les  noms  de  Defrance.  Mais,  à  cet  égard, 
les  lois  de  la  nomenclature  sont  formelles  :  l'antériorité  n'est 
acquise  que  pour  les  noms  spécifiques  clairement  définis,  et  ce  n'est 
pas  le  cas  pour  le  plus  grand  nombre  des  espèces  de  Defrance  qui  en 
réalité  viennent  seulement  d'être  nettement  caractérisées  par  M.  Des- 
longchamps. 

La  revision  des  espèces  établies  par  les  anciens  auteurs  est  toujours 
très  importante,  mais  il  nous  semble  résulter  des  lois  établies  pour 
la  nomenclulure  qu'il  est  indispensable,  dans  cette  revision,  de  se 
conformer  aux  règles  suivantes: 

1*  La  date  de  la  publication  originale  ne  peut  être  revendiquée 
que  pour  les  espèces  clairement  définies  dans  cette  publication. 

2°  Un  ne  peut  attribuer  aux  autres  espèces  que  la  date  à  laquelle 
la  revision  a  été  publiée. 

Le  Secrétaire  dépote  sur  le  Bureau  la  note  suivante  de  M.  Tardy  : 

Nouvelles  observations  sur  la  Bresse. 

Itêsumè  général  et  Conclusions, 

Par  M.  Tardy. 

Lorsque  j'entrai  en  1807  à  la  Société  Géologique  de  France,  on  y 
discutait  les  divisions  du  Quaternaire.  Encouragé  par  Ed.  Lartet,  par 
Collomb,  par  Belgrand,  par  Benoît  et  par  tant  d'autres  dont  je  ne 
suis  séparé  que  par  les  conclusion»  auxquelles  j'ai  été  conduit,  je  me 


(886.  TAROY.   —  NOUVELLES  OBSERVATIONS  SUR  LA   BRESSE.  83 

CEINTURE   DE  LA   BRESSE 

On  ne  connaît  en  Bresse  qu'un  seul  pointement  de  gneiss,  celui 
de  Lyon-Croix- Rousse  qui  se  prolonge  sur  la  rive  bressane  de  la 
Saône  jusqu'à  Fleurieux.  Je  l'ai  décrit  en  1884.  Ces  gneiss  ont  été 
soulevés  par  des  poussées  de  microgranulite,  dont  l'âge  ne  peut  être 
fixé  snr  ce  point  isolé. 

Les  assises  primaires  antérieures  à  la  houille  existent  sur  quelques 
points  autour  de  la  Bresse. 

A  l'époque  houillère,  la  Bresse  semble  déjà  former  un  golfe  indi- 
qué à  l'ouest  par  les  îlots  houillers  de  l'Àutunois,  du  Creusot,  de 
Màcon,  du  Beaujolais,  de  Givors,  de  Communay  et  du  puits  de 
Toussieux.  Ces  différents  îlots  semblent  appuyés  aux  contreforts 
granitiques  du  massif  du  mont  Pilât  qui  auraient  formé,  au  Sud 
et  à  l'Ouest,  les  limites  d'un  bassin  houiller  limité  aussi  à  l'Est  par 
une  première  esquisse  de  la  chaîne  des  Alpes,  et  au  Nord  par  l'îlot 
granitique  des  Vosges. 

A  l'époque  du  Trias,  les  limites  sont  les  mêmes  qu'à  l'époque 
houillère,  mais  la  faible  épaisseur  des  dépôts  de  cet  âge  dans  le  Jura, 
vers  Souciin,  semble  indiquer  que  la  région  méridionale  du  Jura 
commençait  à  s'émerger.  Cette  émersion  s'est  du  reste  continuée, 
notamment,  d'après  les  observations  de  E.  Benoît,  pendant  la  suc- 
cession des  assises  jurassiques  supérieures.  Les  couches  d'Armailles, 
de  Cirin,  sont  en  effet  des  dépôts  littoraux. 

A  l'époque  du  Lias,  le  golfe  bressan  est  encore  fermé  au  Sud  et  au 
Sud-Ouest  par  les  mêmes  contreforts  du  mont  Pilât.  Au  Sud-Est,  le 
bassin  se  resserre.  Au  Nord  et  à  l'Est,  il  reste  ouvert  sur  le  Bassin  de 
Paris  et  sur  l'Allemagne  et  la  Suisse. 

Pendant  l'extension  des  mers  de  la  Grande  Oolithe,  la  mer  com- 
mence à  se  retirer  des  rivages  du  Beaujolais  et  du  Maçonnais.  Elle 
resserre  de  même  son  bassin  à  l'Est  et  au  Sud,  mais  elle  reste  ouverte 
au  Nord-Ouest  et  au  Nord-Est. 

Les  mers  oxfordiennes  ne  semblent  rien  changer  aux  limites  des 
mers  jurassiques,  mais  elles  recouvrent  un  sol  disloqué  à  la  un  de 
l'époque  du  Callovien  par  des  failles  N.  105°  E. 

L'époque  des  calcaires  jurassiques  compris  entre  l'Oxfordien  et  le 
Purbeck,  est  une  époque  d'émersion  du  bassin  jurassique,  la  mer  se 
retire  vers  l'Est.  Le  détroit  du  Nord-Ouest  se  ferme  et  le  Bassin  de 
Paris  s'isole  de  celui  de  la  Suisse  qui  reste  le  nôtre  jusqu'à  la  fin  de 
la  période  crétacée.  Les  dépôts  coralligènes  de  cette  époque  se  reti- 
rent progressivement  vers  l'Est,  en  sorte  que  les  derniers  bancs 
coralliens  n'occupent  que  la  région  Est  de  la  chaîne  actuelle  du  Jura 


84  TAÏIDY.  —    NOUVELLBS   OBSERVATIONS   SBB   LA   BRESSE.         6    déc. 

français.  Le  rivage  de  ces  bancs  de  coraux,  tracé  par  M.  Cboffat, 
laisse  en  dehors  toute  la  région  Nord-Ouest  de  notre  Jura,  la  limite 
qu'il  leur  assigne  est  au  Sud-Est  d'une  ligne  dirigée  vers  le  Nord-Est 
et  partant  de  Meillobnas  (Ain). 

En  étudiant  les  diverses  coupes  du  Jurassique,  supérieur  aux 
marnes  oxfordiennes,  dans  un  grand  nombre  de  publications,  on 
verrait  se  dessiner  six  bancs  coralliens  superposés  depuis  le  Glypti- 
cien  à  la  base,  jusqu'au  Corallien  portlandien  eu  baut.  Jusqu'ici  les 
faunes  coralligènes  ont  paru  à  peu  près  similaires  dans  toute  la  par- 
tie supérieure  du  Jurassique.  Cette  similitude,  plus  apparente  que 
réelle,  a  conduit  plusieurs  géologues  à  ne  voir  dans  ces  divers 
niveaux  qu'un  seul  et  même  étage;  mais  d'autres,  en  étudiant  les 
faunes  intercalées  entre  ces  bancs  de  coraux,  ont  réussi  à  les  répar- 
tir entre  plusieurs  étages  déjà  connus. 

Cette  étude  des  faunes  intercalées  entre  les  bancs  coralligènes,  a 
permis  à  M.  Bourgeat  de  subdiviser  plusieurs  niveaux  coralliens  en 
trois  assises.  Ce  fait  est  très  intéressant  parce  qu'il  permet  de  rappro- 
cher les  niveaux  coralliens  des  terrasses  anelcocènes  et  d'y  voir  le 
même  mode  de  groupement  reproduit  dans  tous  ses  détails. 

L'émersion  du  Jura  a  été  progressive  durant  la  période  jurassique. 
Vers  la  Du  de  cet  âge,  à  l'époque  des  dépôts  coralliens  qui  environ- 
nent Belley,  le  massif  montagneux  de  Portes  devait  être  émergé, 
ainsi  que  l'a  signalé  E.  Benoit  dans  une  notice  restée  inédite.  Les 
schistes  du  lac  d'Armaille,  représentent  en  effet  le  faciès  littoral  des 
dépôts  coralliens,  tandis  que  les  calcaires  cristallins  de  Pierre-Châlel, 
en  représentent  le  faciès  du  côté  de  la  haute  mer.  Quant  au  récif 
corallien  lui-même,  il  a  dû  disparaître  en  partie  sous  l'action   des 


4886.         TARDY.    —  NOUVELLES  OBSERVATIONS   SUR   LA   BRESSE.  85 

ments  tendres,  ont  dispara  partout,  où  des  failles  ou  d'autres  acci- 
dents, ne  les  ont  pas  protégés  contre  les  dénudations  tertiaires. 

A  la  fin  du  Jurassique,  il  semble,  sur  divers  points,  avoir  existé  un 
léger  ridement  formant  des  vallons  dirigés  Nord-Sud,  dans  lesquels 
les  couches  du  Néocomienet  du  Crétacé  auraient  acquis  un  peu  plus 
d'épaisseur  et  se  seraient  pour  ainsi  dire  mieux  défendues  contre  les 
agents  d'érosion.  On  m'a  déjà  fait  bien  des  objections  au  sujet  de  ces 
plis  Nord-Sud,  mais  jusqu'ici,  aucune  de  ces  objections  ne  m'a  paru 
apporter  avec  elle  une  preuve  bien  décisive  contre  mon  observation 
relative  à  l'alignement  Nord-Sud  de  beaucoup  de  témoins  crétacés  du 
Jura.  La  meilleure  objection  qu'on  pourrait  faire,  c'est  que  ces  gîtes 
sont  si  nombreux,  qu'on  pourrait  presque  les  ranger  indifféremment 
sur  n'importe  quelle  direction  conventionnelle.  Je  crois  cependant 
que  la  direction  Nord-Sud  jalonnée  par  des  failles,  peut  être  mainte- 
nue jusqu'à  de  nouvelles  recherches.  Des  failles  très  anciennes,  an- 
térieures au  Crétacé,  et  même  des  grottes  remplies  et  bouchées  par 
des  stalagmites  et  des  débris  du  Jurassique  supérieur,  avant  l'arri- 
vée de  la  mer  crétacée,  ont  la  direction  N.  150'  à  460°  E.,  très  fré- 
quente dans  la  chaîne  du  Jura. 

A  la  fin  de  la  période  crétacée  du  Jura,  il  se  produit  un  grand 
mouvement  des  continents,  le  Jura  s'émerge  en  entier,  probable- 
ment avec  la  Bresse  et  tout  le  bassin  du  Rhône  où  on  ne  trouve  pas 
de  dépôts  nummulitiques.  La  chaîne  des  Alpes,  au  contraire,  s'a- 
baisse pour  recevoir  les  dépôts  de  cette  mer.  Jusqu'ici,  la  Bresse  ne 
renferme  même  pas  de  dépôts  lacustres  de  cette  époque.  Les  pre- 
miers  dépôts  de  la  Bresse  sont  dans  la  région  qui  environne  Vesoul. 
On  y  trouve,  si  j'ai  bonne  mémoire,  Limnœa  lonyiscata. 

Ne  voulant  parler  ici  que  de  la  Bresse,  je  laisse  de  côté  toutes  les 
conclusions  théoriques  auxquelles  l'étude  de  cette  région  m'a  con- 
duit. Ces  conclusions,  jusqu'ici  parfaitement  d'accord  avec  toute  la 
géologie  des  divers  étages  et  des  divers  âges,  m'ont  amené  à  des 
découvertes  intéressantes,  surtout  pour  le  classement  resté  jusque-là 
indécis,  de  certaines  assises  du  pourtour  de  la  Bresse.  Aussi,  sans 
publier  ici  toutes  ces  conclusions  théoriques,  j'adopterai  cependant 
les  divers  groupements  auxquels  la  théorie  et  la  Stratigraphie  m'ont 
conduit  d'un  commun  accord.  Et  si  je  le  puis,  durant  cette  note, 
j'esquisserai  en  quelques  mots  les  conclusions  théoriques  sur  les- 
quelles j'ai  cru  devoir  m'appuyer  dans  cette  note  sur  la  Bresse. 

FORMATION   DE   LA   BRESSE 

Je  disais  tout  à  l'heure  que  le  Beaujolais  et  la  côte  châlonaise,  la 
Bresse  et  la  vallée  du  Rhône,  le  Jura  et  ses  prolongements,  s'étaient 


&5  taiat.  —  50CTEUO  oksbtattqss  sca  Uk  aaESss.      6  déc. 

émereés  à  la  fin  da  Crétacé,  alors  que  les  Alpes  continuaient  an  con- 
traire à  s'enfoncer  sons  la  mer  nomcnnlitiqne. 

Vers  la  fin  de  i'étaze  des  couches  de  Rilly.  les  Alpes  5e  30  aie  vent, 
tandis  que  la  vallée  da  Rhône  et  de  la  Saône  s'effondre  entre  les 
deux  massifs  montagneux  qui  la  borient  encore  à  noire  époque.  Le 
mouvement  des  Alpes,  étudié  par  M.  Bertrand,  dans  le  tome  XII, 
3*  férié,  p.  31$.  commence  à  cette  dernière  époque  et  la  formation  de 
la  plaine  suisse  en  est  contemporaine.  L'axe  de  direction  de  cette 
plaine  est  dirigé  X.  3t>»  C  environ.  Au  contraire,  l'axe  général  de  la 
Bresse  est  dirigé  X.  6*  EL.  tandis  qu'elle  est  généralement  limitée  par 
des  filiises  dirigées  X.  ±?'  E.„  raccordées  entre  elles  par  des  cas- 
tres. Les  failles  X.  21*  à  23*  E.  sont  donc  plus  anciennes  que  la 
Pre-<e.  et  c:mme  elles  abritent  à  Germolles  et  àLevssard,  de  chaque 
o!*ê  :e  la  Fresse.  des  lambeaux  de  terrain  crétacé,  elles  sont  plus 
récrites  r:e  :\  Craie  blanche.  Leur  aze  se  trouve  ainsi  fixé  très 
ex -.■*' -ment  i  .1  :  ;>e  des  formations  nummulitiques.  Quant  aux  cas- 
sure-,  e.le-   rn ferment   souvent   des   failles  dirigées  en  moyenne 

>".    12-V   F.. 

La  cirecti.n  N.  »;.  E.  c.nnée  par  Taxe  de  la  Bresse,  est-elie  seule- 
ment de  l'âpre  de  !"e!T:ndrement  de  cette  plaine?  On  ne  peut  le  dire, 
parce  que  cette  d. .-retira  se  rapproche  beaucoup  des  directions  sur 
lesquelles  s'aliznent  plusieurs  émissions  de  roches  érupthre&  situées  à 
JUuest  de  la  Bresse.  Ces  diverses  émissions,  n'étant  pas  toutes  du 
même  âge,  il  en  résr/.te  que  les  munies  directions  de  failles,  ont 
donné  jour  aux  roches  érjptives  à  d. verses  époques.  11  en  est  de 
même  du  mouvement  des  fii/.es.  Ainsi  !es  failles  N.  6:  E.  qui 
semblent  avoir  donné  naissance  à  ia  B:e>se  pendant  l'âge  éocène, 
ont  bougé  encore  après  le  dep^t  des  molasses  avant  !a  formation 
des  couches  Miocènes.  Il  me  semble  donc  :aux  de  dire  dune  manière 
absolue  que  les  failles  N.  21°  E.  de  notre  région  soat  post -crétacées 
et  anlé-tertiaires;  mais  on  peut  lixer  cet  aure  pour  le  dernier  mou- 
vement des  faille-.  N.  21°  E.  qui  courent  le  Jura. 

ASSISES    MIOCÈNES 

Aussitôt  après  la  formation  de  la  plaine  de  la  Bresse,  les  eaux  de 
la  faune  de*  Caillasses  et  du  Cyctoxtoma  formosum  auraient  dû  péné- 
trer dans  cette  région;  mais  on  n'y  connaît  encore  à  Chazelles  qu'un 
calcaire  lacustre  compact,  lithographique,  dont  j'ai  donné  la  faune 
ici,  en  1883,  d'aprta  les  déterminations  de  Tournouër.  Ce  calcaire 
Tisibleà  Chazelles,  entre  Coligny  et  Saint-Amour,  se  trouve  sous  le 

i^mm   P/est    en    creusant,  nno.  marp  nn'nn  a    rôtira  loc    Anhontillnne 


1886.        TARDV.    —   NOUVELLES   OBSERVATIONS   SUR   LA    BRESSE.  87 

recueillis  par  M.Corbel,  de  Saint-Amour,  et  déterminés  plus  tard  par 
notre  regretté  confrère  Tournouôr.  Depuis  j'ai  découvert  entre  Cha- 
zelJes  et  la  Ville-sous-Charmoux  ,  sur  la  rive  gauche  du  ruisseau  de 
Chazelles ,  un  beau  développement  de  ces  couches  fossilifères  la- 
custres. 

Sur  les  calcaires  inférieurs  de  Chazelles,  on  trouve  des  poudingues. 
Autour  de  ce  village  et  surtout  à  Goligny  entre  la  ville,  le  cimetière  et 
la  gare,  des  calcaires  blanc  crayeux  renfermant  des  Potamides  La- 
marcki  déjà  signalés  par  E.  Benoît,  recouvrent  ces  poudingues.  Notre 
confrère  a  reconnu  ces  calcaires  jusqu'à  Glériat,  au  Sud  de  Goligny, 
et  les  fossiles  qu'il  y  avait  recueillis,  furent  déterminés  par  Deshayes. 
Plus  récemment  les  fossiles  de  cette  région  ont  été  examinés  par 
M.  Fontanne.  De  cet  ensemble  de  déterminations  on  peut  sûrement 
conclure  que  le  calcaire  blanc  crayeux  de  Coiigny  et  de  Clériat  est 
contemporain  de  la  faune  à  Potamides  Lamarcki,  ce  qui  en  fixe  la 
position  avec  précision. 

Benoît  avait  déjà  remarqué  que  les  calcaires  à  Potamides  La- 
marcki  plongent  vers  le  Nord-Ouest;  mais  cette  région  est  très  tour- 
mentée. Ces  calcaires  passent  sous  un  conglomérat  situé  au  Nord 
de  Chazelles.  Sur  ce  point  les  couches  sont  fort  peu  dérangées, tandis 
qu'en  général  ces  assises  sont  très  fortement  contournées.  11  en  ré- 
sulte qu'en  général  la  stratigraphie  de  ces  couches  est  très  difficile. 

Les  fossiles  y  sont  aussi,  en  général,  en  très  mauvais  état  ;  c'est 
donc  bien  plus  par  l'ensemble  des  caractères  et  par  les  relations  stra- 
graphiqnes,  qu'on  peut  arriver  à  classer  les  calcaires  de  ce  genre 
partout  où  on  les  rencontre.  En  1880  et  1881,  j'ai  déjà  entretenu 
la  Société  des  calcaires  de  Sanciat  et  de  Gouzance.  Dans  ces  der- 
niers, Charpy  avait  trouvé  quelques  Hélix  malheureusement  tous 
indéterminables.  A  Sanciat,  Benoît  et  beaucoup  d'autres  après  lui 
n'ont  jamais  trouvé  de  fossiles.  Néanmoins,  il  me  semble  aujour- 
d'hui bien  difficile  d'assigner  aux  calcaires  blancs  inférieurs  de  ces 
diverses  localités  une  autre  place  que  celle  indiquée  pour  le  calcaire 
de  Coiigny  par  le  Potamides  Lamarchi. 

Des  bancs  de  poudingues  recouvrent  partout  les  calcaires  blancs. 
Ces  bancs  de  poudingues  sont  assez  souvent  mêlés  à  des  lits  mar- 
neux de  couleur  vives  :  rose,  vert,  jaune  et  gris.  Ces  couleurs  vives 
rappellent  les  argiles  à  meulières  toujours  brisées  de  Montmorency. 
Ces  meulières  toujours  brisées  renferment  de  très  belles  surfaces 
couvertes  de  Potamides  Lamarcki ;  j'en  ai  recueilli  de  très  beaux 
échantillons  sur  la  côte  de  Montmorency,  au-dessus  du  village  de 
Saint-Prix  vers  1869.  Ces  plaques  étaient  toutes  brisées  en  frag- 
ments anguleux,  les  arêtes  étaient  encore  vives.  Ces  débris  étaient 


88  TABDÏ.  —   BOUYELLES   0USERVAT10H5    SUR   LA    BRESSE.         6   déc. 

distribués  sans  ordre  dans  les  argiles  versicolores.  Il  ne  manquait 
que  les  stries  pour  en  faire  uu  dépôt  glaciaire.  Ces  stries  je  lésai  trou- 
vées plus  tard  dans  un  dépôt  du  même  âge  et  identique  sauf  sous  le 
rapport  de  la  sature  des  roches  englobées  dans  les  argiles  versico- 
lores.  A  Yillecerf,  au  Sud-Est  de  Paris,  ces  argiles  empalent  des 
silex  crétacés  qui  sont  tous  striés.  Cette  formation  a  donc  autour 
de  Paris  tous  les  aspects  d'un   dépôt  glaciaire, 

A  Saint-Prix,  l'argile  à  meulière  formait  un  témoin  isolé  épais  de 
moins  de  deux  mètres.  Au  Sud,  sur  la  côte  d'Argenteuil,  il  en  existe 
un  autre  lambeau  un  peu  moins  épais  :  ces  deux  lambeaux  isolés 
forment  un  alignement  sur  lequel  on  retrouve  au  Sud-Ouest  et  au 
Nord-Est  des  argiles  à  meulières  indiquant  en  quelque  sorte  une 
traînée  dirigée  N.  33°  E.  en  moyenne.  Cette  direction  me  ut  es- 
pérer, en  1860,  trouver  au  Sud  de  Montereau  les  argiles  versicolores 
du  niveau  de  la  Beauce,  recouvrant  les  sables  de  Fontainebleau  et 
contenant  des  silex  de  la  Craie  blanche  qui,  d'après  mes  éludes  sur 
les  alluvious  de  la  Seine,  pouvaient  présenter  des  stries.  La  course 
de  Villecerf  vérifia  de  tous  points  mes  hypothèses  et  confirma  l'ori- 
gine erratique  des  argiles  versicolores  a  meulières  brisées. 

Dans  la  Bresse,  les  argiles  sont  disposées  en  lits  intercalés  entre  les 
bancs  de  poudiugues.  Les  lits  verts  sont  le  plus  ordinairement  à  la 
base,  les  lits  jaunes  viennent  ensuite  ;  puis  les  lits  gris  et  enfin  les 
lits  roses  sont  le  plus  souvent  entremêlés  aux  derniers  bancs  de 
poudingues.  La  teinte  rose  est  celle  des  sels  de  manganèse;  le  vert 
est  celui  de  l'apatite  ;  le  jaune  est  de  môme  teinte  que  le  jaune  de 
chrome,  enûu  le  gris  est  cendré  ;  quant  au  blanc  des  poudingues  en 
coupe  fratcbe  il  ressemble  à  celui  de  la  céruse.  Ce  ne  sont  que  des 


1886.         TARDY.    —  NOUVELLES  OBSERVATIONS   SUR  LA   BRESSE.  80 

Ceyzériat  et  au  Sud  de  la  gare  de  Couzance,  des  cailloux  impres- 
sionnés.  Ces  deux  points  sont  en  face  de  cassures  importantes  de  la 
première  chaîne  du  Jura  ;  il  se  pourrait  donc  que  ces  accidents  ne 
fussent  pas  étrangers  à  la  perforation  des  cailloux  les  uns  par  les 
autres.  Mais  je  n'ai  pu  fixer  jusqu'à  ce  jour  l'âge  de  ces  accidents 
avec  assez  de  précision.  Toutefois,  d'après  mes  conclusions  théori- 
ques, leur  âge  doit  être  très  voisin  de  la  fin  des  molasses  marines  du 
Jura  et  antérieur,  dans  tous  les  cas,  aux  couches  pliocènes. 

Je  cite  ici  mes  conclusions  théoriques  parce  que  je  ne  les  ai  pas 
encore  trouvées  une  seule  fois  en  défaut  ;  cela  viendra  néanmoins 
peut-être  un  jour;  aussi  ne  faut-il  pas  admettre  comme  définitif  l'âge 
indiqué  ci-dessus  pour  la  pénétration  des  cailloux  les  uns  par  les 
autres.  Cette  réserve  est  d'autant  plus  prudente  que  j'ai  observé  à 
Couzance  des  cailloux  impressionnés  dont  l'une  des  lèvres  de  l'im- 
pression, avait  été  arrachée  par  le  caillou  ayant  produit  l'impression. 
Cette  ablation  ne  peut  se  placer  géologiquement,  par  la  stratigraphie, 
qu'à  l'âge  déjà  indiqué  pour  l'impression  des  cailloux.  Il  est  néan- 
moins bien  évident  que  l'impression  a  précédé  la  disparition  de  la 
lèvre  de  l'impression.  La  disparition  d'une  partie  du  caillou  impres- 
sionné a  produit  un  striage  plus  ou  moins  prononcé  suivant  la  nature 
du  caillou.  Sur  plusieurs  cailloux  de  cet  âge,  on  trouve,  notamment 
vers  fialanod,  de  nombreuses  stries  qui,  à  première  vue  ne  diffèrent 
pas  de  celles  des  cailloux  striés  glaciaires.  Néanmoins,  les  faits  d'im- 
pressions suivies  d'ablations,  indiqués  ci-dessus,  doivent  engagera 
hésiter  beaucoup  sur  la  valeur  des  stries,  lorsque  les  cailloux  striés 
font  partie  de  poudingues  ou  de  conglomérats  dont  les  bancs  ont  été 
tordus. 

Dans  les  mouvements  de  torsion,  il  a  dû  se  faire  souvent  que  des 
cailloux  ont  glissé  les  uns  sur  les  autres  et  se  sont  ainsi  striés.  Un 
caillou  calcaire  trouvé  dans  le  poudingue  dont  je  viens  de  parler, 
près  de  Balanod,  était  recouvert  de  plusieurs  pellicules  minces  de 
calcaire.  Chacune  de  ces  pellicules  était  striée  dans  un  sens  différent. 
En  sorte  que  les  mouvements  du  poudingue  avaient  été  multiples 
et  répétés  de  loin  en  loin.  Entre  chaque  mouvement,  les  eaux  avaient 
pu  déposer  sur  ce  caillou  une  nouvelle  pellicule  calcaire.  Néanmoins 
le  caillou  portait  à  sa  surface,  sous  les  diverses  pellicules,  des  stries 
entre-croisées  de  même  âge,  qui  étaient  tout  à  fait  identiques  aux 
stries  glaciaires  et  qui  ne  me  semblent  pas  explicables  par  les  mou- 
vements de  torsion  des  bancs  de  poudingues.  A  cause  de  ces  mouve- 
ments, je  ne  pense  pas  qu'on  puisse  cependant  conclure  à  une  ori- 
gine glaciaire  de  ces  dépôts  ;  mais  ce  mode  de  formation  demande  à 
être  examiné  avec  soin. 


90  TARDY.    —  NOUVELLES   OBSBRYATIUHS   SL'H    LA   BBESSE.         C  déc. 

Les  poudingues  oligocènes  sont  tous  formés  de  roches  calcaires 
sédimentaires  de  la  région  du  Jura  On  y  trouve  des  cailloux  de  toutes 
les  roches  qui  constituent  cette  chaîne,  et  aucune  roche  étrangère  & 
cette  chaîne.  Généralement  les  roches  les  plus  éloignées  viennent  du 
Nord,  dans  notre  région.  Ces  poudingues  renferment  beaucoup  de 
cavités  vides  au  début,  mais  qui  ont  été  remplies  par  des  géodes  de 
calcaire  concrétionné.  Bu  outre,  il  n'y  a  aucun  ordre  de  distribution 
des  cailloux  comme  cela  aurait  liea  dans  une  alluvion,  ou  dans  un 
dépôt  littoral.  Quelquefois  cependant  ces  cailloux,  distribués  sans 
ordre  4e  grosseurs,  sont  stratifiés  à  la  façon  des  dépots  de  rivage. 
Mais  au  lieu  de  venir  uniquement  de  la  falaise  voisine,  ils  ont  toutes 
sortes  de  provenances  même  parJois  éloignées. 

La  distribution  des  poudingues,  au  pied  du  Jura,  dépend  de  l'oro- 
graphie actuelle  de  la  chaîne.  On  en  trouve  des  témoins,  en  race  de 
toutes  les  vallées,  qui  s'ouvrent  sur  la  Bresse,  et  enfacedetousles 
cols  qui  communiquent  avec  les  vallées  de  l'intérieur.  Cette  disposi- 
tion des  bancs  de  poudingue  est  bien  difficilement  explicable,  même 
en  admettant  l'existence  de  torrents  diluviens,  parce  que  souvent  la 
vallée  qui  s'ouvre  en  face  d'un  gisement  de  poudingue  oligocène  n'a 
pa*  une  importance  en  rapport  avec  la  puissance  du  dépôt  et  la  gros- 
seur des  cailloux. 

La  seule  hypothèse  qui  m'a  paru  vraisemblable,  parce  qu'elle  s' a- 
d.ipte  très  bien  à  toutes  les  conditions  connues  jusqu'à  ce  jour,  est 
celle  d'une  origine  glaciaire.  Mais  il  faut  convenir  que  la  présence 
sur  le  Jura,  d'un  glacier  couvrant  toute  la  chaîne  à  une  époque  com- 
prise entre  le  Potamidts  Lamarcki  et  Y  Hélix  Ramonât,  laissera  en- 
core bien  des  incrédules.  Je  ne  chercherai  pas  davantage  à  les  cou- 


1886.         TARDY.    —  NOUVELLES   OBSERVATIONS   SUR   LA    BRKSSB.  91 

main  d'homme  la  mettant  au  jour,  sous  Tépais  manteau  de  terrain 
erratique  anté-quaternaire  qui  la  recouvre.  Ce  terrain  erratique, 
argileux  rougeàtre,  sableuxjà  la  base,  caillouteux  au  milieu  et  exclu- 
sivement argileux  rouge-brun  en  haut,  renferme  dans  sa  couche 
caillouteuse  de  nombreuses  chailles  du  Jura  et  aussi  des  quartzi- 
tes  alpins.  Je  signalerai  en  particulier  ceux  qui  couvrent  les  envi- 
rons de  Goligny.  Ce  terrain  erratique  ne  couvre  que  le  Miocène,  dès 
que  le  Pliocène  apparaît,  il  se  modifie  sensiblement  ;  je  le  crois  donc 
non  seulement  anté-quaternaire  mais  aussi  anté-pliocène. 

Malgré  toutes  les  difficultés  stratigraphiques  présentées  par  les 
couches  supérieures  aux  derniers  bancs  épais  de  poudingue  ter- 
tiaire exclusivement  calcaire,  voici  à  quelles  conclusions  je  me  suis 
arrêté,  après  avoir  comparé  entre  elles,  les  coupes  relevées  à  diffé- 
rentes époques  au  milieu  de  ces  diverses  couches.  A  la  base,  je  pla- 
cerai une  assise  de  cailloux  quartzeux  recouverte  de  sables  micacés 
bruns.  Ce  classement  n'est  que  provisoire.  Au-dessus  viennent  des 
sables  argileux  jaunes  parfois  mêlés  de  lits  de  cailloux  qui  en  donnent 
la  situation  le  plus  souvent  verticale.  Parfois  ces  sables  sont  très 
grossiers.  Jusqu'ici  on  les  avait  pris  pour  les  représentants  des  mo- 
lasses, mais  la  suite  prouve  qu'ils  doivent  plutôt  prendre  la  place  des 
Sables  de  l'Orléanais.  En  effet,  devant  ces  couches,  on  voit  le  plus 
souvent  des  argiles  parfois  pyriteuses,  d'autres  fois  chargées  de  li- 
gnites  et  souvent  très  noires,  supportant  des  argiles  jaunes,  blan- 
ches, grises,  puis  vertes  sur  lesquelles  on  voit  une  marne  blanc-jau- 
nâtre mouchetée  de  rose  qui  a  fourni  à  Orgent  un  Hélix  Ramonai 
déterminé  par  Tournouér. 

La  présence  de  V Hélix  ftamondi,  dans  l'assise  marneuse  blanche 
mouchetée  de  rose,  fixe  la  position  de  ces  marnes  ;  mais  la  strati- 
graphie m'engage  à  relever  ces  couches  jusqu'au  niveau  des  faunes 
de  Simorre  et  de  Sansan.  Je  me  rangerai  donc  ici  à  l'opinion  de 
M.  Lory  qui  pense  que  ïHelix  ftamondi  a  eu  une  longue  existence 
embrassant  plusieurs  étages. 

Au-dessus  des  marnes  mouchetées  de  rose,  on  voit  des  argiles 
grises,  ayant  en  général  une  inclinaison  encore  à  peu  près  verticale, 
puis  des  sables  très  Uns,  jaunâtres,  presque  toujours  très  fortement 
redressés.  Ces  sables  doivent  représenter  ies  molasses  marines  avec 
dents  de  Lamna.  A  Clériat,  près  de  Goligny,  où  l'on  trouve  des  dents 
de  Lamna  dans  ces  sables,  je  n'ai  eu  pour  en  faire  la  position  stra- 
tigraphique  que  des  relevés  de  fonçage  de  puits.  Néanmoins  je  crois, 
cette  situation  suffisamment  bien  établie  aujourd'hui. 

L'Erratique  argileux  rouge  avec  beaucoup  de  chailles  jurassiques 
et  quelques  quartzites  et  quartz,  couvre  tous  les  dépôts  que  je  viens 


92  TABDY.   —  NODVBLLBS  OBSERVATIONS   SUH   LA    BRESSE.  6    (léc. 

d'énumérer  et  ne  recouvre  pas,  sauf  dans  le  cas  de  remaniements, 
ultérieurs,  les  dépots  suivants  :  sou  âge  est  non  moins  bien  Usé  dans 
d'autres  régions  par  de  très  habiles  géologues.  A  Chambaran,  l'Erra- 
tique de  ce  nom  recouvre  les  molasses  et  ne  repose  jamais  sur  le 
Pliocène  environnant;  l'Erratique  de  Chambaran  a  donc  la  même 
place  géologique  que  l'Erratique  indiqué  ci-dessus.  Tous  deux  se 
placent  à  la  limite  entre  l'étage  Pliocène  et  l'étage  des  molasses.  Leur 
situation  géologique  est  très  nette,  mais  leur  origine  l'est  beaucoup 
moins.  Autour  de  Coligny,  sur  le  Jura,  surtout  vers  Epy,  ou  observe 
un  Erratique  renfermant  des  roches  graniloïdes  telles  que  la  proto- 
gin  e  à  grandes  lames  de  mica,  des  schistes  amphiboliques,  des  grès 
siliceux  identiques  aux  quartzites  et  aux  grès  du  Trias  alpin  qui 
couvrent  toute  la  plaine  de  Bourg  à  Lyon,  La  position  de  ces  rochers 
dans  un  point  qui  n'a  jamais  été  atteint  par  l'extension  des  glaciers 
quaternaires,  a  souvent  appelé  mon  attention.  Autrefois  j'avais  rat- 
taché ces  dépôts  à  ceux  des  hautes  terrasses  quaternaires,  très 
nettement  accusées  sur  quelques  points  du  Jura,  notamment  au- 
dessus  de  Salavre  et  de  Coligny  vers  Saiot-Remy.  Mais  en  voyant 
cet  Erratique,  descendre  par  les  vallées  ou  les  gorges  de  la  montagne 
de  Verjon,  venir  prendre  place  dans  les  dépôts  erratiques  les  plus 
anciens,  j'ai  été  conduit  à  rejeter  ma  première  hypothèse  et  à  en 
chercher  une  autre.  Considérant  que  le  Pliocène  de  la  région  com- 
prise entre  Saint-Etienne  du  Bois,  Trefforl  et  Coligny  renferme 
d'énormes  cailloux  de  quartzites,  j'ai  été  conduit  à  supposer  qu'ils 
devaient  venir  par  l'intermédiaire  de  l'Erratique  du  pied  du  Jura,  du 
plateau  d'Epy  ouvert  de  ce  côté  par  plusieurs  vallées. 
L'Erratique  d'Epy,  ayant  vraisemblablement  fourni  au  Pliocène,  ses 


1886.         TARDY.    —   NOUVELLES   OBSERVATIONS  SUR  LA  RRESSE.  93 

ciaire.  Quoi  qu'il  en  soit,  l'Erratique  d'Epy,  présente  plusieurs  points 
difficiles  à  résoudre  ;  il  devrait  se  placer  peut-être,  d'après  ce  que 
nous  verrons  plus  loin,  à  un  niveau  plus  élevé. 

Parachèvement  du  bassin  de  la  Bresse 

Partout  les  couches  pliocènes  sont  presque  horizontales  ou  au 
moins  fort  peu  inclinées  ;  les  couches  miocènes,  sont  au  contraire 
presque  partout  fortement  contournées  ;  on  peut  donc  dire  qu'il  s'est 
produit  un  grand  mouvement  de  dislocation,  ou  de  compression  des 
roches  miocènes,  avant  le  dépôt  des  assises  pliocènes  les  plus  infé- 
rieures de  la  Bresse.  Si  on  examine  un  grand  nombre  de  coupes,  on 
peut  dire  que  la  chaîne  du  Jura,  s'est  déplacée  à  cette  époque,  et 
s'est  portée  vers  l'Ouest  de  cinquante  à  cent  mètres  environ.  Cette 
mesure  un  peu  fantaisiste  est  prise  en  étendant  les  plis  de  quelques- 
unes  des  couches  visibles. 

Si  je  considère  l'ensemble  des  divisions  géologiques  qui  séparent 
les  failles  N.  75°  E.  de  la  Bresse,  du  refoulement  du  Jura   dont 
je  viens  de  parler  tout  à  l'heure,  je  vois  qu'il  existe  entre  ce  refoule- 
ment et  l'effondrement  de  la  Bresse  un  espace  double  du  précédent, 
ce  qui  est  contraire  à  toutes  mes  conclusions  théoriques.  J'arrive 
ainsi  à  conclure  qu'il  doit  exister  un  autre  mouvement  entre   le  cal- 
caire à  Potamides  et  les  poudingues  qui  le  supportent.   Cette  dis- 
cordance entre  les  lits  de  ces  deux  formations  est  surtout  accentuée 
aux  environs  de  Coligny,  entre  la  ville,  la  gare  et  Charmoux  ;  cette  vé- 
rification faite  à  divers  reprises  vient  confirmer  l'exactitude  de  mes 
prévisions  géologiques  et  donner  un  nouvel  appui  à  mes  considéra- 
tions théoriques  qui  permettront  dans  l'avenir  d'introduire  en  géo- 
logie des  méthodes  de  recherches  nouvelles. 

Le  refoulement  du  Jura  sur  la  Bresse,  prouve,  par  la  dislocation 
des  roches  miocènes,  que  la  Bresse  miocène  avait  déjà  exactement  la 
même  forme  que  la  Bresse  actuelle;  puisqu'on  trouve  ces  roches  mio- 
cènes disloquées  sur  tout  le  pourtour  de  la  Bresse  actuelle.  Dans  ces 
conditions,  il  semble  difficile  d'attribuer  les  sables  de  Priay  et  de  Va- 
rambon  à  l'époque  miocène.  Ces  deux  [buttes  de  sables  ne  peuvent 
davantage  appartenir  au  Pliocène  supérieur.  Elles  sont  donc  très 
probablement  du  Pliocène  inférieur,  ou  de  la  fin  de  l'âge  des  mollasses. 
Celle  de  Varambon  me  semble  être  une  barre  de  l'Ain  et  doit  être  la 
dernière  formée.  Celle  de  Priay  a  toujours  eu,  dans  mon  opinion,  la 
même  origine.  Etant  plus  éloignée  de  l'embouchure  de  l'Ain,  c'est-à- 
dire  de  la  sortie  de  cette  rivière  des  gorges  du  Jura,  entre  Pont- 
d'Ain  et  Jujurieux,  cette  barre  doit  être  la  plus  ancienne.  Par  le 


94  TÀRDY.    —   NOUVELLES   OBSERVATIONS   SUR   LA    BRKSSK.        6   déc. 

faciès  de  ses  couches  inférieures  elle  rappelle  certains  dépots  des 
mollasses  les  plus  récentes. 

Ce  qui  manque  le  plus  à  cette  heure  pour  classer  exactement  ces 
deux  buttes  sableuses,  ce  sont  des  fossiles  pris  dans  le  milieu  de  la 
butte.  Toutefois  le  dépôt  erratique  que  j'ai  publié  à  ce  sujet  en  1876, 
(3°  série,  t.  IV,  p.  184),  et  dont  la  portion  visible  a  complètement 
disparu  aujourd'hui,  ne  peut  se  placer  ailleurs  qu'à  l'âge  des  cail- 
loux de  Chambaran.  En  effet,  ils  sont  à  la  base  du  Pliocène  lacustre, 
et  d'autre  part  postérieurs  à  la  grande  extension  de  la  mer  des  mol- 
lasses qui  a  couvert  tout  le  Jura  et  même  la  Bresse,  puisqu'on 
trouve  les  dents  de  squales  dans  la  Bresse,  au  pied  de  Co- 
lign y.  Les  buttes  de  Priay  et  de  Varambon  se  seraient  ainsi  formées 
pendant  le  retrait  de  la  mer  des  mollasses,  c'est-à-dire  pendant  l'é- 
rosion de  la  vallée  du  Rhône  qui  a  précédé  les  dépôts  de  la  mer  plio- 
cène, pendant  un  temps  d'arrêt  dans  cette  Érosion  ;  temps  d'arrêts 
qui,  dans  le  dernier  étage  quaternaire,  sont  représentés  par  les  dé- 
pôts limoneux  des  terrasses. 

A  la  base  des  mollasses  on  trouvée  la  Ferlé,  près  de  SI-  Laurent-  en- 
Grand-Vaux  (Jura),  des  cailloux  anguleux  de  quartz.  Ces  cailloux 
correspondent  aux  poudingues  qui,  sur  le  bord  du  Jura,  auprès  de 
Journans,  par  exemple,  séparent  les  mollasses  des  assises  antérieures. 
C'est  un  nouveau  niveau  de  cailloux  dont  j'ai  déjà  dit  un  mot. 

a.  En  supposant  les  buttes  de  Priay  et  de  Varambon  formées  par  la 
rivière  d'Ain,  à  la  lin  de  l'âge  des  mollasses,  avant  les  dépôts  plio- 
cènes,  on  voit  quo  les  sables  qui  remplissent  la  vallée  jurassique, 
comprise  entre  Poncin  et  les  villages  de  Mérignat  et  de  Jujurîeux 
peuvent  être  des  dépôts  d'estuaire  du  môme  âge  que  les  buttes  de 


1886.        TÀRDY.    —  N0UVELLB8  OBSERVATIONS  SUR  LA  BRESSE.  95 

Potamides  Lamarcki,  peuvent  appartenir  à  divers  âges  fort  différents 
les  uns  des  autres.  Les  fossiles  sont  donc  indispensables,  pour  fixer 
d'une  façon  satisfaisante  l'âge  de  ces  couches. 

PLIOCÈNE 

• 

Dans  la  vallée  du  Rhône,  les  mollasses  ont  subi  une  érosion  consi- 
dérable qui  a  préparé  le  bassin  de  la  mer  pliocène  reconnue  par 
M.  Fontanne.  Dans  la  Bresse,  rien  ne  semble  jusqu'ici,  indiquer 
une  érosion  du  même  genre.  Rien  ne  semble  indiquer  davantage 
l'introduction  de  la  mer  pliocène.  Mais  sur  ce  point,  il  faut  attendre, 
avant  de  formuler  une  opinion,  de  connaître  en  détail,  tous  les  faits 
observés  par  M.  Fontanne  en  amont  de  Vienne,  à  Givors  par 
exemple,  où  on  exploite  des  argiles  réfractaires  qui  peuvent  être  en- 
core comme  celles  du  Péage-de-Roussillon,  des  argiles  marines  plio- 
cènes.  La  Bresse  renferme  en  effet  à  sa  base  des  argiles  réfractaires 
blanches.  La  position  de  ces  argiles  est  restée  longtemps  indécise. 
J'ai  déjà  tenté  à  plusieurs  reprises  de  préciser  de  plus  en  plus  leur 
âge,  et  j'ai  constaté  depuis  qu'il  y  en  a  à  deux  niveaux  peu  éloignés 
l'un  de  l'autre,  mais  assez  différents  dans  une  étude  de  délail,  pour 
motiver  une  nouvelle  et  sérieuse  attention.  J'ai  donc  eu  raison  de 
l'analogie  d'emploi  et  de  situation  des  argiles  réfractaires  du  Péage 
et  de  celles  du  Mas  Groboz,  dites  terres  d'engobe,  conclu  à  hésiter 
sur  le  fait  de  la  pénétration  de  la  mer  pliocène  en  Bresse.  Les  ar- 
giles que  j'ai,  dans  toutes  mes  notes  antérieures  indiquées  sous  le 
titre  de  terre  d'engobe,  se  trouvent  placées  à  la  base  d'une  grande 
assise  de  sables  blancs  présentant  des  rognons  de  grès.  Ces  sables 
affleurent  sur  le  pourtour  de  la  Bresse,  près  des  premières  assises 
lacustres  de  la  série  pliocène.  Us  sont  donc  inférieurs  à  ces  assises 
et  placent  ainsi  les  argiles,  dites  terre  d'engobe,  dans  une  situation 
identique  à  celle  des  argiles  pliocènes  réfractaires  de  la  vallée  du 
Rhône.  On  peut  donc,  en  raison  de  l'absence  complète  de  fossiles 
dans  la  terre  d'engobe,  se  demander  si  cette  argile  n'a  pas  la  même 
origine  que  les  argiles  marines  exploitées  dans  la  vallée  du  Rhône. 

L'argile  réfractaire  que  j'avais,  dans  ma  note  de  1883, assimilée  à  la 
terre  d'engobe,  se  trouve  séparée  de  la  terne  d'engobe,  par  les  sables 
blancs  et  par  des  lignites  formant  un  niveau  assez  constant,  fossili- 
fère dans  la  rivière  d'Ain  à  Mollon  et  dans  deux  puits  à  Sanciat  et  au 
nord-ouest  de  Treffort,  aux  Rippes.  Ces  argiles  sont  blanches  et  ren- 
ferment une  quantité  très  considérable  de  quartz  concassé  en  menus 
morceaux.  La  terre  d'engobe  a  la  même  composition  ;  mais  le 
quartz  s'y  trouve  réduit  à  l'état  de  sable  fin.   Dans  cette  terre  réfrac- 


i 

V 

fc 


96  TAHDY.    —    NOUVELLES    OBSERVATIONS    SUR    LA   BB883B.         6   déc. 

taire,  on  trouve  en  outre  souvent  des  grains  analogues  à  ceux  de  la 
pyrite  de  fer  coucrétionnée. 

Sur  la  terre  d'engobe,  on  trouve  des  sables  blancs  puissants  en 
lits  presque  horizontaux  ;  ces  sables  présentent  sur  quelques  points 
47  mètres  de  puissance  connue.  Ils  renferment  sur  quelques  points 
des  rognons  de  grès  en  tète  de  chat  assez  volumineux.  On  les  suit 
ainsi  depuis  le  Mas-Girard  près  de  TrclTort,  jusqu'à  la  gare  de  Coli- 
gny.  Au  delà,  ils  ne  sont  plus  discernables  jusqu'à  Joudes.  Ensuite, 
on  voit  reparaître  des  sables  en  grande  abondance,  surtout  vers 
Dommartin-lès-Cuiseaux.  Dans  le  sud  de  Dommartin,  dans  des  grès 
qui  recouvrent  des  sables  au  Bois-Cornon,  j'ai  trouvé  lors  de  mes 
premières  courses  des  fossiles  dont  les  débris  parurent  extrême- 
ment intéressants  à  notre  regretté  confrère  Tournouër,  Depuis  ni 
M.  de  Cbaignou  ni  moi,  n'avons  pu  en  retrouver.  Au  sud  de  Cotigny 
au  Mas-Girard,  je  n'ai  trouvé  aucun  fossile  dans  ces  sables  et  c'est 
par  les  analogies  de  situation  seules  que  j'ai  pu  identifier  les  sableB 
du  nord  et  du  sud  de  Coligny. 

L'étude  de  la  disposition  des  couches,  au  nord  de  Dommartin-lès- 
Cuiseaux,  montre  qu'avec  les  sables  de  Couzance,  inférieurs  aux 
argiles  du  Bois-de-la-Manche  et  de  Frontenaud,  on  doit  approcher 
de  la  série  pliocène.  En  1883,  (tome  XI,  p.  543  et  suivantes),  j'ai  assi- 
milé les  argiles  de  Frontenaud  à  la  terre  d'engobe  du  Mas-Girard, 
entre  Treffort  et  Saint- Etienne-du-Bois.  Cette  assimilation  doit,  je 
crois,  être  maintenue.  Les  sables  de  Couzance  exploités  surtout  vers 
Le-Chène-de-la-Vierge,  se  trouveraient  ainsi  au-dessous  de  la  terre 
d'engobe  au  Mas-Girard. 

Au  sud  les  lignite»  deSanciatet  de  Mollon  que  j'ai  déjà  appelés 


1886.        TABDT.   —   NOUVELLES   OBSERVATIONS   SUR  LA   BRESSB.  97 

PLIOCÈNE  LACUSTRE 

Les  premiers  dépôts  pliocènes  ont  laissé  un  bassin  peu  profond' 
cent  mètres  environ,  qui  s'est  rempli  progressivement  surtout  par 
des  apports  fluviaux,  déposés  sur  ses  rivages.  Ceux-ci  qui  se  trou- 
vaient au  début  du  Pliocène,  à  deux  kilomètres,  trois  au  plus,  du 
pied  du  Jura,  se  sont  progressivement  resserrés  surtout  dans  les 
anses,  analogues  à  celles  de  Guisiat.  Pendant  la  première  partie  du 
Pliocène,  le  grand  bassin  de  la  Bresse  s'est  aussi  segmenté  en  plu- 
sieurs lacs  distincts.  La  saillie  du  Miocène  vers  Beaufort,  s'est  rapi- 
dement accrue  et  au  début  du  Pliocène  lacustre  avec  fossiles,  il 
n'existe  déjà  plus  qu'un  étroit  passage  vers  Guisery,  entre  les  lacs  du 
nord  et  le  lac  qui  doit  plus  spécialement  nous  occuper  maintenant 
Ce  lac  se  limite  au  Nord  à  Guisery  et  à  Condal  ;  au  Sud  à  Givors  vers 
sa  sortie,  et  à  Heyrieux.  Il  s'appuie  de  ce  côté  aux  collines  de  Vienne. 
A  l'Ouest,  la  Saône  en  trace  approximativement  la  limite*  Enfin  le 
Jura  le  limite  complètement  à  l'Est. 

À  Hauterives  (Drôme),  dans  un  second  lac  du  même  âge  que  celui  de 

la  Bresse  pliocène,  on  observe  une  succession  de  couches  de  lignites 

séparées  par  des  lits  de  cailloux.  Ces  lits  de  cailloux  erratiques,  se 

retrouvent  en  Bresse  ;  non  plus  superposés  les  uns  sur  les  autres, 

mais  étalés  sur  les  rivages  du  bassin  lacustre.  Repris  plus  tard  par 

les  érosions  quaternaires,  les  cailloux  erratiques  pliocènes  ont  formé 

des  traînées  de  cailloux  diluviens  qui,  en  se  mêlant  aux  autres  dépôts 

diluviens,  sont  venus  singulièrement  compliquer  la  géologie  de  la 

Bresse.  Celle-ci,  très  simple  au  fond,  n'est  difficile  que  par  l'exacte 

ressemblance  des  assises  anciennes  et  récentes  et  par  le  manque 

presque  complet  de  coupes  un  peu  profondes.  Ce  n'est  donc  que  par 

une  accumulation  continue  de  notes  recueillies  pendant  plus  de 

quinze  ans,  que  je  suis  arrivé  aux  résultats  que  je  développe  dans 

cette  note. 

Dans  une  série  de  notes  je  me  suis  attaché  surtout,  dès  le  début 
de  mes  recherches  à  élucider  les  questions  relatives  aux  terrains 
diluviens.  C'est  pourquoi,  en  présence  de  la  pénurie  de  gisements 
de  fossiles  dans  la  Bresse,  j'ai  songé  à  l'emploi  des  couches  dilu- 
viennes de  cailloux,  pour  achever  la  classification  stratigraphique 
des  diverses  couches  de  cette  région.  Ces  recherches  nouvelles,  m'ont 
amené,  grâce  à  plusieurs  fouilles  importantes  opérées  dans  ces  der- 
nières années,  à  compléter  mes  observations  antérieures. 

Dans  le  fond  du  bassin  de  la  Bresse,  tous  les  sondages  ont  atteint 
à  une  faible  profondeur  les  argiles  et  les  sables  blancs  qui  sup- 
portent le  Pliocène  lacustre.  Ces  argiles  et  ces  sables  sont  vers  cent 

XV.  7 


98  '  TABDY.    —   NOUVELLES   OBSERVATIONS  SUB   LA   BRESSE.         6  <jéc. 

mètres  de  profondeur.  Aussi  les  couches  lacustres  sont-elles  très 
minces  vers  le  milieu  de  leur  bassin,  tandis  qu'elles  ont  une  certaine 
épaisseur  sur  ses  bords.  Les  couches  erratiques,  sont  de  même  nulles 
au  milieu  de  leur  bassin  ;  tandis  qu'elles  ont  une  puissance  d'autant 
plus  grande  qu'on  est  plus  près  du  bord  du  rivage  de  l'ancien  lac. 
Certaines'  couches  puissantes  sur  certains  points,  sont  sur  d'autres 
réduites  à  peu  de  chose,  voir  même  à'  un  simple  lit  de  cailloux, 
et  parfois  même  à  quelques  cailloux  épars  au  milieu  de  lits  de  sables. 
Mais  en  tenant  compte  de  tous  ces  éléments,  en  les  raccordant  entre 
eux  de  proche  en  proche,  on  arrive  à  tracer  des  lignes  qui  délimitent 
parfaitement,  chaque  genre  de  formation  et  dessinent  les  anciens 
rivages  pliocène*. 

Le  lac  pliocène  s'est  successivement  rétréci,  par  des  apports  faits 
sur  ses  rivages,  de  matériaux  divers,'  déversés  sans  doute  par  des 
cours  d'eaux.  En  sorte  que  du  coté  du  Revermont,  première  chaîne 
du  Jura  qui  ne  présente  aucune  vallée  normale  au  rivage  du  lac 
pliocène,  le  rétrécissement  a  été  très  lent.  Au  contraire,  au  Nord  et 
surtout  au  Sud,  où  débouchait  le  Rhône  pliocène,  le  bassin  s'est 
rétréci  rapidement.  La  cause  qui  amenait  dés  matériaux  erratiques, 
a  été  intermittente,  mais  après  chaque  suspension  dans  ses  efforts, 
elle  a  amené  des  matériaux  en  quantité  plus  considérable  qu'aupara- 
vant; eu  sorte  que  progressivement,  le  phénomène  erratique  a  pris 
plus  de  place  que  les  autres  dans  la  formation  des  couches  de  la 
Bresse. 

La  continuité  des  couches  et  de  leur  succession  exclut  toute  idée 
de  lacune  importante  dans  la  série  des  couches  de  la  Bresse.  11  était 
donc  à  peu  près  impossible  d'y  adopter,  les  principes  de  subdivision 


(886.        TAftDY.   —  HQUVBLU9  OOâKftTATIQHS  SUE  LA  BRESSE.  99 

bien  plus  près  de  la  vérité  que  tous  les  autres  systèmes  en  usage.  La 
réussite  de  mou  premier  essai  sur  les  assises  coralligènes  du  Juras- 
tiqua  supérieur,  m'a  fait  étudier  dans  tous  ses  détails  ce  nouveau 
système  de  division,  et  je  vais  l'appliquer  de  suite  au  Pliocène  dans 
la  description  que  j'entreprends  ici. 

Le  premier  niveau  erratique  que  nous  rencontrons  dans  la  succes- 
sion pliocène  est  formé  par  des  chaiiles  assez  grosses  dans  un  bois 
entre  Treffort  et  MeiUonas  h  Plantaglay.  On  retrouve  ce  niveau  erra- 
tique au  niveau  de  la  plate- forme  de  la  rotonde  de  Saint-Amour.  Sur 
ce  dernier  point,  la  voie  ferrée  de  la  grande  ligne  est  au-dessus  du 
niveau  erratique.  Au-dessous  on  trouve  des  argiles  avec  des  traces 
de  lignites  et  des  concrétions  calcaires.  A  Plantaglay,  on  ne  voit  pas 
Tordre  de  succession  des  couches,  on  peut  seulement,  par  suite  de 
diverses  circonstances  conclure,  que  les  lignites  des  puits  de  la  Croix, 
de  la  place  de  Sanciat,  sont  au  voisinage  de  ce  premier  niveau  erra- 
tique de  la  Bresse,  et  très  probablement  immédiatement  au-dessous. 
Pans  une  note  antérieure,  celle  de  1883,  j'ai  donné  la  faune  de  ces 
lignites  d'après  Tournouêr.  Je  n'y  reviens  que  pour  rappeler  que  les 
lignites  de  Mollon  (ceux  qui  étaient  visibles  autrefois  dans  la  rivière 
d'Ain)»  sont  du  même  âge  par  leur  faune.  A  partir  de  ce  point  com- 
mun fixé  par  Tournougr,  les  deux  coupes,  celle  de  la  Bresse  et  celle 
de  la  Bajme  ou  côte  de  Mollon,  sont  entièrement  dissemblables  si 
on  en  considère  les  faunes.  Cependant  elles  doivent  se  correspondre 
au  moin*  en  partie.  Un  seul  fossile  Htl\x  Chaixii  est  commun  aux 
deux  coupes  et  se  trouve  de  part  et  d'autre  dans  des  sables  soit  à 
mi-côte  de  la  côte  de  Mollon,  soit  à  Mont  Gardon  et  à  Cormoz,  près 
de  Con  d  al. 

Sur  le  premier  niveau  erratique,  on  trouve  près  de  la  gare  de 
Saint-Amour»  des  argiles  réfractaires  qui  contiennent  beaucoup  de 
quartz  pilé.  Les  mêmes  argiles  se  retrouvent  à  Sanciat,  en  couches 
minces.  Dans  le  nord,  lesacgiles  pliocènes  sont  souvent,  mélangées 
de  concrétions  calcaires  blanches  ou  jaunes,  en  lête  de  chat  et  très 
peu  compactes.  Dans  un  certain  nombre  on  soupçonne  la  présence 
des  phosphates  de  chaux,  mais  aucune  analyse  n'en  a  été  faite.  Ces 
concrétions  calcaires  n'existent  pas  dans  les  couches  pliocènes  vi- 
sibles dans  les  côtes  qui  bordent  la  vallée  de  l'Ain  et  la  vallée  du 
Rhône. 

Le  deuxième  niveau  erratique  affleure  à  l'Est  de  la  côte1  de  la  gare 
de  Saint-Amour,  au-dessus  de  Mailly.  On  n'yvoitquedes  chaiiles,  mais 
au  sud  de  Coligny,  dans  les  bois  du  Grand-Bouillon  on  voit  paraître 
les  quartzites  et  les  grès  siliceux  du  Trias  des  Alpes.  Ces  cailloux 
peuvent  ensuite  être  suivis  du  côté  du  Sud  jusque  vers  MeiUonas  où 


100  TAHDÏ.  —   NOUVET.LK3    0BSE11VATIONS   SCH   LA   BRESSE.         G   déc. 

ils  se  perdent  sous  les  terrains  diluviens  quaternaires.  Sur  les  rives 
de  la  rivière  d'Ain  et  du  Rhône,  je  n'ai  jamais  vu  de  niveau  de  cail- 
loux, sans  doute  parce  que  ces  points  étaient  trop  éloignés  des  ri- 
vages. Vers  Trefforl,  près  du  Mas  Gaillard,  cet  erratique  est  réduit  à 
un  lit  de  gros  cailloux,  en  sorte  qu'il  peut  échapper  très  facilement  à 
l'observation  même  très  attentive. 

Sur  le  deuxième  erratique,  ou  dans  son  voisinage,  on  trouve  à 
Condal  et  près  de  Salavre,  aux  Capettes,  des  marnes  blanches  com- 
pactes qui  ne  renferment  que  des  débris  A'Heiix  extincta  Rambur.  Ces 
marnes  dures  tracent  très  exactement  le  rivage  de  l'un  des  lacs 
pliocènes  de  cet  âge.  Malheureusement  il  n'est  pas  facile  de  les  suivre 
au  delà  des  points  que  je  viens  d'indiquer,  à  cause  des  nombreuses 
érosions  qu'ont  subies  ces  couches. 

En  1883,  lorsque  je  publiai  ma  première  Note  intitulée  :  Nouvelles 
observations  sur  la  Bresse,  je  neconnaissais  entre  le  deuxième  Erratique 
et  le  troisième,  aucune  bande  de  cailloux  qui  pût  être  rapportée 
sans  hésitation  possible,  à  un  niveau  pliocène.  Depuis,  en  1885,  j'ai 
reconnu  que  toutes  les  principales  assises  erratiques,  affleurant  au 
Sud-Ouest  de  Bourg,  étaient  indiquées  par  l'orographie  du  sol  actuel; 
or  au  Nord  de  Bourg,  quelques  vallées  rectilignes  semblent  indiquer 
la  présence  d'autres  affleurements  de  cailloux,  omis  dans  mes  notes 
del883  et  1885.  De  nouvelles  recherches,  m'ont  permis  de  constater 
qu'il  y  avait  eu  deux  niveaux  erratiques  oubliés  entre  le  deuxième  et 
le  troisième.  Au  lieu  de  les  appeler  troisième  et  quatrième,  je  les 
nommerai  deuxième  bis  et  deuxième  ter,  pour  ne  pas  remanier  la 
classification  adoptée  dans  mes  notes  antérieures. 

Le  niveau  erratique  deux  bis  affleure  dans  la  tranchée  du  chemin 


I 

•     *      * 


1886.        TARDY.   —  NOUVELLES  OBSBRVATIONS  SUR  LA  BREâ$2V  .  101 

cette  région,  et  surtout  celles  des  Paludi nés,  varient.  M.  I^card  a 
publié  aussi  une  étude  sur  ces  faunes  lacustres.  J'ai  déduit  de  ('exa- 
men de  son  livre,  que  la  faune  de  Loyes,  de  Mollon  (gisement  dû' ci- 
metière), et  les  diverses  faunes  de  la  côte  de  Miribel,  sauf  le  bas  Ney- 
ron,  doivent  se  classer  dans  la  même  zone  que  les  gîtes  fossilifères  du 
nord,  probablement  à  la  base  de  ceux-ci,  sans  doute  au  niveau  deti 
marnes  à  Hélix extincta  Rambur.,  dont  j'ai  déjà  parlé  ci- dessus.  Les  ;' 
principaux  gisements  fossilifères  de  cette  région  sont  situés  :  à 
Neyron,  près  de  Lyon,  à  Miribel,  à  Loyes,  à  Mollon,  à  Priay,  entre 
ce  dernier  village  et  Varambon,  entre  Varambon  et  Druillat.  Ensuite 
il  nous  faut  aller  jusqu'auprès  de  Saint-Etienne-du-Bois,  pour  trou- 
ver de  nouveaux  gîtes  fossilifères.  Dans  cet  intervalle,  de  trente  ki- 
lomètres, le  terrain  quaternaire  couvre  partout  les  couches  pliocè- 
nes.  Les  gisements  de  la  région  du  Nord,  sont  ceux  de  Pomier, 
d'Aussiat,  de  Garavand,  de  Villemotier,  de  Pirajoux,  atteints  dans 
des  puits.  Ensuite  on  trouve  à  la  surface  du  sol,  des  coquilles  :  près 
de  Salavre  aux  Gapettes,  au  Villard  au  sud  de  Donsure,  au  Niquedat, 
à  Cormoz  et  à  Gusiery. 

Je  ne  connais  aucun  niveau  fossilifère  en  Bresse  en  dehors  de 
celui  que  je  viens  d'indiquer.  Mais  sur  quelques  autres  points,  dans 
des  puits  seulement,  on  a  encore  trouvé  des  fossiles,  soit  vers  Bourg, 
soit  vers  Dommartin-lès-Guiseaux,  soit  dans  les  couches  miocènes. 

Le  niveau  erratique,  deux  fer,  affleure  vers  la  vallée  d'Urlande, 
entre  St-Etienne  et  Àttignat  ;  près  de  Bourg,  on  l'a  mis  à  découvert 
dans  un  captage  de  sources  dans  la  propriété  de  l'Asile  des  aliénés 
de  Saint- Georges.  La  coupe  ci-contre  figure  les  conclusions  aux- 
quelles j'ai  été  conduit  par  l'ensemble  des  documents  recueillis  de 
1872  à  1886.  Les  couches  piiocènes  sont  presque  horizontales;  le 
niveau  de  cailloux  avait  à  la  surface  supérieure  10°  de  pente  et  moins 
encore  à  la  surface  inférieure.  Ges  couches  du  côté  de  la  vallée  de  la 
Reyssouse,  viennent  butter  contre  des  assises  plus  fortement  incli- 
nées, renfermant  de  nombreux  cailloux  alpins,  des  jaspes  rouges 
(exotique  de  M.  Pillet),  et  môme,  un  peu  plus  au  Sud,  des  cailloux 
striés  et  très  probablement  glaciaires.  Il  y  a  donc  entre  ce  nouveau 
niveau  erratique  et  les  précédentes  assises  piiocènes,  une  lacune  ou 
un  ravinement  assez  considérable.  Dans  toutes  les  classifications 
on  ne  tient  compte  que  des  couches  qui  existent  ;  on  ne  pourrait 
donc  pas  y  faire  figurer  ce  ravinement  des  couches  piiocènes. 


■   HOUTELL»  0BSH8TATI0B8   SCH   LA   BRE9SK. 


£c!&lt  de* profila  du  P.-L.-M,;  L.  1:10.000;  H.  i  ;  1000.  Coupe 
:.'.-.'"  relevée  au  nord  de.  Bourg  -en- Bretst  (Ain). 


Vallée   de  In    Ry». 


Pa.  passages  à  niveau 

du  chemin  de 

P.  Pliocène  lacustre  de  la  Bresse, 

1er  P.L.M. 

R.  Lit  aeinel  de  la  Revssouie. 

is.  Couches  diverses    \ 

n.  Alluvions  vaseuses   noires  actuelle» 

c.  Al  lavions  anelcocènes. 

3.  TroisiémeErratique 

lape  pliocène. 

a.  Couches  fluviales  mésocènes. 

ï=  Erratique  deux  ter 

îvisîble   aiijour- 

d.  Dlluvium  du  nord  Pléistosème. 

d'bni. 

y.  Couches  pléislosèmes. 

Z.  Sables  pliocenes  visibles- à  Cuègre 


D.  Dilnvium  du  nord  Pliraème.- 


Dans  le  bat  de  tenir  compte  des  lacunes,  et  pour  avoir  de  la  sorte 
une  classification  complète,  continue  et  sans  lacune,  de  toutes  les 
assises  pliocènes  et  quaternaires,  j'ai  tenté  divers  essais  et  je  me  suis 
arrêté  à  celui  que  j'expose  dans  cette  note.  Le  dernier  étage  quater- 
naire que  j'ai  appelé  Ane/caeéne  (du  verbe  grec,  aveÏMu,  retirer,  parce 


1886.        TARDY.    —  NOUVELLES   OBSERVATIONS   SUR  LA   BRESSE.  103 

dès  dépôts  marins  un  fait  identique  à  ceux  qui  affectent  les  dépôts 
ftuvio- lacustres  de  là  Bresse. 

Si  les  dépôts  quaternaires  anelcocènes  n'avaient  aucune  impor- 
tance et  si  oh  ne  trouvait  pas  d'autres  dépôts  similaires,  appartenant 
à  des  âges  d'érosions,  on  pourrait  se  contenter  des  anciens  systèmes 
donnant  seulement  Tordre  de  succession  des  couches.  Mais  la  régu- 
larité  bien  apparente  qui  existe  dans  toutes  les  formations  géolo- 
giques considérées  au  point  de  vue  qui  m'occupe  en  ce  moment, 
prouve  qu'une  division  qui  donnerait  une  place  égale  aux  âges  de 
dépôts  et  aux  âges  d'érosion,  s'approcherait  beaucoup  de  la  division 
dés  assises  géologiques  en  groupes  naturels.  La  grande  difficulté 
serait  pour  appliquer  ce  système  de  division  des  assises  continen- 
tales aux  assises  marines,  mais  cette  difficulté  n'en  est  plus  une  au- 
jourd'hui. 

Le  sous-étage  anelcocène,  étant  séparé  des  alluvions  moderne? 
(celles  du  chronomètre  de  la  Saône  par  exemple)  par  le  Ûiluvium 
final  du  Nord  qui  n'est  pas  un  fait  isolé,  j'ai  pensé  que  la  division  la 
plus  commode  et  peut-être  aussi  la  plus  naturelle,  consisterait  à  éta- 
blir la  division  des  étages  sur  chaque  Diluvium  du  Nord.  Toutefois, 
en  1885,  j'ai  placé  le  Diluvium  du  Nord  au  milieu  de  chaque  étage, 
mais  diverses  circonstances  m'ont  engagé  à  adopter  le  système  in- 
verse, comme  plus  parfait  et  plus  conforme  aux  anciennes  divisions 
adoptées  jusqu'à  ce  jour. 

En  limitant  mes  étages  par  les  Diluviums  du  Nord  successifs,  les 
couches  de  Bourg,  Bel-Air  qui  précèdent  immédiatement  le  sous- 
étage  d'érosion  anelcocène,  forment  avec  ce  sous-étage  un  étage 
complet  que  j'appellerai  le  Mésosème,  parce  qu'il  tient  le  milieu 
entre  le  premier  âge  quaternaire  et  l'étage  moderne.  Ce  dernier  étage 
j'ai  cru  devoir  l'appeler  étage  pléosème,  parce  que  pour  longtemps 
encore,  cet  étage  restera  le  dernier  de  tous.  Enfin,  ainsi  que  je  l'ai 
déjà  fait,  le  premier  étage,  dit  quaternaire,  s'appellera  Pléistosème 
et  succédera  sans  interruption  au  Plioséme.  Ce  nouvel  étage  com- 
prendra dans  son  premier  sous-étage,  le  Pliocène  de  la  vallée  du 
Khône  et  de  la  Bresse  et  dans  son  second  sous-étage  ou  deuxième 
section,  les  couches  qui  se  sont  formées  pendant  le  ravinement  des 
couches  pliocènes.  Je  laisse  aux  sous-étages  la  finale  cène  des  étages 
tertiaires  et  je  donne  aux  étages  la  finale  sème. 

Le  niveau  erratique,  deux  ter,  du  Pliocène  lacustre  de  la  Bresse, 
forme  presque  la  dernière  couche  visible  de  cette  série.  Il  n'y  a  au- 
dessus  qu'une  couche  de  marne  ou  d'argile  dure,  blanc-bleuâtre, 
épaisse  de  quelques  mètres,  et  ravinée  à  sa  partie  supérieure  par  les. 
phénomènes  diluviens  successifs.  C'est  là  dernière  assise  pliocène 


104  TABDT.  —  NOUVELLES  OBSERVATIONS    SUR   LA    BRESSE.         6   déc. 

visible  en  Bresse;  on  n'y  a  vu  jusqu'ici  aucun  fossile.  Ce  n'est  du 
reste  pas  en  général  dans  les  couches  blanchâtres  qu'on  trouve  des 
fossiles;  ceux-ci  se  rencontrent  surtout  dans  les  argiles  bleues,  au 
voisinage  des  couches  de  lignitea  et  alors  tes  coquilles  sont  généra- 
lement brisées  ;  ce  qui  est  naturel.  La  plupart  des  bois  sont,  en  effet, 
disposés  par  coucbes  horizontales,  par  gros  fragments,  et  sont  évi- 
demment échoués  sur  des  rivages.  On  a  déjà  trouvé  sur  quelques 
points  des  amas  de  feuilles,  J'en  avais  expédié  un  jour  a  Tournouér, 
mais  celui-ci  crut  à  une  erreur  tant  elles  étaient  bien  conservées. 
Sur  les  bords  de  la  rivière  d'Ain,  j'ai  néanmoins  vu  des  débris  de 
tiges  de  plantes  aquatiques  parfaitement  en  place,  ayant  vécu  sur  le 
lieu  même  dans  les  marnes  pliocènes.  On  m'a  aussi  cité  à  Donsure 
un  arbre  qui  se  serait  trouvé  debout,  mais  c'est  le  seul  fait  de  ce 
genre  qui  m'ait  été  signalé.  Dans  quelques  autres  gisements  de 
fossiles,  les  marnes  sont  jaunâtres;  le  Pyrgidiwn  Nodoti  se  trouve  en 
général  dans  des  marnes  de  ce  genre.  Ces  marnes  renferment  sou- 
vent de  petites  concrétions,  tufacées  jaunes,  mais  alors  les  fossiles 
manquent  le  plus  souvent.  J'en  ai  vu  cependant  au  S.-O.  de  Cor- 
moz  dans  une  couche  de  cette  nature.  Un  seul  gisement,  celui  de  la 
fontaine  Riri  à  Cuisery,  offre  des  paludines  ferrugineuses  inédites. 
Les  couches  pliocènes  qui  accompagnent  le  niveau  erratique, 
deux  ter,  sont  des  argiles  blanchâtres  au-dessus,  et  des  sables  au- 
dessous  de  cet  erratique.  Ces  sables  qu'on  peut  voir  dans  l'Asile  des 
aliénés  de  Saint-Georges,  près  de  Bourg,  sont  eu  lits  presque 
horizontaux  et  formés  de  sables  très  Uns.  Ces  sables  ont  été  décou- 
verts en  exploitant  les  gravières  qui  les  masquaient.  Mais  entre  ces 
graviers  et  ces  sables,  il  y  a  sur  d'autres  points  une  couche  de  cail- 


1886*        TARDY.   —  NOUVELLES  OBSERVATIONS  SUR  LA  BRESSE.  105 

section  du  Pliosème,  en  stratification  discordante,  c'est-à-dire  contre 
leurs  tranches,  appartient  maintenant  à  la  deuxième  section  du  Plio- 
sème. C'est  cette  couche  de  cailloux  que  j'ai  appelée  jusqu'ici  troi- 
sième Erratique  et  à  laquelle  je  conserve  ce  nom.  Celte  couche  est 
recouverte  par  des  marnes  renfermant  un  lignite  tourbeux,  au- 
dessus  duquel  on  a  trouvé  dans  un  puits  situé  près  du  passage  à 
niveau  de  Challes,  entre  le  cimetière  de  Bourg  et  l'Asile  d'aliénés, 
une  succinée  de  grande  dimension.  Ces  couches  sont  surmontées 
par  des  sables  concrétionnés  recouverts  de  marnes  jaunes  qui 
affleurent  sous  les  couches  mésocènes  de  Bourg  (Bel- Air).  Au-dessus 
viennent  les  sables  qui  accompagnent  le  quatrième  Erratique  et  lui 
servent  de  support.  Le  troisième  Erratique  repose  de  môme  sur  des 
sables  qui  donnent  à  Bourg  une  nappe  d'eau  ascendante  de  quatre 
mètres  environ.  Cette  nappe  est  situé  vers  215  mètres  d'altitude, 
tandis  que  le  sol  de  la  ville  est  supérieur  à  223  mètres.  Il  est  donc 
impossible  à  Bourg,  comme  dans  toute  la  Bresse,  pour  les  mêmes 
raisons,  d'avoir  des  eaux  réellement  artésiennes. 

Le  troisième  Erratique,  ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit,  offrait  à  Challes,  au 
nord  de  Bourg,  toutes  les  variétés  des  roches  erratiques  glaciaires 
des  Alpes,  y  compris  même  des  cailloux  de  jaspes  rouges  (exotiques 
de  M.  Pillet).  Ces  cailloux  étaient  accompagnés  d'une  marne  pyriteuse 
verdâtre.  La  même  association  de  marnes  pyriteuses  vert  foncé, 
olivâtre,  se  retrouve  dans  la  profondeur,  au  voisinage  de  tous  les 
bancs  de  cailloux  de  la  Bresse.  Ces  marnes  mises  en  affleurement,  se 
transforment  sur  environ  quatre  à  cinq  mètres  d'épaisseur,  en  une 
argile  compacte,  à  peu  près  imperméable  à  l'eau,  jaunâtre,  veinée 
dans  le  sens  vertical  de  lignes  bleuâtres  claires.  C'est  avec  cette 
argile  qu'on  peut,  par  le  pilonnage,  construire  des  murs  dits  en 
pisé  ;  c'est  de  là  que  vient  l'expression  de  terre  à  pisé,  employée  par 
Benoit  et  par  quelques  autres.  Lorsque  les  terres  à  pisé  ont  été 
remaniées  par  les  derniers  phénomènes  quaternaires,  ceux-ci,  s'ils 
sont  antérieurs  aux  failles  N.  75°  E.,  en  ont  fait  des  terrains  lavés, 
blanchâtres  qu'on  nomme  terrains  blancs  et  qui  absorbent  rapide- 
ment l'eau  de  pluie  qui  ne  s'est  pas  écoulée  à  leur  surface.  Si,  au 
contraire,  ce  sont  les  eaux  postérieures  aux  failles  N.  75°  E.  (Eaux 
des  Terrasses  de  40  mètres  et  suivantes)  qui  ont  produit  le  lavage  et 
le  remaniement,  ces  terres  sont  mêlées  de  l'oxyde  de  fer  qui  colore 
tous  les  dépôts  de  ces  derniers  âges  quaternaires  et,  à  moins  de 
circonstances  particulières,  comme  le  voisinage  des  grands  fleuves 
de  la  Saône  par  exemple,  ces  terres  rouges  forment  après  la  pluie 
un  sol  boueux. 

Le  troisième  Erratique  renferme  à  Challes  et  surtout  devant  le 


lOfc  TARDT.  —    NOUVELLES    OBSERVATIONS   SUR    LA    BHESSE.         6    dCC. 

cimetière  de  Bourg,  oit  il  a1  été  mis  9  jo'ur,  dans  une  gravlère,  dés 
cailloux  striés  glaciaires.  Grâce  à  ceux-ci  dont  il  n'existe  pas  d'exem- 
ple a  la  stirface  du  sol,  au  Nord  de  la  foret  de  Seillon,  on  peut 
suivre,  soùs  un  certain  nombre  de  sablières,  l'affleurement  du  troi- 
sième erratique  qui  passe  entré  la  Keysseuze  et  le  hameau  des  Cui- 
rons, au  sud  de  Bourg.  Aa  Nord,  cet  affleurement  suit  en  général  la 
rive  nord-est  de  la  vallée  de  la  Reyssouze,  et  les  derniers  cailloux 
alpins  se  trouvent  très  clairsemés  vers  Foissiat.  Plus  au  Nord,  vers 
Mantenay,  on  trouve  au  contraire,  sur  cette  ligne  les  premiers  silex 
de  la  cote  châlonnaise.  C'est  donc  entré  Foissiat  et  Man'tènay  qu'il 
faut  placer,  à  cette  époque,  le  débouché  de  la  Saône  dans  le  lac 
pliocène  de  Bourg.  L'inclinaison  des  couches  de  part  et  d'autre  de 
la  vallée  de  la  Reyssouze  vers  Jayat,  et  de  part  et  d'autre  dé  la  vallée 
de  la  Seille,  vers  Cuisery,  montre  que  depuis  le  deuxième  Erratique 
jusqu'après  le  troisième,  la  Saône  pliocène  a  passé  à  l'est  deCùisery 
d'abord  et  de  Jayat  ensuite.  Le  changement  dé  lit  dé  là  Saône  a  dû 
se  produire  vers  le  passage  du  Plioséme  au  Pleistosème. 

Fig.  2. 


I8É6.        TAltàt.   *-  H0UVBLL63  OBSERVATIONS  SUR  LA  BRESSft.  4(tf 

côùx  de  là  basé  dû  8*  Pratique.  11  résulte  atrssl  de  ces  faits  que  Itf 
potiditigties  qui  arffleufent  en  haut  d'une  sablière  Sous  l'église  de 
Motfttfgnal,  sont  ptfûtttre  de  l'âge  de  TErrati^ue  êëUx  terrDsuik  lac 
même  sablière,  à  dêta  mètres  au-dessus  du  fond,  on  voit  un  afrtre 
banc  &8  poediague  qui  doit  représenter  l'Erratique  deux  bis.  Enfin  le 
demrîëtte  Erratique  se  voyait  autrefois  dans  le  ruisseau  de  Treconatè, 
en  aval  de  la  roote  dé  Ge^zériat,  à  Bourg.  A  l'est  de  ce  point,  on  voit 
dans  le  fossé  de  la  route,  des  marnes  pliocènes,  à  concrétions  cal- 
caires et  plus  à  Test,  au  sud  du  cimetière  de  Ceyzériat  une  vieille 
recherche  de  lignite  dont  on  ne  peut  fixer  l'âge  géologique. 

De  Bourg  à  Lyon,  les  dépôts  de  la  fin!  du  Quaternaire,  masquent 
complètement  le  troisième  Erratique.  Mais  celui-ci  reparaît  à  Saint- 
Clair,  constitué  par  une  moraine  bien  plus  certaine  que  beaucoup 
d'autres  moraines  superficielles  admises  par  tout  le  monde.  Cette 
moraine  visible  presque  devant  la  gare  de  Saint-Clair,  au  niveau  de  la 
route,  se  retrouve  au  fond  du  vallon  de  Sathonay,  dans  le  puits  delà 
pompe  à  feu  et  aussi  au  fond  du  vallon  du  Petit-Moulin1.  De  Saint- 
Clair,  on  peut  la  suivre,  se  relevant  lentement  jusqu'à  Neyfori  où  elle 
arrive  au  sommet  du  plateau.  C'est  dans  un  débris  de  cette  moraine 
que  J'ai  trouvé  les  premiers  fossiles  de  la  côte  de  Miribel.  Au-dessous, 
on  voit  de  très  puissantes  alluvions  qui  appartiennent  à  Tune  des 
phases  de  la  période  d'érosion  des  couches  pliocènes.  Les  plus  an- 
ciennes de  ces  alluvions,  sont  celles  de  Miribel  ;  les  alluvions  de  la 
sablière  de  Bas-Neyron,  sont  un  peu  plus  récentes,  parce  que  leur  lit 
est  à  une  altitude  assez  inférieure  à  celui  des  alluvions  précédentes. 
Dans  les  alluvions  do  Miribel,  M.Philippe  a  trouvé  à  Miribel  des  osse- 
ments de  Rhinocéros  megarhinus.  Au-dessus,  sous  la  moraine  an- 
cienne,  dans  un  poudingue,  quelques  membres  de  la  Société  d'Emu- 
lation de  l'Ain,  ont  recueilli  une  défense  de  Mastodonte  roulée.  C'est 
dans  cet  état  que  l'on  trouve  tous  les  ossements  de  Mastodontes,  dans 
les  sables  inférieurs  au  troisième  Erratique;  néanmoins  l'abondance 
de  ces  ossements,  surtout  autour  de  Trévoux,  a  fait  depuis  long- 
temps nommer  ces  sables,  sables  à  Mastodontes,  quoique  les  der- 
niers de  ces  animaux  soient  antérieurs  à  l'Erratique  2  bis. 

A  Montagnat,  entre  chacun  des  Erratiques  pliocènes,  on  ne  voit? 
que  des  alluvions,  tandis  qu'au  nord-est  de  Bourg,  il  y  avait  daris'  la 
même  situation  des  manies,  des  argiles  et  des  ligniles  plus  ou  moins 
pauvres.  De  môme,  tandis  qu'il  y  a  sur  le  troisième  Erratique  à  Bourg, 
des  marnes  bleues,  des  sables  et  des  marnes  blanches,  à  Sathonay, 
il- n'y  a  Sur  la>  moraine  protonde  que  des  alktvions  que  j'ai  nommées 
en- 1894-,  alluvions  régulières  du  sud.  Dans  ces  alhivioris  on  peut 
faire  quelques  subdivisions.  Par  exemple,  on  pouvait»)*  distinguer  a**-   » 


108  PARDT.  —  IfOUYBUBS  0BSBRVÀTIO53  SUR   LA   8HBSSB.        6  déc. 

trefois,  près  de  Sathonay,  trois  masses  principales.  Cette  division  ter- 
naire correspond  sans  doute  à  une  division  naturelle  des  dépôts  la- 
custres du  même  Age  aux  environs  de  Bourg,  marnes  jaunes, 
sables  et  marnes  à  lignites.  Mais  en  étudiant  en  détail  tous  les  autres 
niveaux  de  la  Bresse,  qu'ils  soient  pliocènes  ou  quaternaires,  on 
voit  toujours  paraître  cette  division  ternaire  qui  reste  à  étudier.  On 
la  voit  encore  reparaître  dans  les  divisions  détaillées  des  niveaux  co- 
ralliens du  Jurassique  supérieur.  Cette  division  est  donc  une  loi 
générale  de  la  géologie. 

Sur  les  alluvions  régulières  du  sud,  on  voit  à  Sathonay,  l'alluviou 
à  ossements  dans  laquelle  j'ai  recueilli  en  place  des  rongeurs,  du  Dos, 
du  cheval,  un  grand  Bovidé  indéterminé,  et  VHyœm  spœlœa.  Dé- 
terminés par  M.  Gaudry,  ces  ossements  dont,  sur  mes  indications, 
H.  Berthaud  a  fait  fouiller  par  M.  Riche  le  gisement  et  dont  MM.  1  e 
docteur  Déperet  et  Fontanneout  ensuite  publié  la  faune,  doivent-ils 
modifier  l'âge  des  couches  difficiles  à  classer,  que  j'ai  étudiées  pen- 
dant trois  ans?  Je  ne  le  pense  pas.  11  me  semble  que  ces  couches 
doivent  définitivement,  se  placer  au  niveau  des  sables  qui  affleurent 
sous  le  plateau  de  la  gare  de  Bourg-en-Bresse  au  sud  de  la  ville. 

Les  sables  du  sous-sol  de  la  gare  de  Bourg,  sont  très  fins  au 
Thioudet;  mais  sur  d'autres  points,  vers  l'école  de  Péronnas  et  au 
nord  de  la  Chambière,  ils  sont  accompagnés  de  graviers  et  même  de 
cailloux  qu'on  retrouve  encore  plus  loin  à  Césile  au  Nord  de  Mon- 
trevel.  Ces  cailloux  sont  le  prolongement  d'un  niveau  glaciaire  dont 
on  voyait  une  moraine  dans  la  tranchée  d'accès  des  eaux  de  Bourg, 
vers  la  Veyle,  au  moulin  de  Longcbamp.  Vers  le  pont  du  chemin  de 
fer,  sur  la  Veyle,  on  voit  les  alluvions  sableuses  du  glacier.  A  Sa- 


1886.        TABDY.    —   NOUVELLES  OBSERVATIONS  SUR  LA  BRESSE.  109 

soixante  mètres  de  profondeur,  et  de  plus  de  trois  kilomètres  de 
largeur  dont  le  fond  était  situé  vers  Fontaine,  à  193  mètres  d'altitude 
environ,  c'est-à-dire  à  près  de  trente  mètres  au-dessus  delà  Saône 
actuelle.  La  plage  très  bien  nivelée  offerte  par  la  partie  supérieure 
du  banc  de  poudingue,  sur  le  rivage  de  ce  lit,  n'a  pu  être  formée 
que  par  des  eaux  de  la  même  époque,  car  les  dépôts  qui  recouvrent 
cette  surface  plane,  sont  très  variés  par  leur  âge,  par  leur  nature  et 
par  leur  origine.  Quelques-uns  sont  même  anciens  dans  la  série 
quaternaire.  Nous  pouvons  donc  considérer  qu'à  la  fin  du  Pliosème, 
au  début  du  Pléîstosème,  il  passait  dans  le  lit  indiqué  ci-dessus,  un 
débit  de  110,000  mètres  cubes,  correspondant  aux  dimensions  in- 
diquées ci-dessus  et  à  un  courant  charriant  du  sable. 

On  trouve  par  l'étude  de  la  direction  des  courants,  que  le  confluent 
du  Rhône  et  de  la  Saône,  est  descendu  progressivement  depuis  le 
début  du  Pléistosème  de  Fontaine  à  la  Mulatière,  où  il  est  aujour- 
d'hui. Auparavant  il  devait  se  trouver  encore  plus  au  Nord.  Le 
Rhône  existait  en  effet  déjà  à  l'époque  de  la  formation  des  pou- 
dingues  qui  recouvrent  le  quatrième  Erratique,  et  les  témoins  de  ces 
poudingues  ainsi  que  leurs  cotes  d'altitudes,  permettent  de  tracer  à 
peu  près  le  cours  des  eaux,  à  cette  époque.  Ainsi,  par  exemple,  il 
existe  des  poudingues  de  cet  âge  à  Toussieux,  ils  y  sont  vers 
225  mètres  (altitude  de  la  carte  de  l'État-Major).  Or,  à  Rochetaillée, 
on  trouve  20  mètres  de  différence  entre  les  cotes  de  la  carte  et  celles 
du  profil  du  chemin  de  fer.  On  peut  donc  fixer  les  poudingues  de 
Toussieux  à  205  mètres,  cote  plus  élevée  que  celle  du  confluent  à 
Fontaine;  les  eaux  de  Toussieux  pouvaient  ainsi  aller  vers  le  Nord. 
On  trouve  aussi  des  poudingues  du  même  âge  à  Gharnoz,  à  235  mè- 
tres, altitude  de  la  carte.  Des  poudingues  du  même  âge  existent  en- 
core à  Loyes,  à  Saint-Maurice-de- Rémens,  à  Saint-Denis-le-Chosson  ; 
on  peut  donc  croire  que  la  vallée  de  l'Ain,  ou  celle  de  l'Albarine, 
existaient  déjà  à  cette  époque,  au  moins  jusqu'à  Cormoz,  en  aval  de 
Château-Gaillard.  Néanmoins,  il  existe  peut-être  encore  des  pou- 
dingues à  stratification  horizontale  en  amont  de  Priay,  un  peu 
au-dessus  du  lit  de  l'Ain. 

pléistosème 

La  Reyssouze  coule  de  Bourg  à  Jayat,  entre  le  troisième  et  le 
quatrième  Erratique;  la  Veyle coule  de  même,  de  Monternaux  et  du 
Thioudet  à  Polliat,  entre  le  quatrième  et  le  cinquième  Erratique. 
Entre  ces  deux  niveaux  de  cailloux,  on  trouve  des  sables  formant 
des  grès  tendres  à  Nate,  commune  de  Péronnas,des  marnes  bleues  à 
Saint-Denis,  des  marnes  blanches  près  de  Chamambard  et  des  sables 


\\0  T4M>Ï.  —i   N0VTBL(,K8   OBSBBVATIOlfS   SUR.  LA    BH1SSE.         6   déo. 

supérieurs  au-dessous  de  SainURemy,  Si|r  ces  dernier*  sables,  on 
trouve  le  ciuquièm  Erratique  constitue;  par  une.  véritable  morale  à 
Sajnt-Bemy  et  même  a,  Corgenop;  mais  au  delà  vers  le  Nord,  ce  n'est 
plus  qu'une  alluvioa  glaciaire  qui  se  termine  môme  assca  rapide- 
ment. Cependant  à  Polaizé,  au  Nord-Ouest  de  P-olliat,  on  trouve  en- 
core de*  cailloux  de  ce  niveau. 

Entre  la  cinquième  et  le  sixième  Erratique,  coule  le  ruisseau  Le- 
Vieux-Jonc.  Le  sixième  Erratique  existe  à  l'état  de  moraine  très  nette 
jusque  tout  près  de  Montcey  et  sous  ce  village.  Au  delà,  ît  a  fourni 
les  graviers  que  la  Yeyle  a  étalés  dans  son  lit.  Quant  aux  marnes,  ou 
les  vojt  encore,  dans  différentes  excavations,  mais  ou  voit  qu'elle»  se 
réduisent  de  plus  en  plus,  à  mesure  que  lea  formations  erratiques 
deviennent  de  plus  en  plus  importantes. 

Le  septième  Erratique  n'est  pas  séparé  du  sixième  par  nue  rivière, 
mais  simplement  par  une  vallée  très  mal  dessinée  coupant  la  route 
de  Caâtillon  au  Guillel.  La  raison  de  ce  fait,  doit  être  dans  la  puis- 
sance du  septième  Erratique  qui  envoie  des  cailloux  striés  jusque 
sur  la  hauteur  de  Montcey,  et  ensuite  des  moraines  à  peine  remaniées 
à  Dbuisiat,  à  trois  kilomètres  au  sud  de  Mézériat.  Sur  ce  point  j'ai 
vu  un  bloc  de  granit  porpbyroïde  de  plus  d'un  dixième  de  mètre 
Cube,  en  forme  de  galet,  venant  du  Haut- Valais.  Il  était  accompagné 
de  nombreux  cailloux  striés. 

Benoit  avait  déj,à  remarqué  sur  ce  point,  la  grande  extension  des 
glaciers  dont  il  parle  dans  une  de  ses  notes  sur  la  Bresse,  en  disant 
qu'autour  deVandeins,  village  très  voisin,  il  y  a  une  grande  accumu- 
lation de  dépôts  erratiques.  Mais  Benoit  rapportait  ces  depuis  à  l'âge 
de.  la.  moraine  de  Seillon,  parce  qu'il  n'avait  jamais  vu  de  dépôts  gla- 


i$86.      T4|py.  —  nouysïxfs  0^^74110(19  sirç  la  bijçssb.  11  i 

Le  huitième  Erratique  affleure  sur  les  bofds  dç  la  vallée  de  l'Jcancp, 
4e  Chanoz  à  Sainl-Andfé-}e-Bouc|iou*.  Lcjs  cailloux  qui  sont  à  Saiqt- 
Jean-sur-Yeyle,  pçès  du  putys  artésiçn  de  la  Eoçtainç-de-fer,  déjà 
signalé,  par  Laiapde,  ep  1755,  pour  son  goût  et  pour  sou  écume 
couleur,  de  rouille,  peuvent  appartenir  à  ce  niyeau  erratique  ou  au 
suivant. 

Le  neuvième  Erratique  affleure  sur  la  rivç  gauche  du  Renon,  de 
Neuville  4  Romans.  §es  derniers  cailloux  striés,  sont  à  mi-chemin 
entre  ces  deux  points,  au  domaine  de  la  Fontaine.  Ce  niveau  erratique 
coupe  ensuite  la  vallée  de  la  Chalaronne  vçrs  un  bois,  où  le  chemin 
de  fer  est  resserré  entre  la  côte  et  la  rivière. 

Enfin  le  dixième  Erratique,  présent?  dans  la  sablière  de  l'hôpital, 
à  Chàtillon-sur-Chaiaronne,  un  affleurement  de  rivagç  reposant  sur 
des  sables  fins  et  en  supportant  d'autres.  La  couleur  de  l'ensemble 
est  jaunâtre  conime  dans  toutes  les  assises  erratiques  pléisto- 
sèmes.  Cette  moraine  reparait  sous  la  sablière  de  la  gare,  dans 
les  fondations  des  diverses  plaques  tournantes  de  la  gare,  et  sous  la 
sablière  4e  M.  Cérizier,  exploitée  au  Nord  de  la  ville.  Cette  moraine 
doit  encore  affleurer  au  Nord  de  la  sablière  de  M.  Cérizier,  sous  le 
Paluat,  car  au  Nord-Est  de  cette  ferme,  il  existe  une  importante  nappe 
d'eau  qui  sans  un  obstacle  infranchissable,  devrait  se  déverser  dans 
les  alluvions  de  la  gravière  de  M.  Cérizier.  Celles-ci  sont  en  effet  du 
même  âge  que  celles  de  la  nappe  aquifère. 

Les  alluvion$  de  la  sablière  de  M.  Cérizier,  et  celle  de  la  sablière 
delà  gare,  sont  du  même  âge  et  prouvent  par  l'examen  des  courants, 
qui  les  ont  stratifiées,  qu'elles  se  formaient  à  l'embouchure  de  la  Cha- 
laronne. Cette  rivière  existait  donc  déjà  à  cette  époque  qui  ne  peut 
alors  se  placer,  qu'après  la  formation  des  couches  pléistosèiues  et, 
après  leur  ravinement  à  la  fin  du  môme  âge.  Les  alluvions  des  sablières 
de  la  gare  et  de  M,  Cérizier,  doivent  donc  se  placer  dans  un  étage  plus 
récent  que  le  Pléistosème  ;  mais  l'érosion  de  la  vallée  de  la  Chalaronne 
pourrait  se  placer  dans  la  deuxième  section  pléistosème  ;  c'est  ce  que 
j'ai  pensé,  parce  qu'on  ne  trouve  nulle  part  de  dépôts  â  intercaler 
entre  les  alluvions  des  sablières  de  Châtillon-les-Dombes  et  les  dépôts 
pléistosèmes. 

L'érosion  pléistosème  aurait  ainsi  creusé  la  vallée  de  laChalaronne, 
durant  la  deuxième  section  de  cet  étage  ;  mais  l'érosion  se  serait 
arrêtée  au  niveau  du  palier  de  la  gare.  D'autres  vallées  ont  dû  encore 
se  creuser  à  cette  époque.  Parmi  celles-ci,  je  citerai  la  vallée  aujour- 
d'hui complètement  comblée,  dans  laquelle  coule  la  nappe  aquifère 
captée  à  La-Fontaine,  pour  le  château  de  U.  Dugas,  entre  Châtillon - 
sur-Chalaronne  et  Neuville-sur-Renpn.  La  vallée  de  la  Veyle  entre 


112  TAUDT.  —  RODVBLLBS  OBSERVATIOBS  SDH  LA  BRESSB.        6   déc. 

VoonaB  et  Polliat,  doit  encore  être  du  même  âge.  En  amont  de  Pol- 
liat,  il  n'y  a  que  des  dépôts  assez  récents  dans  cette  vallée  on  est 
donc  embarrassé,  pour  fixer  un  âge  ancien  à  cette  érosion,  La 
Reyssouze  au  contraire,  était  déjà  dessinée  avant  le  Diluvium  du 
Nord  plioseme,  aussi  l'érosion  pléistosème,  l'a-t-elle  approfondie  et 
agrandie  sur  différents  points.  Néanmoins  sur  quelques  points,  notam- 
ment près  de  Bourg,  on  voit  les  deux  Diluviums  du  Nord  plioseme  et 
pléistosème,  en  contact  vers  le  Pavillon-Renaud  de  la  carte  de  la 
guerre. 

La  présence  des  deux  Diluviums  du  Nord,  on  pourrait  dire  des 
trois  Diluviums  du  Nord  réunis  sur  un  même  point,  presque  dans  la 
même  coupe,  m'a  engagé,  malgré  la  diversité  de  la  topographie  à 
chaque  époque,  à  les  comparer  entre  eux.  Dans  chacun  d'eux  on 
aperçoit  un  premier  courant  suivant  la  pente  naturelle  du  sol,  c'est- 
à-dire  venant  du  Sud,  puis  un  courant  venant  du  Nord,  puis  un 
nouveau  courant  venu  du  Sud  termine  le  phénomène  diluvien.  Le 
premier  courant  venu  du  Sud,  est  en  général  très  faible,  son  dépôt  a 
peu  d'épaisseur,  il  ne  renferme  que  des  sables  des  petits  cailloux  et 
rarement  des  cailloux  aussi  gros  que  le  poing.  11  en  est  à  peu  près 
de  même,  pour  le  dernier  courant  du  Sud  qui  se  trouve  cantonné  le 
plus  souvent  dans  les  vallons  et  le  lit  des  grandes  vallées.  Quant  au 
courant  du  Nord  sa  puissance  est  très  nettement  progressive.  Le 
courant  diluvien,  du  Nord  plioseme  ne  remue  au  Pavillon -Renaud 
que  des  graviers  et  des  chailles  empruntés  à  une  couche  ancienne  du 
Pliocène.  Vers  La-Chagne,  le  même  courant  a  formé  un  lit  dont  les 
galets  ont  quatre  centimètres  de  diamètre  sur  un  d'épaisseur.  Au  con- 
traire, le  courant  diluvien  pléistosème  remue  sur  le  même  point  des 


1886.         TARDY.    —  N0UYBLLB8  OBSERVATIONS  SUR   LA   BRESSE.  113 

A  Sathonay,  il  convient  de  ranger  dans  l'étage  pléistosème,  toutes 
les  couches  de  Rochetaillée  et  de  Fleurieux.  Quant  aux  sables  T  de 
mes  notes  antérieures  (sables  rouges  situés  sur  la  voie  ferrée  au- 
dessus  de  Fontaine,  à  l'ouest  de  la  culée  du  pont  du  chemin  du  cime- 
tière), ils  sont  encore  avec  ceux  de  la  tranchée  de  la  passerelle  en 
1er  de  l'âge  delà  première  section  du  Pléistosème  ainsi  que  toutes  les 
couches  qui  les  recouvrent  et  qui  sont  comprises  entre  la  passerelle 
désignée  ci-dessus  et  la  route  de  Sathonay  au  camp.  La  2e  section  ne 
semble  pas  y  être  représentée  ;  il  serait  toutefois  difficile,  au  milieu 
de  tous  ces  dépôts  similaires,  dont  une  grande  partie  ont  disparu 
dans  l'érosion  finale  anelcocène  de  la  Saône  de  préciser  exactement 
la  part  de  chaque  section  d'étage. 

MÉSOSÈME 

Cet  étage  ainsi  que  je  l'ai  dit  ci-dessus,  se  divise  très  nettement, 
parce  qu'il  est  le  dernier,  en  deux  sections,  le  Mésocène,  période  de 
formation  de  dépôts  et  l'Anelcocène,  période  d'érosion  produisant 
dans  ses  temps  d'arrêts  les  dépôts  d'alluvions  d'abord  puis  de  lehm  des 
terrasses. 

Le  Mésocène  comprend  les  couches  de  la  sablière  de  la  gare  et  de 
celle  de  M.  Gérizier  à  Châtillon-les-Dombes.  Ces  alluvions  ont  été 
formées  par  ravinement  et  par  remaniement  des  couches  caillou- 
teuses pléistosèmes  voisines.  Ce  sont  des  dépôts  d'estuaires,  ou 
plutôt  d'embouchure  de  la  rivière  de  la  Ghalaronne  dans  une  grande 
rivière,  la  Saône  sans  doute  ou  un  de  ses  bras.  Une  autre  rivière  du 
même  âge  existe  souterrainement  sous  la  propriété  de  M.  Dugas  qui 
en  a  capté  les  eaux,  pour  les  amener  à  la  surface  du  sol,  devant  son 
château  entre  Ghâtillon  et  Neuville-sur-Renon. 

Les  couches  de  Bourg,  coupées  de  part  en  part  dans  un  captage  de 
sources  à  Belair,  sont  encore  mésocènes  j'en  donne  ici  la  coupe  très 
détaiJJée.  On  y  voit  six  à  sept  lits  très  distincts,  donnant  lieu  à  des 
discordances  dans  la  stratification  très  accentuées.  Ces  couches  sont 
argileuses  mêlées  de  cailloux;  elles  se  sont  déposées  sur  une  rive 
convexe  de  la  forme  du  plateau  actuel  qu'elles  bordent  depuis  les 
Sourds-Muets  jusqu'à  la  caserne.  Dans  des  sablières,  au  Nord  de  la 
ville,  on  voit  encore  des  témoins  mésocènes  aux  abords  d'une  rive 
concave.  Des  dépôts  du  même  genre  se  retrouvent  encore  (voir  ma 
note  de  1884)  au  Sud  de  Bourg. 

Dans  la  vallée  de  l'Ain,  au-dessous  de  sa  sortie  des  montagnes  du 
Jura,  on  voit  dans  un  ruisseau  de  la  rive  gauche  un  témoin  du  Dilu- 
vium  du  Nord  pléistosème  qui  s'étend  dans  une  grande  partie  de  la 

XV.  8 


114  TARDT.  —  NOUVELLES   OBSERVATIONS    SUR    LA    BRESSE.         6   déc. 

vallée  sous  les  alluvions  récentes.  La  vallée  de  l'Ain,  contrairement,  à 
ce  que  j'ai  dit  précédemment,  a  donc  été  ouverte,  entre  le  Jora  et 
Château- Gaillard  durant  l'érosion  pléistosème;  son  niveau  an  Pont- 
d'Ain  était-il  alors  inférieur  à  celui  de  la  rivière  actuelle?  Cela  ne 
me  parait  pas  certain  quoique  les  alluvions  pléistosèmes  et  te  Dilu- 
vium du  Nord  qui  les  termine  soient  au-dessOus  des  alluvions  actu- 
elles, dans  les  fondations  du  pont  en  pierre  du  Pont-d'Ain.  En  effet, 
dans  toutes  les  autres  vallées,  le  Diluvium  du  Nord  pléistosème 
semble  plutôt  un  peu  inférieur  au  fond  des  vallées  actuelles;  mais 
sa  pente  est  plus  faible  que  celle  des  vallées  actuelles.  Néanmoins, 
comme  je  ne  connais  aucun  autre  fait  semblable,  j'ai  cherché  si  on 
pourrait  l'expliquer  par  un  affaissement  récent.  Les  limites  de  la 
masse  affaissée  du  ns  cette  hypothèse,  seraient  au  Nord  vers  Monta- 
gnat  ou  vers  le  Pont-d'Ain  et  au  Sud  vers  Mollon.  Sur  ces  divers 
points,  passent  des  failles  considérables  qui,  par  leurs  orientations 
N.  75°  E.  répondent  à  toutes  les  objections  et  rendent  l'hypothèse 
d'un  affaissement  très  admissible.  Au  premier  abord,  la  vallée  du 
Surand,  affluent  actuel  de  droite  de  l'Ain,  au  Pont-d'Ain,  me  parait 
encore  être,  à  cette  époque,  tributaire  de  la  vallée  de  la  Reyssouze. 
Dans  la  vallée  de  l'Ain,  on  observe  des  bancs  de  pou  dingues  à 
Martinai,  au  pont  de  Chazey  et  à  Chazey.  Ces  bancs  me  semblent 
appartenir  à  nn  seul  niveau  que  je  placerai  au  voisinage  du  Dilu- 
vium du  Nord  pléistosème.  En  effet,  dans  la  même  situation,  on 
voyait  autrefois,  vers  le  Pavillon-Renaud,  près  de  Bourg,  un  pou- 
dingue formé  de  sables  très  ferrugineux  et  noirs,  immédiatement 
sous  le  Diluvium  du  Nord  pléistosème.  Le  même  poudingue  ferru- 
gineux noir,  existe  à  la  base   des  alluvions  aquifères  fournissant 


1886.        TARD  Y.   —  NOUVELLES  OBSERVATIONS  SUR  LA  BRESSE.  115 

deux  berges  élevées  de  dix  mètres  environ.  Si  on  gravit  ces  berges, 
on  voit  qu'elles  appartiennent  à  un  cône  primitif,  coupé  par  une 
tranchée  profonde,  dans  laquelle  s'est  déposé  le  cône  inférieur, 
coupé  lai-môme,  par  une  nouvelle  tranchée  de  dix  mètres  enviroç, 
dans  laquelle  coule  l'Àlbarine  actuelle.  On  peut  donc  admettre, 
qu'il  y  a  trois  cônes  successifs  coupés  par  trois  érosions  successives. 
Le  premier  cône  est  pliosème,  le  second  sera  pléistosème,  et  le 
troisième  mésocène  sera  coupé  par  l'érosion  anelcocène.  Cette  dis- 
tribution s'accorde  si  bien  avec  les  autres  faits  signalés  en  Bresse 
que  je  crois  pouvoir  la  considérer  comme  exprimant  la  vérité. 
Toutefois  les  moraines  situées  derrière  le  château  du  Tiret  sont  un 
peu  embarrassantes,  car  dans  l'hypothèse  ci-dessus,  elles  ne  peu- 
vent appartenir  qu'aux  moraines  delà  période  pléistosème,  première 
ou  deuxième  section,  c'est-à-dire  aux  moraines  situées  entre  Bourg 
et  Châtillon. 

A  Sathonay,  les  seules  assises  mésosèmes  (lre  section)  qui  seraient 
visibles,  sont  entre  235  et  260  mètres  d'altitude,  sur  les  alluvions  (S) 
du  viaduc  de  l'Etang  auxquelles  j'ai  rapporté  les  alluvions  les  plus 
élevées  du  plateau  de  la  Dombes.  Il  y  aura  à  ce  sujet,  une  nouvelle 
étude  à  faire,  car  si  on  peut  attribuer  les  alluvions  de  la  Chapelle, 
(316  mètres)  au  Surand,  tributaire  de  la  Reyssouze,  celle  deChalamont 
(329  mètres)  ne  peuvent  être  attribuées  à  la  même  origine;  elles  sont 
pléistosèmes  néanmoins  ainsi  que  je  le  dirai  en  parlant  des  alluvions 
de  la  vallée  de  l'Ain. 

Pendant  la  formation  des  diverses  couches  mésocènes  dont  je 
viens  de  parler,  le  dernier  lac  bressan,  compris  entre  Ch&tillon-les- 
Dombes,  la  Saône  et  Fleurieux,  a  achevé  de  se  combler  de  dépôts,  les 
uns  fluviaux,  les  autres  vaseux,  presque  tous  fossilifères;  mais  les 
coquilles  en  sont  si  fragiles  qu'il  faudrait  les  étudier  sur  place.  A 
cette  époque  le  courant  devait  encore  passer  à  l'Est  de  Trévoux  qui 
se  trouve  bâti  sur  le  prolongement  du  cône  pliocène  de  la  vallée  de 
l'Azergue.  Cependant,  on  dit  avoir  trouvé  à  Trévoux,  dans  la  Saône, 
des  ossements  et  surtout  des  dents  pliocènes  ;  mais  on  n'a  pas  dit 
si  ces  dents  étaient  roulées  ou  intactes,  ce  qui  serait  essentiel  à 
savoir. 

A  Sathonay,  pendant  les  travaux  du  chemin  de  fer  de  Trévoux, 
on  voyait  sous  la  moraine  qui  couronne  le  plateau,  des  couches 
rosées  prises  dans  un  éboulement  de  la  fin  de  l'époque  mésocène. 
La  position  de  ces  couches  roses  rapprochée  plus  tard  d'anciens 
souvenirs  et  de  mes  observations  dans  l'Agenais  dans  le  Quercy  et 
ailleurs,  ro'a  prouvé  que  chaque  1èr*  section  de  ma  division  srme,  se 
termine  par  des  couches  continentales  versicolores.  On  connaît  dans 


116  TARDT.    —  HOUVBLLBS   OBSEHYATIOIIS   SDR   LA   BIISSSE.         6    àéc. 

cette  situation,  en  Bresse,  des  couches  roses  du  mésocène  à  Sa- 
thonay,  des  couches  argileuses  violettes  et  rouge  lie  de  vin  pléis- 
tosèmes,  à  M  on  ter  a  aux;  elles  sont  aujourd'hui  cachees|par  des  éboulis. 
Quant  aux  mômes  assises  pliosèmes,  je  me  souviens  très  bien  eu 
avoir  vu,  en  1876  vers  Beny.  Enfin  il  en  existe  dans  les  étages 
miocènes,  telles  sont  les  marnes  à  Hélix  Ramondi  d'Orgent.  Hais  si 
les  assises  roses  continentales  sont  toujours  à  la  fin  de  la  première 
section  d'un  étage  sème,  les  couches  marines  de  même  aspect,  se 
placent  au  contraire  à  la  limite  entre  deux  étages,  c'est-à-dire  au 
début  de  la  première  section.  Il  faut  donc  d'abord  trouver  des  fos- 
siles ou  des  indices  analogues,  pour  fixer  d'après  ce  caractère  la 
position  d'une  assise.  L'absence  de  toute  indication  de  ce  genre 
dans  les  argiles  blanches  veinées  de  rose  vil  et  de  jaune  vif  qui  ac- 
compagnent la  terre  d'en  gobe,  pourrait  rendre  mon  indication  pré- 
cédente inutile  dans  ce  cas,  si  on  ne  faisait  attention  que  les  argiles 
veinées  de  roses  dont  je  parle  ici,  forment  le  fond  du  bassin  la- 
custre pliocène  de  la  Bresse,  et  ont  été  rencontrées  dans  cette  situa- 
tion par  tous  les  sondages.  Cette  situation  au  fond  du  bassin,  ne 
permet  guère  de  supposer,  à  ces  couches  une  origine  continentale. 
Il  est  donc  fort  probable  qu'elles  sont  d'origine  marine  et  inter- 
calées entre  les  mollasses  et  le  Pliocène  d'eau  douce,  ainsi  que  je  l'ai 
déjà  dit  ci-dessus  en  m'appuyant  sur  d'autres  raisons.  Je  crois  donc 
le  classement  de  la  terre  d'engobe  définitif. 

Moraines  de  Seillon.  —  A  la  fin  des  derniers  dépôts  du  sous-étage 
mésocène,  on  voit  arriver  sur  le  plateau  de  la  Dombes,  les  moraines 
de  la  dernière  grande  extension  glaciaire.  Je  les  ai  toutes  appelées  en 
souvenir  de  Benoit,  moraines  de  Seillon,  du  nom  de  la  plus  septen- 


1886.        TARDT.   —   NOUVELLES   OBSERVATIONS  SUR  LA  BRESSE.  117 

Reyssouxe.  J'ai  déjà  parlé  de  cela  autrefois  ;  mais  je  tiens  à  rappeler 
que  cette  hypothèse  demande  un  plan  d'eau  dépassant  266°  d'alti- 
tude entre  le  Pont-d'Ain  et  la  Vavrette. 

Aneicocène.  —  Sur  les  couches  glaciaires  du  niveau  de  Seillon,  on 
voit  quelquefois  un  lehm  rouge  qui,  dans  ma  nouvelle  classification, 
se  place  au  milieu  de  l'étage  mésosème,  à  la  fin  de  la  section  méso- 
cène et  au  début  de  la  section  aneicocène.  Ce  lehm  est  celui  de  la 
terrasse  de  600m  dont  on  voit  partout  les  alluvions,  dans  le  Jura  et 
sur  la  Lozère,  vers  700m  d'altitude,  notamment  à  Napt,  au-dessus  des 
tunnels  du  chemin  de  fer  de  Bourg  à  Nantua,  entre  Gize  et  Nurieux. 
Entre  les  diverses  terrasses,  on  doit  placer,  ainsi  que  je  l'ai  dit  en 
1878,  les  divers  groupes  de  moraines  successifs.  C'est  ainsi  qu'on 
peut  classer  les  moraines  de  Vanciat,  entre  les  terrasses  de  600  et 
de  320".  Ce  que  confirme,  du  reste,  l'étude  des  lehm  et  de  leurs 
successions.  Entre  les  terrasses  de  320m  et  de  160m,  il  faut  au  con- 
traire placer  les  moraines  de  Chazey  et  de  Lagneu.  Celles  des  envi- 
rons de  Belley,  viennent  ensuite  entre  la  terrasse  de  160  et  celle  de 
80".  La  moraine  de  Nurieux  paraît  être  plus  ancienne.  En  effet,  les 
moraines  immédiatement  postérieures  à  celles  de  Belley,  sont  au- 
tour de  Bellegarde,  donc  aucun  de  leurs  glaciers,  n'a  pu  pénétrer 
jusqu'au  lac  de  Silan,  dans  la  gorge  de  Saint-Germain-de-Joux.  La 
moraine  du  lac  de  Silan  est  donc  de  l'âge  des  moraines  de  Belley. 
Celle  de  Nurieux,  au  contraire,  a  été  formée  en  partie  par  un  glacier 
alpin  qui  venait  de  la  région  de  Maillât.  Mais  à  l'Est  de  Maillât,  du 
Mont  d'Ain,  au-dessus  de  Nantua,  jusqu'à  Cormaranche,  à  dix-sept 
kilomètres  au  Sud,  on  ne  trouve,  dans  la  chaîne  de  Brénod,  aucune 
trace  du  passage  des  glaciers  alpins.  Le  glacier  alpin  avait  donc  con- 
tourné ce  massif  par  le  Sud,  pour  arriver  par  Maillât  à  Nurieux.  La 
hauteur  des  cols  franchis,  la  longueur  du  trajet  parcouru,  semblent 
indiquer  que  le  glacier  alpin  qui  est  venu  à  Nurieux,  était  contempo- 
rain de  ceux  qui  formaient  leurs  moraines  à  Chazey-sur-Ain  et  à  La- 
gneu. 

L'âge  de  la  moraine  de  Nurieux  a*  une  assez  grande  importance. 
En  effet,  si  la  moraine  de  Silan  est  de  l'âge  des  moraines  de  Belley 
et  celle  de  Nurieux  de  l'âge  des  moraines  de  Chazey,  les  glaciers  des 
moraines  de  Chazey,  auraient  dû  franchir  la  cluse  de  Nantua  pour 
venir  à  Nurieux  pur  cette  voie  la  plus  directe.  Mais  on  ne  trouve, 
entre  Silan  et  la  Cluse,  aucune  trace  de  cailloux  alpins  qui  prouve 
ce  passage.  On  doit  donc  en  conclure  que  la  cluse  de  Nantua  qui  a 
moins  de  neuf  kilomètres,  s'est  ouverte  postérieurement  au  dépôt 
des  moraines  de  Nurieux  ;  c'est-à-dire,  au  plus  tôt  vers  l'âge  des  ter- 
rasses de  160B  et  peut-être  plus  tard.  Enfin,  je  dirai  tout  à  l'heure 


H8  TARDY. —   HODVRLLES   OBSERVATIONS   SDH    LA    BIIKSSE.         G    déc. 

que  les  failles  N.  73"  E.  sont  postérieures  à  !a  terrasse  de  80".  Or, 
en  Bresse,  tous  les  terrains  placés  sur  l'alignement  d'une  cluse  du 
Jura  central,  sont  déchiquetés  par  des  failles,  en  menas  morceaux 
instables,  tandis  que  les  failles  N.  75*  E.,  n'ont  pas  produit  le  môme 
effet  ;  mais  je  n'ai  pas  encore  pu  découvrir  exactement,  l'âge  relatif 
de  ces  deux  systèmes  de  fractures  l'un  par  rapport  à  l'autre. 

Si  la  moraine  de  Nurieux  est  de  l'âge  des  moraines  de  Chazey, 
celles  de  Montréal  et  de  Maillât,  sont  de  l'âge  des  moraines  de 
Lagneu.  Le  dépôt  des  cailloux  du  plateau  d'Izernore  dans  le  lac  de 
Samognat,  est  du  même  âge  approximatif.  Les  moraines  d'Arinthod 
de  Corveissîat,  sont  au  contraire  de  l'âge  des  moraines  de  Vanciat. 
KnfiDj  les  moraines  de  Seillon,  sont  représentées  sur  l'Ain,  par  les 
dépôts  glaciaires  d'Hautecour  et  de  la  vallée  du  Surand,  par  les  cail- 
loux striés  du  plateau  de  Tbol  au  nord  du  Pont-d'Ain.  Ces  derniers 
cailloux  sont  très  près  des  dépôts  du  glacier  de  Seillon,  néanmoins, 
ils  en  sont  séparés  par  le  lit  des  eaux  de  fonte  de  ces  divers  gla- 
ciers. 

Tous  les  dépôts  de  la  vallée  de  l'Ain  qui  sont  recouverts  par  les 
cailloux  alpins  superficiels,  sont  antérieurs  à  l'âge  des  moraines  de 
Seillon.  On  peut  toutefois  encore,  placer  à  cet  âge  des  moraines 
situées  à  Napt  a  700m  d'altitude,  sous  une  alluvion  qui  n'a  d'autres 
rivages  à  l'Est,  que  quelques  points  élevés  de  la  môme  chaîne,  et  à 
l'Ouest,  la  chaîne  du  Beaujolais.  Enfin,  cette  alluvion  qui  n'est  re- 
couverte que  par  un  Diluvium  du  Nord,  peut  être  considérée  comme 
le  fruit  des  eaux  de  la  terrasse  de  700  ou  600  à  SÛO™,  comme  on  vou- 
dra l'appeler.  Ace  niveau,  ou  trouve  partout  en  France,  en  Italie, 
en  Suisse,  etc.,  des  alluvions  parfaitement  nivelées   à  700  mètres 


1886.         TARDY.    —  NOUVELLES  OBSERVATIONS   SUR  LA   BRESSE.  419 

on  y  rencontre  beaucoup  de  cailloux  alpins  dont  plusieurs,  les  Ser- 
pentines surtout,  portent  encore  des  stries  sur  1$  tranche  des  galets 
aplatis.  En  face,  à  l'Est,  on  trouve  à  Granges  des  dépôts  glaciaires  ; 
on  en  trouve  aussi  à  Gorveissiat,  à  l'Ouest,  vers  l'église,  à  467m  d'al- 
titude. A  côté  de  ces  moraines,  on  voit  une  alluvion  à  467 m  qui  ne 
pouvait  avoir  d'autre  rive  du  côté  de  l'Est  que  le  glacier  alpin.  On  y 
trouve  des  cailloux  alpins,  mais  en  trop  petit  nombre  pour  croire 
ces  alluvions  de  l'âge  des  moraines  voisines,  d'autant  plus  qu'on 
trouve  d'autres  alluvions  vers  l'aval  à  400m  d'altitude  au  moins. 

£n  aval  du  viaduc  de  Gize,  la  vallée  d'Hautecour  renferme  plu- 
sieurs genres  d'alluvions  dont  les  plus  anciennes  atteignent  400"  d'al- 
titude et  sont  visibles  sur  la  roule  de  GeyzériatàNantua,  vers  le  col. 
Ces  alluvions  sont  calcaires,  on  n'y  voit  aucun  caillou  alpin.  La  base 
forme  un  petit  banc  de  poudingue  qui  ne  me  paraît  pas  dans  sa 
position  primitive.  Je  le  placerai  volontiers  dans  les  dépôts  lacustres 
miocènes,  si  puissants  tout  autour  du  Jura  et  antérieurs  à  son  der- 
nier mouvement.  Au-dessus,  on  voit  des  alluvions  qui,  d'après 
MAI.  Arcelin  et  Ducrost  qui  ont  visité  les  deux  gisements  à  peu  de 
jours  de  distance,  se  retrouvent  dans  la  grotte  fouillée  par  M.  Be- 
roud,  au-dessous  des  argiles  avec  dent  à'E.  Meridionalis  (détermina- 
tion de  M.  Sirodot).  Ges  alluvions  sont  donc  pliocènes  ou  de  l'époque 
du  déblayement  de  la  fin  de  l'étage  des  mollasses  ;  mais  on  peut 
aussi  les  placer  encore  dans  le  Miocène  lacustre  et  c'est  à  ce  parti 
que  je  m'arrête,  parce  que  les  cailloux  alpins,  rares  il  est  vrai,  se 
montrent  dans  le  Jura  avec  les  molasses  marines  et  se  retrouvent 
ensuite  dans  toute  la  succession  de  la  Bresse. 

A  Uautecour,  on  voit  une  butte  formée  de  sables  à  la  base.  Sur  le 
sable  on  trouve  épars  des  cailloux  faiblement  striés  puis  une  couche 
continue  de  grès.  Au-dessus  on  voit  encore  des  sables  indiquant  un 
courant  régulier.  Enfin  au  Sud,  on  voit  des  cailloux  concas- 
sés eu  grand  nombre.  Au  couchant  de  cette  butte,  ou  voit  des 
sables  fins  réguliers  qui  sont  recouverts  par  un  dépôt  de  gros  cail- 
loux pour  ainsi  dire  bossues  ;  c'est  une  alluvion  d'inondation  déno- 
tant par  son  épaisseur  plus  d'un  mètre,  une  puissance  de  courant 
tout  à  fait  extraordinaire;  les  cailloux  ont  dix  à  douze  centimètres 
de  diamètre.  Un  courant  aussi  violent  pent  très  bien  avoir  enlevé  les 
sables  et  laissé  tous  les  cailloux  amoncelés  au  sud  en  quelques  ins- 
tants; il  peut  môme  avoir  formé  le  puits  de  quatre  mètres  de  pro- 
fondeur, au  fond  duquel  on  a  trouvé  des  ossements  et  une  tête 
û'Arctomys.  Ce  courant  est  antérieur  aux  moraines  de  Seilion  et  pos- 
térieur aux  sables  qui  sont  eux-mêmes  postérieurs  aux  mollasses.  Il 
est  peu  probable  que  ce  courant  soit  mésocène;  il  est  au  contraire 


130  TARDY.    —  SOU V BLl K S    OBSERVATIONS   SDR    LA    BRBSSB.         6   déC 

probable  que  la  butte  d'Hautecour  et  tout  ce  qui  lui  ressemble  se 
place  dans  le  Ptéislosème  ou  le  Pliosôme  de  ma  division. 

Dans  la  vallée  de  l'Ain,  au  pied  des  escarpements  de  Napt,  on  voit 
un  écoulement  recouvert  d'une  stalagmite  polie  et  striée  recouverte 
elle-même  par  le  Glaciaire  puis  par  d'autres  éboulis.  On  peut  donc 
être  certain  que  la  vallée  de  l'Ain,  était  déblayée  jusqu'à  une  grande 
profondeur  lors  de  l'arrivée  des  premiers  glaciers  dans  le  fond  de 
cette  vallée. 

Dans  la  vallée  du  Surand,  on  trouve  des  députa  ligniteux  et  argi- 
le ux  du  Pliocène  assez  bien  représentés  à  Soblay,  dans  une  poche 
du  terrain  jurassique.  Au-dessous  du  Pliocène  on  trouve  des  couches 
miocènes  ainsi  qu'un  peut  s'en  assurer  au  musée  de  Lyon  et  dans 
les  collections  de  H.  de  Fréminville,  au  château  de  l'Aumuse,  près  de 
Pont  de  Veyle.  Dans  ces  deux  collections,  il  existe  des  dents  d'ani- 
maux de  ce  gisement. 

La  présence  du  Miocène  à  la  base  de  Soblay  m'oblige  à  ne  pas  ac- 
cepter sans  contrôle  l'âge  des  lignites  de  Villereversure,  annotés  (m  4) 
par  E.  Benoit,  dans  la  minute  de  la  carte  géologique  qu'il  avait  pré- 
parée pour  le  service  de  la  carte  détaillée  de  la  France.  Cette  anno- 
tation place  en  effet  ces  couches  dans  le  Pliocène  de  la  Bresse  et 
entraîne  avec  elle  l'âge  des  alluvions  des  vallées  du  Surand  et  de 
l'Ain,  ainsi  que  l'âge  du  dépôt  glaciaire  d'Epy  qui  a  coupé  la  vallée 
du  Surand  à  plus  de  vingt  kilomètres  environ,  en  amont  de  Villere- 
versure. 

En  effet  si  dans  les  argiles  de  Villereversure,  il  n'y  a,  par  exemple, 
que  du  Miocène,  les  argiles  blanches  qui  sont  sur  ces  argiles  à  li- 
gnites du  fond  de  la  vallée,  prennent  la  place  des  couches  blanches 


1886.        TARDY.    —  NOUVELLES  OBSERVATIONS  SUR  LA  BRESSE.  121 

peuvent  ainsi  représenter  le  poudingue  du  Diluvium  du  Nord  du  Plio- 
sème.  Sur  les  alluvions  pléistosèmes  d'Hautecour,  on  voit  les  effets 
d'un  courant  d'une  puissance  excessive.  La  place  de  ce  courant  doit 
se  trouver  dans  le  milieu  de  la  2e  section  du  Pléistosème,  au  moment 
où  l'Ain,  ayant  balayé  le  plateau  de  la  Dombes,  rompt  la  digue  qui 
le  sépare  du  Rhône,  situé  dès  cette  époque,  à  plus  de  cinquante 
mètres  en  contre-bas.  A  ce  moment,  toutes  les  vallée  du  bassin  de 
T  Ain  pleines  d'eau  jusqu'à  deux  cents  mètres  au-dessus  du  plan  d'eau 
actuel,  ont  abaissé  leur  plan  d'eau,  d'au  moins  cinquante  mètres, 
pour  ainsi  dire  d'un  seul  coup. 

Dans  la  vallée  du  Surand,  c'est  seulement  sur  les  couches  énumé- 
rées  ci-dessus  qu'on  trouve  des  alluvions  jaunâtres  dénotant  la  pré- 
sence des  formations  glaciaires  des  Alpes.  Il  en  est  de  même  dans  la 
sablière  d'Hautecour  quoi  qu'on  trouve  de  rares  cailloux  de  quartz 
dans  les  couches  inférieures.  J'avais  donc  bien  raison  de  dire  que 
l'Erratique  alpin  d'Epy  soulève  un  problème  difficile  à  résoudre.  En 
effet  à  Yerjon  en  Bresse,  il  semblerait  antérieur  au  Pliosème  et  dans 
la  vallée  de  l'Ain  et  du  Surand,  il  semblerait  seulement  quaternaire. 
Toutefois  à  la  Verjonière,  au  Sud  de  Yerjon,  on  pourrait  le  supposer 
seulement  pléistosème  en  admettant  toutefois  que  les  quartzites 
pliocènes  aient  une  autre  origine.  En  effet  au-dessus  des  sables 
blancs  de  la  Verjonière  qui  me  paraissent  indiquer  un  courant  mar- 
chant vers  le  Nord,  on  trouve  un  banc  de  cailloux  de  quartzites  avec 
quartz  et  grès  du  Trias  alpin,  déposés  sur  le  rivage  d'un  bassin.  Au- 
dessus  on  ne  voit  en  ce  point  que  des  couches  argileuses  terreuses, 
stratifiées  en  lits  minces,  entremêlées  de  lits  durcis  par  une  plus 
grande  abondance  d'oxyde  de  fer.  Cette  argile  est  mêlée  de  chailles 
vers  la  base;  on  la  trouve  vers  Saint-Etienne-du-Bois,  à  mi-côte,  dans 
une  situation  identique  à  celle  des  dépôts  fluviaux  de  Bourg  qui 
sont  mésosèmes.  C'est  ainsi  par  une  simple  analogie  dans  leurs  si- 
tuations et  dans  la  puissance  des  courants  qui  les  ont  formés  que  je 
puis  identifier  ces  dépôts  sans  fossiles.  Cette  identification  permet  de 
relever  le  niveau  géologique  des  quartzites  de  la  Verjonière.  Permet- 
elle  de  rajeunir  l'Erratique  à  quartzite  du  pied  du  Jura  et  l'Erratique 
d'Epy  ce  serait  à  désirer;  mais  je  n'en  vois  pas  jusqu'ici  la  possibi- 
lité, et  j'espère  que  les  études  de  M.  Bourgeat  vérifieront  un  jour 
mes  conclusions,  lorsqu'elles  auront  atteint  Broissiat. 

Sur  les  alluvions  du  col  de  la  route  d'Hautecour,  entre  ce  village 
et  Bohas,  on  voit  au-dessus  des  alluvions  dont  j'ai  parlé  ci-dessus* 
un  lehm  d'un  âge  indéterminé,  recouvert  par  des  cailloux  alpins 
étalés.  C'est  sur  ce  niveau  de  cailloux  alpins  que  j'ai  trouvé  la  hache 
chelléenne  de   Bohan.  Il   n'existe  au-dessus  qu'un   lehm  qui  est 


122  TARDY.  —  NOUVELLES  OD3EHVÀT10BS  SWt   LA   BRESSE.         6    dÔC 

.pour  moi  celui  du  dernier  Diluvium  du  Nord.  C'est  pourquoi  j'ai  dit 
que  l'âge  de  cette  bâche  n'était  fixé  que  par  sa  forme  et  non  par  son 
gisement. 

A  l'Ouest  des  villages  d'Hautecour,  de  Bohas  et  de  Villereversure, 
H.  Beroud  a  fouillé  une  grotte  presque  entièrement  remplie  de  dépôts 
divers  qui  lui  ont  fourni  une  grande  quantité  d'ossements  et  beaucoup 
d'observations  du  plus  haut  intérêt,  mais  en  partie  inédites.  Diverses 
notes  ont  été  publiées  à  ce  sujet  dans  les  Matériaux  pour  t Histoire 
de  C Homme  et  à  l'Association  frajiçatie  à  Blois  et  à  Grenoble.  J'ai,  en 
outre,  vu  deux  fois  la  fouille,  au  début  et  à  la  un.  De  tout  cet  en- 
semble de  documents,  je  conclus  que  les  trois  étages  pliosème, 
pléistosème  et  mésosème  sont  représentés  dans  cette  fouille.  Le 
Pliocène  est  représenté  par  les  argiles  à  dent  à'E.  Meridionalis,  repo- 
sant sur  des  alluvions  très  anciennes.  Au-dessus  il  existait  un  dépôt 
de  détritus  de  roche  tombé  sans  doute  de  la  voûte  ou  jeté  pôle- 
môle  avec  du  limon  par  les  eaux  de  pluie.  Ces  deux  opinions  ont  été 
émises.  Si  les  argiles  correspondent  à  la  première  section  pliosème, 
les  détritus  de  roches  calcaires  appartiennent  à  la  deuxième  section, 
c'est-à-dire  à  la  période  des  ravinements.  AcOlé  de  ce  premier  dépôt 
qui  avait  rempli  la  première  poche  située  en  face  de  l'ouverture,  une 
seconde  poche  beaucoup  plus  vaste,  avait  reçu  ensuite  plusieurs 
dépôts.  Ceux-ci  présentaient  encore  le  même  groupement,  argiles  à 
la  base  et  détritus  de  roche  au-dessus,  répété  deux  fois.  Le  premier 
groupe  est  pléistosème  et  le  second  mésosème.  Le  premier  a  fourni 
une  dent  d'ours,  une  dent  de  rhinocéros  et  un  renne  entier.  Le  groupe 
supérieur  a  fourni  le  Mammouth  en  abondance,  les  Rhinocéros,  les 
Bœufs,  le  Renne,  les  Ours,  les  Hyènes,  les  Felos,  et  ce  qui  me  parait 


1686.         TABDT.    —  NOUVELLES   OBSERVATIONS  SUR   LA   BRESSE.  123 

ques  mètres  et  s'élève  de  môme  en  pente  douce  jusqu'au  pied  du 
Jura  vers  plus  de  360*  d'altitude.  Ensuite  le  troisième  niveau  com- 
mence vers275m  et  se  termine  à  300m  environ.  La  première  est  au- 
tour de  Bourg,  la  seconde  est  au  Nord-Est  et  la  plus  élevée  est  direc- 
tement à  l'Est,  au  pied  de  la  montagne.  Les  lehm  de  ces  terrasses 
sont  tous  blanchâtres,  aussi  bien  autour  de  Bourg  qu'à  Sathonay. 

Les  lehm  blancs  jaunâtres  de  la  terrasse  de  80m  ont  donné  lieu, 
pendant  l'abaissement  du  niveau  des  eaux  qui  a  suivi  leur  dépôt,  à 
des  éboulements  qui  ont  été  ensuite  en  partie  recouverts  par  des 
limons  rouges  de  la  terrasse  de  40m.  Cette  différence  de  couleur 
entre  les  limons  des  terrasses  40m  et  de80m  semblerait  inexplicable, 
si  une  observation  faite  à  Fleurieux  au  bord  du  massif  de  gneiss,  ne 
venait  l'expliquer.  Sur  ce  point,  les  limons  jaunes  éboulés,  sont  fous 
coupés  par  les  failles  Nord  75°  Est  qui  traversent  le  gneiss.  Les 
limons  rouges  sont  au  contraire  intacts.  Les  failles  N.  75°  «E.  ont  dû, 
d'après  cela,  se  produire  à  la  un  de  l'érosion  qui  a  suivi  la  terrasse 
de  80*.  Ces  failles  coupent  ainsi  toutes  les  formations  de  la  Bresse  ; 
elles  pénètrent  môme  dans  le  Jura  au  moins  jusqu'à  la  deuxième 
chaîne.  On  en  voit  mourir  une  sur  la  tête  du  tunnel  du  chemin  de 
fera  Simandre.  Ces  failles  en  disloquant  ainsi  les  limons  d'altération 
lente  du  Jura,  ont  permis  leur  transport  dans  la  plaine  et  leur  étale- 
ment sur  les  terrasses  ultérieures  de  40m,  de  20m,  etc.  La  direction 
générale  de  ces  failles,  forme  un  des  axes  principaux  du  bassin  ma- 
ritime de  la  Méditerranée  y  compris  le  lac  Aral.  Cette  direction  a 
donc  une  grande  importance  orographique. 

La  terrasse  de  quarante  mètres  présente  cette  hauteur  au  centre 
du  bassin  vers  Trévoux,  mais  comme  cela  se  produit  pour  toutes  les 
terrasses,  son  niveau  se  relève  en  s'approchant  de  la  mer,  et  s'abaisse 
au  contraire  très  vite  en  remontant  vers  les  sources  des  rivières. 
C'est  ainsi  que  la  terrasse  de  40  mètres,  n'est  plus  à  Bourg 
qu'à  23  mètres  au-dessus  du  lit  de  la  Reyssouze.  De  môme  la 
terrasse  de  20  mètres,  n'est  plus  qu'à  10  mètres  et  celle  de 
10  mètres  est  à  4  mètres  environ  au-dessus  du  plan  d'eau  ordi- 
naire de  la  rivière,  sauf  un  silex  que  j'ai  trouvé  autrefois  aux  Man- 
ge t  tes.  On  n'a  trouvé  en  Bresse  aucune  trace  de  la  présence  de 
l'homme  sur  les  terrasses  quaternaires. 

Dans  la  vallée  de  l'Ain,  on  connaît  déjà  des  stations  humaines  sur 
divers  points;  on  en  connaît  encore  dans  la  vallée  du  Surand.  On  y 
trouve  l'Ours,  le  Rhinocéros,  le  Mammouth  et  des  silex  moustiériens. 
En  aval,  dans  la  plaine  d'Ambronay,  on  a  trouvé  une  pierre  qui  doit 
se  rapporter  à  l'âge  de  la  Madeleine  ou  de  Soiutré.  Elle  se  trouvait 
dans  un  lit  d'inondation  de  la  Ballastière,  en  face  de  la  gare  d'Am- 


124  TÀItDY.    —   NOUVELLES   OBSERVATIONS  SUR   LA   BRBS8B.         6   déc 

bronay,  a  2  mètres  au-dessous  du  sol  de  la  plaine  basse,  a  10 
mètres  au-dessus  de  l'Ain  et  à  2  k.  de  la  rivière.  Aucune  de  ces  civi- 
lisations n'est  antérieure  à  la  terrasse  de  20  mètres. 

La  plus  ancienne  station  est  celle  de  l'abri  de  la  Colombière,  en 
amont  de  Neuville-sur-Ain;  elle  doit  être  antérieure  à  la  terrasse 
de  20  mètres,  c'est-à-dire  de  l'âge  de  Saint-Acheul,  dont  j'ai  trouvé 
des  haches  typiques  à  Chelles,  dans  les  limons  rouges  qui  sont  au- 
dessus  des  alluvions,  à  la  base  desquelles,  j'ai  trouvé  sur  le  terrain 
tertiaire,  une  arme  du  type  cbelléen  le  plus  pnr.  Le  type  chelléen 
qui  est  le  plus  ancien  connu  nous  réprésente  ainsi  les  alluvions  qui 
sont  sous  les  lehm  de  la  terrasse  de  20  mètres,  tandis  que  Saint- 
Acheul  en  représente  le  lehm. 

Dans  les  vallées,  tous  les  dépôts  quaternaires  sont,  en  général,  dans 
la  Bresse,  remplis  de  cailloux  au  moins  dans  la  région  où  il  s'en 
trouve  dans  toutes  les  autres  formations.  Sur  ces  derniers  dépots, 
on  trouve  partout  le  dernier  Diluvium  du  Nord.  Ou  le  trouve  aussi 
bien  dans  le  fond  des  vallées  que  sur  les  hauteurs,  voire  même  sur 
les  alluvions  de  Napt,  à  700  mètres  d'altitude,  au-dessus  de  la  gare 
de  Cize. 

Couches  modernes.  —  Aujourd'hui  la  plupart  des  rivières  de  la 
Bresse,  coulent  dans  des  lits  ouverts  dans  des  vases  noirâtres  qui  lors- 
qu'elles sont  complètement  coupées,  laissent  voir  au-dessous  d'elles 
le  Diluvium  final  du  Nord  reposant  sur  les  alluvions  quaternaires.  Ces 
vases  noirâtres  sont  donc  modernes  et  constituent  le  début  de  l'étage 
que  j'ai  appelé  déjà  ci-dessus  étage  pléosème.  La  coupe  la  plus  com- 
plète que  j'ai  observée  de  ces  couches,  renferme  six  lits  d'épaisseurs 
croissantes  de  la  base  au  sommet.  J'en  donne  la  coupe  qui  m'a  appris 


1886.         TARDY.   —  NOUVELLES  OBSERVATIONS  SUR  LA   BRESSE,  125 

modèles  de  briques  successifs,  ce  qui  permet  de  fixer  assez  exacte- 
ment l'âge  des  couches.  La  couche  de  0m70  ne  renferme  aucune  brique 
du  dix- neuvième  siècle  ou  antérieure  à  1430;  elle  renferme  au  con- 
traire les  briques  utilisées  du  quinzième  au  dix-huitième  siècle  inclu- 
sivement. Entre  cette  couche  et  la  précédente,  sur  leur  lit  de  jonc- 
tion, on  trouve  les  deux  modèles  du  quatorzième  et  du  treizième 
siècles.  Dans  d'autres  coupes,  la  couche  0m60,  montre  qu'elle  ne 
renferme  que  des  objets  des  septième,  huitième,  neuvième  et 
dixième  siècles.  A  Brou,  on  observe  ainsi  trois  couches  qui  par  leurs 
monnaies  nous  font  descendre  jusqu'à  la  conquête  de  la  Gaule  par 
les  Romains.  Des  époques  antérieures  on  a  des  sépultures  du  bronze, 
des  camps  retranchés  de  l'âge  de  la  pierre  polie  et  les  alluvions 
pliosèmes  du  chronomètre  de  la  Saône. 

Observations.  —  Si  on  étudie  la  distribution  du  minerai  de  fer 
en  grains  répandu  dans  tous  les  lehm  superficiels  de  la  Bresse,  en  plus 
ou  moins  grande  abondance,  on  voit  se  dessiner  un  alignement 
N.  90°  à  100°  E.,  que  je  dois  considérer  comme  très  récent.  En 
outre,  on  trouve  môme  le  Diluvium  final,  transformé  en  poudingue  par 
des  infiltrations  ferrugineuses  alignées  sur  une  direction  prin- 
cipale. Par  exemple,  auprès  de  Bourg,  on  voit  au  Sud  de  la  ville,  vers 
le  chemin  de  fer  de  la  Dombes,  deux  alignements  qui  se  croisent  ; 
l'un  d'eux  est  dirigé  N.  75°  E.  et  l'autre  N.  19°  E.  Ces  deux  directions, 
surtout  la  dernière  qui  aligne  des  dépôts  d'oxyde  de  fer,  des  environs 
de  Saint-Paul-de-Varax  à  Coligny,  montrent  que  des  tailles,  môme 
anciennes  pour  la  Bresse,  ont  fendu  celle-ci  à  la  suite  de  mouvements 
assez  récents.  Je  rappellerai,  en  effet,  que  les  failles  N.  19°  E.  sont 
pour  le  Jura,  antérieures  à  l'effondrement  du  bassin  occupé  aujour- 
d'hui par  la  Bresse. 

Dans  la  coupe  de  Bourg  (Bel-Air)  j'ai  noté  par  des  lettres  grecques 
les  lits  où  j'ai  cru  reconnaître  des  fossiles,  mais  ils  sont  le  plus  sou- 
vent si  imparfaits  et  si  maltraités,  qu'ils  ne  m'ont  pas  paru  jusqu'ici 
pouvoir  être  déterminés.  Néanmoins  je  laisse  ces  lettres  qui  seront 
sans  doute  utiles  plus  tard. 

a»  —  Dans  la  coupe  du  Mésocène  de  Bourg  (Bel-Air),  la  lettre  (») 
indique  un  niveau  dans  lequel  j'ai  trouvé  un  caillou  noir  en  dessus, 
blanc  en  dessous,  comme  si  ce  caillou  était  resté  longtemps  exposé 
aux  intempéries  de  l'air  extérieur  avant  d'être  recouvert  de  nouveaux 
dépôts.  L'argile  l'avait  préservé  d'un  lavage  ultérieur,  mais  elle  n'au- 
rait pu,  je  crois,  le  colorer  et  surtout  provoquer  cette  coloration  sur 
une  seule  face  puisque  le  caillou  était  entièrement  englobé  dans 
l'argile. 

Il  existe  à  Sathonay  plusieurs  lits  bien  dessinés  de  la  Saône  an- 


126  TARDT.   —   nOIJTKLLES   OBSERVATIONS   SDH   LA   BREBSB.         6    dflC. 

cienne,  l'un  d'eux,  de  l'âge  du  Diluvium  du  Nord  pliosème,  nous  a 
donné  avec  une  vitesse  de  transport  des  sables,  un  débit  en  crue 
moyenne  de  cent  dix  mille  mètres  cubes.  Il  m'a  semblé  qu'il  serait 
intéressant  d'évaluer  grosso  modo,  les  sections  des  autres  lits,  pour 
les  comparer  avec  ce  premier  lit  et  avec  la  lit  actuel.  Malheureuse- 
ment, ne  pouvant  maintenant  aller  vérifier  sur  les  lieux  les  chiffres 
que  je  donne  ici,  cet  aperçu  comparatif  ne  sera  qu'une  ébauche 
provisoire  d'un  sujet  sur  lequel  il  conviendra  de  revenir  pour  se  faire 
une  idée  exacte  de  la  diminution  rapide  de  l'intensité  pluviaire, 
comme  dirait  notre  confrère  M.  Chambrun  de  Rosemont  qui  a  étudié 
des  faits  analogues  dans  le  delta  du  Var.  A  Sathonay,  le  lit  des  pou- 
dingues  tapissé  par  le  Diluvium  du  Nord  pliosème,  présente  une  sec- 
tion de  201,000  mètres  carrés,  le  lit  des  alluvions  (r),  alluvion  pléis- 
tosème,  présente  une  section  de  108,000  mètres  carrés;  enfin  le  lit 
des  alluvions  (s)  donne  une  section  de  60,500  mètres  carrés  ;  cette 
décroissance  des  sections  est  très  rapide.  Le  lit  actuel  semble  avoir 
seulement  1,500  mètres  carrés  de  section  en  hautes  eaux,  au  même 
lieu,  vers  Fontaine.  Les  nombres  201;  108;  65,5;  1,5  peuvent  nous 
donner  une  idée  de  la  variation  dans  le  débit  de  la  Saône.  En  repre- 
nant ce  genre  de  reeberch.es,  on  pourra  arriver  à  des  données  fort 
intéressantes  sur  l'intensité  pluviaire  des  différentes  époques  voisines 
de  la  nôtre.  A  l'époque  de  la  terrasse,  dite  terrasse  de  40  m.,  la 
Saône  avait  encore  un  lit  d'une  section  de  17,500  m.  c.  à  Roche- 
taillée,  un  peu  au-dessus  des  points  précédents.  Ce  nombre,  ajouté 
aux  précédents  donne  une  succession  plus  régulière  qui  deviendrait 
fort  intéressante,  si  nous  avions  à  y  joindre  un  élément  chronomé- 
trique  quelconque. 


1886.         TAHDT.    —  ROUTELLBS  OBSERVATIONS  ST7H   LA   BRESSE.  127 

La  concordance  entre  le  chronomètre  de  la  Saône,  celui  de  M.  Ker- 
viller  et  ceux  de  plusieurs  autres  savants  produits  dans  ces  derniers 
temps  prouve  que  les  chronomètres  des  grands  fleuves  sont  d'une 
grande  précision.  Cette  exactitude,  déjà  sensible  en  1878,  m'a  en- 
gagé à  cette  époque  à  tenter  un  essai  sur  l'âge  des  silex  taillés  de 
St-Acheul.  Depuis,  je  n'ai  cessé  d'amasser  des  matériaux  et  de  les 
coordonner  entre  eux  et  je  puis  fixer  l'âge  des  haches  de  Ghelles  et 
de  Bohan  (Ain),  au  42"  siècle  avant  notre  ère. 

En  s'appuyant  sur  la  même  donnée  chronométrique,  on  peut  fixer 
ainsi  qu'il  suit,  l'âge  des  différents  lits  dont  j'ai  donné  ci-dessus  les 
sections  approximatives.  Dans  cette  intention,  si  je  représente  par 
1/2  l'âge  du  lit  actuel,  celui  de  l'alluvion  de  la  terrasse  de  40  m.  sera 
représenté  par  9.  Nous  aurons  ainsi  les  âges  suivants  correspondant 
aux  sections  indiquées  en  regard. 

M* 

J.  Section  de  la  Saône  correspondante      î^oo™*0*  (époque  actuelle). 

9.       —  —  —  17.500       (terrasse  de  40  mètres). 

26.  —  —  —  60.500         (alluvion  (s)    1884-1885. 

27.  —  —  108.000       (alluvion  (r)         — 
2A.       —                       —               —  120.000        (alluvion  (Y)       — 

32.       —  —  —  201.000        (début  du  Pléistosème   1886). 

34.       —  —  —  353.000       (lit  du  3«  Erratique). 

Toutes  ces  mesures  sont  prises  le  plus  près  possible  de  Sathonay 
(Ain),  près  de  Lyon. 

RELEVÉ  GÉNÉRAL  DE  LA  SUCCESSION  DES  COUCHES  EN  BRESSE 

om,70  Dernière  alluvion  vaseuse  des  rivières  correspondant  aux  xv% 
xvi\  xvn»,  xyiii-  siècles. 
.£  i     °m»e0  Alluvion  bariolée  verticalement,  compacte  avec  objets  des  vu», 
5    S    c  l  vin',  ix\  x*  siècles. 

38     -ikî     ■ 

om,50  Argile  bariolée  et  fendillée  verticalement.  (Brou,  monnaies 
a     I    |  des  deux  premiers  siècles  av.  et  ap.  J.-C). 

0m,40  Argile  compacte  grise(picrre  polie  du  chronomètre  de  laSaùnc). 

[\ge  néolitique  du  chronomètre  de 


fia. 


*       M       SS       1  ° '  8  ^ * 

5    :     2   I  om,:n>  Argile  très  noire  (premier  ï\j 

î    |    |f  la  Saône). 

~'  f  0m,i3  Argile  sableuse  grise  (alluv: 


vions  sableuses  sans  civilisations 
connue?  sur  la  Saône). 
IMluvium  final  du  IVord. 


Terrasse  de  10m  :  Pierre  à  aiguiser  d'Ambronay,  dans  un  lit  d'inon- 
*  dation. 

s  -|    ■  à       [  Moraines  Valaisannes,  âge  du  Moustiérien  à  Chàteau-Yieux, 

i  \   *  %  i  '  Noblens,  etc. 

f  *  "•?  S    *  \  Terrasse  de  20m  :  Haches  de  Saint-Acheul  (Chelles-sur-Marne,  près 

ï  ■   S  »  ^  I      de  Paris),  (Chalon-sur-Saône  :  M.  Arcelin). 

3  ?  h  <       f  Haches   chelléennes    à  (Chelles-sur-Marne,   près  de  Paris) 

'*  \  hache  de  Bohan  (Ain)  :  M.  Tardy. 


51 


IBDÏ.    —  HOHVEI.LES   OBSEHTATIOKS   SUR   LA    DRESSE.         6   déC. 
Moraines  vers  le  Bouveret,  à  l'Est  du  lie  de  Genève.  Partout 
aucun  vestige  de  l'homme. 

Ouverture  probable  de  plusieurs  cluses  du  Jura,  peut-être 
celle  île  Nantit». 
Terrasse  de  40»  :  Premiers  lehm  rouges  de  U  Bresse. 
Moraines  du  Credo,  entre  Bellegarde  et  Genève. 
Failles  N.  79*.  E.  de  la  Bresse  et  du  Jura  occidental. 
Terrasse  de  80"  :  Elephas  primigenim  d'un  type  ancien,  trouvé  en- 
tier à  Sathonay,  horizon  riche. 

Moraines  des  environs  de  Bellev;  moraines  du  lac  de  Silan. 
Terrasse  de  100™  :  Lehm  recouvrant  le  plateau  de  la  Dombes.  Fos- 
siles i  Neyron. 

Moraines  de  Loyes,  de  Cbaiey-sur-Atn,  de  Narieui  ;  puis  Je 
Lagneu,  de  Montréal;  cùoe  d'Uernore. 
Terrasse  de  3îO=>  :  Lehm  inférieur  do  plateau  de  la  Dombes,  séparé 
du  suivant  par  un  lit  de  cailloux. 

Moraines  de  Vanciat,  Corveissiat,  Thoirette,  Malafelon,   Sa- 
mognat,  Oranges. 
Terrasse  deeoom  :  Allimons  superficielles  du  Jura  i  700m  d'altitude  : 
Napt  {Idem  dans  la  Losëre). 

Moraine  de   Seillon,  Châtillon-lès-Doinbes,  Lyon  (Benoit), 

Hauteconr,  Boban,  Thol,  Napt. 


Sables  jaunâtre 

,'    de  Bel-Air  (Bourg). 

Lit  de  caillom  venus  du  Sud. 
I  Argile   blanche    bariolée    pareille 
I     lehm  anelcooènes. 


4886.  TARDT.   —  KOUYBLLES   OBSERVATIONS   SUR  LA  BRESSE. 


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Argile  bleue  verdâtre. 
Sables  blancs  avec  quelques  cail- 
loux venus  du  Nord. 

Argile  blanche  sableuse,  con- 
tinuation du  5*  niveau. 
Argile  noire  compacte   rem- 
plissant les  creux  de 

Argile  blanche  veinée  de  lits  gris;  sur- 
face du  4*  niveau. 

Sables  jaunes  oranges. 
Sables  verts. 

Sables  gris    argileux,   avec  ar- 
giles grises  et  graviers  du  Sud . 

Sables  verts  et  rouges;  quelques 
gros  cailloux  de  chute. 

Argile  blanchâtre  avec  faune  y 
recouverte  par  faune  Ç. 


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il 

X 


2 


Argile  grise  comme  à  la  base  < 
de  tous  les  niveaux.  > 

Sables  gris  jaunâtre. 
1  Argile    bleue    presque    noire  a 

i  formant  la  base  du  4*  niveau.  £ 

ce 
■Argile  bleuâtre,  sableuse  vers  la  rive  du  Q 
cours  d'eau,  3»  niveau.  o 

Argile  sableuse,  faune  g  qui  sera  a 
décrite  plus  tard.  2 

Argile  bleue  avec  cailloux  disse-  i 
minés  et  striés.  5 

Sables   bleuâtres  avec  cailloux, 
début  du  3#  niveau. 


129 

lon-lès-Dombes  et  Neu- 
ville ; 

4°  Alluvions  caillou- 
teuses de  rives  concaves 
ou  de  leurs  abords,  à 
l'est  de  Bourg-en-Bresse, 
entre  les  routes  de  Coli- 
gny  et  de  Jasserou  ; 

5°  Alluvions  de  rives 
à  la  Chagne  au  sud- 
est  de  Bourg  dans  l'an- 
cienne Ballastière,  partie 
supérieure.  (La  gravière 
est,  au  contraire,  en 
grande  partie  plus  ré- 
cente) ; 

6#  Alluvions  du  fond 
du  lit  de  cet  âge  à  Bou- 
vant,  au  sud  de  Bourg, 
dans  la  tranchée  du  che- 
min de  fer; 


7°  Alluvions  de  la  val- 
lée de  la  Saône  et  de 
celle  du  Rhône  qui  sont 
très  difficiles  à  isoler  des 
autres  alluvions; 


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a- 

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a. 

(V 


Sables  rouges  orangés  formant  la  fin  du 
2*  niveau. 

Sables  fins  jaunâtres,  faune  a,  à  décrire 

plus  tard. 
Argile  jaune  foncé  formant  lehm. 

Lit  ferrugineux  renfermant  des  t 
cailloux  de  dépôt  de  chute.  ? 

Argile  jaune  avec  de  gros  cail- 
loux disséminés. 

Cailloux  déposés  par  un  courant 
du  Nord  sur  des  sables. 

Argiles  jaunes,  grises  ou  ver- 
dâtre*. 
Lit  argileux  gris  noir. 
Lit  gris  cendré,  argileux,  un 
peu  sableux,  s»*  niveau. 


XV. 


8°  Alluvions  de  la  val- 
lée de  l'Ain  en  aval  du 
Pont-d'Ain,  assez  diffi- 
ciles à  distinguer  des  al- 
luvions anelcocènes; 

9*  Cône  inférieur  de 
l'Albarine,  entre  Ambé- 
rieux-en-Bugey  et  l'Ain  ; 

10°  Alluvions  de  la  sa- 
blière de  Cize,  comprises 
dans  la  partie  inférieure 
la  plus  sableuse,  entre 
300m  et  320°»  environ 
d'altitude;  car  le  haut 
doit  être  à  cause  de  ses 
gros  cailloux,  postérieur 


9 


de  Seillon 

qui  termine  cet  âge  ; 


TAHDY.  —  JfOUVELI.ES    ORSKil  VAT10BÏ  EUE   LA    BBE85E. 

;  Sables  et  argile  compacte  feiiilletée,  sur- 

;       face  du  1"  niveau. 
_  k  Sables  jaunes  rougeàtres,  argl- 

=  |  leux  avec  quelques  cailloux. 

>  '  Argile  jaune  avec  cailloux  de 

=  j  chute  (note  u  du  texte}. 

1  j  Argile  noirâtre.  il'  Dépots  vaseux,  ar- 

f  Argile  tantôt    noire,    grise,        giles  avec  lits  ferrugi- 

bleue,  blanche  ou  verte;  base        neux,  exploités  pour  la 

\  du  1*'  niveau.  tuilerie  de  Pomier. 

Dlluvinm  du  .Vird  ■  Argile  bariolée  lilanchâlre  avec  gros  cail- 
l      Iouï  ou  piudinjiuefi  ferrugineux. 

'  Creusement  des  vallées  de  la  Chalaronne,  de  Barliariu,  de  la  Vevle, 
I  de  l'Ain,  de  Ponl-d'Ain  à  Saint-Maurice,  agrandissement  de  celle 
1      de  la  Revssoute. 

Marnes  do  Chalillon-lès-Dombes,  surtout  au  sud  de  la  Chalamnne. 

10"  Erratique  de  la  Bresse  :  Moraine  tiioo  nette  autrefois  sous 

la  sablière  de  M.  Cerisier,  6ous  la  gare  et  dans  la  sablière  de 

l'hôpital  à  Chatillon. 

liâmes  tfllntrilU  lin  II  Chalaronne  outre  lu  sablière  de  iTiânilai  à 

Chatillou  et  Bonveni  à.  l'est  de  Chùtillon  où   passe  probablement 

le  9-  erratique. 

B"  Erratique  :  Moraine  au  domaine  de  La  Fontaine,  sur  la 
rive  gauche  de  la  vaJlée  du  Renon. 
Marnes  et  sables  affleurant  dans   11  vallée  du  Renon  et,  sur  sa  rive 
droite,  de  Romans  a  Neuville-lesDames. 

8"  Erratique  à  Cbanoi,  il  se  continue  vers  le  nord-ouest  et 
peut  passer  à  la  Foulai  ne-de- Fer,  à  Saïut-Jean-sur-Veïle. 
1  Marnes  et  sables  de  la  vallée  de  l'irance,  de  Chanoz  à  Saint- André, 
'      et  sables  de  la  nappe  artésienne  de  la  Fontaine -de-Fer. 

•  Erratique  :  Moraines  au  sud  de  Mézériat,  à  Dliuisiat;  Cha- 
vevriat,  Vandeins,  sommet  de  Montcey  cailloux  striés. 


-   NOUVELLES   OBSBRYAT10KS   SUH   LA    BRESSE. 


131 


A  la  même  époque,  dé- 
pôt îles  alluvioni  régu- 
lières du  Sud  à  Satboaay. 


I    Alluvioii  à  oe«eraenlK  :  Bos,   Eqjiui.  Byrna  speltea,  etc.    (Déiermi 
i        natious  de  M.  Gaudry),  sables  inférieurs  de  Perronaas  à  Bourg. 

*T  i    Marnes  jaunes  affleurant  sous  te»  alla-  ■■, 

S    l       ïionj  du  roésocène  de  Bourg  (Bel-Air). 

"   I  Sables  affleurant  au  pied  de  la  cote  du 
■S    \      plateau  inférieur  de  Bourg  (Bel-Air). 

t    I  Marne  bleue  à  Succinea  Benoili  du  sous- 

j,   F       sol  de  la  basse  ville  à  Bourg-e n -Bresse.  ' 

I  ,  3'  Erratique  :  Moraine    profonde  ;    Sathonay,    Saint-Clair, 

sablières  de  Brou  et  du  cimetière  de  Bourg. 

Marnes  blanche*  sableuses  vers  la  bonde  du  captage  de  Cuêgre; 
sables  de  la  route  de  Poot-d'Aia  à  Seillon. 

*•  ter  Erratique  :  Banc  de  un  mètre  de  cailloux  alpins  dans 
la  fouille  de  la  citerne  du  captage  de  Cuègre. 
Sables  bleuâtres  gris  sous  le  captage  de  l'asile  des  aliénés  de  Cuégre 
près  de  Bourg-en-Bresse. 

V  bis  Erratique  :  Sablière  de  Montagnat,  Saint-Étîenne-du- 
Bois,  Marboz  (cailloux  de  quartz),  La  Tournelle  (sables). 
Marnes  avec  fossiles  de  Cuisery,  de   Cormoz,  de  Dcnsure,  de  Pira- 

juui,  de  Villemotier,  de  S,iint-É tienne,  etc. 
Sables  avec  Hélix  Chaixi  :  Cormoz,  Condal,  Montgardon,  ravin  de 

Mo  II  on,  Bigneux-le-Franc. 
Marnes  avec  fossiles  des  Boulées,  Miribel,  Loves,  Mollon-cimetière 

(Valvées),  et  la  cote  de  Mollon  à  Pont-d'Ain. 
Marnes  blanches  dures  de   rivage   avec  Hélix  exiincta  Rambur,  a 
Condal  et  aux  Capettes-de-Salavre. 

I*  Erratique  :  Chailles  à  Mailly  près  de  Saint-Amour;  quartz 
à  Coiiguy  et  au  Mas-Gaillard  de  Treffort. 
Marnes  diverses  et  argiles   réfractaires  du 'Dotn  ai  ne-Noir   prés  de 
Saint-Amour  (mélange  d'argile  blanche  et  de  quartz). 

1"  Erratique:  Au  niveau  du  palier    du  pont  de  la  rotonde 
des  machines,  à  la  pure  de  Saint-Amour. 
Marnes  bleues  avec  laitue  de  Motion  (en  rivière);  visible  aussi  dans 

les  puits  autour  de  Treffort. 
Marnes  feuilletées  blanchâtres  :  A  la  Raza,  près  de  Treffort;  à  Mar- 

tinat,  à  Chavauoi,  an  sud  du  Rhône. 
(Lacune  possible  dans  la  série  sédimeutaire  qu'il  faudra  étudier  au- 
tour de  Dommartin-lès-Cuiseaui). 


il  r 

i   s     f  Erratique  :  Position  probable  de  l'Erratiqui 
1  .S     '      riaui  de  l'Erratique  du  pied  du  Jura. 


i  grès  du  Mas-Grobo»,  près  de  Treffort; 
i  fourni  les  maté- 


/  Argile  bariolée  versicolore  blanche  veinée  de  rose  vif,  de  jaune,  de 

1      gris,  avec  grains  de  fer. 

1  Terre  d'engobe,  argile  blanche  réfractaire  mêlée  d'un  sable  (In  quart- 

1      MU;  Mas-Groboi  de  Treffort. 

t  Sables  gris  situés  au  Mas-Groboz  sous  la  terre  d'engobe;  sa- 

\  blés  de  la  plaine  du  Miroir? 


132 


-  NOUVELLES    OBSERVATIONS   SUR   LA   BRESSE.         6   déc. 


.  /  Be  roulement  ctn  Jur*  iw«  l'Oaett. 

/  M  g  I              Mollasses  de  Varambon  :  balle  de  sable  coupée  par  la  rivière 

SE  \  S  ï  ]           d'Ain,  à  Varambon. 

"|j  ?  I  *'  {             Mollassesde  Priay  :  butte  de  taille  coupée  par  la  rivière  d'Ain. 

-  /  "  h  J          *  Priay.  (Au-dessous  sables  quartzeux  blancs  du  Jura). 

S  I  *  «  F  Mollasses  marines  avec  dents  de  squales,  au  pied  de  Clériat,  dans  un 

\  -  l      vallon  près  de  Coligoy. 


Poudingue  de  cailloux  alpins  &  la  base  des  mollasses  k  Jour- 

inans;  lits  de  chanagts  (de  Benoit). 
Marnes  blanc  jaunâtre,  mouchetées  de  rose  avec  Hélix  Ramontti  [dé- 
termination de  Tournouér). 
Marnes  diverses  et  lignites  visibles  sur  des  points  très  restreints. 
Sables  jaunes  argileux,  quartzeux,   généralement  verticaux 
avec  quelques  lus  de  cailloux. 
Lit  de  cailloux  roulés  de  quarts  hyalin  de  la  grosseur  d'un 
i  œuf  et  au-dessous. 

;  Conglomérats  calcaires  avec  vacuoles  villes  remplies  par  des 
géodes  de    calcaire  concret  ion  né.  Il  y  eu  a  six  bancs  entre- 

I  mêlés  de  lits  argileux  blancs,  verts,  jaunes  vers  la  base,  roses 

l  vers  le  haut, 

t  Cailloux  impressionnés  et  striés. 

j  Banc  de  silex  rappelant  les  parties  compactes  des  meulières  du  bu- 

f  s  in  iic  Paris. 

I  Calcaire  blanc  crayeux  avec  Potamidm  Lamarcki  :  entre  Coligny  et 

>  sa  gare. 


(Discordance  de  s trati  libation  & 
it  de  Coligny). 

Poudiugues  calcaires,   durs,  g 
Chazelles. 


ue  par  Benoit,  au  nord- 
bancs  de  Coligny  à 


1886.  TARD  Y.    —   NOUVELLES   OBSERVATIONS  SUR   LA   BRESSE.  133 

/ 


<0 


9 

\ 


( 


Craie  blanche  à  Chalon-sur-Saône,  à  Lains,  à  Leyssard,  à  Challes-en- 
Montagne,  au  lac  Genin. 

Gault  à  Chalon-sur-Saône,  à  Cui seaux,  à  Leyssard,  autour  de  Belle- 
garde,  à  Seyssel. 

Urgonien  et  Néocomien  jaune  :  Chalon-sur-Saône  et  sur  tout  le  Jura, 


<5  /du  Nord  au  Sud  et  de  l'Est  à  l'Ouest. 


o 


Couches  lacustres  duPurbeck:  Charix,  Vions,  Pont-de-Chaux  (Jura), 

Simandre-sur-Surand  (MM.  Tournier,  Jacquemin,  Hutteau). 
"7*  Calcaire  jurassique  compact  à  Nerinea  trinodosa  et  Dolomies  dans 
tout  le  Jura. 

6*  Calcaire  oolithique  supérieur  :  Valfin  (faciès  oolithique; 
M.  Bertrand  Charix  M.   Schardt),  calcaire  oolitique  blanc  à 
Nerinea  bruntrutana. 
6*  Calcaire  et  marnes  à  Exogyra  virgula  :  calcaire  en  plaquette  du 
Boulonnais,  d'Oberbuchsiten  et  du  Jura. 

5*  Calcaire  oolithique  à  Helerodiceras  Lucii  et  Tereb.  mora- 
vica:  Jura  (MM.  Oirardol,  Schardt,  Bourgeat). 
5*  Calcaires  et  marnes  à  Pteroceras  Oceani,  à  Ceromya  excentrica:  du 
.,  .  Boulonnais  au  Sud  du  Jura. 

es         ^.     §  4*  Calcaire  oolithique  à  Waldheimia  humeralis,  NerineaGosœ, 

Dicerates  :  du  Boulonnais  au  Jura. 
4*  Calcaires  et  marnes  à  Ostrea  bruntrutana^  Ammonites  Achilles% 
0     9*  Astarte  minimal  du  Boulonnais  au  Jura. 

3*  Calcaire  oolithique  à  Waldheimia  egena  :  depuis  le  Bou- 
lonnais jusqu'au  Jura  central. 
S      -23     S  3*  Calcaires  et  marnes  à  Ostrea  deltoïdea,  Ammonites  mar antianus  : 

du  Boulonnais  au  Nord  du  Jura. 

2*  Calcaire  oolithique  à  Hemicidaris  crenularis,  Diceras  arie- 
*    I  |  tina  :  du  Boulonnais  au  Nord  du  Jura. 

:  8*  Calcaires  et  marnes  à  Glypticus  hieroglyphicus  :  du  Boulonnais 

l  jusqu'au  Nord  du  Jura  seulement. 

I  !•  Calcaire  oolithique  à  Hemicidaris  intevmcdia  du  coral-rag 

anglais  qui  finit  dans  les  Ardennes. 
1"   Calcaires,  marnes  et  grès  à  Ammonites  cordatus  de  l'Angleterre 
et  kAmm.  canalicutatus  (Jura). 

Mouvement  ou  première  ouverture  des  failles  N.  105°  E. 
dans  la  Grande  Oolithe  du  Jura. 
Oolithe  moyenne  ou  Bathonien  et  (peut-être  leCallovien  avec), 
faciès  varié  de  l'Ouest  à  l'Est  du  Jura. 
«,  Marnes  blanchâtres  avec   nodules  de  phosphates,   surtout  au 

«    §     I  Nord-Est  de  la  Bresse,  dans  le  Jura. 


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o    i        S 


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ce 


9    ~~      }  Oolithe   inférieure  ou  Bajocien,  calcaire  gris  jaunâtre  :  pla- 

^c    u.      k  teau  d'Epy,  environs  de  Napt,  etc. 

-  .§     I  Couches  diverses  du  Lias  :  Souclin,   Mont-Griffon,  Saint- 
3  Martin-du-Mont,  Cuisiat,  Salavre,  Saint-Amour,  etc. 
|         =  Trias  avec    gypse  :  à  Souclin,  à  Vaux,  à  Saint-Rambert, 
dans  le  tunnel  de  Nurieux,  à  Montanges,  à  Charnod. 


Primitif.  Grès  houillers  du  Màconais.  Houilles  de  Givors,  de  Com- 

munay,  de  Toussieux,  etc.  du  côté  de  l'Est. 
Primaire.  Gneiss  et  microgranulite  de  Fleurieux,  de  Rochetaillée  et 

de  la  Croix-Rousse-Lyon. 


131 


■   FIOUALICORt:   BUBALENI. 


M.  Jourdy  fait  la  conférence  précédemment  annoncée  sur  les 
dislocations  du  globe  pendant  les  périodes  récentes, 
leurs  réseaux  de  fractures  et  la  conformation  des 
continents. 

M.  de  Lapparent  présente  quelques  observations  au  sujet  de  la 
conférence  de  M.  Jourdy. 

Note  sur  le  Prohallcore  Dubaleni, 

par  M.  Flot  (1). 

(PL  1.) 

Dans  le  courant  de  l'été,  M.  Dubalen,  directeur  du  Muséum  de 
Mont  de-Marsan  a  découvert  dans  les  carrières  d'Odon,  près  de 
Tartas  (Landes),  un  important  fragment  d'un  Sirénien  d'espèce 
inconnue.  11  l'adressa  aussitôt  à  M.  le  professeur  Gaudry  qui  eut 
la  bienveillance  de  m'en  confier  la  description. 
-  Ainsi  qu'on  pourra  le  voir  dans  la  planche  1,  (ttg.  1)  celte  pièce  est 
une  portion  importante  de  la  mandibule  avec  quelques  traces  de 
molaires.  L'extrémité  antérieure,  représentée  de  face  (fîg.  1)  est 
exactement  semblable  à  celle  des  Dugongs  :  même  surface  irrégu- 
lièrement rugueuse,  mêmes  empreintes  alvéolaires  au  nombre  de 
cinq  de  chaque  coté  ;  largeur  uniforme  d'un  bouta  l'autre;  suture 
médiane  bien  marquée.  Un  autre  fait  vient  accentuer  la  ressem- 
blance, c'est  l'angle  de  la  portion  antérieure  avec  la  ligne  des 
molaires  :  il  mesure  environ  115  degrés  ;  aucun  Sirénien  miocène  ne 


4886.  FLOT.    —  PROHAUCORB   DUBALENI.  135 

Les  dents  des  Dugongs  n'ont  qu'une  racine;  or  celles  de  notre 
fossile  sont  biradiculées  et  comme  les  caractères  tirés  des  dents  sont 
des  pins  importants,  il  semble  qu'il  y  ait  là  une  différence  fondamen- 
tale. Heureusement,  la  comparaison  montre  avec  évidence  comment 
la  forme  actuelle  a  pu  dériver  de  l'autre.  La  racine  de  la  molaire  du 
Dugong  est  parcourue  latéralement  de  haut  en  bas  par  un  sillon  plus 
ou  moins  profond,  mais  constant,  et  dans  notre  Sirénien,  les  deux  raci- 
nes, aplaties,  ne  sont  séparées  que  par  une  mince  lame  osseuse  qui  ne 
suit  môme  pas  tout  leur  parcours,  de  sorte  que,  près  de  la  couronne, 
elles  sont  contiguès.  En  comparant  les  deux  figures  (3  et  4,  PI.  i) 
qui  représentent,  en  section  transversale,  une  dent  de  chacun  de 
ces  animaux  on  pourra  se  rendre  compte  du  passage  d'une  forme 
à  l'autre. 

Ce  sont-là  les  caractères  génériques  ;  ceux  qui  vont  suivre  ont 
trait  à  l'espèce. 

Le  maxillaire  est  plan  du  côté  intérieur,  convexe  à  l'extérieur  et  sa 
section  transversale  est  une  demi-ellipse  à  grand  axe  vertical  (68— 
50).  Cette  face  externe,  arrondie,  se  termine  brusquement  en  avant 
à  la  hauteur  du  trou  mentonnier,  semblable  à  celui  du  Dugong.  La 
mandibule  se  continue  en  avant  et  en  bas  par  le  menton  dont  la 
forme  suffirait  seule  à  distinguer  ce  fossile.  11  consiste,  en  effet,  en 
une  lame  verticale  mince  (8mm),  très  solide,  qui  se  raccorde  par  de 
fortes  courbures  aux  trois  parties  très  épaisses  qui  l'entourent, 
savoir:  à  la  symphyse,  à  la  suture  mentonnière  postérieure,  et  au 
maxillaire  ;  le  bord  inféro -antérieur  est  mince. 

En  raison  des  affinités  de  ce  Sirénien  avec  le  genre  Dugong  {Hali- 
core),  je  lui  ai  donné  le  nom  générique  de  Prohalicore,  et  désireux  de 
consacrer  le  souvenir  des  nombreuses  recherches  auxquelles  M.  Du- 
balen  s'est  livré  pour  en  retrouver  quelque  autre  fragment,  je    lui  ai 
dédié  cette  espèce.  Ce  sera  donc  le  Prokalicore  Dubaleni. 

Les  tendances  indiquées  par  ce  Sirénien  sont  précieuses  pour  la 
Paléontologie.  C'est  en  effet  un  de  ces  types  intermédiaires  qui  per- 
mettent de  rattacher  une  forme  actuelle  à  sa  souche  primitive,  mal- 
gré des  différences  considérables  dues  à  de  lentes  adaptations  suc- 
cessives. Parmi  les  grands  groupes  de  Mammifères,  celui  des  Siré- 
niens est  l'un  des  plus  favorisés  sous  ce  rapport,  puisque  les  restes 
fossiles  sont  très  nombreux  et  sont  liés  par  tant  de  caractères  com- 
muns que  la  plus  grande  confusion  règne  dans  leur  classification.  Il 
semble,  quand  on  considère  l'histoire  de  cette  famille,  que,  partie 
d'un  type  unique  dérivé  des  ongulés,  elle  ait  eu  son  plus  grand  épa- 
nouissement à  l'époque  des  faluns  et   se   soit  ensuite  spécialisée 


136  FLOT.    — .  PH0UAL1CORE    DUBALKH1.  6   déC. 

suivant  trois  directions  pour  aboutir  aux  types  actuels  :  Rhy  Une , 
Lamantin,  Dugong. 

Essayons  de  préciser  ces  indications  générales  par  quelques 
exemples  choisis  parmi  les  types  principaux  de  chaque  époque. 

Dès  le  début  de  l'époque  éocène,  le  Prortutomus  sirenoïdes,  Owen,  de 
la  Jamaïque  s'annonce  nettement  comme  un  Sirénien,  bien  que  sa 
formule  dentaire  ne  se  retrouve  chez  aucun  de  ses  successeurs .  Dans 
l'Éocène  de  la  Vénétie  et  du  Vicentin,  M.  le  baron  de  Zigno  (1)  a  dé- 
couvert de  nombreux  restes  de  Siréniens  dont  M.  Lepsius  ne  fait 
qu'une  espèce  {Halitherium  veronense)  au  lieu  de  quatre  décrites  par 
H.  de  Zigno. 

A  la  base  des  sables  de  Fontainebleau,  on  trouve  dans  le  Bassin  de 
Paris  an  nombre  considérable  d'ossements  de  Halitherium  Sckinti. 
C'est  l'espèce  la  mieux  connue,  grâce  a  l'étude  complète  qui  en  a  élé 
faite  par  M.  Lepsius  (2).  Elle  était  fréquente  dans  le  bassio  de  Hayence 
où  M.  Lepsius  a  trouvé,  dans  les  sables  de  Flonheim,  des  échantil- 
lons fort  bien  conservés,  possédant  un  bassin  avec  des  fémurs  rudi- 
mentaires.  J'ai  décrit  l'année  dernière  (3)  un  fragment  de  bassin 
trouvé  à  Montmorency  et  appartenant  à  Halitherium  Schinzi.  G'est 
également  à  cette  espèce  que  doivent  Être  rapportés  les  restes  de 
Siréniens  trouvés  à  Etampes;  elle  est  en  effet  très  répandue  :  on  la 
retrouve  en  Aquitaine,  fréquente  dans  le  calcaire  &  Astéries  avec  des 
traces  du  bassin  et  un  fémur  décrit  par  M.  Delfortrie  comme  un  os 
pénial. 

C'est  donc  dans  Halitherium  Schinzi  que  se  trouve  l'espèce  type  du 
Tongrien;  elle  présente  des  caractères  communs  au  Lamantin  et  au 
Dugong  et  la  seule  qui  en  diffère  sensiblement  est  H.  Ckouqueti  dont 


1886.  FLOT.    —   PROHAUCORE   DUBALEM.  137 

couvert  une  petite  espèce  par  lui  nommée  Manatherium  Delheidi  (1), 
dont  les  dents  ressemblent  beaucoup  à  celles  d'un  Halitherium  du 
tongrien  décrit  par  Gervais;  ce  nouveau  fossile  pourrait  bien  n'être 
qu'an  jeune  Halitherium  Schinzi. 

L'époque  aquitanienne  nous  présente  un  nouveau  type,  le  Rytiodus 
Lartet  (2),  que  ses  affinités  rattachent  au  Dugong. 

Ainsi,  à  partir  de  cette  époque,  nous  connaissons  les  trois  types 
d'où  sont  dérivés  les  Siréniens  actuels.  Suivons-les  rapidement  main- 
tenant pendant  la  lin  du  Miocène  et  le  Pliocène. 

Le  type  Rhytine  ne  laisse  guère  de  traces,  à  part  quelques  restes 
subfossiles  de  Rhytina  gigas  trouvés  sur  les  côtes  septentrionales  de 
la  Sibérie  et  de  l'île  de  Behring. 

Halitherium  a  une  nombreuse  postérité.  Dans  les  faluns  de  l'Anjou 
et  du  Bordelais,  les  ossements  sont  très  abondants;  certains  gise- 
ments en  sont  presque  entièrement  formés  et  les  variations  d'indi- 
vidu à  individu  sont  nombreuses.  Tous  ces  animaux  ont  été  réunis 
par  Gervais  sous  le  nom  commun  de  Halitherium  fossile  (3)  et  forment 
le  genre  Metaxytherium  de  M.  Lepsius.  Cette  espèce  qui  se  rapproche, 
du  Lamantin  par  la  forme  allongée  du  crâne  et  par  quelques  autres 
caractères,  s'étendait  jusque  dans  le  Méditerranée,  car  je  crois  que 
c'est  à  //.  fossile  qu'on  doit  rapporter  les  vertèbres  d'un  Metaxythe- 
rium {M.  Lovisati)  récemment  décrit  par  M.  Capellini  (4)  et  provenant 
de  l'Hélvélien  de  Sardaigne. 

Si  le  type  Lamantin  n'est  pas  encore  nettement  accusé,  en  re- 
vanche le  type  Dugong  acquiert,  à  l'époque  helvétienne,  des  carac- 
tères fort  nets  dans  le  Prohalicore,  ancêtre  probable  du  Felsinotherium 
pliocène  qui,  après  avoir  atteint  une  taille  considérable,  donnera, 
par  une  dernière  spécialisation,  le  Dugong  actuel. 

M.  Capellini  qui  a  si  remarquablement  décrit  les  Siréniens  du 
Pliocène  italien  a  fait,  au  sujet  de  leur  distribution  géographique,  de 
fort  judicieuses  observations  (5).  On  sait  que  la  llhytine,  aujourd'hui 
disparue,  habitait  les  mers  arctiques,  notamment  le  détroit  de  Beh- 
ring; les  Lamantins  vivent  en  troupes  sur  les  côtes  de  l'Atlantique  et 
les  Dugongs  sont  confinés  dans  l'Océan  Indien.  Or,  si  l'on  considère 
les  Siréniens  dans  les  temps  géologiques,  on  les  voit  à  l'époque  ton- 
grienne,  peupler  le  Bassin  de  Paris  et  celui  de  Mayence.  A  l'époque 

■i)  Dr  Cl.  Hartlaub.  Ueber  Manatherium  Delheidi,  eine  Sirène  ausdem  Oligocaen 
Belgiens.  Zooloyisch'?  Jahrbùchcr,  1886. 
(i)  Bull.  Soc.  Géol.  1880. 
(3)  Gervais.  Zool.  et  Paléont.  françaises. 
[i]  Sopra  resli  di  un  sirenio  fossile.  Bologna,  1886. 
;ô)  Capellini.  Sul  FeUinoterio.  Bologna,  1872,  p.  18. 


138  PLOT.    —   PHOHAUCOBB   DUBALBfll.  6    déc. 

aquitanienne,  Craatitkerium  (Elhytine)  se  trouve  en  Belgique,  d'où  il 
émigré  *ers  le  Nord;  Halitherium  se  tient  dam  le  bassin  de  Paria  et 
de  la  Loire  et  Rytiodus  (Dugong)  dans  l'Agenais.  Peu  a  peu,  Halithe- 
rium descend  vers  le  Sud-Ouest  et  reste  dans  l'Atlantique  qu'habite- 
ront ses  descendants  (Lamantins)  et  les  FeUinotherium  (Dugongs) 
pliocènes  sont  localisés  dans  la  Méditerranée  d'où  ils  passeront  dans 
l'Océan  Indien.  La  séparation  des  espèces  s'est  produite  par  la  sup- 
pression du  détroit  jadis  existant  entre  l'Océan  et  la  Méditerranée. 

J'avais  craint  un  moment  que  l'âge  pliocène  attribué  par  quelques 
géologues  aux  faluns  d'Odon  ne  vint  porter  un  rude  échec  à  celte 
théorie  si  séduisante  et  si  vraisemblable,  mais  les  fossiles  que  m'a 
envoyés  M.  Dubalen  ont  levé  tous  mes  doutes.  Ces  couches  renfer- 
ment en  effet  avec  abondance  Cardita  Jouanneti,  Carcharodm  mega- 
lodon,  qui  suffisent  à  les  ranger  dans  l'Hèlvétien.  Prohalicore  est  donc 
uo  Dugong  contemporain  de  Halithtrium  fossile,  habitant  les  régions 
méridionales  de  la  France,  d'où  il  a  pu  passer  dans  la  Méditerranée 
et  y  faire  souche  de  Dugongs.  Ce  fossile  vient  donc  apporter  un 
nouvel  appui  à  la  théorie  de  M.  Capellini  tant  par  ses  affinités  que 
par  sa  distribution  géographique. 

Je  ne  puis  terminer  sans  adresser  de  nouveaux  remerciments  à 
M.  le  professeur  Gaudry  qui  m'a  procuré  l'occasion  d'étudier  cette 
espèce  si  intéressante  et  à  M.  Dubalen  qui  me  fait  part,  avec  tant 
d'amabilité,  de  ses  richesses  paléontologiques  dans  le  département 
des  Landes. 

J'ai  représenta  (lig.  7)  deux  dents  iï  Ha'itlurmm  qui  m'ont  été  obligeamment 
prêtée»  par  M.  Fallot,  professeur  à  la   Faculté  des   Sciences  de  Bordeaux.  Elles 

'  i    NH-II.-    |. 


Itt6.  PH.    THOMAS.   —   VERTÉBRÉS  FOSSILES  139 

Séance  du  20  décembre  1886. 

PRÉSIDENCE   DE   M,   COTTEÀU. 

M.  Mcc  Hovelacque  secrétaire  donne  lecture  du  procès-verbal  de 
la  dernière  séance,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance,  le  Prési- 
dent proclame  membres  de  la  Société  : 

/  MM.Rafhakl  Brgnosa,  Ingénieur  en  la  Granja, (Espagne),  présenté 
par  MM.  Barrois  et  Hovelacque. 

Fbeumd,  Ingénieur  au  chemin  de  fer  de  l'Est,  à  Paris,  présenté 
par  MM.;  Jannel  et  Nivoit. 

Noguès,  ancien  membre  de  la  Société. 
Le  Président  annonce  cinq  nouvelles  présentations. 

M.  Albert  Gaudry  annonce  que  M.  Philippe  Thomas,  membre 
delà  Commission  scientifique  de  Tunisie,  a  rapporté  de  son  dernier 
voyage  un  grand  nombre  de  fossiles  qu'il  attribue  aux  étages  du 
Gault,  du  Génomanien,  du  Turonien,  du  Dordonien,  du  Suessonien 
et  du  Nummulitique.  M.  Peron  voudra  bien  l'aider  pour  leur  déter- 
mination. En  se  rendant  en  Tunisie,  M.  Thomas  a  passé  dans  la  pro- 
vince de  Constantine,  et  il  y  a  pris  les  notes  suivantes  qui  servent  de 
complément  à  son  important  travail  sur  l'Algérie  publié  en  1884  dans 
les  Mémoires  de  la  Société  géologique  : 

Notes  additionnelles  sur  les  vertébrés  fossiles   de  la  province  de 

Constantine. 

par  M.  Ph.  Thomas. 
1°.  —  Coexistence  de  h'Equus  Stenonis  et  de  i*  Hipparion  gracille 

DANS   LES   CALCAIRES   LACUSTRES  >NCI  EN  S   DES    ENVIRONS   DE     CONSTAN- 
TINE. 

J'ai,  autrefois,  appelé  l'attention  sur  la  coexistence  des  deux  types 
d'Equidés,  formant  les  genres  Equus  et  Hipparion,  dans  les  dépôts 
pliocènes  d'Aïn-el-Bey,  du  Mansourah  et  des  environs  de  Sétif  (1). 
Mais  je  n'avais  rencontré  que  Y  Hipparion  seul  dans  les  dépôts 
immédiatement  inférieurs  aux  précédents,  c'est-à-dire  dans  les  cal- 
caires lacustres  anciens  d'Aïn-el-Bey   et    d'Aïn-el-Hadj   Baba.   En 

(1}  Mém.  Soc.  Géol.  de  France,  3mt  î*érie,  tome  III,  pages  19  et  20,  planche*  II  et  III. 


140  Pli.    THOMAS.    —   YEBTÉBRÉS   FOSSILES  20  déc. 

sorte  que,  malgré  les  apparences  contraires,  l'on  pouvait  encore 
se  demander  si  la  coexistence  de  ces  deux  types  d'Equidés  dans 
les  dépots  détritiques  les  plus  supérieurs  du  Pliocène  des  environs 
de  Conslantine  n'était  pas  due  à  un  remaniement  des  couches  la- 
custres plus  anciennesqu'elles recouvrent? 

Mon  récent  passage  à  Gonstanline  a  levé  tous  mes  doutes  à  cet 
égard,  car  M.  Heinz,  zélé  géologue  constantinoîs,  a  bien  voulu  me 
montrer,  dans  sa  collection,  quelques  molaires  et  un  fragment  de 
maxillaire  A'Equus,  provenant  des  environs  de  Guelma  et  empalés 
dans  une  gangue  calcaire  à  Hélices,  identiques  à  celles  d'Aîn-el-Bey 
et  d'AIn-el-Hadj  Baba,  laquelle  renferme  incontestablement  YIh/,pa- 

Or,  le  synchronisme  des  calcaires  lacustres  à  Equui  de  Guelma  et 
des  calcaires  lacustres  à  Hipparion  d'AIn-el-Bey  et  d'Aïn-et-Hadj 
Baba,  ne  saurait  être  douteux  et  a  été  explicitement  reconnu  par 
Tissot,  l'auteur  de  la  carte  géologique  du  département  de  Constanline 
la  plus  récente  (1). 

L'une  des  molaires  inférieures  que  m'a  montré  M.  Heioz,  avait  sa 
couronne  à  peine  usée  et  mesurait  0m  053  de  long  sur  0°  028  de  dia- 
mètre antéro- postérieur  et  0"021  de  diamètre  iransverse.  Son  denti- 
cule  externe,  de  forme  très  allongée,  était  soudé  à  la  dent  par  un 
isthme  d'ivoire  très  large.  C'était  donc  bien  une  dent  d'Equus. 

2*.  —  Dromadaire  quaternaire  de  l'Oued  Sëguen,  département  de 
Constantin  b. 


C'est  avec  une  vive  satisfaction  que  j'ai  vu,  dans  les  vitrines  du  Mu- 


1886.  PH.    TUOMAS.    —   VERTÉBRÉS   FOSSILES  141 

cémenteux  blanc  et  granuleux  :  elles  sont  identiques  à  celles  que  j'ai 
fait  figurer  en  1884.  Le  bord  inférieur  de  ce  fragment  de  mandibule 
est  arrondi,  épais,  tandis  que  son  bord  angulaire  est  mince,  tran- 
chant, absolument  comme  dans  le  Dromadaire  actuel. 

Cette  nouvelle  pièce  du  Musée  de  Constantine  a  été  recueillie  en 
1884,  par  les  soins  de  M.  le  docleur  Reboud,  sur  les  berges  de  l'Oued 
Seguen,  à  côté  du  crâne  de  Bubalus  antiquus  qui  fait  l'objet  de  la  note 
ci-après.  Elle  confirme  un  fait  paléontologique  intéressant,  que  j'ai 
été  le  premier  à  constater,  savoir  :  l'existence  d'un  Dromadaire,  dans 
le  Nord  de  l'Afrique,  pendant  la  période  quaternaire.  Plus  récem- 
ment, M.  Pomel  a  découvert,  dans  la  station  humaine  paléolithique 
de  Ternifine  (département  d'Oran),  le  crâne  d'un  chameau  de  la  taille 
du  Dromadaire,  mais  présentant  avec  celui-ci  quelques  différences 
qui  l'ont  déterminé  à  en  faire  une  espèce  distincte  (1). 

3°  —  Caractères  ostéologiques  du  crâne  d'un  vieux  Bubalus  anti- 
quus,   DUVERNOY,    CONSERVÉ   AU  MUSÉE   DB   CONSTANTINE. 

Découvert  en  1884  sur  les  berges  de  l'Oued  Seguen  (département 
de  Constantine),  à  la  suite  des  éboulements  provoqués  par  les  pluies 
abondantes  du  printemps  dans  les  alluvions  au  milieu  desquelles 
cette  rivière  a  profondément  creusé  son  lit,  ce  nouveau  crâne  de 
Bubalus  antiquus  provient  évidemment  d'un  sujet  très  âgé,  ainsi  que 
l'indiquent  l'état  de  ses  sutures  et  la  condensation  de  son  tissu 
osseux.  Il  est  identique  par  ses  caractères  généraux  au  crâne  de 
Sétif,  décrit  et  figuré  en  1852  par  Duvernoy  (2)  et  à  celui  décrit 
et  figuré  par  moi  en  1875  (3),  mais  il  en  diffère  par  des  caractères  de 
détail  qu'il  m'a  semblé  intéressant  de  relever  et  dont  voici  les  princi- 
paux : 

1°  Au  lieu  d'être  uniformément  bombé  et  lisse,  le  frontal  de  ce 
crâne  présente,  dans  sa  région  médiane,  une  bosse  ou  tubérosité  de 
forme  allongée  et  elliptique,  à  surface  rugueuse,  longue  de  sept  à 
huit  cent  mètres,  large  de  trois  à  quatre  centimètres,  formant  à  son 
centre  une  forte  saillie  laquelle  se  bifurque  en  arrière  pour  se  con- 
fondre avec  la  crête  occipitale  et  se  termine  en  pointe  inférieure- 
ment.  Cette  tubérosité  médio-frontale  n'existe  ni  dans  le  crâne  de 

(1)  Comptes  rendus  du  congrès  de  Grenoble  de  VAssoc.  fianç.  p.  l'avancent,  des 
se,  1*85.  1"  partie,  page  12$. 

(2)  Journal  de  Zoologie,  t.  IV  p.  72,  pi.  I. 

(3)  Recherches  sur  les  Bovidés  fossiles  de  l'Algérie,  in  Bull.  Soc.  Zoologique  de 
France,  avril  1881,  p.  29,  pi.  II. 


142  ra.  thokas.  —  vrutébhés.  fossiles.  20  dée. 

Sêtir,  ni  dans  celui  de  Djelfa,  lesquels  semblent  d'ailleurs  avoir  ap- 
partenus à  des  sujets   plus  jeunes. 

2*  Au-dessous  de  cette  bosse  roédio- frontale  et  perpendiculaire- 
ment à  elle,  la  base  de  cet  os  présente,  sur  le  crâne  du  vieux  buffle 
de  Constantin^,  une  crête  transversale  limitant,  un  peu  au-dessus  de 
la  snture  fronlo-nasale  et  du  bord  supérieur  des  orbites,  une  pro- 
fonde dépression  de  la  base  du  crâne  qui  établit  une  scission 
marquée  entre  celoi-ci  et  les  os  de  la  face.  Cette  crête  est  plus  sail- 
lante dans  sa  région  médiane  qu'à  ses  extrémités,  lesquelles  s'inflé- 
chissent au-dessus  des  orbites  pour  aller  se  confondre  avec  le  bord 
inférieur  des  chevilles  osseuses  des  cornes.  Cette  crête  à  surface 
lisse,  indiquée  dans  les  crânes  de  Sétif  et  de  Djelfa,  doit  évidem- 
ment sa  forte  saillie,  dans  le  crâne  de  Constanline,  à  la  construc- 
tion beaucoup  plus  accentuée  des  os  de  la  face,  conséquence  pro- 
bable de  la  condensation  sénile  de  ces  os. 

.'1°  La  crête  occipitale  est  plus  tranchante,  plus  saillante  et  plus 
régulièrement  incurvée  en  arc  de  cercle  que  dans  les  crânes  de 
Sétif  et  de  Djelfa.  Elle  présente  de  plus,  sur  sa  partie  médiane,  une 
profonde  écbancrure  semi-lunaire  qui  n'a  pas  moins  de  0m,02  centi- 
mètres de  diamètre.  Enfin,  la  large  surface  plane  qui  sépare  cette 
crête  des  condyles  occipitaux,  est  parsemée  de  rugosités  pour  les 
implantations  musculaires,  remarquables  par  leur  nombre  et  leur 
saillie  considérables. 

4°  Dans  le  crâne  de  Constantine,  la  base  des  chevilles  osseuses 
des  cornes  se  relève  beaucoup  plus  que  dans  ceux  de  Sétif  et  de 
Djelfa.  Il  en  résulte  qu'un  plus  grand  intervalle  existe  entre  ces 
appendices  et  les  orbites,  lesquelles  se  trouvent  par  suite  beaucoup 


1886.         G.  DOLLFUS.  —  FALUNS  DE  LA  T0UBA1NE  143 

crânes  de  Sétif  et  de  Djelfa  donnent  des  diamètres  sensiblement 
égaux. 

Il  m'a  para  utile  de  noter  ces  différences,  bien  qu'elles  n'aient  à 
mes  jeux  aucune  valeur  spécifique  et  ne  soient  que  la  conséquence 
de  ce  que  l'on  peut  appeler  la  condensation  sénile  du  tissu  osseux. 

M.  Albert  Gaudry  rend  compte  à  la  Société  d'une  lettre  de 
M.  Zawisza  sur  le  Quaternaire  de  la  Pologne. 

Je  viens,  dit  M.  Gaudry,  de  recevoir  une  lettre  de  M.  le  comte 
Zawisza  dont  j'avais,  lors  d'une  visite  à  Varsovie,  beaucoup  admiré 
les  collections  quaternaires.  M.  Zawisza  prétend  que  la  grotte  du 
Mammouth  en  Pologne  a  plus  d'un  rapport  avec  celle  de  Montgaudier, 
Mais,  au  lieu  qu'à  Montgaudier,  nos  pères  se  sont  distingués  surtout 
comme  graveurs,  les  habitants  de  la  grotte  du  Mammouth  en  Pologne 
se  sont  plutôt  révélés  comme  d'habiles  sculpteurs.  M.  Zawisza  a  onze 
poissons  sculptés  en  ivoire,  des  amulettes  en  forme  de  cœur  humain 
et  beaucoup  d'autres  objets,  qui,  dit-il,  sont  dignes  (Tun  artiste  de  nos 
jours.  Tandis  qu'en  France  il  semble  qu'avant  la  fin  des  temps  quater- 
naires le  Rhinocéros  tichorhinus  ait  disparu  et  le  Mammouth  soit  de- 
venu rare,  en  Pologne,  suivant  M.  Zawisza,  le  Rhinocéros  tichorhinus 
a  persisté  et  le  Mammouth  est  resté  abondant  jusqu'à  l'extrême 
limite  du  Quaternaire. 

M.  Cotteau  présente  la  7°  livraison  des  Echinides  éocènes; 
«lie  comprend  la  description  de  plusieurs  espèces  de  Linthia  notam- 
ment du  Linthia  verticales  que  les  auteurs  ont  placé  successivement 
dans  les  genres  Schizaster,  Hemiaster  et  Periaster,  mais  qui  est  un 
des  types  les  mieux  caractérisés  du  genre  Linthia.  Remarquable  par 
sa  petite  taille  et  sa  forme  renflée,  cette  espèce  est  abondante  dans  le 
terrain  éocène  supérieur  de  Biarritz.  M.  Cotteau  indique  également, 
au  môme  niveau,  Linthia  Heberti  qui  se  rapproche  du  L.  Orbignyi, 
mais  qui  s'en  distingue,  cependant,  d'une  manière  positive,  par  sa 
lorme  moins  circulaire,  par  son  sommet  plus  excentrique  en  avant, 
par  ses  aires  ambuiacraires  plus  profondément  excavées.  —  Le 
terrain  éocène  de  la  France  a  offert  dix-neuf  espèces  de  Linthia; 
quatorze  espèces  se  sont  rencontrées  dans  l'Eocène  moyen;  quatre 
espèces  seulement  appartiennent  à  l'Eocène  supérieur.  Seize  espèces 
de  Linthia  ont  été  signalées  en  dehors  de  la  France  et  élèvent  à  trente- 
cinq  le  nombre  des  Linthia  éocènes  connus. 

M.  G.  Dollfus  présente  la  note  suivante  : 

La  brochure  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  la  Société  en  mon 


144  G.    D0LLFD3.    —   FALUHS   DE    LA   TOUBAINti  20   déc. 

nom  et  en  celui  de  mon  collaborateur  M.  Philippe  Dautzenberg, 
est  la  réunion  de  divers  articles  parus  de  Mai  à  Décembre  1886  dans  la 
Feuille  des  jeunes  naturalistes.  Nous  l'avons  intitulée  :  «  Etude  préliminaire 
des  coquilles  fossiles  des  Faluns  de  la  Touraine.  »  C'est  en  effet,  une  liste 
provisoire  générale  de  tous  les  mollusques  fossiles  des  sables  du 
Miocène  moyen  type,  de  la  Loire.  Nous  l'avons  fait  suivre  de  consi- 
dérations générales  sur  le  Miocène  telles  qu'elles  nous  ont  paru 
découler  du  grand  nombre  d'espèces  étudiées  et  de  tous  les  documents 
consultés. 

Sans  entrerici  dans  le  détail,  nous  dirons  que  depuis  1837,  époque 
du  travail  monographique  de  Dujardin,  aucun  travail  général  n'est 
intervenu,  et  que  cependant  les  sables  des  Faluns  dans  lesquels  nous 
avons  relevé  ou  reconnu  plus  de  647  espèces,  renferment  l'une  des 
faunes  fossiles  les  plus  nombreuses  et  les  plus  belles  qui  soient  con- 
nues d'un  même  horizon. 

Deshayes  dans  sa  première  liste  de  1831  était  arrivé  à  la  proportion 
de  lf>  °/D  d'espèces  encore  vivantes,  Dujardin  a  cru  reconnaître 
50  %>  nous  sommes  arrivés  nous-mêmes  à  la  quantité  de  23  %  de 
formes  qu'on  ne  peut  séparer  de  celles  encore  existantes.  Dans  des 
formations  contemporaines  rappelons  que  MM.  Fischer  et  Tour- 
nouer,  sont  arrivés  à  la  proportion  de  24  */»  Pour  les  marnes  de 
Cucuron,  dans  la  vallée  du  Rhône  ;  et  que  M.  Mayer  a  indiqué  pour 
la  Molasse  marine  de  la  Suisse  la  quantité  de  31  %>■ 

Parmi  les  faunes  fossiles,  la  faune  des  faluns  se  rapproche  tout 
spécialement  de  celle  de  Léognan>Saucats  dans  le  Bordelais  et  parmi 
les  faunes  vivantes  l'analogie  la  plus  étroite,  intime  même  sous  cer- 
tains rapports,  esl  avec  le  Sénégal  contemporain. 


1886.  G.   DOLLFUS.    —   FALUNS   DE   LA   TOURAINE  145 

vers  Nice  et  se  continuait  dans  Taxe  des  Alpes  jusqu'en  Autriche  et 
dans  les  Balkans.  ' 

L'axe  de  l'Europe  était  peu  distinct  de  ce  qu'il  est  actuellement,  il  dé- 
butait au  Sud-Ouest  de  l'Espagne,  longeait  son  rivage  Est,  passait  par 
les  Corbières,  les  Cévennes,  la  Côte  d'Or,  les  Vosges,  les  monts  de  la 
Thuringe  et  de  la  Bohême  pour  traverser  la  Pologne  et  se  continuer 
vers  le  N.  de  la  Russie. 

Nous  nous  empressons  d'ajouter  que  notre  liste  de  fossiles  en  tant 
que  préliminaire  est  sujette  à  revision  et  perfectionnements  nom- 
breux, surtout  si,  comme  nous  l'espérons,  nous  sommes  assez  heu- 
reux pour  obtenir  3e  bienveillantes  communications  de  nos  collègues  ; 
nous  pensons  cependant  que  les  grandes  lignes  qui  se  sont  dégagées 
de  notre  travail  sont  dès  maintenant  assez  accusées  pour  devoir 
varier  assez  peu  dans  l'avenir. 

Nous  avons  dit  incidemment  dans  notre  note,  où  nous  étions 
limités  par  la  place,  qu'aucune  espèce  des  Faluns  ne  se  retrouvait 
dans  l'Oligocène  des  environs  de  Paris,  nous  reviendrons  un  instant 
sur  ce  sujet  :  ce  sont  MM.  Cosmann  et  Lambert  qui  dans  leur  inté- 
ressant travail  sur  les  Sables  d'Etampes  ont  signalé  trois  espèces 
comme  se  retrouvant  dans  les  faluns  de  la  Loire.  Or  nous  nous 
sommes  livrés  à  un  examen  attentif  en  nature  de  ces  espèces  et 
nous  persistons  à  croire  que  ces  trois  formes  sont  distinctes  cha- 
cune dans  leur  terrain,  des  formes  avec  lesquelles  on  les  a  compa- 
rées, et  qu'aucun  passage  n'existe  réellement. 

Murex  Tenellus,  Mayer.  —  Cette  espèce  est  assimilée  par  MM.  Coss- 
mann  et  Lambert  (Mém.  Soc.  Géol.  de  France,  3e  série,  tome  111,  pi.  VI, 
fîg.  2,  1885)  au  Murex  Cotteauide  M.  Stanislas  Meunier  (IVouv.  Arch. 
Mus.  2e  S.  T.  III,  PI.  14,  fig.  29-30,  1880)  dont  le  nom  viendrait  ainsi 
à  disparaître  comme  plus  récent  que  celui  employé  par  M.  Mayer 
pour  son  Murex  des  Faluns.  (Journ.  ConchyL  T.  17,  p.  82,  PI.  III, 
îîg.  5.  1869.)  Cependant  môme  en  se  contentant  de  la  figure  donnée 
par  M.  Mayer,  qui  est  assez  médiocre,  et  en  la  comparant  aux  échantil- 
lons d'Etampes,  on  ne  tarde  pas  à  reconnaître  qu'il  s'agit  d'une  toute 
autre  espèce.  Le  nom  de  Murex  Cotteaui  doit,  suivant  nous,  subsister. 
Nous  avons  sous  les  yeux  les  Murex  typiques  de  MM.  Cossmann 
et  Lambert  qu'ils  ont  eu  la  bonté  de  nous  communiquer,  et  une 
bonne  série  de  Murex  de  Touraine,  et  nous  observons  parmi  ces  der- 
niers une  espèce  bien  plus  voisine  de  celle  de  l'Oligocène  que 
M.  tenellus,  c'est  le  M.  scalaroides,  Blainville,  espèce  encore  vivante 
dans  la  Méditerranée.  Dans  cette  forme  à  tours  ronds,  couverte  de 
varices  espacées  d'égale  valeur,  les  varices  sont  bien  plus  minces  que 
dans  le  Murex  d'Etampes  ;   ils  sont  coupés  par  des  cordons  spiraux 

XV.  10 


14G  6.    DOLLSUS.    —  FALUNS   DE   LA    TOtBALNK  20   déc. 

plus  fins  dans  le  M.  tcalaroïdes  et  plus  gros  dans  le  M.  Cotteaui;  par 
contre  le  canal  du  M.  scalaroïda  est  plus  ouvert  et  plus  tordu. 

Ils  appartiennent  l'un  et  l'autre  au  sous-genre  Poweria  créé  ré- 
cemment par  M.  de  Monterosato  pour  le  M.  scalarotdes.  Quant  au 
.1/.  tenellui  il  n'appartient  pas  an  même  groupe,  c'est  une  forme 
grêle,  à  spire  haute,  à  varices  très  espacées  au  dernier  tour,  à  ouver- 
ture longue,  à  canal  étroit,  etc.,  que  M.  Benoist  a  retrouvé  et  figuré 
du  Bordelais  en  1880. 

Fusus  fili feras,  Stanislas  Meunier  (ou  F.  fîlifer).  —  Cette  espèce 
n'aura  pas  à  changer  de  nom,  c'est  par  une  simple  assimilation  que 
MM.  Cossmann  et  Lambert  ont  cru  pouvoir  rapporter  à  ce  type,  une 
forme  assez  commune  dans  les  faluns.  Ce  sont  les  Dguras6.pl,  VI.. Mèm. 
Hac.  Géolog.deFr.  et  fig.  17-18.  pi.  11,  (Nouvelle*  Archives  du  Mvièum,) 
ou  mieux  les  échantillons  qu'il  faut  comparer  a  une  espèce  que  nous 
avons  reconnue  pour  le  Fusus  marginatus  Dujardin,  espèce  décrite  ut 
Sgurée  dès  1837  mais  peu  reconnaissabte  (Ment.  Soc.  Géol.  T.  11. 
2°"  série,  pi.  XIX  fig.  3). 

Le  F.  marginatus  a  le  test  solide,  il  est  longuement  canaliculé  à  la 
base,  son  labre  en  demi-cercle  bien  régulier  est  taillé  en  biseau  et 
denticulé>inlérieurement,  les  côtes  sont  plus  nombreuses  et  moins 
rondes  que  dans  le  F.  filifer,  les  cordonnets  transverses  plus  irrégu- 
liers, enfin  les  cotes  dans  le  F.  marginatus  sont  ondées  dans  la  dé- 
pression du  bandeau  suturai.  On  n'observe  enfin  dans  l'espèce  de 
l'Oligocène  aucune  des  nombreuses  variétés  qui  caractérisent  l'espèce 
miocène. 

Nous  pensons  que  le  F.  filiferu»,  doit  se  rapprocher,  comme  ou- 


1886.  LEM0INE.    —  SUR   LE   GENRE   PLKbIADAPIS.  147 

saillant  que  les  latéraux,  cordons  qui  sont  plus  larges  à  la  base  qu'au 
sommet,  et  non  aplatis  au-dessus. 

Les  C.  trilineatum  typiques  de  Philippi  ont  les  tours  complètement 
plats,  sans  cordon  prédominant,  à  suture  visible  seulement  parl'écar- 
tement  un  peu  plus  grand  des  cordons.  Ces  cordons  descendent  à 
pic  dans  les  intervalles,  ils  sont  aplatis  au  sommet.  La  taille  est  nota- 
blement plus  grande,  l'ouverture  subquadrangulaire  est  aussi  haute 
que  large  etc,  ces  différences  sont  surtout  évidentes  au  microscope, 
elles  nous  paraissent  suffisantes  pour  nous  permettre  d'ériger  en 
espèce  distincte  la  forme  des  environs  d'Etampes  et  nous  proposons 
d'adopter  le  nom  de  C.  Cossmani  DD.  qui  lui  revient  de  droit, 
comme  rappelant  l'un  des  auteurs  de  la  récente  monographie  de 
l'Oligocène  parisien. 

Observons  en  terminant  que  ni  le  C.  trilineatum,  Ph,  ni  le  C.  Coss- 
mani DD.  ne  sont  de  vrais  cérithes,  et  que  M.  de  Monterosato  a  crée 
pour  ce  type  le  genre  Cinctella  1885  dont  il  y  aura  lieu  de  tenir  compte 
au  moins  comme  sous-genre. 

M.  Le  moine  (1)  soumet  à  l'appréciation  de  ses  collègues  une  série 
de  pièces  destinées  à  établir  les  caractères  et  les  affinités  du  genre 
Plesiadapis.  C'est  tout  d'abord  la  plus  grande  partie  d'une  boîte 
crânienne,  indiquant  une  tête  aplatie,  plus  large  et  moins  longue 
que  celle  du  Pteuraspidotherium  et  de  Y  Orthaspitherium.  La  crête  ar- 
rondie, qui  surmonte  l'occipital,  est  fort  développée  et  contraste  avec 
le  peu  de  saillie  delà  crête  interpariétale.  L'empreinte  cérébrale  se 
trouve  bien  conservée  et  indique  l'égalité  relative  et  l'indépendance 
des  trois  parties  constituantes  de  l'encéphale,  cerveau  antérieur,  cer- 
veau moyen,  cerveau  postérieur  ou  cervelet.  —  Deux  autres  frag- 
ments fournissent  des  indications  sur  la  base  du  crâne  et  sur  la 
con>titution  de  l'oreille,  tant  interne  qu'externe,  celle-ci  largement 
ouverte  au  dehors.  —  Une  série  de  maxillaires  supérieurs  montre 
que  cette  partie  de  la  face  était  large,  courte  et  déprimée.  La  voûte 
palatine  n'offre  que  de  très  légers  pertuis.  Les  molaires,  en  série 
continue,  sont  au  nombre  de  cinq  :  trois  arrière-molaires  présentant 
un  tubercule  interne  et  deux  tubercules  externes  ;  deux  prémolaires 
fort  étroites,  ne  portant  qu'un  tubercule  interne  et  un  tubercule  ex- 
terne. Les  incisives  sont  au  nombre  de  deux,  l'antérieure  remar- 
quable par  son  volume  et  sa  disposition  tricuspidée.  Une  petite  ca- 

(i)  Le  texte  de  la  communication  de  M.  Lemoine  n'étant  pas  parvenu  au  secré- 
tariat au  moment  de  l'impression  sera  inséré  in  extenso  à  la  suite  d'une  séance 
ultérieure. 


148  LEM01KE.    —   SU11    LE    GENRE    FLESIADAPH.  20   déù. 

urne,  trouvée  isolément,  venait  peut-être  se  fixer  immédiatement  en 
arrière  des  incisives.  —  Une  série  de  maxillaires  inférieurs  Tait  con- 
naître les  vastes  dimensions  de  la  partie  postérieure  de  la  mâchoire, 
destinée  aux  insertions  musculaires  et  notamment  de  l'apophyse 
coronolde.  L'angle  postéro-inrérieur  de  cette  partie  du  maxillaire 
fait  une  saillie  un  peu  inclinée  en  dedans.  Les  molaires  sont  au 
nombre  de  cinq  en  série  continue.  La  dernière  arrière-molaire,  de 
beauconp  la  plus  considérable,  est  remarquable  par  sa  profonde  cu- 
pule postérieure  ;  cette  cupule  se  réduit  de  plus  en  plus  sur  les  deux 
autres  arrière-molaires.  Les  prémolaires,  fort  réduites  dans  leur 
diamètre  antéro-postérieur,  consistent  en  un  promontoire  unique 
suivi  d'un  très  petit  talon.  Une  large  barre  sépare  les  molaires  d'une 
incisive,  unique  de  chaque  côté,  longue,  proclive  à  couronne  uni- 
cuspidée,  suivie  d'un  léger  talon.  —  Un  maxillaire  donne  en  place 
les  dents  permanentes  et  les  dents  de  remplacement;  celles-ci 
étaient  au  nombre  de  trois,  l'incisive  elles  deux  prémolaires. 

Ls  genre  Plesiadaspii  étant  commun  à  la  faune  cernaysienne  et  à 
la  faune  des  sables  à  Térédines,  la  déterminations  des  os  des  membres 
a  été  relativement  facile.  D'une  façon  générale,  les  os  du  squelette 
sont  remarquables  par  la  minceur  de  leur  paroi.  Les  vertèbres  cau- 
dales sont  allongées  comme  chez  les  Lémuriens.  L'humérus  est 
remarquable  par  le  large  canal  de  sou  condyle  interne;  l'apophyse 
olécranienne  du  cubitus  estfort  courte;  la  tèle  radiale  paraît  avoir 
été  susceptible  de  mouvements  de  rotation.  Le  fémur  présente  trois 
trochanters;  le  tibia  relativement  grêle  était  recourbé;  l'astragale 
est  bien  remarquable  par  le  développement  tout  spécial  de  sa  partie 
antérieure.  Les  phalanges  digitales,  longues  et  fortes,  sont  caraclé- 


1886.      TOUCAS.    —  OBSBRVATIONS   SUR  LA   CRAIE    DE   DIEULEF1T.  149 

M.  Lemoine  propose  donc  la  division  suivante  pour  le  groupe  des 
Plésiadapidés. 

Genre  Plesiadapis. 

A.  Sons-genre  Tricuspidens  renfermant  deux  espèces  : 

Le  Plesiadapis  remensis  caractérisé  par  sa  petite  taille  à  l'état 
adulte,  ses  molaires  striées,  i'étroitesse  de  la  branche  de  la  mâchoire 
ainsi  que  de  l'apophyse  coronoïde  relativement  droite. 

Le  Plesiadapis  Gervahii  avait  une  taille  pouvant  être  double,  des 
molaires  à  surface  lisse.  Il  se  distinguait  également  par  le  dévelop- 
pement spécial  de  la  branche  de  la  mâchoire  et  de  l'apophyse  coro- 
noïde à  inclinaison  prononcée. 

B.  Sous-genre  Subunicuspidens.  Il  ne  contiendrait  jusqu'ici  qu'une 
espèce  : 

Le  Plesiadapis  Daubrei  si  caractérisé  par  la  conformation  simplifiée 
de  ses  incisives. 

M.  Toucas  fait  les  deux  communications  suivantes: 

Observations  sur  la  craie  supérieure  de  Dieulefit, 

Par  M.  A.  Toucas. 

Les  recherches  de  M.  Fallot  dans  la  Drôme  ayant  appelé  de  nou- 
veau l'attention  des  géologues  sur  la  place  qu'il  y  aurait  lieu  d'assi- 
gner aux  couches  à  Cébatites  (Buchiceras)  de  Dieulefit,  j'ai  profité  de 
mon  séjour  dans  ce  département  pour  visiter  cet  intéressant  gise- 
ment et  tâcher  de  reconnaître  les  rapports  qu'il  pourrait  avoir  avec 
les  autres  gisements  crétacés  du  Midi. 

Comme  Ta  fort  bien  constaté  M.  Fallot,  les  couches  crétacées  for- 
ment tout  autour  de  Dieulefit  un  bassin  dont  les  assises  supérieures 
se  trouvent  au  centre  même  du  bassin,  tandis  que  les  assises  infé- 
rieures, en  se  relevant  sur  les  bords,  apparaissent  ensuite  successive- 
ment à  mesure  que  l'on  s'éloigne  de  Dieulefit,  ainsi  que  cela  a  lieu 
dans  beaucoup  d'autres  régions  et  particulièrement  aux  environs  du 
Beausset.  Grâce  à  cette  disposition,  toutes  les  couches  sont  mises  à 
nu  et  peuvent  être  étudiées  sur  une  assez  grande  étendue  ;  cette  étude 
a  d'ailleurs  été  faite  très  consciencieusement  par  M.  Fallot  et  je  ne 
crois  pas  qu'il  y  ait  lieu  de  modifier  la  succession  des  couches  telle 
qu'elle  a  été  établie  par  notre  savant  confrère. 

Je  me  bornerai  donc  dans  cette  note  à  faire  connaître  mon  opinion 
sur  le  niveau  que  paraissent  occuper  les  assises  supérieures  de  Dieu- 
lefit. Je  ne  m'occuperai  pas  par  conséquent  des  couches  qui  appar- 


150  TOUCAS.  —  0BSBRVAT1GHS   SUR    1A    CttAJE  UK    DIKULEFIT.       20  déc. 

tiennent  aux  zones  inférieures  et  moyennes  de  la  craie  et  dont  le  pa- 
rallélisme a  été  bien  établi  ;  je  commencerai  parles  assises  calcaires 
que  M.  Fallot  a  signalées  au-dessus  des  couches  cénomaniennes  à 
Amomnitcs  rhotomagensis. 

Ces  calcaires,  d'aspect  gréseux  et  ferrugineux,  ne  renferment  mal- 
heureusement aucun  fossile,  mais  la  place  qu'ils  occupent,  entre  les 
marnes  &  Àm,  rhotomagensis  et  les  calcaires  blancs  à  Micraster  cortes- 
tudinarium,  a  engagé  M.  Pallot  à  les  classer  dans  le  Turonien. 

Quant  aux  calcaires  à  Micraster  et  Ananchytes,  M.  Fallût  n'a  pas  hé- 
sité à  les  placer  dans  le  Sénonien;  mais  M.  Arnaud,  dans  un  tableau 
inséré  dernièrement  dans  le  Bulletin  (  1  ),  semble  ne  pas  adopter  celte 
opinion  et  place  les  calcaires  à  Micraster  de  Dieulefit  an  niveau  de  la 
zone  &  /ladiolites  comupastoris,  ou  1"  niveau  à  Hippwitet  de  la  Cha- 
rente et  du  Midi. 

Je  crois  que  cette  dernière  zone  est  suffisamment  représentée  à 
Dieulefit  par  les  calcaires  glauconieux  à  veines  de  silex  gris,  que 
MM.  Fallût  et  Carez  ont  observés  sur  plusieurs  points  de  la  Drôme 
au-dessous  des  calcaires  blancs  à  Micraster.  Au  point  de  vue  slaligra- 
phique  H.  Fallot  a  donc  eu  raison  de  classer  ces  calcaires  à  Micraster 
cortestudinarium  dans  le  Sénonien.  N'oublions  pas  d'ailleurs  que  la 
craie  conserve  encore  ici  le  faciès  qu'elle  a  dans  le  Nord,  et  que  l'ab- 
sence de  rudistes  au-dessous  de  cette  assise  n'a  rien  d'extraordinaire, 
car  ce  n'est  qu'un  peu  plus  au  sud  et  dans  les  couches  supérieures  des 
environs  de  Nyons  que  ce  faciès  tend  à  se  modifier  et  à  prendre  le 
caractère  méditerranéen.  N'ajoutons  donc  pas  une  difficulté  de  plus 
en  rajeunissant  ou  en  vieillissant  inutilement  des  faunes  tout  à  fait 
analogues,  surtout  lorsque  la  plus  grande  harmonie  semble  régner 


1886.       TOUCAS.    —  OBSERVATIONS  SDR   LA    CRAIE   DK   DIEULEFIT. 


151 


ravinées  des  aires  du  Beausset.  Au  point  de  vue  pétrographique  leur 
aspect  est  identique  ;  on  y  rencontre  les  mêmes  lits  de  Bryozoaires  et 
de  Spongiaires.  Quant  à  la  faune,  l'analogie  n'en  est  pas  moins  grande, 
ainsi  qu'on  peut  en  juger  par  la  liste  suivante  des  fossiles  de  la 
Drôme,  qui  se  trouvent  au  Beausset  ou  aux  Gorbières  au-dessous  des 
bancs  à  flippurites  dilatâtes,  par  conséquent  dans  les  assises  que  j'ai 
classées  dans  le  Santonien  ou  Sénonien  inférieur: 


Ammonites  texanus(l),  Rœmer. 

—  alsladenensis,  Schliiter. 
Buchieeras  Slizewiezi,  Fallût. 

—  Nardini,  Fallot. 
Natiea  lyrata,  Sow. 
Roitellarta  pyrenaica,  d'orb. 
Pleurotoma  suturalis,  Ooldf. 
Voluta  acuta,  Sow. 
AetceonelU  l  vis,  d'Orb. 
Eulima  amphura,  d'Orb . 
Venus  subplana,  d'Orb. 
Trigonia  limbata,  d'Orb. 
Cardium  Latunei,  Fallot. 
Protocardium  hillanum,  Sow. 
Corbula  slriatuta,  d'Orb. 
Isoeardia. 

Pinna  decussata,  Ooldf . 
Moiioia  siliqua,  Math. 


Inoeeramus. 

Perte*  virgatus,  Nilsson. 
Janira  quadricoslala,  d'Orb. 
Plieatula  aspera,  Sow. 
—       Ferryi,  Coq. 
Ostrea  proboscidea,  d'Arch. 

—  decuss<Ua%  Coq. 

—  plicifera,  Coq. 
Wiynehonella  petrocoriensis,  Coq . 
Ttrebralulina. 

Cidaris  pseudopistillum,  Cott. 

—  subvesiculosa,  d'Orb. 
Pentaerinus  carinatus,  Rœmer. 
Nombreux  Bryozoaires. 

—        Spongiaires . 
Cycloliles. 
Troehosmilia  compressa,  Edw.  et  H. 


Si  l'on  y  ajoute  les  espèces  communes  avec  le  Sénonien  inférieur 
de  la  Charente  comme  Am.  Emscheris,  Buchiceras  Eivaldi,  Hemias- 
1er  Souheri,  citées  par  M.  Arnaud,  on  voit  quq  la  faune  des  grès  de 
Dieuleût  a  beaucoup  plus  d'affinité  avec  la  faune  santonienne  du  Midi 
et  de  la  Charente  qu'avec  la  faune  campanienne  de  ces  deux  régions. 

Ces  données  paléontologiques  concordent  donc  bien  avec  la  posi- 
tion s trati graphique  de  cette  assise;  d'ailleurs  la  découverte,  faite 
par  M.  Fallot  aux  environs  de  Nyons,  d'un  banc  à  Hippurites  au- 
dessus  des  grès  reconnus  identiques  à  ceux  de  Dieulefit,  vient  en  quel- 
que sorte  sanctionner  cette  opinion. 

Il  résulte  des  considérations  qui  précèdent,  que  les  couches  supé- 
rieures de  Dieulefit,  que  M.  Fallot  rangeait  dans  le  Sénonien  supé- 
rieur à  Bélemnitelles,  doivent  être  maintenues  dans  le  Sénonien  infé- 


(1)  M.  Arnaud  signale  dans  sa  dernière  note  ÏAm.  texanus  dans  sa  zone  à 
Hippurites  dilatatus  du  sud-ouest;  je  suis  heureux  d'annoncer  que  de  mon  côté  j'ai 
trouvé  dans  la  môme  zone  aux  environs  de  Beausset  un  beau  fragment  d'un  très 
gros  exemplaire  de  cette  môme  ammonite.  C'est  un  argument  de  plus  en  faveur  du 
synchronisme  des  deux  zones  à  Hipp.  dilatatus. 


132       TOUCAS.  —  CHÉTACÉ  DE  l'aMÈGE  BT  DE  l'aDDB.    20  dée. 

rieur  on  Santouien.  D'autre  part  comme  les  calcaires  blancs  à  Mi- 
crasler  cortestudinarium  constituent  dans  cette  région  la  base  du 
Sénonien,  il  n'est  pas  possible  de  classer  les  grès  de  Dieuleflt  au  ni- 
veau du  Coniacien,  comme  parait  le  proposer  M.  Arnaud.  M.  Hébert, 
rémittent  professeur  de  la  Sorbonne,  était  donc  dans  le  vrai,  lors- 
qu'on 1875  (1)  il  plaçait  ces  grès  à  la  partie  supérieure  du  Saotonien, 
immédiatement  au-dessous  delà  zone  à  Bélemuitelles.  Les  récentes 
recherches  de  M.  Fallot  dans  la  Drome  et  mes  propres  observations 
me  permettent  de  confirmer  aujourd'hui  cette  opinion,  tout  en 
apportant  à  cette  partie  de  la  craie  un  terme  de  comparaison  de 
plus  et  en  me  fournissant  une  nouvelle  preuve  en  faveur  du  synchro- 
nisme que  j'ai  établi  en  1882  (2)  entre  les  divers  bassins  crétacés 


Au  sujet  d'une  note  de  M.  de  Lacvivier  sur   l'étude  comparative  des 
terrain»  crétacés  de  t'Ariége  et  de  l'Aude, 

Par  M.  A.  Toucas. 

Dans  son  élude  comparative  des  terrains  crétacés  de  l'Ariège  et  de 
l'Aude,  M.  de  Lacvivier  (3)  donne  une  coupe  des  environs  de  Sou  - 
graigne,  dans  le  but  de  combler  certaines  lacunes  qu'il  aurait  recon- 
nues dans  une  de  mes  coupes  publiées  en  1879  ;  or,  il  est  facile  de 
constater  que  la  coupe  de  mon  savant  confrère  est  loin  d'être  aussi 
complèle  qu'une  coupe  (1)  de  détail  que  j'ai  eu  l'honneur  de  pré- 
senter à  la  Société  en  1881. 

D'ailleurs,  M.  de  Lacvivier  m'écrit  qu'il  regrette  de  ne  pas  avoir  lu 
avec  assez  d'attention  mes  noies  de  1881  et  de  1882,  et  il  reconnaît 
lui-même  que  ma  seconde  coupe  esl  beaucoup  plus  complète  que  la 
sienne. 

J'attache  une  certaine  importance  à  cette  petite  rectification  parce 
quelacoupedeSougraigncest  une  des  coupes  les  plus  nettes  qui  aient 
été  publiées  jusqu'à  ce  jour,  surtout  au  point  de  vue  des  relations  qui 
existent  entre  les  dépôts  de  iludistes  et  les  différentes  assises  de  la 
craie.  C'est,  en  effet,  cette  coupe  qui  m'a  permis  de  fixer  d'une  ma- 
nière définitive  l'âge  des  calcaires  à  Hippurites  dilatatus  el  Ilipp.  ùio- 
culatus  des  Corbières. 

Sauf  celle  petite  rectification,  la  note  de  M.  de  Lacvivier  n'en  est 
pas  moins  intéressante;  elle  montre  que  le  parallélisme,  que  je  pro- 

(1)  Bull.  Soc.  Qêol.,  »•  série,  U  111,  j>.  585. 
(S)  Bull.  Soc.r,éol..3'3êrie,  t.  X,  p.  154. 

(3)  Bull.  Suc.  Géol.,  3*  série.  I.  XIV,  p.  «37. 

(4)  Bull.  Soc.  Giot.  3=  série,  t.  IX,  p.  385. 


1886.  BARON.   —  CRÉTACÉ   INFÉRIEUR   DBS  ALPES-MARITIMES.  153 

posais  en  1882  (1)  entre  les  niveaux  à  Hippurites  des  deux  régions, 
est  maintenant  bien  établi  grâce  aux  découvertes  de  mon  savant 
confrère  dans  l'Ariège. 

Enfin,  les  nouvelles  observations  de  M.  de  Lacvivier  permettent, 
aujourd'hui,  d'indiquer  plus  exactement  le  niveau  qu'occupent  les 
grès  de  Celles  dans  la  craie  supérieure.  Ces  grès,  situés  au-dessus  des 
marnes  à  Inoceramus  digitatus,  sont  parallèles  à  la  partie  inférieure 
des  grès  de  Sougraigne,  de  sorte  que  les  bancs  du  deuxième  niveau  à 
Hippurites  se  trouvent  alors,  dans  les  deux  régions,  intercalés  au  mi- 
lieu d'une  formation  absolument  identique.  On  peut  donc  dire  que 
les  grès  de  Celles  sont  synchroniques  des  grès  à  Oslrea  proboscidea 
du  Beausset  et  par  conséquent  des  grès  à  Ceratites  de  Dieulefit. 

M.  Baron  rend  compte  du  résultat  des  recherches  qu'il  a  entre- 
prises dans  le  terrain  crétacé  inférieur  et  moyen  des  Alpes-Maritimes  (2). 

A  Coursegoule,  au  pied  du  massif  du  Cheiron ,  un  petit  bassin 
crétacé  montre  une  série  assez  complète  du  Néocomien.  Celui-ci 
débute  par  des  marnes  à  Echinospatagus  et  continue  par  une  série  de 
bancs  glauconieux,  marneux  ou  calcaires,  où  l'on  distingue  les  ni- 
veaux à  Ammonites  radiatus  et  Toxoceras  elegans,  à  Belemnites  dilatât  us 
et  pistilliformis,  pute  à  Ammonites  charrierianus  et  autres  espèces  du 
Barrêmien.  La  coupe  se  termine  par  des  marnes  avec  Rhynchonella 
cf.  gibbsiana  qui  paraissent  représenter  l'Aptien. 

A  Saint-Laurent-de-l'Escarène,  M.  Baron  a  relevé  la  succession  des 
couches  constituant  le  Crétacé  inférieur  et  moyen.  îl  conclut  de 
l'étude  comparative  de  ces  deux  localités  avec  celle  d'Eza,déjà  visitée 
par  plusieurs  de  nos  collègues,  et  d'où  il  a  rapporté  d'assez  nom- 
breux matériaux,  que  le  banc  fossilifère  d'Eza,  attribué  jusqu'ici  à 
l'étage  du  Gault,  doit  être  considéré  comme  formé  par  le  banc  supé- 
rieur du  Barrêmien  en  partie  remanié  par  l'Aptien;  d'où  est  résulté 
le  mélange  d'un  certain  nombre  d'espèces  appartenant  à  ces  deux 
étages.  Le  banc  de  rognons  phosphatés  qui  recouvre  le  précédent  con- 
tientun  grand  nombre  d'espèces  caractéristiques  du  Gault  :  Ammonites 
mamillariSy  Lyelli,  inflatus,  latidoîvatus,  etc.  11  est  lui-môme  recouvert 
par  des  marnes  avec  Inocérames  et  autres  espèces  du  Cénomanien. 

M.  Baron  se  propose  de  donner  plus  tard  une  liste  rigoureuse- 
ment revisée  des  espèces  contenues  dans  le  banc  à  Ammonites  char- 
rieriamis, 

(])  Bull.  Soc.  G*>ol.,  3»  série,  t.  X,  p.   \$i. 

(?)  La  note  de  M.  Baron  n'étant  pas  parvenue  au  secrétariat  au  moment  de 
l'impression  du  Bulletin,  sera  insérée  à  la  suite  d'une  séance  ultérieure. 


154  CBOFFAT.    —   FOSSILES  DE   LA    PROVINCE   1)' ANGOLA.  20   déc. 

Le  Secrétaire  dépose  sur  le  bureau  la  communication  suivante  de 


Note  préliminaire  sur  des  fossiles  recueillis  par  M.  Lourenço 
Alalkeiro,  dans  la  province  d'Angola, 

Par  M.  Paul  Choiiat. 

En  4882,  M.  L.  Malbeîro,  ingénieur  des  mines,  chargé  de  l'élude 
des  gisements  de  soufre  et  de  malachite  de  la  province  d'Angola,  pro- 
fita de  son  séjour  dans  cette  contrée  pour  y  étudier  les  terrains  sédi- 
mentaires  et  y  collectionner  un  assez  grand  nombre  de  fossiles. 
Puis,  ses  occupations  l'ayant  empêché  d'étudier  ces  matériaux,  il 
me  les  envoya  il  y  a  quelques  mois,  a  la  veille  d'une  absence  pro- 
longée. Il  m'autorisa  à  en  tirer  le  parti  que  je  pourrais,  mais  n'eut  pas 
le  temps  de  me  donner  des  renseignements  sur  les  gisements  res- 
pectifs de  ces  fossiles. 

Dans  une  conférence  faite,  l'hiver  dernier,  à  la  Société  des  Ingé- 
nieurs civils  de  Lisbonne,  M.  Malheiro  dessina  des  profils  et  un  cro- 
quis de  carte  géologique  du  district  de  Benguella,  faisant  voir  que  les 
gneiss  qui  limitent  vers  l'Est  les  terrains  sédimentaires  sont  recou- 
verts par  des  grès  rouges,  comprenant  des  dépots  peu  importants  de 
gypse,  de  soufre  et  de  malachite.  Ces  grès,  dont  on  ne  connaît  pour 
le  moment  aucun  fossile,  sont  à  leur  tour  recouverts  par  une  alter- 
nance de  calcaires,  de  grès  et  de  marnes  fossili  fores  qui  renfermaient 
les  matériaux  que  j'ai  étudiés;  ils  représentent  plus  de  cent  espèces 
indiquant  le  Crétacique  et  le  Tertiaire. 

Le  Crétacique  provient  de  deux  localités,  Calumbella,  au  Nord  de 


1886.  CBOFFAT.    —   FOSSILKS    DK   LA    PROVINCE   D'ANGOLA.  155 

Mollusques,  et  j'ai  communiqué  les  Oursins  à  M.  de  Loriol  qui  a  re- 
connu que  toutes  les  espèces  sont  nouvelles. 

Les  fossiles  que  M.  Malheiro  m'a  indiqués  comme  formant  la  base 
des  strates  fossilifères,  paraissent  provenir  de  marnes  calcaires  blan- 
châtres à  faune  presque  entièrement  composée  de  Gastropodes  et  de 
Lamellibranches  de  petite  taille.  Cette  faune  ne  contient  qu'un  seul 
Céphalopode,  Acanlhoceras  mamillare  (Schlotheim),  qui  suffit  à  leur 
assigner  Y  Age  albien.  Les  Gastropodes  appartiennent  principalement 
aux  Opisthobranches ;  je  citerai  en  outre  un  Nalica  ayant  les  plus 
grands  rapports  avec  IVatica  bulbiformis  (Sow.),  et  un  Glauconia  voi- 
sin de  Glauconia  Kefersteini  (Goidf.).  Parmi  les  Lamellibranches,  les 
plus  caractéristiques  sont  un  Pholadomya  de  petite  taille,  ressemblant 
à  un  Pleuromya,  un  Pinna  et  un  Janira.  Deux  Oursins  appartenant 
aux  genres  Salenia  et  Pygurus  sont  aussi  assez  fréquents. 

A  en  juger  par  un  ou  deux  fossiles  communs,  cette  assise  serait 
recouverte  par  des  marnes  gréseuses,  jaune-verdâtre,  contenant 
principalement  des  Bryozaires,  des  Polypiers  et  quelques  Foramini- 
fères. 

Plus  haut  viendraient  des  strates  crayeuses  contenant  de  nombreux 
Schlœnbachia,  parmi  lesquels  Schlœnbachia  inflata  (Sow.)t  et  Schlœn- 
bachia  Lenzi  et  elobiensis  (Szajnocha).  Je  citerai  en  outre  Hoplites  dis- 
par  (d'Orb.),  deux  Puzosia,  dont  l'un  se  rapproche  de  Puzosia  difficilis 
(d'Orb.),  des  Hamiles  et  des  Anisoceras  indéterminables,  des  Gastro- 
podes, des  Lamellibranches  parmi  lesquels  Ostrea  vesiculosa  (Sow.), 
et  enfin  quelques  Oursins  :  lsaster,  Epiaster  et  Holaster. 

Viendraient  ensuite  des  calcaires  oolithiques  à  Polypiers  roulés,  avec 
iïerinea,  Ceritkium,  un  Acteonella  plus  globuleux  que  toutes  les  es- 
pèces décrites  jusquià  ce  jour  et  des  fragments  d'un  grand  bivalve 
rappelant  le  genre  Pachyrisma. 

Le  Crétacique  se  terminerait  par  un  grès  pauvrement  représenté 
dans  cette  collection;  j'y  ai  distingué  les  genres  Cerithium,  Cardium, 
Cyprina,  ftoudairia,  Cardinia,  Janira  et  les  Ostrea  Baylei  (Guer.)  et 
olisiponensis  (Sharpe).  Cette  dernière  espèce  paraît  bien  identique  aux 
échantillons  des  environs  de  Lisbonne  qui  occupent  le  Carentonien. 
La  forme  algérienne,  qui  me  paraît  avoir  été  attribuée  à  tort  à  Y  Ostrea 
olisiponensis,  est  du  reste  aussi  du  môme  âge. 

Ce  n'est  qu'en  1882,  que  la  carte  géologique  du  Dr  Oscar  Lenz  (1) 
fit  connaître  la  présence  du  Crétacique  au  bord  de  l'Océan,  depuis  le 
3e  degré  de  latitude  Nord  au  18e  degré  de  latitude  Sud,  et  c'est  en 

(i)  Dr  Oscar  Lenz,  Geologische  Kartf  von  Wesl-Africa,  nach  seinen  in  den  Jah- 
ren  1874-77  und  1879-81  uuternommenen  Rcisen  entworfen.  1  :  2  500  000.  —  Pe- 
termann's  Mittheilungen.  Vol.  28,  i,r  cahier,  1882. 


136 


■    FOSSILES    DE    LA    PROVINCE    d' ANGOLA.  20   déc. 


1884  que  M.  Szajnocha(l)  décrivit  trois  Céphalopodes  rapportés  par 
le  D'  Lenz,  les  Schlambachia  inflata,  Lenzi  et  Elobiemis  des  Iles  Elobi, 
et  mentionna  la  présence  de  la  première  de  ces  espèces  dans  le  Great- 
Fish-Bay  {%,  au  sud  de  Mossamedes. 

Les  récoltes  de  M.  Malheiro  augmentent  donc  considérablement 
nos  connaissances  sur  cette  contrée  ;  elles  nous  font  voir  les  étages 
albien  et  cénomanien  présentant  des  analogies  avec  ceux  de  l'Europe, 
et  de  plus  séparés,  comme  en  Europe,  par  l'assise  à  Schlœnbachia  in- 
flata ou  Vraconnien  de  H.  Renevier,  qui  est  rattaché  par  les  uns  au 
Cénomanien,  tandis  que  d'autres  en  font  la  partie  supérieure  de  l'Ai  - 
bien. 

D'après  M.  Szajnocha,  Schlœnbachia  inflata  et  ses  mutations  se- 
raient presque  les  seuls  fossiles  que  le  Dr  Lenz  aurait  rapportés  du 
Crétacique  de  cette  partie  de  l'Afrique,  ce  qui  nous  montre  le  rôle 
prépondérant  que  cette  assise  y  joue. 

Les  récoltes  de  H.  Malheiro  se  rapportant  au  Tertaise  se  compo- 
sent de  molasse  jaunâtre,  contenant  de  grands  moules  de  Lamelli- 
branches :  Cardium,  du  groupe  de  Cardium  hians  (Brocc),  Tapes, 
Venus,  Pectunculus,  qui  proviennent  de  Loanda,  localité  où  le  D' Lenz 
indique  du  m  Tertiaire  plus  récent  que  l'Eoccne  ». 

Dombe-Grande  a  fourni  un  échantillon  de  molasse  marine  avec 
Pseudoliva  et  Calyptraea  et,  en  outre,  un  calcaire  oolithique  dur, 
contenant  un  Strombus  et  quelques  Lamellibranches  qui  ont  plutôt 
l'aspect  tertiaire  que  crétacique. 

A  ce  sujet,  je  ferai  remarquer  que  la  bande  de  Tertiaire  indiquée 
par  M.  Lenz  au  bord  de  l'Océan,  s'arrête  bien  au  nord  de  Dombe- 
Grande,  tandis  que  M.  Ancbieta  [3)  dit  que  le  Tertiaire  de  Benguella 


1886.  RUTOT   BT  YAN    DEN   BROECK.    —   TUFEAD   DE   CIPLY.  157 

province  d'Angola.  Ces  fossiles  portent  l'indication  de  Cabo-Negro, 
promontoire  situé  à  environ  50  kilomètres  au  Sud  de  Massamedes. 

Le  secrétaire  présente  la  note  suivante  de  MM.  Rutot  et  Van  den 
Broeck. 

Documents  nouveaux  sur  la  base  du  terrain  tertiaire  en  Bel- 
gique et  sur  Page  du  Tuf  eau  de  Ciply  par  MM.  Rutot  et 
Van  den  Broeck. 

La  région  des  environs  de  Mons,  dans  la  province  de  Hainaut, 
représente  l'un  des  points  les  plus  favorables  de  l'Europe  pour  l'étude 
de  la  question  des  relations  du  terrain  crétacé  avec  le  terrain  ter- 
tiaire. Les  faunes  des  horizons  de  contact  ou  de  passage  sont  riches, 
d'origine  marine  et  en  partie  pourvues  d'apports  continentaux. 

Jusqu'ici  on  a  toujours  considéré  comme  d'âge  crétacé  supérieur 
et  comme  correspondant  au  Maestrichtien  du  Limbourg  une  forma- 
tion qui  repose  en  discordance  très  accentuée  sur  les  diverses  assises 
sénoniennes  delà  craie  du  Hainaut  et  que  d'Omalius  a  désignée  en 
4862  sous  le  nom  de  Tufeau  de  Ciply.  Le  conglomérat  caillouteux  et 
fossilifère  de  la  base  de  cet  horizon  a  été  décrit,  quelques  années 
plus  tard,  par  MM.  Cornet  et  Briart,  sous  le  nom  de  Poudingue  de  la 
Malogne. 

D'après  les  diverses  listes  de  fossiles  publiées  jusqu'ici  sur  la  faune 
de  ces  deux  termes,  le  caractère  nettement  crétacé  de  cet  horizon  ne 
paraissait  soulever  aucun  doute. 

Tout  le  monde  sait  qu'il  existe  encore  aux  environs  de  Mons  une 
épaisse  formation  de  calcaire  grossier,  signalée  il  y  a  vingt  ans  par 
MM.  Cornet  et  Briart  comme  se  trouvant  en  dessous  de  la  série 
connue  de  nos  étages  éocènes.  C'est  le  Calcaire  de  Mons,  dépôt  qui 
renferme  une  faune  presque  entièrement  spéciale  et  nouvelle  pour  la 
science.  On  peut  évaluer  à  plus  de  400  le  nombre  d'espèces  d'animaux 
invertébrés  qui  y  ont  été  rencontrés,  parmi  lesquels  plus  de  300  co- 
quilles marines,  et  une  cinquantaine  d'espèces  fluviatiles  et  terrestres. 

Une  partie  des  Gastropodes  marins  seulement  a  été  décrite  par 
MM.  Cornet  et  Briart,  qui  ont  fait  admettre  le  caractère  éocène  de  cette 
faune  et  fait  considérer  le  calcaire  de  Mons  comme  le  premier  étage 
de  la  série  tertiaire  belge. 

Jamais  jusqu'ici  la  base  de  cette  formation,  ni  son  contact  sur  des 
dépôts  antérieurs,  n'ont  pu  être  directement  observés  dans  les  nom- 
breuses coupes  et  tranchées  de  la  région  de  Mons. 

Un  faciès  argileux  d'eau  douce,  contenant  de  petites  Physes,  a  été 


158  RUTOT   ET    VAN   DBN    BHOECK.   —  TUFEAU    DE   CIPL7.  20  déc. 

rattaché  ensuite  au  Calcaire  de  Mous,  sur  lequel  celte  argile,  assez 
localisée,  repose. 

Un  autre  niveau,  peu  défini  jusqu'ici,  a  encore  été  signalé  par 
MM.  Cornet  et  Briart  comme  représentant  un  horizon  inférieur  du 
Calcaire  de  Mons.  Ce  niveau,  caractérisé  surtout  par  de  très  grands 
Cérithes,  constitue  le  Calcaire  grossier  de  Cuesmes  de  MM.  Cornet  et 
Briart.  Aucun  renseignement  n'a  été  publié  sur  la  base  de  cette 
formation,  dont  l'existence  toutefois  faisait  implicitement  descendre 
d'un  échelon  la  base  du  terrain  tertiaire  en  Belgique. 

Tel  était  l'état  de  la  question  lorsque  nos  travaux  pour  le  service 
de  la  carte  géologique  nous  fournirent  l'occasion  de  visiter,  en  de 
nombreux  points  des  environs  de  Mons,  les  diverses  coupes  et  car- 
rières montrant  le  Tufeau  de  Ciply  et  les  formations  encaissantes. 
Nous  eûmes  alors  le  bonheur  de  découvrir,  en  plusieurs  points  de  la 
base  du  Tufeau  de  Ciply,  l'existence  d'une  riche  faune  malacologique, 
qui  avait  jusqu'alors  échappé  à  l'observation.  11  est  vrai  que  cette 
faune  était  uniquement  représentée  par  de  nombreuses  empreintes, 
fort  nettes  heureusement,  de  Gastropodes  et  de  Lamellibranches  très 
variés.  C'est  au  moyen  des  moulages  fournis  par  ces  empreintes  que 
les  caractères  spécifiques  purent  être  étudiés  avec  fruit  et  précision. 
Des  milliers  d'échantillons  ont  pu  être  réunis  par  nous  et  classés  de 
cette  manière. 

Or  la  première  impression  qui  se  dégagea  de  celte  étude  fut  que  la 
faune  malacologique  du  Tufeau  de  Ciply,  ou  du  moins  de  sa  base, 
ne  présentait  aucun  des  caractères  d'une  faune  crétacée.  Non  seule- 
ment le  groupement  des  formes  génériques  était  celui  qui  caractérise 
les  terrains  tertiaires  mais,  à  première  vue,  de  nombreuses  espèces 
s'identifiaient  avec  celles  décrites,  ou  encore  inédites,  du  Calcaire  de 
Mons. 

Les  éléments  de  cette  faune  intéressante  se  retrouvèrent  ensuite 
dans  divers  points  de  la  masse  du  Tufeau,  généralement  peu  fossi- 
lifère au  point  de  vue  malacologique,  mais  que  nous  explorâmes  par- 
tout avec  grand  soin. 

La  récolte  et  l'examen  minutieux  des  milliers  d'empreinles  que 
nous  recueillîmes,  tant  en  trois  points  favorables  de  la  base  du  tufeau 
qu'eu  une  dizaine  de  points  de  la  masse  du  Tufeau  lui-même,  nous  ont 
procuré  environ  150  espèces  de  Mollusques,  dont  actuellement  une 
quarantaine  se  reconnaissent  :iisément  comme  appartenant  aussi  à 
la  faune  du  Calcaire  de  Mons. 

Dans  les  premiers  moments  de  cette  découverte  el  guidés  encore 

par  des  considérations  stratigraphiques  diverses,  ne  supposant  pas 

lleurs  que  l'on  put  mettre  en  doute  l'âge  tertiaire  du  Calcaire  ( 


1886.  RUTOT  ET   VAN  DfiN   BROECK.   —   TUFEAU  DE   C1PLY.  159 

Mous,  nous  conclûmes  que  le  Tufeau  de  Ciply,  qui  se  montrait  si 
intimement  lié  à  celui-ci,  devait  définitivement  passer  dans  la  série 
tertiaire  et  que  son  conglomérat  initial,  en  discordance  si  accentuée 
sur  les  assises  crétacées  sénoniennes,  devait  représenter  la  base  du 
terrain  tertiaire  (1). 

Aujourd'hui,  cela  nous  parait  encore  fort  probable,  mais  il  faut  bien 
reconnaître  que  la  question  doit  se  poser  autrement  à  cause  du  doute 
qui  commence  à  s'élever  par  le  fait  même  des  affinités  signalées 
sur  l'âge  tertiaire  du  Calcaire  de  Mons  et  aussi  à  cause  du  caractère 
exclusivement  crétacé  des  microzoaires  du  Tufeau  de  Ciply,  notam- 
ment des  Bryozoaires  de  ce  dépôt,  qui,  au  nombre  d'une  quarantaine 
au  moins,  ne  diffèrent  en  rien  de  ceux  du  Maestrichtien. 

Afin  d'aborder  pratiquement  la  question,  pour  en  dégager  succes- 
sivement les  diverses  inconnues,  nous  avoos  entrepris  l'étude 
détaillée  et  régionale  des  quelques  localités  des  environs  de  Mons  où 
se  montre  au  jour  le  Tufeau  de  Ciply  et  les  dépôts  de  l'étage  mon- 
tien.  Ce  sont  les  faits  observés  par  nous  qui  forment  l'objet  d'une 
série  de  mémoires  que  nous  venons  de  présenter  à  la  Société  géolo- 
gique de  Belgique  et  dont  nous  avons  eu  l'honneur  d'offrir  à  la  Société 
géologique  de  France  un  exemplaire  qui  les  réunit  tous  sous  le 
titre  :  Observations  sur  le  Tufeau  de  Ciply  et  sur  le  Crétacé  supérieur  du 
Hainaut.  Ce  travail,  accompagné  de  30  coupes  et  figures,  comprend 
huit  études  régionales  distinctes,  consacrées  presque  exclusivement 
à  la  connaissance  des  faits  stratigraphiques  utiles  pour  la  résolution 
du  problème  en  litige. 

Plutôt  que  d'exposer  successivement  ces  données  nous  en  résume- 
rons les  résultats  principaux  : 

1°  Les  dépôts  rattachés  jusqu'ici  au  Tufeau  de  Ciply  appartiennent 
en  réalité  à  deux  horizons  bien  distincts  à  tous  égards  ;  ce  qui  expli- 
que l'idée  fausse  que  l'on  se  faisait  généralement  de  la  valeur  chro- 
nologique du  Tufeau  de  Ciply. 

L'an  de  ces  horizons,  auquel  nous  appliquons  la  dénomination  de 
Tufeau  de  Saint-Symphorien,  d'après  le  nom  de  la  localité  où  il  est  le 
mieux  représenté,  contient  une  faune  crétacée  bien  caractérisée, 
qui  le  fait  à  première  vue  se  rattacher  au  Maestrichtien  du  Limbourg. 

Les  BélemniteSy  Daculites  et  particulièrement  le  Thecidium  papilla- 
tum  sont  extrêmement  abondants  dans  ce  dépôt,  qui  n'avait  jamais 
été  distingué  du  Tufeau  de  Ciply. 

L'autre  horizon,  qui  est  le  Tufeau  de  Ciply  type,  est  certainement 


(1)  Voir  Annalet  Soc.  Roy.  Malacologxque  de  Belgique,  t.  XX,  1885.  Bull,  des  séances, 
Séances  d'octobre,  de  novembre  et  de  décembre  18S5. 


160  RUTOT   ET    VAN  CBN   BROECK. — TUFBAU   DB    C1PLÏ.  30   déc. 

postérieur  au  précédent,  bien  qu'aucun  cas  de  superposition  directe 
n'ait  pu  être  signalé  par  personne  jusqu'à  présent.  Ce  dépôt,  dont 
l'épaisseur  est  assez  grande,  contient  quelques  éléments  manifeste- 
ment remaniés  provenant  de  divers  substratums  crétacés  et  qui  se 
trouvent  surtout  localisés  dans  le  cailloutis  fossilifère  de  la  base; 
mais  il  contient,  surtout,  une  faune  riche  et  variée,  méconnue  jus- 
qu'ici et  dont  les  éléments  constitutifs  sont  fournis  : 

A,  par  quelques  débris  de  poissons  paraissant  peu  caractéristi- 
ques ; 

B,  par  une  nombreuse  série  de  Gastropodes,  en  partie  nouveaux 
pour  la  science,  en  partie  représentés  dans  le  Calcaire  de  Mons. 
(Turritella  monteuse  Br.  et  C.  et  Ceritkium  montense  Br.  et  C.  s'obser- 
vent souvent  par  milliers  d'échantillons  à  la  base  du  Tufeau)  ; 

C,  par  de  nombreux  Lamellibranches  en  partie  nouveaux  et  en 
grande  partie  communs  au  Tufeau  et  au  Calcaire  de  Mons  ; 

D,  par  quelques  rares  Brachiopodes  de  petite  taille  (Thécidées, 
Crames,  Argiopes,  Thérêbratulines),  connues  dans  le  Crétacé  supérieur  ; 

E,  par  quelques  Echinodermes,  dont  certains  se  retrouvent  dans  le 
Calcaire  de  Mons  ; 

F,  par  au  moins  une  quarantaine  d'espèces  de  Bryozoaires,  géné- 
ralement abondants  dans  le  Maestricbtien  ; 

G,  par  an  groupe  spécial  de  Foraminifères  encore  non  étudiés  mais 
où  manquent  positivement  les  genres  caractéristiques  du  Maestrich- 
tien  supérieur  [Orbitoïdes,  Orbitolites,  Amphistégines,  Calcarines,  etc.  ; 

H,  par  quelques  Polypiers  encore  non  étudiés,  par  des  Entomos- 
tracés,  etc. 
On  constate,  par  ces  indications,  que  suivant  te  groupe  zoologique 


1886.  RUTOT  ET  VAN  DBN   BROECK.    —  TUFBAU  DE   C1PLT.  !6l 

entre  l'horizon  supérieur  (Calcaire  de  Mons  type)  et  l'horizon  infé- 
rieur (Tufeau  de  Ciply  type)  du  groupe  étudié,  il  n'est  pas  douteux 
que  ces  deux  termes  doivent  constituer,  avec  l'horizon  intermédiaire 
à  grands  Cérithes,  un  seul  et  même  étage  géologique. 

3°  La  question  qui  se  pose  actuellement  est  donc  celle-ci.  Les  rela- 
tions stratigraphiques  d'une  part  et  les  affinités  fauniques  d'autre 
part  ne  permettant  plus,  dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances, 
d'admettre  une  ligne  de  démarcation  de  quelque  importance  entre  les 
trois  termes  :  Tufeau  de  Ciply,  Calcaire  à  grands  Cérithes  et  Calcaire 
de  Mons,  où  convient-il  de  placer  dans  la  série  des  terrains  belges  la 
base  du  terrain  tertiaire  ?  Est-ce  au  niveau  du  puissant  conglomérat 
par  lequel  commence,  en  discordance  sur  diverses  assises  sénon- 
niennes,  le  Tufeau  de  Ciply  ou  bien  est-ce  au-dessus  du  Calcaire  de 
Mons,  c'est-à-dire  au  niveau  séparant  celui-ci  de  l'étage  heersien? 

La  réponse  à  cette  question  pourra  varier  suivant  l'interprétation 
que  Ton  donnera  aux  termes:  Crétacé  et  Tertiaire,  suivant  que  l'on 
prendra  la  paléontologie  ou  la  stratigraphie  régionale  pour  guide, 
suivant  enfin  les  progrès  ultérieurs  de    nos  connaissances  sur  la 
faune  des  termes  en  litige  et  aussi  de  ceux  entre  lesquels  ils  sont 
chronologiquement  compris.  Mais,  quoi  qu'il  en  soit  de  ces  diverses 
données,  que  nous  comptons  aborder  et  approfondir  successivement, 
il  nous  paraît  que  le  résultat  actuellement  acquis  :  savoir  l'impossi- 
bilité d'introduire  la  base  du  terrain  tertiaire  au  sein  du  groupe 
homogène    qui    sépare  le  Tufeau   crétacé    de  Saint-Symphorien 
£e  l'étage    éocène   heersien,  constitue  un  progrès  sérieux   dans 
l'avancement  de  la  science  et  c'est  pourquoi  nous  avons  cru  utile  de 
porter  les  considérations  qui  précédente  la  connaissance  de  nos  col- 
lègues de  la  Société  géologique  de  France. 

Au  moment  où,  sous  forme  d'épreuve,  ces  lignes  nous  repassent 
sous  les  yeux,  nous  venons  d'apprendre  la  perte  que  vient  de  faire  la 
Géologie  belge  en  la  personne  de  notre  estimé  confrère  M.  F.-L. 
Cornet. 

Nous  ne  voulons  pas  laisser  sous  silence  cette  douloureuse  circons- 
tance sans  exprimer  nos  sentiments  de  sympathique  regret  pour 
le  géologue  dont  les  travaux  bien  connus  ont  avancé  considérable- 
ment nos  connaissances  sur  la  constitution  du  sol  des  régions  ayant 
fourni  l'objet  de  la  présente  notice. 

Si  nos  recherches  nous  ont  rapidement  conduits  à  des  résultats 

nouveaux  et  de  quelque  intérêt,  nous   le  devons  en  partie,  nous 

nous  plaisons   à  le    reconnaître,  à  l'état  avancé  d'élaboration   où 

M.  Cornet,  de  concert  avec  un  ami  M.  A.  Briart,   était  parvenu  à 

amener  l'étude  de  la  région  des  environs  de  Mons. 

XV.  il. 


162  l'abbé  bourgeat. — jubassiqus  supéhieur  du  jura.     20  die. 

Nous  avions  espéré  soumettre  publiquement  à  la  critique  de 
M.  Cornet  les  questions  stratigraphiqnes  abordées  par  nous  et  où  ses 
connaissances  eussent  pu  apporter  des  lumières  précieuses.  En  pré- 
sence  de  la  perte  prématurée  que  vient  de  faire  la  Géologie  belge, 
nous  devons  nous  résignera  redoubler  de  prudence  dans  l'exposé 
des  conclusions  de  nos  études,  privés  désormais,  soit  des  critiqnes 
éclairées,  soit  de  la  sanction  de  notre  regretté  confrère. 

Le  secrétaire  dépose  sur  le  bureau  la  note  suivante  de  M.  l'abbé 
Bourgeat  : 

Considérations  sommaires  sur  la  position  des  rognons  siliceux  du  Juras- 
eique  supérieur  dam  le  Jura  méridional  et  sur  les  con- 
séquences qui  en  découlent, 

Par  l'abbé  Bourgeat. 

Lorsqu'après  avoir  observé  les  formations  jurassiques  supérieures 
dans  la  partie  méridionale  du  Jura,  on  veut  en  poursuivre  l'étude  du 
coté  des  Alpes  par  delà  la  profonde  coupure  de  Culoz  à  Ambérieux, 
on  est  immédiatement* frappé  de  l'appauvrissement  sensible  que  pré- 
sente alors  la  faune  et  du  peu  de  données  précises  qu'on  en  peut 
tirer  pour  la  distinction  des  étages.  Quelques  PLérocères  et  quelques 
Natices,  une  petite  couche  à  Ostrea  et  des  traces  plus  ou  moins  déter- 
minâmes dé  Nêrinées  y  constituent  jusqu'à  ce  jour  toute  la  richesse 
fossilifère  du  Portlandien.  Le  Virguiien  n'y  est  guère  mieux  partagé, 
car,  si  l'on  y  a  trouvé  quelques  nTOeurements  tels  que  ceux  d'Orba- 
gnoux  et  d'Armaille  qui  renferment  les  débris  d'une  Ostrea  voisine 


1886.     l'abbé  bodbgeat.  —  jurassique  supérieur  du  juba.  163 

mois  d'août  1885  la  Société  géologique  a  pu  visiter  plusieurs  de  ces 
affleurements  et  y  observer  les  silex  en  place. 

En  les  voyant  se  poursuivre  avec  une  si  remarquable  continuité  et 
se  maintenir  d'un  bout  à  l'autre  de  la  région  à  des  distances  relatives 
sensiblement  les  mômes  de  la  base  et  du  sommet  du  Jurassique  su- 
périeur, on  se  reporte  naturellement  aux  silex  des  couches  bajo- 
ciennes  du  Jura  ou  de  la  Craie  blanche  du  bassin  de  Paris.  Si  donc  ces 
derniers  ont  pu  servir  parfois  de  caractéristique  aux  terrains  qui  les 
renferment,  il  est  bien  permis  de  se  demander  si  ceux  de  la  Savoie  et 
duBugey  ne  pourraient  pas  à  défaut  de  fossiles  jouer  un  rôle  analo- 
gue. C'est  là  du  moins  la  question  que  je  m'étais  posée  et  que  se 
sont  faite  sans  doute  avant  moi,  ceux  des  observateurs  qui,  comme 
M.  Hollande  les  ont  fait  intervenir  dans  leurs  classifications.  Seu- 
lement pour  la  résoudre,  deux  choses  étaient  nécessaires.  Il  fallait 
d'abord  rechercher  ces  silex  dans  le  Jura  et  essayer  d'en  établir  le 
niveau  par  la  faune,  {mis  passer  aux  affleurements  de  même  faciès 
de  la  Savoie  pour  voir  si  on  le6  y  retrouve  encore  avec  les  mêmes 
types  organiques.  Or,  s'il  ne  paraissait  pas  difficile  de  retrouver  les 
rognons  vers  la  pointe  Sud  du  Jura,  puisqu'ils  se  montrent  sur  le  re- 
vers oriental  du  grand  Colombier  et  que  M.  Schardt  en  a  signalé 
comme  une  amorce  dans  les  calcaires  chailleux  qui  avoisinent  le 
fort  du  Risoux,  il  était  bien  à  craindre  que  les  conditions  de  leur 
découverte  fussent  telles  qu'il  devient  impossible  d'en  fixer  le  ni- 
veau; car  du  Risoux  au  Colombier,  on  se  trouve  précisément  dans  la 
partie  du  Jura  où  les  changements  de  faciès  compliquent  beaucoup  la 
distinction  des  étages. 

Heureusement,  il  n'en  a  pas  été  ainsi,  et  je  crois  pouvoir  annoncer 
que  mes  courses  de  l'automne  dernier  m'ont  fait  découvrir  ces  ro- 
gnons dans  des  .assises  où  il  est  facile  d'en  déterminer  l'âge,  grâce 
aux  connaissances   acquises  sur  l'oolithe  coralligène  du  ravin  de 
Yalfin. 

On  sait,  en  effet,  que  la  masse  principale  de  cette  oolithe  appar- 
tient à  l'étage  ptérocérien  de  Thurman,  et  qu'on  peut,  en  la  suivant 
pas  à  pas  vers  l'Ouest,  lavoir  se  diviser  en  indigitations  qui  finissent 
par  se  perdre  dans  les  marnes  à  Ptérocères.  La  même  méthode 
permet  aussi  de  la  poursuivre  du  côté  de  l'Est  et  d'étudier  les 
changements  qui  se  produisent  à  son  niveau  sans  perdre  ce  dernier 
de  vue. 

Si  l'on  procède  ainsi  et  qu'on  parte  du  ravin  même  de  Valfin  pour  se 
diriger  vers  le  col  de  la  Faucille,  on  rencontre  d'abord  en  amont  des  côtes 
de  Noire  Combe,  à  deux  pas  d'un  petit  chalet,  construit  près  du  che- 
min qui  se  rendà  Cinquêtral,  un  premier  affleurement  du  Corallien  de 


164 


L'ABBÉ   B0UR6BAT.  —  JUKASSIQUK    SUPÉRIEUR   DU  JURA.      20   déc. 


Valûn,  avec  la  môme  faune  qu'au  ravin  et  dans  des  conditions  tout  & 
fait  identiques.  11  D'y  est  pas  moins  uolithique.pas  moins  surmonté 
des  marnes  virguliennes,  pas  moins  riche  en  Polypiers  ;  mais  sa 
puissance  est  un  peu  moindre  et  on  peut  déjà  voir  quelques  bancs 
calcaires  en  envahir  les  assises  inférieures.  A  deux  kilomètres  et 
demi  plus  loin  se  montre  un  second  alfleurement,  celui  de  la  forêt 
du  Fresnois  qui  s'ouvre  jusqu'aux  marnes  grises  et  feuilletées  de  la 
xone  à  Ammonites  polyplocus.  Ces  marnes  étant  astartiennes,  les 
formations  qu'elles  supportent  immédiatement  ne  peuvent  être  que 
du  Ptérocien.  Et  de  fait,  ou  rencontre  encore  au-dessus  d'elles  le 
faciès  coralli  gène  de  Cinquètral  et  de  Valfln,  bien  reconnaissable  à  ses 
oolithes  blanches,  aux  types  de  Valfln  que  l'on  y  trouve  et  a  la  position 
qu'il  occupe  au-dessous  des  assises  les  plus  élevées  de  la  série  juras- 
sique; seulement  les  calcaires  compactes  de  la  base  que  nous  venons 
de  voir  apparaître  à  Cinquètral  y  acquièrent  plus  d'épaisseur  et  ten- 
dent à  y  étouffer  l'oolithe.  Par  contre,  quelques  noyaux  chailleux 
se  montrent  déjà  çà  et  là  à  travers  la  maigre  végétation  des  pâtu- 
rages. C'est  une  première  amorce  des  rognons  qui  rappelle  celle  que 
M.  Schardt  a  découverte  au  Risoux. 

A  deux  ou  trois  kilomètres  encore  plus  à  l'Est,  on  atteint  les 
maisons  dn  Haut-Cret,  oh  la  grande  rupture  de  voûte  qui  constitue 
la  combe  deTressus  a  mis  à  nu  le  Jurassique  supérieur  jusqu'à  l'Ox- 
fordien. 

Des  observations  faites  le  long  de  la  vieille  route  de  Gel,  combi- 
binées  à  celles  que  permettent  les  pâturages  voisins  y  donnent  la 
série  suivante  à  partir  de  l'Oxfordien. 


1886.     l'abbé  bodrgeat.  —  jurassique  supérieur  du  jura.  J65 

A  reprendre  cette  série  par  la  base,  on  voit  que  les  zones  1 ,  2  et  3 
ne  peuvent  que  représenter  le  Rauracien  et  l'Astartien.  Les  zones 
4  et  5  sont  alors  l'équivalent  du  Ptérocérien  dont  elles  conservent  le 
faciès  et  la  fatfne.  La  zone  4  serait  celle  des  calcaires  compactes  de 
la  base  et  5  celle  de  l'oolitbe  du  sommet  déjà  fortement  atteinte 
par  les  calcaires  plus  consistants.  Gomme  c'est  là  que  se  trouvent  les 
rares  rognons,  ceux-ci  ne  peuvent  donc  être  que  ptérocériens. 

Inutile  d'ajouter  que,  dans  cette  répartition  des  assises,  les  zones 
6  et  7  rappellent  le  Yirgulien  de  l'Ouest  avec  son  faciès  oolithique 
coralligène  et  sa  faune,  et  que  la  zone  8  présente  tous  les  caractères 
du  Portlandien  depuis  la  Nerinea  trinodosa  de  la  base  jusqu'aux  do- 
lomies  du  sommet. 

Poursuivant  toujours  la  marche  à  l'Est,  avec  une  légère  inclinai- 
son vers  le  Sud,  on  arrive  après  cinq  ou  six  kilomètres  de  marche  à 
travers  des  plissements  du  Jurassique  supérieur  et  du  Néocomien  à 
la  combe  de  la  Joux  qui  s'ouvre  à  nouveau  jusqu'à  l'Oxfordien.  De 
là,  court,  vers  Mijoux,  une  belle  route  qui  a  entaillé  fraîchement  les 
assises  et  laisse  voir  successivement  de  bas  en  haut  : 

l*  Des  marno-calcaire8  grumeleux  à  Cidaris  florigemma,  Waldheimin 

Moeschi,  Peclen  octoplicatus lôm. 

2»  Des  calcaires  suboolithiques  blancs  avec  rares  Dieeras   et  grosses 

Térébratules  brisées 25m. 

3*  Des  alternances  de  calcaire  et  de  marnes  feuilletées  avec  débris  d'Am- 
monites poh/plocus 32m. 

4*  Des  calcaires  compactes  gris  ou  blancs  parfois  oolithiques  avec  en- 
claves marneuses 2ôm. 

5*  Des  alternances  de  calcaires  compactes  et  de  couches  oolithiques  of- 
frant à  la  base  la  faune  de*  Val  fin  et  présentant  de  nombreux 
rognons  siliceux 55™. 

6*  Un  petit  lit  calcaréo-marneux  à   Ostrea im50. 

"e  Des  calcaires  compactes  sans  fossiles 8m. 

&•  Un  calcaire  oolithique  avec  les  petites  Térébratules  et  les  Dieeras  du 

niveau  Virgulien  du  Haut  Cret 22m. 

»•  Une  masse  de  calcaire  compacte  à  Nerinea  trinodosa    passant    vers 

son  sommet  à  une  dolomie  cristalline  jaunâtre 62m. 

Nul  doute  encore  ici  que  les  assises  des  numéros  1,  2  et  3  ne 
représentent  le  Rauracien  et  l'Astartien  et  que  celles  du  numéro 
9  ne  correspondent  au  Portlandien.  Resterait  alors  les  couches  des 
numéros  4,  5,  6,  7,  8,  pour  représenter  le  Ptérocérien  et  le  Virgu- 
lîen  réunis.  Mais  comme  celles  des  trois  derniers  groupes  avec  leur 
oolithe,  leur  calcaire  compacte  et  leur  lit  à  Ostrea  ne  peuvent  être 
envisagées  comme  virguliennes,  ce  seraient  les  numéros  4  et  5,  ou 
ks  niveaux  à  silex,  qui  seraient  ptérocériens  comme  l'indique  du 


166  L'ABBÉ   B00K4KAT.  —  JUIASSIQOe    BWÉRlEOlt   DU  JUBA.       20  d*C. 

reste  la  faune.  Seulement  ici  l'oolithe  monterait  plus  haut  qu'a  Val- 
lin  et  à  Viry  et  envahirait  la  masse  des  calcaires  compactes  qui, 
dans  ces  deux  localités,  séparent  le  Ptérocérien  des  assises  virga- 
liennes.  Par  contre  les  calcaires  compactes  apparus  a  Cinquetral,  au- 
dessous  de  celte  oolithe  se  couperaient  de  lits  marneux,  et,  passe- 
raient au  faciès  de  la  zone  à  Ammonites  polyptocus. 

Quelques  kilomètres  encore  de  route,  et  l'on  arrive  au  col  même 
de  la  Faucille  dont  la  distance  à  toI  d'oiseau  n'est  que  très  faible.  A 
ce  col,  on  rencontre  d'abord  une  cinquantaine  de  métrés  de  cal- 
caire compacte  qui  devient  faiblement  dotomitiqae  à  son  sommet 
et  qui  ne  peut  être  que  le  Portlandien,  dont  la  majeure  partie  se  ren- 
verse vers  la  combe  de  Mijous.  Puis  viennent  pins  de  100  mètres 
d'assises  coralligènes  oolitbiques  entrecoupées  de  bancs- compactes 
où  les  fossiles  sont  souvent  brisés  et  vers  la  base  desquels  les  silex, 
quoique  moins  abondants  qu'à  la  Joui  peuvent  se  découvrir  encore. 
Le  tout  repose  sur  des  alternances  de  calcaire  et  de  minces  lits 
de  marne  de  80  à  90  mètres  an  moins  de  développement  avec  Am- 
monites pofyplocus  et  autres  fossiles  de  cette  dernière  zone. 

Ici,  comme  on  le  voit,  le  Virgulien  et  le  Ptérocérien  sont  presque 
entièrement  oolitbiques,  mais  c'est  le  Virgulien  qui  parait  l'être  le 
plus,  car  c'est  près  du  Portlandien  que  les  bancs  compactes  sont  le 
moins  abondants  et  que  la  faune  coralligène  est  le  mieux  accusée. 

Il  est  encore  possible  cependant  de  retrouver  dans  les  assises  de  la 
base,  c'est-à-dire  au  contact  avec  les  silex  quelques  fossiles  qui 
accusent  les  niveaux  de  Valfln  ;  ce  sont  : 


hicera; 

<Mùnsl 

-rii  rcoirifj. 

Corl,i<rllam>Hvana  [Buvig). 

Hieiia 

vaban: 

tiana  (Zîll). 

Asldite  »«n«  (.le  Loi-.). 

Pt  ■■/!/,,!, 

itis  p/t 

■Uil'.i/ii-itiitrliliuttt  (iJetll.. 

Hhj/urhoiuUa  piiiguh  (Rieme 

Crypt» 

,,l„t.„< 

eon*»bri»iu  (ZiU). 

Tervbratttla  subsetla          kid.. 

dont  l'ensemble  place  encore  les  silex  dans  le  Plérocérien. 

On  peut  donc  regarder  comme  établi  que,  du  moins  dans  cette  par- 
tie du  Jura  leur  niveau  n'oscille  que  peu  et  qu'ils  n'y  sont  pas  moins 
réguliers  dans  leur  distribution  que  ceux  du  Hajocien. 

Pour  savoir  maintenant  s'il  en  est  de  même  du  cote"  de  Chambéry 
et  de  Belley,  les  recherches  doivent  porter  sur  ceux  des  affleurements 
qui  présentent  les  t-ilex  dans  des  conditions  analogues  à  celles  que 
nous  venons  d'étudier,  c'est-à-dire  en  contact  avec  des  oolithes  et 
ce  sont  heureusement  ces  affleurements  qui  sont  les  plus  communs. 

L'un  des  plus  proches  du  Jura  est  celui  du  grand  Colombier  déjà  visité 
par  M.  Hollande  qui  en  a  donné  la  coupe  en  détail.  Je  ne  puis  guère 


1886.     l'abbé  boubgkat.  —  jurassioub  supérieur  du  jura.         167 

ajouter  à  ce  qu'il  en  a  dit,  si  ce  n'est  qu'aux  fossiles  qu'il  y  a  trou- 
vés, des  recherches  prolongées  fuites  dans  les  escarpements  qui 
dominent  les  maisons  près  desquelles  ces  silex  se  montrent,  per- 
mettent d'ajouter  ;  le  Diceras  Mùnsterii,  des  débris  de  Cryptoplocus, 
Yltieria  cabonetiana  de  Val  Un  et  des  Térébratules  semblables  à  celles 
de  la  Faucille. 

Tient  après  cela  l'affleurement  du  mollard  de  Vions  ou  le  Diceras 
Mùnsterii  se  trouve  encore,  mais  en  fort  mauvais  état.  Les  Térébra- 
tules sont  en  retour  plus  nombreuses  et  mieux  conservées.  Quelques 
fragments  de  Gorbicelles  voisines  de  la  Corbicella  tnoreana  de  Y  alun 
complètent  la  série  et  indiquent  encore  suffisamment  qu'on  n'a  pas 
perdu  le  niveau  du  Jura. 

De  Chanaz,  je  ne  sais  rien  qui  puisse  s'ajouter  aux  observations 
de  notre  éminent  collègue  ;  mais  à  la  Cluse  de  la  Balme,  où  les 
rognons  sont  si  nombreux  dansl'ooliLhe,  on  peut  remarquer,  une  fois 
qu'on  a  franchi  le  pont  que  suit  la  route  de  Belley,  une  petite 
excavation  de  3  ou  4  mètres  d'assises  plus  désagrégées  où  l'on 
trouve  : 

Corbicella  moreana.  Polypiers. 

Astarte  desoriana.  Débris  (Xllieria. 

Terebratula  subsella.  Débris  de  Cryptoplocu$  . 

Un  peu  plus  bas,  les  recherches  que  nous  y  avons  faites,  M.  Bailiy 
de  Belly  et  moi,  nous  ont  fait  découvrir  les  Diceras  Mùnsterii,  tandis 
que  plus  haut  nous  avons  rencontré  YOstrea  solitaria  avec  une  Trigo- 
nie  tout  à  fait  semblable  à  celle  qui  est  la  plus  commune  à  Valfin. 

Si  à  ces  données  on  ajoute  que  soit  à  la  Balme  soit  à  Chanaz  soit 
au  mollard  de  Vions,  soit  enûn  sur  le  revers  du  Colombier,  ces 
couches  à  rognons  siliceux  ne  sont  que  fort  peu  distantes  des 
mamo-calcaires  à  Ammonites  polyplocus,  on  comprendra  qu'il  n'est 
pas  téméraire  de  les  rapporter  toutes  au  Ptérocérien ,  comme 
M.  Hollande  l'a  déjà  fait  dans  ses  aperçus  sur  le  Jurassique  supérieur 
de  la  Savoie. 

Mais  alors  il  s'en  dégage,  comme  première  conséquence,  que  toutes 
les  assises  de  schistes  et  de  calcaires  en  plaquettes  du  Bugey  ne  sont 
pas  toutes  virguliennes.  Que  les  plus  élevées  d'entre  elles  appartiennent 
à  cet  étage,  cela  ne  peut  souffrir  de  doute  puisque  l'Ostrea  que  l'on  y 
rencontre  est  très  voisine  de  YO.  virgula  et  qu'au-dessus  il  n'y  a  plus 
de  place  que  pour  un  Portlandien  réduit.  Mais  quiconque  a  visité  la 
station  d'Armaille  a  pu  voir  que  parmi  ces  couches,  celles  qui 
affleurent  au  couchant  du  petit  lac,  renferment  des  rognons  tout  à 


168  l'abbé  BOURGKAT.  — JURASSIQUE  SUPÈRIKUa  DO  JURA.     20  déc. 

fait  semblables  à  ceux  que  nous  venons  de  suivre  du  Hant  Cret  à  la 
Cluse  de  la  Balme  et  que  nous  savons  ptérocériens. 

Leur  ensemble  présente  du  reste  l'énorme  épaisseur  de  70  à 
80  mètres  qui  est  hors  de  proportion  avec  celle  du  Yirgulien  dans  le 
reste  du  Jura;  tandis  que  l'on  ne  trouve  plus  en  les  rangeant  en- 
tièrement à  ce  niveau  qu'une  vingtaine  de  mètres  d'un  calcaire  pins 
ou  moins  saccharolde  à  Ostrea  solitaria,  Rhynchonella  inconstans,  Tere- 
bratula  subsella,  Terebratula  insignis  et  Diceras  Luci  pour  représenter 
le  Ptérocérien  si  puissant  du  côté  de  l'Ouest. 

A  Orbagnoux  l'épaisseur  des  schistes  n'est  guère  moins  considé- 
rable et  bien  que  les  rognons  siliceux  y  soient  moins  nombreux  qu'à 
Armaille,  du  moins  peut-on  encore  dans  les  plus  inférieures  des 
assises,  trouver  quelques  veines  de  silice  et  quelques  nodules  qui 
rappellent  tes  calcaires  chailleux  du  Risoox  et  du  Frenois.  On  se 
trouve  alors,  comme  en  ces  deux  stations,  sur  la  limite  occidentale 
de  l'aire  où  les  silex  se  sont  répandus,  et  l'on  ne  peut  être  surpris  si 
M.  Bertrand  ne  les  a  pas  signalés  à  l'affleurement  des  calcaires  en 
plaquettes  de  la  Cuissonîère  près  d'Artemare. 

Ne  conviendrait- il  donc  pas  en  présence  de  ces  faits  de  ratta- 
cher au  Ptérocérien  supérieur  les  plus  anciens  de  ces  calcaires  et  d'y 
voir  l'apparition  d'un  faciès  spécial  qui  se  serait  poursuivi  de  là 
jusque  vers  la  base  de  la  série  portlandienoe? 

Car,  à  moins  d'admettre  une  lacune  que  rien  ne  justifie,  et  de  sou- 
tenir que  de  ptérocériens  qu'ils  sont  dans  les  affleurements  ooli- 
thiques  les  silex  sont  devenus  virgutiens  dans  les  affleurements  de 
calcaires  en  plaquettes,  ou  est  obligé  de  trouver  une  place  pour  les 
assises  équivalentes  aux  marnes  à  Ptéroceres  de  l'Ouest.  Les  couches 
supérieures  de  ce  dernier  terrain  présenteraient  alors,  des  Alpes  au 
Jura,  quatre  faciès  différents,  savoir: 

1°  Celui  des  marnes  à  Ptéroceres  des  environs  de  Champagnole  et 
de  Salins. 

%'J  Celui  des  calcaires  et  des  schistes  lithographiques  a  Zamites  des 
premières  assises  d' Armaille,  d'Orbagnoui,  et  peut-être  de  la  Cuis- 
sonière  et  de  Cirin. 

3°  Celui  des  formations  corallîgènes  de  Valfln,  de  Viry,  d'Oyonnax, 
de  la  Joui,  du  Colombier,  du  mollard  de  Vions  et  de  la  Balme. 

4"  Enfln  celui  des  calcaires  à  Aptychus  des  régions  alpines. 

Ce  sont  ces  quatre  faciès  que  j'ai  essayé  de  représenter  grossière- 
ment sur  la  carte  qui  accompagne  cette  note.  On  y  voit  que  les  deux 
premiers  s'étendent  à  l'extérieur  de  la  chaîne,  le  faciès  à  Ptéroceres 
au  Nord,  le  faciès  à  Zamites  au  Sud;  et,  comme  ils  offrent  tous 
les  caractères  de  députa  effectués  dans  des  lagunes  ou  à  une  faible 


4886.       l'abbé  bodrsbat.  —  jubassiqce  supérieur  do  jcha.  (69 

distance  du  littoral,  on  peut  les  regarder  comme  les  dépôts  cotiers 
de  cette  époque.  Vient  ensuite  à  une  plus  faible  distance  de  la  Suisse 
le  faciès  oolithique  cornlligène  et  encore  plus  au  Sud  et  à  l'Est,  le 


Ec]-j|:!1i.'   .-m vu '[i*i m. 


faciès  des  assises  à  Aptychus  qui  accuse  une  mer  plus  libre  et  des  eaux 
plus  profondes. 

Çà  et  là  comme  à  Armaille,  où  quelques  oolilhes  s'intercalent  aux 
schistes,  ou  bien  du  coté  d'Oyonnax  et  d'Ariathod,  où  l'on  voit 
quelques  calcaires  à  plaquettes  alterner  avec  les  marnes  à  Ptéro- 
ceres,  ou  bien  encore  vers  Saint-Laurent  et  More/.,  où  les  marnes  à 
Ptérocères  et  les  oolithes  se  succèdent  à  plusieurs  reprises,  ces  faciès 
s'enchevêtrent  et  montrent  ainsi  que,  soit  par  suite  d'oscillation  dans 
les  eaux,  soit  pour  toute  autre  cause,  leur  ligne  de  démarcartion  ne 
saurait  être  nettement  tranchée. 

Si  delà  on  passait  au  Yirgulien,  on  verrait  que  les  faciès  n'y  sont 


170  l'abbé  TOcaaiRR. —  couches  pobbbckibrnbs  du  jura.  20  déc 
pas  moins  nombreux  et  qu'on  en  peut  aussi  compter  quatre,  savoir  : 

Deux  à  l'Ouest  où  VExogyra  virgvla  se  montre,  et  deux  vers  l'Est 
où  ce  fossile  fait  défaut. 

Les  deux  de  l'Ouest  seraient,  au  Nord,  le  faciès  marneux  avec  en- 
claves oolithiqnes  que  M.  Bertrand  a  si  bien  décrit,  et  au  Sud,  le  faciès 
des  calcaires  en  plaquettes  de  Morestel  où  M.  Lory  signale  VOstrea 
virgula  parfaitement  caractérisée  et  qui  se  rattache  par  Cirin  aux 
couches  supérieures  d'Armaille  à  d'Orbagnoux. 

Des  deux  de  l'Est,  le  plus  éloigné  des  Alpes  serait  encore  un  faciès 
coralligène  faiblement  ébauché  du  coté  de  Valfin  et  du  grand  Colom- 
bier, mais  de  plus  en  plus  puissant  à  mesure  que  l'on  s'avance  vers 
le  mont  du  Chat  et  la  cluse  de  la  Balme,  où  il  se  montre  si  riche  en 
Polypiers. 

Le  plus  rapproché  serait  pélagique  comme  celui  du  Ptérocérien  qui 
le  supporte  en  cette  région  et  continuerait,  tant  par  ses  fossiles  que 
par  ses  caractères  stratigraphiques,  la  transition  qui  commence  au 
Ptérocérien  pour  Unir  au  Crétacé. 

Quant  au  Portlandien,  c'est  aussi  &  un  faciès  pélagique  qu'il 
viendrait  se  terminer  aux  Alpes  en  perdant  peu  à  peu  ses  dolomies 
supérieures  et  en  présentant  par  place  comme  à  l'Echaillon  et  au 
Salève  une  texture  oolilhique  nettement  accusée. 

Telles  sont  les  quelques  considérations  que  je  me  permets  de  for- 
muler comme  conclusions  de  cette  étude.  Je  n'ai  ni  la  prétention  de 
les  croire  toutes  inédites,  ni  celle  de  penser  que  ce  qui  peut  s'y  ren- 
contrer de  nouveau  soit  à  l'abri  de  toute  critique.  Cette  note  n'est  à 
mes  yeux  qu'une  ébauche  ;  et.  bien  que  je  me  sois  appliqué  à  étudier 
sérieusement  beaucoup  des  affleurements  de  la  Savoie  et  du  Bugey, 


1886.      L'iBB*  TOURftfUL  —  COUCHES   PUBBBCKIBHHBS  DU   JURA.  171 

Quant  ans  dépôts  infra-crétacés,  ils  sont  rares  et  peu  étendus  : 
un  coup  d'œil  rapide  suffira  pour  nous  en  convaincre.  Sur  le  versant 
occidental  les  hauts  sommets  appartiennent  au  Séquanien  et  à 
mesure  qu'on  descend  dans  le  fond  de  la  vallée,  on  trouve  le  Ptéro- 
cérien  à  Turgon,  à  Planche  et  à  Ramasse;  le  Portlandien  près  le 
pont  d'Arthurieux  à  Simandre  et  à  Thiole.  Les  calcaires  jaunes  et  les 
marnes  de  l'Hauterivien  viennent  se  placer  au-dessus  à  Villerever- 
sure,  sans  qu'on  puisse  soupçonner  l'existence  d'assises  intermé- 
diaires. Cet  étage  visible  vers  le  moulin  de  Corneioup  se  compose 
ainsi  : 

i*  Calcaire»  marneux  et  marnes  jaunâtres,  avec  taches  verdà-tres  et  violacées 
empâtant  de  nombreux  fossiles  :  Janira  atava;  Ostrea  Couloni%  macroptera,  Bout- 
singattti,  Leymeriei;  Peeten  Leymeriei;  Terebratula  sella;  Serpules  etc.. 

Epaisseur:  1  mètre. 

2*  Calcaires  jaunâtres  en  bancs  bien  lités  de  0m20. 

Épaisseur  visible  S  mètres. 

Le  plus  souvent  la  couche  1  a  disparu  et  la  couche  2  sert  de  base 
au  terrain  de  culture,  comme  on  peut  le  voir  en  face  du  château  de 
Noblens,  où  de  nombreux  silex  épars  sur  le  sol  attestent  que  les 
bancs  sous-jacents  renferment  des  chailles  siliceuses  utilisées  déjà  à 
l'époque  moustiérienne  et  surtout  à  l'époque  néolithique. 

Voilà  pour  la  rive  droite  du  Suran.  Sur  la  rive  gauche  la  formation 

tithonique  offre  plus  de  développement  et  là  du  moins  il  y  a  des 

chances  de  rencontrer  à  la  surface  le  Purbeck  et  le  Valenginien.  Il 

n'en  est  rien  cependant,  Au  Sud,  à  Pont-d'Ain  et  à  Oussiat,  la  série 

sédimentaire  se  termine  par  les  calcaires  gris  à  Nerinea  trinodosa  se 

dWisant  en  plaquettes  à  la  base.  A  Neuville-sur-Ain,  des  calcaires 

blanchâtres  avec  empreintes  de  Nérinées  et  de  Bivalves  reposant  sur 

des  couches  marno-compactes  à  Ostrea  virgula,  sont  immédiatement 

recouverts  par  le  limon  rouge.  A   Froment  la  surface  est  occupée 

par  les  calcaires  dolomitiques  perforés  et  sableux  du  Portlandien.  A 

%riat  la  série  suivante  d'une  épaisseur  moyenne  de  30  mètres  : 

J*  Calcaires  dolomitiques  sableux, 

**  Calcaires  gris  esqnilleux  à  Nerinea  trinodosa, 

*  Calcaire  blanc  crayeux  à  Nerinea  bruntutana  et  à  Térébratules. 

*firt  <je  base  £  l'Hauterivien  vers  les  hameaux  de  Chiloup  et  de  Cha- 

Q*z*  Plus  au  Nord  l'érosion  a  fait  disparaître  une  partie  de  ces 

Uclies  et  les  travaux  de  culture  cachent  le  reste. 

^  ^P^ès  cette  inspection  générale  on  pourrait  conclure  que  le  Pur- 

^îen  et  les  premiers  dépôts  infra-crétacés  manquent  dans  la  vallée 


172  l'abbé  toubnieb.  —  couchrs  purbeckiemnes  do  jura.  20  déc. 
inférieure  du  Suran  et  que  ce  pays  était  émergé  depuis  la  fis  de  la 
période  jurassique  jusqu'à,  l'époque  des  marnes  d'Hauterive.  Hais 
unu  coupe  que  j'ai  relevée  récemment  &  Banchin  vient,  je  crois, 
combler  cette  lacune  et  prouver  l'existence  du  Purbeckien  et  du 
Valengioien  dans  le  Sud  du  Jura  occidental. 

Le  hameau  de  Banchin  à  l'Est  de  Simandro  est  adossé  contre  la 
chaîne  longitudinale  qui  sépare  la  vallée  du  Suran  de  celle  de  l'Ain. 
Cette  chaîne  est  constituée  par  un  soulèvement  en  voûte  allongé 
dans  la  direction  du  Sud  au  Nord.  Ce  soulèvement  commence  à  se 
dessiner  vers  Neuville,  puis  il  s'accentue  bientôt  et  à  partir  du  mont 
Ross  et  au  Sud  deGrand-Corent,  la  voûte  formée  par  les  calcaires  du 
Jurassique  supérieur  se  brise  et  alors  on  marche  dans  des  combes 
diversement  inclinées  dont  le  fond  est  OxTordien  et  touche  même  au 
Callovien  et  au  Bathonien,  près  de  la  brisure  de  Sélignat.  Aussi  à 
Banchin  les  couches  sont-elles  redressées  presque  verticalement-, 
elles  témoignent  de  l'effort  plus  considérable  qu'elles  ont  subi. 

Le  long  de  la  route  qui  mène  de  ce  village  à  Grand-Corent,  je  re- 
lève la  coupe  suivante  : 

1*  Calcaires  jaunâtres  oolilhiques  à  stratification  confuse  avec  empreintes  de  Bi- 
valves ei  petite*  géodes  de  calcédoine.  —  Ils  passent  bientôt  a  des  bancs  com- 
pactes mieux  lités  contenant  nne  grande  quantité  de  petits  corps  cylindroldes  al- 
longés. A  la  partie  supérieure,  ces  calcaires  deviennent  plus  marneux  et  renfer- 
ment des  Térébratules  et  des  Pleuroiomaires. 

Il  est  difficile  d'évaluer  l'épaisseur  de  cette  couche  car  les  strates  sont  repliées 
autour  du  village  et  on  se  trouva  ici  au  centre  de  la  courbure. 

!"  Calcaire  compacte  blanc  rougeâtre,  d'aspect  marbré  avec  oolithes  fondues 
dans  la  pâte  et  en  bancs  bien  lités.  Sur  la  tranche  îles  bancs  on  aperçoit  des 
traces  de  Nérinées  et  d'Huîtres.  —  Epaisseur  :  1*  mètres. 

3°  Calcaire  veniâlie  grumeleux  avec  parlics  marneuses  à  la  jonction  des  sirates. 
Il  y  a  des  grains  noirâtres  dans  l'intérieur.  —  Epaisseur  1">S0. 

La  partie  découverte  de  celte  couche  offrant  peu  île  surface,  je  n'ai  pu  y  trouver 
de  traces  de  corps  organisés,  sauf  peut-être  deux  petits  moules  circulaires  rappe- 
lant des  Planorbcs.  Mais  le  faciès  est  identique  à  celui  du  Purbeckien  du  Bu^ey 
et  en  particulier  de  Virieu-le-Orand  oii  l'on  trouve  Ptanorbis  I.oryi  et  Phyii  ur&ii- 

tf  Calcaires dolomiliiiues  sableux,  très  durs,  sans  fossiles.  —  ICpaisseur  de  ïOà 
30  mètres. 

La  couche  4  représente  évidemment  le  Portlandien,  la  couche  '-i 
le  Purbeckien  et  les  zones  2  et  t  me  semblent  être  l'équivalent  des 
roches  d'Auberson  et  de  la  Limonite  de  Métabief,  c'est-à-dire  qu'elles 
représentent  le  Valenginien.  Les  couches  de  Villereversure  viennent 
se  placer  immédiatement  au-dessus. 

De  cet  ensemble  il  faut  donc  conclure  que  l'action  sédimenlaire 
dans  le  sud  du  Jura  occidental  s'est  prolongée  jusqu'à  la  fin  des 
marnes  d'Hauterive. 


iOjailV.   1887.  SÉANCE  DU   BUDGET  173 

Séance  du  10  janvier. 

PRÉSIDENCE    DE    M.    COTTEAU 

M.  Maurice  Hovelacque,  secrétaire,   donne  lecture  du   procès- 
verbal  de  la  dernière  séance  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance,  le  Pré- 
sident proclame  membres  de  la  Société  : 

MM.  Desmond,  Agent  commercial  des  chemins  de  fer,  6  rue  Palissy, 
à  Agen,  présenté  par  MM.  Arnaud  et  Réjaudry. 

Pérahd,  Ingénieur  des  ponts  et  chaussées  à  Châteauroux,  pré- 
senté par  MM.  de  Grossouvre  et  Mouret. 

Béral,  Ingénieur  en  chef  des  mines,  rue  Boursault,  à  Paris,  pré- 
senté par  MM.  Douvillé  et  Zeiller. 

Maurice  Lonquéty,  Ingénieur  civil  à  Boulogne-sur-Mer,  présenté 
par  MM.  Sauvage  et  Douvillé. 

Georges  de  Grossouvre,  Capitaine  au  61e  de  ligne  à  Toulon  (Var), 
présenté  par  MM.  A.  de  Grossouvre  et  Zurcher. 

Le  Président  fait  part  de  la  mort  de  M.  Fontanne  et  donne 
lecture  de  la  lettre  suivante  de  M.  Ravier,  notaire  à  Lyon. 

Lyon,  le  6  janvier  1887. 
Monsieur, 

J'ai  l'honneur  de  vous  informer  que,  par  son  testament  olographe, 
déposé  en  mes  minutes  le  4  courant,  M.  Charles-François  Fon- 
tanne, en  son  vivant  rentier,  demeurant  à  Lyon,  avenue  de  Noailles, 
Q0  60,  a  légué  à  la  Société  géologique  de  France  la  somme  de  vingt 
mille  francs  à  l'effet  de  créer  un  prix  qui  sera  décerné,  tous  les  deux 
ans  au  meilleur  travail  stratigraphique. 

U  famille  de  M.  Fontanne  me  charge  de  vous  faire  part  de  ce 
don  et  de  vous  prier  de  pren  re  les  mesures  nécessaires  pour 
accepter  ce  legs  et  vous  faire  autoriser  à  cet  effet. 

Agréez,  monsieur,  l'assurance  de  ma  considération  distinguée. 

Signé  :  Ravier. 

P--S.  —  En  outre,  et  par  le  même  testament,  M.  Fontanne  a  in- 
r^  le  legs  suivants. 

Tout  le  stock  de  mes  ouvrages,  ainsi  que  ce  qui  se  trouve  en 


ITi  SÉANCE   DO  BUDGET  10  janv. 

dépôt  chez  Georget  chez  Savy  deviendra  la  propriété  de  la  Société 
géologique  de  France  et  sera  vendu  pour  son  compte.  » 

M.  Douvillé  informe  la  Société  que,  par  le  même  testament, 
M.  Fonlaone  lègue  ses  collections  au  Muséum,  à  l'École  des  mines 
et  à  la  Sorbonne.  11  est  chargé  avec  M.  Bertrand  de  Taire  le  partage 
de  ces  collections. 

Le  Président  annonce  que  le  Conseil  propose  a  la  Société  la  Cha 
rt*&e~infèrieitre  et  la  Dordagne  comme  lieu  de  la  réunion  extraordi- 
naire en  1887. 

Cette  proposition,  mise  aux  voix  est  adoptée  à  l'unanimité. 

M.  Berthelin,  trésorier,  donne  lecture  du  projet  de  budget 
pour  1886-87. 


1887 


BUDGET  POUR   1886-87. 


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1887. 


SÉANCE   DU   10  JANVIER 


177 


Ce  projet,  mis  aux  voix,  est  adopté  puis  renvoyé  à  la  commission 
de  comptabilité. 

Il  est  procédé  au  vote  pour  l'élection  du  Président. 

M.  Albert  Gaudrt,  ayant  obtenu  159  voix  sur  201  votants,  est 
proclamé  Président  pour  l'année  1887. 

La  Société  nomme  ensuite  successivement  : 

Vice-Présidents  :  MM.  Schlumberger,  Ghaper,  Morière,  et  Barrois. 

Vice-secrétaire  :  M.  Seunes. 

Trésorier  :  M.  Biochk. 

Membres  du  Conseil  :  MM.  Gottbau,  Bertrand,  Zeiller  et  Vasseur. 

Par  suite  de  ces  nominations  le  bureau  et  le  conseil  sont  com- 
posés, pour  l'année  1887,  de  la  manière  suivante  : 

Président:  M.  Albert  Gaudry. 
Vice-présidents  : 


mm.  schlumbbrger 
Cdaper 

Secrétaires  : 

MM.  Maurice  Hovelacque  pour 
la  France 
W.  Kilian  pour  l'étranger 

Trésorier  : 
M.  Biochk 


MM.  Moriêre 
Barrois 

Vice-secrétaires  : 

MM.  RenéNicklés 
J.  Seunes 


MM.  Parran 
Garez 
Mallard 
Munier-Chalmas 
De  Lapparent 
Fischer 


Archiviste  : 
M.  Ferrand  de  Missol 

Membres  du  Conseil  : 

MM.   Nivoit 

Dagincourt 

Gotteau 

Bertrand 

Zeiller 

Vasseur 


Dans  sa  séance  du  20  décembre  1886,  le  Conseil  a  fixé  de  la  ma- 
cère suivante  la  composition  des  commissions  pour  1887. 

1'  Commission  du  Bulletin  :  MM.  De  Lapparent,  Douvillé,  Fis- 
CHe&,  Bertrand  et  Mallard. 

2°  Commission  des  Mémoires  :  MM.  Gaudry,  Parran,  et  De  Lappa- 

30  Commission  de  Comptabilité  :  MM.  Jannbttaz,  Parran,  Ferrand 
ù*  Missol. 
*°  Commission  des  Archives  :  MM.  Moreau,  Biochb,  Schlumberger. 

XV.  12 


17S  séakcb  du  17  jAimnii  17jan*. 

Séance  du  17  Janvier  1887. 

Présidence  de  M.  Cotteau,  pwis  de  M.  Albbbt  Gaudry. 

M.  M"  llovelacque,  Secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de 
la  dernière  séance  dont  la  rédaction  est  adoptée-. 

M.  Cotteau,  avant  de  quitter  le  fauteuil  de  la  présidence,  remer- 
cie la  Société  de  son  bienveillant  concours  ;  il  remercie  le  Bureau  et 
notamment  les  Secrétaires  qui  ont  su,  par  leur  zèle  et  leur  dévoue- 
ment, lui  rendre  la  lâche  si  facile.  M.  Cotteau  invite  H.  Gaudry  à 
prendre  place  au  bureau. 

M.  Albert  Gaudry  prend  le  fauteuil  de  la  présidence  el  se  fait 
l'interprète  des  sentiments  de  tous  ses  confrères  en  remerciant  les 
membres  du  Bureau  sortant,  notamment  le  Président,  M.  Cotteau.  Il 
exprime  sa  reconnaissance  à  la  Société  géologique  qui,  pour  la  troi- 
sième fois,  vient  de  le  nommer  son  Président.  11  est  très  touché  de 
cette  nouvelle  marque  d'amitié  ;  il  s'efforcera  de  s'en  rendre  digne. 
«  Ma  lâche,  dit-il,  sera  rendue  facile  grâce  aux  excellents  Vice-pré- 
sidents, Trésorier,  Archiviste,  Secrétaires  et  Vice-secrétaires  que  la 
Société  vient  de  nommer.  » 

M.  le  Président  lit  une  lettre  qui  renferme  des  détails  sur  la  lin  de 
la  vie  de  M.  Fontanne  et  il  dépose  sur  te  bureau  les  discours  qui  ont 
été  prononcés  sur  la  tombe  de  notre  regretté  confrère  par  M.  Lortet, 
Directeur  du  Musée  d'histoire  naturelle  de  Lyon,  et  par  M,  Arloing, 
Président  de  la  Société  d'agriculture  de  Lyon.  M,  le  Président  ajoute: 
»  M.  Fontanne  qui,  pendant  sa  trop  courte  vie,  a  tant  fait  pour 
l'honneur  de  la  science  française,  a  voulu  la  servir  encore  après  sa 
mort  en  instituant  des  prix  de  Paléontologie  et  de  Géologie  stratigra- 
phique.  Tout  ce  qui  a  Irait  à  ce  grand  bienfaiteur  de  noire  science 
doit  nous  intéresser.  Grâce  à  ses  fondations,  son  souvenir  aimé  res- 
tera ineffaçable.  » 

l.c  Président  annonce  une  nouvelle  présentation. 

M.  L.  Carez  offre  a  la  Société,  au  nom   de  M.  Vasseur  et  au 

sien,  une  nouvelle  livraison  île  la  Carte  géologique  générale  de  la 
France  au  I  ."j()D, 1)1)0,  Les  nouvelles  feuilles,  au  nombre  de  quatre, 
terminent  les  deux  bandes  orientales  de  la  Carte  ;  elles  mollirent 
l'embouchure  du  llhûne,  toute  la  côte  rie  la  Méditerranée,  jusqu'à 
Porto-Muurizio  (Italie),  et  enlin  la  Corse. 


1887.  O.    DOLLFUS.    — *  TERTIAIRE   DU  JURA  179 

Quelques  nouveaux  gisements  de  terrain  tertiaire  dans  le  Jura, 

près  de  Pontarlier, 

Par  M.  Gustave  Dollfcur. 

J'ai  eu  l'occasion  d'étudier  depuis  plusieurs  années,  à  diverses  re- 
prises, quelques  gisements  nouveaux  ou  mal  connus  de  terrain  ter- 
tiaire dans  les  vallées  les  plus  hautes  du  Jura,  aux  environs  de  Pon- 
tarlier;  mais  n'ayant  pu  d'abord  observer  assez  nettement  leurs 
superpositions  relatives,  j'avais  ajourné  toute  publication  à,  leur  su- 
jet. La  dernière  campagne,  1886,  m'ayant  fourni  divers  éléments  dé- 
cisifs, je  me  décide  à  en  informer  la  Société. 

Ces  gîtes  tertiaires  forment  deux  groupes  situés  dans  deux  plis 
synclinaux  consécutifs  ;  le  premier  groupe  est  situé  à  3  kilomètres 
au  nord  de  Pontarlier,  dans  le  vallon  des  La  vaux,  il  ne  comprend 
que  des  terrains  d'eau  douce.  Le  second  groupe,  plus  important, 
occupe,  entre  le  fort  de  Joux,  à  4  kilomètres  au  Sud-Est  de  Pontar- 
lier et  la  frontière  des  Verrières  françaises,  une  bande  dans  le  fond 
de  la  vallée,  bande  qui  se  prolonge  sur  le  territoire  suisse,  composée 
de  terrains  d'eau  douce  et  d'eau  saumâtre  en  relation  avec  la 
Mollasse  marine. 

I 

Le  terrain  tertiaire  du  vallon  des  Lavaux  est  constitué  essentielle- 
ment par  une  marne  blanche,  calcaire,  noduleuse  à  la  base  ;  cette 
marne,  bien  qu'existant  à  la  Barillette  et  à  la  Grange  située  en  face 
de  l'ancienne  Tuilerie,  sur  une  longueur  d'environ  1,500  mètres  du 
Sud  au  Nord,  est  surtout  visible  sur  la  route  des  Entreportes,  avant 
d'entrer  dans  le  défilé,  après  le  petit  pont  et  le  coude  de  la  route.  Là 
les  marnes  tertiaires  se  voient  bien  dans  une  tranchée  du  chemin. 
Ces  marnes  reposent  sur  une  craie  blanchâtre  tendre,  pointillée, 
cénomanienne,  fossilifère,  avec  laquelle  elles  ne  manquent  pas 
d'analogie  d'aspect  ;  leur  stratification  est  concordante,  plongeant 
également  à  l'Est,  leur  puissance  actuellement  appréciable  est  d'en- 
viron 6  mètres,  mais  le  ravinement  qui  les  termine  au  sommet,  a  dû 
réduire  leur  épaisseur  primitive  ;  on  voit  au-dessus  :  d'une  part,  des 
marnes  grises  et  brunes  feuilletées  ou  fragmentaires  sur  une  faible 
épaisseur,  avec  débris  divers,  et  plus  loin,  au-dessus  de  tout:  un 
diluvium  glaciaire  puissant.  Nous  donnons  une  petite  figure  de  ce 
gîte  (lig.  1). 


C.  DOLLFUS.   —   TERTIAIBK    DU  JURA 

Fig.  4.  —  Coupe  aux  Entreponts. 


T.  Terrain  glaciaire.  3.  Craie  cénomanienue. 

s.  Marnes  grise*  avec  débris  tertiaires.  >.  Sable  »ert  du  Oault. 

5.  Marne  blanche  à  JMût.  l.  Calcaire  urgonien. 
« .  Marne  nodnlease  à  HtUx. 

Dans  les  marnes  nodulenses  de  la  base,  on  trouve  assez  clairsemés 
les  moules  d'un  Hélix  de  la  taille  et  de  l'aspect  de  H.  nemorahsh.,  un 
peu  plus  petit  et  plus  globuleux,  que  nous  étudierons  pins  loin.  Dans 
les  marnes  grises  supérieures,  nous  avons  trouvé  très  rarement  re- 
maniés, des  débris  de  lest  d'Hélix,  quelques  tours  de  spire  bien  con- 
servés de  Melania  Etcheri,  Brong.  et  des  fragments  de  silex  noirs 
avec  PI  a  no  rb  es  en  tout  semblables  aux  silex  de  la  Chaux- de-Fond. 


II 

Le  terrain  tertiaire  aux  Verrières  a  été  signalé  depuis  longtemps 
comme  Mollasse  marine  par  Studer,  Escber,  Nicolet,  Agassiz,  etc. 

Le  gisement  derrière  le  bâtiment  de  la  douane  française  a  été 
exploré  plus  récemment  par  d'autres  géologues,  mais  il  importe  en- 
core de  préciser  les  conditions  straligraphiques  et  l'étendue  dans 


1887. 


G.  DOLLFUS.  —  TERTIAIRE  DU  JDRA 


181 


A  100  mètres  à  peine  au  delà  des  dernières  maisons,  on  observe 
an  grès  verdâlre,  grossier,  en  bancs  très  inclinés,  presque  verticaux, 
reposant  en  stratification  concordante  sur  le  calcaire  jaune  urgo- 
nien.  L'inclinaison  commune  est  au  Sud-Est,  le  contact  des  deux  for- 
mations est  signalé  par  des  perforations  et  des  ravinements.  Une 
zone  de  gros  poudingues  arrondis  ou  elliptiques,  dont  l'axe  est  ver- 
tical, règne  à  la  base  du  terrain  tertiaire  ;  la  pâte  mollassique  est 
composée  d'un  grès  demi-fin,  grisâtre,  à  grains  glauconieux  verts 
ou  noirs,  peu  micacé.  Les  galets  très  roulés  appartiennent  à  des 
roches  calcaires  de  couleur  noire  ou  foncée,  à  des  roches  grani- 
tiques des  Alpes,  à  des  débris  schisteux  et  à  des  cailloux  de  quartz. 
Quelques  lits  argileux  un  peu  verdâlres  sont  intercalés.  Un  banc 
épais  d'Os/rea,  souvent  complètes  et  encore  fixées  et  de  Pecten  en 
mauvais  état  règne  avec  les  poudingues. 

Dans  la  partie  la  plus  éloignée  de  TUrgonien,  la  pâte  est  plus  fine, 
les  bancs  de  fossiles  verticaux  et  les  zones  marneuses  sont  alterna- 
tifs, les  Pecten  sont  en  meilleur  état.  Le  calcaire  urgonien  est  bien 
stratifié,  jaune,  dur,  rempli  de  débris  de  Grinoïdes,  il  est  réduit  à 
sa  base,  car  les  couches  supérieures  à  Gaprotines  manquent;  il 
repose  lui-même  une  quinzaine  de  mètres  plus  haut  sur  une  marne 
bleuâtre,  tendre,  à  Terebraluia  prœlonga  et  Lamellibranches.  Plus 
haut  encore,  on  arrive  à  une  marne  bleue  aquifère  à  Ostrea  Couloni, 
avec  un  cortège  de  Bryozoaires  qui  caractérisent  le  Néocomien 
moyen  dans  la  région. 

Nous  avons  déterminé  la  faunule  suivante  dans  la  Mollasse  miocène 
des  Verrières  : 


Pecten  scaàrellus,  Lk. 
Ostrea  edulis,  L.  var. 

»     Boblayi,  Desh. 

»     crassissima,  Lk. 


Echinolampas  scutiformis,   L.  sp. 
fhissopsis  Nicoleti,  Desor. 
Tethya  lyncurium,  Lk. 
Fasciculipora,  Membranipora,  etc. 


On  peut  suivre  la  Mollasse,  au  Sud-Ouest,  à  la  même  hauteur  et  on 
la  retrouve  coupant  la  grande  route  à  son  détour,  avant  l'entrée  du 
village,  puis  elle  passe  de  l'autre  côté  de  la  vallée  où  elle  disparaît 
sous  les  dépôts  glaciaires.  On  voit  encore  la  Mollasse  marine  vers  les 
Creux,  la  Vorbe,  les  Gauffres,  toujours  dans  la  même  situation  rela- 
tive, appuyée  sur  le  calcaire  urgonien,  mais  alors  sur  le  flanc  Nord 
du  vallon. 


G.    DQLI.FUS.    —  TBBTIAIHB   DO  JURA 


17  janv. 


;.  3.  —  Coupe  à  Saint- Fierre~la-Cluse. 


.  Gravie ra  glaciaires. 

.  Marnes  grises  et  blanches-. 

.  Sable  mollassiquo. 


.  Mollasse  à  bivalves, 
.  PomJingne  mollassique. 

.  Calcaire  jaune  urgonie 


A  la  descente  des  Gauffres  la  route  conduisant  &  la  Cluse  de  Saint- 
Pierre  de  Joux  donne  une  autre  bonne  coupe.  On  voit  successive- 
ment plongeant  au  N.  0.  {flg.  3)  ;  1°  Calcaire  urgonien;  2°  Mollasse 
avec  poudingue  et  lumachelle  de  Peclen;  3°  Mollasse  grossière  à 
moules  de  Lamellibranches;  4"  Mollasse  une  sans  fossiles;  5°  Sable 
verdatre  An  ;  6"  Marne  grise  calcaire  ;  enfin,  1"  Marne  calcaire 
blanche.  Cette  dernière  couche  est  largement  répandue  dans  le  fond 
de  la  vallée  ;  en  remontant  le  cours  d'eau  on  arrive  a  la  Vorbe,  où  la 
coupe  dans  le  hameau  même,  montre  très  développée  une  marne 
grumeleuse  fragmentaire,  très  calcaire,  blanche  ou  jaune,  avec  nom- 
breux moules  d'Hélix.  Cette  marne  est  visible  depuis  le  passage  à 
niveau  du  chemin  de  fer  jusqu'à  l,i  fontaine  du  haut  du  hameau.  On 


*887.  G.  AOLLFUS.  —  TBBTIAIRE  >DU  JURA  4£3 

La  tranchée  do  chemin  de  1er  au  Moulin  de  Boîte  présente  une 
coupe  différente  (ftg.  4). 

Pig.  4.  —  Coupe  au  moulin  des  Boites,  tranchée  du  chemin  de  fer. 


4.  Dilaviam  glaciaire. 

3.  Marne  argileuse  rouge  à  Hélix, 

2.  Marne  sableuse  et  grès  raollassique. 

1.  Marne  grise  à  Melania  et  poupées  calcaires. 

La  voie  même  est  située  sur  le  Calcaire  urgonien,  très  incliné, 
qui  pointe  en  divers  endroits  et  qui  se  heurte  par  une  faille  subver- 
ticale  aux  marnes  tertiaires.  Cette  faille  se  détache  parfaitement  en 
un  mur  vertical  le  long  du  chemin,  qui,  du  passage  inférieur  du 
chemin  de  fer,  monte  à  l'Argillat,  parallèlement  à  la  grande  tran- 
chée de  TUrgonien. 

On  voit  dans  l'élévation  de  la  coupe  du  chemin  de  fer  et  dans  le 
chemin  qui  s'élève  au-dessus  de  la  voie  la  succession  suivante  :  A  la 
base,  une  marne  grise  avec  grosses  poupées  calcaires  blanches  et 
moules  de  Melania  Escheri  assez  abondantes;  plus  haut  des  banos 
de  Mollasse  grise,  fine,  à  peine  micacée,  peu  continus  passant  à  la 
marne  par  une  transition  insensible.  Plus  haut  encore,  le  dépôt  passe 
à  une  argile  jaune  qui  paraît  sans  fossiles  et  finalement,  au  sommet, 
à  une  argile  rouge  avec  moules  d'Hélix  Larteti.  Le  terrain  glaciaire 
couronne  le  tout.  La  hauteur  de  la  coupe  est  d'environ  6  mètres; 
toutes  les  strates  concordantes  sont  faiblement  inclinées  au  Nord-Est. 

Les  marnes  d'eau  douce  ont  été  exploitées  autrefois  à  l'Argillat. 

Dans  les  tranchées  du  chemin  de  fer,  avant  la  station,  dans 
des  emprunts  et  des  déblais  qui  avoisinent  les  Verrières  françaises, 
à  la  hauteur  de  l'église,  les  argiles  rouges  sont  largement  dévelop- 
pées et  les  Hélix  Larteti  abondent.  Leur  position  relative,  à  l'inté- 
rieur de  la  Mollasse  marine,  n'est  pas  un  instant  douteuse  et  leur 
prolongement  vers  la  Suisse,  sous  les  graviers  glaciaires  est  bien  évi- 
dente. D'après  cela  la  bande  de  Mollasse  d'eau  douce  a  environ 
5  kilomètres  de  longueur,  son  altitude  varie  de  1U0  à  1)30  mètres. 

TIl 

La  comparaison  entre  les  deux  groupes  de  roches  tertiaires  consi- 
dérées doit  nous  arrêter  un  instant.  Tandis  qu'aux  Lavaux  la  marne 


184  G.    DOLT.FDS.    —  TKBTU1HE   DU   JURA  17  jaQT. 

calcaire  à  Hélix  sylvana  repose  sur  la  Craie  cénomanienne  qui  repose 
elle-même  sur  le  Gault  et  l'Aptien,  sans  apparence  de  Mollasse  ma- 
rine, aux  Verrières  nous  voyons  cette  même  marne  à  Hélix  superpo- 
sée à  la  Mollasse  marine  qui  est  fille-môme  en  contact  avec  l'Urgo- 
iiien  décapité,  sans  interposition  de  Gault,  d'Aptien  ou  de  Craie. 

Faut-il  attribuer  seulement  à  des  ravinements  locaux  cette  suc- 
cession si  différente,  Taut-il  croire  à  une  double  lacune?  Nous  pen- 
sons qu'il  faut  invoquer  les  deux  raisons. Dans  la  vallée  des  Verrières 
la  Mollasse  marine  a  pu  dénuder  le  Crétacé  moyen  et  supérieur,  le 
contact  corrodé  de  l'Urgonien  tendrait  à  le  prouver  ;  d'autre  part 
dans  le  vallon  des  Lavaux  le  contact  successif,  sans  ravinement, 
de  la  marne  à  Hélix  sur  la  Craie  exclut  l'idée  d'un  dépôt  de  Mollasse 
marine  intermédiaire  et  nous  aurions  là,  relativement  à  l'autre  val- 
lée, une  vraie  lacune  ;  la  Mollasse  marine  n'aurait  géographiquement 
pas  atteint  Ponlarlier. 

En  ce  qui  touche  spécialement  la  Craie,  son  existence  çà  et  la 
dans  d'autres  plis  consécutifs  du  Jura  prouve  son  étendue  générale 
antérieure  uniforme,  et  démontre  que  c'est  par  simple  raison  de 
dénudation  postérieure  que  nous  la  voyons  manquer  aujourd'hui  en 
bien  des  points. 

De  toutes  façons  nons  pouvons  conclure  que  ce  ne  peut  être  que 
sur  une  surface  horizontale  que  les  dépôts  tertiaires  terrestres  ou 
fluvio-marins  se  sont  déposés.  Tous  ceux  que  nous  avons  examinés 
montrent  les  caractères  d'un  dépôt  uniforme  qui  se  serait  redressé 
après  coup;  il  n'est  besoin  de  faire  intervenir  qu'un  seul  mouvement, 
postérieur  à  tout  l'ensemble,  mais  antérieur  aux  graviers  glaciaires 
qui  aura  affecté  tous  les  terrains,  depuis  les  plus  anciens  jusqu'aux 


1887.  G.    DOLLFUS.   —  TERTIAIRE   DU  JURA  185 

le  Miocène  moyen  ou  même  supérieur  et  rétrécir  le  moment  de 
son  apparition  entre  l'Oeningien  et  la  période  quaternaire. 

Pour  le  terrain  glaciaire  qui  joue  un  rôle  important  aux  environs 
de  Pontarlier,  le  cas  est  bien  différent,  comme  il  n'est  pas  relevé, 
qu'il  est  toujours  descendant  sur  les  autres  terrains,  on  peut  affirmer, 
sans  incertitude,  qu'il  s'est  déposé  postérieurement  au  plissement  du 
Jura. 

Envisagée  d'une  manière  générale  la  situation  de  Pontarlier  est 
encore  curieuse  :  les  roches  jurassiques  et  leurs  inclinaisons  ne  se 
correspondent  pas  des  deux  côtés  de  la  vallée  du  Doubs. 

Le  vallon  des  Lavaux  qui  est  un  profond  synclinal  géologique,  au 
Nord,  n'a  pas  sa  contre-partie  au  Sud  de  la  ville.  On  se  heurte  de  ce 
côté  à  un  massif  énorme,  anticlinal,  de  Jurassique  supérieur.  Si  Ton 
examine  pour  résoudre  le  problème  ainsi  posé,  les  synclinaux  et  les 
anticlinaux  des  environs,  au  Nord  et  au  Sud,  on  parvient  à  raccorder 
les  deux  faces  de  la  vallée  en  supposant  que  la  région  Sud-Est  en 
recul,  au  Sud-Est,  de  deux  kilomètres  environ  sur  la  région  du 
Nord. 

Une  grande  faille,  ou  froissement  des  couches,  occuperait  juste- 
ment la  vallée  du  Doubs  et  permettrait  seule  d'expliquer  un  sem- 
blable déplacement. 

Le  massif  séquanien,  au  Nord  de  Pontarlier,  allant  du  village  de 
Doubs  (Bois  de  la  Côte)  au  Bois-Dessus  dans  le  vallon  des  Lavaux 
correspondrait  au  massif  des  Granges-de-Dessus,  allant  des  Granges- 
Narboz  à  Oye,  dans  la  région  du  Sud.  De  part  et  d'autre  on  voit  au 
Nord-Ouest  s'appuyer  leNéocomien  et  l'Urgonien  plongeant  sous  les 
grands  marais  de  la  plaine  de  Pontarlier.  Nous  avons  trouvé  ces 
terrains  identiques  aussi  bien  à  Doubs  et  à  la  Rappe,  au  Nord  de 
l'accident,  qu'aux  Granges-de-Dessous  et  à  la  Grange  de  l'Etang,  au 
Sud  de  Pontarlier. 

A  l'Ouest,  le  vallon  d'Oye  correspondrait  à  celui  des  Lavaux,  on  y 
voit  conservés  également  le  Gault,  l'Albien,  leCénomanien;  rappelons 
que  ce  gîte  céoomanien  d'Oye  a  été  découvert  et  décrit  par  M.  Lory, 
dès  1849  (1)  tandis  que  celui  des  Lavaux  paraît  nouveau  pour  la 
science;  il  n'est  pas  compris  dans  la  liste  des  gîtes  de  cet  âge  dressée 
par  M.  de  Tribolet  en  1879  (2),  ni  dans  celle  donnée,  en  1884,  par 
M.  Bourgeat  (3). 

On  y  trouve  des  Scaphites  œqualis,  lnoceramus  labialus^    Terebra- 

(1)  Bulletin  de  la  Société  géologique  de  France,  2«  série,  t.  VI,  p.  690. 
(t)  De  Tribolet.  —  Sur  le  Cénomanien  de  Gibraltar.  —  Bulletin  de  la  Société  des 
sciences  naturelles  de  Neuchàtel  (t.  VIII). 
(3)  Bulletin  de  la  Société  géologique  de  France,  3*  série,  t.  XII,  p.  ô30. 


186  G.   MLLFUS.    —   TERTIAIRE    DU  JURA  17  jiTUV. 

tulina  ttriata,  Ostrea  {sp  ?)  Ammonites,  {sp  ?)  —  Quant  au  gros  massif 
du  Larmont  qui  vient  se  terminer  an  dort  de  Joux  et  qui  laisse  voir 
aux  Entreporles  l'Oxfordien  et  l'Oolilhe  il  serait  refoulé,  au  Sud,  entre 
le  Crossatet  la  Mijoux. 

11  faudrait  d'après  cette  méthode  rechercher  la  suite  du  vallon  des 
Verrières,  bien  au  Sud,  dans  le  vallon  suivi  par  le  chemin  de  fer,  à 
la  Fontaine- Ronde  menant  aux  hôpitaux,  à  Métabief  et  à  Saint-An- 
toine ;  mais  ce  prolongement  est  encore  pour  nous  un  peu  obscur. 

La  Géologie  dn  Jura  ne  sera  réellement  avancée  que  lorsqu'on 
aura  indiqué  sur  uoe  carte,  par  des  lignes,  la  suite  des  mêmes 
synclinaux  et  anticlinaux,  depuis  leur  origine  jusqu'à  leur  disparition  ; 
lorsqu'on  aura  poursuivi,  à  travers  les  accidents  transversaux,  les 
mômes  accidents  longitudinaux  dans  leurs  rejets  et  leurs  détours. 

Cette  grande  faille  du  Doubs  est  certainement  postérieure  au 
plissement  des  couches,  car  elle  n'a  pas  entravé  la  série  régulière 
des  voûtes  et  des  vallons,  mais  est  venue  brocher  sur  eux,  en  obli- 
quant, après  leur  plissement. 

On  doit  ainsi  dans  le  Jura  établir  la  succession  suivante  de 
mouvements  distincts  : 

1*  Plissement  de  la  montagne  par  compression  latérale,  après  le 
Miocène  supérieur. 

2"  Rupture  des  plis  par  accidents  subperpendiculaires  aux  premiers, 
failles  et  rejets  prolongés.  (Pliocène.) 

3°  Surélévation  du  massif,  mouvement  qui  serait  postérieur  peut- 
être  au  Diluvium  glaciaire.  (Diluvium  inférieur).  Car  les  dépôts  gla- 
ciaires des  hauts  vallons  ne  paraissent  ni  postérieurs,  ni  inférieurs, 
ni  différents  de  ceux  de  la  plaine  suisse;  ils  semblent  en  être  le  prolon- 


•1887.  6.  oollfus.  —  tertiaire  du  jura  187 

Les  premiers  qui  sont  les  pi  as  rapprochés,  sont,  par  exemple,  les 
dépôts  du  Locle  et  de  la  Chaux~de->Fond  qui  se  rencontrent  dans  des 
conditions  de  stratification  et  de  composition  identiques. 

Malheureusement  la  classification  de  leurs  couches  est  encore  quel- 
que «peu  obscure.  Les  strates  y  sont  renversées,  la  Mollasse  marine  est 
en  contact  avec  le  Crétacé  d'une  part  et  avec  le  terrain  d'eau  douce 
de  l'autre.  Des  marnes  rouges  à  Hélix  Larteti  semblables  à  celles  des 
Verrières,  sont  intercalées  entre  la  Mollasse  marine  et  les  couches 
d'eau  'douce.  La  majorité  des  géologues  suisses  a  classé  ces  dépôts 
d'eau  douce  du  Locle  dans  l'C&ningien  ;  cependant,  comme  Ta  fait  ju- 
dicieasenent -obeerver  M.  Gaudry  pour  les  mammifères  (1),  comme 
Ta  indiqué  M.  Sandberger  et  comme  nous  le  confirmons  aujourd'hui 
pour  la  faune  malacologique,  le  caractère  des  animaux  du  Locle  est 
vers  les  formes  lourdes,  vers  les  types  anciens,  bien  plus  voisins  des 
formes  du  Miocène  inférieur  ou  moyen  que  de  toutes  les  autres,  et, 
sensiblement  distinctes  du  Miocène  supérieur  et  du  Pliocène. 

Ailleurs,  dans  le  haut  Jura,  s'il  n'y  a  pas  un  renversement  des  cou- 
ches, la  position  des  marnes  d'eau  douce  serait  différente.  M.  René- 
vier  m'écrit  à  ce  sujet  tout  récemment  :  «  Le  Calcaire  d'eau  douce 
»  qoe  vous  avez  rencontré  aux  Verrières  doit  être  analogue  à  celui 
»  des  environs  de  Sainte-Croix  (La  Chaux  et  Noirvaux)  recouvert  par 
»  la  Mollasse  marine,  à  Bryozoaires  et  d'Âge  à  peu  près  de  vos  faluns 
9  de  Touraine.  » 

Enfin,  M.  Bonjour  a  indiqué  dans  sa  Géologie  du  Jura  (2),  à  On- 
glières  une  argile  rouge  à  Hélix  dont  il  y  aurait  intérêt  à  préciser  le 
niveau. 

Dans  la  plaine  suisse  ou  pour  mieux  dire,  tout  au  long  du  pied  du 
Jura,  de  la  Sarraz  à  Neuchàtel  et  sans  rapports  stratigraphiques  avec 
la  Mollasse  proprement  dite  de  la  plaine  suisse,  on  connaît  depuis 
longtemps  des  dépôts  argileux  et  mollassiques  rougeàtres  avec  Hélix, 
observés  d'abord  en  1839,  par  Nicolet  (//.  rubra  Nicol.  (3),  et  que 
MM.  Jaccard  et  Renevier  ont  bien  des  fois  cités.  Ces  dépôts  dont 
M.  Schardt  a  fait  récemment  l'objet  d'une  notice  spéciale  (4),  présen- 
tent la  plus  grande  analogie  d'aspect,  de  couleur,  de  composition 
avec  l'argile  à  Hélix  Larteti  des  Verrières. 

Nous  avons  pu  nous  en  convaincre  en  allant  examiner  la  Mollasse 
rouge  du  pied  du  Jura,  à  Montcherand,  au-dessus  d'Orbe;  dans  les 

il;  Jaccard,   Description    qéolotj.  du  Jura    vaudois  et   ncuchdtelois,    18(J9,    iu-4% 
p.  J03. 
(2    Annales  de  la  Société  industrielle  de  Lyon,  18(53,  N*  H,  p.  49. 
(3)  Bulletin  de  la  Société  des  Sciences  naturelles  de  Xeuf'chntel,  t.  II. 
(«*;  Bullet.  Société  raudoise  Sciences  naturelles,  t.  XVI,  p.  (309,  1883. 


188  G.    DOM.FUS.    --  TERTIAIRE    DU  JDHA  17  jailV. 

tranchées  dn  chemin  de  fer  entre  Uomainmotiers  et  Agiez,  où  l'on 
voit  notamment  des  couches  argileuses  rouge&tres  alternantes  avec 
des  grès  mollassiques  de  couleur  variée. 

Cependant  M.  Schardt  a  fait  observer  que  cette  Mollasse  rouge  pa- 
raissait dépourvue  de  mica  et  d'éléments  alpins  discernables  et  qu'elle 
devait  ejre  antérieure  à  la  vraie  Mollasse  de  la  plaine  suisse;  opinion 
qui  était  déjà  celle  de  Greppin.  Il  concluait  qu'il  fallait  considérer 
ces  couches  comme  plus  anciennes  qu'aucune  autre  du  Miocène  de 
la  région.  Cette  conclusion  étant  en  opposition  directe  avec  celle 
de  la  stratigraphie  observée  aux  Verrières,  je  communiquai  cette  dif- 
ficulté à  M.  Schardt  qui  me  répondit  le  19  novembre  1883,  «  que 
«  reconnaissant  la  stratigraphie  du  Locle  et  celle  du  pied  du  Jura 
»  comme  indiscutables  il  était  conduit  à  admettre  deux  Mollasses 
i)  rouges  à  Hélix,  opinion  déjà  formulée  par  M.  Beooist(f)  et  que 
»  Y  Hélix  rugulasa  Martin  était  l'espèce  du  pied  du  Jura,  tandis  que 
»  celle  des  Verrières  et  du  Locle  serait  Y  Hélix  sylvana  de  l'OEuio- 

i  paraît  en  effet  la  seule  solution  pos- 
sible. 

Nous  avons  sous  les  yeux  toute  une  série  A' Hélix  venant  des  divers 
points  en  litige,  et  eo  la  considérant  avec  attention  nous  n'avons  pas 
eu  de  peine  à  y  distinguer  plusieurs  espèces  différentes. 

I.  Nous  avons  reconnu  dans  la  collection  de  l'École  des  Mines  à 
Paris,  des  Hélix  du  Locle  rapportés  par  M.  Terquem,  d'autres  de 
Woelfliswyl  {Aarau)  du  Tond  Deshayes,  qui  vont  parfaitement  avec 
ceux  des  Verrières  et  se  rapportent  bien  à  Y  Hélix  Larleti  de  Roissy, 
espèce  de  Sansan,  détermination  faite  par  comparaison,  en  nature. 


1887.  G.    DOLLFUS.    —  TERTIAIRE   DU  JURA  189 

quelques  échantillons,  les  mieux  conservés,  on  observe  de  fortes 
stries  ornementales  qui  manquent  à  Y  Hélix  Larteti,  le  péristome  est 
notablement  moins  fort,  moins  oblique  et  moins  prolongé  ;  la  taille 
est  un  peu  plus  faible  et  les  tours  plus  serrés.  Le  nom  de  Hélix  rugu- 
lo$a,  Martin  peut  s'appliquer  heureusement  à  cette  forme  (i). 

III.  Ce  serait  à  YHelix  sylvana,  Klein  (2)  qu'il  faudra  probablement 
rapporter  les  Hélix  des  marnes  calcaires  de  la  Vorbe  et  des  Lavaux, 
l'espèce  est  de  plus  petite  taille  et  plus  déprimée,  les  échantillons 
sont  trop  imparfaitement  conservés  pour  qu'une  détermination  soit 
bien  précise.  Mais  ils  ne  paraissent  pas  avoir  jamais  possédé  les  stries 
qui  caractérisent  Y  Hélix  rugulosa  et  n'avoir  jamais  été  déterminés 
par  un  péristome  aussi  oblique  à  collerette  développée  comme  le  pé- 
ristome qui  spécifie  Y  Hélix  Larteti. 

Les  Hélix  sylvana,  sîlvestrina  et  autres,  sont  du  type  de  la  Nemo- 
ralis  et  d'Age  miocène  supérieur  ou  pliocène,  elles  sont  représentées 
dans  le  Miocène  moyen  par  Y  Hélix  asperula,  Desh.  (H.  Turonensis) 
dans  laquelle  les  bandes  colorées  s'aperçoivent  encore  malgré  la 
fossilisation;  dans  toutes  la  spire  reste  peu  élevée. 

La  figure  originale  de  Y  H.  Larteti  de  Bossy  montre  comparative- 
ment aux  échantillons  une  spire  un  peu  trop  haute,  le  dernier  tour 
est  relativement  trop  volumineux.  Les  ligures  de  Sandberger  sont 
meilleures.  L'abbé  Dupuy  a  décrit,  en  4851,  dans  le  Journal  de  Con- 
chyliologie une  Hélix  sansanniensis  qui  a  paru  à  M.  Noulet  une  variété 
de  Y  H.  Larteti  à  spire  plus  basse  et  un  peu  carénée  au  pourtour. 
M.  Bourguignat  l'admet  comme  espèce  distincte  et  lui  attribue  éga- 
lement une  figure  de  Sandberger  qui  ne  nous  paraît  pas  distincte  du 
rrai  type. 

D'autre  part,  Sandberger  donne  comme  synonyme  à  Y  H,  Larteti 
une  forme  que  Hoernes  a  nommée  Hélix  Turonensis  et  qui  n'est  point 


(1)   1830.  —  Hélix  rugulosa,  v.  Martin  in  Zieten.  Abbildungender  Versteinerungen 

Wurtembergs,  pi.  XXIX,  fig.  5,  p.  38. 

1846.  —  —  V.  Martin.  —  Klein  Conche.  der  Susswasser. 
p.  67,  pi.  I,  fig.  û. 

1867.  —  Hélix  rugulusa,  Martin.  Ziet.  —  Alph.  Favre.  Recherches  géolo- 
giques, Savoie  et  Suisse,  t.  I,  p.  231. 

1873.  —         —       Martin.  —  Renevier.  Tableau  des  terrains  sédimen- 

taires,  Société  vaudoise  des  Sciences  naturelles,  tabl.  II,  n°  70. 

1874.  —         —       Sandberger  Land.  S.  Conr.h.  der  Vorwelt,   p.  381, 

pi.  XXI,  fig.  il. 
(2)  1853.  —  HeHx  sylvana,  Klein.  —  Wuertemberg.  Jahrb.,  t.  IX,  p.  205,  pi.  V, 

fig.  2. 
1874.  —       —      ,  Klein.  —  Sandberger.  Land.  u.  Stiss. Conchy.,  p.  502, 

pi.  XXIX,  fig.  13,  a.  e.  d. 


190  (i.    DOLLIUS.    —   TEBTIAIRB   DU  JUflA  17  j*W. 

1'//.  Turonensû;  mail  qui  n'est  pas  davantage  VU.  Xarteti,  elle  nous 
parait  dn  groupe  de»  O.ntmimalà etplaa  voisins  des  forme*  récentes 
comme  VU.  $yluettrina- que  de- toute  autre.  Voici  ta  synonymie  et  tes* 
références  principales  de  l'intéreiBaate  espèce  des  Verrières. 

11KUX   LAHTKTI    DOifiSV 

Hetix  Lartcti,  de  Boissy.  —  Revue  loologique.  —  Société  cuvierienne, 

page  75. 
Hetix  rubra?,  Xiroleti  —  Bail.  soc.  des  sciences  naturelles  de  Xcachilet; 
tome  II  (pire). 

s-14.  —  Helir  Larteii,  Bois.  — Desaription  de  plusieurs  espèces  d'Hélix.  —  Rntue 
et  Magasin  de  Znologie,  pags  13,  pi.  LXXXVII,  lig.  7-u. 

85ï.  —  Hélix Lartett,  Noulet.  —  Boissy.  Mémoire  sur  les  coquilles  fossiles  du  Sud- 
Ouest.  Toulouse,  page  5». 

337.  —  HehJ:  Larteti,  Boissy.  —  ToumouÈr.  Dfpùli  du  bassin  du  la  Gironde,  cor- 
i-eijiondant  au  Calcaire,  nie.  —  Bull.  Société  géolog. ,  I*  série,  I.  S*, 
p.  4SI. 

£7.1 ,  —  Hélix  Larteti,  B.  —  Saudberger.  Concliyl.  der  Voriretl;  p.  5EW,  pi.  XXVI, 

il*.  <"■ 

831.  —  Hetix  Larteti,  B.  —  Bourgaignat.  Hisi.  nialicol.  coll.  Sansau,  p.  33, 
«g.  £4. 

IV.  —  La  Melania  Eschtri,  après  enquête,  nous  est  apparue 
comme  un  type  très  polymorphe,  d'une  longue  durée  géologique, 
dans  lequel  il  importait  de  distinguer  deux  formes  principales  long- 
temps confondues  et  qui  caractérisaient  deux  niveaux  absolument 
distincts. 

Nous  avons  donné,  à  part  les  références  synonymiques  de  cette 
espèce  qui  nous  ont  parues  se  rapporter  à  chacune  des  formes.  La 
Melania  la  plus  ancienne,  à  laquelle  le  nom  de  M.  Laurœ,  Math,  peut 


1887.  G.    DOLLFUS.   —  TERTIAIRE   DU  JURA  191 

1M9.  —  MeUmia  Escheri,  Brongn.  —  Merian.  Baaeler,  Verh,.  VIII,  p.  38.  —  Uber 
die  Sch.  in  Susswasser  bei  Mulhausen. 

1852.  —  Melanopsis  Laurx,  Math.— D'Orbigny.  Prod.  dePaléonUch.XXYI,  n*  4*. 

IMS.  —  Me  Uni  a  Laurœ,  Math.  —  Recherches  comparatives  sur  les  dépôts  fluvio- 
lacustres tertiaires.  Marseille,  p.  20,  88,  93,  etc. 

1867.  —  Melania  Kœchlini,  Greppio.  —  Essai  géologique  sur  le  Jura  suûse,  p.  124. 

18«7.  —  Melania  Escheri,  Brongn.  —  Delbos,  et  Kœchlin-Schlumberger.  —  Des- 
crip.  géolog.  du  HautrRhin;  t.  II,  page  17. 

1808.  —  Melania  Laurx,  Math.  —  Raulin.  —  Eléments  de  géologie,  l*e  année, 
page  169. 

1H7S.  —  Melania*  Escheri,  Brongn.  var.  Laurx  Math.  —  Sandberger.  L.  und  Suss- 
wasser ConehyL  der  Vorwelt,  p.  323,  pi.  XVII,  lig.  17. 

1873.  —  Melania  Escheri,  variété  bicincta  Sandb.,  p.  340,  pi.  XX,  fig.  18.  (Espèce 
distincte?) 

1884.  —  Melanoïdes  Laurel,  Math.  —  Fontanne.  —  ■  Description  sommaire,  l'aune 
Malac,  groupe  d'Aix,  p.  28,  pi.  III,  fig.  11-13. 

1884.  —  Melania  Laurœ,  Math.  —  Andrae.  Beitrag  zur  Kenntniss  der  Elsasser  Ter- 
tiaers. 

1884.  —  Melania  Laurx,  Math. —  Kilian.  —  Terrain  tertiaire  du  département  du 
Doubs.  —  Bull.  Soc.  Gfol.i  3"  j=érie,  t.  XII,  p.  733. 

1883.  —  Melania  Laurœ,  Math.  —  Fliche,  Bleicher.  —  Recherches  sur  le  terrain 
tertiaire  d'Alsace.  Colmar,  p.  5,  10. 

M.  Fontanne  a  introduit  cette  forme  dans  le  genre  Melanoïdes  d'Oli- 
?ier,  1807,  et  H.  A.  Adams,  en  1854  (lype  Melania  aspera,  Lk.).  C'est 
qu'en  effet  ces  espèces  sont  fort  éloignées  du  type  du  genre  Melania 
(Lamk.,  1799)  qui  est  Y  Hélix  amarula  de  Linné.  M.  Fischer  a  con- 
sidéré ce  genre  Melanoïdes  comme  une  simple  section  des  Mêlantes  ; 
quoi  qu'il  en  soit,  il  s'agit  bien  là  d'un  groupe  à  spire  élevée,  céri- 
thiforme,  costulée,  à  labre  saillant  ilexueux,  relié  par  une  ondula- 
tion subcanaliculée  à  la  columelle,  à  ouverture  ovale  obroude,  de 
taille  médiocre,  groupe  qui  est  répandu  actuellement  dans  les  fleuves 
de  l'Asie  tropicale  et  qu'il  est  utile  de  conserver. 

FORME   MIOCÈNE 

1822.  —  Melania  Escheri,  Brongniart.  —   Description    géologique    ries    environs 

•le  Paris,  édit.  II,  p.  117. 
1S35.  —  Melania  Escheri,  Brongniart.    —  Type  des  lignites  de  Horgen  K«epf- 
narh  (Z'irich).    —   Description  géol.   des  environs  de   Paris,  édit.  III, 

p.   208. 

1-40.  —  Melania  Auuilnnia,  Noulet.  —  Mémoire  «nr  quelques  coquille»  l«-ssiles 
nouvelles.  Toulouse,  pi.  I,  îig.  1-2  (renversées).  Mém.  Acid.  ».  Tou- 
louse. III  S.,  t.  II,  p.  227. 

IMo.  —  M'iania  turrita?,  Klein.  Conchyl.  der  Suesswasserkalkf.  Wurttemljerg, 
pi.  II.  fig.  2  (espèce  peut-être  distincte;.  Wurttemh.  Namrwiss  Jahres 
II,  p.  81. 

1*31.  —  Melania  Wetzleri,  Dunker.  —  Conchyl.  der  Mol.  von  Ounzluirg.  Pult-on- 
tographica,  I,  p.  157,  pi.  XXI,  fig.  1  et  2. 


■  série, 


G.   DOttPOS.  —  TBHTIilHB   DU  JOBA  17  J8DT. 

-  Melania  turritella,  Quenst.  —  Hsoribuch  der  Petref&ctenkunde,  p.   44, 

pi.  XXXIII,  Bs-  3. 

-  Melania  lurrita,  Klein.  —  Concbyl.  der  Suesaw.,  pi.  III,  Bg.  10. 

-  Melania  grostecoitata,  Klein.  — Conchyl.  der  Suesaw.,  pi.  III,  fig.  11.  — 

Wurtemberg.  Jahr  VIII,  p.  158. 

-  Melania  Eschiri,  Brong.  —  Oreppin  in  Studcr  Géologie  der  Scliweii,  II, 

p.  407. 

-  Melania  gronecottata,  Klein.  —  Concbyl.  Suaswasser.  Worttemb.  Jarerb 

IX,  p.  I»,  pi.  V,  ng.  10. 

-  Melania  aquilania.  Noulet.  —  ■Pictet.  —  Trailé  de  Paléontologie,   t.  III, 

p.   55. 

-  Melania  Etcheri,  Brong.  —  Hoernes.  —  Moli,  Wien,  I,  p.  eut,  pi.  XLIX, 

Bg.  lfl. 

-  Melania  aquitanica,  Nonlet.  —  De  Vibraye.—  Découverte  d'où 

gisement  de  vertébrés  à  Chateoay.  Bull.  Soc,  Géot.  de   Fr., 
t.  XVII,  p.  4M. 

-  Melania  Etcheri,  Brong.  —  F.  San d berger.  —  Die  Concbyl.   des  Maim 

Teriiflrljpckens,  p.  MB,  pt.  VI,  flg.  14-15.  {Oligocène?) 

-  Melania  aquitanica,  Noulet.  —  Leymerié.  —  Éléments  de  géologie  et  de 

minéral,  édit.  II,  p.  «02. 

-  Melania  aquitanica,  Noulet.  —  Touruouer.  —  Sur  les  dépôts  d'eau  douce 

des  bassiua  de  la  Garonne  correspondants   au  calcaire   de  Beauce.    — 
Bail.  Soc.  Giol.  de  France,  f  série,  t.  XXIV,  p.  48S. 

-  Melania  Eseheri,  Brong.  —  Oreppin.  —  Essai   géologique   sur   le   Jura 

suisse,  p.  141,  14t.  —  Délémont,  in-4*. 

-  Melania  aquitanica,    Noulet.  —  Raolin.  —  Éléments  de  géologie,   pre- 

mière année,  p.  ieo. 

-  Melania  Eacheri,  Brong.  —  Variété  aquitanica,  Noulet.  —  Mémoires  sur 

les  coquilles  fossiles,  2"  édition,  Toulouse,  Paris,  in-S*,  p.   174. 

-  Melania  Etcheri,   Brong.   —  A.  Jaccard,  —  Description   géologique  du 

Jura  vaudois  et  neufchâtelois,  in-4*,  p.  104,  (Dans  l'Œningien)  supplé- 
ment en  itiio. 

