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BULLETIN
DB LA
SOCIÉTÉ LIÉGEOISE
DE LITTÉRATURB WALLONNE
DEUXIÈME SÉRIE. — TOME 11.
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BULLETIN
DE I.A
SOCIÉTK LIRGEOISK
DE
LITTÉRATURE WALLONNE.
DEUXIEME SÉRIE
TOME II.
LIÈGE
IMPRIMERIE H. VAILLANT-CARMANNE,
Rae SaiDt-Adalbert, S.
1877.
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Philol 42.10
Harvard Oolleffe UlMVf
J.J.LOweU fond
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SOGI16t£ L.I1Ê4S^B01SB
DB
LITTÉRATURE WALLONNE.
CHÂPITRE PRÉLIMINAIRE.
Art. !<"'. Il est constitué à Liège une Société dans le but
d*encourager les productions en Wallon Liégeois; de propager
les bons chants populaires; de conserver sa pureté à notre
antique idiome, d'en fixer autant que possible Torthographe et
les règles, et d'en montrer les rapports avec les autres branches
de la Langue romane.
CHAPITRE II.
Titre et tra'vau:^ de la Aoolété*
Art. 2. La Société prend le titre de Société liégeoise de
littérature ivallofine.
Art. 3. Elle institue un concours annuel de poésie wallonne
entre les poètes du pays de Liège.
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— VI —
Un concours pourra égalem^^nt être établi sur les questions
historiques ou philologiques relatives au wallon.
Art. 4. [i) Le sujet du concours, ses conditions, les récom-
penses k donner aux lauréats, (2) sont déterminés chaque
année par la Société dans le courant du mois de novembre.
La distribution des prix pourra avoir lieu en séance
publique. (3)
Art. 5. La Société réunit les matériaux du dictionnaire et de
la grammaire du wallon liégeois. Elle détermine, autant que
faire se peut, les règles de la versification.
Art. 6. La Société s'assemble de droit au local ordinaire de
ses séances, à six heures du soir, les 15 des mois de janvier,
février, mars, avril, mui, juin, juillet, novembre et décembre.
Dans le cas où ces dates tombent un jour férié, la réunion a
lieu le lendemain. L'assemblée générale est celle du mois de
janvier.
Art 7. La Société s'assemble aussi sur toute convocation du
secrétaire ordonnée par le président. La convocation contient
l'ordre Ju jour.
A la demande de trois membres titulaires, le président doit
faire convoquer la Société.
Art. 8. L'assemblée délibère sur les projets à l'ordre du jour
lorsque cinq membres titulaires sont présents.
(^) Cet arUcle a été modifié comme suit dans la séance du 45 novembre 1870.
Abt. 4. Le sujet du concours, ses conditions, les récompenses qui y sont ii donner
aux lauréats sont déterminés chaque année par la Société dans la séance du 1 8 janvier.
Le dépouillement des pièces envoyées, ainsi que la nomination des jurys, se fera
dans la séance du 15 décembre de la même année.
Enfin les jurys déposeront leurs rapports et feront connaître leurs décisions au
plus tard, autant que possible, dans la séance du iS novembre de l'année suivante.
(*) Toute mention honorable donne droit h une médaille en bronze (Séance du
45 mars 4858).'
Toute personne ayant obtenu une médaille dans un concours de la Société recevra
le Bulletin de l'année correspondante (Séance du 45 février 4859).
(') Cet article a été ainsi modifié, le 15 février 4858, par une décision de la
Société.
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— vil —
En cas d'urgence reconnue par rassemblée, il peut être stalué
sur tout autre objet non prévu à Tordre du jour.
Art. 9. Sur demande de trois membres, le vole a lieu au
scrutin secret.
Toute élection a lieu au scrutin secret.
Art. 10. Toute discussion politique ou religieuse est interdite. *
CHAPITRE III.
Des fbnetlonnalreft et du IBurean.
Art. 11. Les travaux de la Société sont dirigés par un
bureau composé d'un président, d'un vice-président, d'un
secrétaire, d'un bibliothécaire-archiviste et d'un trésorier (').
Art. 13. En cas d'absence du président ou du vice-président,
le membre le plus âgé en remplit provisoirement les fonctions.
Si le secrétaire est absent, le président choisit un des
membres pour le suppléer.
Art. 13. Le président, le vice-président, le secrétaire, le
bibliothécaire-archiviste et le trésorier sont nommés tous les
ans dans la séance du 15 décembre ; ils entrent en fonctions
dans la séance du 15 janvier.
Art. 14. Le président règle l'ordre du jour et dirige les dis-
cussions ; il veille à l'exécution du règlement ; il rend compte
des travaux de l'année écoulée à l'assemblée générale du 15
janvier.
Art.15. Le secrétaire tient le procès-verbal des séances et la
correspondance ; il exécute les décisions de la Société. Il est
dépositaire du sceau.
{*)Les articles il, i 3, i 5 et 16 ont été aiosi modifiés par la Société, le 15 mars
4S66.
Ed outre dans la séance da 1S décembre 1870, il y a été ajouté ceci : Le trésorier
remplit les fonctions de secrétaire-adjoint (décision du i5 avril 1870). 11 est chargé
de la perception des annates, de la dislribution des Bulletins e( autres imprimés de
la Société. Il peut lui être alloué de ce chef une indemnité.
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— VIII —
Art. 16. Le bibliolhécaire-arcbiviste conserve et classe la
bibliothèque et les archives. — Le trésorier opère les recettes,
fait les payements, et en rend compte à la fin de Tannée, le tout
sous la surveillance du président. Chaque année, il sera dressé
un projet de budget pour le nouvel exercice.
CHAPITRE IV.
Des membres de la tt€»ctété.
Art. 17. La Société se compose de membres honoraires, de
titulaires, d'adjoints et de correspondants.
Art. 18. Les membres honoraires sont : A. le bourgmestre
dé la ville de Liège ; B. le président du Conseil provincial ; C.
les personnes qui ont rendu des services éminents à la Société
et à qui cet honneur est décerné par les votes des trois quarts
des membres titulaires présents.
Art. 19. Les membres titulaires de la Société sont au nombre
de trente.
Ils ont seuls voix délibérative et consultative.
Art. 20. Les personnes présentées par trois membres titu-
laires sont inscrites comme membres adjoints. Les présentants
sont responsables du paiement de la cotisation de la première
année due par le membre adjoint qu'ils ont présenté.
Art. 21. Les membres correspondants sont nommés à la
majorité des membres titulaires présents ; ils se tiennent en
relation avec la Société. (*)
Les membres honoraires, adjoints et correspondants ont le
droit d'assister anx séances fixées par le règlement.
Art. 22. Les membres titulaires sont choisis parmi les
membres adjoints à la majorité des votes des membres pré-
sents.
(i) Les membres correspondants ne figureront au tableau que lorsqu'ils auront
accepté ce titre. Ils sont invités à foire don à la Société de leurs publications.
(Séance du 45 février i861.)
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— IX —
Art. 23. Les membres titulaires signent les Statuts avant
d*entrer en fonctions.
ART. 24. La démission donnée par un membre titulaire ou
adjoint ne le libère pas du paiement de la cotisation de l'année
dans le courant de laquelle la démission est donnée.
CHAPITRE V.
Des publication».
Art. 25. La Société fait imprimer :
A. Les pièces couronnées dans les concours et celles non
couronnées qui méritent cette distinction (M.
Ces pièces deviennent sa propriété tant sous le rapport de
l'impression que sous celui de la représentation (*). Tout
manuscrit envoyé au concours est déposé aux archives.
B. Les pièces anciennes dont la rareté et le mérite nécessitent
la conservation.
C. Les pièces adressées à la Société lorsqu'elles en sont
jugées dignes.
Dans toutes ces pièces, le» convenances devront être respec-
tées tant dans le fond que dans la forme.
Art. 26. Le Secrétaire est chargé de remplir les formalités
voulues par la loi pour assurer à la Société la propriété de ses
publications.
Art. 27. Un exemplaire numéroté de toute publication est
de droit remis sans rétribution à chaque membre honoraire,
titulaire et adjoint.