-  Melania  Etcheri,  Brong.  —  0.  Heer.  —  Le  monde  primitif  de  la  Suisse, 


1887.       DOU VILLE.    *-    OBSERVATIONS   SUR    LE    tiKNRK    AIMICA^DIA  193 

1881.  —  Melania  aquitanica,  Noulet.  —  Douvillé.  —  Position  du  calcaire  de  Mon- 
tabuzard,  Bull.  Soc.  Gêol.,  3*  série,  t.  IX,  p.  394. 

1881.  —  Melania aqui tan too, Noulet.  —  Bourguignat.  —Colline  de  Sansan.  —  His- 
toire malacologique,  pi.  VIII,  fig.  300»  301.  —  An.  Soc.  Se.  naturelles,' 
t.  XXII,  art.  3,  p.  150. 

188*.  —  Melania  Aquitanica,  Noulet.  —  De  Lapparent.  —  Traité  de  géologie, 
p.  1036,  1040,  1041.  (Limagne  —  Julien). 

1886.  —  Melania  Escheri,  Brong.  —  Dollfus  et  Dautzenberg.  —  Études  prélimi- 
naires sur  les  coquilles  fossiles  des  faluns,  p.  14  (Feuille  des  jeunes 
naturalistes). 

Parmi  les  diverses  variétés  qu'on  peul  constater  dans  le  Mdanoïdes 
Escheri,  c'est  à  la  variété  aquitanica,  Noulet,  qui  est  probablement  la 
même  que  celle  nommée  grossecostata,  par  Klein,  qu'on  doit  rappor- 
ter les  gros  moules  des  Verrières  et  les  échantillons  de  Pontlevoy 
dans  le  Blaisois. 

La  Melania  albigensis  de  Noulet  est  encore  un  satellite  de  la  même 
forme. 

L'étude  de  la  Melania  Enchéri  nous  conduit  comme  celle  de  Y  Hélix 
Larteti  à  l'âge  miocène  moyen  du  terrain  tertiaire  du  moulin  des 
Boites  aux  Verrières  et  à  son  inséparabilité]de  la  Mollasse  marine. 
Comme  l'étude  des  autres  Hélix  nous  a  montré  des  formes  et  des 
horizons  différents,  il  résulterait  pour  les  terrains  d'eau  douce  du 
Jura  central  français  et  suisse,  une  classification  un  peu  plus  com- 
pliquée que  celle  que  Ton  avait  supposée  d'abord  et  qu'on  peut  résu- 
mer dans  le  tableau  suivant  : 

Œningien  î  Marne  calcaire  des  Lavaux,   de  la  Vorbo,  calcaire  du  Locle  à 

Hélix  sylvana. 

'  3.  Argile  rouge  à  H.  Larteti  des  Verrières,  du  Locle,  etc. 

\  2.  Marne   grise  et  mollasse    à.    Melanoïdes   fcV/teW    des    mêmes 
Hêlvé,ien-  •  localités. 

\   l.  Mollasse  marine  à  Pecten  scabrellus,  Lk.  des  mêmes  localités. 
Aquitanien.  Marne  et  mollasse  rouge  du  pied  du  Jura  à  Hélix  rugutosa. 

M.  Bertrand  présente  quelques  observations  au  sujet  de  la 
communication  précédente. 

M.  Munier-Chalmas  fait  une  rectification  sur  le  genre 
Gemmellaria. 

M.  A.  Gaudry  présente  à  la  Société  une  photographie  du 
Bubalus  antiquus  de  l'Oued-Seguen  que  M.  Ph.  Thomas  a  prise  dans 
son  dernier  voyage  en  Algérie. 

M.  Douvillé  (1)  présente  quelques  observations  au  sujet  du  genre 

fl)  Cette  note  n'étant  pas  parvenue  à  temps  au  secrétariat,  sera  insérée  à  la  suite 
d'une  séance  ultérieure. 

XV  13 


194  a.  KicKLÉ'.  —  ammonites  polyschidks  17  janv. 

Aprkardia,  Giiérangcr,  1853.  Ayant  reçu  de  notre  confrère,  M.  Arnaud 
d'Angoulème,  un  échantillon  de  Toueasia  Arc/iiaci  provenant  du 
Provencien  inférieur  de  Château  ri  eu  r,  il  a  pu  dégager  complètement 
la  charnière  de  la  valve  supérieure  et  reconnaître  son  identité 
générique  avec  Apricardia  carinala. 

La  disposition  de  la  charnière  est  très  voisine  de  celle  qui 
caractérise  le  genre  Toueasia  (type  T.  carinala  de  l'Urgonien)  ;  dans 
cette  dernière  forme,  le  muscle  postérieur  est  porté  sur  une  lame 
myophore  relevée  et  venant  se  placera  peu  près  sur  le  prolongement 
du  plateau  cardinal;  dans  Aprkardia,  au  contraire,  cette  lame 
myophore  est  transverse  et  largement  séparée  du  plateau  cardinal 
sous  lequel  elle  s'enfonce  pour  pénétrer  dans  la  cavité  umbonale. 
Elle  correspond  à  la  rainure  profonde  que  présentent  les  bi rostres. 

Il  résulte  de  cetle  observation  que  le  genre  Apricardia  fait  incon- 
testablement partie  de  la  famille  des  Chamidœ;  c'est  à  ce  genre  que 
paraissent  devoir  être  attribuées  la  plupart  des  coquilles  à  forme  de 
Toueasia  du  Cénomanien  et  du  Turonien. 

Le  Secrétaire  dépose  la  communication  suivante  : 

Sur  laprésence  de  Amm.  polyschides  et  de  Amm.  Sauzei  dans 
VOolithe  inférieure  des  environs  de  Nancy, 

Par  M.  René  Nicklès. 

Au-dessus  de  la  zone  à  Amm.  Sowerbyi  se  développe,  près  de 
Nancy,  une  assise  de  Calcaire  à  entroques  qui  est  connue  des  carriers 
sous  le  nom  de  roche  rouge,  et  qui  par  sa  position  straligraphiqu^  est 


1881.  R.   NICKLÈS.    —  AMMONITES   POLYSCMDES  193 

11  y  a  quelque  temps  déjà,  M.  Kilian  avait  attiré  mon  attention  sur 
ce  fossile.  M.  Bleicher  ne  l'ayant  pas  mentionné,  je  pense  qu'il  peut 
être  utile  de  signaler  son  existence  aux  environs  de  Nancy  et  d'y 
indiquer  sa  position  stratigraphique  exacte. 

Je  rappellerai  d'abord  que  Amm.  polyschides  avait  été  désigné 
autrefois  par  Mérian  sous  le  nom  de  Amm.  Bemouilli.  D'après 
H.  Sleinmann,  l'échantillon  type  déposé  au  musée  de  Zurich  en  fait 
foi. 

Oppel  avait  désigné  cette  même  Ammonite  sous  le  nom  de  Amm. 
Brocchi  (4)  nom  qui  est  réservé  aujourd'hui  à  une  espèce  voisine 
formant,  d'après  Waagen,  un  intermédiaire  entre  Amm.  polyschides  et 
Amm.  Hurnphriesi  par  l'apparition  de  tubercules  sur  les  grosses 
côtes. 

Enfin  M.  Quenstedt  (2)  figure  cette  Ammonite  sous  le  nom  do 
Amm.  GervUlii  grandis  (pi.  LXIV,  fig.  9,)  et  la  cite  dans  le  Jura  brun  de 
Eûingen  (p.  514).  D'après  lui,  Waagen  n'ayant  pas  figuré  Amm. 
polyschides,  il  ne  faut  pas  tenir  compte  de  cette  dénomination  (p.  511). 
C'est  ce  nom  néanmoins  que  je  conserve,  en  attendant  que  la  question 
soit  tranchée  définitivement. 

Indépendamment  de  sa  forme  si  nettement  établie  tant,  par  la 
présence  de  grosses  côtes,  l'absence  de  tubercules,  et  le  déroulement 
bien  caractérisé  du  dernier  tour,  que  par  sa  forme  globuleuse  chez 
le  jeune  et  tendant  à  s'aplatir  chez  l'adulte,  cette  espèce  se  fait 
remarquer  par  la  constance  avec  laquelle  elle  apparaît  au  niveau  de 
Y  Amm.  Sauzei  dont  elle  devient  ainsi  le  satellite  habituel  dans  toutes 
les  localités  où  elle  est  connue  :  elle  y  est  en  effet  limitée  à  cet 
horizon  qui  termine,  on  le  sait,  la  partie  supérieure  du  Bajocien 
inférieur  :  c'est  bien  à  ce  niveau  d'ailleurs  que  j'ai  rencontré 
Amm.  polyschides  aux  environs  de  Nancy,  en  deux  points,  aux  carrières 
de  Dommartemont  et  au  col  de  Sainte-Geneviève  où  les  couches 
affleurent  au  col  même,  à  l'entrée  du  chemin  des  Hauts-Chevaux. 

Les  bancs  où  j'ai  recueilli  ce  fossile  sont  constitués  ainsi  que  je 
1  ai  dit  par  du  Calcaire  à  entroques  très  dur,  pétri  d'encrines.  Ces 
calcaires  sont  exploités  comme  matériaux  de  construction  et  connus 
dans  le  pays  sous  le  nom  de  roche  rouge,  nom  qu'ils  doivent  moins 
à  leur  couleur,  qu'aux  nombreuses  cavités  oercuses  disséminées  dans 
la  masse,  vestiges  de  nombreux  fossiles  malheureusement  peu 
déterminables. 

11  est  à  remarquer  que,  avec  Amm.  po/tjschidvs,   on  trouve  celte 


'i;  Jtiraformation,  p.   374 

(t;  Die  Ammoniten  des  Schwaebischen  Jura.  —  Stuttgart,  133G. 


196  B.    THCKLÊS.    —    AKHONITKS   rOLYSCHIDKS  17  jaOV. 

première  forme  de  Amm.  Bumphriai  à  tours  très  peu  embrassants 
que  l'on  connaît  dans  le  Bajocien  inférieur  jusque  dans  la  zone  à 
Amm.  Sowerbyi  et  que  M.  Douvillé(i),  dans  son  savant  travail  sur 
la  zone  à  Amm.  Sowerbyi  des  environs  de  Toulon,  considère  comme 
type  de  l'espèce  (2). 

Au-dessus  se  développent  les  calcaires  gris  composés  d'oolithes 
cannabines  où  l'on  rencontre  Pecten  silenut  et  tiervillia  Zieleni,  et  à 
la  partie  supérieure  desquelles,  se  trouve,  en  Lorraine,  le  banc  si  net 
à  Clypeus  angusttporus  Cott.,  surmonté  par  les  calcaires  madrépo- 
riques. 

S  ione  k  Amm.  Humphrieti  t*X  Amm.  Blagd'.ni. 


En  résumé,  c'est  bien  au-dessus  de  la  zone  à  Amm,  Sowerbyi  et  au* 
dessous  du  KoralUnkalk  des  Allemands  que  se  trouve  Amm.  poly- 
schides,  en  d'autres  termes,  à  la  partie  supérieure  du  Bajocien  infé- 
rieur. 

La  constance  avec  laquelle  on  rencontre  Amm.  polyschides  dans 
les  couches  a  Amm.  Sauzei,  et  l'extension  géographique  relative- 
ment considérable  de  cette  espèce  ont  été  l'objet  de  plusieurs  remar- 
ques. 

Déjà  en  1858,  Oppel,  reconnaissait  qu'à  la  base  de  la  zone  à  Amm. 
Humphriest  se  trouvent  quelques  espèces  particulières  qui  ne  se  mé- 
langent pas  à  celles  des  couches  supérieures,  et  sous  le  nom  de 
Amm.  Brocchi,  citait  Amm.  polyschides  à  Bayeux,  en  Allemagne  et  en 
Angleterre. 


«887.  séance  197 

H.  Steinmann  (4)  la  mentionne  aussi  aux  environs  de  Metz  (Amm. 
Bernouilli,  Mer.)  entre  les  bancs  à  A.  Sowerbyi  et  le  Korallenkalk. 

Si  j'ajoute,  enfin,  qu'un  de  nos  confrères,  M.  Bigouret  vient  de  la 
rencontrer  cette  année  dans  la  Charente,  à  Nanteuil-en-Vallée,  et, 
toujours  dans  la  même  zone,  j'aurai,  je  crois,  insisté  suffisamment 
sur  la  constance  avec  laquelle  on  rencontre  Amm.  polyschides  dans 
l'Europe  centrale  et  occidentale,  et  sur  la  régularité  avec  laquelle  elle 
y  apparaît  au  niveau  de  Amm.  Sauzei. 

Séance  du   7  Février  1887 

Présidence  de  M.  Albert  Gaudry 

M.  Mce  Hovelacque  secrétaire  donne  lecture  du  procès-verbal  de 
la  dernière  séance  dont  la  rédaction  est  adoptée.    * 

Par  suite  de  la  présentation  faite  dans  la  dernière  séance,  le  Prési- 
dent proclame  membre  de  la  Société  : 

M.  Fournier,  Préposé  aux  collections  géologiques  du  Musée  de 
Niort,  présenté  par  M.  Douvillé  et  Vasseur. 

Le  Président  annonce  ensuite  trois  présentations. 

Le  Président  annonce  en  ces  termes  la  mort  de  M.  Cornet  : 

Je  dois  annoncer  à  la  Société  géologique  une  grande  perte  :  notre 
éminent  confrère  de  Mons,  M.  Cornet,  vient  de  mourir.  Chacun  de 
nous  connaît  les  beaux  travaux  qu'il  a  publiés  avec  son  fidèle  ami 
M.  Briart.  Les  liens  étroits  d'affection  qui  nous  unissent  aux  géologues 
belges  nous  font  prendre  une  vive  part  à  leur  chagrin.  D'ailleurs, 
M.  Cornet  était  un  savant  si  habile  que  sa  mort  doit  exciter  des  regrets 
parmi  les  géologues  de  tous  les  pays. 

Le  Président  dépose  sur  le  bureau  un  numéro  de  la  Bévue  scienti- 
fique oh  il  a,  en  quelques  mots,  exprimé  la  reconnaissance  que  les 
géologues  français  devaient  à  noire  éminent  confrère  Fontanne  pour 
ses  fondations  de  prix  de  Géologie  et  de  Paléontologie. 

M.  Cotteau  offre  à  la  Société  la  8e  livraison  des  Echinides  éocènes 
qui  vient  de  paraître;  elle  renferme  la  suite  de  la  description  des 
espèces  du  genre  Sckizaster.  Parmi  les  types  les  plus  remarquables, 
M.  Cotteau  signale  S.  Des  Moulinsi,  placé,  dans  l'origine,  par  Desor 
dans  le  genre  Periasler^  mais  qui,  en  raison  de  ses  aires  ambula- 
craires  flexueuses  et  de  la  disposition  de  ses  pores,  appartient  eerlai- 

1;  Steinmann.  Geologischer  Fiihrer  der  Umgegend  von  Metz.  —Metz,  1882. 


108  l'audé  dourgeat.  —  ostrfa  virgula  dans  lu  jura  7  fév. 
aement  au  genre  Schizaster;  S.  obesut  indiqué,  pour  la  première  fois 
en  184C,  par  Leymerie,  et  qui  se  distingue  nettement  de  ses  congé- 
nères par  sa  forme  épaisse,  sensiblement  rétrécie  en  avant,  par  son 
appareil  apical  presque  central,  par  son  sillon  antérieur  large  et  pro- 
fond à  la  face  supérieure,  plus  étroit  vers  l'ambitus;  S.  pyrenaicus  et 
buane&etuii,  espèces  nouvelles  fort  rares,  recueillies  l'une  et  l'autre 
par  M.  Jacquot  dans  l'Éocène  inférieur  des  Landes  ;  S.  latus,  remar- 
quable pur  sa  grande  taille,  par  sa  forme  circulaire  et  son  sommet 
très  excentrique  en  arrière,  type  curieux  connu  depuis  longtemps, 
mais  qui  n'avait  jamais  été  ni  décrit  ni  figuré  ;  S.  Vttaini,  du  Calcaire 
grossier  des  environs  de  Chaumont{Seine-et-Oise),  présentant  ce  sin- 
gulier caractère  d'avoir  l'aire  ambulacraire  antérieure  logée,  à  sa 
partie  supérieure,  dans  une  dépression  très  profonde  et  aussi  nette* 
ment  circonscrite  que  ce  Mœra, 

Le  secrétaire  donne  lecture  de  la  communication  suivante  de 
H.  l'abbé  Bourgeat  : 

On  sait  combien  la  Société  géologique  a  eu  de  peine  à  reconnaître 
VOttrea  virgula,  soil  a  Noire-Combe,  soit  aux  environs  de  Viry.  Ce 
n'est  même  que  grâce  à  l'œil  très  exercé  de  M.  Choflàt  que  nous 
avons  pu  en  découvrir  des  traces  dans  les  marnes  qui  surmontent  le 
troisième  niveau  oolitbique  de  celte  dernière  localité.  On  pouvait 
donc  présumer  que  ce  fossile  devait  être  extrêmement  rare  dans 
le  voisinage  immédiat  de  Saint- Claude.  Ce  n'est  cependant  pas  ce  qui 
a  lieu.  Dans  une  course  que  j'ai  faite,  au  commencement  de  l'automne 
dernier,  à  la  nouvelle  tranchée  du  chemin  de  fer  qui  entame  presque 


1887.  l'abbG  rourxii.  —  rouDiNGuns  de  palassou  199 

les  entrepreneurs  n'avaient  eu  l'idée  d'exploiter  les  longues  dalles  du 
marno-calcaire  pour  en  couvrir  les  fossés  d'écoulement  des  eaux. 
Inutile  d'ajouter  qu'ils  y  ont  renoncé  vu  la  facile  délitabilité  de  la 
roche.  Mais,  dans  tous  les  cas,  les  grandes  dalles  qu'ils  ont  exlrajtes 
sont  restées  là  couvertes  et  pétries  d'une  multitude  d'Oslrea  virgula, 
les  unes  munies  de  leur  test,  les  autres  à  l'état  de  moule.  Le  nombre 
en  est  aussi  grand  que  dans  les  marnes  les  plus  riches  du  Boulon- 
nais; et,  n'était  la  couleur  de  la  roche,  on  se  croirait  en  présence  d'une 
des  assises  du  fort  de  la  Crèche.  Je  me  réserve  de  donner  plus  tard 
en  détail  la  coupe  que  je  viens  de  signaler.  Mais  je  crois  qu'en  atten- 
dant il  ne  sera  pas  sans  intérêt  pour  la  Société  géologique,  dont  un 
grand  nombre  de  membres  ont  visité  le  Jura,  de  savoir  que  les  Oilrea 
cirgula  s'avancent  au  voisinage  de  Saint-Claude,  non  pas  à  l'état 
sporadique,  mais  simplement  en  nombreuses  colonies,  et  que,  dès 
lors,  il  n'est  pas  défendu  d'espérer  en  trouver  plus  d'un  affleurement 
entre  cette  ville  et  Orbagnoux. 

Dans  tous  les  cas,  leur  abondance  à  Saint-Claude,  dans  les  condi- 
tions que  je  viens  d'indiquer,  précise  encore  davantage  la  position  de 
TOolithe  virgulienne,  tandis  que  les  nouvelles  intercalations,  consta- 
tées des  marnes  ptérocériennes  dans  les  oolithes  coralligènes  qui  se 
rencontrent  plus  bas,  fournissent  un  argument  de  plus  pour  fixer  à 
ce  niveau  notre  Corallien  de  Valfln.  Il  me  semble  en  outre,  que,  par 
le  fait  que  ces  marnes  se  suivent  ainsi  du  Couchant  et  du  Nord  vers 
Saint-Claude  et  qu'on  les  retrouve  à  quelques  kilomètres  plus  au  Sud- 
Est  dans  les  affleurements  de  Désertin  et  des  Boucboux,  elles  doi- 
vent s'avancer  en  pointe  vers  ces  dernières  localités  et  séparer  ainsi  le 
récif  de  Viry  au  Sud-Ouest  de  celui  de  Vallin  au  Nord-Est.  L'intervalle 
de  ce*  deux  récifs  aurait  été  ainsi  comblé  par  des  dépôts  mi-oolilhiques 
mi-marneux,  et  l'on  comprend  comment  les  couches  oolilhiques  y 
îonl  moins  puissantes  et  moins  riches  en  Rayonnes.  11  y  avait  dune 
là  une  sorte  de  chenal  qui  allait  s'ouvrir  aux  Bouchoux  où  le  faciès 
pélagique  commence  à  se  montrer. 

Le  secrétaire  dépose  sur  le  bureau  la  note  suivante  de  M.  l'abbé. 
Puuech. 

Réponse  aux  observations  de  M.   Viguier  et  de  M.  de  llouville, 
à  propos  des  Poudingue  s  de  Palassou, 

Par  M.  l'abbé  Pouech. 

Le  Bulletin  de  la  Société  géologique  (séance  du  21  juin  188(5)  (1),  con- 
tient deux  notes  concordantes  et  solidaires,  l'une  de  M.  Viguier  et 

I    Huit.  Suc.  'fol.  d:  France,  3*  série,  t.  XIV,  p.  :>S2  c\  -ni v. 


200  L'àBBK    PUUKCH,    —    POUDINGUES   DE    PAl.ASSOU  7    fév. 

l'autre  de  M.  de  Rouville,  visant  toutes  deux,  une  de  mes  communi- 
cations précédentes,  et  auxquelles  je  crois  devoir  répondre.  Je  le  fe- 
rai le  plus  brièvement  possible,  avec  l'agrément  de  la  Société. 

RÉPONSE  A   LA    NOTE    DE   M.    VIGUIER 

A  propos  des  Poudingues  éocènes  dits  de  Palassou,  dont  j'avais 
parlé  dans  ma  note  du  18  janvier  1886  (4),  M.  Viguier* m'attribue,  ou 
peut  être  me  suggère,  l'idée  de  scinder  la  grande  formation  détri- 
tique éocène  à  laquelle  appartiennent  ces  Poudingues  si  développés 
dans  l'Aiiège.  Or,  cette  idée,  je  ne  l'ai  jamais  eue,  et  je  ne  la  partage 
en  aucune  manière;  bien  plus  je  m'inscris  contre  elle  jusqu'à  meil- 
leur informé. 

Les  détails  nécessairement  succincts  donnés  sur  cette  formation, 
et  le  fragment  de  tableau  joint  à  ma  note,  ont  sans  doute  permis 
cette  supposition  a  notre  savant  et  très  honoré  confrère,  et  l'ont  in- 
duit en  erreur. 

J'avais  découvert  un  gîte  de  Lophiodon  &  Saint-Quiatin,  aux  en- 
virons de  Mirepoix,  au  milieu  de  ces  Poudingues,  et  je  voulais  faire 
connaître  le  fait.  Leymeric,  qui  avait  donné  une  coupe  de  la  région, 
y  avait  méconnu  le  double  plissement  des  terrains,  aussi  bien  que  la 
rupture  en  boutonnière  qu'ils  y  ont  subie,  mettant  au  jour  les  cou- 
ches Dummulitiques,  entre  Lagarde  et  Trésiès  ;  et  je  voulais  rectifier 
cette  erreur.  Enfin,  frappé  de  l'importance,  excessive,  selon  moi,  ac- 
cordée à  l'argument  négatif  tiré  de  la  non-découverle  de  tel  ou  tel 
fossile,  dans  la  détermination  des  terrains  en  géologie,  puisque  ma 
découverte  récente  m'en  fournissait  l'occasion ,  je  voulais  protester 


1887.  l'abbé  poubcii.  —  poumrguks  de  palassou  201 

Il  m'attribue,  ou  me  suggère,  ai- je  dit,  la  pensée  de  faire  un  cer- 
tain étage  particulier  de  poudingues  en  scindant  la  formation  entière 
en  deux  parties  distinctes,  dont  Tune,  celle  où  je  signale  des  Lophio- 
don serait  tout  autre  que  celleque  M.  Hébert  inscrit  dans  son  tableau 
de  classification  des  terrains  nummulitiques  du  midi  de  la  France  (4), 
et  à  laquelle  elle  serait  inférieure  (2). 

M.  Viguier  se  trompe.  Telle  ne  fut  jamais  ma  pensée.  Je  ne  divise 
pas  en  étages  géologiques  distincts,  cette  formation  où  les  plans 
précis  de  division  manquent;  que  M.  Hébert  lui-même  déclare  peu 
divisible  (3),  et  Leymerie,  indivisible  absolument  (4). 

Voici  en  quoi  je  puis  avoir  donné  lieu  à  cette  singulière  idée  de 
M.  Viguier. 

M.  Hébert,  dans  son  tableau  de  classification,  ayant  oublié  le  Lo- 
phiodon  de  Sibra  qu'il  avait  vu  chez  moi  dès  1862,  et  ignorant  encore 
l'existence  de  ceux  de  Saint-Quintin  (dont  la  découverte  n'avait  pas 
encore  été  faite),  dans  la  troisième  case  en  descendant,  de  la  colonne 
réservée  aux  Pyrénées  centrales  ;  en  regard  de  celle  où  il  avait  inscrit 
les  grès  à  Lophiodon  d'Issel,  avait  écrit  le  mot  manque  (5),  en  laissant 
cette  case  vide. 

C'était  une  méprise,  que  le  savant  géologue  avait  réparée  depuis  (6), 
mais  le  tableau  restait  et  consacrait  une  erreur;  il  fallait  le  rectifier  ; 
et  comme  j'en  avais  l'occasion,  après  en  avoir  prévenu  l'auteur,  je 
l'entrepris,  et  je  le  fis  en  reproduisant  la  partie  dudit  tableau  affé- 
rente à  la  question,  et  en  inscrivant  les  grès  de  Sibra  avec  les  Pou- 
dingues de  Saint-Quintin  dans  la  case  laissée  vide;  prouvant  ainsi, 
et  que  les  grès  à  Lophiodon  existaient  dans  les  Pyrénées  centrales,  et 
que  même  les  Poudingues  dits  de  Palassou,  si  développés  dans  la 
contrée  y  renfermaient,  eux  aussi,  les  mêmes  fossiles.  Ainsi,  je  réta- 
blissais la  vérité  des  faits,  et  en  même  temps  je  démontrais  l'oppor- 
tunité de  ma  thèse  contre  l'abus  de  l'argument  négatif  que  j'avais 
signalé. 

Là  se  bornaieut  mes  prétentions.  Pour  moi  alors  (comme  du  reste, 
encore  aujourd'hui),  comme  pour  M.  Viguier  lui-même  (7),  et 
M.  Meyer(8)  qu'il  invoque,  la  formation  des  Poudingues  de  Palassou 
comprenait  tout  cet  ensemble  de  dépôts  sédimentaires  et  détritiques, 

(1)  Bull.,  3*  série,  t.  X,  p.  391,  tableau. 

\t)  Bull.,  3-  série,  t.  XIV,  p.  584,  tableau. 

(3)  Bull.,  Z*  série,  t.  X,  p.  391. 

(4;  Bull.,  3m  série,  t.  II,  p.  80. 

(5)  Bull.,  3*  série,  t.  X,  p.  391,  tableau. 

(flj  Bull.,  3*  série,  t.  X,  p.  534. 

7,  Bull.,  3*  série,  t.  X,  p.  6^7,  tableau. 

s,  Bull..  3«  série,  t.  XIV,  p.  584.  tableau. 


903 


1  POUtCH.    —   rOLDINCUES  I 


TAL; 


ÎSÛU 


1  fév. 


qui  s'étendent  en  largeur  des  Pyrénées  à  la  montagne  Noire,,  et  en 
hauteur  des  dernières  couches  nummulitiques  aux  Mollasses  mio- 
cènes exclusiveiuent. 

Jamais  je  n'avais  appliquée,  cette  formation,  complexe  mais  une  dans 
son  ensemble,  d'autre  mode  de  division  que  le  plus  large  et  le  moins 
défini  de  tous,  à  savoir  :  en  partie  supérieure,  inférieure  et  moyenne; 
observant  seulement  que  les  poudingucs  dominent  dans  la  partie 
supérieure,  et  les  grès  dans  la  partie  inférieure,  et  que  les  calcaires 
lacustres  toujours  isolés,  se  rencontraient  en  général,  dans  la  partie 
moyenne,  malgré  des  exceptions  nombreuses,  et  malgré  qu'il  y  ait 
aussi  des  poudingues  et  des  grès  à  toute  hauteur,  et  partout. 

Mais  M.  Viguier  va  plus  loin  :  dans  le  tableau  dont  il  accompagne 
sa  note  il  fait  (t)  dans  les  Poudingues  dits  de  Palassou  une  division 
en  deux  étages,  supérieur  et  inférieur,  dont  il  attribue  le  premier  & 
M.  Hébert  et  le  second  à  moi-même.  Or,  ce  partage,  je  ne  puis  l'ac- 
cepter pas  plus  que  la  part  qu'il  m'y  fait.  Je  ne  divise  pas...  Il  va  plus 
loin  encore  :  préoccupé  de  sa  théorie  de  la  localisation  des  faunes,  il 
forme  un  étage  inférieur  aux  deux  autres,  composé  de  marnes,  grès 
et  poudingues  a  Lo/iAiodûn  (2),  qu'il  place  sur  le  niveau  d'issel  et  de 
Limons  pour  y  comprendre  le  gîte  de  Saint-Quintiu  sans  doute, 
étendant  ainsi  ce  niveau  d'issel  jusque-là  si  exactement  limité  par 
les  géologues  qui  en  ont  parlé,  jusqu'à  celui  de  Saint-Quintin,  et  de 
Limoux  ;  ne  remarquant  peut-être  pas,  qu'en  procédant  ainsi,  il  s'en- 
gage implicitement,  à  déplacer  sans  cesse  et  indéfiniment,  la  limite 
supérieure  de  ce  prétendu  niveau  à  Lop/iioilon,  à  mesure  qu'on  en  dé- 
couvrira de  plus  en  plus  haut,  jusqu'à  ce  que  toute  la  formation  y 
gWJBW,  Qniffi il  QUi»  mtll  MCtwnJOD   i!h    domaine   lit  .-s  I.up/iioi/on,  ne 


1887.  l'abbé  routtcu.   —  rouniKUUKS  de  palassou  203 

H.  Meyer  invoqué  par  M.  Viguier,  ne  dit-il  pas  d'ailleurs  (1)  que 
le  genre  Palœotherium  n'est  pas  plus  caractéristique  de  l'étage  ligu- 
rien que  le  Renne  n'est  caraclérislique  de  l'époque  actuelle?  Ibid. 

Ce  prétendu  étage  inférieur,  à  Lophiodon  est  donc  malvenu 
comme  tel.  Néanmoins  comme  matériellement  il  m'appartient,  en 
tint  qu'il  a  été  pris  dans  mon  tableau,  je  le  revendique;  mais  uni- 
quement pour  le  réunir  aux  deux  autres,  imaginés  par  M.  Viguier, 
et  refaire  ainsi,  cette  grande  formation  détritique  éocène,  caracté- 
risée chez  nous  par  les  Poudingues  de  Palassou,  une  dans  son  en- 
temble,  entière,  indivise. 

Ainsi  donc,  quant  à  moi,  tout  en  maintenant  l'unité  de  cette  for- 
mation, je  ne  sacrifie  ni  ma  découverte  de  Saint- Quintin,  ni  les 
conclusions  que  j'en  tire,  à  savoir  : 

4*  Que  les  couches  à  Lophiodon  ne  manquent  pas  chez  nous,  et 
qu'elles  doivent  être  restituées  aux  Pyrénées  centrales. 

3°  Que  l'argument  négatif  de  l'absence  prétendue  de  tel  ou  tel 
fossile,  montre  ici  en  particulier,  son  peu  de  valeur. 

3'  Qu'en  général  les  classiûcations  des  terrains  fondées  sur  l'ab- 
sence présumée  des  fossiles,  n'ont  qu'une  valeur  provisoire  et  par- 
tant secondaire  ;  puisque  le  hasard  des  nouvelles  découvertes  peu- 
vent les  ébranler  à  tout  moment. 

Maintenant,  si  par  mon  fragment  de  tableau,  et  ce  que  je  dis  dans 
ma  note  j'ai  donné  lieu  à  cette  apparence  de  contradiction  entre 
moi  et  M.  Hébert  dont  se  préoccupe  M.  Viguier,  c'était  bien  loin  de 
mes  prévisions  et  je  le  regrette.  Qui  peut  se  flatter  d'être  toujours 
assez  clair  pour  être  parfaitement  compris?  Toutefois  ces  inter- 
minables discussions  auxquelles  ont  donné  lieu  nos  terrains  ter- 
ti.iires  du  midi,  ces  difficultés,  ces  incertitudes,  ces  obscurités;  cet 
imbroglio  dont  les  tableaux  en  général  et  celui  de  M.  Viguier  lui- 
Même  offrent  le  spectacle  ;  tout  cela  ne  tient-il  pas  probablement  à 
la  trop  grande  préoccupation  que  l'on  a  de  rapporter  avec  la  der- 
rière précision,  et  couche  à  couche  comme  l'observe  très  judicieu- 
sement Leymerie  «  notre  grand  dépôt  lacustre  aux  subdivisions  que 
les  géologues  parisiens  reconnaissent  dans  leur  bassin  si  éloigné  et 
si  différent  du  nôtre  (2)?  »  Leymerie  l'a  pensé  :  je  le  pense  comme 
lui.  Comme  à  lui  cette  prétention  à  la  précision  doit  paraître  à  cha- 
cun, faite  pour  induire  en  erreur,  et  d'ailleurs  aussi  exagérée  que 
peu  justifiée. 

C'est  pourquoi  M.  Viguier  se   montre  bien  mieux  inspiré  lorsque, 

1;  ltu/i..  3*  série,  t.  XIV,  |».  OU,  M.  Mryer  d'api  ùs  M.  di-  i<«»u\illo. 
'?.  UuU.  3*  série  t.  II  p.  M. 


204 


LABBÉ   POL'BCll.     —    IMIUDIltlîUKS    1 


pour  dissiper  celte  ombre  de  divergence  qu'il  croit  apercevoir  outre 
l'opinion  de  M.  Hébert  et  la  mienne,  il  propose  de  poursuivre  dm» 
l'Aude  la  formation  que  nous  avons  étudiée  tous  les  deux  dans 
l'Ariège  ;  et  lorsque,  surtout,  mettant  son  heureuse  idée  en  pratique; 
partant  du  Santel,  (Ariège)  au  Sud,  et  sur  le  méridien  Mîrepoix,  par 
Chalabro  et  Limoux,  il  la  poursuit  effectivement  jusqu'à,  la  hauteur 
de  Carcassonne  et  plus  loin  vers  le  Nord.  C'est  alors  qu'il  a  pris  en 
main  le  vrai  fil  d'Ariadne  seul  capable  de  nous  guider  dans  ce  dé-  ' 
dale  :  la  continuité  latérale  des  couches,  le  critérium  véritable,  le 
seul  père  m  ptoire  quand  on  peut  l'invoquer. 

Ainsi  dit  M.  Viguier  :  «  Si  du  Santel  on  suit  ces  couches  vers  l'Est 
»  dans  le  département  de  l'Aude,  on  voit  toujours  les  couches  du 
»  Nummulitique  supérieur,  supportant  des  poudingues  à  éléments 
»  de  dimensions  1res  variables,  généralement  calcaires,  rarement 
»  granitiques  ou  schisteux,  dans  lesquels  sont  intercalées  des  len- 
»  tilles  plus  ou  moins  étendues  de  grès  ou  de  marnes  gréseuses.  » 
Puis  :  h  En  suivant  ces  grès  et  poudingues  vers  le  Nord,  on  les  voit 
»  arriver  avec  des  modifications  insensibles,  à  la  hauteur  de  Carcas- 
»  sonne  a  au  (Carcassien  de  Leymerie)  (4). 

Donc,  d'après  M.  Viguier,  lui-même  le  Poudingue  de  Palassou  du 
Midi,  en  s'étendaot  au  Nord  vers  le  coté  opposé  du  bassin,  passe 
au  grès  de  Carcassonne.  Donc,  grès  au  Nord  et  poudingues  au  Sud 
sont  sur  le  même  niveau,  sur  le  même  horizon  ;  c'est  la  même  for- 
mation à  deux  faciès  différents,  ou  si  on  aime  mieux,  ce  sont  deux 
formations  parallèles,  et  synchroniques,  liées  entre  elles,  et  passant 
l'une  à  l'autre  par  modification  graduelle  insensible,  ayant  même 
origine,  et  dues  &  une   môme  cause,  variant  ses  effets,  selon   les 


1887.  l'abbé  POORcn.  —  poudingues  de  palassou  205 

la  mollasse  de  Castelnaudary,  et  les  Poudingues  de  Palassou  sur  le 
tout.  Ce  qu'il  faut  retenir  seulement,  c'est  que,  tandis  que  se  formaient 
an  Sud  au  pied  des  Pyrénées,  des  nappes  de  galets  d'où  sont  venus 
les  poudingues  ;  au  Nord  se  sont  formés  des  bancs  de  sable  et  de 
vase  d'où  sont  venus  les  mollasses  et  les  grès.  Alors  aussi,  selon 
l'opportunité  des  circonstances  et  des  lieux,  se  sont  formés,  çà  et  là, 
an  milieu  des  dépôts  détritiques,  ces  amas  isolés  de  marnes  et  de 
calcaires  lacustres  qu'on  y  trouve  disséminés  (*). 

sence  de  ces  cases,  où  M.  Hébert  avait  inscrit  ces  mollasses  et  ces  calcaires  comme 
des  étages  géologiques,  là  où  je  pouvais,  et  où  je  puis  encore  inscrire  les  pou- 
dingues, j'ai  mis  des  points  de  doute.  C'est  en  effet  une  question  posée  aux  géo- 
logues, que  celle  de  savoir,  s'il  faut  considérer,  ces  calcaires  et  ces  mollasses 
comme  des  étages  réels;  et  ultérieurement  s'il  faut  continuer  à  prendre  le  grès 
de  Carcassonne  pour  type  de  la  formation  éocène  lacustre;  enfin  s'il  faut,  oui  ou 
non,  conserver  à  cette  formation  supranummulitique  la  dénomination  de  Carcas- 
sienne  que  Leymerie  a  prétendu  lui  imposer. 

(*}  Voici  la  théorie  que  je  proposerais  pour  expliquer  la  formation  de  ces  cal- 
caires. 

l*  Un  vaste  amas  de  matériaux  détritiques  s'est  formé  au  sein  du  golfe  ou  grand 
lac  sous-pyrénéen  ;  et  sous  l'action  des  vagues  et  des  flots,  ces  matériaux  agités 
dispersés,  entassés  au  contraire  en  certains  endroits,  y  ont  formé  des  hauts-fonds 
à  fleur  d'eau,  émergés  pendant  les  périodes  de  calme,  recouverts  seulement  pen- 
dant les  périodes  d'agitation,  surtout  pendant  les  grandes  tempêtes. 

î*  Des  lagunes  plus  ou  moins  profondes  se  sont  formées  sur  ces  hauts-fonds, 
dans  le  bassin  desquelles  les#vagues,  tant  soit  peu  enlevées  ont  amené  les  eaux 
do  lac  chargées  de  calcaire  en  dissolution  et  de  limon  calcaire. 

Cela  posé,  il  s'est  opéré  dans  ces  bassins  un  travail  incessant  et  alternatif  d'eau 
amenée  et  d'eau  évaporée  tendant  à  la  condensation  de  la  matière  calcaire,  puis  à 
sa  précipitation  sous  forme  sédimenteuse  d'abord,  puis  sous  forme  solide. 

C'est  ce  qui  a  dû  s'opérer  pendant  les  périodes  plus  ou  moins  longues  de  calme, 
et  des  couches  toujours  peu  épaisses,  du  reste,  ont  pu  se  former  ainsi,  telles  qu'on 
les  observe. 

Alors  aussi,  des  mollusques  terrestres  et  d'eau  douce,  ont  pu  s'établir  sur  ces 
hauts-fonds  et  dans  ces  bassins,  et  laisser  leurs  coquilles  dans  les  sédiments  cal- 
caires qui  s'y  formaient.  Alors  encore,  les  Tortues,  les  Crocodiles  ont  aussi  pu  fré- 
quenter ces  Ilots  et  les  bassins  qu'ils  renfermaient,  ainsi  que  les  Palœotherium  et 
les  Lophiodnn,  animaux  aquatiques  et  nageurs,  à  qui  l'analogie  de  conformation 
semble  assigner  des  instincts  et  des  habitudes  semblables.  C'est  ce  qui  a  dû  se 
passer  durant  les  périodes  de  calme,  ai -je  dit.  Dans  les  périodes  d'agitation,  au 
contraire,  des  sables,  des  galets,  ont  dû  y  être  jetés,  surtout  pendant  les  grandes 
tempêtes,  de  sorte  que  ces  tlots,  déjà  rabaissés  par  le  tassement  de  leurs  maté- 
riaux, ont  été  enterrés  sur  place,  tandis  que  d'autres  se  formaient,  là-même,  ou 
en  d'autres  lieux.  C'est  ainsi  que  sont  probablement  formés  ces  amas  de  calcaire 
lacustre  toujours  isolés.  Maintenant,  comment  ont  été  portées  là,  les  premières 
coquilles  qu'on  y  trouve?  Pour  les  coquilles  d'eau  douce  ou  leurs  germes,  ce  sont 
les  oiseaux  aquatiques  qui  s'en  sont  chargés;  pour  les  coquilles  terrestres,  ce  sont 
les  torrents  d'abord,  puis  les  flots.  Enfin,  d'où  vient  la  matière  calcaire?   De  la 


306  L'ABBÉ  PÛUECU.   —  FOUDINGL'KS  de   pai.assou  ^   fév. 

Dans  cette  vaste  région  qui  s'étend  du  pied  des  Pyrénées,  jusqu'à 
la  montagne  Noire,  en  effet,  H.  Viguier  doit  l'avoir  remarqué  comme 
moi,  la  formation  dans  son  ensemble  est  seule  continue  ;  aucune 
couche  particulière  ne  l'est;  ni  les  calcaires,  ni  les  mollasses,  ni  les 
grès,  ni  les  pondingues  non  plus.  Aucune  d'elles  ne  forme  an  hori- 
zon géologique  proprement  dit;  toutes  en  se  prolongeant  changent 
de  faciès,  de  forme  ou  de  nature  et  s'effacent  pour  reparaître  sur 
d'autres  niveaux.  On  ne  peut  surtout  invoquer  le  soi-disant  horizon, 
ni  de  Castelnaudary,  ni  du  Mas-Saintes-Puelles  ;  j'ajouterai  ni  celui  de 
Sabarat  qu'on  essaie  d'invoquer.  Tout  est  changeant  dans  cette  for- 
mation; tout  y  est  discontinu,  sauf  la  formation  elle-même,  dont  la 
récurrence  des  mornes  éléments  en  des  lieux  et  des  niveaux  diffé- 
rents, font  un  des  principaux  caractères. 

Une  autre  observation  a  faire,  non  moins  importante,  et  qui  n'aura 
pas  échappé  à  M.  Viguier,  c'est  que,  dans  les  poudingues,  surtout  là, 
où  la  chose  est  facile  à  constater,  les  éléments  de  la  formation  sont 
exclusivement  pyrénéens;  ce  qui  sur  le  méridien  de  Mirepoix, 
d'après  Leymerie(l),  se  continue  depuis  le  pied  des  Pyrénées  jusqu'à 
Fendeille  au  bord  de  la  vallée  du  canal,  et  non  loin  de  la  montagne 
Noire. 

trituration  des  galets  d'abord,  et  la  quantité  produite  par  ce  moyen  n'a  pas  dû 
Être  minime.  Des  sources  coulant  des  Pyrénéen  ensuite.  Enfin,  et  surtout,  des 
calcaires  délayables  si  abondants  dans  ces  mêmes  montagnes  depuis  les  couches 
éocènes  jusqu'aux  marnes  garumoiennes  et  aux  marnes  irisées.  C'est  probable- 
ment là  la  source  principale  des  limons  et  des  vases  a rgilo- calcaires  qui  ont 
formé  ces  couches  de  marnes  qui  accompagnent  loujonrs  les  calcaires  lacustres, 
et  toujours  aussi  assez  vivement  colorées. 

1  i..'i.n-  ilUii-iliiuion  lians  I- 


1887.  LABBÉ  POUECH.   —  POUDINGUES    DE   PALASSOU  207 

Nous  avons  donc  dan)  la  môme  formation  :  les  poudingues  y  sous 
forme  de  bourrelet  littoral  au  S.,  le  long  des  Pyrénées;  les  grès  et  les 
mollasses  au  N.  ;  et  entre  deux,  ménageant  la  transition,  des  poudin- 
gues à  menus  galet*  pyrénéens  ({),  avec  des  mollasses  et  des  grès  dont  les 
éléments  sans  aucun  doute,  aussi,  sont  d'origine  pyrénéenne. 

L'origine  delà  formation,  on  ne  peut  échapper  à  cette  conclusion, 
est  donc  dans  les  Pyrénées  :  voilà  des  faits  incontestables  acquis, 
des  effets  évidents  et  parlants;  disant  :  1°  que  des  masses  de  débris 
rocheux  arrachés  à  ces  montagnes  ont  été  apportés  dans  la  mer, 
dans  le  golfe  ou  grand  lac  qui  en  baignait  le  pied;  2°  que  là,  repris 
parles  flots;  agités,  roulés,  trilurés,  broyés,  réduits  en  sable,  en 
limons,  en  galets,  selon  leur  volume  et  leur  poids,  étendus  plus  ou 
moins  loin  vers  le  large,  et  jusqu'à  la  rive  opposée,  la 
Montagne  Noire  alors;  ils  ont  formé,  dans  ce  bassin,  des  nappes 
superposées  de  galets,  <f  où  sont  provenus  les  poudingues  au  S.,  et 
au  N.,  c'est-à-dire  plus  loin  du  foyer  d'action  principal,  des  bancs  de 
sable  et  de  boue,  d'où  sont  provenus  les  grès  et  les  mollasées. 

C'est  là,  je  crois,  la  conclusion  évidente  des  faits  constatés.  Elle 
nous  permet  aussi,  et  du  même  coup,  d'en  deviner  la  cause.  La  voici 
selon  moi. 

Pendant  que  la  mer  nummulitique  baignait  de  toute  part  le  massif 
pyrénéen,  réduit  peut-être  encore  alors,  à  la  condition  d'une  région 
insulaire,  ce  massif,  à  peine  ébauché,  a  commencé  à  s'exhausser,  et 
a  continué  ainsi  à  s'exonder  durant  une  période  de  temps  dont  la 
longueur  ne  peut  être  précisée.  Une  série  de  mouvements  séismiqucs 
s'y  est  déclarée  constante  et  uniforme?...  discontinue,  variable  et 
intermittente  plutôt  :  mais  à  secousses  nombreuses  et  violentes; 
soulevant,  ployant,  rompant,  faillant,  et  redressant  les  roches  sédi- 
mentaires  déjà  consolidées  en  amoncelant  les  débris,  que  des  tor- 
rents au  cours  déclive  et  abrégé  ont  dû  charrier  dans  le  bassin 
adjacent.  Puis,  ces  débris-là  livrés  aux  vagues  et  aux  flots,  surtout 
pendant  les  tempêtes,  y  ont  formé  les  dépôts  que  nous  y  voyons  con- 
solidés aujourd'hui.  Et  ces  deux  actions  concourantes  ont  duré  jus- 
qu'à ce  qu'enfin  une  secousse  finale,  subite,  violente  et  plus 
puissante  que  les  autres,  soulevant  et  émergeant  les  poudingues  eux- 
mêmes,  portant  les  couches  à  nunimulites  aux  plus  hautes  cimes  des 
Pyrénées  (2),  donnant  à  ces  montagnes  le  relief  et  les  formes  qu'elles 

(i)  Les  blocs  qui  de  ces  contrées  sont  portés  à  Pamiers,  présentent  en  général 
uu  grès  poudingi forme  pétri  de  petits  galets  calcaires  d'origine  pyrénéenne. 
fi)  Au  sommet  du  Mont-Perdu  (3351  mètres),  Leymerie. 


208  l'abbé  foukcii.  —  poudinoues  de  palassou  7  lév. 

conservent  encore,  —  soit  venue  mettre  iin  à  la  période  éocène  et 
inaugurer  l'époque  miocène  qoi  l'a  suivie  immédiatement  (I). 

Si  tels  sont,  par  conséquent,  l'origine,  la  cause,  le  mode  de  pro- 
duction de  la  formation  dont  il  s'agit,  on  peut  comprendre  la  diffi- 
culté qu'on  rencontre  quand  on  veut  la  paralléliser  couche  à  coucbe 
avec  celles  du  bassin  de  Paris  ou  de  tout  autre  bassin  différent,  puis- 
que pour  cette  partie  supérieure  et  détritique  de  nos  terrains  éocènes, 
nous  avons  une  production,  peut-on  dire,  à  jet  continu  et  sans  inter- 
ruption, pas  même  pendant  celles  qu'a  pu  subir  le  soulèvement  pro- 
gressif pyrénéen,  qui  en  serait  la  cause  principale  et  première. 

RÉPONSE  A  LA   HOTE    DE    M.    DE    BUUV1LLE 

M.  de  Houville  adoptant  et  confirmant  les  observations  de  M.  Vï- 
guier,  comme  il  le  dit  dans  sa  note,  je  lui  ai  déjà  répondu,  du  moins 
en  partie,  et  il  ne  me  reste,  maintenant,  qu'a  répondre,  une  aune, 
aux  observations  personnelles  de  l'éminent  Professeur. 

M.  de  Rouville  dit  : 

1*  Qu'il  considère  la  Mollasse  de  Carcassonue  comme  un  tout  com- 
plexe dont  le  grès  d'Issel  ne  forme  qu'une  partie... 

—  Je  n'ai  rien  à  dire  là-dessus. 

2°  Que  le  Poudingue  de  Palassou  n'est  qu'une  formation  littorale 
qui  a  débuté  à  la  no,  de  la  période  nummulitique  et  s'est  continuée 
dans  les  Pyrénées  et  dans  tout  le  Languedoc  à  travers  tout  l'Éocène 
(supérieur?)  et  même  jusque  dans  le  Tongrien. 

—  Pour  les  Pyrénées,  c'est  exact,  sauf  la  liaison  de  cette  formation 
littorale  avec  le  reste  de  la  formation  suprannmmulitique.  Grès  de 
Carcassonne,  Mollasse,  de  manière  à  constituer  avec  ces  autres  élé- 


1887.  l'abbé  pouech.  —  poudingues  de  palassou  209 

—  D'abord,  ici,  l'emploi  du  mot  horizon  (qui  est  mou  fait)  est  impro- 
pre si,  par  là,  on  entend  horizon  géologique  dans  l'acception  ordinaire 
du  mot,  supposant  des  niveaux  fixes.  Ces  poudingues  forment  bien 
des  assises  et  des  bancs  étendus;  mais  des  horizons  géologiques 
jamais.  Ces  bancs  dont  on  peut  suivre  la  tranche  sur  plusieurs  kilo- 
mètres, finissent  toujours  par  s'oblitérer  et  disparaître,  tandis  que 
d'autres,  situés  au-dessus  ou  au-dessous,  mais  d'abord  rudimentaires, 
paraissent  et  se  prolongent  pour  disparaître  à  leur  tour.  De  là  les 
variations  dans  le  nombre,  la  puissance,  l'espacement,  la  situation 
respective  de  ces  bancs  dans  l'ensemble,  fait  caractéristique,  visible 
dans  les  coupes  que  l'on  peut  faire  de  distance  en  distance  à  travers 
le  système  entier  (1). 

—A  Sabarat  on  a  représenté  sur  la  coupe  cinq  bancs  principaux,  ou 
cinq  assises  de  poudingues  se  faisant  remarquer  par  autant  de  bour- 
relets saillants  sur  le  profil  :  mais  ce  ne  sont  pas  là,  tant  s'en  faut, 
les  seuls  bancs  de  poudingue  que  la  formation  y  renferme  :  il  y  en  a 
bien  d'autres,  qu'on  a  négligé  de  représenter  comme  moins  impor- 
tants. 11  y  en  a  dans  les  intervalles  des  cinq  principaux.  Il  y  en  a  dans 
les  grès,  il  y  en  a  dans  les  argiles,  les  marnes  et  les  calcaires,  par- 
tout. 

Tout  cela  montre  sans  doute  des  récurrences  de  formations  allu- 
viales (ici  fluvio-lacustres),  c'est  évident...  mais  interrompant  des  ères 
de  calme  durant  lesquelles  les  Lophiodon,  les  Palœotherium,  les  An- 
thracotherium  ont  successivement  apparu  à  la  surface  du  globe;  ce 
peut  être  là  l'opinion  de  M.  de  Rouville  :  je  ne  la  partage  pas.  Pour 
moi  jusqu'à  bonne  preuve  du  contraire,  j'admets  que,  Lopliiodon 
Palœo  therium,  ont  coexisté  en  môme  temps  à  la  surface  du  globe. 
Sans  doute  ils  peuvent  bien  ne  pas  avoir  habité  en  môme  temps  les 
morues  régions,  les  mômes  lieux.  Venus  par  migration,  ils  peuvent 
y  être  arrivés  les  uns  après  les  autres,  les  uns  sans  les  autres.  C'est 
là  tout  ce  que  j'accorde.  Mais,  de  ce  qu'on  n'aurait  encore  trouvé 
que  des  Lophiodon  dans  les  couches  inférieures,  et  des  Anikracothe- 
rium  dans  les  supérieures,  conclure  que  la  production  de  ces  divers 
genres  d'animaux  a  été  successive,  c'est  abuser  de  l'argument  négatif 
contre  lequel  je  m'élève.  C'est  tout  à  fait  gratuit. 

eo  allant  de  la  plus  récente  à  la  plus  ancienne,  n"  5,  située  au  milieu  des  grès  à 
à  numniulites.  J'observe  de  plus  qu'au  lieu  de  au-dessous  de  P5  dans  la  note  de 
M.  de  Rouville,  il  faut  dire  :  au-dessus,  Car  le  représentant  des  grès  d'Issel  se 
trouve  là  entre  P,  et  Pi  qui  vient  au-dessus. 

(1/  Bull.  *™«  série,  t.  XXVII  p.  2G7  etc,.  Voir  là  une  série  de  douze  coupes  trans- 
versales de  ce  système  de  poudingues  entre  Daumazan  (Ariège)  et  Chalabre  (Aude), 
montrant  ces  variations. 

XV.  14 


210  L'ABBÉ   POUKCn.    —  rOUDIHGUBS   DR   PÀLASSOC  7  fév. 

Ici,  en  particulier,  M.  de  Ilouville  veut  des  hophiadon  au-dessus  (4) 
de  PB,  c'est-à-dire  au-dessus  de  l'assise  de  poudingues  la  plus  infé- 
rieure  dans  la  coupe,  ou  diagramme  qu'il  m'emprunte,  c'est-à-dire 
dans  les  grès  d'issel  et  de  Carcassonce,  ou  du  moins  dans  les  couches 
gréseuses  qui  les  représentent  chez  nous.  Soit,  malgré  qu'il  n'y  en  ait 
pas  encore  été  rencontré:  mais  pourquoi  pas  aussi  des  Palxothe- 
rium  ?...  n'en  a-t-on  pas  trouvé  à  Issel?  au  contraire  il  veut  ces  der- 
niers entre  A  et  3,  3  et  2,  2  et  1,  et  des  Antkracotherium  en  1  seule- 
ment. Or  encore  on  n'a  découvert  nulle  part  ni  les  uns  ni  les  autres, 
n'est-ce  pas  singulièrement  préjuger  l'avenir  (2)7 

Au  reste  en  parlant  d'ères  successives  de  Lophiodon,  iePalxotke- 
rium,  et  à'Antkraeotkerivm,  M.  de  Kouville  ne  s'exagère-t-il  pas  le  temps 
qu'il  a  fallu  pour  former  les  dépôts  dont  nous  parlons?  Qu'on  prenne 
l'épaisseur  totale  qu'ils  présentent  sur  la  coupe  par  Sabarat,  la  plus 
grande  qu'on  observe  dans  l'Ariôge  (3),  2  kilomètres.  A  un  mètre  par 
an,  ce  qui  ne  paraît  pas  exagéré  pour  un  bassin  limité  recevant 
toujours  sans  jamais  rendre,  on  trouvera  qu'il  a  suffi  de  2,000  ans. 

Or  dans  les  deux  ou  trois  derniers  millénaires  de  l'époque  ac- 
tuelle, il  a  bien  pu  disparaître  quelques  espèces  animales,  tandis 
qu'aucune  espèce  nouvelle  n'est  apparue.  La  création  ne  s'enrichit 
pas,  elle  s'appauvrit.  L'expérience  ne  dit  pas  autre  chose. 

A  propos  des  cinq  assises  de  poudingue  figurées  dans  mon  dia- 
gramme, H.  de  Rouville  dit  encore  : 

5°  Quelle  assise  particulière  méritera  spécialement  ce  nom  de 
Poudingue  de  Palassou? 

—  Selon  moi,  spécialement,   aucune.   Mais   en   commun,  et   au 


4887.  l'abbé  pouech.  —  poudiwgubs  de  palassou  211 

même  titre,  toutes  à  la  fois.  Elles  appartiennent  toutes  k  la  forma- 
tion détritique  générale  supranummulitique  qui  nous  occupe,  et 
dont  elles  constituent  dans  la  région  pyrénéenne,  l'élément  carac- 
téristique et  principal. 

En  conséquence,  M.  de  Rouville  ajoute  : 

6°  Serait-il  donc  d'une  bonne  nomenclature  d'élever  un  poudingue 
sans  caractère  petrologique  spécial  au  rang  d'horizon  géologique? 

—  La  formation  dans  son  ensemble,  comme  il  a  été  dit,  constitue 
seule  un  horizon  géologique  défini.  Quant  à  telle  ou  telle  assise  par- 
ticulière soit  de  poudingue,  soit  de  calcaire  lacustre,  de  grès,  de 
mollasse,  etc.,  nulle  ne  mérite  d'être  élevé  au  rang  d'horizon  géolo- 
gique général. 

Toutefois  si  ces  poudingues  ne  méritent  pas  d'être  élevés  au  rang 
d'horizon  géologique  proprement  dit,  ce  n'est  point  faute  de  carac- 
tère petrologique  spécial  comme  se  plaît  à  le  supposer  M.  de  Rou- 
ville ;  au  contraire.  Disposés  en  bancs  réguliers,  ce  sont  des  roches 
solides,  composées  de  galets  bien  arrondis,  serrés  entre  eux  et  liés 
par  un  ciment  de  grès  parfois  terreux  pénétré  de  carbonate  calcaire. 
Ces  galets,  eux  aussi,  sont  de  nature  calcaire  presque  exclusivement, 
provenant  des  formations,  milliolitique,  crétacée  et  jurassique  pour 
la  plupart,  fortement  impressionnées  et  rayées,  caractères  qui  de 
l'aveu  de  tous  les  géologues  qui  en  ont  parlé,  les  distinguent  de  tous 
les  autre  poudingues  des  Pyrénées  (1). 

Sans  doute  néanmoins,  et  j'en  conviens  sans  difficulté,  il  ne  se- 
rait pas  d'une  honne  nomenclature  d'élever  ces  poudingues  au  rang 
d'horizon  géologique;  mais  pour  d'autres  raisons,  celles  que  j'ai 
déjà  tant  de  fois  données  et  qui  militent  également  contre  le  grès  de 
^arcassonne  sous  quelque  faciès  qu'il  puisse  se  présenter. 

"""  Ne  serait-ce  pas  méconnaître  l'économie  de  nos  formations 
régionales  ? 

—  Oui  sans  doute,  mais  autant  et  pas  plus  qu'en  y  élevant  les 
grès  de  Carcassonne,  car  dans  la  formation  s'il  n'y  a  pas  que  des  pou- 
dingues, il  n'y  a  pas  non  plus  que  des  grès. 

S  Cette  économie,  Leymerie  semble  tout  au  moins  l'avoir  bien 
siisie  dans  son  appellation  de  Garcassien  (2). 

'  .  Leymerie,  Description  f/èohgiow  lies  Pi/rrntes  do  ht  Haute-Garonne,  p.  527, 
:■;»>.  —  M.  Stnurt-Mciileath,  Bull.,  2'  iérie,  t.  XXV,  p.  703.  —  M.  Yiguier,  BitlL, 
à*  <  rie,  t.  XIV,  p.  583,  etc. 

!i,  Leymerie  avait  ce  faillie,  d'inventer  de  nouveaux  terrains  en  géolo- 
£:-e.  des  dénominations  nouvelles.  Il  sentait  sesterces  et  prisait  sa  très  réelle 
valeur.  Il  tenait  à  créer.  C'est  lui  qui  le  premier  a  accolé  ce  nom  de  Palassou  à 
a«;s  poudingues  pyrénéens  éocènes,  parce  que,  disait-il:  «  Palassou  avait  su  les 
discerner  et  les  avait  bien  décrits.  Il  en  fit  d'abord  le  chapeau  de  son  Épicrétacé, 


312  l'abbé   POUECH.   —  POUDINGUES   DE  PALASSOU  7   fév. 

—  Selon  moi,  c'est  tout  le  contraire...  S'il  est  permis  de  dénommer 
un  tout,  un  ensemble  d'après  l'une  de  ses  parties,  l'un  de  ses  élé- 
ments ;  la  raison  dit  que  ce  doit  être  d'après. le  plus  visible,  le  plus 
saillant,  celui  qui  attire  le  plus  l'attention  qui  frappe  le  plus  le  re- 
gard, en  un  mot  le  plus  remarquable  :  or,  ici  ce  sont  les  poudingue  s 
qui  sont  l'élément  le  plus  remarquable  et  non  pas  les  grès.  Aussi 
mieux  vaudrait,  à  tant  faire,  donner  le  nom  de  Mirapicien  au  système, 
que  celui  de  Garcassien  ;  car  alors  que  le  poudingue  fait  à  peu  près 
défaut  dans  le  bassin  de  Carcassonne,  tous  les  éléments  réunis,  grès 
calcaires,  marnes,  argiles,  poudingues,  sont  nettement  et  distincte- 
ment représentés  dans  le  bassin  de  Mirepoix.  En  tout  cas  ce  nom  de 
Garcassien,  bien  moins  fait  pour  guider  l'observateur  que  .pour  l'éga- 
rer, surtout  dans  la  région  pyrénéenne,  ou  les  grès  sont  relative- 
ment beaucoup  moins  apparents,  et  où  les  poudingues  diminuent, 
ne  peut  être  accepté  en  aucune  façon.  D'ailleurs,  ce  nom  de  Carca- 
sien,  ne  peut  être  après  tout  qu'une  de  ces  dénominations  factices 
et  provisoires,  qui,  à  son  détriment,  encombrent  le  domaine  de  la 
science,  et  dont  il  importe  de  diminuer  le  nombro  plutôt  que  de  les 
multiplier. 

Sans  doute,  ce  terme  :  Poudingue  de  Palassou,  est  aussi  baroque 
que  peu  scientifique:  je  l'ai  toujours  prononcé  et  écrit  avec  répu- 
gnance :  cependant,  le  trouvant  en  usage,  je  l'ai  employé.  Les 
bonnes  dénominations  sont  celles  qui  sont  prises  de  la  nature  même 
des  choses  ;  mais  ce  sont  celles  que  l'on  trouve  les  dernières  ordi- 
nairement. 

C'est  pourquoi,  et  ici  je  conclus  :  pour  la  région  pyrénéenne  au 
moins   et  en  attendant  mieux;    puisqu'il  a  pour  lui  le  temps   et 


4887.  l'abbé  poubch.  —  poudingues  de  palassou  213 

Enfin,  M.  de  Rou ville  dit  en  terminant  sa  note  : 

9°  Je  proposerais  donc  d'effacer  radicalement  de  nos  cadres  géolo- 
giques l'horizon  «  Poudingues  de  Palassou  »  sur  la  signification  his- 
torique duquel  nous  sommes  sans  «  documents  et  qui  ne  me  semble 
correspondre  à  aucune  entité  géognostique,  etc.  » 

—  Effacer  l'horizon  géologique  «  Poudingue  de  Palassou  »,  mais 
c'est  fait.  Cet  horizon  n'a  jamais  existé.  A  cet  égard,  il  n'y  a  qu'à  cor- 
riger les  écrits  qui  en  parlent  dans  ce  sens  ;  voilà  tout. 

Mais  pour  l'horizon  orographique,  c'est  tout  autre  chose.  Celui-ci, 
il  existe,  il  s'impose.  A  lui  seul  il  est  le  signe  caractéristique  de  la 
formation  dans  les  Pyrénées.  Quiconque  l'observe  dans  nos  régions 
ne  voit  précisément  que  cela.  Cette  longue  ligne  festonnée  de  col- 
lines formant  le  premier  rideau  pyrénéen  sur  une  étendue  en  lon- 
gueur de  plus  de  100  kilomètres,  des  rives  de  l'Aude  à  celles  de  la 
Garonne  ;  celte  chaîne  de  collines  elliptiques  alignées  bout  à  bout  ; 
sur  le  dos  desquelles  les  divers  bancs  rocheux  superposés,  se  recou- 
vrent en  retrait,  comme  d'énormes  écailles  ;  sur  le  front  desquelles 
les  diverses  assises  se  dessinent  en  zones  ondulées  comme  d'im- 
menses rubans  ;  tout  cela  frappe,  tout  cela  s'impose  ;  tout  cela 
donne  à  la  formation  éocène  supranummulitique  dans  les  Pyrénées, 
son  cachet  propre  et  fait  de  ces  Poudingues  dits  de  Palassou,  une 
véritable  entité  géognostique,  autrement  remarquable  que  la  mol- 
lasse de  Carcassonne,  et  bien  autrement  digne  qu'elle  de  donner  son 
nom  à  une  formation. 

»  M.  Leymerie.  Palassou  les  a  décrits  admirablement,  en  les  distinguant  parfaite- 
»  ment  de  tous  les  autres  poudingues  et  alluvions  pliocènes  et  récents  qui  Jes 
'   oeonjpagnent.  » 


l'abbé  pouf.cu.  —  Wmtsgets  dk  palassoo  7  léï. 


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4887.   A.    DE   LAPP4HENT.    —  MOUVEMENTS   DE  L'ÉCORCB   TERRESTRE      21$ 

M.  de  Lapparent  fait  la  conférence  suivante  : 

Conférence  sur  le  sens  des  mouvements  de  l'ôcorce 

terrestre, 

Par  M.  A.  de  Lapparent. 

Parmi  les  ouvrages  qui,  dans  ces  derniers  temps,  ont  exercé  le 
plus  d'influence  sur  la  direction  des  études  géologiques,  il  en  est  un 
qui,  par  l'ampleur  des  vues,  mérite  incontestablement  une  place  à 
part;  c'est  le  livre  de  M.  le  professeur  Edouard  Suess,  de  Vienne, 
sut  Y  Origine  des  Alpes  (1).  L'auteur  y  a  posé,  en  1875,  le  principe 
d'une  doctrine  orogénique  nouvelle,  qu'il  devait  développer  et  préci- 
ser lui-môme  dix  ans  plus  tard.  Ce  développement  fait  actuellement 
l'objet  de  la  remarquable  série  d'études,  encore  inachevée,  à  laquelle 
H.  Suess  a  donné  pour  titre  «  Antlitz  der  Erde  »,  c'est-à-dire  «  La 
Face  de  la  terre  »  et  où  des  idées  d'une  puissante  originalité  s'allient 
i  une  érudition  extraordinaire,  embrassant  la  surface  entière  de 
notre  planète. 

Les  théories  de  l'auteur  de  V Antlitz  ont  excité,  dès  leur  appari- 
tion, une  sensation  justifiée.  Autour  de  M.  Suess  s'est  ainsi  groupée, 
surtout  en  Allemagne,  une  école  dont  les  tendances,  à  l'égard  du 
mode  de  formation  du  relief  terrestre,  s'écartent  sensiblement  de 
celles  qui  avaient  jusqu'ici  prévalu.  Il  restait  à  formuler,  en  un  véri- 
table corps  de  doctrines,  les  vues  que  le. maître  avait  plutôt  jetées, 
au  cours  de  ses  écrits,  à  mesure  qu'elles  se  présentaient  à  lui.  Cette 
tâche  vient  d'ôtre  remplie  par  M.  Neumayr,  doublement  qualifié 
pour  une  telle  mission,  d'abord  comme  gendre  et  collègue,  à  l'Uni- 
Tersité  de  Vienne,  de  M.  Suess;  ensuite  à  cause  de  la  part  notable 
que,  par  ses  travaux  personnels,  il  a  prise  au  développement  de  la 
nouvelle  conception.  Dans  un  savant  volume  de  Géologie  générale, 
formant  la  première  partie  d'une  Histoire  de  la  terre  en  cours  de 
publication  (2),  M.  Neumayr  vient  de  condenser  les  idées  de  l'école 
de  M.  Suess,  telles  du  moins  qu'il  les  accepte  pour  son  compte, 
sous  la  forme  d'un  exposé  dogmatique  succinct,  mais  très  net,  que 
l'on  peut  résumer  comme  il  suit  : 

Les  grands  accidents  du  relief  terrestre  sont  dus  à  deux  catégories 
de  phénomènes  :  en  premier  lieu,  des  actions  horizontales  de  refoule- 
ment, qui  donnent  naissance  à  des  zones  de  plis  unilatéraux,  c'est-à- 
dire  où  les  deux  versants  de  chaque  pli  tendent,  en  général,   à  pen- 

(lj  Entstehung  der  Alpen,  Vienne,  1875. 
(2)  Erdgeschichte,  I,  Leipzig,  1886. 


216      A.    DE    LAFFARENT.  —   MOUVEMENTS    DB    l'écORCR    TERRESTRE  7   fév- 

cher  du  même  c6lé,  accusant  le  sens  dans  lequel  agissait  la 
compression  ;  en  second  Heu,  des  chutes  verticales,  lors  desquelles  de 
grands  compartiments  del'écorce,  limités  par  des  cassures,  descen- 
dent en  masse,  sous  le  seul  effort  de  la  pesanteur. 

Le  Jura,  les  Alpes  avec  leurs  prolongements  dans  l'Europe  orien- 
tale et  méridionale,  appartiendraient  au  premier  type.  La  plaine  du 
Pô,  le  bassin  de  la  Hongrie,  la  mer  Egée,  les  dépressions  de  l'Asie, 
les  mers,  limitées  par  des  chaînes  d'îles,  qui  bordent  &  l'Est  le  conti- 
nent asiatique,  seraient  des  exemples  du  second.  A  ce  dernier  de- 
vraient encore  être  rattachés,  comme  annexes,  les  effondrements 
linéaires,  tels  que  ceux  qui  ont  donné  naissance  à  la  vallée  du  Rhin, 
entre  les  Vosges  et  la  Foret-Noire,  à  la  Mer  Rouge,  à  la  vallée  du 
Jourdain  avec  la  Mer  Morte,  etc. 

Quanta  la  part  respective  des  deux  modes  orogéniques,  MM.  Suess 
et  Neumayr  inclinent  visiblement  à  accorder  au  second  une  pré- 
pondérance marquée.  Cette  tendance  est  absolue  chez  M.  Suess,  au 
point  qu'on  chercherait  vainement,  dans  YAntliiz,  autre  chose  que 
des  allusions  discrètes  et  presque  dubitatives  à  la  possibilité  de 
mouvements  ascendants.  L'idée  se  résume  dans  cette  déclaration, 
extraite  des  comptes  rendus  de  l'Institut  géologique  d'Autriche  (\  )  : 
«  Il  n'y  a,  dans  l'écorce,  aucune  espèce  de  mouvements  de  bas  en 
haut,  à  l'exception  de  ceux  qui  peuvent  se  produire  indirectement 
lors  de  la  formation  des  plis,  b  En  dehors  des  régions  plissées,  l'au- 
teur nie  toute  élévation  en  masse. 

M.  Neumayr  ne  met  pas  en  doute  l'existence  de  mouvements  as- 
cendants, à  litre  de  phénomène  accessoire  (Begleiterscfteinung)  de  la  for- 
mation des  montagnes  et  il  consent  à  attribuer  à  ces  mouvements  la 


1887.   A.    DK    LAPPARBNT.    —  MOUVEMENTS  DE   l'ÉCORCB   TERRESTRE      217 

tout  le  monde  aujourd'hui  serait  d'accord.  Nous  savons,  parles  tra- 
vaux de  notre  confrère  M.  Marcel  Bertrand,  quel  rôle  jouent  les 
effondrements  dans  le  Jura  et  nous  sommes  tout  préparés  à  leur  voir 
prendre  dans  les  Alpes  une  place  encore  plus  considérable,  à  titre  de 
phénomènes  accessoires  du  plissement. 

11  ne  s'agit  pas  davantage  d'opposer,  à  la  doctrine  des  soulève- 
ments absolus,  produits  par  des  forces  qui  agiraient  directement  de 
bas  en  haut,  une  protestation  devenue  sans  objet.  Car  les  partisans 
des  impulsions  verticales  sont,  de  nos  jours,  plus  que  clairsemés  et, 
en  dehors  de  quelques  rares  attardés,  personne  n'oserait  encore 
attribuer  à  de  telles  actions  une  part  sérieuse  dans  la  formation  des 
montagnes. 

Ce  qui  est  mis  en  cause,  il  n'y  a  pas  à  se  le  dissimuler,  c'est  l'idée 
même  des  soulèvements  relatifs,  occasionnés  par  la  déformation 
d'une  écorce,  qu'un  mouvement  général  centripète  oblige  à  réduire 
son  ampleur.  Si  cette  notion  n'est  pas  frappée  d'une  exclusion  abso- 
lue, on  cherche  du  moins  à  en  restreindre  le  plus  possible  la  portée. 
La  chute  de  grands  compartiments  plats,  dont  les  bords  glisseraient 
le  long  de  fractures,  tel  est  l'agent  principal  auquel  on  se  plaît  à 
attribuer,  pour  ainsi  dire,  le  monopole  de  la  formation  du  relief  ter- 
restre. 

Cette  conception  est-elle  fondée  et  les  faits  sur  lesquels  on  prétend 
l'appuyer  ont-ils  été  bien  interprétés?  Je  ne  le  crois  pas  et  c'est  cette 
démonstration  que  j'entreprends  aujourd'hui.  Ce  n'est  pas,  du  reste, 
la  première  fois  que  j'en  ai  l'occasion.  Déjà,  dans  la  seconde  édition 
de  mon  Traité  de  géologie,  une  page  a  été  consacrée  à  cette  discus- 
sion (4).  Mais  ce  résumé,  sans  doute  trop  succinct,  paraissant  avoir 
passé  complètement  inaperçu  de  M.  Neumayr,  je  crois  opportun  d'y 
revenir  avec  tous  les  développements  nécessaires.  J'ajoute  que  je  n'ai 
plus  la  crainte  d'être  seul  dans  cette  campagne.  Dans  un  intéressant 
livre  sur  le  Liban  (2),  un  géologue  autrichien,  M.  Diener,  vient  de  se 
prononcer  explicitement  en  faveur  d'une  opinion  que  j'avais  émise, 
à  propos  de  la  Mer  Morte,  sur  la  signification  des  effondrements 
linéaires.  De  plus,  il  y  a  peu  de  jours,  alors  que  le  plan  de  cette  con- 
férence était  complètement  arrêté,  je  recevais  communication   de 
quelques  pages  d'un  autre  savant  viennois,  M.  Bittner  (3),  desquelles 
il  résulte  que  M.  Diener  n'est  pas  seul  de  mon  avis  et  qu'une  sérieuse 


(l)  Voir  page  U42. 

(2;  Libanon,  Vienne,  188G. 

•  3,  Yerhandl.  (1er  K.  K.  geol.  Rcivhsanstalt,  n°  15  (1886). 


318      A.    DE  LAPFARBNT. —  MOUVKHEXTS  SUR   L'ÙJOBCE  TERRESTRE    7    fév. 

réaction  commence  à  se  Taire,  même  en  Autriche,  contre  les  idées  de 
H.  Suess. 

Enfin,  M.  de  Richthofen,  l'émineni  voyageur  et  géologue,  a  publié 
en  1886  un  livre  important  (1),  où  les  mouvements  de  l'écorce  ter- 
restre sont  envisagés  comme  ils  l'ont  toujours  été  par  l'école  &  la- 
quelle je  me  fais  honneur  d'appartenir.  Le  moment  me  semble  donc 
bien  choisi  pour  mettre,  sous  Les  yeux  des  juges  compétents,  toutes 
les  pièces  du  procès. 

En  étudiant  la  répartition  des  formations  géologiques,  ainsi  que 
la  mesure  dans  laquelle  chaque  district  paraît  avoir  obéi  à  l'action 
des  puissances  orogéniques,  M.  Suess  a  été  particulièrement  impres- 
sionné par  la  stabilité  de  certaines  régions,  où  affleurent  surtout  les 
gneiss  et  les  schistes  cristallins. 

Ce  n'est  pas  que  l'importance  de  ces  massifs  ait  jamais  échappé 
aux  géologues,  qui  ont  appris  de  longue  date  &  les  considérer  comme 
les  noyaux  primitifs,  autour  desquels  les  sédiments  se  sont  accumu- 
lés dans  des  bassins  maritimes,  destinés  à  s'assécher  plus  tard  en 
s'incorporant  aux  masses  continentales.  Mais,  pour  le  savant  auteur 
de  l'Antiitz,  la  notion  de  cl-s  districts  d'ancienne  consolidation  revêt 
une  forme  très  spéciale.  Il  en  fait  des  unités  distinctes,  qu'il  désigne 
sous  le  nom  générique  de  Horst,  emprunté  à  la  langue  des  mineurs 
et  dont  le  mot  français  butoir  ne  reproduit  que  très  incomplètement 
la  signification.  Pour  M.  Suess,  un  Horst  est  un  pilier  fixe,  qui  est  de- 
meuré en  place  quand,  tout  autour,  le  reste  s'effondrait.  Dans  un  passage 
de  YAnttitz  (2),  il  compare  le  phénomène  à  ce  qui  se  produit  en  hiver, 
autour  de  pilotis  enfoncés  dans  un  lac,  quand,  la  surface  étant  gelée, 


1887.    A.    DE  LAPPABRRT.    —  MOUVEMENTS   DIS   L'ÉCORCR   TERRESTRE      219 

L'ensemble  des  Vosges  et  de  la  Forêt-Noire  représente  un  de  ces  pi- 
liers stables,  dont  le  centre  s'est  écroulé,  donnant  naissance  à  la 
vallée  du  Rhin.  Le  Plateau  Central  de  la  France  en  est  un  autre  et  le 
massif  de  la  Bohême  un  troisième.  A  l'origine,  si  nous  en  croyons 
la  nouvelle  doctrine,  ces  trois  massifs  formaient  un  tout  continu  et 
le  terrain  primitif  y  supportait  de  puissantes  assises'de  sédiment  (4). 
Biais  dans  ce  vaste  plateau  s'ouvrirent  de  grandes  fentes,  le  long 
desquelles  eurent  lieu  des  affaissements.  Seuls,  les  trois  piliers  ci- 
dessus  indiqués  demeurèrent  à  leur  place  et,  dans  les  intervalles, 
tout  s'abîma  par  échelons  dans  la  profondeur.  Avec  le  temps,  l'éro- 
sion, dont  l'efficacité  augmente  avec  l'altitude,  aurait  fait  dispa- 
raître la  totalité  ou  la  majeure  partie  du  couronnement  sédimen- 
taire  des  piliers,  en  ne  respectant  que  les  lambeaux  plus  profondé- 
ment enfoncés. 

«  Ainsi,  dit  M.  Neumayr  (2),  imaginons  un  observateur  placé  sur 
la  tour  de  la  cathédrale  de  Fribourg-en-brisgau  et  dirigeant  ses  re- 
gards vers  l'Est.  En  face  de  lui  se  dresse  la  sombre  masse  de  la 
Forêt-Noire,  constituée  principalement  de  roches  anciennes,  qui  ap- 
partiennent à.  la  famille  du  gneiss  et  du  granité.  Les  couches  gneis- 
siques  sont  redressées  ;  mais  leur  direction  n'exerce,  sur  la  forme 
des  cimes  et  les  contours  du  terrain,  qu'une  influence  subordonnée. 
De  nombreux  lambeaux  sédimentaires,  surtout  des  paquets  de  grès 
bigarré,  en  couches  horizontales,  recouvrent  le  terrain  primitif  ou 
s'y  adossent.  Toute  la  contrée,  suivant  sa  longueur,  c'est-à-dire  du 
Nord  au  Sud,  est  coupée  de  fentes,  le  long  desquelles  le  déplace- 
ment des  lambeaux  a  eu  lieu  de  telle  sorte,  que  la  lèvre  abaissée  de 
chaque  cassure  soit  la  plus  éloignée  de  l'axe  du  massif.  Il  en  est  de 
même  pour  le  bord  oriental  des  Vosges,  dette  région  et  la  Forêt- 
Noire  ne  sont  donc  que  des  piliers  stables,  qui  se  sont  maintenus  dans 
leur  position  originelle,  pendant  qu'autour  d'eux  tout  le  reste  s'e/fondrait. 
Mais  la  hauteur  totale  du  massif  devait  être,  au  début,  beaucoup 
plus  grande  qu'aujourd'hui  ;  car  (c'est  toujours  M.  Neumayr  qui 
parlt»)  il  y  a  maintes  raisons  de  croire  qu'autrefois  les  plus  hautes 
cimes  portaient  toute  l'épaisseur  dit  Trias  H  du  Orrai n  jurassique,  c'est- 
à-dire  plus  de  mille  mètres  de  couches,  que  l'érosion  a  fait  dispa- 
raître dans  le  cours  des  temps.  » 

Emise  pour  la  première  fois  en  1870  par  M.  Bleicher,  cette  asser- 
tion a  été  reprise  en  1883  par  M.  Suess  (3)  et  nous  venons  de  voir 
avec  quelle  décision  elle  Cbt  acceptée  par  M.  Neumayr.  Pour  échap- 

(ij  Neumayr,  Erdycschkhte,  p.  3.5. 

(2)  Erdtjesrhichtf,  p.  319. 

(3)  Antlitz,  I,  p.  264. 


220      A.    DE   LAFPAHENT.  —  MOUYU11KKTS    DE    L ÊCORCE   TERRBSTBE  7  fév. 

per  à  tout  reproche  d'exagération,  j'ajoute  une  citation  textuelle  de 
M.  Suess(l): 

«  Les  Vosges  doivent  leur  relief  actuel,  non  à  un  soulèvement 
propre,  mais  à  l'affaissement  général  de  tout  ce  qui  les  entourait. 
Pour  avoir  la  mesure  exacte  du  mouvement  de  descente  de  l'écorce 
ainsi  que  celle  de  l'érosion  ultérieurement  survenue,  il  laut  se 
représenter  toute  l'épaisseur  du  Trias  el  du  Jura,  empilée  au-dessus 
des  Vosges,  de  la  Foret-Noire  et  de  leurs  prolongements  septentrio- 
naux, u 

On  le  voit,  l'affirmation  est  sans  ambages.  Veut-on  connaître  le 
véritable  niveau  des  mers  triasiques  et  jurassiques  ?  11  faut  le  deman- 
der, pour  le  moins,  aux  lambeaux  culminants  de  dépots  secondaires, 
tels  que  le  paquet  de  grès  bigarré  qu'on  observe  à  la  Hornisgrinde, 
par  1151  mètres  d'altitude.  Tous  les  autres  affleurements  du  même 
Age  appartiennent  à  des  parties  effondrées,  qui  ont  glissé  le  long  de 
cassures  et  forment  autant  d'échelons,  successivement  descendants, 
depuis  les  lignes  de  laite  jusqu'à  la-vallée  du  Itbin. 

Que  cette  vallée  résulte  d'un  écroulement  de  la  partie  centrale  du 
massif  ancien  des  Vosges  et  de  la  Forêt-Noire;  que  cet  écroulement 
ait  affecté  la  forme  d'une  chute  en  échelons  de  bandes  parallèles, 
limitées  par  autant  de  cassures,  c'est  ce  que  personne  ne  songe  à 
révoquer  en  doute  et  il  y  a  longtemps  qu'Elie  de  Beaumont  a  mis 
cette  vérité  en  lumière.  Mais  qu'il  y  ait  eu  simplement  chute  de  la 
bande  médiane,  les  lèvres  extérieures  de  la  grande  cassure  demeu- 
rant à  leur  niveau  d'origine,  c'est  ce  dont  nous  croyons  qu'il  est 
grandement  permis  de  douter. 

A  coup  sûr,  c'est  une  appréciation  délicate  que  celle  du  niveau 


1887.    A.    DE   LAPPARENT.  —  MOUVEMENTS   DE   l/ÉCORCE   TERRESTRE      221 

Parmi  ces  noyaux,  il  y  a  tout  d'abord  une  hiérarchie  à  établir. 
Tous  n'ont  ni  le  même  âge  ni  la  môme  importance.  Il  en  est  qui  ont 
joui,  plus  anciennement  et  plus  complètement  que  d'autres,  du 
privilège  de  la  stabilité.  C'est  ceux-là  qu'il  importe  surtout  de 
déOnir.  Ce  classement  une  fois  fait,  on  est  en  possession  d'un 
excellent  critérium  pour  apprécier  la  légitimité  des  hypothèses 
relatives  aux  mouvements  de  l'écorce.  Car  toute  combinaison,  qui 
n'assurerait  l'immobilité  d'un  district  qu'au  prix  du  déplacement  de 
massifs  plus  stables  et  plus  importants,  devrait  être  écartée  comme 
invraisemblable. 

Appliquons  ces  principes  au  sol  français.  Il  n'est  pas  douteux  que, 
en  tant  que  massif  ancien,  les  Vosges  et  la  Forêt-Noire  ne  le  cèdent 
de  beaucoup  en  valeur  au  Plateau  Central  de  la  France  ;  les  Vosges 
surtout,  où  la  surface  occupée  à  découvert  par  le  gneiss  et  les  schistes 
cristallins  est  absolument  insignifiante.  C'est  dans  le  Plateau  Central, 
entre  Limoges  et  Clermont-Ferrand,  d'une  part,  entre  le  Berri  et 
l'Aveyron,  d'autre  part,  qu'il  faut  aller  chercher  le  type  d'un  véritable 
noyau  continental.  Là,  sur  près  de  quarante  mille  kilomètres  carrés, 
si  l'on  fait  abstraction  des  formations  volcaniques  qui  sont  venues 
tardivement  s'y  superposer,  les  gneiss  et  les  micaschistes  constituent 
le  sol  et  le  sous-sol,  à  une  altitude  moyenne  aujourd'hui  comprise 
entre  600  et  1000  mètres. 

Sans  doute  le  Plateau  Central  ne  nous  montre  aujourd'hui  qu'une 
surface  maintes  fois  entamée  par  l'érosion  ;  mais  s'il  est  difficile 
d'affirmer,  en  toute  certitude,  qu'il  n'ait  pas  autrefois  porté  de 
dépôts  cambriens  et  siluriens,  du  moins  il  y  a  de  fortes  raisons  de 
croire  que  la  mer  dévonienne  atteignait  à  peine  un  coin  de  son 
territoire  et  que  l'océan  carbonifère  n'y  pénétrait  que  d'un  côté  et 
seulement  par  de  petites  échancrures.  En  tout  cas  nous  savons 
pertinemment  qu'à  l'époque  houillère,  la  surface  de  ce  plateau, 
comme  aussi  celle  de  l'Armorique,  des  Vosges  et,  très  vraisembla- 
blement, de  toutes  les  régions  intermédiaires,  était  complètement 
émergée.  11  y  a  plus  :  en  voyant  les  couches  houillères  de  Saint- 
Etienne,  de  Commentry  et  de  tant  d'autres  bassins,  reposer  directe- 
ment  sur  les  schistes  'cristallins,  sans  que  jamais  on  trouve,  ni  sur 
leurs  bords  ni  parmi  les  éléments  de  leurs  conglomérats,  aucune 
trace  d'une  roche  paléozoïque  fossilifère,  on  a  le  droit  d'affirmer  que, 
dès  les  temps  houillers,  le  plateau  ne  portait  aucune  couverture  de 
sédiments  marins,  soit  que  l'érosion  les  eût  antérieurement  balayés, 
soit  (ce  qui  me  parait  le  plus  probable)  qu'ils  n'y  eussent  jamais 
existé.  Enûn  la  position  qu'occupent  les  bassins  houillers,  même 
disloqués,  autorise  à  penser  que,  lors  de  leur  formation,  les  dépres- 


222      A.    DE    LAPPAHEHT. —  B0UVRKRNT5    DE   l'ÉCORCK    TERBESTHB   7    fév. 

sions  lacustres  du  Plateau  Central  ne  devaient  pas  se  trouver  à  une 
grande  distance  du  plan  moyen  actuel  des  cimes  non  volca- 
niques. 

Cette  conclusion  me  semble  corroborée  par  la  présence,  autour  de 
Brive,  de  grès  et  marnes  rouges  d'âge  permien,  en  couches  très  peu 
dérangées,  à  des  altitudes  comprises  entre  100  et  200  mètres.  De  tels 
dépôts,  d'origine  fluviale  ou  lacustre  et  certainement  formés  dans 
des  eaux  peu  profondes,  accusent,  à  peu  de  chose  près,  la  position 
de  l'ancien  sol  continental,  au. moins  sur  le  revers  Sud-Ouest  du 
plateau.  Leur  allure  est  celle  de  sédiments  adossés  à  un  massif 
ancien  et  non  celle  de  paquets,  qui  seraient  tombés  fort  au-dessous 
de  leur  niveau  primitif. 

Cela  posé,  il  n'y  a  pas  de  doute  que,  lors  des  temps  triasiques,  le 
Plateau  Central  ne  fût  totalement  émergé.  La  mer  qui  occupait  le 
milieu  de  l'Europe  venait  a  peine  lécher  le  bord  oriental  du  massif. 
Elle  ne  pénétrait  pas  dans  la  partie  occidentale  du  bassin  de  Paris  et 
n'avait  accès  ni  en  Ardenne,  ni  en  Armorique.  Or  toutes  ces  régions 
auraient  été  inévitablement  noyées,  si  &  la  même  époque,  le  fond  de 
la  mer  s'était  trouvé  à  la  hauteur  des  cimes  vosgiennes. 

Dira-t-on  qu'alors  le  relief  de  la  France  était  différent,  que  la 
partie  située  à  l'Ouest  du  méridien  des  Cévennes  pouvait  être  placée 
beaucoup  plus  haut  qu'aujourd'hui  et  qu'elle  s'est  effondrée  ou 
penchée  en  masse,  quand  les  Vosges  restaient  seules  debout?  Nous 
savons  que  cette  supposition,  loin  de  répugner  à  M.  Sness,  lui  parait 
tout  à  Tait  naturelle.  Il  affirme  (1)  que  les  dépôts  jurassiques  de  la 
Lorraine  donnaient,  par-dessus  les  Vosges  et  la  Forêt-Noire,  la  main 
à  ceux  delà  Souabe  et  que  ces  deux  fractions   d'un  ancien  plateau 


1887.    A.    DK    LAPPARENT.   —  MOUVEMENTS  DE   L'ÉCORCE  TERRESTRE      223 

dans  le  Calvados,  aux  environs  de  May  et  de  Fontaine-Eloupefour, 
c'est-à-dire  près  de  la  lisière  du  Coteotin,  la  mer  liasique  a  laissé 
d'incontestables  dépôts  littoraux,  sous  la  forme  de  plaques  fossili- 
fères très  minces,  garnissant  de  petites  dépressions  du  grès  silurien. 
Des  dépôts  tout  à  fait  semblables  ont  été  observés  près  de  Maubert- 
Fontaine,  à  la  surface  du  Paléozoïque  ardennais.  Là  aussi,  une 
insignifiante  épaisseur  de  Lias  moyen  ou  supérieur  repose  directe- 
ment sur  le  terrain  ancien,  sans  traces  des  étages  liasiques  inférieurs 
ni  du  Trias.  Voilà  bien,  au  premier  chef,  des  sédiments  en  place  et  non 
des  paquets  encadrés  par  des  failles  I  Ce  sont  d'anciennes  flaques 
d'eau  superficielles,  attestant,  sans  doute  possible,  la  place  qu'occu- 
pait alors  le  niveau  de  la  mer  relativement  aux  massifs  continentaux. 
Enlin  leur  application  immédiate  sur  les  roches  siluriennes  ou  cam- 
briennes  témoigne  que  ce  n'est  pas  à  une  érosion  postjurassique 
qu'est  due  l'absence,  au-dessous  de  ces  placages  sédimentaires,  du 
DéTonien,  du  Permo-carbonifère  et  du  Trias.  C'est  à  ces  dépôts  et  à 
d'autres  analogues,  comme  le  Lias  du  plateau  vendéen,  qu'il  faut 
donner  la  parole,  pour  savoir  à  quelle  hauteur  se  tenait  la  mer 
liasique. 

Or  si  nous  réfléchissons  que  l'attitude  de  ces  affleurements  singu- 
liers concorde  avec  celle  des  dépôts  de  môme  âge  qui  forment  la 
grande  ceinture  jurassique  du  bassin  de  Paris,  il  en  faudra  conclure 
qu'au  moment  de  leur  formation,  le  Plateau  Central,  l'Armorique,  le 
Colentin  et.  l'Ardenne  étaient  des  îles  aux  bords  peu  escarpés,  bai- 
gnées par  la  même  mer  qui  s'étendait  alors  sur  l'axe  de  la  dépres- 
sion rhénane.  Donc,  si  la  mer  liasique  a  eu  réellement  son  niveau 
Lien  au-dessus  des  cimes  vosgiennes,  il  faut  qu'autour  de  ce  pivot 
tout  le  territoire  français  et,  avec  lui,  l'Angleterre  et  l'Allemagne, 
aient  fait  ensemble  la  bascule  !  Il  se  peut  que  le  salut  de  la  théorie 
l'exige.  Pour  mon  compte,  j'aime  infiniment  mieux  me  résigner  à 
l'effondrement...  de  la  théorie  elle-même.  Et  alors,  il  n'y  a  plus 
qu'une  alternative  raisonnable,  c'est  de  considérer  les  Vosges  comme 
un  compartiment  soulevé  de  l'écorce  terrestre,  où  les  sédiments  se- 
condaires ont  conquis,  par  le  fait  de  cette  ascension,  une  altitude 
relative  très  supérieure  à  celle  de  leur  dépôt. 

Du  reste,  était-il  vraiment  nécessaire  d'aller  loin  des  Vosges  pour 
acquérir  cette  conviction?  Il  suffisait  de  regarder  le  flanc  occidental 
de  la  chaîne.  Est-ce  que,  en  Lorraine,  dans  cette  série  de  couches 
qui,  de  l'Ouest  à  l'Est,  émergent  si  régulièrement'les  unes  de  dessous 
les  autres,  il  y  a  la  moindre  trace  d'un  système  de  cassures  analo- 
gues à  celles  qui  bordent  la  vallée  du  Rhin  ?  Quelle  bonne  volonté  ne 
faut-il  pas  pour  voir,  dans  leur  disposition,  l'effet  dune  série  d'écrou- 


224      A.    DR    LAPPARBlfT.   —   MOUVEMENTS    DE    l'ÈCORCK    TEHBËSTHE   7    fév. 

lemenls  en  échelons,  si  bien  graduée  que  les  ressauts  successifs  se- 
raient inappréciables?  Au  contraire,  quand  on  constate  la  parfaite 
symétrie  générale  des  dépôts,  à  l'Ouest  des  Vosges,  en  Lorraine  et  à 
l'Est  de  la  Foret-Noire,  en  Souabe,  il  devient  impossible  d'hésiter  à 
reconnaître  dans  cet  ensemble,  suivant  la  lumineuse  conception 
d'Élie  de  Beaumont,  un  grand  anticlinal,  produit  par  soulèvement 
relatif  et  rompu  en  son  milieu  avec  effondrement  de  la  clef  de  route.  Bien 
mieux,  on  se  figure  aisément  cette  bande  médiane,  destinée  à  un 
écroulement  définitif,  comme  ayant  formé,  des  l'origine  du  bombe- 
ment et  en  raison  même  de  la  tension  qu'elle  subissait,  la  partie 
faible  du  massif.  Cette  partie  a  cédé  de  bonne  heure,  engendrant  une 
dépression  longitudinale,  qui  devait  s'accentuer  de  plus  en  plus,  lit 
voilà  comment  les  dépôts  jurassiques  auront  pu  s'y  établir,  à  la  fa- 
veur d'un  détroit,  sans  que,  pour  expliquer  leur  présence,  il  y  ait 
lieu  de  recourir  à  l'hypothèse  d'une  submersion  de  la  Forêt-Noire  et 
des  Vosges  sous  la  mer  du  Jura. 

On  s'explique  même  difficilement  comment  cette  assertion,  que 
toute  l'épaisseur  de  ta  formation  jurassique  était  originairement  super- 
posée au  massif  vosgien,  a  pu  se  rencontrer  sous  la  plume  d'un 
géologue.  Car  personne  ne  devrait  ignorer  que  le  Corallien  de  la 
Lorraine,  avec  ses  beaux  massifs  de  polypiers,  a  tous  les  caractères 
d'un  récif-barrière.  Le  rivage  était  donc  à  une  faible  dislance  et,  par 
suite,  à  l'époque  corallienne,  pour  le  moins,  les  Vosges  étaient  cer- 
tainement émergées. 

J'ajoute,  pour  mieux  faire  apprécier  la  faiblesse  de  l'hypothèse, 
qu'on  voit,  sur  la  rive  gauche  du  Rhin,  aux  environs  de  Colmar,  des 
couches  marines  oligocènes,  inclinées  et  disloquées  tout  comme  les 
i.l L'n^t-  [[■iii-i'i'i'1-  i.-l  mr.i-Min.n.'s   voiriini.    l'uur  Ott-e   loi 


1887.   A.    DE   LAPPARBNT.  —  MOUVEMENTS  DU  l'ÉCORCE   TERRESTRE      225 

la  vallée  du  Rhin,  autant  il  serait  difficile,  en  dehors  de  cette  con- 
ception, de  justifier  la  chute  pure  et  siqpple  d'une  étroite  bande  lon- 
gitudinale, entre  deux  piliers  aussi  rapprochés  que  le  sont  les  Vosges 
et  la  Forêt-Noire.  Quelle  cause  aurait  produit  un  vide  au-dessous  de 
ce  massif  cristallin  non  dérangé  et  pourquoi  ce  vide  n'aurait-il  pro- 
voqué qu'un  écroulement  linéaire  médian  ?  Voilà  des  questions  aux- 
quelles je  défie  qu'on  trouve  une  réponse  satisfaisante.  Ici  donc,  les 
probabilités  mécaniques  viennent  ajouter  leur  témoignage  à  celui 
des  vraisemblances  géologiques. 

En  résumé,  je  crois  qu'il  est  bien  établi,  contrairement  à  l'inter- 
prétation de  M.  Suess,  que  les  Vosges  ne  sont  pas  un  Horst,  c'est-à- 
dire  un  massif  immobile,  resté  seul  en  place  quand,  tout  autour,  le 
reste  s'effondrait. 

On  en  peut  dire  autant  du  Mo r van.  Là  aussi,  sur  le  flanc  oriental, 
se  voient  des  failles  en  échelons,  avec  petits  paquets  étages  de 
couches  jurassiques  horizontales.  Mais  ces  failles  sont  des  cassures 
latérales,  ouvertes  au  bord  d'un  massif  soulevé  et  non  le  résultat 
d'affaissements  survenus  contre  un  pilier  immobile.  La  preuve  en  est 
dans  l'altitude  de  ces  lambeaux  sédimentaires,  susceptible  d'atteindre 
624,  même  636  mètres  (1)  et  absolument  inconciliable  avec  la  hau- 
teur qu'occupent  les  affleurements  réguliers  des  mêmes  formations 
sur  le  bord  septentrional  du  Plateau  Central  comme  sur  l'Ardenne. 
Or,  le  Plateau  Central  est  un  massif  bien  plus  ancien  et  relativement 
bien  moins  disloqué  que  le  Morvan.  Il  s'est  montré  beaucoup  plus 
stable  à  travers  les  âges  et  mérite  singulièrement  mieux  d'entrer  en 
ligne  de  compte,  quand  il  s'agit  de  la  détermination  des  anciens 
niveaux  de  la  mer. 

Pourtant  la  signification  de  Horst  a  été,  sans  hésitation,  attribuée 
au  Morvan  par  M.  Suess.  En  outre,  dans  une  publication  très  récente  (2), 
le  même  auteur  a  signalé  comme  tel  le  massif  du  Cotentin,  de  la 
Bretagne  et  de  la  Vendée,  en  le  limitant  par  une  ligne  de  fracture  que 
jalonneraient  Aleuçon,  Saint-Maixent  et  la  Rochelle.  Cette  ligne 
formerait  le  bord  occidental  d'une  aire  d'effondrement,  dont  l'autre 
rive  passerait  par  Calais. 

Pour  juger  de  cette  conception,  il  suffit  de  se  reporter  à  ce  qui 
vient  d'être  dit  des  dépôts  liasiques  de  May.  Ces  dépôts  marquent  un 
rivage  et  leur  concordance  avec  les  affleurements  de  la  bande 
jurassique  continue  qui  entoure  le  bassin  parisien  exclut  toute  idée 

1}  Michel-Lévy  et  Vélain,  Bull.  Soc.  Géol.,  3«  série,  VII,  p.  902. 
{i,    Uber  unlerbrochene  Gebirgsfaltung ;   Si'zungsberichte  der  Akad.   1er  Wissen- 
tchaften,  Vienne,  décembre  1880. 

XV  15 


226      A.    DE   LAPFAREIÏT.  —  M0UVKMENT8   DK    L'ÉCOBCÊ   TERRESTRE    7    fév. 

d'effondrement.  Quiconque  a  visité  les  localités  classiques  d'Osman- 
ville  et  des  environs  de  Valognes  ne  saurait  se  refuser  à  voir,  dans 
les  sédiments  heltangiens  ou  sinémuriens  de  cette  région,  si 
réguliers  dans  leur  allure,  des  dépots  littoraux,  formés  dans  une  mer 
qui  empiétait  &  peine  plus  loin,  vers  l'Ouest,  sur  le  massif  ancien  et 
qui  devait  succéder  aux  lagunes  ou  étangs  triasiques  de  la  même 
contrée.  A  partir  de  leur  formation,  un  processus  presque  continn 
d'émersion,  qu'il  serait  assurément  difficile  de  rattacher  aux  suites 
ou  aux  préliminaires  d'un  effondrement,  a  déterminé  l'assèchement 
du  bassin  de  Paris.  Puis  la  mer  est  revenue,  lors  de  la  grande 
transgression  cénomanienne,  sur  les  territoires  abandonnés  par 
elle  et  des  dépots  crétacés  de  divers  âges  se  sont  plaqués  sur  la  surface 
du  terrain  ancien,  où  quelques  lambeaux  ont  été  conservés  par 
places.  Témoins  ceux  de  Valognes  et  les  restes  cénomaniens  que 
M.  Vasseur  a  signalés  en  Bretagne.  Des  retours  analogues  se  sont 
produits  aux  époques  crétacées  supérieures  et  tertiaires  et  c'est 
ainsi  que  cette  même  région  de  Valognes,  où  l'on  voil  un  infralias 
littoral,  superposé  au  terrain  paléozoîque,  nous  montre  cote  à  cote, 
horizontalement  appliqués  sur  le  même  terrain,  de  petits  lambeaux 
de  Craie  à  baculites,  tantôt  seuls,  tantôt  soudés  à  des  plaques 
éocènes  de  l'âge  du  Calcaire  grossier,  tandis  qu'un  peu  plus  loin 
c'est  l'Oligocène,  le  Miocène  ou  le  Pliocène  qui  ont  laissé  des 
traces. 

Quelle  conclusion  en  tirer?  Sinon  que,  depuis  la  fin  de  la  grande  émer- 
sion  carbonifère  et  triasique,  le  massif  armoricain  a  formé  un  district 
continental  très  stable,  entouré  par  des  mers  dont  le  niveau  subissait 
des    alternatives    diverses,   sans    doute    comme    contre-coup   des 


1887.   A.   DE   LAPPARENT.   —  MOUVEMENTS   DE    L'ÉCORCE   TERRESTRE      227 

lignes  de  repère,  marquant,  avec  plus  de  certitude  que  tout  autre 
indice,  les  positions  successives  de  la  surface  océanique,  la  seule,  en 
définitive,  de  laquelle  il  soit  légitime  de  partir  pour  apprécier  le  sens 
des  mouvements  de  l'écorce.  ^ 

Or  l'enseignement  de  ces  lignes  de  repère  peut  se  résumer  dans 
une  formule  bien  saisissante  :  C'est  seulement  par  dizaines  de  mètres  que 
doivent  se  compter  y  dans  les  parages  du  Cotentin,  les  différences  entre  les 
niveaux  successifs  des  mers  depuis  le  Trias  jusqu'à  nos  jours. 

A  moins  donc  d'imaginer,  pour  les  besoins  de  la  cause,  une  série 
invraisemblable  d'ascensions  et  de  cbutes  en  masse,  qui  n'auraient 
laissé  aucune  trace  visible,  nous  voilà  forcés  de  reconnaître  qu'il  y  a, 
dans  l'écorce  terrestre,  des  parties  presque  absolument  stables, 
contre  lesquelles  le  niveau  de  l'océan  se  montre  à  peine  variable  dans 
la  suite  des  temps.  Il  n'en  faut  pas  davantage  pour  condamner  en 
principe  les  gigantesques  effondrements  admis  par  M.  Suess  et  dont 
quelques-uns  (comme  nous  le  verrons  par  la  suite)  ne  tendraient  à 
rien  moins  qu'à  introduire  des  différences  de  plusieurs  milliers  de 
mètres  entre  le  niveau  des  mers  de  la  craie  et  celui  de  l'époque 
actuelle  I 

Cela  n'empêche  pas,  bien  entendu,  le  bassin  de  Paris  d'être  une 
aire  de  dépression.  Mais  c'est  une  dépression  par  plissement  et  non  par 
effondrement.  La  preuve  en  est  dans  les  nombreuses  ondulations  qui 
se  laissent  voir  sur  le  fond  de  cette  grande  aire,  sans  parler  de  toutes 
celles  que  dérobent  à  nos  yeux  les  formations  superficielles.  M.  Suess 
lui-même  n'en  conteste  pas  l'existence  et  il  est  réduit  à  les  considérer  (1) 
comme  des  efforts  posthumes,  c'est-à-dire  comme  de  tardives  récur- 
rences des  actions  de  refoulement  qui,  à  l'origine  avaient  façonné  le 
massif  paléozoïque  plissé  de  l'Armorique  et  du  Cotentin,  avant  qu'il 
devint  un  Uorst.  C'est  d'abord  le  Boulonais ,  prolongement  de 
l'accident  wealdien.  Ensuite  vient  la  longue  protubérance  du  pays  de 
Bray,  dont  la  direction  reproduit  si  bien  celle  des  Pyrénées  et  où  l'on 
comprend  mal  que  M.  Suess  puisse  voir  un  réveil  des  plissements 
antépermiens.  Avec  le  Bray,  voici  la  série  des  plis  de  la  craie,  étudiée 
par  MM.  Hébert  et  N.  de  Mercey.  Au  Nord,  c'est  la  faille  de  l'île  de 
Wight,  brusque  résolution  d'un  pli,  limitant  un  bassin  éocène  qu'on 
ne  dira  pas  effondré,  puisqu'il  occupe,  avec  ses  formations  d'estuaire, 
le  même  niveau,  ou  à  peu  près,  que  notre  Éocène  parisien.  Plus  bas, 
une  décbirure  du  Crétacé  laisse  apercevoir  le  soulèvement  du  Belinois, 
parallèle  au  bord  oriental  de  l'Armorique.  Enfin,  dans  le  nord-est, 
nous  serons  frappés  de  ce  relèvement  général,  conforme  au  bord  de 

(i;  Unterbrochene  Gebirgsfaltung. 


.    Dlï   LAPP,\BRKT. —  MOUVEMENTS    DE    l/ÉGORCR   TEBRKSTHE   7    fév, 

l'Ardenne,  qui  affecte  tous  les  sédiments  crétacés  et  tertiaires 
et  qui,  dès  le  Soissonnais,  amène  le  fond  do  l'ancien  lac  de 
Beauce  à  250  mètres  d'altitude.  Dira-t-on  que  c'était  là  son  niveau 
primitif  et  que  tout  le  reste,  en  France  comme  en  Belgique,  n  dû 
s'effondrer  depuis  lors? 

En  présence  de  tant  de  faits,  comment  méconnaître  la  constante 
manifestation  des  efforts  de  refoulement  et  l'influence  considérable 
des  composantes  ascendantes  sur  la  formation  du  sol  français?  Ne 
serait-ce  pas  s'exposer  à  fournir  la  preuve  que,  s'il  est  bon  de  conce- 
voir de  grandes  et  larges  vues,  il  est  salutaire  d'en  réserver  l'applica- 
tion aux  pays  que  l'on  connaît  bien,  en  raisonnant  autrement  qu'à 
distance  et  sur  des  cartes  ?  Méthode  qui  expose  à  négliger  cerlains 
détails,  minimes  en  apparence,  mais  décisifs  par  les  lumières  qu'ils 
apportent  et  la  netteté  avec  laquelle  ils  suffisent  à  écarter  telle  ou 
telle  hypothèse. 

Tout  ce  qui  vient  d'être  dit  s'applique  au  bassin  de  Paris.  Mais 
peut-être  y  a-t-il,  en  France,  des  régions  qui  se  soient  comportées 
différemment.  Ne  serait-ce  pas  le  cas  de  la  vallée  du  Hhône  et  de  la 
plaine  pyrénéenne  î  Voyons  d'abord  la  première. 

En  vérité,  dans  celte  grande  dépression  alignée  du  Sud  au  Nord, 
qui  court  le  long  des  Cévennes  et  se  prolonge  bien  loin  par  la  Saône, 
il  semble,  au  premier  abord,  difficile  de  méconnaître,  sinon  une  aire 
effondrée  (car  sa  largeur  est  bien  faible),  du  moins  quelque  chose 
comme  un  écroulement  linéaire.  Et  pourtant,  a  examiner  les  choses 
de  plus  près,  on  va  voir  que  la  formation  de  ce  sillon  a  dû  être  gran- 
dement influencée  par  des  phénomènes  de  soulèvement. 

En  effet,  l'altitude,  progressivement  croissante,  du  Plateau  Cen- 
tral, quand  on  le  parcourt  de  l'Ouest  à  l'Est  et  la  relation  de  cette 
ascension  avec  le  développement  des  formations  volcaniques  mio- 
cènes et  pli o cènes  de  l'Auvergne  et  du  Vivarais,  donnent  à  penser 
que  le  soulèvement  des  Alpes  a  eu  pour  effet  de  relever  sensiblement 
la  lisière  orientale  et  méridionale  du  plateau.  La  rigidité  du  massif 
l'a  empêché  de  se  plisser  ;  mais  des  fentes  s'y  sont  ouvertes,  par  où 
les  produits  internes  ont  trouvé  une  issue  et,  tandis  que  le  bord  se 
relevait,  par  contre,  la  dépression  qui  avait  toujours  existé  au  pied 
a  dû  s'accentuer,  laissant  la  mer  miocène  et  celle  du  début  du  Plio- 
cène s'avancer  vers  le  Nord. 

Ce  qui  resterait  à  l'état  de  simple  conjecture,  s'il  n'y  avait  dans  le 
Plateau  Central  que  du  gneiss  et  des  micaschistes,  devient  une 
réalité  facile  a  vérifier,  grâce  aux  formations  lacustres  de  la  Limagne. 
Personne  ne  niera  l'ancienne  liaison  du  lac  tertiaire  du  Bourbonnais 


1887.    A.   DE   LAPPARENT.    —   MOUVEMENTS   DE   i/ÉCORCK   TERRESTRE      229 

arec  celui  de  l'Auvergne.  Or,  à  mesure  qu'on  suit  les  trafces  de  ce  lac 
vers  le  Sud-Est,  on  voit  les  dépôts,  morcelés  par  des  failles,  se  pré- 
senter à  des  altitudes  progressivement  croissantes  et  les  derniers  que 
l'érosion  ait  respectés,  ceux  des  environs  de  Blesle,  dans  la  Haute- 
Loire,  sont  aujourd'hui  portés  à  plus  de  1,000  mètres.  Telle  n'était 
pis,  à  coup  sûr,  l'altitude  originelle  du  lac  de  la  Limagne;  car,  pour 
le  soutenir,  il  faudrait  dire  que  la  France  tout  entière,  à  l'exception 
de  ces  lambeaux  culminants,  s'est  effondrée  ou  inclinée  à  cette  occa- 
sion. 

Donc,  le  Plateau  Central  s'est  soulevé  à  l'Est  et  au  Sud  et  si  ce 
mouvement  a  exagéré  l'ancienne  dépression  orientale,  assez  efTacée 
à  l'époque  éocène  (et  d'ailleurs  bien  rapidement  comblée  dès  le 
Pliocène  moyen),  il  y  a  loin  de  là  à  un  effondrement  pur  et  simple,  le 
long  d'un  Horst  absolument  fixe,  tel  que  le  définissent  MM.  Suess  et 
Neumayr.  C'est  un  contre-coup  des  grands  plissements  alpins,  chan- 
geant d'allure  à  la  rencontre  d'un  massif  d'ancienne  consolidation, 
qui  se  brise  au  lieu  de  se  courber.  Alors  la  dépression  du  Rhône  re- 
vêt le  môme  caractère  que  celle  du  pied  du  Jura,  où  viennent  s'ali- 
gner les  lacs  de  Bienne,  deNeufchâtel  et  de  Genève,  et  tant  d'autres 
sillon»  analogues  qu'on  pourrait  signaler,  soit  dans  les  Alpes,  soit 
dans  le  massif  jurassien. 

Tout  autre,  il  est  vrai,  est  la  manière-  d'être  de  la  grande  plaine 
aquitanienne  et  languedocienne.  Il  semble  que  cette  vaste  surface, 
si  brusquement  dominée  au  Sud  par  la  haute  muraille  des  Pyrénées, 
doive  enfin  nous  offrir  un  type  français,  vainement  cherché  jus- 
qu'ici, d'une  aire  d'effondrement. 

Bien  au  contraire  !  C'est  là  que  nous  trouverons  le  témoignage  le 

plus  manifeste  en  faveur  des  mouvements  ascendants.  11  nous  suffira. 

de  considérer  ces  paquets  horizontaux  de  sédiments  nummulitiques, 

portés,  dans  le  massif  du  Mont  Perdu,  à  des  altitudes  voisines  de 

trois  mille  mètres.  En  regard,  nous  placerons  les  couches  de  Biarritz 

et,  avec  elles,  ces  dépôts  éocènes  de  l'embouchure  de  la  Gironde, 

dont  la  position,  parfaitement  concordante  avec  celle  des  lambeaux 

contemporains  qui  avoisinent  l'estuaire  de  la  Loire,  diffère  à  peine 

de  la  situation  de  l'Éocène  parisien.  Voilà  donc  le  vrai  niveau  de  la 

mer  nummulitique  dans  les  contrées  non  disloquées  et,  à  moins  de 

prétendre  entraîner  dans  une  môme  chute,  non  plus  seulement  les 

dépressions  françaises,  mais,  avec  elles  et  en  bloc,  tous  les  massifs 

anciens,  les  Horste  du  Plateau  Central,  de  l'Armoriqueet  des  Vosges, 

l'Ardenne,  la  Cornouailles,  etc.,  il  faudra  bien  consentir  à  admettre 

que  c'est  la  masse  pyrénéenne  qui  s'est  élevée  dans  les  airs. 

A  ceux  qui  trouveraient  l'argument  trop  spécial  à  la  partie  occi- 


230      A.    DE    LAPPARKIST. —    MOUVEMKKTS   DE   L'ÉCORCE    TERRESTRE    7    fév, 

dentale  des  Pyrénées,  nous  répondrions  en  montrant,  à  l'Est,  appli- 
qué, suivant  le  mot  de  Leymerie,  comme  une  cuirasse  sur  le  flanc 
de  la  chaîne,  le  Poudingue  de  Palassou,  conglomérat  torrentiel, 
contemporain  du  soulèvement  pyrénéen  et  en  Taisant  suivre  des 
yeux  sa  liaison  progressive  avec  les  couches  lacustres  de  l'Éocène  ou 
de  l'Oligocène  languedocien.  Bien  mieux  !  nous  rappellerions  que  le 
bassin  nummulitique  de  l'Aude  a  disparu  lors  de  la  formation  de  la 
chaîne  et  qu'ainsi  le  redressement  de  celle-ci,;  loin  de  créer  un 
gouffre  au  pied  de  la  montagne,  a  entraîné  l'assèchement  d'une  an- 
cienne dépression.  Quelles  meilleures  preuves  peut-on  alléguer  en 
faveur  d'une  réelle  ascension  de  la  chaîne,  avec  immobilité  relative 
des  régions  situées  en  avant?  On  sait  d'ailleurs  que  la  grande  plaine 
sous-pyrénéenne  a  son  fond  beaucoup  plus  accidenté  que  ne  le 
ferait  soupçonner  le  manteau  uniforme  de  dépôts  miocènes  dont  elle 
est  recouverte.  En  plus  d'un  point,  une  échancrureun  peu  profonde 
ramène  la  craie  au  jour,  attestant  l'existence  d'une  suite  de  plis 
parallèles  dans  ce  qui,  au  premier  abord,  semblait  Sire  une  dépres- 
sion au  fond  plat. 

11  serait  oiseux  de  faire  intervenir  ici  les  Alpes  ou  le  Jura,  puisque, 
de  l'aveu  de  tous,  sans  excepter  MM.  Suess  et  Neumayr,  les  phéno- 
mènes de  soulèvement  y  brillent  dans  tout  leur  éclat.  De  telle  sorte 
que,  si  les  effondrements  abondent  dans  ces  deux  massifs,  c'est  tou- 
jours comme'conséquence  d'une  rupture  de  plis,  dont  les  tètes 
avaient  été  portées  à  de  grandes  hauteurs  au-dessus  du  niveau  de  la 
mer.  Dès  lors,  ayant  ainsi  passé  en  revue  tous  les  districts  entre  les- 
quels se  partage  la  région  française,  je  me  crois  en  droit  d'affirmer 
comme  conclusion  :  qu'aucun  d'eux  ne  justifie  la  théorie  du  Ilorst;  que 


1887.    A.    DK    LAPPARENT.  — MOUVEMENTS   DE   i/ÉCORCE   TERRESTRE      231 

C'est  ainsi  qu'au  nombre  des  aires  effondrées,  M.  Suess  a  rangé  la 
plaine  du  Pô  et  le  bassin  de  Vienne.  En  ce  qui  concerne  la  première 
de  ces  dépressions,  je  me  bornerai  à  faire  remarquer  qu'à  l'époque 
helvélienne,  c'est-à-dire  immédiatement  avant  le  principal  effort  du 
soulèvement  alpin,  une  mer  sans  grande  profondeur  pénétrait 
largement  dans  le  bassin  du  Pô,  comme  elle  faisait  dans  une  notable 
partie  de  la  Suisse  et  du  Jura.  Or  le  redressement  de  la  chaîne  a  eu 
pour  effet  de  réduire  considérablement  le  domaine  maritime; 
après  quoi  les  alluvions  pliocènes  et  quaternaires  n'ont  pas  eu  de 
peine  à  combler  le  prétendu  gouffre  qui  avait  dû  s'ouvrir  au  pied  des 
Alpes.  De  la  sorte,  le  résultat  final  du  soi-disant  effondrement  est 
une  émersion  bien  caractérisée,  ce  qui  est  passablement  contradic- 
toire. 

La  même  chose  est  vraie,  à  un  degré  encore  plus  élevé,  du  bassin 
de  Vienne.  A  l'époque  miocène,  c'était  une  dépression  franchement 
marine.  A  peine  la  chaîne  des  Alpes  avait-elle  acquis  son  principal 
relief,  que  le  bassin  se  transformait  en  cuvettes  saumâtres,  destinées 
à  un  rapide  assèchement.  Singuliers  effondrements,  en  vérité,  qui, 
partout  où  ils  se  produisent,  ont  pour  conséquence  régulière  l'ac- 
croissement de  la  terre  ferme  1 

Nous  voici  parvenus  à  l'extrémité  de  l'Europe.  Là,  sachons  le 
reconnaître,  nous  allons  enfin  trouver  un  exemple  de  chute  verti- 
cale; c'est  celui  de  la  mer  Egée.  M.  Neumayra  prouvé,  par  l'analyse 
des  circonstances  géologiques  des  Cyclades  et  de  la  Crète,  qu'à  la  fin 
des  temps  pliocènes,  la  région  située  au  Nord  de  cette  dernière  île 
faisait  partie  du  continent  et  était  arrosée  par  des  fleuves,  que 
hantaient  de  nombreux  hippopotames.  Or  aujourd'hui,  sur  les  îles  de 
l'Archipel,  les  dépôts  lacustres  se  montrent  tranchés  à  pic  par  le 
rivage  et,  au  large,  la  sonde  accuse  rapidement  de  grandes  profon- 
deurs. C'est  donc  bien  là  une  région  effondrée.  Mais,  d'après  ce  que 
nous  venons  de  voir,  elle  serait,  en  Europe,  le  seul  exemple  authen- 
tique de  cette  espèce.  Peut-être,  si  M.  Neumayr  ne  l'avait  pas 
rencontré  sur  son  chemin  dès  le  début  de  sa  carrière,  n'aurait-il  pas 
conçu  l'idée  d'en  retrouver  partout  la  copie,  entraînant  dans  cette 
voie  M.  Suess. 

11  est  vrai  qu'à  deux  pas  de  l'Archipel,  la  Mer  Morte  leur  offrait  un 
autre  cas  d'effondrement,  celui-là  linéaire.  Quelle  chute  que  celle 
de  cette  bande  étroite  qui  portait  autrefois  Sodome  et  Gomorrhe,  et 
que  remplace  aujourd'hui  un  lac  chargé  de  bitume,  dont  la  surface 
se  tient  à  quatre  cents  mètres  au-dessous  du  niveau  de  la  Méditer- 
ranée !  Pourtant,  si  l'écroulement  n'est  pas  contestable,  on  commence 


832      A.    DB    I.APPARKMT.  —  MOUVEMENTS   DE   l/ÉCOR-CE    TKBBBSTEE   7   fév. 

à  savoir  à  quoi  s'en  tenir  sur  sa  signification.  En  1885,  H.  Hull  (1)  a 
montré  que  la  Mer  Morte  et  la  vallée  du  Jourdain  coïncidaient  avec 
une  ligne  de  faille,  marquant  l'arête  d'un  anticlinal  brisé  et  je  me  suis 
hasardé  (2)  à  en  conclure  que  la  dépression  du  lac  Aspheltite  devait 
résulter  de  l'effondrement  d'une  voûte.  J'ai  eu  récemment  la  satis- 
faction de  voir  cette  vue  adoptée  par  M.  Diener,  dans  son  bel  ouvrage 
sur  le  Liban  (3).  Ce  savant  établit  en  outre  que  la  dépression  d'EI 
Bekaa,  qui  prolonge  celle  du  Jourdain  au  delà  du  mont  Hermon, 
occupe  l'axe  d'un  anticlinal,  dont  le  Liban  et  l'Anli-Liban  forment  les 
deux  versants.  Bien  que,  en  disciple  déférent  de  M.  Suess,  M.  Diener 
emploie  mille  circonlocutions  pour  éviter  l'emploi  du  mot  suspect  de 
soulèvement,  l'idée  d'une  élévation  de  la  contrée  se  dégage  toute  seule 
de  sa  description,  surtout  lorsqu'il  nous  révèle  l'existence,  dans  le 
désert  de  Palmyre,  d'un  lambeau  de  pliocène  marin  à  650  mètres 
d'altitude.  Rapprochant  ce  fait  de  celui  des  dépots  saticUent  de 
M.  Seguenxa,  portés  dans  la  Calabre  à  1200  mètres  de  hauteur,  on 
en  conclura  que  la  Méditerranée,  dont  l'affleurement,  sur  les  cotes 
françaises,  n'a  presque  pas  varié  depuis  le  Pliocène,  n'a  certainement 
pas  subi  l'abaissement  nécessaire  a  l'explication  de  ces  deux  faits. 
Quant  à  imaginer,  pour  la  dépression  d'EI  Bekaa,  un  mouvement 
compris  entre  l'Éocène  et  le  Pliocène,  il  n'y  faut  pas  non  plus 
songer;  car  dans  l'hypothèse  d'un  effondrement  post-éocène,  il 
devient  nécessaire  de  restituer,  au-dessus  de  la  crête  actuelle  du 
Liban,  la  formation  nummulilique,  qui  en  occupe  le  versant  occi- 
dental, et  alors  on  amène,  à  une  altitude  de  3500  mètres,  ce  terrain 
qui,  autour  du  Caire,  se  présente  an  niveau  de  la  mer!  Dans 
l'impossibilité    d'admettre   une   pareille  chute  de  la   Méditerranée 


1887.   A.    DE    LAPPARENT.    —  MOUVEMENTS  DE   i/ÉCORCE   TERRESTRE      233 

avec  celle  de  la  dépression  rhénane,  la  plus  frappante  analogie.  De 
même  que  les  Vosges  à  l'Ouest  et  la  Forêt-Noire  à  l'Est  servent  d'ap- 
pui à  un  manteau  triasique  et  jurassique  ;  ainsi,  sur  les  deux  rives 
de  la  Mer  Rouge,  des  massifs  cristallins  supportent,  dans  les  mon- 
tagnes du  Nil  comme  en  Arabie,  la  succession  régulière  de  la  craie 
supérieure  et  de  l'Éocène.  De  plus,  des  récifs  coralliens,  de  forma- 
tion très  récente,  s'observent,  de  l'aveu  même  de  M.  Neumayr  (1), 
à  de  grandes  hauteurs  sur  les  deux  bords  de  la  coupure.  Inexpli-' 
cable  par  un  écroulement  pur  et  simple,  la  réunion  de  ces  faits 
se  concilie  à  merveille,  au  contraire,  avec  l'hypothèse  d'une  voûte 
rompue. 

D'après  cela,  tous  les  effondrements  linéaires  connus,  depuis  le 
Rhin  jusqu'en  Arabie,  rentreraient  dans  la  même  catégorie  et  il  ne 
me  parait  pas  téméraire  de  penser  que  s'il  nous  était  donné  d'obser- 
ver, sous  la  mer  qui  les  cache  à  nos  yeux,  les  deux  bords  de  la 
dépression  égéenne,  nous  y  pourrions  reconnaître  un  ancien  anti- 
clinal rompu,  aujourd'hui  envahi  et  submergé  par  les  eaux  à  la  suite 
de  quelque  catastrophe  volcanique. 

Cependant,  il  serait  injuste  de  laisser  croire  que  la  difficulté  résul- 
tant des  dépôts  coquilliers  élevés  de  la  Méditerranée  et  de  la  Mer 
Rouge,  ait  échappé  à  M.  Neumayr.  Ce  savant  a  même  essayé  de  la 
résoudre,  sans  trahir  la  cause  des  écroulements,  à  l'aide  d'une 
explication  à  laquelle  on  ne  saurait  refuser  le  mérite  de  l'origi- 
nalité (2). 

M.  Neumayr  suppose  qu'aux  points  où  existent  ces  dépôts,  le 
rivage  coïncidait  autrefois  avec  l'arête  d'un  pli  dont  un  versant  s'in- 
clinait sous  la  mer  et  que  la  pente  de  ce  versant  tendait  à  augmenter 
peu  à  peu  sous  l'action  d'un  effort  vertical.  Pendant  cette  descente, 
l'arête  immergée  se  couvrait  de  dépôts  littoraux,  que  son  déplace- 
ment progressif  entraînait,  au  fur  et  à  mesure,  dans  la  profondeur. 
Un  jour  est  venu  où,  à  force  de  s'accentuer,  la  courbure  du  pli  s'est 
trouvée  excessive  et  a  déterminé  une  rupture.  Alors  la  lèvre  inclinée 
s'est  effondrée  et  l'autre,  délivrée  de  la  tension  qu'elle  subissait,  a 
rebondi  à  son  ancien  niveau,  ramenant  avec  elle,  dans  les  airs,  les 
,  dépôts  dont  elle  s'était  chargée  durant  son  immersion. 

Telle  est  cette  hypothèse  qui,  par  un  vrai  miracle  d'ingéniosité, 
arrive  à  faire  sortir  une  ascension  d'une  chute.  Si  je  la  mentionne, 
ce  n'est  pas  avec  le  dessein  d'en  discuter  ici  la  vraisemblance.  C'est 
uniquement  pour  montrer  à  quel  point  ceux   qui   prétendent  se 


il)  Erdgesrhichte,  p.  334. 
(;)  Erdgeschichtc,  p.  334. 


234      A,    DE    LAPPAflKMT.  —  MOUVKMËHTS   DU   L'eCOBCË   TKBBBSTRB    7    fév, 

maintenir  sur  le  solide  terrain  des  faits  et  repousser  systématique- 
ment tout  ce  que  la  nature  actuelle  ne  leur  permet  pas  de  vérifier, 
savent  néanmoins,  à  leurs  heures,  dépasser  en  hardiesse  les  concep- 
tions les  plus  aventureuses. 

Enfin,  il  est  une  contrée  bien  éloignée  des  précédentes,  mais  dont 
il  est  indispensable  de  dire  un  mot  :  c'est  celle  des  bauts  plateaux  du 
Colorado.  Les  célèbres  canons  de  cette  rivière  entament,  comme  on 
sait,  un  puissant  massif  de  sédiments  presque  horizontaux,  qui  vont 
du  Cambrien  jusqu'au  Tertiaire  et  où  la  partie  supérieure  du  Crétacé 
commence  seule  à  montrer  une  intercalation  de  lits  d'eau  douce 
parmi  les  couches  marines.  A  l'Ouest,  les  plateaux  du  Colorado  se 
soudent  à  ceux  de  l'Ulah,  traversés  par  des  failles  gigantesques,  dont 
les  rejets  se  comptent  par  milliers  de  mètre». 

Contrairement  à  l'opinion  unanime  des  géologues  américains, 
notamment  de  M.  Dutton,  pour  qui  le  massif  des  Montagnes 
Rocheuses  a  dû  être  soulevé  en  masse,  M.  Suess  (1)  veut  que  le  petit 
noyau  cristallin,  situé  sur  l'axe  de  la  chaîne,  soit  un  Horst,  à  l'Occi- 
dent duquel  il  y  aurait  eu  un  système  d'effondrements,  atteignant, 
au  total,  plusieurs  kilomètres  d'amplitude  (M.  Suess  va  jusqu'à  /rente 
mille  pieds,  c'est-à-dire  dix  mille  mètres  !)  Lit  raison  qu'il  en  donne 
est  que  nous  ne  connaissons  aucune  force  qui  soit  en  état  de  soule- 
ver simultanément,  mais  indépendamment  les  uns  des  autres,  des 
massifs  de  terrains  non  plissés,  divisés  par  des  fractures. 

Cette  ignorance  peut  être  regrettable  au  point  de  vue  théorique. 
Mais  ce  qui  le  serait  encore  bien  davantage,  c'est  d'admettre  qu'à 
l'Ouest  des  Montagnes  Rocheuses,  la  mer  de  la  craie  ait  pu  se  trouver 
autrefois  h  plusieurs  kilomètres  au-dessus  du  niveau   actuel   du  l'aci- 


1887.    A.    DB    LAPPAHENT.    —  MOUVEMENTS   DE   i/ÉCORCE   TERRESTRE      235 

d'une  contrée  que  le  défaut  de  plasticité  des  roches,  et  surtout  l'ab- 
sence d'obstacles  résistants  de  quelque  importance,  auront  pu  dis- 
penser de  subir  les  énergiques  plissements  dont  la  chaîne  alpine 
offre  l'exemple  ! 

D'ailleurs,  ce  n'est  pas  l'Amérique  seule  qu'il  faudrait  ici  faire 
mouvoir.  Personne  ne  pensera  qu'un  abaissement  de  dix  mille 
mètres,  survenant  dans  le  niveau  des  mers  américaines  depuis  la  fin 
da  Crétacé,  pût  rester  inaperçu  en  France.  Or,  les  environs  de 
Valognes,  eu  Cotentin,  nous  ont  montré  combien  le  rivage  français 
de  la  craie  était  peu  éloigné,  en  contour  ou  en  altitude,  de  celui  de 
la  mer  actuelle.  Il  n'en  faut  pas  davantage,  pensons-nous,  pour 
réduire  à  néant  l'hypothèse  de  l'effondrement  du  Colorado.  Et  alors, 
puisque  la  structure  du  massif  ne  peut  plus  s'expliquer  que  par  un 
soulèvement,  il  en  résulte  cette  conséquence  capitale,  que  les  mouve- 
ments ascendants  ne  sont  nullement  limités  aux  seules  régions  de  plisse- 
ment. Us  peuvent  se  manifester  en  grand,  par  l'élévation  en  masse  de 
tout  un  district,  en  faisant  naître  quelque  chose  d'analogue  à  ce  qui 
a  été  décrit  par  Dana  sous  le  nom  de  Géanticlinal. 

J'arrête  enfin  cette  trop  longue  discussion.  Ou  bien  les  exemples 
invoqués  ont  la  force  démonstrative  que  je  me  plais  h  y  reconnaître, 
et  alors  il  serait  inutile  d'en  accroître  le  nombre  ;  ou  je  me  suis  fait 
illusion  sur  leur  valeur  et,  dans  ce  cas,  ma  thèse  est  déjà  condam- 
née. On  me  pardonnera  d'écarter  cette  dernière  supposition  et  de 
vouloir  résumer,  en  quelques  mots,  l'enseignement  qui,  à  mon  sens, 
dé<*oule  des  effets  observés. 

Lorsqu'on  étudie,  sans  parti  pris,  la  distribution  des  mers  aux  di- 
verses époques  géologiques,  il  est  un  fait  qui  me  paraît  ressortir 
avec  une  indiscutable  évidence;  c'est  le  progrès  continu  de  Vêmer- 
$ion.  Sans  doute  ce  progrès  n'a  pas  été  absolument  régulier.  11  a  pu 
être  parfois  interrompu  par  des  retours  en  arrière.  Mais  ces  trans- 
fusions, limitées  dans  le  temps  comme  dans  l'espace,  n'on  pas  em- 
pêché, en  dernière  analyse,  les  masses  continentales  de  s'accroître 
par  adjonctions  successives,  grâce  au  comblement  ou  à  l'assèche- 
ment des  mers  intérieures  qui  séparaient  leurs  premiers  noyaux. 
On  peut  dire  que  presque  toute  la  surface  des  continents  actuels, 
aussi  bien  en  Asie  et  en  Amérique  qu'en  Kurope  et  en  Afrique,  a  été 
peu  à  peu  conquise  sur  la  mer  et  si,  d'autre  part,  certains  massifs 
primitivement  émergés  ont  en  partie  disparu  sous  les  eaux,  il  semble 
impossible  de  méconnaître  que  les  gains  de  la  terre  ferme  aient  été 
supérieurs  à  ses  pertes. 
D  un  autre  côté,  il  n'est  douteux  pour  personne  qu'à  des  époques 


236      A.    DB    [.APPARENT.  —  MOtJVKMENTS   DE   l'ÉCORCK    TERRESTRE   7    féï. 

relativement  récentes,  de  hautes  chaînes  de  montagnes,  les  Pyrénées, 
les  Alpes,  l'Himalaya,  les  montagnes  Rocheuses,  etc.,  ne  se  soient 
véritablement  dressées  dans  les  airs,  dépassant  ainsi,  dans  une  me- 
sure considérable,  le  niveau  des  mers  sous  lesquelles  les  régions  cor- 
respondantes étaient  précédemment  noyées. 

Il  résulte  de  la  que,  aussi  bien  en  grand  qu'en  détail,  les  continents 
n'ont  pas  cessé  de  s'élever  relativement  à  la  surface  océanique. 

A  la  vérité,  pour  quiconque  admet  la  notion  d'une  croûte  superfi- 
cielle, cette  ascension  doit  être  la  conséquence  d'un  mouvement 
général  centripète,  auquel  l'écorce  est  assujettie  en  vertu  de  la  con- 
traction du  noyau.  Mais  outre  que  c'est  la  une  conception  théorique, 
qu'on  pourrait  à  la  rigueur  écarter  pour  s'en  tenir  aux  seuls  faits 
observés,  on  remarquera  que,  si  ce  mouvement  centripète  est  réel, 
il  échappe  à  toute  vérification  extérieure.  De  plus,  c'est  un  mouve- 
ment d'ensemble,  peu  considérable  par  conséquent  en  chaque  point, 
tandis  que  la  déformation  qu'il  provoque  doit  se  résoudre  en  dépla- 
cements locaux,  lequels  peuvent  Être  relativement  très  sensibles.  Or 
nous  venons  de  voir  quel  était  le  caractère  de  ces  déplacements.  Sur 
tous  les  points  que  nous  avons  examinés,  le  trait  saillant  des  défor- 
mations est  une  exagération  du  relief  continental,  jointe  a  un  accrois- 
sement progressif  de  masses  émergées. 

Pourquoi  les  conséquences  de  ce  double  fait  sont  elles  méconnues 
par  la  nouvelle  école  orogénique?  Uniquement  sous  ce  prétexte,  que 
la  nature  actuelle  ne  nous  offre  aucun  exemple  authentique  d'un  mou- 
vement d'ensemble  effectué  de  bas  en  haut.  Mais  on  n'a  pas  entendu 
dire  non  plus  que  l'homme  ait  jamais  été  témoin  d'un  phénomène 
de  plissement  et  cela  ne  nous  empêche  pas  d'être  unanimes  àrecon- 


1887.   A.    DK    LAPPARENT.    —  MOUVEMENTS   DE   L'ÉCORCE   TERRESTRE      237 

degré.  Loi  a  de  moi  la  pensée  d'en  méconnaître  l'intervention  !  Mais, 
à  lencontre   de  ce  qu'enseigne  la  nouvelle   doctrine,  les    chutes 
verticales  réapparaissent  comme  des  effets  secondaires  et  consécutifs 
des  mouvements  d élévation.  Je  dis  plus:  il  me  semblerait  incompré- 
hensible qu'il  en  lût  autrement.  Quel  peut  être,  en  effet,  le  mode 
d'action  de  la  pesanteur,  dont  on  dirait,  en  vérité,  que  MM.  Suess  et 
Neumayr  ont  tenu  à  honneur  de  se  constituer  les  champions,  comme 
si  son  rôle  avait  été  injustement  apprécié  jusqu'ici?  Cette  force,  si 
efficace  qu'elle  soit,  ne  peut  entrer  en  jeu  qu'à  la  faveur  dune  défor- 
mation  préalable    de  l'écorce.    Autrement,  en  vertu  même  de  la 
gravité,    la    croûte    demeurerait     appliquée  sur  le  noyau.     Pour 
qu'une  chute   soit  possible,  il   faut  qu'il  y  ait  un  vide  et  ce  vide 
ne  pent  naître  que   si  une   portion    de  l'écorce  se  ride   ou  gau 
chit,  ce  qui  implique    un  soulèvement   relatif.  Dans    ce  cas,    on 
comprend  que  la  croûte  soit  exposée  à  se  fendre,  soit  par  la  rupture 
des  plis  brusques,  soit  par  suite  de  l'excessive  tension  de  la  surface 
gauchie  et  qu'alors,  profitant  des  cassures,  la  pesanteur  détermine  la 
chute  des  compartiments  dans  le  vide  sous-jacent.  D'ailleurs  il  est 
clair  que  les  effets  du  ridement  ou  du    gauchissement   varieront 
suivant  la  constitution  du  terrain  qui  les  subit.  Telle  partie,  relative- 
ment plastique  et  fortement  comprimée  contre   un  obstacle   plus 
résistant,  se  plissera  en  ondulations  serrées,  alors  que  telle  autre,  plus 
libre  de  ses  mouvements  et  mieux  appuyée  par  le  bas,  se  laissera 
soulever  en  bloc.  Un  massif  cristallin  ou  très  anciennement  consolidé 
sera  moins  flexible  qu'un  autre.  Non  seulement  il  se  brisera  au  lieu 
de  se  courber;  mais,  à  sa  jonction  avec  des  parties  plus  souples,  sur 
lesquelles,  du  reste,  sa  rigidité  ne  manquera  pas  de  réagir,  on  verra 
se  produire  des  solutions  de  continuité,  soit  des  cassures  simples, 
soit  des  failles  avec  dénivellation.  Tout  cela  découle  du  môme  principe 
et  ainsi  tous  les  phénomènes  observés  sur  le  pourtour  des  massifs 
d'ancienne  consolidation  s'expliquent  aisément,   sans  recourir  à  la 
conception  véritablement  excessive   des  Uorste,  c'est-à-dire  de  cjs 
piliers  inébranlables  auxquels  on  serait,  en  somme,  bien  embarrassé 
de  fournir  le  point  d'appui  nécessaire. 

Comment,  d'ailleurs,  devant  des  masses  aussi  gigantesques  que 
celles  des  Pyrénées,  des  Alpes  et  de  l'Himalaya,  l'idée  a-t-elle  pu 
venir  de  supprimer  ou  de  réduire  presque  à  rien  le  rôle  des  effets  de 
soulèvement  ?  N'était-ce  pas  une  gageure  contre  le  bon  sens,  que  cette 
obstination  à  ne  parler  que  de  chutes  et  d'effondrements,  au  pied  de 
ces  sommités  qu'on  a  tant  de  peine  à  gravir?  Certes,  pour  faire 
triompher  un  pareil  paradoxe,  il  n'eût  fallu  rien  moins  que  des 
rai-ons  bien  spécieuses  ou  des  faits  singulièrement  difficiles  à  expli- 


238      A.    DE    LAPPARENT.   —  HOUVLMENTS    DE    l'ÉCORCG  TBHRKSTRE  7    t'év. 

quer  d'autre  manière.  Des  raisons?  Je  crois  avoir  montré  qu'il  n'y  en 
avait  pas.  Quant  aux  faits,  nous  avons  entendu  leur  langage.  Tenons- 
nous-en  donc  à  ce  témoignage  et  disons  bien  haut  qu'en  face  de  la 
nouvelle  doctrine  orogénique,  l'ancienne  théorie  des  soulèvements 
relatifs,  telle  que  l'ont  faite  peu  à  peu  les  travaux  d'Elie  de  Beaumont, 
de  Constant  Prévost,  de  Dana  et  de  leurs  continuateurs,  telle 
qu'aujourd'hui  encore  elle  est  admise  par  M.  Kichthofen,  n'est 
nullement  menacée  d'amener  son  pavillon. 

M.  Bertrand  présente  les  observations  suivantes  : 
Ce  qui  m'empêche  d'accepter  sans  réserve  les  conclusions  de 
M.  de  Lapparent,  c'est  l'incertitude  qui,  dans  l'état  de  nos  connais- 
sances, règne  sur  le  point  de  départ.  Pouvons-nous  fixer,  même 
approximativement,  le  niveau  des  mers  jurassiques?  Différait-il  peu 
ou  beaucoup,  de  quelques  centaines  ou  de  quelques  milliers  de 
mètres,  du  niveau  des  mers  actuelles?  Là  est  au  fond  toute  la  ques- 
tion. Dans  le  premier  cas,  tous  les  dépôts  jurassiques  situés  à  une  cote 
un  peu  élevée  donnent  la  preuve  d'un  exhaussement;  dans  le  second, 
par  suite  du  mouvement  centripète  général,  il  ne  peut  plus  s'agir 
pour  un  massif  ou  pour  une  région  déterminée  querf 'élévation  relative 
ou  d'affaissements  relatifs;  loute  discussion  à  ce  sujet  devient  alors  une 
simple  discussion  de  mots  :  car  élévation  relative  ou  affaissement 
relatif  sont  deux  manières  équivalentes  de  dire  une  seule  et  même 
chose,  de  traduire  un  seul  et  même  phénomène. 

L'argument  principal  pour  la  stabilité  relative  du  niveau  des  mers 
a  été  donné  par  M.  de  Lapparent  ;  il  est  d'une  grande  force,  au  moins 
pour  les   périodes  secondaire   et  tertiaire;  c'est  la   faible  altitude 


1887.  A.  DB    LAPPARENT.    —    MOUVEMRNTS   DE    i/ÉCORCE   TERRESTRE      239 

M.  Heira  applique  un  calcul  analogue  à  la  coupe  des  Alpes.  Le 
développement  des  plis  du  Jura  donnerait  un  accroissement  dé  lon- 
gueur de  7,000  mètres;  celui  des  plis  des  Alpes  un  accroissement  de 
120,000  mètres.  Ces  127  kilomètres,  répartis  sur  tout  un  grand 
cercle  terrestre,  correspondraient  par  conséquent  à  une  augmentation 

127 
du  rayon  de  — '  ou  de  40  kilomètres.  Dans  la  période  tertiaire  seule, 

et  cela  sans  tenir  compte  des  autres  régions  de  plissement  que 
peut  rencontrer  le  môme  grand  cercle,  la  diminution  du  rayon  ter- 
restre aurait  donc  été  de  dix  mille  mètres  (1). 

En  présence  de  la  grandeur  des  effets  que  nous  sommes  forcés  d'at- 
tribuer au  refroidissement  de  la  terre,  j'avoue  que  cette  diminution 
du  rayon  ne  me  semble  rien  a*voir  d'invraisemblable;  je  crois  qu'elle 
fournit  même  une  solution  plus  satisfaisante  à  l'esprit. 

Je  ne  partage  pas  d'ailleurs  la  répugnance  de  M.  de  Lapparent  à 
admettre  la  possibilité  du  phénomène  des  «  Uorste»,  c'est-à-dire  des 
môles  restant  en  Saillie,  tandis  que  les  régions  voisines  s'affaissent 
autour  d'eux. 

Pratiquement  même,  il  me  semble  impossible  d'expliquer  autre- 
ment l'histoire  des  Vosges  et  de  la  Forôt-Noire  par  exemple,  pendant 
la  période  secondaire,  à  moins  d'admettre  pour  ces  massifs  un  affais- 
sement tout  à  fait  contraire  aux  idées  de  M.  de  Lapparent. 

En  effet  le  grès  bigarré  est  sans  contestation  un  dépôt  d'eau  peu 
profonde  ;  donc,  pour  qu'il  ait  été  recouvert  en  Bavière  et  en  Lor- 
raine de  1,500  mètres  au  moins  de  couches  marines,  il  faut  que  le 
fond  de  la  mer  se  soit  progressivement  affaissé  d'autant.  Si  les  Vosges 
ont  suivi  le  mouvement,  l'exhaussement  supposé  dans  la  période  ter- 
tiaire n'est  certainement  pas  suffisant  pour  en  compenser  le  résultat, 
et  c'est  l'affaissement  qui  domine  dans  l'histoire  du  massif.  Si  au 
contraire  les  Vosges  n'ont  pas  suivi  ce  mouvement,  elles  ont  fonc- 
tionné comme  «  Horst  ».  L'alternative  me  semble  inévitable. 

Je  n'ai  pas  la  prétention  de  conclure,  je  ne  crois  pas  qu'on  puisse 
le  faire  avec  quelque  certitude  dans  une  question  aussi  générale  et 
aussi  complexe.  Les  seuls  affaissements  réellement  prouvés  (et  ceux-là 
absolus  et  non  pas  relatifs)  sont  ceux  qui  sont  nécessaires  au  phéno- 
mène môme  delà  sédimentation  en  eau  peu  profonde;  mais  leur 
nombre  est  tel,  les  régions  qu'ils  embrassent  sont  tellement  étendues 
qu'il  faut  être  au  moins  indulgent  pour  ceux  qui  voient  dans  les  affais- 
sements le  facteur  le  plus  important  des  mouvements  de  l'écorce. 

(0  Un  calcul  analogue  a  été  fait  pour  les  Apallaches  et  a  donné  10  kilomètres. 


240      A.    DE    LAPPARBST. MOUVBMEHTS   DE    I.'ÉCOHCE   TBHBBSTRB   7    Tév. 

H.  de  Lapparont  s'exprime  ainsi  : 

En  réponse  aux  observations  de  M.  Bertrand,  je  dirai  que  j'ai  fait 
le  moins  possible  de  théorie  et  que  je  me  suis  surtout  attaché  &  mettre 
en  évidence  des  faits  géologiques,  lesquels  me  semblent  en  contradic- 
tion formelle  avec  la  théorie  des  grands  effondrements.  L'école  de 
M.  Suess  affirme  que  les  chutes  verticales  sont  le  facteur  principal 
du  relief  terrestre,  tandis  que  les  plissements,  avec  soulèvement 
relatif,  ne  seraient  que  l'exception.  Je  crois  le  contraire  et  j'ai  cherché 
à  le  prouver  par  un  grand  nombre  d'exemples.  Ce  sont  ces  exemples 
qu'il  faut  discuter.  M.  Bertrand  ne  's'occupe  que  des  Vosges  et  lire 
argument  de  la  grande  épaisseur  des  dépôts  ;  c'est  oublier,  d'une  part 
que,  d'après  M.  Suess,  ces  dépôts  épais  ont  existé  tout  aussi  bien  au- 
dessus  de  la  partie  supposée  immobile  ;  d'autre  part  que  l'épaisseur 
des  dépots  miocènes  n'est  pas  moindre  dans  les  Alpes  et  que,  presque 
partout,  comme  l'a  depuis  longtemps  remarqué  Dana,  les  soulève- 
ments sont  précédés  par  une  phase  d'affaissement  et  de  sédimenta- 
tion, dont  ils  sont  en  quelque  sorte  la  résolution  dernière.  C'est 
pourquoi,  me  réservant  de  revenir  ultérieurement  sur  la  question 
théorique  et,  sans  nier  en  quoi  que  ce  soit  l'importance  des  faits 
d'effondrement,  je  persiste  à  croire,  jusqu'à  nouvel  ordre,  qu'ils  sont 
subordonnés  et  ne  peuvent  se  produire  qu'en  raison  même  des  mou- 
vements préalables  déterminés  par  le  ridement  de  l'écorce. 

M.  Chaper  s'associe  au  contraire  pleinemeu  ta  la  manière  de  voir  de 
M.  de  Lapparent;  mais  il  doit  être  bien  entendu  que  l'exposé  de 
notre  confrère  implique  la  nécessité  de  l'hypothèse  d'une  contrac- 


1887  Dr  LABAT.    —  OBSERVATIONS.  241 

reliefs  du  globe,  considérés  par  rapport  à  la  surface  des  mers  et  au 
ravon  terrestre. 

La  théorie  généralement  admise  du  refroidissement  séculaire  et 
la  contraction  consécutive  nous  conduit  à  la  conséquence  logique  de 
l'affaissement,  en  tant  que  phénomène  dominant  et  ultime.  Le  sou- 

lè?ement  n'est  qu'accessoire  et  relatif,  bien  qu'il  puisse  se  montrer 

absolu  pour  un  temps  déterminé. 
L'affaissement  peut  affecter  le  caractère  d'effondrement  ;  mais  ce 

n'est  point  un  effrondrement  à  la  manière  des  puits,  des  mines  et  des 

carrières  où  existe  l'air  atmosphérique  sous  une  pression  à  peu  près 

normale. 

M.  de  Lapparent  nous  parle  de  chutes  dans  le  vide  ;  le  vide  ne  sau- 
rait se  concevoir  sur  le  noyau  liquide  coiffé  par  la  croûte  terrestre. 
S'il  y  a  tendance  au  vide,  en  vertu  de  la  contraction,  le  vide  ne  peut 
exister  à  cause  de  l'expansion  des  gaz  et  de  la  mobilité  de  la  matière 
lavique.  Or  ceci  constitue  une  sorte  de  matelas  qui  permettes  dépla- 
cements et  les  dénivellations  mais  qui,  selon  moi,  est  le  préservatif  le 
mieux  assuré  des  plongeons  et  des  chutes  brusques. 

Cette  façon  de  voir  n'a  rien  de  contraire  à  la  théorie  actuelle  des 
rides  et  des  plissements. 

Des  calculs  longs  et  incertains  pourraient  donner  une  idée  appro- 
ximative du  poids  d'un  segment  de  la  calotte  extérieure.  D'autre 
part,  si  l'on  prend  un  arc  peu  étendu,  la  courbure  sera  très  faible  et 
l'on  aura  affaire  à  une  masse  offrant  plutôt  la  forme  d'une  table  que 
d'une  voûte.  Comment  admettre  le  vide  dans  ces  conditions? 

Ajoutons  que  s'il  y  a  une  tendance  générale  à  la  diminution  du 
noyau  central  par  contraction,  il  y  a  une  tendance  constante  à  l'ex- 
pansion par  la  présence  des  gaz  emprisonnés  ou  par  le  passage 
des  liquides  à  l'état  gazeux  ;  les  déjections  volcaniques  sont  une 
preuve  permanente  de  cet  état  et  de  cette  force  centrifuge  opposée 
à  la  pesanteur.  Tout  cela  repose  sur  une  partie  théorique. 

1°  Etat  fluide  primitif  de  la  planète;  refroidissement  progressif 
et  emprisonnement  de  la  chaleur  centrale  sous  un  manteau  mau- 
vais conducteur. 

-1J  Sur  une  partie  empirique  :  Etude  des  plis,  des  fonds  et  des 
reliefs  de  la  croûte  disloquée. 

Etude  des  failles  et  des  rejets. 

3°  Sur  une  partie  expérimentale,  feuilletés  et  plissements  artificiels. 

A  la  suite  de  cette  discussion,  M.  de  La  Moussaye  présente 
une  observation. 

XV.  1« 


2A2  TOUCAS.    —   LETTRE.  21    ICV. 

Séance  dit  21  Février   1887. 

Présidence    de   m.    Albert  Gai-dry. 

M.  Maurice  Hovelacque,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-  vnrba  ! 
de  la  dernière  séance,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance,  le 
Président  proclame  membres  de  la  Société  : 

MM.  Pichbur,  préparateur  de  géologie  à  l'École  des  Sciences 
d'Alger,  présenté  par  MM.  Hébert  et  Pomel. 

Flamand,  préparateur   de  minéralogie  à   l'École  des    Sciences 
d'Alger,  présenté  par  MM.  Hébert  et  Pomel. 

Pai&hoh  (Eugène),  publiciste  à  Montgaudier,  par  Montbron  (Cha- 
rente), présente  par  MM.  A.  Gaudry  et  Fischer. 

Il  annonce  ensuite  deux  présentations. 

M.  Bertrand  donne  lecture  de  la  lettre  suivante  de  M.  Toucas  : 
Je  viens  de  recevoir  le  premier  numéro  du  Bulletin  de  l'année  1887, 
et  j'y  trouve  une  note  fort  judicieuse  que  vous  avez  fait  ajouter  à  la 
suite  d'une  communication  de  M.  Moutet  sur  l'existence  d'une  forma- 
tion wealdietme  au  quartier  du  lieuest  près  de  Toulon.  Comme  vous 
le  faites  très  bien  remarquer,  les  couches  d'eau  douce,  signalées  par 
notre  confrère  au  Rêvent,  sont  cénomaniennes  et  appartiennent  au 
niveau  que  Coquand  a  désigné  sous  le  nom  de  Gardonieu  et  dont  les 


1881,        FKRRAND   DE  MI8S0L.    —   COMMISSION  DE  COMPTABILITE  243 

couche*  supérieures  sont  formées  par  des  dépôts  saumàtres;  elles 
coBtiennent  un  mélange  de  coquilles  fluvialiles  et  de  coquilles  ma- 
rines telles  que  Cassiopées  et  Ostrea. 

*>  C'est  bien  là  le  véritable  représentant  des  couches  de  Salnt-Paulet 
et  de  M od dragon  (Gardonien  de  Goquand  et  non  Ligérien  comme  il 
a  été  imprimé  par  erreur).  » 


M.  Ferrand  de  Missol  donne  lecture  du  rapport  de  la  Commis- 
sion de  comptabilité. 

Rapport  de  la  Commission  de  Comptabilité, 
Par  M.  Ferrand  de  Missol. 

Messieurs, 

Votre  Commission  de  comptabilité  a  procédé  à  l'examen  des 
comptes  de  l'exercice  1885-4886,  qui  lui  ont  été  soumis  par  votre 
Trésorier  et  constaté  leur  concordance  avec  les  écritures. 

Elle  a  jugé  utile  de  rapprocher  les  recettes  et  dépenses  de  celles 
di  l'exercice  précédent  dans  un  tableau  spécial  A,  tout  en  .main- 
tenant le  tableau  B,  indiquant  les  différences  des  recettes  et  dépenses 
électives  de  l'exercice  1885-1886  avec  les  prévisions. 


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248  COMMISSION   DE    COMPTABILITÉ.  21     féï. 

Ces  deux  tableaui  présentent,  sans  qu'il  soit  nécessaire  d'y  insister, 
tous  les  éléments  nécessaires  à  l'intelligence  des  faits,  et  nous  nous 
bornerons  à  faire  ressortir  quelques  chiffres  qui  peuvent  plus  spé- 
cialement intéresser  la  Société. 

Recettes. 

Les  cotisations  courantes  sont  en  accroissement  ;  elles  ont  atteint 
en  1885-1886  les  chiffres  de  12,418  fr.,  présentant  une  augmentation 
de  718  fr.  sur  les  prévisions  et  de  1,018  fr.  sur  l'année  précédente. 

La  rentrée  des  cotisations  arriérées  a  dépassé  de  750  fr.  les  prévi- 
sions et  de  690  fr.  le  chiffre  de  l'année  précédente. 

La  vente  du  bulletin  a  fléchi  d'une  année  à  l'autre  de  241  fr.  76  et 
celle  des  mémoires  de  826  fr.  50. 

La  souscription  ministérielle  ira  pas  varié  Cl, 500  fr.). 

Les  revenus  ont  été  de  5,186  fr.  81,  dépassant  le  chiffre  prévu  det 
486  fr.  81,  et  celui  de  l'année  précédente  de  .Ï08  fr.  29. 

Ils  se  décomposent  de  la  manière  suivante  : 

Encaissements  par  la  Société  générale.  .  .     4,682  f.  !t6 
Encaissements  par  notre  trésorier 503    85 


Total  égal 3,18(1     81 


Les  cotisations  à  vie  et  perpétuelles  prévues  pour  1,200  fr,  n'ont 
rien  donné,  tandis  que  l'année  précédente  elles  avaient  produit 


1887.      G08SBLBT.     —   ENVAHISSEMENT  DÉVONIEN  DIS   i/àRDBNNB.  249 

Dépenses. 

L'impression  du  bulletin  prévue  pour  ll,000fr.  a  coûté  12,920 fr.  64, 
et  celle  des  mémoires  prévue  pour  3,000  fr.,  a  coûté  2,468  fr.  35. 
Total  pour  la  publication,  15,388  fr.  99. 

L'année  précédente  il  avait  été  dépensé  10,356  fr.  20  pour  le 
bulletin  et  5,905  fr.  20  pour  les  mémoires.  Total,  16,261  fr.  40,  soit 
872  fr.  41  de  plus  que  dans  l'année  1889-4886. 

On  a  placé  en  achat  de  4  obligations  Orléans.     1,563  f.  30 
—  —  6  obligations  P.  L.  M.     2,292    45 

Total 3,855    75 


Comme  dépense  extraordinaire  figure  pour  un  semestre  de  loyer 
d'avance  une  somme  de  3,050  fr. 

L'ensemble  des  dépenses  ou  placements  s'élève,  y  compris  l'en- 
caisse, au  31  octobre  1886,  à  la  somme  de  40,895  fr.  33,  présentant 
sur  le  chiffre  prévu  une  réduction  de  2,761  fr.  06. 

Le  total  correspondant  de  Tannée  précédente  était  de  44,244  fr.  17. 

L'examen  des  tableaux  montre  que  la  différence  provient  en  ma- 
jeure partie  des  articles  relatifs  aux  dépenses  extraordinaires. 

En  terminant  ce  rapide  aperçu  qui  démontre  la  situation  favorable 
de  notre  Société,  nous  proposons  de  voter  des  remercîments  à 
M.  le  Trésorier  Berthelin,  qui  a  tenu  les  comptes  avec  un  soin  et  une 
netteté  remarquables. 

A.  Parran.      Fkrrand  de  Missol.       En.  Jannettaz. 

Ce  rapport,  mis  aux  voix,  est  adopté,  et  des  remercîments  sont 
votés  à  M.  Berthelin,  Trésorier  sortant. 

M.  Gosselet  fait  la  communication  suivante  : 

De  /'Envahissement  successif  de  /'ancien  continent  cam- 
brien  et  silurien  de  l'Ardenne  par  les  mers  dévoniennes, 

Par  M.  Gosselet. 

Un  des  principaux  résultats  des  travaux  de  Dumont  sur  l'Ardenne 
a  été  d'établir  l'indépendance  relative  du  terrain  cambrien  ou  arden- 
nais,  et  du  terrain  dévonien  inférieur  ou  rhénan,  et  de  reconnaître 
que  ces  deux  terrains  sont  en  stratification  discordante.  Dans  un  tra- 


250         GOSSKLET.    -     ENVAHISSEMENT    DfcVOllIKH    DE    l'ARDBHNB.      21    fév, 

vail  fait  en  collaboration  avec  M.  Malaise  (1),  j'ai  donné  des  preuves 
nombreuses  de  celte  discordance.  La  Société  géologique  a  pu  cons- 
tater le  fait  dans  sa  réunion  extraordinaire  en  Ardenne.  Cependant 
certains  géologues  allemands  le  contestent  encore. 

Le  vénérable  M.  von  Decfaen,  qui  connaissait  si  bien  l' Ardenne, 
n'avait  pas  accepté  la  division  stratigraphique  établie  par  Dumont. 
Plus  tard  a  la  suite  de  noire  Mémoire,  il  reprit  l'étude  de  la  question. 
En  187  s,  il  se  déclara  convaincu  de  la  discordance  et  décidé  à  la 
prendre  comme  base  des  divisions  à  établir  dans  la  carte  géologique. 
C'est  ce  qu'il  fit  en  1883,  lors  de  la  publication  de  la  2'  édition  de  sa 
petite  carte  de  la  Province  rhénane  et  de  la  province  de  West- 
phalie. 

Cependant  la  même  année  1883,  H.  Holzapfel,  professeur  à  Aix-la- 
Chapelle,  faisait  paraître  une  excellente  monographie  de  l'extrémité 
nord  du  massif  de  Slavelot,  où  il  battait  en  brèche  la  théorie  de  Du- 
mont (2).  Tout  en  reconnaissant  que  la  discordance  peut  exister 
dans  le  massif  de  Rocroi,  il  la  nie  dans  le  Nord  de  l' Ardenne.  Malgré 
son  affirmation,  je  crois  qu'il  donne  lui-même  des  preuves  de  cette 
disposition  discordante.  C'est  une  question  que  j'examinerai  plus 
tard. 

Le  regretté  von  Lasaulx  qui  avait  assisté  à  l'excursion  de  la  So- 
ciété géologique  de  France  à  Charleville  n'a  pas  cherché  à  nier  une 
discordance  qu'il  avait  vu  si  claire  à  Fépin,  à  la  roche  à  Corpias  et  a 
la  grotte  deLinchamp;  mais  il  l'a  expliquée  en  supposant  un  traînage 
des  roches  dévoniennes  à  la  surface  du  terrain  cambrien  (3).  J'ai 
combattu  cette  hypothèse  (4)  en  prouvant  que  le  Poudingue  de  Fépin 
est  formé  aux  dépens  du  terrain  immédiatement  sous-jacent.  Il  con- 


1887.        GOSSKLKT.    —    KNVAIMBSEMBÎtT   DÉYOSIKB    DE   l'aHDKKNB. 


251 


Le  Carabrien  constitue  dans  l'Ardenne  4  massifs  déjà  reconnus 
par  Dumont  :  ceux  de  Rocroi,  de  Olvonne,  de  Serpont  et  de  Stavelot. 
Les  deux  premiers  se  rattachaient  probablement  entre  eux  vers 
l'Ouest  et  formaient  un  golfe  que  j'ai  désigné  sous  le  nom  de  golfe 
de  Charleoille,  Le  massif  de  Rocroi  constituait  donc  une  presqu'île 
qui  s'avançait  vers  l'Est  et  se  terminait  par  le  cap  de  Louette. 

Entre  le  cap  de  Louette  et  l'îlot  de  Serpont,  il  y  avait  le  détroit  de 
Gedinne  dont  le  fond  était  constitué  par  un  plateau  sous-marin.  Le 
petit  massif  de  Serpont,  ayant  à  peine  2  kilomètres  de  diamètre 
n'était  qu'un  rocher  saillant  à  l'extrémité  de  ce  plateau.  Entre  l'îlot 
de  Serpont  et  la  grande  île  de  Stavelot  se  trouvait  le  détroit  de  la 
Hoche  plus  large  et  plus  profond. 

Fig.  i.  —  Disposition  de  la  mer  au  commencement  de  l'époque  dévo- 
nienne. 


La  mer  était  limitée  au  Nord  parla  cote  du  Coudras  qui  appartenait 
&  un  continent  très  étendu  vers  le  Nord.  On  peut  estimer  que  la  mer 
du  bassin  de  Dinant  avait  environ  100  kilomètres  de  largeur  dans  le 
méridien  de  la  vallée  de  la  Meuse,  un  peu  plus  que  la  mer  de  la 
Manche  entre  Cherbourg  et  la  cote  anglaise. 


232        GOSSBLET.   —   ENVAHISSEMENT  DÉV0N1K5   DE  l'aSDBNKE.      21    fév. 

Les  premières  assises  dévoniennes  qui  bornent  au  Nord  le  massif 
de  Rocroi  entre  Fépin  et  Givct  sont  les  suivantes  : 

1'  Poudingue  de  Fépin. 

î°  Arkose  d*Haybes  :  grès  à  gros  grains,  rempli  de  parties  feldspalhlques  de- 
composées  et  de  fragmenta  de  tourmaline. 

3'  Schistes  de  Mondrepuits  :  schistes  grossiers  verts  présentant  une  faune  tonte 
spéciale,  qui  a  été  signalée  par  M.  Hébert  et  qui  a  été  étudiée  depuis  par  M.  de 
Koninck. 

■»«  Schistes  bigarré?,  verts  et  rouges  d'Oiguies. 

5*  Schistes  de  Saint-Hubert  :  schistes  verts  jaunâtres  contenant  de  nombreux 
bancs  de  grès  gris.  Le  schiste  domine  dans  le  bas,  le  grès  vers  la  partie  supé- 
rieure. 

Ces  cinq  assises  ont  été  réunies  par  Dumont  sous  le  nom  de  Ge- 
diûnien.  J'estime  que  leur  épaisseur  totale  est  de  4,650  mètres. 

Au  Sud  de  la  presqu'île  de  Rocroi,  dans  le  golfe  de  Charleville,  on 
trouve  une  série  un  peu  différente  : 

1"  Poudingue  de  la  roche  à  Corpias. 
I"  Phvllades  noirs  de  Levreiy. 
3*  Phyl!ades  panachés  de  Joigny. 
4°  Phyllades  vert  jaunâtre  de  Laforest. 

Les  causes  des  différences  que  présentent  les  roches  gediniennes 
sur  les  deux  cotés  du  massif  de  Rocroi  sont  au  nombre  de  deux. 

La  structure  phylladique  des  roebes  du  bassin  de  Charleville  est 
due  au  métamorphisme,  mais  il  y  a  en  outre  des  différences  origi- 
nelles que  j'ai  cherché  à  expliquer  lors  de  la  réunion  de  Charleville. 
Elles  dépendent  selon  moi  de  la  position  géographique  où  se  sont 


1887.        GOSSELBT.   —   ENVAHISSEMENT  DÉVOIfIBN   DE   L  ARDRNNE.  253 

faiblement  inclinées,  quelquefois  horizontales  ou  à  peine  ondulées. 
Comme  l'inclinaison  vers  le  Nord  domine  sur  presque  toute  cette  sur- 
face, on  peut  admettre  qu'il  y  a  plusieurs  Tailles  avec  répétition  des 
mêmes  couches. 

L'ellipse  décrite  par  les  schistes  bigarrés  se  termine  à  6  kilomè- 
tres à  l'O.  du  massif  de  Serpont.  Au  delà  tout  l'intérieur  du  détroit 
est  formé  par  les  schistes  de  Saint- Hubert.  Toutefois  au  N.  de  Saint- 
Hubert,  les  schistes  bigarrés  constituent  une  petite  voûte  uniclinale 
que  traverse  la  ligne  de  chemin  de  fer  du  Luxembourg  entre  les  ki- 
lomètres 136  et  141.  Les  couches  y  plongent  uniformément  vers  le 
Sud  sous  une  faible  inclinaison  et  avec  de  nombreuses  ondulations. 
Néanmoins  comme  elles  confinent  au  N.  aux  schistes  de  Saint-Hu- 
bert et  qu'elles  sont  recouvertes  au  S.  par  la  môme  assise,  on  doit 
admettre  qu'elles  sont  disposées  en  voûte  et  que  cette  voûte  a  subi 
un  renversement  tel  que  non  seulement  les  deux  branches  sont  pa- 
rallèles, mais  qu'elles  ont  été  poussées  vers  le  Nord  jusqu'à  devenir 
en  certains  points  presque  horizontales. 

Il  est  assez  curieux  de  trouver  sur  les  deux  côtés  de  cette  voûte  des 
modifications  analogues  à  celles  qu'on  peut  observer  dans  la  môme 
assise  sur  les  deux  côtés  du  massif  de  Rocroi.  Au  N.  elle  est  formée 
de  couches  schisteuses  alternativement  rouges  et  vertes,  quelquefois 
panachées,  mais  toujours  de  nuances  nettement  tranchées.  Au  S.  de 
la  gare  de  Poix  les  nuances  se  fondent,  le  rouge  passe  au  brun  ou  au 
violet,  le  vert  au  jaune  grisâtre  ou  verdâtre,  les  panachures  se  multi- 
plient et  sont  plus  vagues,  la  roche  devient  plus  phylladique  et  plus 
quartzeuse. 

Au  N.  de  la  voûte  de  schistes  bigarrés  de  Poix,  on  trouve  la  série 
normale  des  schistes  de  Saint-Hubert,  puis  le  grès  taunusien  plon- 
geant par  renversement  sous  les  schistes  de  Poix. 

Au  S.  de  la  même  voûte,  entre  elle  et  le  petit  massif  cambrien  de 
Serpont,  les  schistes  de  Saint-Hubert  constituent  un  bassin  syncli- 
nal dont  les  couches  sont  faiblement  inclinées.  Ils  sont  formés  de 
schistes  verdâtres,  compacts,  ou  grossiers,  de  grès  gris  et  ils  con- 
tiennent des  couches  de  schistes  bigarrés,  comme  dans  le  bassin  de 
Charleville. 

Ces  schistes  de  Saint-Hubert  se  relèvent  vers  le  massif  cambrien 
de  Serpont  et,  au  contact  des  schistes  cambriens,  on  trouve  quelques 
bancs  d'arkose.  Cette  arkose  appelée  par  Dumont  arkose  de  Bras, 
enveloppe  complètement  le  massif  de  Serpont.  On  la  trouve  même 
à  la  surface  de  ce  massif  reposant  en  stratification  discordante  sur 
les  phyllades  cambriens  ;  à  sa  base,  il  y  a  souvent  un  banc  de  pou- 
dingue. 


■>3i         GOSSBLET.     —    ENVAHISSEMENT    DÉV0H1EM    DK    l'aHDBNNB.       21    IûV. 

Fie.  2. 


a  Phyllades  camliriens  Ue  Serpont. 
b  Schistes  verts  et  rouges  de  Poix. 
c  Schistes  de  Saint-Hubert. 
f.'  Arkose  de  liras. 


Du  mont  avait  assimilé  l'arkose  de  Bras  à  l'arkose  d'Haybes  ;  la 
ressemblance  minéralogique  est  extrême  et,  l'une  comme  l'autre, 
sont  à  la  base  du  terrain  dévonien.  Mais,  dans  culte  hypothèse,  il  y 
aurait  une  immense  lacune  entre  l'arkose  de  Bras  et  les  schistes  qui 
les  surmontent  puisqu'il  y  manquerait  les  schistes  de  Mondrepuita 
et  les  schistes  d'Oignies.  Or  l'abseuce  de  ces  derniers  serait  inexpli- 
cable à  4  kilomètres  seulement  des  beaux  affleurements  de  Poix  où 
l'assise  a  pour  le  moins  100  mètres  d'Épaisseur.  J'aime  mieux  ad- 
mettre que  la  lacune  est  sous  l'arkose. 

Les  eaux  delà  mer  dévonienne  venant  du  5.-0.  gagnaient  cons- 
tamment vers  l'E.  par  suite  de  l'affaissement  de  celte  partie  orien- 
tale. L'Ilot  de  Serponl  était  beaucoup  plus  étendu  qu'il  n'apparaît  de 
nos  jours,  lorsque  la  mer  dévonienne  est  venue  envahir  l'Ardenne. 


1887.         GOSSBLET.    —   ENVAHISSEMENT   DÉVONIKN   DE   l'aRDENNE.  255 

A  la  pointe  sud,  l'arkose,  déjà  beaucoup  moins  épaisse,  alterne 
avec  des  schistes  rouges;  sur  la  côte  orientale,  elle  est  rarement  visi- 
ble et  parait  en  tous  cas  peu  épaisse  ;  elle  contient  peu  de  feldspath  ; 
c'est  plutôt  un  grès  grossier. 

Sur  le  rivage  du  Condros,  l'étage  gedinnien  est  représenté  par  des 
schistes  compacts  vert-sorabre,  cellulaires,  par  des  psammites  et 
par  des  grès  vert-sombre.  Les  schistes  rouges  et  bigarrés  ne  se  pré- 
sentent plus  qu'à  l'état  de  bancs  très  minces  subordonnés  aux  {au- 
tres couches.  A  la  base  il  y  a  un  grès  à  gros  grains  que  Ton  peut 
rapprocher  de  l'arkose  (arkose  de  Dave)  mais  qui  ne  contient  pas  de 
feldspath. 

Quel  est  l'âge  exact  de  ces  diverses  couches  ?  représentent-elles 
l'ensemble  de  toutes  les  assises  gedinniennes  ou  seulement  une  par- 
tie ?  C'est  une  question  insoluble  dans  l'état  actuel  de  nos  connais* 
sances. 

Si  la  science  positive  peut  encore  paralléliser  l'arkose  de  Dave, 
ainsi  que  celle  de  Weismes  et  de  Bras,  à  l'arkose  d'Haybes,  les  géolo- 
gues géogénistes  ont  le  droit  d'imaginer  une  théorie,  un  petit  roman 
si  l'on  veut,  qui  ne  manque  pas  d'intérêt. 

Lors  de  la  réunion  de  la  Société  géologique  de  France  àCharleville 
il  a  été  admis  à  la  suite  des  observations  de  M.  Renard,  de  M.  Barrois 
et  des  miennes,  que  l'arkose  d'Haybes  provient  de  la  destruction  de 
granité  ou  plutôt  de  pegmatite  tourmalinifère. 

Cette  roche  n'existe  en  aucun  point  connu  du  continent  Arden- 
nais.  Il  faut  donc  qu'elle  soit  aujourd'hui  cachée  par  les  terrains 
plus  récents,  par  conséquent  qu'elle  soit  située  dans  le  bassin  du 
Dinant.  J'ai  prouvé  que  les  courants  qui  roulaient  les  grains  d'arkose 
sur  le  rivage  de  Hocroi  venaient  de  10.  ;  on  peut  donc  supposer  qu'il 
y  avait  des  roches  granitiques  dans  l'O.  du  bassin  de  Dinant,  là  où 
il  s'élargit  vers  Landrecies,  Cambrai;  Amiens.  Le  courant  océanique 
qui  envahissait  le  bassin  de  Dinant  au  commencement  de  l'époque 
dévonienne  roulait  l'arène  granitique  jusque  sur  la  côte  de  Rocroi. 

La  présence  de  galets  de  pegmatite  tourmalinifère  découverts  par 
MM.  de  La  Vallée  Poursin  et  Renard,  puis  par  M,  Lohest  sur  la  côte 
du  Condros  semblent  indiquer  que  les  roches  granitiques  n'étaient 
pas  bien  loin.  Il  est  donc  probable  qu'une  bande  granitique  pas- 
sant dans  le  bassin  de  Dinant,  parallèlement  aux  couches  cam- 
briennes  et  siluriennes,  allait  se  relier  vers  le  N.  à  l'île  de  Stavelot 
qui  contient  le  filon  granitique  de  Lammersdorf  découvert  par 
M.  von  Lasaulx.  Elle  formait  au  commencement  de  l'époque  dévo- 
nienne le  rivage  N.  du  bassin  de  Dinain. 

Plus  tard  cette  bande  granitique  ayant  été  détruite  par  érosion 


256        GUSSELET.    —    tïmwSSKMBNT    DÉV0K1EK    UB    L'aBDBHHI!.      21    fév. 

ou  plutôt  submergée  par  affaissement,  le  rivage  s'étendit  progressi- 
vement vers  la  crête  de  Condros. 

Cet  envahissement  progressif  de  la  cote  condrusienne  explique 
l'absence  d'arkose  sur  ce  rivage  ;  lorsque  la  mer  y  arriva,  la  crête 
granitique  était  déjà  recouverte  par  une  nappe  d'eau  assez  épaisse 
pour  la  protéger  contre  la  dégradation  produite  par  les  vagues. 

L'envahissement  du  littoral  de  Condros  et  par  suite  l'élargissement 
du  canal  eurent  aussi  pour  effet  de  diminuer  la  rapidité  du  courant 
qui  longeait  la  cote  ardennaise.  Aux  sédiments  grossiers  qui  for- 
maient l'arkose,  succédèrent  des  sables  fins  et  argileux  qui  donnè- 
rent naissance  aux  schistes  de  Mondrepuits. 

Pendant  que  ces  phénomènes  se  passaient  sur  la  cote  ardennaise, 
le  golfe  de  Cbarleville  abrité  par  la  presqu'île  de  Etocroi  recevait  des 
sédiments  limoneux  très  Ans  qui  produisirent  les  phyllades  de  Le- 
vrezy.  t 

Pendant  la  2*  partie  de  l'époque  gedinienne,  les  sédiments  furent 
partout  limoneux  ou  sableux;  cependant  le  courant  était  parfois 
assez  fort  pour  entraîner  des  arènes  graveleuses  qui  donnèrent  nais- 
sance aux  bancs  d'arkose,  qui  sont  subordonnés  aux  schistes  bigarrés. 

Sur  la  côte  de  Condros,  le  courant  était  corrodant  et  ne  produisait 
que  des  dépôts  locaux  et  lenticulaires.  C'est  du  moins  ce  que  l'on 
peut  déduire  de  l'irrégularité  apparente  des  couches  de  psammite  et 
de  schiste,  qu'on  y  observe. 

Ou  a  vu  que  le  haut-fond  de  Gedinne  et  l'Ilot  de  Serpont  qui  en 
était  le  sommet  s'enfoncèrent  pendant  presque  toute  la  durée  de  l'é- 
poque gedinienne,  de  telle  sorte  que  les  assises  s'y  trouvent  en  stra- 
tification transgressive  et  que  les  plus  récentes  seules  entourent  l'î- 
élém 


1887.  G.  DOLLFUS.  —  OBSERVATIONS  257 

même  massif  n'a  pas  eu  lieu  partout  en  môme  temps  ;  que  sur  le 
rivage  occidental  de  l'île  de  Stavelot,  par  exemple,  l'arkose  pouvait 
se  déposer  dans  le  Nord,  alors  qu'à  l'extrémité  sud  il  se  produisait 
déjà  des  sédiments  schisteux;  d'où  on  arriverait  à  paralléliser  les 
schistes  du  Sud  avec  les  arkoses  du  Nord. 

11  y  aurait  là  une  exagération  de  ma  pensée  contre  laquelle  je  crois 

devoir  protester  d'avance.  Nous  ne  pouvons  pas  songer  à  donner  à 

nos  divisions  géologiques  une  valeur  chronologique  absolue.  Elles 

ont  surtout  pour  but  de  résumer  les  faits  et  de  permettre  à  l'esprit  de 

les  embrasser  dans  leur  ensemble.  Quand  donc  nous  trouvons  en 

deux  points  plus  ou  moins  voisins  deux  séries  identiques,  il  y  a  lieu 

de  paralléliser  tous  les  termes  semblables.  Nous  pouvons  bien  nous 

demander,  si  au  point  de  vue  du  temps  considéré  d'une  manière 

absolue,  les  phénomènes  ne  sont  pas  transportés  d'un  point  à  un 

autre,  de  telle  sorte  que  chaque  terme  soit  contemporain  du  terme 

précédent  formé  à  sa  droite  et  du  terme  suivant  formé  à  sa  gauche  ; 

mais  dans  la  systématique,  on  ne  doit  pas  tenir  compte  de  ces  vues 

purement  hypothétiques  et  qu'il  serait  difficile  de  démontrer.  J'ai 

cru  devoir  faire  ces  réserves  dans  l'intérêt  même  de  la  thèse  que  je 

soutiens  et  bien  marquer  le  point  où  je  m'arrête,  car  j'estime  que  le 

géologue  géogéniste  est  toujours  en  danger  de  s'égarer,  dès  qu'il 

s'écarte  des  règles  qui  servent  de  base  à  la  géologie  positive. 

H.  G.  Dollfus  demande  à  M.  Gosselet  quelles  sont  les  raisons  qui 
l'empêchent  de  croire  que  le  Dévonien  s'est  déposé  sur  l'Ardenne  ? 

La  question  de  la  discordance  du  Dévonien  sur  les  roches  plus 
anciennes  étant  hors  de  cause,  il  lui  semble  que,  l'identité  de  la 
coupe  au  Nord  et  au  Sud  du  massif  ardennais,  la  présence  des  strates 
et  poudingues  redressés  de  part  et  d'autre  à  la  verticale,  prouvent 
avec  évidence  un  grand  mouvement  postérieur  de  soulèvement.  Ce 
soulèvement  ne  faisant  pas  de  doute  ;  si  nous  cherchons  par  la  théorie 
ce  que  pouvait  être  le  pays  avant  le  soulèvement  des  couches,  nous 
sommes  conduits  en  partant  de  la  coupe  supérieure  qui  donne  un 
diagramme  de  l'Ardenne,  au  schéma  idéal  inférieur  dans  lequel  les 
couches  sont  simplement  remises  dans  leur  position  horizontale  de 
formation,  suivant  leur  ordre,  leur  place,  leur  épaisseur  par  projec- 
tion. L'inspection  de  cette  figure  permet  difficilement  de  supposer 
que  tout  le  déblai  central  était  occupé  par  un  récif  silurien  S.  Nous 
préférons  supposer  que  les  couches  se  sont  déposées  comme  l'indique 
le  tracé  ponctué  intermédiaire  entre  les  deux  séries  latérales,  ce  qui 
conduirait  directement  au  tracé  ponctué  supérieur  à  la  coupe  de 
l'Ardenne. 

XV.  17 


G.    DOLLFUS.   —  OBSERVATIONS. 

Pig.  3. 


Cette  considération  est  appuyée  par  la  médiocre  distance  des  deux 
flancs  dévoniens  (30  kilomètres),  la  grande  épaisseur  uniforme  de 
leurs  subdivisions,  le  manque  de  caractères  littoraux  et  d'amincis- 
sement en  s'approchant  du  centre,  et  ne  laissant  pas  de  place  pour 
deux  rivages  et  une  arête  silurienne  intermédiaire. 

Il  est  du  reste  constant  que  le  massif  ardennaîs,  dont  on  peut 
chercher  à  préciser  le  moment  de  soulèvement  comme  postérieur  au 
Houiller  de  la  région  et  antérieur  au  Jurassique  inférieur,  a  été  con' 
sidérablement  usé,  corrodé  depuis  des  périodes  d'une  durée  de 
temps  considérable,  qu'il  a  perdu  beaucoup  de  sa  hauteur,  et  n'est 
aujourd'hui  qu'une  ruine  a  coté  de  son  ancienne  grandeur. 


1887.  G0S8BLKT.    —   FAUNE   DÉVOMUNNB  DE   L'àRDKNHE.  959 

M.  Gosselet,  répondant  à  M.  Dollfus,  s'exprime  en  ces  termes  : 
H.  Dollfus  dit  :  1°  que  les  couches  dévouiennes  étant  inclinées, 
doivent  avoir  subi  des  mouvements  depuis  leur  dépôt;  2°  qu'elles  ont 
dû  couvrir  tout  le  massif  de  Rocroi.  Sur  le  premier  point  nous 
sommes  d'accord,  mais  il  n'en  est  pas  de  même  pour  le  second.  J'ai 
parcouru  tout  le  massif  de  Rocroi  sans  trouver  sur  le  plateau  aucune 
trace  de  Gedinnien,  tandis  que  cette  assise  occupe  toujours  le  même 
niveau  tout  autour  du  plateau,  à  100  mètres  environ  au-dessus  du 
sommet. 

M.  Gosselet  fait  la  communication  suivante  : 

Remarques  sur  la  Faune  dévonienne  de  l'Ardenne 

et  en  particulier  sur  celle  du  Famennien, 

Par  M.  Gosselet. 

Je  viens  de  terminer  la  revision  des  fossiles  dévoniens  que  j'ai 
trouvés  dans  l'Ardenne,  sauf  celle  des  coraux  et  des  bryozoaires  que 
je  n'ai  pas  encore  eu  le  temps  d'étudier.  Il  en  résulte  déjà  quelques 
considérations  que  je  désire  présenter  à  la  Société.  Je  dois  dire  que 
mes  listes  sont  loin  de  constituer  un  inventaire  général,  puisque  je 
n'y  cite  que  les  fossiles  que  j'ai  recueillis  moi-môme.  Je  rappelle  que 
j'ai  partagé  le  Dévonien  en  six  assises  :  Gedinnien,  Coblenzien, 
Eifélien,  Givétien,  Frasnien,  Famennien.  Il  ne  sera  pas  question  ici 
du  Gedinnien,  qui  fera  l'objet  d'une  communication  spéciale. 

J'ai  recueilli  seize  espèces  de  Trilobites.  Les  Homalonotus  sont 
propres  au  Goblenzien  et  chaque  assise  a  ses  espèces  spéciales.  Les 
Bronteus  sont  spéciaux  aux  étages  calcaires  :  Eifélien,  Givétien  et 
Frasnien. 

Parmi  les  Brachiopodes,  au  nombre  de  300  espèces,  il  y  a  des 
genres  spéciaux  à  un  étage  :  Meganteris  et  Amphigenia  au  coblen- 
zien,  Uncites  et  Stringocepkalus  au  Givétien,  Cyrtia  au  Famennien. 
Les  espèces  de  Spirifer,  au  nombre  de  60,  sont  des  plus  caractéris- 
tiques; cependant  il  en  est  qui  s'étendent  dans  plusieurs  assises  d'un 
même  étage  ou  même  dans  plusieurs  étages.  Je  citerai  dans  ce  cas  le 
Spirifer  Verneuili  que  l'on  trouve  dans  le  Frasnien  et  dans  le 
Famennien. 

Les  Orthis  et  les  Streptorhynchus  ne  sont  pas  assez  étudiés  pour 
qu'on  puisse  en  tirer  des  conclusions. 

Les  Leptama  et  les  Choneles  sont  souvent  aussi  confondus.  Je  n'ai 
pu  en  nommer  qu'un  très  petit  nombre,  cependant  j'ai  pu  m'assurer 
que  les  espèces  sont  spéciales  aux  étages  et  souvent  aux  assises. 


260  GOS3BLBT.    —   FAUNE    DÉVONIBHNK    DB   L'aRBENHB.  21    fév. 

Les  Céphalopodes  (36  espèces)  et  les  Gastéropodes  (136  espèces)  ne 
donnent  lieu  à  aucune  remarque. 

Les  Lamellibranches,  au  nombre  de  200  espèces,  sont  plus  inté- 
ressants. Ils  sont  peu  nombreux  dans  les  assises  calcaires,  tandis 
qu'ils  sont  plus  abondants  dans  certaines  couches  du  Coblenzien  et 
du  Famennien.  Les  genres  Pterinea  et  Avicula  l'emportent  dans  le 
premier  de  ces  étages,  les  genres  Leptodesma  et  Pieronites  dans  le 
second. 

Il  y  a  quelques  espèces  que  l'on  pourrait  appeler  longicoles, 
parce  qu'elles  ont  habité  l'Ardeune  pendant  plusieurs  étages. 


1887.  G0S8BUT.    —  FAUNB   DfcVONlBNNfi  DB   l'aBDKNNI'.  261 

manque  dans  le  Harz,  où  le  Frasnien  est  surmonté  directement  par 
les  schistes  carbonifères  à  Posidonomyes. 

La  faune  famennienne  peut  se  diviser  en  trois  groupes  : 

4°  Les  espèces  longicoles,  qui  sont  venues  dans  l'Ardenne  à 
l'époque  du  Gobleozien  ou  de  l*Eifélien  et  dont  quelques-uns  pro- 
longent leur  séjour  jusqu'à  l'époque  carbonifère.  En  dehors  de  ces 
fossiles,  il  n'y  a  que  Spirifer  Verneuili  de  commun  entre  le  Famen- 
nien et  le  Frasnien,  ce  qui  démontre  combien  on  a  tort  de  réunir  ces 
deux  étages  sous  le  môme  nom. 

2*  Les  espèces  carbonifères  qui  apparaissent  dans  le  Famennien 
et  surtout  dans  le  Famennien  supérieur. 

3°  Les  espèces  famenniennes  propres  :  Par  cela  môme  que  le  Fa- 
mennien marin  est  peu  répandu  en  Europe,  ses  fossiles  spéciaux 
sont  peu  connus  :  Sowerby  et  Phillips  en  ont  décrit  un  certain 
nombre  provenant  de  Pilton  et  de  Marwood  en  Angleterre.  J'ai  dû  en 
nommer  quelques-uns  pour  établir  les  divisions  du  Famennien.  Le 
reste  est  inédit  ou  a  été  décrit  en  Amérique. 

Lorsque  M.  Barrois  (1)  décrivit  les  Dictyophyton  découverts  dans  les 
grès  du  Watissart,  près  de  Maubeuge,  il  appela  l'attention  sur  l'analogie 
des  Psammites  du  Condros  et  des  couches  du  Ghemmung  d'Amérique. 
L'étude  des  autres  fossiles  famenniens  apporte  de  nouvelles  preuves 
en  faveur  de  cette  judicieuse  observation. 

Parmi  les  Lamellibranches  les  genres  qui  sont  abondants  dans  le 
famennien  de  l'Ardenne  dominent  aussi  dans  le  Ghemmung.  Tels 
sont  les  genres  Leptodesma  et  Pteronites;  ce  dernier  est  môme  spécial 
au  Famennien  et  au  Ghemmung.  Huit  espèces  de  Lamellibranches 
du  Famennien  de  l'Ardenne  peuvent  ôtre  complètement  assimilées 
à  des  espèces  du  Ghemmung,  et  dix  espèces  y  sont  représentées  par 
des  formes  très  voisines. 

L'équivalence  stratigraphique  du  Famennien  avec  le  Ghemmung 
doit  ôtre  admise  d'autant  plus  facilement  que  ces  deux  étages  sont 
superposés  en  Amérique  comme  en  France  à  deux  étages  parfaite- 
ment concordants.  Les  Américains  ont  distingué  sous  le  Ghemmung 
les  couches  de  Portage,  les  schistes  de  Naples,  les  schistes  de  Genesée, 
qui  se  rapprochent  du  Frasnien  d'après  M.  Clarke  (2)  par  la  présence 
de  Cardiola  retrostriata  et  de  ltlajnclionella  venusta  (=cuboïdes.) 
M.  William  (3)  a  démontré  que  ces  trois  assises  alternent  entre  elles 

(1)  Ch.  Barrois.  Sur  les  Dictyospongidœ  des  Psammites  du  Condros  [Ann.  Soc. 
qpqL  du  AorJ,  XI,  p.  80). 

(2)  Joho  Clarke.  On  the  higher  devonian  faunas  of  Ontario  country.  New-York, 
Bulletin  of  the  United  States  Geological  Survey,  /*•  16. 

(3)  Williams:  The  récurrence  of  faua^s  iu  the  devoniau  rocks  of  New- York. 


262  1.    BE68KR0H.    —   BASSIN    HOUILLEH    D  AUKITS.  21    féV. 

et  que  ce  sont  plutôt  trois  faciès  paléontologlques  contemporains  que 
trois  niveaux  s  Ira  li  graphiques.  On  pourrait  trouver  quelque  chose 
d'analogue  dans  notre  Frasnien. 

M.  Bergeron  Tait  la  communication  suivante  : 

Note  sur  le  Bassin  houlller  d'Auzlts  (Aveyron), 
Par  M.  J.  Bergeron. 

Au  Sud-Est  de  Decazeville,  près  du  petit  village  d'Auzits,  se  trouve, 
reposant  sur  des  schistes  à  séricite,  un  système  de  couches  de 
houille,  de  grès  et  de  conglomérats;  la  composition  lilhologique  de 
ces  derniers  diffère  très  sensiblement  de  celle  des  autres  grès  et  con- 
glomérats que  l'on  rencontre  dans  les  dépôts  houillers  du  reste  du 
bassin  de  Decazeville.  Ce  sont  des  arkoses  très  feldspalhiques  qui 
semblent  provenir  du  démantèlement  de  Dlons  de  granulite  et  de 
microgranulite  qui  se  trouvent  au  sud-est  de  ce  petit  bassin,  du  coté 
de  la  métairie  de  Carabols.  Ces  roches  en  effet,  surtout  les  raicro- 
granulites,  semblent  être  cantonnées  dans  cette  région  et  les  filons 
qu'elles  constituent  sont  alignés  suivant  nne  direction  N.  15°  E.  Ce 
serait  donc  un  courant  ayant  une  direction  S.-E.  N.-O.  qui  aurait 
entraîné  tous  ces  matériaux  détritiques.  Cette  direction  est  d'ail- 
leurs celle  de  plusieurs  failles  de  la  région,  auxquelles  correspondent 
les  principaux  ravins  du  pays. 

Grâce  au  jeu  de  ces  failles,  la  partie  3.-0,  de  ce  petit  bassin  d'Au- 
zits  a  été  relevée,  et  on  peut  ainsi  reconnaître  l'allure  et  la  compo- 
sition des  couches  qui   le  constituent.  Ce  sont  d'abord  des  grès  et 


1887.        J.  BBB6BB0S.  —  BASSIN  UOUILLBR  d'aUZITS.  363 

les  sont  d'ailleurs  les  seuls  accidents  géologiques  qu'on  y  ait  cons- 
tatés. 

Ainsi  que  M.  Bravard,  directeur  des  mines  de  l'Estang,  Ta  tou- 
jours soutenu,  ce  système  d'Auzits  est  inférieur  aux  dépôts  houil- 
lère de  Gampagnac  et  de  Bourrau.  En  effet,  il  est  recouvert  par  un 
conglomérat  à  très  gros  éléments  feldspatbiques  provenant  des 
mêmes  roches  éruptives  dont  j'ai  déjà  parlé  à  l'occasion  des  conglo- 
mérats inférieurs  et  qui  constitue  la  base  d'un  autre  système,  celui 
de  Campagnac. 

Cette  superposition  peut  se  voir  au  jour,  au  niveau  de  la  mine  des 
Clausels  et  près  du  tunuel  de  la  Richardie  ;  une  galerie  partant  du 
puits  de  l'Estang  a  rencontré  ces  mômes  conglomérats  à  gros  élé- 
ments sous  une  série  de  couches  de  houille  appartenant  à  ce  sys- 
tème de  Gampagnac.  Celui-ci  est  inférieur  aux  couches  exploitées  à 
fiourran,  couches  qui  sont  si  connues  pour  leur  épaisseur  exception- 
nelle ;  il  est  en  discordance  de  stratification  avec  elles  ainsi  qu'on 
peut  le  voir  à  Gransac. 

D'après  les  études  de  M.  Grand'Eury  (1)  les  couches  de  Bourran 
appartiennent  à  la  partie  tout  a  fait  supérieure  du  terrain  houiller  su- 
périeur. Le  savant  paléontologiste,  tout  en  remarquant  des  diffé- 
rences entre  la  flore  du  système  de  Bourran  et  celle  du  système  de 
Gampagnac,  n'ose  pas  se  prononcer  sur  leur  âge  relatif;  il  me  sem- 
ble cependant  rapporter  le  premier  système  à  une  époque  plus  ré- 
rente. 

M.  Bravard  m'a  communiqué  des  végétaux  fossiles  provenant  de 
l'exploitation  d'Auzits.  M.  Zeiller,  à  qui  j'ai  soumis  ces  exemplaires, 
et  qui  a  bien  voulu  les  étudier,  a  reconnu,  dans  les  couches  exploi- 
tées à  l'Estang,  et  qui  appartiennent  au  système  de  Campagnac,  les 
espèces  suivantes  : 

Sigiliaria  tessellata.  Brg.  dont  les  coussinets  de  forme  elliptique 
sont  caractéristiques  du  type  de  cette  espèce  provenant  du  terrain 
houiller  moyen. 

Sevropterit  cordata.  Brg.  espèce  qui  se  trouve  à  Carmaux. 

Calamités  Suc  ko  vit.  Brg.  qui  se  rencontre  à  tous  les  niveaux  du  ter- 
rain houiller  supérieur. 

Pecopleris  Plucknettii,  Schloth.  forme  voisine  du  Pecopteris  minor 
Brg.  qui  est  très  abondant  à  Carmaux. 

A  ces  végétaux,  il  faut  ajouter  un  Sigiliaria  à  côtes  qui  pourrait 
bien  être  Sigiliaria  elongata,  Brg.  espèce  qui  ne  peut  appartenir  qu'à 
on  niveau  inférieur  à  celui  de  Bourran.  Malheureusement  la  prove- 
nance de  ce  dernier  échantillon  est  incertaine. 

(l)  Flore  carbonifère  du  département  de  la  Loire,  p.  530. 


264  J.    BBRGEHON.    —   BASSIN    HOUILIFB    d'AUZITS.  21    fé>. 

L'aspect  général  de  cette  flore  est  plus  ancien  que  celui  de  la  flore 
de  Bourrait  ;  les  conclusions  sont  donc  celles  de  M.  Grand'Eury. 
Hais  si  le  système  de  Campagnac  est  plus  ancien  que  celui  de  Bour- 
ran,  à  plus  forte  raison,  le  système  d'Auzits  est-il  plus  ancien. 

Malheureusement  les  végétaux  provenant  soit  des  Abiracs,  soit  de 
la  Bertrandie  ne  donnent  que  peu  d'indications  :  ce  sont  les  sui- 
vants : 

Lepidodendron,  nov.  sp, 
Odontopttrit  Re.ichinna.  Outb. 
Pecopterit  polymorpha.  Brg. 
Spktnophyllum  oblongifolium.  Germar. 

Cette  dernière  espèce,  d'après  M,  Zeiller,  est  très  abondante 
a  Carmaux;  mais  elle  n'est  caractéristique  d'aucun  niveau. 

Cette  flore  cependant  permet  de  reconnaître  que  l'on  a  affaire  à 
l'étage  supérieur  du  terrain  houiller.  Le  système  d'Auzits  d'après  ce 
qui  précède  pourrait  donc  correspondre  à  celui  de  Carmaux. 

Dans  cette  dernière  localité,  on  exploite  depuis  longtemps  un 
système  dont  l'âge  a  été  déterminé  par  M.  Grand'Eury  ;  il  se  trouve- 
rait à  la  base  de  l'étage  houiller  supérieur.  Des  sondages  opérés 
par  une  compagnie  qui  recherche  quelle  est  l'extension  du  bassin 
houiller  vers  le  Sud,  ont  permis  de  constater  au-dessus  de  couches 
de  houille  appartenant  très  probablement  au  niveau  de  Carmaux,  la 
présence  de  lits  d'argile  très  riches  en  Alelhopterù  Grandini,  Côpp, 
espèce  assez  rare  dans  les  couches  exploitées  dans  cette  localité.  Les 
travaux  d'exploitation  rencontreront  ces  couches  et  permettront 
bientilt  île  savoir  si  l'on  n'a  [>ai  :ilf.iiro  au  U>rrnin  houiller  supérieur. 


4887/    LÉON  DRU,  —  PATS  ENTRE  LE  DON  ET  LE  VOLGA.        265 

M.  Munier-Chalraas  présente,  do  la  part  de  M.  Léon  Dru,  la  note 
suivante  : 

Description  du  pays  situé  entre  le  Don  et  le  Volga, 

de  Kalatch  à  Tsaritsine. 

Géologie.  —   Hydrologie, 
Par  M.  Léon  Dru. 

(Planche  II). 

Pins  de  dix-huit  cents  kilomètres  parcourus  dans  la  région  qui 
sépare  le  Don  du  Volga,  pour  l'étude  d'un  canal  de  jonction,  au 
point  où  les  fleuves  sont  le  plus  rapprochés,  m'ont  mis  à  même  de 
recueillir  quelques  renseignements  sur  la  climatologie,  la  géologie  et 
l'hydrologie  de  cette  partie  de  la  Russie  méridionale. 

L'ensemble  des  terrains  a  été  classé  déjà  dans  les  groupes  secon- 
daire et  tertiaire;  mais  les  nombreuses  excursions  que  j'ai  pu  faire 
tout  en  confirmant  ces  données  premières,  permettent  d'y  ajouter  un 
complément  que  je  crois  intéressant  de  signaler  :  celui  de  spécifier 
la  place  qu'ils  occupent  dans  la  nomenclature  géologique,  et  d'en 
indiquer  les  fossiles  caractéristiques. 

DESCRIPTION  GÉNÉRALE. 

Le  pays  compris  entre  Tsaritsine  et  Kalatch  est  en  général  d'une 
grande  aridité  :  la  vue  s'étend  au  loin  sur  des  plaines  dénudées,  le 
manque  presque  absolu  de  végétation,  donne  à  cette  terre  un  aspect 
désertique,  et  même  saharien  dans  les  régions  de  Katchalino  et 
d'Ilovliia,  où  des  sables  tertiaires  jaunâtres  couvrent  la  surface 
du  sol. 

La  forme  générale  du  terrain  est  déterminée  par  des  plateaux 
étroits,  de  trois  kilomètres  en  moyenne  de  largeur,  qui  tracent  la 
ligne  de  partage  des  eaux  entre  les  fleuves  ;  ils  bordent  le  Volga  à 
une  distance  variant  entre  5  et  20  kilomètres,  et  dominent  le  plus 
souvent  des  pentes  rapides  et  escarpées. 

De  cette  ligne  de  faîte,  ondulant  entre  les  cotes  125  et  165  au- 
dessus  du  niveau  de  la  mer  Noire,  descend  à  l'Ouest  le  versant  du 
Don,  immense  plan  incliné  aboutissant  vers  son  extrémité  aux  prai- 
ries qui  le  séparent  du  fleuve  cosaque.  Des  ravines  entaillent  tous  les 
escarpements  et  précèdent  de  nombreux  thalwegs  dont  les  larges 
échancrures  abritent  une  végétation  arborescente  souvent  chétive, 
composée  d'espèces  communes,  telles  que  chênes,  grisards,  meri- 


266  Ll'lON    DRU.    —    PAYS    liNTRE   LE   DON    ET    Li:         MMGA  3   féV. 

sien,  pruniers  sauvages,  aubépines,  aulnes,  etc..  Sur  les  plateaux, 
celle  végétation  est  excessivement  rare  :  cela  tient  aux  vents  qui 
régnent  presque  constamment  dans  le  pays,  et  surtout  au  manque 
d'humidité. 

Cette  dernière  causa  est  celle  qui  a  le  plus  d'action,  car  malgré 
l'intensité  du  vent,  on  peut  voir  sur  le  plateau  de  Barsoff  et  de 
Proudkovsky,  à  la  cote  150,  un  élang  entouré  de  saules  qui  sont 
plus  que  centenaires;  et. dans  la  dépression  de  la  Tchapoulfcine,  près 
de  Karpovkaïa,  station  du  chemin  de  fer  de  Tsaritsine  à  Kalatch,  a 
l'altitude  de  70  mètres,  la  fraîcheur  du  sol  entrelient  de  nombreux 
spécimens  de  la  même  essence,  dont  l'âge  et  les  proportions  ne  le 
cèdent  en  rien  à  leurs  congénères  de  Proudkovsky.  Certaines  cir- 
constance! locales  ont  agi  sur  le  développement  de  celle  végétation 
arborescente,  malgré  l'action  défavorable  de  la  latitude,  combinée 
a  celle  des  météores  et  de  l'altitude  des  lieux,  qui  ainsi  que  l'a  fait 
remarquer  M.  Le  Play,  est  la  cause  déterminante  de  ia  pérennité  des 
steppes  de  Russie. 

Le  sol,  peu  cultivé,  est  couvert  pendant  l'été  d'une  herbe  jaunâtre 
el  clairsemée;  la  culture  se  fait  principalement  autour  des  villages 
1res  espacés,  et  placés  presque  tous  dans  les  thalwegs.  Quelques 
koulors,  perdus  dans  ces  solitudes,  ne  sont  que  des  habitations  tem- 
poraires destinées  à  abriter  les  paysans  russes  ou  cosaques  qui  sur- 
\  cillent  les  récoltes  et  le  pacage  des  animaux,  auxquels  on  doit,  faute 
de  pâture,  réserver  de  larges  surfaces.  Ces  koulors  ne  sont  pas  en 
réalité  des  villages,  mais  plutôt  la  réunion  de  huttes  d'une  con- 
struction très  rudimentaire. 

Trois  irrandt.1*  v.illc.us.  r.riU-.s  tir  li  Tsaritsa,  de  lu  Karpovka 


1887.  LÉON   DRU.   —  PAYS   KNTRtt  LE   DON   ET   LE  VOLGA.  267 

y  dessinent  des  lignes  ondulées  et  verdoyantes  qui  se  détachent  sur 
le  fond  gris  et  mamelonné  du  sol.  Ces  différents  aspects  se  continuent 
eu  suivant  l'aval  du  cours  de  la  rivière  ;  les  rives  de  Sémikarakorskaïa 
et  las  coteaux  de  Razdorskaïa  sont,  pour  le  touriste  qui  entreprend 
la  descente  du  Don,  une  large  compensation  de  la  longueur  du 
voyage. 

An  Nord  de  Kalatch,  la  vue  du  pays  change  :  on  aperçoit  les  falaises 
blanches  de  Trek-Ostrovianskala  et  les  plaines  herbeuses  de  la  rive 
gauche,  parsemées  de  dunes  jaunâtres,  qui  s'étendent  jusqu'au  lac 
Loubénoié.  Ces  dunes  proviennent  du  remaniement  par  les  eaux  du 
Don  des  sables  tertiaires  de  la  région  de  Katchalinskaïa  ;  sur  la  berge 
du  fleuve  la  végétation  les  a  fixées,  mais  à  un  ou  deux  kilomètres  à 
l'Est,  elles  sont  complètement  dénudées,  et  se  déplacent  sous  l'action 
continue  des  vents  du  sud  et  du  sud-est. 

Un  c^ps  caractères  de  l'orographie  de  la  contrée  consiste  dans  la 
disposition  uniforme  des  thalwegs.  Quand  on  examine  les  ravines 
profondes  qui  aboutissent  au  Volga,  on  remarque  que  les  rives  qui 
ont  la  môme  exposition  affectent  une  configuration  identique  :  celles 
«posées  au  Sud  sont  invariablement  verticales,  les  terrains  séchés 
et  durcis  par  les  rayons  solaires  se  maintiennent  dressés  comme 
une  muraille  ;  tandis  que  les  berges  opposées  sont  au  contraire 
toujours  inclinées,  et  présentent  même  un  pente  très  allongée.  Il  est 
visible  que  de  ce  côté  l'action  des  agents  atmosphériques  a  été  plus 
intense,  et  qu'elle  a  lentement  érodé  et  adouci  la  surface  du  sol. 

Sur  le  Volga,  par  suite  de  la  grande  déclivité  des  terrains,  les 
thalwegs  débouchent  presque  tous  perpendiculairement  au  fleuve; 
les  eaux,  quoique  plus  rapides  dans  leur  course,  ont  déposé  aux 
embouchures,  principalement  sur  la  rive  droite,  ou  porte  le  courant, 
un  atterrisse  ment  d'alluvions  et  de  terrains  de  transport  qui  s'élève 
souvent  jusqu'au  sommet  de  la  falaise;  puis  ce  dépôt  s'augmentant 
d'apports  successifs,  amenés  par  les  crues  du  Volga,  a  fini  par 
constituer  une  sorte  d'étranglement  qui  rétrécit  l'entrée  de  ces 
thalwegs.  Cette  disposition  se  voit  au  contluent  de  la  Kamichinka, 
de  la  Pitschouga,  de  la  Metschetka,  etc. 

La  rive  gauche  du  Don  a  des  rivières  moins  encaissées,  entre  des 
berges  qui  ne  dépassent  pas  6  à  7  mètres  do  hauteur.  Ces  rivières  se 
déversent  dans  le  fleuve  à  travers  des  plaines  d'alluvions  anciennes, 
bordées  d'un  cordon  de  dunes  couvertes  d'oseraies,  d'aulnes  et  de 
saules.  Elles  n'ont  pas  un  régime  permanent,  mais  au  moment  des 
pluies  et  de  la  fonte  des  neiges,  elles  reçoivent  de  grandes  quantités 
d'eau  qui  se  déversent  dans  le  fleuve, 


268  LftOW    I1BU.    —   PAYS    KMTHK   LR   DOIf   ET  LR   VOLGA.  21    féï, 

CLIMATOLOGIE  ET  MÉTÉOROLOGIE. 

Une  grande  variation  et  des  écarts  excessifs  de  température  carac- 
térisent la  climatologie  du  pays.  Le  climat  est  essentiellement  con- 
tinental :  ou  passe  d'une  saison  hivernale  rigoureuse  à  des  étés  où  la 
chaleur  est  accablante,  La  différence  des  températures  extrêmes  est 
d'environ  60°  C  :  elle  est  comprise  entre  +  35*  et  —  25°  C. 

La  saison  d'été  est  très  longue  et  particulièrement  chaude;  elle 
donne  au  steppe  un  aspect  méridional  des  plus  accusés;  le  sol  est 
partout  aride,  desséché  par  les  vents  et  l'ardeur  du  soleil. 

A  partir  de  Tsaritsine,  on  entre  véritablement  dans  le  midi  de  la 
Russie,  et  les  territoires  compris  entre  le  Volga  et  les  rives  du  Don 
rappellent  beaucoup  ceux  du  steppe  des  Nogals,  qui  avoisine  le  ver- 
sant nord  de  la  chaîne  caucasique. 

L'hiver  est  également  long  et  se  distingue  par  de  brusque%cnan- 
gements  de  temps  :  c'est  le  moment  des  rafales  et  des  chassé-neige 
qui  balayent  les  plateaux,  accumulant  les  neiges  contre  les  saillies 
des  terrains  ou  dans  le  fond  des  ravins.  Sur  les  points  élevés  que 
traversent  les  chemins  de  fer  de  Griazy,  de  Kalchalino  à  Gorodisché, 
et  aux  environs  de  Kroutala,  on  oppose  aux  chasse-neiges  des  bar- 
rières que  l'on  fixe  chaque  hiver  sur  l'un  des  côtés  de  la  voie. 

Les  saisons  ne  divisent  pas  l'année  en  périodes  régulières  :  le  prin- 
temps est  l'époque  de  la  fonte  des  neiges,  de  la  débâcle  des  glaces 
et  des  inondations;  l'air  est  alors  humide,  et  le  sol,  débarrassé  de 
son  enveloppe  glacée,  laisse  apparaître  une  végétation  naissante;  il 
commence  ordinairement  à  la  deuxième  quinzaine  de  mars  et  finit 
an  milieu  du  nui.  I.'ÎU-  ijui  mut'oIi1  iIuit  ji.i.^ni'im  mois  d'octobre,  et 


1887.  LÉON    DRU.   —  PAYS  KNTRB  LE  DON   ET  LE  VOLGA.  269 

Durant  la  saison  d'été,  les  pluies  sont  assez  rares  et  ne  persistent 
que  quelques  jours,  mais  elles  sont  presque  toujours  torrentielles,  et 
ravinent  profondément  le  sol. 

Les  neiges  sont  beaucoup  moins  abondantes  dans  ce  pays  que 
dans  les  contrées  du  centre  de  la  Russie,  et  elles  ne  couvrent  pas  les 
sleppes  sur  de  grandes  épaisseurs;  le  volume  qui  tombe  est  cepen- 
dant suffisant  pour  amener,  au  moment  de  la  fonte,  des  crues  im- 
portantes qui  remplissent  et  font  déborder  les  principales  rivières  du 
pays.  Le  bassin  de  la  Tchcrvlonnaïa  paraît  recevoir  une  plus  grande 
quantité  de  neige  que  le  plateau  qui  domine  le  Volga,  de  Tsaritsine 
àDonbovka;  ce  phénomène  doit  tenir  à  son  altitude  plus  faible  qui 
le  protège  mieux  contre  les  vents.  On  remarque  d'ailleurs  que  la 
Karpovka,  qui  reçoit  les  eaux  de  la  Tchervlonnaïa,  et  la  Tsaritsa, 
dont  le  cours  est  dans  le  même  voisinage,  sont  les  rivières  les  mieux 
alimentées  de  ce  versant  du  Don. 

Quant  aux  vents,  ils  sont  la  cause  la  plus  active  de  dessèchement, 
surtout  ceux  de  l'Est  et  du  Sud-Est  qui  arrivent  des  contrées  dé- 
sertiques de  l'Asie  centrale.  Les  vents  d'Ouest  sont  chauds,  mais  hu- 
mides, et  lorsqu'ils  viennent  du  Sud,  ils  amènent  de  la  pluie.  Ceux 
du  Nord  sont  constamment  froids,  leur  direction  dominante  est  vers 
le  Sud-Ouest;  en  hiver,  ils  causent  des  bourrasques  et  de  violents 
chasse-neiges.  Peu  d'expériences  scientifiques  ont  été  faites  sur  leur 
vitesse,  mais  on  sera  très  près  de  la  vérité  en  l'évaluant  de  10  à  15 
mètres  par  seconde  pour  les  vents  rapides. 

GÉOLOGIE. 

Deux  systèmes  de  couches,  les  terrains  crétacés  supérieurs  et  ter- 
tiaires inférieurs,  entrent  dans  la  constitution  du  sol  compris  entre 
le  Don  et  le  Volga,  de  Kalatch  à  Tsaritsine  (PL  11). 

Leurs  affleurements  sont  visibles  sur  la  rive  droite  des  deux  fleu- 
ves: du  côté  du  Don,  en  aval  de  Kalatch,  la  Craie  forme  une  falaise 
ondulée  à  pente  rapide,  dont  les  sommets  sont  couronnés  par  des 
couches  tertiaires.  Vers  le  Volga  on  ne  rencontre  exclusivement  que 
des  assises  tertiaires,  au  milieu  desquelles  les  eaux  ont  creusé  de 
nombreux  thalwegs,  étroits  et  encaissés  :  le  peu  de  résistance  des 
couches,  composées  de  sables,  d'argiles  et  de  grès  tendres,  a  facilité 
ces  érosions  profondes  qui  découpent,  perpendiculairement  et  à  des 
intervalles  rapprochés,  la  rive  du  fleuve  de  Sarepta  à  Doubovka. 

Au  centre  du  pays  le  steppe  est  uniformément  couvert  de  terre 
végétale,  de  sable  et  le  plus  souvent  d'un  limon  fin,  jaunâtre,  légère- 
ment sableux  et  presque  imperméable. 

La  descente  du  plateau  qui  conduit  à  la  plaine  du  Don  met  égale- 


£70  LBOK    DBU.    —    PAYS    HKTRB    LK    DON    KT   LB   VOLGA.  21    fè>. 

ment  à  jour  des  couches  tertiaires  dans  les  thalwegs  de  la  Tctaerv- 
lonnaîa  et  de  la  Korovalka,  au  confluent  de  la  Peslcbanala  et  de  la 
Karpovka,  où  la  berge  élevée  et  abrupte  qui  supporte  le  koutor 
PétroUC  contient  un  des  rares  gisements  fossilifères  de  la  région. 

Aux  environs  de  Tsaritsine  les  coupes  que  l'on  peut  examiner  ont 
en  général  de  45  &  30  mètres  de  hauteur,  le  plus  souvent  inacces- 
sibles et  taillées  a  pic,  soit  à  l'entrée  des  rivières  ou  dans  leurs  par- 
cours, par  le  régime  torrentiel  des  eaux  qui  les  ravinent  chaque  an- 
née, et  dressent  la  base  de  leurs  talus.  Les  fossiles,  peu  répandus 
dans  les  terrains  tertiaires,  le  sont  davantage  dans  les  couches  créta- 
cées, que  l'on  suit  sur  la  rive  droite  du  Don  de  Kalatch  a  Trek-Ostro- 
vianskaïa,  formant  dans  ce  passage  du  fleuve  une  falaise  haute  et 
régulière  comme  celle  du  Volga. 

Les  deux  fleuves  présentent  d'ailleurs  un  caractère  frappant  de 
ressemblance,  du  moins  dans  la  partie  qui  fait  le  sujet  de  cette 
étude;  le  Volga  elle  Don  onL  leur  rive  droite  plus  élevée  que 
la  gauche,  et  presque  toujours  couverte  par  les  alterrissements  des 
fleuves. 

Us  ont  chacun  des  crues  périodiques  rapides  et  considérables,  qui 
amènent  le  déplacement  des  éboulis  accumulés  au  pied  des  berges 
escarpées,  et  maintiennent  constamment  leur  verticalité.  Us  char- 
rient  tous  deux  des  alluvions  Unes,  les  terrains  tertiaires  ne  renfer- 
mant que  des  roches  peu  solides,  espacées  en  lits  minces,  dissémi- 
nées dans  un  ensemble  de  sédiments  argilo-sableux.  Sur  le  Volga,  la 
stratification  de  ces  terrains  se  deisioe  en  couches  régulièrement 
superposées  et  concordantes,  avec  une  légère  penle  vers  le  Sud-Est, 
:elle 


1867.  LÉON   DRU.   —   PAYS   ENTRE  LE   DON   ET  LE   VOLGA.  271 

etLipov8ky,  en  face  du  moulin  cosaque  à  roue  flottante  établi  sur  le 
fleuve. 

Elle  se  voit  également  bien  à  Mostovsky,  où  Ton  aborde  la  rive  sur 
une  berge  de  5  à  6  mètres  de  hauteur,  constituée  par  des  alluvions 
terreuses  que  le  fleuve  désagrège  continuellement  Ces  alluvions, 
uses  meubles,  s'étendent  jusqu'au  village,  et  couvrent  les  affleure- 
ments de  la  Craie,  que  Ton  gravit  au-dessus  de  Mostovsky. 

La  Craie  de  ces  affleurements  est  blanche  et  fendillée,  contenant 
quelques  fossiles  des  zones  supérieures  du  Sénonien  et  du  Danien  : 
ou  y  rencontre  des  fragments  d'inoceramus  conccntricus,  Park.  et 
d'autres  espèces  rappelant  les  Inoceramus  latus,  Mant.,  Inoc.  invo- 
lutu$f  Sow.,  et  des  spongiaires. 

Derrière  Mostovsky,  la  Craie  occupe  sur  un  kilomètre  la  plaine 
qui  touche  à  l'escarpement  que  dominent  les  assises  tertiaires; 
dans  ce  parcours,  jusqu'à  la  cote  128,  limite  de  son  affleurement, 
elle  passe  insensiblement  à  une  gaize  calcaire,  siliceuse  et  micacée, 
puis  à  des  marnes  gris -bleuâtre. 

Ces  marnes  renferment,  à  quelques  mètres  des  couches  tertiaires, 
on  banc  assez  dur  de  calcaire  marneux,  gris-verdâtre,  également 
micacé,  tacheté  de  petits  points  noirs  ou  grisâtres,  parsemé  d'em- 
preintes de  spongiaires  et  d'une  grande  quantité  d'Ostrea  vesicularis, 
Lamk.,  fossile  très  commun  dans  la  Craie  de  Meudon,  et  du  Séno- 
nien par  conséquent.  Le  faciès  particulier  de  ce  banc  peut  servir 
dans  ces  localités  à  reconnaître  la  partie  supérieure  de  la  Craie,  et  le 
voisinage  du  contact  des  deux  systèmes  de  terrains,  qui  se  superpo- 
sent presque  horizontalement.  On  le  retrouve  dans  la  coupe  de  Le- 
bedeff,  mais  ici  la  Craie,  disparaît  sous  l'étage  tertiaire  avec  une 
pente  de  8  à  10  degrés  vers  le  Sud-Est. 

De  Mostovsky  à  Lebedeff,  on  suit  sur  la  rive  droite  du  Don  la  même 
zone  de  craie  blanche  fragmentée,  avec  des  Inoceramus,  parmi  les- 
quels on  peut  déterminer  Y  Inoceramus  regula?is,  d'Orb.,  et  peut- 
être  Vlnoc.  Uumboldtii,  Eich.  ;  puis  on  y  découvre  aussi,  dans  les 
dernières  couches  grisâtres  du  sommet,  le  Pecten  cretosus,  Defr. , 
très  voisin  de  celui  de  Meudon,  un  Pecten  sp.  à  côtes  rayonnantes, 
et  une  espèce  de  spondyle  du  Sénonien,  qui  rappelle  assez  bien 
le  Spondylus  dutempleanus,  d'Orb. 

Ces  affleurements  et  ceux  de  Sirptinskaia  sont,  au  Sud  de  la  Rus- 
sie, dans  cet  isthme  immense  que  découpent  la  mer  Caspienne  et  le 
Volga  d'un  côté,  le  Don  et  la  mer  d'Azow  de  l'autre,  les  derniers  té- 
moins de  la  ('raie  supérieure,  que  l'on  ne  revoit  plus  qu'au-dessus 
d'Ékaterinodar  dans  le  Kouban,  et  sur  le  versant  nord  du  Caucase,  à 
Piatigorsk,  Kislovodsk,  Vladikavkas,  etc.. 


272 


LÉON    DRU.   —    PAYS   EHTBE   LE   DON    BT   I.K   V0L6A.  21    fév. 


En  amont  de  Moslovsky,  vers  Trek-Ostrovianskaïa,  le  fleuve  con- 
tourne un  massif  crétacé  formant  une  aorle  de  presqu'île  jusqu'à 
Sirotini-kaïa,  dont  la  formation  parait  Être  d'un  âge  un  peu  plus  ré- 
cent que  les  couches  précédentes.  Le  calcaire  crayeux,  et  légèrement 
verdalre,  est  divisé  en  bancs  assez  minces,  séparés  par  des  inters- 
tices remplis  de  carbonate  de  chaux  subflbreux,  et  contenant  des 
espèces  fossiles  qui  appartiennent  aux  horizons  de  la  Craie  de  Maas- 
tricht. 

On  y  dislingue  un  certain  nombre  de  spongiaires  tels  que  le  Cy- 
ctosmitia  centralis,  d'Orb.,  un  Coscinopora  très  voisin  du  Cote,  ma- 
cropora,  Goldf.,  quelques  Reticuiipora  rappelant  les  R.  affinis, Eich. 
et  R.  flaballata,  Eich.  que  d'Eichwald  indique,  dans  sa  Paléonto- 
logie de  la  Russie,  comme  ayant  été  recueillis  dans  la  Craie  des  en- 
virons d'Ekalérinodar,  Le  Çoscinipora  macropora  appartient  égale- 
ment aux  niveaux  supérieurs  de  la  Craie  de  Westpbalie.  Avec  ces 
spongiaires,  on  y  voit  aussi  la  Lima  semisulcata,  Desh.,  variété  & 
cotes  un  peu  plus  larges  que  l'on  rencontre  dans  le  Danienetla  Craie 
de  Maastricht,  une  Rynchonella  sp.,  et  un  très  gros  pleuroto- 
maire,  le  Plearotomaria  danica,  Leym.,  espèce  caractéristique  du 
Danien  des  Pyrénées. 

Cette  Craie,  qui  précède  en  amont  du  Don  la  coupe  de  Mostovski, 
lui  est  supérieure;  elle  est  plus  siliceuse,  de  couleur  jaune-verdâtre, 
et  ressemble  &  de  la  gaize  compacte  calcaire.  Un  phénomène  puis- 
sant d'érosion,  qu'une  faille  a  dû  précéder,  a  creusé  le  lit  du  Don 
dans  ces  massifs  de  Craie,  et  taillé  les  hautes  falaises  qui  bordent  la 
rive  droite  du  fleuve  en  amont  de  Upovsky.  Du  côté  de  la  rive  gauche, 
la  Craie  disparaît  sous  des  alluvions  couvertes  de  dunes  assez 
récentes  et  les  couches  lertia 


1881.  LBOH  DRU.    —  JAIS    EMTHK  LE    DON    ET   LE    VOLGA.  ÏT3 

On  lit  mince  d'argile  noirâtre  feuilletée,  légèrement  sableuse,  de 
0*30,  succède  a  la  table  de  grès  ;  puis  la  pente  du  terrain  ee 
rétablit  par  des  zones  de  sable  et  de  grès  superposés,  à  grains  irré- 
tuliers  arrondis,  renfermant  à  la  base  des  nodules  d'argile  de  la 
couche  sous-jacenle.  Au  sommet  de  la  coupe  les  grès  dominent; 
ils  sont  plus  grossiers,  friables  et  verdâtres,  coloration  qui  est  due 
comme  dans  toute  la  hauteur  de  l'étage  a  de  petits  grains  de  quarts 
glauconieui. 

Les  grès  qui  terminent  la  coupe  de  Mostovsky  se  retrouvent  égale- 
ment au  sud,  &  Piati-Izbianskala,  et  à  l'est,  entre  les  thalwegs  qui 
découpent  la  ligne  de  partage  des  versants  du  Don  et  du  Volga. 

D'autres  affleurements  tels  que  ceui  du  pont  d'Astrakan,  dans  le 
ravin  de  Sadovala,  et  de  la  Karpovka  à  son  confluent  avec  la 
Peslchauaïa,  au  koutor  Pétroff,  donne  une  série  assez  complète  des 
assises  tertiaires. 

Fig.  I.  —  Coupe  géologique  de  ta  rive  droite  i  tl.,..ÎM| 
de  la  Karpovka  au  koutor  Pétroff'.  ,  ■■■WùÊfâ 


:'.:V7~*:  ..  ■.  ~*  -.TTlv'ÏK 


S  Grès. 

Groupe  tertiaire    i  3  Sable  quar  lieux. 
(Eocène)         f  4  Argile. 


u  fossilifère). 


Sur  la  rive  droite  de  la  Karpovka,  la  section  des  terrains  est  analo- 
gue à  celle  du  pont  d'Astrakan  :  ce  sont  des  sables  fins  et  des  grès 
grossiers  verdâtres,  quelquefois  un  peu  ferrugineux;  ils  alternent 
aussi  avec  des  sables  argileux  et  recouvrent  des  argiles  qui,  à  cette 
place,  doivent  former  le  fond  de  la  rivière,  et  que  l'on  voit  aussi  au 
ravin  de  l'Elchanka,  en  aval  du  pont  d'Astrakan. 

Mais  cette  coupe  présente  la  particularité  intéressante  d'un  niveau 
fossilifère,  à  peu  près  le  seul  reconnu  au  milieu  de  ces  terrains,  et 
localisé  dans  les  sables  verdâtres  fins  et  micacés  de  la  base  (6).  On 
peut  y  recueillir,  avec  des  moules  intérieurs  de  Gastéropodes,  formés 
d'un  calcaire  phosphaté,  de  nombreuses  dents  de  squales  apparte- 
nant aui  genres  Otodut,  Lomna  et  Miliabates. 

XV  18 


314  LÉON   DRU.    —  PATS   ENTRE  LE   DON   ET   LU  VOLGA.  21   fis?. 

Ces  divers  fossiles  et  la  composition  des  terrains  permettent  de 
rattacher  ces  couches  tertiaires  à  l'Éocène,  et  plus  particulière  ment 
à  la  partie  moyenne  et  inférieure  do  ce  système.  La  coloration 
verdàtre  accuse  aussi  leur  ressemblance  avec  les  assises  glauco- 
nieusea  de  la  base  du  groupe  tertiaire  parisien. 

Cette  place  leur  a  clé  également  assignée  dans  la  géologie  du 
Caucase  (1)  au  Nord  de  la  chaîne,  près  de  Pialigorsk  et  d'Esscntouky  ; 
mais  de  ce  coté,  ce  sont  les  argiles  qui  dominent,  les  sables  et  grès 
y  sont  beaucoup  plus  rares. 

Vers  le  Volga,  les  sables  alternent  avec  des  lits  réguliers  et  rap- 
prochés d'argile  bleu- verdàtre,  analogue  à  celle  que  recouvrent  les 
alluvions  de  la  plaine  du  Don,  entre  Kolpatchevsky  et  la  Tsaritsa. 
Ces  même»  argiles  affleurent  au  fond  de  l'Iagodnaïa,  d'Otradnoé,  de 
la  Tsaritsa  et  de  la  Pitschouga. 

Au  sommet  de  la  Tsaritsa,  près  de  Razgouliaevka,  et  dans  le  ravin 
de  la  Kouporosnaïa,  ces  couches  conliennent  un  petit  gisement  de 
phosphate  de  chaux  formant  une  zone  mince  de  rognons  bréchi- 
formaa,  A  Razgouliaevka,  ila  sont  recouverts  de  sables  verts  jusqu'au 
niveau  du  plateau  de  Kroutata. 

Plusieurs  échantillons  de  ces  phosphates  ont  été  analysés  par 
M.  Léon  Bioult,  au  laboratoire  de  l'Ecole  des  Mines  de  Paris  ;  ils  ont 
donné  comme  composition  : 

Quaru. 17.60 

Phosphate  triuasique  de  chauï. 17.1s 

Carbonate  de  chaux S3,îî 

Total 100.00 


1887.  LKON   DRU,   —    PAIS   KNTHK   LK   DON    ET   LJ2    VOUiA.  215 

11  faut  encore  citer  dans  ces  coucheB  tertiaireg  des  bancs  minces 
de  grès  disjoints,  intercalés  dans  les  sables  verts.  Ce  sont  les  seuls 
matériaux  de  construction  du  pays  :  on  les  exploite  principalement 
dans  la  berge  du  Volga,  entre  Metscbetka  et  Akatovka,  où  ces  roches 
sont  plus  épaisses  et  plus  dures.  Les  blocs  que  l'on  détache  de  la 
falaise  du  fleuve  sont  transportés  par  bateau  à  Uoubovka  et  à 
Tsaritiine. 

L'usage  de  ces  matériaux  est  moins  répandu  dans  le  pays  que 
celui  de  la  brique,  qui  se  prête  beaucoup  mieux  à  l'architecture  des 
habitations  russes,  Les  briques  sont  en  général  de  très  bonne  qualité, 
et  faites  avec  les  argiles  alluviales  du  Volga,  ou  le  Lœss  du  steppe, 
qui  couvre  dans  la  contrée  des  surfaces  considérables. 

Tous  ces  terrains  composés  de  sables,  d'argiles  et  de  grès,  ont  une 
coloration  uniformément  verdâtre,  et  appartiennent  à  un  même 
système;  ils  sont  recouverts  d'un  dernier  étage  de  sables  quartzeux 
jaunes,  purs,  et  de  grès  fins,  également  jaunâtres,  souvent  ferru- 
gineux. 

Les  grès  peu  épais  sont  en  bancs  horizontaux  et  réguliers,  comme 
dam  la  vallée  de  la  Peskovatka,  ou  bien  en  blocs  espacés,  accompa- 
gnés de  concrétions  branchues  ou  noduleuses,  formées  de  sable 
aggloméré  par  la  silice. 

A  leur  partie  supérieure,  ces  dépôts  contiennent  des  amas  de 
meulière  siliceuse  que  Ton  rencontre  sur  la  route  de  Doubovka,  avant 
la  descente  du  chemin  dans  la  vallée  de  la  Pitschouga,  à  l'altitude  de 
lf  5  à  130  mètres  en  allant  sur  Ghiroky,  et  à  la  cote  120  au  sommet 
delà  Peskovatka. 

Le  plateau  au  Sud  de  Doubovka  est  couvert  de  ces  sables  supérieurs, 
qui  donnent  au  steppe  une  aridité  désolante;  ce  sont  les  mémos 
sables  dont  on  voit  plus  au  centre  les  affleurements,  en  suivant  l'an- 
cienne ligne  de  défense  du  pays  des  Cosaques  (1),  et  dans  la  traversée 
du  chemin  de  fer  de  Griazy  à  Tsarilsine.  Aux  environs  de  Katchalino 
cet  aspect  désertique  est  encore  plus  accusé  et  il  se  continue  jusqu'à 
Gorodisché. 

Ces  masses  sableuses  ont  dû  concourir  à  la  formation  des  dunes 
qui  bordent  le  lac  de  Bougakovsky,  au  Nord  de  Kalalch,  et  les  rives 

■i,  Un  voit  encore  les  traces  complètes  de  cette  ligne  tle  défense;  sa  construction 
fut  ordonnée  par  Pierre-le-Grand.  Elle  confiait  en  un  fossé  profond  d'environ 
i  mètres,  dont  l'escarpe  était  rehaussée  au  moyeu  dis  déblais,  et  i|ue  garnissait  une 
pdiUsade  eu  bois.  Ce  fossé  traverse  tout  le  pats  du  I)*>n  au  Voljra;  ou  le  .suit 
encore  pour  aller  directement  de  Katchaliuskuïa  à  Tsaritsiue.  Cette  défense  était 
complétée  par  des  fortins  et  quatre  forts  principaux  appelé»  Metschetuaia, 
Oratschi,  Kotloubaue  et  Donskaïa.  Le  tsar  l'avait  fait  établir  pour  arrêter  le* 
incursions  des  Tatars  du  Kouban,  et  des  Kirghi/.. 


276  LÉOH   DRU.    —   PAYS    ENTRE    LE    DON    ET  LE   VOLGA.  27    f6v, 

du  Don  en  face  Kolpatchevsky;  elles  se  retrouvent  à  Sarepta  sur  les 
hauteurs  qui  dominent  la  colonie  allemande,  a  une  altitude  de 
130  mètres,  ainsi  qu'au  promontoire  d'Olradnoé.  Quand  on  contourne 
le  Sud-Ouest  de  ce  promontoire,  ces  sables  sont  sans  cohésion,  Uns 
et  pulvérulents  ;  continuellement  déplacés  par  les  vents,  Us  laissent 
à  jour  une  bien  petite  zone  de  calcaire  blanc  concrétionné,  rappelant 
assez  bien  les  travertins  qui  accompagnent  la  base  des  sables  de 
Fontainebleau,  du  terrain  tertiaire  parisien. 

Dans  le  ravin  de  la  Melschetka,  ces  «mêmes  sables  affleurent  à 
un  kilomètre  environ  il  l'Ouest  de  la  roule  de  Doubovba  ;  ils  sont  en 
ce  point  ferrugineux  et  complètement  rouges;  leur  épaisseur  peut 
atteindre  40  mètres  environ;  cette  dernière  assise  termine  la  série 
des  couches  tertiaires  de  la  région. 

11  sérail  possible  de  rattacher  à  cet  horizon  les  grès  des  monts 
Ouchi  (les  trois  oreilles)  que  l'on  aperçoit  dans  la  plaine  qui  précède  1b 
versant  nord  de  la  Kamicbinka,  à  sept  ou  huit  kilomètres  du  Volga 
(PI.  H).  Les  monts  Ouchi  sont  constitués  par  trois  mamelons  isolés, 
entièrement  formés  d'un  grès  fin,  blanc  ou  grisâtre,  excessivement 
dur,  que  l'on  emploie  pour  la  fabrication  des  meules  et  des  pavés. 
Aujourd'hui  leur  extraction  a  presque  cessé,  à  cause  des  droits  un 
peu  excessifs  prélevés  par  la  ville  de  Kamichine. 

Le  sommet  de  ces  monticules  est  à  170  et  180  mètres  au-dessus  du 
Volga.  La  roche  est  disloquée,  irrégulière;  les  quelques  niveaux 
sableux  intercalés  entre  les  bancs  ont  disparu,  de  sorte  que  ces 
masses  se  présentent  en  amas  irréguliers  formant  un  véritable 
chaos. 

Nous  n'avons  pu  y  recueillir  qu'un  seul  indice  au  point  de  vue  de  la 


1887.      LÉON  DRU.  —  PAYS  ENTRE  LE  DON  ET  LE  VOLGA.       277 

dans  l'Aquitanien  de  Manosque  (4)  une  forme  assimilable  au  Q.  pseudo- 
suber.  Hais  ses  observations  l'ont  conduit  à  reconnaître  qu'il  aurait 
existé  des  chênes  se  rattachant  de  très  près  à  celui  des  grès  des  monts 
Ouchi  dans  un  niveau  géologique  beaucoup  plus  ancien  que  le 
Miocène. 

Le  mémoire  intitulé  Revision  de  la  flore  héersienne  de  Gélinden  (2) 
montre,  ainsi  que  le  dit  M.  de  Saporta,  que  l'empreinte  en  question 
«  reproduit  sensiblement  l'aspect  des  Quercus  Loozi,  Odontophylla 
•  diplodon  et  parsecerrata  (Sap.  et  Mar.),  de  sorte  que  les  différences 
a  que  Ton  pourrait  relever  se  réduisent  à  presque  rien. 

«  Au  contraire,  certains  traits  caractéristiques,  tels  que  le  déve- 
«  loppement  relatif  et  l'obliquité  des  nervures  secondaires  infé- 
a  rieures»  et  par  suite  le  contour  en  coin  arrondi  de  la  base,  sont 
«  rarement  aussi  prononcés  dans  les  espèces  vivantes  les  plus 
«  rapprochées.  » 

Cette  similitude  presque  complète  avec  celles  recueillies  dans  le 
gisement  de  Gélinden  (3),  que  l'on  rapporte  à  la  base  de  l'Éocène, 
fait  supposer  que  les  grès  des  monts  Ouchi,  ainsi  que  les  sables  qui 
les  accompagnent,  appartiennent  bien  à  l'Éocène  inférieur. 

11  est  évident  que  l'examen  d'une  empreinte  fossile  ne  suffît  pas 
pour  déterminer  un  classement,  mais  seulement  une  similitude  de 
ces  couches  sableuses  avec  celles  de  la  région  de  Doubovka;  leur  po- 
sition de  contact  au-dessus  de  la  base  du  terrain  tertiaire  de  la  Kar- 
povka,  où  l'on  a  rencontré  un  niveau  de  dents  de  squales,  concorde 
pour  indiquer  cet  horizon  comme  le  plus  vraisemblable. 

Les  diverses  coupes  qui  viennent  d'être  indiquées  ne  permettent 
pas  d'estimer  sûrement  l'épaisseur  des  couches  tertiaires  :  à  Lebedeff 
etàMostovsky  on  a  bien  le  contact  des  deux  systèmes  de  terrains, 
avec  un  pendage  de  la  Craie  à  8  ou  10  degrés  vers  le  Sud-Ouest,  mais 
si  l'on  appliquait  ce  pendage  à  la  distance  qui  sépare  ce  pays 
de  Kalatch,  on  arriverait  à  un  chiffre  évidemment  exagéré;  il  est  sup- 
posable  que  non  loin  de  ce  dernier  affleurement  la  surface  du  terrain 
crétacé  se  rétablit  à  peu  près  horizontalement. 

Les  couches  tertiaires  ne  paraissent  pas  présenter  de  grandes  va- 
riations dans  leur  niveau,  car  il  est  à  remarquer  que  toutes  les  coupes 
naturelles  que  l'on  découvre  dans  les  thalwegs  et  sur  les  berges  du 
Volga  ne  mettent  à  jour  que  des  terrains  dont  la  stratification  est 
presque  horizontale,   ainsi  que  le  montre  la  coupe  géologique   ci- 


;i)  Basses- Alpes. 

1.8)  Mém.  de  l'Académie  royale  de  Befgô/u*',  tome  XVI.  pi.  4,  :>,  o  el  T. 

(3;  Limbourg  (Belgique). 


*TH  LÉO*  MUT.    —   PATS    RHTRE  LE   DO»   ET  LB  VOLGA.  Î7  ffiV. 

contre  c nlre  le  Don  et  le  Volga,  Faite  à  l'aide  de  sondages.  La  com  - 
positio»  des  courbes  tertiaires  et  leur  ordre  de  superposition  sont  à 
peu  près  partout  les  mêmes. 

Olle  l'oiipe  fait  ressortir  d'autre  part  l'allure  régulière  des  assises 
crétacées  dans  ia  rive  droite  du  Don,  et  la  continuité  du  limon  ou 
Livss  qui  s'étend  presque  sans  interruption  sur  toute  la  surface  des 
steppes;  la  couche  disparaît  cependant  à  l'approche  des  fleuves  où 
elle  a  été  enlevée  et  remaniée  par  les  alluvious.  Aucun  mouvement 
n'a  dû  troubler  la  formation  de  ces  sédiments,  dont  le  contact  avec 
la  Craie  est  toujours  très  nettement  établi,  et  sans  aucun  dépôt  de 
transition. 

Ceux  qui  ont  accompagné  les  phénomènes  éruptifs  de  la  chatne  du 
Caucase  n'ont  produit  que  de  faibles  oscillations  dans  le  bassin 
du  Volga,  et  depuis  la  période  quarternaire  la  forme  actuelle  du  sol 
ne  semble  plus  s'être  modifiée.  Aujourd'hui  le  Volga  suit  à  peu  près 
In  mémo  pente  que  le  bassin  tertiaire  qu'il  traverse,  transportant 
dans  son  lit  large  et  imposant  des  masses  considérables  d'alluvioas 
fines  et  sableuses,  empruntées  en  partie  aux  couches  tertiaires  que 
déplacent  sans  cesse  ses  eaux  troubles  et  jaunâtres. 

Les  meilleures  indications  sur  l'épaisseur  probable  des  assises  ter- 
tiaires s'obtiendraient  plutôt  par  les  affleurements  des  environs  de 
Tsarilsine  et  de  Doubovka,  où  l'on  peut  relever  des  altitudes  de 
1511  a  165  mètres  ;  le  Volga  étanl  a.  Tsaritsine  à  la  cote  2  environ, 
on  aurait  déjà  à  peu  près  la  différence  de  ces  cotes  comme  estima- 
lion.  Puis  la  ville  de  Tsarilsine  est  sur  le  même  parallèle  que  Ka- 
latch,  qui  se  trouve  lui-même  à  15  kilomètres   des  affleurements 


1887.  LÉOH   DUO.   —  PAYS   BNTRK   LE  DON  ET  LB  V0L6A. 


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280  LÉON  DB.U.   —  PAYS   BHTBB   LB  DOS   ET  LB  VOLGA.  27  fév. 

On  peut  examiner  la  composition  des  terrains  d'alluvions  à  l'en- 
trée du  ravin  de  l'Klchuoka,  dans  la  descente  qui  conduit  du  marché 
de  Tsaritsine  aux  embarcadères  des  bateaux  à  vapeur  du  Volga,  ou 
mieux  encore  le  long  de  la  berge  du  fleuve  que  l'on  suit  facilement 
sur  4  à  5  kilomètres,  au  delà  du  raccordement  &  la  voie  ferrée  de 
Griazy;  cette  partie  de  la  falaise  (flg.  3)  a  en  moyenne  25  à  30  mè- 
tres de  hauteur,  elle  est  dominée  par  les  immenses  réservoirs  de 
naphle  des  compagnies  Nobel  et  Merculier. 

A  la  base  de  l'escarpement,  &  3  mètres  au-dessus  du  niveau  des 
basses  eaux,  on  marche  sur  des  sables  Ans  très  argileux,  noirâtres, 
passant  à  une  argile  sableuse  compacte  (11),  d'où  émergent  des 
sources  dont  quelques-unes  sont  ferrugineuses.  L'argile  est  recou- 
verte sur  4  à  S  mètres  de  hauteur  par  des  sables  verdâtres,  avec  grès 
ferrugineux  manganésifères  (10  et  9).  Un  banc  de  grès  de  0m75  d'é- 
paisseur, divisé  verticalement  en  blocs  de  formes  variées  (8),  sépare 
cette  couche  d'une  deuxième  assise  de  sable  jaunâtre  de  même  na- 
ture (7).  Les  grottes  ou  excavations  que  l'on  aperçoit  le  long  du 
Neuve,  au  nord  de  Tsaritsine,  sont  creusées  dans  ces  sables.  Toutes 
ces  couches  appartiennent  encore  au  système  tertiaire,  et  se  termi- 
nent par  des  grès  tendres  (6)  en  bancs  brisés  et  discontinus,  avec 
sables  glauconieux  (S)  sur  lesquels  sont  déposées  les  alluvions  an- 
ciennes du  bassin  du  Volga. 

A  ce  niveau  on  est  à  25  mètres  au-dessus  de  l'étiage  du  fleuve;  à  la 
descente  qui  conduit  au  port  de  Tsaritsine,  ces  mêmes  couches  s'in- 
fléchissent au  Sud,  supportant  les  alluvions  qui  apparaissent  à  la 
cote  22.  Le  dépôt  des  alluvions  commence  par  un  Ht  mince  de  cail- 
loux de  grès  gris- verd lire  ou  rosé  (4   el  île  c;ilc;iire  gréseux,  angu- 


1887. 


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882  LBOK   DMI.    —    PAV5   SNTBB  LE   BO»   BT  LE  VOLGA.  27    fév. 

entraînant  des  fragments  de  roche  dans  un  terrain  de  transport  fin 
et  boueux.  C'est  du  reste  le  même  genre  de  sédiments  que  dépose 
encore  le  fleuve,  en  remaniant  sans  cesse  les  berges  qui  limitent  son 

Sur  ces  alluvions,  ou  bien  au  contact  des  couches  tertiaires,  se 
superpose  un  dépôt  considérable  d'argile  plastique  schisteuse,  de 
couleur  lie-de-vin;  on  en  découvre  quelques  mètres  seulement  au 
sommet  de  la  coupe  du  Volga  (1),  mais  an  Sud  de  Tsaritsine,  il  cons- 
titue toute  la  rive  droite  jusque  vers  Sarepta. 

Au  débouché  du  thalweg  de  l'Elchanka,  non  loin  du  pont  d'Astra- 
kan, les  argiles  alternent  avec  des  zones  verdatres  de  même  compo- 
sition ;  à  la  base,  elles  sont  associées  à  des  lits  minces  de  sable  fin, 
ainsi  que  cela  se  voit  au  bord  du  Volga,  a  l'entrée  du  ravin  de  Kou- 
porosnaïa,  et  de  celui  de  Proudovafa.  A  l'entrée  de  ces  thalwegs,  la 
berge  laisse  apparaître  un  banc  d'une  hauteur  de  7  à  S  mètres,  en- 
tièrement Corme  par  ces  argiles. 

Une  section  des  terrains  dans  le  ravin  de  l'Elchanka  montre  ces 
argiles  disposées  en  forme  de  talus  sur  les  couches  tertiaires;  elles 
sont  du  reste  postérieures  aux  alluvions  caillouteuses,  qu'elles  re- 
couvrent au  sommet  de  la  falaise  du  Volga  (%.  3,  assises  2,  3  et  4). 
Plus  au  Nord  de  Tsaritsine,  on  les  retrouve  encore  sur  quelques 
points  do  la  berge,  notamment  près  de  Rinok. 

Les  couches  caillouteuses  et  sableuses,  ainsi  que  les  argiles  roses 
qui  terminent  le  système  des  alluvions,  ne  dépassent  guère  l'altitude 
de  26  à  27  mètres  au-dessus  de  l'étiage  du  Volga  à  Tsaritsine,  et  leur 
dépôt,  qui  peut  avoir  en  moyenne  15  mètres  d'épaisseur,  ne  s'étend 
i  del 


1887.  LÊOH  DRU.   ~    PATS   ENTRE  LE   DON   ET   LE  VOLGA.  283 

par  Pallas  et  Macquart  (1)  sur  les  bords  du  Volga  à  Tchirikovo,  à  32 
kilomètres  de  Simbirsk. 

Les  dépôts  sibériens  sont  connus  par  l'abondance  des  ossements 
de  Mammouth  et  de  Rhinocéros  tickorinus  que  l'on  y  rencontre,  et 
le  voisinage,  dans  un  même  système  de  thalwegs,  des  gisements  si- 
gnalés par  ces  voyageurs  ferait  supposer  qu'il  peut  y  avoir  ana- 
logie ou  contemporanéité  dans  ces  alluvions;  mais  quelques-unes 
des  couches  de  la  région  du  Don  et  du  Volga,  parleur  contact  et  leur 
mélange  avec  les  terrains  tertiaires  pourraient  également  se  ratta- 
cher au  système  pliocène,  comme  celles  de  Ghagny  (2)  et  de  Dur- 
fort  (3)  à  Eiephas  meridionalis. 

HYDROLOGIE. 

L'étude  de  l'hydrologie  de  cette  contrée  est  simplifiée  par  la  dis- 
position générale  des  terrains  :  on  reconnaît  de  suite  qu'ils  ne  réu- 
nissent aucune  des  conditions  propres  à  la  formation  d'un  régime 
de  sources  et  de  cours  d'eau  un  peu  importants.  La  multiplicité  des 
thalwegs  et  des  ravins  qui  découpent  le  steppe  dans  les  directions 
les  plus  diverses  indique  bien  que  les  eaux  météoriques  ne  pénètrent 
que  fort  peu  dans  l'intérieur  du  sol,  et  ruissellent  à  la  surface.  La 
plupart  des  steppes  sont  pour  ainsi  dire  imperméabilisés  par  une 
couche  épaisse  de  limon  jaunâtre,  argilo-sableux,  qui  empêche  l'ab- 
sorption des  eaux  pluviales,  excepté  au  fond  des  vallons  et  des  ra- 
vines, où  la  superficie  des  terres  plus  profondément  entamée  met 
à  jour  des  couches  un  peu  moins  compactes. 

A  cette  cause,  il  faut  joindre  l'absence  d'une  végétation  arbores- 
cente qui  retient  toujours  les  eaux  plus  longtemps  au  contact  des 
terrains,  et  Tévaporation,  activée  dans  cette  contrée  par  des  vents 
presque  continuels. 

Un  obstacle  existe  aussi  par  le  fait  de  la  composition  des  couches 
tertiaires,  formées  de  sables  fins  et  d'argiles  disposés  en  strates  ho- 
rizontales, qu'aucun  mouvement  du  sol  n'a  disloquées,  de  sorte  qu'il 
n'existe  pas  de  système  apparent  de  fractures,  de  failles  ou  de  fis- 
sures qui  puissent  aider  la  pénétration  des  eaux  dans  l'intérieur  de 
ces  formations. 

Ces  conditions  défavorables  n'ont  donné  lieu  à  aucun  régime  de 
sources  qui  soit  assez  abondant   pour  alimenter  et  entretenir  des 

fl)  Macquart.  hJssais,  ntt  rrrwil  dr  mSinnirr?  rf-  tu î>n:rttf "(!**• .  Paris,  17*9. 
(t)  Près  «le  ChAlon    (Sanne-ct-Loire). 
•  si  Département  du  Tarn. 


284  LÔOS    DHU.    —  PAYS  HNTHB   LB   DO»   BT  LB  VOLGA.         27  fé?. 

cours  d'eau  ;  les  rivières  ne  sont  à  proprement  parler  que  d'im- 
menses ravines  d'écoulement,  érodées  chaque  année  par  les  crues 
qui  succèdent  à  la  fonte  des  neiges  ;  elles  sont  creusées  comme  des 
tranchées  étroites  et  profondes,  à  travers  le  limon  qui  couvre  les 
plaines,  et  dans  les  terrains  tertiaires  sous-jacenls.  C'est  donc  à  ce 
dernier  contact,  a  travers  les  assises  sableuses  qui  constituent  l'en- 
semble du  système  tertiaire,  que  les  eaux  peuvent  s'infiltrer  ;  mais 
en  raison  de  la  ténuité  des  sables,  leur  circulation  souterraine  est 
lente  et  difficile. 

Toutes  les  rivières  sont  presque  taries  durant  l'été;  cependant 
celles  qui  s'écoulent  vers  le  Don  conservent  un  peu  plus  d'eau  dans 
les  bassins  échelonnés  au  milieu  de  leur  lit.  Ces  réserves  naturelles 
ainsi  que  des  retenues  faites  à  l'aide  de  quelques  barrages,  tels  que 
ceux  de  l'Iagodnaïa  de  la  Karpovka  et  du  sommet  de  la  Tchervlon- 
naïa,  suffisent  à  alimenter  les  rares  villages  de  la  région,  et  permet- 
tent encore  la  culture  de  nombreux  jardins. 

La  fonte  des  neiges  amène  des  crues  violentes  et  instantanées  qui 
augmentent  le  débit  des  rivières  dans  de  larges  proportions  ;  leur 
rapidité  a  pour  cause  les  changements  brusques  qui  se  produisent 
dans  le  climat  ;  on  entre  sans  transition  d'une  saison  dans  une  autre 
et  cela  presque  subitement  en  quelques  jours,  sans  passer  par  toutes 
les  gradations  de  température  que  l'on  constate  dans  les  climats  ma- 
rins. Les  pluies  torrentielles  amènent  aussi  des  crues  partielles  et 
rapides  ;  te  phénomène  du  ruissellement  fait  que  les  eaux  se  concen- 
trent instantanément  par  les  ravines  dans  le  thalweg  des  rivières,  qui 
les  transporlenl  à  leur  tour  tumultueusement  aux  embouchures. 


1887.     LÉON  DRU.  —  PATS  ENTRE  LE  DON  ET  LE  VOLGA.       285 

hmichinka,  comme  la  meilleure  direction  à  prendre  pour  la  réu- 
nion du  Don  au  Volga  par  un  canal. 

Etant  donné  le  peu  de  perméabilité  du  sol,  le  régime  des  sources 
n'est  pas  abondant  ;  les  seuls  terrains  aquifères  de  la  contrée  sont 
formés  de  sable  fin  et  de  bancs  minces  de  grès  qui  se  laissent  lente- 
ment pénétrer  par  les  eaux,  et  à  leur  contact  sur  les  couches  argi- 
leuses on  ne  voit  apparaître  que  des  sources  d'un  très  faible  débit. 

Dans  les  vallées  qui  descendent  au  Volga,  elles  donnent  naissance 
à  des  ruisseaux  que  Ton  utilise  à  l'arrosage  des  jardins,  cultivés 
tous  dans  le  fond  étroit  des  thalwegs. 

Le  versant  du  Don  a  des  sources  moins  apparentes  et  moins  nom* 
breuses,  qui  sourdent  çà  et  là  dans  le  lit  asséché  des  rivières,  ou  se 
diffusent  dans  les  flaques  d'eau  éparses  que  conserve  leur  cours. 
Par  suite  de  la  faible  pente  du  sol,  elles  suivent  les  ondulations  de  la 
nappe  d'infiltration  souterraine  dont  elles  sont  presque  toujours  les 
émissions  naturelles. 

Nous  avions  plusieurs  fois  déjà,  en  différents  pays,  vérifié  cette 
continuité  parfaite  des  nappes  d'infiltration  (1)  ;  nos  observations  se 
trouvent  ici  de  nouveau  confirmées. 

Du  côté  du  Don  l'uniformité  que  Ton  remarque  dans  l'allure  des 
eaux  souterraines  correspond  à  celle  du  steppe,  dont  les  dépres- 
sions sont  moins  accusées. 

Dans  son  ensemble  cette  région  n'offre  que  des  niveaux  d'une 
assez  faible  puissance  :  on  peut  considérer  qu'ils  existent  sous  toute  la 
surface  du  pays,  et  leur  pérennité  est  assurée  par  la  nature  môme 
des  couches  composées  de  sables  fins  compacts  formant  un  filtre  que 
les  eaux  imbibent  lentement.  Ces  conditions  entretiennent  la  perma- 
nence du  régime  des  sources  ;  une  fois  que  les  eaux  ont  pénétré  dans 
les  terrains  sédimentaires,  elles  s'y  emmagasinent  pour  de  longues 
années,  et  donnent  naissance  à  des  niveaux  assez  pauvres,  mais  qui 
persistent  môme  dans  les  périodes  les  plus  sèches. 

En  profondeur  on  retrouverait  bien  certainement  d'autres  nappes 
plus  puissantes,  mais  il  faudrait  alors  par  des  sondages  recouper 
toutes  les  formations  tertiaires  et  atteindre  les  assises  crétacées.  Au 
milieu  des  calcaires  crayeux  et  fissurés  dont  on  voit  les  affleure- 
ments sur  les  bords  du  Don,  et  que  ce  fleuve  baigne  au-delà  de  Siro- 
tinskaïa,  il  est  probable  que  l'on  rencontrerait  des  eaux  dont  le  ni- 
veau aurait  un  mouvement  ascensionnel  prononcé,  et  qui  seraient 
même  jaillissantes  ;  mais  ce  résultat  ne  s'obtiendrait  qu'à  des  cotes 
peu  élevées  à  cause  de  la  faible  pente  du  bassin. 

(i)  Géologie  H  hydrologie  des  Choit*  tunisiens  par  Léon  Dru.  Paris,  1881. 


28tt  DE   SAPOBTA.    —  OafiANISURS    l'ROBLÉMATlQUIiS.  27    féV. 

La  région  du  Volga,  entro  Tsaritsine  et  Sarepta,  possède  aussi  (iei 
sources  d'eau  minérale  très  anciennement  connues.  On  peut  citer 
les  sources  sulfureuses,  ferrugineuses  et  acidulés  de  Sarepta,  les  plus 
renommées  de  l'Empire  en  1801  ;  elles  ont  été  découvertes  par  le 
docteur  Vier,  pasteur  de  la  communauté  de  frères  Mornes  qui  vint 
s'établir  à  Sarepta  en  1735  (1).  Dans  l'année  1780  plus  de  cent  vingt 
personnes  les  fréquentèrent  (2). 

A  Tsaritsine,  il  existe  des  sources  ferrugineuses  également  fort  an- 
ciennes, et  qui  n'ont  jamais  été  utilisées  autrement  que  comme  bois- 
son par  les  habitants  de  la  localité  (3).  Elles  sont  encore  visibles  au 
contact  des  sables  el  grès  ferrugineux  qui  affleurent  le  long  de  la 
rive  droite  du  Volga,  près  de  l'embarcadère  des  bateaux  &  vapeur. 

M.  Munier-Chalmas  présente  quelques  observations. 

Nouveaux  documents  relatifs  aux  organismes  problématiques 
des  anciennes  mers, 

Par  M.  de  Saporta. 

PI.  111,  IV,  V,  VI,  VII. 

J'ai  toujours  émis  l'opinion  que,  dans  les  recherches  ayant  pour 
objet  de  déterminer  la  nature  de  certains  fossiles  controversés  ou 
Organismes  problématiques,  il  ne  suffisait  pas  de  professer  des  vues 
théoriques,  ni  d'adopter  un  système  et  des  tendances  préconçus, 
mais  que  le  seul  moyen  de  parvenir  à  des  résultats  décisifs  était 
plutôt  de  diviser  la  question  et,  sans  rien  trancher  a  priori,  de  s'atta- 
cher  résolument  a  l'étude  des  documenta,  à  mesure  qu'il  s'en  pro- 


1887.  DK   SA  PO  &  TA.    —  ORGANISMES  PROBLÉMATIQUES.  287 

série  d'êtres  d'au  tant  plus  curieux  qu'ils  échappent  davantage  à  notre 
envie  de  les  comprendre  et  de  les  définir. 

Je  cède  à  une  pensée  semblable  en  venant  soumettre  &  la  Société, 
avec  figures  à  l'appui,  une  série  d'échantillons  qui  m'ont  été  transmis 
récemment  et  qui  se  rapportent  pour  la  plupart  au  groupe  encore 
énigmatique  Alectoruridées  de  Schimper    (1),  autrement   dit  des 
«  Algues  scopariennes  ».  J'ai  consacré  à  cette  catégorie  organique  le 
chapitre  V  de  mon  mémoire  sur  les  Algues  fossiles  (3j.  Dans  ce  tra- 
vail, j'ai  fait  ressortir  l'impossibité  de  rattacher  h  des  mouvements  de 
l'eau  ou  à  une  action  purement  physiologique  l'existence  de  ces  sortes 
de  fossiles,  en  insistant  avant  tout  sur  les  exemplaires  de  Taonurus 
\T.  Saportai,  Dew.)  moulés  en  plein  et  tout  à  tout  à  fait  intacts, 
recueillis  par  M.  Dewalque  dans  la  Craie  du  département  du  Nord. 
Ces  exemplaires,  incompatibles  avec  l'hypothèse  favorite  de  M.  Na~ 
tborst,  ne  constituent  pas  un  fait  isolé,  puisque  les  environs  d'Alcoy, 
profince  d'Alicante,  en  ont  fourni  de  pareils  fossilisés,  non  plus  en 
silice  amorphe,  mais  en  un  calcaire  siliceux  très  dur.  M.  le  profes- 
seur Yilanova  a  bien  voulu  me  les  transmettre  successivement.  Deux 
de  ces  exemplaires,  diminués  de  moitié,   ont  été  reproduits  par 
M.  Marion   et  moi,  dans  notre   livre  de  l'évolution    des  Crypto- 
games, (3)  sous  le  nom  de  Taonurus  ultimus,  sans  que  M.  Nathorst  ait 
jamais  consenti  à  tenir  compte  de  cette  circonstance.  Cependant, 
postérieurement  à  mes  deux  mémoires  sur  les  «  Algues  fossiles  »  et 
sar  les  «  Organismes  problématiques  »,  j'ai  reçu  d'autres  exemplaires 
provenant  comme  les  premiers  du  gisement  d'Alcoy  et  communiqués 
par  M.  Yilanova.  Ceux-ci  m'ont  offert  des  particularités  de  struc- 
ture si  curieuses  par  elles-mêmes  et  tellement  propres  à  faire  saisir 
les  particularités  analogues  d'une   catégorie   voisine    d'organismes 
controversés,  que  je  n'ai  pas  résisté  au  désir  de  signaler  et  de  décrire 
ces  documents.  —  De  plus,  aux  Taonurus  d'Alcoy  se  trouve  associé 
un  type  fossile  tout  à  fait  spécial  et,  à  ce  qu'il  semble,  inconnu  jus- 
qu'ici, que  je  décrirai  sous  le  nom  de  Spongeliomorpha. 

En  môme  temps  que  M.  Vilanova  me  communiquait  les  remar- 
quables échantillons  qui  vont  être  l'objet  principal  de  ma  notice,  M.  le 
capitaine  Croizier  m'envoyait  d'autres  Taonurus  à  l'état  de  moules 
creux,  recueillis  par  lui  dans  le  Kimméridicn  de  Ruelle  (Charente)  ; 
enfin,  je  recevais  de  mon  compatriote  M.  Collot,  professeur  à  la  faculté 

.J,  Hundb.  d.  Pakont,  II  Bind,  Liet.  I,  p.  â-l. 

•t,  A  propot  des  Alguei  fossilet,  ch.  v,  Groupe  det  .[lect<>ruri<U;es,  \i.  -lu-As, 
pi.  VII  et  VIII,  fig.  2-3. 

(3,  Voy  Bibl.  scienlif,  internat.*  XX XIX;  L'ÈmL  du  n:jne  iv#/.  —  Les  Cryptu- 
>ai)!ff,  p.  91,  fig.  28. 


288  DE   SAPORTA.   —  ORGANISMES   PROBLÉMÀTIQtJRS.  27  fév. 

de  Dijon,  un  document  non  moins  intéressant  :  c'est  un  exemplaire 
du  Cancellophycus  MarioniSap.  rencontré  dans  la  Grande  Oolithede 
Sainte- Victoire,  près  d'Ais.  Cet  exemplaire  confirme  et  justifie  la  dé- 
signation spéciale  de  Cancello/ihgcus,  appliquée  par  moi  à  celles  des 
a  Algues  scopariennes  »,  jurassiques  dont  le  phyllome  s'étala  en  une 
expansion  treillissée,  criblée  d'ouvertures  en  (orme  de  boutonnière. 
La  dénomination  de  Taonurtu  se  trouve  par  cela  même  restreinte 
aux  Alectornridées  à  fronde  épaisse,  non  perforée,  et  cernée  par  un 
rebord  marginal  en  forme  de  bourrelet,  sans  exclure  pourtant  la  pos- 
sibilité de  formes  intermédiaires,  servant  de  liaison  et  de  passage 
entre  les  deux  groupes. 

Conformément  à  ce  qui  précède  je  passerai  en  revue,  dans  cette 
notice,  trois  sortes  de  fossiles  :  1D,  le  Çancellophycus  Marioni  Sap., 
des  environs  d'Aix  ;  2°  les  Taonwus  uitimut  Sap.  et  Mar.,  d'Alcoy,  et 
le  Taonurtu  ruellentis  Sap.,  du  Kimméridien  de  la  Charente;  3°,  le 
Spongeliomorpka  iberîca,  type  nouveau  associé  aux  Taonttrut  dans  le 
gisement  d'Alcoy. 

1.   —   CAHCBLLOPBÏCUS  MARIONI   Sap. 

pi.  m,  ag.  i-2.  pi.  iv,  flg.  i. 

En  dehors  des  ouvertures  ou  mailles  perforées,  plus  ou  moins  nettes, 
plus  ou  moins  multipliées  et  complètes,  dont  le  phyllome  des  Çancello- 
phycus parait  avoir  été  criblé  et  sur  lesquelles  je  ne  larderai  pas  à 
revenir,  j'insiste  d'abord  sur  cette  particularité  de  structure  parce 
que  dans  ce  type,  le  développement  de  la  région  plane  et  mince  de 


1887.       DE  SAPORTÀ.  —  ORGANISMES  PROBLÉMATIQUES.         289 

aussi  bien  que  sur  le  suivant,  l'épaisseur  de  l'ancien  organisme  est 
lisible  le  long  de  la  tranche. 

La  figure  1,  planche  111,  représente  le  principal  et  le  plus  important 
des  exemplaires  dus  à  M.  Coliot  et  provenant  de  la  zone  à  Ammonites 
Iripartitus,  polymorphus,  aspidoides,  etc.  des  environs  d'Aix.  Le 
Cancellophycus  Marioni  abonde  dans  les  couches  de  cette  zone  ;  cer- 
tains lits  en  sont  réellement  pétris  et  on  les  observe  dans  les  situa- 
tions les  plus  variées.  La  grande  dimension  des  principales  em- 
preintes et  la  difûculté  de  les  obtenir  entières  s'opposent  à  ce  que 
Ton  ait  l'idée  de  les  recueillir  pour  les  collectionner.  Des  recherches 
spéciales,  dirigées  dans  ce  but,  amèneraient  certainement  des  résul- 
tats. 

Quoiqu'il  en  soit,  l'exemplaire  de  M.  Coliot  (ûg.  1,  pi.  III)  à  l'état  de 
fragment,  recouvrant  la  surface  d'une  plaque  de  calcaire  marmo- 
réen d  un  gris  enfumé,  présente  la  double  particularité  non  seule- 
ment de  montrer  l'épaisseur  du  phyllome  le  long  de  la  tranche, 
épaisseur  variant  de  1  à  deux  millimètres  (voir  la  figure  l' grossie  envi- 
ron deux  fois),  mais  encore  de  discerner,  à  l'aide  d'une  différence  de 
coloration  assez  sensible,  les  vides  interstitiels,  répondant  aux  ouver- 
tures étroites  cernées  par  autant  de  bandelettes,  dont  la  substance 
treillissée  de  l'ancien  organisme  paraît  avoir  été  parsemée. 

Les  parties  claires  affectent  l'apparence  de  linéaments  ou  traits 
d'une  grande  finesse,  se  détachant  sur  un  fond  plus  sombre  et  dessi- 
nant une  série  d'arceaux  qui  s'étalent  en  se  recouvrant  dans  le  sens 
général  de  l'ancienne  fronde,  dont  une  faible  portion  se  trouve  conser- 
vée.La  figure  1  rend  l'effet  d'ensemble  de  ces  linéaments,  tellement  dé- 
liés que  la  photographie  elle-même  serait  à  peine  sulûsante  pour  en 
reproduire  l'ordonnance  trait  pour  trait.  Il  paraît  difficile  au  premier 
abord  de  saisir  la  signification  très  complexe  des  linéaments  entre- 
mêlés et  distinguer  si  les  zonules  claires  correspondent  aux  vides  ou 
creux  et  les  zonules  foncées  aux  parties  pleines  ou  relevées  en  saillie, 
et  vice  versa.  Sous  un  fort  grossissement,  les  oppositions  de  teintes 
perdent  de  leur  valeur  et  prennent  du  vague;  d'autre  part,  si  l'on 
ne  recourt  pas  à  l'emploi  de  la  loupe,  la  vue  simple  est  insuffisante. 
11  m'a  paru,  après  bien  des  tentatives,  que  les  clairs  répondaient 
aux  vides  ou  intertices  déprimés,  et  les  parties  foncées  aux  costules 
ou  bandelettes  de  l'organisme  fossile;  et  les  figures  1*  pi.  III,  et  1,  pi. 
IV,  rendent  très  exactement,  sur  une  ampliation  de  3  1,2  a  4  fois  le 
diamètre,  l'aspect  que  le  treillis  de  l'ancienne  fronde  devait  présenter. 
En  consultant  ces  ligures,  on  reconnaît,  l'existence  de  minces  ban- 
delettes, séparées  Tune  de  l'autre  par  un  étroit  espace.  Ces  ban- 
delettes sont  émises  très  obliquement  le  long  des  costules  en  arceau 

XV  19 


290  IIK    SA  PORTA.    —   ORGANISMES    l'UOtiLKMA  TIQUES.  27    fév. 

qui  parcourant  le  phyllomo  et  servent  à  les  rejoindre.  Le  réseau 
qui  résulte  de  celte  ordonnance  ressemble  évidemment  à  celui  du 
Cancellapkycua  reticularti  Sap.,  du  Bajocien  de  Lisant  (Vienne),  dont 
j'ai  donné  une  figure  très  soignée  dans  mon  mémoire  A  propos  dts 
algue»  (1)  ;  le  réseau  du  C.  Marioni  est  seulement  plus  menu  et 
formé  de  mailles  plus  étroites  et  plus  (mes.  La  structure  en  treillis 
des  Canceltaphycus  semble  donc  bien  établie,  quand  même  les  per- 
forations supposées  auraient  seulement  répondu  à  des  dépressions  et 
a  des  endroits  amincis  de  la  substance  du  phyllome.  Ce  qui  prouve 
qu'il  ne  saurait  s'agir  du  reste  d'un  réseau  superficiel  mais  d'une 
combinaison  de  parties  de  consistance  diverse  entremêlées,  c'est 
que  l'alternance  de  ces  parties  est  encore  visible  sur  la  tranche 
comme  le  fait  voir  la  figure  1,  pi.  111,  légèrement  grossie. 

On  constate  de  la  sorte  que  les  filets  foncés  se  prolongent  à  l'intérieur 
et  restent  reconnaissabtesjusquedans  la  substance  de  l'échantillon, 
dont  ils  traversent  l'épaisseur,  en  décrivant  une  courbe  à  peine  sen- 
sible, dont  la  figure  grossie  rend  assez  bien  l'apparence. 

En  résumé  et  à  la  faveur  de  l'échantillon  découvert  par  M.  Collot, 
il  est  permis  d'avancer  que  la  fronde  ou  phyllome  des  Cancellophycut 
consistait  en  une  expansion  plane,  étalée,  plus  ou  moins  sinueuse  à 
la  périphérie  et  bordée  d'un  ourlet  marginal  en  forme  de  baguette  ou 
de  cordon  étroit.  L'expansion,  attachée  par  un  point  central  ou  plus 
ou  moins  excentrique,  au  moins  dans  le  Cancettopkym»  Marioni,  pré- 
sentait une  épaisseur  moyenne  de  1,1/2  à  2  millimétrés,  et  sa  char- 
pente treillissée  était  constituée  par  de  menues  bandelettes,  repliées 
en  arc  et  réunies  entre  elles  par  des  cordelettes  de  second  ordre, 
très  obliquement  émises,  séparées  par  un  étroit  interstice,  en  forme 


1887.  DlS   SA  PORTA.    —   ORGANISMES  PROBLÉMÀTIQUtiS.  291 

espèces  et  les  exemplaires  et  sur  laquelle  courent  des  linéaments  r*- 
miflé9 -flexoeux,  repliés  en  arc,  émis  le  long  du  côté  interne  des  bou- 
dins latéraux,  occupés  eux-mêmes  par  des  costules  plus  ou  moins 
sinueuses,  longitudinalement  disposées. 

Le  type  débute  dans  le  Conchylien  par  le  Taonurus  Panescorsii 
Sap  (i).  Celui-ci  ne  présente  cependant  pas  la  netteté  de  caractères  ni 
la  fermeté  de  contour  qui  distinguent  les  Taonurus  des  étages  sub- 
séquents, spécialement  ceux  du  Jurassique  récent  et  de  la  Craie,  et 
t  par-dessus  tout  le  T.  SaportaiDevt.,  dont  l'état  de  conservation  est 
admirable  (2). 

Le  Taonurus  ruellensis,  découvert  par  M.  Croizier  dans  le  Ki  m  mé- 
ridien de  la  Charente,  a  été  signalé  par  moi  (3),  mais  il  n'a  été  ni  dé- 
crit ni  figuré.  A  l'exemple  du  Taonurus  Panescorsii  Sap.,  il  a  dontié 
lien  à  des  moules  creux  dont  il  est  facile  de  reconstituer  le  relief. 
Les  particularités  qu'il  présente  ont  un  intérêt  tel  que  je  devrai  re- 
venir à  lui  après  avoir  considéré  attentivement  le  Taonurus  ultimui. 
Les  notions  que  nous  fournira  la  première  espèce  étant  destinées  à 
compléter  celles  que  nous  allons  retirer  de  l'examen  de  la  seconde. 

Le  Taonurus  ulthnus  Sap.  et  Mar.,  a  été  nommé  ainsi  parce  que  se- 
lon H.  le  professeur  Viianova,  de  Madrid,  qui  l'a  découvert,  il  pro- 
viendrait du  Miocène  supérieur  d'Alcoy.  Cette  provenancene  laisse  pas 
qne  d'inspirer  des  doutes  (4),  si  l'on  considère  la  situation  d'Alcoy, 
placé  an  triple  contact  du  Nummulitique,  de  la  Craie  et  du  Miocène. 
La  carte  géologique  de  M.  de  Yerneuil  Indique  notamment  un  lam- 
beau crétacé  au  nord-ouest  et  à  une  faible  distance  d'Alcoy.  Il  ne 
serait  pas  impossible  que  les  Taonurus  fussent  venns  de  là.  Quoiqu'il 
en  soit,  moulés  en  plein  et  détacbés  d'une  gangue  crayeuse,  comme 
les  Taonurus  Saportai,  ceux  d'Alcoy  rappellent  beaucoup  l'espèce  de 
M.  Dewalque.  Ils  appartiennent  au  môme  type,  tout  en  constituant 
une  forme  distincte,  remarquable  par  l'épaisseur  du  bourrelet  péri- 
phérique et  la  faible  largeur  de  la  bande  déprimée  intermédiaire.  Le 
diamètre  des  bourrelets  mesure  en  moyenne  deux  centimètres  :  ils 
ont  la  forme  d'un  boudin  cylindroïde,  s'étendent  parallèlement  et 
décrivent  dans  le  haut  une  courbe  semi- circulaire  qui  sert  de  termi- 
naison à  l'organisme.  Dans  la  direction  opposée,  c'est-à-dire  inférieu- 
rement,  et  en  retour  les  bourrelets  tendent  à  se  rapprocher  graduelle 

\\)A  propos  des  Aiguës  fossiles,  p.  40-4-1,  pi.  VI!,  flg.  î. 

(t)  Ibid.  p.  44-46,  pi.  VIII,  Bfc.  2  et  3. 

(3)  A  propos  des  Algues  fos-siles,  p.  44. 

(*)  La  provenance  miocèno  vient  pourtant  do  m'ôtre  attestée  do  nouveau  par 
M.  Viianova  à  la  suite  d'une  récente  exploration  des  lieux  (tfjte  ajoutée  au  mo- 
ment de  l'impression). 


292  DK   SAFOBTA.    —  ORGANISEES   PROBLÉMATIQUES.  27    féV. 

ment.  Cette  tendance  est  déjà  accusée  dans  l'échantillon  de  la  pi.  VI, 
flg.  1  ;  mais  la  plupart  des  exemplaires  se  trouvent  brisés  à  une  assez 
faible  distance  du  sommet  et  aucun  d'eux,  jusqu'ici,  ne  s'est  montré 
entier  jusqu'à  la  base  et  au  point  d'attacho  de  celle-ci.  Les  cassures 
servent  du  moins  à  faire  voir  la  ooupe  ou  tranche  de  l'ancien  orga- 
nisme dont  la  ressemblance  ou  plutôt  l'étroite  analogie  avec  les 
coupes  transversales  de  Bilobites  ayant  conservé  la  trace  de  leur 
pourtour  entier  ne  saurait  échapper  à  l'observateur.  Pour  saisir  celle 
analogie  on  n'a  qu'à  comparer  le  bas  de  la  flg.  1,  pi.  V,  avec  les 
diagrammes  insérés  dans  le  texte  du  Mémoire  sur  les  Organismes  pro- 
blématiques (p.  63,  flg.  8,  1).  La  coupe  transversale  du  Taonurus  ut- 
timus  est  aussi  parfaitement  visible  dans  l'échantillon  (flg.  28,  B.  p. 
91)  de  Y  Evolution  des  Cryptogames.  —  Mais,  si  nous  ne  possédons, 
jusqu'ici,  la  base  complèle  d'aucun  des  Taonurus  d'Alcoy,  cependant 
par  une  heureuse  rencontre  un  des  échantillons  recueillis  par  M.  Vi- 
Janova,  celui  de  tous  dont  la  conservation  est  la  plus  parfaite,  se 
rapporte  à  une  portion  de  Taonurus  très  voisine  de  la  terminaison 
inférieure.  J'ai  eu  soin  de  figurer  (pi.  IV)  les  deux  côtés  de  cet 
échantillon  qui  offre  plusieurs  particularités  dignes  de  remarque.  La 
figure  1,  pi.  IV,  représente  probablement  la  face  supérieure  de  l'an- 
cien organisme,  en  le  supposant  incliné  et  appuyé  par  l'autre  face 
contre  le  sol  sous-marin.  On  voit  que  les  deux  bourrelets,  régulière- 
ment cylindriques,  se  rapprochent  l'un  de  l'autre  dans  le  bas  jusqu'à 
ne  plus  se  trouver  séparés  que  par  un  étroit  intervalle  en  forme  de 
sillon  profondément  creusé.  Entre  les  bourrelets  s'interpose  une 
partie  plus  mince,  épaisse  encore  dans  le  bas  de  huit  millimètres, 
peut-être  membraneuse  ou  douée  au  moins  d'une  certaine  élasticité. 


1887.  DB  8AP0BTA.  —  ORGANISMES  PROBLÉMATIQUES.  393 

l'autre  type  comparés.  On  s'en  assurera  en  rapprochant  la  figure  2  a, 
pL  IV,  qui  reproduit  les  costules  superficielles  légèrement  grossies 
de  l'échantillon  de  Taonurus  ultimus  dont  la  description  précède, 
avec  la  figure  9,  insérée  dans  le  texte  de  mon  mémoire  sur  les  Orga- 
nismes problématiques ,  représentant  le  réseau  superficiel  d'une  Bilo- 
bite,  B.  Goldfussi,  sous  un  égal  grossissement.  La  ressemblance  est 
incontestable  et  tend  à  démontrer,  vu  son  intimité,  qu'il  s'agirait 
d'êtres  ayant  appartenu,  selon  toute  vraisemblance,  à  une  môme  ca- 
tégorie; je  veux  dire  par  là  possédant  une  structure  analogue  et  adap- 
tés aux  mêmes  conditions  d'existence.  Non  seulement  le  pourtour 
des  bourrelets  se  trouve  ici  occupé  par  des  costules  sinueuses, 
anastomosées  çà  et  là  et  plus  ou  moins  saillantes,  mais  on  observe 
encore,  à  certains  endroits,  des  cicatrices  disposées  et  configurées 
comme  celles  qui  se  montrent  si  fréquemment  sur  les  Bilobites,  en- 
fin, des  trous,  des  excavations  et  altérations  de  tissus,  des  points 
verruqueux  et  des  inégalités  tout  à  fait  comparables  à  ceux  dont  ces 
derniers  corps  offrent  tant  d'exemples.  Dans  l'étroit  espace  qui  sé- 
pare les  bourrelets,  on  aperçoit,  vers  le  haut  de  l'échantillon  (pi.  IV, 
fig.  4)  des  stries  disposées  de  manière  à  former  trois  faisceaux  ou 
agglomérations  transversales,  légèrement  convexes  et  dirigés  comme 
s'ils  avaient  servi  à  les  relier  entre  eux. 

Retournons  maintenant  ce  même  échantillon  et  nous  observerons 
(pi.  IV,  fig.  2),  sur  le  bord  extérieur  du  bourrelet  de  gauche,  une 
large  cicatrice  fort  nettement  circonscrite  ;  sur  le  boudin  ou  bour- 
relet de  droite  nous  distinguerons  une  fente  longitudinale  qui  donne 
peut-être  la  raison  d'être  de  l'inflexion  de  ce  bourrelet;  enfin,  dans 
le  milieu,  entre  les  deux  boudins,  nous  observerons  un  renflement 
ou  région  convexe,  qui  fait  la  contre-partie  du  sillon  creux,  si  pro- 
noncé, de  l'autre  face.  On  remarque,  à  la  superficie  de  ce  renflement, 
des  stries  ou  costules  tressées  et  entremêlées,  semblables  par  leur 
ordonnance  à  de  petites  Bilobites  accolées  et  donnant  lieu  par  leur 
réunion  à  un  réseau  complexe  dont  la  figure  grossie  (2  a,  pi.  V)  re- 
produit une  partie  avec  la  plus  grande  exactitude.  —  Voilà  donc,  dès 
à  présent,  toute  une  série  de  rapports  d'aspect  et  d'analogies  mor- 
phologiques à  enregistrer  entre  les  Taonurus,  incontestablement  or- 
ganisés, et  d'autres  corps,  tels  que  les  Bilobites,  dans  lesquels  on  a 
voulu  reconnaître  de  simples  vestiges  de  progression.  Ces  indices 
sont  trop  précis  pour  ne  pas  être  soigneusement  mis  en  lumière. 

J'arrive  à  d'autres  échantillons  aussi  instructifs  que  le  précédent; 
ils  se  rapportent  à  la  terminaison  supérieure  de  l'ancien  organisme. 
Celte  terminaison  discoïde,  en  palette  arrondie,  cernée  par  un 
rebord  formé  par  le  repli   du  bourrelet,  est  assimilable  en  tout, 


204  DE   SATDRTA.    —   ORGANISMES    PROBLÉMATIQUES.  27    fév. 

sauf  de  très  légères  divergences,  &  celle  du  faonurut  Saportai  figuré 
par  M.  Dewalque  et  par  moi  (1).  Les  planchas  V  et  VI  reproduisent 
deux  exemples  de  ce  mode  de  terminaison.  Les  figures  1  et  8  de  la 
planche  V  se  rapportent  à  un  seul  et  même  échantillon  dont  elles 
donnent  les  deux  faces.  Sur  l'une  de  ces  faces  (flg.  1),  le  bourrelet 
marginal  est  plus  large,  plus  saillant  et  le  fond  ou  espace  circonscrit 
plus  étroit;  tous  les  autres  caractères  tirés  des  stries  et  costules  du 
réseau  superficiel  élant  d'ailleurs  pareils.  Sur  cette  face  on  distingue 
deux  détails  qui  ne  manquent  pas  d'importance  :  l'nn  consiste  en 
une  large  cicatrice,  fort  nette  et  légèrement  concave,  située  sur  le 
milieu  du  bourrelet  de  droite;  l'autre  résulte  d'une  saillie  transver- 
sale qui  détache  son  relief  sur  la  bande  du  fond  et  pénètre  à  gauche 
dans  l'intérieur  du  bonrrelet.  Cette  saillie,  dont  il  existe  d'autres 
exemples,  se  trouve  visiblement  en  rapport  avec  une  proéminence 
extérieure  implantée  sur  le  bourrelet  et  vue  ici  par  dessous,  Mais  si 
l'on  a  recours  à  l'autre  face  de  l'échantillon  (flg.  %  pi.  V),  on  retrouve 
à  droite  cette  même  proéminence  conformée  en  bec  de  canard,  et 
l'on  constate  que  les  costules  du  bourrelet  se  détournent  en  se  rele- 
vant de  tous  cotés  pour  s'engager  dans  la  partie  renflée.  Celle-ci 
incline  son  sommet  à  bord  aminci  et  offre  l'apparence  d'un  organe 
appendiculaire  en  voie  de  développement.  Sur  le  bord  opposé  de  la 
même  face,  c'est-à-dire  en  allant  vers  la  gauche,  on  voit  encore  des 
traînées  de  costules  fasciculées  se  détourner  a  travers  le  fond  déprimé, 
s'engager  ensuite  dans  le  bourrelet  et  donner  lieu  à  une  autre  saillie, 
qui  diffère  de  la  première  en  ce  qu'elle  se  montre  tronquée,  comme 
si  elle  représentait  une  branche  implantée  sur  le  bourrelet  et  qui 


1887.  DE   SA  PORTA.    —   ORGANISMES   PROBLÉMATIQUES.  295 

chei  les  Bilobites.  Sur  la  face  figurée,  on  remarque,  à  gauche,  un 
rameau  sortant  du  bourrelet  et  implanté  à  angle  droit.  La  direction 
des  costales  projetées  en  avant  dans  le  sens  de  ce  rameau  est  égale- 
ment visible.  Ce  rameau  se  trouve  tronqué  à  une  certaine  distance 
de  son  point  de  départ;  mais,  ce  qui  est  intéressant  et  conforme 
d'ailleurs  à  l'ordonnance  propre  aux  Taonunts,  c'est  qu'au  rameau 
émis  à  l'extérieur  correspond,  sur  la  bande  circonscrite  par  le  bour- 
relet, une  traînée  de  costules  relevées  en  saillie  et  transversalement 
dirigées  qui  sont  en  rapport  avec  le  rameau  et  vont  le  rejoindre  à 
travers  le  bourrelet.  Cette  traînée  marque  ainsi  l'origine  et  le  point 
de  départ  intérieur  de  la  branche  qui  allait  ensuite  se  frayer  un 
chemin  au  dehors. 

En  présence  d'une  structure  aussi  singulière,  mais  aussi  nette- 
ment caractérisée,  il  est  difficile  de  ne  pas  songer  aux  Bilobites,  chez 
lesquelles  ces  mômes  phénomènes  de  pénétration  mutuelle  et  d'en- 
trelacement des  costules  sont  si  fréquents  et  affectent  au  surplus 
une  physionomie  entièrement  pareille.  Ici,  où  il  s'agit  d'échantillons 
moulés  en  plein  et  détachés,  aucune  confusion  ne  saurait  ôtre  invo- 
quée, aucune  superposition  de  plusieurs  organismes  ne  se  découvre, 
et  cependant  nous  constatons  la  présence  de  ces  pénétrations  de 
costules  qui,  sans  interruption  susceptible  de  les  arrôter,  se  dirigent 
vers  l'extérieur,  après  avoir  traversé  le  bourrelet  dans  les  costules 
propres,  suivent  une  direction  absolument  contraire  sans  se  con- 
fondreavec  les  faisceaux  sortis  de  la  dépression  médiane,  ni  cependant 
faire  obstacle  à  la  marche  de  ces  derniers  jusque  dans  le  rameau 
latéral  destiné  sans  doute  à  la  propagation  de  ces  curieux  orga- 
nismes. Ces  prolongements  se  détachaient  probablement,  dans  cer- 
tains cas,  en  donnant  lieu  à  une  cicatrice  répondant  à  leur  base 
d'insertion;  mais,  dans  d'autres  cas,  ils  conservaient  leur  adhérence 
et  multipliaient  les  colonies  formées  de  subdivisions  complexes  et 
enchevêtrées  auxquelles  les  Taonurus  ont  certainement  donné 
naissance  et  que  l'espèce  suivante  aura  le  mérite  de  nous  faire 
connaître. 

3.  —  taonukus  ruullknsis.  Sap. 
PI.  VII,  fig.  1-2. 

M.  Croizier  m'a  communiqué  de  nombreux  exemplaires  de  cette 
espèce  ;  elle  n'a  pas  été  fossilisée  en  plein  relief  comme  la  précédente 
et  le  Taonurus  Saportai  De\\\,  mais  elle  a  laissé  au  soin  de  l'assise 
calcaire  qui  la  renferme  des  moules  creux  dans  lesquels  il  est  possi- 
ble de  couler  une  matière  plastique  pour  reconstituer  l'aspect  du 


296  DE   BROUTA.    —  OHGAHISMES  PHOBtÊHATIOCHS.  27   fév. 

corps  fossile.  Les  échantillons  obtenus  par  ce  procédé,  non  seule- 
ment dénotent  l'existence  d'une  espèce  particulière  à  l'étage  kimmé- 
ridien,  pourvue  de  bourrelets  marginaux  plus  minces  et  sillonnés  de 
costales  plus  fines  que  ceux  des  formes  signalées  précédemment, 
mais  ils  offrent  encore  ce  détail  caractéristique  de  montrer  en  place 
et  avec  des  dispositions  variées,  les  ramifications  dont  le  Taonurus 
ultimus  nous  a  fait  voir  l'origine  et  le  point  de  départ.  Peut-être  le 
Taonurus  ruellensis  possédait-il  à  un  plus  haut  degré  que  l'autre  la 
faculté  d'émettre  des  rameaux  qui,  après  avoir  douué  naissance  à  de 
nouveaux  phyllomes,  se  ramifiaient  à  leur  tour,  en  constituant  un 
ensemble  des  plus  enchevêtrés.  Quoiqu'il  eu  soit,  après  avoir  cons- 
taté l'emplacement  de  ces  rameaux,  leur  mode  d'implantation  et  le 
bourgeonnement  d'où  ils  tiraient  leur  origine,  il  est  curieux  de  les 
observer  avec  le  développement  dont  ils  étaient  susceptibles,  de  les 
voir  s'étendre  et  se  croiser  dans  des  directions  très  diverses.  Leur 
façon  d'être  donne  une  idée  fort  juste  de  ces  amas  de  Bilobites  su- 
perposées et  enlacées,  dans  lesquelles  on  a  cru  reconnaître  des  pis- 
tes d'animaux  cheminant  les  unes  après  les  autres,  mais  qui  contra- 
rient cette  hypothèse  par  l'absence  de  confusion  qui  caractérise  leurs 
plus  grandes  accumulations,  en  dépit  des  soudures  et  des  pénétra- 
tions réciproques. 

,  Les  figures  1  et  2,  pi.  VU,  reproduisent,  d'après  des  moules  en  relief, 
deux  échantillons  remarquables  du  Taonurus  ruellensis,  choisis  parmi 
plusieurs  autres  comme  des  plus  significatifs,  et  aussi  comme  des 
mieux  conservés.  11  en  est  beaucoup  effectivement  dont  les  moules 
encroûtés  ou  tortueux  se  prêtent  mal  à  l'opération  destinée  à  leur 
rendre  leur  ancien  aspect. 


1887..  DB   SAPORTA.   —  ORGANISMKS   PROBLÉMATIQUES.  297 

son  empreinte  est  restée  et  va  s'épanouir  plus  loin,  en  donnant  nais- 
sance à  un  autre  phyllome,  relié  ainsi  à  celui  que  j'ai  figuré  par  un 
cordon  de  communication. 

La  figure  2,  pi.  IV,  reproduit  très  fidèlement  un  autre  phyllome  de 
Taonurus  ruellensis,  encore  plus  singulier  par  les  détours  sinueux  et 
les  anostomoses  capricieuses,  auxquels  le  bourrelet  marginal  donne 
Heu.  Ce  bourrelet,  relativement  mince  et  tantôt  lisse,  tantôt  finement 
strié  et  costulé,  se  replie  sur  lui-même  dans  le  haut  et  se  dédouble 
sur  la  droite.  Par  ce  dédoublement  il  produit  un  bourrelet  collatéral, 
bientôt  rattaché  à  l'autre  branche  au  moyen  d'une  anastomose  trans- 
verse  qui  circonscrit  une  dépression  intérieure  allongée.  En  dessous, 
se  montre  une  seconde  dépression  sous  forme  de  concavité,  plus 
large,  plus  allongée,  dont  le  fond  paraît  membraneux  et  finement 
strié,  avec  une  mince  crête  par  le  travers.  Sur  le  point  d'où  cette 
crête  semble  partir,  le  bourrelet  de  gauche  présente  une  cicatrice 
qui  pourrait  bien  répondre  à  l'origine  d'un  rameau  détaché  ;  enfin, 
un  peu  plus  bas  et  au  milieu  des  costules  longitudinales  qui  sillon- 
nent le  bourrelet  principal,  on  distingue  une  cicatricule,  analogue  à 
celles  dont  la  surface  des  Bilobites  est  si  souvent  parsemée.  A  la 
même  hauteur  et  dans  une  direction  obliquement  descendante,  un 
autre  rameau  semble  sortir  du  bourrelet  en  divergeant  au  dehors  ; 
mais  l'origine  seule  en  est  visible. 

On  voit  par  les  échantillons  que  je  viens  de  décrire  et  dont  il  se- 
rait aisé  de  multiplier  les  exemples,  que  les  ramifications  des  Taonu- 
rus, au  moins  dans  certaines  espèces,  tantôt  se  projetaient  au  de- 
hors et  s'étalaient  plus  ou  moins,  tantôt  se  repliaient  en  contractant 
des  anastomoses  de  nature  à  augmenter  l'étendue  du  phyllome  prin- 
cipal ;  de  telle  sorte  que  les  combinaisons  dépendant  d'une  pareille 
ordonnance  pouvaient  variera  l'infini.  Ces  dédoublements  du  bour- 
relet et  ces  anastomoses  des  parties  ramifiées  sont  déjà  visibles  dans 
l'espèce  conchylienne  du  Var,  le  Taonurus  Panescorsn  Sap.  Il  paraît 
de  même  constant  que  ces  sortes  d'organismes,  couchés  et  entre- 
mêlés en  tous  sens,  avaient  la  faculté  de  contracter  des  soudures  et 
des  adhérences  mutuelles,  peut-être  même  de  donner  lieu  à  des  pé- 
nétrations, dont  les  détails  ne  seront  bien  saisis  qu'à  l'aide  de  mou- 
lages répétés  pratiqués  à  l'intérieur  des  assises,  où  ces  organismes 
enveloppés  par  un  sédiment  calcaire  promptement  consolidé  ont  pu 
laisser  l'empreinte  de  leurs  contours  superficiels. 

L'évidente  analogie  des  Taonurus,  par  tous  les  détails  visibles  de 
leur  morphologie  extérieure  avec  les  Bilobites  ne  saurait  échappera 
l'observateur  attentif  et  doit  être  notée  avec  soin  comme  susceptible 


20H  nu  8AP0RTA.    —   ORGANISMES   PROBLEMATIQUES.  27    fév. 

de  donner  la  clef  des  difficultés  soulevées  à  l'égard  de  ces  derniers 
fossiles  et  non  encore  résolues. 

4.    —    GENBH    SrONGRLIOMORPHA. 

Les  fossiles  que  je  signale  sous  ce  nom  se  rapprochent,  au  moins 
par  l'aspect  extérieur,  des  Spongelia  actuels,  par  conséquent  d'un 
type  de  spongiaires,  répandu  sous  nos  yeux  dans  toutes  les  mers. 
Ces  fossiles,  bien  que  très  apparents,  ont  cependant  été  passés  sous 
silence  ou  du  moins  rejetés  parmi  les  corps  de  nature  incertaine 
que  le  paléontologue  dédaigne  volontairement.  Jusqu'à  présent,  on 
n'a  pas  recherché  si  des  spongiaires  à  tissu  squeletttque  relative- 
ment  ferme  et  à  région  périphérique  plus  dense  que  l'intérieure 
n'avaient  pu  laisser  un  moule  de  leur  contour  extérieur,  moule 
changé  ensuite  en  une  cavité  par  la  dissolution  de  l'ancien  orga- 
nisme, dont  l'aspect  aurait  été  reconstitué  par  remplissage,  à  l'aide 
d'une  substance  minérale  et  par  le  même  procédé  que  les  Taonurui. 
Effectivement,  c'est  dans  le  même  terrain  d'Alcoy,  à  coté  des  moules 
en  relief  du  T.  utthntit  que  je  viens  de  décrire,  que  M,  Vilanova  a 
également  rencontré  les  corps  dont  je  veux  parler,  eu  les  assimilant 
a  des  spongiaires  alliés  à  la  catégorie  des  Halicondriées  ou  à  la  caté- 
gorie voisine  des  Cératosponges  dont  ils  reproduisent  extérieurement 
l'aspect. 

J'ai  reçu  des  corps  analogues  de  M.  Holslein  (1),  provenant  du  sud 
de  l'Union  américaine  et  montrant  les  vestiges  d'une  cavité  inté- 
rieure. Ils  différent  de  ceux  d'Alcoy  par  la  forme  des  inégalités  ver- 
ruqueuses  et  repliées  sur  elles-mêmes  dont  leur  surface  est  entière- 
.  Il  s'agit  donc  d'une  famille  de  fossiles  faite  pour  attire 


1M7.  DB  SAfORTA.    — -  ORGANISMKS  PROBLKMATIQUKS.  20U 

m 

à  le  baigner  et  à  le  nourrir.r-Dans  le  type  voisin  des  Cératosponges, 
les  spicules  sont  le  plus  souvent  absents  et  le  tissu  mésodermique 
affecte  une  consistance  gélatineuse  qui  cependant  par  place  se  con- 
fertit  en  fibres  cornées  anastomosées  et  devient  feutré.  Le  tissu 
ainsi  formé  est  mélangé  quelquefois  de  spicules  siliceux,  ce  qui  éta- 
blit la  transition  avec  les  Halicondriées.  Parmi  les  formes  variées  qui 
appartiennent  ou  touchent  de  près  à  cette  dernière  tribu,  il  m'a 
para  que  les  Spongelia  reproduisaient  surtout  l'aspect  extérieur  de 
l'espèce  fossile  dont  la  description  suit. 

SPONGRLIOMORPOA   IBERICA. 

PI.  VI,  flg.  2-3. 

Ad  premier  abord,  moulés  en  plein  et  détachés  de  leur  moule, 
comme  les  Taonurus,  ces  curieux  fossiles  ressemblent  assez  bien  à 
des  fragments  de  cornes  de  Cervidés,  avec  des  commencements  d'an- 
douillers  plus  ou  moins  prononcés  et  saillants.  Leur  surface  est 
occupée  par  des  stries  en  forme  de  costules  sineuses  disposées  dans 
le  sens  longitudinal,  et  constituant  par  leur  réunion,  à  l'aide  de 
plissements  et  d'anastomoses  multipliées,  rendus  très  exactement 
parles  figures  de  la  planche  VI,  un  réseau  superficiel  d'une  nature 
spéciale  qui,  d'une  part,  rappelle  celui  des  Spongelia  et,  de  l'autre, 
n'est  pas  sans  analogie  avec  ce  que  nous  ont  montré  les  Taonurus. 

Je  traduis  ainsi  mon  impres>ion  personnelle,  sans  rien  affirmer, 
tellement  l'attribution  d'un  corps  pareil  me  semble  difficile  et  incer- 
taine. J'avoue  franchement  que  si  j'avais  découvert  des  traces  d'os- 
cules  plus  nettes  et  moins  exceptionnelles,  je  n'aurais  pas  hésité  à 
considérer  ce  type  comme  tenant  de  près  aux  Spongelia  ;  mais  je  n'ai 
pu  acquérir  de  conviclion  à  cet  égard. 

Le»  petites  cavités  dont  il  existe  des  exemples  ne  sont  pas  assez 
nettement  caractérisées;  mai-*  sur  quelques  points  de  la  superficie, 
les  inégalités  en  forme  de  traits  saillants,  distribués  par  groupes, 
mont  réellement  paru  disposées  comme  celles  qui  répondent  à  des 
seules  engagés  sous  l'épiderme,  chez  les  Spongiles  à  squelette 
ilbro-corné.  Si  la  grande  cicatrice  dont  je  vais  parler  pouvait  être 
considérée  comme  représentant  un  oscule,  un  pas  de  plus  serait 
accompli  vers  la  détermination  de  l'organisme  que  je  signale;  mais 
le*  Taonurus  faisant  voir  des  cicatrices  semblables,  attribuées  ci-des- 
sus à  des  rameaux  détachés,  il  serait  logique  de  le  demander  si  les 
derniers  fossiles  ne  seraient  pas  eux  aussi  des  Spongiaires. 

La  ligure  2  de  la  planche  VI  est  particulièrement  instructive.  L'é- 


300  DE    SAPOHTA.    —   0HGAMI9MES   PROBLÉMATIQUES.  27   fév. 

ch.intillon    reproduit  est  d'une  conservation  remarquable  ;  il  est 
cylindrique,  atténué-obtus  au  sommet. 

Les  stries  sont  formées  de  plissements  ou  rides  longitudinales  dont 
les  saillies  s'abaissent  ou  se  relèvent  en  donnant  lieu  à  des  crêtes 
ondulées,  reliées  entre  elles  par  des  traits  de  jonction  obliquement 
sinueux.  Ces  crêtes  convergent  vers  le  haut  et  se  rejoignent  à  l'ex- 
trême sommet  par  où  s'opérait  le  prolongement  de  l'ancien  orga- 
nisme. 

Sur  le  coté  gauche  et  à  mi-hauteur,  on  distingue  une  sorte  de 
bourgeon  latéral  ayant  l'aspect  d'une  éminence  tronquée,  vers  la- 
quelle les  stries  se  dirigent  et  se  relèvent  de  toutes  parts.  Si  cette 
élevure,  dans  laquelle  on  pourrait  a  la  rigueur  reconnaître  un  oscule, 
avec  sa  cavité  correspondant  à  la  partie  tronquée,  est  prise  pour  un 
bourgeonnement,  il  semble  que  celle  partie  tronquée  correspun- 
'  drait  alors  à  la  terminaison  encore  tendre  du  bourgeon.  Tout  consi- 
déré, la  première  supposition  pourrait  être  la  plus  vraisemblable  et 
la  même  conclusion  devrait,  dans  ce  cas,  s'appliquer  aux  parties  si-  ■ 
m  ils  ires  des  Toonwus.  Du  reste,  les  S/iongeiia  se  ramifient  de  la 
même  façon,  mais  leurs  bourgeons  latéraux  affectent  surtout  l'as- 
pect que  nous  montre  le  second  des  échantillons  figurés,  — Celui-ci, 
(lig.  3,  pi.  VI),  n'est  pas  droit,  ni  simplement  cylindrique,  comme  le 
précédent;  il  est  plutôt  contourné  et  il  présente  trois  bourgeons  ou 
ramifications  latérales,  outre  le  rameau  principal,  rejeté  par  côté  et 
atténué  en  une  pointe  obtuse  et  mousse,  vers  laquelle  convergent  les 
crêtes  du  réseau  superficiel. 

Les  ramifications  secondaires  de  cet  échantillon  consistent  en  des 
saillies  qui  se  détachent  à  peine  de  la  branche  qui  les  porte,  et  qui 


1887.  DE  SA  PORTA,    —  ORGANISMES  PROBLÉMATIQUES.  301 

port  avec  ce  que  montrent  les  Taonurus,  de  telle  sorte  que  l'attribu- 
tion même  de  tous  ces  fossiles  à  l'un  des  règnes  demeure  entaché 
d'obscurité  ;  mais  ce  qui  cesse  de  l'être  assurément,  ce  qui  ressort  de 
l'étude  que  je  viens  de  mettre  sous  les  yeux  de  la  Société,  c'est  l'im- 
possibilité de  ne  pas  rapporter  à  des  organismes  vrais,  quel  que  soit 
au  fond  leur  nature,  les  Cancellophycus,  Taonurus,  Spongeliomorpka, 
non  sans  constater  les  affinités,  au  moins  apparentes  des  deux  der- 
niers types  avec  la  catégorie,  encore  indéterminée,  mais  tout  aussi 
curieuse,  des  Bilobites  et  autres  fossiles  des  mers  siluriennes. 

EXPLICATION  DES  PLANCHES. 

Planche  III 

Fig.  If  Caneellophyeus  Marioni,  Sap.,  fragment  de  phyllome  ou  partie  de  l'an* 
cien  organisme  étendue  à  plat  et  couvrant  la  surface  d'une  plaque  calcaire  de  la 
Grande-oolithe  des  environ  d'Air,  d'après  un  échantillon  recueilli  et  communiqué 
par  M.  le  professeur  Collot  ;  grandeur  naturelle;  1» ,  une  portion  du  môme  échan- 
tillon grossie  environ  quatre  fois,  pour  montrer  la  disposition  des  mailles  du  ré- 
seau ;it>,  portion  du  môme  échantillon  vu  latéralement,  sur  un  léger  grossisse- 
ment, et  montrant  en  a  l'épaisseur  ou  tranche  de  l'ancien  organisme  avec  la  trace 
des  zooules  plus  foncéeset  plus  claires,  entremêlées,  dont  il  était  formé.  —  Fig.  2, 
autre  échantillon  de  la  môme  espèce,  à  l'état  de  fragment  et  montrant  la  marge 
ou  bordure  du  phyllome;  grandeur  naturelle. 

Planche  IV 

Fi?.  1  Cancellophycut  Marioni  Sap.,  autre  partie  du  réseau  superficiel  sur  le 
ménn  grossissement  de  quatre  fois  le  diamètre,  pour  montrer  la  disposition  des 
mailles  de  ce  réseau.  —  Fig.  2,  Taonurus  ultimur  Sap.,  et  Mar.  fragment  de 
phyllome  ou  partie  de  l'ancien  organisme  naturellement  moulé  et  détaché,  d'après 
un  échantillon  d'Alcoy  recueilli  par  M.  le  professeur  Vilanova;  grandeur  natu- 
relle ;  2» ,  l'un  des  bourrelets  légèrement  grossi,  pour  montrer  l'exacte  disposi- 
tion des  costules  superficielles  et  leurs  anastomoses.  —  Fig.  :*,  môme  échantil- 
lon vu  par  la  face  opposée,  montrant  en  a  la  trace  d'une  cicatrice  ou  peut-être 
d'une  cavité  superficielle;  grandeur  naturelle  ;  3a ,  détails  du  réseau  superficiel, 
considéré  dans  l'intervalle  des  deux  bourrelets,  as^ez  fortement  grossis. 

PLANCHE  V 

Fig.  1  et  2,  Taonurus  ultimus  Sap.  et  Mar.,  les  deux  côtés  d'un  seul  et  même 
échantillon  offrant  le  moule  naturel  et  détaché  d'une  terminaison  supérieure  de 
l'ancien  organisme;  grandeur  naturelle.  On  distingue  en  a  et  en  b  deux  bourgeons 
ou  bases  de  ramifications,  décrits  dans  le  texte,  et,  en  e,  la  trace  d'une  cicatrice  ou 
peut-être  d'une  cavité  superficielle. 

PLANCHE  VI 

Fig.  l,  Taonurus  ultimus  Sap.,  autre  échantillon  provenant,  comme  les  précé- 
dents, du  gisement  d'Alcoy  et  montrant  une  notable  partie  de  l'ancien  organisme, 


302      D1-;    SAHBAÏ1    D'ALL&RU.  —  ENVIRONS    DE    l'ONT-SAINT-BSPHIT.    21    fév. 

terminé  dans  le  haut  et  tronqué  i  l'extrémité  inférieure,  pourvu  en  a  d'une  rami- 
Ucation  tronquée  un  peu  au-dessus  de  son  origine;  grandeur  naturelle.  —  Fig. 
s,  Spo'igtliumtirplLfi  iberica  Sa|i.,  fragment  naturellement  moulé  et  détaché  d'une 
terminaison  supérieure  de  l'ancien  organisme  montrant  en  a  une  proéminence 
cylindrique  et  tronquée,  répondant  soit  à  un  oscule  suit  à  un  bourgeon  latéral  ; 
d'après  un  échantillon  recueilli  par  M.  Vilanova  dans  le  gisement  d'Alcoj  ;  gran- 
deur naturelle.  —  Fig.  3,  autre  échantillon  de  la  même  espèce,  pourvu  de  trois 
bourgeons  ou  bases  de  ramifications  latérales,  situés  au-dessus  de  la  partie  ter- 
minale répétée  par  coté,  même  provenance  ;  grandeur  naturelle. 

PLANCHE  VII 

Fig.  1,  Ttiinurm  ructttiait  Sap.,  phyllome  reconstitué  d'après  un  moule  eu  relief 
de  la  cavité  laissée  dans  la  roche  par  l'ancien  organisme,  montrant  en  a  un  résidu 
informe  placé  de  manière  à  couvrir  une  partie  du  rebord  de  gauche,  et,  en  6  et  t, 
deux  ramifii'a lions  latérales  implantées  sur  le  bourrelet  de  droite  ;  grandeur  na- 
turelle. —  f-'ig.  I,  autre  échantillon  de  la  même  espèce,  d'après  le  moule  en  re- 
lief d'une  autre  cavité,  montrant  l'organisme  presque  entier,  lea  ramifications  et  les 
anaetomes  qui  sortent  du  bourrelet  marginal  à  droite  ;  grandeur  naturelle. 

M.  Parran  présente  la  note  suivante  : 

Matériaux  pour  servir  à  lexplication  de  la  Carte  géologique 
des  environs  de  Pont-Saint-Esprit, 

Par  L.  de  Sarran  d'Allard. 

{Résumé). 

PI.  VIII. 


1887.      DE   SARHAN  D'ALLAH!).  —  ENVIRONS   DU   FOJT-SAINT-KSI'RIT.      303 

par  celle  carie.  Aussi,  commencées  en  1880,  les  explorations  sur  le 
terrain  n'ont  été  terminées  qu'en  1884. 

La  carie  au  ■——■  étanl  souvent  insuffisante,  nous  nous  déci- 
dâmes à  la  faire  agrandir  au  double,  par  les  procédés  photogra- 
phiques. Enfin,  grâce  à  la  généreuse  intervention  de  M.  le  général 
Perrier,  membre  de  l'Institut,  j'ai  obtenu  du  Ministère  de  la  Guerre 
une  amplification  au  40.000e  de  la  planimétrie  el  des  courbes,  d'un 
fragment  de  la  feuille  d'Orange,  correspondant  à  la  carie  en  hachures, 
qui  m'avait  jusqu'alors  servi  de  minute. 

Nous  ne  reviendrons  pas  sur  la  partie  bibliographique,  qui  a  été 
traitée  avec  détail,  tant  dans  mon  mémoire  du  9  juin  1881  que 
dans  des  communications  faites  à  la  Société  scientifique  et  littéraire 
d'Alais  (1)  et  à  la  Société  d'étude  des  sciences  naturelles  de  Nimes  (2). 

Nous  signalerons,  cependant,  comme  ayant  trait  à  la  région  qui 
nous  occupe,  les  ouvrages  suivants,  publiés  depuis  notre  premier 
travail  : 

1884.  Torcapel.  —  Aliuvions  tertiaires  et  quaternaires  du  Gard  et  de  l'Ardèchc. 
{Bull.  Soc.  et  se.  nat.%  t.  XII). 

1884.  Torcapel.  —  Étude  des  terrains  traversés  par  la  ligne  de  Nimes  à  Givors. 
fRrcne  se.  nat.  Montpellier). 

18S5.  Carestl  Vasseur.  —  Carlo  géologique  de  France  au  .^otûi  ieuille  XII. 
Valence  N.O.  (Voir  Uult.  Soc  gèol.  />•.,  XII,  1884;  XIII,  1883;. 

1883.  Funtannes.  —  Le  groupe  d'Aix  dans  le  Dauphiné,  la  Provence  et  le  Bas* 
Languedoc.  (Étude  VIII.) 

Les  rectifications  apportées  à  ma  notice  précitée  sont  les  suivantes  : 
Les  groupes  de  Vitrolles  et  de  Curques,  qui,  pour  M.  Mathcron  (3) 
font  encore  partie  du  Crétacé,  étant,  pour  d'autres  géologues,  les 
représentants  de  l'Ëocène  inférieur,  et  même  de  l'Éocène  muyen,  le 
tableau  synoptique  (p.  627)  aurait  été  plus  exact  si,  au  titre  de 
«  Crétacé  supérieur  lacustre  »  j'avais  ajouté  la  mention  «  et  Tertiaire 
lacustre  prêsextien  »,  ainsi  que  je  le  fais  observer  dans  ma  note 
de  1885.  En  eflet,  MM.  Fontannes  et  Roule  rangent  le  calcaire  à 
Planorbis  pseudoammonius  (PI.  p&eudorolundatus,  Math.)  dans  l'Ëo- 
cène moyen. 

J'ai,  en  outre,  à  signaler  deux  erreurs  matérielles,  qui  m'ont 
échappé  lors  de  la  correction  des  épreuves.  Ainsi,  page  593,  une 
transposition,  dans  la  coupe  de  Brouzet  au  Serre-Rouge,  me  fait 
indiquer  lAlaisien  el  ses  deux  zones,  tandis  qu'au  contraire  les  argiles 
ozégiennes  remplissent  le  bas-fond  de  la  plaine»  Il  faut  donc  lire  : 

(\j  Cette  note  n'a  pas  encore  paru.  (Sous  presse.) 

(2)  B.  $or.  Et.  Se.  n.,  t.   14,  p.  XXXIV,  1886. 

(3)  Recherches  paléontologiques,  1878.  (Les  dernières  parues.) 


301      DB    SABBAH    D'aLLARD. —  ENVIRONS   DE    PONT- SAINT- ES  PUT.    21    fév. 

S'  Argiles  jaunâtres  et  supprimer  les  cinq  lignes  qui  suivent  ces 
deux  mots  (1).  La  seconde  est  aussi  grossière  :  le  tableau  synoptique 
porte  les  couches  à  Eckinocanus  subrottmdus  (ou  a  imprimé  à  tort 
E .  subrotundatut)  au  niveau  du  Valdonnien,  alors  qu'elles  sont  notoi- 
rement du  Turonien  ;  elles  doivent  donc  être  descendues  vis-à-vis  des 
grès  d'Cchavx.  Je  dois  mes  remerciements  à  M.  Fallol,  qui  a 
signalé  celle  irrégularité  en  publiant  sa  thèse  de  doctorat  (2). 

J'ajouterai,  en  outre,  que  la  couche  de  Bézut  à  Cyctopkorta  hetici- 
forints,  Math.  sp.  (l'aludina)  (3)  se  retrouve  aux  environs  de  Brouzet 
et  de  Navacelles  ;  les  fossiles  que  nous  avons  communiqués  à 
M.  Houle  ont  permis  à  notre  excellent  confrère  de  reconnaître  les 
types  de  Rognac  (¥). 

H- 
DESCRIPTION  GÉOLOGIQUE. 

1    TERRAIN    CHÉTACÉ. 

Les  terrains  crétacés  ayant  fait  l'objet  d'une  étude  très  détaillée, 
dans  ma  notice  de  1884,  nous  les  passerons  rapidement  en  revue  : 

{1)  Quant  à  l'épaisseur,  elle  ne  saurait  l'Ire  évaluée. 

(2)  M.  Fallol  ayant  cru  devoir  critiquer  ma  classification  du  Gauli  ei  du  Céno- 
manien  dans  la  Drame,  qui  n'est,  ainsi  que  l'indique  l'en-(éle  du  tableau,  que  le 
résumé  des  coupes  levées  tant  par  MAI.  Hébert  et  Carez  que  par  nous,  je  remet- 
trai à  une  étude  ultérieure  la  comparaison  des  terrains  de  Saini-Paul-Trois- 
CliSleaui,  les  seuls  que  j'ai  étudié',  avec  ceui  du  Saint-Esprit.  La  colonne  Drùme 


1887.      DE   SARRAU  D'ALLARD.  —    ENVIRONS   DE   PONT-SAINT-ESPRIT.      305 

4.   Groupe  urgo-àptien.  —  Cet  élage  se  divise  en   trois  zones, 
savoir  : 

3.  Aptien  supérieur,  marnes  bleues  &  B,  semicanaticulatus  —  c3. 

t.  Aptien  inférieur,  calcaire  à  Os  t.  aquila  —  c*. 

1.  Donzérin,  calcaire  corail igèoe  à  Chôma  ammonia  —  c*d. 

a. —  L'horizon  inférieur  couvre  tout  leN.-O.  de  la  carte  depuis  les 
bois  d'Orgnac  jusqu'à  ceux  de  Saint-Martin  et  de  Saint-Marcel-d'Ar- 
dèche;ses  limites  sont  très  découpées.  C'est  ce  terrain  massif  qui 
forme  le  canon  si  pittoresque  de  l'Ardèche,  jusqu'à  Vallon  ;  il  cons- 
titue à  Saint-Martin  de  petits  îlots  sortant  de  dessous  les  terrains  de 
transport;  il  affleure  également  dans  le  bas-fond  de  Rodières  et  au 
petit  mas  de  Toulair:  ces  deux  affleurements  sont  dus  à  des  failles. 

à.  —  L'Aptien  inférieur  ou  Rhodanin  (i),  se  présente,  souvent 
interrompu  par  des  failles,  ou  par  des  recouvrements  postérieurs 
le  long  de  la  lisière  méridionale  et  orientale  du  massif  donzérien, 
tant  à  Laval-Saint- Roman  qu'à  Saint-Marcel-d'Ardèche. 

11  forme  des  îlots  au  milieu  des  alluvions  du  ruisseau  d'Aiguèze; 
il  existe,  également,  au-dessus  des  lambeaux  urgoniens  de  Rodières. 
c  —  L'Aptien  supérieur  se  rencontre  partout  au-dessus  de  la  zone 
inférieure.  Dans  le  lit  de  la  Canaux,  il  affleure  sous  les  argiles  et 
calcaires  lacustres.  On  en  retrouve  une   bande  dans  le  creux  de 
Rodières,  entre  Saint-Christol  et  Salazac;  il  sépare  les  sédiments 
lacustres  d'issirac,  d'une  part,  et  ceux  de  Cornillon,  de  l'autre.  Ces 
marnes  apliennes,  avec  le  calcaire  intérieur  et  l'Urgonien  forment 
un  pli  anticlinal  ou  voûte    rompue  que  la  formation  lacustre  est 
venue  combler.  Sous  Salazac,  les  mômes  marnes  reposent  sur  l'Ap- 
tien  inférieur,  tandis  qu'au  S.-O.  du  môme  village,  elles  butent  par 
faille  contre  TUrgonien  ou  le  calcaire  à  Ostrea  aquila.  Un  autre  lam- 
beau existe  au  Grand-Déballen,  dans  le  ruisseau  de  Cabaresse. 

A  Saint-Marcel,  on  le  retrouve,  aussi,  aux  quartiers  de  Trignan, 
de  Lérat,  et  au  Pradel,  où  il  est  recouvert  par  des  coucbes  lacustres 
et  marines  :  Aquitanien,  et  Helvétien,  d'après  M.  Fontanne  (-2). 

2.  Gault.  —  Nous  reconnaissons  dans  le  Gault  trois  sous-étages  : 

3  Gault  sableux.  Sans    fossiles.  C  6 

2  Gault  fossilifère  à  A.   'Hoplites)  nuritus  G  5 

l  Grès  et  calcaires  à  Discoidea  et  Orùitolmes.  C  4 

a.  —  Nous  avons  fait  connaître,  dans  notre  précédent  travail,  les 

(1)  Je  ne   prétends  nullement  faire   de  cette  zone  l'équivalent  exact  du  Rhoda- 
nien (Renevier). 
(t)  Luc.  cit.  et.  VIII  p.  31.  32. 

XV.  20 


306      DE   9ABBAB    o'aLLAIO.  —    EU  VIRONS   DE    FDHT-SAIHT-ESPHIT.   21    ttw. 

raisons  pour  lesquelles,  d'accord  avec  MM.  Parran  et  Torcapet,  nous 
rangions  dans  le  Caull,  comme  l'avait  fait  E.  Dumas,  les  grès  à  Orbi- 
tolines  et  à  Oursins,  rapportés  à  l'Apiien  par  M.  Carez  (1). 

Cet  étage  surmonte  constamment  l'Apliun  supérieur;  c'est  ainsi 
que  sur  les  communes  de  Laval,  Aiguôze,  Saint-Julien,  Salazac, 
Saint- Christol,  Cornillon,  Saint-Laurent  et  Saint-André,  il  couronne 
es  escarpements  marneux  et  forme  une  série  de  monticules.  Dans 
l'Ardècbe,  on  le  trouve  au-dessus  des  divers  lambeaux  aptiens  qui 
figurent  aux  environs  de  Saint-Marcel.  C'est  là  que,  vers  Saint- 
Éti  en  ne-  de-Dion  s,  il  est,  à  son  tour  recouvert  par  les  sables  verts  et 
grès  sans  consistance  de  Bransas,  {Bel.  semicanaliculatus,  uttîmtm, 
bruntwickensis)  signalés,  pour  la  première  fois,  par  M.  Carez.  Mal- 
heureusement, nous  n'avons  pu  retrouver,  au-dessus  de  cette  zone, 
le  vrai  Gault  fossilifère.  Dans  tous  les  cas,  elle  est  sans  importance 
et  doit  être  rattachée  à  l'assise  dont  il  s'agit  ici  (2). 

Un  paquet,  peu  important  à  la  vérité,  de  calcaire  à  Orbitolines, 
est  plaque  sur  la  lèvre  N.-O.  de  la  faille  de  Carsan,  qui  met  le  grès- 
vert  en  contact  avec  les  lignites  paulétiens. 

b.  —  Le  vrai  Gault  forme,  au-dessus  de  la  zone  précédente,  un 
petit  filet  de  CSOà  2  mètres.  Cette  bande  est  continue,  aussi,  n'en  don- 
nerons-nous pas  les  contours,  puisqu'ils  sont  les  mêmes  que  ceux 
du  Gault  inférieur.  Elle  a  été  mise  en  lumière  par  les  travaux  d'ex- 
ploitation du  phosphate  de  chaux,  à  Salazac,  Saint-Julien,  Sainl- 
Christol  de  Roiiières;  ce  dernier  minéral  se  trouve  disséminé  à  l'état 
de  nodules,  les  fossiles  eux-mêmes  sont  convertis  en  cette  snbstance. 
Les  gisements  les  plus  importants  sont  an  quartier  de  la  Dame,  de 
Méze,  Cassagnols,  Laubarède,  Caharesse,  du  Tronc  et  de  Serre-Méjean. 


MH.      DE   SAURAI!   d'àLLARD.  —  ENVIRONS   DB   PONT-SAINT-ESPRIT.      907 

a.  —  Cet  horizon  vient  au-dessus  du  Gault  sableux,  il  occupe  une 
surface  assez  considérable  sur  chacune  des  communes  où  nous  avons 
signalé  l'étage  précédent. 

b.  —  Le  Génomanien  proprement  dit,  ou  niveau  de  Sainte-Cathe- 
rine, se  trouve  en  général  partout  où  nous  avons  signalé  le  Vraco- 
nien,  auquel  il  est  intimement  lié  par  la  base.  Cependant  il  perd 
ses  caractères  et  disparaît  à  partir  de  Cadenet  (Saint-Laurent)  vers 
Gornillon  et  Saint-André. 

c.  —  Le  Génomanien  supérieur  forme  au-dessus  de  l'étage  précé- 
dent une  bande  de  80  à  100  mètres,  très  régulière  et  surtout  très 
distincte,  sauf  depuis  Valbonne  jusqu'à  Saint-André,  où  elle  cesse 
complètement. 

Outre  trois  îlots  qu'il  forme  au-dessus  du  Rhotomagien  et  du  Vra- 
connien,  on  trouve  un  autre  lambeau  de  Tavien,  au-dessus  de  la  zone 
à  Orbitolina  concava,  butant  par  faille  contre  le  Paulétien.  Un  second 
lambeau  est  également  mis  à  jour  par  une  cassure,  entre  le  Chapelas 
et  Grange-Neuve.  Dumas  qui,  d'ailleurs,  a,  assez  bien,  délimité  cet 
étage  sur  sa  carte,  indique  ce  dernier  comme  entouré  de  tous  côtés 
par  le  Turonien. 

*•  Le  terrain  Turonien  fait  suite  au  Génomanien,  nous  y  distin- 
guons trois  zones. 

3.  Angoumien,  zone  supérieure  d'Uchaux,  Trigonii  scabra  C  12 
t.  Ligérien  —    inférieure         —  Inoceramut  libialus  Cil 

1.  Pnvdèlien  Lignites  de  Saint-Paulet  et  Carsaa       C  10 

û.  — Cet  étage  est  entièrement  constitué  par  la  formation  fluvio- 
marine.  Nous  ne  répéterons  pas  nos  conclusions  de  1884,  qui  per- 
mettent de  regarder  ces  couches  comme  des  dépôts  d'estuaire, 
amenés  par  un  retrait  peu  important  de  la  mer. 

Sur  la  carte  géologique,  il  constitue  deux  lambeaux  :  celui  du 
Nord  part  des  environs  de  Saint-Julien,  passe  à  Saint-Paulet  et  finit 
près  de  Pont-Saint-Esprit.  Le  2e  est  limité  par  le  pli-faille  de  Carsan. 
Au  sud,  il  s'étend  depuis  Blachère  et  Belair,   au   nord   de  Saint- 
Alexandre,  jusque  vers  le  signal  Pignôre  ou  de  Chapelas  (322  m).  Puis 
il  se  poursuit  au-dessus  du  Cénomanien  de  Saint-Laurent,  jusqu'au 
delà  du  ruisseau  de  Rodière,  vers  Cornillon  et  Saint-André.  Nous  le 
retrouvons,  encore,  à  Saint-Just,  sur  les  berges  du  Rhône,  où  il  est 
exploité  au  Banc-Rouge. 

La  constitution  de  cet  étage  est  très  complexe  :  nous  devons  à  l'o- 
bligeance de  M.  Duny,  ingénieur  des  mines  de  Saint-Panlet,  la  com- 
munication de  la  coupe  du  puits  le  plus  récemment  foré,  il  porte 
le  n°  5,  sur  le  plan  de  la  Compagnie.  On  l'a  foncé  non  loin  de  la 
grange  dite  du  Mas. 


308  DE   8ARHAN    D'aLLABD.  —  ENVIRONS  DE   PONT-SAINT- ESPRIT.    21    fév. 

Elle  est  la  suivante  : 

Stérile  Caution 

10  terre  végétale 4,10  \ 

10  calcaire  donnant  de  la  chaux  grasse t,K 

18  calcaire  marneux 

17  calcaire  dur 

le  marne  grise 

»e  calcaire  blanc 

14  marne  sablonneuse  fossilifère 

13  calcaire  blanc  tendre 

ît  charbon  (mauvais lignite) 

11  calcaire  gris 

10  calcaire  gris  dur 

0  marne  noirs 

s  calcaire  bleu  très  dur 

t  marne  sableuse  grise 

e  calcaire  dur 

s  Ui/niU  ou  charbon,  couche  ci 

*  calcaire  coquillier 

s  Hgniti  ou  charbon,  couche  n*  * ,  . 

ï  calcaire  gris 

i  lignite  on  charbon,  couche  n°  3 


Profondeur  totale  du  puits *5,<5 

C'est  aussi,  grâce  au  concours  de  notre  excellent  confrère  du  Saint- 
Esprit,  que  nous  avons  pu  tracer  sur  notre  carte  l'affleurement  des 
3  couches,  qui,  vu  le  peu  de  dislance  qui  les  sépare  l'une  de  l'autre, 
ne  forme  qu'une  seule  ligne,  tant  du  côté  de  Saiut-Paulet  que  de 
celui  de  Carsan.  Cette  ligne  est  souvent  brisée  par  des  rejets  ou  des 
cassures  qui  font  perdre  la  trace  du  lignite,  soit  vers  Mézerac  et  le 


1887.      DE    SARRAU   D'ALLARD.    —   ENVIRONS  DE   PONT-SAINT-ESPRIT.      309 

roque  ;  il  repose  sur  le  Paulétien  de  Talazargues  où  une  couche  de 
lignite  a  donné  lieu  à  une  ancienne  exploitation  et  se  continue  jus- 
que sous  la  montagne  où  se  trouve  bâti  ce  village.  Au  N.  du  Saint- 
Esprit,  on  rencontre  trois  autres  ilôts,  l'un  à  la  butte  Saint-Pan- 
crace dont  la  base  S.-O.  est  constituée  par  le  Paulétien  supérieur 
(couches  à  Ostracées),  le  2*  à  Lamartine,  près  le  Pont-d'Ardèche,  et  le 
dernier,  qui  forme  la  berge  du  Rhône,  s'étend  depuis  la  Barandonne 
jusqu'à  la  citadelle. 

c.  —  V Angoumien  se  lie  intimement  par  la  base  au  Ligérien,  aussi, 
en  beaucoup  d'endroits,  la  séparation  est-elle  arbitraire;  cette  limite 
part  du  massif  de  Saint-  Alexandre  jusqu'au  Lacustre  deSaint-  Michel; 
250  mètres  plus  loin  cet  étage  réapparaît  et  se  continue  jusqu'au- 
delà  de  Cornillon,  vers  Saint- André.  Il  domine  les  assises  ligériennes 
que  nous  avons  signalées  tant  à  La  Roque  et  Saint-Sauveur,  qu'à  la 
butte  Saint-Pancrace. 

5.  —  Crétacé  supérieur.  —  Au-dessus  de  r Angoumien,  vient  le 
Crétacé  supérieur  marin.  Nous  avons  adopté  les  divisions  suivantes  : 

t.        Calcaires  à  Hippurites  (Sénonien  supérieur)  C14  etC146. 

i.         Couches  à  Ostrea  mornasiensis[ Sénonien  inférieur).     C'*etC136. 

A.  —  Ucétien.  —  Nous  ne  reprendrons  pas  ici  la  discussion  par 
laquelle  nous  avons  établi  la  présence  des  grès  de  Mornas,  c'est-à- 
dire  de  l'Ucétien,  dans  la  région  qui  nous  occupe,  ainsi  que  les  rai- 
sons pour  lesquelles  le  Mornasien  de  môme  que  le  Gardonien,  créés 
à  tort  par  Coquand,  doivent  disparaître  de  la  nomenclature.  —  Dès 
1884,  nous  y  avons  reconnu  2  assises,  également  séparées  sur  la 
carte.  —  Il  nous  reste  à  dire  un  mot  de  l'aire  géographique  des  grès 
de  Mornas. 

Le  lambeau  le  plus  septentrional  est  celui  de  Saint-Pancrace  (Ucé- 
tien inférieur?)  11  est  analogue  à  celui  qui  affleure  à  la  colline  de 
Barry,  sous  la  Mollasse  de  Sainte-Juste,  sur  la  rive  gauche  du  Rhône. 
Mon  avis  est  partagé,  je  le  vois  avec  plaisir,  par  M.  Torcapel  (1). 

Quand  à  l'affleurement  de  la  combe  d'Arnave,  contrairement  à 
ma  première  opinion,  les  2  zones  de  l'Ucétien  y  existent,  bien  que 
le  contact  de  l'Angoumien  et  des  grès  de  Mornas^  entre  l'Arnave  et 
Saint-Alexandre,  nous  paraisse  avoir  lieu  par  faille,  grossièrement, 
parallèle  à  celle  de  Carsan  et  à  celle  de  Noyères,  près  Bollène  (2). 

Recouvert,  en  partie,  par  le  lacustre  de  Garcanon,  l'Ucétien  avec 
ses  2  zones,  apparaît  depuis  Saint-Laurent  jusqu'à  Cornillon  et  au 

(1)  Loc  cit.  p.  40-41. 

(2)  Cet  accident  (N.  70°)  met  le  calcaire  à  Hippurites  en  contact  avec  l'Angou- 
mien et  même  le  Ligérien. 


310      DE    SARRAN   D'ALLAKD.  —    ENVIRONS   DE  FONT-SAINT-ESPRIT.    21    fév. 

delà  ;  elles  se  retrouvent  à  la  butte  Saint-Sauveur  et  &  la  montagne 
de  la  Roque. 

B.  —  Calcaires  à  Bippurites.  —  Dans  notre  premier  mémoire  nous 
avons  admis  deux  niveaux  dans  cet  étage. 

2.  Calcaire  supérieur  (fossiles  dn  plan  d'Aups)  C'*6. 

i.        —        inférieur  (H.  corwvaccinum,  orgamians)  C", 

Le  calcaire  a  Hippurites  affleure  dans  la  partie  sud,  seulement,  du 
canton  du  Saint-Esprit  ;  on  ne  te  trouve  ni  au  Banc-Rouge,  comme 
l'a  prétendu  Dalmas  (itinéraire  du  géologue  dans  l'Ardèche,  1872, 
p.  132, 133)  ni  à  la  butte  Saint-Pancrace.  Par  contre,  cet  étage  cous- 
titue,  au-dessus  de  l'Ucétien,  la  majeure  partie  des  communes  de 
Saint- Laurent,  Saint-Michel,  Saint-Gervais,  Saint-Nazaire,  Venéjaa, 
Saint-Etienne  elSaint-Alexandre(crelede  lloquebrune  et  Frigoulas); 
enfin,  il  occupe  le  sommet  de  la  colline  de  la  Roque,  ou  il  forme  la 
cascade  du  Sautadet  (Saut  de  la  Cèze)  et  constitue  tout  le  mamelon 
qui  sépare  le  moulin  de  la  Roque  de  Saint-Michel. 

Quant  à  la  zone  supérieure,  elle  n'apparaît  qu'au  centre  du  fond 
de  bateau  formé  par  1b  massif  du  Venéjan,  S;iinl-Nazaire,  Bagnols  et 
te  sommet  de  la  Roque. 

C.  —  Crétacé  supérieur  lacustre  et  tertiaire  prétextien, 

Dans  notre  précédent  travail,  nous  avons  admis  pour  le  groupe 
Inférieur  lacustre  les  divisions  établies  en  1878,  par  M.  Aîatheron 
pour  la  Provence. 

Personne  ne  conteste  l'âge  crétacé  des  3  zones  inférieures  (Val- 
donue,  Fuveau,  ttognac). 


1987.      DE  BARRAN  d'aLLARD.   — •    ENVIRONS  DE  PONT- SAINT-ESPRIT.     311 

U  découverte  des  Hippurites  faite  par  EL  Damas  (1)  et  confirmée 
par  H.  Fallot,  nous  a  donné  raison  dans  le  classement  de  ces  cou- 
ches an  sommet  du  Crétacé,  tandis  que  notre  savant  prédécesseur  et 
M.  Torcapel  rangeaient  ces  lignites  dans  le  Tertiaire. 

Noos  donnons,  au  chapitre  des  coupes,  la  succession  assez  diffi- 
cile à  établir  dans  ces  couches,  qui  sont  recouvertes  par  les  alluvions 
«tla  terre  arable  et  dont  le  gîte  charbonneux  est  épuisé.  Aussi  n'y 
avons-nous,  encore,  pu  rencontrer  aucun  fossile. 

Hous  avions  rangé,  provisoirement,  dans  cette  assise  les  sables  et 
argiles  sans  lignites  qui  reposent  sur  le  Crétacé  supérieur  à  Vagnas 
(ctlcaire  à  Hippurites  et  à  Cornillon  (grès  de  Mornas).  Peut-être 
faudrait-il  les  classer  dans  le  Tertiaire  inférieur,  au  niveau  des  sables 
giysériens  de  Barry  près  Bollène,  comme  Ta  fait  M.  Fontanne  ? 

Le  dépôt  lignitifère  forme  deux  bassins  :  le  premier  et  le  plus  con- 
sidérable occupe  le  bas-fond  de  Vénéjan,  le  plus  petit  correspond  à 
la  dépression  de  Saint-Nazaire ;  tous  deux  ont,  grossièrement,  la 
forme  d'une  aile. 

lie  Garumnien  manque  totalement  dans  notre  canton  :  je  ne  l'ai 
trouvé,  jusqu'ici,  qu'à  Bezut  et  à  Navacelles  près  Brouzet.  En  ces 
dew  endroits,  il  est  recouvert  par  le  Vitroilin,  Faut-il  y  rattacher 
les  argiles  rutilantes  qui  se  retrouvent  au-dessous  du  Sextien  infé- 

• 

rieur  et  faut-il  admettre  que  les  calcaires  qui  les  surmontent,  en 
certains  endroits,  représentent  le  niveau  de  Montaiguet  et  de  Cu  - 
qoes?  C'est  ce  que,  seule,  la  découverte  des  fossiles,  si  rares  et  si  mal 
conservés  à  ce  niveau,  peut  décider. 

2.  terrain  lacustrg  siiXTiEN  (P.  de  Rouv.  émend.y  E.  Durn.) 

Nous  avions,  dès  1884,  divisé  le  Sextien  en  trois  zones  qui  corres- 
pondent à  celles  établies  par  M.  Fontanne  dans  son  récent  travail 
sur  le  groupe  d'Aix  : 

S.  Sextien  supérieur  —  Ligurien  gtipérieuret  Tongrien  inférieur?  S* 
2.      —       moyen  —  Ligurien  inférieur  S* 

1.      —       inférieur  —  Bartonien  (Uzégien,  pp.)  S1 

a.  Bartosien.  —  L'étage  inférieur  a  presque  toujours  une  base  dé- 
tritique rubigineuse,  qui  se  compose  de  cailloux  roulés,  et  d'argiles 
multicolores,  elles  se  lientaux  argiles  rutilantes  du  Garumnien,  dont 
il  est  impossible  de  les  distinguer,  surtout,  lorsque  l'horizon  du 
Montaiguet  et  de  Cuques  manque,  ou  n'apparaît  pas,  ou  ne  renferme 

(1)  Loc.  cit.  II.  p.  508. 


312      DR   SARRAN    d'aI.LÀRD.    — ENVIRONS   DE   FONT-BAIHT-KSPH1T.  21    féï. 

pas  de  fossiles.  Aussi,  M.  Fontanne  a-t-il  pris  le  parti,  provisoire 
du  reste  (1),  de  grouper  dans  le  Barlonien  toutes  les  argiles  rubé- 
fiées iufraseztien&es.  Nous  croyons  devoir  nous  ranger  à  cet  avis, 
jusqu'à  plus  ample  informé.  Aucune  argile  rouge  n'a  fourni  de 
fossiles,  soit  à  mon  excellent  confrère  de  Lyon,  soit  à  moi-même. 

Le  Sextien  inférieur  ne  forme  pas  une  bande  continue  le  long  des 
affleurements  du  calcaire  lacustre.  Ainsi,  il  ne  s'observe  dans  le 
grand  massif  d'Issirac  que  vers  le  Garu,  Laval  et  Saint-Christol,  et 
au  sud,  à  Coulon,  Sauvan  et  Ruines.  11  constitue  le  lambeau  d'Hu- 
lias  ;  sur  ie  pâlis  de  Salazac,  il  apparaît  au  Nord-Ouest  de  la  Char- 
treuse ;  on  le  retrouve,  aussi,  sur  les  Ilots  de  Cadenet,  de  Coruillou, 
du  Palis  de  Privât  et  d'ivaguas,  de  Gubernat,  Sorbevret  et  Car- 
canon,  près  Saint-Laurent  de  Carnols,  et  sur  les  pitons  de  Laroquo. 
Quant  à  sa  puissance,  elle  est  extrêmement  variable  (1  à  30  mètres). 

b.  Sextien  moïbn.  —  Le  Sextien  moyen  correspond  au  Ligurien 
inférieur  de  M.  Fontanne  il  affleure  depuis  le  Garu  jusqu'à  Pante- 
couste,  où  il  repose  sur  les  divers  étages  de  l'Aptien,  du  Gault  et  du 
Vracoonien,  vers  Saint-Christol;  il  constitue  la  base  du  plateau  d'Is- 
sirac qui  est  séparé  de  celui  de  Coruillou,  par  les  marnes  à  B.  semi- 
cana/iculatus,  le  calcaire  à  Oslrea  aquila  et  même  l'Urgonien,  vers 
Saint-André  de  Roquepertuis;on  le  rencontre,  également,  au-dessus 
de  tous  les  Ilots  signalés  à  propos  du  Sextien  inférieur. 

Le  Lacustre  moyen  a  une  composition  minéralogique  moins  com- 
plexe que  celle  du  Sextien  inférieur,  dans  lequel  nous  classons  les 
gypses  nzégiens  de  Laval,  de  Coulon  et  de  Gales  qui,  rangés,  d'a- 
bord, dans  le  Bartonien,  ont  été  rapportés  par  M.  Fontanne  à  la  base 
du  Ligurien.  D'ailleurs,  comme  les    argiles  auxquelles  ils  se  lient 


1887.     DK  SARBAW   DVALLARD.   —  ENVIRONS  DE   PONT- SAINT-ESPRIT.      313 

orpucenrit,  S.  echinonocarena,  S.  ostrogallica,  S.  pycnoptycha,  S.  vardinica; 
Jacquotia  {melania)  diestopleura,  J.  apirospira,  J.  sphecodes;  Melanoides  Dumasi 
(m.  albigeiuis,  var.)  Af.  occitanictu;  Nystia  Daxi;  (  K,  plicata,  N.);  Melanopsis 
aerolepta;  Neritina  cryptospirodes  ;  Limita  galesensis  (L.  elongata);  Limnea  cf. 
longùcata  (L.  ostrogallica  var.)  acuminataf  (L.  euzetensis,  var.)  Planorôis  cera- 
toides  (PL  courpoilensis)  ;  C.  Hydroàia  celasensù  (H.  pyramidalis,  v.),  Cyrena 
Dumarii,  C.  Carezi,  C.  platyptycha,  C.  retracta  ;  Spherium  Berleraum. 

Soit,  sur  28  espèces,  26  nouvelles,  décrites  par  le  savant  paléonto- 
logue de  Lyon. 

L'épaisseur  du  Sextien  moyen  varie,  ainsi  que  nous  l'avions  indi- 
qué dans  notre  premier  mémoire,  entre  40  et  100  mètres. 

Cet  étage,  surtout  dans  la  zone  moyenne,  fournit  la  pierre  détaille 
dite  de  Barjac,  c'est  l'horizon  du  gypse  de  Cornillon,  de  l'asphalte 
de  Saint-Jean,  des  schistes  à  Atherina  vardini*  et  Doliostrobus  Stern- 
krgii  des  environs  d'Alais.  C'est  aussi  le  niveau  des  Palœotherium  de 
Barjac  et  de  Saint-Hippolyte,  des  lignites  d'Avéjan  et  des  sources 
sulfo-bitumineuses  de  la  région. 

c»  Sextien  supérieur.  —  Cet  étage  correspond  au  Ligurien  supé- 
rieure!, peut-être  au  Tongrien  inférieur  de  Fontanne.  Il  débute,  le 
plus  souvent,  par  une  zone  détritique,  peu  importante  et  discontinue 
assez  analogue  à  celle  du  Bartonien  (10  à  25  mètres).  On  la  rencontre, 
entre  Laval  et  Issirac  et  vers  Barjac. 

Au-dessus,  se  présente  une  longue  série  de  calcaire  d'abord  mar- 
neux, puis  compacte,  généralement  gris  ou  blanchâtre,  quelquefois 
noirâtre  (le  Pâtis  et  Barjac).  A  ce  calcaire,  se  subordonnent  de 
minces  filets  charbonneux  et  gypseux. 

Les  fossiles  si  communs  à  Barjac  (calcaire  de  la  Yiilette  et  de  Mont- 
champ  in  Font.)  sont  assez  rares  à  Laval.  On  en  trouve  quelques-uns 
à  Issirac  et  à  Orgnac.  Ce  sont  les  suivants  : 

Vivipara  Sorinicensis  'paludinà)  ;  Hydrobia  celacensis  ;  Hélix  Hombresi,  Lira- 
nra  ostrogalUca,  L.  pyramidalis  ;  Planorbis  polycymus,  P.  Rouvillei  ;  Spherium 
Berteraux. 

Sur  huit  fossiles,  six  sont  nouveaux  et  décrits  par  M.  Fontanne. 

Au-dessus  de  ces  assises  qui,  dans  notre  région,  terminent  la  série 
lacustre,  on  rencontre  des  couches  plus  récentes  encore,  à  Barjac, 
i  Tongrien  inf.  ?). 

Ce  n'est  qu'au-dessus  de  ces  couches  que  vient  YAlaisien  à'E.  Du- 
mas, (Tongrien  sup.  ?  et  Aquitanien). 

Ces  deux  niveaux  sont  représentés  au  Nord  de  Saint-Marcel  d'Ar- 
dèche,  où,  à  Saint-Julien  de  la  Reine,  au-dessous  de  la  Mollasse,  existe 
un  lambeau  lacustre.  La  base  (Tongrien)  a  fourni  &  M.  Fontanne  :  Po- 


214      DE   8A&U»N    a'xMMB.  —  KNVIBHHS    DE    POJT-SAINT-ESrHlT.    21    féj. 

tamides  Lamarrki  «  Mettinoiden  Ltturtr,  le  sommet  présente  les  fossiles 
de  l'Aqnitanien,  (Putnmidrs  mtcrmtoma  et  Limnea  paehygaster). 

Le  Sestieo  supériour  qui,  à  Alaiset  à  Barjac.  atteint  130  mètres, 
n'arrive,  dans  la  région  d'Issirac,  qu'à  U0  mètres. 

La  Mollasse  miriae  a  Pccien  pnMdBMMClfJu  n'est  ici  représentée 
que  par  le  lambeau  de  Vin  sa  s.  De  l'autre  côté  do  Rhône,  elle  forme 
le  groupe  de  Visan. 

Le  groupe  de  Saint- Anes  (Astien,  de  Rouv.)  seul  existe  dans  la 
région  que  nous  étudions. 

X  —  Tiïtnum  PLIOCÈNE. 

Nous  diviserons  le  Pliocène  en  deux  étages  qui  sont  : 

1.  —  (iroupc  de  Saiut-Ariès.  Pa,  li. 

î.  —  Afliivious  pliocène;.  P. 

I.  —  Le  nnoui'E  ni'.  Sai>t-Amès  débute  quelquefois  par  ane  for- 
mation de  peu  d'épaisseur  que  je  n'ai  pas  séparée,  sur  la  carte  de 
Ponl-Sainl-F,*pril,  du  groupe  de  Saint-Aries.  C'est  l'horizon  des 
marnes  a  Ctin//>:ries(Me&*iuii!a)  que  M.  Fontanne,  eu  dehors  des  gise- 
ments de  Bollone  et  de  Th  éziers,  a  retrouvé  dans  notre  région  à  Saint- 
Monlant,  Saint-Marcel  et  Saint-Alexandre,  avec  les  fossiles  suivants  : 

ffWrino/i.«/x  Miitluv-ni  ;  Xcritïiin  Mtrnrntis  :  Coagtria  subrarinata  ,(var.  i-Ao- 
danica),  Cnntium  liallfnenu',  CJn-rt-ol'-me,   <■.   Orfwi'i,  '.'.   magiiaU-nrme, 

Au-dessus,  an  stratification  discordante,  se  présente  Y  Astien  (Plaî- 
sancien  olim  Messinien,  in.  Font.);  nous  y  avons  reconnu  deux  zones, 
ou  plutôt  deux  faciès  minéralogiques  : 


Les  marnes  sont  argileuses  ou  sableuses  bleuâtres,  très  semblables 
aux  couches  de  t'ilelvétien  moyen  (Visan.  Villeneuve,  tes  Angles:  Os- 
trea  crassissima  et  Peclen  Gentom),  avec  lesquelles  on  les  a  confon- 
dues, ainsi  que  l'a  établi  M.  Fontanne.  Ces  marnes  sont  micacées, 
elles  sont  recouvertes  par  des  sables  fins,  jaunes,  siliceux,  quelque- 
fois argileux,  qui  établissent  ainsi  le  passage  latéral  des  deux  zones. 
Souvent  les  sables  sont  convertis  en  grès  sans  consistance.  Cet 
étage  s'étend  sur  toute  la  plaine  du  Rhône  et  jusque  dans  les  vallées 
latérales  des  rivières  el  ruisseaux,  où,  d'ailleurs,  il  est  recouvert  par 
les  diverses  alluvions.  Aus-si,  sur  la  carte,  n'en  trouvons-nous  que 
des  lambeaux  fort  éloignés  les  uns  des  autres  et  mis  à  découvert  par 
les  ravinements.  Au  Nord,  il  apparaît  à  Saint- Just-Saint-Marcel,  en 


1887.     DE   SABUAK   D'ALLARD.  —  BNVIUONS   DK   P0NT-SAINT-1SPRIT.      315 

deçà  et  au  delà  des  mines  du  Banc-Kouge,  le  long  des  berges  et  sous 
les  collines  caillouteuses,  plaquées  contre  le  massif  urgo  ni  en  de 
Saint-Martin.  On  le  retrouve  dans  les  bas-fonds  d'Aiguêze,  de  Saint- 
Julien,  Saint-Pauiet,  Pont-Saint-Esprit,  Saint-Alexandre,  et,  dans  la 
vallée  de  la  Gèze,  il  forme  des  lambeaux  à  Gornillon  et  à  Saint-An- 
dré, sur  la  rive  gauche  de  la  rivière,  ainsi  que  dans  la  plaine  de  Ba- 
gnols. 

En  publiant  son  grand  mémoire  sur  les  Mollusques  pliocènes  de  la 
vallée  du  Rhône  (1),  M.  Fontanne  a  rendu  un  réel  service  à  la  paléon- 
tologie méridionale.  L'auteur  a  reconnu  que  le  Plaisancien  renferme, 
à  la  fois,  des  faunes  marines  et  saumâtres. 

Dans  les  faunes,  il  a  reconnu  6  sortes  de  faciès  qui  passent  latérale- 
ment de  l'un  à  l'autre  ;  ce  sont  : 

l.  Faluns  à  Cerithium  vulgatum,  type  de  Saint- Ariès  (Vaucluse),  se  retrouvent 

à  Saint-André,  Coruillon,    Saint- Laurent,  Saint-Alexandre,  Saint-Paulet, 

Saint-Julien-de-Poyrolas. 
î.  Sables  et  près  à  Ostrea  Barriensis,  type  de  Saint-Pierre-de-Cénos,  se  retrouvent 

à  Saint-Gervais,  Saint-Alexandre,  Bagnols,  Chusclan. 
3-  Arjrile  prise  à  Peeten  comitntus,  type  du  Buuchet,  se  retrouve  à  Saint-André, 

Saint-Just,  Saint-Alexandre,  Saint-Esprit,  Saint-Marcel. 

4.  Argile  grise  à  Polypiers,  type  Saint-Kesiitut,  se  retrouve  à  Codolet  (mélange 

de  3  et  4)  hors  la  carte. 

5.  Sables  jaunes  à  Loripes  leucoma,  type  de  Villedieu   (ne  se  retrouve  pas 

ailleurs). 

6.  Faciès  saumàtre  à  Potamides  Basttroti,  type  de  Thcziers,  se  trouve  à  Saint- 

Marcel,  Saint- Just,  Saint-Martin. 

I*$  couches  fluvio-marines  ou  continentales  occupent  toujours  le 
sommet  de  l'étage.  Partout  où  affleurent  les  sables  et  argiles  plio- 
cènes, on  est  sûr  de  faire  une  moisson  de  fossiles,  principalement 
dans  les  prises  d'argiles  des  diverses  tuileries  des  cantons  de  Pont- 
Saint-Esprit  et  Bagnols. 

2.  —  Alluvions  pliocènes.  —  Ces  alluvions,  qui  ont  été  séparées 
des  alluvions  quaternaires,  tant  par  M.  TorcapelqueparM.  Fontanne, 
sont  formées  par  des  «  graviers  et  sables  jaunâtres,  formant  des  ter- 
rasses qui  s'élèvent  jusqu'à  130  mètres  au-dessus  de  l'étiage;  souvent 
convertis  en  poudingues  très  résistants.  »  Les  cailloux  sont  assez 
bien  conservés   dans   les   poudingues   qui  ont  une  couleur  grise, 
tandis  que  les  galets  libres,   surtout  ceux    d'origine    siliceuse   ou 
feldspatique,  sont  très  altérés.  Enfin,    les  couebes   présentent  des 
traînées  noirâtres  (peroxyde  de    manganèse?)  L'épaisseur  (1  à  S"8) 
atteint  quelquefois,  en  Costière,  30  mètres.  La  dent  d'Elr/j/ias  meri- 

(1)  Invertébrés  du  bassin  tertiaire  du  Sud-Est  de  la  France,  1879-1880,   3  vol. 


316      DE  SARRAN    D'aLLABD.  —  ENVIRONS   DE   P0NT-SA1  NT- ESPRIT.    21    fév. 

dionalit  trouvée  à  Fournès  rapproche  ces  couches  des  alluvions  de 
Durfort.  Souvent,  les  couches  de  galets  sont  recouvertes  par  un 
lehm,  jaune  ou  rouge,  peu  épais. 

Les  alluvions  pliocènes  n'existent  qu'à  l'état  de  lambeaux,  plus  ou 
moins  considérables,  sur  les  coteaux  caillouteux  de  Saint-Marcel, 
Saint-Just  et  Saint-Martin,  où  ils  recouvrent  le  Pliocène  inférieur. 
Deux  autres  lambeaux  se  rencontrent  au  sommet  de  la  butte  Saint- 
Pancrasse.  A  l'Ouest  et  au  S.-O.  de  la  ville  du  Saint-Esprit,  on  trouve 
une  nouvelle  nappe  caillouteuse  que,  malgré  sa  faible  altitude  (ait. 
max.,  93m),  je  rapporte  &  ce  même  niveau  (1).  Le  plateau  de  Saint- 
Alexandre  est  aussi  formé  par  un  cailloutas  pliocène.  Enfin,  au  Sud 
de  ce  village,  ou  en  rencontre  un  nouveau  lambeau  sur  la  rive  droite 
de  l'Arnave.  Nous  rapportons,  aussi,  au  Pliocène,  le  dépôt  qui 
recouvre  le  calcaire  à  llippurites  sur  le  versant  oriental  des  mon- 
tagnes de  Vénéjan  et  Saint-Ëtienne-des-Sorts.  Dans  la  vallée  de  la 
Cèze,  il  en  existe  plusieurs  petits  lambeaux  ;  tel  est  celui  de  la 
Roque. 

4.  —  Terrain  quaternaire  (A'). 

11  est  d'usage  de  distinguer  les  alluvions  quaternaires  en  alluvions 
proprement  dites  et  en  alluvions  glaciaires  ;  mais,  ici,  ainsi  que  l'a 
fait  observer  M.  Torcapel,  nous  devons  grouper  en  une  seule  division 
les  alluvions  anciennes  post pliocènes. 

Ces  alluvions  ont  raviné  et  recouvert  le  diluvium  du  premier  âge  : 
elles  constituent  des  terrasses  dont  l'altitude  ne  dépasse  pas 
35  mètres  au-dessus  des  eaux  actuelles  ;  elles  sont  formées  de  galets  et 


1881.     DS   SARRAN  DALLARD.    —    ENVIRONS   DE   PONT-SAINT-ESPRIT.      317 
5.    —  ALLUVIONS  RÉCENTES   ET   POSTGLACIAIRES   (A*). 

Dans  certaines  régions,  on  peut  diviser  les  alluvions  modernes  en 
allumions  postglaciaires  et  en  alluvions  actuelles,  mais,  ici,  on  ne 
saurait  établir  cette  distinction.  Tel  est,  aussi,  l'avis  de  M.  Torca- 
pel(i). 

Tontes  les  alluvions  fluviatiles  et  paludéennes,  les  déjections  des 
ravins,  les  éboulis  sur  les  pentes,  appartiennent  à  cette  classe. 

III 
OROGÉNIE.  —  FAILLES  ET  CASSURES. 

1.  Orogénie  antérieure  au  Sextien.  —  La  description  des  divers 
étages  nous  a  amené  à  parler  des  fractures  qui  affectent  les  terrains 
des  environs  de  Pont-Saint-Esprit.  Nous  allons  les  passer  succinte- 
ment  en  revue. 

Dans  leur  ensemble,  les  couches  crétacées  de  ce  bassin,  par  suite 
dn  refoulement  latéral  et  de  toute  autre  cause  orogénique  ont  été 
comprimées  en  forme  de  grand  pli  anticlinal.  Cette  voûte  a  été  rompue 
et,  près  de  Carsan,  nous  pouvons  observer  la  conversion  de  ce 
plissement  en  un  pli-faille  rappelant  ceux  que  M.  Bertrand  nous  a 
magistralement  montrés,  aux  environs  de  Besançon,  en  1885.  Nous 
avons  vu  que,  au  Nord  de  Carsan,  vers  Fabre,  le  rejet  est  très  visible 
et  lePauïétien  bute,  successivement,  contre  leGauit,  le  Vraconnien, 
le  Rothomagien  et  le  Tavien,  tandis  que  plus  à  l'Est,  vers  la  Blache  ou, 
plusàl'Ouest,  vers  la  Vaibonne,  on  n'observe  qu'une  voûte  rompue, 
de  chaque  côté  de  laquelle  s'étendent  les  lignites  et,  plus  bas,  le  Ta- 
vien on  le  Cénomanien.  Dans  le  vallon  de  Cabaresse,  c'est  également 
nn  petit  pli  anticlinal,  précédé  d'un  synclinal  qui  met  à  jour,  sous 
le  Vraconnien,  le  Gault  et  l'Aptien. 

Une  voûte  rompue  existe  dans  le  ruisseau  de  Rodières  et  fait 
affleurer  l'Aptien  inférieur  et  l'Urgonien  ;  mais  ce  pli  a  dégénéré  en 
faille  et,  à  Toulair,  l'Aptien  marneux  est  plaqué  contre  l'Urgonien  ou 
le  calcaire  aptien.  Notons  que  les  directions  des  deux  failles  précitées 
forment,  en  se  prolongeant  l'une  avec  l'autre,  un  angle  très  obtus  :  les 
rejets  de  Carsan,  l'accident  de  l'Arnave  sont  dirigés  E.  N.  E.-O.  S.  0, 
tandis  que  la  faille  de  Toulair  et  les  petites  cassures,  qui  affectent 
l'Aptien  et  l'Urgonien  à  Laval  et  à  Saint- Marcel,  sont  orientées 
N.  O.-S.  E. 

(1)  Loc.  eil.  p.  35. 


t._i.».*  —  KH  VIRONS   DE    POST-SAINT- ESPRIT.    21    fév. 

.  ;.-fj:«iia,  les  couches  de  grès  vert  offrent,  égale- 
v>itpne  que  le  lacustre  est  venue  combler. 
,  ,,i.uat  sont  très  nombreux  :  1"  à  Vénéjan  et  Saint-Na- 
.• .  «  iwteau  sénonicn  a  conservé  les  deux  Ilots  lignitifère» 
..■ut  U  période  crétacée  ;  2°  entre  Laval  et  Saint-Chris  toi, 
....  ;  jpparall  de  chaque  coté  du  Vraconnien,  et  où  ce  der- 
>..fVrW  deux  lambeaux  lacustres;  3*  entre  Salazac  et  Sainl- 
■  -.    cV*l  à  cette  disposition  que  sont  dus  les  3  Ilots  de  Cénoma- 
ca  .t  d-.'Tjvieo  qui  couronnent  la  zone  à  Am.  i«/?a*Hs;  4*  à  Valbonne, 
e  c*iW  -t'xtien  du  Patis  a  été  amené  par  une  disposition  analogue 
du  même  étage  ;  5"  à  Cornillon,  le  lacustre  remplit  un  fond  de  ba- 
teau, formé  par  les  grès  de  Mornas.  Il  est  suivi  par  un  anticlinal,  con- 
verti,   peut-être,  en  faille,  qui  a  été  emporté  par  la  Cèze  préhisto- 


rique 


Vis-à-vis  Cornillon,  au-dessus  du  Paulétien,  les  grès  d'Uchaus 


et  de  Mornas,  ainsi  que  les  calcaires  à  Hippurites  sont  disposés  en 
synclinal,  témoin  les  dépots  sextiens  de  Laroque.  Enfin,  le  lambeau 
de  Carcanon  est  dû  a  on  plissement  identique  des  grès  de  Mornas 
et  des  grès  d'Uchaux,  au  Nord  de  Saint-Laurent  et  de  Saint-Michel. 
Les  exploitations  de  Saint-Paulet  et  du  Banc-rouge  ont  permis  de 
constater  que  les  couches  de  lignites  sont  coupées  par  des  cassures 
dont  la  direction  varie  entre  N.-S.  vrai  et  N.-S.  magnétique.  Nous 
avons  déjà  vu  que  les  berges  cénomaniennes  et  paulétiennes  de 
Saint-Just  étaient  séparées  de  la  butte  Saint- Pancrace  par  les  allu- 
vions.  Or,  ce  coteau  est  formé  par  les  grès  d'Uchaux  et  de  Mornas, 
tandis  qu'à  la  citadelle  et  le  long  des  berges  du  Rhône,  on  rencontre 
la  zone  inférieure  de  ces  mêmes  grès  dUchaux,  11  pourrait  donc  sa 
faire  que  ces  îlots  fussent  séparés  par  un  mouvement  orogénique. 


1887.     DE    SABRAI»   D'ALLARD.    —   ENVIRONS   DE   PONT-SAINT-ESPRIT.      319 

a«ssi,  la  ligne  d'émergence  des  sources  minérales  d'Euzet  et  des 
Fumades.  Les  cassures  qui  ont  brisé  l'îlot  molassique  de  Saint-Julien 
de  la  Reine  se  rattachent,  également,  à  ee  groupe. 

IV. 

MATÉRIAUX  UTILISABLES. 

Nous  ne  nous  étendrons  pas  sur  ce  chapitre  traité  à  fond  par 
E.  Damas,  et  repris,  il  y  a  trois  ans,  par  M.  Picard  (1) 

Outre  les  grès  et  sables  des  étages  crétacés,  qui  peuvent  être 
utilités  à  divers  usages,  nous  citerons,  principalement,  les  phos- 
phates de  chaux  de  Salazac,  les  lignites  de  Saint-Paulet,  les  argiles 
réfractaires  de  Gornillon  et  Saint-Laurent,  et  les  carrières  de  pierre 
de  taille  et  pierre  dure  du  calcaire  à  Hippurites  et  du  Sextien,  ainsi 
que  le  gypse. 

V. 

COMPARAISON   ET  DISCUSSION. 

Le  présent  chapitre ■■  est  nécessaire  pour  condenser  et  discuter  le 
résultat  de  nos  travaux. 

1-  TEKBAIN    CRÉTACÉ. 

L  Urgo-aptien.  —  Seul,  le  niveau  donzérin  existe  sur  l'étendue 
de  notre  carte  et  le  faciès  coralligène  règne,  sans  passage  latéral  à 
des  couches   pélagiques,    d'affinité   barutélienne   ou   barrémienne. 

La  carte  de  MM.  Carez  et  Vassear  reconnaît  la  division  suivante  pour 
le  Séocomien. 

Cl  »  moyen  et  inférieur. 

C2  Néocomien  supérieur  (Urgo-aptien). 

Celle  d'Ex.  Dumas  indique  sous  la  môme  rubrique  C1  tout  le  Nécro- 
meutien  etC*  tout  TAptien. 

2.  Gault.  —  Sur  la  môme  carte  de  M.  Carez,  la  zone  inféreure 
figure  dans  le  Néocomien  supérieur  tandis  que  les  zones  moyenne 
et  supérieure  sont  séparées  sous  le  nom  de  Gault  (C3). 

3.  Cénomanien.  —  La  nouvelle  carte  de  France  désigne  la  base 
sous  le  nom  de  Gaize(Ck).  Quant  aux  étages  Rhotomagien  et  Tavien, 
ils  sont,  ainsi  que  le  Paulétien,  réunis  sous  le  nom  de  (C5.)  (Cénoma- 

(l)  Bull.  Soc.  Se.  et  Litt.  Alais,  t.  XIII  à  XV.  1881-33. 


320      DE   SABRAI*   D'aI.LARD.  —    KtiVlilONS   DE    FONT-SAINT-ESPRIT.    SI    fév. 

nieo.)  La  feuille  d'Uzès  comprend,  sous  la  couleur  (C),  tontes  les 
couches  depuis  le  Gault  jusqu'au  Cénomanien  proprement  dit.  Quant 
au  Tavien,  il  a  été  séparé  par  E.  Dumas  (C'a). 

i.  Turonien.  —  La  base,  Paulétien  (C*£),  a  été  également  délimitée 
par  Dumas.  Au-dessus  viennent  les  grès  d'Uchaux,  qui  figurent  a 
part  (CV). 

5.  Crétacé  tupértear.  —  La  zone  inférieure  est  séparée  sur  la  feuille 
d'Uzès  {Ucétien  C*d).  Ce  sont  les  grès  de  Mornas,  que  nous  rattachons 
au  Sénonien.  M.  Garez  semble,  par  avance,  s'être  rangé  à  un  avis 
contraire  :  sa  carte  indique  la  même  division  C  (Turonien)  pour  les 
grès  de  Mornas,  comme  pour  ceux  d'Uchaux:. 

Les  calcaires  à  Hippurites  (C*.)  sont  compris  par  E.  Dumas  dans 
le  Turonien,  bien  que,  dans  son  texte,  il  admette  leur  parallé- 
lisme avec  une  partie  du  Santonien.  Nous  n'avons  pas  hésité  à 
ranger  ces  couches  dans  le  Sénonien.  Je  constate  avec  plaisir  que 
MM.  Garez  et  Vasseur,  qui  ont  classé  tous  ces  dépôts  dans  leur 
groupe  C,  sont  arrivés  aux  mêmes  conclusions. 

Quant  à  la  faune  saumatre  à  Cassiope,  si  constante  en  Provence, 
elle  parait  manquer  à  Piolenc  et  Véuéjan,  où  les  premières  couches 
à  lignite  sont  recouvertes  par  un  banc  d'hippurites. 

6.  Crétacé  supérieur  lacustre. —  Le  niveau  charbonneux  de  Piolenc, 
équivalent  de  celui  de  Vénéjan,  figure  sons  In  notation  C  (Danien)sur 
la  feuille  Xll  de  la  nouvelle  carte  de  France.  Nous  sommes  heureux 
de  nous  trouver  en  communauté  d'idées  avec  un  géologue  aussi 
expérimenté  que  M.  Garez.  Quant  aux  lignites  de  la  rive  droite, 
notre  savant  confrère  indique  la  dépression  où  ils  ont  été  déposés 
comme  recouverte  par  les  alluvions  a1. 


1887.      DE   SARRAU  D'ALLABD.    —  ENVIRONS  DE   PONT-SAINT-ESPRIT.      321 

dUzès  et  P1  (Pliocène  inférieur)  sur  celle  de  Valence.  Quant  aux 
«Dorions  pliocènes,  elles  sont  confondues  sur  la  carte  de  Dumas 
(hachures)  et  sur  celle  de  M.  Garez,  sous  la  rubrique  A*  avec  le  Dilu- 
rium. 
III.  Terrain  quaternaire. 

Les  alluvions  quaternaires  sont,  sur  les  cartes  précitées,  renforcées 
des  alluvions  pliocènes.  Quant  aux  alluvions  récentes  et  postgla- 
ciaires (a1)  elles  sont  délimitées  de  la  même  manière  sur  toutes  les 
cartes,  sauf  les  réserves  exprimées  au  sujet  des  lignites  de  Vénéjan. 
Enfin  les  dépôts  de  Saint-Etienne  marqués  a1  sur  la  feuille  au  ft7^r77  ont 
été  par  nous  placés  dans  le  groupe  P. 

IV.  Orogénie. 

La  carte  d'Uzès,  comme  toutes  celles  d\ff.  Dumas,  n'indique 
aucune  faille,  mais,  dans  son  texte,  il  signale  le  rejet  de  Carsan,  cet 
accident  fut  plus  tard  reconnu  par  Coquand,  puis  récusé  par 
H.  Hébert.  Pour  ce  savant,  ce  plan  anticlinal,  qui  se  répète,  de  l'autre 
côté  do  Rbône,  entre  Beauchamp  et  Mondragon,  se  relie  à  des  mou- 
vements qui  ont  dû  s'effectuer  entre  le  dépôt  du  calcaire  à  Hippu- 
riteset  celui  des  lignites  de  Piolenc.  La  découverte  de  M.  Fallot  vient 
détruire  toute  idée  de  discordance  entre  ces  deux  étages. 

Il  est  regrettable  que  la  belle  carte  de  MM.  Garez  et  Vasseur  ne 
porte  pas  le  tracé  des  failles.  Ainsi,  celle  de  Garsan  n'est  pas  mar- 
quée, et  les  auteurs  précités  n'admettent  pas  de  terrain  plus  ancien 
que  la  gaize  c3  sur  la  lèvre  septentrionale  du  pli-faille. 

L'emploi  delà  carte  d'état-major  à  l'échelle  du  ks\^  nous  obligeait 
à  une  exactitude  plus  rigoureuse  que  celle  des  cartes  précédentes. 
Ainsi,  les  contours  d'E.  Dumas  ont  dû  subir  d'importantes  modifica- 
tions. Il  faut  se  rappeler  que  sa  carte  a  été  faite  avant  1852,  avec  la 
minute  très  défectueuse  de  Gassini  grWô*  Quant  à  la  carte  joiute  au 
travail  de  M.  Picard,  elle  n'est  que  la  réduction  au  ïjôVôô  de  la  carte 
du  Gard.  Pour  notre  région,  on  y  trouve  cinq  termes  :  1°  Néocomien  ; 
2*  Grès-vert  ;  3°  Pliocène  ;  4°  Diluvium  ;  5°  Alluvions.  Enfin,  l'auteur 
s'en  tient,  absolument,  au  mémoire  d'E.  Dumas  et  à  la  classification 
de  d'Orbigny. 

M.  Picard  présente,  d'après  notre  savant  géologue,  la  classifica- 
tion suivante  du  Pliocène  : 

e     Sables  et  grès  marins. 
b     Galets  et  poudiogues. 
a     Marnes  argileuses  (*). 

Subdivision  erronée,  qui  est  en  contradiction  avec  la  coupe  don- 

(1)  Loc.  cit.  Soc.  Alais,  t.  XII,  1881,  p.  113  et  s. 

XV  21 


32i      DB    SÂHRAH    D'ALLARD.   —    ENVIRONS   DE    PONT-SA1XT-EBPMT.   21    fét. 

née  par  l'auteur  de  la  carte  du  Gard,  lui-même,  pour  les  environs 
de  Théziers  ('). 

DMovium  0"5O. 

3.  Poudingue  subapennin  avec  cailloux  decalcaire  et  de  leptjnite.  1,00 

t.  Sablas  ei  (très  alternant  ensemble  îs  à  îo  » 

I.  Argiles  contenant  Cerithet,  Potamidet  9  b  40    * 


Dans  nue  communication  faite  à  la  Société  d'Alais,  j'ai  expliqué  la 
cause  probable  de  cette  divergence  et  j'ai  rappelé  que  sous  le  titre  : 
«  Galets  et  poudingues  pliocènes  »,  l'auteur  décrit  parfaitement  les 
alluvions  pliocènes,  dont  il  reconnaît,  d'ailleurs,  l'origine  fluviatile. 

Quant  a  la  carte  de  MM.  Vasseur  et  Garez,  malgré  sa  petite  échelle, 
elle  est  très  exacte  et  suffit  pour  indiquer  la  constitution  générale 
d'une  région.  Nous  ferons  seulement  remarquer,  outre  les  légères 
discordances  signalées,  que  les  lambeaux  crétacés  des  berges  du 
Rhône  et  de  l'Ardèche  portent  la  teinte  vert-foncé,  c'est-à-dire  c*  Cé- 
Qomanien  :  cela  est  vrai  seulement  pour  l'affleurement  du  Banc- 
Rouge.  Les  îlots  de  Rothomagien  et  Cénomanien  qui  se  rencontrent 
au  milieu  de  la  zone  à  Am.  inflatm  ne  sont  pas  indiqués.  L'épaisseur 
du  Gault,  entre  Laval  et  Saint-Julien,  serait  un  peu  exagérée.  EnQn, 
dans  la  vallée  de  l'Arnave,  nous  trouvons  au  milieu  des  Alluvions  une 
teinte  verdâlre  qui  semblerait  indiquer  la  continuation  du  Turonien, 
jusqu'au  delà  de  la  ligneferrée,  alors  que,  dans  ce  ruisseau,  nous  n'a- 
vons trouvé  que  le  Pliocène,  recouvrant  plus  à  l'O.  le  grès  de 
M  ornas. 


1887.     DB  SARRAH  D'àLLÀBD.  —   ENVIRONS  DK   PONT-SAINT-ESPRIT.      323 

retirée  pendant  une  longue  période.  Continuation  du  régime  lacustre 
inauguré  par  les  lignites  de  Yénéjan  et  Piolenc,  marquée  par  l'étage 
sextien.  Nouvelle  invasion,  à  l'époque  helvétienne,  de  la  mer  qui,  dès 
l'Àquitanien,  avait  déposé  ses  sédiments  dans  certaines  parties  du 
Gard  et  de  l'Hérault.  Retrait  de  la  mer  après  le  dépôt  des  divers 
termes  du  groupe  de  Visan  ;  formation  terrestre  et  lacustre  de 
Cucoron.  Soulèvement  des  Alpes  et  du  Plateau  central,  formation 
de  la  vallée  du  Rhône.  Premier  ravinement,  dépôt  des  alluvions 
supra-mollassiques.  Nouvel  affaissement  du  sol,  arrivée  de  la  mer 
à  l'époque  messinienne  (Couches  à  congéries)  d'abord,  puis  à  l'époque 
plaisancienne  (groupe  de  Saint-Aries);  une  série  d'oscillations,  mar- 
quées par  les  dépôts  saumâtres,  vers  le  milieu  de  la  période  suba- 
penoine,  chasse,  peu  à  peu,  mais  définitivement,  la  mer  de  la  vallée 
du  Rhône.  Avec  le  retour  des  eaux  fluviales  coïncide  un  deuxième 
creusement  :  c'est  l'époque  des  alluvions  pliocènes.  La  période  qua- 
ternaire, marquée  par  la  grande  extension  des  glaciers,  amène  un 
troisième  creusement,  puis  le  comblement  partiel  de  la  vallée  du 
Rhône  par  les  cailloux  alpins.  L'homme  moustierien,  qui  fréquen- 
tait la  grotte  de  Soyons,  s'était,  peut-être,  hasardé  jusque  dans  nos 
contrées.  Au  moment  du  retrait  des  glaciers,  nouveau  creusement 
du  lit  du  Rhône  dans  les  graviers  diluviens,  et  apport  des  alluvions 
postglaciaires;  ce  dépôt  se  continue,  depuis  l'époque  du  Renne  et  de 
la  Pierre  polie  (1)  jusqu'à  nos  jours,  par  les  limons  et  les  graviers  des 
crues  actuelles,  formés  au  détriment  des  alluvions  plus  anciennes. 
Notre  grand  fleuve,  par  suite  de  l'augmentation  progressive  de  son 
delta,  tend  à  exhausser  son  lit. 

Ces  dernières  conclusions  sont  identiques  à  celles  formulées,  tant 
en  1883  qu'en  1884,  par  notre  savant  confrère  et  ami  M.  Torcapel. 

Vil. 
COUPES  GÉOLOGIQUES. 

Les  13  coupes,  soit  générales,  soit  locales,  auraient  pu,  à  la 
rigueur,  servir  à  justifier  la  classification  géologique  adoptée  dans  le 
présent  mémoire,  classification  qui  n'est,  en  général,  que  la  reproduc- 
tion des  conclusions  de  ma  notice  du  9  juin  1884  [B.  Soc.  géol.  Fr., 

t.  XII,  pi.  XXIX). 

Nous  croyons  bon  d'en  présenter  de  nouvelles,  mettant  plus  en 
limièreque  nous  ne  l'avons  fait  jusqu'ici  l'économie  géogénique 
du  canton  du  Saint-Esprit. 

'1)  Représentées  dans  les  grottes  et  dolmens  de  la  vallée  de  l'Ardèche. 


324      DE  SARBAN    n'ALLARD.  —    ENVIRONS   DB   PONT-SAINT- BSPKIT.   21    fév. 


I.    COUPE   DE   TOOLAIR  A    LA   CITADELLE    DE   PONT-SAINT-EBPB1T. 

PI.  VIII,  11g.  1. 

n»  Allaitons  récentes  du  RhOne  et  de  l'Ardèche. 
a1  Al  lavions  quaternaires,  à  cailloux  non  altérés. 
P  Alluvions  pliooénes,  à  cailloux  altérés,  recouvrant  le  Pliocène  marin. 
11  Calcaire  gris -jaunâtre,  plus  ou  moins  marneux,  à  Oslrea  columha  (citadelle). 
104  Marnes  4  Ost  racées,  formant  le  sommet  du  Paulétien. 
10  Complexe  marne-calcaire  avec  sables  et  argiles  lignitifères. 
I  Affleu renient  des  trois  couches  de  lignite  Ue  Saint-Paulet. 


y  Orès  sablonneux,  ro 
8  Marnes,  calcaires  o 
7  Orès  calcaire,  plus 
6  Oault  sableux,  san 


matre 


u  grès  à  OrOitalina  concaoa. 
■  ou  moins  marneux,  glauconieux  à  Scktenbaehia  in/lata. 
s  fossiles,  sables  jaunes. 
5  Mince  coucbe  de  marne  glaucouïeuse  phosphatée  a  Hoplites  auritta. 
*  Orès  calcaire,  lumacbelle  :  Discoidea  dfcurala  et  Orbilolina  cf  tenticulata. 
3,  Marnes  argileuses  gris-bleuatre  à  BeltmnUes  semicanaliculatut. 
î.  Calcaire  marneux,  à  Ottrta  aquita. 
t  d.  Calcaire  cristallin  blanc  à  Réquienies. 

S  3  Calcaire  généralement  compacte,  rarement  marneux,  de  couleur  claire  i 
Hydrobia  pgramidalit,  Limnea  longiscata,  v*a.,  avec  couche  gréseuse  ou  argi- 
leuse plus  on  moins  rouge  à  la  base. 

Si.  Calcaire  marneux;  rarement  compacte,  à  petits  bancs  alternant,  dans  le  hag, 
avec  des  marnes  argileuses  blanchâtres  ou  verdâtres,  Melanoïdes  albigtnsis,  Limnea 
cf.  elongata,  L.  c!  longiscata,  Cyrtna  Dumasi. 

S  i.  Argile  rouge  détritique,  avec  lits  de  gypse  à  la  partie  supérieure,  sans 
fossile*. 
f.  Faille  de  Tonlair  faisant  buter  le  calcaire  aptien  contre  l'Urgonien. 


2.    COUPE    DB  SAINT-ROUAN    A  SAINT- SAUVEUR. 


4887.     DE  SABRAI!  d'âLLARD.    —   ENVIRONS  DE   PONT-SAINT-ESPRIT.      325 

14  bis.  Calcaire  supérieur  à  Hippurites  et  fossiles  du  Plan-d'Aups,  for- 
mant le  sommet  de  la  Roque 80. 

U  Calcaire  jaune,  assez  compact,   rarement  marneux,  Hippurites  orga- 
nisant          80. 

Ces  l  zones  manquent  à  la  montagne  Saint- Vincent  de  Cros,  près  Cornillon,  où, 
immédiatement  au-dessous  de  la  couche  s1,  on  trouve  : 

13  bis  et  13  : 

(j)  Sables  jaunes,  blancs  et  rouges,  tachetés  de  minerai  de  fer  et  d'ocre 
passant  daos  le  haut  aux  argiles  (k) 20 

(i)  Grès  calcaire,  en  couches  plus  ou  moins  compactes,  sans  fossiles  (1).        12. 

(h)  Grès  calcaire  en  petits  bancs,  sans  fossiles 18 

(g)  Sables  jaunes  et  rouges 20 

'/)  Grès  sableux  avec  filet  charbonneux 12 

(e)  Sable  argileux  avec  petites  huîtres  (Ost.  mornasiensis  et  Ostrea.  sp.).  3 

(à)  Grès  et  sables  blancs,  avec  filets  charbonneux  de  0B20 10 

(c)  Argile  grise,  blanche  (terre  réfractai re) im50 

(b)  Grès  fin  et  sables  blancs 20 

(a)  12  Grès  jaunâtres,  calcaires,  avec  marnes  sableuses  (rares  rudistes  au 
travers  de  Cornillon  Trigonia  scabra,  Ostrea  columba) 2 

Apparaissant  un  peu  au-dessus  de  la  route  de  Barjac,  où  il  sont  recouverts  par 
le  Pliocène  et  les  alluvions. 

il.  Calcaires  gris,  Ost.  columba, 

10  bis.  Couches  à  Ostracées. 

)0  Couches  fluvio -marines  à  lignite  :  /. 

Les  couches  6  et  5  sont  masquées  par  le  lacustre,  9,  8  paraissent  manquer. 

7.  Marnes  et  grès  glauconieux  à  Schlœnbachia  inflata. 

4.  Grès  calcaire  jaunâtre  en  petits  bancs,  débris  de  coquilles  :  Orbitolinis,  D.  de» 
corata. 

3.  Marnes  bleuâtres  à  Bel.  setnicanaliculatus. 

J.  Calcaire  marneux  à  Ostrea  aquila   et  gros  Céphalopodes,    blanchâtre,  avec 
taches  rouges  très-fossilifère  à  Saint-Romau  (Combe  de  Mars). 

1  d  Calcaire  blanc  à  Chama  ammonia. 

/.  Fiiile  deSaint-Iloman,  le  calcaire  aptien  vient  buter  contre  l'Urgonien. 
A  Faille  probable  masquée  par  les  alluvions  de  la  Ceze  quaternaire,  résultant 
don  pli  anticlinal  exagéré  et  mettant  au   môme  niveau  l'Angoumien  et  le  Pau- 
iétien. 

K  fin,  le  fond  de  bateau  dans  lequel  est  établie  la  Cèze  actuelle,  parait,  égale- 
ment, avoir  subi  une  légère  dénivellation  à  peine  marquée  dans  celle  coupe. 

(1)  Ces  couches  ressemblent  tellement  aux  grès  à  rudistes  deCharavel  (Sabran) 
que  je  les  avais  précédemment  rangées  dans  le  calcaire  à  Hippurites;  elles  parais- 
sent, après  nouvel  examen,  devoir  faire  retour  aux  grès  de  Mornas.  Quant  aux 
espèces  Hgnaîées  {lue.  cit.  1884.  p.  577.  583)  qui  m'avaient  été  communiquées 
tomme  trouvées  au-dessus  des  saules  à  argile  de  Cornillon,  elles  proviennent  du 
calcaire  à  Hippurites  de  Saint-Laurent,  près  des  exploitations  de  terre  réfractaire 
de  Bjver,  Jean-Camp  et  du  Mas  de  Laune. 


326      DE  SARHAIt   d'aLLABD.  —  KKYIBONS   DK   FOKT-SArHT-ESPRIT.    21    féf. 

3.  —  COUPE  DE  IA  CÈZE  A  SA1NT-ETIKBNE-DKS-SORTS. 

PI.  VIII,  %  3. 

a*    Alluvions  récentes. 

a'     Alluvions  quaternaires. 

P     Alliiviousdes  plateaux  (Pliocène). 

Pa   Marnes  et  argiles  du  Plaisancien  &  Na$ta  semistriata. 

15    Lignites  de  Vênéjan  dont  la  coupe,  prise  à  iso  mètres  du  village,  est  la  sai- 

e      Sables  jaunes  et  blancs  avec  marnes  bitumineuses floso 

d      Lignite  <*one  inférieure) 4»80 

c       drès  sableux,  passant   à  des  saules 8aOû 

6       Lignite  (une  inférieure) <»S0 

n       Sables  rouges  avec  minerai  de  fer  et   gris   plus  ou  moins   durs, 

alternant  avec  le  calcaire  à  Hippurites 6">*o 

Remaniés  en  partie  par  les  alluvions  a'  a1.  3u=>oo 

l*  à  Calcaire  marneux  alternant  avec  des  marnes  ù  Hippuritet  cf.  cornu- 

vaccinum. 
M    Calcaire  dura  I  lippu  rites. 
13  h Grès  sables  et  quartzites,  sans  fossiles. 
13    Sables,  marnes  et  grès  sableux  à  Ostrea  mnrnasensis  (1). 

4.  —  COUPE  DE    LA  CÈZB   A  L'ABDKCBE. 
PI.  VIII,  fig.  4. 

a*    Alluvions  récentes  du  Rhône,  de  t'Ardèche,  an  de  la  Cèze. 

a'    Alluvions  quaternaires. 

p.    Alluvions  pliocènes  (ravinées  par  le  diliivium). 

a  Pb  Argiles  et  faluns  a  Ccrilhium  vulgatum  (Plaisancien)  Galeodea  rchinophora, 


1887.     DE  SARBAS  D'ALURD.    —  EHVIBOBS  DB   PONT-SAINT-ESPRIT.      337 

du  Pont-Saint-Esprit,  dressée  par  M.  de  Sarran  d'Allard,  au 

i/40.000. 

L'auteur  a  tracé,  avec  beaucoup  de  soin,  les  limites  des  étages  et 
indiqué  les  subdivisions  qui  lui  ont  paru  motivées  par  les  données 
stratigraphiques  et  paléontologiques. 

M.  Parran  fait  ressortir  l'intérêt  et  l'utilité  de  ces  études  locales. 


les  formations  jurassiques  et  crétacées  de  la  région  du  Sud-Est 
présentent,  avec  les  masses  éruptives  internes,  des  relations  très 
instructives. 

La  magnésie,  la  silice  et  les  oxydes  ferreux  manifestent,  dans  les 
dépôts  jurassiques,  une  prépondérance  caractéristique  :  pour  la  ma- 
gnésie, dans  les  dolomies  bettangiennes  et  bajociennes;  pour  la  silice 
et  les  oxydes  de  fer,  dans  les  marnes  bajociennes  et  supraliasiqqes. 
Ces  éléments,  épanchés  avec  une  pareille  abondance,  nous  pourrions 
dire,  avec  une  pareille  exagération,  dénotent,  évidemment,  des 
apports  de  la  profondeur  qui  se  rattachent  à  des  roches  silicatées, 
magnésiennes,  de  la  famille  des  Serpentines,  apports  caractérisés, 
en  outre,  par  l'absence  de  l'argile  pure,  réduite  à  quelques  salbandes 
bolaires  au  contact  des  amas  métallifères. 

Dans  la  formation  crétacée,  des  apports  du  même  ordre,  mais 
d'une  nature  différente,  se  manifestent,  avec  la  môme  évidence,  par 
les  sables  siliceux  et  les  nodules  phosphatés  du  Gault,  et  par  les 
qnartzites  lustrés  du  Tavien,  et  surtout  par  les  hydrosilicates  d'alu- 
mine (argiles  réfractaires)  et  sables  siliceux,  blancs  ou  jaunes,  sans 
fossile,  qui  occupent  dans  le  Turonien  supérieur  (Ucétien  d'E.  Dumas) 
un  horizon  très  étendu  avec  une  épaisseur  considérable. 

La  magnésie  fait  au  contraire  défaut. 

Les  apports  internes  de  la  formation  crétacée  se  rattachent  donc  à 
l'existence  en  profondeur  de  roches  silicatées,  acides,  comme  ceuç 
delà  formation  jurassique  se  rattachent  à  l'existence  de  roches  sili- 
catées, magnésiennes,  de  la  famille  des  Serpentines. 

M.  Munier-Chalmas  fait  une  communication  sur  trois  genres 
nouveaux  de  Foramintfères  (1). 


(l)  Cette  note,  n'étant  pas  parvenue  au  secrétariat  au  moment  de  l'impression, 
sera  insérée  à  la  suite  d'une  séance  ultérieure. 


328   ABBÉ  BOURGEÀT.  —  CRÉTACÉ  DANS  LB  JUBA  MÉRIDIONAL   21  fév. 

Le  Secrétaire  présente,  au  nom  de  M.  l'abbé  Bourgeal,  la  note 
suivante  : 

Contribution  A  dtude  du  Crétacé  supérieur  dans  le  Jura 
méridional, 

Par  M.  l'abbé  Bourgeat. 

C'est  en  l'année  1857  que  la  Craie  blanche  fut  découverte  pour  la 
première  fois  dans  l'intérieur  du  Jura.  On  sait  qu'à  cette  date,  le  frère 
Ogérien,  Bonjour  et  Defranoux,  visitant  les  environs  de  Saint-Julien, 
rencontrèrent,  entre  ce  bourg  et  le  petit  village  de  Lains,  un  lambeau  de 
calcaire  blanchâtre  et  traçant  qui  contenait  des  silex  et  des  échiuides 
et  que  surmontaient  de  petits  bouquets  de  pins.  La  faune  en  Tut  son- 
mise  à  Coquand,  qui  y  reconnut  les  fossiles  de  la  Craie,  et  l'année 
suivante  (1838),  Bonjour  put  signaler  le  fait  dans  une  note  présentée 
à  la  Société  géologique  par  M.  Gaudry.  —  Je  n'ai  pas  à  rappeler  ici 
l'intérêt  qui  s'attachait  à  cette  découverte  et  l'impression  qu'elle  pro- 
duisit. On  n'avait  pas  encore  trouvé  de  Craie  blanche  dans  le 
Maçonnais,  on  en  ignorait  l'existence  au  Chablais  et  dans  une 
grande  partie  de  la  Savoie,  et  c'était  seulement  au  massif  de  la 
Grande- Chartreuse  qu'on  en  connaissait  quelques  lambeaux,  grâce 
aux  recherches  faites  en  1851  par  M.  Lory. 

En  la  voyant  apparaître  dans  l'intérieur  de  nos  montagnes  avec 
une  faune  aussi  franchement  marine,  il  n'était  pas  permis  de  douter 
qu'alors  la  mer  n'eut  été  plus  étendue  que  les  découvertes  de  la 
Grande -Chartreuse  ne  le  faisaient  supposer,  et  qu'elle  n'eût  émis 
dans  la  région  du  Jura  nnatooea  MoioagBmenU  on  golfes.  1   deve- 


1887.      ABBÉ   BOUBGBAT.    —  CRÉTACÉ  DANS  LE  JURA  MÉRIDIONAL.  329 

quelques  kilomètres  de  Nantua,  sur  les  bords  du  lac  Genin.  C'était 
toujours  le  même  faciès  qu'entre  Saint-Julien  et  Lains;  du  calcaire 
blanc  mal  stratifié,  à  texture  franchement  crayeuse,  avec  rognons 
de  silex  dans  les  couches  supérieures  ;  mais  les  fossiles  étaient  tou- 
jours rares,  et  ce  ne  fut  pas  sans  peine  qu'il  put  y  découvrir 
quelques  oursins  roulés  avec  des  fragments  de  nCatillu$  et  d'Ostrea». 

Peut-être  cette  rareté  des  fossiles  fut-elle  cause  que  les  recherches 
de  lt  Craie  s'arrêtèrent  là.  Toujours  est-il  qu'il  faut  venir  à  Tannée 
1881  pour  rencontrer  une  nouvelle  mention  des  silex  qui  en  accusent 
l'extension.  Elle  est  due  à  Léon  Charpy  et  à  M.  Maurice  de  Tribolet, 
qui  au  début  d'une  communication  sur  les  terrains  crétacés,  moyens 
et  supérieurs  de  Cuiseau,  signalèrent  la  grande  abondance  de  ces  silex 
entre  le  passage  à  niveau  du  chemin  de  fer  de  Saint-Amour  et  les 
fermes  du  Mont-d'Amour,  dans  la  direction  delà  Condal.  Une  année 
auparavant,  M.  Lory  avait  cru  devoir  compléter  sa  description  de  la 
Craie  de  la  Grande-Chartreuse  par  une  communication  sur  les  cal- 
caires sableux  et  argileux  qui,  sous  le  nom  bien  connu  de  lauzes,  se 
rencontrent  abondamment  dans  les  environs  de  Sassenage  et  de 
Grenoble.  Ces  calcaires,  qu'il  n'avait  rapportés  que  d'une  manière 
douteuse  à  la  Craie,  en  étaient  bien  cette  fois  reconnus  comme  les 
représentants,  car  de  patientes  recherches  lui  avaient  permis  d'y 
trouver  le  Belemnites  mucronata  caractéristique  de  l'étage.  Celui-ci 
se  montrait  donc  dans  le  Dauphiné  sous  deux  faciès  différents  :  l'un 
blanchâtre  et  crayeux  vers  le  Nord  et  l'Ouest,  et  l'autre  plus  impur  et 
plus  détritique  vers  l'Est  et  le  Sud.  Mais  comme  ce  dernier  n'avait 
été  que  tardivement  reconnu,  on  avait  tout  lieu  d'espérer  qu'on  en 
trouverait  encore  de  nouveaux  lambeaux  dans  le  voisinage. 

En  effet,  deux  ans  après  (1883),  notre  confrère  M.  Hollande  pouvait 
annoncer  au  congrès  des  sociétés  savantes  réunies  à  Aix-les-Bains 
qu'il  venait  de  découvrir,  sur  une  grande  étendue  des  montagnes  des 
Beauges  et  en  particulier  dans  la  vallée  de  Bellevaux,  des  couches 
contemporaines  de  la  craie  blanche,  mais  d'un  aspect  bien  différent. 
C'étaient  des  calcaires  gris  ou  bleuâtres,  à  texture  compacte,  à  cas- 
sure esquilleuse,  moins  abondants  à  l'O.  qu'à  l'E.,  mais  contenant 
de  la  base  au  sommet  la  Belemnites  mucronata  et  l* Ananchytes  ouata. 
Ses  observations  lui  avaient  montré  que  leur  puissance  variait  de  50 
à  150  mètres  et  que  la  couleur  en  devenait  généralement  plus  foncée 
à  mesure  que  Ton  se  rapprochait  des  Alpes. 

De  leur  côté,  les  géologues  suisses  avaient  revu  avec  soin  la  région 
du  Chablais  et  des  montagnes  Vaudoises  qui  s'étendent  au  levant  du 
lac  de  Genève  et  constaté  que, tant  àcause  delaprésence  desForami- 
nifères que  de  celle  de  certains  exemplaires  de  Belemnites  et  d'Inocé- 


330       ABBÉ    BOURGEÀT.  — CRÉTACÉ   DANS   LS  JURA    MÉRIDfOHÀl.      21    tév. 

rames,  il  convenait  de  rattacher  au  moins  en  partie  à  la  Craie  supé- 
rieure les  taches  de  calcaires  rougeatres  que  l'on  rencontre  tuez 
communément  dans  celte  région  Enfin  H.  Pillet  signalait  dans  un* 
note  a  l'Académie  de  Chambéry  ees  mêmes  calcaires  rouges  avec  dent 
de  Carcharadon  près  du  bourg  de  l'Abondance  dans  la  Haute-Savoie, 

J'iguorais  uue  partie  de  ces  récentes  découvertes  et  j'étais  loin  de 
soupçonner  que  le  Sénonieu  eût.  recouvert  de  si  grandes  surfaces 
dans  le  voisinage  du  Jura,  lorsque  j'entrepris  mes  recherches  sur  le 
Cénomanien.  Autrement  je  n'aurais  pu  manquer  de  signaler  deux 
faits  qui  s'étaient  présentés  à  mes  yeux  sans  attirer  beaucoup  mon 
attention.  Le  premier  était  la  découverte,  dans  le  voisinage  de  Cin- 
quétral  et  au-dessus  de  l'Urgonien,  de  fragments  irréguliers  d'un 
grès  bleuâtre  ou  gris  fumé  à  pale  une  et  a  testure  siliceuse  renfer- 
mant une  Janira  suOstrialoeoitata  de  la  craie  de  Ciply  que  je  possède. 
Rien  dans  ce  grès  n'accusait  un  transport  glaciaire  ou  torrentiel,  et 
sa  position  dans  un  repli  du  Néocomien  indiquait  assez  qu'il  se 
trouvait  encore  en  place. 

Le  second  fait  se  rapportait  à  mes  recherches  sur  le  lambeau  de 
Crétacé  blanc  de  Leschères.  J'y  ai  signalé  V Inoceramus  cunwfvrmit, 
et  j'ai  spécialement  insisté  sur  les  analogies  quece  lambeau  présente 
par  places  avec  la  Craie  blanche  de  l'Ain  telle  que  l'a  décrite  Emile 
Benoit  ;  mais  ce  que  je  n'avais  pas  remarqué  avec  assez  de  soin  c'«st 
que  le  lambeau  est  sur  quelques  points  plus  épais  qu'ailleurs  et  pré- 
sente alors  des  empreintes  suffisamment  reconnaissables  de  Vliwct- 
ramus  Lama'-cki. 

Mes  courses  du  voisinage  de  Saint-Julien  m'ont  fait  voir  depuis 
une  véritable  assise  de  Craie  blanche  plaquée  contre  le  Jurassique  et 


1887.  L.    COLIOT.   —   BAUXITES  DU   SUD-EST   DIS   LA  FRANGE.  331 

gie,  M.  Jacquet  de  la  Mouille,  m'envoya  quelques  fossiles  des  affleu- 
rements crétacés  de  la  fontaine  Crépillon,  signalés  près  des  Rousses 
par  le  commandant  Sautier  et  par  le  frère  Ogérien.  J'y  reconnus  les 
espèces  du  Gault  et  en  particulier  la  Terebratvla  Dutempleana  en  fort 
bon  état.  Seulement  à  cet  envoi  se  trouvaient  joints  des  calcaires  sa- 
bleux, jaunes  par  places,  verdâtres  en  d'autres,  renfermant  une  0*- 
trea  que  je  pris  pour  YO.  laroa  et  des  Rliynchonelles  voisines  de  YOcto- 
plicala.  Il  s'y  joignait  un  Echinobr  issus  qui  me  parut  être  le  minimus, 
mais  qui  était  fort  peu  déterminable.  Frappé  de  cette  faune,  et  rap- 
prochant sa  découverte  des  faits  que  j'avais  précédemment  constatés, 
je  me  suis  empressé  de  la  soumettre  à  M.  Cotteau  qui,  sans  se  pro- 
noncer d'une  façon  positive,  a  eu  l'obligeance  de  me  répondre  qu'il 
croyait  mes  déterminations  exactes  pour  la  Rhynchonella  et  YO&trea. 
Quant  à  l'Oursin  ce  n'est  pas  Y  Echinoùrissus  minimus  dont  la  face 
postérieure  est  moins  gibbeuse,  et  qui  s'en  distingue  encore  par 
d'autres  caractères.  En  l'absence  de  pores  bien  visibles,  on  ne  saurait 
dire  si  c'est  un  Nucléolites  ou  un  Echinuhr issus.  Dans  tous  les  cas,  de 
l'avis  de  notre  éminent  confrère,  sa  physionomie  est  encore  crétacée 
—  C'est  alors  que  je  me  suis  décidé  à  communiquer  à  la  Société  ces 
premiers  résultats  de  recherches.  Je  n'ose  encore  les  faire  connaître 
que  bien  timidement,  et  je  me  garderai  assurément  d'en  rien  con- 
clure de  définitif.  Mais  si  l'on  songe  que  les  localités  de  Ginquétral 
et  des  Housses  à  faciès  gréseux  se  trouvent  surtout  du  côté  de  l'E.  de 
la  chaîne,  et  que  celles  d'Andelot,  de  Lains,  de  Leyssart,  de  Genin 
et  de  Lescheries  à  faciès  crayeux  sont  du  côté  de  l'O.,  il  ne  sera  pas, 
ce  me  semble,  trop  téméraire  de  penser  que  les  variétés  des  faciès 
que  présente  la  Craie  blanche  en  Dauphiné  ont  pu  se  poursuivre  au 
midi  du  Jura. 

M.  Hébert  adresse  à  la  Société  de  la  part  de  M.  Collot,  la  note  sui- 
vante : 

Age  des  Bauxites  du  Sud-Est  de  la  France, 

Par  L.  Collot. 

La  Bauxite  est  connue  en  différents  lieux  des  départements  circum- 
méditerranéens,  depuis  les  confins  occidentaux  du  département  de 
l'Hérault  jusqu'au  milieu  de  celui  du  Var.  Il  y  eu  a  aussi  dans  l'A- 
riège,  notamment  à  Péreilhes,  entre  le  Corallien  et  l'Urgonien,  dont 
je  n'ai  pas  à  m'occuper  ici.  Il  m'a  semblé  possible  de  ramener  la 
Bauxite  de  la  région  que  j'ai  définie,  à  un  môme  âge,  malgré  la  va- 
riété des  couches  avec  lesquelles  elle  est  en  rapport.  Je  rappellerai 
d'abord  brièvement  les  caractères  de  la  Bauxite. 


332 


I_    COLLOT.    —   BAUXITES   DU   ! 


>-EST  DE   LA  FBAHCR.       21    fév. 


La  Bauxite  est  us  mélange',  à' proportions  variables,  d'alumine 
hydratée,  de  sesquioxyde  de  fer  anhydre  et  de  silice.  Sa  couleur  varie 
du  rouge  foncé  au  blanc. 

Que  sa  surface  soit  savonneuse  ou  pulvérulente,  la  Bauxite  ne  se 
délaye  pas  dans  l'eau  et  n'y  forme  pas  la  pâte  liante  qui  caractérise 
les  argiles.  La  roche  a  toujours  une  tendance  à  la  structure  pisoli- 
thique  :  même  dans  les  Bauxites  blanches  on  voit  de  petits  nodules 
quelquefois  blancs,  souvent  un  peu  rosés.  Le  fer  se  concentre  en  ef- 
fet de  préférence  dans  les  pisolitbes.  Quelquefois  il  est  en  partie 
à  l'état  de  litnonite,  donnant  des  taches  ou  un  fond  jaune.  Voici 
quelques  analyses  qui  donnent  une  idée  de  la  manière  dont  varie  la 
composition  de  la  Bauxite  : 


Alumine 

Id.  avec  acide  titan ique  . 
SeEi|uioxyde  de  fer 


I.  —  Type  très  aiuminettx,  friable,  de  ViUevryrnc,  par  Hfoitessiei: 
II.  —   Variété  très  titieeute,  de  Vdleveyrac,  par  Moitestier. 
111.  —  Type  minerai  de  fer,   du    Paradou,  par  H.  Sainte-Claire 
Devitle  (i). 

L'acide  tilanique,  confondu  ici  avec  la  silice  ou  avec  l'alumine,  a 
été,  d'autres  fois,  dosé  séparément  et  s'élève  à  2  ou  4  %  du  total. 
Deville  a  aussi  reconnu  dans  la  Bauxite  l'acide  vanadique  (0,0009  dans 


1887.  L.    COLLOT.    —  BAUXITES   DU   SUD-EST  DE   LA  FRANCE.  333 

Dieulafait  a  considéré  la  Bauxite  comme  «  la  partie  la  plus  ténue, 
c'est-à-dire  la  partie  ferro-alumineuse  des  roches  granitiques  décom- 
posées »  à  la  surface  de  la  terre.  Il  repousse  l'idée  d'une  origine  in- 
terne. Or,  nous  savons  que  les  roches  granitiques  donnent  en  se  dé- 
composant du  kaolin  et  des  argiles  dont  la  teneur  en  silice  est  loin 
d'offrir  la  variabilité  observée  dans  la  Bauxite.  Dans  lequel  de  ces 
produits  voit-on  la  silice  descendre  à  4  %  ?  H  est  bien  étonnant 
aussi,  dans  cette  hypothèse,  que  dans  les  parties  centrales  des  gise- 
ments, là  où  il  n'y  a  pas  eu  de  remaniement,  nous  ne  voyons  jamais 
apparaître  la  moindre  parcelle  de  mica,  ce  corps  qui  se  transporte  si 
facilement  partout. 

La  position  géognostique  de  la  Bauxite  a  été  diversement  inter- 
prétée par  les  géologues.  Coquand  (1)  considère  d'abord  la  Bauxite 
comme  intercalée  dans  le  Néocomien  des  Alpines.  Plus  tard  (2) 
il  reconnaît  son  indépendance  du  Néocomien  et  dit  :  «  Tous  ces 
dépôts  sont  de  la  même  époque  et  cette  époque  est  celle  des  cal- 
caires à  Lychnus,  donc  de  la  Craie  supérieure.  »  Coquand  attribue  à 
la  Bauxite  une  origine  éruptive.  Dieulafait  ne  regarde  pas  comme 
synchroniques  les  dépôts  de  Bauxite  de  la  Provence.  Au  Sud  du  bassin 
crétacé  du  Beausset  son  Âge  est  compris  d'après  lui  entre  l'Urgonien 
et  l'Aptien.  Aux  Vaux  d'OUioules  elle  serait  effectivement  placée 
entre  les  deux  terrains,  tandis  qu'au  Revest  le  Cénomanien  la  recouvre 
directement,  par  suite  du  manque  de  l'Aptien  et  du  Gault  (3). 

A  Allauch,  Auriol,  la  Sainte-Baume,  Mazaugues,  elle  est  stratifiée 
et  alterne  avec  les  couches  à  Hippurites  organisant.  A  la  base  du 
système  de  Fuveau  il  y  aurait,  de  petits  dépôts  de  Bauxite  stratifiée, 
entre  le  système  de  Fuveau  et  le  calcaire  à  Lychnus,  il  y  a  de  puis- 
sants dépôts  de  Bauxite.  Les  marnes  rouges  de  Vitrolles  correspon- 
dent elles-mêmes  à  un  horizon  de  Bauxite.  Il  y  aurait  donc  quatre 
et  même  cinq  niveaux  de  Bauxite. 

M.  Roule  a  publié  en  1885  un  intéressant  mémoire  sur  le  terrain 
lacustre  ancien  de  la  Provence  (4)  dans  lequel  il  parle  à  plusieurs 
reprises  de  la  Bauxite.  Il  s'e>t  appliqué  à  son  étude  et  a  cru  pouvoir 
se  ranger  à  l'opinion  de  Coquand  relativement  à  l'âge  de  cette  rocbe. 
Dans  une  note  à  l'Académie  des  Sciences  (5)  il  affirme  à  nouveau 
la  place  de  la  Bauxite  entre  les  ligniles  de  Fuveau  et  les  couches  à 


(1)  Traité  des  rocket,  1857,  p.  212. 

(t)  Bull.  Soc.  gèol.  V  sér.  t.  XXVIII,  p.  112. 

(3)  C.  R.  Aead.  dette,  t.  XCIII,  p.  801  (14  nov.  1881.) 

(4)  Annales  det  te.  géologiques. 

(5)  C.  R.  Ac-tc,  p.  343  (7  févr.  1887) 


334  L.    COLLOT.    —   BAUXITES   DU   SUD-EST   DIS   LA   FRANCE.        31    fév. 

phy ses  de  Mimet  et  de  la  Bégude  ou  partie  inférieure  des  couches  & 
Lychnus. 

Les  différentes  opinions  ci-dessus  sont  à  mes  yeux  entachées 
d'erreur.  Toutes  les  Bauxites  de  la  région  me  paraissent  contem- 
poraines, contrairement  à  la  description  de  Dieulafait.  Si  elles  sont 
en  rapport  avec  des  couches  d'âges  divers  c'est  qu'elles  sont  indépen- 
dantes de  ces  coucbes  et  qu'elles  sont  séparées  de  leur  toit  aussi  bien 
que  de  leur  mur  par  des  lacunes  s  Ira  li  graphiques  plus  ou  moins 
importantes.  D'autre  part,  l'examen  de  cas  plus  nombreux  que  ceux 
étudiés  par  Coquand  et  par  M.  Roule  m'a  conduit  à  admettre  que 
l'9ge  uDiforme  de  ces  Bauxites  n'est  pas  la  base  des  coucbes  à 
Lychnus,  mais  un  âge  bien  plus  ancien,  antérieur  à  l'étage 
Cénomanien,  postérieur  à  l'Urgonien,  J'ai  présenté  ces  conclusions 
et  les  ai  appuyées  sur  une  discussion  rapide  des  divers  cas  dans 
une  note  que  M.  Hébert  a  bien  voulu  présenter  à  l'Académie 
des  Sciences  (1).  Cette  communication  n'était  que  le  sommaire  du 
travail  actuel,  dans  lequel  j'examinerai  les  différents  gisements  d'une 
façon  assez  circontanciée  pour  montrer,  je  l'espère,  qu'il  n'y  a  pas 
d'erreur  dans  la  signification  que  je  leur  attribue  et  pour  rendre  la 
vérification  sur  tes  lieux  plus  facile.  Celte  exposition  détaillée  servira 
en  même  temps  de  réponse  à  la  note  de  M.  Itoule  insérée  dans  les 
C.  R.  de  C Académie  (2).  Je  décrirai  les  gisements  dans  l'ordre  géogra- 
phique en  commençant  par  l'Ouest. 


Mawisaiie  à  l'Ouest  du  château  de  Manville. 


1WÏ.         L.    COLLOT.    —  BAUXITB9   DO   SUD-EST   DE   LA   FRANCE.  335 

Dans  les  environs  de  Saint-Chinian  (Hérault),  la  Bauxite  repose 
sur  Vlnfràlias.  Elle  est  recouverte  par  des  grès  et  poudingue»  sili- 
ceux, rouges,  que  surmonte  un  calcaire  avec  Gyclostomes  [Lvptopoma 
flai/fei  Sandbg?).  Cette  formation  d'eau  douce  est  inférieure  au  cal- 
caire à  Alvéolines  de  la  région.  Elle  se  rapporte  vraisemblablement 
an  Garumnien  (Danien),  peut  être  à  l'Êocène  inférieur.  J'ai  figuré  la 
Bauxite  dans  cette  situation  à  Pierrerue.  (I) 

K  Yilleveyrac,  les  couches  qui  supportent  la  Bauxite  sont  plus 
récente?».  Ce  sont  des  calcaires  gris  jurassiques  supérieursàl'Oxtordien. 
On  voit,  dans  les  tranchées  du  chemin  de  fer,  la  Bauxite  s'appuyer 
sur  eux  en  pénétrant  dans  leurs   anfractuosités.  Elle  constitue  une 
nappe  qui  plonge,  comme  la  surface  de  ces  calcaires,  vers  la  région 
sud  et  ligure  une  cuvette  dans  laquelle   sont   situées  les  couches 
d'eau  douce  qui  recouvrent  la  Bauxite.  La  continuité  de  l'affleure- 
ment demi-circulaire  de  la  Bauxite  entre  les  deux  formations,  son 
extension  sous  le  lacustre,  révélée  par  quelques  puits  de  recherche, 
démontrent  cette  constitution  en  nappe*  Son  épaisseur  varie  de  â  à 
8  mètres.  Elle  présente  des  parties  rouges,  d'autres  roses  ou  môme 
blanches,  celles-ci  très  riches  en  hydrate  d'alumine,  recherchées  pour 
la  fabrication  des  sels  d'alumine  et  des  produits  réfractaires.  Elle  est 
recouverte  par  une  première  assise  de  grès  versicolores,  à  laquelle 
succèdent  les  calcaires  de  Yilleveyrac,  puis  une  deuxième  assise  de 
grès  de  couleur  bise  et  enfin  les  calcaires  de  Vallemagne,  dits  cal- 
caires dentelles,  à  cause  de  leurs  découpures.  Ceux-ci  renferment 
Mehnia  armata,  Cyclophorus  cf.  heliciformis  (identique  à  des  échantil- 
lons de  Rognac).  D'après  leurs  fossiles,  les  calcaires  de  Vallemagne  sont 
doocsynchroniques  deceuxdeltognacetVelaux,dansles  Bouches-du- 
Rhôoe.  Les  couches  de  Yilleveyrac  occupent  dès  lors  à  peu  près  la 
place  des  calcaires  à  Pbyses  de  Mi  met  et  de  la  Bégude,  des  calcaires  à 
Lyclmus  mariorus,  Houle,  du  iMoulin  du  Pont-de-Velaux,  dans  la  série 
des  Bouches-du-Rhône. 

Pour  retrouver  la  Bauxite  plus  à  l'Est,  il  nous  faut  franchir  l'espace 
compris  entre  Montpellier  et  Arles.  A  l'Est  de  cette  ville  se  dresse  la 
petite  chaîne  des  Alpines,  qui  présente  de  longs  et  multiples  affleu- 
rements de  Bauxite,  principalement  sur  son  revers  sud,  où  ils  sont 
dominés  par  le  village  des  Bauxy  qui  a  donné  son  nom  à  la  roche.  La 
roche  qui  supporte  la  Bauxite  est  ici  encore  plus  récente  qu'à  Ville- 
veyrac  ;  c'est  le  calcaire  néocomien  et  même  généralement  le  calcaire 

[1)  Bull.  toc.  gé»t.  3,  t.  III,  pi.  XI. 

La  cheminée  d'arrivée  de  la,  Bauxite,  figurée  sous  la  forme  d'un  filon   terminé 
par  la  nappe,  est  hypothétique. 


336  L.    COLLOT.    —   BAUXIT8S    DU    SUD-EST   DR   LA    FRANCE.        21    fév. 

blanc  urgonien.  Les  couches  recouvrantes  sont  du  calcaire  gris  et 
des  marnes  bien  stratifiées  d'eau  douce.  Dans  la  série  de  ces  couches 
Hatheron  a,  depuis  longtemps,  reconnu  les  fossiles  du  calcaire  de 
Hognac.  M.  Houle  a  montré  récemment  que  la  partie  inférieure  de 
cette  série  renferme  les  fossiles  de  l'assise  de  la  Bégude  et  du  pont 
de  Velaux.  Les  couches  recouvrantes  sont  donc  sensiblement  de 
même  âge  que  celles  de  Yilleveyrac. 

Coquand  figure  des  alternances  de  la  Bauxite  avec  les  premières 
couches  lacustres.  J'ai  tenu  a  voir  ce  qu'il  en  était  et  je  me  suis 
rendu  à  Font  vieil  le,  Baux,  Maussane,  Paradou. 

Entre  Les  Baux  et  Mont-Pavon,  la  Bauxite  rose,  quelquefois 
même  blanche  et  sans  pUolithes  rouges,  a  été  exploitée  à  la  partie 
supérieure  de  la  nappe,  dont  la  partie  inférieure  est  généralement 
plus  foncée.  L'ensemble  a  environ  6  mètres  d'épaisseur.  Le  substra- 
tum  est  un  calcaire  blanc,  assez  bien  lité,  appartenant  à  la  base  de 
l'Urgonien.  Au-dessus  de  la  Bauxite,  il  y  a  10  à  30  centimètres  de 
Bauxite  remaniée,  puis  vient  le  calcaire  gris  à  Cyclophores,  dont  le 
développement  n'est  arrêLé  par  aucune  récurrence  de  Bauxite. 

En  descendant  des  Baux  sur  Maussane,  on  peut  observer,  près  du 
château  de  Manvilte,  que  la  base  de  la  formation  lacustre  se  compose 
de  calcaires  gris  divers,  de  marnes,  au  milieu  desquels  il  n'y  a  rien 
de  rouge.  J'y  ai  seulement  observé,  comme  élément  un  peu  plus 
coloré,  un  ou  deux  bancs  de  calcaire,  jaune  à  l'intérieur  comme  à 
l'extérieur,  rappelant  ceux  qui  se  trouvent  à  plusieurs  niveaux  dans 
les  couches  lacustres  du  bassin  de  Fuveau.  La  série  se  termine  infé- 
rieurement  de  la  manière  suivante  : 


1887.        L.    COLLOT.    —   BAUXITES  OU  SUD-EST  DS   LA  FRANCS.  337 

centre  de  pisolithes  de  calcaire  gris,  pur,  concrétionné,  sans  fer  ni 
alumine  incorporés  dans  ses  couches  concentriques.  Gela  peut  s'ob- 
server encore  à  un  mètre  au-dessus  de  la  Bauxite.  Les  couches  la- 
custres sont  arrêtées  très  près  de  leur  contact  avec  la  Bauxite  par  une 
2*  faille,  au  delà  de  laquelle  reparait  le  calcaire  blanc,  peu  compacte, 
Crétacé  inférieur. 

Àl'O.  de  Paradou,  en  suivant,  au  S.  du  grand  chemin,  le  pied  du 
Deffend  du  Sousteyran,  on  voit  la  Bauxite  appliquée  sur  le  Néoco- 
mien  et  recouverte  par  le  Lacustre,  présenter  dans  la  base  de  celui-ci 
une  apparence  de  retour.  C'est  un  banc  en  effet  à  peu  près  formé  de 
Bauxite,  mais  elle  est  réduite  à  des  nodules  roulés,  fragmentés  et 
mêlés  de  sable  siliceux.  C'est  le  produit  d'un  remaniement  de  la 
Bauxite  qui  pouvait  être  encore  à  nu  sur  des  points  voisins,  alors  que 
sur  le  lieu  où  j'ai  pris  ces  observations,  un  mètre  de  sédiment  s'était 
déjà  formé  au-dessus  de  la  vraie  nappe  de  Bauxite,  lequel  sépare 
actuellement  celle-ci  de  la  couche  remaniée. 

Il  u'y  a  donc,  au  nord  de  Maussane,  qu'un  seul  niveau  de  Bauxite, 
inférieure  à  toutes  les  couches  lacustres  et  immédiatement  super- 
posée au  Crétacé  inférieur.  Peut-être  Coquand  a-t-il  pris  pour  de  la 
Bauxite  les  argiles  plastiques  qui  se  trouvent  un  peu  plus  haut,  colo- 
rées en  rouge;  comme  celles-ci,  les  bancs  supérieurs  de  Bauxite  de 
Coquand  sont  entremêlés  dans  les  bancs  de  pisolithes.  Il  y  a  un  peu 
de  Bauxite  dans  les  calcaires  lacustres,  mais  c'est  à  l'état  de  grains 
isolés,  de  nodules  rouges,  constituant  la  partie  la  plus  résistante  de 
la  Bauxite,  remaniés  et  isolés  de  la  partie  tendre.  Souvent  ces  no- 
dules sont  cassés,  anguleux.  Ils  sont  englobés  dans  le  calcaire  qui 
s'est  concrétionné  autour  d'eux  sans  qu'il  y  ait  passage  de  la  subs- 
tance de  l'un  à  l'autre.  Ces  rapports  paraissent  être  ceux  d'une  roche 
préexistante  avec  un  sédiment  qui  s'est  formé  plus  tard  au-dessus 
d'elle,  non  ceux  d'une  roche  qui  passe  graduellement  à  une  autre  à 
mesure  que  l'action  qui  apportait  les  matériaux  de  la  première  s'af- 
faiblit et  que  les  éléments  de  la  nouvelle  roche  s'y  mêlent  intime- 
ment par  un  dépôt  simultané. 

A  Puyloubier,  au  pied  de  la  montagne  de  Sainte-Victoire,  il  y  a 
un  peu  de  Bauxite  à  la  base  de  la  formation  d'eau  douce.  Elle  paraît 
réduite  à  des  nodules  ferrugineux  identiques  à  ceux  qu'on  trouve 
dans  les  gisements  typiques  repris  dans  les  premiers  sédiments  mar- 
neux lacustres  et  pénétrés,  dans  leurs  ûssures,  par  du  carbonate  de 
chaux. 

A  TE.  de  Pourrières,  vers  la  Bastide  blanche,  le  dépôt  de  Bauxite 
est  bien  caractérisé.  On  la  trouve  aussi  plus  à  l'E.  bordant  au  N.  et 

XV.  22 


aaa  l.  cqilot.  —  bauxites  du  sud-est  de  la  fiancb.  21  fév. 
à  1%  le  bassin  lacustre  d'OUières  et  passant  sous  cette  formation.  J'ai 
décrit  ailleurs  cotte  Bauxite  (1).  J'ai  mentionné  une  Bauxite  conte- 
nant des  grains  de  quartz,  à  Beauvillard  (bassin  d'OUières)  ;  cette  Bau- 
xite, que  j'ai  alors  qualifiée  de  terreuse,  doit  être  certainement  consi- 
dérée comme  un  produit  de  remaniement.  Il  eu  est  de  même  de 
celle  de  la  Bastide  blanche,  près  Pourcieux,  située  à  1  ou  2  mètres 
au-dessus  du  banc  de  Bauxite  en  place  (2)  et  séparée  d'elle  par  un 
banc  (jte  calcaire  nankin  et  deux  bancs  de  grès.  Elle  renferme  d'ail- 
leurs elle-même  du  sable  quarlzeux. 

Le  substratuca  desBauxitesdePuyloubier,  de  Pourcieux  et  i'OlUèrei 
est  le  calcaire  blanc  compacte  qui  termine,  dans  cette  région  de  la 
Provence,  le  terrain  jurassique.  Quant  aux  couches  d'eau  douce  qui 
les  recouvrent,  leur  Âge  m'avait  autrefois  paru  être  le  même  que  ce- 
lui des  couches  de  Villeveyrac  et  des  pllyses  de  Mimet  et  de  la  Hé- 
gude,  le  même,  par  suite,  que  celui  que  M,  Roule  a  reconnu  aux  cou- 
ches inférieures  des  Alpines. 

Aujourd'hui  cet  Âge  me  parait  plus  vieux  d'un  degré,  car  je  fais 
les  couches  d'OILieres  contemporaines  deslignites  de  Fuveau.  A  Pay- 
loubisr  il  y  aurait  même  quelques  couches  inférieures.  A  OUiôres, 
soit  qu'on  remonte  vers  le  N.  Le  ruisseau  qui  passe  au  pied  du  ro- 
cher sur  lequel  est  assis  le  village,  soit  qu'on  s'enfonce  dans  Le  bow 
à.  l'B.,.  soit  même  qu'on  se  dirige  vers  le  S.,  il  est  facile  de  voiq  dans 
le  Lacustre  des  quantités  assez  grandes  de  Corbicules  des  mêmes  es- 
pèces qui  pullulent  entre  les  ligaites  de  Fuveau,  notamment  C.  con- 
ciiuui  Sow.  sp.  (Cyclas).  A  l'extrême  base  des  calcaires  j'ai  même 
trouvé  a  l'E.  d'Ollières,  sur  Ja  Bauxite,  de  même  qu'à  la  bergerie  de 
la   Marotte,  le  Melania  nerinmiformis  Sandbg.  Or  ce  fossile  m'est 


1W7.  L.    COLiOT.   —   BAUXITES  DU   SVD-BST   DE  LA   FRANCE.  330 

U  Melania  nerinxiformis  descend  jusque-là.  Or  j'ai  retrouvé  dans 
tes  couches  de  Puyloubier  le  Bulimus  proboscideut  accompagné  par 
Ljfcknus  elongatm  Roule,  Cyclophorus  Heberli  Roule,  Cyclopkorus 
cf.  keliciformis.  Au-dessus  de  ces  calcaires  compactes,  des  couches 
alternées  de  marnes  et  de  calcaires,  analogues  par  la  minceurdesKteà 
celui  qui  enclave  le  lignite  à  Fuveau  et  renfermant  en  effet  qoetepec 
lits  charbonneux,  représenteraient  l'horizon  des  Hgnitea.  Les  couches 
à  Pbyses,  ayant  à  leur  base  des  pisolitbes  calcaires,  9eraient  entière* 
mut  sons  la  forme  de  grès  et  d'argiles  à  Puyloubier,  ce  qui  tient  à 
la  situation  de  cette  localité  dans  la  partie  orientale  du  bassin  du 
Lu,  où  les  éléments  détritiques  tendent  à  prédominer  sur  l'élément 
calcaire. 

Ai  Puits  de  Rians,  —  les  calcaires  compactes  de  Puyloubier  se  re* 
boutent  avec  la  Bauxite,  entre  Puyloubier  et  Rians. 

Plus  à  l'Est  qu'OUières,  nous  retrouvons  la  Bauxite  aa  V»l,  près 
Brignoiles.  Elle  s'appuie  sur  la  dolomie  jurassique  qui  forme  la 
crôU  et  le  revers  nord  de  la  colline  qui  sépare  la  plaine  de  Brignoiles 
de  celle  du  Val.  Elle  est  recouverte  d'abord  par  des  grès  siliceux.  Ceux- 
ci  paraissent  être  la  suite  de  quelques  accidents  de  même  nature 
subordonnés  aux  couches  du  bassin  d'Ollières,  qui  auraient  pris  ici 
une  importance  plus  considérable  par  suite  de  la  position  plus 
orientale,  c'est-à-dire  plus  littorale,  de  la  localité.  Aurdessus  de  ces 
grès,  à  l'entrée  du  village,  nous  trouvons  : 

Calcaire  marneux  hleuàtre  et  jaunâtre,  avec  Corbicula,  Melania,  Uniot  Lignite 
exploité  d'autrefois. 
Argile  exploitée  pour  tuilerie». 
Banc  de  grès. 

Marne  rouge  et  blanche,  grès... 
Le  système  est  limité  au  nord  par  une  faille. 

La  Bauxite  du  Val  se  continue  en  une  bande  rectiligne,  par  Vins 
jusqu'au  moulin  de  Brauch,  Combecave  et  la  Gagére,  au  nord  de 
Cabasse,  où  elle  est  exploitée  et  au  delà.  Elle  s'appuie  constamment 
au  Sud  sur  le  Jurassique  et  au  Nord  elle  est  arrêtée  à  peu  de  distance 
de  l'affleurement  de  sa  base  par  une  faille  contre  laquelle  elle  se 
replie  et  se  relève.  Ta  et  là  on  la  voit  recouverte  par  un  peu  de  grès 
siliceux,  déjà  signalé  par  Coquand;  c'est  la  continuation  de  celui  du 
Val.  Cette  bande  a  au  moins  20  kilomètres  de  long. 

Dans  les  gisements  que  j'ai  décrits  ci-dessus,  la  Bauxite  est  cons- 
tamment recouverte  par  la  formation  lacustre  plus  ancienne  que  le 
Nummulitiqueet  plus  récente  que  les  Hippurites  sénoniennes.  Son 


340  L.    C0LL0T.    —   BAUXITES   DU    SUD-EST   DE   LA   FRANCE.       21    fév. 

âge  serait  celui  des  couches  lacustres  ci-dessus  s'il  était  vrai  qu'il 
y  eût  de  la  Bauxite  intercalée  entre  les  couches  à  Physes  de  la 
Bégude  et  les  lignites  de  Fuveau,  plus  récente  par  conséquent  que 
ceux-ci.  C'est  ce  que  pourrait  Taire  croire  la  coupe  8  de  M.  Roule  (1} 
où  la  lettre  a,  ordinairement  affectée  par  cet  auteur  à  la  Bauxite, 
signale  à  notre  attention  un  trait  noir  occupant  en  effet  cette  position, 
avec  la  légende  :  «  Bauxite  représentée  par  des  argiles  rouges  et 
jaunes,  des  calcaires  nankins  avec  nodules  d'oligiste.  »  J'ai  bien  va 
dans  cette  position  des  calcaires  nankins,  des  argiles  bariolées  plas- 
tiques, mais  rien  qui  rappelât  la  Bauxite.  M.  Boule  cote  encore  Cou- 
doux  comme  oflrant  la  Bauxite  intercalée  entre  les  assises  à  lignite 
et  le  terrain  lacustre  à  Lychnus,  qui  les  surmonte  (2)  je  n'ai  rien  vu 
là  de  pareil.  Je  n'ai  pas  vu  davantage  de  dépôts  de  Bauxite  stra- 
tifiée appartenant  à  la  base  du  système  de  Fuveau,  comme  Dieulafait 
en  signale  (3),  outre  les  «  puissants  dépots  situés  entre  le  sys- 
tème de  Fuveau  et  celui  à  Lychnus.  » 

Je  me  suis  efforcé  de  montrer  qu'il  n'y  a  pas  de  lien  de  contempo- 
ranéité  entre  la  formation  des  premières  coucbes  lacustres  et  l'émis- 
sion de  la  Bauxite.  Aucune  intercalation  de  la  Bauxite  entre  des 
termes  stratigraphiques  consécutifs  ne  contredit  cette  indépen- 
dance. Cela  nous  permet  d'admettre  que  la  Bauxite  soit  sensible- 
ment plus  ancienne  que  les  coucbes  qui  la  recouvrent.  Les  obser- 
vations de  Puyloubier,  d'Ollières,  du  Val  l'ont,  en  effet,  fait  descendre 
du  dessus  des  coucbes  à  lignite  à  un  niveau  inférieur  à  ces  couches. 
Les  gisements  situés  au  Sud  du  Lar  et  dans  le  Sud-Ouest  du  dé- 
partement du  Var  vont  nous  permettre  de  vieillir  encore  la  Bauxite 
de  ces  régions. 


1887.        L.    COLLOT.    —   BAUXITES   DU   SUD- EST  DE   LA    FRANCE. 


341 


voit  sur  le  revers  sud  la  superposition  à  des  dolomies,  sont  la  partie 
supérieure  do  Jurassique.  En  suivant  le  chemin  qui  circule  presque 
à  mi  côte  le  long  de  la  colline,  on  rencontre  au  détour  d'un  petit 
vallon  une  fissure  de  largeur  variable  remplie  d'une  matière  ferru- 
gineuse rouge,  terreuse,  dans  laquelle  je  ne  serais  pas  éloigné  jus- 
qu'à nouvel  ordre,  de  voir  un  filon  d'arrivée  de  la  Bauxite.  En  tous 
cas,  voilà,  dans  celle  disséminée  sur  pente  du  calcaire  blanc,  au 
contact  des  Hippurites,  de  la  Bauxite  antérieure  à  celles-ci. 

Le  gisement  d'Allauch  nous  conduit  à  la  même  conclusion.  Dieula-  ' 
fait  a  considéré  la  Bauxite  d'Allauch  comme  alternant  avec  les  cou- 
ches à  Bippurites  organisant.  M.  Roule  a  préféré  considérer  la 
Bauxite  comme  tombée  avec  les  plaquettes  à  Cyrenagalloprovincialis 
qu'elle  recouvrait,  «  dans  les  failles  qui  font  butter  le  Néocomien 
contre  le  Turonien  supérieur  (1).  »  Voici  selon  moi  la  réalité  des  faits. 

Il  y  a  bien  des  failles  dans  le  massif  d'Allauch  Mais  ce  n'est  pas 
là  que  se  trouve  la  Bauxite.  * 

Allauch  est  dominé  à  l'Est  par  quelques  mamelons  coniques  re- 
marquables par  leur  nudité  absolue  et  leur  couleur  rougeâtre.  Sur 
certains  points  on  voit  ces  calcaires  roux  recouverts  par  des  calcaires 
à  Hippurites.  Dans  leur  partie  inférieure,  ils  passent  souvent  à  des 
couches  grises.  Tout  l'ensemble  de  ces  couches  appartient  à  l'assise 
de  Y  Hippurites  di  la  ta  tus.  Le  soubassement  commun  de  ces  marne- 


Fig.  2.  —  Coupe  à  l'Est  d'Allauch  {B. -du- Rhône). 


N.O 


Bourdonnière 


Rj.1  OU   .)ù:\ 

de   Moulet 


Tcles  rouira;  £st    de 

•ruirnoi! 

ni"''  * 


S.E 


Ravin 


1.  —  Calcaire  blanc  néocomien  supérieur  (Urgonien), 
8.  —  Néocomien  jaune,  calcaréo-marneux. 

3.  —  Cargneule  et  marne  rouge  du  Keuper. 

4.  —  Calcaire  à  Hippurites. 

5.  —  Néocomien. 

6.  —  Néocomien  supérieur,  blanc. 

6.  —  Bauxite  roupie. 

7.  —  Calcaires  roux  et  Hippurites. 
6.  —  Bauxite  rouge. 

8.  —  Valangieo. 


(1)  Loc.  cit.  p.  70.  p.  m. 


Ht  L.    COILOT.    —    BAUXITES   DU    SUD-EST   DE    LA    FRANCE.        21    fé?. 

Ions  eit  an  calcaire  blanc,  compacte,  qui  recouvre  avec  une  faible 
épaisseur  le  Néocomien  fossilifère,  classique  d'Allauch.  La 
Bauxite  est  antre  les  calcaires  blancs  sur  lesquels  elle  repose  et 
les  calcaires  gris  et  roux.  Elle  forme  une  ceinture  à  la  base  des  ma- 
melons. On  la  trouve  peu  à  l'Est  du  Jas  de  Moulet  et  on  peut  la 
suivre,  en  tournant  les  mamelons  pur  le  côté  Est,  d'une  manière  à 
peu  près  continue  jusqu'au-dessus  de  Pugnou,  Elle  forme  une  masse 
assez  épaisse  en  quelques  points  pour  qu'on  y  ait  ouvert  des  gale- 
ries d'exploitation  qui  s'enfoncent  parallèlement  aux  plans  de  strati- 
fication du  calcaire  blanc  urgonien  et  des  calcaires  superposés.  Sur 
le  bord  des  aflleuremeuts  on  voit  la  Bauxite  accolée  au  calcaire  blanc 
et  remplissant  les  dépressions  de  sa  surface.  D'autre  part  des  grains 
de  Bauxite  remaniée  se  trouvent  dans  le  premier  lit  de  calcaire  cré- 
tacé supérieur  qui  repose  sur  la  Bauxile.  Ce  calcaire  est  roux.  En 
certains  points  où  la  Bauxite  est  réduite  à  une  faible  épaisseur  elle 
ne  consiste  qu'en  une  grenaille  ferrugineuse  à  grains  lustrés  ;  il 
semble  qu'en  ces  points  elle  a  été  remaniée,  qu'elle  a  perdu  toutes  ses 
parties  friables  et  que  les  parties  lourdes  et  dures,  polies  par  le  frot- 
tement, sont  seules  restées  en  place. 

Dans  la  partie  la  plus  voisine  d'Allauch  l'ensemble  des  couches 
précédentes  s'abaisse  et  une  faille  amène  au  niveau  du  Néocomien  et 
de  l'Urgonien  unlambeau  de  calcaires  roux  et  de  calcaires  a  llippurites 
qui  masque  complètement  ces  étages.  Par  suite,  faisant  une  coupe 
sur  un  méridien  convenablement  choisi  on  peut  voir  la  Bauxite  do- 
minée par  les  calcaires  du  système  a  Hippuriles  et  dominant  à  son 
tour  des  calcaires  semblables.  C'est  peut-être  ce  qui  a  fait  croire  à 


1887.        L.   COLLOT.   — ■  fcAUXim  DÛ  SÛD-EST  t)K  LA  FRANCE. 


343 


d'Aups,  il  y  a  une  assise  mince  de  calcaire  en  petits  bancs,  rtélé  à 
nne  argilolilhe  verdâtre.  Cette  assise  repose  sur  les  calcaires  blancs  et 
dolomies  du  Jurassique.  Elle  présente  les  caractères  pétrographiques 
singuliers  que  j'ai  reconnus  dans  toute  la  région  aux  couches  où  a 
été  trouvé  le  Natica  Leviathan:  c'est  le  Valahgien.  Les  calcaires  à  Hip- 
pnrites  plongeant  comme  lui  vers  le  Sud,  recouvrent  ce  Valangien. 
Entre  les  deux  il  y  a  une  faible  quantité  de  Bauxite,  consistant 
surtout  en  rognons  rouges  avec  enduit  blanc. 

Le  plateau  dit  Plan  d'Aups  est  formé  par  les  calcaires  à  Hippurites. 
Or,  lorsqu'on  descend  de  ce  plateau  vers  Nans,  vers  Rotigiers,  ou 
vers  Tourves,  on  trouve  sur  son  bord,  la  Bauxite,  d'un  rouge  Vif,  très 
noduleuse,  avec  des  veines  blanches,  au-dessous  des  calcaires  à 
Hippurites,  entre  ceux-ci  et  les  calcaires  blancs  mêlés  de  dolomies.  rit» 

Fig.  3.  —  Coupe  par  Mazangues  (Var). 


y 


1.  —  Infràlias. 

m    _  Alternance  de  près  et  de  calcaires  à  Hippurites  et  à 

Voramirtlfère*. 

ïj.  —  Bauxite. 

:;.  —  Calcaire  blanc  et  dulumie  :  Jurassique. 

4.  —  Dolomie  jurassique. 

la  partie  terminale  du  Jurassique.  Cet  affleurement  peut  être  suivi 
sur  une  douzaine  de  kilomètres  et  doit  se  prolonger  encore  à  l'Est, 
au-delà  du  méridien  de  Mazaugues.  Il  n'y  a  pas  là  de  taille  à  invo- 
quer. Une  faille  est  au  pied  du  talus  qui  supporte  le  plateau,  mais, 
sur  le  bord  de  celui-ci,  il  n'y  a  que  superpositions  régulières,  dont 
les  affleurements  suivent,  à  la  manière  des  courbes  de  niveau,  les 
sinuosités  du  sol. 

Regagnas,  Allauch,  le  Plan  d'Aups  viennent  de  nous  montrer  la 
Bauxite  au  moins  aussi  ancienne  que  les  couches  à  Hippurites  dilatatus. 
Un  pas  de  plus  au  Sud  et  nous  allons  la  voir  inférieure  au  Cénoma- 
nien.  A  l'Est  du  Hevesl,  auN.  de  Toulon,  le  revers  Sud  d'une  colline 
formée  de  calcaire  blanc  à  Uequiénies,  porte  de  la  Bauxite  super- 
posée à  ce  calcaire.  Le  Cénomanieu  se  trouve  un  peu  plus  bas  séparé 


344  L.   COLLOT.    —  BAUXITES   D0  SUD-EST  DE  J.A  FRANCE.       21    fév. 

de  l'Urgonien  et  de  la  Bauxite  par  une  faille,  La  série  n'est  donc  pas 
parfaitement  complète,  mais  comme  la  Bauxite  est  immédiatement 
appliquée  sur  CUrgonien,  il  n'y  a  pas  de  doute  qu'elle  soit  plus  an- 
cienne que  le  Cénomanien  placé  à  coté.  D'ailleurs,  quelques 
cents  mètres  plus  à  l'Ouest,  la  superposition  du  Cénomanien  &  l'Ur- 
gonien paraît  régulière,  et  un  peu  de  Bauxite  noduleuse  l'intercale 
entr'eux.  Le  Cénomanien  tu  sur  le  premier  point  m'a  fourni  Ostrea 
flabetta,  0.  columba,  0.  biaurkulala,  Cyrena,  Hotaster  dans  une  couche 
marneuse.  Plus  à  l'Ouest,  vers  Evenos,  l'Aplien  et  le  Gault  existent 
sur  le  calcaire  à  Réquiénies,  mais  là  il  m'a  été  impossible  de  retrouver 
la  Bauxite. 

Ainsi,  les  limites  les  plus  étroites  dans  lesquelles  nous  pouvons  enfer- 
mer l'âge  de  la  Bauxite  sont,  en  bas,  l'Urgonien,  en  haut,  le  Cénoma- 
nien. Dans  les  autres  gisements  que  j'ai  cités,  nous  pouvons  admettre 
que  la  Bauxite  s'est  déposée  en  même  temps  que  celle  de  l'arrondis- 
sement de  Toulon  mais  qu'elle  se  trouve  séparée  de  son  mur  et  de  son 
toit  par  une  lacune  stratigraphique  plus  ou  moins  importante.  L'inter- 
valle formé  par  ces  deux  lacunes  inclut  toujours  le  Gault  et  le  Céno- 
manien. Dans  l'Ouest  de  l'Hérault  la  lacune  stratigraphique  dans 
laquelle  la  Bauxite  prend  place  est  à  son  maximum.  C'est  que  nous 
sommes  sur  le  pied  de  la  Montagne  Noire  qui  a  été,  pendant  fort 
longtemps,  un  centre  d'émersion.  La  lacune  va  en  ^'amoindrissant 
à  mesure  que  nous  nous  avançons  vers  le  Sud-Est  des  Bouches  du  - 
Rhône,  c'est-à-dire  vers  la  région  où  la  série  secondaire  est  la  plus 
complète,  du  Trias  au  sommet  du  Crétacé  :  c'est  ce  qui  nous  a  permis, 
dans  ce  bassin,  d'étreindre  l'âge  de  la  Bauxite  qui,  à  Saint -Chinian, 


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346  FABRE.    —    OilIGIMIS    SES    CIRQUES    VOLCANIQUES.  SI    fév. 

Le  secrétaire  dépose  sur  le  bureau  la  note  suivante  de  M.  Paître  : 

Origine  des  cirques  volcaniques. 

Description  du  groupe  dts  volcans  de  Bauzon  iArdtche), 

par  M.  Fabre. 

[PI.  IX). 

Dans  la  séance  du  7  décembre  1880  notre  regretté  confrère  M.  Tour 
naire  avait  appelé  l'attention  sur  certaines  particularités  de  struc- 
ture du  grand  volcan  du  Cantal,  particularités  qu'il  attribue  a  des 
actions  dynamiques  internes  du  genre  de  celles  qui  ont  produit  les 
cratères-lacs  de  Pavin  et  d'Issarlès. 

Je  ne  puis  que  corroborer  ce  qu'a  dit  à  ce  sujet  notre  savant  con- 
frère. 11  me  parait  impossible  en  effet  de  voir  dans  les  cirques  si 
grandioses  qui  entourent  le  Puy-Mary  de  simples  effets  de  dénuda- 
lion  ;  il  y  a  là  certainement  les  traces  visibles,  et  je  dirais  même  en- 
core fraîches  d'une  puissante  action  dynamique  interne. 

Mais  quelle  a  été  cette  action?  est-ce  un  effondrement?  est-ce 
une  explosion?  M.  Tournaire  ne  s'explique  pas  à  ce  sujet.  Peut-être 
me  sera-t-il  permis  de  présenter  à  ce  propos  quelques  observations, 
et  de  formuler  mes  préférences  motivées  pour  l'idée  d'effondre- 
ment. 

Tout  d'abord,  je  remarque  que  dans  les  phénomènes  actuels  du 
volcanisme  les  effondrements  produisent  des  escarpements  bien  au- 
trement accentués  que  les  explosions.  Je  n'en  chercherai  pas  d'autre 
exemple  que  la  catastrophe  récente  du  Krakalau;  l'explosion  a  bien 


1987.  FABHK.  —   ORIGINBS   DUS    CIRQUE*   VOLCANIQUES.  347 

jetés  pas  les  explosions?  Us  ont  été  enlevés,  direz-vous.  Mais  dans  cette 
hypothèse,  comment  expliquer  la  manière  d'agir  de  ces  eaux  quater- 
naires qui  auraient  suffi  à  ce  grand  travail  de  déblaiement,  et  qui 
n'auraient  pas  suffi  au  modeste  travail  de  remblaiement  du  vide  inté- 
rieur?... J'ai  visité  attentivement  les  environs  du  lac  Pavin,  du  lac 
d'hsarlès,  du  cirque  de  Beauregard  (i),  nulle  part  je  n'ai  pu  trouver 
trace  des  débris  qui  auraient  dû  être  projetés  par  l'explosion.  Notons 
bien  d'ailleurs  que  le  volume  des  matériaux  ainsi  projetés  ne  repré- 
sente  pas  des  quantités  négligeables;  celui  du  lac   Pavin  atteint 
75  millions  de  mètres  cubes,  celui  du  lac  d'issarlès  dépasse  100  mil- 
lions. —  Il  faudrait  donc  supposer  que  la  dénudation  eût  pu  entraî- 
ner ces  masses  énormes,  tout  en  s'abstenant  de  combler  le  vide  in- 
térieur des  cirques.  C'est  inadmissible. 

Il  me  paraît  donc  rationnel  d'attribuer  la  plupart  de  ces  cirques  h 
des  effondrements.  Cette  idée,  qui  se  présente. à  vrai  dire  comme  une 
hypothèse,  prend  les  caractères  d'une  quasi-certitude  quand  on  com- 
pare les  formes  topographiques  de  ces  cratères-lacs  à  celles  des 
cirques  qui  abondent  à  la  surface  des  Causses  calcaires,  cirques  qui 
sont,  comme  on  le  sait,  le  produit  dévastes  effondrements  de  roches 
entraînées  dans  les  cavités  et  grottes  souterraines  (2). 

Je  décrirai  un  jour  les  particularités  étranges  de  cette  topogra- 
phie des  Causses;  je  me  contente  pour  le  moment  de  signaler  l'évi- 
dente ressemblance  des  formes,  et  je  reviens  à  ce  fait  indéniable,  à 
savoir  l'absence  des  débris  de  l'explosion  présumée  autour  de  la  plu- 
part des  cratères  lacs.  C'est  une  difficulté  contre  laquelle  les  parti- 
sans de  la  théorie  des  explosions  ont  vainement  lutté?  Voici  du 
reste  ce  que  dit  à  ce  sujet  M.  Yimont  dans  son  excellente  étude  sur 
le  lac  Pavin  (3)  : 

«  Un  trait  caractéristique  et  fréquent  chez  les  grands  cratères 
»  comme  celui  de  Pavin  est  l'absence  complète  ou  à  peu  près  com- 
»  plète  du  bourrelet  saillant,  ou  paroi  circulaire  formant  relief  au- 
»  dessus  du  sol  préexistant  qui  constitue  le  cône  volcanique,  et  qui  est 
»  dû  à  l'accumulation  des  déblais  produits  par  le  creusement  ducra- 
»   tore  et  rejetés  circulairement  tout  autour  par  la  force  de  projection 

(1)  Joli  cirque  cratériforme  de  808  mètres  de  diamètre,  creusé  en  entier  dans 
les  granités  gneissiques  et  dominé  par  un  piton  isolé  de  basalte  pliocène  (basalte 
des  plateaux).  Il  est  situé  dans  la  O0  de  la  Narce  (Ardècbe)  à  l'altitude  de 
1313  mètres. 

(2)  Certains  de  ces  cirques  ont  des  dimensions  vraiment  imposantes.  —  Tel  est 
celui  de  Soulages  sur  le  territoire  de  la  commune  de  Saint-Georges  de  Levejac 
(Lozère).  11  a  2400  mètres  de  diamètre  et  200  mètres  de  profondeur. 

(3)  Annuaire  du  Club  Alpin,  t.  I,  1871,  p.  342. 


348  FABRB.    —     ORIGINES    DES   CIBOUES   VOLCANIQUES.  21    fèV 

a  des  gaz  et  des  vapeurs.  L'absence  de  ces  déblais  est  ici  d'autant 
»  plus  réelle  qu'on  ne  voit  nulle  part  aux  alentours  de  fragments  de 
»  gneiss,  contrairement  à  ce  qui  devrait  être,  Pavin  s'enfonçant, 
»  comme  nous  venons  de  le  démontrer,  dans  cette  dernière  roche. 
»  Voici  l'explication  probable  de  ce  fait.  Les  cratères  de  ce  genre 
»  paraissent  avoir  été  formés  par  une  série  d'explosions  violentes  et 
»  répétées  qui  ont  successivement  brisé  les  roches  et  les  ont  broyées 
»  en  particules  assez  ténues  et  d'assez  faibles  poids  pour  que  la 
»  presque  totalité  ait  dû  être  projetée  et  dispersée  au  loin,  où  môme 
»  entraînée  par  les  vents,  semblables  en  cela  a  ces  cendres  volca- 
»  niques  qui,  lors  de  certaines  éruptions,  sont  transportées  à  d'im- 
*  menses  distances.  » 

Cette  ébauche  d'explication  n'est-elle  pas  la  condamnation  même 
de  l'hypothèse  des  explosions?  —  Du  reste  le  lecteur  de  bonne  foi 
peut,  en  quelque  sorte,  se  former  une  opinion  en  examinant  le  profil 
géologique  du  lac  Pavin,  qui  est  figuré  dans  la  planche  n*  IX  ;  je  doute 
qu'il  soit  possible  de  soutenir  qu'une  ou  plusieurs  explosions  aient 
jamais  pu  projeter  en  l'air  un  volume  de  matériaux  'presque  équiva- 
lent &  celui  du  cône  de  Montchame  et  pulvériser  ces  débris  assez 
finement  pour  qu'il  n'en  subsiste  aucune  trace  aux  environs.  —  Tous 
ceux  qui  ont  étudié  les  volcans  modernes  de  la  France  centrale  sa- 
vent au  contraire  avec  quelle  perfection  les  dépots  les  plus  meubles 
se  sont  conservés  autour  des  bouches  éruptives. 

Je  ne  pense  donc  pas  que  le  lac  Pavin  ait  été  formé  par  voie  d'ex- 
plosions gazeuses,  et  j'en  attribue  la  formation  à  un  simple  affaisse- 
ment, phénomène  bien  naturel  d'ailleurs  quand  on  songe  au  volume 
énorme  des  nialt-riiiux  rt'jctés  pur  lus  bouches  volcaniques  voisines. 


4887.  FABRE.  —  ORIGINES   DBS   CIRQUES   VOLCANIQUES.  349 

Le  géologue  qui,  partant  de  Langogne,  veut  explorer  les  confins  du 
Yelay  et  du  Vivarais,  peut  passer  rapidement  par  les  hauts  et  tristes 
plateaux  gneissiques  de  la  Narce,  sur  lesquels  semblent  planer  encore 
les  sanglantes  légendes  de  l'auberge  de  Peyrebeille  (t);  mais  il  ne 
peut  manquer  d'être  attiré  vers  l'Est  par  le  profil  hardi  d'un  cône 
volcanique  qui  domine  au  loin  toute  la  contrée,  c'est  le  Suc  de  Bau- 
zon (1474m);  c'est  le  cône  de  scories  le  plus  élevé  de  la  France  cen- 
trale. 

La  route,  après  avoir  traversé  le  bourg  de  Saint-Girgues  et  les 
riches  pâturages  de  Lalligier,  aborde  enûn  les  scories  volcaniques  au 
milieu  d'un  bois  de  sapins,  et  contourne  ainsi  pendant  deux  kilo- 
mètres tout  le  flanc  méridional  du  Suc  de  Bauzon  jusqu'à  une  mau- 
vaise auberge  isolée  (1310  mètres). 

Mais  là  le  paysage  change  brusquement;  on  se  retrouve  sur  le 
granité  gneissique  et  précisément  au  faîte  de  partage  des  eaux  entre 
la  Loire  et  le  Rhône,  sur  le  bord  même  de  l'escarpement  du  Plateau 
Central  de  la  France.  Devant  nous  et  à  nos  pieds  se  succèdent  à 
perte  de  vue  les  gorges  profondes  du  Vivarais,  tandis  qu'à  gauche  se 
dressent  de  nouvelles  cimes  volcaniques;  approchons  encore  un  peu, 
laissons  à  gauche  le  lac  Ferrand,  et  arrivons  jusque  sur  une  coulée 
de  lave  scoriacée  qui  domine  le  toit  de  l'auberge  de  Fonlaulière;  là 
un  spectacle  vraiment  imposant  est  réservé  au  géologue,  c'est  le 
cirque  volcanique  de  la  Vestide,  dont  le  sommet,  appelé  Suc  du  Pal, 
s'élève  à  1405  mètres  d'altitude. 

Qu'on  se  figure  une  enceinte  parfaitement  circulaire  de  1700  mètres 
de  diamètre  et  de  150  mètres  de  profondeur  moyenne;  le  fond  est 
occupé  par  de  vertes  pelouses  au  milieu  desquelles  surgissent  trois 
petits  monticules  de  scories,  tandis  que  les  pentes  intérieures  du 
cirque  sont  recouvertes  presque  partout  par  des  bois  taillis  de  hêtre. 
Tel  est  le  premier  et  saisissant  aspect  sous  lequel  se  présente  le 
cratère  de  la  Vestide  du  Pal. 

Après  avoir  donné  à  ce  spectacle  un  juste  tribut  d'admiration, 
examinons  à  loisir  les  différentes  parties.  Pour  cela,  le  mieux  est 
d'aller  droit  à  l'Est  et  de  faire  l'ascension  du  Suc  du  Pal.  En  montant 

ne  signale  môme  pas  celui  de  Bauzon.  —  Volcans  éteints,  —  Traduction  Vimont 
p.    198. 

(l)  En  1876  Faujas  de  Saint-Fond  décrit  ces  lieux  comme  «  une  vaste  plaine  en 
montagne;  ici  tout  est  inculte,  agreste,  froid,  sauvage  et  désert;  ce  grand  plateau 
couvert  d'une  mauvaise  pelouse  a  plus  de  demie-lieue  de  longueur;  la  vue  se  perd 
de  toutes  parts  dans  un  lointain  obscur;  on  se  trouve  isolé  dans  ce  climat  où  la 
nature  perd   son   éclat,  et    l'âme   s'attriste  et    s'inquiète  dans  cette  solitude.  » 

320). 


5(1  IWBRK.  —   OBItilNES   DES   CIHOUÏS    VOLCÀNIOUBS.  21    fêV. 

il  est  facile  de  constater  que  toute  la  paroi  méridionale  du  cirque 
est  constituée  sur  60  mètres  de  hauteur  par  un  escarpement  rocheux 
de  granité  surmonté  par  un  bourrelet  de  matériaux  meubles  de 
couleur  gris-clair.  En  s'élevanl  on  voit  que  ce  bourrelet  n'est  formé 
que  par  du  sable  granitique  entremêlé  de  blocs  énormes  de  granité 
avec  quelques  bombes  volcaniques  et  de  rares  scories;  tout  cela  est 
disposé  par  couches  plongeant  régulièrement  de  30  a  35°  vers  l'exté- 
rieur du  cratère;  jusqu'au  sommet  du  Suc  c'est  toujours  la  même 
chose.  Il  est  d'ailleurs  facile,  grâce  à  de  nombreuses  déchirures, 
d'examiner  en  détail  ce  vaste  entassement  de  matériaux  meubles, 
débris  d'une  formidable  explosion.  —  Les  blocs  de  granité  rejetés  par 
celte  explosion  ont  souvent  I,  2  et  même  3  mètres  cubes,  ils  sont 
comme  effrités  à  leur  surface,  et  se  trouvent  disséminés  sans  ordre 
au  milieu  des  graviers  et  des  sables  (1) 

Du  sommet  du  Suc  on  embrasse  d'un  coup  d'œil  tout  l'ensemble  du 
cirque;  on  voit  que  son  fond  est  de  60  à  10  mètres  plus  bas  que  le 
niveau  moyen  des  plateaux  avoisinants,  que  le  bourrelet  de  matériaux 
meubles  qui  l'entoure  de  trois  côtes  ne  s'étend  pas  au  loin,  et  que  ce 
bourrelet  semble  changer  de  nature  vers  le  .N-.U. 

Cette  paroi  du  cirque  présente  en  effet,  au-dessus  de  l'escarpement 
granitique,  un  chapeau  de  scories  et  de  lapilli  qui  s'élève  à  1363  mètres 
d'altitude,  et  qui  est  par  places  consolidé  sous  forme  de  rochers 
surplombant  l'intérieur;  vers  le  Nord,  ces  lapilli  s'étendent  au  loin  en 
pente  douce  dans  la  direction  de  la  vallée  de  la  Loire  (2). 

Enfin,  vers  le  Sud-Ouest,  la  paroi  granitique  présente  une  étroite 
coupure  par  où  s'échappent  toutes  les  eaux  pluviales  de  ce  vaste 
bassin  de  la  Veslide   en   formant  la  grosse  source  de  Fontaulière, 


1887. 


-  0&1GI.NK5,   (HtS    CIHOUKS  VOLCANIQUES. 


35» 


On  ne  tarde  pas  à  avoir  l'explication  de  cette  particularité  si  l'on 
descend  dans  la  gorge  de  Montpezat.  Juste  sous  la  paroi  méridio- 
nale du  cirque  de  la  Yestide,  on  voit  sur  le  flanc  escarpé  de  la  mon- 
tagne, au  milieu  même  des  rochers  granitiques,  une  sorte  de  conque  j 
c'est  use  bouche  latérale  du  grand  cratère.  Parcelle  bouche,  dite  du 
Charabon,  qui  est  à  100  mètres  environ  en  contre-bas  du  fond  du 
grand  cirque,  s'est  fait  jour  la  véritable  éruption  laviquo  :  scories 
noires  huileuses,  laves  tordues,  laves  compactes,  lapilli,  etc.  Tous 
ces  produits  ont  glissé  à  travers  les  rochers  de  granité,  le  long  des 
pentes  escarpées,  el  ont  gagné  le  fond  de  la  gorge  où  ils  ont  formé 
une  coulée  de  2  kilomètres  de  long.  Depuis  lors  les  eaux  torren- 
tielles ont  recreusé  les  pentes  et  nous  ont  façonné  une  série  de 
magnifiques  coupes  variées;  je  n'en  ai  fait  figurer  qu'une;  mais  elle 
suffit  pour  nous  permettre  d'y  lire  en  quelque  sorte  l'histoire  com- 
plète de  l'éruption. 

Fig.  1.  Coupe  par  le  cratère  du  Chambon. 


Tout  d'abord  nous  voyons  qu'avant  les  manifestations  volcaniques, 
les  dénudations  pliocènes  avaient  façonné  le  relief  el  creusé  les 
thalwegs  jusqu'à  leur  profondeur  actuelle;  c'est  alors  que  l'explo- 
sion de  la  Veslide  a  dû  projeter  les  débris  granitiques  non  seulement 
sur  les  environs  immédiats  du  cratère,  mais  aussi  sur  les  pentes 
rocheuses  de  la  gorge  de  Montpezat;  les  rochers  abrupls,  les  préci* 


mince  enveloppe  délave  noire  j.  h<-au  lorJus.  Il  est  facile  Je  recueilli 
nom  miaules  une  fort  belle  série  d'échantillons  de  toutes  grosseurs. 


352 


■   OHIGMBS    mes    CIRQUES   VOLCANIQUES. 


21  fév. 


pices  profonds  tout  fut  nivelé  sous  forme  d'un  long  talus  sableux. 
Puis,  sous  la  pression  de  la  lave,  la  bouche  secondaire  du  Chambon 
s'ouvrit  et  laissa  déverser  par-dessus  son  seuil  granitique  la  coulée 
qui  descendit  vers  le  Faud.  La  fin  de  l'éruption  fut  ici,  comme  dans 
le  grand  cratère  de  la  Vestide,  caractérisée  par  une  abondante  émis- 
sion de  lapilli  qui  vint  non  seulement  recouvrir  toutes  les  pentes 
voisines  mais  qui,  portée  par  les  vents,  alla  même  se  déposer  au  loin 
sur  le  coté  droit  de  la  vallée  (1). 

Pig.  2.  Coupe  au  hameau  du  faud,  montrant  les  éboulis  glaciaires  qui 
reposent  sur  un  lambeau  de  tuf  volcanique  plaqué  sur  le  gneiss. 


C'est  ainsi  que  la  coupe  n°  2  nous  montre  au  hameau  du  Faud, 
soit  à  plus  d'un  kilomètre  du  Chambon,  une  masse  de  tufoupépérite 

■uches  peu  inclinées  reposant  directement  sur  le  granîti 


1887.  FABRB.    —  ORIGINES  DES    CIRQUES  VOLCANIQUES.  353 

Pour  achever  la  description  du  groupe  volcanique  de  Bauzon,  il 
reste  à  parler  du  Suc  de  Bauzon  lui-môme  ;  je  n'en  dirai  que  quelques 
mots  parce  que  ce  cône  ne  présente  rien  de  particulier  que  ses 
dimensions;  il  s'élève  en  effet  de  près  de  300  mètres  au-dessus  du 
plateau  granitique  et  porte  au  sommet  un  cratère  ébréché  au  N.  0., 
par  lequel  s'est  échappée  la  plus  puissante  coulée  moderne  de  tout 
le  Yivarais. 

Cette  coulée  a  comblé  le  lit  de  la  Loire  pendant  sept  kilomètres  sur 
une  épaisseur  moyenne  de  30  à  40  mètres.  La  rivière  a  dû  se  frayer 
un  nouveau  chemin  entre  le  basalte  et  le  granité,  et  dans  ce  long 
travail  des  siècles,  elle  a  mis  au  jour  de  splendides  colonnades  qui  ne 
le  cèdent  en  rien  à  celles  plus  connues  des  bords  de  l'Ardèche  et  de 
la  Yolane. 

Le  hameau  de  la  Palisse  est  peut-être  dans  tout  le  parcours  de  la 
coulée  le  point  le  plus  abordable;  un  mauvais  chemin  y  conduit  de 
Sainl-Cirgues  et  un  vieux  pont  permet  de  traverser  la  Loire.  Quand,  à 
la  sortie,  des  bois  de  Neyronnet,  on  débouche  brusquement  en  vue  de 
la  Palisse  on  ne  peut  manquer  d'ôtre  frappé  par  le  spectacle.  On  voit 
que  un  peu  au-dessous  du  hameau  du  Pradet  des  roches  granitiques 
ont  dû  jadis  constituer  un  étroit  défilé,  qui  a  fait  barrage  pour  la 
lave,  et  qui  l'a  obligée  à  refluer  en  amont  pour  former  une  large 
nappe  horizontale  de  deux  kilomètres  de  long  (1).  C'est  entre  les 
basaltes  et  la  rive  gauche  granitique  que  la  Loire  a  dû  se  frayer  un 
nouveau  lit,  aujourd'hui  bordé  par  une  longue  colonnade  à  deux 
étages  de  prismes. 

Un  des  points  les  plus  beaux  à  visiter,  c'est  l'extrémité  inférieure 
de  la  coulée  :  ce  n'est  plus  qu'une  étroite  pointe  de  basalte  qui  s'a- 
vance en  forme  d'éperon  entre  un  petit  ravin  à  droite  et  la  Loire  à 
gauche  qu'on  domine  de  40  mètres  de  hauteur.  Les  eaux  se  précipi- 
tent en  mugissant  au  fond  de  vastes  cuves  polies  creusées  à  vif  dans 
la  roche  granitique;  c'est  un  spectacle  grandiose  qui  mérite  bien  le 
voyage. 

Du  reste  l'isolement  de  celte  contrée,  ses  difficultés  d'accès  et  de 
séjour  en  ont  seuls  éloigné  jusqu'ici  les  touristes  et  les  géologues; 
celui  qui  ne  se  laisse  pas  rebuter  par  ces  obstacles  matériels  est  am- 
plement dédommagé  de  ses  peines.  Déjà  au  siècle  dernier  ces  gorges 


descendaient  guère  au-dessous  de  1350  mètres  d'altitude  dans  les  Cévennes;  mais 
les  gelées  intenses  jonchaient  de  débris  rocheux   toutes  les  pentes  élevées,    et 
préparaient  ainsi  aux  torrents  les  éléments  de  leurs  formidables  apports. 
(i)  La  carte  d'État-major  est  en  ce  point  très  fautive. 

XV.  23 


354  TÀBHË.    —   OHIOIHRS  DES    CIRQUES  VOLCAN  1QORS.  21    fév. 

de  la  Loire  avaient  attiré  l'attention  ;  elles  sont  décrites  avec  poésie 
dana  les  lettres  de  M.  l'abbé  de  Morlesagnes  (1)- 

h  Tantôt  guindé  sur  les  hauteurs,  tantôt  rampant  le  long  des  revers, 
»  quelquefois  marchant  au  bord  de  l'eau,  je  ne  pouvais  me  lasser  de 
»  contempler  la  profondeur  étonnante  du  lit  de  cette  rivière.  Bile 
»  est  bordée  des  deux  côtés  de  montagnes  de  granit  de  120,  de  130 
»  et  140  toises  de  haut;  ces  montagnes  commencent  à  s'écarter  vers 
»  le  milieu  ou  les  deux  tiers  de  leur  hauteur;  mais  delà  en  bas  elles 
»  étalent  on  parement  de  roc  uni,  contigu  et  qui  semble  avoir  été 
b  taillé  à  pic.  11  faut  observer  que  ce  n'est  pas  la  Loire  seule  qui 
n  marche  ici  dans  un  encaissement  de  ce  goût,  l'Allier  en  fait  autant 
»  de  son  côté;  ce  qu'il  y  a  de  plus  incompréhensible  c'est  que  de 
»  misérables  ruisseaux  tels  que  la  Méjane,  Langognole,  qui  s'ont 
>  pas  constamment  plus  de  2  pieds  cubes,  et  qui,  depuis  leur  source 
n  jusqu'à  leur  embouchure,  ne  courent  au  plus  que  deux  lieues  de 
»  pays,  n'ont  pas  laissé  que  de  s'ouvrir  dans  le  roc  vif  des  pas- 
»  sages  presque  aussi  larges  et  aussi  profonds  que  ta  Loire. 

»  Je  n'étais  pas  moins  frappé  d'autre  part  de  l'horreur  profonde  et 
n  de  l'étemel  silence  qui  régne  tout  le  long  de  ces  gorges  affreuses. 
»  Ces  bords  si  riants  et  si  fréquentés  de  la  Loire,  dans  la  Bretagne, 

*  ne  sont  dans  tout  le  haut  Vivarais  que  d'effrayantes  solitudes  où 
»  l'on  peut  passer  plusieurs  heures  de  suite  sans  voir  un  être  vivant 
d  de  quelque  espèce  qu'il  soit,  sans  entendre  d'autre  ramage  que 

*  le  croassement  des  corneilles  ou  les  cris  perçants  des  oiseaux  de 
»  proie,  d'autre  bruit  que  celui  des  eaux  qui  se  brisent  avec  violence 
»  contre  les  masses  des  rochers  qui  y  sont  tombées,  et  qui  vous 
»  avertissent  à  chaque  pas  du  danger  qui  vous  menace. 


SÉANCE.  355 

»    parce  que  les  grandes  inondations  viennent  de  temps  en  temps 

»    non  seulement  balayer  tons  ces  débris,  mais  encore  en  faire  de 

»    nouveaux.  Des  files  entières  de  colonnes  sont  emportées  à  deux,  à 

»    trois,  jusqu'à  quatre  rangs  de  profondeur,  et  le  parement  de  la 

>»   chaussée  ne  croule  pas  à  mesure  que  les  prismes  inférieurs  qui  le 

t>   soutiennent,  commencent  à  manquer  :  on  en  voit  dans  quelques 

»   endroits  des  masses  effroyables  en  l'air  qui  semblent  ne  tenir  à  rien 

»  et  qui  surplombent  de  8  à  10  pieds  en  deçà  de  l'alignement  des  fon- 

»  déments.  » 

RÉSUMÉ. 

i*)La  plupart  des  cirques  volcaniques  ont  une  forme  tout  à  fait 
comparable  à  celle  des  cirques  d'effondrement  sur  les  plateaux  cal- 
caires des  Causses. 

2°)  Ces  cirques  volcaniques  n'offrent  en  général,  sur  leurs  bords 
extérieurs,  aucun  vestige  des  débris  pulvérisés  qui  auraient  dû  être 
rejetés,  s'ils  avaient  été  formés  par  suite  d'explosions  gazeuses 

3*)  Les  cratères-lacs  de  Pavin  (Puy-de-Dôme),  d'Issarlès,  de  Fer- 
rand,  de  Beauregard  (Ardèche)  sont  dans  ce  cas,  et  doivent  leur 
origine  à  des  effondrements. 

4°)  C'est  à  la  môme  cause  qu'il  paraît  convenable  d'attribuer  les 
cirques  ou  demi-cirques  qui  entourent  le  puy  Mary  et  le  puy  Griou 
(Cantal). 

3°)  Par  contre  d'autres  cirques  volcaniques  plus  rares  sont  évidem- 
ment le  produit  de  violentes  explosions  gazeuses;  tel  est  celui  de  la 
Vestide  du  Pal  (Ardèche). 

6°)  Ce  grand  cirque  constitue  avec  le  Suc  de  Bauzon  le  plus  impor- 
tant témoin  de  l'activité  volcanique  moderne  dans  le  haut  Vivarais. 

Séance  du  7  mars  1887. 
Présidence  de  m.    Albert  Gaudry. 

M.  M*  Hovelacque,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès -verbal  de 
la  dernière  séance,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Le  Président  annonce  deux  nouvelles  présentations,  et  donne  lec- 
ture d'une  circulaire  de  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  et 
des  Beaux-Arts,  annonçant  l'ouverture  du  25e  Congrès  des  Sociétés 
savantes  pour  le  31  mai  prochain. 

Le  Président  annonce  que  M.  Marcel  Bertrand  fera,  le  21  mars, 
une  conférence  sur  les  chaînes  de  montagnes  et  sur  la  formation  du 
continent  européen. 


356  DE  MARGKRÏE.  — PLtSSBMKNTS  EK    PËNHSÏVLÀNIE.  7  mars 

M,  Emm.  de  Margerie  présente  à  la  Société,  au  nom  de 
M.  J.-P.  Lesley,  directeur  du  service  géologique  de  laPennsylvanio, 
un  relief  en  plâtre  colorié,  destiné  à  montrer  l'allure  des  plis  a  fice- 
lant les  terrains  paléozolques  dans  le  centra  de  cet  État.  Le  modèle 
représente,  à  l'échelle  de  3,200  pieds  au  pouce  ou  ïttï;  (hauteurs  et 
longueurs  égales)  une  partie  des  comtés  de  Mifflia,  Centre  et 
Hunlingdon,  occupés  aujourd'hui  exclusivement  par  le  Silurien,  du 
calcaire  deTrenton  à  l'étage  inférieur  de  Helderberg^  M.  Lesley  t'a 
construit  d'après  les  données  recueillies  en  18*76  par  l'un  de  ses 
assistants,  M.  C.-E.  Hillin,  auquel  on  doit  un  excellent  lever  topo- 
graphique et  géologique  de  cette  région.  Afin  d'éliminer  les  effets  de 
l'érosion,  dont  l'action  prolongée  a  réduit  à  une  altitude  presque 
uniforme  cette  partie  du  système  des  Appalaches,  M.  Lesley  a  figuré 
la  surface  supérieure  du  grès  de  Médina  (connu  sous  le  nom  de 
«  Formation  IV»),  supposé  continu,  en  restaurant  les  parties  enle- 
vées, là  où  les  étages  inférieurs  affleurent  actuellement,  et  en  enle- 
vant au  contraire  les  assises  plus  récentes  qui  ont  été  respectées  au 
fond  des  plis  synclinaux.  Celte  méthode  de  représentation,  préfé- 
rable à  toute  autre  pour  donner  une  idée  d'ensemble  de  la  structure 
d'une  région,  a  déjà  été  appliquée  à  plusieurs  reprises  par  M.  Lesley  ; 
le  modèle  qui  est  offert  à  la  Société  est  particulièrement  instructif, 
non  seulement  comme  ayant  trait  à  une  contrée  depuis  longtemps 
classique  au  point  de  vue  orogénique,  mais  aussi  à  cause  de  la  netteté 
avec  laquelle  il  peut  servir  à  illustrer  les  traits  les  plus  caracté- 
ristiques que  présentent  toutes  les  régions  plissées  en  général.  On  y 
remarque  notamment:  le  parallélisme  des  ondulations  successives; 
l'allure,  rectiligne  lorsqu'on  se  borne  à  considérer  des  points  peu 


1886.  OB  MARGERIE.  —  PLISSEMENTS   EN    PENNSYLVANIE.  357 

graphie  devient  parfaitement  intelligible  :  dans  une  région  telle  que 
les  Àppalaches,  où  le  plissement  s'est  fait  sentir  à  une  époque  très 
ancienne  (aussitôt  après  le  dépôt  du  terrain  houiller)  sur  des  couches 
concordantes,  et  où  aucun  mouvement  important  ne  s'est  produit 
subséquemment,  les  cours  d'eau  ont  atteint  depuis  longtemps  leur 
profil  d'équilibre,  et  les  formes  originelles  du  sol  ont  fait  place  à  un 
modelé  topographique  qui  n'est  plus  fonction  que  la  distribution  des 
roches  tendres  et  résistantes  :  là  où  devaient  s'élever  des  montagnes 
ayant  plusieurs  kilomètres  de  hauteur,  il  n'y  a  plus  aujourd'hui  que 
des  crêtes  de  grès  atteignant  tout  au  plus  600  mètres,  surmontant 
des  pentes  schisteuses,  et  séparées  par  des  vallées  calcaires.  Tous  les 
points  saillants  occupent  le  fond  ou  les  flancs  des  synclinaux,  les 
voûtes,  largement  ouvertes,  ayant  été  presque  entièrement  rasées. 
Les  affleurements  de  chaque  assise  se  poursuivent  à.  un  niveau 
constant,  en  rapport  avec  la  résistance  propre  des  roches  correspon- 
dantes et  leur  position  dans  la  série  stratigraphique  ;  le  tracé  de  ces 
affleurements,  et  par  suite  le  relief  même  du  pays,  se  ramène  donc  à 
un  simple  problème  d'intersection  entre  la  surface  ondulée  des  diffé- 
rents demi-cylindres  juxtaposés  et  le  niveau  moyen  du  sol,  comme 
M.  Lesley  l'a  depuis  longtemps  indiqué  [Manual  of  Coal  and  lis 
topography,  4856).  Quand  un  synclinal  s'approfondit,  les  deux 
lignes  d'affleurement  d'une  même  couche,  situées  sur  ses  flancs 
opposés,  s'écartent;  si  au  contraire  l'axe  du  même  plis  vient  à  se 
relever,  ces  deux  lignes  se  rapprochent;  monte- t-il  trop  haut,  la 
couche  correspondante  disparaît  entièrement.  Si  dans  plusieurs  plis 
voisins  la  même  altitude  n'est  pas  atteinte  suivant  une  même  perpen- 
diculaire à  leur  direction  commune,  les  affleurements  sont  rejetés  la- 
téralement ;  le  fond  des  synclinaux  intermédiaires  plongeant  dans  le 
même  sens,  il  en  résulte  pour  chaque  couche  un  tracé  en  zigzag  qui, 
dit  M.  Lesley,  donne  à  la  carte  géologique  l'apparence  d'une  planche 
rabotée  dans  une  pièce  de  bois  noueux. 

Ces  considérations  sur  l'allure  souterraine  des  plis  et  sur  l'érosion 
de  leur  surface  ne  sont  pas  nouvelles;  mais  il  a  semblé  opportun  de 
les  rappeler  à  propos  de  l'intéressant  envoi  du  savant  géologue  de 
Philadelphie,  qui  a  tant  fait  personnellement  pour  le  progrès  de  nos 
connaissances  sur  la  structure  si  remarquable  des  Appalaches,  et 
aussi,  à  un  point  de  vue  plus  pratique,  pour  le  perfectionnement  des 
méthodes  graphiques  employées  en  géologie  (1). 

(I)  En  attendant  la  publication  du  mémoire  détaillé  de  M.  Billin  sur  le  district 
qui  fait  l'objet  du  relief  offert  à  la  Société,  on  trouvera  une  description  sommaire 
de  celte  contrée  dans  le  chapitre  V  du  volume  portant  la  suscription  T3  dans  la 
collection  des  Reports  of  the  ïA  (iolog  cal  Suroey  of  Penniyluarva.  (Se  trouve  à  la 
bibliothèque  de  la  Société). 


358  MODBET.    —   LIAS   DES    ENY1BONS   SB   BBIYES.  7    mars 

M.  Douvillé  Tait  une  communication  tar  le  genre  Polyoonltas, 
établi  par  Ronlland  en  1830;  ce  genre  a  été  ensuite  méconnu  et  con- 
fondu le  pins  souvent  avec  les  Haifiotites,  Lk.  (=  SphxrutUes,  Bayle), 
notamment  par  d'Orbigny,  qui  a  décrit  l'espèce  type  du  genre  sous  le 
nom  de  Radiolitet  polyconilitet.  Plus  tard,  H.  Munier-Chalmas  a  bien 
reconnu  que  cette  forme  constituait  un  type  générique  distinct  qu'il 
a  désigné  sous  le  nom  d' Heterocaprina,  type  de  la  famille  des 
Heterocaprmidœ,  mais  sans  en  indiquer  les  caractères.  La  constitution 
de  l'appareil  cardinal  restait  toujours  inconnue,  par  suite  de  l'écrase- 
ment habituel  des  lames  internes. 

Des  échantillons  mieux  conservés,  provenant  de  Saint  Trojean, 
ont  permis  à  M.  Bayle  de  dégager  complètement  la  valve  inférieure; 
H.  Douvillé  a  pn  restituer  la  valve  supérieure,  au  moyen  dn  moulage 
en  gélatine  d'un  biroslre  provenant  de  la  même  localité. 

La  valve  inférieure  ressemble  à  celle  des  Radialita;  elle  présente 
deux  impressions  musculaires  marginales  et  deux  fossettes  cardi- 
nales b'  et  b,  profondes,  irrégulières,  séparées  par  une  dent  N  mince 
et  tranchante;  en  arrière  de  cette  dent,  on  distingue  le  repli  ligamen- 
taire. La  valve  supérieure  rappelle  tout  à  fait  celle  des  Caprotina; 
elle  présente  deux  fortes  dents  saillantes  B'  et  B,  séparées  par  une 
cavité  n,  incomplètement  remplie  par  la  dent  N.  Une  lame  myophore 
couchée  supporte  le  muscle  postérieur,  en  avant  de  la  dent  B,  tandis 
que  le  muscle  antérieur  vient  s'insérer,  en  avant  de  B1,  sur  le  bord 
du  plateau  cardinal  relevé  en  forme  d'arête.  On  observe,  comme 
dans  Caprotina,  une  série  de  cavités  accessoires:  une  première  sous 
la  lame  myophore  postérieure  et  deux  autres,  pins  petites,  en  arrière 
des  dents  cardinales. 


4887.  MOURET.   —  LIAS  DES   ENV1UONS  DE  BRIVES.  359 

Nous  donnons,  dans  la  présente  note,  une  description  sommaire 
de  cette  partie  des  affleurements  liasiques  qui  s'étend,  aux  environs 
de  Brives,  depuis  Nontron  (Dordogne)  jusqu'à  Gramat  (Lot). 

Au  point  de  vue  de  la  nature  de  la  sédimentation  le  Lias  est  com- 
posé des  couches  ci -après  : 

Lias  supérieur!  9'  Calcaire8  a  Gryphaa  Beaumonti. 
(8.  Argiles  toarciennes. 

17.  Calcaire  à  Pecten  œquivalvis. 
S.  Marnes  à  Ostrea  :ymbium. 
S.  Argiles  à  BelemnUe»  clwUu$. 
4.  Calcaires  à  Belemnitet. 
S  3.  Calcaires  compactes  et  cargqeules. 
2.  Couches  à  argiles  vertes. 
%  l.  Grès  du  Lias. 

Grh  du  Lias.  Les  grès  du  lias  reposent  en  discordance  sur  les  grès  du 
Trias  inférieur,  sur  les  grès  permiens,  ou  sur  les  schistes  cambrions 
ou  primitifs. 

La  discordance  du  Trias  et  du  Lias  a  déjà  été  constatée,  dans  des 
réçvons  voisines  de  celles  dont  nous  nous  sommes  occupé,  par 
MM  .  Pabre  et  Péron. 

L^s  grès  du  Lias  se  distinguent  difficilement  de  ceux  du  Trias.  Us 

sont  toutefois  moins  micacés,  peu  argileux,  très  quartzeux,  à  grains 

assez  gros,   d'une  teinte  jaunâtre  uniforme,  rarement  bariolés;  ils 

tout  aussi  plus  durs  et  mieux  assises.  —  Ce  sont  là  leurs  caractères 

au  Sud  de  Brives,  où  leur  épaisseur  atteint  30  mètres  environ. 

I*rès  de  Ménoire  où  ils  couronnent  un  sommet  formé  par  les  schistes 
primitifs,  leur  épaisseur  n'est  que  de  3  à  4  mètres.  Ce  sont  des  grès 
gfts,  quartzeux,  à  gros  grains  et  en  bancs  épais. 

Non  loin,  au  Puy  d'Arnac,  leur  épaisseur  s'accroît  et  atteint  une 
dizaine  de  mètres.  Ils  se  différencient  des  grès  triasiques  sur  lesquels 
ils  reposent,  par  les  caractères  déjà  signalés,  et  aussi  par  l'alternance 
de  bancs  durs  et  de  bancs  plus  tendres. 

Go  bien  des  points  ces  grès  passent  à  des  grès  grossiers  peu  cohé- 
rents, ou  même  à  des  sables  blancs  (Labrousse,  près  Marcillac).  — 
Parfois  aussi,  surtout  à  leur  partie  supérieure,  ils  alternent  avec  des 
argiles  sableuses,  verdâtres  ou  rougeâtres,  en  couches  très  peu  épaisses 
(Chèvre-Cujols,  près  Brives). 

A  l'Ouest  de  Brives,  à  Terrasson,  ces  couches  présentent,  à  la  partie 
supérieure,  un  banc  de  grès  jaunâtre,  quartzeux,  à  grains  fins,  épais 
de  2"50  environ,  reposant  sur  des  argiles  grises  ou  verdâtres,  épaisses 
de  3  à  4  mètres.  — Là  base  est  formée  par  des  grès  jaunâtres,  quartzeux, 
sur  5  à  6  mètres. 


360     "  KOUBET.   —   LIAS    DES    ENVIBOBS    DE    BBIVES,  7    mars 

Plus  à  l'Ouest  encore,  à  la  Bachellerie,  les  grès  du  Lias  ne  sont 
plus  représentés  que  par  des  grès  sableux,  un  peu  argileux,  avec 
nombreux  galets  de  quartz. 

Dans  le  département  delà  Dordogne,  les  grès  du  Lias  ne  se  distin- 
guent guère  de  l'étage  qui  les  surmonte  et  les  couches  inférieures  du 
Lias  se  composent  de  grès  et  d'argiles. 

Les  deux  natures  de  sédiment  ne  forment  plus  des  lits  d'une  épais- 
seur constante,  ni  régulièrement  distribués,  mais  plutôt  des  lentilles 
et  des  amas,  ravinés  souvent  par  le  dépôt  des  couches  sous-jacentes. 

C'est  dans  tes  tranchées  du  chemin  de  fer  de  Nontron  à  Sarlat, 
entre  Thiviers  et  Saint-Jean  de  CAle,  que  nous  avons  pu  observer  ces 
couches  et  reconnaître  leurs  véritables  caractères.  Les  grès  sont  très 
qnartzeux,  blanc-grisâtre,  généralement  très  durs  et  susceptibles  de 
fournir  de  beaux  moellons.  Ils  passent  parfois  à  des  sables  à  gros 
grains,  peu  roulés,  presque  purs. 

Les  argiles  sont  jaunâtres  ou  verdàtres;  elles  sont  compactes,  mi- 
cacées, et  se  séparent  difficilement  des  schistes  cambriens  sous-ja- 
cents,  lorsque  ceux-ci  sont  décomposés. 

Les  argiles  et  les  grès  contiennent  assez  fréquemment  des  galets. 

A  Nontron,  on  trouve  aussi  le  même  terrain,  sur  les  hauteurs,  au 
nord-ouest  de  la  ville.  Les  grès  ont  une  teinte  plus  foncée,  et  leurs 
éléments  sont  granitiques.  Ils  reposent  d'ailleurs  sur  le  granit.  Les 
argiles  sont  verdàtres,  schisteuses,  plus  ou  moins  sableuses. 

Les  grès,  entre  Nontron  et  Thiviers,  contiennent  des  empreintes  de 
tiges  indéterminables.  Ailleurs  nous  n'y  avons  recueilli  aucune  trace 
ou  empreinte  fossilifère. 

Nous  rangeons  les  couches  de  grès  dans  le  Lias,  en  raison  de  leur 


4 


1887.  MOURET.    —   LIAS   DES   ENVIRONS   DE   BR1VRS.  361 

Les  calcaires  dominent  dans  la  partie  supérieure  et  les  lits  d'ar- 
giles s'amincissent  beaucoup. 

Dans  leur  ensemble,  ces  couches  présentent  un  rubannement 
extrêmement  net,  en  raison  de  la  régularité  des  lits,  de  la  diversité 
de  teinte  et  de  compacité  des  bancs  alternants. 

L'épaisseur  maximum  des  couches  à  argiles  vertes  est  d'environ 
20  à  25  mètres.  Elles  sont  surtout  développées  aux  environs  de 
Beaulieu. 

Sur  la  hauteur  du  Bout  de  la  Côte,  près  Ménoire,  les  couches  à 
argiles  vertes  sont  formées  par  des  bancs  de  jaspe,  et  les  argiles  ne 
se  trouvent  plus  qu'à  l'état  de  lits  minces  entre  les  bancs  de  jaspe. 
L'épaisseur  de  ces  jaspes  atteint  20  mètres. 

ANoailles,  au  Sud  de  Brives,  on  trouve  aussi  des  jaspes,  mais  seu- 
lement à  la  base  des  couches. 

Celles-ci  ont  encore  12  à  15  mètres  d'épaisseur,  mais,  plus  à  l'Est, 
leur  épaisseur  se  réduit  à  3  ou  4  mètres,  et  dans  le  département 
de  la  Dordogne,  les  couches  à  argiles  vertes,  sont  à  peine  distinctes. 

Cependant,  entre  Nontron  et  Thiviers,  au  Nord  de  Millac,  on 
retrouve  les  couches  de  jaspes,  alternant  avec  quelques  bancs  de 
grès  ferrugineux.  Ces  jaspes  ont  été  à  tort  associées  avec  les  sables 
manganésifères  qui  les  recouvrent,  et  classés,  par  conséquent,  dans 
l'Oolite  inférieure  ou  dans  le  Tertiaire,  suivant  l'opinion  qui  avait 
cours.  En  réalité,  ces  jaspes  appartiennent  à  l'étage  rhétien  et  ils 
sont  recouverts  en  discordance  par  les  sables  ferrugineux  et  manga- 
nésiftres  de  l'époque  tertiaire. 

Vers  Nontron,  les  couches  à  argiles  vertes  ont  sans  doute  une  très 
faible  épaisseur,  car  nous  n'avons  pu  en  constater  la  présence. 

ks  jaspes  ne  sont  pas  fossilifères,  et  les  calcaires  sont  également 
dépourvus  de  fossiles.  Toutefois,  certaines  couches  d'argiles  schis- 
teuses présentent  quelques  empreintes  de  plantes.  —  Nous  avons 
recueilli  à  Saint-Robert  et  à  Maumont  (Corrèze)  le  Pachyphyllum 
[Araucaria)  perégrinum^  Lindley  et  Hutton,  sp. 

Non  loin  de  la  région  qui  nous  occupe,  au  village  du  Bourg  près  la 
Capelle-Marival  (Loi),  ainsi  que  près  de  Figeac,  M.  Bleicher  a  recueilli 
les  fossiles  suivants  dans  les  calcaires  dolomitiques  en  plaquettes 
des  couches  à  argiles  vertes  : 

Gervitlia  prxcursor,  Quenst.  Lida  Deffneri,  —  Oppel. 

Anatina  prœcursor,  Oppel. 

Ebray  a  trouvé  aussi  au  Bourg  : 

Mytilut  minutus,    Goldf.  Diademopsit,  Desor. 


362  M0URET.   —   LIAS   DES    ENVIRONS   DE    BRIVES.  7    mal* 

Au  resle,  les  couches  à  argiles  vertes  se  retrouvent  sur  les  bor- 
d  ures  nord  et  sud  du  Plateau  Central,  contenant  toujours  la  faune  de 
la  tone  à  Avicula  contorta.  L'âge  de  ces  couches  ue  peut  donc  laisser 
place  au  doute,  et  la  confiance  et  l'uniformité  de  la  sédimentation 
à  cette  époque,  sont  fort  remarquables. 

Calcaires  compactes  et  cargneulet.  —  Les  calcaires  compactes  du  Lias 
reposent  en  concordance  sur  les  couches  à  argiles  vertes.  L'épaisseur 
de  celle  série  calcaire  atteint  60  à  80  mètres,  au  Sud  du  bassin  que 
nous  étudions;  au  Nord,  elle  paraît  plus  réduite,  et  vers  Nontron 
elle  ne  dépasse  pas  20  à  24  môtres. 

Le  calcaire  est  en  bancs  réguliers,  séparés  par  des  lits  minces 
d'argiles  ou  de  marnes  feuilletées.  L'épaisseur  et  la  texture  des 
calcaires  varie  d'un  banc  à  l'autre,  ce  qui  fait  ressortir  la  stratifi- 
cation. 

On  peut,  dans  les  calcaires,  distinguer  les  principales  variétés 
suivantes: 

1"  Calcaire  lithographique,  à  cassure  lisse  et  concbolde,  très  dur, 
gris  d'ardoise  foncé,  ou  gris  plus  clair. 

2"  Calcaire  marneux,  compacte,  à  cassure  terreuse  ou  finement 
grenue,  moyennement  dur. 

3"  Calcaire  1res  marneux,  dit  calcaire  castinier,  très  tendre  et 
gélir. 

4"  Calcaire  dur,  grenu  ou  saccharoide,  souvent  foncé  ou  rosé, 
empâtant  des  lits,  des  lentilles,  ou  des  fragments  de  calcaires  litho- 
graphiques. 

S"  Calcaires  compactes,  suboolilhiques,  ou  oolithiques,  à  fines 
oolithes,  avec  enclaves  ou  zone  de  calcaires  lithographiques. 


4887.  MOUBBT.    —  LUS  DES   ENVIRONS   DR   BR1VES.  363 

riearementà  leurs  dépôts,  de  phénomènes  d'altération;  des  actions 
extérieures  les  ont  transformés  en  calcaires  cristallins,  ou  subcris- 
tallins,  les  ont  corrodés  et  remaniés,  et  ont  plissé  les  couches  ou 
même  fait  disparaître  toute  trace  de  stratification.  —  Ces  calcaires 
ainsi  modifiés,  cariés  et  caverneux,  sont  désignés  sous  le  nom  de 
o  cargneult*.  » 

Les  phénomènes  cargneuliformes  ont  commencé  à  se  manifester 
dès  l'époque  du  dépôt  des  couches  à  argiles  vertes.  Ils  ont  persisté 
jusqu'à  la  fin  du  dépôt,  et  même  jusqu'au  moment  où  se  sont  déposées 
les  premières  couches  du  Lias  moyen.  Mais  l'intensité  de  leur  action 
aété  très  variable,  dans  le  temps,  aussi  bien  quedans  ses  localisations. 
Elle  a  atteint  son  plus  grand  développement,  en  général,  vers  la 
base,  mais  non  tout  à  fait  à  la  base  des  couches.  En  certains  points, 
cette  action  énergique  a  persisté  pendant  la  période  entière  du 
dépôt  de  rinfràlias  et  du  Lias  inférieur,  notamment  à  Puybrun  et  à 
Terrasson. 

En  d'autre  points,  au  contraire,  on  ne  trouve  pas  trace  d'actions 
cargneuliformes,  notamment  à  Figeac,  à  Terrou  (Lot),  ou  bien  il 
existe  seulement  quelques  bancs  de  cargneules,  peu  épais,  comme 
vers  Meyssac  (Corrèze).  Dans  la  région  d'Exideuil,  Thiviers,  Non- 
tron,  les  cargneules  disparaissent  complètement. 

Vers  Naillac  (Dordogne)  les  calcaires,  jusqu'alors  blanchâtres, 
deviennent  jaunâtres,  et  prennent  un  aspect  dolomitique.  A 
Excideuil,  ces  calcaires  sont  entièrement  jaunes  et  dolomitiques, 
et  ils  persistent  ainsi  jusqu'à  Nontron,  mais  leur  épaisseur  se  réduit 
considérablement. 

Les  cargneules  ne  contiennent  naturellement  aucune  trace  de 
fossiles.  Dans  les  calcaires  nous  n'avons  trouvé  que  des  moules  de 
lamellibranches,  souvent  fort  abondants.  Ces  fossiles  se  présentent 
aussi  bien  à  la  base  qu'au  sommet,  dans  les  bancs  de  calcaires  mar- 
neux. 

Toutefois  à  Nazareth  nous  avons  observé,  dans  des  calcaires  durs 
des  moules,  d'ammonites  de  nature  indéterminable. 

Nous  pensons  que,  par  des  recherches  prolongées,  on  pourrait 
arriver  à  déterminer  quelques  niveaux  fossilifères.  Quoi  qu'il  en  soit, 
comme  les  couches  sont  recouvertes  en  concordance  par  le  Lias  moyen, 
etqu'on  n'y  observe  aucune  interruption  marquée  et  générale  dans 
la  sédimentation,  il  est  probable  que  leur  dépôt  a  dû  s'effectuer  pen- 
dant les  époques  du  Rhétien  (pars),  de  l'Hettangien  et  du  Sinémurien. 

Calcaires  à  Bélemnites.  —  Les  calcaires  à  Béiemnites  ne  sont  bien 
nets  qu'aux  environs  de  Terrasson,  où  ils  se  séparent  aisément  des 
calcaires  compactes  lithographiques  du  Lias  inférieur.  —  Ce  sont  des 


364  MOUBBT.    —   LIAS    DBS    ENVIRONS   DE    BH1VBS.  7    mari 

calcaires  gréseux,  saccharoldes,  très  compactes,  très  durs,  déteinte 
jaunâtre  foncée  sur  les  surfaees  exposées  à  l'air.  Les  parties  non 
altérées  ont  une  teinte  grise  et  contiennent  des  noyaux  encore  plus 
durs,  d'une  teinte  gris  bleu.  —  Ces  calcaires  reposent  sans  transi- 
tion sur  les  calcaires  du  Lias  inférieur,  et  présentent  la  base,  comme 
à  la  partie  supérieure,  quelques  lits  de  marnes  gréseuses  plus  ou 
moins  schisteuses.  Leur  épaisseur  est  de  6  à  10  mètres. 

Ces  couches  sont  fossilifères,  mais  les  fossiles  sont  difficilement 
détermioables. 

Le  fossile  le  plus  commun,  et  qui  se  rencontre  dès  la  base  est  une 
Rhyneho n elle,  probablement  Rhynchonella  tetraedra,  Sow.  On  y  trouve 
aussi  des  Belemnites,  surtout  dans  un  banc  calcaire  qui  couronne  ces 
couches  et  qui  en  est  pétri  — Ce  banc  est  surmonté  par  un  lit  de 
marnes  gréseuses  très  fossilifères,  où  nous  avons  trouvé  : 

llhynr/ninella  tetraedra,  Sow.  lletemnites  Bmijuieri,  d'Orbigny, 

Givs.ilya  ouata,  lWui-:c  [Plemomya-  —  compressus,    Stahl. 

imiofdei  —  Jaubert.)  —  umbilicatui,  Blainv. 

Peiten  prison,  Sehloth.  —  acutus,  Miller. 

Modiota   (mi/tiltis)     scalprum,   Sow. 

Variété  numiimati*,  Oppel. 
Magnan,  avait  déjà  trouvé,  dans  des  calcaires  situés  au  même  ni- 
veau, vers  Saint- Antonio  : 

L  urina  liasina,  A  g. 
Pecten  priscus,  Sthloih. 
Pentacrinu»  tcalarit,  Goldf. 


A  Figeac,  nous  retrouvons  ces  couches  gréseuses,   mais  elles  pas- 


4887.  MOURET.   —  LIAS  DES   ENVIRONS   DE   BRIVES.  365 

parfois  par  des  lits  très  minces  d'argiles  schisteuses.  Ces  couches 
ont  5  à  6  mètres  de  puissance. 

Ainsi,  à  Saint-Céré,  les  calcaires  du  Lias  inférieur  sont  recouverts 
par  2  à  3  mètres  de  calcaire  spathique  avec  zone  lithographique, 
auxquels  succèdent  2  mètres  de  calcaire  blanc-jaunâtre  marneux 
tendre,  et  de  calcaire  lithographique  très  dur,  avec  quelques  petits 
bancs  de  calcaire  spathique  et  cristallin. 

Près  de  Saint-Denis,  ce  sont  surtout  des  calcaires  lithographiques 
durs,  et  des  calcaires  jaunâtres  un  peu  saccharoldes. 

Dans  la  vallée  de  la  Couze,  le  faciès  est  le  môme. 

A  l'Ouest  de  Terrasson,  dans  le  département  de  la  Dordogne,  les 
couches  du  Lias  moyen  sont  atténuées  à  un  tel  point,  qu'il  n'est 
plus  possible  d'y  distinguer  tous  les  différents  niveaux  observés  vers 
Brives  et  Saint-Céré.  Il  convient  donc  de  décrire  ces  couches  à  part, 
et  dans  leur  ensemble.  Ce  sera  l'objet  d'un  paragraphe  spécial. 

La  faune  des  calcaires  de  Figeac  et  de  Terrasson  suffit  pour  les  rat- 
tacher aux  couches  inférieures  de  Lias  moyen,  mais  comme  ces  cal- 
caires recouvrent  des  couches  non  fossilifères,  on  ne  saurait  fixer 
dune  manière  précise  la  limite  supérieure  du  Sinémurien. 

Tout  ce  qui  peut  être  établi,  c'est  qu'au  début,  ou  peu  après  le  dé- 
but du  Lias  moyen,  la  sédimentation  dans  le  bassin  que  nous  consi- 
dérons s'est  très  légèrement  modifiée,  et  qu'en  deux  points,  à  Terras- 
son et  à  Figeac,  la  modification  a  été  assez  complète  pour  provoquer 
un  changement  de  faciès. 

Argiles  à  Delemnites  clavatus.  —  Les  calcaires  gréseux  ou  lithogra- 
phiques du  Lias  moyen  sont  surmontés  par  des  argiles  grises,  schis- 
teuses, contenant  des  bancs  ou  des  miches  de  calcaires  compactes 
marneux.  A  la  partie  supérieure  de  ces  couches,  les  argiles  sont  noi- 
râtres et  contiennent  quelquefois  de  minces  lils  de  lignite. 

L'épaisseur  des  couches  e»t  considérable  vers  Saint-Céré  ;  elle  at- 
teint 50  ou  60  mètres.  A  mesure  qu'on  remonte  vers  le  N.-O.,  celte 
épaisseur  diminue  et  elle  n'est  plus  que  de  10  à  15  mètres  vers  Ter- 
rasson. Au-  S.-O.  de  Terrasson,  ces  couches  s'atténuent  brusque- 
ment, et  vers  Gondat  elles  disparaissent  complètement. 

Les  argiles  à  Delemnites  clavatus,  qui  débutent  sans  transition 
au-dessus  des  calcaires,  sont  fossilifères,  surtout  à  la  base,  où  les 
fossiles  sont  calcaires. 

11  existe  dans  l'épaisseur  de  la  formation,  différents  niveaux  que 
nous  n'avons  pas  encore  distingués,  —  Certains  de  ces  niveaux 
fournissent  des  fossiles  pyriteux,  et  d'autres,  des  fossiles  phosphatés. 


366  MODRET.    —    LIAS   DES   ENVIRONS    DE    BRIVES.  7    mars 

Noos  avons  trouvé  dans  l'épaisseur  de  la  couche  les  espèces  sui- 
vantes, sans  distinction  de  niveau.  (1). 


et  A* 


Belttnnitts  umtitkattii,  Blainv. 

—  campremi,    Slahl. 

—  acutus,  Miller. 

—  brevis,    Blainville  et  sa  va- 

riété :  brtviformit,  Voltt. 

—  npicicunatus,   Blainv. 

—  clavatui,  Schloth. 

—  Brtiguîrri,  d'Orb. 
Ammonites    margaritatui ,     Montîort 

(rare). 

—  normanianui,  d'Orb.  et  sa 

Tariélë,   atgorianas,  Op- 
pel. 

—  Dimud,  Sow 

—  ibex,  Quenstedt. 

—  Latcombi,  Suw. 

—  capricarmu,  Scbloth.   très 


—  Jamtsoni,  Sow. 

—  Maugtnttti,   D'Orb.,  et  sa 

variété  Valdani. 

—  cf.  Petto;  QueniledL 

—  cen  taurin,  D'Orb. 
Mactromya  Heiione. 

Crrsilua    ovata    {Pteurttmya    uniotdei), 

Avicula  inrquivalvil,  Sow. 
Gryphecca   cywiiium,  Ltmarek.   —  Va- 
riété :  obliqua,  Qoldftu». 
Pecten  priscui,  Scbloth. 
tiaruax  spino<ui,  Sow. 
Ttrebratula  ittbtmoides,   Rœmer. 

—  larthacentit,  D'Orb. 
nhynchonelia  letraedra,  Sow. 

—  furtiUata,  Theodori. 
Spiriferina  Waltlloi,  Sow. 
Perttacrinu!  bataltifurmii,    Miller. 


Cette  faune  montre  que  les  argiles  à  B.  ctaoatut  représentent  la 
partie  inférieure  du  Liasien,  c'est-à-dire  les  zones  à  A.  Jametoni,  ibex 
et  Davœi. 

M.  Coquand  cite  en  outre  (Synopsis  de  la  Charente). 


A.  Uertleyi,  Sow. 
Pteuralornaria  ixpansa,  Sow. 
Pliala^jmya  nmbigua,  Sow. 


1887.  M  OU  II  ET.   —  LIAS  BBS   ENVIRONS  DE   BHIVBS.  367 

V Ammonites  margaritatus  qui  est  très  rare  dans  les  argiles  à  B . 
clavatus,  est  très  commune  dans  les  marnes  ;  elle  s'y  trouve  à  l'état 
pyriteux,  dans  des  nodules  de  calcaire  ferrugineux. 

Les  marnes  à  0.  cymbium  doivent  être  rangées  dans  les  couches 
inférieures  de  la  zone  à  A.  margaritatus. 

Calcaires  à  Pecten  œquivalvis,  — Les  marnes  à  0.  cymbium  sont  cou- 
ronnées en  concordance  par  un  épais  banc  de  calcaire  gréseux, 
saccharoïde,  jaune  extérieurement,  taché  de  gris-bleu,  très  analogue, 
comme  texture,  au  calcaire  à  bélemnites.  L'épaisseur  de  ce  banc 
paraît  être  de  40  ou  15  mètres;  elle  varie  peu  d'un  point  à  un  autre. 

Vers  Saint-Céré,  ces  couches  présentent  à  la  base  un  banc  de  cal- 
caire lumachellique  et  ferrugineux,  d'une  épaisseur  de  2  à  3  mètres. 
Ce  calcaire  d'une  teinte  rouge  prononcée,  occupe  une  assez  vaste 
surface,  et  a  été  indiqué  sur  les  cartes  et  mentionné  par  Dufrénoy  et 
Elie  de  Beaumont  comme  grès  du  Trias. 

En  quelques  points,  les  couches  supérieures  des  calcaires  à  Pecten 
œquivalvis  contiennent  des  jaspes  et  des  grès  jaspés,  notamment  à 
Glanes  près  Saint-Céré,  et  surtout  à  Terrasson.  Elles  alternent 
presque  toujours  avec  des  marnes  sableuses. 

Dans  la  vallée  de  la  Couze,  les  calcaires  à  Pecten  œquivalvis  se  com- 
posent d'une  alternance  de  bancs  de  calcaires  durs,  jaunâtres,  en 
pavés,  et  de  marnes  schisteuses  jaunâtres. 

Vers  Terrasson  les  calcaires  débutent  par  un  banc  de  calcaire 
rempli  de  Terebratula  subfjunctata.  —  Les  couches  supérieures,  sont 
très  gréseuses,  contiennent  de  gros  grains  de  quartz,  et  deviennent 
même  sableuses.  Ces  sables  sont  jaunes,  argileux,  et  comprennent  des 
lits  de  calcaire,  de  grès  calcarifères,  de  grès  jaspés,  de  jaspes,  etc. 
Ces  couches  se  terminent  par  un  banc  de  grès  calcarifère  grossier  de 
0.50  à  2.00  de  puissance. 

Les  espèces  que  nous  avons  recueillies  dans  les  couches  à  Pecten 
œquivalvis  sont  les  suivantes  : 

Ammonites  margaritatus,  Montfort;  Ostrea  sportella,  Dumortier. 

rare,  à  l'état  calcaire.  Monutis  interlœvigatwi,  Quen$te<U. 

Belrmmitcs    Brugui'ri,    D'Orb.,  très  Gresslya  ovata,  Romer. 

commune  Tcrebjatu/a  comuta,  Sow. 

Pecten  Hehli,  D'Orb.  Terebratula  subpunctata,  Davidson. 

—  œquiv'ilviSj  Sow,  très  commun  Rynchonella  tetraedra,  S<>\v. 

—  textorius,  Schloth.  Rynchoneila  eurviccps,  Qu*'iistedl. 
Gri/phœa    cymbium,   Lamk,    et     ses       Spiri  farina  rostrata,  Schloth. 

variété  Pentacrinus  basaltiformis,  Miller. 

M.  Coquand  cite  aussi  (Synopsis  de  la  Charente)  :  Amm.  spinatus, 
Bruguière.  Les  calcaires  à  Pecten  œquivalvis  représentent  les  couches 
supérieures  de  la  zone  à  Ammonites  margaritatus. 


368  HOUBET.    —   LIAS   DBS    KKVIHOKS   DB   BRIVBS.  7    mars 

Lieu  moyen  au  Nord-Ouett  de  Terrruson.  —  A  Terrasson  môme,  les 
argiles  à  B.  clavatia  et  les  marnes  à  G.  cymbium  s'atténuent  très  brus- 
quement et  paraissent  avoir  à  peu  près  complètement  disparu,  à  un 
kilomètre  à  l'Ouest  de  la  ville. 

Au  Nord-Ouest  et  jusqu'à  Nontron,  le  Liasïen  est  exclusivement 
calcaire  ou  gréseux  et  ne  contient  ni  marnes,  ni  argiles.  Son  épais- 
seur est  d'ailleurs  Tort  réduite. 

Il  parait  composé  de  deux  séries  de  couches  qui  correspondraient 
aux  calcaires  a  Bélemnites,  et  aux  calcaires  à  Peclea  xquivalvù. 

Les  couches  inférieures  sont  formées  de  calcaires  compactes,  à 
grains  uns,  jaune-roux,  al  Léman  t  avec  des  calcaires  marneux  ou 
lithographiques,  blanchâtres  ou  blanc-jaunatre,  semblables  à  ceux  du 
Lias  inférieur.  Ces  couches  contiennent  aussi  des  nodules  et  même 
des  bancs  du  calcaire  grenu  saccharoïde,  parfois  ferrugineux.  Elles 
se  relient  d'ailleurs  aux  calcaires  du  Lias  inférieur,  et  il  est  difficile  de 
préciser  leur  épaisseur  qui  varie  de  1  à  5  mètres  environ. 

Elles  ne  contiennent  pas  de  fossiles,  si  ce  n'est  quelques  moules 
de  bivalves,  analogues  à  ceux  que  l'on  trouve  dans  les  calcaires  du 
Lias  inférieur. 

Les  couches  supérieures  ont  un  faciès  beaucoup  plus  arénacé  ;  elles 
sont  généralement  couronnées  par  un  banc  de  grès  calcarifères 
grossiers. 

A  Ayen,  Saint-Robert,  Perpezac  (Corrèze),  ces  couches  se  compo- 
sent de  calcaire  gréseux  ou  marneux,  jaune-roux,  eu  bancs  peu  régu- 
liers de  0"30  à  0mo0,  alternant  avec  des  lentilles  et  des  bancs  de  grès 
jaspés.  —  Ces  calcaires  passent  parfois  à  un  macigno  à  gros  grains 
de  quartz. 


1887.  MOURET.    —  LIAS   DES    ENVIRONS   DE   BRIVES.  369 

Les  couches  supérieures  sont  assez  fossilifères  (Terebratules  et 
Bélemmiies)  ;  mais  les  fossiles  ne  sont  représentés  que  par  des  moules 
extérieurs  indéterminables. 

Argiles  tocuxiennes.  Les  argiles  toarciennes,  qui  forment  la  plus 
grande  partie  de  l'épaisseur  du  Lias  supérieur,  sont  compactes,  dures, 
schisteuses,  noirâtres,  et  deviennent  grises  ou  jaunâtres  au  contact 
de  l'air.  Elles  sont  imprégnées  de  pyrite,  contiennent  des  rognons 
de  pyrites,  souvent  décomposés,  des  lentilles  de  gypse,  et  des  géodes 
de  calcite.  Le  gypse  remplit  parfois  les  délits  de  la  roche. 

Au  Sud  du  bassin  qui  nous  occupe,  les  argiles  toarciennes  alternent 
avecdes  bancs  de  calcaires  grisâtres  ou  bleuâtres,  compactes,  marneux. 
Ces  bancs  ont  une  faible  épaisseur  et  sont  très  réguliers.  Parfois,  le 
calcaire,  au  lieu  d'être  distribué  en  bancs  réguliers,  se  trouve  sous 
forme  de  miches. 

Vers  la  base  des  argiles  toarciennes,  on  trouve  quelques  couches 
de  schistes  feuilletés  sans  fossiles. 

Au  Nord,  à  partir  de  Terrasson,  les  bancs  calcaires  disparaissent 
complètement  et  les  couches  ne  comprennent  plus  que  des  argiles 
noires  plus  ou  moins  schisteuses. 

Les  argiles  toarciennes  contiennent  au  moins  deux  niveaux  fossili- 
fères distincts.  Nous  indiquons  ci-après  la  faune  de  chacun  de  ces 
niveaux. 

1° —  Zone  à  Ammonites  serpentinus  (Ammonites  calcaires) 

Ammonites  communis,  Sow,  avec  sa  va-  Ammonites  serpentinus,  Reinecke.—  Très 

riété  Holandrei —  Très  com-'  commune  à  la  partie  supérieure 

m  une  à  la  base  de  la  zone.  de  la  zone. 

—  suàplanatus,  Zittel.  Belemnites   tripartitus,   Schloth.,  et  ses 

—  borealis,  Seebach,  et  sa  va-  variétés. 

riété  Levisoni,  Simpson.  Tercôratula  Lycetti,  Davidson. 

2°  —  Zone  à  Ammonites  bifrons. 

Ammonites  bifrons,  Brug.  Très  com-       Belemnites  irregularis,  Schloth. 
mime,  pyritisée.  —         gracilis,  Zieten. 

—      crassus,  Philipps.  Pectcn  pumilus,  Lamk. 

Et  un  certain  nombre  de  Lamellibranches  et  Gastropodes  (Leda, 
Xucula,  Turbo,  Cerithium,  etc.). 

Au-dessus  de  la  zone  fossilifère  à  A.  bifrons  il  existe  une  épaisseur 
assez  considérable  d'argile  dans  lesquelles  nous  n'avons  pas,  jusqu'à 
présent,  recueilli  de  fossiles. 

Au  nord  de  Terrasson  les  argiles  toarciennes  ne  sont  guère  fossili- 
fères et  l'on  ne  peut  y  distinguer  les  deux  niveaux  que  nous  venons 

XV.  24 


310 


MOURET.    —   LIAS    DES    ENVIRONS   DE    BBIVKS. 


7  mars 


de  signaler.  —  Il  semble  même  qu'il  y  eut  eu  une  interruption  dans 
la  sédimentation  en  certains  points,  car  à  Thiviers  nous  avons 
trouvé  V Ammonites  btfrons  dès  la  base  du  Toarcien,  au  contact  avec 
les  calcaires  du  Liasien. 

Les  argiles  toarciennes  représentent  tout  le  Toarcien  à.  l'exception 
de  la  sone  à  Ammonites  opalinus. 

Calcaires  à  Gry/ihxa  Beaumtmti.  —Les  argiles  toarciennes  sont  cou- 
ronnées par  des  couches  calcaires  qui  forment  la  base  des  falaises  du 
terrain  oolitbique  dans  les  vallées  au  sud  de  Brives. 

Les  argiles  noires,  à  leur  partie  supérieure,  alternent  avec  des 
marnes  foncées  et  des  calcaires  en  bancs  minces,  Ces  couches  sont 
surmontées  par  des  calcaires  aoduleux,  &  grains  grossiers,  marneux, 
parfois  subcristallins,  noirâlreB  ou  jaunâtres,  alternant  avec  des  mar- 
nes noduleuses,  schisteuses,  noirâtres.  Le  tout  est  couronné  par  un 
calcaire  gréseux,  ou  subcristallin,  nodule ux,  géodique,  noirâtre,  qui 
passe  peu  à  peu  au  calcaire  oolithique  blanc  ou  rosé  du  Bajocien. 

Les  couches  à  Gryphœa  Beaumonti  se  distinguent  facilement  des  cal- 
caires bajociens  par  leur  teinte  jaune  et  par  l'alternance  de  couches 
de  compacités  différentes. 

Ces  couches  sont  assez  fossilifères;  nous  y  avons  recueilli  les 
espèces  suivantes: 


Ammonites  subin&ignil,  Oppel. 

—  cf.    opaliniu. 

—  cf.  Murchisunx. 

—  acantkopsis,  d'Orb. 

—  fluilam.  Du  mortier. 

—  radiosus,  Seebach. 


Pholadomya  fidicula,  Sow. 
Gryphra  Beaumonti.  Rivière  (0.  pie- 

taviensis,  Hébert). 
Terebratttla  Lt/celti,  Davidson. 
—  infraoolithiea.  — 

Ju  u  bert  i ,  D  i'  s  I  o  a  gc  h  s  r 


1887. 


MOURBT.   —  LIAS  DES   ENVIRONS  DE   BRIVES. 


371 


à-dire  au  niveau  le  plus  supérieur  du  Lias,  tel  qu'on  le  délimite 
actuellement  en  France. 

Résumé.  —  M.  Péron,  dans  une  note  présentée  en  1873-1874,  à 
la  Société  des  sciences,  Belles-Lettres  et  Arts  de  Tarn-et-Garonne, 
a  donné  une  coupe  du  Lias  de  l'extrémité  méridionale  du  bassin  du 
Sud-Ouest. 

Nous  reproduisons  cette  coupe  ci-dessous: 

Série  de  bancs  minées,  noduleax,  gris  foncé,  de  plus  en  plus 


Bajocien 


Toarcien 


Liasien 


Lias  inférieur 


Infralias 


\  espacés  en  descendant,  alternant  avec  des  marnes  schisteuses 

(foncées.  —  Zone  de  VOstrea  sublobata.  —   Excellent  horizon, 
toujours  très  fossilifère  et  nettement  reconnaissable. 

Marnes  puissantes  d'un  noir  ardoisé,  très  fissiles,  avec  petits 
bancs  de  lumachelles,  et  fossiles  du  Toarcien.  Niveau  du  Leda 
rostralis. 

Marnes  très  argileuses,  riches  en  fossiles  du  Toarcien,  en 
grande  partie  à  l'état  de  fer  pyriteux  ou  hydroxydé.  —  Zone  de 
l' Ammonites  bifrons. 

Calcaires  marneux  à  ciment,  gris  cendré  en  bancs  noduleux. 
—  Zone  de  Y  Ammonites  serpentinus. 

Séries  de  bancs  calcaires  bleuâtres,  jaunes  extérieurement,  peu 
épais,  très  durs,  lumachelliques.  Nombreux  fossiles  du  Lias 
moyen.  —  Zone  à  Pecten  xqaivalvis. 

Marnes  très  fissiles,  d'un  gris  verdâtre,  micacées  fortement, 
fossilifères  surtout  dans  la  partie  supérieure.  —  Zone  à  Ostrea 
cymbium. 

Bancs  espacés  de  calcaire  noduleux,  gris  cendré,  analogue 
à  ceux  du  Toarcien.  —  Marnes  grises  —  Nombreux  fossiles  et 
surtout  des  Belemnites  et  Ammonites  margaritatus.  —  Zone  du 
Belemnite8  clavatus. 

Calcaires  compactes,  jaunâtres,  sableux,  en  bancs  peu  épais. 
Ceux  du  haut  ne  renferment  que  de  grands  nautiles.  —  Ceux  à. 
la  base  sont  assez  riches  en  fossiles  du  Liasien.  —  Zone  à  Tere- 
bratula  punctala. 

Calcaires  rubannés,  en  plaquettes,  schisteux,  souvent  feuille- 
tés, sonores,  rugueux,  très  durs,  gris  cendré  et  gris  pâle,  — 
Pentacrinus  scalaris. 

Grande  masse  de  calcaire  lithographique,  de  nature  variable, 
passant  quelquefois  latéralement  à  des  cargneules  dolomitiques, 
ou  à  des  schistes  marneux.  —  Rares  fossiles  non  déterminés. 

Cargneules,  calcaires  grossiers,  jaunâtres,  cargneules  dolomi- 
:  tiques  puissantes,  —  sans  fossiles. 

Calcaires  dolomitiques  et  marnes  verdâtres,  rognoneuses, 
grises,  alternant  avec  des  calcaires  marneux,  ou  schisteux.  — 
Cargneules. 


Cette  description  s'applique  très  exactement  aux  couches  du  bas- 
sin de  Brives,  couches  qui  font  l'objet  de  la  présente  note. 
Les  seules  différences  que  nous  puissions  relever,  portent  non  sur 


372  mourut.  —  lias  des  environs  db  brives.  7  mars 

la  description  des  couches,  mais  sur  leur  classification.  —  Nous 
rangeons  la  zone  à  0.  sublobata,  dans  le  Lias,  et  nous  ne  précisons 
pas  la  limite  du  Siuémurien  et  de  l'InTralias. 

11  faut  remarquer  aussi  que  M.  Peron  ne  signale  pas  la  présence, 
dans  le  Tarn-et-Garonne,  du  grès  du  Lias.  —  Peut-être  ces  grès  exis- 
tent-ils,  mais  sont-ils  difficilement  discernables  des  grès  du  Trias  ? 

Enfin  nous  rappellerons  que,  dans  la  région  de  Brives,  V Ammonites 
margaritatus  est  commune  dans  les  marnes  à  Ostrea  cymbium  et 
rare  dans  les  argiles  à  Betemnites  clavatus. 

11  est  intéressant  de  comparer  aussi  le  Lias  du  5.-0.  au  Lias 
formant  la  bordure  N.  du  Plateau  Central. 

Sur  toute  la  bordure  nord  existe  la  couebe  à  Grypkcea  Beaumonti, 
accompagnée  souvent  de  quelques  Ammonites  qui  en  fixent  le  ni- 
veau. 

On  retrouve  aussi  les  zones  à  A.  serpentinut  et  à  A.  biffons;  la 
plus  inférieure  de  ces  zones  comprend  des  lits  calcaires  a  poissons 
que  nous  n'avons  pas  remarqués  dans  le  S.-O.,  ainsi  que  des  schistes 
à  posidonies.  La  zone  supérieure  est  argileuse. 

La  base  même  du  Toarcien  est  formée  par  un  lit  à  A.  communis, 
comme  dans  le  S.-0. 

Le  Liasien  présente  à  sa  partie  supérieure  des  couches  calcaires  à 
Pecten  œçuivalvit.  —  Ce  sont  ces  couches  qui  renferment  V Ammoni- 
tes spinatut. 

Au-dessous,  se  présentent,  comme  dans  le  S.-O.,  des  marnes  cal- 
caires avec  Ammonites  margaritatus  pyrilisées. 

Les  couches  argileuses  à  IL  clavatus  du  S.-O.,  sout  représentées 
dans  le  Centre  par  des  couches  maruo-calcaires  plutôt  qu'argileuses. 


1887.  J.  BERGERON.  —  TERRAINS  ANCIENS  DE  LA  MONTAGNE  NOIRE.   373 

beaucoup  de  celles  du  S.-O.  Elles  ne  sont  pas  fossilifères,  à  l'excep- 
tion d'un  certain  niveau  à  Ostrea  irregularis  accompagné  de  quel- 
ques Gastropodes. 

Les  bancs  à  argiles  vertes,  et  les  grès  du  Lias  se  retrouvent  dans  le 
centre,  comme  dans  le  S.-O.,  mais  disparaissent  dans  le  Poitou  et  à 
l'0. 11  parait  difficile  d'ailleurs  d'y  séparer  nettement  l'Hettangien  du 
Rhétien,  en  raison  de  l'absence  des  fossiles. 

Les  couches  à  argiles  vertes  des  environs  de  La  Châtre  contiennent 
des  jaspes  fossilifères  de  l'époque  rhétienne. 

La  base  de  ces  couches  contient  aussi  quelques  écailles  de  pois- 
sons et  petits  os.  C'est  le  niveau  du  bone-bed  que  nous  n'avons  pas 
retrouvé  dans  le  S.-O. 

En  résumé  le  Lias  du  S.-O.  et  celui  de  la  bordure  nord  du  Plateau 
Central  présentent  une  remarquable  analogie  au  point  de  vue  de  la 
nature  de  la  sédimentation. 

M.  Bergeron  fait  une  communication  sur  les  terrains  anciens  de 
l'Hérault  : 

Etude  paléontologique  et  stratigraphique  des  terrains  anciens  de  la 

Montagne  Noire, 

par  M.  J.  Bergeron. 

Dans  une  note  précédente  (1),  j'ai  étudié  la  constitution  géologique 
de  la  Montagne  Noire.  J'établissais  que  cette  montagne  est  formée 
par  un  massif  de  gneiss  correspondant  à  un  vaste  pli  anticlinal,  sur 
les  flancs  duquel  se  rencontrent  les  terrains  anciens.  Selon  le 
versant  étudié,  l'allure  de  ces  terrains  est  très  différente.  Sur  le 
versant  septentrional  ce  sont  des  failles  qui  affectent  l'Archéen,  les 
différents  étages  du  terrain  silurien  et  le  Dévonien  inférieur  qui, 
d'ailleurs,  semble  être  le  seul  terme  du  terrain  dévonien  qui  existe 
sur  ce  versant;  sur  le  versant  méridional,  toute  la  série  ancienne 
depuis  l'Archéen,  jusque  et  y  compris  le  terrain  carbonifère,  est 
affectée  par  des  failles  et  des  plis. 

Dans  la  présente  note,  je  viens  compléter  cette  description 
sommaire  par  quelques  mots  sur  la  paléontologie  de  cette  série 
paléozoïque  ;  j'en  prendrai  le  type  dans  la  célèbre  localité  de  Cabrières  : 
c'est  là  en  effet  que,  grâce  aux  patientes  recherches  de  M.  Escot,  les 
faunes  des  différents  niveaux  sont  le  mieux  connues. 

Le  premier  horizon  fossilifère  est  celui  des   grès  armoricains. 

(1)  Sur  la  constitution  géologique  de  la  Montagne  Noire,  C.  R.,  Ac.  d.  S., 
Séance  du  21  février  1887. 


374      J.  BÏHGEHOH.  —  TERRAINS  ANCIENS  DBU  MOSTAGNK    NOIHK.   7  IDars 

Leurs  affleurements  sont  peu  nombreux  et  les  fossiles  7  sont  rares. 
MM.  de  Grasset  et  de  Tromelin  en  ont  signalé  l'existence  dans  les 
environs  de  Cabrières,  au  nord-ouest  de  Villeneuvette.  H.  Collot  les 
a  retrouvés  au  Sud-Est  de  Roquebrun  à  Lay  miles.  Dans  cette  dernière 
localité  les  fossiles  rencontrés  sont  caractéristiques.  M.  Collot  a  bien 
voulu  me  communiquer  quelques-uns  d'entre  eux,  et  j'y  ai  reconnu 
Lingula  Lesueuri,  Lingula  emmena. 

La  roche  est  identique  à  celle  de  Sillé  le  Guillaume  et  ce  sont  les 
mêmes  espèces  signalées  par  M.  Rouaull  dans  cette  dernière 
localité. 

Puis  viennent  des  schistes  argileux  dans  lesquels  ont  été  trouvés 
des  Acidaspù,  des  Asapkus,  des  Calymene  et  qui  constituent  la  série 
paléozolquela  plus  développée  en  superficie  et  en  épaisseur.  M.  de 
Houville  en  a  donné  dans  sa  h  Monographie  géologique  de  Cabrières  n 
une  description  qui  peut  s'appliquer  à  toute  la  bande  paléosolque 
s'étendantde  Cabrières  a  Cannes.  On  y  trouve  partout  des  fossiles, 
le  plus  souvent  trop  mal  conservés  pour  pouvoir  être  déterminés. 
Sur  le  versant  septentrional  de  la  Montagne  Noire  les  mêmes  schistes 
sont  jusqu'à  présent  beaucoup  plus  pauvres  en  débris  organiques. 
Je  n'y  ai  rencontré  que  des  fragments  d'Asaphus  et  de  Barrandîa. 

L'étage  supérieur  du  terrain  silurien  est  représenté  sur  les  deux 
versants  de  la  Montagne  Noire;  mais  il  est  très  variable  d'épaisseur 
et  de  constitution.  A  la  base  ce  sont  des  calcaires  noirs  ampéliteux, 
formant  de  grosses  boules  au  milieu  de  schistes  également  ampéliteux; 
on  y  trouve  les  orthoeères  caractéristiques  du  Silurien  supérieur, 
Cardiola  inlerntpta,  etc.  Sur  le  versant  méridional  de  la  Montagne 
Noire  c'est  ce  dernier  niveau  qui  est  le  plus  connu;  il  a  été  signalé 


1887.  J.    BBRGKRON.  —  TERRAINS  ANCIENS  DB   LA  MONTAGNE  NOIRE.   375 

même  du  Carbonifère  (1);  l'étude  du  versant  méridional  ne  m'a  pas 
permis  de  trancher  d'une  façon  certaine,  la  question  de  l'Age  de  ces 
dépôts;  cependant  leur  position  sous  les  dolomies  dévoniennes  me 
les  ferait  plutôt  ranger  à  la  partie  supérieure  du  Silurien  supérieur. 
Us  sont  tantôt  plus  riches  en  calcaire,  tantôt  plus  riches  en  schistes; 
de  là  une  certaine  différence  entre  les  gisements  de  localités  assez 
éloignées. 

Dq  côté  de  Faugères,  dans  des  schistes  rappelant  beaucoup,  au 
point  de  vue  lithologique,  la  grau wacke  à  Pleurodt/ctium  problematicum 
du  Nord,  j'ai  trouvé  des  débris  d'encrines  et  des  moules  internes 
d'Or  Mis;  peut-être  appartiennent-ils  au  terrain  dévonien. 

Les  premiers  dépôts  que  l'on  puisse  faire  rentrer  à  coup  sûr  dans 
ce  dernier  terrain  sont  constitués  par  une  masse  fort  épaisse  de 
dolomie.  Ce  faciès  de  la  partie  inférieure  du  Dévonien  est  commun 
aux  deux  versants  de  la  Montagne  Noire. 

Sur  le  versant  méridional  on  trouve,  reposant  sur  la  dolomie,  des 
couches  d'un  calcaire  marneux  riche  en  Polypiers  et  en  Brachio- 
podes.  M.  Barrois,  à  qui  M.  de  Rouville  a  communiqué  les  fossiles 
qui  y  avaient  été  recueillis,  a  reconnu  que  ce  niveau  correspondait  à 
l'assise  à  Spirifer  cullrijugatus  ;  il  en  a  donné  une  liste  fort  complète, 
citée  par  M.  de  Rouville  et  à  laquelle  je  renverrai  (2).  On  y  trouve  en 
grande  abondance  un  Phacops  que  Ton  a  souvent  confondu  avec  le 
Ph.  Latifrons,  mais  que  M.  Bayle  a  distingué  avec  raison  sous  le 
nom  de  Phacops  Potieri.  Dans  un  travail  récent  (3),  mon  ami 
OEhlert  a  démontré  qu'il  fallait  conserver  cette  distinction  et  que 
celte  espèce  était  caractéristique  de  ce  niveau,  où  il  y  a  mélange  du 
Spirifer  cultrijugalus  et  de  la  Calceola  sandalina  et  qui,  dans  le  Nord, 
correspond  à  la  grauwacke  d'Hyerges.  Pour  M.  von  Kœnen  (4),  les 
couches  renfermant  la  Calceola  sandalina  auraient  une  grande 
analogie  pétrologique  avec  certaines  couches  des  calcaires  à  Calceola 
itxndalina  del'Eifel.  Je  n'ai  trouvé  ce  fossile  que  dans  les  calcaires  à 
Polypiers  et  avec  la  faune  citée  par  M.  Barrois.  Je  n'ose  pas  cepen- 
dant contredire  d'une  façon  absolue  la  manière  de  voir  de  M.  von 
Kœnen,  car  en  quelques  points,  à  la  Combe-Izarne,  à  Ballerade  et  au 
nord  de  la  Rossignole,  par  exemple,  il  semble  qu'il  existe  un  niveau 
différant  pétrologiquement  entre  le  calcaire  à  Polypiers  et  un  calcaire 


(l).Bull.  Soc.  géol.  3»  s.  T.  XII,  p.  121. 

(*)  Monographie  géologique   de  la  commune  de  Cabrières  (Hérault).  Extrait 
des  Mémoires  de  l'Académie  de  Montpellier,  1387,  p.  33. 

(3)  (Ehlert,  Annales  des  sciences  géologiques.  1887,  t.  XIX,  p.  5. 

(4)  Voir  le  travail  précité  de  M.  de  Rouville,  p.  35. 


376      J.  BERGER0N. —  TERRAINS  ANCIENS   DE  LA   MONTAGNE  HOIRE.   7  mars 

cristallin  blanc  que  j'étudierai  plus  loin.  Mais  jusqu'ici  la  faune  que 
j'y  ai  trouvée  ne  diûère  pas  de  celle  du  calcaire  à  Polypiers. 

Sur  ce  niveau  qui  termine  l'étage  inférieur  du  Dévonien,  repose 
en  quelques  points  seulement  un  calcaire  cristallin  blanc,  renfer- 
mant une  faune  qui  correspond  peut-être  aux  couches  à  Stryngocé- 
pbales  de  l'Eifel.  J'y  ai  reconnu  Rhynchonelta  Schnurîi,  daleidewis, 
Spirifer  curvatut,  qui  ont  été  rencontrées  dans  le  Dévonien  moyen. 
M.  Escot  en  a  envoyé  une  belle  collection  à  la  Sorbonne  et  beau- 
coup d'espèces  nouvelles  ;  je  n'indiquerai  ici  que  les  principales 
d'entre  elles,  les  autres  devant  paraître  d'ici  peu  dans  un  travail  sur 
le  massif  de  terrains  anciens  situé  au  sud  du  Plateau  central. 


Harpes  Escoii  (1).  Nov.  sp.  fig.  i. 


Je  n'ai  eu  à  ma  disposition  que  la  partie  antérieure  de  la  tête;  les 
parties  latérales  de  la  (été,  ainsi  que  le  reste  du  corps,  sont  inconnus. 

Le  limbe  est  à  peine  concave  en  dessus,  et  seulement  près  de  la  su- 
ture avec  la  tête;  il  plonge  fortement  en  avant  et  garde,  dans  toute  la 
partie  conservée,  une  largeur  égale  a  environ  uu  tiers  de  la  longueur 
totale  de  la  tête.  Les  branches  du  limbe  font  défaut.  Le  contour  ezté- 


1887.  J.   BBBGBRON.    —  TERRAINS   ANCIENS  DE   LA  MONTAGNE   NOIRE.    377 

Glabelle  allongée,  conique  antérieurement,  se  déprimant  vers  le 
liront,  d'an  tiers  moins  large  que  les  joues.  Profil  transverse  très 
bombé,  atteignant  sa  hauteur  maxima  au  niveau  des  yeux.  La  partie 
postérieure  de  la  glabelle  fait  en  partie  défaut,  cependant  on  peut  y 
reconnaître  encore  un  sillon  qui  déterminerait  un  anneau  occipital. 
Les  sillons  latéraux  qui  limitent  la  glabelle  sont  peu  marqués. 

Joues  bombées  sur  leur  partie  supérieure,  abruptes  sur  les  flancs, 
se  réunissant  entre  elles  sur  le  front  par  une  surface  moins  abrupte 
que  sur  les  flancs  et  bombée  dans  le  prolongement  de  la  glabelle; 
cette  partie  bombée  semble  même  en  être  le  prolongement.  Sillon 
peu  marqué  passant  au-dessous  des  yeux  et  concentrique  à  la  ligne 
de  la  tête  de  suture  avec  le  limbe.  Ce  qui  distingue  cette  espèce  du 
Harpes  gracilis,  c'est  que,  dans  cette  dernière  espèce,  la  partie 
située  dans  le  prolongement  de  la  glabelle  se  dilate  au  lieu  de  se 
rétrécir. 

Œil  un  peu  en  arrière  du  front,  au  point  de  rencontre  de  la  partie 
supérieure  et  des  flaacs  de  la  joue.  Il  forme  un  tubercule  saillant. 
L'état  de  conservation  ne  permet  pas  de  reconnaître  la  constitution 
de  ces  yeux. 


Test  poreux. 


Phacops  Munîeri.  Nov.  sp.,  fi.ir.  2. 


Tête  aplatie  en  dessus,  de  forme  semi-circulaire,  contour  intérieur 
légèrement  concave  en  arrière. 

Glabelle  de  forme  pentagonale,  faisant  saillie  en  avant  du  limbe 
frontal.  Surface  supérieure  de  la  glabelle  presque  plane,  arrondie 
aux  angles.  Pas  de  sillon  ornant  la  glabelle. 

Sillon  et  anneau  intercalaires  très  distincts,  occupant  un  cinquième 
delà  longueur  totale  de  la  tête.  A  chaque  extrémité  de  cet  anneau  se 
voit  un  tubercule.  Anneau  occipital  très  développé.  Bord  postérieur 
des  joues  large. 

Les  yeux  se  projettent  un  peu  en  arrière  du  bord  extérieur  du 
limbe;  ils  suivent  le  sillon  latéral  de  la  glabelle.  Les  yeux  sont  dans 
un  trop  mauvais  état  de  conservation  pour  qu'on  en  puisse  étudier 
la  constitution. 

Le  test  de  la  glabelle,  le  seul  qui  soit  resté,  était  couvert  de  gra- 
nulations fines. 


378      I.  BEKGERON. — TERRAINS  ANCltNS  DE  LA   KONTAGBB    HOIHB.    7  ma» 

Pygidium  bombé;  flancs  peu  inclinés.  Axe  limité  par  des  sillons 
bien  accusés;  il  porte  cinq  articulations  distinctes.  Sur  chaque  lobe 
latéral  se  voient  cinq  cotes;  ces  cotes  s'atténuent  vers  la  partie  posté- 
rieure; elles  portent  un  sillon  a  peine  marqué  entre  deux  lignes  de 
granulations.  L'axe  descend  presque  jusqu'au  bord  du  pygidium. 
Rainures  intercostales  prorondes,  disparaissant  aux  deux  tiers  de  la 
distance,  entre  l'axe  et  le  contour. 

Test  orné  de  granulations  sur  toute  la  surface,  sauf  dans  les  sillons. 
Ces  granulations  semblent  avoir  été  à  peu  près  de  mêmes  dimen- 


Phacops  Rouviliei.  Nov.  sft.,  lig.  3. 


Tête  aplatie  en  dessus,  de  forme  ovale  en  avant. 

Contour  intérieur  sensiblement  concave  vers  l'arrière.  Limbe 
frontal  portant  une  profonde  rainure  en  dessous. 

Glabelle  de  forme  pentagonale  bien  marquée,  faisant  légèrement 
saillie  en  avant  du  limbe  frontal.  Surface  supérieure  de  la  glabelle 
presque  plane,  arrondie  aux  angles. 

Sillon  et  anneau  intercalaires  très  distincts,  occupant  un  cin- 
quième delà  longueur  totale  de  la  lût i3.  A  chaque  extrémité  de  cet 


1887.  J.  BBR&KROft.  —  TERRAINS  ANCIENS  DB   LA  MONTAGNK   NOIRE.      379 

blases  do  Pic  de  Bissous,  dans  des  calcaires  rouges,  colorés  sans 
doute  par  les  mômes  infiltrations  qui  ont  teint  en  rouge  le  Dévonien 
supérieur. 

Cheirurus  Lenoiri.  Nov.  sp.  fig.  4. 


Espèce  voisine  du  Cheirurus  giàbus  ;  mais  les  joues  sont  moins  incli- 
nées que  dans  cette  dernière  espèce,  d'où  il  résulte  que  la  tôte  pré- 
sente un  bombement  transversai  moins  accentué  que  dan  s  le  Cheirurus 
gihbus.  Le  contour  extérieur  est  formé  par  un  bord  large,  disparais- 
sant sous  la  saillie  du  front,  où  il  est  plus  étroit.  11  s'élargit  en  arrière 
et  be  prolonge  vers  l'angle  génal  en  une  pointe  courte.  Sillon  sépa- 
rant le  bord  de  la  joue,  bien  marqué.  Le  contour  intérieur  de  la 
téta  est  rectiligne.  L'anneau  occipital  s'élargit  beaucoup  au  milieu 
et  présente  une  forme  triangulaire,  le  sommet  du  triangle  étant 
dirigé  en  avant. 

Glabelle  comprise  entre  deux  sillons  profonds,  rectilignes,  diver- 
gents vers  la  partie  antérieure.  Lobe  frontal  élargi  latéralement, 
arrondi  au  front.  Les  sillons  antérieurs  et  moyens,  transverses,  se 
réunissent  au  milieu  de  la  glabelle  en  formant  des  rainures  pro- 
fondes, dont  la  seconde  présente  une  légère  inflexion  au  point  de 
fusion  des  deux  sillons  et  une  légère  concavité  ver»  l'avant.  Sillons 
postérieurs  profonds  inclinés  à  45°,  se  rencontrant  sur  Taxe,  où  ils 
tombent  dans  le  sillon  occipital,  qui  Tonne  un  angle  obtus  ouvert  en 
arrière.  Les  lobes  postérieurs  sont  plus  hauts  que  les  lobes  antérieurs 
et  moyens. 

La  suture  faciale  appliquée  immédiatement  autour  du  lobe  fontal, 
s'en  écarte  graduellement  de  chaque  côté  et  se  dirige  vers  l'œil, 
presque  parallèlement  à  Taxe,  un  peu  en  dehors,  puis  elle  vient 
rejoindre  le  contour  latéral  à  peu  de  distance  au-dessus  de  l'angle 
génal. 
Test  granuleux. 

La  tête  est  la  seule  partie  de  l'animal  qui  ait  été  trouvée. 
Surces  calcaires  cristallins  renfermaut  une  faune  si  riche,  se  voit 
an  calcaire  blanc  vacuolaire  ;  chaque  vacuole  est  une  sorte  de  poche 
dans  laquelle  se  trouvent  des  fos>iles  en  limouite,  parfaitement  con- 
servés. Ce  sont  surtout  des  goniatites  du  groupe  du  Goniaùies  retror- 
m;  les  espèces   les  plus  communes  sont  Gon.  amblylobus  et   don» 


380      J.  BBBUEROH.  — TERRAINS  ANCIENS  DR   LA  MONTAGNE  BOIRE.    1  ma» 

cvrvispina.  Il  y  a  encore  en  grand  nombre  des  moules  internes  de 
petites  térébratules.  Ces  calcaires  vacuolaires  représentent  la  base  de 
l'étage  supérieur  du  terrain  dévonîen. 

Puis  viennent  en  stratification  concordante  des  calcaires  noirs  ou 
rouges,  suivant  les  localités,  mais  dont  la  faune  reste  toujours  si 
semblable  à  elle-même  qu'au  point  de  vue  paléontologique,  il  y  a 
toujours  identité.  C'estle  niveau  à  Goniatitei  intumescent,  Gon.  multilo 
battu*  et  à  nombreuses  goniatites  plates.  On  y  trouve  encore  en  très 
grande  abondance  le  Cardium  cornu-copiw  et  de  grands  ortbocères. 
Puis  se  voit  un  banc  de  lydienne  qui  semble  former  un  horizon 
constant  entre  ces  calcaires  à  G on.  int umescens  et  des  calcaires  géné- 
ralement plus  compactes  et  renfermant  presque  exclusivement  la 
Cardiola  retrostriata. 

Le  dernier  terme  de  la  série  dévonienne  est  représenté  par  des 
marbres  portant  dans  la  région  le  nom  de  marbres  griottes.  On  y 
trouve  de  très  grands  Céphalopodes,  le  plus  souvent  mal  conservés  ; 
cependant,  j'ai  pu  y  reconnaître  Ctymcnia  elongata  et  Gonialitet 
subzukatus  du  «  Klymenien-Kalk  »  du  Nassau.  Les  griottes  du  versant 
méridional  delà  Montagne  Noire  doivent  donc  être  classés  dans  le 
Dévonîen  tout  à  fait  supérieur. 

Le  terrain  carbonifère  se  rencontre  en  discordance  de  stratifi- 
cation (1)  sur  le  Silurien  et  le  Dévonien,  ainsi  qu'on  peut  le  voir 
dans  les  environs  de  Cabrières,  de  Roquessels,  de  Laurens,  etc. 
11  débute  par  des  grès  jaunes  dans  lesquels  on  trouve  quelques 
traces  de  végétaux,  puis  viennent  des  conglomérats  à  pe- 
tits cailloux  roulés,  noirs  et  blancs  de  pbtannite  et  de  quarts. 
Cette    série  inférieure  se    termine  enfin    par    de    nouveaux    grès 


1887.       J.  BBRGBRON.  — TERRAINS  ANCIENS  DE  LA  MONTAGNE  NOIRE»       381 

pour  le  développement  du  niveau  des  calcaires.  Il  faut  encore  noter  la 
tr&nsgressivité  fréquente  du  Calcaire  carbonifère  par  rapport  aux  grès. 
Un  des  points  où  la  superposition  des  étages  que  je  viens  d'énu- 
mérer  se  voit  le  mieux,  est  le  pic  de  Bissous.  Il  correspond  à  un 
pli  anticlinal  affectant  l'allure  d'un  rebroussement  et  représente  un 
accident  fréquent  sur  le  versant  méridional  de  la  Montagne  Noire. 
La  coupe  suivante  donne  l'allure  et  la  superposition  que  j'ai  obser- 
vées en  ce  point. 

Coupe   au    Pic    de    Bi  s«oua 

5 


Pig.  5. 
)•  Silurien  moyen. 
*•  Silurien  supérieur. 
3-  Dolomie.  Dévonien  inférieur. 

<•  Dévonien  inférieur.  Zone  à  Spirifer  cultrijugalus  et  Phacops  Potieri. 
5«  Calcaire  cristallin.  Dévonien  moyen. 
G»  Calcaire  vacuolaire  à  Gon.  retrorsus. 

7-  Calcaire   rouge  comprenant  à  la  base  la  zone  à  Gon.  intumescens  et  à  la 
partie  supérieure  le  calcaire  à  Cardiola  retrostriata. 

8.  Marbre  griotte.  Calcaire  à  clyuiéuies.  Bloc  non  en  place. 

9.  Lambeaux  de  calcaire  et  de  grès  carbonifères,  pinces  dans  les  schistes  du 

Silurien  moyen. 
10.  Porphyre  très  altéré. 

Le  redressement  des  couches  du  Dévonien  supérieur  est  rendu  très 
sensible  par  la  position  des  fossiles  qu'on  y  rencontre  ;  les  céphalo- 
podes ne  sont  pas  couchés  à  plat  comme  ils  devraient  l'être  dans 
leur  position  régulière,  mais  ils  sont  redressés,  et  les  sections  de  go- 
niatites,  par  exemple,  sont  verticales. 

Une  coupe  N.-S.  passant  exactement  par  le  point  culminant  du 
Pic,  ne  donnerait  pas  sur  le  versant  septentrional  une  série  aussi 
complète  que  celle  que  j'ai  figurée  ;  en  effet,  les  étages  4,  5,  6  et  7, 
par  suite  des  érosions  qui  ont  modifié  les  reliefs  de  la  région,  ne 


382      I.  1K18EH0H.  —  TERRAINS  ANCIENS    DE   LA  M0HTAG5B  IfOIBB.    7    mars 

forment  pas  de  lits  continua  ;  mais  en  quelques  points  cependant  on 
reconnaît  facilement  la  continuité  primitive  de  tonte  la  série  dévo- 
nienne  de  la  face  septentrionale  du  Pic. 

L'allure  redressée  des  couches  du  versant  méridional,  la  présence 
de  ces  lambeaux  des  différentes  assises  du  Dévonien  supérieur,  sur  la 
face  septentrionale  du  Pic,  sont  des  faits  qui  me  semblent  expliquer 
tout  naturellement  la  coupe  que  je  viens  de  donner  du  Pic  de  Bis- 
sous,  sans  avoir  recours  à  des  plis  couchés,  accidents  toujours  asses 
rares  dans  la  région. 

Le  lambeau  de  marbre  griotte  Ûguré  sur  la  coupe  n'est  pas  en 
place  quelle  que  soit  son  apparence.  On  retrouve  les  couches  dont  il 
provient  à  l'E.  et  à  l'O.  du  Pic,  sur  le  versant  septentrional,  reposant 
sur  les  autres  termes  du  Dévonien  supérieur. 

Ces  différentes  assises  du  Terrain  dévonien  se  retrouvent  tont  le 
long  de  la  Montagne  Noire,  reposant  le  plus  généralement  sur  les 
schistes  du  Silurien  moyen.  Hais  c'est  la  dolomie  inférieure  qui 
occupe  la  plus  grande  surface.  Les  autres  étages  ont  pu  avoir  une 
aussi  grande  extension,  mais  il  n'en  reste  plus  que  des  lambeaux 
de  faibles  dimensions,  tous  affectés  de  plis  dont  l'axe,  d'ailleurs, 
est  toujours  parallèle  à  la  direction  de  la  Montagne  Noire. 

Dans  un  travail  qui  paraîtra  prochainement  j'entrerai  dans  l'étude 
détaillée  de  ces  différents  lambeaux  et  j'exposerai  l'allure  que  pré- 
sentent parfois  les  accidents  qui  affectent  ces  couches. 


A  la  suite  de  la  communication  précédente,  M.  Œblert,  rappelle 
que  dans  le  bassin  de  Laval  (1),  la  principale  oscillation  du  sol  a 


1887.  DE  LAPPARENT. —CONTRACTION  ET  REFROIDISSEMENT  DU  GLOBE.   383 

au  milieu  du  Culm  :  celles-ci  constituant  déjà,  à  cette  époque,  des 
crêtes  et  des  falaises  auxquelles  ont  été  empruntés  les  galets  et  les 
éléments  détritiques  si  caractéristiques  de  la  sédimentation  à  la  base 
du  Carbonifère.  C'est  aux  nombreuses  failles  qui  sillonnent  cette 
région,  et  surtout  au  redressement  général  des  coucbes  qui  a  eu 
lien  vers  l'époque  du  Houiller  moyen,  qu'il  faut  attribuer  la  dis- 
parition des  traces  apparentes  de  cette  discordance. 

Puis  s'engage  une  discussion  à  laquelle  prennent  part  MM.  Ber- 
trand, Bergeron,  Œhlert,  Munier-Chalmas  el  Chelot. 

M.  de  Lapparent  fait  la  communication  suivante  : 

Note  noria  contraction  et  le  refroidissement  du  globe 

terrestre, 

Par  M.  Albert  de  Lapparent. 

Dans  ma  conférence  du  7  février,  sur  le  Sens  des  mouvements  de 
tEcùrtt  terrestre,  j'ai  cherché  à  montrer,  par  la  seule  étude  des  faits, 
que  les  effondrements,  auxquels  l'école  de  M.  Suess  attribue  un  rôle 
prépondérant  en  matière  orogénique,  ne  pouvaient  réclamer,  dans 
la  formation  du  relief,  qu'une  part  subordonnée.  La  conséquence 
implicite  de  cette  démonstration  est  que  les  dislocations  du  globe, 
on  tout  au  moins  celles  qui  se  sont  produites  après  les  temps  pri- 
maires, n'ont  pu  déterminer,  dans  le  rayon  de  notre  planète,  qu'un 
raccourcissement  insignifiant. 

Cependant    on   sait  que  l'opinion   contraire  est   professée    par 
divers  auteurs.  Pour  eux,  la  longueur  du  rayon  terrestre,  loin  d'être 
invariable,  a  dû  subir,  dans  le  cours  des  temps  géologiques,  des 
variations  considérables.  11  m'a  paru  nécessaire  de  soumettre  cette 
manière  de  voir  à  une  critique  raisonné*;  d'autant  plus  que  cette 
critique  est  un  complément  en  quelque  sorte  indispensable  de  la 
thèse  que  j'ai  cherché  à  faire  prévaloir.  En  effet,  s'il  était  possible  de 
démontrer  que  le  rayon  du  globe  est  resté  sensiblement  le  môme, 
on  enlèverait  toute  raison  suffisante  à  ces  chutes  gigantesques,  ca- 
pables, par  les  abîmes  qu'elles  auraient  creusés,  de  réagir  puissam- 
ment sur  le  niveau  des  mers,  en  le  faisant  baisser  chaque  fois  de 
plusieurs  kilomètres. 

Une  telle  démonstration  peut-elle  être  tentée  avec  succès  ?  J'ai  été 
amené  à  le  penser,  à  la  suite  dune  consciencieuse  étude  des  divers 
éléments  de  la  question,  et  c'est  cette  conviction  raisonnée  que  j'en- 
treprends aujourd'hui  de  faire  partager  à  d'autres. 

Le  problème  de  la  contraction  du  globe  est  susceptible  d'être 


384   DHI.AÏPAREKT. — CONTRACTION  ET  REFROIDISSE  «BUT  DU  QIOBB.    7  mars 

abordé  de  deux  façons  différentes  :  par  l'examen  théorique  des  con- 
ditions du  refroidissement  terrestre  on  par  l'interprétation  des 
conséquences  auxquelles  il  semble  que  puisse  légitimement  conduire 
l'élude  des  faits  de  dislocation.  Je  commencerai  par  la  théorie,  me 
réservant  de  discuter  ensuite,  sans  en  négliger  aucun,  tous  les  argu- 
ments de  fait  qui  pourraient  m'être  opposés. 

La  première  partie  de  ma  tache  offre  une  difficulté  particulière  et 
je  n'aurais  pas  osé  m 'aventurer  sur  ce  terrain  si,  pour  la  circons- 
tance, je  n'avais  obtenu  l'appui  et  le  contrôle  de  savants  êmineuts, 
dont  un,  mon  excellent  confrère  et  ami,  M.  A.  Potier,  est  assez 
connu  de  notre  Société  pour  sa  double  compétence  de  géologue  et 
de  physicien. 

D'ailleurs  la  difficulté  est  singulièrement,  restreinte  si,  laissant  de 
côté  les  premiers  temps  de  notre  planète,  on  se  borne  à  considérer 
ce  qui  a  dû  se  passer  postérieurement  à  l'ère  primaire.  C'est  sur  ce 
terrain  que  je  compte  me  placer  et  j'ajoute  que  cela  suffit  absolu- 
ment pour  instruire  le  procès  de  la  théorie  des  effondrements.  En 
effet,  presque  tous  les  mouvements  de  descente  admis  par  M.  Suess, 
soit  en  Europe,  soit  en  Amérique,  se  rapportent  aux  temps  écoulés 
depuis  la  fin  de  l'ère  primaire.  Les  chutes  qui  auraient  laissé  en 
saillie  les  môles  des  Vosges,  de  la  Bohème,  du  Plateau  Central,  de 
l'Armorique  ;  celles  qui  auraient  fait  naître  les  dépressions  du  Pié- 
mont, de  la  Hongrie,  de  la  Palestine;  enfin  celles  par  suite  desquelles 
les  plateaux  situés  à  l'ouest  des  Montagnes  Rocheuses  auraient 
acquis  leur  conformation  actuelle,  dateot  toutes,  sans  exception, 
des  temps  secondaires,  tertiaires  et  même  quaternaires.  11  est  donc 
tout  à  fait  inutile  de  remonter  à  ce  lointain  passé  du  globe,  encore 


4887.  DE  LAPPARENT.  —  CONTRACTION  ET  REFROIDISSEMENT  DU  GLOBE.    385 

externe.  Encore,  dans  ce  dernier  cas,  n'y  a-t-il  pas  en  réalité  dimi- 
nution du  rayon  terrestre,  puisque  les  matières  rejetées  se  super- 
posent à  la  partie  affaissée;  mais  il  y  a  diminution  du  rayon  interne, 
ce  qui  revient  au  même  au  point  de  vue  des  mouvements  de  la 
croûte. 

Si  nous  devions  remonter  jusqu'aux  premiers  âges  du  globe,  il 
pourrait  être  très  embarrassant  d'avoir  à  déterminer  la  part  due  au 
second  facteur.  Les  granités,  granulites,  porpbyres,  diabases,  etc., 
se  sont  injectés  à  bien  des  reprises  à  travers  l'écorce;  ils  jouent,  dans 
la  constitution  des  massifs  anciens,  un  rôle  considérable  et,  pour 
cette  cause,  aussi  longtemps  qu'ont  duré  ces  éruptions,  il  n'est  pas 
impossible  que  le  rayon  interne  ait  éprouvé  des  variations  assez 
sensibles. 

11  n'en  est  plus  de  même  après  les  temps  permo-carbonifères.  On 
sait  combien  est  restreinte  l'intervention  des  phénomènes  éruptifs 
pendant  l'ère  secondaire.  C'est  au  point  qu'en  dehors  de  quelques 
éruptions  triasiques,  on  croirait  à  l'absence  complète  d'émissions 
internes  jusqu'au  début  du  tertiaire,  si  l'on  n'avait  appris  récemment 
que  la  formation  porphyritique  de  la  chaîne  des  Andes  paraît  appar- 
tenir à  l'époque  du  Jura  et  de  la  Craie.  En  tout  cas,  jusqu'à  l'aurore 
do  Tertiaire,  l'influence  due  à  la  sortie  des  éruptions  peut  être  con- 
sidérée comme  négligeable.  Quant  aux  épanchements  trachytiques, 
rhyolitiques  ou  basaltiques  qui  se  sont  produits  depuis  l'époque 
tertiaire  jusqu'à  nos  jours,  on  sait  que,  quelle  que  soit  leur  impor- 
tance, ils  sont  très  localisés.  D'immenses  surfaces  en  sont  complète- 
ment exemptes.  A  la  vérité,  il  y  a  de  grands  massifs,  comme  celui 
del'Orégon,  où  un  territoire  de  près  de  450,000  kilomètres  carrés 
est  couvert  d'une  nappe  de  basalte  dont  on  évalue  l'épaisseur 
moyenne  à  700  mètres  (i),  ce  qui  ferait  un  volume  d'environ  300,000 
kilomètres  cubes.  Mais  ce  sera  vraisemblablement  se  tenir  fort  au- 
dessus  de  la  réalité  que  d'estimer  les  éruptions  postcrétacées  connues 
à  cent  soixante  fois  ce  chiffre,  c'est-à-dire  à  50  millions  de  kilomètres 
cubes,  ce  qui  ne  correspond  qu'à  une  diminution  de  iOO  mètres 
dans  le  rayon  de  la  masse  interne. 

De  là  cette  conclusion,  que  la  part  due  à  la  sortie  des  laves  dans 
l'affaissement  de  la  croûte  a  dû  être  extrêmement  peu  considé- 
rable. 

Arrivons  maintenant  au  refroidissement  proprement  dit. 
Nous  n'aurons  pas  à  rechercher  si  l'intérieur  du  globe  est  fluide  ou 
non.  Il  suffira  de  constater  que  la  portion  accessible  à  nos  investiga- 

(1)  Geikie,  Text  book. 

XV.  35 


386  DBUPPARBNT.  —  CONTRACTION  hT  BEFllOIDiSSKHBNTDU  GLOBE.    7  màTt 

lions  est  partout  traversée  par  un  flux  de  chaleur,  qui  atteste  l'exis- 
tence d'un  noyau  très  chaud  et  que  l'intensité  de  ce  flux  peut  être 
facilement  déterminée  d'après  la  loi  de  la  distribution  souterraine 
des  températures. 

Les  expériences  de  précision,  instituées  à  l'occasion  des  grands 
sondages  artésiens,  tels  que  ceux  de  Sperenberg,  en  Prusse  et  de 
Schiadebach,  en  Saxe,  ont  montré  que  le  degré  géothermique 
moyen,  pour  les  1700  premiers  mètres  de  l'écorce,  est  sensiblement 
égal  à  35  mètres;  c'est-à-dire  qu'il  faut  s'enfoncer  de  cette  quantité 
pour  voir  la  température  augmenter  de  1  degré  centigrade. 

D'après  cela,  par  chaque  centimètre  carré  de  la  surface  du  globe, 
passe,  en  chaque  seconde,  une  quantité  de  chaleur  égale  à 

si  AT  est  le  coefficient  de  conductibilité  des  roches  de  l'écorce. 

Cette  conductibilité  a  fait  l'objet  de  recherches  poursuivies  par 
une  commission  de  l'Association  britannique.  On  a  trouvé,  pour  le 
granité,  de  0,0051  à  0,0053;  pour  le  grès,  de  0,0054  a  0,0059;  pour 
le  marbre,  0,0047  à  0,0059  ;  pour  la  craie,  0,0031  ;  pour  un  trachyte, 
0,0059.  De  son  côté,  en  étudiant  comparativement  la  marche  de  deux 
thermomètres,  placés  dans  le  sol  à  des  profondeurs  différentes,  Sir 
William  Thomson  a  trouvé,  pour  un  trapp,  0,0041  ;  pour  du  sable  de 
jardin,  0,0026;  pour  un  grès,  0,0107. 

*  Or  les  roches  à  travers  lesquelles  l'augmentation  de  1*  par  35  mètres 
a  été  mesurée  sont  de  celles  dont  les  coefficients  sont  plutôt  infé- 
rieurs à  0,0039.  En  adoptant  ce  chiffre,  comme  l'a  fait  M.  J.  Milne, 


4887.   DE  LÀPPÀRENT.—  CONTBACTIO.NET  REFROIDISSEMENT  DU  GLOBE.      387 

forme,  répandue  sur  toute  la  surface  du  globe.  On  aura  l'épaisseur  e 
de  cette  couche  en  formant  l'expression  de  la  quantité  de  chaleur 
absorbée  par  une  colonne  d'un  centimètre  carré  de  base,  c'est-à-dire 
e  X  100  et  en  l'égalant  à  la  précédente.  On  trouve  ainsi  e  =0m,0053. 

La  chaleur  perdue  par  la  terre,  pendant  une  année  entière,  ne 
porterait  donc  à  l'ébullition  qu'une  couche  d'eau  ayant  à  peu  près  un 
demi-centimètre  d'épaisseur.  À  supposer  le  degré  géothermique  inva- 
riable, il  faudrait  un  million  d'année*  pour  procurer  le  môme  échauf- 
fement  à  une  couche  d'eau  de  5300  mètres  de  puissance,  uniformé- 
ment répandue  sur  le  globe  tout  entier. 

On  pourrait  objecter  que  si  le  degré  géothermique  est  aujourd'hui 
de  35  mètres,  il  a  pu  et  môme  a  dû  être,  autrefois,  beaucoup  moins 
considérable.  Pour  savoir  dans  quelle  mesure  il  conviendrait  de 
diminuer  sa  valeur  actuelle,  si  l'on  voulait  se  reporter  aux  conditions 
du  début  des  temps  secondaires,  il  suffit  de  recourir  au  travail  clas- 
sique de  Sir  William  Thomson.  Ce  savant  est  arrivé  à  cette  conclu* 
.  sion,  qu'on  ne  saurait  faire  remonter  au  delà  de  cent  millions  d'années 
le  moment  où  notre  planète,  revêtue  d'une  écorce  suffisamment 
froide,  a  pu  recevoir  les  premiers  germes  de  la  vie  organique.  Prenons 
ce  chiffre  extrême  et  admettons,  d'après  le  partage  proportionnel 
fait  par  J.  Dana  de  la  durée  des  temps  entre  les  trois  grandes  ères, 
que  l'ensemble  des  temps  secondaires  et  tertiaires,  puisse  représenter 
une  vingtaine  de  millions  d'années.  Ces  vingt  millions  forment  la 
cinquième  partie  du  temps  écoulé  depuis  l'origine  du  refroidisse- 
ment. Or,  ainsi  qu'a  bien  voulu  me  le  faire  remarquer  M.  Potier,  la 
théorie  indique  que  le  degré  géothermique  doit  croître  comme  le 
carré  des  temps.  Donc,  il  y  a  vingt  millions  d'années,  le  degré 
géothermique  était,  au  degré  actuel,  dans  le  rapport  de  \'l  àv^i,  c'est- 
à-dire  de  1,12  à  4.  En  d'autres  termes,  il  devait  ôtre  de  32  mètres  au 
lieu  de  35  et,  en  substituant  cette  valeur,  on  trouverait  57  calories 
au  lieu  de  53.  Autant  dire  que,  pour  les  temps  tertiaires,  auxquels 
appartiennent  presque  sans  exception  toutes  les  grandes  déformations 
montagneuses,  on  ne  commet  pas  d'erreur  sensible  en  prenant  la 
valeur  de  35. 

Cela  posé,  pour  apprécier  l'action  exercée  par  cette  perte  de  cha- 
leur sur  la  provision  que  renferme  l'intérieur  du  globe,  il  suffira  de 
comparer  la  masse  d'eau  échauiïée  à  la  masse  terrestre  qui  lui  com- 
muniquerait à  ses  dépens  réchauffement  constaté. 

Soit  SU  surface  du  globe  en  kilomètres  carrés,  l'épaisseur  de  la 
couche  d'eau  étant  5k3  el  sa  densité  à  peu  près  égale  à  1,  la  masse 
échauffée  est 

S  X  5,  3 


188   DELAPPAREKT.      -CONTRACTION  ETREFROinïSSEMENTDU  GLOBE.    7  mars 

La  masse  terrestre  est,  si  l'on  appelle  r  le  rayon  et  si  l'on  prend  5,8 
pour  densité  moyenne, 


Le  rapport  des  deux  masses  est  donc  : 


Or  le  rayon  r  est  égal  à  6,366  kilomètres.  Substituons  cette  valeur 
dans  le  rapport.  On  aura  : 


6,366x8,5        2122  X  5,  5         11671  2202 

Ainsi  la  seconde  masse  est  au  moins  deux  mille  fois  plus  forte  que  la 
première.  Si  les  capacités  calorifiques  étaient  égales,  la  première  s'é- 
chauffant  de  100  degrés,  la  seconde  devait  perdre  .  Mais  —  —  comme 
le  globe  est  vraisemblablement  composé,  à  l'intérieur,  de  substances 
métalliques  lourdes,  il  est  prudent  de  prendre,  pour  sa  capacité  calo- 
rifique, le  chiffre  de  ~-,  qui  convient  aux  métaux  et  aux  sulfures.  La 
perte,  pour  l'ensemble,  devient  alors  : 

100  X  10  1 


soit  en  chiffres  ronds,  tin  demi-degré  pour  vn  million  d'années. 


4887.  DE  LAPPARENT.  —  CONTRACTION  ET  REFROIDISSEMENT  DU  GLOBE.      389 

ries  comme  ayant  une  part  sérieuse  à  la  constitution  du  noyau,  celle 
qui  se  dilate  le  plus,  la  pyrile,  a  pour  coefficient  0,00003.  Prenons 
ce  dernier  chiffre.  Gela  donnera,  pour  un  rayon  de  6366  kilomètres, 

et  une  température  de  *°  ,  une  contraction  de  87  mètres  pour  un  million 

tannées. 
Admettons  au  contraire  que  l'intérieur  du  globe  soit  liquide. 
Nous  pourrions-nous  prévaloir  de  ce  que,  très  vraisemblablement, 
la  masse  interne  est  surtout  composée  de  fer  ou  de  fonte  en  fusion  ; 
or,  la  fonte  se  dilate  en  se  solidifiant,  ce  qui  nous  dispenserait  de 
compter  avec  toute  contraction.  Môme,  en  dehors  de  cela,  nous 
pourrions  invoquer  l'énorme  pression  du  bain  liquide,  bien  propre 
à  changer  les  conditions  dans  lesquelles  sont  étudiés  les  phénomènes 
de  dilatation  dans  les  laboratoires.  Mais  renonçons  à  faire  valoir  ces 
considérations  et  admettons,  pour  le  globe  liquide,  un  coefficient  ana- 
logue à  celui  de  l'eau  entre  50  et  75°,  c'est-à-dire  environ  0,00006. 
Le  résultat  précédent  sera  simplement  doublé,  ce  qui  nous  donnera 
il k  mètres  par  million  d'années.  £'il  plaisait  de  décupler  ce  chiffre, 
pour  tenir  compte,  avec  excès,  de  tout  ce  que  les  données  précédentes 
peuvent  renfermer  d'incertain,  on  n'arriverait  pas  encore  à  deux  kilo- 
mètres. Or  l'espace  de  temps  écoulé  entre  l'Éocène  supérieur  et  le 
Pliocène,  c'est-à-dire  entre  la  formation  des  Pyrénées  et  celle  des 
Alpes,  ne  comprendrait  certainement  pas,  d'après  les  évaluations 
ci-dessus  rappelées,  plus  de  trois  millions  d'années.  A  ces  trois  mil- 
lions correspondrait  une  contraction  comprise  entre  cinq  cents  et 
cinq   mille   mètres,  chiffre   bien    minime,   môme  le  plus   grand, 
lorsqu'on  les  compare,  comme   nous  le  ferons  par  la  suite,  à  ceux 
qu'on  a  cru  pouvoir  déduire  d'un  autre  ordre  de  considérations. 

Il  est  vrai  qu'il  y  a  d'autres  causes  de  déperdition  qu'on  pourrait 
invoquer.  L'une  d'elles  est  l'action  des  sources  thermales.  Cherchons 
à  évaluer,  au  moins  grossièrement,  l'ordre  de  grandeur  d'une  telle 
influence. 

Supposons  un  groupe  de  sources  thermales  débitant,  comme  celui 
de  Vichy,  600  mètres  cubes  par  vingt-quatre  heures,  soit  219,000 
mètres  cubes  par  an,  c'est-à-dire,  en  un  million  d'années,  219  kilo- 
mètres cubes.  Admettons,  pour  être  certainement  au-dessus  de  la 
réalité,  que  l'eau,  partie  de  zéro,  ait  été  portée  à  100  degrés  parla 
communication  de  la  chaleur  interne. 

La  couche  d'eau  de  5  k.  3  d'épaisseur,  dont  nous  avons  déjà  parlé, 
représente,  en  kilomètres  cubes,  le  produit  de  5,  3  par  la  surface  du 
globe,  qui  est  de  510  millions  de  kilomètres  carrés.  Son  volume  est 
donc  de  2.703.000.000  de  kilomètres  cubes.  Le  rapport  de  ce  chiffre  au 


390    DE  [.APPARENT.  —  CONTRACTION  1!T  REFROIDISSEMENT  DU  GLOBE.    7  mata 

précédent  est  —-Q -  wo  — ,  de  telle  sorte  qu'il  faudrait  un  million  de 
groupes  de  sources  d'importance  égale  à  celui  de  Vichy,  hypothèse 
au-dessus  de  toute  vraisemblance,  pour  amener  le  rapport  à  ; 
219 


-  ou  environ  - 


2.703  12,8 

C'est-à-dire  que,  même  dans  ce  cas,  l'action  des  sources  ne  serait 
qu'une  très  petite  fraction  de  celle  que  nous  avons  déjà  analysée. 

Arriverons- no  us  h  un  meilleur  résultat  en  évaluant  la  chaleur  per- 
due par  consolidation  des  laves  dans  les  éruptions  volcaniques  ?  Pour 
le  savoir,  rappelons  que  le  volume  des  coulées  de  lave,  d'ailleurs 
extrêmement  variable,  oscille  d'ordinaire  entre  20  et  80  millions  de 
mètres  cubes,  c'est-à-dire  entre—  et-;,-  de  kilomètre  cube  et  n'a 
jamais  dépassé,  dans  les  temps  modernes,  20  kilomètres  cubes 
(coulée  de  1855  aux  lies  Sandwich).  Or  un  kilomètre  cube  de  lave, 
de  capacité  calorifique  égale  à  T'  (chiffre  intermédiaire  entre  celui  du 
marbre  et  la  capacité  des  métaux),  représente,  en  perdant  2000 
degrés  de  température,  si  on  admet  que  sa  densité  soit  2,  8  : 


1  X  2,  8  X  —  X  2000 

7 

quantité  qui  échaufferait,  de  zéro  à  cent  degrés,  une  masse  d'eau  x 
(en  kilomètres  cubes)  donnée  par  l'équation  : 

_  20  X  %  8  _  56 


1887.   DE  LAPPÀRGNT.  —  CONTRACTION  ET  REFROIDISSEMENT  DU  GLOBE.      391 

gistre?  Parmi  ces  faits,  il  y  a  d'abord  celui  sur  lequel  s'est  appuyé 
H.  Briart,  c'est-à-dire  l'habituelle  inclinaison  des  gneiss,  des  schistes 
cristallins  et  des  sédiments  paléozoïques,  sous  des  angles  qui  dé- 
passent 60  degrés  ;  d'où  M.  Briart  a  inféré  que,  depuis  l'origine  de 
la  formation  de  la  croûte,  le  rayon  terrestre  avait  dû  éprouver  une 
réduction  de  moitié.  Il  y  a  ensuite  l'état  de  plissement  des  couches 
dans  le  massif  du  Jura  et  des  Alpes,  où,  par  une  série  de  profils, 
dressés  perpendiculairement  à  la  direction  générale  de  la  chaîne, 
M.  Heim  a  établi  que  la  longueur  primitive  des  couches  avait  dû 
subir  un  raccourcissement  de  120  kilomètres. 

Je  laisse  de  côté,  pour  y  revenir  en  dernier  lieu,  l'argument  de 
SI.  Briart.  M.  Heim  (1),  après  avoir  calculé,  pour  les  Alpes,  cette 
réduction  de  longueur  de  120  kilomètres,  a  cru  devoir  la  tripler  pour 
tenir  compte  de  tous  les  plissements  qui,  antérieurement  à  la  forma- 
tion du  massif,  auraient  pu  affecter  les  mômes  grands  cercles.  Il  a 
conclu  de  là  que  la  circonférence  terrestre  avait  diminué  de  360  kilo- 
mètres sur  40,000,  soit  — ,  ce  qui  entraînerait,  pour  le  rayon,  un 

1UU 

raccourcissement  de  même  importance,  soit  57  kilomètres. 

Cette  multiplication  par  trois  du  raccourcissement  produit  par  les 
Alpes  est  complètement  arbitraire  et,  comme  elle  est  destinée  à  tenir 
compte  de  mouvements  d'ancienne  date,  dont  nous  faisons  systé- 
matiquement abstraction  ici,  nous  l'oublierons  pour  nous  en  tenir 
exclusivement  au  phénomène  alpin  proprement  dit. 

D'après  la  manière  de  voir  de  M.  Heim,  rien  que  le  soulèvement 
aurait  diminué  le  rayon  terrestre  dans  la  proportion  de  120  à  40,000, 

c'est-à-dire  ^  =  ^  =  0,003,  soit  3x6k,366  =  19k,098.  Cette  con- 
traction de  près  de  20  kilomètres  eût  été  l'œuvre  du  refroidissement 
pendant  la  seconde  moitié  des  temps  tertiaires,  puisque  les  contractions 
antérieures  avaient  produit  leur  effet  dans  la  formation  des  Pyrénées. 
Or,  nous  l'avons  dit,  le  temps  le  plus  long  qu'on  puisse  accorder  aux 
tenups  tertiaires  serait,  d'après  Dana,  de  six  millions  d'années.  Il 
faudrait  donc  qu'en  trois  millions  d'années,  à  peu  près,  avec  un 
degré  géothermique  très  voisin  de  35  mètres,  la  contraction  terrestre 
eut  été  au  moins  quatre  fois  et,  beaucoup  plus  probablement,  quarante 
fois  supérieure  à  ce  que  les  lois  du  refroidissement  nous  ont  permis 
de  supposer. 

Gomment  donc  concilier  le  fait  du  raccourcissement  de  la  zone 
alpine  avec  l'impossibilité  théorique  à  laquelle  nous  nous  heurtons  ? 

Cette  conciliation  va  devenir  très  facile,  si  nous  observons  que  le 

(I)  Mechanismus  der  Gebirijsbildung . 


392   DE  LAFPAHENTi  — CONTRACTION  ET  REFROIDISSEMENT  DU  GLOBE.'  7  mari 

raisonnement  de  M.  Heim  pèche  gravement  et  de  deux  façons. 

En  premier  lieu,  le  plissement  des  Alpes  est  un  phénomène  local, 
qui  ne  s'est  pas  étendu  à  tout  le  globe  et  c'est  absolument  sans  droit 
qu'on  applique  au  méridien  tout  entier  la  réduction  observée, 

M.  Heim  s'est  maintenu  dans  le  plan  d'un  grand  cercle,  sans  re- 
garder ni  à  droite  ni  à  gauche.  A  ce  mode  de  raisonnement,  que  je  me 
permettrai  d'appeler  linéaire,  j'en  oppose  un  autre,  qui  me  semble 
infiniment  plus  justifié  et  je  dis  :  La  zone  alpine,  aux  plissements 
énergiques,  s'étend,  du  Jura  aux  extrêmes  limites  du  Tyrol,  sur 
800  kilomètres  de  longueur.  Admeltons  pour  un  instant,  et  malgré 
les  raisons  que  nous  allons  développer  bientôt,  la  réduction  de  120 
kilomètres,  indiquée  par  M.  Heim,  perpendiculairement  à  la  direction 
de  lachalne.  Cela  ferait  une  perte  de  surface  deSOOx  120  =  96,000 ki- 
lomètres carrés.  Cette  perle  doit  être  supportée  parle  globe  entier, 
dont  ia  surface  est  de  S10  millions  de  kilomètres  carrés  et  le  rapport 
de  la  perte  à  l'ensemble  sera  : 


96.000 


96 


1 


510.000.000       510.000       5.300 
Or,  d'après  une  relation  connue,  quand  la  surface   d'une   sphère 
diminue  de  — ,  le  rayon  doit,  à  peu  de  chose  près,  se  raccourcir 
de  —,  ici  .  soit  pour  un  rayon  de  6,366  kilomètres,  un  raccour- 

cissement de  600  mètres.  Qu'on  fasse  un  calcul  analogue  pour  les  Car- 
pathes,  un  autre  pour  le  Caucase,  un  troisième  pour  l'Himalaya,  on 
les  plis,  à  en  juger  par  ce  qu'on  sait  jusqu'ici,  occupent  plus  de  sur- 
face, mais  sont  ordinairement  moins  accentués  que  dans  les  Alpes. 


1887.   DE   LAPPARENT.  — CONTRACTION  ET  REFROIDISSEMENT  DU  GLOBE.      393 

Cambrésis,  lorsque,  tombés  dans  des  poches  de  la  craie,  ils  forment 
desaqjas  repliés  sur  eux-mêmes,  où  les  couches  intercalées  de  lignite, 
qui  tranchent  par  leur  couleur  sur  la  masse  blanche  des  sables,  ont 
souvent  dû  prendre  la  forme  d'un  V  très  aigu.  Personne  n'imaginera 
qu'en  ces  points  le  méridien  se  soit  raccourci.  La  craie  n'a  subi  au- 
cun bouleversement.  Tout  au  plus  une  fente  s'y  est-elle  ouverte,  dé- 
terminant un  jeu  des  parois,  qui  a  provoqué  l'effondrement  du  sable, 
appelé  de  droite  et  de  gauche  dans  la  cavité.  Ou  bien  encore  il  a  pu  y 
avoir  dissolution  de  la  craie  et  formation  d'un  vide,  ce  qui  aura 
produit  le  même  appel  et  la  même  concentration  des  sables  et  des 
argiles  dans  un  espace  restreint. 

De  la  même  façon,  le  Plateau  Central  de  la  France  abonde  en 
lambeaux  houillers  disloqués,  aux  couches  repliées  et  souvent  ren- 
versées, comme  on  en  voit  des  exemples  frappants  dans  la  région 
de  la  haute  Dordogne.  D'un  côté,  la  roche  encaissante  est  un  mica- 
schiste. De  l'autre,  c'est  du  gneiss  ou,  plus  fréquemment,  un  grand 
filou  de  granité.  11  est  clair  que  la  fente  qui  avait  livré  passage  à  ce 
granité  a  dû  jouer  ultérieurement;  qu'on  peut  attribuer  à  ce  jeu  la 
production  de  la  dépression  lacustre  où  se  sont  accumulés  les  sédi- 
ments houillers;  enfin  qu'un  mouvement  analogue,  répété  à  une 
époque  où  le  Plateau  Central  obéissait  à  des  efforts  de  soulèvement, 
a  déterminé  la  chute  des  sédiments  dans  une  fente  étroite,  où  ils 
ont  été  soumis  à  d'énergiques  compressions.  Quel  abus  ne  commet- 
trait-on pas  si,  restituant  à  ces  sédiments  leur  étendue  originelle, 
on  venait  dire  que  le  Plateau  Central  tout  entier  a  subi  une  réduc- 
tion de  longueur  ou  de  largeur  équivalente  à  la  contraction  des  cou- 
ches houillères? 

Or  c'est  précisément  de  cet  abus  qu'on  se  rend  coupable,  à  mon 
sens,  lorsqu'on  attribue,  à  une  diminution  du  méridien,  la  totalité 
des  plissements  que  présentent  les  couches  secondaires  ou  tertiaires 
dans  les  Alpes.  A  coup  sûr,  ces  couches  ont  été  énergiquement 
comprimées  entre  le  Jura  et  la  vallée  du  Rhône.  Mais  à  côté  de  ce 
phénomène,  qui  frappe  à  la  moindre  inspection  d'une  carte  géolo- 
gique, il  en  est  un  autre  non  moins  saillant  :  c'est  la  disparition  de 
tout  lambeau  secondaire  au  delà  de  la  croie  des  Alpes  Graies  et 
Pennines;  c'est  l'absence  totale  d'un  affleurement  jurassique  au 
pied  méridional  de  cette  crête.  Or  si  l'érosion  a  respecté  cette  for- 
mation sur  le  flanc  nord  du  massif  cristallin,  qui  est  pourtant  resté 
aune  altitude  considérable,  comment  n'en  a-t-elle  rien  laissé  sur  le 
bord  de  celte  plaine  du  Pô,  dont  le  niveau  est  incomparablement 
plus  bas?  A  mes  yeux,  il  n'y  a  qu'une  explication  possible.  La  véri- 
table crête  alpine,  la  zone  où  l'effort  de  soulèvement  s'est  fait  sentir 


394    DELAPPAHliKT,  — C08THACTION  ET  HEFB01D1SBEMLSTDU  GLOBK.   7  mars 

avec  le  plus  d'efficacité,  c'est  cetle  muraille  cristalline,  en  forme  de 
quart  de  cercle,  qui  entoure  si  bien  la  plaine  du  Piémont.  Tout  ce  qui 
est  au  delà,  c'esl-a-dire  le  Daupbîné,  la  Suisse  et  le  Jura,  représente, 
par  rapport  à  ce  massif  géologiquement  culminant,  une  suite  de 
trous  béants,  encadrés  entre  des  noyaux  cristallins  moins  importants- 
Ces  abîmes  relatifs  se  sont  ouverts  au  Nord  do  la  bande  de  terrain 
primitif,  avant  que  l'érosion  eût  fait  disparaître  le  couronnement  de 
cette  dernière  et  ont  englouti,  en  leur  faisant  subir  d'énormes  com- 
pressions, non  seulement  les  sédiments  immédiatement  superposés 
à  celte  zone,  mais  une  partie  au  moins  du  manteau  secondaire  qui 
couvrait  la  croie  de  schistes  cristallins;  cette  partie  ayant  été  appelée 
au  nord,  dans  les  plis  gigantesques  auxquels  donnaient  Heu  le  sou- 
lèvement et  la  poussée  des  noyaux  primitifs. 

Pour  en  avoir  la  preuve,  il  suffit,  ce  me  semble,  d'un  coup  d'œil 
jeté  sur  les  coupes  publiées  par  M.  Lory.  On  y  verra  quel  contraste 
il  y  a,  d'babilude,  entre  l'allure  relativement  calme  des  schistes  cris- 
tallins ou  des  dépots  carbonifères  et  celle  des  dépôts  jurassiques  si 
disloqués,  qui  sont  véritablement  tombés  entre  la  première  zone  al- 
pine et  la  troisième.  Le  même  contraste  existe  entre  la  grande  voûte 
régulière  des  gneiss  et  des  micaschistes  du  Simpton  et  les  disloca- 
tions voisines  de  la  vallée  du  Rhône. 

Quant  à  contester  la  réalité  des  appels  et  des  glissements  jusque 
dans  la  zone  centrale  de  l'Oberland,  comment  y  songer,  quand  on 
voit  des  coins  de  calcaire  jurassique  pinces  dans  le  gneiss  de  la  Jung- 
frau  ?  Qui  pourrait  croire  que  ces  calcaires  se  soient  originairement 
r  un  tel  substralum  et  qui  voudrait  nier  qu'ils  n'y  aient  été 


1887.    DE  LAPPARENT.  —CONTRACTION  ET  REFROIDISSEMENT  DU  GLOBB.      395 

Ainsi,  pour  cette  cause,  les  chiffres  donnés  par  M.  Heim  sont  cer- 
tainement trop  forts. 

Voyons  maintenant  ce  qu'on  obtiendrait  en  les  diminuant.  Que  la 
réduction  alpine  soit  seulement  de  100  kilomètres  au  lieu  de  120,  le 

rapport  des  surfaces  devient  utfXint%  =  — -:  =  — —,  de  telle  sorte  que 

rr  510000 j       51OU0         6300  ^ 

là  contraction  n'est  plus  que  de  12000  =500  mètres.  Elle  s'abaisserait 

à  300  mètres  si  la  réduction  n'était  que  de  60  kilomètres.  Or,  si  notre 
manière  de  voir  est  fondée,  ce  chiffre  de  60  est  aussi  vraisemblable 
que  la  valeur  120,  admise  par  M.  Heim. 

démarquons  en  passant  la  concordance  de  ces  résultats  avec  ceux 
que  nous  avons  déduits  de  l'étude  du  refroidissement.  Nous  avions 
trouvé,  pour  la  contraction  par  simple  refroidissement,  174 mètres 
par  million  d'années,  soit  522  mètres  pour  les  trois  millions  qu'on 
pevit  attribuer  aux  temps  compris  entre  TÉocène  et  le  Pliocène. 
Ce  chiffre  est  absolument  comparable  à  ceux  que  bous  venons  d'ob- 
tenir. 

D'ailleurs,  comment  hésiterail-on  un  instant  à  reconnaître  que  le 
cbkiflre  de  19  kilomètres,  pour  le  raccourcissement  alpin  du  rayon, 
est,  absolument  inadmissible?  Nous  connaissons  les  rivages  de  la 
ïtterdu  Miocène  supérieur,  dans  la  vallée  de  la  Loire,  le  golfe  de 
V  Aquitaine,  le  golfe  du  Gotentin,  celui  de  l'Escaut,  la  côte  du  Portu- 
gal, etc.  Nous  savons  qu'ils  dilîèrent  à  peine  de  ceux  du  Pliocène 
inférieur  dans  les  mômes  contrées.  Est-ce  que,  au  voisinage  immé- 
diat du  bombement  alpin,  une  chute  de  19  kilomètres  aurait  pu 
maintenir  la  surface  de  l'écorce  et  celle  de  la  mer  dans  des  relations 
à.  peu  près  invariables,  et  cela  non  seulement  en  Europe,  mais  dans 
bien  d'autres  contrées?  Je  vois  là  pour  ma  part  une  éclatante  impos- 
sibilité et  un  argument,  s'ajoutant  à  ceux  que  j'ai  déjà  fait  valoir, 
contre  le  mode  d'évaluation  adopté  par  M.  Heim. 

Si,  pour  resserrer  le  plus  possible  le  champ  de  l'incertitude,  je  me 
suis  borné  à  considérer  les  déformations  postérieures  aux  temps 
primaires,  ce  n'est  pas  que  j'accepte,  h  aucun  degré,  l'opinion  émise 
par  M.  Briart  (1)  que,  depuis  l'origine  de  la  formation  de  la  croûte, 
le  rayon  terrestre  aurait  dû  diminuer  de  moitié.  On  en  a  donné  pour 
motif  que  les  couches  du  gneiss  et  des  schistes  cristallins  sont  géné- 
ralement inclinées  d'au  moins  60  degrés,  d'où  il  est  aisé  de  déduire, 
par  une  considération  géométrique  élémentaire,  que  la  longueur  des 
couches  occupe  un  espace  deux  fois  moindre  que  lorsqu'elles  étaient 
horizontales. 

Ce  résultat  est-il  aussi  général  que  l'a  cru  M.  Briart?  Il  serait 


396  DELAPPARKNT.  —  CONTRACTION  ET  RBF  ROI  DISSE  M  RUT  DU  GLOBE.  7  mail 
permis  d'en  douter,  quand  on  voit  l'allure  si  tranquille  des  gneiss 
dans  la  grande  voûte  du  Simplon.  Mais  admettons-le  pour  un 
moment.  Il  reste  à  savoir  a  quelle  cause  doit  être  attribuée  la  dislo- 
cation des  schistes  cristallins.  Les  uns  pourront  dire,  non  sans  quel- 
que vraisemblance,  que  beaucoup,  parmi  les  contournements  des 
couches  gneissiques,  ont  été  contemporains  de  la  consolidation  de 
ce  terrain,  dont  la  formation  est  encore  pour  nous  si  remplie 
d'énigmes.  Les  autres  feront  observer  qu'il  n'est  guère  de  massif 
gneissique,  même  de  massif  paléozoïque,  où  les  injections  grani- 
tiques, granulitiques,  et  autres,  n'occupent  une  grande  partie,  souvent 
la  moitié  de  la  surface,  ce  qui  suffirait  absolument  pour  expliquer 
l'inclinaison  de  60  degrés,  puisqu'il  faut  bien  que  la  place  des  roches 
injectées  ail  été  conquise  aux  dépens  de  celle  qu'occupaient  d'abord 
les  schistes  cristallins. 

Par  là,  on  peut  apprécier  à  quel  point  l'auteur  s'abuse  lorsqu'il 
écrit,  parlant  de  son  évaluation  :  <<  Quant  à  en  discuter  le  principe 
et  à  nier  la  légitimité  du  calcul,  autant  vaudrait,  me  semble-t-il,  nier 
les  redressements  (des  couches).  »  Mais  il  y  a  mieux;  il  n'est  pas 
nécessaire  de  se  prévaloir  des  raisons  si  puissantes  que  je  viens 
d'indiquer  ;  car  on  pourrait,  à  la  rigueur,  les  trouver  discutables,  et 
j'en  ai  une  autre  à  présenter,  qui  suffit,  à  elle  seule,  pour  renverser 
tout  l'échafaudage. 

II  n'est  pas  besoin  d'être  très  versé  dans  les  choses  de  la  géométrie 
pour  savoir  qu'une  diminution  de  moitié  dans  le  rayon  terrestre 
entraîne  une  réduction  de  la  surface  au  quart,  et  du  volume  au 
huitième.  Mais  la  masse  de  la  planète  étant  invariable,  la  masse 
spécifique,  c'est-à-dire  le  rapport  de  la  quantité  de  matière  au  volume 


4887.   DE  LAPPARENT.  —  CONTRACTION  RT  REFROIDISSEMENT  DU  GLOBE.     397 

de  ces  deux  nombres  donne  le  rapport  des  masses  spécifiques. 
C'est  —  ou  2, 1. 

Si  le  rayon  du  globe  était  tel,  que  sa  masse  spécifique  devînt  2,65, 
il  n'y  aurait  plus  de  raisons  pour  la  formation  d'une  croûte  de 
gneiss.  Dans  ce  cas,  le  volume  du  globe  aurait  augmenté  dans  le 
rapport  des  masses,  c'est-à-dire  de  2,1  et  le  rayon  serait  au  précédent 
dans  le  rapport  de  j-j^i  à  i,  c'est-à-dire  1,29. 

Ainsi,  la  plus  grande  réduction  qu'on  puisse  imaginer,  depuis  la  for- 
mation du  gneiss,  dans  la  longueur  du  rayon  terrestre,  est  celle  qui 
raccourcirait  cette  longueur  dans  le  rapport  de  129  à  100,  soit  une  perte 
de  29  pour  129  ou  de  22,5  pour  100.  Toute  hypothèse  impliquant  un 
raccourcissement  plus  considérable  peut  être  écartée  à  priori  comme 
entraînant,  vu  la  valeur  bien  connue  de  la  densité  terrestre,  des  con* 
séquences  absurdes. 

Encore  ce  maximum  théorique  est-il  irréalisable  et  cela  pour 
deux  raisons.  D'abord  il  n'y  a  pas  que  du  gneiss  dans  le  terrain  pri- 
mitif. 11  y  a  aussi  des  schistes  amphiboliques  et  des  chloritoschistes, 
dont  le  poids  spécifique  est  égal  à  3,  ce  qui  limite  encore  plus  étroi- 
tement la  réduction  possible  de  la  densité  terrestre.  Ensuite,  il  faut 
se  rappeler  qu'au  moment  où  la  masse  spécifique  moyenne  du  globe 
était  égale  à  2,65,  il  devait  y  avoir,  comme  aujourd'hui,  arrangement 
concentrique  des  matières  conformément  à  l'ordre  croissant  des 
densités.  Dès  lors,  la  partie  externe  du  noyau,  celle  sur  laquelle  le 
gneiss  aurait  dû  flotter,  avait  certainement  une  densité  inférieure  h 
2,65.  Aussi  peut-on  affirmer,  en  toute  confiance,  que  le  maximum 
théorique  de  la  contraction  du  rayon,  depuis  la  formation  de  la 
croûte  gneissique,  est  très  notablement  inférieur  à  un  cinquième. 

On  peut  s'étonner,  en  vérité,  que  des  considérations  aussi  simples 
ne  se  soient  pas  présentées  à  l'esprit  de  ceux  qui  ont  conçu  ou  accepté 
cette  hypothèse,  et  qu'elles  n'aient  pas  arrêté,  dès  le  principe,  ces 
tentatives  d'interprétation  soi-disant  géométriques  des  dislocations 
terrestres. 

Arrivé  au  terme  de  cette  démonstration,  je  suis  forcé  de  prévoir 
une  objection  que  pourront  me  faire  ceux-là  môme  à  qui  mes  argu- 
ments auront  semblé  probants.  On  dira  peut-être  :  Après  avoir  si 
complètement  annihilé  l'influence  du  refroidissement  terrestre, 
comment  expliquez-vous  les  déformations  de  l'écorce,  les  plis  gigan- 
tesques et  les  énergiques  compressions  des  Alpes,  de  l'Himalaya  et 
de  tant  d'autres  chaînes  ?  Même  en  laissant  de  côté  les  dislocations 
d'âge  primaire,  n'avez-vous  pas  vous-même,  par  ce  que  vous  venez 


J198    DKLAPPÀRECtT.  —  CONTRACTION  ET  BEFHOlDISSKMliBT  DUGLOBË.    7  mare 

de  dire,   enlevé  toute  justification  suffisante  aux  déformations  des 
temps  secondaires  et  tertiaires? 

Je  ne  le  crois  pas  et  c'est  ce  dernier  point  qu'il  me  reste  à  établir, 
Je  ferai  remarquer  d'abord  que  ce  serait  une  très  fausse  apprécia- 
tion de  voir,  dans  les  montagnes  de  l'Europe  occidentale,  le  typa 
normal  des  dislocations  terrestres.  A  toute  époque,  la  région  limitée, 
au  Nord  par  l'Ecosse,  la  Scandinavie  et  la  Russie,  au  Sud  par  le  pla- 
teau africain,  a  été,  en  même  temps  qu'une  fosse  de  sédimentation 
active,  une  lone  de  plissements  énergiques.  On  en  retrouve  le  pro- 
longement dans  le  Caucase  et,  plus  loin,  dans  le  grand  massif  hima- 
layen.  C'est  comme  une  zone  particulièrement  faible  de  l'écorce, 
qui  traverserait  l'hémisphère  nord  en  écharpe.  Mais  on  n'observe 
aucune  trace  de  pareils  plissements  dans  l'Afrique  proprement  dite, 
non  plus  que  dans  la  moitié  occidentale  de  l'Amérique  du  Nord, 
L'autre  moitié,  même,  n'en  offre  pas  qui  soient  postérieurs  au  Car- 
bonifère. Les  Andes  chiliennes  et  boliviennes  sont  formées  en  partie 
de  couches  secondaires  inclinées,  mais  à  peine  plissées  et  tout  le 
Brésil  est  un  plateau  peu  disloqué.  L'Australie,  l'Arabie,  la  Perse, 
l'Hindoustan,  l'Indo-Chine,  la  Sibérie  offrent  le  même  caractère. 
Partout  la  surface  s'y  montre  formée  de  grands  plateaux,  dont  les 
bords  seuls  présentent  dti  dislocations  de  quelque  amplitude.  11  est  donc 
permis  de  dire  que  les  plissements  énergiques,  à  la  manière  alpine,  sont 
une  exception  à  la  surface  du  globe.  Cette  exception,  nous  sommes 
naturellement  enclins  à  en  exagérer  l'importance,  parce  que  nous 
vivons,  dans  l'Ouest  de  l'Europe,  au  milieu  de  régions  où  l'empreinte 
des  refoulements  est  profondément  marquée.  Mais  le  massif  alpin 
n'est  pas  le  monde  entier  et  les  pays  conformés  à  son  image  occu- 


1887.   DE  LAPPARkNT.  —  CONTRACTION  ET  REFILOIDISS  GMENT  DU  GLOB13.      399 

des  hypothèses  qu'on  préférera  combiner  ensemble,  la  diminution 
admise  pour  le  rayon  fournirait  la  matière,  dans  un  cas  de  treize,  dans 
l'antre,  encore  de  cinq  massifs  montagneux  égaux  en  importance  à 
celui  qni  s'étend  du  Jura  jusqu'au  Tyrol.  Môme  le  plus  petit  de  ces 
deux  chiffres  n'a  rien  qui  jure  avec  les  enseignements  de  la  géologie 
post-primaire.  Il  me  semble  donc  permis  de  dire  que,  tout  en  rédui- 
sant, comme  nous  le  faisons,  l'importance  de  la  diminution  du 
rayon,  il  n'y  aurait,  entre  cette  cause  et  l'effet  orogénique  observé, 
aucune  disproportion  choquante. 

Mais  il  y  a  mieux;  les  chiffres  réduits  que  j'ai  indiqués  comme 
admissibles  deviennent  plus  que  suffisants  si,  à  côté  de  la  contraction 
radiale,  on  fait  entrer  en  ligne  de  compte  une  autre  cause  de  défor- 
mation, habituellement  trop  négligée.  Tout  le  monde  sait  que  les 
dépressions  océaniques  sont,  dans  leur  dessin  général,  d'assez  an- 
cienne date  et  qu'il  en  est  de  même  des  masses  continentales.  Or 
la  jonction  des  surfaces  de  haut  relief  avec  les  profondeurs  mari- 
times marque  les  zones  faibles  de  l'écorce,  celles  qui,  de  tout  temps, 
ont  été,  plus  que  d'autres,  exposées  à  des  déformations  et  où  ont  dû 
de  préférence,  se  former  les  grandes  lignes  do  cassures.  C'est  au- 
dessous  de  ces  lignes,  si  souvent  jalonnées  par  des  volcans,  que 
les  masses  fluides  de  l'intérieur  montent  dans  de  grands  sillons, 
creusés  à  travers  l'écorce,  jusqu'à  la  surface.  Peut-on  admettre  que 
le  contact  de  ces  matières  ne  réagisse  pas,  d'abord  sur  l'étendue, 
puis,  à  la  longue,  sur  l'état  physique  et,  par  conséquent,  sur  la 
résistance  à  la  compression  des  parties  de  la  croûte  qu'elles  tra* 
versent? 

Ces  parties  doivent  donc  céder  sous  les  efforts  de  refoulement  que 
la  moindre  contraction  radiale  suffit  à  faire  naître.  D'abord  il  n'en 
résulte  qu'un  approfondissement  progressif  du  bassin  maritime  que 
bordent  les  lignes  de  relief.  Mais  bientôt,  surtout  s'il  existe  en  avant 
quelque  massif  d'ancienne  consolidation,  le  géosynclinal,  comme  l'a 
appelé  Dana  (mais  en  l'attribuant  à  une  autre  cause),  peut  se  résou- 
dre en  plis  serrés,  dont  les  tôles  émergent  et  viennent  ajouter  une 
nouvelle  bande  montagneuse  à  l'ancien  noyau  continental.  Ainsi  une 
telle  influence,  se  joignant  au  phénomène  générai  de  contraction 
que  nous  avons  essayé  d'analyser,  suffirait  parfaitement,  ce  me 
semble,  à  rendre  compte  des  déformations  enregistrées  par  la  géo- 
logie. 

En  définitive,  si  ma  manière  de  voir  est  fondée,  l'abaissement 
général  de  l'écorce  et  de  la  surface  des  mers,  depuis  la  fin  des  temps 
primaires,  a  dû  être  très  peu  considérable.  Nous  ne  sommes  arrivés  à 
quelques  kilomètres  qu'en  forçant  systématiquement  tous  les  chiffres, 


400    DBIAIPAHENT.  —  CONTRACTION  £T  RF.FROIDISSËMEHT  DU  GLOBE.    7  mars 

pour  faire  la  part  belle  à  l'hypothèse  adverse.  Dès  lors  on  s'explique 
sans  peine  la  concordance  que  j'ai  signalée,  dans  le  Cotentin,  entre 
les  rivages  actuels  et  ceux  où  s'arrêtait  la  mer  à  diverses  époques  de 
l'histoire  géologique.  Quelques-uns  ont  paru  traiter  ces  coïncidences 
de  fortuites.  Cette  qualification  pourrait  être  justifiée  s'il  s'agissait 
de  faits  isolés;  si,  par  exemple,  après  avoir,  sur  un  certain  point, 
reconnu  la  concordance  des  rivages  modernes  avec  ceux  de  la  période 
liasique,  j'étais  allé  chercher,  sur  un  autre  point,  une  coïncidence 
analogue  pour  l'époque  crétacée  et,  sur  un  autre  encore,  un  fait  du 
même  genre  relatif  aux  temps  tertiaires.  Mais  j'ai  eu  soin  de  ne  faire 
intervenir  qu'une  seule  région,  très  étroitement  limitée,  à  savoir,  le 
golfe  de  Valognes  en  Cotentin.  J'y  ai  montré  les  lignes  de  rivage  se 
reproduisant,  presque  sans  variations  d'altitude,  aux  époques  hettan- 
gienne,  sinémurienne,  liasienne,  cénomanienne,  danienne,  pari- 
sienne, longrienne,  pliocène  et  actuelle.  Or,  je  le  demande,  dans 
l'hypothèse  de  grandes  variations  du  rayon  terrestre,  peut-on  s'ima- 
giner qne  les  changements  du  niveau  des  mers,  provoqués  par  des 
effondrements  qui  ne  pouvaient  pas  être  universels,  aient  si  bien  marché 
de  pair,  dans  le  Cotentin,  avec  l'affaissement  général  des  parties  les 
plus  solides  de  l'écorce,  que  huit  ou  neuf  fois  au  moins,  depuis  l'ère 
primaire,  la  coïncidence  des  rivages  se  serait  reproduite  sur  le  même 
point? 

Si  le  mouvement  centripète  était  négligeable,  la  chose  serait  à  la 
rigueur  possible.  Mais  la  vraisemblance  d'une  telle  série  d'événements 
diminue  rapidement  à  mesure  que  l'amplitude  des  mouvements  est 
regardée  comme  plus  grande  et,  pour  ma  part,  je  ne  croîs  pas  m'a- 
urer  en  disant  qu'en  pareil  cas  la  probabilité  devient  infiniment 


1887.  Dr  LÀBÀT.   —   OBSERVATIONS.  404 

M.  Labat  présente  les  observations  suivantes  : 
H.  de  Lapparent  vient  de  compléter  sa  brillante  conférence  sur  les 
mouvements  de  l'écorce  terrestre  par  des  considérations  savantes  sur 
la  contraction  séculaire  de  notre  planèle. 

Je  ne  le  suivrai  pas  dans  ses  calculs  ingénieusement  combinés; 
exacts  en  eux-mêmes,  ces  calculs  reposent  sur  des  bases  hypothé- 
tiques telles  que  la  durée  des  périodes  géologiques  dont  la  compa- 
raison avec  les  phénomènes  actuels  ne  donne  qu'une  idée  approxi- 
mative. 

M.  de  Lapparent  fait  lui-môme  bonne  justice  du  calcul  en  nous 
faisant  voir  à  quelles  conséquences  absurdes  est  conduit  le  mathé- 
maticien, démontrant  que  le  rayon  terrestre  a  élé  réduit  de  moitié. 
Pour  raisonner,  en  géologue,  sur  ce  thème  délicat,  il  faut  s'ap- 
puyer sur  deux  faits  et  les  admettre  comme  point  de  départ  : 

1°  La  température  très  élevée  du  noyau  liquide,  démontrée  par  les 

recherches  géothermiques  et  l'observation  des  émanations  internes  ; 

2°  Le  refroidissement  séculaire  de  cette  même  masse. 

Tout  en  faisant  une  part  honorable  au  calcul,  il  est  nécessaire  de 

l'arrêter  quand  il  s'égare,  soit  sur  l'exagération  de  la  température 

centrale,  soit  sur  la  rétraction  due  au  refroidissement  progressif. 

Ces  réserves  faites,  les  deux  phénomènes  principaux  que  nous 
venons  d'invoquer  nous  donnent  la  clef  raisonnable  des  désordres 
anciens  ou  actuels  de  la  surface. 

La  masse  liquide  interne  imprégnée  de  gaz  expansifs,  expansive 
elle-même  comme  les  liquides  comprimés,  offre  une  tendance  conti- 
nue à  la  sortie  et  à  l'explosion. 

Cet  état  explique  les  alternatives  de  repos  et  d'action  ;  il  explique 
les  reliefs  nouveaux,  les  effondrements,  les  dislocations. 

Si  le  refroidissement  séculaire  agissait  seul,  il  produirait  des 
phénomènes  plus  continus,  moins  accentués  et  moins  violents  et  les 
déformations  de  l'écorce  ne  seraient  pas  séparées  par  d'aussi  longs 
intervalles  de  tranquillité. 

Quant  à  la  plus  grande  intensité  des  dislocations  dans  les  périodes 

modernes,  la  cause  paraît  en  être  moins  dans  l'énergie  plus  grande 

de  l'agent  propulseur,  que  dans  la  force  de  résistance  de  la  croûte 

plus  épaisse.  Gomment  devons-nous  concevoir  la  perte  du  calorique? 

Lente  et  continue  par  le  rayonnement  vers  les  espaces,  modérée 

par  la  faible  conductibilité  des  roches  et  par  l'atmosphère.  Plus 

active  dans   les  anciennes  périodes  à  cause  de   la  faible  épaisseur 

de  l'enveloppe;  d'autre  part  empêchée  par  une  atmosphère  plus 

dense. 

Que  penser  de  la  perte  par  les  émanations  internes?  Je  crois,  avec 

XV.  26 


0)2 


-   OHSfiKVATJOSS, 


7  mars 


M.  de  Lapparent  qu'elle  n'est  pas  très  considérable  et  je  lui  demande 
la  permission  d'ajouter  un  mot  à  ce  qu'il  a  dit  des  sources  thermales. 

Que  ces  eaux  sortent  toutes  formées  du  sein  de  la  terre  où  qu'elles 
soient  descendues  de  la  surface,  elles  entraînent  toujours  une 
déperdition  du  calorique  interne. 

Les  sources  des  anciens  temps  ont  joué  un  rôle  important;  la 
preuve  se  tire  des  dépota  de  silice,  de  travertins,  des  dépôts  métalli- 
fères, etc. 

Actuellement,  elles  semblent  moins  nombreuses  et  moins  puis- 
santes; elles  sont  bornées  à  certaines  régions  en  général  monta- 
gneuses. Elles  obturent  elles-mêmes  leurs  canaux  d'émission  et 
n'ont  qu'une  durée  limitée. 

Les  sources  artésiennes  ne  comptent  pas,  étant  très  récentes  et 
rares. 

Elles  ne  présentent  pas  toutes  une  haute  température.  Entre 
Niederbronn,  17"  C.  et  Haminau  Meskoutia,  95°  se  placent  Séria,  53°, 
Vichy  et  le  Mont-Dore,  13".  Plombières  atteint  72",  Carlsbad731'.  Notre 
source  française  la  plus  chaude,  Chaudes-Aiguës,  dépasse  89". 

M.  de  Lapparent  prend  pour  type  de  débit  quotidien,  Vichy, 
800  m.  c.  ;  nous  avons  des  débits  plus  abondants  ;  Royal  et  Cauterels 
1500  m.  c.  Néris,  1700;  Olelte,  1700;  Dax,  2  à  3000  (Garrigou), 
Amélie  3  à  4000  (Anglada).  Hors  de  France,  Teplitz  en  Bohême, 
Bath  en  Angleterre,  2400  ;  RagaU  jusqu'à  8000,  Carlsbad,  Fitero  en 
Espagne,  alimentent  des  rivières. 

Ces  chiffres,  qui  frappent  l'imagination  ne  sont  rien  comparés  aux 
masses  internes. 

Les  Geysers  se  signalent  par  leur  température  et  leur  débit: 


1887.    BOEHM   KT  CHELOT.    —   CALCAIRES  A    PKRNÀ    UT  MKGÀLODON.        103 

1°  Que  la  déperdition  de  la  chaleur  interne  n'a  pas  été  si  considé- 
rable qu'on  l'a  supposé  ; 

3°  Que  la  contraction  sensible  du  globe  n'a  que  faiblement  dimi- 
nué le  rayon  terrestre; 

3°  Que  ses  conditions  astronomiques  n'ont  pas  notablement  varié. 

Enfin,  qu'il  ne  faut  pas  oublier  la  cause  principale  des  grands 
troubles,  c'est-à-dire  la  réaction  du  noyau  incandescent,  liquide  et 
gazeux  contre  l'écorce  qui  l'embrasse  et  lui  est  appliquée. 

A  ce  propos,  je  réserve  deux  questions  inhérentes  à  ce  sujet, 
j'entends  le  renouvellement  du  calorique  par  les  actions  internes 
chimiques  ou  autres  et  le  renouvellement  de  l'eau  profonde  rejetée 
au -dehors  par  l'introduction  de  celle  de  la  surface. 

M.  Chelot  fait  la  communication  suivante  : 

y  oie  sur  les  Calcaires  à  Perna  et  Megalodon  du  moulin 

de  Jupilles,  près  Fyé  (Sarthej, 

Par  MM.  G.  Boehm  et  Chelot. 

Près  du  moulin  de  Jupilles,  sur  la  route  du  Petit-Oisseau  à  Saint- 
Videur,  dans  la  vallée  du  ruisseau  de  Fyé,  existe  un  banc  de  cal- 
caire dur,  spathique,  jaunâtre,  pétri  en  certains  points  de  grandes 
Perna  avec  d'autres  bivalves.  Ces  calcaires  qui  ont  un  faciès  particu- 
lier n'ont  encore  été  signalés,  à  notre  connaissance,  dans  aucune 
autre  localité  de  l'O.  de  la  France  : 

Jusqu'ici  on  les  a  peu  étudiés  : 

Lors  de  sa  Kéunion  extraordinaire  à  Alençon  en  1837,  la  Société 
géologique  se  borna  à  visiter  les  environs  de  Fresnay  et  do  Saint- 
Victeur,  ainsi  que  les  argiles  lacustres  et  les  grès  tertiaires  de 
Fvé. 

V 

Observés  pour  la  première  fois  par  Triger,  qui  les  indiqua  comme 
faisant  partie  du  Lias  moyen  sur  sa  carte  géologique  du  département 
de  la  Sarthe,  déposée  en  1853  aux  archives  de  la  Préfecture  de  la 
Sarthe,  ils  furent  étudiés  avec  plus  de  soin  par  Guiilier  qui  déjà, 
en  1868,  dans  sa  Notice  géologique  et  agricole  à  /'appui  des  profils  géolo- 
giques des  routes  du  département  de  la  Sarthe,  page  20,  dit  à  propos  de 
l'étage  liasien  :  a  Cet  étage  prend  dans  la  vallée  du  ruisseau  de  Fyé, 
spécialement  au  moulin  de  Jupilles,  un  aspect  lout  particulier,  il  se 
compose  alors  d'un  calcaire   argileux,   jaunâtre,    pélri  de  Pernes, 
d'huîtres  et   d'IIippopodium  ponderusum   Sow.   »  Le   même  auteur, 
sur  la  feuille  n°  2   (Mamers;   de  sa  Carte  géologique  agronomique  du 
département  de  la  Sarthe  h  l'échelle  de  1  :  40,000  indique  avec  la  plus 


404     BORDM  BT  CBELOT.  —  CALCA1RBS  A  FEBHA  BT  MBGÀLODOH.  1  HUTS 

grande  exactitude  les  affleurements  de  ce  calcaire,  sous  le  signe  31  L, 
Lias  moyen,  en  ajoutanldans  la  courte  explication  jointe  à  la  carte 
que  «  ce  calcaire  renferme  une  énorme  quantité  de  gros  fossiles  peu 
déterminantes,  on  y  distingue  des  Cardites  et  des  Pernea.  » 

Plus  tard,  dans  son  ouvrage  posthume  :  Géologie  du  département  de 
la  Sarthe,  destiné  à  servir  d'explication  à  sa  carte,  et  publié  en  1886, 
Guillier  ajoute,  page  108:  «  Ce  calcaire  compacte  supporte  des 
argiles  bleues,  sans  fossiles,  lesquelles  semblent  appartenir  au  Lias 
supérieur  ;  ces  argiles  sont  à  leur  tour  surmontées  par  l'Oolithe 
inférieure  bien  caractérisée;  le  banc  en  question  occupe  donc  la 
place  ordinaire  du  Lias  moyeu,  mais  ses  caractères  minéralogiques 
et  paléontologtques  le  distinguent  de  tous  les  autres  gisements  de  cet 
étage  :  il  renferme  des  Pernes,  des  Notices,  et  de  grosses  coquilles 
cordiibrmes,  à  charnière  extraordioairement  épaisse,  qui  semblent 
appartenir  au  genre  Pachyrisma,  le  tout  indéterminé  comme 
espèce.  » 

Guillier  avait  envoyé  les  fossiles  qu'il  avait  recueillis  à  l'École  des 
Hines  en  vue  de  les  faire  déterminer.  Grâce  à  l'obligeance  de 
M.  Douvillé,  à  qui  nous  devons  témoigner  notre  plus  sincère  grati- 
tude pour  ses  bienveillants  conseils,  M.  GeorgBoehm,  privât Jocent 
à  l'Université  de  Pribourg,  de  passage  à  Paris,  eut  l'occasion  de  voir 
ces  fossiles,  et  reconnut  de  suite,  malgré  leur  mauvais  état  de  con- 
servation la  présence  de  bivalves  appartenant  aux  genres  Megatodon 
et  Durga,  ce  dernier  créé  par  lui,  en  1884,  pour  des  espèces  des 
calcaires  gris  de  Vénélie. 

Nous  visitâmes  ensemble  la  localité  dans  le  but  d'y  trouver 
quelques  échantillons  plus  délerminables,  et  d'étudier  la  position  de 


1887.   BOEHM   KT  CHELOT.   —  CALCAIRES  A   PERNA   ET  MEGALODON.      405 


5.0 
QttLetn 


Moulin  de  JupitteA 

Longue-Mênéres  Ragottiere* 

d*fy&  relit  -oisseau  °    ■ 


ruveseau. 
Egreffîn 


N£ 


Bourg -le -roi 
stsobion 


Fig.  1.  —  Coupe  de  Bourg-le-Roi  au  château  de  Meslay  près  de  Saint- 

Videur. 

Echelle  pour  les  longueurs  :  roVï 
Hauteurs  exagérées. 

d.  Calcaire  bajocien  y.  Argiles  et  calcaires.  Callovien  infé- 

r.  Marnes  et  sables.  Lias  supérieur  rieur 

6.  Calcaire  à  Durga  f.  Calcaire  bathonien  supérieur 

a.  Grès  silurien  <*.  Oolithe  miliaire.  Bathonien 

Au  delà  de  la  station  de  Bourg-le-Roi,  située  sur  des  calcaires 
blancs  oolithiques  qui  représentent  le  Bathonien,  on  voit  affleurer 
an-dessus,  sur  la  butte  de  Chérizay,  les  argiles  jaunâtres  du  Callovien 
inférieur,  peu  fossilifères,  qu'on  reconnaît  facilement  par  la  présence 
de  bois  et  de  pâturages,  en  redescendant  ce  coteau  on  retrouve  le 
Bathonien  sous  forme  de  calcaires  blancs  oolithiques,  se  délitant  en 
plaquettes,  et  occupant  la  surface  de  la  plaine.  Près  de  la  ferme  des 
Ragottières,  deux  carrières  ouvertes,  Tune  à  droite,  l'autre  à  gauche 
de  la  route,  présentent  un  affleurement  peu  étendu  de  grès  silurien 
formant  une  bande  orientée  du  N.  N.-O.  au  S.  S.-E.  La  carrière 
située  à  droite,  la  plus  intéressante,  montre  sur  la  tranche  des  grès 
siluriens,  blancs,  parfois  tachés  de  rouge,  en  bancs  épais  de  lm50  à 
2  mètres  plongeant  légèrement  vers  Test,  des  poches  irrégulières, 
dont  la  profondeur  varie  de  0m10  à  1  mètre,  remplies  par  des  sables 
grossiers  avec  cailloux  roulés,  ces  derniers  sont  de  grosseur  variable 
depuis  celle  d'une  noisette  jusqu'à  des  blocs  de  0,n40  de  diamètre  et 
provenant  presque  exclusivement  du  grès  silurien.  Au-dessus  vient 
un  poudingue  à  galets  irréguliers  de  grès,  cimentés  par  du  calcaire, 
cimentation  qui  selon  toutes  probabilités  se  continue  encore  de  nos 
jours,  car  ces  poudingues  sont  le  plus  développés  là  ou  n'existe  au- 
dessus  qu'une  mince  couche  de  terre  végétale,  leur  épaisseur  varie 
de  0n30  à  0m50  d'épaisseur.  En  un  point  de  la  carrière,  un  peu  au- 
dessus  du  niveau  de  la  route,  on  voit  ces  poudingues  directement 
surmontés  par  une  couche  d'une  faible  épaisseur  qui  a  résisté  à  i'éro- 


406      BOEHM   RT   CHELOT.  —CALCAIRES   A    PBRNA    ET   KEGALODOR.    7    mari 

sion,  ce  sont  des  calcaires  gris,  durs,  peu  oolithiques,  et  se  délitant 
en  plaquettes,  qui  paraissent  représenter  comme  les  couches  précé- 
dentes l'Oolitbe  inférieure. 

La  coupe  suivante  montre  bien  cette  stratification  discordante  des 
dépots  jurassiques  sur  le  Silurien,  analogue  d'ailleurs  à  celle  qu'on 
observe  en  beaucoup  d'autres  points  de  la  bordure  du  massif  armori- 
cain, notamment  à  May. 

Carrière  de»  RjigoUières 


if 

■T'-/fp-ll 

'£ !  l'-'iJA 

d 
b 

Fig.  2 

Terre  végétale. 

Calcaires  en  plaquettes. 

Poudingue  à  ciment  calcaire. 

Sable  à  galeti  de  quartz. 

Gros  silurien. 

—  Carrière  des  Ragottièret 

Ce  grès  silurien  n'a  présenté  jusqu'ici  aucun  fossile,  il  est  probable 
d'après  ses  caractères  pélrographiques  et  l'ensemble  du  pays  qu'il 
n'appartient  pas  au  grès  armoricain  42  S,  comme  il  a  été  indiqué  sur 
la  carte  géologique  au  40000°,  mais  bien  au  grès  silurien  supérieur 
aux  schistes  à  Calymtne  Triitani  40  S.  de  la  carte  de  Guillier. 


1B89.    BOBtlM    ET   C1IKLOT.    —   CALCAMBB   A    PBRNA    ET   MEGALODOH.        407 

ment  sur  le  calcaire  bathonien  qui  couvre  le  sommet  du  plateau 
jusqu'au  ruisseau  de  Fyé. 

Ici  la  faible  inclinaison  de  la  route  ne  permet  pas  de  voir  la  coupe 
d'une  façon  assez  nette,  mais  en  poursuivant  le  chemin  vers  Saint- 
Victeur,  de  l'autre  côté  du  ruisseau,  près  de  la  ferme  d'EgrefOo,  la 
route  coupe  en  tranchée,  sur  une  hauteur  de  5  mètres  environ,  la 
partie  supérieure  du  coteau.  On  y  observe  de  haut  en  bas  : 


/'.  Oolitha  miliaire,  Bathonien.  S  mètres, 
*.  Calcaire  bajocien,  i-ao. 

d.  Marna  gris  bleiiiltre.   Lias  tu  parieur,  W90. 

e.  Sables  quartïciix,  l'io. 

li.  Coucliespeu  visibles,  3  mètres. 
n.  Calcaire  à  Pernj.  ? 
Fig.  3.  Tranchée  de  la  route  près  Egreffin  : 

I"  Calcaires  blancs,  à  Unes  ootithes,  se  délitant  en  plaquettes  â  leur 
partie  supérieure,  avec  rares  fossiles  presque  toujours  à  l'élat  de 
moules.  Arca,  Cor/iis,  etc.  visibles  sur  2  mètres  d'épaisseur. 

Ce  son!  eux  qui  constituent  le  plateau  jusque  près  du  château  de 
Meslay  et  sont  exploités  comme  moellon  a  la  carrière  des  G  rouas;  le 
cantonnier  nous  a  remis  comme  provenant  de  ces  calcaires  près  de 
Jo  pilles  un  bon  exemplaire  de  Terebralula  maxillala.  Ce  fossile  à  lui 
seul  permet  de  fixer  l'âgo  de  ces  calcaires  qui  correspondent  bien 
dans  la  Sarthe  à  l'Oolilhe  miliaire  de  Normandie,  comme  l'a  bien 
démontré  M.  le  professeur  Hébert.  Ces  calcaires  d'Egreffln  se  relient 
trop  intimement  .\  l'Oolilhe  miliaire  de  Mamers  et  de  Cunlie  pour  ne 
pas  y  voir  l'équivalent  du  Bathonien  le  mieux  caractérisé.  Ici  comme  à 
Conlie,  l'étage  du  Fuller's  manque.  Ce  dernier  étage  serait  représenté, 
d'après  ûuillier,  dans  le  Sud-Ouest  de  la  Sarthe,  par  une  couche  à 
nombreuses    Rhijnrhnntlfa    tpinota  visible    au-dessous    de  l'Oolithe 


408      BOKBM  BT   CHBLOT.  —  CALCAIBES  A   FERMA  ET  MEGALODOM.   7   mars 

miliaire,  par  exemple  dans  la  tranchée  de  Noyen,  et  dans  le  Nord- 
Est  du  département  par  les  calcaires  lithographiques  des  environs  de 
Marner*. 

Près  du  château  de  Meslay,  non  loin  de  Saint- Victeur,  ces  calcaires 
bathoniens  votit  en  s'attéouant  et  ne  sont  séparés  que  par  une  petite 
vallée  d'une  bande  redressée  de  grès  silurien,  en  bancs  épais,  peu 
inclinés  vers  l'Ouest,  du  coté  -de  Saint- Videur,  et  coupant  la  route 
sous  un  angle  de  50°  environ.  Ces  grès  exploités  pour  l'empierrement 
des  routes  paraissent  correspondre  à  ceux  des  Kagottières,  et  repré- 
senter les  grès  siluriens  sans  fossiles  supérieurs  aux  schistes  & 
Calymene  Tris  tant. 

Ici  on  ne  voit  pas  entre  le  grès  et  l'oolitbe,  trace  du  banc  à  Durga, 
que  nous  signalerons  plus  loin,  ce  qui  n'a  pas  lieu  de  nous  surprendre, 
si  l'on  considère  que  dans  le  département  de  la  Sartbe,  comme  en 
d'autres  points  du  bassin  de  Paris,  les  dépôts  du  Lias  moyen  et  ceux 
du  Lias  supérieur  ont  été  généralement  dépassés  par  l'Oolithe  infé- 
rieure, par  suite  du  mouvement  d'affaissement  qui,  depuis  le  Lias 
moyen  s'est  continué  jusqu'au  Callovien  ;  celle  transgressivité  a  été 
bien  mise  en  évidence  par  les  Iravaux  de  M.  Hébert  el  de  Guillier  qui 
ont  souvent  constaté  dans  la  Sarthe  l'indépendance  des  divers  étages 
jurassiques,  le  Lias  moyen  reposant  sur  les  schistes  dêvoniens  à  la 
Cbenardière  près  Brulon,  sur  le  Carbonifère  a  Asnières,  le  Lias 
supérieur  sur  les  schistes  à  Sillé,  l'Oolithe  inférieure  sur  le  calcaire 
magnésien  dans  la  tranchée  de  Fresnay. 

2°  Calcaire  plus  ou  moins  blanchâtre,  d'une  épaisseur  de  lm50,  dur 
et  peu  oolithiqun  à  la  base,  devenant  plus  friable  et  oolilhique  à  la 
partie  supérieure,  remplie  de  débris  de  coquilles  appartenant  au 


1887.  BOBHM  ET  CHELOT.   —   CALCAIRES  A  PfiRîfA  BT  MKGALODON.       409 

les  calcaires  sableux  à  Pholadomya  fidicula  qui  sont  à  Saint- Remy  du 
Plain  et  à  Àvoise,  et  dans  nombre  d'autres  localités  au-dessous  des 
calcaires  à  Trigonia  costata. 

3'  Couche  de  0*90  formée  de  marne  gris  bleuâtre  où  l'on  ne  dis- 
tingue à  l'œil  nu  aucun  fossile  ;  l'étude  microscopique  de  ces  marnes 
que  se  propose  de  faire  M.  Boehm  montrera  si  elles  contiennent  des 
Foraminifères  et  des  Ostracodes  qui  permettront  peut-être  de  fixer 
leur  place  dans  la  série  stratigraphique,  bien  qu'on  ne  puisse 
accorder,  à  ces  groupes  une  grande  confiance  pour  les  équi- 
valences. 

Cette  couche  constitue  une  ligne  de  repère  excellente  par  le  niveau 
d'eau  qui  indique  sa  présence  sur  tout  le  pourtour  de  la  vallée.  Tout 
porte  à  la  considérer,  comme  l'avait  fait  Guillier,  comme  l'équivalent 
do  Lias  supérieur. 

4°  Sables  fins,  jaunâtres,  quartzeux,  sans  fossiles,  visibles 
sur  i"iO. 

3°  Une  épaisseur  de  3  mètres,  mesurée  avec  soin,  ou  l'état  du 
terrain  couvert  de  flaques  d'eau  ne  permet  pas  de  reconnaître  la 
composition  des  couches,  on  peut  cependant  supposer  que  ce  sont 
des  alternances  de  marnes  et  de  sables. 

6°  Un  peu  au-dessous  de  la  chaussée,  affleure  ce  banc  de 
calcaire  dur,  jaunâtre,  décomposé  à  sa  partie  supérieure,  avec 
nombreux  débris  de  Perna  et  Megalodon,  qui  fait  l'objet  de  la  pré- 
sente note,  il  occupe  ici  une  surface  trop  restreinte  pour  l'étudier 
avec  détail. 

Mais  de  l'autre  côté  du  ruisseau,  en  face  le  moulin  de  Jupilles,  la 
route  qui  mène  â  la  ferme  de  la  Gorniltière  montre  très  nettement 
ce  calcaire  brun,  formant  un  banc  sensiblement  horizontal  à  surface 
durcie,  visible  sur  4  mètre  d'épaisseur,  mais  dont  l'épaisseur  totale 
ne  doit  pas  dépasser  2  mètres.  La  partie  supérieure  excessivement 
dure  est  presque  entièrement  formée  par  l'agglomération  de  frag- 
ments de  coquilles  enchevêtrées,  transformées  en  calcaire  spathique, 
se  détachant  en  gris  sur  le  fond  brun  de  la  roche.  M.  Boehm  les 
considère  comme  des  Perna  voisines  de  Penia  Taramellii  Boehm,  le 
calcaire  lui  rappelle  le  «  LUhiotiskalk  »  de  Vénétie.  Avec  ces  Perna  se 
détachent  sur  la  roche,  dans  les  parties  plus  décomposées,  de  grosses 
coquilles  cordiformes,  à  test  très  épais,  formé  do  couches  concen- 
triques, à  crochet  recourbé  et  caréné.  Considérées  d'abord  comme 
des  Hippopodium  par  Triger,  plus  tard  comme  des  Cardiles  et  enfin 
comme  des  Pachyrisma  par  Guillier,  ces  grosses  coquilles  ne  sont  pas 
sans  analogie  pour  la  forme  extérieure  avec  le  genre  Conchodon  de 
Stoppani  (Conchodon  infraliasicus,  Stopp.  Paléontologie  lombarde, 


410      BOEIIH    ET   C1IKI.0T.  —  CALCAIRES   A   PRIINA    KT    HKCAIODON.    7    mari 

3*  série,  p.24<>.  pi.  31*  flg.  i  et  3  de  l'Infra  lias  supérieur)  si,  toutefois 
on  peut  accorder  grande  confiance  aux  figures  de  Stoppani.  M.  le 
docteur  Georg  Boebm  qui  a  fait  de  ces  genres  une  étude  approfondie, 
reconnaît  dans  ces  coquilles  tous  les  caractères  de  son  genre  Durga, 
des  calcaires  gris  de  Vénélie  (Valle  dei  Paradiso,  etc),  l'espèce  rap- 
pelle tout  &  fait  le  Durga  Nicaliii  Boehm,  (Zeitschrift  der  deutschen 
geol.  Gesellschafl.  vol. XXXVI,  1884,  p.  776.  pi.  XVIII,  flg.  i.)  et  le 
Durga  crana,  Boehm.  (id.  p.  776,  pi.  XX.  flg.  1-3).  Avec  cette  espèce 
on  trouve  encore  Megalodon  cf  pumilut  Benecke,  figuré  dans  le  même 
travail.  Cette  espèce  est  une  des  plus  communes  et  se  présente  avec  la 
charnière  bien  conservée  dans  les  parties  décomposées  de  la  roche 
et  dans  le  lit  du  ruisseau. 

Rappelons  ici  brièvement  l'histoire  des  genres  Megalodon  et  Durga. 
Crée  en  1829,  par  J.  Sowerby  pour  un  fossile  du  calcaire  dévonien  de 
Bradley  {Megalodon  cucullattu.  Sow.  Min.  Conch.,  t.  VI,  p.  131, 
pi.  568,  flg.  1-3),  le  genre  Megalodon  appelé  Mega/odus  par  Goldfuss, 
fut  ensuite  enrichi  de  nombreuses  espèces  appartenant  pour  la  plu- 
part au  terrain  dévonien.  Schafbautl,  en  1851,  (Geognoslische  Un- 
tenuchungen  in  den  sfldbaierischen  Alpen,  p.  145), lui  rapporte  une 
espèce  nouvelle,  Megalodon  scutatut  de  la  dolomie  du  Keuper  alpin; 
d'autres  nous  furent  encore  proposés  plus  tard  pour  des  fossiles  du 
même  gisement. 

En  1857,  Keferslein  (Ueber  einige  deutsche  devonische  Conchi- 
feren,  etc.  (Zeitsch,  d.  deutchen  geol.  Gesellscbaft,  vol.  IX,  p.  149- 
162),  attribue  aux  Sehizodus  le  Megolodon  truneatui  Goldf.,  et  crée 
de  nouveaux  genres  Prosocoelus,  p.  155  pour  Venus  prisca,  liœraer,' 
el  Megalodon   suborbkularit,    llœmer,  puU  Mecynodon,    p.    luft,  pour 


4887.   BOB U M    ET  CHBLOT.    —   CALCAIRRS  A   PEhNA    ET  MKGALODON.        411 

carènes  du  côté  postérieur,  Pachymegalodon  chamœformis,  Gtimbel, 
pi.  VII,  Bucarditess  chamœformis,  Shloth.  Die  Petrefactenkunde, 
p.  208,1830,  des  couches  de  Podpec  près  Laibach,  considérées  au- 
trefois comme  Iriasiquos,  mais  que  von  Tausch  en  1885  a  reconnues 
liasiques. 

Dans  la  Paléontologie  lombarde,  3°  série,  Géologie,  et  Paléontologie 
des  couches  hAvicula  conforta.  Milan,  1865,  Stoppani  décrit,  p.  246, 
le  nouveau  genre  Conchodon,  pour  le  Conhodon  infra-liasicits,  Stopp. 
de  rinfralias  supérieur,  en  le  figurant  d'une  manière  très  problé- 
matique ;  plus  tard,  R.  Hoernes,  puis  Zittel  ont  considéré  ce  genre 
comme  mal  établi  et  synonyme  des  Megalodon.  Stoppani  indique 
en  outre  une  seule  espèce  de  Megalodon  de  la  dolomie  inférieure 
aux  couches  à  Avicula  contorta,  M.  Gumbelii,  Stopp.  =  M.  triqueter, 
Gûmbel,  non  Cardium  triquetrum,  Wulfen. 

Plus  récemment  H.  Hoernes.  Monographie  der  Gattung  Megalodus 
(Denkschr.  K.  K.  Akad.  der  Wissenschaften,  Vienne  1880,  vol.  XL, 
p.  91-126),  sans  avoir  pris  connaissance  du  mémoire  de  Keferstein, 
décrit  les  espèces  du  genre  en  y  ajoutant  quelques  formes  nouvelles 
du  Trias  des  Alpes  méridionales,  sépare  le  Meg.  pumilus  du  Mega- 
lodon triqueter,  mais  parait  abandonner  les  divisions  de  Gumbel, 
que  Zittel  a  reprises,  en  1881  dans  son  Traité  de  Paléontologie. 

A  la  famille  des  Megalodontidœ  vient  s'ajouter  le  genre  Durga, 
crée  par  M.  Gr.  Boehm,  en  1884,  Beitriijje  zur  Kenntniss  dergrauen 
Kalke  in  Venetien  (  Zeitschr  d.  deutschen  geol.  Gesellschaft , 
vol.  XXXVI,  p.  774),  pour  des  fossiles  du  calcaire  gris  de  Vénétie 
voisins  comme  forme  des  Pachyrisma\  dans  le  môme  travail  sont 
décrites  quelques  espèces  nouvelles  de  Megalodon.  Enfin,  le  bien 
fondé  du  genre  Durga  vient  d'être  de  nouveau  défendu  par  M.  G. 
Boehm,  môme  recueil,  vol.  XXXVHI,  1886,  p.  727-734  contre  les 
arguments  de  M.  von  Tausch  cherchant  à  réunir  le  genre  Durga  aux 
Pachymegalodon  (Verh  K.  K.  geol.  Reichsanstalt,  1885,  p.  16W. 

Les  espèces  do  Megalodon,  probablement  nouvelles,  trouvées  dans 
le  calcaire  h  Perna  du  moulin  deJupilles,  appartiennent  au  groupe 
des  iXeomcgalodun  de  Guembel. 

C'est  pour  la  première  fois  que  ces  deux  genres  Durga  et  Megalodon 
sont  trouvés  dans  les  terrains  jurassiques  de  France,  nulle  part  ail- 
leurs on  n'a  signalé  la  présence  d'un  banc  semblable  à  ce  niveau 
dans  le  bassin  de  Paris. 

Tantôt  le  calcaire  est  brun  et  dur,  tantôt  il  présente  des  parties  plus 
tendres  et  plus  jaunâtres  où  l'on  trouve  surtout  des  débris  nombreux 
de  bivalves  à  l'état  de  moules  peu  déterminables,  et  aussi  des  Ostrea 
avec  le  test,  quelques  débris  de  Gastropodes,  une  Natica  conservée 


412      BOEHM    ET   CHELOT.  —CALCAIRES   A   PERNA   ET   HEGALODOH.    7    min 

avec  ses  couleurs  comme  M.  Boehm  en  a  souvent  observé  en  Vénétie, 
puis  une  Patelta,  bien  conservée,  probablement  nouvelle,  dont  la 
forme  rappelle  le  Scurriopsis  lllakei  (Gemmellaro  :  Sopra  alctme  faune 
ffiurae  e  liasichedi  Sicilia,  p.  382,  pi.  XXVIII,  fig.  47  et  48)  de  la  mon- 
tagne de  Casale,  près  Palerme.  Enfln  avec  ces  fossiles  de  nombreux 
débris  de  végétaux  assez  recounaissables  -.Equisêtacées,  fougères,  Coni- 
fères voisins  des  Brachypkyllum,  et  Cycadées.  La  même  association  de 
fossiles  a  élé  déjà  remarquée  par  M.  Boehm  dans  les  calcaires  gris 
de  la  province  de  Verona  et  des  Selte  communi,  dont  certains  bancs 
contiennent  des  végétaux  appartenant  aux  genres  ICquisetiles,  Dichop- 
(«•«,  Cycadopteris  et  llrachijphyUum  et  parfaitement  étudiés  par  M.  le 
baron  de  Zigno. 

La  route  qui  mène  à  la  Gornillière,  montre  sur  une  longueur  de 
140  mètres  environ,  la  même  coupe  que  précédemment  à  Egreffln. 
On  retrouve  au-dessus  du  calcaire  à  Perna  les  sables  et  les  argiles 
dans  le  chemin  creux  à  droite  où  leur  présence  est  indiquée  par  le 
niveau  d'eau,  puis  plus  haut  les  calcaires  bajociens  et  enfin  les  cal- 
caires oolilhiques  en  plaquettes  du  Balhonieu  qui  couronnent  le 
sommet  du  plateau. 

En  descendant  ver!  la  ferme  de  la  Vallinière  on  retrouve  le  niveau 
d'eau,  puis  le  terrain  devient  sec  et  montre  le  calcaire  à  Perna  à 
4  mètres  environ  au-dessous  du  calcaire  en  plaquettes  ;  on  le  retrouve 
encore  plus  loin  de  Vautre  coté  du  ruisseau  sur  la  route  de  Gesnes-le- 
Gandelin, 

Près  de  Vallas,  dans  un  petit  chemin  creux  à  gauche  de  la  route 
de  Gesnes,  on  retrouve  un  affleurement  de  ce  banc  présentant  de  nom- 
breuses Pernes  avec  la  charnière  ainsi  que  des  Aîegalodon,  ici  nous 


1887.   BOEHM   ET  CHELOT.   —   CALCAIRES  A   PRRNA  ET  MBGALODON.       413 

cette  partie  de  la  vallée  du  ruisseau  de  Fyé,  c'est  ainsi  qu'on  le 
retrouve  avec  les  mêmes  caractères  pétrographiques  un  peu  au-des- 
sous des  ruines  du  château  du  Jupilles,  puis  au  moulin  de  Longue 
Mézière,  où  on  le  voit  affleurer  dans  la  cour  de  la  ferme,  près  du  ruis- 
seau, avec  Perna  et  Megalodon;  plus  loin  encore  en  descendant  la 
vallée,  au  Moulin  mort,  ici  comme  à  Egreffin  surmonté  par  des 
argiles  et  des  sables;  en  montant  le  chemin  des  Touches,  le  banc 
cesse  d'être  visible,  s'enfonçant  sous  les  sables  et  calcaires  oolithiques 
que  surmontent  à  leur  tour  les  argiles  lacustres  et  les  sables  tertiaires 
de  Fyé  avec  blocs  de  grès  à  Podocarpus  suessionensis. 

Restent  à  connaître  les  dépôts  qui  recouvrent  directement  les  cal- 
caires à  Perna  et  ceux  qui  sont  au-dessous,  d'autre  part  voir  si  sur  la 
bordure  de  la  forêt  de  Perseigne  n'existeraient  pas  des  dépôts  ana- 
logues, ce  qui  sera  plus  tard  l'objet  d'un  nouveau  travail. 

On  peut  conclure  de  l'ensemble  de  cette  étude  que  dans  le  dépar- 
tement de  la  Sarthe  existe  un  faciès  particulier  du  Lias  qui  n'a  pas 
encore  été  signalé  dans  aucun  autre  point  de  la  bordure  du  bassin  de 
Paris  ;  par  leur  position  au-dessous  de  l'Ooliihe  inférieure  bien  carac- 
térisée et  d'argiles  représentant  le  Lias  supérieur,  les  calcaires  à 
Perna  du  moulin  de  Jupilles  sembleraient  appartenir  au  Lias  moyen, 
ainsi  que  l'avait  indiqué  Guillier;  ils  constitueraient  alors  avec  les  cal- 
caires de  Précigné  à  Terebratula  quadrifida  le  premier  terme  des 
dépôts  jurassiques  dans  le  département  de  la  Sarthe.  Peut-être 
vaudrait  il  mieux  considérer,  en  présence  de  ces  fossiles  tout  à  fait 
spéciaux  et  de  l'association  de  restes  végétaux  et  de  fossiles  marins, 
ces  calcaires  à  Perna  comme  un  équivalent  de  l'Infralias  qui  jus- 
qu'ici n'a  pas  été  signalé  dans  le  département  de  la  Sarthe.  Dans 
cette  hypothèse  la  seule  couche  qui  dans  l'Ouest  de  la  France  pré- 
senterait quelque  analogie  avec  celle  de  Jupilles  serait  ce  grès  dolo- 
mitique  peu  épais,  offrant  les  mêmes  conditions  de  dépôt  au  fond  de 
petits  golfes  séparés  par  les  crêtes  du  grès  silurien  et  présentant  la 
même  association  de  végétaux  et  de  coquilles  marines,  signalé  par 
H.  Deslongchamps  en  4880  (Bull.  Soc,  géol.  norm.  t.  VI,  p,  198),  uu 
Désert  près  Saint-Jean  de  Daye,  à  Goigny  et  près  de  Brévends  dans 
leCotentin,  où  l'on  a  cité  Mytilus,  Hrttungia  et  Cypricardia,  et  que 
MM.  Deslongchamps  et  de  Lapparent  rangent,  mais  avec  quelques 
doutes  dans  l'étage  rhétien.  On  doit  à  M.  Boehm  d'avoir  reconnu 
la  présence  dans  les  calcaires  de  Jupilles  des  genres  Durga  et 
Megalodon,  qui  n'avaient  tas  encore  été  indiqués  en  France.  Ici 
comme  en  Vénétie  les  caractères  de  l'ensemble  sont  à  ce  point 
semblables  qu'on  aurait  peine  à  distinguer  certains  blocs  des  deux 
pays  ;  quand  bien  môme  l'identité  des  espèces  laisserait  encore  quel- 


414  L.    DE    SAI1BAN.    —    MONOGIlAPHlti    DE  CABR1ÈBKS.         21    mal* 

ques  doutes,  il  n'en  est  pas  moins  vrai  qu'il  existe  là  un  faciès  tout  & 
fait  analogue,  d'au  caractère  franchement  littoral,  comprenant  des 
dépôts  formés  dans  une  sorte  de  golfe  du  grès  silurien,  formant  des 
récifs  battus  par  la  mer  jurassique;  si  l'on  remarque  l'absence  de 
Céphalopodes  el  de  firachiopodes,  l'abondance  de  ces  Perna  et  de  ces 
Ûurga,  on  peut  considérer  ce  banc  comme  l'un  des  premiers  dépôts 
littoraux  du  terrain  jurassique,  l'extrême  analogie  d'aspect  avec  les 
roches  de  Vénélie  indiquerait  seulement  la  presque  identité  dans  las 
conditions  de  sédimentation;  si  au  contraire  l'identité  des  espèces  se 
vérifie  par  l'élude  approfondie  des  fossiles  que  se  propose  de  faire 
M.  Oeorg  Boelim,  l'Importance  de  cette  découverte  n'en  sera  que 
plus  grande,  car  elle  permettra  de  fixer  d'une  manière  définitive  l'âge 
des  calcaires  gris  de  Vénétie,  faciès  particulier  qne  les  uns  placent 
dans  le  ùogger,  les  autres  dans  la  série  liasique. 


Séance  du  2\  Mars  1887. 
Présidence  de  M.  Amikrt  Gauhby 

M.  Nicklès,  vice-secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
dernière  séance  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance,  le  Pré- 
sident proclame  Membres  : 

MM.  l'abbé  Combes,  professeur  à  Limoux  (Aude),  présenté  par 
MM.  Bioche  et  de  Lapparent. 

présenté  par  MM.  Sclilumlicr^iT  ut  Fischer. 


1887.  L.    DE   SARRAN.    —   MONOGHANIIK    DK    CàBRIKRKS.  41o 

méridional,  qu'est  située  la  commune  de  Cabribres,  objet  de  l'étude 
du  Professeur  de  Rouville. 

Nous  croyons  utile  de  présenter  ici  un  compte  rendu  sommaire 
de  ce  mémoire,  en  raison  de  l'intérêt  de  son  objet  et  des  documents 
qu'elle  est  susceptible  de  fournir  pour  la  classification  des  forma- 
tions métamorphiques  des  hautes  Cévennes.  Gomme  on  le  sait,  ces 
couches  essentiellement  schisteuses,  fortement  chargées  de  miné- 
raux (quartz,  mica,  talc,  séricitej  n'ont  encore  fourni  aucun  débris 
organique.  Rapportées  d'abord  à  la  série  cristallophyllienne,  elles 
furent  considérées  par  £.  Dumas  comme  les  représentants  métamor- 
phisés  du  Silurien,  et  môme,  peut-être,  ajoule-t-il,  du  Dévonien. 
M.  Fabre,  noire  savant  confrère  et  ami,  dans  ses  éludes  pour  la  carte 
géologique  de  la  Lozère,  n'a  pas  cru  devoir  adopter  la  manière  de 
voir  du  regretté  géologue  de  Sommières.  Toutefois,  certains  élé- 
ments de  ce  massif  pourraient  correspondre  au  Cambrien  et  d'autre 
à  VArc/téen. 

Ce  n'est  pas  d'hier,  que  cette  petite  commune  de  Gabrières  a  attiré 
l'attention  des  géologues,  tant  par  ses  nombreux  et  beaux  fossiles, 
que  par  des  particularités  de  pétrographie  et  de  stratigraphie  qui, 
pendant  longtemps,  ont  arrêté  ceux  qui  ont  voulu  approfondir 
l'étude  de  la  constitution  de  cette  région,  en  apparence  si  simple, 
mais  en  réalité,  si  compliquée.  Knfln,  Gabrières  se  recommande 
encore  à  nous  par  la  double  circonstance  que  nos  confrères  appré- 
cieront, de  posséder  un  très  bon  gîte,  l'hôtel  des  géologues,  et  un 
puide  exceptionnel,  vrai  disciple  dont  M.  de  Rouville  s'honore, 
M.  Charles  Escot. 

Dès  1844,  Fournet  vient  étudier  le  Silurien  et  le  Dévonien  de 
Gabrières,  près  Neffiès;  ses  notes  de  1850  et  1854  complètent  et 
rectifient  ses  premières  déductions.  Vers  la  môme  époque,  Murchison 
qualifie  le  gisement  paléozoïque  «  d'oasis  singulière.  » 

La  réunion  extraordinaire  de  la  Société  géologique,  du  11  au  20 
octobre  1868,  ne  devait  pas  négliger  l'étude  de  cette  môme  région: 
à  cette  occasion,  M.  de  Rouville  expose  le  résultat  de  ses  propres 
recherches  et  reconnaît,  dans  la  série  de  Roujan-Cabrières  les  termes 
suivants: 


9.  Terrain  permien. 

8.      c         liouiller. 

7.  Calcaire  à  Protluctus. 

o.  Lydiennes,  schistes  noirs,  et  strates  rouges  avec  (inniatièes. 

."i.  Calcaires  à  polypiers. 

4.  Calcaire  dolomitique  du  Fal^airas  a\ec  quartz  à  uurriiius. 

A.  Schistes  à  Cartlinla  interrupta. 


416  L.    DE    SARRAN.    —   MONOGRAPHIE    DE  CABRIÈRES.         21    mars 

I,  Quartzites  et  grès  de  Olauzy. 
1.  Schistes  à  4saphes  (')- 

Pour  Sandberger  (1872),  la  région  dont  il  s'agit  est  «  inépuisable  ». 
Enfin,  en  1874,  Graff  publie  sa  notice  sur  les  terrains  paléozolques  de 
l'Hérault.  En  1884,  nouvelle  noie  de  M.  de  Rouville,  qui  attire  l'at- 
tention des  plus  savants  spécialistes,  MM.  Barrois  (Lille),  von 
Kœnen  (GÔtlingenj,  de  Koninck  (Liège),  cl  fait  faire  un  progrès 
notable  à  la  stratigraphie  de  CabriÈres. 

Le  mémoire  dont  nous  présentons  un  résumé  succinct,  reconnaît 
la  coupe  suivante,  pour  les  terrains  de  la  commune  précitée  (2). 

6.  Grès  et  calcaires  carbonifères. 

5.  Calcaires  amygdalins  (Griottes  el  Chjmtaitt) . 

t.  Schistes  noirs  à  Goniaiit's  intumescent . 

3.  Calcaires  a  Polypiers  [Pliacopt  fecundus?  Ph,  latifrons). 

I.  Schistes  à  Cardiola  intrrrupta. 

t.  Schistes  à  Asaphui. 

1.  —  C'est  le  sous-sol  commun  a  tous  les  groupes,  il  est  mis  à  jour, 
aufond  des  vallées,  par. des  cassures,  accompagnées  de  plissements, 
de  torsions,  et  de  renversements  des  schistes  qui,  généralement  argi- 
leux, deviennent  onctueux,  siliceux  et  micacés.  L'aspect  est  gêné, 
ralement  terne,  d'autrefois  le  fer  leur  donne  une  couleur  rubigi- 
neuse. Les   liions  de  quartz  y  sont  1res  communs. 

Les  fossiles  abondent,  dans  certains  coins  privilégiés;  ils  appar- 
tiennent à  la  faune  11  de  Barrande  et  se  présentent  sous  la  forme 
d'empreintes  dans  lesconcrélioos  argileuses  dites  gâteaux.  Signalons 
la  variété  minéralogique  de  marne  turbitiée  (Tutiinstem)  que   ces 


1887. 


L.   DB  SARRAU.   —  MONOGRAPHIE  DE   CABRIÈRES. 


417 


II.  —  Les  schistes  à  C.  interrupta  sont  noirs,  charbonneux,  pyri- 
teux,  avec  bancs  de  calcaire  noduleux. 

Vers  Isarne,  on  y  rencontre  les  spécimens  de  la  faune  III  (Silurien 
supérieur)  : 


Orthoceratites  elegans. 
Terebratula  Sapho. 
Siphocrinites  elegans. 


Graptolites  priodon. 
Cardiola  interrupta  en  grande  abon- 
dance. 


Il  manque  à  Cabrières  l'horizon  du  grès  de  May  ;  l'auteur  croit 
Tavoir  retrouvé,  plus  à  l'Ouest,  dans  les  grès  de  Glauzy  (Vailhan). 

III.  —  Le  niveau  du  calcaire  à  polypiers  ne  présente  pas  de  carac- 
tère pétrographique  constant;  ce  sont  des  calcaires  très  différents 
entre  eux  de  structure  et  de  couleur  :  calcaires  à  cordons  siliceux 
ternes,  calcaires  blancs  compactes,  grumeleux  ;  calcaires  rouges, 
avec  nombreux  accidents  dolomitiques.  Ils  forment  le  revêtement 
des  massifs  de  Bissous  et  Bissounel. 

Les  fossiles  déterminés  par  M.  Barrois,  sont  : 


Phacops  latifrons  (var.  oecitannicus). 

Bronteus  meridionalis. 

Goniatites  tubnautilus  (var.  convo- 

lutus?) 
Spirifer  speciosus. 
S.  cultrijugatus. 
S.  cabedanus. 
S.  geroslteinensis. 
Atrypa  retien  lavis. 
A.  aspera. 
Pentamerus  Œlherti  et  sa  var.   lan- 

guedocianus. 
Rhynchonella  ovbignyana,  R.  pilai 


lleliolites  porosa. 
Amplexus  annulalus. 
A,  tovtuosus. 
Zaphventis  gigantea. 
Philipsastrca  Pengellyi. 
P.  cantabnea. 

Cyathnphyllum  heliantkoïdes . 
Calceola  sandalina. 
Favosites  Goldfussi  ;  F.  fibrosa. 
Paefiyp-tra  veticulala. 
Alvéolites  subtrqunlis. 
A.  suborbicularis. 
Stromatopova  roncentrica. 


Ceux  déterminés  par  M.  de  Kœnen  sont  : 


Calceola  retvostriala. 
Mevista  herculea. 
Meritta?  Baucis. 
Cfuxtetes  Triyeri. 
Terebratula  pvinécps. 
Orthis  crenistvia. 


Capulus  multiptiratus. 
Spirifer  elegans. 
Spirigevina  rcticularis. 
Chaeeles  dilata  ta. 
Streptorhynckus  umbraculum. 


Cette  faune  singulièrement  complexe  justifie  la  longue  et  savante 
discussion  de  M.  Barrois  sur  son  véritable  niveau  :  Goblencien  supé- 
rieur, base  de  l'Eifélien  ?  Le  problème  se  compliquerait  encore,  si, 
d'une  part,  on  devait,  d'après  les  indications  fournies  à  l'auteur  par 
le  docteur  Freich,  y  introduire  de  nombreux  représentants  du  Phacops 

XV  27 


w 


L.    DR  S1HRAH.   —  «OBOGHAPfllR   DB   CABfttÈBBS. 


fècundus  et  si,  d'autre  part,  certaines  dénominations  du  savant 
paléontologiste  de  Lille  devaient  être  revisées,  pour  foire  place  à  des 
noms  de  types  plus  anciens,  peut-être  la  faune  Hercynienne  de 
M.  Kayser  ?  Le  travail  que  nous  savons  être  en  préparation  à  Berlin 
sur  cette  question  ne  pourra  manquer  de  jeter  un  nouveau  jour  sur 
ce  point  discuté. 

IV.  —  Ce  groupe  est  formé  de  calschistes  alternant  avec  des 
schistes  noirs  et  des  dalles  portant  des  tubérosités  dites  galettes,  avec 
bancs  intercalés  de  calcaire  rouge  et  bandes  de  lydiennes.  On  y 
rencontre,  également,  des  accidents  dolomitiques. 

Des  1879,  Sandberger  avait  signalé  : 


Orthocenu  lutifltxuosum,  et   des  go-  Bactritps 

niatites  ferrugineuses  (G.  retrortui,  Gamarophoria  sahrrniforma. 

i  var.)  Cardiola  retrostr'tula. 

Plus  récemment,  M.  Danois  spécifie  les  variétés  de  Goniatites  sous 
e  nom  de  var.  taccutu»,  v.  biarmatus,  v.  aurit. 
Enfin,  M.  de  Kœnen  a  reconnu  : 


GoniatUet  intumtictm. 
OrthiKerai  tuhflrxitamm, 
Avitula  obrotunda. 
Cardiola  rctrottriata. 
Goniatites  foreipiftr. 
«mplra. 
—  »ubpartitui . 


Conta  (i/fj  stcculut. 

—  nnâ«Ia(u$. 

—  l'ianodanatui,  toutes   fer- 

rugineuses. 
GoniatiUi  Rouvil-ti  (Je  Kœnen). 
Qrtkocerat  «lliptieum,   dans   tes  cal- 
caires rouges. 


Ce  niveau  correspondrait,  dans  les  idées  de  l'auteur  du  mémoire, 


1887. 


L.   DE  SARRAU.   —  MONOGRAPHIE  DE  CABRIÈRES. 


419 


C'est  le  niveau  du  Famennien  (Dévonien  supérieur).  L'auteur  y 
discernerait  volontiers  deux  horizons:  l'un  inférieur,  occupé  par  les 
Goniatites,  l'autre  supérieur,  plus  particulièrement  caractérisé  par 
les  Clyménies. 

VI.  Le  calcaire  carbonifère  est  formé,  &  sa  base,  par  des  assises 
détritiques  (grès  ou  poudingues),  par  des  alternances  de  schistes  et 
de  calcaires  dans  le  milieu,  et  par  des  calcaires  massifs  au  sommet. 
Cette  succession  se  voit  très  bien  dans  la  coupe  de  Bissounel  à  la 
Combe  d'Isarne,  vers  le  col  de  l'Aurore. 

Nombreux  fossiles  déterminés  par  M.  de  Koninck  : 


Loxonema  rugiferum. 

Straparolus  Dyonisii. 

Thimalifer  pugilis  ? 

Evomphatus  crotalostomus,  E.  lœtus, 

K.  catilluê. 
Murchisonia  nana. 
Rhynchonella  cordiformis . 
A.  angulata. 


Spirifer  bisulcatus,  Sp.  planicosta, 
Orthis  itstcpinata. 
Derbya  senilis. 

Productus  giganteus,  P.  ttriattu. 
Nuculana  atténuât  a» 
Lonsdaleia  rugosa? 
Lithostrotion  irrcgutare. 
Phillipsia  gemmulifcra. 


Ces  fossiles  représentent  la  partie  supérieure  du  calcaire  carboni- 
fère proprement  dit,  l'horizon  de  Visé.  La  formation  houillère  de 
Nefflès  lui  succède,  dans  des  conditions  de  milieu  bien  différentes. 

Le  Carbonifère  affecte  la  forme  de  grosses  tubérosités  calcaires, 
arrondies,  alignées,  mais  isolées  les  unes  des  autres,  par  suite  de  la 
disparition  des  schistes  au  milieu  desquels  il  s'est  formé,  ainsi  que 
l'indique  la  carte  géologique  de  l'Hérault.  L'absence  de  toute  dolomie 
caractérise  cet  horizon.  A  ces  divers  traits,  il  faut  ajouter  la  double 
relation  de  pénétrations  et  d'enveloppements  que  présentent,  l'une 
à  l'égard  de  l'autre,  les  formations  silurienne  et  carbonifère. 

Résumé  :  1,  Silurien,  faune  seconde,  faune  troisième.  2,  Dévonien, 
dont  la  partie  inférieure  présenterait,  à  son  toit,  les  représentants 
d'une  faune  plus  ancienne  que  celle  de  ses  assises  les  plus  basses,  à 
types  hercyniens,  en  quelque  sorte,  et  dont  la  partie  supérieure 
serait  au  niveau  du  Dévonien  supérieur.  3,  Carbonifère,  de  l'âge  du 
Culm  et  du  Visé. 

Entre  le  Dévonien  supérieur  et  le  Carbonifère,  comme  entre  celui- 
ci  et  la  formation  houillère,  il  existe  des  lacunes  considérables,  mar- 
quées par  des  dénudations  et  des  mouvements  orogéniques. 

Le  caractère  paléontologique  spécial  des  premières  assises  dévo- 
niennes  retient  à  leur  endroit,  l'attention  de  l'auteur  en  éveil,  il 
attend  de  recherches  ultérieures  le  dernier  mot  sur  les  relations  des 
trois  termes  très  distincts,  quoique  intimement  soudés  :  calcaires  à 


420  L.    SARRAH.    —   MONOGRAPHIE    DR    CARRIÈRES.  21    OlSri 

polypiers  siliceux,  calcaires  blancs,  et  calcaires  rouges  du  Pic.  Cer- 
taines lacunes,  tout  au  moins  apparentes,  pourront  s'en  trouver 
éclair  cies. 

Un  échantillon  assez  fruste  de  Goniatîtts  Berulowyi,  transmis  ré- 
cemment par  M.  le  professeur  Collot  à  l'auteur  qui  l'a  communiqué 
à  H.  de  Rœneo,  disposerait  ce  dernier  à  rapporter  au  Carbonifère  les 
calcaires  rouges  du  Vieux  Château  d'où  il  provient.  Le  gisement  s'en 
trouve  indiqué  dans  la  coupe  de  Bissounel  à  Isarne,  planche  III  de  la 
monographie  de  Cabrières  ;  il  s'y  présente  sous  forme  de  dépôts  très 
peu  épais,  très  circonscrits,  formés  de  strates  minces,  en  superposi- 
tion directe  sur  les  Schistes  à.  Asaphes  et  matériellement  séparés  par 
ces  mêmes  schistes  des  Ilots  carbonifères  A. 

Leur  situation  topographique  paraîtrait  favorable  à  l'opinion  de 
H.  de  Kœnen,  mais,  d'autre  part,  leur  isolement  sur  les  schistes  et 
la  circonstance  de  l'absence  de  toute  couche  rouge  dans  la  forma- 
tion carbonifère  de  la  région,  paraîtraient  à  l'auteur  devoir  les 
rattacher  aux  grioltes  dévoniennes  ;  c'est  à  ces  dernières  qu'il  con- 
tinue, pour  la  même  raison  générale,  à  rapporter  l'échantillon  de 
la  même  espèce  de  Goniatile  provenant  de  Tourière,  dont  parle  le 
savant  professeur  de  Gdttiogen  dans  sa  note  du  5  novembre  1883 
[Bull.  Soc.  géol.  fr.  3'  série,  t.  XII,  p.  ii5). 

Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  divers  points  discutés,  les  grandes  lignes 
géologiques  sont  et  resteront  établies. 

Roches  hors  série.  —  Les  phénomènes  éruptifs  sont  marqués  par  : 
1"  un  filon  de  porphyriie  andésitique  très  micacée  (fraidronite),  dans 
les  schistes  siluriens  sur  la  route  de  Villeneuvette  à  Clermont;  2*  un 
Qlon  de  métatphyw  (basalte)  à  la  limite  de  la  dolomie  et  du  Mjhirta, 


1888.        L.  SARRAII.  —  MONOGRAPHIE  DE  CABRI  ÈRES.  421 

replis,  d'où  sont  nées  les  illusions  stratigraphiques  des  devanciers 
de  M.  de  Rouville.  La  direction  générale  des  fractures  est  Est-Ouest, 
la  plongée  générale  vers  le  Sud.  De  plus,  la  région  de  Cabrières, 
placée  dans  le  voisinage  de  la  Montagne-Noire,  des  Pyrénées,  des 
Gorbières  et  des  Gévennes,  a  dû  recevoir  le  contre-coup  des  mouve- 
ments orogéniques  qui  ont  formé  ces  grandes  chaînes,  c'est-à-dire 
que,  adoptant  le  système  d'Elie  de  Beaumont,  on  doit  rencontrer  la 
direction  N.  34°  E.  (Mont  Genis)  et  0.  7°  N.  (Pyrénées).  Le  relief  de 
Cabrières,  ébauché  dès  l'époque  paléozoïque  a  été  continué  jusque 
▼ers  le  milieu  de  la  période  tertiaire. 

En  résumé  :  grand  continent  silurien  disloqué  avant  l'arrivée  de  la 
mer  dévonienne,  invasion  de  celle-ci,  sédimentation  favorable,  tantôt 
à  la  croissance  des  coraux,  tantôt  à  la  multiplication  des  céphalo- 
podes ;  émersion,  rupture  et  dénudation  des  surfaces,  primitivement 
continues  ;  arrivée  sur  les  surfaces  découvertes,  de  la  mer  earbonifé- 
rienne,  découpée,  peut-être,  en  ûords,  telles  sont  les  phases  les  plus 
importantes  de  l'histoire  primitive  de  Cabrières. 

Cette  monographie  est  illustrée  de  5  planches  : 

PI.  I.   —    Carte  au  4-riTÏ  des  environs  de  Cabrières. 

PI.  II.  —  Panorama  des  collines  de  Cabrières  (vue  prise  au  sommet  du  Pic 
de  fiissous.) 

PI.  III.  —  Coupe  par  Neffiès,  Cabrières  et  Villeneuvette  :  Yinleer  paléozoïque 
émerge  de  dessous  le  Houiller  de  Neffiès  et  le  Grès  bigarré  de  Villeneuvette. 

Coupe  de  Bissounel  à  la  Combe  d'Isa  nie. 

Carte  géologique  de  l'extrémité  S.-E.  du  Plateau  Central  où  est  situé  Cabrières. 

PI.  IV.  —  Fig.  1.  Coupe  du  Pic  de  Bissous  à  Perret. 

Fig.  2.  Coupe  de  Cabrières  à  Neffiès. 

Fig.  3.  Coupe  par  Mourèze  et  le  Pic  de  Bissous. 

Fig.  4.  Coupe  du  Mounio  de  Villeneuvette. 

Fig.  5.  Coupe  entre  Fontes  et  Cabrières  (d'après  Graff). 

Fig.  6.  Schéma  du  paléozoïque  (d'après  Grafl'et  Fournet). 

Fig.  7.  Coupe  rectifiée 
PI.  V.    —    Fig.  l.  Situation  initiale  des  termes  de  la  série  de  Cabrières. 

Fig.  2-4.  Une  phase  de  renversement. 

La  Société  a  bien  voulu  accorder  à  l'auteur  du  mémoire  que  nous 
analysons  l'insertion  des  4  croquis  suivants  qui  permettront  à  nos 
lecteurs  de  se  faire  une  idée  de  la  région  étudiée  :  la  coupe  de  Ca- 
brières à  Neffiès  (fig.  2,  pi.  IV),  réunit  le  plus  grand  nombre  des  traits 
importants  de  la  stratigraphie  de  la  commune.  Une  autre  figure 
donne  la  structure  du  Pic  de  Cabrières,  relief  dominant  la  contrée, 
que  M.  de  Rouville  explique  par  un  renversement  complet  dont  les 
deux  autres  croquis  sont  destinés  à  nous  montrer  les  phases  succès* 
sives. 


4*8  L.   BAflBAH.    —  HOKWBirniB  DB  CABB1ÈRES.  31    inwTW 


1887.  BERTHAND.   —  ALPBS  BT  CONTINENT   EUROPÉEN.  433 

M.  Munier-Chalmas  fait  la  communication  suivante  sur  les 
Brachiopodea  (1)  : 

M.  Albert  Gaudry  annonce  que  le  squelette  d'un  petit  Ursus 
spelœus  vient  d'être  placé  dans  la  galerie  de  paléontologie  du  Muséum. 
11  contraste,  par  ses  faibles  dimensions,  avec  un  squelette  d'Ursus 
tpelœus  de  taille  ordinaire  près  duquel  on  Ta  rangé.  Tandis  que  Y  Ursus 
spelœus  dépasse  habituellement  les  plus  grands  ours  actuels,  le  nou- 
veau squelette  du  Muséum,  bien  que  provenant  d'un  individu  adulte, 
a  les  os  des  membres  plus  courts  que  dans  l'Ours  gris  d'Amérique  et 
l'Ours  brun  de  Pologne. 

Ce  squelette  est  composé  d'os  de  différents  individus,  qui  ont  été 
recueillis  par  M.  Félix  Regnault  dans  les  oubliettes  de  Gargas.  Leur 
extraction  de  ce  puits,  qui  a  20  mètres  de  profondeur  et  est  juste  assez 
large  pour  laisser  passer  le  corps  d'un  homme,  a  été  très  difficile. 

M.  Albert  Gaudry  pense  que  la  grotte  de  Gargas  peut  jeter  quel- 
que lumière  sur  la  chronologie  des  phénomènes  glaciaires.  Quand 
on  descend  de  cette  grotte  à  Saint-Bertrand  de  Gomminges,  on  est 
entouré  de  boues  glaciaires,  de  moraines  et  de  blocs  énormes  qui 
ont  été  entraînés  par  la  glace  ;  ces  matériaux  ont  élé  accumulés  au 
moment  de  la  principale  extension  des  glaciers.  Or,  il  n'est  pas  vrai- 
semblable que  l'importante  faune  de  la  grotte  de  Gargas  ait  vécu  à 
l'époque  où  cette  grotte  était  environnée  par  la  glace.  Il  résulte  de 
là  que  le  règne  de  Y  Ursus  spelœus  doit  être  plus  récent  que  le  grand 
âge  de  la  glace. 

M.  Bertrand  fait  la  conférence  annoncée  : 

La  chaîne  des  Alpes,  et  la  formation  du  continent  européen, 

Par  M.  Marcel  Bertrand. 

Depuis  le  jour  où  Élie  de  Beaumont  a  le  premier  formulé  une 
théorie  générale  sur  les  chaînes  de  montagnes  du  globe  et  sur  les 
dislocations  de  l'écorce  terrestre,  les  observations  se  sont  accu- 
mulées; des  données  plus  précises  et  plus  nombreuses  se  sont 
ajoutées  aux  anciennes,  et  l'ambition  de  coordonner  ces  éléments 
épars,  do  tenter  à  nouveau  un  essai  de  système  des  connaissances 
acquises,  a  dû  s'offrir  à  l'esprit  de  plus  d'un  géologue.  M.  Suess  vient 
de  le  réaliser,  et  son  ouvrage  encore  inachevé,  DasAntliiz  der  Erde  (2), 

(1)  Celle  note?  n'étant  pas  parvenue  au  Sécrétai i. il  au  moment  de  l'impression, 
sera  iu*éiée  à  la  suite  d'une  séance  ultérieure. 

(2)  Dis  Antlitz  der  Erde,  par  Edouard  Suets,  i-r  vol.  Prague,  1883-&3. 


424 


BERTRAND. —   ALPBS  ET  CONTIHEHT  EUBOPÉRH.  21    mar 


marquera  un  progrès  considérable,  presque  le  début  d'une  phase 
nouvelle,  dans  l'étude  des  grands  problèmes  de  la  géologie  générale. 
Le  second  volume,  qui  doit  paraître  cette  année,  permettra  seul 
d'apprécier  l'ensemble  des  conclusions;  sans  donc  prétendre  encore 
à  les  analyser,  et  laissant  même  volontairement  de  coté  celles  des 
vues  nouvelles,  qui  pourraient  prêter  à  la  contradiction,  je  me  bor- 
nerai à  choisir,  dans  ce  qui  a  trait  à  l'Europe  et  spécialement  à  l'his- 
toire des  Alpes,  quelques-uns  des  faits  mis  en  lumière,  les  plus 
incontestables  et  les  plus  simples.  Je  passerai  ensuite  à  l'étude  des 
chaînes  plus  anciennes,  qui  ont  dans  les  périodes  antérieures  acci- 
denté [la  surface  de  l'Europe  et  dont  les  débris  seuls  subsistent 
aujourd'hui  ;  je  ferai  ressortir  les  analogies  profondes  qui  rappro- 
chent leur  structure  et  leur  histoire  de  celle  des  Alpes,  et  j'espère 
que  de  cette  étude  il  ressortira  une  vue  d'ensemble,  relativement 
assez  nette,  sur  la  formation  du  continent  européen. 


Unité  des  Alpes.  Avant  d'étudier  l'histoire  d'une  chaîne  de  mon- 
tagnes, il  faut  défmir  cette  chaîne  et  ce  qui  en  constitue  l'unité. 
Pour  les  Pyrénées  et  le  Caucase,  l'unité  géographique  peut  sembler 
une  notion  suffisante,  quoique  bien  vague.  Pour  les  Alpes  en  tout 
cas  il  n'en  est  pas  de  même  :  où  s'arrêtent  les  Alpes?  Quels  chaînons 
s'y  rattachent  ou  doivent  s'en  distinguer?  L'étude  géographique 
laissera  toujours  à  ces  questions  la  réponse  indéterminée  et  arbi- 
traire. 

Géologiquement  il  ne  peut  y  avoir  qu'une  définition  à  uue  chaîne, 
c'est  la  continuité  d'une  zone  de  plissements.  Tant  qu'on  peut  suivre 
sans  interruption  un  nui  nu-  îili.  u»  liji'jih1  «tin-  >i-:\r  <ir  plis  parallèle; 


BBBTBAHD.   —  ALPBS  ET  COHTIBBIIT  BnROPÉBH. 


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426  BEItTBAH».    —   ALPES  ET   CONTINENT   EUBOFÉEN,  21    TBin 

La  première  inspection  d'une  carte  d'ensemble  (fig.  1)  permet  de 
distinguer  3  zones  nettement  distinctes,  alignées  parallèlement  dans 
la  môme  direction  :  d'abord  la  zone  centrale  (A),  composée  de  gneiss 
et  de  terrains  cristallins  ;  puis  une  zone  (fi)  de  terrains  secondaires, 
formée  pour  la  plus  grande  partie  par  les  masses  calcaires  du  Trias 
alpin;  enfin  une  bordure  tertiaire,  se  décomposant  elle-même  en 
deux  bandes  parallèles,  l'une  (C)  presque  uniquement  formée  de 
Fysch,  l'autre  (D)  tout  entière  composée  de  terrains  miocènes.  Cette 
bordure  tertiaire,  par  sa  continuité  et  par  l'uniformité  de  sa  structure, 
forme  le  trait  saillant  de  ce  versant  des  Alpes  (1)  ;  c'est  elle  qui  va 
nous  permettre  de  définir  d'abord,  puis  de  suivre  plus  loin  l'unité 
de  la  chaîne  alpine. 

La  coupe  de  ces  deux  bandes  (C  cl  D)  est  bien  remarquable  :  le 
Fysch,  masse  énorme  de  grès  et  de  schistes  ne  contenant  que  des 
fucoldes,  avec  rares  bancs  fossilifères  intercalés  et  permettant  d'en 
déterminer  l'âge,  plonge  uniformément  sous  la  masse  des  terrains 
secondaires,  c'est-à-dire  vers  le  Sud.  Partout  le  contact  a  lieu  par 
faille;  et  cette  faille,  qui  se  suit  depuis  le  Tyrol  jusqu'à  Vienne,  ne 
laisse  que  rarement  des  lambeaux  jurassiques,  également  renversés, 
s'intercaler  entre  le  Trias  et  le  Fysch.  C'est  ce  que  montrent  claire- 
ment les  deux  coupes  ci-jointes,  empruntées  à  l'Atlas  des  Alpes 
bavaroises,  de  M.  Gûmbel  (fig.  2  et  3;. 

Coupe»     dr>       AI.1*KS     BAVAROISES. 


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—i^yr^ 


1887.  BIRTBAMD.  —  ALPES  ET  CONTINENT  EUROPÉEN.  417 

raissent  au  Nord  au  sommet  d'un  pli  anticlinal,  qu'on  a  suivi  du  Rigi 
jusqu'en  Autriche,  puis  les  couches  renversées  se  redresse^,  passent 
au  pendage  normal,  qui  devient  de  plus  en  plus  faible,  et  arrivent 
à  6 Ire  horizontales. 

La  ligne  do  séparation  du  Fysch  et  du  Tongrien  est  surtout  inté- 
ressante; elle  limite  rigoureusement  les  deux  formations,  l'une  vers 
le  Nord,  l'autre  vers  le  Sud.  Du  lac  de  Genève,  jusqu'aux  environs 
de  Vienne,  ou  au  moins  jusqu'à  Salzbourg,  l'Eocène  ne  dépasse 
nulle  part  cette  ligne  vers  le  Nord,  le  Miocène  ne  la  dépasse  nulle 
part  vers  le  Sud  (1). 

Ainsi  il  y  a  continuité  dans  les  deux  bandes  tertiaires,  et  conti- 
nuité plus  frappante  encore  dans  les  lignes  qui  les  limitent.  D'ail- 
leurs les  deux  zones  plus  anciennes  (B  et  A),  malgré  quelques 
divergences  de  détail,  suivent  dans  leur  ensemble  la  môme  direc- 
tion. On  a  donc  bien  affaire  à  une  seule  et  môme  série  de  plissements, 
à  une  seule  et  môme  chaîne  dans  le  sens  géologique  du  mot. 

Suisse  et  Car/jalhes.  Essayons  maintenant  de  suivre  cette  chaîne 
successivement  à  l'Ouest  et  à  l'Est. 

Du  côté  de  la  Suisse,  tous  les  traits  précédemment  décrits  ne  se 
retrouvent  pas  avec  la  môme  netteté.  La  ligne  de  séparation  du  Trias 
et  du  Fysch  s'infléchit  (2)  autour  du  Priiltigau  (fig.  1)  et  il  est  pro- 
bable qu'elle  se  continue  par  le  grand  accident  de  la  double  vallée 
du  Rhin  et  du  Rhône  jusque  aux  failles  de  M.  Lory.  En  tout  cas,  la 
bande  (C)  s'élargit  ainsi  jusqu'à  embrasser  toute  la  bordure  sédimen- 
taire;  la  continuité  du  Fysch  y  est  plus  ou  moins  masquée  par  les 
nombreux  bombements  anticlinaux  des  terrains  jurassiques,  sou- 
vent déversés  sur  leurs  bords  (Alpes  de  Glaris).  La  bande  (13)  dispa- 
raît, ou  se  confond  avec  la  zone  centrale  des  gneiss,  et  cette  dispa- 
rition coïncide  avec  celle  du  Trias  marin.  Mais  la  bande  miocène  se 
poursuit  avec  la  môme  structure  et  suftit  à  établir  la  continuité  de 
la  chaîne.  Partout  elle  montre  la  môme  composition,  sauf  la  dispa- 
rition du  Tongrien  marin  et  la  prédominance  des  conglomérats; 
partout  elle  est  limitée  au  Sud  de  la  môme  manière,  avec  le  môme 
plongemcnt  renversé  sous  la  bande  (C);  partout  elle  est  nettement  sé- 
parée de  cette  dernière  par  la  môme  ligne  de  discordance  ou  de  faille. 

Du  côté  de  l'Est,  c'est  au  contraire  la  bande  (C),  la  bande  de  Fysch, 
qui  se  montre  le  plus  continue  et  qui  peut  servir  de  guide  au  raccor- 
dement. Un  peu  avant  Vienne,  on  la  voit  s'infléchir  vers  le  Nord-Est; 

(1)  Si  Ton  considérait,  avec  Hecr,  les  lignites  de  Harin^  comme  appartenant 
au  Miocène  inférieur,  il  faudrait  faire  une  exception  pour  celle  formation,  qui 
en  tout  cas  est  certainement  plus  ancienne  que  toutes  celles  de  la  bande  (D). 

(?)  Suess,  #<tf  Antiilz  Uer  Erde,  p.  18 *. 


428  BERTRAND.    —   ALPES   ET   CONTINENT    EUBOPBElf.  21    mars 

elle  traverse  le  Danube,  et  disparaît  un  moment  sous  les  allovions 
et  les  terrains  miocènes  discordants;  puis  elle  reparaît,  cinquante 
kilomètres  plus  loin,  sur  les  deux  rives  de  la  Marsh,  et  se  poursuit 
de  là  sans  interruption,  en  s'élargissant  fortement,  surtout  le  par- 
cours des  Carpathes.  Les  terrains  cristallins  suivent  d'abord  la  même 
inflexion,  comme  le  prouve  la  continuité  incontestable  des  massifs 
des  monts  Leitha,  des  petites  Carpathes  et  du  Tatra;  ils  sont  accom- 
pagnés au  Nord  d'affleurements  triasiques  (bande;.  Au  delà  d'Eperies, 
ces  deux  bandes,  comme  abîmées  en  profondeur,  disparaissent  sous 
les  recouvrements  tertiaires  et  les  roches  éruptives  (1), 

La  bordure  extérieure  de  la  bande  de  Fysch  est  presque  partout 
masquée  par  les  alluvions;  mais  là  où  elle  apparaît,  comme  & 
Stockerau  et  à  Tulln,  à  l'Ouest  du  Danube,  à  Wielicza,  près  de  Cra- 
covie  (mines  de  sel),  à  Boryzlar  (mines  d'ozokérile),  elle  montre  les 
mêmes  caractères;  elle  est  formée  de  terrains  miocènes  plissés 
{Sehlier,  Langhien  ?)  ;  elle  plonge  ordinairement  ious  le  Fysch,  et  est 
toujours  séparée  de  lui,  comme  en  Bavière  et  en  Suisse,  par  une 
ligne  de  faille  ou  de  discordance  (2). 

Ainsi,  de  la  Suisse  à  la  Roumanie,  la  continuité  géologique  est 
indiscutable.  Il  faut  renoncer  à  définir  et  à  établir  l'unité  d'une 
chaîne,  ou  admettre  que  les  Alpes  et  les  Carpathes  forment  bien  une 
même  chaîne,  une  même  zone  de  plissements.  On  peut  suivre  cette 
zone  plus  loin  encore,' et  les  considérations  qu'a  développées  à  ce 
sujet  M.  Suess,  sont  parmi  les  plus  importantes  et  les  plus  intéres- 
santes de  son  livre  :  le  ■  Système  des  Alpes  »  comprend,  à  l'Ouest  les 
Pyrénées  et  l'Andalousie,  à  t'Est  le  Caucase  et  l'Himalaya.  Mais  je 
borne  ici  mon  examen  à  la  partie  déjà  mentionnée. 


1887.  BERTRAND.   —  ALPES   ET  CONTINENT  EUROPÉEN.  429 

lées  des  couches  à  Inocérames  et  des  bancs  à  Nummulites.  Dans  les 
Carpathes  de  l'Ouest,  le  faciès  descend  jusqu'au  Gault  (grès  de 
Godula),  tandis  que  le  Néocomien  (couches  de  Teschen  et  de  Werns- 
dorf)  fait  saillie  au  milieu  des  grès  dans  un  grand  anticlinal,  sous 
forme  de  marnes  et  de  schistes  fossilifères.  Plus  à  l'Est,  le  Crétacé 
tout  entier  est  sous  forme  de  Fysch,  et  ce  Fysch  (ou  grès  des  Car- 
pathes) comprend  encore,  outre  l'Eocène,  des  couches  à  Natica 
crassatina  et  à  Cytherea  incrassata  (1). 

D'ailleurs,  l'isolement  de  la  zone  de  Fysch  n'est  pas  une  apparence 
due  aux  dénudations.  L'Eocène  pénètre,  comme  je  le  dirai  tout  à 
l'heure,  dans  la  vallée  de  Tlnn,  au  Sud  de  la  zone  précitée,  et  là  on 
trouve  des  calcaires  à  Nummulites,  des  schistes  lignitifères,  mais  rien 
qui  ressemble  au  Fysch.  Au  Nord  de  la  zone  des  grès  de  Yienne,  où  le 
Fysch  comprend  le  Crétacé,  le  Crétacé  supérieur  existe  (Gmundeu) 
à  l'état  des  couches  à  Belemnitella  mucronata,  et  au  Sud  à  l'état  de 
calcaires  à  Hippurites  ;  de  môme,  on  trouve  au  Nord  des  Carpathes  le 
Crétacé  supérieur  sous  forme  de  craie  de  Lemberg,  et  au  Sud,  dans  le 
massif  du  Tatra,  sous  forme  de  masses  dolomitiques  (Chocs  Dolomit. 
L'histoire  géologique  de  cette  bande  étroite  de  la  bordure  tertiaire 
s'est  donc  spécialisée  dès  l'époque  crétacée,  et  encore  plus  dans 
l'époque  éocène  ;  bien  avant  que  les  phénomènes  de  plissement  en 
aient  fait  une  zone  continue  au  point  de  vue  orographique,  des 
conditions  de  dépôt  uniformes  et  limitées  à  cette  bande  y  avaient 
pris  naissance. 

Forme  du  contour  extérieur  de  la  chaîne.  —  Il  est  inutile  d'insister 
sur  la  forme  sinueuse  du  contour  extérieur  des  Alpes,  tel  que  nous 
venons  de  le  définir.  M.  Suess  a  fait  remarquer  que  celte  forme  est 
celle  que  dessinent  les  bords  des  anciens  massifs  cristallins  de 
l'Europe  centrale,  la  Bohême,  la  Forêt-Noire  et  les  Vosges,  le  plateau 
central  (2).  Entre  ces  massifs  existent  des  affleurements  de  terrains 
secondaires,  mais  ceux-ci  n'ont  pas  été  plissés.  La  bande  tertiaire  dont 
je  viens  de  résumer  la  structure,  limite  au  Nord  la  zone  de  plisse- 
ment des  terrains  secondaires  et  tertiaires  ;  toute  la  région  qui  est 
au  Nord  a  dû  subir  des  efforts  de  pression  analogues,  mais  elle  y  a 
résisté  en  masse  et  tout  d'une  pièce.  Elle  a  formé  l'obstacle  contre 
lequel  les  parties  plissées  sont  venues  s'écraser  et  comme  se  mouler. 
C'est  ce  que  M.  Suess  appelle  «  dos  Vorland  ». 

Il  y  a  bien  quelques  plis  dans  cette  région,  le  pays  de  Bray  avec 
l'île  de  Wight,  le  Weserwald  avec  le  bord  du  Hartz  et  du  Riesenge- 

(1)  Vacek,  lahrb.  gcol.  Reichsanstalt ',  1831. 
(t).  Suess,  die  Entsiehung  der  Alpen,  p.  71. 


MO  BKNTBAKn.    —  AlFRS   BT   GOifTIRKHT    EOHOPÉRN.  21    met* 

bfrge  ;  lu  Jura  même,  qui  est  en  avant  dus  bandes  tertiaires,  n'est,  si 
l'on  veut,  qu'une  partie  du  «  Vorland  »  plissée  (1)  ;  mais  ces  exceptions 
toutes  locales  n'empêchent  pas  la  démarcation  entre  les  deux 
régions  d'Être  nettement  tranchée  ;  nulle  part  elle  n'est  plus  remar- 
quable qu'entre   les  Carpalhes  et  les  Sudèles  (2). 

Cette  dépendance  entre  la  forme  des  massife  anciens  et  la  direc- 
tion des  plissements  plus  récents,  se  montre  encore  bien  accusée, 
«[unique  d'une  autre  façon,  par  le  grand  éventail  que  dessinent  les 
différants  chaînons  des  Alpes  à  l'E*t  de  Vienne  et  de  Gralz.  Pendant 
que  les  Carpalhes  remontent  au  Nord-Est,  les  Alpes  illyricnnes  et 
bosniaques  se  dirigent  vers  le  Sud-Kit.  Or  de  nombreux  indices 
laissent  présumer  que  la  région  intermédiaire,  de  la  Styrie  à  la  Serbie, 
a  été  émergée  pendant  une  partie  des  temps  secondaires;  ce  serait, 
de  même  quota  région  au  Nord  des  Alpes,  un  Ilot  d'ancienne  conso- 
lidation (11),  sur  lequel  les  efforts  de  plissement  n'ont  pas  eu  prise, 
qui  a  formé  obstacle  à  leur  propagation  recliligne  comme  un  rocher 
solide  au  milieu  d'un  courant,  et  autour  duquel  les  plis,  parallèles  à 
l'Ouest,  se  sont  déviés  en  s'écarlant. 

Aux  nus  mouvements  ds  plissement.  —  J'arrive  maiutenantà  la  ques- 
tion de  l'âge  des  mouvements  alpins,  ou,  pour  mieux  dire,  a  l'exa- 
men des  discordances  qui  se  manifestent  dans  le  massif.  Elles  sont 
Hssex  nombreuses. 

M.  von  Hauer  (&)  en  signale  une  bien  marqué-;  entre  le  Lias  et  le 
Mnlm;  elle  n'existerait,  en  tous  cas,  qu'a.  l'Est  de  Salzbùurg.  Je  n'y 
Insiste  pas,  ne  connaissant  pas  un  nombre  suffisant  de  coupes  déci- 
sives a  l'appui. 


4887.  BERTRAND .  —  ALPES   ET  CONTINENT  EUROPÉEN.  431 

L'Kocèae,  que  j'ai  dit  limité  à  la  bande  extérieure,  pénètre  en  un 

point  dans  l'intérieur  de  la  bande  triasique  ;  c'est  dans  la  vallée  de 

l'Inn  et  dans  les  vallées  affluontcs  (couches  à  Nummulites  variolaria 

de  Reit  im  Winkel,  couches  lignitifères  de  Haring).  Là  il  repose  sur  les 

tranches  du  Trias  par  l'intermédiaire  d'une  broche  dolomitique  (1). 

En    un  point,   au    Sud    de  Kuffstein,  il  est  en  contact   avec  le 

Crétacé  et  paraît  concordant  avec  lui.  Le  mouvement  de  l'époque 

crétacée  pourrait  donc  là  suffire  à  expliquer  la  position  anormale  du 

^fummulitique;  mais  il  ne  semble  pas  en  être  de  môme  dans  les 

CJarpathes.  Au  pied  duTatra,  dans  la  haute  vallée  du  Gran,  l'Eocène 

s'avance  profondément,  en   discordance  complète  avec  les  autres 

étages,  y  compris  le  Crétacé.  Là  d'ailleurs,  comme  dans  la  vallée  de 

l'/nn,  la  discordance  qui  s'observe  dans  l'intérieur  de  la  chaîne 

n'existe  plus  dans  la  bordure  extérieure,  et,  entre  les  deux,  la  région 

des  «  Klippcu  »,  de  Neumarkt  à  Ëperies,  forme  comme  un  passage 

in  t  ermédiaire. 

XCntre  le  Fysch  et  le  Tongrien  de  la  bordure,  la  discordance  peut 
se  mbler  discutable.  On  pourrait,  en  effet,  voir  une  ligne  de  faille 
dans  la  ligne  si  curieuse  qui  sépare  les  bandes  (G)  et  (D),  et  qui  mar- 
otte le  contact  entre  le  Miocène  inférieur  et  le  Fysch.  Mais  le  carac- 
^re  ordinaire  et  presque  nécessaire  d'une  faille  est  de  montrer  sur 
c**  acune  de  ses  lèvres  une  série  de  terrains  variables  successivement 
rïl  is  en  contact  avec  ceux  de  la  lèvre  opposée.  Je  ne  crois  pas  qu'il 
e^ïste   de    faille    bien    avérée,    qu'on     puisse     suivre    sur    une 
ude  longueur,  toujours  bordée  sur  un  môme  côté  par  les  mêmes 
ches.  Or  ce  serait  ici  le  cas:  au  Sud  de  la  ligne  de  séparation,  les 
^ trains  varient  mais  au  Nord  c'est  toujours  le  Tongrien  inférieur 
^Vi*  on  rencontre.  C'est  plutôt  là  le  caractère  d'une  ligne  de  discor- 
^^■^îce,  et  un  mouvement  avant  le  Miocène  inférieur  semble  au  moins 
^^^n  probable.  D'ailleurs,   dans   les   Carpathes,  ce   mouvement  est 
r*  peureusement  prouvé:  à  Grundna  Dolima,   près  de  Dernbica,  les 
^*  tiches  miocènes  pénètrent  en  golfe  dans  la  zone  montagneuse  du 
y  sch,  comme  le  Nummuiilique  dans  la  vallée  de  l'Inn,  et  reposent 
^lors  nettement  en  discordance  sur  les  grès  éocènes  (2). 

tntre  Salzbourg  et   Vienne,   le  Miocène  moyen   (couches  extra- 
"d*pines  du  bassin  de  Vienne),  occupe  par  rapport  au  Fysch  la  môme 
Position  que  le  Tongrien  de  l'Ouest  ;  mais  le  Miocène  supérieur,  qui 
u  **st  pas  représenté  dans  cette  partie  de  la  bande  (D),  pénètre  au  con- 
fire profondément  à  l'intérieur  du  massif  alpin,  formant  la  partie 

(I)  Gumbel,  Bcschrcibung  dis  bayerischea  Alpengebirges,  p.  630  et  auiv, 
(t)  Von  Hauer,  /oc.  cit.,  p.  674. 


432  BERTRAND.    —   ALPES    ET   CONTINENT   EUROPÉEN.  21    mars 

intra-alpine  du  bassin  de  Vienne,  puis  ceux  de  GUns  et  de  Gratz.  Le 
calcaire  de  la  Leitha,  les  couches  de  Baden,  les  couches  à  Cérithes  et  à 
Congéries,  vont  s'appuyer  en  bancs  horizontaux  contre  les  zones 
successives  de  la  chaîne,  indifféremment  contre  1b  flysch,  le  Crétacé 
supérieur,  le  Trias  ou  les  gneiss.  Il  y  a  donc  en  là  un  grand  mouve- 
ment entre  l'Eocène  et  le  Tortonïen. 

Enfin,  en  Bavière,  comme  dans  le  Jura,  la  mollasse  supérieure  d'ean 
douce,  c'ost-a-dire  la  mollasse  tortonienne,  est  relevée  en  concor- 
dance avec  les  couches  plus  anciennes. 

On  voit  donc  qu'il  y  a  an  moins  quatre  grands  mouvements  incon- 
testables :  un  avant  le  Crétacé  supérieur,  un  second  entre  l'Eocène 
et  le  Miocène  (1),  un  autre  avant  le  Miocène  supérieur,  et  an 
dernier  après  le  Miocène  supérieur.  Un  autre  est  signalé  entre  le 
Lias  et  le  Malm  ;  enfin  on  trouve  encore,  dans  les  Carpathes,  le  Num- 
mulitique  discordant  avec  le  Crétacé,  et  plus  au  Sud,  en  Croatie,  les 
couches  à  Congéries  discordantes  avec  le  Sarmatique  (2). 

Tous  ces  mouvements  n'ont  formé  qu'une  seule  et  même  chaîne; 
c'est-à-dire  que  les  plissements  visibles  aujourd'hui,  qui  en  sont  en 
quelque  sorte  la  résultante  d'ensemble,  se  suivent  tes  uns  les  autres 
comme  s'ils  avaient  été  formés  en  une  fois.  Les  pressions  auxquelles 
ils  sont  dus  ont  agi  à  différentes  époques,  mais  toujours  sur  la  même 
zone  et  dans  le  même  sens. 

On  conçoit  dès  lors  qu'on  arrive  à  se  demander  si  ces  actions  sont 
bien  nettement  distinctes,  comme  le  voulait  l'ancienne  théorie,  si 
elles  ne  se  sont  exercées  qu'à  certaines  époques  déterminées,  fournis- 
sant ainsi  des  dates  précises  pour  la  séparation  des  périodes  géolo- 
giques ;  ou  si  au  contraire  elles  n'auraient  pas  persisté  d'une  manière 


1887.  BERTRAND.    —  AL  PB  S   ET  CONTINENT    EUROPÉEN.  433 

11  y  a  eu,  à  certaines  époques,  de  grandes  transgressions 
marines,  d'une  étendue  et  d'une  généralité  difficiles  à  expliquer, 
mais  constatées  avec  pleine  certitude.  C'est  encore  M.  Suess  qui  a 
appelé  l'attention  sur  le  fait  même  et  sur  l'importance  théorique  de  ces 
transgressions  (1).  La  plus  connue  est  celle  du  Génomanien  ;  on  peut 
citer  encore  celle  de  l'Oligocène  dans  le  Nord,  celle  de  la  Mollasse  hel- 
vélienne  dans  le  Sud-Ouest  de  l'Europe  ;  ce  sont  ces  transgressions  qui, 
en  ramenant  la  mer  dans  les  régions  déjà  plissées  et  émergées  par  le 
plissement,  seraient  la  raison  d'être  des  discordances  observées  dans 
l'intérieur  des  chaînes  ;  en  dehors  de  ces  époques,  le  progrès  du  plis- 
sement refoulerait  lentement  la  mer,  dont  les  dépôts  se  formeraient 
ainsi  sur  le  bord  de  la  chaîne  en  voie  d'élévation,  toujours  en  retrait 
et  toujours  en  concordance.  C'est  par  suite  de  la  transgression  céno- 
manienne  que  les  couches  de  Gosau ,  dans  l'intérieur  des  Alpes,  reposent 
sur  les  tranches  du  Trias,  tandis  que,  plus  au  Nord,  sur  le  bord  de  la 
chaîne,  les  couches  de  môme  âge  font  suite  en  concordance  au  Crétacé 
inférieur.  De  môme  la  discordance  de  l'Eocène  et  du  Tongrien  cor- 
respondrait à  la  transgression  oligocène,  celle  des  couches  du  bassin 
de  Vienne  à  la  transgression  miocène  (â). 