('] L'insertion an Bulletin d'une œuvre quelconque est accompagnée du tirage à
part de 50 exemplaires destinés à Tautenr. (Séance du 1K février i86i.)
(*) Cet article a été ainsi modifié , le if juin 1875, par une décision de la
Société.
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— X —
La Société peut décider l'envoi d'un exemplaire aux corres-
pondants.
Un exemplaire est adressé aux Sociétés qui accordent la
réciprocité, à la bibliothèque royale de Bruxelles et à celle de
rUniversîlé de iiége.
CHAPITRE VI.
Des recettes et de« dépenses.
Art. 28. Les recettes consistent : en cotisations ordinaires
payées par les membres titulaires, fixées à dix francs ; en cotisa-
tions payées par les membres adjoinis, fixées à cinq francs; en
cotisations extraordinaires que la Société s'impose; en dons
volontaires; en subsides éventuels de la Commune, de la Pro-
vince, de l'Etat, et en produit de la vente des exemplaires des
publications livrées au commerce.
Art. 29. Les dépenses ordinaires sont celles pour frais d'ins-
tallation et de bureau; elles sont ordonnées par le bureau.
Art. 30. Les dépenses extraordinaires sont celles qui sont
occasionnées par les publications de la Société et les prix à
décerner aux lauréats des concours. Elles ne peuvent être vo-
tées qu'à la majorité des trois quarts des membres titulaires
présents.
CHAPITRE VIL
De la révision du règlement et de la dissolution de la
Société.
Art. 31. En cas de nécessité reconnue par la majorité des
membres titulaires présents et absents, les Statuts peuvent être
modifiés.
Aucune résolution ne peut être prise à ce sujet qu'après avoir
été discutée dans deux des réunions de droit.
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— XI —
Eq cas de dissolution, laquelle ne peut être décidée qu*à la
majorité des trois quarts des membres titulaires présents et
absents, la bibliothèque, les archives et le sceau de la Société
Sont déposés à la bibliothèque de l'Université de Liège et
deviennent la propriété de la ville ; le solde restant en caisse
est acquis eu tous cas au Bureau de bienraisance de la ville de
Liège.
Liège, le 27 décembre 1856.
Pour copie conforme:
Le Secréiair€y
F. BAILLEUX.
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TABLEAU
DES
MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
ARRÊTÉ LE M DÉCEMBRE 4876.
BUREAU.
OiuxDGAGifAGB (Charles), Président ;
Dbjardin (Joseph), Vice-Présidem ;
iiOUARRÉ (Nicolas), Secrétaire-Trésorier ;
Grandjeah (Mathieu;, Bibliothécaire- Archiviste.
Membres* titulaire».
CoLLiiTB (Viclop), fahricani d'aimes.
Bejabdin (Joseph), notaire.
GfiARDGAGifAGB (Charles), sénateur.
HoGK(Angost6), rentier.
KnscH (Hyacinthe), avocat.
Massbt (Costa ve), ^fiQer.
PiCABB (Adolphe), conseiUer à la Conr d'appel.
Stbchbb (Jean), professeur à rUniversité et à l'Ecole normale.
Thuy (Michel), inspecteur du service des transports au chemin de fer de l'Etat.
Dbsokr (Auguste), avocat.
BuBT (Auguste), avocat.
Bs TmiB (Charles), conseiller à la Cour d'appel.
Delboeuf (Joseph), professeur à l'Université et k l'Ecole normale.
Gbanuban (Mathieu^, bibliothécaire à rUniversité.
DM.A««(Jean-6uiUaaiBe), instituteur communal.
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— XIV —
Gremsom (Camille), àvoc&t.
BfiACOMNtER-DE MACiR (Charles), induatriel.
Falloisb (Alphonse), conseiller ^ la Gonr d'appel.
Lequarré (Nicolas), professeur à l'Athénée royal et à l'Ecole normale.
BoDT (Albin), homme de lettres, à Spa.
Matthieu (Jules), instituteur, à Olne.
DoRY (Isidore), professeur à l'Athénée royal.
NiHON (Adolphe), juge au tribunal de première instance.
Alyui (Auguste), préfet des études honoraire.
RoDMA (Antoine), compositeur-typographe.
Membres honoraires.
Le Gouverneur de la Protirce.
Le Président du Conseil provincial.
Le Bourgmestre de Liège.
BORHANS (J.-H.), professeur émérite k l'Université, membre de l'Académie royale.
Grandgagnage Joseph), premier président honoraire de la Gour d'appel.
Lamate (Joseph), conseiller à la Cour d'appel.
Littré (Emile), membre de l'Institut de France.
Membres correspond^Ants (*)•
Alexandre (A.-J.), professeur à l'Ecole moyenne de Gosselies.
BovY 1 Félix), peintre et homme de lettres, k Bruxelles.
Breden, professeur au Gymnase d'Arnsberg.
Chalon (Renier), membre de l'Académie royale de Belgique, à BraXeHes.
Gravée (H.), homme de lettres, à Paris.
Clbsse (Antoine), homme de lettres, i Mons.
Damoiseau, professeur à l'Athénée royal de Mons.
De Backer (Louis), homme de lettres, à Noord-Peene (France).
De Cbristé (L.), imprimeur, k Douai.
De Coussemaker (E.), président du Comité flamand de France, à Dankerque.
Delgotalle (François), pharmacien, à Visé.
De Noce f Arsène), docteur en droit, à Maimedy.
(*; On croit devoir appeler Tattention de Messieurs les membres correspondiants
sur la noie de l'art. 21 du règlcmonl.
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— XV —
Desbousseacz (A.), chef de bureau à la mairie, à Lille.
GoMzÉ (Coraeil), homme de lettres, à Ver viers.
flYMAHs (Louis*, homme de lettres, à Bruxelles. ' et
Lagrange (Philippe), négociant, k Namur.
Le Pas (Auguste), professeur au Conservatoire royal de Liège, à Jupille.
Lerat (Eugène), teinturier, k Tournai.
MiCHELAiTT (H.), vice -président de la Société des antiquaires de France^ à Paris.
Magnée (Gustave), vérificateur des douanes, à Theux.
Mamsion (Paul), professeur à TUniversité de Gand.
Morel (A.), homme de lettres, à Paris.
Poulet (Nicolas), peintre, à Verviers.
Rehard (M. G.), vicaire, à l'église du Sablon, à Bruxelles.
Renard (Jules), à Paris.
Renier (J.-S.), peintre, ii Verviers.
Scheler (Aug.) bibliothécaire du Roi, à Bruxelles.
ScHUERMANs (H.), conseiller à la Cour d'appel de Liège.
Vam Bbmmel (Eugène), professf^ar à TUniversité de Bruxelles.
Van dbr Elst, président de 1 ôociélé archéologique de Charleroi.
Vermer (Aug.^, docteur en médecine, à Bauraing.
VoN Keller (Âdalbert), professeur à l'Université de Tubingo.
Biembre» ac^olnto.
Aerts (Auguste), notaire.
Albert (Léon), avocat.
Ansiaux, professeur de musique, è Charleville.
Ancion (Dieudonné), fabricant d'armes.
Antoine (P.), peintre, à Herstal.
Antoine (Edouard), comptable.
Attout-Frans, négociant.
Balat (Alphonse), architecte, à Bruxelles^
Batet (Emile), ingénieur, à Bruxelles.
BateT'Mottard Jules), fabricant.
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-j i
— XVI —
.AUFORT (Cëlestin), greffier.
EADJE4N (Eugène), négociant.
Bealjean (François), négociant.
Bf.duwë (César), industriel.
Behr (Frédéric), attaché à la fab. de fer, à Oogrée.
Bellefontàuie (François), négociant,
Beixefroid (Victor), directeur de la Banque liégeoise.
Beltjens (Gustave), conseiller à la Cour d'appel.
RÉRARD (Charles), ancien directeur au département des finances, i Bruxelles.
Bëhahd-Leurquin, négociant.
Bernard (Félix), notaire, à Montegnée.