Si  donc  les  faits  ne  s'opposent  pas  d'une  manière  formelle  à  la 
seconde  hypothèse,  celle  de  l'effort  et  du  mouvement  continu,  quels 
sont  les  arguments  dont  on  peut  l'appuyer?  Ils  ne  peuvent  guère  être 
tirés  que  de  la  nature  des  dépôts  successifs  ;  si  la  séparation  des  faciès 
sur  les  deux  versants  va  en  s'accentuant,  si  les  indices  de  rivage  se 
multiplient  dans  les  couches  les  plus  récentes,  on  pourra  en  déduire 
l'émersion,  à  un  certain  moment,  et  l'importance  croissante  d'un 
massif  central.  Ces  indices  existent,  mais  en  trop  petit  nombre  pour 
fournir  une  démonstration  :  c'est  d'abord,  à  l'époque  du  Trias,  la 
séparation  des  deux  provinces  norique  et  juvavique,  avec  leurs  faunes 
si  distinctes,  séparation  que  M.  Mojsisovics  serait  tenté  d'attribuer  à 
l'extension  des  récifs  coralliens  (3).  Il  n'y  a  pas  encore  émersion;  la 
zone  centrale  aurait  seulement  formé  un  haut-fond.  A  l'époque  juras- 
sique, la  communication  est  rétablie  entre  les  deux  provinces  ;  il  y  a 
pourtant  à  citer  les  couches  liasiques  à  charbon,  de  Gresten,  et  les 
empreintes  déplantes  terrestres  bathoniennes  aux  Sette  communi. 
Pendant  la  période  crétacée  il  s'est  formé  entre  Corne  et  Bergame  des 

(1)  Die  Entstehung  der  Alpen  p.  104  et  suiv. 

(2)  Il  n'est  pas  inutile  de  faire  remarquer  que  les  dôpût*  tondrions  des  Alpes  se 
rattachent  à  la  mer  du  Nord  et  les  dépôts  miocènes  du  bassin  de  Vienne  à  la  mer 
dn  Sud,  et  qu'ainsi  les  deux  discordances  correspondent  bien  aux  périodes  distinctes 
de  transgression  des  deux  mers,  septentrionale  et  méridionale. 

(3)  Mojsisovics  :  Die  Dolomitriffe  von  Sud,  TyroL 

XV.  28 


BERTBAND.    —   AlPRS    ET   COSTINUNT   EOROPftBS. 


21    mars 


grès  à  poudingue»  qui  reposent  sur  la  Majolica;  mais  c'est  surtout 
dans  les  couches  dites  de  Gosau,  depuis  la  Carinlhie  jusqu'à  I» 
Bavière,  que  ces  phénomènes  de  rivage  sont  accusés.  Ils  se  retrouvent 
au  Nord  dans  la  ïone  du  Flysch  (grès  et  conglomérats)  et  dans  celle 
du  Tongrien  (poudingues  el  lignite*). 

En  tout  cas,  le  mouvement  de  plissement,  continu  ou  non,  a  cer- 
tainement été  progressif,  se  propageant  de  la  zone  centrale  vers  le 
Nord  ;  c'est  là  le  fait  capital  qui  ressort  des  développements  précé- 
dents (t).  La  zone  Iriasique  (zone  B),  s'est  trouvée  émergée  après  te 
dépôt  des  couches  néocomiennes,  et  quand  la  mer  y  est  revenue  Ô  l'é- 
poque du  Crétacé  supérieur,  les  étages  antérieurs  étaient  déjà  plissés 
cl  dénudés,  puisque  les  couches  de  Gosau  se  sont  déposées  sur  leurs 
tranches.  L'effort  de  plissement  no  s'était  au  contraire  pas  encore  fait 
sentir  sur  la  zone  (C),  puisque  tout  le  Crétacé  y  est  concordant, 

La  Eone  (C)  est  limitée  au  Nord  par  une  ligne  qu'on  ne  peut  guère 
interpréter  que  comme  une  ligne  de  discordance;  cette  ïone,  déjà 
plhsée,  a  donc  du  former  le  rivage  de  la  mer  tongrienne;  le  plisse- 
ment s'est  accentué  pendant  le  Miocène,  puisque  cette  ligne  est  do- 
venue  une  ligne  surplombante;  mais  i!  s'e«t  arrêté,  au  moins  a  l'Est, 
pendant  le  Tortonien,  puisque  le  Torlonien  du  bassin  de  Vienne 
repose  horizontalement  contre  les  plis  des  zones  (A),  (B)  el  (C). 

Le  mouvement  à  l'époque  torlonienne  s'est  donc  localisé  dans  la 
bande  (D),  et  rien  ne  prouve  qu'il  ne  fat  pas  déjà  arrêté  dans  les  Car- 
phathes.  De  même  dans  le;  Pyrénées,  qui  «ont  aussi  une  dépendance 
de  système  alpin,  et  où  l'on  retrouve  ans  Maux-Chaudes  la  discor- 
dance de  Gosau,  le  mouvement  s'est  arrêté  beaucoup  plus  tôt  eucore, 
à  la  Gn  de  l'Eocènc,  après  le  plissement  de  la  bande  (C). 

On  peul  résumer  ainsi  ce  qui  précède  : 

Les  Alpes,  de  la  Suisse  à  l'Autriche  et  aux  Carpalhes,  forment  une 
mémo  zone  de  plissements,  et  par  conséquent  une  même  chaîne. 

11  est  prouvé  que  la  formation  de  celte  chaîne  est,  selon  l'expres- 
sion de  M.  de  Lapp  irent,  une  œuvre  de  longue  baleine,  et  que  pour 
la  partie  nord,  le  plissement  s'est  propagé  de  l'axe  de  la  chaîne  vers 
la  bordure;  il  esl /.itssibir,  niais  il  n'est  ^a*  prouv'-  querelle  propaga- 
tion se  soit  faite  d'une  manière  intermittente  el  par  saccades.  Ce  que 
nous  savons  peut  s'accorder  avec  l'hypothèse  d'un  mouvement  unique, 
continu  et  régulier,  comme  avec  celle  d'une  série  de  mouvements 
relativement  brusques.  Dans  la  seconde  hy-polliè^;,  les  discordances 
marqueraient  l'époque,  la  «  date  »  de  ces  mouvements  ;  dans  la  pre- 


1887.  BERTRAND.   —  ALPES  BT  CONTINENT  EUROPÉEN.  435 

mi  ère,  elles  indiqueraient  seulement  le  moment  oh  les  grandes 
transgressions  marines  sont  venues  atteindre  la  zone  de  plisse- 
ments (1). 

Ces  mouvements  progressifs  ont  eu  pour  résultat  de  refouler  peu  à 
peu  la  mer  dans  un  étroit  canal,  entre  la  zone  soulevée  et  l'ancien  con- 
tinent. Dans  ce  canal  se  sont  trouvées  réalisées,  d'abord  à  l'Est,  plus 
tard  seulement  à  l'Ouest,  les  conditions  nécessaires  à  la  formation  du 
Fysch.  Quelles  qu'aient  été  ces  conditions,  difficiles  à  préciser,  il  est 
clair  qu'elles  devaient  être  en  rapport  avec  le  phénomène  même  de 
soulèvement,  puisqu'elles  ne  se  sont  produites  que  dans  la  zone  de 
bordure. 

Enfin  la  mer  a  été  chassée  de  ce  dernier  domaine;  les  dernières 
couches  tertiaires  ont  été  plissées  à  leur  tour;  puis,  là  où  l'effort 
s'est  prolongé  plus  longtemps,  elles  ont  été  couchées  sur  l'obstacle 
résistant. 

Chatne  hrrcynirnne.  Examinons  maintenant  l'Europe  au  Nord  des 
Alpes  (flg.  4).  Sauf  de  rares  exceptions,  déjà  mentionnées  plus  haut, 
les  terrains  secondaires  et  tertiaires  n'y  sont  pas  plissés,  et  au  milieu 
d'eux  émergent  des  massifs  de  terrains  primaires  ou  cristallins.  Ces 
massifs  sont  :  la  Bohème  avec  le  Thùringer  Wald,  le  Hartz,  les  Àr- 
dennes,  les  Vosges  et  la  Forêt-Noire,  le  Plateau  central  de  la  France, 
la  Bretagne  et  le  Cornouailles.  Ce  sont,  comme  l'a  dit  depuis  long- 
temps d'Omalius  d'Halloy,  les  restes  non  submergés  ou  revenus  au 
jour  d'une  vieille  Europe,  de  l'Europe  de  la  fin  des  temps  primaires. 
Or,  on  peut,  dans  ces  massifs,  retrouver  la  trace  d'une  ancienne 
chaîne,  morcelée  et  en  partie  disparue,  mais  qui  a  eu  son  unité,  oro- 
graphique et  géologique,  telle  que  nous  venons  deladéiinir  pour  les 
Alpes  (2). 

11  y  a  d'abord  une  distinction  importante  à  établir  entre  les  massifs 
que  je  viens  de  citer  et  ceux  qui  se  trouvent  plus  au  Nord,  entre  l'Ir- 
lande et  la  Scandinavie.  Dans  les  premiers,  les  terrains  primaires,  en 
dehors  du  Houiller  supérieur  et  du  Permien,  se  montrent  en  général 
concordants  entr'eux  et  fortement  plisses.  Dans  ceux  du  Nord,  au 
contraire,  le  Carbonifère,  le  Dévonien,  et  même  le  Silurien  supérieur, 
ne  sont  pas  plissés  et  reposent  le  plus  souvent  en  discordance  sur  les 
termes  plus  anciens.  C'est  une  distinction  toute  semblable  à  celle  que 
nous  avous  faite  entre  les  Alpus  et  leur  «  Yorlaud  ». 

Or,  entre  les  deux  régions,  c'est-à-ùire  à  une  place  correspondante 

(1)  Suess.   Dus  An/lit:  d-r  Uni,;  j..  .Mi. 

(2)  Suess.  Ueber  untcrbrochune  Ocbi/fjs/'a'Unng,  Siti'b.  «Jer  Kais.  AkaU.  der  Wis- 
sensch.,  Vienne,  déc.  1886. 


436  BERTRAND.    —    ALPBS    ET  COKTIKKNT    EUROPÉEN.  31    mars 

à  celle  qu'occupe  le  Fysch,  nous  trouvons  une  bande  discontinue  de 
terrains  houillers,  d'abord  ceux  du  Sud  de  l'Irlande  et  du  pays  de 
Galles;  puis,  de  l'autre  côté  du  bassin  de  Londres,  ceux  du  Nord  de 
la  France  et  de  la  Belgique,  étendu  ceux  de  la  Westphalie.  Dans  l'Ir- 
lande, dans  le  Nord  de  la  France  et  en  Belgique,  les  contourne  m  eu  ta 
et  les  renversements  des  couches  houillères  rappellent,  d'une  manière 
remarquable,  ceux  des  terrains  alpins  (1).  Les  plissements  de  la 
Westphalie  rappelleraient  plutôt  ceux  des  Carpathes. 

11  y  a  donc  là  une  double  analogie,  analogie  de  position  et  analogie 
déstructure,  qui  nous  amène  à  rapprocher  cette  bande  de  terrains 
houillers  de  la  bordure  tertiaire  des  Alpes.  J'ajouterai  qu'il  y  a  une  troi- 
sième analogie,  l'analogie  minéralogique;  certaines  parties  dn  Fysch 
offrent  avec  le  terrain  houiller  une  ressemblance  remarquable.  Il  y  a 
longtemps  que  H.  Potier,  sans  idée  théorique  préconçue,  a  appelé 
mon  attention  sur  ce  point  en  me  montrant  le  Fysch  des  Alpes- 
Maritimes. 

Or  il  est  facile  devoir  que  les  plis  des  différents  massifs  primaires 
s'alignent  bien  parallèlement  à  cette  nouvelle  zone  de  bordure,  et  la 
suivent  au  Sud,  comme  les  bandes  (A)  et  (B)  suivent  dans  les  Alpes 
la  bordure  tertiaire.  Dans  l'Irlande  et  le  pays  de  Galles,  la  direction 
est  de  l'Est  à  l'Ouest  ;  elle  est  partagée  par  les  plis  du  Carbonifère  et 
du  Dévonien  dans  le  Devonshire,  par  ceux  de  toute  la  série  primaire 
et  des  gneiss  en  Bretagne.  Au  Sud  seulement,  les  plis  s'infléchissent 
progressivement  vers  le  Sud-Est,  formant  l'éventail,  comme  les  plis 
alpins  à  partir  de  la  Styrie,  et  probablement  déviés  par  la  masse  plus 
ancienne  du  Plateau  central. 
De  même  à  l'Est,  les  plis  du  Hartz  occidental,  du  Westerwald,  du 


1687.  BERTRAND.    —   AtPEB   ET   CONTINENT    EUROPÉEN.  437 

Sud-Est.  C'est,  d'après  M.  Losseo  (1),  la  rencontre  de  deux  soulève- 
ments &  angle  droit.  J'y  verrais  plutôt  simplement  le  résultat  d'une 


j'-^&ttI  jqX*rtlru>nal'  dt.  ta-  chaîna  coLsdoi 
.''-''''' fjord sTpernirionuL  cfc  t&  chaîne  her 


torsion  analogue  a  celle  des  Carpathes,  mais  plus  brusque.  La  banda 

(1)  lahrb.   À",  pieuss.  geol.  Landesanstalt,  II,  lêB!, 


438  BBBTHAÏID.   —    ALPES  ET  CONTINENT  ECROPËB5.  31   mars 

houillère  se  retrouve  d'ailleurs  plus  loin,  toujours  pliisée,  quoique 
moins  fortement,  en  Silésie  et  dans  le  bassin  du  Donetz. 

Il  y  a  donc  bien  nettement  un  système  de  plissements,  qui  affecte 
seulement  les  terrains  primaires  et  qui  traverse  l'Europe  en  écharpe, 
de  la  Silésie  au  Sud  de  l'Irlande.  C'est  ce  que,  dans  mon  cours,  à 
l'École  des  Mines,  j'avais  appelé  la  «chaîne  houillère  ».  M.  Suess  a 
proposé  les  noms  de  «  variscische  (1)  et  armoricanische  Gebirgea.  Tout 
en  reconnaissant  qu'une  désignation  géographique  est  préférable, 
j'aime  mieux  reprendre  l'ancien  nom  d'Hercynien,  plus  familier  à 
des  lecteurs  français,  quitte  à  l'étendre  bien  au  delà  de  sa  significa- 
tion primitive.  Le  choix  du  nom  est  d'ailleurs  secondaire;  mais  la 
considération  de  la  chaîne  a  un  grand  intérêt  au  point  de  vue  de 
l'histoire  géologique  de  l'Europe. 

La  formation  de  cette  chaîne,  pas  plus  que  celle  des  Alpes,  n'a  été 
l'œuvre  d'un  jour,  ni  même  celle  d'une  seule  période  géologique.  On 
sait  que  la  discordance  la  plus  fréquente  qu'elle  ait  introduite  entre 
les  terrains  se  place,  comme  l'a  montré  le  premier  M.  Douvlllé  (2), 
antre  le  Bouiller  moyen  et  le  Houiller  supérieur.  Peut-être  y  a-t-il  eu 
à  ce  moment  un  mouvement  d'une  importance  plus  grande;  mais 
peut-être  aussi  la  généralité  de  cette  discordance  tient-elle  simple- 
ment à  ce  que  les  terrains  bouitlers  supérieurs  sont  des  terrains 
lacustres  et  ne  se  trouvent  pas  sur  la  bordure  extérieure  de  la  chaîne. 

En  effet,  si  le  plissement  est  progressif,  les  lacs  qui  pourront  se 
former  dans  la  partie  émergée  de  la  chaîne,  s'établiront  en  général 
sur  les  tranches  des  couches,  et  l'on  peut  appliquer  à  leurs  dépôts 
tout  ce  que  j'ai  dit  sur  les  terrains  ramenés  par  une  transgression 


1887.  BERTRAND.    —  ALPfifi   ET   CONTINENT    EUROPÉEN.  439 

puis  le  Houiller  moyen  jusqu'au  Permien.  Dans  l'ancienne  théorie, 
c'est  une  anomalie  presque  inexplicable;  si,  au  contraire,  il  y  a  eu 
mouvement  progressif,  rien  n'est  plus  naturel,  rien  n'est  plus  con- 
forme à  ce  que  nous  avons  dit  sur  les  Alpes.  Il  existe  d'ailleurs  entre 
la  position  du  bassin  de  Saarbruck  dans  la  chaîne  hercynienne  et 
celle  du  bassin  de  Vienne,  dans  la  chaîne  alpine,  une  remarquable 
analogie,  qu'il  est  intéressant  de  faire  ressortir. 

Il  y  a,  actuellement,  dans  les  débris  de  la  chaîne  hercynienne, 
(Carte,  flg.  4),  une  large  interruption  entre  la  Westphalie  et  le  llartz; 
en  ce  point,  la  bande  houillère  s'interrompt  également;  mais  si  elle 
a  primitivement  bordé  toute  la  chaîne  hercynienne,  comme  fait  le 
Fysch  pour  les  Alpes,  la  position  du  Harlz  montre  qu'elle  était  là 
fortement  déviée  vers  le  Nord,  et  la  direction  des  plis  en  Silésie, 
prouve  qu'elle  devait  ensuite  se  recourber  vers  le  Sud;  elle  devait 
donc  décrire  un  arc  comparable  à  celui  des  Garpathes.  A  l'Ouest  de 
cet  arc,  au  point  de  déviation  et  de  torsion,  une  trouée  s'était  faite 
dans  la  chaîne,  tout  à  fait  comparable  à  celle  de  Vienne  à  l'Ouest  des 
Garpathes;  c'est  elle  dont  la  place  est  encore  marquée  par  l'intervalle 
signalé  entre  les  massifs  de  la  Westphalie  et  du  llartz  et  par  la, 
dépression  de  la  Hesse.  Par  cette  coupure,  les  eaux  où  se  dépo- 
saient les  terrrains  houillers  du  Nord,  ont  pu  pénétrer  dans  Tinté* 
rieur  de  la  chaîne  jusqu'à  Saarbruck;  là  elle  se  sont  étendues  sur  les 
couches  dévoniennes  déjà  plissées,  et  par  conséquent  la  succession 
normale  et  complète  du  Nord-Est  remplacée  par  une  lacune  avec 
discordance.  Plus  tard,  la  mer  a  été  refoulée  du  canal  septentrional; 
le  bassin  de  Saarbruck  s'est  isolé  et  les  conditions  de  dépôt,  d'abord 
identiques  à  celles  du  Nord,  se  sont  rapprochées  de  plus  en  plus  de 
celles  des  bassins  lacustres  du  centre  de  la  France.  Mais  la  sédimen- 
tation est  restée  continue,  et  l'on  s'explique  ainsi  comment  à  Saar- 
bruck, où  se  sont  cependant  faitsenlir  sans  aucun  doute  les  mômes 
mouvements  qu'au  Nord  et  au  Sud,  le  Houiller  moyen  et  supérieur 
sont  en  parfaite  concordance,  tandis  que  dans  les  régions  voisines, 
par  suite  d'un  changement  général  do  régime  (émersion  du  Nord, 
établissement  des  lacs  du  Sud),  la  discordance  est  la  règle  entre  ces 
deux  termes.  Nul  exemple  ne  me  semble  plus  probant  en  faveur  de 
la  théorie  des  mouvements  lents. 

A  Saarbruck,  le  Trias  est  discordant  avec  le  Permien.  Cette 
discordance  est  connue  en  plusieurs  autres  points,  et  notamment 
sur  les  bords  du  Plateau  central.  Sans  entrer  ici  dans  des  détails  qui 
m'entraîneraient  trop  loin,  je  veux  seulement  indiquer  que  toutes 
les  régions,  où  l'on  trouve  ainsi  la  preuve  d'un  mouvement  anté- 
triasique,  se  rattachent  à  la  région  hercynienne,  et  que  l'orientation 


440  BERTRAND.    —   ALPES    ET    CONTINENT    EUBOFÉEK.  21    mars 

des  plis  y  est  précisément  celle  de  la  chaîne.  Ce  sont  des  synclinnanx 
qui  ont  rejoué  ou  qui  ont  continué  à  s'accentuer.  H  faut  en  conclure 
que  les  mouvements  qui  ont  formé  la  chaîne  hercynienne  ne  se  sont 
pas  arrêtés  avant  la  fin  du  Permien.  Celte  considération  a  une 
assez  grande  importance,  parce  qu'elle  va  nous  permettre  tout  à 
l'heure  de  relier,  au  moins  avec  une  certaine  vraisemblance,  les 
Alleghanis  et  l'Oural  à  la  chaîne  hercynienne. 

On  voit  donc  qu'il  existait  en  Europe,  à  la  fin  de  la  période  pri- 
maire, une  chaîne  de  montagnes  tout  à  fait  comparable  aux  Alpes, 
s'étendant  au  moins  de  la  Bretagne  et  du  pays  de  Galles  à  la  Saxe  et 
&  la  Silésie;  la  structure  en  était  la  même  ;  la  hauteur  de  ses  som- 
mets, produits  par  des  plissements  aussi  énergiques,  ne  devait  pas 
être  moindre  (1)  ;  et  quant  à  l'histoire  de  sa  formation,  nous  pouvons 
répéter,  presque  terme  pour  terme,  ce  que  nous  avons  dit  des  Alpes  : 

Le  mouvement  de  plissement,  s'il  n'a  pas  été  continu,  a  été  au 
moins  progressif,  et  s'est  propagé  de  la  zone  centrale  vers  le  Nord, 
c'est-à-dire  vers  le  bord  de  la  chaîne.  La  mer  a  été  peu  à  peu  refoulée 
dans  un  étroit  canal  entre  la  zone  soulevée  et  l'ancien  continent,  le 
«  Vorland  ».  Dans  ce  canal,  se  sont  trouvées  réalisées  les  conditions 
nécessaires  à  la  formation  du  terrain  à  houille  (dont  l'âge  vrai  peut 
varier  du  Culm  au  Permien,  comme  celui  du  Fysch  varie  du  Crétacé 
au  Miocène  inférieur).  Puis  cette  dernière  bande  a  été  plissée  a  son 
tour  et  couchée  en  partie  sur  l'obstacle  résistant. 

De  la  chaîne  hercynienne,  il  ne  reste  en  Europe  que  des  lambeaux 
isolés,  des  Honte,  pour  employer  l'expression  de  M.  Suess.  La  chaîne, 
une  fois  formée,  et  sans  doute  alors  aussi  continue  que  le  sont 
aujourd'hui  les  Alpes,  s'est  tassée  inégalement  et  par  compartiments  ; 


1887.  BERTRAND.   —    ALPES  ET  CONTINENT  EUROPÉEN.  441 

plissée,  d'une  chaîne  plus  ancienne,  que  j'appellerai,  avec  M.  Suess, 
la  chaîne  calédonienne  (1). 

Il  n'y  a  pas  longtemps  que  nous  connaissons  les  preuves  de  son 
existence  :  dans  les  monts  Grampians,  en  Ecosse,  le  gneiss  est  renversé 
pendant  plusieurs  kilomètres  sur  le  Silurien,  comme  le  Dévonien 
sur  le  Houiller  de  Belgique,  comme  le  Trias  sur  le  Fysch.  Il  y  a  qua- 
rante ans  qu'un  géologue  modeste  et  peu  connu,  Nicol,  s'était  rendu 
un  compte  exact  de  la  structure  des  Grampians  ;  mais  Murchison  avait 
donné  une  autre  explication  et  déclaré  que  les  gneiss  des  Grampians 
étaient  siluriens.  Nicol  aima  mieux  garder  pour  lui  sa  conviction  et 
taire  ses  preuves  que  d'entamer  la  lutte  et  de  compromettre  son 
amitié  avec  le  chef  tout  puissant  de  l'école  anglaise.  Les  opérations 
de  détail,  commencées  par  le  Surwey,  ont  démontré  que  Nicol  avait 
vu  juste,  et  le  savant  directeur  du  Surwey,  M.  Geikie,  l'ancien 
champion  des  idées  de  Murchison,  a  proclamé  que  le  recouvrement 
était  incontestable  (2). 

Au  pied  des  Grampians,  au  Sud-Est,  est  le  vieux  grès  rouge,  peu 
incliné.  Les  plissements  de  cette  nouvelle  zone  datent  donc  de 
l'époque  du  Silurien.  La  Norwège,  avec  sa  structure  si  semblable  à 
celle  de  l'Ecosse,  avec  ses  lambeaux  horizontaux  de  poudingues 
vraisemblablement  dévoniens,  en  semble  bien  être  au  Nord-Est  la 
continuation  ;  et  c'est  peut-être  un  argument  de  plus  d'y  trouver 
citée  l'alternance  des  gneiss  et  des  strates  à  fossiles  siluriens  (3). 

La  direction  des  plis  des  Grampians  est,  d'ailleurs,  la  prolongation 
de  celle  des  Alpes  Scandinaves  ;  on  est  donc  amené  à  présumer 
l'existence  d'une  troisième  chaîne,  dont  le  bord  septentrional  est 
marqué,  au  moins  en  Ecosse,  par  les  mêmes  accidents  que  le  bord 
des  Alpes  et  le  bord  de  la  chaîne  hercynienne,  et  où  Ton  rencontre 
également  une  spécialisation  intéressante  dans  le  faciès  des  der- 
niers terrains  plissés  ;  les  schistes  à  Graptolites,  en  effet,  par  leur 
épaisseur,  leur  uniformité  et  l'absence  de  débris  organiques  autres 
que  les  Graptolites,  me  sembleraint  pouvoir  être  rapprochés  du 
terrain  houiller  et  du  Fysch. 

Il  reste  à  montrer  que  la  même  loi  est  applicable  pour  cette  chaîne 
que  pour  les  chaînes  prédentes  et  que  c'est  contre  un  continent  plus 
ancien  qu'est  également  venue  s'appliquer  la  zone  de  ridement.  Mais 
auparavant,  il  est  utile  d'analyser  sommairement  la  structure  de  la 
partie  orientale  de  l'Amérique  du  Nord. 

(1)  Suess:  Ueàer  tinter brochene  Gebirysfaltuny. 
(t)  Geikie,  Textbook,  p.  574. 
(3;  Id.  id.,  p.  06ô. 


BSItTUab.    —  AlPES    ET   CONTIWEST   EUROPE». 


1887.      BERTRAND.  —  ALPF6  ET  CONTINENT  EUROPÉEN.        449 

Comparaison  avec  l'Amérique  du  Nord.  —  Parallèlement  à  la  côte  de 
l'Atlantique  (v.  la  Carte,  flg.  5),  s'étend  la  chaîne  des  Alleghanis, 
bien  connue  par  la  régularité  de  ses  plis,  dont  l'allure  rappelle  ceux 
du  Jura.  Tous  les  terrains  primaires  jusqu'au  Houiller  (et  môme 
jusqu'au  Permien,  comme  l'a  montré (1) l'élude  delà  flore)  prennent 
part  à  ces  plissements.  Les  plis  s'abaissent  progressivement  à  l'Ouest 
et  ne  se  présentent  plus  que  sous  forme  de  molles  ondulations  on 
arrivant  à  la  grande  plaine  du  Missis^ipi,  où  l'on  rencontre  la  môme 
série  de  terrains,  mais  à  peu  prè*  horizontale.  Gomme  âge  d'ensçm- 
ble,  les  Alleghanis  peuvent  se  comparer  à  la  chaîne  hercynienne,  et 
comme  elle,  ils  sont  bordés  d'une  zone  de  terrains  houillers,  qui,  là, 
comprend  le  Permien. 

Au  Nord  des  Alleghanis,  on  trouve  la  chaîne  des  Montagnes  Vertes, 
où  le  Silurien  inférieur  et  moyen  est  plissé  avec  failles  et  renverse- 
ments, tandis  qu'à  l'Ouest  le  Silurien  supérieur  est  horizontal  et  dis- 
cordant avec  la  série  inlérieure  (2).  Comme  les  Alleghanis  à  la  chaîne 
hercynienne,  les  Montagnes  Yertes  correspondraient  à  la  chaîne 
calédonienne. 

Or,  si  l'on  examine  sur  la  carte  (flg.  5)  la  position  respective  de 
ces  différentes  chaînes,  on  voit  qu'elles  se  regardent  en  quelque 
sorte  des  deux  côtés  de  l'Océan  Atlantique,  que  la  bordure  houillère 
de  la  chaîne  hercynienne  prolongée  va  rejoindre  celle  des  Allegha- 
nis, et  que  la  chaîne  calédonienne,  également  prolongée,  irait  abou- 
tir près  de  celle  des  Montagnes  Vertes.  La  possibilité  d'une  ancienne 
liaison  continue  s'offre  ainsi  à  l'esprit 

Sans  doute  on  ne  peut  la  considérer  comme  démontrée.  Pour  se 
garder  des  conclusions  hâtives,  il  suffit  de  réfléchir  que  les  Antilles 
et  les  deux  chaînes  de  l'Ouest  de  la  Méditerranée,  la  chaîne  bétique 
et  l'Atlas,  se  font  face  également  aux  deux  extrémités  de  l'Atlantique, 
représentant  des  deux  côtés  de  larges  plis  anticlinaux  dont  la  clef  de 
voûte  s'est  effondrée.  Or,  là,  il  est  h  peu  près  certain  que  la  prolon- 
gation sous-marine  des  plissements  n'existe  pas;  il  serait  en  effet 
invraisemblable,  vu  leur  origine  relativement  récente,  que  cette  prolon- 
gation ait  existé  et  qu'aucune  saillie  relative  n'en  ait  conservé  la 
trace.  Mais  pour  les  chaînes  plus  anciennes,  cette  sorte  d'arguments 
a  moins  de  valeur,  et  d'autres  au  contraire  militent  fortement  en 
faveur  de  l'ancienne  jonction  ;  ce  sont  ceux  qu'on  peut  tirer  de  la 
comparaison  des  flores  et  des  faunes  successives. 

En  eflet,  les  flores  terrestres  du  Dévonien  et  du  Carbonifère  pré- 


(1)  While  et  Fontaine,  Permion  flora  of  \\~>H  Virginia,  \SSO. 
(*)  Dana,   Manual  ofGcul'jyy  |>.  vu. 


444  BERTRAND.    —   ALPES    ET    CONTINENT   EUROPÉEN.  21    ma» 

sentent  beaucoup  plus  de  ressemblance,  en  Europe  et  aux  Etats- 
Unis,  que  les  faunes  marines  du  même  âge.  De  plus,  jusqu'à  l'époque 
miocène,  les  espèces  côtières  semblent  s'être  facilement  propagées 
de  l'Europe  à  l'Amérique  ;  la  faune  crétacée  des  Antilles,  avec  ses 
Polypiers,  ses  Acléonelles,  ses  Nérinées,  ses  Rudistos,  montre  des 
rapports  frappants  avec  celle  de  Gosau  dans  les  Alpes.  Les  Polypiers 
éocènesde  la  Jamaïque  et  de  Cuba  sont  les  mêmes  que  ceux  des 
récifs  de  Castel-Gomberto,  dans  le  Vicentin,  et  les  oursins  miocènes 
d'Antigua  se  retrouvent  à  Halte  (1).  Ces  rapprochements  ont  suggéré 
à  M.  Suess  l'hypothèse,  adoptée  par  M.  de  Lapparent  (2),  qu'un 
ancien  continent  ou  qu'une  chaîne  d'Iles,  l'Atlantide  de  Platon, 
aurait  relié  l'Europe  à  l'Amérique  jusqu'à  l'époque  miocène.  Ce 
continent  ou  cette  chaîne  d'îles  n'aurait  été  autre  chose  que  les 
débris  de  la  chaîne  hercynienne. 

Ancien  continent  Arctique.  Quoi  qu'il  en  soit,  et  que  les  deux 
zones  de  plissement  aient  été  ou  non  continues,  elles  existent  en 
Europe  et  en  Amérique,  avec  la  même  position  respective.  Or  tous 
les  indices  montrent  (3)  qu'au  Nord  de  ces  deux  chaînes  il  existait, 
au  début  de  l'ère  primaire,  un  grand  espace  continental.  Pour 
l'Amérique,  il  ne  peut  guère  y  avoir  de  doute  que  le  Canada  n'ait  formé 
rivage  à  l'époque  silurienne.  Le  Groenland  est  également  une  terre 
de  gneiss  et  de  granité  ;  et  entre  les  deux,  nulle  part  vers  le  Nord  ou 
ne  connaît  de  dépôts  plus  anciens  que  le  Silurien  supérieur.  Ce  der- 
nier occupe  les  environs  de  la  baie  d'Undson  et  reparaît  dans  le 
canal  de  Grinnel,  mais  ce  n'est  que  par  suite  d'une  invasion  posté- 
rieure de  la  mer,  plus  ou  moins  connexe  duridemeut  silurien. 


1887.       BERTRAND.  —  ALPES  ET  CONTINENT  EUROPÉEN.        445 

de  ce  ridement  préalable  des  gneiss,  sur  les  tranches  desquels  ils 
reposent  comme  dans  nie  de  Gothland.  On  ne  peut  s'empêcher 
alors  d'être  frappé  de  la  grande  analogie  de  position  des  Alleghanis 
et  de  l'Oural  par  rapporta  ces  deux  pointes  saillantes  du  continent 
archéen.  Les  deux  chaînes  comprennent,  d'ailleurs,  les  même  terrains 
plissés  de  la  même  manière,  et  elles  sont  également  renversées  sur 
deux  grandes  plaines,  où  ces  terrains  sont  restés  horizontaux.  Il  est 
donc  très  probable  que  l'Oural,  malgré  sa  direction  divergente,  doit 
se  rattacher  à  la  chaîne  hercynienne,  puisque  comme  elle  et  en 
même  temps  qu'elle,  il  a  été  appliqué  contre  les  bords  du  continent 
plus  ancien. 

Résumé.  —  La  formation  du  continent  européen  actuel  semble  ainsi 
résulter,  malgré  sa  complexité  apparente,  d'une  série  de  mouvements 
remarquablement  réguliers  et  relativement  très  simples  :  trois 
grandes  rides  formées  successivement,  chacune  en  retrait  de  la  pré- 
cédente, et  toutes  trois  renversées  sur  leur  bord  septentrional.  La 
règle  posée  par  Dana,  que  les  zones  successives  de  plissement  se 
forment  sur  le  bord  de  l'Océan  et  vont  s'appliquer  contre  le  conti- 
nent plus  ancien,  est  peut-être  mieux  applicable  à  l'Europe  qu'à  l'A- 
mérique pour  laquelle  elle  a  été  faite. 

Ce  qui  fait  que  pour  l'Europe,  ces  mouvements  simples  ont 
donné  une  figure  résultante  si  compliquée,  qui  semble  contraster  avec 
la  symétrie  de  l'Amérique  du  Nord  ;  ce  qui  a  pu  faire  dire  que  les 
deux  continents  étaient  construits  sur  des  plans  différents,  c'est  sur- 
tout le  phénomène  déjà  signalé  du  morcellement  et  du  tassement 
irrégulier  des  chaînes  européennes  après  leur  formation.  Mais  une 
fois  que  par  la  pensée  on  a  reconstruit  leur  continuité  primitive, 
l'histoire  de  notre  petit  continent  se  dessine  avec  autant  de  netteté 
que  celle  de  l'Amérique  du  Nord,  avec  laquelle  d'ailleurs  elle  se 
confond  presque  au  début. 

Gomme  il  est  naturel,  l'histoire  des  dépôts  sédimentaires  est 
intimement  liée  à  celle  des  phénomènes  orogéniques,  et  la  consi- 
dération des  trois  chaînes  successives  permet  de  grouper  dans  une 
vue  d'ensemble  les  particularités  des  phénomènes  sédimentaires  aux 
différentes  périodes. 

A  l'époque  silurienne,  la  terre  est  au  Nord  ;  la  mer  couvre  la  plus 
grande  partie  de  l'Europe  et  de  l'Amérique  septentrionale.  Une  ride 
se  forme  de  la  Norwège  au  Saint-Laurent,  avec  des  apophyses  méri- 
dionales plus  ou  moins  comparables  à  celles  des  Alpes,  c'est-à-dire 
aux  péninsules  méditerranéennes,  <.'.  correspondant  aux  discordances 
du  Shropshire  et  des  Ardennes. 


416  BERTHAHD.    —   ALPES    ET   CONTIHRNT    ECROPÊEB.  21  mari 

Cette  première  chaîne  se  disloque  ;  les  actions  atmosphériques  la 
dégradent  ;  des  masses  de  grès  et  de  poudingues  (vieux  grès  rouge) 
remplissent  les  dépressions  creusées  à  ses  pieds,  pendant  que  les 
dépôts  pélagiques  s'étendent  au  Sud. 

Une  nouvelle  ride  s'élève,  en  arrière  de  ta  première,  formant  une 
ceinture  sinueuse  au  continent,  des  Allegbanis  à  la  Westphalie,  de 
la  Silésie  au  Dniester  et  à  l'Oural.  Entre  cette  ride  et  l'ancien  con- 
tinent s'isole  le  canal  oïl  se  dépose  la  houille.  En  dehors  de  cette 
zone,  le  terrain  houiller  n'est  pas  plus  productif  en  charbon  que  les 
autres  terrains  plus  récents  ;  la  formation  de  la  bouille,  au  moins  en 
tant  que  dépôt  marin,  semble  étroitement  liée  au  soulèvement  de  la 
chaîne  hercynienne. 

La  seconde  chaîne  se  disloque  comme  la  première;  le  nouveau 
grès  rouge  comble  en  partie  les  dépressions  formées  autour  d'elle. 
Dans  ces  dépressions  s'établissent  les  lagunes  du  Trias,  les  golfes 
et  les  détroits  vascoi  du  Lias,  les  bancs  de  coraux  du  Jurassique; 
elles  reçoivent  la  série  des  dépôts  continentaux  et  littoraux,  tandis 
que  la  grande  mer  est  reléguée  au  Sud,  dans  la  région  alpine. 

Puis  les  Alpes  s'élèvent  à  leur  tour,  dessinant  une  troisième  grande 
ride,  qui  embrasse  toute  la  zone  méditerranéenne,  des  Pyrénées  à 
l'Himalaya.  Et  alors  seulement  disparaissent  dans  l'Atlantique  les 
témoins  qui  jalonnaient  l'ancienne  continuité  des  Apallaches  et  de 
la'  chaîne  hercynienne,  et  qui  expliquent  les  analogies  de  faunes 
côlières  constatées  Jusqu'à  l'époque  miocène  entre  l'Amérique  et 
l'Europe. 

Sans  doute,  il  n'y  a  là  qu'une  vue  d'ensemble,  et  bien  des  détails 
manquent  encore.  Pour  les  Alpes,  je  me  suis  borné  à  considérer  la 


1887.  DE  GHOSSOUVRE.   —  PHOSPHATES   DK   CHAUX.  447 

dresser  lentement  en  lui  masquant  l'horizon ,  puis  se  figer  en  défer- 
lant sur  ses  bords.  Plus  tard  dos  trouées  se  sont  faites  dans  cette 
grande  muraille  continue,  et  il  a  pu  voir  une  seconde  vague,  puis 
une  troisième  se  former  successivement  plus  au  Sud,  et  comme  la 
première,  venir  déferler  à  leur  tour.  11  est  probable  qu'il  doit  s'at- 
tendre aujourd'hui  à  voir  une  quatrième  vague  se  former  en  arrière 
des  Alpes,  c'est-à-dire  dans  la  région  méditerranéenne.  Mais  les 
règles  de  (rois  ne  sont  pas  applicables  à  ces  sujets,  et  nous  ne  saurons 
jamais  si  l'attente  de  notre  observateur  idéal  sera  réalisée  ou  déçue. 
A  la  suite  de  cette  conférence,  MM.  Munier-Chalrnas  et  de 
Lapparent  présentent  quelques  observations. 

Séance  du  4  Avril  1887. 
Présidence  de  M.  Albert  Gaudry 

M.  Maurice  Hovelacque,  Secrétaire  donne  lecture  du  procès-verbal 
de  la  dernière  séance  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

M.  Cotteau  présente  la  9e  livraison  des  Échinides  éocènes  de  la 
France.  Les  espèces,  qui  complètent  le  grand  genre  Scfvzaster,  sont 
décrites  et  figurées  dans  cette  livraison.  Parmi  les  types  les  plus 
remarquables,  M.  Gotteau  cite  les  Schizasler  rimosus  et  vicinalis, 
très  voisins  l'un  de  l'autre  et,  cependant,  parfaitement  distincts  par 
plusieurs  caractères,  notamment  la  position  de  l'appareil  apical  et  la 
longueur  du  sillon  antérieur.  Le  Schizaster  Slwleri  mérite  aussi  de 
fixer  l'attention  ;  M.  Cotteau  a  retrouvé  le  type  de  l'espèce  et  y  rap- 
porte, sans  hésiter,  plusieurs  beaux  exemplaires  recueillis,  par 
M.  Degrange-Touzin  et  M.  le  comte  de  Bouille,' dans  les  falaises  de 
Biarritz.  En  résumé,  vingt-six  espèces  de  Schizaster  ont  été  rencon- 
trées dans  le  terrain  éocène  de  la  France  :  deux  espèces  appartiennent 
à  TEocène  inférieur;  treize  espèces  font  partie  de  l'étage  éocène 
moyen;  onze  espèces  se  trouvent  dans  l'étage  éocène  supérieur. 
Toutes  ces  espèces  peuvent  être  considérées,  jusqu'ici,  comme 
caractéristiques  de  l'étage  dans  lequel  ou  les  rencontre  et  n'en  fran- 
chissent pas  les  limites. 

M.  A.  de  Grossouvre  envoie  à  la  Société  un  mémoire  intitulé  : 

# 

Elude  sur  les  gisements  de  phosphate  de  chaux  du  centre 
de  la  France  (extrait  des  Annal™  des  Mines)  et  accompagne  cette 
présentation  des  observations  suivantes  : 

Le  travail  que  j'ai  l'honneur  de  présentera  la  Société  est  le  résultat 


448  DE   GROSSOUYHE.    —   MOSI'UATËS    OE    CHAUX.  4   ami 

d'explorations  faites,  depuis  cinq  ou  sis  ans,  sur  las  terrains  sédi- 
mentaires,  qui  forment  la  bordure  du  Plateau  Central,  dans  les  dépar- 
tements du  Cher  et  de  l'Indre;  j'ai  pu  ainsi  constater  l'existence  d'un 
certain  nombre  de  niveaux  de  phosphate  de>  chaux  dans  les  systèmes 
liasique  et  oolithique  :  quelques-uns  étaient  déjà  connus  ou  même 
exploités  dans  certaines  régions,  mais  les  autres  n'avaient  pas 
encore  été  signalés.  Depuis  la  publication  de  ce  travail,  j'ai  vérifié 
leur  existence  sur  d'autres  points  et  de  ces  observations  on  peut 
conclure  que  la  présence  de  la  chaux  phosphatée  dans  les  formations 
Bédimentaires  est  un  accident  beaucoup  plus  fréquent  qu'on  ne  se 
l'imagine  d'ordinaire. 

Elle  se  présente  surtout  à  de  nombreux  niveaux  dans  le  système 
liasique. 

Le  plus  inférieur  appartient  à  l'étage  sinémurien  {zone  de  V  Ammonites 
obtusus)  et  est  l'équivalent  des  gisements  exploités  dans  4'Auxois. 

Le  phosphate  est  très  abondant  dans  le  Lias  moyen  et  H  s'y  trouve, 
eu  plus  ou  moins  grande  proportion,  sur  toute  sa  hauteur,  mais  c'est 
surtout  dans  les  couches  inférieures  qu'il  a  été  rencontré  en  quan- 
tité assez  importante  pour  être  exploitable.  Déjà,  en  1864,  Giimbel 
avait  signalé  l'acide  phospborîque  dans  les  couches  à  Am.  mar</ari . 
talus  de  la  Souabe.  Depuis  la  publication  de  notre  mémoire,  nous 
avons  reconnu  sa  présence  &  la  base  du  Lias  moyen  des  environs  de 
Digne  (Basses-Alpes),  et  nous  l'avons  constatée  encore  dans  des 
fossiles  du  Lias  moyeu  de  la  Dordogne  {zone  à  Ammonites  mpricomus 
et  zone  à  Amm.  margaritatus)  qui  nous  ont  été  communiqués  par 
notre  confrère,  M.  Mouret,  ingénieur  des  ponls-et-chaussées  a 
Péri  gueux. 


1881  D8  GROSSO  U  Y  RE.    —  PHOSPHATES  DE   CHAUX.  449 

Les  fossiles  de  Crussol  de  la  zone  à  Amm.  zigzag  nous  ont  paru, 
d'après  leur  aspect,  devoir  renfermer  une  certaine  proportion  d'acide 
phospborique,  comme  ceux  du  même  niveau  de  Niort,  mais  nous 
n'avons  pas  fait  d'analyse  pour  contrôler  cette  présomption. 

Quant  au  gisement  de  la  zone  à  Amm.  Duncani,  il  a  une  très 
grande  extension  géographique  :  nous  avons  trouvé  à  ce  niveau,  dans 
le  Gallovien  supérieur  de  Montreuil-Bellay,  des  couches  marneuses 
avec  petites  Ammonites  phosphatées  (Amm.  Lamberti,  Amm.  Dun- 
cant,...);  dans  le  Jura,  notre  confrère  M.  Ghoffat  a  déjà  signalé  la 
présence  de  l'acide  phosphorique  dans  la  zone  de  Y  Amm.  athleta,  et 
Gtimbel  avait,  en  1864,  reconnu  son  existence  dans  les  Ornatenthone 
de  la  Franconie. 

Si  les  gisements  de  chaux  phosphatée  sont  nombreux  dans  le  Lias 
et  l'Oolithe  inférieure  du  Berry,  par  contre  il  n'en  a  encore  été 
constaté  qu'un  seul  dans  le  système  crétacé  :  c'est  le  niveau  des 
gisements  du  Sancerrois  et  de  la  Puisaye  (zone  à  Amm.  inflatus\  qui  avait 
été  découvert  dès  1858  par  un  de  nos  confrères,  M.  Guéranger  (1), 
ainsi  qu'il  résulte  d'une  note  dont  nous  avons  eu  connaissance  tout 
récemment.  La  faune  de  cet  horizon  a  donné  lieu  à  une  intéressante 
étude  paléontologique  par  M.  de  Loriol  (2). 

L'abondance  des  niveaux  phosphatés  dans  les  couches  liasiques 
nous  a  conduit  à  en  donner  une  description  un  peu  détaillée  pour  la 
région  que  nous  avons  explorée  entre  la  vallée  de  la  Loire  et  le  Poitou, 
et  à  montrer  les  variations  corrélatives  de  faciès  et  de  faune  que  ces 
couches  y  subissent. 

Le  Lias  est  bien  développé  dans  le  département  du  Cher;  les 
environs  de  Saint-Amand  sont  depuis   longtemps  connus  et  clas- 
siques, principalement  pour  le  Lias  moyen.  Les  dépôts  sont  surtout 
argileux  et,  dans  la  faune,  les  Ammonites  forment  l'élément  domi- 
nant. En  se  dirigeant  vers  l'Ouest,  on  voit  l'épaisseur  des  étages  dimi- 
nuer progressivement  :  l'élément  calcaire  entre  pour  une  proportion 
de  plus  en  plus  forte  dans  leur  composition,  la  faune  se  modifie  en 
même  temps  et  les  Brachiopodes  en  constituent  la  majeure  partie. 
Un  peu  à  l'Ouest  de  la  vallée  de  la  Creuse,  toutes  les  couches  du  Lias, 
à  l'exception  de  celles  de  l'étage  toarcien,  sont  formées  par  des  cal- 
caires durs,  compactes,  dolomitiques  quelquefois,  souvent  chargés 
de  graviers  quartzeux.  Les  fossiles  ont  presque  entièrement  disparu  : 
on  n'y  trouve  plus  que  quelques  Lamellibranches,  quelques  Bélem- 

(l)  Observations  stratigraphiques  sur  le  terrain  cénomanien  de  Ségnelay  (Yonne) 
Bulletin  de  la  Soc.  des  sciences  de  l'Yonne,  1858. 

(t)  Etudes  sur  les  faunes  des  couches  du  Gault  de  Çosne  (Nièvre),  par  P.  de 
Loriol.  Méra.  Soc.  Pal.  Suisse,  IX,  1882. 

XV.  29 


450  DI   GBOSSGtTVRE.    —   PH0BPHATM    DR   CHAUX.  4   arHl 

Dîtes,  quelques  rares  Brachiopodes  ;  la  distinction  des  divers 
étages  devient  impossible. 

En  continuant  à  se  diriger  vers  l'Ouest,  on  trouve  dans  le  Poitou  le 
Lias  supérieur,  à  l'état  marneux  et  réduit  à  quelques  mètres  d'épais- 
seur, reposant  directement  sur  les  terrains  anciens. 

On  voit  donc  que,  dans  la  région  poitevine,  le  Lias,  très  réduit  et  avec 
éléments  de  charriage,  a  les  caractères  d'un  dépôt  très  voisin  des  cotes. 
En  se  dirigeant  vers  l'Est,  on  trouve  des  affleurements  correspon- 
dant à  des  dépôts  formés  a  des  distances  de  plus  en  plus  grandes 
des  anciens  rivages  :  d'abord,  des  couches  à  faciès  marneux  avec 
faune  de  Brachiopodes,  puis,  des  couches  a  faciès  argileux  avec  faune 
de  Céphalopodes. 

H.  Parandier  dépose  sur  le  bureau  pour  la  bibliothèque  de  la 
Société  une  petite  brochure  :  Géologie  de  C  arrondissement  de  Dfile 
qu'un  de  ses  vieux  amis,  auteur  d'un  ouvrage  publié  en  1840  sur  la 
Statistique  historique  de  cet  arrondissement,  lui  avait  instamment  de- 
mandée pour  l'insérer  dans  cet  ouvrage.  Elle  en  a  été  textuellement 
extraite,  et  récemment  reproduite,  puis  répandue  parmi  les  employés 
du  service  des  ponts-et-cbaussées  de  Dôle  et  de  Poligny,  qui  eu  avaient 
exprimé  le  désir. 

Elle  avait  servi  eu  1840  lors  de  son  apparition  dans  le  susdit  ou- 
vrage, à  épargner  à  trois  jurassiens  chercheurs  d'entreprises, 
une  somme  de  13  à  20,000  francs  qu'ils  voulaient  engager  dans  des 
recherches  de  houille  sur  le  versant  Sud-Ouest  de  la  montagne  de  la 
Serre;  et  encore  malgré  le  paragraphe  «Terrain  houiller»  pageS,  a-t  -il 
fallu  une  insistance  persévérante  de  M.  Parandier,  confirmée,  par  un 


iW7  yiemtt  âtnsir  sdpâribor  des  cobbiêres*  451 

de  la  hotillle  adossée  sur  l'eurite,  ainsi  que  cela  est  exprimé  (sous  lie 
titre  :  Terrain  houiller)  à  la  page  8  de  la  notice. 

M.  Parandier  offre  ensuite  à  la  Société  une  autre  brochure  in-4°  : 

«  Relèvement  de  f  agriculture  par  le  service  hydraulique  progressive- 
ment développé  partout  en  France.  »  L'auteur  dit  :  que,  sauf  un  cha- 
pitre où  il  expose  l'application  de  ses  idées  sur  les  terrains  sédimen- 
taires  triasique,  liasique,  tertiaires,  etc.,  il  n'est  pas  question  dans 
cette  brochure  de  géologie  proprement  dite,  et  qu'elle  n'a  pour  but 
que  de  faire  ressortir  la  haute  utilité  de  l'aménagement  et  de  l'utili- 
sation agricole  et  industrielle  des  eaux  par  tout  en  France.  M.  le 
Ministre  de  l'agriculture  qui  en  a  décidé  la  publication  en  a  adressé 
un  certain  nombre  dans  chaque  département  à  MM.  le  préfet  et  con- 
seillers généraux  avec  appel  à  leur  concours  pour  réaliser  les  propo- 
sitions qui  y  sont  exposées.  M.  Parandier  pense  que  l'organisation  sur 
laquelle  il  insiste  intéresse  la  Société  géologique  en  ce  qae,  dans 
l'exercice  de  la  plupart  de  leurs  attributions,  les  ingénieurs  du  ser- 
vice hydraulique  auront  inévitablement  recours  à  une  étude  spéciale 
de  stratigraphie  géologique  et  lithologique  pour  rédiger  et  justifier  leurs 
projets  de  dessèchement,  d'assainissement,  d'irrigations,  de  réservoirs 
de  recherches  et  captations  de  sources  et  d'approvisionnements  d'eaux 
potables  dont  ils  seront  ehargés  ;  c'est  ce  que  M.  Parandier  démontre 
par  les  études  géologiques  qu'ont  nécessitées  l'aménagement  des  eaux 
dans  une  propriété  qui  en  était  totalement  privée  et  les  projets  de 
dessèchement  d'un  marais  de  plus  de  800  hectares  en  môme  temps 
que  de  l'irrigation  des  versants  inférieurs  par  des  tranchées  et  un 
souterrain  dont  l'étude  nécessitait  celle  (qu'il  met  sous  les  yeux  de 
la  réunion),  géologique  détaillée  des  terrains  traversés  par  ces 
ouvrages  comme  il  en  faut  souvent  projeter  pour  des  travaux  de  cette 
nature. 

M.  Kilian  présente  au  nom  de  M.  Viguier  la  note  suivante  : 

Note  sur  /'Albien  supérieur  des   Corbiéres, 

Par  M.  Viguier. 

En  4859,  dans  son  mémoire  sur  les  Corbiôres  (p.  37 V),  d'Archiac 
cite,  d'après  un  renseignement  dû  à  M.  Noguès,  en  un  point  du 
versant  oriental  de  la  chaîne  de  Fontfroide,  situé  au  S.-O.  de  Nar- 


Avelland  cassis  d'Orb. 
Nueula  pecttnata?  Sow.  pluf 

que  le  type. 
Nueula  Bp.  T 
Fragmenta  de  Terebratutacan 

stmiglobota  ? 


452  VIGDIER   ALBIRN    SUI'ÊRIECH   DES   COHBIÈRKS.  4  avril 

bonne  et  au  S.-E.  de  la  métairie  de  la  Quille,  des  couches  marneuses 
inférieures  à  des  grès  et  dont  les  fossiles  seraient  les  suivants  ; 

Moules  de  Serpula  amphùbttna  Ûoldf. 

semblables   6   ceux    des    marne* 

bleues  du  Moulin  Tiffeau  (Séiio- 

nien  des  Bains  de  Rennes). 
Baguettes    de    Cidarit    vaicuioia 

Ooldf  7 
Fragments  de  Dcatalium  sp.  T  cras- 

D'après  ces  données,  d'Archiac  pensa  que  ces  marnes  pouvaient 
bien  appartenir  à  la  formation  crétacée  supérieure. 

En  1872,  dans  son  travail  sur  les  Corbière  s,  M.  Cairolne  mentionne 
pas  d'une  manière  précise  l'Albion  et  le  Cénomanien  dans  la  chaîne 
de  Fontfroide,  et  il  n'indique  l'Albien  que  dans  la  Clape  et  la  vallée 
de  la  Murelle.  Du  reste,  bien  que  ce  géologue  dislingue  dans  le  Gault 
des  Corbières  les  schistes  noirs  à  Ammonites  milletiama,  les  grès  à 
Trigtmia  aliformis,  les  argiles  de  Cubières  à  Echinoconus  mixtus,  il 
n'indique  pas  les  rapports  stratigraphiques  de  ces  divers  termes. 

Dans  ses  mémoires  de  1872  et  1874,  Magnan  indique,  de  la  ma- 
nière la  plus  sommaire,  dans  une  ou  deux  de  ses  coupes,  l'Albien 
inférieur  dans  la  chaîne  de  Fontfroide. 

Enfin,  en  1885,  H.  Pérou,  dans  sa  très  intéressante  étude  sur  la 
craie  à  Hippurites  des  environs  de  Fontfroide  (B.  S.  g.  F.,  3*  ser., 
t.  XIII),  put  dire,  sans  rappeler  les  indications  de  M.  Gairoi  et  de 
Magnan,  que  d'après  d'Archiac,  l'Albien  et  le  Cénomanien  man- 
queraient dans  la  chaîne  de  Fontfroide.  M.  Péron  reconnut  parmi 
les  fossiles  qui  lui  furent  montrés  &  l'abbaye  de  Fontfroide  :  Trigonia 


4887. 


YIGUIRR  ALBIEN   SUPÉRIEUR  DES  CORBIÈRBS. 


453 


Dans  la  course  que  je  fis  avec  M.  Cannât,  je  relevai  la  coupe 
suivante  : 

Fig.  i.  —  Coupe  de  la  route  de  Sigean  à  Fontcouverte, 

par  le  ruisseau  des  Pigeonniers. 


E.S.E 


Fonteouverte 

18V 


O.N.O 

260 


Ech.  -f}fj  .  Hauteurs  doublées. 

AIL  Àlluvions. 

Ag.  Calcaires  lacustres  avec  silex  blancs  de  PAquitanien,  en  couches  faiblement 
inclinées. 
1.  Grès  siliceux  fins,  durs,  dirigés  15**30*,  plongeant  d'abord  70*  B.,  puis  à  plon- 
geaient variable,  quoique  toujours  très  redressés;  en  approchant  de  Fontcouverte,  ils 
deviennent  plus  marneux  et  avec  un  plongement  ouest,  passent  aux  marnes  dont 
je  parlerai  plus  loin.  Ces  grès  se  montrent  an  microscope  comme  formés  de  grains 
de  quartz  à  contours  généralement  très  irréguliers  et  à  arêtes  vives,  dépassant 
rarement  0 m.  l  et  souvent  plus  petits.  Les  grains  de  quartz  constituent  tantôt 
presque  uniquement  la  masse  de  la  roche,  avec  de  rares  débris  feldspathiques  et 
micacés  et  très  peu  de  ciment  calcaire,  tantôt,  ils  sont  noyés  dans  un  magma  de 
calcite   plus    ou  moins   abondant,   tantôt  enfin  ils   sont  cimentés    par  de   la 
glauconie  verte,  qui  s'isole  en  grains  souvent  translucides  à  contours  irrégulîers, 
ayant  à  peu  près  les  mêmes  dimensions  que  les  grains  de  quartz;  dans  ce  dernier 
cas  la  roche  présente  souvent  de  nombreux  granules  carbures.  Sa  dureté  et  ses 
couleurs  la  font  alors  grossièrement  ressembler  à  une  diorite  ou  une  diabase  à 
grains  fins.  Je  n'ai  pas  trouvé  de  fossiles  dans  ces  grès. 
S.  Marnes  argileuses  jaunes  très  fossilifères. 
3.  Orès  analogues  à  ceux  du  n*  1. 

M.  Pointement  de  mélaphyre  andésitique  amené  par  faille  avec  le  Trias. 

K.  Marnes,  cargneules  et  gypses  colorés,  avec  quartz  bipyramidés  du  Keuper. 

L.  Calcaire  du  Lias  moyen  ?  plongeant  45°0  environ. 
CS.  Grès  et  psammites    du  Crétacé  supérieur  de  Fontfroide,  en  contact  par 
faille  avec  le  Jurassique.  Ces  grès  se  distinguent. des  précédents  par  leur  richesse 
en  mica  et  la  dimension  variable  de  leurs  éléments,  qui  sont  en  général  très 
roulés. 

Malgré  son  intérêt,  cette  coupe  ne  fournit  aucune  donnée  positive 
sur  la  position  statigraphique  des  marnes  fossilifères;  on  peut  les 
supposer  intercalées  dans  les  grès  n°  1  et  3  ou  bien  inférieures  ou 
supérieures  à  ceux-ci,  dans  un  plissement  desquels  elles  se  mon* 
treraient.  L'âge  des  grès  eux-mêmes  n'est  nullement  indiqué.  On 
constate  seulement  leur  discordance  complète  avec  les  grès  du  Cré- 
tacé supérieur. 


454  V1G0IÏR  ALBIEN    60FÉBJEUK  DES  C0RB1ÈRES.  4  avril 

Les  fossiles  que  j'ai  recueillis,  à  diverses  reprises,  à  Post- 
couverte,  me  parurent,  d'après  un  examen  sommaire,  présenter  des 
formes  analogues  à  celles  de  la  faune  sénoniennc  de  Sougraigne  ;  ce 
fut  aussi  l'avis  de  M.  Toucas,  à  qui  je  montrai  alors  mes  échantillons, 
et  cette  opinion,  concordant  avec  celle  de  d'Archiac,  j'admis  en  ce 
point  un  niveau  supérieur  de  la  Craie  analogue  à  celui  de  la  région 
occidentale  des  Cornières,  et  je  ne  m'en  occupai  pas  davantage. 

Dans  ces  derniers  temps,  j'eus  l'occasion  de  revoir  ces  fossiles  & 
nouveau  et  d'essayer  de  les  classer  plus  exactement;  j'arrivai  alors 
à  des  conclusions  toutes  différentes  des  précédentes.  Voici  les  com- 
paraisons que  j'ai  pu  faire  : 

—  Serpula  indét.  de  3-4  millimètres  au  plus  de  diamètre,  présen- 
tant fréquemment  surtout  cbez  les  individus  jeunes  une  section 
plus  ou  moins  régulièrement  hexagonale  a  l'extérieur.  Je  n'ai  pu  la 
rapprocher  un  peu  que  de  S.  sexangularis,  Munst,  in  Goldf. 

—  Cidarit  cf.  vesiculosa  Goldf.  Gros  tubercules  de  près  deux  centi- 
mètres de  diamètre,  perforés,  non  crénelés,  à  cercle  scrobiculaire  de  1 4 
granules  plus  gros  assez  espacés.  Parmi  les radjoles  recueillies,  les  plus 
petites  légèrement  en  fuseau,  pourraient  surtout  appartenir  a  cette 
espèce;  mais  les  pins  grandes  me  paraissent  d'une  détermination 
bien  plus  douteuse;  elles  sont  cylindriques,  s'amincissant  a  peine 
au  sommet,  et  atteignent  six  à  sept  centimètres  de  longueur  sur  six 
millimètres  de  largeur,  elles  sont  couvertes  de  tubercules  ou  pointes 
pins  ou  moins  émouBsées  réunies  par  des  bourrelets  et  formant  âo» 
séries  parallèles. 

On  sait  que  le  Cidarit  vesiculosa  est  donné  dans  la  Paléontologie 


1887.  VIGUIBfi  AI3IEH  SUPÉRIEUR  DBS  CQRB1ÈBBI.  455 

sent  pouvoir  être  rapportés  à  cette  espèce  compmna  daas  le  GauU 
des  Corbières. 

Cardita  cf.  tenuicosta,  Mich.  espèce  déjà  citée  dans  les  schistes 
noirs  du  GauU  des  Corbières.  Les  échantillons  de  Fontcouverte  pour- 
raient peut-être  être  rapprochés  de  C.  dubia,  Sow.  du  Génoraanien. 

—  Protocardium  hillanum,  Sow.  J'ai  trouvé  à  Fontcouverte  un 
fragment  bien  caractérisé  de  cette  espèce  principalement  cénoma- 
nienne,  mais  signalée  par  exemple  dans  le  Gault  de  Cosne  par 
M.  de  Loriol. 

—  3  ou  4  espèces  de  petits  Lamellibranches  indét. 

—  Dentalium  indét.  Une  espèce  assez  commune  à  Fontcouverte 
est  bien  distincte  de  D.  decussatum,  d'Orb.  et  des  espèces  figurées 
par  Pictet,  Goldfuss,  etc.  Elle  a  une  section  circulaire  de  cinq  milli- 
mètres de  diamètre  à  25  millimètres  environ  du  sommet,  avec  un  angle 
de  8  à  10°,  un  rayon  de  courbure  d'environ  quinze  centimètres  et  sur 
presque  toute  la  longueur  des  échantillons  courent  upe  trentaine  de 
fines  côtes  longitudinales  parallèles,  sensiblement  égales  entre  elles. 

—  Solarium  moniliferum,  Mich.  D'assez  nombreux  débris  très 
écrasés  paraissent  devoir  être  rapportés  à  cette  espèce  caractéris- 
tique du  Gault,  plutôt  qu'au  Trochus  nervirnensis  décrit  par  M.  de 
Loriol  dans  le  Gault  de  Gosne  aux  dépens  de  l'espèce  précédente 
mal  déterminée. 

—  Scalaria  dupiniana,  d'Orb.  Par  les  caractères  de  ses  côtes  et  la 
valeur  de  son  angle  spiral,  l'espèce  de  Fontcouverte  paraît  devoir 
nettement  se  rapporter  à  cette  scalaire  du  Gault  qui  est  citée  par 
M.  de  Lacvivier  dans  l'Albien  de  l'Ariège,  mais  qui  se  retrouve  aussi 
dans  le  Génomanien. 

—  Turitella  cf.  vibrayeana,  d'Orb.  Certains  débris  de  Turitelles 
assez  communs  à  Fontcouverte,  ne  diffèrent  du  type  de  d'Orbigny 
que  par  l'absence  ou  la  moindre  régularité  des  petites  côtes  secon- 
daires qui  séparant  les  quatre  rangées  de  tubercules  principaux 
également  espacées  sur  chaque  tour.  Sur  plusieurs  échantillons, 
deux  très  fines  côtes  surmontent  la  rangée  de  tubercules  supérieure. 
On  pourrait  peut-être  rapprocher  quelques-unes  dp  ces  formes  de 
la  T.  Charpentieri  décrite  par  Pjctet  et  Renevier  dpn$  l'Aptien  infé- 
rieur de  la  perte  du  Hhône.  La  T.  vibrayeana  a  déjà  été  citée  du 
reste  sur  certains  points  de  l'Albien  des  Gorbières. 

—  Bithium  indét.  Coquille  assez  régulièrement  conique,  avec  un 
angle  spiral  de  42°,  ayant  seize  millimètres  de  hauteur,  et  quatre 
millimètres  de  largeur  au  dernier  tour.  Les  tours  au  nombre  de  douze, 
pprtept  fjHfttjre  rangées  de  tubercules  prrpndis  réunis  par  un  bour- 
relet et  formant  sur  chaque  tour  des  cùles  longitudinales  alternpfylepj 


456  YI60IER  ALBIElf  SDPÉBIEITit   DBS   C0HB1ÈRKS.  4    avril 

chacun  de  ces  tours  présente  une  on  deux  varices  assez  fortes.  Cette 
espèce  dont  j'ai  trouvé  un  individu  à  Fontcouverte  n'est  pas  sans 
analogie  avec  la  B.  reticulatum  da  Costa,  espèce  vivante. 

Cinuiia  (Avellanà)  lacryma  d'Orb.  (in  de  Loriol.  Fossiles  du  Gault 
de  Cosne,  Mem.  Soc.  pal.  Suisse,  t.  IX).  Une  petite  espèce  de  12™ 
de  hauteur  sur  7  de  largeur,  assez  rare  à  Fontcouverte,  présente  à 
peu  près  complètement  les  caractères  de  la  forme  décrite  soua  ce 
nom  par  M.  de  Loriol,  mais  elle  est  distincte  de  la  figure  donnée  par 
d'Orbigny  dans  la  Paléontologie  française  ;  mes  échantillons  ne  cor- 
respondant pas  exactement  à  cette  figure  de  d'Orbigny,  je  les  avais 
d'abord  rapportés  &  Acteon  (Tornatella)  cosnemù  de  Loriol,  ibid.  Ils 
se  rapprochent  d'ailleurs  plutôt  de  ce  dernier  genre  par  les  carac- 
tères du  labre  non  épaissi  sur  son  bord  externe.  M.  de  Lacvivier  a 
cité  dans  le  Gault  de  l'Ariège  nne  espèce  facile  a  distinguer  des  pré- 
cédentes, la  Cinuiia  [Itinginella)  albemis,  d'Orb. 

Cinuiia  (Avellanà)  dubia  Briart  et  Cornet.  Description  de  la  meule 
de  Bracquegnies,  pi.  III,  fig.  30,  33.  J'ai  rapporté  avec  quelque  doute 
encore  à  cette  espèce  que  je  ne  connais  que  parla  figure  donnée 
par  M.  Gosselet  dans  sou  esquisse  géologique  du  Nord  de  la 
France  une  espèce  très  commune  à  Fontcouverte.  La  forme  glo- 
buleuse de  ce  fossile  (15mn  de  hauteur  sur  11  de  largeur),  son 
labre  très  épaissi  extérieurement,  les  caractères  de  ses  cotes,  an 
nombre  de  30  environ  sur  le  dernier  tour,  les  réticulations  inter- 
médiaires, les  deux  à  trois  plis  du  bord  columellaire  dont  le  médian 
est  le  plus  gros,  tandis  que  le  supérieur  manque  souvent  presque 
complètement,  les  douze  à  quatorze  plis  plus  fins  sur  le  bord  interne 


1887.  V1GUIBR  ALBIKN   SUPÉRIEUR  DES  C0RB1ÈRES.  457 

d'après  la  figure  de  M.  Gosselet,  parait  présenter  à  peu  près  tous  ses 
caractères. 

3  ou  4  espèces  de  Gastéropodes  indét. 

Bekmnites  semicanaliculatus,  Blainv.  —  Quelques  rares  débris  de 
Belemnites  peuvent,  avec  quelque  certitude,  être  rapportés  à  cette 
espèce  déjà  citée  dans  l'Aptien  des  Gorbières  ;  tandis  que  dans  le 
Gault  de  la  même  région  on  n'avait  indiqué  que  Bel.  minimus;  mais 
Bel.  semicanaliculatus  est  citée  par  M.  de  Lacvivier  dans  l'Albien  de 
l'Ariège  et  par  M.  Fallot  dans  le  Gault  bien  caractérisé  des  environs 
de  Gaslellane.  Il  n'est  pas  possible  de  distinguer  mes  échantillons  de 
bien  des  individus  de  Gargas. 

Je  n'ai  pas  trouvé  à  Fontcouverte  d'autres  Céphalopodes  ni  les 
débris  de  Térébratules  cités  par  d'Archiac.  La  faune  de  Fontcouverte 
présente  ainsi  à  peu  près  les  caractères  d'une  faune  de  fonds  vaseux 
de  profondeur  moyenne  situés  au  voisinage  de  récifs. 

Quelque  sommaire  que  soit  la  liste  précédente  et  ces  détermina- 
tions faites  sur  des  échantillons  souvent  insuffisants  avec  des  res- 
sources incomplètes,  elle  démontre,  il  me  semble,  l'existence  dans 
la  chaîne  de  Fontfroide,  sur  le  contrefort  oriental  des  Corbières,  de 
couches  où  une  faune  nettement  albienne,  en  partie  seulement 
connue  antérieurement  dans  la  région,  présente  de  plus  quelques 
espèces  qui  s'étendent  fréquemment  ou  habituellement  dans  le 
Génomanien,  et  qui  caractérisent  les  niveaux  tout  à  fait  supérieurs 
du  Gault  dans  d'autres  parties  de  la  France.  Malgré  l'absence  des 
Ammonites,  on  peut  donc  admettre,  je  crois,  que  le  niveau  de  Font- 
couverte représente  dans  le  bas  Languedoc  l'horizon  de  l'Albien 
supérieur,  comprenant  les  grès  glauconieux  de  Clansayes,  Gosne,etc, 
c'est-à-dire  le  Yraconnien  de  M.  Renevier.  Il  se  rapproche  peut-être 
encore  davantage  par  l'absence  des  céphalopodes  et  la  pétrographie 
même,  de  l'horizon  des  grès  glauconieux  de  la  meule  de  Bracquenies 
qui  appartiennent  très  probablement  au  même  niveau.  J'indiquerai 
ailleurs  l'extension  de  ces  grès  glauconieux  de  Fontcouverte  dans  le 
reste  de  la  chaîne  de  Fontfroide. 

Dans  la  série  albienne  des  Corbières,  ces  couches  du  Gault  supé- 
rieur, se  relient  intimement  au  point  de  vue  pétrographique,  avec 
les  grès  à  Trigonia  aliformis  de  la  Clape,  formés  dans  des  conditions 
peu  différentes  et  à  leur  tour  intimement  soudés  avec  le  Gault  infé- 
rieur; il  en  résulte  que  l'époque  des  mouvements  qui,  dans  les 
Pyrénées,  ont  séparé  la  période  infracrétacée  de  la  période  crétacée, 
comme  l'ont  montré  d'Archiac  et  Magnan,  se  trouverait  fixée  d'une 
manière  très  précise  entre  le  Vraconnien  et  le  Cénomanien  inférieur 
à  Orbitolina  coneava  qui,  dans  la  région,  forme  la  base  de  toute  la  série 


458  VIGU1RH    ALBJEN   SDPÉRIEDB   DBS   COHEIÈHKB.  4    avril 

crétacée  qu'il  supporte  en  concordance  parfaite  et  qui  présente  une 
pétrographie  un  peu  nouvelle,  sans  rapprochement  possible  je  crois, 
avec  celle  des  couches  de  Fon  couverte.  D'ailleurs,  l'absence  de  toute 
lacune  ella  finesse  des  matériaux  détritiques  constituant  labasedoCéno- 
manien,  montrent  que  Magnan  avait  exagéré  l'importance  de  la 
principale  phase  de  ces  mouvements  au  moins  dans  certaines  parties 
de  la  chaîne. 

La  série  du  Gault  des  Corbiôres  pourrait  donc  ainsi  se  compléter 
de  la  manière  suivante  : 


1887.        g.   WSOMBB.  —  ÏBBMBLE1I8BT  M   TEHBE   SU   UfiDBIB.  459 

Ptnouillet  étant  d'une  trop  grande  puissance  pour  correspondra 
seulement  au  Gault  proprement  dit.  Elles  représentent  peut-être 
l'Aplîfiu,  au  moins  en  partie,  et  très  certainement  l'Albien,  le  Vra- 
coLBien  etune  partie  du  Cénomanieû.  M.  Cam  développera,  d'ailleurs, 
ces  idées  dans  une  communication  ultérieure. 

M.  Stanislas  Meunier  adresse  la  note  suivante; 

Observations  relatives  au  Tremblement  de  terre  qui  s'est  fait 
sentir  en  Ligurie,  U  23  février  1887, 

Par  H.  Stanislas  Meunier. 

Je  me  trouvais  à  Nice  au  moment  du  tremblement  de  terre,  et 
j'ai  ensuite  exploré  la  ligne  littorale  depuis  Cannes  jusqu'à  Gènes  : 
à  ce  double  titre,  je  demande  à  la  Société  la  permission  de  l'entrete- 
nir un  moment  de  mes  observations  :  elles  ont  trait  à  la  distribution 
relative  des  régions  les  plus  secouées  et  des  points  les  plus  épar- 
gnés, qui  manifeste,  comme  le  montre  la  petite  carte  ci-jointe,  une 
symétrie  des  plus  nettes  (Voir  la  figure 

BoMMimnaçM 


Comme  on  voit  sur  cette  figure,  l'axe  évident  du  phénomène 
passe  par  Diano-Marina,  on  tout  a  été  renversé,  même  les  petits 
murs  mitoyens  des  champs  qui,  vu  leur  peu  de  hauteur,  ont  partout 
mieux  résisté  que  les  autres  constructions.  A  l'Est  comme  à  l'Ouest, 


460  S.    MEIMIBR.    —     TREMBLEMENT   DE   TBRBB    EH   LIGURIB        4   &VTÎL9 

se  montrent  des  bandes  relativement  préservées  et  dans  chacune  -» 
desquelles  se  constatent  des  gradations  ménagées  vers  des  minima, 
placés,  celui  de  l'Est  vers  Loano  et  Albenga,  celui  de  l'Ouest  vers 
Bordigherra  et  San  Remo.  En  Italie,  un  nouveau  maximum,  mais  un 
peu  plus  faible  que  celui  de  Diano-Mariua,  s'annonce  progressive- 
ment et  apparaît  à  Noli;  il  a  son  symétrique  occidental  dans  le 
maximum  relatif  à  Menton.  A  l'est  de  Noli,  un  minimum  très  clair 
est  à  Vado  et  a  sa  suite  un  maximum  de  troisième  intensité  à  Albis- 
sola.  Le  symétrique  à  l'Ouest  comprend  le  minimum  de  Monaco  et 
de  Villefranche,  puis  le  maximum,  d'intensité  peut-être  moindre  que 
celui  d'Albissola,  qui  se  manifeste  à  Nice.  En  dehors  de  ces  bandes 
et  des  deux  cotés,  le  phénomène  s'atténue  très  rapidement  :  Cannes 
et  Gènes  sont  sensiblement  indemnes. 

Si  l'on  rapproche  ces  notions  dynamiques  des  résultats  offerts  par 
l'étude  géologigue  du  sol,  on  retrouve  entre  les  deux  ordres  de  faits 
une  analogie  frappante  et  comme  une  sorte  de  parallélisme.  Diano- 
Marina  est  précisément  sur  le  prolongement  de  la  crête  granitique  prin- 
cipale de  la  chaîne  des  Alpes,  allant  de  Tende  à  Barcelonnette  et  qu'on 
a  choisie  pour  y  faire  passer  la  frontière  ;  sur  la  figure  je  l'ai  indiquée 
par  une  ligne  de  petites  croix.  Autour  de  Gènes  comme  à  Cannes, 
affleurent  des  roches  cristallines  et  l'intervalle  consiste  en  bandes, 
N.-O.  et  S.-E.  de  terrains  jurassique,  crétacé  et  éocène,  abstraction 
faits  du  pliocène  et  du  quaternaire  qui  forment  des  lambeaux  tout  à 
fait  superficiels,  ainsi  que  de  diverses  roches  éruptives  et  volcaniques 
qui  pointent  ça  et  là. 

Naturellement,  j'ai  rapproché  les  faits  qui  précèdent  des  phéno- 
mènes acoustiques  auquels  j'avais  déjà  involontairement  pensé   au 


AS87.        S.   HBDNIBB.   —  TRBMBLBHBNT  DB  TERRE  BN  LIGURIB  461 

alternances  en  profondeur  de  ventres  et  de  nœuds  qu'il  faut  expliquer 
le  fait  si  souvent  mentionné  de  mineurs  ayant  ressenti  dans  les  puits 
des  secousses,  non  perçues  à  la  surface,  ou,  inversement,  apprenant 
avec  surprise  en  remontant  au  jour,  des  tremblements  de  terre,  môme 
désastreux,  qu'ils  n'avaient  pas  soupçonnés  au-dessus  de  leur  tôte. 

Revenant  à  la  Ligurie,  il  faut  ajouter  que  si  on  entre  dans  le 
détail  des  phénomènes,  on  voit,  en  une  foule  de  cas,  des  contrastes 
entre  des  points  voisins,  qui  appellent  une  explication  spéciale. 
A  côté  d'affreuses  ruines,  il  y  a  des  localités  tout  à  fait  intactes. 
Outre  la  nature  des  constructions,  il  y  a  celles  du  sol  qui  s'est  fait 
fortement  sentir  pour  influer  sur  le  cataclysme.  A  Menton,  les  bords 
du  Gareï  ont  été  spécialement  éprouvés,  mais  la  vieille  ville  n'a 
presque  pas  souffert  ;  la  môme  remarque  se  répéterait  exactement 
pour  Nice.  Près  d'Albissola  qui  a  été  fortement  secouée,  et  où  la 
voie  du  chemin  de  fer,  comme  la  route  de  terre,  sont  traversées  de 
crevasses  ouvertes  en  môme  temps  que  le  pont  s'écroulait,  on  voit  les 
ruines  disparaître  dès  que  le  sol  s'élève  ;  dans  la  zone  môme  du 
maximum  principal,  Diano  Gastello,  qui  domine  Diano  Marina,  est 
déjà  sensiblement  moins  ravagé  que  ce  dernier  et,  vers  Cervo,  le  dom- 
mage est  relativement  faible. 

Dans  tous  ces  exemples,  il  y  a  une  influence  manifeste  de  la  roche 
superficielle  qui  a  modifié  les  caractères  des  pulsations  venues  d'en 
bas.  Les  points  ruinés  sont  constitués  par  des  lambeaux  détritiques  : 
poudingues  pliocènes,  sables  quaternaires,  etc.  ;  au  contraire,  les  lo- 
calités moins  éprouvées  sont  sur  la  roche  massive,  calcaires,  schistes 
ou  autre. 

Je  ne  me  dissimule  pas  que  ce  qu'il  est  possible  d'observer  direc- 
tement sur  la  zone  ébranlée,  ne  concerne  que  des  phénomènes  se- 
condaires qui  laissent  intacte  la  cause  môme  des  tremblements  de 
terre;  mais  puisque  j'en  trouve  l'occasion,  j'exposerai  ici  en  quelques 
lignes  l'opinion  qui  me  paraît  la  plus  vraisemblable  relativement  au 
mécanisme  par  lequel  l'eau,  moteur  évident  et  généralement  incon- 
testé des  phénomènes,  pénètre  dans  les  laboratoires  souterrains,  où  sa 
force  explosive  est  engendrée  tout  à  coup. 

11  me  faut  tout  d'abord  rappeler  une  notion  universellement  admise: 
c'est  que  l'eau,  incessamment  appelée  de  la  surface  vers  les  régions 
relativement  profondes  par  l'énergique  attraction  capillaire  des  roches 
suffisamment  refroidies,  rencontre  dans  les  hautes  températures 
infra-granitiques,  un  obstacle  invincible  à  sa   pénétration  indéfinie. 

L'une  superposée  à  l'autre  sont  donc  deux  zones  concentriques  : 
la  plus  extérieure  saturée  d'humidité,  la  plus  profonde  absolument 
sèche;  celle-ci  perdant  à  chaque  instant  devant  les  progrès  de  l'autre 


462  S.   HBUHIEl.   —  TRBKBCRHBIfT  DB  TERRE  KM  LiGDBIB        4  avril 

qui  emprunte  set  éléments  d'imprégnation  à  la  masse  encore  consi- 
dérable des  océans.  Les  choses,  ainsi  pourraient  durer  pacifique- 
ment si  la  croûte  consolidée  et  le  noyau  toujours  fluide,  ne  se  contrac- 
taient de  quantités  inégales  sous  l'influence  du  froid  progressif.  De 
cette  diminution  différente  résultent  fatalement  des  tiraillements  et 
des  crevassements  de  l'écorce,  à  tous  moments  trop  grande  pour  le 
noyan  qui  se  rapetisse  plus  vite  qu'elle  et  dont  elle  ne  peut  suivre  le 
m ouTe ment  centripète  qu'en  se  fronçant  sur  elle-même.  Or,  comment 
admettre  ces  déplacements,  même  très  faibles,  sans  assister  en  même 
temps  par  la  pensée  à  des  pulvérisations  des  portions  internes? 

Le  long  des  grandes  cassures  ou  failles,  des  blocs,  nécessaire- 
ment se  détachent,  glissent  et  peuvent  ainsi  parvenir,  de  la  zone  des 
masses  imprégnées  d'humidité  aux  espaces  incandescents  où  l'eau 
ne  saurait  subsister.  Un  pareil  fragment  ayant  seulement  un  kilo- 
mètre cube  (et  qu'est-ce  vis-à-vis  du  volume  terrestre  T)  nous  fournit 
dans  la  force  élastique  de  la  vapeur  ainsi  libérée  tout  à  coup,  de  quoi 
expliquer  bien  aisément,  par  comparaison  avec  les  effets  redoutables 
d'un  morceau  de  brique  mouillée,  accidentellement  jeté  dans  le 
creuset  d'un  haut  fourneau,  d'irrésistibles  explosions,  des  trépida- 
lions  à  détruire  des  villes  entières,  de  détonations,  des  roulements 
souterrains  et  des  mugissements  formidables,  c'est-à-dire  tout  l'im- 
posant cortège  des  phénomènes  sismiques. 

Que  les  égrènement»  de  matériaux  humides  se  succèdent  les  uns 
aux  autres  et,  à  chacun  d'eux,  une  explosion,  un  choc  du  sol  devra 
nécessairement  correspondre  :  les  deux  cent  cinquante  trépidations 
éprouvées  à  Chio  en  quarante-huit  heures,  les  deux  cents  secousses 
senties  à  Murcie  dans  la  seule  journée  du   10  janvier  1885,  sont  les 


1887.  S.  HEUMBl.   —  TiEMBLBMBHT  DB  TERRE   EM  LIGURIB  463 

littorales  et  sous  les  chaînes  de  montagnes,  géologiquement  récentes . 
Pour  ces  dernières,  la  désagrégation  des  couches  contournées,  re- 
dressées, présentent  évidemment  une  condition  éminemment  favo- 
rable au  développement  de  réaction  qui  viennent  d'être  décrites. 

11  faut  môme  ajouter  ici  une  remarque  qui  s'applique  également, 
et  plus  peut-être,  aux  zones  littorales  :  si  Ton  essaye  de  se  repré- 
senter la  distribution  de  l'eau  d'imprégnation  dans  les  masses  pro- 
fondes, on  reconnaît  qu'elle  doit  être  influencée  très  fortement  par 
les  formes  du  relief  extérieur  de  l'écorce.  Les  mesures  thermomé- 
triques prises  dans  les  tunnels  qui  traversent  les  montagnes,  y  révè- 
lent un  accroissement  de  chaleur  exceptionnellement  rapide,  qui  ne 
peut  que  relever  la  surface  de  contact  mutuel  de  la  zone  d'imprégna- 
tion et  de  la  zone  anhydre.  Il  résulte  de  là  qu'à  la  faveur  du  crevas- 
se ment  qui  ne  peut  pas  manquer  à  la  suite  des  contractions  spon- 
tanées, des  fragments  rocheux  situés  vers  la  plaine  à  une  profon- 
deur où  l'imprégnation  est  possible,  sont  tout  à  coup,  et  sans  dépla- 
cement vertical  nécessaire,  soumis  aux  effluves  latéraux  des  masses 
très  chaudes  gisant  sous  la  montagne  et  ainsi  douées  brusquement 
du  caractère  explosif.  Des  considérations  que  M.  Faye  a  fait  valoir 
montrent  de  même  que,  sous  la  nappe  refroidissante  des  océans, 
l'accroissement  de  la  température  souterraine  doit  être  fortement 
l'aient!. 

Il  est  enfin  un  fait  du  plus  haut  intérêt  sur  lequel  on  a  récemment 
appelé  l'attention  et  qu'aucune  théorie  n'a  jusqu'ici  expliqué  :  c'est 
la  propagation  très  progressive  et  relativement  fort  lente  de  phéno- 
mènes sismiques  en  1884  et  1885,  depuis  les  îles  du  Cap- Vert  à  l'An- 
dalousie, puis  à  la  Grèce  et  enfin  à  l'Inde.  Le  craquellement  successif 
le  long  des  grandes  lignes  de  tiraillement,  avec  les  pulvérisations 
concomitantes,  sont  de  nature  à  rendre  cette  circonstance  expli- 
cable. 

D'ailleurs,  en  présence  de  la  vapeur  engendrée  dans  la  profondeur 
par  le  mécanisme  précédemment  indiqué,  les  silicates  surfondus 
incorporent  l'eau  à  leur  propre  masse  par  une  véritable  occlusion  : 
c'est  elle  qui  a  retenu  par  exemple,  l'eau  et  l'acide  chlorhydrique 
dans  les  obsidennes.  Le  composé  résultant,  analogue  par  son  état 
au  vin  de  Champagne  sursaturé  d'acide  carbonique,  sera  souvent 
comme  lui  foisonnant.  Si  une  issue  se  présente  vers  les  régions  supé- 
rieures, c'est-à-dire  de  faible  pression,  le  dégagement  des  fluides 
élastiques  déterminera  l'ascension  de  la  matière  fondue,  ou  lave, 
et  certaines  de  ses  portions  se  réduiront  par  l'expansion  même  de 
la  vapeur  en  lapilli  et  en  cendres. 

Ainsi  se  trouve  justifiée  de  nouveau  cette  doctrine  qui  fait  de 


464  W.   KILIÀH.   —  GAULT   DE  LA  HOHTAGKB  DR   LDHE.  A   ami 

l'éruption  volcanique  un  simple  épiphénonuène  du  tremblement  de 
terre. 


Note  sur  le  Gault  de  la  Montagne  de  Lure  {Battu- Alptt)  et  te 
Schloenbachia  infiatiformis,  Ssajnocka, 

Par  M.  W.  Kllian. 

Parmi  les  nombreux  fossiles  que  m'ont  fournis  les  gisements  cré- 
tacés du  Nord  des  Basses-Alpes  (1),  je  tiens  A  signaler  à  la  Société 
géologique  l'Ammonite*  (Schloenbachia)  infiati fortuit,  Szajnocha  sp. 
Cette  espèce  a  été  décrite  par  M.  Szajnocha  (2),  d'après  des  échan- 
tillons rapportés  des  lies  Elobi  (côte  occidentale  d'Afrique)  par 
M.  Lenz.  Elle  s'y  rencontre  avec  Am.  (Schloenbachia)  inflatut,  dans 
des  grès  attribués,  avec  doute,  au  Cénomanien. 

La  présence  des  Schloenbachia  infiatiformis  et  inflata  dans  les  Grès 
verts  d'Ongles  (3)  {arrondissement  de  Forcalquier),  où  elle  est  associée 
à  1* Ammonites  (Detmocerat)  Mayori,  Am.  (Acanthoceras)  Dutemplei, 
d'Orb.,  et  autres  espèces  albïennes,  à  plus  de  30  mètres  au-dessous  du 
Cénomanien  inférieur  bien  caractérisé  [A m.  (Stoliczkata)  dispar, 
Am.  (Soplitet)  falcalut,  Am.  [(Schloenbachia)  varions,  Am.  inflatut, 
Turritilet  Puzosi,  /noceramus  cuneifbrmit],  montre  que,  dans  notre 
pays,  ce  fossile  appartient  au  Gault. 

Les  couches  d'Elobi,  qui  ne  contiennent  d'autres  espèces  que  YAm. 
inflatut  VA  m.  infiatiformis  et  quelques  formes  nouvelles  du  groupe  des 
Schloenbachia  (Crittati),  ont,  par  conséquent,  plus  d'affinités  avec 
le  Gault  qu'avec  le  Cénomanien.  On  sait  que  V Ammonites  inflatut  se 


1887.  W.   KIUAN,   —  OÀULT  DE  LA  MONTAGNE  DE   LURE.  465 

dans  le  massif  de  Lure,  telle  que  nous  l'avons  observée  aux  environs 
de  Banon,  d'Ongles,  de  Garniol  et  de  Bevons  (Basses-Alpes)  : 

4  Calcaire  siliceux  jaune  à  Ostrea  columba  var.  minor,    Trigonia 
sulcataria,  Epiaster  dis  Une  tus.,  etc. 

3  Grès  à  Orbitolina  concerna,  du  Mont  Saint-Laurent. 
Cénoman'en   )  2  Calcaire  grèso-marneux  à  Am.  Mantelli,  A.  rhotomagensis,  Am. 

variant,  Holaster  subglobosus.  Inoceramus  cunei forints,  etc. 

1  Cale,  grumeleux,  glauconieux  à  Am.  dispar,  Turrilites  Puzosi, 
Am.  planulatus,  A  falcatus,  A.  inflatus,  Anisoceras  armatum 

^        (abondant)  (Niveau  de  la  Gaize). 

4  Grès  vert,  grumeleux,  à  Am.  in  flattes,  très  puissants. 
3  Grès  sableux,  glauconieux,  en  assises  épaisses    (safre)    «  Grès 

susaptiens»  ou  sables  verts. 

2  Calcaire  très  glauconieux  marno-grumeleux,  à  Am.  Mayori,  Am. 
Gault        {        Beudanti,  Am.   inflatiformis,  Am.  infiatus.  Bel.  semicanalicu- 

latus  var.  major. 
iCoucbe  glauconieuse,  phosphatée,  à  Belemnites  minimus,  Am.  Du- 
templei,Cidarisvesiculosa,  Rhynch.  clementina,  dents  de  Squales  et 
Brèche  à  fragments  de  Bel,  semicanaliculatus . 
Substratum:  Marnes  aptiennes  à  Bel.  semicanaliculatus,  Calcaire  aptien  à  Am* 
(Acanthoceras)  Martini  ou  Calcaire  coralligène  à  débris,  suivant  les  localités. 

Il  y  a  eu,  dans  cette  région,  une  érosion  assez  importante  entre 
l'Aptien  et  le  Gault,  ainsi  qu'en  témoignent  nettement  l'absence  fré- 
quente des  Marnes  de  Gargas  et  l'existence,  près  de  la  ferme  de  Pipa- 
roux  notamment,  d'une  belle  brècbe  renfermant  des  débris  de 
Bel.  $emicanaliculatus  et  des  grumeaux  de  marnes  aptiennes,  à  la  base 
du  Gault.  Les  fossiles  du  Gault  inférieur  sont  nettement  usés  et  roulés 
par  les  eaux.  La  couche  phosphatée  n°  1,  quoique  appartenant  au 
Gault  inférieur,  ne  peut  donc  pas,  à  mon  avis,  être  considérée  comme 
la  couche  lapins  inférieure  de  ce  sous-étage;  le  niveau  de  Glansayes  et 
de  Machéromesnil  semble  faire  défaut  dans  cette  partie  de  la  Pro- 
vence; il  a  dû  cependant  y  exister,  ainsi  que  le  prouvent  les  Ammo- 
nites roulées  de  cet  horizon  [Am.  Dutemplei,  d'Orb.  (  =  A.  fissicostatus, 
d'Orb.,  pi.  79,  non  A.  fissicostatus,  Phill.)]  que  Ton  rencontre  dans 
notre  couche  phosphatée. 

A  la  suite  de  cette  communication,  MM.  Douvillé,  Chaper  et 
Fischer  présentent  quelques  observations. 

M.  Albert  Gaudry  annonce  que  le  savant  Directeur  du  Musée 
de  Poligny,  M.  Sauria,  a  envoyé  au  Muséum,  en  communication,  la 
patte  si  curieuse  de  Dimodosawus  poligny ensis,  connu  sous  le  nom 
du  grand  animal  de  Poligny.  Il  doone  quelques  détails  sur  la  dispo- 
sition des  os  de  cette  patte  et  invite  ses  confrères  à  venir  la  voir  dans 
le  laboratoire  de  paléontologie  du  Muséum. 

XV.  30 


MB  AUoetmoN  pbksihntiellb.  14  «fflll 

Séance  du  14  Avril  1887. 

Pbbsidihcb  db  M.  Cottbao, 

PlESIDBHT  POUR  1886. 

H.  M"  Hoselacque,  siee-secrétajre,  donne  lecture  du  procès-verbal 
d»  la  dernière  séance,  dont  U  rédaction  Mt  adopté». 
Le  Président  prononce  l'allocution  suivante  : 

Je  me  félicite  de  1a  décision  qui.,  en  organisant  nos  réunions 
générales  annuelles,  a  désigné  le  Président  de  l'année  précédente 
pour  prendra  place  une  fois  encore  au  bureau.  Pourquoi  faut-il  que 
j'aie  tout  d'abord  la  triste  mission  de  tous  parler  des  membres, 
malheureusement  trop  nombreux,  que  nous  avons  perdus  en  1886. 

M.  de  CsAitcouBTOis,  inspecteur  général  des  mines  et  professeur 
de  Géologie  &  l'Ecole  des  mises  n'était  pas  seulement  un  savant 
distingué,  c'était  un  collègue  aimable  et  bienveillant;  il  assistait 
souvent  à  nos  séances  et  a  publié  plusieurs  notes  dans  le  Bulletin. 
Je  n'insisterai  pas  sur  ses  travaux,  car  un  de  nos  collègues  s'est 
chargé  d'écrire  sa  notice  nécrologique. 

H.  Corhubl,  entré  a  la  Société,  en  1833,  était  un  de  nos  doyens. 
Notre  Bulletin,  nos  mémoires  sont  remplis  de  ses  publications. 
H.  Cornuel  a  constamment  habité  Vassy,  dans  la  Haate-Marne  et 
toutes  ses  études  sont  relatives  à  ce  département  très  intéressant, 
au  double  point  de  vue  de  la  Stratigraphie  et  de  la  Paléontologie. 
Plusieurs  de  ses  travaux  sont  dignes  d'être  cités.  Je  me  bornerai  a 


rt8T.  ALLOCUTION  PRÊSlDEflTTtfLLE.  407 

avait  été  désigné  comme  président;  c'est  lui  qui  dirigeait  tontes 
nos  excursions  et,  à  chaque  séance,  faisait  des  rapports  détaillés;  son 
activité  n'avait  d'égale  que  sa  connaissance  parfaite  des  terrains  sur 
lesquels  il  nous  conduisait.  Dans  une  de  nos  précédentes  séances  y 
M.  Gaudry  nous  a  dit  que  M.  Gornuel  avait  donné  au  Muséum  de 
Paris  les  plus  précieux  de  ses  fossiles,  les  cônes  de  pin,  les  mâchoires 
de  poissons,  les  coquilles  d'eau  douce.  C'est  un  titre  de  plus  qui 
recommande  notre  regretté  collègue  à  toute  notre  sympathie. 

M.  Dieulapait,  professeur  de  Géologie  à  la  Faculté  des  sciences 
de  Marseille  était  connu  surtout  par  ses  recherches  importantes  sur 
la  composition  chimique  des  roches.  Une  notice  nécrologique 
concernant  M.  Dieulafait  sera  publiée. 

H.  Guyerdet  remplissait  les  fonctions  de  Conservateur  de  la 
collection  géologique  de  l'Ecole  des  Mines;  il  était  membre  de  la 
Société  depuis  1861  et  assistait  régulièrement'  à  nos  séances. 
M.  Guyerdet  avait  travaillé,  dans  ces  dernières  années,  à  la  Carte 
géologique  de  la  France. 

M.  l'abbé  Lambert  fut,  pendant  longtemps,  un  de  nos  membres 
zélés.  Indépendamment  des  notes  géologiques  qu'il  a  fait  paraîtra 
dans  le  Bulletin,  il  a  publié  des  études  géologiques  sur  le  Nor  S  du 
bassin  de  Paris;  un  Guide  du  géologue,  faisant  connaître  le  localités 
les  plus  intéressantes  et  les  plus  riches  en  fossiles  de  la  France;  il 
est  également  l'auteur  d'un  Cours  complet  d'histoire  naturelle  et 
notamment  d'un  petit  Traité  de  Géologie  simple,  bon  marché,  à 
l'usage  des  Ecoles,  populaire  et  très  répandu  à  une  certaine 
époque. 

Une  de  nos  pertes  les  plus  cruelles  est  celle  de  M.  Fûntaiwes  qui 
nous  a  été  enlevé  bien  jeune  encore;  c'était  assurément  un  de  nos 
géologues  les  plus  distingués.  Il  avait  déjà  publié  plusieurs  travaux 
remarquables  de  Géologie  et  de  Paléontologie.  La  mort  a  brisé 
impitoyablement  une  carriôrequi  s'annonçaitsi  brillante,  etquelques- 
uns  de  ses  travaux  sont  restés  inachevés;  une  des  dernières  pensées  de 
M.  Fontannesaété  pour  la  science  qu'il  aimait  tant,  et  avec  une  géné- 
rosité qui  doit  nous  toucher  profondément,  il  a  laissé  20,000  francs  à  la 
Société  géologique  pour  fonder  un  prix  de  Stratigraphie  et  20,000  fr. 
à  l'Académie  des  sciences  pour  décerner  un  prix  de  Paléontologie.  Un 
de  nos  collègues  s'est  chargé  d'écrire  une  notice  nécrologique  sur  la 
vie  et  les  travaux  de  notre  éminent  collègue. 

Mentionnons  encore  M.  Tournaire,  inspecteur  générai  des  mines, 
auquel  nous  devons  d'utiles  observations  sur  les  roches  volcani- 
ques et  sur  la  constitution  géologique  du  département  de  la 
Haute-Loire  dont  il  a  publié  la  carte,  et  qui  prit,  en  1869,  une  part  active 


168  ALLOCUTION    l'K  ESSENTIELLE.  14    avril 

à  la  réunion  générale  du  Pu  y  :  M.  Bazii.le,  de  Montpellier  qui  a  prouvé 
sod  estime  et  sa  sympathie  pour  notre  Société,  en  nous  laissant  un  legs 
permettant  d'inscrire  son  nom  parmi  ceuidenos  membres  a  perpétuité; 
M.  Demillï,  ingénieur,  directeur  des  mines  à  Saint-Berain;  et  H.  Jugr, 
ingénieur  en  chef  honoraire  des  mines  à  Nice  ;  M.  l'abbé  Soulier,  que 
j'ai  rencontré  plusieurs  fois  à  nos  réunions  extraordinaires  et  qui  a 
publié  quelques  notes  dans  le  Bulletin  ;  M.  Alfred  Desnoyers,  ingénieur 
civil;  nous  lui  devons  une  notice  sur  un  gisement  d'Eléphants  et  de 
Mammifères  fossiles  découvert  dans  le  bassin  de  la  Seine;  M.  le 
comte  de  Serbe,  M.  Séjournant  et  M.  Dozb. 

En  dehors  des  Membres  français,  nous  avons  perdu  plusieurs 
membres  étrangers. 

M.  âbich,  membre  de  l'Académie  impériale  des  sciences  de  Saint- 
Pétersbourg,  un  des  géologues  les  plus  célèbres  de  la  Russie  et  auteur 
de  travaux  très  importants.  Depuis  1835,  M.  Abich  faisait  partie  de 
la  Société,  et  nous  trouvons  dans  le  Bulletin  de  nombreuses  notes 
publiées  successivement,  sous  forme  de  lettres,  sur  les  terrains  paléo- 
zoïques  et  volcaniques  de  l'Arménie  (1844-1850);  sur  la  constitution 
géologique  des  bords  du  lac  d'Aral,  au  versant  septentrional  du  Cau- 
case (1855);  sur  la  carie  géologique  de  Dumont,  en  tant  qu'elle 
regarde  le  Caucase  (1857);  sur  le  terrain  tertiaire  de  Kirtsch  en 
Crimée  (1864);  sur  le  résultat  géologique  de  ses  voyages  en  Géorgie, 
en  Turquie  et  en  Perse  (1864);  sur  la  formation  géologique  des 
massifs  de  Bechtaon  et  d'Elbourous  ainsi  que  sur  le  gisement  des 
sources  thermales  de  cette  région  (1874). 

M.  Guiscabdi,  de  Naples,  élait  notre  collègue  depuis  1859.  Nous  lai 
devons  deux  notes  ;  l'une  sur  les  émanations  gazeuses  des  champs 


1887.  ALLOCUTION  PRÉSIDENTIELLE.  469 

volume  n'éprouve  aucun  retard  dans  sa  publication,  cette  régularité 
est  précieuse  et  pour  les  auteurs  qui  publient  leurs  travaux  et  pour 
nos  collègues  qui  les  lisent.  Indépendamment  du  Bulletin,  nous  fai- 
sait paraître  des  Mémoires  que  nos  collègues  en  raison  de  la  subven- 
tion qui  nous  est  accordée,  peuvent  acquérir  à  très  bon  marché.  Nous 
avons  une  riche  bibliothèque,  où  nous  pouvons  venir  travailler  plu- 
sieurs jours  de  la  semaine.  Par  suite  d'une  décision  récente  du 
conseil,  cette  bibliothèque  va  s'augmenter  encore  et  se  compléter 
par  l'acquisition  de  quelques  ouvrages  qui  nous  faisaient  défaut.  Sur 
la  proposition  d'un  de  nos  présidents,  nous  avons,  l'année  dernière, 
organisé  des  conférences  qui  ont  parfaitement  réussi  et  attirent  un 
grand  nombre  d'auditeurs.   La   libéralité  de  M.  Fontannes,  nous 
permettra  d'ajouter  au  prix  Viquesnel  un  nouveau  prix  attribué, 
tous  les  deux  ans,  au  meilleur  mémoire  stratigraphique. 

Dans  ces  conditions,  Messieurs,   c'est  à  nous  de  redoubler  nos 
e  JXV>rts  de  propagande,  de  faire  valoir  les  avantages  que  présente  notre 
association,  de  vaincre  les  hésitations  et  de  réunir  le  plus  d'adhérents 
possible.  Répandre  nos  publications  pour  les  faire  connaître  et  appré- 
cier me  parait  un  excellent  moyen  de  propagande.  Que  le  conseil 
n'hésite  pas  à  accepter  les  échanges  que  lui   proposent  d'autres 
Sociétés  savantes,  pour  peu  qu'elles  s'occupent  de  Géologie  et  de 
Paléontologie,  qu'importe  que  nos  volumes  soient  plus  gros  et  nous 
coûtent  un  peu  cher,  nous  voyons  dans  ces  échanges  un  double 
avantage  :  d'un  côté  les  bulletins  qu'on  nous  envoie  peuvent  ren- 
te rnier    des  travaux   spéciaux,    des   observations    locales   souvent 
indispensables  aux  travailleurs;  d'un  autre  côté,  en  répandant  au  loin 
et  jusque  dans  les  pays  les  plus  reculés,  le  résultat  de  nos  recherches 
et  de  nos  observations,  nous  développons  et  propageons  le  goût  des 
études  qui  nous  sont  chères,  tout  en  rendant  service  à  la  science 
française  à  un  point  de  vue  général  ;  n'est-ce  pas,  dans  l'intérêt  de 
Botre  Société,  un  des  meilleurs  moyens  d'augmenter  plus  tard  le 
nombre  de  nos  Membres? 

Il  me  reste  maintenant  à  proclamer  le  nom  du  lauréat  du  prix 

Viquesnel,  devenu  triennal  par  suite  d'une  décision   de  la  Société. 

Ge  prix  est  décerné  à  M.  Michel  Lévy,  réminent  ingénieur  des  mines; 

nous  le  félicitons  de  la  récompense  que  lui  ont  valu  ses  importants 

travaux  ! 

le  Président  proclame   M.  Michel  Lévy  lauréat  du  prix  Vi- 
«luesnel  pour  1887. 


470       H.   DOUVItLÉ.   —   NOTICE  KÊCBOLOeiOUE  SUR  FOHTAKHES.   14  ITTÎ1 

H.  DouvillÉ  donne  lecture  de  la  notice  nécrologique  suivante: 

Notice  nécrologique  xur  François  F  on  tannes, 

Par  M.  H.  Douvtllé. 

Vous  vous  rappelez  avec  quel  douloureux  étonneraent  nous  avons 
appris,  au  commencement  de  cette  année,  la  mort  de  notre  cber  et 
regretté  Fontannes.  Les  importants  travaux  qu'il  a  pu  mener  a  bonne 
fin,  dans  sa  trop  courte  carrière  scientifique,  sont  encore  présents  h. 
votre  mémoire  et  si  j'entreprends  aujourd'hui  de  retracer  devant  vous 
la  vie  de  notre  confrère,  c'est  qu'elle  me  parait  pouvoir  être  citée 
comme  un  modèle  accompli,  a  tous  ceux  qui  entrent  dans  la  voie 
laborieuse  des  recherches  géologiques. 

Charles -François  Fontannes  naquit  à  Lyon  en  1839,  et  fit  toutes 
ses  études  au  lycée  de  cette  ville.  Déjà  à  cette  époque,  comme  nous 
l'apprend  un  de  ses  anciens  maîtres,  son  esprit  Un  et  délicat  et  son 
inaltérable  bonne  humeur  lui  attiraient  les  sympathies  de  tous. 

Tout  enfant,  il  avait  le  goût  des  collections  et  il  s'amusait  à  réunir 
des  monnaies  anciennes  ;  plus  tard,  au  lycée,  il  fut  vivement  attiré 
par  les  sciences  naturelles  :  il  entreprit  une  collection  d'insectes  et 
dans  ses  promenades  autour  de  Lyon,  il  aimait  à  recueillir  des 
échantillons  de  minéraux  et  de  roches. 

Ces  heureuses  dispositions  ne  furent  pas  encouragées;  par  les 
traditions  de  sa  famille,  par  la  volonté  très  arrêtée  de  son  père, 
Fontannes  était  destiné  au  commerce.  Bachelier  es  sciences  a  16  ans. 


1887.       H.   DOUVILLÉ.   —  NOTICE  NÉCROLOGIQUE  SUR  FOHTAKNES.         471 

»  un  de  set  amis  d'enfance  (1),  Fontannes  remplissait  ponctuellement 
»  ses  devoirs  d'employé,  mais  sans  goût;  les  affaires  ne  l'intéres* 
»  saient  pas;  aussi,  ne  cessait-il  de  s'occuper  des  choses  de  l'esprit: 
»  les  arts,  la  peinture,  la  musique  avaient  un  grand  attrait  pour  lui.  » 
Ses  amis  se  réunissaient  fréquemment,  et  pour  échapper  aux  réalités 
de  la  vie  présente,  on  causait  littérature  et  beaux-arts. 

La  lecture  était  son  délassement  favori  et  c'est  pour  en  répan* 
dre  le  goût  qu'il  eût  l'idée  de  fonder,  avec  ses  amis,  la  Société 
de  lecture  de  Lyon  (1862),  dans  le  but  d'acheter,  à  frais  communs,  les 
ouvrages  nouveaux  au  moment  même  de  leur  apparition.  Cette  ten- 
tative eut  un  succès  brillant  :  la  Société  possède  actuellement  14,000 
volumes,  et  le  nombre  de  ses  sociétaires,  qui  dépasse  350,  s'accroît 
encore  chaque  année. 

Si  cette  période  de  la  vie  de  Fontannes  fut  à  peu  près  perdue  pour 
la  science,  elle  contribua  grandement  à  développer  en  lui  toutes  les 
brillantes  qualités  naturelles  dont  il  était  si  heureusement  doué» 
C'est  grâce  à  cette  forte  culture  intellectuelle,  qu'il  devint  ce  cau- 
seur charmant  que  quelques-uns  d'entre  nous  ont  connu  :  qualité 
bien  rare  chez  les  savants,  presque  toujours,  malheureusement* 
portés  à  s'abstraire  dans  leurs  études  spéciales. 

Entre  temps,  il  s'essayait  à  écrire  et  il  se  trouva  ainsi,  vers  la  fin 
de  l'empire,  impliqué  dans  un  procès  de  presse.  Ce  fut  pour  lui  une 
occasion  d'abandonner  la  carrière  commerciale  qu'il  ne  poursuivait 
qu'à  contre-cœur. 

Ce  changement  brusque  dans  son  existence  coïncida  à  peu  près 
avec  la  guerre  de  1870.  «  Quoique  d'une  santé  délicate,  il  fit  eoura» 
«  geusement  son  devoir  au  milieu  des  neiges  du  Jura.  Après  de 
«  cruelles  souffrances  et  une  dure  captivité  en  Allemagne,  il  rentra 
a  dans  sa  famille,  malade,  épuisé,  meurtri,  mais  vivant,  et  plein  de 
a  confiance  et  d'entrain  pour  aborder  la  nouvelle  existence  qui 
n  s'ouvrait  devant  lui.  » 

Peu  avant  la  guerre,  la  lecture  du  livre  de  Figuier  :  «  la  Terre  avant 
le  Déluge  »,  avait  réveillé  ses  anciens  goûts  de  naturaliste.  Libre 
enfln,  de  leur  donner  carrière,  il  s'était  pris  tout  d'un  coup  d'un  vif 
intérêt  pour  les  grands  problèmes  de  la  géologie.  Le  marteau  à  la 
main,  il  se  remit  à  parcourir  les  environs  de  Lyon  ;  les  nouvelles 
coupes  mises  à  découvert  dans  le  Mont-d'Or  par  les  ouvrages  de 

(1)  M.  Prosper  Holstein,  quia  bien  voulu  non?  fournir,  avec  l'aide  de  deux  autres 
de  ses  amis,  MM.  Arthur  Froment  et  Charles  Ferrand,  tous  ces  renseignements 
«ur  la  jeunesse  de  Fontannes.  Nous  remercions  également  notre  collègue  et  ami 
M.  Marcel  Bertrand,  qui  a  bien  voulu  collaborer  à  certaines  parties  de  cette 
notice. 


472  H.  D0UYILLÉ.  —  NOTICE  NÉCROLOGIQUE  SDK  FOHTANHBS.  14  avril 
fortification,  les  travaux  de  la  gare  Saint- Paul  lui  fournissent  le  sujet 
de  ses  premières  notes. 

-  En  1873,  il  accompagnait  M.  Lortet  dans  une  mission  en  Grèce  et 
il  donnait,  au  retour,  une  relation  vivante  et  pleine  de  charmes,  de 
ce  rapide  voyage.  «  Mais,  comme  nous  l'a  révélé  le  savant  directeur 
de  la  mission,  malgré  ses  fortes  études  littéraires  et  ses  goûts  artis- 
tiques, ce  qui  l'intéresse  surtout  à  Athènes,  ce  n'est  ni  l'Acropole 
ni  le  Parthénon,  mais,  avant  tout,  les  puissantes  couches  de  marbre 
daPentélique  ou  les  falaises  du  golfe  de  la  Salamine  sur  lesquelles 
et  malgré  les  rayons  de  feu  d'un  soleil  impitoyable,  il  s'efforce  de 
découvrir  d'intéressants  fossiles.  » 

A  partir  de  ce  moment,  il  est  définitivement  acquis  à  la  science 
qui  devait,  désormais,  occuper  sans  relâche  et,  malheureusement 
aussi,  abréger  sa  vie.  «  H  suit  régulièrement  les  cours  des  Facultés, 
il  travaille  dans  les  galeries  du  Muséum  d'Histoire  naturelle  et  ses 
aptitudes  le  poussant  de  plus  eu  plus  vers  les  études  géologiques  et 
paléontologiques,  il  se  met,  en  quelque  sorte,  au  service  du  véné- 
rable géologue  lyonnais,  Dumortier,  infirme  et  déjà  presque 
aveugle.  » 

En  1875,  il  commença  à  donner  vraiment  sa  mesure  dans  son 
»  Etude  »ur  le  vallon  de  la  Fuly.  »  On  connaissait  en  ce  point  un 
affleurement  de  sables  et  de  cailloux,  renfermant  en  abondance  et 
dans  un  remarquable  état  de  conservation,  un  des  fossiles  bien 
connus  du  Tertiaire  lyonnais,  la  Nassa  Michaudi.  Jourdan  avait  assi- 
milé ces  cailloux  au  conglomérat  bressan  et  il  en  concluait  l'origine 
marine  de  ce  conglomérat,  contrairement  à  l'opinion  d'Elie  de  Beau- 


1887.      H.   DtUWLLÉ.  —  NOTICE  NÉCROLOGIQUE  SUR   FONTÀNNBS.  473 

tain,  sont  emballés  dans  an  ciment  emprunté  aux  couches  tertiaires 
immédiatement  Voisines. 

Nous  avons  vu  que  les  premiers  travaux  de  notre  confrère  l'avaient 
mis  en  relation  avec  Dumortier.  Une  commune  sympathie,  unie 
chez  Fontannes  au  plus  profond  respect,  une  même  ardeur  pour  les 
études  scientifiques  et  le  souvenir  d'entraves  semblables  apportées  à 
leurs  débuts,  avaient  vite  rapproché  ces  deux  natures  si  bien  faites 
pour  se  comprendre.  Dumortier  avait  reconnu  de  suite,  dans  son 
jeune  élève,  le  tempérament  et  l'étoffe  d'un  géologue  ;  il  prit  d'abord 
plaisir  à  l'encourager,  puis  arriva  bientôt  à  voir  en  lui  le  conti- 
nuateur de  son  œuvre.  11  avait  entrepris,  comme  vous  savez,  de  faire 
connaître,  d'une  manière  détaillée,  la  Géologie  et  la  Paléontologie  du 
bassin  du  Rhône,  et  il  s'était  attaché  tout  d'abord  aux  terrains  juras- 
siques ;  il  venait  seulement  d'achever  la  quatrième  série  de  ses  belles 
études  paléontologiques  sur  le  Lias,  lorsque  Fontannes  devint  son 
collaborateur.  Les  deux  géologues  étudièrent  ensemble  «  quelques 
fossiles  nouveaux  ou  peu  connus  »  qui  avaient  échappé  aux  premières 
recherches  de  Dumortier  et  surtout  la  belle  série  de  fossiles  recueillis 
dans  les  couches  à  Amm.  tenuilobatus  de  Grussol,  par  notre  zélé 
confrère,  M.  Huguenin.  Mais  Dumortier  avait  déjà  ressenti  les  pre- 
mières atteintes  de  la  maladie  qui  devait  l'emporter;  il  devint 
bientôt  complètement  aveugle,  et  Fontannes  dut  rédiger  entièrement 
la  deuxième  partie  de  ce  travail. 

La  localité  de  Grussol  empruntait  un  intérêt  tout  particulier  aux 
discussions  qu'avait  soulevées  parmi  les  géologues,  le  classement 
-des  dépôts  compris  par  d'Orbigny  dans  son  étage  corallien.  Oppel, 
dans  ses  «  Etudes  géognostiques  sur  le  département  de  FArdèche  »,  avait 
attribué  à  l'Oxfordien  les  couches  supérieures  de  la  Montagne 
de  Crussol.  Etait-ce  bien  là  leur  véritable  position?  La  question 
ne  pouvait  être  résolue  que  par  une  étude  approfondie  de  la  faune 
qu'elles  renfermaient. 

Fontannes  se  révèle  ici  aussi  savant  paléontologue  qu'il  s'était  mon- 
tré géologue  habile  dans  son  étude  sur  le  vallon  de  la  Fuly.  Tous  les 
fossiles  qu'il  examine  sont  étudiés  et  déterminés  avec  une  remar- 
quable sagacité  et  tout  au  plus  pourrait-on  lui  reprocher  peut-être 
de  ne  pas  avoir  fait,  dans  la  description  des  espèces,  une  place  assez 
large  à  la  variété.  A  la  fin  de  cette  étude  il  en  fait  ressortir  brièvement 
les  résultats  :  «  Elle  rend,  dit-il,  difficilement  admissible  Tinter- 
calation  d'un  étage  corallien  entre  la  zone  à  Amm.  tenuilobatus 
et  l'Astartien ;  elle  vient  au  contraire  à  l'appui  de  l'opinion  de  ceux 
qui  regardent  la  zone  à  Amm.  tenuilobatus  comme  un  faciès  du  Coral- 
lien supérieur  ou  du  Kimmeridgien  inférieur.»  11  est  superflu  défaire 


474  H.  DODTIUé.  —  NOTICE  NÉCROLOGIQUE  SDR  FOKTÀHHRS.  1*  *«* 
reilortir  l'importance  de  ces  conclusions  qui  Tenaient  ajouter  ***) 
le  poids  de  l'argument  paléontologique  aux  résultats  obtenu  ^ 
par  la  méthode  strati  graphique. 

La  montagne  de  Crussol  n'avait  pas  encore  livre  tons  tes  seer**^ 
jusqu'alors  les   calcaires  supérieurs,   dit  du  Château,  avaient   * 
considérés    comme   dépourvus  de  fossiles.  De  nouvelles   oarrifc*"  ^ 
ouvertes  dan»  ces  coucbes  vinrent  tout  d'un  coup  livrer  an  *^L* 
toujours  en  éveil  de  M.  Huguenin,  les  éléments  d'une  fanne  ai^^V, 
riche  que    variée.  Cette  découverte  ne  pouvait  laisser  Fontant»  ^^» 
indifférent;  il  se  mettait  de  suite  &  l'œuvre  et  trois  ans  après  *^\1~ 
premier  ouvrage,  il  publiait  sa  magistrale  a  Description  des  Ammon*^^\. 
des  calcaire»  du  château  de  Crussol.»  Il  reconnaissait  dans  Ces coucl»  ^^L^ 
un  groupe  appartenant  encore  à  la  ions  à  Opp.  tenuilobata  et  at-^^7. 
groupe  supérieur  qui  avec  la  Ter.  janilor  renfermait  la  faune  de   ^5"jV 
aone  à  Waagenia  Becteri  et  Hoplites  Eudoxus.  L'ensemble  des  c*.^^"  J, 
caires  de  Crussol  se  trouvait  ainsi  l'équivalent  des  couches  à  Asp^ 
acanthicam  du  bassin  méditerranéen. 

Mais,  malgré  leur  grande  valeur,  ces  études  sur  la  faune  j  urassiqu  ^* 
de  Crussol  ne   sont   guère  qu'une  partie  accessoire  de  l'oeuvre  dat^*5* 
Fontannes.  A  peine  avait-il  achevé  son  étude  sur  le  vallon  de  hs*-  -^* 
Fuly,  qu'il  avait  conçu  le  vaste  projet  de  reconstituer  l'histoire  die  la»  ^^ 
période  tertiaire  dans  le  bassin  du  Rhône,  reprenant  ainsi  dans  uneautre» 
direction  et  sur  un  plan  beaucoup  plus  étendu  les  idées  de  son 
premier  maître.  A  partir  de  ce  moment  tous  ses  efforts  seront  con- 
centrés vers  le  but  qu'il  t'était  proposé  et  nous  allons  le  voir  presque 
chaque  année  marquer  par  une  série  d'reuvres  originales  les  étapes  - 
parcourues. 

On  admettait  généralement  qu'il  n'existait  dans  le  bas  Dauphlné 
aucune  formation  marine  plus  récente  que  les  gables  h  Noua 
Mickaudi;  Jourdan  seul  avait  soutenu  que  certaines  marnes  marines 


!B8T.     H.  MOTIUi.  —  IIOTICI  HÉCB0IA&IQUK  SUR  FOXTANHBg.  478 

d'une  discordance  analogue  signalée  déjà  dans  le  bassin  tertiaire  de 
Théiiers,  par  MM.  de  Saporta  et  Marion,  Fontannes  n'hésita  pas 
à  en  conclure  à  l'existence  d'un  mouvement  général  d'affaissement 
du  sol  ayant  permis  à  la  mer  Messinienne  d'envahir  la  vallée  du 
Rhône.  Ce  mouvement  d'ensemble  méconnu  jusqu'alors  est  en  réalité 
le  trait  le  plus  saillant  de  l'histoire  de  la  région  pendant  les  temps 
tertiaires  et  il  va  devenir,  entre  les  mains  de  notre  confrère,  un  excel- 
lent point  de  repère  pour  l'étude  des  dépôts  si  compliqués  de  cette 
période.  Fontannes  n'hésita  pas  à  placer  ce  mouvement  à  la  limite 
même  du  Miocène  et  du  Pliocène  :  les  formations  antérieures,  ou 
groupe  de  Yisan,  comprennent  la  Mollasse  marine  et  les  marnes 
palustres  à  Helia  ChristoU,  les  formations  plus  récentes  ou  groupe 
de  Saint-Àriès  sont  représentées  par  les  marnes  à  Congéries,  et  par 
une  série  de  couchef  marines  caractérisées  par  le  Cerithium  vulgatum. 

Ces  couches  pliocènes  pour  Jourdan  avaient  été  rangées  par  Mayer 
d'abord  dans  le  Tortonien,  et  plus  tard  dans  le  Messinien;  Fontannes 
les  fera  remonter  dans  la  suite  jusque  dans  l'étage  Plaisancien. 

Le  mouvement  anté-pliocène  n'est  du  reste  pas  le  dernier  qui  se 
soit  fait  sentir  dans  le  bassin  du  Rhône  :  les  dépôts  pliocènes  n'y 
sont  pas  horizontaux.  Et  ils  se  relèvent  peu  à  peu  du  Sud  au  Nord 
et  de  l'Est  à  l'Ouest,  depuis  l'altitude  de  70  mètres  à  Saint-Ariès 
jusqu'à  celle  de  200  mètres  à  Roussillon  (Isère)  pour  atteindre 
330  mètres  à  Hauterives. 

Dans  un  troisième  mémoire,  Fontannes  reprend  l'étude  détaillée 
dn  groupe  de  Yisan,  puis  il  s'attaque  au  massif  de  Cucuron,  rendu 
célèbre  par  son  gisement  de  mammifères  si  bien  étudié  par  M.  Albert 
Gaudry.  La  faune  de  la  Mollasse  marine  sous-jacente  était  bien 
connue  grâce  aux  travaux  de  MM.  Fischer  et  Tournouôr,  mais  la 
stratigraphie  de  la  région  présentait  encore  bien  des  lacunes  et  des 
obscurités.  Fontannes  y  retrouve  les  différentes  assises  de  son  groupe 
de  Yisan  correspondant  à  l'Helvétien  moyen  et  supérieur  et  au  Tor* 
tonien,  à  la  partie  supérieure  duquel  il  place  les  limons  rouges  à 
Hipparion  (1).  Tout  en  bas  de  la  montagne,  il  signale  à  Saint- 
Christophe  un  lambeau  de  marnes  pliocènes  plaqué  contre  les  assises 
crétacées. 

L'année  suivante,  Fontannes  se  reporte  au  Nord  du   bassin  de 

(1)  Fontannes  aura  plus  tard  occasion  de  tignaler  une  coupe  analogue  sur  les 
flancs  du  Promontoire  même  de  la  Croix-Rousse  à  Lyon  même  (Arch.  du  Mus. 
d'hist.  nat.  de  Lyon,  t.  IV.  1886)  où  les  argiles  ferrugineuses  de  l'Helvétien  sont 
surmontées  par  des  marnes  et  sables  renfermant  une  faune  identique  à  celle  de 
Cucuron  (Maslodon  cf.  lougirostris,  Hipparion  gracile,  Dinotherium  Cuvieri,  Rhi- 
noteroi  SchUiermacheri,  Tragocerut,  etc.  Cette  faune  a  été  étudiée  par  M.  Depéret. 


476         H.    DOUVlt.LÉ.  —  BOTICB    NÉCROLOGIQUH    SDR   PORTAMES.      14    avril 

Visao  et  entreprend  de  relier  ces  dépôts  à  ceux  du  bas  Danphïné 
septentrional.  C'est  dans  ce  but  qn'il  publie  son  étnde  sur  le  bassin 
de  Crest.  La  succession  des  couches  est  ici  très  complète:  les  plus 
inférieures  appartiennent  au  groupe  d'Aix;  au-dessus,  le  groupe  de 
Visan  débute  par  une  assise  à  Oitrea  gratterai?  qui  lui  parait  un  peu 
plus  ancienne  que  les  couches  qu'il  avait  observées  précédemment 
et  se  termine,  &  la  partie  supérieure,  par  des  sables  a  Unio  et  des 
marnes  à  Lignites.  Le  groupe  de  Saint-Artès  est  représenté  par  des 
marnes  et  des  sables  marins  k  Noua  semistriata  et  Ostrea  barrientit, 
qui  occupent  les  parties  basses  de  la  région,  en  s'écartant  peu  dn 
fonds  des  vallées  actuelles  ;  ces  couches  sont  surmontées  par  des 
marnes  sableuses  &  empreintes  végétales  (couches  à  Hélix  Chaixi). 

Fontannes  avait  déjà  signalé  le  prolongement  vers  le  Nord  de  ces 
mêmes  couches,  dans  la  vallée  du  Rhône,  d'abord  jusqu'à  Saint- 
V allier,  puis  jusqu'au  Péage  de  Roassillon  ;  il  les  retrouvera  plus 
tard  an  Nord  de  Tienne,  jusqu'à  Givors.  Vers  l'Est,  il  les  montre 
remontant  la  vallée  de  la  Galaure  et  venant  se  rattacher  aux  marnes 
et  lignites  de  Hauterive.  Partout,  comme  dans  le  haut  Comtat,  ces 
dépôt  sont  plaqués  contre  la  Mollasse  marine,  et  en  stratification 
nettement  discordante  avec  cette  dernière. 

De  nouvelles  recherches  lui  permirent  bientôt  d'établir  que  les 
marnes  à  Congéries  de  Bollène  occupaient  la  base  du  groupe  de 
Saint-Ariès.au  lieu  d'être  superposées  aux  couches  marines  comme  il 
l'avait  cru  tout  d'abord.  Cette  assise,  d'une  grande  importance  théo- 
rique, offre  des  affleurements  tellement  réduits,  que  notre  confrère 
avait  été  obligé  de  Taire  exécuter  des  travaux  de  fouille  spéciaux 
pour  établir  d'une  manière  incontestable  sa  véritable  position. 


1887.      H.   D0UY1LLÉ.   —  NOTICE  NÉCROLOGIQUE  SUR  FON TANNES.  477 

raison  pour  la  faune  de  son  groupe  de  Saint-Ariès.  Le  résultat  de 
cette  étude  fut  la  publication  d'une  magnifique  monographie  inti- 
tulée :  Les  Mollusques  pliocènes  de  la  vallée  du  Rhône  et  du  Roussi  lion , 
dans  laquelle  toutes  les  formes  de  cette  faune  si  intéressante,  au 
nombre  de  340,  sont  minutieusement  décrites  et,  pour  la  plupart, 
figurées. 

Quelques  points  sont  à  signaler  dans  les  conclusions  qui  terminent 
cette  œuvre  magistrale  :  la  faune  des  couches  marines  de  Saint-Ariès 
est  entièrement  distincte  de  celle  de  Gabrières  d'Aiguës,  la  dernière 
des  faunes  marines  miocènes  du  bassin  du  Rhône  ;  ces  couches  sont 
ainsi  beaucoup  plus  récentes  que  le  Tortonien,  et  présentent  des 
affinités  bien  marquées  avec  le  Pliocène  inférieur  ou  Plaisancien.  En 
ce  qui  concerne  les  couches  à  Gongéries  de  Bollène,  la  totalité  des 
espèces  qu'on  y  a  découvertes  sont  représentées  dans  les  couches  à 
Gongéries  de  l'Italie,  de  la  Grèce,  de  la  Russie  par  des  formes  iden- 
tiques ou  des  espèces  affines  qui  ne  laissent  aucun  doute  sur  l'homo- 
taxisme  de  ces  divers  dépôts.  Les  rapports  de  cette  faunule  avec  la 
faune  si  variée  des  couches  pontiques  du  bassin  du  Danube,  sont  moins 
évidents,  et  cependant,  il  n'est  guère  admissible,  dit  Fontannes, 
qu'on  ait  affaire  à  des  formations  d'âge  sensiblement  différent.  En 
Italie  comme  en  France,  les  marnes  à  Gongéries  sont  directement 
recouvertes  par  les  marnes  plaisanciennes  ;  en  France,  elle  sont  en 
discordance  de  stratification  avec  le  terrain  miocène;  dans  la 
péninsule,  où  la  série  des  couches  néogènes  est  le  plus  souvent 
concordante,  les  géologues  italiens  les  considèrent  plus  générale- 
ment comme  le  dernier  terme  des  dépôts  miocènes,  mais  le  rang 
assigné  aux  couches  à  Congéries  sur  l'échelle  slratigraphique  reste 
le  même  dans  les  deux  appréciations.  Dans  le  bassin  du  Danube,  au 
contraire,  elles  succèdent  aux  couches  à  Gérithes  (étage  sarmatique) 
superposées  elles-mêmes  aux  couches  de  Baden,  dont  la  faune  a  un 
caractère  un  peu  plus  récent  que  celle  de  Gabrières,  l'échelon  le  plus 
élevé  du  Miocène  rhodanien.  «  Il  est  ainsi  certain  que  les  couches  à 
«  Gongéries  de  toute  l'Europe  méridionale,  si  elles  ne  sont  pas  abso- 
«  lument  concordantes  sont  toutes  subordonnées  à  une  même  phase 
«  tellurique  à  laquelle  ont  mis  fin,  sur  une  zone  très  étendue,  les 
«  empiétements  delà  mer  pliocène». 

Fontannes  ne  se  dissimulait  pas  toutefois  les  difficultés  que  pré- 
sentait  encore  la  solution  complète  de  cette  question.  Deux  points 
lui  paraissaient  définitivement  acquis  pour  les  couches  à  Gongéries 
du  bassin  du  Rhône,  leur  liaison  intime  avec  le  groupe  pliocène 
de  Saint-Ariès  et  leur  identité  avec  les  couches  à  Gongéries  de 
l'Italie.  Mais  d'un  autre  côté  il  n'ignorait  pas  que,  dans  le  bassin 


478  h.  DOtrvrLté.  — hotice  hkchologhjue  stra  fontawies.  14  arril 
de  Vienne,  les  couches  à  Congéries  sont  surmontées  par  des  assises 
renfermant  une  faune  de  mammifères  à  peu  près  identique  avec 
celle  de  Cucuron.  Ces  couches  étaient-elles  donc  pliocènes  au  Sud  et 
a  l'Ouest  des  Alpes  et  miocènes  au  Nord?  C'est  une  conclusion  qu'il 
pressentait,  mais  sans  pouvoir  l'affirmer  encore. 

Aussi  saisit-il  avec  empressement  l'offre  qui  lui  fut  faile  par 
M.  Stephanesco,  d'étudier  les  matériaux  recueillis,  pour  l'établisse- 
ment de  la  carte  géologique  de  Roumanie,  dans  les  assises  les  plus 
élevées  des  terrains  néogènes.  En  même  temps  il  engageait  un  de 
ses  amis,  notre  confrère,  M.  Depéret  a  étendre  jusqu'à  l'Italie,  ses 
belles  recherches  sur  les  faunes  de  vertébrés  du  Mio-pliocène.  Des 
deux  cdtés  les  résultats  obtenus  furent  remarquablement  concor- 
dants. 

En  Roumanie,  comme  dans  le  bassin  de  Vienne  les  étages  ponti- 
que (couches  à  Congéries)  et  levantin  (couches  àPaludines)  paraissent 
complètement  indépendants.  Tandis  que  le  premier  se  relie  d'une 
manière  incontestable  au  Sarmatique  dont  la  faune  a  un  caractère 
nettement  miocène  les  couches  a  Paludines,  au  contraire,  sont  insépa- 
rables des  sables  à  Mmiùtlon  arvernensis,  avec  lesquels  elles  alternen  t 
à  leur  partie  supérieure;  il  est  donc  impossible  de  ne  pas  les  ratta- 
cher au  Pliocène.  C'est  entre  ces  deux  systèmes  qu'il  parait  naturel 
de  placer  la  limite  des  deux  étages.  Or,  l'examen  de  la  faune  des 
différentes  assises  montre  que  ni  les  Congéries  ni  les  Limnocardiam 
ne  sont  exclusivement  localisés  dans  les  couches  pou  tiques  ;  on  connaît 
maintenant  dans  le  Levantin  de  Roumanie  un  assez  graud  nombre 
d'espèces  de  Congéries  et  de  Cardiidés,  appartenant  soit  au  genre 
Limnocardium,  soit  à  des  genres  voisins.  En  étudiant  ces  formes, 
Foulannes  fut  frappé  de  voir  que  leur  ensemble  présentait  une 
analogie  extrême  avec  la  faune  des  couches  à  Congéries  du  bassin  du 
Rhône,  tandis  qu'il  n'offrait  que  des  affinités  plus  lointaines  avec 
celle  des  couches  à  Congéries  du  bassin  de  Vienne.  11  se  pourrait 
donc,  dit-il,  que  les  couches  à  Congéries  du  S.-E.  do  la  France  ainsi 
que  celles  de  l'Italie,  fussent  d'un  âge  plus  récent  que  celles  de 
l'Aulriche-Hongrie,  et  représentassent,  sous  un  faciès  différent,  la 
base  du  Levantin  de  l'Europe  orientale. 

M.  Depéret  était  arrivé,  du  son  côté,  aux  mêmes  conclusions,  par 
l'étude  de  la  faune  de  Casino  intercalée,  eu  Italie,  au  milieu  des 
couches  à  Congéries.  Celte  faune  malgré  la  présence  d'un  petit 
nombre  de  formes  miocènes  (1),  a  dans  son  ensemble  un  caractère 

(1)  L'une  de  ces  formes,   Vllippariaii  ijracib:  se  retrouve  du  reste  en  plusieurs 


1887.     H.  BOV? Ittt.  —  MOTlCft  IIÉGROLOGIOOB  SUR  FONTAMIS*.  478 

pliocène  bien  accentué  et  est  certainement  pins  récente  que  celle  du 
Belvédère,  à  Vienne.  «  Il  en  résulte  donc,  dit-il,  que  les  couches  à 
»  Congéries  de  Vienne,  quoique  placées  dans  une  situation  homo- 
»  taxique  analogue  à  celle  des  couches  à  Congéries  de  l'Italie,  sont 
»  d'âge  an  peu  plus  ancien.  » 

Ainsi  se  trouvaient  confirmées  et  vérifiées  les  conclusions  des 
premiers  travaux  de  Fontannes,  attribuant  au  Pliocène  les  marnes 
à  Congéries  du  bassin  du  Rhône. 

La  Bresse  était  restée  tout  d'abord  en  dehors  des  régions  étudiées 
par  notre  confrère.  Il  ne  pouvait  cependant  se  désintéresser  complè- 
tement des  questions  que  soulevait  l'étude  géologique  d'une  région 
aussi  voisine  de  Lyon  et  aussi  intimement  liée  au  bassin  inférieur 
du  Rhône.  Il  avait  commencé  à  en  explorer  la  partie  la  plus  méridio- 
nale et  les  premières  notes  qu'il  a  publiées  sur  ce  sujet  empruntent 
un  intérêt  tout  particulier  à  la  grande  compétence  de  notre  confrère, 
dans  toutes  les  questions  qui  se  rattachent  aux  terrains  tertiaires 
du  S.  E.  Pour  lui,  les  alternances  d'argiles  et  de  sables  qui  consti- 
tuent la  masse  interne  du  plateau  des  Dombes  et  de  la  Bresse  méri- 
dionale, aussi  bien  par  leur  faune  (Hélix  Chaixi,  Paludina  Dresseli, 
Rhinocéros  leptorinus)  que  par  leurs  caractères  stratigraphiques,  vien- 
nent se  placer  très  nettement  au  niveau  des  assises  d'eau  douce,  qui 
dans  tout  le  S.  E.  succèdent  aux  dépôts  marins  du  golfe  pliocène  de 
Saint- Ariès.  Ces  sables  et  ces  argiles  occupent  une  vaste  dépression 
qni  au  Midi  ne  devait  guère  dépasser  la  latitude  de  Lyon.  A  la  suite 
de  cette  première  phase  toute  la  région  parait  avoir  subi  à  diverses 
reprises  un  mouvement  progressif  de  relèvement  vers  le  Nord.  De  là, 
une  succession  de  périodes  d'érosion  et  de  remblaiement  dont  les  diffé- 
rents dépôts  plaqués  les  uns  contre  les  autres  sont  souvent  bien  dif- 
ficiles à  distinguer. 

Un  premier  ravinement  a  été  comblé  par  les  sables  et  graviers  à 
Mastodon  arvernensis  (sables  de  Trévoux)  attribués  au  Pliocène  moyen, 
surmontés  eux-mêmes  par  les  sables  et  graviers  ferrugineux  (conglo- 
mérat bressan)  du  Pliocène  supérieur  à  E  le  plia  s  meridionalis  et  Mas- 
todon arvenensis  (gare  de  saint-Germain). 

Une  seconde  période  de  remblaiement  correspond  aux  dépôts 
quaternaires  présentant  à  la  base  des  couches  à  Eleph.  antiquus,  puis 
des  alluvions  préglaciaires  à  Biso  pritcus,  qui,  d'après  M.  Depéret, 
pourraient  être  attribuées  auMoustiérien.  C'est  au-dessus  que  se  déve- 
loppent les  dépôts  glaciaires  qui  terminent  cette  deuxième  période. 
Enfin  un  dernier  ravinement  est  indiqué  par  les  alluvions  ancienne  s 
des  vallées. 

Nous  venons  de  voir  les  brillants  résultats  obtenus  par  Fontannes 


480         H.   DOUYILLÉ.  —  KOTICE   HftCROLOGlQDB  SUR   FONTAMHIS.      14   avril 

pour  les  terrains  tertiaires  moyen  et  supérieur.  Il  lui  restait  encore  à 
étudier  tout  od  ensemble  de  couches  plus  anciennes  connues  sous  le 
nom  de  groupe  d'Aii. 

Déjà,  dans  son  mémoire  sur  le  bassin  de  Crest,  il  avait  eu  occasion 
de  décrire  une  partie  de  ses  assises,  mais  pour  en  représenter  les 
affleurements  sur  la  carte  géologique,  il  était  nécessaire  d'établir  leur 
parallélisme  avec  les  différents  termes  de  la  série  parisienne  :  la 
paléontologie  seule  pouvait  fournir  tes  rapprochements  cherchés. 
Fontannes  en  fit  l'objet  d'une  première  publication  sous  le  titre  de 
Description  sommaire  de  ta  faune  malacotogique  des  formations 
saumâtres  et  d'eau  douce  du  groupe  d'Àix  bientôt  complétée  par 
une  étude  stratigraphique  qui  embrassait  la  Provence,  le  Dau- 
phiné  et  le  bas  Languedoc. 

Il  reconnut  d'abord  que  les  assises  les  plus  élevées  de  ce  groupe, 
étaient  indépendantes  de  la  mollasse  marine  qui  les  recouvrait  en 
stratification  discordante.  La  présence  dans  ces  couches  de  Y  Hélix 
Ramondi  permettait  de  les  placer  sur  l'horizon  du  calcaire  de  Beauce 
et  de  ranger  dans  le  Toogrien  les  couches  immédiatement  sous- 
jacentes,  caractérisées  par  le  Melanoides  Laurce  et  de  nombreux  Pota~ 
mides. 

Pour  les  couches  inférieures,  les  points  de  repère  sont  moins 
précis,  et  si  quelque  incertitude  subsiste  encore  dans  l'assimilation 
rigoureuse  de  la  faune  de  la  Debruge  à  celle  du  gypse  parisien,  par 
suite  de  la  présence  du  Nystia  Duchasieli  (qui  occupe  généralement 
un  niveau  un  peu  plus  élevé),  il  n'en  reste  pas  moins  très  probable  que 
cette  faune  appartient  bien  réellement  à  l'Eocèoe  supérieur.  Enfin  la 
découverte  en  plusieurs  points  d'un  horizon  inférieur  caractérisé  par 


1887.      H.   DOU VILLE.   —  NOTICE  NÉCROLOGIQUE  SUR  FONTANNES.  481 

est  le  P.  latissimus  et  appartient  au  groupe  de  Saint- Ariès.  Or  ces 
deux  formes  co-existent  dans  le  bassin  de  Vienne,  tandis  que  le 
/\  latissimus  seul  persiste  dans  le  Pliocène.  «  On  voit  ainsi,  ajoute 
»  Fontannes,  que  la  mutation  dans  le  temps  n'est  que  la  persistance 
»  d'une  variété  ;  ainsi,  la  transformation  finale  n'est  pas  due  à  un  raou- 
»  vement  lent  et  continu  dans  une  direction  unique  de  l'ensemble 
»  de  l'espèce,  mais  bien  à  l'extinction  de  certaines  variétés  anciennes 
»  qui  ont  disparu  sous  des  influences  diverses  et  à  la  survivance 
»  de  certaines  autres,  qui,  par  le  fait  d'une  distribution  particulière 
»  ou  d'une  plus  grande  force  de  résistance  aux  changements  de 
»  milieu,  ont  continué  la  lignée  en  lui  imprimant  un  faciès  spécial, 
»  conséquence  forcée  de  la  loi  d'hérédité  ».  Nous  avons  pu  vérifier 
nous  même,  dans  bien  des  cas,  cette  loi  si  remarquable  énoncée  par 
Fontannes,  et  il  est  possible  que  des  recherches  poursuivies  dans 
le  même  ordre  d'idées,  arrivent  à  élucider  un  jour  le  grand  problème 
de  l'origine  des  espèces.  J'ajouterai  que  dans  un  ouvrage  tout  récent, 
un  des  continuateurs  de  Darwin,  M.  Romanes,  a  été  amené  par  des 
considérations  toutes  différentes  et  purement  biologiques  à  formuler 
une  hypothèse  analogue  :  il  attribue  la  constitution  de  formes  nou- 
velles non  plus  à  la  sélection  proprement  dite,  mais  au  développe- 
ment de  variétés  qui,  par  une  cause  quelconque,  physique  ou  phy- 
siologique, par  suite  d'une  émigration  par  exemple,  se  sont  trouvées 
isolées  de  la  forme  mère.  Si  j'ai  cru  devoir  vous  signaler  cette  sin- 
gulière coïncidence,  c'est  qu'elle  me  paraît  confirmer  d'une  ma- 
nière, au  moins  inattendue,  les  vues  émises  sur  le  même  sujet  par 
notre  regretté  confrère. 

Fontannes  avait  étékattaché  en  1879  au  service  delà  carte  géolo- 
gique de  France;  il  s'était  chargé  de  délimiter  les  affleurements  des 
terrains  tertiaires  dans  tout  le  bassin  du  Rhône.  Son  esprit  judicieux 
et  lucide  avait  bien  vite  compris  que  toute  étude  est  incomplète 
qui  ne  peut  aboutir  à  une  carte  et  il  n'hésita  pas  à  s'imposer  ce 
nouvel  assujettissement.  De  Lyon  jusqu'à  Arles,  il  a  ainsi  terminé 
le  levé,  à  l'échelle  du  1/80,000"  des  terrains  miocène,  pliocène  et 
quaternaire  s'étendant  sur  cinq  feuilles  de  l'état-major.  Il  s'était 
chargé  d'une  tâche  analogue  pour  la  carte  au  1/1,000,000°,  mais 
il  fallait  la  poursuivre  sur  tout  le  bassin  du  S.-E.  et  au-delà  de  la 
région  qu'il  avait  particulièrement  étudiée.  Sa  conscience  scrupu- 
leuse ne  lui  permettait  pas  d'admettre  avec  la  diminution  de  l'échelle, 
une  moindre  rigueur  dans  les  tracés;  la  séparation  à  établir  entre 
l'Eocène  et  le  Miocène,  telle  qu'elle  résultait  de  ses  travaux,  n'exis- 
tait sur  aucune  carte  ;  c'était  une  œuvre  de  patience  et  de  longue 
haleine  que  de  la  poursuivre  pied  à  pied.  Fontannes  ne  se  dissimu- 

XV.  31 


481  b.  moHUà.  —  ioticb  ataoïoofooi  sua  vo»T«rm».  14  avril 
lut  pat  qu'rl  était  impossible  ds  l'aoeemplir  entièrement  dans  U 
temps  qui  loi  était  assigné;  on  ne  lui  demandait  que  de  fixer  eux  U 
carte,  l'état  provisoire  de  ses  connaissance*  ;  il  n«  pouvait  s'y  recou- 
dre; chaque  point  douteux  devenait  pour  lui  une  véritable  obsession 
dont  il  se  loi  était  possible  de  se  délivrer  qu'eu  allant  le  vérifier  par 
loi-même. 

Dans  nue  de  ces  excursions,  a»  mois  de  novembre  dernier,  il  fut 
surpris  par  les  grandes  pluies  et  les  inondations  qui  désolèrent,  à 
cette  époque,  une  partie  du  bassin  du  Rhône.  U  se  hâta  de  revenir, 
mais  il  rapportait  à  Lyon  le  germe  de  la  maladie  qui  devait  l'enlever 
si  prématurément  :  a  Ma  dernière  tournée  aquatique  dans  le  Midi, 
écrivait-il  à  ce  montent,  m'a  dégoûté  du  mauvais  temps  pour  quel- 
ques mois.  11  ne  faut  abuser  de  rien  ».  Et  pourtant  une  dernière 
lettre  qu'il  écrivait  quelques  jours  plue  tard  est  presque  entière  con- 
sacrée à  se  féliciter  des  résultats  de  cette  dernière  et  fatale  excnnioB. 

Quand  en  1884,  l'Institut  avait  décerné  à  Fontanaes  le  grand  prit 
des  Sciences  physiques,  le  rapporteur  de  la  commission,  M.  Daubrée 
avait  pu  dire  :  «  Grâce  aux  recherches  de  Fontannes,  la  vallée  du 
Rhône  est  aujourd'hui,  sous  le  rapport  des  terrains  récents,  l'une  des 
régions  les  mieux  connues,  »  Cet  éloge  qui  dit  tant,  dans  sa  simpli- 
cité, n'aurait  été  complètement  mérité  aux  yeux  de  notre  confrère, 
que  lorsqu'il  aurait  pu  achever  l'étude  complète  des  terrains  éocèue 
et  oligocène  du  bassin  d'Aix.  La  lettre,  à  laquelle  nous  venons  de 
faire  allusion,  montre  combien  il  était  près  d'atteindre  ce  ont  si 
désiré. 


Malgré  cette  dernière  partie  laissée  encore  inachevée,  on  voit 


1887.      H.  MWUtf*   —  fQW4B  fl*CW>U>WW  SDR  ftQffTANNIiS.  403 

Mais  ehet  Fontannes  l'effort  a  été  trop  permanent.  Entièrement 
libre  de  son  temps,  il  n'a  usé  (on  pourrait  dire  abusé)  de  cette  liberté 
que  pot»?  se  livrer  i  un  travail  excessif.  Enfermé  depuis  le  matin 
dans  son  jcabinet,  au  milieu  de*  ses  livres  et  de  ses  chères  collections 
il  y  vivait  jusqu'au  soir,  absorbé  (dans  ses  études  et   étranger  au 
monde  qui  l'entourait.  A  l'heure  des  repas,  il  entretenait  sa  mère 
de  ses  travaux  et  de  ses  projets  ;  il  savait  l'intéresser  à  ses  occupa- 
tions dfi  chaque  jour,  aux  résultats  de  la  veille  et  aux  espoirs  du 
lendemain.  Elle,  tout  en  essayant  de  modérer  cette  fièvre  de  travail, 
prenait  sa  part  de  toutes  ses  joies,  de  toutes  ses  vues  d'avenir,  le 
relevait  de  &es  découragements  passagers  ;  puis,  le  repas  fini,  le 
voyait  avec  un  triste  sourire  retourner  au  travail  interrompu.  Chaque 
soir,  il  promettait  de  moins  prolonger  la  veillée;  chaque  matin, 
la  lampe  vide  trahissait  la  promesse  oubliée.  Le  dimanche  seulement, 
la  soirée  était  consacrée  à  ses  parents  et  à  ses  amis  ;  on  le  retrou- 
vait alors  tout  entier,  plein  d'entrain  eJL  de  jeunesse,  causeur  char- 
mant, affectueux  povr  tous,  s'intéressant  à  toutes  les  choses   de 
l'esprit,  semblant  avoir  oublié  pour  quelques  heures  le  travail  dont  il 
vivait  et  dont  il  devait  mourir. 

Uae  contention  .d'esprit  aussi  incessante  et  aussi  prolongée, 
dépassait  les  forces  humaines.  Lui  seul,  parmi  les  siens,  l'ignorait 
ou  se  refusait  à  y  croire,  quand  ses  parents  ou  ses  amis  le  lui  fai- 
saient doucement  observer.  Peut-être  aussi  sentait-il,  au  moins 
dans  les  dernières  années  de  sa  vie,  que  les  craintes  des  siens  étaient 
fondées,  et  craignait-il,  en  ralentissant,  de  n'avoir  pas  le  temps  d'a- 
chever l'œuvre  qu'il  avait  si  passionnément  entreprise.  A  son  retour 
du  congrès  de  Berlin,  la  maladie  lui  avait  donné  un  premier  aver- 
tissement; il  Ae  voulut  pas  en  tenir  compte.  A  toutes  les  remon- 
trances amicales  qu'on  essayait  de  lui  faire,  il  continuait  à  ré- 
pondre :  «  J'ai  commencé  si  tard,  je  dois  rattraper  le  temps  perdu.  » 
Il  consentait  à  se  soigner,  mais  jamais  à  se  ménager.  Quelques  jours 
avant  sa  dernière  maladie,  le  30  novembre,  il  écrivait  à  un  de  nos 
confrères  :  «  Je  travaille  toujours  tant  que  je  peux,  et  je  ne  puis 
•  pas  assez.  Les  matériaux  s'accumulent  ;  les  questions,  lasses  de 
»  mûrir,  moisissent  sur  le  chantier.  Et  la  vie  s'écoule  de  plus  en 
»  plus  rapide  !  Qu'au  moins,  elle  vous  soit  toujours  douce  !  » 

Quand  il  traçait  ces  lignes,  w  riant  de  sa  dernière  campagne,  de 
sa  campagne  aquatique  comme  il  l'appelait,  la  fin  était  bien  proche. 
La  maladie  qui  se  déclara  brusque  et  terrible  aurait  pourtant  cédé 
aux  soins  qui  l'entouraient  ;  un  moment  elle  sembla  vaincue,  on  le 
croyait  sauvé  ;  mais  sa  constitution  épuisée  ne  pouvait  plus  le  sou- 
tenir. Cette  vie  qu'il  sentait  s'écouler  si  rapide  s'était  en  effet  dépensée 


484  li.    DODVILLÉ.  —  NOTICE    NÉCROLOGIQUE  SUR.PONTARUBS.     14    avril 

trop  vite  dans  un  trop  grand  effort.  Comme  d'autres  meurent  de 
vieillesse,  Forttannes  est  mort  d'un  excès  de  travail. 

Les  encouragements  n'ont  pas  manqué  a  sa  courte  carrière;  qui 
oserait  dire  cependant  qu'ils  ont  été  A  la  hauteur  des  services  ren- 
dus? Lauréat  de  la  Sorbonne  en  1878,  lauréat  du  prix  Yiquesnel  en 
1879,  vice-président  de  notre  Société  an  1883,  secrétaire  des  con- 
grès de  Bologne  et  de  Berlin,  Fontannes  à  obtenu  à  l'Institut  une 
première  mention  en  1883,  et  le  grand  pris  des  sciences  physiques 
en  1884.  Deux  ans  après,  il  était  présenté  comme  Membre  corres- 
pondant de  l'Académie  des  Sciences.  La  mort  est  venue  trop  tût  ;  des 
distinctions  plus  hautes  auraient  sans  doute  prochainement  récom- 
pensé cette  vie  toute  entière  consacrée  à  la  science. 

Ce  n'est  pas  ces  distinctions  qu'il  a  dû  regretter  en  se  sentant 
mourir,  mais  bien  l'œuvre  géologique  inachevée,  à  laquelle  il  avait 
tout  sacrifié.  Ses  dispositions  testamentaires,  prises  dès  1883,  mon- 
trent bien  en  effet  I'attacbement  passionné  qui  l'animait  pour  les 
sciences  géologiques.  Les  prix,  qui  lui  avaient  été  décernés,  l'avaient 
soutenu  dans  ses  travaux,  il  veut  augmenter  encore  l'action  aalu- 
lutaire  de  ces  récompenses  et  il  institue  en  faveurde  l'Académie  des 
Sciences  et  de  la  Société  géologique  de  France  deux  legs  de  20,000 
francs  chacun,  destinés  à  fonder  un  prix  de  Paléontologie  et  un  prix 
de  Géologie  stratigraphique. 

Ce  n'est  pas  tout;  il  veut  aussi  que  les  moyens  de  travail  qu'il 
avait  réunis  autour  de  lui,  que  sa  riche  bibliothèque,  que  ses  collec- 
tions, qu'il  avait  rassemblées  au  prix  de  tant  de  fatigues,  puissent 
encore  être  utiles  après  lui,  et  il  charge  deux  de  ses  amis  de  répartir 
sa  bibliothèque  et  ses  collections  entre  l'Ecole  des  Mines,  le  Muséum 


4887.      H.    DOUVILLÉ.    —  NOTICE   NÉCROLOGIQUE   SUR   FONTANNE.  485 

Liste  des  travaux  publiés  par  M.  F.  Fontannes. 

1^73.  —  Le  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Lyon. 

1874.  —  Note  sur  une  coupe  de  l'infràlias  prise  au  sommet  du  Narce.  (Mont 
d'Or)  (Annales  de  la  soc.  d'agr,  de  Lyon,  tome  VI,  4  juillet  1873. 

4874.  —  A  propos  de  quelques  notes  prises  à  Athènes. 

1875.  —  Note  sur  la  coupe  géologique  de  la  gare  de  Saint-Paul  (Ann.  Soc.  agr. 
f^-you,  tome  VII,  19  juin  1874). 

d875.  —  Note  sur  la  découverte  de  Foraminifères  dans  la  marne  ferrugi- 
neuse de  Saint-Paul  (ibid.,  p.  CVII). 

1875.  —  Sur  les  sables  mio-pliocènes  du  Bas  Dauphiné  septentrional  (Association 
française,  4*  session,  p.  679.) 

1875.  —  Le  vallon  de  la  Fuly  et  les  sables  à  buccins,  des  environs  d'Heyrieu 
tXsère),  étude  strati graphique  et  paléontologique.  —  In-8°,  59  p.;  1  pi.  fossiles, 
±  pi.  coupes  (Ann.  Soc.  agr.  Lyon,  t.  VIII)  (Premier  mémoire  de  la  série  des 
études  stratigraphiques  et  paléontologiques  pour  servir  à  l'histoire  de  la  prériode 
tertiaire  dans  le  bassin  du  Rhône). 

1875.  —  Considérations  sur  les  Ammonites  de  la  zone  A.  tenuilobatus  deCrussol 
(Académie  de  Lyon). 

4876.  —  Sur  le  cailloutis  de  la  Fuly  et  les  sables  à  Buccins  des  environs 
d'Heyrieu  (Bull.  Soc.  géol.  de  France,  3*  série,  t.  IV, p.  224  à  226,  31  Janv. 
1  «-:«). 

1878.  —  Dumortier  et  Fontannes.  —  Description  des  Ammonites  de  la  zone 
&  Amm.  tenuilobatus  de  Crussol  (Ardèche)  et  de  quelques  autres  fossiles  juras- 
siques nouveaux  ou  peu  connus,  in-8,  159  p.  19  pi.  de  fossiles  (Mém.  de  l'Acad. 
do  Lyon). 

1876.  —  Sur  les  Ammonites  de  la  zone  à  .1mm.  tenuilobatus  de  Crussol 
(Association  française,  5« session,  p.  408). 

1876.  —  Sur  les  terrains  tertiaires  supérieurs  du  haut  Comtat  Venaissin 
(ibid.  p.  409). 

1876.  —  Sur  les  embouchures  des  Deltas  miocènes  et  pliocèues  du  Var  (ibid. 
P.  417). 

1876.  —  Les  terrains  tertiaires  supérieurs  du  Haut-Comtat  Venaissin  (Bullène, 
S&int-Paul-trois-chàteaux,  Visan),  suivi  de  diagnoses  de  quelques  espèces  et 
variétés  nouvelles  des  terrains  tertiaires  supérieurs  du  bassin  du  Rhône,  iu-S, 
Wp.,  2  pi.  coupes  (Ann.  Soc.  agr.  Lyon,  t.  IX,  p.  571).  (Second  mémoire  de  la 
férié  des  études  strat.  et  pal.  etc). 

1877.  —  Sur  les  Ammonites  de  la  zone  à  Amm.    tenuilobatus  de  Crussol  (Bull. 

SOC.  géol.   3«  série,  t.  V,  p.   33-39,  6  nov.    1876;. 

1877.  —  Note  sur  la  présence  de  dépôts  messiniens  dans  le  Bas  Dauphiné 
septentrional  (ibid.  p.  542  à  559,  16  avril  1877). 

1877.  —  Observations  sur  le  compte  rendu  par  M.  Polier  de  la  course  de  Biot 
(ibid.  p.  775). 

1877.  —  Description  de  Y  Amm,  Torcapeli  (ibid.  p.  838,  pi.   XIX). 

1877.  —Note  sur  le  terrain  nummuliti<iue  de  la  Mortola  (ibid.   p.  857-862). 

1877.  —  Sur  l'âge  de  la  mollasse  de  Sainte-Juste  (Dronu'J  (ibid.  p.  8<53-StH). 

1878.  —  Communication  relative  à  la  découverte  de  la  tortue  h  >urb-ju>e  dans 
'es marais  de  la  Verpillière  (Ann.  Soc.  agr.  Lyon,  y  série,  t.  1,  p.  LXXVII, 
t  août  1878). 

1878.  —  Les  terrains  tertiaires  du  bassin   de  Visan  (Vaucluse),  in-a,  no  p. 


488        h.  DOumLé.  — notice  hécbologiqde  sub  roHTAHHBS.    14  avril 

du  Rhône  et  du  Roussillon  ;  (texte,  fin  des  tomes  I  et  II,  planchas  VII  à  X  et  XV 
à  XIX  du  tome  II  (ibid.  te  murs  1883). 

1883.  —  Les  Mollusques  pliacènes  de  la  vallée  du  Rhône  et  du  Roussillon,  fasci- 
cule fl(Expl.des  pi.  I  et  II;  pi.  XI  à  XIV,  carte). 

iBSt .  *—  Nouveaux  renseignements  sur  les  sondages  opérés  dans  les  emirons  de 
Tonssteu  (Ann.  Sac  d'agr.  de  Lyon,  t.  VI,  p.  XXVII,  lî  janv. .  1883  et  p.  LV 
)4  mars  1B83), 

1884.  —  Note  sur  quelques  gisements  nouveaux  des  terrains  miocènes  du  Por- 
tugal et  description  d'un  Portunlen  du  genre  Anchciaus,  in-8,  40  p.,  pi.  (Annales 
des  sciences  géologiques,  t.  XVI). 

1884.  —  Élude  sur  les  allumions  pliocènes  et  quaternaires  du  plateau  de  la  Bresse 
dans  les  environs  de  Lyon  (suivie  d'une  note  sur  quelques  mammifères  des 
alluvions  préglaciaires  de  Sathonav  par  le  D'  Ch.  Depéret),  in-8,  31  p,  1  pi. 
coupes. 

1884.  —  Sur  le*  cailloux  a  facettes  de  la  Crau  et  sur  la  découverte  d'un  gise- 
ment a  Térébratules  dans  la  Mollasse  marine  entre  Orange  et  MiramasÇAnn.  Soc. 
d'agr  de  Lyon,  t.  VII,  p.  LXXXVIII,  4  juillet  1884). 

1884.  —  Sur  un  nouveau  gisement  de  couches  à  Congéries  près  de  Meynes  (Gard) 
(ibid.  p.  XCI.  18  juillet  1884). 

1884.  —  Sur  une  des  causes  de  la  variation  dans  le  temps  des  faunes  malaco- 
logiques,  à  propos  de  la  filiation  des  Pecten  restitutensis  et  latissimus  (Bull.  Soc. 
géol.,  t.  XII,  p.  857-364,  pi.  XVI,  s  mars  1884). 

1884.  —  Sur  un  nouveau  gisement  fossilifère  des  marnes  plaisanciemies  de 
Saint-Ariès,  situé  prés  d'Eyguières  (Bouches-du-Rhûne)  (ibid.  t.  XII,  p.  378, 
7  avril  1884.) 

1884.  —  Sur  la  présence  des  sables  à  Potamides  Btuteroti  dans  la  vallée  de  la 
Cèie  iGard)  (Ibid,  t.  XII.,  p.  447-451). 

1884.  —Note  sur  la  constitution  du  sous-sol  de  laCrauetde  la  plaine  d'Avignon" 
(Ibid.  t.  XII,  p.  483-173,  îi  avril  1884). 

1884.  —  Description  sommaire  de  la  faune  malacologique  des  formations 
saunâtres  et  d'eau  douce  du  groupe  d'Aix  (Bmonien-Aquitanien),  dans  le  Bas 
Languedoc,  la  Provence  et  le  Daupbiné,  in-8,  eo  p.,  t.  pi  de  fossiles,  i  tableau. 


1887.   E.  rUCHS. —NOTICE  NÉCROLOGIQUE  SUR  S.-B.  DE  CHANCOURTOIS.    489 

1886.  —  Sur  les  causes  de  la  production  des  facettes,  sur  les  quartzites  des  alla* 
▼ions  pliocènes  de  la  vallée  do  Rhône  (Bail.  Soc.  géol.,  t.  XIV,  p.  246-255,  18 
janvier  1886). 

1886.  —  Les  terrains  tertiaires  et  quaternaires  du  promontoire  de  la  Croix* 
Rousse,  à  Lyon,  d'après  la  coupe  relevée  par  Jourdan  en  1858*1862,  in-4%  18  p., 
3   pi.  de  coupes  (Archives  du  Muséum  d'Hist.  nat.  de  Lyon,  t.  IV). 

1886.  —  Contribution  à  la  faune  malacologiqae  des  terrains  néogènes  de  la 
Roumanie,  in-4*.  Lyon,  49  p.,  2  pi.  fossiles. 

1886.  —  Sur  la  faunes  des  étages  sarmatique  et  levantin  en  Roumanie  (Bull. 
Soc.  géol.,  t.  XV,  p.  49-61.) 

1886.  —  Observations  sur  les  couches  rencontrées  dans  le  percement  du  tunnel 
de  la  ligne  de  Collonges  à  Lyon-Saint-Clair  (Bull.  Soc.  géol.,  t.  XV,  p.  61).  ■— 
Ann.  Soc.  d'Agr.  de  Lyon,  16  juillet,  5  nov.,  et  zz  nov.  1886.  —  G.  R.  de  l'Ins- 
titut t.  103,  p.  613,  4  OCt.  1886). 

1886.  —  Sur  la  découverte  de  débris  de  Mastodonte  dans  la  Mollasse  marine  des 
environs  de  Digne  (Ann.  Soc.  d'Agr.  de  Lyon,  22  nov.  1886). 

1886.  —  Sur  certaines  corrélations  entre  les  modifications  qu'éprouvent  des 
espèces  de  genres  différents,  soumises  aux  mêmes  influences  (C.  R.  de  l'Institut, 

t.  183,  p.  1022.  22  nov.  1886). 

1886.  —  Sur  le  gisement  à  Bison  prisais  de  Sathonay  (Soc.  d'Anthrop.  de  Lyon, 
6  juin  1885). 

En  cours  de  publication 

Note  sur  les  terrains  traversés  par  le  tunnel  de  Collonges  à  Lyon  Saint- Clair 
imprimé  dans  les  Ann.  Soc.  d'Agr.  de  Lyon,  par  les  soins  de  M.  Depéret. 

CARTES   GÉOLOGIQUES. 

Carte  géologique  détaillée  de  la  France  au  1/80,000  :  tracé  des  contours  des  dif- 
férents étages  du  terrain  tertiaire  sur  les  feuilles  d'Orange  et  d'Avignon  (en  cours 
de  publication)  et  sur  celles  d'Arles  et  de  la  Couronne,  de  Saint-Etienne,  de  Va- 
lence, de  Privas,  d'Alais  et  de  Forcalquier  (en  préparation). 

Carte  géologique  au  l/l,OOO,O0O  :  tracé  des  contours  du  terrain  tertiaire  et  qua- 
ternaire dans  la  vallée  du  Rhône  depuis  Lyon  jusqu'à  la  mer,  dans  celle  de  la 
Durance  jusqu'à  Digne,  et  sur  le  littoral  méditerranéen  depuis  Arles  jusqu'à  Nar- 
bonne  par  Montpellier  et  Béziers. 

M.  René  Nicklès  donne  lecture,  en  l'absence  de  M.  Fuchs,  de  la 
notice  suivante  : 

Notice  sur  M.  A.  E.  Béguyer  de  Ghancourtois, 

Par  M.  Edmond  Fuchs. 

La  Géologie  et  le  Corps  des  mines  viennent  de  faire  une  grande  perte 
dans  la  personne  de  M.  À.  E.  B.  de  Ghancourtois,  inspecteur  général 
des  Mines,  professeur  de  Géologie  à  l'Ecole  des  Mines,  ancien  S.  Direc- 
teur de  la  carte  géologique,  commandeur  de  la  Légion  d'honneur. 

Esprit  d'élite,  cœur  noble,  nature  chevaleresque,  travailleur  infa- 
tigable, M.  de  Ghancourtois  laisse  après  lui  une  œuvre  considérable, 


Mû    E.FOCHS.—  WOTIOB!lftCllOI.0Gn3lïEÎÏIRB.  D.  mt  GlMUCOVaTOM.   141YTÏ 

^d(,  pw  «on  caractère  «levé  et  sa  portée  général»,  fat  assorte  do 
posséder  une  longue  datée  et  d'eiercef  une  influence  profonde. 

Après  de  brillantes  études  à  l'Ecole  Polytchnique  et  à  l'Ecole  des 
Mines  (1838-1843),  il  choisît*  pour  lu  mission  qui  clôt  1ns  études  de* 
élevés  de  cette  École  l'exploratifto  des  contrées  lointaines  de  l'Ar- 
ménie et  dn  Turkestan.  Cette  exploration,  en  lui  montrant  les  riches- 
ses naturelles  et  les  faits  géologiques  de  ces  régions  encore  al  pec 
connues  à  cette  époque,  eut  une  influence  décisive  sur  sa  carrière, 
car  les  études  géologiques  devinrent,  dès  cette  époque,  l'objectif 
principal  de  ses  travaux.  Aussi  après  un  court  séjour  de  3  an»  {1845- 
1848)  en  province  où,  il  se  vit  successivement  chargé  des  Sous-arron- 
diBsements  minéralogiques  de  Mézières  et  de  Nantes,  fût- 11  rappelé  S 
Paris,  dès  1848,  pour  faire  partie  du  corps  enseignant  de  l'Ecole  des 
Mines  et  y  organiser,  avec  H.  de  Play,  la  collection  des  Gîtes  minéraux, 
et  celle  de  la  Statistique  minérale.  Peu  de  temps  après,  en  185S,  il 
fit  ses  débuts  dans  la  carrière  de  l'enseignement  de  la  géologie  sous 
les  auspices  d'Elie  de  Beaumont  dont  il  était  l'admirateur  passionné 
et  le  disciple  dévoué.  11  eut  le  rare  bonheur  de  les  faire,  à  l'âge  de 
trente-deux  ans  à  peine,  dans  ce  Cours  de  Géologie  qu'il  devait  pro- 
fesser, pendant  pins  de  trente  années,  avec  une  autorité  toujours 
croissante,  d'abord  comme  suppléant,  puis  comme  professeur  adjoint, 
enfin  comme  successeur  du  maître  de  la  géologie  française. 

Sa  première  publication,  faite  a  l'occasion  de  l'introduction  des 
études  scientifiques  dans  lés  lycées  en  1854,  révèle  déjà  les  qualités 
de  clarté  et  de  méthode  qui  caractérisent  toute  son  œuvre.  Elle  est 
intitulée  modestement:  Notions  préliminaires  de  géologie  extraites  du 
cours  de  Monsieur  Beiidant,  et  se  fait  remarquer  surtout  par  l'a 


ikifë  ÛM  Cetfbmiméteirfent*  el  Chef  do  Gàftriftet  du  Ministère  de 
l'Algérie  et  des  Colonies  dont  l'Emperirtfr  Nâpdléôn  III  venait  de  lui 
tfmfiei'  l'organisation  et  la  direction. 

Oti  sait  combien  cette  création  fat  éphémère,  malgré  la  pensée 
tfénéfebsti  et  fécondé  qiii  l'avait  fait  naître;  mais  elle  eut,  pour  M.  de 
Chancourtois,  un  corollaire  aussi  heureux  qu'itUprétu:  Nous  voukras 
pàrièf  dece  voyage  d'exploration  de  la  Reine  Hortense  dans  les  régions 
polaires  de  la  Norvège,  de  l'Islande  et  du  Groenland,  auquel  il  prit 
part  comme  ami  dû  Prince  et  comme  Géologue  de  l'expédition* 

De  précieuses  collections  géologiques,  conservées  au  Musée  de  l'Ecole 
dé»  Mirifcs,  et  un  remarquable  travail  sur  la  constitution  du  sol  de 
l'Islande  et  sur  les  grandes  lignes  de  fracture  qui  sillonnent  cette 
eottttéé  si  éminemment  volcanique  furent  les  résultats  de  cette  ra- 
pide exploration  (juin-octobre  1856)  qui  valut,  à  M.  de  Gbancourtois 
la  promotion  au  grade  d'officier  dé  la  légion  d'honneur. 

tiès  son  retour,  11  reprit  avec  une  nouvelle  atdeor,  les  études  géo- 
logiques qu'il  avait  entreprises  sur  le  Sol  de  France  : 

La  Carie  géologique  de  la  Haute-Marne,  exécutée  en  commun  avec 
Elle  de  Beaumont  et  publiée  en  1860,  est  l'œuvre  capitale  de  cette 
première  partie  si  brillamment  remplie  de  la  carrière  de  M,  de  Gban- 
courtois. Elle  marque  un  progrès  sensible  sur  les  cartes  départe* 
Mentales  publiées  jusqu'alors,  par  l'introduction  d'une  coordination 
Systématique  des  faits  d'alignement,  accusés  par  les  fractures  du 
sol,  et  des  phénomènes  éruptifs  qui  en  sont  la  conséquence. 

Cette  coordination  avait  pour  point  de  départ  le  Réseau  pentagonal, 
Conception  aussi  originale  que  féconde,  qui  est  basée  sur  l'étude 
géométrique  des  conditions  de  symétrie  de  tout  mode  de  division  de 
la  sphère  et  par  laquelle  Elie  de  Beaumont  venait  de  systématiser 
les  lignes  caractéristiques  du  relief  et  de  la  géologie  du  globe. 

Cette  brillante  synthèse  avait,  dès  l'abord*  séduit  l'esprit  générali- 
sateur  de  M.  de  Chancourtois  qui  en  est  devenu  le  champion  ardent 
et  Convaincu.  C'est  sa  propagande  persévérante  et  enthousiaste  qui  a 
maintenu  le  Réseau  pentagonal  dans  l'arène  des  discussions  géolo- 
giques; ce  sont  les  nombreuses  applications  qu'il  en  a  données  qui 
l'ont,  en  quelque  sorte,  popularisé  parmi  les  géologues  de  tous  les 
pays. 

M.  de  Chancourtois  a  su,  en  effet,  dans  une  série  de  publications 
successives,  assouplir  l'adaptation  du  réseau  aux  phénomènes  les 
plus  importants  de  la  géologie  qui,  à  leur  tour,  recevaient,  de  cette 
application  même,  une  interprétation  plus  large  et  plus  rationnelle. 

C'est  ainsi  (Jti'il  a  mis  eh  évidence  la  possibilité  de  grouper,  dans 
une  série  restreinte  d'alignements,  eux-mêmes  rattachés  au  réseau 


492   E.  FUCUS.  —  HOTICK  NÉCBOLOGIOCK  SUR  R.  B.  DE  CHAHCOURTOIS.    14  avril 

pentagonal,  les  fractures  qui  avaient  donné  naissance  aux  Gîtes  de 
fer  de  l'Est  de  la  France  (1863). 

Peu  de  temps  après,  il  montrait,  de  même,  que  les  Gilet  de» 
tuèttancei  hydrocarbwéet,  auxquels  se  relient  plus  ou  moins  intime- 
ment ceux  de  soufre  et  de  sel,  étaient,  eux  aussi,  échelonnés  sur  an 
nombre  très  restreint  de  grands  cercles. 

Le  plus  important  de  ces  cercles  forme  l'axe  de  la  zone  pétrolière 
pensylvanienne,  épouse  la  grande  fracture  cosmique  du  Saint-Laurent, 
relève  les  puissants  gîtes  de  sel  de  Magdebourg  et  va  rejoindre  à 
Bakou,  dans  la  patrie  des  adorateurs  du  feu,  la  fameuse  presqu'île 
d'Apchéron  qui  forme  la  terminaison  orientale  du  Caucase,  centre 
européen  des  grandes  émissions  pétrolières. 

Les  facultés  de  généralisation,  unies  à  une  analyse  minutieuse  et 
savante  dont  ces  ouvrages  font  preuve,  trouvèrent  bientôt  leur 
application  dans  un  champ  plus  étendu  par  l'institution  du  Service  de 
la  carie  géologique  détaillée  de  la  France  au  80.000*,  dont  M.  de  Chan- 
courtois  fut  nommé  le  Sous-directeur.  Plein  de  confiance  dans  la 
hauteur  des  vues  de  son  disciple  et  ami,  comme  dans  la  sûreté  de 
son  jugement,  Elie  de  Beaumont,  qui  était  placé  à  la  tète  de  cette 
importante  création,  lui  en  laissa  complètement  l'organisation  et 
s 'en  remit  à  lui  pour  l'élaboration  du  programme  des  études  sur 
le  terrain  et  du  mode  de  représentation  des  résultats  obtenus.  Le 
système  auquel  s'arrêta  H.  de  Chancourtois  est  inspiré  principale- 
ment par  l'idée  de  passer,  à  l'aide  d'une  série  de  transitions  gra- 
duées, comportant  une  abstraction  croissante,  des  faits  matériels 
de  la  géologie  aux  spéculations  de  la  science;  il  restera  comme  le 
modèle  des  programmes  de  cette  nature. 


1887.     E.  FOCHS. — NOTICE  NÉCROLOGIQUE  SUR  B.  B.  DE  CHANCOURTOIS.    493 

Notice  explicative  et  des  Légendes  complètes,  annexées  à  chaque 
carte  comme  à  chaque  section,  faisaient  de  chacun  de  ces  documents 
un  tout  autonome  indépendant  et  complet. 

L'apparente  complication  de  ce  système  fait  place  à  une  sim 
plicité  parfaite  pour  tout  lecteur  sérieux,  car  les  notations  choisies 
se  groupent  toujours  en  un  petit  nombre  de  séries  ayant  chacune 
un  signe  général  commun  et  ne  différent  entre  elles  que  par  des 
additions  de  détail,  elles-mêmes  systématisées  suivant  un  plan  fort 
simple  dont  la  clé  est  toujours  facile  à  manier. 

Ce  système  fut  appliqué  dans  son  intégrité  à  toutes  les  cartes, 
sections,  coupes  et  perspectives  photographiques  qui  furent  exécu- 
tées sous  l'inspiration  directe  de  M.  de  Chanconrtois,  c'est-à-dire, 
jusqu'au  moment  où  la  mort  d'Elie  de  Beaumont,  donnant  la  pre- 
mière place  à  des  préoccupations  d'un  autre  ordre,  fit  passer,  en  1875, 
la  gestion  du  service  de  la  carte  géologique  en  d'autres  mains  et 
donner  à  sa  direction  un  esprit  différent  de  celui  qui  l'avait  animé 
jusqu'alors. 

Séparé  brusquement  d'une  œuvre  qui  avait  été  le  but  principal  de 
sa  vie  et  qui,  d'ailleurs,  fut  maintenue,  même  après  son  départ,  dans 
ses  grandes  lignes,  sinon  dans  tous  ses  détails,  M.  de  Ghancourtois 
se  consacra  d'une  façon  plus  spéciale  aux  études  abstraites  vers 
lesquelles  le  portaient  son  esprit  avide  de  généralisation,  de  systé- 
matisation et  son  amour,  des  théories  spéculatives. 

Depuis  longtemps  déjà,  il  avait  donné  la  mesure  de  ses  tendances 
et  de  ses  aptitudes  dans  cette  voie  par  une  série  de  travaux  de  pre- 
mier ordre  parmi  lesquels  nous  devons  citer,  tout  d'abord,  la  Vis 
teliurigue. 

La  Vis  (etlurique  est  un  mode  de  classement  et  d'étude  de  la  cons- 
titution des  corps  au  moyen  d'une  représentation  graphique  très 
originale,  basée  sur  leur  composition  chimique. 

C'est  en  cherchant  à  édifier  un  système  complet  de  lithologie 
synthétique  que  M.  de  Ghancourtois  fut  conduit  à  préciser  les 
notions  relatives  à  la  composition  des  roches  et  de  leurs  émanations 
et  qu'il  eut  l'idée  de  résumer  dans  un  tableau  les  rapports  multiples 
des  éléments,  au  point  de  vue  de  leur  rôle  lithologique,  en  suivant, 
pour  leur  classification,  l'ordre  pur  et  simple  de  leur  distribution 
dans  l'écorce  du  globe.  Guidé  par  le  sentiment  de  la  continuité, 
M.  de  Ghancourtois  a  été  conduit  à  rouler  la  feuille,  sur  laquelles  les 
résultats  étaient  consignés,  pour  rapprocher  les  extrêmes  qui  offraient 
beaucoup  d'analogie,  puis  à  préciser  les  corps  par  des  nombres  pro- 
portionnels. 
Le  tracé  héli-çoïdal  lui  apparut  immédiatement  «comme  un  moyen 


494  s.  fcchs. — îtoncRHÉCBOLôejqjJBMia  s.  s.  DSMtjicou&poM-  t4a?rit 
de  réunir,  dans  une  série  fonda  mental  i,  tou*  les  éléments  épsre  su 
ce  tableau,  ensuite  de  manifester  les  rapporta  dfl  propriété*  4e  tout 
genre.  »  Ce  tracé  offre,  en  effet,  tous  les  avantages  de  la  continuité 
et,  de  plus,  il  multiplie  à  l'infini  le  nombre  du  entrées,  alors  que 
celles-ci  sont  réduites  a  deux  sur  un  plan,  ce  qui  permet  d'observer 
les  coïncidences  les  plus  variées  et  les  plus  inattendues. 

Les  symboles  des  corps  simples,  sont,  &  cet  effet,  groupée  sur 
une  hélice,  inclinée  à  45°,  et  tracée  sur  un  cylindre  droit  Us  sont 
représentés  par  des  points  placés  a  des  distances  proportionnelle»  a 
leurs  poids  atomiques  et  comptées  à  partir  d'une  origine  fixe.  La 
circonférence  de  base  du  cylindre  sur  lequel  4'hélice  est  tracée,  n'est 
pas  déterminée  a  priori.  H.  de  Chancourtoie  lui  donna  une  longueur 
égale  à  16,  c'est-à-dire  au  poids  atomique  de  l'oxygène  ;  il  la  partagea 
en  16  parties  et  aux  points  de  division,  éleva  des  génératrices  dont 
la  longueur  fut  graduée  en  parties  de  même  valeur. 

Le  tableau  étant  achevé  et  les  corps  simples  disposés  le  long  de 
l'hélice  principale,  on  aperçoit  immédiatement  plusieurs  familles 
naturelles  s'aiignant,  les  unes  sur  la  même  génératrice,  les  autres  sur 
des  hélices  diversement  inclinées.  On  sait,  en  effet,  que  l'on  peut 
tracer  sur  un  cylindre  une  infinité  d'hélices  passant  par  deux  points 
quelconques  de  la  surfaee,  à  la  condition  toutefois  que  le  pas  de  ces 
hélices,  c.  à.  d.  le  nombre  de  spires  de  la  portion  de  la  courbe  com- 
prise entre  ces  deux  points,  soit  indéterminé.  Hais  le  problème  se 
resserre  beaucoup  si,  au  lieu  de  laisser  le  nombre  des  spires  arbi- 
traire, on  prend  l'hélice  &  pas  minimum  qui  constitue,  pour  le  cylin  - 
dre,  la  géodésigue  équivalente  de  la  droite  sur  le  plan. 

Or  les  familles  qui  se  groupent  ainsi,   soit  sur  des  génératrices. 


bières  fUnoiemes.  H  a  même  fait  une  intéressante  application  de  ces 
notions  aux  composés  du  Carbone  etwi  tiré»  d'autre  part,  on* 
théorie  très  originale  sur  la  formation  d«  Diairaot  à  basse  tempéra* 
^oft  ai  par  une  voie  humide  (1). 

Depuis  la  publication  de  cette  puissante  et  originale  conception, 

West-à-dire  depuis  4863,  les  idées  émises  par  M.  de  Chancourtois 

été  reprises  par  différents  chimistes  qui  malheureusement  ont 

général,  passé  sous  silence  vles  travaux  de  leur  devancier.  C'est 

jffûnsi  que  Lotbar  ftieyer,  Mendeleef,  etc.,  ont  établi  une  classification 

^générale  des  corps  simples  d'après  leurs  poids  atomiques,  mais  ils 

'ont  fait  d'une  façon  beaucoup  moins  heureuse  et  sous  la  form# 

dsmenjtaijre  d'un  tableau  à  double  entrée. 

La  vis  tellurique  de  M.  Chancourtois,  qui  demanderait  une  révi- 
isen  pour  être  en  rapport  avee  les  nouvelles  déterminations  des 
s  atomiques  et  les  nouvelles  découvertes,  n'en  reste  pas  moins 
instrument  le  plus  fécond  de  ces  sortes  de  recherches.  (2)  Elle 
ait  clairement  ressortir  les  relations  numériq  ues  qui  unissent  tes 
-corps  simples  entre  eux  et  met  ainsi  en  lumière  ce  principe  de  philo- 
sophie naturelle  déjà  proclamé  par  Pythagere  :  —  «  Les  propriétés 
cMe*  corps  sout  tes  formes  sensibles  des  propriétés  des  nombres  ». 

M.  de  Chancourtois,  préoccupé  de  cette  idée  si  profonde,  a  eu  soin 
«de  marquer  sur  son  hélice  dans  quelles  limites  peuvent  osciller  les 
valeurs  réelles  des  poids  atomiques,  si  difficiles  comme  on  sait  à 
fixer  d'une  manière  absolue.  Il  a  même  émis  l'opinion  qu'un  classe- 
ment bien  étudié  pourrait  servir  à  préciser  les  positions  de  ceux 
de  ces  poids  dont  la  détermination  est  particulièrement  difficile  ce 
qui  revient  à  fixer  les  poids  atomiques  des  corps  d'après  les  ana- 
logies de  propriétés  qui  les  feraient  placer  sur  des  hélices  définitive- 
ment connues.  L'iotersection  de  2  au  moins  de  ces  hélices  fournirait 
ta  point  dont  l'ordonnée  serait  représentative  du  poids  atomique 
cherché.  Il  a,  en  outre,  fait  observer  une  sorte  de  dualité  dans  l'or- 
donnance générale  des  éléments  qui  se  suivent  par  paires,  et  une 
loi  de  récurrence  très  nettement  visible  sur  les  spires  successives. 

Une  autre  conséquence  féconde  de  la  formule  de  Pythagore 
énoncée  plus  haut,  est  celle  de  la  relation  entre  les  nombres  pre- 

(i)  Dans  les  dernières  années  de  sa  vie,  M.  de  Chancourtois  avait  entrepris  ce 
travail  et  il  s'était  préoccupé  de  placer  sur  la  Vistellurique  les  corps  les  plus 
répandus  dans  les  remplissages  [filoniens,  représentés  comparativement  par  leurs 
poids  atomiques  et  par  leurs  équivalents. 

(I)  Rappelons  que  M.  A.  Cornu  a- trouvé,  dans  l'un  des  remplissages  de  Freyberg, 
une  de  ces  séries  naturelles  formée  de  Quarte,  de  Pyrite  de  Fer  et  de  Galène  don  t 
les  équivalents  sont  respectivement  comme  les  nombres  J  î  2  :  4. 


496   E.  FUCHS.—  NOTICE  HÉCBOLOGIQUB  SUB  E.  B.  DB  CHÀMCOURTOIS.   4*  avril 

miers  et  les  poids  atomiques.  Les  corps  simples,  c'est-à-dire  les 
seuls  éléments  fondamentaux  non  dissociables  pratiquement,  se- 
raient ceux  dont  les  caractères  numériques  correspondent  aux  nom- 
bres premiers  qui  formeraient  ainsi  le  symbole  de  la  base  encore 
si  obscure  de  l'édifice  des  corps  comme  ils  constituent  l'ossature 
de  la  série  des  nombres.  Ce  qui  semble  appuyer  cette  hypothèse  de 
le  concordance  parfaite  entre  les  corps,  éléments  de  la  variété  ma- 
térielle et  les  nombres,  éléments  de  la  variété  abstraite  et  c'est  le  rôle 
prépondérant  que  jouait  dans  la  vis  tellurique  le  nombre  4  et  ses 
multiples,  si  importants  comme  l'on  sait,  dans  la  théorie  des  nom- 
bres premiers. 

On  voit,  par  ces  considérations,  à  quelle  hauteur  d'abstraction  M.  de 
Chancourtois  s'est  élevé,  et  combien  est  importants  la  portée  philo- 
sophique de  ses  travaux  sur  la  classification  des  corps  simples.  Il 
nous  a  paru  d'autaut  plus  nécessaire  de  faire  ressortir  cette  partie 
de  sou  œuvre  que,  née  toute  entière  de  l'observation  des  faits  géolo- 
giques, elle  en  acquiert  une  valeur  toute  spéciale  pour  tous  les 
géologues  qui  peuvent  être  fiers  de  revendiquer  une  découverte 
dont  le  monopole  est  généralement  attribué  aux  seuls  chimistes. 

Les  mêmes  principes  qui  conduisirent,  en  chimie,  H.  de  Chancour- 
tois à  la  découverte  de  sa  Vis  tellurique,  l'amenèrent,  en  physique, 
à  des  vues  originales  et  tout  6  fait  nouvelles  sur  le  Rôle  et  l'emploi  de* 
Imaginaires,  11  écarte,  au  préalable,  la  représentation  habituelle  des 
Imaginaires  sur  un  même  plan  que  les  quantités  réelles.  Il  dispose, 
au  contraire,  ces  deux  ordres  de  quantités  dans  l'espace,  suivant 
deux  directions  à  angle  droit,  c'est-à-dire  suivant  un  plan  et  sa  nor- 
male et  il  entreprend  de  justifier  ce  mode  nouveau  de  représentation 


1 887.      E.  FUCHS. — NOTICE  NÉCROLOGIQUE  SUR  E.  B.  DE  CHANCOURTOIS.     497 

ment  consacrée  à  ses  grands  Travaux  d'unification  des  sciences  géogra- 
phiques et  géologiques. 

Lors  de  la  création  et  pendant  les  premières  années  d'existence 
du  Service  de  la  carte  géologique  détaillée  de  la  France,  M.  de  Chan- 
courtois  s'était  déjà  vu  aux  prises  avec  les  difficultés  qui  résultent 
pour  la  Géologie,  de  l'insuffisance  des  cartes  topographiques.  Môme 
notre  belle  carte  de  l'Etat-Major  au  80,000e,  malgré  les  vues  d'en- 
semble qui  ont  présidé  à  sa  confection,  est  loin  de  réaliser  encore 
toutes  les  conditions  désirables,  tant  au  point  de  vue  de  l'échelle 
qu'à  celui  de  la  représentation  orographique.  Plus  [tard,  lorsque  la 
Direction  du  service  géologique  eût  passé  dans  d'autres  mains  et  que 
M.  de  Chancourtois  pût  reprendre  ses  travaux  sur  les  alignements 
géologiques  et  les  accidents  du  relief,  il  fut  encore  plus  frappé  de 
la  nécessité]  d'arriver  pour  la  Cartographie  terrestre  à  un  système 
complet  et  bien  ordonné,  et  il  dirigea  tous  ses  efforts  vers  ce  but. 

Les  réponses  aux  différentes  questions,  soulevées  en  vue  de  la  réali- 
sation d'un  tel  programme,  se  trouvent  dans  de  nombreuses  notes, 
dans  divers  mémoires  insérés  Comptes-Rendus  de  l'Académie  des 
Sciences  et  finalement  dans  un  ouvrage  qui  résume  tout  le  système 
et  qui  fut  publié  en  1884,  à  l'occasion  du  congrès  de  Washington, 
chargé  de  résoudre  la  question  du  Méridien  international  et  de 
l'heure  universelle.  En  outre,  M.  de  Chancourtois,  dans  plusieurs 
conférences  faites,  soit  à  la  Société  de  géographie,  soit  au  Congrès 
des  sciences  géographiques  en  1875,  soit  au  congrès  de  géologie,  soit 
enfin  dans  les  conférences  internationales  instituées  à  l'Exposition 
de  1878,  ne  négligea  aucun  effort  pour  répandre  ses  idées  et  créer 
un  mouvement  d'opinion  en  leur  faveur. 

Le  problème,  dans  toute  sa  généralité,  comporte  les  deux  parties 
suivantes: 

1°  Rechercher  et  établir  le  meilleur  mode  de  représentation  gra- 
phique de  la  surface  terrestre. 

2°  Fixer  un  système  rationnel,  uniforme  et  international  de  gra- 
duation pour  l'espace  comme  pour  le  temps. 

Les  modes  de  représentation  de  la  surface  terrestre  sont  très  nom- 
breux. Comme  il  est  impossible  de  reporter  les  figures  de  la  sphère 
sur  un  plan  sans  les  déformer,  on  essaie  de  conserver,  dans  les 
transformations  qu'on  est  obligé  de  leur  faire  subir,  au  moins  une 
des  propriétés  géométriques  de  ces  figures,  en  sacrifiant  plus  ou 
moins  complètement  les  autres. 

En  général,  on  cherche  à  sauvegarder  la    proportionalité    des 
surfaces, ce  qui  permet  grosso  modo  l'application  d'une  même  échelle 
linéaire  pour  les  cartes  de  faible  étendue.  Mais  pour  les  grands  pays, 
XV  32 


496   B.  FCCHS.  — JIOTICB  HÉCROLOGIQUK  SDR  K.  R.  DE  CHANCOCtTOlS.  14  tf  lîl 

quel  que  soit  le  mode  de  compensation  adopté,  les  déformations 
deviennent  telles  que  les  lignes  acquièrent  des  sinuosités  rendant 
impossible  toute  étude  d'alignement  un  peu  précise.  M.  de  Chan- 
courtois  estime  donc  préférable  d'écarter  toutes  ces  méthodes  de 
compensation  approchée  et  de  revenir  aux  seules  méthodes  sincères 
de  projection,  la  projection  ttêrêograpkique  et  surtout  la  projection 
gnomonique.  Cette  dernière,  déjà  employée  par  Thaïes,  la  père  de  la 
Géographie,  jouit,  en  effet,  d'une  propriété  capitale.  Tout  grand 
cercle  de  la  sphère,  c'est-à-dire  la  ligne  qui  est  en  même  temps  le 
plus  court  chemin  entre  deux  points  de  cette  surface,  y  est  représenté 
par  une  droite.  C'est  là  un  avantage  précieux  pour  la  Géologie,  car  il 
permet  de  suivre  avec  le  seul  aide  d'une  règle,  les  alignements  ter- 
restres —  fractures,  failles,  chaînes  de  montagne,  etc.,  —  dont  les 
élément  sont  généralement  disposés  suivant  des  grands  cercles. 

Pour  la  Nautique,  les  cartes  gnomoniques  sont  également  préfé- 
rables puisqu'elles  permettent  de  remplacer  la  loxodromie  par  l'arc 
de  grand  cercle  et,  par  suite,  de  suivre  l'itinéraire  de  plus  court  che- 
min, tout  en  conservant  la  simplicité  du  tracé  recliiigne  de  la  route, 
Enfin,  en  Métrologie,  on  peut  distinguer  à  première  vue,  sur  une  telle 
carte,  un  mouvement  giratoire  d'un  mouvement  de  translation. 

Mais  les  caries  gnomoniques  ont  une  portée  limitée  puisque,  pour 
représenter  gnomontiquement  un  hémisphère  complet,  il  faudrait  la 
surface  indéfinie  dans  tous  les  sens,  du  plan  tangent  sur  lequel  la 
projection  est  faite.  Aussi  M  de  Chancourtois  a-t-il  été  conduit  h  se 
servir  de  Polyèdres  circonscrit)  au  Globe,  sur  chaque  face  desquels  on 
dessine  la  projection  gnomonique  correspondante.  En  prenant  ainsi 


1887      E.  FPCgi»  **HOTICK  NÉCROLOGIQUE  W*  E,  B.  DR  CHANCOURTOIS.     499 

est  précisément  notre  système  métrique  décimal,  appliqué  dans 
toute  sa  généralité  et  tel  qu'il  avait  été  conçu  par  ses  fondateurs . 
Comme  ces  derniers,  M.  de  Cbancourtois  a  voulu  l'appliquer  dans 
ses  conséquences  extrômes'et  il  a  préconisé  la  division  décimale  de 
la  circonférence,  adoptée  à  l'origine  par  l'état-major  et  préconisée 
depuis  à  tous  les  congrès  de  Topographie.  En  géologie  particulière- 
ment, la  facilité  des  lectures  décimales  sur  la  boussole  graduée  de  0 
à  400  grades  abrège  considérablement  le  travail  en  identifiant,  aux 
centaines  près,  la  graduation  dans  les  4  quadrants  et  en  supprimant 
les  parties  aliquotes  sexagésimales. 

M.  de  Cbancourtois  était  si  persuadé  des  avantages  sérieux  qu'offre 
le  système  décimal  complet  aussi  bien  pour  l'Astronomie,  la  Géodé- 
sie, la  Nautique  et  l'Hydrographie  que  pour  la  Géologie,  qu'il  a  été 
amené  à  traiter,  dans  toute  son  ampleur,  la  question  du  Méridien 
international  de  0  grade  ou  Maître  Méridien,  Une  discussion  de  la  plus 
baute  valeur  l'a  conduit  à  reprendre  le  méridien  dit  de  Saint- Michel 
qui  se  rapproche  sensiblement  de  l'ancien  méridien  de  Ptolémée 
et  qui  jouit  de  l'avantage  d'être  exclusivement  marin,  c'est-à-dire 
vraiment  international.  Comme  corollaire  de  l'adoption  de  ce  Maître- 
Méridien,  M.  de  Chancourtois  a  formulé  les  conventions  suivantes 
qui  la  complètent  dans  la  pratique  : 

Les  longitudes  seront  comptées  de  Os  à  400c 

La  correction  du  quantième  se  fera  sur  le  méridien  Or. 

L'heure  universelle  sera  celle  du  méridien  0*. 

La  division  décimale  du  temps  sera  instituée  pour  les  usages  astro- 
nomiques. 

Ou  sait  que  ces  importantes  réformes  ont  été  adoptées,  au  moins 
en  principe,  par  la  Conférence  de  Rome  et  par  le  congrès  interna- 
tional de  Washington.  M.  de  Chancourtois  a  eu  ainsi  la  satisfaction 
de  voir  triompher  des  idées  qui  lui  étaient  chères,  et  d'entrevoir,  au 
mciûa  dans  l'avenir,  l'heureuse  issue  finale  de  la  longue  campagne 
qu'il  avait  poursuivie  pendant  plus  de  12  années  avec  une  persévé- 
rance et  un  dévouement  inaltérables. 

La  plupart  des  idées  de  M.  de  Chancourtois  sur  V Unification  des 
travaux  géologiques  sont  devenues  familières  aux  géologues.  Aussi 
ne  nous  y  arrêterons-nous  pas  longtemps.  On  se  rappelle  encore  les 
vues  nettes  et  précises  qu'il  exposait  au  Congrès  international  de 
géologie,  en  1878,  sur  le  Coloriage  méthodique  des  cartes,  les  Signes  et 
les  figurés  conventionnels,  la  Chronologie  géognostique,  les  Inconvénients 
que  présente  l'exagération  des  hauteurs  dans  l'établissement  des  coupes  et 
la  Nomenclature  géologique. 

Patient  observateur  de  la  nature,  M.  de  Chancourtois  ne   considé- 


500    E.  FUCIIS.—  HOTICEHBCB0LO6I0CESURE.B.DECBAMC0UHTOIS.    14avrU 

rait  pas  la  géologie  comme  une  science  d'expérimentation,  quoiqu'il 
fût  loin  de  méconnaître  l'intérêt  qui  s'attache  à  ces  sortes  de  re- 
cherches. Nous  tenons  à  ce  titre  à  rappeler  une  expérience  ingé- 
nieuse qui  a  montré  ce  dont  il  aurait  été  capable  dans  cet  ordre 
d'idées. 

A  l'aide  de  petits  ballons  en  caoutchouc  gonflés  d'air  et  recouverts 
d'une  couche  de  cire  fondue,  il  a  pu  reproduire  fidèlement  les  prin- 
cipaux phénomènes  de  la  théorie  des  soulèvements.  Le  ballon  étant 
très  légèrement  dégonflé  à  l'instant  où  la  cire  se  solidifie,  celle-ci  se 
couvre  de  rides  et  forme  des  bourrelets  accompagnés  de  rebrousse- 
ments  et  même  de  chevauchements  tout  à  fait  comparables  aux  acci- 
dents naturels  des  montagnes,  si  bien  que  l'on  a  finalement  sous  les 
yeux,  lorsque  le  ballon  dégonflé  a  repris  son  équilibre,  une  frap- 
pante représentation  du  mécanisme  qui  a  produit  le  relief  actuel  du 
globe. 

Hais  ce  n'était  pas  seulement  au  point  de  vue  purement  théorique 
que  M.  de  Chancourtois  poursuivait  la  solution  des  grands  problè  mes 
de  la  géologie  ;  il  était  persuadé,  plus  que  personne,  de  l'importance 
pratique  de  cette  solution  et  c'est  ce  qui  lui  a  fait  entreprendre  l'é- 
tude des  mouvements  de  l'écorce  terrestre  au  point  de  vue  de  leurs 
rapports  avec  les  dégagements  gazeux.  Chargé,  peu  après  sa  nomi- 
nation au  grade  d'Inspecteur  général  des  mines,  survenue  en  1879, 
de  la  Division  minéralogique  du  Nord-Ouest,  M.  de  Chancourtois 
avait  été  frappé  de  la  nécessité  de  trouver  un  moyen  de  prévoir, 
sinon  de  prévenir  les  accidents  de  grisou  si  fréquents  de-  puis  quel- 
ques années  dans  nos  houillères  du  Nord  et  du  Pas-de-Calais. 

11  entreprit  cette  tache  avec  une  ardeur  toute  juvénile,  qu'il  pui- 


4887.      E.  FUCHS.  —  NOTICE  NÉCROLOGIQUE  SUR  B.  B.  Dï  CHANCOURTOIS.      501 

ébranlent  l'écorce  terrestre  et  qui  y  déterminent  des  tensions  et  des 
compressions  locales  en  déformant  les  parties  qui  comprennent  les 
couches  de  bouille  et  les  amas  de  gaz.  L'étude  suivie  des  mouve- 
ments sismiques,  comparée  aux  observations  faites  dans  nos  grandes 
mines  sur  les  dégagements  de  grisou,  doit  donc  révéler  une  relation 
de  cause  à  effet  qui  permettra  d'arriver  peut-être  à  l'établissement 
d'une  théorie  générale.  —  M.  de  Ghancourtois  s'occupa  dès  lors  acti- 
vement de  la  création  d'observatoires  sismologiques  dans  notre  pays. 
Il  demanda  et  obtint,  en  1883,  une  mission  officielle  en  Italie,  dans 
le  but  d'étudier  les  méthodes  d'observation  mises  en  pratique  chez 
nos  voisins  qui  ont  poussé  très  loin  ce  genre  d'études  et  qui  possèdent 
déjà  une  cinquantaine  de  stations  d'observation. 

Au  retour  de  ce  voyage,  qu'il  fit  avec  MM.  Lallemand  et  Ghesneau, 
ingénieurs  au  Corps  des  Mines,  il  publia,  avec  le  concours  de  ses 
collaborateurs,  un  mémoire  complet  sur  les  Mouvements  de  tècorce 
terrestre^  étudiés  spécialement  au  point  de  vue  de  leurs  relations  avec 
les  dégagements  gazeux. 

Ce  travail  magistral  constitue  une  véritable  petite  encyclopédie 
des  travaux  sismologiques,  poursuivis  jusqu'à  présent  surtout  à 
l'étranger. 

Après  un  bref  résumé  des  principales  publications  faites  en  Eu- 
rope et  même  au  Japon,  M.  de  Chancourtois  passe  rapidement  en 
revue  les  théories  les  plus  célèbres  sur  l'origine  des  mouvements  du 
sol  et  se  prononce  en  faveur  de  celle  d'un  noyau  interne  fluide.  Il 
donne  une  classification  complète  et  détaillée  des  divers  mouve- 
ments telluriques  :  secousses,  trépidations,  ondulations  microsis- 
miques  et  oscillations  lentes.  Ensuite,  il  étudie  avec  le  plus  grand 
détail  les  appareils,  au  nombre  d'une  vingtaine,  qui  servent  à  enre- 
gistrer ces  mouvements.  Il  résume  enfin  les  lois  empiriques  décou- 
vertes jusqu'ici  et  qui  établissent  clairement  certaines  relations 
entre  les  mouvements  du  sol,  les  saisons,  les  marées  océaniques,  la 
position  géographiqne,  enfin  les  marées  atmosphériques. 

Comme  consécration  de  ces  études  et  de  ces  conclusions,  il  orga- 
nisa deux  observatoires  sismologiques,  l'un  à  l'Ecole  des  mines  de 
Paris,  l'autre  à  l'Ecole  des  maîtres  mineurs  de  Douai.  Mais,  par 
suite  des  retards  imprévus  dans  l'installation  des  appareils,  la  courte 
période  pendant  laquelle  les  observations  ont  été  faites  ne  permet 
pas  encore  de  tirer  de  ces  observations  toutes  les  conclusions  pra- 
tiques qu'elles  sont  susceptibles  de  fournir. 

La  mort  de  M.  de  Chancourtois,  survenue  le  14  novembre  1886,  ne 
lui  a  pas  permis  de  poursuivre  la  tâche  qu'il  avait  entreprise.  Il  est 
à  espérer  cependant  que  cette  dernière  partie  de  son  œuvre  ne  sera 


502       E.  FUCUS.  —  NOTICEKÉCHOLOGIOUE9U8E.F.DECnÀSr.OtJRT&l6.    14  avril 

pas  abandonnée,  les  deux  terribles  catastrophes  dues  à  des  explo- 
sions de  grisou  qui  ont  suivi  de  ai  près  les  derniers  tremblements 
de    terre  semblant  devoir  donner  raison  à  sa  théorie. 

Les  travaux  dont  nous  venons  de  donner  une  analysa  rapide  cons- 
tituent la  partie  principale  de  l'œuvre  de  M,  de  Chancoortois  ;  il  serait 
injuste  de  ne  pas  accorder  au  moins  une  mention  rapide  à  des  publi- 
cations moins  techniques,  mais  oh  Éclate,  avec  une  vivacité  toute 
spéciale,  ce  besoin  d'abstraction,  de  généralisation  et  de  classifica- 
tion qui  caractérisent  ses  travaux  didactiques. 

Ace  titre, nous  devons  citer, en  premier  lieu, celle  communication 
originale  faite  à  la  Société  géologique,  aux  jours  les  plus  sombres 
du  siège  de  Paris,  pour  affirmer  les  relations  intimes  qui  existent 
entre  le  caractère  des  peuples  et  leur  habitat  géologique  ;  idée 
féconde  dont  Elio  de  Beau m ont  avait  magistralement  formulé  le 
principe  dans  l'Introduction  à  la  carte  géologique,  a  propos  des  races 
qui  se  développent  aux  deux  pôles  du  sol  de  la  France  et  qui  rece- 
vait de  M.  de  Chancourtois  une  intéressante  mais  douloureuse  appli- 
cation. Les  hordes  immenses,  qui  envahissaient  alors  notre  sol,  ne 
pouvaient-elles  pas,  en  effet,  être  comparées,  dans  leur  monotonie 
puissante,  à  ces  torrents  diluviens  implacables  et  gigantesques  dont 
les  dépôts  recouvrent  les  plaines  qui  bordent  la  Baltique,  c'est-à- 
dire  précisément  le  berceau  de  la  race  prussienne  et  de  cette  noblesse 
au  caractère  rigide  qui  l'a  conduit  à  de  si  hauleâ  destinées? 

Dans  cette  même  période  douloureuse,  et  tout  en  remplissant  mo- 
destement son  devoir  dans  les  rangs  de  la  tiarde  nationale,  M.  de 
Chancourtois  utilisait  ses  loisirs  en  essayant  de  donner  aux  armées 
de  province  les  cartes  topographiques  qui  leur  faisaient  éternelle- 
ment défaut.  On  sait  qu'à  cette  époque  le  Dépôt  de  la  guerre  n'ad- 
mettait, pour  ses  publications,  ni  les  reports  sur  pierre,  ni  les  repro- 
ductions typographiques.  D'autre  part,  les  planches  en  cuivre,  qui 
seules,  eussent  permis  de  fournir  des  exemplaires  de  la  carie  au 
80,000°,  avaient  été,  dès  nos  premiers  désastres,  mises  en  sûreté,  de 
telle  sorte  qu'elles  ne  purent  jamais  être  mises  à  la  disposition  du 
gouvernement  de  la  Détense  Nationale.  M.  deChancourtois  imagina, 
pour  essayer  de  combler  cette  lacune,  d'utiliser  les  reports  sur 
pierre,  effectués  par  l'Imprimerie  Impériale  pour  l'exécution  des 
caries  géologiques  et,  dès  le  mois  de  décembre,  le  service  des  Bal- 
lons put  emporter,  par  dessus  les  batteries  de  l'assiégeant,  de 
nombreux  exemplaires  des  caries  d'une  partie  au  moins  des  dépar- 
tements qui  étaient  alors  le  théâtre  de  la  lutte  suprême. 

Enfin,  comment  ne  pas  dire,  en  terminant,  un  mot  de  cette  cu- 
rieu-e  élude  ^ur  la  ConstHuii'm  s>i>t<'m:iiu"<'-  <i'un  al)>kaiiet 


1887.      K,  FUCUS.  —  NOTICE  HÉCROLOGlQUE  SUR  E.  B.  DE  CUAN COURTOIS.      503 

qui  n'est  autre  chose  qu'une  classification  complète  et  rationnelle 
des  sons  et  dans  laquelle  M.  de  Chancourtois  a  devancé  les  travaux 
du  savant  linguiste  américain  Bell  sur  la  Phonétique,  travaux  si  po- 
pulaires aujourd'hui  aux  Etats-Unis  et  en  Angleterre? 

Ce  problème  de  la  classification  et  de  la  prononciation  universelle 
des  lettres  présente,  pour  les  Sciences  géographiques  et  subsidiai- 
rement  les  études  géologiques,  un  intérêt  toujours  croissant  puis- 
qu'il est  le  prélogomène  obligé  de  récriture  et  de  la  prononciation 
des  noms  propres  en  géographie. 

En  le  réduisant  à  ses  véritables  termes,  et  en  montrant  qu'il  n'y 
avait,  dans  tous  les  idiomes  dont  1  homme  fait  usage  pour  exprimer 
sa  pensée,  que  cinq  groupes  de  trois  consonnes  chacun  et  un 
nombre  égal  de  voyelles  simples,  tous  les  autres  sons  spéciaux  à 
certaines  langues  pouvant  être  dérivés  des  premiers  par  une  série  de 
modifications  rationnelles  et  constantes.  M.  de  Chancourtois  a  posé 
les  bases  de  la  solution  définitive  et  rendu  aux  Sciences  géogra- 
phiques un  service  dont  tous  ceux  qui  s'occupent  de  cartographie 
comprendront  la  haute  importance. 

Tous  les  ouvrages  dont  nous  venons  de  parler  reflètent,  à  des 
titres  divers,  mais  avec  une  égale  netteté,  les  traits  caractéristiques 
do  la  tournure  d'esprit  de  M.  de  Chancourtois.  Peu  d'auteurs,  se  sont 
peints  aussi  fidèlement  que  lui  dans  leurs  écrits,  qui  tous  portent 
l'empreinte  d'un  esprit  élevé  et  d'une  sorte  d'aristocratie  de  la  pen- 
sée. Les  questions  y  sont  toujours  abordées  par  leur  côté  le  plus 
général,  et  traitées  avec  une  hauteur  de  vues,  une  netteté  et  une 
systématisation  exceptionnelles.  Il  n'abandonnait  les  problèmes  que 
lorsqu'il  les  avait  présentés  sous  toutes  leurs  faces,  lorsqu'il  en  avait 
montré  toutes  les  conséquences  et  toutes  les  applications,  lorsqu'il 
était  arrivé  à  en  donner,  dans  une  forme  concise,  une  solution  aussi 
complète  que  systématique. 

Do  pareil  résultat  ne  s'obtient  que  par  un  travail  patient  et  acharné 
et  tous  ceux  qui  ont  eu  le  bonheur  d'ôtre,  à  un  degré  quelconque,  les 
collaborateurs  de  M.  de  Chancourtois  savent  avec  quelle  sévérité 
pour  son  œuvre  il  se  livrait  à  ce  Labor  improbus  dont  parle  le  poète 
latin  et  avec  quelle  inépuisable  patience  il  mettait  en  pratique  le 
précepte  de  Boileau  : 

Vingt  fois  sur  le  métier  remettes  vutre  ouvrage."; 

Aussi  tous  ses  écrits  ont-ils  ce  caractère  de  fini  qui  en  rend  la  lec- 
ture de  plus  en  plus  instructive  à  mesure  que  Ton  s'en  pénètre 
davantage.  11  est  impossible  de  les  parcourir  à  la  légère  et  surtout 
d'une  manière  incomplète  ;  mais  un  lecteur  superficiel  seul  peut  être 


504   B.  FUCUS.  —  HOTICE  NÉCROLOGIQUE!  SUR  E.  B.  DE  Cil  A  «COURTOIS.    14ftvril 

tenté  de  se  montrer  sévère  à  l'égard  d'un  style  où  chaque  mot  porte, 
parce  que  chaque  expression  est  pesée,  et  où  chaque  pensée  est 
un  chaînon  nécessaire  conduisant  de  celle  qui  la  précède  à  celle  qui 
la  suit. 

Toutes  les  qualités  d'ordre,  de  généralisation  et  de  méthode  que 
M.  de  Chancourtois  a  déployées  dans  ses  écrits  se  retrouvent  dans 
les  diverses  entreprises  à  la  direction  desquelles  il  a  pris  une  part 
prépondérante. 

Telles  sont  notamment,  au  début  de  sa  carrière  d'ingénieur,  la 
création  déjà  mentionnée  de  la  Collection  des  gîtes  de  substances  utiles, 
et  celle  de  la  Collection  dite  départementale  à  l'Ecole  des  Mines, 
collections  encore  uniques  en  Europe,  dans  lesquelles  ont  été  appli- 
qués, pour  la  première  fois,  les  principes  de  classification  si  féconds 
établis  par  M.  Le  Play  et  qui  unissent  l'une  et  l'autre,  dans  une  heu- 
reuse mesure,  les  données  scientifiques  et  techniques  les  plus  pré- 
cieuses aux  renseignements  statistiques  et  économiques  les  plus 
utiles  et  les  plus  pratiques. 

Tel  fut  aussi  son  enseignement  à  l'Ecole  des  Mines,  enseignement 
qu'il  s'efforça  d'élever  à  une  hauteur  scientifique  sans  cesse  crois- 
sante. Pas  plus  que  ses  livres,  son  cours  n'était  utile  ni  même  acces- 
sible à  des  auditeurs  distraits  ou  intermittents  ;  mais  ses  élèves  sé- 
rieux savent  quel  profit  durable  et  sans  cesse  grandissant,  à  mesure 
qu'ils  avaient  à  eu  faire  l'application  dans  leur  carrière  d'ingénieur, 
ils  ont  tiré  de  cet  enseignement  puissamment  synthétisé  qui  abor- 
dait et  résolvait,  dans  la  mesure  du  possible,  tous  les  grands  pro- 
blèmes des   sciences  géologiques. 

Pourtant  cet  enseignement,   en  général   si   austère,   prenait  des 


1887.      B.  FUGH8.  —  NOTICE  NÉCROLOGIQUE  SUR  E.  B.  DE  CHAlf COURTOIS.      505 

création  du  Pavillon  des  Poids  et  Mesures  et  des  monnaies,  qui,  placé 
au  centre  même  de  l'exposition,  était  en  quelque  sorte  la  glorifi- 
cation du  système  métrique,  et  M.  de  Chancourtois  avait  insisté 
pour  que  la  pensée  philosophique  qui  avait  présidé  à  son  installation 
fût  symbolisée  par  cette  inscription  en  lettres  d'or  sur  la  coupole  du 
petit  édifice  :  «  Omnia  o  Deus  fecisti  ex  numéro' mensurd  et  pondère.  » 

Enfin,  dans  le  même  ordre  d'idées,  la  création  du  «  Jury  spécial  », 
qui  avait  proposé  par  M.  Le  Play  pour  répondre  aux  idées  humani- 
taires de  l'empereur  Napoléon  III,  et  à  la  réalisation  duquel  M.  de 
Chancourtois  a  été  associé  dans  une  large  mesure,  lui  fournit  l'oc- 
casion d'affirmer  son  désir  de  voir  la  glorification  du  travail,  de  la 
puissance  et  des  intérêts  matériels  de  l'Humanité,  couronnée  et  en 
quelque  sorte  rehaussée  par  la  récompense  des  vertus  sociales  et 
des  qualités  d'ordre  purement  moral. 

Cette  période  de  l'Exposition  de  1867  fut  le  point  culminant  de  la 
carrière  de  M.  de  Chancourtois. 

Nommé  Ingénieur  en  chef  de  1"  classe  le  5  janvier,  Commandeur 
delà  Légion  d'honneur  à  la  grande  cérémonie  du  1er  juillet,  puis, 
l'année  suivante,  Sous-Directeur  du  Service  définitivement  constitué 
de  la  Carte  géologique,  il  semblait  destiné  à  achever,  dans  des  con- 
ditions exceptionnelles,  une  carrière  aussi  brillamment  inaugurée. 
Il  lui  eut  été  facile  de  recueillir,  lors  de  la  mise  à  la  retraite  admi- 
nistrative d'Elie  de  Beauraont,  survenue  presqu'au  moment  de  la 
constitution  du  service  de  la  carte,  une  succession  scientifique  qui 
loi  fut  même  un  instant  offerte  et  que  nul,  à  ce  moment,  n'aurait  pu 
lui  disputer. 

Il  préféra  user  de  toute  son  influence  pour  faire  conserver  à  son 
maître  l'intégrité  de  sa  situation  scientifique  et  rester  modestement 
an  second  rang. 

Et  lorsque,  plus  tard,  ce  désintéressement  tourna  contre  lui-même, 
lorsque  sa  fidélité  à  toutes  les  affections  scientifiques  et  politiques 
de  sa  jeunesse  et  de  son  âge  mûr  devint  un  obstacle  à  la  réalisation 
de  ses  aspirations  en  apparence  les  plus  naturelles,  les  plus  légi- 
times, il  sût,  avec  une  dignité  suprême,  reprendre  un  rang  plus 
modeste  et  se  remettre  avec  une  intensité  nouvelle  à  ses  travaux 
scientifiques. 

C'est  qu'il  avait  non  seulement  une  grande  intelligence,  mais  en- 
core une  âme  haute  et  noble  que  les  déceptions  de  la  vie  pouvaient 
frapper  douloureusement  mais  sans  en  altérer  l'indomptable  énergie. 

Il  resta  jusqu'au  bout  le  travailleur  infatigable,  l'homme  de  devoir 
et  de  dévouement,  aimant  ses  élèves,  et  donnant  sans  réserve  son 
temps  et  ses  forces  à  ceux  qui,  de  près  ou  de  loin,   étaient  placés 


506    E.  FOCHS.  — NOTICE  nÉCROLOGIQOK  SURE.  B.DECIlÀHC0n«T0IS.    14»ril 

sous  ses  ordres  ou  sous  sa  juridiction.  II  était  guidé  et  soutenu  dans 
cette  voie  par  un  sentiment  religieux  très  élevé  et  il  aimait  à  répéter 
avec  H.  Le  Play  :  a  Tous  les  efforts  de  l'homme  vers  un  équilibre 
social  stable  sont  contenus  dans  le  Décalogue»,  paroles  auxquelles 
il  ajoutait  cette  pensée  plus  personnelle  :  u  Toutes  les  aspirations  de 
l'homme  vers  le  bonheur  et  l'éternelle  vérité  sont  renfermées  dans  le 
a  Pater  a  et  le  «  Credo  ». 

Aussi,  quand  la  maladie  vint  le  frapper  et  lui  donner  un  redou- 
table avertissement,  ne  put-elle  altérer  ni  son  courage  ni  sa  sérénité. 
11  eut,  d'ailleurs,  la  joie  suprême  d'être  nommé, en  1885,  un  an  après 
sa  promotion  au  grade  d'Inspecteur  général  de  première  classe, 
Président  de  la  Commission  de  la  Carte  géologique  détaillée  et  il 
rêvait  de  concilier  les  idées  qui  lut  étaient  chères  avec  les  faits 
acquis  dans  ce  Service,  à  la  création  duquel  il  avait  prit  une  si  vive 
part.  La  mort  est  venue  le  surprendre  avaut  qu'il  ait  pu  essayer  de 
réaliser  ce  rêve  ;  il  mourut  à  son  poste,  laissant  à  ses  disciples  et  à 
ses  amis  l'enseignement  d'un  grand  exemple  et  le  modèle  d'une 
vie  noblement  consacrée  à  la  poursuite  du  vrai  et  du  bien. 

Qu'il  nous  soit  permis  de  citer  en  terminant,  une  profession  de 
foi  qui  a  servi  d'introduction  dédicatoire  au  \"  exemplaire  de  la 
Vit  tellur'tque  offert  au  prince  Napoléon  et  qui,  demeurée  inédite, 
nous  a  paru  mériter  d'être  connue  et  publiée  comme  un  résumé 
Ddèle  de  ses  aspirations  et  de  ses  espérances  : 

«  Si  l'idée  de  l'absolu  procède  de  notre  force,  toute  prétention  à  le 
posséder  est  un  signe  éclatant  de  notre  faiblesse. 

>  L'absolu,  dans  le  repos,  c'est  le  néant,  dans  le  mouvement  c'est 


887.  DEPÉRET.   —  HORIZONS  MAMMALOGIQUES  MIOCÈNES.  507 

'une  ambition  dont  l'activité,  soyons  francs,  confine  à  la  paresse, 
'homme  le  plus  passionné,  le  plus  infatué  de  ses  œuvres,  devra 
^connaître  qu'il  a  tracé  un  échiquier,  inventé  la  marche  d'un  jeu 
ussi  éloigné  des  phénomènes  naturels  supposés  régentés,  que  son 
bre  arbitre,  son  pouvoir  éphémère  et  subordonné  diffère  de  la 
oute-Puissance  éternelle 

«  Etablir  à  travers  l'arbre  de  la  Science  des  rampes  ou  des  échelles, 
slle  est  la  destinée  de  l'homme  d'étude  dédaigneux  des  gains  vul- 
aires.  Être  persuadé  de  l'infirmité  de  ses  efforts,  telle  est  sa  condi- 
on  de  sagesse,  car,  à  quelque  niveau  qu'il  atteigne,  en  s'élevantpar 
l  théorie  ou  en  approfondissant  la  pratique,  le  génie  même  qui  l'y 
ara  porté  lui  fera  percevoir  au  delà  un  plexus  de  branches  ou  de 
acines  défiant  l'énergie  de  sa  persévérance,  l'audace  de  son  imagi- 
ation.  Qu'il  travaille  néanmoins  sans  découragement.  Par  cela 
aême  que  les  ramifications  sont  illimitées  et  enchevêtrées  à  l'infini, 
i.  fécondité  est  inépuisable.  Partout  des  fleurs,  des  fruits  le  paieront 
©  ses  labeurs  et,  pourvu  qu'il  ne  détruise  pas  sa  récolte  dans  le  fol 
spoir  d'y  surprendre  le  secret  de  la  naissance  et  de  la  mort,  chacune 
e  ses  explorations  ne  sera-t-elle  pas  un  honneur  pour  lui,  un 
i  enfait  pour  l'humanité  ?  » 

■ 

H.  Depôret  présente  un  Mémoire,  publié  dans  les  Archives  du 
i  Muséum  de  Lyon,  qui  a  pour  titre  :  Recherches  sur  la  succession  des 
wnes  de  Vertébrés  miocènes  du  bassin  du  Rhône,  et  envoie  à  cette 
~  casion  la  note  suivante  : 

Sur  les  horizons  mammalogiques  miocènes 

du  bassin  du  Rhône, 

par  M.  Depéret. 

Xes  horizons  mammalogiques  miocènes  représentés  dans  ce  grand 
r*  ssin  sont  les  suivants  : 

1°  Miocène  inférieur.  —  Cette  période  qui,  dans  le  bassin  de  la 

iiôneet  dans  la  vallée  inférieure  du  Rhône,  correspond  à  un  régime 

*^  grands  lacs  d'eau  douce,  a  dû  être  continentale  dans  la  région 

Rennaise,  où  n'existe  aucune  trace  de  dépôts  tongriens  ni  aquita- 

1  *  ens. 

Jusqu'ici,  le  Miocène  inférieur  n'a  fourni  de  débris  de  Vertébrés 
^treslres  que  dans  les  deux  points  suivants  : 

1°  Dans  les  lignites  de  Voix,  près  de  Manosque,  qui  se  rapportent 
*U  Tongrien  supérieur,  et  où  se  trouvent  :  Anthracotherium  hippoïdeum 
&  magnum  (M.  Collot),  un  Oocodilien  ind.,  une  Émyde  (Platyernys 
lachati,  Sauvage). 


SOS  DBFBRBT.   —  HORIZONS  HAHMALOOIQUBS  KIOCBHBB.      14  MI^ 

2°  Dans  le  bassin  de  Marmite  (1  )  ou  bassin  inférieur  de  l'Huveaun^^' 

qui  comprend  de  haut  en  bas  les  assises  suivantes  : 
1.  Argiles  sableuses  jaunâtres   à   llelix   afT.  Ramtmdi,   et   bancs  de   poodinguS 

intercalés  (Âguitanien). 
3.  Argiles  ronges  de  Saint-Hemi,  Lesiaque,  etc.  (Tongrim  supérieur). 
B.  Calcaire   lacustre  à   Cyrena   temistriala,   f/yttia   Dvchaiteli,  et   végétaux 

Allauch,  Saint-Jean  de  Gargnier,  etc.  (Tongritn  inférieur), 
1.  Argiles  grises  avec  bancs  de  lignites  {Eoeène  supérieur). 

Les  argiles  de  Saint-Henri  (n*  3)  contiennent  une  belle  faune  de 
Vertébrés  non  encore  décrite,  qui  appartient  au  Tongrien  supérieur, 
et  dont  les  principales  formes  sont  :  Anthraeotkerium,  Hyopotamut, 
Acerothtrium,  Rhinocéros  minutus,  Cainotherium  commune,  Amphitra- 
gulus,  Hyœnodon,  Cynodictis,  etc. 

Je  pense  que  la  faune  de  Marseille  s'intercale,  au  point  de  vue  de 
son  Âge,  entre  la  faune  tongrienne  inférieure  de  Ronzon  (Haute-Loire) 
et  la  faune  aquitanienne  de  Saint-Gérand-le-Puy  (Allier). 

2°  Miocène  moyen.  —  Cette  période  comprend  deux  horizons 
fauniques  distincts  : 

I.  Étage  mayencien  ou  langkien.  Cet  étage  n'est  représenté  dans 
tout  le  bassin  du  Rhône  par  aucun  dépôt  se  dira  en  taire  régulier,  et 
correspond  sans  doute  à  un  régime  exclusivement  continental. 

C'est  cependant  a  cet  horizon  que  se  rapporte  la  belle  faune  ter- 
restre ensevelie  dans  les  argiles  rouges  à  minerai  de  fer  pisolithique, 
qui  remplissent  les  fentes  du  calcaire  bajocien  auprès  de  la  station 
de  la  Grive-Saint-Alban  (Isère). 

Déjà  étudiée  en  partie  par  Jourdan  et  par  MM.  Filhol  et  Chantre, 
la  fanne  de  la  Grive-Saint-Alban  comprend  aujourd'hui  35  Mammi- 


4887.  DEPÉRBT.    —  HORIZONS  MAMMALOGIQUBS  MIOCÈNES.  509 

Rhinocéros  brachypus,  Lart.,  Micromeryx  FloUrensianus,  Lart., 

Rhinocéros  sansaniensis,  Lart.,  Hyœmoschus,  sp. 

Anchitheriwn  aurelianense,  Cuv.  Phasianus  altus,  M.  Edw.,? 

Sus  steinhcimensis,  Fraas.,  Phasianus  médius,  M.  Edw., 

Listriodon   splendens,    H.  v.  Mey.,  Palœortyx  Edwarsi,  n.   sp., 

Chalicotherium  aff.  mocficum,  Oaud.  Pici/j  Gaudryi,  n.  sp., 
Protragocerus  Chantrei,   nov.    gen.  et      Rapaces, 

nov.  sp.,  Lamellirottre. 

Ùicrocerus  elegans,  Lart.,  Testudo  antiqua,  Bronn., 

Dremotherium  eminens,  H.  v.  Mcyer.  Emys,  2  sp.,  Lacerta,  Rana. 

Dans  son  ensemble,  la  faune  de  la  Grive-Saint- Alban  se  rapproche 
beaucoup  de  celle  de  Sansan  (Gers)  avec  laquelle  elle  possède  en 
commun  17  espèces.  Cependant  on  a  trouvé  à  Sansan  certains  genres 
à  faciès  archaïque  tels  que  Steneofiber,  Chœromorus  ?  Cainotherium 
qui  manquent  dans  la  station  de  l'Isère.  De  plus,  d'une  manière 
générale,  les  animaux  de  la  Grive  m'ont  paru  représenter  un  degré 
d'évolution  un  peu  plus  avancé  que  ceux  de  Sansan.  C'est  ainsi  que 
le  Pliopithèque  est  représenté  dans  le  bassin  du  Rhône  par  une  race 
dont  la  dernière  molaire  inférieure  est  un  peu  plus  semblable  à 
celle  des  Gibbons  actuels  que  dans  la  race  de  Sansan.  H.  Filhol  a 
montré  que  la  dentition  du  Machairodus  Jourdani  de  la  Grive  comblait 
l'intervalle  entre  le  Mach.  palmidens  de  Sansan  et  le  Mach.  cultridens 
du  Miocène  supérieur.  La  Loutre  de  la  Grive  est  plus  voisine  des 
Loutres  vivantes  que  YHydrocyon  sansaniensis.  Parmi  les  Rongeurs, 
le  Cricetodon  Rhodanicum  de  la  Grive,  assez  voisin  du  Cricet.  sansa- 
niense  du  Gers  porte  un  tubercule  de  plus  à  sa  première  molaire 
supérieure  qui  devient  ainsi  une  molaire  de  Hamster  actuel.  Enfin, 
parmi  les  Ruminants,  l'Antilopidé  de  la  Grive  pour  lequel  j'ai  cru 
devoir  créer  un  nouveau  genre  sous  le  nom  de  Protragocerus  réalise, 
par  ses  dimensions,  par  le  degré  d'aplatissement  de  ses  cornes,  et 
par  la  forme  de  ses  molaires,  un  stade  intermédiaire  entre  les  petites 
Antilopes  de  Sansan  {Antilope  clavata  et  martiniana)  et  le  Tragocère 
du  Miocène  supérieur. 

La  conclusion  qui  résulte  de  ces  différents  faits,  est  que  les  ani- 
maux de  la  Grive,  tout  en  appartenant  au  même  étage  géologique 
que  ceux  de  Sansan,  représentent  un  horizon  quelque  peu  plus 
jeune  de  cet  étage  :  tel  est  par  exemple  V horizon  de  Simorre  (Gers), 
dont  la  faune  est  malheureusement  trop  pauvre  en  espèces  pour 
montrer  clairement  ce  synchronisme.  La  belle  faune  de  Steinheim 
(Wurtemberg),  décrite  par  M.  Fraas,  m'a  paru  aussi  tout  à  fait  con- 
temporaine de  celle  de  la  Grive-Saint-Alban. 

II.  Étage  helvétien.  Cet  étage  correspond,  dans  l'Europe  occiden- 
tale, à  un  affaissement  du  sol  qui  a  permis  à  la  mer  helvélienne 


510  DMBBBT.   —  B0UZOMS  HAKIULOOIQUES  HIOCBIES.      14  ïïfA 

d'envahir  la  vallée  du  Rhône  et  de  communiquer  avec  la  mer  de 
la  Mollasse  suisse  et  allemande. 

Les  animaux  terrestres  sont  naturellement  rares  dans  ces  sédi- 
ments d'origine  marine,  et  sont  remplacés,  en  revanche,  par  des 
Vertébrés  marins.  Les  quelques  rares  débris  de  Vertébrés  terrestres 
trouvés  non  loin  des  rivages  de  la  mer  mollassique  ou  dans  les 
dépôts  d'estuaires  (Oussiat,  Lyon,  Saint-Pons,  Vienne,  Bren,  Ro- 
mans, etc.)  indiquent  une  faune  de  passage  entre  le  Miocène  moyen 
et  le  Miocène  supérieur.  La  liste  de  ces'espèces  est  la  suivante  : 

IHnotherium  giganteum,  Kaup.,  Sus  jialaochtrus.,  Kiup. , 

Dinotkerium  ievius,  Jouril.  ï  Dfcrocerus  rb-gans,  Lart.,  race    dicra- 

Dinotherium  Cunieri,  Kaup.,  nocerus,  Kiop., 

Hipparion  gracile,  Kaup.,  Tesludo  anUqua,  Broun., 

Rhinocéros,  gp.,  ('rocodilieu, 

Littriodon  spltndens,  H.  v.  Msyer. , 

Le  fait  le  plus  intéressant  à  faire  ressortir  est  l'apparition  de  V Hip- 
parion gracile  dans  le  bassin  du  Rhône  vers  le  milieu  de  l'étage  helvé- 
tien;  cette  forme  animale  deviendra  plus  abondante  encore  dans  le 
Miocène  supérieur.  Mais  l'arrivée  brusque  et  du  premier  coup  assez 
abondante  de  ce  genre  ne  permet  guère  de  le  considérer  comme  un 
descendant  direct  de  Y Anchithœrium  de  la  Grive,  mais  semble  s'expli- 
quer plutôt  par  un  phénomène  d'immigration  lointaine,  venue  sans 
doute  de  l'Orient. 

3°  Miocène  supérieur.  —  A  ce  grand  étage  se  rapportent  dans  le 
bassin  du  Rhône  des  couches  d'eau  douce  et  continentales  qui  té- 
moignent d'un  exhaussement  du  sol,  auquel  a  été  dû  la  retraite  de  la 


4  8^7-  DEPÉtlT.   —  HORIZONS  NAMULOGIQUBS  MIOGÈUBS.  511 

JHastod>m  aff  longirostris,  Kaup.  Machairodus  Jourdiini,  Fil  h. 

Whnotkcrum  giganteum.  Kaup  Castor  Jtegeri,  Kaup. 

sflipparion  graciée,  Kaup  Protagoeerns  Chatdrti,  n.  sp. 

Jihinoceros  simorrensis,  Lart.  Dicrocerus  élégant,  Lart. 
£tu  major,  Gerv. 

A  Saint-Martin-du-Mont,  près  Soblay  (Ain),  des  couches  de  lignite, 
cl  ^  .posées  dans  un  petit  bassin  lacustre  isolé  au  milieu  des  calcaires 
massiques  du  Revermont,  ont  fourni: 

astodon  Turicensis,  Schinz.  Rhiao  'cros  aff  Schlficrmackeri,  Kau  p 

'astor  J,rgeri,  Kaup.  Prutragocerus  Chantrei,  race  major, 

us  major,  Gervs.  Dep. 

ïpparion  gracile,  Kaup.  Trionyx,  sp. 

Il  convient  de  citer  ensuite  des  molaires  de  Dinotherium  gigantem 
Cueillies  à  Saint-Jean-le-Vieux  (Ain),  à  Montmirail  (Drôme),  à 
nlrigaud  (ossements  du  géant  Teutobochus;  des  dents  d'Hipparion 
ile  à  Tersanne  (Drôme)  et  autres  localités  ;  des  molaires  de 
J&astaion  turicensis  dans  les  lignites  de  Pommiers,  près  Voreppe 
(Isère). 

L'ensemble  de  cette  faune  des  sables  d'eau  douce  du  Dauphiné 
e*  ^Q  particulier  les  petites  faunules  de  Soblay  et  de  Saint-Jean-de- 
Bpurnay  permettent  de  rapprocher  les  animaux  terrestres  de  ce 
^lveaude  ceux  d'Eppelsheim  (Hesse-Darmstadt),  des  lignites  d'Ori- 
**o  et  de  la  Cerdagne  (Pyrénées). 

Quelque  types  do  la  tfrive-Saint-Alban  periistent  encore  dans  les 

**i*es  Machairodus,  Dicrocerus,    Protragocerus;  ce  dernier    évolue 

.   J  A  vers  le  type  Tragocère.  Mais  on  ne  constate  pas  encore  l'appa- 

-^  4°*i  de  ces  types  variés  de  Ruminants  (Palœoryx,  Palœoreas,Gazella, 

&occru$,  etc.)  qui  caractérisent  l'horizon  dePikermi. 

II.  Etage  du  Mont-Luberon  (horizon  de  Pikermi).  Les  animaux  ter- 

Btres  de  cet  horizon  ont  déjà  été  étidiés  dans  le  bassin  du  Rhône 

^**    Mont-Luberon  (Vaucluse)  par  M.  le  professeur  Gaudry,  et  dans  les 

**Uvions  sous-basaltiques  d'Aubignas  (Ardèche)  par  MM.  Gaudry  et 

To*capel. 

Je  n'aurai  à  ajouter  à  ces  travaux  que  l'indication  d'une  nouvelle 

**^tion  fossilifère  de  cet  âge  dans  l'intérieur  môme  de  la  ville  de 

*~*yoti,  sur  le  plateau  de  la  Croix-Rousse.  Dès  Tannée  1862,  grâce  à 

^  Constructien  du  chemin  de  fer  de  la  Croix- Rousse,  le  professeur 

*Ourdan  avait  recueilli  dans   les  marnes  blanchâtres  et  dans  les 

*&bles  à  grumeaux  calcaires,  d'origine  fluvio-lacustre,  qui  couron- 

**fcnt  le  Miocène  supérieur  du  plateau  de  la  Croix-Rousse,  d'assez 

Nombreux  débris  d'animaux  terrestres. 

L'étude  de  cette  faune  m'a  permis  d'y  reconnaître   les  espèces 
Privantes  : 


*V 


DKPÉBET.    —    HORIZONS   M  AKMA  LOGIQUES   MIOCÈNES. 


Uanfl 


Maitodon  aff.   kmgirottrit,  Kaup, 
Diat-thrriwn  Cuvîtri,  Kaup. 

flA i jiotcTiii  .ScWeiermaeftfrt,  Kaup. 
Gazelta  depcrdita,  Gerv. 
Hyamoschus  Jourdani,  n.  8p. 
DrtmathrHum,  s  p. 


Hipparion  gracile,  Kaup, 
Tragotti-us  amaWwnu,  Gaudry. 
Trogocerui  FatenciennMi,  Qui. 
MttarttOi?  diafiliorua,  Km  p. 
Chalicomyi  (d'après  Jourdan),  nain' 
d'Echassier. 


Le  rapprochement  de  cette  faune  avec  celles  des  gisemeali  cl*'' 
siques  de  la  Grèce  et  du  "Vaucluse  est  indiscutable  :  sur  un  total  *e 
12  espèces  de  vertébrés,  la  moitié  sont  communes  avec  l'AMoJ  ** 
et  plusieurs  autres,  telles  que  la  Gazelle  el  le  Dremotkerium,  se  *' 
représentés  par  des  formes  bien  voisines.  En  ajoutant  à  la  faune  ^ 
la  Croix-Rousse  les  animaux  du  Luberon  et  d'Aubignas,  on  obtient  «— -* 
ensemble  faunique  tout  1  fait  comparable  à  celui  de  Pikermi.  L  ^* 
rapports  de  la  faune  de  la  Croix-Rousse  avec  les  animaux  des  co^~ 
ches  à  Congéries  et  du  Belvédère  en  Autriche,  avec  ceux  de  fialtav^^ 
en  Hongrie,  avec  ceux  de  Concud  en  Espagne,  sont  également  de^* 
plus  évidents. 

Parmi  les  faits  intéressants  que  révèle  l'étude  de  cette  petite  faune  sa 
il  convient  de  faire  ressortir  l'existence,  dans  ce  niveau  miocène  tou^- 
à  fait  supérieur,  d'un  Hyœmmckus  qui,  par  son  niveau  stratigra- 
pbique,  aussi  bien  que  par  certains  caractères  de  sa  dentition  de 
lait,  et  par  ses  formes  grêles,  comble  la  lacune  qui  séparait  jusqu'à 
présent  YHyœmosckui  eraittu  du  Miocène  moyen  de  YHyœmoschut 
aquaticus,  vivant  dans  l'Afrique  occidentale. 

Après  la  communication  de  M.  Depéret,  M.  Albert  Gaudry 
s'exprime  ainsi  : 


1887.       DE  GROSSOUVRE.  — OOLITHE  INFÉRIEURE  DU  BASSIN  DE  PARIS.      513 

Jourdan,  de  M.  Chantre  et  y  ajoutant  beaucoup  de  découvertes  per- 
sonnelles, il  jette  une  vive  lumière  sur  les  Vertébrés  miocènes  de 
la  vallée  du  Rhône.  Tous  ces  habiles  travailleurs  commencent  à 
nous  apprendre  l'intéressante  histoire  des  développements  successifs 
de  nos  Mammifères  tertiaires. 

Séance  du  18  Avril  1887. 

PRÉSIDENCE   DE   M.    ALBERT  QAUDRY 

M.  M**  Hovelacque,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès  verbal  de  la 
9  entière  séance,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Le  Président  attire  l'attention  de  la  Société  sur  une  nouvelle  publi- 
tion,  le  Naturaliste,  publication  périodique  renfermant  plusieurs 
ticles  intéressant  la  géologie. 

M.  Douvillé  présente  au  nom  de  M.  de  Grossouvre  la  note  sui- 
nte : 

Sur  le  Système  oolithique  inférieur  dans  la  partie  occiden- 
tale du  bassin  de  Paris, 

par  M.  A.  de  Grossouvre. 

flous  avons  étudié  dans  une  note  précédente  le  Système  oolithi- 

<I*ae  inférieur,  sur  la  bordure  méridionale  du  bassin  de  Paris  :  nous 

aoos  proposons  aujourd'hui  de  l'étudier  sur  sa  bordure  occidentale, 

de  manière  à  nous  raccorder  avec  les  couches  classiques  de  la  Nor- 

^ndie. 

3£ntre  le  Morvan  et  le  détroit  qui  sépare  le  bassin  de  Paris  de  ce- 
i  de  la  Gironde,  les  affleurements  des  couches  se  dirigent  à  peu 
P^^^s  de  l'Est  à  l'Ouest,  en  inclinant  un  peu  vers  le  Sud  :  arrivés  au 
V€=:^  Isinage  du  massif  Vendéen,  ils  éprouvent  une  brusque  déviation 
v^^  **s  le  Nord  et  se  continuent  jusqu'au  littoral  de  la  Manche,  suivant 
u  *^e  ligne  presque  rectiligoe  et  sensiblement  orientée  Nord-Sud. 

"Dans  le  Poitou,  et  notamment  aux  environs  immédiats  de  Poitiers, 

^  ^couches  en  question,  déposées  sur  le  versant  oriental  du  massif 

^  ^^ndéen,  ont  une  puissance  assez  considérable,  mais  elles  sont  en 

8^^  lierai  peu  fossilifères,  et  la  distinction  des  divers  niveaux  ne  peut 

5    3^  faire  aussi  aisément  que  dans  la  région  de  Niort  et  de  Saint- 

**  fixent. 

le  Bajocien  est  toujours  limité  nettement  à  sa  base  par  l'assise  su- 

P^iieure  de  l'étage  toarcien,  si  bien  caractérisée  par  VOstrea  Beau- 

^toftit,  la  Rh.  cynocephala  et  quelques  autres  Brachiopodes  :    Ter. 

Xnfra-oolithica,    Ter.  Lycetti.  Il  est  constitué  inférieurement  par  des 

XV.  33 


I 


314  dk  moseotm.  —  qomthë  infrribobb  bu  bassin  db  paris.  18  iv=t-~t11 
calcaires  à  silex,  et  en  haut  par  un  massif  asset  puissant  de  calctU^fin 
dolomi  tique. 

Le  Batbonien  est  représenté  par  des  calcaires  grossiers  à  silexrz-sel 
recouvert  par  le  Callovien,  réduit  à  la  zone  à  Am.  aneeps,  An.  cws?  ta- 
natus,  etc  :  celle-ci,  très  développée,  est  formée  par  des  calcaii  fw 
blancs,  en  bancs  épais,  exploités  dans  les  belles  carrières  de  Migc — -né. 
Toutefois  la  présence  de  VAm.  Orfon,  qui  a  été  signalée  par  M.  B — Sol- 
laud,  permet  d'admettre  que  la  base  delà  sone  &  Am.  athleta  exi=  ste 
aussi  dans  cette  région,  mais  en  tout  cas  les  couches  supérieures  de 
l'étage  callovien  et  celles  de  l'étage  oxfordicn  (Divésien  on  Villersi^^»n) 
sont  masquées  par  les  affleurements  des  marnes  a  s pongiaires  de^ss  la 
zone  à  Am.  canalicutatus  qui  viennent  les  recouvrir  trangressi*"  "*• 
ment. 

Nous  observons  ainsi  deux  discordances  bien  nettes  :  l'une,  q^ZTae 
nous  avons  signalée  précédemment  aux  environs  de  Saint-Maiit^*111 
et  Niort,  entre  le  Bathonien  et  le  Callovien,  l'autre  entre  le  Calfc — °" 
vien  et  l'Oxfordien. 

Nous  retrouverons  ces  mêmes  discordances  à  la  Grimaudière,  pr  -^! 
Moncontour,  où  l'on  voit  les  calcaires  à  silex  batbouiens,  reco"*^* 
verts  par  une  épaisseur  de  3  mètres  de  calcaires  marneux  à  textu.  * 
grèseuse,  avec  Am.  coronalus,  Am.  aneeps  etc,  surmontés  de  que^^ 
qnes  bancs  de  calcaires  jaunâtres,  pétris  d'oolitbes  ferrugineuse1^ 
avec  Am.  athleta.  etc.,  et  recouverts  par  les  marnes  à  spongiairiB^^ 
avec  Am.  canaliculattu,  etc. 

Le  Callovien  à  Am.  eoronatia  a  donc  subi  déjà  une  transformatio--^ 
considérable  et  est  bien  différent  de  celui  des  environs  de  Poitiers. 

L'oolitbe  ferrugineuse  a  Am.  athleta  contient  une    faune  trô^^ 


4887.      DE  GfcOSSOU  VRB.  —  OOUTU  lNFÉaiIUM  W*  BASSIN  Dl  FARI8.      515 

Ammonites  Anar,  Opp,  fer.  nucleata,  Bucju 

—  CoUinii,  Opp.  Rhynchoteuthis. 

—  cf.  Hiemeri,  Opp.  Aptychus. 

Les  oouehes  à  Spongiaires  se  poursuivent  vers  le  Nord  jusque  un 
peu  eu  delà  de  Loudun  où  elles  disparaissent  sous  les  assises  oéne- 
oaaniennes. 

Ces  dernières  s'avancent  transgressivement  vers  l'Ouest  en  mas- 
quant les  dépôts  infra-crétacés,  et  en  faisant  disparaître  la  plus 
grande  partie  de  la  formation  jurassique  :  on  les  voit  même  reposer 
sur  les  couches  paléozoïques. 

Un  peu  au  Nord  de  la  Grimaudière,  l'étage  Gallovien  se  complète 
par  quelques  nouvelles  couches  :  on  peut  les  observer  à  Oiron  où 
l'on  voit  Toolithe  ferrugineuse  à  Am.  athleta  recouverte  par  plusieurs 
mètres  de  calcaires  jaunâtres  renfermant  surtout  des  Ammonites  de 
grande  taille  :  la  faune  est  à  peu  près  la  même  que  celle  du  banc  à 
Jkm*  athleta ,  avec  quelques  modifications  cependant  :  YAm.  anceps  y 
devient  rare,  ainsi  que  les  Ammonites  du  groupe  du  subbaekeriœ  : 
«Ues  sont  remplacées  par  des  fermes  qui  se  rattachent  plutôt  au 
groupe  de  VOrion.  On  y  voit  en  môme  temps  apparaître  YAm.  Lam- 
Serti,  et  quelques  autres  ammonites  du  genre  Cardioceras. 

Vers  la  limite  des  départements  des  Deux-Sèvres,  de  la  Vienne  et 
Maine-et-Loire»  nous  pouvons  relever  une  coupe  complète  des  as- 
s  jurassiques  entre  Verines  et  Pas-de-Jeu,  de  la  vallée  du  Thouet 
&  celle  de  la  Dive. 

C'est  à  Verines  que  sont  ouvertes  dans  le  Lias  supérieur  les  car- 
rières dont  la  coupe  a  servi  à  d'Orbigny  de  type  pour  l'étage  toar- 
»  La  composition  de  cet  étage  y  diffère  d'ailleurs  très  peu  de  celle 
environs  de  Saint-Maixent. 
A  la  base  on  voit  trois  bancs  d'une  épaisseur  totale  de  im60  de 
gréseux,  plus  ou  moins  chargé  de  sable  grossier  quartzeux  : 
'est  le  grison  ou  brasier  des  ouvriers.  A  la  partie  supérieure  il  ren- 
ferme quelques  fossiles  appartenant  à   la  faune  du  Lias  moyen  : 
^>ecienœquivaluis9  Ter.  punctata,  etc  ;  cet  ensemble  représente  donc  au 
le  Lias  moyen  et,  peut-ôtre  en  môme  temps,  le  lias  inférieur 
t  Flnfralias. 
Au-dessus,  sur  0m90,  des  bancs  de  calcaire  ocreux  plus  ou  moins 
,  pétri  d'oolithes  ferrugineuses  et  renfermant  un  très  grand  nom- 
lare  de  fossiles  :  Am.  commuais^  Am.  bifrons,  Am.  serpentinus. 

Ces  bancs  ferrugineux  sont  recouverts  par  1*50  d'argile  bleues  al- 
ternant avec  de  petits  bancs  de  calcaires  marneux  de  môme  couleur  : 
e'est  le  niveau  de  la  Lima  toarcensis,  que  l'on  rencontre  en  exem- 
plaires énormes,  et  des  Am.  toarcensi$y  radians >  imignisjurensù,  etc. 


516     DU  GROSSOOVRB.  —  OOUTtïE  INFÉBIKURK  DU  BASSIN  DR  PARIS-    18  avril 

Le  sommet  de  la  carrière  est  formé  par  de  petits  bancs  de  calcaires 
jaunâtres  dont  la  partie  supérieure  est  exploitée  comme  pierre  à 
chaux,  dans  des  carrières  situées  à  la  sortie  du  village  de  Vorines, 
sur  la  route  de  Thouars.  On  y  recueille  YAm.  opalinui  toujours  assez 
rare,  YOstrea  Beaumonti,  la  Rk.  cynocephala,  la  Ter.  infra- oalitkica, 
avec  quelques  autres  formes  voisines  mais  plus  renflées,  et  la  Ter. 
Lycetti. 

Le  fossile  le  plus  abondant  de  ce  niveau  est  YOstrea  Beaumonti,  ici 
de  petite  taille,  et  souvent  désigné  dans  les  listes  de  fossiles  sous  le 
nom  d'Ostrea  Knorri  :  cette  petite  huître  présente  en  effet  une  grande 
analogie  avec  celles  que  l'on  retrouve  dans  le  Fulters-earth,  puis 
plus  haut  dans  le  Bathonien  supérieur,  et  même  dans  le  Callovien  et 
que  l'on  désigne  sous  le  nom  d'Oïl,  gibriaca  et  aussi  Oit.  Knorri, 
quoique  ce  dernier  nom  doive  être  rejeté,  parce  qu'il  a  été  employé 
antérieurement  par  Defrance,  pour  une  grande  huître  de  la  Mollasse. 
11  conviendra  donc  de  donner  à  l'huître  du  Fullers-earth  le  nom 
d'OsT.  gibriaca,  Martin,  et  nous  proposons  pour  celle  du  Bathonien 
le  nom  d'OsTRBA  lotharingica,  en  raison  de  son  abondance  dans 
l'Est  de  la  France. 

Nous  avons  ainsi  la  série  suivante  de  formes  très  voisines  : 

I*  Ottrea  Beaumonti,  Rivière  =  0.  Knorri,  Volts  in  d'Orb.  (Prod. 
1 ,  page  257)  non  0.  Knorri,  Vollz  in  Zieten  ;  =  0.  pictavientis,  Hébert, 
1859. {But.  Soc.  Géol.  de  France,  2e  série, XIII,  p.  216).  —Gisement: 
Lias  supérieur. 

2"  Ottrea  gibriaca,  Martin,  —  Gisement  :  Bajocien  supérieur  et 
Fullers-earth. 

3°   Ottrea  lotharingica,   n.  sp.   =   0.  Knorri,   Volts  in    Zieten, 


1887.      DE  GROSSOUVRB.—  OOL1THE  INFÉRIEURS  DU  BASSIN  DS  PARIS.      517 

M.  Deslongchamps  considère  comme  une  forme  intermédiaire  entre 
la  Ter.  Wrighti,  Dav.  et  la  Ter.  Eudesi,  Opp. 

Les  calcaires  jaunâtres  se  chargent  de  rognons  de  silex  dans  leur 
partie  supérieure,  et  sont  exploités  dans  une  carrière,  un  peu  après 
la  sorlie  de  Thouars,  sur  le  bord  de  la  route  de  Pas-de-Jeu  :  ils 
renferment  encore  Rh.  cynocephala  et  quelques  Ammonites  adultes 
de  la  tribu  des  Harpoceratinés,  probablement  Am.  Murchisonx. 

On  rencontre  alors  un  puissant  massif  de  calcaires,  dans  lequel  il 
nous  a  été  impossible  de  reconnaître  des  subdivisions  paléontolo- 
giques  :  nous  avons  seulement  recueilli  YAm.  Blagdeni^  vers  la  base, 
dans  une  carrière  près  de  Misse;  de  cette  même  localité  nous  possé- 
dons Rh.  quadriplicata  (type  de  Zieten,  non  Desl.),  espèce  bien 
caractéristique  du  Bajocien  inférieur,  qui  existe  dans  la  Malière  de 
Normandie  et  que  nous  avons  recueillie  dans  les  couches  à  Am. 
Sauzei  de  la  Nièvre. 

On  a  cité  des  environs  de  Thouars,  de  la  localité  de  Fortavault,  la 
faune  du  Fullers-earth  de  Sainte-Pezenne,  près  Niort,  mais  nous 
n'avons  pu  arriver  à  la  retrouver. 

En  arrivant  à  Pas-de-Jeu,  on  voit  affleurer  |des  calcaires  à  silex, 
immédiatement  recouverts  par  l'oolithe  ferrugineuse  callovienne. 
Nous  y  avons  recueilli  une  Ammonite  du  groupe  de  YAm.  Humphriesi 
qu'il  nous  paraît  bien  difficile  de  distinguer  des  formes  bajociennes, 
la  térébratule  figurée  par  M.  Deslongchamps  sous  le  nom  de  Ter. 
Etheridgi,  Dav.  et,  en  assez  grande  abondance,  des  moules  de  Lamel- 
libranches et  de  bivalves. 

L'oolithe  ferrugineuse  callovienne,  caractérisée  par  les  Am. 
an  ceps  t  Am.  coronatus...  repose  directement  sur  ces  calcaires  à  silex, 
sans  interposition  des  couches  calloviennes  inférieures,  caractérisées 
par  les  Am.  macrocephalus,  Am.  modiolaris.  Am.  Goweri,  Am.  Kœnighi, 
etc  :  nous  retrouvons  donc  la  discordance  précédemment  signalée. 

L'oolithe  ferrugineuse  à  Am.  anceps  très  réduite  et  formée  par  un 
calcaire  jaunâtre,  pétri  d'oolithes  ferrugineuses,  d'une  épaisseur  de 
O^oO  environ,  est  excessivement  fossilifère  : 

Ammonites  anceps,  Rein.,  punclatus,  et  lunula. 

—  coronatus,  Brug.,  Ammonites  puslulatus,  Rein. 

—  Jason  et  variétés,  Terchratula  dorsoplicata.  Des!. 
Ammonites  diverses  des  groupes  sut*-  —       excavata,  Desl. 

backeriœ,  aurujerus  et  cur-  —        pala%  Buch. 

vicosta,  IViyitchoneUa  (Jrtjignyi,  Opp. 

Ammonites   des    groupes    hecticus, 

Ce  banc  de  calcaire  jaunâtre  est  recouvert  par  un  banc  de  calcaire 
blanchâtre,  également  chargé  d'oolithes  ferrugineuses  et  renfermant 


818     DKGBOSSOCVnE.—  OOI.ITnR  IltfftBffll'W!  TU  BA8S1S  DB  M»TB.  18  avril 

nne  Tanne  assez  riche,  mais  on  peu  différente  de  celle  dn  banc  infé- 
rieur. Avec  VAm.  once^squî  persiste  a  ce  niveau  on  trouve  : 


et  diverses  Ammonites  des  groupes  hectkut  punctaiiu,  etc.  et  des 
groupes  ntbbatktriœ,  anrigerut,  etc.,  dont  quelques  unes  très  voisines, 
sinon  identiques  a  celles  de  la  couche  précédente,  et  d'autres  diffé- 
rentes (Am.  Gnon,  etc.) 

Au  Nord  de  Tbouars,  les  affleurements  des  couches  jurassiques 
disparaissent  sur  un  assea  long  parcours,  masquées  par  les  dépota 
cénomaniens  qui  de  oe  côté  débordent  de  plus  en  plus  vers  l'Ouest. 
Cependant,  avant  d'atteindre  la  vallée  de  la  Loire,  nous  rencontrons 
encore  un  dernier  lambeau  jurassique  :  c'est  celui  des  environs  de 
Bfontreuil-Bellay,  localité  classique  et  depuis  longtemps  célèbre  par 
sa  belle  faune  de  Gastropodes  calloviens. 

Ce  lambeau  occupe  l'extrémité  Sud-Est  du  département  de  Maine- 
et-Loire  :  il  s'étend  sur  la  rive  gauche  du  Thouet,  entre  Montreuil- 
fiellay  et  Doué  oh  il  disparaît  recouvert  par  les  faluns;  entre  le 
Thouet  et  la  Dive,  il  forme  la  plaine  calcaire  désigné  sous  le  nom  de 
Champagne. 

Los  assises  supérieures  du  Lias  supérieur  affleurent  seules  dans 
celte  région  aux  environs  de  Doué  (carrières  de  Fierbois,  Bauge,  les 
Verchers)  :  elles  sont  formées  par  un  calcaire  jaunitre,  à  rognons  de 
silex,  renfermant  seulement  quelques  rares  Jth.  cynoctphala  et  en 
abondance  une  térébratule  que  M.  Deslongchamps  a  rapporté  à  la 
Ttr.  Wrighti,  Dav  :  il  regarde  les  échantillons  de  celte  région  comme 


1887.      DE  GftOftSOUYM.  — -  OOL1THS  INFÉIURWK  MJ  BASSIN  M  PAU».      549 

Je  n'ai  observé  le  Batbonien  inférieur  que  dans  la  tranchée  du 
chemin  de  fer,  près  de  la  gare  de  Montreuil  (4)  il  renferme  Am. 
futcuS)  Am%  polymorphe  Am.  psettdo-anceps,  etc.  Au-dessus  viennent 
quelques  bancs  avec  pholadomies,  puis  sur  2  mètres  des  calcaires 
jaunâtres*  grenus,  avec  silex  b  ranch  us.  Ils  sont  très  fossilifères  et 
renferment  de  nombreux  Céphalopodes,  Brachiopodes,  Gastropodes 
et  Lamellibranches,  ces  dernier*  ^ordinaire  privés  de  test. 


Ammonites  Bumphriesi,  Sow. 

—  procerus,  Seeb.   (ou   ar» 

busiigerus,   d'Orb .  ) 

—  aurigerus,  Opp. 

—  aspidoïdes,  Opp. 

—  subdiscus,  d'Orb, 

—  serrigerus,  Waagen. 

—  ditcus,  Sow.  non  d'Orb. 

—  bullatus,  d'Orb. 

—  microstoma,  d'Orb. 

Ammonites,  sp.  nov.  (plusieurs.) 
.  Tereàratula  ElheHdgi,  (Dav.  in.  Des! .) 


Terebratula  coarctata,  Park. 

—  Ranviliiana,  Desl. 

—  bradfbrdiensiS)  Dat. 
Rhynchonelia  lotharingica,  Haas. 
Eli  g  mus  polytypm%  Desl. 
Isocardia  minima,    Sow. 
Trigonia,  sp. 

Natiea,  sp. 
Acteonina,  sp. 
CoUyrites  antliê,  Agae. 
Montlivallia,  sp» 


Cet  ensemble  de  fossiles  correspond  bien  nettement  au  Batbonien 
supérieur  et  renferme  une  faune  identique,  à  quelques  espèces  près, 
à  celle  des  environs  de  Niort  et  de  la  Nièvre  :  c'est  donc  un  nouveau 
point  où  nous  retrouvons  cet  étage  caractérisé  par  une  faune  de 
Céphalopodes,  circonstance  relativement  rare  dans  le  bassin  de 
Paris. 

Nous  ferons  remarquer  que  la  Ter.  Etheridgi  figurée  par  M,  Des- 
longchamps  (Pal.  Fr.  Brach.  Jur.  pi.  66,  Ûg.  97  et  98,)  comme  prove- 
nant de  la  carrière  du  Chalet,  a  été  attribuée  par  lui  à  l'Oolithe  infé- 
rieure (2);  or,  si  Ton  observe  que  l'exploitation  a  seulement  entamé 
sur  1*50  les  assises  inférieures  à  l'étage  caliovien,  il  en  résulte  que 
le  Batbonien  supérieur  a  été  seul  atteint  :  l'attribution  des  échangi- 
ons de  la  carrière  du  Chalet  à  l'espèce  de  Dadvison,  qui  est  du  Bajo* 
eîen,  nous  parait  donc  plus  que  douteuse. 

Il  existe  en  effet  entre  les  deux  formes  des  différences  asses  nota* 
blés  et  assez  constantes  pour  qu'il  semble  utile  de  distinguer  la  téré- 
bratule  de  Montreuil-Bellay  qui  appartient  à  un  niveau  bien  supérieur 
à  celui  de  l'espèce  anglaise. 

Nos  échantillons  sont  conformes  aux  figures  de  M.  Deslongchamps 
(PI.  66,  fig  7  et  8)  :  ils  se  distinguent  de  Ter.  Etheridgi  par  leur  forme 
qui  est  beaucoup  plus  étalée  et  plus  arrondie  dans  son  ensemble,  par 

(l)  Devaux.  Note  sur  la  tranchée  ouverte  en  1884  sur  la  ligne  de  Montreuil- 
Bellay  à  Angers,  près  la  gare.(Bul.  de  la  soc.  d'études  scientifiques  d'Angers»  1884.) 
(8)  Par  Oriithe  inférieure»  M.  Deslonebamps  entend  l'étage  bajocien. 


320     DE  GROSSOUVRE. — 0OL1TUE  INFÉRIEURE  DU  BASSIN  DB  PAB1S.    18  avril 

un  crochet  beaucoup  plus  massif  et  percé  d'un  foramen  plus  gros, 
La  plus  grande  largeur  de  la  Ter.  Etkeridgi  se  trouve  au  voisinage  de 
la  région  cardinale,  celle  de  la  térébralule  de  Hontreuil  est  au  con- 
traire un  peu  au-dessous  du  milieu  de  la  coquille  ;  la  térébratule 
anglaise  est  aussi  rétrécie  et  pincée,  dans  la  région  frontale,  sur  une 
plus  grande  longueur. 

Nous  proposons  donc  de  donne»  le  nom  de  Ter.  montreuitleiuit  à 
l'espèce  batbonienne (syn  :  Ter.  Etkeridgi,  Desl.  1873.  PI. 66.  flg.7et8 
non  Ter.  Etkeridgi,  Dav.) 

Quant  a  la  Rkynchonelta  lotharingica,  assez  abondante  à  Montreuil- 
Bellay,  c'est  l'espèce  que  nous  avons  indiquée  du  même  niveau,  à 
Suint-Maxient,  sous  le  nom  de  Rk.  cf.  Tkeodori.  C'est  sous  ce  nom 
également  qu'elle  a  été  portée  et  Rgurée  par  H.  Deslongchamps  dans 
dans  son  catalogue  des  Brachiopodes  de  Montreuil-Bellay  (Caen,  1856). 
En  Lorraine  où  H.  Haas  a  pris  le  type  de  sa  Hh.  lotharingica,  elle  avait 
été  citée  précédemment  par  Terquem  et  Jourdry  (Monographie  de 
l'étage  batbooien,  1869)  sous  le  nom  de  Rk.  Tkeodori.  Enfin  tout 
récemment  M.  Douvillé  nous  a  fait  connaître  son  existence  en  Abys- 
ainie  où  elle  a  été  recueillie  par  un  de  nos  confrères,  M.  Aubry. 

L'examen  de  la  liste  des  fossiles  qui  précède  suggère  quelques 
observations,  notamment  eu  ce  qui  concerne  la  présence  de  VAm. 
ffumpkriesi,  espèce  que  l'on  considère  généralement  comme  caracté- 
ristique du  Bajocien.  Or,  à  Montreuil-Bellay  elle  est  te  céphalopode  le 
plus  abondant  du  Bathonien  supérieur,  et  il  ne  nous  a  pas  paru  pos- 
sible de  la  distinguer  spécifiquement  des  échantillons  bajociens. 
Nous  avions  indiqué  précédemment  (Bull.  Soc.  géol.  3*  série,  XIII, 
p.  363)  l'existence  de  formes  analogues  dans  le  Bathonien  supérieur 


1887.      DBGROSSOUVRE.—  OOLITUB  INFÉBIBURE  DU  BASSIN  DR  PARIS.      521 

petit  nombre,  ne  présente  aucun  degré  de  certitude,  si  elle  ne  s'ap- 
puie en  môme  temps  sur  des  observations  stratigraphiques  suffisantes. 

Une  autre  conclusion,  non  moins  importante,  à  tirer  de  cette 
observation,  c'est  qu'un  fossile  ne  caractérise  pas  un  niveau  déter- 
miné par  le  maximum  de  son  développement  :  UAm.  Hwnphriesi  est 
abondant  dans  le  Bathonien  supérieur  de  Montreuil,  il  est  rare  dans 
celui  de  la  Nièvre,  et  il  n'a  pas  été  signalé  à  ce  niveau,  à  notre  con- 
naissance du  moins,  dans  d'autres  localités  du  bassin  de  Paris. 

On  voit  ainsi  que  l'abondance  d'une  espèce  dans  une  station 
donnée,  ne  dépend  pas  seulement  de  l'âge  du  dépôt  dans  lequel  elle 
se  trouve,  mais  de  l'ensemble  des  conditions  d'habitat. 

Le  Bathonien  supérieur  peut  s'étudier  sur  un  grand  nombre  de 
points,  autour  de  Montreuil-Bellay  :  sur  la  route  de  Saumur,  sur 
la  rive  droite  de  Thouet,  dans  les  tranchées  du  chemin  de  fer  d'An- 
gers, etc. 

Sur  les  calcaires  à  silex  bathoniens  repose,  par  une  surface  cor- 
rodée, un  banc  de  calcaire  gris  jaunâtre  pétri  d'oolithes  ferrugineuses 
et  rempli  de  fossiles. 

Il  a  une  épaisseur  d'environ  0.m  75  :  c'est  à  sa  base  que  se  trou* 
vent  en  abondance  ces  petits  Gastropodes,  d'une  si  belle  conserva- 
tion, décrits  par  M.  Hébert  :  avec  eux  se  rencontrent  des  Ammo- 
nites de  très  petite  taille,  mais  tous  ces  fossiles  ne  peuvent  se 
recueillir  que  sur  les  rares  points  où  la  couche  a  été  désagrégée 
par  les  influences  atmosphériques  et  cette  circonstance  se  présentait 
précisément  dans  la  carrière  du  Chalet  près  Montreuil-Bellay  :  la 
partie  supérieure  de  cette  oolithe  ferrugineuse  contient  des  Ammo- 
nites de  plus  grande  taille,  environ  0m  08à  0m  10  de  diamètre,  et  des 
Brachiopodes.  La  faune  en  est  très  riche  et  les  Brachiopodes  ont  été 
décrits  par  M.  Deslongchamps  dans  son  mémoire  sur  les  Brachiopodes 
du  Kelloway-rock  (Gaen,  4859). 

Ammonites  macrocephalus,  Schloth.  Terebratula  cf.  antiplecta,  Buch. 

—  anceps,  Rein.  —  Trigcri  Desl. 

—  coronatus,  Burp.  —         hypocirta,  Desl 

—  Bombur,  Opp.  —         pahi,  Buch 
Ammonites  diverses  du  groupe  suh-                  —         biappendiculata,  Desl. 

backeriœ,  curvicosta,  etc.  —  subrugata,  Desl. 
Ammonites  diverses  du  groupe  hn-            lihynchonrlla  acutiloha,  Desl. 

tiens,  punctatus,    etc.  —  funiadata,  Desl. 

Ammonites  pustulatus,Reui.  —  tn'plirosa,  Qu. 

—  Jason,  Rein.  —  voitHmsis,  Opp.  (trignna% 

—  refractus,  Rein.  —  Desl.) 
Terebratula    longiplicata.  Desl.  —  Frrryi,  IV*I . 

—  dorsoplicala,  Desl.  —  minuta,  Buviquier. 

—  excavata,  Desl.  —  Orbignyi,  Opp. 


522      DE  6R0S50CVBE,  —  OOLITOK   IHFÉHIKURE  DU  BÀBS1K  DR  PAB18.   18  avril 

Au-dessus  de  ce  calcaire,  vient  un  banc  de  calcaire  blanchâtre  qui 
contraste  avec  la  précédent  par  ta  couleur  claire,  quoique  pétri 
comme  lui  d'oolithea  ferrugineuses.  Il  est  également  fossilifère  et 
renferme  un  certain  nombre  de  fossiles  de  la  liste  précédente, 
notamment  Am.  ancept,  des  Ammonites  du  groupe  des  lubbaektrim 
et  cureicottêi,  et  du  groupe  htctkut  avec  les  espèces  spéciales  sui- 
vantes : 

Ammonite alhleta, Phlll,  Ammonite  chaticiniamii,  d'Orb. 

—  Duittani,  Soi».  —         octlatut,  Fhill. 

—  bicoHatiu,  8k  ah  h 

Ce  calcaire  à  oolithes  ferrugineuses  est  recouvert  par  une  alter- 
nance de  calcaires  jaunes  brunâtres  durs,  a  taches  ocreuses,  et  de 
marnes  de  même  couleur.  Vers  la  base  se  trouve  un  banc  de  cal- 
caire blanc  assez  pur,  très  dur,  susceptible  d'être  poli  et  de  servir 
comme  marbre  :  c'est  ce  banc  qui  avait  été  l'objet  de  l'exploitation 
de  la  carrière  du  Chalet. 

Dans  les  bancs  marneux  se  trouvent  assez  abondamment  de  grosses 
Bel.  hasiatus.  Ces  calcaires  renfermant  des  ammonites  de  grande 
taille  ;  la  faune  est  assez  voisine  de  celle  du  banc  d'oolithe  ferrugi- 
neuse a  Am.  athleta,  mais  elle  ne  contient  plus  guère  d'espèces  de 
la  couche  a  Am.  anceps:  \'Am.  alhleta  y  est  encore  le  fossile  le  plus 
abondant,  avec  quelques  ammonites  du  groupe  de  l'Orion;  à  ce 
niveau  commencent  a  apparaître  ou  du  moins  se  trouvent  assez 
abondamment  Am.  Lamberti  et  Am.  Sutherlandiœ  :  on  volt  donc  la 
faune  se  modifier  peu  à  peu,  a  mesure  que  l'on  s'élève,  par  l'appa- 
rition de  nouvelles  espèces. 


L  887»      D*  GROSSWrVBfc.  —  OOUÎHB  lltFÉftlftlftlB  DU  BASSIN  B«  PARIS.     5tB 

^cueillir  séparétoênt  les  fossiles  situés  à  diverses  hauteurs  fait  que 

ous  connaissons  seulement  la  faune  de  l'ensemble  :  cependant  on 

«ut  admettre  que  les  différences  présentées  par  les  listes  spéciales 

chaque  localité  correspondent  à  des  différences  de  niveaux.  Ainsi 

.ans  les  environs  de  Champagnole  on  ne  trouve  que  YAm.  cordât** 

peut-être  YAm.  Mariœ,  tandis  qu'à  Authoison  on  recueille  YAm. 

umberti,  et  même  Am.  Jason  et  Am.  anceps. 

De  la  coupe  qui  précède,  il  résulte  qu'il  existe  encore  à  Montreuil* 
^llay  une  discordance  bien  tranchée  entre  le  Bathonien  et  le  Cal- 
vien,  toute  la  partie  inférieure  de  ce  dernier  étage  manquant  :  il 
bute  seulement  par  les  couches  les  plus  supérieures  de  la  zone  à 
.  anceps  ainsi  que  l'indiquent  la  rareté  de  YAm.  macrocephalus  et 
présence  des  Am.  coronalus  et  pustulatus.  A  partir  de  ce  niveau, 
duit  à  une  épaisseur  réellement  insignifiante,  la  série  des  couches 
t  bien  développée,  et  leur  richesse  en  fossiles  fait  ressortir  d'une 
anière  fort  nette  les  variations  progressives  de  la  faune. 
Remarquons  encore  que  nous  avons  ici  une  coupe  présentant 
eaucoup  d'analogies  avec  celle  de  la  base  des  falaises  des  Vaches* 
oires  (Normandie). 
Ad  Nord  de  Montreuil-Bellay,  le  système  oolithique  disparaît, 
mplètement  masqué  par  les  couches  cénomaniennes  :  cependant 
en  rencontre  un  petit  lambeau  sur  les  bords  de  la  Loire,  près 
<*^  Saint-Maur  :  il  est  formé  par  des  calcaires  à  silex  qui,  d'après 
le  s  renseignements  que  nous  a  donnés  notre  confrère  M.  le  Dr  Farge, 
doivent  appartenir  au  Bajocien  tout  à  fait  supérieur,  peut-être  au 
F*  «ller's-earth  (1). 

Un  peu  plus  au  Nord,  nous  retrouvons,  pour  nos  couches  juras- 

sicjues,  un  nouveau  jalon  dans  la  vallée  du  Loir  (â)>  tandis   qu'à 

Vî  tjillé,  des  calcaires  à  Ter.  sarlhacensis,  ftk.  tetraedra,  indiquent  la 

Présence  du  Liasien  ;  plus  à  l'Est,  à  la  Rairie  et  à  Durtal,  on  observe 

A^s  calcaires  à 

*Am.  Humphrieti,  Rh.  plicatella, 

—  Parkinsoni.  —  spinosa, 

Ter.  sphœroïdalis,  Rhabdocidarit  copcoïdes. 

^est-à-dire  le  Bajocien  supérieur. 

A.  quelque  distance  de  là  nous  voyons  reparaître  le  Lias,  dans  la 
vallée  de  la  Sarthe,  à  Précigné. 
Jusqu'à  ce  jour,  ni  l'Infralias,  ni  le  Lias  inférieur  n'ont  été  recon- 

(1)  Voir  aussi  Millet.  Paléontologie  de  Maine-et-Loire  et  compte  rendu  de  Ja 
réunion  de  la  Société  Géologique  à  Angers. 

(2)  Le  terrain  Jurrassique  des    environs  de    Durtal,  par  le  docteur  Farge, 
Àogftre,  1863, 


524      DU  GROSSODYRB.  —  OOUTUB  INFÉRIEURE  DU  BASSIIt.DK  PAHIS.    48  avril 

nos  dans  le  département  de  la  Sartbe  ;  les  deux  filages  supérieurs 
paraissent  affleurer  seuls. 

Le  Lias  moyen,  d'ailleurs,  réduit  à  une  très  faible  épaisseur 
(10"  environ)  est  surtout  bien  caractérisé  dans  le  Sud-Ouest  de  ce* 
département.  C'est  à  Précigué  que  l'on  en  trouve  le  plus  beau  gise- 
ment, et  c'est  de  cette  localité  que  proviennent,  avec  la  série  presque> 
complète  des  brachiopodes  de  ce  niveau  Ter.  sarthacensit,  indentata, 
çuadrifida,  etc.,  deux  térébratules  qui  paraissent  y  être  locali- 
sées. Ter.  Paumardi,  Desl.,  et  Ter.  Guerangeri,  Desl.  On  y  recueil!» 
aussi  Ter.  Jauberti:  nous  avons  du  Lias  moyen  de  la  Sarthe,  un 
échantillon  complètement  identique  à  celui  qui  a  été  figuré  par 
M.  Deslongchamps  dans  la  Paléontologie  française  (PI  XL.VIII.,  fig. 
13);  M.  Deslongchamps  remarque,  d'ailleurs,  que  les  échantillons  de 
cette  région  présentent  quelques  particularités  :  ils  sont  petits,  glo- 
buleux, de  forme  presque  quadrangulaire,  avec  le  front  a  bord  recti- 
ligne.  Nous  insistons  ici  sur  cette  espèce,  parce  que  dans  la  Sarthe, 
son  niveau  est  bien  connu,  et  ne  peut  donner  lieu  à  aucun  doute,  le 
Lias  supérieur  ne  renfermant  aucun  Brachiopode  (sauf  Rh.  cynoce- 
phala,  dans  le  Nord  du  département).  Il  n'en  est  pas  de  même  pour 
la  Ter.  Jauberti  de  la  Provence,  placée  par  les  géologues  tantôt  dans 
le  Lias  moyen,  tantôt  dans  le  Lias  supérieur.  Nous  l'avons  recueillie, 
près  de  Toulon,  dans  une  petite  couche  marneuse  située  à  la  limite 
des  deux  étages,  où  elle  est  seulement  accompagnée  de  Rhyncho- 
nelles  non  décrites  encore.  Au-dessus,  seulement,  se  montrent  des 
calcaires  caractérisés  par  Am.  bifroas,  où  existe  encore  Ter.  Jauberti, 
ou  du  moins  des  formes  très  analogues,  avec  Rh.  méridional»,  Ter. 
tieeipiem,  etc. 


4887.      DE  GROSSOUVRB.  —  OOLITHB  INFÉRIEURS  DU  BASSIN  DE  PARIS.      525 

présence  des  Am.  Parkinsoni  et  Humphrieti  permet  de  rapporter  au 
Bajocien  supérieur. 

Au-dessus,  l'étage  bathonien  inférieur  est  formé  par  des  calcaires 
finement  oolithiques,  contenant  assez  abondamment  la  Rh.  spinosa  ; 
ils  doivent  être  rapportés  au  Fullers-earth,  et  nous  verrons  plus  loin 
qu'ils  passent  latéralement  au  calcaire  de  Çaen. 

Les  bancs  supérieurs  formés  par  une  oolithe  friable  et  sans  fossiles 
appartiennent  au  niveau  de  l'Oolithe  miliaire. 

Ces  calcaires  oolithiques  sont  surmontés  par  un  calcaire  excessi- 
vement fossilifère,  nommé  par  les  géologues  de  la  Sarthe,  Calcaire  à 
Montlvaultia  en  raison  de  l'abondance  de  ce  genre  de  polypiers. 
C'est  un  calcaire  blanc  ou  jaunâtre,  plus  ou  moins  oolithique  et 
chargé  de  lamelles  spathiques,  renfermant  outre  les  Montlivaultia  un 
grand  nombre  de  Lamellibranches  (Astartes,  Arches,  Trigonies,  Opis, 
etc.)  de  Gastropodes,  de  radioles  et  de  fragments  de  test  d'oursins. 

Dans  les  points  où  la  roche  a  été  suffisamment  désagrégée  par  les 
influences  atmosphériques,  on  peut  recueillir  des  échantillons  d'une 
conservation  admirable.  Nous  ne  donnerons  pas  la  liste  complète  de 
ces  fossiles  (pour  cet  objet,  voir  Géologie  de  la  Sarthe,  par  Guillier, 
Le  Mans,  1886,  et,  pour  ce  qui  concerne  spécialement  les  Gastro- 
podes, le  récent  ouvrage  de  M.  Cossmann,  Contribution  à  la  faune  (te 
l'étage  bathonien,  Gastropodes.  Mém.  Soc.  Géol.  France,  1885).  Un 
grand  nombre  de  ces  fossiles,  Gastropodes  et  Lamellibranches  parti- 
culièrement, sont  très  semblables,  sinon  identiques,  aux  espèces  de 
l'oolithe  ferrugineuse  de  fiayeux,  ce  qui  avait  conduit  autrefois  un 
certain  nombre  de  géologues  à  classer  cette  assise  dans  le  Bajocien. 
Mais  sa  position  statigraphique,  aussi  bien  que  certains  de  ses  fossiles 
indiquent  nettement  sa  place  à  la  partie  supérieure  de  l'étage  batho- 
nien. Nous  nous  bornerons  à  citer: 


Am.  contrarius,  d'Orb. 

Am.  Julii,  d'ûrb,  cité  par  Guillier  de 

Domfront  et  Hyéré. 
Isocardia  minima,  Sow.très   abon- 
dante dans  la  Sartbe  et  à 
Montreuil-Bellay. 
Lima  gibbosa,  Desh . 
Lima  duplicata,  Desh. 
Lime  a  duplicata,  Munster. 
Eligmus  polytypus,  Desl . 
Rhynchonella  spinosa. 


Terebratula  flabellurn,  Defr .  (var  :  ATi>d- 

wiedskii,  Szajnocha). 
Ter.  (Zeilleria)  ranvilliana,  Desl. 
Terebratula  Phillipsi,  Dav. 
Hyboclypeus  gibberulus,  Ag. 
Collyrites  analis,  Ag. 
Echinobrissus  clunicularis,  d'Orb. 
Rhabdocidaris  copcoïdes,  Desor. 
Acrosalenia  spinosa,  Ag. 
Pseudodiadema  Wrighti,  Cott. 


A  l'exception  de  la  Ter.  Phillipsi,  dont  le  gisement  est  d'ordinaire 
à  la  partie  supérieure  du  Bajocien  ou  à  la  base  du  Fullers-earth,  tous 
ces  fossiles  appartiennent  au  Bathonien  supérieur.  Quant  à  la  Ter. 


8x6     BRGROîSOOVli. — OOUTHK  ISrtHIIDBB  SU  BA881B  fil  Mit.    18  nitil 

PhitHpri  recueillis  dans  cette  asaiae  à  Domfront  et  &  la  Jauoeliera,  près 
Conlie,  c'eat  une  variété  allongée  qui  a  été  figurée  par  IL.  Dwlong- 
ebanps  dans  la  Paléontologie  française,  Brach.  Jur.  PI.  73  ftg.  i  :  c'est 
la  senle  région  pour  laquelle  neui  connaissions  la  présence  de  ce 
fossile  à  un  niveau  aussi  élevé. 

Le  calcaire  à  Mont&vaultia  affleure  dan»  un  grand  nombre  de  loca- 
lités, an  Saé-Oaeat  du  Mans,  au  voisinage  de  la  vallée  de  la  Sarilio; 
Pécheseul,  Hierray  près  Tassé,  Chautenay,  Noyen,  Saint-Benoit, 
geint-  Pierre  -des  -Bols,  etc  :  lea  caractères  paléontologiques  nous 
montrent  qu'il  est  le  prolongement  du  calcaire  à  silex  de  Moutrsuil* 
Bellay,  et  en  suivant  cet  horiion  vers  le  Nord  nous  verrons  qu'il  passe 
au  calcaire  de  Langrune. 

Il  se  charge  vers  sa  partie  supérieure  d'oolithes  ferrugineuse»  et 
eet  recouvert  de  marnes  et  calcaires  a  texture  grossière  qui  débutent 
par  quelques  assîtes  chargées  aussi  d'oolithes  ferrugineuses.  Ce  sont 
ers  assises  très  fossilifères,  bien  connues  aous  le  nom  de  couches  de 
f*écheseui,  Saint-Benoit  ou  de  Saint-Pierre-des-bois,  qui  ont  donné  lieu 
a  de  nombreuses  discussions  sur  la  plaoe  à  leur  assigner  dans  la 
classification  géologique.  Les  uns,  avec  Triger  et  MM.  Guéranger  et 
Cotteau,  lea  attribuent  au  Balboniea,  les  autres  avec  M.  Hébert  les 
classent  &  la  base  duCallovien. 

Avant  d'entrer  dans  celte  discussion  nous  allons  d'abord  donner 
les  coupes  que  nous  avons  relevées  dans  les  carrières  de  Pécheseul, 
et  dans  celles  de  Saint-Benoit. 

Vottpe  é>  Piehueul. 


1887.      DB  GtOSSOUV  M.  —  OOUTfll  IflFÉtt  EOlt  DU  BASSIIf  BK  F**».      537 

tests  de  lamellibranches  se  détachant  sur  tes  coupes trw 

Calcaire  compacte o-so 

Banc  de  calcaire  gris,  oolithique  très  compacte 0-40 

Calcaire  sableux  oolithique 4- 

A  la  base  de  ce  dernier,  M.  Guéranger  nous  a  dit  avoir  recueilli  la 
Ah.  tptnoia. 

Oe  sont  les  bancs  d'oolithe  ferrugineuse  à  Am.  macrocepkalus, 
placés  immédiatement  au-dessus  du  calcaire  à  MontHvaultia,  que 
H.  Hébert  rattache  au  Gallovien. 

Malgré  l'autorité  qui  s'attache  aux  opinions  de  cet  érainent  géo* 
logue,  nous  croyons  devoir  reprendre  la  thèse  soutenue  par  Triger  et 
chercher  à  démontrer  son  exactitude. 

Analysons  d'abord  les  arguments  invoqués  par  M.  Hébert  (Les  mers 
anciennes.  Terrain  jurassique,  Paris,  1857). 

11  fait  remarquer  (page  37)  que  «  la  couche  ferrugineuse  sous-» 
oxfordienne  est  nettement  séparée  du  banc  de  la  Jaunelière  (calcaire 
kMontlivaultia).  Il  est  vrai  qu'une  ligne  de  séparation  se  montre  entre 
ce  dernier  banc  et  l'Oolithe  miliaire,  comme  aussi  entre  l'Oolithe  fer* 
rugineuse  et  les  lits  qui  sont  au-dessus  :  ce  sont  des  lignes  de  sépa- 
ration secondaires,  semblables  à  celles  que  nous  avons  déjà  signalées 
à  plusieurs  niveaux  de  la  Grande  oolithe  de  l'Est.  Il  nous  suffit  de 
constater  que  la  ligne  de  démarcation  principale  existe  ici,  comme 
précédemment,  immédiatement  au-dessus  du  calcaire  à  Montlivaultia 
de  la  Jaunelière.  » 

Après  avoir  cependant  reconnu,  (page  38)  que  les  assises  qu'il 
range  dans  l'Oxfordien  inférieur,  renferment  quelques  espèces  de  la 
Grande  Oolithe  ou  de  l'Oolithe  inférieure  telles  que  :  Dysaster  bicor- 
datus  (Collyrites  analis),  Dysaster  (Collyrites)  ringens,  Hyboclypeus  gib- 
berulus,  Lima  gibbosa,  Lima  duplicata  M.  Hébert  ajoute  «  ces  assises 
se  lient  tellement,  au  point  de  vue  stratigraphique  et  minéralogique, 
non  seulement  à  Pécheseul,  mais  à  Voisine,  à  Ghemiré,  et  partout 
ailleurs,  avec  les  assises  qui  sont  audessus,  qu'aucune  hésitation 
n'est  permise  au  géologue  qui  a  lui-même  observé  ces  faits.  D'ail- 
leurs avec  les  espèces  qui  se  trouvent  en  même  temps  dans  le  sys- 
tème oolithique  inférieur,  il  s'en  trouve  une  telle  quantité  d'autres 
qui  sont  propres  à  l'Oxford-Clay,  que  ces  passages  doivent  être  con- 
sidérés uniquement  comme  un  fait  et  non  comme  une  objection.  » 

Pour  M.  Hébert  la  présence  de  YAm.  maerocephalus  annonce  d'une 
manière  certaine,  dans  le  bassin  de  Paris,  le  commencement  de 
l'Oxford -Clay  (page  39.) 

Ainsi  les  arguments,  mis  en  avant  pour  classer  dans  le  Callovien 
l'ooHthe  ferrugineuse  de  Pécheseul,  reposent  : 


528     DU  GHOSSOUVRE. —  00LITHE  INFÉRIEURE  I1U  DASSIN  Dl!  PAMS,    18   avril 

1°  Sur  la  nature  minéralogique  des  assises  en  question  ; 
2"  Sur  l'existence  à  leur  base  d'une  ligne  de -séparation  indiquée 
par  une  surface  usée  et  perforée  ; 

3e  Sur  leur  faune  de  Céphalopodes  qui  serait  éminement  caracté- 
ristique de  l'Oxford-Clay  inférieur. 

Le  premier  argument  nous  parait  peu  décisif  :  les  caractères  pétro- 
grapbîques,  pris  pour  base  de  la  classification  des  ooucbes,  n'ont 
qu'une  valeur  absolument  locale,  en  raison  du  peu  de  continuité  et 
de  fixité  qu'ils  possèdent.  Les  divisions,  établies  en  Àpgleterre  par 
Smith  et  adoptées  ensuite  par  les  géologues  anglais,  reposent,  il  est 
vrai,  sur  des  différences  purement  minéralogiques,  et,  on  peut  évi- 
demment les  prendre  pour  point  de  départ  ;  mais  si  l'on  veut  les  ap- 
pliquer en  d'autres  points,  on  ne  peut  plus  se  baser  sur  la  similitude 
des  caractères  minéralogiques.  Tout  au  plus  peut-on  faire  intervenir 
des  considérations  de  cette  nature  lorsque  les  autres  manquent  et 
que  les  fossiles  font  défaut.  Le  caractère  minéralogique  sera  d'autant 
plus  trompeur  qu'on  aura  affaire  &  des  dépôts  littoraux  dont  la  na- 
ture varie  rapidement  d'un  point  à  un  autre,  et  c'est  précisément  le 
cas  dans  leqnel  nous  nous  trouvons  ici. 

Il  ne  peut  donc  être  question  d'établir  pour  deux  régions  des  divi- 
sions minéralogiques  absolument  concordantes,  et  le  premier  argu- 
ment invoqué  par  M.  Hébert  ne  peut  avoir  de  vuleur  que  s'il  est 
étayé  par  des  considérations  d'un  autre  ordre. 

Or,  celles  qui  se  rapportent  à  l'existence  de  surfaces  usées  et  per- 
forées n'ont  aussi  qu'une  valeur  absolument  relative.  M.  Hébert  lui- 
même  a  signalé,  dans  cette  même  coupe,  trois  surfaces  de  sépara- 
tion semblables  et  il  est  ainsi  conduit  à  en  considérer  une  comme 


1887.    DE  GR0S80UVRK.  —  OOL1THK  INFÉRIEURE  DU  BASSIN  DE  PARIS.    529 

Mais  il  n'en  est  rien  ici  :  la  ligne  de  séparation  considérée  ne  cor- 
respond pas  à  une  lacune  notable  :  de  part  et  d'autre  de  cette  sur- 
face, les  faunes  n'ont  varié  que  d'une  manière  insensible.  Nous 
ne  parlons  pas  bien  entendu' des  modifications  résultant  des  diffé- 
rences de  faciès  :  à  ce  point  de  vue  strict,  il  y  a  très  peu  d'analogie 
entre  la  faune  du  calcaire  à  Montlivaultia,  et  celles  des  marnes  à  ooli- 
thes  ferrugineuses  qui  les.  recouvrent.  Mais  comme  le  premier  cor- 
respond aux  calcaires  à  silex  de  Monlreuil-Bellay,  c'est-à-dire  à  une 
faune  de  Céphalopodes  très  bien  caractérisée,  et  comme  les  secondes 
renferment  une  faune  de  Céphalopodes  assez  riches,  c'est  entre  celles- 
ci  seulement  que  nous  établissons  la  comparaison,  et  que  nous  pou- 
vons dire  qu'il  existe  très  peu  de  différences,  de  môme  qu'il  y  en  a 
aussi  très  peu  entre  la  faune  d'échinides  de  la  couche  à  Montlivaultia> 
et  celle  de  l'Oolithe  ferrugineuse. 

Nous  sommes  ainsi  amenés  à  envisager  la  question  au  point  de  vue 
purement  paléontologique,  et  dans  cet  ordre  d'idées  nous  retiendrons 
seulement  les  Céphalopodes,  reconnaissant  avec  M.  Hébert  que  «  dans 
les  preuves  tirées  du  domaine  de  la  Paléontologie,  on  doit  attacher 
peu  d'importance  aux  fossiles  appartenant  à  la  classe  des  Acéphales, 
et,  nous  ajouterons,  à  celle  des  Gastropodes;  car,  outre  que  la  déter- 
mination de  ces  divers  fossiles  est  souvent  délicate  et  sujette  à 
beaucoup  d'erreurs,  leur  passage  d'une  assise  dans  une  autre  dépend 
presque  uniquement  des  caractères  minéralogiques. 

A  propos  des  couches  de  Pécheseul,  M.Cotteau  fait  remarquer  que 
tous  les  oursins,  et  ils  sont  fréquents,  sont  propres  à  l'étage  batho- 
nien,  que  le  Collyrites  elliptica  qui  y  a  été  signalé  par  erreur  n'est 
qu'une  variété  de  grande  taille  du  Collyrites  analis.  Aussi,  dit-il. 
*  malgré  la  présence  de  quelques  fossiles  calloviens  je  persiste  à 
considérer  les  couches  de  Pescheseul  à  Fchinobrissus  clunicularis  et 
Hyboclypeus  gibberulus,  comme  faisant  partie  de  l'étage  bathonien.  » 

M.  Hébert  cite  des  couches  en  question  (page  38)  : 

Am.  macrocephalus,  Am.  anceps, 

Am.  Herweyi,  Am.  suôbackeriœ, 

Am.  microstoma.  Am.  lunula, 

qu'il  considère  comme  éminemment  caractéristiques  du  Callovien. 
Il  résulterait  de  ces  considérations  qu'on  pourrait  dire  qu'à 
Pécheseul  on  a  une  faune  d'oursins  bathoniens  et  d'ammonites 
calloviennes  :  ce  fait  présenté  sous  une  forme  aussi  tranchée,  bien 
qu'il  ait  été  ainsi  invoqué  à  l'appui  de  la  thèse  de  M.  Hébert,  ne  peut 
que  paraître  étrange  et  semble  constituer  un  renversement  des 
principes  de  la  Paléontologie  stratigraphique,  soit  que  l'on  considère 

XV.  34 


980  DB  WO8BO0V11.  —  00UTH*  lIFÉlIlUaB  DO  BASSIN  Dl  MIU.    18   Ktttk- 

les  faunes  dai  divers  étages  comme  nettement  séparées,  toit  que 
l'on  admette  le  passage  graduel  d'un  faune  à  un  autre,  et  par  suite 
le  mélange,  dama  certaines  assises,  de  fossiles  spéciaux  à  demi 
étages  eontigus.  Maisce  que  l'on  ne  peutadmettra  c'est  la  coexistence 
de  deux  groupes  de  fossiles  dont  l'un  serait  essentiellement  batho- 
nlen  et  l'autre  essentiellement  callovien. 

Noos  allons  voir  qu'a  Pécheseul  il  n'en  est  ries,  en  examinant  en 
détail  la  liste  des  fossiles  donnée  par  M.  Hébert,  et  en  la  complétant 
par  les  autres  ammonite»  signalées  postériea  reaaent, 

Am.  anceps.  M.  Hébert  cite  cette  ammonite  dans  la  couche  de 
Pécbeseul.  Nous  ne  l'y  avons  jamais  recueillie,  et  nous  ne  l'avons 
vue  jusqu'à  présent  dans  aucune  collection.  Guiliior  ne  la  porte  pas 
dans  sa  liste  des  fossiles  de  cette  couche  (Géologie  de  la  Sarlhe, 
page  158),  il  est  vrai  qu'il  y  indique  Am.  pwtulatutok  Am.  refraetut 
(de  Saint-Pierre-des-bois). 

En  ce  qui  concerne  l'Am.  anceps,  nous  noterons  seulement 
qu'Oppel  cite  de  la  Sarthe  l'Am,  Mthmanni  du  groupe  de  Vancep* 
dont  le  type  vient  du  Macroeephalui-Oolith  du  Wurtemberg. 

Quant  à-  l'Am.  pustulatus,  nous  avons  vu  en  effet  dans  la  collection 
de  M.  Guéranger  deux  ammonites  de  Saint-Pierre-des-bois  qui  se 
rapprochent  de  l'espèce  callovienne,  tout  en  présentant  avec  elle 
des  différences  assez  notables  pour  justifier  une  distinction  spéci- 
fique. Il  est  tout  naturel,  d'ailleurs,  de  trouver  dans  l'étage  batho- 
nien  une  forme  de  la  série  des  Am.  Truellei  (du  Bajocien)  et  Am. 
puttulatut  (du  Callovien). 

Ammonite*  macrocepkahu  et  Am.  Herwtyi  qui  n'en  est  qu'une 
variété  renflée.  Cette  ammonite  est  un  des  fossiles  les  plus  abondants 


1887.  DB  6I0M0UVHB.  —  00LITBB  IIFFÉUBOBB  H  BàSMR  M  FAR10.   994 

Amtnonitei  bullatus.  Cette  espèce  se  trouve  à  la  fois  dans  le  Batho- 
nien  et  dans  le  Callovien.  M.  Deslongchamps  l'indique  dans  les 
assises  moyennes  de  Ranville.  Dans  la  Nièvre,  elle  se  trouve  à  la  base 
du  Bathonien  supérieur  ;  de  môme  à  Niort,  et  à  Montreuil-Bellay. 

Ammonites  micros t orna.  Cette  espèce  accompagne  dans  presque 
tous  ses  gisements  VAm.  bu  lia  tus  f  nous  n'avons  donc  rien  à  ajouter 
à  ce  que  nous  venons  de  dire  à  propos  de  VAm.  bullatus.  Toutefois 
l'espèce  du  Bathonien  de  la  Nièvre  et  de  Niort,  nous  paraît  diffé- 
rente de  celle  de  Pécheseul,  et  de  celle  que  nous  avons  recueillie 
dans  le  Gallovien  :  ces  dernières  nous  sembleraient  pouvoir  être  rap- 
portées à  Am.  Bombur,  Opp. 

Ammonites  hecticus  et  Am.  lunula.  Je  n'ai  rien  vu  dans  les  fossiles 
de  la  couche  en  litige  ressemblant  aux  formes  habituellement  dési- 
gnées sous  ce  nom  :  je  suppose  qu'on  l'aura  appliqué  à  tort,  comme 
d'Orbigny  l'a  probablement  fait  lui-même,  h  des  espèces  assez 
voisines,  mais  qu'il  n'est  pas  besoin  de  regarder  de  bien  près  pour 
pouvoir  les  distinguer. 

Telle  est  par  exemple  Am.  serrigerus,  Waagen,  espèce  bien  carac- 
téristique du  Bathonien  supérieur  dans  une  foule  de  localités  ;  ou 
encore  une  autre  ammonite  non  décrite  qui  existe  à  Montreuil- 
Bellay  et  à  Niort. 

Ammonites  subbackeriœ,  d'Orb.  Les  ammonites  de  ce  groupe  com- 
mencent dans  le  Bathonien  supérieur  et  se  poursuivent  dans  le 
Callovien  inférieur.  Il  m'a  paru  jusqu'à  présent  très  difficile  de  les 
distinguer.  Je  ne  vois  pas  qu'il  soit  possible  d'appliquer  aux  unes  le 
nom  d'Am.  Moorei,  aux  autres  celui  d\4m.  funatus  comme  le  pro- 
posent les  auteurs  allemands  à  la  suite  d'Oppel.  En  tout  cas  la  pré- 
sence de  ces  formes  ne  fournit  aucun  argument  décisif. 

Avec  VAm.  subbackeriœ  bien  typique  (d'Orb.  PI.  148)  nous  citerons 
parmi  les  autres  espèces  de  ce  groupe,  rencontrées  dans  les  couches 
en  litige,  Am.  evolutus,  Neumayr  (Céphalopodes  de  Balin,  pi.  XIV, 
flg.  2). 

Am.  aurigerus.  Les  formes  de  ce  groupe  commencent  à  se  mon- 
trer dans  le  Fullers-earth,  et  se  poursuivent  jusque  dans  le  Callovien 
supérieur. 

En  outre  de  ces  Ammonites,  nous  trouvons  encore  dans  la  couche 
considérée,  soit  à  Pécheseul,  soit  dans  les  autres  localités,  les  espèces 
suivantes  qui  sont  franchement  bathoniennes  ; 

Ammonites  disrm  (1)  Sow.  (non  d'Orlri 
Am.  aspidoïdcs,  Opp. 

(1)  Voir  Oppel,  Pat.  Mitth.  p.  146,  Pi.  XLVII,  flg.  1  et  Guôranger.  Etude  sur 
Ammonite  disais,  Sow. 


532   DB  GB.0SS0UVRE. —  OOLITHB  MFÉRIBURB  DU  BASSIN  DE  PARIS.    18    8VTÎI 
Am.  lubdittiu,  d'Orb, 

A  propos  de  cette  dernière  espèce,  nous  remarquons  que,  dans  un 
travail  récent  (Bul.  Soc.  Géol. ,  3e  série,  XIII,  pag.  479),  H.  Baron  a 
signalé  la  forme  type  dans  le  Callovien  à  Am.  ancept  des  environs  de 
Fontenay-le-Comte  (Vendée). 

La  liste  des  Ammonites  du  niveau  de  Pécbeseul,  peut  s'établir  de 
la  manière  suivante  : 


Ammonites  macrocephalus,  Schlolh. 

—  bullatus,  d'Orb. 

—  cf.  micros toma,  d'Orb. 

—  tubbackcriai,  d'Orb. 

—  evoluiut,  Neniuayr. 


Ammonites  aurigerus,  Opp. 

—  if iirus,  Sow,  (non  d'Orb.) 
~  aspidoldes,  Opp. 

—  tubdiscut,  d'Orb. 

—  conjuagens,  Waag. 


et  quelques  espèces  nouvelles  existant  aussi  dans  le  Bathonien  de 
diverses  antres  localités. 

Parmi  les  fossiles  précédents,  les  uns  ne  sont  connus  que  de 
l'étage  bathonien,  les  autres  lui  sont  communs  avec  l'étage  callo- 
vien. 

Les  autres  fossiles  du  niveau  de  Pécheseul  sont  : 


Rhynchonetia  spalhka,  f.amk, 

—  spinosa,  Schl. 

Ttrebratuta  cf.  Samanni,  Oppel. 
Col lyritn  ringeni,  Desm. 
—  ovalh,  Agass. 

Pygwtis  Mickelini,  Coït. 
Chjpeus  Davousli,  Coït. 
Echinobrissus  ctutiitularis, d'Orb. 
—  orbicularil,  d'Orb. 

Hyboctypeus  gibbfrvltu,  AgM. 


Holectypus  deprtuui.  Dcsor. 

—       tarthacetuit,  Cott. 
Rhabdocidat-ii  copeoîdes,  Ag&s. 
Acrôsuleniu  spinosa,  Agis. 
Pseudodiadetna  Wrighli,  Cott. 
Pedina  Davoustî,  Coll. 
Lima  gibbosa,  So«. 
Mytilus  gibbosus.  Son. 
Avicula  inaguivalvis,Sovt. 


1887.    DE  GROSSOUVRB.  —  OOL1TBR  INFÉRIEURE  DU  BASSIN  DE  PARIS.    533 

borongh  (Yorkshire),  mais  le  type  le  plu»  fossilifère  est  le  Macrocepha- 
lus-Oolith.  de  Quenstedt  dans  le  Wurttemberg,  à  la  partie  supérieure 
de  son  a  brauner-Jura  ». 
Cette  faune  est  caractérisée  par  les  ammonites  suivantes  : 


Ammonite*  macrocephalus,  Schl. 

—  modiolaris,  Luid. 

—  bombur,  Opp/ 

—  mierosloma,  d'Orb. 

—  Kœnighi,  Sow. 

—  Goweriy  Sow 


Ammonites  calloviensis,  Sow. 

—  subbaekeriœ,  d'Orb. 

—  aurigerusy  d'Orb. 

—  Rehmanm,  Opp. 

—  f uni  fer  us  y  Pli  i  11. 


La  faune  d'Ammonites  de  Pécheseul  se  trouve  comprise  entre 
celle  du  Bathonien  supérieur  et  celle  du  Gallovien  inférieur,  mais 
elle  a  beaucoup  plus  d'analogies  avec  la  première  qu'avec  la  seconde, 
et  il  est  tout  naturel,  dès  lors,  de  la  rattacher  à  l'étage  bathonien, 
dans  lequel  elle  constitue  un  niveau  tout  à  fait  supérieur  ;  ce  niveau, 
il  faut  le  remarquer,  est  très  rarement  caractérisé  par  une  faune 
d'Ammonites.  Oppel  a,  d'ailleurs,  entrevu  sa  distinction,  quand  il 
a  signalé  {die  Juraformation,  p.  508)  la  possibilité  de  séparer  dans  sa 
zone  à  Am.  macrocephalus  deux  sous-zones,  dont  l'inférieure  qu'il 
proposait  de  désigner  sous  le  nom  de  zone  à  Am.  bullatus,  correspond 
à  notre  horizon  de  Pécheseul  et  a  surtout  des  affinités  bathoniennes 
et  dont  la  supérieure  ou  zone  à  Am.  calloviensis,  correspond  au 
niveau  des  minerais  de  Poix,  du  Kelloway-rock  de  Scarborough,  du 
Macrocephalus-Oolith  du  Wurtemberg. 

A  cette  occasion,  il  est  intéressant  d'observer  qu'à  Scarborough,  au 
dessous  du  Kelloway-Rock,  se  trouve  un  banc,  renfermant  en  abon- 
dance YAm.  macrocephalus,  qui  a  été  rapporté  par  Phillips  au  Corn- 
brash.  Cette  couche  fossilifère  est  évidemment  l'équivalent  de  la 
couche  de  Pécheseul,  et  il  est  assez  remarquable  que  dans  celte 
région  VAm.  macrocephalus,  abondant  dans  le  banc  en  question, 
fasse  défaut  dans  le  Kelloway-rock  et  les  Kelloway-stone. 

En  tout  cas,  on  voit  que  l'attribution  que  nous  proposons  con- 
corde bien  avec  les  divisions  établies  parles  géologues  anglais. 

Elle  concorde  aussi  en  fait  avec  la  délimitation  généralement 
adoptée  en  France,  où  Ton  est  d'accord  pour  ranger  dans  le  Batho- 
nien les  couches  immédiatement  inférieures  à  celles  qui  sont  carac- 
térisées parles  Am.  Kœnighi,  Gorweri,  etc. 

Or,  ces  couches  bathoniennes  supérieures  possèdent  d'ordinaire 
une  faune  de  Brachiopodes,  ce  qui  fait  qu'il  est  assez  difficile  de 
reconnaître  leur  équivalence  avec  d'autres  couches  présentant  de 
Céphalopodes.  Cependant  on  peut  y  arriver  en  mettant  en  regard  les 
coupes  géologiques  correspondantes. 


584  DK  6BOSS0OTM.  —  OOLITHE  IWéniKUHE  Dt  BASSIN  DR  PABIS.  *8   avril 

Ainsi,  nous  avons  montre  qne  dans  la  Nièvre  le  Bathonlen  supérieur 
présente  à  sa  base  la  Tanne  des  Céphalopodes  de  Niort  et  de  Montreriîl- 
Bellay,  équivalente  du  calcaire  à  Monllivaultia  de  la  Sartbe  ;  et  &  sa 
partie  supérieure  des  marnes  et  calcaires  a  Ter.  cardium,  Rh.  Marient, 
Rh.  bademis,  etc.  au-dessus  desquels  le  Callovien  débute  par  des 
marnes  argileuses  à  Am.  Kœnighi,  callovietuii,  modioiaris,  etc.  Les 
assises  à  Ter.  cardium,  Rh.  Morierei etc.  où  nous  avons  d'ailleurs  ac- 
cueilli l'Am.  maeroeephatus  sont  donc  bien  l'équivalent  de  la  couche 
de  Pécheseul  :  Celle-ci  correspond  ainsi  à  ce  que  l'on  appelle  d'ordi- 
naire le  Cornbrasb,  et  notamment  au  Cornbrash  du  Boulonnais 
caractérisé  par  Rh.  baderuis,  Rh,  Morierei,  Ter.  lagenalis,  Ter.  obo~ 
mita,  etc,  dans  lequel  on  a  trouvé  aussi  Am.  discus,  Sow.  et  Am.  ma- 
crocephalut.  En  suivant  ce  niveau  vers  le  Nord,  nous  verrons  qu'il 
correspond  au  banc  argileux  de  Lion-sur- Mur  immédiatement  super- 
posé à  la  pierre  de  Langruue,  et  renfermant  les  fossiles  caractéristi- 
ques du  Cornbrash. 

An-dessus  de  l'Oolithe  ferrugineuse  de  Pécheseul,  se  développe  un 
système  de  marnes  argileuses,  présentant  une  texture  sableuse  a 
leur  partie  supérieure  et  caractérisées  par  ; 

Ammonitea  macrocepha'.ui,  Schl.  Terebratula  Siemanni,  Des]. 

—  modioiaris,  Luld.  —         tubcanaliculata,  Desl. 

—  eallovieniii,  8ow.  —  oltoveta,  Sow. 
Ottrtaamor,  d'Orb.  Collyritts  ellifilica,  Agats. 
Rhynchemclla  Qrbigityi,   Opp.  Boltctyput  depretsiu,  Deaor. 

— ■         ipathica,  Larak.  Serpulif  quadrangularis 

Terebratula  biappendieulata,    Desl. 


C'est  ce   niveau  que  nous   considérons  comme  l'équivalent  i 


1887.    DE  etOSSOUVBI.  —  OOLlTflE  MFÉBIBUIE  DU   BASSIN  H  fAWB.    035 


àwmomUe$  Mifttacsmar,  d'Orb. 

—  diverse»   du   groupe 
YhecticuSy  punetatus. 

—  cf.  Lamberti  Sow,  (l). 
Rhynchonella  triplicosa,  Qu. 

—  minuta,  Buy. 

—  '      Opptli,  Desl. 
■•-  Orôignyi,  Opp. 

Rhynchonella  spathica,  Lamk. 
Tertbratula  dorsoplicata,  Desl. 


Tcrtkratula  Œrigeri.  fiftsl. 
de  —       SmUki,  Opp. 

—  ^a/a,  Buch. 

—  biappendiculata,  Desl. 

—  umbonella,  Lamk. 
CollyriUs  eUiptiea,  Lauk. 
holeetypus  deptrssus,  Desor. 
Pseudodiadema  inxquaU,  Desor. 
Pygurut  deprtssus,  Àgas. 
Gastropodes,  Lamellibranches,  etc. 


Au-dessus  du  niveau  ferrugineux  de  Montbizot  se  montrent  des 
marnes  où  l'on  rencontre  d'abord  YAm.  athleta,  puis  un  peu  plus 
haut  les  argiles  et  calcaires  de  la  Yacberie  à  Am.  cordatus  et  Rhyncho* 
nella  Thurmanm. 

Ce  dernier  horizon  est  recouvert  à  Aubigné  par  un  dépôt  marneux 
à  Lamellibranches  et  Am.  Martelli  et  à  Ecommoy  par  des  calcaires 
oolithiques  à  oursins  et  Bracbiopodes. 

Nous  y  avons  recueilli  : 


Terebratula  bucculenta,  Sow. 

—  delemontana,  Opp. 

—  dorsocuma,  Etal. 
Tvrcbratella  Guilheri  Dou ville. 

—  pcclunculus,  Schl. 
Disculina  disculus,  Desl. 


Rynhchonella  garantiana,  d'Orb.  (i). 

Glypticus  hieroglypkictu,  Ag* 
Hemicidaris  crcnularis  (radioles),  Ag. 

—        intermcdia  (id),  Forbes. 
Dipîocidaris  gigantea  (id),  Desor. 


Les  calcaires  d'Ecommoy  sont  donc  par  leur  position  stratigra- 
phique,  aussi  bien  que  par  quelques-uns  de  leurs  fossiles  l'équivalent 
des  Marnes  à  spongiaires  que  nous  avons  suivies  vers  le  Nord  jusqu'au 
delà  de  Loudun. 

Leur  faune  est  identique  à  celle  des  calcaires  à  silex  du  Blanc 
(note  sur  la  partie  moyenne  du  terrain  jurrassique  entre  Poitiers  et 
le  Blanc,  par  MM.  Douvillé  et  Rolland,  Bull.  Soc.  Géol.  3e  série,  XIII, 
p.  332,  1885)  :  nous  ajoutons  seulement  que  notre  confrère  M.  Lanna 
a  recueilli  dans  un  des  bancs  de  silex  un  moule  de  Diceras. 

Dans  le  Nord  du  département  de  la  Sarthe,  nous  retrouverons  la 
môme  série  avec  bien  peu  de  modifications. 

A  Tennie,  on  voit  au-dessus  des  argiles  à  nodules  calcaires  avec 

parla  disposition  des  cèles,  du  vrai  Am.  Lamberti  et  se  rapprochant  davan- 
tage de  YAm.  Mariée  \  mais  dans  les  variétés  de  même  grosseur  de  côtes,  l'ombilic 
de  YAm.  Marix  parait  toujours  plus  large:  en  oulre,  dans  les  formes  calloviennes 
les  côtes  sont  toujours  bien  plus  détachées  sur  la  partie  caréuée  tandis  que  dans 
les  formes  oxfordiennes,  elles  sont  réunies  comme  par  une  sorte  de  cordon.  Les 
deax  types  lui  paraissent,  en  tout  étal  de  cause,  bien  différents. 

(l)  Prodrome.  Etage  oxford len,   n*  468,  non   Hh.   garantiana,  d'Orb.   Etage 
bajocien,  d°4S9. 


536  r>t  GKMSO'.Tll.—  MUTEE  I5FÉ11EC1E  M.'  Baïï<>  &ï  FAllf.  18  »■*** 
A»,  bifrmi,  des  bancs  grisâtre»  durs  arec  Phnladumya  ftéink,  p*11* 
on  calcaire  oolithiqoe  sableux  5fi  mètres  à  Jw.  Partûwwti,  Am.  ff*** 
phritti,  etc.,  ao-dessus  vient  l'oolithe  à  Rh.  tpmata  Tuller's-earttaO 
l'Oolithe  miliaire  toujours  à  peu  près  stérile  :  cependant  GniUier  *^* 
de  ce  niveau .  TertfrratulamaxtUata  et  Clyptus  Trigtri,  CotL  Un  peu  p»  l1 
à  l'Est,  àMamers,  elle  renferme  an  certain  nombre  dedébris  végéta.*» 

A  la  Jaonelière,  près  Conlie,  on  voit  apparaître  entre  l"0ou*Ji 
miliaire  et  le  calcaire  à  MontUvauttia  un  banc  marneux  de  0*15  dt"^ 
paisseur.  Noua  avons  seulement  pu  y  recueillir  quelques  oursins 
JYueUolitet  elvmicularu,  Bohctypm  drpretttu,  mais  M.  DcslongrhatDp^ 
(Notes  pour  servir  à  la  géologie  du  Calvados.  Caen,  1863)  et  Guillier  J^ 
citent  an  certain  nombre  de  Brachiopodes  :  Ter.  ditjnna,  Ter.  cer~* 
dirnn,  Ter.  eoarctata,  arec  un  grand  nombre  d'oursins. 

En  se  dirigeant  vers  l'Ett,  le  calcaire  à  Montiivaultia  s'amincit  peo  à 
pen,  et  le  banc  marneux  se  développe  à  ses  dépens  ;  1  V amen,  au- 
dessus  de  l'Oolithe  miliaire,  on  ne  trouve  que  des  calcaires  lamelleox, 
a  la  base  desquels  existe  un  banc  marneux  avec  les  Brachiopodes  du 
Batbonien  supérieur;  au-dessus  de  l'Oolithe  miliaire  se  montra  un 
calcaire  compact,  lithographique,  à  moules  de  Nérinées,  qui  paraît 
être  une  dépendance  du  Fuller's-earth. 

Nous  voila  arrivé  aux  points  extrêmes  que  nous  avons  personnelle- 
ment explorés,  mais  nous  pouvons  maintenant  nous  raccorder  avec 
les  couche*  classiques  de  la  Normandie,  en  nous  servant  des  travaux 
de  MM.  Deslongchamps,  Bizet  et  Guillier. 

Au  nord  d'Argentan,  le  Lias  ne  fait  plus  apparition  qu'en  de  rares 
points  sous  formes  de  sables  ou  de  marnes  et  d'argiles,  principale- 
ment dans  de  petits  vallons  aux  environs  de  Falaise. 


4887.    DES  GROSSOUVRB.  —  OOUTHB  INFÉRIEURE  DU  BASSIN   DE  PARIS.    537 

base  :  nous  nous  acheminons  ainsi  peu  à  peu  vers  le  faciès  que  ces 
couches  offrent  près  de  Gaen  :  Caillasse  de  Banville  et  Pierre  de 
Langrune. 

Au-dessus  de  ces  calcaires  se  montrent  des  marnes  argileuses  noi~ 
rfttres  :  à  leur  base,  on  rencontre  un.  premier  niveau  fossilifère  ren- 
fermant d'après  M.  Deslongchamps  (Notes  sur  le  terrain  Callovien, 
Caen,  1859,  page  15)  Avicula  echinata,  Rh.  badensis,  Ostrea  Knorri  (1), 
je  serais  donc  porté  à  ne  pas  admettre  la  discordance  que  M.  Deslong- 
champs  veut  voir  dans  cette  région  entre  le  Bathonien  et  le  Callovien, 
en  raison  de  l'existence  d'une  surface  corrodée  qui  existe  entre  le 
calcaire  et  la  masse  argileuse  qui  le  surmonte.  M.  Deslongchamps 
admet  que  la  couche  à  fossiles  du  Cornbrash  qui  se  trouve  à  Lion-sur- 
mer  immédiatement  au-dessus  de  la  pierre  de  Langrune  n'existe  pas 
dans  les  autres  parties  du  département  du  Calvados  ni  dans  l'Orne  : 
cependant  il  cite  à  la  butte  du  bois  d'Auge  près  Argentan  quelques* 
uns  des  fossiles  de  ce  niveau  :  il  cite  encore  Rh.  Morierei  (Rh.  major) 
des  environs  de  Sainte-Scolasse  et  de  Colleville-sur-Orne.  L'assise 
qui  représente  le  Cornbrash  semble  donc  exister  d'une  manière  con- 
tinue, à  la  base  du  massif  argileux  et  elle  est  le  prolongement  exact 
de  la  couche  de  Pécheseul  dont  elle  nous  semble  une  modification 
latérale. 

Un  peu  au-dessus  de  ce  niveau  fossilifère  s'en  montre  un  second 
avec  4m.  modiolaris,  Ter.  Trigeri,  Rh.  Orbignyi,  et  plus  haut  encore  un 
calcaire  ferrugineux  avec  Am.  coronatus,  Ter.  dorsoplicata,  Ter.  Trigeri, 
Rh.  spathica  (niveau  de  Montbizot)  bien  développé  autour  d'Argentan, 
et  très  fossilifère  aux  environs  de  Mamers,  dans  une  tranchée  du 
chemin  de  fer  de  Mamers  à  Mortagne,  signalée  par  M.  Bizet. 

De  l'étude  qui  précède,  nous  croyons  devoir  faire  ressortir  les 
points  principaux  suivants  : 

1°  La  discordance  que  nous  avons  signalée  dans  le  Sud  du  bassin 
de  Paris  au-dessus  du  Callovien  se  poursuit  sur  la  bordure  occiden- 
tale, vers  le  Nord,  jusqu'à  la  hauteur  de  Loudun. 

2°  La  discordance  indiquée  précédemment  entre  le  Bathonien  et  le 
Callovien  sur  le  versant  méridional  du  massif  vendéen  se  continue 
sur  le  versant  oriental  (bordure  occidentale  du  bassin  de  Paris)  jusqu'à 
Montreuil-Bellay. 

3°  Les  Marnes  à  spongiaires  se  poursuivent  de  ce  côté  jusqu'à 
Loudun  et  ont  pour  équivalent  dans  la  Sarthe  le  calcaire  oolithique 


(l)  Cette  petite  huître  qui  occupe  dans  la  Sarthe  le  môme  niveau  que  Y  Ostrea 
lotharingica  dans  l'Est  de  la  France,  n'est  probablement  qu'une  variété  locale  de 
cette  espèce  dans  laquelle  les  plis  sont  beaucoup  moins  accusés. 


538  TIGDIBR.   —  L'aLBIBN   SUPÉRIEUR  DES  CORBIBRBS.         18   KTtfL 

d'Ecommoy,  comme  dans  la  vallée  de  la  Creuse  elles  correspondent 
aux  calcaires  à  sites  du  Blanc. 

4°  A  Montreuil- Bellay  nous  trouvons  pour  le  Bathonien  super tor 
une  station  fossilifère  à  Céphalopodes  dont  la  faune  est  presque  tden- 
dique  à  celle  de  Niort  et  de  la  Nièvre. 

5*  La  faune  de  l'oolithe  ferrugineuse  de  Pécheseul  et  Saint-Benoit 
constitue  un  nouvel  échelon  de  la  série  patéontologique  qui  se  place 
entre  la  faune  du  Bathonien  supérieur  typique  (de  la  Nièvre,  des 
Deux-Sèvres  et  de  Montreuil  Bellay)  et  la  faune  duCallovien  inférieur 
minerais  de  Poix,  Macrocephalus-OolUh  du  Wurtemberg. 

La  Sarthe  est  la  seule  région  du  bassin  de  Paris  où  ce  niveau  soit 
représenté  par  nne  faune  de  Brachiopodes  :  il  correspond  au  Corn- 
brasb  du  Boulonnais. 

Le  Secrétaire  donne  lecture  a  la  Société  de  la  lettre  suivante  de* 
M.  Viguier  : 

Kèpante  aux  observations  de  M.   Çarez  à  propos  de  /'Alblen  supé- 
rieur des  Gorblères. 

Par  M.  Viguier. 

A  la  suite  de  ma  communication  sur  l'Albien  supérieur  des  Cor- 
bières  (séance  du  4  avril),  M.  Carez  a  fait  remarquer  «  qu'aucune 
des  espèces  »  que  je  cite  ne  démontre  la  présence  de  l'étage  vra- 
connien  dans  les  Corbières  ;  toutefois  il  ajoute  que  :  «  il  considère 
la  présence  de  cet  étage  comme  très  probable,  les  marnes  noires  de 
Quillan  et  de  Saint-Paul-de-Penouillet  étant  d'une  trop  grande 
puissance  pour  correspondre  seules  au  Guull  proprement,    dit.  Elles 


1887.  SORS*.  —  BAS6IR  DK  L'uftAYft. 

moins,  appartient  ft  l'Aptien.  Quant  à  leur  partie  moyenne  à  Anmn* 
ni  tes  milletianus  et  PUeatula  radiola,  ont  peut  encore,  à  la  rigueur,  la 
rattacher  à  l'Aptien,  comme  je  l'indique  dans  mon  travail  sur  les 
Corbiôres,  mais  elle  montre  bientôt  des  espèces  caractéristiques  do 
Gault,  citées  déjà  par  Dumortier  et  d'Archiac.  Enfin,  les  grèsàTrigo* 
nies  développés  dans  ce  que  je  regarde  comme  la  partie  supérieure 
des  marnes  précédentes,  sont  encore  certainement  du  Gault,  non  du 
Vraconnien  et  encore  moins  du  Génomanien,  lequel,  dans  les  Cor- 
bières,  ne  m'a  montré  jusqu'ici  aucun  rapport  stratigraphique, 
pétrographique  ou  paléontologique  avec  le  Gault. 

Quelque  incomplète  que  soit  la  faune  que  je  cite  dans  les  collines 
de  Fontfroide,  elle  éloigne  beaucoup  les  couches  qui  la  renferment 
du  reste  du  Gault  et  surtout  du  Cénomanien  de  la  région.  C'est  l'en- 
semble de  cette  faune  et  nullement  aucune  de  ses  espèces  en  parti* 
cnlier,  qui  m'a  paru  pouvoir  être  rapporté  au  Vraconnien. 

M.  L.  Garez  regrette  que  l'observation  qu'il  a  présentée  à  la  der- 
nière séance  ait  été  mal  comprise  par  M.  Yiguier.  Le  seul  but  des 
quelques  paroles  qu'il  a  prononcées  était  de  montrer  que  les  fossiles 
cités  par  M.  Yiguier  ne  prouvaient  nullement  la  présence  du  Vracon- 
nien dans  les  Corbières  et  n'apportaient  aucun  élément  nouveau 
pour  la  solution  de  cette  question. 

Le  secrétaire  dépose  sur  le  bureau  la  note  suivante  : 

Géotogie  du  bassin  de  fUbaye, 

par  M.  Goret. 

PI.  X. 
Considérations  générales. 

Le  bassin  de  i'Ubaye,  situé  en  entier  dans  le  département  des 
Basses-Alpes,  est  nettement  limité  par  de  hautes  crêtes  qui  le  sépa- 
rent de  la  suite  des  Basses-Alpes,  des  Alpes-Maritimes,  de  l'Italie  et 
des  Hautes-Alpes.  Il  a  une  superficie  totale  de  93,000  hectares  en- 
viron. Plusieurs  des  points  culminants  des  crêtes  qui  le  limitent 
avec  les  Hautes-Alpes  et  l'Italie  sont  compris  entre  3,200  et  3,400 
mètres  d'altitude. 

Sa  constitution  géologique,  très  embrouillée  en  apparence,  rela* 
tivement  simple  en  réalité,  résulte  de  puissantes  dislocations  dues 
à  deux  grandes  failles,  sensiblement  parallèles  entre  elles  sur  une 
partie  de  leur  parcours. 

La  faille  extérieure,  qui  vient  des  Hautes- Alpes,  pénètre  dans  la 
vallée  de  lTJbaye  au  Sud-Ouest,  en  contournant  la  montagne  de 


5*0  GOItKT.    —  BASSIN    DE    L'OBAïB.  18   avril 

Morgon.  Elle  longe  l'Ubaye,  traverse  cette  rivière  à  Meolans,  con- 
tourne le  massif  des  Siolanes,  traverse  le  Bachelard,  remonte  la 
vallée  de  Fours  sur  la  rive  droite  el  disparaît  sous  les  épais  dépote 
du  Flysch.  Elle  est  jalonnée  par  de  nombreux  affleurements  gypseux, 
de  l'étage  des  marnes  irisées,  surmontés  par  les  calcaires  infraliasi- 
ques  et  liasiques  fossilifères,  certains  par  conséquent. 

La  faille  intérieure  détermine  un  bassin,  de  forme  elliptique,  au 
milieu  duquel  se  trouve  la  ville  de  Barcelonnette.  Cette  faille,  visible 
sur  presque  tout  son  parcours  grâce  à  des  affleurements  triasiqnes, 
infraiiasiques  et  liasiques,  présente  cependant  deux  lacunes  asses 
importantes  :  l'nne,  au-dessus  du  village  des  T'huiles  ;  l'antre,  entre 
le  hameau  des  Sanières  (Foresta)  elle  lieu  dit  le  Hochas,  près  du 
confluent  des  deux  torrents  des  Terres-plaines  et  de  Clapouze.  Dans 
ces  deux  lacunes  la  faille  est  masquée  par  du  Flysch.  Aux  Sanières 
elle  fait  apparaître  des  marnes  rouges  et  verdâtres  (Marnes  irisées) 
et  des  quartzites  blancs  et  jaunâtres  (Grès  bigarré),  sur  lesquels 
repose  directement  le  Flysch  et  contre  lesquels  butent  les  schistes 
noirs  bajociens-batboniens.  Des  pointemenls  de  calcaires  durs,  gris 
ou  violacés,  ordinairement  fossilifères  et  renfermant  alors  l'Avicula 
contorta,  en  bas  et,  plus  haut,  de  nombreuses  bélemnites,  des  pen- 
tacrines  et  la  Gryphée  arquée,  accompagnés  de  marnes  rouges, 
vertes,  jaunes  et  de  gypse,  déterminent  de  distance  en  distance  le 
passage  de  la  faille,  depuis  les  Sanières  (Foresta)  jusqu'au-dessus 
du  hameau  de  la  Pare.  De  là  jusqu'au  col  de  Famouras  le  Flysch 
recouvre  la  faille,  dont  le  tracé  est  hypothétique.  Mais  &  partir  du 
col  de  Famouras  la  faille  reparaît  nettement  et  détermine  de  hauts 
escarpements,  dont  les  bancs  supérieurs   contiennent  la  Gryphée 


* 


-1887.  GORET.   —  BASSIN   DE  L'UBAYE.  541 

la  débordent  seulement  dans  deux  grandes  fractures  à  travers  les- 
quelles s'écoulent  les  rivières  de  l'Ubaye  et  du  Bachelard. 

La  faille  intérieure  présente  aussi  des  escarpements  très  élevés 
sur  la  rive  gauche  de  l'Ubaye  jusque  vers  le  col  de  Fours.  Dans  le 
reste  de  son  parcours  elle  n'offre  que  des  pointements  rocheux 
tt  1  Chfralias  et  Lias),  ou  marneux  et  gypseux  (Marnes  irisées). 

]*  ]  La  portion  du  bassin  de  Barcelonnette  circonscrite  parla  faille  in* 

fcérieure  est  entièrement  formée  par  de  schistes  bajociens-bathoniens, 
fans  fossiles  et  parle  Callovo-Oxfordien  assez  fossilifère;  les  deux 
endroits  où  la  faille  est  masquée  par  le  Flysch  font  seuls  exception. 
Partant  du  confluent  de  la  Durance  et  de  l'Ubaye  et  remontant 
dernière  jusqu'à  sa  source,  c'est-à-dire  jusqu'au  col  du  Longet, 
traverse  d'abord  des  schistes  marneux,  gris,  bleuâtres  ou  noirs, 
s  fossiles,  bajociens-bathopiens.  Un  peu   au  delà  du   village 
baye  apparaissent    les   terres   noires   callovo-oxfordiennes   et, 
pont,  l'escarpement  calcaire  du  Jurassique  supérieur.  La  route, 
mène  à  Barcelonnette,  traverse  ensuite  des  calcaires  marneux 
comiens,  puis  des  calcaires  et  des  schistes  nummulitiques  jus  - 
u  Lauzet,  tandis  que  sur  la  rive  droite  de  l'Ubaye  se  dressent 
majestueux  escarpements  produits  par  la  faille  extérieure.  Ces 
ts  versapts  montrent  à  leur  base,  à  partir  du  lit  de  la  rivière, 
ord  les  couches  crétacées,  nummulitiques   ou  du  Flysch  qui 
rasent  contre   la  faille  et  forment   un  petit  plateau,  puis  des 
vnes  rouges  triasiques  et  enfin  toute  la  série  jurassique.  Un  peu 
<lela  du  Lauzet  la  route  est  de  nouveau  ouverte  dans  le  Crétacé, 
ené  par  un  plissement,  jusque  vis-à-vis  de  Méolans  où  le  Num- 
Utique  reparaît  entre  les   deux  failles,  dans   la  fracture  de  la 
-  ère.  A  droite  et  à  gauche  s'élèvent  les  montagnes  triasiques  et 
musiques  de  Revel  et  des  Siolanes.  La  route  est  tracée  ensuite 
s  les  schistes  non  fossilifères  bajociens-bathoniens  jusqu'au  delà 
torrent  de  Riou-Bourdoux,  où  commencent  les  terres  noires  cal- 
Ooxfordiennes  qui  s'étendent  jusque  près  de  Jausiers,  bâti  sur 
Xtajocien-Bathonien.  La  vallée  s'étrangle  alors  brusquement  et 
être  au  milieu  des  épais  dépôts  du  Flysch  qui  devient  maître 
verain  de  toute  la  région  jusqu'au  hameau  des  Sérennes-Hautes, 
delà  de  Saint-Paul.  Là  surgissent  des  calcaires  compactes,  rouges 
verdâtres,  appartenant  au  Jurassique  supérieur,  tel  que  nous  le 
nissons   plus  loin,  sur  lesquels  le  Flysch  repose  directement, 
^is  en  stratification  discordante  et  trangressive.  Puis  viennent  des 
ficaires  schiteux  d'abord,  compactes  ensuite,  semblables  à  ceux 
***  Lias  du  Briançonnais.  Une  faille  ramène  les  calcaires  rouges,  de 
Absous  lesquels  se  dégagent  les  couches  du  Lias  jusqu'à  l'entrée 


■ 


aOBHT. BàSttH      DE   LBBAYE. 


18  snil 


de  la  Blachière,  où  affleurent  de»  marnes  rouge*  et  vcrU*  pan 
épaisses  (Marne»  iriaean),  puis  des  quartette»  (Gréa  bigarré)  qui  M 
continuent  jusqu'au  rillage  de  Maurin.  Là  w  montrent  pour  la 
première  foia  des  schistes  cristalline,  le  pins  souvent  wrdttrw  ou 
nelacés,  formé*  WHutiellement  de  serpentine.  Enfin,  au  col  du 
Longet  affleure  du  gnein. 

II.  CLASHPICATIOH   DBS    DIVKBS   TBBBAUS  DtJ    BA98IN   H   l'rJBAÏ*. 


il  Dépôts  sctwls  (sens  si  iiiïde  déjection  —  eonas  d'ébonlU  —  causa—  h* — 

tourbiàrai) . 
11.  Dép AU  glaciaires  (boues  —  blocs  erratiques). 
Grès  supérieurs  sans  fossiles 
„.      .  \  Couche»  calcaires,    argilo- calcaires,    gréseuses...  ete,    à   M> 
'  merteset  «Chostdrites 

Gréa  inférieurs  sans  fossiles 
Scbistes  argilo- cale  aires,  sans  fossiles 
Calcaires  noirs,  à  Nnmtnulites  et  autres  fossiles 
supérieur 
inférieur 


9.  Nu  mm  ni  i  tique 
S.  Crétacé^ 


/  i  Calcaires  compactes  supérieurs 

supérieur  |  SMatM  diovo^xlbrdieffli 


moyen  (Bajocien-Bathonien) 
/  Toarcien 

inférieur  J  Lias      J  Liasfen 

(  Sinémurien 
Infralias 


I. 


mm»  —  nmm  pn  l'vmm.  Ut 

wmdtq*e]qaB+*m*  dee  sommets  dé  la  chaîna  quisépare  le  Ftaïuwde 
nu  Nord-Est  de  Larche.  11»  plongeatdaJNèrdrEst  a*  Sad-Ousst 
nue  très  torte  inclinaison. 

Ga>  terrain  mienne  le  superbe  marbre  vert  antique,  connu  seule 
de  mark*  de  Mauria*  formé  essentiellement  4e  serpentine, 
taaêètd'en  vert  foncé,  tentât  de  couleur  p&le,  injectée  4e  nombreuse» 
de  carbonate  de  chaux  cristallisé.  Ce  marbre  qui  a  une  grande 
commerciale,  fait  l'objet  d'exploitations  importantes  aux  en- 
de  tianrin  malgré  les  difficultés  d'extraction  et  de  transport. 
I*  lie»  de  gisement  de  cette  belle  rocbe  parait  être  à  la  partie  supé- 
rieur des  schistes  cristallins,  non  loin  par  conséquent  de  leur  point 
de  contact  avec  les  quartettes  du  Grès  bigarré. 

Les  schistes  franchement  serpentineux,  verts,  rouge*  M  violets, 
forment  un  horizon  assez  épais,  moins  résistant  à  la»  désagrégation 
que  les  autres  assises,  de  sorte  qu'il  existe  des  cola  plu*  au  moins 
praticables  partout  où  ces  schistes  traversent  las  crêtes;:  ce* cols  atm» 
bent  ouvert»  dans  des  terres  vertes  ou  violette»  et  sont  visibles  de 
très  loin. 

3»  eaÉs  bigarré.  —  Les  schistes  cristallins  supportent*  m  steati* 
Station  discordante,  des  quartzites  blancs  très  Ans  et  des  poudingues 
qpaftxeux,  à  éléments  moyens,  souvent  vivement  et  diversement 
colorés,  constituant  ainsi  une  roche  superbe,  mais  d'une  dureté 
excessive. 

Ces  qjuartzites  foraient  seulement  trois  affleurements  : 

L'un  dans  la  vallée  de  l'Ubaye,  entre  Maurin  et  l'extrémité  sud  de 
la  JUachière  ; 

Un  autre  au-dessus  de  Larche*.  dans  la  vallée  de  l'Uhayette,, affluent 
da  l'Ubaye  ; 

Le  troisième  dans  le  torrent  des  Sanières,  sur  la  rive  droite,  un  peu 
e»  aosont  da  hameau  des  Sanières  (Foresta). 

La  plongeaient  général  est  du  Nord-Est  au  Sud-Ouest*  sous  une 
inclinaison  moyenne  assex  faible. 

L'affleurement  de  la  haute  vallée  de  l'Ubaye  présenta  un  double 
plissement,  à  proximité  duquel  les  couches  sont  fortement  redressées. 

4-MAB&BS  irisées.  —  Cet  étage  joue  un  rôle  très  important  dans  la 
géologie  du  bassin  de  l'Ubaye  : 

1*  Parce  que  ses  affleurements  jalonnent  les  failles  qui  ont  donné 
lit  région  son  relief  actuel  et  rendent  compréhensibles  les  relations, 
anormales  en  apparence,  des  divers  terrains  les  uns  avec  les 
autres; 

$*  Parce  qu'il  renferma  toutes  les  carrières  da  gypaa  susceptibles 
d'une  exploitation  commerciale  productive* 


544  G0BBT.    —  BASSIN   DE    l'dBAYE.  18   avril 

Les  marnes  irisées  sont  formées  entièrement  par  des  schistes 
marneux  multicolores  (jaunes,  rouges,  verts,  bronzés...),  alternant 
irrégulièrement  entre  eux  et  renfermant  presque  partout  des  aman, 
souvent  très  étendus  et  très  épais,  de  gypse  cristallin,  très  pur  et 
nettement  stratifié.  Les  couleurs  éclatantes  de  ce  terrain  permettent 
de  le  reconnaître  et  de  le  suivre  de  fort  loin,  de  Borte  qu'il  constitue, 
pour  le  géologue,  un  horizon-repère  des  plus  précieux.  Il  peut 
cependant  induire  en  erreur  dans  le  bassin  de  l'Ubaye,  où  il  existe 
un  deuxième  niveau  rouge  et  vert  qui  appartient  au  Flysch  et  un 
troisième,  rouge  seulement,  qui  correspond  au  Jurassique  supérieur. 
Hais  l'étage  des  marnes  irisées  est  toujours  surmonté,  partout  où  il 
affleure  dans  la  région  dont  il  s'agit,  par  l'infralias  et  le  Lias,  plus  on 
moins  développés,  fossilifères  et,  conséquemment,  d'une  détermi- 
nation certaine. 

Les  marnes  irisées,  très  peu  apparentes  dans  la  haute  vallée  de 
l'Ubaye,  où  elles  ne  forment  qu'un  mince  affleurement  au  contact  des 
quartzites,  peu  développées  également  à  Larche,  affleurent  au 
contraire  en  beaucoup  de  points  et  parfois  sur  de  grandes  étendues 
le  long  des  deux  failles  de  la  région  Ouest  et  contiennent  de  puissants 
amas  de  gypse,  dont  les  plus  importants  sont  situés  :  auprès  du 
Hochas  (Terres-blanches);  au  pied  desSiolannes  (Méolans);  àChau- 
don  ;  au-dessus  du  Lauret;  au  col  des  dettes  et  au-dessus  de  la  Pare, 

5,  6,  7.  jurassique.  —  Ce  terrain  est  très  bien  développé  dans  le 
massif  de  Horgon,  au-dessus  duLauzet;  il  l'est  beaucoup  moins  dans 
les  autres  affleurements. 

A.  Coupe  de  Morgan  au-dessus  du  Lauzet.  —  La  faille  extérieure, 

li  entoure  in  ma-:.:!'  <\t.-  Mm  :.■■>;].  :i  i.-.t  i ■  ■  1 1  1 1 ■  ■  1 1    inK'TÎoure  de  s 


i 


1887.  goret.  —  bàssik  de  l'ubayk.  545 

Lias.  —  Il  présente  les  3  étages  classiques  :  Sinémurien,  Liasien 
et  Toarcien. 

Sinémurien.  —  Ce  groupe  est  formé  par  des  calcaires  marneux, 
alternant  avec  des  schistes  minces,  le  tout  de  couleur  foncée,  bleue 
ou  noire.  Les  bancs  inférieurs  paraissent  dépourvus  de  fossiles, 
tandis  que  ceux  d'en  haut  renferment  en  abondance  : 

Gryphma  arcuata  Rhynchonella  variàbilis 

Ammonites  bisulcatus  (Ducklandi).  Spirif&rina   Walcotti 

Pleuromya  Galathca  PtnlacHnus  tuberculatus 
TerebratuUi  punctata 

ainsi  que  de  nombreuses  Bélemnites,  des  Peignes,  etc. 

Liasien.  —  Il  débute  par  des  calcaires  marneux  noirs,  sans  fossiles, 
bientôt  surmontés  par  des  calcaires  compactes,  noirs  intérieurement, 
rougeàtres    extérieurement,    renfermant    de   nombreux    rognons 
branchus  de  silex  noir  et  nettement  caractérisés  par  les  fossiles 
suivants  : 

Gryphœa  cymbium  Pecten  œquivalvis 

Terebratula  cornu  ta  Ammonites  spinatus 

Toarcien.  —  11  consiste  en  une  série  assez  épaisse  de  schistes 
noirs,  dont  un  niveau  contient  en  abondance  : 

Ammonites  aalensis.  Ammonites  bi front. 

—  radiosus.  —       toarcensis. 

—  radians.*  Lucina  murvielensis. 

—  serpentine . 

des  Bélemnites  et  de  nombreuses  Térébratules. 

6.  Jurassique  moyen.  —  Cet  ensemble  est  formé  par  une  masse  très 
épaisse  de  schistes  marneux  grisâtres,  bleuâtres  ou  noirs,  souvent 
rendus  blanchâtres  extérieurement  par  des  efflorescences  de  sulfates 
tribasiques,  constituant  des  escarpements  le  plus  souvent  inacces- 
sibles et  dépourvus  de  fossiles.  Il  paraît  correspondre  aux  deux 
étages  Bajocien  et  Bathonien,  non  fossilifères  également  entre 
Morgon  et  la  Durance  et  dans  une  partie  du  département  des  Hautes- 
Alpes,  où  ils  sont  puissamment  développés. 

7.  Jurassique  supérieur.  —  Les  schistes  callovo-oxfordiens  existent 
peut-être,  mais  alors  peu  accessibles,  ou  masqués  par  des  éboulis. 

La  série  des  escarpements  du  massif  de  Morgon  se  termine  par  des 
schistes  argilo-calcaires  rouges,  qui  passent  peu  à  peu  à  des  cal- 
caires grumeleux,  dont  les  noyaux,  de  couleur  pâle,  sont  cimentés 
par  une  argile  rouge  habituellement,  quelquefois  verdâtre.  Ce  nou- 
veau groupe,  qui  affleure  presque  seul  sur  les  plateaux  de  Morgon, 

XV  35 


■  i 


546  goret.  —  bassin  De  l'ddatc  18  avril 

ressemble  complètement  aux  calcaires  rouges  de  Guillestre,  rap- 
portes à  l'Oxfordïen  par  M.  Lory.  Aucun  fossile  n'y  ayant  encore  été 
trouvé  el  la  coupe  étant  très  difficile  à  établir  d'une  façon  absolu- 
ment continue  à  cause  des  escarpements  inaccessibles  et  des  dislo- 
cations que  l'on  rencontre,  il  convient  de  ne  pas  trop  préciser  l'âge 
de  ces  couches  rouges  comprises  certainement  entre  le  Bathonien  et 
le  Crétacé.  Des  calcaires  rouges,  pareils  â  ceux  de  Morgon  dont  ils 
sont  peut-être  le  prolongement,  existent  sur  la  rive  droite  de  la  Du- 
rante, au-dessus  de  Chorges  et  renferment  les  A.  ptychoïeut,  Slas- 
zycïi  et  tenuilobatus. 

A.  l'extrémité  ouest  du  plateau  de  Morgon  on  trouve  des  schistes 
rouges  triasiques,  faciles  à  confondre  a  première  vue  avec  ceux  qui 
viennent  d'être  décrits.  Mais  une  étude  un  peu  attentive  permet  de 
les  distinguer  immédiatement  : 

1°  Par  leur  aspect  même,  les  schistes  triasiques  ne  renfermant 
jamais  de  noyaux  calcaires,  tandis  que  les  schistes  rouges  jurassi- 
ques en  contiennent  toujours,  même  dans  les  bancs  les  plus  complè- 
tement argileux  ; 

2°  Par  l'étage  sur  lequel  ils  reposent  :  Infralias  pour  les  premiers, 
Jurassique  moyen  pour  les  autres. 

li.  Dépôts  jurassiques  entre  Méolans  et  Jausiers,  dans  le  bassin  de  Bar- 
celonnette.  —  Ils  correspondent  aux  deux  groupes:  moyen  et  supérieur. 

6.  JuitAssujL'Ë  moyen. —  11  consiste  uniquement  en  schistes  argilo 
calcaires  gris,  bleuâtres  ou  noirs,  parfois  laminés  el  satinés  par  des 
pressions  ou  des  glissements,  sans  fossiles  distincts,  depuis  Méolans 
jusqu'un  peu  en  aval  da  Barcelonnelte,  à  peu  près  à  la  hauteur  du 


4887  GOBBT.   —  BASSIN    DE   i/UBÀYE.  547 

L'Infralias,  le  Lias  et  le  Jurassique  supérieur  du  bassin  de  l'Ubaye 
ne  contiennent  jamais  de  gypse,  si  ce  n'est  en  petits  cristaux  isolés. 

Le  Bathonien  est  fossilifère  sur  un  point  du  bassin  de  Barcelon- 
nette,  dans  la  commune  d'Enchastrayes  où  il  consiste  en  bancs 
calcaires  marneux  assez  durs,  noirs,  remplis  de  fossiles,  parmi  les- 
quels dominent  : 

Ammunitcs  Iriparlitus,  A.  Parkinsoni  (v.  Major), 

A.  polymorphus,  des  Bélemnites  et  des  Ténibratules. 

7.  Jurassique:  supérieur.  —  Il  présente  une  épaisse  série  de  schistes 
marneux  noirs,  bleuâtres  ou  légèrement  violacés,  qui  renferment, 
de  haut  en  bas  : 

\.  Ammonili'g  toncasianu*.  3.  A.  nlhlrta,  atwpg,  Ihckrrûet  lu* 

2.  A.  curilntiix  et  ardufniwutis.  nu  in  [hectirus). 

4.  A,  Mticrocephalus. 

et,  dans  toute  l'épaisseur  de  la  série  : 

A,  tortisulcalus,  Brlemnitex  hnxtatus. 

A.  plirniUis, 

Les  schistes  sont  surmontés,  sur  la  rive  gauche  de  l'Ubaye,  au 
pied  des  montagnes  de  Sioiane- Ronde,  du  Pain-de-Sucre,  du  Gha- 
peau-de-Gendarme  et  de  Clapouze,  par  des  calcaires  compactes,  de 
couleur  claire,  quelquefois  môme  blancs  et  cristallins,  remplis  de 
polypiers  dans  certains  bancs  dépourvus  d'Ammonites,  offrant  dans 
d'autres  couches  des  Ammonites  des  types  bimammatus,  Staszycii 
et  tenuilobalus.  Ges  calcaires  paraissent  ùtre  les  représentants  des 
dépôts  jurassiques  les  plus  récents  du  bassin  de  l'Ubaye. 

C.  Dépôts  jurassiques  compris  entre  les  deux  failles,  en  dehors  du 
massif  de  Morgon. —  Ils  consistent  uniquement  en  Infralias  et  Lias 
bien  caractérisés,  le  premier  par  VAvicula  contorta9  l'autre  par 
Grtjphœa  arcuata  et  A.  bisulcatm.  Les  calcaires  sont  compactes  gé- 
néralement et  les  lits  schisteux  minces  et  rares. 

Ges  terrains  se  dressent  comme  une  gigantesque  muraille  entre  les 
deux  failles  dont  ils  constituent  les  parois  surélevées.  Gontre  leurs 
escarpements,  parfois  verticaux,  butent;  intérieurement  les  couches 
qui  viennent  d'ôtre  décrites;  extérieurement  des  roches  appartenant 
à  des  étages  plus  récents. 

D.  Dépôts  jurassiques  compris  entre  la  Durance  et  la  faille  de  Alorgon . 
—  Ce  sont  des  schistes  marneux  bajociens-batb  oniens,  sans  fossiles. 


548  GOBET.    —   BASSIN    DE    L'UBAÏK.  18  avril 

surmontés  par  le  Callovo-Oxfordien  schisteux,  le  tout  identique  &  ce 
que  l'on  rencontre  dans  le  bassin  de  Barcelonnette  et  terminé  par 
un  escarpement  calcaire  très  dur,  de  même  Age  probablement  que 
les  calcaires  compactes  de  Siolane,  du  Pain-de-Sucre,  du  Chapeau- 
de-Gendarme,  etc. 

E.  Dépôts  jurassiques  de  la  haute  vallée  de  VVbmje.  —  Ils  commen- 
cent par  des  calcaires  compactes,  durs,  noirs  intérieurement,  ron- 
geàtres  extérieurement,  parfois  un  peu  violacés,  qui  semblent  re- 
présenter l'Infralias. 

On  rencontre  ensuite  d'autres  calcaires  durs,  gris  ou  noirs,  puis 
des  calcaires  marneux,  schisteux,  à  surfaces  satinées  par  compres- 
sion, le  tout  sans  fossiles  distincts.  Cette  masse  épaisse  correspond 
bien  dans  son  ensemble  au  Lias  du  Briançonnais,  dont  elle  parait 
être  le  prolongement. 

Le  Bajocien-Bathonien  manque,  à  moins  qu'on  ne  lui  attribue  des 
schistes  et  calcaires  marneux  grisâtres,  peu  épais,  dans  lesquels  se 
trouvent  des  couches  d'anthracite,  ordinairement  terreuse,  d'allure 
très  variable,  presque  sans  valeur  probablement.  Ce  charbon  a  été 
exploité  au-dessus  de  Saint-Ours,  au  moyen  de  galeries.  Les  travaux 
ont  été  abandonnés  à  cause  de  l'insuffisance  des  résultats  obtenus. 
11  existe  aussi  des  traces  charbonneuses  à  Pouillouse  et  dans  le  lit 
même  de  l'Ubaye  au  Castellet.  Deux  petits  dépôts  gypseux,  l'un  en 
amont  des  Sérennes-Hautes,  l'autre  au-dessus  de  Larcbe,  appartien- 
nent sans  doute  au  même  horizon.  Leur  existence  semble  devoir 
faire  admettre  comme  Jurassique  moyen  les  couches  dont  il  s'agit, 
par  comparaison  avec  ce  que  l'on  constate  dans  le  restant  du  bassin 


+   . 


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V 


1887.  GORET.  -  BASSIN  DK  L'UBAYI.  549 

Seyne).  Il  ofifre  trois  groupes  puissants  très  distincts  minéralogique- 
ment  et  paléontologiquement  ;  savoir  : 

1  en  bas;  des  calcaires  marneux  bleuâtres  ou  noirs  ordinairement, 
renfermant  des  fossiles  néocomiens  tels  que  :  A.  neocomiensis,  A. 
astierianus,  A.  verrucosus,  A.  grasianus  et  plus  haut,  il.  rouyanus;  -* 

2  au  milieu;  des  schistes  marneux  noirs,  très  pauvres  en  fossiles 
en  général,  mais  en  contenant  en  quantité  non  loin  et  au  Nord  du  col 
de  la  Cine,  savoir  :  A.  Guettardi,  A.  Jauberti,  A.  duvalianus ,  etc.  Ces 
schistes  noirs,  qui  diffèrent  complètement  des  dépôts  inférieurs  et 
supérieurs,  et  que  leurs  fossiles  caractérisent  comme  aptiens,  for- 
ment une  bande  continue  depuis  le  col  de  la  Gine  jusqu'au  pic  de 
l'Aiguillette,  où  ils  traversent  la  crête  limite  du  bassin  de  l'Ubaye  et 
disparaissent  presque  immédiatement  sur  les  versants  du  Lavercq  ; 

3  en  haut;  des  calcaires  marneux,  gris  ou  blanchâtres  d'abord, 
puis  souvent  un  peu  rosés  ou  bleuâtres  et  compactes,  ordinairement 
de  couleur  claire,  dans  lesquels  on  trouve  Ananchyles  ovatus, 
Micraster  coranguinum,  Micraster  Heberti,  etc.  et,  au  sommet  de  la 
série,  des  spongiaires.  Très  abondants  à  proximité  du  col  de  la  Gine, 
les  fossiles  deviennent  de  plus  en  plus  rares  en  allant  vers  le  Nord  et 
sont  à  peu  près  introuvables  dans  le  bassin  de  l'Ubaye,  où  le  ter* 
rain  crétacé  affleure  sur  trois  points  :  à  Saint- Vincent  ;  dans  la 
vallée  du  Lavercq  et  entre  leLauzet  et  Méolans;  dans  la  vallée  du 
Bachelard. 

a.  Crétacé  de  Saint- Vincent.  —  L'escarpement  calcaire  du  Juras- 
sique supérieur,  sur  lequel  sont  bâtis  le  village  et  le  fort  de  Saint- 
Vincent,  est  couronné  par  des  calcaires  marneux  bleuâtres,  dans  les- 
quels on  trouve  quelques  fossiles,  rares  et  mal  conservés,  mais 
cependant  reconnaissables  et  caractéristiques  du  Néocomien  :  A. 
grasianus,  A.  neocomiensis...  et  de  nombreux  fragments  d'Aptychus 
Didayi.  Ces  couches,  bientôt  recouvertes  par  le  Nummulitique,  plon- 
gent vers  l'Ubaye  et  s'écrasent  contre  la  faille  de  Morgon. 

b.  Crétacé  du  Lavercq.  —  La  vallée  du  Lavercq  est  presque  entière- 
ment formée  par  le  Crétacé  supérieur  qui  consiste  en  calcaires,  mar- 
neux d'abord,  plus  purs  et  plus  compacts  ensuite,  de  couleur  claire, 
très  différents  des  couches  néocomiennes  et  correspondant  exacte- 
ment au  Crétacé  supérieur  des  versants  de  la  Bléone  et  de  la  Blanche, 
mais  sans  fossiles.  Ces  assises  sont  surmontées  par  le  Nummuli- 
tique, sur  lequel  reposent  les  grès  du  Flysch.  Tout  cet  ensemble 
plonge  vers  l'Ubaye  et  la  chaîne  des  Siolanes  et  s'écrase  entre  la 
faille  extérieure. 


550  goret.  —  bassin  DE  l'ubaye.  18  avril 

c.  Crétacé  du  Bachelard.  —  Il  est  i  denliquc  à  celui  du  Lavercq  et 
doit  être  par  conséquent  rapporté  au  groupe  supérieur.  Il  plonge 
vers  le  Bachelard,  déborde  un  peu  la  faille  extérieure  dans  la  frac- 
ture du  Bachelard,  mais  sans  dépasser  la  faille  intérieure  et  dispa- 
raît, à  la  hauteur  de  Fours,  sous  le  Flysch. 

Malgré  l'absence  de  fossiles  l'aspect  des  roches  rend  l'assimilation 
qui  précède  aussi  certaine  que  possible  en  pareil  cas.  Il  est  probable 
d'ailleurs  qu'une  étude  minutieuse  des  divers  bancs  permettra  de 
trouver  les  éléments  paléontologiques  qui  font  défaut  actuellement, 
rares  peut-être,  mais  qui  ne  doivent  pas  manquer  complètement. 

9.  Nummulitique.  — 11  existe  huit  affleurements  distincts  de  ce  ter* 
rain  dans  le  bassin  de  ITbaye.  Le  plus  complet  est  celui  du  Lauzet. 

a.  Nummulitique  du  Lauzet.  —  On  trouve  d'abord,  reposant  direc- 
tement sur  le  Néocomien,  des  calcaires  noirs,  durs,  pétris  de  num- 
mulites  et  autres  fossiles,  puis  des  calcaires  schisteux  également 
fossilifères  et  enfin  une  série  assez  épaisse  de  schistes  marneux 
bleuAlres  intérieurement,  gris -jaunâtre  s  extérieurement,  dépourvus 
de  fossiles,  recouverts  par  des  grès  fins  ou  grossiers,  considérés 
comme  la  base  du  Flysch. 

b.  Autres  affleurements  nummulitiqucs.  —  Ils  n'offrent  le  plus  sou- 
vent qu'un  seul  horizon,  celui  des  calcaires  fossilifères,  parfois 
remplacées  par  des  grès  calcaires  ou  même  par  de  vrais  grès  fins  à 
nummulites. 

Dans  le  vallon  du  Lauzannier,  on  trouve,  au  premier  lac,  les  cal- 


4887.  GORKT.  —   DASSIN  DE  L'UBAYE.  551 

une  véritable  ère  torrentielle  a  régné  et  il  ne  s'est  plus  formé  que 
des  grès  argileux,  calcaires  et  micacés. 

H.  Garnier,  le  regretté  géologue  des  environs  de  Digne,  ayant  rap- 
porté ces  grès  au  Flysch,  par  assimilation  avec  les  grès  d'Annot,  il 
semble  opportun,  vu  l'absence  complète  de  fossiles  permettant  une 
classification  certaine,  d'adopter  le  groupement  qui  précède  et  de 
/aire  conséquemment  débuter  le  Flysch  par  les  grès  dont  il  s'agit. 
En  suivant,  du  pic  des  Trois-Évôchés  à  Saint-Vincent,  la  crôte  de 
la  chaîne  qui  se  dresse  entre  les  bassins  de  l'Ubaye  et  de  la  Blanche 
on   voit  le  Nummulitiquc  reposer  successivement  sur  la  tranche  des 
»  L rates  du  Crétacé  supérieur,  de  l'Aptien  et  enfin  du  Néocomien.  Le 
mier  banc  nummulitiquc,  constitué  par  un  calcaire  noir  foncé 
cj  u  x  tranche  brusquement  sur  la  couleur  grise  ou  rosée,  très  claire, 
ci  u     Crétacé  supérieur,  à  la  montagne  des  Trois-Évôchés,  renferme  à 
s  «^      jpartie  inférieure  des  fragments  anguleux  plus  ou  moins  gros  de 
J«*      floche  encaissante,  lit  de  la  mer  nummulitiquc 

i  0.  Flysch.  —  Ce  terrain,  très  puissamment  développé  dans  le 
**  a  ^  sin  de  l'Ubaye,  présente  trois  grands  horizons  bien  distincts  : 
0  A  la  base,  une  épaisse  série  de  grès  d'abord  assez  fins  et  très  riches 
xnica,puis  plus  grossiers  et  en  bancs  très  épais  (plusieurs  mètres); 
**  Au  milieu,  une  énorme  série  de  calcaires  minces  et  de  schistes 
a  *^  ^^  ilo-calcaires,  souvent  micacés,  parfois  gréseux,  le  tout  rempli 
mpreintes  de  Némertes  (Mcandrina  lahyrinthica)  et  de  Chondrites  ; 
^  En  haut,  une  masse  importante  de  grès,  très  semblables  à  ceux 
.  a  base,  mais  plus  grossiers,  en  très  gros  bancs  ; 
^s  grès  de  la  base  ne  se  montrent  pas  partout  et  semblent  en  re- 
<^>n  très  intime  avec  le  Nummulitiquc,  ainsi  qu'il  a  été   dit   plus 
t. 
^  ^-  e  Flysch  bien  caractérisé  est  représenté  par  l'énorme  masse  des 

*  _~ "  *  **   *.stes  et  calcaires  h  empreintes  et  des  grès  supérieurs,  de  plus  de 
1  _     "^^  —  sept  à  dix-lin  it  cents  mètres  d'épaisseur  dans  la  région  située  au 

*  .  *-*  *^  -d  de  Jausiers.  Cotte  série  renferme  un  niveau  de  schistes  ardoi- 

^-  ^^  s  dans  lequel  sont  ouvertes   d'assez  nombreuses  carrières.  Elle 

~     *^X  tient  aussi  un  horizon  de  schistes  rouges  ou  verts,  satinés,  assez 

^*  *-**  is,  qui  peut  ùtre  confondu  de  loin  avec  les  marnes  irisées  ou  avec 

\  _  ^       touches  jurassiques  rouges  de  Morgon.  Mais  de  près,    môme  à 

**  ^  iDect,  la  dilférencc  est  très  sensible.  En  effet,  les  schistes  du  Flysch 

r>x  *  x^  t:  satinés  et  brillants,  vernissés  en  quelque  sorte,  tandis  que  ceux 

Vv     ~irias  sont  de  couleur  terne  ;  ceux  du  Flysch  ne  renferment  ja- 

^^Xs  de  noyaux  calcaires,  tandis  que  les  ^ciii-tcs  jurassiques  rouges 

**     contiennent  toujours.   Il   e-t  presque  inutile  d'ajouter  que  les 

ç> Vaches  encaissantes  rendent,  dans  tous  les  cas,   la   classification 


V 


552  GORET.  —  bassin  db  l'ubaye.  18  avril 

de  I'ud  quelconque  de  ces  horizons  multicolores  absolument  cer- 
taine. 

Aux  environs  de  Saint-Paul,  notamment  dans  le  torrent  du  Méli- 
zen,  au  col  de  Vars  et  aux  Hautes-Sérennes,  le  Flysch  a  été  disloqué, 
comprimé  et  écrasé  par  la  pression  de  ses  couches  supérieures,  le 
plongeaient  général  étant  du  Sud-Ouest  au  Nord-Est,  de  sorte  que  les 
schistes  ardoisiers  ont  été  laminés,  étirés  et  satinés  ;  les  parties  les 
plus  résistantes,  calcaires  ou  gréseuses,  se  sont  localisées  au  milieu 
des  schistes  sous  forme  de  noyaux  ou  de  lentilles  selon  les  dimensions. 

Le  Flysch  ne  renferme  du  gypse  nulle  part  dans  le  bassin  de 
l'Ubaye,  si  ce  n'est  en  petits  cristaux  isolés. 

il.  Dépôts  glaciaires.  —  Ils  comprennent  deux  groupes,  con- 
temporains, mais  formés  d'une  manière  différente  :  les  blocs  erra- 
tiques et  les  boues  glaciaires. 

Ulocs  erratiques.  —  Les  blocs  erratiques  sont  restés  à  la  surface  du 
glacier  et  ont  été  souvent  déposés  sur  des  sommets,  ou  sur  les  versants 
à  des  hauteurs  que  n'atteignent  pas  les  boues  glaciaires.  Ils  indiquent 
donc  à  peu  près  le  maximum  d'extension  de  l'ancien  glacier  qui  rem- 
plissait la  vallée  de  l'Ubaye  et  allait  se  souder  à  celui  de  la  Durance.  Ils 
consistent  presque  toujours  en  quartzites  blancs  et  en  poudingues 
quartzeux,  ou  en  calcaire  rouge  ou  vert  des  Sérennes,  ce  qui  tient 
évidemment  a  la  très  grande  dureté  de  ces  roches.  On  rencontre 
aussi,  pour  la  même  cause,  des  blocs  de  marbre  vert  de  Maurin.  Les 
contours  de  l'ancien  glacier  sont  assez  bien  jalonnés,  dans  le  bassin 
de  Barcelonnette,  par  les  matériaux  erratiques  qui  viennent  d'ôtre 
indiqués,  et  cela  sans  erreur  possible,  puisqu'il  n'existe  aucun  affleu- 
rement de  ces  roches  sur  les  versants  dont  il  s'agit.  Vis-à-vis  de  Bar- 


1887.  GORET.   —  BASSIN  DB  l/UBAYE.  553 

couche  noire  foncée  des  schistes  jurassiques  encaissants;  elles  attei- 
gnent souvent  une  épaisseur  de  20  à  40  mètres. 

42.  Dépots  actuels.  —  Ils  forment  plusieurs  groupes,  savoir  : 

1.  Les  alluvions  proprement  dites.  4.  Les  casses. 

2.  Les  lits  et  cônes  de  déjection.  ;j.  Les  tourbières. 

3.  Les  cônes  d'éhoulis.  <>.  Les  tufs. 

Alluvions  proprement  dites.  —  Ces  dépôts  sont  dus  en  partie  au 
remaniement  des  boues  glaciaires,  en  partie  h  l'accumulation  des 
matériaux  que  les  phénomènes  atmosphériques  détachent  sans  cesse 
des  roches  en  place  sur  le  flanc  des  montagnes  et  que  les  eaux  char- 
rient ensuite.  Ils  sont  plus  ou  moins  nettement  stratifiés  par  la  lévi- 
gation  ou  triage  des  matériaux. 

Lits  et  cônes  de  déjection.  —  Ces  dépôts  sont  dus  aux  mêmes  causes 
premières  que  les  précédents,  mais  ils  correspondent  à  un  transport 
en  masse,  sans  triage  de  matériaux  appréciable  et  ne  sont  pas  strati- 
fiés. Les  débris  détachés  des  versants  s'accumulent  dans  les  lits  des 
torrents,  d'où  ils  sont  entraînés  en  partie  et  déposés  de  nouveau  au 
débouché  des  torrents  sous  forme  de  cône  très  aplati  par  suite  de  la 
diminution  de  vitesse  et,  conséquemment,  de  puissance  d'entraîne- 
ment des  eaux  en  raison  du  changement  de  pente  et  de  la  divagation 
sur  une  surface  très  étendue. 

Cônes  cTëboulis.  —  Ils  se  produisent  sur  les  flancs  des  montagnes 
coupés  par  des  plateaux  plus  ou  moins  larges  permettant  aux  maté- 
riaux tombés*  des  parties  supérieures  de  se  tasser  et  de  s'élever  peu 
à  peu  sur  le  versant. 

Casses.  —  Ce  sont  aussi  des  cônes  d'éboulis,  mais  uniquement 
formés  de  fragments  rocheux  de  diverse  grosseur.  Ces  dépôts  accom- 
pagnent les  grands  escarpements  gréseux  ou  calcaires  toutes  les  fois 
qu'il  existe  en-dessous  un  plateau.  Les  torrents  qui  les  traversent 
sont  généralement  très  redoutables. 

Tourbières.  —  Elles  n'ont  pas  d'importance  dans  le  bassin  de 
l'Ubaye.  Il  en  existe  cependant  dans  le  vallon  du  Lauzannier  et  à  la 
Blachière  (dans  la  haute  vallée  de  l'Ubaye). 

Tufs.  —  On  trouve,  sur  un  assez  grand  nombre  de  points,  des  tufs 
anciens,  c'est-à-dire  qui  ne  se  forment  plus  actuellement,  et  des  tufs 
en  formation.  Les  premiers,  dus  à  des  eaux  calcaires,  très  poreux, 
légers,  assez  résistants,  ont  été  fréquemment  employés  dans  les 
constructions,  notamment  pour  les  clochers  des  églises.  Ils  ne  pa- 
raissent pas  renfermer  de  fossiles. 

Les  tufs  en  formation  actuellement  n'ont  aucune  importance.  Il 


351 


GOHBT.  —  BASSIS   DE    L  L'BAïE. 


■18  avril 


existe  près  du  Lauzet  une  source  qui  produit  en  abondance  un  tuf 
calcaire  d'un  assez  bel  effet,  rempli  de  débris  végétaux. 

Xota.  Les  terrains  qui  appartiennent  aux  groupes  d'ensemble  H 
et  12  sont  disséminés  sur  de  petites  surfaces  et  n'ont  pas  pu  ctie 
figurés,  pour  ce  motif,  sur  la  carte  géologique. 

Fi  g.  1.  —  Coupe  du    Cuvr/nct  de  Mtturet  au   \"tlla}S<t.\bas. 


,!>.   Éhonlls. 
10.  I-'lïsih. 
».  Cri'laci'1  sni'i-ricur. 
s.  Calcaire  ii.lii!i<»"i» 
un  à  polypiers. 


■  (,'ow/iC  <l<! 


1887 


SÉANCE  DU  2  MAI   1887. 


555 


Fig.  3.  —  Coupe  de  Seyne  au  torrent  de  Boscodon. 


Crôlc  du  CoH>a* 


Crête  drs  CVialaiiclics 


* 

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^.^                                                             Si 

l'Yhrllf  rli-*         ' 

i^tiieiieue   hU  0Pi, 

éb. 

El  oulis. 

s.  Schistes  callovo-oxfonlicns. 

9. 

Flysch. 

•l.  Schistes  bajocien-bathoniens. 

8. 

Nummulitiquc. 

3.  Lias. 

7. 

Néncomieii. 

2.  Infralias. 

(3. 

Jurassique  supérieur. 

l.  Marnes  irisées. 

••a 


«vj 
C 

s» 

c? 


SAmc*  (ht  2  Mai  1887. 
Présidence   de  m.   Albert  Gai-dry. 


M.  Maurice  Hovelacque,  secrélaire,  donne  lecture  du  procès-verbal 
de  la  dernière  séance  dont  la  rédaction  est  adoptée. 
Le  Président  annonce  ensuite  une  présentation. 

M.  Cotteau  présente  le  5"  fascicule  des  Kckinides  nouveaux  ou  peu 
connus  et  insiste  sur  l'intérêt  offert  par  quelques-unes  des  espèces 
décrites  et  figurées.  Trois  genres  nouveaux  proviennent  du  terrain 
éocène  de  Callosa,  province  d'Alicante  (Espagne).  Les  deux  premiers 
genres,  Coraster  et  Ornithaster,  appartiennent  à  la  famille  des  AV/ii- 
nocorydees  et  sont  remarquables  par  la  présence  d'un  fasciole  péri- 
pétale,  qui  n'avait  encore  été  signalé  chez  aucun  des  genres  de  cette 
famille.  Le  troisième  genre,  B?tissopneustes,  fait  partie  de  la  famille 
des  Brissidées  et  se  place  dans  le  voisinage  de  Ylsopncustes,  dont  il 
diirère  par  la  présence  d'un  fasciole  sous-anal  et  par  la  zone  anté- 
rieure des  aires  ambulacraires  paires  plus  étroite  que  la  zone  posté- 
rieure, (l'est  M.  le  professeur  Yilanova,  de  Madrid,  quiacommuniqué  i\ 
M.  Cotteau  ces  trois  types  curieux.  Dans  ce  môme  fascicule,  se  trou- 
vent décrits  une  nouvelle  espèce  de  Sa/enta,  recueillie  à  Meudon,  par 
M.  Janet  et  bien  distincte  du  Salcm'a  ffebarti,  qu'on  rencontre  dans 
la  même  localité;  un  C'Vlopleurus  nouveau,  C.  Housseit,  de  l'Kocèue 
de  la  Montagne  Noire  ;Aude),  facilement  inconnaissable  à  sa  petite 


556  séance  du  3  haï  1887. 

taille,  à  sa  forme  conique  el  amincie  sur  les  bords,  à  sa  face  su- 
périeure presque  nue  et  aux  ornements  gracieux  et  compliqués, 
dont  sa  surface  est  ornée.  A  l'occasion  de  la  description  de  cette 
espèce,  M.  Cotteau  passe  en  revue  les  nombreux  sous-genres  qui 
partagent,  suivant  M.  Pomel,  le  genre  Cœlopleunu,  et  cherche  a 
établir  que,  si  la  plupart  des  espèces  varient  dans  le  nombre  et  la 
disposition  des  tubercules,  dans  la  structure  de  l'appareil  apical, 
dans  leur  ornementation  si  délicate,  toutes,  cependant,  présentent 
un  certain  nombre  de  caractères  communs,  constants,  qui  en  font 
un  genre  très  naturel,  et  ne  permettent  pas  d'y  introduire  des  sub- 
divisions particulières. 

M.  Maurice  Hovelacque  annonce  à  la  Société  que  M.  Gour- 
don  vient  de  découvrir  deux  nouveaux  gisements  fossilifères  dans 
le  terrain  silurien  supérieur  des  environs  deLuchon. 

Ces  deux  gisements,  peu  distants  l'un  de  l'autre,  sont  situés  dans 
le  pli  anticlinal  de  Montmajou,  près  Cicr  de  Luchon. 

Dans  la  partie  sud  de  cette  voûte,  au  quartier  de  Sascrabères,  sur 
la  rive  gauche  de  la  Lit,  près  et  en  amont  de  sou  confluent  avec  le 
ruisseau  de  Coumet,  M.  Gourdon  a  trouvé  un  gisement  de  Grapto- 
lithes.  Ces  fossiles  sont  si  rares  dans  cette  région  des  Pyrénées  qu'on 
n'en  connaît  aujourd'hui  qu'un  seul  autre  gisement  près  de  Mari- 
gnac,  oh  Boubée  en  avait  trouvé  quelques  exemplaires  en  1845. 

Dans  la  partie  nord  dupli  anticlinal  de  Montmajou,  notre  confrère 
vient  de  recueillir,  sur  la  rive  gauche  du  ruisseau  de  Goueil  des 
Honts,  au  pied  de  la  Penne  de  Crabigues,  dans  des  couches  un  peu 
supérieures  aux  précédentes,  deux  Orthocères,  dont  l'un  est  Ortho- 


J.   SEUNES.   —  AMMONITES  DU  GAULT.  557 

reconnu  par  H.  Barrois  (1)  pour  être  voisin,  si  pas  identique,  de 
Echinosphœrites  balticus,  Eichw. 

Dans  la  Haute-Garonne,  l'étage  E  serait  représenté,  d'après 
M.  Barrois  (2),  par  les  ardoises  à  Nereites  de  Bourg-d'Oueil,  qui  ren- 
ferment Nereites  Sedgwickii,  Murch.,  N.  Ollivantii,  Murch.,  et  Hyo- 
lites  cf.  simplex,  Barr. 

C'est  dans  des  schistes  argileux,  plus  récents  que  l'étage  E.  et  plus 
anciens  que  le  Goblencien,  que  les  découvertes  de  M.  Gourdon  sont 
les  plus  nombreuses  et  les  plus  importantes.  A  Cathervielle,  à  Hont- 
de-Ver,  les  Triiobites  sont  très  nombreux,  presque  tous  nouveaux. 
Dès  4879,  M.  de  Lapparent  (3)  a  signalé  à  la  Société  la  trouvaille  de 
M.  Gourdon.  Plus  récemment,  M.  Barrois  (4)  a  décrit  les  fossiles 
provenant  de  ces  gisements;  ce  sont  : 

Phacops  fecundus,  Barr.  Liehas  Gourdoni,  Barr. 

—      brcviceps,  Barr.  Harpes  pyrenaïcus,  Barr. 

Cyphaspis  Bellociy  Barr.  Brontrus  Rapha#Ut  Barr. 
Dalmaniles  Gourdoni,  Barr.  —        Trutali,  Barr. 

On  trouve,  en  oulre,  plusieurs  autres  fossiles  appartenant  aux 
genres  Orthoceras,  Cardiola,  Strophomena,  Platycrinide,  Zaphrentis, 
Patraia,  Plcnrodictyum  et  Cladochonus. 

De  nouvelles  découvertes,  dues  à  un  chercheur  aussi  persévérant 
et  aussi  infatigable  que  M.  Gourdon,  viendront,  nous  n'en  doutons 
pas,  apporter  de  nouveaux  documents  à  l'histoire  géologique  des 
Pyrénées. 

M.  Seunes  fait  la  communication  suivante  : 

Noie  sur  quelques  Ammonites  du  Gault, 

Par  J.  Seunes. 

(PI.  Xl-XlV.) 

Sous  la  bienveillante  direction  du  savant  sous-directeur  du  labo- 
ratoire des  recherches  géologiques  de  la  Sorbonne,  M.  Munier-Chal- 
mas,  j'ai  entrepris  de  classer  de  nombreux  échantillons  d'Ammonites 
provenant  des  gisements  aibiens  de  Machéroménil  (Ardennes)  et  de 
Clars  (Alpes-Maritimes),  Glansayes(Drôme),etc.  La  détermination  de 
ces  échantillons  m'a  montré  que  les  rares  publications  sur  les  Amrao- 

(1)  Bull.  Soc.  ycol.  du  yordt  t.  X,  p.  165. 

(2)  Bull.  Soc.  géol.  du  Nord,  t.  XI,  p,  219. 

(3)  Bull.  Soc.  grol.  de  France,  3*  série,  t.  VIII,  1879,  p.  87. 

(4)  Bull.  Soc.  gcol.  du  Xord,  t.   X,  p.  151  et  t.  XIII,  p.  124. 


338  i.  Menus.  —  AMJiosiir.s  de  gault.  2  mai 

nites  du  Gault  sont  incomplètes  et  quelquefois  erronées;  il  ma  paru 
qu'il  était  nécessaire  de  rectifier  et  de  compléter  quelques  diagnoses 
et  de  créer  quelques  nouvelles  espèces.  N'ayant,  en  ce  moment,  que 
peu  de  temps  à  consacrer  à  ce  travail,  j'ai  dû  le  limiter  &  un  petit 
nombre  de  genres  et  d'espèces. 

Que  MM.  Muni-cr -Chalmas  et  Douvillé,  qui  m'ont  très  obligeam- 
ment communiqué  de  nombreux  et  rares  échantillon*,  et  MM.  Gaudry 
et  Fischer,  qui  ont  bien  voulu  me  faciliter  l'accès  de  la  collection 
d'Orbigny,  veuillent  bien  accepter  mes  sentiments  de  vive  recon- 
naissance. 

Sosnkbatia  Clrus  d'Orb,,  sp. 
[PI.  XI  et  pi.  XII,  Qg.  I  a  b). 

synonymie: 
AutmtHili/1  IntHitaîM.     Michelin,    mas,  Mùm.   do    la  Sot,  geol.  de  Fr.,  t.    III, 

pi.  I,  II,  flp.  7. 

1.1.  d'Urliigny,  1810,  l'ai.  fr.  Ter.crôl..  t.  I,p.  ïsa,  pi.  LXXXIV, 

tlg.  1,  2.  ■!.  (exclus  dp.  a). 
Id.  Pic  tel,  ISiT,  Mollusques  dt>* Grès  Verts,  p.  3î,  pi.  Il,  flp.  t 

u  b  du  Oanll  de  la  Perte  du  Rhône. 
AiamoHilts  Ctton,  d'Urhijjny,  issu,  Proil.  t.  11,  |i.  m,  de  l'I'.Iige  alliion. 

Ammonite!  Cvnttantii,  d'Orl.igny  isr.0,  l'i'od.,  t.  Il,  |>.   lit, 

Aaimonitit  ùicarvatut,  Hiiiliu,  ISjl,  Soï.  {,'-*ol.  de  Fr.,  ï-  S",  t.  IX,  ]►.  37  et  39,   du 
Gault  de  l'Yonne. 
lil.  d'A  n-lûitc,  1831.  Hist.  desPrcijîiv-,  l.  IV,  p.  ail,  du  Gau  II 

di-t  Antennes. 
Coteau,  mr.3,   M-jll.  ftnw.   do   l'Voiinc,    p.   M,  do    J'Ktage 


1887.  J.   SEUNBS.   —  ÀMMONITKS  OU  GAULT.  539 

Coquille  discoïdale,  comprimée,  composée  de  tours  très  embras- 
sants et  ornés  de  douze  côtes  principales  falculiformes,  naissant  de 
l'ombilic  par  une  partie  assez  accusée  ou  môme  par  un  tubercule 
mousse  chez  les  formes  épaisses  ;  elles  sont  plus  ou  moins  infléchies 
jusqu'au  milieu  des  flancs  où  elles  forment  un  coude  prononcé,  puis 
s'infléchissent  de  nouveau  1res  fortement  en  grossissant  légère- 
ment. Près  de  la  région  ventrale  elles  s'atténuent  et  traversent  la 
région  siphonalc  eu  formant  un  chevron  ou  sinus  antérieur,  d'autant 
moins  indiqué  que  la  forme  est  plate.  Entre  ces  côtes,  il  en  existe 
une,  deux  ou  trois,  de  longueur  inégale,  n'atteignant  pas  le  bord  de 
l'ombilic  et  prenant  souvent  naissance  sur  les  côtes  principales.  A 
partir  du  milieu  des  tours  toutes  les  côtes  sont  semblables,  de  même 
grosseur  et  h  égale  distance  les  unes  des  autres. 

Région  ventr.ik  non  carénée,  d'autant  plus  aiguë  que  la  coquille 
est  plate,  mais  nj  devenant  jamais  tranchante.  La  terminaison 
des  côtes  en  miius  lui  donne  un  aspect  légèrement  ondulé.  —  Les 
ornements  s'atténuent  chez  l'adulte  et  sont  souvent  presque  com- 
plètement effacés. 

Spire  formée  de  tours  très  embrassants,  comprimés,  peu  appa- 
rents dans  l'ombilic  qui  est  très  étroit  et  profond;  le  dernier  tour 
a  la  moitié  environ  du  diamètre  total. 

Fltmcs  légèrement  convexes  s'abaissant  perpendiculairement  vers 
l'ombilic. 

Ouverture  comprimée,  triangulaire,  d'autant  plus  anguleuse  vers 
la  région  siphonaie  que  la  forme  est  plate,  fortement  échancrée 
par  le  retour  de  la  spire;  la  plus  grande  largeur  est  vers  le  tiers 
interne  du  liane. 

Cloisons  assez  espacées;  selles  plus  larges  que  les  lobes,  formées  do 
parties  presque  paires  et  peu  découpées  ;  lobes  formés  de  parties 
impaires;  le  lobe  dorsal  plus  court  que  le  premier  lobe  latéral  prin- 
cipal et  divisé  par  une  selle  médiane  courte  et  concave  à  son  extré- 
mité ;  le  premier  lobe  latéral  principal  est  divisé  en  trois  branches 
finement  découpées  ;  le  deuxième  lobe  latéral  principal  et  les  lobes 
auxiliaires  sont  de  plus  en  plus  simples. 


Pi.  XI. 


/ 


Diamètre  de  réclj.iiitilluii IW""* 

Diamètre  do  huuli'ilii* lii"1"» 

LarLV.nr  du  deniitT  tour !)-■!■•; i 

{  lOp.-iisscur  du  dernier   tour 4-1  «un 

Dianirlre  de  l'érhiutillo:i sn«»"» 

.     ,  Diamètre  de  louilii lie il»»"1 

H.XU.llg.  la,fr.  J  Lai ijeur  du  dernier  tour -ii*"> 

Épaisseur  du  dernier  tour jîi,ium 


360 


J.    SKUNKS.    —   AMMONITES    I 


2  mu' 


Observations,  Jusqu'au  diamètre  de  l2mm  le  jeune  est  complètement 
tisse  et  est  composé  de  tours  étroits  et  arrondis  sur  la  région  ven- 
trale qui  devient  d'autant  plus  vite  aiguC  que  la  forme  de  l'adulte 
est  plus  plate.  Chez  l'adulte,  les  cotes  s'atténuent  mais  ne  disparais- 
sent pas  entièrement. 

/{apports  et  différences.  Cette  espèce  appartient  au  genre  Sonneratia 
créé  par  M.  Bayle  pour  le  groupe  des  Hoplites  représenté  par  VAmm. 
dutemplcanus,  d'Orb.  Les  formes  épaisses  de  VAmm.  Cleon  sont  voi- 
sines des  formes  les  moins  renflées  de  VAmm.  dutemplcanus,  mais 
elles  en  différent  par  leurs  côtes  falculiformcs,  la  forme  de  la  région 
ventrale  et  par  leur  ombilic  plus  étroit.  D'Orbîgny  a  considéré  les 
formes  plates  comme  étant  très  voisines  de  VAmm.  nisus,  par  leur 
spire  embrassante,  leur  compression  et  même  par  leurs  lobes  et  leurs 
selles.  Les  cotes  et  la  région  ventrale  sont  si  différentes  chez  ces  deux 
espèces  qu'il  est  impossible  de  les  confondre. 

Gisement.  —  Gault. 

Localité.  —  Machéroménil  (Ardennes).  Échantillon  de  la  collection 
de  M.  Munier-Chalmas. 


SOKNEHATIA   DUTEMI'LEI  d'Orb-,    Sp. 

(PI.  XIII,  lig.  iab.) 

SYNONYMIE  : 

.4mmoniI«j^j«i'cotIaliu,    d'Orb.,  1840,  Pal.  fr.,  Ten*.  cr.,pl.  LXXVI,  p. Ml. 

(Non  A.  fitiicoitaïui,  Phillips)  du  Gault  des  Ardennes,  de  la  Meuse, 
du  Yar,  du  Doubs,  etc. 


1887.  J.    SEUNES.    —   AMMONITES    DU   GAULT.  561 

Cette  espèce  placée  par  Zittel,  dans  le  genre  Hoplites  en  a  été  sé- 
parée par  M.  Bayle  qui  en  a  fait  le  type  du  genre  Sonneratia;  elle 
est  caractérisée  par  ses  côtes  falculiformes  fortes,  partant  d'un 
faible  tubercule  ombilical  où  elles  se  bifurquent;  de  là  elles  s'inflé- 
chissent en  avant  et  passent  sans  s'interrompre  sur  la  région  ven- 
trale où  elles  forment  un  chevron  ou  sinus  plus  ou  moins  prononcé. 
Nous  avons  remarqué  que  sur  beaucoup  d'échantillons  adultes  les 
sinus  ont  la  tendance  à  se  déprimer  en  leur  milieu,  comme  on  l'ob- 
serve chez  Hoplites  Deshayesi  dont  les  caractères  se  rapprochent 
beaucoup  de  ceux  du  genre  Sonneratia. 


Schl.enbaciiia  Sknequieri,  d'Orb.,  sp. 

(PL  XIII,  ftg.  2  a,  by  c.) 

'Orbigny  a  décrit  et  figuré  cette  Ammonite  (Loc.  cit.  p.  292, 

P *  -     X^XXXVI,  fig.  3, 5.)  comme  à  peine  carénée  chez  le  jeune  et  carénée 

c£*  «  se    l'adulte,  mais  seulement  entre  les  côtes.  Plusieurs  échantil- 

*<*  *^  s    de  la  collection  de  l'École  des  Mines  et  celui  que  je  fais  figurer 

P^^s  entent  le  caractère  particulier  d'être  carénés  chez  le  jeune  et  de 

ne         x>as  l'être  à  l'âge  adulte.  Les  jeunes  sont  nettement  carénés  jus- 

9*^-  *  «^  xi  diamètre  de  quinze  millimètres  ;  à  partir  de  ce  diamètre,  la 

ca  *~«fene  tend  à  disparaître  entre  les  côtes,  celles-ci  s'infléchissent, 

Pa  s  s  «nt  sur  la  région  ventrale  en  s'élargissant  fortement  et  en  for- 

™  ^^  *^*  t  un  chevron  ou  sinus  dont  le  prolongement  en  avant  se  relie  au 

S1X=*  **J  s  suivant.  Ce  prolongement  s'efface  peu  à  peu,  disparaît  et  dès 

*°_**^      la  coquille  possède  une  forme  très  voisine  de  celle  de  YAmmo- 

/|fc  *  *r*«  varncostis  adulte,  mais  elle  en  diffère  par  ses  cloisons  et  par  ses 

c      ^  ^>  s  égales  et  privées  de  tubercules.  Les  cloisons  de  notre  échan- 


n  ne  sont  pas  identiques  à  celles  que  d'Orbigny  a  figurées  (Loc. 
cl*  -  fîp;.  5.).  La  grande  selle  externe  est  divisée  en  deux  parties  sim- 
P  ^  ^  „  les  autres  sont  à  contour  régulier.  Le  premier  lobe  latéral 
e^*-        étroit,  acuminé,   terminé  en  pointe  et  faiblement  denté;   les 


es  sont  plus  longs,  moins  profonds  et  dentés.  Ces  cloisons  sont 

0<r*c  comparables  à  celles  des  Cératites.  A  l'âge  adulte,  cette  espèce 

^    ^-Vissi  beaucoup  de  rapport  avec  quelques  Ammonites  jurassiques  du 

^r°Vipe  des  sEgoceras  ;  la  disposition   des  côtes  sur  les  flancs  et  leur 

^^atissement  sur  la  région  ventrale  rappellent  bien  l'ornementation 

**^  \*sEgoceras  [Microceras)  Capricornus.   Si  ces  rapports  donnent  à 

Anim.  Senequieri  un  caractère  particulier,  il  s'en  suit  qu'il  est  bien 

^fQcile   de  la   classer.   La  disposition  et  la  grosseur  des   côtes,   la 

XV.  30 


562  1.  SRDHBS.    —  AMMONITES  DU  GAUfcT.  2   (QBJ 

présence  delà  carène  chez  le  jeune  et  la  simplicité  dos  cloisons  m'ont 
déterminé  à  la  classer  dans  le  genrd  Schlœnbachia  (Neumayr). 

Diamètre  de  l'échantillon *s»« 

Diamètre  do  l'ombilic     iS« 

Largenr  du  dernier  tour (•■■ 

Épaisseur  du  dernier  tour 1B"" 

Gisement.  — Etage  du  Gault. 

Localité.  Clars  (Alpes-Maritimes).  Collection  Jaubert(n*  713)  appar- 
tenant à  la  Sorbonne. 

Acantiiocshas  Cahattki,  d'Orb.,  sp. 

(PI.  XIII  fig.  3  a  b.) 

synonymie  : 

Ammonites  Lyelli,  Piclet,  Paléont.  suisse,  Terr.  cniL  de  Sainte-Croix,  t.  Il, 
p.  ma,  pi.  XXIV,  flg.  5. 

D'Orbïgny  a  figuré  et  décrit  sous  le  nom  d'Amm.  camatteanus  un 
échantillon  de  la  collection  de  M.  Caraatte,  semblable  à  un  de  ceux 
de  sa  collection  [toc.  cil.  p.  241,  pi.  LXIX,  flg.  1,  2).  Nous  n'avons 
pas  retrouvé  ces  échantillons.  Pictet  [Lot,  cit.)  comparant  une  va- 
riété de  VAmm.  Lyelli  avec  YAmm.  camatteanus,  d'Orb.,  réunit  avec 
Ouenstedt,  ces  deux  espèces  en  une  seule.  L'échantillon  que  je  figure 
(pi.  XIII,  flg.  Sab.)  comparé  d'une  part  avec  les  ligures  de  d'Orbigny  et 
les  échantillons  de  sa  collection,  et  d'autre  part  avec  les  figures  de 
Pictet,  doit  Être  sûrement  classé   comme  étant  un  type  de  YAmmo- 


1887.  J.   SBUHES.   —  AMMONITES   DU  GAULT.  563 

par  un  tubercule  plus  élevé  que  le  premier  et  comprimé  parallèle- 
ment au  tour  de  la  spire. 

Jtégion  ventrale,  convexe,  bordée  de  chaque  côté  d'une  rangée  de 
tubercules  alternes  (terminaisons  des  côtes)  et  pourvue  d'une  autre 
rangée  médiane  de  tubercules  mousses  ayant  une  tendance  à  se 
relier  aux  tubercules  latéraux  et  s'atténuant  chez  l'adulte  sans  dispa- 
raître complètement.  La  région  siphonale  conserve  toujours  un  as- 
pect ondulé. 

Spire  formée  de  tours  comprimés,  peu  embrassants,  quadrangu- 
laires  visibles  dans  l'ombilic  dans  la  plus  grande  partie  de  leur  lar- 
geur (3/5  du  tour). 

Flancs  légèrement  convexes  et  arrondis  autour  de  l'ombilic. 

Ouverture  subrectangulaire,  convexe  sur  la  ligne  ventrale  et  légè- 
rement entaillée  parle  retour  de  la  spire;  sa  plus  grande  largeur  est 
située  sur  le  milieu  des  flancs,  la  hauteur  est  sensiblement  plus 
grande  que  l'épaisseur. 

Cloisons  peu  découpées;  trois  lobes  divisés  en  parties  impaires  et 
plus  étroits  que  les  selles,  le  lobe  siphonal  est  légèrement  plus  court 
que  le  premier  lobe  latéral  supérieur;  la  première  selle  latérale  est 
large  et  divisée  en  deux  parties  secondaires,  inégales  et  régulière- 
ment lobées. 


Diamètre  de  l'échantillon 45  mm. 

Diamètre  de  l'ombilic 14  ram. 

Largeur  du  dernier  tour.   , 10  mm. 

Epaisseur  du  dernier  tour  prise  verâ  le  milieu  du  tour  13  mm. 


Rapports  et  différences.  Cette  espèce  appartient  au  genre  Acanthoce- 
ras.  Voisine  de  ï  Ammonites  Lyelli,  elle  s'en  distingue  par  sa  forme  plus 
comprimée,  ses  tours  plus  larges  et  par  ses  côtes  plus  tlexueuses. 
VAmm.  camatteanus  jeune  possède  sur  la  région  siphonale  une  ran- 
gée médiane  de  tubercules  qui  s'atténuent  chez  l'adulte;  VAmm. 
Lyelli  n'acquiert  que  tard  ces  mêmes  tubercules,  qui  se  développent 
de  plus  en  plus  avec  l'âge  de  l'Ammonite  au  lieu  de  s'atténuer.  En 
outre  chez  VAmm.  camatteanus  on  ne  trouve  jamais  sur  la  région 
externe  des  flancs  la  double  sério  de  tubercules  qui  existe  chez 
VAmm.  Lyelli.  Ces  différences  étant  constantes  et  caractéristiques, 
nous  ne  pouvons  avec  Pictet  et  Quenstcdt  ni  réunir  ces  espèces  en 
une  seule,  ni  les  considérer  comme  des  variétés  de  la  môme  espèce. 

Gisement.  Gaull. 

Localité.  Clars.  (Alpes-Maritimes)*  Echantillon  de  la  collection  Jau- 
bert  appartenant  à  la  Sorbonne  (n°  709). 


36*  j.  sbonks.  —  ammohitgs  nu  gault.  2  mai 

Hoplites  Kolani,  n.  sp. 
(PI.  XIII,  Hr.  4  a*). 

Coquille  discoïdale,  plus  ou  moins  comprimée  formée  de  tours  peu 
embrassants;  ornée  par  tours  de  soixante  à  soixante-dix  cotes  fines, 
flcxueuses,  passant  sur  la  région  ventrale;  les  unes,  la  moitié  envi- 
ron, parlent  du  bord  de  l'ombilic  où  elles  sont  bien  marquées  et  se 
bifurquent;  souvent  la  bifurcation  n'est  pas  nette,  une  des  branches 
devient  libre  et  remplit  le  rô'.e  de  côte  intermédiaire.  Toutes  les 
côtes  sont  infléchies  en  avant,  vers  le  bord  externe  où  elles  ont  une 
tendance  à  former  un  tubercule  de  chaque  côté  de  la  région  ventrale  ; 
elles  s'atténuent  sur  cette  dernière  région  qu'elles  traversent  en 
perdant  leur  inflexion. 

Région  ventrale  subplane. 

Spire  formée  de  tours  visibles  dans  l'ombilic  sur  les  deux  tiers  de 
leur  largeur. 

Flâna  convexes  formant  une  arête  peu  prononcée  autour  de  l'om- 
bilic. 

Ouverture  ovale,  tendant  à  s'aplatir  sur  la  région  ventrale,  légère- 
ment, entamée  par  le  retour  de  la  spire;  les  bords  sont  convexes;  la 
hauteur  est  sensiblement  plus  grande  que  la  largeur. 

Cloison*  inconnues. 

Diamètre  de  l'échantillon     t'j  mm. 
Diamètre  do  l'ombilic  10  mm. 

Largeur  ilu  dernier  tour      liï  ■"". 


1887.  J.   SBUHBS.   —  AMMONITES  DU  GAULT.  565 

Acantiioceràs  Bergbroki,  n.  sp. 
(PI.  XIV,  f\g.  1  et  2  a  b). 

Coquille  discoïdale,  renflée,  formée  de  tours  peu  embrassants  et 
ornée  chez  io  jeune  de  deux  sortes  de  côtes;  les  unes  saillantes  ou 
côtes  principales  au  nombre  de  dix  à  douze,  naissent  de  l'ombilic  en 
formant  très  rarement  un  tubercule  et  continuent  simples  environ  jus- 
qu'au tiers  interne  du  tour  où  elles  s'élèvent  en  un  tubercule  ;  là  elles 
se  bifurquent  et  passent  sur  la  région  ventrale  en  s'épaississant  légère- 
ment. Entre  ces  côtes  principales,  il  y  a  une,  deux  ou  trois  côtes  in- 
termédiaires simples  qui  partent  de  l'ombilic  et  passent  en  grossissant 
sur  la  région  ventrale.  Quand  la  coquille  devient  adulte,  les  côtes  prin- 
cipales perdent  leurs  tubercules  et  ne  se  bifurquent  plus;  elles  for- 
ment sur  le  bord  de  l'ombilic  un  léger  coude  en  arrière  et  traversent  le 
flanc  en  s'infléchissant  en  avant.  Les  côtes  intermédiaires  s'efûlent  à 
leur  extrémité,  abandonnent  peu  à  peu  le  bord  de  l'ombilic  et  ne  dé- 
passent pas  le  tiers  interne  du  tour;  s'il  y  a  deux  côtes  intermédiaires 
entre  chaque  côte  principale,  l'antérieure  est  plus  longue  que  l'autre 
et  descend  jusqu'au  quart  interne  du  tour  :  cette  disposition  donne 
un  caractère  particulier  à  l'ornementation  des  flancs.  Toutes  les 
côtes  s'épaississent  en  passant  sur  la  région  ventrale  où  elles  sont  de 
même  grosseur  et  équidistantes. 

Région  ventrale  convexe. 

Spù'e  formée  de  tours  renflés,  peu  embrassants,  visibles  dans 
l'ombilic  sur  les  trois  cinquièmes  de  leur  largeur. 

Flancs  convexes  formant  une  arête  plus  ou  moins  mousse  sur  le 
bord  de  l'ombilic  qui  est  profond. 

Ouverture  ovale,  arrondie  sur  la  région  ventrale  légèrement  en- 
taillée par  le  retour  de  la  spire  ;  les  bords  sont  convexes  ;  l'épaisseur 
est  légèrement  plus  grande  que  la  hauteur. 

Cloisons  inconnues. 

,  Diamètre  de  1  échantillon lo.i  mm. 

\  Diamètre  de  l'ombilic 39  mm. 

'    p*  *'      i  Largeur  du  dernier  tour 43  mm. 

\  Epaisseur  du  dernier  tour 40  mm. 

'  Diamètre  de  l'échantillon :>o  m^. 

.    „...   t,  ,    \  Diamètre  de  l'ombilic l<;  m"\ 

PI.  XIV,  hç.  ?  ab.  I  T  ii-. 

^  j  Largeur  du  dernier  mur 1?  mm. 

I  Epaisseur  du  dornier  tour. U  mm. 

/(apports  et  différences.  —  Cette  espèce  appartient  uu  genre  Acan- 
thoceras.  Jeune,  elle  est  très  voisine  de  Acanth.  Cornueli  et  Ac  Btyou- 


386  J.   SBUHES.   —  AMMONITES  DU  GAULT.  2   m  MM** 

reti,  n.  sp.  du  même  âge,  quoique  ne  possédant  que  peu  detuber— "* 
culea  ombilicaux.  L'adulte  eu  diffère  complètement  par  sa  régioMMK 
ventrale  arrondie,  ses  flancs  plus  convexes  et  ses  cotes  infléchies. 

Gisement.  —  Couches  inférieures  du  Gault. 

Localité.  —  Clansayes  (Drome).  Echantillons  de  la  collection  Fon — 
tannes  appartenant  à  l'École  des  Mines. 

ACANTBOCEBAS  BlGOURETI,    n.  Sp. 

(Pi.  XIV,  flg.  3  et  4  ab) 

Coquille  discoldale,  rt  ri  fiée,  composée  de  tours  peu  embrassants-' 
et  ornée  chez  le  jeune  de  deux  sortes  de  cotes:  les  unes,  saillantes  on  — 
cotes  principales  au  nombre  de  treize  environ,  naissent  sur  le  bord   ' 
de  l'ombilic  en  formant  un  tubercule  très  allongé  et  continuent  sim-  - 
pies  jusqu'au  milieu  du  flanc  où  elles  s'élèvent  en  une  épine  ;  là  elles 
se  bifurquent  et,  sans  s'interrompre,  passent  sur  la  région  ventrale 
en  n'épaississant  notablement.  Entre  ces  cotes  principales,  il  y  aune 
ou  deux  cotes  intermédiaires  qui  partent  du  bord  de  l'ombilic  et  pas- 
sent sur  la  région  ventrale  en  s'épaississant  un  peu  moins  que  les 
cotes  principales.  Quand  la  coquille  passe  à  l'âge  adulte,  les  tuber- 
cules s'atténuent  et  disparaissent  peu  à  peu;  la  bifurcation   dispa- 
raît aussi  :   une  des  branches  forme  la  suite  de  la   cote  principale, 
l'autre  s'en  détache  et  devient  cote  intermédiaire,  mais  son  extrémité 
interne  très  ténue,  n'arrive  pas  au  bord  de  l'ombilic.  En  outre,  les 
cotes  intermédiaires  premières  disparaissent  ou  deviennent  peo  à 
nhlabks  uns   vC>\s>   piiin  ii^il-  nhn1iliiV:s  ;  tle    telles 


4887.  J.   SEVRES*   —  AMMONITES  DU  GAULT.  567 

PI.  XIV,  flg.  3 

Diamètre  de  l'échantillon  figuré 83mm 

Diamètre  de  l'ombilic 30 mm 

Largeur  du  dernier  tour 33mn* 

Epaisseur  du  dernier  tour 27mm 

PL  XIV,  flg.  4  a  b. 

Diamètre  de  l'échantillon  figuré 53mm 

Diamètre  de  l'ombilic 18"»"» 

Largeur  du  dernier  tour 23mm 

Epaisseur  du  dernier  tour 22mm 

sports  et  différends.  Cette  nouvelle  espèce  appartient  au  genre 

Ac&  n  thoceras,  groupe  des  Amm.  Cornueli  et  Am.  Martini.  Le  jeune  est 

v°ïsin  de  YAm.  nodosocosfatus;  il  s'en  distingue  par  l'absence  de  la 

rangée  de  tubercules  qui  caractérise  les  bords  de  la  région  ventrale 

de    o  e  tte  dernière  espèce.  Quand  la  coquille  passe  de  l'état  jeune  à 

*  Age    adulte,  elleest  1res  voisine  de  YAcanth.  Cornueli  et  deYAcmth. 

+**€**•£  «m.  La  première  se  distingue  de  notre  espèce:  1°  par  la  présence 

c°nstante,  entre  chacune  des  côles  principales,  de  deux  côtes  plus 

*r°ites,  inégales  entre  elles,   la  plus  antérieure,  plus  courte  et 

na°ios  haute  que  l'autre  ;  2°  par  la  région  ventrale  très  large,  mar- 

^^^^  sur  la  partie  médiane  d'une  dépression  qui  la  rend  légèrement 

^arrée.  (d'Oib.)  Adultes  ces  deux  espèces  ne  peuvent  se  confondre. 

<£condes'en  distingue  par  la  plupart  de  ces  mêmes  caractères. 

collections  de  la  Soi  bonne  et  de  l'Ecole  des  Mines  possèdent 

^^^«ïnes   échantillons  que  nous  a\ons  hésité  à  placer  dans  notre 

0,avelle  espèce.  Les  jeunes  nous  ont  paru  posséder  les  mêmes  ca- 

^°*-ères,  mais  les  adultes  s'en  éloignent  et  offrent  des  caractères  pro- 

^res   qui  les  rapprochent  de  YAcanthoceras  miilctianum. 

*-^s  flancs  sont  ornés  de  côtes  simples,  alternativement  larges  et 
0v*rtes,  formant  un  angle  plus  ou  moins  saillant  sur  le  bord  de  la 
ISion  ventrale,  égales  et  équidistantes  sur  cette  derrière  région  où 
*l^s  sont  déprimées  en  leur  milieu  chez  quelques  échantillons. 

T^iclet  et  P.  de  Loriol  (Description  des  fossiles  du  terrain  néoco- 

^1^n  de  Voirons,  p.  262)   rapportent  l'observation  suivante  :  Dans 

*^s  Alpes  de  Suisse  et   de  Savoie,  on  trouve   quelques  échantil- 

u  *Ons  de  Amm.  milletianus  dans  lesquels   une  partie  des  côtes   se 

w  bifurquent  sur  le  milieu  des  lianes  et  portent  un  tubercule  pointu 

u^*irla   bifurcation.    Cette   disposition   rappelle  beaucoup  Y  Amm. 

u  bfartini,  sauf  que  les  côtes  tuberculeuses  ne  sont  pas  plus  élevées 


i 


568  J.   SEUNBS.   —  AMMONITES  DU  GAULT.  2  nuM 

«  que  les  autres  et  que  toutes  sont  égales  et  équi  distantes  sur  le— 
'<  pourtour  externe.  Nous  aurions  été  disposés  à  voir  là  une  diffé- 
«  reuce  spécifique  si  nous  n'avions  pas  vu  quelques  échantillons  dans  - 
«  lesquels  les  tubercules  existent  sur  les  premiers  tours  et  où  la  co- 
»  quille  devient  une  Amm.  millet  ianus  normale  sur  le  dernier.  Nous 
«  avons  cru  devoir  signaler  ce  cas,  quoiqu'on  n'en  trouve  pas  d'exem- 
«  pie  a  Sainte-Croix. 

Ces  observations  nous  autorisent  à  dire  que  toutes  ces  espèces,  si 
voisines  l'une  de  l'autre,  sont  des  formes  de  passage  et  que  Y  Acanthe- 
ceras  miUelianum  dérive  d'une  forme  tuberculée. 

Gisement.  — Couches  inférieures  duGault. 

localité.  —  Clansayes  (Drûme).  Echantillon  de  la  collection  de  la 
Sorbonne. 


AGàNTHOCEBAS    BlGOTI,  D.  Sp. 

(PI.  XII,  fig.  2a,  2  b.) 

Coquille  discoldale,  comprimée,  formée  de  tours  peu  embrassants 
et  ornée  par  lourde  soixante-cinq  côtes  environ,  fines,  flexueuses 
et  d'inégale  longueur.  Les  unes  partent  du  bord  de  l'ombilic  où 
elles  sont  assez  accusées;  les  autres  intermédiaires  au  nombre  de 
une  ou  deux  entre  chacune  des  précédentes,  n'arrivent  pas  jusqu'au 
bord  de  l'ombilic.  Toutes  s'infléchissent  en  avant  et  forment  un  che- 
vron ou  sinus  sur  la  région  ventrale  où  elles  sont  égalas  et  équidis- 
tantes.  Le  jeune  présente  douze  côtes  principales  environ,  plus  fortes 


1887.  J.  SEUKB8.   — •  AMMONITES  DU  GAULT.  869 

Rapporté  et  différence».  Cette  nouvelle  espèce  appartient,  par  l'orne- 
mentation du  jeune  et  ce  que  nous  avons  pu  voir  de  la  disposition 
des  cloisons  au  genre  Acanthoceras. 

Adulte,  notre  espèce  se  rapproche  de  Sonneratia  Dutemptei  par  la 
disposition  des  côtes  sur  la  région  ventrale,  mais  en  diffère  par  ses 
côtes  simples  et  plus  nombreuses.  Elle  est  aussi  voisine  de  V Hoplites 
Deshayesi,  dont  elle  se  distingue  par  ses  flancs  moins  convexes, 
sa  région  ventrale  plus  large  et  son  ouverture  subquadrangulaire. 
Les  jeunes  de  ces  deux  espèces  se  différencient  nettement  par  leur 
ornementation. 

Gisement.  —  Couches  inférieures  du  Gault. 

Localité.  —  Clansayes  (Drôme).  Echantillon  de  la  collection  de 
M.  le  Dr  Mignen. 

ACANTIIOCERAS   MlGNEM,    n.  Sp. 

(PI.  XII,  fig.3a,  3ô.) 

Coquille  discoïdale,  plus  ou  moins  comprimée,  ornée  par  tours, 
chez  le  jeune,  de  côtes  fines  flexucuses  .et  inégales.  Les  unes,  au 
nombre  de  treize  environ,  ou  côtes  principales  sont  plus  élevées  ; 
elles  présentent  une  partie  subtuberculeuse  sur  les  bords  de  l'om- 
bilic, un  tubercule  tout  près  du  bord  de  la  région  ventrale  et  un 
deuxième  tubercule  sur  le  bord  de  cette  même  région  ;  elles  sont 
très  atténuées  sur  la  région  siphonale.  Entre  chacune  des  côtes 
principales,  il  y  a  deux  ou  trois  côtes  intermédiaires  plus  minces  et 
sans  tubercules  qui  passent  sur  la  région  siphonale  sans  se  modi- 
fier. 

Chez  l1 'adulte,  l'ornementation  est  différente.  Ses  côtes  sont  falcu- 
liforme,  sans  tubercules  sur  les  flancs  et  alternativement  d'iné- 
gale longueur.  Les  unes  partent  du  bord  de  l'ombilic  et  forment 
vers  le  tiers  interne  du  tour  un  coude  souvent  subtuberculeux  sur 
lequel  une  côte  intermédiaire  prend  quelquefois  naissance;  les 
autres  ne  commencent  que  vers  le  tiers  interne  du  tour.  Toutes 
sont  fortement  infléchies  en  avant,  présentent  un  tubercule  obtus 
sur  le  bord  de  la  région  ventrale,  et  disparaissent  sur  cette  région 
ou  du  moins  sont  très  fortement  atténuées. 

Région  ventrale  h  peu  près  lisse,  subarrondie  chez  le  jeune,  subplane 
chez  l'adulte  et  bordée  d'une  rangée  de  tubercules  mousses  de  cha- 
que côté. 

Spire  formée  de  tours  peu  embrassants,  apparents  dans  l'ombilic 
sur  les  deux  tiers  de  leur  largeur. 


et  ie  lobe  lalersl  MM 


.    —-»§**«  K  l»  fti  ni- ■■  *cDe  latérales  wnt  1res  laree».  ei  ém- 
^^       ^j,  -ytt  i  pew  f***  égales  tt  medMici-ement  lobées. 


■  *V  cMh  dernière  espèce;  il  n'en  diflèreque  par  tes  côtes  pi  a» 

trtj.  f-««*te  s'en  distingue  nettement  perses  tûtes  faienii  formes, 

E»«  et  jjus  tubercules  sur  les  lianes  :  il  se  rapproche  à  cet  âge  de 

lr««.'*iMvra3   flijofi,    n.    sp.  dont  il  se    distineue    par   sa  région 

t-tnirale  lisse  et  bordée  de  chaque   cûté  d'une  rangée  de  tubercules. 

li.frmeni-  —  Couches  inférieures  du  Gau.t. 

Isx-cUù.  — Clansayes  Urùroe  .  Echantillon  appartenant  a  la  col- 
lection de  M.  leD'Mignen. 

l'.elte  première  étude  nous  montre  les  liens  étroits  qui  unissent 
à  Clansayes,  les  espèces  des  couches  inférieure;  du  Gault  avec 
celles  des  couches  supérieures  de  l'Aplien;  néanmoins,  la  prédo- 
minance des  espèces  franchement  albiennes  dans  les  premières 
est  suffisante  pour  lixer  nettement  la  limite  des  deux  étages.  L'élude 
de  ces  espèces  de  passage  nous  a  aussi  fait  connaître  les  relations 
étroites  qui  rapprochent  les  genres  Ho/itilts,  Sunueratia  et  Acanlhn- 
cf  as  et  quelles  difficultés  on  a  a  vaincre  pour  classer  les  formes  extrê- 
mes ue  ces  trois  genres, 


1887.  J.   SEUNES.   —  AMMONITES  DU  GAULT.  571 

EXPLICATION  DES  PLANCHES 

PI.  XL 

Sonner  al  i  a  Clevn,  d'Orbigny,  sp.  Variété  comprimée,  adulte,  de  grandeur  natu- 
relle vue  de  côté  pour  montrer  que  si  les  côtes  s'atténuent, 
elles  ne  disparaissent  pas  entièrement. 

PL  XII. 

Fig.  l  a.  —  Sonneratia  Clton  d'Orbigny,  sp.  Variété  épaisse,  de  grandeur  natu- 
relle, vue  de  côté.  Les  côtes  naissent  de  l'ombilic  par  une  partie 
accusée  et  subtuberculeuse. 

Fig.  l  b.  —  La  même,  vue  du  côîé  de  l'ouverture. 

Fig.  Sa.»  Acanthoceras  Bholi,  n.  sp.  (Sennes).  Echantillon  adulte  de  grandeur 
naturelle,  vu  de  côté. 

Fig.  2  b.—  Le  même,  vu  du  côté  de  l'ouverture. 

Fig.  3  a.  —  Acanthoceras  Aîigneni,  n.  sp.  (Seunes).  Echantillon  adulte  de  gran- 
deur naturelle,  vu  décote. 

Fig.  3  b.  —  Le  môme  vu,  du  côté  de  l'ouverture. 

PL  XIII. 

Fig.  1  a.  —  Sonneratia  Dutemplei,  d'Orbigny,  sp.  Variété  à  tours  épais,  de  gran- 
deur naturelle,  vu  de  côté. 

Fig.  1  b.  —  Le  même,  vu  de  côté  du  l'ouverture. 

Fig.  2  a.  —  Schlœnoachia  Scncquieri,  d'Orbigny,  sp.  Echantillon  de  grandeur 
naturelle  vu  de  côté. 

Fig.  s  b.  —  Le  même,  vu  du  enté  de  l'ouverture,  mais  auquel  on  a  enlevé  deux 
centimètres  et  demi  du  dernier  tour  pour  montrer  la  carène. 

Fig.  2  c.  —  Le  même.  Dernier  tour  vu  du  côté  de  la  région  ventrale  pour  mon- 
trer  la  disparition  de  la  carène. 

Fig.  3  a.  —  Acanthoceras  Camattei,  d'Oibiguy,  sp.  Echantillon  de  grandeur  natu- 
relle vu  de  côté. 

Fig.  3  b.  —  Le  même,  vu  du  côté  de  l'ouverture,  mai*  auquel  on  a  enlevé  deux 
centimètres  et  demi  du  dernier  tour  pour  montrer  les  tubercules  de 
la  région  ventrale 

Fig.  4  a.  —Hoplites  Nolani,n  sp.  (Seunes).  Echantillon  de  grandeur  naturelle 
vu  de  côté. 

Fig.  4  b.  —  Le  même,  dernier  tour  vu  du  côté  de  la  région  ventrale. 

Planche  XIV. 

Fig.  1.   —    Acanthoceras  Btrgeroni,  n.  sp.  (Seunes).  —  Echantillon  de  grandeur 

naturelle,  vu  de  côté 
Fig.  2  a.  —Echantillon  adulte,  de  grandeur  naturelle,  vu  de  côté. 
Fig.  2  b.  — Le  même,  vu  du  côté  de  l'ouverture. 
Fig.  3  a.  —  Acanlhornas  Biguurcti,  n.   sp.    (Seunes).  Echantillon   de    grandeur 

naturelle,  vu  décote. 
Fig.  4  a.  —  Acanthoceras  Bigourcti.  Echantillon    de  grandeur  naturelle    vu    de 

côté. 
Fig.  4  b.  —  Le  même,  vu  du  côté  de  l'ouverture. 


SÉAHCB    DU    16  MAI   1887. 


Séance  du  16  Mai  1887. 
Présidence  de  M.  Albert  Gaudry 

H.  Reiié  Nicklès,  vice-secrétaire  donne  lecture  du  procès-verbal  d  ^* 
la  dernière  séance  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  de  la  présentation  faite  dans  la  dernière  séance,  le  Pré   — 
sident  proclame  membre  de  la  Société  : 

H.    Bigot,    licencié     ès-sciences,     à  Cherbourg,    présenté     pa.  r- 
MM.  Hébert  et  Munier-Chalmas. 

Le  Président  annonce  ensuite  une  présentation. 

Le  Président  fait  part  à  la  Société  de  la  mort  d  e  H.  Sluder,  pro- 
fesseur à  l'Université  de  Berne  et  membre  correspondant  de  l'tnstitui 
de  France. 

M.  Zeiller  offre  &  la  Société,  de  la  part  de  M.  Rob.  Kidston, 
une  brochure  intitulée  :  «  On  tke  fructification  of  some  Ferrn  front 
the  Carèoniferous  Formation  (1)  »,  et  contenant  notamment  la  des- 
cription et  les  figures  de  deux  espèces  de  Calymmatotheca,  Cal. 
bifida,  L.  et  H.  (ap.)  et  Cal.  affinis,  h.  et  H.  (sp.),  d'un  Zeilleria, 
Z.  Avoldemis,  Stur.  (sp.),  d'un  fragment  de  penne  fertile  de  JVevrop- 
terii  heterophjlta,  Brongt.,  enfin  d'un  type  générique  nouveau,  Alci- 
cornopteris  convoluta,  Kidst. 

M.  Kidston  insiste,  dans  ce  travail,  sur  la  constitution  des  organes 
fructifères  des  Calijmmatoiheca,  qui  lui  paraissent  bien  constitués  par 
des  sporanges  coriaces,  attachés  sur  le  pourtour  d'un  étroit  récep- 
tacle commun  et  peut-être  partiellement  soudés  entre  eux  à  la  base  ; 


Cn.    SCHLUMBBRGBR.  —  B1L0CULINA  BULLOÏDES  ET  B.  RINGEIIS.  573 

neux;  malheureusement  la  conservation  de  l'échantillon  n'était  pas 
assez  parfaite  pour  que  l'auteur  ait  pu  s'assurer  si  ces  corps  repré- 
sentaient des  sporanges,  ou  seulement  les  valves  d'involucres  ana- 
logues  à  ceux  des  Z  exiler  ia.  En  tout  cas,  cette  remarquable  observa- 
tion ne  permet  plus  de  soutenir  ridée,  émise  par  un  auteur,  que  les 
J\cvropteris,  n'ayant  jamais  montré  de  fructifications,  ne  devaient  pas 
Olre  des  Fougères. 

Quant  au  genre  Alcicornopteris,  il  présente  des  frondes  stériles 
sinalogues  à  celles  des  Aphlebia,  de  YAphl.  crispa  par  exemple  (genre 
^ihacophyllum  de  Schimper),  mais  à  segments  plusieurs  fois  dicho- 
tomes  et  recourbés  en  crosses,  et  ses  frondes  fertiles  offrent  des 
branches    divisées  par  une   série  do  dichotomies  très  voisines  les 
unes  des  autres  et  également  recourbées  en  crosse,  très  analogues  à 
celles  que  Schimper  a  signalées  chez  les   Triphyllopteris,  qui  appar- 
tiennent d'ailleurs  au  môme  niveau,  c'est-à-dire  à  l'étage  houiller 
inférieur;  seulement  M.  Kidston  n'a  pu  observer  les  sporanges  que 
devaient  porter  à  leurs  extrémités  ces  divisions  du  rachis. 

M.  Schlumberger  fait  la  communication  suivante  : 

Note  sur  les  Biloculina  bulloïdes,  <TOrb.,  et  Biloculina 

ringens,  Lamk. 

par  Ch.  Schlumberger. 

(PI.  XV.) 

La  présente  note  est  motivée  par  un  travail  très  intéressant  que 
M.  Fornasini,  vice-secrétaire  de  la  Société  géologique  italienne  m'a 
obligeamment  communiqué. 

L'auteur  ayant  à  examiner  les  Foraminifères  des  couches  pliocènes 
à  Pecien  hystrix  du  val  de  Savone,  a  particulièrement  étudié  les  Bilo- 
culines  qu'on  y  rencontre  et  a  suivi  pour  cette  étude  la  méthode  que 
nous  avons  indiquée,  M.  Munier-Chalmas  et  moi,  dans  notre  note 
sur  les  Miliolidées  trématophorées  (1).  M,  Fornasini  a  fait  des  sec- 
tions minces  passant  par  la  loge  initiale,  et  quoique,  sans  doute  faute 
de  matériel  suffisant,  il  n'ait  pu  trouver  chaque  fois  les  formes  A 
et  B  correspondantes,  il  a  cependant  réussi  à  différencier  très  nette- 
ment trois  espèces  qui  avaient  été  confondues  jusqu'alors.  Les  deux 
planches  qui  accompagnent  sa  note  reproduisent  la  vue  extérieure 
et  les  sections  de  ces  trois  espèces  qui  sont  désignées  sous  les  noms 


(1)  Bull,  (le  la  Soc.  gêol.,  3«  série,  t.  XIII,  p.  273. 


574     CD.  BCHUIKBHBGKR. — BiLOCUUKA  BDLLOl&BB  BT  B.  BINSBH3.   16    IDlL 
de  B.  bulloïdei,  d'Ûrb.,  B.  intermedia,  Forn.,  et  B.  brachiodonta,  Fora. 

J'ai  déjà  eu  l'occasion,  à  plusieurs  reprises  de  signaler  la  confu- 
sion que  les  auteurs  ont  introduite  dans  la  détermination  des  Bilo- 
culiues  huileuses  que  l'on  rencontre  fossiles  dans  les  différents  ter- 
rains tertiaires  ou  vivantes  dans  nos  mers  actuelles.  11  n'est  guère 
d'ouvrages  sur  les  Foraminifères  dans  lesquels  on  ne  trouve  men- 
tionnées soit  la  Biloculma  bulloïdei,  d'Orb.,  soit  la  Biloculina  rinjeat, 
Larak.  Cette  confusion  provient  en  grande  partie  de  ce  que  les  pre- 
miers auteurs  ont  donné  des  figures  qui  n'ont  pas  été  dessinées  avec 
toute  la  rigueur  nécessaire  et  des  descriptions  parfois  trop  som- 
maires, et  surtout  de  l'absence  de  coupes  montrant  la  disposition 
interne  des  loges. 

H.  Fornasini  n'ayant  pas  les  éléments  de  comparaison  nécessaires 
a,  lui  aussi,  désigné  l'une  de  ses  Biloculines  sous  le  nom  de  but 
laides  ;  c'est  une  erreur,  et  pour  en  éviter  de  semblables  à  l'avenir, 
j'ai  pensé  qu'il  serait  utile  d'entreprendre  une  étude  détaillée  des 
deux  Biloculines  les  plus  fréquentes  du  calcaire  grossier  des  environs 
de  Paris. 

Biloculina  bulloïdes  d'Orb.  (PI.  XV,  (1;.  10-13.) 

La  première  mention  de  Biloculina  bulloïdes  se  trouve  dans  une  série 
considérable  de  planches  inédites  (1)  que  d'Orbigny  avait  préparées 
pour  un  travail  d'ensemble  sur  les  Foraminifères.  Malheureusement 
le  texte  manque  et  les  figures  ne  sont  accompagnées  que  de  courtes 
mentions  relatives  aux  provenances.  Le  dessin  de  la  BU.  bulloïdes  est 
annoté  au  crayon  «  environs  de  Paris  et  de  Bordeaux  ».  Les  mêmes 
figures  ont  i-h'-  njprmluilus  Ma  pi.  XVI,  t.  VU.  des  Annales  des  science 


1687.      Cl.  KKLDMB3R6».  —  BIIOCULMA  BULLOlDKS  BT  B.  BIBGBSS.      57S 

Mémoire  tur  la  Foraminifère*  éocènet  da  environ*  de  Parit  {{),  mais 
son  travail  ne  s'applique  qu'à  deui  localités  :  Septeuil  et  Vaudan- 
coart,  oïl  les  Foraminifères  ne  paraissent  pas  tous  aussi  bien  con- 
serves que  ceux  que  l'on  rencontre  à  Grignon  ou  a  Ghaussy,  inclus 
dans  des  Bivalves.  Des  deux  figures  données  par  H.  Terquem,  la  der- 
nière seule  (2)  appartient  à  la  fi.  bulloïdes,  et  malheureusement  il  a 
fait  suivre  sa  diagnose  de  la  réflexion  suivante  :  a  Cette  espèce,  assez 
variable  dans  sa  forme,  permet  de  croire  que,  de  l'Éocène,  elle  a  pu 
passer  dans  les  autres  étages  des  terrains  tertiaires  et  se  présenter 
encore  dans  las  mers  actuelles.  •  Or  un  examen  attentif  de  centaines 
d'individus  provenant  de  tous  les  gisement*  éocènes  des  environs  de 
Paris  m'a  fait  reconnaître,  au  contraire,  que  cette  espèce  est  très 
constante  et  que  si  par  sa  forme  extérieure  on  a  cru  pouvoir  l'iden- 
tifier avec  des  espèces  analogues  du  Pliocène  et  des  mers  actuelles, 
elle  en  diffère  absolument  par  des  caractères  internes  très  marqués. 


Fig.  1.  Biloeuiina  bxltoïde*,  d'Orb.,  forme  A. 


gHE 


La  mégasphère  dont  le  diamètre  moyen  est  de  62a  est  accom- 
pagnée d'un  canal  qui  enveloppe  plus  du  la  moitié  de  la  circonfé- 
rence et  qui  est  par  conséquent  sectionné  deux  fois  (Qg.  1).  Ce 
canal  n'est  jamais  dans  le  plan  de  symétrie  des  dernières  loges,  il 
est  plus  ou  moins  oblique  et  dans  beaucoup  d'individus  il  est 
placé  dans  le  plan  memï  de  la  section  transversale  (3).  On  voit  que 

(1)  Mémoires  «V  la  Soc.  gtol.  d-  France,  3-  sur.,  t.  II,  (l«8s;. 

(*)IM.,  PI.  XXlII.fig.  38. 

(3)  La  même  disposition  se  retrouve  dent  la  Biloc.  ringtna.  Voir  le  Fig.  7  cl- 


376     CH.  SCBLtMBBRGEB.  —  HILOCUUNA  B11LLOÏDE9  ST  B.  BIRGKN3.  16    mil 

la  loge  I  enveloppe  la  moitié  de  la  mégasphÈro  en  s'appuyant  des 
deux  cotés  sur  le  canal  (à  droite  dans  la  Fig.  1)  ;  la  loge  II  se  place  à 
l'opposé  de  la  même  façon  et  ce  n'est  qu'avec  les  loges  III  et  IV  que 
commencent  les  deux  séries  symétriques  de  la  Biloculine.  La  méga- 
sphère  est  donc  entourée  de  quatre  loges. 

Fig.  2.  —  BUoculim  bultoidts,  d'Orb. 


Forme  A.  Section  transversale.  Gross.  68/1. 

Chez  d'autres  individus  (lig.  2)  la  loge  I  enveloppe  complètement 
l'un  des  cotés  du  canal,  la  loge  II  s'appuie  sur  l'autre  partie  du  caria 
et  sur  la  loge  I,  et  la  loge  III,  la  première  de  la  série  biloculinaire 


1887.  ch.  scbxumbibgib.—  biloculuu  bcuoIdh  it  b.  imams.  577  ' 
sont  coupées  très  obliquement  et  qne  l'on  ne  peut  plus  distinguer 
les  sutures.  Sur  dix  sections,  une  seule  est  asseï  nette  pour  qu'on 
puisse  se  rendre  compte  exactement  de  ia  succession ,  des  loges  ; 
c'est  celle  qui  est  reproduite  dans  la  flg.  3.  La-,microsphère,  qui 

Fig.  3.  —  Bihculina  buUoïda,  d'Orb. 


Forme  M.  Section  transversale.  OroM.  ioa|i.  (0. 

a  ud  diamètre  de  21p,  (2)  est  entourée  par  les  cinq  premières 
loges.  Avec  la  loge  VI,  plus  embrassante,  il  ne  reste  que  quatre  loges 
visibles  extérieurement,  elles  sont  réduites  à  trois  par  l'adjonction 
de  la  loge  VII,  et  la  loge  VIII  commence  le  cycle  biloculinaire  régu- 
lier qui  se  continue  jusqu'au  complet  développement  de  l'individu. 


(1)  Ce  destin  ne  reproduit  pu  la  dernière  loge  d*  XIV. 
(i)  En  moyenne  ce  diamètre  atteint  ifiu. 


de  r 

plier 
régu 

rouli 


Les  Ûg.  1  et  "i  reproduisent  des  sections  ilms  lesquelles  les  pre- 
mières loges  sont  coupées  très  obliquement  par  suite  de  l'Inclinaison 
de  l'axe  d'enroulement  central.  Dans  la  première  (flg.  4)  la  micros- 
phère  n'est  Mtouréo  que  de  trois  loge*  elles  séries  bilocutinaires 
régulières  as  commencent  qu'avec  lot  loges  VI  et  Vit  ;  l'aie  d'en- 
roulement des  dtux  premières  loges  est  presque  perpendiculaire  à 

Pig.  S.  —  Bitorulina^bultoïdei,  d'Orli.  (t 


,  Section  transversale.  Oio 


41887.      CB.  SCHLUMBSRGER.  —  BttOCULlNA  BULLOÏDRS  CT  B.  MWGBH8.      8T9 

l'axe  d'enroulement  final.  Dans  la  section,  flg.  5,  au  contraire,  ces 
cleux  axes  coïncident  et  les  loges  I,  II  et  III  sont  à  peu  près  dans  le 
plan  de  symétrie  de  la  Biloculine,  mais  les  loges  IV  et  V  se  disposent 
perpendiculairement  à  ce  plan,  la  loge  VI  tend  à  y  rentrer  et  la 
loge  VII  commence  la  série  régulière.  —  La  loge  supplémentaire, 
que  Ton  remarque  entre  les  loges  V  et  VI  appartient  à  la  loge  IV  qui 
est  coupée  deux  fois. 

Ce  sont,  comme  toujours,  les  plus  grands  individus  qui  présentent 
la  forme  B.  Celui  que  représente  la  flg.  3  a  pour  largeur  dans  Taxe 
d'enroulement  lmB15. 

BitocuUna  bulloutes,  d'Orb.  Caractère*  extérieure.  Forme  A  et  B. 

—  Le  plasmostracum  de  forme  aphéroïdale  (PI.  Fig.  10-13)  est  lisse 
et  ne  montre  que  deux  loges.  La  dernière  est  limitée  sur  son  pourtour 
par  une  carène  obtuse,  mais  dans  les  petits  individus  cette  carène 
est  souvent  très  marquée  à  l'opposé  de  l'ouverture. 

L'ouverture  située  au  pôle  est  petite,  circulaire  et  munie  d'une 
dent  bifurquée  (4). 

Le  plus  grand  individu  que  J'aie  rencontré  a  pour  dimensions  : 
l"a,3  de  longueur  suivant  l'axe  des  pôles,  lmnï,I  do  largeur  sur  Taxe 
d'enroulement  et  lmaKf08  d'épaisseur. 

Habitat  :  —  Très  commune  dans  tous  les  gisements  de  l'Bocène 
inférieur  des  environs  de  Paris  et  de  Valognes. 

Observations.  —  Malgré  la  variabilité  qui  résulte  de  la  torsion  de 
Taxe  d'enroulement  des  loges  centrales,  les  sections  de  la  BU.  bul- 
loïdes  de  forme  B  n'en  gardent  pas  moins  un  cachet  de  ressemblance 
très  marqué  et  diffèrent  complètement  des  sections  dessinées  par 
M.  Fornasini.  De  plus  il  est  assez  remarquable,  et  nous  retrouve- 
rons ce  caractère  dans  la  Bilonulina  ringens,  que  les  Biloculines 
éocènes  de  forme  A  présentent  un  polymorphisme  initial,  tandis  que 
dans  les  Biloculines  pliocènes  et  actuelles,  les  premières  loges  de  la 
forme  A  se  disposent  immédiatement  en  deux  séries  opposées  dans 
le  plan  commun  de  symétrie.  Il  résulte  des  études  de  M.  Forna- 
sini et  des  recherches  que  j'ai  faites  sur  les  Miliolidées  actuelles  des 
grands  fonds  que  les  formes  du  Pliocène  sont  beaucoup  plus  voisines 
des  formes  actuelles  que  de  celles  de  l'Eocène. 

(1)  Presque  tous  les  individus  que  l'on  recueille  dans  les  sables  du  calcaire 
grossier  sont  plus  ou  moins  usés.  Dans  ces  conditions  les  deux  cornes  de  la  dent 
sont  oblitérées  et  il  ne  reste  que  la  lame  centrale  dessineje  par  d'Orb igny  ou  la 
dent  en  forme  de  massue  signalée  par  M.  Terquem. 


CH.   SCHLUMBBBfiBR.  —  BILOCUUHA  BULLOÏD  KS  ET  B,  BIHGBRS.   16  mai 


Biloculina  ringens,  Lamk. 

C'est  dans  son  Mémoire  sur  les  fossiles  des  environs  de  Paris  (1) 
que  de  Lamarck  a  décrit  pour  la  première  fois  la  Miliobtt  grimaçante, 
M.  ringens,  11  en  donne  la  diagnose  suivante  :  «  C'est  la  plus  grosse 
et  la  plus  remarquable  des  espèces  de  ce  genre.  Bile  est  ovale,  glo- 
buleuse, bombée  eu  dessus  et  en  dessous  et  a,  dans  les  pins  grands 
individus,  un  peu  plus  de  2"  de  longueur.  Fossile  de  Grignon.  a 

En  1822  de  Lamarck  a  reproduit  la  même  description  dans  ses 
«  Animaux  sans  vertèbres  »  (2)  et  a  figuré  cette  espèce  es  1823  dans 
son  «  Recueil  de  planches  des  coquilles  fossiles  des  environs  de 
Paris  »  (3).  Le  dessin  rend  assez  bien  les  caractères  généraux  de  ce 
fossile  mais  l'individn  figuré  était  incomplet  car  on  voit,  au  pôle  op- 
posé a  l'ouverture,  les  restes  de  la  dent  d'une  loge  disparue  (4). 

D'Orbigny  a  catalogué  cette  espèce  dans  son  Tableau  méthodique 
et  dans  le  Prodrome,  sous  le  nom  de  Biloeulma  ringent  et  en  a  donné 
une  bonne  figure  dans  ses  planches  inédites. 

Enfin  H.  Terquem,  dans  son  Mémoire  sur  les  Foraminifères 
éocènes  des  environs  de  Paris,  a  repris  la  description  de  cette  Bilo- 
culine,  mais  ainsi  que  le  témoignent  ses  figures,  il  n'a  trouvé  & 
Septeuil  et  à  Vaudancourt  que  des  individus  jeunes  et  plus  ou  moins 
frustes  (5). 

(i)  Antilles  du  Muséum,  tome  I-V11I  (isombm).  Tirage  à  part,  p.  179. 

(I)  Ad,  *.  vert.  Vol.  VII  p.  au. 

(3)  Tome  IX.  PI.  XVII.  flg.  1.  (Bibl.  de  la  Sorbonne)  Vélin  n*  M,  flg.  I 


CH.  SCHLDMBEHGGB.  — BILOCULINA  BCIXOÏDES   ET  B.  H1HGBHB. 

Biloeulina  ringens,  Lamk.  Forme  A. 
Fig.  6.  —  Biloeulina  ringens,  Lamk, 


Forma  A. Section  tran»  varia  le.  Orois.  100|1. 

La  section  (Fig.  6)  montre  que  la  mégasphère,  dont  le  diamètre 
moyen  est  de  54u  a  un  canal  qui  est  coupé  deux  fois  et  qui  p.  c.  en- 
veloppe plus  de  la  moitié  de  la  circonférence.  De  même  que  dans  la 
B.  Buttoïdes,  le  canal  est  rarement  dans  le  plan  de  symétrie  des  loges 
finales  et,  comme  on  le  voit  dans  la  fig.  T.  il  est  parfois  placé  dans  le 
plan  de  la  section  médiane  transversale.  La  mégasphère  est  en- 
tourée par  les  quatre  premières  loges,  la  loge  V  donne  lieu  à  un 
cycle  triloculinaire  qui  persiste  jusqu'à  la  formation  de  la  loge  VIII. 
La  loge  IX  est  plus  embrassante  et  commence  la  série  régulière  bilo- 
culinaîre  des  loges  terminales. 

Fig.  7.  Bùoculina  ringens,  Lamk. 


Forme  A.  Section  transversale.  Gross.  3ii 


983     CH.  SCflLUMBEBGER.  —  UL0CUL1HA  BHLLOÏDES  IT  B.  IIKSBM.   16  IBli 

Dans  d'autres  individus,  le  cycle  triloculinaire  embryonnaire  cesse» 
à  la  formation  de  la  toge  VII  et  la  section  (Fig.  1]  montre  que  la  loge  V 
est  déjà  située  dans  le  plan  de  symétrie  de  la  Biloculine. 

Le  polymorphisme  initial  de  la  B.  ring  eut,  forme  A,  ust  plus  déve- 
loppé et  plus  persistant  que  cbei  la  B.  bvlloXdet. 


BilocuUna  ringem,  Lamlc.  Forma  B. 
Fig,  S.  BilocuUna  ringent,  Lamk. 


Forme  B.  Section  l  mus  versa  le  (part,  cenlr.j.  Oross,  tOOjl. 


La  11g.  8  représente  la  partie  centrale  d'un  individu  de  grande 
taille,  de  la  forme  B,  dont  la  section  totale,  à  un  grossissement  moin- 


1887.     Cl,  flOUIWnilK».  — HU0UUII4  «OUflloiS  M  K  UIMUM. 
Fig.  !),  —  Bitocuiina  rtngeni,  LamV, 


Forme  B.  Section  transversale.  Oroia.  5G|t 


Si  quelques-unes  des  loges  du  cycle  Irilocalinaire  central  présen- 
tent de  chique  coté  une  carène  obtuse,  il  n'en  est  plui  de  wêmt  dea 
legu  biloculinaire.  Leurs  parois  ont  un»  courbure  régulière  qai  lu 
différencie  nettement  de  celles  de  la  BU.  buUo'idet. 

L'individu  représenté  par  la  flg.  y  a  lmm,6  de  largeur  sur  l'axe 

d'enroulement  ■]mm,33  d'épaisseur  et  avait  près  de  2mm  de  longueur, 

Bitoculina  ringens,  Larok,  caractère/  extérieurs.  Formel  A  et  B. 

—  Le  plasmostracum  est  de  lorme  ovoïdale,  aussi  épais  que  large. 
Dans  les  petits  individus  la  lest  est  lisse  mais  plus  tard  il  est  couvert  de 
nombreux  plis  tranversaux  [PI.  fig.  14-16).  L'ouverture  située  au  pôle 
est  grande,  elle  a  environ  le  (iers  de  la  largeur  totale  ;  ses  bords  sont 
évasés  extérieurement  et  elle  est  munie  d'une  dent  bifurquée  dont 
les  branches  sont  1res  développées.  Chez  les  individus  adultes  (PL  JT. 


SU     DE  CMSIfiNT.  —  CRÉTACÉ  INFERIBUfi  DU   BASSIN  DE   PARIS  46   m»* 

fig.  14-16)  il  se  forme  en  ayant  de  cette  dent  un  plateau  circulaire — 
tantôt  lisse  avec  un  trou  central  (P).  flg.  18.)  ou  bosselé  avec  deuaM 
oreillettes  percées  (PI.  XV,  flg.  17.)  (1) 

Le  plus  grand  individu  que  j'aie  rencontré  et  que  j'ai  figuré  a  pour— 
dimensions  :  l»°\87  de  longueur  sur  l'axe  des  pôles,  1"",*7  de  lar — 
geor  et  lu,53  d'épaisseur. 

Habitat;  Tous  les  gisemens  du  calcaire  grossier  des  environs  des* 
Paris,  Damery,  Hauteville. 

EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE. 
Planche  XV. 

Fig,  M- 1».  BUoeulina  buttoide;  d'Orb.  vus  sur  deui  faces  et  du  côté  de  l'ouver- 
ture.Grou.  ssdiam.  Orignon. 

Fig.  13.         La  même,  au  griot,  de  17  diam. 

Fig.  14-10.  Biloculina  ringent,  Lamk.  vue  sur  deux  face»  et  du  côté  de  l'ouver* 
ture.  Qrow,  it  diam.  Damer?. 

Fig.  17.  MlotuHna  rinjfnj,  Lamk.  Ouverture  vue  en  plan  au  grots.  de 
85  diam.  d'un  individu  de  Damery. 

Fig.  18.  BiUxulina  ringens,  Lamk.  Oavertura  vue  en  plan  au  groai.  da 
M  diam.  d'un  individu  de  Parues. 

M.  de  Cossigny  fait  la  communication  suivante  : 


Sur  le  terrain  orétacé  inférieur  du  Sud-Est  du  bassin  de 
Parla  et  tur  ton  parallélisme  avec  celui  det  tiutrei  régions, 


MB7    DB  G06SieRT.  -—  ciétacé  inférieur  du  bassin  m  paris      085 


Sables  et  argiles 
bariolés. 


Argiles  ostréeones 


Calcaires  à  spa- 
tangues. 


i  Ensemble,  sans  fossiles,  à  stratification  très  souvent  con- 
fuse;  renfermant  néanmoins,  dans  certaines  localités,  et 
vers  sa  partie  supérieure,  un  dépôt  argiloferrugineux 
rouge,  fossilifère,  atteignant  à  peine  0m,50  d'épaisseur  au 
maximum.  Cette  couche  rouge  a  été  découverte  par 
M.  Cornuel  aux  environs  de  Wassy,  et  la  même  couche,  ou 
du  moins  quelque  chose  d'analogue,  comme  composition  et 
comme  position,  a  été  retrouvée  dans  l'Yonne  par  MM.  Lon- 
guemar  et  Cotteau  (l).  Sauf  cette  couche  rouge,  la  subdi- 
vision dont  il  s'agit,  se  compose  de  sables  généralement 
impalpables,  d'argiles  diverses  parfois  réfractaires  et  de 
minerais  de  fer;  le  tout  affecté  de  couleurs  vives  et  va- 
riées qui  donnent  à  ce  terrain  un  aspect  particulier  (2). 
Dans  quelques  localités  restreintes  on  a  recueilli,  dans  des 
lits  appartenant  à  cette  assise,  des  coquilles  lacustres. 

Succession  de  couches  réglées,  argilo-marneuses,  de  di- 
verses nuances  généralement  sombres  et  foncées;  où 
abondent  les  Lamellibranches  qui,  souvent,  s'agglomèrent 
et  donnent  môme  lieu,  parfois,  à  des  lumacbelles  suscep- 
tibles de  recevoir  le  poli,  en  dalles  discontinues  et  irrégu- 
lièrement lenticulaires.  Cette  subdivision,  caractérisée  par 
VOstrea  Leymeriti,  contient  aussi  des  bancs  de  VOstrea 
(exogyra)  subplicata,  Rœmer  (3). 

Calcaire  un  peu  dolomitique,  assez  grossier  et  comme 
noduleux,  le  plus  souvent  pétri  de  fossiles;  ordinairement 
d'un  jaune  grisâtre  ;  plus  rarement  blanc,  bleu  lavande 
ou  glauconieux;  contenant  des  parties  presque  saccha- 
roïdes  et  des  lits  marneux  irréguliers;  devenant  même, 
parfois,  tout  à  fait  marneux.  Caractérisée  par  le  Toxaster 
complanatu*  (Echinospatagus  cordiformis),  et  contenant  à 
profusion,  dans  certaines  couches,  VOstrea  Couloni. 


(1)  On  a  signalé,  comme  représentant  dans  l'Aube,  la  couche  rouge  de  M.  Cor- 
nuel, un  certain  cordon  de  sanguine  avec  fucoïdes.  Rien  n'est  moins  certain  que 
cette  assimilation.  D'autres  lits  de  sanguine  tout  à  fait  semblables  remontent, 
dans  le  même  département,  jusque  dans  le  Gault  de  l'étage  Albien.  Ce  sont  en- 
core là  de  ces  accidents  n'occupant  que  des  circonscriptions  plus  ou  moins  res- 
treintes, et  qu'on  ne  saurait  prendre,  sans  risque  d'erreurs,  pour  des  horizons 
géologiques. 

(2)  Les  subdivisions  de  ce  sous-étage  données  par  M.  Cornuel  n'ont  qu'une  valeur 
locale.  Ainsi  l'argile  et  le  sable,  parfois,  se  mélangent  ;  parfois  aussi  passent  laté- 
ralement de  l'un  à  l'autre;  les  argiles  réfractaires,  exploitées  sur  quelques  points, 
disparaissent  un  peu  plus  loin.  Les  minerais  de  fer  sont  très  variables  comme 
nature  et  comme  abondance. 

(3)  D'Orbigny  (Paléontologie  fr.)  donne  l'huître  dont  il  s'agit  comme  étant  le 
jeune  de  l'O.  Boussingaulti.  Je  serais  plus  disposé  à  me  ranger  à  l'avis  des  géolo- 
gues qui  en  font  une  espace  distincte.  La  raison  en  est  que  l'O.  Boussingaulti , 
adulte  ou  même  de  taille  moyenne,  ne  se  rencontre  ici  que  dans  le  Calcaire  à 
spatangues,  et  jamais  dans  les  Argile»  oitréennts;  tandis  que  la  petite  huître  en 
question  se  trouve  presque  partout  par  milliers  dans  les  dernières. 


586    du  cossmnv.  —  cbktaoS  imfébiiui  bu  bassin  m  uiu  16  i 

(Terrain  consistant,  surtout,  ea  sables  et  grès  ; 
n«nt  en  outre,  dans  quelques  contrées,  des  argiles  et  de» 
minerais  de  fer  ;  presque  toujours  dépourvu  de  fossiles  ani- 
maux, maU  présentant  plus  fréquemment  des  traces  de 
lignilea;  parfois  difficile  à  distinguer,  indépendamment  de 
|a  position  st rat i graphique,  de  certains  dépôts  appartenant 
aux  sahUi  rt  argiles  bariutti  ci-dessus.  Ce  dépôt  ne  s'étend 
régulièrement  4ue  sur  des  pontons  ire*  restreinte*  de  la 
ceinture  du  bassin  de  Paria;  le  plus  souvent  il  remplit  des 
i  poulies,  des  dépressions  ou  des  fente*,  à  la  superficie  du 
\  Jurassique  supérieur. 

Les  Sablas  inférieurs  ont  été  assimilés  à  bon  droit  au  WealAien 
d'Angleterre  et  à  YAachenien  du  Hainaut  (non  d'Aix-la-Chapelle);  Us 
paraissent  d'ailleurs  également  synchroniques  du  l'alenginien  des 
Alpes  et  du  Jura. 

Le  Calcaire  à  spatangues,  renfermant  la  même  faune  fossile  que 
les  couches  de  Neufchatel  en  Suisse,  est  l'un  des  types  classiques  les 
mieux  caractérisés  du  Néocomien  proprement  dit  de  d'Orbigny. 

L'Argile  à  plieatules  a  été  autrefois  considéré  par  Leymerie  comme 
du  Gault  inférieur,  mais  on  sait  aujourd'hui  que  sa  faune  diffère 
essentiellement  de  celle  de  l'étage  Albien,  et  celte  argile,  avec  les 
sables  qui  l'accompagnent  quelquefois,  est  placée  sans  conteste, 
depuis  d'Orbigny,  dans  son  étage  Aptien. 

Il  nous  reste  à  classer  les  Argiles  ostréennesel  les  Sabla  et  Argiles  ba- 
riolés. D'Orbigny  ayant  créé,  surtout  d'après  l'élude  de  la  région  mé- 
diterranéenne où  le  Crétacé  inférieur  a  pris  un  si  grand  développe- 
ment, ses  étages  NéocomteH,  Urgonhn  et  Aptien  .puis  ayant  retrouvé, 
dans  le  bassin  de  Paris,  les  deux  termes  extrêmes  de  celte  série  bien 


1887      N  COWCHIY.  —  CRÉTACÉ  UFÉBIKUR  DU  BÀSSIM  M  ?AW        887 

pour  la  nouvelle  carte  géologique  détaillée  de  la  France,  on  n'a 
adopté  qu'une  seule  couleur,  sauf  une  différence  d'intensité,  pour 
l'une  et  l'autre  de  ces  deux  formations.  Quant  à  M.  Cornuel,  il  pla- 
çait la  limite  séparative  de  l'Urgonien  et  de  l'Aptien  à  la  base  de  sa 
Couche  rouge  (i).  On  voit  qu'il  restait  jusqu'à  présent  bien  des  incer- 
titudes relativement  au  classement  des  diverses  assises  qui  nous 
occupent.  La  liste  des  fossiles  de  la  collection,  unique  en  son  genre, 
du  regretté  M.  Cornuel,  liste  que  notre  sympathique  président, 
M.  Gaudry,  a  communiquée  l'année  dernière  à  la  Société  (2),  et  qui 
contient,  pour  chaque  fossile,  l'indication  précise  des  différentes 
assises  où  il  a  élé  rencontré,  nous  permettra  de  mettre  un  peu  d'ordre 
dans  ce  chaos. 

Bien  que  les  Sables  inférieurs  soient  généralement  considérés 
comme  dépourvus  de  fossiles,  M.  Cornuel  est  parvenu  à  y  recueillir, 
aux  environs  de  Wassy,  19  espèces  de  mollusques  marins.  Sur  ces 
J9  espèces,  15  sont  des  fossiles  du  Calcaire  à  spatangues;  d'où  l'on 
peut  déduire  que  cette  subdivision  constitue  une  assise  inférieure  du 
Néocomien,  un  sous-étagesion  veut,  mais  non  un  étage  indépendant. 

Sur  35  mollusques  marins  (3)  recueillis  par  M.  Cornuel  dans  les 
Argiles  ostréennes,  27,  soit  un  peu  plus  des  trois  quarts,  appartien- 
nent au  Néocomien  proprement  dit  (i)  ;  4  seulement,  soit  un  hui- 
tième, remontent  jusque  dans  les  Argiles  aptiennes  h  plicalules  ; 
4  enfin  sont  peut-être  spéciaux  à  la  zone  dont  il  s'agit.  La  consé- 
quence qui  découle  naturellement  de  ces  chiffres,  c'est  que  les  Argiles 
ostréennes  se  rattachent  intimement  à  l'étage  du  Calcaire  à  spatan- 
gues et  ne  sont  qu'un  faciès  régional  d'une  des  assises  du  Néocomien 
proprement  dit  (5). 

La  couche  rouge  de  M.  Cornuel,  qui  est  postérieure  à  la  presque 
totalité  des  sables  et  argiles  bariolés,  a  fourni  75  fossiles,  de  divers 
genres,  dont  pas  un  seul  ne  s'est  rencontré  de  nouveau  dans  l'argile 
à  plicatules.  44  de  ces  fossiles,  soit  notablement  plus  de  moitié  du 
nombre  total,  existaient  déjà  dans  le  Calcaire  à  spatangues  ou  dans 
les  Argiles  ostréennes.  La  Couche  rouge  n'a  donc  rien  de  commun 

(1)  Bu!l.t  3'  série,  t.  XIV,  31*. 

(2)  Loc.  cit. 

(3)  Plus  exactement  34  mollusques  et  un  échinoderme. 

(4)  Sur  ces  27,  il  y  en  a  *2  qui  sont  portés  dans  le  tableau  de  M.  Cornue 
comme  trouvés   par  lui  dans  le  calcaire  à  spatangues,  et  5  qui  sont  notoirement 
connus  comme  se  trouvant  dans  le  Néocomien  proprement  dit  de  Neufchàtel  ou 
d'autres  localités  classiques. 

(5)  On  sait  que  VOstrea  Leymerieij  spéciale  aux  Argiles  ostréennes  dans  l'Est  et 
le  Nord-Est  du  bassin  de  Paris,  se  trouve  pics  de  Neufchàtel  dans  des  calcaires 
jaunes  qu'on  a  toujours  attribués  au  Néocomien  proprement  dit. 


588       M   CQSSfQHT.    —   CBÉTACÉ    rBFÉBIUUR    DU   EASSIH    DE    PAftIS  26    mai 

■Me  l'Aptien  et  se  rattache,  au  contraire,  franche  méat,  par  la  majo- 
rité doses  fossiles,  au  Néocomien  proprement  dit.  La  même  consé- 
quence s'applique  &  plus  forte  raison  à  toute  la  partie  des  Sables  et 
argiles  bariolés  qui  se  trouve  au-dessous. 

Il  nous  reste  enfin  une  couche,  de  peu  d'importance  comme 
épaisseur  (couche  13  de  M.  Cornuel),  qui  sépare  parfois  la  couche 
rouge  de  la  véritable  Argile  à  plicatules.  Or  cette  couche,  sur 
un  total  de  60  fossiles,  n'en  contient  qu'un  seul  qui  lui  soit  exclu- 
sivementeommun  avec  l'Argile  à  plicatules  et  un  autre  qui  se  ren- 
contre à  la  fois  dans  cette  dernière  argile  et  dans  les  zones  infé- 
rieures. Par  contre  37  fossiles,  ou  plus  de  moitié  du  nombre  total, 
appartiennent  encore  à  la  faune  des  zones  inférieures  ;  21  n'ont  été 
trouvés  par  M.  Cornuel  qu'au  niveau  dont  il  s'agit. 

De  tout  ce  qui  précède  il  résulte  :  que  l'Argile  à  plicatules,  seule, 
renferme  une  faune  ap  tienne  :  que  cette  faune  se  distingue  de  la  ma- 
nière la  plus  nette  de  celles  de  tous  les  dépôts  antérieurs  :  que  l'en- 
semble des  couches  comprises  entre  les  derniers  dépots  jurassiques 
et  l'Argile  à  plicatules  ne  forme,  au  point  de  vue  paléontologique, 
qu'un  seul  tout,  dans  lequel  on  peut  distinguer,  au  point  de  vue  de 
la  composition  minéralogique,  des  sous-étages  régionaux;  ou,  au 
point  de  vue  paléontologique,  des  zones;  mais,  en  aucun  cas,  des 
étages  dans  le  sens  qu'il  convient  d'attribuer  à  ce  mot. 

Parmi  tous  les  dépôts  que  nous  venons  de  passer  en  revue,  nous 
n'avons  rien  rencontré  d'absolument  identique,  soit  aux  couches  à 
Requienia  du  Jura,  du  Dauphiné  ou  de  la  Provence,  soit  même  aux 
calcaires  à  ScapMtes  Yvani,  tels  que  ceux  qui  fournissent  la  célèbre 
chaux  hydraulique  du  Theil  (Ardèclie).  Il  ne  s'en  suit  pas  toutefois 
que  les  couches  du  Nord-Est  de  la  France,  qui  font  le  sujet  de  celte 
note,  et  celles  du  bassin  méditerranéen  du  Sud-Est,  ne  forment  pas 
deux  séries  équivalentes  et  contemporaines  dans  leur  ensemble, 
Mais  les  subdivisions  naturelles  du  Nord-Est  basées  sur  des  différences 
lithologiques,  paraissent  dues  à  des  variations,  purement  régionales, 
dans  les  conditions  où  s'opérait  la  sédimentation  ;  et  rien  ne  démontre 
que  ces  subdivisions  correspondent  terme  à  terme  avec  celles  qu'on 
a  établies  en  vue  de  telle  ou  telle  contrée  méridionale.  Au  surplus, 
avant  de  décider  quelles  pourraient  être  celles  de  nos  couches  qui 
représenteraient  l'Urgonien,  il  faudrait  commencer  par  bien  s'en- 
tendre sur  ce  que  c'est  que  l'Urgonien.  Ainsi  que  M.  de  Lapparent  le 
fait  très  judicieusement  remarquer  dans  son  Cours  de  géologie,  les 
calcaires  à  Requienia  semblent  être  «  des  récifs  qui  joueraient,  rela- 
ie tivement  a  l'infracrétacé,  le  rôle  que  jouaient  les  calcaires  dits 


1887.      DE   COSSIGNY.    —   CRÉTACÉ  INFÉRIEUR  DU  BASSIN  DR   PARIS.      589 

/ois  à  des  horizons  différents.  Le  faciès  urgonien,  suivant  M.  de  Lap- 
parent,  pourrait  bien  remonter  parfois  jusque  dans  l'Aptien,  et  quant 
à  la  limite  inférieure  de  l'Urgonien,  elle  n'a  jamais  été  bien  nette- 
ment dé  unie  (1).  Il  y  a  donc  lieu  de  poser  la  question  de  savoir  si 
Ylfrgonien,  en  tant  qu'étage,  doit  être  maintenu  dans  la  classification 
générale  ?  Il  est  au  moins  permis  d'en  douter. 

M.  Albert  Gaudry  fait  remarquer  que  la  partie  supérieure  de 
la  série  néocomienne  de  la  Haute-Marne  doit  correspondre  à  une 
époque  d'émersion,  à  en  juger  par  les  grands  Reptiles  terrestres,  les 
coquilles  lacustres  et  les  débris  de  Conifères  qui  ont  été  recueillis, 
par  M.  Cornuel,  dans  les  argiles  et  sables  bariolés. 

M.  de  Cossigny  répond  que  tandis  que  les  Argiles  ostréennes 
avec  leurs  innombrables  Lamellibranches,  nous  représentent  les  fonds 
vaseux  d'une  mer  calme  et  d'une  certaine  profondeur;  les  Argiles  et 
Sables  bariolés  témoignent,  en  effet,  d'une  émersion  au  moins  par- 
tielle; puisqu'on  y  rencontre,  dans  certaines  localités,  des  couches 
avec  coquilles  d'eau  douce.  Peut-être  bien  n'y  avait-il  pas  eu  une 
émersion  complète,  mais  un  état  laguoaire.  On  ne  peut  expliquer 
que  par  cette  dernière  hypothèse  ou  par  de  très  fréquentes  oscilla- 
tions du  sol,  ou  encore  par  ces  deux  conditions  réunies  la  présence, 
à  des  niveaux  peu  différents  et  dans  des  régions  voisines,  d'une  faune 
d'eau  douce  et  d'une  faune  marine.  Le  désordre  qui  règne  fréquem- 
ment dans  la  stratification,  le  passage  latéral  d'un  dépôt  sableux  à 
un  dépôt  argileux  qu'on  peut  observer  à  chaque  instant,  s'accorde- 
raient bien  avec  une  époque  agitée  par  les  convulsions  séïsmiques. 
Les  phénomènes  hydro-éruptifs  semblent  aussi  avoir  dû  jouer  un 
rôle  important  à  cette  époque.  Des  dépôts  dont  l'épaisseur  totale  est 
souvent  de  10  à  12  mètres,  n'auraient  pu  se  former  sur  un  continent 
émergé  et  dans  les  conditions  ordinaires;  tandis  qu'au  contraire, 
l'absence  d'êtres  organisés,  qui  est  le  cas  le  plus  général,  l'abon- 
dance des  sables  impalpables  et  des  argiles  à  l'exclusion  des  maté- 
riaux plus  grossiers,  les  colorations  ferrugineuses  de  teintes  vives  et 
variées  auxquelles  le  sous-étage  en  question  doit  son  nom,  les  masses 
de  minerais  de  fer  en  concrétions  géodiques,  s'expliquent  par  l'hy- 
pothèse de  sources  nombreuses  et  abondantes  venant  des  régions 
profondes  (2);  sources  dont  les  eaux  auraient  déposé  sur  le  sol  où 

(1)  Divers  fossiles,  parmi  ceux  que  l'on  voit  fréquemment  cités  dans  des  cou- 
ches dites  urgoniennes,  tels  que  Pterocera  pelagi,  Trigonia  caudata,  se  trouvent 
dans  le  Calcaire  à  Spatangues  de  l'Aube  et  de  la  Haute-Marne. 

(2)  Un  fait  frappant  est  la  multiplicité  des  failles  qui  ont  laissé  des  traces  sur 
le  sol  des  départements  de  l'Aube  et  de  la  Haute-Marne,  partout  où  affleure 
l'étage  néocomien. 


800  ni  UcviviEB.  —  ntrtkct.  DE  l'ahiégk.  48  msat 

elles  te  déversaient,  tantôt  des  matières  diverses  en  suspension  et- 
entraînées  mécaniquement,  tantôt  du  fer  chitniquemnnt  dissous  et. 
précipité  après  exposition  a  l'air  libre  (1). 

A  la  suite  de  cette  communication,  MM,  Gaudry,  de  L  appa- 
rent, Bertrand  font  quelques  observations. 

M.  de  Lacvivier  envoie  la  note  suivante  : 

Note  sur  le  Terrain  crétacé  de  /'Àrlège, 

Par  M.  de  Laovivlor, 

Sur  le  versant  nord  du  Saint  Barthélémy  et  des  contreforts  qui  se 
détachent  de  ce  massif,  a'étagent  un  certain  nombre  de  termes  des 
séries  primaires  et  secondaires,  déjà  passablement  connus,  mais 
dont  l'étude  présente  encore  un  grand  intérêt,  leur  succession  ne 
paraissant  paa  établie  d'une  manière  indiscutable.  Le  désir  d'éclair- 
cir  quelques  faits  stratigraphiquet  contestés  et  la  presque  certitude 
de  recueillir  des  fossiles  intéressants  dans  les  riches  gisements  de 
Bénaïx,  Yilleneuve-d'Olmes,  HoqueBxade,  Leycbert  et  Saint-Sirac, 
m'ont  conduit  encore  une  fois  dans  cette  région,  vers  la  Bn  de  l'été 
dernier.  En  explorant  certains  points  que  je  n'avais  pas  encore 
visités,  j'ai  fait  plusieurs  observations  qui  m'ont  déterminé  à  modi- 
fier, d'une  manière  peu  sensible,  il  est  vrai,  les  idées  que  j'avais  en 
l'occasion  d'exposer  dans  mes  publications  précédentes. 

II  convient  de  rappeler  qu'en  se  dirigeant  du  Sud  au  Nord,  des 
parties  élevées  du  massif  vers  Lavelanet,  la  cluse  de  Péreille  ou  le 
Pech  de  Poix,  on  rencontre  successivement,  à  partir  des  roches  cris- 


4887.  DB  tàCVlVlKli.    —  CftÉÎACÉ  DR  l'aHIÈQB.  591 

«a  renversement  général.  Aujourd'hui,  je  pense  qu'il  faut  voir  là  un 
Ail  d'une importance  secondaire,  résultant  d'un  phénomène  géolo- 
gique beaucoup  plus  étendu  que  je  me  propose  de  décrire  aussi 
succinctement  que  possible. 

En  prenant  le  pic  de  Montségur  comme  point  de  départ  (1),  pour 
se  diriger  vers  le  Nord,  on  trouve  les  calcaires  urgoniens,  redressés 
*t  renversés!  les  marnes  fissiles  du  Gault,  les  assises  cénomaniennes  ; 
celles-ci  sont  quelque  peu  froissées,  comme  si  de  légers  plissements 
s'étaient  produits  dans  leur  masse.  Leur  examen  conduit  jusqu'au 
sommet  de  la  crête  de  Morenci  où  se  montre  une  bande  de  calcaire  à 
Tudistes  mal  conservés,  que  je  considère  comme  un  représentant  du 
"niveau  à  Radiolitet  côrnupastoris.  A  la  suite  et  vers  le  point  culmi- 
nant du  coteau,  quelquefois  sur  le  versant  sud,  le  plus  souvent  sur 
le  versant  nord,  on  trouve  des  calcaires  marneux  associés  à  des  mar- 
ges blanchâtres  caractérisées  par  Y/noceramus  digitatus,  des  Echino- 
«sorys  et  ie  Micnuter  brevit.  On  peut  suivre  cette  zone  et  les  calcaires 
3l  R.  cornupûttorii  dans  la  direction  du  Nord*Ouett,  occupant  gêné- 
xalement  la  crête  de  cette  partie  élevée,  passant  vers  Montferrier, 
Traichenet,  toujours  caractérisée  par  les  mêmes  fossiles;  elle  s'inter- 
rompt au  delà  du  village  de  Saint-Paul,  reparaît  sur  la  rive  gauche  de 
l'Ariège,  au  Bastié,  avec  le  Micrasler  Hebmi,  et  on  en  trouve  quel- 
ques vestiges  du  côté  de  Baulou  où  un  exemplaire  de  ce  dernier  fos- 
sile a  été  recueilli. 

Aces  assises  succèdent  les  Grès  de  Celtes  ;  ils  ont  été  redressés 
également,  et  s'inclinent  vers  le  Nord.  Enfin,  les  calcaires  et  les 
marnes  à  Hippurites  viennent  à  la  suite  et  constituent  les  gise- 
ments remarquables  que  j'ai  cités  plus  haut. 

A  Béneïx,  il  y  a  du  Danien  et  du  Tertiaire  ;  il  en  est  de  même  à 
Villeneuve  d'Olmes.  On  sait  qu'en  allant  vers  Péreille  (i),  on  retrouve 
la  série  crétacée. 

Dans  la  région  de  Roqueûxade,  de  Leychert  et  de  Celles,  les  choses 
ne  se  passent  de  même,  carie  Sénonien  bute  brusquement  contre  le 
Trias  ou  contre  le  Jurassique. 

A  Nalzen,  c'est-à-dire  au  point  le  plus  élevé  de  la  vallée  du  Scios, 
les  Grès  de  Celles,  qui  ont  conservé  leur  allure,  descendent  jusque 
dans  le  lit  du  Douchouyre,  puis  se  relèvent  jusqu'à  l'altitude  de 
636B  et  poursuivent  leur  marche  ascensionnelle  au  nord  de  la  route 
nationale,  vers  le  pic  de  Reyre.  Ici,  on  constate  difficilement  l'exis- 
tence des  assises  sétioniennes  sur  le  grès. 

(1)  Etudes  géologiques  sur  le  département  de  l'Ariège  et  en  particulier  sur  le 
terrain  «*àlacé,  page  t05,  flg.  30.  n*  2.  Paris,  Mas  son,  1884. 
(t)  Etodes  géologiques  sur  le  département  de  l'Ariège   et    flg.  05  n°!  i  ^$9 


592  DR  UCTITIBB.   —  CRÉTACÉ  DE  L'aHIÉGR.  46   mai 

A  Celles,  vers  l'autre  extrémité  delà  vallée,  il  en  est  de  même.  Sur 
le  versant  du  Saint-Barthélémy,  les  gris  plongent  an  Nord  ;  mais  le  long 
du  chemin  qui  vient  de  Fraichenet,  ils  ondulent,  forment  une  pre- 
mière voûte  sur  la  rive  gauche  du  Scios,  puis  se  relèvent  vivement  de 
l'autre  coté  de  la  route  de  Perpignan  à  Bayonne,  au  point  où  sont 
établies  les  carrières  dans  lesquelles  on  exploite  les  grès  en  dalles. 
Ainsi  qu'à  Nalzen,  les  grès  ne  supportent  guère  que  quelques  ves- 
tiges des  marnes  &  Hippurites.  On  peut  suivre  leurs  ondulations  dans 
la  direction  du  nord-ouest,  jusque  sur  le  flâne  du  Peeh  de  Folx  et 
leurs  voûtes  rompues,  sur  quelques  points,  à  Gascogne,  par  exemple, 
permettent  de  voir  par-dessous  les  assises  céuomaniennës. 

Entre  Celles  et  Nalzen,  les  grès  sont  recouverts  par  les  calcaires  et 
les  marnes  à  Hippurites,  qui  se  développent  sur  le  territoire  des 
communes  de  Saint- Sirac,  Leychertet  RoqueAxade. 

Ce  qui  précède  montre,  que  dans  cette  région,  les  assises  primaires 
et  secondaires  forment  un  pli  synclinal  assez  accentué,  qui  s'observe 
depuis  Bélesta  jusqu'aux  rives  de  l'Ariège,  et  dont  les  effets  se  mani- 
festent plus  loin,  vers  l'Ouest,  dans  la  direction  du  SainUGironnais. 
Le  bord  méridional  de  ce  pli,  après  avoir  été  relevé  jusqu'à  la  verti- 
cale, s'est  renversé  légèrement  au  Nord.  Entre  Bélesta  et  Nalzen,  les 
assises  crétacées  sont  recouvertes  par  le  Tertiaire.  Au  delà  de  ce 
dernier  village,  le  bord  septentrional  du  pli  est  légèrement  relevé, 
et,  une  faille  s' étant  produite  le  long  du  Pecb  de  Poix,  les  assises 
crétacées  se  trouvent  en  contact  avec  le  Trias  ou  avec  le  Juras- 
sique. 

Il  me  paraît  incontestable,  aujourd'hui,  que  les  assises  à  Hippu- 
rites sont  supérieures  aux  Grès  de  Celles.  Contrairement  à  ce  que  je 


■  I 


* 


i$8gF*  T1U4..DB  WNOIQUI  IT  M  MAJ01QUE  503 

tfllfeOii  voit  que  le*  argiles  du  Qault  sont  en  contact  avec  les  cal- 
caires orgonient,  comme  je  r avais  reconnu  sur  bien  des  points, 
notamment  à  Laborie  (l)f  mais  avec  .  moins  de  netteté.  Une  ligne 
droite  allant  de  ce  point  au  pied  du  pic  de  Mon tgaillard .  indiquerait 
la  direction  de  l'Albien'  sous  la  terrasse  de  TAriège.  Ainsi,  entre  les 
deux  termes  du  Crétacé  inférieur  de  ce  département,  il  n'existe  pas 
d'assise  intermédiaire,  telle  que  le  calcaire  grumeleux  de  Vernajoul, 
de  Pradières,  etc,  qui  appartient  évidemment  au  Cénomanien.  C'est 
ce  que  j'avais  toujours  affirmé. 

Note  §ur  le  Trias  de  Minorque  et  de  Majorque, 

Par  M.  H.  Nolan. 

Le  Trias  des  Baléares  qu'Henri  Hermite  signala  le  premier  lors- 
qu'il fit  la  description  géologique  de  cet  archipel,  occupe  à  Minorque 
et  surtout  à  Majorque,  une  superficie  plus  étendue  que  ne  le  pou- 
vaient faire  soupçonner  les  premières  recherches.  Mais  si  les  nou- 
velles investigations  ont  accru  la  liste  des  points  où  ce  terrain 
affleure,  elles  n'ont  pas  fait  perdre  de  leur  valeur,  aux  conclusions  du 
regretté  savant  et  confirment  au  contraire  ses  suppositions  mômes. 

A  Minorque,  le  Trias  inférieur  est  représenté  par  les  grès  bigar- 
rés avec  conglomérat  à  la  base,  trop  bien  décrits  pour  qu'il  soit  utile 
d'y  revenir. 

Le  Trias  moyen  est  un  calcaire  gris  cendré,  criblé  de  tubulures  et 
contenant  quelques  Cératites  ;  ses  bancs  supérieurs  allant  sans  cesse 
en.s'amincissant,  passent  à  des  calcaires  en  plaquettes  sans  tubu- 
lures et  régulièrement  stratifiés  comme  les  couches  précédentes. 

Une  faune  de  Daonella  doit  faire  considérer  les  plaques  non  tubu- 
lées  comme  la  base  du  Trias  supérieur,  dontles  calcaires  dolomitiques 
sans  fossiles  constitueraient  les  assises  les  plus  élevées. 

Le  tableau  ci-joint  résume  les  caractères  du  Trias  du  Minorque 


r 


Trias  supérieur 
Trias  moyen 


\    Calcaire  dolomitique. 

(    Calcaire  en  plaquette  à  Daonella  (2). 

!    Calcaire  à  tabula  res. 


„....,.  i    «res  bigarré. 

lnu  inférieur       \    Conglomérat. 


(1)  Crétacé  de  l'Aude  et  de  l'Ariège.    Bull.  Soc.   géologique,  3*  série,   t.   XIV, 
p.  629. 

(S)  Ce  calcaire  renferme  des  Cératites  dont  les   ornements  se  rapprochent  de 
ceux  de  certaines  Ammonites  et  qui  seront  décrits  ultérieurement. 

XV.  38 


3B4  TRIAS   DE   MIHOHQUB    BT    DE   MAJORQUE  16  fflli 

Les  calcaires  du  Trias  moyen  et  supérieur  dont  la  stratification 
concordante  est  quelquefois  masquée  par  des  dislocations  locales,  se 
retrouvent  continuellement  ensemble  à  Miuorque  où  ils  sont  répar- 
tis en  deux  régions  d'inégale  importance.  Dans  toutes  les  deui,  tan- 
tôt ils  couronnent  le  sommet  de  buttes  isolées  à  base  de  grés  rouge, 
tantôt  quand  l'altitude  de  ces  coteaux  est  trop  faible,  ils  revêtent 
seulement  un  de  leurs  flancs  en  recouvrant  d'un  côté  le  Trias 
inférieur  et  disparaissant  de  l'autre  sous  des  assises  plus  récentes. 
Toujours,  ils  bordent  d'une  frange  étroite  les  flots  de  calcaires 
liasiqucs  et  jurassiques. 

La  bande  de  Trias  moyen  et  supérieur  la  moins  importante,  com- 
mençant à  la  ferme  de  Coll-Rotje,  au  Sud  de  la  route  de  Manon  à 
Ciudadella,  va,  par  Bini  Gano,  se  terminer  au  fond  du  golfe  d'Algai- 
rens.  La  bande  la  plus  considérable,  partie  de  Biniaize,  aux  portes  de 
Manon,  remonte  au  Nord-Ouest  jusqu'à  Binixems;  là  après  bifurca- 
tion, elle  envoie  une  mince  branche  se  perdre  dans  la  baie  d'Adaya 
tandis  qu'une  autre,  plus  large,  gagne  la  rade  de  Fornells  en  passant 
par  le  Mont-Toro  et  la  ferme  de  Covas. 

Cette  répartition  du  Trias  moyen  et  supérieur  avait  été  indiquée 
par  Henri  Hermite,  sur  sa  carte  géologique  de  Minorque,  mais  avec 
cette  réserve  que  la  découverte  des  Daonella  en  un  nombre  de  points 
très  restreint  ne  l'autorisait  pas  à  affirmer  la  présence  constante 
des  assises  supérieures  du  Trias  au-dessus  des  calcaires  qu'il 
rapportait  au  Muschelkalk. 

Depuis  lors,  la  constatation  des  Daonella  tout  le  long  des  zones 
triasiques  de  Minorque,  sauf  dans  deux  affleurements,  —  l'un  près 
de  Caballeria,  l'autre,  entre  Alayor  et  Alcoitx, —  amené  à  reconnaître 


TIliS   DB  MISOBQDB   BT  DE  HAJORQOK 
■IltOBQUE 

Fig.  1.  —  Coupe  à  Morelh. 


I.  Conglomérat. 

S.  Argiles  rouges  «t  grès  argileui 

3.  Grès  bigarré,  10™. 

4.  Muiebelkalk  à  tubulures,  4<". 

5.  Calcaire  à  Daoïwll/i,  o«io. 


S.  Calcaire  dolomi  tique,  3m. 

7.  Calcaire  en  parallèlipïpèue'  (Lias  h 

férieurï),  S">. 

8.  Cale,  compacte. 


Fig.  2.  —  Coupe  prêt  de  Bini-Marsock. 


1.  Grès  bigarré.  !<  Muschclkalk  à  tubulures,en>. 

S.   Banc    de   calcaire  dolomitiqoe  [au-       3.  Cale,  a  Uaoaflta,  1<" . 
nuire,  C»5o. 

Fig.  3.  —  Coupe  à  F  extrémité  méridionale  du  golfe  de  Fomel/s. 

N.M.O  s.S. 


1.  Grès  bigarré. 

2.  Muschelkalk  a  tubulure,  *". 

3.  Cale,  en  plaquette  avec  ftnonflta  a 

sommet,  3»jo. 
3-  Banc  décale.  doloinitii|nerose,l<°SO 


:i"  Cale,  en  plaquettes  sans  flfiowWa,!ï,n. 
t.  Cale,  gris  [ilus  ou  moins  dulomiliqui 

T-  (?). 
5.  Cale,  compacte  mal  stratifié  (Jnrns- 

(sique?). 


596  THUS    DE  MIKOBOCE    ET    DE    MAJOBQUB  46  fflli 

A  Majorque,  le  Trias  se  rencontre  fréquemment  encore,  mais  ici, 
ce  sont  les  calcaires  des  assises  supérieures  qui  sont  surtout  visibles, 
tandis  que  dans  la  lîaléare  du  Nord,  c'étaient,  au  contraire,  les  grès 
inférieurs  qui  formaient  les  plus  larges  surfaces. 

Le  Grès  bigarré  n'apparaît  que  sur  la  côte  ouest  comme  soubasse- 
ment de  la  Cordillère  et  seulement  sur  une  longueur  de  dix-sept  kilo- 
mètres, de  Miramar  à  Estellencbs.  Ses  caractères  sont  les  mêmes  qn'l 
Minorque. 

Au-dessus,  se  voient  les  calcaires  du  Muschelkaik.  lis  sont  tubulés 
seulement  au  sommet,  très  souvent,  dolomiliques  et  d'une  épaisseur 
qui  parait  voisine  de  cinquante  à  soixante  mètres. 

Ces  deux  assises  inférieure  et  moyenne  du  Trias  avaient  été  signa- 
lées par  Henri  Hermile,  près  d'Estellencbs. 

La  plus  récente  des  deux  passe  à  des  calcaires  en  plaquettes 
d'épaisseur  uniforme,  fortement  unies  entre  elles,  parfois  craquelées 
et  dans  ce  cas,  pénétrées  souvent  par  du  gypse  qui  en  occupe  Les 
moindres  fissures.  Elles  sont  fréquemment  dolomiliques  et  alors  non 
fossilifères;  mais,  quand  elles  ne  sont  pas  altérées,  elles  renferment 
à  leur  base  des  Daonel/a  et  des  Posidonomya. 

11  s'en  faut  de  beaucoup  que  la  présence  du  Trias  moyen  et  supé- 
rieur soit  liée  à  celle  des  grès  inférieurs.  C'est  en  elfe!  tout  le  Ion: 
de  la  Cordillère,  c'est-à-dire  sur  soixante-dix  kilomètres  au  moin! 
que  de  longues  lignes  de  failles  font  réapparaître  même  au  centn 
do  la  chaîne,  les  calcaires  du  Muschelkaik  et  du  Keuper. 

Quoique  les  affleurements  bien  nets  soient  extrêmement  rares . 
Majorque,  les  coupes  et  le  tableau  suivants  accuseront  suffisant 
ment  la  similitude  des  assises  triasiques  dans  les  deux  Baléares  sep 


1887.  TRIAS    DB   KINOBQOB    ET  DR  MAJORQUE  397 

Fig.  5.  —  Coupe  tur  le  chemin  de  Lluck  à  Caymari. 
H.N.O 


S  SX 


1  •    Cale,   du  Muschelkalk  compacte      1'  Cale,  gris  en  bancs  mince*,  30-, 


n  lubnlâ  pin 

mitiqne,  33-, 
1'  Cale,   gris   dolomitique 

assez  minces,  ta  &  Ï5-. 
s  Cale,  noirâtre  en  bancs  minces  à 

liaoneila  u~  eu. 


s  dolo- 


!"  Cale,  jaunâtre  dolomitique  e 

quettes,  ftom, 
3  Cale,  compacte  (Jurassique t), 
RR'  Roches  éruptires  et  argiles  pana- 


Pig.  6.  —  Coupe  tur  le  tentier  San  Nebat  à  Escorea. 


1    Muschelkalk   ei 
tubulé  au  soi 

V     Muschelkalk 
lubulés,  g». 


3  Cale,  en  plaqueltesâ  Daonetla,  0m30. 

4  Cale,  dolomitique  en  plaquettes,  ÏO*. 

5  Cale,  compacte  mal  stratifié  (Juras- 


'  Calcaire  gris  compacte  et  cristallin 
'.  Calcaire  en  plaquettes.  jaunâtre  plu: 
(  Calcaire  gris  ou  noirâtre  e 
Muschelkalk  à  tubulures. 


n  plaque 


n  stratifié  (?;. 

i  moins  dolomitique. 

\  Daonetla. 


"■"'"     I  Muchelk.lk  , 

inférieur.  — Grès  bigarré. 


s  tubulures. 


Après  avoir  fait  ressortir  les  (rails  de  ressemblance  il  est  bon 
d'ajouter  les  caractères  distinctifs  du  Trias  dans  les  deux  îles.  Sauf 
pour  le  Grès  bigarré,  dont  les  rares  affleurements  ne  permettent  pas 
d'apprécier  exactement  l'épaisseur,  on  peut  dire  que  les  deux  étages 


338  TB|J)S   DE   MINOHQUE  ET  RB  MAJORQUE  16  OUI 

moyen  el  supérieur  atteignent  à  Majorque  une  puissance  trois  fois 
plus  considérable  qu'à  Miuorque. 

Les  calcaires  à  DaoneUa  de  Majorque  De  sont  généralement  pas  re- 
couverts par  les  calcaires  doiomitiques  en  bancs  épais  comme  à  Mi- 
uorque ;  mais  bien  par  un  calcaire  gris  compacte  un  peu  cristallin  dont 
la  surface  a  été  perforée  près  d'Estellenchs  par  les  pholades  éocènes. 

Quoique  ce  dernier  calcaire  soit  en  stratification  concordante 
avec  les  calcaires  en  plaquettes,  il  est  difficile,  en  l'absence  de  fossiles 
de  dire  s'il  appartient  au  Trias  supérieur  ou  au  Lias. 

Mais  ce  qui  distingue  particulièrement  le  Trias  de  Majorque  c'est 
l'abondance,  au  milieu  de  ses  strates,  de  filons  éruplifs;  ces  derniers 
remplissant  les  Assures  des  couches  disloquées  ont  par  leur  contact 
fréquemment  transformés  en  dolomicles  calcaires  qu'ils  traversent  (I). 
Celte  présence  de  roches  ignées  est  même  si  générale  que  {es  lignes 
rouges  tracées  sur  les  flancs  des  ravins  par  les  matières  éruptives 
décomposées  sont  un  des  meilleurs  guides  pour  découvrir  le  Trias 
dans  ces  régions. 

Jusqu'ici,  en  aucun  des  endroits  observés  les  roches  éruptives  ne 
m'ont  semblé  traverser  les  calcaires  des  formations  liasique  et 
jurassique. 

Mes  conclusions  sur  ce  point  sont  celles  auquelles  s'était  arrélé 
Henri  Hermite  à  la  suite  de  son  dernier  voyage.  Elles  diffèrent  de 
l'opinion  émise  précédemment  par  ce  savant  qui  sans  doute  eut 
exposé  sa  nouvelle  manière  de  voir  dans  un  mémoire  qu'il  n'a 
malheureusement  pas  eu  le  temps  de  faire  paraître. 

En  effet  dans  les  lieux  où  l'on  avait  cru  voir  les  roches  éruptives 


1887.  siAMGB  do  30  mai  1887;  509 

vers  le  Sud- Est  que,  malgré  la  faible  distance  entre  les  Baléares  et 
la  côte  catalane,  les  assises  triasique»  de  ces  lies  possèdent  déjà  plus 
de  traits  communs  avec  celles  qu'à  décrites  M.  Gemellaro  en  Sicile 
qu'avec  toutes  celles  connues  jusqu'à  ce  jour  dans  la  Péninsule 
ibérique  (1). 

Séance  du  30  Mai  1887. 

PRÉSIDENCE   DE   M.    ALBERT   GAUDRY. 

M.  M"  Hovelacque,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès- verbal  de 
la  dernière  séance  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Le  Président  proclame  Membre  de  la  Société,  M.  Alfhkd  Caraykn- 
Cachin.  Secrétaire  de  la  Commission  des  Antiquités  du  Tarn,  à  Sal- 
vagnac  (Tarn.) 

Le  Président  présente  une  brochure  do  M.  Ph.  Thomas,  Mem- 
bre de  la  Commission  scientifique  de  la  Tunisie,  Sur  la  découverte 
de  nouveaux  gisements  de  phosphate  de  chaux  en  Tunisie,  et  attire 
l'attention  de  la  Société  sur  l'intérêt  qu'offre  ce  travail.  M.  Ph. 
Thomas  a  constaté  l'extension  des  couches  phosphatées  suesso- 
nienncs  jusque  près  de  Gafsa,  puis  aux  environs  de  Kairouan  et,  en- 
tin,  au  voisinage  de  la  frontière  algérienne,  au  Guelaat-es-Snam  ;  de 
plus,  il  a  découvert,  au  Sud -Est  de  la  Régence,  dans  l'étage  albien, 
de  nouvelles  couches  renfermant  le  minéral  si  précieux  au  dévelop- 
pement des  céréales. 

Le  Secrétaire  dépose  sur  le  Bureau,  au  nom  de  M.  Edm.  Pellat,  un 
ourage  de  M.  Pillet,  intitulé  :  Nouvelle  description  géologique  et  paléon- 
tologique  de  la  Colline  de  Lémenc  : 

Eu  môme  temps  que  ce  travail,  M.  Edm.  Pellat,  adresse  la 
note  suivante  : 

Dans  cette  nouvelle  monographie  géologique  et  paléontologiquc  de  la 
colline  de  Lémenc,  près  Chambéry,  M.  Pillet  signale,  pour  la  première 
fois,  l'existence,  dans  cette  localité,  d'une  zone  intéressante,  celle  de 
Y  Ammonites  platynotus^  Hein. 

Notre  confrère  a  découvert  cette  zone  dans  les  gorges  de  Saint-Sa- 
turnin, à  peu  de  distance  de  Lémenc. 

J'ai  visité  le  gisement  de  Saint-Saturnin  avec  M.  Pillet.  Nous  n'a- 
vons pas  exploré  les  couches  qui  appartiennent,  d'après  lui,  à  la  zone 
à  Ammonites  bimammatus  ;  mais  nous  avons  constaté  que  les  couches 

(l  Les  recherches  m'ont  été  rendues  faciles  par  le  concours  i'| n'ont  bien  voulu 
me  prêter  à  Miuorque,  M.  l'abbé  Cardona;  à  Majonjue.  Monseigneur  l'Archiduc 
Salvator  d'Autriche. 


600  séance  du  30  haï  4887. 

à  Ammonites  tenuilobaius ,  exploitées  dans  les  carrières  de  Lémenc, 
sont  supérieures  à  la  zone  à  Ammonites  platynotus.  I,'  Ammonites  pla- 
tynotus  n'est  pas  rare  à  Saint-Saturnin  ;  j'en  ai  recueilli  deux  excel- 
lents exemplaires  intacts,  avec  une  bouche  très  singulière,  que  je  re- 
grette de  ne  pas  voir  figurée  par  M.  Pillet.  Avec  Y  Ammonites  plalyno- 
tus,  on  rencontre  V Ammonites  Loryi  et  beaucoup  d'autres  fossiles 
soigneusement  étudiés  par  notre  confrère.  Les  fossiles  recueillis 
proviennent -de  calcaires  gris,  à  cassure  franche,  quand  ils  ne  sont 
pas  altérés,  remarquablement  lourds  et  contenant  des  cristaux  de  fer 
sulfuré,  fait  assez  rare,  je  crois,  dans  les  couches  tithoniques. 

Là  zone  à  Ammonite*  platynotus,  se  retrouve  à  Crussol  dans  une 
situation  identique,  c'est-à-dire  sous  les  couches  à  Ammonites  tenuilo  ■ 
batus.  Elle  repose  à  Crussol  sur  la  zone  à  Ammonites  bimammcUut ; 
notre  excellent  confrère  M.  Huguenin  a  découvert,  il  y  a  quelques 
années  à  Crussol  ces  deux  zones. 

L' Ammonites  bimammatus  y  est  rare.  M.  Huguenin  en  a  cependant 
plusieurs  exemplaires.  Il  a  aussi  dans  sa  belle  collection  plusieurs 
bons  exemplaires  de  V Ammonites  platynotus. 

La  zone  à  Ammonites  platynotus  et  h  Ammonites  polyplocus  est  inti- 
mement liée  à  Lémenc  comme  à  Crussol  à  la  zone  à  Ammonites  te - 
nttilobatus. 

La  découverte  de  la  zone  à  Ammonites  platynotus  à  Lémenc,  dans 
un  gisement  difficile  à  trouver,  fait  honneur  à  la  sagacité  de 
M.  Pillet. 

M.  Cotteau  présente,  au  nom  de  M.  Roussel,  Professeur  au 
collège  de  Poix,  un  Mémoire  sur  le  terraiu  crétacé  des  Pe  - 


J.  ROUSSEL. —  CRÉTACÉ  DES  PETITES  PYRÉNÉES  ET  CORBIÉRES     601 

ters  et  tout  à  fait  distinct  de  ceux  que  nous  connaissons  ;  Pyrina  Rous- 
seliy  espèce  remarquable  par  sa  taille,  par  sa  forme  un  peu  acuminée 
en  arrière,  par  son  périprocte  marginal,  de  grande  dimension  et  des- 
cendant très  bas  ;  Goniopygus  arizensis,  différent  du  Goniopygus  deU 
phinensis,  de  l'étage  aptien,  dont  il  se  rapproche,  cependant,  par  ses 
aires  ambulacraires  garnis,  à  la  face  supérieure,  de  quatre  rangées 
de  tubercules  ;  Clypeolampas  Lesteli,  type  très  bizarre,  offrant,  malgré 
sa  petite  taille,  une  certaine  ressemblance  avec  le  Clypeol.  Leskei,  de 
la  Craie  sénonienne  de  Royan,  et  présentant,  comme  lui,  de  gros  tu- 
bercules à  la  face  supérieure  ;  un  Offaster,  de  la  Craie  supérieure  de 
Roquefort  (Haute- Garonne),  0.  Leymeriei,  que  caractérisent  sa  taille 
assez  forte  et  sa  forme  arrondie  en  avant,  acuminée  en  arrière, 
dédiée  à  M.  Leymerie  qui  lui  a  communiquée  pour  la  première 
fois  en  1863,  recueillie  tout  récemment  par  M.  Roussel  dans  la 
même  localité  et  au  même  niveau. 


Etude  sur  le  Crétacé  des  Petites  Pyrénées  et  des  Corbiéres, 

Par  M.-J.  Roussel. 
(PL  XXI  et  XXII). 

A  la  suite  de  quelques  recherches  sur  la  géologie  des  envi- 
rons de  Foix,  j'ai  étendu  le  cercle  de  mes  investigations  à  la  plus 
grande  partie  des  Pyrénées  centrales  et  des  Corbiéres.  J'ai  étudié  la 
stratigraphie  de  cette  région  et  j'ai  fait  quelques  observations  que  je 
communiquerai  à  la  Société,  en  commençant  par  celles  qui  soutrela- 
tives  au  Crétacé  des  Petites  Pyrénées  et  des  Corbiéres. 

Ce  Crétacé  est  composé  d'un  certain  nombre  d'étages  ou  de  sous* 
étages  dont  plusieurs  n'étaient  qu'imparfaitement  connus.  Quel- 
ques-uns de  ces  derniers  sont  caractérisés  par  une  riche  faune 
d'Échinides  dont  M.  Cotteau  a  bien  voulu  faire  la  détermination. 

A  la  base,  il  existe,  dans  les  Pyrénées  proprement  dites  et  les  Cor- 
bières,  un  calcaire  bréchiforme  qui  tient  probablement  la  place  du 
Néocomien  et  de  i'Urgonien  inférieur. 

Dans  les  Petites  Pyrénées,  le  Crétacé  commence  par  un  cordon  de 
bauxite  avec  calcaire  lithographique,  conglomérats  et  lits  de  lignite. 
C'est  une  formation  de  rivage  dont  j'ai  tout  récemment  fait  connaître 
la  faune,  caractérisée  par  l'abondance  des  Nérinées,  des  Cérithes  et 
des  Orbitolines  (1).  Je  montrerai  que  cette  assise  se  rattache  au  cal- 

(i)  Note  sur  1  aj*e  de  la  bauxite  et  des  grè.s  de  Celles.  —  Foix,   I88d. 


602     J.  ROUSSBL. —  CRÉTACÉ  DES  PETITES  PYBÉNÉES  HT  COHBlftlM  30  mai 

caire  à  Requiénies  que  l'un  trouve  à  la  suite,  et  que  tous  lu  deui 
constituent  l'Urgonien. 

Au-dessus  viennent  l'Aplien,  l'Albien,  le  Génomanien,  le  Turonien, 
lo  Sénonien  et  le  Danien. 

Nous  verrons  que  le  Génomanien,  le  Sénonien  elle  Danien  sont 
composés  chacun  de  trois  sous-étages. 

Le  Génomanien  inférieur  correspond  k  la  craie  glauconieuse  de 
Rouen.  Dans  les  Pyrénées,  il  n'est  pas  d'assise  qui  renferme  autant 
d'Échinides.  J'en  ai  recueilli  plus  de  quarante  espèces  ou  variétés 
dont  le  lecteur  pourra  faire  l'étude  dans  le  mémoire  de  M.  Cotteaa. 

A  la  partie  supérieure  des  terrains  secondaires  existe  un  étage  de 
deux  cents  mètres  d'épaisseur,  qui,  par  quelques-uns  de  ses  fossiles, 
tels  que  V Eehinocaryi  semiglobits  et  Yflemiatter  nasuiulus,  se  rattache 
au  Crétacé,  et,  par  d'autres,  tels  que  VOttrea  uneifera,  l' Echinolampas 
Michetini,  Y  E  chinant Aus  subrotitndus  et  les  miliolites,  a  des  rapports 
avec  l'Eocène.  C'est  la  colonie  de  Leymerie.  J'ai  découvert  qu'elle  est 
tout  aussi  bien  représentée  dans  les  déparlements  de  l'Ariège  et  de 
l'Aude  que  dans  celui  de  la  Haute-Garonne.  Il  convient  de  faire  l'étude 
de  celte  formation  et  d'une  partie  du  Danien  proprement  dit  avec 
celle  de  l'Eocène.  En  effet,  après  le  dépôt  de  la  craie  de  Maastricht, 
des  mouvements  du  sol  ont  produit,  dans  les  Pyrénées,  un  retour  de 
la  mer  sur  les  terres  émergées.  A  ces  mouvements  a  succédé  une 
période  de  calme  pendant  laquelle  se  sont  formés,  sans  interruption, 
le  Danien  supérieur  et  l'Eocène,  qu'on  retrouve  toujours  ensemble,  de 
sorte  qu'il  serait  souvent  difficile  de  les  étudier  séparément. 

Le  Crétacé,  dans  les  Pelites  Pyrénées  et  les  Corbières,  esteonstitu- 
un  certain  nombre  de  plis  synclinaux  et  anticlinaux.  Dans 


1887.  J.  BOUftSVL.  —  CBÉTAC*  DES  PETITES  PYRÉNÉES  ET  C0BB1ÈIES        603 

tères  Pr,  Tr,  L4,  Lj,  L3,  0,  et  les  formations  tertiaires,  par  les  lettres 

Ea,  H  ,  Pi. 

Les  terrains  primaires  sont  formés  par  des  schistes  et  des  calcaires 
à  Goniatites  ou  à  Orlhocères  passant  à  la  dolomie. 

A  la  base  des  formations  secondaires  existent  des  conglomérats, 
des  grès,  des  calcaires  et  des  marnes  irisées  qui  tiennent  la  place 
du  Permien  et  du  Trias. 

Le  Jurassique  est  représenté  par  le  Lias  et  une  puissante  formation 
dolomitique.  A  la  base  du  Lias,  on  trouve  partout  le  calcaire  et  les 
marnes  à  Avicula  contorta.  Au-dessus  viennent  des  brèches  à  ciment 
magnésien  ou  des  cargneules  qui  se  séparent  mal  de  la  subdivision 
suivante.  Celle-ci  est  constituée  par  des  calcaires  souvent  remplacés 
par  des  marnes  noires,  surtoutàla  partie  supérieure  :  elle  représente 
à  la  fois  le  Lias  moyen  et  le  Lias  supérieur.  La  dolomie  existe  pres- 
que partout  dans  les  Petites  Pyrénées.  Mais  dans  les  Pyrénées  propre- 
ment dites  et  les  Corbières,  elle  est  fréquemment  remplacée  par  un 
calcaire  gris  ou  brun-foncé  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  le  cal- 
caire bréchiforme  superposé. 

Cela  posé,  je  vais  faire  connaître  la  composition  delà  série  crétacée 
en  commençant  par  la  région  centrale. 

Les  coupes  10,  11,  12, 13,  représentent  les  formations  secondaires 
telles  qu'elles  sont  disposées  dans  les  environs  de  Foix,  où  elles  for- 
ment le  bombement  connu  sous  le  nom  de  Pech. 

La  figure  11  nous  montre,  dans  la  partie  sud  du  bombement,  la 
brèche  liasique,  L^,  butant  par  faille  contre  les  marnes  irisées  de  l'aile 
nord,  et  au-dessus: 

—  L,,  0,  Ne  Lias  fossilifère  et  dolomie;  —  V„  U2.  Bauxite  et  calcaire  à  Rcquié- 
nie*;  —  AP,  Cale,  à  Orbilolines;  —  A,  Calcaire;  —  C„  Cale,  à  Polypiers,  avee 
Tereàratella  Delboti,  Hébert,  et  Orbilolines;  —  C3.  Marnes  noires  ;  —  Gr.  Gra- 
nit. 

Foix  est  bâti  sur  les  couches  Uj,  U2  et  A,,,  qui  sont  visibles  dans  le 
lit  du  Larget  et  celui  de  l'Ariège.  Los  strates  Ai  etC4  forment  le  rocher 
de  Foix. 

Dans  la  partie  nord  du  bombement  on  observe  : 

Tr,  Marnes  irisées. 

L,,  Cale,  marneux  à  Arieuf-i  contorta  et  cale,  rubanés. 
L2,  1-3,  O,  N,  Brèche,  cale,  tin  Lias  fossilifère,  dolomie,  cale,  compacte. 
I',,  bauxite,  quelques  maires. 

lT:,  Calcaire    à    Requit  un  L>ntdalei,  d'Orb.   et    Rmliolilrs    neocom'ensis,    d'Orb? 
—  100  mètres. 


604      J.    ROUSSEL.  —  CRÉTACÉ  DES  PETITES  PYRÉNÉES  BT  COHBIÈRES   30  mai 
AP,  Cale,  à  Orbitolma  canoidta  et  diiciidea,  Albin  Gras  —  100  mètres. 
A,,   Cale,   verdllre    et  grès    avec   Ammonitei    mayorianiu,    d'Orb.  ;   Turrittlta 

•  ilirayiana,  d'Orb.  ;  Htmiaittr  minimiu,  Desor. ,  etc.  —  3  mètres. 
C  ,  Cale,  glauconieui,  avec  cftlc.  à  Polypiers  et  cale,  bréchiforme  en  sous-ordre, 

renfermant,   Discoidta  tubuculus,  Klein,    DUcaidca    ariitniit,  Cotteau  (1BS7)  ; 

Orl/ioptii   granularis,  Cotteau  ;  Cidarit  Sorii/ittli,  Desor  ;  Echinoconui  voisin  de 

t'Kch.  mixtus;  etc.  — ÏO  mètres. 

A  Laborie,  le  reste  de  la  série  est  caché,  en  partie,  par  les  dépots 
glaciaires,  G1,  dont  on  aperçoit  les  vestiges  sur  le  flanc  du  Pech  jus- 
qu'à une  hauteur  de  70  mètres  au-dessus  du  lit  de  l'Ariège  ;  mais  un 
peu  plus  loin  (coupe  10),  il  vient  à  la  suite  : 

Cj,  Ores  et  marnes  noires. 

G],  Marnes  et  cale,  bréchoïdes  à  Orbitolina  arnica,  d'Archiac. 

T*,  S-,  Marnes  avec  plaquettes  de  calcaire,  et  grès,  représentant  leTuronien  et 

le  Séuonieii,  —  300  mètres. 
D, ,  Grès,  —  500  mètres. 
Dj,  Marnes  rouges,—  300  mètres. 
D„  Calcaire  lacustre.  —  !"•  mètres. 
R«,  Eocène. 

La  coupe  10  montre,  sur  le  versant  méridional  du  Pech,  ladolomie 
divisée  en  deux  lambeaux;  la  pente  des  couches  est  telle  que  je  l'ai 
représentée,  et  partout,  sous  la  dolomie,  on  retrouve  le  Lias  fossili- 
fère. 

C'est  moi  qui  ai  découvert  le.Gault  à  Laborie  (1).  M.  de  Lacvivier 
revendique  pour  lui  celte  découverte^;.  Mais  dans  ses  études  géolo- 
giques sur  le  département  de  l'Ariège  il  dit  (3)  :  «  A  Laborie, 
les  calcaires  supérieurs  de  l'Urgonien  bordent  la  route».  Il  rapporte, 


1887.  J.  ROUSSEL.  — CRÉTACÉ  DES  PETITES  PYRÉNÉES  ET  CORB1ÈRES    605 

Du  reste,  ce  n'est  pas  seulement  à  Laborie,  mais  en  quelques 
autres  points  que  mes  coupes  diffèrent  de  celles  de  mon  savant  con- 
frère. Il  me  paraît  évident,  ainsi  que  l'a  démontré  M.  l'abbé 
Pouech  (1),  qu'il  existe  une  faille  au  Pech  de  Foix.  En  outre,  le  cal- 
caire qui  porte  le  château  de  Foix  n'est  pas  urgonien  ;  on  retrouve, 
au-dessous,  dans  le  lit  de  Larget,  toutes  les  couches  de  l'Aptien  et 
de  TUrgonien.  D'ailleurs,  ces  deux  étages  ne  disparaissent  pas  aussi 
complètement  qu'on  l'avait  cru,  sous  le  glaciaire  de  la  vallée;  car, 
au  delà  de  Bouychères,  j'ai  découvert  la  bauxite  et  le  calcaire  à 
Requiénies  sur  le  flanc  méridional  du  Pech.  Mais,  non  loin  de  ce 
dernier  point,  toute  l'aile  sud  du  bombement  est  recouverte  transgrcs- 
sivement  par  le  Crétacé  supérieur  (flg.  9). 

Au  pic  de  l'Aspre,  il  se  détache  du  Pech  de  Foix  un  court  bombe- 
ment, le  Pech  de  Pradières,  dont  la  direction  est  Sud-Est,  Nord- 
Ouest  (flg.  7,  8,  9).  De  celui-ci,  il  s'en  détache  un  autre,  le  Pech  de 
Lherm,  ayant  même  direction  que  le  Pech  de  Foix  (fig.  7,  8). 

Entre  le  Pech  de  Foix  et  celui  de  Pradières  est  un  pli  synclinal 
d'abord  peu  profond,  mais  qui  s'élargit,  se  creuse  alors  par  faille  et 
constitue  le  val  de  Pradières  (fig.  7,  8,  9,  10).  Il  en  existe  un  second 
entre  le  Pech  de  Pradières  et  celui  Lherm  (fig.  7,  8). 

Cependant,  ce  qui  reste  du  Pech  de  Foix  et  l'aile  sud  du  Pech  de 
Pradières  disparaissent  à  Leichert  où  existe  une  faille  (fig.  6).  L'aile 
nord  du  Pech  de  Lherm  disparaît  aussi  à  Baragne.  De  sorte  que  le 
Pech  de  Leichert  est  constitué  par  un  pli  synclinal  (fig.  G). 

Le  bombement  se  reforme  à  Coulzonne  où  j'ai  encore  observé  la 
faille  de  Leichert  (ûg.  5).  H  se  creuse  plus  loin  en  cuvette,  et,  un  peu 
au  delà  de  la  pittoresque  fracture  de  Péreille,  il  plonge  sousl'Eocène 
qui  l'enserrait  déjà  sur  ses  deux  flancs  (flg.  2,  3,  4.  5). 

C'est  à  Pradières  que  le  Crétacé  inférieur  et  le  Crétacé  moyen  sont 
le  mieux  caractérisés.  M.  Hébert  y  a  découvert  la  faune  du  Gault 
en  18G7  (2),  et  moi  celle  du  Cénomanien  en  1886  (3).  Là,  toutes  les 
assises  qui  constituent  la  partie  septentrionale  du  Pech  de  Foix  sont 
intéressantes.  L'Infra-lias  et  le  Lias  sont  presque  partout  pétris  de 
fossiles,  et  la  dolomie  a  une  puissance  de  250  mètres.  Le  Crétacé  est 
ainsi  composé  de  bas  en  haut  : 

N„  Brèche  et  calcaire  lithographique  avec  dolomie. 
U  ,  Bauxite. 

(1)  Bulletin  dfi  la  Société  géol.,  .*)•  série,  tom.  12,  page  7C5. 

(2)  Le  terrain  crétacé  des  Pyrénées,  Bull,  2*  série,  tom.  24,  page  323. 

(3)  Sur  la  découverte  d'un  gisement  Cénomanien  au  Pech  de   Foix.  Comptes- 
Rendus,  12  avril  1886. 


lllai 


villa; 


B06      J.  HOUSSEL.  —  CBBTACB  DBS  PRTIT8S  PÏB  ÉSÊEï  HT  C0BB1BBR3   30  tUlî 
t.',.  Cal.,  à  Hrquitnia  Lonsdalri,  d'Orb.,  Kadiolitrs  iteocomieasil,  d'Orb  f  ;  Qttrea 

ai/uila,  d'Orb. 

Ap,   Calcaire  pétri    à'Orbitolina   conoidra   et    diKOtdea,     Albin   Gras.  Je    n'ai 

jamais  aperçu  de  Etudiâtes  dans  cet  étage  et  M .  Grégoire  y  a  trouvé  le 

Snlenia  preslrnsis,  Desor. 
Al,  Cak.  avec  nombreux  Inssiles  de  couleur  jaune  verdâire.  J'ai  recueilli  dans 

cette  couche,  dont  l'épaisseur  ne  dépasse  pas  4  mètres,  plus  de  soixante 

espèces  de  fossiles  dont  les  principaux  sont  : 

Solarium  martinianum,  d'Orb.  ; 
Crritkiumtrimonilv,  Michelin?; 
Plicaiulu  ratliota,  Lam.; 
Triyonia  aliformis,  Parkinson; 
Inuctramia  tulratiu,  Sowerby.  j 
t'antium  f'onstiintt,  d'Orb.,  variété; 
Macula  atbmsis  d'Orb; 
Oitna  ardueam-mit,  il'Orli.  ; 
UmlaliutH  iteruiralum,  So« .  ; 
RhyiKhonrtla  fiolyynrt,  d'Orb.  ; 

-  fiMftf-rwa,  d'Orb.; 

—  tiihatn,  d'Orb.; 
TenhmMa   iulmtplnnit,  d'Orb; 

—  murrana.   d'Orb.?; 

Tnvbrirostra    anluenntmii,  d'Orbigny  ; 

Hemiaster    miniums  Dcsor; 
Discoïdea  eoiiiça,  Desor; 
Pettastn  Stttderi,  Cotteau  (i); 


Nautilus  elementiitus,  d'Orb.; 
Ammonites  Beudanli  Hroug,  ; 

Am.  tamatteanus,  d'Orb  ; 
Am.   lalidartatus,  d'Orb.? 
Am.  naamillaris,  Schiotheim; 
Am.   auritus,  Sow.  ; 
Hatuites   aUerno-lubtrculittus,   Le  y  m 
Hamites  royerianus.  d'Orb.; 
Pterocera  bicaiinala,  d'Orb.; 
Rostellaria  Parkiiumi,    Sow.; 
Tarritella  vibrayeana,  d'Orb; 
PUurotomarin   gtiulliaa,    d'Orb.?: 
Turbo  chassijaniis  d'Orb.; 
Stalaria  Gastina,  d'Orb.  ; 
—        ttemtntina,  d'Orb.?; 

C),  Calcaire  nodulem   gris  foncé, 
On  avait  ratlaclié  celte 


1887.  J.  ROUSSEL.  —  CRÉTACÉ  DBS  PETITES  PYRÉNÉES  ET  CORBIÈBBS  607 

C„  Grès  avec  débris  charbonneux  et  marne»  avec  Belemnitet  ultimus ,  Rhyncho- 
nella  compressa,  d'Orb;  Tercùratvlla  DelOosii,  Héb.  ;  Orhildina  concava, 
Lam.  —  150  mètres. 

Dans  les  sous-étages  Ct,  Cj,  G3,  on  rencontre  un  peu  partout,  àPra- 
dières,  une  formation  très  caractéristique  du  Cénomanien.  C'est  un 
calcaire  bréchiforme  ou  grumeleux,  riche  en  fossiles,  qui  se  pré- 
sente sous  forme  de  bancs  isolés  au  milieu  des  autres  couches.  Ces 
calcaires  se  désagrègent  à  l'air,  et  constituent  des  îlots  pierreux  où 
Ton  peut  étudier  les  fragments.  Ce  ne  sont,  le  plus  souvent,  que  des 
débris  de  diverses  coquilles  et  surtout  de  Polypiers  dont  j'ai  réuni  plus 
de  quarante  espèces  appartenant  aux  genres  Trochocyathus,  Dasmia. 
Lcptocyathus,  Meandrina,  Thamnaslrea,  Ilydaopora,  Isaslrea,  Trœmo- 
cœnia,  Astrocœnia,  Haplosmilia,  etc.  Avec  cela,  il  y  a  des  fragments  de 
calcaireou  de  bauxite  provenant  des  couches  antérieurement  formées. 

Le  ciment  est  le  plus  souvent  calcaire;  mais  dans  quelques  cas  il 
est  marneux. 

Le  conglomérat  passe  fréquemment  à  un  calcaire  compacte,  gris, 
vert  ou  rouge,  disposé  en  bancs  isolés  ou  en  vastes  nappes,  dans 
lequel  les  fossiles  sont  très  souvent  silicîfiés  et  en  relief  à  la  surrace 
de  la  roche  rongée. 

En  étudiant  un  grand  nombre  de  ces  formations,  je  me  suis  con- 
vaincu que  ce  ne  sont,  le  plus  souvent,  que  des  récifs  coralliens.  Ces 
récifs,  du  reste,  ne  sont  pas  particuliers  au  Cénomanien;  j'en 
ai  rencontré  quelques-uns  dans  l'Aptien  et  le  Gault. 

Or,  chose  remarquable,  il9]ont  tous  un  certain  nombre  de  fossiles 
communs,  dont  le  plus  abondant  est  Terebratella  Deiàosii,  Hébert, 
avec  Orbitolina  conoidea  et  discoïdea,  Albin  Gras. 

Les  divers  étages  du  Crétacé  inférieur  se  prolongent  sans  interrup- 
tion depuis  Foix  jusqu'au  pic  de  l'Aspre;  mais  au  delà,  on  ne  les 
rencontre  qu'en  quelques  points.  Les  Pcchs  de  Pradières,  de  Lhcrm 
et  de  Leichert  sont  presque  entièrement  constitués  par  le  Jurassique, 
recouvert  transgressivement  par  des  lambeaux  de  marnes  cénoma- 
niennes  et  de  calcaires  compactes  ou  bréchiformes  du  même  âge  qui 
atteignent  là  un  développement  remarquable  et  sont  très  riches  en 
fossiles. 

Dans  le  calcaire  du  Pech  de  Pradières,  près  de  la  grotte  de  Lherm, 
j'ai  recueilli  de  grands  exemplaires  dOrbitolina  concava  ayant  15  mil- 
limètres de  diamètre,  et  au  Pech  de  Lherm  : 

Rprirwu  fleuriausa,  d'Orb.;  Tembratella  Delfwsii,  Hébert; 

K/tynrhonrlla  laman ktana,   d'Orb.;  Goniopyyus  arizvnsis,  Colteau  (18»7;  ; 

—  conto  /a,  d'Orb.  ;  i-iiris,  voisin   du  C.  ïf'/itri/'eru,   Maul. 

—  compressât  d'Orb.  ; 


iOH      J.  ROUSSEL.  — CRÉTACÉ  DUS  PETITES  PÏRÉHÉE5  ET  CORB1ÈRES   î 

Au  Pecb,  de  Leichert,  j'ai  trouvé  : 


tfamilrj  armaliis,  Sow.  ; 
Janira  tongirauda,  d'Orb.  ; 
Pecten  tubaculus,  Lam.  î; 
Peclen  riryatui,  Nilsson; 
Ustita  carïnata.  Lam,; 
Plicatula  spinasa,  ManteM  ; 
Ostrea  flabellaîa,  d'Ûrb.  ; 
Rhgnchmrlta  graiiana,  d'Orb.  ; 

—  lamarckiana,  d'Urb.  ; 

—  contarta,  d'Orb.; 
Terebralelta  Dttbosii,  Iléb.; 
Hhynch .compressa,  d'Orb.; 
Radiolites  agaritiformis,  d'Orb.  ; 
Trrebrirosira   arduinnensii,   d'Orb.  ; 
Epiaster  distinclus,  d'Orb.  ; 
Pyrina  Des  Moulinsii,  d'Arcbiac  ; 

—      ttousselî,  Cotteau  (1887}; 
Discaïdea  su^uculvs,  Klein; 


Pgyaster  Iruncatus,  Agassii; 
Salenia  scutiocra,  Gray.  ; 
Pieududiadema  variotare,\Cotleaa; 
Orthopsis  grimuliii  il,  Cotteau; 
Cij)>hosama  Housseli,  Cotteau  (1887)  ; 

—  ariz'nstt,  Cotteau  (1887); 

—  Canals,  Cotteau  (18B7)  ;i); 
liiinriipijijus  Menavdi,  Agasait; 

—  major,  Agaasiz; 

—  sttlcalus,  Cotteau  ; 

—  arizcnsis,  Cotteau  (1887); 
Codiopsis  lioma,  Agassiz; 
Magnolia  arizensis,  Cotteau  (1887); 
Cidaris  gibberula,  Agassii; 

—  Sorignili,  Desor; 

—  veticulosa,  Goldfus; 

—  pgrenaica,  Cotteau; 
Orhilolina  concava,  Lam.  ;  etc. 


Un  fait  remarquable  que  j'ai  observé  dans  tous  ces  gisements, 
fossilifères,  c'est  la  présence  de  nombreux  pisolithes  ferrugineux. 
Ces  pisolithes  sont  ceux  de  la  bauxite,  qui  existe  encore  en  place, 
au  Coucbet,  à  Roquenxade  et  à  Pereille.  Dans  la  partie  supérieure 
du  vallon  de  Pradières,  j'en  ai  remarqué  de  gros  blocs  isolés;  en 
un  point  même,  celte  roche  est  en  place  et  par-dessus  gisent  des 
brèches  qui  en  sont  formées.  Il  est  manifeste  que  le  Cénomanien 
s'est  en  partie  constitué  aux  dépens  des  étages  précédents.  II  est 
donc  probable,  ainsi  que  l'a  fait  observer  M.  de  Lacvivier  (2),  que 
quelques-uns  des  fossiles  qu'on  y  rencontre,  proviennent,  dans  cer- 


1887.  J.  ROUSSEL.  —  CRÉTACÉ  DBS  PBTITKS  PYHÉÎfÉBS  ET  C0RWÈRE8  609 

A  Sézenac,  sar  le  versant  méridional  du  Pech  de  Foiz,  existe  un 
flot  de  Crétacé  découvert  par  M.  Ambayrac,  mais  jusqu'ici  mal  connu. 
Il  se  prolonge  depuis  Bonaygue  jusqu'à  Saint-Genôs,  et  il  est  ainsi 
composé  (fig.  9). 

C|,  Marnes  et  calcaires  noduleux  à  Holaster  subglobosus,  Agassiz;  Epiatter  dis- 
tinct m,  cPOrb.?;  HemiasUr  bufo,  Desor ;  Micraster  anlt?  uu*,Cotteau  (1887); 
Discoidea  cylindriea,  Lamarck;  Ammonites  Mantelli,  Sovv.  —  40m. 

Ca,  Marnes  et  grès,  banc  isolé  de  Calcaire  à  Requiénies  (Requienia  lœvigata, 
d'Orb.î).  —  50m. 

C3,  Cale,  à  Orbitolina  conicay  d'Archiac.  —  20Bl. 

Tu,  Se,  Marnes  avec  plaquettes  de  calcaire  et  débris  de  rudistes.  lOOm. 

Les  couches  sont  transgressivement  superposées  au  Lias  et  plon- 
gent au  Nord. 

Le  pic  de  Montgaillard  (flg.  8  et  9)  est  cénomanien  dans  presque 
tout  son  ensemble. 

On  y  observe,  en  effet  : 

Al,  Marnes  noires,  et  calcaires. 

Ct,  Calcaire  noduleux  avec  gros  Nautiles  et  Discoïdea  arizensit,  Cotteau  (1887). 
C},  Calcaire  grumeleux  et  marnes. 

C3,  Conglomérat  très  grossier,  avec  calcaire  bréchi forme,  au  calcaire  de  Mont- 
gaillard. 

Les  assises  sont  disposées  en  voûte  et  sont  superposées  aux  schistes 
anciens  qui  affleurent  au  Nord  du  pic  (fig.  8). 

J'ai  déjà  dit  que  le  Cénomanien  forme  le  rocher  de  Foix,  et  nous 
verrons  bientôt  qu'il  s'étend  à  l'Ouest  jusqu'au  Col-del-Bouich.  Mais 
tandis  que  là  on  ne  le  coupe  qu'une  seule  fois  en  allant  du  Sud  au 
Nord,  à  Montgaillard,  il  s'est  produit  des  ondulations  secondaires 
dont  il  ne  reste  que  des  tronçons  :  les  couches  marneuses  ont  été 
emportées  par  l'Ariège  ou  recouvertes  par  le  Glaciaire,  et  seuls,  les 
îlots  de  calcaire  affleurent  encore. 

A  l'Est  du  pic  de  Montgaillard,  le  Crétacé  supérieur  atteint  un 
développement  énorme  et  se  prolonge  jusqu'à  Bélesta.  Il  forme,  dans 
son  ensemble,  un  pli  synclinal  que  j'ai  figuré  dans  les  coupes  2,  3, 
•I,  5,  6,  7,  8,  et  que  je  nommerai  bombement  de  Celles.  A  la  partie 
supérieure  de  la  voûte,  enlevée  par  dénudation,  correspondent  des 
vallées  longitudinales.  Cette  disposition  a  déjà  été  aperçue  par 
M.  Hébert  et  figurée  par  lui  (1).  Mais  d'autres  géologues  ont  supposé 
là  des  renversements  qui  n'existent  point.  Je  me  suis  assuré  que 
les  couches  n'ondulent  pas  parallèlement  à  Taxe  du  bombement,  et 
qu'elles  ont  une  puissance  de  600  mètres  pour  l'aile  nord  et  de  1800 
mètres  environ  pour  l'aile  sud. 

(l)  Crétacé  supérieur  de   Saint-Sirac,  Bull.  Soc.  géol.,  3«  série,  t.  X,  pape  580. 
XV.  39 


610  J.  BÛDfSKL.  —CRÉTACÉ  BBS  PBTITB8  PÏHÉBÉKI  ET  COUlAlII  30  Uli 
C'est  à  partir  de  Saint-Paul  et  de  Caraybat  que  la  série  devient 
intéressante.  Toutes  les  fois  que  la  dénudatiou  a  été  assez  forte,  an 
fond  des  vallées,  on  trouve  le  Turonien  arec  ses  marnes  noires  on 
bleues,  ses  grès  et  ses  bancs  de  rudistes.  J'ai  aperçu  les'premières 
Hippurites  à  la  Tuilerie,  au  Nord-Est  de  Celles.  Ces  fossiles  abon- 
dent dans  les  champs  de  Saint-Sirac,  de  Leicbert  et  de  Hoqueflzade. 
Entre  Nalzen  et  Mondini,  la  vallée  n'a  pas  été  assez  creusée,  et  l'on 
n'en  trouve  guère.  Mais  ils  reparaissent  à  Villeneuve- d'Olmes  et 
dans  le  gisement  si  connu  de  fiénaiz. 

Le  Séuoaien  est  également  très  fossilifère;  mais  c'est  dans  la 
partie  sud  du  bombement  qu'il  est  le  plus  intéressant.  Il  a  la  mémo 
composition  que  le  Sénonien  des  Corbières,  savoir  : 

S1,  Marnes  avec  bancs  de  Radiolites,  aperçus  pour  la  première  fois  par  H .  Oré  - 
goireet  plus  récemment  signalés  par  moi  (i).  Outre  les  Radiolites,  on 
Irouve  à  Bastia  de  nombreux  Polypiers  avec  HîppurUei  cornu-u*ori»«m , 

J'ai  exploré  avec  soin  cette  assise  avec  le  concours  de  M.  Canal  et 
de  M.  de  Les  tel.  Nous  y  avons  trouvé: 


Clypédampat  Utttli,  CoUeau  (im); 
Saltnia  Baurgeoiti,  Coltaau  ; 
Orthaptit  miliarii,  CoUeau. 


Hhynckonelta  dtfformù,  d'Orb.J 
Btmiati/r  Gaulhùri,  Feron  ; 
Pyrina  pitrocoritiuis,  des  Moulin 
—     ODUium,  Àgassii; 

C'esl  l'horiion  à  Cyphotoma  Archiaci  des  Corbières. 

S,,  Grès  micacés  avec  marnes  en  sous-ordre,  correspondant  aux  couches  à  Mi- 
cratter  brevit  des  Corbières.  Ce  sont  les  grès  de  Celles  depuis  longtemps 
rapportés  au  Sénonien  par  M.  Hébert,  A.  Soulatge  et  à  Roufuac-dea- 
Corbières,  j'ai  trouvé  des  Micrutter  dans  tontes  les  couches  sur  une  épaisseur 
de  600'°  ;  mais  dans  les  grès  de  Celles,  je  n'en  ai  rencontré  qu'à  la  partie  su- 
■e  dans  mie  -ii-.Ul'  île   i-:ilr-iir>-  iioduU'iix.  épaisse  de  5  o 


1887.  J.  ROUSSEL.  —  CRÉTACÉ  DBS  PETITES  PYRÉNÉES  ETCORBIÈRES  611 

D„  Sur  ces  marnes  reposent  50   mètres  de  brèches  à  fragments  calcaires  ou 
siliceux,   qui  se  prolongent  sans  interruption  depuis  Saint-Paul  jusqu'à 
Fbugax. 

En  étudiant  les  terrains  primaires,  j'avais  déjà  remarqué  ces  con- 
glomérats que  je  croyais  fort  anciens.  Depuis,  j'ai  remarqué  qu'ils 
sont  en  concordance  de  stratification  avec  l'assise  précédente  et  en 
discordance  avec  les  terrains  primaires.  En  outre,  j'ai  retrouvé  ces 
conglomérats  au  même  niveau  dans  les  Corbières,  et  sur  les  bords  du 
Douctouyre;  j'ai  découvert,  interposé  entre  les  bancs  de  conglo- 
mérat, des  calcaires  pétris  de  Polypiers  et  d'Orbitolines,  avec  de 
grands  Orbitolites  semblables  à  ceux  de  Saint-Louis  (Aude)  et  de 
Saint-Marcel  (Haute-Garonne).  11  m'a  paru  que  ces  couches  repré- 
sentent le  Danien  inférieur. 

M.  de  Lacvivier  classe  les  brèches  de  Fraichenet  dans  le  Géno- 
manien  et  celles  de  Montségur  dans  le  Jurassique;  mais  il  suffit  de 
les  suivre  pour  voir  qu'elles  ne  constituent  qu'une  seule  et  même 
assise.  11  suppose,  en  outre,  que  les  marnes  S,  sont  albiennes  et  il 
admet  qu'il  y  a  renversement.  Dans  ce  cas ,  les  conglomérats  de- 
vraient être  sous  les  marnes  ;  mais  Ton  voit  par  mes  coupes  que 
c'est  le  contraire  qui  a  lieu. 

Le  Sénonien,  dans  la  partie  nord  du  bombement,  n'est  pas  moins 
fossilifère  que  dans  la  partie  sud ,  surtout  entre  Saint-Cirac  et  Lei- 
cbert  où  l'on  trouve  : 


ActœoMlla  iœvi:t  d'Orb; 
(htrea  Matheroniana,  d'Orb.  ; 
Pyrina  ovulum,  Agassiz; 
OrUutpsis  miliaris,  Cotteau; 


Cyphotoma  Gregoiri,  Cotteau  (1887)  ; 
Cyclolites  potymorpha,  Brong.; 
Troehosmilia  inconstant,  E.  de  Fr.f  etc. 


Mais  les  divers  étages  y  sont  moins  bien  délimités,  que  dans  l'aile 
sud;  et  les  conglomérats  daniens,  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec 
les  dépôts  glaciaires,  n'y  sont  pas  représentés. 

Telle  est  la  disposition  des  couches  entre  Montgaillard  et  Bé- 
lesta  :  la  découverte  de  l'assise  à  Orthopsis  miliaris  au-dessous 
des  couches  à  Alicrasfer  brevis,  prouve  jusqu'à  l'évidence  qu'il  n'y 
a  pas  renversement;  et  ce  qu'on  avait  rattaché  au  Crétacé  inférieur 
ou  moyen,  appartient  au  supérieur  (1). 

Nous  avons  vu  qu'à  Péreille,  le  Sénonien  et  la  partie  inférieure  du 
Danien  sont  recouverts  transgressivement  par  le  Danien  supérieur  ; 


(1)  Je  viens  de  lire,  dans  le  compte-rendu  sommaire  de  la  séance  du  16  mai  1887, 
que  M.  de  Lacvivier  a  étudié  lui-même  la  couche  à  Bemiastcr  Gauthieri,  Or- 
thopsis miliaris,  etc.,  et  reconnu  que  le  renversement  n'existe  pas,  ainsi  que  je 
l'avais  indiqué  dans  ma  note  du  4  août  1886. 


642     J.  ROUSSEL.  — CRÉTACÉ  DBS  PETITES  PYRÉHÉBSKT  CORBIÉHES  30  mai 

le  même  fait  s'est  produit,  pour  le  bombement  de  Celles,  entre  Hon- 
dini  et  Béîesla  (flg.  2  et  3).  Enfin,  près  de  ce  dernier  point,  toute  la 
formation  disparaît  sous  l'Eocène.  Mais  la  Craie  supérieure  affleure 
près  de  là,  dans  la  ride  de  Dreuille  (flg.  2),  où  nous  la  retrouverons, 
après  que  j'aurai  terminé  la  description  de  la  région  centrale. 

Reprenons  l'étude  du  bombement  de  Foix.  Sur  la  rive  gauche  de 
l'Ariège,  la  série  secondaire  est  la  même  que  sur  la  rive  droite  ;  mais 
il  n'y  a  pas  de  faille  (flg.  12). 

A  Caussou  et  au  Bastié  (13),  sur  le  flanc  méridional  du  Pech,  elle 
est  ainsi  composée  : 

L„  Lj,  L„  0,  Jurassique. 

Ci,  Calcaire  grumeleux  et  marnes  noires  à  Hohuter  subgfobosits. 

(7  et  C,  Grès. 

Tu,  Cale,  à  Hipjiurites  organisons. 

S',  Marnes  à  Micraster  Ueberti,  e(,  suivant  M.  de  Lacvivîer,  à  Inocriamus  digt- 

Or,  Granit. 

Ce  Crétacé  est  le  prolongement  de  celui  que  nous  avons  éludié  à 
Sésenac  et  &  Celles. 

Nous  le  retrouvons  encore  au  Rocher  de  Caralp  où  j'ai  relevé  la 
coupe  14  : 

Li,  Ls,  L„  O,  N.  Jurassique  et  Néocoraien , 

lii,  II,,  Bauxite  et  calcaire  à  Réquienies, 

Ap.  Calcaire  à  Ottrea  macroptera,  Sow  ;  Ostrea  aquila,  d'Orb;  Tereoratula  sella, 

Sow.  ;  Orbitolina conoïdea  et  discoidea,  Albin  Gras.  Nombreux  Silex. 

AI,  Calcaire. 

C",    Calcaire   bréchiforme   et   marnes   glauco  nie  uses,  avec  Epiaster  distinctus. 


1887.  J.  BOUSSBL.  — CRÉTACé  DBS  PETITES  PYRÉNÉES  ET  CORBIÈRBS    613 

Au  Nord  du  Pecb,  tous  les  étages  du  Crétacé  sout  très  développés  ; 
mais,  pour  le  moment,  je  ne  m'occuperai  que  de  ceux  dont  la  des* 
cription  se  rattache  à  celle  de  cette  montagne. 

A  Vernajoul  (fig.  12  et  13),  on  retrouve  les  diverses  couches  du  val 
de  Pradières.  Le  Cénomanien  y  est  très  fossilifère,  et  renferme  : 

Calcaire  corallien  bréchiforme,  avec  nombreux  fossiles  dont  les 
plus  communs  sont  : 

Ostrea  flabellala,  d'Orb.  Orbitolina  conoïdea  et  discoïdea,  Albin 

Oriopleura  Lamberti,  Mun.  Chalm  ;  Gras. 

Tcrebratula  Delbosii,  Hébert;  Nombreux  Polypiers. 

Discoïdea  subuculus,  Klein;  Grès,  marnes  et  calcaires  à  Orbitolina 

Cidaris  Sorigneti,  Desor;  conica,  d'Archiac. 

C'est  sur  la  rive  gauche  do  l'Ariège  que  la  faille  de  Pradières  pro- 
duit les  effets  les  plus  remarquables. 

On  voit  toutes  les  couches  se  renverser,  et,  à  partir  de  Sarda-le- 
Fort,  disparaître  sous  le  Danien  supérieur  et  l'Eocène  qui  se  sont  dé- 
posés dans  la  dépression  survenue  (fig.  14  et  15).  Ces  deux  terrains 
ne  se  prolongent  que  jusqu'à  Serny  ;  mais  le  renversement  persiste 
jusqu'à  Cadarcet  où  il  a  été  étudié  par  M.  Hébert  et  M.  de  Lacvi- 
vier.  D'un  autre  côté,  l'aile  sud  de  la  voûte  disparaît  au  château  de 
Soulé,  de  sorte  qu'entre  ce  point  et  Cadarcet,  il  n'existe  plus  que  l'aile 
nord  renversée  (fig.  16). 

Cependant,  à  Coumeloup,  près  de  Cadarcet,  le  bombement  se  ré- 
forme (fig.  17).  Là,  j'ai  relevé  la  coupe  suivante  : 

Tr.  Lr,  L2,  0,  N\  Jurassique  et  Néocomien. 
Uf,  Bauxite—  fim. 

U*,  Calcaire  à  Requienia;  Rhynchonella   lata,  d'Orb.;  Epiaster  distinctus, 
d'Orb.  ?  —  10m. 

Banc  de  calcaire,  de  trois  ou  quatre  mètres  d'épaisseur,  pétri  de  fossiles, 
dont  les  principaux  sont  : 

dans  cette  opinion.  J'ai  observé  même,  que  certains  granits  des  Pyrénées  sont 
postérieurs  aux  calcaires  à  Réquiénies. 

Dans  cette  môme  note,  j'ai  décrit  le  Carbonifère  de  Larbout  et  de  Saint- Antoine, 
et  j'ai  publié  un  certain  nombre  de  coupes.  Or,  M.  de  Lacvivier  a  repris  l'étude 
de  cette  formation  ;  le  plus  souvent  ses  coupes  présentent  un  accord  frappant  avec 
les  miennes,  et  cependant,  il  signale  quelques  erreurs  de  détail  qui  lui  paraissent 
regrettables. 

Assurément  toutes  les  erreurs  sont  regrettables  ;  mais  encore  faut-il  qu'elles  exis- 
tent dans  mon  travail.  Je  ne  puis  discuter  longuement  ici  ;  mais  je  dois  dire  que 
depuis  deux  ans,  j'ai  beaucoup  étudié  les  terrains  primaires,  et  que  si  ma  ma- 
nière devoir  s'est  modifiée  en  quelques  points,  ce  n'est  pas  dans  le  sens  indiqué 
par  mon  confrère. 


614      t.  KODSSBL.  —  CBÉTACfc  DES  PETITES  PYRÉNÉES  ET  C0RB1ÊHES     30  Ititî 


Trigonia  ornala  d'Orb.  ; 
Pectrn  archiaeian,  d'Orb.  ; 
Rhynchonella  «p.  ; 
Terebratula  tamarindui,  S 


Tercbrattlla  Delbotii,  Hébert; 

—  pnxlonga,  Sc-w.  ; 

—  moutoaiaaa,  d'Orb  . 


Ap,  Calcaire  à  Orbitolina  conoidea,  Albin  Gras.  — 
Al,  Couche  verte  de  Pradièree,  visible  à  Laplagoe, 

moiiiies  rares.  —  Quelques  mètres. 
Ci,  Marnes  noires  et  calcaire  à  échinides.  —  I50m. 
C,  et  C„  Marnes  noires  et  très  nombreux  bancs  de  calcaire  bréchiforme 


bord  du  chemin.  Am- 


Trigonia  spinoia,  Parkinson? 
Litkodomus  ; 

Janira   guinquecostata,  d'Orb. 
Oitrca  carinata,  Lam  ; 
Ottrea  arnica,  d'Orb.; 
Ithynchonctla    lamarckiana,  d'Orb.; 
—  compressa,  d'Orb; 


Tnvbratella  Dclbosii,  Hêb.  ; 

Hiilaslrr  lireii,  Aj-assii; 
Discoidra  subuculus.  Klein  ; 
Halenia  scuiigcra,  Gray; 
Orbitolina    concava,  Lam,  ; 

Très  nombreux  polypiers. 


Tu,  Se,  Marnes  noires  avec  plaquettes  de  calcaire. 
Du  D„  D,.  Grès,  marnes  rouges  et  calcaire  lithographique. 

A  partir  de  Coumeloup,  les  assises  jurassiques  forment  un  pli  an- 
ticlinal et  un  pli  synclinal  (fig.  17  et  18)  ;  et  cette  disposition  se  pro- 
longe jusqu'à  Allièros. 

Le  Crétacé  apparaît  dans  le  pli  synclinal,  à  Montsérou.  Au  Nord  du 
pli  anticlinal,  onobservela  même  série  qu'à Cadarcet  jusqu'à  Larcbé. 
Mais  à  partir  de  ce  point,  les  caractères  du  Cénomanien  changeant, 
on  ne  trouve  guère  plus  le  calcaire  corallien  que  dans  la  partie  infé- 
rieure de  l'étage  ;  la  partie  supérieure  est  formée  par  des  brèches  à 
HËDts  parfois  énormes,  nlli;;  n:nil  avei:  ilu-  jiï-  sfhUto'ides  et  det 


18B7.  j.  Boussn. — ceêtàc*  dks  otites  mtatn  it  comttES       618 

cette  rivière,  te  calcaire  àReqxriénies  est  souvent  remplacé  par  mi 
calcaire  à  Nérinées  avec  débris  charbonneux,  et  la  bauxite,  par  un 
conglomérat  calcaire  à  ciment  ferrugineux.  Bientôt,  j'ai  découvert 
que  cette  dernière  assise  est  fossilifère  en  plusieurs  points,  dans  l'un 
desquels  j'ai  observé  : 

L|9  L3,  L„  Lias.  —  200  mètres. 

0,  N«,  Dolomie,  100  mètres,  passant  peu  à  peu  à 

U,  Bauxite,  80 mètres. 

Entre  les  couches  à  pisolithes  s'interposent  des  calcaires  noduletrx,  gris-cendré 
on  jaune-roageàtre,  et  des  marnes  feaisietées  arec  débris  de  végétaux  carbonisés; 
le  tout  passant  par  endroits  à  un  conglomérat  calcaire  dolomitique,  dont  le  cimenjt 
est  ferrugineux  et  souvent  pétri  de  pisolithes.  Ce  sont  les  strates  à  pisolithes  et  les 
calcaires  noduleux  qui  sont  fossilifères.  Dans  ceux-ci,  les  fossiles  sont  de  taille 
moyenne  et  de  même  couleur  que  la  roche.  Dans  ht  bauxite  ils  sont  petits  et 
souvent  recouverts  d'un  enduit  ferrugineux  jaunâtrew  Joscpf  toi  j'en  ai  recueilli  plat 
de  30  espèces  dont  les  s/3  sont  des  Gastéropodes.  Les.  Nérinées,  lea  Cérithes  et 
les  Orbitolines  abondent.  J'ai  reconnu  : 


Nerieua  renauxiema%  d'Orb.; 

Nerine*  (4  espèces); 

Natiea  cornue liana,  d'Orb., 

Eulima  ? 

Bostellaria  dttpiniana,  d'Orb.; 

Pteroeera  ; 

Crriihium  (s  espèces); 


Nauttku  ; 

JùruaUlla  : 

Tcrebralula  lamarindus,  Sow.; 

—         Delbo*ii}  Hébert; 
Orbitotina    conoïâea  et  discoïde  a,  Albin 
Gras. 


U,  Calcaire  pétri  des  mêmes  Nérinées  que  l'assise   précédente,  20  mètres. 
Le  nombre  des  Nérinées  diminue  à  mesure  que  celui  des  Orbitolines  augmente 
et  l'on  passe  par  degrés  à 

AP,  Calcaire  à  Orbitolines,  —  20  mètres. 

Ai,  Calcaire  sans  fossiles,  —  quelques  mètres. 

Ci,  Marnes  avec  calcaire  grumeleux,  très  fossilifères,  —  40  mètres. 

Marnes  versicolores,  —  100  mètres. 
C,  et  C„  Brèche. 

Il  n'est  pas  douteux,  pour  moi,  que  les  couches  Ut  etU,  ne  soient 
urgonieunes  et  que  la  bauxite,  en  particulier,  ne  tienne  la  place,  dans 
les  Pyrénées  de  cette  assise  qui,  dans  la  Haute-Marne,  forme  la  cou- 
che rouge  de  Gornuel,  dans  l'Aube,  le  cordon  de  nodules  de  sanguine 
de  Leymerie,  et  dans  l'Yonne,  les  moellons  pétris  de  Cérithes  de  H.  de 
Longuemar. 

Il  est  remarquable  qu'à  l'Arize,  la  dolomie  se  transforme  par 
degrés  en  bauxite,  que  la  bauxite  soit  par  endroits  remplacée  par  un 
conglomérat,  et  que  les  Nérinées  de  cette  dernière  assise  passent 
dans  le  calcaire  à  Réquiénies.  Il  y  a  déjà  longtemps  que  M.  Hébert  a 
signalé,  au  Pecb  Saint-Sauveur  (fig.  12)  des  conglomérats  et  des  Néri- 
nées à  la  partie  supérieure  de  la  dolomie;  je  les  y  ai  retrouvés  et  jra 


616      J.  BOUSSSL. —  CHÉTÀCÉ  DBS  PETITES  FIEÉKÉES  BT  C0BB1ÈHES  30  mai 

remarqué  des  faits  analogues  à  Pradières  et  h  Leichert.  Tous  ces  faits 
sembleraient  prouver  que  les  assises  jurassiques  et  crétacées  se 
sont  formées  dans  les  Pyrénées,  sans  interruption. 

A  l'Ariie,  la  dolomie  même  se  modifie  par  endroits  ;  elle  apparaît 
pétrie  de  Polypiers  et  prend  le  faciès  du  calcaire  à  Requiémes.  Et  cet 
état  de  choses  se  continue  au  loin  vers  l'Ouest. 

Entre  tes  Baydous  et  Lagrange,  existe  une  importante  masse 
d'ophite  qui  n'a  pas  encore  été  signalée  (1).  Et  entre  Lagrange  et 
Clermont  avec  les  calcaires  bréchiformes  du  Géaomanien  alternent 
des  grès  dont  le  faciès  rappelle  celui  des  schistes  primaires.  J'ai 
figuré,  dans  la  coupe  30,  le  bassin  crétacé  dont  Roquebrune  est  l'un 
des  points  les  plus  saillants. 

L'Urgonien  est  très  développé  dans  la  partie  sud  de  ce  bassin  ;  mais 
il'  manque  fréquemment  dans  la  partie  nord,  où  le  Cénomanien 
repose  transgressivement  sur  la  dolomie.  Il  en  est  de  même  de 
l'Aptien  et  du  Gault.  Ce  dernier  étage  est  formé  par  deux  cents  mètres 
do  marnes  noires  et  quelques  bancs  de  calcaire,  avec  AmmonUet 
mittetiamu  d'Orb.  ;  Plicatula  radiola,  Lara.  ;  Cidarù  Sorigneti,  Desor, 

La  partie  inférieure  du  Cénomanien  est  marneuse  et  au-dessus 
viennent  des  grès  avec  de  nombreux  bancs  de  calcaires  corallien  ou 
grumeleux. 

Nulle  part  les  Ilots  pierreux  formés  par  la  désagrégation  de  ce 
calcaire  ne  sont  aussi  nombreux.  J'y  ai  recueilli  de  nombreux  Poly- 
piers et 

Ammonite!  magorianiti,  d'Orb.  ;  Discoideaiahucuiui,  Klein  ; 

RhynckoneUa  lamarckiana,  d'Orb.  ;  Qrthoptit  granularis,  Cotte&u  ; 

eompreua,  d'Orb.  ;  Cidaris  Sorigntti,  Desor.  ; 


1887.  J.  ROUSSEL.  —  CRÉTACÉ  DBS  PETITES  PYBÉNÉBS  BT  CORBIÈRES  617 

entre  les  deux  autres  s'est  déposé  le  Crétacé  inférieur  d'Audinac,  dont 
TAlbien  est  l'étage  le  mieux  caractérisé  (flg.  22). 

L'Albien  d'Audinac,  étudié  parMagnanet  M.  deLacvivier,  est  com- 
posé de  deux  ou  trois  cents  mètres  de  a  lavasses  noires  »  où  j'ai  trouvé  : 


Belemnites  semicanalitulatus,  Blain- 

ville  ; 
Nautilus  radiatus,  Sow.?; 
Ammonites  milletianm,  d'Orb.  ; 
Scalaria  Gastina,  d'Orb.; 

—  dupiniana,  d'Orb.  ; 
Ringenella  lacryma,  d'Orb.  ; 
Cerithium  ornatissimum,  Desh.  ; 

—  trimonile,  Mich.; 

—  teclum,  d'Orb.  ; 


Cerithium  subgpinosum,  Desh.; 
Rostellaria  Parkinsoni,  Sow.  ; 
Plicatula  radiola,  Lam.  ; 
Nucula  bivirgata,  Fit  ton.  ; 

—  subrccurva,  Phillips.  ; 

—  albmsis,  d'Orb.  ; 
Cardita  tenuicosta,  Fitton.; 
Epiasler  ricordeanus,  d'Orb.  ; 
Hemiaster  minimus,  Desor.  ; 
Uisçoïdea  conica,  Desor.  ; 


La  disposition  qui  existe  à  Audinac,  se  prolonge  jusqu|au  Salât,  où 
se  terminent  de  ce  côté  les  Petites  Pyrénées. 

De  toutes  les  ondulations  formées  par  le  Jurassique,  la  plus  septen- 
trionale est  la  mieux  caractérisée.  Elle  est  le  prolongement  du  bombe- 
ment de  Foix  et  de  Coumeloup  et  son  versant  nord  est  en  partie 
constitué  par  la  bande  de  Crétacé  que  nous  avons  étudiée  à  Vernajoul, 
à  Cadarcet  et  à  Larché.  Cette  bande  se  prolonge,  sans  interruption, 
jusqu'au  Salât.  En  la  suivant,  j'ai  observé  que  la  puissance  de  l'Albien 
augmente  à  mesure  que  cet  étage  devient  marneux,  et  qu'en  plusieurs 
points,  le  Cénomanien  repose  transgressivement  sur  le  Jurassique. 

Ici  se  termine  ce  que  j'avais  à  dire  de  la  formation  crétacée  dont 
la  description  se  rattache  à  celle  du  Pech  de  Foix. 

Mais  au  Nord  de  cette  ride  se  développe  le  Crétacé  supérieur  dont 
j'ai  à  parler  maintenant. 

Au-dessus  du  Cénomanien  vient  partout  une  puissante  assise  com- 
posée de  marnes  et  d'argiles  noir-bleuâtre  ou  grises,  avec  des  la- 
melles de  calcaire  qui  rappellent  les  fragments  d'Hippurites.  Ces 
fossiles  s'y  rencontrent,  du  reste,  en  plusieurs  points.  Ainsi,  M.  Gré- 
goire a  découvert  à  Lherm  (flg.  7)  un  gisement  où  j'ai  recueilli  plu- 
sieurs Hippurites  organisons  avec  quelques  Radiolites,  et  ces  fossiles 
existent  aussi  àGarrapel  (fig.  15). 

Entre  Péreille  et  Clermont,  sur  une  longueur  de  quarante  kilomè- 
tres, cette  assise  n'est  composée  que  de  marnes  et  d'argiles.  Il  en  est 
de  même  à  Guillelme  (flg.  20),  où  elle  a  une  puissance  de  mille  mètres. 
Au  delà,  il  s'ajoute  quelques  bancs  de  grès;  mais  les  marnes  con- 
stituent encore  la  masse  principale.  A  Montardit  et  à  Lasserre,  dans 
une  couche  dont  je  dois  la  connaissance  à  M.  Guillot,  j'ai  recueilli  : 


6t8       J.HOUSSBL.  — CRÉTACÉ  DES  PETITES  PYlttittES  ET  COBBI6ËRS  30  mti 

Janira  quadricostata,  d'Orb.  ;  Cyclotites  Réussi,  E.  de  Protn.,  et  Tn- 
chosmilia  didyma,  Edwards  et  Haîme, 

Cette  formation  marneuse,  que  nous  retrouverons  ailleurs,  repri- 
sante le  Turonien  et  le  Sénonien. 

A  la  suite  vient  le  Danien  inférieur,  essentiellement  composé 
de  grès  avec  quelques  lits  de  lignite  peu  importants.  A  Caba- 
nères,  le  ciment  des  grès  devient  quartzeux  et  il  s'ajonte  quelques 
bancs  de  conglomérat.  Aussi,  quelques  géologues  ont-ils  rap- 
porté au  Cénomanien  ce  qui  existe  là  et  tout  ce  qui  est  au-dessous 
jusqu'à  Glermont.  De  manière  que  cet  étage,  en  ce  point,  n'aurait 
pas  moins  de  trois  mille  mètres  de  puissance;  car  il  n'existe  ni  pli, 
ni  Taille  à  Cabanères,  et  les  couches  ont  une  pente  moyenne  de  60*. 
Le  vrai  Cénomanien,  avec  ses  conglomérats,  ses  grès  et  ses  cal- 
caires bréchi formes  se  trouve  mille  mètres  plus  bas,  sous  les  assises 
marneuses  5e,  Tu,  très  bien  caractérisées  à  Guillelme  (Hg.  20). 

Au  delà  de  La&serre,  à  la  partie  supérieure  apparaît  ,un  calcaire 
jaunâtre  (calcaire  nankin),  avec  fossiles  que  nous  trouverons  plus 
nombreux  ailleurs. 

Les  gris  précédents  passent  par  degrés  à  une  assise  de  marnes 
rouges,  qui  présentent  partout  les  mêmes  caractères,  excepté 
dans  la  région  occidentale,  où  la  partie  supérieure  devient  calcaire. 
Ces  marnes  ont  une  puissance  de  deux  cents  mètres  et  représentent 
le  Danien  moyen. 

Le  Danien  supérieur  est  formé  par  des  calcaires  lacustres  litho- 
graphiques, presque  partout  fossilifères,  dont  l'épaisseur  augmente 
de  l'est  à  l'ouest,  où  elle  est  de  cinquante  mètres. 


pàé  les  marnes  Df,  le  cilcaire  lacustre  D3»  et  FBoctlne,  disposés  sous 
forme  de  boutonnière  (Bg.  2). 

Au,  col  de  Babourade,  les  couches  détiennent  sensiblement  hori- 
sontales  et  celles  de  USocène  se  raccordent  au-dessus  du  Crétacé. 
Hais  à  Puivert,  la  rivière  du  Blau  a  creusé  son  lit  Jusque  sous  Tas- 
sise  ttf  Au  delà,  le  calcaire  lithographique  forme  le  dessus  de  la 
ToAte  jusqu'au  col  des  Tougnets,  ou  apparaît  une  nouvelle  bouton- 
nière (flg.  1).  Cependant,  les  couches  se  raccordent  de  nouveau  & 
Foroe-Haute  ;  le  calcaire  lacustre  forme  une  vaste  nappe  crayeuse 
épopée  en  dent  par  la  vallée  de  F  Aude;  et  les  buttes  de  Saint-Fer- 
réol,  de  Soubirous  et  de  Rennes  constituent  les  derniers  vestiges  du 
Calcaire  à  miliolites  qui  recouvrait  primitivement  le  plateau  (flg.  36, 
37,38). 

A  Puivert  et  à  Nébias  (flg.  i),  ce  n'est  pas  le  Gartremlen  qui  bute 
contre  le  calcaire  à  Réquiénies,  comme  l'ont  figuré  Leymerie  (i)  et 
Ê.  Yiguier  (2)  ;  mais  les  étages  supérieurs  de  l'Éocène,  ainsi  que  je 
Fai  déjà  prouvé  (3). 

Dans  la  région  que  nous  étudions,  le  calcaire  lithographique  se 
décompose  souvent  &  l'air  et  devient  crayeux,  et  dans  les  marnes 
fouges  D',  on  trouve  des  lits  de  poudingue.  Enfin,  les  assises  D1  ont 
une  composition  variable  suivant  les  lieux.  Entre  le  cap  de  la 
Mounjo  et  Foroe-Haute,  et  entre  Saint-Ferréol  et  Songraigne,  ce  ne 
sont  que  des  grès.  Mais  sur  les  rives  de  l'Aude  et  des  ruisseaux  de 
Couleurs  et  de  Granes,  entre  les  couches  de  grès  s'intercalent  des 
marnés  rouges  et  des  brèches.  A  la  montée  de  Couiza  à  Rennes-le- 
Château,  on  trouve  (flg.  36)  : 

S3.  —  Marnes  à  Holaster  triyni  Cotteau,  —  30m.  Calcaire  jaunâtre  avec  nom- 
breux Micraster  brevis  à  ambulacres  superficielles.  —  10m. 

D1.  —  Gros  banc  de  brèche  à  fragments  quartzeux,  —  grès,  —  marnes  rouges,  — 
grès,  —  marnes  rouges,  —  grès  jaune  roogeatre.  —  70* 

D*.  —  Marnes  panachées,  —  grès  rouge,  —  marnes  rouges»  —  grès,  —  pou- 
dingue. —  30  ■ 

D*.  —  Calcaire  compacte.  —  iOm 

Nous  voyons  qu'ici  les  assises  D1  et  D*  ont  à  peu  près  la  même  com- 
position et  que  la  partie  la  plus  remarquable  de  la  première  est 
on  conglomérat  au-dessous  duquel  existe  une  couche  à  Micraster 
brevis. 

(1)  Aperçu  géologique  des  Pyrénées  de  l'Aude.  —  Montpellier,  1880  (mémoire 
posthume). 

(S)  Revue  des  sciences  naturelles.  —Juin,  1882. 

(3)  Note  sur  le  Crétacé  supérieur  et  le  Tertiaire  des  départements  de  l'Ariège  et 
l'Aude.  Bulletin  de  la  société  ariégeoise  des  sciences,  lettres  et  arts.  —  Juillet 
1SS5. 


■  t- 


620      J.  ROUSSEL.  —  CRÉTACÉ  DBS  PETITES  PYRÉNÉES  ET  COHBIÈ&ËS  30  IDli 

J'aurai  a  signaler  des  faits  analogues  dans  les  bassins  de  Sou- 
graigne  et  de  Quillan. 

Le  premier  de  ces  deux  bassins  est  bien  connu,  surtout  depuis  les 
récents  travaux  de  M.  Toucas  ;  mais  il  n'en  est  pas  de  même  du  se- 
cond, où,  suivant  les  descriptions  de  Levmerie  (1)  et  de  St.  Gayrol(2), 
il  n'existerait  que  le  Crétacé  inférieur.  Or,  j'ai  retrouvé  les  mêmes 
assises  dans  les  deux  et  découvert  qu'ils  ne  constituent  qu'une  seule 
et  mémo  formation.  Il  est  facile  de  s'en  convaincre  en  étudiant  les 
couches  de  la  planche  II, 

J'ai  figuré  dans  la  coupe  33  la  disposition  des  couches  telle  qu'elle 
apparaît  en  allant  du  Nord  au  Sud  par  Sougraigne  et  Bugarach.  Au 
Nord,  on  trouve  un  premier  bombement  constitué  par  les  terrains 
primaires;  il  en  vient  ensuite  un  second  et  un  troisième  formés  par 
le  Crétacé.  Le  premier  et  le  troisième  seront  pour  nous  le  bombement 
de  Bézis  et  de  Gugurou  ou  du  Bézu  ;  le  second  a  été  nommé  par  d'Ar- 
chiac  bombement  de  Laferrière.  Entre  le  premier  et  le  second  existe 
le  Crétacé  de  Sougraigne,  et  entre  le  deuxième  et  le  troisième 
celui  de  Bugarach,  disposés  en  plis  synclinaux.  Le  Crétacé  de  la  par- 
tie sud  du  bombement  de  Cugurou  butte  contre  le  Jurassique,  au- 
dessus  duquel  est  le  Crétacé  inférieur  disposé  en  pli  synclinal  dans  la 
vallée  de  Saint-Paul- de-Fenouillet. 

Le  bombement  de  Laferrière  commence  entre  Laferrière  et  la 
Viallasse  (fig.  34)  et  ftnità  Tocban,  après  avoir  formé  la  montagne  de 
Taucb  qui  en  est  le  prolongement.  Le  Crélacé  de  l'aile  nord  de  cette 
ride  se  termine  à  Fourtou  avec  celui  du  pli  synclinal  de  Sougraigne. 
Le  Crétacé  de  l'autre  aile  ne  se  termine  qu'avec  la  montagne  de 
Tauch  (Bg.  27,  28,  ai),  30,  31). 


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4  Quillan,  en  effet,  ce  calcaire  est  disposé  en  bassin  ;  mais  dans 
l'aile  nord,  il  n'est  visible  qu'à  la  croix  de  Saint-Simon.  De  ce  côté, 
an  point  où  passe  la  coupe  38,  il  est  recouvert  transgressivement  par 
l'Aptien  et  les  couches  du  Danien  supérieur. 

Celui  de  l'aile  sud  fait  partie  de  la  montagne  que  d'Archiac  a  nom* 
mée  chaîne  de  Saint-Antoine-de-Galamus. 

Dans  cette  montagne,  qui  se  rattache  directement  &  celles  du  pays 
de  Sanlt,  nous  trouverons  le  Crétacé  tel  qu'il  est  composé  dans  les 
Pyrénées  proprement  dites. 

A  Quillan,  elle  forme  un  bombement  que  j'ai  représenté  (ûg.  36  et 
37)  et  qu'on  trouve  ainsi  composé  en  suivant  la  route  de  Quillan  à 
Axât. 

Al.  —  Marnes  noires  dont  les  ondulations  forment  les  parties  basses  du  bassin  de 
Quillan  et  le  Roc  de  Bitrague. 

Ap.  —  Banc  de  calcaire  à  Orbitolines  ;  —  Marnes  à  Oslrea  aquila  et  calcaire  à 
Orbitolines  en  sous-ordre. 

U  .  —  Calcaire  à  Requiénies. 

Le  reste  de  la  série  n'est  pas  visible. 

A  la  suite,  dans  l'autre  aile,  les  couches  sont  plus  marneuses  et  par  con- 
séquent plus  épaisses.  On  observe  : 

U,.  —  Calcaire  à  Requiénies;  — Marnes  noires  à  Orbitolines;  —  Calcaire  à  Requié- 
nies; —  Marnes  noires;  —  Calcaire  à  Requiénies. 

Aji.  —  Marnes  noires  à  Orbitolines;  —  Calcaire  sans  fossiles  ;  —  Marnes  noires 
pétries  d'Orbitolines. 

A/.  —  Marnes  et  calcaires  marneux  formant  une  voûte  surbaissée. 

A  partir  de  Saint-Louis,  on  ne  retrouve  plus  le  bombement  de 
Quillan,  et  là  commence  la  plus  longue  faille  que  j'ai  rencontrée. 

Il  serait  tout  naturel  de  supposer  que  la  faille  a  fait  disparaître 
le  bombement  ;  mais,  cela  n'est  pas  :  celui-ci,  n'a  jamais  existé  de  ce 
celé,  ainsi  que  le  prouve  l'observation  attentive  des  faits. 

A  Saint-Louis,  la  chaîne  est  ainsi  composée,  (flg.  34)  : 

L,.  —  Lias  fossilifère;  —  0,  Dolomie;  —  Nc,  U,,  Calcaire  bréchiforme ;  U,  cal- 
caire à  Requiénies;  — Ap,  Calcaire  à  Orbitolines  avec  parties  marneuses. 

Au  delà  (fig.  33),  sous  l'étage  L3  apparaît  l'étage  Lg  ;  mais  il  est 
sous  forme  de  cargneule,  ainsi  qu'on  l'observe  dans  les  Petites  Pyré- 
nées, à  Leichert  notamment.  Il  semble  que  les  fragments  de  la  brèche 
liasique  aient  été  dissous  et  qu'il  ne  reste  que  le  ciment  dolomi- 
Uque,  d'autant  plus  que  dans  les  cargneules,  il  existe  des  parties 
où  la  brèche  existe  encore. 

Plus  loin,  la  faille  décrit  une  sinuosité  vers  le  Nord  et  à  la  série 
précédente  s'ajoutent,  (fig.  32)  : 


r     i 


*        I 


622       I.  ROUSSEL.  —  CRÉTACÉ  DES  PETITES  FÏBÉNBKS  BT  COBBIÈBRB  30  01*1 

L,,  Caicaire  du  Lias  inférieur.  —  Tr,  marnes  irisées,  bien  caractérisées  aux 
Roubis.  —  Pr.  calcaires  gris  bleuâtres  veinés  de  blanc.  Ces  calcaires  ont  une 
puissance  considérable  et  constituent  la  masse  imposante  du  pic  Bargaracb,  où  ils 

deviennent  dolomitiqoes. 

Quelques  géologues  ont  rapporté  au  Jurassique  la  dolomie  du  pic 
de  fingarach,  mais  cette  dolomie  esl  la  même  que  celle  qui  existe  en 
plusieurs  points  dans  le  massif  de  Montoumet,  sur  les  bords  si  pitto- 
resques du  Tnrgan,  par  exemple  (fig.  28). 

Dans  le  défilé  de  Saint-Antoine,  on  retrouve  les  marnes  irisées  et 
oa  remarque  que  la  dolomie  0,  passe  à  la  brèche  N.,  U,.  Celle-ci 
atteint  en  ce  point  une  puissance  de  800  métrés  environ. 

Entre  Saint-Paul-de-Fenouilletet  Soulatge,  et  entre  Maury  et  Cu- 
cugnan,  le  Lias  supérieur  est  partout  fossilifère,  et  tous  les  autres 
étages  du  Jurassique  sont  représentés.  Au  delà  des  ruines  de  Qui- 
ribus,  les  couches  deviennent  sensiblement  horizontales  et  forment 
un  plateau  accidenté  (fig.  28). 

La  faille  de  Saint-Louis  se  prolonge  jusqu'à  Tuchan,  mais  elle  se 
termine  en  même  temps  que  le  Crétacé  déposé  dans  la  dépression 
qu'elle  a  produite. 

A  Padern,  où  l'on  peut  voir,  presque  superposées,  les  deux  lèvres 
de  la  faille,  il  m'a  paru  que  la  profondeur  de  cette  dépression  n'est 
pas  moins  de  600  mètres. 

En  ce  point,  le  Crétacé  est  fort  intéressant,  et  je  le  décrirai  bientôt; 
mais  il  nous  importe  de  connaître  immédiatement,  dans  son  ensem- 
ble, la  série  des  terrains  qu'on  y  observe. 

En  suivant  le  Torgan,  on  coupe  à  deux  reprises  certaines  couches  et 
l'on  retrouve,  là,  le  bombement  de  Laferrière,  (fig.  28). 


1887.   J.  ROUSSBL.  —  CRÉTACÉ  DBS  PBTITBS  PYRÉNÉÇS  BT  CORBIÈRES   623 

Au  delà,  on  le  retrouve  dans  un  pli  très  aigu  qui  constitue  la 
chaîne  de  Lesquerde  (fig.  29,  30,  31,  32,  33),  parallèle  &  celle  de 
Saint-Antoine. 

Dans  ces  deux  chaînes,  les  couches  à  Orbitolines  et  à  Ostrea  aquila 
se  modifient  latéralement  et  sont  tantôt  calcaires  et  tantôt  mar- 
neuses. 

Dans  celle  de  Saint-Antoine,  entre  Saint-Paul  et  Soulatges,  au- 
dessus  des  calcaires  et  Orbitolines  sont  des  calcaires  coralliens  avec 
Terebratella  Delbosii^  Hébert  ;  Rhynchonclla  de  pressa,   d'Orb  ;   Rhyn- 
chonella  sp.;  Salcnia  prestensis,  Desor  ;  Cidaris  Sorigneti,  Desor;  Cidaris 
pyrenalca,  Gotteau,  etc. 

Nous  allons  retrouver  ces  fossiles  plus  nombreux  dans  les  environs 
d  c  Quillan. 

J'ai  déjà  dit  que  le  calcaire  à  Requiénies  forme  là  un  pli  synclinal 
iont  l'aile  nord  n'est  visible  qu'en  quelques  points.  Ce  pli  constitue 
bassin  où  sont  étages  les  terrains  crétacés  de  la  voûte  du  Bézu. 
Dans  ce  bassin,  toutes  les  couches  ont  la  même  composition  :  ce 
sont  partout  que  lavasses  noires  alternant  avec  quelques  bancs 
grès  et  de  calcaire.  Les  strates  marneuses  ont  donné  prise  à  l'ac- 
in  des  eaux,  et  des  dénudations  énormes  ont  produit  un  paysage 
~fttoresque  où  la  vue  se  heurte  à  de  longues  barres  de  calcaire  blanc, 
à  des  pitons  arrondis  de  couleur  sombre  qui  simulent  un  volcan 
jné. 

5>ur  le  bord  occidental  du  bassin,  dans  les  parties  basses  creusées 
r  l'Aude  et  divers  ruisseaux,  j'ai  trouvé  l'Aptien  et  l'Albien,  et  à 
;t,  dans  la  partie  haute,  j'ai  rencontré   le    Crétacé    supérieur 
g.  33,  34,  35,  36,  37.  38). 
îs  couches  se  superposent  dans  Tordre  suivant  : 


2,  Calcaire  à  Requiénies. 

u,  Calcaire  et  marnes  à  Orbitolines,  avec  Ostrea  aquila,  d'Orb.,  et  Ostrea 
macroptera,  Sow. 
-A,,  Marnes  renfermant  Belemnites  semicanaliculatus,  Blainville;  Sautilus  ra» 
dialus,  Sow.;  Naulilus  clemcntinus,  d'Orb.;  Ammonites  milletianus, 
Sow.;  Turritella  vibrayeana,  d'Orb.;  Ccrithium  subspinosum,  Desh.  ; 
Rinyinella  lacryma,  d'Orb.  ;  CarJiumhillanum,  Sow.;  Cardita  tenuic  sla, 
Fitlon;  Nucula  Oivirgata,  Fitton  ;  Nucula  ornatissima,  d'Orb.  ;  Nucula 
subrecurva,  Phillips;  Nucula  albensis,  d'Orb.;  Panopœa  plieata,  d'Orb.  ; 
Pecten  striato-pwtctatus,  Kœmer?  Plicatula  radiula,  Lam.  ;  Ostrea  aquila, 
d'Orb.;  Ostrea  ardue  ntien  sis,  d'Orb.  ijOstwa  macroptera,  Sow.;  Epiastcr 
ricordeanus,  d'Orb.?;  Hemiaster  mi  ni  mus,  Agassiz. 

Ces  marnes,  où  nous  retrouvons  la  plupart  des  espèces  d'Audiiiac,  sont  certai- 
nement albiennes.  Elles  ont  une  épaisseur  d'environ  800  mètres  et  peuvent  se  sub- 
diviser en  deux  zones  :  dans  la  supérieure,  on  ne  trouve  que  les  espèces  du  Oault, 
tandis  que  dans  l'autre,  on  recueille  encore  quelques  espèces  de  l'étage  précédent, 


624      J.  ROUSSEL.  —  CRÉTACÉ  DBS  PETITES  PYRÉNÉES  BTCOBBIERB8  30  mai 

telles  qweVOilren  aquila.  Dans  celle-ci,  J'ai  découvert,  an  Béru,  un  banc  de  cal- 
caire corallien  avec  Terebralflla  Delboiii,  Hébert;  Rhynchrmella  «p.;   Cidaris  py- 
rtnaïca,  Cotteau. 
C|,  Marnea  noires  avec  bancs  de  calcaire  (100>)  renfermant  : 

Ammonites  rhotomagensis,  Defrance?      Anomia  papyracea,  d'Orb.  ; 


Oitrea  conica, 

d'Orb. 

Terebmtulo  dutempleana,  d'Orb. 

Pecten  rhotomagensis.  d'Orb. 

Holaster  («vis,  Agassit. 

Janirj  quinquecostata,  d'Orb. 

—  Banc  de 

calcaire  avec  marnes 

en  sous-ordre  formant    uoe  barre   de  70" 

d'épaisseur. 

—  Calcaire  i 

narneux  (1-)  avec 

Belemnites  Ulti 

mui,  d'Orb. 

Plkaiula  spinosa,  Manlell. 

Nautitus  fleuri 

ausiantu,  d'Orb. 

Hataiter  /utii'i,  Agassiz. 

Cyprins  tigerit 

■mi),  d'Orb.? 

Discoïda  tuliucvlus,  Klein. 

-  Marnes:  70». 

»,  Calcaire  formant  barre,   renfermant  Orbiloltna  concava,  Lam.  ;  Oràitolinas 
ka,  d'Archiac,  et  un  grand  nombre  de  Nériuées  ;  !0m. 
',  Orès  et  calcaires  noduleux  :  I0m. 
'.,  Calcaire  à  Hippurites  :  40-. 

i,  Calcaire!  marueui  et  marnes  à  Ammonites  lutitricarinatus,  d'Orb.  :  !0™. 
Calcaire  a  Hippurites  bioctttata,    Lam.;  Natica  mathtrroniana,  d'Orb.,    Iso- 

cardia  pyrenatca,  d'Orb.  :  quelques  mètres. 
',  Marnes  et  grès  avec  Micraster  brevis,  Agassiz;  Micrailtr  Heberti,  de  Lacvi- 

vier;  Echinocorys  vttlgarit,  Breyn.  :  50™. 
>,  Marnes  et  grès  graveleux  renfermant  de  nombreux   fossiles  dont  les  princi- 


Actaonetla  gigantea,  d'Orb.; 


Micraster   Irrevis  i  ambulacres    sunerfl- 


1887.  J.  ROUSSEL. — CRÉTACÉ  DBS  PETITES  PYRÉNÉES  ET  COHBIÈRES    625 

de  Saint-Louis,  tandis  que  l'autre  l'est  dans  les  communes  de  Saint- 
Julia-du-Bec,  de  Laval  et  de  Quillan. 

Le  Crétacé  supérieur  de  Saint-Louis  était  encore  inconnu  des  géo- 
logues :  jusqu'ici,  on  avait  rattaché  au  Gault  tout  ce  qui  existe  là. 

La  description  précédente  se  rapporte  plus  particulièrement  à 
l'aile  sud  du  bombement  du  Bézu.  L'aile  nord  est  aussi  bien  carac- 
térisée ;  mais  elle  est  moins  puissante.  Le  Génomanien  moyen  et 
supérieur  sont  composés  de  calcaires  à  Caprines  et  à  Nérinées,  et  de 
içros  bancs  de  brèche.  A  Cugurou,  le  Turonien  est  formé  par  des 
calcaires  à  Hippurites  cornu-vaccinum  et  un  banc  de  Requienia  cari- 
atata,  d'Orb.  Au-dessus  viennent  les  grès  et  les  marnes  sénoniennes 
«le  la  vallée  de  Bugarach  (fig.  33). 

Les  assises  sénoniennes  et  daniennes  du  bombement  du  Bézu  s'ap- 
jpuient  au  Sud  contre  le  Lias  de  la  chaîne  de  Saint-Antoine,  et,  à  l'Est, 
contre  le  pic  de  Bugarach  qu'elles  contournent  sans  faille,  et  se  pro- 
longent, d'un  côté,  jusqu'à  Padern,  et  passent,  de  l'autre,  à  l'Ouest 
«3e  la  ride  cénomanienne  de  Laferrière  pour  combler  la  dépression  de 
Hennes-les-Bains  et  de  Sougraigne. 

Les  terrains  crétacés,   dans  cette  dernière  direction,  sont  bien 

onnus  des  géologues  par  la  description  de  d'Archiac  et  surtout  par 

elle  de  M.  Toucas  qui  a  fait  connaître  la  vraie  succession  des  cou- 

hes.  Aussi  ne  m'attarderai-je  pas  aies  étudier. 

L'axe  de  cette  formation  est  constitué  par  le  pli  de  Laferrière,  dans 

lequel  les  terrains  primaires  et  jurassiques  servent  de  substratum  au 

Crétacé. 

Nulle  part,  je  n'y  ai  observé  les  calcaires  urgoniens.  Cependant, 
"M.  Toucas  et  M.  de  Lacvivier  les  ont  signalés,  après  d'Archiac,  au 
col  de  Capela,  près  de  la  source  salée  (fig.  32).  Mais  je  ne  les  ai  pas 
aperçus,  bien  qu'en  ce  point  j'ai  étudié  les  couches  à  deux  reprises. 
Là  existe  une  barre  de  calcaire  où  l'on  devrait  les  trouver.  Or,  au- 
dessous  est  une  assise  de  marnes  bariolées  avec  gypse  et  cristaux  de 
quartz.  M.  de  Lacvivier,  qui  l'a  récemment  aperçue,  l'a  rapportée  au 
Trias.  Mais  cette  assise  marneuse  et  la  barre  calcaire  se  prolongent 
jusqu'à  Padern  où  les  marnes  sont  encore  bariolées  et  gypsifères, 
mais  où  elles  présentent,  en  outre,  de  nombreux  fossiles  :  elles  sont 
cénomaniennes.  Au  village  même  de  Padern  est  un  banc  de  calcaire 
corallien  avec  Terebratella  Delbosii  et  Cidaris  Sorigneti,  et  ce  n'est  que 
plus  bas,  dans  la  série,  qu'on  trouve  successivement  le  Lias,  les 
marnes  irisées  et  le  primaire  (1). 

(1)  Tout  récemment,  j'ai  retrouvé  les  mômes  couches,  superposées  dans  le 
même  ordre,  à  Fourtou  môme,  près  de  la  source  salée. 

XV  40 


H86       I.  MUM>L.  —  CftÉTACÉDBSPBTITBB  PYBEHÉBS  BT  COBBtBRCS  30  mai 
Quant  à  la  barre  calcaire,  je  l'ai  étudiée  à  Panera,  au  col  de  Gapela, 

et  eu  au  grand  nombre  d'autres  points,  et  je  n'y  ai  jamais  trouvé 

que  les  fossiles  du  Cénomanien  moyen  et  supérieur. 
Je  crois  donc  pouvoir  affirmer  que  le  calcaire  à  Réquiénies  n'existe 

pas  dans  le  bombement  de  Laferrière,  dont  le  Crétacé  est  ainsi  com- 


AL,  Marne»  noires  ou  TerdiUres 
Malle  part  ces  marnes  ne  e 
oriental  du  Tauch. 
Ci,  Marnes  verdatres  ou  routes,  »■ 
Fadern  et  en  quelques  autres 
noduleuï,  pétris  de  fossiles  d 

Ltrithivm  ptregrinoium  d'Orb  ; 
Trigonia  spinoia,   Parkinson  ; 
Janira  avingttecottala,  d'Orb; 
Qitrca  conica,  d'Orbj 
ilcmin.'ttr  rcgulutanut,  d'Orb? 

—       bufo,  Desor; 

Epiasterdistinctus,  d'Orb  ; 

Pyrina  Houurli,  Cottean  (lato;  ; 
Pggaulus  snbauuaiii,  Agassi» 


Botriopygusalaa 


s,Cotieau(188-); 


;  banc  de  calcaire  corallie 


ec  grès  glauconieux  et  gypse.  Au  Or  an  de 
points  s'interposent  des  bancs  de  calcaire 
int  tes  principaux  sont  : 

Mtcoidt-tt  tttbututiu,  Klein; 

—       ariztitsit,  Cotteau   (I8S7); 
Pttlaslts  acanthuld  s,  Agassi!  ; 
Glypkoryphua  radiatui,  Desor  ; 
Orthoptie  granttUirii,  Cotleau; 
Cyphos-jina  Roussrti,  Cotleau  (1887)? 
Goniipygvi  majar,  Aganis: 

—        iuli-alus,  Coltean; 
Cidaiit  Sorigneti,  Desor; 


C„  Calcaires  pétris  de  Caprinaadwrsa,  C.  d'Orb;  Caprinelh  trian gularit,  d'Orb  ï; 

Orbilolimt  cancana,  Lam;  Otbitolina  conica,  d'Archiac;  grandes  N'érinées. 

C],  Grès  avec    Ttrcbratella    carcntonensii,   d'Orb;   Outre»   carinata,    Lam;    et 

Pieudodiadema  variotarc,  Colteau,  à  Padern. 

Calcaire  marneux  et  noduleuï  avec  marnes,   renfermant,  à  Cubi  tires 

surtout  :  Ottrta  cotumba,  Desh.  (tares (libellât a.  d'Orb,"  Otlrea  carinata, 

Lam;  nombreux  polypiers  ;  etc. 


k-1 


MPI.  4.  aoa«is>~-aet**ei  m»  mm  mteiM  ir  gouéiks       8ff 

« 

Sj,  Grès  et  marnes  avec  MhrmsÊm*  owls,  'AgessU;  X.  MeUfcer—j,  Desot  $ 
if.  Bèbertit  de  Lacvivier;  Holaiier  futsftr»  Agassis;  sTcAmocory*  vkJ- 
fftrô,  Breynius.;  Spondylus  spinosus;  etc. 

Ce  sous-étage,  entre  Soulatge  et  Cucugnaa,  a  une  épaisseur  de  eoo  mètres 
environ.  Ce  sont  les  assises  les  plus  inférieures  qui  soat  les  plus  fossili- 
fères. A  la  partie  supérieure,  entre  Camps  et  Padarn,  on  trouve  intercalés 
de  nombreux  bancs  de  calcaire,  dont  le  plus  remarquable  est  celui  qui 
porte  les  ruines  du  chàteiu  de  Peyrepertuse.  Au-dessus,  j'ai  encore  trouvé 
des  grès  à  Micraster  brevis  à  Duillac. 

S„  Marnes  bleues,  très  fossilifères  à  Sougraigne.  M.  Toucas  a  montré  qu'il 
existe  en  ce  point  deux  couches  de  Radiâtes  que  j'ai  pu  suivre  jusqu'à  la 
montagne  des  Cornes.  Les  espèces  les  plus  importantes  ou  les  plus  com- 
munes que  j'y  ai  trouvées  sont  : 


Belemnitella, 

Nauiilus  lœuigatus,  d'Orb. 
Ammonites  texanut; 
Boêtellaria  pyrenaica,  d'Orb.  ; 
Nalica  lyrata,  Sow.  ; 
Trochus  sougraignensisf  d'Archiac; 
Isocardia  pyrenaica,  d'Orb.  ; 
Crassatella  régula  ris,  d'Orb.  ; 
Trigonia  limàata,  d'Orb.  ; 
Janira  striatocostata,  d'Orb.  ; 
—     quadricQstmia,  d'Oth.; 


HippuriUs  cornu  >*ë£càmum; 

—  biocuiata,  Lan»; 

—  oganùans^  DessjoaJiM  ; 
Cyclolites  polymorphe  Brou*; 

—  dttcotdM,  Bftainville; 

—  elliptica,  Lamarck; 
Placosmilia  mreuota,  sfUae-Bdwards   et 

J.  Haime; 
Trochosmiilia  inconstant,  E.  de.  From.; 
—         compressa,  fidw.  et  Haim.; 
etc.,  etc. 


Dj,  D„  Dj.  —  Le  Danien,  dans  cette  région,  se  présente  sous  deux  faciès.  Dans 
celui  de  Sougraigne  et  de  Rennes-les-Bains,  qui  est  le  prolongement  du  Danien  de 
Dreuille,  on  trouve,  à  la  base,  l'assise  gréseuse  que  j'ai  signalée  partout.  Au-des- 
sus viennent  les  marnes  rouges  et  le  calcaire  lithographique. 

Mais  dans  la  dépression  qui  se  prolonge  de  Bugarach  à  Padern  ;  le  Danien 
inférieur  représente  le  même  faciès  qu'à  Saint-Louis.  Ce  ne  sont  partout  que  des 
grès  et  des  marnes  grisâtres,  commençant  par  une  assise  fortement  graveleuse, 
le  tout  sans  fossiles.  J'hésitais  à  rapporter  au  Danien  ce  complexe  de  couches 
dont  les  caractères  pétrographiques  sont  ceux  du  sous-étage  précédent,  lors- 
qo'au-dessus,  j'ai  découvert  à  Cucugnan,  le  Danien  moyen  et  le  Danien  supérieur, 
composés  de  marnes  rouges  et  de  poudingues  avec  lambeaux  de  calcaire  litho- 
graphique (fig.  29).  Il  n'est  donc  pas  douteux,  que  le  Danien  n'existe  dans  le 
bassin  de  Bugarach. 

Je  pourrais  encore  signaler  la  présence  de  cet  étage  en  un  grand  nombre  de 
points.  Ainsi,  au  Nord  du  bombement  de  Bésis,  j'ai  aperçu,  près  d'Arqués,  un  ilôt 
de  8énonien  avec  Ostrea  prosboscidea  et  Hippurites  (fig.  32) .  Au-dessus,  les  trois 
sous-étages  du  Danien  sont  très  bien  caractérisés  ;  mais  ce  n'est  pas  dans  cette 
région  que  nous  eu  trouverions  la  faune. 

Pour  terminer  l'étude  du  Crétacé  des  Corbières,  il  me  reste  à  par- 
ler de  oe  qui  existe  dans  la  partie  orientale. 

Lee  deux  chaînes  de  Lesquerbe  et  de  Saint-Antoine  de  Galamus 
changent  de  direction  à  Tautavel,  se  soudent  an  Nord-Est  de  Vingrau, 


628  I.  ROUSSEL.  —  CRÉTACÉ  DES  PETITES  PYRÉNÉES  ET  COBBIÈHES  30  mai 
non  loin  du  point  où  passe  la  coupe  27,  et  là  se  termine  la  dépression 
dans  laquelle  s'est  déposé  l'ÀlbiendeSaint-Paui-de-Fenouillet.  Le  Cré- 
tacé, ne  forme  plus,  à  partir  de  ce  point,  qu'une  seule  chaîne  dont  les 
couches,  adossées  aux  terrains  jurassiques,  plongent  au  Sud-Est. 
Elles  forment  un  plan  incliné  dont  l'Opoul  occupe  &  peu  près  le 
centre. 

Dans  cette  région,  on  trouve,  en  allant  de  l'Ouest  à  l'Est  (fig.  27)  : 

Pr  Schistes  et  calcaires  à  Qonialites  on  à  CJNliocères. 

Tr  Marnes  triasiques  avec  brèche,  calcaire  et  gîpse. 

L,  Marnes  et  calcaires. 

L,  Brèches,  cargneules  et  marnes. 

L,  Marnes  noires  et  calcaires  fossilifères. 

O.  Dolomie  on  calcaire  brun  foncé. 

Nt,  Calcaire   brcchiforme.  Entre    Vingrau  et  Rivesaltes,  des  bancs  de    cal- 
caire à  Requiénies  s'interposent,  dans  la  partie  supérieure  de  cette  assise. 

Uj,  Calcaire  à  Requiénies. 

Ah  Calcaires  à  Orbilolines  et  à  Ostrea  at/uila. 

A  Vingrau,  dans  la   partie  inférieure,  ces  calcaires    alternent  avec   des 
bancs  de  calcaire  à  Requiénies. 

A,  Marnes  noires. 

Cette  formation  crétacée  plonge  à  Partel  sous  le  Tertiaire  ;  mais  ■ 
elle  affleure  de  nouveau  à  l'Est  de  Narboune.dans  la  montagne  de  la 
Clape  (fig.  23). 

Je  n'ai  pu  faire  encore  une  étude  complète  de  cette  dernière  région 
et  je  m'abstiendrai  d'en  parler  longuement,  d'autant  plus  que  c'est 
l'une  des  plus  connues  des  Corbières.  J'ai  pu  toutefois  en  explo- 
ipales  parties  i-l  nu;  l';tirn  mu:  iiK-i1  iU;  iVi  semble.  Mai 


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tflfc  j.  îoossau— ca*Z4£l  ms  rnrns  misât»  et  couuftais 

•ont  pu  nettement  délimités  :  il  existe  là,  an  contraire,  nne  transi- 
tion ménagée  entre  les  diverses  parties  de  la  formation. 

Les  principaux  fossiles  que  j'ai  recueillis  dans  les  marnes  ap- 
tiennes  sont  : 


Bêlemnites  semicanaliculatus,B[&ïiiv\\[6; 
NauHlus  neckerianus,  Pictet.  ; 
Ammonites  congobrinus,  d'Orb.  ; 
Plevrotomaria  pailleteana,  d'Orb.  ; 
Natiea  bulmoides,  d'Orb.  ; 
Trigomia  caudata,  Agassi*.; 

—  ornata,  d'Orb. 
Panopœa  Prevosti,  d'Orb.  ; 

—  rostrata,  d'Orb.; 
Pholadomga  elongata,  Munster.  ; 
Sphasra  corrugata,  d'Orb.  ; 
Plicalula  placunea,  Lam.  ; 


Janira  alana,  d'Orb.  ; 

Pecten  interslriatus,  Leymerie*  ; 

Ostrca  aquila,  d'Orb .  ; 

—     DousiingauUi,  d'Orb.  ; 
Terebratula  sella,  Sow.  ; 

—        iamarindus,  Sow.  ; 
Ech*nospatagus  Collegnii,  d'Orb.  ; 
PêUastes  Archiaci,  Cotteau.  ; 
Pseudodiadema  Malbosi,  Cottean.  ; 
Cidaris  malum  Albin  Gros.  ; 
Orbitolina  conoïdea  et  discoidea,  Albin.; 

Gras;  etc. 


Les  calcaires  urgoniens  renferment  Reqmenia  Lonsdalei  d'Orb  »,  et  dans  ceux 
de  l'Aptien,  il  s'ajoute  :  MonopUura  trUobata,  Matheron  ?  Ottrea  aquila,  d'Orb. 
Orbitolina  conoïdea  et  discoldea,  Albin  Gras. 

Nous  ayons  vu  qne  le  plan  incliné  d'Opoul  et  la  montagne  de  la 
Glape  font  suite  aux  chaînes  de  Saint-Antoine  et  de  Lesquerde.  Ils 
sont  situés  an  Sud-Est  d'une  bande  de  Jurassique  qui  commence  à 
Saint-Louis  et  qu'on  retrouve  encore  à  Narbonne.  Or,  au  Nord-Est 
de  cette  bande  existe  une  autre  formation  crétacée  qu'on  peut  consi- 
dérer comme  le  prolongement  de  celle  de  Bugarach  et  de  Padern,  et 
où  nous  allons  retrouver  le  Cénomanien  et  la  plupart  des  étages  du 
Crétacé  supérieur.  Elle  constitue  les  montagnes  de  Fonfroide  et  de 
Bontenac  (flg.  24,  25, 26). 

Ce  Crétacé  est  ainsi  composé  : 

Ap.,  Marnes  noires  et  calcaires  marneux  renfermant  : 


Cyprina  crvyensis,  Ley  m,  Opû.; 
Ostrea  aquila,  d'Orb., 

—      maawptera,  Sow.; 
Terebratula  sella ,  Sow.; 

—  Iamarindus,  Sow.; 

—  moutoniana,  d'Orb.; 


Rhynchonella  lata,  d'Orb.; 
Monopleura  triloôata,  Matheron.; 
Echinospatagus  collegnoii,  d'Orb.; 
Salenia  prestensis,  Cotteau.; 
Orbitolina  conoïdea  et  discoïdea,   Albin 
Gras. 


Al,  Calcaire  peu  fossilifère.  Marnes  et  calcaires  jaunâtres  avec  Ringenella 
lacryma  d'Orb.;  Nucula  arduennensis,  d'Orb.;  Terebratula  dutempleana 
d'Orb. 

Ct,  Marnes  et  grès  glauconieux,  noirâtres,  verdàtres,  ou  rouges,  roches 
éroptives  et  gypse.  Nombreux  fossiles  dont  les  principaux  sont  : 


'■    Z  M   l_- 


630       1.  BOCSSBl.  —  CÏÉ1  ACÉ  DES  PETITES  FYRÉHÉKS  fcT  COM1ÊHBS  30  (D>i 


CenWum  perrjrinorwni,  d'Oi 
—        iubtpinotum,  Dcsh .  ; 

Cerithivm;  sp. 
Ringenella  tacryma,  d'Orb.; 
Suataria  dupiniana,  d'Or]).; 
Fuiui,  Trochui,  Dentalium; 
Cardita  Guerangeri,  d'Orb.; 
Cardium  hilianum,  Sow.; 
Trigonia  spinosa,  Parkinson.; 


lanira  qninijvrcottata,  d'Ort.; 
A'ucuta  tiivirgata,  Fitloo.; 
—    renattxiam,  A'Orb.; 

Ostrea  «mica,  d'Orb.; 

Epiiattr Roiuieli,  Cotleau  (18S7J. 

Salenia  sculigrra,  Qray.; 


Molin. 


i,  Sow. 


J'ai  recueilli,  en  outre,  deui  espèces  importantes  dont  la  déterminai  ion  est 
quelque  peu  douteuse,  parce  que  je  n'en  ai  pu  réunir  que  des  fragments,  ce 
sont:  Trigonia  srabm,  Lam,,  et  Pcrtfn  asper,  Lam. 

Dans  la  partie  occidentale  de  la  formation,  ces  manies  sont  remplacées  par  nn 
calcaire  subcompacte  avec  silex  et  Orbitolina  conotdca  et  discotdra  AI.  Gras. 
T.  Se-  Grè»  avec  bancs  de  Rudistes  étudiés  par  M.  Péron  (1). 
D' .  Grès  et  lits  de  marnes  ronges, 
ri,.  Marnes  rouges  el  pond  in  ftu.es. 
Dj.  Calcaire  lacustre. 

Désiste  ici,  entre  les  subdivisions  A'etC,  une  transition  semblable 
a  celle  qu'on  trouve  à  Quillan  entre  l'Aptieu  et  le  Gault,  et  à  la  Clape 
entre  l'Aptieu  etl'Urgonien.  Les  couches  C(  tiennent  la  place,  dans  le 
massif  de.  Fonfroide,  de  l'assise  marneuse  que  j'ai  signalée  entre  le 
col  de  Capela  et  Padern,  et  qui  renferme,  en  ce  dernier  point,  une  si 
riche  faune  d'échinides. 

Le  calcaire  subcompacte  à  silex,  qui  se  subsistue  par  places  aux 
marnes  glauconieuses,  forme  de  vastes  nappes  crayeuses  entre  Taou- 
ran  et  Sainte-Eugénie.  Le  point  où  il  est  te  mieux  caractérisé  est 
situé  entre  Albas  et  Durban  et  séparé  du  Crétacé  de  Fonfroide  par 
une  bande  de  terrain  jurassique  qui,  contrairement  à  ce  qui  est  figuré 


ifttti  t.  «MEMI»— «ÉSftfli  MS  fSffilKl  fflirtst  V*  C0WI*WS         Ml 

Ces  couches  sont  disposées  en  plis  syscliBftuxet  anticiiaau*  dont 
le  principal  constitue  la  partie  la  plus  élevée  du  masftif.  Ces  plis  sont 
encore  recoanaissables  en  certains  points,  ainsi  que  le  représentent 
les  flg.  24  et  35,  Mais  le  plus  souvent,  ils  sont  masqués  par  la  trans- 
gressivité,  les  renversements  et  les  dénudattons» 

Le  principal  renversement  commence  à  Laraynon  et  passe  par 
Fonfroide  :  il  semble  que  la  partie  renversée  forme  une  voûte  avec 
l'autre  (flg.  24).  Un  autre  renversement  important  existe  à  l'Ouest  de 
Taouran,  et  j'en  ai  observé  encore  dans  la  région  de  Boutenac,  jus- 
qu'où se  prolonge  la  formation. 

Tel  est  le  Crétacé  des  Corbières.  Il  nous  reste  à  étudier  celui  de  la 
partie  orientale  des  Petites  Pyrénées. 

Le  Crétacé  supérieur  de  la  région  centrale  se  prolongé  dans  les  Pe- 
tites Pyrénées  de  la  Haute- Garonne  et  projette  vers  le  Nord  deux  ondu- 
lations successives  dont  la  première  commence  au  Mas-d'AsU  et  la  se- 
conde à  Boussens,  de  sorte  que  dans  cette  partie  des  Petites  Pyrénées 
existent  trois  bandes  de  Crétacé  supérieur,  séparées  les  unes  des  autres 
par  l'Eocène.  Je  les  ai  représentées  dans  les  coupes  39, 40,  41, 42,  43. 

Leymerie  a  nommé  la  plus  méridionale  bande  du  Jo,  et  les  deux 
suivantes,  bombement  de  Plagne  et  ride  d'Aurignac. 

On  n'y  trouve  que  le  Sénonien  et  le  Danien. 

Le  premier  de  ces  deux  étages,  lorsqu'il  est  accessible  à  l'obser- 
vation, se  montre  formé  de  marnes  noires  ou  bleues  avec  lamelles  de 
calcaire,  et,  dans  la  partie  occidentale,  de  quelques  bancs  de  grès  en 
sous-ordre. 

Avec  le  Danien  inférieur,  on  retrouve  les  grès.  Cependant,  à  partir 
de  Montfa  et  de  Lasserre  on  constate  que  certaines  couches,  tout  en 
restant  plus  ou  moins  gréseuses,  deviennent  jaunâtres,  fossilifères  et 
constituent  ce  que  Leymerie  a  nommé  calcaire  nankin.  Ce  calcaire 
ne  se  montre  d'abord  qu'à  la  partie  supérieure,  par  endroits  et  par 
bancs  isolés.  Mais  dans  le  département  de  la  Haute-Garonne,  il  de- 
vient continu  et  se  substitue  entièrement  au  grès. 

Le  Danien  moyen  se  transforme  d'une  manière  analogue.  11  perd 
par  degrés  le  faciès  rutilant,  les  marnes  deviennent  verdàtres  et  à  la 
partie  supérieure  apparaissent  de3  calcaires  marneux  qui,  à  Saint- 
Harcet,  envahissent  toute  l'épaisseur  de  l'étage. 

Quant  au  Danien  supérieur,  il  est  toujours  constitué  par  un  calcaire 
lacustre  qui,  dans  la  région  que  nous  étudions,  est  très  fossilifère  et 
pétri  de  nodules  de  silex. 

Les  marnes  sénoniennes  ne  sont  pas  fossilifères  si  ce  n'est  dans 
ia  partie  supérieure. 


/ . 


632       ].  BOCSSKL.  — CRÉTACÉ  DES  PETITES  PYRÉNÉES  ET  CORBIÉBBS  30  mai 

Les  étages  D,  et  D,,  au  contraire,  le  sont  beaucoup. 

A  Montra,  j'ai  trouvé  quelques  Ottrea  Vemeuili  dans  la  partie 
supérieure  de  l'étage  D,.  A  Montbrun  età  Lasserre,  cette  même  partie 
est  pétrie  de  Polypiers,  de  Milliolites  et  en  certains  points,  d'Alvéo- 
lines.  Dans  la  partie  inférieure,  on  trouve  le  Cyclolitei  fteuui  au  p&s 
de  Gaxaille. 

—  A  Biholoup,  la  série  entière  est  ainsi  caractérisée. 

S,,  Marnes, 

Du  Grès  et  calcaires  à  Orbitolites. 

Orèa  avec  : 


Dtjanira  Hrberti,  Leym  ; 
Cyrena  laletana,  Vidal  ; 
Vtnus  archiaciana,  d'Orb.  (!)• 


AelxontUa  gigantea,  d'Orb.; 

—         lavis,  d'Orb.  ; 
Melanopsis  aueltana,  Sandberger; 
Turbo  Yidati, Leym.; 

—  Marnes  et  grès  à  Ottrea  Verneuiti.  Lcymerie. 

D,.  Marnes  avec  qaslqjes  baccs  à'Otlrea  uncinulta,   Leym. 

D,,  Calcaire  lithographique. 

E,  Marnes  et  calcaires  à  Miliolites  el  à  Mierailw  (mentit. 

Au  Plan  (flg.  40),  dans  la  partie  inférieure  du  sous-étage  D', 
H.  Pégot  a  découvert  une  couche  a  Inoceramus  Cripsii,  Goldfuss,  et 
dans  la  partie  moyenne,  un  banc  d'Rippurites  radiosa,  Desmoulins, 
avec  Orbitolites  sécant,  Leym.  ■ 

A  Ausseing,  dans  la  partie  moyenne  et  supérieure,  j'ai  recueilli  : 

Jierila   rttgosa   Hœaingbaus    (Otos-      Exoggi-a  parvula,  Leym.  ; 

loma  ponlicum);  Tcrctiratuli  divaricata,  Leym, ; 

Janira striato-costata,  Qoldfuss;  Rkynçhonella  oclopUcata,  d'Orb.; 


1887.  J.  ROUSSEL.  -  CRÉTACÉ  DES  PETITES  PYRÉNÉES  KT  CORBIÉRES 


633 


D((  Calcaire  marneux  à  Exogyra  pyrenaïca,  Leym;  Hemipncuttes  pyrenaïcus, 
Héb.,  Eehinoeorys  vulgaris,  Breyn.,  Off aster  Leymeriei,  Gotteau  (1887); 
Orbitalites  socialis,  Leym.  Et  calcaire  nankin  renfermant  les  mômes  fos- 
siles que  l'assise  précédente.  150  mètres. 

Da,  Marnes.  — 100  mètres. 

Dj,  Calcaire  lithographique.  —60  mètres. 


Devant  la  partie  moyenne  du  Sénonien,  on  trouve,  à  Paillon,  un 
banc  de  calcaire  marneux  avec  Polypiers  et  Spongiaires  silicifiés  et 
quelques  Uippurites. 

A  Auzas  (fig.  41),  la  partie  inférieure  du  sous-étage  D1,  contient  de 

xi  ombreux  Hemipneustes pyrenaïcus,  Héb.;  Eehinoeorys  vulgaris,  Breyn.; 

ASchinoconus  gigas,  Gotteau  ;  la  partie  supérieure  est  formée  de  marnes 

a  ^ec  calcaires  en  sous -ordre  pétris  de  fossiles  dont  les  principaux 

sont  : 


Melanopsis  avellana,  Sandberger; 
Dejanira  IFeberti,  Leym.; 
Actœonella  Baylei,  Leym.  ; 
Turbo  vidait  s,  Leym.; 
Melania  stillans,  Vidal  f; 


Cyrcna  garumniea,  Leym.; 
Spo  ndylus  m  in  im  us  ?; 
Ottrea  normannana,  d'Orb.?; 
Badiolites  Leymeriei,  Bayle. 


Leymerie  a  rattaché  cette  dernière  couche  au  Garumnien  inférieur 
i  correspond  au  sous-étage  Da  ;  mais  je  l'ai  retrouvée  à  Arnaud- 
ilhem,  dans  le  calcaire  nankin  :  et  à  Biholoup,  j'ai  recueilli  plu- 
urs  des  fossiles  qu'ellerenferme  dans  le  grès  à  Actœonella  gigantea. 
A  Latoue,  j'ai  relevé  la  coupe  suivante  (fig.  42). 


*,  Marnes  avec  plaquettes  de  calcaire  visibles  jusqu'au  delà  de  Lieoux  sur  une 

épaisseur  d'environ  800  ir.ètres. 
i ,  Calcaire  nankin  ; 
;,  Marnes  et  calcaires  à  Nrrita  rugosa,  Ilœn.;  Exogyra  pyrenaïca,  Leym  \Ostroa 

larva,  Lam.  ;   etc.  Calcaire  avec  Eehinoeorys  scmigloO us  et  autres  Echi- 

nides. 
i,  Calcaire  lacustre. 
^.,   Grès,  calcaires  à  Micraster  trreensis  et  à  Opercutina  Hêberti. 


C£q  suivant  la  route  de  Latoue  à  Saint-Marcet,  j'ai  observé,  près  de 
dernier  village  (fig.  43),  que  sous  le  calcaire  lithographique  vient 
médiatement  un  banc  marneux  à  Orbitolites,  épais  de  25  mètres, 
*•    au-dessous,  une  assise  de  calcaire  marneux  où  j'ai  recueilli  : 


Mérita  ruyusa,  Ilœn.; 
Jouira  striato-costata,  Goldfus.; 
£jcogyra  pyrenaka,  Leym. , 
fhtrea  vesicularis,  Lam.; 
Ottrea  larra,  Lam.  ;  . 


Pecten  Palassoui,  Leym.; 
FA  ma  marmtiaua,  d'Orb.  ; 
IFanipucustci  pyrrmiir.iis,  IK-b.  ; 
(JrbttolitKA  gensarica,  L"ym.;  et»' 


6o-i       J.  ItOUSSEL.  —  CRÉTACÉ  DES  PET1Ï  l:S  rihÉNÉliB  ET  CORBIÉRES  30  XOÙ 

Ce  n'est  qu'au-dessous  que  vient  le  vrai  calcaire  nankin  qui  repose 
sur  les  marnes  Se  , 

Sur  les  rives  de  La  Noue  (flg.  13),  le  sous  étage  Ds  commence  pareil- 
lement par  uue  couche  A'Orbitolttes  gensacica,  Leym.,  au-dessous  de 
laquelle  viennent  des  calcaires  à 


Xrrita  rugusn,  Ilani.  ; 
Janita  utrialo-eottnta  Leym.  ; 
Exogyra  pyrenaten,  Leym.; 
Ottrra  untinetla,  Leym.'; 


Ottrcit  Inrrn,  Lam; 
Ileniipiii-iiiU'i  ]igrrnaïCHt;  Ilôh.; 
Orbitolitri  grnuarita;  Leym.  ; 
—  mamillarit,  Leym.; 


et  puis  vient  le  calcaire  nankin,  suivi  des  marnes  Se. 

A  Auzas,  il  est  déjà  difficile  de  distinguer  les  sous-Étages  D(  et 
Ds;  à  La  loue  et  à  Saint-Marcel,  toute  distinction  devient  impossible. 

C'est  ainsi  que  sont  constitués  le  Sénonien  et  le  Danien  dans  le 
bombement  de  Plugne  et  dans  la  bande  du  Jo. 

Dans  la  ride  d'Aurignac,  la  partie  supérieure  du  calcaire  nankin 
n'est  visible  qu'en  quelques  points.  L'assise  Ds  est  composée  de  mar- 
nes et  de  calcaires  très  peu  fossilifères.  Quant  au  calcaire  lithogra- 
phique, il  est  1res  développé  dans  la  partie  sud,  et  il  devait  ancien- 
nement former  une  boutonnière;  mais  la  lèvre  nord  a  été  emportée 
et  une  grande  partie  des  terrains  secondaires  qui  entrent  dans  la 
constitution  de  la  ride,  ont  été  recouverts  transgressi  ventent  par 
le  Miocène. 

Cette  transgressivité  n'est  pas  particulière  à  la  ride  d'Aurignac. 
Elle  s'est  produite  un  peu  partout  dans  la  région  qui  s'étend  entre 
le  Mas-d'Azil  et  Saint- Ma  rcet,  et  elle  s'est  manifestée  plus  avant  vers 
le  Sud  qu'on  ne  l'aumit  Mip|n»é  ;  i-.u-  j:u  pu  Miivro  le  dépôt  récen 


1887.  J.  ROUSSEL,  —  CBÉTACÉ  DBS  PETITES  PYRÉNÉES  ET  CORBIÈRES  635 

des  grès  D1  (flg.  39).  J'ai  pu  suivre,  une  à  une,  les  diverses  couches  de 
l'Eocène  et  du  Crétacé  d'une  aile  à  l'autre,  et  la  symétrie  serait  par- 
faite, si  les  couches  n'étaient  plus  redressées  dans  la  partie  sud  que 
dans  la  partie  nord. 

Le  bassin  de  Camarade  se  prolonge  jusqu'à  Latoue,  et  là  encore, 
il  n'existe  pas  de  faille.  A  l'Est  de  ce  village,  c'est  l'assise  à  Micraster 
tercensis  et  à  Operculina  Heberti  qui  constitue  la  partie  supérieure  du 
Bassin.  Or,  j'en  ai  pu  suivre  les  diverses  couches  d'une  aile  h  l'autre, 
et  retrouver  au-dessous  les  sous-étages  D3  Dif  D4  (fig.  42). 

La  faille  de  la  Noue  n'existe  pas  davantage.  Il  est  vrai  que  dans 
la  partie  nord  du  bombement  de  Plagne,  il  s'est  produit,  à  Man- 
cioux,  un  renversement  accidentel  qu'on  peut  expliquer  par  faille. 
Mais,  quelques  pas  plus  loin,  on  retrouve  les  couches  dans  leur  posi- 
tion ordinaire.  Entre  Aulon  et  Mancioux,  la  Noue  les  coupe  les  unes 
après  les  autres.  Or,  sur  les  deux  rives,  elles  ont  conservé  la  môme 
pente  et  la  même  direction,  ce  qui  ne  serait  pas  si  la  dépression  au 
fond  de  laquelle  coule  la  rivière  était  le  résultat  d'une  faille. 


Maintenant  que  nous  connaissons  chacune  des  parties  dont  se 
compose  le  Crétacé  des  Petites  Pyrénées  et  des  Corbières,  jetons  un 
coup  d'oeil  sur  l'ensemble. 

Voici  d'abord,  pour  le  Crétacé  et  les  formations  antérieures,  la 
liste  des  assises  que  nous  avons  observées. 


Dévonien 

Carbonifère 


Permien 
Trias 


Lias 

Oolitlie 
Néocomien 


Urgonien 


(  1.  Marbre  griotte  passsant  à  la  dolomie  au  pic  de  Bugarachetà 
Piidern. 


\ 

'  2.  Schistes. 

3.  Conglomérat. 
\  4.  Grès. 

i  :>.  Calcaire  jaunâtre. 
.  <>.  Marnes  irisées. 

7.  Calcaire  marneux  à  Avicula  conforta,   avec  calcaire  rubané 
\  dans  les  Petites  Pyrénées;. 

)  s.  Brèche  ou  caroncule. 
.  ».  Calcaire  et  marnes  noires  fossilifères. 
i  lu.  Dolomie  fétide  ou  calcaire  brun  foncé, 
il.  Calcaire  bréchiforme  dans  les* Corbières. 

Brèche  ou  calcaire  lithographique  alternant  avec  dolomie 
dans  les  Petites  Pyrénées. 
12.  Brèche  calcaire  dans  les  Corbières,  alternant  avec  calcaire 
à  Bequiénies  à  Vingrau. 

Brèche  calcaire  dans  les  Petites  Pyrénées,  et  plus  souvent, 
couche  roupe  de  bauxite  avec  lignite,  Nérinées,  Cérithes 
et  Operculines. 
Calcaire  à  Ilequiénies,  alternant,  à  Qnillan,  avec  marnes  à 
Operculines  et  remplacé  par  un  calcaire  à  Nùrinées  par- 
tout où  la  bauxite  est  fossilifère. 


i 

i 


;„. 


636       J.  B01JSSEI..  —  CHÉTACÉ  DBS  PETITES  PÏRÉHÉBS  BT  COBBIBBBS  30  ma! 

.  (u.  Calcaire  et  marnes  à  Qrbilolina  eanoidea  et  discoidta,  Ostrea 

Aptwn        |  aquila,  Saltnia  prettentit. 

15.  Calcaire  dans  la  partit  orientale  des  Petites  Pyrénées,  avec 
Ammonites  mamitlarit,  Am.  Lyelli,  Am.  BeudaïUi. 
Marnes  noires  à  Ammonites  milletianus   dans   la   partie 
occidentale  de  ces  montagnes  et  dans  les  Cornières. 

10.  Marnes  noires  ou  vertes  avec  quelques  bancs  de  grès  vert. 
Dans  ces  marnes,  calcaire  nodulenx  à  Pradieres,  à  Pé- 
reille,  à  Séiénac  et  à  Padern,  et  calcaire  bréchiforme  on 
corallien  avec  Orbitolines  et  Bryozoaires,  dans  le*  Petites 
Pyrénées  et  le  massif  de  Fonfroide. 
Faune  du  Rbotomagieu. 

17.   Marnes  noires  et  grès  à  Pradieres,  à  Sézenac  et  à  Cadarcet 
avec  bancs  de  calcaire  corallien. 

iDans  la  partie  occidentale  des  Petites  Pyrénées,  brèches 
Dans  les  Corbiéres,   ce  sous-étage   est  constitué   par  des 
lianes  de  Rudistes  et  d'Orbitolina  concava  et  conica. 
is.  Grès  et  marnes  noires  avec  bancs  de  calcaire  corallien  dans 
la  partie  orientale  des  Petites  Pyrénées. 
Dans  la  partie  occidentale,    brèches    et    marnes    versi- 
colores. 
■  Dans  les  Corbîères,  grès,  marnes  et  calcaires  marneui  ou 

1  noduleni  k  Ostrea  colvmba . 

i  19.  Dans  les  Petites  Pyrénées,  marnes  noir-bleuâtre,  aveu  quel- 
)  ques  couches  de  grès  et  de  nombreux  bancs  de  Rudistes. 

(  20.  Dans  les  Corbiéres,  bancs  de  Rudistes  et  grès. 
:  Entre  Celles  et  Bélesta  et  dans  les  Corbiéres  : 

'   il.   Banc  de   calcaire  à   Orthopsis  initiant  et  Htmiasler  Cau- 
[  Ihieri. 

}  il.  Grès  et  marnes  à  Mirratler  brevis. 

.  Marnes  bleues  à  Bélemnitelles,    llûrûtter   brevis   à  Sainl- 
:s-lt-Cli.l[eau. 


1887.  J.  ROUSSEL.  —CRÉTACÉ  DBS  PETITES  PYRÉNÉES  ET  CORBIÈRBS  637 

Cependant,  les  Orbitolines,  qui  avaient  fait  leur  apparition  pendant 
Tâge  précédent,  deviennent  les  fossiles  régnants  :  en  môme  temps, 
les  sédiments  détritiques  reparaissent  par  degrés  dans  les  Gorbières, 
tandis  que  dans  les  Petites  Pyrénées  on  ne  trouve  que  des  calcaires. 
C'est  encore  le  calcaire  qui  constitue  l'Albien  dans  la  région  centrale; 
mais  il  n'a  que  quelques  mètres  d'épaisseur,  alors  que  dans  les  autres 
régions,  «  les  lavasses  »  noires  atteignent  une  puissance  énorme. 
L'étage  suivant  ne  serait  formé  que  de  marnes  à  la  partie  inférieure 
et  de  conglomérats  ou  de  grès  à  la  partie  supérieure,  si  dans  la 
région  centrale  et  la  région  orientale,  les  Polypiers  et  les  Rudistes 
n'avaient  construit  de  nombreux  récifs.  De  même,  le  Turonien  et  le 
Sénonien  seraient  partout  marneux  ou  gréseux,  sans  les  nombreux 
bancs  de  Rudistes  que  j'ai  signalés  à  Celles  et  dans  les  Corbières.  Le 
Danien  inférieur  est  constitué  par  des  grès  ou  des  conglomérats,  si 
ce  n'est  dans  la  région  occidentale,  où  existent  des  lits  de  fossiles.  Le 
Danien  moyen  est  marneux  et  le  supérieur,  calcaire. 

Bien  qu'on  n'ait  pas  encore  découvert  dans  les  Pyrénées  les  fos- 
siles caractéristiques  de  quelques  borizons  géologiques,  il  n'est  pas 
moins  certain  que  les  dépôts  dont  je  viens  de  faire  l'énumération  se 
sont  effectués  sans  interruption  ;  car,  en  un  grand  nombre  de  points 
on  les  voit  passer  par  degrés  de  l'un  à  l'autre.  Cependant  de  grands 
mouvements  du  sol  ont  eu  lieu  à  diverses  époques,  notamment 
avant  la  formation  du  Cénomanien  inférieur  et  du  Danien  moyen, 
ainsi  que  le  prouve  la  transgressivité  que  j'ai  tant  de  fois  signalée 
pour  ces  sous-étages.  En  outre,  dans  la  région  orientale,  de  grandes 
failles  ont  produit,  du  moins  en  partie,  les  bassins  où  se  sont  déve- 
loppés les  Rudistes  du  Crétacé  supérieur.  Ces  failles  sont  survenues  à 
diverses  époques  et  sont  presque  partout  en  rapport  avec  les  terrains 
triasiques,  comme  si  les  dépôts  salifériens  ou  gypsifères  n'avaient  pas 
offert  aux  formations  postérieures  un  appui  suffisamment  stable. 

Ces  dislocations,  quel  qu'en  soit  le  nombre,  n'ont  pourtant  qu'un 
caractère  local,  et  Ton  doit  se  garder  d'y  attribuer  l'importance  que 
supposait  Magnan. 

Les  Pyrénées  doivent  leur  relief,  non  à  des  failles,  mais  à  des 
soulèvements  successifs  dont  le  dernier  a  été  incomparablement 
plus  grand  que  les  autres.  Ce  sont  ces  mouvements  du  sol  qui  ont 
produit  les  ondulations  que  j'ai  partout  signalées  et  dont  quelques- 
unes  n'avaient  pas  encore  été  aperçues. 

La  région  que  nous  venons  d'étudier  est  pourtant  la  mieux  connue 
des  Pyrénées.  Magnan,  Leymerie,  d'Archiac,  Seignelte  et  MM.  Hé- 
bert, Mussy,  Garrigou,  Pouecb,  Cayrol,  Toucas,  Peron,  de  Lacvivier 


638       3.  ROUSSEL.  —  CMÉTACÉ  DBS  PUTITBS  PÏRÉNÊBS  ET  CORBIËRBS  30  mai 

en  ont  en  effet  décrit  les  diverses  parties  ;  mais  aucun  géologue, 
excepté  peut-être  Magoan,  ne  l'avait  étudiée  dans  son  ensemble,  et 
la  vraie  allure  des  couches  n'était  point  connue. 

lt  régnait,  en  outre,  une  certaine  confusion  dans  le  classement  des 
étages.  Leymerie  a  réuni  sous  la  vague  dénomination  de  Grès  vert  les 
divers  étages  du  Crétacé  inférieur  jusqu'au  Cénomairian  inclusive- 
ment .  En  outre,  il  a  constitué  son  Sénonien  des  couches  S,  et,  D,  et 
M.  de  Lacvivier  a  adopté  ce  mode  de  classement,  tandis  que  M.  Hébert 
a  rattaché,  avec  raison,  l'assise  D,  au  Danien.  MM.  Hébert  et  de 
Lacvivier  ont  démontré,  dans  le  département  de  l'Ariège,  l'existence 
de  l'Urgonien  et  de  l'Albien;  mais  ils  n'y  ont  pas  signalé  l'Aptien. 
De  plus,  M.  Hébert  considère  tes  grès  de  Celles  comme  sénomens, 
tandis  qu'il  rapporte  au  Turonien  les  couches  de  la  Montagne  des 
Cornes  et  de  Sougraigne  que  H.  Toucas  rattache  au  Sénonien. 

Ces  divergences  cesseront  d'exister  lorsque  la  formation  sera  mieux 
connue  dans  son  ensemble. 

En  effet,  à  la  base  du  Crétacé,  on  trouve  partout  une  brèche  ou  un 
sillon  rouge,  et  une  assise  à  Nérinées  ou  à  Ru  dis  tes  dont  la  l'aune  est 
celle  de  l'Urgonien  supérieur. 

Au-dessus  vient  un  étage  à 


Ostrm  matropttra, 

0.  aquila, 

Ortritolina  conoïdea  H  il 


Teivbi-atullatella, 

Plicalala  plarwira, 
Satenia  pivaleasit. 


1887.    COTTEAU.  —  CRÛTÀCÉ  DIS  PRITES  PYRÉNÉES  BT  CORBIÈRES  639 

à  l'Urgonien  ou  au  Gault,  le  Céoomanien  de  Saint-Louis  et  du 
Tauch. 

Le  Turonien  et  le  Sénonien  ont  la  môme  composition  pétrogra- 
phique  et  renferment,  tous  les  deux,  des  bancs  d'Hippurites,  de  sorte 
qu'il  serait  difficile  de  les  distinguer  l'un  de  l'autre,  s'ils  ne  se  diffé- 
renciaient par  l'ensemble  de  leurs  fossiles.  M.  Hébert  a  rattaché  au 
Turonien  l'assise  à  Micraster  brevis,  telle  qu'elle  existe  dans  les 
Corbières;  mais  j'ai  signalé  cette  assise  à  la  partie  supérieure  des 
grès  de  Celles,  et  au-dessous,  dans  les  Petites  Pyrénées,  comme 
dans  les  Corbières,  nous  avons  retrouvé  un  sous-étage  caractérisé 
par  des  Échinides  sénoniens.  Enfin  nous  avons  rencontré  des 
Micraster  ôrevis  jusque  sous  le  conglomérat  danien  de  Rennes-le- 
Château  et  de  Saint-Louis. 

M.  de  Lacvivier  rapporte  ce  qui  existe  à  Morenci  au  Turonien 
inférieur,  et  les  grès  de  Celles,  au  Sénonien  (1).  Mais  ici,  aucune 
erreur  n'est  possible;  il  n'y  a  qu'à  suivre  les  couches  pour  savoir  à 
quoi  s'en  tenir. 

Il  suffit  de  môme  de  suivre  les  couches  pour  connaître  la  vraie 
place  du  calcaire  nankin.  On  trouve,  nettement  délimitée  par  des 
marnes  rouges  au-dessus  et  noir  bleuâtre  au-dessous,  une  puissante 
assise  de  grès  qui  se  prolonge  depuis  Sougraigne  jusque  dans  la 
Haute-Garonne,  où  elle  se  transforme  en  calcaire  nankin.  Or,  si  les 
marnes  bleues  de  Sougraigne  réprésentent  le  Sénonien  supérieur,  le 
calcaire  nankin,  qui  vient  à  la  suite,  est  danien,  ainsi  que  Ta  reconnu 
M.  Hébert,  et  les  faunes  de  ces  deux  assises  sont  différentes,  parce 
qu'elles  caractérisent  deux  âges  différents. 

M.  Cotteau  fait  la  communication  suivante  : 

CATALOGUE 

Des  Échinides  recueillis  par  M.  Itoussel  dans  le.  terrain  Crétacé 
des  Petites  Pyrénées  et  des  Corbières, 

Par  M.  G.  Cotteau. 

PI.  XVI-XX 

ETAGE  APT1EN. 

i.  Echinqspàtagus   collkgnoi  (Sismonda),   d'Orbigay,    1853.   — 
Voy.  d'Orbigny,  Pal  fr.%  Ter.  crét.,  t.  VI,  p.  69,  pi.  DCCCLXXXVI. 
Loc.  —  La  Clape  (Aude).  —Coll.  Roussel. 

(1)  Crétacé  de  l'Ariè^e  et  de  l'Aude  —  Bul.etin,  3«  série,  tome  XIV,  page  628. 


640         COTTEAII.  —  CBÉTACÉ  DBS  PETITES  PÏHÉKRBS  ET  CORBIÈRES    30  mai 

2.  Pbltastes  abcbiaci,  Cottcau,  1861.  —  Voy.  Cotteau,  Pat.  fr., 
Ter.  crét.,  t.  VII.  p.  HO,  pi.  MXXV,  flg.  41-17. 

Loc.  —  La  Clape  (Aude).  —  Coll.  Roussel. 

3.  Salebia  prestehsis  (Gras),  Desor,  1856.  —  Voy.  Cotteau,  Pal.  fr., 
Ter.  crét.,  VII,  p.  137,  pi.  MXXXII,  flg.  1-9. 

L'exemplaire  recueilli  à  Fonfroide  est  remarquable  par  sa  grande 
taille  et  sa  belle  conservation  ;  il  se  rapproche  beaucoup  du  type 
provenant  du  Rimet  (Isère),  figuré  pi.  MXXXII,  flg.  9  et  10. 

Loc.  —  Fonfroide,  La  Clape  (Aude).  Coll.  Roussel. 

4.  Psbudodiadema  malbosi  (Agassiz),  Colteau,  4863.  —  Voy.  Cot- 
teau, Pal.  fr..  Ter.  crée,  t.  VII.  p.  448,  pi.  MVI  et  UTIL 

Loc.  —  La  Clape  (Aude).  Coll.  Roussel. 

5.  Ciuabis  malun.  À.  Gras,  1848.  —  Voy.  Cotteau,  Pal.  fr.,  Ter. 
crét.  t.  VI,  p.  198,  pi.  MXLV. 

Loc.  —  La  Clape  (Aude).  —  Coll.  Roussel. 

ETAGE  ALBIEN. 

I.  Hemiaster  mihimus  (Agassiz),  Desor,  1847.  -  Voy.  d'Orbigny, 
Pal.  fr.,  ter.  crét.  t.  VI,  p.  225,  pi.  DCCCLXXII. 

Dès  1853,  d'Orbigny  avait  réuni  à  VU.  minimus,  \'H.  phrynus,  établi 
sur  des  exemplaires  comprimés  et  déformés.  Les  échantillons  d'//. 
minimus,  recueillis  par  M.  Roussel  sont  parfaitement  caractérisés  et 
ne  sauraient  être  distingués  du  type. 

Loc. —  Pradieres,  Foix,  Audinac  (Ariège);  le  Bézu  (Aude).  — 
Coll.  Roussel. 


1887.  COTTE  AU.  —  ECHIN1DES  DES  PETITES  PYRÉNÉES  ET  CORBIÈRBS        641 

Loc.  —  Pradières  (Ariège).  Assez  commun.  Coll.  Roussel. 

4.  Peltastes  studeri  (Agassiz,)  Cotteau,  1861.  —  Voy.  Pal.  fr., 
Ter.  crét.,  t.  VII,  p.  111,  pi.  MXXVI. 

Cette  espèce,  placée  dans  l'origine  dans  le  genre  Salenia  est  un 
véritable  Peltastes,  ainsi  que  je  l'ai  reconnu  depuis  longtemps  ;  elle 
se  distingue  très  nettement  de  ses  congénères  par  sa  forme  renflée, 
par  son  péristome  petit  et  enfoncé,  par  son  périprocte  largement 
ouvert  et  surtout  par  les  impressions  très  accentuées  qui  sillonnent 
son  appareil  apical.  En  1863,  j'avais  signalé  la  présence  de  cette 
espèce  dans  l'étage  albien  de  Pradières. 

Loc.  —  Pradières  (Ariège).  Coll.  de  l'abbé  Pouech,  Roussel. 

5.  Salenia  prestbnsis,  Desor,  1856.  — Voy.  Cotteau,  Pal.  fr.f  Ter. 
crét.,  t.  VII,  p.  137,  pi.  MXXXII  et  MXXXIII,flg.  1. 

Bien  que  nous  n'ayons  sous  les  yeux  qu'un  seul  exemplaire  assez 
mal  conservé  de  cette  espèce,  il  nous  a  paru  qu'elle  se  rapportait  cer- 
tainement au  Salenia  prestensis  qui  occupe  ordinairement  un  niveau 
plus  inférieur,  et  que  nous  venons  de  signaler  dans  l'étage  aptien. 

M.  Rousse),  du  reste,  nous  écrit  qu'il  a  rencontré  cette  espèce 
dans  une  couche  de  passage,  immédiatement  supérieure  à  l 'Aptien 
et  que  cette  couche  renferme  en  outre  Cidaris  pyrenaica  et  C.  Sori- 
gneti  (Pyrénées-Orientales). 

Loc.  — Saint-Paul-de-Fenouillet.  Coll.  Roussel. 

6.  Cidaris  pyrenaica,  Cotteau,  1862.  —  Voy.  Cotteau  ;  Pal.  fr.%  Ter. 
créi.,  I.  VII,  p.  201,  planche  MXLVII  et  MXLVIII,  fig.  1  -  10. 

Radioles  parfaitement  caractérisés.  D'après  les  indications  qui 
nous  avaient  été  précédemment  fournies,  nous  avions  placé  cette 
espèce  dans  le  terrain  néocomien  supérieur.  La  couche  qui  la  ren- 
ferme, à  Saint-Paul-de-Fenouillet,  et  au  Bézu  fait  partie  de  l'étage 
albien. 

Loc.  —  Saint-Paul-de-Fenouillet  (Pyrénées-Orientales);  Le  Bézu 
(Aude).  Coll.  de  l'abbé  Pouech,  Roussel,  ma  Collection. 

ETAGE  CÉNOMANIEN 

1.  Uemiaster  bufo  (Brongniart),  Desor,  1847.  —  Voy.  d'Orbigny, 
Pal.  fr.,  Ter.  crét.,  t.  VI,  p.  227,  pi.  DCCCLXXIII. 

Quelques-uns  de  nos  exemplaires  présentent  parfaitement  les  ca- 
ractères du  type  et  sont  très  reconnaissables  à  leur  forme  épaisse  et 

XV.  41 


643  COTTUU.  — BCHUIIDI6  DES  PETITES  PYRÉNÉES  ET  CGHBIBIBS  30  Dli 
trapue,  à  lours  aires  ambulacraires  postérieures  relativement  assez 
longues. 

Loc.  —  Sesenac,  Pradieres,  (Arîège)  ;  Durban  (Aude).  Asses  com- 
mun. Coll.  Roussel. 

2.  Hemustbr  RK6DL0SAHUS,  d'Orbigny,  1834.  — Voy.  d'Orbîgny,  Pal. 
fr„  Ter-,  crée,  t.  VI,  p.  248,  pi.  DCCCLXXXIV. 

C'est  avec  quelque  doute  que  nous  rapportons  cette  espèce  à  l'H. 
regulusanus,  découvert  par  M.  Toucas  aux  environs  du  Beausset  (Var), 
dans  une  couche  attribuée  par  d'Orbigny  à  l'étage  sénonien.  Notre 
exemplaire  diffère  un  peu  du  type  figuré  par  sa  taille  plus  petite  el 
par  ses  aires  ambulacraires  postérieures  un  peu  moins  divergeâtes, 
mais  il  s'en  rapproche  beaucoup  par  sa  forme  renflée  et  allongée, 
par  l'absence  de  sillon  antérieur,  par  la  brièveté  de  ses  aires  ambula- 
craires paires  postérieures,  par  son  périprocte  longitudinal.  Notre 
exemplaire  offre  quelques  rapports  avec  H.  nasutulut,  Sorignet  (H. 
punctatus,  d'Orbigny),  mais  cette  dernière  espèce  est  moins  allongée  ; 
ses  aires  ambulacraires  sont  plus  droites  et  moins  flexueuses,  son 
périprocte  est  plus  transversc. 

Loc.  —  Padern  (Aude).  Très  rare.  Coll.  Roussel. 

3.  Hiceastbb  antiquus,  Cotteau,  1887.  PI.  XVI,  flg.  1—4. 
Espèce  de  forte  taille,  cordiforme,  échancrée  et  dilatée  en  avant, 

subacuminée  en  arrière.  Face  supérieure  renflée,  obliquement  déclive 
en  avant,  haute,  subcarènée  et  légèrement  convexe  dans  la  région 
postérieure,  ayant  sa  plus  grande  largeur  un  peu  en  avant  du  som- 
met apical.  Face  inférieure  bombée  dans  l'aire  inlerambulacraire  im- 
paire,   arrondie  sur    les  bords,   déprimée  eu   avant  du    périslome. 


1887.    COCTEAU.  —  ÉQHIHID1S  DIS  PETITES  PYRÊHÉBS  BT  GORBIÈMS  643 

Appareil  apical  pourvu  de  quatre  pores  génitaux  ;  la  plaque  madré- 
poriforme  un  peu  plus  développée  que  les  autres,  ne  parait  pas  se 
prolonger  au  delà  des  plaques  ocellaires  antérieures.  Fasciole  sous- 
anal. 

Hauteur,  40  millimètres  ;  diamètre  antéro-postérieur,  62  millimè- 
tres ;  diamètre  transversal,  63  millimètres. 

Rapports  et  différences.  Cette  espèce  présente,  au  premier  as- 
pect* quelque  ressemblance  avec  le  A/.  Heberti,  de  Lacvivier  ;  elle 
nous  a  paru,  cependant,  s'en  distinguer  d'un  manière  positive  par  sa 
taille  plus  forte  et  moins  élevée,  par  son  aspect  plus  cordiforme,  par 
sa  face  supérieure  plus  sensiblement  déclive  en  avant,  par  son  som- 
met plus  central,  par  son  sillon  antérieur  entamant  plus  largement 
l'ambitus. 

Sa  physionomie  générale  est  un  peu  celle  du  M.  glyphus,  Schliiter, 
mais  il  s'en  éloigne  certainement  par  la  disposition  et  la  structure 
de  ses  aires  ambulacraires  paires. 

Loc.  —  Sezenac  (Ariège).  Rare.  Coll.  Roussel. 

Explication  des  figures.  —  PI.  XVI.  fi  g.  1,  antiquus,  vu  de  côté  ;  fig.  2, 
face  supérieure  ;  fig.  3,  plaques  ambulacraires  grossies  ;  fig.  4, 
appareil  apical  grossi. 

4.  Epiaster  distinctus  (Agassiz),  d'Orbigny,  1853. — Voy.  d'Orbigny, 
Pal.  fr.t  Ter.  crét.,  t.  VI,  p.  196,  pi.  DCCCLXI. 

M.  Roussel  nous  a  communiqué  un  grand  nombre  d'exemplaires 
cénomaniens  du  genre  Epiaster.  Malheureusement  presque  tous, 
comme  .ceux  de  l'étage  albien  dont  ils  se  rapprochent  un  peu,  sont 
en  mauvais  état,  comprimés  et  déformés.  Quelques-uns  par  leur 
taille,  par  leur  aspect  cordiforme,  par  leur  face  postérieure  verti- 
calement tronquée  présentent  bien  les  caractères  de  Y  Epiaster  dis- 
tinctus; d'autres  s'en  éloignent  notablement,  et  constituent,  suivant 
toute  probabilité,  une  espèce  particulière,  mais  ils  sont  trop  incom- 
plets pour  pouvoir  être  décrits.  Associés  à  ces  grands  exemplaires,  il 
s'en  rencontre  à  Padern,  à  Durban,  plusieurs  autres  qui  offrent  une 
assez  grande  ressemblance  avec  Y  Epiaster  meridanensis,  de  l'étage 
turonien,  sans  qu'il  me  soit  possible,  cependant,  en  raison  de  leur 
conservation,  d'être  certain  de  leur  identité.  Peut-être  ne  sont-ils 
que  des  variétés  jeunes  de  YE.  distinctus. 

Loc.  —  Cadarcet,  Roqueûxade,  Leichert  (Ariège)  ;  Padern,  Saint- 
Julia-de-Bec,  Durban  (Aude).  Coll.  Roussel. 


U44 


COTTBÀC. —  ÉC1IINIDES  E 


riTES  PYRÉNÉES  ET  COBBIÈHES  30  IQ3! 


5.  Ehàstë»  roussel,  Colteau,  1887.  (PI.  XVI  8g.  S  et  6.) 
Espèce  de  taille  assez  forle,  épaisse,  oblongue,  arrondie  et  légè- 
rement rétrécie  en  arrière.  Face  supérieure  uniformément  renflée, 
ayant  sa  plus  forte  épaisseur  dans  la  région  postérieure  et  sa  plus 
grande  largeur  en  arrière  du  sommet  apical,  subcarénée  dans  l'aire 
interambulacraire  impaire.  Face  inférieure  arrondie  sur  les  bords, 
un  peu  renBée  en  arrière.  Face  supérieure  subtronquée,  très  légère- 
ment oblique.  Sommet  ambulncaire  un  peu  excentrique  en  avant. 
Sillon  antérieur  médiocrement  excavé,  large  et  atténué  vers  l'am- 
bîtus.  Aires  ambulacraires  paires  excavées,  divergentes,  inégales,  les 
aires  antérieures  plus  longues  que  les  autres.  Zones  porifères,  larges, 
formées  de  pore  étroits,  très  allongés,  unis  par  un  sillon,  séparés 
par  une  bande  de  test  granuleux.  Zone  inter-porilère  moins  large 
que  l'une  des  zones  porifères,  lisse  en  apparence,  garnie  en  réalité 
de  granules  très  fins  et  bordée,  de  chaque  coté,  d'une  rangée  très 
distincte  de  petits  granules.  Tubercules  petits,  saillants,  très  espacés; 
granulation  intermédiaire,  abondante  et  homogène.  Péristome 
excentrique  en  avant,  mais  assez  éloigné  du  bord.  Périprocte  ellip- 
tique, s'ouvrantau  sommet  de  la  face  postérieure. 

Hauteur,  39  millimètres;  diamètre  antéro-postérieur,  55  milli- 
métrés;   diamètre  transversal,  48  millimètres. 

IUitorts  et  différences.  Cette  espèce  ne  nous  a  pas  paru  devoir 
être  réunie  à  aucune  des  espèces  d'E/jiaster  que  nous  connaissons; 
sa  face  postérieure,  presque  verticalement  tronquée,  la  rapproche 
un  peu  de  Ylîpiasler  distinctes  dont  elle  s'éloigne,  cependant,  d'une 
manière  positive  par  sa  forme  plus  ovale  et  plus  ép;iisse,  par  sa  face 


1887.    COTTKÀU.  —  ÉCHIMDBS  DBS  PETITES  PYRÉNÉES  BT  CORBIÈRBS  645 

7.  Holaster  levis  (de  Luc),  Agassiz,1883.  — Voy.  d'Orb.  Pal.  fra., 
Ter.  crét.,  t.  VI,  p.  83,  pi.  DCCCXII. 

Ainsi  que  Ta  fait  M.  de  Loriol,  nous  réunissons  à  YHol.  lœvis, 
YHol.  marginalis  qui  n'en  est  qu'une  variété  et  n'en  diffère  que  par 
sa  forme  générale  plus  déprimée;  dans  les  deux  variétés  la  face 
inférieure  est  plane,  tranchante,  carénée  sur  les  bords.  Les  exem- 
plaires recueillis  par  M.  Roussel  sont  assez  mal  conservés  et  ce- 
pendant parfaitement  reconnaissables.  Dans  certaines  régions,  l'es- 
pèce appartient  à  la  fois  aux  étages  albien  et  cénomanien.  Dans 
l'Aude  et  l'Ariège,  elle  se  rencontre  seulement  dans  l'étage  cénoma- 
nien. 

Loc.  —  Gadarcet  (Ariège);  SainUTulia-de-Bec  (Aude).  Assez  abon- 
dant. Coll.  Roussel,  ma  collection. 

8.  Pyrina  dbs  Moulinsi,  d'Archiac,  1867.— Voy.  d'Orbigny,  Pal.  /r., 
Ter.  crét.,  t.  VI,  p.  476,  pi.  CMLXXXl,  fig.  7-ii. 

Ce  n'est  pas  sans  quelque  doute  que  nous  rapportons  au  Pyrina 
Des  i\Joulinsi  Y  exemplaire  que  nous  avons  sous  les  yeux;  assurément 
il  se  rapproche  de  l'espèce  décrite  et  figurée  par  d'Archiac,  mais  il 
en  diffère  un  peu  par  son  périprocte  moins  marginal  et  parfaitement 
visible  sur  la  face  supérieure.  Nous  n'aurions  pas  hésité  à  en  faire 
une  espèce  distincte,  si  nous  n'avions  remarqué,  parmi  nos  échan- 
tillons de  l'étage  cénomanien  de  Tournay  et  du  Mans,  certains  exem- 
plaires chez  lesquels  le  périprocte  tend  à  remonter  un  peu  et  est  vi- 
sible à  la  face  supérieure.  Provisoirement  nous  laissons  à  notre 
exemplaire  unique  le  nom  de  Des  Moulinsi. 

Loc.  Leichert  (Ariège).  Très  rare.  Coll.  Canal. 

9.  Pyrina  Rousseli,  Cotteau,  1887.  PI.  XVII,  fig.  1-3. 

Espèce  de  grande  taille,  oblongue,  ovale,  arrondie  en  avant  et  en 
arrière,  un  peu  dilatée  en  avant,  légèrement  rétrécie  dans  la  région, 
postérieure.  Face  supérieure  épaisse,  plus  ou  moins  haute,  unifor- 
mément bombée.  Face  inférieure  presque  plane,  pulvinée,  renflée 
sur  les  bords.  Sommet  apical  subcentral.  Aires  ambulacraires  droites, 
aiguës  à  leur  partie  supérieure,  s'élargissant  insensiblement,  en 
descendant  vers  l'ambitus.  Zones  porifères  formées  de  pores 
simples,  très  petits,  rapprochés  les  uns  des  autres,  disposés  à  la  face 
supérieure  par  paires  serrées,  s'espaçant  un  peu  et  déviant  de  la 
ligne  droite  à  la  face  inférieure,  tendant  à  se  multiplier  un  peu  près 
du  péristome.  Tubercules  scrobiculés,  finement  crénelés  et  perforés, 


646         C0TTBAU.  —  ÉCHMIDKS  DBS  PKTITKS  FYRÉH  ÉES  BT  CORH8BES   30  mat 

épara  sur  tonte  la  surface  du  test,  espacés  à  la  face  supérieure,  plus 
abondants  et  plus  serrés  en  dessous.  Péris  tome  elliptique,  un  peu 
oblique,  s 'ou  vrant  au  milieu  de  la  face  inférieure.  Périprocte  de  grande 
dimension,  allongé,  acuminé  à  sa  partie  supérieure,  situé  à  la  base 
du  bord  postérieur  qu'il  entame  fortement,  de  manière  à  être  visible, 
seulement  de  côté  et  en  dessous. 

Cette  espèce  varie  dans  sa  forme  plus  ou  moins  haute,  mais 
toujours  ovale,  et  un  peu  rétrécie  en  arrière. 

Hauteur,  26 millimètres  ;  diamètre  an téro-postérieur,  40  millimètres  ; 
diamètre  transversal,  35  millimètres. 

Individu  très  renflé,  hauteur,  29  millimètres;  diamètre  an- 
téro -postérieur,  40  millimètres;  diamètre  transversal,  33  millimè- 
tres. 

Rapports  et  différences.  Cette  espèce  se  distingue  nettement 
de  ses  congénères  par  sa  grande  taille,  par  sa  forme  ovale,  arrondie 
et  un  peu  dilatée  en  avant,  légèrement  rétrécie  en  arrière,  par  ton 
périprocte  très  grand  et  placé  très  bas.  — Parmi  les  espèces  crétacées, 
la  plus  voisine  est  le  Pyrina  cylindrica;  elle  en  diffère  par  sa  taille 
plus  forte,  sa  forme  plus  ovale  et  plus  sensiblement  étroite  en  arrière, 
par  son  périprocte  situé  plus  bas. 

Loc.  —  Pradîères,  Leichert,  Durban  (Ariège);  Padern  (Aude).  Asset 
commun.  Coll.  Roussel,  abbé  Pouecb,  ma  collection. 

Explication  des  figures.  —  PI.  XVII  fig.  i.  P.  Housseii  vu  sur  la 
région  postérieure;  Qg.  2,  autre  exemplaire,  vu  sur  la  face  supé- 
rieure; fig.  3,  face  inférieure. 


1887.     COTTBAU.  —  ÉGHIH1DIS  DBS  PBTITBS  PTRÉKÊU  BT  COBBIÈBBS  647 

Ataxehsis,  Cotteau,  1887.  PI.  XVII,  flg.  4*7. 

Espèce  de  petite  taille,  allongée,  étroite  et  arrondie  en  ayant,  à 
peine  un  peu  plus  dilatée  en  arrière.  Face  supérieure  médiocrement 
renflée.  Face  postérieure  tronquée  verticalement.  Sommet  ambula- 
craire  très  excentrique  en  ayant.  Aires  ambulacraires  fortement 
pétaloldes,  étroites,  renflées,  inégales,  les  aires  postérieures  plus 
longues  que  les  autres,  les  antérieures  plus  flexùeuses  plus  larges, 
st  se  rétrécissant  à  leurextrémité.  Zones  porifères  bien  développées, 
formées  de  pores  unis  par  un  sillon,  disposés  par  paires  serrées, 
Lransverses  et  que  sépare  une  petite  bande  granuleuse.  Zone  inter- 
porifère  étroite,  un  peu  renflée.  Tubercules  petits,  scrobiculés 
Spars  sur  toute  la  face  supérieure,  un  peu  plus  gros  vers  le  bord.  La 
Tace  inférieure  n'est  pas  conservée  et  ne  permet  pas  de  voir  la 
structure  et  la  position  du  péristome.  Périprocte  petit,  ovale, 
il  longé,  supramarginal.  Appareil  apical  muni  de  quatre  pores  génitaux, 
remarquable  par  le  développement  de  la  plaque  madréporiforme  qui 
Dccupe  le  centre  de  l'appareil. 

Hauteur:  10  millimètres;  diamètre  antéro-postérieur,  21  milli- 
mètres; diamètre  transversal,   18  millimètres? 

Rapports  et  différences.  —  Cette  petite  espèce,  en  raison  de  la 
forme  et  de  la  position  de  son  périprocte,  nous  a  paru  appartenir  au 
genre  Botriopygus;  elle  se  distingue  nettement  de  ses  congénères 
par  sa  petite  taille,  par  sa  face  supérieure  très  déprimée,  par  son 
sommet  très  excentrique  en  avant,  par  ses  aires  ambulacraires 
allongées,  inégales,  par  ses  zones  porifères  fortement  développées, 
séparées  par  une  zone  interporifère  étroite  et  renflée,  par  son  péri- 
procte petit  et  supramarginal. 

Loc.  —  Padern  (Aude).  Très  rare.  Coll.  Roussel. 

Explication  des  figures.  — PI.  XVII  fig.  4,  B.  ataxensis,  vu  de 
côlé;  fi  g.  5,  face  supérieure;  fig.  6,  face  postérieure;  Ûg.  7,  appareil 
apical  et  portion  de  la  face  supérieure  grossis. 

12.  Discoidea  gyundrica  (Lamarck),  Agassiz,  1847.  —  Yoy.  Cotteau, 
Pal.  fr.%  Ter.  crét.,  t.  VII,  p.  28,  pi.  MX  et  MXI. 

Types  parfaitement  caractérisés. 

Loc.  —  Sezenac  (Ariège).  Assez  rare.  Coll.  Roussel,  Grégoire. 

13.  Discoidea  subuculus,  Klein,  1734.  —  Voy.  Cotteau,  Pal.  /r., 
Ter.  crét.,  t.  VII,  p.  23,  pi.  MXI  fig.  8-16. 

Types  nombreux  et  parfaitement  caractérisés. 


648         COTTBAU. —  ÉCJJIKJDKS  DSS  PETITES  PYRÉNÉES  ET  COHBIÈBES   30  mai 

L'espèce  varie  dans  sa  taille,  dans  sa  forme  plus  ou  moins  conique, 
mais  sera  toujours  reconnaissable  à  la  disposition  de  ses  tubercules 
et  des  granules  qui  les  accompagnent,  à  la  double  carène  qui  partage 
les  aires  interambulacraires,  à  son  appareil  apical  muni  seulement  de 
quatre  plaques  génitales1  perforées. 

Loc.  —  Pradières,  Cadarcet,  Leichert,  Sarcla  près  Vernajoul,  Saint- 
Martin  de  Caralph,  Durban,  Glermont,  Roqueflxade  (Ariège);  Saint- 
Julia-du-Bec,  Padern  (Aude).  —  Abondant.  Coll.  Roussel,  ma  col- 
lection. 

14.  —  discoidea  abizebsis,  Cotteau,  1887.  PI.  XVII,  flg.  8-12. 

Espèce  de  taille  assez  forte,  circulaire,  très  légèrement  pentago- 
nale.  Face  supérieure  élevée,  conique,  subanguleuse  au  pourtour. 
Face  inférieure  plane,  concave  au  milieu.  Aires  ambulacraires  à  fleur 
de  test,  aiguës  au  sommet,  s'élargissanl  en  descendant  vers  Tarn- 
bitus.  Zone  porifères  formées  de  pores  très  petits,  simples,  disposés 
parpairesobliques,  serrées,  très  régulièrement  disposées  àla  face  supé- 
rieure, déviant  un  peu  de  la  ligne  droite  à  la  face  inférieure,  sans  se 
multiplier  autour  du  péristome.  Tubercules  crénelés  et  perforés, 
augmentant  un  peu  de  volume  à  la  face  inférieure,  formant,  vers 
l'ambitus  et  en  dessus,  des  rangées  verticales  assez  régulières  dont 
le  nombre  varie  suivant  la  taille  des  individus;  on  en  compte 
quatorze  et  même  seize  chez  les  individus  de  forte  taille  dans  les  aires 
interambulacraires,  et  six  dans  les  aires  ambulacraires.  Deux  des 
rangées  interambulacraires,  un  peu  plus  développées  que  les  autres, 
persistent  seules  jusqu'au  sommet  et  correspondent,  à  deux  carènes 
apparentes,  surtout  à  la  face  supérieure.  Granules  Bus,  serrés,  homo- 
i,  formant  eu  i.Il'-mis.  ili'-on -il uns  Iiori/'-»iil imite  espacés, a 


1887.  COTTBAU.  —  ÉCHINIDES  DES  PETITES  PYRÉNÉES  ET  CORBIÂRBS    649 

cru  devoir  l'en  séparer.  Si  les  principaux  caractères  des  deux  espèces 
sont  identiques,  leurs  dimensions  sont  tellement  différentes  qu'il  ne 
nous  a  pas  paru  possible  de  les  réunir.  Indépendamment  de  sa  taille 
beaucoup  plus  forte,  D.  arizensis  offre,  dans  la  disposition  de  ses 
granules  interambulacraires,  des  différences  qui  contribuent  encore 
à  éloigner  les  deux  espèces. 

Loc.  —  Pradières,  Laborie  près  Foix,  Roquefixade  Montgaillard 
(Ariège);  Padern  (Aude).  Coll.  Roussel,  ma  collection. 

Explication  des  figures.  —  PI.  XV11,  fig.  8,  D.  arizensis,  vu  de  côté  ; 
fig.  9,  face  supérieure;  fig.  10,  autre  exemplaire,  vu  sur  la  face  infé- 
rieure; fig.  il,  plaque  interambulacraire  grossie;  fig.  12,  appareil 
apical  grossi. 

15.  Holectypus  cenohanensis,  Gueranger  1859.  —  Yoy.  Gotteau, 
Pat.  fr.t  Ter.  crét.,  t.  VII,  p.  53,  pi.  MXVI,  ûg.  8-18. 

Nous  ne  connaissons  de  cette  espèce  qu'un  seul  exemplaire  assez 
mal  conservé,  et  ce  n'est  pas  sans  quelque  doute  que  nous  le  rappor- 
tons à  Y  H.  cenomanensis,  bien  qu'il  présente  parfaitement  la  physio- 
nomie de  l'espèce. 

Loc.  Durban  (Aude).  Très  rare.  Coll.  Roussel. 

16.  Ecbinoconus  castanea.  (Brongniart),  d'Orbigny,  var.  rko- 
tomagensis. —  Voy.  Gotteau,  Pal.  />'.,  1er.  crêt.,  t.  vi,  p.  509, 
pi.  DGCCCXCIIL 

Dans  une  note  publiée,  en  1881,  (Bull,  de  la  Soc.  des.  se.  nat.  de 
f  Yonne,  3*  sér.,  t.  IV,  p.  136),  j'ai  cherché  à  démontrer  combien 
étaient  variables  la  forme  de  YEchin.  castanea,  auquel  j'ai  réuni; 
comme  l'avait  fait  avant  moi  M.  de  Loriol,  YEch.  rkotomagensis  qui 
n'en  est  qu'une  variété.  L'exemplaire  recueilli  à  Pradières  par 
M.  Roussel,  correspond  très  bien  à  la  variété  rkotomagensis  que 
caractérisent  sa  forme  un  peu  allongée,  subpentagonale,  anguleuse, 
sa  face  supérieure  médiocrement  renflée,  son  périprocte  situé  un 
peu  au-dessus  du  bord. 

Loc.  —  Pradières  (Ariège).  Très  rare.  Coll.  Roussel. 

Indépendamment  de  YEch.  castanea,  M.  Roussel  a  rencontré  dans 
l'étage  cénomanien  de  l'Ariège,  deux  exemplaires  d* Echinoconus  qui 
rappellent  un  peu  E.  mixlusy  par  leur  grande  taille,  par  leur  forme 
élevée  et  conique  et  par  leur  face  inférieure  tout  à  fait  plane  ;  le 
périprocte,  cependant,  est  plus  élevé. 

Nous  devons  nous  borner  à  indiquer  ce  rapprochement  possible, 
car  nos  deux  exemplaires  sont  trop  mal  conservés  pour  qu'ils  puis- 


650  cottbau.  —  Écmsmes  dis  fbtitbs  pyhér ëes  et  cobbièrbs  30  mai 
sent  être  déterminés  d'une  manière  positive.  Ils  proviennent  de 
Lftborie,  près  Poix  (Ariège). 

17.  Ptgastbr  truncatus.  Agassiz,  1840.  —  Voy.  Cotteau,  Pal.  fr., 
Ter.  crét.,  t.  VIl.p.  70,  pi.  MXXI. 

Exemplaire  unique,  de  taille  moyenne,  présentant  parfaitement 
tous  les  caractères  du  type. 
Loc.  —  Leichert  (Ariège).  Très  rare.  Coll.  Roussel. 

18.  Pbxtasteb  studbhi. Cotteau,  1861.  —  Voy. Cotteau,  Pai.fr.tTer. 
crét.,  t.  VII,  p.  ill.pl.  MXXVI. 

Cette  espèce,  déjà  signalée  dans  l'étage  albieo,  se  retrouve  dans 
l'étage  cénomanieu  ;  l'identité  spécifique  des  exemplaires  recueillis 
dans  l'un  et  l'autre  de  ces  étages  est  certaine. 

Loc.  —  Pradières  (Ariège).  Assez  abondant.  Coll.  Roussel. 

19.  Peltastbs  acanthoidis  (Des  Moulins),  Agassiz,  1846.  —  Voy. 
Cotteau,  Pal.  fr.,  Ter.  crét.,  t.  VII,  p.  114,  pi.  MXXVII. 

Un  seul  exemplaire,  mais  parfaitement  caractérisé  et  ne  laissant 
aucun  doute  sur  sa  détermination. 
Loc.  —  Padern  (Aude).  Très  rare.  Coll.  Roussel. 

20.  Salbhia  scuriGBRA(Goldfuss),  Gray.  1833.  — Voy.Cotleau,  Pal. 
fr.,  Ter.  crét.,  t.  VII,  p.  154,  pi.  MXXXVI  et  MXXXVH. 

Parmi  les  exemplaires  qui  nous  ont  été  communiqués,  nous 
retrouvons    plusieurs  des    variétés    figurées  dans   la   Paléontologie 


1887.    COTTIAU.  —  ftCHIHIDBS  DBS  PETITES  PYBÉHÉBS  BT  GORBIÈRRS  65 1 

subnuda),  les  tubercules  ne  forment  que  quatre  rangées  séparées  à 
la  face  supérieure  par  une  zone  miliaire  large  et  presque  nue.  Sur 
cet  échantillon,  comme  chez  celui  qui  a  servi  de  type  à  la  variété 
subnuda,  les  zones  porifères  sont  très  fortement  bigéminées. 

Loc.  —  Leichert  (Ariège)  ;  Padern,  Durban  (Aude).  Assez  commun. 
Coll.  Roussel.  Ma  collection. 

22.  Glyphocyphus  radiatus  (Goldfuss),  Desor,  4856.  —  Voy.  Cot- 
teau, Pal.  fr.,  Ter.  crét.,  t.  VII,  p.  MXXVII,  pi.  MXXVII  et  MXXVI1I, 
fig.  1-5. 

Deux  exemplaires  parfaitement  caractérisés  malgré  leur  petite 
taille. 

Loc.  —  Padern  (Aude).  Très  rare.  Coll.  Roussel. 

23.  Orthopsis GHAïf ulabis  (Agassiz),  Gotteau,  4864. — Voy.  Cotteau, 
Pal.  fr.,  Ter.  crét.  t.  VII  p.  554,  pi.  MGXXX. 

Nous  avons  pu  étudier  plusieurs  exemplaires  de  cette  espèce  ;  bien 
que  variant  un  peu  dans  le  nombre  et  la  grosseur  de  leurs  tubercules, 
ils  nous  ont  paru  plus  granuleux  que  ceux  qu'on  rencontre  à  un 
niveau  plus  supérieur  et  que  j'ai  toujours  désigné  sous  le  nom  d'O. 
miliaris.  Assurément  les  deux  espèce  sont  très  voisines,  et  peut-être 
y  aurait-il  lieu  de  les  réunir  comme  le  fait  notre  collègue  et  ami, 
M.  Peron,  dans  sa  Note  sur  les  calcaires  à  Echinides  de  Hennés- les- Bains. 
Quant  à  présent,  cependant,  nous  croyons  devoir  conserver  dans  la 
méthode  10.  granularis.  Nous  lui  réunissons  une  variété  de  taille 
plus  forte  et  à  tubercules  encore  plus  prononcés  que  M.  Roussel  a 
rencontrée  à  Leichert,  et  qui  rappelle,  bien  que  sa  forme  soit  moins 
renflée,  YO.  ovata.  Il  serait  difficile  d'associer  à  YO.  miliaris,  cette 
nouvelle  variété  pour  laquelle  nous  ne  voulons  pas  néanmoins  éta- 
blir une  espèce  distincte. 

Loc.  —  Pradières,  Gastelnau,  Durban,  Leichert,  Laborie,  près  Foix 
(Àriège).  Rare.  Coll.  Roussel,  ma  Collection. 

24.  —  Cyphosoma  Roussgli,  Cotteau,  4887.  PI.  XV1IÏ,  fig.  4  -  5. 
Espèce  de  taille  moyenne,  subpentagonale,  médiocrement  renflée 

en  dessus,  presque  plane  en  dessous.  Zones  porifères  droites  à  la 
face  supérieure,  subonduleuses  à  l'ambitus,  formées  de  pores  bigémi- 
nés  près  du  sommet,  simples  vers  l'ambitus,  se  multipliant  autour 
du  péristome.  Aires  ambulacraires  étroites,  resserrées  par  les  zones 
porifères  à  leur  partie  supérieure,  uu  peu  renflées,  garnies  de  deux 
rangées  de  tubercules  assez  gros,  saillants,   scrobiculés,  au  nombre 


632         COTTE  AU.  —  ÉCBIKIDES  DES  PETITES  PYBÉKÉB5  ET  C0BR1ÈHES   30  1081 

lie  douze  ou  treize  par  série.  Aux  approches  du  sommet,  ces  tuber- 
cules diminuent  de  volume,  s'espacent,  et  prennent  une  disposition 
alterne.  Granules  intermédiaires  inégaux,  quelquefois  mamelonnés, 
formant,  au  milieu  de  l'aire  ambulacraire,  une  rangée  qui  se  dé- 
double vers  l'ambitus  et  se  prolonge  çà  et  là  entre  les  scrobicules 
les  plus  espacés.  Aires  inlerambulacraires  garnies  de  deux  rangées 
de  tubercules  à  peu  près  identiques  à  ceux  qui  recouvrent  les  aires 
ambulacraire»,  plus  gros  et  un  peu  plus  épais  à  la  face  supérieure. 
Tubercules  secondaires  peu  développés,  inégaux,  formant  une 
rangée  sineuse  placée,  de  chaque  coté,  sur  le  bord  des  zones  porifères, 
disparaissant  à  la  face  supérieure.  Zone  miliaire  large,  déprimée, 
presque  lisse  au  sommet,  garnie  vers  l'ambitus  de  granules  abon- 
dants, inégaux.  Péristome  assez  grand,  subcirculaire,  pourvu 
d'entailles  relevées  sur  les  bords. 

Hauteur,  12  millimètres;  diamètre,  29  millimètres. 

Rapports  et  différences.  —  Cette  espèce  offre  quelque  ressem- 
blance avec  le  Cypk.  cenomanense,  Cotteau  ;  elle  en  diffère  par  sa  taille 
plus  forte,  relativement  plus  déprimée,  par  son  ambitus  plus  penla- 
gonal,  par  ses  tubercules  secondaires  paraissant  moins  développés, 
par  ses  granules  miliaires  plus  abondants,  plus  homogènes,  et  n'affec- 
tant point  la  forme  allongée  qu'ils  présentent  chez  le  C.  cenomaneme. 
Notre  espèce  se  rapproche  du  C.  regulare  de  l'étage  turooien,  mais 
cette  dernière  espèce  est  facilement  reconnaissable  à  sa  taille  plus 
petite,  à  ses  pores  non  dédoublés  près  du  sommet,  à  ses  tubercules 
secondaires  relativement  plus  développés,  à  ses  grannles  moins 
abondants. 

Loc.  —  Pradicres,  Leichert  (Ariège).  Assez  rare.  Coll.  Roussel,  ma 


1887.  COTTBAU.  —  ÉCOINIDES  DES  PETITES  PYRÉNÉES  ET  CORB1ÈRBS    653 

toute  la  face  supérieure,  se  multipliant  fortement  près  du  péristome. 
Aires  ambulacraires  étroites  et  resserrées  par  les  zones  porifères  à 
la  partie  supérieure,  garnies  de  deux  rangées  de  tubercules  assez 
gros,  espacés,  surmontés  d'un  mamelon  peu  développé,  au  nombre 
de  treize  ou  quatorze  par  série.  Les  tubercules  de  la  face  supérieure 
diminuent  de  volume,  s'espacent  et  affectent,  près  du  sommet,  une 
disposition  alterne.  Granules  intermédiaires  peu  abondants,  iné- 
gaux, formant  une  rangée  subonduleuse,  qui  tend  à  se  dédoubler 
au  milieu  de  Taire  ambulacraire.  Aires  interambulacraires  pourvues 
de  tubercules  un  peu  plus  gros  et  plus  espacés  que  ceux  qui  garnis- 
sent les  aires  ambulacraires,  au  nombre  de  dix  ou  onze  par  série. 
Tubercules  secondaires  bien  distincts,  inégaux,  formant  une  rangée 
irrégulière  de  cbaque  côté  des  aires  interambulacraires,  sur  le  bord  des 
zones  porifères,  persistant  à  la  face  supérieure,  mais  disparaissant 
avant  d'arriver  au  sommet.  Zone  miliaire  presque  nue  près  du  som- 
met, large,  garnie,  vers  l'ambitus,  de  granules  abondants,  inégaux, 
auxquels  se  mêlent  de  petits  tubercules  épars,  crénelés  ou  mamelo- 
nés.  Péristome  à  fleur  de  test,  subcirculaire,  marqué  de  fortes  en- 
tailles relevées  sur  les  bords.  Appareil  apical  très  grand,  pentagonal 
à  en  juger  par  l'empreinte  qu'il  a  laissée. 

Hauteur,  16  millimètres,  diamètre,  31)  millimètres. 

Rapports  et  différences.  —  Cette  espèce  par  sa  taille  et  par  sa 
forme  générale,  se  place  dans  le  voisinage  du  Cyphosoma  Archiaci  ; 
e  lie  nous  a  paru,  cependant,  s'en  distinguer  d'une  manière  positive  par 
son  aspect  plus  pentagonal,  par  ses  zones  porifères  plus  larges  au- 
t  our  du  périprocte,  par  ses  tubercules  plus  gros,  moins  nombreux,  et 
f>«ir  cela  môme  plus  espacés.  Le  C.  Rousseli,  décrit  plus  haut,  se  ren- 
contre associé  à  notre  espèce;  il  en  diffère  certainement  par  son  as- 
p>«ct  plus  pentagonal,  par  ses  zones  porifères  moins  développées,  par 
s  es  tubercules  ambulacraires  et  interambulacraires  plus  homogènes, 
p*  ar  ses  tubercules  secondaires  moins  développés,  par  sa  face  infé- 
t~  i  eure  moins  plane,  par  son  péristome  marqué  d'entailles  plus 
l  ^gères. 

Loc.  —  Leichert  (Ariège).  Très  rare.  Coll.  Roussel. 

Explication  des  figures.  —  PI.  XVIIÏ,  fig.  11,  C.  arizensis  vu  de 
cClé;  fig.  12,  face  supérieure;  fig.  13,  face  inférieure. 


26.  —  Cyphosoma  canali,  Cotteau,  1887.  PI.  XVIII  fig.  6-10. 
Espèce  de  très  petite  taille,  circulaire,  médiocrement  renflée  en 
«dessus,  presque  plane  en  dessous,  arrondie  sur  les  bords.  Zones  po- 


654        COTTEAU.—  ÉCB1H1DBSDBBPBTÏTBSPÏBKHBBBKTC0IIBIÈ11B  30  mai 

rifères  onduleuses,  formées  do  pores  simples  offrant,  près  du  péris- 
tome,  une  tendance  à  se  multiplier,  Aires  unbulacraires  étroites  a 
leur  partie  supérieure,  «'élargissant  vers  l'ambitus,  garnies  de  deux 
rangées  de  tubercules  crénelés,  mameloaés,  saillants,  assez  gros, 
laissant  à  peine  la  place  a  quelques  granules  intermédiaires,  an 
nombre  de  sept  ou  huit  par  série.  Aires  interambulacraires  couvertes, 
de  tubercules  de  même  nature,  cependant  un  peu  plus  développés 
vers  l'ambitus,  diminuant  rapidement  de  volume  à  la  face  supérieure 
Pas  de  tubercules  secondaires.  Granules  intermédiaires  peu  abon- 
dants. Périslome  très  grand,  circulaire  à  fleur  de  test,  marqué  de 
très  faibles  entailles.  Appareil  apical  subpenlagonal  et  de  large  di- 
mension, Il  en  juger  par  l'empreinte  qu'il  a  laissée. 

Hauteur,  3  millimétrés;  diamètre,  8  milimèlres; 

Rapports  et  difféhehces.  —  Cette  petite  espèce  ne  saurait  élre 
confondue  avec  aucun  de  ses  congénères  :  ses  pores  simples  et  on- 
duleux,  ses  tubercules  peu  nombreux  la  rapprochent  des  individus 
jeunes  du  C.  radiatum,  Sorignet  ;  elle  en  diffère  par  sa  taille  plus  pe- 
tite et  plus  déprimée,  par  ses  tubercules  accompagnés  de  granules 
moins  fins,  par  ses  plaques  dépourvues  des  sutures  rayonnantes  qui 
caractérisent  le  Cypk,  radiatum. 

Loc.  —  Leichert  (Ariège).  —  Très  rare.  Coll.  Canal. 

Explication  desfigdbbs.  —  PI.  XVIII,  fig.  6,  C.  Canali,  va  de  cûté; 
fig.  7,  face  supérieure  ;  fig.  8  face  inférieure  ;  tig.  'J,  aire  ambulacraire 
prise  à  sa  partie  supérieure,  grossie. 


S7.  Gohiopvgds  Menardi  (Desmarets),  Agassii,  1838.  —   Voy.  Cot- 


1887.    COTTRAD. — ftCHIHIDIS  DIS  PETITES  Pï  RENÉES  gT  COBBIÈIES  655 

par  ses  tubercules  plus  uniformes  que  dans  les  autres  espèces, 
par  son  périprocte  peu  développé  et  vaguement  triangulaire,  par 
son  appareil  apical  relativement  marqué  de  sillons  au  lieu  d'être 
lisse, 
Loc.  —  Leichert  (Ariège).  Très  rare.  Coll.  Roussel. 

30.  Goïiiopygus  arizbnsis,  Gotteau,  1887.  PI.  XIX,  fig.  1-4. 
Espèce  de  taille  assez  forte,  subcirculaire,  médiocrement  renflée 
en  dessus,  presque  plane  en  dessous,  arrondie  sur  les  bords.  Zones 
porifères  formées  de  pores  simples,  directement  superposés  à  la  face 
supérieure,  déviant  un  peu  de  la  ligne  droite  à  la  face  inférieure, 
offrant  autour  du  péristome  une  tendance  à  se  multiplier.  Aires  am- 
bulacraires  étroites  à  leur  partie  supérieure,  s'élargissant  vers  l'am- 
bitus,  garnies  de  deux  rangées  de  petits  tubercules  serrés,  homo- 
gènes, placés  sur  le  bord  des  zones  porifères,  augmentant  sensible- 
ment de  volume  vers  l'ambitus  et  à  la  face  inférieure.  Une  double 
rangée  très  régulière  de  tubercules  plus  petits  se  montre  au  milieu  des 
deux  rangées  principales  et  descend  jusqu'au  pourtour,  disparaissant 
peu  à  peu  au  milieu  des  tubercules  principaux.  De  petits  granules 
inégaux  et  épars  accompagnent  çà  et  là  ces  deux  séries  de  tuber- 
cules. Aires  interambulacraires  munies  de  deux  rangées  de  tubercules 
saillants,  fortement  mamelonnés,  très  gros  à  la  face  supérieure,  au- 
dessus  de  l'ambitus,  diminuant  de  volume  en  se  rapprochant  du 
sommet  ou  du  péristome.  Granules  intermédiaires  très  peu  abon- 
dants. Péristome  subcirculaire,  à  fleur  de  test,  marqué  de  faibles  en- 
tailles. Périprocte  subquadrangulaire. 
Hauteur,   13  millimètres?...  diamètre,  28  millimètres. 
Rapports  et  différences.  Trois  espèces  de  Goniopygus  sont  carac- 
térisées par  la  présence,  au  milieu  des  tubercules  ambulacraires,  de 
deux  rangées  de  tubercules  plus  petits  disparaissant  au-dessous  de 
l'ambitus,  G.  delphinensis,  G.  royanus,  et  l'espèce  qui  nous  occupe 
en  ce  moment,  G.  arizensis  que  nous  considérons  comme  nouvelle. 
Assurément  elle  se  rapproche  du  G.  delpkinensis;  elle  en  diffère  ce- 
pendant, par  sa  taille  beaucoup  plus  forte,  par  ses  tubercules  secon- 
daires ambulacraires  descendant  plus  bas,  par  ses  tubercules  inter- 
ambulacraires plus  gros  et  plus  saillants  au-dessus  de  l'ambitus  et 
formant,  avec  les  tubercules  plus  petits  de  l'aire  ambulacraire  un 
contraste    très  apparent.  Notre  espèce  est  voisine  également  de 
G.  royanus,  d'Archiac.  Mais  cette  espèce  se  distingue  facilement  à 
sa  taille  moins  développée,  à  ses  tubercules  interambulacraires  plus 
homogènes,  à  la  présence  de  quelques  petits  tubercules  secondaires 
sur  le  bord  des  zones  porifères,  à  son  périprocte  triangulaire. 


636        COTTEAU.  —  ÉCMNIDES  DES  PETITES  P1BÊHÊES  ET  C0RBIÈHE8  30  mal 

Loc.  —  Lherm,  Leichert  (Ariège).  Rare.  Coll.  Roussel,  abbé 
Pouech. 

Explication  des  figures.  —  PI.  XIX,  flg.  1,  G.  ariztntit,  vu  de 
côté  ;  flg.  2,  face  supérieure  ;  ilg.  3,  face  inférieure  ;  fig.  4,  portion  de 
l'aire  ambulacraire  supérieure  grossie. 

31.  Codiopsis doha  (Desmare  ts),  Agassiz,  1840.  —  Voy.  Cotleau,  Pal. 
fr..  Ter.  crét.,  t.  VII,  p.  781,  pi.  MGXCI  et  MCXCII,  flg.  Ml. 

Plusieurs  exemplaires  de  petite  taille,  mais  parfaitement  carac- 
térisés. 
Loc.  —  Leichert  (Ariège).  Assez  rare.  Coll.  Roussel,  Canal. 

32.  Cottaldia  Behetti.*;  (Kœnig),  Cotteau,  1859.  —  Yoy.  Cotteau, 
Pal.  fr.,  Ter.  crét.,  t.  VII,  p.  789,  pi.  MCXCIII  et  MCXC1V, 
flg.  1-10. 

Un  seul  exemplaire  parfaitement  caractérisé,  remarquable  par  sa 
grande  taille,  sa  forme  surbaissée,  ses  tubercules  Uns,  serrés,  abon- 
dants, homogènes,  augmentant  à  peine  de  volume  à  la  face  infé- 
rieure, disposés  partout  en  séries  transverses  et  subonduleuses,  ne 
laissant  aucune  place  à  la  zone  miliaire. 

Loc.  —  Pradières  (Ariège).  Très  rare.  Coll.  Roussel. 


33.  Magnosia  ARiZBBSis,  Cotteau,  1887.  PI.  XIX,  flg.  5-9. 
Espèce  de  taille  assez  forte,  circulaire.  Face  supérieure  renflée,  glo- 
buleuse. Face  inférieure  presque  plane,  très  arrondie  sur  les  bords. 


1887.     COTTEAU.  —  ÉCHUtIDES  DBS  PETITES  PYRÉNÉES  ET  CORBIÈRES  657 

séries  de  tubercules.  La  zone  médiane  qui  partage  Taire  interambu- 
lacraire  est  un  peu  déprimée  ;  les  tubercules  ainsi  que  les  granules  y 
sont  plus  inégaux  et  encore  moins  régulièrement  disposés.   Péri- 
stome  assez  grand,  subpentagonal,  presque  superficiel,  marqué  de 
faibles  entailles  ;  les  bords  qui  correspondent  aux  aires  ambulacraires 
sont  presque  droits  et  beaucoup  plus  étendus  que  ceux  qui  corres- 
pondent aux  aires  interambulacraires. 
Hauteur,  14  millimètres  ;  diamètre,  21  millimètres. 
Rapports  et  différences.  —  Le  Aï.  arizensis  ne  saurait  être  con- 
fondu avec  aucune  espèce  du  genre  ;  il  est  parfaitement  reconnais- 
sable  à  sa  grande  taille,  à  sa  forme  globuleuse  et  renflée,  à  la  dispo- 
sition de  ses  tubercules  ambulacraires  et  interambulacraires  et  des 
granules  qui  les  accompagnent,  à  son  péristome  moins  étendu,  plus 
superficiel  et  moins  rentrant  qu'il  ne  l'est  ordinairement  chez  les  Ma- 
gnosia.  —  Au  premier  aspect,  on  croirait  qu'il  s'agit  d'un  exemplaire 
du  Cott.  Benettiœ,  mais  la  forme  pentagonale  du  péristome,  la  lon- 
gueur des  zones  porifères  autour  de  la  bouche,  l'étroitesse  des  bords 
interambulacraires  comparés  aux  bords  ambulacraires  placent  in- 
contestablement l'espèce  dans  le  genre  Magnosia. 
Loc.  —  Leichert  (Ariège).  Très  rare.  Coll.  Roussel. 
Explications  des  figures.  —  PI.  XIX,  fig.  5,  AL  arizensis  vu  de 
côté;  fig.  6,  face  supérieure  ;  fîg.  7,  face  inférieure  ;  fig.  8,  partie  in- 
-f<érieure  de  l'aire  ambulacraire  grossie  ;  fig.  9,  plaque  interambula- 
c^raire  grossie. 

34.  Cidaris  gibberula,  Agassiz,   1847,   —  Voy.  Cotteau,  Pal.  fr.t 
3er.  crét.,  t.  VII,  p.  234,  pi.  MLI,  fig.  15-18  et  pi.  MLVII,  fig.  1-7. 

Nous  n'ayons  sous  les  yeux  qu'un  seul  exemplaire  un  peu  usé  de 
c^ette  espèce,  et  ce  n'est  pas  sans  quelque  doute  que  nous  le  rappor- 
*-  ons  au  C.  gibberula.  Il  appartient  assurément  au  môme  groupe  de 
^Jidaris  (Tylocidaris,  Pomel).  Mais  il  diffère  du  C.  gibberula  par  quel- 
ues  caractères  :  les  tubercules,  au  lieu  d'être  lisses  paraissent  pér- 
ores ;  il  est  possible,  cependant,  que  cet  aspect  soit  dû  à  l'usure  du 
est  ;  les  aires  ambulacraires  sont  plus  étroites,  peut-être  en  raison 
e  la  taille  plus  petite  de  notre  exemplaire.  Les  autres  caractères  sont 
&  dentiques.  Il  serait  possible  que  notre  exemplaire  ne  fut  autre  que 
X  e  test  du  Cidaris  Sorigneti  dont  on  trouve  les  radioles  dans  la  môme 
Xocalité  ;  le  doute  existera  tant  qu'on  n'aura  pas  rencontré  un  exem- 
plaire muni  de  quelque  radioles. 

Loc.  —  Leichert  (Ariège).  Très  rare.  Coll.  Canal. 

35.  Cidaris  Sorigneti,  Desor,  1856.  —  Voy.  Cotteau,  Pal.  fr.y  Ter. 
er#.,  t.  VII,  p.  237,  pi.  MLI,  fig.  9-14. 

XV.  42 


638         COTTEAU. —  ÉCUIttlDKS  DES  PETITES  PYRÉNÉES  ET  CDBBIÈRES   30  mai 

Exemplaires  nombreux,  de  petite  taille,  mais  bien  caractérisés. 

Loc.  —  Leicherl,  Pradiéres,  Laborie,  près  Poix,  Clermont  (Ariège)  ; 
Padern  (Aude).  Commun.  Suivant  M.  Roussel,  celte  espèce  se  ren- 
contre également  dans  l'Albien  à  Durban  (Ariège),  à  Padern  (Aude; 
et  à  Saint-Paul-de-Fenouillet  (Pyrénées-Orientales).  Coll.  Roussel, 
Canal,  ma  collection. 

36.  Cidaris  ybsiculobà,  Goldfuss,  1826.  —  Voy.  Cotteau,  Pal.  f-:, 
1er.  rrét,  p.  222,  pi.  ML,  et  MLI,  fia;.  1-6. 

Quelques  fragments  de  radioles  assez  bien  caractérisées  m'ont 
paru  appartenirà  cette  espèce. 

Loc.  —  Leichert,  Cadcrercut  (Ariège).  ftare.  Coll.  Roussel. 

27.  Cidaris  iiiHUiHi,  Sorignct,  1850.  —  Voy.  Cotteau,  Pal.  fr„  Ter., 
crcl.,  t.  VIII,  p.  %\\,  pi.  MLIV,  flg.  6-16. 
Un  seul  radiole  bien  caractérisé. 
Loc.  —  Castelnau  près  Durban  (Ariège).  Très  rare.  Coll.  Roussel. 

38.  Cidaris  pyrenaica,  Cotteau,  1862.  —  Voy.  Coll.  Pal.  fr.,  Ter. 
crét.,  t.  VII,  pi.  MXLV11  et  MXLVIII,  flg.  1-10. 

L'n  fragment  de  test  et  quelques  portions  de  radioles  paraissent  *e 
rapporter  au  C.  pyrenaica,  déjà  signalé  dans  l'étage  albieu. 
Loc.  —  Leichert  (Ariège).  Très  rare.  Coll.  Roussel. 

39.  Cidaris  rousseli,  Cotteau,  1887.  PI.  XIX,  lig.  10-12. 
Test  inconnu. 


1887.    C0TTBAU. —  ÉCHllUDES DES  PETITES  PTIÉHÉK8  ET  CORBIÈRES  659 

dioles  do  C.  subvesiculera  ;  ils  en  diffèrent  par  leurs  côtes  moins 
épineuses,  formées  de  granules  plus  espacés,  et  plus  atténués,  sé- 
parées par  une  granulation  plus  distincte. 

Loc.  —  Fonfroide  (Aude).  Assez  rare.  Génomanien  inférieur.  Coll. 
Roussel,  ma  collection. 

Explication  des  figure».  —  PL  XIX,  ûg  .10,  radiole  du  Cid.  Rousseli; 
ûg.  il,  portion  grossie  ;  ûg.  13,  autre  radiole  ;  flg.  14,  bouton  et  por- 
tion de  la  tige  grossis. 

Mentionnons  encore,  dans  l'étage  cénomanien  de  Lherm  (Ariège), 
un  très  beau  radiole  voisin  du  C.  scepiifera  dont  il  diffère,  cependant, 
par  ses  granules  plus  épais  et  moins  épineux,  par  ses  côtes  longitu- 
nales  plus  serrées,  par  sa  collerette  paraissant  plus  longue  et  plus 
nue.  Ce  radiole,  de  grande  taille,  est  malheureusement  incomplet  ; 
le  sommet  de  la  tige  et  le  bouton  manquent,  et  nous  n'avons  pas  cru 
devoir  en  faire  une  espèce  nouvelle. 

ÉTAGES  TURON1EN,  SE  NON  1  EN  ET  DANIEN 

1.  Hkmiastkr  gautiiieri,  Peron,  1877.  — Voy.  Peron,  Note  sur  la  place 
des  calcaires  à  Eclùn.  de  Rennes -les- Bains,  (Bull.  Soc.  géoL  de  France 
3"  sér.,  t.  V,  p.  409,  pi.  Vlll,  Ug.  C). 

Deux  exemplaires  bien  caractérisés.  Suivant  M.  Roussel,  cette 
espèce  se  rencontre  à  la  base  de  l'étage  sénonien,  dans  une  couche 
immédiatement  supérieure  au  terrain  turonien. 

Loc.  — Soulatge  (Aude);  Saint-Cirac  (Ariège).  Assez  rare.  Gott. 
Roussel,  Ganal. 

2.  Uemiastkr  leymkriei,  Desor,  1867.  — Voy.  d'Orb.  Pat.  /r.,  Ter. 
crée,  t.  Vil,  p.  234,  pi.  DCCGLXXV. 

Espèce  bien  caractérisée  par  sa  forme  dilatée  en  avant,  acuminée 
en  arrière,  par  sa  face  supérieure  bombée  et  subcarénée  dans  la  région 
postérieure,  par  ses  aires  ambulacraires  antérieures  beaucoup  plus 
longues  que  les  aires  postérieures  qui  sont  très  courtes  et  en  forme 
de  feuille. 

Loc.  —  Soulatge  (Aude).  Rare.  Sénonien  infér.  Coll.  Roussel. 

Chez  nos  exemplaires  comme  dans  le  type,  les  aires  ambulacraires 
paires  antérieures  sont  un  peu  plus  excavées  que  les  autres  et  environ 
un  tiers  plus  longues .  Le  péristome  muni  d'une  lèvre  saillante  est  très 
excentrique  en  avant.  Dans  nos  échantillons,  cependant,  la  zone 
interporifère  qui  occupe  le  milieu  des  aires  ambulacraires  paires 
paraît  moins  large  et  surtout  plus  profondément  déprimée  en  forme 
de  sillon. 


660         COTTB1U.  —  ÉCHIS1DKS  DES  PETITES  PYRÉNÉES  ET  CORBIÈRE»   30  mai 

Loc.  — Freichenet,  Montferrier,  Morenci,  LeBastié(Ariège);  Buga- 
ruch  (Aude).  Sénonien  inférieur.  Assez  commun.  Coll.  Roussel,  ma 
collection. 


3.  Micrasteb  hbberti,  de  Lacvivier,  1877.  —  Voy.  de  Lacvivier, 
Note  sur  un  Micraster  nonveau,  M.  Heberti,  (Bull.  Soc.  géol.  de  France, 
3'sér.,  t.  X,  p.  337,  pi.  VIII). 

Bien  qu'ils  diffèrent  un  peu  du  type  décrit  et  figuré  par  M.  de 
Lacvivier,  les  nombreux  exemplaires  recueillis  à  Bugarach  par 
M.  Roussel  me  paraissent  se  rapporter  au  M.  Heberti;  ils  en  présen- 
tent les  caractères  essentiels,  notamment  dans  les  aires  ambola- 
craires,  les  petites  plaques  serrées,  saillantes,  étroites,  finement  gra- 
nuleuses. 


4.  Micraster  bbbyis,  Agassiz,  1867.  —  Voy.  d'Or,  Pal,  fr„  Ter.  crit,. 
t.  VI,  p.  207,  {Mit.  coranguina  pas),  pi.  DCCCLXVIII,  flg.  i52. 

Partout  où  elle  a  été  observée,  cette  espèce  offre  de  nombreuses 
variétés.  Les  aires  ambulacraires  sont  plus  ou  moins  longues,  plus  ou 
moins  creusées,  quelquefois  elles  sont  presque  superficielles; 
parfois  même  ce  caractère  s'exagère,  et  M.  Roussel  nous  a  commu- 
niqué plusieurs  exemplaires  chez  lesquels  les  dépressions  ambula- 
craires ont  complètement  disparu,  et  qui,  cependant,  ne  sauraient 
être  séparés  du  type. 

Loc  —  Soulatge,  Rouffiac  Corbières  (Aude).  Assez  commun. 
Etage  sénonien.  Coll.  Roussel,  ma  collection. 


5.  Michaster  tebcosis,  Cotteau 


Voy.  Coll.,  Echinideidtla 


1887.    COTTEAU.  —  ÉCHmiDBS  DBS  PETITES  PYRÉNÉES  ET  CORBIÈRES  661 

7.  Offaster  Leymeriei,  Cotteau,  1887.  PI.  XIX,  flg.   14  et  15,  et 
pi.  XX,  fig.  1-3. 

Espèce  de  taille  assez  forte,  allongée,  ovoïde,  arrondie  en  avant, 
subacuminée  en  arrière.  Face  supérieure  uniformément  renflée,  légè- 
rement carénée  dans  la  région  postérieure.  Face  inférieure  presque 
plane,  un  peu  bombée  en  arrière.  Face  postérieure  étroite,  tronquée, 
rentrante.  Aire  ambulacraire   impaire  moins  développée  que  les 
autres,  sans  aucune  trace  de  sillon  antérieur,  môme  vers  l'ambitus. 
Aires  ambulacraires  paires  très  étroites  au  sommet,  s'élargissant  en 
se  rapprochant  de  l'ambitus.  Zones  porifères  formées  de  pores  égaux, 
disposés  par  paires  obliques,  très  serrées  à  la  partie  supérieure,  s'es- 
paçant  en  descendant  vers  l'ambitus,  s'ouvrant  à  la  base  des  pla- 
ques qui  sont  très  étendues  et  un  peu  irrégulières  lorsqu'elles  se 
rapprochent  de  la  face  inférieure.  Plaques  interambulacraires  à  peu 
près  de  même  largeur  que  les  plaques  ambulacraires,  mais  beaucoup 
plus  hautes.  Tubercules  petits,  crénelés,  perforés,  épars,  augmen- 
tant de  volume  et  entourés  d'un  scrobicule  plus  profond  à  la  face  in- 
férieure. Granulation  intermédiaire    fine,    abondante,   homogène. 
X*éristome   très    excentrique  en  avant,   transverse,   à  peine  labié. 
ÏPériprocte  arrondi,   s'ouvrant  au  sommet  de  la  face  postérieure, 
ppareil  apical    allongé.    —    Le  fasciole    péripétale,    s'il   existe, 
'est    pas   visible  dans  les  exemplaires  que  nous  avons  sous  les 


Hauteur,  20  millimètres;   diamètre  antéro-postérieur,   30   milli- 
zxiètres;  diamètre  transversal,  25  millimètres. 

Rapports  et  différences.  —  Cette  espèce,  remarquable  par  sa 
^grande  taille,  par  sa  forme  ovale,  très  arrondie  en  avant,  rétrécie, 
^ubtronquée  et  un  peu  rentrante  en  arrière,  par  la  structure  de  ses 
X* laques  ambulacraires,  moins  hautes,  mais  au  moins  aussi  larges  vers 
1  ^ambitus  que  les  plaques  interambulacraires,  par  l'absence  complète 
e  sillon  antérieur,  ne  saurait  être  confondue  avec  aucune  autre 
spèce.  Sa  taille  et  sa  forme  générale  rapprochent  un  peu,  au  premier 
spect,  l' Offaster  Leymeriei  de  l '0.  corculum  (Corculumtypicusy  Pomel). 
ais  celte  dernière  espèce,  qui  fait  partie  d'un  genre  différent, 
«ra  toujours  reconnaissable  à  la  position  toute  différente  de  son 
ériprocte. 

Loc.  —  Roquefort  (Haute-Garonne).  Rare.   Sénonien  sup.   Coll. 
ïVoussel,  musée  de  Toulouse  (Coll.  Leymerie),  ma  collection. 

Explication  des  figures.  —  PI.  XIX,  fig.  14,   0.  Leymeriei,  vu  sur 
\a  face  postérieure;  fig.  15,   face  inférieure.  —  PI.  XX,  fig.  1,  le 


MKftflfcn  ETC0KB1ÊHBS  30  mai 
âê  ré**   V-  —  'w*  supérieure;  Gg.  3,   appareil  apii 


„  fnuus,  Breynius,  1732,  —  Voy.  d'Orbigny,  Pat. 
g_  BciW«"   ti  -  ai,  pi.  DCCCIV— DCCCVIII,  ug.  1-3. 

'.''  _._      -,.K-r.ii.'iM'.\    Itiiins   di'    Hennés   (Aude);    Anzas 


'at. 


^i  fliurr*.'  A**«  commun.  Sénonien  et  Danien.  Coll.  Roussel. 

Hau****"  SMtstOBOS  (Lamarck},  Cotteau,  1877.  —  Voy.  Cot., 
■     Je  M«W«*tf  ^u  Oarumnien  in  Type  garumnien  par  Leymerie, 

_  tatoue  (Haute-Garonne).  Assez  rare.  Danien.  Coll.  Roussel. 

H(B!f-iiiMTSTKS  fthekaiccs,  Hébert,  1875.  —  Voy.  Hébert,  fin- 
i  j^x  espèces  a" Bemipnemtu  de  la  Craie  sup.  des  Pijrènêti, 

Iwll  Soc.  (t*°l.  de  France,  3*  sér.,  t.  III,  p.  392,  pi.  XIX). 

'  *  _  Aussaing,  Monclar,  Roquefort  (Haute-Garonne).  Assez  com- 
Qjiinnii'n  sup.  et  Danien.  Coll.  Roussel. 

il   Puis*  i'ktbocobiiînsis,  Des  Moulins,  1837.  — Voy.  d'Orbigny, 
fl.  fr-  T*t.  crêt.,  t.  VI,  p.  486,  pi.  XMLXXXVI,  flg.  1-5. 
Ta  exemplairs  de  petite  taille,  mais  parfaitement  caractérisé. 

Lye.  _  Saïnt-Cirae  (Ariège).  Très  rare.  Flnge  d:inien.  Coll.  I.estel. 

)2.  Pybina  ovuli'm  l'Lamarck),  Agassi*,  1811).  —  Voy.  d'Orbigny, 
pat.fr.,  ter.  crêt.,  t.  VI,  p. -183  et  484,  pi.  XMLXXXV. 

plusieurs  exemplaires  de  différentes  tailles  plus  nu  moins  allongés, 
mais  parfaitement  caractérisés. 

Loc.  —  Saint-Cirac,  Leiehert  (Aricge).  Assez  rare.  Sénonien.  Coll. 
Roussel,  I.estel,  Grignon. 

l3.CLvn:oLAMrAS  LEST6U,  Culteau,   1887.   Pi.  XX,  Hg.   4-8. 

Espèce  de  taille  relativement  petite,  subei reniai re,  un  peu  allon- 
gée, arrondie  en  avant  et  en  arrière,  1res  légèrement  rétrécis  dans 
la  région  postérieure.  Face  supérieure  haute,  renflée,  mbconique 
vers  le  sommet.  Face  inférieure  tout  a  fait  plane,  à  peine  arrondie 
sur  les  bords. 

Sommet  nmbulaeraire  presque  central,  un  peu  rejeté  en  avant. 
Aires  ambnlacraires  pétaloïdes,  aiguës  au  sommet,  s'éiar<iissant  en 
«ndani   vers   l'iimliiius.   longues,   ouvartea  a  l'extrémité. 


1887.     C0TTBAU.  —  ACMRIDES  DBS  PETIT KS  PYRÉNÉES  BT  CORBIÈRES  663 

porifères  assez  larges,  composées  de  pores  étroits  et  serrés,  très  iné- 
gaux, les  externes  allongés,  les  internes  arrondis,  unis  par  un  sillon, 
conservant  leur  forme  pétaloïde  sur  toute  la  face  supérieure.  Zone 
interporifère  plus  ou  moins  développée  suivant  les  individus.  Tuber- 
cules, petits,  scrobiculés,  paraissant  finement  crénelés  et  perforés, 
abondants,  épais;  associés  aux  tubercules  se  montrent  sur  la  face 
supérieure  de  petits  renflements  tuberculiformes  très  apparent,  pro- 
bablement lisses  et  qui  disparaissent  aux  approches  de  l'ambitus. 
Péristome  à  fleur  de  test,  pentagonal,  entouré  d'un  floscelle  très 
apparent.  Périprocte  inframarginal,  tranverse.  Appareil  apicalmuni 
de  quatre  pores  génitaux,  remarquable  par  le  développement  de  la 
plaque  madréporiforme  qui  fait  saillie  et  occupe  le  milieu  de  l'ap- 
pareil. 

Hauteur,  20  millimètres  ;  diamètre  antéro-postérieur,  33  milli- 
mètres; diamètre  transversal,  27  millimètres. 

Rapports  et  différences.  —  Cette  curieuse  espèce  ne  saurait  être 
confondue  avec  aucune  de  ses  congénères.  Voisine  du  CL  Leskei 
(Goldfuss),  Pomel,  par  la  présence  de  petites  renflements  tubercu- 
liformes à  la  face  supérieure,  elle  en  diffère  par  sa  taille  beaucoup 
plus  petite,  par  sa  forme  moins  conique  et  plus  étroite  en  arrière, 
par  ses  éminences  tuberculiformes  moins  nombreuses,  plus  appa- 
rentes et  descendant  plus  bas,  par  son  péristome  plus  nettement 
pentagonal  et  entouré  d'un  floscelle  moins  apparent. 

Loc.  —  Saint-Cirac  (Ariège).  Ilure.Danien.  Coll.  Lestei. 

Explication  des  figures.  —  PI.  XX,  fi  g.  4,  C.  Lesteli,  vu  de 
côté  ;  ûg.  5,  face  supérieure  ;  iig.  6,  face  inférieure  ;  fîg.  7,  appareil 
apical  et  sommet  de  Taire  ambulacraire  grossis  ;  iig.  8,  péristome  et 
floscelle  grossis. 

14.  Ecuinocohus  gigas,  Cotteau,  1865.  Voy.  Gott.  in  d'Orb.,  Pal. 
/h,  Ter.  crét.,  t.  VI,  p.  510,  pi.  CMXCIV,  iig.  Cet  pi.  GMXCV. 

Loc.  —  Auzas  (Haute-Garonne).  Assez  rare.  Danie.  Coll.  Roussel, 
ma  collection. 

15.  Salknia  bourgl:oisi,  Gotteau,  1860.  — Voy.  Cott.,  Pal.  />.,  Ter. 
crét.,  t.  VII,  p.lGi,  pi.  MXXXVUI,  fîg.  1-18,  et  pi.  MXXXX,  flg.  25. 

Un  seul  exemplaire  un  peu  usé,  mais  cependant  assez  bien  carac- 
térisé ;  il  diffère  du  type  par  ses  aires  ambulacraires  plus  flexueuses 
et  garnies  de  petits  granules  qui  augmentent  de  volume  autour  du 
péristome. 

Loc.  —  Saint-Cirac  (Ariège).   Très  rare.  Sénonien.  Coll.,   Lestei 


664         COTTEAU. —  ÉCniNIDRS  DES  PETITES  PYRÉNÉES  ET  COBBIÈRES   30  mai 

16.  Orthopsis  hiluius  (d'Archiac),  Cotteau,  1865.  —  Vny.  Coll., 
Pal.  /h,  Ter.  crit.,  t.  VII,,  p.  558,  pi.  MCXXXI. 

Deux  exemplaires  bien  caractérisés. 

Loc.  —  Saint-Cirac  (Ariège)  ;  Soulatge  (Aude).  Rare.  Sénonien. 
Coll.  Roussel,  Leste). 

17.  Cyphosoma  archiaci  (Agassiz),  Cotteau,  1863.  —  Voy.  GotL, 
Pal.  fr.,  Ter.  crét.,  t.  VII,  p.  615,  pi.  MCXLIX. 

L'exemplaire  que  nous  a  communiqué  M.  Roussel  s'éloigne  un  peu 
du  type  par  ses  tubercules  interambulacraires  plus  gros  et  un  peu 
moins  nombreux  ;  cependant,  il  en  présente  bien  les  caractères  et 
ne  saurait  en  Être  séparé. 

Loc.  —  Soulatge  (Aude).  Assez  commun.  Sénonien.  Coll.  Roussel. 

18.  —  Cyphosoma  GREGOIRE!,  Cotteau,  1887.  PL  XX,  flg.  9-12. 

Espèce  de  taille  moyenne,  subcirculaire,  médiocrement  renflée  eu- 
dessus,  déprimée  en  dessous,  subconcave  au  milieu  de  la  face  infé- 
rieure. Aires  ambulacraires  assez  larges,  étroites  sur  le  sommet, 
s  "élargissant  vers  l'ambitus,  garnies  de  deux  rangées  de  tubercules 
saillants,  crénelés,  perforés,  scrobiculés,  assez  gros  vers  le  pourtour, 
B'espaçant,  diminuant  de  volume  et  devenant  alternes  aux  approches 
du  sommet.  Granules  ntermédiaires  inégaux,  quelquefois  allongés, 
groupés  en  cercle  autour  des  plus  gros  tubercules.  Zones  porifëres 
très  onduleuses,  formées  de  pores  simples  dans  toute  leur  étendue, 
se  resserrant  un  peu  et  tendant  à  se  multiplier  autour  du  péritosme. 
Aires  interambulacraires  pourvues  de  tubercules  de  même  nature 
que  ceux  qui  couvrent  les  aires  ambulacraires,  un  peu  plus  gros, 


1887.  COTTE  AU.  —  ÉCHIMDES  DBS  PETITES  PYRÉNÉES  ET  CORBIÈRRS    065 

pagnes  de  granules  plas  inégaux,  par  ses  tubercules  secondaires 
plus  nombreux  et  plus  apparents,  par  son  péristome  plus  con- 
cave. 

Loc.  —  Saint-Cirac  (Ariège).  Rare.  Sénonien  sup.  Coll.  Roussel. 

Explication  des  figures.  —  PI.  XX,  flg.  9,  C.  Gregoirei,  vu  de 
côté;  flg.  10,  face  supérieure;  flg.  11,  aire  ambulacraire  prise  à 
sa  partie  supérieure  grossie;  flg.  12,  plaque  interambulacraire 
grossie. 

M.  Bleicher  communique  à  la  Société  les  résultats  des  recher- 
ches qu'il  a  entreprises  à  l'occasion  de  la  publication  d'un  Guide  du 
?éologueenLorraine(Meurthe-ei-Mose\\e,  Meuse,  Vosges),  actuellement 
sous  presse,  sur  la  division  du  Trias  en  horizons  paléontologiques 
bien  définis. 

Il  fait  remarquer  la  constance  d'un  ou  plusieurs  niveaux  à  fossiles 
marins,  surmontant  la  Haute  masse  du  Grès  bigarré  qui  ne  contient 
guère  que  des  plantes. 

Pour  retrouver  un  niveau  fossilifère,  il  faut  remonter  cinquante 
nètres  environ  de  marnes  sableuses  dolomitiques,  gréseuses, 
çypseuses,  salifères  par  places.  Ici  se  développe,  dans  des  calcaires 
iouvent  dolomitiques,  par  places  écumeux  ou  presque  oolithiques, 
me  faune  découverte  par  M.  Lebrun  et  non  indiquée  encore  dans 
ios  régions.  Astarte  triasina,  Myophoria  ovata  sont  les  fossiles  les  plus 
caractéristiques  de  ce  «  Schaumkalk  ».  Plus  haut,  un  niveau  d'Algues 
icopariennes  du  genre  Taonurus  est  à  signaler  à  la  base  de  l'horizon 
lu  Ceratites  nodosus,  horizon  très  puissant  se  terminant  par  un  niveau 
i  C.  semipartitus  et  à  Myophoria  pes-ansei%is.  Lie  Muschelkalk  se 
ermine  enfla  par  l'horizon  de  Myophoria  Goldfussi,  qui  admet  des 
ormations  saumâtres,  riches,  par  places,  en  végétaux. 