Bernus (Louise, propriétaire, à Charleroi.
Bebtrand (Francoisj, avocat.
BERTRàND (Oscar), notaire.
Beuret (4uguste), fabricant.
Bu (Lambert-L.), ingénieur.
BiAR (Nicolasj, notaire.
BiDAUT (Georges), à Bruxelles.
BiKA, rentier, à Bruxelles.
Billon-Hartog, négociant.
BiRCK-GoLLETTE, fabricant.
Blomden, ingénieur-directeur des travaux publics de la ville de Liège.
BoDSOif (Mathieu], vicaire.
Boland (Henri), libraire, à Verviers.
Bonhomme (Henri), à Verviers.
BoRGUET (Joseph), entrepreneur.
BoRGUET f Louis), avocat.
BoRGUET (Louis), docteur en médecine.
BoRMANs (AUard), docteur en droit, ingénieur civil.
BoRMANS (Théophile), substitut du Procureur du Roi, à Arlon.
BosERET (Charles), avocat.
BouGARD (Charles), avocat- général.
BuuHY (Jules), industriel.
Bouille (Nicolas), industriel, à Verviers.
Bouille (Olivier), à Verviers.
Bourdon (Jules), échevin.
Bourgeois (Nestor), ingénieur.
BouvT (Alexandre), tanneur.
Braconier (Frédéric, représentant.
Braconier (Léon), industriel.
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— XVII —
Bmaiy, oëgociant.
Breuer (J.-B.), négociant.
Brorne vGeorgGs), avocat.
Brorne (Gustave), fabricant d'armes.
BucKERS (Gérard), industriel.
BosTiR (Oscar , direciearde charbonnage.
Calificb (Pascal), fabricant d'armes.
Caxbresy (Alph.), ingénieur.
Cafitaire (Edouard), président de la Coar du Limbourg, à Maastricht.
Capitaine (Félix , conseiller coromanal.
Carlibr (Cb.-Jos. , tannAor, à Buy.
Carlier ^Florent), rentier, à Visé.
Carmarre iS.), professeur au Conservatoire, à Chaudfontaine.
Carpat (François;, instituteur.
Carez-Ziegler, négociant.
Catalah(E. G.j, professeur à l'Université.
Charofxon J.-T.-P.), professeur k l'Université, membre de l'Académie.
Charles (Prosper), avocat.
Charlier (Eugène), docteur en médecine.
Cbaudoir-Van Melle, fabricant.
Chèvremokt (Henri), ingénieur civil, à Herslal.
Clochereux (Henri), avocat.
Closor (Joseph^ avoca».
Colle (Jos.), avocat, à Fosse.
Collette (Léopold), fabricant d*armes.
Comhaire (Charles), avocat.
CORSTAHT (Erasme), marchand de fer.
CoBBESiER (Henri), ancien vériQcateur dd l'enregistrement.
CoRBUsiBB, industriel.
CoRiR, professeur de musique, it Uerstal.
CORRESSE (Edouard;, négociant, k Aywaille.
CORRESSB (Prosper), avocat.
CoccHR (i.-B.), directeur de la prison cellul'*ire.
ConcLET-llouTOR (F.), rentier.
CouRARO .Emile), directeur de foors à coke.
CRALLE(iLdmond).
Cdoell (Adolphe), avocat.
Damby (Walthèro), photographe.
Dardelir (Camille), inspecteur au chemin de fer de l'Etat, k Embourg.
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• Wlll
D'Andrimont- DEMET, industriel.
D'AifORiuoKT-DE MÉLOTTE, représenlan*.
D'ANDRiHoiiT(Lëoa\ administratear de la Banque nalioDalc.
Dardcnnb (Hyac), avocat.
Daubrbsse (Emile), général-major pensionné, à Mons.
Dadw (Ë/, conseiller k la Cour.
David (Edouard), comptable, à Verviers.
Dawans-Closset (Adrien), fabricant et conseiller provincial.
Dawans-Okban (Jules), fabricant.
Dat£NEUx (Charles), rentier.
Debcfve (P.-A.}, négociant.
De Borman (chev. Cam.), docteur en droit, âSchalkoven.
De Boubers (Adolphe), greffier du canton de Louveignc.
De Bronckart (Emile), ancien représentant, à Bra
De BuGGfiNOVs, rentier.
DcFRECHEux (Charles^, à Ilerstal.
Defuisseau, médecin principal de l'armée.
De Glïhes (comte-, procureur du Roi, à Charleroi.
Dehasse (Auguste), fabricant.
DcHASSE (Félix), fabricant.
Deresëlle (Victor), fabricant, à Thimistcr.
Debin (Ils.
DEJARDi.*t (Adolphe), capitaine du génie.
De la rousselière ^baroo Arthur), secrétaire do légation.
DeLaveleye (Emile), professeur à l'Université.
Delaveux (Eugène), rentier.
Delbooille .IiOuis\ notaire.
Deleval (Edouard), vicaire, à Olne.
DELP.XHY (M.-B.-J.), docteur en médecine, k Gr&ce-Berieur.
Di^LFOSSE (Eugène) ingénieur civil.
Delhassg (Félix , homme do lettres, à Bruxelles.
Delue d (Jules), docteur en médecine.
Deliége-Requilé (Jacques), fabricant.
De LiMBOCRG(Ph.)« propriétaire, k Theux.
De LoozCorswarem (comte Hyp.), sénateur.
De Luesemaks (Charlesl, gouverneur de la Province.
Del vaux, agrégea TUniversilé.
Delvaitx (Louis), avocat.
De Macar (Charles), colonel pensionné.
De Macar (Augustin^ rentier.
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— XIX —
De Macar (Charles), avocat et conseiller proviociaL
De Macar (b^roD Ferdinand), représentant.
De Macar (Julien), directeur de houillère.
Dehany ; Laurent), architecte et conseiller communal.
Dexakï (Kerd.), commissaire de police en cher.
Demant (Perd.), architecte.
De Mélotte (Armand), rentier.
Deneuse, bourgmestre, à Wandre.
Demeuse (Bertrand), secrétaire du bureuu de Bienfaisance.
De Moffaerts 'baron Léonce), rentier.
De Moor (Henri), directeur de la Socidl<5 linière.
Demouluï (Joseph), professeur au collège communal de Uuy.
Denis (Alexandre , fabricant.
De RASQinNET (Ldon), médecin.
D'Erckertel ^Eugène}, juge de paix, a Nandrin.
De Rossius (Charles), industriel.
De Rossius(Fernand), avocat et représentant.
Desart, directeur de houillère, à Herstal.
Desart (Camille), lieutenant d'infanterie.
De Savoie (T.-J), professeur à l'Université.
Deschahps (Arsène^ professeur à l'AIhénée royal.
De Sélys-Longchamps (baron), sénateur.
De Sélts-Fanson (baron Ferd.), rentier, à Beaufays.
De Sélys-Fanson (baron Robert;, consul à Pretoria Jransvaal).
Desoer Oscar), rentier.
Desoer (Emmanuel), substitut du procureur du Roi.
Dessart Jos.), propriétaire, à Herstal.
De Tbedx (Xavier), rentier, à Bruxelles,
De Trier (Léon), homme de lettres.
Detrooz (Auguste^ Juge au tribunal civil.
De Vadx (Adolphe), ingénieur.
De Vaux (Emile), ingénirur, k Bruxelles.
Dewalqdb (Gustave), professeur à TUniversité.
Dewez-Cdaudoir, négociant.
DiGNEFFE (Léonce], rentier.
DiGREFFE (Victor), agent de change.
DisTEXHE (Hubert), graveur.
DoGNÉE Joseph, aîné), avocat.
D'Omalius (Frédéric), juge au tribunal de i^ instance.
DoMMARTi.v (Léon), homme de Icllrcs. à Paris.
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— XX —
DONCKtia-JAMMB (Ch.), membre de la Dëpatation permanente.
DORET (V.), conseiller provincial, à Verviers.
DossiN (Henri), fabricant, à Huy.
DossiN (Jules), négociant.
DODHARD (Charles), conducteur des travaux publics.