Dans  les  Marnes  irisées,  M.  Bleicher  signale,  à  la  base  des  grès  qui 
>ccupent  environ  le  milieu  de  ce  puissant  étage,  des  marnes  schis- 
euses  à  Schizoneura  et  Estheria  minuta  et,  vers  le  haut,  à  environ 
!0  ou  25  mètres  au-dessous  du  Ilhétien,  des  plaquettes  couvertes  de 
races  linéaires  creuses,  de  très  petite  taille,  avec  stries  transversales 
)lus  ou  moins  nettes,  que  M.  le  Professeur  Fliche  croit  devoir  attri- 
>uer  aux  Bactryllium,  c'est-à-dire  à  des  Diatomées  fossiles.  Ces  pla- 
[uettes,  à  traces  linéaires  toujours  identiques,  se  retrouvent  sur  une 
[uarantaine  de  kilomètres,  au  même  niveau,  qu'ils  caractérisent  par- 
aitement.  M.  Bleicher,  en  terminant  sa  communication,  annonce  à 
a  Société  qu'il  a  entrepris,  en  collaboration  avec  M.  le  Professeur 
7liche,  l'étude  d'un  certain  nombre  de  gisements  de  tuf  quaternaire 
le  l'Est  de  la  France.  Il  espère  que  ce  travail,  qui  comprend  la  Paie- 


Séance  du  20  Juin  1887 

PaÈStDKNCE   DE   M.  AlBEflf    GàuMY 

.M.  Mc"  Uovelacque,  Secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de 
la  dernière  séance  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Le  Président  annonce  à  la  Société  la  mort  de  M.  Tehqck*.  Il  retrace, 
ea  quelques  mots,  la  vie  si  remplie  de  ce  savant  el  exprime  tous  iei 
regret*  que  lui  cause  cette  triste  nouvelle. 

M.  Munier-Chalmas  fait  une  communication  sur  l'Associa- 
tion des  Radiâtes  dans  les  couches  coralligènes  du 
Vicentin  (i;. 

Le  secrétaire  donne  lecture  de  la  lettre  suivante  de  M.  M.  Gour- 
don  : 
Dans  la  séance  du  5  mai  dernier,  mou  ami,   M.   M*"   Hovelacque, 

annonçait  à  la  Société  géologique  que  je  venais  de  découvrir  deux 
nouveaux  gisements  iossilileres,  dans  le  terrain  silurien  supérieur 
des  environs  de  Lnchon.  L'un  de  ces  gisements  m'avait  donné  des 
Graptoliles. 

Depuis  cette  époque,  de  nouvelles  investigations  m'ont  permis  de 
découvrir  deux  autres  gisements  de  Graptolites.  L'un  se  trouve  dans 
la  montagne  de  Cazarilh,  l'autre  dans  la  Forêt  de  Sacourvielle  vallée 
d'Oueil),  non  loin  de  la  llonl  de  Barbât.  Notre  savant  confrère,  M.  Ch. 
Barrois,  de  Lille,  a  bien  voulu  étudier  ut  déterminer  les  fossiles  que 
je  lui  avais  communiqués.  Il  a  reconnu  dans  ces  gisements  les  espèces 
suivantes  ;  Munii'jraptus  priodon,  M.  llti'cki,  M.  ftwmeri,  M,  spiralis, 
Itastrites  pereyrinus,  ftetiolites  gcinitzieiiw.i. 

De  nouvelles  recherches  me  permettront,  avant  longtemps,  je  l'es- 
père, d'ajouter  quelques  noms  nouveaux  à  la  liste  de  cette  belle  et 
riche  faune  du  terrain  silurien  supérieur  de  lu  Haute-Garonne. 


())Lan 


1887.  BERTRAND.   —  ILOT  TRIA  SI  QUE  DU  BCAUSSBY  667 

M.  Bertrand  présente  une  brochure  de  MM.  Abel  Glrardot 
et  Buchin  sur  la  découverte  d'un  gisevknt  a  végétaux  tertiaires 
au  près  de  Lons-le-Saulnier.  Il  insiste  sur  l'intérêt  de  cette  décou- 
verte, qui  fournit  des  données  nouvelles  sur  l'histoire  de  la  chaîne;  ce 
lambeau  tongrien  repose,  en  effet,  avec  une  légère  discordance,  sur 
les  calcaires  bathoniens,  bien  que  le  Jurassique  supérieur  existe  dans 
le  voisinage  ;  on  a,  ainsi,  la  preuve  que  des  oscillations  du  sol  et  des 
érosions  puissantes  s'étaient  produites,  au  moins  localement,  sur  le 
bord  occidental  du  Jura,  avant  l'époque  tongrienne. 

M.  Bertrand  fait  la  communication  suivante  : 

Ilot  triaslque  du  Beausset  {Var).  Analogie  avec  le  bassin 
houiller  franco-belge  et  avec  les  Alpes  de  Glaris, 

Par  M.  Marcel  Bertrand. 

PL  XXIII  et  XXIV. 

Le  bassin  crétacé  du  Beausset,  entre  Toulon  et  Marseille ,  est 
connu  par  les  travaux  de  nombreux  géologues  et  spécialement  par 
ceux  de  notre  confrère,  M.  Aristide  Toucas.  Ce  bassin,  qui  est,  en 
réalité,  un  large  pli  synclinal,  comprend   la  série  complète  des  as- 
sises crétacées  toutes  concordantes  entre  elles  et  concordantes  égale- 
ment avec  le  Jurassique  sous  jacent.  Sur  les  bords,  le  Crétacé  inférieur 
se  relève,  faiblement  incliné  au  Nord,  presque  vertical  au  Sud  ;  et  au 
milieu  affleurent  les  couches  supérieures  presque  horizontales  :  le 
Sénonien  à  Micraster,  avec  ses  bancs  à  Uippuriles,  et  le  Danien  sau- 
vnâtre,  avec  Melanopsis  et  Cyrènes.  Dans  ce  bassin  d'apparence  si 
régulière  on  a  signalé  depuis  longtemps  une  curieuse  anomalie  :  la 
«olline  qui  s'élève  au  Sud  du  Beausset,  entre  les  deux  routes  de 
Bandol  et  de  Toulon,  a  tous  ses   sommets  formés   de  Trias  et  d'In- 
fralias  ;  ces  formations   plus  anciennes  constituent    ainsi   un  îlot 
complètement  isolé  au  milieu  du  Crétacé;  deux  petits  affleurements  des 
mêmes  terrains,  couvrant  à  peine  quelques  centaines  de  mètres 
carrés,  se  retrouvent  encore  un  peu  plus  au  Nord,  auprès  du  Cas- 
tellet.  L'explication,  jusqu'ici,  n'avait  pas  semblé  douteuse  :  ce  Trias 
a  toujours  été  considéré  comme  un  récif,   comme   une  saillie  du 
fond  de  l'ancienne  mer  crétacée  ;  le  Sénonien  se  serait  déposé  contre 
les  flancs  de  cet  îlot,  dans  la  position  môme  où  nous  le  voyons  au- 


668  BERTRAND.   —  ILOT  TRIÀSIQUE    DU   BEAUSSET  20   juin 

jourd'liuî.  Je  reproduis  pour  plus  de  clarté  la  figure  empruntée  an 
mémoire  (1)  de  M.  Toucas  (fig.  1). 

Fig-  1.  Coupes  des  collines  du  Beausset,  d'après  M.  Toucas. 


Les  études  entreprises  pour  la  carte  géologique  détaillée  de 
France  (feuille  de  Marseille)  m'ont  montré  que  cette  interprétation 
est  inexacte.  Le  Trias  est  en  réalité  superposé  au  Crétacé,  et  la  coupe 
est  la  suivante  (fig.  2)  : 

Fig.  2.  Coupe  du  Vieux  Beausset  à  Sainte-Anne  et  au  Castelet. 


p^pV'-*^ 


1887.  BERTRAND.  —  ILOT  TRIA8IQUE  DU  BBADSSBT  669 

Beausset  pour  la  partie  supérieure;  je  n'ai  qu'à  renvoyer  pour  ces 
coupes  typiques  aux  Hémoires  de  MM.  Hébert  (i)elToucas  (2)  :  mais 
la  série  est  loin  d'être  partout  identique  à  elle-même  ;  il  y  a,  à  courte 
distance,  des  variations  importantes  dans  l'épaisseur  et  dans  la  com- 
position des  étages.  Ces  variations  n'ont  pas  passé  inaperçues,  mais 
elles  ont  été  signalées  d'une  manière  assez  sommaire  ;  il  est  indis- 
pensable pour  les  interprétations  des  coupes  que  j'ai  à  examiner,  de 
les  indiquer  au  moins  en  traits  généraux: 

Le  Néocomien  et  l'Urgonien  se  présentent  avec  des  caractères 
assez  constants  ;  le  premier  est  formé  de  calcaires  blancs  et  grisâtres 
souvent  schisteux  et  marneux,  dont  l'importance  diminue  à  l'Est;  le 
second,  d'une  masse  de  calcaires  blancs  de  près  de  trois  cents  mè- 
tres de  puissance  avec  Requienia  ammonia.  A  l'Ouest,  dans  le  massif 
d'Allauch,  au  Nord  de  Marseille,  le  Néocomien  acquiert  une  plus 
grande  épaisseur,  et  permet  de  distinguer  deux  termes  :  à  la  base 
des  calcaires  compacts  à  gros  bivalves,  et,  au-dessus,  des  calcaires 
marneux  à  0.  Couloni  et  à  Toxaster  complanatus ;  l'Urgonien,  au 
contraire,  est  très  réduit. 

L'Aptien,  si  bien  développé  à  la  Bedoule  (150  mètres)  avec  ses 
calcaires  marneux  à  Ancyloceras  Matheroni  et  ses  marnes  à  Belem- 
nites  semicanaliculatus,  ne  se  retrouve  au  Nord  que  sur  une  partie  de 
la  bordure  du  bassin;  les  derniers  affleurements  de  calcaires  mar- 
neux avec  nombreux  oursins  très  déformés,  sont  observables  sur  la 
grande  route  de  Guges  au  Beausset  ;  ils  semblent  là  passer  latérale- 
ment à  des  calcaires  marneux  et  grumeleux  où  je  n'ai  pas  encore 
trouvé  de  fossiles,  et,  plus  à  l'Est,  leCénomanien  repose  directement 
sur  les  calcaires  à  Requienia  ammonia  (V.  la  coupe  de  Turben, 
par  M.  Toucas,  Bull.  Soc.  Géol.  3*  série,  t.  IV,  p.  314). 

L'Aptien  continuée  faire  défaut  jusqu'au  Nord  de  Toulon;  mais  il 
se  retrouve  très  développé  sur  la  bordure  sud  du  bassin,  sous  forme 
de  marnes  et  de  calcaires  à  silex  ;  entre  le  Revest  et  Tourris,  où  le 
large  pli  synclinal  du  Beausset  est  remplacé  par  un  pli  étroit, 
couché  vers  le  Nord  (ûg.  3),  et  enfermant  en  son  milieu  des  marnes 

(1)  Bull.  Soc.  géol.,  2*  série,  t.  XXIX,  p.  S93. 

(2)  Mém.  Soc.  géol.,  V  série,  t.  IX,  n*  IV,  el  Bull.,  3*  série,  t.  VIII,  p.  62  et 
t.  F,  p. 154. 


670  BBRTB4MD.    —   ILOT  TBIABIÇUE    DU   BSAUSSET  20  juin 

Fig.  'i.  Coupe  prise  à  ta  $ource  du  Jtecett. 


Source  JuRrvrst 


'  *"'  Efhillr  mîrai. 


turoniennes,  il  n'y  a  pas  un  kilomètre  de  distance  entre  la  bande 
du  Nord  où  l'Aptien  manque  et  celle  du  Sud  où  il  a  cent  mètres  de 
puissance.  Le  rôle  d'actions  mécaniques  postérieures  dans  ces  dis- 
paritions brusques  n'est  pas  encore  bien  éclairci  ;  en  certains  points  il 
est  manifeste,  en  d'autres,  il  est  difficile  a  préciser.  En  tout  cas  c'est 
un  lait  remarquable  que  dans  cette  région  l'Urgonien  est  souvent 
surmonté  d'une  couche  de  bauxite  irrégulière,  mais  interstratifiée, 
et  que  cette  bauxite  ne  se  trouve  jamais  qu'aux  points  où  il  y  a 
lacune  et,  où  l'Aptien,  pour  une  cause  ou  pour  une  autre,  n'existe 
pas  (1). 

La  composition  de  la  bande  méridionale  d'Aptien  est  un  peu  dif- 
férente de  celle  du  ord;  Nia  grande  masse  en  est  formée  par  des 
calcaires  bleus  à  silex,  avec  rares  Bélemmites,  entre  lesquels  s'inter- 
calent  des  hunes  de  marnes  plus  uu  moins  nombreux  avec  Bel.  senu- 
cmiali.ruliUiis  f.X  netiUv   AmmuniU's  :'.!.  /is^'-fs/iH'i^.  l.'Aplien  o 


4887. 


BERTRAID.   —  ILOT  TRIA8IQUE  DU  BEAU8SBT 


67 


à  silex  déjà  mentionnés;  on  y  a  même  signalé  sur  les  pentes  du  Gros 
Cerveau,  Turrilites  costatus  et  Ammonites  varions.  Ces  fossiles  sont  lé- 
gèrement siliceux.  A  la  partie  supérieure  des  calcaires  à  silex,  des 
bancs  de  calcaire  dur  et  compact,  mais  sans  Rudistes»  forment  la 
continuation  des  bancs  à  Caprines. 

Le  Turonien  n'est  pas  moins  variable.  Aux  Jeannots,  au-dessus 
de  la  Bedoule,  il  comprend  les  marnes  à  Periaster  Verneuilli,  très  dé- 
veloppées (Ligérien),  et  une  série  de  calcaires  compacts  à  Biradiolitts 
cornu-pastoris  (Angoumien).  En  suivant,  comme  je  l'ai  fait  pour  les 
autres  étages,  la  lisière  nord  du  bassin,  on  voit  au-dessous  de  Roque- 
fort les  marnes  s'amincir  et  la  barre  angoumienne  rejoindre  la  barre 
cénomanienne,  De  là  jusqu'à  la  Dalmasse,  c'est  à  peine  si  une  ligne 
intermittente  de  cultures  et  de  prés  indique  au  milieu  des  bois  la 
continuation  d'une  bande  plus  délilablede  calcaires  marneux.  Sur  la 
route  de  Signes  au  Beausset,  on  marche  continuellement  sur  des  cal- 
caires compacts,  où  il  est  difficile  de  retrouver  la  séparation  de 
l'Urgonien,  du  Cénomanien  et  de  TAngoumien. 

Les  calcaires  marneux  reparaissent  et  se  développent  progressive- 
ment au  Sud-Est,  de  la  Dalmasse  au  Revest,  et  au  Revest,  on  retrouve  un 
développement  du  Ligérien  analogue  comme  composition  et  comme 
épaisseur  à  celui  des  Jeannots  (1).  Des  grès  grossiers,  qui  existent 
d'ailleurs  aussi,  quoique  moins  développés,  au  dessus  de  Cassis,  s'in- 
tercalent vers  le  sommet  de  l'étage.  La  coupe  du  Caoumé,  dont  la 
masse  puissante  surmonte  à  l'Ouest  ces  calcaires  marneux  à  Perias- 
ter, a  été  donnée  d'une  manière  incomplète  par  M.  Toucas;  je  crois 
utile  delà  figurer  ici,  en  la  prenant  à  l'Est  du  massif,  dans  la  partie  non 
J aillée,  pour  servir  de  terme  de  comparaison  avec  la  série  remarqua- 
blement réduite  qu'on  trouve  quelques  kilomètres  plus  à  l'Ouest  en 
continuant  à  suivre  le  bord  du  bassin  (fig.  4). 

Fig.  4.    Cou  fit  du  mont  Caoumé. 


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1,  Muscheikalk.  —  *,  —  Marnes  irisées.  —  3,  Infralias.  —  1,  Lias. 

—  5,  Bajocien  et  fiatlionicn.  —  o,  Urgroiuen.  —  7,  Apticn.  —  s,  Cé- 
nomaaieii.  —  9*,  Turonien  à  Periaster  Vernrwlli.  —  91',  Angoumien. 

—  9c,  Grès  sans  fossiles.  —  9tl,  Calcaires  à  Ilippurite*-  ur%unistins. 

(I)  Voir  la  coupe  de  M.  Toucas,  Bull.  Sol.  Gcol.t  3'  série,  t.  II,  p.  îuu. 


672  BERTRAND.    —   ILOT   TRIASIQUE    DU   BKAUSSET  20  juin 

La  coupe  de  M.  Toucas  ne  mentionne  pas  la  partie  supérieure  qui 
surmonte  l'Angoumien  et  forme  le  sommet  de  la  montagne;  cette 
assise  supérieure  de  calcaires  à  Hippurites  peut  se  suivre  sans  discon- 
tinuité sur  tout  le  bord  méridional  du  bassin,  et  c'est  elle  qui  joue  le 
rôle  le  plus  important  dans  l'interprétation  des  coupes  de  Beau  sac  t 
et  de  l'ilot  triasique.  On  voit  qu'on  a  là  au-dessus  du  Cénomanien 
un  ensemble  d'assises  qui  atteint  300  mètres  de  puissance;  le  Libé- 
rien fossilifère  et  la  barre  angoumienne  sont  faciles  à  classer, comme 
l'a  fait  M.  Toucas;  il  7  a  lieu  de  remarquer  seulement  le  développe- 
ment des  sables  grossiers  a  la  base  et  au  sommet  du  Ligérien;ces 
sables,  faiblement  agglomérés,  formés  de  grains  de  quartz  blancs  qui 
atteignent  la  grosseur  d'une  noix  et  entièrement  dépourvus  même  de 
débris  de  fossiles,  vont  se  développer  à  l'Ouest,  en  supprimant  com- 
plètement les  calcaires  marneux  à  Periaster. 

Au  dessus  de  la  barre  angoumienne,  les  grès  grossiers  et  calcaires 
roux  spatbiques  à  grains  de  quartz  sont  également  dépourvus  de  fos- 
siles, en  dehors  de  quelques  radioles  d'oursins  roulés  et  indéter- 
minables; les  calcaires  à  Hippurites  du  sommet  ne  m'ont  pas  fourni 
non  plus  d'espèces  caractéristiques,  et  c'est  seulement  par  induction 
et  par  suite  d'assimilations  minéralogiques  avec  les  grès  h  Micraster 
du  nord  que  j'ai  sur  la  feuille  de  Toulon  classé  cet  ensemble  dans  le 
Sénonien  ;  je  serais  plus  disposé  maintenant  à  y  voir  un  dédouble- 
ment de  la  barre  angoumienne,  avec  un  développement  exceptionnel 
du  Turonien. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  ce  point  théorique,  si  l'on  essaie  de  suivre 
vers  l'Ouest  les  assises  précédentes,  le  long  de  la  bordure  méridionale 
du  bassin,  on  trouve  bientôt  la  plupart  d'entre  elles  supprimées  par 


1887. 


BERTRAND.  —  ILOT  TRIASIQUE  DU  BEAU SS ET 


673 


alors  sans  grande  modification  vers  l'Ouest;  les  sables  augmentent 
d'importance  et  atteignent  80  mètres  de  puissance.  Le  passage  des 
sables  aux  calcaires  est  graduel,  et  les  bancs  inférieurs  de  ceux-ci 
contiennent  encore  des  grains  de  quartz  ;  de  plus  le  sommet  des 
sables  renferme  par  places  des  morceaux  d'Hippuritès  roulés,  mon- 
trant ainsi  que  la  formation  du  banc  d'Hippuritès  a  dû  commencer 
sur  certains  points,  pendant  qu'en  d'autres  les  sables  continuaient  à 
se  former.  La  base  des  calcaires  est  marneuse  près  de  Sainte-Anne, 
et  permet  de  recueillir  en  abondance  VHippurites  organisons  et  VHipp. 
cornuvaccinum  ;  c'est-à-dire  une  faune  que  M.  Toucas  regarde  comme 
caractérisant  le  niveau  supérieur  de  l'Angoumien  (1). 

Enfin  plus  à  l'Ouest,  les  sables  s'amincissent  et  disparaissent;  les 
bancs  à  Hippurites  reposent  directement  sur  des  calcaires  marneux 
à  Ostrea  carinata,  puis  arrivent  à  buter,  par  faille,  contre  le  Trias.  De 
la  puissante  série  du  Caoumé,  il  ne  reste  plus  là  que  le  banc  à  Hippu- 
rites du  sommet.  C'est  ce  que  montre  nettement  le  diagramme  ci- 
joint  qui  résume  les  développements  précédents  (fig.  5). 

Fig.  5.  Coupe  schématique  des  épaisseurs  du  Tvronien  entre 

le  mont  Caoumé  et  Fontanieu. 


1,  Urgonien  (300").  —  2,  Aptien  (de  100  à  ISO1").  —  3,  Cénomanien  (avec  cal- 
caire* à  Caprines  au  sommet).  —  -la,  Marnes  et  calcaire  marneux  à  Pectcn  \'cr~ 
neiiitli.  —  4b,  Angoumien  inférieur  (calcaires  à  Biradiolites  cornu-paitoris).  — 
4e,  Grès.  —  4«i,  Angoumien  supérieur  (?)  (calcaires  à  Hippurites  cornuvaccinum). 

A  l'Ouest,  la  superposition  des  calcaires  à  Hippurites  d'abord  au 
Cénomanien,  puis  aux  sables  quartzeux  sans  fossiles,  est  parfaite- 
ment normale,  sans  apparence  de  faille  ni  de  glissement;  la  pente 
initiale  ou  pente  de  dépôt  qui  en  résulterait  pour  le  banc  d'Hippu- 
ritès est  de  300  mètres  pour  14  kilomètres,  soit  de  ,-~ .  Quelle  que 
soit  la  limite  supérieure  qu'on  soit  amené  à  fixer  pour  le  Turonien, 
la  coupe  montre  nettement  l'irrégularité  des  dépôts  à  cette  époque 
au  Sud  du  bassin  de  Beausset.  Elle  montre  aussi  à  quelles  erreurs  on 
serait  conduit  en  voulant  regarder  l'Angoumien  comme  un  étage  bien 

(1)  Bull.  Soc.  Gfiol.,  3'  série,  t.  XIV,  p.  520. 


XV 


43 


674  lUSBTHAND.    —    ILOT   TR1AS1QUK    DU   DEAUSSRT  20  JOUI 

déterminé,   formant  une  masse  unique  et  constante  dans  tout  le 
bassin. 

Le  Sénonîen  est  un  peu  moins  variable,  peut-être  parce  que  la  dis- 
position des  affleurements  actuels  ne  permet  plus  d'observer  ses  dé- 
pots que  vers  le  centre  du  bassin.  L'alternance  des  grès  et  des  marnes 
ne  m'a  pas  semblé  pourtant  y  obéir  a  des  lois  uniformes,  et  les 
dépôts  d'Hippurites  y  affectent  nettement  le  caractère  lenticu- 
laire. Au  Sud  et  à  l'Est,  des  grès  forment  la  base  (grès  à  Micrtuterbre- 
ot*);  à  l'Est,  ils  sont  identiques  à  ceux  qui  se  retrouvent  en  face 
des  Sambles  au-dessous  delà  barre  d'Hippurites  déjà  mentionnée. 
Ils  sont  surmontés  par  une  grande  masse  de  marnes  et  calcaires 
marneux  bleuâtres  (zone  à  Inocérames  de  grande  taille,  17*  assise  de 
M.  Toucas). 

A  Sainte-Anne,  ces  marnes  surmontent  directement,  et  sans  inter- 
médiaire de  grès,  les  calcaires  à  Hippurites  cornuvaccinum.  Puis  vient 
autour  de  la  Cadière,  une  nouvelle  barre  de  calcaires  à  Hippurites, 
celle  qui,  sous  le  nom  de  Provencien,  est  connue  par  sa  richesse  en 
fossiles. 

Cette  barre  se  suit  sur  une  longueur  de  5  kilomètres  de  long,  attei- 
gnant jusqu'à  20  mètres  de  puissance,  puis  disparait  complètement 
à  l'Est  et  à  l'Ouest.  On  voit  très  nettement  a  l'Ouest  de  la  Cadière  les 
bancs  à  Hippurites  diminuer  d'épaisseur  et  se  Tondre  au  milieu  des 
grès  ;  les  calcaires  deviennent  de  plus  en  plus  marneux;  sur  le  bord 
extrême  les  Hippurites  deviennent  plus  rares  et  les  Polypiers  seuls 
persistent. 

Il  n'y  a  plus  rien  de  ces  Hippurites  sur  le  pourtour  Est  du  bassin  ; 
elles  reparaissent  au  Sud,  où  leurs  affleurements,  moins  puissants. 


}7.  BERTRAND.   —  IlOT  TRIA9IQUE  DU  BBAU88BT  675 

il  posé  de  calcaires  marneux,  avec  Oslrea  Matheroni  à  la  base  et 
opurites  radiosus  au  sommet  ;  la  faune  très  riche  en  a  été  donnée 
îc  détail  par  M.  Toucas  (1). 

Test  au-dessus  de  cette  zone  à  Lima  ovata,  comme  Ta  montré 
Toucas,  qu'il  convient  de  faire  commencer  le  Danien  ;  c'est  aussi  h 
moment  que  les  eaux  se  sont  progressivement  dessalées  jusqu'à 
que  le  grand  lac  de  Fuveau  s'établît  sur  l'emplacement  de  l'an- 
nne  mer  sénonienne.  La  dessalure  semble  avoir  été  partout  régu- 
le et  progressive,  sans  retour  offensif  de  la  mer,  et  les  coupes 
entrent  partout  la  succession  de  couches  de  plus  en  plus  sau- 
.tres. 

}ette  succession  est  la  suivante  : 
L°  Calcaires  gris  marneux  à  Ostrea  acutirostris ; 
1°  Marnes  à  Turritelles  (Cassiope  Coquandi)  ; 
3°  Marnes  avec  petite  veine  de  charbon  au  sommet,  à  aspect 
inchâtre,  pétries  de  Venus,  Corbula  et  Cardium,    à  test  farineux. 
1°  Marnes  et  calcaires  marneux  à  Melanopsis  galloprovincialis. 
S°  Calcaires  marneux  à  Cyrènes. 

^cs  quatre  premières  assises  correspondent  au  Valdonien  etlader- 
>re  au  Fuvélien  ;  celle-ci  atteint  entre  la  Cadière  et  Fontanieu  près 
100  mètres  d'épaisseur,  et  c'est  à  sa  partie  supérieure  que  se  trou- 
ât les  bancs  de  lignites  exploités  à  Fontanieu. 
Les  termes  les  plus  élevés  du  Danien  (Vitrollien  et  Rognacien)  ne 
montrent  pas  dans  le  bassin  du  Beausset. 

Le  croquis  ci-joint  (flg.  6),  rend  compte  de  la  disposition  des  dif- 
ents  étages  dans  la  région  du  Beausset  et  de  la  place  qu'y  occu- 
nt  les  faciès  mentionnés  plus  haut.  Il  montre,  en  outre,  la  place 
l'îlot  triasique  au  milieu  de  ces  assises  sénoniennes. 

[lot  triasiquk.  —  Avant  d'étudier  maintenant  plus  en  détail  les 
upes  qui  bordent  l'ilot,  il  n'est  pas  inutile  de  faire  ressortir  les  con- 
lérations  qui,  à  priori,  rendent  à  peu  près  inadmissible  l'existence 
m  pareil  récif  dans  les  mers  crétacées. 

Toutes  les  assises  que  nous  venons  de  passer  en  revue,  sont  parfai- 
nent  concordantes  entre  elles  ;  nulle  part  il  n'y  a  d'indices  de  riva- 
s  immédiats  et  l'inégalité  des  conditions  de  sédimentation,  sur 
•quelles  j'ai  cru  devoir  insister  pour  prévoir  toutes  les  objections, 

donne  aucunement  le  droit  de  conclure  à  des  émersions  partielles 

bassin. 

Les  dépôts  d'une  même  période  ont  pu  avoir  aux  différents  points 
s  épaisseurs  très  différentes  ;  il  a  pu   même  y   avoir,   en  certains 

1;  Huit.  S  r.  fiYo/.,  a>  si- rie,  t.   X,  |>.  \&j. 


BBRTBAND.    —    ILOT  TRUSIOUE    DD    BBAUSSBT  20  JUÎI 


1887.  BERTRAND.   —  ILOT  TRIASIQUB  DU   BEAU83BT  677 

points,  absence  de  dépôts  ;  mais,  on  peut  affirmer  que  les  eaux  ma- 
rines n'ont  cessé  de  recouvrir  tout  le  bassin  actuel,  et  que  probable- 
ment elles  s'étendaient  beaucoup  plus  loin  ;  les  départs  et  retours 
successifs  des  eaux  ne  seraient  pas  sans  avoir  laissé  quelques  traces, 
et,  en  tout  cas,  la  concordance  complète  de  la  stratification  des 
assises  successives,  môme  quand  il  y  a  lacune,  exclut  la  possibilité 
de  mouvements  irréguliers  du  sol,  ou  d'émersions  suivies  de  dénuda- 
tions,  au  moins  pour  toute  la  période  crétacée. 

Mais  la  continuité  n'est  pas  moindreentreleJurassiqueet  le  Crétacé; 
on  n'a  qu'à  se  rappeler  les  discussions  auxquelles  a  donné  lieu  ici 
même,  avant  l'étude  détaillée  de  la  région,  l'attribution  des  calcaires 
blancs  du  Jurassique  supérieur,  coralliens  pour  les  uns  et  urgoniens 
pous  les  autres.  Actuellement  encore,  ce  n'est  que  par  la  comparaison 
avec  les  régions  plus  fossilifères  qu'on  peut  fixer  la  véritable  place 
de  ces  calcaires  et  déterminer  la  limite  du  Jurassique  et  du  Cré- 
tacé. La  concordance  entre  les  divers  termes  du  Jurassique  n'est 
pas  moins  nette,  et  la  plus  grande  constance  des  étages  témoigne 
môme  pour  toute  cette  période  d'une  mer  plus  largement  ouverte 
que  pendant  la  période  crétacée.  La  liaison  est  intime  entre  l'In- 
fralias  et  le  Trias,  comme  d'ailleurs  entre  le  Trias  et  le  Permien,  au 
point  même  de  rendre  incertaine  la  place  exacte  des  limites,  et  ces 
considérations  s'appliquent  à  toute  la  région  qui  environne  le  bassin 
crétacé,  au  Nord,  aussi  bien  qu'au  Sud  et  à  l'Est. 

Il  faudrait  donc,  si  cette  saillie  était  due  à  un  mouvement  du  sol, 
que  ce  mouvement  ait  élé  absolument  local,  que  le  contre-coup  ne 
s'en  soit  fait  sentir  en  aucun  autre  poiut,  ce  qui,  on  l'avouera,  est 
absolument  contraire  à  toutes  nos  notions  de  géologie  dynamique  ; 
et,  entre  l'Infralias  et  le  Sénonien,  rien  ne  nous  indiquerait,  dans  la 
structure  de  la  région,  l'époque  à  laquelle  on  peut  placer  ce  mouve- 
ment si  étroitement  localisé.  11  faudrait  en  revenir  à  la  théorie  des 
soulèvements  en  dômes,  et  même  encore  les  pendages  des  couches 
dans  l'îlot  triasique  ne  correspondent  à  rien  de  semblable. 

L'hypothèse  d'une  émersion  plus  ou  moins  prolongée,  avec  érosions 
du  sol,  serait  donc  seule  possible  ;  mais  les  objections  dans  ce  cas 
ne  sont  guère  moins  fortes.  Comment  une  érosion  aussi  puissante 
aurait-elle  élé  assez  localisée  pour  qu'on  n'en  constate  nulle  part 
d'autre  trace?  Comment  aucun  des  débris  entraînés  ne  se  retrouve- 
rait-il dans  un  des  dépôts  contemporains  de  la  région?  De  plus,  les 
formes  topographiques  du  terrain  et  la  composition  des  assises  s'ac- 
cordent mal  avec  l'hypothèse. 

En  effet,  quelque  faible  épaisseur  qu'on  suppose  au  plaquage  sé- 
nonien, la  colline  qui  subsisterait  si  l'on  en  fait  abstraction,  pré- 


678  BERTRAND.    —   ILOT  TRIASIQOE   DIT    BEAUSSET  20  jllill 

santerait  en  beaucoup  de  points  une  pente  tout  à  fait  inusitée,  sur- 
tout si  l'on  remarque  que  les  flancs  devaient  être  en  partie  formés 
de  marnes  gypseuses,  surmontées  d'une  assez  grande  niasse  de 
calcaire.  Aucun  débris  des  calcaires  ne  se  montre  dans  les  assises 
sénoniennes;  aucune  modification  au  contact  de  ces  masses  gyp- 
seuses  ne  se  fait  remarquer  dans  leur  composition.  II  faudrait  donc 
que  la  mer  eut  battu  pendant  une  énorme  série  de  siècles  ces  falaises 
délitables  sans  qu'une  dissolution  progressive,  sans  qu'un  éboule- 
ment  brusque  s'y  soit  produit. 

Enfin,  comme  je  le  dirai,  on  trouve  quelques  lambeaux  crétacés 
dans  un  vallon  à  l'intérieur  de  l'îlot.  Ce  vallon  aurait  donc  existé  à 
peu  prés  avec  son  profil  actuel  à  l'époque  sénonienae,  et  alors  il  faut 
admettre  que  depuis  cette  époque,  c'est-à-dire  pendant  toute  la  du- 
rée des  temps  tertiaires  et  quaternaires,  les  actions  de  dénudation, 
qui  ont  modelé  et  dénivelé  profondément  toute  la  région,  ont  été 
impuissantes  à  creuser  plus  profondément  ce  petit  vallon  et  qu'elles 
en  ont  respecté  le  profil  primitif.  Toutes  ces  conséquences  sont 
bien  difficilement  acceptables  et  on  doit  convenir,  d'après  ce  simple 
exposé  que  l'hypothèse  du  récif  trisslque,  simple  et  séduisante  au 
premier  abord,  serait  en  contradiction  avec  les  principes  les  moins 
incertains  et  les  moins  contestés  de  la  géologie  générale. 

Il  est  vrai  qu'on  ne  semble  d'abord  repousser  une  impossibilité 
que  pour  tomber  dans  une  autre,  plus  grande  et  plus  manifeste.  Si 
le  Trias  n'est  pas  un  récif,  s'il  n'est  pas  une  Ile  de  l'ancienne  mer 
crétacée,  il  Tant  supposer  que  ce  sont  des  actions  mécaniques  qui 
l'ont  amené  &  sa  position  actuelle.  Deux  hypothèses  sont  alors  pos- 
sibles :  l'une  est  celle  qu'on  adopte  généralement  pour  les  «  Klippen  » 


4887.  BERTRAND.   —  ILOT  TBIASIQUE  DU  BEAUSSET  679 

vretnent  ».  LA  encore  Tin  vraisemblance  pourrait  paraître  grande,  si 
aucun  fait  analogue  n'était  connu.  Mais  dans  le  bassin  houiller  belge 
et  dans  les  Alpes  de  Glaris  des  faits  analogues  existent,  et  j'en  ai 
déjà  entretenu  la  Société.  On  les  a  cités  également  dans  les  Gram- 
pians,  et  je  les  rappellerai  tout  à  l'heure  avec  plus  de  détail.  Seule- 
ment ces  phénomènes,  qui  témoignent  de  la  puissance  prodigieuse 
des  actions  mécaniques,  ne  se  sont  produits  que  dans  les  régions  où 
ces  actions  ont  été  à  l'œuvre  avec  le  plus  d'énergie,  dans  celles  où 
les  plissements  ont  été  les  plus  nombreux  et  les  plus  violents.  On  en 
les  chercherait  pas  par  exemple,  non  plus  qu'on  n'en  admettrait  la 
possibilité  dans  le  bassin  de  Paris.  Or,  le  bassin  du  Beausset,  quoique 
témoignant  de  mouvements  un  peu  plus  accentués,  pouvait  sem- 
bler, lui  aussi,  un  type  de  régularité  de  gisement  ;  d'ailleurs  la  Pro- 
vence tout  entière,  en  dépit  de  quelques  anomalies,  a  passé  long- 
temps pour  un  pays  d'allures  sages  et  peu  tourmentées.  Il  n'y  a  pas 
longtemps  qu'un  de  nos  regrettés  confrères  a  pu  proposer,  pour  ali- 
menterd'eaulavillede  Toulon,  depousser une  galerie  daos  les  marnes 
de  l'Infralias,  assurant  que,  vu  la  régularité  de  la  coupe  générale  du 
pays,  elle  pourrait  longtemps  s'y  maintenir  à  niveau.  Mais  l'étude 
de  détail  n'a  rien  laissé  subsister  de  ces  illusions;  la  Provence  n'est 
rien  moins  que  le  pays  de  plaine  ou  de  plateure  qu'on  s'était  figuré  : 
Al.  Dollot  a  décrit  dans  sa  thèse  les  plissements  des  environs  d'Aix. 
Plus  récemment,  dans  ma  note  sur  la  Sainte-Beaume,  j'ai  montré 
l'existence  de  plis  tout  à  fait  comparables  aux  plis  alpins.  J'avais  dès 
lors  soupçonné  que  la  véritable  explication  du  gisement  triasique 
du  Beausset  était  bien  dans  un  recouvrement  anormal  ;  mais  l'étude 
détaillée  de  la  région,  que  j'ai  pu  seulement  terminer  cette  année,  me 
permet  aujourd'hui  d'en  apporter  à  la  Société  les  preuves  irré- 
futables. 

Uknverskment  des  couches  crétacées;  existence  d'un  ru  syn- 
clinal couché. 

L'idée  qui  vient  tout  d'abord  est  de  cherchera  vérifier  la  super- 
position. Les  affleurements  du  Trias  et  de  l'Infralias  apparaissent 
assez  uniformément  vers  la  cote  250;  leur  courbe  correspond  donc 
assez  bien  à  la  section  de  la  colline  par  un  plan  sensiblement  hori- 
zontal; mais  nulle  part  le  Ion 2:  de  cette  ligne  une  coupe  nette  ne 
permet  déjuger  avec  certitude  des  rapports  de  position  du  Crétacé 
et  du  Trias;  en  un  point  seulement,  a  l'Ouest  du  Canadean,  j'ai  trouvé 
les  couches  à  Ostrea  acutirostris  s'en  fonçant  sous  un  talus  de  marnes 
irisées;  mais  ces  dernières  pouvaient  être  éboulées,  et  je  n'aurais 
osé  de  cette  observation  unique  tirer  une  conclusion.  En  d'autres 


680  BERTRAND.    ILOT   TRIASIOUE    DU   BS1DSSET  30    juîtl 

points  il  semble  au  contraire  manifeste  que  le  Crétacé  bute  contre 
le  Trias,  mais  là,  il  a  pu  y  avoir  tassement  postérieur.  Pour  se  rendre 
compte  combien  il  est  difficile  qu'à  défaut  de  tranchés  continues  et 
profondes,  ces  observations  de  contact  mènent  à  un  résultat  certain, 
il  suffit  d'avoir  examiné  avec  soin  une  falaise  de  calcaire  à  Entroques 
au-dessous  du  Lias;  pendant  des  kilomètres  entiers  il  serait  impos- 
sible, si  la  superposition  pouvait  paraître  douteuse,  d'en  donner  une 
preuve  matérielle,  les  éboulis  masquant  le  contact,  ou  les  tasse- 
ments qui  ont  enfoui  de  grands  blocs  calcaires  dans  les  marnes,  lui 
donnant  l'apparence  d'un  contact  par  faille.  C'est  l'étude  séparée 
des  séries  en  contact  qui  permet  seule  de  formuler  une  conclusion 
certaine  sur  leur  position  respective. 

Sur  toute  la  moitié  septentrionale  de  l'îlot,  le  Sénonien  ne  pré- 
sente aucune  particularité,  c'est  la  série  normale  et  régulière  des 
couches  supérieures  aux  Hippurites  de  la  Cadière  ;  au  Nord-Est,  au- 
dessus  de  Maran,  on  commence  à  trouver  les  calcaires  marneux  à- 
Ostrea   Matheroni  et  à  Lima  ovata,   qui  sont  en  contact  avec  les 
gypses;  au  Nord-Ouest  au-dessus  d'Allègre,  la  série  monte  jusqu'aux^ 
couches  à  Turrilelles;   d'ailleurs,  comme  je  l'ai   déjà  dit,  aucune 
de  ces  assises  n'est  influencée,  ni  comme  faune  ni  comme  compo- 
sition minéralogique,  par  le  voisinage  du  Trias.  Mais  au  Sud,  c'est-à- 
dire  à  partir  de  la  Marne  au  Sud-Ouest,  et  au  Sud-Est  à  partir  des- 
hauteurs qui  dominent  Sainte-Anne,   les  choses  changent  et  l'on 
trouve  avec  étonnement  au-dessus  de  la  série  complète  du   Séno — — 
nien,  et  au  dessus  des  couches  à  Oslrea  acutirostris,  une  nouvelle    - 
masse  d'Hippurites,  ayant  jusqu'à  10  mètres  d'épaisseur,  en  contact  — 
avec  le  Trias.  11  peut  sembler  qu'on  trouve  là  enfin  l'influence  de   ■- 


1887.  BBRTRARD.   —  ILOT  TRIASIQUB  DU  BBAUSSKT  681 

les  Hippurites  du  type  de  Yarganùans  y  semblent  dominants,  et  que 
la  faune,  bien  qu'empâtée,  se  rapproche  comme  aspect  général  de 
celle  de  la  barre  inférieure  de  Sainte-Anne,  de  celle  des  calcaires 
qui,  comme  je  l'ai  expliqué  plus  haut,  reposent  sur  les  sables 
quartzeux  turoniens. 

Je  ne  doute  pas  qu'on  n'arrive,  avec  plus  de  temps  et  de  patience, 
à  recueillir  assez  d'éléments  pour  traiter  paléontologiquement  la  ques- 
tion ,  mais  les  observations  stratigraphiques  suffisent  à  prouver  que 
c'est  bien,  en  effet,  un  retour  de  la  barre  inférieure,  autrement  dit 
que  le  haut  du  talus  est  formé  par  des  couches  plus  anciennes  que 
la  base,  repliées  sur  elles-mêmes  et  renversées.  La  succession  des 
assises  peut  bien  s'observer  en  trois  points  :  au-dessus  de  Sainte- 
Anne,  près  de  la  petite  dépression,  non  indiquée  sur  la  carte,  qui 
traverse  la  colline  cotée  3G8;  puis  à  l'Ouest,  auprès  de  Fontvive,  au- 
dessus  de  l'extrémité  du  chemin  charretier,  et  enfin  au  Petit  Cana- 
deau. 

Au  premier,  on  trouve  de  bas  en  haut  : 

1°  Couches  à  Turritelles. 

2°  Banc  à  Ostrea  acutirostris. 

3°  Calcaires  compacts  à  Hippurites. 

L'ordre  des  couches  à  Turritelles  et  du  banc  à  Ostrea  acutirostris 
est  inverse  de  ce  qu'il  est  normalement  dans  les  autres  coupes. 

Auprès  de  Fontvive,  au-dessus  du  chemin,  on  observe,  à  partir  du 
niveau  boisé  où  cessent  les  cultures  : 

1°  Calcaires  à  Hippurites   (ancien   Provencien, 
faune  de  la  Cadière). 

2°  Marnes  et  grès  du  Sénonien  supérieur  (35m)     '  séne  DOrmale- 

3°  Banc  à  Ostrea  acutirostris. 

4°  Couches  à  Turritelles. 

5°  Banc  à  Ostrea  acutirostrk.    )        , 

~    „  ,     x  „-.         ..  [  série  renversée. 

6o  Cale,  à  Hippurites.  ) 

Au  petit  Canadeau,  la  succession  des  couches  en  position  normale 
^st  plus  complète  et,  par  conséquent,  plus  probante.  On  voit  affleurer, 
«ïans  les  nouvelles  cultures  de  vignes,  un  petit  lit  charbonneux. 
A>u-dessus  de  ce  lit  on  trouve  : 

1°  Couches  à  Turritelles. 

2°  Banc  ii  Ostrea  acutirostris. 

3°  Marnes  pétries  de  Bivalves,  à  test  blanchâtre  et  farineux. 

4°  Calcaires  marneux  et  noduleux  (im). 

5°  Calcaires  à  Hippurites. 

6°  Sables  grossiers  quartzeux,  avec  fragments  d'Hippurites  à  la 
base,  identiques  aux  sables  turoniens  du  Val  d'Aren. 


682  BERTBAHD.    —  ILOT  TMAS1QUB   DU    BBAUSSBT  SO  JUÎO 

Ici,  la  succession  inversée  de  4  termes  bien  constants  dans  le 
bassin  et  bien  facilement  reconnaissantes,  &  savoir  la  couche  char- 
bonneuse, les  Turrilelles,  les  Ottrea  acutirottris,  et  les  bancs  à  Bivalves 
(Venus  et  Corbules),  la  réapparition  des  sables  quartzeux  au  sommet, 
ne  peuvent  guère  laisser  place  au  doute,  même  en  l'absence  de  fos- 
siles d'une  signification  générale.  Il  est  vrai  qu'on  pourrait  s'étonner 
de  voir  ainsi  une  série  qui,  dans  son  développement  normal,  a  plus  de 
200  mètres  de  puissance,  réduite  a  une  vingtaine  de  mètres;  mais 
c'est  là  au  contraire  un  fait  très  général  pour  la  partie  renversée  des 
plis  couchés;  je  renvoie  à  ce  sujet  aux  détails  que  j'ai  donnés  dans 
mon  élude  sur  la  Saint£-Beaume  (1).  Un  pli  horizontal  couché  sans 
éliiemeut  et  sans  suppression  partielle  des  couches,  serait  une 
anomalie. 

La  conclusion  à  laquelle  on  est  amené,  renversement  des  assises 
supérieures  et  existence  d'un  pli  couché,  est  confirmée  d'une  manière 
défini tive  et  irréfutable  par  l'étude  des  collines  qui  s'élèvent,  à  l'Ouest, 
entre  le  village  de  la  Cadière  et  le  sommet  désigné  sur  la  carte  sous 
le  nom  de  télégraphe  de  la  Cadière.  Si  l'on  suit  à  partir  de  la  Cadière 
le  chemin  qui,  par  Saiut-Eloi,  va  passer  à  l'Ouest  du  signal,  ou  trouve 
la  série  régulière  et  fossilifère  du  Sénonien  supérieur,  surmontée  par 
les  couches  à  Ostma  acutirottris,  les  bancs  à  Turrilelles,  les  marnes  à 
Metanopsis  galtoprovincialis,  et  la  série  puissante  de  près  de  100  mètres 
des  calcaires  marneux  àCyrènes.  Un  peu  avant  le  signal,  on  rencontre 
un  vallon  transversal,  dans  lequel  affleurent,  à  t'Est,  les  couches  de 
charbon  exploilées;  co  vallon  est  borde  au  Sud  par  le  Trias.  En 
suivant  le  contact  versi'Ouest,  on  trouve  les  couches  à  Ostrea  acuti- 
rostrts partageant  la  pente  générale  et  plongeant  sous  le  Trias.  (Coupe 


4887.  BRBTRAHD.   —  ILOT  TBIÀ BIQUE  DU  BUAUBSET  683 

tarde  pas  à  voir  réapparaître  les  Calcaires  à  Hippurites  au-dessus  de 
V  Ostrea  acutirostris,  et  à  voir  s'intercaler,  entre  les  deux,  les  couches 
sénoniennes  fossilifères.  Le  point  où  les  observations  sont  les  plus 
nettes,  est  situé  un  peu  au  Sud-Ouest  du  col  qui  mène  à  Maren, 
presque  au  pied  de  la  dépression  où  l'Etat-Major  indique  à  tort  une 
route  charretière  menant  de  la  Cadière  à  Poutier.  La  succession  est 
la  suivante  : 

1°  Banc  à  Ostrea  acutirostris 

2*  Couches  à  Turritelles. 

3o  Banc  à  Ostrea  acutirostris. 

4°  Calcaires  noduieux  (zone  à  Lima  ovata)  (6*  environ). 

5°  Gros  bancs  de  grès  à  Ostracées  (imo0). 

6°  Marnes  bleues  à  Platycyathus  Terquemi(im). 

7°  Calcaire  &  Hippurites. 

Le  renversement  des  couches  supérieures  est  donc  incontestable  ; 
mais  de  plus,  en  suivant  les  bancs  à  Ostrea  acutirostris,  on  les  voit  se 
réunir  el  dessiner  ainsi  l'extrémité  convexe  du  pli  qui  englobe  les 
couches  à  Turritelles.  C'est  la  preuve  matérielle  de  l'explication 
donnée  plus  haut,  et  toute  part  d'hypothèse,  si  faible  qu'elle  soit,  se 
trouve  ainsi  éliminée. 

Les  calcaires  à  Hippurites  se  suivent,  en  contact  avec  le  Trias  jus- 
qu'aux ruines  de  Taurentum,  au  voisinage  de  la  mer;  mais  les  couches 
à  Ostrea  acutirostris  ne  vont  pas  plus  à  l'Ouest,   parce  que  la  partie 
centrale  du  pli  a  été  dénudée.  L'existence  de  ce  pli  berail  là  bien 
difficile  à  prouver,  si  Ton  ne  pouvait  s'appuyer  sur  la  continuité  avec 
les  coupes  précédentes,  et  l'étude  détaillée  de  la  coupe  du  chemin 
de  fer  par  exemple,  prise  isolément,  aurait  certainement  mené  à  la 
conclusion  d'une  récurrence  des  Hippurites  inférieures  (sommet  de 
TAnguiimien)  au  haut  de  la  série  séaonienne.  C'est  un  hommage  à 
rendre  au  coup  d'œil  de  notre  confrère  M.  Toucas  et  à  la  sûreté  de  ses 
observations,  qu'il  se  soit  refusé  à  cette  conclusion,  et  que  prévoyant 
tans  doute  l'existence  de  quelque  anomalie  stratigraphique,  il  ait 
préféré  en  parlant  du  Sénonien  de  Saint-Cyr  (1)  passer  sous  silence 
la  barre  d'Hippurites,  de  même   qu'il  s'est  abstenu  de  mentionner 
celles  du  bord  de  l'îlot  du  lieaussot. 

Je  ne  veux  pas  revenir  à  cet  îlot  du  Beausset  sans  signaler  auprès 
de  Taurentum  deux  particularités  intéressantes  :  au  Nord  du  chemin 
charretier  qui  des  dernières  maisons  de  la  côte  conduit  vers  la  Nar- 
telle  (v.  la  carte,  PI.  XXIV),  en  suivant  pendant  une  centaine  de 
mètres  la  limite  des  champs  de  vignes  et  des  bois,  on  arrive  bientôt 

(1)  IIhII.  >V    iiikil.,  ?.'  s'jrie,  I.  IV.  \>.  :;  î. 


684  BBHTRAFD.    —  ILOT  TRUSIQUB   DO   BBÀUSSET  20  juill 

&  un  petit  sentier  qui  monte  dans  le  bois  et  le  traverse.  Vers  le  haut 
de  ce  sentier,  au-dessus  des  calcaires  a  Hippurites,  on  trouve  un 
petit  affleurement  de  calcaires  à  silex,  avec  Huîtres  et  Brachiopodei 
siliceux,  présentant  tous  les  caractères  du  Cénomanien.  Je  n'ai  pu 
détacher  de  fossiles  déterminables,  mais  j'ai  cru  devoir  indiquer  le 
point,  comme  devant  fournir  une  preuve  nouvelle  du  renversement 
des  assises  auprès  de  la  faille. 

La  falaise  qui  de  là  domine  la  mer  jusqu'à  la  Pointe  Grenier  est 
presque  uniquement  formée  de  Muschelkalk  ;  au  pied  de  cette  falaise, 
tout  le  long  du  sentier  de  douane,  on  voit  les  marnes  sénonieanes  h 
Cidarit  davigera  à  peu  près  horizontales,  buter  contre  le  Trias  et 
même  en  remplir  par  places  les  anfractuosités  ;  elles  ne  forment  au 
bord  de  la  mer  qu'une  bande  de  quelques  mètres  de  largeur,  A  pre- 
mière vue  on  a  l'illusion  complète  de  couches  déposées  au  pied  de 
la  falaise  et  restées  dans  leur  position  première.  Il  est  vrai  qu'il  fau- 
drait supposer  une  falaise  surplombante  (lig.  7),  et  cela  seul  rend  l'in- 

Fig.  7. 


1888.  BEBTRAHD.    —  ILOT  TBIASIQUB  DU  BEAU8SET  685 

preuve  de  cette  assertion  soitimpossible  à  faire,  à  moins  d'un  puits  ou 
d'un  sondage  qui  traverse  le  Trias.  Mais  fort  heureusement  la  nature  a 
fait  elle-même  le  travail;  l'érosion  a  creusé  dans  la  masse  des  assises 

Fig.  8. 

Muschrlknll 

Si1-:  i,  : 


1»  Sables  turoniens.  —  2,  Calcaires  a ngoumiens.  -—  5V  Provencien. 
-—  6,  Sénonien.  —  7,  Couches  à  Ostrea  aculirostris,  —  0,  Banc  à 
Turritelles. 


triasiques  des  vallons  assez  profonds  et  l'un  d'eux  laisse  apparaître 
le  Crétacé;  c'est  celui  qui  un  peu  au  nord  du  Ganadeau,  passe  entre 
les  fermes  de  la  Marne  et  du  Rouvre  et  va  aboutir  près  d'Allègre. 

Cet  affleurement  crétacé  est  bien  marqué  sur  la  carte  de  M.  Toucas, 
qui  le  fait  seulement  à  tort  communiquer  à  l'Ouest  avec  la  masse  du 
Crétacé  extérieur  ;  en  réalité  il  est  limité  de  toutes  parts  par  le  Trias. 
11  a  surtout  été  étudié  près  de  la  ferme  du  Rouvre,  où  les  travaux 
de  culture  amènent  au  jour  en  abondance  les  fossiles  de  la  zone  à 
Lima  ovata;  mais  là,  à  cause  même  des  cultures,  et  surtout  par  suite 
des  recouvrements  de  Marnes  irisées  éboulées,  les  rapports  strati- 
graphiques  des  différentes  assises  sont  obscurs,  tandis  qu'ils  se  voient 
bien  nettement  à  l'Ouest  du  chemin  du  Beausset  au  Canadeau,  le  long 
du  petit  sentier  qui  mène  à  la  ferme  de  la  Marne.  Dans  ce  point  on 
retrouve  la  succession  signalée  dans  les  différentes  coupes  du  bord 
méridional  de  l'îlot,  c'est-à-dire  :  en  bas  les  marnes  à  bivalves  blancs, 
puis  les  couches  à  Turritelles,  le  banc  à  Ostrea  acutirostris,  et  en  haut 
le  calcaire  à  Hippurites;  là  encore  par  conséquent  le  Crétacé  est  ren- 
versé; c'est  donc,  sans  nulle  autre  explication  possible,  la  continua- 
tion du  môme  pli  couché. 

D'ailleurs  un  affleurement  analogue  se  retrouve  de  l'autre  côté  du 

chemin  du  Beausset  au  Canadeau,  séparé  seulement  du  premier  par 
quelques  mètres  de  Marnes  irisées  qu'entame  la  route.  Et  ce  second 
affleurement  se  relie  d'une  manière  continue,  en  contournant  le 
Trias,  à  ceux  du  bord  de  l'îlot.  A  l'idendité  de  la  succession  des 
couches  vient  donc  s'ajouter  la  continuité  des  gisements.  11  est  ainsi 
bien  prouvé  que  ces  lambeaux  crétacés  ne  se  sont  pas  déposés  dans 


686  HEftTHAND.    —   ILOT  TRIASIQUR    DU   BIAUSSBT  30  JUID 

les  anfractuosités  du  Trias,  où  ils  semblent  encore  enfouis,  mais 
qu'ils  l'ont,  avec  les  terrains  de  la  bordure,  partie  d'une  même  nappe 
de  couches  renversées,  et  que  pur  conséquent  cette  nappe  se  con- 
tinue ininterrompue  au-dessous  du  Trias.  Les  deux  séries  en  contaci. 
Crétacé  et  Trias,  sont  séparées  par  une  surface  à  peu  près  plane  et 
horizontale,  qui,  quelque  signification  théorique  qu'où  veuille  lui 
donner,  est  eu  réalité  une  surface  du  faille.  L'affleurement  du  Trias 
arec  toutes  ses  sinuosités  est  déterminé  par  l'intersection  de  cette 
surface  avec  celle  du  terrain.  C'est  sa  prolongation  qui  va  isoler  de 
même,  plus  au  Sud,  sur  la  colline  du  Castellet,  les  deux  petits  Ilots 
de  Marnes  irisées  et  d'Infralias. 

Il  serait  sans  intérêt  d'insister  sur  les  petites  difficultés  de  détails 
qui  résultent  de  tassements  et  de  glissements  locaux;  elles  s'expli- 
quent toute  aisément  de  la  même  manière,  et  la  description  minu- 
tieuse de  ces  accidents  secondaires  serait  difficile  à  suivre  en  l'ab- 
sence de  carte  plus  détaillée  et  plus  précise  que  celle  de  l'Elat-Mnjor. 
11  importe  seulement  de  remarquer  que  les  coupes  exactes,  prises  à 
l'échelle  a  travers  l'îlot,  montrent  que  la  surface  de  contact  n'est  pas 
rigoureusement  plane,  mais.accidentée  par  des  tassements  locaux,  que 
ceux-ci  aient  d'ailleurs  produit  de  petites  failles  ou  de  simples  bossd- 
lements  (v.  les  coupes,  planche  XXIII).  C'est  ainsi  qu'un  des  Ilots  du 
Castellet  se  trouve  en  contrebas  d'une  petite  emmenée  formée 
tout  entière  par  les  couebcs  à  Cyrènes  du  ûanien. 

Pli  anticlinal  couché  formé  par  le  trias.  Je  passe  maintenants 
l'étude  des  couches  triasiquesde  l'Ilot.  Elle  va  nous  fournir  des  rensei- 
gnements uon  moins  importants  sur  les  prodigieux  bouleversements 


1887.  BERTRAND.   —  ILOT  TBIASIQUE  DU   BRAU9SET  687 

trois  quarts  du  pourtour  de  Hlot,  est  une  crête  presque  ininterrom- 
pue de  Muschelkalk,  avec  de  riches  gisements  fossilifères  (la  Marne)  et 
quelques  al  fleure ments  de  Marnes  irisées  et  d'Infralias  sur  le  bord 
extérieur,  au  contact  du  Crétacé.  Toutes  ces  couches  sont  en  général 
peu  inclinées. 

Les  rapports  stratigraphiques  de  ces  différentes  zones  m'ont  long- 
temps embarrassé.  Au  Nord,  il  n'y  a  pas  de  difficulté.  Le  Muschel- 
kalk de  la  colline  centrale  plonge,  au  Nord,  sous  les  Marnes  irisées 
avec  gypse,  et  celles-ci  supportent  l'Infralias  à  Avicula  conforta  du 
Vieux  Beausset.  La  succession  est  normale.  Mais  la  ceinture  de  Mar- 
nes irisées  autour  de  la  colline  centrale  s'explique  plus  difficilement; 
les  affleurements  s'en  présentant  comme  le  feraient  ceux  de  terrains 
inférieurs  au  Muschelkalk  et  les  contacts  ne  sont  pas  visibles.  On  peut 
supposer  une  faille  courbe  semi  circulaire,  ou  un  renversement, 
mais  il  est  certain  que,  du  côté  du  Sud,  le  Muschelkalk,  dont  les  bancs 
régulièrement  lités  permettent  de  suivre  l'allure,  ne  plonge  pas,  même 
par  une  inflexion  brusque,  sous  les  Marnes  irisées.  La  coupe  du 
rebord  méridional  est  plus  nette  et  permet  de  trancher  l'alterna- 
tive dans  le  sens  du  renversement. 

C'est  entre  le  petit  Canadeau  et  Fontviye  que  les  observations  sont 
les  plus  faciles.  Le  Muschelkaik  horizontal  couronne  le  coteau,  et  il 
repose  sur  les  Marnes  irisées.  La  superposition  est  des  plus  nettes  et 
peut  se  suivre  sur  plusieurs  mètres  de  longueur  auprès  de  la  Bastide 
abandonnée  qui  domine  à  l'Ouest  le  Petit  Canadeau.  Les  gros  bancs 
dolomitiques,  qui  viennent  au-dessous,  peuvent  avec  certitude, 
d'après  leur  caractères  minéralopiques,  être  attribués  à  l'Infralias,  et 
en  les  suivant  à  l'Est  jusqu'à  Fontvive,  j'y  ai  trouvé,  un  peu  au  delà  de 
la  source,  et  au  contact  des  Hippuriles,  Y  Avicula  contorta  très  abon- 
dante. Près  de  Fontvive  seulement,  un  glissement  local  a  donné  à  ces 
couches  une  assez  forte  inclinaison  vers  le  Sud,  c'est  à  dire*  vers  la 
vallée.  A  l'Est,  au  delà  de  ce  point,  l'Infralias  disparaît,  mais  on  con- 
tinue à  trouver  les  Marnes  irisées  au  pied  du  Muschelkalk  au-dessus  de 
Sainte-Anne  et  à  la  Gronadière.  Ce  Muschelkalk  également  horizontal 
continue  sans  interruption  celui  du  Canadeau  ;  on  peut  donc  affirmer 
que  sur  toute  la  bordure  méridionale  de  l'îlot,  le  Trias  est  renversé. 

La  stratigraphie  de  l'îlot  apparaît  alors  avec  une  grande  évidence 
si  on  l'observe  d'un  des  sommets  de  ce  rebord  méridional.  Le  Mus- 
chelkalk de  la  colline  centrale  continue  à  sa  base  celui  du  rebord  et 
repose  ainsi  que  lui,  sur  les  Marnes  irisées;  comme  en  même  temps  sa 
partie  supérieure  plonge  au  Nord  sous  les  gypses  du  Vieux  Beausset, 
il  faut  que  l'ensemble  forme  un  V  couché,  ainsi  que  le  montre  la 
figure  (fig.  9).  Cette  disposition  explique,  en  effet  sans  difficulté,  tou- 


688  BBHTllAKD.    —  ILOT   THIASIQUE    DU   BSAUSSBT  30  JUID 

tes   les  observations  de  détail,   et  j'ai  pu  toutes  les  grouper  sans 
Fig.  9.  Coupe  du  Grand-Cerveau  au   Vieux  Beausset. 


contradictions  dans  les  coupes  à  grande  échelle  que  j'ai  établies 
dans  différentes  directions  à  travers  l'îlot. 

Seule,  une  observation  de  M.  Toucas  seraiten  désaccord  avec  une 
de  ces  coupes  ;  je  dois  donc  en  dire  quelques  mots.  D'après  M.  Toucas, 
le  Grès  bigarré  affleurerait  au  fond  du  vallon  de  Gavari,  celui-là 
même  où  se  trouvent  les  affleurements  de  Crétacé  cités  plus  baut. 
M.  Toucas,  donne  la  succession  suivante  : 

i  Grés  avec  empreinte»  de  végétaux  (Voltzia  brevifotia)  et  traces  de  pas  d'ani- 
maux. Calcaire  caverneux  dolomitique. 
V  Calcaires  bleuâtre,  compact,  avec  Terebratula  vulgari». 

t,  liâmes  jaunâtres  avec  Ter.  vulgaris,  Gervillîa  socialit,  Ceratiles  nodanu,  etc. 
*j  Calcaire  1res  compact,  formant  des  lumachelles  avec  les  fossiles  précédent;. 
I,  Calcaire  très  compact,  non  fossilifère. 


1887.  BERTRAND.  —  ILOT  TBUSIQUB  DU  BEAUSSET  680 

Je  n'ai  pu  d'ailleurs  voir  que  les  gros  bancs  de  dolomies  ;  l'affleure- 
ment des  grès  était  sans  doute  très  restreint  et  est  aujourd'hui  mas- 
qué par  les  ronces.  Mais  M.  Toucas  en  cite  deux  autres  affleurements, 
l'un  au  pied  du  Vieux  Beausset,  l'autre  sur  la  colline  du  Gastellet. 
Il  ne  m'a  pas  semblé  que  les  marnes  rouges  gréseuses  qu'on  observe 
en  ces  points  rappelassent  beaucoup  les  caractères  minéralogiques 
du  Grés  bigarré  de  Toulon.  De  plus  leur  position  est  telle  que  chacun 
de  ces  deux  affleurements  constituerait  une  grosse  anomalie,  difficile, 
sinon  impossible,  à  expliquer.  Pour  le  premier,  M.  Toucas  est  forcé  de 
supposer  une  pointe  de  Grès  bigarré  faisant  saillie  au  milieu  des 
Marnes  irisées.  Pour  le  second,  il  faudrait  admettre  que  les  deux 
petits  Ilots  du  Gastellet,  si  rapprochés,  ont  une  composition  toute 
différente  :  celui  qui  est  auprès  du  village  comprend  à  la  base  des 
cargneules,  puis  la  lumachelle  à  Plicatula  intusstriata  et  les  gros 
bancs  de  calcaire  blanc  de  l'Infralias;  il  me  semble,  par  suite,  bien 
vraisemblable  que  les  marnes  rouges  et  les  dolomies  de  l'Ilot  voisin 
représentent  le  sommet  des  Marnes  irisées,  ce  qui  d'ailleurs  corres- 
pond mieux  à  leur  nature  minéralogique. 

En  résumé  l'existence  du  Grès  bigarré  est  loin  d'être  établie  dans 
les  collines  du  Beausset;  partout  où  elle  a  été  signalée,  elle  serait 
une  anomalie  et  une  contradiction.  La  présence  d'un  Voltzia  mérite- 
rait d'être  éclaircie,  mais  il  resterait  encore  à  discuter  sa  significa- 
tion paléontologique.  Jusqu'à  nouvel  ordre  je  repousse  formellement 
l'ancienne  interprétation,  et  je  reste  persuadé  que  ce  sont  des  lam- 
beaux de  Marnes  iriséees  qu'on  a  pris  à  tort  pour  du  Grès  bigarré. 

Ainsi  l'étude  de  l'Ilot  du  Beausset  nous  amène  à  ces  trois  conclu- 
sions importantes  : 

1°  le  Trias  est  superposé  au  Crétacé. 

2°  le  Crétacé  forme  un  pli  anticlinal  couché,  ouvert  vers  le 
Nord. 

3°  le  Trias  forme  un  pli  anticlinal  également  couché,  dont  le 
sommet  est  au  Nord. 

L'axe  du  pli  synclinal  atteint  l'horizontale;  celui  du  pli  anticlinal 
l'a  même  dépassée. 

J'ai  déjà  signalé  les  deux  petits  îlots  du  Gastellet,  plus  avancés  vers 
le  Nord,  mais  dont  l'existence  est  évidemment  due  aux  mêmes  phé- 
nomènes; l'un  d'eux,  auprès  du  village,  est  formé  de  cargneules,  sur- 
montées par  la  lumachelle  à  Plicatula  intusstriata  et  par  les  gros  bancs 
calcaires  de  l'Infralias;  le  second,  plus  rapproché  du  Beausset,  est 
moins  étendu,  et  comprend  un  petit  affleurement  de  marnes  rouges 
gréseuses,  surmontées  par  des  gros  bancs  de  cargneules  horizontales; 
il  est  en  contre-bas  d'une  petite  éminence  formée  parles  couches  à 

XV.  i  i 


690  B81TBAHD.    —   ILOT  T1USIQUE    DU    BEAUSBIT  30  JOÏU 

Cyrènes  du  Fuvélien.  Ces  marnes  ont  été  attribuées  par  H.  Toncas  an 
Grès  bigarré,  et  les  cargneules  a  la  base  du  Afuachelkalk  ;  j'ai  déjà  dit 
qu'en  l'absence  d'autres  données  que  les  rapprochements  minéralo- 
giques,  je  croyais  plus  naturel  de  les  rapporter  aux  Marnes  irisées. 

M.  Toucas  a  de  plus  signalé  à  l'Ouest,  près  de  la  Ciotat,  on  autre 
affleurement  de  Trias  avec  Grès  bigarré  et  Grès  vosgien,  dont  l'exis- 
tence aurait  été  reconnue  dans  des  creusements  de  puits.  D'après 
M  Coste,  il  y  aurait  encore  un  petit  gisement  de  Marnes  irisées  au 
milieu  du  Crétacé  du  cap  Méjean.  Je  n'ai  pas  encore  étudié  ces  par- 
ties, mais  il  est  clair  que  ces  affleurements  (en  admettant  que  l'exis- 
tence du  dernier  soit  confirmée  par  des  observations  ultérieures) 
doivent  suivre  le  sort  de  ceux  du  Beausset  et  être  expliqués  par  de» 
actions  analogues. 

11  est  à  remarquer  que  les  îlots  du  Castellet,  situés  plus  au  Nord, 
ont  subi  nn  charriage  plus  long,  et  la  conséquence  en  a  été  de  faire 
disparaître  les  parties  renversées  des  plis,  comme  s'il  y  avait  eu  en 
réalité  déroulement.  Le  Trias,  comme  le  Crétacé,  pris  isolément,  y 
montre  une  stratification  normale,  et  il  ne  reste  plus  trace  des 
plissements,  qui  sont  pourtant  sans  aucun  doute  la  raison  d'être  i'C-bT" 
la  cause  des  phénomènes. 

Raccordement  du  pu  du  beausset  et  du  pli  du  gbakd  cerveau 

Ce  premier  résultat  établi,  il  n'est  pas  difficile  de  rattacher  ce  pli-*  - 
anticlinal  couché  des  collines  du  Vieux  Beaussel  aux  plis  dont  on  peut*  * 
constater  l'existence  au  sud  du  bassin  crétacé,  et  de  montrer  ainsi  les  -*£*■ 
relations  de  la  coupe  décrite  avec  celle  du  reste  de  la  région.  L'élude  ^=* 
du  chaînon  du  Gros  Cerveau,  qui  limite  au  sud  les  affleurements  cré-  — 
tacês,  permet  de  déterminer  ces  relations.  Ce  chaînon  est  formé  par 


1887  BEHTRAHD.   —  ILOT  TBIASIQUE  DU  B8AUSSBT  694 

OUioules  et  la  roule  de  Bandol,  une  bande  étroite  de  marnes 
aptiennes  s'intercale  entre  les  dolomies  jurassiques  et  le  Trias; 
elle  s'élargit  à  l'Ouest  et  finit  par  rejoindre  la  bande  aptienne  du 
versant  opposé;  en  môme  temps,  l'affleurement  des  dolomies  se  ré- 
trécit, et  finit  par  se  terminer  en  pointe  au  milieu  des  assises  créta- 
cées, marquant  ainsi  l'extrémité  d'un  pli  anticlinal  secondaire,  sur  un 
des  flancs  duquel  l'Urgonien  a  presque  entièrement  disparu  par  suite 
de  Tétirement  des  couches.  La  détermination  de  l'Àptien  n'est  pas 
douteuse;  j'y  ai  recueilli,  avec  des  fragments  de  Belemnites  semicana- 
li  calât  us,  Y  Ammonites  fissicostatus. 

La  faille  qui  sépare  cet  Aptien  du  Trias  a  très  probablement  un 
plongement  assez  accusé  vers  le  Sud,  comme  le  montre  le  tracé  de 
son  contour  au  point  où  elle  traverse  le  vallon  de  Bandol.  Il  y  a  donc 
déjà  là  recouvrement  oblique  de  l'Aptien  par  le  Trias,  et  ainsi  se 
trouve  en  quelque  sorte  amorcé  le  raccordement  du  Trias  du  Sud 
aven  celui  du  Beausset  ;  mais  on  peut  toujours  objecter  que  toute  la 
partie  intermédiaire  (a£>,  fig.  9),  est  hypothétique,  et  qu'il  peut  rester 
place  au  doute  sur  l'ensemble  de  l'interprétation,  telle  que  la  mon- 
trent les  coupes  (PL  XXIII). 

Là  encore  c'est  en  nous  transportant  à  l'Ouest  que  nous  pouvons 
combler  cette  lacune,  et  l'étude  des  collines  du  télégraphe  de  la  Ca- 
dière  va  nous  permettre  d'achever  la  démonstration.  De  même  en 
effet  que  nous  l'avons  vu  pour  le  pli  crétacé,  le  pli  triasique  se  con- 
tinue à  l'Ouest,  les  mêmes  phénomènes  de  renversement  s'y  sont 
produits,  ainsi  que  cela  est  naturel;  car  à  priori  des  actions  aussi 
énergiques  n'ont  pu  se  manifester  sur  un  point  sans  se  pour- 
suivre sur  une  grande  distance;  l'effet  n'a  pu  en  cesser  brusque- 
ment, et  c'est  l'action  seule  des  dénudations  postérieures  qui  peut 
(îonner  aux  témoins  conservés  l'apparence  de  phénomènes  locaux. 
Or,  si  l'on  examine  la  figure  9,  on  voit  qu'elle  suppose  que  la  dénu- 
dalion  a  enlevé  la  partie  (ab).  Du  côté  de  Fontanieu  et  du  télégraphe 
de  la  Cadière,  c'est  au  contraire  cette  partie  qu'elle  a  respectée, 
tandis  qu'elle  a  enlevé  les  marnes  triasiques  qui  devaient  faire  lace 
à  celles  du  Vieux  Beausset  et  même  primitivement  les  continuer 
(coupes  3  et  4,  PL  XXIII).  Les  deux  coupes  combinées  permettent 
donc  de  reconstituer  complôte-ment  et  sans  incertitude  l'ensemble 
du  phénomène. 

Commençons  par  suivre,  à  l'Ouest  de  la  route  de  Bando,  la  faille 
qui  limite  le  Trias;  au  lieu  du  parcours  presque  rectiligne  qu'elle 
avait  conservé  depuis  OUioules,  et  même  depuis  le  voisinage  de 
Toulon,  nous  allons  la  voir  prendre  un  contour  sinueux  (v.  la  carte, 
PL  XIV),  bien  différent  du  contour  d'une  faille  ordinaire.  Ce  contour 


que  j'ai  suivi  pas  à  pas,   en  grande  partie  avec  M.  Genciai 
génieur  de  la  mine  de  Fontanieu,  ne  peut  laisser  prise  au  moindre 
doute,  vu  la  grande  différence  des  terrains  mis  en  contact. 

b  se  recourbe  d'abord  vers  le  Nord,  mettant  là  en  contact 
l'Aptien  et  les  Marnes  irisées;  les  Marnes  irisées  occupent  la  base 
d'un  talus  abrupt  qui  est  couronné  par  le  Muschelkalk  presque  hori- 
zontal. L'Aptien  est  en  contre-bas  des  Marnes  irisées.  Puis  la  faille 
reprend  sa  direction  vers  l'Ouest;  l'Aptien  et  les  Marnes  irisées  dispa- 
raissent, et  le  Muschelkalk  se  trouve  en  contact  avec  la  barre  d'IIip- 
purites  de  Sainte-Anne  (Angoumien  supérieur  de  M.  Toucas).  Les  Cal- 
caires à  Uippurites,  d'abord  normalement  inclinés  vers  le  Nord,  se 
relèvent  jusqu'à  la  verticale,  puis  arrivent  à  se  renverser;  on  les  voit 
ainsi,  même  de  loin,  dessiner  l'extrémité  du  pli  synclinal  que  forme, 
comme  nous  le  savons,  l'ensemble  des  assises  crétacées  (coupe  3, 
PI.  XXI11).  Il  y  a  là  à  noter,  à  la  base  des  couches  à  Hippurites,  l'exis- 
tence d'unebrèche,  formée  d'éléments  triasiques  anguleux,  enclavés 
dans  le  calcaire  crétacé.  Cette  brèche  ne  se  trouve  qu'aux  points  où  le 
Calcaire  à  Hippurhes  est  en  contact  avec  le  Muschelkalk,  c'est-à-dire 
aux  points  où  aucune  couche  moins  résistante  n'a  amorti  les  actions  de 
friction;  elle  se  retrouve  dans  les  mêmes  conditions  jusqu'auprès 
de  Saint-Cyr.  C'est  incontestablement  une  brèche  de  faille,  comme 
j'en  ai  déjà  signalé  une  à  la  Sainte-Beaume,  et  comme  j'en  ai  observé 
également  dans  le  Jura. 

La  faille  dessine  ensuite  une  anse  profonde,  puis  un  promontoire 
étroit,  sur  lequel  est  construit  le  hameau  de  Fontanieu;  puis  elle 
contourne  la  colline  du  télégraphe  «le  la  Cadicre,  et  reprend  alors  sa 
direction  normale  vers  l'Ouest  jusqu'à  la  Pointe-Grenier.  Nous  avons 
déjà  vu  de  quelle  manière  elle  est  bordée  parle  Crélacé.  Quant  au 
Trias,  des  lambeaux  de  Marnes  irisées  s'observent  au  pied  du  Mus- 
chelkalk, tout  le  long  de  ce  bizarre  promontoire  de  télégraphe  et  de 
Fontanieu  ;  ils  permettent  d'affirmer  que  la,  comme  au  Sud  de  l'ilôt 
du  Beausset,  le  Trias  est  renversé  et  qu'il  y  a  correspondance  exacte 
entre  Cite  et  la  presqu'île. 

L'examen  seul  des  contours,  inexplicables  dans  toute  autre  hypo- 
thèse que  celle  d'une  faille  peu  inclinée,  suffirait  à  démontrer,  sur- 
tout après  les  développements  précédents,  que  le  Crétacé  s'étend  sous 
toute  celle  presqu'île.  Mais  ici  il  n'y  a  besoin  n'y  d'hypothèses  ni  de 
raisonnements;  pour  ceux  qui  se  méfieraient  des  conclusions  slrati- 
graphiques,  ou  qui  voudraient  contester  la  signification  des  affleure- 
ments mis  au  jour  parles  érosions,  on  a  ici  la  preuve  matérielle  et 


1887.  BERTRAND.   —  ILOT  TRIASIQUE  DD   BEAU88BT  693 

dans  le  Muschelkalk  et  a  rencontré  les  couches  d  Melanopsis  gallo- pro- 
vinciales. 

De  plus  des  galeries  <T  exploitation  ont  suivi  la  couche  de  charbon  sous 
le  Trias. 

Ces  deux  faits  étaient  connus  depuis  longtemps  de  M.  Genciane 
qui  les  avait  montré  avant  moi  à  plusieurs  géologues,  mais  on  croyait 
à  un  accident  tout  local  et  inexpliqué,  et  l'idée  n'était  pas  venue  d'en 
tirer  quelques  conclusions  sur  l'ensemble  de  la  structure  du  pays. 

La  confirmation  des  coupes  du  Beausset  est  encore  rendue  plus 
nette  par  l'existence  à  Fontanieu,  entre  le  Danien  et  leTrias,  de  Cal- 
caires à  Hippurites  et  de  Grès  à  Ostracées,  sans  aucun  doute  ren- 
versés, quoique  je  n'y  aie  pas  recueilli  de  fossiles  déterminables. 
C'est  l'analogue  de  la  zone  renversée  du  Canadeau,  mais  là  cette 
partie  du  pli  est  plus  réduite  encore  et  rappelle  plus  le  «  lambeau 
de  poussée  »  du  bassin  houiller  franco-belge. 

Il  y  a  également  dans  la  presqu'île  triasique  qui  nous  occupe  une 
enclave  de  Crétacé  complètement  isolé.  C'est  un  peu  au-dessus  de  la 
ferme  de  Maren;  une  barre  à  Hippurites  [Hippurites  organisant)  forme 
une  légère  saillie  sur  une  longueur  d'environ  300  mètres;  elle  plonge 
légèrement  au  Sud  et  montre  à  sa  partie  supérieure  la  brèche  déjà 
mentionnée;  au-dessous  viennent  des  Calcaires  marneux  à  Foramini- 
fères  et  des  grès  à  Ostracées  (Sénonien).  Là  encore  il  y  a  renverse- 
ment. 

Bien  que  des  mouvements  postérieurs  (probablement  une  faille 
locale  de  tassement)  aient  amené  là  le  Calcaire  à  Hippurites  en  sai- 
lie  au  dessus  du  Trias,  il  semble  bien  probable  d'après  ce  qui  pré- 
cède qu'on  est  en  présence,  comme  à  la  Marne,  d'un  affleurement 
des  couches  crétacées  recouvertes  par  le  Trias  et  amenées  au  jour 
par  la  dénudation. 

Mais  pour  ce  point  particulier  je  n'oserais  être  afflrmatif  comme 
pour  les  autres,  et  on  peut,  à  la  rigueur,  concevoir  la  possibilité  d'un 
glissement  local  qui  ait  amené  ce  lambeau  renversé  sur  le  Trias 
(Ûg.  10).  J'ai  cru  devoir,  malgré  cette  insuffisance  de  documents, 
mentionner  ce  point  intéressant,  dont  des  observations  plus  détail- 
lées arriveront,  peut-être,  à  montrer  avec  certitude  la  signification 
vraie. 

En  tout  cas,  il  n'y  a  là  qu'une  question  de  détail.  Pour  l'ensemble 
du  phénomène  du  recouvrement,  il  n'y  a  possibilité  ni  d'aucun  doute 
ni  d'aucune  autre  explication:  le  pli  anticlinal  de  Trias  qui  suit  le 
pied  méridional  du  Gros  Cerveau,  s'est  renversé,  s'est  déversé  sur  le 
Crétacé,  et  est  venu  le  recouvrir  sur  une  largeur  de  5  kilomètres.  Je 
ne  crois  pas  que,  parmi  les  autres  exemples  connus  de  ces  phéno- 


694  BRITUHD.    —   ILOT  THIAS1QUB   DU   BBAU3SBT  20  juin 

mènes,  exemples  que  je  rappellerai  tout  à  l'heure,  aucun  soit  prouvé 
avec  plus  de  certitude. 
Un  autre  fait  se  trouve  mis  en  évidence  dans  ces  coupes  de  Beans- 
Fjg.  10.  Coupe  du  lambeau  de  Meuren. 


E3  CJt.à  Itppuritts  E3»uiArtlialk  E3 

set,  c'est  l'importance  du  rôle  de  ta  dénudation.  11  n'eût  fallu  ni  une 
action  beaucoup  plus  énergique  ni  des  circonstances  bien  différentes 
pour  que  le  Trias  qui  forme  recouvrement  au  Vieux  Beausset  et  à 
Fontanieu  fût  enlevé  et  disparût  en  même  temps  que  celui  qui  re- 
couvrait le  Val  d'Aren.  Une  resterait  plus  alors  aucune  trace  de  ces  /jfté- 
nomènes.  Eu  combien  de  points  n'en  a-t-ii  point  été  ainsi  dans  les  ré- 
gions plissées?  D'ailleurs  plus  ces  lambeaux  de  recouvrement  sont 
réduits,  plus  leur  signification  devient  difficile  a  concevoir;  imagi- 
nons ainsi  que,  dans  l'hypothèse  d'une  dénudation  complète  au  Sud, 
les  petits  îlots  du  Castellet,  protégés  par  une  cause  quelconque,  aient 
seuls  été  respectés  :  là  il  n'y  a  plus  indice  de  pli  ni  de  renversement 
des  couches;  le  Trias  le  plus  voisin  serait  à  5  kilomètres.  Comment 
expliquer  ces  lambeaux?  Assurément  l'hypothèse   d'une  superposi- 


»bti>ii>.  —  iu«  nusiwt  »o  >«»■•«* 


696  BEHÏHABD.   —   ILOT    TMA5IQUE    DU   BBAUSSKT  20  juin. 

de  la  Provence  à  l'Ouest  de  Toulon.  La  zone  des  terrains  cristallins, 
au  moins  entre  Gonfaron  et  Pignons,  est  renversée  sur  le  Permien. 
Le  pli  du  Beausset,  qui  Tait  suite,  s'est,  comme  je  viens  de  l'expli- 
quer, diverti  horizontalement  sur  le  Crétacé;  le  pli  de  la  Sainte- 
Beaumeest  seulement  couché,  mais  encore  sous  un  angle  de  près 
de  30°,  et  enfin,  de  l'autre  côté  de  la  vallée  de  l'Huveaunne,  le  pli  de 
la  Nsrthe  (monts  Regaignas),  qui  domine  le  bassin  de  Fuveau,  est 
un  pli  presque  droit,  légèrement  renversé  sur  les  bords  du  bassin. 
Le  croquis  ci-joint  (fig.  11)  donne  une  idée  de  cette  succession,  où 
la  gradation  des  plis  et  des  eftorts  mécaniques  se  présente  avec  une 
régularité  qu'on  oserait  a  peine  prévoir  théoriquement. 

Nul  exemple  en  tout  cas  ne  semble  plus  propre  à  montrer  l'action 
d'une  cause  d'ensemble,  d'un  vaste  refoulement,  semblable  à  celui 
qui  adonné  naissance  aux  Alpes. 

J'avais  cru  déjà  pouvoir,  par  analogie,  tirer  cette  conclusion  de 
l'étude  seule  de  la  Sainte-Beau  me  :  l'existence  d'un  grand  pli  couche, 
avec  plissements  ou  froissements  secondaires,  ne  saurait  en  effet 
être  un  fait  isolé  ni  provenir  d'actions  locales  ;  à  moins  de  modifier 
profondément  les  idées  acquises  sur  la  formation  des  montagnes  ;  la 
structure  alpine  d'un  chaînon  doit  entraîner  l'existence  d'une  zone  de 
plissements  et  par  conséquent  d'une  chaîne,  au  sens  géologique  du 
mot  et  abstraction  faite  des  questions  de  relier.  La  nouvelle  interpré- 
tation de  l'anomalie  du  Beausset  et  la  coupe  qui  en  résulte  apportent, 
je  crois,  une  confirmation  définitive  à  cette  première  vue,  et  la  Pro- 
vence doit  prendre  place,  avec  les  Alpes  et  les  Pyrénées,  parmi  les 
régions  où  les  actions  de  plissement  se  sont  manifestées  avec  le  plus 
d'énergie. 

Des  lors  c'est  dans  les  modifications  de  détail  que  peut  subir  l'ai- 


1887.  BBRTRÀND.   —  ILOT  TRU81QUK  DU  BEAUSSBT  697 

cir  le  problème,  c'est  le  tracé  des  axes  des  plis  successifs  qui  peut 
seul  donner  en  quelque  sorte  un  squelette  de  la  chaîne,  montrer  sa 
direction  générale,  son  allure  et  son  extension.  Je  ne  puis,  sans  sortir 
du  cadre  de  cette  note,  entreprendre  ici  cette  étude,  que  mes  obser- 
vations personnelles  ne  me  permettraient  d'ailleurs  d'étendre  qu'à 
un  coin  de  la  région,  mais  je  veux  du  moins  indiquer,  en  quelques 
mots,  les  résultats  que  l'examen  de  la  carte  d'ensemble  de  M.  Carez 
laisse  prévoir  avec  une  grande  probabilité,  sinon  avec  une  certitude 
déjà  complète. 

Le  massif  cristallin  des  Maures  forme  comme  une  barrière,  en  face 
de  laquelle  les  plis  successifs  viennent  se  terminer  ;  mais  ceux  qui 
leur  succèdent  plus  au  Nord  conservent,  en  dépit  des  irrégularités  de 
détail,  une  orientation  générale  de  l'Est  à  l'Ouest.  Il  en  est  ainsi  jus- 
qu'à la  vallée  du  Var,  qui  marque  une  déviation  brusque  vers  le 
Nord.  Le  pli  anticlinal,  partiellement  réduit  en  faille,  qui  forme  Taxe 
de  cette  vallée,  peut  se  suivre  au  Nord,  malgré  les  recouvrements 
pliocènes,  jusqu'auprès  du  confluent  de  la  Vésubie;  là  il  s'infléchit 
de  nouveau  vers  l'Ouest,  accompagné  d'autres  plis  parallèles  qui  don- 
nent naissance  à  une  série  de  chaînons  Est-Ouest;  puis  cet  ensemble, 
après  quelques  sinuosités  plus  ou  moins  nettement  accusées,  va  se 
raccorder  avec  la  bordure  sédimentaire  des  Alpes  dauphinoises,  et 
plus  loin  avec  celles  des  Alpes  suisses.  Ainsi,  non  seulement  la  Pro- 
vence est  une  région  plissée,  dont  la  structure  rappelle,  par  plu- 
sieurs traits,  celle  des  Alpes,  mais  elle  est  la  continuation  des  Alpes; 
elle  sert  d'intermédiaire  entre  les  Pyrénées  et  les  Alpes,  la  large 
coupure  de  la  vallée  du  Rhône  n'interrompant  guère  plus  profon- 
dément la  continuité  de  la  zone  de  plissements  que  ne  le  fait  la  cou- 
pure de  Vienne  entre  les  Alpes  autrichiennes  et  les  Carpathes. 

Ainsi  se  trouve  complété  le  dessin  général  donné  par  M.  Suess  des 
lignes  principales  des  plissements  tertiaires  en  Europe  [LeitUnien  der 
Alpen)  ;  les  Pyrénées  qui  n'y  apparaissent  que  comme  une  ligne  isolée, 
sans  lien  avec  les  autres,  forment  avec  les  Alpes  et  les  Carpathes  le 
bord  de  la  zone  de  plissement,  «  du  fuseau  »  de  l'écorce  terrestre 
qui  a  été  écrasé  entre  l'Europe  septentrionale  et  l'Afrique.  Quant  aux 
apophyses  méditerranéennes  qui,  avec  leurs  directions  divergentes, 
occupent  la  partie  méridionale  de  ce  fuseau,  leur  signification  en 
ressort  avec  plus  de  clarté;  les  Apennins  sont  une  branche  de  reven- 
ait ouvert  dans  la  zone  plissée  par  la  masse  résistante  des  Maures,  de 
a  Corse  et  de  la  Sardaigne  ;  de  même  que  les  Alpes  illyriennes  sont 
une  branche  de  l'éventail  ouvert  à  l'Ouest  par  le  massif  de  la  Hongrie 
Bt  du  Banal. 


— fBfcf».   —   naZ   T«1A*I0CE    DU    IMUUSSKT  20  jUÎO 

^  n'iL-rtKS  tiiïioss  de  pl!SSi;j(KSt.  —  Après  avoir 

'     ^amaicement  les   conséquences  générales  qui  me 

it'*  je  ja  structure  plisséa  de  la  Provence,  je  rêvions 

>w  niêmc  qui  fait  plus  particulièrement  lu  sujet  de  celle 

jb,  de  pl'*  «Miches  jusqu'à  l'horizontale  et  se  prolongeant 

""**'      t&nà  <*•  glissements  bien  au  delà  de  l'espace  que  l'analogie 

jis  «rticaux  permettrait  de  prévoir.  Si  le  grand  pli  couché 

^  n  Vl  que  le  rabattement  d'un  pli  primitivement  vertical, 

oirmHir  «l  hors  de  toute  proportion   avec  la   largeur  de  son 

Wl  qu'on  l'observe  au  pied  du  Gros  Cerveau,  eten  le  réta- 

às»ôi  dan»  ta  position  première,  on  arriverait  à  une  ligure  lout  à 

il  inn-ûsemblable.  11  y  aurait  même  là  une  raison  qui  pourrait 

_Urt-  de  nature  à  taire  rejeter  à   priori  la  possibilité  de    l'inter- 

.jflalK1"   T>c  j  *'  donnée.  Il  n'est  donc  pas  inutile  d'indiquer  le 

rMUiMK* ornent  avec  d'autres  coupes   semblables,    prises  dans  les 

llfM».  dans  le  bassin  houiller  franco-belge  et  dans  les  Grampians.ce 

upprwlii'irient,  que  j'ai  déjà  développé  pour  deux  de  ces  coupes,  ai 

4+  nature  à  ne  laisser  aucun  doute  sur  la  réalité  de  ces  phénomène» 

MlMordin.ii"  s 

Alfttt'i?  d'arh.  —  En  Suisse  d'abord,  l'exemple  le  plus  célèbre, 
*rftV«  aux  beaux  travaux  de  M.  tlcim,  est  celui  des  Alpe*  de  G  la  ris. 
j'ji  proposé  pour  celte  région  une  interprétation  un  peu  différente 
do  celle  de  M.  Heim,  et  la  coupe  qtii  en  résulterait  Est  presque  iden- 
tique à  celle  du  lieausset.  Sans  vouloir  tirer  un  argument  de  cette 
identité,  je  rappelle  seulement  les  faits  directement  constatés  par 
l'observation:  une  série  de  bailleurs  ont  leurs  sommets  formés  de 
Trias  à  peu  près  horizontal,  et  toutes  les  vallées  qui  les  séparent  en- 
tament, au-dessous  de  ce  Trias,  le  Nummulitique  plissé;  entre  les 
deux,  existe  une  bande  étroite  de  lorrain-,  jurassiques,  très  amincis  el 
renversés.  Ainsi,  comme  au  Beausset,  il  y  a  recouvrement  de  terrains 
plus  récents  par  le  Trias  peu  incliné  ;  comme  au  Beausset,  l'existence 
d'une  zone  renversée  au  contact,  montre  que  ce  recouvrement  est 
une  conséquence  des  actions  de  pli-semenl  et  qu'il  a  été  produit  par 
le  déversement  et  l'élire  ment  d'un  grand  pli  rabattu  jusqu'à  l'hori- 
zontale. M.  lieim  suppose  qu'il  y  a  deux  plis  rabattus  l'un  vers 
l'autre;  j'ai  supposé  qu'il  n'y  en  avait  qu'un  rabattu  vers  le  Nord; 
mais  dans  l'hypothèse  môme  la  moins  favorable.  ;V.  le  ftiillttin, 
3'sér.  t.  XII,  pi.  XI,  Bg.  i)  la  partie  raballne  de  l'un  des  plis  donne 
une  largeur  de  l.1»  kilomètres,  c'est-à-dire  une  largeur  triple  de 
celle  que  donne  la  coupe  du  Beausset;  là  encore  il  y  aurait  la 
même   disproportion  entre  la  hauteur  et  la  largeur  du  pli  relevé  ;  le 


1887.  BBBTBAND.  —  ILOT  TB1ASIQUB  DU  BBAC8SBT  699 

phénomène  mécanique  a  été  le  même  et  demande  la  même  explica- 
tion dans  les  deux  cas. 

Alpes  vaudoises  et  dauphinoises.  —  En  suivant,  vers  l'Ouest,  le  bord  des 
Alpes,  on  arrive  aux  Alpes  vaudoises,  là  les  renversements  de  la  dent 
de  Mordes  et  du  Grand  Moveran,  si  bien  étudiés  par  M.  Renevier, 
montrent  une  série  de  terrains  crétacés  et  jurassiques  plissés  hori- 
zontalement et  superposés  au  Nummulitique.  La  largeur  de  la  zone 
de  recouvrement  est  encore  là  de  cinq  kilomètres  au  moins.  La 
coupe  diffère  des  précédentes  par  ce  que,  dans  ces  terrains  de  recou- 
vrement, la  série  est  à  peu  près  complète  et  que  les  parties  renversées 
des  plis  ne  sont  pas  étirées  ou  supprimées  ;  elle  en  diffère  à  peu  près 
comme  un  pli  ordinaire  diffère  d'un  pli  étiré  ou  d'un  pli-faille.  Mais 
on  y  retrouve  les  deux  traits  frappants,  les  deux  anomalies  capitales 
des  exemples  précédents  :  le  rabattement  des  plis  jusqu'à  l'horizon- 
tale, la  longueur  inusitée  et  on  peut  presque  dire  l'allongement  du 
pli  rabattu. 

Il  faut  de  plus  noter  que  c'est  au  Nord  de  ces  plis  des  Alpes  vau- 
doises que  se  trouvent  les  gisements  isolés,  si  souvent  discutés  et  en- 
core mal  expliqués,  de  cargneules  et  de  gypse,  occupant  une  situa- 
tion analogue  à  celle  des  îiots  du  Castellet  par  rapport  au  pli  du 
fieausset.  J'ai  déjà  proposé  d'y  voir  les  restes  de  la  dénudation 
exercée  sur  un  zone  de  recouvrement  primitivement  plus  étendue. 

Si  nous  descendons  encore  au  Sud-Ouest,  le  long  des  massifs  cris- 
allins  des    Alpes ,   nous   rencontrous,  à  la  hauteur  d'Annecy,  les 
feux  îlots  de  Serraval  et  de  la  montagne  des  Anes,  îlots  de  Trias  et 
e  Lias  isolés  au  milieu  du  Nummilitique.  Plus  au  Sud  encore  l'îlot 
e    Barcelonette,  récemment  décrit  par  notre  confrère,  M.  Goret, 
£    présente  dans  des  conditions  de  gisements  identiques  ;   ces  con- 
tions sont  absolument  celles  de  l'îlot  du  Beausset,  sauf  le  rempla- 
î  suent  du   Nummulitique  par  le  Crétacé.  La  même  explication  est 
>  xic  bien  vraisemblable.  Les  preuves  faisant  encore  défaut,  il  n'y 
£~Bas  lieu  d'insister;  on  voit  pourtant  quel  caractère  de  généralité, 
fc.     moins  en  ce  qui  regarde  les  Alpes,  on  est  amené  à  prévoir  pour 
—  s  phénomènes. 
Chaînes  anciennes.  —  Mais  ils  ne  sont  pas  bornés  aux  Alpes;  on  les 
trouve  également  dans  les  zones  de  plissements   plus  anciennes. 
^  i  montré  dernièrement  comment  ces  zones  plus   anciennes,  au 
<=>ins  pour  l'Europe,  pouvaient  se  réduire  à  deux,  et  comment  cha- 
1  *ie  d'elles  correspondait  à   une  grande   chaîne,    plus  ou    moins 
*  *~asée,  géographiquement  disparue  ou  morcelée,   mais  dont  l'iin- 
*-• 'lance  avait  été  comparable  à  celle  du  système  alpin.  La  première 
*Jû  atteindre  son  relief  maximum  vers  la  fin  des  temps  primaires, 


—   ILOT   TR1ASIQUK    DO  BEAUBBBT  20  JO. 

de  l'époque  silurîeDDe.  Comme  les  Alpes,  l'une 
eie  produites  par  la  compression  d'un  fuseau  de 
Larrevtrv,  et  l'on  peut  s'attendre  à  y  retrouver  les  mômes 
>lc  t'tde  détail,  que  dans  la  chaîne  plus  récente, 
pourtant  que  de  tous  ces  effets  ceux  qui  nous  occupent 
._;.i  plu*  spécialement  condamnés  à  disparaître.  Le  déverse- 
pli  donne  une  zone  de  recouvrement,  plus  ou  moins  puis- 
>lus  ou  moins  étendue,  mais  à  laquelle  s'attaquent  immédia- 
ts actions  de  dénudation  superficielle;  celle-ci  les  découpent 
j-jjurtl  en  Ilots  isolés  comme  cela  a  déjà  eu  lieu  au  Beausset,  puis 
(bal  progressivement  disparaître  ces  îlots;  ainsi  que  je  l'ai  déjà  fait 
remarquer,  il  ne  reste  plus  alors  aucune,  trace  du  phénomène.  La  coupe 
du  Beausset  montre  combien  facilement  celte  hypothèse  se  serait  réa- 
lisée. A  plu»  torle  raison  sans  doute,  il  en  a  été  ainsi  pour  la  plupart 
des  plissements  primaires  où  il  y  a  pu  y  avoir  déversement.  Ce- 
pendant pour  l'une  et  ponr  l'autre  de  deux  chaînes  anciennes,  ur 
exemple  au  moins  est  resté  accessible  à  nos  recherches,  comme 
pour  mettre  hors  de  doute  l'unité  des  forces  développées  dans  les 
diverses  périodes  géologiques  et  l'identité  de  leurs  actions. 

Hntsin  houiller  franco-belge.  —  Le  premier  de  ces  exemples  est 
celui  du  bassin  houiller  franco-belge;  j'ai  déjà  essayé  de  montrer 
quelles  analogies  le  rapprochaient  des  Alpes  de  Glaris  ;  la  coupe  pou- 
rait  aussi  se  comparer  à  celle  du  pied  sud  du  Grand  Cerveau,  là  où 
aflletire  la  bande  aptienne  ;  il  y  a  en  plus  les  froissements  plus  aigus 
des  couches;  il  y  a  en  moins  la  zone  de  recouvrement  horizontal  du 
Vieux  Beausset.  Mais  à  l'Ouest  de  Mons  celle  lacune  dans  les  analogies 
semble  se  combler;  là,  en  effet,  on  trouve  au  milieu  des  terrains 
houiilers  un  Ilot,  ou,  selon  l'expression  de  M.  Gosselet,  un /><!'/»«  de 
terrain  plus  ancien,  formé  de  calcaire  carbonifère  et  de  Dévonien. 
Les  sondages  ont  montré  que  les  couches  de  ce  paquet  sont  ren- 
versées ,  que  partout  le  terrain  houiller  existe  au-dessous  d'elles  et 
qu'il  en  est  séparé  par  une  faille.  MM.  Cornet  et  Uriarl  ont  cherché 
ingénieusement  à  expliquer  celte  situation  pur  une  série  de  mouve- 
ments successifs  et  indépendants,  mais  il  semble  plus  naturel, 
comme  on  l'a  également  proposé,  de  voir  dans  ce  massif  du  Boussu 
une  continuation  de  la  masse  du  recouvrement  du  Sud.  C'est  ce  que 
montrent  les  pointillés  de  la  figure  ci-jointe  [ti%.  \~2),  qui  devient,  en 
quelque  sorte,  une  reproduction  de  celle  du  beausset,  compliquée 
par  un  tassement  local  et  postérieur. 

Ainsi,  ce  paquet  isolé,  malgré  l'affaissement  qui  l'a,  en  quelque 
sorte  enseveli  au  milieu  du  terrain  houiller  et  lui  a  permis  d'échapper 
aux  dénudations,  suflirait  à  montrer  que  les  couches  dévoniennes  à 


1887. 


BERTRAND.  —  ILOT  TRIASIQUB  DU  BBAUSSBT 


701 


Fig.  12.  Coupe  théorique  de  la  partie  sud  du  bassin  /touiller  de  Mon* 

{paquet  du  Boussu). 


"Position  primitive  de*  terrains  de  recouvrement 


S 


Terrain  houiller 


X.  Calcaire  carbonifère.  —  V.  Famennien.  —  T.  Frasnien.  —  1,  2,  3,  i,  5t  6 
couches  de  houilles. 

Mons,  comme  les  couches  triasiques  au  Beausset,  ont  été  «  traînées 
et  charriées  »  horizontalement,  sur  au  moins  six  kilomètres  de  lon- 
gueur. 

Monts  Grampians.  —  Dans  les  Grampians  les  résultats  des 
études  du  Surwey  n'ont  pas  encore  été  publiés,  mais  le  directeur, 
M.  Geikie,  en  a  formulé  le  résumé  dans  une  coupe  d'ensemble,  dont 
je  détache  ici  une  partie  (fig.  13).  Le  fait  que  ces  études  ont  mis 

Fig.  13.  Coupe  des  Grampians. 


4.  ri.  I  ••»,. 


hors  de  contestation,  c'est  que  les  gneiss  ont  été  amenés  par  refou- 
lement à  chevaucher  sur  le  Silurien,  comme  le  Dévonien  sur  le 
Houiller  de  Belgique.  La  supposition  des  gneiss  au  Silurien  est  connue 
depuis  longtemps,  mais  au  lieu  d'y  voir  le  résultat  d'une  action  mé- 
canique, Murchison  avait  supposé  que  les  gneiss  étaient  eux-mêmes 
siluriens  et  provenaient  du  métamorphisme  de  terrains  sédimen- 
taires.  Cette  opinion,  longtemps  admise,  ne  peut  plus  être  soutenue  au- 
jourd'hui, au  moins  pour  les  Grampians  :  «  un  système  de  failles  inverses 
{reversed  faults)  a  amené,  dit  M.  Geikie,  tout  un  groupe  de  couches 
en  recouvrement  au-dessus  de  membres  plus  élevés  de  la  même 
série.  Mais  les  dislocations  les  plus  extraordinaires  sont  celles  des 
plans  de  poussée  (thrust  planes)  ;  l'inclinaison  en  est  si  faible  que  les 
terrains  ont  été  poussés  comme  horizontalement  à  leur  surface 
dans  la  direction  de  l'Ouest,  parfois  à  une  distance  qui  atteint  dix, 


702  BEftTBAHD.    —   ILOT  TR1A5IQUE   DU    BEAUSSKT  20  JOÎD 

milles.  Même  dans  les  coupes  les  plus  nettes,  ces  plans  de  poussée 
peuvent  difficilement  se  distinguer  des  plans  ordinaires  de  siraiili- 
cation,  et  ils  ont  subi  les  mêmes  actions,  c'est-à-dire  qu'ils  ont  été 
comme  eux,  plissés,  failles  et  dénudés.  En  plusieurs  points,  on  trouve 
des  témoins  de  gneiss  archéen,  ainsi  charriés  horizontalement,  et 
recouvrant  une  colline  de  quartzite  et  calcaires  siluriens,  comme  le 
ferait  une  formation  régulièrement  superposée.  (1)  »  On  retrouve 
donc  là,  plus  nettement  encore  que  dans  le  bassin  houiller  franco- 
belge,  tous  les  traits  caractéristiques  de  la  coupe  du  Beausset  :  la 
faille  inclinée  qui  s'infléchit  jusqu'à  l'horizontale  et  se  prolonge 
ainsi  sur  plusieurs  kilomètres,  et  l'îlot  isolé  qui  repose  sur  les  cou- 
ches plus  récentes. 

Ainsi,  dans  les  plissements  les  plus  anciens,  comme   dans  ceux 
dont  la  date  est  plus  rapprochée  de  nous,  les  mêmes  faits  se  sont 
reproduits,  et  partout  avec  une  amplitude  de  nature  à  déjouer  toutes 
les  prévisions.  Quelque  résigné  qu'on  soit  à  faire  bon  marché  de  la 
cohésion  des  corps  dans  les  grands  bouleversements  de  l'écorce  ter- 
restre, en  admettant  même  que  les  masses  les  plus  résistantes  ont 
pu  se  comporter  comme  des   matières   entièrement   plastiques,  on 
n'en  a  pas  moins  peine  à  concevoir  ces   grands  plis  couchés  qui  ses 
déroulent,  s'allongent,   forment    de  larges  traînées  au-dessus  de=> 
couches  plus  récentes  et  simulent  de  véritables  coulées  de   terrains- 
sédimentaires.  rappelant  presque  les  coulées  du  basalte.  On  peut  ss 
demander  comment  les   efforts   de  compression  dont  le  siège  doit- 
être  eu  profondeur  ont  continué  à  s'exercer  et  à  se  transmettre   sur" 


1887.  CH.   ViLAlff.   —  CABBORIfÉRB  DES  VOSGES  703 

M.  Ch.  Vélain  fait  la  communication  suivante  : 

Le  Carbonifère  dans  la  région  des  Vosges, 

par  M.  Ch.  Vélain. 

PI.  XXV 

Au  pied  du  Donon,  dans  la  partie  septentrionale  des  Hautes-Vosges, 
Mir  les  deux  flancs  de  la  vallée  de  la  Bruche,  s'étendent  de  puissants 
massifs  calcaires,  pour  la  plupart  marmoréens  et  exploités  comme 
Lels,  dans  les  vallons  latéraux  qui,  de  part  et  d'autre,  débouchent 
iuns  la  vallée  principale.  Ce  sont  d'abord,  sur  le  flanc  gauche,  ceux  de 
Vaehenbach,  de  Framont,  de  la  Cruche  et  du  Petit-Don  on,  puis, 
sur  le  versant  opposé,  celui  de  Russ,  situé  à  une  altitude  de  520m, 
près  du  sommet  qui  domine  Steinbach.  La  présence  de  nombreux 
>inoïdes  et  de  Polypiers,  le  plus  souvent  en  débris  et  par  suite  peu 
léterminables,  ainsi  que  l'état  fréquemment  amygdalaire  de  ces  cal- 
aires,  avait  motivé  leur  rattachement  au  Dévonien  et  leur  assimila- 
ion,  sans  motif  valable,  aux  Griottes  des  Pyrénées. 

Dans  les  explorations  faites  pour  l'établissement  d'une  carte  géo- 
)gique  des  Vosges  au  millionième,  j'ai  eu  occasion  de  rencontrer, 
ux  environs  immédiats  de  Schirmeck,  à  la  base  de  ces  calcaires,  un 
cément  de  fossiles,  bien  déterminé,  qui  permet  de  les  rapporter  au 
arbonifère. 

Près  de  Schirmeck,  au  bas  de  la  côte  des  vignes,  une  tranchée 
ii  verte  pour  le  passage  delavoieferréedeRothauàMolsheim,  entame 
ans  toute  leur  étendue  ces  assises  calcaires  qui  se  présentent,  en 
l-  point,  sous  la  forme  de  brèches  a  grandes  parties,  enclavées  dans 
c»  roches  schisteuses,  fortement  redressées  et  plongeant  vers  leN-E, 
ous  un  angle  de  25°  à  30°.  En  avant  de  cette  tranchée,  sur  le  sen- 
>er  qui  contourne  la  base  de  la  côte  des  vignes,  on  remarque,  sous 
i  première  de  ce*  brèches,  un  premier  affleurement,  constitué  par 
ne  série  de  couches  calcaires,  gréseuses  et  schisteuses,  f'o*sililères 
ui  se  succèdent  dans  Tordre  suivant  (PI.  XXV,  fig.  2:  : 

L,  Calcaire  bréchlf or  me  à  Criuoïdes,  avec  Gastropodes  Brachiopudes  et  Poly- 
piers, lB. 

2.  Conglomérat  calcaire  avec  articles  de  Crinoïdes  et  débris  de  Polypiers  (Faco- 

sites,  Amptr.vu*:*  lm20. 

3.  Schistes  verdàires  avec  galets,  2m50. 

*.  Brècbe  calcaire  à  éléments  lias  avec  articles  de  Criuoïdes  et  Brachiop odes 

déformés  (Syirifer,  Uielasma),  3m. 
5,  Alternance  de  grès  grossiers  et  de  schistes  grisâtres,  2m50. 
G,  Grès  quartzeux,  3m. 


704  i:n.  vêlais. 

7,  Conglomérat  calcaire   avec 


-    CARBONIFÈRE    DES    VOSGES  30  juin 

Jébris  de  Polypiers   {Cyathopliyllum,  Fan 


Dans  le  premier  banc  de  calcaire  à  Crinoïdes(n°  1)  sont  réunis 
assez  grand  nombre,  des  Gastropodes,  des  Fsrachiopodes  el  des  Poly- 
piers le  plus  souvent  brisés  el  déformé*.  Des  recherches  attentives, 
poursuivies  pendant  plusieurs  jours,  m'ont  permis  cependant  d'y 
recueillir  un  certain  nombre  d'espèces  suffisamment  bien  conservées 
pour  se  prêter  aune  détermination  rigoureuse.  La  faune  de  ce  gise- 
ment, étudiée  par  M.  Otîhlert,  se  rapporte  exactement  à  l'hori- 
zon le  plus  élevé  du  Carbonifère  marin  de  la  Belgique,  soit  à  celui 
de  Visé;  elle  comprend,  parmi  les  Brachiopodes  ;  Productua  cura, 
d'Orb.;  Ortfus  {Schizophoria)  resupinaia,  Mast.  ;  trois  Spiriferidii1: 
Martinia  Imeata,  Mart.  ;  Spirifer  bhukaïus,  Sow.  ;  Spirifer  cheiropie- 
m,  d'Arch.  et  de  Vern.  ;  une  Térébratule  particulièrement  abon- 
dante, Dieliumahastata,  Sow,  et  une  nhyncbonelle,/fAi/«cA.ctiu'oin!ej, 
Sow.  Parmi  les  Gastropodes  on  peut  ensuite  citer,  par  ordre  de 
fréquence,  Capulus  (Acrocotlia)  Œhterti,  de  Kon.  ;  Turbonettiim 
lepida,  de  Kon.,  Natkops'ts  elegam,  de  Kon.  ;  Straparollus  planorbi~ 
formis,  de  Kon.  Toutes  ces  espèces  appartiennent  à  l'horizon  de 
Visé  (Assise  VI  de  M.  de  Koninck);  le  Spirifer  biiulcatus  en  particu- 
lier, qui  peut  être  considéré  comme  caractéristique  de  ce  niveau  se 
rencontre  encore,  avec  des  Téréhratnîes  [Diefasma  hnstatà]  dans  le 
conglomérat  calcaire  (2)  directement  superposé  au  gisement  fossili- 
fère (I)  et  plus  rarement,  dans  les  frafrments  engages  dans  la  brèche 
calcaire  (9),  que  la  tranchée  de  Schirmerk  entame  ensuite  sur  une 
étendue  de  5  à  C  mètres. 

Dans  cette  tranchée,  largement  ouverte  sur  le  flanc  est  de  la  côte 
des  vignes,  les  assises  carbonifères,  qui  se  développent  normale- 
ment, au-dessus  de  cette  brèche,  formée  de  blocs  calcaires,  reliés 
par  un  ciment  argileux,  prennent  successivement  les  caractères  sui- 
vants (PI.  XXXV,  iig.  3)  : 


10,  Calcaire  blanc,   snbsaccha 

(5  mètres), 
il.  Brèche  calcaire,  à  grandes  parties,  constit 


structure  fragment 


i    stratifié. 


■s  fi-i^niii n Is  an^uleuïde 

tdlcairiM  compactes   Lianes  ou  ^risàtio-,  l'iriiculcf  par  un  tuf  |iorph;riti.]uc. 

siliciliè  (IS  mètres). 

iî,  Schistes    violets    olifc-isiifèrrs,    irds   corn p ri i rus.  devenant  celluleui  au  som- 

met,  avec  aspect  sroriacé  (I!1).  Dans  ces  parties  oxydées,  et  devenues  brus 


1887.  CH.   VÈLA1M.    —  CARBONIFERE  DBS  VOSGES  705 

13,  Grand  massif  de  brèche  calcaire  de  môme  nature  que  le  précédent,  très- 

disloqué  au  contact  des  schistes  où  l'on  peut  voir  des  fragments,  poussés 
par  pression,  dans  les  parties  schisteuses  vacuolaires;  les  veines  schisteuses 
qui  se  présentent  alors  entre  les  blocs,  disparaissent  bientôt  et  le  reste  du 
massif  affecte  une  structure  bréchi forme  indiquant  que  le  calcaire  a  été 
brisé,  puis  resoudé  sur  place.  Un  pointement  d'orthophyre  s'observe  dans 
cette  dernière  partie  de  la  brèche  (25  mètres). 

14,  Schistes  violets,  avec   veines  interrompues  de  galets,  traversés  par   deux 

larges  filons  d'ortholite  (Minette). 

15,  Quartzites  verdâtres  eu  bancs    bien  réglés,  avec  galets  distribués  irrégu- 

lièrement dans  les  bancs  (8  mètres). 

16,  Schistes  noduleux  avec  amas  lenticulaires  de  galets  (2  mètres). 

17,  Brèche  calcaire  à  éléments  fins,  avec  articles  de  Crinoïdes,  débris  de  Poly- 

piers et  Brachiopodes  déformés,  Dielasma  hastatuma,  Spirifer  bisulcatus? 
(2  mètres). 

18,  Conglomérat  avec  fragments  roulés,  de  schistes,  de  calcaire  et  de  Polypiers 

(1»50.) 

Après  une  courte  interruption  correspondant  au  vallon  du  Tomes- 
bach,  une  nouvelle  tranchée  ouverte,  près  de  la  voie  ferrée,  sous  le 
signal  d'Hersbach,  pour  l'exploitation  d'un  grand  massif  de  grès, 
montre,  succédant  aux  assises  précédentes,  une  puissante  série  de 
formations  détritiques  arénacées,  traversées,  de  nouveau,  par  des 
filons  d'ortholithe  (pi.  XXV,  fîg.  4). 

Elle  comprend,  disposés  en  assises  bien  stratifiées,  versées  au 
Jï.-E.  comme  les  précédentes  avec  la  même  inclinaison,  des  grès  sili- 
ceux marqués  de  colorations  vertes  ou  rouges,  entremêlés  de 
schistes,  puis  des  aikoses  et  des  poudingues  qui  se  succèdent  dans 
X'ordre  suivant  : 

19,  Grèsquartzeux  verdâtres,  bien  stratifiés,  en  bancs  de  1  à  2  mètres  séparés  par 

de  minces  veinules  schisteuses  (12  à  15  mètres). 

20,  Arkose  granulitique  en  bancs   compactes  grisâtres,  mouchetés   de  taches 

bleuâtres  (4  mètres). 
22,  Grès  siliceux   à  grains  lins,  en  bancs  bien  réglés  de  1  mètre,  avec  veines 

schisteuses  intercalées  (3m  50). 
33,  Grès  rouges  et  poudingues  quartzeux. 

24,  Arkoses  granulitiques  identiques  aux  précédentes,  entremêlées,  cette  fois, 

avec  des  schistes  violets  très  froissé3  (10  à  15») . 

25,  Grès  verdâtres  et  schistes  gris  alternants  (8m). 

Toute  celte  série  de  grès  et  d'arkoses  paraît  dépouvue  de  toute 

^-race  de  corps  organisés  ;  mais  dans  les   affleurements  de  pareils 

^grès  arkosiques  qui  se  présentent,  à  un  niveau  plus  élevé,  sur  le  flanc 

^iroit  du  ravin  de  Tomesbach,  où  ils  sont  de  même  exploités  pour  le 

Ravage,  j'ai  pu  recueillir  une  empreinte  de  Bornia  et,  dans  les  schistes 

intercalés,  des  traces  de  Spkenophyllum. 

Ces  grès,  verdâtres,  disposés  par  lits  irréguliers  de  2  à  3  mètres 
^'épaisseur  au  milieu  de  schistes  noirs  froissés  également  micacés, 

XV..  45 


706  Cn.    VÉLAIN.    —   CARBOKÏFKttE   DBS  VOSGES  20  JOUI. 

sont  principalement  constitués  par  des  grains,  pen  roulés  de  quartz 
granulitique,  et  renferment,  avec  de  nombreuses  paillettes  de  mica 
blanc  déchiquetées,  des  débris  de  feldspath  (oligoclase  et  orthose 
prédominant),  de  tourmaline  et  de  zircon,  soit  tous  les  éléments 
d'une  prauulite  démantelée. 

Au  delà,  vers  Hersbach,  ces  formations  arénacées  cessent  pour 
faire  place  à  une  longue  série  de  schistes  noirs  et  de  grauwackes 
gréseuses,  qui  se  poursuivent  jusqu'à  Lutzelhausen.  Alors  que  dans  les 
grès  arkosiques  les  empreintes  végétales  sont  très  rares,  dans  les 
schistes  et  surtout  dans  les  grauwackes,  elles  deviennent  par  places 
fréquentes.  C'est  ainsi  que,  depuis  longtemps,  Elie  de  Beaumont  a 
signalé  leur  existence  dans  les  schistes  de  Lutzelhausen  (1).  A  la 
sortie  d'Uerabach,  dans  un  petit  affleurement  de  ces  roches  qui 
s'observent  le  long  de  la  route  de  Strasbourg,  j'ai  recueilli  des  trace) 
bien  nettes  de  pinnules  de  Hphenopteris  et  de  tiges  de  Lepidodendron. 

Près  de  Witche,  M.  Bleicher  a  mentionné  la  présence,  dans  une 
grauwacke  grise  micacée,  disposée  en  bancs  alternants  avec  des 
schistes  noirs,  des  Fougères  aux  larges  pinnules,  Cardiopterù,  asso- 
ciées au  Bornia  {Calamités)  radiata,  et  à  des  Sagenaria  {Knorria 
imhricata),  soit  des  espèces  appartenant  à  la  première  phase  de  la 
végétation  carbonifère,  bien  connue  sous  le  nom  de  flore  du  Cutm. 

Les  masses  calcaires  de  Schirmeck,  qui  se  présentent  principale- 
ment sous  la  forme  de  brèches,  sont  ainsi  comprises,  entre  un  hori- 
zon fossilifère  bien  net,  se  rapportant  à  la  faune  de  Visé  et  une  série 
puissante  de  roches  arénacées  et  schisteuses  à  végétaux  du  Cvim,  Il 
est  vraisemblable  d'admettre  qup  c'est  à  cette  division,  soit  au  faciès 
côtier  et  terrestre  du  Carbonilère  inférieur,  qu'il   faut  rapporter  les 


1887. 


CH.    VÉI-AIH. 


■    CARBONIFÈRE    DES  VOSGES 


707 


grisâtres,  saccharoldes  par  places,  cloisonnée*  dans  d'antres,  où 
toute  trace  de  stratification  a  disparue.  11  est  alors  à  remarquer  que 
ces  accidents  ne  se  présentent  qu'au  voisinage  des  filons  d'ortholites, 
qui,  nombreux  s'élèvent  au  travers  des  assises  carbonifères  dans  cette 
direction,  avec  une  orientation  sensiblement  E.-O.  H  en  est  ainsi 
dans  la  première  de  ces  exploitation»,  ouverte  près  d'un  chalet  situé 
au  sommet  des  vignes  (pi.  XXV,  ng.  I). 

Fig.  i.  —  Porphyre  pitrosilictux  de  la  côte  des  Vignet. 

Gros*.  =    1ÏO   dinm. 

Pi.  XXV,  fig.  5. 


C.V. 

I.  Première  consolidation.  —  1,  AHijvArWeavec  inclusions  d'apatlte.  Celle  am- 
phibole est  à  rapporter  à  la  hornblende.  Les  grands  cristaux,  entièrement 
chloritîsfe,  avec  développement  secondaire  de  Ter  oxydulé  {')  et  d'ipidote 
(S),  ont  conservé,  le  plus  souvent,  de«  contours  polyédrique*  suffisam- 
ment  nets  et  les  clivages  à  IM°  caractéristiques.  Ceui  inclus  dans  l'or- 
those,  restés  intacts,  sont  doués  d'un  pulvchroïsme  intense  et  variable  du 
brun  paie  an  vert  emeraude,  parle  vert  bouteille.  —  î,  Ortfoise  en  cristaux 
simples  ou  in&clés.  craquelés  et  traversés  par  les  clivages  rectangulaires 
multiples  de  la  sanidine.  —S,  Oligochut  en  grands  cristaux  offrant  réguliè- 
rement les  m  Actes  de  Carlsbad  et  de  l'albile. 

II.  Deuxième  consolidation.  —  Paie  [tétriiitiliceuM  avec  développe  me  ni  de  spbé- 

rolilc*  feldspath  iques  14),  et  de  i|uaru  grenu  (,'>). 

III.  Èlrmenls  veunitairr».  —  Chlorite,  fer  t.xyilnlû  (7),  Kpi.lote,  'fl),  Calcite,  (*). 


108  Cn.    VÉLAIH.    —  CARBONIFÈRE    DES    VOSGES  20  juin. 

Un  calcaire  subcristallin,  d'un  blanc  grisâtre,  disposé  en  bancs 
épais,  fortement  inclinés  vers  le  N.-E.,  se  montre,  en  ce  point  (pi, 
XXV,  fig.  5)  recouvert  par  une  grande  coulée  de  porphyre  pé- 
trosiliceux  permien,  puis  traversé,  à  l'entrée  de  la  carrière,  par  deui 
filons  très  rapprochés  d'ortholite.  Alors  qu'on  n'observe  au  contact 
de  la  coulée  porphyrique,  épaisse  de  7  à  8  mètres,  d'autre  action 
métamorphique  qu'un  état  plus  cristallin  de  la  roche  calcaire  (c),  les 
parties  incluses  entre  les  deux  filons  de  minette  (m)  et  celles  situées 
de  part  et  d'autre,  se  montrent  nettement  dololomitisées  sur  une 
étendue  du  ;ià4  mètres  (d). 

Ce  porphyre  (fig.  I),  qui  dépend  des  grandes  coulées  permiennes, 
si  répandues  dans  le  massif  du  Donon,  offre  un  remarquable  exemple 
d'un  développement  de  sphérolithes  leldspathiques  dans  une  pâte 
pétrosiliceuse,  oh  la  silice  s'est  individualisée,  sous  la  forme  de  grains 
quartz  eux,  à  facettes  cristallines  souvent  très  nettes. 

Les  éléments  fibreux  de  ces  sphérolithes  à  croix  noire,  très  régu- 
liers et  de  signe  négatif  sont  fournis  par  l'oligoclase,  ainsi  que  vient 
l'attester  leur  résistance  à  l'attaque  par  l'acide  chlorbydrique  à 
chaud  et  les  essais  microchimiques  ;  ces  derniers,  effectués  sur  des 
préparations  dépourvues  des  grands  cristaux  de  feldspath,  ont  fourni 
les  réactions  habituelles  de  la  soude,  avec  des  traces  de  chaux.  On 
les  rencontre  disposés  par  traînées  régulières,  au  milieu  du  magma 
fluidal,  ou  même  encore  largement  développés,  autour  des  cristaux 
anciens  de  feldspath  et  d'amphibole.  Leur  plus  grande  fréquence 
dans  la  zone  de  contact  semble  attester  que  la  roche,  en  traversant 
puis  en  s'épanchant  sur  le  massif  calcaire,  a  subi  un  endomorphisme 


1887. 


CD.  VÉLAIR.  —  CABB0H1FÈBB  DES  VOSGES 


à  celui  du  microcline,  qui  annonce  une  association  de  mâcles  sui- 
vant pet  suivant  h1. 

Cette  action  est  encore  plus  accentuée  dans  une  seconde  carrière, 
(pi.  XXXV,  fig.  6}  très  rapprochée  de  la  précédente  et  située  à  un 
niveau  un  peu  plus  élevé.  Un  large  filon  de  minette  (3™)  avec  bloc  de 
dolomies  saccharoïdes  enclavés,  s'y  présente  au  travers  d'un  massif 
dolomitique,  constitué  principalement  par  une  dolomie  grisâtre,  très 
Assurée  (d)  qui  devient  cloisonnée  au  voisinage  du  filon  (df)  ;  des  cale- 
schistes  qui  suivent  (d1)  ont  de  même  leurs  amandes  calcaires  dolo- 
mitisées,  enfin,  au  contact,  on  observe,  comme  précédemment,  un 
remarquable  développement  de  grenat  et  de  stilbite  dans  une  dolomie 
devenue  saccharoïde.  Il  en  est  de  même  pour  les  blocs  enclavés  dans 
la  minette  qui  deviennent  géodiques,  avec  druses  tapissées  de  cris- 
taux rhomboédriques  de  dolomie. 

Fig.  2.  —  Calcaire  dolomitisé  et  Fig.  3.  —  Orlholite  en  filon  dam 

grenatifère,  au  contactiez  filons  le  calcaire  carbonifère   de  la 

d'Ortholite.  côte  des  Vignes. 

Grost.  =  80  diam. 


1,  Grenat.  —  î 

Pyro 

ene   chlori- 

1,  Apatiie.  — 

jaé.  —  3,  Siilbit 

•   — 

,  Dolomie. 

tito.  —  i,  Orthose 

Cette  transformation  d'un  calcaire  originairement  stratifié,  en 
dolomie  massives,  cristallines  et  cloisonnées,  doit  être  attribuée  à 
des  émanations  magnésiennes  vraisemblablement  contemporaines  de 
la  sortie  de  la  minette  qu'on  sait  être  exceptionnellement  riche  en  mica 


■JIO  eu.  vÉLAifl.  —  r.ARnonivèiii!  uns  NHH  30  juin. 

noir  ni.  igiié-ieu.  On  en  trouve  la  preuve  dans  ce  fait  qu'a  nu  m  veau 
plus  bas,  dans  uno  troisième  exploitation  où  les  filons  de  mine  LU'  font 
défaut,  on  retrouve  le  calcaire  normal,  adossé  à  une  brèche,  calcaire 
le  S  munt  argileux  et  enchevêtré  dans  des  couches  schisteuses, 
petits  amas.  dOttl  M  I XNfttBUtH  est  des  plus  irrégulières. 

<    rrt    rff    KnrArwhicA.  —  Près  de  Vachenbach,   sur  la   r 
gauche  du  ravin  du  la  Grande  liasse,  te  calcaire  affecte  un   caractère 
m  H  ti-'iiti»nt»myitdalin  et  se  montre  intimement  lié  aux  schistes  en- 
i  -  l  «M  de  calcaire  blanc  cristallin  s 'observent  éga- 

i  i      ■  ■'        ■">  I  lil*oodnleyx  (c,,  PI.  XXV,  flg.  7). 

Uw  wttutl*»  d'n»p*«l  bleuâtres  ou  rougeaires,  avec  reflets  lustrés. 
qV|  i'ii\»liiiip(-nl  les  nodules  calcaires  se  montrent,  an  microscope». 
kulftl  par  un  InT  porphyritique,  formé  de  débris,  très  brisé*, 
il  OftkON  M  il'oliguelase,  avec  des  grains  de  quartz  élastiques,  dis- 
ut-  une  pilte  amorphe  eblurilisée,  peu  développée.  Ces  lui- 
Mini  .m  nttttCM  avec  une  nappe  de  porphyritu  amphiholique,  înlcr- 
.  il>v  il. ni»,  les  schistes  sous-jacenls  au  massif  calcaire,  et  qui  ren» 
ii'iiii.',  parut  ses  éléments  anciens,  un  peu  d'orlhose  avec  de  notu- 
i.mi>  UtellIU  d'oligoclase,  allongés  suivant  py',  à  la  manière  des 
Il in.'-.. 

i  ■  .|.  irphyriti^  prennent, enetfet.beaucnupd'impartancedansretl' 
■  m  . h  hxii  :  «ur  le  trajet  de  la  route  de  Schirmeck  &  Wacbenbacb,  < 
pili*  lu*  Matures  situées  à  l'entrée  de  la  gorge,  jusqu'aux  premières 
rnaUons  du  village,  on    peut  en   reconnaître  de  nombreux    pointa- 


nts 


t  larges  filoi 


ntli 


des 
listes  dur- 


s  lu  lacées  et  bréchoïdes 


[jacité  di: 
ml  égale- 


schistes  argileux,  nous-jaceuls  aux  amas  calcaires,  Ce 
cis.  siliciflés  sur  de  grandes  étendues  se  montrent  li 
cornéennes  verdâlre»  on  brunes,  qui  atteignent  la 
phtanile. 

Les  formations  porphyritii]ui 
ment  fréquentes  et interstralilii 
lastratiiication,  indiquée  par  un  rubaunement  de  la  roche,  reste  en 
cure  souvent  distincte.  Ces  faits  indiquent  que  l'émission  de  ce: 
porpliyrites  a  clé  accompagnée  d'émanations  siliceuses;  leurs  filon- 
et  leur»  coulée*  en  portent  du  resle  la  marque  :  ce-  porphytïtes  étan 
de  nature  pélrosiliccuse.  Dans  ces  roches  compactes,  nui  présen- 
tent les  cassures  vives  et.  tranchaules  des  porphyres  pélmsiliceux 
où  quelques  petits  cristaux  rie  feld-palh  vitreux  >out  les  seul: 
éléments  distincts  à  l'œil  nu,  le  microscope  montre,  associé-  à  des  mi 
crolillies  d'uliglocasc  lluidaux  dessinant  un  feutrage  serré,  de  nom 
breux  sphérolites  à  croix  noire  et  des  lilonnets  secondaires  du  cal- 
cédoine. 


•mm  «fc 

■  iftiiiiii  ■■  JiJhn.  r—  à/m  «mIkmi*  de  Rm»  *u  einloiteliona, 
pnfiWirtnwi  atinHwlt  afaindoaaéaaj,  wtimMt,t  aneiaUittide  d» 
SM.nUi».  prta  du  sommet  de  la  monUgna  de  la  Brûlée,  (560  me- 
tm)  de*  un»  calcaires  aaseï  étendue,,  encaissés,  comme,  d'habitude. 
d«M  dM  achûtea  et  da»  grauwackes,  et  qui  offrent  alors  cette  par- 
Haalarilé  cemarquahls  d'être  construit*  par  dea  Stromatoporoldes. 

Fîg.  4.  —  Porphyrite  à  amphibole,  en  galttt  dan  Cet  calcaires  à 
Stromatopores  de  Riar. 


Grau.  =,  110  diatn. 

W^^^^^Ê 

■^^p^^^p^^^*^?^« 

Ijnf  ..^i«  .*^**&'m  ■*  ^  -.'.ift      ,/A*  '  ■'   -*^/ 

^^^^^^P^^ewPra^^^H^B 

D^^^^j^^^^'lf^®^*!^^^^ 

^pBIf^SI 

l^fe^^tflSi^^^^ 

I.  Prehièrk  consolidation.  —  1,  Fer  oxfiîub;  fi  hornblende ;  »,  aligor.laie 
offrant  fréquemment  la  triple  association  d«  mflelca  da  Carlsbad,  da  l'ai- 
bito  et  du  pSrililiae;  t,  oHhote  en  grands  cristaux,  (uicle  da  Curlsbad)  al- 
longés  suivant  pg<,  à  la  façon  des  micro  11  thés. 
II.  Dïuiièuk  consolidation.  —  5,  S/ihi'rolMes  ijuartzeux,  positifs,  à  extinction 
totale;  9,  microHthes  d'oligoctasc,  négatifs,  très  racenurei»,  fruidaux  et 
s'éteignant  constamment  sniTant  la  longueur;  fer  oxgduli  en  petite  (freins. 
Ifl.   Ht r  oxydult  et  thlirile  développée  an  dopent  de  ['amphibole;  calcite. 

Cette  uorpttyrita  qui  appartient  aux  types  acides,  si  répandus  dans  les  schistes 
inférieurs  du  CarLou itère  vosgien,  ollre  ce  trait  curieux,  important  â  noter,  d'être 
entièrement  cristallisée  et  de  présenter  dans  un  magma  microlit nique,  l'excès  de 
■illce  individualisé  sous  la  forme  de  sphérolithe*  primordiaux  à  extinction  totale. 

Déjà  dans  les  calcaires  amygdalins  de  Wacbenbach,  l'examen  mi- 
croscopique permet  de  reconnaître  rjue  certains  nodules,  d'un  gris 
blanchâtre,  sont  organisés  et  constitués  par  dea  Stromatopores.  À 
Huss,  toutes  les  particularité*  signalées  par  H.  Dupont  dans  les- ré- 


712 


CB.    VÉLAIH.    —  CARBONIFÈRE   DBS   VOSGES 


)  JU1D. 


cifs  coralligènes  du  carbonifère  belge  (assise  de  Vaulsort)  peuvent 
s'observer  (1).  Soit  des  amas  réci  formes  de  Stromatoporofdes  ou  des 
individus  isolés,  simulant  des  concrétions  pouvant  atteindre  un  mètre 
cube,  enveloppés  de  parties  brécboldes,  qui  résultent  de  la  des- 
truction sur  place  du  récif,  présentent  leurs  intervalles  comblés  par 
des  calcaires  à  Crinoldes.  Avec  ces  Stromatopores,  des  Polypiers  ap- 
partenant aux  genres  Favosites,  Amptexust  sont  assez  abondants, 
mais  sans  cependant  prendre  une  part  notable  à  la  construction 
du  récif.  J'ai  noté  aussi  la  présence,  mais  plus  rare,  de  fines  colonies 
réticulées  de  Fénestelles  {Fenestetla  plebeià)  appliquées  en  éventail, 
à  la  surface  des  Stromatoporoîdes. 

Dans  les  calcaires  à  Crinoïdes,  il  faut  noter  la  présence  du  Spirifer 
bisutcalus,  Sow.,  espèce  caractéristique  de  l'horizon  de  Visé,  et  celle 
de  l'Orthis  (Schiiophoria)  resupinata,  Mari.,  d'après  un  échantillon 
qui  m'a  été  communiqué  par  M.  Bleïcber. 

Dans  les  parties  brécholdes,  on  rencontre,  avec  de  nombreux 
fragments  des  organismes  du  récif,  des  galets  constitués,  soit  par  des 
tufs  porphyriliqnes,  soit  par  une  porphyrite  à  amphibole  (Dg.  4)  ana- 
logue à  celles  qui  se  présentent  si  largement  développées  sur  la 
route  de  Raon-1'Élape,  depuis  Schirmeck  jusqu'à  Framont.  Une  por- 
phyrite pétrosiliceuse  s'observe  ensuite,  non  seulementen  filon  dans 
ce  même  calcaire,  mais  injectée  en  minces  veinules,  s'infiltrant  dans 
tous  les  interstices  des  parties  fragmentées. 

Enfin  il  faut  encore  signaler  ce  fait  que  les  grauwackes  brunâtres 
encaissantes,  qui  font  suite  à  ces  calcaires  brécholdes,  sont  à  leur 
tour  fossilifères.  Elles  renferment,  à  l'état  d'empreintes,  pour  la 
plupart  mal  conservées,  des  Polypiers,  des  Bryozoaires  et  des  Bra- 


1887.  CH.   VÉLAIÏf.   —  CARBONIFÈRE   DES  VOSGES  713 

dans  une  série  de  schistes  et  de  grauwackes,  entremêlées  de  poudin- 

gues,  limitée  d'une  part  par  des  coulées  de  porpbyrites  à  labrador, 
de  l'autre  par  des  schistes  à  plantes  avec  flore  du  Culm. 

Les  Lamellibranches,  au  nombre  d'une  vingtaine  prédominent  dans 
ce  faciès  schisteux  du  Carbonifère  vosgien,  et  les  espèces  communes 
avec  la  faune  des  calcaires  de  la  vallée  la  Bruche,  sont  :  Spirifer  bi- 
sulcatus,  S.  lincatuSy  Productus  cora,  Orthis  resupinata,  Capulus 
Œhlertii  Naticopsis  e  le  g  ans. 

Il  demeure  donc  acquis,  qu'à  l'époque  carbonifère,  toute  la  lisière 
orientale  du  massif  des  Ballons,  était  baignée  par  un  golfe  qui  péné- 
trait au  Nord  dans  l'intérieur  du  massif,  dans  une  dépression  dont 
l'emplacement  est  encore  marqué  par  la  vallée  de  la  Bruche.  Après 
avoir  côtoyé  de  même  la  lisière  orientale  du  Morvan,  puis  celle  du 
Plateau-Central,  ce  golfe  devait  venir  se  relier  à  la  mer  largement 
ouverte  qui  occupait  alors  les  régions  méditerranéennes. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  cette  extension  de  la  mer  carbonifère 
dans  les  régions  méridionales  des  Hautes-Vosges,  il  n'en  reste  pas 
moins  ce  fait  que  la  prédominance  revient  toujours  dans  le  Carbonifère 
vosgien  au  formations  côtières  et  terrestres,  et  je  puis  dire  aussi 
aux  formations  éruptives  qui,  principalement,  sous  la  forme  de  por- 
phyrites,  prennent  une  si  large  part  dans  la  constitution  de  ce  ter- 
rain, et  cela  dès  le  début. 

Aussi,  aux  deux  divisions  admises  par  M.  Bleicher  dans  le  Carboni- 
fère vosgien,  la  première  caractérisée  par  des  dépôts  marins  avec 
faune  de  Visé,  la  seconde  par  des  formations  essentiellement  côtières 
et  terrestres  où  se  présente  condensée  la  riche  flore  du  Culm,  j'estime 
qu'il  convient  d'ajouter  une  troisième,  caractérisée  par  l'importance 
que  prennent  les  formations  éruptives,  représentées  par  des  microgra- 
nulites  et  surtout  par  des  porphyrites. 

Partout,  en  effet  dans  la  région  des  Vosges,  le  Carbonifère  débute, 
avec  une  constante  uniformité,  par  une  série  puissante  de  dépôts 
intimement  liés  à  des  émissions  porphyritiques  qui  se  montrent  es- 
cortées par  d'importantes  formations  de  tufs  et  de  brèches. 

Il  en  est  ainsi  dans  la  vallée  de  la  Bruche,  où  le  soubassement  des 
assises  calcaires  est  formée  par  une  série  puissante  de  schistes  sili- 
cifiés  transformés  en  coméennes  compactes  par  des  injections 
multipliées  de  porphyrites  pétrosiliceuses,  très  différentes  de  celles 
qui  pénètrent  ensuite  en  minces  filons  dans  les  calcaires. 

Depuis  Pont-des-Bas  jusqu'à  Schirmeck,  sur  la  route  tle  Stras- 
bourg, sur  une  étendue  de  plus  de  six  kilomètres  on  peut  suivre  ces 
formations  d'une  façon  ininterrompue  ;  de  même,  à  l'Ouest  de  Schir- 


714  CH.    VÉLAIN.    —  CABB01HFÉRB   DBS   VOSGES  20   JDÎE. 

meck,  sur  la  route-  de  Raon-1'ÉUpe  depuis  la  base  du  coteau  du  Rond 
Pré  jusqu'à  Fcamoat. 

Dans  toute  cette  région,  depuis  longtemps  déjà  signalée  comme 
classique  par  M.  Pournet  pour  l'étude  des  actions  métamorphiques 
exercées  surles  schistes  argileux  (1)  par  ces  roches  qualifiées  de  por- 
phyres noirs  ou  bruns,  tous  les  passages  s'observent  entre  la  roche 
franche  des  coulées  ou  des  filons,  elles  schistes  encaissants. 

La  transition  se  fait  tantôt  par  une  roche  jaspolde,  chargée  d'épi- 
dote,  avec  développement  bien  net  de  cristaux  de  labrador  et  on 
toute  trace  de  stratification  a  disparu,  tantôt  par  des  brèches,  formées 
de  fragments  de  porpbyrites,  cimentés  par  une  pâte  pétrosiliceuse 
chloritisée. 

Plus  à  l'Ouest,  les  roches  trappéennes  qui  prennent  tant  d'impor- 
tance aux  environs  de  Raon- l'Étape  et  ne  sont  autres  que  des  porpby- 
rites à  amphibole,  sont  aussi  du  même  âge. 

Dans  les  exploitations  qui  mettent  à  jour  ces  roches,  sur  de  gran- 
des surfaces,  on  peut  les  voir  disposées  en  coulées  i n te rst ratifiées  dans 
les  phyllades  carbonifères,  profondément  modifiées.  Ce  sont  ces 
mêmes  roches  qui  fournissent,  plus  loin,  dans  la  vallée  du  Rabo- 
deau,  la  pierre  à  aiguiser  de  Moyen mouli ers. 

Dans  cette  vallée,  les  schistes  carbonifères,  presque  verticaux  et 
devenus  compacts,  servent  de  support  au  Grès  rouge  permien  qui  les 
recouvrent  en  couches  horizontales  (2).  Les  tranchées  du  chemin  de 
fer  à  voie  étroite,  qui  dessert  maintenant  cette  vallée  mettent  à  jour, 
an  milieu  de  ces  schistes,  de  grandes  traînées  de  tufs  porphyritiques 
accompagnant  des  massifs  épais  de  porphyrite  schisteuse,  recoupés 
par  des  filons  de  porphyre  pélrosiliceux  d'âge  permien. 


1887.  CH.   VÉLAIN.   —  CAHBOHIFKRE  DBS  VOBGKS  715 

sur  de  puissants  massifs  de  porphyrites  accompagnés  comme  tou- 
jours de  brèches  et  de  formations  tufacées.  Le  grand  massif  de  gra- 
nité à  amphibole  qui  Forme  les  ballons  d'Alsace  et  de  Servance 
est  ainsi  presque  tout  entier  entouré  par  des  roches  de  cette  nature 
auxquelles  viennent  se  joindre  des  coulées,  très  étendues,  de  micro- 
granulite. 

On  peut  citer  ensuite  parmi  les  localités  où  ces  roches  prennent  un 
grand  développement,  la  vallée  du  Breuchin,  entre  la  Voivre  et 
Faucogney,  celle  de  Fresse,  dans  le  Nord  du  mont  de  Vannes  et 
surtout  les  environs  de  Ternuay,  dans  la  vallée  de  l'Oignon,  où  on 
peut  les  suivre  presque  sans  interruption  depuis  Melisey  jusqu'au 
pied  du  ballon  de  Servance. 

Les  porphyrites  pétrosiliceuses  peuvent  alors,  quand  elles  couvrent 
de  vastes  étendues  comme  aux  Etroitures  dans  le  Nord  de  Ternuay, 
se  débiter  en  grandes  colonados  prismitiques. 

A  Belongchamps,  au  Sud  de  Ternuay  et  sur  le  revers  occidental  du 
mont  de  Vannes  on  voit  les  schistes  carbonifères  traversés  par  de 
grands  filons  de  diabase  qui  peuvent  atteindre  50  mètres  d'épaisseur. 
Les  cornéennes  prennent  aussi  beaucoup  d'importance  dans  cette  ré- 
gion, et  c'est  sur  de  pareilles  roches  que  viennent  reposer,  à  Plancher- 
iez-Mines, des  schistes  où  la  présence  du  Producius  giyanteus,  associé 
aux  genres  Euomphalus  et  Philipsia  a  été  signalée  depuis  longtemps 
par  M.  Jourdan  (1). 

C'est  ensuite  au  travers  do  ces  schistes  que  s'élèvent,  sur  les  con- 
treforts méridionaux  du  Ballon  d'Alsace,  les  grands  dykes  de  por- 
phyrite  à  labrador  de  Beilahy,  ceux  du  col  de  la  Ghevestray  près  de 
Fresse,  et  plus  à  l'Ouest  les  nombreux  filons  qui,  de  part  et  d'autre, 
de  la  vallée  de  la  Savoureuse  se  présentent  aux  euvirons  du  Puix, 
près  de  Giromagny,  escortés  de  microgranulites  à  grands  cristaux 
d'orthose. 

Les  émissions  porphyritiques  si  actives  au  début,  se  sont,  en  effet, 
poursuivies  dans  toute  l'étendue  du  Carbonifère  pour  venir  prendre 
fin  au  Permien  en  donnant  lieu  h.  des  roches  de  composition  variée. 
On  sait  quelle  part  import. mie  elles  prennent  dans  la  formation  des 
assises  du  Culm  ;  les  grauwackes  de  Thann  et  de  Burbach  qui  rcn- 
r«2i'iuent  à  l'état  d'empreintes  bien  conservées  les  Cardîupteris  à  larges 
S»innules.  les  Sphenopteris  et  les  grandes  Lépidodendrées  Lepidoden- 
dron  welthemianum)  caractéristiques  de  l'époque,  ne  sont  pour  la 
plupart,  en  effet,  que  des  tuf*  porphyritiques. 

Après  le  dépôt  de  ces  dernières  couches,  vraisemblablement  effec- 

(i;  .lonnl.lîi  ill    r>iîle?S'.'.   H  r./r  Jr  ■^••■•l-ttfir  III  p.  3:2. 


71C  CU.   VÊLAIH.    —   CARBONIFÈRE    DES   VOSGES  20  juin. 

tué,  ainsi  que  M.  Bleicher  l'a  montré  (1),  tout  près  d'un  rivage,  eo 
voie  d'émersioo,  le  régime  continental  l'emporte  définitivement.  Un 
important  mouvement  du  sol,  auquel  participent  les  calcaires  ma- 
rins avec  ces  sédiments  arénacés  et  schisteux  du  Culm,  fait  naître 
des  plissements  qui  isolent,  dans  les  parties  septentrionales  et  mé- 
ridionales du  massif  des  Ballons  émergé,  de  petits  bassins  lacustres. 
Et  ce  sont  alors  des  eaux  torrentielles  qui  sont  venues  combler 
ces  dépressions,  en  y  accumulant,  avec  des  sédiments  détritiques, 
arkoses,  poudingues  et  schistes  argileux,  des  masses  de  matières  vé- 
gétales destinées  à  subir,  sous  la  protection  de  ces  apports  d'allu- 
vions,  une  lente  décomposition,  à  l'abri  de  l'air,  qui  les  a  amenés  à 
l'état  de  houille. 

Ces  bassins  houillers,  localisés  ainsi  dans  deux  dépressions  situées, 
de  part  et  d'autre  delà  chaîne  centrale,  l'une  au  pied  des  Ballons 
d'Alsace  et  de  Servance,  l'autre  entre  le  massif  du  Gbamp-du-Peu,  et 
les  montagnes  qui  dominent,  au  Nord,  les  vallées  de  la  Liepvrette  et 
du  Giesen,  se  repartissent,  en  quatre  groupes  distincts,  correspon- 
dant chacun,  ainsi  que  l'a  établi  l'abbé  Boulay  d'après  l'examen  de 
leur  flore,  à  l'une  des  phases  de  végétation,  qui  se  sont  succédé  pen- 
dant l'époque  carbonifère,  après  celle  du  Culm  (2). 

1°  Au  pied  du  Hoh'  Kœnisbourg,  sur  le  versant  rhénan,  celui  de 
Saint-Hippolyteet  de  Roderen,  superposé  aux  roches  cristallines  an- 
ciennes granitoïdes  ou  gneissiques,  et  recouvert  tantôt  par  le  Grès 
rouge  permien,  très  réduit  en  ce  point,  tantôt  par  le  Grès  vosgien, 
est  le  plus  ancien.  L'abondance  des  Sigillaires,  celle  aussi  des  Fou- 
gères représentées  principalement  par  les  cpèces,  Pecopteris  deniata, 
.\evroptcris  heterophylla,  Sphenoplêrà  saxifrayœfnlia,  permet  de  le  rat- 


20  juin. 


CE.    VÉLA1H.    —   CAHBOltIFâRK   DBS  VOSGES 


etr.    luppr-anés.  L_!_îJ  Aviw&tBr,  Owiltt  n 

H  ijurc&fùp*& .  i***!***-1  RotJvAT  cj-ttpti  T>?.r   r* 

<*limcwt.?:'rl.„/-,[,A,Tr,\;,l,„.J,    I -|  p,l./v,.Y.,r 

42, /fit/y,  Lnlnyr  .Jitljyw  ri  J&/tu/CAtirnp 

mrnan.  1,  S*  HifiBplytr    ri  /Ù-Jrrrn.  I 1  (Mopfuirv     IMinrt, 

<  ùiLn     ICi)  ,  , 


CH.    itLADI.  —   CAKSUXIFÈBR    »KS  VOSGES 


28  jtIM. 


Itoppe,  qui.  dans  le  Seul  de*  Ballons,  reposent,  celle  fuis.,  sur  les 
sclmlc»  du  Carbonifère  inférieur  rodressés  et  se  montrent  FM 
verts  par  de  tirant!»  Btritt  de  Grés  muges  pertnien..  La  flore.  Ml 
riche,  de  celui  de  lloncnanip  t'1  se  raccorde  exactement,  d'après 
M.  lîrand'Eury,  avec  celle  do  Terrain  liouiller  d'Kpinac  |w  ■!<■< 
CévciiPBi  ;  elle  présente  un  grand  développement  de»  Ptrnpif.ru 
arbo'ctcrn*,  P.  polt/marpha,  P.  emarginata,  d>  CordaUct  tl  de  Poe- 
vordaita,  avec  un  jjrand  nombre  à' Atttvo/ih^Uwt  [A.  longifotius,  A. 
fotiaceta,  A.  Grandim),  A'Atmuiaria,  notamment  VA.  ttef/ata,  et  >>• 
SfthenùpkffUum  [8.  Scttlolftemi  el  irtinraium).  Les  Walrhia  y  apparais- 
sent. Dans  le  bassin  de  Hoppe,  qui  comprend,  dan*  on  pli  de  schistes 
•In  llulni,  trois  affleurements  entre  Chalonviilie.rs  el  Buttant,  un 
rencontre  déjà  quelques  espèces  du  faisceau  inférieur  de  Sainl- 
Ktieunc  lPeCapUrii  cyathea.  Aiettiopterù  Graïuitm,  A.  BtMtH,  ttfiMHg> 
terît  ftewhiana). 

3'  Avec  le  lambeau  de  Lublnu,  situé  dans  le  Nord  sur  le  versant 
occidental  de  la  chaîne,  on  atteint  franchement  la  troisième  phase 
de  WÉJuInTiUl.  La  llore  est  alors  identique  à  celle  du  faisceau  moyen 
de  Sain  l-É  tien  ne.  Les  Sigillaires  et  les  Lepidodendroos  sont  di-paru* 
il  l.i  ■rédûBatVMC*  revient  aux  Fougères  (tjrfvntofiterit,  Pecopiew- 
Cijathifide*,  et  Calt'ijtaridium). 

i"  Enfin  dans  le  val  de  Ville,  une  suite  d'afileuremenls  de  schiste* 
et  de  grès  houillers  avec  veines  exploitables  qui  peuvent  se  suivre 
depuis  Lubine  jusqu'à  Northalen  par  Hrbeis  el  Ville,  en  dom 
lien  anx  gîtes  de  Hrmcourt,  Erlenbacb,  Trienbach  et  Northalen.  ap- 
partiennent aux  termes  les  plus  élevés  de  la  formation  houillère. 
Os  gîtes  honillers,  directement  superposés  aux  schistes  anciens  du 
val  d'Andlau  T,ambrien?)  se  composent  de  grès  grossiers  arkosi- 
ijucset  surtout  de  schistes  argileux,  entremêlés  de  calcaires  bitumi- 
neux dans  les  parties  supérieures.  A  Krlenbach  notamment,  le  Ter- 
rain carbonifère  prend  lin  avec  une  couche,  de  calcaire  lélide  avec 
nodules  de  silex  noirs,  épaisse  de  2  mètres,  séparée  du  Grès  rouge 
par  15  mètres  de  schî-Ies  argileux,  où  ce  môme  calcaire  reparaît  en 
rognons  tuberculeux.  Dans  ces  schistes  on  observe  déjà  des  espèces 
nettement  permiennes,  tels  que  T'i-nio/ifr/s  niii/linen-it,  Pero/iterit 
densifulia,  Ulmannia  laticeolata.  Mais  la  prédominance  marquée  des 
Pecnpteri.i  eyalhea,  /'.  ilentata,  P.  pvtymorpha.  AlettiQ/tlfris  aquilinn, 
Çaiamitcs  Suekam  et  de  V  Annnlaria  tMiyïfoiîa  permet  de  les  rattacher 
aux  couches   les    pins  élevées  du  système  de  Sainl-Ktienne  'Avaize). 

Le  Carbonifère  vosgîen  se  termine  ainsi   par   des  assises  où  la 


*87.     DE  MERCEY.  —  CRAIB  PHOSPHATÉE  DU  NORD  DE  LA  FRANGE  719 

>re  se  montre  étroitement  liée  à  celle  dn  Permien  qui  lui  succède 
imédiatement  (4). 

A  la  suite  de  cette  communication  M.  Munier-Chalmas  pré- 
>nte  quelques  observations. 

M.  Rolland  (2)  chargé  de  la  géologie  dans  la  mission  scientifique 
3  Tunisie,  rend  compte  de  l'exploration  qu'il  a  faite,  en  1885,  au 
avers  de  la  Tunisie  centrale,  du  Kef  à  Kairouan,  dans  des  régions 
ni  étaient  entièrement  nouvelles  au  point  de  vue  géologique. 
La  Tunisie  centrale  présente  essentiellement  un  massif  de  couches 
inoniennes  avec  Calcaires  à  Inocérames  et  à  Céphalopodes,  massif 
jissant  qui  est  couronné,  de  distance  en  distance,  par  des  calcaires 
Nummulites. 

D'après  les  déterminations  de  M.  Munier-Chalmas,  il  y  a  lieu  de 
istinguer  pour  l'Algérie  et  la  Tunisie,  une  nouvelle  région  naturelle 
s  Nummulites,  avec  certaines  espèces  tout  à  fait  spéciales. 
Il  existe,   dans  la  Tunisie  centrale,  de  l'Eocène  inférieur  aussi 
[en  que  de  l'Eocène  moyen. 

La  base  de  l'Eocène  inférieur  présente  un  niveau  de  calcaires 
hosphatés,  qui  correspond  aux  gisements  de  phosphorites,  décou- 
»rts  simultanément  par  M.  Thomas  dans  le  Sud  de  la  Tunisie. 

M.  de  Mercey  a  fait  la  communication  suivante  : 

La  Craie  phosphatée  à  Belemnites  quadratus 

dans  le  Nord  de  la  France, 

Par  M.  N.  de  Mercey. 

Après  avoir  signalé,  en  18G3  et  en  1867,  deux  gisements  de  Craie 
hosphatée,  l'un  à  Hardivillcrs,  près  de  Breteuil  (Oise)  (3)  et,  l'autre, 
Dreuil-Hamel,  vers  Hallencourt  (Somme)  (4),  et  les  avoir  comparés 
u  gisement  reconnu  à  Beauval  (Somme)  par  Buteux  o),  j'avais 
onclu  {())  à  la  possibilité  de  l'exploitation  des  phosphates  de  la  Craie 
Belemnites  quadratus,  c'est-à-dire  de  la  base  du  Sénonien, 

Depuis  lors,  des  phosphates  analogues,  et  situés  à  la  partie  supé- 
Ieure  du  môme  étage,  ont  été  découverts,  à  Mesvin-Ciply,  près  de 
Ions  (Belgique),  par  F.  L.  Cornet,  et  mis  en  exploitation. 

(1)  La  carte  ci-jointe  est  à  l'échelle  de  1  :  1*00,000  et  non,  ainsi  qu'il  a  été  in- 
ique par  erreur,  de  1  :  I2'»fooo.  (Notes  ajoutées  pendant  l'impression.; 

(t)  La  note  de  M.  Rolland  n'étant  pas  parvenue  au  secrétariat  au  moment  de 
impression  du  bulletin  sera  insérée  m  extenso  à  la  suite  d'une  séance  ultérieure. 

(3)  Bull.  Soc.  geoi  de  France,  2-  *ér.,  t.  XX,  1863,  p.  635  et  636. 

(4)  Mém.  Soc.  Lin*,  du  Nord  de  ta  France,  t.  I.  1867,  p.  «416. 

(5)  Esq.  géot.  du  dtp.  de  la  Somme,  1849,  p.  25;  £upp.,  1855,  p.  2. 

(6)  Mém.  Soc.  Linn.  au  Nord  de  la  France,  loc.  cit.,  p.  417. 


720         DE   MKRCEY.  — CBAIB  PHOSPHATÉS  DU  NOBD  DE  I- A  F  BAS  CE  20  juin. 

Le  mode  de  formation  des  phosphates  ainsi  exploités  en  Belgique 
a  élé,  pour  notre  savant  confrère,  l'objet  de  plusieurs  mémoires 
publiés  dans  le  courant  de  1886(1),  et  dans  lesquels  il  leur  attri- 
buait une  origine  organique  par  l'accumulation  de  débris  de  poissons- 
Cette  origine  me  semblant,  au  contraire,  purement  minérale,  ie 
me  proposais  de  chercher  à  le  démontrer  et  d'appeler,  de  nouveau, 
l'attention  sur  la  possibilité  d'exploiter,  dans  le  Nord  de  la  France. 
les  phosphates  de  la  Craie,  lorsque,  pendant  l'été  dernier,  l'exploi- 
tation de  ces  phosphates  a  été  entreprise  à  Beauval  et  sur  quelques 
points  environnants  où  se  sont  rencontrées  des  matières  exploita  tiles 
d'une  richesse  exceptionnelle. 

La  richesse  des  deux  gisements  que  j'avais  autrefois  découv  «ris 
ne  s'annonçant  pas  comme  aussi  grande,  leur  mise  en  valeur  a.  ura 
élé  plus  tardive,  et  elle  va  être  le  résultat  des  études  que  j'ai  en  •-re- 
prises, à  partir  du  mois  d'octobre  dernier,  pour  le  gisement  d'IEITar- 
divillers  el,  depuis  le  commencement  de  celte  année,  pour  le  g-  i sè- 
ment d'Hallencourt. 

Les  exploitations  poursuivies  à  Beauval  et  dans  les  environs  *r»nt, 
tout  d'abord,  attiré  l'attention  des  géologues  et,  notamment,  de  c^'ui 
de  nos  confrères  auquel  était  due  la  découverte  des  phosphates  de 
la  Craie  de  Belgique.  En  effet,  Cornet  a  publié,  à  la  date  du  5  déct?  m' 
bre  dernier,  une  notice  qui  devait  être  un  des  derniers  travaux  de»  ce 
laborieux  el  regretté  géologue  (2). 

11  n'était  pas  douteux  pour  Cornet  que  le  sable  phosphaté,  si  ricï:*e' 
de  Beauval  ne  fût  en  rapport  avec  la  Craie  grise  signalée  par  Bute  ** 
et  par  moi-même;  il  reproduisait,  sur  le  gisement  d'HardivilIe-  *r~'( 
dont  j'avais  établi  l'identité  avec  celui  de  Beauval,  mes  plus  ancienne 


887.    DE  MEBCBY.  —  CRAIE  PHOSPHATÉE  DU  NORD  DE  LA  FRANCE  721 

raie  grise.  Il  résulte  de  ces  conditions  une  insuffisance,  de  données, 
lalgré  l'activité  de  plus  en  plus  grande  des  exploitations  qui  restent 
mitées  à  l'extraction  du  phosphate  riche. 

Lia  matière  ainsi  exploitée  à  Beauval  et  dans  les  environs  est  essen- 
ellement  constituée  par  un  dépôt  arénacé  très  riche,  titrant  de 
0  à  80  0/0  de  phosphate  tribasique  de  chaux,  et  qui  se  présente,  sous 
es  dépôts  supérieurs  peu  épais,  comme  recouvrant  la  Craie  grise 
a  remplissant  des  entonnoirs  plus  ou  moins  profonds  ouverts  dans 
%  masse. 

La  coupe  suivante  (fig.  !)  montre  cette  disposition. 

Fîg.  !•  —  Coupe  à  Beauval. 


Echelle  : 
C.  Bief  à  silex. 


i 


(  Kr  phosphatée  arénacée. 
B.  Craie  à  Belemnite*  yudratu,  ;  B,  phosphatée  cohérente. 

A.  Craie  à  Micraster  cor-anyuinum. 

La  couche  supérieure,  formée  par  le  Bief  à  silex  G  épais  de  3  à  4 
nètres,  étant  déblayée,  le  phosphate  riche  ou  Craie  phosphatée 
rénacée  B?  est  mis  à  nu,  et  on  l'extrait  en  le  recueillant  jusque  dans 
£  fond  des  entonnoirs,  sans  que  Ton  cherche  à  utiliser  la  Craie  grise 
u  Craie  phosphatée  cohérente  Bx,  bien  que  son  titre  dépasse  sou- 
ent  30  0/0  de  phosphate  tribasique  de  chaux.  L'épaisseur  des  couches 
bosphatées  est  variable;  elle  est  dans  cette  coupe  de  8  à  9  mètres. 

L'opinion  de  Cornet  et  des  géologues  qui  ont  visité  le  gisement 
st  que  la  matière  arénacée,  riche  en  phosphate,  qui  recouvre  la 
t~aie  grise  ou  remplit  les  entonnoirs  ouverts  dans  sa  masse,  repré- 
£  nte  le  résidu  de  cette  craie  attaquée  par  des  eaux  chargées  d'acide 
t  xbonique. 

Hais  un  résidu  ne  saurait  être  égal  et,  encore  moins,  supérieur  à 

masse  dont  il  provient;  tandis  que  le  phosphate  arénacé  remplit 
étalement  les  entonnoirs,  les  déborde,  pénètre  dans  les  joints  de  la 
c^aie  grise  cohérente,  et  présente,  enfin,  tous  les  caractères  d'un 
Spot  dû  à  l'action  d'eaux  ascendentes,  ayant  circulé  d'abord  à 
«vers  les  fissures  profondes  de  la  Craie  phosphatée  cohérente,  puis 
*  urbillonné  en  s'élevant  et  en  ouvrant  ces  entonnoirs,  souvent  régu- 
^rement  coniques  ou  cylindro-coniques,  et  non  seulement  dissout 
XV.  46 


DE   HCHCËT. 


—  CKA1K    MttMMfti  DU   noue»  M  LA   FttASl 

bérenle,  niais  nppi>r4é  la  plu»  grande  partie 


la  Craie  gri»e  i 

matière*  arénacées  si  riches  en  phosphate,  dans  la  dernière  j. 

d'activité  du  source--  sous-marines  littorale». 

L'acliondesitgeiiU  «upst-ficieb  cesse,  d'nillours,  de  pouvoir  élre 
invoquée  lorsque,  au  lieu  de  se  présenter  tn  a  I  (le  u  remuais  &ou*  le 
lie ï  à  silex  Lur  ii. net  et  le  Limon  qiniwilni.  le*  dépoU  phosphaté» 
s'cnl'onceutsous  une  épaisseur  de  Craie  blanche  avec  silex  atteignant 
jusqu'à  20  mèlres,  comme  à  llaruhilleiset  à  Halkncourl. 

Dans  ces  deux  giseineuls  les  dépôt»  arénacés,  riche»  eu  phosphate, 
bien  que  moins  développés  qu'à  Beauval,  se  présentent  dans  des  rela- 
tions très  diverses  avec  la  Craie  grise  phosphatée  qui  forme  la  masse 
principale  des  gisements. 

C'est  ce  que  montre  la  coupe  suivante  (fig.  2). 

,  —  Coupe  à  Barttiviltert. 


La  Craie  phosphatée  cohérente  I>  ou  Craie  gii*e,  a  titre  variant 
depuis  quelques  centièmes  jusqu'à  plu»  de  :«)  "  "  de  pbosphale 
In  basique  de  chaux  remplit,  à  l'étal  d'amas  lenticulaire,  une  cuvetle 
elliptique,  dont  le  plus  grand  axe  dépasse  1  kilomètre  et  dont  uu 
autre  coïncide  avec  une  faille. 

Par  Mille  de  sa  disposition  lenticulaire,  cetle  mas>e  présente  des 
épaisseurs  éminemment  variables.  itéduilc  a  quelque»  centimètres 
sur  les  bords,  elle  atteint  vers  l'intérieur"  a  S  mètres;  dans  quelques 
parties  assez  limitées  plus  de  1(1  mètres  et  même,  exceptionnelle- 
ment, 16  mètres. 

La  Craie  phosphatée  arénaeée  U-,  riche   en  phosphate,  et  à  tilre 


1887   DE  MBRCBY.  —  CHAIR  PHOSPHATÉE  DU  NOBD  DE  LA  FBANCK  723 

atteignant  ou  môme  dépassant  60  0/0  de  phosphate  tribasique  de 
;haux,  se  montre,  vers  certains  points  des  bords  de  la  lentille,  sur 
Dlusieurs  mètres  d'épaisseur,  en  occupant  les  joints  de  la  Craie  phos- 
)batée  grise,  souvent  assez  corrodée  pour  se  trouver  à  l'état  de  frag- 
ments de  dimensions  diverses  et  noyés  dans  la  craie  arénacée  riche. 

Dans  d'autres  points,  la  Craie  phosphatée  arénacée  existe  en  lits 
variant  de  quelques  centimètres  à  quelques  décimètres,  sous  la  Craie 
phosphatée  cohérente,  dans  sa  masse,  ou  à  sa  partie  supérieure  où 
)lle  présente  les  variations  extrêmes  de  quelques  centimètres  à  plus 
le  4  mètre. 

La  Craie  blanche  avec  silex  B1,  qui  recouvre,  avec  des  épaisseurs 
atteignant  20  mètres,  les  Craies  phosphatées  Bt  et  B1,  est  caractérisée, 
:ornme  celle-ci,  par  la  présence  du  Belemnites  quadratus. 

Ce  fossile  et,  avec  lui,  les  dents  de  plusieurs  espèces  de  Squales, 
?ntre  autres  de  YOxyrhina  raphiodon  que  j'ai  décrite  en  1867  (1),  se 
rencontrent  dans  les  couches  phosphatées  avec  une  abondance 
jxtrêrae,  qui  peut  avoir  été  due,  non  seulement  aux  conditions  litto- 
rales des  dépôts  ainsi  formés  à  la  base  de  la  Craie  à  Belemnites  qua- 
iratiis,  mais  aussi  à  l'action  délétère  des  eaux  phosphatées,  fortement 
minéralisées  et  à  température  peut-être  élevée. 

Le  recouvrement  normal  de  la  Craie  phosphatée  cohérente  ou 
arénacée  par  la  Craie  blanche  avec  silex  exclut  toute  intervention 
d'eaux  supérieures  chargées  d'acide  carbonique,  et  il  faut  chercher, 
dans  les  conditions  initiales  de  production  de  ces  deux  variétés  de 
Craie  phosphatée  et  dans  la  structure  des  dépôts,  l'explication  de 
leurs  degrés  différents  de  richesse  en  phosphate. 

L'étude  détaillée  permet  de  reconnaître  que  les  titres  si  variables 
»n  phosphate  de  la  Craie  cohérente  Bx  ne  sont  nullement  dus  à  des 
altérations  de  cette  Craie,  niais  aux  conditions  qui  ont  existé  lors  de 
>a  formation,  en  produisant,  latéralement  et  verticalement,  et  à  très 
raible  distance,  des  variations  multiples  dans  lé"  mélange  de  craie  et 
ie  granules  phosphatés  qui  compose  l'amas,  et  dans  la  forme  môme 
je  l'amas. 

C'est  ainsi  également  que  peut  s'expliquer  la  diversité  d'allures  de 
a  Craie  arénacée  riebe  B>\  dont  la  production  a  dû  correspondre  à 
des  périodes  de  plus  grande  activité. 

L'épanchement  des  eaux  phosphatées  à  la  surface  de  la  Craie  à 
Micraster  cor-anguinum,  a  produit  des  efFets  bien  marqués.  En  effet, 
sette  Craie  a  été  profondément  excavée,  de  façon  à  former  cuvette; 
Dormalement  très  tendre  et  blanche,  elle  a  été  endurcie,  imprégnée 

(1)  Mém.  Soc.  Linn.  du  nord  de  la  France,  loc.  cit.,  p.  417. 


726  e.  sauvage.  —  HOTE  sur  l'arc prctdral  d'us  iciitiitosaurb  20  juin 

2*  Un  groupe  de  tufs,  avec  quelques  lits  de  graviers  &  la  partie 
supérieure,  dont  la  puissance  totale  s'approche  de  50  mètres  et  qui 
sont  caractérises,  principalement,  par  le  Pecten  Jaeobeut  et  le  Mytil** 
edulis. 

3*  Un  groupe  de  graviers,  entremêlés  de  tufs,  présentant  plusieurs 
horizons  fossill  itères,  caractérisés  par  VArcaNoœ,  la  Venus  verrueom, 
le  Spondylux  gxde-apm,  VQttrea  Cyrnitsii  et  l'Ottrea  edulis. 

Tout  cet  ensemble  est  recoupé  par  des  fractures  d'une  netteté  p  ar- 
faite,  dont  les  plus  nombreuses  sont  orientées  N.  72°  E.,  formant, 
avec  l'axe  du  canal,  un  angle  de  55'  environ. 

L'effet  de  ces  failles,  qui  traversent  toutes  les  formations,  même  les 
graviers  supérieurs,  a  été  de  relever  les  terrains  dans  la  partie  cen- 
trale de  l'Isthme,  tout  en  conservant  leur  horizontalité. 

Plusieurs  traces  de  falaises  avec  galets  roulés,  observées  dan»  1b 
groupe  des  graviers,  témoignent,  en  outre,  de  l'existence  de  mou  ve- 
menls  oscillatoires  du  sol,  pendant  le  dépôt  de  ces  derniers. 

M.  Gaudry  présente  la  note  suivante  de  M.  E.  Sauvage  : 

Note tur  l'arc  pectoral  d'un  Icbttayosaure  du  Lias 
tle  Watchet, 


par  M.  H.  E.  Sauvage. 
Planche  XXVI 

Depuis  l'époque  a  laquelle  sir  Everanl   Home  faisait  connaît  - 
l'étrange  animal  que  Kônig  désigna  sous  le  nom  d'Icfilhyosaure,  1 
paléontologistes  sont   loin    d'être    d'accord  sur  la  composition  < 
sternum  et  de  l'épaule  de  ce  reptile.  Home,   Cuvier,  De  la  Bcch# 

ickland,   Ilawkins,   sir    Iticliard  Qwei 


1887  B.  SAUVAGB.  —  IfOTB  SUR  l'arc  prctoral  d'lic  ïchthyosaurb  727 

lion  du  professeur  Sedgwick  et  je  ne  doute  nullement  que  celte  dis- 
)Ositiou  ne  soit  la  règle  pour  le  genre  Ichthyosaure  proprement  dit. 
]hez  d'autres  exemplaires,  on  voit  les  deux  clavicules  articulées 
mtre  elles  sur  la  ligne  médiane;  cette  modification,  figurée  par 
]uvier  et  par  Huxley,  décrite  par  le  professeur  Owen,  ne  présente 
(u'un  caractère  sous-générique.  Une  troisième  modification  a  été 
igurée  par  De  la  Bêche  et  décrite  par  Buckland;  les  clavicules  ne  se 
éunissent  pas,  mais,  par  une  union  squammeuse,  se  réunissent  à  l'ex- 
rémité  de  l;i  croix  que  forme  l'épisternum.  Dans  un  quatrième  type, 
jui  comprend  les  exemplaires  conservés  à  l'École  des  Mines  et  plu- 
sieurs de  ceux  du  British  Muséum,  on  voit  que  les  clavicules  sont 
'eûmes  par  un  long  processus  squameux  (1).  » 

Toutes  ces  modifications  qui,  en  réalité  peuvent  se  rapporter  à 
in  même  type,  se  voient  chez  les  Ichthyosaures  du  Lias,  tandis  que 
es  espèces  post-liasiques  paraissent  appartenir  à  un  autre  type;  c'est, 
lu  moins,  ce  qu'a  indiqué  M.  Seeley  pour  une  espèce  de  l'Oxford ien 
inglais,  chez  laquelle  les  modifications  de  l'arc  pectoral  ont  une 
/aleur  générique;  cette  e>pèce  a  été  désignée  sous  le  nom  d'Ophthat- 
mosaurus  icenicus. 

M.  S.  G.  Perceval  a  fait  don  au  Musée  de  Boulogne  de  diverses  pièces 
i'ïchthyosaure  trouvées  dans  le  Lias  de  Watchet,  comté  de  Somerset. 
Parmi  ces  pièces  se  trouve  une  plaque  contenant  l'arc  pectoral  et 
une  partie  du  bras;  la  plupart  des  os  sont  dans  leur  position  nor- 
male, non  dérangés  par  la  fossilisation,  de  telle  sorte  qu'en  étudiant 
:ette  pièce,  on  se  rend  bien  compte  de  la  composition  de  l'arc  pec- 
:oral  chez  les  Ichthyosaures  typiques. 

Comme  chez  ces  derniers,  on  ne  voit  aucune  séparation  entre  les 
ieux  clavicules,  cl;  ces  os,  qui  sont  légèrement  tordus  viennent  s'ap- 
puyer sur  les  s.capulaires  ;  leur  longueur  est  de  0m,220,  la  plus  grande 
argeur  au  milieu  atteignant  ()m,027. 

L'interclavicule,  i  e/,  a,  comme  l'a  indiqué  Cuvier,  la  forme  d'un 
T  majuscule;  par  son  manche,  qui  est  légèrement  dilaté  en  massue  à 
ion  extrémité,  cet  os  vient  s'intercaler  entre  les  deux  coracoï- 
iiens;  la  partie  antérieure  de  l'os  e*t  large  de  0m050;  le  manche  a 
)»030  de  long. 

Les  coracoïdiens,  cor,  sont  larges;  leur  longueur  est  deOru,110,  leur 
largeur  de  0ra,OîJ3;  ils  se  réunissent  largement  sur  la  ligne  médiane; 
entre  l'angle  postéro-externe,  qui  est  arrondi,  et  l'articulation  humé- 
raie  se  trouve  une  échancrure  assez  profonde.  La  surface  d'articula- 

(1)  On  the  pectoral  arch  and  fore  limbe  of  Ophthalmosauru*,  a  neio  Ichthyosau- 
rian  yenut  from  the  Oxford  Cl  a  y  {Quart.  Joum.  G  cul.  Soc;  déc.  1874). 


728  A  DB  ZIflHO.   —  SUS  LES   SIBBMBHS   FOSSILES  30   JUÏD 

lion  coraco-humérale  n'est  pas  creusée  en  fossette  profonde,  ainsi 
qu'on  le  voit  sur  La  figure  donnée  par  Hulk  (1)  ;  elle  est  presque 
plane. 

Le  scapulaire,  se,  fait  suite  au  coracoldien,  celui-ci  présentant  une 
large  surface  articulaire  à  sa  partie  antéro-externe,  de  telle  sorte 
que  le  scapulaire  complète,  en  avant,  la  surface  d'articulation  pour 
l'humérus. 

Entre  la  clavicule,  le  scapulaire  et  le  coracoldien  existe  une  lacune, 
de  forme  ovalaire. 

Nous  n'aurons  rien  à  dire  de  l'humérus,  qui  a  la  forme  qu'on  lui 
connaît  chez  les  autres  espèces  ;  cet  os  a  0m,070  de  plus  grande  lon- 
gueur, 0U,043  de  large  a  l'extrémité  proximale,  0-.070  à  l'extrémité 
distale;  la  crête  qui  sépare  l'articulation  cubitale  de  la  radiale  est 
très  marquée. 

M.  Gaudry  présente  la  note  suivante  de  M.  le  baron  A.  de  Zigno. 

Quelques  observations  sur  les  Siréniens  fossiles. 

Par  le  baron  A  de  Zigno. 

Planche  XXVII. 

L'intéressant  mémoire  de  M.  Plot  (2),  sur  un  nouveau  Sirénien 
auquel  il  donne  le  nom  de  Prohalicore  Dubaleni  eu  mentionnant  les 
travaux  de  M.  Lepsius  et  les  miens,  me  donne  l'occasion  de  sou- 
mettre à  la  Société  quelques  observations  sur  les  Siréniens  fossiles. 

Après  mop  memuiru  *ur  lus    m-U^    Tu-mI,:-   >'w.   :~i:ijtuens  trouvés 


1887  A.  DS  ZIGHO.  —  sua  LIS  siréïiikns  F08SILKS  729 

de  Belluno,  il  exprime  l'opinion  que  cette  espèce  doit  plutôt  rentrer 
dans  le  genre  Metaxytherium,  jadis  fondé  par  M.  Christol,  pour  son 
Metaxytherium  Cuvieri,  qui  n'est  que  le  Halitherium  Serresii  de  Ger- 
vais,  que  M.  Capellini  place  dans  son  genre  Felsinotherium,  ce  qui 
est  pleinement  justifié,  surtout  par  la  largeur  et  l'aplatissement  du 
plan  supérieur  de  la  région  pariétale  qui  distingue  les  Felsinothe- 
rium. Dans  l'espèce  du  Bellunais,  au  contraire,  l'épaisseur  des  côtes 
pariétales,  leur  hauteur  et  leur  direction,  qui  rétrécie  considérable- 
ment le  plan  de  la  région  pariétale,  offrent  un  des  caractères  princi- 
paux qui  distinguent  les  Halitherium  de  l'époque  miocène,  des  Felsi- 
notherium de  l'époque  pliocène. 

M.  Lepsius  reconnaît  aussi  comme  une  espèce  bien  caractérisée 
mon  Halitherium  veronense  du  terrain  nummulitique  du  Véronais. 
Mais  quant  aux  deux  espèces  que  j'ai  décrites  et  figurées  dans  mon 
mémoire,  publié  en  4875,  sous  les  noms  de  Halitherium  angustifrons 
et  de  Halitherium  curvidens,  M.  Lepsius  dit  que  les  pièces  figurées 
par  moi  ne  présentent  pas  des  caractères  suffisants  pour  les  admettre, 
et  que,  dans  l'attente  d'en  trouver  des  meilleurs  exemplaires,  il  faut, 
pour  le  présent,  les  considérer  comme  des  fragments  de  crâne  de 
Y  Halitherium  veronense. 

A  ce  propos,  je  me  permets  les  remarques  suivantes  :  Il  suffit 
d'examiner  les  dessins,  qui  représentent  les  portions  du  crâne  de 
mon  Halitherium  angustifrons  pour  se  convaincre  du  caractère  essen- 
tiel qui  le  distingue  de  toutes  les  espèces  connues,  et  qu'on  ne  peut 
attribuer  à  des  différences  causées  par  l'âge;  car,  tandis  que  la  région 
pariétale  conserve  les  mêmes  dimensions  de  celle  des  individus  les 
plus  âgés,  la  région  frontale  se  montre  considérablement  plus  petite 
et  plus  rétrécie. 

Dans  les  frontaux  de  Y  Halitherium  veronense  la.  distance  entre  l'angle 
postérieur  externe  de  l'apophyse  supra-orbitraire  d'un  côté  et  celui 
de  l'apophyse  du  côté  opposé  est  de  11  centimètres  ;  au  lieu  que,  dans 
le  Halitherium  augustifrons,  elle  n'est  que  de  8  centimètres  ;  également 
la  dislance  entre  l'angle  antérieur  et  le  postérieur  de  chacune  des  apo- 
physes supra-orbitraire,  qui  dans  le  Halitherium  veronense  mesure 
52  millimètres,  n'arrive  qu'à  31  millimètres,  dans  le  Halitherium  an- 
gustifrons  et  la  longueur  totale  des  frontaux  de  cette  dernière  espèce 
ne  dépasse  pas  85  millimètres,  tandis  que  dans  le  Halitherium  vero- 
nense elle  atteint  135  millimètres. 

C'est  sur  ces  différentes  proportions  que  je  me  suis  fondé  pour  éta- 
blir l'espèce  que  j'ai  nommée  Halitherium  angustifrons,  et  cela  d'autant 
plus  que,  si  ces  dimensions  si  rétrécies  des  frontaux  avaient 
pu  dépendre  de  la  jeunesse  de  l'individu,  la  région  pariétale  aussi 


730  A.    DE    Z1GNO. —  SUR   LES   SIHÉMESS   FOSSILES  20  juin 

aurait  dû  être  en  proportion  plus  petite,  tandis  que,  an  contraire, 
elle  se  montre  d'une  grandeur  égale  a  celle  des  crânes  adultes  des 
autres  espèces. 

Quant  à  VHalitherium  curvident,  cette  espèce  est  fondée  surunrostre 
formé  par  des  intermaxillaires  supérieurement  assez  arrondis  et  des- 
quels on  ne  voit  pas  poindre  les  incisives  qui,  au  contraire,  se  trouvent 
cachées  dans  l'intérieur  des  inter-maxillaires.  J'ai  vérifié  ce  fait  en 
cassant  le  rostre  pour  y  découvrir  les  incisives  latentes  et  à  ma 
grande  surprise  je  les  ai  trouvées,  présentant  une  disposition  que  l'on 
ne  rencontre  chez  aucun  autre  Sirénien.  Les  deux  incisives  se  courbent 
en  se  dirigeant  vers  le  haut,  simulant  deux  petites  défenses  d'éléphant, 
mais  convergentes  et  amincies  vers  leurs  extrémités  qui  ne  dépas- 
sent pas  le  pourtour  du  rostre.  Ce  caractère  aussi  saillant  me  parait 
indiscutable.  Aussi  me  semble-t-il  que  ces  deux  espèces  sont  toutes 
deux  fondées  sur  des  caractères  marquant:,  fournis  par  leurs  crânes, 
et  qui  ne  permettent  pas  d'admettre  avec  M.  Lepshis  qu'ils  puissent 
appartenir  à  V Hatitherium  ueronense. 

M.  Lepsius  n'admet  pas  non  plus  que  les  petites  dents  uniradiculées, 
décrites  et  figurées  par  moi  dans  un  mémoire  postérieur  (1) 
puissent  être  des  incisives  inférieures  de  iiahlherium.  M.  Lepsius 
remarque  justement  que  les  incisives  inférieures  des  Siréniens 
sont  caduques  et  que  les  alvéoles  de  la  mandibule  se  trouvent  tou- 
jours vides,  et  il  conclut  que  les  dents  que  j'ai  prises  pour  des 
incisives  ne  sont  que  des  prémolaires. 

Dans  le  mémoire  cité,  j'avais  aussi  annoncé  la  caducité  de  ces 
incisives,  dont  on  trouvait  seulement  les  alvéoles  vides  le  long  de 
l'aplatissement  de   la  symphyse  de  la  mandibule, 


1887  A.   DR   ZIGNO.  — SUR  LES  SIRÉNIENS  FOSSILES  731 

en   grande   partie  venir  à  l'appui  de  celles  avancées  par  M.  Flot. 

Les  découvertes  faites  en  Amérique,  en  France,  en  Italie,  (//.  veto- 
nense,  Zigno)  et  en  Egypte  (fiotherium  egyptiacum,  Owen)  prouvent 
que,  pendant  l'époque  éocène,  les  Siréniens  occupaient  une  zone 
comprise  entre  le  32e  et  le  45e  degré  de  latitude  Nord. 

Le  Halitherium  veronense  (fig.  I.  a.  b.)  qu'on  pourrait  désigner  sous 
la  dénomination  générique  de  P?*ototherium  et  qui,  entre  autres 
caractères  saillants  se  distingue  par  l'apophyse  surangulaire  très 
prononcée  de  la  mandibule  (fig.  1,  c),  serait  pour  moi  le  type  des 
Siréniens  «ayant  vécu  pendant  l'époque  éocène. 

La  dénomination  générique  de  Halitherium  devrait  être  réservée 
aux  restes  des  Siréniens  trouvés  dans  les  terrains  miocènes  (France, 
Belgique,  Allemagne,  Italie,  île  de  Malte)  dont  le  Halitherium  Schinzi 
(fig  2)  serait  le  type.  Pendant  l'époque  miocène,  nous  voyons  ces 
restes  occuper  une  zone  qui  commence  à  l'île  de  Malte,  au  37"  degré, 
de  latitude  Nord  et  s'étend  vers  le  Nord  jusqu'au  52e. 

La  zone  où  on  a  trouvé  ces  restes  dans  les  terrains  pliocènes  et 
dont  les  Felsinotherium  (fig.  3.)  seraient  les  types,  est  plus  restreinte 
et  ne  s'étend  que  du  42e  au  52e  degré  de  latitude  Nord. 

Le  point  le  plus  méridional  où  Ion  a  rencontré  des  restes  fossiles 
de  Siréniens  est  la  Jamaïque,  où,  au  18e  degré  de  latitude  Nord,  a  été 
découvert  le  Prorastomus  sirenoïdes  de  Owen  dont,  à  ma  connais 
sance,  le  gisement  n'est  bien  déterminé,  mais  dont  la  découverte 
a  cela  d'important,  qu'il  a  été  trouvé  sous  la  latitude  actuellement 
habitée  par  les  Lamantins  de  l'époque  présente,  qui,  comme  on  sait, 
arrivent  jusque  au  littoral  de  la  Floride. 

En  résumant,  j'arrive  aux  conclurions  suivantes  : 

ir>  Que  la  place  proposée  par  M.  Lepsius  dans  le  genre  Mttaxythe- 
rium  de  mon  Halitherium  /telluriens':,  n'est  pas  justifiée  ; 

2°  Que  les  espèces  décrites  et  figurées  par  moi  sous  les  noms  de 
Halitherium  auyvstifrotn  et  de  //.  curvidens  sont  établies  sur  des  por- 
tions de  crânes  qui  présentent  des  caractères  spéciaux  bien  mar- 
qués ; 

3°  Que  les  petites  dents  uniradiculées,  à  couronne  comprimée 
du  dehors  au  dedans  et  avec  le  bord  crénelé,  ne  sont  pas  des  prémo- 
laires, mais  bien  des  incisives  inférieures  caduques  ; 

4°  Que  les  restes  des  Siréniens,  jusqu'ici  trouvés  dans  le-  étages 
éocène,  miocène  et  pliocène,  commencent  à  paraître  d.ms  le>  lerrains 
éocènes  au  32"  degré  de  latitude  Nord  et  s'avancent  dan-,  les  terrains 
miocène  et  pliocène  jusqu'au  52e  degré  de  la  même  latitude; 

5°  Que  le  Halitherium  \Prototherium  veronense  {T\™.  i,)  et  le  Halith. 
Schinzi  (fig.   2),   comparés    aux    Siréniens    de     l'époque    actuelle, 


732        J.    SECHES.  — BOTE  SUB  LA  GÉOLOGIE  DBS  BÀSSES-PYRÉHÉES      20  juin 

s'approchent  pins  des  Lamantins  de  l'Océan  Atlantique  [Manalut 
australis,  fig.  A),  que  des  antres  types  vivants,  et  que  les  FeUiaotht- 
rixim  (F.  Forati,  flg.  3),  des  terrains  pliocènes  présentent,  dans  la 
conformation  du  crflne,  une  grande  affinité  avec  le  Dugong  [Halïcon 
Dugong,  flg.  6),  de  la  mer  des  Indes  et  delà  mer  Rouge. 

Quant  à  la  Rhytina  borealû  (flg.  5),  disparue  pendant  l'époque 
actuelle  dans  le  siècle  passé,  je  suis  parfaitement  d'accord  avec 
H.  Plot  pour  croire  que  le  type  qui  la  représente  à  l'état  fossile 
pourrait  bien  être  le  Crastitkerium  robuslum  dont  les  restes  furent 
trouvés  en  Belgique. 

EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE  XXVII. 

TYPES   DBS   SIRÉNIENS    FOSSILES. 
Fig.    1,  a.  —  Halithirium  fPrototherium)  verontnxe,  Zigno.,  (KocÈne). 

b.  —  Mandibule  du  même. 

c.  —  Apophyse  «urangulaire. 

Fig.  2,  —  Jlalitherium  Schinsi,  Kaup.,  (Miocène). 
Fig.  3.  —  Feliinotherium Foreiti,  Capell.,  (Pliocène). 

TYPES    DES   SIRÉNIENS   ACTUELS. 

Fig.  t.  —  Jfannfui  nui  Irai»,  Btainv.,  (région  occidentale). 

Fig.  5.  —  Rhytina  borealii,  Illig.,  (région  boréale). 

Fig.  6.  —  Halicore  Dugong.  Quoy  et  Oaim.,  (région  orientale;. 

Le  secrétaire  présente  la  note  suivante  de  M.  Seunes  : 


1887     J.   SBURES.  —  NOTE  SUR  LA  GÉOLOGIE  DES  BASSBS-FYAÉNÉES  733 

pelette  d'Ufttarritz,  de  Cambo,  Bidart,  Guétary,  Salies  de  Béarn,  le 
Haut-Gan,  etc;  ils  renferment  VOrbitolina  concava. 

2°  dans  le  Néocomien  les  Marnes,  les  calcaires  marneux  noir- 
bleuâtres,  les  grès  et  les  calcaires  compactes  qui  s'étendent  des 
environs  de  Saint-Jean-de-Luz  à  Hasparren.  Dans  les  marnes  et  les 
calcaires  marneux  gris-bleuâtres  ou  noirâtres,  j'ai  trouvé  à  Ascain, 
Saint-Pé,  Espelette,  Campo,  Bassussary,  elc  : 

Orbital ina  discoïdea.  Ostrea,  u.  sp. 

—  conoïdea.  Nucule. 

Hoplites,  voisin  de  //.  Deshaycsu  Echinospatagus  voisin  de  E .  Collegnoi. 

—  consobrinus.  etc. 

Ces  schistes  sont  toujours  très  tourmentés,  marneux,  noirs,  jau- 
nissant après  une  longue  exposition  à  l'air,  souvent  micacés  et 
ferrugineux,  quelquefois  ligniteux,  ou  gréseux  et  parfois  entremêlés 
de  bancs  de    calcaire   bleuâtre  marneux    ou  dur  et  esquilleux. 

L  es  grès  occupent  une  surface  plus  ou  moins  étendue;  ils  ne  s'obser- 
vent qu'au  voisinage  et  au  contact  des  calcaires  suivants.  Us  sont 
souvent  durs,  feldspathiques  et  légèrement  micacés,  quelquefois 
ligniteux  ou  jaunâtres  et  friables;  les  géologues  de  la  région  les  on 
classés,  tantôt  dans  le  Trias,  tantôt  dans  le  Lias. 

Partout  où  nous  les  avons  observés  nous  y  avons  trouvé  avec 
des  Hoviites  voisins  de  //.  DeshatjesL 

Orbitolina  conoïdea.  Orbitolina  discoïde  a. 

Ils  en  sont  parfois  pétris. 

Quant  aux  calcaires  compactes,  submarmoréens,  grisâtres  ou 
rosés,  passant  parfois  à  de  véritables  calcaires  spathiques,  que  les 
mêmes  géologues  de  la  région  plaçaient  tantôt  dans  le  Génomanien, 
tantôt  dans  le  Corallien  et  même  dans  le  Lias  ils  nous  ont  fourni  : 

Hhynchonella  la  ta.  Orbitolina  conoidea, 

—  depressa.  Polypiers. 

Terebratula  sella,  î  Baguettes  de  Cidaris  pyrenaica. 
Janira  indit.  —       de  Cidaris  n.  sp. 

Orbitolina  discoïdea.  etc. 

Cet  étage  néocomien  nous  a  paru  reposer  toujours  en  discordance 
sur  les  calcaires  jurassiques. 

Le  Jurassique  a  été  fort  peu  étudié  jusqu'à  ce  jour  (M.  Leyme- 
rie  a  fait  connaître  depuis  longtemps  les  gisements  liasiques  de  Sare 
et  des  environs).  Il  est  très  peu  fossilifère  et  d'une  composition 
uniforme;  de  la  base  au  sommet  —  son  étendue  est  d'environ  de 
600  mètres  —  il  est  constitué  par  des  calcaires  marneux  gris-noi- 


734  J.  SF.UKES.  —  NOTICE  SUR  LA    GÉOLOGIE  DES  BASSES-  PÏRÉHÉES  20  juin 

r&tres  et   des  marnes;  quelques  bancs  sont  plus  compactes  et  for- 
tement pénétrés  par  des  veines  de  carbonate  de  chaux. 

De  recherches  minutieuses,  rue  je  me  propose  de  continuer 
l'été  prochain,  m'ont  permis  de  relever  la  coupe  suivante  aux  envi- 
rons deCambo; 


f  Peclen  xi 
\  lieletnntt, 


Toarcien.  100  iaèlres. 


Ooliihe,  30  mètres. 


Callovien,  tOO  c 


/    Antnnjnifet  Afurtkuonie, 
J  Peclen  perionatui. 
'  Poëiionitë. 
I  BrUmnHet  hattaUt. 

I    Ammonites  lumiln. 

\  Ammonites  ance/ii 

i  Ptritphinclet    voisin   des   Perisphincl 

f      dans  l'OxlorduMi  ilu  Sainl-Maiienl. 

\  PecUn  fibruiiit,  eu. 

s  dolomttiqties  m  du  fossiles. 


Il  est  encore  un  point  du  département  que  nous  avons  visité  :  ce 
sont  les  environs  d'Orthez.  Nous  avons  vainement  cherché  &  Sainte- 
Suzanne  les  calcaires  à  Sphtenttitet  foUaeeu»  et  à  Caprina  adonna 
signalées  par  Leymerie.  Je  signalerai,  en  outre,  a.  Biron,  un  lambeau 


1887  GOURDON.   —  MAMMIFÈRES  MIOCÈNES  DD  SUD-OUEST  733 

Le  secrétaire  dépose  sur  le  bureau  la  note  suivante  de  M.  Gourdon. 
y ote  sur  les  débris  de  Mammifères  miocènes  du  Sud- Ouest, 

Par  M.  Gourdon. 

Au  mois  d'octobre  1886,  je  recevais,  de  l'un  de  mes  amis,  un  petit 
loi  de  fossiles  du  Bassin  de  la  Garonne.  Parmi  les  quelques  spéci- 
mens qu'il  renfermait,  se  trouvait  une  grande  partie  d'une  mandi- 
bule du  côté  gauche  d'un  animal  appartenant  au   genre  Sus. 

Cet  important  débris  avait  été  trouvé  non  loin  de  Marciac,  près 
le  château  de  Saint-Christau  (Gers). 

Désireux  d'être  exactement  fixé  au  sujet  de  la  nouvelle  pièce,  dont 
me»  collections  venaient  de  s'enrichir,  grâce  à  l'obligeance  de  M.  le 
baron  d'Agos,  je  l'adressai  au  docteur  Depéret,  le  priant  de  vouloir 
bien  l'étudier.  En  même  temps  j'ai  soumis  à  son  examen  une  dent 
isolée  recueillie  par  moi  dans  le  Terrain  miocène  de  Valenline,  près 
de  Saint-Gaudens.  Quelque  temps  après  je  recevais  de  notre  savant 
confrère  la  note  suivante  que  je  transcris  textuellement  sur  son  ma- 
nuscrit, mis  gracieusement  à  ma  disposition  : 

-<  Les  débris  de  mammifères  miocènes  du  Sud-Ouest  qui  m'ont 
»  été  communiqués  par  M.  Maurice  Gourdon  se  rapportent  aux 
»  espèces  suivantes  : 

»  1°  Une  demi- mandibule  de  Suidé,  trouvée  dans  le  département 
»  du  Gers,  appartient  au  genre  Sus,  comme  l'indiquent  la  forme 
»  allongée  des  arrière-molaires,  la  structure  relativement  compli- 
»  <|uée  de  leurs  mamelons,  enfin  la  présence  d'un  fort  talon  pos- 
»  térieur  à  la  troisième  arrière-molaire.  Ces  caractères  sufûsent 
»  à  distinguer  cette  mandibule  de  celles  du  Palœochœrus  et  du 
»  Chxromorus,  en  dehors  môme  de  la  taille  qui  est  plus  grande 
»  que  dans  aucune   espèce  connue  de  ces  derniers  genres. 

»  Celte  belle  pièce  comprend  une  grande  parlie  de  la  moitié  d'une 
»  mandibule,  du  côté  gauche,  sur  laquelle  se  voient  d'avant  en 
»  arrière  :  la  paroi  externe  de  l'alvéole  de  la  canine  ;  deux  alvéoles 
»  correspondant  à  la  première  prémolaire,  biradiculée;  les  deux 
»  racines  encore  en  place  de  la  deuxième  prémolaire;  les  troisième 
»  et  quatrième  prémolaires  intactes,  eniin  la  série  entière  des  trois 
»  arrière-molaires. 

»  Autant  qu'il  est  permis  d'en  juger  par  la  grandeur  de  l'alvéole, 
»  la  canine  inférieure  a  dû  être  peu  développée,  comme  cela  a  lieu 
»  dans  la  plupart  des  Sus  miocènes.  En  revanche  les  prémolaires 
»  occupent,  dans  la  longueur  de  la  série  dentaire,  une  place  relative 


736  GOURDO».    —   HÀMWFÈHBS    MIOCÈNES   DU  SDD-OCBET         38  juin 

a  plus  grande  que  dans  aucune  autre  espèce  vivante  ou  fossile  de  ce 
»  genre.  Ainsi  la  longueur  totale  des  quatre  prémolaires  est  de  0,75  ;  les 
u  trois  arrière- molaires  ne  mesurent  ensemble  que  0,067  de  longueur, 

»  En  outre,  la  structure  de  ces  prémolaires  est  des  plus  remar- 
»  quables;  leur  forme  est  bien  plus  raccourcie  que  dans  les  Sut 
»  typiques,  el  leur  denticule  médian  est  plus  aigu  et  plus  enlevé. 
u  La  quatrième  prémolaire  notamment  porte  un  gros  denticule  mé- 
»  dian,  subconique,  au  lieu  que  dans  les  Sus  palxockserus,  major, 
»  scrofa,  etc.,  ce  denticule  forme  deux  pointes  distinctes  disposées 
»  obliquement  sur  le  tranchant  de  la  couronne. 

»  La  force  de  ces  prémolaires  et  la  forme  même  de  leur  demi- 
»  cule  médian  rappellent  les  prémolaires  du  Chœropotarmu  et  même 
»  celles  de  certains  carnassiers,  comme  les  Hyènes;  et  peut-être  ce 
»  dernier  rapprochement  de  structure  a-t-il  été  en  rapport  avec 
»  un  régime  plus  carnassier  et  moins  omnivore  que  dans  les  autres 
»  espèces   de  sangliers. 

m  En  revanche,  les  arrière-molaires  sont  conformées  comme 
u  celles  des  Sus  typiques.  Leurs  mamelons  dentaires  principaux, 
»  disposés  en  deux  paires  transverses,  sont  en  forme  de  cônes  bien 
>•  détachés  mais  dont  la  surface  au  lieu  d'être  lisse  comme  chez  le 
»  Palxochxrut,  est  parcourue  par  des  sillons  rayonnants  irrégu- 
ii  liers.  11  existe,  en  outre,  dans  les  intervalles  des  mamelons  prin- 
n  cipaux  de  petits  tubercules  secondaires  beaucoup  moins  déve- 
ii  loppés,  à  la  vérité,  que  dans  les  Sus  pliocènes  et  actuels. 

u  Chacune  des  arrière-molaires  porte  un  petit  talon  postérieur, 
»  qui,  peu  détaché  de  la  couronne  dans  les  deux  premières ,  est 
u  au    contraire   fort  triangulaire    et   trituberculé    à   la   troisième 


1887  GOUBDON.   —  MAMMIFÈRES  MIOCÈNES  DU  SUD-OUEST  737 

»  Dymie  des  Sus  miocènes.  C'est  seulement  chei  le  Sus  steinheimensis 
»  du  Miocène  moyen  de  Steinheim  (Wurtemberg),  décrit  par 
»  H.  Fraas  (1)  et  rapporté  à  tort  par  ce  savant  au  genre  Chœropotamus, 
»  que  l'on  observe  une  force  et  une  hauteur  aussi  grandes  des  pré- 
»  molaires.  J'ai  fait  connaître  récemment  (2)  dans  le  Miocène  moyen 
»  de  la  Grive-Saint-Alban  (Isère),  un  sanglier  extrêmement  voisin 
»  du  Sus  steinheimensis,  et  que  j'ai  attribué  à  cette  espèce,  bien  que 
»  dans  la  race  du  bassin  du  Rhône,  les  prémolaires  soient  un  peu 
»  plus  comprimées  latéralement ,  et  par  conséquent  moins  vigou- 
»  reuses  que  dans  la  race  d'Allemagne.  Ces  deux  formes  appartien- 
»  nent  d'ailleurs  au  même  niveau  géologique  qui  est  l'étage  mayencien. 

»  La  mandibule  communiquée  par  M.  Gourdon  est  plus  semblable 
»  à  la  race  de  la  Grive  qu'à  celle  de  Steinheim.  La  force  de  ses  pré- 
»  molaires,  la  complication  des  mamelons  des  arrière-molaires, 
»  la  taille  enfin  sont  identiques  à  celles  du  sujet  du  Bassin  du  Rhône. 

»  Parmi  les  nombreuses  formes  de  Sangliers  qui  ont  été  signalées 
»  sous  des  noms  divers  dans  le  Miocène  de  la  France,  une  seule, 
»  le  Sus  belsiacus,  P.  Gervais  (ZooL  et  Paléont.  franc. ,  2#  édit. 
»  p.  178,  pi,  XXXIII,  fig.  7.)  se  rapproche  du  Sus  steinheimensis. 
»  M.  Fraas  pense  que  les  deux  espèces  sont  synonymes,  et  cette  opi- 
»  nion  parait  très  probable,  si  l'on  compare  la  ligure  donnée  par 
»  P.  Gervais  de  l'espèce  du  Calcaire  de  Montabuzard.  Il  est  vrai  que 
»  dans  l'exemplaire  figuré,  les  prémolaires  sont  encore  à  l'état  de 
»  germe  dans  la  mandibule,  ce  qui  rend  la  comparaison  un  peu  difficile. 

»  En  résumé  le  Sus  steinheimensis  était  connu  jusqu'à  ce  jour  à 
»  Steinheim  (Wurtemberg),  à  la  Grive-Saint-Alban  (Isère)  et  avec 
»  quelque  doute,  dans'le  Calcaire  de  l'Orléanais.  11  esl  donc  iutéres- 
»  saut  de  constater  sa  présence  dans  le  Bassin  de  la  Garonne. 

»  Comme  horizon  géologique ,  cette  espèce  semble  limitée  à  la 
»  partie  inférieure  du  Miocène  moyen  (étage  mayencien),  et  elle 
»  se  rencontrerait,  si  le  Sus  helsiacus  lui  est  identique,  dans  la  hau- 
»  teur  entière  de  cet  étage. 

»  2°  Une  molaire  isolée  recueillie  par  M.  Gourdon,  à  Valentine, 
»  près  Saint-Gaudens,  dans  le  Terrain  miocène  est  la  troisième  mo- 
»  laire  de  lait  inférieure  du  Listriodon  spiendens.  H.  v.  Meyer,  curieux 
»  animal  de  la  famille  des  Suidés,  dont  les  débris  se  trouvent  dans 
»  le  Bassin  de  la  Garonne,  dans  celui  du  Rhône,  en  Allemagne,  en 


(1)  Fraas.  Die  Fuuna  von  Steinheim  (Jahr.  d,  Ver.  /'.  valcrl.  Xaturk  in  ll'urt- 
temberg.  1870,  p.  208,  pi.  VIII,  fig.  1-4,  12-H.) 

(2)  Gh.  Depéret.  Recherches  sur  la  succession  des  faunes  des    Vertèbres   mio- 
cènes du  bassin  du  Rhône  (Arch.  du  Mus.  Lytn,  t.  V,  p.  195,  pi.  XIII,  fig.  26  2U.) 

XV.  47 


738  ttr.    BOOVILLE.    —   BOBIZOl*    ARMOBICAIH    (aÉSAL'LTi         20  juin 

u  Suisse,  dans  les  couches  miocènes  de  l'horizon  de  Simorre.  Colle 
o  molaire  de  lait  pourvue  de  trois  crêtes  tranaverses  UpiroTdes  est 
•>  identique  à  U  dent  homologue  d'un  sujet  du  LUtriodon  trouvé  a  la 
»  Grive  (Isère),  et  qui  lait  partie  du  Muséum  de  Lyon.  La  Ion- 
»  gueur,  0,024,  est  identique  également  dans  les  deux  sujets. 

l.'hortton  armoricain  <lam  la  région  dt  CabrièreB  (Hérault), 

ParU.  de  Bouville. 


1» 
les 

>PAw, 


Dans  ma  monographie  de  Cahrière  on  lit,  page  26  : 
»  En  dehors  de  la  commune,  mais  à   très  peu  de  distance  de  la 
limite  nord,   sur  le  chemin  de  Clermont-l'Hérault  à  Mourèïe,  des 
schistes,  affleurant  de  dessous  la  dolomiedévonienne  et  que  rien  n'em- 
pêche de  considérer  comme  étant  inférieurs  à  l'horizon  des  Asopht 
présentent  en  grand  nombre  le  Vexitlttm  ftnuvillei  et  le  Hilobites  n. 
petiensis  de  M.  de  Saporla.  » 

Ces  mêmes  schistes,  au  Nord  du  bois  de  Bouloury,  renferment  des 
dalles  de  quartzites  blancs  stratifiés  qui  rappellent  les  dalles  a  Lingula 
Lewmî  (lisez  Lesuturi)  d'une  localité  plus  occidentale,  Layrolles, 
prés  de  Roquebrun.  Ces  strate»,  tout  à  Tait  accidentelles  ici  comme 
du  reste  celles  de  Layrolles,  oh  M.  Collot  a  rencontré  ce  fossile  de 
l'horizon  armoricain,  nous  autorisent  à  constater,  en  ce  point,  la 
présence  de  cet  horizon  de  la  l'aune  11,  et  à  établir  un  rapprochement 
avec  les  faits  observés  en  Bretagne.  Toutefois  les  caractères  pétro- 
grapbiques,  eux-mêmes,  et  la  Lingulc  trouvée  ont  convaincu  MM.  de 
Tromelin  et  Lebesconle  de  la  réalité  du  synchronisme. 

Le  marteau  de  Charles  Escol  de  Cabriéres,  dont  j'ai  eu  lieu,  dans 
le  même  travail,  de  proclamer  les  nombreuses  et  importantes  trou- 
vailles, vient  de  me  fournir  des  éléments  nouveaux  de  conviction. 

Les  quartzites  d  e  Boutoury  lui  ont  livré  de  riches  lumachelles  de 
Lingula  JLesueuri,  dans  nos  Lingula-lhigs  armoricains. 

Poursuivis  à  l'Est,  ces  quartzites  présentent  une  masse  schisteuse 
de  plusieurs  centaines  de  mètres  d'épaisseur  formant  les  deux 
berges  de  la  Dourbie,  et  présentant  à  différents  niveaux  des  concré- 
tions calcaires  arrondies  où  M.  Leliesconte  croit  avoir  reconnu 
Dinobolus  Brrmonti,  lieVerojihi.n  biiobatus  et  B.  Sacheri;  On  y  trouve 
des  moules  d'Asnp/ius  et  à'/lt.vnus.  Ces  sebistes  portent,  à  leur  base. 
sur  leurs  tranches,  les  forêts  de  Vixillum  elles  Bilobites  décrits  par 
M.  de  Saporta  dans  son  Mémoire  sur  les  organismes  ]iroblématiques. 

Très  près,  au-dessous  du  même  niveau  et  avec  quelques  Vexillum, 
des  nodules  calcaires  avec  Orthocéres  se  rencontrent  dans  les  cou- 


1887  DB  RWYIUit.  —  90BUOR  AW0B1CAUI  (nftRAULT)  739 

ches  les  plus  basses  en  contact,  par  faille,  avec  le  système  trio-juras- 
sique de  la  région  de  Clermont-l'Hérault. 

Je  reproduis  ici,  en  la  complétant,  la  conpe  que  j'ai  déjà  une  fois 
dressée  pour  le  livre  de  M.  de  Saporta. 

Les  schistes  armoricains  offrent  une  coloration  rouge  au  contact 
du  Trias  et  y  sont,  snr  une  lisière  étroite,  émalllés  de  gypse  brillant, 
en  fers  de  lance  minuscules,  rappelant  l'accident  minéralogique  de 
nos  Schistes  à  Cardiola  interrupta. 

Nous  sommes  donc  autorisé  à  introduire  définitivement  dans  la 
région  de  Cabriéres,  déjà  si  riche  en  horizons  anciens,  le  niveau  armo- 
ricain, avec  un  développement  considérable,  mais  que  sa  structure 
pétrographique  locale,  essentiellement  schisteuse  ne  met  pas  à 
'  même  de  jouer  ici  le  double  rôle  orographique  et  géognostique,  *i 
remarquable  de  son  correspondant  de  Bretagne. 

Le  même  horizon  se  retrouve  au  Sud  de  la  ferme  deLoriol,  en  con- 
tact, par  faille,  avec  les  schistes  qui  forment  le  massif  de  Caragnas. 

J'appelle  l'attention  sur  le  nouveau  gisement  de  la  Calceola  san- 
daiina  qui  ûgure  sur  ma  coupe  et  dont  nous  devons  la  découverte  à 
Escot.  Il  recouvre  les  dalles  à  Lingules  en  discordance  plus  réelle 
qu'apparente  et  s'offre  dans  les  mêmes  conditions  que  celui  de  nos 
calcaires  à  Polypiers,  c'est-à-dire,  à  l'état  de  lopins  épargnés  dans 
le  grand  envahissement  magnésien. 


DE   ROU  VILLE.    HORIZON    ABMOHICAIB    (HÉHÀULT)  20  JOÙ 


1887     STUART  MENTKATH.  —  GITB3  FOSSIUFÈaRS  DB  VILLEFRANQUE     741 

Le  secrétaire  dépose  sur  le  bureau  la  note  suivante,  de  M.  Stuart 
Menteath  : 

Gîtes  fossilifères  de  Ville franque,  Basses-Pyrénées 

Par  M.  Stuart  Menteath 

Les  bons  gisements  de  fossiles  étant  rares  dans  les  Basses-Pyré- 
nées, je  crois  devoir  en  signaler  deux  qui,  non  seulement  pour  la 
variété  des  espèces  mais  encore  pour  le  nombre  et  la  bonne  conserva- 
tion des  échantillons,  sont  les  meilleurs  que  j'aie  trouvés  dans  le 
département.  Ils  sont  sur  le  môme  horizon  géologique,  dans  des 
marnes  et  calcaires  marneux  noirs,  surmontés  par  des  bancs  de  grès 
rempli  de  petites  Orbitolines.  Le  premier  gisement  est  à  1,600  mètres 
à  l'ouest  de  la  saline  de  Villefranque,  et  au  sud  de  la  maison  intitu- 
lée Laduch  sur  la  carte  de  l'Etat-major.  Le  second  gisement  est  à 
quatre  kilomètres  au  S.-O.  de  la  Place  de  Villefranque,  et  au  pied 
Nord-Est  de  la  colline  Sainte-Barbe,  point  trigonométrique  de  la  carte 
et  point  culminant  de  tout  le  plateau  à  l'Ouest  de  la  Nive.  Les  marnes 
de  Laduch  sont  inclinées  au  N.-E.,  et  adossées  contre  une  grande 
bande  d'ophite,  qui  suit  depuis  La  Place  de  Villefranque  jusqu'à  un 
kilomètre  au  Sud  d'Anglet,  du  S.-E.  au  N.-O.,  sur  une  largeur  de 
plus  de  sept  kilomètres.  Le  gisement  de  Sainte-Barbe  se  trouve 
entre  deux  bandes  d'ophite  qui  courent  du  N.-E.  au  S.-O.  La  faune 
étant  évidemment  analogue  à  celle  de  Zuanco;  j'ai  prié  M.  Barrois 
de  s'en  occuper  et  il  m'a  très  obligeamment  envoyé  les  détermi- 
nations suivantes  d'une  partie  des  fossiles  que  j'ai  pu  rapporter  de 
ces  gîtes  : 

La  première  liste  est  de  Laduch. 


Pecten  Cottaldinus,  d'Orb. 
Terebratula  sella,  Sow. 
Janira  atava,  Roem. 
Orbitolina  discoidea,  A.  Gras. 
Arca  maruellensis,  d'Orb. 
Cyprina  rostrala,  d'Orb. 
Cueulléca  Gabrielis,  d'Orb. 
Cardiwn peregrinorum,  d'Orb. 


Pecten  interstriatus,  Leym. 

Pecten   nov.  sp.  voisin    de   GoldfussU 

Dcsh. 
Trigonia  ornata,  d'Orb. 
Rhynchonella  compressa  ?  d'Orb. 
Oervillia  sp. 
Lima  sp. 


La  liste  suivante  est  de  la  colline  Sainte-Barbe. 


Trigonia  ornata,  d'Orb.  Ostrea  macroptera,    Sow.    ou  Boussin- 

Janira  atava,  Rœra.  gaultit  d'Orb. 

Orbitolina  discoidea,  A.  Gras,  Serpula  sp. 

Cyprina  voisine  de  C.  rostrata,  d'Orb.  Ostrea,  sp. 


742  F.    LÉENI1ARDT.    —   CRHTACft    ItfFÊlUKL'B    DE    LA  CLAPI         20 jtllD 

J'at  encore  remarqué  des  radioles  de  Cidaris,  des  fichlnldei  ressem- 
blant à  des  Toxatter  et  Pygurus,  un  Gastéropode,  et  des  Polypiers, 
mais  je  n'en  ai  pas  encore  d'échantillons  suffisants.  Les  Trigtmîa,  Ja- 
nira,  et  Orbitolina  se  présentent  en  niasse. 

Cette  faune,   évidemment   urgonienne,   m'a   fourni  un   excellent 
point  de  repère  pour  la  géologie  des  environs  de   Vitlefranque  eA 
de  Biarritz,  qui  sera  comprise  dans  la  carte  géologique  des  Pyrénéfie»- 
Occidentales  que  je  suis  en  train  de  terminer  et  que  j'espère  préwJ 
ter  très  prochainement. 


Le  secrétaire  dépose  sur  I 
nbardt. 


bureau  la  note  suivante  de  H.  Léês 


Le  Crétacé  intérieur  de  La  Clape  [Aude], 

Par  M.  F.  Léenhardt 

Lorsqu'on  arrive  &  la  Clape  de  Narbonne,  soit  par  Armiss&n,  so- -^ 
par  la  Rioardelle,  on  se  trouve  en  présence  de  deux  plateaux  cafT 
caires  formant  deux  gradins  séparés  par  un  talus  marneux.  La  pi»  - 
mière  impression  est  que  ce  talus  repose  sur  le   plateau  inférieur  tt 
que  l'assise,  qu'il  représente  est  comprise  entre  deux  assises   cal- 


C'est  cette  impression  d'évidence  que  traduisent  les  coupes  du 
massif  de  la  Clape,  données  par  Coquand  (1)  et  Magnan  (2). 
Pour  ces  auteurs  il  y  a  deux  niveaux   de   Calcaires  a  Requienies 


1887  F.   Lé  BN  HA  H  DT.   —  CBÉTACÉ  IKFÊHIKUR  DB  LA  CLAPE  743 

faille,  comme  le  suppose  Cairol,  il  faut  étudier  séparément  les  calcaires 
qui  forment  les  plateaux  inférieurs  et  ceux  qui  couronnent  les  talus,  et 
analyser  avec  soin  les  superpositions  de  marnes  sur  les  calcaires 
selon  qu'elles  ont  lieu  sur  les  calcaires  des  plateaux  inférieurs  ou  sur 
les  calcaires  qui  surmontent  avec  évidence  les  marnes  des  talus. 

Cette  étude  n'a  été  faite  que  partiellement.  Coquand  et  Hagnan  ont 
passé  trop  rapidement,  et  Cairol  qui  a  donné  un  travail  beaucoup 
plus  complet  sur  la  Clape,  n'analyse  avec  quelques  détails  que  l'assise 
marneuse  des  talus. 

J'ai  essayé  de  combler  cette  lacune.  Les  matériaux  que  j'ai  recueil- 
lis montrent  que  le  Crétacé  inférieur  de  la  Clape  est  constitué  d'une 
manière  plus  complexe  que  les  auteurs  précédents  ne  l'ont  sup- 
posé. 

Comme  Coquand  et  Magnan  l'ont  fort  bien  vu,  il  y  a  au  moins  deux 
niveaux  de  Calcaires  compacts  à  Réquiénies,  et,  comme  Cairol  l'a 
constaté  le  premier,  les  calcaires  des  plateaux  supérieurs  ne  ter- 
minent pas  la  série.  H  existe  un  ensemble  de  couches  plus  élevées, 
confondues  par  d'Archiac  (1)  avec  les  précédentes,  mais  dont  Cairol 
ne  donne  qu'une  analyse  succincte  et  dans  laquelle  il  ne  signale  pas 
la  présence  remarquable  d'un  troisième  niveau  de  Calcaires  à  Ré- 
quiénies. 

Il  y  aurait  donc  à  la  Clape  la  série  suivante  : 

A.  Calcaires  à  Réquiénies. 

B.  Marnes  et  calcaires. 

C.  Calcaires  à  Réquiénies. 

D.  Marnes  et  calcaires  à  Orbitolines  avec  un  troisième  niveau  de 
Calcaires  à  Réquiénies. 

L'objet  de  cette  première  note  est  simplement  d'établir  la  dis- 
tinction et  la  superposition  de  ces  quatre  groupes  pétrographiques. 
A.  Calcaires  compactes  à  Réquiénies. 

La  coupe  la  plus  complète  que  l'on  puisse  faire  des  calcaires  du 
grand  plateau  inférieur  qui  s'étend  de  Ramade  à  Figuière,  se  trouve 
sur  son  bord  S.-O.,  derrière  les  Olieux. 

La  partie  inférieure  de  ces  calcaires,  que  je  crois  être  le  premier  à 
signaler,  peut-être  étudiée  dans  les  deux  petits  ravins  creusés  immé- 
diatement au  N.-E.  de  ce  hameau,  sur  le  bord  môme  du  plateau.  Ils 
n'affleurent  que  sur  ce  point.  Au  delà,  vers  le  N.,  on  ne  rencontre 
que  des  couches  plus  élevées,  abaissées  par  une  faille  oblique  à  ce 
bord.  On  a  de  bas  en  haut  : 

(l)  Mrm.  Soc.  ;/ffo/.  î<  Série,  t.  VI,  2*  panie,  p.  379. 


744  F.    LÉBNHABDT.   —  CRÉTACÉ  INFÉHIKUB    DE   LA   CLAPB       20  JUJD 

1.  Au  contact  du  Tertiaire,  de  gros  bancs  assez  bien  stratifiés,  tantôt  formé»  de 
calcaires  gris,  presque  sublithographiques,  passant  a  des  calcaires  finement  bré- 
clioldes  ou  oolilbiques,  tantôt  moins  clairs  et  plus  oolitbiques,  pleins  de  Fo- 
raminifères,  avec  quelques  Requiénies,  ou  plus  foncés  avec  davantage  de  Re- 
quiénies. 

I,  Calcaires  moins  compacts,  se  délitant  en  plaques,  avec  un  ou  plusieurs  lits 
d'aspect  extérieur  jaunâtre  et  comme  marneux.  Quelques  Requiénies,  des  Téré- 
bratules  indéterminées. 

3.  Calcaires  compacts,  esquilleux,  rascttux,  souvent  formés  presque  uniquement 
de  Foraminifères. 

4.  Calcaire  analogue  au  n*  3,  plus  ou  moins  finement  oolilhique.  Un  Het/railert 
Py gaulas  indét. 

5.  Calcaires  compacts,  peu  ou  point  de  Requiénies;  ils  m  distinguent  des  cal- 
caires compacts  précédents,  par  une  tendance  à  la  formation  de  rainures  paral- 
lèles à  la  stratification  au  lieu  de  leur  être  perpendiculaires  comme  d'ordinaire. 

s.  Calcaires  compucts,  mieux  stratifiés  avec  Requiénies  nombreuses. 
7.  Idem-,  mais  plus  ternes  à  la  surface. 

A  partir  de  ces  couches,  la  coupe  suit  la  colline  qui  domine  les^ 
Otieux. 

t.  Idem,  eu  gros  bancs. 

0.  Calcaires  un  peu  moins  compacts  avec  Requiénies  abondantes  :  Htquieniic* 
Lonsdalei. 

10.  Calcaires  compacts  en  gros  bancs.  Requiénies  nombreuses.  Polypiers,  pe — 
tiles  Néri nées,  trapues, 

il.  Calcaires  massifs,  rascleux,  avec  Requiénies,  ou  plus  ou  moins  finement  - 
oolilhiques. 

En  ce  point  les  couches  sont  brisées  par  une  chute  brusque  dans 
le  vallon  qui  est  à  l'Est  des  Olieux. 


1887  F.   LÉBNHARDT.   —  CRÉTACÉ  INFÉRIEUR  DE  LA  CLAPB  745 

des  marnes  et  calcaires  des  talus.  L'importance  de  cette  observation 
dans  la  question  controversée  n'échappera  à  personne. 

Ces  calcaires  varient  dans  leur  composition,  comme  dans  leur  puis- 
sance, tout  en  conservant  un  aspect  caractéristique  pris  en  masse. 

Ils  sont  ordinairement  foncés,  grenus,  confusément  stratifiés  en 
plaques,  formant  comme  un  revêtement  aux  calcaires  compacts  à 
patine  blanche;  extérieurement  ils  sont  ternes,  un  peu  jaunâtres 
quelquefois;  leur  épaisseur  dépasse  rarement  quelques  décimètres. 
Us  renferment  presque  toujours  des  Orbitolines,  soit  disséminées  dans 
la  roche,  soit  agglomérées  en  lentilles  très  aplaties,  quelquefois  très 
abondantes.  Leur  teneur  en  Orbitolines  semble  en  rapport  avec  leur 
épaisseur  et,  sur  certains  points,  leur  donne  une  assez  grande  analo- 
gie avec  les  calcaires  à  Orbitolines  de  la  3e  assise  de  Gairol.  C'est  là 
ce  qui  a  induit  ce  géologue  en  erreur  lorsqu'il  indique  sur  les  pla- 
teaux inférieurs  des  lambeaux  de  sa  3*  assise.  (Figuière,  l'Hespi- 
talet.) 

La  faune  de  cet  ensemble  calcaire,  qui  n'a  pas  moins  de  90 
mètres  d'épaisseur,  est  mal  caractérisée,  faute  "d'échantillons  pas- 
sables. 

J'ai  recueilli  des  Requienia  Lonsdaiei  déterminables,  des  Requienia 
ammonia  douteuses  et  d'autres  Iiudistes  indéterminés;  des  Echinides 
en  très  mauvais  état,  parmi  lesquels  j'ai  cru  reconnaître  des  Pygau- 
(us  un  Heteraster,  enfin  des  Térébratules  du  groupe  de  la  prœlonga  et 
des  Rhynchonelles  voisines  de  la  lata. 

B.  Marnes  et  Calcaires. 

Ces  couches  forment  les  talus  qui  supportent  les  plateaux  supé- 
rieurs du  Plan  de  Roques  et  de  N.  D.  des  Auzils.  Elles  ont  été  dé- 
crites avec  détail  par  Gairol  à  l'ouvrage  duquel  je  renvoie  (1). 

Je  n'aurai  de  rectification  importante  à  faire  qu'au  sujet  des  cou- 
ches inférieures  dont  je  donne  plus  loin  des  coupes  détaillées. 

C.  Calcaires  compacts  à  Requiénies  et  à  Orbitolines. 

Je  n'étudie  sous  ce  titre  que  les  calcaires  nettement  superposés 
aux  couches  précédentes  (B)  dont  ils  couronnent  les  talus  d'abrupts 
caractéristiques. 

De  bas  en  haut  on  observe  : 

1°  Une  épaisseur  variable  de  calcaires  foncés,  compacts,  à  Requié- 
nies, plus  ou  moins  massifs,  ou  des  calcaires  avec  peu  ou  point  de 
Requiénies    se  délitant  en  fragments    polyédriques    anguleux   ou 

(l)  Voir  en  particulier  sa  coupe  de  Ramade  (/oc.  cit.  p.  15) 


746  T.    LÉBBHARDT.    —   C1BTACÉ    1HFÉMKUB    DB   LA   CLAPff      20  joil 

arrondis  et  quelque  peu  marneux,  qui  sont  indiquée  sur  les  abrupti 
par  des  cavités  allongées  et  peu  profondes.  Ces  calcaires  sont 
assez  intimement  liés  aux  derniers  bancs  de  calcaire  marneux  ou  no- 
duleux  de  B. 

2°  Une  épaisseur  très  variable  de  calcaires  ordinairement  moins 
compacts;  tantôt  moins  foncés,   un  peu  jaunâtres,   en  bancs  peu 
épais,  en  petites  dalles  dont  on  fait  des  murs,  comme  vers  Armissau 
où  ils  forment  une  légère  combe  sur  l'arête  de  la  Cluse  des  Esca- 
liers ;  tantôt  assez  semblables  aux  calcaires  1,  mais  divisés  par  d^' 
calcaires  plus  ou  moins  grumeleux,  pourris,  en  plaquettes  rempli*5* 
d'Orbitolines,  ou  nodnleux  et  comme  brécholdes  avec  des  Orbitolines*- 
des  Spongiaires,  divers  Hudistes  de  petite  taille,  Monopleura,  etc. 

Au  fond,  les  numéros  1  et  2  forment  un  seul  ensemble  de  calcaire^ 
compacts,  dans  lequel  s'intercale,  à  différentes  hauteurs,  on  ou  plsec: 
sieurs  niveaux  de  calcaires  moins  compacts  à  Orbitolines  qui  pa=^ 
sent  de  simples  délits  à  des  épaisseurs  de  plusieurs  mètres.  CesS 
variations  semblent  liées  à  l'abondance  des  Requiénies  selon  qu^* 
celles-ci  occupent  une  épaisseur  plus  ou  moins  grande,  ordinaires 
ment  vers  la  partie  inférieure  de  cet  ensemble, 

3*  Calcaires  compacts,  ordinairement  plus  nettement  stratifiés,  soSS 
en  gros  bancs  massifs,  soit,  surtout  à  la  partie  supérieure,  en  banc 
moins  épais  et  plus  réguliers,  foncés,  souvent  finement  lumachel 
liques  avec  des  Foraminifëres,  des  llequiénis,  des  Ottrea,  des  Poly- 
piers, des  Orbitolines  et  de  nombreux  débris  d'autres  fossiles  qu'on 
aperçoit  sur  les  surfaces  corrodées,  Ces  calcaires  forment  sur  les 
plateaux  supérieurs  des  surfaces  de  rascle  très  analogue,  bien  qu'en 


1887  T.   LftBHHARDT.   —  CRÉTACÉ  INFÉRIEUR  DE  1A  CLAPB  747 

dues  variables  de  rascle  plus  oo  moins  prononcée,  à  patine  blan- 
che. 

L'étude  détaillée  qui  précède  montre  que  la  masse  calcaire 
des  plateaux  inférieurs  se  distingue  de  celle  des  plateaux  supérieurs 
par  les  caractères  suivants  : 

!•  Une  épaisseur  plus  grande.  Les  calcaires  A  peuvent  être  recon- 
nus sur  une  hauteur  de  90*  sans  atteindre  leur  base  ;  les  calcaires  G, 
dont  on  voit  le  mur  et  le  toit,  ne  dépassent  pas  40  à  45  mètres. 

2°  Une  homogénéité  plus  grande,  surtout  si  l'on  considère  leur  par- 
tie supérieure  sur  une  épaisseur  égale  à  celle  de  la  totalité  des  cal- 
caires G.  Ceux-ci,  au  lieu  de  couches  relativement  homogènes  et  sans 
délit,  présentent,  à  plusieurs  niveaux,  des  couches  où  apparaît  un 
élément  marneux  et  noduleux. 

3°  Des  couches  terminales  différentes  par  leur  nature  et  leur  faune. 

Les  calcaires  A  se  terminent  par  des  calcaires  formant  de  grandes 
tables  de  rascle,  à  peu  près  sans  autres  fossiles  que  des  Requiénies, 
recouverts,  dans  le  voisinage  des  marnes  et  des  calcaires  B,  par  des 
calcaires  ternes,  à  Orbitolines  irrégulièrement  distribuées  ;  les  cal- 
caires G  présentent  une  série  de  couches  de  calcaires  souvent  fine- 
ment lumachelliques,  à  nombreuses  traces  de  fossiles,  qui  se  termine 
sans  présenter  un  niveau  spécial. 

4"  L'absence,  ou  tout  au  moins  la  très  grande  rareté  d'Orbitolines 
dans  leur  masse.  Je  n'en  ai  jamais  rencontré  ailleurs  que  dans  les 
calcaires  ternes  au-dessus  du  rascle,  sauf  sur  un  point,  près  de  Las 
Portes  ou  j'ai  trouvé,  sur  le  bord  d'une  faille,  un  délit  avec  Orbi- 
tolines, qui  paraissait  inférieur  au  dernier  banc  de  rascle. 

Les  calcaires  C  en  renferment  à  toutes  les  hauteurs. 

5°  Leur  coloration  extérieure.  Pris  en  masse,  les  calcaires  A  sont 
plus  blancs,  légèrement  bleuâtres,  les  calcaires  G  moins  blancs,  très 
légèrement  jaunâtres  ou  mieux  un  peu  ternes. 

On  est  frappé  de  cette  différence  lorsque,  par  un  ciel  voilé,  ces 
calcaires  superposés  en  perspective  se  trouvent  dénudés. 

D.  Marnes  et  calcaires  à  Orbitolines. 

Ces  couches,  confondues  par  d'Archiac  avec  celles  qui  précèdent, 
mais  distinguées  avec  raison  par  Cairol,  sont  caractérisées  par  l'abon- 
dance des  Orbitolines.  Elles  forment  un  ensemble  de  calcaires  mar- 
neux, pétris  d'Orbitolines,  dans  lequel  se  développent  un  niveau  mar- 
neux dans  la  partie  inférieure,  et  des  bancs  irréguliers  de  calcaires 
plus  ou  moins  compacts,  dans  les  parties  moyenne  et  supérieure. 
La  partie  marneuse  a  la  plus  grande  analogie  avec  les  marnes  de  B, 
et  les  bancs  calcaires,   d'épaisseur  très  variable,  peuvent  devenir 


748  F.   LÉBKBAKDT.    —   CRÉTACÉ   INFÉHIEUB    DI    LA   CLAFB        90  juîïl 

assez  compacts  pour  être  exploités  comme  pierre  d'appareil,  à 
Armissan  et  à  Tintaine  par  exemple  ;  ils  renferment  des  Requié- 
nies,  des  Monopleura,  divers  autres  Rudistes,  des  Spongiaires  et  des 
Polypiers,  et  sur  certains  points,  ne  se  distinguent  des  calcaires  C  que 
par  leur  contexte.  Ces  analogies  expliquent  la  confusion  de  d'Archiac. 

Il  est  difficile  de  ne  pas  voir  dans  ces  couches  D  comme  une  répé- 
tition affaiblie  de  l'ensemble  formé  par  les  marnes  fi  et  les  calcaires  G. 

Cairol  n'ayant  pas  donné  de  coupes  détaillées  de  ces  couches  inté- 
ressantes, il  ne  sera  pas  inutile  d'en  donner  ici,  ne  serait-ce  que  pour 
établir  la  présence  d'un  3°  niveau  à  Requiénies. 

Fig.  1.  —  Coupe  prise  entre  y.-D.  des  Auzils  et  Saint-Obre. 
tnalcaudeNS.au  Au  i  ils 


1.  Calcaire  compact.  Ottred  aqu'iia.  Polypiers  a  U  surface.  C. 

I.  Quelques  cenLimotres  île  lumaehelle  calcaire  friable,  jaune,  emp( 

surface  du  calcaire  compati.  Orbiloltnes, 
3.  Marnes  j; 

ix,  gréseux,  feuilleté,  luniiiclidii'iuc,  ijrtiitolinc, 
:s  grises,  orbitolines,  Usina  ai/uiU,  Bchinatpâtagtw  Colteg 


1887  F.   LÉBNHARDT.   —  CRÉTACÉ  INFÉRIEUR  DE  LA   CLAPE  749 

Pour  étudier  ces  dernières  couches  et  celles  qui  les  surmontent,  il 
faut  aller  un  peu  à  l'Est  et  suivre  le  ravin  de  Tintaine. 

En  amont  de  la  ferme  de  ce  nom,  après  une  faille  qui  les  fait  but- 
ter contre  les  marnes  /S,  on  observe: 

Fig.  2.  —  A. 


3. 


1  •  Des  calcaires  marneux  pétris  d'Orbitolines,  en  gros  bancs,  à  la  partie  supé- 
rieure desquels  se  développent  quelques  bancs  de  calcaires  compacts  ou 
bréchoïdes  à  Requiénies,  exploités  comme  pierre  d'appareil. 
5.  Des  calcaires  noduleux  pétris  d'Orbitolines,  avec  des  bancs   plus  durs  à 
Requiénies  et  grosses  Nérinées. 
Des  calcaires  à  Orbitolines  un  peu  roux,  grenus,  en  bancs  mal  stratifiés. 
•  Des   calcaires    très    noduleux    à    Orbitolines,    Spongiaires,   Monopleura, 

et  Rudistes  divers. 
.  Des  calcaires  plus  clairs. 

ne  succession  de  petites  failles  rend  les  épaisseurs  incertaines. 


le  Nord  de  la  Clape,  a  etp  sont  moins  développés;  mais,  par 

Y  est  formé  par  une  longue  série  de  calcaires  très  variables, 

parleur  stratification,  comme  par  leurs  fossiles,  témoignent  de 

origine  coralligène  de  tous  ces  dépôts. 
Vers  Armissan,  on  observe  au-dessus[des  marnes  grumeleuses  de  |3  : 

Alternances  de  bancs  de  calcaires  et  de  marnes  grumeleuses  dures  à  Orbi- 
tolines. 

Relief  de  calcaire  à  silex  roux,  à  surface  zonée,  Orbitolines. 
Calcaires  à  plaquettes,  à  Orbitolines. 
Calcaires  noduleux  à  petits  Rudistes. 
Calcaires  marneux  à  Orbitolines. 
Calcaires  plus  compacts  à  Requiénies  et  petits  Rudistes. 
Calcaires  en  plaquettes  plus  ou  moins  épaisses  avec  Orbitolines  en  zones. 
Alternances  de  calcaires  plus  ou  moins  compacts  avec  Polypiers  et  des  pla- 
quettes à  Orbitolines. 

Sur  certains  points,  les  unes  ou  les  autres  de  ces  couches,  mais  sur- 
tout les  dernières,  forment  des  calcaires  tout  à  fait  compacts  exploités. 

Enfin,  sur  la  rive  droite  du  ravin  de  Cascabel,  on  peut  relever  la 
coupe  suivante  qui  donnera  une  idée  d'ensemble  des  couches  D  et 
de  leur  variabilité  sur  un  même  point. 


F.  LftBNHIRDT.  —  ClÈTACft   INFÉRIEUR  DE  U  CUPE      20  JOU 


.  Marne*  oi  calcaires  marneni  à  Orbitoline»,  dont 

:  lu  calcaire»  C  relevé»   tut   le 

»  faille  est  manqué. 

.  Calcaires  marneux  avec  urbitolines  dans   lesquels 

te  développe,   &   l'Ouest,   un   banc  de    calcaire 


1887 


F.  LÉBKHABT.  —  CRÉTACÉ  IHFÉBIBCB  DB  LA  CLAPB 


751 


II 

Les  relations  normales  des  ensembles  de  couches  que  je  viens  de 
décrire  sont  données  par  la  coupe  suivante  : 


^ 


N 

.i 


La  superposition  de  D  sur  G  et  de  C  sur  B 
est  évidente  et  n'a  soulevé  aucune  difficulté  ; 
celle  de  B  sur  A  n'est  pas  moins  évidente  ; 
elle  a  cependant  été  contestée  par  Cairol  et 
expliquée  au  moyen  de  failles  pour  sup- 
primer la  récurrence  des  Calcaires  à  Re- 
quiénies  qu'elle  entraine. 

Pour  cet  auteur,  partout  où  on  a  cru  ob- 
server une  superposition  de  marnes  sur  les  cal- 
caires compacts  des  plateaux  inférieurs,  on 
commettait  une  double  méprise:  on  prenait 
ces  marnes  pour  les  marnes  Bf  tandis  qu'il 
s'agissait  de  celles  de  D,  et  on  supposait  la 
continuité  des  lambeaux  isolés  de  marnes 
superposées  à  ces  calcaires  avec  celles  des 
talus  B,  alors  que,  d'après  Cairol,  les  talus 
sont  toujours  séparés  des  calcaires  des  pla- 
teaux inférieurs  par  des  failles. 

Les  coupes  détaillées  qui  suivent  montre- 
ront que  le  contact  des  calcaires  des  pla- 
teaux inférieurs  et  des  marnes  des  talus  se 
fait  par  la  superposition  normale  des  se- 
conds sur  les  premiers,  c'est-à-dire  de  B 
sur  A,  et  que  ce  contact  diffère  sensible- 
ment de  celui  qu'on  observe  là  où  l'assise 
supérieure  de  Cairol  repose  sur  les  calcaires 
des  plateaux  supérieurs,  c'est-à-dire  du  con- 
tact de  D  sur  C. 


753  F.    LÉKKHAHDT.  —  CRÉTACÉ  1HFÊUIDR  DB   LA  GLAPI       SOJWB 


1887 


F.   LÉEN1IARDT.   —   CRÉTACÉ  INTÉRIEUR  DE  J,A   CLAFE 


753 


Vers  Marmorières,  la  coupe  d'ensemble  est  moins  complète  qu'à  Ra- 
made,  mais  la  supersposition  de  B  sur  A  y  est  aussi  nette  que  possible. 


Fig.  6.  —  Coupe  dans  un  petit  ravin,  au  S.-O.  de  Marmorières,  à  peu 

près  sous  le  T  de  lour  de  l'Etat- Major. 


\    ■ 


x- 


\ 


n 


•o     l 


1.  Calcaire  compact  en  gros  bancs. 

5.  Oilcaire  en  plaques  irrégulières  empâtant  le 
précédent. 

3.  Idem  un  peu  moins  foncé.  Quelques  moules  de 
fu-siles. 

■i.  Calcaire  jaune  de  son,  ou  plus  foncé,  taches 
ferrugineuses,  rognonneux,  rugueux,  plus 
compart  dans  la  pâte  qu'il  ne  le  paraît  exté- 
rieurement,  Ostreaa'/uila,  Jtinira,  moules  de 
Bivalves.  Epaisseur  variable  ne  dépassant 
pas  20  c. 

5.  Calcaire  jaune  plus  clair,  un  peu  marneux,  sur" 
tout  dans  la  partie  moyenne,  rognoneux  ' 
grosses  Oslr/'ti  empalées,  environ  1  mètre. 

G.  Marnes  jaunes  l  mètre. 

7.  Banc  calcaire  de  3o  c.  comme  o,  mais  un 
peu    moins   compact,   Xanti/us  iifrkrrianits. 

S.  Marnes   jaunes,  1   mètre.  Débris    ferrugineux- 
Krhhiosjtit'itjusColtrf/niide  très  grande  dimcii 
sion. 

9.  Banc  comme  7  plus  mince. 

10.  Marnes  comme  s. 

il.  Marnes  avec  petits  bancs.  Wii/inliourl  luta  ? 

12.  Calcaire  rnarneux  jaune  très  fossilifère  romnw 

à  Ramade. 

13.  Bancs  lumachellîqiies,  premières  Orhitolines. 


Ces  bancs  sont  recouverts  en  ce  point 
par  le  Tertiaire,  mais,  à  l'Est  on  les  voit  se 
continuer  et  supporter  les  calcaires  C  du 
plateau  de  Complaeus. 

Le  calcaire  jaune  noduleux  qui  forme 
ici  le  passage   des  calcaires  compacts  A 
aux   marnes  et  calcaires  B,  se    retrouve 
dans  toute   la    partie    septentrionale   de 
la  Clape.  En  allant  vers  le  Sud,  il   s'atté- 
nue ;  déjà,   vers  Pech  lledon,  il  n'est  plus     ^ 
représenté  que  pÉar  une  très  faible  épais- 
seur.  Tout    à   fait  au  Sud,    dans   L'île  Saint-  Martin,    son   entière 
disparition   donne   lieu  à  une   discordance,   par  rivage,   entre  les 
XV  48 


« 


c 

C! 


754  F.  LKKK11RATD.   —  CRÉTACÉ  INFÉRIEUR  DE  LA   ULAPR     20    juin 

marnes  Jaunes  de  II  et  lei  calcaires  A.  Les  couches  supérieures 
de  ces  derniers  se  sont,  par  contre,  épaissies  comme  le  montre  la 
coupe  suivante  prise  vers  le  point  culminant  du  vallon  de  Saint- 
Martin. 


Pig.  7.  —  Coupe  E.-O.  du  vallon 
de  Saint-Martin. 


Fig.  8.  —  Coupe  à  l'Oueit 
des  Abattuts 


1887  J,    UtsRGERON.  —  DÉVONIKN  INFÉRIEUR  DIS   LA   MOKTAGNE-NOIRE      755 

Les  n°*  2-5  et  6-10  correspondent  respectivement  aux  n°*  2-5  et  6 
de  la  coupe  de  N.-D.  des  Auzils  et  aux  n"  1  et  2-5  de  la  coupe  de 
Gascabel. 

Par  la  comparaison  des  coupes,  [fit/.  1,3,  8  et  5,  G,  7 \  il  est  facile  de 
constater  maintenant  les  différences  qui  distinguent  le  contact  de  B 
sur  A  de  celui  de  D  sur  C;  différences  qui  portent  sur  les  dernières 
couches  des  substrata  A  et  G,  aussi  bien  que  sur  les  couches  infé- 
rieures de  B  et  de  D. 

Je  me  suis  longuement  étendu  sur  les  premières,  je  résume  les 
secondes  B  débute  partout  par  une  épaisseur  qui  ne  s'abaisse  pas 
au-dessous  de  10  m.  (Cairol  l'estime  à  50  à  Kamade,  lac.  cit.  p.  17), 
de  marnes  grises  ou  jaunes,  reliées  dans  la  partie  septentrionale  de 
la  Glape,  par  quelques  décimètres  de  calcaires  noduleux  aux  cal- 
caires compacts  ;  D  présente,  au  contraire,  une  série  (a,  coupes  fig. 
1,3-8)  de  couches  plus  variées  et  beaucoup  plus  calcaires,  caracté- 
risées par  l'abondance  extrême  des  Orbitolines  et  l'apparition  de 
bancs  calcaires  ordinairement  roux,  formant  un  relief  d'épaisseur 
variable  toujours  inférieur  aux  marnes  j3,  (coupes  fig.  1,  3,  8)  que 
seules  il  est  possible  de  confondre  avec  les  marnes  de  B,  comme 
cela  est  arrivé  à  d'Archiac,  dans  la  partie  méridionale  de  la  Glape. 

J'espère  avoir  montré,  par  cette  étude  de  détail,  qu'il  existe  à  la 
Glape  deux  masses  de  calcaires  compaces,  distincts  à  la  fois  parleur 
composition  et  par  leurs  rapports  avec  les  deux  séries  de  couches 
plus  marneuses  entre  lesquelles,  une  de  ces  masses  est,  en  tout  cas, 
comprise. 

11  ressort  aussi  de  cette  étude  que  non  seulement  il  y  a  récurrence 
des  Calcaires  à  Hequiénies,  comme  le  pensait  Coquand,  mais  qu'au 
lieu  de  deux  niveaux  à  Hequiénies,  il  faut  en  compter  au  moins  trois, 
séparés  par  des  couches  marneuses  à  faune  sensiblement  identique. 

Je  me  réserve  dans  une  prochaine  note  d'examiner  les  principaux 
arguments  avancés  par  Gairol  à  l'appui  de  sa  manière  de  voir,  afin 
de  ne  laisser  planer  aucun  doute  sur  les  conclusions  qui  précèdent, 
avant  d'aborder  l'étude  de  la  faune  des  quatre  groupes  pétrogra- 
phiquesqui  composent  le  Crétacé  inférieur  de  la  Clape. 


B4W  s  jifaiinHt  *  la  Société  gCologîane  dans  sa 
t  j'avais  rencontré,  prêt  de 
-_=l  •értdmul  de  la  Montagne  rToire,  ane 
'g^  |t»  «"encnnes  «t  empreinte*  d'tonVù,  qne  je 
déronien.  Depui*. 
jT—i.*  °*  TaiOuB  m  aseei  grand  eombre de  moules 
[  de  «  même  niveau.  L'état  de 
*  pas  encore  ane  détermination 
s  de  Sbîrifers  et  d'Ûrthi*  ne 
m  *Mrte  sar  I  ag*  dèTOotea  de  cette  grand*  bande  de 
«m.  partant  des  ennron*  4*  Fanceres,  «a  passer  an  Sud 
«.disparaît  4  l'Est  sons  la  dolomie  dn  Falgairas.  Si  donc 
ftioa  est  exact*,  cette  granvacke.  serait  inférieure  an 
r  fWo-y*yi>s*«*  rentrerait  par  suite  dans  le  Dêvonien 
m  Cacsè*  d'iiHiwi  i  ainsi  ane  je  l'ai  déjà  dit  dans  la 
n,  niai  |iinali  i  il  n'i  nM  lui  ï  celle  où  l'un  ren* 
faràaaa  prrékmmacitm  dans  U  Nord  et  dans   l'Ouest 


-  j«*hrjes  formes  nr*  mumw* 


4?  h  famille  des  Chamidés. 

Douvillo 


\\v 


l^aa»  0°  travail  précédent  y-2  .  v 
aaajWB  intimes  ane  présentent  le 
r/HPttitts.  depuis  le*  /yvpcs  du  te 
B-Btus  aberrantes  de  l'époque  c 


n-  essayé  de   montrer  les 
uts  types  de  la  famille  des 
Musique  jusqu'aux  formes 
qui   constituent  le  groupe 
par  Lamarck  sous    le   nûltf  tU<  HudisUS.  Nous  a\ous  laissé  de 
as  ce  premier  essai,   quelque-  genres  moins  importants  ou 
nos  sur  lesquels  nous  reviendrons  aujourd'hui. 


■  ■  envoyés  au  Libon 

■  J  m<m>  car,ii't<;risti- 

■.    M  .  mil    Kn-ii.'ii    .i 


187  D0UVILLÉ.   —  SUR  QUELQUES  FORMES  DBS  CHAMIDÉS  757 

Nous  indiquerons,  en  môme  temps,  quelles  sont  les  subdivisions 
iturelles  qu'il  nous  paraît  possible  d'établir  dans  cette  grande 
mille,  remarquable  par  la  complexité  des  formes  qu'elle  présente. 
Le  point  de  départ  de  ce  travail  a  été  dans  les  recherches  que  nous 
rons  entreprises  à  l'instigation  de  notre  confrère  et  ami,  M.  le  doc- 
ur  Fischer,  et  à  l'occasion  de  la  publication  de  son  remarquable 
anuel  de  Conchyliologie  ;  nous  en  avons  communiqué  successive- 
ent  les  principaux  résultats  à  la  Société  Géologique  dans  différentes 
tmmunications  (1),  mais  il  nous  a  paru  préférable  de  les  réunir,  ici, 
1  un  seul  travail  d'ensemble. 

I.  CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALES. 

Malgré  les  grandes  variations  de  formes  que  l'on  observe  dans  l'ap- 
ireil  cardinal  des  Chamidés,  il  est  facile  de  constater  cependant 
te  cet  appareil  présente  une  unité  de  plan  des  plus  remarquables. 
une  des  valves  (celle  que  M.  Munier-Chalmas  dans  ses  impor- 
ats  travaux  désigne  par  la  lettre  a)  présente  toujours,  comme  nous 
vons  vu,  deux  dents  B'  et  B'  séparées  par  une  fossette  n,  tandis 
le  l'autre  valve  (valve  |3),  complémentaire  de  la  précédente,  pré- 
nte  au  contraire,  deux  fossettes  b  et  b'  séparées  par  une  dent  mê- 
me N.  Les  deux  dents  B  et  B'  sont  toujours  placées  à  la  suite  des 
ux  impressions  musculaires,  de  telle  sorte  que  la  dent  B  peut  être 
signée  comme  dent  postérieure  et  la  dentB'  comme  antérieure. 
lis,  en  outre,  la  dent  postérieure  \\  est  en  relation  constante  de 
sition  avec  le  ligament  qui  vient  toujours  se  terminer  dans  son 
sinage  immédiat,  elle  peut  donc  être  qualifiée  de  marginale,  tandis 
e  les  dents  B'et  N  sont  placées  sur  le  bord  interne  du  plateau 
rdinal  et  peuvent  être  considérées  comme  des  dents  intérieures. 
utes  les  fois  que  le  ligament  est  externe,  le  mouvement  relatif  des 
ves  est  un  mouvement  de  charnière  ou  de  rotation  autour  d'un 
b  idéal,  passant  par  l'extrémité  du  ligament  ;  il  en  résulte  pour 
dent  marginale,  toujours  très  voisine  de  cet  axe,  une  tendance 
irquée  au  déversement  vers  l'extérieur,  comme  on  l'observe  îïé- 
e  m  ment  dans  les  formes  voisines  de  Diccras.  Cette  sujétion  de 
>me  n'existe  plus  lorsque  le  ligament  devient  interne;  dans  ce  cas, 
isertion  des  filaments  ligamentaires  devient  oblique  sur  les  deux 
Ives,  et  semble  indiquer  que  le  mouvement  d'éeartement  des  valves 
t  plutôt  un  mouvement  de  torsion  ou  hélicoïdal,  pendant  lequel 
s  dents  remontent  sur  les  parois  de  leurs  alvéoles  comme  sur  un  plan 
ciiné;  les  dents  ont  alors  une  forme  nettement  conique,  droite  et 

(1)  Voirie   Compt^-i-t-nti-i  il.  ■;    m:;iiu'i:s   il.  s    17  janvier,   7  murs  et  2  mai  1S37 
nsi  que  le  Bulletin,  i.  XV,  [•.  ô\l  el  3.~o 


DOUYIILK.    —   SUR  QUELQUES   FORMES    DE   CIUHIDÉS  20  juill 


III.    PARTIE   DESCRIPTIVE 


•M 


1°  Tribu  des  diceratinés 
Genre  Requienla.  ' 


{Planche  XXVIII,  fig.  1)  ' 

Ce  genre  a  été  institué  par  M.  Matberoo,  en  1839,  dans  son  «  Essai 
sur  la  constitution  géognostique  du  département  des  Bouches-du- 
Rhône  m.  Il  signale  (p.  30)  dans  des  calcaires  oolithiques  attribués 
au  Portlandien  et  qui  en  réalité  représentent  l'Urgonien,  un  fossile 
longtemps  confondu  avec  Us  Dicérates  et  qu'il  se  proposait  de 
décrire  sous  le  nom  de  Hequienites  turbinata,  lorsqu'il  a  appris 
qu'il  venait  d'être  publié  par  Goldfuss  sous  le  nom  de  Ckama  ammo- 
nia. Le  genre  ainsi  proposé,  n'a  été  décrit  qu'en  1842  par  le  même 
auteur  dans  sou  «  Catalogue  méthodique  et  descriptif  des  corps 
organisés  fossiles  du  département  des  Bouches-du-Rbone  (p.  112)  »  ; 
trois  espèces  sont  données  comme  appartenant  â  ce  genre,  Bequienia 
ammonia,  Goldf.,  H.  carinata,  Math.,  et  II.  gryphoïde*,  Math.,  toutes 
les  trois  provenant  des  calcaires  urgoniens  (I). 

Le  type  du  genre  est  donc  incontestablement  le  H.  ammonia.  Cette 
forme  est  bien  connue  extérieurement  ;  mais  la  disposition  intérieure 
de  la  charnière  l'est  beaucoup  moins.  La  collection  de  l'Ecole  des 
Mines  renferme  quelques  spécimens  préparés  par  M.  fiayle,  qui,  sans 
être  absolument  complets,  permettent  cependant  de  se  faire  une  idée 
suffisamment  ciaclu  de  l'appareil  cardinal;  nous  avons  fait  figurer 
XXVIII,  jjg,  iJjDOgil  [ans  les  deux 


1887  DOUYILLÉ.    —   SUR  QUELQUES  FORMKS  DR   GHAMIDÉS  761 

arôte,  qui  court  à  peu  près  parallèlement  au  bord  de  la  coquille. 
En  arrière  de  la  dent  £',  on  distingue  une  dépression  ou  vallée, 
large,  arrondie,  peu  profonde  et  mal  délimitée,  qui  représente  la 
fossette  n.  Au  delà,  se  développe  la  dent  marginale  postérieure  B, 
sous  la  forme  d'une  lame  saillante  large  et  peu  épaisse,  presque  cou- 
chée et  fortement  déversée  en  dehors;  elle  est  arrondie  du  côté 
antérieur,  arquée  du  côté  postérieur,  et,  à  sa  base  externe,  on  distin- 
gue l'extrémité  de  la  rainure  ligamentaire  L. 

La  valve  inférieure  gauche  (valve  fixée)  est  très  creuse  et  fortement 
enroulée  à  la  manière  des  valves  de  certains  Diceras;  elle  présente 
un  plateau  cardinal  triangulaire  presqu'entièrement  occupé  par  la 
fossette  b,  correspondant  la  grande  dent  B  ;  cette  fossette  s'enfonce, 
du  côté  dorsal,  au-dessous  du  bord  de  la  coquille  ;  elle  présente,  du 
côté  postérieur,  une  dépression  triangulaire  arquée  qui  reçoit  une 
saillie  marginale  de  la  dent  B.  Du  côté  antérieur,  le  bord  du  plateau 
cardinal  se  relève  un  peu  (N)  pour  pénétrer  dans  la  vallée  n.  Au  delà, 
on  observe  quelquefois  une  petite  cavité  assez  peu  distincte  (à')  qui 
paraît  t correspondre  à  la  faible  saillie  représentant  la  dent  B';  elle 
est  immédiatement  suivie  par  l'impression  du  muscle  antérieur,  ma, 
petite,  légèrement  excavée  et  submarginale.  L'impression  musculaire 
postérieure,  m/>,  tout  à  fait  superficielle,  est  très  peu  apparente  ;  elle 
est  entièrement  située  en  dehors  du  plateau  cardinal. 

La  Requienia  /jnjphotdes  présente  une  charnière  tout  à  fait  ana- 
logue à  celle  de  la  IL  ammonia. 

On  voit  que  la  charnière  des  Requienia  a  pour  caractère  saillant  le 
grand  développement  de  la  dent  marginale  postérieure  ;  les  autres 
éléments  B,  et  N  sont  tout  à  fait  obsolètes  ;  mais,  malgré  leur  dispa- 
rition presque  complète,  l'appareil  cardinal  n'en  présente  pas  moins 
une  très  grande  analogie  avec  celui  des  Heterodiceras, 

Genre  Matheronia. 

Ce  genre  a  été  établi  en  1873  par  M.  Munier-Chalmas,  dans  son 
«  Prodrome  d'une  classification  des  Rudistes  »  (1),  sans  description 
ni  figure,  et  par  la  seule  indication  du  type,  Caprotina  Virginia,  S. 
Gras,  de  TUrgonien  de  Navacelle  (Gard)  ;  le  môme  auteur  en  a  donné 
plus  tard,  en  1882  (2),  une  bonne  description  à  laquelle  nous  ne  pou- 

(1)  Journal  de  Conchyliologie,  vol.  XXI,  \>.  7i. 

(2)  Etudes  critiques  sur  les  Rudistes.  {Bull.  6'uc.  yéol.  de  France,  3°  Série,  t.  X. 
p.  481.) 


762  D0UV1LI.É.    —    SLR   QUELQUES   FOHMF.S    DE   CIIAMIDÉ8  20  JUKI 

Fig.  1.  Schéma  de  Matheronia  {d'après  les  échantillons  et  ta  destins 
communiqués  par  M.  Mttnier-Chalmas. 


vons  que  renvoyer  le  lecteur.  Nous  nous  bornerons  à  signaler  sur  la 
valve  supérieure  operculiforme  la  présence  d'une  dent  marginale  pos- 
térieure B,  très  grande,  courbe,  obliquement  horizontale  et  dépassant 
le  bord  cardinal  ;  la  dent  antérieure  11'  est  ovalaire,  surbaissée,  assez 
large,  mais  peu  saillante  et  plus  ou  moins  rudimentaire;  les 
muscles  adducteurs  sont  supportés  par  deux  renflements  du  têt  ;  en- 
fin, le  ligament  vient  s'insérer  sur  un  méplat,  a  la  base  citerne  de  la 
dent  B  ;  la  valve  inférieure  est  fortement  creusée  ;  la  dent  cardinale  N 
est  déplacée  du  côté  antérieur  ;  elle  est  forte  et  médiocrement  sail- 
lante et  présente,  en  avant,  une  petite  dépression  ou  rainure  b',  dans 


1887  DOUYILLfi.   —  SUR  QURLQUES  FORMES  DR  CHAMIDKS  763 

Math.,  de  l'Urgonien  d'Orgon  (Bouches-du-Rhône).  L'espèce  est  bien 
connue,  mais  ses  caractères  internes  ne  paraissent  pas  avoir  été  dé- 
crits. Aussi  avons-nous  cru  utile  de  faire  figurer  (pi.  XXVIII,  flg.  2) 
l'intérieur  des  deux  valves,  d'après  de  très  bonnes  préparations 
obtenues  par  M.  Bayle. 

La  valve  supérieure  est  disposée  comme  dans  les  genres  précé- 
dents ;  la  dent  marginale  postérieure  B,  large  et  mince,  est  fortement 
déversée  en  dehors  ;  du  côté  antérieur,  elle  est  limitée  en  dedans  par 
une  vallée  étroite  n,  en  avant  de  laquelle  on  distingue  la  dent  B 
courte,  mince  et  transverse.  L'impression  du  muscle  antérieur  ma 
est  superficielle.  Le  muscle  postérieur  mp  est  porté  sur  une  lame  très 
saillante  et  dressée,  dont  le  prolongement  vient  passer  immédiatement 
au-dessous  du  plancher  cardinal,  auquel  elle  paraît  soudée.  La  rai- 
nure ligamentaire  vient  aboutir  à  la  base  de  la  dent  B,  du  côté  externe. 

La  valve  inférieure  (gauche)  présente  un  plateau  cardinal,  presque 
entièrement  occupé  par  un  large  méplat  correspondant  à  la  fossette  b 
et  destiné  à  recevoir  la  dent  marginale  B  ;  ce  méplat  présente,  du 
côté  postérieur,  une  dépression  triangulaire  arquée  comme  dans  Ile- 
quienia.  Du  côté  antérieur,  le  bord  du  plateau  se  relève  en  une  dent 
allongée  et  peu  saillante  N,  présentant  en  avant  une  légère  dépression, 
correspondant  à  la  dent  B'.  L'impression  musculaire  antérieure  ma 
est  petite  et  un  peu  enfoncée  ;  l'impression  postérieure  mp  se  relève 
du  côté  interne,  en  donnant  naissance  à  une  arête  saillante  qui  rap- 
pellee  celle  des  Diceras  et  s'enfonce  de  môme  sous  le  plancher  cardinal. 

En  résumé,  on  voit  que  l'appareil  interne  des  Toucasia  diffère  de 
celui  des  genres  précédents  par  les  lame  et  arête  myophores  qu'elle 
présente  sur  les  deux  valves,  du  côté  postérieur.  Cette  distinction  est 
du  même  ordre  que  celle  qui  sépare  Diceras  de  lleterodiceras  et  il  est 
naturel  de  penser  que  llequienia  et  Matheronia  dérivent  de  Heterodice- 
ras,  tandis  que  Toucasia  dérive  de  Diceras. 

Toucasia  diffère  de  Diceras  par  sa  forme  générale  et  surtout  par 
l'appareil  cardinal  de  la  valve  inférieure  :  dans  le  premier  de  ces  gen- 
res, la  fossette  h  est  beaucoup  plus  large  et  moins  enfoncée  et  la  dent 
N  beaucoup  moins  saillante. 

Genre  Apricardia, 

(Planche  XXVflï,  fig.  R  et  4) 

Ce  genre  a  été  établi  en  1853  par  M.  Guéranger,  dans  son  «  Essai 
«  d'un  répertoire  paléontologique  du  département  de  la  Sarthe  », 
de  la  manière  suivante  : 

«  Le  caractère  principal,  sur  lequel  je  me  fonde  pour  proposer 
«  ce  nouveau  genre,  est  une  dent  très  longue,  recourbée,  se  prolon- 


1 


704  DOUVILLÉ.    —   SUH    QUELQUES    FORMES   DE    CUAMIDÉ8  20  juin 

h  géant  an  delà  du  bord  de  la  coquille  et  rappelant  par  sa  forme  e 
«  par  sa  position  la  défense  du  sanglier.  —  Type  :  Apricardia  cari- 
«  nata,  Guér.  Coquille  allongée,  oblique,  fortement  carénée.  Le  Mans, 
m  SaiDte-Croix.  » 

Ce  genre  était  resté  de  position  incertaine  ;  M.  Guéranger  l'avait 
placé  dans  les  Cardîidés  entre  Cardium  et  fsocardia. 

Plus  tard,  en  1867,  dans  son  «Album  paléontologiquedelaSarthe,» 
le  même  auteur  a  donné  deux  figures  de  l'espèce  type,  accompagnées 
de  quelques  observations  :  «  Les  détails  de  la  charnière,  écrit-il, 
a  sont  tellement  singuliers  que  j'ai  cru  devoir  proposer  un  genre 
«  nouveau  pour  ce  fossile.  Le  principal  caractère  consiste  dans  une 
a  dent  saillante  et  recourbée.  Je  trouve  cette  coquille  parmi  les 
«  huîtres  biauriculées  et  dans  le  Jallais.  » 

En  examinant  soit  les  échantillons  figurés  par  l'auteur,  soit  ceux 
qu'il  a  libéralement  donnés  à  la  collection  de  l'Ecole  des  Mines,  nous 
avons  constaté  que  l'espèce  type  n'est  connue  que  par  la  valve  droite 
et  que  la  forme  toute  particulière  de  la  dent  postérieure  marginale, 
large  et  déversée  en  dehors  rappelait,  tout  à  fait,  la  disposition  carac- 
téristique des  Dicératinés.  Un  autre  caractère  omis  dans  la  descrip- 
tion donnée  par  M.  Guéranger,  mais  bien  visible  sur  les  échantillons, 
est  la  présence,  du  côté  postérieur,  d'une  lame  saillante  identique  à  la 
lame  myophore  postérieure  des  Diceras, 

Sur  ces  entrefaites,  notre  confrère,  M.  Arnaud,  bien  connu  par 
ses  belles  recherches  sur  le  terrain  crétacé  du  Sud-Ouest,  nous  en- 
voyait un  très  curieux  échantillon  provenant  du  Provencien  inférieur 
de  Châteauneuf  (Charente)  ;  c'était  une  valve  droite,  isolée  de  la 
Heijuienia  Archiaci  et  dont  le  lot  était  remarquablement  conservé  ; 


1887  DOU VILLE.    —  SUR  QUELQUES  FORMES  DE  G11AM10ÉS  765 

par  suite,  fortement  aplati.  La  charnière  de  cette  valve  n'est  pas 
encore  connue,  mais  il  n'est  pas  douteux  qu'elle  ne  soit  identique  à 
celle  de  Toucasia  :  les  moules  internes  indiquent  la  présence  d'une 
arête  myophore  postérieure  saillante. 

La  valve  supérieure  est  généralement  moins  volumineuse  ;  le  cro- 
chet est  assez  fortement  enroulé  du  côté  antérieur  et  elle  présente  le 
plus  souvent,  du  côté  postérieur,  une  carène  plus  ou  moins  arrondie 
qui  part  du  sommet.  La  disposition  intérieure  est  la  suivante  : 

1°  Apricardia  carinata  (pi.  XXVI11,  fig.  3).  —  La  dent  principale  B 
(marginale  postérieure)  est  très  volumineuse,  large,  aplatie  et  forte- 
ment déversée  vers  l'extérieur;  elle  dépasse  le  bord  de  la  coquille; 
dans  les  échantillons  bien  conservés,  elle  présente,  en  dessus,  une 
légère  carène  médiane  et  une  assez  forte  saillie  antérieure.  Au  bas 
de  cette  saillie,  du  côté  interne,  une  dépression  représente  la  fossette 
w,  et  en  avant,  on  distingue  une  petite  dent  conique  antérieure  Bv. 
L'impression  musculaire  antérieure  est  marginale,  extrêmement 
étroite  et  allongée.  Le  muscle  postérieur  est  porté  sur  une  lame 
saillante  //*/>,  qui  s'élève  normalement  à  la  surface  de  la  valve.  Cette 
lame  est  largement  séparée  du  plateau  cardinal,  sous  lequel  elle  s'en- 
fonce pour  pénétrer  dans  la  cavité  umbonale.  La  rainure  ligamentaire 
est  bien  visible  à  partir  du  crochet  ;  elle  s'élargit  à  la  base  de  la  dent 
B.sur  laquelle  elle  vient  s'appuyer;  elle  est  partiellement  recouverte, 
en  ce  point,  par  une  légère  saillie  qui  se  détache  du  côté  externe  de 
la  base  de  la  dent. 

2°  Apricardia  Archiaci  (pi.  XXVIII.  fig.  4).  —  La  valve  supérieure  i 
est  beaucoup  moins  aplatie  que  dans  l'espèce  précédente,  aussi  la 
dent  B  est  relativement  moins  déversée  en  dehors  ;  elle  est  moins 
saillante,  moins  anguleuse  et  plus  régulièrement  arrondie;  elle  pré- 
sente, du  côté  interne,  une  légère  saillie  médiane  et  plusieurs  canne- 
lures du  côté  antérieur.  La  fossette  n  se  présente  sous  la  forme  d'une 
vallée  transversale  étroite  et  peu  profonde  en  avant  de  laquelle  on 
distingue  une  faible  dent  B'.  L'impression  du  muscle  antérieur  ma 
allongée  et  très  étroite  n'est  pas  entièrement  conservée. 

La  lame  myophore  postérieure  mp  est  très  saillante  et  normale  à  la 
surface  de  la  valve;  elle  est  exactement  disposée  comme  dans  Apricar- 
dia carinata.  L'insertion  ligamentaire  est  également  bien  visible; 
elle  se  présente  sous  la  forme  d'une  rainure  qui  part  du  sommet 
de  la  valve  et  aboutit  à  l'extérieur  de  la  dent  B,  mais  sans  s'élargir  ; 
elle  est  séparée  à  son  extrémité  de  la  surface  de  la  dent  par  une 
lame  légèrement  saillante. 

On  voit  que  la  disposition  générale  de  la  charnière  est  la  même 
que  dans  les  genres  précédents,  ftequienia,  Matheronia  et  Toucasia. 


/■■ 


766  DOUVILLÉ.    —   SUR  yUELVUES   FOKMKS    DE    uUÀMinÉS  20  JQitt 

La  présence  d'une  lame  et  d'une  arfite  myophores  postérieures  in- 
dique une  extrême  analogie  avec  ce  dernier  genre;  l'unique  différence 
que  l'on  puisse  signaler  consiste  dans  la  position  de  la  lame  myo- 
phore  de  la  valve  libre:  dans  l'oucana,  elle  est  comme  soudée  en 
dessoas  du  plateau  cardinal  et  elle  s'élève  presque  normalement, 
au-dessus  du  plan  de  la  commissure  des  valves.  Dans  Apricardia, 
au  contraire,  elle  est  largement  séparée  du  plancher  cardinal  et  ta 
direction  reste  beaucoup  plus  transverse. 

Le  genre  7'ovcasia  parait  jusqu'ici  cantonné  dans  l'Urgonîen.  Le 
genre  Apricardia  est  beaucoup  plus  répandu  et  se  développe  large- 
ment à  partir  du  Cénomanien.  La  rainure  postérieure  que  l'on 
observe  sur  les  deux  valves  permet  de  distinguer  facilement  les 
fiirostres  qui  doivent  6lre  attribués  à  ce  genre;  je  citerai  particu- 
lièrement et  d'après  ce  caractère,  les  forme»  décrites  par  d'Orbigny 
sous  les  noms  de  liequicnia  carentonensit,  ft.  Toucaii  et  //.  Ixvigata. 

TRIBU    DES   BÀYLKINÉS 

Genre  Bayleia 
C'est  ici  que  viendrait  normalement  se  placer  ce  genre  curieux 
établi  et  décrit  par  M.  Munier-Chalmas,  mais  pour  en  bien  faire 
comprendre  les  caractères,  il  nous  a  paru  préférable  de  renvoyer  sa 
description  à  la  fin  de  cette  note. 

B.  —  FORMES  INVERSES 

Elles  se  distinguent  immédiatement  des  précédentes  parle  mode 
d'enroulement  de  la  valve  Qxée  qui  est  de  même  sens  que  dans  les 


H 


1887  DOU  VILLE.    —   SUR  QUELQUES  KO  BUES  DE   C11AMIDÉS  767 

surélevé  de  l'impression  musculaire  postérieure.  Or,  cette  disposition 
ne  se  présente  que  sur  les  formes  enroulées,  tandis  que,  sur  les 
formes  droites,  cette  impression  est  superficielle  ;  il  est  donc  préfé- 
rable de  prendre  pour  type  du  genre  une  des  formes  enroulées,  telles 
que  le  M.  varians.  Du  reste,  ce  caractère  ne  nous  parait  pas  suffisant 
pour  distinguer  génériquement  les  formes  droites,  l'appareil  cardinal  ,<  V> 

étant  exactement  le  môme  dans  les  deux  groupes  d'espèces.  ..-'  * 

La  charnière  du  genre  Monopleur  a  est  aujourd'hui  bien  connue;  elle 
se  compose,  sur  la  valve  inférieure,  d'une  dent  médian  e^B  et  B -comprise 
entre  deux  fossettes  b  et  b%  et,  sur  la  valve  supérieure,  de  deux  dents 
JN  séparées  par  une  cavité  médiane  n  ;  ces  éléments  sont  les  mêmes 
que  ceux  que  l'on  observe  dans  les  Dicératinés,  leur  importance  rela- 
tive seule  est  modifiée  :  examinons  de  plus  près  ce  rapprochement. 

Nous  avons  vu,  dans  ce  dernier  groupe,  que  les  deux  dents  B  et  B'  de 
la  valve  droite  sont,  la  première  toujours  en  relations  avec  le  bord 
externe  de  la  coquille  et  en  particulier  avec  l'extrémité  de  la  cavité 
ligamentaire,  tandis  que  la  dent  B}  est  toujours  sur  le  bord  interne 
du  plateau  cardinal.  Dans  Monopleura,  on  observe  cette  même  rela- 
tion de  position,  seulement  les  deux  dents  sont  sur  la  valve  gauche, 
et  l'une  d'elles  est,  en  efTet,  placée  tout  à  côté  de  la  cavité  ligamen- 
taire :  c'est  la  dent  postérieure  et  nous  devrons  lui  conserver  la  nota- 
tion B,  tandis  que  la  seconde  s'appuie,  au  contraire,  sur  le  bord 
interne  du  plateau  ligamentaire,  c'est  la  dent  antérieure  ou  B'.  La 
valve  gauche  de  Monopleura  est  donc  rigoureusement  homologue  de 
la  valve  droite  des  Dicératinés,  mais  elle  est  symétrique  et  inverse  ; 
de  même  la  valve  droite  de  Monopleura  est  homologue  de  la  valve 
gauche  des  Dicératinés.  Si  donc  on  considère  ces  dernières  formes 
comme  normales,  on  pourra  appliquer  l'épithète  d'inverses  aux 
Monopleura  et  aux  types  dérivés.  Ce  fait  n'est  du  reste  pas  isolé  dans 
la  famille  des  Ghamidés  et  nous  verrons  plus  loin  que  les  Ghamidés 
actuels  présentent  un  mode  de  variation  analogue. 

Les  Monopleura  sont  caractérisés  par  un  développement  à  peu  près 
égal  des  deux  dents  B  et  B'  ;  la  dent  marginale  no  présente  plus  ici 
la  forme  large  et  déversée  si  fréquente  dans  les  Dicératinés,  elle  est, 
au  contraire,  conique  et  cette  différence  de  forme  parait  en  relation 
avec  la  disposition  du  ligament  dont  la  rainure  est  à  peu  près  nor- 
male au  plan  de  la  commissure  ,  au  lieu  d'être  tangentielle. 

Sur  la  valve  inférieure  ou  fixée,  la  dent  médiane  N  est  toujours 
bien  développée  et  plus  ou  moins  transverse;  elle  s'appuie  directe- 
ment sur  le  bord  interne  de  la  coquille  dans  les  formes  droites,  et 
sur  le  milieu  du  bord  interne  du  plancher  cardinal  dans  les  formes 
enroulées  (J/.  varians). 


768  DOUYIUK.    —   SUR   tfUËLyUKS   FORMES   DB    CflAMIDÉS  20  juin 

■   j,  >'J;''     Les  impressions  musculaires  sont  superficielles;   elles  correspon- 

■  '  '  dent  quelquefois  à  une  partie  épaissie  du  test,  mais  elles  ne  sont 

7(?      ,'    jamais  portées  sur   une  apophyse  saillante.  Nous  avons  va  qne, 

-    dans  le  il.  variant,  le  bord  interne  de    l'impression    musculaire 

postérieure    est  légèrement    surélevé    sur   la  valve   inférieure,  de 

manière  a  donner  naissance  à  une  arête  faiblement  saillante. 

Les  formes  les  plus  anciennes  des  Monopteura  proviennent  des 
couches  à  Valletia  de  Saint-Claude,  près  Chambéry,  et  de  la  limo- 
nite  de  Métabief  qui  appartiennent  au  Valanginien  supérieur;  nous 
avons  énuméré  plus  haut  les  différentes  formes  signalées  par  Mathe- 
ron  dans  l'Urgonien.  Le  type  persiste  dans  dans  la  Craie  supérieure; 
nous  pouvons  citer  le  Monopteura  mar/icensis  du  Sénonien  inférieur, 
et  le  M.  (Chama)  (/typhoïdes,  Bayle,  du  Sénonien  supérieur  de  Royan. 

Genre  Valletia,  M.  Ch.,  1873. 

Ce  genre,  établi  par  M.  Munier-Cbalmas  en  1873,  dans  son  «  Pro- 
drome d'une  classification  des  Kudistes  »,  a  été  ensuite  décrit  et  très 
bien  figuré  par  le  même  auteur,  dans  ses  «  Etudes  critiques  sur  les 
Ru  dis  te  s  (1).  »  Ce  type  est  très  voisin  de  Monopleura,  mais  il  s'en 
distingue  facilement  d'abord  à  l'extérieur  par  l'eoroulement  beau- 
coup  plus  marqué  des  deux  valves,  qui  rappelle  Loul  à  fait  celui  des 
Diceras,  puis  à  l'intérieur  par  l'atrophie  de  la  dent  marginale  posté- 
rieure, qui  n'est  plus  représentée  que  par  un  léger  tubercule  visible 
seulement  sur  les  échantillons  parfaitement  conservés.  C'est,  bien 
entendu,  une  forme  inverse  comme  Monopleura. 

Ce  type  a  été  d'abord  signalé  dans  le  Valangînien   supérieur  des 


1887 


DOU VILLE.   —  SUR  QUELQUES  FORMES  DE   CUAMIDÉS 


769 


et  largement  adhérentes  comme  les  Toucasia  et  les  Apricardia,  mais 
elles  s'en  distinguent  facilement  par  l'enroulement  de  la  valve  fixée 
qui  est  inverse  de  celui  qui  caractérise  ces  deux  derniers  genres, 
et,  par  suite,  de  même  sens  que  dans  les  Exogyra. 

Nous  prendrons  pour  type  l'espèce  bien  connue  qui  a  été  décrite 
par  d'Orbigny  sous  le  nom  de  Requienxa  cenomanensis. 

La  valve  supérieure,  de  forme  capuloïde,  présente  exactement  la 
môme  disposition  interne  que  les  Monopleura.  On  distingue  deux 
dents  presqu'égales,  l'une  marginale  postérieure  B,  placée  immé- 
diatement à  côté  du  ligament,  la  seconde  antérieure  interne  B'  ; 
entre  les  deux,  se  creuse  une  fossette  profonde  n.  Les  deux  impres-  c  ^  I  I* 
sions  musculaires  sont  superficielles  et  correspondentjgénéralement 
à  un  épaississement  du  tôt,  surtout  du  côté  interne. 

Fig.  2.  —  Schéma  de  Gyropleura  cenomanensis. 
Fi  g.  3.  —  Birostre  de  Gyropleura  comucopiœ. 


Fi<r  3 


.lUf 


H1P 


G,  valve  gauche  libre;  D,  valve  droite  fixée;  L,  rainure  ligamentaire;  B,  B\  N, 
dents  cardinales:  b,  b\  n,  fossettes  correspondantes;  ma,  mp,  muscles  adducteurs. 

La  valve  inférieure  rappelle,  tout  à  fait,  la  forme  de  certaines  Exo- 
gyres  ;  elle  est  largement  adhérente  par  le  côté  antérieur  et  présente 
un  crochet  fortement  enroulé  du  même  côté.  La  charnière  est 
comme  déplacée  du  côté  antérieur  :  elle  se  compose  d'une  petite 
fossette  postérieure  b,  placée  à  l'angle  dorsal  de  la  valve,  immédiate- 
ment à  la  suite  de  la  rainure  ligamentaire,  puis  d'une  forte  dent 
N,  placée  en  avant  et  suivie  elle-même  d'une  fossette  antérieure  b1 
assez  profonde.  L'impression  musculaire  antérieure  ma  est  superfi- 
cielle et  marginale;  l'impression  postérieure  mp  est  large,  bien 
développée  et  portée  par  une  lame  transverse,  qui  simule  un  plan- 
cher cardinal,  occupe  tout  le  crochet  en  arrière  de  la  fossette  posté- 
rieure et  recouvre  la  cavité  umbonale.  Cette  lame  myophore  posté- 
rieure constitue  le  caractère  particulier  du  genre  Gyropleura  ;  il  se 
traduit  sur  les  moules  internes   par  une  rainure  profonde  plus  ou 

XV  49 


770  DOUVItLK.    -     SUK  iJlîBliJUES    FOU  H  ES   IJK    CI1ÀJUDÉS  20   JU1D 

moins  large  située  entre  le  crochet  de  la  valve  fixée  et  la  commissure 
des  valves  ;  cette  rainure  est  bien  visible  sur  les  moules  de  la  Craie 
de  Rouen,  figurés  par  d'Orbigny  sous  le  nom  de  Chôma  comucopiœ, 
et  qui,  peut-être,  ne  sont  que  des  birostres  du  Gyropleura  cenoma- 
nensis.  Ce  môme  caractère  nous  a  permis  de  nous  assurer  que  Ca- 
protina  navis  de  d'Orbigny,  appartient  encore  au  même  genre,  et 
n'est  pas  un  Matheronia,  comme  l'avait  penséM.  Munier-Cbalmas  (1)  ; 
du  reste,  le  sens  de  l'enroulement  de  la  valve  fixée  montrait 
déjà  qu'on  avait  affaire  à  une  forme  inverse.  Il  en  est  de  même  des 
Requienia  rugoia,  Delaruei  et  carinata,  qui  sont  également  inverses 
et  appartiennent,  selon  toutes  probabilités,  au  genre  Gyropleura. 

Les  collections  de  l'Ecole  des  Mines  possèdent  une  moule  de 
'  grande  taille  dont  le  contre- moulage  reproduit  exactement  les  carac- 
tères du  genre  que  nous  étudions;  il  provient  de  Chàteauneuf  près 
Angoulême;  la  cavité  umbonale  a  une  Corme  triangulaire  bien  mar- 
quée. Nous  avons  fait  figurer  (PI.  XXVIII.  fig.  5)  le  contre-mou- 
lage de  cette  pièce. 

Si  on  compare  les  valves  inférieures  de  fk-quienia  ou  Matheronia 
avec  celles  de  Gyropleura,  elles  paraissent,  au  premier  abord,  présen- 
ter presque  exactement  la  môme  disposition  cardinale  ;  on  pourrait 
ainsi  être  tenté  de  considérer,  avec  d'Orbigny,  les  Gyropleura  comme 
de  simples  Requienia  inverses,  à  l'exemple  de  ce  qui  passe  dans 
les  CHaminèt  où  l'on  rencontre  quelquefois,  dans  la  même  espèce,  des 
formes  normales  et  des  formes  inverses.  Mais  celte  analogie  n'est 
qu'apparente  et  la  lame  qui,  dans  ces  deux  genres,  contitue  la  plus 
grande  partie  du  plancher  cardinal  correspond  à  des  parties  bien 
dillére 


$87  DOUVIUÊ.    —  SUR  QUELQUES   FOHMKS   OS   C1JAMIDKS  771 

piche  ont  figuré  (pi.  CXLV1,  fig.  2  et  7)  un  échantillon  de  Métabief  qui 
présente  tous  les  caractères  du  genre  et,  en  particulier,  la  lame  myo- 
phore  postérieure;  cet  échantillon  nous  parait  bien  distinct  par 
sa  forme  extérieure  et  par  ses  caractères  internes  du  Monopleura 
valanginiensis  de  Sainte-Croix  et,  par  suite,  nous  ne  pouvons  admettre 
l'identification  proposée  par  ces  auteurs. 

Plusieurs  espèces  ont  été  rencontrées  dans  le  Cénomanien  et  le 
terrain  crétacé  supérieur  ;  elles  ont  presque  toutes  la  môme  orne- 
mentation, constituée  par  des  côtes  rayonnantes  écailleuses  ou  échi- 
nulées,  ce  qui  rend  souvent  bien  difficile  la  distinction  de  certaines 
formes,  surtout  lorqu'elles  ne  sont  pas  parfaitement  bien  conservées. 

Gyropleura  cenomanensis,  d'Orb.  sp.  (Pi.  XXVI11  fig.  7) 

( Hequim ta  renuma n ensis,  d'Orb.  Paléont  fr.  p.  SGI,  figurée  sous  le  nom  géné- 
rique de  Cuprotina  ibid.  pi.  595,  fig.   1-4.) 

D'Orbigny  indique  que  les  deux  valves  sont  ornées  de  petites  côtes 
longitudinales  rapprochées,  très  régulièrement  marquées  de  lignes 
d'accroissement  en  dessus.  Sur  les  échantillons  un  peu  usés,  les 
côtes  sont  robustes,  arrondies  et  séparées  par  des  intervalles  égaux 
à  peu  près  à  leur  épaisseur  ;  sur  les  échantillons  parfaitement  con- 
servés les  côtes  sont  ornées,  en  dessus  et  sur  les  côtés,  de  lamelles 
imbriquées  en  forme  d'accents  circonflexes  dont  la  concavité  est 
dirigée  du  côté  de  la  commissure  ;  le  bord  des  valves  montre  une 
série  de  fortes  crénelures,  correspondant  précisément  à  ces  lamelles  ; 
sur  le  bord  d'une  valve  de  13mm  de  diamètre,  les  côtes  sont  distantes 
d'axe  en  axe  de  3{4  millim.  Nous  considérons,  comme  variété,  certains 
échantillons  dans  lesquels  les  lamelles  sont  beaucoup  moins  saillantes, 
de  telle  sorte  que  les  côtes  paraissent  simplement  striées  en  travers. 

Loc.  Cénomanien  du  Mans. 

On  rencontre  dans  le  tourtia  de  Montignies-sur-lloc  des  échantil- 
lons très  voisins  de  ceux  du  Mans  et  de  taille  un  peu  plus  forte; 
mais  leur  ornementation  externe  n'est  pas  assez  bien  conservée  pour 
qu'on  puisse  affirmer  leur  identité  spécifique  avec  les  échantillons 
précédents. 

Gyropleura  cornucopiie,  d'Orb.  sp.  (supra  p.  76U,  fig.,  3). 

[Chanta  cornw:opi,v.  d'Orbigny,  l'ai.  fr.  3,  pi.  401,  lig.  3-7,  p.  089). 

Cette  espèce  ne  nous  est  connue  que  par  les  birostres  que  l'on 
rencontre  assez  souvent  à  Rouen,  dans  la  couche  à  Amm.  rothomagemùs, 
et  qui  ont  été  figurés  par  d'Orbigny  ;  l'ornementation  externe  nous 
est  inconnue,  ce  qui  nous  empoche  d'affirmer  leur  identité  avec  le 
G.  cenomanensis. 


772  DOnVILLÉ.    —   SUR  QUBLQUfiS    FORMES    DE    CH AMI  DÈS  20  jllîn 

Gyropleuraornata,  d'Orb.  sp.  {PI.  XXVIII,  flg.  8) 

{Reqiàenia  ornata,  ù'Ortiigoy  Pal.  fr.  3,  p.  !57  pi.  589,  11g.  t-i. 

Nous  n'avons  pu  examiner  que  la  valve  inférieure;  les  cotes  sont 
anguleuses,  fortement  échinulées  de  distance  en  distance;  elles  pré- 
sentent des  stries  transverses,  Gnes  etserrées,  quiseprolongentdans 
l'intervalle  des  côtes. 

Loc.  Cénomanien  de  l'île  d'Aix. 

Les  échantillons  que  nous  avons  sous  les  yeux  se  rapprochent 
beaucoup,  par  leur  forme  et  leur  taille,  des  exemplaires  figurés  par 
d'Orbigny,  Pal.  fr.,  pi.  588,  fig.  3  et  4  comme  les  jeunes  du  G.  navi*. 


Gyropleu 


,  d'Orb. 


(Requienia  nooij,  d'Orb.  Pal.  fr.,  p.  IS5,  pi.  SS7  etS8B  t\g.  I  et  î). 

Cette  espèce  du  Cénomanien  supérieur  des  Cbarentes  est  bien 
connue  à  la  fois  par  son  ornementation  extérieure  formée  sur  la  valve 
inférieure  de  côtes  rayonnantes  échinulées  et  par  son  birostre.  Ce 
dernier  présente,  en  dessous  de  la  commissure  palléale,  une  large  et 
profonde  échancrure  correspondant  à  la  lame  myophore  postérieure  : 
au-dessus  on  distingue  très  nettement  sur  la  partie  supérieure 
du  birostre,  l'impression  musculaire  postérieure  de  la  valve  libre  ; 
sur  la  commissure,  il  est  souvent  facile  de  discerner  la  trace 
des  deux  dents  cardinales  supérieures  B  et  B',  et  de  la  dent  médiane 
inférieure  N. 

Cette  espèce  se  distingue  facilement  des  précédentes  par  sa  taille 
beaucoup  plus  considérable;   le  jeune  à  des  côtes  échinulées   sail- 


1887  D0UVILLÉ.   —  SUR  QUELQUES  FORMES  DE   CHÀWDÉS  773 

Les  formes  de  la  Craie  supérieure  sont  généralement  peu  déve- 
loppées et  de  petite  taille  ;  le  plus  souvent  elles  ont  été  brisées  et  on 
ne  trouve  plus  que  la  partie  de  la  coquille  qui  est  restée  adhérente 
aux  diviers  fossiles  (Huîtres,  Térébratules,  Oursins),  sur  lesquels 
elle  était  fixée.  Ces  débris  sont  facilement  reconnaissables  à  leur 
forme  largement  spiralée;  on  distingue,  à  la  loupe,  par  trans- 
parence, leur  ornementation  externe  composée  de  fines  côtes  longi- 
tudinales. Sur  quelques  fragments  qui  nous  en  ont  été  communiqués 
par  notre  confrère  M.  Charles  Janet  l'ornementation  de  la  partie  non 
adhérente  se  compose  de  côtes  fines  arrondies  ornées,  quand  le  tôt 
est  parfaitement  conservé,  d'écaillés  transverses  saillantes.  C'est  donc 
le  même  mode  d'ornementation  que  dansleGyr.  cenomanensis;  seule- 
ment ici,  les  côtes  paraissent  beaucoup  plus  fines  et  plus  nombreuses. 
Les  échantillons  qui  nous  ont  été  communiqués  par  M.  Janet  pro- 
viennent de  la  Craie  blanche  de  Dieppe,  de  Laversine  et  de  Villers- 
Saint- Lucien  près  Beauvais.  Nousfavons  fait  flgurer.(Pl.. XXVIII,  fig.  9) 
l'ornementation  d'un  des  échantillons  de  Dieppe. 

Des  formes  bien  analogues  se  rencontent  à  Meudon  ;  les  unes  ont 
des  côtes  fines  et  serrées  nettement  échinulées,  au  moins  dans  le 
jeune,  et  paraissent  bien  se  rapporter  au  môme  type  que  .les  échantil- 
lons de  Dieppe.  Les  lamelles  transverses  sont  disposées  en  séries  con- 
centriques et  il  est  probable  qu'il  faut  rapporter  cette  forme  au 
Chama  supracretacea,  d'Orb.  Prodr.  p.  294,  n°  44,  dont  nous  repro- 
duisons la  diagnose  malheureusement  bien  obscure  : 

«  Espèce  convexe,  arrondie,  fortement  contournée  sur  elle-même 
»  ornée  de  très  petite  côtes  concentriques,  marquée  de  ligues  rayon- 
»  nantes  aussi  serrées  que  les  côtes.  Loc.  :  La  Falaise,  Meudon.  » 

Les  échantillons  qui  ont  servi  de  type  ne  figurent  malheureuse- 
ment pas  dans  la  collection  d'Orbigny. 

On  rencontre  à  Meudon  d'autres  échantillons  qui  rappellent  la 
variété  non  écailleuse  du  Gyr.  cenomanensis  :  les  côtes  (PI.  XXVIII, 
fig.  40)  sont  fines,  arrondies,  très  rapprochées  et  seulement  striées 
en  travers;  leur  grosseur  est  variable  suivant  les  échantillons,  mais 
elles  paraissent  cependant  plus  fines  et  plus  serrées  que  dans  l'espèce 
du  Mans.  Un  exemplaire  de  Ciply,  de  la  collection  de  l'Ecole  des 
Mines,  reproduit  presqu'exactement  l'ornementation  de  ceux  de 
Meudon  ;  son  moule  interne,  partiellement  visible,  présente  bien  net- 
tementl'entaille  qui  correspond  à  la  lame  myophore  postérieure.  Nous 
serions  disposé  à  rapporter  ce  dernier  type  à  la  Caprotina  costulata, 
Muller(18oo,  Neue  Beitniïge  zur  Petrefaktenkundederaachener  Krei- 
def..  p,  16,  pi.  VII,  iig.  18).  Malheureusement  la  description  et  la  figure 
sont  bien  insuffisantes,  et  les  valves  paraissent  avoir  été  inversées. 


T74  MUVIUK.    —    SUH  QUIïLQUIiB  FORMES    DK    C11AHIDÉS  20  juin 

En  résumé,  les  deux  formes  que  doue  désignons  provisoirement 
sous  la  nom  de  Gyr.  lupraerelacea  et  Gyr.  costulala  sont  encore  bien 
incomplètement  connues  et  il  serait  nécessaire  d'avoir  un  plus  grand 
nombre  d'échantillons  pour  les  distinguer  entr'elles,  et  les  séparer 
nettement  du  Gyr.  cenomanemii. 

Les  formes  suivantes  sont  mieux  caractérisées  : 

Gyropleura  lioulangeri,  n.  sp. 
(Planche  XXVIII,  flg.  6,6». 

Cette  espèce  a  été  découverte  à  Meudon  par  M.  Boulanger,  I  qui 
nous  nous  faisons  un  plaisir  de  la  dédier.  Elle  se  rattache,  par  son 
mode  d'ornementation,  siux.Cormes  précédentes  :  on  distingue  à 'sa 
surface  des  côtes  arrondies  formées  chacune  parune  succession  d'é- 
caiiles  imbriquées;  mais  ces  cotes  au  lieu  d'être  serrées  les  unes 
contre  les  autres  sont,  au  contraire,  largement  evpaoéas.  Les  inter- 
valles sont  lisses  h  peine  marquées  en  travers  par  des  lignes 
d'accroissement. 

La  valve  inférieure  est  la  seule  connue  :  elle  présente  une  très  large 
surface  d'adhérence  limitée  par  une  sorte  de  carène. 

L'échantillon  type  a  été  donné  à  l'Ecole  des  Mines  par  M.  Bou- 
langer. 

Gyropleura  ciplyana,  Hyck.  sp. 

(Planche  XXVIII,  lig.  11) 


4887  DODVILLÂ.    —  SUR  QUELQURS  FORMES  DR  CHAMIDÉS  775 

Gyropleura  russiensis,  d'Orb.  sp. 
(Planche  XXVIII,  fig.  13) 

Caprina  russiensis,  d  Orb.  1845  in  Vern.  Murch,  et  de  Keys.,  t.  p.  496,  pi.  XLIII, 
lijr.  31-33  —  Caprolina  russiensh%  d'Orb.  1850.  Prodr.  sénonien  n°  1005. 

Cette  forme  rappelle,  mais  d'une  manière  très  atténuée,  r ornemen- 
tation de  l'espèce  précédente.  Les  côtes  sont  beaucoup  plus  fines, 
très  minces,  régulières  et  saillantes  ;  elles  sont  séparées  par  des  inter- 
valles à  peu  près  triples  de  l'épaisseur  des  côtes  ;  elles  sont  fine- 
ment échinulées  ;  elles  présentent,  à  la  valve  supérieure,  sur  les  côtés, 
ûq  très  fines  costules  échinulées,  mais  les  intervalles  ne  sont  pas  cos- 
tulés  et  paraissent  lisses  ou  très  finement  striées  en  travers. 

Loc.  L'échantillon  type  qui  fait  partie  des  collections  de  l'Ecole 
des  Mines,  provient  de  la  craie  à  Bei.  paxiUosus  (mucronatus,  auct.) 
de  Simbirsk,  Russie. 

Gyropleura  subhwis  n.  sp. 
(Planche  XXVIII,  fig.  I2Ï. 

Cette  dernière  espèce  ne  nous  est  connue  que  par  sa  valve  infé- 
rieure qui  ressemble  tout  h  fait  à  une  Exogyre;  sa  surface  est  à  peu 
près  lisse;  mais,  en  l'examinant  à  la  loupe,  on  distingue  des  lamelles, 
d'accroissement  espacées,  et  entre  ces  lamelles  de  petites  eûtes 
rayonnantes,  très  fines,  un  peu  plus  serrés  que  les  lamelles.  Ces 
côtes  deviennent  plus  saillantes  sur  le  bord  des  lamelles  d'accrois- 
sements. 

Bien  que  la  charnière  ne  soit  que  très  incomplètement  conservée, 
ce  mode  d'ornementation  est  si  caractéristique  et  si  nettement  dif- 
férent de  celui  qu'on  observe  dans  les  Exoyyra,  que  nous  croyons 
pouvoir  attribuer  celte  espèce  au  genre  Gyropleura.  Elle  rappelle, 
du  reste,  tout  à  fait  les  espèces  précédentes  par  sa  forme  extérieure 
et  sa  large  surface  d'adhérence. 

Elle  se  distingue  facilement  de  toutes  les  autres  espèces  par  l'ex- 
trême finesse  de  ses  cotes  longitudinales  et  leur  apparence  discon- 
tinue. 

L'échantillon  typo  (PL  XXVIII  fig.  12)  fait  partie  des  collections 
de  l'Ecole  des  Mines. 


776  DODVILLÉ.    —   SUR  QUELQUES  FORMES   DE   C  H  AMI  DÉS         30  JUÏD 

TRIBU  DKS   CAPROTIHINÉS 

Ce  groupe,  très  voisin  de  celui  des  Honopleurinés,  s'en  distingue 
,  ;     par  la  présence,  sur  la  valve  supérieure,  d'une  lame  myophore  saîl- 
A^,    .    lante  qui  supporte  le  muscle  postérieur;   ce  muscla  et  la  dent  car- 
■  1  u       dinale  voisine  se  déplacent  vers  l'intérieur  de  la  valve,  de  manière 
a  laisser,  entr'eux  et  le  bord  de  la  coquille,  un  espace  libre,  subdi- 
visé par  une  cloison  transversale  en  deux  cavités  accessoires.  Dans 
certaines  formes  de  Bohème,  encore  peu  connues,  on  distingue  plu- 
sieurs cloisons  et,  par  suite,  un  plus  grand  nombre  de  cavités  acces- 
soires. 

Genre  Caprotina,  d'Orb.  1843 

Ce  genre  bien  connu  a  été  établi  par  d'Orbigny  en  1842  ;  on  peut 
prendre  pour  type  la  Caprotina  striata  du  Cénomanien. 

Si  l'on  examine  la  valve  supérieure,  on  y  observe  deux  dents  pla- 
cées exactement  comme  dans  Monopleura.  La  dent  antérieure  B' 
est  forte  et  sert  de  point  d'appui  au  bord  interne  du  plateau  cardinal  ; 
ce  bord  est  ici  fortement  coudé,  et  se  compose  (lig.  4)  d'une  arête 
antérieure  droite  qui  pari  de  la  dent  B'  et  porte  le  muscle  antérieur, 
et  d'un  arête  postérieure  arquée  qui  part  de  la  même  dent  B', 
limite  la  fossette  n,  vient  toucher  l'extrémité  de  la  lame  myo- 
pbore  mp.  et  longe  ensuite  la  cavité  accessoire  0'. 


Valve  gauche  de  Caprotina  t/uardripartita  L  : 


1887  D0UVILLÉ.   •—  SUR  quklqubs  formes  de  CHAMIDÉS  777 

constitue  une  cavité  particulière  qui  donne  naissance,  sur  les  biros- 
res,  à  un  cône  spécial,  caché  sous  les  cônes  accessoires  0'  et  0" 
Voir  plus  loin,  page  780,  fig.  G). 

La  dent  postérieure  B  est,  comme  toujours,  dans  le  voisinage 
immédiat  de  la  rainure  ligamentaire  qui  se  creuse  ici  de  plus  en  plus 
ît  finit  par  se  transformer  en  cavité  interne.  Nous  avons  fait  obser- 
ver plus  haut  que  lorsque,  le  ligament  s'enfonce  ainsi  à  l'intérieur 
le  la  valve,  la  dent  marginale  postérieure  B  affecte  toujours  une 
orme  conique  et  n'est  jamais  déversée  en  dehors. 

La  valve  inférieure  présente,  en  outre  de  la  dent  médiane  N  et  des 
ieux  fossettes  b  et  b\  une  cavité  myophore  postérieure,  correspon- 
iant  à  la  lame  myophore  dressée  de  l'autre  valve  ;  l'impression  mus- 
culaire antérieure  est  superficielle. 

Genre  Polyconites,  Roulland,  1830 
.  (Planche  XXVIII,  fig.  14  et  planche  XXXI,  fig.  2) 

La  singulière  coquille  qui  a  servi  de  type  à  ce  genre,  a  été  décrite 
par  Roulland  en  1830,  dans  le  Bulletin  de  la  Société  Linnéenne  de 
Bordeaux  (t.  III,  p.  197,  séance  du  1er  novembre  1829)  ;  elle  a  été 
ensuite  figurée  par  le  môme  auteur,  la  môme  année,  dans  les  Actes 
de  la  Société  Linnéenne  de  Bordeaux  (t.  IV,  pi.  I  et  pi.  II)  sous  le 
nom  de  Polyconite  operculée  ;  «  Ces  fossiles,  dit  l'auteur,  se  distin- 
ct guent  éminemment  des  Sphérulites  et  des  Hippurites  par  le 
u  nombre  des  cônes  supérieurs  de  leur  birostre,  étonne  peut  douter 
»  qu'ils  n'appartiennent  à  une  nouvelle  famille  de  Rudisles  ;  je  les 
«  désignerai  en  conséquence  sous  le  nom  de  Polyconites.  » 

Charles  Des  Moulins  ajoute,  à  la  suite  de  la  première  communica- 
tion de  Roulland,  queces  fossiles  présentent,  en  effet,  des  caractères 
très  singuliers,  mais  qu'ils  ne  lui  paraissent  pas  de  nature  à  nécessi- 
ter leur  exclusion  du  genre  Sphérulite. 

Ce  fossile,  qui  n'est  pas  rare  dans  le  Cénomanien  du  Sud-Ouest  de 
la  France,  se  trouve  maintenant  dans  toutes  les  collections  ;  il  se 
compose  d'une  valve  inférieure  conique,  ornée  de  lignes  d'accroisse- 
ment et  présentant  un  sillon  ligamentaire  longitudinal  bien  mar- 
qué. La  valve  supérieure  est  plane,  circulaire,  et  simule  un  oper- 
cule; son  sommet  est  excentrique  et  sert  de  point  de  départ  à  un 
sillon  ligamentaire  qui  va  rejoindre  celui  de  la  valve  inférieure. 
Lorsque  les  lames  externes  ont  disparu,  on  distingue  sur  la  valve 
supérieure,  en  plus  du  sillon  ligamentaire,  trois  sillons  profonds  et 
quelquefois  un  quatrième  moins  marqué,  qui  donnent  naissance,  sur 


77H  DOtiYiLLfc.  —  sur  quslqub»  imaea  tu;  chahidêb       90  juin 

le  birostre,  a  cinq  cônes  obliques  aplatis,  qui  viennent  converger  vers 
le  sommât  de  la  petite  valve  ;  ces  sillons  sont  souvent  indiqués  pu 
des  lignes  de  cassure  sur  les  échantillons  dans  lesquelles  les  lames 
externes  sont  conservées.  Presque  toujours,  les  lames  internes  ont  dis- 
paru et  les  birostres  sont  plus  ou  moins  écrasés,  de  telle  sorte  qn'il 
n'avait  pas  été  possible,  jusqu'ici,  d'isoler  l'appareil  cardinal  et 
d'en  reconnaître  la  composition  exacte. 

D'Orbigny  avait  placé  ce  fossile  dans  son  genre  Radiolitet  sous  le 
nom  de  R.  polyconitite*;  M.  Bayle  avait  adopté  la  même  manière  de 
voir,  puisque  ion  genre  Sp/iœrulites  correspond  aux  Radiolitet  de 
d'Orbigny.  C'est  M.  Munier-Chalmas  qui  a  reconnu,  le  premier,  que 
les  singulières  cloisons  de  la  valve  supérieure  indiquaient  une  orga- 
nisation bien  différente  de  celle  des  vrais  Radiotites;  et  dans  l'irapos- 
sibilité  on  il  se  trouvait  de  rapprocher  cette  forme  des  types  connus, 
il  l'avait  considérée  comme  constituant  un  genre  nouveau,  Hetero- 
caprina  et  une  famille  nouvelle,  celle  des  Hétérocaprinidés. 

M.  Bayle,  ayant  eu  à  sa  disposition  des  échantillons  mieux  conser- 
vés provenant  de  Saint- Troj  eau,  était  arrivé,  avec  son  habileté  bien 
connue,  à  préparer  complètement  la  valve  inférieure  que  nous  avons 
fait  figurer  pi.  XXXI,  fig.  2.  On  voit  qu'elle  présente  une  extrême 
analogie  avec  la  valve  inférieure  des  Monopleura  ;  on  y  dislingue  les 
deux  fossettes  6  et  ù'  séparées  par  une  dent  transverse  N  ;  les  denx 
impressions  musculaires  sont  superficielles,  submarginales  et  portées 
par  un  épaississement  du  tél. 

La  collection  de  l'Ecole  des  Mines  renfermait,  on  outre,  un  birostre, 
non  déformé,  provenant  de  la  même  localité;  en  le  contre -montant, 
nous  avons    pu    reconstituer ,    d'une    manière    complète ,    l'ap- 


1887  DOUVILLÉ.    —   SUR  QUELQUES  formes  DE   CUAWDÉS  771) 

vis-à-vis  de  l'impression  musculaire  postérieure  de  l'autre  valve.  Cette 
lame  s'appuie  du  côté  interne  sur  l'arête  qui  représente  le  bord  du 
plateau  cardinal  et  du  côté  externe  sur  une  cloison  homologue  do 
celle  qui,  dans  le  genre  précédent,  sépare  les  deux  cavités  acces- 
soires postérieures. 

La  disposition  interne  de  la  valve  supérieure  de  Polyconites  re- 
produit donc,  presque  rigoureusement,  celle  qui  caractérise  les 
Caprotina;  la  seule  différence  est  dans  la  direction  de  la  lame  myo- 
phore  postérieure,  couchée  dans  le  premier  genre  et  dressée  dans  le 
second.  Cette  disposition  couchée  de  la  lame  myophore  postérieure 
dans  Polyconites,  entraine  la  disparition,  sur  la  valve  inférieure,  de  la 
fossette  myophore  postérieure  si  caractéristique  du  genre  Caproiïna. 

A  l'appui  delà  description  qui  précède,  nous  reproduisons  ci  - 
contre  une  coupe  effectuée  dans  un  Polyconites  à  peu  de  distance 
au-dessous  de  la  valve  supérieure;  il  est  facile  d'y  reconnaître  les 
divers  éléments  que  nous  venons  de  signaler. 

Fig.  5.  —  Section  du  Plyconites  operculatus.  (Les  lettres  ont  la  môme 
signification  qu'aux  figures  6-7.) 


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L'interprétation  des  birostres  (fig.  7)  n'offre  maintenant  aucune 
difficulté  :  ils  ne  diffèrent  de  celui  des  Caprotina  (fig.  G)  que  par  le  dé- 
veloppement différent  de  leurs  éléments. 

On  peut  reconnaître  ainsi  d'abord  les  deux  cônes  accessoires  pos- 
rieurs  O  et  O'  ;  puis  le  cône  principal  G  correspond  h  la  cavité  prin- 
cipale occupée  par  l'animal  ;  au-delà,  un  cône  allongé  et  plus  ou 
moins  surbaissé  représente  ù  la  cavité  principale  accessoire  O".  Enfin 
on  observe  quelquefois,  près  du  ligament  un  petit  cône  accessoire 
supplémentaire  CT.   Si  on  brise  la  partie  supérieure  du  cône  O'  on 


780  DOUYILLÉ.    —  SUR  QUELQUES    FORMES   I>E   CHAMIDftS         20  JQU 

voit  apparaître  au  dessous,  comme  dans  Caprotma,  un  nouveau 
cône  correspondant  à  la  partie  de  la  fossette  n  qui  n'est  pas  occupée 
par  la  dent  N. 

Les  trois  sillons  principaux  que  l'on  observe  à  la  surface  supé- 
rieure des  birostres,  en  plus  du  sillon  ligamentaire,  correspondent 
ainsi  aux  arêtes  qui  constituent  le  bord  du  plancher  cardinal  et  i 
la  cloison  separativa  des  deux  cavités  accessoires  postérieures  O  et  0 . 

Fig.  7.  —  Partie  supérieure  du  Fig.  6.  —  Binaire  de  Caprotina 
binaire  de  Polycanites  opcrcu-  guadripartîta  (d'après  IVood- 
lalus.  tvard). 


L,  Sillon  ligamentaire  ;  G,  cavité  principale  de  la  valve  gauche  ;  D,  cavité  prin- 
cipale de  la  valve  droite  ;  O,  O',  cavités  accessoires  postérieures  ;  le  cône  O'  a  été 
supposé  enlevé  en  partie  pour  laisser  voir  le  cône  supplémentaire  qui  remplit  la 


1887  DOUYILLÉ.   —  SUS  QUELQUES  FORMES  DE  CHAMIDÉS  781 

replis  des  lames  internes  et  nous  paraissent  homologues  des  cavités 
accessoires  des  Caprotina. 

Genre  Caprina  d'Orbigny  père  1822. 
Planches  XXIX,  XXX  et  XXXI,  fig.   1. 

Ce  genre  a  pour  type  une  espèce  bien  connue,  la  Caprina  adversa, 
remarquable  par  la  petitesse  de  sa  valve  inférieure  conique  et  le  grand 
développement  de  la  valve  supérieure  toujours  fortement  enroulée. 
Mais  la  disposition  de  l'appareil  cardinal  n'était  pas  connue,  au  moins 
dans  cette  espèce. 

Gemmellaro  avait  en  effet  figuré  en  1865  (1)  l'appareil  cardinal 
d'un  fossile  de  la  craie  de  Sicile  qu'il  désignait  sous  le  nom  de  Caprina 
communis;  mais  cette  détermination  générique  était  restée  si  in- 
certaine que  M.  Munier-Chalmas  avait  créé  pour  ce  type  môme,  en 
1873,  le  genre  Gemmellaria.  Notre  confrère  était  arrivé  en  môme 
temps  par  un  moulage  habile  à  reconstituer  la  charnière  complète  de 
la  valve  supérieure  d'un  fossile  analogue  provenant  de  la  Craie  du 
S.-O.  et  qu'il  attribuait  au  môme  genre  (2). 

M.  Bayle  avait  recueilli,  dans  la  Craie  du  S.-O.,  un  assez  grand  nom- 
bre d'échantillons  de  la  Caprina  adversa  et  il  était  arrivé  à  force  de 
patience  et  d'habileté  à  en  reconstituer  presque  complètement  la 
charnière  (3);  malheureusement  la  valve  supérieure  était  toujours  en 
connexion  ce  qui  laissait  un  peu  obscure  l'interprétation  des  diver- 
ses parties  de  l'appareil  cardinal.  Un  contre-moulage  en  gélatine 
effectué  sur  un  échantillon  dont  le  birostre  supérieur  était  dégagé, 
nous  a  permis  récemment  de  reconstituer  la  charnière  de  cette  valve 
(PI.  XXX,  fig.  1)  et  de  compléter  ainsi  les  importants  résultats 
obtenus  déjà  par  M.  Bayle. 

Disons,  tout  d'abord,  que  cette  charnière  est  identique  avec  celle 
qui  avait  été  figurée  par  Gemmellaro,  et  que,  par  suite,  la  C.  communis 
de  cet  auteur  est  bien  une  vraie  Caprine. 

(1)  Caprinelli  délia  zona  supériore  délia  ciaca  dei  diutorui  di  Palermo. 

(t)  M.  Munier-Chalmas  a  bien  voulu  nous  promettre  de  décrire  et  figurer  ce 
magnifique  échantillon  à  la  suite  de  cette  note. 

(3)  Nous  avons  figuré  deux  de  ces  échantillons  préparés  par  M.  Bayle,  PI.  XXIX, 
pi.  XXX,  fig.  2  et  PI.  XXI,  lijr.  i 


782  DouviLLi:.  —  suit  quelouiis  FORMES  de  cuamidéS       20  juin 

Hç.  8.  —  Schéma  de  la  valve  supérieure  libre  de  Caprina  advenu. 


L,  rainure  ligamentaire;  1(.  î) .  ■.■"!■■  ■■■'  n:ie<;  «  fossile  cardinale,  iucomjjlè- 
lemeru  remplie  par  la  dent  ■  ■-■■,■  lanle  K  et  jouant  le  rôle  (l'une  >;ranile 
cavité  accessoire;  0,  cavité  |  ■  ;:i.  ;  i  :  »«,  uip  impressions  musculaires  antérieure 
et  postérieure.  On  a  indiqué  par  des  hrtcliure»  la  partie  de  la  valve  inférieure  qui 
pénètre  dans  la  valve  figurée  et  qui  se  compose  de  la  dent  N  et  d'une  partie  de  la 
lame  tnvophore,  mp, 

La  valve  supérieure  présente,  dans  sa  constitution  générale,  une 
grande  analogie  avec  celles  de  Caprina  et  do  Plagioptychus.  On  re- 
marque, tout  d'abord,  la  forte  dent  antérieure  B',  qui,  comme  dans 
les  Caprotininés,  sert  d'appui  au  bord  interne  du  plancher  cardinal, 
représenté  par  deux  arêtes  saillantes  presque  perpendiculaires  l'une 
sur  l'autre.  L';in:U-   autiriem'n    su  p  pu  rie,    cnnime  dans    ('.aprotina  t 


1887  DÛUV1LLÉ.    —   SUR  QUELQUES  FOHMKS   1)K    CUAMIDÉS  783 

La  valve  inférieure  (/fy.  9  ci-contre,  PI.  XXX,  flg.  2  et  PI.  XXXI,  flg.  1 , 
Fig.  9.  —  Schéma  de  la  valve  inférieure  fixée  de  Caprina  adversa. 


;■' 


L,  rainure  ligamentaire;  N,  dent  cardinale  (supposée  cassée);  6,  b\  Fossettes  car- 
dinales; D,  cavité  principale;  ma,  impression  musculaire  antérieure;  mp,  lame 
myophore  postérieure;  0, 0...  cavités  accessoires. 

fig.  2)  présente  une  dent  médiane  N,  très  saillante  et  un  peu  recour- 
bée en  dehors  ;  elle  présente  une  section  coudée  en  forme  de  cor- 
nière :  un  des  cùlés  vient  s'appuyer  contre  la  dent  B',  tandis  que 
l'autre  côlé  prolonge  le  bord  interne  du  plancher  cardinal  ;  elle  vient 
s'engager  dans  une  sorte  de  rainure  qui  occupe  l'angle  dorsal  de 
la  cavité  n.  Du  côté  antérieur,  on  distingue  une  fossette  large  et 
profonde  U  destinée  à  recevoir  la  dent  B';  la  fossette  postérieure  b 
est  peu  développée  et  placée  dans  le  voisinage  immédiat  du  repli 
ligamentaire. 

L'impression  musculaire  antérieure  ma  est  submarginale  et  sup- 
portéepar  un  épaississement  du  tôt.  L'impression  postérieure  mp 
présente  une  disposition  toute  spéciale  :  elle  est  portée  par  une  lame 
saillante  en  forme  de  croissant  et  à  bord  arqué  (PL  XXXI,  flg.  t), 
qui  s'élève  normalement  au-dessus  du  plan  de  la  commissure  et 
vient  se  placer  en  regard  du  bord  de  la  valve  supérieure  ;  le  muscle 
postérieur  se  trouve  ainsi  compris  entre  le  bord  de  la  valve  supé- 
rieure et  la  surface  externe  do  la  lame  myophore  de  la  valve  infé- 
rieur. Cette  lame  est  séparée  du  bord  de  la  valve  correspondante  par 
une  cavité  accessoire,  étroite  et  allongée,  subdivisée  elle-même  par 
des  cloisons  transversales. 

Cette  disposition  rappelle  tout  à  fait  les  grandes  cavités,  que  l'on 
observe  dans  les  sections  des  Capruiula  en  dedans  des  canaux  du 
têt  ;  mais  ici  elles  n'existent  qu'en  dehors  du  muscle  postérieur. 


784  DOUVILLÉ.    —    SUR  QUELQUBS   FOBMliS   DE    CIIAHIDÉS         30  JU1D 

Nous  avons  cependant  observé  quelques  traces  d'une  organisation 
analogue  en  dehors  du  muscle  antérieur,  du  côté  dorsal. 

En  résumé  on  voit  que,  la  charnière  des  Caprina  présente  exacte- 
ment la  même  disposition  que  celle  des  Caprotîna  et  que  celle  des 
Plagiopiyehw.  Elle  en  diffère  par  l'existence  d'une  lame  myophore 
postérieure  sur  la  valve  inférieure;  elle  diffère  en  outre  des  Capro- 
t ina  parla  disparition  de  la  lame  myophore  de  la  valve  supérieure, 
et  par  l'agrandissement  considérable  de  la  fossette  N.  Une  disposition 
analogue  se  retrouve  dans  Platfioptychus,  mais  dans  ce  genre  la 
dent  postérieure  B  est  beaucoup  plus  développée. 

Genre  Plagioptychus,  Mathéron,  1883. 

Ce  genre  est  bien  connu  et  a  été  complètement  décrit  et  figuré 
par  notre  confrère  M.  Chaper  (1);  Ziltel  a  parfaitement  indiqué  dans 
son  Traité  de  Paléontologie  la  disposition  si  remarquable  des  replis 
des  lames  internes  qui  constituent  les  canaux  de  la  valve  supé- 
rieure. 

Sur  la  valve  supérieure  le  ligament  est  presque  tangentiel  comme 
dans  les  Dicératinés  ;  il  en  résulte,  comme  nous  l'avons  vu  précé- 
demment, que  la  dent  marginale  postérieure  ne  peut  se  développer 
qu'à  la  condition  de  se  déverser  en  dehors  ;  c'est  ce  que  l'on  observe 
bien  nettement  sur  l'exemplaire  figuré  par  M.  Chaper  (foc.  cit. 
pi.  XII).  Cette  disposition  très  fréquente  dans  les  Dicératinés,  est 
très  rare  au  contraire  dans  les  formes  inverses. 


1887  DOUYILLE.    —   SUR   QURLQUKS   FORMES   DE    CHAMIDÉS  TS5 

Les  formes  de  Sicile  sont,  de  beaucoup,  les  plus  simples  et,  d'après 
les  travaux  de  Gemmellaro,  la  disposition  de  leur  charnière  est 
presque  identique  &  celle  des  Caprtna.  Les  espèces  du  Portugal,  pré- 
sentent des  canaux  beaucoup  plus  complexes;  tes  sections  de  ces 
canaux  sur  les  deux  valves  ont  été  bien  figurés  par  Sharpe  (1)  et  par 
Woodward  (2).  L'appareil  cardinal  parait  surtout  formé  de  dents 
minces  et  peu  distinctes  mais  la  disposition  des  cloisons  princi- 
pales est  encore  tout  à  fait  analogue  à  celle  des  Caprina.  Sur  la 
valve  inférieure  fixée  (D),  la  cavité  principale  est  limitée,  du  coté  car- 
dinal, par  une  lame  myophore  antérieure  et  une  lame  myophore  pos- 
térieure, en  arrière  desquelles  se  développent  de  grandes  cavités 
accessoires  analogues  à  celles  que  nous  avons  signalées  dans  Capri- 
na adversa.  En  dehors  de  ces  cavités,  on  distingue,  sur  tout  le  pour- 
tour, une  ceinture  continue  de  cavités  plus  petites,  constituant  les 
canaux  proprement  dils.  Sur  la  valve  supérieure  ou  libre  (G),  la  cavité 
umbonale  est  limitée,  comme  dans  Caprina,  par  deux   cloisons 

Fig.  10  et  fig.  II. 

Sections  des  deux  valves  de  Caprinula  (d'après  Wood  ward). 


D,  vahe  droite  fixée;  0,  valve  gauche  libre;  L,  r 
cardinales;  n  fossette  cardinale  jouant  le  rOle  de  cavité  accessoire;  ma,  mp, 
lames  m  vophores  ;  0,0,  grandes  cavités  accessoires  développées  surtout  en  dehors 
des  lames  m  yophores. 

presque  perpendiculaires  l'une  à  l'autre;  la  cloison  antérieure  est 
la  lame  myophore  ma,  la  cloison  perpendiculaire  limite  une  grande 
cavité  accessoire  qui  est  le  développement  de  la  fossette  n.  En  de- 
hors de  celte  cavité,  on  distingue  une  troisième  lame  arquée  qui 
correspond  au  muscle  postérieur  mp.  Comme  précédemment,  une 
première  rangée  de  grandes  cavités  se  développe  en  dehors  des  deux 

(1)  /.ne.  cit. 

[S)  Quart.  Jour».  Geot.  Soc., vol. XI,  p.  Si,  is,  isœ  ci  Manuel  de  Conchyliologie; 
ces  figures  ont  été  reproduites  par  Fischer,  dans  son  Manuel  de  Conchyliologie 
■ou*  le  nom  d'Irhlayaiarcolita  Boissyi,  nom  qui  devra  <Hre  changé  en  celui  de 
Caprinula, 

XV  50 


786  nou ville.  —  sua  quelques  formes  db  chanidks       20  juin 

lames  myophores,  et  est  enveloppée,  à  son  tour,  par  une  zone  de 
canaux  plus  petits.  Sur  un  échantillon  de  même  provenance,  qui 
nous  a  été  communiqué  par  notre  confrère  H.  Choflat,  la  cavité  « 
est  subdivisée  elle-même  en  trois,  par  deux  cloisons  supplémen- 
taires. 

Malgré  cette  complication  das  cavités  accessoires,  on  voit  cepen- 
dant que  la  disposition  interne  présente  de  telles  analogies  avec  celle 
de  Caprina,  que  les  deux  genres  doivent  être  considérés  comme  tris 
voisins. 

Groupe  des  Rudistbs. 

Ce  groupe  comprend  une  série  de  formes  caractérisées  par  une 
valve  inférieure  conique  et  une  valve  supérieure  operculaire  et  non 
enroulée.  Le  ligament  est  logé  d'abord  dans  une  cavité  interne 
formée  par  un  repli  des  lames  externes;  cette  cavité  se  rétrécit 
progressivement  et  Qoil  par  disparaître;  le  repli  correspondant  peut 
persister  sous  la  forme  d'une  arête  cardinale  ou  même  disparaître  com- 
plètement, comme  dans  les  Biradiolites.  Sur  la  valve  supérieure,  on 
distingue  toujours  deux  fortes  dents  cardinales  coniques  B  et  B' 
égales  ou  subégales,  analogues  à  celles  des  Afonopleura;  la  dent  posté- 
rieure B  est  toujours  placée  à  l'extrémité  du  repli  ligamentaire.  En 
avant  de  ces  dents,  on  distingue  deux  apophyses  saillantes  qui  sup- 
portent les  deux  muscles;  l'apophyse  antérieure  est  plus  ou  moins 
soudée  à  la  dent  B',  mais  l'apophyse  postérieure  est  toujours  séparée 
de  la  dent  B  par  une  échancrure,  correspondant  au  passage  du  rec- 
tum. Sur  la  valve  inférieure,  on  retrouve,  comme  dans  Monopleura, 
une  dent  médiane  N  très  amincie  et  de  chaque  coté  les  deux  fossettes 
b  et  b'.  La  fossette  postérieure  b  est  toujours  placée  à  l'extrémité  du 


1887  DOUYILLÉ.    —  SUE  QUELQUES  FORMES  DK   CHAJC1D&S  767 

synonymie  Je  Jiad.  neocomien$is%  d'Orb.  avec  un  autre  nom  plus  an- 
cien, Hippurites  Blumenbacht  (Sluder)  et  indiquent  la  présence  de 
deux  dents  et  de  deux  apophyses  cardinales.  Mais  l'échantillon  figuré 
paraît  trop  mal  conservé  pour  être  réellement  démonstratif;  Userait 
nécessaire  de  l'examiner  à  nouveau. 

En  1878,  M.  Matheron  (1)  a  distingué  toute  une  série  de  formes  ana- 
logues provenant  de  l'Urgonien  des  Bouches-du-Uhône  sous  les  noms 
de  Agria  telrayona,  mut  ans,  abùreuiata,  pulchella,  carinata,  Faivret, 
malheureusement  sans  aucune  description.  Toutes  ces  formes  sont 
très  voisines  les  unes  des  autres  et  se  composent  d'une  valve  infé- 
rieure en  forme  de  cornet  quadrangulaire,  ornée  de  quelques  côtes 
longitudinales  et  de  stries  ou  lamelles  d'accroissement  transversales  ; 
la  valve  supérieure  est  operculiforme  et  concave. 

Nous  avons  pu  examiner,  dans  les  collections  de  l'Ecole  des  Mines, 
la  section  transversale  d'un  échantillon  de  ce  groupe  provenant  de 
TUrgonien  de  Voreppe.  Les  lames  externes  se  distinguent  facilement 
par  leur  couleur  brun-clair;  les  lames  internes  son  spathisées  et  se 
distinguent  difficilement  du  remplissage  également  spathique  de 
l'intérieur  des  valves.  Ce  que  nous  avons  observé  ne  concorde  guère 
avec  l'indication  donnée  par  Pictet  et  Campiche  :  vers  le  milieu 
d'un  des  côtés  de  la  section,  on  distingue,  à  l'intérieur  des  lames 
externes,  une  arête  saillante  qui  correspond  évidemment  à  l'arête 
cardinale  des  Radiolites  (-=.  Sphœrulites^  Bayle,  auct.).  Un  peu  en 
avant  de  cette  arête,  paraît  se  trouver  une  cavité  ligamentaire  interne. 
Plus  à  l'intérieur,  on  distingue  deux  énormes  dents  quadrangulaires 
qui  viennent  s'enchâsser  dans  des  rainures  de  la  valve  inférieure  et 
sont  maintenues  du  côté  ventral,  par  deux  Forts  bourrelets,  ou  saillies 
des  lames  internes  de  cette  même  valve.  Entre  ces  deux  dents  B  et 
B'  de  la  valve  supérieure,  ou  distingue  une  lame  étroite  et  coudée,  qui 
représente  très  probablement  la  dent  N.  de  la  valve  inférieure.  Bien 
que  la  section  soit  faite  très  peu  au-dessous  du  sommet  de  la  petite 
valve,  on  ne  distingue  aucune  trace  d'apophyses  myophores;  il  est 
donc  très  probable  que  les  impressions  musculaires  étaient  super- 
ficielles comme  dans  Monnpleura.  Nous  estimons  donc,  au  moins 
provisoirement,  que  ce  type  net»t  pas  un  ru  dis  te  proprement  dit, 
mais  qu'il  appartient  au  contraire  à  la  tribu  des  Monopleurinés. 
Comme  il  se  distingue  facilement  des  Monopleura  par  sa  forme  exté- 
rieure (valve  supérieure  non  enroulée,  operculiforme  et  concave), 
par  son  ligament  interne  et  par  le  grand  développement  des  deux 
dents  cardinales  B  et  B',  le  genre  Agria  devra  être  conservé. 

(1)  Recherches  paléontologiques  dans  le  Midi  de   la   France,  troisième  partie, 
pi.  C.  —  8. 


788  D0DV1LI.L.    —  SUR   QUELQUES    FORMES    DE   CUAMIDÈS  20  JUÎÛ 

C'est  donc  seulement  dans  le  terrain  cénomanien  que  les  Trais 
Rudistes  font  leur  apparition,  avec  le  genre  liadiolitei  (=  Sphxrv- 
lites,  aucl.).  Par  la  disposition  de  l'appareil  cardinal,  les  Rudistes  se 
rattachent  certainement  aux  Afonopleura  ;  c'est  probablement  de  ce 
type  que  dérivent  directement  les  fladiolitcs  et  les  fliradiolita,  qui 
constituent  une  tribu  particulière  celle  des  /tadiolitinét.  Les  Hippu- 
ritei,  au  contraire,  par  les  canaux  de  leur  petite  valve  rappellent 
les  Caprolinés  et  doivent  former  une  tribu  spéciale,  celle  des  Hippu- 
ritinès. 

M,  Matheron  a  décrit  (1),  sous  le  nom  générique  de  Oipitidia,  deux 
fossiles  de  la  Craie  des  Martigues  et  du  plan  d'Aups,  dont  l'un,  le  D. 
marticen&i»,  considéré  par  d'Orbigny  d'abord  comme  une  Caprotina, 
puis  comme  une  ftequienia  est  certainement  un  Munopteura,  comme 
il  est  facile  de  s'en  assurer  en  examinant  le  birostre  ;  le  second,  D. 
unisutcata  a  été  rangé  par  d'Orbigny  dans  les  Caprotina.  Dans  son 
Prodrome  d'une  classification  des  Rudistes,  M.  Munier-Chalmas  dit 
simplement  que  le  «  genre  Dipilidia,  Matheron,  est  le  moule  intérieur 
d'un  Sphœrulite  »  ;  il  a  eu  probablement  en  vue,  en  faisant  celte  re- 
marque, la  seconde  espèce.  Les  échantillons  du  plan  d'Aups,  que 
nous  avons  eus  entre  les  mains,  présentent  leurs  lames  internes  et 
une  portion  des  lames  externes;  nous  en  avons  fait  scier  un,  trans- 
versalement, immédiatement  au-dessous  de  la  commissure,  et  dans 
cette  opération  l'échantillon  s'est  brisé  suivant  la  face  interne  de  la 
lame  myo-deutaire;  le  fragment  ainsi  obtenu  et  dont  nous  donnons 
un  croquis  un  peu  grossi  montre  bien  tous  les  détails  de  l'appareil 


Ftg.  12.  —  Fragment  de  lladinliles  [Dipilidia)  unisukatus  montrant  h 


1887         douvillé.  —  sua  quelques  formes  de  chamidés  789 

cardinal,  qui  est  identique  à  celui  qui  caractérise  les  formes  voi- 
sines du  Radiolites  (Sphœrulites)  Fleur  iausi;  l'assertion  émise  par 
M.  Munier-Ghalmas  se  trouve  ainsi  complètement  vérifiée  (i). 

Extérieurement,  la  valve  supérieure  est  conique  et  présente  un 
sillon  ligamentaire  droit  ;  intérieurement,  elle  présente  une  lame 
saillante  portant  à  la  fois  les  dents  et  les  apophyses  musculaires  et 
que  l'on  peut  désigner  sous  le  nom  de  lame  myo-dentaire.  Elle  sup- 
porte, en  son  milieu,  deux  dents  B  et  B',  cannelées  sur  leur  surface 
externe,  qui  viennent  s'emboîter  dans  les  rainures  correspondantes 
des  deux  fossettes  b  et  b'  de  la  valve  inférieure.  L'apophyse  myophore 
antérieure  est  triangulaire  et  largement  soudée  à  la  dent  B';  la  sur- 
face d'insertion  du  muscle  se  trouve  du  côté  externe  de  la  lame  et, 
par  suite,  n'est  pas  visible  ;  l'apophyse  postérieure,  très  saillante,  est 
largement  séparée  de  la  dent  B  par  l'échancrure  rectale.  En  arrière 
des  dents,  on  distingue  très  nettement  l'arête  cardinale  aboutissant 
à  une  cavité  ligamentaire,  placée  dans  le  voisinage  immédiat  de  la 
dent  postérieure  B.  De  part  et  d'autre  de  cet  arête,  les  cavités  acces- 
soires sont  extrêmement  peu  développées,  comme  du  reste  dans 
beaucoup  de  Radiolites  où  l'appareil  dentaire  reste  submarginal. 

Nous  n'avons  rien  à  ajouter  à  ce  que  nous  avons  dit  dans  un  tra- 
vail précédent  (2)  au  sujet  de  la  morphologie  de  la  charnière  des 
Rudistes;nous  avons  indiqué  en  même  temps,  que  les  deux  ondula- 
tions principales  des  laines  externes  dans  les  Radiolites,  les  deux 
bandes  des  Biradioliles  et  les  piliers  et  oscules  des  Hippurites  corres- 
pondaient aux  ouvertures  anale  et  respiratoire  du  manteau  de  rani- 
mai. Nous  avons  vu  également  que  le  ligament  était  logé  dans 
un  repli  interne  chez  les  Radiolites  (=  Sphœrulites,  auctorum);  ce 
repli  (arête  cardinale),  se  referme  complètement  dans  les  Hippurites, 
entraînant  la  disparition  du  ligament;  l'arête  cardinale  elle-même 
disparaît  dans  certains  Hippurites  et  dans  tous  les  Biradioliles. 

Nous  avons  delà  signalé  plus  haut  les  modifications  qui  résultent, 
pour  la  forme  des  dents  cardinales,  de  la  position  interne  du  liga- 
ment ;  ces  dents  restent  droites  et  coniques  malgré  leur  grande  lon- 
gueur, ce  qui  indique  que  le  mouvement  relatif  des  deux  valves  n'est 
pas  un  mouvement  de  rotation  autour  d'un  axe  situé  dans  le  plan  de 
la  commissure,  mais  au  contraire  un  mouvement  hélicoïdal  autour 
d'un  axe  perpendiculaire  à  ce  plan.  Ce  mouvement  étant  produit  par 
les  fibres  élastiques  du  ligament,  il  est  à  présumer  que  celles-ci  doi- 

(1)  Au  dernier  moment,  M.  Matheron  nous  écrit  qu'il  a  reconnu  depuis  long- 
temps, que  le  D.  unisuicata  n'était  autre  chose  que  la  partie  interne  du  Hadiulites 
sinuatd. 

(2)  Bull.  Soc.  yéol.,  t.  XIV,  p.  38 v. 


790  nOOVILT.É.    —    SDR    QURLOUKS.    FOBXRS   DR    CIUMIDKS         20  juin 

vent  présenter  une  disposition  toute  particulière,  c'est  ce  qu'il  nous 
a  été  possible  de  vérifier  en  particulier  sur  un  birostre  très  bien  con- 
servé du  Hadiolitei  foliaceus.  On  voit,  sur  cet  échantillon,  que  la  fos- 
setti;  ligamentaire  de  la  valve  supérieure  est  allongée  suivant  le 
rayon,  tandis  que,  sur  la   valve  inférieure,  elle  est  an  contraire  al- 


Fig.  13.  —  Valve  mpérie< 


1887     DOUYILLÉ.  —  SUR  QUELQUES  FORMES  DE  GHAMIDÉS        791 

dérivées,  Biradiolites,  Bournonia  (1),  Lapeirousia  forment  une  tribu 
bien  distincte,  celle  des  Radiolitinês  et  dérivent  directement  comme 
on  vient  de  le  voir  de  Monopleur  a. 

Les  ffippuritinés  au  contraire  (  Vaccinites  (2),  ffippurites,  Arnau- 
dia)  (3),  forment  une  tribu  nettement  séparée  de  la  précédente  par 
les  canaux  de  la  valve  supérieure;  ces  canaux  sont  très  vraisembla- 
blement homologues  de  ceux  de  la  valve  supérieure  des  Caprines 
et  l'opinion  la  plus  vraisemblable  consiste  à  les  faire  dériver  de  cette 
dernière  tribu.  Les  Hippurites  seraient  avec  les  Caprines  dans  les 
mômes  relations  de  forme  que  les  Polyconites  avec  les  Caprotines,  et 
que  les  Radiolites  avec  les  Mono  pleura.  Les  formes  plan -coniques 
seraient  ainsi  dérivées  des  formes  à  valve  supérieure  enroulée,  qui 
paraissent  toujours  les  avoir  précédées  dans  le  temps. 

Tribu  des  ïcHTHYOSABCOUTniNâs. 

Cette  tribu  ne  comprend  qu'un  seul  genre  : 
Genre  Ichthyosarcolithus,  Desmarets. 

(Caprinella,  d'Orb.  1847). 

Ce  genre  n'est  guère  connu  que  par  son  moule  interne  qui  se  dis- 
tingue facilement  par  le  cloisonnement  transversal  de  la  cavité 
principale  de  la  grande  valve  et  les  nombreux  canaux  circulaires  ou 
polygonaux,  qui,  sur  les  deux  valves,  traversent  le  têt  dans  toute 
sa  longueur.  L'Ecole  des  Mines  possède  cependant  un  fragment 
siliciiiée  de  la  valve  libre  conique,  recueilli  dans  le  terrain  crétacé 
du  S.  0.  par  M.  Harlé. 

Par  ses  canaux  longitudinaux  et  par  sa  forme  générale,  cette  sin- 
gulière coquille  présente,  au  premier  abord,  une  telle  analogie  avec 
Caprinula  que  la  plupart  des  auteurs  n'ont  pas  hésité  à.  rapprocher 
ou  même  à  réunir  ces  deux  genres.  Mais,  il  est  facile  de  voir  que 
cette  analogie  n'est  qu'apparente  :  d'abord,  comme  d'Orbigny  l'avait 
bien  reconnu,  c'est  la  grande  valve  enroulée  qui  est  la  valve  inférieure 


Sph.  Nicaisci  et  cette  manière  de  voir  a  été  adoptée  par  M.  Fischer  dans  son 
Manuel  de  Conchyliologie. 

Nous  rectifierons,  en  môme  temps,  une  erreur  qui  s'est  glissée  à  la  page  404  de 
cette  même  note  au  lieu  de  Radiolites  cornuvaccinum  (Biradiolites,  d'Orb.)»  il  faut 
lire  Radioiites  cornupasloris  (Biradwlites,  d'Orb.). 

(1)  Bayle  in  Fischer,  Manuel  de  Conchyliologie,  p.  1097. 

(2)  Fischer,  Manuel  de  Conchyliologie,  p.  1094. 

(3)  Bayle,  in  Fischer,  Manuel  de  conchyliologie,  p.  1094. 


792  D0UVIIXÉ.    —  SOU  QUELQUES   FORMES  DE  CHAH  [DÉ  S         20  JUIU 

fixée,  disposition  contraire  à  celle  qu'on  observe  dans  les  Capri- 
ninés.  En  outre,  la  partie  supérieure  du  birostre  est  simple  dans  les 
Icktkyosarcolithu»,  tandis  qu'elle  est  bifide  dans  Çaprina  et  Caprinula. 
Nous  avons  pu  étudier  une  bonne  série  de  birostres  qni  nons  ont 
été  obligeamment  communiqués  par  nos  confrères,  MM.  Arnaud, 
d'Angoulome,  et  Boissellier,  de  Rochefort  ;  leur  examen  attentif 
nous  a  montré  immédiatement  la  grande  analogie  que  présente  l'ap- 
pareil cardinal  des  Ichtkyosarcolithut  avec  celui  des  Badiolitinés.  Sur 
les  birostres  bien  conservés  et  non  écrasés,  on  distingue  bien  nette- 
ment l'empreinte  d'une  lame  myu- dentaire  fixée  à  la  valve  supérieure 
libre  et  «'enfonçant  profondément  dans  la  valve  inférieure  fixée. 
Cette  lame  présente  en  son  milieu  deux  saillies  dentiformes  arron- 
dies correspondant  aux  deux  dents  cardinales  B  et  B'  et,  de  chaque 


Séhêmas  de  YlchthyosarcoUtkus    triangulai 
Ion  recueilli  par  M.  Boissellier. 


d'après  un  échantit- 


Fïg.  15.  —  Birostre    Fig.  16.  —  Birostre 
vu  du  côté  postérieur,  vu  d'en  haut. 


Fig.  17.  —  Birostre  * 
du  côté  antérieur. 


1887  DOUYILLÉ.   —  SUR  QUELQUES  FORMES  DB  GBAMIDÉS  793 

par  les  cavités  correspondantes  du  birostre  (flg.  16).  Entre  l'apo- 
physe postérieure  mp  et  la  dent  6,  on  retrouve,  comme  dans  tous  les 
les  Rudistes,  la  trace  de  l'échancrure  qui  servait  de  passage  au 
rectum. 

Les  canaux  longitudinaux  sont  de  diverses  sortes  :  les  uns  petits 
et  circulaires  forment  une  ceinture  externe  et  continue  sur  les  deux 
valves  ;  sur  la  valve  supérieure,  on  distingue  des  canaux  plus  larges 
et  plus  ou  moins  quadrangulaires  à  l'extérieur  des  deux  lames  myo  - 
phores  ;  sur  la  valve  inférieure,  on  observe  quelques  gros  canaux 
arrondis  au  milieu  de  l'angle  ventral.  Enûn,  sur  cette  môme  valv  e 
le  birostre  présente,  du  côté  cardinal,  de  petit  cônes  supplémentaires 
de  section  plus  ou  moins  quadrangulaires,  et  situés  dans  le  voisi- 
nage de  la  rainure  ligamentaire.  Ils  correspondent  probablement  à 
des  cavités  accessoires  analogues  à  celles  des  liadiolites. 

Les  échantillons  que  nous  avons  eus  entre  les  mains  se  rappor- 
tent à  deux  tailles  très  différentes  et  appartiennent  peut-être  à  des 
espèces  distinctes. 

Appendice. 
Genre  Bayleia,  Munier-Ghalmas,  1873. 

Ce  genre  présentant  des  difficultés  toutes  particulières  d'interpré- 
tation, nous  avons  préféré  en  renvoyer  l'examen  après  l'étude  des 
autres  formes,  mieux  connues,  qui  pourront  maintenant  nous  servir 
de  points  de  comparaison.  11  a  été  établi  en  1873,  par  M.  Munier- 
Ghalmas  (Prodrome  d'une  classification  des  Rudistes,  Joum.  de  Con- 
chyl.  vol.  XXI),  de  la  manière  suivante  : 

«  Famille  des  Bayleidœ,  genre  Bayleia.  — Type,  Bayleia  Pouechi, 
»  M.  Gh.,  de  la  Graie  à  Hipp.  organisans  de  Leschert  (Ariège).  Les 
»  Bayleia  par  leur  valve  p  qui  est  déroulée  et  qui  possède,  pour  l'in- 
»  sertion  du  muscle  antérieur,  une  arête  saillante,  contournant  les 
»  crochets  à  l'intérieur,  se  rapprochent  des  Diceras.  La  valve 
»  opposée  rappelle,  au  contraire,  certains  genres  de  la  famille  des 
»  Caprinidœ,  par  son  enroulement  et  par  les  deux  cavités  destinées 
»  à  recevoir  le  muscle  antérieur.  » 

Un  échantillon  bivalve  de  l'espèce  type  a  été  ensuite  figuré  par 
M.  Bayle  en  1878,  dans  l'Atlas  du  4e  volume  de  l'Explication  de 
la  Carte  géologique  de  la  France  (PI.  CVII). 

En  1882,  M.  Munier-Ghalmas  est  revenu  sur  la  description  de  ce 
genre  pour  la  préciser,  il  indique  que  la  lame  myophore  saillante  de 
la  valve  $  fixée  supporte  le  muscle  postérieur  comme  dans  Diceras  ; 
la  valve  libre  a  présente  une  seule  dent  cardinale  postérieure,  courte  , 
peu  élevée  ;  le  muscle  postérieur  est  logé  dans  deux  cavités  séparées 


794  DOOVILLÉ.    —   SOR   QUELQUES    FOHMES    DE    CHAMIDÉ3  20  jn!!I 

de  la  cavité  générale,  par  une  lame  mince  parlant  de  la  base  de  la 
dent  cardinale.  L'auteur  insiste  sur  les  analogies  que  présente  la 
valve  inférieure  avec  celle  des  bieeras,  tandis  qu'au  contraire  la 
disposition  de  la  valve  supérieure  est  semblable  à  celle  des  Capm- 
tina.  Il  reconnaît,  du  reste,  qu'il  a  dû  faire  la  restauration  des  carac- 
tères internes,  n'ayant  jamais  eu  à  sa  disposition  un  échantillon 
montrant  complètement  l'intérieur  des  valves.  A  la  suite  de  ce  tra- 
vail, M.  Munier-Chalmas  a  fait  également  figurer  un  échantillon 
bivalve  de  l'espèce  type. 

Nous  avons  pu  étudier  un  assez  grand  nombre  d'échantillons 
provenant  de  la  collection  de  l'Ecole  des  Mines;  d'autres  ont 
été  très  libéralement  mis  à  notre  disposition  par  H.  l'abbé  Pouech. 
Les  valves  isolées  sont,  comme  on  le  sait,  toujours  cassées  sur  les 
bords,  nous  avons  pu  cependant,  en  préparer  trois  exemplaires, 
dont  deux  de  la  valve  supérieure,  qui  sont  moins  incomplets  que 
ceux  qu'on  avait  obtenus  jusqu'à  présent.  H  nous  ont  permis  de 
reconstituer,  d'une  manière  à  très  peu  près  certaine,  le  curieux 
appareil  cardinal  de  ce  type  singulier. 

Nous  avons  vu  que,  dans  les  terrains  crétacés,  les  formes  anor- 
males et  les  formes  inverses  forment  des  séries  nettement  séparées,; 
les  premières  sont  toujours  adhérentes  par  la  valve  gauche  et  les 
secondes  par  la  valve  droite.  Si  cette  distinction  est  vraie  d'une  ma- 
nière absolue,  Bayleia  étant  fixé  par  la  valve  gauche  doit  appar- 
tenir à  la  série  normale  et  venir  se  placer  dans  le  voisinage  des  Dice- 
ratinés. 

L'examen  de  la  valve  gauche  vient  confirmer  nettement  cette  con- 
clusion ;  comme  l'a  parfaitement  reconnu  M.  Munier-Chalmas,  cette 


1887  DOUÏILLÉ.    —  SDB  OUILODPrï   FMI  MBS   DK    CHAMIDÉ9  7ÎI3 

Schéma  de  Bayteia  Pouechi. 
Fig.  18.  —   Valoe  droite  libre.       Fin.  19.   —  Valve  gauche  fixée. 