Dresse (Jules), rentier, à Chatneux.
Dresse- iNCiON (Olivier), fabricant d'armes.
DaiON (Prosper), professeur k l'Académie.
Drion (Jules), commis greffier à la justice de paii.
Dubois ^François), rentier.
Dubois (François), vicaire, à Verviers.
Dubois (Ernest), conseiller à la Cour.
Dubois (Jean), vicaire, à Verviers.
DuMOiiT (Fëlix), ingénieur.
DuHONT (Eugène), conseiller communal.
Ddmont-Magis, négociant.
Dumoulin (Auguste), fabricant d'armes.
Dupont (Alexandre), employé.
Dupont (Edouard), notaire, à Liège.
Dupont (Emile), avocat et représentant.
Dupont (Ernest), chef de division au Ministère des travaux publics, à Bruxelles
Dupont (Evrard), professeur émérite à rOniversilé.
Dupont (François), ingénieur.
Du VivieR'Sterpin (Louis), libraire.
Elias (Robert), rentier.
ÉLOiN (Félix', ingénieur, à Bruxelles.
Etienne (Etienne), rentier, à Bellaire.
Fabrt (Arnold), conseiller provincial, à Dison.
Falisse-Debqeub, négociant.
Falisse (Victor , professeur à l'Âthénée royal.
Fassin (Victor^ peintre.
Fatn (Joseph), direiue^ir de la Société pour la fabrication du gaz.
Fayn- Receveur, négociant.
Fbstraerts (Auguste ', docteur en médecine.
FETU-DBriZE (J.-F.-A.), industriel.
Fincqeur Ed.), curé de St-Lambert, à Herslal.
FiLOT (H. J.), instituteur.
Flamache, ingénieur principal des mines.
Flechet (Guillaume), sénateur, k Warsage.
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XXI
Flékon (Joachim), bourgmestre, à Bellaire.
Fleurt Joies), professeur à l'Athénde royal de Namur.
Flkussu (Xavier), docteur en médecine.
Flobenville (A.-B.), major honoraire de la garde civique.
FocBOULLE (Joseph), directeur d'école communale.
FONSKT, bourgmestre de St-GiUes, lez Bruxelles.
F0B4SB0R (Georges), secrétaire de légation.
F0S8IOH (N.-J.), docteur en médecine.
FouQUET (Guil.), sous-directeur k TEoole agricole de Gembloux.
FooRY, lieutenant-général honoraire.
Fraigkeux (Louis), industriel.
Frarck (Mathieu), ingénieur civil.
Frahçojs (Hubert), notaire.
Fràrcotte (Victor), industriel.
Frahcotte-Dbprez (Clém.), industriel.
Frakcottb (Victor), étudiant.
Frarkignoulle, greffier, à Liège.
Frédérix (Edmond), industriel.
Frère-Orban (Walthëre), représentant, à Bruxelles.
Frère (Georges), président du tribunal de première instance.
Frère (Walthëre), fils, administrateur de la Banque nationale, h Verviers.
Galard (Georges), négociant.
Galard tLamb.), notaire et conseiller provincial, à Glons.
Gautbt, directeur du musée de l'industrie, à Bruxelles.
GiRARD (Eugène), préfet des études à TAthénée royal.
Geameau (F.^, membre de la Députation permanente.
Gbrraert (Jules), inspecteur honoraire des mines.
Gbvaert, Paul.
Ghate (Lambert), fabricant d'armes.
Gillet (Emile), juge au tribunal de première instance.
GiLLON (A.), professeur à l'Université.
GiLMAN (Alpb.), président du tribunal.
GorriKT, ingénieur.
Gomrâe-Waltbért, industriel.
GoKDA (Henri), entrepreneur.
GoHME directeur de Velaines, près de Uuy.
GoossBNS (Gustave), agent de change, à Bruxelles.
Goret (Léopold), ingénieur.
GoTBiBR J), libraire.
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— XXII ~
Grandfils (Charles-Joseph), comptable.
GfiANDJEAN, Dëgociant.
Graindorge, répétiteur à l'école des mines.
Grégoire (Hyacinthe), président au tribunal de première instance de Huy.
Grégoire (Alph.), notaire, à Dalhem.
Grégoire Mich.), secrétaire communal, à Wandre.
Grosjkan (Henri^, rentier.
Grumsel, tanneur.
Guerrier (Camille), inspecteur des eaux et forêts.
Harets (Alfred), répétiteur à l'Ecole des mines.
Halkin (Aimé), lieutenant colonel d'artillerie.
Halkin (Emile) , major d'artillerie.
Halkin (Jules), sculpteur.
Hahal-Domont (Victor), ingénieur des mines.
Hamal (Benj.), ingénieur des mines.
Hamal (P.-J.), avocat et conseiller provincial.
Hannay (Charles), cordier, à Ans-ei-Glain.
Hanrez (Joseph , ingénieur- mécanicien, à Mirchienne-au-Pont.
Manssens [L,\ avocat et conseiller provincial.
Harzé (Emile), ingénieur.
Hayemal (Henri >, banquier, à Spa.
Henon (Louis), maître de carrière, à Sprimont.
IlER&iANS (L.-J.) juge pensionné.
Heuse (H.-J.), docteur en médecine.
Heuse Lahaye (G.), fabricant, à Olne.
HoCK (Adolphe , fabricant.
HocK (Gér.-Aug.), fils.
HORTMANS, industriel.
HocGET (Adrien), industriel, à Verviers.
Hubert de Pondrome (R.), à Chènée.
Hdberty (Léon), à Malmedy.
Ilias (Henri), professeur pensionné.
Jamar (Léonard), notaire.
Jahar (Emile), représentant.
Jamar (Gustave), fabricant.
Jahar (Armand), Ingénieur.
^^MME • Emile), commissaire d'arrondissement.
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— XXlil —
Jamoullb (Aogaste), notaire à Faime.
Jarsimont, major pensionné, ^ Martinrive (Sprimont}.
Jbnicot (Mbilippe), pharmacien, à Jemeppe.
KcppENRE (F.), ancien président du tribunal de première insianco.
Keppenme (Ch.), notaire.
Kerster-Magis (P.), fabricant.
KUPPER (Ch. Tbéod.>. directeur de fabrique, à Dalhem.
KoPFFERSCBLAEGER (Isidorc), profcsseur à rUnivereiti^.
Labete (Félix), négo ;iant.
Lagardb (Marcelin), professeur à l'Athénée royal de Hasselt.
Lahate (Joseph), directeur de eharbonnago, à Thimister.
LALonx (Adolphe), propriétaire.
Lamarcbc-de Rossids (0.), administrateur de la Banque nationale.
Lamarche-Jamar (Alf.), industriel.
Lambbrct (Charles), géomètre du cadastre, à Aywaille.
Laubbrt, notaire, à Si-Georges.
Lambert (Jot eph), brasseur.
Lambotte (Armand), fabricant-bijoutier.
Lambottb (Jean- Baptiste), à Cologne.
Laoureux, sénateur, ^ Verviers.
Laport (Guil.), fabricant.
Laporte (Léopold), directeur de charbonnage aux Produits (llainaui).
Leboulle (Albert), professeur à l'Athénée royal.
Lecoq (A.)
Leerabrts (J.-M.), fabricant.
Lejeune GoRDiMiiE. négociant.
LejeureStappers, directeur de l'école moycr.no do N;«m(ir.
Lejeure- Vincent, industriel, à Dison.
Lelotte, négociant, à Verviers.
Lemaire, avocat, à Natnur.
Lemille (Joseph), fabricant d'armes.
Lemgnnier (Emile), négociant.
Lequarré (Alphonse), professeur au collège communal, à l.onv.iin.
Leroux (Charles), juge au tribunal.
Le Rot (Alphonse), professeur à l'Université.
Leurquin (Camille), notaire.
LÉvÊQUE (L.), comptable, à Verviers.
Lhoest (Paul), fabricant de papiers peints.
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— XXIV —
Lboist (Emile), conseiller commnaal.
LiBEN (Charités), contrôleur des contributions, à Dînant.
LiBEN (J.-J.-Jos.), intendant militaire pensionné.
LiBE il (Louis), membre de la dëpotation permanente.
LiBOTTE-DossiN, négociant.
LisON (Félix), ingénieur.
LoNAT, directeur des écoles communales, à Dison.
LoviRFOssE (Michel), chef de bureau au bureau de bienfaisance.
Macors (Félix), professeur k l'Université.
Macors (Joseph), professeur à l'Université.
Magis (Max.), fabricant.
Magnery (Em.), meunier, à Seraing.
Malaise, directeur de charbonnage, à Wandre.
Malherbe (Edouard), fabricant d'armes.
Mansion (Émi'e), professeur au collège communal de Huy.
Marcellis (François), fabricant.
Marchot (Emile), négociant.
Maréchal (R.), ingénieur.
Marhal (Epiph.), avocat.
Martirt (Jules).
Martint (Martin), fabricant, à Herstal.
Masset-Hamal, négociant.
Masset (L.), bourgmestre de Herstal et conseiller provincial.
Masset (Oscar) , avocat, à Vielsalm.
Massin (Gust.), sous-directeur de la Société linièrc.
Matelot (Prosper), rentier, à Bruxelles.
Mathelot-Debruge, ingénieur civil.
Méan (Charles), fabricant.
MiCHA (Léonard), ingénieur, ii Maries (Pas-deCalai.s).
HiCHA (Alfred), avocat.
M»ettb-Orban (Victor), rentier.
MissoN (Anatole), négociant.
Mohisse (L.), artiste peintre.
MoNNOTER (Aug.-Jos.), lieutcnant-colouel d'état- major.
MoNMOYER, directeur de charbonnage.
MoREAU, ingénieur, à Louvain.
MoRREN (Edouard), professeur à l'Université.
MoTTARD (Albert), ingénieur civil.
MoTTARD (Gustave), avocat et échevin.
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— XXV ~
MoTTAaD (Jules), oégociant.
MoTTARD (Philippe), brasseur.
MoinoM (Louis), notaire, à Hervé.
Mouron (Dleudonné), avocat et rpprrisêiitant.
MoxHON (Emile), avocat.
MoiHOK (Ernest), notaire.
MuLLER (Clément)» avocat et ancien repr<fsentao(.
Nagsliiagurs (Armand), coosui d'Espagne.
Nagelmaceebs (Albert), banquier.
Nacblmaceers (Edmond), banquier.
Nagelmaceers (Ernesi), banquier.
Nagelmackers (Carlos), ingénieur civil.
NEEf (Jules), bourgmestre de Tilff et conseiller provincial.
Neuville (Joseph), ancien bourgmestre de Liège.
KicoLAi (Léon), industriel à Vervicrs.
NoË (Adolphe), fabricant.
NoiRFALisE (Jules), négociant.
Ntpels (J.-S.-C), professeur ti riniversilé.
Olivier (Henri), négociant, à Verviers.
Orbar (Eugène), industriel.
Orban (Ernest), industriel.
Orbak (Marcel), juge k Verviers.
Orbam (Jules), industriel.
Obbar (Léon), industriel.
Ortmaks-Hauseur, bourgmestre de Verviers.
Ortmars (J.-B.), brasseur.
Pâques (Eugène), artiste vétérinaire, à Verviers.
PAQUES (Érasme), pharmacien.
PAQUES, conducteur des ponts et chaussées» à Aywallle.
Paquot, directeur-gérant de la société du Bleyberg.
Pasquet (Emmanuel), professeur.
Paulis (Adelin), capitaine d'artillerie.
Pece (Léonard), ingénieur.
Peclers (Alexis), comptable.
Pett DE Roses (Jules), représentant à Grunc.
Petv (Léon), avocat et conseiller provincial.
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.gle J
— XXVI -
Philippet (Léon), artiste-peintre.
Pbilippi (Cbarlos).
Phillips (Justin), négociant.
Phillips-Obbah, rentier.
PiKDBCBUF (Théodore), avocat et représenlant, k Jupille.
PiERCOT (Ferdinand), bourgmestre.
PiNSABT (H.-J), ingénieur en chef de la province.
Piblot-Tebwahgnb (Ferdinand), fabricant.
PiRLOT (Léon), fabricant.
Piblot (Edouard), fabricant.
P1BI.0T (Gustave), fabricant.
Piblot (Eugène), rentier.
Piblot (Eugène), fils, rentier.
PiBOTTE, rdceveor de l'Etat, k Uerstal.
PiBsuN HoGGE négociant.
Plumât (Jean-Bapt.), propriétaire.
Plumieb (Alphonse), photographe à Spa.
Polain (Léon), avocat.
PoswiCK (Eugène), rentier.
PoDLET, négociant.
Pbbcdbomiie-Pbbiidhommb, Industriel, k Huy.
Pbost (Henri).
QuotLiic (J.-H.), secrétaire -général du ministère des finances, à Bruxelles.
Raikem (A.-J.), greflQer au tribunal.
Kaskin (Jos.), fabricant.
RASStNFOSse (Armand), négociant.
Raze (A.), ingénieur, k Ougrée.
Rkgnieb, major pensionné.
Remacle, secrétaire communal, à Oinant. .
Remacle (Jacques), fabricant à Saubeid.
REMI (Victor), négociant à Herstal.
Remont (Denis), juge de paix à Esneux.
RÉMONT (J.-E.), architecte consultant de la ville de Liège.
RÉMONT (Joseph), architecte.
RÉMONT (Lucien), ingénieur à Tbeux.
Remt, notaire.
Rbnieb (A.), architecte.
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XWIl —
Rexiea (Henri;, rentier.
RcxETTE (Ldopold), négociant.
Rensos (Antoine), jogo de paix, à Holiogne-aux- Pierres.
Requilé (Franc.), rentier.
Richabd-Laiiarcbe (H.', rentier.
RiGO (H.), chef de bureau au gouvernement provincial.
Rissack-Lahbbbt. marchand- brasseur, il Hcrstal.
Robert-Gbisard, rentier.
ROBEBTI (E.), rentier.
Roberti (D.), rentier.
Roland (Jules), négociant.
Romsdehne-Fbaipont (J.-F.), banquier.
Rose (John), fondeor.
Sache (Gérard}, secrétaire de la Société do gaz.
Sagbhomme, commissaire de Tarrondissement de Verviers.
Salmom (rabbé), vicaire à Slavelot.
Schoorbroodt (J.-G.), conservateur des Archives de l'Etat.
Sbrburieb (Léopold).
Servais, photographe.
Sevbrbyns (L.), imprimeur.
Simoris-Orban (Eugène), statuaire à Bruxelles.
Smits (Alphonse), propriétaire.
Sroeck (Eug.), professeur à l'Athénée royal.
SoETKKANs (Gust.), directeur, à Niederfischbach.
Sopers (Théodore), négociant.
Soubre-Flecbet (Léopold), industriel.
Spiertz (Henri), rentier.
Tabt (Alph.), négociant.
Tabt(0.-J.), banquier.
Taskin (Léopold.), ingénieur, à Jemeppe
Tassbt (Emile), graveur.
Terrt (L.), professeur au Conservatoire.
Thiriard-Sodbre, industriel.
Thirv (V.), professeur à l'Université.
Thornard (André), colonel d'artillerie.
Thorrard, lieutenant-colonel en retraite.
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- XWIIl —
Thomox (Aiiga9te), notaire, à Sprimont.
TiLMAN (Gostave^, rentier, à Bernalmont.
TiMMRRHAifs (Louis), ingëoiour.
ToMBKDB, notaire et conseiller provincial,à Verlaine.
Toussaint (Joseph), vériflcatear des poids et mesures, à àlons.
Tbasenster (Louis), professeur k l'Université.
TfiOisroNTAiNBs (Amold), professeur à l'Uni versitcj.
Tbotllbt (Félix), négociant.
Tbuillet (Franc.;, docteur en médecine.
Vacssen (Hubert), directeur de la Société St- Léonard.
Van dbb Maeseh (Servais), avoué k Verviers.