L.  rainure  ligamentaire;  IV.  B,  \,  dent:'  cardinales;  l>,  h,  fossettes  cardinales, 
V  rainure  de  la  dent  X  dans  laquelle  vienl  se  placer  la  saillie  dentif<>rnui  D'  ;  ma, 
impression  de  l'adducteur  antérieur;  »»/i,  lame  myophore  pnsie>ieurn.  <>,  O,  <J, 
cavités  accessoires  de  la  valve  supérieure  situées  de  part  et  d'autre  de  la  lame 
m  voulions  mp,  en  dehors  du  lninl  redressé  du  plancher  cardinal. 


Passons  maintenant  a  1' 
partie  antérieure  de  l'appai 


î  de  la  valve  supérieure  droite  :  la 
I  cardinal  rappelle  tout  a  l'ait  la  dispo- 
sition caractéristique  des  Dicéralinés  crétacés.  Le  muscle  antérieur 
s'insère  sur  un  épaississe  mu  ni  du  la  valve  ;  son  bord  antérieur  su 
relève  en  une  sorte  de  bourrelet  saillant,  dont  l'extrémité  supérieure 
constitue  la  dent  fi"  et  vient  se  placer  dans  la  dépression  médiane 
de  la  dent  N.  Au  delà,  on  rencontre  une  cavité  étroite  et  allongée, 
très  profonde,  séparée  de  la  cavité  umbonale  par  une  mince  cloison 
normale  au  plan  de  la  commissure  et  représentant  le  bord  redresse 
du  plateau  cardinal  :  c'est  la  fosseLle  n.  A  l'extérieur  de  cette  fossette, 
on  voit  se  développer  une  dent  étroite  et  longue,  qui  su  recourbe 
parallèlement  au  bord  cardinal,  dont  elle  est  très  rapprochée  et  qui 
est  toujours  cassée  ;  par  sa  forme  et  sa  position,  elle  rappelle  tout  à 
/ait  la  dent  postérieure,  si  caractéristique  des  Toucasia  et  dus  Apri- 
eardia.  Comme  dans  ces  derniers  genres,  elle  présente  à  sa  bâte,  du 
côté  externe,  une  expansion  en  forme  de  lamelle  sous  laquelle  vient 
s'insérer  le  ligament.  D'après  la  disposition  et  la  l'orme  de  la  cavité 


796  DOUVILLE.    —   SUR  QUELQUES   FORMES   DE   CHAMIDÉS  20  JU1D 

qui  la  reçoit  sur  l'autre  valve,  il  ne  nous  parait  pas  douteux  que 
cette  dent  ne   soit  large  et  saillante.  La  base  qui  la  supporte  se 
prolonge,  en  se  rétrécissant,  du  côté  interne  et  se  termine  par  une 
petite  cloison  transverse,  qui  vient  se  souder  au  bord  redressé  du 
plancher  cardinal.  Toute  cette  première  partie  de  la  charnière  repro- 
duit ainsi   la    disposition  caractéristique  des  Dicératinés.   Mais  le 
côté  postérieur  est  disposé  d'une  manière  tout  à  fait  différente  :  le 
le  bord  du  plancher  cardinal  qui  est,  comme  nous  l'avons  vu,  forte- 
ment  redressé,  au  lieu  d'aller  rejoindre  directement  le  bord  de  la 
coquille  du  coté  postérieur,    s'infléchit    brusquement,   presque  à 
angle  droit,  et  va  rejoindre  le  bord  ventral,  en  donnant  naissances 
une  vaste  cavité  accessoire,  subdivisée  elle  même  en  trois  parties  par 
deux  cloisons  transverses.  L'une  de  ces  cavités  très  petite  et  trian- 
gulaire, est  rejetée  sous  le  ligament  ;  les  deux  autres,  beaucoup  plus 
grandes,  rappellent  d'une  manière  frappante  les  cavités,  accessoire*- 
postérieures    des    Caprolines,    comme   l'a    parfaitement   reconnu-» 
M.  Munier-Chalmas  ;  d'après  notre  confrère,  «  le  muscle  adducteur" 
d  postérieur,   au  lieu  d'être  supporté  par  une  lame  saillante,  vien    "* 
»  s'insérer  dans    deux  cavités,   dont   la  disposition  est  semblable  SSS 
»  celles  qui  caractérisent  les  Caprotina.  »  Or,  nous  avons  établi  que. — 
dans  ce  dernier  genre,  le  muscle  postérieur,  loin  d'être  placé  dans  les^ 
deux  cavités  qui  sont  purement  accessoires,  vient  au  contraire  s 'in— — 
sérer  sur  la  face  interne  d'une  lame  myophore  très  saillante  ;   la.-* 
même  disposition  est  encore  bien  plus  frappante  dans  Polyconitet.   — 
Si  donc  nous  admettons  l'analogie  indiquée  avec  les   Caprotina, 
nous  sommes  obligés  de  rejeter  l'interprétation  qui  a  été  donnée  de 
cette  singulière  disposition. 


1887      DODVILLÉ.  —  SUR  QUELQUES  FORMES  DE  CHAMIDÉS        707 

Cette  cloison  séparative  est  donc,  en  partie  au  moins,  une  lame  myo- 
pbore  et  nous  retombons  sur  cette  disposition,  si  fréquente  dans  les 
Chamidés,  d'après  laquelle  le  muscle  postérieur  est  supporté  par  une 
lame  saillante  lorsqu'il  ne  s'appuie  pas  directement  sur  le  plancher 
cardinal.  Seulement,  cette  lame  myophore,  au  lieu  d'être  placée 
au-dessous  du  plancher  cardinal,  comme  dans  Apricardia  par 
exemple,  est  située  au-dessus  et  en  dehors  comme  dans  Polyco- 
nites.  Cette  disposition  particulière  paraît  intimement  lié  au  redres- 
sement du  bord  du  plancher  cardinal,  en  forme  de  cloison  ou  d'arête 
normale  au  pian  de  la  commissure. 

Nous  voyons,  en  résumé,  que  par  son  mode  d'enroulement,  par  la 
disposition  de  la  valve  inférieure  et  par  la  forme  de  la  grande  dent 
marginale  postérieure,  le  genre  Bayleia  se  rattache  incontestablement 
aux  Dicératinés  ;  il  s'en  distingue  par  la  position  toute  particulière  de 
la  lame  myophore  postérieure  comprise  entre  le  bord  du  plateau 
cardinal  et  la  paroi  externe  de  la  coquille;  cette  disposition  est  ho- 
mologue et  symétrique  de  celle  qu'on  observe  dans  Polyconites. 
Cette  différence  nous  paraît  sufûsante  pour  motiver  l'établissement 
d'une  tribu  spéciale,  celle  des  Bayléinés. 

Tribu  du  Cjiaminés 

Nous  avons  laissé  jusqu'ici  complètement  de  côté,  l'examen  des 
formes  tertiaires  et  actuelles  constituant  le  groupe  des  Chaînes 
(genres  Globus,  Klein,  Echinachama,  Fischer).  Nous  retrouvons  ici, 
à  la  fois  dans  le  même  genre  et  quelquefois  dans  la  même  espèce, 
des  formes  normales  et  des  formes  inverses;  à  quels  types  anciens 
faudra-t-il  dès  lors  rattacher  les  Chames? 

Si  on  examine  la  charnière  des  formes  normales  on  voit  qu'elle  se 
rapproche  beaucoup  de  celle  des  Dicératinés,  et  en  particulier,  des 
Matheroma.  Les  deux  impressions  musculaires  sur  la  valve  supé- 
rieure (droite)  sont  superficielles,  marginales  et  placées  en  dehors  du 
plancher  cardinal.  La  dent  antérieure  B'  manque  ou  est  à  peine  indi- 
quée par  un  léger  relèvement  à  l'extrémité  de  l'impression  du  muscle 
antérieur.  Au-delà  on  distingue  la  fossette  w,  puis  la  grosse  dent  pos- 
térieure B;  celle-ci  est  large  peu  saillante  et  ne  peut  par  suite  pré- 
senter que  très  faiblement  la  tendance  au  déversement  si  marqué  dans 
les  formes  crétacées.  A  la  base  externe  de  cette  dent,  on  observe, 
comme  dans  beaucoup  de  Dicératinés,  la  lamelle  saillante  qui  re- 
couvre la  rainure  ligamentaire  et  qui  est  séparée  de  la  dent  B  par 
une  dépression,  pouvant  simuler  une  fossette  supplémentaire, 
allongée  et  peu  profonde.  Sur  la  valve  Gxée  (gauche),  les  deux  im- 


7UK 


DOUYILLK.    —    St!B  QUELQUES    FORMES    DE   CUÀMIDÉS 


)  JOIS 


pressions  musculaires  sont  également  superficielles  el  placées  en 
dehors  du  plateau  cardinal  ;  la  fossette  h'  a  disparu  et  la  dent  médiane 
interne  N  est  large  et  arrondie.  Au-delà  la  fossette  *  est  arquée,  irèi 
large  el  occupe  une  partie  notable  du  plateau  cardinal  ;  son  déve- 
loppement esl  en  rapport  avec  celui  de  la  dent  II,  et  par  suite,  est 
moindre  que  dans  Matherania.  Elle  est  limitée,  du  côté  externe,  par 
une  lamelle  qui  recouvre  le  sillon  ligamentaire  et  dont  le  bord 
interne,  légèrement  relevé,  peut  simuler  une  déni  accessoire  longue 
et  peu  saillante.  Ainsi  donc  sur  les  deux  valves,  même  disposition 
que  dans  Malheronia  el  c'est  de  ce  type  crétacé  qu'il  esl  rationne! 
de  faire  dériver  les  Chaînes  normales. 

Passons  maintenant  aux  Chames  inverses  ;  d'après  leur  mode  de 
fixation  et  leur  forme  extérieure,  c'est  aux  Gyrap  lettra  qu'on  pourrait 
chercher  à  les  comparer  ;  mais  la  disposition  de  l'appareil  interne  esl 
toute  dilférente;  il  n'existe  pas  de  fossette  b',  le  plancher  est  entiè- 
rement occupé  par  la  dent  N  et  la  fossette  b',  et  le  muscle  postérieur, 
au  lieu  d'être  porté  sur  une  lame  myophure  qui  prolonge  le  planche1 
cardinal,  est  entièrement  en  dehors  de  ce  plancher  et  son  impression 
est  tout  à  fait  superficielle.  11  n'existe  donc,  en  réalité,  aucune  an»' 
logie  entre  les  Chaînes  inverses  et  les  Mono  pieu  ri  nés. 

Mais  si  on  compare  les  Chames  inverses  aux  Cbamcs  normales  C*n 
voit  immédiatement  que  les  secondes  sont  rigoureusement  syro  **' 
triques  des  premières,  et,  si  on  observe  en  outre  que  les  deux  forro^^ 
se  rencontrent  quelquefois  dans  la  même  espèce,  on  estendro-^ 
d'affirmer  que  les  formes  inverses  ne  représentent  qu'un  mode  deva*^ 
nation  particulier  des  formes  normales. 

Or,  l'élude  que  nous  venons  de  faire  des   formes  plus   ancienne*^ 


1887  DOUVILLÉ.   —  SUR  QUELQUES  FOHMES  DE  CUAMIDÉ8  799 

fixée.  Des  formes  analogues  se  retrouvent  dans  le  terrain  crétacé  :  les 
unes  présentent  comme  Diceras  une  arête  myophore  postérieure, 
elles  sont  représentées  par  Toucasia  dans  le  Néocomien  et  se  pro- 
longent avec  Apricardia  jusque  dans  la  Craie  supérieure.  On  peut  y 
rattacher,  comme  rameau  aberrant,  le  genre  Bayleia.  Les  autres  pa- 
raissent dériver  d'Hcferodiceras  et  n'ont  que  des  impressions  muscu- 
laires superficielles,  elles  constituent  les  genres  Requienia  et  Mathe- 
ronia.  C'est  de  ce  dernier  type  que  paraissent  dériver,  à  l'époque  ter- 
tiaire, les  Chames  proprement  dites,  Toutes  les  formes  appartenant 
à  cette  première  série  pendant  les  périodes  jurassique  et  crétacée, 
sont  normales.  C'est  seulement  à  partir  de  la  période  tertiaire  que 
nous  voyons  apparaître  dans  le  groupe  des  Chames  une  variation 
toute  particulière  donnant  naissance  à  des  formes  inverses. 

Une  variation  analogue  s'est  produite  à  l'époque  du  Néocomien  in- 
férieur, ou  Yalanginien,  et  a  donné  naissance  à  un  rameau  spécial 
constitué  exclusivement  par  des  formes  inverses  ;  ce  rameau  débute 
avec  les  genres  Valletia,  Gyropleura  et  Monopleura,  et  ces  deux  der- 
niers genres  se  perpétuent  jusqu'à  la  fin  de  l'époque  crétacée.  Le 
genre  Agria  de  l'Urgonien  paraît  très  voisin  de  Monopleura.  De  ce 
dernier  type  se  détachent,  dans  le  Cénomanien,  trois  rameaux  dis- 
tincts, celui  des  Caprotina  et  Polyconites,  celui  des  Radio Utes  et  des 
Biradioliles,  et  enfin  celui  des  Caprina,  Caprinula  et  Plagioptychus. 
Les  Hippurites  présentent,  avec  une  forme  de  ftadiolites,  une  lame 
myophore  postérieure  comme  les  Caprotina  et  des  canaux  comme  les 
Caprina  leur  dérivation  est  donc  par  suite  encore  incertaine.  — 
Toutes  ces  formes  inverses  disparaissent  à  la  fin  de  la  période  cré- 
tacée et  sont  remplacées,  comme  nous  l'avons  vu  plus  haut,  à  l'époque 
tertiaire  par  un  nouveau  rameau  inverse  faisant  partie  des 
Chames. 

Le  tableau  suivant  donne  une  vue  d'ensemble  des  relations   que 
nous  venons  d'indiquer. 


DOUÏILLÉ.    —  SUR  QUELQUES   FOBHBS  D8  C H AMI  DÉS        20  Jnin 


PHYLOGÉN1E    DES    CH  AMI  DÉS 


Portlandiei 
ViUnginiei 


riranlis. 

Bivl.i) 


Chair 


Explication  ses  Planches. 
Planche  XXVIII. 

Fi);.  I.  Hrqvimia  ammonia.  —  1*  Valve  inférieure;  i*  Valve  supérieure. 
Fig.  !.   Toucaiia  carinala.  —  î\  Valve  inférieure;  îfc,   Valve  supérieure. 


1887  DOUVILLÉ.   —  SDR  QUELQUES  FORMES  DE   CHAUlDÉS  801 

Fig.  11.  Gyropleura  ciplyana,    de  la  Craie  de  Ciply;  détail  de  l'ornementation 
grossi  quatre  fois. 

Fig.  1Z.  Gyropleura  sublœvù,  n.  «p.,  de  la  Craie  de  Ciply;  détail  de  l'ornementa- 
tion grossi  quatre  fois. 

Fig.  18.  Gyropleura  russiensis,  de  la  craie  de  Simbirsk;  détail  de  l'ornementation 
grossi  quatre  fois. 

Fig.  14.  Polyconites  operculatus,  de  la  Craie  de  Saint-Trojean;  contremoulage  en 
plâtre  de  la   face  supérieure  d'an  birostre  (les  dents  B  et  B'  sont 
coupées). 
Les  lettres  ont  la  même  signification  sur  toutes  les  figures  : 
D,  valve  droite;  G,  valve  gauche;  L,  rainure  ou  cavité  ligamentaire;  B,  dent 

latérale  postérieure;  B*,  dent  latérale  antérieure,  n,  fossette  médiane  de  la  valve 

libre;  b,  fossette  postérieure;  A*, fossette  antérieure;  N,  dent  médiane  de  la  valve 

fixée;  ma,  impression  du  muscle  antérieur;  mp,  impression  du  muscle  postérieur; 

O  0'  0\  cavités  accessoires  en  dehors  de  l'appareil  cardinal. 
Par  erreur,  sur  la  figure  5,  la  fossette  antérieure  a  été  marquée  b  au  lieu  de 

de  b\  —  Sur  la  fig.  14,  on  a  omis  la  lettre  B  sur  la  dent  située  en  arrière  de  la 

lame  myophore  mp. 


Planche  XXIX. 


Caprina  adversa  ;  les  deux  valves  sont  en  connexion  :  on  distingue  sur  la  valve 
inférieure  la  cavité  principale  D,  la  dent  médiane  N,  l'impression  musculaire 
antérieure  ma  et  la  lame  myophore  postérieure  mp  ;  entre  cette  lame  et  le  bord 
de  la  coquille  existe  un  espace  libre  subdivisé  en  une  série  de  cavités  accessoires  0 
par  des  lames  verticales.  Une  autre  cavité  accessoire  0  s'ouvre  entre  l'extrémité 
de  cette  lame,  le  bord  du  plateau  cardinal  et  la  dent  B. 

La  valve  supérieure  présente  une  cloisou  médiane  qui  sépare  la  cavité  princi- 
pale 0  d'une  grande  cavité  accessoire  n  formée  par  le  développement  de  la  fos- 
sette n.  Cette  cavité  présente  du  côté  dorsal  une  rainure  qui  reçoit  la  dent  N  de 
l'autre  valve  et  est  comprise  entre  les  deux  dents  B  et  B7  de  la  valve  supérieure. 


Planche  XXX. 


Caprina  adversa. 

Fig.  l.  —  Contre-moulage  en  plâtre  de  la  partie  supérieure  d'un  birostre,  repro- 
duisant la  valve  supérieure  isolée  :  O,  cavité  principale;  n',  cavité  accessoire  dans 
la  rainure  dorsale  de  laquelle  se  trouve  encore  engagée  la  partie  supérieure  de  la 
dent  N  reliée  par  le  bord  du  plancher  cardinal  à  un  fragment  de  la  lame  myo- 
phore postérieure  mp,  de  l'autre  valve;  B,  B',  dents  cardinales;  ma,  impression 
musculaire  antérieure;  L,  repli  ligamentaire. 

Fig.  *.  —  Fragment  de  la  valve  inférieure:  D,  cavité  principale; L,  repli  liga- 
mentaire; b\  fossette  antérieure  ;  B,  fragment  de  la  dent  postérieure  de  l'autre 
valve  encore  engagée  dans  sa  fossette;  ma,  impression  musculaire  auiérieure  ; 
mpt  lame  myophore  postérieure  brisée  dans  sa  partie  supérieure  ;  0,  cavités  acces- 
soires. 

XV  51 


H02  DOUVILIÉ.   —  SUR   (.HJELiJUES    FORMES   DE   CllAMinÉS  20   JUÏD 

Plakohk  XXXI. 

Fig.  1.  —  Caprtita  adrwa,  fragmenta  de  Jeux  valves  en  connexion,  montrant 
la  saillie  île  la  lame  myoubore  postérieure  m/i  ;  X,  dent  médiane  coupée  oblique- 
ment à  sa  base;  U,  dent  postérieure  île  la  valve  supérieure. 

Fig.  *.  —  Puljicunilrs  oprttHlatur,  valve  inférieure;  D,  cavité  principale; 
L,  repli  ligamentaire;  N,  dent  médiane  mince  et  comprimée  entre  les  deux  fos- 
sottes  If  ei  A;  ma,  my,  impressions  musculaires. 


AV  I  S 


Le  dernier  fascicule  du  tome  XV,  comprenant  la  réunion 
extraordinaire  et  les  tables  des  matières,  ne  paraîtra  que 
dans  le  second  trimestre  de  l'année  188S. 


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SOCIÉTÉ    GÉOLOGIQUE 


DE   FRANCE 


RÉUNION  EXTRAORDINAIRE  DE  LA  SOCIÉTÉ  DANS  LA  CHARENTE 
INFÉRIEURE  ET  DANS  LA  DORDOGNE, 

Du  7  au  16  Septembre  i887. 

Les  Membres  de  la  Société  qui  ont  pris  part  aux  travaux  de  la 
session  sont  : 


MM.  Abzac  de  La  douze 

(le  mar- 

MM.  Gallois, 

quis  d'), 

Gouverneur, 

Arnaud, 

Humbert, 

Beltremirux, 

Janet  (Ch.), 

Bertiielin, 

Landesque  (l'abbé), 

Bertrand, 

Lapparent  (A.  de), 

Boissellikr, 

L'HÔTE, 

Bourgeois, 

LOISNEL, 

Chaignon  (le  vicomte  de), 

Langlassé, 

CllARTRON, 

MOURET, 

COLLOT, 

Uêjaudhy, 

GOTTEAU, 

Hicard, 

Desmond, 

Kouville  (P.  de), 

De  vaux, 

Tabuteau, 

Dumas, 

Tardy, 

Fayol, 

Thomas  (Dr), 

FOURNIER, 

ZURCHER. 

Grossouvre  (de), 

Plusieurs   personnes 

étrangères 

il   la  Société  ont  pris  p 

excursions,  ce  sont  : 

MM.  Bouràuère  iA.  de 

la), 

MM.  Leharié, 

Grahan  de  Fhanchimont, 

Millot, 

Gâteau, 

D'OCAGNK, 

GnrsiET  ( l'alihé), 

Petit, 

Guillon, 

Rallin, 

IlOMOLLE, 

SOYE. 

XV. 

52 

804         RÉUNION   DANS   LA    CHARENTE    INPKRIEUHE    ET  LA    DORDOGNK. 


LISTE    DES   PRINCIPALES    PUBLICATIONS 


RELATIVES   A    I.A    GEOLOGIE    l)K    LA    IIKGIUN    VISITKE. 


J,   Dufrénu).    —    M 4 maint   sur  U  terrain  de  Crait  dans  te  Sud  J(  la  France. 

(Bull.  Soc.  Géol.  t.  1,  p.  9.  Ami.  des  Mines,  t.  VIII.) 
>.  Outrèmoj.   —  Mémoire  sur  tel  terrains   tertiaires  du  Midi  dt   la   France. 

(Bull.  Roc.  Géol.  I"  sûrie,  t.  VI,  p.  150.) 
I,  11'Archln.c     —   Mémoire  sur  la  formation  crétacés  du  S.-0.  dt  ta  Franc*. 

(Mura,  do  la  Soc.  Géol.  de  France,  t.  II.) 
i,   V.  Haiilia.    —  JVoutel  «Miii   d'une  ctiiMi/ifiIion  des   terrains  tertiaires    de 

l'Aquitaine.  (Bull.  Soc.  Géol.  do  France,  f  série,  1.  V,  p.  418.) 
>.   V,  Kaulln.  —  Sur  fdge  des  sables  de  ta  Sainlongt   il  du  Périgord.  (Bail. 

Soc.  Géol.  V  série,  i.  VI,  p.  879.) 

).  Coiiuund.    —  (Hiservatiaiu  au  Sujet  de  la  nott  précédente.   (Bull,    Soc.  Géal. 

:•  série,  t.  VIII,  p.  a.) 
).  V.   Rvulin.  —  Réponse  à   la  natt  pictèdente.  (Bull.   Sac.  Géol.  f  série, 

t.   VIII,   p.  80.) 
l.   VArchlae.  —  Histoire  det  progrêi  de  ta  Giiatogie.  (t.  IV,  p.  93.) 
1.  Hinri     —  Description  physique,  geotagique  tt  ininèralogigut  dt  la  Charente- 

Infiriturt. 
i.  t'oquaad.  —  Nweltei  ubtert  ifiuru  sur  tel  natei  de  if.   RaultH.   (Bull.    Suc. 

Géal.  1'  série,  t.  XII,  p.  *•:>.) 
i.  llelanone.  —   Sur   ta  formation  des  minerais  d:  fer,  dt  minganilt    et  dt 

plomb  de  In  Uordagn»,  (Bull.  Sw.  Géol.  r  série,  t.  XIV,  p.  885.) 
'.  Caquuii<i.   —  Formation  crtvit'-i  de  la  Charente.    —  Craie  supérieure  de 

l'Aquitain*.  —  Position  det  V.  Colomba  et  biauriuuUu.  —  Lettre  sur  la 

Craie  blanche   dt   ta   Charente.    —   Réunion  extraordinaire  à  Anaoutéme. 

(Bull.  SOC.  Géol.  I.  XIV,  p.  5/.,  7.T0,  T13,  74:..  Mil.) 
i.  V.   Knulin.  —  Lettre  sur  te  terrain  crétacé  de  ta   Charente.   (Bail.  Soc. 

Géol.  I.  XIV,  p.  7iT.) 


RÉUNION  DANS  LA  CHARENTE   INFÉRIEURS   BT  LA  DORDOGNB.        805 

1803.  Connand.  —  Présente  de  ta  Craie  de  Meudon  dam  le  S.-O.  d$  V Algérie. 

(Bull.  Soc.  Géol.  t.  XX,  p.  79.) 
1833.  Hébert.  —   Observation  sur   la  noté  précédente.  (Bull.   Soc.  Géol.  t.  XX, 

p.  00.) 
1883.  Harlé.  —  Calcaire*  du  Sarladais.  (Bull.  Soc.  Géol.  t.  XX,  p.  1*0.) 
1863.  «osselet.  —  Sur  Cage  du  calcaire  de  Blaye.    (Bull.  Soc.  Géol.  V  série, 

t.  XX,  p.  191.) 
1863.  Ci  osselet.  —  Observaient  sur  let  calcaires  d'eau  douce  du  H.  et  duN.-E,  de 

C Aquitaine.  (Actes  de  la  Soc.  Linn.  de  Bordeaux,  t.  XXIV.) 
1803.  Meuyy.  —  Craie  phosphatée  aux  environs  de  Péri  gueux.  (Bull.  Soc.  Géol. 

t.  XX,  p.  549.) 

1863.  De  Rochebrnne.  —  Description  de  deux  espèces  fossiles  de  la  Charente. 

(Bull.  Soc.  Géol.  t.  XX,  p.  587.) 
1883.  Ch.   Laurent.  —  Sondage  de   V hôpital  de  Rochefort.    (Bull.    Soc.  Géol. 
t.  XXI,  p.  97.) 

1864.  Heynès.  —  De  Vêlage  dans  la  formation  crétacée.  Marseille. 

1864.  Ch.  Des  Moulins.  —Le  Couzeau.  (Actes  de  la  Société  Lian.de  Bordeaux, 

3- série,  t.  XXV.) 
1864.  Oébert.  —  Craie  inférieure  des  environs  de  Roche  for  t.  (Bull. Soc.  Géol.  t.  XXI, 

p.  285.) 
1864.  Ebray.  —  Sur  J'Hemiaster  du  Port-des- Barques.  (Bull.  Soc    Géol.  t.  XXI, 

p.  283.) 

1864.  Harlé.  —  Formation  jurassique  et  dépôts  manganésifères  de  la  Dordogne, 

1865.  Ebray.  —  Sur  l'Hemiaster  Verneuilli.  (Bull.  Soc.   Géol.  t.  XXII,  p.  191.) 
1865.  Hébert.  —  Sur  un  groupe  d'Hemiaslers.  (Bull.  Soc.  Géol.  t.  XXH,  p.  193.) 

(Bull.  Soc.  Géol.  t.  XXII,  p.  35.) 
1365.  II.  Arnaud.  —  Argiles  lignitifères  du  Sarladais.  (Bull.  Soc.  Géol.  2*  série 

t.  XXIII,  p.  59.) 
1865.  Meujry.  —  Lignite*  du  Sarladais.  (Bull.  Soc.  Géol.  t.  XXIII,  p.  89.) 
1867.  afatheron.  —Note  sur  let  dépôts  tertiaires  du  Médoe,  etc.  (Bull.  Soc.  Géol. 

t.   XXIV,  p.  197,827.) 
18C7.  tiossclet.  —  Même  sujet,  (p.  819.) 
1867.  Tournouer.  —  Même  sujet,  (p.  197,  819.) 

1869.  Tournouer.  —  Sur  Vdge  géologique  des  mollasses  de  l'A  gênais.  (Bull.  Soc. 

Géol.  V  série,  t.  XXVI,  p.  983.) 

1870.  Marrot.  —  Tableau  des  communes  de  la  Dordogne. 

1873.  Hufrénoy.  —  Explication  de  la  carte  géologique  de  France.  T.  III,  lr<  part. 
1875.  Hébert  et  Toucas.    —  Description  du   bassin  dU  chaux.   (Aun.  des    Se. 

géol.  t.  VI.) 
1875.  Coquand.   —  Comparaison   des  divisions  de  M.    Hébert.  (Bull.    Soc.  Géol. 

3*  série,  t.  III,  p.  265.) 

1875.  Hébert.    —    Classifiralion  du   terrain  crétacé  supérieur.  (Bull.  Soc.  Géol. 

3*  série,  t.  III,  p.  195.) 

1876.  Coquand.   —  Comparaison  de  la  Craie  supérieure  de  Crime*  avec  celle  de 

l'Aquitaine.  (Bull.  Soc.  Géol.  t.  V,  p.  86.) 
1876.  Hébert.  —  Obstrvntion*  de  M.  Hébert.  (Bull.  Soc.  Géol.  L  V,  p.  99.) 

1876.  H.  Arnaud.  —  Profil  géihgique  des  falaises  crétacées  de  l>\  Gironde.  (Actes 

de  la  Suc.  linn.  de  Bordeaux,  t.  XXX.) 

1877.  fjeymerie.  —Mémoire  sur  le  terrain  crétacé  du  Midi  de  ta  France,  (fcjttr. 

de  la  Revue  des  sciences  naturelles.) 


806      RRURION   DAKB   LA   CHARBRTB  INFÉRIEURE   RT  LA  DORDOGltB. 

1877.    PêMMI.  —   Claitificatwn    du   Turonteu  supérieur.    (Bull.   Soc.    Géol.    t.   V, 

p.  469.) 
1877.  Hébert.  —  Observations  tur  la  noU  précédente.   (Bail.    Soc.   Oéol.  L  V, 

p.  535.) 
1877.  11.  Irmud.  —  Mémoire  sur  le  («vrai»  crétacé  du  S.-Q.  (Mérn.  de  U  Soc. 

Oéol.  V  série,  t.  X,  n*4.) 

1877.    II.  Arnaud.  —  Profit  j/ê-ilogiqut  det  chemin i  de  fer  d'Orléans. 

1877.  II.  Aruud.  —  Profit  géologique  des   chemins   de  fer  de*  Charente*.   (Actes 

Soc.  lion,  de  Bordeaux,  t.   XXXI.) 

1577.  II.  Arnaud.  —  Elude  tur  le  genre  Cyphutoma.  (Actes  Soc.  linn.   de  Bor- 

deaux, t.  XXXI.) 

1878.  H.  Arnaud.  —  Parallélisme  de  la  Craie  supérieure  dans  UN.    et  le  S.-O.  de 

laFrance.  (Bult.  Soc.  Géol.  t.  VI,  p.  S05.) 
1878.  II.  Arnaud.    —  Synchronisme  du   Turanicn    dans  le  S.-O.  (I  dan)   U  Midi 

de  la  France.  (Bull.  Soc.  Oéol.  t.  VI,  p.  Ï33.) 

1578.  Hébert.  —  Remarqua  tur  quelqun  fouiles  de  la  Craie  du  Nord.  (Bull,   Soc. 

Oéol.  t.  VI,  p.  317.) 
1878.  Cosuand.  —  Obtervationt  tur  U  mémoire  de  -tf.  Përon.  (Bull.  Soc.  Géol.  U  VI, 

p.  3Ï0.) 
1878.  H.  Arnaud.  ~-  Danien,  Garummen  cl  Dordomen.  (Bull.  Soc.  Géol.  t.  VII, 

p.  378.) 

1878.  H.  Arnaud.  —  Lignitei  de  Saint-Cyprien.  (Bull.  Soc.  Géol.  t.  VIII,  p.  3t.) 

1879.  Toucu.  —  Crétacé  det  Corbièret.  (Bull.  Soc.  Géol.  I.  VIII,  p.  30,   106.) 
1879.   Pérou.  —  Même  sujet.    (Bull.  Soc.  Géol.  I.  VIII,  p.  88.) 

1879.  Hébert.    —  Ripante  aux  mémoires   jirieèdmU.  (Bull.    Soc.  Oéol.   t.  VIII, 

p.  87,  105.) 
1879.  De  Hercej.  —  Classification  de  la  Craie  supérieure.  (Bult.Soc.  Géol.  t.  VII, 

p.  355.) 
1878.   H.  Arnaud.  ~-  Profit  géologique  du  chemin  de  fer.  Grandgenl.    Taillebourg. 

(Bull.  Sou.  Géol.  I.  VIII,  p.  58k.) 
1881.  Boleaeltier.  — Atiitci  inférieure!  du  Cénomaniea.  (Assoc.  franc.  Avanc.  Se.) 
1BS1.  Hébert.  —  Crétacé  det  Pyrénées.  (Bull.  Sue.  Géol.  I.  IX,  p.  as.) 
1881.  Toncu.  —  Note  sur  la  Craie  supérieure.  (Bull.  Soc.  Gcol.  t.  IX,  \>.  385.) 


SÉANCE  DU  7  SEPTEMBRE  1887.  807 

1884.  De  Serras  d'Allard.    —  Recherches  sur  les  dépôts  fluvio-lacustres  du 

Gard.  (Bail.  Soc.  Oéol.  3*  série,  t.  XII,  p.  55.) 
188t.  G.  Vuiear.  —  Dépôt  tertiaire  de  Saint-Palais.  (Aaa.desSc.  géol.  t.XVI). 

1884.  Cotteaa.  —  Echinides  éoeènes  de  Saint-Palais,  (ibid.) 

1885.  Pérou.  —  Nouveaux  documents  peur  l'histoire  de  la  Craie  à  Hippurites.  (Bull. 

Soc.  Géol.  t.  XIII,  p.  239.) 
1885.  Benolit.  —  Coupe  de  la  Craie  supérieure  à  Mouleydier.  (Act.  Soc.  lian.  de 

Bordeaux,  Procès- verbaux,  vul.  37,  4°  série,  t.  VII,  p.  33.) 
1880.  De  CiroMouvre.  —  Etude  sur  les  gisements  de  minerai  de  fer  du  centre  de 

la  France.  (Ann.  des  Mines,  sept.-oct.  1886.) 
1888.  Moaret.  —  Note  sur  le  terrain  oolithique  des  environs  de  Brives.   (Journ. 

d'hist.  nat.  de  Bordeaux  et  duS.-O.,  1*  série,  6*  animée,  p.  85.) 
1887.  Benoiit.  —  Esquisse  géologique  des  terrains  tertiaires  du  S.-O  de  la  France. 

(ibid.  2#  série,  6*  année.) 
1887.  BolMellier.  —  Légende  de  la  feuille  151  de  la  Carte  géologique  de  France. 

CARTES 

Manèi.  —  Carte  géologique  de  la  Charente- Inférieure. 

Coquand.  —  Carte  géologique  de  la  Charente. 

Biarrot  et  Mouret.  —  Carte  géologique  de  la  Dordogne. 

JBoieeelller.  —  Carte  géologique  détaillée  de  la  France.  Feuille  151.  Tour  de 
Chas  sir  on. 

Cartes  de  l'Etat-MaJor.  —  Fouilles  :  152,  La  Rochelle;  161,  Saintes;  172,  Péri- 
gueux;  188,  Bergerac;  183,  Brives;  193,  Villerèil;  194,  GourAon. 


Séance  du  7  Septembre  Io87. 

PRÉSIDENCE    DE   M.      :  JTTEAU,   puis   DE    M.    ARNAUD. 

Les  Membres  de  la  So  'été  se  sont  réunis  à  neuf  heures  du  mutin 
dans  une  salle  de  niô'- 1-de-Ville  de  Rochefort  mise  gracieusement 
à  leur  disposition  par  !a  Municipalité  de  cette  ville. 

En  l'absence  du  Président  et  des  Vice-Présidents  en  exercice, 
M.  Cottkau  ouvre  1.*  séance  en  qualité  de  membre  du  conseil  et 
d'ancien  Président. 

Il  est  assisté  de  M.  Collot,  secrétaire  provisoire. 

Il  est  procédé  à  la  constitution  du  bureau  pour  la  durée  de  la 
Session  :  Sont  élus  : 

Président  :  M.  H.  Arnaud. 

Vice-présidents  :  MM.  Boissellikr  et  Mourkt. 

Secrétaires  :  MM.  Collot  et  Zurciier. 

Trésorier  :  M.  Uéjaudry. 

En  prenant  place  au  fauteuil,  M.  Arnaud  remercie  ses  confrères 
de  l'honneur  qu'ils  lui  ont  fait  en  l'appelant  à  la  Présidence  et  fait 


808  SÉANCE   DU   7    SEPTEMBRE    1887. 

appel  au  concours  de  chacun  d'eux  pour  mener  a  bonne  fin  les  tri- 
vaux  de  la  Session. 

M.  le  Président  annonce  ensuite  deux  présentations. 

Il  soumet  en  son  nom  et  en  celui  de  ses  collaborateurs,  MM.  Rois- 
sblubr  et  Mourbt,  le  programme  des  excursions  auquel  il  propose 
quelques  modifications  :  ces  changements  étant  adoptéa,  le  pro- 
gramme définitif  est  arrêté  de  la  manière  suivante  : 

Mercredi,  7  Septembre  1887.  —  Départ  a  11  heures  du 
matin  en  voitures  pour  les  falaises  d'Yves  et  de  Ghatelaillon  (Pttro- 
cérien  et  Virgulien).  Retour  par  les  sablières  de  Char  ras.  (Gardonien,. 
Carentonien).  Retour  à  Rochefort  en  voitures.  Séance  à  la  Bourse  1 
8  heures.  Coucher  à  Rochefort. 

Jeudi,  8  Septembre.  —  Départ  à  6  h.  1/-  en  voitures  pour 
nie-Madame  ( Carentonien)  :  Falaise  du  Port-des  Barques  (Ligérien). 
Déjeuner  à  10  h.  1/2  au  Port-des-Barques.  Départ  à  pied  pour  Pié- 
demout  [Gardonien  et  Carentonien).  —  Départ  en  voitures  à  4  heures 
pour  Saint-Froull  ist  MoOscs  [Portlandien,  Purbeckien  etioneà  Corbula 
infiexà).  Brouage-Hiers  (Gardonien).  Dîner  et  coucher  à  Marennes. 

Vendredi,  9  Septembre.  —  Départ  à  7  heures  en  voitures. 
Passage  de  la  Seudre  :  La  Tremblade,  Arvert,  Terre-Nègre,  Saint- 
Palais  {Éocène)  :  Déjeuner  à  Royan.  A  1  heure,  départ  &  pied  pour 
la  pointe  de  Vallières  (Dordonien)  :  Dîner  a  7  heures  a  Royan  :  Séance 
à  8  heures,  au  Casino.  Coucher  à  Royan. 

Samedi,  10  Septembre.  —  Départ  en  voilures  à  6  heures  pour 
Meschers  (Dordonien  inférieur  et  moyen)  :  Déjeuner  a  11  h.  1/3  a  . 
Meschers.  Départ  à  1  heure  en  voitures  pour  Talmont  (Campante*.* 


\ 


1887.        ARNAUD.  —  APERÇU  SUR  LA  CRAIE  DU  S.-O.  809 

Boisson  pour  Beaumont-de-Périgord.  Dîner  et  couchera  Beaumont. 
Séance  à  8  heures. 

Mercredi,  14  Septembre.  -—  Courses  à  pied  à  7  heures  du 
matin  autour  de  Beaumont  :  (Dordonien,  sables,  grès  et  Poudingue  : 
couronnement  du  Crétacé.  —Tertiaire  :  Mollasse  à  minerai  de  fer,  marne 
à  Planorbis  castrensis.  Déjeunera  Beaumont  à  11  heures.  Départ  en 
voitures  à  1  heure  pour  Belvès.  Dîner  et  coucher  à  Belvès. 

Jeudi,  15  Septembre.  —  Départ  en  voilures  à  0  h.  1/2  pour 
le  Moulin-Petit,  ligne  d'Agen  :  Retour  à  pied  par  la  voie  ferrée  : 
(Sanlonien,  Campanien,  Dordunien  inférieur  et  moyen).  Déjeuner  à 
Belvès.  Départ  à  3  heures  43  en  chemin  de  fer  pour  Sarlat.  Dîner 
à  Sarlat.  Séance  à  8  heures  :  Coucher  à  Sarlat. 

Vendredi,  17  Septembre.  —  Départ  à  7  heures  du  matin  en 
Toitures  pour  Simeyrols  (Lignite*  :  faunes  d'eau  douce  et  saumâtre 
intercalées  entre  le  Jurassique  et  les  premières  couches  marines  de  la 
Craie:  débris  végétaux).  Retour  à  midi  à  Sarlat,  en  voitures.  Déjeuner. 
Séance  de  clôture. 

Plusieurs  Membres  ayant  exprimé  le  désir  que  des  explications 
générales  fussent  données  sur  la  région  à  visiter,  M.  Arnaud  les  a 
présentées  de  la  manière  suivante  : 

Aperçu  gén&alsur  la  Craie  du  Sud-Ouest, 

par  M.  Arnaud. 

La  région  crétacée  du  S.  0,  principal  objectif  de  la  Réunion  extra- 
ordinaire de  la  Société,  offre  un  contraste  frappant  avec  celles  qui 
ont  été  étudiées  dans  ces  dernières  années;  pas  de  traces  des  grands 
phénomènes  observés  dans  le  Cantal,  dans  le  Jura,  dans  les  Pyré- 
nées, dans  la  Bretagne  ;  le  bassin  crétacé  du  S.  0.  forme  une  contrée 
relativement  paisible,  soustraite  par  sa  position  géographique  aux 
ébranlements  qui  se  sont  produits  sur  d'autres  points,  et  ne  se  sont 
traduits  ici  que  par  des  effets  considérablement  affaiblis. 

De  là  résulte  pour  l'étude  un  précieux  avantage  :  la  continuité  des 
dépôts. 

Continuité  verticale  :  car  on  ne  peut  guère  constater  de  lacunes 
dans  la  sédimentation,  si  ce  n'est  peut-être  une  très  faible  suspen- 
sion entre  le Provencien  et  le  Coniaeien;  conlinuitéhorizontale,  per- 
mettant de  suivre  sans  interruption  les  diverses  couches,  d'une  ex- 
trémité à  l'autre  du  bassin  et  de  saisir   au  passage,  en  retenant  la 


810  ABÏUCD.    _    APERÇU   SDR   LA    CHAIR   DD    S.-O-  7  «p. 

preuve  de  leur  contemporanéité,  leurs  transformations  graduelle!  et 
les  modifications  corrélatives  de  leurs  faunes. 

A  cette  continuité  est  due  une  autre  conséquence  importante  à  si- 
gnaler :  l'enchaînement  général  des  faunes  dont  les  éléments  passent 
toujours,  en  proportion  plus  ou  moins  considérable,  de  l'étage  qui 
Dnit  dans  celui  qui  va  commencer. 

Si,  des  observations  générales  poursuivies  sur  l'ensemble  de  la  ré- 
gion, on  cherche  a  déduire  les  rapprochements  possibles  entre  le 
bassin  du  S.-O.  eteeux  qui  l'avoisiaent,  on  reconnaît  facilement,  au 
Nord  ses  plus  grandes  affinités  avec  les  bassins  Ligérien  et  Parisien, 
—  au  Sud  soq  analogie  croissante  avec  les  terrains  crétacés  des  ré- 
gions Pyrénéenne  et  Méditerranéenne. 

Le  Crétacé  du  S.-O  constituerait  ainsi  une  sorte  de  trait  d'union 
entre  celui  du  Nord  et  celui  du  Midi  de  la  France. 

Considérée  dans  sou  ensemble,  la  formation  qui  nous  occupe  est 
principalement  coralligène  :  on  ne  constate  guère  de  dépôts  pelas- 
giques  qu'au  début  du  Ligérien,  du  Coniacien  et  du  Campanien; 
encore  ces  deux  derniers  porleot-ils,  surtout  dans  la  partie  supé- 
rieure; la  trace  de  quelques  rudistes  accusant  une  tendance  au  re- 
tour du  régime  ordinaire  de  la  région. 

La  fin  de  la  période  jurassique  annonçait  déjà  dans  le  S.-O.  l'émer- 
.sion  prochaine  du  bassin  :  dans  la  Charente,  le  Portlandien  deve- 
nait sableux  et  prenait  la  physionomie  d'un  dépôt  littoral;  bientôt 
une  formation  d'eau  douce  rapportée  par  Coquand  au  Purbeckien  le 
recouvrait,  s'étendant  à  l'Est  de  la  Charente-Inférieure  et  à  l'Ouest  de 
la  Charente  :  caractérisée  à  la  base  par  des  cargneules,  puis  par  des 
argiles  bariolées  et  par  des  rognons  de  gypse  saccharoïde  activement 


1887.  ARNAUD.   —  APEBÇU  SUR  LA  CRAIE  DU  S.->0.  811 

couches,  ces  premiers  caractères  s'altèrent  et  tantôt  les  sables,  tantôt 
les  argiles  reposent  sur  le  Jurassique. 

Une  lacune  considérable  sépare  du  Jurassique  les  dépôts  que  nous 
venons  d'indiquer  :  on  chercherait  en  vain  dans  la  région,  les  repré- 
sentants du  Wealdien,  du  Néocomien,  de  l'Urgonien,  de  l'Aptien  et 
du  Gault. 

C'est  avec  le  Cénomanien  que  la  mer  crétacée  a  envahi  le  S.-O  : 
encore  n'y  rencontre  t-on  pas  Pecten  asper  et  Scaphites  (rqualis;  aussi 
Goquand  a-t-il  subdivisé  le  Cénomanien  de  d'Orbigny  en  deux  bran- 
ches :  Tune  caractérisée  par  le  Pecten  asper  constituant  le  llhotoma- 
gien;  l'autre  considérée  par  lui  comme  supérieure  et  débutant  par 
les  grès  à  Orbilolina  concava,  Anorthopygm  orbicularis  constituant  le 
Carentonien. 

Entre  les  premières  couches  marines  de  la  Craie  et  le  Jurassique, 
s'intercale  au  S.-E  du  bassin,  une  formation  d'eau  douce  connue  à 
Saint-Cyprien,  Veyrines,  LaChapelle-Péchaud,  Simeyrols,  dans  l'ar- 
rondissement de  Sarlat,  et  désignée  sous  le  nom  de  lignites  du  Sarla- 
dais. 

A  quelle  période  correspond  ce  dépôt  qui,  dans  la  Dordogne, 
occupe  immédiatement  au-dessus  du  Jurassique  une  position  voisine 
de  celle  que  tiennent  dans  les  Charentes,  les  argiles  lignitifères,  Gar- 
donien  de  Coquand?  question  dont  l'étude  sur  place  par  la  Société 
aura  pour  but  de  rechercher  la  solution. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  paraît  difficile  de  maintenir  dans  les  Charentes, 
comme  étage  distinct,  la  Gardonien  de  Coquand,  placé  à  la  base  du 
Crétacé  et  représenté  uniquemeut  par  ces  argiles  lignitifères.  L'obser- 
vation directe  dans  la  Charente-Inférieure  montrera  que  ces  argiles 
ne  constituent  qu'exceptionnellement  la  base  de  la  Craie  :  qu'elles 
succèdent  ordinairement  aux  grès  meubles  ou  consolidés  avec  lesquels 
elles  alternent  suivant  des  rapports  extrêmement  variables,  et  peut- 
être  la  Société  pensera-t-elle  qu'elles  ne  peuvent  en  ôtre  légitimement 
séparées. 

En  terminant  ces  observations,  il  ne  sera  pas  sans  intérêt  de  pla- 
cer sous  les  yeux  de  la  Société,  dans  un  tableau  d'ensemble,  la  syno- 
nymie des  divisions  établies  par  les  auteurs  qui  se  sont  occupés  du 
Crétacé  de  la  région  : 

En  examinant  ce  tableau  on  reconnaît  un  accord  unanime  pour 
séparer  les  calcaires  à  Rudistes  (Provencien,  Coq.)  des  calcaires  à 
Exoyyra  auricularis  Brongn.  (Coniacien,  Coq.)  ;  c'est  la  limite 
admise  par  d'Orbigny  entre  le  Turonien  et  le  Sénonien  et  acceptée 
par  tous  les  auteurs  qui  ont  étudié  le  Crétacé  du  S.  0. 

Il  s'est  produit  certainement  h  ce  moment,  dans  le  bassin,  un  ar- 


812  ARNAUD.   —   APERÇU    SUR   LA    CRAIE    DU    8.-0.  7    Mp. 

rêt  qui  justifie  cette  division  :  lors  même  que  tes  caractères  minera 
logiques  des  deux  étages  successifs  se  rapprochent,  que  la  faune  ad* 
met  des  termes  communs,  on  trouve  toujours  la  trace  matérielle 
d'une  suspension  dans  la  sédimentation  :  a  Saint-Cirq.  la  Société  re- 
connaîtra, entre  te  Provencien  et  le  Coniacien  également  gris  et  mar- 
neux, une  traînée  pyriteuse  constante,  séparant  les  marnes  proven- 
ciennes  h  Rudistes  de  celtes  qui  leur  ont  succédé  :  plus  au  Sud,  à 
Sauveterre,  où  l'absence  de  Hudistes  dans  le  Provencien  pourrait 
rendre  la  confusion  plus  facile,  on  trouve  la  surface  du  Provencien 
exploité  en  ce  point  pour  ebaux  hydraulique  et  ciment,  .durcie  et 
perforée  de  lilhophages  :  il  est  donc  légitime  de  conclure  à  l'inter- 
ruption de  sédimentation  admise  par  les  auteurs. 

Quelle  est  l'importance  de  l'événement  qui  l'a  produite?  on  ne  peut 
se  dissimuler  qu'elle  a  été  restreinte  ;  avant  qu'elle  se  produisit,  une 
partie  de  la  faune  sénonienne  avait  fait  son  apparition  dans  le  Pro- 
vencien, et  elle  s'esl  poursuivie  avec  un  développement  progressif 
dans  les  assises  supérieures  ;  les  Hudistes  eux-mêmes,  si  sensibles 
aux  influences  extérieures,  ont  en  partie  traversé  cette  ligne  de  dé- 
marcation :  à  Saint-Cirq  on  a  trouvé  et  on  retrouvera  probablement 
dans  le  Provencien  les  Sph.  Coquandi,  Spk.  sinuatus,  Sph.  paiera. 
qui  franchissent  la  limite  du  Turonien  et  se  retrouvent  les  uns  dans 
les  bancs  santonieas  à  Rudistes,  les  autres  (Sph.  Coquandi)  jusque 
dans  le  DoTdonîen  ;  c'est  une  nouvelle  preuve  de  l'enchaînement  gé- 
néral des  faunes  signalé  au  début  de  cet  exposé. 

L'unanimité  d'appréciation  sur  les  limites  du  Turonien  et 
nonien  ne  se  rencontre  plus  lorsqu'il  s'agit  d 
du  Turonien  :  d'Archiac  et  Manès  rattachent,  l'un  à  s 


1887.  SÉANCB   DU  7  SEPTEMBRE  843 

que  la  modification  intime  de  ces  deux  périodes  est  plus  profonde  et 
plus  radicale  que  celle  donl  nous  avons  parlé  en  premier  lieu  :  non 
plus  des  espèces,  mais  des  genres  importants  ont  pris  naissance  ou 
se  sont  éteints  exclusivement  dans  l'un  ou  l'autre  de  ces  étages 
c'est  ainsi  que,  parmi  les  Rudistes,  on  n'a  pas  retrouvé  au-dessus  du 
Génomanien  les  genres  Caprina,  Caprotina,  Ichthyosarcolithes,  Poly- 
conites,  etc.,  formes  singulières,  bien  caractéristiques  de  l'époque  pen- 
dant laquelle  elles  ont  vécu  :  inversement  c'est  dans  le  Turonien 
qu'ont  paru  pour  la  première  fois,  Itadioliles,  flippurites,  Playiopty- 
chus,  etc.  Il  paraît  juste  de  considérer  cette  division  comme  étant  d'un 
ordre  supérieur  à  celui  qui  sépare  le  Turonien  du  Sénonien  et  peut- 
être  trouvera- t-on,  dans  la  nomenclature  générale,  des  motifs  suffi- 
sants pour  rattacher  le  Génomanien  aune  division  moyenne  de  la 
Craie,  le  Turonien  et  les  étages  suivants  devant  constituer  le  Crétacé 
supérieur. 

Telles  sont  les  observations  sommaires  que  suggère  l'étude  du 
Crétacé  du  S.  0  ;  les  observations  moins  générales  trouveront  leur 
place  naturelle  lors  de  l'examen  de  chacun  des  points  qui  doivent  les 
provoquer. 

M.  Boisskllirr  offre  à  chacun  des  Membres  présents  une  carte 
indiquant  le  trajet  à  suivre  pour  les  excursions  des  deux  premiers 
jours,  à  Ghatelaillon  et  à  l'IIe-Madame,  avec  prolongement  sur  la 
Tremblade.  Il  annonce  qu'il  rédigera,  pour  le  compte  rendu  général, 
la  carte  géologique  des  régions  à  parcourir  dans  le  département  de 
la  Charente-Inférieure.  (PL  XXXII.) 

L'ordre  du  jour  étant  épuisé,  la  séance  est  levée  à  dix  heures. 

Séance  du  7  Septembre. 

PRÉSIDENCE    DE    M.    ARNAUD. 

La  séance  est  ouverte  à  huit  heures  et  demie  du  soir  dans  la  salle 
delà  Bourse  de  Rochefort.  M.  le  Président  adresse  au  nom  de  la 
Société  des  remerciments  à  la  Municipalité  de  Rochefort  qui  lui  a 
fait  un  sympathique  et  brillant  accueil  ;  il  ajoute  que,  si  la  Société  en 
est  touchée,  elle  n'en  est  pas  surprise  :  l'appui  donné  aux  études 
scientifiques  est  traditionnel  dans  ce  département  et  c'est  grâce  à  cet 
appui  que  se  sont  formés  tant  d'hommes  éminents  qui  en  sont  deve- 
nus l'honneur  :  au  premier  rang  se  place,  dans  la  branche  qui  nous 
occupe,  Alcide  d'Orbigny. 


814         BELTHÉMIEDX.  —  EXCURS10H  DC  7  SEPTEMBRE.      7  Mp. 

M.  Collot,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  séance 
du  matin  qui  est  adopté. 

M.  le  Président  donne  la  parole  &  M.  Beltrémieux  qui  rend  compte 
de  l'excursion  delà  journée  à  Cbatelaitlon,  Yves  et  Cbarras. 

Compte  rendu  de  i 'excursion  du  7  Septembre, 
par  M.  Beltrémieux. 

Le  programme  qui  avait  êlé  préparé  et  qui  a  été  définitivement 
arrêté  par  la  Société  dans  la  séance  d'ouverture  du  Congrès,  est  con- 
sacré, presque  en  entier,  à  l'élude  des  terrains  crétacés  de  la  Charente- 
Inférieure  et  de  la  Dordogne  ;  tel  est  l'objectif  principal  des  tournées 
géologiques  de  1887. 

Ce  projet  promet  une  série  assez  complète  d'excursions  des  plus 
intéressantes  à  travers  les  étages  do  la  Craie,  depuis  leCarenlonien 
(Cénomanien)  à  Cbarras,  jusqu'au  Dordonien  iDanien)  dans  les  deux 
départements  que  nous  avons  à  parcourir;  nous  devons,  à  cette 
occasion,  adresser  nosremercimentsà  notre  Président,  H.Arnaud,  et 
à  nos  Vice-Présidents  MM.  Boissellier  et  Mouret,  qui  sont  les  organisa- 
teurs de  ces  explorations. 

L'ae  seule  excursion,  celle  d'aujourd'hui,  a  été  réservée  à  la  visite 
de  l'Oolithe  supérieure,  du  Virgulien  à  Chatelaillon  et  au  rocher 
d'Yves.  11  aurait  fallu  quelques  séances  de  plus  pour  l'exploration 
aussi  de  l'Oolithe  moyenne,  dans  le  Nord  de  notre  département  de  la 
Charente- Inférieure. 

Le  chemin  do  fer  du  littoral  permettra  d'explorer  facilement,    dans 


1887.  BBLTRÉMIBUX.   —  EXCURSION  A  CHATBLAILLON.  815 

d'arcades  creusées  dans  le  rocher  et  qui  semblent  avoir  inspiré  la 
construction  des  vieux  porches  de  l'antique  cité  Rochelaise. 

Nous  aurons  ensuite  à  récolter,  sans  aucun  doute,  quelques-uns 
des  Echinides  ou  des  Crinoïdes  qui  ont  été  l'objet  des  beaux  travaux 
que  vous  connaissez  de  M.  G.  Cotteauet  de  M.  P.  De  Loriol  ;  de  nou- 
velles espèces  inédites  se  présenteront-elles  à  nous,  des  découvertes 
nous  seront-elles  réservées  ?  C'est  probable,  comme  cela  a  lieu  fré- 
quemment, car  la  falaise,  sans  cesse  minée  par  la  vague,  renouvelle 
sans  cesse  la  provision  des  fossiles  qu'elle  offre  au  chercheur  qui 
l'explore.  Mais  notre  attention  sera  bien  aussi  attirée  pur  la  compa- 
raison des  espèces  qui,  dans  la  région  de  l'Est,  sont  spéciales  au 
Jurassique  supérieur,  quand,  dans  l'Ouest,  elles  se  trouvent  indis- 
tinctement au  sommet  du  Corallien  et  à  la  base  du  Kimméridgien. 

Le  Nord  du  département  se  trouve  donc  assis  sur  un  ensemble  de 
couches  oxfordiennes  ou  coralliennes  qui  plongent  vers  le  Sud, 
pour  se  recouvrir  de  nouveaux  horizons  formant  à  Angoulins  la  partie 
supérieure  du  Corallien  qui  correspond  au  Séquanien  du  Jura  ou 
Kimméridgien  inférieur. 

Cet  étage  corallien,  dans  l'Ouest,  renferme,  il  est  vrai,  une  partie 
des  mêmes  fossiles  que  nous  allons  bientôt  retrouver,  aussi,  dans  le 
Ptérocérien  deChatelaillon:  Rhabdocidaris  Orbignyi,  Ceromya  excen- 
trica,  Mytilus  subpectinatus,  Pinnigena  Saussureî,  Ostrea  solitaria, 
Natica  rupellensis.  etc. 

Dans  son  Synopsis  des  terrains  jurassiques  des  départements  de 
l'Ouest,  Coquand,  se  fixant  trop  sur  les  étages  du  Jura,  attribue  au 
Kimméridgien  (Ptérocérien)  une  partie  des  fossiles  d'Angoulins  et 
au  Corallien  l'autre  partie  des  fossiles  de  la  même  falaise  ;  or  il  y  a 
erreur  évidente,  tous  les  fossiles  du  même  horizon  et  de  la  même 
falaise  appartiennent  naturellement  à  la  même  formation. 

Je  ne  veux  pas  vous  entretenir  plus  longtemps  de  ces  étages  que 
nous  n'avons  pu  visiter  ensemble,  et  après  le  court  exposé  qui  com- 
plétera, à  peu  près,  pour  nos  réunions  extraordinaires  de  Septembre 
1887,  l'histoire  géologique  de  la  Charente-Inférieure,  je  tiens  a  me 
retrouver,  avec  vous,  dans  le  Kimméridgien,  que  nous  avions  à  exa- 
miner d'après  l'itinéraire  tracé  dans  notre  programme  dont  nous  ne 
devons  nous  écarter  que  le  moins  possible. 

GIIATGLAILLOX. 

Au  bas  de  ces  sombras  falaises  qui  ont  vu  s'engloutir  dans  les  flots 
l'ancienne  ville  de  Chatelaillon,  se  présentent  les  assises  bleuâtres 
du  Kimméridgien;  ces  hauts  rochers  reposent  sur  une  vaste  plage 


816  BILTBÉMIKOX.    —    EXCURSION   A    CUATRLÀILLOH.  7  Mp. 

argileuse,  s'élcudaut  au  loiu,  dans  l'Océan  qui  la  recouvre  à  chaque 
marée;  le  sol  est  garni  des  fossiles  suivants  que  nous  avons  recueillis: 
Ammonite*  Cymodoce ;  Natica  Eudora;  Pterocera  Ponti,  Ottrea  virgula; 
Pholadomya  Protêt,  tubtruncala  et  muiticottata;  Ceromya  excentrica  et 
obovata,  etc.;  puis  Ostrea  tolitaria;  Mytilus  tubpectinatvt;  Teltina 
incerta;  Mya  rugota,  Ceromya  excentrica,  Rhabdocidarit  Orbignyi 
qu'on  trouve  également  dans  les  couches  coralliennes  d'Angoulint 
et  de  la  pointe  du  Cùé. 

Nous  rapprochant  de  la  falaise, nous  avons  récolté  dans  une  xone 
supérieure  d'argile  de  même  aspect:  Ammonites  Cymodoce,  Pterocera 
Ponte;  Natica  Eudora  et rttpcllmtis,  Ottrea  tolitaria,  Avicuta tubplana. 
Nous  avions  l'espoir  de  retrouver  V Acrotalenia  angularù  dont  nom 
avons  rencontré  dernièrement  un  bel  exemplaire  dans  une  excursion 
delà  Société  des  sciences  naturelles  de  La  Hochelle;  cette  espèce 
n'avait  pas  encore  été  signalée  dans  la  région  du  Sud-Ouest. 

Ces  bancs  argileux,  inclinés  vers  le  Sud,  viennent  plonger  dans  le 
sol  et,  sur  le  calcaire  virgulien  qui  occupait  la  partie  supérieure  de 
ces  bancs,  apparaît  un  dépôt  blanchâtre  de  quelques  mètres  de  lon- 
gueur sur  10  centimètres  environ  d'épaisseur,  resserré  entre  des 
calcaires  kimméridgiens  a  la  base  et  un  dépôt  argilo- sablonneux 
également  kimmérîdgîen  au  sommet.  Ce  banc  mince  et  très  dur  est 
composé  de  coquilles,  en  partie  brisées,  qui  appartiennent  à  l'étage 
corallien  d'Angoulins  dont  elles  ont  conservé  la  teinte  gris-blan- 
châtre.  Nous  expliquons  ce  dépôt,  comme  conséquence  de  la  destruc- 
tion par  la  mer,  pendant  la  période  kimméridgienne  d'une  partie  de 
la  falaise  corallienne  à  Angoulins,  puis  le  transport  de  ces  calcaires 
x  et  des  fossiles  enlevés  au  terrain  corallien  qui  émergeait 


1887.  8ÈANCB  DU  9  SKPTBMBKE.  817 

A  l'aspect  de  cette  falaise,  on  reconnaît  le  terrain  kimméridgien  et, 
par  la  nature  des  sédiments  et  par  les  fossiles,  il  est  facile  de  voir 
qu'on  se  trouve  en  face  d'horizons  supérieurs  à  ceux  de  Chatelail- 
lon. 

Lesuns,àChateiaillon,  représentent  l'étage  désigné  sous  le  nom  de 
Ptérocérien;  les  autres,  au  rocher  d'Yves,  celui  désigné  sous  le  nom 
de  Yirgulien.  Mais  les  Ptérocères  se  rencontrent  également  à  Angou- 
lins,  tandis  que  VOstrea  virgula  est  abondante  à  Chatelaillon  comme  à 
Yves  ;  la  désignation  de  Yirgulien  inférieur  pour  Chatelaillon  aveci\Am- 
monites  Cymodoce  et  de  Yirgulien  supérieur  pour  le  rocher  d'Yves 
avec  les  Ammonites  Lallieri,  et  orlhocera  paraît  plus  rationnelle. 

D'après  le  programme,  nous  devions  ensuite  visiter  la  base  du 
Cénomanien,  à  la  falaise  nord  de  Fouras,  et  M.  Gotteau  avait  l'espoir 
de  rencontrer,  dans  les  bancs  supérieurs  de  cette  falaise,  le  rare  échi- 
nide  que  nous  avions  trouvé  ensemble,  le  7  Septembre  1882,  et  que 
depuis  nous  n'avons  plus  jamais  retrouvé  malgré  nos  recherches 
réitérées;  mais  la  marée  ne  se  prêtait  pas  aux  désirs  des  géologues 
qui  voulaient  voir  les  argiles  gypseuses  que  le  flot  recouvre  trop 
promptement;  et  sauf  notre  illustre  collègue  qui  est  allé  à  la 
recherche  du  Claviaster  Beltremieuxi,  nous  avons  dû  renoncer  à 
Fouras  pour  aller  visiter  les  sablières  de  Gharras  qui  ont  ter- 
miné nos  intéressantes  excursions  d'aujourd'hui.  Ges  sables  avec  les 
calcaires  à  Gaprinelles  qui  les  surmontent,  nous  ont  donné  :  Orbito- 
lina  concava,  Peltasles  acanthoïdes,  Catopygus  carinatus,  Matheronia 
navis,  Panopœa  striata^  Ostrea  co tomba  minor  et  Pteroccra  polycera. 

M.  de  Lapparent  fait  ensuite  une  communication  sur  le  niveau 
de  la  mer. 

L'ordre  du  jour  étant  épuisé,  la  séance  est  levée  à  10  heures. 

Séance  du  9  Septembre. 
Présidence  de  M.  Arnaud. 

La  Société  s'est  réunie  à  huit  heures  et  demie  du  soir  dans  une  des 
salles  du  Gasino  de  Royan  mise  à  sa  disposition  par  la  Municipalité  ; 
dès  l'arrivée  de  la  Société  à  Royan,  M.  le  maire  avait  eu  la  gracieuse 
attention  de  faire  remettre  h  chaque  Membre  une  carte  d'entrée  pour 
ce  magnifique  établissement  dont  il  a  fait  le  soir  les  honneurs  avec 
une  amabilité  dont  chacun  a  conservé  le  meilleur  souvenir. 

Sur  l'invitation  de  M.  le  Président,  M.  Garnier,  maire  de  Hoyan, 
prend  place  au  bureau. 

M.  le  Président  exprime  à  M.  le  maire  les  remercîments  de  la 


818  COLLOT.    —    KXCURS10N    A    PORT-DES-BABQDBS.  7   S8p. 

Société  pour  l'hospitalité  si  libérale  qui  lui  est  offerte  et  pour  les 
prévenances  dont  elle  a  été  l'objet. 

11  annonce  ensuite  à  la  Société  la  perte  qu'elle  vient  de  faire  dans 
la  personne  de  M.  Dcsnoycrs,  l'un  de  ses  fondateurs  et  fait  en  quel- 
ques mots  l'éloge  de  ce  confrère  regretté. 

M.  Collut,  secrétaire,  lit  le  procés-verbal  do.  la  dernière  séance  qui 
est  adopté. 

MM.  Zurchcr  et  Collut  rendent  compte  de  l'cycursion  faite  la 
veille  au  Port-des-Barques,  à  l'Ile  Madame  et  à  Piédcmont  et  du 
trajet  de  cetlc  localité  a  Royan. 

Compte  rendu  de  l'excursion  an  Port  des-Barques,  à  l'Ile 
Madame  et  à  Piédemont. 

par  M.  Collot. 

La  Société,  partie  des  le  matin  de  ttochefort  en  voilure,  traverse  la 
Charente  au  bac  de  Soubise.  Au  sortir  du  village  elle  visite  un  affleu- 
rement de  calcaire  gréseux,  gris,  avec  (fstrea  columba,  var,  major, 
Inoceramus  (abiattts,  Catopygus  oùtusus,  nombreux  bryozoaires.  C'est 
la  base  du  Ligérien  supérieur.  Un  peu  plus  haut  la  roule  coupe  en 
tranchée  le  banc  supérieur  du  Ligêrien,  a  Ammonites  Rocheorutti,  et 
des  calcaires  exploités  non  loin  de  la  route,  pauvres  en  fossiles,  qui 
constituent  le  début  de  l'Angoumien. 

Les  falaises  du  Port-dcs-liarqnes,  de  l'Ile  Madame,  que  la  Société 
doit  visiter,  ont  été  décrites  sommairement  par  d'Archiac  (Hist.  des 


1887.  COLLOT.    —  EXCURSION  A  PORT-DBS-BAHQUES.  819 

CottaldiaBenettiœ,  Goniopygus  Menardi,  Orthopsis  miliaris,  Pseu- 
dodiadema  variolare,  Cidaris  ligeriensis.  3". 

C.  —  Calcaire  sableux  formant  corniche,  comprenant  à  sa 
base  une  lumachcllc  d'Ostrea  columba,  0.  carinata,  0.  biauri- 
culata,  et,  renfermant  lui-même  quelques  huîtres  éparses, 

avec  les  mêmes  Échinides lm60 

D.  —  Calcaire  sableux  blanc  jaunâtre  à  Ostreacolumba  major.  im50 
On  voyait  autrefois  vers  le  milieu  de  la  falaise,  où  les  couches 

inférieures  se  relèvent  contre  la  faille  signalée  plus  haut,  au-dessous 
de  la  couche  D,  encore  une  couche  plus  ancienne  ;  c'est  un  calcaire 
gris  glauconieux  avec  Ichthyosarcolithes  triangularis  et  autres  rudistes 
carentoniens.  Les  dépôts  apportés  par  les  marées  nous  ont  empêchés 
de  retrouver  cette  zone. 

M.  Arnaud  nous  présente  les  marnes  A  comme  Ligérien  moyen 
et  les  couches  B  et  C  comme  Ligérien  inférieur,  c'est-à-dire  comme 
base  du  Turonien.  M.  de  Lapparent  est  d'avis  que  les  fossiles  recueillis 
par  la  Société  dans  ce  Ligérien  inférieur  ne  sont  que  des  espèces 
cénomaniennes.  A  rencontre  de  cette  assertion,  M.  Arnaud  fait 
observer  que  les  couches  que  nous  venons  d'observer  ont  leur  faune 
bien  distinguée  de  celle  des  couches  carentoniennes  par  l'extinction 
définitive  des  Rudistes  cénomaniens  et  par  l'apparition  de  formes 
nouvelles  telles  que  Ammonites  Geslini,  Am.  peramplus  (non  rencontrée 
aujourd'hui),  Linthia  Verneuili,  Hemiastcr  Leymeriei  (similis),  Dis- 
eoïdea  in  fera,  Cidaris  ligeriensis,  etc. 

Nous  traversons  à  marée  basse  les  terrains,  submergés  à  d'autres 
heures,  qui  relient  l'île  Madame  à  la  terre  ferme  et  nous  nous  por- 
tons au  delà  delà  batterie,  pour  revenir  en  suivant  le  pied  de  la 
falaise,  qui  regarde  au  Nord.  Les  couches  les  plus  basses  sont  celles 
qui  se  montrent  d'abord  à  nous,  à  l'extrémité  ouest.  Les  amateurs  de 
foraminifères  ont  pu  faire  dans  ces  calcaires  marneux  bleuâtres, 
franchement  cénomaniens,  de  bonnes  récoltes.  Plus  haut  les  cal- 
caires deviennent  plus  durs  et  sont  taillés  à  pic  ou  même  en 
surplomb.  Des  Ichthyosarcolithes  triangularis,  Sphxrulites  foliaceus, 
Caprina  adoersa,  tombés  de  cette  falaise,  gisent  sur  la  plage  en 
masses  volumineuses  et  offrent  aux  paléontologistes  une  proie  plus 
lourde  que  celle  de  la  couche  précédente.  D'autres  fossiles  moins 
encombrants  accompagnent  d'ailleurs  ces  grands  Rudistes  :  Polyco- 
nilites  operculatus  (fladiolites  polyconilites),  Gyropleura  7iavis,  Touca- 
sia  lœvigata,  Sphœrulitfs  Fleuriausi,  S.  triangularis,  Caprolina  qua- 
drifida  ;  Goniopygus  major,  G.  Menardi,  Pseudodiadema  variolare,  P. 
tenue,  Codiopsis  doma,  Pygaulus  subœqualis  ;  Foraminifères. 

Un  banc  particulièrement  dur  termine  supérieurement  cette  assise 

XV  53 


830  CDLLOT.    —    KXCUB310H    A   F0HT-DBS-BARQCB8.  8    Mp. 

calcaire.  Il  renferme  Ostrea  carenionensis.  La  nature  des  sédiment» 
change  tout  à  coup,  car  il  esl  recouvert  par  une  couche  de  marne 
tendre  de  1  ou  2m.  Cette  couche  passe  dans  la  Charente  et  le  Nord  de 
laDordogne  à  des  argiles  noires  exploitées  activement;  elles  sont 
désignées  par  Coquand  sous  le  nom  d'argiles  tégulines.  Au-dessus 
une  assise  de  sable  fin  débute  par  une  lumacbelle  d'Ostrea  biauricu- 
lata.  Ces  huîtres  ont  leurs  deux  valves  et  c'est  le  banc  tel  qu'il  a  vécu 
que  nous  trouvons  là.  Dans  le  haut,  les  sables  passent  à  des  calcaires 
avec  Rudistes.  Ce  sont  ces  calcaires  qui  se  montraient  autrefois  à  la 
base  de  la  falaise  du  Port-des-Barques. 

Après  le  déjeuner  pris  au  Port-des-Barques,  nous  avons  fait  route 
au  Sud,  pour  visiter  la  falaise  de  Piédemont.  Ce  sont  des  couches  tou- 
tes inférieures  à  celles  de  la  matinée  ;  elles  vont  passer  sous  elles  en 
plongeant  au  Nord.  Les  calcaires,  les  gros,  alternent  avec  des  ar- 
giles vertes  et  noires,  dont  le  facile  enlèvement  détermine  la 
chute  des  bancs  de  grès  et  de  calcaire.  Les  argiles  contrastent 
par  leur  couleur  sombre  avec  la  teinte  des  calcaires.  Elles  sont 
pénétrées  de  matières  végétales  et  cà  et  là  des  bois  flottés  ré- 
duits à  l'état  de  jayet  y  sont  échoués.  Du  sulfure  de  fer  forme 
des  enduits  sur  le  jayet  et  des  rognons  indépendants,  que  la 
mer  isole  et  roule  sur  la  plage.  Le  fer  se  trouve  encore  dans  cet 
argiles  schisteuses  et  ligmlifères  sous  la  forme  de  rognons  de  fer 
carbonate  brun,  argileux.  11  est  là  l'analogue  des  sphérosidéritesdes 
houillères.  Ces  argiles  lignilifères  constituaient  pour  Coquand  son 
étage  gardonien.  L'indépendance  de  cette  formation  n'est  pas  suffi- 
sante pour  lui  valoir  une  pareille  distinction.  En  effet  ces  débris 
végétaux  se   sont  déposés  dans  un  espace  d'où  la  mer  n'était  pas 


1887.  COLLOT.   —  EXCURSION  A   PORT-DES-BÀRQUBS.  821 

—  Argile  verte  et  sable  vert.  —  Marne  et  calcaire  verdfttre  :  0.  co- 
lumba,  0.  flabella.  6"  80 

—  Calcaire  blanc  compact  ;   quelques  fossiles  spathiques,     1" 

—  Ce  calcaire  passe  à  une  roche  jaune  arénacée,  noduleuse,  ni- 
veau principal  des  Échinides,  dont  une  ample  moisson  a  été  faite  par 
la  Société  :  Anorthopygus  orbicularis,  Peltastes  acanthoïdes,  Catopygus 
columbarius;  Rhynchonella  Lamarkii;  Caprotina  costata,  Ichthy.  trian- 
gulari$%  et  autres  lludistes  ;  Ostrea  carxnata%  Orbitolina  concava,  etc. 
M.  de  Lapparent  y  a  retrouvé  Rhabdocidaris  Schlumbergeri,  décou- 
vert antérieurement,  lors  de  la  visite  de  l'Association  scientifique. 

lm  50à2m 

—  Inférieurement  ce  banc  passe  à  un  calcaire  blanc  tendre,  avec 
grains  spathiques,  station  principale  de  quelques  Échinides  plus 
rares  ;  Pygurus lampas,  Archiacia gigantea,  Pedinopsts  Ârnaudi,  Py gosier 
truncatus,  Holeclypus  crassus  ;  nombreuses  Orbitolines. 

—  Argile  noire  feuilletée,  traces  de  gypse,  lentilles  de  fer  carbo- 
nate ;  pas  de  fossiles.  4" 

—  Calcaire  compact,  perforé  au  sommet,  passant  à  un  sable  no- 
duleux  roussâtre.  Ichthy,  triangularisy  Sphœrulites foliaceus..      im  40 

—  Argile  noire,  lignitifère,  pyrite,  gypse  en  cristaux,    3* 

—  L'argile  passe  à  des  sables  verts  représentant  le  sommet  de  la 
formation  arénacée  observée  la  veille  à  Charras,  visibles  sur     lm. 

La  mer  masque  les  coucbcs  placées  au-dessous  de  celle-là. 

La  falaise  une  fois  explorée,  la  Société,  vers  4  heures,  a  repris  les 
voitures  et  s'est  dirigée  vers  Saint-Frouit  etMoëse.  Dans  cette  der- 
nière localité,  M.  fioissellier  lui  a  montré  une  carrière  dans  le 
calcaire  porllandien  à  Corbula  inflexa.  Les  fossiles  y  sont  rares. 
Du  gypse  a  autrefois  été  exploité  dans  ces  couches  terminales  du  Ju- 
rassique, mais  aujourd'hui  les  excavations  ne  sont  plus  accessibles. 

En  sortant  de  Moêse  nous  avons  devant  nous  la  plaine  d'alluvions 
de  Brouage  et  ses  marais  salants.  Nous  traversons  celle  dépression, 
de  même  que  la  petite  ville  forte  demi-ruinée,  du  môme  nom,  sans 
nous  y  arrêter,  et  nous  arrivons,  la  nuit  tombée,  à  Marennes  où  nous 
trouvons  facilement  asile  grâce  à  la  prévoyance  du  maire  de  la  ville. 
M.  le  maire  a  complété  ce  sympathique  accueil  en  venant  compli- 
menter la  Société  à  l'hôtel  où  le  repas  du  soir  en  réunissait  les 
Membres. 

Le  lendemain,  la  Société  est  partie  de  Marennes  à  7  heures  du  ma- 
tin; elle  n'a  pu  traverser  la  Seudre  au  bac  de  la  Tremblade,  pour 
se  rendre  par  la  rive  gauche  de  cette  rivière,  à  Hoyan,  suivant  le 
programme.  Ce  bac  étant  en  réparation,  nous  avons  dû  remonter  la 
rive  droite  jusqu'à  celui  de  l'Eguille.  Au  sortir  de  Marennes  nous 


822  COTTEAU.    —    EXCURSION   A    S  A  M  T- PALAIS.  7    Sep. 

avons  traversé  la  voie  ferrée  près  d'une  tranchée  où  les  calcaires  à 
Sphœrvlites  foliaceus  et  Caprina  adversa  de  l'Ile  Madame  réapparais- 
sent. La  roule  nous  Tait  suivre  cette  assise,  ayant  &  notre  gauche  les 
gr&s  supérieurs  du  Cénomanien  elles  sables  verts  à  Ostrea  Reaumuri. 

En  face  Sainl-Sornin  nous  quittons  la  route  départementale  de 
Saintes  et  prenons  le  chemin  de  Chalons.  Nous  franchissons  sans 
nous  y  arrêter  le  Ligérien  et,  à  Chalons,  nous  entrons  dans  une 
carrière  qui  alimente  un  four  à  chaux.  C'est  la  base  de  l'Angoomien 
avec  Radiolitet  lumbricalis,  Sphœrulîtes  Iïoreaui,  Cardium  production, 
Arca  Noueii. 

Après  avoir  franchi  la  Seudre  et  traversé  le  village  de  l'Eguille, 
nous  nous  arrêtons  a  l'angle  du  chemin  qui  conduit  à  la  Petite 
Eguille  pour  visiter  un  affleurement  de  calcaire  blanc,  cristallin,  avec 
Ostrea  plicifera,  caractéristique  du  Coniacien  moyen,  qui,  dans  les 
Charentes,  repose  sur  un  grès  glauconieux  à  Bryozoaires. 

Les  alluvions  modernes  connues  sous  le  nom  de  bri  occupent  la 
vallée  entre  le  coteau  de  l'Eguille  et  la  voie  ferrée  de  la  Tremblade. 

A  la  halle  de  Fonlbedeau,  une  tranchée  nous  montre  le  calcaire 
crayeux  duSantonien,  avec  des  Spongiaires,  Rhynchonella  difformis 
Cypkotoma  regulare,  Cidaris  pseudophtilluin.  L'heure  avancée  n'a  pas 
permis  d'autres  observations  jusqu'à  Hoyan,  où  nous  sommes  arrivés 
à  l'heure  du  déjeuner. 

M.  Cotteau  rend  compte  de  l'excursion  que  la  Société  a  faîte 
dans  l'après-midi  au  gisement  tertiaire  de  Saint-Palais  ;  il  rappelle 
que  la  découverte  de  ce  terrain  est  due  à  d'Orbigny  qui  la  signala 
pour  la  première  fois,  en  1843,  à  la  Société  Géologique  de  France. 


1887. 


COTTBAU.   —    tXCUBSIOIf  A   SAINT-PALAIS. 


823 


breux  ossements  roulés  de  Poissons  et  de  Reptiles.  Celte  couche  est 
recouverte  par  un  calcaire  grisâtre  généralement  sableux,  autrefois 
très  riche  en  Échinides,  mais  qui  aujourd'hui,  épuisé  par  les  recher- 
ches multipliées  et  probablement  récentes,  a  paru  bien  pauvre  aux 
membres  de  la  Société  Géologique  qui  n'ont  rencontré  que  quel- 
ques espèces  en  mauvais  état,  dos  Echinolampas  dorsalis  et  Heberti, 
des  Sismondia  Archiaci,  des  Schizaster  Archiaci  et  des  Gualtieria 
OrbignyL 

En  remontant  la  falaise,  la  Société  a  traversé  des  couches  sablon- 
neuses que  caractérisent  quelques  Ostrea  flabellaet  recouverts  par 
le  sable  des  dunes. 

En  1884,  dans  les  Annales  des  Sciences  géologiques,  M.  Cotteau  a 
publié  la  monographie  des  Échinides  de  ce  terrain  au  nombre  de 
vingt-et-une  espèces.  Depuis  cette  époque,  M.  Colteau  a  étudié  de 
nouveau,  pour  la  Paléontologie  française,  les  Échinides  éocènes  de 
Saint-Palais  ;  des  collections,  qu'il  ne  connaissait  pas,  lui  ont  été 
communiquées  par  MM.  Degrange-Touzin  et  Groizier.  Il  en  est 
résulté  quelques  rectiûcations,  et  M.  Cotteau  présente  à  la  Société 
la  liste  des  Oursins  de  Saint-Palais  telle  qu'il  l'admet  aujourd'hui. 


Euspatangus  Croizieri,  Cotteau. 
Gualtieria  Orbignyi,  Agassiz. 
Echinocardium  subcentralis  (Aga.tsizj, 

De  s  or. 
Linthia  Duc  roc  qui,  Cotteau. 

—  carentonensis,   Cotteau. 

—  Pomeli,  Cotteau. 
Schizaster  A  rehiaci,  Cotteau. 
Echinanthus  Ducrocqui,  Totteau. 
Pygorhynchus  Delbosi,  Cotteau. 
Echinolampas  dorsalis,  Agassiz. 

—  ellipsoidalis,  d'Archiac. 


—  Archiaci,  Cotteau. 

—  Douvillei,  Colteau. 

—  Hvtn'.rtïy  Cotleau. 
Sismondia  Archiaci,   Cotteau. 
Echinocyamus  Lorioli,  Cotteau. 

—  PomHi,  Colteau. 
Micropsis  Orbignyi,  Cotteau. 

(ùtmiopyyus  pelayiemis,  d'Archiac. 
Cn:loplfunis  Delbosi,  Desor. 
thbtrtia  mvridanensis,  Cotteau. 
Cidaris  Lorioli,  Cotteau. 
—      Pu  m  eh,  Cotleau. 


Trois  espèces  ont  été  ajoutées  à  colles  déjà  connues  :  Euspatangus 
Croizieri,  Linthia  Pomeli,  Pygorhynchus  Delbosi,  Une  espèce  Brissop- 
sis  e  le  g  ans,  attribuée  à  l'Éocène  de  Saint-Palais,  d'après  une  éti- 
quette erronée  de  la  collection  d'Orbigny  et  provenant,  en  réalité, 
de  l'Éocène  de  Saint-Estephe,  a  été  retranchée.  Restent  actuelle- 
ment vingt-trois  espèces,  réparties  en  quinze  genres  ;  sept  seulement 
de  ces  espèces  se  sont  rencontrées  dans  d'autres  localités;  quatorze 
sont  spéciales  au  terrain  de  Saint-Palais  et  donnent  à  ce  gisement 
qui,  suivant  M.  Vasseur,  correspond  à  la  partie  inférieure  du  Calcaire 
grossier,  un  caractère  qui  lui  est  tout  à  fait  propre. 


824  ZURCHER    ET   ARKAUD.—    EXCURSION    A    HESCHERS,    ETC.     14   lep. 

A  la  demande  de  M.  le  Maire  de  Royan,  M.  de  Lapfareht  fait  une 
communication  sur  les  variations  du  relief  des  notes. 
L'ordre  du  jour  étant  épuisé,  la  séance  est  levée  h  10  heures. 

Séance  du  dimanche  1 1  Septembre. 

PRESIDENCE    DE    M.    ARNAUD. 

La  société  s'est  réunie  le  dimanche  11  Septembre,  A  huit  heures 
et  demie  du  soir,  dans  une  salle  de  l'Hôtel  de  ville  de  Périgueux  mise 
à  sa  disposition  par  la  municipalité. 

M.  le  président  exprime  les  remerclments  de  la  Société  pour 
l'hospitalité  qui  lui  est  accordée. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

MM.  Zurcher  et  Arnaud  rappellent  les  observations  faites  A  Mes- 
chers  et  à  Talmont. 

Compte   rendu  de  l'excursion  à  Moschers  et  Talmont, 

par  MM.  Zurcher  et  Arnaud. 

La  Société  a  quitté  Royan  en  voitures  à  six  heures  et  demie  du 
matin  ;  après  avoir  traversé,  de  Royan  à  Saint-Georges,  un  plateau 
monotone  et  dépouillé,  n'offrant  que  de  temps  en  temps  quel- 
ques échappées  vers  la  mer,  la  route  s'est  engagée  entre  le  pied 
de  hautes  dunes  couvertes  d'une  végétation  luxuriante  et  de  vastes 


1887.       ZURCHEfc  ET  ARNAUD.  —  EXCURSION  A  ME3CHBRS,   ETC. 


895 


Orthopsis  niliarii,  (d'Arch.),  Cott. 
Salenia  Buurgeoisi,  Cott. 
HemiasUr  nasutulus  Sor. 


Micraster  loxoporus,  d'Orb. 
Nucleolitts  minimus,  Ag. 
Pentacrinus,  etc. 


Un  banc  h  Ostrea  vesicularis  clairsemées  au  début,  plus  nombreuses 
à  mesure  qu'on  s'avance  auN.  0.,  couronne  cette  zone  :  on  y  trouve 
mêlées  quelques  autres  espèces  : 


Exogyra  matheroniana ,  d'Orb. 
E.  eaderensis,  Coq. 
E.  lacmiata,  d'Orb. 


Et  déjà  : 

0.  larva%  Lk. 

0.  eonirostris,  Munst. 

Nombreux  Bryozoaires. 


Nerita  rugosa  fait  aussi,  à  ce  niveau,  sa  première  apparition  :  le 
pied  de  cette  couche  plonge  dans  la  mer  et  l'on  n'en  peut  suivre 
la  base  jusqu'au  recouvrement  du  Gampanien.  Sa  puissance  peut 
être  évaluée  de  8  à  10  mètres. 

En  retrait  sur  cette  première  assise,  s'élève  un  banc  de  marnes 
grises,  friables,  Q*,  anciennement  exploitées  pour  pierre  de  taille 
avec  la  partie  supérieure  du  banc  précédent  :  un  sentier  taillé  dans 
le  rocher  a  permis  de  les  atteindre  au-dessous  du  premier  moulin  à 
vent;  les  radioles  de  Cidaris  pseudopistillum  abondent  à  ce  niveau  et 
se  récoltent  en  saillie  par  suite  de  la  facile  altération  de  la  roche  : 
on  y  trouve  aussi  Hemiaster  nasutulus  souvent  de  grande  taille, 
Cidaris  subvesiculosa,  C.  pseudopistillum  dont  une  portion  de  test  avec 
radiole  adhérent  a  été  décrit  et  figuré  par  M.  Gotteau  (i). 


Goniopygus  rayait  us,  d'Arch. 

Cyphosoma  VemeuUli,  Cott. 

Asterias... 

Monopleura  gryphoidest  Baylc. 

Sphwrulites  Coquandi,  Bayle. 

Hadiotites  ruyanus ,  d'Orb. 

Exogyra  matheroniana,  d'Orb. 

E.  caderensis,  Coq. 

().  lameraciana,  Coq. 

O.  santonensis ,  d'Orb. 


O.  frons,  d'Orb. 
Mitylus  Dufretnoyi,  d'Orb. 
Pi'eten  EspaiUacV,  d'Orb. 
Janira  quadricostata,  d'Orb. 
J.   Truellei,  d'Orb . 
Lima  viaxima,  d'Orb. 
Tercbratdla  santonensis,  d'Orb. 
Orbicula  la  niellas  a,  d'Arch. 
Et  quelques  petits  Spongiaires  globu- 
leux. 


C'est  à  la  base  de  ces  marnes  plus  solides  en  se  rapprochant  de 
Roy  an  qu'au  sein  d'une  zone  noduleuse  et  ferrugineuse  on  trouve  de 
Susac  à  Royan  :  Clypeolampas  Leskei ,  d'Orb.,  et  dans  la  zone 
moyenne  :  Hippurites  Espaillaci,  d'Orb. 

Un  banc  compacte  à  0.  vesicularis,  Q2  où  ces  fossiles  sont  réunis 
par  myriades,  fait  corniche  au-dessus  des  marnes  :  la  roche  prend, 

(1)  Kchinides  du  S.  O.  de  la  Franco  :  Académie  dos    Bulles-lettres,  Sciences  et 
Arts  de  la  Rochelle,  p,  12,  pi.  II,  ûg.  11-13. 


826  ZUBCBBB    BT   ÀBIUIJD.    —    BXCOBStOlf   A   HISCHBBS,  KTC.      44  Mp. 

par  places,  une  teinte  jaunâtre  prélude  de  la  coloration  de»  bancs 
supérieurs  :  au  milieu  des  Ostracées  sont  disséminés  quelques  Échi- 
nides  : 


Rhynthopygut  Marmini,  d'Orh. 
Xueleolitti  minimm,  Ag. 
Mucleatitei  nov.  sp. 
HtmiaiUr  nuiutuitts.  Sow. 
Guniupyrjia  royanut,  d'Arct». 
Soif  nia  Hourgtuiti,  Coll. 
S.  uatigerat  Gray. 

Citlarit  ptiudtipistillum,  Coll. 


Cidaril  lubrtiicuhia,  d'Orb. 
Cyphotoma  proping uiim,  Am  . 
C.  magHtfieam,  Ag. 
C.  Prriirirflff,  Coll. 
C.  Atadim,  ColL 
C.  railiafum,  Sor. 
C.  Aaurîni  ?  Cou. 
C.  rtmm,  Cou.,  etc. 


Puissance  variable  :  2  ù  4  mètres. 

Divers  sentiers  tracés  dans  la  falaise  au-dessous  des  moulins  a 
vent  ont  permis  d'atteindre  sur  plusieurs  points  les  couches  que 
supporte  le  banc  à  0.  vesicularis  :  on  a  trouvé  au  début  un  calcaire 
rougeatre,  légèrement  magnésien,  s'enfarinant  sous  l'action  des 
agents  atmosphériques;  on  y  rencontre  encore  quelques  Echinides, 
principalement  Hemiaster  nasutulia,  Sow.,?  c'est  &  ce  niveau  que 
M.  Pomel  a  recueilli  l'individu  pourvu  de  ses  plaques  anales  décrit 
et  figuré  par  H.  Cotteau. 

Quand  on  continue  l'étude  des  falaises  vers  Royaii  et  Pontaillac, 
ou  constate  une  modification  graduelle  de  la  roche  qui  blanchit  et 
devient  de  plus  en  plus  résistante  :  les  couches  inférieures,  repo- 
sant sur  le  banc  à  0.  vesicularis,  Q»,  y  deviennent  la  station  normale 
des  grands  rudisles  dordoniens  : 


1887.        ZUBCHBR  ET  ARNAUD.   —   BXCDR3I0N  A  MESCHEB8.   ETC.  827 

Nueleolites  minimuf,  Ag.  C.  Siemanni,  Cott. 

Catopygus,  sp.  C*.  Desmoulins i,  Cott. 

Cassidulus,  sp.  C.  Vernewlli,  Cott. 

Goniopygus  royanus,  d'Arch.  C.  minus,  Arn,  etc. 

Onhopsis  miliaris,  Cott.  Les  Lamellibranches  et  Gastropodes  de 

Cyphosoma  girumnense.  Des.  la  faune  de  Royan  énumérés  au  Pro- 

C.  jlroe/tœ,  Cott.  drome  et  de  nombreux  polypiers. 

La  puissance  de  cette  couche  :  Ru  varie  de  2  à  o  mètres. 

Au-dessus  de  cette  roche  dont  la  surface  se  corrode  rapidement, 
prend  naissance  un  nouveau  banc  saillant  à  Ostracées,  Rlb,  où  pré- 
domine dans  les  falaises  de  Meschers  Exogyra  cadertnsis,  Coq.,  de 
grande  taille,  avec  E.  Matheroniana,  E.  Ouerweji,  E.  decussata,  Ost. 
larva  et  quelques  0.  vesicularis. 

La  faune  échinitiquc  est  celle  du  niveau  inférieur. 

Puissance  :  environ  1  mètre. 

Il  est  recouvert  d'une  nouvelle  zone  de  calcaires  rougeâtres,  fari- 
neux, Rlc,  en  couches  alternativement  friables  et  plus  solides,  avec 
cordons  de  Uudistes  siliceux  et  d'Ostracées: 

Sphœrulites  Sœmanni,  Bayle.  Sphœrulites  Hœninghausi,  Desra.  etc. 

Sph.  alatus,  d'Orb. 

dans  les  bancs  tendres  on  trouve  : 

Nerinea  rugnsa,  Hœningh.  OrbicuLa  lamellosa,  d'Arch. 

Nerita  fnsulrata,  d'Arch.  Waldheimia  Clementi,  Coq,  etc. 

Janira  Truellei,  d'Orb. 


Puissance  :  environ  9  mètres. 

Au  sommet,  immédiatement  sous  les  moulins,  un  banc  dur,  sail- 
lant, R'<i,  presque  exclusivement  composé  de  Rudistes  siliceux  : 


Sphœrulites  Sœmanni,  Bayle.  Radioliles  inyens,  Desm. 

Sph.  Hœnnighausi,  Desm.  H.  fisticoslatus,  d'Orb. 

Sph.  alatus,  d'Orb.  H.  royanus,  d'Orb. 

Avec  quelques  Échinides  : 
Orlhopsis  miliaris,  Cott.  Cyphosoma  Sœmanni,  Cott. 

Hemiastcr  nasutulus,  Sor. 


est  couronné  par  un  banc  compact  à  O.  vesicularis,  dernier  terme 
apparent  du  Dordonien. 

Puissance  :  environ  3  mètres. 

La  figure  1  donne  le  profit  de  la  falaise  au-dessous  des  moulins 
à  vent  de  Meschers. 


ZURCBBK    8T   AHNAU».  —   EXCURSION   A   HBSCDBHt.   BTC.       14  ISp. 

Fig.  1,  —  Falaise  de  Mescktrs. 


B.,  —  Uordoiiieu  moyen  —  Q.  Dordonicn  inférieur. 

LesBryozoairesetles  Fora  mini  ('ères  abondent  dans  toute  la  hauteur. 

Les  célèbres  grottes  de  Meschcrs  sont  taillées,  à  divers  niveaux, 
dans  les  couches  tendres  qui  surmontent  le  banc  principal  à  0.  eesi- 
cularis,  Q*  ;  elles  ont  généralement  pour  toit  les  bancs  à  Oslracées 
ou  a  Rudistes  siliceux,  dont  la  solidité  rassurait  leurs  hôtes  sur  les 
dangers  d'babilations  exposées  aux  causes  multiples  de  dégradation 
qu'entraînent  la  nature  de  la  roche  et  les  ébranlements  périodiques 
des  marées  :  elles  sont  aujourd'hui  abandonnées  et  ne  sont  utilisées 
que  comme  abri  pour  les  récoltes  ou  pour  les  pêcheurs  de  crevettes 
surpris  par  un  grain. 

Après  avoir  analysé  la  composition  delà  falaise,  la  Société  en  a 
gravi  le  sommet  et  s'est  arrêtée  un  instant  pour  jeter  un  dernier 
regard  sur  le  magnifique  panorama  qui  se  déroulait  devant  elle  :  à 


4887.       ZURCHKR   BT  ARNAUD.    —  EXCURSION  A  MISCHERS,   ETC. 


839 


fossiles  :  grâce  à  un  travail  assidu,  ce  modeste  chercheur  a  créé  une 
collection  des  plus  complètes  où  chacun  a  pu  s'approvisionner  de 
fossiles  &  sa  convenance  et  recueillir  les  renseignements  les  plus 
exacts  sur  les  points  qui  éveillaient  sa  curiosité. 

De  là  on  s'est  rendu  à  l'hôtel  de  la  Croix  Blanche  où  Ton  a  déjeuné 
avant  d'aborder  l'étude  de  Talmont. 

Après  déjeuner,  la  Société  est  remontée  en  voitures  et  s'est  fait 
conduire  à  Talmont;  la  route  contourne  la  grande  anse  creusée  par 
la  mer  entre  Talmont  et  Meschers  :  une  plaine  marécageuse  s'étend 
aujourd'hui  à  la  place  des  falaises  qui  primitivement  unissaient  les 
deux  pointes  :  elle  est  occupée  par  des  marais  salants  et  de  maigres 
pâturages  constellés  de  Slatice  limonium  ;  près  de  Talmont,  le  rocher 
du  Bœuf  détaché  de  la  ville  à  laquelle  il  était  lié  sous  la  domination 
romaine,  car  on  trouve  encore  au  sommet  du  rocher  les  débris  de 
l'industrie  des  conquérants,  atteste  les  effets  du  travail  permanent  et 
irrésistible  des  flots. 

On  a  mis  pied  à  terre  &  Gaillau  :  l'inclinaison  N.  E  —  S.  0.  des 
couches  montre  sur  la  façade  Est  du  promontoire  les  assises  les  plus 
inférieures;  on  y  a  rencontré  le  Gampanien  supérieur,  caractérisé  au 
début  par  un  calcaire  gris  bleuâtre,  avec  pyrites,  en  bancs  noduleux, 
pétris  de  Bryozoaires,  passant  à  un  calcaire  blanc,  plus  tendre,  où 
les  fossiles  ressorlent  en  saillie  et  que  l'on  a  suivi  jusqu'à  l'extré- 
mité de  cette  façade:  le  creusement  du  rivage  ne  permet  pas  de  la 
contourner. 

On  a  recueilli  au  commencement  de  la  falaise  : 


Leiodon  anceps,  Mant. 
Galeucerdô,  sp. 

Echinocorys  vulgaris,  Broyn. 
Qffastr.r  pilula,  Lk. 
Salenia  Bouryeoisi,  Coït. 
S.  xcutigera,  Gray. 
Cyphosoma  yirumnense,  Dos 
Cidaris  subvesiculosa  d'Orb. 
C.  pxeudopistillum.  Cott. 
Janira  quadricostata,  d'Orb, 
J.  Truellei,  d'Orb. 


Ostrea.  vesicularis,  Lk. 

O.  frons,  Park. 

Exogyra  laciniata,  d'Orb. 

E.  matheroniana,  d'Orb. 

E.  caderensis.  Coq. 

liynchonella  de  for  mis,  var. 

fl/i.  gluhtita,  d'Orb. 

I\h.  Eudesi,  Coq. 

Terfbratella  santunrnsis,  d'Orb. 

Terebralula  cf.  Nunclasi,  Coq. 

Waldheimia  démenti,  Coq  etc. 


En  avançant  dans  la  direction  de  la  mer,  on  a  constaté  dans  la 
roche  la  présence  de  grands  Spongiaires  en  larges  lames  avec  : 


Spondtfliis  dut>mpleanuxt  d'Orb. 
Mitylug  reticulatus,  t  oq. 


Pi-ctni  Espaillari,  d'Orb. 
Cyphosoma  SœviaJini,  Cotl.  etc. 


Dans  sa  partie  supérieure,  la  falaise  montre  un  banc  de  grandes 


830  ZURCHER    ET   ARNAUD.    —    EXCURSION    A   ME9CBERS,  BTC.    H  Up. 

Ostrta  vesîcviarit  (var,  gigot)  dont  l'affleurement  a  été  retrouvé  sur 
le  bord  de  la  route  quand  la  Société  a  repris  la  direction  de  Talmoat 
pour  atteindre  la  façade  ouest  du  promontoire  de  Caillau  :  arrivée  i 
l'échaocrure  qui  sépare  la  pointe  de  Caillau  de  celle  de  Talmont,  la 
Société  a  cherché  à  atteindre  la  partie  de  la  falaise  qui  fait  face  à  la 
mer;  mais  l'heure  peu  propice  n'a  permis  qu'aux  audacieux  de  fran- 
chir  le  passage  presque  toujours  baigné  qui  y  conduit  ;  sur  cette 
falaise  difficilement  accessible  et  toujours  périlleuse,  les  explora- 
teurs ont  retrouvé  la  faune  qui  se  montre  sur  la  face  ouest  dans  la 
partie  rapprochée  de  la  route  ;  par  suite  de  l'inclinaison  des  couches, 
elle  y  est  étalée  sur  une  assez  longue  étendue  et  a  fourni  de  nom- 
breux échînides  la  plupart  siliceux  : 

Echinocoryt  vulyaril  el  variétés,  Brcyn.       .Wicratttr  Cf,  tjlijphut,  Schl.  (i) 

HoUitltr  carentontatii,  Coït,  C.  Mercgi, Coll. 

Holeetypui  luranaui*,  Des.  Salfuia  maxima  (i)  A™. 

Cypluitoma  t/immutiue,  Des.  .V.  tcutitjera,  Grav. 

C.  mojui/ituin,  Ag.  S.  trigoaata.  Coll. 

C.  radiatim,  Sor.  Goniapgtjiu  royaiius,  d'Arch. 

Cidarii  mbcciiculuta.  Coll.  Astéries  ;  Ossselets  de  grande  taille. 
C.  ptendo-piUiltum,  Coll. 

Sur  la  façade  ouest,  M.  d'Abzac  a  trouvé  un  très  bel  exemplaire  de 
Salenta  Seberti,  rare  espèce  dont  il  a  gracieusement  fait  hommage  à 
M.  Cotteau,  son  créateur. 

Les  Ostracées  abondent  à  ce  niveau  el  sur  les  points  exposés  a  la 
vague,  se  trouvent  presque  entièrement  dégagées,  se  laissant  cueillir 
avec  facilité  : 


1887.     ZUBCHBR  ET  ARNAUD.   —  KXCUB310N  A  MBSCHBRS,   ETC. 


831 


quand  les  vases  qui  la  recouvrent  ont  été  balayées  par  la  tempête  : 
on  y  remarque  de  nombreux  Céphalopodes  : 


Ammonite»  cpiplectus,  Redt. 
Turrilites  Archiaci,  d'Orb.  ; 


Baculiles  anceps,  Lk.  ; 
Scaphites,  ps. 


Dans  la  falaise,  de  bons  exemplaires  de  Sphœr.  Coquandi  y  sont 
associés  avec  une  partie  de  la  faune  précédente. 

Après  avoir  saccagé  la  falaise  de  Gaillau,  la  Société  s'est  rendue  à 
Talmont  et  a  vu,  sous  la  vieille  église  romane  dont  la  belle  abside  a 
frappé  son  attention,  des  calcaires  blancs,  en  cordons  alternative- 
ment solides  et  friables,  les  premiers  presque  entièrement  composés 
de  Spongiaires  siliceux,  les  autres  d'un  calcaire  marneux,  gélif, 
avec  : 


Cyphosoma  girumnensp,  Des.  ; 
C.  magnificum,  A  g.  ; 
C.  radiutum,  Sor.  ; 
Cidaris  subvrsiculosa,  d'Orb.  ; 


Goniopyqus  royaniu,  d'Arch.  ; 
Boury ue Lier i nus ellipticus,  d'Orb.  ; 
Penlacrinus,  sp.  ;  ' 
Cyaihidium?  etc. 


On  a  récolté  à  ce  niveau  de  nombreux  exemplaires  de  Cranta  igna- 
bergensis  et  constaté  l'abondance  (VOrbitoïdcs  média  qui  y  joue  le 
rôle  de  précurseur  du  Dordonien. 

En  comparant  les  deux  étages  observés  dans  cette  excursion  on 
est  frappé  de  la  profonde  diversité  de  leurs  caractères. 

De  Mortagne  à  Talmont,  dans  un  parcours  de  13  kilomètres  à  vol 
d'oiseau,  le  Gampanien,  sur  une  épaisseur  de  plus  de  150  mètres, 
présente  une  remarquable  uniformité  :  ses  calcaires  blancs,  crayeux, 
alternent  constamment  avec  des  cordons  de  Spongiaires  siliceux  plus 
ou  moins  espacés  :  entre  ces  cordons  se  développent  de  grandes 
touffes  de  Bryozoaires  arborescents,  de  Spongiaires  en  larges  lames, 
une  faune  de  Lameliibrancbes  presque  exclusivement  composée  de 
Pleuroconques;  de  nombreux  Échinides,  parmi  lesquels  abondent  les 
Echinocorys  ;  pas  de  Hudistes  :  vers  le  sommet  seulement  le  cosmopo- 
lite Sphœr,  Coquandi  et  quelques  Radiolites  Roy  anus,  indices  pré- 
curseurs de  la  modification  qui  va  s'accomplir. 

A  Meschers,  plus  de  bancs  de  Spongiaires:  des  calcaires  sans  silex, 
solides  &  la  base,  plus  altérables  en  s'élevant  par  l'accroissement  des 
éléments  dolomitiques,  et  dont  la  friabilité  n'est  interrompue  que 
par  la  résistance  des  bancs  de  Hudistes  et  d'Ostracées.  Tout  indique 
la  substitution  d'une  formation  corallienne  à  la  formation  pélagique 
du  Campanien  et  l'interposition  de  l'événement  perturbateur  qui  a 
provoqué  l'apparition  du  Danien. 


832  ZURCHEB    KT  ARNAUD.    —    EXCURSION   A    HBSCUERS,    ETC.    13   36p. 

Le  lemps  consacré  a  l'étude  des  deux  falaises  et  à  la  récolte  de 
leurs  fossiles  n'a  pus  permis  dn  terminer  l'examen  du  Campanien 
par  l'observation  de  la  petite  saillie  de  Port-Marant  située  à  peu  près 
à  égale  distance  de  Talmont  et  de  Meschers;  on  y  eût  reconnu  le 
couronnement  des  couches  de  Talmont  auxquelles  elle  se  relie  par 
la  persistance  de  la  faune  et  dus  caractères  minera  logiques  ;  c'est  la 
dernière  apparition  du  Campanien  qui  s'infléchit  définitivement  el 
disparaît  sous  le  Dordonien  de  Meschers. 

La  falaise  de  Talmont  clôt  la  série  trop  courte  des  études  réser- 
vées par  le  programme  à  la  Charente-Inférieure  ;  la  Société  quitte  les 
bords  de  la  Gironde  pour  aller  coucher  à  Jonzac.  et  se  rendre  le  lende- 
main à  Périgueux. 

M.  Cotteau,  sur  l'invitation  de  M.  le  Président,  signale  à  la  Société 
quelques-uns  des  Echinides  rencontrés  dans  les  couches  visitées,  les 
jours  précédents. 

Parmi  les  espèces  recueillies  à  Chatelaillon,  M.  Cotteau  indique 
deux  espèces  remarquables  par  leur  extension  verticale:  1"  Rhabdo- 
cidaris  Orbignyi  qui  commence  à  se  montrer  dans  le  Corallien  in- 
férieur et  se  retrouve  dans  \e  Kimnuridgien,  2°  V Aerotalenia  angu- 
larts  qui  fait  son  apparition  dans  l'étage  oxfordien  et  remonte  dans 
les  couches  supérieures  du  terrain  jurassique.  La  forme  très  allongée 
de  son  appareil  apical  avait  fait  considérer  cette  dernière  espèce 
comme  le  type  d'un  genre  particulier,  genre  Haimea,  mais  on  a  re- 
connu que  ce  caractère  n'avait  pas  l'importance  organique  qu'on  lui 
avait  attribué,  et  que  l'espace  appartenait  aux  véritables  Acrosalenia. 
1  Port-d^-Barques.  mmusiii'i'c  iort  rare.  A>iorttit>ii'i<itit  Mirin; 


1887.  MOURET.    —   VI81TK  AU   MUS  EU  DK  PÉRIGUEUX.  833 

d'Orthopsis  miliaris  de  différents  ft^es,  d'Hemiatter  nasuiuius  admira- 
blement conservés,  elc.  etc.  Parmi  les  espèces  rares  que  les  Membres 
de  la  Société  ont  rencontrées,  M.  Gotteuu  cite  le  /ihynchopygus  Mar- 
mini  qui  appartient  &  la  Craie  la  plus  supérieure  ainsi  que  le  Salenia 
Heberti  dont  le  type  se  trouve  dans  la  craie  de  Meudon. 

Séance  du  13  Septembre. 

PRÉSIDENCE   DE   M.    ARNAUD. 

La  séance  est  ouverte  à  huit  heures  et  demie  du  soir  dans  une  salle 

de  l'hôtel  Misermont  à  Beaumontde  Périgord. 
Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté  : 
En  l'absence  de  M.  Mouret,  le  secrétaire  donne  lecture  d'une  note 

de  notre  confrère  sur  la  visite  faite  la  veille  au  matin  au  Musée  de 

Périgueux. 

Compte  rendu  de  la  Visite  de  la  Société  géologique  au  Musée 
de  Périgueux,  le  12  Septembre  1887, 

par  M.  Mouret. 

Dans  la  matinée  du  12  septembre  1887,  la  Société,  sous  la  conduite 
du  Président,  M.  Arnaud,  s'est  rendue  au  Musée  de  Périgueux  où  elle 
a  été  reçue  par  M.  Galy  en  l'absence  du  conservateur  M.  Hardy. 

La  première  salle  visitée  a  élé  celle  contenant  la  riche  collection 
d'objets  préhistoriques,  sur  lesquels  M.  Galy  a  donné  des  explications 
détaillées. 

La  Société  a  ensuite  examiné  la  collection  de  mollusques  récents, 
classée  par  M.  Bleynie,  et  exposée  dans  des  vitrines  du  musée  de 
peinture. 

C'est  à  M.  Bleynie,  de  Périgueux,  qu'est  incombé  aussi  le  soin  de 
classer  la  collection  de  géologie  et  de  minéralogie,  située  dans  une 
salle  spéciale.  Ce  travail  n'est  pas  encore  terminé:  il  est  d'ailleurs 
assez  délicat  à  faire,  car  la  provenance  des  échantillons  n'est  pas 
toujours  indiquée. 

La  collection  géologique  comprend  une  petite  collection  générale 
et  une  collection  locale.  Celle-ci  surtout  devait  attirer  l'attention  de 
la  Société,  bien  qu'elle  soit  très  incomplète. 

Cette  collection  a  plusieurs   origines. 

M.  Marrot,  inspecteur  général  des  Mines,  aujourd'hui  décédé,  a 
laissé  au  département  une  assez  belle  collection  de  fossiles  du  Cré- 


834  BRBTBAIfD.  —    EXCURSION   A   CIIAEICELADB.  13  Sfip. 

lacé,  et  notamment  de  rudistes,  mais  malheureusement  les  indica- 
tions de  provenance  ont  parfois  clé  égarées. 

M.  l'abbé  Landesque  a  fait  don  au  musée  d'une  belle  collection  de 
fossiles  tertiaires,  provenant  de  diverses  localités  du  Lot-et-Garonne; 
Saint-Martin,  Lamilloque,  Fume),  Mannes,  le  Trel,  Seyssan,  Saint- 
Antoine,  Nicole,  Marcoulac,  Dondas,  bourg  de  Visa,  Doumillac,  En- 
vol, etc.  On  y  trouve  la  faune  du  calcaire  des  Ondes  et  de  la  mollasse 
moyenne  de  l'Agenais,  etc. 

Parmi  les  échantillons  de  provenances  diverses,  on  peut  remarquer 
quelques  fossiles  des  calcaires  lacustres  de  Beaumnnt,  ainsi  que  des 
gastropodes  et  empreintes  de  plantes  des  sables  et  grès  de  Bergerac. 

La  collection  contient  aussi  quelques  échantillons  provenant  du 
Kimméridien  {Saint-Cyprien,  Mareuil,  Saint-Pompon),  du  Bajocien 
(Les  Hayniaux  près  Thiviers),  du  Corallien  (Borrèze,  Ogres  près 
Négrondes),  du  BaLhonien  (Eyzerat)  ainsi  que  quelques  roches, 
entre  autres:  granité,  pegmatite,  grenats  et  brèche  siliceuse  de  Saint- 
Pau  1-1  a- Hoche,  diorite,  granulîtes  de  Saint-Romaines,  Saint-Saud, 
serpentines  de  la  Hibière,  cuivre  de  Lage,  galène  de  Nontron,  hal- 
Ioysites,  nontronite,  manganèse,  minerais  de  fer  divers  des  sables 
sidérolilhiques,  etc. 

M.  Bertrand  rend  compte  de  l'excursion  faite  la  veille  de  Chance- 
lade  à  Péri  gueux  par  Gourd  de  l'Arche  :  Il  expose  ensuite  sommaire- 
ment les  observations  faites  a  la  Hoquette  et  à  Sain  t-Cirq  et  qui  seront 
l'objet  d'un  compte  rendu  détaillé  par  M.  Arnaud. 


Compte  rendu  de  l'excursion  du  lundi  12  Septembre,  aux 


4887.  BERTRAND.   —   EXCURSION   A  CHANCBLADB.  835 

ceux  du  Provencien  inférieur  avec  grands  Cérites  (embranchement 
des  routes  de  ChÀteau-Lévêque  et  de  Saint-Astier),  on  s'est  rendu 
directement  au  passage  à  niveau  du  chemin  de  fer,  qui  sert  à  la  fois 
de  gare  d'embarquement  pour  les  matériaux  exploités  &  Chance- 
lade. 

On  a  visité  d'abord  quelques-unes  des  carrières  moins  importantes, 
ouvertes  sur  la  rive  gauche  de  la  Beauronne  au  bord  de  la  route,  dans 
les  calcaires  durs  et  compacts  qui  sont  désignés  dans  le  pays  sous  le 
nom  de  pierre  de  Chaudron  ou  de  pierre  de  Chancelade  dure.  On  a  cons- 
taté l'abondance  des  Rudistes  engagés  dans  la  roche;  on  a  cru  y  re- 
connaître le  Radiolites  lumbricalis,  mais  ces  fossiles  très  empâtés 
sont  d'une  détermination  difficile.  En  tous  cas,  les  morceaux  tombés 
du  découvert  des  carrières  sont  grumeleux,  avec  feuillets  marneux, 
et  M.  Arnaud  a  pu  faire  constater  la  présence  du  Sphœrulites  Sauva- 
gesi  (jeune)  et  du  Radio li tes  angulosus.  Les  bancs  tendres  de  l'An- 
goumien  forment  le  sol  de  ces  carrières,  mais  ils  ne  sont  exploités 
que  de  l'autre  côté  de  la  voie.  Dans  la  classification  de  M.  Arnaud, 
l'assimilation  des  assises  serait  la  suivante  : 

Banc  grumeleux  (découvert  des  carrières).   .  .  Proveucien  inférieur. 

Bancs  durs  (pierre  de  Chaudron) Angoumieu  supérieur. 

Bancs  tendres  (pierre  de  Chancelade) Angoumien  moyen. 

Les  carrières  de  Chancelade,  exploitées  souterrainement  sur  la  rive 
droite  delà  Beauronne,  s'étendaient  au  pied  du  coteau,  par  une  série 
d'ouvertures  reliées  les  unes  aux  autres  souterrainement,  sur  une 
longueur  de  250 à  300  mètres,  et  s'avançaient  vers  l'intérieur  sur  une 
profondeur  de  200  mètres  environ.  Ce  sont  elles  dont  l'affaissement 
subit  a  donné  lieu  $  la  terrible  catastrophe  de  1886. 

Sur  l'invitation  du  Président,  M.  Mouret  donne  à  la  Société  quelques 
explications  sur  les  circonstances  et  les  causes  de  l'éboulement  :  l'ex- 
ploitation se  faisait  en  enlevantla  totalité  de  l'assise,  épaisse  de  6  à  7  mè- 
tres, et  en  réservant  seulement  des  piliers  de  distance  en  distance.  A 
mesure  qu'on  s'enfonçait  sous  la  colline,  on  a  conservé  le  même  écar- 
tement  et  la  même  largeur  pour  les  piliers;  la  charge  s'accroissant 
avec  la  hauteur  (celle-ci  atteignait  60  mètres  au  fond  de  la  carrière), 
la  résistance  est  devenue  insuffisante  et  les  piliers  se  sont  écrasés. 
Le  phénomène  d'effondrement  a  été  brusque  et  sans  préparation  ;  il 
n'a  duré  que  deux  ou  trois  minutes  :  le  toit  s'est  affaissé  par  grandes 
dalles,  qui  ont  fermé  le  retour  aux  ouvriers  ensevelis.  Les  mouve- 
ments se  sont  continués  pendant  plusieurs  jours  dans  la  masse 
affaissée  ;  il  en  est  résulté  au  jour  des  fissures  atteignant  3  et  5  mètres 
de  largeur  et  40  mètres  de  profondeur. 

XV.  54 


836  BKKTHAHI).    —    BXCUKSION    *    CliANCHLADK.  13  »tp. 

M.  lu  Président  rappelle  le  courage  et  le  dévouement  dont  M.  Mon 
ret  a  Tait  preuve  dans  les  tentatives  inTruclueuses  de  sauvetage;  il 
appelle  ensuite  l'attention  sur  une  coïncidence  géologique  intéres- 
sante ;  les  assises  jurassiques  et  crétacées  de  la  Dordogoe,  presque 
horizontales  dans  leur  ensemble,  forment  pourtant  en  grand  ans 
série  d'ondulations  &  faible  courbure,  parallèles  eu  bord  du  Plateau 
central;  un  de  ces  plis  se  résoud  en  faille,  orientée  dans  la  même 
direction,  a  peu  près  à  la  hauteur  du  confluent  de  la  Dordogne  et  da 
la  Vézôrc  ;  cette  faille  prolongée  se  poursuit  au  Nord-Ouest  par  une 
série  d'accidents,  dont  la  continuation  vient  exactement  passer  par 
Chancelade,  où  les  couches  angoumiennes  forment  un  pli  anticlinal 
faiblement  accusé.  Il  est  bien  certain  que  la  catastrophe  de  Chance- 
lade est  due  uniquement  à  l'écrasement  de  piliers  insuffisants  ;  dan* 
les  conditions  de  l'exploitation,  elle  devait  fatalement  se  produire  un 
jour  ou  l'autre;  mais  la  solidarité  des  différentes  parties  du  toit  au- 
rait pu  la  retarder  longtemps  encore.  Si  au  contraire,  par  suite  de 
l'accident  mentionné,  les  calcaires  de  la  colline  de  Chancelade  étaient 
au-dessus  de  la  carrière  sillonnés  de  fentes  nombreuses,  qui  en  iso- 
laient les  diverses  parties  les  unes  par  rapport  aux  autres,  la  totalité 
de  la  pression  a  pu  se  transmettre  plus  vite  sur  les  piliers  trop  faibles 
et  l'écrasement  s'est  produit  plus  lot  qu'il  ne  l'aurait  fait  en  un  autre 
point. 

Quelques  galeries,  sur  le  pourtour  sud  de  la  carrière,  sont  restées 
intactes;  plusieurs  membres  ont  pu  s'y  engager  et  constater  que  l'on 
avait  repris  les  travaux  d'exploitation  en  dehors  de  la  partie  éboulée. 
A  l'intérieur  de  la  carrière,  peu  éclairée,  il  n'est  pas  facile  d'étudier 
le  terrain,  mais  les  blocs  et  les  débris  épars  à  l'entrée  permettent  ds 


1887.  BBRTBAMD.   —   KXCUB8I0N  A   CHANCKLADB.  837 

«  pierre  de  Ghancelade  »   ne  se  retrouve  plus  au  delà  de  la  vallée  de 
l'Isle. 

La  Société  est  ensuite  revenue  vers  Périgueux,  en  suivant  à  pied  la 
voie  ferrée  et  en  descendant  la  série  des  assises  sur  le  flanc  N.-E.  du 
pli  surbaissé  dont  le  sommet  est  à  Chancelade. 

La  tranchée  de  Gbancelade  nous  montre  d'abord  la  succession 
déjà  observée  de  la  pierre  tendre  et  des  bancs  durs  de  l'Angoumien, 
puis  nous  nous  engageons  dans  la  tranchée  du  Gourd  de  l'Arche, 
dont  la  coupe  détaillée,  relevée  par  M.  Arnaud,  a  été  donnée  par  lui 
en  détail,  dans  les  actes  de  la  Société  linnéenne  de  Bordeaux  (1). 

Cette  tranchée  ne  fournit  plus  une  aussi  bonne  coupe  que  par  le 
passé;  les  zones  friables  qui  avaient  servi  de  point  de  repère  et  fourni 
les  principaux  fossile*,  ont  disparu  soit  par  l' exfoliation  de  la  roche, 
soit  par  l'envahissement  de  la  végétation  ;  de  plus  des  muraillements 
revêtent  et  cachent  les  parties  délitables.  11  n'y  a  plus  que  peu 
de  fossiles  à  recueillir,  et  la  Société  a  pu  seulement  se  rendre  compte 
de  la  succession  générale  des  assises  ;  il  semble  donc  utile  de  repro- 
duire ici  la  coupe  de  la  tranchée,  telle  qu'elle  a  été  donnée  par 
H.  Arnaud  : 

I.  PROVKNCIHN  MOYKN. 

i.  Calcaire  blanc,  dur,  grenu,  avec  Hippuritcs  cornuvaccinum,  H.  organisant, 
Radiolites  angulosus,  H  cornupadoris,  Artconella  tœvis.  Nérinées,  etc. 

t.  Calcaire  schisteux,  dur,  d'un  grain  (in,  avec  zones  marneuses  verdàtres  : 
Hadiolitcs  angulosus,  Sphvrulites  paiera,  llipp.  organisans,  H.  cornuvacci- 
num, Outre  a  vcsicularis,  etc. 

3.  Calcaire  cristallin,  verdàtre  à  la  base,  passant  supérieurement  à  un  calcaire 
blanc,  extrêmement  dur,  avec  fossiles  spathiques  empâtés  :  Hippuritcs 
cornuvaccinum,  //.  dilatatus,  IL  sulcatus,  n.  organisans,  Sphœrulites  paiera 
Pligioptychtis  Cnguandi,  Charries,  Polypiers,  etc. 

4.  Calcaire  bleuâtre,  d'un  grain  moins  serré,  avec  quelques  veines  marneuses 
noirâtres  et  rares  débris  de  lignites  :  Hippurites  rornuvaccinum,  Ostrea 
Tisnci,  etc. 

5.  Calcaire  grenu,  blanc  grisâtre,  sans  lludistes. 

0.  Calcaire  plus  tendre  :  Hipp.  cornuvaccinum,  IL  su  Ira  tus,  H.  organisant, 
etc.,  i2) 

•II.  PROVRNCIRN  SUPKRIBUR. 

7.  Marnes  friables  grises  :  Hippuritcs  dilata  tus,  H,  organisans,  Terebratula 
Nanctasi,  Ostrea  Tisnci,  0.  vcsicularis  0 .  caderensis,  0.  hipiopidium,  etc. 

C  l)  Profil  géologique  des  chemins  de  fer  d'Orléans,  région  crétacée,  par  M.  Ar- 
B^.%ad,  extrait  des  actes  do  la  Société  linnéenne  de  Bordeaux,  LXXXI,  p.  32  du 
li«"a.ge  à  part. 

C-S)  M.  Arnaud  a  fait  observer  que  quelques-unes  de  ces  déterminations  devraient 
*-lï*e  recti liées  :  Hipp.  corniiraerinum  est  H.  gigantrus,  Haylc;  If.  dilatants  est  une 
^Pèce  nouvelle  non  décrite;  //.  sulcatus  paraît  ôtrr  une  forme  fortement  cos- 
***l£e  de  H.  organisans. 


838  BERTRAND.    —   EXCURSION   A    CI1AHCELADB.  13  I6B. 

H.  Calcaire  jaunâtre,  grenu,  avec  quelques  Ostracées  et  quelque*  Brwtùo- 
podes  :  Hippuritei  organisant  en  touffes,  Hcmiatter  Leymerii,  Periatiet 
Verneuilli,  Codiopiii  Arnaud»,  etc. 

».  Calcaire  bleu,  blanchissant  à  l'air,  marneux,  lithographique,  avec  pyrite  : 
Cyphasoma  Bourgeoiti,   Periasler   Verneuilli,  Ptérndontes,  Ptirotiru,  etc. 

III.    CONJACIBN  INVÈMHIIK    (SeilOlliCIl)- 

10  Marne  grise  ou  rousse,  avec  dents  de  Poissons,  Oitrta  petrocarimù, 
0.  Matluroni,  0.  vesicularii,  0.  nantonensil,  O.cornuarMU,  HhyuthontUa 
petrucarifiuU,  Terebi-atula  obesa,  Orbkuia  lamellosa,  etc. 

II.  Calcaires  marneux,  plus  solides,  avec  môme  faune. 

iï.  Calcaire  arénacé,  micacé,  avec  infiltrations  rosées,  ferra  gin  en  ses. 

13.  Calcaire  marneux  gris. 

H.  Calcaire  cristallin,  en  nodules  poudinguiformes  empâtés  de  giauconie  hy- 
dratée :  Ammonites  Marroti,  (faune  de  Mcntignac  au  prodrome). 

15.  Calcaire  blanc  compact,  sans  fossiles. 

le.  Deuxième  banc  poudin  gui  forme,  avec  veines  rosées  micacées. 

■7.  Calcaire  noduleux,  glauconieux. 

(Les  couches  10  à  17  ont  une  faune  commune.) 

D'après  M.  Arnaud,  les  assises  conia  tien  nés  (n°  III)  s'étendraient 
traits  grès  si  vement  avec  uiio  inclinaison  moindre,  sur  les  assises  in- 
férieures, et  reposeraient  successivement  sur  les  couches  X,  5,  6, 7, 
8  et  9  de  la  coupe.  L'état  actuel  de  la  tranchée  ne  suffirait  plus  à  au- 
toriser «elle  conclusion  ;  dans  la  discussion  qui  s'élève  Ace  sujet, 
M.  Collot  appelle  l'attention  de  la  Société  sur  la  modification  laté- 
rale que  subit  le  banc  n°  8,  compact  et  rempli  d'IIippu rites  an  nord, 
de  plus  en  plus  marneux  en  descendant  vers  le  sud,  et  ne  présentant 
plus  alors  que  des  touffes  d'Hippurites  isolées  au  milieu  des  marnes. 
Le  passage  est  là  évident;  il  semble  permis  d'en  conclure  qu'on  «1 
e  bord  du  baoc  d'Hippurites,  dont    au*   fragments    ont  pu   6tre 


1887.         BBBTRAND.  —  EXCURSION  A  CHANGRLADB.  839 

groupements  maintenant  adoptés,  grâce  aux  beaux  travaux  de 
M.  Toucas,  donnent  lieu  à  un  parallélisme  tout  à  fait  satisfaisant 
entre  la  coupe  qu'on  vient  d'observer  et  celle  de  la  Provence  :  dans 
les  deux  régions,  le  Turonien  se  termine  par  des  bancs  calcaires, 
principalement  formés  d'Hippurites,  où  l'on  peut  distinguer  deux 
faunes  successives,  mais  très  voisines,  (Angoumien  et  Provencien  du 
Sud-Ouest,  Angoumien  supérieur  et  Angoumien  inférieur  du  Sud-Est); 
dans  les  deux  régions  cet  ensemble  est  surmonté  par  une  série  sans 
Hippurites,  où  se  développe  le  Micraster  breuis,  que  nous  devons  voir 
en  place  dans  la  seconde  partie  de  l'excursion. 

Avant  de  quitter  la  trancbée,  quelques  observations  s'échangent 
au  sujet  d'une  poche,  ou  d'une  fente  verticale,  large  de  plusieurs 
mètres,  et  remplie  jusqu'au  niveau  de  la  voie  par  des  marnes  sa- 
bleuses tertiaires.  Ces  marnes  paraissent  présenter  des  indices  de 
stratification  horizontale;  tous  les  membres  semblent  d'accord  pour 
y  voir  le  résultat  d'un  éboulement  dans  la  fente,  et  non  d'un  rem- 
plissage sidérolitique. 

Avant  de  reprendre  les  voitures,  nous  visitons  les  sources  de  Tou- 
lon, qui  sortent  dans  la  vallée  d'alluvion  et  sont  captées  pour  l'ali- 
mentation de  la  ville  de  Périgueux.  Ces  sources,  dont  le  débit  est 
considérable,  correspondent  sensiblement  à  l'axe  du  bombement  qui 
fait  affleurer  l' Angoumien  à  Ghancelade.  L'abondance  et  la  régularité 
du  débit  conduisent  à  penser  que  ces  eaux,  d'une  pureté  remarquable, 
doivent  être  en  relation  avec  une  faille. 

Les  voitures  nous  ont  alors  conduits  aux  carrières  de  Puyrgasseau, 
situées  aux  portes  de  la  ville,  à  flanc  do  coteau,  non  loin  du  viaduc 
qui  amène  les  eaux  de  Périgueux.  Ces  carrières  donnent  une  belle 
coupe  du  Goniacien  moyen,  et  complètent  ainsi  la  série  qu'il  nous 
avait  été  donné  d'examiner  dans  la  journée.  Là,  pour  la  première 
fois  dans  le  Périgord,  nous  voyons  en  place  les  silex,  dont  l'abon- 
dance sur  les  routes  et  dans  les  dépôts  superficiels  nous  avait  déjà 
frappés.  Les  calcaires  à  silex  sont  visibles  dans  le  talus  du  chemin 
qui  monte  à  la  carrière  ;  ils  sont  surmontés  par  des  calcaires  sableux, 
avec  glauconie  et  mica,  où  nous  recueillons  de  bons  échantillons  de 
Micraster  brevis(\ar.  turonensisT).  C'est  au-dessus  de  ces  bancs  que  se 
développe  la  masse  calcaire  plus  activement  exploitée,  qui  fournit  la 
pierre  connue  sous  le  nom  de  pierre  de  Saint-Georges  ou  pierre  de 
Périgueux.  Elle  est  plus  dure  que  la  pierre  de  Ghancelade,  mais 
plus  coûteuse,  et  est  utilisée  dans  les  constructions  monumentales 
de  la  ville;  autrefois  elle  était  môme  la  seule  pierre  de  construction 
employée.  Les  carrières  de  Ghancelade  ne  sont  en  effet  connues  et  ou- 
vertes que  depuis  les  travaux  du  chemin  de  fer;  toutes  les  construc- 


840  BBBTBAND.    —    BXCUBSION    A    CUANCRLADE.  13  Sep. 

lions  antérieures  à  cette  époque  sont,  à  Périgneui,  faite»  avec  des 
moellons  coniacicns,  el  dans  les  ruines  gallo-romaines  on  ne  ren- 
contre pas  an  seul  échantillon  de  pierre  de  Chancelade. 

Dans  le*  déblais  de  la  carrière  nous  récoltons  en  abondance,  sur- 
touta  l'état  siliceux  :  CidarisJouantieti,C.pseudopistillum  (baguettes), 
Pentacrinus  carinatu»,  Hhynclionella  Baugasi,  Terebratula  IVanchui, 
Ottrea  auricularis,  Ostrea  spinosa,  Spondylvs  truncatut.  On  cite  encore 
à  ce  niveau  :  ffemiaster  stelfa,  Ci/phosoma  eireinatum,  Catopygia  elon- 
gatui,  et  Ammonite*  \targa. 

Le  découvert  de  ta  carrière  est  formé  par  des  calcaires  en  pla- 
quettes, remplis  de  Bryozoaires,  qui  représentent  la  base  du  Coma- 
cien  supérieur. 

Les  bancs  de  la  carrière  sont  traversés  de  larges  fentes,  s'élargis- 
■ant  en  poches,  ou  se  ramifiant  irrégulièrement.  Ces  fentes  sont 
remplies  d'une  terre  rouge,  dont  l'origine  donne  lieu  à  quelques  dis- 
cussions. Quelques  membres  sont  portés  à  l'attribuer  à  la  simple 
altération  surplace  du  calcaire;  les  paillettes  de  mica  qui  y  sont 
disséminées  existent  dans  le  calcaire,  et  la  teinte  rouge  serait  due  1 
l'oxydation  de  la  glauconie.  Un  examen  plus  attentif  ne  tarde  pis 
à  faire  distinguer  dans  ces  poches  des  cailloux  roulés  de  quartz,  pro- 
venant évidemment  du  diluvium  qui  recouvre  le  plateau.  On  y  re- 
cueille également,  à  l'état  siliceux,  un  Clypeolampaiooum,  d'Orb.,  qai 
provient  des  couches  sénoniennes  supérieures.  Il  semble  donc 
incontestable  qu'on  a  affaire  à  des  dépôts  primitivement  répandus  1 
la  surface  et  descendus  dans  les  fentes,  comme  les  sables  tertiaires 
de  la  tranchée  de  Gourd  de  l'Arche.  La  dissolution  des  calcaires 
susjacents  et  environnants  a  certainement  joué  un  r&le  oanslem 


1887.  ARNAUD.    —   BXCUBSIOH    A  SAINT-CIRQ,    ETC.  844 

Le  Procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  le  Président  remercie,  au  nom  de  la  Société,  la  Municipalité  de 
Sarlat  de  l'empressement  qu'elle  a  mis  à  lui  offrir  la  salle  où  se 
tient  la  réunion. 

Il  expose  devant  l'assistance  le  but  et  l'utilité  des  études  géolo- 
giques. 

M.  Arnaud  rend  compte  de  l'excursion  faite  à  Saint-Cirq  et  du 
trajet  de  Saint-Cirq  à  Beaumont. 

Compte  rendu  de  /'Excursion  à  Saint-Cirq  et  de  Saint-Cirq  à 

Beaumont  de  Périgord, 

par  M.   Arnaud. 

La  Société  a  pris  à  5  heures  35  du  matin  le  train  de  Périgueux  à 
Agen  :  elle  devait  traverser  sans  arrêt  les  stations  de  Niversac,  les 
Vcrsannes,  la  Gélie,  Miremontet  mettre  pied  h  terre  aux  Eyzies. 

En  quittant  Périgueux  elle  a  vu,  sur  les  deux  rives  de  l'Isle,  les 
carrières  à  Aficraster  brevis  ouvertes  à  une  petite  distance  de  la  voie  ; 
plus  loin,  vers  le  point  où  la  ligne  va  quitter  la  vallée  de  l'Isle  pour 
s'engager  dans  celle  du  Manoir,  les  calcaires  du  Santonien  inférieur 
traversés  en  tranchée  :  YExogyra  plicifera,  Duj.  abonde  à  ce  niveau. 
Avant  d'arriver  à  Niversac,  une  petite  tranchée  sur  la  gauche  de  la 
voie  a  attaqué  un  calcaire  jaunâtre,  grenu,  à  Ammonites  ribourianus, 
d'Orb. 

C'est  la  base  du  banc  à  Botryopygus  que  l'on  retrouve  à  quelques 
mètres  au  delà  de  la  station  des  Yersannes  :  la  ligne  traverse  ensuite 
les  bancs  à  Ostrea  vtsicularis  et  0.  proboscidœa,  Santonien  moyen, 
et  atteint  un  calcaire  marneux  verdâtre  arénacé  à  Clypeolampas 
(hum  ;  près  de  la  Gélie,  le  Gampanien  se  révèle  aux  tranchées  qui 
précèdent  immédiatement  la  station  ;  entre  la  gare  et  le  petit  tunnel 
qui  traverse  le  faîte,  un  lambeau  tertiaire  est  plaqué  contre  le  Cam- 
panien  ;  il  présente  à  la  base  la  mollasse  sanglante  à  minerai  de  fer 
recouverte  par  des  alternances  d'argiles  verdàtres  et  de  calcaires 
marneux,  blancs,  àLymnées. 

Au  delà  du  tunnel,  la  voie  descend  rapidement  vers  Miremont  et 
les  Eyzies,  traversant  la  succession  inverse  des  couches  précédem- 
ment indiquées  ;  on  remarque,  sur  le  bord  des  vallées  qu'elle  longe, 
des  coteaux  émoussés  que  percent  en  saillie  les  bancs  solides  à  Bo- 
tryopygus et  plus  bas  ceux  du  Coniacien  supérieur  entaillés  à  la  gare  de 
Miremont  ;  on  reconnaît  au-dessous  les  calcaires  jaunes  du  Sarladais 


842  ARNAUD.    —    EXCURSION    A  SAIltT-CTRQ,    ETC.  18   S  BU. 

activement  exploités  non  loin  delà  voie,  puis  des  calcaires  durs  et 
stériles  que  traverse  le  petit  tunnel  de  Roucailiouz.  Au  sortir  dn 
tunnel  on  entre  dans  la  vallée  de  laVézëre;  une  petite  tranchée  à 
la  base  du  Goniacien  moyen  aboutit  aux  Eyzies,  terme  indiqué  dn 
voyage. 

Après  avoir  admiré  ce  site  sauvage,  les  masses  imposantes  des 
rochers  au  milieu  desquels  la  Vézère  a  creusé  son  lit,  les  surplombs 
hardis  qu'ils  dessinent,  s'avançant  comme  un  abri  gigantesque  au- 
delà  des  habitations,  la  Société  s'est  divisée  en  deux  groupes;  l'un 
retenu  par  l'attrait  des  grottes  illustrées  par  Lartet  etChristy  a  tenu  a 
les  explorer  ;  l'autre  entraîné  par  le  désir  de  poursuivre  l'étude  du 
délacé  et  de  comparer  aux  couches  observées  la  veille  à  Gbancelade, 
celles  de  cette  région  plus  méridionale,  s'est  engagée  à  pied  sur  la 
voie  vers  les  tranchées  de  la  Roquette  et  de  Saint-Cirq  dont  les 
coupes  ont  été  détaillées  et  figurées  dans  les  Mémoires  de  la 
Société  (1). 

On  a  vu  dans  la  partie  la,  plus  rapprochée  de  Saint-Cirq,  sur  un 
chemin  latéral,  la  roche  blanche  à  Sphœrulites  salignacensis,  fiayle, 
représentant  en  ce  point  l'Angoumien  supérieur.  Ses  couches  plon- 
gent sous  celles  de  la  tranchée  du  chemin  de  fer  qui  donne,  sur  un 
parcours  horizontal  de  700  mètres,  la  série  complète  et  continue  du 
Provencien  ;  cette  coupe  intéressante  a  été  publiée  dans  les  Mémoires: 
la  Société  a  pu  en  vérifier  l'exactitude. 

Le  Provencien  présente  ici,  comme  à  la  Roquette, des  caractèresbien 
différents  de  ceux  qui,  la  veille,  avaient  été  constatés  de  Chancelade 
à  Gourd  de  l'Arche.  Aux  calcaires  blancs,  marmoréens,  observés  à  la 
mbal 


1887.  ARNAUD.   —  EXCUBSIOH  A  8AIWT-CIBQ,  XtC.  843 

1°  A  la  base,  un  ensemble  de  marnes  bleuâtres,  de  sables  argileux 
et  de  calcaires  grenus  ou  oolithiques  alternants,  les  premiers  murés, 
avec  Nucleolites  par  aile  lus,  Catopygus  obtusus,  Holectypus  turo- 
nensis,  etc. 

2°  Un  banc  calcaire  grenu,  homogène,  d'un  blanc  légèrement 
jauni,  peu  fossilifère,  exploité  comme  pierre  de  taille  aux  Eymaries 
et  sur  divers  points  environnants  :  il  termine  le  Provencicn  infé- 
rieur. 

3°  De  nouvelles  alternances  de  marnes  sableuses,  murées,  de  cal- 
caires blancs  avec  Ilippurites  giganteus,  Sphœrulites  radiosus,  Radio - 
lites  angulosus,  passant  supérieurement  à  des  grès  plus  ou  moins 
calcarifères,  ferrugineux,  facilement  altérables,  avec  lignites  et 
tarets:  Radiolites  cornupastoris  gigas,  Sphœrulites  paiera,  etc.  — 
Provencien  moyen. 

4°  Enfin,  des  marnes  bleues  ou  noires,  toujours  gélives,  pétries  de 
Rudistes,  et  au  sein  desquelles  a  commencé  à  se  développer  la  faune 
de  Gastropodes  et  Lamellibranches  de  l'étage  supérieur.  —  Proven- 
cien supérieur. 

La  Société  y  a  recueilli  de  nombreux  exemplaires  de  Sphœrulites 
sinuatus,  Sph.  Coquandi,  Sph.  radiosus,  ftadiolites  angulosus,  Hip~ 
purites  Toucasi,  11.  giganteus,  Play iopty chus  Coquandi,  de  grands 
Polypiers  siliceux  et  un  Goniopygus  rapporté  par  M.  Gotteau  à 
Goniopygus  Menardi. 

Les  marnes  grises  à  Rhynckonella  pelrocoriensis,  coniaciennes, 
reposent  sur  l'étage  à  Sphœr.  sinuatus  dont  elles  sont  séparées  par 
une  traînée  pyriteuse  non  interrompue.  A  la  Roquette,  où  les  deux 
étages  se  succèdent  au  niveau  de  la  voie,  la  Société  a  recueilli  dans 
leConiacien  inférieur  Y  Ammonites  petrocoriensis,  Coq.  (A.  Alstade- 
nensis  ?  Schl.)  avec  Exogyra  spinosa  et  nombreux  lih.  petroco- 
riensis. 

Ces  marnes  peu  épaisses  h  Saint-Cirq  et  à  la  Roquette  passent 
supérieurement  à  un  calcaire  plus  compact,  se  chargeant  graduelle- 
ment de  glauconie  anhydre  et  couronné,  à  l'origine  de  la  tranchée 
de  la  Roquette,  par  un  calcaire  jaunâtre,   schisteux,  micacé,   avec 

quelques  silex  noirs  sans  fossiles. 

Les  calcaires  traversés  par  la  tranchée  de  Tayac  entre  la  Vézère  et 
la  station  se  montrent  au-dessus  des  précédents,  en  pente  émoussée 
dans  le  coteau,  que  terminent  en  corniche  les  roches  solides  du  Co- 
niacien  moyen. 

Les  voitures  de  l'hôtel  Ladeuil  ont  pris  la  Société  à  la  fin  de  la 
tranchée  de  Saint-Cirq  et  l'ont  conduite  au  Bugue  où  l'attendait  le 
déjeuner  ;  dans  le  parcours,  on  a  reconnu,  en  abordant  l'extrémité 


844  ARNAUD.    —   KXCUHSION   A    SAINT-CIRQ,     *TC.  15  «p. 

opposée  de  l'anse  de  Sainl-Cirq,  les  effets  puissants  de  la  Taille  qui 
l'a  ouverte  et  qui  se  traduisent  au  bord  de  la  roule  par  le  relèvement 
presque  vertical  des  calcaires  coniaciens. 

Après  déjeuner,  on  a  repris  le  chemin  de  fer  pour  se  rendre  au 
Buisson  :  sur  la  rive  gauche  de  la  Vézere  on  a  traversé  en  tranchée 
le  Campanien  dont  la  rapidité  du  train  s'a  permis  de  reconnaître  que 
la  physionomie  générale;  en  arrivant  au  Buisson,  on  a  va,  sur  la 
rive  droite  de  la  Dordogne,  le  coteau  de  Vie  profondément  entaillé 
par  la  rivière,  montrant  à  la  base  des  cordons  solides  alternant  avec 
des  marnes  noirâtres,  Dordonien  inférieur,  et  au-dessus  les  calcaires 
jaunes  du  Dordonien  moyen. 

Conformément  au  programme  arrêté  à  la  première  séance,  on  ut 
monté  en  voitures  au  Buisson  et  l'on  a  pri*,  se  dirigeant  vers  Beau- 
mont,  la  rampe  de  Cadouin  dont  la  coupe  a  été  donnée  dans  les  Mé- 
moires. 

Au  sommet,  on  a  vu  les  sables  à  minerai  de  fer  connus  sous  le 
nom  de  sables  du  Périgord,  base  du  Tertiaire  de  la  région  ;  à  Cadouin 
on  s'est  arrêté  un  instant  pour  visiter  les  restes  d'un  magnifique 
cloître  déplorablement  dégradé  et  l'on  a  repris  l'ascension  du  coteau 
opposé. 

Arrivée  au  plateau  de  Molières,  la  Société  a  mis  pied  à  terre  en 
face  d'une  petite  tranchée  ouverte  dans  le  calcaire  blanc  qu'elle 
devait  retrouver  à  Heaumont  ;  elle  a  vu,  dans  le  fossé  de  la  route,  un 
poudingue  formé  d'une  marne  blanche  empâtant  de  petits  nodules 
d'une  gaize  rougeâtre  enlevés  à  la  partie  supérieure  des  sables  du 
Périgord  ;  dans  un  champ  voisin,  quelques  ouvriers  étaient  occupés 


1837.   ZUaCHKB.  —  EXCURSIONS  AUX  EU VI BONS  DU  BRAUMONT.     845 

blanc  bleuâtre,  plus  ou  moins  altérables  avec  silex  calcarifères  opa- 
ques et  Nautilus  Dekayi,  Ostrœa  vesicularis,  Exogyra  dccussata, 
Vulsella  turonensis,  Hemiaster  nasutulus,  Cidaris $ubvesiculo$a... 

2°  En  remontant  vers  Saint-Avit-Sénieur,  des  calcaires  noduleux, 
glauconieux,  avec  silex  laiteux; 

3°  Des  calcaires  jaunes,  en  dalles  ou  lentilles  cristallines  empâtées 
de  calcaires  marneux  plus  altérables,  équivalent  de  la  rive  de  la  Dor- 
dogne,  à  Vie  près  du  Buisson  ; 

4°  Un  calcaire  bomogène,  jaune,  grenu,  fournissant  presque  exclu- 
sivement la  pierre  de  taille  de  la  région  ;  il  est  exploité  à  Colombier 
avec  les  bancs  supérieurs,  et  formait  les  belles  carrières  du  Port  de 
Lena  dout  le  toit  avait  livré  llhynchopygus  Marviini,  Clypeolampas 
acutus,  et  nombre  d'autres  types  remarquables  ; 

5°  Des  calcaires  durs,  jaunes,  cristallins,  irrégulièrement  fissurés, 
souvent  en  plaquettes  ondulées  plus  ou  moins  épaisses,  et  que  Ton 
a  retrouvés  très  développés  au  revers  de  la  vallée  en  montant  vers 
Beaumont  ; 

6°  Vers  le  haut  de  ce  banc,  le  calcaire  devient  plus  tendre  ;  à  deux 
kilomètres  environ  de  Beaumont,  il  a  livré  quelques  Rudistes  :  Hip- 
purites  radiosus,  Sphœrulites  cylindraceus,  Toucasia,  s  p.  —  Dans  les 
fossés  de  la  route  on  a  atteint  une  couche  marneuse,  pétrie  de 
Rudistes,  dont  on  a  pu  faire  une  ample  récolte  :  liadiolites  acuticos- 
tatus,  H.  ingens,  Sphœr.  sp.,  etc. 

L'arrivée  de  la  nuit  n'a  pas  permis  de  continuer  l'examen  des  cou- 
ches bouleversées  d'ailleurs  qui  terminent  la  Craie  sur  ce  point  :  l'étude 
a  dû  en  être  renvoyée  au  lendemain  et  l'on  s'est  rapidement  dirigé 
sur  Beaumont  où  l'hôtel  Misermont  a  ofl'ert  ù.  la  Société  une  confor- 
table hospitalité. 

M.  Zurcher  rend  compte  de  l'excursion  de  Beaumont,  partie  cré- 
tacée. 

Compte  rendu  de  l'excursion  du  4  i  Septembre  1887  aux  environs 

de  Beaumont, 

par  il/.  Zurcher. 

La  Société  est  partie  à  pied  à  7  heures  du  matin  de  Beaumont  et 
s'est  dirigée  vers  le  Sud  pour  examiner  les  tranchées  de  la  route  de 
Villeréal  dont  la  coupe  a  été  donnée  par  notre  confrère,  M.  Arnaud, 
dans  les  Mémoires.  (1) 

(1)  Mém.   Soc.  Géol   2-  série   etiiMV,  p    riOet  tableaux  do  coupes. 


846  ZURCHBH.    —   EXCURSIONS   AUX    ENVIRONS   DE   BEAUMONT.     15  Sep. 

De  la  place  du  champ  de  foire  où  cette  roule  prend  origine,  la  vue 
est  assez  étendue  el  l'on  peut  voir  très  nettement,  vers  le  Sud-Ouest, 
les  terrains  tertiaires  se  superposant  aux  couches  crétacées  sur  les- 
quelles ils  tranchent  par  leur  blancheur. 

Sous  les  dernières  maisons  de  la  ville  on  voit  les  affleurements  de 
la  mollasse  à  minerai  de  fer;  puis  immédiatement  au-dessous,  le 
long  de  la  route,  on  peut  observer  des  grès  friables,  avec  rognon» 
calcaires  à  aspect  dolomitique  et  traces  de  Rudistes  dans  leur  partie 
inférieure:  c'est  le  commencement  du  Crétacé. 

Sous  ces  grès  viennent  des  bancs  irréguliers  d'un  grès  grossier, 
noduleux,  avec  galets  roulés  et  quelques  fossiles  mal  conservés; 
c'est  une  formation  de  mer  peu  profonde  et  agitée  ;  dans  ces  cou- 
ches a  été  trouvé  un  Éclnnide  curieux  :  Claviaster  cornatus,  d'Orb. 
La  roche  est  un  poudingue  formé  de  nodules  d'un  calcaire  blanc, 
analogue  à  la  roche  tertiaire,  et  de  rognons  brunâtres,  dont  H.  Lhote 
a  bien  voulu  faire  l'analyse  ;  ils  sont  empâtés  dans  un  calcaire  mar- 
neux jaunâtre. 

Eu  continuant  à  descendre,  on  trouve  un  banc  de  calcaire  gréseux, 
contenant  seulement  des  grains  siliceux  et  plus  de  galets  roulés:  il 
passe  inférieurement  à  des  sables  verts  meubles  :  puis  vient  un  banc 
marneux  de  0"  40  à  l)™  45  d'épaisseur  au-dessous  duquel  apparais- 
sent des  calcaires  jaunes,  noduleux  par  places,  avec  Kudistes,  ren- 
contrés déjà  la  veille  en  arrivant  à  Beaumont.  Des  carrières  sont 
ouvertes  dans  la  partie  inférieure  de  ce*  calcaires,  la  Société  a  pu  y 
recueillir  quelques  fossiles,  notamment  un  exemplaire  de  Nerila 
rugosa,  llceningh,  caractéristique  du  Danien  de  Maèslricht. 

ni  a  Beaumont  par  un  chemin   gg   traverse,  les   couches 


1887      ZUBCHBR.   —   EXCURSIONS  AUX  ENVIRONS  DE  BEAUMONT.  847 

an  chemin  un  peu  plus  long  que  la  voie  directe  et  ont  rejoint  la 
route  de  Bergerac  en  passant  au  pied  du  monticule  sur  lequel  est 
édifiée  la  Chapelle  de  l'Hospice  :  on  y  a  vu  de  nouveau  la  superpo- 
sition du  Tertiaire  au  Crétacé,  avec;  des  caractères  analogues  à  ceux 
observés  sur  la  route  de  Villeréal.  L'affleurement  des  calcaires  blancs 
crayeux  du  Tertiaire  est  très  considérable  sur  cette  route  ;  c'est  là 
qu'a  été  rencontré  un  exemplaire  de  Planorbis  castrensis.  En  exami- 
nant ces  calcaires  à  la  loupe,  notre  confrère  M.  Janet  les  a  trouvés 
remplis  de  graines  de  Chara  ;  les  meulières  de  Domme  avaient  donné 
lieu  à  la  même  observation  (4) 

Après  le  déjeuner  à  Beaumont,  la  Société  est  partie  en  voitures 
pour  Belvès. 

Une  première  halte  a  été  faite  dans  la  tranchée  de  la  route  ou- 
verte dans  le  calcaire  jaune,  noduleux,  à  flippurites  radiosus,  dont  la 
coupe  a  paru  à  notre  confrère,  M.  Tardy,  indiquer  l'existence  d'un 
récif  de  polypiers  et  de  Rudistes;  la  question  a  été  discutée  sur  les 
lieux. 

La  Société  s'est  ensuite  arrêtée  près  de  Monferrand,  à  Combe-Ca- 
pelle,  où  notre  confrère  M.  l'abbé  Landesque  nous  a  conduits  examiner 
une  curieuse  station  préhistorique.  Nos  ancêtres  avaient  établi  là  un 
atelier  de  taille  des  silex  empruntés  aux  couches  qui  affleurent  dans 
le  voisinage,  les  éclats  sont  abondants  et  nous  avons  pu  recueillir  et 
aussi  acheter  quelques  pièces  remarquables. 

La  Société  est  ensuite  remontée  définitivement  en  voitures  et  après 
avoir  suivi  la  riante  vallée  de  la  douze,  couverte  d'une  luxuriante  vé- 
gétation, noyers  dans  les  vallées,  châtaigniers  sur  les  plateaux  sili- 
ceux tertiaires,  nous  sommes  arrivés  à  Belvès. 

L'heure  peu  avancée  permettant  encore  de  faire  une  petite  course, 
nous  en  avons  profité  pour  visiter,  du  côté  de  Monplaisant,  dans  les 
tranchées  de  la  route,  les  affleurements  du  Dordonien  avec  Hemiaster 
nasutulus,  Exogyra  matheroniana.  Ex.  decussata,  Lima   maxima,  etc. 

Rentrée  définitivement  à  Belvès  à  7  heures  du  soir,  la  Société  y  a 
dîné  et  couché. 

Analyse  par  M.  Lhote  de  la  roche  brune  en  galets  de  Beaumont: 

Echantillon  nu  Echantillon  n*  2  Echantillon  n°  3 

Carbonate  de  chaux  37,08  61,80                                    6ô,83 

Carbonate  de  magnésie  0,75  1,80                                      1,07 

Sable  11,40  31,00                                           28,00 

Alumine  et  oxyde  de  fer  0,77  2,40                                      3,50 

100  100  100 

(i)  Ch.  Desm  ,ulins,  Le  Couzeau,  p.  ou 


848        BERTRAND.    —    TBITIAIBE   DBS    KNYIRONS   I1B    BLiAUMOHT. 


15  b 


La  roche  n'est  pas  réellement  dolomitique,  la  proportion  de  ma- 
gnésie est  comparable  a  celle  que  l'analyse  révèle  dans  une  foule  de 
calcaires.  (Note  de  M.  Lhote.) 

M.  Bertrand,  sur  l'invitation  de  M.  le  Président,  rappelle  en 
quelques  mots  les  divers  gisements  tertiaires  observés  par  la  Société 
autour  de  Beaumont  : 

D'abord,  sur  la  route  du  Buisson  a  Beaumont,  on  a  vu  les  sables 
du  Périgord,  ferrugineux  et  d'apparence  stratifiée,  surmontés  par 
des  calcaires  siliceux  sans  fossiles.  L'assise  de  passage  est  formée  par 
une  marne  blanche,  englobant  des  pisolithes  rougeâlres,  avec  grains 
de  quartz. 

Avant  d'arriver  à  Saint-Avil,  on  s'est  arrêté  à  une  exploitation 
d'argiles  réfraclnires,  qui  sont  associées  aux  sables.  En  descendant 
de  ce  village  a  la  petite  vallée  de  la  Couze,  qui  le  sépare  de  Beaumont, 
on  a  vu  1rs  snbles  remplir  une  large  fente  à  parois  très  obliques 
dans  les  calcaires  dordonlens.  La  question  du  mode  de  remplissage, 
de  ces  fentes  et  celle  de  la  réalité  des  phénomènes  dits  sidérolilhiques 
n'ont  pas  été  abordées  et  ne  pouvaient  d'ailleurs  l'être  utilement— 
avec  les  données  restreinte»  résultant  de  nos  observations. 

Autour  de  Beaumont  on  a  revu  les  mêmes  sables  surmontés  par— ^ 
les  calcaires  blanchâtres,  ou  le  programme  annonçait  le  Planorbies^ 
cattrensts,  que  nous  n'avons  pas  su  trouver.  A  l'Ouest  du  village,  * 
nous  avons  pu  observer,  à  un  niveau  un  peu  plus  élevé,  des  calcaires  * 
siliceux,  où  M.  Janet  a  trouvé  des  graines  de  Char  a. 

Enfin,  grâce  à  une  charrette  rencontrée  le  malin,  nous  avons  pu  « 
nous  rendre  compte  de  l'aspect  des  gypses  de  Sainte-Sabine,  avec  - 
les  marnes  vertes  et  blanches  qui  les   accompagnent.  Ces  gypses  ■ 


887.      H.    BKNOIST   —   TKRTIAIHE   DKS   KH  VIRONS  DK   DUADMONT.  849 

foie  sur  les  gisements  tertiaires  des  environs  de  Beaumont, 

par  M.  Benoist. 

Si  Ton  se  dirige  de  la  petite  ville  de  Gouze,  vers  celle  de  Villeréal, 
o  suivant  la  route  dlssigeac,  on  ne  tarde  pas  à  laisser  de  côté  la 
etite  rivière,  qui  coule  au  fond  du  vallon,  qui  porte  son  nom  et 
n  peu  plus  loin  que  les  coteaux  crétacés  de  Font  Blanc  et  de  Cra- 
stte»  fameux  par  leurs  abris  si  riches  en  beaux  silex  taillés,  on 
atre  dans  le  ravin  du  ruisseau  de  Beaumont.  Ce  ruisseau,  qui  vient 
es  environs  de  Nojals,  est  bordé  par  une  suite  de  coteaux,  dont  la 
lus  grande  partie  est  constituée  par  le  terrain  tertiaire. 
En  arrivant  à  Beaumont,  la  route  traverse  les  couches  les  plus 
iférieures  du  terrain  éocène.  Ces  couches  se  trouvent  très  déve- 
>ppées  aux  environs  de  Bergerac,  et  sont  généralement  connues 
>us  le  nom  degrés  de  Bergerac,  sable  du  Périgord  et  argile  ferri- 
re  de  la  Limance. 

Ces  premières  couches  sont  visibles  (fig.  2)  le  long  de  la  route 
Issigeac  et  consistent  en  sable  très  argileux  rougeâtre  ou  bleuâtre 
mtenant  des  cailloux  de  quartz  plus  ou  moins  gros  et  môme  à  la  base 
îs  silex  non  roulés.  Ces  silex  sont  exploités  au  Nord  de  la  Dordogne, 
ix  environs  de  Creysse-Mouleydier.  Ces  sables  rougeâtres  sont 
irmonlés  par  des  marnes  rouges,  bleues,  violettes  ou  blanches.  Sur 
jelques  points,  les  sables  sont  remplacés  par  un  conglomérat  de 
Ddules  de  sable  argileux  (gaizei  rougeàtre,  engagés  dans  une  marne 
anche. 

Cette  marne  blanche  forme  la  base  de  la  seconde  assise  du  terrain 
rtiaire  aux  environs  de  Beaumont.  Klle  contient  de  petits  lits  de 
lex  gris  qui,  je  crois,  ne  sont  qu'un  accident  local.  On  y  trouve 
îjà  le  Vlanorbis castrcnsis.G^lb  la  jonction  de  cette  marne  blanche 
du  calcaire  qui  la  surmonte  qu'en  remontant  le  ruisseau  on  ren- 
mtre  à  l'altitude  de  103  mètres  la  source  dite  de  Font-Blanc. 
Le  calcaire  lacustre,  qui  e^t  alors  bien  développé,  offre  une  cas- 
ire  nette  souvent  conchoïde,  il  est  légèrement  jaunâtre  et  contient 
ir  place  de  petits  nids  de  coquilles,  telles  que  Liimm  Innyisrata, 
Limnœa,  sp.  nov.,  Planorbh  rastrensis,  Melanin  albu/ens/s,  et  un 
•/clostoma. 

Ce  calcaire,  connu  généralement  sous  le  nom  de  calcaire  de  Beau- 
ont,  atteint  ici  une  épaisseur  d'environ  40m  et  les  couches  les  plus 
périeurcs  contiennent  des  lits  réguliers  de  silex  noirs  et  se  ter- 
inent  par  des  marnes  contenant  une  espèce  de  Potamides. 
Au-dessus  du  village  de  Beaumont,  on  voit  reparaître  de  nouveaux 


.    BEMOIST.    —  TtHTIAlHE    DES    RNVIROBS    DE   BEÀUKOKT.    15   Sept. 


1887.      U.    BENOIST.    —  TERTIAIRE   DBS  ENVIRONS  DK   BBAUMONT.         851 

bancs  de  calcaire  lacustre  compact,  blanc,  celluleux,  avec  Limnœa 
ore  longo.  Ce  calcaire  est  surmonté  par  une  couche  de  calcaire  sili- 
ceux avec  amas  de  silex  meulières.  Cette  couche  se  prolonge  sans 
interruption  jusqu'à  Nojals  (450m),  ainsi  qu'un  peu  plus  loin  à  la 
Rocal,  où  clic  est  exploitée.  Aux  Perrières,  ce  calcaire  siliceux,  qui, 
est  blanc  et  exploité  pour  la  fabrication  des  meules,  contient  Limnœa 
ore  longo,  et  albigensis,  Planorbis  planatus,  et  parfois  une  petite 
Bythinia. 

Au  delà  des  Perrières,  un  peu  avant  d'arriver  au  village  de  Liandon, 
ce  calcaire  siliceux  est  remplacé  par  des  argiles,  qui  aux  lieux 
dits  Lagon dade,  Maynediau,  les  Martins,  Gayrerelte,  commune  de 
Sainte-Sabine,  contiennent  des  masses  de  gypse,  exploitées  pour 
la  fabrication  des  plâtres  blancs  et  gris,  et  l'amendement  des  terres. 

Au  village  du  Rieu  del  Pey  (Roc  de  Pers),  à  l'altitude  de  450m 
environ,  on  voit  les  marnes  qui  contiennent  le  gypse  surmontées  par 
un  banc  de  calcaire  avec  meulières  semblable  à  celui  de  Nojals  ;  au- 
dessous  viennent  des  marnes  vertes  épaisses  de  2  à  3  mètres,  conte- 
nant des  rognons  de  strontiane  sulfatée.  Le  gypse,  qui  est  exploité 
au-dessous,  forme  une  masse  lenticulaire,  divisée  en  trois  couches 
par  des  marnes  jaunes  et  blanches.  Son  épaisseur  varie  de  5  à  30 
mètres.  Il  est  jaunâtre,  à  texture  cristalline,  grenue,  à  cassure  sac- 
charoïde. 

Dans  les  marnes  jaunes,  on  trouve  des  amas  fort  beaux  de  cristaux, 
affectant  souvent  la  forme  d'un  fer  de  lance  très  allongé. 

On  trouve,  dans  les  couches  supérieures,  des  restes  de  Palœotherium 
girondicum,  crassum  et  des  Poissons. 

La  masse  argileuse  parait  reposer  à  Sainte-Sabine  (108m)  sur  un 
calcaire  dur,  jaunâtre,  peu  épais,  analogue  à  celui  de  Beaumont.  En 
se  dirigeant  sur  Villeréal,  on  retrouve  les  sables  du  Périgord,  bien 
avant  d'arriver  aux  bords  du  Dropt  (90m). 

Ce  n'est  qu'entre  Villeréal  et  Saint-Etienne  de  Villeréal,  que  l'on 
retrouve  le  calcaire  lacustre  de  Beaumont  surmonté  par  des  marnes 
équivalentes  de  celles  du  gypse  et  au  delà  de  Saint-Étienne  de  Vil- 
leréal (ISO01),  les  meulières  que  l'on  a  vues  exploitées  à  la  Rocal  et  à 
Nojals. 

Si  maintenant  on  relève  une  seconde  coupe  (flg.  3) en  suivant  une 
direction  perpendiculaire  à  celle  de  la  coupe  précédente,  c'est-à- 
dire  la  ligne  déjà  parcourue  par  notre  regretté  collègue  M.  Tour- 
nouer  en  1S67  et  publiée  en  1809,  du  village  de  Rampieux  vers  Issi- 
geac,  on  retrouve,  dans  un  ordre  à  peu  près  semblable,  les  diverses 
couches  que  l'on  vient  de  traverser;  avec  la  seule  différence,  que, 
partant  de  Rampieux  (200m)  qui  est  placé  sur  une  couche  de  meu- 

XV.  55 


833      M.    UBKOIST.    —    TEHTIAIHK    DK      rSVIRUNS    DU    I1KAUN0NT.    15    Sept. 

libres,  od  observa  au-dessus  sur  la  droite,  en  montant  au  moulin 
de  Rouchoux,  une  mollasse  sableuse  surmontée  par  une  couche 
lacustre  (iSa*)  reconnue  depuis  longtemps  pour  être  le  calcaire 
blanc  de  l'Aganais.  Aux  Glottes  H'.W)  ou  retrouva,  un  peu  avant  les 
Perrières,  la  meulière  déjà  vue  a  Itampieux. 

Or,  des  Cloltes  aux  Perrieres,  on  descend  continuellement  pour 
arriver  au  bord  du  ruisseau  de  Suinte-Radegonde,  où  l'on  exploitée 
La  Hocal  (IW  \\es  meulières  à  Planor  bis  jilanatus  et  Limnœa  are  longe. 
Les  meulières  des  Glottes  et  de  Itampieux  situées  a  une  altitude  bien 
supérieure  (190  à  200»»)  à  celle  de  La  Rocal  (140m)  et  de  Nojals  (150K; 
n'appartiennent  donc  pas,  comme  l'avait  pensé  M.  Tournoner,  au 
même  horizon.  Eu  effet  cas  meulières  que  j'appelle  meulières  supé- 
rieures de  Deaumont,  que  l'on  trouve  déjà  à  Vuidepot,  puis  aux 
Andrieux  et  au  moulin  de  Viatel,  reposent  sur  une  nouvelle  couche 
de  mollasse  plus  épaisse  que  colle  de  la  butte  de  Rouchoux,  et  a  la 
base  de  laquelle  on  a  signalé,  sur  quelques  points,  une  grande  et  uns 
petite  espèce  d'huttre  {Ottrœa  tongirostris)  au-dessus  de  la  meulière 
à  Sainte-Sabine. 

Cette  mollasse  serait  évidemment  l'équivalent  des  mollasses  de 
Villebramar,  à  Ampullina  erassatina,  Cerithium  Charpenlicri.  Les 
meulières  de  Vuidepot  et  de  Itampieux  seraient  donc  bien  au  mSme 
niveau  s trati graphique  que  celles  de  Moubahus  (Lot-et-Garonne). 
Du  reste,  je  reviendrai  sur  les  synchronismes  à  établir  après  avoir 
terminé  la  coupe  de  Itampieux  à  Issigeac. 

De  Lii  Itocal  (liOB)  la  meulière  de  Nojals,  ou  meulière  inférieure 
de  Beaumont,  repose  de  nouveau  sur  le  calcaire  lacustre  de  Beau- 
mont  et,  au-ckk'i  i\<<  S.i'.tiI-I.i-idi,  i'lle  r-l  rt-or-m vi*rU»  par  les  mollasses 


4887.      M.    BER0IST.    —    TBRT1A1RB   DBS   ENVIRONS   DK   BKAUMONT.  853 

Planorbis  ca$tren$i$}  l'autre  siliceuse,  avec  nids  de  meulières,  carac- 
térisée par  Limnœa  ore  longo,  Planorbis  planatus,  etc.  ; 

Que  ces  deux  assises  qui  reposent  Tune  sur  l'autre  depuis  Beaumont 
jusqu'aux  Perrières,  semblent  disparaître  pour  faire  place  à  une 
formation  gypscuse,  mais  que  réellement  il  n'en  est  rien; 

Que  ces  deux  assises  s'amincissent  et  englobent  alors  cette  nou- 
velle formation  dans  leur  épaisseur  et  qu'en  réalité  on  a  trois  ni- 
veaux bien  nets,  de  haut  en  bas  : 

3°  Meulières  de  Nojals-La  Rocal. 

2°  Marnes  à  gypse  de  Sainte-Sabine. 

1°  Calcaire  lacustre  deBeaumont-Issigeac. 

On  peut  suivre  très  exactement  ces  trois  couches  dans  les  dépar- 
tements voisins.  Ainsi  le  calcaire  deBeaumont-Issigeac,  par  Villeréal, 
Monflanquin,  vient  se  relier  à  celui  de  Ladignac-les-Ondes  (Lot-et- 
Garonne),  qui,  par  sa  faune,  est  l'équivalent  certain  de  celui  de  Blaye, 
Plassac,  Margaux  (Gironde). 

Les  marnes  gypseuses,  qui  semblent  un  accident  local,  n'ont 
guère  jusqu'à  présent,  comme  équivalent  certain,  que  les  argiles  de 
Duras  et  d'Issigeac  à  Palœotherium  (Lot-et-Garonne),  les  mollasses  à 
Palœotherium  de  Bouzac-Saillans  et  les  argiles  à  lignites  de  Saint- 
Savin  (Gironde)  dans  lesquelles  presque  toute  la  faune  des  gypses 
parisiens  a  été  recueillie. 

Quant  aux  meulières  inférieures  de  Beaumont,  c'est-à-dire  Nojals- 
La  Rocal,  les  Perrières,  Roc  de  Pers,  on  peut  les  suivre  par  Saint- 
Etienne  de  Villeréal,  Rayet,  Parranquet,  Monflanquin,  Montagnac 
sur  Lède,  jusque  sur  les  rives  du  Lot  à  Coudesaygues,  Trentels  et 
Port-de-Penne,  et  par  Castillonnès,  Eymet,  jusqu'à  Monsegur-Gi- 
ronde  et  par  Gancon,  Yillebramar,  Varès,  Hautes-Vignes,  Le  Mas 
d'Agenais,  Marmande  et  Beaupuy  jusqu'à  Mauvezin.  Cette  même  meu- 
lière se  relie  à  Sainte-Foy-Castillon  par  Eymet  et  les  coteaux  situés 
sur  les  deux  rives  delà  Dordogne  en  aval  de  Bergerac. 

Pour  les  autres  couches  plus  supérieures  qui  font  partie  de  l'étage 
oligocène,  il  est  aussi  facile  de  les  relier  aux  dépôts  analogues  des 
déparlements  limitrophes. 

Ainsi  la  mollasse  de  Nojals,  que  l'on  a  rencontrée  en  montant  au 
moulin  de  Viatel,  peut  se  suivre  parSainte-Radegonde,  Castillonnès, 
Cancon,  Peries,  Villebramar,  Tombebœuf,  Varès,  les  Hautes-Vignes, 
Birac,  jusqu'à  Marmande  et  Beaupuy,  où  elle  est  exploitée  à  Maubin, 
Lorette,  etc.  et  contient  une  faune  marine,  caractérisée  par  Natica 
Crassatina,  Cerithium  Charpentieri,  Turbo  I>arkinsoHt,  Venus  Aglaurœ, 
Lucina  Delbosi  et  à  sa  base  Ostrœa  longirostris.  De  là  aux  calcaires  à 


851  BERTRAND.  —  OBSERVATIONS.  15  MB. 

Astéries  du  canton  de  Monségur  et  du  département  de  la  Gironde, 
il  n'y  a  qu'un  pas. 

On  suit  de  même  les  meulières  supérieures  de  Beaumont  par  Vui- 
depot,  les  Glottes,  les  A  ruineux,  moulin  de  Viatel,  Rampienx,  Hevil- 
lac,  Castillonnès,  Lauzun,  Cancon,  jusqu'à  Monbahus  où  se  trouve  le 
type  cité  par  feu  Tournouer  qui,  ainsi  que  nous,  assimile  celle 
couche  aux  meulières  de  Tresse  et  Quinsac  près  Bordeaux. 

Supérieurement  a  ces  meulières,  on  ne  voit  plus  que  la  mollasse 
de  l'Agenais  on  des  Hautes-vignes,  couronnée  par  le  calcaire  lacustre 
blanc  d'Agen  i  Hélix  ftamondi,  que  l'on  sait  être  très  développé  dans 
les  vallées  du  Lot,  du  Tolzac  et  de  la  Garonne. 

En  résumé,  de  Beaumont  à  Sainte-Sabine  et  de  Rampicux  à  Issi- 
geac,  on  voit  successivement  de  baut  en  bas  : 

1*  Calcaire  lacustre  Min  -  a  HuiU  Ramnndi  (M*  île  Rampieuxl, 

î*  Mollasse  moyenne  de  l  Agenais  un  îles  Hautes  Vipnes  [M'  de  Rampicui), 

3'  Meulière»  supérieure*  île  Beaumonl.  (Kaiiipieux,  Viatel,  les  Clottes,  elc.) 

4'  Mollasse  inférieure  do  i  Amenais  ou  de  Villeliramar  (Viatel.  Nojals). 

S*  Meulières    inférieures  de  Beaumonl,  Mauvciin-Castillonnès  (Nojals,  La  Ro- 

cai.) 
S"  Marnes  gypseuses  (Sainte-Sabine.) 
7*  Calcaire  lacustre  de  Beaumanl-Issipeac. 
S*  Sables  du  Perigord,  grès  de  Bergerac  el  argile  ferriftTe  de  la  Limance. 

En  dessous,  la  formalion  crétacée. 

Le  tableau  ci-contre  donne  la  comparaison  de  ces  diverses  couches 
avec  celles  du  même  Age  des  bassins  de  la  Gironde  et  de  la  Seine. 


A  la  suite  de  cette  lecture,  M.  Bertrand  présente  It-s  observa- 


fi,  Marmande,  etc. 
■  intercalées.  Baza- 


fherium  Monségur) 
u  te  s- Vignes,  Toin- 


TERRr 
OLIGOC 


(Lot-et-Garonne). 


tina.  Villebramar, 
îségur,  La  Réolle, 


r,  Castillon,  Mon- 
»,  Mas  d'Agenais, 


0  (Gironde). 

omies,  argile  &  0. 
wndia  (Gironde). 
p  Garonne'. 


Calcaire  lacustre  d'Etampes  et  de  Trappes 
ù  Hélix  Ramondi. 

Meulières  kPotamidesLamarekiiet  sable 
coquillier  d'Ormoy. 


Grès  et  sables  de  Fontainebleau. 


Sables  coquilliers  de  Morigny. 


Sables  coquilliers  de  Jeurre*. 
Mollasse  d'Estrecby. 
Couche  à  Ostrtta  fongirostrit 


Calcaire  siliceux  et  meulières  de  Brie. 


Marnes  à  Glauconomya  conversa. 


Marne  verte  &  Strontiane. 
Marne  &  Limnxa  strigosa. 
Gypse  à  PaUeotherium. 
Gypse  à  faune  marine. 
Marne  à  Pholadomya  ludensit. 


TERR! 


tc-les  Ondes  (Lot- 


É0Cfde)- 


SUPER 


fluvio-marines  à 


Calcaire  lacustre  à  Limnma  longiscata. 
Marne  de  Saint-Ouen. 


idoc  et  sondages 
.  Sondages  divers. 


Sables  et  grès  moyens  ou  de   Beau- 
champ. 


Calcaire  grossier  supérieur  à  Cerithium. 

Calcaire  grossier  moyen  &  Orbitolites 
complanàta. 

Calcaire  grossier  inférieur  a  C.  gigan- 
teum  et  NummuUtes  Uevigata. 


Etage  suessonien. 


(t)  Amp 


(Note  de  M.  Benoist,  pige  854.) 


1887.  BBBTBAKD.  —  OBSBBVATlOHB.  855 

ceinture  (Berry-Auvergne),  si  les  fossiles  cités  sont  suffisants  pour 
en  contredire  l'uniformité  apparente  et  pour  motiver  des  attributions 
d'âge  aussi  variées  que  celles  dont  le  tableau  de  M.  Benoist  nous 
donne  en  quelque  sorte  le  terme  extrême:  le  sidérolithique  du  Berry 
a  été  marqué  sur  la  carte  géologique  détaillée  comme  Eocéne  supé- 
rieur (niveau  du  gypse  parisien)  ;  d'après  MM.  Douvillé  et  de  Gros- 
souvre,  il  se  relierait  intimement  au  calcaire  sus-jacent,  assimilé  au 
calcaire  de  Brie.  Dans  la  Limagne,  MM.  Michel  Lévy  et  Munier-Chal- 
mas  ont  trouvé  à  la  base  des  arkoses  une  Mélanie  semblable  à  celle 
du  calcaire  de  Brie.  Il  y  aurait  donc  tendance,  aux  deux  extrémités, 
à  rajeunir  ces  dépôts.  M.  Benoist,  au  contraire,  les  ferait  descendre 
au  niveau  du  calcaire  grossier. 

Quant  au  Palœotheriumy  M.  Douvillé  a  fait  remarquer  qu'on  ne  con- 
naissait pas  dans  le  bassin  de  Paris  la  faune  de  Mammifères  du 
calcaire  de  Brie,  et  se  fondant  sur  les  associations  trouvées  dans  les 
phosphorites,  il  croil  que  lo  genre  Palœolherium  a  dû  très  probable- 
ment continuer  &  vivre,  avec  peu  de  modiûcations,  pendant  les  pre- 
miers temps  du  Miocène.  Rien  donc  ne  s'opposerait  à  ce  qu'une 
partie  au  moins  des  Palœotherium  du  Midi,  ainsi  que  les  grandes 
Limnées  du  type  de  la  longiscata,  n'indiquassent  l'âge  de  la  Brie. 
Dans  cette  manière  de  voir,  les  assises  qui,  à  gauche  du  tableau  du 
parallélisme  de  M.  Benoist,  occupent  toute  la  place  de  l'Eocène, 
devraient  être  remontées  en  bloc  dans  la  petite  case  vide,  en  face  des 
mollasses  du  Fronsadais.  L'écart,  on  le  voit,  est  considérable  ;  il 
montre  quelle  latitude  laisse  encore  l'interprétation  des  données 
paléontologiques. 

Sans  vouloir  émettre  d'opinion  personnelle  sur  une  région  que  je 
n'ai  pas  étudiée,  je  crois  utile  de  signaler  la  difficulté  et  le  désaccord 
possible.  Les  calcaires  lacustres  du  Midi  ne  se  sont  pas  formés  dans 
une  suite  de  bassins  séparés  et  distincts  ;  la  série  des  lagunes  qui 
bordaient  là  les  mers  tertiaires  est  à  comparer  à  celles  du  Sud  du 
bassin  de  Paris,  dont  les  dépôts  vont  se  fondre  et  s'intercaler  avec  les 
couches  glaciales  de  même  âge.  L'uniformité  apparente  de  la  cein- 
ture du  Plateau  central  correspond  donc  à  des  conditions  de  dépôt 
identiques,  et  j'aurais  peine  à  croire  qu'une  solution  qui  séparerait 
les  arkoses  de  l'Est  et  celles  de  l'Ouest,  les  calcaires  à  grandes  Lim- 
nées de  Beaumont  et  les  calcaires  à  grandes  Limnées  du  Gard,  pût 
être  l'expression  définitive  de  la  vérité. 


856  TARDY. —  TKRBAINS  TERTIAIHKS  DU  S.-O.  DU  FLATttAU  CKNTB.AL.  Iô  Sept 

M.  Tardy  présente  la  note  suivante  : 

Aperçu  sur  les  terrains  tertiaires  de  la  région  S-  O.  du 

Plateau  central,  pai  M.  Tardy. 

La  Société  a  rencontré  les  terrains  tertiaires  en  quittant  Gadouin 
pour  se  rendre  à  Beaumont  du  Périgord,  bâli  sur  une  éminence 
tertiaire.  Ensuite,  la  Société  a  retrouvé  ou  vu  de  loin,  sur  divers 
points,  des  couches  blanches  veinées  de  rose  qui,  dans  toute  la  ré- 
gion comprise  entre  le  canal  du  Midi  et  le  Plateau  central  granitique, 
sont  attribuées  au  terrain  tertiaire.  Ces  couches  roses  et  blanches  s'é- 
tendent même  jusqu'au  pied  des  Alpes,  où  on  leur  reconnaît  encore  un 
âge  tertiaire.  Leur  limite  nord  est  donnée  par  le  parallèle  delalitudeN. 
46*30  environ,  pour  toute  la  France.  Cette  limite  bi/.arre  qui  permet  à 
ces  dépôts  d'envahir  le  Plateau  central  granitique,  semble  indiquer  pour 
ces  couches  un  régime  de  formation  particulier.  Ces  assises  sontà  peu 
près  partout  dépourvues  de  fossiles,  sauf  dans  leur  assise  la  plus  supé- 
rieure, où  l'on  trouve,  en  face  de  la  gare  de  Naussac(Aveyron)detrès 
grosses  Limnœa  pachygaster,  avec  divers  autres  pelilsfossiles  engagés 
dans  un  calcaire  blanc,  compact,  dur.à  cassure  presque  coochoîdale. 
Les  Planorbes  se  trouvent  dans  le  haut,  les  Limnées  plutôt  en  dessous 
dans  un  calcaire  plus  tendre,  blanc,  un  peu  grenu.  C'est  ce  dernier 
calcaire  qui  formait  le  sol  et  était  exploité,  dans  l'endroit  où  la  So- 
ciété mit  pied  à  terre,  sur  la  route  de  Cadouin  à  Beaumont,  C'est 
encore  ce  calcaire  qui  couronne  le  Tertiaire  vers  Beaumont.  Toutefois, 
dans  l'une  des  excursions,  la  Société  laissa  à  sa  gauche,  en  s'éloi- 


1887.   TARD  Y. — TERRAINS  TRRTIAIRRS  DU  8.-0.  DU  PLATEAU  C  EUT  H  AL.   857 

d'Agen  et  à  Lavaurelte  entre  Caylus  et  Caussade,  ne  sont  plus  visibles 
au  delà  vers  lu  Nord. 

Sous  la  couche  des  calcaires   gris   fétides  on   voit  des  calcaires 

blancs  puis  des  couches  marneuses  et  calcaires,  mouchetées  de  rose. 

Après  avoir  quitté  les  calcaires  gris  fétides  de  l'Agenais,  on  ne 

trouve  plus  que  des  assises  blanches  et  roses  en  s'éloignant  du  golfe 

de  Gascogne. 

Les  calcaires  blancs  de  l'Agenais  sont  presque  siliceux  et  môme 
se  présentent  à  l'état  de  silex  sur  tous  leurs  rivages,  situés  au  Nord 
du  canal  du  Midi.  A  partir  de  ce  niveau  siliceux  tous  les  calcaires 
lacustres  sont  blancs  et  de  plus  en  plus  argileux  à  mesure  qu'on  des- 
cend dans  la  succession  des  couches  tertiaires.  A  la  base  ils  sont 
môme  remplacés  par  des  bancs  argileux. 

En  admettant  que  sur  le  bord  de  la  région  d'Aquitaine  et  surtout 
sur  le  rivage  de  cent  trente  kilomètres,  de  Périgueux  à  Villefranche 
d'Aveyron,  dont  je  parle,  tous  les  dépôts  de  môme  âge  géologique 
aient  le  môme  faciès,  il  est  facile  de  classer  toutes  les  assises  ter- 
tiaires de  cette  région.  Cette  identité  de  faciès  n'a  rien  d'in- 
vraisemblable, car  toutes  les  coupes  offrent  des  successions  à  peu 
près  identiques  dans  tous  leurs  détails,  et  l'étendue  de  ce  rivage  n'est 
pas  très  grande  :  130  kilomètres  au  plus. 

Du  reste,  pour  qu'on  puisse  mieux  en  juger,  je  dois  donner  ici  les 
successions  que  j'ai  relevées  de  Cadouin  à  Beaumont,  autour  de  cette 
ville  et  vers  Naussac. 
Les  géologues  de  la  région  résument  la  coupe  ainsi  : 
Calcaire  blanc  inférieur  de  l'Agenais. 
Calcaire  blanc. 

Couches  de  marnes  vertes  formant  la  base  de  l'Oligocène. 
Marnes  à  gypse  et  à  Pulœotheriuw. 
Calcaire  lacustre  de  Beaumont. 
Grès  ferrugineux  de  Bergerac. 

Au  contraire,  pour  M.  Rames  qui  a  étudié  le  bassin  tertiaire  d'As- 
prières,  dont  fait  partie  la  coupe  de  Naussac,  donnée  ci-contre,  la 
limite  entre  TAquitanien  et  le  Tongrien  doit  se  placer  sur  le  Y\t(e) 
des  coupes  ci-dessous,  ou  sous  ce  lit. 

C'est  aussi  mon  opinion  provisoire  Mais  ce  qu'il  me  semble  im- 
possible d'admettre,  c'est  la  présence  des  marnes  à  gypse  sur  le  cal- 
caire lacustre  de  Beaumont,  tandis  que  dans  toutes  les  coupes  que 
j'ai  vues,  les  marnes  vertes  sont  au-des>ous  des  calcaires  lacustres 
supérieurs.  Si,  laissant  de  côté  cette  divergence  d'opinion  qui  peut 
tenir  à  une  erreur  de  ma  part,  nous  passons  à  l'examen  de  la  coupe 
très  complète  de  Naussac,  nous  voyons  dans  cette  coupe   dessinée 


858  TABDT.  — TBBBAIHS  TBBTIAIBES  DD  B.-O.  DU  PLATEAU  CRNTBAL.  15  sept. 

ci-dessous  (flg.  4}  les  couches  {a  q),  avoir  toutes  à  peu  près  la  même 
inclinaison,  tandis  que  de  [q  à  y)  elles  ont  une  autre  inclinaison.  Il 
se  serait  donc  produit  a  l'époque  (q)  un  mouvement  de  sol  assez  im- 
portant. 

Fig.  4. 


Baaiin  d'AijwUn 


Tertiaire.  Coupe  ru  du   Tableau. 

En  outre,  cette  succession  comprend  plusieurs  niveaux  renfer- 
mant des  cailloux  erratiques,  dénotant  un  climat  modifié,  au  moins 
sur  ce  point,  ce  sont  les  couches  (6,  m,  r,  u,  x). 

Dans  les  coupes  du  Périgord,  toute  la  succession  ne  comporte 
aucune  dislocation,  dans  aucun  des  bassins  tertiaires.  Ils  sont  donc 
tous  par  leur  ensemble  et  par  ce  fait,  postérieurs  à  l'Age  (q).  En 
outre,  dans  la  coupe  de  Beaumonl,  on  trouve  le  lit  de  cailloux  erra- 
tiques (b),  mais  le  lit  (m)   manque,   parce   que  la  coupe  ne  descend 


1887.  TABDY.  —  TBBBAM8  TBBT1AIBE8  DU  8.-0.  DU  PLAT B AU  CBNTBAl.  859 

ces  produits  ont  presque  partout  la  môme  position  stratigraphique. 
En  sorte  que,  môme  considérés  comme  des  roches  éruptives,  ils  de- 
vraient se  placer  au  niveau  (A,  t,  j)  de  la  coupe  de  Naussac  (Aveyron). 
Dans  une  poche  que  j'ai  visitée  à  Sauveterre,  sur  la  ligne  d'Agen  à 
Périgueux,  sous  la  conduite  de  M.  Desmond,  nous  avons  ramassé  un 
silex  qui,  par  son  passage  insensible  au  faciès,  argile  mêlée  de  quartz, 
semble  bien  indiquer  l'origine  éruptive.  Mais  c'est  un  fait  à  vérifier 
de  nouveau. 

Sur  les  couches  tertiaires  de  BeaumontàCadouin,  repose  un  sable 
jaunâtre  assez  épais  surmonté  par  un  sable  grisâtre  moins  continu. 
Ce  dernier  se  limite  à  une  courbe  de  niveau  située  à  l'Ouest  de  la 
courbe  qui  limite  les  sables  jaunes.  Ces  deux  assises  sableuses  sont 
donc  des  niveaux  géologiques,  mais  aucune  coupe  ne  nous  a  montré 
ce  qu'ils  devaient  être  comme  faune  et  comme  âge. 

Le  premier  petit  bassin  tertiaire  (ûg.  5)  où  la  Société  mit  pied  à 
terre,  pour  chercher  des  fossiles,  assez  rares  du  reste,  semble  d'après 
la  disposition  des  couches  et  leur  section  par  la  route  et  par  un  che- 
min transversal,  indiquer  le  bord  d'un  bassin  ou  cuvette  dont  le 
centre  aurait  disparu  enlevé  par  les  érosions  postérieure.  Le  calcaire 
fossilifère  était  à  fleur  de  sol  dans  le  champ. 

La  brèche  rose  était  sur  le  flanc  de  la  tranchée  et  la  couche  de 
concrétions  roses  située  sous  la  route,  se  relevait  vers  l'Ouest  au 
niveau  des  autres  assises  supérieures. 

Sur  un  deuxième  point,  la  Société  mit  pied  à  terre  pour  recueillir 
des  Rudistes.  Pendant  ce  temps,  j'examinais  les  couches  tertiaires 
dont  je  donne  la  coupe  dans  la  colonne  (ij).  Les  couches  sont  en 
forme  de  cuvette,  ce  qui  est  facile  à  observer,  puisque  deux  routes 
en  tranchées  se  croisent  sur  ce  point  à  quelques  pas  du  centre  du 
bassin.  Je  donne  (ûg.  6)  ci-jointe,  la  coupe  fournie  par  l'un  des  talus 
qui  passait  près  du  centre  du  bassin.  Le  plan  montrerait  la  forme  du 
bassin. 

Fig.  5. 


Tertiaire  de  la  coupe  y  du  Tertiaire  de  la  coupe  rt  du 

tableau.  tableau. 

La  succession  du  Tertiaire  dans  le  Périgord  est  trop  limitée  pour 
qu'on  puisse  à  priori,  fixer  l'âge  des  assises  inférieures.  En  effet,  si 
la  coupe  était  très  étendue  par  le   nombre  de  ses  couches,  on  pour- 


860  TARDY.  —  TKRRAtltS  TERTIAIRES  DU  8.-0.  DU  PLATHAU  CENTRAL.  15  Sept. 

rail  tenter,  en  la  comparant  avec  d'autres  coupes,  une  assimilation  i 
priori  de  l'uo  des  niveaux  de  la  succession  liligeuse.  Il  y  aurai) 
ainsi  de  nombreuses  chances  de  rencontrer  des  impossibilités  d'as- 
similations qui  feraient  ressortir  le*  défauts  des  diverses  assimila- 
tions tentées. 

L'impossibilité  de  trouver,  même  autour  de  Beaumont,  les  élé- 
ments nécessaires  pour  classer  les  diverses  couches  non  fossilifères 
du  Tertiaire  de  cette  région  m'a  engagé  à  revoir  le  bassin  de  Naussac 
que  j'avais  déjà  visité  en  1882,  pour  y  chercher  l'Age  et  l'origine  des 
phosphorites  : 

La  coupe  donnée  au  croquis  (fig.  4}  et  en  texte  colonne  (u)  du 
tableau,  est  très  compiMe  et  permet,  même  en  l'absence  de  fossiles 
qui  m'ont  jusqu'ici  fait  défaut,  au-dessous  du  Limnxa  pachygatltr, 
de  tenter  la  recherche  des  niveaux  géologiques  de  ces  assises. 

En  1882,  au  retour  de  la  Réunion  des  Pyrénées,  j'étais  arrivé  à  une 
conclusion.  Celle  année  prenant  tout  à  nouveau,  avec  mes  nouvelles 
coupes  de  1887,  j'arrive  au  même  résultai.  Je  pense  donc  avoir  atteint 
provisoirement  tout  le  degré  possible  d'exactitude.  Pourtant,  comme 
les  calcaires  lacustres  oolitiques  de  la  base  se  poursuivent  orogra- 
phiquement  sur  une  certaine  étendue,  on  pourra  espérer  y  trouver 
quelque  jour  des  fossiles.  En  attendant  je  vais  donner  mes  conclu- 
sions et  la  méthode  que  j'ai  suivie  pour  y  arriver,  soit  en  1882,  soit 
cette  année  1887. 

En  1882,  j'avais  étudié  les  phosphatières  pour  chercher  leurs  con- 
ditions de  gisement  et  rechercher  ensuite  les  phosphates  dans  le 
Jura.  Les  phosphatières  de  la  région  de  Saint-Antonin,  Caylus, 
Caussade,  Mouillac  jusqu'à  Cajare,  sont  des  poches  remplies  parle 


1887.   TARDT.  —  TERRAINS  TERTIAIRES  DU  S. -0.  DU  PLATEAU  CENTRAL.    861 

L'identité  des  dépôts  d*un  grand  nombre  de  phosphatières,  m'a 
donné  l'idée  d'en  faire  la  stratigraphie,  el  j'ai  vu  que  cette  stratigra- 
phie donnait  des  résultats  identiques,  dans  toutes  les  phosphatières. 
Concluant  ensuite  d'après  les  faits  énoncés  ci-dessus,  que  les  stalag- 
mites  étaient  des  produits  diluviens,  leur  nombre,  d'après  mes  re- 
cherches sur  la  Bresse,  devait  donner  leur  âge.  Ma  division,  dont 
dont  les  noms  se  terminent  tous  en  «  sème  »,  est  créée  pour  le 
Quaternaire  et  le  Pliocène  de  la  Bresse  et  appliquée  en  1885  et  1886 
au  Jurassique  supérieur  devait  me  permettre  d'atteindre  ce  but.  Le 
résultat  fut  du  reste  exactement  concordant  avec  la  coupe  d'une  phos- 
phatière  située  au  Nord-Ouest  de  Caylus,  dans  laquelle  j'avais  décou- 
vert le  Tertiaire  engagé  dans  une  fente,  immédiatement  derrière  les 
phosphorites,  ce  qui  fixait  exactement  leur  âge. 

Dans  l'Aveyron,  à  Clognac,  un  autre  groupe  de  puils  à  phosphate 
me  paraissait  d'après  plusieurs  indications  plus  ancien  que  le  groupe 
du  Caylus  et  de  Cajare.  Il  exigeait  de  nouvelles  recherches  que  j'ai 
faites  après  la  réunion  de  la  Société  à  Rochefort.  Il  y  a  là  des  gîtes 
de  phosphates  de  deux  origines  bien  distinctes,  les  uns  sont  des 
dépôts  stalagmitiques  comme  ceux  du  Caylus  et  de  Cajare,  les  autres 
sont  les  conduits  d'émission  des  vapeurs  phosphoriques,  il  n'y  a  pas 
à  en  douter.  L'âge  de  ces  émissions  est  très  intéressant  à  fixer,  il  fera 
l'objet  d'une  note  ultérieure,  car  pour  le  moment  j'en  ai  dit  assez 
pour  passer  à  l'âge  des  couches  tertiaires  du  Périgord. 

Fig.  7. 


Sol  dn  Caufckc ..... 

J£ — s-  .\, 

Couches   Dihmcimca.c...YN 


.Argile     gn»»€.  ç'. 
Argile  jaune,  j' 
Aréue  roageâtre.  r 


Argile  xoae.r 

Argile  jaune  clair,  j . . . 
Argile  tfrisn.  g 

Argile  roac-  et  cailloux 
Uelix 


Phosphate  à9«% 


Fenle  à  Phosphorite  du  Sud-Ouest  du  Plateau  central  de  la  France.  Disposition 
des  couches,  commune  à  toute-  les  phosphatières  de  Cajare. 


862   TABDY.  —  TKBBA1NS  TBHTIAIHE8  DU  8.-0.  DU  PLATEAU  CEKTBAt.  i5  Sept. 

Tout  d'abord,  fi  g.  7,  je  donne  la  coupe  d'une  grande  pochea  pboa- 
pborite  qui  résume  dans  ses  détails,  toutes  les  poches  de  la  région 
du  Quercy.  Dans  une  autre  au  Nord-Ouest  de  Caylus,  identique 
a  celle  de  la  flg.  7,  il  y  avait  eu  (K*)  un  paquet  d'argile  tertiaire 
engagé  dans  une  Tente,  derrière  la  stalagmite  et  par  conséquent 
fixant  mutuellement  leur  âge.  En  effet,  la  stalagmite  renferme  quel- 
quefois des  ossements  de  Paltsotkerium,  donc  les  marnes  ou  argiles 
blanches  doivent  être  antérieures  à  cet  âge  et  ne  peuvent  cependant 
pas  se  placer  ailleurs  qu'au  niveau  (k)  des  coupes  données  ci-dessus. 
Les  marnes  vertes  à  Palreotherium  du  Pérîgord,  se  placent  donc  au 
niveau  des  couches  (y)  du  tableau  ci-contre.  D'autre  part,  le  lit  (e) 
renferme  Limnœa  pachygatter  et  le  calcaire  (a)  le  Ptanorùis  cornu 
voilà  tout  ce  que  j'aurais  pu  dire  en  1884.  Depuis  j'ai  créé  ma  nou- 
velle division  du  Quaternaire,  et  j'en  ai  appliqué  les  principes  au 
Jurassique,  d'abord  en  1885  et  depuis  à  toutes  les  assises  post-tria- 
siques.  Ha  méthode  de  division  est  faite  pour  tenir  compte  des 
lacunes  sédimentaires  et  des  variations  climaléiiques  qui  ont  mo- 
difié la  nature  des  dépôts  d'une  façon  très  régulière.  Dans  cette 
division,  qui  se  vérifie  depuis  sa  création,  tous  les  jours  et  à  cette 
heure  en  Algérie,  partout  j'ai  pu  trouver  lu  place  exacte  des  couches 
post  quaternaires,  néosèmes  ou  modernes  (1)  qui,  dans  la  vallée  de 
la  Saône,  m'ont  fourni  un  chronomètre  archéologique  qui  s'accorde 
exactement  avec  toutes  mes  recherches  ultérieures.  La  division  que 
j'ai  créée  présente  donc  un  degré  de  précision  qui  n'a  jamais  été 
atteint  jusqu'à  ce  jour,  dans  aucune  division  géologique.  C'est  en  me 
basant  sur  celle  division  que  je  puis,  en  ne  tenant  compte  que  des 
formations  erratiques  et  de  quelques  autres  faits,  fixer  l'âge  des 


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1887.  L     LAIfDBSQUE.   _  GROTTBS   BT  ABRIS  DB  TABAC.  868 

k.l.  Entre  ces  deaz  assises,  limites  d'étage,  modification  profonde  dans  la  nature 

des  sédiments  et  dans  leur  périmètre, 
m.  Poudingue  de  cailloux  do  roches  dures  du  Plateau  central  ;  il  doit  corres- 
pondre à  ceux  de  Carcassonne. 
n.o.p.  Ces  couches  sont  les  seules  qui  peuvent  correspondre  au  calcaire  grossier  de 
Paris. 
7.  changement  de  pente  des  couches  correspondant  à  la  formation  oro gra- 
phique do  la  Bresse, 
r.  Niveau  des  poudingue»  nummulitiques  dans  la  chaîne  des  Alpes. 
t.  Calcaire  blanc  lacustre  qui   doit  correspondre  aux  calcaires    à  physes  des 

environs  de  Mous  (Belgique). 
v. Calcaire  d'un  aspect  particulier  qui,  d'après  l'ensemble  de  la  coupe,  doit 

appartenir  à  l'étage  de  Fuveau. 
y.  Formation  du  bassin  lacustre  d'Asprières,  Nanssac,  Clognac,  etc. 


M.  Landesque  rend  compte  des  visites  faites  aux  stations  préhisto- 
riques des  Eyzies  et  de  Combe-Capelle. 

Excursion  dn  13  Septembre  aux  grottes  et  abris  de  la  commune 

de  Tayac, 

Par  l'Abbé  L.  Landesque. 

Plusieurs  Membres  de  la  Société  géologique  se  sont  séparés  quel- 
ques instants  de  leurs  confrères,  à  leur  arrivée  à  la  gare  des  Eyzies, 
pour  visiter  ces  lieux  devenus  classiques  par  les  découvertes  préhis- 
toriques. Celui  qui  écrit  ces  lignes,  ancien  témoin  des  premières 
fouilles  exécutées  sur  les  bords  de  la  Yézère,  s'est  fait  volontiers  le 
cicérone  de  ses  savants  confrères. 

La  matinée  était  fraîche;  le  soleil  dorait  a  peine  la  cime  des  col- 
lines quand  jeunes  et  vieux  nous  avons  gravi  les  pentes  abruptes  des 
escarpements  rocheux  qui  bordent  l'étroite  vallée  de  la  Beune.  Arri- 
vés à  la  hauteur  de  80  mètres  nous  étions  en  face  de  la  célèbre  grotte 
des  Eyzies,  ouverte  au  midi,  et  sur  le  plancher  de  laquelle  gisaient 
encore  quelques  restes  épars  des  brèches  osseuses  enlevées  pendant 
les  fouilles.  Chaque  Membre  a  voulu  se  munir  d'un  fragment  de  ces 
reliques  du  passé,  de  cette  habitation  d'où  s'est  produit  l'essor  des 
grandes  découvertes  de  l'âge  de  la  pierre.  Sans  doute,  Boucher  de 
Perthes,  ce  chercheur  de  génie,  avait  eu  l'insigne  honneur  d'annoncer 
au  monde  savant  le  résultat  de  ses  précieuses  investigations  dans 
la  vallée  de  la  Somme,  mais  nos  anciens  maîtres,  Lartet  et  Christy, 
nous  ont  ouvert  un  horizon  nouveau  en  nous  faisant  connaître  l'heu- 
reux résultat  de  leurs  fouilles  à  la  grotte  des  Eyzies  d'abord,  et  eu- 
suite  à  Laugerie,  à  la  Madeleine  et  au  Mou^tier. 


m* 


L     LAWDESQL'K. 


'ihOTTES    hT    ABKIS    DR   TAYAC.         13  I 


Chacun  sait  aujourd'hui  que  les  Iroglodiles  des  Evita  vivaient  1 
l'époque  où  le  renne  était  commua  dans  ces  contrées  et  qu'ils  utili- 
saient son  bois  pour  en  façonner  de*  aiguilles,  des  sagaies,  des  har- 
pons, etc.  L'homme  de  cette  époque,  retenu  par  une  assez  froide 
température  dans  les  lieux  les  plus  abrités,  occupait  ses  loisirs  i 
représenter  les  animaux  qu'il  chassait  :  l'art  du  dessin  loi  était 
devenu  familier,  comme  le  prouvent  les  nombreuses  gravures 
et  sculpture»  recueillies  aux  Eyzies,  à  Laugerie-Basse  et  à  la  Made- 
laine. 

Cet  ancêtre  artiste  n'a  jamais  eu,  comme  on  tend  à  le  faire  croire 
aujourd'hui,  aucun  lien  de  parenté  avec  les  singes  anthropomorphes, 
auxquels  il  serait,  croyons-nous,  difficile  d'apprendre  à  manier  le 
burin  arec  cette  sagacité,  cette  habileté  et  ce  brio  de  l'homme  mag- 
dalénien. Aussi  pouvoos-nous  certifier  que  les  troglodytes  des  Eyxies 
sont  bien  assurément  nos  ancêtres,  ayant  comme  nous  le  goût  des 
arts,  de  la  clias-e.  de  la  pèche  et  du  commerce.  En  outre,  l'homme 
de  celte  époque  a  dû  varier  ses  instruments  suivant  les  circonstances, 
les  milieux  qu'il  habitait  et  les  besoins  qui  le  pressaient.  C'est  ce  qui 
fait  que  parmi  les  outils  qu'il  employait  on  rencontre  une  diversité 
de  formes  qui  s'étend  depuis  les  premiers  jours  de  son  existence  jus- 
qu'à l'époque  qui  nous  occupe.  C'est  assurément  une  erreur  de 
supposer  qu'il  a  été  un  temps  ou  l'homme  n'avait  à  son  service  qu'un 
seul  instrument.  Qu'on  le  prenne  à  l'époque  la  plus  reculée,  dans 
nos  gravières  de  la  Dordogne  et  de  la  région,  nous  le  verrons  tou- 
jours muni  d'un  nombre  assez  considérable  d'outillages  différent* 
réellement  les  uns  des  autres  et  indiquant  qu'en  tout  temps  les 
mêmes  besoins  doivent  nécessiter  les  mêmes  formes.  Aussi,  pendant 


1887.      L.  LANDBSQUK.  —  GROTTKS  BT  ABRIS  DR  TAYAG.        866 

l'opinion  d'autres  observateurs,  qu'elle  serait  d'une  époque  anté- 
rieure. 

En  passant  devant  l'église  de  Tnyac,  les  Membres  de  la  Société, 
frappés  de  l'originalité  de  sa  forme  arcbitectonique,  ont  tenu  à  visi- 
ter ce  vieux  monument  du  xue  siècle.  De  là,  nous  nous  sommes  ren- 
dus à  Laugerie-Haute,  après  avoir  traversé  la  Vézère,  et  admiré  sur 
sa  rive  droite,  cette  ligne  de  rochers  qui  se  découpent  le  long  deson 
bord  comme  de  vastes  rideaux  parsemés  de  bouquets  d'arbres.  Cette 
station  solutréenne  renfermait  de  précieux  restes  préhistoriques  re- 
cueillis par  Lartet  et  Ghristy. 

Je  dois  dire  ici,  contrairement  à  ce  quelques  auteurs  ont  avancé, 
que  les  couches  archéologiques  de  Laugerie-Haute  ne  passent  pas 
sous  celle  de  Laugerie-Basse.  Voulant  me  rendre  compte,  en  1866, 
de  la  profondeur  de  cette  dernière  station,  je  fls  opérer,  sur  deux 
points  opposés,  des  sondages  jusqu'à  la  pente  intérieure  du  rocher  et 
rien  ne  vint  me  révéler  la  présence  de  l'industrie  soiulréenne. 

En  outre,  la  faune  de  Laugerie-Haute  est  incontestablement  plus 
ancienne  que  celle  de  Laugerie-Basse  :  le  rhinocéros,  la  hyène  et  le 
grand  cerf  ne  se  trouvent  pas  dans  celle-ci,  tandis  que  dans  celle-là, 
sans  être  communs  cependant,  on  les  y  rencontre  parfois.  D'après 
cela,  on  peut  répondre  à  ceux  qui  prétendent  qu'il  n'y  a  eu  qu'une 
seule  période  dans  l'âge  de  la  pierre,  qu'on  voit  ici  deux  stations  qui 
se  joignent  presque,  et  qui,  néanmoins,  tant  au  point  de  vue  de  la 
faune  que  de  l'industrie,  sont  loin  de  présenter  les  mêmes  rapports. 

Quelques  membres  ont  été  assez  heureux  pour  pouvoir  emporter, 
en  souvenir  de  leur  passage,  des  poinçons  en  os,  des  flèches  lancéo- 
lées et  autres  silex  taillés,  ce  qu'ils  n'ont  pu  faire  à  Laugerie-Basse 
où  le  vieux  chercheur  Léonard  ne  demandait  que  4500  fr.  d'un  cou- 
teau !  En  somme,  ce  dernier  abri,  aussi  vaste  et  aussi  riche  que  celui 
de  la  Madelaine,  est  certainement  celui  qui  a  fourni  le  plus  de  varié- 
tés dans  les  sculptures  et  dans  les  dessins.  Fouillé  d'abord  par  de 
Yibrayeet  par  moi,  il  a  encore  enrichi  bon  nombre  de  musées  et  de 
collections  particulières. 

En  longeant  toujours  la  môme  rive,  et  à  500  mètres  de  ce  dernier 
gisement,  on  arrive  à  l'immense  grotte  de  Gorge  d'Enfer,  voisine  par 
ses  produits  archéologiques  des  époques  moustiérienne  et  solu- 
tréenne. 

Après  avoir  dit  adieu  à  ces  stations  classiques,  nous  aurions  bien 
volontiers  visité  la  Madelaine  et  le  Moustier;  mais  pressés  parles 
exigences  du  temps,  nous  avons  dû  nous  rendre  à  la  petite  ville  de 
Bugue,  baignée  par  la  Vézère,  oii  nous  attendaient  les  confrères 
qui  s'étaient  momentanément  séparés  de  nous. 


866    !..   LA!1[>B5QUE.  —  STATION  pnftlUSTORlQUF  1>K  COMBE-CAPBLLF.    15  Sept. 

Excursion  à  ta  station  préhistorique  Ht  Combe- Copelle 
Par  l'Abbé  L-.  Landesque. 

Les  Membres  de  la  Société  géologique,  après  avoir  examiné,  sons 
la  direction  de  notre  savant  et  sympathique  président,  les  intéres- 
santes coupes  des  terrains  crétacés  du  voisinage  de  Beau  mont, 
quittèrent,  dans  l'après-midi,  cette  charmante  petite  ville,  pour 
prendre  le  chemin  de  Belvès. 

En  remontant  le  cours  de  la  Cou/.e,  surtout  depuis  son  embou- 
chure jusqu'au  gracieux  village  de  Montferrand,  sur  un  parcours  de 
16  kilomètres,  les  stations  préhistoriques  sont  tellement  nombreuses 
et  si  importantes  pour  la  plupart,  qu'un  archéologue  ne  peut  passer 
par  là  sans  les  visiter.  Ce  qu'il  y  a  de  vraiment  remarquable,  outre 
leur  multiplicité,  c'est  de  voir  à  peu  près  tous  les  âges  de  la  pierre 
échelonnés  sur  une  aussi  faible  distance.  Voici,  du  reste,  par  rang 
d'ancienneté  celles  qui  méritent  d'être  citées:  Combe-Capelle 
(époque  chéellenne  7)  ;  Le  Hoc  (époque  mousliérienne)  ;  les  Champ- 
blancs  (époque  solutréenne),  la  plus  remarquable  qui  ait  été  fouillée 
en  France;  les  trois  grandes  grottes  de  Mazerat  (solutréen  et 
magdalénien).  La  Société  géologique  n'ayant  pas  le  loisir  de  se 
rendre  à  chacune  de  ces  importantes  stations,  ne  peut  s'arrôter  que 
quelques  instants  à  celle  de  Combe-Capelle,  sur  la  position  et  sur 
l'industrie  de  laquelle  nous  allons  donner  quelques  détails. 

C'est  en  août  1885  que  j'ai  découvert,  à  1Ô0()  mètres  de  Montfer- 
rand,  l'important  atelier  de  Combe-Capelle,  le  plus   ancien,  sacs 


1687.   L.  LANDBSQUE.  —  STATION  PRÉHISTORIQUE  DE  COUBK-CAPELLE.      867 

ne  dépassent  pas  une  certaine  limite,  c'est-à-dire  qu'on  ne  les 
retrouve  plus  au  delà  de  300  mètres  en  aval. 

Quelques  jours  après  la  découverte  de  ce  beau  gisement,  je  revins 
à  Combe-Capelle,  où  le  sieur  Duchamps,  propriétaire,  voulut  bien 
m'aider,  moyennant  l'honnête  rétribution  d'un  ouvrier,  dans  Topé- 
ration  des  fouilles.  J'ai  donc  pu  constater  d'abord  que  depuis  l'étiage 
de  la  Couze  jusqu'au  foyer  de  la  station,  tous  les  silex  appartiennent 
bien  à  la  môme  époque;  qu'ensuite  les  matériaux  fournis  par  le 
Campaniea  ont  tous  été  pris  sur  place,  sauf  quelques  rares  échan- 
tillons qui  proviennent  des  silex  noduleux  de  Greyssc  ou  de  Mouley- 
dier. 

En  outre,  les  aborigènes  de  Combe-Capelle  ont  employé,  pour  écla- 
ter et  tailler  le  silex,  les  cailloux  roulés  en  quartzite  et  en  granité  des 
gravières  de  la  Dordogne.  Je  dirai  plus  :  j'ai  des  quartzites  polis  par 
le  frottement  sur  quatre  faces  pour  éviter  sans  doute  de  se  blesser  en 
frappant. 

Voici,  quant  aux  différentes  formes  de  silex,  celles  qui  me  parais- 
sent les  plus  typiques  et  en  môme  temps  les  plus  nombreuses  : 

1°  Fers  de  lances,  dits  haches  chelléennes,  bi-convexes,  tran- 
chants sur  tout  leur  pourtour  (type  le  plus  commun). 

2°  Coups  de  poing  ou  lances,  faciles  à  empoigner  sans  se  blesser 
la  main  —  le  plus  souvent  bi-convexes,  plus  rarement  convexes  sur 
une  face  (type  commun). 

3°  Grattoirs  simples,  allongés,  doubles  passez  communs;. 
4°  Disques  plats  sur  les  deux  faces  (rares,/. 
?i°  Lentilles  bi-convexes  (rares). 
6°  Pointes  (forme  moustiéiienne)  très  rares. 
7"  Perçoirs  (très  rares). 

8°  Percuteurs  en  silex,  en  quartzite  et  en  roche  gneissique,  gé- 
néralement arrondis  (communs). 

9°  Hacloirs,  type  mousliérien,  très  rares  ici,  rudimentaires. 
10°  Lance  pointue  des  deux  bouts,  retouchée  sur  ses  bords  laté- 
raux, forme  solutréenne  —  très  rare. 

11°  Couteaux,  —  un  seul  retouché  sur  ses  deux  faces  parallèles. 
Les  formes  typiques  des  couteaux  moustiériens,  solutréens  et  magda- 
léniens n'y  sont  pas  connues.  Aucun  ossement  travaillé. 

Quant  à  la  faune,  bien  que  les  débris  de  squelettes  y  soient  nom- 
breux et  très  fracturés,  elle  me  paraît  jusqu'ici  du  moins  assez  res- 
treinte. Voici  quels  sont  les  animaux  que  j'y  ai  reconnus  : 

ft<*s  jtrimifj' n'Ui  {tns  coiiiinmi).  F.'/u>/<<  <nl.<!lln$  (i-nnuiiui].. 

f-V/VMJJ  Wfjtwros  (;i"SC/.  lvsiiîiuui1.  t'tniis  r/t/fi-s    Uvs  rare). 

—       cl  iphns  (rare).  Wtin(>C'/',.s  h'rh>trinus  ;  assez  rare). 

XV.  56 


868   L.  LANDKSQ.UB.  —  STATION  PRÉHISTORIQUE  l)B  CONBR-CAPELLE.    15  Sept. 

Comme  les  Touilles  se  continuent  encore,  il  peut  se  faire  qu'elles 
nous  révèlent  de  nouvelles  espèces.  Je  crois  nécessaire  de  rectifier 
ici  ce  que  j'ai  avancé  dans  mon  mémoire,  lu  à  la  réunion  de  l'Asso- 
ciation française  à  Toulouse,  au  sujet  de  la  présence  du  renne  à 
Combe-Capelle.  J'avais  cru  d'abord  qu'une  première  molaire  supé- 
rieure droite  de  Cercut  ela/Jim,  appartenait  à  un  renne;  après  plus 
sérieux  examen,  j'ai  compris  que  c'était  une  erreur. 

Quant  à  savoir  à  quel  Age  appartient  cet  atelier,  la  question  me 
parait  assez  complexe.  Toutefois,  il  est  certain  qu'il  est  antérieur  an 
diluvium  rouge,  ce  qui,  d'après  moi,  détruit  l'opinion  de  M.  Van  den 
Broeck  qui  assimile  ce  dernier  diluvium  avec  \n  diluvium  gris  dei 
vallées  (1)  ;  il  est  aussi  postérieur  au  diluvium  gris,  puisque  les  tro- 
glodytes ont  utilisé  comme  percuteurs  ses  cailloux  roulés.  Il  se  rap- 
procherait du  moustiérien,  mais  celui-ci  présente  des  types  pins 
perfectionnés;  les  fers  de  lances  y  sont  plus  rares,  et  les  couteaux,  les 
pointes  et  les  racloirs  bien  plus  nombreux.  L'industrie  de  Combe- 
Capelle  est  plus  grossière,  mais  plus  variée  que  celle  du  Moustier. 

C'est  donc  un  gisement  intermédiaire  entre  l'époque  la  pin! 
ancienne  et  celle  du  Moustier,  ou  plutôt,  c'est  une  même  époque 
puisque  ce  sont  à  peu  près  les  mêmes  types  et  la  même  faune. 

Fig.  8.  —  Coupe  de  la  station  de  Combe-Capelle 


4887.  COLLOT.    —   EXCURSION  A   BELVÈS  ET  SARLAT.  869 

J'avais  prié  le  propriétaire  de  la  station  de  ramasser  tous  les  silex 
taillés  qu'il  pourrait  rencontrer  quelques  jours  avant  l'arrivée  de  la 
Société,  afin  que  chaque  Membre  pût  emporter  un  souvenir  de  ce 
gisement. 

J'ai  vu  avec  plaisir  que  ce  que  j'avais  désiré  s'était  bien  réalisé,  et 
que  les  silex  de  Combe-Capellc  seraient  bientôt  connus  de  tous  nos 
savants  confrères  que  ces  études  intéressent  et  de  tous  les  archéo- 
logues amis  du  préhistorique. 

M.  Collot  présente  le  compte  rendu  de  l'excursion  deBelvès. 

Compte  rendu  de  /'excursion  du  {^^e^lemhrey  au  sud  de  Belvès, 

et  du  voyage  à  Sarlat, 

par  M.  Collot 

La  Société  est  partie  de  Belvès  à  sept  heures  du  malin,  par  la  route 
latérale  au  chemin  de  fer,  dans  la  direction  du  Got.  Elle  a  mis  pied  à 
terre  au  passage  à  niveau  du  moulin  Petit,  un  peu  avant  l'entrée  du 
tunnel  de  laTrape  (Voir  lig.  !))  (T).  C'était  le  point  extrême  de  l'excur- 
sion. Elle  s'est  engagée  immédiatement  sur  la  voie  ferrée  qu'elle  de- 
vait suivre  sans  cesse  pour  rentrer  à  Belvès.  Le  calcaire  qui  borde  la 
voie  auprès  du  passage  à  niveau  appartient  au  Santonicn  le  plus  infé- 
rieur :  il  est  grenu,  rosé,  et  se  débite  en  plaquettes  cristallines.  Les 
rares  fossiles  qu'il  renferme  ne  se  montrent  que  sur  les  parois  corro- 
dées des  fentes  et  poches  qui  y  sont  creusées,  sous  l'argile  qui  les 
remplit.  M.  Arnaud  a  rencontré  dans  ces  calcaires:  IladioUtes  Mauldei 
Coq.,  Nucieolites  minot\  Catopyyus  elonyatus,  nombreux  Bryozoaires, 
traces  de  Foraminifères. 

Les  couches  plongent  vers  le  Nord.  Comme  dans  toute  la  région 
que  nous  avons  parcourue,  cette  pente  est  assez  faible  pour  donner 
au  pays  le  caractère  d'un  plateau  profondément  découpé  dans  tous 
les  sens  par  les  rivières.  Ce  caractère  frappe  le  géologue  habitué  aux 
fortes  inclinaisons,  aux  plissements,  aux  crôtes  aigu&s,  du  Sud-Est 
de  la  France.  Toutefois  la  pente  est  supérieure  à  celle  de  la  voie 
(0m  01  par  mètre),  de  manière  que  celle-ci  recoupe  «les  couches  de 
plus  en  plus  élevées,  à  mesure  quelle  se  dingo  vers  Belvès.  Nous 
sommes  sur  le  revers  nord  d'un  pli  anticlinal  dont  le  sommet  est 
vers  l'entrée  du  souterrain  de  la  Trape. 

En  approchant  du  pont,  la  roche  prend  un  grain  moins  serré,  des 
éléments  sableux  plus  abondants,  quelques   veines  rouireàtres  plus 

(1)  Cette  ligure  est  empruntée  aux  Pin/ils  »/i'm/i) ,"y//?s  fas  cfu-uisns  dr  fer  d'Urtean, 
par  M.  Arnaud,  1377. 


870  C0LL0T.   —    BXCCHSION   A  BBLVÊS   ET  SABLAT.  15  Sept. 


cJw.*£  u;  j[i  jauim^ 


1887.  GOLLOT.    —   EXCURSION   A   BELVÈS  ET   SARLAT.  871 

altérables  :  on  y  reconnaît  d'assez  nombreux  polypiers  imparfaite- 
ment silicifiés.  Au  moulin  Lescot,  la  Société  a  rencontré  le  front 
d'une  carrière  qui,  exploitée  lors  de  la  construction  du  chemin  de 
fer,  a  fourni  les  pierres  d'appareil  des  nombreux  travaux  d'art  de  la 
voie.  Elle  est  ouverte  dans  un  calcaire  jaune,  homogène,  présentant 
généralement  un  grain  serré  et  une  grande  consistance,  traversé 
toutefois  sur  quelques  points  par  des  zones  sableuses  friables.  Dans 
ces  parties,  les  ramiers  se  sont  creusé  des  abris.  Au  premier  aspect, 
M.  Arnaud  reconnaît  le  banc  à  Botryopygus,  dont  la  solidité  se  main- 
tient avec  constance  dans  le  bassin.  En  effet,  deux  exemplaires  sont 
extraits  séance  tenante  de  la  roche,  mais  privés  de  leur  test.  M.  Ar- 
naud avait  antérieurement  recueilli  au  même  point  un  grand  individu 
paraissant  appartenir  au  Botryopygus  Toucan,  bien  distinct  par  son 
allongement,  du  B.  Arnaudi  Cott.,  trouvé  près  de  Sarlat  au  môme 
niveau.  Au-dessus  de  la  zone  à  Botryopygus,  très  étroite  dans  la  car- 
rière, on  a  reconnu,  mais  hors  de  portée,  un  banc  à  Hippurites.  Par 
suite  du  plongement  des  couches  quelques  lambeaux  du  banc  se  sont 
offerts  à  nous  le  long  de  la  voie,  à  quelques  pas  plus  loin.  J'ai  rapporté 
un  fragment  de  grande  taille  de  cette  hippurite  qui  concorde  parla 
brièveté  excessive  de  l'arête  cardinale  et  la  position  des  piliers  avec 
le  //.  di  la  fat  us  des  Corbièrcs.  11  y  aurait  peut-être  à  signaler  une 
légère  différence,  la  section  du  */-'  pilier  étant  droite  dans  la  forme 
de  Belvès,  tandis  qu'elle  se  recourbe  fortement  vers  le  1er  dans  la 
forme  des  Corbières.  Quelques  échinides  font  saillie  sur  les  parties 
corrodées  du  calcaire  :  Salenia  scutigera,  Goniopygus  royanus%  Cypho- 
soma  remus,  etc. 

Au  sommet  de  la  carrière  et  plus  loin,  le  long  de  la  voie,  un  cal- 
caire marneux,  blanchâtre,  pétri  ù'Ostrœavesiculuris  de  petite  taille  et 
d'O.  proùoscidea,  marque  la  partie  moyenne  du  Santonien.  M.Arnaud 
nous  fait  remarquer  combien  cette  zone,  constante  dans  toute  Té- 
tendue  du  bassin,  est  heureusement  placée  pour  tracer  un  point  de 
repère  dans  l'épaisseur  du  Santonien  dont  les  assises  inférieures  et 
supérieures  sont  souvent  formées  de  roches  similaires,  faciles  à  con- 
fondre. Ces  marnes  passent  supérieurement  à  des  calcaires  d'appa- 
rence finement  sableuse,  plus  solides,  en  rognons,  avec  silex  noirs 
ou  laiteux.  Les  Ostracées  peuplent  presque  exclusivement  celte  zone  ; 
avec  elles  on  a  recueilli  :  Fau/asia  Delaunayi,  llemiasler  nasutulus, 
Pyrina  o  vu  lu  m. 

A  la  sortie  de  la  tranchée  du  ftost  redon,  la  succession  régulière 
des  couches  paraît  un  moment  interrompue  et  nous  tombons  dans 
une  poche  de  marnes  et  sables  tertiaires  qu'une  petite  faille,  avec 
plongement  synclinal  des  deux  lèvres,  a  amenés  au  niveau  de  la  voie. 


872  COLLOT.    —    EXCURSION   A    BKLVÈS    LT   SABLAT.  15    Sept. 

Au  delà,  dans  la  tranchée  de  lu  Tuques,  les  couches  ne  lardent  pu  à 
reprendre  leur  plongemcnt  nord  et  noua  sommes  dans  le  Saa- 
tonien  supérieur,  avec  un  calcaire  llnement  sableux,  roux,  qui  plus 
haut  devient  gris  et  marneux  et  passe  même  à  un  sable  micacé,  fin, 
blanchâtre.  De  l'autre  côté  du  souterrain  de  la  Trape,  d'après 
M.  Arnaud,  ces  couches  renferment  Ostrœa  acutirontris  :  ici  ce  fossile 
ne  se  rencontre  pas.  De  nombreux  rudisles  occupent  cet  horizon: 
Rudiotite»  Mattitlui  Coq,  (1),  //.  fissicu&tatus,  Spltœrulites  Coquandi,  Sph. 
paiera,  Sph.  JJœningkausi  et  des  liippuritet  dont  un  grand  exemplaire 
a  été  rencontré  par  M.  de  ltouville  empâté  dans  la  roche.  C'est  dans 
cette  tranchée  qu'a  été  découvert  V //emipittastcs  tenuiporus  décrit 
parM.  Cotteau.  La  partie  la  plus  élevée  de  cetensemble  contenantes 
rognons  de  silex  vineux,  aspécialementfourni,  avecquelques  fossiles 
déjà  cité*  :  Trigonia  limbala,  Crassalelln  Marroti,  Hemiaster  nasutuiut, 
Holectypta  turtmensis,  Clyptotampat  contais.  C'est  la  (in  du  Santonien. 
Le  Campanien  s'est  montré  au  delà  du  viaduc  do  Larzac,  dans  les 
tranchées  suivies  du  Puech  Goudou  à  Combecave.  Le  faciès  de  la 
roche  tranche  complètement  sur  celui  des  couches  précédentes.  Ici 
l'élément  sableux,  si  fréquent  dans  les  étages  précédents,  fait  com- 
plètement défaut  ;  l'alternance  iirégnliôre  du  calcaires  compacts 
souvent  jaunes,  parfois  cristallins,  avec  d'autres  roches,  fait  place  à 
l'uniformité  d'une  grande  masse  de  calcaire  blanc,  un  peu  crayeux, 
gélir.  Quelques  grains  de  glauconie  sont  semés  dans  la  roche,  des 
lits  plus  marneux  et  des  cordons  de  silex  parfois  tabulaires  en  des- 
sinent lastratillcation.  Nous  avons  déjà  observé  les  mêmes  caractères 
et  en  particulier  cet  aspect  zone  des  coupes  à  Talmont  :  c'est  dire 
formilè  des  caractères  dans  luulul'Ëleudiie  du  bai 


1887.  COLLOT.    —   EXCURSION  A   BELVÈS    ET  SABLAT.  873 

dogne  ;  Q&trœa  oxyrhyncha^  0.  plici/ha,  Tercbratula  I\anclasit  Pyrina 
petrocoriensîs,  Cyphosoma  Arnaudi.  J'ai  en  outre,  remarqué  de  nom- 
breux débris  d'algues  calcaires. 

Nous  arrivons  à  Combecave,  peu  en  deçà  de  Boives,  au  centre  de 
la  cuvette  que  forme  le  Gampanien.  Dans  le  haut  de  cet  étage,  Télé- 
mont  sableux  fait  une  réapparition,  d'abord  sous  la  forme  de  minces 
filets  interstralifiés,  puis  en  bancs  plus  purs.  Ces  parties  sont 
perméables  et  dessinent  dans  la  tranchée  un  niveau  d'eau  bien 
marqué.  Les  bancs  sont  verdàtres  dans  l'intérieur  par  la  glaucome, 
et  le  fer,  entraîné  par  les  infiltrations  ressort  à  la  surface  avec  une 
couleur  de  rouille.  VOrbitoUles  média  qui,  dans  les  bancs  supérieurs 
du  Campanien  annonçait  déjà  le  prochain  avènement  de  l'époque 
dordonienne,  peuple  ces  bancs-ci  avec  Ilhynchopygus  AJarmini, 
Hemiasier  MouHnsianus,  etc. 

Sur  la  voie,  on  ne  trouve  pas  de  couche  plus  élevée,  mais  la  coupe 
a  été  complétée  en  suivant  la  route  qui,  de  Fongaufiier,  monte  à 
Belvès.  Après  avoir  reconnu,  au-dessous  de  la  gare,  le  Campanien  à 
Exogyra  Matheroniana  et  à  Cyphosoma  Arnaudi,  dont  un  bon  exem- 
plaire a  été  recueilli,  on  a  atteint,  au  pont  supérieur  à  la  voie,  les 
sables  verts,  qui  couronnent  la  tranchée  du  chemin  de  fer.  Meubles 
sur  certains  points,  ils  laissent  dégager  de  nombreux  Orbitoides 
média  avec  quelques  Ilemiastar  nu&utnlas  et  Pyrina  pelrocoriensis.  Les 
sables  supportent  des  calcaires  d'un  aspect  très  voisin  de  celui  du 
Campanien  ;  ils  sont  blancs  ou  bleuâtres,  alternativement  marneux 
et  solides,  avec  silex.  Il  serait  donc  facile  de  les  confondre  avec  ceux 
de  l'étage  précédent  si  la  succesMon  des  différents  termes  ne  pou- 
vait être  suivie  d'une  manière  continue  et  si  leur  distinction  n'était 
confirmé:  parla  faune.  C'est  en  ellet  dans  la  ramp**  même  de  Helvès, 
au-dessus  des  sables  à  /Utynr/nt/jj/fjus  Marmini,  qu'a  été  recueilli  le 
Cly/ieolainjjas  orbicularis  (i)  remarquable  par  la  forme  lyrée  de  sa 
rosette  buccale,  caractère  commun  nuxClypeolampas  dordoniens: 
C.  Leskci  et  C.  acutus. 

En  continuant  l'ascension  de  la  rampe,  on  rencontre,  au  détour 
de  la  route,  un",  source  née,  comme  celles  qui,  plus  haut,  alimentent 
la  ville,  à  la  jonction  du  Dordonien  inférieur  et  du  Dordonien  moyen. 
La  distinction  des  deux  assises  est  facile  h  saisir  :  le  Dordonien  moyen, 
d'une  constitution  homogène,  est  formé  par  une  roche  dure,  h 
grains  miroitants,  exploitée  comme  moellon.  Sa  solidité  est  attestée 
par  l'ancienneté  des  construction*  et  notamment  par  celle  de  l'église 

(I.  AniiUil.  Mémoire  *nr  h-  turain  crtltice  du  S.-O,  de  l<i  Franc*;  p.  87,88, 
pi.  Vf,  li'rr.  4,  pi.  vin,  lirr.  11-15. 


874  COll-OT.    —    RXCURSI0N    A    BELVÈS   ET   SABLAT.  15  Sept 

de  Belvès.  Elle  est  naturellement  jaune  et  elle  a  pris  par  sa  longue 
exposition  à  l'air  un  ton  très  chaud.  Le  changement  de  coloration 
dans  celle  partie  de  l'étage  a  été  déjà  constaté  par  la  Société  à 
Meschers.  Le  Dordonien  moyen  de  Belvès  peu  riche  en  fossiles  et 
rebelle  à  leur  extraction,  a  fourni  à  M.  Arnaud:  Peclen  Dujardini 
d'Orb.,  Itatliulites  royanus  d'Orb.,  IS'uctealites  minimus  Ag.,  Salenia 
Bourgeoisi  Coll.,  E chinant hui  Ueberti  Coll. 

Après  le  déjeuner  la  Société  a  pris  le  chemin  de  fer  pour  se  rendre 
à  Sarlal.  Plusieurs  membres  ont,  en  attendant  le  train,  exploré  11 
paroi  de  la  tranchée  de  la  (rare,  qui  entame  le  Campanien  et  an 
sommet  de  laquelle  on  aperçoit  les  sables  dordoniens.  Ils  ont  trouvé 
là  surtout  des  Oslrœa  plicifera.  Une  fois  en  wagon,  ceux  qui  avaient 
la  bonne  fortune  d'être  avec  notre  cher  président  ont  été  renseigné: 
par  lui  sur  les  couches  que  nous  traversions.  Les  couches  se  relevant 
de  Belvès  à  Siorac,  ils  ont  vu  apparaitre  le  Santonien  supérieur 
dès  la  troisième  tranchée  pour  ne  plus  la  quitter  jusqu'à  Siorac. 

Là  est  la  bifurcation  pour  Sarlat.  La  voie  ferrée  s'engage  sur  la 
rive  gauche  de  la  Dordogne  qu'elle  suit  en  tranchées  presque  con- 
tinues jusqu'auprès  do  Saint-Cyprien.  Nous  reprenons  !a  série  des 
calcaires  micacés  et  un  peu  glauconieux  à  silex  noirs,  zone  de  transi- 
tion du  Campanien.  M.  Arnaud  nous  signale,  successivement,  des 
calcaires  arénacés,  aquifères,  avec  /ii/i],uritet  diltila/us,  à  Marnac; 
puis  les  calcaires  jaunes  du  Coniacien  et  du  Provencien.  Les  bancs 
de  ces  derniers  étages  relevés  à  43°  sont  amincis  par  la  pression  au 
voisinage  d'une  faille  qui  fait  pointer  le  Jurassique  à  SO  m.  au-dessus 
de  la  vallée.  Ce  terrain   est  signalé  de  loin  par  tes  fours  à  chaux 


1887.  MOURET.   —   EXCURSION   AUX  MINES   DE   SWKYROLS  875 

de  Saint-Cyprien,  descendent  à  mi-côte  et  cèdent  la  place  du  som- 
met aux  calcaires  coniaciens. 

A  quelques  centaines  de  mètres  avant  Beynac,  les  calcaires  pro- 
venciens  sont  arrivés  à  peu  près  au  niveau  de  la  rivière,  mais  à  partir 
de  là  ils  se  relèvent  pour  prendre  une  pente  inverse,  vers  l'Ouest. 
Aussi  à  Beynac  est-ce  PAngoumien  que  la  route  longeant  la  rivière 
entame  en  tranchée.  Les  escarpements  qui  dominent  cette  roche 
sont  tout  d'une  venue,  pourtant  ils  correspondent  encore  à  deux 
autres  étages  distincts,  le  Provencien  et  le  Coniacien.  Nous  admi- 
rons, de  la  rive  gauche  où  nous  avons  momentanément  passé, 
pour  couper  le  coude  que  la  rivière  fait  en  cet  endroit,  le  château  de 
Beynac  pittoresquement  posé  sur  ces  roches. 

A  Yézac,  la  voie  quitte  la  vallée  de  la  Dordogne  et  s'engage  sur 
une  rampe  qui  doit  nous  conduire  à  Sarlat.  La  première  tranchée 
coupe  les  calcaires  jaunes  provenciens.  Au  moulin  de  l'Evêque 
affleurent  les  marnes  grises  coniaciennes,  à  Ithynchonellapetrocorien- 
sis;  plus  haut  les  calaires  glauconieux  à  silex  noirs,  déjà  observés  à 
Saint-Oirq,  enfin  les  calcaires  jaunes,  grenus,  arénacés,  traversés 
par  des  bancs  cristallins,  rougeâtres,  qui  nous  ont  accompagnés 
jusque  dans  Sarlat.  Cette  masse  puissante  de  calcaires,  peu  fossili- 
fères, comprend  le  Coniacien  el  peut-être  la  base  du  Santonien,  dont 
les  caractères  sont,  au  début,  tellement  voisins  de  ceux  du  Conia- 
cien qu'il  est  difficile  de  les  distinguer  sûrement.  Personnellement, 
ces  calcaires  roux,  plus  ou  moins  cristallins  et  gréseux  me  rappe- 
laient des  calcaires  semblables  qui  sont  associés  aux  calcaires  à  Hip- 
puritesdes  Bouches-du-Rhône. 

Séance  du  vendredi  10  Septembre,  à  Sarlat. 

PRÉSIDENCE   DIS   M.    ARNAUD. 

La  séance  est  ouverte  à  une  heure  de  l'après-midi,  à  l'hôtel  de  la 
Madeleine,  à  Sarlat. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  Mouret  rend  compte  de  l'excursion  faite  le  matin  mùme  à 
Simeyrols  : 

Compte  rendu  de  l'excursion  du  10  Septembre  aux  mines  de 

Simeyrols 

par  M.  Mouret. 

Dès   le  matin,  la  Société  prend,  en  voiture,  la  route  de  Sainte- 
Nathalène  et  Simeyrols. 
La  montée  de  Sarlat  à  la  Croix  Dalon  a  permis  à  la  Société  de  relever 


876  H0UI1KT.    —    EXCURSION    AUX*   MINES    I)K    SIHfcïBOLS         16  tBpL 

la  coupe  des  terrains  depuis  la  partie  supérieure  du  Coniacien  sut 
laquelle  la  ville  de  Sarlat  est  construite,  jusqu'au  sommet  du  Santo- 
nion.  On  a  reconnu,  au-dessus  du  Couiacien,  les  calcaires  jaune-rou- 
gcâlrcsen plaquettes  du  Santonien  inférieur,  couches  exploitées  pour 
moellons  en  plusieurs  points,  le  long  de  la  roule,  alors  que  le  Couia- 
cien supérieur  est  exploité  pour  pierre  de  taille,  à  Sarlat  même,  à  la 
station  de  Sarlat,  au  Griffoul,  etc.  Ces  couches  rou goitres  sont  sur- 
montées parle  banc  de  calcaire  dur,  compact,  à  Botryopygut, 

Au  détour  de  la  route,  la  partie  supérieure  du  Santonien  moyen 
(couches  à  Oitrea  veiicularis  et  proboscidwa)  a  éLé  attaquée  en  tran- 
chée. Aux  ostracées  sont  associés  :  Jtadiolites  fissico$tatus,  liadiolUu 
ingens,  Spliœruittes  Haninghausi,  HippurtUs  dilalatus,  Ihppurilti  bio- 
culatmi  etc. 

La  route  traverse  le  faite  de  la  Croix  Dalon  en  tranchée,  et  dans 
les  talus  de  déblai  sableux,  quelques  membres  ont  pu  recueillir  le 
Hadiolites  Mauldeî  Coq-,  très  abondant  en  ce  point  et  à  ce  niveau. 

Le  faite  do  part  et  d'autre  de  la  route  qui  traverse  un  col,  est  cou- 
ronné par  des  couches  solides  de  calcaires  à  orbicultnes  communes 
à  la  base  du  Campanien.  C'est  la  limite  orientale  des  affleurements 
de  cet  étage  dans  le  bassin  du  Sud-Ouest  de  la  France. 

A  partir  du  faite,  la  route  suit  les  replis  du  terraio  déprimé  à  cause 
de  la  présence  des  sables  du  Santonien  supérieur,  —  Au  Pecb  d'Em- 
brun, la  Société  a  pu  voir,  au  pied  d'un  mamelon,  une  grande  car- 
rière ouverte  dans  ces  sables  que  l'on  a  parfois  confondus  avec  les 
sables  de  l'époque  tertiaire.  Les  sables  sanloniens  en  diffèrent  ce- 
pendant par   leur  stratification  accusée,   par  l'absence  de  galets  de 


1887.  MOUBET.    —   EXCURSION  AUX  MINKS  DE   SIMBYBOLS  877 

cinn  »  de  Coquand  et  dont  les  blocs  épars,  à  arêtes  anguleuses,  se 
font  voir  dans  les  taillis  ;  puis  les  sables  qui  constituent  la  base  de 
l'étage  et  qui  sont  généralement  masqués  par  la  terre  végétale.  La 
Société  aurait  pu  voir,  dans  les  environs  de  Carlux,  des  affleurements 
de  ces  sables,  si  les  exigences  du  retour  n'avaient  imposé  une  modi- 
fication au  programme  primitif.  La  mOme  cause  n'a  pas  permis  à  la 
Société  d'étudier,  sur  la  route  qui  conduit  à  Salignac,  à  la  montée 
qui  suit  la  Bigayre,  une  fort  belle  coupe  de  la  partie  inférieure  du 
Virgulien,  du  Cénonamien  et  du  Ligérien. 

Le  Virgulien  qui  présente  le  môme  faciès  marneux  qu'à  Cahors,  en 
bancs  durs,  lithographiques,  bien  réglés,  alternant  avec  des  marnes 
schisteuses,  contient  des  lumachelles  à  Exogyra  virgula,  Pholadomya 
Protei,  et  quelques  ammonites  dont  nous  n'avons  pu  recueillir  d'é- 
chantillons déterminables,  du  groupe  des  Pcrisphinctes.  Le  Cénoma- 
nien  est  sous  forme  d'un  calcaire  sableux,  très  dur,  à  grains  gros- 
siers, d'une  épaisseur  de  0IU50  et  pétri  d'Ichtyosarcolites  (Caprinella 
triangularis)  en  fragments  plus  ou  moins  roulés,  avec  Terebratula 
biplicata,  débris  d'oursins,  etc.  Cette  couche  repose  en  discordance 
bien  nette  sur  le  Virgulien  dont  les  strates  sont  beaucoup  plus  incli- 
nées. 

Elle  est  surmontée  par  les  bancs  à  Ostrea  columba  du  Ligérien. 

La  Société  a  gravi  la  côle  qui  conduit  à  Simeyrols,  et  qui  se  trouve 
dans  les  calcaires  blancs,  terreux,  de  l'Angoumien,  avec  nombreux 
gastropodes,  ptérodontes,  natices,  Linthia  oblonga,  Ostrea  Ar- 
naudi.  etc. 

Sur  le  faite,  près  du  Pech  de  Lafond,  les  sables  tertiaires  recou- 
vrent le  Crétacé  ;  néanmoins  le  puy  même  est  formé  par  les  sables 
et  calcaires  provenciens.  —  Ce  sont  ces  calcaires  non  gélifs,  déjà  ob- 
servés à  Sainte-Nalhalène,  qui  fournissent  la  meilleure  pierre  de 
taille  du  pays  et  qui  ont  été  activement  exploités  à  Carlux  pour  les 
travaux  de  chemin  de  fer. 

Près  du  hameau  de  la  Serre,  la  Société  met  pied  à  terre.  Elle  se 
trouve  sur  le  faîte  qui  sépare  les  vallées  de  l'Knéa  et  de  la  Borrèze, 
ruisseaux  affluents  de  la  Dordogne. 

Au  point  même  où  se  trouve  la  Société,  la  route  est  ouverte  dans 
les  bancs  de  l'Angoumien  inférieur.  —Les  calcaires  crétacés  qui,  sur 
le  faîte,  ne  présentent  qu'une  légère  inclinaison,  plongent  fortement 
vers  le  Sud-Oue?tf  à  l'Ouest  du  faîte.  —  Cependant  les  vallons  sont 
assez  profonds  pour  entamer  une  assez  forte  épaisseur  des  couches 
jurassiques. 

Bien  que  le  terrain  soit  très  dénudé,  il  n'est  pas  possible  d'aperce- 
voir, sur  ces  vallons,  la  ligne  de  séparation  du  Jurassique  et  du  Cré- 


878  HOCHET.    —   EXCURSION    AUX    MIRES    DR   SIMEYROLS        16    Sfipt. 

tacé.  —  Les  calcaires  du  Ligérien  et  de  l'Angoumien  ne  présentent 
pas  une  très  grande  différence  pétrographique  avec  les  calcaires 
jurassiques  des  environs  de  Simeyrols  et  donnent  naissance,  sur  ces 
pentes  rapides,  à  des  taillis.  Toutefois,  aux  abords  des  fermes  et  des 
hameaux, le  terrain  crétacé  qui  est  un  peu  plus  tendre,  plus  marneux 
que  le  Jurassique,  est  cultivé  et  alors  la  limite  des  terrains  apparaît 
aux  yeux. 

On  doit  aussi  constater  que,  par  opposition  aux  assises  crétacées 
et  liasiques,  les  couches  du  Jurassique  sont  plus  souvent  plissées. 

Le  plongement  des  couches  jurassiques,  abstraction  faite  de  ces 
plissements,  est  dirigé  à  peu  prés  dans  le  même  sens  que  celui  delà 
Craie,  mais  il  est  encore  plus  prononcé. 

Au  lieu  où  se  trouve  la  Société,  sous  le  Ligérien,  les  couches  juras- 
siques forment  une  brèche  que  l'on  retrouve  bien  en  évidence  suri» 
route  de  Salignac  à  Paulins,  là  où  -M.  Arnaud  a  trouvé  autrefois 
dans  les  bancs  supérieurs  Vf:'xo;/yia  virgula.  Mais  si  l'on  descend  le 
vallon,  en  se  dirigeant  vers  la  Iiiguyre,  point  déjà  signalé,  on  tra- 
verse des  couches  de  plus  en  plus  supérieures,  et  l'on  Doit  par  at- 
teindre les  bancs  marneux  du  Virgulieo. 

L'objet  de  la  tournée  était  surtout  la  visite  des  mines  de  lignite  de 
Simeyrols,  exploitées  depuis  longtemps,  et  qui  ont  fait  l'objet,  au 
bulletin  de  la  Société,  de  notes  de  MM.  Meugy  et  Arnaud. 

Les  bancs  ligniteux  aflleureol  sur  le  contour  du  petit  contrefort 
situé  au  N.-N.-Est  du  petit  mamelon  provencien  qui  abrite,  à  l'Ouest, 
le  hameau  de  la  Serre. 

Ces  bancs  ligniteux  reposent  en  discordance  sur  les  couches  su- 


1887.  MOURET.   —  EXCURSION  AUX  MIRES  DE  SIMBYBOLS  879 

combustibles  séparés  par  des  schistes  bitumineux.  —  A  ces  lignites 
est  associé  un  banc  de  calcaire  dur,  compact,  gris  foncé,  blanchis- 
sant à  l'air,  dont  la  Société  a  pu  recueillir  des  fragments  épars  dans 
les  dépôts. 

Ce  calcaire  contient  un  très  grand  nombre  de  fossiles  d'eau 
douce,  admirablement  conservés  et  pourvus  de  leur  test,  que  nos 
confrères  MM.  Zurcher  et  Malheron  doivent  étudier,  et  des  em- 
preintes végétales  que  M.  Zeiller  a  déterminées  et  qui  ont  été  déjà 
recueillies  dans  des  couches  cénomaniennes  de  diverses  régions  du 
globe. 

La  Société,  en  contournant  le  contrefort,  s'est  rendue  dans  le  val- 
lon de  la  Serre,  et  elle  a  recueilli  le  long  du  chemin  des  troncs  et 
tiges  silicifiés  dépendant  de  la  môme  formation. 

Dans  ce  vallon  de  la  Serre  il  y  a  eu  aussi  quelques  exploita- 
tions. 

M.  Tournier  a  signalé  à  la  Société  l'existence  d'affleurements  de 
lignite,  dans  le  vallon  compris  entre  Pleytoulet  et  les  Bernadies. 

En  dehors  de  ces  points  la  présence  du  lignite  n'a  été  constatée 
nulle  part  dans  le  voisinage  et  le  Ligérien  repose  directement  sur  le 
Jurassique. 

Toufefois,  en  quelques  points,  il  existe  quelques  lambeaux  de  Cé- 
nomanien  marin. 

Ces  bancs  ont  été  reconnus  pour  la  première  fois,  et  à  Simeyrols 
même  par  M.  Arnaud  il  y  a  quelques  années  sur  le  vu  d'échantillons 
de  Caprinella  triangularis  recueillis  dans  les  travaux  de  la  mine.  Jus- 
qu'alors la  présence  du  Cénomanien  n'avait  pas  été  constatée  au  delà 
de  la  rivière  de  l'Isle. 

Depuis,  M.  Arnaud,  sur  les  indications  de  M.  Dumas,  inspecteur 
des  bâtiments  à  la  Compagnie  d'Orléans,  a  retrouvé  des  affleurements 
cénomaniens  à  Saint-Cyprien  et  il  en  a  donné  la  description  dans  le 
bulletin  de  la  Société  (3e  série,  tome  VIII.  p.  32). 

Nous  avons  aussi  constaté  la  présence  d'affleurements  cénoma- 
niens en  divers  points  de  la  bordure  orientale  du  bassin  crétacé  à  la 
Bigayre,  à  Carlux,  dans  les  environs  de  Payrac  (Lot)  près  d'timboly 
et  de  Grèzes  (firezel  sur  la  carte),  et  au  Treil,  commune  de  Loupiac. 
Nous  avons  trouvé  aussi  le  Cénomanien,  près  de  Dommc  îDordogne). 

Dans  tous  ces  points,  on  peut  constater  directement  sa  superposi- 
tion au  Jurassique,  sans  intercalations  de  couches  lignite  uses,  et  son 
recouvrement  parle  Ligérien. 

Les  bancs  cénomaniens  sont  constitués  par  des  calcaires  gréseux, 
grossiers;  ils  sont  parfois  remaniés,  ou  même  remplissent  des  fentes 
du  calcaire  jurassique,  et  ne  sont  pas  alors  en  place.  Nulle  part  nous 


880  MOUBET.    —    EXCURSION    AUX   HIltES   DE    SIMETHOL9.  16   Sept. 

n'avons  trouvé  celte  dalle  à  oslracées  qui  recouvre  les  lignites  de 
Saint-Cyprien  et  aussi  ceux  de  la  Malvie  (la  Chape) le- Péchaud), 
comme  nous  avons  pu  le  constater  M.  Arnaud  et  moi.  Cette  dalle 
paraîtrait  donc  plutôt  de  l'Age  des  lignites  ;  toutefois  elle  n'a  pas  été 
signalée  à  Simeyrols. 

La  seule  conclusion  que  l'on  puisse  tirer  de  la  stratigraphie,  c'est 
que  rien  ne  s'oppose  à  ce  que  les  lignites  du  Sarladais  soient  ratta- 
chés an  Cénomanien,  mais  qu'en  tout  cas,  des  couches  céuoma- 
niennes  les  recouvrent  transgressivemont,  et  elles-mêmes  sont  recou- 
vertes transgressivement  par  le  Ligérien,  qui  seul  s'étend  d'une  ma- 
nière continue  etavec  un  faciès  uniforme  sur  tout  le  bassin. 

Il  est  à  noter  aussi  que  tandis  que  le  Cénomanien  ne  renferme  que 
des  fossiles  marins,  les  lignites  renferment  à  la  base  des  végétaux 
et  des  gastropodes  d'eau  douce,  ainsi  que  des  restes  de  reptiles 
sauriens,  chélonicns,  dont  les  ossements  énormes  attestent  le  remar- 
quable développement.  Mais  si  les  couches  Hgnileuses  inférieures 
sont  exclusivement  des  couches  d'eau  douce,  les  lignites  qui  les  re- 
couvrent et  renferment  des  bivalves  (corbules,  etc.)  semblent  avoir 
une  origine  sau  maire. 

La  Société,  après  l'examen  des  lignites  est  remontée  sur  la  routé, 
et  redescendue  dans  un  petit  vallon  à  l'Est  où  se  trouve  un  four  à 
chaux.  —  Dne  carrière  ouverte  dans  les  bancs  à  ammonites  du  Lige- 
rien  nous  a  fourni  jadis  un  bel  exemplaire  de  V Ammonite*  Rockt- 
brunei  Coq, 

Pressée  par  le  temps,  la  Société,  après  cet  examen  des  couches  de 
Simeyrols  a  dû  remonter  en  voiture  et  retournera  Sarlat  pour  II 
séance  de  la  clôture. 


1887.  MODRET.   —  EXCURSION  AUX  MINES  DE  SIKKTROLS.  881 

travail  a  eu  pour  résultat  la  découverte  de  deux  petites  espèces  nou- 
velles qui  augmentent  d'autant  la  liste  que  je  vous  ai  donnée. 

«J'ai  fait  subir  aux  échantillons  que  m'avait  donnés  mon  excel- 
lent et  regretté  ami  Tournoiïer  la  môme  opération  et  j'ai  obtenu  la 
mise  à  découvert  de  trois  autres  espèces:  deuxPlanorbes  et  une  Àu- 
ricule. 

«  La  liste  se  trouvera  donc  augmentée  de  5  espèces,  sans  préjudice 
de  celles  qui  viendront  s'y  joindre  quand  j'aurai  examiné  les  échan- 
tillons que  M.  Zurcher  a  en  mains. 

«  Les  échantillons  de  Tournoiïer  portent  de  très  nombreuses  em- 
preintes d'une  Mélanie  incontestablement  nouvelle,  provenant  de 
Simeyrols  mais  malheureusement  peu  déterminable,  et  des  empreintes 
d'une  Gyclade  d'une  certaine  grandeur,  mais  en  si  mauvais  état  qu'il 
est  impossible  de  la  décrire. 

uParmi  les  espèces  dont  j'ai  préparé  la  description,  le  cyclostomeou 
Cycfntus  primiyeniu*  est  une  petite  coquille  carénée,  surbaissée  et 
ombiliquée  moins  large  qu'une  pièce  de  cinquante  centimes. 

«  VHelix  pelrocoriensis  est  de  la  section  des  Carocottes  de  Lamarck, 
elle  est  donc  carénée;  elle  est  d'ailleurs  ombiliquée  en  cône  spiral, 
surbaissée,  assez  renflée  sur  la  face  ombilicale  ;  elle  est  ornée  sur 
presque  toute  sa  surface  de  stries  qui  s'entrecroisent  d'une  manière 
très  élégante  :  les  stries  longitudinales,  en  passant  sur  L-f  carène,  y 
forment  des  aspérités  subimbriquées. 

«  Physa  grannm,  ainsi  que  son  nom  l'indique,  est  de  très  petite  taille  : 
ce  n'est  pas  une  coquille  jeune  :  les  tours  de  spire  sont  nombreux. 

«  Quant  à  la  coquille  qui  me  paraît  constituer  un  genre  nouveau, 
JVisopsis,  c'est  une  contrefaçon  du  genre  AVso,  avec  ombilic  décou- 
vert, profond,  conique  :  la  spire  a  des  tours  aplatis  et  lisses  du  côté 
antérieur  de  la  coquille,  les  premiers  tours  élant  au  contraire  con- 
vexes et  chargés  de  côtes  longitudinales. 

24  novembre  1887. 

«  Ainsi  que  je  vous  le  disais  dans  ma  dernière  lettre,  je  suis  allé  hier 
à  Toulon  :  j'ai  lieu  de  me  féliciter  d'avoir  fait  sans  tarder  ce  petit 
Toyage;j*ai  vu  en  effet  chez  M.  Zurcher  des  spécimens  du  plus  grand 
intérêt  :  notamment  un  Crrithium  de  la  Malvic  exactement  semblable 
sous  tous  les  rapports  aux  échantillons  du  Gard.  Le  lien  commun 
que  je  cherchais  entre  les  deux  Gardoniens  de  la  Dordogne  et  des 
environs  d'Uzès  existe  donc  :  la  liste  des  fossiles  gardoniens  va  se 
trouver  augmentée  d'une  dizaine  d'espèces.  M.  Zurcher  m'a  confié 
tout  ce  qu'il  avait  du  Gardonien  :  je  vais  étudier  les  espèces  qui  sont 
à  ma  disposition. 


882  R.    ZKILLEH.    —    FLORE   DES   LIGMTtlS   DE    SIMEYROLS.     16   Sept. 

4  Janvier  4888. 

a  J'ai  la  sous  les  yeux  80  espèces  provenant  des  six  dépots  gardo- 
niens  que  je  connais. 

1*  Le  Sarladais,  Dordogne. 

2'  Saint-Pau  lût  cl  Mondragon,  Gard  el  Va  li  cl  use. 

3"  Turben,  territoire  du  Iteanssct,  Var. 

4°  Le  ilevest  près  de  Toulon. 

5*  Tourres  près  de  la  Valette,  environs  de  Toulon. 

6"  Fonfroide,  Aude. 

«  Le  nombre  des  espèces  de  la  Dordogne  est  de  37  et  peut-être  de 
39,  dont  quelques-unes  existent  aussi  à  S.iinl-Paulet  et  à  Turben. 
'     «  Je  travaille  sans  relâche,  mais  c'est  besogne  ardue  à  cause  surtout 
de  la  petite  taille  de  nombreuses  espèces.  » 

Note  sur  la  flore  des  lignites  de  Simeyrols, 
par  M.  R.  Zeiller  (1). 


On  sait  combien  sont  rares,  tout  au  moins  en  France,  les  restes  de 
végétaux  de  l'époque  crétacée;  on  ne  connaît  jusqu'à  présent,  en 
effet,  daus  notre  pays,  qu'un  très  petit  nombre  de  localités  où  l'on 
ait  pu  recueillir  des  empreintes  de  cet  âge  ;  aussi  y  a-t-il  uu  certain 
intérêt  à  signaler,  lorsque  l'occasion  s'en  présente,  celles  qui  ont  élé 
rencontrées,  el  nVt-il  pas  paru  inutile  de  dire  un  mot  des  quelques 
espèces  trouvées  à  Simeyrols. 

Noire  collègue  M.  Mouret  a  recueilli,  en  1883,  dans  les  calcaires 


1887.  R.   ZEILLBR.   —   FLORE   DES   UGNITKS  DE  SIHEYROLS.  883 

de  forme  globuleuse,  à  écailles  hexagonales,  rappelant  beaucoup, 
sauf  leur  taille  un  peu  plus  petite,  ceux  de  notre  Séquoia  semper- 
virens,  tandis  que  les  feuilles  très  courtes,  aiguës,  presque  squa- 
miformes,  ressemblent  au  contraire,  mais  avec  des  dimensions 
moindres,  à  celles  du  Séquoia  gigantea;  par  l'ensemble  de  leurs 
caractères,  ces  cônes  et  ces  ramules  s'identifient  exactement  avec 
ceux  que  Heer  a  représentés  dans  la  Flora  fossilis  artica  (1)  sous  le 
nom  de  Séquoia  fastigiata.  Je  ferai  seulement  une  remarque  au  sujet 
de  ce  nom  spécifique,  c'est  que  le  type  de  l'espèce  a  reçu  primitive- 
ment de  Sternberg  le  nom  de  Thuites  alicnus  (2),  et  beaucoup  plus 
tard  seulement  celui  de  Caulerpites  fastigiatus  (3)  ;  ce  dernier  nom 
doit  donc  céder  la  place  au  précédent,  et  l'espèce  doit  être  désignée 
comme  Séquoia  aliéna  Sternberg  (sp.). 

Avec  ces  ramules,  j'ai  observé  un  fragment  d'un  rameau  plus  gros, 
à  feuilles  plus  longues,  plus  étalées,  légèrement  arquées,  qui  me  pa- 
raît pouvoir  être  rapporté  au  Se quoia Reichenbachi Geinitz  (sp.);  il  res- 
semble de  tout  point  à  quelques-uns  de  ceux  que  Heer  a  figurés 
comme  provenant  des  couches  crétacées  du  Groenland  (4). 

Enfin  les  échantillons  recueillis  par  M.  Mouret  renferment  des 
fragments,  malheureusement  incomplets  et  mal  conservés,  de  feuilles 
de  dicotylédones  :  deux  d'entre  eux  appartiennent  à  des  feuilles  de 
20  à  25  millimètres  de  largeur,  à  bord  entier,  à  contour  vraisembla- 
blement ovale,  mais  ne  montrant  ni  leur  base  ni  leur  sommet;  la 
nervure  médiane,  assez  forte,  est  seule  distincte,  de  sorte  qu'il  est 
impossible  de  tenter  une  détermination. 

Une  troisième  feuille,  large  de  10  millimètres  seulement,  se  montre 
pourvue  sur  ses  bords  de  dents  à  peine  saillantes,  espacées  de  6  mil- 
limètres environ  les  unes  des  autres  ;  les  nervures  secondaires,  camp- 
todromes,  assez  étalées,  ne  sont  distantes  que  de  lmm,5  à  2  milli- 
mètres; vers  le  haut,  ce  fragment  de  feuille  long  seulement  de 
15  millimètres,  se  rétrécit  graduellement,  mais  le  sommet  manque, 
de  môme  que  la  région  inférieure.  Par  la  dentelure  de  ses  bords 
comme  par  sa  nervation,  cette  feuille  ressemble  beaucoup  à  celles  de 
certains  Myrica,  mais  elle  est  trop  incomplète  pour  qu'on  puisse 
sans  imprudence  lui  attribuer  un  nom  spécifique. 


(i)  Vol.  III,  Die  Kreide-Flora  der  ardischen  Zone,  p.  102,  pi.  XXVII,  fi;:.  5,  G; 
—  vol.  VI,  part.  2,  p.  53,  pi.  III,  fig.  7-9;  pi.  XVII,  fig.  4;  pi.  XXVIII,  fig.  «; 
pi.  XLI,  fi£.  4  à  5;  —  vol.  VII,  p.  15,  pi.  LI,  H*,  il,  12:  pi.  LUI,  lig.  3,  4. 

(2)  Ess.  fl.  monde pri m .,  i,  fasc.  4,  p.  xxxvm,  pi.  XLV,  lî :_r.  1. 

(3;  lbid.%  u,  fasr.  5-S,  p.  24. 

(4;  Flora  f'oss'arctica,  III,  Kreide- Flora,  pi.  XX,  fig.  5  a,  G  a,  6,  7  a,  b. 

XV.  .77 


864  AHHAUJ).    —    RÉSUMÉ   SDR    LA    CRAIE    DU    StID-OOEÎT.       16  Sept. 

Les  deux  espèces  de  Conifères  recueillies  à  Simeyrols  ont  élé  si- 
gnalées depuis  longtemps  sur  divers  points  de  l'Europe,  et  retrouvées 
dans  les  régions  arctiques:  le  Séquoia  Heirkenf/acfii  a  été  observé  dam 
l'Orgonien  à  Wernsdorf,  dans  le  Cénomanien  de  la  Saxe,  et  dans  plu- 
sieurs autres  localités  appartenant  les  unes  au  Turonien,  les  antres 
au  Sénonien  ;  au  Groenland  il  se  montre  dans  les  couches  urgo- 
niennes  de  Kome  et  dans  les  couches  d'Atané,  que  Heer  regarde 
comme  appartenant  probablement  au  Cénomanien.  Le  Séquoia  aliéna, 
au  contraire,  trouvé  dans  le  Cénomanipn  à  Moleteio  et  en  Bohème, 
n'a  pas  été  rencontré  à  Kome,  mais  il  parait  abondant  à  Atané  et 
persiste  jusque  dans  l'étage  de  Patoot,  dans  lequel  on  a  recueilli 
des  fossiles  marins  du  Sénonien  supérieur,  et  que  Heer  serait  porté, 
d'après  la  flore,  à  classer  dans  la  partie  la  plus  élevée  du  Crétacé. 

La  présence  de  ces  deux  espèces  à  Simeyrols  s'accorde  donc  par- 
faitement avec  ce  que  l'on  sait  de  l'âge  de  ces  ligniles,  mais  elles  ne 
suffiraient  pas  pour  en  fixer  exactement  le  niveau,  ayant  eu  l'une  et 
l'autre  une  longévité  considérable  et  ne  pouvant  par  conséquent 
fournir  de  renseignements  bien  précis.  Quant  aux  dicotylédones,  on 
ne  peut  que  constater  leur  présence,  sans  en  rien  déduire,  vu  leur 
conservation  trop  imparfaite;  mais  il  est  permis  de  croire  que  des 
recherches  suivies  amèneraient  la  découverte  d'échantillons  meil- 
leurs, qu'il  serait  à  coup  sûr  très  intéressant  d'étudier,  étant  donné 
le  pen  que  nous  savons  encore  sur  les  dicotylédones  crétacées  de 
notre  pays. 


M.  Arnaud  présente  le  résumé  des  observations  faites  sur  le  ter- 


1887.  AhNAUl).    —  RÉSUMA  SUR  LA  CBAIB  DU  SUD-OUEST.  888 

CÉNOMANIEN,  d'Orb. 

Goqoand  a  démembré  le  Cénomanien  en  trois  branches  : 

1.  Rhotomagien  :  craie  à  Pecten  asper,  Scaphites  œqualis; 

2.  Gardonien  :  argiles  à  lignites  de  l'île  d'Aix  et  des  Charentes; 

3.  Garentonien  :  calcaires  et  grès  à  Ichthyosarcolites. 

Le  Rhotomagien,  que  d'importants  travaux  tendent  aujourd'hui  à 
faire  considérer  comme  un  faciès  latéral  correspondant  aux  couches 
à  Anorthopygus  orbicularis,  ne  se  montre  pas  avec  sa  faune  dans  le 
S.-O.  Toutefois,  on  y  a  recueilli  de  rares  fragments  de  Turrilites 
costatus  à  la  base  du  Garentonien. 

CiAfiDONii  n,  Coq. 

Le  Gardonien  a  été  créé  par  suite  de  l'analogie  stratigraphique 
supposée  par  Coquand  entre  les  argiles  des  Charentes  et  la  formation 
fluvio-marine  du  Gard  (1).  Il  énonce  l'enclave  des  lignites  du  Gard 
«  entre  les  couches  à  Pecten  asper  et  Ostrœa  conira,  craie  chloritée 
de  Rouen  et  l'étage  des  0.  culumba  et  0.  plicata,  par  lequel  débute 
la  Craie  inférieure  dans  les  deux  Charentes.  » 

Les  observations  recueillies  depuis  1857,  date  des  subdivisions 
créées  par  Coquand,  ont  permis  de  préciser  d'une  manière  plus 
rigoureuse  les  éléments  du  parallélisme  ainsi  établi.  Il  en  résulte  : 

1°  Que  la  Craie  ne  débute  pas  uniformément  dans  les  Charentes 
par  les  argiles  à  lignites  ; 

2°  Que,  dans  la  Charente-Inférieure  et  l'ouest  de  la  Charente,  des 
graviers  siliceux,  grossiers,  constituent  le  premier  terme  de  la  for- 
mation crétacée  ; 

3°  Que,  dans  cette  partie  du  bassin,  les  argiles  lignilifères  leur 
succèdent  ou  alternent  avec  eux  ; 

4°  Que  la  même  alternance  s'observe  dans  les  deux  Charentes 
entre  ces  argiles  et  les  grès  marins  fossilifères  qu'elles  suppor- 
tent; 

5°  Que  les  sables  et  les  argiles  par  lesquels  débute  la  Craie  n'ont 
jusqu'à  ce  jour  livré  d'autre  fossile  qu'une  coquille  perforante  ma- 
rine, engagée  dans  les  lignites  :  Tcrah  Fleuriausi  ; 

6°  Qu'au-dessus  de  ces  argiles  reposent  dans  les  deux  Charentes 
des  grès  marins  à  Orbitolina  concava,   Anorthopygus  orbicularis,  etc. 

(l)  Description  physique,  géologique,  etc.,  de  la  Charente,  t.  I,  p.  380  et  suiv. 


886  ARNAUD.    —    RÉSUMÉ   SUR    LA   CRAIE    DU   SUD-OUEST.       16  ïfipt. 

D'un  autre  côlé,  les  études  approfondies  dont  les  formations  la- 
custres du  Midi  ont  été  l'objet  ({)  établissent  : 

1"  Que  dans  le  Gard,  entre  le  Rhotomagien  et  la  formation  ligni- 
tifère,  s'intercalent  les  grès  et  sables  à  Trigonies,  Tavien  de  Dumas, 
dont  MH.  Hébert  et  Toucas  ont  montré  l'équivalence  avec  les  grès 
du  Maine,  contemporains  des  grès  et  calcaires  inférieurs  à  Ichthyosar- 
colithes  du  Sud-Ouest  ; 

2°  Que  les  lignites  sont  surmontés  par  un  grès  calcaire  à  Ottrtxa 
columba  et  0.  flaôellata. 

Il  est  donc  logique  d'en  conclure,  comme  l'ont  fait  MM.  Hébert 
et  Toucas,  qu'il  n'est  pas  possible  de  synchroniser  avec  une  com- 
plète exactitude  les  argiles  lignitileres  des  Charentes,  antérieures  aux 
grès  à  Orbit.  concava  et  Anorthop.  orbicularis,  aux  lignites  du  Gard 
postérieurs  à  ces  mornes  bancs. 

Coquand  n'a  pas  connu  la  constitution  de  la  Craie  dans  la  partie 
méridionale  du  bassin  auquel  appartient  le  département  qu'il  a 
décrit;  là,  il  eût  pu  trouver  des  termes  de  comparaison  plus  heu- 
reux avec  les  lignites  du  Gard  :  le  synchronisme  exact  des  lignites 
du  Sarladais  avec  ceux  du  Gard  parait  aujourd'hui  sûrement  établi  ; 
purement  lacustres  à  la  base  et,  par  suite,  sans  liens  dans  cette 
période  avec  ceux  du  Midi,  les  lignites  de  Simeyrols  ont  trouvé  avec 
eux  des  termes  communs  dès  que  les  eaux  sa  u  maires  ont  rendu  pos- 
sible la  communication  des  faunes. 

Le  Gardonicn  se  trouve  donc  représenté  dans  le  Sud-Ouest,  bien 
qu'en  dehors  des  assimilations  admises  par  son  créateur. 

Quelle  place  relativo  doit-il  y  occuper?  Les  lignites  du  Sarladiis 
sont  bien  recouverts  par  un  horizon  qui  paraît  identique  a  celui  do 


1887.  ARHAUD.    —   RÉSUMÉ  SUR   LA  CRAIE  DU   SUD-OUEST  887 

B.  Calcaire  inférieur  à  Ichthyosarcolithes  ; 

C1.  Argiles  tégulines  ; 

Cs.  Sables  et  grès  à  0.  biauriculata,  Ex.  flabellata,  Ex.  columba; 

C3.  Calcaire  supérieur  à  fchtkyosarcolit/tes. 

C'est  dans  le  cours  de  cette  série  que  les  observations  précédentes 
permettent  de  Gxer  parallèlement  la  place  du  Gardonien. 

Tous  les  termes  ci-dessus  indiqués  du  Carentonien  marin  s'en- 
chaînent par  une  faune  commune  qui  en  établit  l'unité. 

Ils  sont  d'autant  plus  développés  et  complets  qu'on  se  rapproche 
davantage  de  la  limite  Nord  du  bassin  :  en  s'avançant  au  Sud-Est, 
leur  puissance  décroît  et  leur  faune  s'appauvrit  corrélativement; 
dans  le  Sarladais,  on  ne  trouve  plus,  au-dessus  des  lignites,  à  Saint- 
Cyprien,  que  les  marnes  à  0.  Oiauriculata  et  Ex.  ftabellata;  —  à 
Simeyrols,  que  les  traces  d'un  mince  banc  à  Ichthyosarcolithes  qui 
paraît  représenter  le  Carentonien  supérieur  C3.  L'absence  des  termes 
antérieurs  semble  indiquer  que  la  mer  ne  s'est  étendue  que  succes- 
sivement sur  le  bassin  et  que  la  partie  du  S.-E.,  émergée  lors  des 
premiers  dépôts,  s'est  peu  à  peu  affaissée,  obéissant  à  un  mouve- 
ment général  et  progressif,  et  n'a  été  irrégulièrement  atteinte  que 
vers  la  fin  du  Carentonien  :  ainsi  s'explique  la  constitution  du  Gar- 
donien, d'eau  douce  au  début,  sau  maire  dans  les  couches  supé- 
rieures. 

La  Société  a  trouvé  à  Piédemont  et  à  l'île  Madame  le  plus  beau 
type  du  Carentonien  de  la  région. 

En  avançant  à  l'Est,  les  caractères  du  calcaire  inférieur  observé  à 
l'île  Madame  se  modifient  :  aux  roches  marneuses  se  substituent  des 
calcaires  solides  dont  les  bancs  inférieurs  sont  exploités  comme 
pierre  de  taille  dans  une  zone  prolongée  de  Saint-Savinien,  Charente- 
Inférieure,  à  Nersac  près  d'Angoulùme  :  les  bancs  supérieurs  sont 
pétris  de  rudistes  ;  on  les  voit  à  la  gare  de  Saint-Savinien  coupés  en 
tranchée  avec  une  énorme  accumulation  de  Caprines  spathiques  ;  ils 
sont  plus  homogènes,  presque  cristallins,  près  de  Grandgent  (ligne 
de  Saint-Jean-d'Angély).  A  partir  de  Nersac,  ils  n'offrent  plus  que 
des  roches  gélives  sans  emploi  industriel. 

La  faune  se  réduit  corrélativement  :  les  orbitolines  ne  se  rencon- 
trent pas  au  delà  de  Chateliers,  près  de  la  gare  de  Sireuil  ;  —  Anor- 
thopygus  orbicularis,  au  delà  de  Nersac  ;  —  Pygastcr  truncatus,  Codiopsis 
doma,  au  delà  d'Angoulôme. 

Les  argiles  tégulines  développées  dans  la  région  moyenne  du 
bassin,  de  Chàteauneuf  (Charente),  à  Mareuil  (Dordogne)  sont  repré- 
sentées à  l'Ouest,  dans  la  Charente-Inférieure  et  dans  la  Charente, 
par  un  banc  marneux  plus  ou  moins  calcarifère  que  l'on  a  vu  inter- 


888  ARNAUD.    —    HLSUHf;   SUH     LA  CHAIK    »U   SUD-OORST.        16  sept, 

calé,  à  l'île  Madame,  entre  le  calcaire  déjà  arénacé  à  0.  carentonmtii 
et  les  sables  à  0.  biauriculata  et  Ex,  flabellata. 

Les  sables  et  les  calcaires  supérieurs  a  Ichlhyosarcolithes  pren- 
nent à  llle  Madame  un  grand  développement  :  M.  Boreau  a  trouté, 
près  du  sommet,  un  bel  exemplaire  de  sphérulite  à  bandes  plisséei  : 
Spk.  Sharpei?{l). 

Les  Céphalopodes  sont  rares  dans  le  Carentonien,  mais  les  Ecbi- 
nides  y  ont  trouvé  des  conditions  exceptionnellement  favorables  i 
leur  développement  :  on  y  a  recueilli  : 


.Van  fi  lui  trianguiarit,  Montf. 

«.,  8p. 

A  m  m  uni  iet  latidaviui,  Sharp. 


d'Orb, 


A.  ut.,  lUquieai-lniu,   il'Orb. 

Tarrilites  costatus,  Lk. 

Cidarii  pniculoia,  Ooldf . 

C.  cm  onian;  m  il,  Cou. 

C.  gibberula,  Ag. 

Mhabtlocidarii  Schlumbtrgtri,  Coït, 

Pcllaittt  acantlwïdei,  Ag. 

Salenia  gil/ba,  Ag. 

/'Hiufodïadtma  lenue,  (Ag.),  Desor. 

/>«.  Mkhetini  (Ag.).  l'esw. 

/»*.  omolum  (Gulclf.),  Desor. 

Pt.  pttudv  uniutum.  Cuit. 

Pt.  tariolare  (Brongn.),  Cott. 

Pi.  Gutrenytri,  Cou. 

Pt.  rlegantulum.  Cott. 

Orthoptit  miliarin  (')'Arch,),  Cott, 


Cottalditt  Iltnettiœ[Kœaig),  Coït. 
Pnlyryph'tt  flrtlremitujti,  Cott. 
Pygatltr  truncatui,  Ag. 
.Uiurlhopygat  vrbicularù  (Grit.),  Coll. 
Hultett/put  rxtiiM  (L'es.),  Coll. 
//.  ctHuoi'iittHtii,  Uuerenger, 
IL  trottai,  Cott. 
Purina  oratit,  ii"0rb. 
/'.  Ùttmuulirtti,  d'Arch . 
Caralumus  fuba,  Ag. 
C.  rvttiaUt,  Ag. 
Pgyattliu  macropygut.  Des. 


/'.  tHbtnfita 


'■  Ag. 


Xudtulitti  ttmitii,  Des. 

Catopygu*  carinaiut  (Goldf.),  Ag. 
C.  r.i(«whari«  (Lk.),  Ag. 
Pyyurus  lampat  (Je  la  Bille),  Du. 
JrtAincia  M»iJm»,  Ag. 
.1.  gi./aHlea,  J'Orh. 


1887.  AH  H  AU  D.   —  BÉ8UMÉ  SDR   LA   CRAIE  DU   SUD-01JKST.  && 

TURONIEN,  d'Orb. 
Ligérikn,  Coq. 

Le  Ligérien  a  été  créé  en  18G9  par  Goquand  (1),  après  qu'il  eût 
reconnu  la  nécessité  de  séparer  les  marnes  à  Terebratella  carento» 
nensis  des  calcaires  à  Gaprinelles  :  il  comprend  de  bas  en  haut  : 

D1  Calcaire  noduleux,  gélif,  gris,  verdâlre,  avec  Terebratella  ca- 
rentonensis, Arca  tailburgensis,  Pseudodiadema  variolare  et 
autres  échinides. 

D9  Marnes  et  calcaires  tendres  avec  Exogyra  columba  major. 

E.  Calcaire  gélif  avec  mômes  exogyres,  Nautilus  sublœvigatus. 
Ammonites  liochebrunei,  etc. 

La  convenance  de  la  division  à  établir  entre  les  calcaires  à  Ca- 
prinelles  et  les  couches  à  Terebratella  carentonensis,  Jnoceramus  la- 
hiatus,  etc.,  avait  été  depuis  longtemps  signalée  :  dès  1864  (2),  la 
question  avait  élé  agitée  au  sujet  de  la  présence  d'échinides  céno- 
maniens  dans  la  zone  inférieure  à  Terebratella  carentonensis;  sur  de 
nouvelles  observations  (3),  M.  Hébert  concluait  «  que  les  couches  à 
«  Hemiaster  (Linthia)  Verneuilli,  du  Port  des  Barques,  sont  supé- 
u  rieures  aux  calcaires  à  Ichlhyosarcolithes  ;  —  qu'elles  sont  à  la 
«  base  de  la  craie  marneuse;...  que  M.  Coquand  a  eu  tort  d'associer 
«  les  marnes  à  Terebratella  carentonensis  aux  calcaires  à  Ichthyo- 
«  sarcolithes...  que  cette  assise  est  la  base  de  la  zone  à  Inoceramus 
«  labiatus.  » 

Cette  manière  de  voir  fait  coïncider  le  début  de  l'étage  avec 
l'événement  qui  a  mis  lin  aux  calcaires  à  Gaprinelles  et  introduit 
dans  le  bassin  les  premiers  représentants  d'une  nouvelle  faune  :  elle 
n'attend  pas  l'extinction  successive  des  espèces  cénomaniennes 
dans  les  étages  supérieurs,  suivant  leur  degré  de  résistance  :  elle  a 
été  adoptée  par  II.  Toucas  (-1),  par  MM.  Hébert  et  H.  ïoucas  (5),  par 

Coquand  (G),  par  M.  A.  Toucas  dans  ses  diverses  notes  sur  le  crétacé 
du  midi  de  la  France  ;7;,  par  M.  de  Sarran  d'Allard  (8)  : 

(1)  Monographie  au  genre  Hstrwu, 

(2)  Bail.  Soc.  G':»I.,  2e  série,  t.  XXI,  p.  S3.">  et  suiv. 

(3)  IbM.,  t.  XXII,  p.  190  et  suiv. 

(4)  Ilnll.  .Soc.  (,Vuf.,  :!•  série,  t.  XXVI,  p.  s  10. 

(5)  /A.,  t.  XXIX,  p.  A  ici.  —  3*  sjrie,  t.  II,  p.  491  et  suiv. 

(6)  //*.,  3-  série,  t.  III,  p.  2ô3. 

(7)  ///.,  3«  série,  t.  IV,  p.  312  et  suiv.  ;  t..  VIII,  p.  39  et  <uiv.;  t.  X,  p.  154  et 
suiv. 

's-  /6.,  t.  XII.  ;..  :»  3  -l   ~uiv. 


890  ARNAUD.    —    HÉfltMÊ   SOL1    LA    CRAIE   DU   SUD-OUBST         16    Sept. 

Le  Ligérien  ainsi  constitué  repose,  dans  le  bassin  du  Sud-Ouest, 
transgressée  ment  tantôt  sur  le  Carentonien,  tantôt  sur  les  lignite» 
du  Sarladais,  tantôt  sur  le  Jurassique:  la  même  transgressivité  a  éle 
signalée  dans  le  Midi  de  la  France  (1). 

La  Société  n'a  pu,  lors  de  sa  visite  au  Port  des  Barques,  voir  le 
recouvrement  direct  des  calcaires  à  Caprineltes  par  le  Ligérien  infé- 
rieur :  visible  il  y  a  quelques  années,  près  du  point  oh  une  faille  a 
fait  descendre  le  Ligérien  moyen  au  niveau  du  rivage,  le  Cénoma- 
nien  a  disparu  sous  les  dépots  que  les  marées  y  accumulent  chaque 
jour  ;  on  y  trouvait  : 


Icltlhyoïarcotithes  IHangular 
Gyropltura  (Malheronia)  nai 


Sphaintlilts  Fteuriattsi, 
Caprotina  [Chaperia)  ci 


Les  rudistes  ne  franchissent  pas  la  limite  ainsi  fixée  ;  nulle  part 
on  n'en  trouve  de  traces  dans  le  Ligérien. 

La  succession  des  deux  étages,  aujourd'hui  invisible  au  Port  des 
Barques,  est  facile  à  reconnaître  près  d'Angouleme,  a  Sillac,  où  la 
tranchée  du  chemin  de  fer  d'Angouleme  à  Bordeaux  les  a  entaillés  : 
ils  y  présentent  le  relief  suivant  :  ftg.  10,  de  bas  en  haut  : 

Fig.   10. 


1887.  ARNAUD.    —  RÉSUMÉ  SUR  LA  GRAIB    DU  SUD-OUEST  891 

moules,  les  rudistes  et  la  plus  grande  partie  de  la  faune  du 
banc  inférieur  à  Icthyosarcolites. 

D.  Ligérien. 

D1  Calcaire  marneux,  gélif,  gris  verdâtre,  avec  un  banc,  à  la  base, 
de  la  petite  buître  que  la  Société  a  vu  constituer  dans  la  môme 
position,  une  lumachelle  au  Port  des  Barques,  rapportée  par 
Goquand  à  0.  canalicidata  (1),  passant  à  un  calcaire  nodu- 
leux,  plus  solide  quoique  gélif,  avec  Terebratella  carenlonen- 
sis,  Ostrœa  carinata,  Arca  tailburgensis,  Pseudodiadema  vario- 
lare,  etc. 
Au-delà  de  la  tranchée,  en  remontant  le  coteau,  on  trouve  : 

D2  Marnes  grises  avec  Exng.  columba  major  et  Céphalopodes  géné- 
ralement écrasés  et  déformés. 

E.  Calcaire  noduleux  gélif  à  /lmm.  Rochebrunei. 

Il  eût  été  intéressant  pour  la  Société  de  pouvoir  comparer  aux 
couches  du  Port  des  Barques  celles  du  Ligérien  à  l'extrémité  opposée 
du  bassin,  à  Fumel  notamment,  où  la  tranchée  de  la  route  de  Con- 
dat  en  donne  une  bonne  coupe. 

En  sortant  de  la  ville,  on  voit  à  la  base  le  Jurassique  supportant 
sans  intermédiaire  le  Ligérien  en  stratification  concordante  :  si  Ton 
s'engage  dans  un  petit  chemin  qui,  un  peu  plus  loin,  se  détache  de 
la  roule  et  monte  vers  le  coteau,  on  trouve  la  roche  jurassique 
exfoliée,  laissant  en  saillie  le  Ligérien  qui  porte,  à  la  surface  de 
contact,  les  lithophages  crélacés  suspendus  comme  des  stalactites 
au-dessus  du  Jurassique  dans  lequel  ils  s'étaient  primitivement  en- 
châssés :  la  faune  est,  sur  ce  point,  comme  au  Port  des  Barques, 
caractérisée  par  l'absence  de  rudistes  et  par  la  présence  de  :  Tere- 
bratella carentonensis,  Terebratula  biplicata,  Exoyyra  columba,  Ostrœa 
carinata,  Arca  tailburgensis,  Pseudodiadema  variolare>  Anorthopygus 
Michelini,  etc. 

Les  caractères  du  Ligérien  sont  donc  au  début  partout  uniformes 
et  cette  uniformité  se  maintient  dans  les  zones  supérieures  :  les  cal- 

(1)  Coquaud  distinguo  ().]  canal icula ta  de  O.  iatcralis  en  ce  que  la  valve  supé- 
rieure de  la  première  est  lisse  et  dépourvue  des  lames  concentriques  de  la  deu- 
xième :  VOstrra  de  S;llac.  et  du  Port  des  barques  n'a  pas,  il  est  vrai,  de  lames 
concentriques,  mais  ne  saurait  être  rattaché  a  O.  cntuiliculata,  S«>\v.,  qui  eu  est 
pourvue  et  est  généralement  assimilée  à  (h  latnulis,  Nils.  L'espèce  de  Sillae  et 
du  Port  des  Barques  présente  sur  la  valve  supérieure  les  lames  rayonnantes  d'O. 
vesicularis  à  laquelle  elle  parait  se  rapportei  par  sa  forme  générale,  sa  charnière 
et  la  position  de  l'empreinte  niuscu:airc  :  la  forme  à  lames  concentriques  sur  la 
valve  supérieure  n'a  été  rencontrée  dans  le  Sud-Ouest  que  dans  le  Campanien 
Ouilliera,  dans  la  Marthe,  donné  à  l'espèce  qui  nous  occupe  le  nom  de  O.  psru- 
dovesiculusa. 


892  ARHAUD.    —    RÉSUMÉ   SUR   LA    CRAIE   DU   SUD-OUEST         16   Sept. 

caires  à  7'erebratelta  carentoncnsis,  les  marnes  et  calcaires  à  Exogyra 
columba  et  Céphalopodes,  les  bancs  supérieurs  à  Ammonites  Jtocfit- 
brunei,  s'enchaînent  étroitement  par  la  nature  commune  de  la  for- 
mation et  de  l'évolution  de  la  faune  :  l'unité  de  l'étage  se  reconnaît 
partout  à  la  permanence  du  régime  provoqué  par  l'événement  qui  a 
mis  fin  aux  bancs  coralliens  a  Caprinelles  et  inauguré  les  dépôts 
essentiellement  pélasgiques  du  Ligérîen. 

Si  les  échinides  céaomanieas  du  banc  inférieur  à  Terebratelia 
carentonentis  s'y  montrent  cantonnés  parce  qu'ils  sont  venus  s'y 
éteindre,  il  n'en  est  pas  de  même  d'une  importante  partie  de  la 
faune  qui  passe  dans  les  couches  supérieures  :  Exogyra  columba 
notamment,  si  commun  au  Port  des  Barques,  se  poursuit  sans 
altération  dans  le  Ligérien  moyen  qu'il  occupe  avec  les  Cépha- 
lopodes de  l'étage  ;  il  se  retrouve  avec  le  même  développement 
dans  le  Ligérien  supérieur  que  caractérise  particulièrement  l 'extrême 
abondance  des  Ammonites. 

Les  Céphalopodes  sont  plus  rares  dans  le  banc  inférieur  :  on  y 
trouve  : 


Xaittiltti  triaxgularù,  Homf. 

Ammonitet  Gesliaianat,  d'Orli. 

Ammonite»  ptramplus,  Mant, 

.1.  {Iluehiceru*}  Y  ibrayanut,  d'Orb. 

A.  Gtntoni,  Defr. 

Et  parmi  les  Echinides  : 

Pseudodiamtda    rarMare    (  Brojign.  ) , 

Orthoptie  mittarix,  Coll. 

Cott. 

P.  tenue  (Ag.),  Dosor. 

Anurtlwpyuut  MithtUni,  Coll. 

Çyphutunut  ccnumautnsc,  Cuit. 

Dhtuidtto  inféra.  De». 

Ci&arit  mieutaM,  Gol.lf. 

Linthia  IVriicm'Ili,  Des. 

1887.  ARNAUD.    —  RÉSUMÉ  SUR  LA   CRAIE  DU  SUD-OUEST  803 

On  y  trouve  quelques  Echinides  : 

Li n th t'a  conica  (d'Orb.),  Cott.  Cardiaster  pygmœws?,  Forbes. 

Micrtuter  laxopurus,  d'Orb.  Catopygut  obtusus.  Des. 

La  Société  a  vu  le  Ligérien  inférieur,  le  Ligérien  moyen  et  le  début 
du  Ligérien  supérieur  au  Port  des  Barques  ;  elle  avait  reconnu  ce 
dernier  niveau  en  passant  à  Soubise.  Elle  a  trouvé  l'étage  très  réduit 
d'ailleurs  à  Simeyrols. 

Les  types  à  étudier  peuvent  être  observés  :  pour  le  Ligérien  infé- 
rieur au  Port  des  Barques  ;  .pour  le  Ligérien  supérieur,  à  Taille- 
bourg,  principalement  dans  les  tranchées  du  chemin  de  fer  de  Saint- 
Jean -d'Angely. 

Angoumikn. 

L'Angoumien  présente,  dans  toute  l'étendue  du  bassin,  une  re- 
marquable uniformité  :  il  est  formé  de  calcaires  blancs,  le  plus  sou- 
vent marneux  et  gélifs  dans  les  zones  inférieures,  mais  admettant 
déjà,  sur  quelques  points,  des  nerfs  plus  ou  moins  puissants  de 
calcaires  solides,  quelquefois  même  cristallins,  et  recelant  alors,  dès 
le  début,  les  rudistes  qui  peuplent  plus  généralement  les  assises 
supérieures. 

Ces  premiers  bancs  solides,  succédant  immédiatement  au  Ligé- 
rien, sont  surtout  développés  à  l'Ouest  du  bassin,  dans  la  Charente- 
Inférieure  :  les  tranchées  du  chemin  de  fer,  entre  Pons  et  Mosnac, 
en  montrent  l'alternance  avec  les  bancs  gélifs  et  friables  à  Cypho- 
soma  Engolismense,  Arra  Xoueli,  Ostrœa  Arnaudi,  etc.,  qui  prédomi- 
nent dans  la  Charente  et  se  retrouvent  seuls  dans  la  Dordogne,  le 
Lot-et-Garonne  et  le  Lot. 

L'Angoumien  se  laisse  subdiviser  en  trois  zones,  d'après  les  carac- 
tères qu'il  présente  le  plus  communément  : 

F1  A  la  base,  des  calcaires  gélifs  avec  bancs  cristallins. 

F3  Au  milieu,  des  bancs  écailleux  plus  solides,  souvent  gélifs, 
mais  fournissant  accidentellement  de  la  pierre  de  taille. 

G.  Au  sommet,  surtout  au  centre  du  bassin,  des  calcaires  non 
gélifs,  gisement  principal  de  la  pierre  do  taille  à  Iladiolites 
lumbricalis. 

Les  chemins  de  fer  qui  traversent  la  craie  du  Sud-Ouest,  permet- 
tent d'observer  sur  plusieurs  points  le  recouvrement  direct  du  Ligé- 
rien par  l'Angoumicn  inférieur  : 

A  Taillebourg,  la  tranchée  de  la  gare  est  en  entier  ouverte  dans  l'An- 
goumien  inférieur:  primitivement  attribuée  au  Ligérien  supérieur  & 


894  ABHAUD.    —    RÉSUMÉ   5UH    LA    CRAIE    DU   SUD-OUEST  !6  Mpl 

cause  de  la  persistance  de  quelques  Ammonites,  elle  a  fourni  depuis  : 
Lin  thia  oblonga,  L.  undulata,  Cypkosoma  Engolismense,  C.  Dtlau- 
nayi,  Sphœrulites  Boreaui,  Ostrœa  Arnaudi,  0.  ehurnea,  etc.  :  il  con- 
vient donc  d'attribuer  à  l'Angoumien  toutes  les  couches  comprises 
entre  la  base  de  la  tranchée  de  Taillebourg  et  la  zone  à  silex  rubaués 
antérieurement  placée  au  début  de  l'Angoumien  :  cette  zone  à  silex 
inaugure  l'Angoumien  moyen, 

La  même  superposition  se  reconnaît  près  de  Pons  au  Moulin- 
Gentil  :  au-dessus  du  Ligérien  supérieur  à  Ammonite»  Deverianus, 
A.  Rockebrunei,  reposent  3  5  6  mètres  de  calcaires  friables  au  milieu 
desquels,  sur  le  bord  du  chemin  supérieur,  ont  été  trouvés  :  Lin- 
thia  undulata,  Ostrœa  Arnaudi,  bientôt  recouverts  par  des  bancs  so- 
lides à  rudistes  que  l'on  voit  plus  loin  alterner  avec  des  zones  gélives 
à  Cypkosoma  L'ngoUsmcnse,  Catopygus  major,  Nueleolitet  paralk- 
lu»,  etc. 

Dans  la  Charente,  les  nerfs  solides  de  l'Angoumien  inférieur  ne 
recèlent  déjà  plus  les  rudistes  trouvés  à  ce  niveau  dans  la  Charente- 
Inférieure  :  Radiolites  lumbricalis,  \Spficer.  Ponsiaims,  Apricardia 
Archiaci;  ils  y  sont  représentés  par  Sphter.  Boreaui. 

Il  en  est  de  même  dans  la  Dordogne,  dans  le  Lot-et-Garonne  et  le 
Lot  :  l'Angoumien  inférieur  constitué  par  des  calcaires  blancs,  gé- 
lifs,  fusant  à  la  gelée  et  constamment  ravinés  sur  le  flanc  des 
coteaux  y  présente  bien  Lin  thia  oblonga,  Cyphosoma  Engothmenst, 
Ostrœa  Arnaudi,  0.  eburnea,  Sphœr.  Boreaui  et  les  nombreux  gastro- 
podes de  l'étage,  mais  nulle  trace  des  rudistes  de  la  zone  à  H.  lum- 
bricalis. 

Les  calcaires  de  l'Angoumien  moyen  sont  généralement  plu: 


1887.  AUfAUD.    —  BÉSUMft  SUR   LA   CRAIE   DU  SUD-OUSST  895 

nites  Deverianus,  ArcaXouelî,  Pterodonla  intermedia,  Linthia  oblonga, 
Catopygus  Arnaudi,  Pyrina  cf.  P.  insularis,  Cyphosoma  Delau- 
nayi,  etc. 

Dans  la  Charente,  il  est  généralement  représenté  par  un  calcaire 
écailleux,  plus  dur  que  le  précédent,  mais  possédant  la  même  faune  ; 
il  faut  en  excepter  toutefois  quelques  bandes  étroites  dans  les  envi- 
rons d'Angoulème  où  se  sont  établis  des  courants  dolomitiques,  au 
voisinage  desquels  se  sont  développés  de  grands  rudistes  :  Hippu- 
rites  Jtojuieni?  Spfner.  patt>ra%  Sph.  Pailletei...  Non  loin  de  ces  cou- 
rants, on  rencontre  accidentellement  (Boismenu)  des  calcaires  cellu- 
leux,  cristallins,  avec  vacuoles  ferrugineuses  et  Tertbratula  lenticu- 
lari*%  Hipp.  orginisant,  Sphcrrulites  Ponsianus%  RadinUtes  angulosus, 
Xuct entités  par  al  le  las,  Goniopygus,  sp. 

Dans  le  midi  de  la  Dordogne,  dans  le  Lot-et-Garonne  et  le  Lot,  la 
roche  prend  une  consistance  plus  grande,  un  aspect  grenu,  rouillé 
et  reproduit  la  faune  des  gastropodes  et  des  lamellibranches  de 
l'élage  :  Xucleolites  parallelus  les  accompagne  jusqu'à  l'extrémité  du 
bassin. 

L'Angoumien  supérieur,  station  principale  de  la  pierre  de  taille  à 
liad.  lumbricalis,  ne  se  présente  avec  ses  caractères  typiques  que 
dans  la  Charente  et  le  nord  de  la  Dordogne,  d'Angoulème  à  Péri- 
gueux.  Vers  l'ouest,  dans  la  Charente-Inférieure,  il  est  constitué  près 
de  ttussac,  ligne  de  Saintes  à  Taillebourg,  par  quelques  bancs  d'a- 
bord grenus  et  miroitants,  puis  par  un  calcaire  dur,  verdltre,  avec 
Splttrr.  Ponsianus  :  cette  assise  est  en  quelque  sorte  l'origine  de 
celle  que  l'on  trouve  dans  la  Charente,  près  de  Chateauneuf,  où  le 
calcaire  à  Itadiolites  luiubricalis,  cristallin,  blanc,  légèrement  teinté 
de  vert,  n'est  exploité  que  pour  dalles  et  pavés. 

Au-delà  de  Périgueux,  en  s'avançant  au  Sud,  la  pierre  de  taille 
disparaît  et  l'Angoumien  se  termine  par  des  calcaires  grenus,  miroi- 
tants, plus  durs  que  les  précédents,  généralement  noduleux.  indus- 
triellement inexploitables,  si  ce  n'est  pour  l'empierrement  des 
routes  :  la  roche  est  principalement  occupée  par  S/du'r.  S'iliyna- 
censis,  Bayle,  Hippurifes,  cf.  organisant,  /lad.  anguïn+u*.  /{.  cnrnupas- 
toris  ;  on  remarque  toutefois  à  la  gare  de  Yéz;ic  un  calcaire  blanc, 
cristallin,  compact,  à  Sphxr.  Sal^/nacensis.  rappelant,  sauf  la 
dureté,  les  caractères  de  l'Angoumien  supérieur  de  Chancelade.  Il 
enchâsse  de  volumineux  rognons  de  lignites  et  supporte  sans  tran- 
sition les  marnes  grises  friables  par  lesquelles  débute  le  Proven- 
cien. 

La  pierre  de  taille  à  lumbrlcal'ts  est  surmontée  p.ir  un  banc  dur 
désigné  par  les  carriers  sous  le  nom  de  chaudron  ;  il  se  distingue 


896  AMUUD.    —    RÉSUMÉ    SDH    LA    CRAIE    DD   9DD-0UBST  16    Sept. 

généralement  par  son  grain  plus  grossier  et  son  homogénéité  des 
calcaires  noduleux  ou  tabulaires  et  lithographiques  du  Proveucien 
qui  lui  succède;  toutefois,  à  Chancelade,  on  constate  exceptionnel- 
lement une  grande  analogie  entre  les  deux  roches  qu'il  serait  facile 
de  confondre  si  la  faune  du  Provencien,  Sphterulites  Sauvagesi,  Hip- 
puritei  gi'janteus,  etc.,  n'en  établissait  sûrement  la  distinction. 

Les  xdnes  inférieure  et  moyenne  de  l'Angoumien  sont  les  seules 
où  l'on  rencontre  des  Céphalopodes  : 

.VûHliJiH  mMtrrigatiu,  d'Orli.  -Imm.  Dtrrrianiu, d'Orb. 

irinHiianm,  d'Orb. 


Elles  ont  des  échinides  communs  : 

Micrattrr  laxopurui,  d'Orb.  l'yritia  insnlarit,  Arn. 

Linthin  oblanga,  d'Orb.  .                        Ilol-tlyput  tur.mmtit,  Des. 

L  HmMata.  d'Orb.  Cyphm».n<i  /;«[,.,(;*  w»»r.  Àr 

L.   Onieuilli?  De».  C.  IMaxitngi.  Coll. 

Catopi/gai  Arnamli,  Cou.  OrtlmpsU  milùiri;  Coll. 

C.  major,  Arn.  Cùtari*  xubveticnluxn,  d'Orb. 

XucleulUrs  paralktui.  Ag.  C.  icrptriferaï  itiiiit. 


L'Angoumien  supérieur  ne  présente  que  par  hasard  quelques  écbi 
ides: 

miopi/gut  Anauili,  Cott.  (1).  ''.  sp. 

/phviuma  Eugiilitmenie.  Arn. 

11  est  surtout  caractérisé  par  les  rudistes  : 


nides  : 


1887.  ARNAUD.  —  RÉSUMÉ  SUR  LA   CRAIK   DU   SUD-OUBST  897 

Elle  a  trouvé  l'Angoumien  moyen  en  continuant  l'ascension  de  la 
rampe;  l'Angoumien  supérieur  s'est  montré  près  du  sommet. 

Cette  zone  terminale  a  été  observée  au  début  de  la  tranchée  de 
Saint-Cirq  et  plus  complètement  à  Chancelade. 

PllOVENClKN. 

Inversement  à  l'Angoumien,  le  Provencien  présente  des  caractères 
très  différents  suivant  les  points  du  bassin  où  on  l'étudié  :  calcaire  au 
Nord  jusqu'aux  rives  de  l'Isle,  il  prend  à  partir  de  ce  point  une  cons- 
titution marno-arénacée  dont  le  développement  s'accentue  «t  mesure 
qu'on  avance  au  Sud-Est.  Ce  dernier  régime  semblerait  en  permettre 
le  rattachement  à  celui  qui  a  présidé  aux  premiers  dépôts  du  Séno- 
nien  dans  des  conditions  identiques;  peut-être  son  développement 
progressif  dans  le  midi  de  la  France  a-t-il  contribué  à  la  soudure  des 
deux  étages.  Dans  le  bassin  du  S.-O.,  l'autonomie  du  Provencien  est 
justifiée:  —  à  l'égard  de  l'Angoumien  par  la  substitution,  au  Sud,  du 
système  mamo-arénacé;  — -  à  l'égard  du  Coniacien,  par  le  maintien 
des  formations  calcaires  au  Nord  et  par  l'arrêt  des  bancs  de  rudistes 
dont  l'extinction  indique  la  Gn  des  conditions  biologiques  du  régime 
précédent. 

Le  Provencien  inférieur  fournit  dans  la  Charente-Inférieure  et  dans 
la  Charente,  avec  des  bancs  noduleux  ou  feuilletés,  gélifs,  d'un  grain 
lithographique,  des  calcaires  tendres,  homogènes,  exploités  comme 
pierre  de  taille  à  Bussac,  Pons,  Jonzac,  Saint-Môme,  Chàteauneuf, 
Mouthiers  et  le  Peux,  près  d'Angoulême. 

Dans  la  Dordogne,  des  calcaires  durs,  tantôt  noduleux,  tantôt  cris- 
tallins, représentent,  au  nord  de  l'Isle,  le  premier  terme  de  l'étage  : 
sur  la  rive  gauche  de  l'Isle,  l'élément  marno-arénacé  s'accentue 
progressivement  et  ce  n'est  quecommeune  exception,  au  milieu  des 
argiles,  des  sables  et  des  marnes  plus  ou  moins  résistantes  que  Ton 
trouve,  sur  quelques  points,  un  banc  calcaire  susceptible  d'exploita- 
tion :  la  Société  l'a  vu  aux  Eymaries,  entre  les  tranchées  de  la  Ho- 
quette et  de  Saint-Cirq. 

Provencien  moyen  :  Au-dessus  du  calcaire  exploité  dans  la  Cha- 
rente-Inférieure et  dans  la  Charente  se  développent  des  calcaires  no- 
duleux, se  fragmentant  à  la  gelée,  que  l'on  voit  près  de  Pons,  à  la 
carrière  de  Brau,  surmonter  la  picire  de  taille  et  que  l'on  trouve 
dans  la  même  position  à  la  Pelleterie,  sur  le  chemin  de  fer  de  Chà- 
teauneuf h  Barbezieux  :  leur  séparation  du  Provencien  supérieur  est 
accentuée  près  de  Mouthiers,  ligne  d'Angoulême  ft  Bordeaux,  par 
l'interposition  d'un  banc  de  dolomic   grisâtre,   paraissant  éruptive, 


CRAIE   DU    SUD-OUEST         16  Sept 

a  été  faite  par 


tantôt  sableux,  tantôt   compact  et  dont  l'analyi 
M.  Groi/.ier  : 

Carbonate  de  chaux  :  58,2 

Carbonate  de  magnésie  :  3H,3 

Argile            —  2,3 

Eau  et  matières  volatiles  :  1 ,2 

ÏÔoT 

A  Saint-Cirq,  ils  sont  représentés,  au-dessus  du  banc  calcaire  cor- 
respondante celui  des  Eymaries,  par  des  argiles  sableuses,  murées, 
des  calcaires  arénacés  et  des  grès  friables  enchâssant  des  ligniles. 

Le  Provencieu  supérieur  est  caractérisé  par  des  marnes  au  sein 
desquelles  se  développe  généralement  une  riche  agglomération  de 
radistes  :  à  Sauvelerre  (Lot-et-Garonne),  les  rudisl.es  ont  disparu  et 
les  marnes  sont  peuplées  d'échinides  et  de  gastropodes  avec  Tertbra- 
luia  ÎSanclasi.  Elles  y  sont  exploitées  pour  chaux  hydraulique  e( 
ciment.  La  carrière  de  Carlux,  que  le  temps  n'a  pas  permis  à  la  So- 
ciété de  visiter,  eût  montré  le  passage  de  l'un  à  l'autre  de  ces  faciès  : 
d'un  côté,  une  lumachelle  à'Hippurites  organisant,  H.  Toucast,  Spheer. 
radiosus,  de  l'autre,  des  marnes  grises  sans  fossiles  (flçr.  11). 

Fig.  11. 


1887. 


ABIUUD.   —  RÉSUMÉ  SUR  LA  CRAIB   DU  SUD-OUBST 


899 


à  Hipp.  organisant  est  surmonté  par  une  marne  friable  à  Sphœr. 
Coquandi,  Sph.  Sauvagesi,  Radiolites  cornupastoris,  etc. 

Les  Céphalopodes  font  défaut  au  Provencien  ;  je  n'y  ai  recueilli 
qu'un  Nautile  indéterminé. 

Les  échinides  y  sont  plus  abondants  : 


Orthopsis  miliaris,  Cott. 
Cypkosoma  Schlumbergeri%  Cott. 
C.  Engolismensel  Arn. 
C.  Delaunayif  Cott. 
Goniopygus,  cf.  Menardi,  Ag. 
Codiopsis  Arnaudi,  Cott. 
Cidaris  subvesiculosa,  d'Orb. 
Anorthopygus,  sp. 
Holectypus  turonensis,  Des. 


Nucleolites  par  a  lie  lus,  Ag. 
Catopygus  obtusus,  Des. 
Epiasttr  meridanensis,  Cott. 
Micraster,  cf.  laxoporus,  d'Orb. 
Hemicuter  Leymeriei,  Des . 
Linthia  oblonga%  d'Orb. 
L.  Verneuilliy  Des. 
Faujasia,  Sp. 


La  Société  a  suivi  la  série  complète  des  couches  provenciennes  sur 
deux  points  :  le  premier,  de  Chancelade  à  Gourd  de  l'Arche;  le  second 
à  Saint-Cirq.  Elle  a  vu,  sur  la  route  de  Simeyrols,  les  grès  calca- 
rifères  qui  en  dépendent,  près  de  Prats;  et,  au  sommet  de  la  rampe, 
des  sables  meubles,  jaunes,  sans  fossiles  qu'elle  eût  retrouvés  à 
Garluz  si  le  temps  ne  lui  eût  fait  défaut. 

SÉNONIEN,  d'Orb. 

LeSénonien  débute  dans  les  mômes  conditions  que  le  Turonien  : 
le  fait  saillant  qui  le  caractérise  est  l'arrêt  des  rudistes  de  l'étage 
antérieur  :  à  côté  de  ce  fait,  se  placent  :  le  passage  de  nombreux  Gas- 
tropodes et  Lamellibranches  apparus  dans  le  Turonien,  et  l'extinc- 
tion, dans  la  zone  inférieure  du  Sénonien,  des  échinides  turoniens 
dont  les  restes  sont  associés  aux  espèces  exclusivement  sénoniennes  : 


Linthia  oblonga,  d'Orb. 
L.  Verncuilli?  Des. 
Nucleolites  parallelus,  Ag. 


Catopygus  major,  Arn. 
Anorthopygus,  Sp. 
Hemiaster  Leymeriei,  Des. 


La  division  des  deux  étages  en  contact  se  fait  facilement  —  au 
Nord,  grâce  à  la  différence  de  nature  des  roches  —  au  Sud,  par 
l'interposition  d'une  zone  pyriteuse  (Saint-Cirq),  ou  par  l'endurcis- 
sement et  la  perforation  du  Provencien  par  les  lithophages  (Sauve- 
terre). 

Les  dépôts  marno-arénacés  qui,  au  Sud,  ont  inauguré  le  Proven- 
cien, persistent  dans  toute  l'étendue  du  bassin  jusqu'à  l'avènement 
du  Gampanien. 

Le  Sénonien  inférieur  a  été  subdivisé  en  deux  branches  :  Coniacien 
et  Santonien. 


XV. 


58 


1887. 


A1HAUD.  —  RÉSUMÉ  SUE  LA  CHAH  DU  SUD-OUBST 


001 


CONIAGIBH. 


Le  Coniacien  est  composé  de  trois  zones  ainsi  constituées  de  bas 
en  haut  : 

K.  Sables  et  grès  :  marnes  et  calcaires  marneux. 

L1  Calcaires  noduleux  ou  tendres. 

L3  Calcaires  solides,  compacts  ou  noduleux. 

Dans  l'Ouest  du  bassin,  le  Coniacien  débute  par  des  sables  ou  des 
grès  :  signalés  par  M.  Manès  près  de  Saujon,  ils  sont  très  développés 
autour  de  Jonzac  où  la  voie  ferrée  les  coupe  aux  Phelippeaux  (1);  on 
leé  trouve  à  Veillard,  près  de  Jarnac,  ligne  d'Augoulôme  à  la  Ro- 
chelle et  aux  environs  de  Cognac. 

A  l'Est  d'Angoulême,  l'élément  calcaire  prédomine  et,  de  Laroche- 
beaucourt  à  Brantôme,  le  Coniacien  parait  se  souder  directement  au 
Provencien. 

Plus  près  de  Périgueux,  les  marnes  grises  à  RhynconeUa  petroco 
riensis  que  la  Société  a  rencontrées  à  Gourd  de  l'Arche  (fig.  12),  à 
Saint-Cirq,  à  Sainte-Nathalène  se  substituent  aux  grès  qu'elles  rem- 
placent jusqu'à  l'extrémité  du  bassin  :  On  constate  toutefois,  à  Carlux 
(fig  10),  la  réapparition  au-dessous  des  marnes  d'un  banc  sableux  à 
Catopygus  elongatus,  Desor. 

Les  Céphalopodes  de  cette  zone  inférieure  sont  : 


Nautilus,  cf.  sublœvigattu,  d'Orb. 
Ammonites  petrocoriensis.  Coq.  (Alsta- 


denensis,   Schl.J,  et  plusieurs   typas 
nouveaux. 


Indépendamment  des  échinides  plus  haut  cités  et  qui  sont  venus 
s'y  éteindre  on  trouve  : 


Orihopsis  m  Maris,  Cott. 
Cyphosnma  Bourgeoisie  Cott. 
C,  raretubercu/atum,  Cott. 
C.  Delaunayi,  Cott. 
Salenia  scutigera,  Gray. 
Cidaris  subvcsiculosa,  d'Orb. 
C.  pseudopistillum,  Cott. 


Micraster  laxoporus,  d'Orb. 
CartiifUer  transversus,  Cott. 
Heminster  ligeriensis,  d'Orb. 
Catupijgui  t'l»nyatus,  Des. 
Pyrina  insularis,  Arn. 
NucU'oiites  minor,  Ag. 
Pcntacrinus  carinatus,  R6m. 


Des  calcaires  durs,  noduleux,  glauconieux  à  la  base,  puis  blancs 
et  compacts,  d'un  grain  très  serré,  caractérisent  dans  les  Cha- 
rentes  le  Coniacien  moyen  :  dans  la  Dordogne,  la  roche  devient 
plus  sableuse  et  jaunit;  en  s'avançant  à  l'Kst,  elle  passe  à  des  cal- 


Ci)  Mém.  Soc.  Gé  L  *•  série,  t.  X,  n*  4,  pi.  II,  flg.  a  et  texte. 


902 


■   HÉSDMfc   SUR    LA    CRA1B    DU   SUD-ODEST         10   ( 


caires  tendres,  exploités  comme  pierre  de  taille  dans  le  Sarladais 
et  rétablis  a  leur  véritable  niveau  par  M.  Harlé  (Bull.  Soc.  GéoL, 
S*  série,  t.  XX,  p.  120). 
On  trouve  à  ce  niveau  : 


JVuutifui...  Sp.  (Ciréné). 
Amiaimiltt  petroeoritntii,  Coq. 


A.  (HmWmIw,  d'Orb. 


Ammtinitei  nourgtoiiiatmt,  d'Orb. 
A.  cf.   {.Schlotnbrichia)    Uambrrli,  Fall. 
Htttrammonita,    2,    sp.,    et    plusieurs 
espèces  nouvelle*. 


Le  Coniacien  supérieur,  noduleux  dans  ses  couches  inférieures, 
fournit  dans  sa  zone  supérieure  des  bancs  homogènes  exploité! 
comme  pierre  de  taille  à  Marignae,  Pons  (Charente-Inférieure)  et 
principalement  &  Péri  gueux. 

C'est  la  station  de  : 


Ctjphntoma  Dttaunayi,  Cott. 
C.  magaifieum,  Ag.  (1). 


M.  laxoponu,  d'Orb. 
Calopygm  tlongalui.  Des. 

NucUolitet  obinnyui,  Des. 


JV.  n 


".Ag- 


Ag. 

HemiatttT  itella.  Des.  [anguitipneuites) , 
Catiidului  Arnaudt,  Cott. 
Pygitrui,  sp. 
Pyrina,  cf.  P.  Demoulimii,  d'Arcb. 

Cyphaioma  Ametiœ,  Cott. 


,Ag. 
C.  Bourgeoiti,  Cott. 
C.  rtmui,  Cott.,  radioles. 
Salenia  uutigera,  Gray. 
Cidaria  JouannctU,  Desm. 

C.  tubviticuloia,  d'Orb. 

C.  piciidopiitillum,  Cott. 

Goniopygut  roganu*,  d'Arcb.,  radioles. 

Penlacrinus  carinatttt,  Rom. 

P.  »p. 


1887. 


ARNAUD.   —  RÉSUMÉ  SUR  LA   CftAIB   DU  SUD-OURST 


903 


Santonirn. 

Le  Santonien  se  laisse  subdiviser  de  bas  en  haut  en  plusieurs 
xones  : 

M1  Calcaires  marneux,  noduleux  ou  cristallins; 
M1  Calcaire  solide  à  Botryopygus; 
N l  Marnes  à  0.  vesicularis  et  0.  proboscidœa  ; 
N1  Calcaires  arénacés,  grès  à  Clypeolampas  ovum. 

M1  Santonien  inférieur.  —  Aux  calcaires  solides  qui  terminent  le 
Coniacien  succèdent,  à  l'Ouest  des  roches  grises  ou  blanchâtres, 
marneuses,  facilement  altérables,  avec  silex  noirs  et  géodes  de 
quartz;  —  au  centre,  des  calcaires  marneux  et  noduleux  ;  —  au 
Sud-Est,  des  calcaires  durs,  arénacés,  jaunes  ou  rouge&tres,  cristal- 
lins, tantôt  compacts,  tantôt  en  plaquettes,  presque  toujours  sans 
fossiles,  terminés  supérieurement  par  un  banc  de  polypiers  siliceux. 

M1  Ils  supportent  un  banc  calcaire  dur,  blanc  et  d'un  grain  fin  à 
l'Ouest,  noduleux  et  glauconieux  au  centre,  jaune,  grenu,  homo- 
gène et  arénacé  au  Sud  où  il  est  exploité  comme  pierre  de  taille, 
faisant  partout  bourrelet  ou  corniche  sur  les  points  où  il  affleure  : 
c'est  le  banc  à  Botryopygus  où  le  genre  s'est  cantonné  dans  le  Sud- 
Ouest  :  il  termine  le  Santonien  inférieur. 

La  faune  de  cette  première  zone  est  relativement  riche  : 


ÏÏautilus  Dekayi,  Most. 

JV. . .  sp.v  (test  plissé). 

Ammonites    Texanus,  Rom,  (Coniacen* 

m,  Coq.)* 

A.  polyopsis,  Duj. 

Parmi  les  échinides  : 

Micraster  brevit,  Des.  (Turonensis). 
M.  laxoporus,  d'Orb. 
Hemiaster  nasutulus,  Sor. 
Botryopygus  Touecui,  d'Orb. 

B.  Nanclasi,  Coq. 
B.  Arnaudi,  Cott. 
Catopygus  elongatus,  Des. 
Faujasia  Delaunayi,  d'Orb. 
Pygurus,  S  p. 

Nucleolitcs  minor  (Ag.)f  Cotleau. 

N.  minimus,  Ag. 

Cardiaster,  Sp. 

Pyrina  ovulum,  Ag. 

P.  Bourgcoisi,  Cott. 

Holectypus  turonensis,  Dos.  ar.  major. 

Cidaris  pseudopùtillum,  Coll. 


Ammonites  Ribourianus,  d'Orb. 
A.  Tricarinatus,  d'Orb. 

Baeulites  incurvatus,  Dry, 
Scaphites,  sp. 


Cidaris  subvesieulosa,  d'Orb. 

C.  gibberulaï  Ag. 

Cyphotoma  magnificum,  Ag. 

C.  microtubercutalum,  Cott. 

C.  carentonianum  (Ag.)f  Desor. 

C.  regulare,  Ag. 

C.  Delaunayi,  Cott. 

C.  circinatum  (Breyn),  Ag. 

C.  remus,  Coït. 

Goniopygus  royanus,  d'Arch. 

Salenia  scutigera,  Gray. 

S.  trigonata,  A  g. 

S.  Bourgeoisie  Cott. 

Pentacrinus  carinatus,  Riim. 

Bourgueticrinus  eUipticus,  d'Orb. 


904  âRKAOD.    —  RÉSUMÉ    SDR   LA   CRAIE   DU   SUD-OUEST         16   Sept. 

Les  rudistes  ne  sont  pas  moins  abondants  :  J'ai  signalé,  il  y  a 
longtemps  et  reproduit  dans  les  Mémoires  (t)  l'indication  des  liippu- 
rites  dans  le  Santonien. 


gadiolitu  Mauldel,  Coq, 
Rad.  fiaicottalut,  d'Orb. 
Sphœrulitci  Coquandi,  Bayle. 
Bippurittt  dilalatia,  Dcfr. 


HippurUtl  Sarihacentii,  Coq. 
Uonofteura  Murtiaatit.  Math, 
Slunvplr. lira,  èp. 


Bipp.  Sartkacensis  n'a  point  encore  été  figuré  :  la  figure  (flg.  13), 
Fip.  13. 


ffippurites  Sarihactniis,  Coq.  —  Espagnac  (Angouleme).  Santonien  inférieur. 

donne  l'ouverture,  grandeur  naturelle,  de  la  valve  inférieure  et  le 
rapport  de  ses  éléments  ;  la  comparaison  avec  //.  Es/iaillaci  en  sers 
facilitée  par  le  rapprochement  d'une  valve  inférieure  de  cette  der- 
nière espèce  [fig.  14).  Ces  types  proviennent  :  IL  Sarthacetuit  d'fit- 


Fig.  14. 


1887.  ARHAUD.  —  RÉSUMÉ  SUR  LA  CRAIE  DU  SUD-OUEST  905 

N1  Un  banc  de  marnes,  blanches  ou  grises,  généralement  friables, 
constitue  dans  toute  l'étendue  du  bassin  le  Santonien  moyen. 

11  est  occupé  par  des  myriades  à'Ostrœa  vesicularis  et  0.  probos- 
cidea,  auxquelles   sont  associées  : 

Ostrœa  Santonentis,  d'Orb.  Exogyra  Caderensis,  Coq. 

0.  /rotw,  Lk.  E.  haliotidxa,  d'Orti. 

Exogyra  plicifcra,  Duj.  (À  trigoniœformis,  Coq. 

E.  Matheroniana,  d'Orb.  Vulsella  turonensis,  Duj. 

E.  deeussata,  Coq.  Chalmasia  concentrica.  Coq. 
E.  laciniata,  d'Orb. 

On  y  trouve  de  rares  Céphalopodes  : 

Ammonites  polyopsis,  Duj.  Aneyloceras.  sp. 

Baculites  anceps?  Lk. 

Et  quelques  échinides  : 

Cidaris  sceptrifera,  Mant.  Pyrina  ovulum,  Ag. 

C.  subvcsiculosa,  d'Orb.  Ihmiaster  nasutulus,  Sor. 

C.  spinosissima,  Ag.  H.  liyeriensis,  d'Orb. 

C...  sp.  Micraster  lasoporus,  d'Orb. 

Cyphosoma  magnificum,  Ag.  31.  cf.  cortestudinarium  (Ooldf  ),  Ag. 

C.  Cotteauij  Arn.  Pentacrinus,  sp. 

C.  carentonianum,  Des.  Bourg ueticrinus  ellipticus,  d'Orb. 

Salenia  scutigera,  Oray.  Astéries. 

S.  trigonata,  Ag. 

N3.  Aux  marnes  généralement  friables  qui  accompagnent  les  ostra- 
cées  du  Santonien  moyen  succède  dans  tout  le  bassin  une  formation 
arénacée  dont  les  éléments  siliceux,  plus  ou  moins  abondants,  ne 
font  défaut  nulle  part  :  on  la  voit  notamment  sur  la  ligne  de  Beillant 
à  Coutras,  à  l'Ouest,  entre  Fontaine-Ozillac  et  Charluzac;  au  centre, 
sur  la  ligne  d'Angoulôme  à  Bordeaux,  dans  les  environs  de  Char- 
mant; au  Sud,  entre  Belvès  et  le  Got,  des  deux  côtés  du  tunnel  de  la 
Trape. 

On  constate  que,  Vi.rs  le  Sud,  suivant  une  observation  déjà  appli- 
quée au  Provencien,  les  formations  arénacées  prennent  un  dévelop- 
pement de  plus  en  plus  considérable  et  qui  finit  par  être  exclusif  : 
toutefois,  avant  d'atteindre  les  limites  du  bassin,  on  reconnaît  au- 
dessus  des  gi'fcs,  sur  certains  puiiits,  un  couronnement  calcaire 
dépendant  du  Santonien  :  il  est  développé  dans  les  environs  du 
Bugue  et  s'atténue  au  Sud  :  il  n'a  pas  été  retrouvé  aux  environs  de 
Villefranche-de-iJelvès  où  les  tables  prennent  une  remarquable 
extension. 

Le  Santonien  supérieur  recèle  de  nombreux  rudistes  : 


ARHAUD.    —  HÉSUMÊ    SUR   LA    CRAIE    DU    SUD-0D8ST         16   t 


Radiolilu  Mmldei,  Coq. 

—  fimcottatut,  d'Urb. 

—  ingeni,  Desm. 

Sphœrulites  Haninghatai. 

—  Coquandi. 


Spherulites  pattra.  Ara. 
Hippwitet  ditatatui,  Dafr. 

—  bioculatai,  Lk, 

—  r/idiosus?  Denn. 

—  Arnaudi,  Coq. 


Les  échinides  y  sont  représentés  par  : 


Ktmipneutttt  Unuiporus,  Coll. 

teaui,  Lambert). 
Micrailer  laxoporus,  d'Orb. 
—        treuil,  Des.  var. 
Himtasttr  natvtului,  Sor. 
Cardia  s  ter...,  sp. 
Clypeolampai  oi'um,  d'Orb. 

Niideolites  minimus,  Ag. 
Pyrma  ovulum,  Ag. 
HoUclypus  turonensis.  Des. 
Salenia  tcutigera,  Gray. 


(Uro 


Salenia  trigonata,  A  g, 
Cidaris  subveskulosa,  d'Orb. 

—  sceplrifera,  liant. 

—  pieudopiitillum,  Cott. 
CuphoiomaCotteatti,  Arn. 

—  Delaunayi,  Coït 

—  rarfia(um?Sov. 

—  regulare,  Ag. 
Goniopi/juj  ro^aniu,  d'Arch. 

Ptnlacrinus,  sp. 

flQurjueficrtiiiw  eiliplitut,  d'Orb. 


Le  Santonien  supérieur  est,  dans  le  Sud-Ouest,  la  station  d'Ostrœa 
acutirostris. 

En  suivant  la  marche  des  phénomènes  qui  ont  présidé  à  cette  pé- 
riode du  Senonien  inférieur,  on  constate  le  développement  graduel 
des  formations  coralligènes  qui,  nulles  au  début,  ont  atteint  leur 
maximum  dans  le  Santonien  supérieur. 

La  Société  a  observé  le  Santonien  inférieur  à  Fonbedeau,  dans  1a 
Charente-Inférieure;   elle  en  a  suivi  l'entière  succession  dans  let 


1887.  ARNAUD.    —  RÉSUMÉ   SUR  LA  CRAIE   DU  SUD-OUEST  907 

pélasgique  qui  se  substitue  aux  formations  coralligènes  persiste  jus- 
qu'aux dernières  couches  campaniennes  :  au  sommet  seulement,  on 
constate  une  tendance  à  leur  retour  avec  l'apparition  de  quelques 
rudistes  :  Badiolites  royanus,  d'Orb.,  Sphœr.  Coquandi,  Bayle,  Sph. 
Hœninghausi,  Desm. 

Le  Gampanien  se  reconnaît  partout  à  ses  calcaires  blancs,  en  cor- 
dons alternativement  solides  et  gélifs,  peuplés  de  silex  généralement 
noirs  et  de  spongiaires  siliceux. 

C'est  surtout  en  suivant  les  falaises  de  la  Gironde,  de  Mortagne  à 
Meschers,  que  ses  caractères  peuvent  être  observés  :  l'inclinaison 
régulière  des  couches  les  fait  successivement  affleurer  au  pied  des 
falaises  qui,  presque  toutes,  peuvent  être  explorées  à  basse  mer  : 
l'énorme  accumulation  de  ces  bancs  de  Spongiaires,  les  uns  en  larges 
lames,  les  autres  globuleux  ourameux,  au  milieu  desquels  s'élancent 
de  grandes  touffes  de  bryozoaires,  présente  un  aspect  des  plus 
curieux  :  quand  ces  bancs  affleurent  le  rivage,  la  résistance  des 
Spongiaires,  supérieure  à  celle  de  la  gangue  marneuse  que  désagrège 
l'action  des  eaux,  les  fait  ressortir  en  saillie  comme  ils  se  présen- 
taient au  fond  de  la  mer  qu'ils  peuplaient  et  qu'ils  pavent  d'un  sol 
raboteux  et  hérissé  :  leur  succession  paraît  interminable  et  les  jour- 
nées trop  courtes  pour  les  étudier.  11  eut  été  intéressant  pour  la 
Société  de  les  observer  ;  elle  n'en  a  pu  voir  que  la  partie  supérieure, 
à  Caillau  et  Talmont. 

Le  Gampanien  suit  d'ailleurs,  dans  son  développement,  une  pro- 
gression inverse  de  l'étage  précédent,  tandis  que  le  Santonien,  lato 
sensu,  s'accroît  en  puissance  vers  le  Sud,  et  traduit  cet  accroisse- 
ment par  l'admission  de  nouvelles  assises  peuplées  d'une  faune  qui 
ne  se  poursuit  pas  au  Nord,  le  Campanien  se  réduit  progressivement 
vers  le  Sud  et  présente  au  Nord  son  maximum  de  développement. 

Le  début  de  l'étage  ne  se  montre  pas  dans  les  falaises  de  la 
Gironde  :  on  le  voit  sur  plusieurs  points  du  bassin,  notamment  à 
Livernant,  à  Montmoreau,  ligne  d'Angoulême  à  Bordeaux,  à  Yaure, 
station  de  Mensignac-La-Chapelle,  ligne  de  Périgueux  à  Ilibérac,  etc. 
Les  tranchées  du  chemin  de  fer  de  Livernant  à  Montmoreau,  com- 
plétées par  les  environs  de  cette  ville,  celles  du  chemin  de  fer  de 
Barbézieux  à  Ghâteauneuf  entre  Eraville  et  Barbézieux  permettent 
de  suivre  presque  sans  interruption  sa  constitution  dans  la  Charente  : 
la  Société  en  a  vu  la  zone  supérieure  à  Caillau  et  Talmont;  elle  a 
observé  la  totalité  de  l'étage  très  réduit  entre  Larzac  et  Belvès. 

Les  Céphalopodes  et  les  Échinides  se  sont  multipliés  à  ce  niveau  : 


AftlMUD.    —   BÉKUMÉ    SUE   LA   CRAIE   DU   £ 


Belrmnitelta  quadrata,  rt'Orb. 
NautUtu  Drkayi,  Mort. 
Ammonitei  tpiplectu*,  Rwli. 

—  Harruli,  Coq. 

—  cf.  roAuîiu»,  Sehl. 

SeapMtes  binodainu,  Rom. 
— .        jpinijcr,  Sohli 

—  Nancbui,  Coq. 

—  sp. 

Tarrilitti  Arefiîatiattut,  rl'Orb. 

—  acitticoftatus,  d'Orb. 
Jncytoterot.  d.  ip. 

Ilamiltt  recticoitatut,  n.  sp.  Seunes. 
Heterocera*  polyylocum,  Rom. 
Bacuhtn  ance/is,  Lk. 

—  diitans.  Arn. 
SchizastT  atavut,  Arn. 
Cardiiuttr  granutotHS,  Forbes. 
Hottuttr  carenloneasii.  Cou. 
Offatter  Bourgeoisi,  d'Orb. 

—  ptfufa,  (Lk.),  Des. 
Hicratter  régulant,  Arn. 

—  maryinalis,  Arn. 

—  Jaro/iorua,  d'Orb. 
BcAinowrswort/t,  Arn. 

—  vuljorts,  lîreyn. 
ïïemiaslrr  ntuutultu,  Sor. 

—  literie*  t  ii.  d'Orb. 

—  e.rcauH(itt,  Arn. 

—  LtynuritîT  Des. 
Clypeolampas  pei-ovalii,  Aru. 


Catop'jgus,  sp. 

Py;i"n«  jie/iwoM'eniii,  Dsim. 

—  /Taua,  Arn. 
Bùlecl'jiiui  twvnenrit.  Des. 
Cidarit  subitskuloia, d'Orb. 

—  nvjifri/i-ra,  Mant. 

—  jjieudopitlillum.  Coll. 
Saltnia  fulii/era,  Qray. 

—  Uourgeoiti,  Cou. 

—  tri-jonata,  Ag. 

—  niarima,  Coll. 
Cwiffipjijia  rojnnui,  d'Àrch. 
Ukiii/ihîm  prlroenritnsii,  Arn. 
Microtoma  Croizitri,  Cott, 
CSiihmvma  mayiii/icum,  Ag. 


Si-j 


,  Cot. 


—  Dcttttoulinti ,    Cott.    (fcjïs- 

/uni,  Arn.). 

—  Ct/tteani,  Ara. 

—  Amaudi,  Cott 

—  B  Hnû^Hli,  Cott. 


ra./,"</ 


i,  Sov. 


■,V 


—  perfcelum,  Ag. 

—  Ih-launayi,  Cott. 

—  «uu/i;it,  Cott. 

—  jj«' u< Juraojaf uta,  Schl. 
Hotirrjurlitrinus,  d'Orb. 
/•««tarinu*,  sp. 


1887. 


ABÏIAUD.   —  RÉSUMÉ  SUR  LA  CRAIE  DU  SUD- OUEST 


909 


vie;  plus  au  Sud,  dans  la  vallée  de  la  Dordogne,  les  silex  générale- 
ment calcarifères  forment  au  môme  niveau  des  bancs  réguliers  au 
sein  de  calcaires  marneux  que  la  Société  a  reconnus  à  Belvès  et  près 
de  Beaumont.  Ils  disparaissent,  à  de  rares  accidents  près,  dès  l'avè- 
nement du  Dordonien  moyen. 

Le  faciès  de  ce  second  étage  tend  à  devenir  uniforme  dans  le  bas- 
sin ;  il  se  traduit  au  premier  aspect  par  la  coloration  de  ses  roches 
d'un  jaune  plus  ou  moins  rougeàtre.  Sur  les  rives  de  l'Isle,  autour 
de  Mussidan,  de  larges  lentilles  siliceuses,  diversement  colorées  et  se 
fondant  souvent  dans  la  masse  des  calcaires  environnants  occupent 
les  dernières  couches  du  Crétacé  où  elles  représentent  les  silex  à  Fau- 
jatia  de  Ch.  Des  Moulins  :  c'est  dans  ces  silex  que  s'est  réfugiée  la 
majeure  partie  de  la  faune  de  l'étage;  elle  y  annonce  l'invasion  des 
formes  tertiaires  (Buccinum,  Pseudoliva,  etc.)  qui  doivent  bientôt  suc- 
céder aux  genres  crétacés.  Les  calcaires  facilement  altérables  se  dé- 
sagrègent rapidement  sous  l'influence  des  agents  atmosphériques  et 
n'y  recèlent  que  de  rares  fossiles  :  Faujasia  Faujasi,  Hemiaster  pru- 
nella,  etc.  La  Société  les  a  vus  à  Beaumont,  route  de  Villeréal,  ex- 
ploités comme  pierre  de  taille  et  couronnés  par  un  banc  de  rudistes 
où  prédominent  les  Hippurites, 

L'arrondissement  de  Bergerac  a  seul  conservé  les  dépôts,  parlés- 
quels  se  termine  la  Craie  dans  le  Sud-Ouest  et  qui  constituent  le 
Dordonien  supérieur.  La  société  les  a  vus  autour  de  Beaumont,  indi- 
quant par  leur  nature  la  période  de  trouble  qui  a  provoqué  le  retrait 
définitif  de  la  mer  crétacée. 

La  faune  du  Dordonien  a  ses  principaux  représentants  énumérés 
au  Prodrome  (faunes  de  lloyan,  Lanquais,  Couze,  etc).  Parmi  les  Cé- 
phalopodes et  les  Echinides,  il  convient  de  rappeler: 


Nautilus  Ih'kayi,  Mort. 
Ammonites  epiplcctus,  Redt. 

—  Sp.    (fragments 

inédits  dans  les  silex). 
Scaphites  pulchrrrimus,  Rom. 
Baculite*  ancei>$,  Lk. 

—        Faujasi?  Lk. 
Hamitrs,  Sp. 

Turriiites  Archiacianus,  d'Or  h. 
tlemipneustes,  Cf.  Ih'Mlrei,  Coq.  (l). 
Cnrdinsler  Amaudi,  fol  t. 
M icr aster  laxojiorus,  d'Orb. 
Hemiaster  naaitu/us,  Suv. 

—  Moulinnanus,  d'Orb. 

—  prwmlla,  d'Orb. 


Clypeotampas  Lrskci,  d'Orb. 

—  acutus,  d'Orb. 

—  orbicalarisy  A  ni. 
Xucleolites  minimus,  Ag. 

—  N.  Sp. 

Hh/nchopyjus  Marmini,  d'Orb. 
Catopygus,  Sp. 
Krhl nant hus  IMerti,  Cùtt. 
Cas^idulus  tai-is  canari,  Lk. 
—  Sp. 

Faujasin  Fnujusi,  d'Orb. 
—        lun  ///,  Arii,  0. 
Fmij'i\i(t  (ipicrfis,  d'Orb. 
Ci.icia^trr  wniutus,  d'Urb. 
Pyrina  petrocuricusis,  des  M. 


ARNAUD.    —   RÉSUMÉ   SITU   LA    CRAIB    DO  SUD-OOBST      16  Mpt. 
_  Vemeuilli,  Cott. 

—  pulchfllum,   Cott. 

—  Amrlix,  Cott. 

—  propinguum.  Ara. 

—  Deimoulinri,   Cott. 

—  Delaunayi,  Coll. 

—  radialum,  Sor. 

—  remui.  Cott. 
Gnniopyyus  royanut,  il'Arch. 
Codiopsii  regalia,  ColU 


H10 

—     /Taira,  Arn. 
Holectypui  turanciiiit,   Des. 
Safenta  tcutigera,  Gray. 

—  Bourgeaisi,  Coll. 

—  £onni»înfi,  Cott. 
Cidaril  itibveiiculasn,  d'Orb. 

—  ;»fuda/>£»(i/(u»i,  Cott. 
Temnoridaris  Baylc*,  Cott. 
Mierotoma  Croitieri,  Cott. 
Cyphoxoma  Girvmntnse,  Des. 

—  mûjni/îcum,  Ap. 

—  Sœmannt,  Coq. 

Si  l'on  jette  un  regard  d'ensemble  sur  la  région  dont  les  principaux 
caractères  viennent  d'être  résumés,  on  remarque  quatre  périodes 
pendant  lesquelles  les  formations  coralligènes  se  sont  graduellement 
développées  pour  cesser  ensuite  brusquement. 

Au  début,  dans  le  Carentonien,  le  Coralligene  a  été  radicalement 
arrêté  à  l'apparition  du  Ligérien. 

Il  a  commencé  à  renaître  avec  l'Angoumien  et  s'est  poursuivi  jus- 
qu'au sommet  du  Provencien. 

Interrompu  par  le  Coniacien,  il  reparaît  avec  le  Santoiiiun  et  te 
développe  jusqu'à  la  fin  de  l'étage. 

Nul  dans  le  Campanien,  il  s'est  réveillé  vers  la  fin  de  l'étage  et  ■ 
persisté  jusqu'au  sommet  du  Dordonien. 

On  pourrait  ainsi  résumer  la  pbysionomie  générale  du  bassin  par 
le  tableau  suivant: 


Dordonien 


Corallien 


4887.  ARNAUD.   —  RÉSUMÉ  SUR  LA   CRAIB  DU  SUD-OUEST  941 

gique  qui  ont  pris  part  à  la  réunion  de  Rochefort,  exprime  ses 
remerciements  à  M.  Arnaud,  Président  de  la  session,  pour  la  manière 
magistrale  dont  il  leur  a  exposé  et  montré  l'économie  du  terrain 
crétacé  dans  les  Gharentes. 

Il  rend  témoignage  aux  recherches  persévérantes  qui  ont  valu  à 
son  confrère  une  connaissance  aussi  technique  de  la  situation  du 
pays  et  des  divers  niveaux  paléontologiques,  devenus  classiques, 
dont  il  a  mis  les  membres  de  la  Société  Géologique  à  même  de  re- 
connaître avec  une  parfaite  netteté  les  relations  réciproques  et  de 
recueillir  avec  une  sûreté  merveilleuse  de  détermination  les  richesses 
exceptionnelles. 

L*unité  remarquable  de  la  formation  crétacée  dans  ces  régions, 
formulée  dans  la  première  séance  par  le  Président,  a  apparu  dans 
tout  son  jour  à  la  fin  de  l'excursion. 

M.  de  Rouville  s'est  donné  comme  d'autant  plus  personnellement 
reconnaissant  de  la  savante  direction  de  M.  Arnaud  que,  privé  dans 
le  département  de  l'Hérault  de  la  plus  grande  portion  du  terrain  cré- 
tacé, il  avait,  plus  qu'aucun  autre  de  ses  confrères,  besoin  d'être 
initié  à  la  connaissance  de  ces  horizons  nouveaux  pour  lui  ;  grâce  à 
M.  Arnaud,  il  a  pu  faire  ample  provision  de  matériaux  d'instruction 
personnelle  et  d'enseignement. 

11  rappelle,  en  finissant,  la  précieuse  assistance  de  MM.  Boisselier 
et  Mouret,  à  Rochefoct  et  à  Périgueux,  et  félicite  la  Société  d'avoir 
trouvé,  dans  une  même  région,  autant  de  guides  dévoués  et  compé- 
tents. 

Enfin,  il  vote  des  remerciements  cordiaux  à  M.  Réjaudry  pour  la 
manière  habile  dont  il  a  su  pourvoir  au  bien-être  et  au  confort  de 
la  compagnie,  en  dépit  des  difficultés  d'un  changement  réitéré  de 
place  à  de  grandes  distances. 

La  Société  s'associe  tout  entière  à  l'expression  de  ces  sentiments. 

M.  le  Président  remercie  ses  confrères  des  sentiments  sympathi- 
ques dont  M.  de  Rouville  vient  de  se  faire  l'interprète  et  constate 
que  si  la  réunion  a  produit  d'heureux  résultats,  c'est  au  bienveillant 
concours  des  Membres  qui  y  ont  pris  part  qu'ils  sont  dus. 

L'ordre  du  jour  étant  épuisé,  le  Président  prononce  la  clôture  de 
la  session  extraordinaire. 

La  séance  est  levée  à  deux  heures. 


912  MOURET.   —  EXCURSION   A   BORREZE  16   Sept. 

Compte  rendu  de  l'Excursion  du  16  septembre  1887,  à  Borrêosa 
{Dordogne), 

Par  M.  Mouret. 

Pendant  que  la  majeure  partie  des  membres  de  la  Société,  après 
la  visite  aux  mines  de  Simeyrols,  rentraient  à  Sarlat  pour  assister  ils 
séance  de  clôture,  deux  des  membres,  MM.  Znrcher  et  Mouret,  pour- 
suivaient l'excursion  jusqu'à  Borrèzecn  vue  d'examiner  les  couches 
du  terrain  jurassique. 

Les  environs  de  Borreze  sont  particulièrement  favorables  ponr 
l'étude  du  terrain  oolithiquedu  Sud-Ouest  de  la  France.  Le  pays  est 
creusé  de  vallons  profonds,  en  sorte  que  les  coupes  naturelles  sont 
assez  complètes  et  nettes;  les  couches  ont  un  fort  plongeaient  vers 
le  Sud-Ouest,  ce  qui  fait  affleurer,  dans  un  court  espace,  toutes  le* 
assises  du  terrain  oolilhique  à  l'exception  duBajocien.  Toutes  cet 
couches  ont  été  décrites  par  M.  Mouret  (1). 

Après  s'être  rendus  en  voilure  a  Borreze,  MM.  Znrcher  et  Mouret 
ont  pris  la  route  de  Borrèze  à  Souillac  jusqu'à  la  forge  du  Boulet, 

Les  premières  couches  à  la  sortie  de  Borreze  sont  des  calcaires 
subi  itho  graphique  s,  de  teinte  claire,  en  bancs  épais  et  bien  stratifiés. 
Ces  calcaires  exposés  à  l'air,  sont  un  peu  gélifs,  et  les  cassures  dues 
a  la  gélivité  ne  sont  pas  lisses  comme  celles  des  calcaires  homogènes, 
à  grain  fin,  ou  celle  des  calcaires  lithographiques.  Quelques  cou- 
ches sont  oolithiques,  d'autres  lithographiques.  Ces  couches  sont 
peu  fossilifères,  et  ont  un  faciès  plutôt  coralligène. 

A  Peyre-Plale,  une  pejHjj  carrière  mivurtu  sur  le  bord  de  la  route 


4887.  MOURIT.  —  BXCUHSÏOW  A  BOREÈZB  913 

caires  blancs,  assez  tendres,  bréchoïdes,  très  hétérogènes  et  pénétrés 
de  calcite  cristallisée.  Ces  couches  passent  à  des  calcaires  feuilletés 
et  à  des  calcaires  oolithiques,  avec  polypiers  roulés,  surtout  dévelop- 
pés vers  le  village  de  Bouzoles.  Elles  sont  peu  fossilifères,  mais  con- 
tiennent en  grande  abondance,  en  certain  point,  une  rhynchonelle 
que  Ton  peut  rapporter  à  peu  près  sûrement  à  la  Rhynchonella  elegan» 
tula. 

Peu  après  Bouzoles,  les  talus  de  la  route  montrent  des  bancs  de 
calcaires  durs,  gris,  mal  stratifiés,  qui  passent  inférieurement  à  une 
véritable  brèche  argileuse.  Ces  couches  sont  plus  ou  moins  marquées 
par  les  éboulis,  mais  en  d'autres  points  de  la  môme  région,  il  est 
facile  d'y  constater  la  présence  de  calcaires  souvent  bitumineux, 
avec  fossiles  d'eau  douce  et  végétaux.  C'est  l'horizon  signalé  déjà  par 
H.  Bleicher,  dans  le  département  du  Lot  (4). 

Sous  ces  couches,  à  la  Forge  et  jusqu'à  Souillac,  apparaissent  des 
calcaires  d'un  faciès  tout  différent.  Ce  sont  des  calcaires  lithogra- 
phiques ou  à  grain  fin,  en  bancs  bien  réglés,  dont  la  dureté  varie 
d'un  banc  à  l'autre  et  alternant  avec  des  marnes  feuilletées  plus  ou 
moins  argileuses.  Ces  couches  sont  pou  fossilifères  d'ailleurs.  Elles 
passent  à  des  couches  de  nature  analogue,  mais  moins  marneuses 
et  sans  fossiles  qui,  elles-mêmes,  reposent  sur  les  calcaires  ooli- 
thiques ou  dolomitiques  runiformes  constituant  la  base  du  Bajocien  ; 
mais  ces  couches  n'affleurent  pas  dans  la  région  de  Borrèze. 

Après  avoir  reconnu  la  présence  des  bancs  supérieurs  des  cal- 
caires  lithographiques  avec  marnes  feuilletées,  MM.  Zurcher  et  Mou- 
ret,  revenant  sur  leurs  pas,  ont  suivi  la  route  qui  conduit  du  moulin 
de  la  Renaudie  à  Eyvignes  et  montre  d'une  manière  très  complète  la 
luccession  des  couches  supérieures  aux  calcaires  en  corniche. 