Vandebstbaeten-Clossbt (Victor), fabricant à Verviers.
Van Schebpenzeel-Tbim (Adolphe), directeur de Valentin Coq, à Hollogne.
Van Zotlen (Léon), ingénieur, à Oogrée.
Vapabt (Léopold), directeur des usines d'Angleur.
Vadst (Théodore), docteur en médecine et professeur à TUoiversité.
Vadst (Jules), docteur en médecine.
Verken (Théophile), professeur au Conservatoire.
ViebseT'Godin, architecte à Huy.
ViNCBE, éditeur, à Verviers.
VioT (Léon), rentier, château de Verdenne, près Marche.
Vivario-Plomdeur (Nicolas), rentier, à Embourg.
VivABio (Nie), fabricant d'armes.
Wanxenne (Pieri'e), négociant, à Verviers.
Warnant (Julien), avocat et représentant.
Wasseige (Adolphe), professeur k rUniversit*^.
Wautebs (Edouard), père, rentier.
Wauters (Edouard), flis, rentier.
WautebsCloes (Hyacinthe), rentier.
Wellens BiAB (E.-F ), ingénieur.
WiLMOTTE, propriétaire, il Anvers.
WiLMABT (Julien), à Verlaine.
WiTTBRT (Andrien, baron), rentier.
Woos, notaire, k Rocour.
Xbibitte-de Befvb, industriel, k Flémalle.
Xboffeb (Léop.), négociant à Verviers.
ZiANE (Emile), avocat.
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— XXIX —
SOCIÉTAIRES liÉCÉDÉS.
Membres titulaires.
Defrccbelx, Nicolas, appariteur à l'Universiti^.
Lesoi!inr, Charles, ancien représentant.
Membres correspondants*
COCNE, Joseph, préfet des études, à Anvers.
LouMTEi, N., chef de division au département des affaires étrangères, à Bruxelles.
IBOFFES, Jean- François, rentier, il Verviers.
Membres adjoints.
issiAUX-RiTTTtN, Emile, banquier.
Banheitx, Léon, propriétaire à Huy.
BUB, Grégoire, ancien notaire.
BfiORRB, Louis, inspecteur général des postas, à Bruxelles.
Capitâinb, Félii, ancien président de la chambre de commerce.
Cablier-Dehet, rentier.
CARMAhRE, J.-G, ancien imprimeur.
Chaumort, Léopold, fabricant d'armes, k Herstal.
Gloes, conseiller honoraire k la Cour d*appel.
Glosset, Mathieu, banquier.
COBEUB, Gustave, mojor d'artillerie de la garde civique.
CoucLET, capitaine pensionné.
Gbemebs, Léopold, à Sclessin.
Dabdespire, fabricant.
Decbamps, major pensionné, à Stembert.
De Kabbibbckers, conseiller provincial.
Defats-Duhorcbau, ancien conseiller p<H>vincial.
Delbouillb, Joseph, banquier.
Delbkid, Louis, docteur en médecine.
De Stocxem, baroa, Léopold, propriétaire à Amay.
D'Otbeppb de bouvette, Albert, conseiller honoraire des mines.
Elias, Nicolas, représentant.
Fbarxicrodllb, Lambert, agent industriel.
Gaede, h., docteur en médecine.
GBARD'Ry, Michel, docteur en médecine.
LAGAS&E,Laurent, fabricmt.
Laloux, Ifieolas, greffier provincial.
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— XXX —
Lambinon, Gustave, ingénieur.
L'boest, Auguste, lienteoaot-coloael d'artillerie.
HissoN, Jules, notaire.
NAGELMACKER8, Jules, agent de la Banque nationale.
PiEDBOBDF, Théodore, industriel à JupiUe.
PROST, Victor, capitaine en retraite.
RcGRiER-PoRCBLET, industriel.
Renier, M., greffier an tribunal de commercr.
Robert-Brabant, L., avocat.
StassE; Alexis, notaire à Esneux.
Umé, Godefroid, architecte.
Wala, François, conseiller k la Gour d'appel.
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CONCOURS SPÉCIAL
insliloé par M. GRANDGA6NAGE . président de la Société liégeoise de liltératare
wallonne, snr les BDVEIRS DE GENIÈVRE (Les Peqaeteax).
RAPPORT DU JURY.
Messieurs,
Chacun connaît les ravages qu'exerce Tabus des
liqueurs alcooliques, surtout dans les classes popu-
laires. Qui de nous n'a été attristé, le dimanche et
surtout le lundi, par la vue de ces hommes ivres, à
Fair hébété, ne sachant plus môme se tenir debout,
abaissés au-dessous de la brute au point que Ton
se demande en les voyant si le naturaliste qui nous
fait descendre du singe ne nous fait pas encore trop
d'honneur? Encore, si cet état n'était que passager;
mais en se répétant il devient l'état habituel.
L'ivrogne commence par devenir &ôm^/, pour nous
servir de l'expression populaire qu'il serait diflficile
de rendre en français ; ensuite, l'appétit se perd,
l'estomac refuse les aliments, et pour soutenir ses
forces, l'ivrogne est obligé d'augmenter la dose de
spiritueux ; il devient pom^ stotimak, injure popu-
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laire qui n'a pas besoin d'explication ; la surexcita-
tion continuelle amène un tremblement nerveux qui
Tempêche souvent de se livrer au travail,quaiid elle
ne le conduit pas jusqu'à la folie appelée delirium
tremenSy et par suite, à une mort prématurée.
Dans rétat d'ivresse la volonté perd l'énergie
nécessaire pour résister aux entraînements des pas-
sions. On a dit que l'oisiveté est la mère de tous les
vices ; on peut dire que l'ivresse est la mère de la plu-
part des crimes et délits qui ont leur dénouement en
Cour d'assises ou au Tribunal correctionnel. Par-
lerons-nous de l'argent dépensé dans les orgies
connues sous le nom de toumêieSy des pertes de jour-
nées qu'elles entraînent alors que la famille meurt
souvent de faim ? Il faudrait un volume pour décrire
les maux de toute nature que l'ivrognerie engendre.
Aussi, partout les amis de l'humanité recherchent-
ils les moyens d'arrêter les progrès de l'ivrognerie.
Les uns préconisent les mesures législatives frappant
d'une peine ceux qui se livrent à ce vice ; les autres
vantent les sociétés de tempérance ; tous sont d'ac-
cord pour reconnaître que le moyen le plus efficace
réside dans l'éducation.
Mais quelle est la meilleure manière de faire
pénétrer dans l'esprit du peuple l'horreur de l'ivro-
gnerie et des suites déplorables qu'elle traîne après
elle ? N'est-ce pas de lui en faire un tableau fidèle,
dans le langage qui lui est familier, en empruntant
la forme du vers qui parle bien plus à l'imagination
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— 3 -
et se grave bien plus facilement dans la mémoire que
la prose ? En un mot, en s'inspirant de ces vers de
Laibntaine :
Je tâche d*y tourner le vice en ridicule
Ne pouvant Tattaquer avec des bras d'Hercule.
C'est cette pensée qui a guidé notre honorable pré-
sident lorsqu'il a institué un concours pour une
satire, une chanson, un dialogue même, enfin une
pièce quelconque pouvant être lue, déclamée ou même
chantée, sur les pèqueteux (buveurs de genièvre),
et nous sommes heureux de constater que cette pen-
sée a été bien comprise par la plupart des concur-
rents. Nous aurons du reste, dans la suite de ce rap-
port, plus d'une occasion de signaler la portée
morale des œuvres soumises à notre appréciation.
Six pièces ont été adressées à la Société.
La pièce n^ 1 est intitulée li Pèqueteu, satire: elle a
pour devise : les liqueurs alcooliques ont plus détruit
le genre humain que le canon. Elle est écrite en
wallon de Verviers ; elle se compose de quinze
strophes de six vers et d'une dernière strophe de
neuf vers. L'intention de l'auteur est excellente ; il
cherche à dégoûter du genièvre en taisant une pein-
ture fort repoussante de l'ivrogne; malheureusement
l'exécution n'a pas répondu à l'intention ; le portrait
est pâle, monotone ; il n'y pas assez de suite dans
les idées ; deux strophes font exception, ce sont les
X1I« et \\\V :
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— 4 —
Outf les chagrins et pônes, a co les nialadeies
Qui sorvinet â ci q'est eût par lu l)oisson ;
Il d'vint sot ( * ), i lanwih', il sow' comm* on crelon ;
D*asticott* et d'mehins, totf su veic est rêplaie ;
Si (luvan Ttimp è va, pôv* a stu sMkauraie :
Lu pequet a fait dUaiw' de s'bai rog' bollanl song ;
Les efants sont cbaipiou, maubaiti, miseraube,
Sais foiss et maulardûle; is paîaient po Fcoupaube !
Les pècbis des parents so les fils ruspiitaienl ;
Leu tournècbe à brébaude, c'esst' au père qu*eir divaient ;
Is n* valaient rin tôt jônes, et vis rin d'bln valaube :
S, RailLem, au lolau, c'est là qui finihaienl!
A la suite de cette satire, l'auteur nous a donné
une petite rawette de 18 vers qui vaut à elle seule
plus que la pièce principale; elle est intitulée les
deux planquets (compagnons d'atelier); elle est
délicatement traitée, très-morale,et nous ne pouvons
résister au plaisir de la citer en entier.
LES DEUX PLANQUETS.
Le temps est de l'argent.
(L'avieacr.)
CONTE.
Deux planquets après leu journaie^
Es n*ès ralli d*on pas vigreux ;
Onk respoirtev' à su c^pagnaie,
( * ; Le dcliriuro tremenft.
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L'prix d'ses souweurs, d'on air Joyeux.
L'auf alla beur es n'onn* tavienne,
Çou qu'aveut mcssaub' è s*mahon ;
Enn* es ralla la (axb* foirt tenne.
Et su d\it passer di magnhon.
I k'tappa, spla su manège,
l/aut* doirma comm' on binhureux (*).
Noss' famussette rouvia Fovrège,
Lî suti s'waurda n'pomm po Tseu.
Burter seret todi sottraie,
C'est' allouer s'timps à maul vau :
Ji vickreu même Tâge d*on coirbau.
Qui ji repeltreu toit mu vaie :
Spargni deux censs' minet à meie.
C'est Tdi'eut* v6ie po divni richaud.
La pièce n** 2 a été écartée comme ne remplissant
pas le but du concours.
Le n^ 3, Ine copène so les pekteus, avec la devise :
Un cabaret est un lieu où Ton vend la folie par bouteille,
est aussi une satire contre les ivrognes, mais beau-
coup mieux réussie que la première ; l'auteur fait
une peinture saisissante de Tivrogne et des suites de
l'ivrognerie; le langage est du bon wallon ; les rimes
sont assez soignées.
Le jury propose de décerner une récompense à
l'auteur de ce travail et d'ordonner l'insertion de la
pièce au Bulletin de la Société liégeoise de littérature
tvallonne. C'est pourquoi nous n'en donnerons pas
des extraits.
( * ) Varia te : s'plaoquet magna comme od sôieu.
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— 6 —
La perle du concours esl sans contredit la pièce
n"» 4 avec la devise :
Rin des feumes avou raison d'hel
Qui n*pout-on co remonter Vpeke\.
Elle a pour titre : Les buveus d'pèket.
L'entrée en matière est heureuse. La peinture des
jeunes apprentis d'aujourd'hui
qui n'ont nin tos leus dints
QuMs y béret l'broule-gueuie et qu'ont Tmèseure es Tmain,
n'est malheureusement que trop vraie ; elle est de
nature à faire réfléchir les parents et à les engager à
exercer une surveillance incessante sur leurs enfants
afin qu'ils ne prennent pas dès leur jeune âge des
habitudes qui nuisent à leur développement physique
et intellectuel. Une telle éducation ne peut produire
que des ivrognes et par suite des mauvais maris :
A l'âge wiss' qui s'mariel, li pieu n'est qu'trop bin pris,
Li pauv' feum d'ine solêie n'est wère est paradis.
Suit une peinture très-énergique des tourments
qu'endure la femme de l'ouvrier adonné à l'ivrogne-
rie. La vie de l'ivrogne décrite par l'auteur est un
tableau pris sur le vif. Il faudrait en citer presque
tous les vers.
La fibre sensible que l'on fait si rarement vibrer
dans notre wallon n'y est pas négligée, témoin les
vers que l'auteur met dans la bouche de la femme de
rivrogne :
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— 7 --
Qoi rattind totf péneuse ei comptant so ses deugts,
Li cour gros de veyi ses èfanis tronner dïreud.
Is sont loi d'hâs turtos, leus hârds sont rapèceteies,
Li chamb' est disgârneie. ifest Tmisére âtou d'ieie :
Eir ritûs' à s*j6nes8e, à timps qu*elle aveut bon,
Eir si rVeut bin flocbtaie, avou sVoslant visège,
Kwand i li prometlév* li bonheur es manège.
Queir diffërince asleur ! Vocial pôr in èfant
Qa*afaim, qui demande in' tâie, es n'a-t-elie nia dé pan !
Eile luuk di Fèdoirmi, toi fant qu'eir piett' li liesse,
Et s'difène à plorer lot Tbapant d'vin ses bresses ?...
Que deviendront les enfants de Tivrogne ?
Ils tournel sovint ma qwan i div'net pus grands,
Et comnae on ne récolte que ce que l'on a semé :
I n'ont d'keur di leu père, qui vAie âx incurâbes,
Ou bin qui vâie bruber, lot halcross, toi minâbe ;
S*i mourt on dit co d1u kwand on Trimette à pont :
Li pëkel rabah'ret, c'est' in'soleiedi mon !...
Vous le voyez ; la description de la vie du buveur
est complète, il ny manque pas même Toraison
funèbre. Mais Fauteur n'a pas voulu nous laisser sous
cette impression désagréable. Il a ajouté un petit
épilogue plein de fraîcheur qui couronne dignement
cette pièce II va dormir, mais
D'avance air copetl' d'ell' monlaie
C'est mi p'titl Tonelt' qui j'irouvret,
Ëir mi va bâhi, Fbinamaie,
Paç' qui ]i n'odret nin l'pèlcet.
Le jury propose de donner le prix à cette œuvre.
La moisson est maintenant terminée, il ne nous
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-- 8 -
reste plus qu'à glaner dans les autres pièces où nous
trouverons encore quelques bons grains à recueillir.
La pièce n'^ o, écrite en wallon de Hervé, est une
chanson, forme extrêmement favorable à la propa-
gation des idées saines dans le peuple; malheureuse-
ment la pièce est assez faible : l'auteur ne connaît
pas les règles de la versification ; l'esprit qui règne
dans cette composition est excellent, mais la rime ne
s'accorde pas toujours avec la raison, défaut capital
surtout lorsqu'on le rencontre dans le refrain, ce
qui est trop souvent le cas ici. Ce qu'il y a de meil-
leur dans cette chanson ce sont les quatre premiers
vers qui contiennent une grande vérité :
Maudit pèquel ! ku les femmes sont à plainte
Avou des hommes qui n'ont nin rferroeté
Dl beurre on verre, sinjustumin è printe
Jusqu'à dzeu riiess« divan d'ennès ralié.
Prendre un petit verre pour se réconforter n'a en
eflPet rien de bien répréhensible en soi ; mais là est
le danger de l'usage des boissons alcooliques; on
prend un petit verre, par occasion ; on en prend un
second, puis un troisième, souvent sans y faire trop
attention, et de potit verre en petit verre on arrive à
l'état d'ivresse, sans s'en douter ; puis on recherche
l'occasion ; de là, à l'habitude, il n'y a qu'un pas :
c'est ce qui a fait dire à un hygiéniste célèbre,
que la modération même n'est pas toujours sans
danger ; elle est la pente qui entraîne de la satisfac-
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tien du besoin dans l'abus et de l'abus dans l'excès.