Le  début  de  la  route,  après  la  traversée  du  ruisseau,  est  précisé- 
ment dans  ces  calcaires  durs  lithographiques  qui  forment  des  corni- 
ches et  dont  M.  Zurcher  assimile  le  faciès  à  ces  calcaires  compacts 
qui  constituent  parfois  l'Oxfordien  du  midi  de  la  France. 

Les  calcaires  sublilhographiques  supérieurs  aux  calcaires  en  cor- 
niche sont  généralement  masqués. 

Ils  sont  surmontés  par  des  calcaires  en  bancs  épais  très  gélifs, 
suboolithiques,  grumeleux,  contenant  beaucoup  de  fragments  de 
polypiers  noyés  dans  la  roche,  mais  peu  fossilifères.  Ces  couches 
sont  activement  exploitées  pour  pierre  de  taille,  dans  la  vallée  en 
amont  de  Borrèze.  C'est  avec  ces  matériaux  qu'a  été  construit  le 
pont  de  Souillac  sur  la  Dordogne. 

(1)  Bleicher.  Essai  de  paléontologie  de  l'oolithe  inférieure  des  bords  sud  et  sud- 
ouest  du  plateau  central,  Annales  cL:s  Mines,  1872, 


914  ABEIAUD. —  EXCURSION   A   MOMTIGNAC-SUH-  VÉZÈHE  16  SCpt. 

Au-dessus  de  ces  bancs  les  laïus  de  la  route  montrent  des  c*L 
caires  plus  durs,  s  ablil  ho  graphique  s,  avec  Nerinta  Esgaudi,  Nt- 
ritua  lubcylindrica  et  autres  espèces  du  même  genre.  Ces  cal- 
caires passent  peu  à  peu  à  des  calcaires  blancs  à  grain  plus  fin, 
schisteux,  en  plaquettes  couvertes  de  moules  de  petits  bivalves. 
Puis,  succède  à  ces  bancs  une  brèche  argileuse,  analogue  à  la 
brèche  inférieure  et  contenant  également  des  calcaires  &  faune  pro- 
bablement lacustre.  Cette  brèche  forme  dans  la  région  un  niveau  un 
peu  aquifère.  Elle  se  maintient  avec  ce  caractère  jusque  dans  la 
vallée  du  Lot;  mais,  plus  au  Sud,  elle  parait  passer  aux  calcaires  litho- 
graphiques eu  bancs  réguliers  de  Septfonds,  que  notre  confrère 
M.  Péron  place  au  niveau  géologique  des  couches  de  la  Pointe  du 
Ghé,  c'est-à-dire  du  Ptérocérien  inférieur. 

Vers  le  faîte,  cette  brèche  est  surmontée  par  des  calcaires  en  bancs 
réguliers,  oolitique,  grumeleux,  ou  à  grain  Bn,  avec  polypiers  et  pré- 
sentant un  faciès  corallien.  Enfin,  si  l'on  s'écarte  de  la  route  pour 
se  diriger  vers  ia  Genebrière,  près  du  point  le  plus  élevé  on  trouve, 
sous  le  Ligérien  qui  couronne  la  hauteur,  des  calcaires  à  Ostraa 
virgula. 

Eu  résumé,  depuis  les  couches  de  la  Forge  toutes  les  couches 
oolitbiques,  jusqu'au  Virgulien,  présentent  un  faciès  coralligène.  Les 
fossiles  y  sont  rares,  engagés  dans  la  roche,  et  la  détermination  de 
l'âge  exact  des  couches  nécessitera  de  longues  études.  Il  faut  retenir 
aussi  ce  fait  :  qu'il  existe  deux  niveaux  à  faune  d'eau  douce.  L'un, 
vers  la  partie  supérieure  du  Bathonien,  et  qui  n'est  pas  le  prolonge- 
ment de  celui  qu'on  Ipeut  observer  sur  les  grands  causses  du  Lan- 
guedoc, se  retrouve  encore  près  de  Thenou  (Dordogne);  l'autre,  a  la 


1887. 


ARNAUD.    —   EXCURSION  A  MOïfTIGNAC-SUR-VEZÈRB 


915 


grès  jaunes  et  des  calcaires  arénacés  ferrugineux  provenciens  à 
Sphœr.  Sauvagesi  que  l'on  aperçoit  du  pont  affleurant  sur  la  rive 
droite  de  la  Vezère  et  que  l'on  a  retrouvés  sur  les  routes  d'Aubas  et 
de  Condat  entaillés  dans  toute  leur  hauteur  :  les  marnes  grises  qui 
leur  succèdent  remontent  dans  le  coteau  avec  une  puissance  de  huit 
k  dix  mètres  :  elles  traversent,  au  sortir  de  Montignac,  la  route  de 
Saint-Léon  qui  les  coupe  en  tranchée  ;  malheureusement  leur  nature 
altérable  et  le  retrait  successif  qu'elle  entraîne,  laissant  en  saillie  les 
roches  solides  supérieures,  ont  nécessité  la  construction  d'un  mur  de 
soutènement  qui  ne  permet  plus  de  les  y  observer  sur  place.  On  en 
a  retrouvé  la  partie  supérieure  au  début  de  la  rampe  de  la  route  de 
Sarlat  et  l'on  a  pu  les  étudier  plus  complètement  à  Aubas  où  les  cher- 
cheurs ont  fait  une  ample  moisson.  On  y  a  recueilli  notamment  : 


Nautilus  rotundus  ?  Héb. 

Ammonites  petrocoriensis.  Coq.  (Alsta- 

denensis,  Scbl.?) 
TurriUUa  Baugasi,  d'Orb. 
Actœonella  crassa,  d'Orb. 
Pterodnnta  obesa,  Coq. 
Cardium  hillanum,  Sow. 
C.  productwn,  Sow. 
C.  Faujasi,  Desm. 
Trigonia  limbata,  d'Orb. 
Arca  santonensis,  d'Orb. 
Isocardia  ataxensis,  d'Orb. 
C  rassoie  lia  regularis,  d'Orb. 
Myoconcha  svpracretacea,  d'Orb. 
Anatina  royana,  d'Orb. 
Arcopagia  numismalis,  d'Orb. 
Venus  subplana,  d'Orb. 


Tapes  Zitteli,  Matb. 
Capsa  discrepans,  d'Orb. 
Pholadomya  Marrotiana,  d'Orb. 
Mitylus  divarieatus,  d'Orb. 
M.   Marrotianus,  d'Orb. 
Lima  santonensis,  d'Orb. 
Perte n  Espaillaci,  d'Orb. 
P.  Dujardini,  Rom. 
Janira  quadricostata,  d'Orb. 
Ostrœa  prtrocoriensis,  Coq. 
O.  trit/onh'formiSf  Coq. 
0.  hippopodium,  Nilss. 
Exogyra  spinosa,  Math. 
E.  decussata,  Coq. 
Rhynchonella  petrocoriensis,  Coq. 
Cyphostmia  Bourgeoisi,  Cott. 
et  nombreux  Bryozoaires. 


Aux  marnes  grises  succèdent  des  bancs  noduleux  empâtés  de 
marnes  piquées  deglauconie  et  présentant  la  même  faune,  puis  des 
calcaires  schistoïdes,  durs,  en  plaquettes,  blanchâtres  d'abord,  puis 
prenant  une  teinte  rosée  :  la  dureté  de  la  roche  ne  permet  guère 
d'en  extraire  de  fossiles  :  les  espèces  que  l'on  y  reconnaît  sont  celles 
de  la  zone  inférieure. 

Au-dessus  le  calcaire  prend  une  structure  plus  homogène,  une 
coloration  jaune,  un  grain  assez  tendre  pour  en  permettre  l'exploita- 
tion comme  pierre  de  taille  :  c'est  le  en  feaire  jaune  du  Sariadais  rétabli 
par  M.  Harlé  à  son  véritable  niveau:  quelques  carrières  sont  ouvertes 
dans  le  coteau  d'Aubas;  on  y  trouve:  Ithynchonella  Baugasi,  d'Orb., 
Terebratulina  echinulata,  d'Orb.,  Exogyra  [Mû fera,  Duj.,  Exog.  spi- 
nota,  Math.,  Ostrœa  hippopodium,  Nilss.  et  de  nombreux  Bryozoaires. 
XV.  59 


1H6  AIINAUD.    —    EXCURSION  A  MONTIfiHAC-StH-TKIÈRI!  16    Sept. 

L'étage  coniacien  se  termine  au-dessus  de  ce  niveau  par  des  bancs 
dan,  inexploités,  se  profilant  en  promontoires  ou  en  bourrelets  sur 
le  flanc  des  coteaux  où  ils  percent  les  surfaces  émoussées,  tapissées 
par  les  débris  des  roches  plus  altérables  au  milieu  desquelles  ils  sont 
placés. 

Après  un  rapide  déjeuaer,  les  excursionnistes  se  sont  rendus  a 
Sergeac  ;  ils  ont  pris  la  route  des  Eyzies  à  son  début  et  ont  commencé 
l'ascension  de  cette  voie  qui  les  a  conduits  en  tranchées  continues  au 
sommet  du  Sautonieo  supérieur  :  on  a  pu  ainsi  se  rendre  exactement 
Compte  de  l'ordre  complet  de  succession  des  couches  et  du  dévelop- 
pement remarquable  que  prennent,  en  s'avançant  vers  le  S.-E.,  les 
étages  coniacien  et  sanlonien.  On  a  constaté  a  l'aide  de  la  carte  de 
l'Elat-major  que  la  côte  de  la  Vezère,  un  peu  au-dessus  du  début  du 
Coniacien,  au  moulin  de  la  Querrerie,  était  de  fit  mètres  et  que  l'on 
atteignait  267  mètres  au  point  culminant  placé  au  sommet  du  Santo- 
uien  ;  c'est  donc  une  épaisseur  de  couches  de  plus  de  200  mètres  qui 
correspond  sur  ce  point  aux  deux  étages  réunis. 

Les  calcaires  durs  coniaciens  ressortent  uus  à  la  base  du  coteau 
sur  les  flancs  d'une  petite  vallée  tributaire  de  la  Vezère,  à  quelques 
cents  mètres  en  aval  de  Sergeac;  ils  s'y  élèvent  à  une  trentaine  de 
mètres  environ;  on  les  a  retrouvés  coupés  le  long  de  la  roule  des 
Eyzics,  sans  fossiles,  mais  facilement  inconnaissables  au  grain  et  a 
la  dureté  de  la  roche, 

Quelques  hancs  schisteux,  durs,  en  plaquettes,  les  couronnent  el 


1887.  AtHAUS.   —  nCCHIIOH  A  MOHTieNAC-SUR-VKZËBI  917 

ont  montré  l'énorme  accnmnlation  de  ces  Ostracées  formant,  a  un 
niveau  constant,  un  banc  régulier  dans  toute  l'étendue  du  bassin  et 
permettant  de  distinguer,  par  leur  interposition,  les  deux  autres 
termes  de  l'étage. 

Le  Santonien  supérieur  traduit  par  des  bancs  durs,  lenticulaires, 
engagés  dans  des  zones  sableuses,  a  montré,  dès  ses  premières  assi- 
ses, ses  Rudistes  siliceux  empâtés  dans  la  roche  et  se  trahissant  en 
saillie  par  l'effet  de  l'érosion.  Dès  les  premières  couches  on  a  reconnu 
la  présence  des  Foraminifères  constatés  àLarzac  dans  le  Campanien 
[Orbkulina,  Atveolina).  Au  détour  de  la  route  on  a  fait  halle,  et,  se 
dispersant  dans  un  champ  moissonné  qui  forme  à  gauche  un  petit 
plateau,  on  a  commencé  une  riche  récolte  do  Rudistes  santoniens  : 
on  a  pu  emporter  des  échantillons  bien  conservés  de  Sp/iœr.  Hwning- 
hausi,  Sph.  Coquandi,  Sph.  paiera,  Radiolitet  fissicostatut,  Rad.  Mauldei. 
M.  Dumas  a  eu  la  bonne  fortune  de  mettre  la  main  sur  un  bouquet 
A'Bippurites  dilatatui  formé  de  trois  individus  soudés  parleurs  valves 
inférieures  ;VOstrea  acutirottrU,  une  Toucasia  Toucasi  et  deux  Clypeo- 
îampai  ovum  ont  complété  la  moisson.  Au  retour,  un  cultivateur  a 
offert  à  M.  Collot  un  Hippurite  siiicitlé  voisin  de  H.  radiotus,  prove- 
nant certainement  du  Santonien,  et  que  notre  confrère  a  reproduit 
par  le  dessin  annexé  (lïg.  15),  en  plaçant  en  regard  la  coupe  du  type 

Fig.  ir>. 


radioim  siliciûé  des  environs  dû  Montignac.  —  Santonien  supérieur. 

recueilli  à  Beaumont  (flg.  16).  On  a  suivi  le  Santonien  jusqu'au  col 
qne  traverse  la  route  :  la  roche  plus  calcaire  devient  pauvre  en  fos- 
siles et  se  charge  de  gros  silex  en  rognons  ;  le  Cumpaniim  qui  devait 
la  couronner  a  été  enlevé  par  érosion. 


ABHACD.    —   BXGDRSrOH  A    MOBT1GHAC-SCH-TEZÈHK  16   Sept. 

Fig.     16. 


Bippvritet  radioiua  de  Peyron,  près  Beaomoot.  —  Dordoninn.  (Calque  prii  nr 
une  section.) 

En  retournant  vers  Sergeac  par  les  coteaux  faisant  face  à  celai  dam 
lequel  la  route  suivie  était  tracée,  on  a  admiré  les  vastes  horizons  que 
ce  point  culminant  permet  d'embrasser  et  l'on  s'est  arrêté  on  instant 
en  face  du  cirqne  creusé  par  la  Vezere,  un  peu  au  delà  de  Saint-Léon, 
et  connu  sous  le  nom  de  côte  de  Jaure  ;  en  plongeant  les  regards 
vers  Saint-Léon,  on  voyait  les  derniers  affleurements  coniaciens  for- 
mant une  sorte  de  quai  le  long  et  au  niveau  de  la  Yezëre  disparaître 
dans  U  vallée  sous  les  cultures.  An  pied  du  cirque  de  Jaure,  les  cal- 
caires santoniens  entaillés  verticalement  sur  la  face  sud,  présentent 
au  coté  nord  une  pente  un  peu  plus  adoucie.  A  moitié  hauteur,  comme 
un  mur  saillant,  fermé  au  début,  puis  ruiné  par  places  et  ne  se  mon- 
trant que  de  distance  en  distance,  le  banc  à  Botryopygut  au-dessus 


TABLE  GÉNÉRALE  DES  ARTICLES 


CONTENUS    DANS    CE   VOLUME 


l'agei 

Prron.  —  Présentation  d'ouvrage 5 

Gauthier.  —  Présentation  d'ouvrage 5 

Gauthier.  —                Idem                 6 

Bodry  (de).  —  Présentation  d'ouvrage 6 

Cossmann.  —  Présentation  d'ouvrage 6 

Cos8Mann.  —               Idem                 7 

Bourv  (de).  —  Observations 8 

CoTTBAik  —  Observations, 8 

Cottbau.  —  Présentation  d'ouvrage 9 

Chblot.  —  Présentation  d'ouvrage 9 

John  Bblknap  Margou.  —  Présentation  d'ouvrage 9 

Dollfos  rt  Ramond.  —  Présentation  d'ouvrage 10 

Gaudrt.  —  Lettre. 10 

Flot.  —  Note  sur  le  Prohalicore  Dubaleni 11 

Boury  (de).  —  Observations .  % 12 

Launay  (de).  —  Note  sur  deux  gisements  de  Cordiérite,  etc.,  de  Com- 

mentry 12 

Moutet.  —  Note  sur  une  formation  wealdienne  du  Var 13 

M.  Bertrand.  —  Observations 15 

Arnaud.  —  Noto  sur  les  argiles  bariolées  de  Tercis 15 

Stam8las  Meunier.  —  Note  sur  une  substance  résineuse 23 

Sacco.  —  Note  sur  le  Fosscuiien,  nouvel  étage  Pliocène 27 

Salvador  Caldbron.  —  Note  sur  les  études  de  physique  géologique  .  36 

Lory.  —  Note  sur  le  Trias  dans  les  Alpes  de  la  Savoie 40 

Cottbau.  —  Présentation  d'ouvrage 48 

Carez  bt  Vasseur.  —  Présentatiou  d'ouvrage 49 

Foktahnbs.  —  Présentation  d'ouvrage 49 

Foktannbs.  —  Note  sur  la  faune  des  étage*  sarmatique  et  levantin  de 

Roumanie 49 

Douvillk.  —  Observations fil 


920  TABLE   GÉNÉRALE    DBS   ARTICLES. 

Bsrihkli.n.  —  Note  sur  l' Hélix  Arnouldi 41 

Dblafokd.  —  Note  sur  les  tufs  de  Meumieuï flï 

Dhlafond.  —  Note  sur  les  alluvions  anciennes  de  la  Bresse  et  des  Dombes.  65 

Bornbman.n.  —  Présentation  d'ouvrage 81 

Douvillé.  —  Observations  relatives  à  l'étude  de  M.  Deslongchamps  sur 

les  Brachiopodes SI 

Tardt.  —  Nouvelles  observations  sur  la  Bresse. 88 

Flot.  —  Note  sur  le  ProhaUcort  Cubaient  (PI.  1) 134 

Ph.  Thomas.  —  Note  sur  les  Vertébrés  fossiles  de  la  province  de  Cons- 
tantin    13» 

A.  Gaudrt.  —  Communication   d'une  lettre  de  M.    Zawiska    sur  le 

Quaternaire  de  Pologne 143 

Coiteau.  —  Présentation  d'ouvrage 143 

0.  Dollfl-s.  —  Note  sur  les  faluns  de  la  Touraine 143 

A.  Tolcas.  —  Observations  sur  la  Craie  supérieure  de  Dieuleflt.    ...  149 
A.  Toucas.  —  Observations  au  sujet  de  la  Note  de  M.  de Lacvivier sur 

les  terrains  crétacés  de  l'Aricge  et  de  l'Aude Itt 

Baron.  —  Note  sur  le  terrain  crétacé  inférieur  et  moyen  des  Alpes- 

Maritimes 193 

Choffat.  —  Note  sur  les  fossiles  de  la  province  d'Angola 1M 

Ritot  et  Van  den  Broeok.  —  Note  sur  la  base  du  terrain  tertiaire  en 

Belgique,  et  sur  l'âge  du  Tufeau  de  Ciply 167 

Bookgeat  (l'abbé).  —  Considérations  sur  le  Jurassique  supérieur  do 

Jura  méridional ISt 

Toubmkr.  —  Notes  sur  les  couches  purbeckiennes  dans  la  vallée  infé- 
rieure du  Suran 170 

DonnLLÉ.  —  Le  testament  de  M.  Fontannes 174 

Bekthkmn.  —  Communication  du  projet  de  budget  de  1886-87.   ...  174 

Carez  bt  Vassf.uk.  —  Présentation  de  cartes 178 

i..   i  '  •:  ■.■■■  .-  ,     ■        A     '      -   i:    .  ■   :    ■ .   ■.;: :         ■J  -J  =  j  = 


TABLE  GÉNÉRALE   DBS  ARTICLES.  921 

Ferrand  de  Mibsol.  —  Rapport  de  la  commission  de  Comptabilité  .  .  243 
Go8sklbt.    —    De  l'envahissement  progressif  de  l'ancien  continent 

cambrien  et  silurien  de  l'Ardenne  par  les  mers  dévoniennes.  .  249 

Dollfus.  —  Observations 257 

Gossblkt.  —  Réponse 259 

Oosselbt.  —  Remarques  sur  la  faune  dévonienne  de  l'Ardenne  .   .  .  259 

J.  Berorron.  —  Sur  le  bassin  bouiller  d'Auzits  (Aveyron) 262 

L.  Dru.  —  Description  du  pays  situé  entre  le  Don  et  le  Volga,  de  Ka- 

latch  à  Tsaritsine  (PI.  II) 265 

M.  Saporta  (de).  —  Nouveaux  documents  relatifs  aux  organismes  pro- 
blématiques des  anciennes  mers  (PI.  III  à  VII) 286 

Sarran  d'Allard  (de).  —  Note  sur  les  environs  de  Pont-Saint-Esprit 

(PI.  VIII) 302 

Monikr-Chalmas.  —  Communication  sur  trois   genres  nouveaux  de 

Foraminifères 327 

Bourqbat  (l'abbé).  —  Contribution  à  l'étude  du  Crétacé  supérieur  dans 

le  Jura  méridional 328 

Collot  (L).  —  Age  des  Bauxites  du  S. -E.  de  la  France 331 

Fadre.  —  Origine  des  Cirques  volcaniques  (volcans  de  Beauzon)  (Ar- 

dèche)  (PI.  IX) 346 

Marorrie  (de).  —  Présentation  d'un  relief  en  plâtre  de  la  Pennsylvanie 
au  nom  de  M.  J.  P.  Lesley  et  observations  sur  les  plisse- 
ments des  Terrains  paléozoïques 356 

Dou ville.  —  Communication  sur  le  genre  Polyconites 358 

Mouret.  —  Note  sur  le  Lias  des  environs  de  Brives 358 

Bergeron.  —  Note  sur  les  Terrains  anciens  de  la  Montagne  Noire  .  .  373 

Œhlrrt.  —  Observations 382 

Lapparknt  (de).  —  Contraction  et  refroidissement  du  globe  terrestre.  383 

Labat.  —  Observations 401 

Boehm  et  Chelot.  —  Note  sur  les  calcaires  à  Pcrnaet  à  Megahdon%  du 

moulin  de  Jupilles  (Sarthe) ,  403 

Sarran  d'Allard  (de).  —  Résumé  de  la  monographie  géologique  de 

Cabrières  par  M.  de  Rouvillc  .   .   • 414 

Albert  Gaudry.  —  Sur  le  petit  Ursus  spelseus  du  Muséum 423 

Marcel  Bertrand.  —  Conférence  sur  la  chaîne  des  Alpes  et  la  forma- 
tion du  continent  européen 423 

Cotteau.  —  Présentation  d'ouvrages 117 

Grossouvre  (de).  —  Sur  les  gisements  de  phosphate  dechaux  du  Centre  de 

la  France 1 17 

Parandier.  —  Présentation  d'ouvrages  .   .   .  .  • 450 

Viguibr.  —  Sur  l'Albien  supérieur  des  Corbièrcs 151 

L.  Carez.  —  Observations 458 

Stanislas  Meunier.  —  Sur  le  tremblement  de  terre  de  Liguric  (1887).  459 
W.  Kilian.  —  Note  sur  le  Gault  de  la  montagne  de  Lure  et  le  Schloen- 

bachia  inflatiformis 464 

Albert  Gaudry.  —  Communication  sur  le  Dimodosaurus  polignyensis .  465 


922  TABLB    GÉHÉBALE    DBS   ARTICLES. 

Cottkau.  —  Allocution  présidentielle 

H.  Douvillé.  —  Notice  nécrologique  sur  F.  Font&nnes 

Ed.  Fuchs.  —  Notice  nécrologique  sur  A.    E.    Béguyer   de    Chan- 

courtois 

Dbpkret.  —  Sur  les  horizons  roamma  logique  s  miocènes  du  bassin  du 

Rhône 

Albert  Gaudbï,  —  Observations 

Grossouvrs  (de).  —  Sur  le  système  uolitiquo  inférieur  dans  la  parue 

occidentale  du  bassin  de  P.iris 

Viquikr.  —  Réponse  aux  observations  de  M.  Carez  à  propos  de  l'Ai— 

bien  supérieur  des  Corbières 

L.  Carbz.  —  Réponse 

Gobbt.  —  Géologie  du  bassin  de  l'Uba\e(PI.  X) *   .    .   .   . 

Cottkau.  —  Présentation  d'ouvrage 

M  au  mes  Hovblacqub.  —  Découvertes  de  M.  Gourdon  dans  te  Silurien 

des  Pyrénées 

J.  SBCNiis.  —  Sur  quelques  Ammonites  du  Gault  (PI.  XI  à  XIV).   .  . 

Zkiller.  —  Présentation  d'uue  brochure  de  M.  R.  Kidstnn 

Ch.  Schlombbbgbr.  —  Note  sur  les  Bitoculina  bullo'ahi  et  B.  ringeni 

(PI.  XV) 

Cossiqnt  (de).  —  Sur  le  Crétacé  intérieur  du  Sud-Est  du   bassin  de 

Paris 

A.  Gaudbï.  —Observations * 

Cossiqnv  (de).  —  Réponse 

Laovivier  (de),  —  Sur  le  Crétacé  de  L'Ariège 

H.  Nolan.  —  Note  sur  le  Trias  de  Minorque  et  de  Majorque  .... 

Alhkht  Gauory.  —  Présentation  d'ouvrage 

E.  Pellat.  —  Présentation  d'un  ouvrage  de  M.  Pilletet  note  sur  le 

gisement  de  Saint-Saturnin 

Cottkau.   —  Noie  sur  des  travaux  récents  de  M.  Roussel  . 


TABLE  GÉNÉRALE  DBS  ARTICLE 8.  933 

Munibr-Chalmau,  Ed.  Fuchs,  dk  Mkrcbt.  —  Discussion 725 

Ed.  Fuch8.  —  Sur  la  Géologie  de  l'Isthme  de  Corinthe 725 

Sauvage.  —  Note  sur  Tare  pectoral  d'un  Ichthyosaure  du  Lias  de  Wat- 

chet(Pl.  XXVI) 726 

Zigno  (de).  —  Sur  les  Siréniens  fossiles  (PI.  XXVII) 728 

J.  Seunes.  —  Note  préliminaire  sur  la  Géologie  du  département  des 

Basses-Pyrénées 732 

M.  Gourdon.  —  Note  sur  les  débris  de  Mammifères  du  Sud-Ouest  .   .  735 
Rouville  (de).  —  L'horizon  armoricain  dans  la  région  de  Cabrières 

(Hérault) 738 

Stuart-Mbnteath  .  —  Gîtes  fossilifères  de  Villefranque  (Basses- Pyré- 
nées)   741 

Fr.  Léenhardt.  —  Le  Crétacé  inférieur  de  la  Clape  (Aude) 742 

J.  Bkrgeron.  —  Note  sur  l'existence  probable  d'une  nouvelle  assise  du 
Dévonien  inférieur  sur  le  versant  méridional  de  la  Montagne 

Noire 756 

H.  Dou ville.  —  Chamidéset  Rudistes  (PI.  XXV1II-XXXI) 756 

Arnaud.  —  Aperçu  général  sur  la  Craie  du  Sud- Ouest  (PI.  XXXII).   .  809 

Bbltrémibux.  — Excursion  à  Chatelaillon 814 

Collot.  —  Excursion  à  Port-des-Barques,  à  l'Ile  Madame  et  à  Piéde- 

mout 818 

Cotte  au.  —  Excursion  à  Saint-Palais 822 

Zurcher  et  Arnaud.  —  Excursion  à  Meschers  et  Talmont 824 

Cotteau.  —  Communication 832 

Mourbt.  —  Visite  au  Musée  de  Périgueux 833 

Bertrand.  —  Excursion  à  Chancelade 83-1 

Arnaud.  —  Excursion  à  Saint-Cirq  et  Beaumont  de  Périgord 841 

Zurcher.  —  Excursion  aux  environs  de  Beaumont 845 

M.  Bertrand.  —  Communication 848 

Benoist.  —  Gisements  tertiaires  des  environs  de  Beaumont 849 

Bertrand.  —  Observations 854 

Tardy.  — Terrains  tertiaires  du  S. -0.  du  Plateau  central 856 

L.  Landbsque.  —  Grottes  et  abris  de  Tazac 863 

L.  Landesque.  —  Station  préhistorique  de  Combe-Capellc 866 

Collot.  —  Excursion  à  Bel  vos  et  Sarlat 869 

Mourrt.  —  Excursion  aux  mines  de  Simeyrols 875 

Zeiller.  —  Flore  des  lignites  de  Simevroles 882 

Arnaud.  —  Résumé  des  observations  sur  la  Craie  du  S.-0 884 

Mouret.  —  Excursion  à  Borrèze 912 

Arnaud.  —  Excursion  à  Montignac-sur-Vezère 914 


FIN    DE    LA   TABLE   GENERALE   DES    ARTICLES 


■«• 


r*i 


■  V 


BULLETIN 


DE  LA 


r  r 


SOCIETE  GEOLOGIQUE  DE  FRANGE 


TABLE 

DES  MATIÈRES  ET  DES  AUTEURS 


POUR  LE   QUINZIEME    VOLUME 


(troisième  série) 


Année     1  9£»  e-  1 99  7 


Albien.  Sur  l'—  supérieur  des  Cor- 
bières,  par  M.  Viguier,  451.  =  Ré- 
ponse aux  observations  de  M.  Carez 
à  propos  de  1'—  supérieur  des  Cor- 
bières,  par  M.  Viguier,  538. 

Alluvions  anciennes.  Notes  sur  les  — 
de  la  Bresse  et  des  Dombes,  par 
M.  Delafond,  65. 

Alpes.  Note  sur  ie  Trias  dans  les  — 
de  la  Savoie,  par  M.  Lory,  40.  = 
Conférence  sur  la  chaîne  dos  —  et 
la  formation  du  continent  européen, 
par  M.  Bertrand,  423. 

Ammonites.  Note  sur  1'—  poh/schidcs 
et  T—  Sauzfiy  par  M.  Nickiès,  101. 
=  Note  sur  quelques  —  du  Gault, 
par  M.  Seunes,  557. 

Angola.  Note  sur  des  fossiles  de  la 
province  d' — ,  par  M.  Choffat,  154. 

Ardenne.  De  lVnvahissement  pro- 
gressif de  l'ancien  continent  cam- 
brien  et  silurien  de  1'—  par  les  mers 
dévoniennes,  par  M.  Gosselet,  1?40. 
=  Remarques  sur  la  faune  devo- 


nienne  de  1'— ,  par  M.  Gosselet, 
259. 

Argiles.  Sur  les  —  bariolées  de  Ter- 
cis,  par  M.  Arnaud,  15. 

Ariêge.  Observations  au  sujet  de  la 
note  de  M.  de  Lacvivier  sur  les  ter- 
rains crétacés  de  1' —  et  de  l'Aude, 
par  M.  Toucas,  152.  =  Sur  le  Cré- 
tacé de  1'— ,  par  M.  de  Lacvivier, 


r.f 


90. 

Arnaud.  Sur  les  argiles  bariolées  de 
Tercis,  15.  =  Aperçu  général  sur 
la  Craie  du  S.-O.,  809.  =  Excursion 
à  Saint-Cirq,  841.  =  Résumé  des 
observations  sur  la  craie  du  S.-O., 
884.  =  Excursion  à  Montignac- 
sur-Vezère,  914. 

Aude.  Observations  au  sujet  de  la  note 
de  M.  de  Lacvivier  sur  les  terrains 
crétacés  de  l'Ariège  et  de  Y — ,  par 
M.  Toucas,  152. 

Auzits.  Sur  le  bassin  houiller  d' — 
(Aveyron),  par  M.  Bergeron,  262. 


TABLE    DBS    MAT1ÈHE9. 


Baron.  Sur  le  terrain  crétacé  infé- 
rieur et  moyen  des  Alpes-Maritimes, 
153. 

Basset 'Pyrénées.  Note  préliminaire 
sur  la  géologie  du  département  des 
—,  par  M.  Seunes,  732. 

Bauxites.  Age  des  —  du  S.-E.  de  La 
France,  par  M.  Collol,  331. 

Beaumoat  de  Périgord.    Fxcursion 


— ,  par  M.  Zurcber,  845 
ments  tertiaires  des 
par  M.  Benoist,  840. 

Beausset.  Ilôt  triasique  du—.  Analo- 
gie avec  le  bassin  bouiller  franco- 
belge  et  avec  fci  Alpes  dé  Claris 
(PI.  XXIli  et  XXIV),  par  M.  Uer- 
Irand,  667. 

Belgique.  Note  sur  la  base  du  terrain 
tertiaire  en  —  et  sur  l'âge  du  lu- 
feau  de  Ciply,  par  MM.  Rutol  et 
Van  den  Broeck,  157. 

Beltremiuux.  Excursion  à  Chate- 
laillon,  814. 

Belvês.  Excursion  à  —  et  à  Sarlat, 
par  M.  Collol,  860. 

Benoist.  Gisements  tertiaires  des  en- 
virons Je  Beaumont,  849. 

Berqehon.  Sur  le  bassin  houiller 
d'Aunts  (Avejron),  202.  =  Noie 
sur  les  terrains  anciens  de  la  Mon- 
tagne-Noire, 373.=  Note  sur  l'exis- 

tulliv  j'fiiliMliiL-ii'iiiii'  1 1 ■  ■  1 1 \  i ■  ■  I <- 


sique  du  Beausset  (Var).  Analogie 
avec  le  bassin  houiller  franco-belge 
et  avec  les  Alpes  de  Glaris  (pl.XXM 
ot  XXIV),  C67.  =  Réponse  aux  ob- 
servations de  M.  —,  par  M.  de  Lap- 
parent,  240.  —  Observations,  15, 
193,  238,  854.  =  Présentation 
d'ouvrages,  667.  ~  Excursion  à 
Chancelade,  834.  ca  Communica- 
tions, 848. 

Bifoculina  bulloides  et  B.  ringent. 
Notes  sur  les  —,  par  M.  Schlum- 
berger{pl.  XV),  573. 

Blkicbkb,  Note  sur  la  géologie  de  la 
Lorraine,  665. 

Bokum  et  Cbblot.  Notes  sur  les  cal- 
caires à  Perna  et  à  Meqalodon  da 
moulin  de  Jupilles  (Sarthe),  403. 

Boknbmanh.  Présentation  d'ouvrage, 
81. 

Barriu.  Excursion  à  —,  par  M. 
Mouret,  912. 

Boukgeat  (l'abbé).  Considérations  sur 
le  Jurassique  supérieur  du  Jura 
méridional,  162.  =  Note  sur  lea 
gisements  de  l'Oitrea  circula  dans 
le  Jura,  108.  =  Contribution  à 
l'étude  du  Crétacé  supérieur  dam 
le  Jura  méridional,  328. 

Bouby  (de).  Présentation  d'ouvagtt, 
S.  —  Observations,  8,1  S. 

Brachiupades.  Observations  relatives 
a  l'élude  de  M.  Deslongchamps  sur 
M.  Pou  ville,  81. 


TABLE  DES  HATIÂBES. 


V27 


à  propos  de  FAlbien  supérieur  des 
Corbières,  par  M.  Viguier,  538. 

Centre  dé  la  France.  Sur  les  gisements 
de  phosphate  de  chaux  du  —,  par 
M.  de  Grossouvre,  447. 

Chamidés.  et  Rudistes.—  (Pl.XXVIII- 
XXXI),  par  M.  Douvillé,  756. 

Chaneelade.  Excursion  à  —,  par 
M.  Bertrand, 834. 

Chaacourtois.  Notice  nécrologique 
sur  A.-E.  Béguyer  de  —,  par  M. 
Fuchs,  489. 

ChatelaiUon.  Excursion  à  —,  par 
M.  Beltrémieux,  814. 

Chklot.  Présentation  d'ouvrage,  9.  = 
Note  sur  les  calcaires  à  Perna  et 
à  Megalodon%  du  moulin  de  Ju- 
pilles  (Sarthej,  par  Boehm  et  —  403. 

Chofpat.  Sur  des  fossiles  de  la  pro- 
vince d'Angola,  15-1. 

Ciply.  Note  sur  la  base  du  terrain  ter- 
tiaire en  Belgique  et  sur  l'âge  du 
tufeau  de  —,  par  MM.  Rutot  et 
van  den  Broeck,  157. 

Clape  (la).  Le  Crétacé  inférieur  de  —, 
par  M.  Léenhardt,  742. 

Collot.  Age  des  Bauxites  du  S.-E.  de 
la  France,  331.  =  Excursion  à 
Port-des-Barques,  818.  =  Excur- 
sion à  Belv es  et  à  Sariat,  869. 

Combe  -  Capelle.  Stations  préhistori- 
ques de— ,  par  M.  L.  Landesque,  86<>. 

Commentry.  Note  sur  deux  gisements 
de  cordiérite,  etc.,  de  —,  par 
M.  de  Launay,  12. 

Constantine.  Note  sur  des  vertébrés 
fossiles  de  la  province  de  —,  par 
M.  Thomas,  139. 

Corbières.  Sur  l'Albien  supérieur  des 
—,  par  M.  Viguier,  451.  =  Ré- 
ponse  aux  observations  de  M.  Carez, 
à  propos  de  l'Albien  supérieur  des 
—,  par  M.  Viguier,  538.  =  Sur  le 
Crétacé  des  Petites  Pyrénées  et 
des  —,  par  M.  Roussel*  (pi.  XXI, 
XXII),  601.  =  Catalogue  des  Edii- 
mdes  recueillis  par  M.  Roussel  dans 
le  terrain  crétacé  des  Petites  Pyré- 
rénées  et  des  —,  par  M.  Cotteau 
(pi.  XVIàXX),  «>. 


Cordiérite.  Note  sur  deux  gisements 
de  — ,  etc.,  de  Commentry,  par  M. 
de  Launay,  12. 

Corinthe.  Sur  la  géologie  de  l'Isthme 
de  — ,  par  M.  Fuchs,  725. 

Cossignt  (de).  Sur  le  Crétacé  infé- 
rieur du  S.-E.  du  bassin  de  Paris, 
584.  =  Observation,  5S9. 

Cosmann.    Présentation    d'ouvrages, 

6,  7. 
Cottbau.  Observations,  8,  48.  =  Pré- 
sentation d'ouvrages,  9,  48,  143, 
197,  447,  555.  =  Allocution  prési- 
dentielle, 460.  —  Note  sur  des  tra- 
vaux récents  de  M.  Roussel,  600. 
=  Catalogue  des  Echinides  recueil- 
lis par  M.  Roussel,  dans  le  terrain 
crétacé  des  Petites  Pv renées  el  des 
Corbières  (pi.  XVI  £  XX),  639.  = 
Excursion  à  Saint- Palais,  822.  = 
Communication,  832. 

Craie.  Observations  sur  la  —  supé- 
rieure de  Dieulefit,  par  M.  Toucas, 
149.  =  La—  phosphatée  à  Belem- 
nitella  quadrata,  dans  le  Nord  de 
la  France,  par  M.  de  Mercey,  719. 
=  Aperçu  général  sur  la  —  du 
S.-O.,  par  M.  Arnaud,  809.  =  Ré- 
sumé des  observations  sur  la  —  du 
S.-O.,  par  M.  Arnaud,  884. 

Crétacé.  Note  sur  le  terrain  —  infé- 
rieur et  moyen  des  Alpes-Maritimes, 
par  M.  Baron,  153.  =  Contributions 
à  l'étude  du  —  supérieur  dans  le 
Jura  méridional,  par  M.  l'abbé 
Bourgeat,  328.  =  Sur  le  —  infé- 
rieur du  S.-E.  du  bassin  de  Paris, 
par  M.  de  Cossigny,  584.  =.  Sur  le 
—  de  l'Ariège,  par  M.  de  Lacvivier, 
590.  =  Etudie  sur  le  —  des  Petites 
Pvrenees  et  des  Corbières,  par 
M.  Paul  Roussel  (pi.  XXI,  XXII), 
601.  =  Catalogue  des  Echinides 
recueillis  par  M.  Roussel  dans  le 
terrain  —  des  Petites- Pyrénées  et 
des  Corbières  (  pi.  XVI  a  XX),  par 
M.  Cotteau,  639.  =  Le—  inférieur 
de  la  Clape  {Aude),  par  M.  Léen- 
hardt, 712. 


T) 


Delafond.  Note  sur  les  tufs  de  Mexi- 
mieux,  6?.  =  Sur  les  alluvions  an- 
ciennes de  la  Bresse  et  des  Dombes. 
65. 


Iif.péret.  Sur  les  horizons  mamma- 
lugiqucs  miocèues  du  bassin  du 
Rhône,  507. 

Dkslongchamps.    Observations  rela- 


TABLE    DES   MATIÈRES. 


tives  à  l'étude  de  M.  —  sur  les 
Brachiopodes,  par  M.  Duuvilli:, 
81. 

Dèvonim.  Note  sur  l'existence  pro- 
bable d'une  nouvelle  assise  du  - 
inférieur  sur  le  versant  méridional 
de  la  Montagne-Noire,  par  M.  Hisr 
geron,  758. 

DieuUfit.  Observations  sur  la  Craie 
supérieure  de  —,  par  M.  Toucas, 
14S. 

Dbmodo'aurut  polignyemis.  Commu- 
nication sur  le  —,  par  M.  A.  Gau- 
d  ry ,  465. 

Dollfus.  Présentation  d'ouvrage.  10. 
=  Notes  sur  les  faluns  de  la  Tou- 
r&ine,  143.  =  Note  sur  le  terrain 
tertiaire  du  Jura,  179.  =  Observa- 
tions. 257. 


Dombes.  Notes  sur  les  alluvions  an- 
ciennes de  la  Dresse  et  des  —,  par 
M.  Delafotiil,  65. 

Don.  Description  du  pays  situé  entre 
le  —  et  le  Volga,  par  M.  Dm 
(pi.  II),  265. 

Douytllr,  Observations  relatives  à 
l'étude  lie  M.  Deslongchamps  inr 
les  Brachiopodes,  81.  =  Observa* 
tions,  al,  1113,  =  Le  testament  de 
M,  Fumâmes,  174. =  Communica- 
tion sur  )•■  genre  Polyconitn,  858. 
=  Notice  nécrologique  sur  F.  Fon- 
laniif,  17(1.=  Chamidès  et  Rudistes 
(pi.  XXVIII-XXX1),  756. 

Dru.  (L.)  Description  du  pajs  situe 
entre  le  Don  et  le  Volga,  de  kalatch 
àTsanUine  (pi.  II},  205. 


Fabrji.  Origine  des  cirques  volca- 
niques, volcans  de  Beauzon  (Ar- 
dèche),  pi.  IX,  346. 

FalutiM.  Note  sur  Iras  —  de  la  Tou- 
raine,  par  M.  Dollfus,  1 1.1. 

Flot.  Note  sur  le  Prohalicorc  Du- 
baimi,  11.  =  Note  sur  le  Prokali- 
core  Dubaleni  (pi.  I),  13-1. 

FoHTiKNBs.  Sur  la  faune  des  étages 
sarraatique  et  levantin  de  Rouma- 
nie, 49.  =  Présentation  d'ouvrage, 
49.  =  Le  testament  de  M.  —,  par 


M.Douvillé,  174.  =  Notice  nécrolo- 
gique sur—  ,  par  M.  Douvillé,  470. 

For'imia'fires.  Communication  for 
trois  genres  nouveaux  de  — ,  par 
M.  Munier-Chaluias,  327. 

Foxvmim.  Note  sur  le  — ,  nouvel 
étage  pliocène,  par  M.  Sacco,  27. 

Fuchs.  Notice  nécrologique  sur  A.-B. 
Bcguver  de  Ch  an  courtois,  489.  — 
Sur  la  géologie  de  l'isthme  de  Co- 
rinthe,  725.  =  Observations,  725. 


TABLE  DBS  HATIÈBBS. 


920 


Grossouvre  (de).  Sur  les  gisements 
de  p  h  os  p  hâte  de  chaux  du  centre 
de  la  France,  447.=  Sur  le  système 
oolithique  inférieur  dans  la  partie 


occidentale  du  bassin  de  Paris, 
513. 
Graptolites.  Sur  le  Silurien  à  —  de 
Luchon,  par  M.  Gourdon,  666. 


H 


Hélix  Arnouldi.  Note  sur  1'— ,  par 

M.  Berthelin,  61. 
Hovrlaoqub.     Découvertes    de    M. 


Iehthyosaure.  Note  sur  Taxe  pectoral 
d'un  —  du   Lias  de  Watchet  (pi. 


i 


Gourdon  dans  le  Silurien  des  Py- 
rénées, 556. 


XXVI),  par  M.  Sauvage,  726. 


Jupilles.  Note  sur  les  Calcaires  à 
Perna  et  Mégalodon  du  moulin  de 
—  (Sarthe),  par  MM.  Boehm  et 
Chelot,  403. 

Jura.  Considérations  sur  le  Jurassique 
supérieur  du  —  méridional,  par 
M.  Bourgeat,  162.  =  Note  sur  le 
terrain  tertiaire  du  —,  par  M.  Doll- 
fus,  179.  =  Note  sur  les  gisements 


de  YOstrea  virgula  dans  le  —,  par 
M.  Bourgeat,  198  =  Contributions 
à  l'étude  du  Crétacé  supérieur  dans 
le  —  méridional,  par  M.  Bourgeat, 
328. 
Jurassique.  Considération  sur  le  — 
supérieur  du  Jura  méridional,  par 
M.  Bourgeat,  162. 


K 


Kidston.  Présentation  d'une  brochure 

de  M.  — ,  par  M.  Zeiller,  572. 
Kilian.  Note  sur  le  Gault  de  la  mon- 


tagne de  Lure  et  le  Schlombachia 
inflatiformis,  164. 


Labat.  Observations,  240,  401. 

Lacvivier.  (de).  Sur  le  Crétacé  de 
l'Ariège,  500.  =  Observations  au 
sujet  de  la  note  de  M.  —  sur  les 
terrains  crétacés  de  l'Ariège  et  de 
l'Aude,  par  M.  Toucas,  15i. 

La  Moussa ye  (de).  Observations,  241. 

Landesquk.  Grottes  et  abris  deTazac, 
863.  =  Station  préhistorique  de 
Combe-Capelle,  866. 

Lapparent  (de).  Conférence  sur  le 
sens  des  mouvements  de  l'écorce 
terrestre,  21 5.  =  Réponse  aux  ob- 
servations de  M.  Bertrand,  240. 
=  Contraction  et  refroidissement 
du  globe  terrestre,  383. 

Launav  (de).  Note  sur  deux  gisements 
de  cordiérite  de  Commentry,  12. 

Lkbnhardt.  Le  Crétacé  inférieur  de 
Clape  (Aude),  742. 


Lemoinb.  Note  sur  le  genre  Plesiada- 
pisy  147. 

Lias.  Note  sur  le  —  des  environs  de 
Brives,  par  M.  Mouret,  358.  = 
Note  sur  l'axe  pectoral  d'un  Ichthyo- 
saure  du— de  Watchet  (pi. XXVI), 
par  M.  Sauvage,  726. 

Lignites.  Flore  des  —  de  Simeyrols, 
par  M.  Zeiller,  882. 

Ligurie.  Sur  le  tremblement  de  terre 
de  —  (1887),  par  M.  Stan.  Meunier, 
459. 

Lorraine.  Note  sur  la  Géologie  de  la 
-  ,  par  M.  Bleicher,  605. 

Lory.  Sur  le  Trias  dans  les  Alpes  de 
la  Savoie,  40. 

Luchon.  Sur  le.  Silurien  a.  Graptolithes 
de  —,  par  M.  Gourdon,  666. 

Lure.  Note  sur  le  Gault  de  la  mon- 
tagne de  —,  par  M.  Kilian,  464 . 


TA1LR   DES   MATIÈRES. 

M 


Mammifères.  Note  sur  les  débris  de 
—  do  S.-O.,  par  M.  Oourdon, 
736. 

Marcou  (John-Belknap).  Présentation 
d'ouvrage,  v. 

Mabouik  (rie).  Présentation  d'un  re- 
lief en  plaire  de  la  Pensylvanie  et 
observations  sur  les  plissements 
des  terrains  paléomïques,  355. 

Mercet  (lie).  La  Craie  phosphatée  à 
Betemnitelta  quadrata  dans  le  Nord 
de  la  France,  71».=  Observations, 


725. 

Mblmir  (Slan.).  Note  sur  une  sub- 
stance résineuse,  M.  =  Sur  le 
tremblement  de  terre  de  I.igurie 
(1887),  45Ï». 

Mescheri.  Excursion  à  —  et  Talmont, 
par  MM.  Zurcher  et  Arnaud,  824. 

iltximirux.  Note  sur  les  tufs  de  —, 
par  M.  Delafond,  62. 

Minorquc  et  Majorque.  Note  sur  le 
Trias  de  —,  par  M.  Nolan,  5P3. 


Missol  (Ferrand  de).  Rapport  de  U 
Commission  de  comptabilité,  243. 

Montagne-Noire.  Note  sur  les  terrains 
anciens  rie  la  —,  par  M.  Bergeroa, 
37.1.  =  Note  sur  l'existence  pre- 
nable d'une  nouvelle  assise  de  Dé- 
vonjcn  inférieur  sur  le  versant  mé- 
ridional de  la  —,  par  M.  Bergeroa, 
7;>8. 

Muntignac-sur-Vizrre.  Excursion  a—, 
par  M.  Arnaud,  914. 

Moirrt. Note  sur  le  Lias  ries  environs 
de  Brives,  358.  =  Visitr  au  Musée 
de  Périgueux.  633.  =  Excursion 
aux  mines  de  Simeyrols,S75.=  Ex- 
cursion à  Borrèie,*912. 

Moi  tet.  Sur  une  formation  veal- 
dienne  du  Var,  13. 

Mi'mfr-Ciialmas.  Rectification  snr  le 
L-eure  G'inmedoria,  lï>3.=  Comm> 
îiicaimii  sur  trois  genres  nouveau 
de  Forain  iniferes,  327.=  Observa- 
tions, 725. 


Nicklks.  Note  sur  l'.lmm.  polyschid-s 
et  l'Aayn.  Samei,  ltM. 


Nolan-.  Note  sur  le  Trias  de  Miaoniof 
et  de  Majorque,  5?3. 


Œhlkrt.  Observations,  ; 


del'— ,  dans  le  Jura,  par  il.  Bat*- 


TABLE   DBS  MATIÈRES. 


931 


Poudingue*  de  Patassou.  Note  sur  les 
—,  par  M.  l'abbé  Pouech,  199. 

Polech  (l'abbé).  Note  sur  les  Poudin- 
gues de  Palassou,  199. 

Prohalicore.  Note  sur  le  —  Dubalcni 
(pi.  1),  par  M.  Flot,  11,  131. 

Pyrénées.  Découvertes  de  M.  Gourdon 
dans  le  Silurien  des  —,  par  M.  Ho- 
vclacque,  530.  =  Ktudc  sur  le  Cré- 
tacé des  Petites  —  et  des  Corbières, 

R 


par  M.  Roussel  (pi.  XXI,  XXII), 
001.  =  Catalogue  des  Echinides 
recueillis  par  M.  Roussel  dans  le 
terrain  crétacé  des  Petites  — ,  et 
des  Corbières,  par  M.  Cotteau. 
(pi.  XVI  à  XX),  OW.  =  Note  pré- 
liminaires sur  la  géologie  du  dé- 
partement des  Basses  — ,  par  M . 
Scunes,  732. 


Ramond.  Présentation  d'ouvrage,  10. 

Rhône.  Sur  les  horizons  mammalo- 
giques  miocènes  du  bassin  du  —, 
par  M.  Depéret,  507. 

Rolland.  Sur  la  géologie  de  la  Tu- 
nisie, 719. 

Roumanie.  Note  sur  la  faune  des 
étages  sarmatique  et  levantin  de 
—,  par  M.  Fontanne,  49. 

Rousskl.  Etude  sur  le  Crétacé  des 
Petites  Pyrénées  et  des  Corbières 
(pi.  XXI,"  XXII),  001.  =  Note  sur 
les  travaux  récents  de  M.  — ,  par 
M.  Cotteau,  600.  =  Catalogue  des 
Echinides  recueillis  par  M.  —  dans  i 


le  Crétacé  des  Petites-Pyrénées  et 
des  Corbières  (pi.  XVI  à"  XX),  par 
M.  Cotteau,  039. 

Rocville  (de).  L'horizon  armoricain 
dans  la  région  de  Cabrières  (Hé- 
rault), 738.  =  Résumé  de  la  mo- 
nographie géologique  de  Cabrières 
par  M.  —,  par  M.  Sarran  d'Allard, 
114. 

Rudistes.  Chamidés  et  — ,  par  M.  Dou- 
villé,  756. 

Rltot  et  Van  den  Brorck.  Note 
sur  la  base  du  terrain  tertiaire  en 
Belgique  et  sur  l'âge  du  tufeau  de 
Ciply,  157. 


S 


Sacco.  Note  sur  le  Fossanien,  nouvel 

étage  pliocène,  27. 
Saint-Cirq.  Excursion  à  —   et  Beau- 

mont-de-Périgord,  par  M.  Arnaud, 

841. 

Saint-Palais.  Excursion  à  — -,  par 
M.  Cotteau,  822. 

Saint-Saturnin.  Note  sur  le  gisement 
de  —,  par  M.  Pellat,  599. 

Saporta  (de).  Nouveaux  documents 
relatifs  aux  organismes  probléma- 
tiques des  anciennes  mers  (pi.  III, 
à  VII),  280. 

Sarlat.  Excursion  à  Belvès  et  —,  par 
M.  Collot,  809. 

Sarran  d'Allard  (de).  Note  sur  les 
environs  de  Pont-Saint-Esprit  (pi. 
VII),  30>.  =  Résumé  de  la  mono- 
graphie géologique  de  Cabrières, 
par  M.  de  Rouville,  114. 

S.u;vA<iB.  Note  sur  l'axe  pectoral  d'un 
Ichthyosaure  du  Lias  de  Watcliet 
(pi.  XXVI),  720. 

Savoie.  Note  sur  le  Trias  dans  les 
Alpes  de  la  —,  par  M.  Lory,  10. 

XV 


Sijilocnbuchia  infini  iformis.  Note  sur 
le  —,  par  M.  Kilian,   404. 

Schu  MHKiiGKR.  Note  sur  le  lWoculina 
bulloïdcs   et    B.  r  inyens  (pi.  XV), 

*>  i  ■  » . 

Skunks.  Sur  quelques  Ammonites  du 
Gault  (pi.  XI,  XIV),  557.  =  Note 
préliminaire  sur  la  géologie  du  dé- 
partement des  Basses-  Pyrénées, 
7.52. 

Silurien.  Découvertes  rie  M.  Gourdon 
dans  le  —  îles  P\ renées,  par 
M.  Ilovelacqui*,  .V>0.  =  Sur  le  — 
à  Graptolithcs  de  Ludion,  par 
M.  Gourdon,  000. 

Simryroh.  Kxcui>i<ui  aux  mines  de — , 
par  M.  Mourel,  >7r>.  —  Flore  des 
liguiles  cle  — ,  par  M.  Zeiller,  8X2. 

SirSiririm.  Nul»»  sur  le<  —  fossiles, 
par  M.  «If  /igno  :pl.  XXVII.!.  728. 

Sn  .\rt-Mkmk\lii.  Gîtes  ïussilileres 
«le  Villi'l'ranque  Busv^-pvrenées), 
711. 

Surtin.  Note  sur  1rs  fourhes  purnec- 
kieuws  dans  la  vallée  intérieure 
du  —,  par  M.  Tournier,  170. 

60 


TAHLE    DKS    KATIÈRKS. 


Tardv.  Nouvelles  observations  sur  la 
Bresse,  8S.  =  Terrains  tertiaires 
du  S.-O.  du  Plateau  central,  HÔo. 

rateonf.  Excursion  à  Mesehers  el  —, 
par  MM.  Zurcher  et  Arnaud,  821. 

Ta -m.  Grottes  et  abris  de  — ,  par 
M.  I,andosi|uc,  803. 

Tercis.  Note  sur  les  argiles  bariolées 
de  — ,  par  M.  Arnaud,  15. 

Tertiaire.  Note  sur  la  base  du  terrain 
—  eu  Belgique,  et  sur  l'Age  du  tu- 
feau  de  Ciplj,  par  MM.  Ru  toi  et 
Van  deri  Brucck,  157.  =  Noie  sur 
le  terrain  —  du  Jura,  par  M.  Doll- 
Tua,  17'J. 

Thomas.  Sur  les  vertébrés  fossile»  de 
la  province  de  Constantine,  1-tO. 

Toi.cas.  Sur  la  Craie  supérieure  de 
DieulelU,  H'.).  =  Observations  au 
sujet  delà  note  de  M.  de  Lacvivier 


sur  les  terrains  crétacés  de  l'Ariége 

et  de  l'Aude,  152.  =  Lettre  de  M 

— ,p.  Zii. 
Tour  aine.  Note  sur  les  Faluns  de  la 

- ,  par  M.  Dollfus,  143. 
Tihkmkk.  Note  sur  les  couches  pur- 

beckieiines  dans  la  vallée  inférieure 

du  Riiraii,  170. 
Triât.  Note  sur  le  —  dans   les  Alpes 

de  la  Savoie,  par  M.  Lory,  40.  — 

Noie  sur  le  —  de  Minorquc  et  de 

Majorque,  par  M.  Xolan,  593. 
T"fs.  Noie  sur  les    —  de  Meiimîeui, 

par  M.  Delafond,  62. 
Ttifr-iu.  Note  sur  la  base  du  terrain 

tertiaire  en  Helyi.pue  et  sur  l'âge  du 

—  de  l'iplv,  par  MM.  Rutot  et  Van 

ilen  liroeck,  157. 
Tunisie.  Sur  la  géologie  de  la  —,  par 

M.  Rolland,  71'.'. 


Vbaye.  Géologie  du  bassin   de 
(pi.  X),  par  M.  Goret,  &!». 


Ursus  tptitrui.  Sur  le  petit  —  du  Mu- 
séum, par  M.  Gaudry,  423. 


Van  dkn  Broeck.   Note  sur  la  b 
du  terrain  tertiaire  on  Bel^iqui 
sur  l'âge  du  tu  l'eau  de    l'iply 
M.  M.  Rutot  et 


Vilhfranquv.  G  M  es  fossilifères  de  — 
(Basses-Pyrénées),  par  M.  Stuart- 
Menteath,  741. 

Viijl  i!-n.    Sur  l'Albien    sutit 


TABLE  DES  GENRES  ET  DES  ESPÈCES 

DÉCRITS,    FIGURÉS,    DISCUTES     ET     DENOMMES   A     NOUVEAU, 
ET  DES  SYNONYMIES  INDIQUEES  DANS  CE  VOLUME  (1). 


Acanthoceras  Beryeroni,  Seunes,  (PI. 

XIV,  fig.  1  et  2u6),  565. 
Acanthoceras  Bigoti,  Seunes,  (PI.  XII, 

fig.  2a,  26),  508. 
Acanthoceras  BiyoureM,  Seunes,  (PI. 

XIV,  fitf.  •'*  et  iab),  56G. 
Acanthoceras  Camattn,   d'Orh.,  sp., 

Ammonites   Lvelli    Pictet,    (PI. 

XIII,  i\^.  :ia,o),  502. 
Acanthoceras  Miyneni,    Seunes,  (PI. 

lig.  lia,  :i6),  509. 
Apricardia,  194.763. 
Apricardia  Archiaci,    (PI.  XXVIII, 

lig.  1),  765. 
Apricardia    carinata,    Guér.,     (PI. 

XXVIII,  lig.  3),  764. 
Arca  cf.  car  mai  a,  d'Orb.,  15-1. 
Arnaud  ia,  791. 

Baylcia,  Munier-Chalmas,  79.1. 
Baylcia  Voutchi,  Mun.-Ch.,  793. 
Bituculinu  bulloides,  d'Orb., (PI.  XV, 

fig.  lo-i:ï),  371. 
Bituculinu  rinycnsy  Lamk,   (PI.   XV, 

fig.  11-18),  580. 
Biradiolites,  791. 
Butrwpyyus  alaoïensis,  Cutteau,  1887, 

(PI.  XVII,  fig.  1-7),  647. 
Bonmonia,  791. 
Brissopneustes,  Cotteau,  555. 
Bubalus  antitjuus,  Duvern.,  141. 
Canccl/ophycus   Marioni,    Sap.,    (PI. 

III,   lig.    1-2  ;    PI.   IV,   fig.    1), 

288. 
Cancellophycus  rcticularis,  Sap,  290. 
Caprina,  d'Orb.  père,  1822,  781. 
Caprina  adversa,  (PI.  XXIX,  XXX 

et  XXXI,  fig.  1),  781. 
Caprina  commutas,  Uemmeiaro,  781. 
Caprinula,  A.  d'Orb.,  784. 


Caprotina,  d'Orb.,  1842,  776. 
Caprotina  quadripartita,  776. 
Cardita  cf.  tenuicostala,  Mien.,  455. 
Ccrithium  Cossmani,  Do  11  fus,  147. 
Cerithium  trîlineatum,  Philippi,  146. 
Cheirurus  Lenoiri,  Bergeron,  (fig.  4), 


•ro. 


•>< 


Cidaris  yibberula,  Agassiz,  657. 
Cidaris  Rousseli,  Cotteau,  1887,  (PI. 

XIX,  lig.  10-12),  658. 
Cidaris  cf.  resiculosa,  Guldl'.,  151. 
Cinctrlla,  1 17. 
Cinulia  (Avellana)  dubia,  Briart  et 

Cornet,  456. 
Cinulia  (Avellana)    lacryma,  d'Orb., 

156. 
Clypcolampas  Liste  li,  Cotteau,  1S87, 

(PI.  XX,  fig.  4-8),  662. 
Cœloplcurus  Hnusscli,  Cotteau,   555. 
Corastcr,  Cotteau,  r>rr>. 
Cottaldia  Bencttias,  (Koenig),  Cotteau, 

056. 
Cricctodon  Bhodanicum ,  Depéret,  509. 
Cyphosoma  Archiaci,  (Agassiz),  Cot- 
teau, 664. 
Cyphosoma  Arizensis,  Cott»*au,  1887, 

(PI.  XVIII,  lig.  11-12),  052. 
Cyphosoma    Canali,    Colteau,    1887, 

(PI.  XVIII,  fig.  0-10),  653. 
Cyphosoma  (im/oirei,  Cotteau,  1887, 

(PI.  XX.  lig.  9-12;,  004. 
Cyphosoma  liousseli,  Cotteau,  J887, 

(PI.  XVIII,  fig.  1-5),  651. 
Dipilidia,  Mattieron,  788. 
Discoidea   Arizensis,  Cotteau,    1887, 

(PI.  XVII,  lig.  8-12),  643. 
Unissons ia%  59. 
Dnrya,  llo. 
Echinochama,  Fischer,  797. 


(1)  Les    noms  en  caractères  romaiussont  ceux  que  les  auteurs  placent  en  syno- 
nymie. 


934 


TABLE  DBS  GENRES  HT  DBS  ESPÈCES. 


Epiaster    Rousseli,    Colteau ,    1*87, 

(PI.  XVI,  fig.  5  et  G),  644. 
Fetsinotherium   Foreiti,  Canell.,  (PI. 

XVII,  Ag. 5,749. 
Pusus  tilifcrus,  Sun.  Meun.,  140. 
Fnsvs  tnargintitut,  Duj.,  146. 
Qemmellaria,    Mun.-Ch.,  1873,  781. 
Qlobus,  Klein,  797. 
Goniopygns  Ariiemis,  Colleau,  1*87, 

(PI.  XIX,  Ûg.  1-4),  055. 
Goniopygus  sukatus,    Suéranger   m 

Cuttuau  et  Trimer,  054. 
Gyropleura,  Douvillé,  1887,  708. 
Oyroplettra  liotitimgeri,lh>a  «lié,  185T, 

(PI.  XXVIII,  lig.0),774. 
Qyropleura  cenomanctim,  d'Orb.,  3p., 

=s      Requienia     cenwnanerisis, 

d'Orb.,  (PI.  XXVIII,  fiS.  7),  7(1». 
Gt/ropleura  curnucopttc,  d'Orb.,  ap.,= 

Chaîna  cornucopia'.  d'Orb.,  719. 
Gyropleura  c'plyanti ,  Rvck.  sp.,  = 

Requiem  a  cipljana,   Hvck.,  (PI. 

XXVIII,  lis.  11),  774. 
Gyrupleura     Ddariifi,    d'Orb.,    Sp., 

=Caproliiia  Delarueana,  d'Orb., 

Ruquitmia    Delarueana,    d'Orl»., 

772. 
Gyropkwa  mvù,  d'Orb.,  ap.  =  Ca- 

protinanavia,  d'Orb.  .Malheronia, 

M  un. -Cli  a!  m  as,  770. 
Gyropleura  onuita,  d'Orb.,  sp.  =  Re- 

quienia    ornatt,    d'Orb.,     (PI. 

XXVIII,  fig.  8),  772. 
Gyrupleura    Russienus,    d'Orb.,    sp. 

Caprina  Russiensia,   d'Orb.,   = 

Caprolina    Russicnais ,     d'Orli., 

(PI.  XXVIII,  fig.  i;i),  775. 


Remiatlcr  regulusanus,  d'Orb.,  645. 

Hii'i'Hrites,  786. 

Hippurites  Sspaillaci,  d'Orb.,  904. 
llipp  h  rites  Sarthacensis ,  Cuq .,  904 . 
Ilippvritçi  ni'tîosus,  917. 

Rotasterlœvis.  (de  Luc),  Agassiz.  64j. 
Hoplites  iYo/«ni,    Seunes,  {PI.  XIII, 

lïg.  4o  6),  504. 
%arao.sc/<ws  Jourdani,  Depëret.  512. 
IcMlnjosarcalitltus,  Desmarets,  =  Ca- 

prinejla,  d'Orb.,  791. 
Icttthyùsareotithus   trianqularis,    79Ï. 

Ickthyosawia,  {PI.  XXVI),  hg. 

bipfirùusia,  791. 

Linthi'<  llvttsseli.  Coll.,  49. 

LUtriodonsplendats,  H.  v.Meyer,737. 

Magnosia  Arizensts,  Cotteau,  1887, 
{PI.  XIX,  fig.  5-9),  656. 

M'itli  rama,  761. 

Mtttheronia  Virginia^S.  Gros,  761. 

M- H  itwlon,  110. 

Mehttùa  Enchéri,  Brong,  1832.  = 
Melania  a([Uiianica,Notilei,  1846. 
=  Melania  turrita?  Klein,  I84ti, 
—  Melania  Wetzleri,  Dunker, 
1851 .  =  Melania  turritell» 
Queiiste,  l«r»a.  «a  Melania  gros- 
secùstata,  Klein,  1852,  191. 

Melania  Laurx,  Malhéron,  1842.  = 
Melania  Escheri  Brong.,  1849.  — 
Melanopsis  Laura-  Math.,  in 
d'Orb..  185B,  =  Melania  Kœcb- 
lini  Oreppin,  1867.  —  Melania 
Escheri  Brong,  var.  Latine,  Math. 
in.Sandh.,  187:).  =  M  élan  o  ides 
Laura'  Math,  in  Fontannes,  1884, 


TABLE  DE8  GENRES  ET  DES  ESPÈCES. 


935 


Plesiadapis,  147. 

Plesiadapis  Dauàrei,  Lemoine,  149. 
Plesiadapis  Gervaisii,  Lemoine,  149. 
Plesiadapis  remensis,   Lemoine,  149. 
Polyconites,  Roulland,  1830. 
Polyconites  operculatus,  Roull.,    (PI. 

XXVIII,    fig.     14;   PI.    XXXI, 

fig.  2),  777. 
Prohalicore  Dubaleni,  Flot,   (PI.  I), 

134. 
Protragocerus,  Depcrel,  509. 
Pseudodiadema     variolare ,     (Bron- 

gniard),  Cotteau,  650. 

Pyrina  des  Moulin  si,  d'Arch.,  f>45. 
Pyrina  Rousseli,  Cotteau,   1887,  (PI. 

XVII,  Gg.  1-3),  015. 
Radiolites  =  Sphœrulites  BaYle,rs7. 
RadioUtes  foliaceus,  790. 
Requienia,  700. 
Requienia     ammonia,     Goldf.,     (P1. 

XXVIII,  fig.  1),  700. 

Requienia  yryphoidts,  Math.,  701. 
Salewa,  n.  sp.,  555. 
Salenia  Bouryeoisi,  Cotteau,  603. 
Salenia  scutigera,   (Goldfuss),  Gray, 

1*35,  050. 
Sauva gcsia,  Ba\le,  "90. 
Schizaskr  bunanesMisis,  Cotteau,  19s. 
Schiz'ister  pyrenaicus,  Cotteau,  198. 
Schbrnbachia  Sencquieri,  d'Orb.  sp., 

(PI.  XIII,  tig.  2abc),  501. 
Séquoia  aliéna,  883. 


Serpula  sexangularis,  Munst.  in 
Goldf.,  454. 

Sonneratia  Cleon,  d'Orb.  sp.,  =  Am- 
monites bicurvatus  Mich.  = 
Ammonites  Cleon,  d'Orb.,  1850. 
=  Ammonites  Constancii,  d'Orb., 
1850.  (PI.  XI  et  XII,  fig.  lab), 
558. 

Sonneratia  Dutemplei,  d'Orb.  sp.,  = 
Ammonites  lissicostatus  d'Orb., 
1840, 7ion  A.  fissicostalus  Phil- 
lips. =Ammonite$Dutempleanus 
d'Orb.,  1850,  (PI.  XIII,  fig.  lab), 
500. 

Sponycliomorpha  iberica,  Sa|).  (PI.  VI, 
tig.  2-3),  299. 

Sus  behiacus,  P.  Gervais,  7:57. 

Sus  stcinheimensis,  Fraas,  737. 

Taonurus  Puneswrsiï,  Sap.,  291. 

Taonurus  Ruellcnsis,  Sap.,  (PI.  VII, 
fig.  l-2)f  295. 

Taonurus  Saportui,  Dew.,  291. 

Taonurus  ultimus,  Sap.  et  Marion, 
(PI.  IV,  fig.  2,  3;  PI.  V  et  VI, 
fig.  1  ),  290. 

Tourasia,  Munier-Chalmas,  702. 

ToMwrs//m*nw/f<i,Math.,(Pl.XXVlII, 
lig.  3).  702. 

Trigonia  cf.  FUtoni,  Desb.,  454. 

Titrritclla  cf.  Yibruyeana,  d'Orb., 
455. 

Vacvinitcs,  Fischer,  791. 

Valletia,  Munier-Chalmas,  187:5,  708. 


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LISTE    DKS   FIGURES 


INTERCALEES  DANS   LE  TEXTE 


Moutet.  —  Coupe  du  bassin  du  Ragas 13 

Arnalld.  — -  Fig.  1 .  Diagramme 18 

Fig.  2.  Croquis  des  carrières  ouvertes  dans  le  Crétacé  supé- 
rieur, rive  gaucho  de  l'Adour 21 

Dklakond.  —  Coupe  du  coteau  de  Meximieux 63 

—  Carte  des  terrains  quaternaires   des   environs  de 

Chàlon 66 

—  Carte  de  la  Bresse  et  des  Dombcs 67 

—  Coupe  à  travers  la  Bresse  et  les  Domhes 71 

Tardy.  —  Fig.  1.  Coupe  relevée  au  nord  de  Bourg-en-Bresse  ( Ain)  .    .  102 

Fig.  2.  Carte  des  vallées  du  Rhône,  de  l'Ain  et  de  la  Saône  .   .  106 
Bourgkat.  —  Carte  montrant  les  faciès  divers  du  î-'térocérien  supérieur 

du  Jura  aux  Alpes 169 

Dollfls.  —  Fig.  1.  Coupe  aux  Kntreportcs 180 

Fig.  2.  Coupe  aux  Verrières  (France),  route  du  Lannont.    .    .  180 

Fig.  3.  Coupe  à  Saint-Pierre-la-Cluse 182 

Fig.  1.  Coupe  au  moulin  des  Boites,  tranchée  du  chemin  de 

1er 183 

Polkch.  —  Coupe  des  Pyrénées  à  la  Montagne-Noire 214 

Gossklet.  —  Fig.   1.   Disposition   de  la   mer  au  commencement  de 

l'époque  dévonienne Î51 

Fig.  2 231 

Dollfus.  —  Fig.  3.  Coupes  schématiques  de  l'Ardeiine 258 

Dru.  —  Fig.  1.  Coupe  de  la  rive  droite  de  la  Karpovka  au  Koutor  Pé- 

trotr 273 

Fig.  2.  Coupe  du  pays  situé  entre  le  Don  et  W.  Vulga 279 

Fig.  3.  Coupe  de  la  rive  droite  du  Vulga  à  Tsaritsiuc 281 

Collot.  —  Fig.  1.  Coupe  de  Maussane  à  l'ouest  du  château    de  Main- 
ville 334 


938  liste  nF.S  FIGURES. 

Fig.  :>  Coupe  à  l'est  d'Allauch  (Rouches-du-Khône) 

Fig.  3.  Coupe  par  Mazangues  (Var) 

Fig.  1.  Tableau  schématique    et    comparatif    des    gîtes     de 

bauiite  du  Sud-Ouest 

Faure.  —  Fig.  1.  Coupe  par  le  cratère  du  Chambon 

Fig.  2.  Coupe  au  hameau  du  Faud 

Berge  bon.  —  Fig.  1.  Haipes  Esculi,  n.  Bp 

Fig.  i.  Phucops  Munieri,  n.  sp 

Fig.  3.  Phucops  houvilki,  n.  sp 

Fig.  I.  Clteirurus  Lenoiri,  n.  sp 

Fig.  5.  Coupe  du  pic  de  Hissous 

Bokhm  st  Chei.(it,  —  Fig.  1.  Cuupe  de  Bourg-le-Roi  au  eMteau  de 
Meslav 

Fig.  S.  Carrière  îles  HagoUières 

Fig.  :!.  Tranchée  de  la  route  près  Kgreifin 

Sahban  u'Amahd.  —  Coupes  tirées  de  la  monographie  de  Carrières  par 

M.  de  lt.iuvillc 

Bkhtkaxu.  -  Fig.  1.  Les  Alpes  entre  Vienne  el  le  Rhin 

Fig.  2  et  :s.  Coupe  des  Alpes  bavaroises 

Fig.  I.  Carie  de  l'F.umpi- 

Fig.  ô.  Curie  de  l'F.urupe  et  d'une  partie  de  l'Amérique.    .    .    . 

Viucikr.  —  Coupe  de  la  roule  de  Sigeauû  Foiilcuuverle 

Stanislak  Mktsiku.  -  Carte  de  |.i  rôle  ligurienne 

Gohkt.  —  Fig.  1.  Coupe  .lu  l'ouguet  de  Maure!  au  Villars  d'Al.as  .    .    . 

Fig.  3.  Coupe  de  Sailli-Paul  au  cul  du  Longe t 

Fig.  :s.  Coupe  de  Sejne  au  tinrent  de  Roscodun 

Scki.umnekgkk.  —  Fig.  1.  Hifacitlina  bnlhhli:*,  forme  A 

Fig.  ?.  liiloïulinu  tiulU/ides,  forme  A.  heetinn  transversale.  .    . 

Fig.  3.  id,  forme  B.  Section  Iransversalc.  .    . 


LISTE  DBS  FIGURES.  939 

Fig.  6.  Carte  de  la  répartition  des  terrains  et  des  faciès  dans 

le  bassin  du  Beausset 676 

Fig.  7.  Coupe  à  la  Pointe  Grenier 684 

Fig.  8.  Coupe  au  Canadeau 685 

Fig.  9.  Coupe  du  Grand-Cerveau  au  Vieux  Beausset 688 

Fig.  10.  Coupe  du  lambeau  de  Meuren 091 

Fig.  11.  Coupe  générale  de  la  Provence  à  l'Ouest  de  Toulon. 

Pli  du  Beausset 695 

Fig.  12.  Coupe  théorique  de  la  partie  sud  du  bassin  houiller 

deMons 701 

Fig.  13.  Coupe  des  Grampians 701 

Vklain.  —  Fig.  I.  Porphyre  pétrosiliccux  de  la  côte  des  Vignes.    .  .   .  707 
Fig.  2.  Calcaire  dolomitisé  et  grenatifère,  au  contact  des  filons 

d'Ortholite 709 

Fig.  3.  Ortho'ite  en  lilou   dans  le  calcaire  carbonifère  de  la 

cote  des  Vignes 

Fig.  1.  Porphyrite  à  amphibole,  en  galets  dans  les  calcaires  à 

Stromalopores  de  Russ 711 

Fig.  5.  Distribution  du  Carbonifère  dans  la  région  des  Vosges.  717 

Mrrcby  (hk-,  Fig.  1.  Coupe  à  Beauval 721 

Fig.  2.  Coupe  à  Hardivillers 722 

Kouviixh  (i»k).  —  Coupe  N.-S.  Al  kil.  Kst  de  Mourèze 740 

I.bknhakut.  —  Fig.  1.  Coupe  prise  entre  N.-D.  des  Auzits  etSaint-Obre  748 

Fig.  2.  Coupe  àTintaine 749 

Fig.  3.  Coupe  sur  la  rive  droite  de  Cascabel 7r>o 

Fig.  4.  Coupe  par  le  plan  de  Roques 751 

Fig.  5.  Coupe  à  100  mètres  au  sud  de  Ramade 7.*>2 

Fig.  6.  Coupe  au  S.-O.  de  Marmoricres 7ô3 

Fig.  7.  Coupe  K.-O.  du  vallon  de  Saint-Martin 751 

Fig.  8.  Coupe  à  l'Ouest  des  Abattuts 734 

Douvii.i.K.  —  Fig.  1.  Schéma  de  Mnthcmnia 762 

Fig.  2.  Schéma  de  Gyrnphuru  renomanenais 769 

Fig.  3.  Birostre  île  (lyroplenra  curnucopùv 769 

Fig.  4.  Valve  gauche  de  Caprvtina  quadripnrti'n 776 

Fig.  r».  Section  de  Polyomitcs  operculatus 779 

Fig.  6.  Birostre  «;e  Cuprotina  quadripavlitu 780 

Fig.  7.  Partie  supérieure  du  birostre  de  PulycvnUes  oparulatus  780 

Fig.  s.  Schéma  de  la  valve  supérieure  libre  «le  Caprimi  adrersa  782 

Fig.  9.  Schéma  de  la  valve  inférieure  fixée  de  Cap  r  nui  adverse  783 

Fig.  lu  et  11.  Section  des  deux  vulves  de  Cnprinula 7sr> 

Fig.  12.  Fragment  de  Hadichtts  unisulrntiis 7ns 

Fig.  13.  Valve  supérieure  libre  de  lindinlihs  fulino-iiï.    .    .    .  790 

Fig.  11.  Valve  inférieure  fixée  de  /{'/'/.   fol'mcvua 790 

Fig.  l.'i,  16,  17.  Schéma  de  Ylrhthyt$aii\dithu$  triiiiujuhuis  .    .  792 

Fig.  18  et  19.  Schémas  de  Buyleia  Puuo.hi 79."> 

BXCURSIOrS    DK   LA    SOCIKTK  DANS    I  V    rilAKKNTK-IMKKKlEl'KK    KT    H    DOKDOGNK 


040  I.18TK   DES   FtGURKS. 

Ziibcrkh  et  Aknaud.  —  Fig.  1.  Falaise  de  Meschert 828 

Bbkoibt.  —  Fig.  2.  Coupe  de  lieaumont  à  Saint-Etienne  de  Villcréal.   .  850 

Fig.  3.  Coupe  d'Isaigeac  ,i  Hampieux 8r>o 

Tàkdt.  —  Fig.  -1.  Coupe  w  du  tableau 85$ 

Fig.  5.  Coupes  7  du  tableau 859 

Fig.  tî.  Coupe  i)  du  tableau. 859 

Fig.  ï.  Féale  à  phospborite  du  S.-0.  du  Plateau  central  .   .   .  861 

L1KDBS0.UE.  —  Fig.  8.  Coupe  de  la  station  de, Corn  be-Ca  pelle 8fiS 

Collot.  —  Fig.  0.  Profil  du  chemin  de  fer  entre  Siorac  (Dordogna)  et 

Sauveterre  (Lot-et-Garonne) 8~u 

Arnaud.  —  Fig.  10.  Tranchée  de  Sillac,  près  Angoulfme 890 

Fig.  II.  Carrière  de  Carlui 898 

Fig.  12.  Coupe  de  Gourd  de  l'Arche 900 

Fig,  13.  Hippurites  Sartkaeensis 901 

Fig.  14.  Ilippuritn  Etpaillaci 901 

Fig.  in.  )Iippurites  radiosus  silicifié  de  Montignac 917 

Fig.  10.  Jftppurtfes  rtvlioms  de  Peyron,  prns  Beaumoul  ...  91$ 


LISTE  DES  PLANCHES 


I.  p.  134.  Flot.  —  Prohalicore  Bubale  ni.  Flot. 
II.  p.  265.  Dru.  —  Carte  du  pays  entre  le  Don  et  le  Volga. 

III.  p.  28G.  Saforta  (de).  —  Camellophyms  Marioni,  Sap. 

IV.  (Suite).  Fig.  1.  Cancellopkycus  Marioni,  Sap.;  fig.  2  et  3.  Tao- 
nurus  ullimus,  Sap. 

V.  (Suite).  Taonurus  ultimus,  Sap. 
VI.  (Suite).  Fig.  1.  Taonurus  ultimus,  Sap.;  fig.  2.  Spongeliomorpha 

iberica,  Sap. 
VII.  (Suite).  Taonurus  rue  liens  is,  Sap. 

VIII.  p.  302.  Sarran  d'Allard  (de).  —  Fig.   1.   Coupe  de  Toulon  à 
Pont-Saint-Esprit;  fig.  2.  Coupe  de  Saint-Roman  à  Saint-Sau- 
veur; fig.  3.  Coupe  de  la  Céze  à  Saint-Etienne  des  Sorts;  fig.  1. 
Coupe  de  la  Céze  à  l'Ardèclie,  par  Saint-Laurent  et  Saint-Paulet. 
IX.  p.  340.  Fabrk.  —  Environs  du  Lac  Pavin  (Puy-de-Dôme).  — 

Environs  du  Cratère  de  la  Vestide  (Ardèche). 
X.  p.  530.  Goret.  —  Carte  géologique  du  bassin  de  l'Ubayc. 
XI.  p.  557.  Skunks.  —  Sonneratia  Cleon,  d'Orb.  (sp.). 
XII.  (Suite).  Fig.  1.  Sonneratia  Weon,   d'Orb.  (sp.);  lig.  2.  Acantho- 
ceras  Biyoti,  Saunes;  fig.  3.  Ac-anthownis  Migncni,  Seunes. 

XIII.  (Suite),  fig.  1.  Sonneratia  hutemi>lii,  d'Orb.  (sp.);  lig.  2.Sc,hlœn- 
bachia  Scneyuicri,  d'Orb.  (sp.);  lig.  3.  Acanthoceras  Camattei, 
d'Orb.  (sp.)  ;  fig.  4.  Hoplites  Xobini,  Seunes. 

XIV.  (Suite).  Fig.  1-2.  Amnthoccms  Berge/oni,  Seunes;  ûg.  3-1. 
Acanthoceias  Biyoureti,  Saunes. 

XV.  p.  573.  ScHMïMBKRCiER.  —  Fig.  lo-l."*.  Bilwulina  bulloïdes, d'Orb.; 

fig.  14-17.  Biloatlina  ringrns,  Lamarrk. 
XVI.   p.  «539.  CoTTKvr.  —  Fig.  1-4.  Mi'-rastcr  «nto/uMS,  Cott.;  fig.  5,  6. 

Epiaskr  Housscli,  Cott. 
XVII.  (Suite).  Fig.    1-3.   Pytina  Rmissïli,  Cott.  :   lig.    1-7.    Butrwpyyus 

aUucensis,  Cott.;  lig.  s- 12.  Ftism/ilf-a  arizvm>is9  Cott. 
XVIII.  (Suite  .  Fig.  l-r>.  Cyphosmmi  RùiiMJi.  Cott.;    lig.   C-l<>.    Cypho- 
soma  Cawili,  Coll.;  fig.  11-13.  Çyphusnmn  urizensis,  Cott. 
XIX.  (Suite).  Fig.  l-l.  linHiopyuim  nri>nsis.  Cott.;  lig.  r>-t».  Magnosia 


42  LISTE   DBS   PLANCHES 

arizensis,  Cott . ;    fig.  10-13.   Cidaris  Rousscli,   Cott.;    fig.    14-15. 

0 /f aster  Leymeriei,  Cott. 
XX.  {Suite).  Fig.  1-n.  Offitster  Leymeriei,  Cott  ;  fig.  4-8.  Ctypeolampnt 

Lcstcli,  Cott.;  fig.  '.'-12.  CypAwomfl  Grefloirtt,  Cott. 
XXI  et  XXII.  p.  OUI.  Ruussbi..    —  Coupes  géologiques  des  Petite! 

Pv  renées  el  des  Curbiéros. 

XXIII.  p.  C(i7.  Bsktbami.  —  Fig.  1.  Coupe  du  sommet  du  Grand  Cer- 
veau au  Caslellct,  par  le  Vieux  Beaussel  ;  fig.  2.  Coupe  d 'Entre - 
chaux  au  Beausset  ;  fig.  3.  Coupe  de  Funtanieu  à  la  colline  du 
Castellet;  fig.  4.  Coupe  du  Télégraphe  de  la  Cadiére  à  la 
Cad  i  ère. 

XXIV.  (Suite1.  Carie  géologique  des  enviions  de  Beausset. 

XXV.  p.  7U3.  Valais.  —  Fig.  l.  Lus  tranchées  du  Schirmeck  et  d'Hers- 
tiach,  vues  deSleinbachjlig.  2.  Coupe  du  gîte  fossilifère  de  Schir- 
meck  ;  lig.  3.  Coupe  de  la  tranchée  île  Schirmcck  ;  fi».  4.  Coup* 
de  la  tranchée  et  des  exploitations  du  grés  du  signal  d'Her-hacli  ; 
fig.  ô.  Cuulée  de  porphyre  pétrosiliccui  sur  les  calcaires  carbo- 
nifères de  Schirmcck  ;  fig.  G,  lilon  d'ortholitc;  fig.  ",  coupe  du 
gîte  calcaire  de  Waekenhach. 

XXVI.  p.  "26.  SAivAr.K.  —  Iclithyosaurede  Walchet. 
XXVII.  p.  728.  IikZiono.  —  Fig.  1.  Ilittitheruim  ramaue;  fig.  i. 
II.  Sehimi;  lig.  3.  Fthimithmimt  Fwntij  fig.  4.  Mimalus  aus- 
traits;  fig.  "•.  Rhytino  bweatis  ;  llg.  tir.  Matinée  Jtnoonn. 
XXVIII.  p.  75(1.  [toivii.LK.  -  Fig.  1.  Beqvienia  ammonia;  fig.  •>.  Toucasia 
carinatti;  fig.  lî.  Aytkardia  carinata;  lij.-.  I .  A.  ArehiaH;  fig.j. 
tSyropleura  ;  fig.  ('<■  0.  Boulawjcrt ;  fig.  7.  G.  cenontantusis;  lig.  £. 
G.  ornais;  fig.  !>.  G.  wipracretwxn ;  lig.  in.  G-  costulula;  fig.  II. 
G.  cy\Ayana;  fig.  12.  G.  mbUrvit;  fig.  lft,  G.  ntssknsis: 
tig.  14.  Polijeunites  npcrculatus. 


DATES  DE  LA  PUBLICATION 


DES    FASCICULES    QUI     COMPOSENT    CE    VOLUME. 


Fascicule  1  — 

—  2  — 

—  :*  — 

—  4  — 

—  o  — 

—  7  — 
8  — 

—  9  - 


feuilles  1-4),  février  1887. 

—  5-8),  mars  1887. 

—  9-15,  pi.  I),  avril  1887. 

—  10-18,  pi.  II-VII),  juin  1887. 

—  19-20,  pi.  VIIMX),  juillet  1887. 

—  27-34,  pi.  X),  octobre  1887. 

—  35-40,  pi.  XI-XXII),  novembre  1887. 

—  41-51,  pi.  XXIII-XXXI),  décembre  1887. 

—  52-00,  pi.  XXXII),  novembre  1888. 


ERRATA 


■  15  Au  lieu  lit:   Chaîna    Ommania,  liiez:  Chaîna  Am- 

monia. 
:  1  Au  lieu  de:  supportent  nécessairement,  lisez  :  sup- 

putent nécessai retnent. 
i  34  .-lu  d'eu  de  :  lors  du  départ  de  ces  sables,  lise;  :  lors 

du  dépôt  de  ces  sahlcs. 
I  5  Au  lieu  de  :  San  lui,  liiez  :  Sa  u  tel. 

!  14  Au  lieu  de  :  diminuent,  Usez  :  dominent. 

1  —  Ajouter  à  gaucho  de  la  fig.  1  C.J. 

I  —  l.a  lig.  2  a  été  retournée. 

1  —  La  coupe  1  est  à  reporter  à  la  page  :i:ic. 
i    dernière  ligne     An  lieu  de  :  d'éclairage,  lises  :  de  clivage. 

i  avant-dern.  ligne  Au  Ihu  de  :  siibeyliiidrieus,  lisez  :  probvseideus . 

3  titre  de  la  coupe  Au  lieu  de  :  tlaznngucs,  lisez  :  Muzaugues. 

3  17  Au  lieu  de  :  Clymenia   elongata,    lisez  :    Clymenia 

lie  vi  gâta. 
i  11  Au  lieu  de:  Chondea  Font- si  froide,  lisez  :  Chaîne  de 

Font  Froide . 
!  25  An  lieu  de  :  spore,  fisc;  :  pure. 

ï  (I)  Au  lieu  de  :  Édinburgh.,  Usez:  Edinburgh, 

3  2'.'  Au  lieu  de  :  peut,  Usez  :  put. 

2  légende  Fig.  2.    Au  lieu  de  :  Mierastsr  coranguinum,  lisez  :  Mitras- 


LISTE  DES  OUVRAGES 


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*  * 


PAU  LA  SOCIETE  GEOLOGIQUE  DE  FRANCE 


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LISTE   DES   OUVRAGES 


HKÇUS   EN   DON   OU   EN   ÉCHANGE 


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PAR    LA  SOCIETE    GEOLOGIQUE  DE    FRANCE 


Du  21  Juin  au  8  Novembre  1886 


1°  Ouvrages  non  périodiques. 
[Les  noms  des  donateurs  sont  en  italiques). 

Ch.  Barrais.  Mémoire  sur  le  calcaire  h  polypiers  de  Cabrières 
(Hérault),  in-8°,  24  p.,  1  pi.  (Ann.  soc.  géol.  du  Nord,  1886). 

Ch.  Barrais.  Aperçu  sur  la  constitution  géologique  du  Finistère, 
in- 4°,  8  p.  (Guide  scientifique,  1880). 

Bigot.  Compte  rendu  des  excursions  géologiques  faites  par  la 
Société  linnéenne  de  Normandie.  —  Nouvelles  observations  sur  le 
Silurien  delà  Hague.  —  Caen,  1885,  in-8°,  2.3 p.,  1  pi.  (Extr.  Bul.  soc. 
linn.  de  Normandie). 

—  Quelques  mots  sur  les  Tigillites,  7  p.  —  Caen,  1886,  in-8°. 
(Extr.  id.) 

—  Sur  quelques  points  de  la  géologie  des  environs  de  Cherbourg, 
in-8°,  12  p.,  1  pi.  (Extr.  Mém.  Soc.  Se.  nat.  de  Cherbourg,  1886). 

IHeicher  {le  docteur).  Géologie  et  Archéologie  préromaine  des  envi- 
rons de  Nancy,  in-12°,  53  p.  —  Nancy,  1886.  Berger-Levrault. 

Doehmer.  Observations  on  volcanic  Eruptions  and  Earthquakes  in 
Iceland  within  historié  Times,  in-8°,  47  p.  —Washington,  1886. (Extr. 
Smithsonian  Report). 

Buury  (de).  Nouvelles  observations  sur  l'Acirsa  subdecussata,  Can- 
traine,  sp.,  in-8°,  4  p.  (Journ.  de  Conchyliologie.  —  Paris,  1885). 

—  Description  de  Scalariidae  nouveaux,  2e  article,  in-8°,  31  p., 
3  pi.  (Extr.  id.) 

—  Monographie  des  Scalidac  vivants  et  fossiles.  I.  Crisposcala, 
fasc.  1,  in-4°,  52  p.,  <i  pi.  —  Paris,  1880. 


4  doks.   —  21  Jiris-H  NiivkMRbg   1880 

Bottoier.  Les  animaux  de  In  France,  première  partie,  Mammifères, 
io-12',  99  p.-Paris,  1880. 

BueaiUt.  Compte  rendu  de  l'excursion  de  Fécamp.  Partie  géolo- 
gique, in-8°,  8  p.  Rouen,  1886.  (Extr.  Bull.  Soc.  Amis  des  Se.  nat.  do 
Rouen). 

Cartailhac.  —  Les  âges  préhistoriques  de  l'Espagne  et  du  Portugal. 
1  vol.  grand  in-8°,  347  p.  Paris,  1880. 

Chaper.  Constatation  de  l'existence  du  terrain  glaciaire  dans  l'A- 
frique équatoriale,  in-4%  4  p.  (Extr.  comptes  rendus  Ac.  des  Sc.'i 

Chelot.  Supplément  à  la  géologie  du  déparlcment  de  la  Sartlic 
d'Albert  Guillier,  in-4%  4."»  p.  Paris,  le  Mans,  1886. 

Collot.  Diversité  corrélative  des  sédiments  el  de  la  faune  du  mio- 
cène marin  des  Bouchcs-du-llhûne,  in-8',  8  p.  (Extr.  Assoc.  fr.  p. 
l'Av.  des  Se.  Congr.  de  Grenoble,  18HÏI). 

Cope.  The  vertebrata  of  the  swift  current  creek.  Région  of  tbe 
cypresshills,  7  p.,  in-8".  (Ann.  report,  geol.  ac.  nat.  hist.  Survey  of 
Canada,  1885;. 

Cossmann.  Description  d'espèces  du  terrain  tertiaire  des  environs 
de  Paris  (suite),  in-8",  48  p.,  I  pi.  [Extr.  Journ.  de  Concbyl.,  1880;. 

Cossmann.  Catalogue  illustré  des  coquilles  fossiles  de  l'Éocène  des 
environs  de  Paris  faisant  suite  aux  travaux  paléontologiques  de  G. -P. 
Deshayes,  1"  fasc,  in-8».  Bruxelles,  octobre  1880,  172  p.,  8  pi.  (Ext. 
Ann.  Soc.  Roy.  Malacol.  de  Belgique). 

Cotleau.  Association  française  pour  l'avancement  des  sciences, 
1886.  Compte  rendu  des  travaux  de  la  section  de  géologie,  in- i",  4  p. 
(Revue  scientifique,  2  octobre  1880). 


DONS.    —  21   JUIN-8  NOVEMBRE   1886  5 

Uollfus  et  Ramond.  Bibliographie  du  terrain  tertiaire  parisien,  in-8°, 
28  p.  Paris,  1886.  (Extr.  Soc.  d'Et.  scient,  de  Paris). 

Favre.  Revue  géologique  suisse  pour  Tannée  1885.  (XVI),  in-8°. 
Genève,  1866,  1 42  p.  (Extr.  Arch.  des  Se.  bibl.  univ.). 

Fomasini.  I  foraminiferi  délia  tabella  oryetographica  nel  R.  Museo 
di  Bologna,  12  p.,  in-8\  Rome,  1884.  (Extr.  Boll.  Soc.  geol.  ital.). 

—  Textularina  e  altri  foraminiferi  fossili  nella  marna  miocenica 
di  San  Rufillo  presso  Bologna,  in-8a,  10  p.,  1  pi.  (Extr.  id.). 

Friren.  Mélanges  paléontologiques,  2°  art.  (faune  fossile  de  Dévoie. 
Lias  moyen).  Observations  sur  quelques  brachiopodes  très  rares. 
Histoire  de  deux  fossiles.  Note  sur  le  Tisoa  siphonalis,  in-8°,  54  p. 
(Extr.  Bull.  Soc.  d'hist.  nat.  de  Metz).  Metz,  1886. 

Gaudry  (Alb.)  Sur  un  bois  de  Renne  orné  de  gravures,  que  M.  Eu- 
gène Paignon  a  découvert  à  Montgaudier,  in-4°,  3  p.  (Comptes  ren- 
dus, 19  juillet  1886). 

V.  Gauthier.  Sur  quelques  Ecbinides  monstrueux  appartenant  au 
genre  //emiastnr,  in-8°,  3  p.,  1  pi.  (Extr.  Ass.  fr.  pour  l'av.  des  Se. 
Blois,  1884). 

—  Recherches  sur  le  genre  Micraster  en  Algérie,  in-8°,  6  p.,  1  pi. 
(Extr.  id.). 

—  Description  do  trois  Échinides  nouveaux,  recueillis  dans  la  craie 
de  l'Aube  et  de  l'Yonne,  in-8°,  7  p.,  2  pi.  (Extr.  id.,  Grenoble,  1885). 

Geinitz.  Zur  Dyasin  Hessen,  in-8°,  8  p.,  1  tableau.  (Extr.  Festchrift 
d.  Vereins  fur  Naturkunde.  Kassel,  1886). 

(h  (héron.  La  faune  des  couches  à.  Mytilus,  considérée  comme  phase 
méconnue  de  la  transformation  de  formes  animales,  in-12°,  29  p. 
(Exlr.  Verh.  d.  Naturf.  Ges.  in  Basel,  4886). 

Gottsche.  Geologische  Skizze  von  Korea,  in-8'\  17  pi.,  1  pi.  (Ext. 
Sitzber.  d.  k.  preuss.  Akad.  d.  Wiss.  zu  Berlin,  1886). 

Gregorio  (de).  A  propos  de  l'ouvrage  de  M.  Vacek  sur  la  faune  de 
l'oolithe  de  S.  Vigilio,  in-4°,  2  p.  Palerme,  1886.  (Exlr.  Ann.  de  Géol. 
et  de  Pal.). 

Guemhel.  (\V.  v.)  Géologie  von  Bayern,  Ier  theil.  Grundzûge  der 
Géologie,  fasc.  3,  481,  720. 

A.  Guillirr.  Géologie  de  la  Sarthe,  1  gros  volume  in-4°,  428  p.  Le 
Mans,  Paris,  1886.  (Don  du  conseil  général  du  département  delà  Sarthe). 

Hall  (James).  Thirty-eighth  annual  report  on  the  New  York  state 
Muséum  of  natural  History  by  the  régents  of  the  university  of  the 
slate  of  New  York,  in-8".  Albany,  1885,  138  p.,  3  pi. 

Hall  (James).  Palaeontology  (Geol.  Survey  of  the  State  of  New 
York),  t.  Y.  ÎLamellibranchiata,  IIDimyaria  of  the  upperhelderberg, 


6  D03S,    —  21    R'lS-8    HOVKBDBE    1880 

llaiiiilton,  Portage  and  Chemung  Groupa.  1  gros  volume  ïn-4*,  561  p. 
Albany,  1885. 

Hcimtry.  Note  on  the  annual  Preccssion,  calcul  ated  on  the  Hypo- 
ihesis  of  the  EarthV  Soliditv,  in-8",  1  p.,  1886.  (Extr.  philosoph. 
Mag.). 

—  On  Iho  Physical  structure  of  the  Earlh,  in-80,  11  p.,  1886. 
(Etlr.  id.). 

Ed.  Hébert.  Observations  sur  les  groupes  sédimentnires  les  plus 
anciens  du  nord-ouest  de  la  France,  in-4",  6  p.  Kilt,  comptes  ren- 
dus. Ac.  des  Se,  26  juillet  188(1). 

—  Id.  (suite),  in-4",  10  p.  (Extr.  id.,  2  et  il  août  1886 ■■. 

Iliade,  On  Beds  of  Sponge-remains  in  the  lover  and  upper  Green- 
sand  of  the  soulh  of  En  gland,  in-4',  50  p.,  5  pi.  (Ext.  Phil.  traosacl. 
Roy.  Soc,  1885). 

Hoernes  \H).  Manuel  de  paléontologie,  traduit  do  l'allemand  par  L. 
Dollo,  fasc.  3  et  dernier,  in-8-,  100  p.  Paris,  Savy,  1886. 

Jone»  (ftupert).  On  some  fossil  Ostracoda  from  Colorado,  in-8»,  4  p., 
I  pi.  (Extr.  gcol.  Magaz.,  1K86). 

—  On  carboniferous  Oslracoda  from  the  Gaylon  boring,  Nor- 
thamptonshirc,  in-8',  6  p.,  1  pi. 

Jones  {Raperti  et  SAerbuf».  On  ihe  mtcrozoa  found  în  some  juras- 
sic  Rocks  of  Eogland,  in-8°,  Il  p.  iKxlr.  Gcol.  Magazine,  1886). 

W,  Kitîan.  Note  préliminaire  sur  la  structure  géologique  de  la  mon- 
tagne de  Lurc  (Basses-Alpes),  in-8',  1  p.  iC.  rend.  Ac.  des  Se. 

Koenen  (m«).  Ueber  noue  Cyslideeu  ans  den  Caradoc-Schichlen  der 

îrb.  I 


DONS.   —   91   iUIR-8   NOYBHBRE    1886  7 

3°  Méthodes  de  cartographie  géologique  employées   par  l' United 
States  geol.  Survey  (traduit  par  E.  de  Nargeric,  25  p.). 

ZT.-/1.  Martel.  —  Plan  topographique  de  Montpellier-le-Vieux. 
1  plan  in-folio  encadré.  (Extr.  Annuaire  du  Club  alpin  français,  1880). 

—  Auvergne  et  Cévennes  (1883-85),  in-8°,  27  p.,  1  pi.  (Extr.,  id., 
1886). 

—  Carte  d'Autriche  au  75,000e.  (Note  bibliographique),  6  p.  (Extr. 
ltevue  de  géographie,  18845). 

—  Karl  von  Sonklar.  (Nécrologie)  in-8°,  19  p.  (Extr.  Bull,  mensuel 
du  Club  alpin  français,  1885  . 

—  Chemin  de  fer  des  Velber-Taucrn  et  tunnels  des  Alpes,  in-8°, 

3  p.  (Extr.,  id.,  1885). 

y.  Martin.  —  Académie  des  se,  arts  et  belles-lettres  de  Dijon.  — 
Concours  de  1884.  (Ilappor!)  in-8°,  30  p.,  1880. 

J.  Maurer.  —  Die  Fauna  des  rechtsrheinischen  Untcrdevon  zum 
Nachweis  der  Gliederung,  55  p.,  1  carte,  in-8\  Darmstadt,  1886. 

Marcou  (7.  IMknap).  —  Bibliographies  of  american  naturalists.  111. 
Publications  rclating  to  Fossil  Invertebrates,  333  p.,  iu-8°.  — 
Washington,  1885.  — (Extr.  Bull,  of  U.  St.  nation.  Muséum). 

Record  of  Norlh  american  inverlebrate  palaeontology  for  the 

year  1885,  in-8u,  47  p.  (Extr.  Smithsonian  Report,  1885). 

J.-E.  Slarr.  —  The  classification  of  Ihe  cambrian  and  silurian 
Rocks,  in-8°,  147  p.  —  Cambridge,  1883. 

Noury  (Le  P.  Cit.). —  Géologie  de  Jersey,  in-8°,   177  p.,  1  carte, 

4  pi.  (dans  le  texte).  —  Paris  (Savy),  1886. 

Pérou.  —  Note  sur  les  étages  de  la  craie  aux  enviions  de  Troycs. 
in-8°,  10  p.  (Extr.  Ass.  fr.  pour  l'avancement  des  Se,   1885). 

Phi/i/jjjsun.  —  Studien  ueber  \\  asserscheiden,  m-8*.  —  Leipzig, 
1886,  163  p.  \Verein  fur  Krdkundc  zu  Leipzig). 

Presttric/t.  —  On  the  Agency  of  Water  in  Volcanic  Eruptions,  in-8u, 
50  p.  (Proceed.  of  the  roy.  Soc).  —  London,  1880. 

—  On  underground  Températures.  —  London,  1886,  in-4°,  82  p. 
^Proceed.  Roy.  Soc). 

/tetievier.  —  Rapport  sur  la  marche  du  musée  géologique  vaudois 
en  1885,  in-8\  —  Lausanne,  1886.  (Extr.  Bull.  Soc.  vaud.  se.  nat.). 

Homanovski  vt  Mouchkctoir.  —  Carte  géologique  du  Turkestan  russe 
dressée  en  1881.  —  Edition  1885.   Echelle:  1,260,000e  7  feuilles. 

7.  Iioth.  —  Beitraege  zur  Pétrographie  von  Korea,  in-8',  7  p.  — 
(Extr.  Sitzber.  d.  k.  preuss.  Ak.  der  Wiss.  zu  Berlin,  1880;. 

Iiutot.  —  Résultats  de  nouvelles  observations  sur  le  sous-sol  de 
Bruxelles,  in-8°.  —  Liège,  1880.  31    p.  (Ami.  de  la  Soc.   géol.  de 

Belg.). 


8  duks,  —  21  JL'is-H  kovehdhe  1H86 

Socco.  —  11  piano  Messiniano  nel  Piemonte,  in-8°,  21  p.  (Bol).  Soc, 
géol.  ila!.)-  —  Home,  1886. 

—  Intorno  ad  alcune  improntc  organiche  dei  terrent  terziari  del 
Piemonte.  —  Turin,  188B,  20  p.,  l  pi.  (Atli  d.  R.  Ac.  d.  Se.  di 
Torino). 

—  Sopra  una  nuora  specic  di  /then/iclir,  Dunker  (Fam.  Solariidae, 
Chenu,  2  pi.,  1  pi.  (Doit.  d.  Musei  di  Zoologia  cd  Anatomia  coropa- 
rata  délia  R.  Univ.  di  Torino,  1886. 

Sarrau  d' Al  fard.  —  Sur  la  zone  à  Ammonite*  maeitirephalui  dans  les 
Cérennes,  in-8°,  2  p.  (Bull.  Soc.  géol.  de  France,  1886:. 

Scudder, —  The  Cockroacli  oT  the  Past,  in-8°,  15  p.  —  Londres, 
1886. 

C.-l),  Sherborn  and  F.  f.'/iapman.  —  On  some  microzoa  from  tbe 
London  clay  expo  se  d  in  llie  drainage  works,  Piccadilly,  London, 
188ô,  in-8°,  27  p.,  3  pi.  —  Journal  rov.  micro  se-,  soc.  —  Londres-, 
1886. 

W.  Szajnocha.  —  0  Kilu  Gatunkach  ryb  Kopalnych  '/.  Monte-Bolca 
pod  Werona,  in-4".  —  Cracovie,  12  p.,  \  pi.,  1886. 

Stenzel.  —  Rhizodendron  Oppoliense,  Goepp,  i  1 1  -  H  ' ,  ,'1U  p.,  3  pi.  — 
Breslau,  1886.  (Jahresber.  d.  Scliles.  tiesellsch.  fur.   vaterl.  Gullur, 

Trafford.  —  Amphioratna  ou  la  vie  du  monde,  phénomène  iu- 
connu,  pour  la  première  fois  observé  et  décrit,  1  broch.,  in-8",  78  p., 
1  pi.  —  Lausanne,  1877. 

Verbeek.  —  Krakatau,  2e  partie,  i  vol.  in-X",  oC~  p.,  1  atlas  in-folio 
de  23  pi.  —  Batavia  et  Bruxelles,  1880. 

—  Notice  jointe  aux  cartes  de  l'édition  française  du  Krakatau,  id- 
folio,  8  p.,  br. 


DONS.   —  21   JUIW-8  NOVEMBRK    1886  9 

Silvestri.  —  Sur  l'éruption  de  l'Etna  de  mai  et  juin  1886,  1589. 

T.  CIII,  n°  l  (5  juillet  1886).  —  Daubrée.  —  Note  sur  les  travaux  de  M.  H. 
Abich,  14. 

G.  de  Saporta.  —  Sur  l'horizon  réel  qui  doit  être  assigné  à  la  flore  fossile 
d'Aix  en  Provence,  27. 

Noguès.  —  Sur  le  système  triasique  des  Pyrénées-Orientales,  à  propos  d'une 
communication  de  M.  Jacquot,  91. 

Rivière.  —  Faune  des  Invertébrés  des  grottes  de  Menton,  en  Italie,  91. 

Daubrée.  —  Présentation  d'une  étude  de  M.  N.  de  Kokscharow. 

N*  2  (12  juillet).  —  Faye.  —  Sur  les  rapports  de  la  Géodésie  avec  la  Géolo- 
gie, 69. 

Bréon.  —  Sur  l'association  cristallographique  des  feldspaths  tricliniques,  170. 

Viguier.  —  Sur  les  roches  des  Corbièrcs  appelées  ophites,  172. 

Gh.  Barrois  et  A.  Offret.  —  Sur  les  schistes  micacés  primitifs  et  cambriens  du 
sud  de  l'Andalousie,  174. 

N*  3  (19  juillet).  —  Gaudry.  —  Sur  un  bois  de  renne,  orné  de  gravures,  que 
M.  Eugène  Paignon  a  découvert  à  Montgaudier,  189. 

G.  de  Saporta.  —  Sur  l'horizon  réel  qui  doit  être  assigné  à  la  flore  fossile  d'Aix 
en  Provence,  191. 

Ch.  Barrois  et  A.  Offret.  —  Sur  les  schistes  et  gneiss  amphiboliques,  et  sur  les 
calcaires  du  sud  de  l'Andalousie,  221. 

N°  4  (2e  juillet  1886).  —  Hébert.  —  Observations  sur  les  groupes  sédimentaires 
les  plus  anciens  du  nord-ouest  de  la  France,  233. 

Crié.  —  Recherches  sur  la  végétation  miocène  de  la  Bretagne,  290. 

Martel.  —  Sur  les  masses  pittoresques  de  rochers,  dont  l'ensemble  a  reçu  le 
nom  de  Montpellier-le-Vieux,  292. 

N#  5  (2  août  1886).  —  Paye.  —  Sur  les  rapports  do  la  Géodésie  avec  la  Géo- 
logie, 295. 

Hébert.  —  Observations  sur  les  groupes  sédimentaires  les  plus  anciens  du 
nord-ouest  de  la  France,  303. 

Ch.  Lory.  —  Sur  la  présence  de  cristaux  microscopiques  de  minéraux  du 
groupe  des  feldspaths  dans  certains  calcaires  jurassiques  des  Alpes,  309. 

N»  6  (9  août).  —  Hébert.  —  Observations  sur  les  groupes  sédimentaires  les 
plus  anciens  du  nord-ouest  de  la  France,  367. 

Ch.  Barrois  et  A.  Offret.  —  Sur  la  disposition  des  brèches  calcaires  des  Alpu- 
jarras  et  leur  ressemblance  avec  les  brèches  houillères  du  nord  de  la  France,  400. 

N#7  (16  août).  —  Willm.  —  Sur  la  composition  des  eaux  de  Bagnères-de-Lu- 
chon  (Haute-Garonne),  416. 

N°  9  (30  août).  —  A.  Gaudry.  —  Sur  un  reptile  du  terrain  permien,  453. 

N*  10(6  septembre).  —Crié.  —  Sur  les  affinités  des  Fougères  éocènes  de  la 
France  occidentale  et  de  la  province  de  Saxe,  487. 

Nadaillac.  —  Sur  la  découverte  faite  en  Belgique,  d'une  sépulture  de  l'âge  du 
Mammouth  et  du  Rhinocéros,  490. 

Flachat.  —  Sur  des  secousses  de  tremblement  do  terre  qui  se  sont  produites  à 
Usknb  (Turquie  d'Europe),  dans  la  nuit  du  27  au  28  août  1886,  492. 

X*  il  (13  septembre). 

N-  12  (20  septembre).  —  Caraven-Cachin  et  Grand.  —  Nouvelles  recherches  sur 
la  configuration  du  bassin  houiller  de  Carmaux,  527. 

XV.  Suppléf/wnt  an  BuUcfin  <{*'  la  Sor.  yt':il .  dr  Framr.  A 


10  DOSS.    —   H    JL'lîl-8    NOVEMBRE 

L.  Crié.  —  Sur  Ici  affinités  des  flores  oolithiques  de  la  France  occidentale  et  Je 
l'Angleterre,  518. 

M*  13  (17  septembre).  —  Vidal.  —  Sur  lu  tremblement  de  terre  du  ïï  anal 
i8so  (nouveau  atyle),  en  Grèce,  MB. 

F.  Schrader.  —  Carlo  représentant  les  terrains  granitiques  et  crétacés  des 
Pyrénées  espagnoles  et  leur  disposition  en  chaînons  obliques  et  successifs,  ses. 

S*  14  (4  octobre).  —  Foutanne.  —  Constitution  géologique  du  sol  de  la  Croix- 
Rousse  (Lyon),  «13. 

N-  15  (il  octobre).—  Paye.  —  Sur  la  température  nu  fond  des  mers  comparée 
a  celle  des  continents  à  la  même  profondeur,  617. 

tionnard.  —  Do  quelques  roche*  (trenatlfùres  du  Puy-de-Domc,  034. 

St. -Meunier.  —  Sur  le  glle  phosphaté  de  Beau  val  (Somme),  DM. 

N*  10  (18  octobre).  —  NordenskiOld.  —  Analyse  d'une  poussière  cosmique  tom- 
bée sur  les  Cordillières,  près  de  San -Fernando  (Chili),  os  t. 

Crié.  —  Contributions  a  l'étude  des  tlures  tertiaires  de  la  Franco  occidentale  et 
de  la  Dalmatie,  ooo. 

Gurtl.  —  Météorite  trouve  dans  un  lignite  tertiaire,  "ot.  Daulirfe.  —  Observa- 
lions,  70». 

N"  17  (10  octobre).  —  Daubroe.  —  Météorite  tombée  le  27  janvier  isso  dit» 
l'Inde,  à  Nammianlhul,  province  do  Madras,  73 1. 

Eg.  Bertrand  et  B.  Renault.  —  Remarques  sur  le  Paroxyton  tttphanciue,  7S3, 

A.  de  Lapparent.  —  Sur  les  rapports  de  la  Géodésie  aveu  la  Géologie.  Répons 
aux  objections  de  M.  Faye,  771. 

N*  1S  (1  novembre).  —  Eg.  Bertrand  et  li.  Renault.  —  Nouvelles  remarque* 
eur  la  lige  des  Paroxytons,  Gymnospermes  fossiles  de  l'époque  houillère,  810. 1 

A.  Lacroix.  —  Examen  pélrographique  d'une  diaLase  carbonifère  des  entirOUJ 
de  Dumbartou  (Ecosso),  ksi. 

Jourdy.  —  Les  dislocations  du  globe  pendant  les  périodes  récentes,  leurs  ré- 
tesuide  frartlutee  alla  conformation  ■1?"  tittiincnta,  titti, 

Hermite.  —  Sur  l'unité  des  forces  en  Géologie.  fcïtf. 

Stan.  Meunier.  —  Substance  singulière  recueillie  &  lu  suite  d'un  météore  rap- 
porté à  la  Foudre,  831. 


DONS.   —  91  JUIN-8  NOVEMBRE  1886.  11 

—  Ministère  des  travaux  publics.  —  Carte  d'une  partie  de  l'Afri- 
que septentrionale,  résumant  les  travaux  des  missions  de  MM-  Flat- 
tera, Pouyanne,  Choisy,  etc.  Echelle  :  1,250,000%  1883,  4  feuilles. 

—  La  Nature,  14e  année,  n0*  G82  (26  juin)  —  701  (6  novembre). 

X*685.  —  J.  Platania.  —  La  récente  éruption  de  l'Etna,  07. 

\V.  de  Fonvielle.  —  L'exploitation  des  mines  à  travers  les  âges  (suite),  108. 

N°  687.  —  Nogués.  —  Nouveaux  tremblements  de  terre  en  Andalousie,  143. 

N°  083.  —  A.  Oaudry.  —  Huis  de  renne  orné  de  gravures  des  temps  quatef* 
nuire»,  155. 

N°  Guo.  —  Trône  gigantesque  recueilli  du  Rhône,  177. 

X°  692.  —L'éruption  volcanique  de  la  Nouvelle-Zélande,  du  lojuin  1886,  209. 

N°  695.  —  Le  tremblement  de  terre  des  Etats-Unis,  le  31  août  1880,  259. 

N"  097.  —  La  roche  de  Fontenailles;  falaises  du  Calvados,  489. 

Glaciers  des  Alpes,  29i>.  — Chutes  du  Niagara,  293. 

N*  099.  —  St.  Meunier.  —  Fossiles  singuliers  des  environs  de  Boulogne-sur* 
Mer,  325.  —  Le  charbon  eu  Europe,  327. 

H.  Courtois.  —  La  grotte  de  Fingal,  327. 

—  bulletin  des  Bibliothèques  et  des  Archives,  année  1886,  n°  2. 

—  Ilevue  des  travaux  scientifiques,  t.  Y,  n°  12,  t,  VI,  n°  2,  n°  3, 
n°  4,  n°  5. 

—  Paléontologie  française. 

lrt  série.  —  Invertébrés.  —  Terrain  crétacé,  livraison  32,  t.  VIII.  —  Zoophytes, 
par  M.  de  Fromentcl.  p.  077- eus,  pi.  109-1 80  (juillet  1880). 

Terrains  tertiaires,  éocène,  iivr.  5,  Érhiuidespar  M.  Cotteau,  p.  177-208,  pi.  49-00 
'juillet  1880). 

2'  série.  —  Végétaux.  —  Terrain  jurassique,  Iivr.  30.  —  Kphédrée»,  Spirangiées 
et  types  proangiosperiniqucs,  par  M.  de  Saporta,  p.  81-112  du  t.  IV,  pi.  11-13 
(juillet  1880).  (Djii  du  dunifi''  de  U  l'aliïontolngie  français*'.) 

—  Société  philomatique.  Bulletin  de  la  —,  7e  série,  t.  X,  n°  2* 

Filhol.  —  Sur  la  formule  dentaire  des  Dachitcrium,  81. 

—  Sur  les  caractères  zoologhiues  de  la  faune  des  Vertébrés  fossiles  d'Issel,  80. 

—  Société  zoologique  de  France.  Bulletin  de  la — ,  1886,  n°  4. 

C.  Schlumberger.  —  Note  sur  le  genre  A  de  fa*  i  nu,  l  pi.,  344. 

—  Bulletin  de  la  Société  de  géographie,  1er  et  2r  trimestres  188(5. 
—  Compte  rendu  des  séances  de  la  —,  n0"  13,  14,  15,  1886. 

—  Journal  de  Conchyliologie,  3°  série,  t.  XXVI,  n°  2. 

—  Club  alpin  français.  —  Annuaire  du  —,  12e  année  1885.  (Paris, 
1886). 

K.  Cotteau.  —  V^ya^i!  aux  volcann  de  Java,  330. 

Levassent*.  —  Etude  sur  les  chahin*  et  ma*sih  du  système  des  Alpes,  r*  partie, 
371,  l  carte. 

F.  Sc-hrader.  —  Apeivu  soium  iiiu  de.  l'Orographie  des  Pyrénées,  KM. 

A.  Vézian.  —  Les  types  orographie  lies,  451. 

Ch.  Durier.  —  Les  mouvements  du  glacier  des  Bossons,  :.<>s. 

Bulletin  mensuel,  n0'  6  et  7,  1880. 


uduslrie  minière    du    royaume 
Bulletin  de  la  — ,  t.  IX, 


t.   33,   2=    série, 
ptes  rendus  des 


12  DOBS.    —   21    JUÏrI-8    NOVEMBRE    1886. 

—  Société  française  de  minéralogie.  —  Bulletin  de   1 
n"  5,  6.  {Mai-juin,  1886). 

—  Annales  des  Mines,  8*  série,  t.  IX,  2"  livr.  de  1886. 

B.  de  Chancourtois,  I. allemand  cl  Chesneau.  —  De  l'élude  des 
'écorce  terrestre  poursuivie  particulièrement  au  point  de   vue  de   leurs  rapports 
avec  les  dégagements  de  produits  gazeux,  î07. 

J.  de  Morgan.  —   Note  sur    la  géologie  et  sui- 
de Pér&k  et  des  pava  voisins  (Malacca),  3e»,  1  pi. 

—  Société  d'anthropologie  de  Paris.  - 
3'  série,  fasc.  2  à  3.  (Février-juin,  1886). 

—  Société  botanique.  —  Bulletin  de  la 
t.  VIII).  —  Revues  bibliographiques  B.-C. 
séances  3,  4,  5. 

—  Matériaux  pour  l'histoire  primitive  et  naturelle  de  l'homme, 
t.  XX,  3°  série,  t.  III,  1886.  —  Juin-octobre. 

Abbeville.  —  Société  d'émulation  d' — .  Bulletin  des  procès- verbaux 
delà  — ,  année  1885. 

Amiens.  —  Société  linnéenne  du  nord  de  la  France.  —  Bulletin 
mensuel,  n"  150-158.  (Décembre  1884,  août  1885).  N™  159  (1"  sept. 
1885).  —  166  (1"  avril  1886). 

Auxerre.  —  Société  des  sciences  historiques  et  naturelles  de 
l'Yonne.  —  Bulletin  de  la  — ,  année  1886,  40"  vol.,  Z'  série,  n*  11. 

Bordeaux.  —  Journal  d'histoire  naturelle  de  —  et  du  sud-ouest, 
5»  année,  n"  6-10.  (Juin-octobre,  1886). 

N*  8.  —  Houret.  —  Note  sur  le  terrain  oolithique  des  environs  de  Brive,  Sî. 

N*  7.  —  E.  Benoist.  —  Le  puits  artésien  du  Moulinât,  commune  de  tiègles.  *i 

Boulogne-sur-Mer.  —  Société  académique  de   l'arrondissement 


DONS.    —  21  JUIN-8  HOVBMBRB    1886.  13 

Boussemaer.  —  Observations  sur  le  môme  sujet»  287. 

J.  Ladrière.  —  Sur  l'existence  de  la  tourbe  quaternaire,  à  la  Flamengries-lez- 
Bavai,  288. 
J.  Gosselet.  —  Tableau  de  la  faune  coblenzienne,  202. 

Épinal.  —  Société  d'émulation  du  département  des  Vosges.  — 
Annales  de  la  — ,  1886,  1  vol. 

Lyon.  —  Société  d'agriculture,  histoire  naturelle  et  arts  utiles  de 
—,  5*  série,  t.  VI-V1H,  1883-85,  3  vol. 

1884.  Fontanne.  —  Le  groupe  d'Aix  dans  le  Dauphiné,  la  Provence  et  le  Bas- 
Languedoc,  225. 

Nancy.  —  Académie  de  Stanislas.  —  Mémoires  de  f— ,  1885, 
136*  année,  5e  série,  t.  III. 

La  Rochelle.  —  Académie  de  — .  Société  des  sciences  naturelles 
de  la  Charente-Inférieure.  —  Annales  de  1885,  n°  22,  1. 1, 1886. 

E.  Crémieux.  —  Excursion  géologique  à  Fou  ras,  13. 

Duval-Laguierce.  —  Id.,  à  la  pointe  de  Loix,  33  ;  à  Chatclaillon,  41  ;  au  rocher 
d'Yves,  53. 

Id.,  t.  II.  (Flore  de  l'ouest  de  la  France). 

Rouen.  —  Bulletin  de  la  Société  des  amis  des  sciences  naturelles 
de  —,  3É  série,  22°  année,  1er  sem.,  1886. 

Bucaille.  —Excursion  géologique  à  Fécamp,  71. 

Saint-Etienne.  —  Société  d'industrie  minérale.  —  Bulletin  de  la 
— ,  S6  série,  t.  XV,  lre  et  2e  livr.,  1886,  avec  2  atlas  in-folio.  — 
Comptes  rendus  mensuels  de  la  — ,  juin-septembre  1886. 

Toulouse.  —  Société  d'histoire  naturelle  de  — ,  i\)r  année,  1885, 
(iin),  20°  année,  1886.  —  Bulletin  trimestriel.  (Janvier-mars). 

Fontes.  —  Rôle  de  la  rotation  de  la  terre  dans  la  déviation  des  cours  d'eau  à 
la  surface  du  globe,  16. 

Troyes.  —  Société  académique  d'agric.  des  sciences,  arts  et  belles- 
lettres  de  l'Aube.  —  Mémoires  de  la —,  t.  XLIX,  3e  série,  t.  XXII, 
année  1885. 

Valenciennes.  —  Sociélé  d'agricullure,  sciences  et  arts  de  l'arron- 
dissement de  — .  Revue  agr.,  industr.,  liltér.  et  artistique,  avril-août 
1886,  t.  XXXIX,  n°»  4-8. 

La  production  houillère  dans  le  bassin  de  Valenciennes,  en  1885. 

Alsace-Lorraine.  —  Société  industrielle  de  Mulhouse.  —  Bul- 
letin de  la  — ,  mai-juin-juillet-août-septembre  1886. 

X#  d'aont-sept.  —  Fliche.  —  Note  sur  le*  flores  tertiaires  des  environs  de  Mul- 
house, 318. 

Allemagne.  —  Berlin.  —  Koniglich  preussische  Akademie  der 


.14  DONS.   —  21    JUIN-8   SOVBHBHE   i886. 

Wissen  se  halle  n  zu  — .    Sitzungsberichte  der  —,  1886,   n°  I-XXX1X. 

(Janvier-juillet  1886). 

N"  XXX-XXXI.  —  Kiessling.  —  Die  liewegueig  des  Krakatau-Itauebes   ira  sep- 
tomber  1MB3,  7*0. 

N'  XXXVI1-XXXVIII.  —  Calvert.—  Me  tcorateiii  facile  am  lielles|.oi;t,  673. 
S*  XXXIX.  —  Uoilsche.  —  Oeologische  Skizie  von  Korea,  1  pi.,  H57. 
—  ZflîUchrift  der  deulschen  geologischen  Gnsellschaft,  t.  XXXV1U, 
n°2. 

Bercndt.  —  Der  oberoligocacnc  Meerossaud  iwiulie»  Kllic  unJ  Oder,  :.ï5. 
G.  de  (îoer.  —  Ueber  cin  Conglomérat   lui   Urgetiirge   bei   Weslancr  in  Scho- 

J.   Walliier  u.  P.  S.'lïii'lilï.  —  Sludien  mr  Géologie  des  Golfes  von  Neapel,  ÎSJ. 

lt.  Beck.  —  Beitracge  zur   Kcniitiiiss  der  Flora   des   saeebtiÊcheu    tiligoeaejH, 
1  pi.,  tu. 

F.  Wahnacliafle.  —  Die  locssartigon  Bildongcu  am  Ilaude   dea    Xorddculschea 
Flacli  landes,  3fi3. 

Oroddeck.  —  7,ur  Kennuiias  der  ZiiineMlagerstaetlen  des  Mount   Bischolf  in 
ï'aïmanieii,  370. 

Kellhack.  —  Beitraege  zur  Gculogie  der  Insel  Islaud,  37d,  4  |>I. 

Briell.  —  MMbeilungen  der  Heiren  Sclimidt,  van  Caiker,  Van  lut  feu.  QDricb,  A. 
l'enck. 

Bonn.   —   Naturhislorischer   Verein.  —  Vcrbandlungcn  des  —, 
A'A°  année,  5r  série,  3e  année,  w  l. 

v,  Kienen.    —  Cnncoslnts  tililuxii»,  v,  Kuiti.,  auâ   déni    Oberdevou    bei    GeroU- 
leiu,  50. 

v.  Decheu.  —  Noti*  oebereinige  eiratisdie  Bloecke  in  Wesifrlen,  os. 

Landsberg.  —  Ueber  die  Golillagei'slaeUeii  i:i  Brasilien,  63.  (Corr.  UI.J. 

J.   Bussel.  —  Ueber  deiiAachcncr  Balte!  uni]  .lessen  Tbermen,  01.  (Id.). 

v.  Deehen.  —  Ueber  die  Lagcrungsverhaeltiiisïe   der    Triai  am  Siidrande  de* 
SaarbruckurSUiiikuhlcugebirgcs,  71.  (Id.). 

.  Lasauls.  —  Haidi's  Uiiierauchungcii  der  Gcslciue    der  Vukangc 


DORS*  —  31  Jurv-8  NOVEMBRE  4886.  4  h 

—  Ucber  den  Goldberg  bau  an  der  Goldkoppe  bel  Frewaldau,  15t. 
Kunisch.  —   Ueber  zwoi  palaeontologische  Novitaeten  zur  dem  schleslschen 

Muschelkalk,  90. 
--  Ueber  das  Bohrloch  in  Deubus,  122. 

—  Ueber  die  ncueslen  Tiefbohrungen  im  Weichbilde  von  Breslau,  151. 
Lehraann.  —  Ueber  pyrogene   Quarze  aus  dem  Basait  der  Breitenberges  bei 

Strugau,  02. 

Hoemer.  —  Ueber  das  Yorkommen  des  O/okerits  oder  Erdwachs  und  beglcitende 
Fossilien  in  die  Sobieski-Grube  bei  Truskawiec  in  Ostgalizien,  119. 

—  Ueber  einige  neue  Arten  von  Versteinorungen  im  Steinkohlengebirge 
Oberschlesiens,  no. 

-^  Ueber  einen  bei  Perscbau  gefundenen  Knochen  von  lihinncrros  tirhorhi- 
nits,  iso. 

—  Ueber  die  Nordischon  Diluvialgeschiebe  von  versteinerungsfllbrender  sedi» 
montargesteinen  in  der  norddeutseben  Ebene,  143. 

Francfort-sur-Mein.  —  Senckenbergische  naturforschende  Ge- 
sellschaft  Bericht.  —  Fiir  1881. 

Kinkelin.  —  Ueber  zwei  sudamerikanisohodiluviale  Riesenthiere,  150. 

—  Ueber  Fosiilieu  aus  Braunkohlen  der  Umgebung  von  Frankfurt  a.  M  ,  l  pi., 

105. 

Kinkelin.  —  Sande  and  Sandsleine  im  Mainzer  Tertiaerbcckcn,  183. 

—  Die  Schleusenkammer  von  Frank furt-Niederrad  und  ibre  Fauna,  3  pi.,  2(9. 
Boettger.  —  Fossile  Binnenschnecken  aus  den  untermiocaeneu  Corbieula-tho» 

nen  von  Niederrad  bei  Frankfurt  a.  M.,  l  pi. ,258. 
Ililter.  —  Ueber  neue  Minoralfunde  im  T.iunus,  281. 

—  Abhandlungen  herausgegeben  von  der  —,  t.  XIV,  n°  1. 

Gotha.  —  Dr  A.  Petermanns  Mittheilungen  aus  J.  Perthes'geogra- 
phischer  Anstalt.  Herausgeg.  v.  Prof.  A.  Supan,t.  XXXII (188G)  n^Q- 
10;  Ergaenzungsheft,  n"  81). 

N#  «.  —  V.  Hilber.  —  Aaymmetrisohe  Thaeler,  171. 

N»  7.  —  Th.  Posewitz.  —  Die  rezenteu  Bilduugen  auf  der  insol  Dang  —  Ka 
(l  carie),  197. 

X»  9.  —  Nikitin.  —  Die  Grenzcn  der  Gletschcrspuren  in  Hussland  and  dem 
Uralgebirge,  257. 

Krgaenzungsheft.  —  Berndt.  —  Der  Alpenfoehn  in  seinem  iïintluss  auf  Natur- 
uud  Menscheuleben. 

Stuttgart.  —  Neues  Jahrbuch  fiir  Minéralogie,  Géologie  und  Pa- 
laeontologie  herausgeg.  v.  M.  Bauer,  \V.  Dames,  Th.  Liebisch, 
IV,  Beilage-Band,  3  Hefl. 

II.  Keusch.  —  Ueber  den  Tysuesiueteorit  iind  drei  audeie,  in  Skandinavien 
iiiedergefallene  Meteorsteine,  473,  7  pi. 

Sehedtler.  —  Kxperimentelle  Uiiiersuchuiigeii  ueber  das  dektrisc  lie  Verbalten 
des  Turmalius,  4  pi.,  :>u>. 

Muegge.  —  Ueber  einige  Gesleine  «les  Massai-Laudes,  :>7o. 

Raminelsberg.  —  Ueber  die  Gruppc  des  Skupoliths,  oio. 

1886,  t.  II,  n°  2. 


16  DONS.    —   21    JUIS-8    XOVEMBBB    1886. 

L.  Langcmann.  —  Ueitraepe  iut  Kemitniss  der  Mineralien  :  Harmotom,  Phillip- 
sil  und  Desmiii,  ï  pi.,  83. 

Sllirtz.  —  L'ober  palaenioixcbe  Seesierne,  ut. 

Andrussow.  —  relier  iwel  neue  Isojioilenformeii    aus  neogenen  Ablagerungen, 

1  pi.,    155. 

Briefl.  —  Miuheiluogender  H.  Sieuiiradiki,  ChrustsoliolV,  Kenngott,  Rechl,  Tùr- 
nebohm,  Haug,  Bciiecke,  Herrinann. 

1886,  t.  II,  II"  3. 

Nikitln.  —  Ueber  die  Biaiehungen  iw-ischen  der  rnssisdien  und  der  wesieun'- 
pacischen  Juraformalion,  sos. 

von  Koenen.  —  Ueber  neue  Cystideeu  aus  rien  Caradocschichleii  der  Gegend  von 
Montpellier,  t  pi.,  140. 

Briefl.  —  Miltheilunge»  der  H.  Meyer,  Cathrein. 

Australie.  —  Sydney.  —  Royal  Society  of  oew  south  W'ales.  - 
Journal  and  proceedings  of  the  — ,  t.  XVIII,  for  1884. 

Leibius.  —  Noies  on  Oold,  37. 

Liversidge.  —  On  some  oew  south  Wales  Minerais,  43. 

Porter.  —  Notes  on  some  Minerai  Localilies  in  thc  northern  Districts  of  S,  S. 
Wales,  75. 

Melbourne.  —  Theaustralasian  Scientific  Magazine  edited  by  R. 
Litton,  t.  I,  n"  I,  II,  III.  (Septembre-octobre  1885). 

N*  II.  —  Henry  y.  L.  Brown.  —  Rcpon  ou  tbe  General  Gcology  or  tlie  York* 
Peniusula,  with  Référence  tothe  Probaljility  of  artusian  Waler  Supply  bel»-*» 
Clinton  and  Curramulka,  5t. 

Whymper.  —  Notes  on  the  structure  of  the  Matlcrhorn,  54. 

R.  Benett.  —  dirions  Discovery  of  Bones.  5H. 

J.  Slirling.  —  Holiday  Ramilles  in  tlie  Australian  Alps,  Part  II,  59. 

N*  III.  —  J.  Stiriing.  —  Holiday  Ramilles  in  thc  Australian  Alps,  Part.  II,  »4. 


DORS.   —  31  JUUt-8  NOVBMBRB   1886.  16° 

Autriche-Hongrie.  —Vienne.  —  Kaiserlich  koenigliche  geo- 
logische  Reichsanstalt.  —  Verhandlnngen  der  —,  1886,  n"  8,  9,  10, 
11,  12. 

N*  8.  —  F.  Toula.  —  Mittelneocom  am  Nordabhang  des  grossen  Floesselberges 
bei  Kaltenleotgeben,  189. 

Waehner.  —  Zur  heteropischen  Diflercnzirung  ries  alpinen  Lias  (Schluss),  190. 

N#  9.  —  v.  John.  —  Ueber  dio  Andésite  von  Rzegocina  und  Kamionna  bei 
Bochnia  In  Westgalizien,  214. 

Lechleitner.  —  Die  Kreide  von  Pletzach  (Ladoi)  auf  dem  Sonnen-wendjoche  bei 
Brixlegg,  215. 

Frauscher.  —  Qeologisches  ans  Egypten,  *lfl. 

N*  10.  —  v.  ChrustschofT.  —  Mikrolithologischi  Mittheilungen,  229. 

Reiseberichte  der  Herrn  Pau),  Uhlig,  v.  Tausch,  Bittncr,  Geyer,  p.  239. 

N- 11.  —  Lechleitner.  —  Zur  Rofangroppe,  260. 

Id.  —  Das  Sonnenwendjochgebirge  bei  Brixlee",  261. 

Palla.  —  Récente  Bildung  von  Markasit  in  Inkrustionen  im  Moore  von  Ma- 
rieabad,  206. 

Tel  1er.  —  Die  silarischen  Ablagerungen  der  Ost.  Karawanken,  267. 

No  i2.  —  Schariz  r.  —  Der  erste  oesterr.  Monazitfund,  234. 

Paul.  —  Reisebericht,  2*4. 

Tel  1er.  —  Ein  Zinnoberfuhrender  Horizont  in  den  Silurablagerangen  der  Kara- 
wanken, 285. 

v.  Kamerlaender.  Reisebericht,  294. 

Berg-und  hiïttenmaennisches  Jahrbuch  der  K.K.  Bergakademien 
zu  Leoben  und  Pribram  und  der  Koen.  ungarischen  Bergakademie 
zu  Schemnitz,  t.  XXXIV,  n0>  2,  3. 

Budapest.  —  Fôldtani  Kôzloni.  Zeitschrift  der  ungarischen  geolo- 
gîschen  Gesellschaft,  XVI,  nos  3-4,  5-6,  (mars-juin  1886). 

Tausch.  —  Ueber  einige  Conchylien  aus  dem  Tanganyika-Sec  und  deren  fos- 
sile Vorwandte,  105. 
Bêla  von  Inkey.  —  Oeologische  Reisenotizen  von  der  Balkanhalbiuse),  129. 
v.  Hantken.  —  Amerikanische  Nummuliteu,  l  pi.,  187. 

—  Mittheilungen  aus  dem  Jahrbucho  der  K.  ungarischen  geolo- 
gischen  Ànstalt,  t.  VIII,  n°  3,  4. 

Ph.  Pocta. — Ueber  einige  Spcngien  aus  dem  Dogger  des  Flinfkirchner  Oo- 
birges,  2  pi.,  10  p. 

—  Le  môme  eu  hongrois. 

Halavats  Gyulâtôl.  —  Oslénytaui  adatok  delmagyarorszag  neogén  korû  ûled£- 
kei  faunàjdnak  isiiieretéhez,  2  pi.,  135  p. 

Belgique.  —  Bruxelles.  —  Bulletin  du  Musée  d  histoire  natu- 
relle de  Belgique,  t.  IV,  n"  2,  3. 

N*  2.  —  P.  Pelseneer.  —  Notice  sur  un  Crustacc  des  Sables  verts  de  Grand- 
pré,  47. 

Rutot.  —  La  tranchée  de  Huinin,  61. 

Dollo.  —  Première  note  sur  les  Chéloniens  du  Bruxellien  (Kocene  moyen)  de  la 
Belgique»  75,  2  pi. 


16  *  DONS.    —   31    JDIS-8   HOVKMBBK    1886. 

N*  3.  —  Dollo.  —  Première  doib  sur  let  Cbélooiem  landéniens  (Eocèue  inté- 
rieur) delà  Belgique,  no. 

Pelaeneer.  —  Notice  sur  1ns  Crustacés  décapodes  du  Mnestrichlien  du  Lim- 
bourg,  181. 

Brésil.  —  Rio  de  Janeiro.  —  Annaes  de  Escola  de  Minas  de  Ouro 
Preto,  d*  4  (1885). 

Lnnd.  —  Uemorias-Q  ratas  calcareas  do  interîor  do  Brazil,  coutendo  ossos  fw- 
sein  (iradueçao). 
Gorceix.  —  Ettudo  sobre  ■  monaiii 

A.    Olynilio  dos  Santos    Pires. 
Abaete,  93. 

Canada.  —  Toronto.  —  Tue  Canadian  Institule.  Proceediogs  of 
tbe  —,  t.  XXI,  n"  145  {juin  1886). 

Montréal.  —  The  Canadian  Record  of  Science,  t.  II,  n*  3  (1886). 

Montréal.  —  Geological  and  natural  History  Survey  of  Canada.  — 
Contributions  to  Canudian  palaeontology,  1. 1,  par  Whiteaves. 

W  biles  vas.  —  Report  on  the  Invertebrata  of  the  Laramie  and  Crelaceo  us  Rocks 
of  the  Vieillit*  of  the  Bow  and  Belly  River*  and  adjacent  locaiilie*  in  the  North- 
west Torritory,  11  pi. 

Espagne.  —  Madrid.  —  Anales  de  la  Societad  espanola  de  tris- 
toria  natural,  t.  XV.  —  Cuaderno  2. 

Macpherson.  —  Relacion  entre  la  forma  de  las  costas  de  loi  Peninsula  iberica, 
sus  principales  linea*  de  fractura  y  el  fondo  de  sut  mares  (suite),  1  pi.,  îei. 

—  Descripcion  petrograflca  de  loa  m  aie  ri  aléa  arcaicos  de  Oalicia  (suite),  tas. 

—  Revista  de  los  progresos  de  las  Ciencias  exactas,  iisicas  y  natu- 
rale»,  t.  XXI,  n"  7-9,  t.  XXII,  n-  1. 

États-Unis.  —  Albany.  —  Report  of  the  State  geologist.  Year 
1883, 1884. 


DORS.   —  Si  JUIfl-8  IfOVBMBEE  1886.  17 

Descriptions  of  fossils  corals  from  the  Niagara  and  npper  Helderberg  groups,  407. 

J.  Hall.  —  Descriptions  of  the  Spedes  of  Fossil  reticalate  Sponges  constitutif  g 
the  Family  Dictyospongidae,  405. 

Berlin  H.  Wright.  —  Notes  on  the  Oeology  of  Yates  County,  N.  Y,  195, 1  carte 

Avec  le  pi.  relatives  à  ces  divers  mémoires. 

Walcott.  —  Descriptions  of  new  species  of  Fossile  from  the  Trenton  Group  of 
New  York,  «07. 

N*  36  (1883). 

J.  Hall.  —  Bryosoa  (Fenestellidae)  of  the  Hamilton  Oroup,  57. 

J.  Hall.  —  On  the  structure  of  the  shell  in  the  Qenus  Orthis,  73,  1  pi. 

Description  of  a  new  Species  of  Stylonurus  from   the  Catskill  Oroup,  2  pi.,  76. 

J.  Murray.  —  A  Catalogue  of  the  published  Works  of  James  Hall.  LL.  D. 

1836-1882,  part.  11,82. 
N*  37(1884). 

—  Report  of  state  Geologist  for  the  Year,  1882. 

—  Atlas  paléontologique  deôi  pi.  (Polypiers,  Bryozoaires,  Brachiopodes  (par  Z. 
Hall). 

Fossil  Corals  and  Bryozoans  of  the  lower  Helderberg  Oroup  and  fossil  Bryo- 
zoans  of  the  upper  Helderberg.  Oroup.  —  Brachiopoda  (gênera  illustrations). 

Boston.  —  American  Academy  of  arts  and  sciences.  Proceedings 
of  the  —,  nouvelle  série,  t.  XIII  (t.  XXI),  part.  II,  1885-86. 

0.  Whipple  Huntington.  —  On  the  crystalline  Structure  of  Iron  Météorites,  478. 

—  Boston  Society  of  Natural  History.  Memoirs  of  the  — ,  t.  III, 
n°  XIII. 

Scudder  A.  Review  of  Mesozoic  Cockroaches,  439,  3  pi. 

Blanford.  —  On  a  smoothed  and  striated  Boulder  from  the  Punjab  Sait  Range, 

494. 

Oardner.  —On  Fossil  flowering  Plants,  495. 

Cambridge  Mars.  —  Muséum  of  Comparative  Zoôlogy  at  Harvard 
Collège.  —  Bulletin  of  the  —,  t.  XII,  n°  5. 

—  Academy  of  Arts  and  Sciences.  Memoirs  of  the  — .  Centennial 
volume,  t.  XI,  part.  IV,  n°  IV. 

New  Haven,  Conn.  —  The  American  Journal  of  Science,  3e  série, 
t.  XXXII  (t.  CXXXIÏ),  n"  187-190  (July-october  1886). 

N°  187.  —  Rockwood  Jr.  —  Notes  on  American  Earthquakes,  n*  15,  7. 

O.  Meyer.  —  Observations  on  the  Tertiary  and  Orand  Oulf  of  Mississippi,  20. 

HagueJ.-P.  Iddings.  —  Notes  on  the  volcanic  Rocks  of  the  Republic  of  Sal- 
vador, *0. 

Seely.  —  The  Qenus  Strophochctus  :  Distribution  and  Species,  31. 

Shaler.  —  Preliminary  Report  on  the  Oeology  of  the  Cobscook  Ray  District, 
Maine,  35. 

Dana.  —  On  some  gênerai  terms  applied  to  Metamorphism,  and  to  the  porphy- 
ritiostructure  of  Rocks,  69. 

N*  188.  —  Cros  and  Eakins.  —  Communications  from  the  U.  S.   Oeological 

XV.  c. 


■  al  Ibe  Roe  k  y-M  ou  n  tains.    On  PlilaliLe   a   new    Miceral,    |ji. 
iiulhe  Peridotiie  of  Elliot  County,  Keotticky,  m. 
-  Tmaperatare  Observations  at  the  lake  Superior  Coppsr  attnar,  i» 
l  —  0*  ta*  Cryililliialion  of  Gold,  tSï, 

—  ClawlicatioD  of  tbe  cambrian  System  of  Norlli  America,  138. 
V  ml  —  La  Conte.  —  Positerusry  Elévation  of  the  Sierra  Nevada  ahown  !< 


ricSiones,  «le. 

ne  of  its  révélations,  iti. 

Ores  of  (li-:  lake  Su,-.- 


a  aad  PanQeld.  —  Two  hitherto  undescribed  m 

jî»  its.  —  Dana.  —  A  dissected  vokanic  Mountain 

OÙH-  —  Oriitln  of  the  ferruginous  Schists  aud  I 
n*r  nfiou,  tsa. 

SaatlafUu.  —  Crystalline  structure  of  lroo  Météorites,  2B*. 

TltMi"  —  New  raeteoric  Iron  from  Texas,  304. 

Kwtt,  —  Further  notes  on  the   meteoric   tron   from    Glorieta   ait 
■Ébfcttl. 

[lua.  —  Brookite  from  Magoet  Cove,  Arkansas,  I  pi.,  314. 

Kew  York. — New  York  Academy  of  Sciences.  Aimais  of  the  - 
1*1»  Lyceum  of  natural  History. 

Transactions  of  the  — . 

Novembre,  décembre  1885;  janvier-mars  1886. 

Novembre  1885.  —  Newberry.  —  Geological  Congress  at  Berlin,  £s. 

Newberry.  —  Ptacoderm  Fishes  from  Devooian  of  Ohio,  1B. 

CretaceouB  Plants  from  Staten  Island,  ES. 

BaUstOU  Rocka  in  Adirondacks,  7!. 

Décembre  1883.  Kunz.  —  On  Meteoric  Irons,  74. 

Coue.  —  The  Oencaiony  of  the  Mammalia,  si). 

January  18S0.  —  Slevvens.  —  On  tlie  San  Juan  Mountains  of  Colorado, 

February.  —  Newberry.  —  Cretaccovis  Flora  ol  Noith  America,  133. 

—  American  Museu 
n°7.  (July  1880). 

Philadelphia.  —  Academy  of  nat 
of  tbe  —,  1  January  lo  Marsh  1886, 


of  Natural  llistory.  Bulletin  of  the  — ,  t.  1, 
Sciences  of  —  Proceedings 


n  and  Llama  from  FloriJa,  : 


-  Luidy.  Ma, 
McCormick  Calvin.  —  The  Inclusions  in  the 
Leidy.  —  An  exlinct  Boar  from  Florido,  37. 

—  Caries  in  the  Mastodon,  3S. 
Rominger.  —  Ou  the  Minute  structure  of  Sli 
Heilprin.  —  Notes  on  the  Tertiary  Oeolo^y  a 

United  States,  57. 
Ch.  Wachsmuili  and  F.  Sprinyer.  —  Révision 


l'iilci.'iiiijlo^y   of  the  southem 
'  the  Palaeo-criuoidea,  part.  111, 


DONS.   —  SI  JUIN-8  IfOVKMBRE   1886.  19 

Branner.  —  The  Glaciation  of  Parts  of  the  Wyotoing  and  Lackawanno  Walleys, 
s  cartes,  887. 

Cope.  —  On  two  new  Species  of  Three-toed  Horses  from  the  apper  Miocène 
with  Notes  on  the  Fauna  of  the  Ticholeptus  Beds,  351. 

Packard.  —  Discovcry  of  thoracic  Feet  in  a  Carboniferous  Phyllocaridan, 
1  pi.,  380. 

P.  Frazer.  —  Sketch  of  the  Geology  of  York  County,  Pennsylvania,  1  carte, 
391. 

—  List  of  surviving  Members  of  the  — . 

Salem.  —  Proceedings  of  the  american  Association  for  the  Advan- 
cement  of  Science.  —  Thirty-third  meeting  held  at  Philadelphia, 
Penn.  —  September  1884,  t.  XXXIII. 

Trenton  New  Jersey.  —  Geological  Survey  of  New  Jersey. 

Whitfield.  —  Brachiopoda  and  Lamellibranchiata  of  tha  raritan  Clays  and 
Oreensand  Maris  of  New  Jersey,  269  p.,  35  pi.,  l  carte. 

Washington.  —  Annual  Report  of  the  Board  of  Régents  of  the 
Smithsonian  Institution  for  the  Year  1884. 

—  United  States  geological  Survey  — .  Monographs  of  the  — . 

t.  IX.  —  Whitfield.  —  Brachiopoda  and  Lamellibranchiata  of  the  raritan  Clays 
and  Greensand  Maris  of  New  Jersey;  in-4°,  1  vol.,  269  p.,  35  pi.,  1  carte. 

—  Fifth  annual  Report  of  the  —  (1883-84),  1  vol.  in-4%  467  p.  et  58  pi. 

Washington.  —  Department  of  the  interior.  United  States  geolo- 
gical Survey.  Bulletin  of  the  — . 

N°  S4.  —  List  of  marine  Mollusca  comprising  the  Quaternary  Fossils  and  ré- 
cent Forme  from  american  Localities  between  Cape  Hatteras  and  Cape  Roque  in- 
cluding  the  Bermudas. 

N°  25.  —  The  présent  te  chai  cal  Condition  of  the  steel  industry  of  the  United 
States. 

N°  26.  —  Copper  smelting. 

Grande-Bretagne.  Londres.  —  The  Royal  Society.  —  Philo- 
sophical  Transactions  of  the  —  1885,  t.  CLXXVI,  I,  II. 

II.  —  G.-J.  Hinde.  —  On  Beds  of  Sponge-remains  in  the  lower  and  upper 
Oreensand  of  the  South  of  England,  5  pi.,  403  p. 

Liste  des  membres  de  —  au  30  novembre  1885. 
List  of  duplicate  periodicals  in  the  library  of  the  — . 
Abstracts  of  the  proceedings  of  the  —,  n°  492.  (Juin  1886). 
Proceedings  of  the  — .  T.  XL,  n°"  243-215,  t.  XLI,  n°  246. 

N»  214.  —  Darwin.  —  On  the  Correction  to  the  Equilibrium  ïheory  of  Tide.s 
for  the  Continents,  303. 

R.  Owen.  —  Description  of  Fossil  Romains  of  two  Species  of  a  Me^alanian  Go- 
nus  (Meiolania,  Ow.),  from  Lord  Howe's  Island,  315. 

N*  245.  —  E.  Rutley.  —  Notes  on  Alteratiou  induced  by  Heat  in  certain  vi- 
treous  Rocks,  430. 


20  D01IS.    —   21    JUIH--8   NOVEMBRE   1886. 

N*  î4S.  —  Preatwicb.  —  On  Underground  Températures,  wiih  Observations  en 
tbe  conduclivit»  of  Rocks;  on  the  thermal  Efiects  of  Saturation  and  Imhibition.l. 

—  On  the  Agency  of  Wtter in  Volcanic  Eruption»,  with  some  Observations  ou 
the  thicknesi  of  the  Eart's  Grust  from  a  Oeologic&l   Point  of  View,  etc.,  1  pi., 

117. 

—  Geologisl's  Association.  Proceedings  of  the  — .  T.  IX,  n*  3. 
Août  1885. 

Holmes.—  Notes  on  theOldhaven  Pebble-beds  atCaterham,  toi. 
Woodward.  —  The  Glacial  Drifts  of  Norfolk,  111. 

Herbert.  —  On  some  recently  discovered  Insecta  from  Carboniferous  and  Siln- 
rian  Rocks,  131. 
Ooodchild.  —  Notes  on  some  superllcial  Deposits  of  North  Kent,  151. 

—  Geological  Society.  The  Quaterly  Journal  of  the  — .  T.  XLII. 
(Part.  3),  n«  167.  August  1886. 

Vilchel).  —  On  the  Base  m  eut  beds  of  the  Inferior  [Oolite  of  Oloucesterthire, 
9H. 

Brodie.  —  On  two  llhaetic  Sections  in  Warwick  sbire,  17!. 

Lamplugh.  —  On  glacial  shell  beds  in  briiish-Columbia,  178. 

Woodward. —  On  a  Well-sinking  at  Swindon,  with  Lists  of  Fossils,  by  E. 
Newton.  Esq.,  «7. 

J.  Backbouse.  —  On  a  Mandible  of  Machaicradui  from  the  Forest-bed  with  in 
Appendix  by  R.  Lydekker,  1  pi.,  309. 

WortU.  —  On  tba  Existence  of  a  Submarine  triassic  Ouilier  in  the  english 
Cbannel  off  the  Liiard,  313. 

Newton.  —  On  the  Cetacea  of  the  Norfolk  Forest  beds,  t  pi.,  316. 

Cornet.  —  On  tbe  upper  cretaceous  séries  and  the  phospatic  Beds  in  Ibc 
Neighbourhood  of  Mous,  5(i. 

Wynne.  —  On  a  certain  fossiliferous  pebble-band  in  the  *  Olive  Oronp  >  of  tbe 
Eastern  sait  Range,  Punjab,  ail, 

Hicks.  —  On  Ihe  precambrian  Age  of  certain  Oranitotd,  Felsitic  and  other 
Rocks  in  N.  W.  Pembrokeshire,  351. 


DOHS.   —  91  JUIH-8  HOVKMBRK  1886.  21 

Jukes  Browne.  —  On  the  term  Neocomian,  311. 
Lapworth.  v-  Cambrian  Rocks  atNuneaton,  31 1. 
Waller.  —  Volcanic  Rocks,  Nuneaton,  32S. 
N#  iM.  —  Hinde.  —  Note  on  Eophyton  (?)  explanatum,  337. 
Duncan.  —  On  a  new  Oolitic  Coral,  340. 
Oardner.  —  Mesozoic  Angiosperms,  l  pi.,  342. 
Teall.  —  On  Hornblende-bearing  Rocks,  346. 
Irving.  —  The  Brookwood  Deep-Well  Section,  353. 
Gregory.  —  The  Bois  de  Fontaine  Météorite,  357. 
Gollins.  —  Cornish  serpentinoas  Rocks,  359. 

N*  207.  —  Tomes.  —  On  some  new   Madreporaria  from  the  inferior  Oolithe, 
l  pi.,  385. 
Btheridge.  —  Note  on  the  Récent  volcanic  Eruption  in  New  Zealand,  398. 
Irving.  —  The  unconformity  between  the  Bagshot  Beds  and  the  London  Clay, 

40». 

Adamson.  —  Note  on  the  Discovery  of  the  Base  of  a  large  Fossil  Tree  at 
Clayton. 

N«  268.  —  R.  Jones  and  Kirkby.  —  On  some  Fringed  and  other  Ottracoda 
from  the  carboni ferons  Séries,  t  pi.,  433. 

Traqnair.  —  New  palaeoniscidae  from  the  english  Coal-Measares,  440. 

Buckman.  —  The  Lobe-line  of  certain  Lias  Ammonites,  442. 

Tomes.  —  On  some  new  Madreporaria  from  the  inferior  Oolite  (suite),  443. 

Harrison.  —  On  adeep  Boring  in  the  Keuper  Maris  near  Birmingham,  453. 

R.Jones.  —  On  palaeozoic  Phyllopoda,  456. 

N*  269.  — 

Teall.  —  The  Metamorphosis  of  the  Lizard  Gabbros,  i  pi.,  481. 

Me  Kenny  Hughes.  —  On  the  Flynon  Beuno  Caves,  489. 

Wynne.  —  A  Facelled  and  striated  pebble  from  the  sait  Range,  Punjab,  India 

49t. 

Londres.  Bristish  Association  for  the  Advancement  of  Science. 
Report  of  the  55  Meeting  of  the  —  held  at  Aberdeen  in  September 
1885. 

Londres.  British  Muséum.  —  A  guide  to  the  Exhibition  Galleries  of 
the  Department  of  Geology  and  Palaeontology  in  the  British  Muséum 
(Natural  History),  4a  édition,  1880, 117  p.,  1  plan. 

Londres.  British  Muséum.  —  Catalogue  of  the  Blastoidea  in  the 
geological  Department  of  the  —  by  R.  Etheridge,  jun.  and  H.  Car- 
penter.  1  vol.  in-4°,  322  p.,  20  pi. 

—  Observations  of  the  International  Polar  Expéditions,  1882-83, 
1  vol.  in-8°,  326  p.,  32  pi.,  1885. 

Edimbourg.  Journal  of  the  royal  geological  Society  of  Ireland. 
T.  XVII,  n°  1,  nouvelle  série,  t.  VII,  no  I,  1884-85. 

Q.-H.  Kinahan.  —  Notes  on  the  Apatite  of  Buckingham,  Ottawa  County,  1. 

—  Canadian  Archaean,  or  Precambrian  Rocks,  wilh  a  Comparaison  with  some, 
of  the  irish  metamorphic  Rocks,  5. 

—  Notes  on  the  Coal  Seams  of  the  Leinster  ant  Tipperary  Coal-liclds,  i  pi.,  20. 
Bouly.   —   On  Trilobites  and  other  Fossils,  from  Lower  or  Cambro-Siluriau 

strata,  in  the  County  of  Clare,  «9. 


22  DONS.  —  21  Jl'lïl-8  HOVEHBRB  1886. 

Sollu.  —  On  the  paysical  characters  of  ralcareous  and  siliceons  Sponge-ipi- 
cules  and  oiber  Structures,  1  pi.,  30. 

Bail.  —  On  the  newly-discoTered  Sapphirc  Mines  in  (he  Science  and  Art  Un- 
seutn,  Dublin,  5*. 

Sollas.  —  On  a  Heiactioellid  Sponge  from  the  Gault,  and  a  Lithistiii  from  the 
Lias  of  England,  1  pi.,  57. 

O'Reilly.  —  On  De  Rosbî's  Seismical  and  Endod inamical  Map  of  Italy,  61. 

—  Occurrence  of  Béryl  with  Schorl  in  Olencuilen  Valley,  S». 

W.  Hetlier.  —  On  a  new  Species  of  Orophocrinus  {Pcntremitei)  in  Carbooife- 
rons  Limeatone,  Co-Dublin-AUo  Remarks  upon  Codailer  trilobatut  (M'Coy)  from 
Carboniferoua  Limeatone,  Co-Kilkenny,  1  pi.,  71. 

E.  Hall.  —  Ou  the  Occurrence  of  an  Outlying  Uass  of  Hupposed  lowet  old  H-?d 
Sandstone  and  Conglomérats  in  the  Proraontory  of  Fanad,  Cty  Donegal,  74. 

Newcastle-upon-Tyne.  —  North  of  England  Instituts  mining 
and  mecbanical  engiueers.  Transactions  of  the  —  t.  XXXV,  III, 
(juillet  1886). 

Kendall.  —The  iron  ores  of  the  english  secondary  Rochs,  îos.  i*  pi. 

Indes  Anglaises.  —  Calcutta.   Geological  Survey    of   Indii. 
Records,  t.  XIX,  N'  3. 
Mémoire  of  the  —  (Palaeontologia  indica). 

Série  X.  Indian  tertiary  and  postterliary  Vertebrata. 

T.  III.  Siwalik  Crocodilia,  Lacertilia,  and  Ophidia  ;  and  tertiary  tubes,  b< 
R.  Lydekker;  in-folio  avec  10  pi. 

T.  IV,  N*  1.  Siwalik  Mammalia.  Supplément  I.  by  R.  Lydekker.  1  vol.  in-foli:. 
•  pi. 

Série  XIII.  Salt-Range  FobbiIs,  by  W.  Waagen. 

1.  Productus-limeatone  foesils. 

i.  Biyoïoa  —  Annelida  —  Ecbinodermala. 
n-iullo,  e  p 


DOHS.   —  SI  JUlfl-8  NOTBUBB  4886.  23 

Paie  if.  —  Keller.  —  Salle  rocce  magnetiche  di  Rocca  di  Papa,  4X8. 
Fasc  1S.  —  Lorisato.  —  Sopra  il  granito  a  sferoidi  di  Ghistorrai  presso  Fonni 
in  Sardegna,  507. 

Memorie  délia  classe  di  Scienze  fisiche,  matematiche  e  naturali, 
3*  série,  t.  XVIII;  4e  série,  t.  II. 

T.  XVIII.  —  Di  Stefani.  —  Escursione  scientifica  nella  Calabria,  1877-78,  Iejo, 
Montalto  e  capo  Vaticano,  6  pi.,  3. 

Capellini.  —  Il  chelonio  veronese  (Protosphargi*  veronensis,  Cap),  del  Gretacio 
superiore,  etc.,  7  pi.,  S9i. 

4*  série,  t.  II.  —  Memorie  di  cristallografia  di  Quintiuo  sella  precedute  da  un 
discorso  di  Alf.  Cossa. 

Rome.  —  Bollettino  del  vulcanismo  italiano,  XIIIe  année,  fasc.  1-3, 
(janvier-mars  1886). 

—  Biblioteca  nazionale  centrale  Vittorio  Emanuele  di  Rom  a. 
Bollettino  délie  opère  moderne  straniere  acquistate  dalle  biblioteche 
pubbliche  governative  del  Regno  d'Italia,  1886,  n01  3  et  4. 

—  R.  comitato  geologico  d'Italia,  1880.  Bollettino  1886,  t.  XVII, 
8°  série,  t.  VII,  n0i  5,  6,  7,  8. 

N"  5-e.  Coati.  —  Sali*  eruzione  dell'  .Etna  incominciata  il  giorno  19  mag- 
gio  188e,  1  pi.,  140. 

Oemmellaro.  —  Sugli  strati  oon  Leptœne  nel  Lias  superiore  de  Sicilia,  155. 

Portis.  —  Sulla  vera  posizione  del  calcare  di  Oassino,  1  pi.,  no. 

Bucca.  —  Contribuzione  allô  studio  petrogratico  dell*  Agro  Sabatino  à  Cerite, 
2U. 

N"  7-8.  Bucca. —  Il  monte  di  Roccamonfina,  studio  petrografico,  246. 

Meli.  —  Sopra  alcnne  ossa  fossili  rinvenute  nelie  ghiaie  alluvionali  presso  la 
Via  Nomenlana,  265. 

Salmojraghi.  —  Terrazzi  quaternarii  nel  litorale  tirreno  délia  Calabria  citra,  281. 

Milan.  —  Societa  italiana  di  scienze  naturali.  Atti  délia,  — 
t.  XXVIII,  fasc.  1,  2,  3,  4. 

Fasc.  l.  —  Molinari.  —  Nuove  osservazoni  sui  minerali  dei  granito  di  Baveno, 

158. 

Bassani.  —   Sulla  probabile  existenza  del  gcn.  Carcharodon  nel  mare  Tito 
nico,  75. 

Fasc.  2.  —  Q.-B.  Villa.  —  Rivista  geologica  dei  terreni  délia  Brianza,  79. 

Mercalli.  —  Il  terremolo  sentidoin  Lombardia  nel  12  settembre  1884,  120. 

Ricciardi.  —  Ricerche  chimiche  sulle  rocce  vulcaniche  dei  diutorni  di  Vi- 
terbo,  127. 

Stoppani.  —  Antonio  Villa,  138. 

Fasc.  3-4.  —  Sacco.  —  La  Valle  délia  Stura  di  Cuneo,  21 5,  269. 

Molinari.  —  Il  porfido  dell  Motterone,  264. 

Palerme.  Reale  Academia  de  scienze,  lettere  e  belle  Arti  di  <— 
Bollettino  délia  anno  II,  1885.  N0'  i-6. 


34  DONS.   —  24   IUIH-8  HOTEHBBE  1886. 

Pise.  —  Sociota  toscana  di  scionio  naturati.  Atti  délia  —  Proceiii 
verbali,  t.  V,  mai-jota  1886. 

OioJi.  —  Osservaiioni  sopra  una Ltuina  di  varie  localiia del  nostro  Appennido,  ». 
Buaatti.  —  SoJla  tracbitle  dalla  Tolfa,  99. 
Lolti.  —  Brevi  considérai! oui  sulle  trachiti  délia  Tolfa,  9S. 

Canavari.  —  OsservaiionL  iitologiche  intoruo  ad  alcuni  radioli  fossili  di  Eclit- 
nodermi,  los. 
D'Achcardl.  —  Rocce  otlrelitiche  délie  Alpi  Apuaue,  110. 
Rittori.  —  Soi  depMill  qnatemari  del  Caseetino,  H*. 

—  Fillili  det  travertini  toscani,  IW. 

Tarin.  —  H.  Accademia  délie  scienze  di  Torino.  Atti  délia  —  t.  XXI, 
fasc.  6,  7,  mai-juin  1886. 

Fasc-  7.  —  Sacco.  —  Intorno  ad  alcone  impronte  organiche  dei  terreni  iorri»ri 
del  Piemonte,  bîv. 

—  Bollettioo  dell'  osservatorio  délia  rogia  tiniversita  di  Torino.  — 
Aono  XX  (1885),  Torino  1886. 


■  Transactions  of  the  seismological  society 


Japon.  Yokohama, 
of  Japan.t.  IX,  N»  II. 

J.  Milne.  —  The  volcauons  of  Japan,  avec  pi. 

—  Une  brochure  en  japonais  publiée  par  le  «  Impérial  geological   Sarre]  of 
Japao. » 

Geological  «urvey  of  Japan. 

Carte  lopograpbique  do  Japon,  an  100,000*  à  courbes  de  niveau. 

Zone  9,  col.  XIII  feuille  Kadiusa. 

Zone  9,  col.  XII  Yokohama. 

Zone  s,  col.  XI  et  XII,  feuille  Idtu. 

—  Tableau  d'aasemblage  de  la  carte  géologique.  Carie  géologique,  feuille  Mm, 
au  i/too,ooo°. 

-  Reconnaisse  ru- c  ':>-!'-  ">•  ■)  ■  ■  ■"  ri  i  *;  v.  Division  I.  According  lo  original  Sarrey 


DONS.    —  21   JUIIf-8  NOVEMBRE  86.  25 

Harlem.  —  Archives  néerlandaises  des  sciences  exactes  et  natu- 
relles, t.  XX,  5°  livr.;  t.  XXI,  1"  livr. 

Leyde.  —  Annales  de  l'École  polytechnique  de  —,  1886, 1"  et 
26  livr. 

Roumanie.  —  Carte  géologique  de  la  — ,  feuilles  VIII  et  IX. 

Russie  .  Moscou,  —  Société  impériale  des  naturalistes  de  — • 

Bulletin  de  la  —,  année  1885,  n°  3  4. 

Suôde.  Stockholm.  —  Geologiska  foreningens  i  Stockholm. 

Forhandlingar,  t.  VIII,  n°  4. 

Ouraaelius.  —  Ocksu  ett  bidrag  till  historiken  oiver  de  geologiska  unders<>knin* 
garne  i  Sweriges  fjalltrakler,  383. 
Sjogren.  —  Meddelaude  om  slamoulkanerna  i  Baku,  416. 

—  Mineralogiska  notiser,  XI,  431. 

Tôrnebohm.  —  Karakteristik  af  foergarts  prof,   insamlade  af  den  swenska  expe 
ditionea  till  Gninland  àr  1883,  431, 
Nordenskiold.  —  Miiicrologiska  bidrag,  11-12,  442. 
Hampus.  —  Kalkgranit  med  bergbeck,  453. 

Suisse.  Bâle.  Verhandlungen  der  naturforschenden  Gesellschaft 
in  Basel,  t.  VIII,  n°  1,  1886. 

Giltiéron.  —  La  faune  des  couches  à  Mytilu*  considérée  comme  phase  méconnue 
du  la  transformation  de  formes  animales,  133. 

Lausanne.  —  Société  vaudoise  des  sciences  naturelles,  3°  série, 
n°  94.  Septembre  1886. 

Rcnevier.   —  Résultat!*  scientifiques  du  Congrès  géologique  international  de 
Berlin,  54. 

—  Le  musée  géologique  de  Lausanne  en  1885,  75. 

Terre-Neuve.  London.  (ïeological  Survey  of  Newfoundland. 
Reports  (1864-1880),  1  vol.  in-8°,  London  1881. 


Supplément  au  Bulletin  de  la  Suc.  yevl.  de  Franc*,  lï  série,  i.  XV  n     1. 

XV.  A 


LISTE   DES   OUVRAGES 

REÇUS   EN   DON  OU   BS    ÉCHANGE 

PAR    LA    SOCIÉTÉ    GÉOLOGIQUE   DE    FRANCB 

Du  8  Notembre  »n  19  Janvier  188* 


1"  OUVRAGES  NON   fÉHIODIQCES 

(Les  noms  des  donateurs  sont  en  italiques.) 

Albrecht  (P.).  Ueber  diemorphoIogischeBedeulungvon  Peneschi- 
sis,  Epi-uud  Hypospadie.   8  p.,   (Gentralblalt  fur  Chirurgie,  1880). 

—  Ueber  den  morphologischen  Werth  ueberzahliger  Fiuger  und 
Zeheu,1886,  8°  3  p.,  (id.). 

—  Ueber  den  morphologischen  Sitz   der  Hasenscharten-Kieferi* 
palte,  1886,  a  brochures  (Biol.  Cenlralblatt.) 

—  Ueber  die  morphologische  Bedeutung  der  Peneschisis  Epi-und 
Hypospadie  der  Henschen,  8  p.,  1886,  8°  (id.) 

-*>  Ueber  eine  in  zwei  Zipfel  auslaufeude  rechtsseitige  Vorderflosse 
bei  einem  Biemplare  vod  Protoplems  annectens,  Ow.  1886,   8",  3  p.. 


DORS.  —  DU  8  NOVEMBRE  AU  17  JANVIER  1887.        ï| 

tionale  de  nomenclature  géologique  tenues  à  Genève  en  août  1886, 
8°,  15  p.,  Bologne,  1886. 

Cocco*  Risposta  del  Dr  Luigi  Cocco  aile  osser?asioni  dl  Luigi 
F.  Schopen  sul  Lias  superiore  dei  dintorni  di  Faorrnina,  2°,  23  p„ 
Messina,  1886. 

Cossmann,  Description  d'espèces  du  terrain  tertiaire  des  environs 
de  Paris  (suite),  8°,  12  p.,  1  pi.  (Ext.  Journ  de  Conch,  1886). 

Couriot.  La  législation  des  mines,  8°,  21  p.,  (Ext,  du  Génie  civil 
J886.) 

Davidson  {Th.).  A  monograph  of  récent  Brachiopoda,  4°,  73  p. ,13  pi, 
(Ext.  Transact.  of  the  Linean  Soc.  of  London,  octobre,  1886.) 
(Don  de  la  famille  Davidson). 

Deslong  champs.  Note  sur  une  excursion  dans  l'île  d'Yeu  et  la 
Vendée,  4  p.,  (Est.  Bull.  Soc.  linn.  de  Norm.) 

—  Études  critiques  sur  des  Brachiopodes  nouveaux  ou  peu  connus 
1er  vol.,  fasc.  4.  123  p.,  2  pi.  (Bull.  Soc.  linn.  de  Norm.  1886.) 

—  Note  de  protestation,  5  p.,  (Ext.  id.) 

Dewalque.  Compte  rendu  des  séances  du  Sénat  belge,  20  mai  1885. 

Diller.  Notes  on  the  Peridotite  of  Elliot  Gounty,  Kentucky,  5  p., 
(Ext.  Americ  Naturaterf,  1886.) 

G.  Dollfus  et  Ph.  Dautzenberg.  Étude  préliminaire  des  coquilles 
fossiles  des  faluns  de  la  Touraine,  8°,  28  p.,  (Ext.  Feuille  des  jeunes 
naturalistes.) 

Dupont.  Sur  Le  Famennien  de  la  plaine  des  Fagnes,  25  p.,  8°. 
Bruxelles,  1886. 

Dumont.  Des  affaissements  du  sol  produits  par  l'exploitation  houil- 
lère. Mémoire  adressé  à  l'administration  communale  de  Liège,  4°, 
287  XXXXV  p.,  et  un  atlas  de  XX VI  pi.  (Don  de  M.  Bornemann  fils.) 

Fliche.  Note  sur  la  flore  de  l'étage  rhétien  aux  environs  de  Nancy, 
4  p.,  8°,  Nancy. 

—  Notes  pour  servir  à  l'élude  de  la  nervation,  8°,  32  p.,  (Ext,  du 
Bull.  Soc.  des  Se.  1886.) 

—  Note  sur  une  substitution  ancienne  d'essences  forestières  aux 
environs  de  Nancy,  iOp.,  80.  (Ext.  id.  1880.) 

—  Les  flores  tertiaires  des  environs  de  Mulhouse,  8°,  15  p.,  (Ext. 
Bull.  Soc.  industr.  de  Mulhouse,  1886.) 

Fontannes.  Contribution  à  la  faune  malacologique  des  terrains  néo- 
gènes de  la  Roumanie,  4°,  49  p.,  2  pi.  Lyon  (Georg\  1886.  (Ext.  Arch, 
mus.  d'hist.  nat.  de  Lyon.) 


28  DONS.    —   Di:    8   HOVKMBIIK    AU    17   JANVI8H    4887. 

Fornasini.  lt  Nnutilus  legumen  di  Linrmo  e  la  vaginulina  elegani 
di  d'Orbigny,  8*,  8  p.,  1  pi.  (Ext.  Bull.  Soc.  geol.  ital.) 

—  Di  alcuue  Bilocuiine  fossilî  negli  slrali  a  Pecten  hyslrix  del  Bo- 
lognese,  10  p.,  2  pi.  Borna,  188G. 

Fornasini  (C).  Lagenu  fossili  nell'argillagiallastra  di  un  Pietro  in 
lama  presso  lecce,  8*,  11  p.,  (Bull.  Soc.  geol.  ital.  1885.) 

—  Foraminileri  illuslrali  da  SoldaDi  e  citati  dagli  autori,  8°,  126  p., 
(Ext.  id.  1886.) 

Frouard.  La  géologie  du  Casino  de  Bagnères,  in  12,  1  p. 

—  Minéraux  pyrénéens,  12  p.,  (2  brochures.) 

Gaudry.  La  Grotte  de  Monlgaudier,  4",  4  p.,  (Ext.  des  C.  r.  Ac. 
des  Se.) 

Guemhel  («,).  Géologie  von  Bayera,  i""  Ttaeil.  Grundzùge  der 
Géologie  ;  2"  Lûferung.  kassel,  1883,  27),  p.  H". 

Jeanne/.  Étude  géologique  de  la  ligne  de  la  Ferlé-Milon  à  Château- 
Thierry  (C*  des  chemin  de  fer  de  l'Est.)  40  autogr.  30  p.,  1  pi. 

—  Id.  de  la  ligne  de  Mézy  à  ltomilly,  autogr,  31  p.,  1  pi. 

—  Ligne  de  Gretz  à  Sézanne,  39  p.,  1  pi. 

—  Ligne  de  Nancois-le-Petit  à  Neufchâleau,  33  p.,  1  profil. 

—  Ligne  de  Jusscy  a  Darnieules,  42  p.,  1  profil.  Paris  Marcbadier. 
Klemen  (/,.:.  Notice  sur  la  composition  chimique  de  la  météorite 

de  Saint-Denis-  Weslrem  (Flandre  orientale),  10  p.,  (Ext.  Bull.  Musée 
d'hist.  nat.  de  Belgique.) 

LachanaL  Notes  d'un  chercheur  sur  l'Alésia  de  Vercingétorix  dé- 
crite par  César.  Sur  la  colline  des  Avcnières  (Isère.),  ln-12,  135  p., 


DONS.   —  DU  8  NOVEMBRE   AU   17  JANVIER    1887.  29 

—  A  review  of  the  progress  of  north  american  paleontology  for  the 
year  1884,  8°,  20  p.,  (Smithsonian  report,  1884.) 

Naumann.  Die  japanische  Insein  und  ihre  Bewohner,  8%  18  p., 
(Verb.  der  Ges.  fur  Erdkunde  zu  Berlin,  1886.) 

—  Land  und  Yolk  der  japanischen  Inselkette.  (Beilage  zur  allge- 
raeinen  Zeitung,  1886.) 

Œhlert  (D.).  Description  de  Goldius  Gervillei,  8°,  7  p.,  1  pi.  (Ext. 
Bull.  Soc.  d'etud.  scient.  d'Angers,  1885.) 

—  Études  sur  quelques  Trilobiles  du  groupe  des  Proetidae,  8°,  23  p., 
1  pi.  (Ext.  id.  1885.) 

—  Failles  et  filons  des  environs  de  Montsurs  (Mayenne.),  8°,  22  p., 
(Ext.  Bull.  Soc.  géol.  de  France,  1886.) 

Omboni.  Di  alcuni  insetti  fossili  del  Veneto,  Nola,  8°,  14  p.,  3  pi. 
(Ext.  Atti.  R.  ist.  Yen.  de  se,  lett.  ed  arti,  t.  IV.)  Venezia,  1886. 

Pavlow.  (Madame  M.).  Les  Ammonites  du  groupe  Olcostephanus 
versicolor,  8°,  18  p.,  2  pi.  Moscou,  1886. 

Petitclcrc.  Gisement  de  Greveney  (Haute-Saône),  in-8°.  Vesoul, 
1885,  11  p.  (Ext.  id.) 

—  Couches  à  Ammonites  Henggeri,  de  Montaigu,  près  de  Scey- 
sur-Saône  (Haute-Saône),  in-8°,  10  p.  Vesoul,  1886.  (Ext.  id.) 

—  Note  sur  les  couches  Kelloway-oxfordiennes  d'Authoison. 
Vesoul,  1884,  in-8°,  7  p.  (Ext.  id.) 

—  Sur  une  espèce  nouvelle  de  crustacé  du  Terrain  à  Chailles 
(étage  oxfordien)  de  Dampierre-sur- Linotte  (Haute-Saône),  id.,  2  p. 

Petitclerc  et  Girardot.  Note  sur  le  Gauit  do  Rozet.  Besançon, 
1885,  in-8°,  11  p.  (Ext.  Mém.  Soc.  d'Emul.  du  Douhs,  1884). 

Petitclerc  et  Travelet.  Catalogues  du  Musée  de  la  Société  d'Agricul- 
ture, Sciences  et  Arts  de  la  Haute-Saône,  in-8°,  37  p.  Vesoul,  1879. 
(Annexe  n°  1  au  Bulletin  de  1878.) 

—  Id.,  ltr  supplément  (id.,  1879),  in-8°,  45  p.  Vesoul,  1880. 

Id.,  2e  supplément.  (Ext.  id.,  1879).  Ve>oul,  1880. 

Rutot  et  van  den  Broeck.  Observations  nouvelles  sur  le  Tufeau  de 
Ciply  et  sur  le  Crétacé  supérieur  du  Hainaul,  in-8°,  162  p.,  1  pi. 
Liège,  1886.  (Ext.  Ann.  Soc.  géol.  de  Belg.) 

Schopen.  Opinioni  stil  Lias  superiore  dei  dintorni  di  Taormina  del 
Prof.  Seguenza.  Osservazioni  di  Luigi  F.  Schopen.  1°,  22  p.  Palermo, 
1886. 

Schopen.  Sul  Toarsiano,Dogjrer  e  Malin  dei  dintorni  di  Taormina 
del  Prof.  G.  Seguenza.  Osservazioni.  11,  in-8°,  38  p.  Palermo,  1886. 


90  DOBS.    —    DU  8  HOTBKPDI  Al'   17  JAKVIEB   1887. 

Segueata.  Qualche  consideraxione  di  G.  Seguenza,  solla  nota  del 
Prof.  G,  Gemmellaro  da!  Titolo  :  Sugli  strati  con  Leptaena  nel  Liât 
tupwiore  di  Bioilia,  in-4°,  7  p.  (Naturalisa  Siciliano,  1886.) 

—  Il  Retico  di  Taormina,  8  p.  Païenne,  1886.  (Bit.  id.) 

—  Il  Liai  mpariore  net  terrilorîo  di  Taormina,  iii-8",  38  p.  (fol 
Atti.  H.  Ist.  ven.  di  Se.,  lett.  ed  arli.) 

—  Esape  di  una  sezione  naiurale  nel  giurassico  di  Taormina. 
in-4e,  8  p.,  1  pi. 

-m  Mpnografla  délie  Spiri  farina  dei  vari  piani  de)  Lias  rpesunese, 
p.  123,  3  pi.  (Boll.  Soc.  geol.  ital.,  1885.) 

—  Il  Lias  iuferiore  nellaprovincia  di  Messina,  nota.  (Cxi.  Rendit, 
délia  R.  Ace.  délie  Se.  fis.  e  mat.  di  Napoli)  10  p.,  in-ç,  1883. 

Schlumberger.  Volumes  de  l'Association  française  pour  l'Avance- 
ment des  Sciences.  (Voir  les  Périodiques). 

Van  den  Brœck.  La  nouvelle,  carte  géologique  détaillée  de  la  Bel- 
gique. (Moniteur  industriel  belge.)  10  janvier,  1878. 

Wqfinschaffe.  Mitlheîlungen  ueber  das  Quartaer  am  aorgrande  des 
HarUes,  in-8",  7  p.  (Zeitschr.  d.  deutscli.  geol.  Gesellsch.,  1885.) 

Wahn&chaffe.  Die  loessnrtigen  Bîldungen  am  (lande  des  norddeu- 
tschen  Flachandes,  in-8«,  14  p.  (Bit.  id.)  Berlin,  1886. 

Zujovic.  Geologische  Uebersicht  des  Kœnigreiches  Serbien,  av« 
1  carte,  in-8",  53  p.  lExt.  Jahrbuch  der  K.  K.  geol.  Ileichsausl. 
1886.) 


1    OUVRAGES    PÉRIODIQUES. 


DORS.    —  DU  8  flOVEMBRB  AU   47  JANVlBtt   1887.  31 

Meunier.  —  Calcaire  grossier  marin  des  environs  de  Provins  (Seine-et-Marne), 
irai. 
Gh.  Depéret.  —  Sur  le  système  dévonien  de  la  chaîne  orientale  des  Pyrénées, 

1023. 

Gonnard.  —  Sur  les  pléromorphoses  du  quartz  de  Saint-Clément,  1036. 

Lacroix.  —  Description  d'une  variété  de  Carphosidérite.  Propriétés  optiques 
de  ce  minéral,  1037. 

A.  de  Lapparent.  —  Sur  les  conditions  de  forme  et  de  densité  de  l'écorce  ter- 
restre, 1040. 

J.  Thoulet.  —  Sur  le  mode  de  formation  des  bancs  de  Terre-Neuve,  1042. 

Venukoff.  —  Sur  la  vitesse  de  dessèchement  des  lacs  dans  les  climats  secs, 

1045. 

—  N°  22  (29  novembre). 

Faye.  —  Réponse  à  une  note  de  M.  de  Lapparent  sur  les  considérations  de 
forme  et  de  densité  de  l'écorce  terrestre,  1093 . 

Crié.  —  Contribution  à  l'étude  des  fruits  fossiles  de  la  flore  éocène  de  la 
France  occidentale,  1143. 

—  N°  24  (13  décembre  1886). 

St.  Meunier.  —  Examen  d'eaux  minérales  do  Java,  1(06. 

De  Folin.  —  Sur  une  nouvelle  situation  des  roches  nummulitiqties  de  Biarritz, 
1*07. 

Ch.  Depéret.  —  Sur  l'importance  et  la  durée  de  la  période  pliocène,  d'après 
l'étude  du  basai u  du  Roussillon;  nouveaux  documents  pour  la  faune  de  mammi- 
fères pliocène»  de  ce  bassin,  iios. 

H.  Oaudry.  —  Observations,  1210. 

Hébert.  —  Observations,  1210. 

Rivière.  —  Des  reptiles  et  des  poissons  trouvés  dans  la  grotte  de  Menton 
(Italie),  1211. 

Fron.  —  Sur  la  tempête  du  8  décembre  1880. 

Zenger.  —  Le  Foehn  et  son  origine  cosmique,  lflS, 

—  N°  25  (20  décembre). 

Faye.  •—  Addition  de  la  note  du  ô  décembre,  sur  les  conditions  de  forme  et  de 
densité  de  l'écorce  terrestre,  122. 

Magnin»  —  Sur  les  causes  de  la  présence  de  plantes  réputées  calcifuges,  dans 
la  région  calcaire  du  Jura,  1281. 

Gonnard.  —  Sur  deux  roches  à  béryl  et  à  apatite  du  Vélay  et  du  Lyonnais, 
1ISS. 

—  N«  26  (27  décembre), 

—  T.  CIV.  N°  1  (3  janvier  4887). 

Noguès.  —  Observations  relatives  à  une  note  de  M.  Viguiër,  sur  les  roches  des 
Corbières,  appelées  Uphiles,  et  à  une  communication  de  M.  Depéret  sur  le  système 
dévonien  de  la  chaîne  orientale  des  Pyrénées,  93. 

St.  Meunier.  —  Examen  microscopique  des  cendres  du  Krakatau,  94. 

Lacroix.  —  Examen  critique  de  quelques  minéraux,  97. 

—  Journal  des  Savants.  Octobre-Novembre,  1886. 

—  Revue  des  Travaux  scientifiques,  t.  VI,  noi  6,  7. 

—  Club  alpin-français.  Bulletin  mensuel,  n°  8,  Novembre,  1886. 


32 


DOMS.    —   DU   8   NOVEMBRE    AU    17   JANVIER    1887. 


—  Bulletin  de  la  Société  botanique  de  France,  t.  XXXIII  (2*  série, 
t.  VIII),  1886.  Revue  bibliographique  D. 

—  Association  française  pour  l'avancement  des  Sciences. 
1"  session,  187t.  Bordeaux. 

r       —       1873.  Lyon. 
874.  Lille. 
87r,.  Nantes, 
aie.  Clermont. 
877.  Le  Havre. 
.S8t.  La  Rochelle. 

883.  Rouen. 

884.  Mois. 

885.  Grenoble  (r«  partie). 
sst.  Grenoble  (*-  partie). 

Session  Je  lirouoble.  —  (Don  de  M.  I' ■  Schlumbergrr'/. 

Lauriol.  —  Sur  les  oscillation*  ryhimées  du  lac  Léman,  333. 

Col  lot.  —  Diversité  corrélative  des  scdimenlset  de  la  faune  ilu.  Miocène  marin 
des  Bouches-du-Rhôoe,  339. 

PéroD,  —  Note  sur  les  étages  de  la  craie  aux  environs  de  Troyes,  346. 

Qanthier.  —  Description  de  trois  Kchiuides  nouveaux  recueillis  dans  la  craie  de 
l'Aube  et  de  l'Yonne,  1  ni.  3is. 

Colteau.  —  Considérations  générale*  sur  les  Écliiuides  du  terrain  jurassique  de 
ta  France,  35î. 

P.  de  Loriul.  —  Coup  d'œil  d'ensemble  sur  les  crineldes  recueillis  dans  \& 
couches  jurassiques  de  la  France,  ;te*. 

Lefort.  —  Recherches  sur  l'âge  des  différents  systèmes  de  t'ailles  du  Nivernaé. 
1  pi.  37t. 

Quénault.  —  Sur  les  oscillations  lentes  Ju  sol  et  de  la  mer,  39t. 

Rivière.  —  Le  gisement  quaternaire  du   Ferreux  (Seine),  401,  1   pi. 

—  La  faune  des  invertébrés  des  grimes  de  Menton,  407. 
Puchs.  —  Note  sur  les  gisements  de  cuivre  Ju  Ltoléo,   110,  I  pi . 


DONS.  —  DU  8  NOVBHRRK  AU  47  JANVIER  1887.         33 

Liv.  o.  Eocène,  Echitiides  par  M.  Colieau,  t.  1,  p.,  209-240;  pi.  01-72. 
Liv.  7.  p.  241-272,  PI.  73-84.  (décembre  1880.) 

—  Matériaux  pour  l'histoire  primitive  et  naturelle  de  l'homme, 
—  t.  XX,  (36  série,  t.  III  (86),  novembre. 

Rivière.  —  Faune  des  oiseaux,  des  reptiles  et  des  poissons  trouvés  dans  les 
cavernes  des  Baoussé- Rousse  (Italie),  dites  grottes  de  Menton,  525. 

—  Annales  des  Mines.  —  8e  série,  t.  IX,  3e-4e  livraisons. 

3*  liv.  E.  Jacquot.  —  Note  sur  la  carte   géologique    détaillée   de  la  France, 
carte,  577. 

—  Société  de  géographie  — .  Compte  rendu  des  séances  de  la  Go- 
mission  centrale,  1886,  n°  17,  18,  19. 

Bulletin  de  la  — .  3e  trimestre,  1886. 

Le  Ghatelier.  —  Noie  sur  le  régime  des  eaux  dans  le  Tiilikelt-  (nvoo  <-arte),  304. 
J.  Leclercq.  —  Une  visite  au  volcan  de  Jorullo,  380. 

—  Nature  (La).  —  14e   et  15e  années,  n°  702-710. 

704.  —  Le  tremblement  de  terre  de  Charlestown,  402. 
703.  —  Un  déluge  de  pétrole,  il. 

Amiens.  Société  Linnéenne  du  Nord  de  la  France.  —  Bulletin 
mensuel,  n°  167-178,  (décembre,  1886). 

174.  —  Vion.  —  Les  phosphates  de  la  Somme,  hs7. 

Boulogne-sur-Mer.  Mémoire  de  la  Société  académique  de  l'ar- 
rondissement de  — ,  t.  VI,  2°  fasc.  1876-1878. 

—  Bulletin  trimestriel  de  1'  — ,  4"  vol.  2*  et  3e  livraison.  Juillet, 
septembre,  1885. 

De  la  Moussaye.  —  Notice  sur  le  Xeosodun,  etc.,  162. 

Sauvage.  —  Notice  sur  les  reptiles  du  Portlandien  supérieur  de  Boulogne,  109. 

Bordeaux.  Journal  d'histoire  naturelle  de  —  et  du  Sud-Ouest, 
.Vannée,  1886,  n*  11,  12. 

Saint-Étienne.  Société  de  l'Industrie  minérale,  comptes  rendus 
mensuels,  octobre,  novembre,  1886. 

Saint-Quentin.  Mémoires  de  la  Société  académique  des  sciences, 
arts,  etc,  de  — .  59"  année,  4"  série,  t.  VI  (1883).  Saint-Quentin, 
1886. 

Toulouse.  Bulletin  delà  Société  académique  frauco-hispano-portu- 
gaise.  T.  Vil,  n"  4,  5,  6,  avril-juin  1886. 

—  Société  d'histoire  naturelle  de  — . 

Compte  rendu  sommaire  de  la  séance  du  2  juin  v.t  du  20  juillet  1886. 
(Note  de  M.   Rey-Loscurosur  la  géologie  du  Tarn). 

—  Roule  mit  les  assises  lacustres  du  Crétacé  supérieur  de  Provence. 

Valenciennes.  Société  d'agriculture,  sciences  et  arts  de  l'arrondis- 
XV. 


34  nous,  —  nr  8  sovi-mhhe  ai-  17  .iartibh  1887. 

sèment  de — .Revue  agricole,  industrielle,  littéraire  et  artistique  de 

— .  38e  année,  t.  XXXIX,  n"*  »,  lu,  11. 

Alsace-Lorraine.  Mulhouse,  Bulletin  de  la  Société  industrielle 
de  — ,  Octobre,  novembre  18SG. 

Allemagne,  Berlin.  Zeitschrifi  der  dcuUchen  Geologischen 
Gesellscbaft,  t.  XXXVIII,  n"  3. 

Foliï.  —  Unlersuchunpen  iilier  futile  Holzei-,  1  ]■].  483. 

II.  Credner.  —  Da?  o  marine  ObcrolifO'Mt'ii  a    s-'ii  Mark'aiistaeût  bei  Lei[>ii^, 

193. 

Rammeleberg.  — 

Wichmann.  —  7, 

V.  Dnmos,  l'ber 
3  pi.,  Ml. 

II.  Credner.  -  Die  .Sicitn«j.lia,-:ii 
Grondes  bei  Drcsileii,  VI.  Die  Entv 
blytoMH*.  4  pi.,  57. 

«Kbbccke.—  l'eber  Jeu  Gljukujibai 

IJriefl.  —  Miltlici'iinp'  île*  HerniUeiuilï.  tir.(. 

Gotha.  Der  Petermnnns  Millheilungeu  nus  Jus  tu  s  Pertbcs'Geogra- 
phischer  Anstall,  t.  XXXII,  ir  XI,  XII. 

—  Erganzungsbcft,  n"  84. 

InhaltKverïeidimss  (table  tic  matiii-es\lrt;-iS!*4. 

Leipzig.  Erlacuterungcn  zur  geologi-cben  Spccialkarte  des  Koenî- 
greichs  Sachsen. 

Section,  Trenen-Horlaspriin,  von  K.  Daliiitr. 

—  Sayda,  von  R.  Bec.k. 

—  Pockau-Lrngefeld,  von  .T.  Hazar-I. 


Beiiraepe  zur  chinii'elieii  lvMinMis>  de*  Ve^nvjans,  507. 

irGooiojie  vnii  Novaja  Seiiilp.  ;.n. 

einlgc  friiriacoen  au-  den  KreideabUgermifreii    ûet  Lïiaan 


in  Gesieinen,  D31. 


DONS.  —  DU  8  NOVEMBRE  AU  47  JANV1EU  1887.         33 

Nenmayr.  —  Ueber  die  Beziehun^  zwis:be!i  der  ru^sischen  und  des  werteuro- 
pâischen  Juraformation,  70. 

Briefl  Mittheilmigen  dos  Heni  BeuMI,  Sandbergôr,  gironir.  vom  Ralh,  Cathrein, 
Roemer,  Osann,  Dames,  Chotlat. 

—  Vcrein  fur  vatcrlaendische  Naturkunde  in  Wiirltemberg. 
Jahreshefte  des  — .  12"  année,  1886. 

Fraas.  —  De*  tinte rc  Lias  ds«r  Kll\v.in^cr  Ge^end,  M. 

M.  Prob.-t.  —  Der  Riesenbirseh  von  Kllwaiigen,  52. 

Nies.  —  Ueberdie  sogeiiamilen  Wassersteinc  (Enhydros),  57. 

Lcuze.  —  Die  Pseudomorphosen  vom  U'isiruoLV  bei  Uiulasin^cu  im  Hegau, 
1  pi.,  G2. 

P.  Probst.  —  Pcber  die  fossilen  Re-ue  von  Z.ibnwalen  (cutodontenj  a  us  der 
Molasse  von  Baltringen,  3  ni.  loi. 

Id.  —  Fossile  Wiibel  von  Haîen  und  Roc  h  ou  ans  des  Molasse  von  liai  tri  n^cu 
!  pi.  30i. 

Kloos.  —  Uober  die  chemisebo  Zusuiii mon sotz a ii i;  der  dnnklen  Ilornblendiii, 
321. 

Australie.  Melbourne.  The  Gold-fields  of  Victoria.  Reports  of 
the  mining  reyistrars  for  Ihc  Quarler  Ënded,  30  th.  juin,  1886. 

Sydney.  New  South  Wales.  Annual  Report  of  the  department  of 
mines  New  South- Wales  for  the  year  -1883. 

Autriche-Hongrie.  Vienne.  Kaisorlich  kœnigliche  geologische 
Reichsanstalt. 
Abhandlungen  der  — ,  t.  XXII,  n,;    1-3. 

T.  XII,  n*  l.  Tausch.  —  Ueber  die  Fauna  der  iiiclit-uiarinen  Àblageruugeu 
der  oberen  Kreide  des  Csin^orthales  bei  Ajka  im  Hakony  und  ueber  einige  Gon- 
chylien  der  Gosaumergel  von  Aiuen  bei  Sal/bun;,  3  2  p.,  3  pi. 

T.  XII,  n°  2.  Stur.  —  Bcitrag  zur  Kenntniss  dt»r  Flora  «les  KalktulTcs  und  der 
Kalktuir-Brcccie  von  Hotting  bei  Iitnsbruck,  %t  p.,  2  pi. 

T.  XII,  n»  3.  Ueber  diu  Fauna  der  Oolithe  von  Cap  S.  Yiiulio  verbundeu  mit 
eine  Studio  ueber  die  obère  Lia^renzc,  ir>i  p.,  au  pi. 

Jahrbuch  der—,  t.  XXVL   Annéo  1880),  nM  2-3. 

J.  Walther.  —  Vukanische  Str.nidmarken,  SiTi. 

IloiUmn  Sebindlcr.  -—  Die  Ge^eml  Zwischeu  Sabzwâr  und  Mescbhed  in  Persieiij 
303. 

L«»\vl.  —  Spalten  und  Vuloane.  oi:>. 

Bemerkun^  zu  Dr  A.  Breziua's  Abbandlun^  :  ni-;  Met'.-oritenrfauiiiiluu^  de* 
K.  K.  mincralo^iscben  Ilul'cabîiit-tus  iu  W'ien  uni  1  Mai  ldbS,  327. 

John  uud  v.  Foullon.  —  Arbeilen  ans  dem  clieuiiti'hen  Laburatoriuiuder  K.  K. 
geologischen  Reichsanstalt,  32a. 

Frech.  —  Ueber  ein  noues  Liasvorkomrnen  in  den  Slubauer  Alpcn.  '^55. 

Zapalowirz.  —  K\m\  ^enio^i.-.  he  ski/.z.î  du.-.  <'.<lli« - 1 1 - ■  1 1  TbeiYs  der  Pnkiitisch- 
imrmaro*rher  Greuz  Karpalben,  l  c.-.ub),  l   h!. 

Verhandlungen  der  —,  1880,  n"  10-10. 

N°  10.  Chruôtsdioll.  —  Mknditli'do^i.-i.ii-?  Miiîbfiiuu^r.:,  v:;  ». 
Paul.  —  Reisebericbt,  :»3i>. 
l'hlij^.  —  Reisebcricht,  Mo. 


36  dons.  —  nu  8  novembre  au  47  janvier   1887. 

V.  Fausch.  —  tteiseberk-ht,  Ml. 

BillDer.  —  Reisebericht,  îjï. 

Gever.  —  L'eber  das  Senfrsenpebirye  und  dessen  noerdlichi;  Vorlagea,  tt~. 

N*  il.  —  LechJeitner.  —  Znr  Rofaii|(ruppe,  i5T. 

Lechleitner.  —  Das  SonnenweiiiljocheeljirRi!  bei  Urixlvjit!,  B6i. 

—  Récente  BildiiDK  von  Mai-kasil  in    InkrustionL'ii  im  Moore  *>« 

Mari  en  b  ad,  îoe. 

Teller.  —  Die  s  il  U  me  tien  Abla(;eriiiif;en  der  Ost-Kiii'invariken,  S67. 

N*  1*.  Schariier.  —  Der  ersie  oesterr.  Munaï.itfund,  t*3. 

Paul.  —  Reisebericht,  îbi. 

Teller.  —  Ein   Ziniiotierriihrenilei'   Horizon    von    den    Silurahlaperungen    der 
Karawanken,  î85. 

V.  Camerlaender.  —  Reisebericht.  î94. 

N*  13.  —  Cathrein.  —  Znr  Gliederunp  des  rothen  Sandsleins  in  Nordtîrol,  30:. 

Pichler.  —  Vont  Sonnenwendjoch,  311. 

t'hlig.  —  Reisebericht  ans  des  Karpathensand-<leiri/otie  Sclilesiens.  3ir>. 

V.  Tauscli.  —  Reisebericht,  sit. 

N*  14.  Roc  mer.  —  Ueber  einein  bemerkcnswertheii   Fuuil  von   OranatkrysiallM 
auf  der  Domioselin  Breslau,  3î8. 

Sandberger.  —  Bemerkungen  ueber  fossile  Conchvlien  von  Leobervdorf.  331. 

V.  Camerlaender.  —  Reisebericht  ans  Westsdile'ien  11,  33î. 

V.  Friese.  —  Minerai  aus  Joachimsllial,  318. 

Neumajr.  —  Juraablagerutigen  von   Waidhofen  a.  d.  Vbbs,  3*8. 

Doell.  —  Riesenpegmalit  I-  ■  I  ■■   -   ;  Pyrit  oarh  Tmtiialin. 

V.  Camerlaender.  —  Koriiiidvurkoniiuet)  in  Schlcsien.  386. 

N°  15.  V.  Onembcl.  —  Kune  UcrocrkuoB  ueber  die  Xummulîtenschichlen  sm 
Nordrandeder  Alpen,  3S7. 

Herbich.  —  Ueber  KreidebildunKe;i  der  s!ebunbur,:i-chen  Ostkarpalhen,  968. 

Bittner.  —    Die    neuesten    \v  i  ■  II  n ..-.    .   m  den    Mudernen  Ansichten    ueber 
GebirgsbildunR,  374. 

Slur.  —  Vorlage  des  ersieu  fussilen  Schaedela  *on  t'rnitorfn»,  3si. 

Auaden  Keingrabner  Schufem   —  Obercarbonitelie  l'Iauienresle  vom  Bergbau 


DOMS.   —  DU  8  NOVEMBRE  AU   17  JANVIER   1887.  37 

Zone  24,  col.  XXVIII,  feuille  Parosiu  und  Vulkan-Pass.  —  au  1  : 
75,000*. 

Belgique.  Bruxelles.  Société  malacologiquc  de  Belgique. 
Procès-verbaux,  6  février  188(i,  —  4  juillet  1886. 
Annales  de  la  —  t.  XX,  3«  série,  t.  V,  i885. 

Delvaux.  —  Epoque  quaternaire.  Quelques  mots  sur  le  grand  bloc  erratique 
d'Oudenbosch,  près  de  Bréda,  et  sur  le  dépôt  de  roches  granitiques  Scandinaves 
découvert  dans  la  région.  6. 

Dollfus  et  Ramond.  —  Liste  des  Ptéropodes  du  terrain  tertiaire  parisien, 
l  pi.,  38. 

Delvaux.  —  Note  succincte  sur  l'excursion  de  la  Société  géologique  de  Belgique 
à  Spa,  Stavelot  et  Lammersdorf,  en  août-septembre  1885,  ir>. 

A.  Meunier  et  Ed.  Pergens.  —  Nouveaux  Bryozoaires  du  Crétacé  supérieur, 
*  pi.  32. 

Van  Hrtboru  et  Cogels.  —  Note  sur  les  conséquences  de  certaines  erreurs  d'in- 
terprétation au  point  de  vue  géologique,  et  discussion  eutre  MM.  van  Ertboru  et 
Cogels,  V. 

Ru  tôt.  —  Quelques  mots  sur  l'étage  asschien,  XIII. 

E.  van  den  Broeck.  —  De  la  constitution  géologique  du  territoire  de  la  feuille 
d'Aerschot  d'après  la  carte  au  1120,000',  de  MM.  van  Ertborn  et  Cogels,  LV. 

Cornet.  —  Note  sur  deux  gisements  des  sables  et  argiles  d'Hautrages,  LXX. 

Rutot.  —  Sur  les  résultats  de  l'étude  des  étages  laudénicu  et  heersien,  etc. 
LXXV. 

Rutot  et  van  den  Broeck.  —  Note  sur  la  nouvelle  classification  du  terrain 
quaternaire  dans  la  basse  et  la  moyenne  Belgique,  LXXVIII. 

Rutot  et  van  den  Broeck.  —  Note  préliminaire  sur  l'âge  des  diverses  couches 
confondues  sous  le  nom  de  tu  fan  de  Ciply,  XG.  Discussion  entre  M.  Cornet, 
Briart,  Rutot,  van  den  Broeck,  XCVII. 

Rutot  et  van  den  Broeck.  —  Nouveaux  document?  relatifs  à  la  détermination  de 
làge  de  la  masse  principale  du  tufau  de  Ciply,  CX. 

Rutot.  —  Sur  le  terrain  quaternaire  des  environs  de  Mons,  24. 

Cornet.  —  Sur  une  coupe  observée  à  Mes  vin  dans  le  terrain  quaternaire, 
1  pi.,  3. 

Luxembourg.  Publications  de  l'Institut  royal  grand-ducal  de 
— .  (Section  des  sciences  naturelles  et  mathématiques),  t.  XX. 

Brésil.  Rio  de  Janeiro.  Guia  da  exposiçao  authropologica  bra- 
zileira  realizada  pelo  Museu  Nacional  do  Ilio  de  Janeiro,  in-12°, 
71  p. 

—  Museu  nacional — ,  de  Archivos  do  —  t.  VI,  1-4*  trimestres  1885. 

Canada.  Montréal.  The  canadian  Record  of  Science,  t.  II, 
n°<  4,  5. 

N*  4.  Newton.  —  Relations  of  the  Earths  Rocks  to  Météorite*,  22*. 
Matthew.  —  Discovery  of  a  Pteraspidian  Fish  in  the  silurian  R"cK-,  £il. 
—  Abstracs  of  l'apura  on  the  Cainbnan  Fautia?,  *'*>:». 


DORB.   —  DU  8  IfOVKMBAK  AU   17  JAHVIBR  1887.  39 

—  A  supposed  Fossil  from  the  copper  bearing  rocks  of  Lake  So  péri  or,  208. 
Putnam.  —  On  joint  structure,  543. 

—  Memoirs  of  the  —,  t.  III,  u°  X1I-XIII  (1886). 

N*  XIII,  Scudder.  —The  oidest  known  Insccl'L&vvz Movmolucoïdes  articulalus, 
from  the  Conneclicut  Hiver  Rocks,  4  ;i,  1  pi. 

—  Note  on  the  supposed  Myriapodom  Oenus  TrîchhtliH. 

—  A  Review  of  mosozoie  Cockroachos,  13«>,  3  pi. 

Brookville.  Bulletin  of  the  —  Society  of  natural  History.  —  N°  2. 

David  R.  More.  —  Fossil  Corals  of  Franklin  County,  50. 

Cambridge.  Muséum  of  Comparative  Zoûlogy  at  Harvard  Collège, 

Annual  Report  of  the  Curator  of  the  — ,  I885-8t». 

—  Bulletin  of  the  —,  t.  XII,  n°  0  ;  t.  XIII,  n°  I. 

Reports  on  the  Results  of  Dredging  unter  the  supervision  of  Àlexan- 
der  Agassiz  in  the  Gulf  of  Mexico  and  in  the  Caribbean  sea  by  the 
U.S.  CoastSurvey  Steamer  a  Blake  »  Lient,  commander C.  D.  Sigsbie, 
U.  S.  N.  and  commander  J.  R.  Bartlett,  U.  S.  N.  commanding. 
Mollusca,  llololhurioïdea. 

Harrisburg.  The  geological  Survey  of  Pennsylvania. 
Annual  Report,  for  1885,  avec  allas. 

New-Havcn,  Conn.  — The  American  Journal  of  science.  3e  série, 

t.  XXXII  (CXXXU),  n"  liM.  —  Novembre  1880. 

Davis. —  The  structure  of  the  triassio  formation  of  the  Conneclicut  Valley,  34*. 
Clarke.  —  Researches  on  the  Lithia  Micas,  35». 

Dranner.  —  Thicknc*s  of  ihe  Soc   in  Xortheastern    Pennsylvania    during  the 
glacial  Kpoch,  362. 
Chatard.  —  Luoasite  ;  a  new  variety  of  Vermicnlite,  375. 
Brown.  —  Cristallographie  notes,  377. 

Penlicld  ami  Iiarper.  —  Chemical  composition  of  Ralstonite,  ?80. 
K.  Dana.  —  Minoratogical  Noies,  386. 

N°  192  (décembre  188(J). 

Dana.  —  On  the  Chystallization  of  native  Copper,  3  pi.,  413. 

W\  Uice.  —On  tin»  Trap  and  Saudstonc  in  the  Gorge  of  the  Farmington  River 
at  Tarifville,  Conn.  130. 

Carvill  Lewis.  —  Comparative  Studios  upon  the  Glaciation  of  Noilh  America, 
Great  Britain  and  lrehnd  433. 

Bishop.  —  On  certain  fossiliferous  Lirnestones  of  Columhia  Co  N.  Y.,  and  their 
relation  to  the  Ilmlr-on  Hiver  Shales  and  the  taronie  Svstem,  41«. 

Penfield.  —  Cnstalli/od  Yanariinid"  from  Arizona  and  New  Mexico,  411. 

Ford.  —  Note  on  tlu-  A^e  -»f  the  Swedish  Paradoxides  Bg<\^,  473. 

3°  série,  t.  XXXllï,  (t.  CXXXÏÏI/,  n°  i!»3,  janvier  1887. 

Wright. —  The  Muir  Glacier,  1. 

\Hiite.  —  Age  of  Coal  f-uir.d  ir.  tlte  ro^i-n  tr.iversed  by  the  Rio  Grande.  18. 
Idding.  —  The  nature  and  oripin  of  Lithophysac  an<J  the  laiiiination   of  fteid 
lavas,  3a. 


Gran<i«-BraCagn*    Lomén».  —  Tte   rmh^rri 
m-  Ï»Ï7I  <*ànman  «ME.  Jwtiw  I W7  . 

e  m,  wt .  m.  ■•  «  «  •©< .  i ».  ■*  i . 

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■  1MHI., 


DONS.   —  DU  8  MOYBHB1B  AU  17  JAlfVIRR  1887.  4*1 

Callaway.  —  On  tome  derived  Fragments  in  theLongmynd  and  newer  Archaean 
Rocks  of  Shropshire,  481. 

Strahan.  — »  On  the  Relations  of  the  Lincolnshire  Barstone,  486. 

Bêcher.  —  On  some  cupriferous  shales  in  the  Province  of  Hon-peh,  China,  494. 

Jonis  and  Kirkby.  —  On  the  Distribution  of  the  Ostracoda  of  the  Carboniferous 
Formations  of  the  british  Isles,  496. 

Gilpin.  —  On  the  Geology  of  Cape  Breton  Island,  Nova  Scotia,  515. 

Hughes.  —  On  some  perched  Blocks  and  associated  Phenomena,  527. 

Lydekker.  —  On  a  new  Emydiné  Chelonian  from  the  Pliocène  of  India,  1  pi., 

540. 

J.  Carter.  — ■  On  the  Decapod  Crustaceans  of  the  Oxford  Clay,  1  pi.,  54?. 
Merritt.  —  On  the  Cascade  anthracitic  Coal-fleld  of  the  Rocky  Moun tains,  Ca- 
nada, 560. 
Griftilhs. —  On  artain  Eocene  Formations  of  Western  Servia,  565. 

—  The  royal  Society.  Proceedings  of  —,  t,  XLI,  n9  247. 

—  The  Geologists'  Association.  Proceedings  of  the  —,  t.  IX, 
n"  6,  7  (mai-août  1886). 

N*  ô.  Irving.  —  The  stratigraphical  Relations  of  the  Bagshot  Sands  of  the 
London  Basin  to  the  London  Clay,  411. 

Johnston-Lavis.  —  On  the  fragmentary  Ejectamenta  of  Volcanoes,  l  pi.,  4SI . 

Oardner.  —  Fossil  Grasses,  2  pi.  433. 

N*  7.  Postlethwaite  and  Ooodchild.  —  On  some  Tnlobites  from  the  Skiddaw 
Slates,  4  pi.,  455. 

Ooodchild.  —  Observations  upon  the  stratigraphical  Relations  of  ,the  Skiddaw 
Slates,  469. 

Boulger.  — »  On  the  connection  in  time  of  changes  in  Fossil  Floras  wilh  those 
of  Faunas,  482. 

Rupert  Jones  and  Kirkby.  —  A  List  of  the  Gênera  and  Species  of  bivalved 
Entomostraca  found  in  the  carboniferous  Formations  of  Great  Britain  and  Ireland, 
with  notes  on  the  gênera  and  their  distribution,  495. 

Cambridge.  The  Cambridge  philosophical  Society.  Proceedings  of 
the  —,  t.  V,  n°  VI. 

Edimbourg.  The  Royal  physical  Society-Proceedings  of  the  — . 
Session  1885-86. 

Kidston.  —  On  the  Species  of  the  Genus  Palawxyris,  Brongn;  ocenrring  in 
British  carboniferous  Rocks,  1  pi.,  51. 

Ben  nie.  —  On  the  Occnrence  of  Spores  in  the  Carboniferous  Formation  of 
Scotland,  82. 

Glascow.  The  Geological  Society  of  — .  Transactions  of  the  — -, 
t.  VIII,  n°i. 

Young.  —  Notes  on  Cone-in-Cone  Structure,  2  pi.,  1. 

R.  Craig.  —  On  the  upper  Limestones  of  North  Ayrshire,  as  found  in  the 
District  arround  Daby,  and  elsewhere,  28 . 

R.  Craig.  —  List  of  Fossils  in  the  upper  Limestones  of  North  Ayrshire.  36. 

Kidston.  —  Notes  on  some  Fossil  Plants  collected  by  M'  R.  Dunlop  Airdrie  from 
the  Lanarkshire  Coal-field,  l  pi.  47. 

Jolly.  —  The  Joint  Excursion  of  the  Edinburgh  and  Glasgow  geological  So- 
ciétés to  Ben  Nevis  and  the  Parralel  Roads  of  Lochaber  in  July  I8sr>,  72. 

Supplément  au  Bull,  J/*  ///  Soc.  yihtl.  dr  Fnnm\  t.  XV,  n°  o.  f 


43  BMW.   —   OH  8  HOTEHBBB  AU  47  MtlYIBB   1887. 

WliUo.  —  A  Glimpae  of  Skya  ;  wilk  Remarki  on  volcanic  Action,  105. 

—  Notes  on  Tarberl,  Arftyllshire,  III. 

Dugald  Bell.  —  Note*  on  the  Geolog»  of  Qban,  lia. 

Young.  —  Notes  on  the  Catbkin  •  Osmund  Stone  »,  a  Volcanic  Tuff,  13.. 

—  Notifie  of  tbe  laie  I)r  Thomas  Davidson,  188. 

—  Notée  on  the  carbonifère  lia  Brachiopoda,  with  Revised  List  of  the  Gênera  and 
Spccies,  Ml. 

—  Revised  Liât  of  Seollish  carboaiterouî  Brachiopoda,  1885,  150. 

Hnnler.  —  The  Old  Red  Sa.idstone  of  Lanarksliiro,  with  notes  on  Volcan 'f 
Action  during  Old  Red  and  Carbodiferous  Times,   101. 

—  Noies  on  Ihe  Discovary  of  a  fossil  Scorpion  (Pa/u'-o/'A'inMs  raUdonicus)  in 
the  Silnrian  Strata  of  Logan  Water,  îae. 

i.  Thomson.  —  The  Goology  of  the  Terriiory  of  Idaho,  173 . 
Murdoch.  —  Notes  on  some  of  the  principal  Oeological   Papers  read  at  tbs 
brilish  Association  Meeting,  Aberdeen,  1885,  no. 

Indes  Anglaises.  Tbe  geological  Sui-voy  of  Iodia.  Records  of 
— ,  t.  XIX,  n"  4,  1886. 

Italie.  Rome.  R.  Comitato  gnologico  d'Ualia,  4886,  n°  9  et  10, 
(septembre-octobre). 

Qemmellaro.  —  Sugli  strali  con  Ltptatna  nel  Liai  supcrior  di  Sicilia,   a  pi.  Ml. 

Wallher.  —  I  volcani  soltomariui  del  Golfo  di  Napoli,  1  pi.  360. 

Clerici.  —  Sulla  natura  gcoloitica  dei  terreai  incontrati  nielle  fondaaioaidelpa- 
laiio  délia  Banca  nazionale  in  Roma,  3<Jl». 

Bncca.  —arindusi  délia  trachite  di  Monb  Vlrgtoio,  377. 

Fnnaro.  —  Sulla  composiiione  chimica  <li  alcuue  rocci  feldspaticta  dell  iaoli 
d'BIba,  180. 

—  Societa  geologica  italiana.  BolleUino  délia  — . 
T.  I,  (1883)  &  T,  (1886),  10  fascicules. 

T.  V,  (1886). 
Faac.  i. 


DORS.   —  DU  8  flOYKMBRB  AU  11  JANVIER  1887.  48 

—  Bulletino  del  Vulcanismo  italiano,  13*  année,  4-9,  anti-sep- 
tembre, 1886. 

—  Biblioteca  nationale  centrale  Vittorio  Emanueledi  Roma.  — Bol- 
lettino,  n°  5,  septembre-octobre,  1886. 

—  R.  Academia  dei  Lincei.  Atti  délia  —  Rendiconti,  4e  série,  VII, 
fasc.  8,  2'  semestre,  co  fasc.  10, 11,  12. 

—  Carta  geologica  d'Itlia,  au  100,000e. 

Feuilles  244  Isoli  Ëolie. 

—  256  Isoli  Egadi  (Isola  di  Sicilia.) 

—  260  Sciacca  id. 

—  267  Canicati  id. 

—  268  Caltanisetta  id. 

—  269  Paterno  id. 

—  270  Catania  id. 

1  pi.  de  coupes  (Isola  di  Sicilia},  pi.  IV. 

Palermo.  Reale  Academia  di  scienze,  littere  e  Belle  Arti  di  — .  Bol- 
lettino  délia  —,  anno  III,  1886,  n°  1-3. 

Norwège.  Den  geologiske  undersogelse.  Revision  af  Kartbladet 
er  udfort  af  T.  Ch.  Tbomassen,  (carte  géologique  au  1/100,000*). 

Feuilles  15  C.  Fet. 

—  20  A.  Nannestad. 

Christania.  Den  Nordhavs-Expedition,  1876-1878.  T.  XVI,  Zoologi 
Mollusca  II  ved  Herman  Friele  raed  6  Plancher. 

Russie.  Matériaux  pour  la  géologie  du  Caucase  (1879-1882), 
1  vol.  8°,  47  p.,  1  pi. 

—  Programm  der  sibirisch-uraler  Ausstellung  Jiïr  Wissenschaft 
und  Industrie  in  Jekaterinburg,  71  p. 

Moscou.  Bulletin  de  la  Société  impériale  des  naturalistes  de  — . 
Année  1886,  nM  1,  2, 

Sloudsky.  —  La  figure  delà  terre  d'après  les  observations  du  Pendule,  1  pi.,  l. 
Pavlow.  —  Note  sur  l'histoire  de  la  faune  kimméridienne  de  la  Russie,  227. 

Nouveaux  mémoires  de  la  —,  t.  XV  (t.  XX),  n°  4,  1886. 
Trautscliold.  —  Le  Néocomien  de  Sably  en  Crimée,  27  p.,  5  pi. 

St-Pétersbourg.  Bibliothèque  géologique  de  la  Russie,  rédigée  par 
S.  Nikitin.  I,  1885,  1  vol.  8°,  126  p. 

—  Mémoires  du  Comité  géologique,  t.  II,  n°  3. 

Pavlow.  —  Les  Ammonites  de  la  zone  à  Aspidoccms  acanthinun  de  l'Est  de  la 
Russie,  avec  10  planches. 

T.  III,  n#  2.  —  Carte  géologique  générale  de  la  Russie  d'Europe. 

Feuille  139.  Description  et  Explication  par  Karpinsky  et  Tchernycheff;  hauteurs 
de  l'Oural  méridional,  par  Tillo. 

—  Académie  impériale  des  Sciences  de — . 
Bulletin  de  1'— ,  t.  XXX,  n°  4  ;  t.  XXXI,  n01 1  et  2. 


M  MHS.    —   DU   S   NOVBMBBB   AU    17    JÀNV1EB    1887. 

T.  XXX,  d*  4.  Schmidt.  —  Sur  quelque*  nouveaux  Trilobites,  >  pf.,  &0  p. 
Mémoires  de  1'  —,  t.  XXXIV,  n"  2,  6. 

N*  ».  Strave.—  Uber  die  Schichtenfolge  in  den  CarboniMageruiiften  im  sûdlichea 
Tbeil  de*  Moskauer  Koblenbeckens  ;  arec  1  carte. 

Suède.  Stockholm.  Geologiska  loreningens.  i  — .  Forhandlingar 
t.  VIII,  n*  6. 
Peltergen.  —  Notiiser  verdrorende  deu  nord-norska  fjeldbygning,  4M. 
Hiriakoff.  —  Om  ett  fvnd  af  grickselfvermalm,  470. 
Sjogrcn.  —  Hineralogiska  riotiser,  XII,  473. 

Hamberg. —  Aoatar  och  lilanit  pa  rulil  fYanapatiifùrekomsten  vid  Kragero,  4TS. 
Igelstrom,—  Mineralogiska  meddelandin,  «-s,  477. 

Suisse.  Matériaux  pour  la  carte  géologique  de  la  Suisse. 

18'  Mit.  Description  géologique  des  territoires  de  Vaud,  Fri bourg  et  Berne, 
compris  dans  la  feuille  XII,  entre  le  Lac  de  Neufchâlel  et  la  Crète  du  N'iesen,  pu 
V.  Oillliron  ;  1  vol.  et  atlas  {m  vol.) 

19*  litr,  Geologische  Beschreibung  der  Kaatoae  Sl-Qallen,  Thurgau  nnd 
ScoaBhaasea,  par  Gutiviller  et  Schalcb, 

Newcastle  upou  Tyne.  Nortli  of  England  Instituts  of  raining  and 
mechanîcal  Eugineers.  —  Transactions  of  the  — ,  t.  XXXV,  n°  *, 
(novembre,  1886.) 

Binas.  Coal  miriingen  New  Zealand.m.  7  (il. 


LISTE  DES  OUVRAGES 

REÇUS  EN  DON  OU  EN  ECHANGE 

PAR  LA  SOCIÉTÉ  GÉOLOGIQUE   DE  FRANCE 

Un  17  JanYler  au  4  Avril  188? 


1°  Ouvrages  non  périodiques. 
(Les  noms  des  donateurs  sont  en  italiques.) 

Aimera  et  Bofill.  —  Descubriemento  de  grandes  Mamiferos  fosiles 
en  Cataluna.  In-8°,  4  p.  (Cronica  cientifica  de  Barcelona,  Afto  X, 
n°  220.  (Janvier  1887.) 

Ch.  Barroiê)  Maurice,  Quéva  et  Six.  —  Traité  de  paléontologie,  par 
K.  Zittel.  Traduction  française.  T.  II,  Paléozoologie,  partie  I.  Mol- 
lusca  et  Arthropoda.  1  vol.,  867  p.  avec  1109  figures.  In-8°,  Paris, 
Doin,  1887. 

Ch.  Barrois.  —  Note  sur  le  Kerzanton  de  la  rade  de  Brest.  In-8°, 
19  p.,  (Ànn.  Soc.  géol.  du  Nord.) 

1\  Batelli.  —  Sopra  una  raeraoria  dei  Prof.  Taramelli  e  Mercalli  i 
terremoti  Andalusi  cominciati  il  25  dicembre  4884.  Relazione  et 
osservazioni.  In-4°,  11p.  —  Turin,  1887. 

U.  Botti.  —  Due  viaggi  in  Sardegna  del  Prof.  G.  vom  Rath.  (tra- 
duit de  l'allemand).  In-8°,  46  p.,  Cagliari,  1886. 

Boyer.  —  Sur  la  provenance  et  la  dispersion  de  Galets  silicates  et 
quartzeux  dans  l'intérieur  et  sur  le  pourtour  des  Monts-Jura.  In-8°, 
36  p.,  3  pi.  —  Besançon.  Dodivers,  1886,  (Extr.  Mém.  Soc.  d'Em. 
du  Doubs.) 

Cabot.  —  The  immature  state  of  the  odonata.  Part  II.  Subfamilv 
Aeschnina.  In-4°,  39  p.,  5  pi.,  Cambridge  Mass.  1881.  (Mem.  Mus.  oi' 
Comp.  Zool.  ad  Harvard  Collège.) 

Calderon  et  Paul.   —  La  Moronita  y  los  yacimentos  diatomaceos 


46 


!   47  JANVIER  AU   4    AVRIL   1887. 


de  Moron.  Madrid.  In-8°,  17  p.  (Extr.  Add.  Soc.  Esp.  de  hist,  tut., 
t.  XV,  1886.) 

Cope.  —  S  ystemalic  Catalogue  ofSpecies  of  vertebrata  Jouxta  ia 
the  Beds  of  the  Permian  Epoch  in  North  America.  In-4°,  12  p.,  2  pi 
(Extr.  Amer.  Philosoph.  Soc.  Mai  1886.) 

Cope.  —  On  Iwo  new  S pecies  of  Tliree-loed  Horses  from  Ibe  upper 
Miocène,  with  notes  on  tbe  Fauna  of  the  Ticbolephis  Beds.  —  In-S*, 
3  p.,  1887.  (Extr.  Am.  Philosoph.  Soc.) 

—  The  phylogeny  of  Ibe  Camelidae.  ln-8%  13  p.  (Extr.  American 
Naturalist,  July  1886.) 

—  Geology  and  palaeontology.  In-8°,  3  p.  (Extr.  l'rf.) 

—  The  Vertebrata  of  tbe  swift  current  creck  Région  or  tbe  Cypreu 
Hills.  In-8°,  1  p.  (Exlr.  Report.  Geol.  Survey  of  Canada  1885.) 

—  Scblosser  on  Creodonta  and  t'henacodus.  In-8%  3  p. 
Courtois.  —  Recherches  sur  l'arrondissement  de  Valognes.  1  br. 

in-8°,  26  p.  S'  Vaast  la-ÏIougue,  1887. 

J.-D.  Dana.  —  A  dissected  volcanlc  Mountain  ;  some  of  its  réveil- 
lions. —  (Exlr.  Amer.  Jour,  of  Science,  3r  série).  8  p.  in-8". 

J.-D.  Dana.  —  Kilaoea  after  the  Eruption  of  March  1886.  Volcanic 
Action.  In-8",  28  p.,  2  pi.  (Extr.  Americ.  Journ.  of  Se,  t.  XX.MI!, 
1887.) 

Depérel.  —  Sur  l'importance  et  ta  durée  de  la  période  miocène, 
d'après  l'étude  du  Bassin  du  Houssillon  ;  nouveaux  documents  pour 
la  Faune  de  Mammifères  pliocènes  de  ce  bassin,  In-4%  3  p.  —  Dé- 
cembre 1886.  —  (Extr.  Comptes  rendus  Ac.  des  Se). 

Depéret.    —  Sur  la   Faune  des  Vertébrés  miocènes  de   ta  Grive- 


DORS.   —  DU  17  JANVIER  AU  4  AVRIL  4887.  47 

Hiçde.  —  On  the  Geijus  Hindia,  Dune  an.  and  the  Name  of  its  typical 
Specips.  —  In-8°,  43  p.  (Extr.  Ann.  and  Afagaz.  pf  nat.  History, 
4887.) 

Jourdy.  —  Les  dislocations  du  globe  pendant  les  périodes  récentes. 
In-4%  44  p.  (Revue  scientifique  du  29  janvier  4887.) 

W.  Kilian.  — Notes  géologiques  sur  le  Jura  du  Doubs.  IVe  partie. 
Les  Foraminifèresde  l'Oxfordien  des  environs  de Montbéliard  (Doubs), 
par  IF.  Deecke.  In-8,  47  p.,  2  tableaux,  2  pi.  (Extr.  Mém.  Soc. 
d'Émul.  de  Montbéliard),  1886,  Montbéliard. 

IV.  Kilian.  —  Note  géologique  sur  la  chaîne  de  Lure  (Basses- 
Alpes).  —  In-8°,  8  p.  (Extr.  Feuilles  des  jeunes  Naturalistes,  4887.) 

Labat.  —  Étude  sur  Ussat  (Ariage).  In-8°,  44  p.,  Paris,  488G. 
(Extrait  de  la  Gazette  des  Eaux.) 

—  Étude  sur  Saint-Sauveur.  In-8°,  16  p.,  Paris,  1887.  (Ext.  Ann. 
Soc.  d'hydrol.  médicale.) 

J.  Leclercq.  —  Une  visite  au  volcan  de  Jorullo  (Mexique).  In  8°, 
19  p.  (Extr.  Bull.  Soc.  de  géogr.,  1886.) 

Mourlon.  —  Sur  le  Famennicn  de  la  Plaine  des  Fagnes,  9  p.,  in-8.° 
(Extr.  Bull.  Ac.  roy.  de  Belgique,  188G.) 

Parandier.  —  Participation  eflicace  du  service  hydraulique  pro- 
gressivement généralisé  en  France  au  relèvement  de  l'agriculture. 
In-4°,  72  p.,  Paris,  Dunod,  1887. 

IL  Sicard.  —  Uober  Ophiuren  aus  dem  oberen  Muschelkalk  bei 
Schlotheim  in  Thilringen.  In-80,  6  p.,  1  pi.  (Extr.  Zeitschr.  d. 
deutsch.  Geol.  Ges.  1886.) 

Quiroga.  —  Apuntes  de  un  viaje  por  el  Saharra  occidental.  — 
In-8°,  29  p.,  1  pi.  (Extr.  Anal  de  la  Soc.  Esp.  de  hist.  nat.,  t.  XV, 
1886.) 

J.  Revil.  —  Description  de  la  montagne  du  Gorbelet.  In-8%  23  p., 
(Extr.  Revue  savoisienne).  Annecy,  1887. 

P.  de  Rouville.  —  Monographie  géologique  de  la  commune  de 
Gabrières  (Hérault).  In-4°,  62  p.,  7  pi.  (Extr.  Mém.  Ac.  de  Mont- 
pellier, 1887.) 

Rupert  Jones  and  Kirkby.  —  A  List  of  the  Gênera  and  Species 
of  Bivalved  Entomostraca  found  in  tlie  carboniferous  Formations  of 
Great  Britain  and  Ireland.  In-8',  21  p.  (Extr.  Proceed.  of  the  Geoio- 
gist'  Association.) 

Rupert  Jones.  —  Report  on  the  Fossil  Phyllopoda  of  the  Palaeo- 
xoic  Rocks,  1886,  in-8J  6,  p.  (Brit.  Assoc.   Birmingham  Meetiug, 

1889.) 


48  DONS.    —    OU    17  JANVIER    AU   4   AVRIL    (887. 

Sterry  Ilunt.  —  Minerai  physiology  and  physiography.    1  fort  vol. 
in-8%  710  p.  Boston,  1886. 


2°   OUVRAGES   PÉRIODIQUES. 

France.  Paris.  Académie  des  Sciences.  Comptes  rendus  hebdo- 
madaires des  séances  de  1'—  T.  CIV,  n"  2*13. 

T.  CIV,  n»  i  (10  janvier  1387.) 

Collot.  —  Age  de  la  bauxite  dans  le  Sud-Est  de  la  France,  m. 

»•  s  (n  Janvier  1887). 

Lemoiue.  —  Sur  le  genre  Plesiadapii,  mammifère  fossile  de  l'Éocène  inférieur 
des  environs  de  Reims,  190. 

Stanislas  Meunier.  —  La  Qiovanite,  nouvelle  roche  cosmique,  103. 

N*4  (M  janvier  1887). 

Lacroix.  —  Description  d'une  Thomsonite  lamellaire  do  Bishoplon  (Rentre» 
shire,  Ecosse). 

Lacroix.  —  Sur  une  épidote  blanche  du  canal  du  Beagle  (Terre  de  Peu),  833. 

Issel.  —  Sur  l'existence  de  vallées  submergées  dans  le  golfe  de  Gènes,  iso. 

O.  Rolland.  —  Les  sondages  artésiens  et  les  nouvelles  oasis  françaises  de  l'Oued- 
Rir  (Sud  algérien),  Î53. 

N*  g  (Si  janvier  1887). 

Oonnard.  —  Sur  certains  phénomènes  de  corrosion  linéaire  de  la  Calcite  de 
Couxon  (Rhône),  3is. 

Issel.  —  Sur  l'époque  du  creusement  des  vallées  submergées  du  golfe  <k 
Gènes,  318. 

N*  8  (7  février  18871. 


DOHS.  —  DU  17  JANVIER  AU  4  AVRIL  1887.  49 

De  Kroustchoff.  —  Sur  de  nouveau  procédés  de  reproduction  artificielle  de 
la  silice  cristallisée  et  de  l'orthose,  602. 

Fines.  —  Sur  le  tremblement  de  terre  du  23  février,  enregistré  à  l'observatoire 
de  Perpignan,  606. 

Mascart.  —  Remarque  au  sujet  de  cette  communication,  607. 

Daubrée.  —  Perturbation  du  sismoscope  de  Washington,  le  23  février,  608. 

Forel.  —  Sur  les  effets  du  tremblement  de  terre  du  23  février  1887  dans  la 
Suisse  orientale,  608. 

St. -Meunier.  —  Tremblement  de  terre  du  23  février  à  Nice,  en. 

Tissot.  — »  Le  tremblement  de  terre  du  23  février  à  Voreppe  (Isère),  <3U. 

Descroix.  —  Sur  les  relations  qui  peuvent  exister,  entre  les  variations  magné* 
tiques  et  les  tremblements  de  terre,  61 1. 

Réveille.  —  Le  tremblement  de  terre  du  23  février  à  Saint-Tropez,  614. 

T.  CIV.  N-  10  (7  mars  1887). 

Lacroix.  —  Sur  les  variations  de  composition  des  porphyrites  carbonifères  de 
Renfrewshire  (Ecosse),  717. 

Gonnard.  —  Sur  les  associations  minérales  du  basalte  de  Pradelles,  près  de 
Glermond-Ferrand,  710. 

A.  de  Lapparent.  —  Recherches  sur  la  contraction  du  rayon  terrestre,  depuis  la 
formation  de  l'écorce  solide,  723. 

No  11  (14  mars  1887). 

A.  Gaudry.  —  Le  p3tit  Ursus  spelaeus  de  Gargas,  740. 

F.  Fouquc.  —  Renseignements  divers  recueillis  sur  le  tremblement  de  terre  du 
23  février  1887. 

Denza.  —  Sur  le  tremblement  de  terre  du  23  février,  757. 

St. -Meunier.  —  Premiers  résultats  d'une  exploration  de  la  zone  ébranlée  par  les 
tremblements  de  terre  du  23  février,  759. 

H.  de  Parville.  —  Sur  une  corrélation  entre  les  tremblements  de  terre  et  les 
déclinaisons  de  la  lune,  761. 

Lallemand.  —  Observations  du  niveau  de  la  Méditerranée  faites  à  Marseille  le 
23  février  1887,  à  l'instant  du  tremblement  de  terre,  705. 

Soret.  — »  Le  tremblement  de  terre  du  23  février  en  Suisse,  754. 

Galli.  —  Le  tremblement  de  terre  du  23  février  à  l'observatoire  de  Velletri, 

765. 

Rey-de-Morande.  —  Sur  l'origine  des  mouvements  cycloniques,  802. 

N*  12  (21  mars). 

Lacroix.  —  Etude  pétrographique  d'un  Gabbro  à  olivine  de  la  Loire-Inférieure, 

870. 

St.-Meunier.  —  Examen  minéralogique  du  fer  météorique  de  Fort-Dunoan 
(Texas),  872. 

N*  13  (28  mars). 

A.  Caraven-Cacbiu.  —  Age  du  soulèvement  de  la  Montagne-Noire,  923. 

—  Institut  de  France.  —  Académie  des  Sciences.  —  Statistique 
générale  des  personnes  qui  ont  élé  traitées  à  l'Institut  Pasteur,  note 
de  M.  Vulpian,  7  p.  (Extr.  Comptes  r.  Ac.  des  Se,  24  janvier  1887.) 

—  Journal  des  Savunls.  —  Décembre  1880-janvier  1887,  Février- 
mars  1887. 

Supplément  au  Bull.  >V.  */#W.  tir  l-'ranr/\  t.  XV.  n°  ».  7 


80  IWHS.   —   DU   17  JAIIVIBI  AD  4  AVRIL  1887. 

—  Ministère  de  l'Instruction  publique,  —  Annuaire  des  bibliothè- 
ques et  des  archives  pour  1887,  SOI  p.  Revue  des  travaux  scientifi- 
ques, ii°*  8,  9  (t.  VI). 

—  Ministère  des  Travaui  publics. 

Étude  des  gilet  minéraux  de  la  France.  Bassin  houlller  de  Val  en  tiennes. 
R.  Zeiller.  —  Description  de  la  flore  fossile.  Allas  de  XCIV  pi. 

—  Service  de  la  Carie  géologique  détaillée  de  la  France  au  80/000". 

Fenillt»  n-  14».  Poitiers,  par  M.  Rolland. 

134.  [ssoudun,  de  Grossouriv. 

71.  Chftlaaulio,         Barrois. 
111.  Avallon,  Vilain. 

Ponts  et  chaussées.  —  Service  hydrométrique  du  bassin  de, 

la  Seine. 

Résumé  des  observations  centralisées  par  le  service  hydrométrique  du  bassin  ta 
la  Seine  pendant  l'année  1885,  publiée  par  le  ministère  des  Travaux  publies  arec 
rologique  de  France.   In-S',  an  p.  et  an  atlas  la- 

—  Annales  des  Mines,  8*,  l.  X,  5'  livr. 

Hochet.  —  Élude  anr  le  Baisin  houiller  de  Waldenbourg  (Basse-Silésû). 
sti,  1  pi. 

Caste! .  —  Nécrologie.  M.  Tournaire,  154. 

Pelle.  —  Etude  sur  les  salines  de  Roumanie,  ï?0,  1  pi. 

De  Orossouïre.  —  Etude  sur  les  gisements  de  minerai  de  fer  du  centre  de  I» 
France,  SU,  t  pi. 

—  Paléontologie  française. 

»■•  séria.  Animaux   invertébrés.    Livraison  VIII.  Terrains  tertiaires.    Kocèae 


DOZIi.  —  DO  17  JANVIER  AD  4  ATRIL  1887.  51 

—  Journal  de  Conchyliologie,  8*  série,  XXVII,  n*  1  •  ' 

—  Matériaux  pour  l'histoire  primitive  et  naturelle  de  l'homme.  — 
Revue  mensuelle  illustrée,  dirigée  par  E.  Cartailhac  et  B.  Chantre. 
—  31'  vol.  3*  série,  t.  III,  1886  (décembre  1886),  t.  IY  (Janvier* 
1887). 

3*  série,  t.  IV  (XXI),  janvier  1887). 

Marcelin  Boule.  —  Nouvelles  observations  sur  les  puits  préhistoriques  d'ex- 
traction du  silex  du  Mur-de-Barrez  (Aveyron). 

—  La  Nature.  15*  année,  n09  711-722. 

712  St.  Meunier.  —  Les  phosphates  de  Picardie,  113. 
718  0.  Tissandier.  —  Le  tremblement  déterre  du  23  février  1887. 
G.  Tissandier.  —  Le  tremblement  de  terre  du  23  février  (suite),  232. 
Désiré  Charnay.  —  Les  Cénotés  du  Yukatan,  236. 

711  Maxime  Hélène,  —  Le  tremblement  de  terre  du  23  février  1887,  notes  d'un 
témoin,  278. 

—  Société  de  Géographie.  —  Compte  rendu  des  Séances  de  la 
Commission  centrale,  1887,  n"  2,  3,  *,  5,  6,  7. 

Bulletin  de  la  — ,  4ê  trimestre  1886  (7  série/  t.  VII). 

—  Société  française  de  Minéralogie.  Bulletin  de  la  — ,  t.  IX,  n°  7 
(novembre  1886),  n<>  8  (décembre),  et  t.  X,  n°  1  (janvier  1887). 

T.  IX,  n°  7. 

Igelstroem.  —  Pyrrhoarsénite,  nouveau  minéral  de  Sjocgrufvan,  218. 

Asaro.  —Note  sur  un  assemblage  de  cristaux  de  Cassitérite,  220. 

—  Extension  de  l'observation  de  M.  Mallard,  sur  la  m;\cle  de  Karlsbad,  etc., 

212. 

—  Note  sur  une  nouvelle  face  de  la  Calamine,  242. 

Gonnard.  —  Sur  les  minerais  aurifères  des  environs  de  Pontgibaud,  243. 
Bourgeois.  —  Sur  des  titanates  de  baryte  et  de  strontiane  cristallisés,  244. 
K.  de  Kronstchoff.  —  Notes  pour  servir  à  l'étude  lithologique  de  la  Volhynie, 
250. 

—  Notice  sur  une  hypérite  de  Seeland,  258. 

WyroubofT.  —  Sur  la  forme  cristalline  du  chlorure  de  baryum,  262. 

—  Quelques  mots  à  propos  du  a  mémoire  do  M.  Schmidt,  sur  la  scolézite,  2*6. 

T.  IX,  n°  8  (décembre  1886). 

Dufet.  — »  Sur  les  phosphates  et  arséniates,  d'argent,  273. 

—  Sur  un  nouveau  microscope  polarisant,  273. 

Gesaro.  —  Note  sur  une  propriété  géométrique  de  rhomboèdre  de  clivage  de  la 
Galcite,  218. 
Fouqué.  —  Sur  un  minéral  artificiel  provenant  d'une  scorie  de  forge,  287. 

—  Sur  on  gisement  de  gneiss  à  Cordtf  rite,  293. 

Morel.  —  Cristallisation  du  Nitrate  de  plomb,  201. 

Chatrian.  —  Sur  le  gisement  de  diamants  de  Salobro  (Brésil),  302. 

Jannetaz.  —  Note  sur  les  rubis  artificiels,  321. 

T.  X,  n°  1,  janvier  1887. 

Michel-Lévy  et  Lacroix.  —  Sur  le  granité  à  Amphibole  de  Vangneray,  27. 


52  DONS.    —   DU    17  JANVIER    AU   4   AVRIL   1887. 

KrouUrtioff.  —  Nouvelles  synthèses  du  Quartz  et  de  la  Tridymile,  31. 
Oorgeu.  —  Sur  la  production  artificielle  de  la  Zincite  el  de  la  Willemite,  36. 
Angers.  —  Bulletin  de  la  Société  d'études  scientifiques  d'Angora. 
Nouvelle  série,  15'  année,  1885. 

Œhlert.  —  Description  de  Goldiut  Gervillei,  113. 

(Eiilcrt.  —  Elude  sur  quelques  irilobites  du  groupe  des  Proetidae,  121. 
Devant.  —  Note  sur  la  tranchée  ouverte  en  18S«  à  Mon  treuil- Bellay,  par  l'ad- 
ministration des  chemins  de  fer  de  l'Etat,  sur  la  ligne  de  Poitiers  à  Angers,  18J. 
P.  Sahut.  —  Notice  biographique  sur  J.  Duval-Jouve,  *9. 
K.  Chelot.  —  Notice  sur  la  vie  et  les  travaux  d'Albert  Quillier,  131. 
ld.  Supplément  à  l'année  1884. 
Trouessard.  —  Catalogue  des  Mammifères  vivants  et  fossiles.  —  Carnivores.  — 

108  p.,  18B5. 

Amiens.  —  Société  iinnéenne  du  Nord  de  la  France.  Bulletin  men- 
suel, n*,  16"  année,  t.  VIII,  n"  173  (janvier  1887). 

Bordeaux.  Journal  d'Histoire  naturelle  de  —  et  du  Sud-Ouest, 
11e  série,  G°  année,  n°*  1,  2,  3. 

N'  l.  Benoist.  —  Esquisse  géologique  des  terrains  tertiaires  du  Sud -Ouest  Je  la 
France,  8. 

N*  2.  Benoist.  —  Esquisse  géologique  des  terrains teriaires  du  Sud-Ouest  de  II 
France  (suite),  to. 

N*  3.  Benoist.  —  Esquisse  géologique  des  terrains  tertiaires  du  Sud-Ouest  de  11 
France  (suite),  3*. 

—  Actes  de  la  Société  Iinnéenne  de  —,  t.  XXXIX,  4'  série,  t  IX, 
1885. 

Benoist.  —  Description  géologique  et  paléontologique  des  communes  de  Saint- 
Estèphe  et  de  Vertheuil.  —  P.  70  et  101,  i  carte,  1  tableau,  3  pi. 

Procès-  verbaux.  Benoist.  —  Présentation  du  Trito  rantUaefârmi*  et  du  Cornu 


DONS.  —  DU  17  JARVIKR  AU  h   AVRIL  1887.  53 

Evreux.  —  Société  libre  d'agriculture,  sciences,  arts  et  belles- 
lettres  de  l'Eure.  * 
Recueil  des  travaux  de  la  —,  IVe  série,  t.  VI  (1882-85). 
Lille.  —  Société  géologique  du  Nord.  Annales  XIII,  1885-86,  n°  6. 

J.  Gosse  le  t.  —  Tableau  de  la  faune  coblenzieone  (an),  305. 
J.  Gosselet.  —  Note  sur  les  roches  draguées  au  large  d'Ostende,  309. 
James  Hall.  —  Les  Lamellibranches  dévoniens  de  l'Etat  de  New-York,  318. 
Gronnier.  —  Compte  rendu  de  l'excursion  de  la  Société,  380. 
Paulin-Arrault.  —  Sondages  au  lieu  dit  le  Petit-Chàteau,  329. 
Manouvriez.  —  Documents  concernant  les  eaux  sulfureuses  du  Nord,  330. 
Manon vriez.  —  Documents  concernant  les  eaux  salées  du  Nord,  331. 
Ortlieb.  —  Tables  des  matières,  333. 

Lille.  —  Société  géologique  du  Nord.  —  Annales  XIV  (1886-87), 
!*•  livraison. 

Gronnier.  —  Note  géologique  sur  le  Vermandois,  2. 

Canu.  —  Sur  les  ossements  trouvés  par  M.  Grégoire  dans  l'Aachénien  de  Roch- 
Recquignies,  20. 
E.  Delacroix.  —  Note  sur  l'altération  des  eaux  d'un  puits  en  Angleterre,  22. 
Gh.  Barrois.  —  Sur  le  Kersanton  de  la  rade  de  Brest,  31. 

Nîmes.  —  Bulletin  de  la  Société  d'études  des  Sciences  naturelles 
de  —,  14e  année,  n°"  7-12  (juillet-décembre  1886). 

J.-N.-S.  —  Aperçu  paléoniologique  du  règne  animal,  d'après  le  tableau  synop- 
tique de  M.  le  Prof.  Gaudry,  55,  1  pi. 

L.  de  Sarran  d' Al  lard.  —  Sur  quelques  plantes  de  la  flore  lacustre  du  |Gard 
62,  2  pi. 

—  Notes  sur  l'excursion  à  Sauve,  Fressac,  Durfort  et  Tornac,  00. 

Saint-Étienne.  —  Société  de  l'Industrie  minérale.  Comptes  rendus 

mensuels.  Décembre  1886,  janvier  1887,  février,  mars-avril  1887. 

Bulletin  de  la  — ,  3e  série,  t.  I,  lr8  livr.  avec  atlas  in-folio. 

Baudot.  —  Les  mines  d'étain  de  la  Villeder  (Morbihan),  151,  2  pi. 
Blanchard.  —  Les  mines  de  plomb  argentifère  du   Bottino,    près  de  Serave/.za 
(Toscane),  Italie,   depuis  les  Etrusques  et    les   Romains  jusqu'à  nos  jours,   soi, 

1  pi. 

Baudot.  —  Histoire,  conditions  géologiques  et  principaux  usages  de  l'étain,  335. 

Toulouse.  —  Société  d'Histoire  naturelle  de  — .  Comptes  rendus 
des  Séances.  17  novembre,  ll>r  décembre,  15   décembre.  3  janvier, 

2  et  16  février  1885.  —  Bulletin  trimestriel.  Avril-juin  1886  (20e  an- 
née), juillet-septembre  1886. 

10  février.  Caralp.  —  Structure  de  la  vallée  d'Aran  et  des  pays  adjacents,  3. 

Comptes  rendus  des  séances,  18  février,  20  avril  1887.  —  Bulletin 

de  la  — ,  20e  année  1886  (fin). 

B  ne  h  mer.  —  Recherches  sur  les  ophites  des  Pyrénées,  du  D'  J.  Kùhn  (traduc- 
tion),  103. 
Boule.  —  Sur  les  assises  lacustres  du  Crétacé  supérieur  de  Provence,  LVII. 

Valenciennes.  —  Revue  agricole,  industrielle,  littéraire  et  artis* 


54  nota.   —  DU   17  JANVIKB  AD  4  AVRIL  1887. 

tique.  (Société  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts  de  Val  ancienne!.  ) 

38*  aimée,  t.  XXXIX,  n"  12-15. 

Alsaoe-Lorraino.  Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Mal* 
bouse.  Décembre  1886. 

Allemagne.  Berlin.  —  Kœnlglicb  preussischo  Akademie  der 
Wissenschaften  zu  Berlin.  XL,  XL1,  XLII,  XLIII,  XLIV,  XLV,  XLIX, 
L,  LI,  LU,  LUI.  (Octobre-décembre  1886.) 

LII-LIII.  Annal.  —  Mineralogisehe*  aui  dera  g.inirki-Oabiet,  im  804-Unl. 


—  ZeitschriflderdeuUchen  geologUchenGeselbciiaft.  T.  XXXVIII, 
n»  4. 

P.  Rœmer.  —  Ueber  citi  mi'âanhaftea  vorkommon  von  grossen  OrAust-Rryi- 
tallen  im  Boden  der  Stadt  Brealau,  713. 

0.  Bœhm.  —  Die  Qattungen  Pachym-i/nh'hn  und  Darg*,  "tt. 

W.  Brahns.  —  Der  Porphvriliug  von  Wi1s'lru(T-Pot'Cba|ipel  (PI.  XX),  735 

P.  Riemer.  —  Notiz  ueber  Bilobiien-aelinlidie,  aU  Uiluviai-Oaschlebe  -rortom- 
inende  Koerper,  701. 

K.  Ochteniui.  —Ueber  da-i  Altareinigflr  Tbella  der  ifllamericinischen  Andto, 
Tes. 


PUfkfneti,,  Brongn., 
quarueren  Paun*  iit 


Stenel.  —  Neuer  Beiirag  ïur  Keuiitui»  von  Dhkumi 

t  pi.,  773. 

Noetling.   —  Ueber  die  Lagerugnsverhaeltnisse   eie 
Oebîete  der  Jordanthalea  (1  pi.),  «07. 

Noelling.  —  Eittwurf  ciner  Oliedermig  der  Kreiditfurnmion  In  Syrien  wi 
Paiaestina,  3  pi.,  8î-i. 

Picard.  —  Ueber  Ophlnren  ans  dem  oheren  Mtnehelkalk  bel  Sobloibeim  in 
Thuriogen,  i  pl.,8iu. 

A.  von  Koenen.  —  Ueber  daa  MUteloligocieii  von  Airliuz  in  Jilllfcn.l,  «83. 


.  DORS.  —    DU  17  JAHYIfcl  AD  4  AVRIL  1887.  58 

Zweite  Abtbeilung.  1885,  T.  XCI,  n"4et5.  —  T   XCII,  u"  6, 
7,  8,  9, 10.  —  T.  XCII,  n"  1-8.  -  T.  XCIII,  n"  1-8. 

T.  XCII,  n*  1-2.  Poe  ta.  —  Ueber  fossile  Kalkelemeute  der  Alcyoniden  und  Ho« 
lothuriden  und  verwandte  récente  Formen,  1  pi.,  7. 

Probaska.  —  Ueber  den  Basait  von  KollniU  im  Lavanttbale  und  desscu  glasige 
cordieritfUbrende  Einscbiûssc,  20. 

Id.  N*  3.  Fuchs.  —  Statistik  der  Erdbeben  von  1865-1885,  215. 

Id.  N*  9-10.  Diener.  —  Die  Struktur  des  Jordanquellgebicts,  2  pi.,  133. 

Zahâlka.  —  Ueber  Jsoraphinca  Un'.a,  Koemer  sp.  und  Sryttilin  jterlusa,  Reuss- 
sp  aus  der  Ungebung  von  Raudnitz  in  Boehmen,  2  pi.,  647. 

T.  XCIII,  n°  1-3.  Brader  Neue.  —  Beitraege  zur  Kenntniss  der  Juraablage- 
rungen  im  noerdlicbeu  Boebmen,  II,  193,  1  pi. 

—  Denkschriften  der  — ,  Mathematisch-nalurwissenschaftliche 
Klasse,  t.  L. 

Ettinghausen.  —  Die  fossile  Flora  von  Sagor  in  Krain,  III  et  fin,  5  pi.  1. 

Neumayr.  —  Die  Gtographiscbe  Verbreitung  der  Juraformatiou  (3  pi.),  57. 

Toula.  — -  Oeologischc  Untersui-bungen  in  der  o  Grauwackcnzone  i>  der  Nor- 
doestlicben  Alpen,  l  carte,  1  pi.,  131. 

Purschke.  —  Clemmyt  sarmativa,  n.  sp.  aus  dem  Tegel  von  Hernals  bei  Wien, 
185, 1  pi. 

Unterweger.  —  Beitraege  sur  Erklaerung  der  ko&miscb-terrestrigchen  Encbei- 
nungen,  2  pi.,  193. 

Bruder.  —  Die  Fauna  der  Jura-Ablageruug  von  Hohnstein  in  Sachscn,  5  pi., 
l  tableau.  239. 

Laube.  —  Ein  Beitrag  zur  Kcmuniss  der  Fische  des  boebmischen  Turon's. 
1  p!.,  285. 

Toula  und  Kail.  —  Ueber  einen  Krokodil-Scbaedel  aus  den  Tertiaerablagn- 
rungen  von  Eggenburg  in  Xiederoesterreicb,  3  pi.,  *99. 

—  Kaiserlich  koenigliche  geologischc  Reichsanstalt. 
Verhandiungen  der  —  1886,  17,  18. 1887,  i-3 

1886.  N»  17.  Goldschmidt.  —  Ueber  das  specifische  Gewicbt  der  Mineralquellen, 
439. 

Bittner.  —  Ueber  die  Verbreitung  der  Reicbcnhaller  Kalke  in  den  nonloestli- 
cben  Kalkalpen.  Ueber  das  Aufreteu  gesteinsbildender  Posidonomven  in  Jura 
und  Trias  der  Nordoslalpen,  415. 

Hoffmann.  —  Vorlâufige  Mittbeilung  ueber  neuere  F  un  de  von  Saugctbierresten 
von  Goeriach,  450. 

Stur.  —  Vorlage  geol.  Karten,  -153. 

Vacek.  —  Ueber  die  geologiscben  Verhaeltnisse  des  Flussgebietes  der  unteren 
MUrz,  455. 

Woldrich.  —Ueber  das  Voikornmen  ciniger  Mineralien  in  Sudboehmen,  453. 

v.  Foui  Ion.  —  Ueber  neu  eingelangte  Minérale,  464. 

1887.  N*  2.  Nécrologie.  F.  Herbk-.b,  41. 

Roemer.  —  Nachtraegliche  Dateu  zu  dem  Granatenfunde  auf  der  Dominsel,  42. 

Gûrich.  —  Einschluessc  von  gerodlartiger  Forna  in  Steinkobleufloetzen  von 
Oberschlesien,  43. 


36  DONS.    —  DU    17  JANV1BB   AU    A   AVRIL    1887. 

Sundbarger.  —  Beraerkangen  m  den  neueren  Veroeffentlichungen  Lomnkki't 

ueber  die  tertiaeren  Brack-und  Susswasserbildungen  Galizieas,  45. 

Pichler.  —  Zur  Géologie  der  Kalkgebirge  sùdlicli  van  Incsbrack,  45. 

Laube.  —  l'inilfûhrendor  Granitporphyr  vou  Ba.iLzeiih.oun,  43. 

Taisseyre.  —  Notitz  ueber  eiuige  selienere  Ammoniteu  der  baliner  Oolitbe,  4g. 

Kraus.  —  Ueber  Dolinen,  53. 

Tieze.  —  Ueber  récente  Niveau-Veraenderungen  aus  der  Insel  Paras,  63. 

Came  ri  un  der.  —  Zur  Qeologie  desGranuIilgehirges  Ton  Prachatiti,  M. 

N°  3.  Tielze.  —  Noch  ein  Wort  zu  D'  Dieners  Libanon,  17. 

Biltner.  —  Zur  Verbroitung  der  Opponitzer  Kalke,  si. 

Cathrein.  —  Ueber  Augilporphyi-  von  Pillersee,  Se. 

Kzehak.  —  Die  Foramioirerenfauni  des  griineu  Oligocànlhones  Ton  Nikoli- 
«hilz  la  Maeliren,  87. 

Biltner.  —  Aus  dem  Qebiel  der  Ennsthaler  Kalkalpen  und  des  Bocbs- 
chwal,  8B. 

—  Berg-uud  hiitlenmaennisches  Jahrbucb  der  k.  k.  Bergakademien 
eu  Leoben  und  Pribram.  T.  XXXIV,  n"  4. 
Kua.  Ungarische  geologische  Anstalt. 
Mittheilungeu  aua  dem  Jahrbuche  der  —,  t.  VIII,  n"  4. 

Halavais.  —  Palaeontologische  Daten  zur  Kenulniss  der  Pau  ni  der  siiduagi- 
rischen  Neogen-Ablagerungen,  (ï  pi.). 

Erster  Nacblrag  mm  Katalog  der  Bibliotbek  der  —,  und  Ungarische   Geolo- 
gische Gesellschaft. 
Foldlani  Këzlôui  (Geologische  Mittheilungen). 
1886.  T.  XVI,  d»  7-12. 

N**  7-0.  Fr,  Schafai'îik.  —  Brieflidie  Miltheilung  aus  dem  Kaukasua,  tiï. 
J,  Budai.  —  Die  secundilrcn  Eruptîvgesteine  des  Persanyer  Gebirges,  858. 
L.  Cseh.  —  Die  geologischen  Yerhaeltniase   der   Alt-Aritonstollner    Bergbauit- 
long  in  Vihnve,  SU. 

.  Hakvàis.  —  Vale,n:ir,„„;.;,t  in  .W  fus-ilen  Flora  Unga 


D0H8.  —  DU  17  JAHYIB1  AO  4  AVRIL  1887.  57 

Klement.  —  Notice  sur  la  composition  chimique  de  la  météorite  de  Saint* 
Denis  —  Werken  (Flandre  orientale)»  *73. 

Danemark.  Kopenhagen.  Académie  royale  de  — .  Bulletin,  1885, 
n*  3,  dernier.  — ,  1886,  n°  1,  2. 

—  Mémoires  de  1' — .  Classe  des  sciences,  t.  II,  n"  8,  9,  10,  11; 
t.  III,  n^  2, 4;  t.  IV,n°M,  2. 

Espagne.  Madrid.  Anales  de  la  Sociedad  espanola  de  historié 
natural,  t.  XV,  no  3. 

Calderon  y  Porul.  —  La  moronita  y  los  yacimentos  diatomaceos  de  Moron,  477. 

Quiroga.  —  Apuntes  de  un  viaje  por  el  Sahara  occidental,  1  pi.,  405. 

Santiago.  —  Revista  de  Ciencias  naturales.  (Boletin  international 
de  Cambios.)  Dir  Dr  Vila  Nadal.  1"  année,  n°  1. 

Madrid.  —  Revista  de  Geografla  comercial,  organo  de  la  Societad 

Espanola  de  Geogr.  comercial. 

N"  25-38  (Julio-Setiembre  de  1886). 
Ezpedicion  al  Sahara.  (Géologie,  par  D.-F.  Quiroga.) 

États-Unis.' New-York.  American  Muséum  of  Natural  Histbry. 
Bulletin  of  the  —,  1. 1.  n°  8. 

Whitfleld.  —  Notice  of  geological  investigations  along  the  Eastern  shore  of 
Lake  Champlain  conducted,  by  Frof.  Seely  and  Prest.  Ezra  Braiuerd,  with  des- 
criptions of  the  new  Fossiles  discovered,  283,  10  pi. 

—  Noiice  of  a  new  fossil  body,  probably  a  spongie  related  to  Dictyophyton, 
340,  1  pi. 

Californie.  — Galifornia  Academy  of  Sciences.  Bulletin  of  the — , 
t.  II,  n°  5  (september  1886). 

Cambridge.  —  Muséum  of  comparative  Zoôlogy  at  Harvard  Col- 
lège, t.  XIII,  n*  2. 

—  Cambridge  philosophical  Society.  Transactions  of  the  — , 
t.  XIV,  IL 

New  Haven  Connecticut.  —  Academy  of  Arts  and  Sciences.  Tran- 
sactions of  the  —,  t  VII,  I. 

—  The  American  Journal  of  Science.  3*  série,  t.  XXXIII  (t.  CXXXIII), 
noi  194-195  (Février-Mars  1887). 

N*  194.  Alexander,  Emersou,  Van  Slyke,  Dodge.  —  Kilaunew  after  the  Erup- 
tion of  March  1886  (t  pi.),  87. 

Dana.  —  Volcanic  Action,  10*. 

Huntington.  —  The  Coahucl a  Météorite?,  1  pi.,  115. 

Penfield.  —  Phenacite  from  Colorado,  U0. 

Smith.—  Notes  on  thelocality  of  Topaz  Butte,  130. 

Williams.  —  The  Noscles  of  the  «  Cortlandz  Séries  »  on  the  Hudson  River  near 
Peeksklll,  135. 

Al  lin  g.  —  On  the  Topaz  from  the  Thomar  Range,  Utah,  146. 

N*  195.  Williams,  —  The  Norites  of  «  Cortland  Séries  »  on  the  Hudson  River 
near  Peekskell,  N.  Y,  191. 

Supplément  au  Bull,  delà  Soc.  géol.  de  France,  t.  XV,  n'  0.  A 


58  DONS.    —   DO    17   JANVIER  AO    4  AVRIL    1887. 

Oidden.  —  Meteoric-iron,  Sîl. 

Kam.  —  On  ihe  new  Météorites  from  Carolt  Connty,  Kenmcky,  and   Calons, 
Mexico,  Ma. 
Geological  Survey  or  New  Jersey. 

A  topographical  Map  of  ihe  VEciniLv  of  Trentnn  New-Bru  nswick  and  Bordn- 
town.  (I  Mile  to  a»  Incb).  id.  of  tbe  Viciiiity  of  Caraden  to  Burlington,  Wiw- 
low,  Klmer  and  Swedesboro. 

Id.  of  the  Viciuity  of  Mounl  Holly. 

Philadelpbia.  Academy  of  Natural  Sciences.  Proceedings  of  Ihe  —, 
(886,  II. 

Wachsmuth  and  Springer.  —  Reo'sion  ofthe  paleocrinadea,  II!,  2, 
{continued),  153. 

Harvey.  —  On  Anlkraeomartut  trilabittu,  ScudL,  ni. 

Leidy.  —  Toiogon  and  other  remaina  from  Nicaragua,  ï?5. 

Foote.  —  Tbe  Opal  Mines  of  Quereiaro,  Mexico,  il». 

Kœnijt.  —  Composition  of  Siromeyeriie,  itfi. 

Woolman.  —  Oriskany  Sandstonc  in  Lycoroing  Co,  va. 

—  The  American  pbilosophical  Society.  Proceedings  of  the  —, 
t.  XXII,  n»  124. 

Washington.  United  States  geological  Survey.  Bulletin  of  the  — . 
N°  30  (fin  du  t.  IV). 

Consacré  au  Camhrien  et  à  sa  faune,  par  Walcott,  ttS  p.,  13  pi. 

Id.,  tV>  33. 

Notes  on  ihe  Qeology  of  northcru  California. 

Monographs  of  the  —,  t.  XI. 

J.  C.  Rassell.  —  Geological   lii-tory  of  Lake  Labontan,  a  quaternary  Lake  of 


Northwestern  Nevada, 


pi.  et  cartes. 


DONS.   —  DU   17  JANVIKR  AD  4  AVRIL   1887.  59 

Hughes.  —  On  the  Drifts  of  the  Vale  of  Clwydand  iheir  Relation  to  the  Caves 
and  Cave-deposits,  1  pl.f  73. 

—  British  Muséum.  —  Catalogue  of  the  fossil  Maramalia  in  the 
british  Muséum  (Natural  History),  Part.  IV  (Ungulata,  suborder  Pro- 
boscidea.),  1  vol.  in-8°,  233  p. 

—  Geological  Magazine.  Nouvelle  série,  Décade  III,  t.  IV,  nM  2, 3, 
4f  n"272-274  (Février- Avril). 

N»272. 

H.  Woodward.  —  On  some  carboniferous  Cockroaches,  i  pi.,  49. 

Hill.  —  Geological  Visit  to  Brittany,  59. 

Bonney.  —  On  the  Rauenthal  Serpentine,  65. 

Keeping.  —  On  the  Zone  of  Nwnmulina  eleg>ms,  70. 

Jukes-Browne.  —  Note  on  the  Gault  and  Ghalck  Mari,  72. 

Mac  Mahon.  —  Note  on  the  Foliation  of  the  Lizard  Oabbro,  74. 

N*  «73.  Wright.  —  On  a  new  Ophiurella,  1  pi.,  97. 

Tomes.  —  Ou  Palaeozoic  Madreporaria,  98. 

Woodward.  —  Ou  some  Post-Iiassic  Species  of  A  or 0 dus t  101. 

Hicks.  —  On  (he  Ffynnon  Beuno  Caves,  105. 

Gardner.  —  On  the  Gelinden  Flora,  107. 

Irving.  —  Outhier  of  the  uppcr  Bagshot  Sands,  111. 

Woodward.  —  Euphoberia  ferox,  116. 

N*  274.  Newton.  —  Notes  on  the  Fauna  of  the  Norfolk  Forest-Bed,  1  pi.,  141. 

Jukes-Browne.  —  Interglacial  Land-Surface  in  England  and  Wales,  147. 

Marr.  —  The  Work  of  Ice  Sheets.  151. 

Hicks.  —  The  cambrian  Rocks  of  North  America,  155. 

Garduer.  —  The  Development  of  Dicotyledons  in  Time,  158. 

Spencer.  —  Notes  on  Glacier-Erosion  in  Norway,  167. 

Nicholson.  —  Ou  Hemiphyllum  siluriense,  173. 

—  Royal  Society.   Proceedings  of  the   —,  t.  XLI,  n°*  248-250; 

t.  XLII,  n°»  251-252. 

N°  218.  Joly.  —  On  the  spécifie  Heats  of  Minerais,  250. 

N-  251.  Mallet.  — -  On  the  Occurence  of  Silvcr  in  Volcanic  Ash  from  the  E;up- 
tion  of  Cotopazi  of  July  22nd  and  23rd  1^5,  i. 
Williamson.  —  Note  on  Lepidodendron  Uarcourlii  and  L.  fitliginosum^  Will,  0. 

—  On  the  Organisation  of  the  Fossil  Plants  of  the  Coal  measures  :  Hcteranyium 

tilialoides,  Will.  and  Kuloxylon  Hookeri. 
Nr  252.  Seeley.  —  On  Protewsaurus  Spenvri,  v.  Meycr,  86. 

Cambridge.  —  Cambridge  philosophical  Society.  Proceedings  of 
the  —,  t.  VI,  1. 

Newcastle  upon  Tyne.  —  Transactions  of  the  North  of  England 
Instituteof  mining  and  Mechanical  Kngineers,  t.  XXXVI,  l. 

Lebour.  —  Notes  ou  the  Coal  Measures  of  Catalonia,  Spaiu,  33,  4  pi. 

Indes  anglaises.  Geological  Survey  of  India.  Records  of  the  — , 
1887,  t.  XX,  n°  i. 

Indes  néerlandaises.  Iaarboek  van  het  Mijnwezen  in  Neder- 
landsch  Oost-Indiê.  —  Amsterdam.  15*  année,  1886. 


60  DORS.    —   DU    17   JANVIER   AD   4  AVKIL   1887. 

Ter.hnisch  in  Admtnistratief  Oedeette. 

Wcteoschappelïk  Gedeelte. 

Fennama.  —  De  Vulkanen  Seméroe  en  Lemongan.  3  pi.,  Il  cartes. 

Italie.  Rome.  Reale  Accademia  dei  Lincei,  1887,  4*  série,  Rcn- 
diconU,  t.  Il,  n»  12  ;  t.  III,  n*  1-4. 

T.  HT,  D*  1.  —  Seguenia.  —  GH  strati  con  Rhynchonella  Btrehta,  Oppel  pressa 
Taormina.  (Piano  B.itoniano  (parte)  d'Omalius,  Vesulliaiio,  Mayer),   10. 
Giacomelli.  —  Sul  Terrcmoto  del  S»  Agoslo  iBBd,  ïO. 
N'  8.  UoDlovani.  —  Delfiui  foastli  Irovati  pre.-so  Livorno,  150. 

—  Bibliotheca  nazionale   centrale    Vittorio    Emanuele.    Bollet- 
tino,  n*  26. 

Carte  géologique  d'Italie  au  100/000°. 

P).  V.  (Setiooi  geologiche)  pour  les  feuilles  vn  et  ni. 

Isola  di  Sicilia. 
N-  ni.  Gtorgenti.  — 

N*  171.  Terranuova  di  Sicilia.  — 

N*  173.  Caliaagirone.  — 

N'  174.  Sir s en sa.  — 

N'  IT4,  Seogletti.  — 

N'  m.  Modica.  — 

N'  m.  Noto.  — 

Tableau  d'assemblage  pour  la  Sicile. 

—  R.  Comilato  geologico  d'Ualia.  Bollettiuo.  17*  année.    I88G 
N'  11-12. 

Sacco.  —  Il  Vil  la  franchi  an  o  al  piede  dette  Alpi,  1  pi.,  4SI, 
Bacca.  —  Appunti  petrografki  sul  gruppo  del   Qraa  Paradiso  celle  Alpi  occi- 
dentati,  440. 
LolU.  —  Seiioni  geologiche  nei  dintorni  dei  bagni  di  Sucra,  1  pi.,  468. 
Cortcie.  —  I  terrazi  quaiernari  del  lilorate  lerreno  délia  Calabria,  «eo, 


D0HS.  —  DO  17  JANVIER  AU  4  AVRIL  1887.  61 

Norwège.  Christiania.  Nyt  Magazin  for  Naturvidenskaberne, 
1887,  t.  XXXI,  no  1. 

H.  Reusch.  —  Nogle  Bemaerkninger  om  Fjeldbygningen  pora  Orne  udenfor 
Etordangerfjordens  Munding,  1. 

—  On  Fjeldgrunden  og  Afieiringerne  fra  Istiden  i  Omegnen  af  Stavanger,  10. 
Oetz.  —  Graptolitfereude  Skiferzoner  i  det  Trondhjemske,  31. 

Pays-Bas.  Harlem.  Archives  néerlandaises  des  Sciences  exactes 

et  naturelles,  t.  XXI,  n°*  2  et  3. 
N*  2.  J.  Bosscha,  ûls.  —  Sur  la  Météorite  de  Karang-Modjo,  ou  Magetan,  177. 

Delft.  —  Annales  de  l'École  polytechnique  de  — -,  t.  II,  1886,  3e  et 
4°  livraisons. 

Portugal.  Lisbonne.  Jornal  de  Sciencias  mathematicas,  phy- 
sicas  e  naturaes,  publicado  so  los  Auspicios  da  Academia  real  das 
Sciencias  de  Lisboa,  n<>  30-43  (Juin  1881,  Décembre  1886). 

Roumanie.  Jassy.  Bulletin  de  la  Société  des  médecins  et  natu- 
ralistes de  — .  1M  année,  n°"  1,  2  (Janvier-Février  1887). 

Suède.  Stockholm.  Geologiska  fôreningens  i  Stockholm.  Forhan- 

dlingar,  t.  VIII,  n°  7,  t.  IX,  n**  1,  2  (nor  105-107). 

N*  105.  Weibull.  —  On  manganapatit  frttn  Vestana  jemb  Nagra  anmakingar  <>f 
ver  apatilens  sammansattning,  4»2. 

—  Om  fluoceriten  frau  Osterby  i  Dalarne,  497. 
De  Qeer.  —  Om  vindnûlla  slenar,  501. 

Fegraeus.  —  Sandslipade  stenar  friin  Gotska  Sandon  (l  pi.).  514. 
Sredmark.  —  Sraarre  meddelanden,  519. 

N»  104.  Hôgbom.  —  On  sekulara  hojuingen  ver  Vesterbottens  Kust,  19. 
Nordenskiûld.  —  Mineralogiska  bidrag,  26. 
Lac  roc  n.  —  Mikroskopisk  uiidersôkijing  af  thanmasit,  35. 
Nordstrom.  —  Sveriges  malm  —  och  metall  —  production,  18«3,  37. 
Gumaelius.  —  Samling  af  underraitelser  om  jordstOtari  sverige,  42. 
N°  107.  Erdmann.  —  Om  en  djupborrning  med  diamantborr  for  sûkande  efter 
stenkotstellgàngar  i  Schweitz,  58. 
Sauterson.  —  Nickelmalm  fyndigheten  yid  Klefva,  66,  2  pi. 
Nathorst.  —  Till  fragan  om  de  skanska  dislokationernas  aider,  2  pi,  74. 
Bertrand.  —  Thaumasitens  optiska  egenskaper,  181. 
Svedmark.  —  S  marre  meddelanden,  19t. 

Suisse.  Genève.  Société  géologique  suisse.  Compte  rendu  de 
la  cinquième  réunion  annuelle  en  août  1886  à  Genève,  in-8°,  98  p., 
10  pi. 

—  Mémoires  de  la  Société  paléontologique  suisse,  t.  XIII  (1886). 

Koby.  —  Monographie  des  polypiers  jurassiques  de  la  Suisse.  (G*  partie;,  lu  pi. 
Wettsteiu.  —  Ueber  die  Fischfauua  des  teniaereii  Glarnerschiefers,  7  pi. 
P.  de  Loriol  et  l'abbé  Bourgeat.  —  Etude  sur  les  Mollusques  des  couches  de 
Valfln,  10  pi. 


LISTE   DES    OUVRAGES 

RKÇUS    EN    DON    OU    EN    ÉCHANGE 

PAR    LA    SOCIÉTÉ    GÉOLOGIQUE    DE    FRANCE 

Dm  1  Avril  an  21  Juin  1887. 
1°  OUVRAGES   NON   PÉRIODIQUES 

{Les  noms  des  donateurs  sont  en  italiques.) 

P.  Albrecht.  Ueber  die  cetoïde  Naïur  der  Promammalia,  ia-8', 
11  p.  (Exlr.  Anatomiscber  Anzeiger  1886). 

—  99.  Versa  m  m  lu  ng  doutscher  Naturlorscher  und  Aertzte  in  Ber- 
lin. Ans  der  ScktiOD  liir  Anatomie,  Mitteilungen,  in-8B.  5  p.,  1886. 
(Extr.  Biulog.  Centralblalt.) 

—  Analomiscbe  Schriften  des  Professors  D*  Paul  Albrecht.  1  bro- 


DONS.   —  DU  4  AVRIL  AU  21   JUIN   1887.  63 

G.  Chauvet.  Exposition  de  Poitiers  1887.  Collection  G.  Chauvet  & 
Ruffec  (Charente),  in-8»,  24  p.,  Ruffec,  1887. 

—  Boules  et  pierres  de  jet  dans  les  dépôts  quaternaires,  in-8% 
15  p.,  1  pi.  (Extr.  Bull.  Soc.  archéol.  et  hist.  de  la  Charente),  Angou- 
lème,  1887. 

Charrier- Fillon.  L'île  de  Noirmoutier.  Étude  de  ses  transforma- 
tions, in-4°,  24  p.  Plusieurs  cartes  (Extr.  de  Poitou  et  Vendée). 

Colteau.  Réunion  des  délégués  des  Sociétés  savantes  à  la  Sorbonne 
en  1886,  in-8°,  Auxerre,  1886.  (Extr.  Bull.  Soc.  des  se.  hist.  et  nat. 
de  l'Yonne). 

—  La  Géologie  au  congrès  scientifique  de  Nancy  en  1886,  in-8% 
26  p.,  Auxerre,  1887  (Extr.,  id.). 

—  Echinides  nouveaux  ou  peu  connus,  5e  article,  in-8»,  20  p.,  2  pi. 
(Extr.  Bull.  Soc.  zool.  de  France,  1880). 

—  Sur  les  Echinides  jurassiques  de  la  Lorraine,  in-4°,  3  p.  (Extr. 
Comptes  rendus  Ac.  des  Se,  novembre  1886). 

Depéret.  Recherches  sur  la  succession  des  faunes  de  vertébrés  mio- 
cènes delà  vallée  du  Rhône.  (Extr.  Arch.  Muséum  de  Lyon.),  in-folio, 
263  p.,  13  pi. 

Dépierres.  Le  terrain  glaciaire  dans  l'Est  de  la  Haute-Saône.  Vesoul, 
1887,  36  p.,  1  pi.  (Ext.  Bull.  Soc.  d'agr.,  se.  et  arts  de  la  Haute- 
Saône). 

Dewalque.  Discours  prononcé  aux  funérailles  de  M.  Cornet,  7. 

—  Un  nouveau  dosage  du  fer  des  eaux  minérales  de  Spa,  2  p. 
(Extr.  Ann.  Soc.  géol.  de  Belg.),  1887. 

—  Sur  l'orthographe  du  nom  Dreisensia,  5  p.  (Extr.  Ann.  Soc.  géol. 
de  Belg.),  1887. 

Ed.  Fuchs.  4  vues  des  travaux  de  percement  de  l'isthme  de  Co- 
rinthe.  (N"29f,  268,245,  274). 

Gùmbel.  Géologie  von  Bayern.  Erster  Theil,  Lieferung4. 1  vol.  in-8°, 
239  p.  (Grundzûge  der  Géologie  (suite),  terrains  secondaires  et  ter- 
tiaires. 

Hollande.  Histoire  géologique  de  la  colline  de  Lémenc  de  1865  & 
1886.  (Extr.  Bull.  Soc.  d'hist.  nat.  de  Savoie),  in8°,  78  p.,  Chambéry, 
1887. 

AfAenny  Huges.  Brecciated  Beds  at  Saint-Davids,  in-8°,  3  p.  (Extr. 
Géol.  Mag.  1883). 

—  On  some  Fossils  supposed  to  hâve  been  foundin  the  Pleistocene 
Gravels  of  Barnweli,  near  Cambridge,  in-8°,  2  p.  (Extr.  id.,  1883). 

—  On  the  corrélation  of  the  upper  jurassic  Rocks  of  the  Svess  Jura 
with  those  of  England,  in-8%  40  p.  (Ext.  Quarterl.  Journal,  1887). 


64  DONS.  — -  DO  4  AVRIL  AD  21   JUIN   1887. 

—  Further  observations  on  the  precambrian  Rocks  of  Caornarvou, 
in-8%  12  p.,  1  carte  (Exlr.  id),  1879. 

—  On  the  silurian  Rocks  of  Ihe  Walley  ot  the  Clwyd,  6  p.  (Extr. 
id.),  1879. 

—  Ou  the  drifls  ofthe  Vale  of  Clwyd  andtheir  relation  to  the  caves 
and  cave-depoaits  (Extr.  id.,  1887),  in-8%  47  p.,1  pi. 

—  On  some  Iracks  of  terrestrial  and  freshwater  animales,  in-8*, 
20  p.,  4  pi. 

—  On  the  so-called  Spongia  Paradoxida  S.  Woodward  fromthe 
Red  and  white  Cbalk  or  Hunstanton,  in-8-,  6  p..  1884  (Extr.  id). 

—  On  the  precambrian  Rocks  of  Bangor,  in-8",  12  p.,  4879, 
(Ext.  id.). 

—  On  the  silurian  Grits  of  Corwen,  Norlh'W  aies,  in-8%  6  p.,  1877 
(Extr.  id.). 

—  On  Ihe  Geology  of  Anglesey,  13  p.  in-8%  1882  (Extr.  id.). 

—  On  the  Geology  of  Anglesey,  in-8%  4  p.  (Extr.  id.,  1880). 

—  On  some  percbed  Blocks  and  associated  Phenomena,  in-8', 
12p.,  1886  (Extr.  id.). 

—  On  ihe  transport  of  fine  mud  and  vegetable  matter  by  con- 
ferva.  9  p.  in-8'  (Extr.  Cambridge  philosoph  Soc,  1880). 

—  Notes  on  the  Geology  of  the  Vale  of  Clwyd.  in-8%  32  pi.,  8  p. 
(Extr.  Proceed.  Chester  Soc.  of  Nalur.  Science,  18*4). 

—  The  présent  Slate  of  the  Evidence  beariog  upon  the  Question 
of  the  Antiquely  of  Man,  in-8°,  43  p.,  Londres  (Victoria  Inst.,or, 
Phil.  Soc.  of  Great  Brit.j. 

—  On  the  Evidence  of  the  later  Moveroents  of  Elévation  and  De- 
pression  in  the  Brilish  blés,  in-8%  19  p,  (Extr.  id.). 


DONS.   —  DU  4  AVRIL  AU  21    JUIN    1887.  65 

Monaco  et  ses  environs. 

Roquebrune  et  ses  rochers  de  poudingue. 

Menton  et  les  torrents  des  environs  (effets  d'afibuillement),  effets  des  tremble- 
ments de  terre. 

Le  tunnel  de  Raoussé-Iloussé  (Italie). 

Panorama  des  Alpes  maritimes  italiennes  vues  du  sommet  du  Monte-Bellinda. 

Vintimile  et  ses  environs.  —  Cordons  littoraux,  ravinement  des  marnes  num- 
muli tiques.  —  Nummulitique  de  la  Murtola. 

Le  Mont-Blanc. 

Royat  et  le  Puy-de-Dùme.  Couches  basaltiques. 

Montrognon,  près  Clermont-Ferrand. 

Abcl  Girardot  et  M.  Bue  h  in.  Matériaux  pour  la  géologie  du  Jura. 
Découverte  du  gisement  à  végétaux  tertiaires  de  Grusse  (Jura), 
in-8°,  19  p.,  I  pi.  (Extr.  Mém.  Soc.  d'Émui.  du  Jura,  1887). 

Kidston.  On  the  Fructification  of  some  Ferns  from  the  carboni- 
ferous  Formation,  3  pi.,  19  p.  in-4°. 

Kilian  (W.)  et  Andrew  (A.).  Ueber  das  Aiter  des  Melanienkalkes 
und  die  Herkunft  des  Tertiaermeeres  im  Rheinlhal,  in-4°,  11  p.  (Mit- 
theilungen  der  Commission  fur  die  geol.  Landes-Untersuchung  von 
Elsass-Lothringen,  t.  I,  1887). 

Lydekker.  Catalogue  of  the  Remains  of  Pleistoceneandpre-historic 
Vertebrata,  contained  in  the  Geol.  Department  of  the  Indian  Muséum 
Calcutta,  in-8°,  17  p.  Calcutta,  188G. 

—  Id.  of  the  Remains  of  Siwalik  Vertebrata  contained  in  the  in- 
dian Muséum  Calcutta.  II,  Aves,  Reptilia  and  Pisces.,  in-8°,  26  p., 
Calcutta,  1886. 

—  Id.  I  Mammalia,  116  p.,  Calcutta,  1885. 

Munier  Chalmas.  —  Observations  sur  les  actions  métamorphiques 
du  Granité  et  des  filons  de  quartz  aux  environs  de  Morlaix,  4  p. 
(Comptes-rendus  Ac.  des  Se). 

Naumann.  Die  japanische  Inselwelt.  Eine  geographisch-geologis- 
che  Skizze,  in-8%  19  p.,  2  cartes,  Wien,  1887  'Extr.  Mitth.  d.  k.  k. 
Geogr.  Gesellsch,  Wien). 

Nivoit.  Géologie  appliquée  à  l'art  de  l'ingénieur  (Encyclopédie  des 
travaux  publics),  1. 1,  Paris,  1887. 

—  Des  lignites  crétacés  de  la  Provence  et  de  la  Catalogne,  in-8°, 
20  p. y  1886  (Publications  du  journal  le  Génie  civil). 

DT  Muston.  Le  Préhistorique  dans  Je  pays  de  Montbéliard  et  les 
contrées  circonvoisines,  229  p.,  57  pi.,  Montbéliard,  1887. 

D.  Oehlert.  Sur  les  Oscillations  qui  se  sont  produites  pendant  la 
période  primaire  dans  le  bassin  de  Laval,  3  p.  (Comptes  rendus.  Ac. 
des  Se,  1887). 

Oehlert.  Etudes  sur  quelques  fossiles  dévoniens  de  l'Ouest  de  la 

Supplément  au  Bull,  dn  la  6V-.  fpul.  ifr  France,  :v  série,  t.  XV,  u"  7.  *• 


CG 


im  4  avril  Au  21  Jtis  1887. 


France,  in- 8e,  HO  p.,  S  pi.,  Phototypie  {Extr.  Ann.  des  Se.  géol., 
XIX),  1887. 

Pitiet.  Nouvelle  description  géologique  et  paléontologique  de  la 
colline  de  Lémenc  sur  Chambéry.  Chambéry  1886,  in-8*,  10  p.,  et 
Atlas  de  7  pi. 

Pautotc  (.V"  Marie).  Etudes  sur  l'histoire  paléontologique  des  On- 
gulés en  Amérique  et  en  Europe.  I.  Groupe  primitif  de  l'Eocène  in- 
férieur. Moscou,  1887  (Extr.  Bull.  Soc.  imp.  des  Nat.  de  Moscou, 
31  p.,  1  pi. 

Jienevicr.  Itapport  sur  la  marche  du  Musée  géologique  vaudoil  en 
1886,  in-80,  8  p.  (Extr.  Bull.  Soc.  Vaud.  des  Se.  nat.  Lauzanoe,  1887 . 

Ricciardi.  Sull'  allineamento  dei  vulcani  ilaliani  (cou  caria).  Sulle 
Rocce  eruttive  sottomarine,  subaeree  e  sotlomarinee  loro  classifin- 
zione  in  due  Periodi,  sullo  sviluppo  dell'  acido  cloridnco  dell*  ani- 
dride  soiroroza  e  dcl  iodio  dai  Vulcani.  Sul  graduale  passaggio  dellc 
Rocce  acide  aile  Rocce  basiche,  in-8°,  iô  p.  Reggio-Emilia,  1887. 

D'  Saint-Lager.  Le  procès  de  la  Nomenclature  botanique  et  zoolo- 
gique,!Paris,  J.-B.  Baillcrc,  in-8»,  54  p.,  1886. 

Sarrau  d'Allant  (De).  Noie  sur  quelques  plantes  de  la  flore  la- 
custre du  Gard  (Ligurien,  Aquilanien),  in  8°,  là  p.  (Est.  Bull.  Soc. 
d'étude  des  Se.  nat.  de  Nîmes).  Nimes,  1887. 

Slruckman».  Die  Portland-Bildungen  cier  Umgegend  von  Hanuo- 
ver,  in-8",  35  p.,  4  pi.,  1887  (Extr.  Zeitscbr.  d.  deulsch.  geol.  Ge- 
sellsch). 

Thomas.  Sur  la  Découverte  de  nouveau  gisements  de  phosphate  de 
chaux  en  Tunisie,  in-4°,  3  p.  (Extr.  Comptes  rendus  Ac.  des  Se,  mai 
1887). 


DONS.  —  DU  4  AVRIL  AU  Si  JUIN  1887.  67 

Venukoff.  —  Du  soulèvement  des  côtes  sud-ouest  de  la  Finlande,  1034. 

N-  16  (18  avril  1887). 

Soret.  —Sur  le  tremblement  de  terre  du  83  février  1887, 1089. 

St.  Meunier.  —Reproduction  artificielle  du  Spinelle  rose  ou  rubis  balais,  1111. 

K.  Rivière.  —  Sur  une  station   humaine  de  l'âge  de  pierre  découverte  à  Cha- 
villc,  1117. 

N*  17  (25  avril  1887). 

A.  Oppert.  —Sur  le  tremblement  de  terre  dn  23  février   1887.    Discussion  des 
heures  observées  dans  la  zone  épicen traie,  1150. 

N°  18  (2  mai  1887). 

N"  19  (9  mai  1881). 

Daubrée.  —  Notice  sur  les  travaux  de  M.  Studer,  1213. 

A.  Olfret.  —Tremblements  de  terre  du  23  février  1887.  Heures  de  l'arrivée  îles 
secousses  en  dehors  de  l'épicentre,  1238. 

Onimus.  —  Etude  des  effets  d'une  commotion  électrique   ressentie   pendant  le 
tremblement  de  terre  du  23  février,  12 13. 

L.  Lartet.  —  Sur  le  terrain  carbonifère  des  Pyrénées  centrales,  1314. 

Lecornu.  —  Sur  le  terrain  silurien  du  Calvados,  1317. 

Jacquot.  —  Sur    la  constitution   géologique  des  Pyrénées  :  Le  système  cam- 
brien,  1318. 

Ph.  Thomas.  —  Sur  la  découverte  de  nouveaux  gisements  de  phosphate  de  chaux 
en  Tunisie,  1321. 

N*  20  (10  mai  1887). 

N°  21  (23  mai  1887). 

A.  Offret.  —  Tremblement  de  terre  du  23  février  18*7.  ^numération  et  descrip- 
tion sommaire  des  appareils  séismiques  qui  ont  fonctionné,  1416. 

K.  Rivière.  —  De  quelques  bois  fossiles  trouvés  dans  lis  terrains  quaternaires 
du  bassin  parisien,  1382. 

N°  22  (31  mai). 

De  Saporta.  —  Sur  le  Rhizome  fossilifère  du  Ni/inphara  lhunaùi,  Sap.,  1480. 

Le  Chatelier.  —  Sur  la  constitution  des  argiles,  1572. 

Cotteau.  —  Sur  les  genres  éocènes  de  la  famille  des  Brissidées  (Echinidcs  irré- 
guliers), 1432. 

G.  Rolland.  —  Sur  le  régime  des  eaux  artésiennes  de  l'Oued  Hir'  (Sahara  algé- 
rien)* 1334. 

J.  Thoulet.  —  Elude*  expérimentales  sur  l'inclinaison   des   talu^  de  matière*, 
meubles,  1537. 

N*  23  (7  juin  1887). 

N°  24  (13  juin  18S7). 

M.  Bertrand.  — Rôle  des  actions  mécaniques  en  Provence:  explication  de  l'ano- 
malie stratigraphique  du  Reansset,  1735.  • 

Munier-Chalmas.  —  observations  sur  les  actions  métamorphiques  du  Granité 
et  des  filons  de  quartz  aux  environs  de  Morlaix,  173S. 

—  Journal  des  Savants,  mai  1887,  avril  1887. 

—  Ministère  des  travaux  publics.  Direction  des  routes,  de  la  navi- 
gation et  des  mines. 

Statistique  de  l'industrie    minérale  et  dus  appareils  à  vapeur  eu    Fr.uica  et  en 
Algérie  pour  l'année  1883.  Paris.  Imprimerie  Nationale,  18$<>,  iu-r,  2*0  p. 

—  Ministère  de  l'instruction  publique.  Revue  des  travaux  scienti- 
fiques, t  VI,  n"  10,  11,  12;  t.  Vil,  n-  1,  2. 


68  DONS.    —   DU   4   AVIIIL   AU    21    JUIN    1887. 

—  Bulletin  des  liiblioth^qucs  et  dos  Archives.  Année  1886,  n"  3  et 
dernier. 

—  Société  do  Géographie.  Comptes  rendus  des  séances  de  la  Com- 
mission centrale,  1887,  n"  7,  8,  9,  10,  tl. 

—  Société  philomatique  de  Paris.  Bulletin  de  la  — ,  7*  série,  t.  X. 
n°  4  (1885-86)  ;  t.  XI  (1886-87),  n*  1,  2. 

—  Journal  de  Conchyliologie.  —  3"  série,  t.  XXVII,  n"  2. 

—  Société  botanique  de  France.  —  Bulletin  de  la  — ,    t.  XXXIV 
(a*  série,  t.  IX),  1882.  Comptes  rendus  des   séances,   no*   £  et  3.  - 

Bévue  bibliographique.  A. 

—  Club  Alpin  français.  Bulletin  mensuel,  n°  1  (avril  1887)  et  n'  3 
(mai  1887). 

—  Annales  des  mines,  8'  série,  t.  X,  8*  livr.  de  1886. 

—  Matériaux  pour  l'Histoire  primitive  et  naturelle  de  l'homme, 
t.  XXI  (3'  série,  t.  IV,  1887),  février,  mars,  avril,  mai,  juin. 

—  Février.  —  [leiwri'l.  —  Ni'le  sur  la  faune  île  verluhrés  miocènes  de  la  Gti\t. 
Saiiit-Allian  [titre),  W. 

A.  Biurirv.  —  La  (trotta de  Muuigauriier,  53. 
Mai.  —  Collision.  —  Les  ujesdela  pierre  en  Tunisie  (î  |>l.),  171. 
Juin  1SST.  —  AuoutKUiuu.  —  Les  restes  de  l'Ours  des  Cavernes    en  Trau*  Cm- 
euaiu,  ai  j. 

—  Le  Naturaliste,  revue  illustrée  des  sciences  naturelles,  9' année. 
2e  série,  n°-  3,  5,  6,  7. 

X-  3.  limite.  —  ltfplile-  permiens  île  la  lluli^mc,  SU. 

Sl.Mi'iinier.  --  Ruiiiophyliit  Suii,  fusils  iiuiiïfiail.  58. 

N'  7.  Uraiijjer.  —  ICtmle  île  la  Oiiolojiie.  Conseils  aux  déliiilanls,  aj. 

Si.  Meunier.  —  Prétendue  pluie  de  soutire,  81. 


DORS.   —   DU  4  AYRIL  AU  24   JUIN   1887.  69 

Bore  t.  —  Sur.  la  présence  du  Béryl  et  de  l'Erubescite  dans  les  carrières  de  Mi- 
réri,  près  Nantes,  131. 

Michel.  —  Note  sur  la  production  artificielle  de  la  Pyromorphite,  de  la  Mimé- 
tite  et  de  la  Campylite,  133. 

Lacroix.  —  Note  sur  la  composition  pétrographique  des  roches  de  Blekka  et 
Dalane  (Norwège),  152. 

T.  X.  N"  4  (avril  1887).  —  Igelstroem.  —  Jacobsite  de  Jacobsberg,  170. 

Lacroix.  —  Propriétés  optiques  de  l'alunite,  169. 

—  La  Nature. 

15-  année.  N°»  723-733. 

N*  724.  St.  Meunier.  —  Le  tremblement  de  terre  du  23  février,  307. 
N*  726.  Lallemand.  —  L'origine  des  tremblements  de  terre  et  le  système  tétraé- 
d  ri  que,  346. 
Ne727.  V.  Guédon.  —  Sondages  et  forages,  355. 
De  Nadaillac.  —  La  grotte  de  Marsoulas,  359. 
N*729.  Gaudry.  —  Le  petit  Ursus  $pelœusde  Oargas. 
N-  730.  —  Terres  comestibles  de  Java,  413. 
N°  733.  M.  Boule.  —  L'exploitation  des  silex  aux  temps  préhistoriques. 

Amiens.  —  Société  linnéenne  du  Nord  de  la  France.  Bulletin  men- 
suel, n°  176,  février  1887;  n°  177,  mars  1887.  10°  année  (t.  VIII). 

Auxerre.  —  Bulletin  de  la  Société  des  Sciences  physiques  et  na- 
turelles de  l'Yonne.  Année  1886  (XLe  vol.),  3*  série,  t.  XI. 

Cotteau.  —  La  Géologie  au  Congrès  scientifique  de  Nancy,  105. 

Biarritz.  —  Congrès  international  d'hydrologie  et  de  climatologie, 
1"  section,  1886,  1  vol.  in-4°,  606  p.,  Paris,  Doin. 

Renferme  une  série  nombreuse  dénotes  sur  l'hydrologie  scientifique  et  en  outre  : 

Santolli.  —  Notices  géologiques  du  district  du  vallon  des  bains  de  Vinadio,  149. 

Verigo.  —  Structure  géologique  du  terrain  séparant  les  limans  d'Odessa  et  la 
mer  Noire,  159. 

Carrière-Montjozieu.  —  Quelques  observations  géologiques  et  hydrologiques  sur 
la  commune  de  Sylvanès  et  sur  ses  sources  thermales,  169. 

Schrader.  —  Sur  la  direction  des  éléments  de  la  chaîne  des  Pyrénées,  213. 

Oarrigou.  —  Relation  entre  les  sources  thermales  et  les  failles.  Direction  géné- 
rale des  Pyrénées,  211. 

Bone.  —  Académie  d'Hippone.  Bulletin  de  1' — ,  n°  22,  fasc.  1. 
Bordeaux.  —  Journal  d'histoire  naturelle  de  —  et  du  Sud-Ouest. 

M.  Bertrand.  —  Les  chaînes  de  montagnes  de  l'Europe  et  la  formation  du  con- 
tinent européen,  39. 

Bergonier.  —  Une  visite  à  Montpelier-le-Yieux,  41. 

A.  Benoist.  —  Esquisse  géologique  des  terrains  tertiaires  du  Sud-Ouest  de  la 
France  (suite),  44. 

Lyon.  —  Annales  de  la  Société  d'agriculture,  histoire  naturelle  et 
arts  utiles  de  —,  5e  série,  t.  IX,  1886. 

Fontannes.  —  Communication  relative  à  des  indices  pouvant  faire  croire  à  la 
cuntemporanéité  de  VUipparUion  et  du  cheval,  XCIV. 


7(1 


DONS-    —   DU   4   AVBIL    AU   21    JUItl    1887. 


—  Deuils  sur  tes  indications  fournie*,  an  point  de  vue  géologique,  par  le  per- 
cement du  tunnel  de  Collonges,  E,  G,  V. 

—  Découverte  de  fossiles  dans  le  bassin  de  Dipne,  CV1I. 

—  Découverte  d'une  mollasse  fossilifère  dans  le  voisinage  de  la  gare  de  Saint- 
Fons  (Itère).  Aperçu  d'une  élude  de  quelques  cas  de  corrélation  entre  loi  espère ■ 
de  genres  différents  des  couches  à  l'aludincs  de  la  Roumanie,  CXVI,  CXVIII. 

—  Archives  du  Muséum  d'histoire  naturelle  de  — ,  t.  IV. 

F.  Fimlannes.  —  Lea  terrains  tertiaires  et  quaternaires  du  promontoire  de  h 
Croii-Rnusse,  à  Lyon,  3  pi..  Î7. 

Cti.  Déperet.  —  Recherches  sur  lu  accession  des  faunes  de  vertébrés  mio- 
cènes de  la  vallée  du  Rhône,  41,  13  pi. 

Lortet.  —  Note  sur  le  Khizoprio-i  ftoW.nm'jt,  Jourdan,  31'..  I  pi. 

F.  Fonlannes.  —  Faune  ma  lacijl' inique  de*  terrains  néo^nes  île  la  Ronmamf 
i  pi..  3ïi. 

Saint-Ktienne.  —  Société  de  l'Industrie  minérale.  Comptes  rendus 
mensuels,  mai  18S7. 

Alsace-Lorraine.  Mulhouse.  Bulletin  de  la  Société  industrielle 
de  — .  Janvier-mats  1887. 

Allemagne.  Berlin.  Koeniglich  preussische  Akademïe  derWii- 
senschaften  zu  — .  Sitiungsberichte  der  — ,  n"  18  (mars  1887);  1886. 
N"  XLV1,  XLV1II,  1887,  1-XVIII. 

XLVIll.  Websky.  —  Uelier  Caracolil  uoil  Peicylit,  1015. 

Bonn.  —  Naturhistorischer  Vcrein  der  preussichen  itlieinlamle, 
Westfalens  und  des  Negierungs-Ttezirks  Usaabriick.  —  Verliandlutt 
gen  — .  Année  43  (3e  série,  3"  année). 

moitrat  ofilHsus,   v.   Koen,    nus  .1cm  Oherdevo»  bei  Qcri-U- 


DONS.    —   DU  4  AVRIL  AU  SI  JUIN   1887.  71 

Kinkelin.  —  Der  MeeresstDd  von  Waldboackelheim,  135. 

—  Ueber  sehr  junge  Unterkiefcr  von  Ehphas  prinigrnitts  iiml  E  ofricanui 
145. 

—  Abhandlungen  herausgegeben  von  der  — ,  t.  XIV,  n0B  2, 3. 
Gotha.  —  Dr  A.  Petermanns  Mitthcilungen  aus  Justus  Perthes* 

geograpbischer  Anstalt,  t.  XXXIII  (4887),  nos  4-5,  Ërgaenzungsbefte, 
85,  86. 

N°  I.  Th.  Posewiiz.  —  Das  Lateritvorkoramen  in  Bangka,  20. 

N*  II.  Th.  Fischer.  —  Kiistenstudien  aus  Nordafrira,  33. 

N°  IV.  Posewitz.  —  Diegeologisch-montanisclien  Verhaeltnisse  der  Insel  Billiton 
(Blitong),  108,  1  carte. 

N°  V.  Paul  Emmrich.  —  Die  de  Kaap  Gold  Fields  in  Trausvaal,  130. 

Ergacnzungsheft,  n°  86.  R.  Credner.—  Die  Reliktensecn.Kine  physisch-geogra- 
phisclie  Monographie. 

Halle.  —  Verhandlungen  der  Kaiserlichen  Leopoldinisch-Garolinis- 
chen  deutschen  Akademie  der  Naturforscher.  (Nova  acta  Academiae 
caesareae  Leopoldino-Carolinae  Germanicae  naturae  curiosorum), 
t.  XLVIII. 

H.  Engelhardt.  —  Die  Tertiaerflora  des  Jesuitengrabens  tei  Kuudratitz  in  Nord - 
bocraen,  297,  20  pi. 

Hamburg.  —  AbbandluDgen  aus  dem  Gebiete  der  Naturwissen- 

schaften  herausgegeben  vom  Naturwissenschaftlichen  Yerein  in  — , 

t.  IX,  4,  2  (4886). 

N*  2.  Schiïck.  —  Beobachtungen  der  Missweisung,  Inklinatioii  und  Schwiugun- 
gzzoit  der  Magnetnadel  aaf  der  Elbe  und  Nordsee. 

Leipzig.  —  Verein  fur  Erdkunde  zu  — .  Mittheilungen  des  —,  4884, 
4885. 

1884.  Oustbeck.  —  Die  Seen  der  Deutschen  Alpen,  203. 
1883.  Philippson. —  Studien  ueber  Wasserseheiden,  241. 

Stuttgart.  —  Neues  Jabrbuch  fîir  Minéralogie,  Géologie  und  Pa- 
laeontologie,  red.  Bauer,  Dames,  Liebisch.  Année  1887,  t.  I,  2,  3, 
V.  Beilageband,  n°  4. 

1887,  I,  2.  Cathrein.  —  Beitraege  zur  Pétrographie  Tirols,  M7. 

Rœmer.  —  Graptocurcinus  t exanus,  ein  Brachyure  aus  der  oberen  Kreide  von 
Texas,  173. 

Haeusler.  —  Die  Lageninen  der  schweitzerhehon  Jura-un  !  Krei'k'formation, 
2  pi.,  177. 

—  Bemerkungen  uber  tinige  Liasische  Millinlidae,  2  pi.,  190. 

Briefliche  Mittheilungen  der  lien  eu  Muegge,  Nom  Rath,  Klein,  Graeff,  Traut- 
schold,  Ooetz,  Striiver,  Hecht,  Oclisenms  etc. 

I,  3.  Sandberger.  —  Ueber  eiueii  neuen  Pelekypoden  au*  déni  Nassauschcu 
1,'nterdevon,  247. 

Briefl.  Mittheilungen  der  Herrn  Hecht  und  Platton.  V.  Beilage-Band,  n'  1. 

H.  Reusch.  —  Geologische  Beobachugen  in  eiuem  régional  metainorphisirtcn 
Gebietam  Hardangerfj'.>rd  in  Noiwegeu,  «2. 


Bosscha . 
I  pi.,  lia. 
Cohen.  —  Geogi 


DOHS.   —   nu  4  AVB1L  AU  21   JUIN   1887 
Ueber   den  Meteoril  von  Karang-Modjo  oder   Mapetan  aiif  Jin, 

itisch-iietropraphische  Skizzen  aus  Siid-Afrika,  II,  I  pi.,  195. 

Australie.  Melbourne.  The  Gold-fields  of  Victoria.  Reports,  1886. 

Autriche-Hongrie.  Kaiserlicb  koenigliche  geologische  Reich- 
sanslalt.  Verhandlungen  der  —,  1887,  a°'  4-8. 

N*  4.  Becke  und  Suhuster.  —  Gcologischc  Biiobachtungen  im  Altoalerge- 
birge,  110. 

Vacek.  —  Ueber  neue  Funde  von  Mastodon  in  den  Alpen.  iso. 

Uhlij,'.  —  Ueber  das  miocacne  Kohleiifold  von  Matra  Nova'k.  Iî3. 

Von  Camerlaender.  —  Vorlage  von  Mitlheiluugen  Sjugren's  ueber  das  triiiî- 
kaspische  Naphiagebiei,  ix.t. 

Geyer.  —  Quologische  Aufnalimen  in  Oherueslcrrcich,  lï7. 

N*5.  Laube.  —  Notitz  ueber  einc  Bicgung  der  Muskovitgneissua  bei  En- 
den,  133. 

Bzchak.  —  Die  Foraminiferenfauna  des  Oljiïocaeiithoui.'s  von  Nikoltschiti,  iai, 

Palla.  —  Zur  Frage  der  Palmennaitir  der  Ci//wW(>-.t  achnlichen  Reste  de 
Hottinger  Breccie,  13e. 

l'enck.  —  Die  Hottinger  Breccie,  nu. 

Teller.  —  Die  Aequivalenie  der  dunkliin  (Jrlhocercnkalke  des  Kuk  im  Bertidu 
der  Silurbildungen  der  Ostkarawanken,  MB. 

N*  0.  Todesanzeige  ;  F.  Fomannes,  \4'j. 

V.  Foullon.  Ueber  die  Ziisainmcnseimiig  einer  accessorischen  Bestandmi'K 
aus  dem  Piicker  Kieseniic^niaiii,  150. 

Hockauf.  —  Haloirichit  aus  dem  Velimsihale    in  Tirol,  15!. 

Vacek.  —  Ueber  einige  Pachydcrmenreslc  aus  den  Ligniten  von  Ke u lâchât h it 
Kflrnten,  155. 

Uhlig.  —  Ueber  Neocom  voni  Gardenazza  Stock,  158. 

V.  Camerlander.  —  Aus  dem  GraiiiLgebieto  von  Kriedeberg,  137. 

N*  7.    SjOgran.    —    Ueber   die   pelrographische   Beschaffenheit  des  eToplivu 


DONS.   —  DU  4  AYRIL  AU  21  JUIN  1887.  73 

Kôchlin.  —  Ueber  Phosgenit  nnd  ein  mnthmassilich  noues  Minerai  vom  Lau- 
rion,  185. 

—  Berg-und  hiittenmaennisches  Jahrbuch  der  K.  k.  Bergakade- 
mien  zu  Leoben  und  Pribram,  t.  XXXV,  n°  1. 

Belgique.  Bruxelles.  Société  royale  malacologique  de  Belgique. 
Procès  verbaux,  7  août  1886  —  4  décembre. 

Canada.  —  Montréal.  —  The  Ganadian  Record  of  Science,  t.  II, 

n°6. 

Bain.  —  On  a  Permian  Moraine  in  Prince  Edward  Island,  311. 
Matthew.  —  Illustrations  of  the  Fauna  of  the  Saint-John  Group,  337. 
Dawson.  —  Occurence  of  Jade  in  British  Columbia,  36 1. 

Toronto.  —  Ganadian  Institute.  Proceedings  of  the  — ,  3e  série, 
t.  IV,  fasc.  2, 1887. 

Danemark.  Kopenhagen.  (Oversigt  over  det  Kongelige  Danske 
Videnskabernes  Selskabs,  Forhandlinger).  Académie  royale  de  — . 
Bulletin  pour  1886,  n°  3  et  dernier,  1887,  n°  7. 

Mémoires  de  1' — .  Classe  des  Sciences,  t.  IV,  no  3. 

Lund.  —  Àcta  universitatis  lundensis,  t.  XXII,  1885-86. 

Espagne.  Madrid.  Revista  de  los  progresos  de  las  Giencias  exac- 
tas,  fisicas  y  naturales,  t.  XXII,  n°"  1,  2,  3. 

N*  3.  —  Los  ter  remotos  experimentados  en  la  Liguria  y  alla  Italia,  Suiza,  y 
occideute  y  mediodia  de  Francia,  196. 

—  Real  Academia  de  Giencias  exactas  fisicas  y  naturales  de  — , 
t.  XI  (Aves  de  Espana). 

États-Unis.  New- York.  American  Muséum  of  natural  History. 
Annual  Report,  1887-87. 

—  Annals  of  the  — .  Academy  of  Sciences,  t.  III,  n09 11,  12 (sept. 
1886). 

Kunz.  —The  météorite  from  Olorieto  Mountain,  Santa Fé,  New  Mexico  (ô  pi.), 

329. 

Merrell.  —  On  the  Oeology  of  Long  Island,  2  pi.,  341. 

H.  Julien.  On  the  Variation  of  Décomposition  îu  theiron  Pyrites  305. 

—  Transactions  of  the  —,  t.  V  (1885-86),  no*  7-8. 

Boston.  —  American  Academy  of  Arts  and  Sciences,  nouvelle  série, 
t.  XIV  (wole  séries,  t.  XVII),  part.  I,  mai-décembre  1886. 

Cambridge.  —  Bulletin  of  the  Muséum  of  Comparative  Zoôlogy  at 
Harvard  Collège,  t.  XIII,  n°  3. 

—  Memoirs  of  the  American  Academy  of  Arts  and  Sciences.  Gen- 
tennial  volume,  t.  XI,  part.  IV,  n©  5,  Cambridge,  1886. 

New  Haven  Conn.  —  The  American  Journal  of  Science,  3°  série, 
t.  XXXIII  (CXXXIU),  n  •  186-1U8. 

Supplément  au  Bull,  de  la  Soc.  de  tjcol.  de  France,  t.  XV.  n    7.  / 


74 


DORS 


-  nu  A  avril  au  31  juin  1887. 


S*  1M-  Sterenson.  —  The  P.iuln  of  Souiliweet  Virginia,  t«î. 

Dana.  —  On  taconie  Bocks  ami  Siratigr&pby  with  a  geological  Map  of  ihf 
Taconie  Régions,  170. 

Kinahan.—  Irish  E-ker  Drifl,  «ra. 

R.  Hill.  —  Tbc  Topography  and  Gonk^jr  of  the.  Cross  Tinibers  and  surrout- 
diog  régions  in  Norlthern  Texas,  1  rai' te,  1  pi.,  ail. 

Marsh.  —  Appcndix  —  American  jurasse  Mammuls,  3  pi.,  3S7. 

N*  197.  White.  —  In  1er- relation  of  cnnteinporaneous  Fossil  Faunas  an; 
Floras,  334. 

Gralacap.  —  Eozoonal  Roi:k  of  Manhattan  Isl.md,  :i74. 

Slone.  —  Terminal  Moraines,  iit  Maine,  j;s, 

Matthew.  —  Great  Acadian  Paralinitb-n  (<>Un"llus?)  Kjtrulfi,  aoo. 

Dana.  —  Taconie  Rocks  and  Stratigraphy,  wiili  a  geological  Mrip  ni'  Die  Tu-uni. 
Région,  I  pi.,  393. 

N-  iihf.  Dana.  —  Hiatory  of  the  changer  in  tlie  Ml  Loa  craters  on  Jjawu,. 
1  pi.,  433. 

Lawsoo.  —  Oeology  of  (Ne  Ruiuy  Lako  Rciioti  with  remarks  on  the  Classilkï- 
tion  of  the  crystalline  Rocks  wesi  of  Lako  Superior,  473. 

Kunz.  —  Meteorie  Iron  whii-li    fell  near  Oorhin  Creek,  Johnson  County,  Arkir.- 

sas.  Mardi,  17  (11,  \ASS,  I    pi.  494. 

Whitlield.  —  The  Johnur.  Comily,  Arkansas,  and  Allen  County,  Kenlurki, 
Météorites,  500. 

Philadelphie.  —  The  Academy  of  Nalural  Sciences  of  — ,  Procoe- 
dings  of  the  — ,  part.  111  (octobre-décembre  1K8G). 

A.  Heilprin.  —  On  Miocène  fr'osails  from  soutliern  New  Jersey,  îr.l. 
H.  Osborn.  —  OliservalUm?   ujji'ii  ihi'   upper  lria>ic   Main  mal  s,   l'troniallienum 
auJ  Atiriwonadon . 
Gentil.  —  On  an  Uadescfitied  Meteoric  Iron  from  East  Tiuncssee  fi  pi.),  366. 

Sacramento. —  California  Statu  mining  Buriaii-Sixth  Animal  Re- 
port of  the  State  Mineralogist,  3  parties,  1880. 


MM8.   —  DO  4  AVB1L  AU  SI  JUIN   1887.  75 

William  B.  DwighL  —  Diseovery  of  fossiliferous  Potsdam  strata  at  Pongh- 
kreepale  N.  Y.t  204. 

Alexander  Wincheli.  —  Sources  of  treud  and  crustal  surpl usage  in  mountain 
structure,  209. 

John  C.  Branner.  —  Glaciation  of  ihe  Lackawanna  valley,  213. 

of  Minnesota,  S 14. 

N.  H.  Wincheli.  —  Notice  of  Linyuta  and  Paradorides  from  tue  red  quartz  y  tes 

II.  Worthen.  —  The  quaternary  deposits  of  Illinois,  211. 

Frederick  D.  Chester.  —  Results  from  a  study  of  the  gabbros  and  associated 
amphibolites  in  Delaware,  215. 

James  D.  Dana.  —  Lower  Silurian  fossils  in  a  limestonc  of  Emmon's  original 
Taconic,  216. 

L.  K.  Hicks.  —  The  Dakota  group  south  of  the  P'atte  river  in  Nebraska,  217. 

Edward  Orton.  —  The  record  of  the  deep  well  of  the  Cleveland  Rolling  Mill 
Company,  Clevelaud  Ohio,  220. 

Henry  Sliales  Williams.  —  On  the  classification  of  ihe  Upper  Devonian,  222. 

S.  G.  William.  —  Westward  extension  of  rocks  <>f  the  Lower  Heilderberg  pé- 
ri od  in  New  York,  235. 

A.  B.  Chandail. The  occurrence  of  trep  rock  in  eastern  Kentucky,  236. 

George  F.  Kunz.  —  Mineralogical  notes,  240. 

George  F.  Kunz.  —  The  tourmaline  locality  at  Runford.  Oxford  Co... 
Maine,  242. 

George  Kunz.  —  Native  antimony  and  its  associations  at  Prince  William  York 
Co,  New  Brunswick,  237. 

George  F.  Kunz.  —  A  pseudomorph  of  feldspar  after  leneite  (?)  from  Magnet 
Cave  Arkansas,  243. 

George  F.  Kunz.  —  Meteoric  iron  from  Jenny-s  Creek  Wuyue  Co  West 
Va,  246. 

George  F.  Kunz.  —  Notes  on  a  remarkabie  collection  of  rough  diamands,  250. 

G.  K.  Gilbert.  —  Post-glacial  changes  of  level  in  thehasin  of  Lake  Ontario,  259. 

Alexander  Wincheli.  —  The  geulogy  of  Ann  Arbor  Mien.  (Title),  2ô9. 

E.  W.  Claypole.  — The  materials  ol'  the  Appalachians,  259. 

W.  M.  Adams  (Title).  —  The  Corniferous  or  Upper  IleMerberg  group  of  Scott 
county,  lown,  and  Rock  Island,  Illinois,  with  a  list  of  its  fossils,  250. 

A.  S.  Tilfany  (Title).  —  The  Chemung  group  at  Burlington,  Iuwa,  wit  a  list  o 
its  fossils,  259. 

3.V  Meeting. 

Adrets  of  Vice  Président  F.  C.  Chamberiin,  193. 

Alexis  A.Julien.  —  On  the  inetliods  of  testing  building stoues,  by  absorption, 
freezing  and  lire,  213. 

S.  G.  William*.  —  The  Fully  lime.^tone,  its  distribution  its  irrégularités,  is 
rharacter  and  its  life,  213. 

S.  G.  Williams.  —  Note  on  the  lower  Helliderberg  rocks  of  (eyuga  Co,  New 
York,  214. 

S.  G.  William*.  —  A  révision  of  the  Ceyuge  Lake  section  of  the  Devonian,  21  r>. 

R.  P.  Whitfitld.  —  Remarks  on  the  inolluscaii  fos>ils  ol  the  New  Jersey  mari 
lieds,  rontained  in  Vols.  1  and  2  ol  that  palacontology,  and  mi  their  stratigrapM- 
cal  relation*,  215. 

J.  S.  Newberry.  —  On  devonian  and  carbi»niltM-"Us  (Mies,  -ni. 

J.  S.  Newberry.  —  Ou  the  cretaceous  fl'-ra  of  North  America,  216. 


76  ijoks.  —  ne  4  avril  au  31  juin  1887. 

L,  E.  Hicks.  —  Preliminary   geologîeal    map  of  lhai  portion    of  Xebrssk»  eu 
of  ibe  ss  tb.  meridian,  sis. 

—  Tlie  permian  formation  in  Nebraska,  SIC 

L.  T.  Hicks.  —  Somelypictl  wtll-sectioni  in  Nebra»k«,  ïiï. 

L    E.  Hicks.  —  The  Lincoln  satt-Msin,  119. 

E.  TU".  Claypoie.  —  Preliininary  note  on  aome  fosiil  wood  from  the  earbonif:- 
rous  rocks  ol  ùhio,  119. 

Chas.  D.  Walcott.  —  Cambrian  âge  ofthe  roorînp  slate;of  Cran  ville,  Washing- 
ton Co.  N.  Y-,  iîo. 

Julius  Pohlmon  —  The  Niagara  gorge,  fsi, 

R.  S.  Woodwai-ii.  —  On  the  raie  of  récession  ofthe  Niagara  Fait*  at  Shi-»r,  tt 
ihc  rtsulu  ofa  récent  .-uney  ïîî. 

G.  K.  Gilbert.  —  The  place  of  Niagara  Kalls  m  géologie  hislory,  îlï. 

E.  W.  Claypoie.  —  Buflalo  anJ  Chicago,  !Ï4. 

V.  M.  David.  —  Mecbaukal  origiu  of  the  triassic  monoclina!  in  lue  Comp- 
ilent valley,  tu. 

G.  K.  Gilbert.  —  Some  new  genlogic  wrinkles,  Sïî. 

H.  S.  Williams.  —  The  Strophoufitiiiar  :  Aj>ilaentoloc'ica]  studv  t>t  the  m- 
ibod  of  initiation  of  gênera  ami  species,  Si7. 

Eugène  N.  S.  Ringueherg.  —A  trîlobite  track  illustrelinp  ona  made  oî  pr> 
pression  of  the  Trilobites,  Î!S. 

E.  W.  Cl&ypole.  —  The  deep  well  al  Akron.  Uhio,  Bï8. 

Frederick  J.  H.  Merrill.  —  On  some  dynamic  efliets  of  the  lee  sheel,  3ïS. 

Théo  B.  Coinstock.  —  Venis  of  sont  «est  Colorado,  ï«). 

George  Kunz.  —  Remarkablo  occurrence  of  ro.k  cristal  in  the  United  Staie,  tr; 

Wm.  H.  Titl.  —  Kemarkahle  im prenions  in  syenite.  Î3ù. 

John  Dickinïuii.  —  Remarks  on  tbc  n  pelrilied  fores  t  »  of  Arizona.  130. 

Irving  F.  Bishop.  —  On  certain  iiiiiestones  of  Columbia  Co,  N.  V.  aiol  ih«it 
relations  lo  ihe  states  of  ilie  taconic  system  and  (lie  thaïes  of  the  Hudson  rivî: 
group,  ï3i . 

I.  Kosi.  —  Geology  of  FloriJa,  *3i, 

B.  K.  Emerson.  —  Preliminary  noie  on  the  succession  of  Ihe  crystalline  rock* 


DORS.   —  DU  4  AVRIL  AU  21   JUIN   1887.  77 

G.  F.  Wright.  —  (Title).  Some  new  terrestrial  facts  bearing  on  the  date  of  the 
close  of  the  last  glacial  period,  234. 

J.  C.  White.  —  Roudcd  boulder»  at  high  altitudes  aloDg  some  Appalachian 
ri  vers,  «34. 

Trenton.  —  Geological  Survey  of  New  Jersey.  Annual  Report  ot 
the  State  geologist,  fort  the  Year  1886. 

À  topographical  Map  of  the  Vicinity  of  Flemington  ;  Scale  : 

1  mile  to  an  Inch. 

Washington.  —  United  States  geological  Survey.  Minerai  Resour- 
ces of  the  United  States,  Galendar  Year  1885,  in-8°,  1  gros  volume, 
576. 

—  Monographs  of  the  — ,  t.  X,  1886. 

Dinocerata.  A  monograph  of  an  extinct  Orrier  of  giganlic  Mammals  by  0.  Ch  , 
Marsh,  in-4",  23  p.,  56  pi. 

—  Smithsonian  institution.  —  Fourlh  annual  Report  of  the  Bureau 
of  Ethnology  to  the  Secretary  of  the  —,  188-2-83,  by  J.  W.  Povell 
Director. 

Washington.  —  United  States  Geological  Survey.  Bulletin  of 
the  — . 

N*  31  (Scudder,  Insectes  fossiles). 

\«  32  (Minerai  Springs  of  the  United  States). 

Grande-Bretagne.  Londres.  Geological  Society  of  London. 
Abstracts  of  the  — .  Proceedings  of  the  —,  1886-87,  n"K  501-508. 

—  The  geological  Magazine.  —  Nlle  série,  décade  111,  t.  IV,  n01  V-VI 

iNV  275,  276). 

N*  275.  "Wilson.  —  British  Uassic  Gasteropoda,  1  pi.,  H)3. 
G.  Dowker.  —The  Water  supply  of  East  Kent;  its  natural  Springs  and  Deep 
Wells,  202. 
Me  Manon.  —  The  Gneissose  Granité  ufthe  Himalayas,  212. 
Gollins.  —  On  the  Geological  History  of  the  Comish  Serpentinous  Rocks,  2*0. 
N°276.  Marsh.  —  American  jurassic  Mammals,  2  pi.,  241. 
Traquair.  —  Notes  on  Chondrosteus  aripensvroidrs,  Ag.,  248. 
Wilson.  —  British  liassic  Gasteropoda,  258. 
Marr.  —  The  glacial  Deposits  of  Sudhury,  Suftolk,  262. 
Lydekker.  —  OnCheloniafrom  the  Purheck,  Wealden  and  London  Glay,  270. 

—  The  Quarterly  Journal  of  the  —,  t.  XL111,  2,  no  170. 

Smith  Woodward.  —  On  the  Dentition  and  Aftinities  of  Ptj/chodus,  1  pi.,  12] . 

Rupert  Jones.  —  On  Nwnmulites  elegans,  Sow.,  and  other  Knglish  Nummu- 
lites,  l  pi.,  132. 

Duncan.  —  On  the  cretaceous  Echinoidea  of  the  Lower  Narbada  Région,  lîio. 

Lydekker.  —  On  Dinosaurian  Vertébrée  from  the  Cretaceous  of  lndia  and  the 
Isle'of  Wigth. 

—  On  a  Molar  of  a  Pliocène  type  of  Equus  from  Nnbia,  loi. 
Martin.  —On  the  Terraces  of  Rotomahana,  103. 

Hutton.  —  On  the  Eruption  ofMount  Tarairera,  178. 


DOKS. 

-  Ou  Evident 


-    nu   4   AVRIL  AU   21   JUIN   1887. 

of  Ulai.ial  AiliOE  in  the  Cailioniferous    anil  Hawkeibnry 


of  Hird    fvom   [lie  Wealta 
.e   frorn   tlie  H  asti  il  g)  Sali, 


David. 
Séries,  190. 

Whitaker.  —  On  I>eei>  Borinp*  in  Ken 

Sceley.  —  On  OrniMuffoifliM  rluahulu, 
ol  lifijok,  1  pi.,  ïuS. 

—  Un  lfr(Fnwu«/iiii  ra/oVuw*,  a  l'rwait 
1  [il.,  îiî. 

—  On    Pati-ii-nsanrtis    mtnjriiitim,  a   Li/.ard   from   the  Cambridge  fi 
I  pi.,  SIO. 

—  On  Aristosticltus  /lusitlus.  ijiven,  i  (il. .Ml. 

Kolieru.  —  (In  [lie  Com-laiiun  t.fihe  upper  Jurasse  Kouks  .jf  tlie  S 
willi  thune  of  Knglaud,  *«i. 
Uanlner.  —  on  tlie  Luaf-lieil-i  und  'M.ivels  <.f  Ai.lluii,  Cai-saip,  etc., 


i  Ly  C 


■'  I:a 


■■,  S7N. 


—  Proceedin^s  of  ibe  geologist's  Association,  l.  X,  d."  1  (février. 
1881). 

Toplev.  —  On  ihc  Erosion  of  Cousin  uf  lOu-iand  and  Walc*,  t. 
Smith  Wowiwaril.    —  On  «  Luaihi-iy  Turtlci  u,   lîeoi'ut  ami  Kossil.  ami  Ihc: 
Occurreute  in  nrilibli  Koccne  lleposils  î. 
11.  Hick*.  -  On  sume  fariner  Ileseairhcr  in  Uone-Caveâ  in  N'orlli  Walef,  il. 
H.  Carpenter.  -  On  Critmi.is  ami  ÏUastoiiis,  1». 

—  Tbe  Royal  Society.  —  Procecdings  of— ,  t.  XLII,  n".  253-231. 
N-   851.    11.    Oweii.   —    Ou   farts  of   llis     Skelelou    of    Jf-i.,/* ,,(„   plal^f- 


Ne  wi'istlo  ■  u  po  ii  -T  y  i 

ie.  —  ïr 

ttiaiiieal  Knginecn",  t 

PuiiMiice.  -  Roval 

(tcolofti 

.  XI,  i. 

\V.   Bell.  -  Tli<!  |.l 

inclue  U 

Wonh.     -   On    an 

un  m  a  pi 

:    Kl!;;! 


of  Mining  m-.- 
ions   •  f  tlie  -. 


DONS.   —  »U  4  AYRIL  AU  21   JUIN   1888.  79 

Joly.  —  On  a  Pecullarity  in  tbe  Nature  of  the  Impressions  of  OUUiamia  antï- 
qua  and  0.  radiata,  445. 

N°G.  O*  Reilly.  —On  the  antipoJal  Relations  of  the  New  Zea'  and  Earthguak 
District  of  10  th.  Jmie  1886,  with  (v.  p.  7S). 

1880.  With  thamf  Andalucia  of  S5  th.,  décember  1834,  45û. 

Hartley.  —The  Btack  Marblc  of  Kilkenny,  486. 

Kiuahan.  —  Marbles  and  Limesiones,  489. 

Haughton. —  On  the  liassic  Fusils  of  M'Glintock's,  Expédition,  4D7. 

—  The  Scientific  Transactions  of  the  — .  (2°  série,  t.  III,  XI-XUI). 

XII.  J.  W.  Davis.  —  The  fossil  llshes  of  the  Chalk  of  Monnt  Luhanon  in  Syria 
(24  pi.). 

—  Royal  irish  Academy.  — Procecdings  of  the  — .  Science,  série  II, 
t.  IV,  n*1 1-7,  janvier  1884,  janvier  1880. 

Ne  2.  O'Reilly.  —  On  ihe  Directions  «>f  Main  L'.ues  of  jointing,  observable  in  the 
Rocks  about  Dublin,  and  their  Relations  with  adjacent  Ooast  Lines,  and  witli 
Lines  of  faulting  and  Contact  of  geologieal  Formations,  116. 

N*  4.  Kinahan.  —  Metamorphic  Action,  470. 

Sol  las.  —  On  Yctulina  stalactites  and  the  skeleton  of  the  Anomocladina, 
1  pi.,  486. 

—  Cunningham  Memoirs,  nos  II,  III. 

—  Transaction  of  the  —  Science,  n<>*  VT,  VII,  VIII,  XIV,  XV,  XVI, 
XVII,  XIX,  XX,  XXI,  XXII,  XXUI,  XXIV,  XXV. 

XVII.  O'Reilly.  —  Catalogue  of  the  Eartlu|ii;ikes  having  oreurred  in  Gréa 
Britain  and  Irelaud  during  historir.al  Times;  arranged  relatively  to  Localities  and 
Frequeucy  of  Occurence,  to  serve  as  a  Ba^is  for  an  Earthiiuaijue  Map  of  theThree 
Kingdorns,  1  vol    ave.  carte. 

XXII.  —  Alphabetical  Catalogue  of  the  Earilupiiikes  ar  harving  oeourred  in  Eu- 
rope and  adjacent  Countries,  arranged  to  serve  <\*  a  hases  far  an  iïartlu[uake 
Map  of  Europe,  l  vol. 

Indes  Anglaises.  Calcutta.  Palaeontologia  indica. 

Title  Page  and  Contents  of  t.  I. 

Série  XIII.  Salt-Range  Fos<ils  (par  Waagen).  I  Productus-Limestone  Fossils. 
0  Coelenterata (p.  835-9*4,  pi.  XCVII-CXV). 

Série  XII.  The  Fossil  Flora  of  the  Oondwana  Sy>tem,  t.  IV,  p.  S.  The  fossil 
flora  of  soine  of  the  coalfields  in  Western  Beugal  (PI.  I  A-XIV-A,  p.  1-71),  by  O. 
Feistmantel. 

Italie.   Rome.    H.   Academia  dei   Lincei.    Atti  délia  — ,    1887. 
4*  série.  Rendiconti,  t.  III,  fass.  5-8  (mars-mai  (887). 

N' 5.  Seguenzi. —  Ic.alcari  c.»u  Strphanun;'  is  %S/>hti<'rort>vas)  lirnuyniarlii,  Sow., 
prc^oTaormina,  I8i>. 
N*  0.  Segucuza. —  Intornoal  giurassico  medio  presso  Taormiru,   3o9. 

—  II.  Comitato  geologico  d'itaiia,  1887.  Bollettino,  nos  \-2. 

M.izzuoli.  —  Sul  carhonifero  délia  Liguria  occidentale,  l   p!.,  0. 
Lotli.  —  Le  roccic  cruttive  feldspatieho  doi  diiitorni   di  Cainpiglia    marittima 
(Toscana),  l  pi.,  27. 


30  DONS.    —   DU   *   ÀVML  AU   21    JUIN    1887. 

PoriU.  —  I  Cholonli  (juaternari  Je!  Iwciiio  di  Lcffe  i»  Lombardia,  r.o. 
—  Sociela  geologica  ilaliana.  Hollctino  délia  —,  t.  V,  1886. 
T.  V,  n°  3. 

Cavara.    —  Le  Sabbie  maniose  plioceniche  di  Mongarnino  e   i   loro  fmAi. 

I   pi.,  Ï05. 


fra  la   Serivia  c  la  Staffura,  KT. 
?  mi  lu  nelle  argille  pliocenichedti 


:i:0(lrill(i  iroval 


Mariani.  —  Neseriiionedei  terr< 

Cardinali.  —  Sopra  un  inasso  à 
dintornidi  Appignano,  310. 

C.  Fornasini.  —  Sulla  GlamlnUi 

V.  Castracane.  —  I  tripoli  maril 

C.  Fornasini.  —  Varieia  di  Lag< 
ifipnesc  (con  lavota),  350. 

0.  Uiielli.  —  Supra  un  rranio  il 
loti  pie),  355. 

V.  Sacco.  —  Il  piano  Uesstnlam 
una  levola),  363. 

Trouarelli  e  A.  Verri.  —  Notiiia  geologici 
cari  a  di  poiïolana  tiel  lerrilorio  del  bartno  d 

O.  Segucnza.  —  (lil  strati  a  Pvstdomyrt  nt/i 
laorminese  {cou  nna  tavolal,  4t)i. 

Pohlig.  —  Sul  pliocène  di  Maraglia  (Persia; 
siae  délie  Persia,  403. 

—  Sopra  una  monogralia  deglielcfaiili  fossili  délia  Qer 

A.  Verri.  —  Alloue  dellc  forie  nell'  asselto  dello  valli,  . 
tribazionc  dei  fossili  nella  Valdicliiana  c  nell'  Umbria  iiilf 

A.  lssel.  —  Resli  di  un'  aiitropuïde  rînvctiuti  nel  pliocù 

13.  Lotli.  —  dabrc  od  Enfotide?  4B0. 
—  Bibliotheca  nazionale  centrale  Vitlorio  Emraanuele  de  lloma. 
Bollettino,  t.  II,  n°  1  (1887). 
Florence.  —  Biblioteca  naiionale  centrale  di  — .  Bolletino,  1886- 


i  tavola),  337. 

',  343. 

Pecten  hystriJ:  del  Bo- 

Modcnesc   (cou  !  fi- 
ne I  Piemonle  (l'art.;  II,  Gaarene-Torlona  (r*n 

d  analisi  rhi miche  di   roree  ril- 
evere,  395. 
Gras,  nella  sent*  Qiurassioa  Je! 

ugli  défailli  fossili  délia  Cauii- 


e.lel  l'iwl 


.  41J. 


i  appendice  sulla  di>- 
la  set  len  tri  on  a  le,  41J. 
aPietra  Ligure. 


DORS.   -DO  4  AVRIL  AU  21  JUUC   1887.  81 

Tokyo.  —  Journal  of  the  Collège  of  Science  impérial  University 
Japan,  t.  I,  II. 

I.  Seckei  Sekiya.  —  Comparison  of  Earthquake  Diagrams  simultaneously 
obtained  at  the  Same  Station  by  two  Instruments  etc.  (4  pl.)t  o. 

Nouvelle-Zélande.  New  Zealand.  —  Industrial  exhibition 
1885,  Wellington.  —  The  Officiai  Record. 

Norwêge.  Christiania.  Den  Norske  Nordhavs  Expédition  1876- 
1878.  XVII,  Zoology  Alcyonida  ved  D.  C.  Danelssen  (in-folio,  23  pi., 
1  carte). 

Pays-Bas.  Harlem.  Archives  néerlandaises  des  Sciences  exactes 
et  naturelles,  t.  XXI,  n°  4. 

—  Natuurkundige  Verhandelingen  van  de  Hollandsche  Maats- 
chappy  der  Witenschappen,  3,  IV,  n°  4. 

Everts.  —  Nieuwo  naamlijst  van  nederlandische  Schildvleugelige  insecten,  — 
Harlem,  1887. 

Delft.  —  Annales  de  l'École  polytechnique  de  — ,  t.  III,  1887,  n°  1. 

Roumanie.  Jassy.  Société  impériale  des  médecins  et  natura- 
listes de  —,  lre  année,  1887,  d1  3,  4. 

Russie.  Moscou.  Société  impériale  des  naturalistes  de  — . 
Année  1886,  no  3. 

Marie  Paulow.  —  Les  Ammonites  du  Groupe  Olcoslephanut  verskolor, 
t  pi.,  27. 

Saint-Pétersbourg.  —  Académie  impériale  des  Sciences  de  — . 
Mémoires.  7e  série,  t.  XXVI,  noi  7-43  et  dernier. 

Bulletin  deT-,  t.  XXXI,  n»  3. 

Tiflis.  —  Matériaux  pour  la  géologie  du  Caucase,  4re  série,  1  vol., 
162  p.,  cartes  et  pi. 

Suisse.  Lausanne.  Société  vaudoise  des  Sciences  naturelles, 
3«  série,  t.  XXII,  no  95. 

HaeusLer.  —  Notes  sur  quelques  foraminifères  des  marnes  à  bryozoaires  du 
Valangien  de  Sainte-Croix,  260. 

Neuch&tel.  —  Bulletin  de  la  Société  des  Sciences  de  — ,  t.  XV, 
1880. 

M.  de  Tribolet.  —  Notes  bibliographiques  sur  la  question  glaciaire. 
—  Les  tremblements  de  terre  en  Espagne,  83. 

— Jaccard.   Note  sur  la  source  de  la  Reuss  et  le  bassin  des Tailbères,  60. 
Hinch.  —  Sur  l'éruption  du  Krakatau,  47. 

Supplément  au  Bull,  de  la  Suc.  de  yêol.  dr  France,  t.  XV,  h*  7.  k 


82  DORS.  —  DU  i   avait,  AD  21  «m  1887. 

—  Commission  géologique  suisse.  Carie  géologique  de  U  Saisie, 
feuille  XIII.  Interlakeu,  Sarûen,  Staoi,  par  MM.  KaiiTmanu,  Bal- 
lier  cl  Moescb. 

Suède.  .Stockholm.  Geologiaka  fôreuïagens  i  Stockholm.  Fô- 
rhaudliugar,  t.  IX,  u"  3,  4  (108-109),  mars-avril  1887. 

108.  —  sj.jgren.  —  Aiitwkiiinpar  i  prakiisk  geognoii  IV.  Om  begr«pp«t  maint,  i*6. 

Nordeoslrom.  —  On  aûvandaing  it  dîamarilborrmaikinflr  fur  MalmfyoJipiiften 
underedkninç,  1  pi.,  151. 

BlomstranJ.  —  A  ni  lys  af  cer-och  yllerfosfata  fran  s&dra  Norge,  ett  bidrag  rill 
fragran  im  desfa  mioeraliera  Keniiska  byggciad.  ifll. 

Svedmark.  —  Urographiska  sludier  inom  Roalagen,  I  pi.,  188. 

10».  —  Von  Post,  Hans—  Ylterligare  am  nickeloialm  fyndigheten  vid  Kltlta,  lis 

Nathorsi.  —  En  ny  leori  oin  de  sneoska  Klippbaeckenae  uppkomsl,  Ui. 

Nordsirùm.  —  Om  uUtraedtniogea  af  begreppet  malin,   ïjû. 

Vraog.  —  Fyn'l  ad  svartmalm   med   siarkt    utprttglad  magoeticm  (i  pi.],  Ml 

Broep^er.  —  Forelùbig  mfiddeletse  om  mioeralerne  pade  lydnonke  augîiog 
Hi'feliiisyiniters  grovkormga  gtnge,  MT, 

Jànason.  —  Bidrag  till  Kannedomen  om  varaplastiskaleron  aoTHndbarhet,  fis. 

Reuaeh.  —  Om  svsitmaiisk  indsamling  af  jordskjïelïsiagttageleer  para  den 
ikandinavitfce  bal  y  à,  no. 


Fin  de  la  liste  des  dons  pour  1886-8". 


?L>u  a*  91K  35ta 


Bull.  Soc. GéoL. de  France. 


3*Séne  t.XV.  PI..I. 


PROHAUCCRK    !'■  .h-..i  i\V.,  Vr,.0"'i 


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««-.  N°le  d«  M.  LEON  DRU. 


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ffLuït.  31K  a.  SafmU 


Bull  Soc  Géol.de  France. 


3TSérjB.t.XV.  PL.III 


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7       3      rar,,.nl1^«U,.^,,„      TUS..™,-.™ 


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Bull.Soc.Geol.de  France. 


3eSérie.t.  XV.PL.V. 

(  &*««.2u*l  y^Otr  1887) 


."'Ut*  A-?lfc\  TV  &«tLd 


■  Oôol.is  i'Vancs. 


3'Sêript.XV  FI.. Vil 


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Chemin 


Toula  ir 

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S1.  Chrimtd. 


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I.F.GE.XIIK 


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PENTES    DU    MONT    DORE 


LAC     PAVIN  PUV    MONT 


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ENVIRONS       DU       LA( 


SUC   DE   BAUZOif 


CRATERE  DE  LA  VES 


Spo      nuirte*1      OJ4  -Auxrr^f     titj. 


ENVIRONS     DU      CRATERE 


t       S   S        -loSlgf      et      TOOFÙ0. 


(     L         Laite.    hasrtltÀammf    ti.    oiûrinv. 


*'  cJu*  LWv.Jwr;  n-  Jr.  lAbhe  ,fc-  V£pà>4 


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Z.  de,  U  Jb».  MU.  dm.  J 


NOTE  DE  X.  G 


Carte      géologique 
DU     BASSIN     DE     L'UBAYK 


fiiB&fr   1»  Cinr 


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3!Sér-.o,tXV.  PL. XI 


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l.SocGéoJ  de  France. 


ytott  de-  OW.  <Ç«iMto 


■V  Série.t.XV.  PL..X1 


1-  Sonneratia   Cleon  d'Oi'h. 


Imp  Edouard  Bry,  Paris 


2-Acanthoceras  BigoU.  u.  »ç  .'  W«. 
A«"«">ceras  Miqnetu.  n..*.  Wu«. 


Bull.  Soc.  Céol.  de  France 


3e5êrie.t.XV.  ?ï,.v': 


i  nat  dol  el  bth.  hnp.  Mo 

l._Sonneratia  Dutemplei,  d'0rb.:  sp. 
2..Schloenl>achia  Senequieri.d'Orb.  sç. 
3.-Acunthocera$  Camattei,  4'0t\j.  %^. 
4.. Hoplites  Nolani.n.sp.  Semés. 


ird  Bry,  P-ir;s 


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SUt*  *  t'IU.  <»,< 


Ruil  Soc.Géol  '-e  irance. 


3"Ssns...7.V  PL.X1V. 


-L'kv.li  ,jd  r.at  ^1 


1_2.  /ic'ui:!i&tsra3  Btï-jerom  ,i\  •.^..'àïw.vw. 
5-4-.  Acanihoceras  Buiouv-A...  ii.^-,'^mû«. 


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3e  Séné  t  XV  PL  XV 


!mii    Kdniwri    Brv.  Pant  Haubert  Ht 

IQ     13    Bllgcidlin     bulloidûs.   d'Orb. 


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%cte26,9tlr*  CotUau/. 


Bull.Soo.Geol.de  France 


h.  Imp.B  «quel  tr-i. 

1—3.  Offastei»  Leymeriei ,     Cotteau.. 

4_8.  Clypeolampas  Lesteli,  Gq&o&m. 

9-12.  Cyphosoma  Gpegoivei.Coyte*». 


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BuO.Sk.  CM.  rir  fimtr . 


NOTK    I)K    M.HB 


Coupe  N?l    __dn  sommet,  du  Grand  Ccrv 


Coupe  N?3  ..de    Font aniru  à  la  colline  du  Castellet 


Coupe  ^?b_  _dn  Téléerapuc  delà  Cadière  àlo  Cadièi 


•r/JfitAlw.r.cS,  t-Aitt   it,  l'Epi,.! 


pour  Un  longueur*  rt  pnir  Ici 


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Suff..lrln  .iW.Oêof.de  An» 


ÎTote  de  M?3t. 
CARTE  GÉOLOGIQUE  DES  F. 


kCZl/ftw/vn  JdA 

JlnfifiKiu. —  .._.   1 1?  I \fimuviqtu  suf> 


Extrait  de  la.  Carte  de  1' 
LÉO?. 


S*—*"*'-  ■EST' 


rin*.  ci.it  Wuhnr.RitrAbbUarEfi,  *. 


'r  la  Soc.  <irci.de  Franer  ■ 


ÎTOTR  DE  M?  CH  .VI 


Fio?l_Le*  tranchée»  lie  Scbirmeck  et.  d'Hn'iibach.VUrt  (le  Stçinbarli . 


*-^fc  -<^:-^^^ÈiÊ^^^^M^> 


Fio*.3  _<"oili>e  de  1»  tranchée 


Fiç.5_Couléede  pofphvrc  péu-oailiceux  xuv  les  ralcsm-eK 
carbonifères  de   SclùniK-ck    fCôlrdfstfgnai) 


fe» 


Fiç7_Cmipe.  du  oit*-  caWû 


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ot«r  y..»îrf/w,^.n!-  litbbe  dr  lEpre  i. 


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,Soc.G«il.fcFlOT,:e 


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ill  Soc  Géol.de  France. 


3sSènelXVPL.XXVll. 


PhoWiypie  A  Quinsac.  Paru 


ï_HalitWium  veronense        2_H  Schinzi.       ^?e\smoVW'oM&  "Çotw.^- 
4-^Manatus  austrahs         5_Rhylina    borealis         &_-V*\«»«.  \*MJ»^; 


9ï*uae31B;(JU«ffe. 


Bull.  Soc.Géol  de  France 


3*  Sèrie.t.XV.  l'LXXMïï 

l&«t«.  Du  -30  .lui»   ISS?) 


»'        7'*/,:  ♦  4  V  4     9l"''v  10"" 

6i*/,'      HfVi)       12l«/ii   13(»/i] 


M  BouiÏUtI  »  i  imt  M  «  :  Ih. 


Iinp.  F.douara  ".-y.  Pana. 


Il 


fiUwtffc. 

Bull  Soc  Péol.de  Fn 


3?Sàric.t.Xv.PL  XXX. 
(Sime*  Du  2*7  .îui»  1887) 


M.Rouillard  ad.nat.delet  lith  Imp  Edouard  Bry,  Pans 

Caprina  adversa 


.Bull.  Soc.Geol.de  France. 


3!Serie,t.XV.PLXXXI. 

(  Sia.uet  Ju.  20  .lu.»  III7.  ) 


M  Rouillard  ad  nat  del  et  lith.  Imp  .".douarà  Bry.Paris 

l.Caprina  adversa 2.   Potyccrcùtes  o\jeTO4\&»x ^ràct«*cA 


Hl.ll.Jr  la  Al.Hw/.<6-  fnmr 


CJJITT.  1IE    H 


CARTE   GEOLOGigUL 


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