Aussi, disait un sage, il m'a toujours paru plus facile
de renoncer tout à fait que de se modérer C'est le
parti vigoureux que doit prendre tout homme qui
ne se sent pas capable de résister à ce fatal entraî-
nement.
Mais assez de morale, passons à l'examen de la
dernière pièce. C'est encore une satire de 38o vers
contre le genièvre, avec la devise : Ab uno disce
amnes. Tout n'est pas à rejeter dans cette pièce qui
a le défaut d'être trop longue. L'auteur décrit les
anciens cafés où l'on buvait le vieux genièvre qui
perlait dans le verre, où il n'était pas permis de
demeurer plus tard que l'heure réglementaire ; il
les compare aux cafés brillants de nos jours où l'on
ne vend que des liqueurs frelatées. Il s'élève contre
la falsification du genièvre qu'il attribue aux nom-
breux impôts qui le frappent, ce qui n'empêche
pas les cabaretiers de s'enrichir. Il rencontre
quelquefois une bonne observation, par exemple
celle-ci :
Pauv' peup ! ah qui fes biesse !
Ti t'oûveur à souwé po chaqu' chivet di i*tiesse,
Ma couki, ma logi, respouné dMn des (rôs ;
Li frûf di tes souweurs ti sieve a Tfé don sô !
Et celle-ci contre l'absence de toute vérification
de cette boisson :
Li leçai on V visite
Et si gnia d' laiw*i avou, ell' corotte on l' sipitte,
Mais visiter I* peliel ci serue fé n*riraie.
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~ iO ~
Nous disions plus haut qu'il est plus facile de
s'abstenir tout à fait que de se modérer : l'auteur
nous le prouve dans les vers suivants :
Eximp* cila qui passe et qu' m*a disfait s'calotte ;
Jamâie, à grand jainâie, il n*avait bu n* seul* gotte;
s* manège estent cité comm* onk des pus hureux,
Si feume et ses èfants avi l'air lot vigreux.
Mais dvîns les ateliers on gâte si vite in* homme I
J*les pou r*fflett* au banstai wiss* qui gn*a n* fauVak* pomme;
Tôt* les autr* pourihaient. On Jou on V fat goster
Li liqueur de pays. V1a qui k*mince à pekter.
Li semdi comme in* trute è s' mohonne i riv*néve,
Li dlmëgne est moirt-tve et V londi rattaquéve.
Coula continua pindant on grand longiimps;
Li joie et li bonheur, Tovrèg* et 1* conlint*min,
Tôt s*sauva de manège; accora V maladeie,
Qui t* plaqua so s* paiasse et li iH surmint veie
Les pechis qu*aveu fait, ka qwand fonri r*weri,
I leia là 1* pequet ; main s* pôv* coir a soffri.
Ci rrest pu 11 même homme, il est todi halcrosse,
A pône i wagne assez po poleur magni n*crosse.
L'auteur nous conduit ensuite au tribunal correc-
tionnel où il nous montre que les trois quarts des
prévenus sont amenés là par le genièvre.
A r chamb* correctionnelle
Nos iran veie in* case et c*est to d* maim* ii quelle,
Tôt* eir si ravisaient; il y fait todi plein,
On bout*, on veut Feximp* et on n* si corrège nin :
Loin de là, on sort condamné du tribunal
Et po rompi 1* chagrin, il irèt V long der voie,
Avou tôt les temons riprind* on po deF Joie.
Toi buvant çou qu' lu même il a traiti d* poison.
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- n --
Et c'est bin.oa poison... |âsez à «os méilViBs
I ▼'racontront^mm ml qui i*peiiet «'est nin sain.
Qui cVst k cas* di lu qai l*liospita d' Barire
Si troav* eco trop p*tlt, avou i*ci d*el Volire.
Reckhelm plein Jasqu*à mak, et les trôs d^RoMoniont
Qol r'dohet des paav* coirs broutés Juaqi^ax pouaioiis.
Lauteur finit par l'énumération redoutable de
tontes les occasions dans lesquelles l'homme est
entraîné à boire et qui lui font prendre petit à petit
la funeste habitude de s'enivrer.
Li tentatiOD est là, on rveui, main on y tomme :
Li feum* et les ef^nts buvaient tos corom* In* borome.
LI mode el Thabltude ont meltou leu cachet.
Doleur, plaisir ou iàle, il faut beur* de pequet.
Allév* à Tmaison d*veie annoncer qui vos ieume
Vint du V* dîner n*éian( qu*on inscrit d*on cô d'plenme,
liaie ! il faut beure on dmeie ; on est fir d*ess* papa,
Po r*çur les compliments on rott à tos p tits pas,
On home in* meseur cial, ko pu Ion on r*paie eune,
Et on r*vint es mohonne avou Tmitan d*in* prenne.
L*baptëtne est Toccasion de régaler rpârain^
llalhoonêie on sereu di n* li présinter rin ;
Li bottele est so Ttâve ; après qu*on a bu n*lasse,
On r*bom k pequet tantqu*on ridvin co makasse.
il se bin qu* 11 p'tit.peupe à s*mariège ni.s^reo
Fé rôler Tvin d*champagne et fé comm* 11 borgeu.
Mais çou qui m' fait del pône, et çou qui m*po1(e à Tâme,
C*est qu*on beu.dè peket telmint qu*on s*ènn ô partie.
Puis 9près Tmess* di moirt, après les eter*mints,
C*est par seyai qu*i court po noî les tourmints.
Ni rouvian nin, non plus, les processions, les fiesses.
Qui, sin savu Traison, fet tourner toi* les tiesses.
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On s'afflôie on jou d*van po bien (lester Tbon Diu ;
1 j semdi c*e.st n'musique à bouhi tôt l'inond' ju ;
1 fàt aller oi, puis to-z-oïant fôt beurre.
Li dimègn' on fait pé ; tant qui Tprocession deure,
On court les cabarets, tos les bacs ridohaient.
Que plaisir ! queir beir liesse ! et c'est çou qui s'di hâtent
Les cis qu* veiaient coula. Vès Tarnutte on rikmince ;
Londi, mardi, judi, tant qu'on a de Psimince,
On s* sole à crâs pequet. V'veyez des crâmignons
Qui fait honte à Tpatreie et leuz hisdeux k'pagnons
Dibraillés, kissechi, souwant Tpequet, font Tmowe,
Pinsèt s*diner del Joie avou Tboisson qui towe.
Malgré les beaux passages que nous venons de
signaler, le jury n'a pas cru devoir accorder une
distinction pour cette pièce. Le sujet est trop délayé ;
la lecture en est fatigante. Les vers sont assez cou-
lants ; la rime généralement bonne ; mais on peut y
reprendre des tournures de phrases peu liégeoises et
beaucoup de mots français wallonnisés.
CONCLUSIONS.
Le jury propose de décerner le premier prix à la
pièce n** 4 intitulée : le^s Buveiix d'pèket.
11 exprime le désir d'être autorisé à accorder un
second prix à la pièce n" 3 : Ine copène contre les
pèkteux, et une mention honorable à la pièce inti-
tulée Ine Rawette que nous avons citée dans le cours
de ce rapport.
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— ^:^ -
La Société ayant entendu la lecture du présent
rapport dans la séance du 15 avril 1875, M. le Prési-
dent a déclaré acquiescer au vœu du jury en accor-
dant deux prix supplémentaires.
Les billets cachetés ayant alors été ouverts, le pre-
mier prix, une médaille en or de cent francs, a été
décerné à M. Alexis Péclers ; le second prix, une
médaille en vermeil de cinquante francs, à M.
Delarge ; et une médaille en bronze avec mention
honorable a été accordée à M. Poulet.
Ces pièces seront insérées au Bulletin de la
Société.
Le Jury :
Dejardin,
NlHON,
Falloise, rapporteur.
Liège, 15 avril 1875.
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LES BUVEUS DTEKET.
fktL
Biû des feones avon raison d'het
Qoi n'poui-OQ co r'monler Tpèkel {
Ji n'aime niii de ramier ni de fer des râchâs,
Ji hés même les glawëne odtaùt qui les mouriâ3,
Les précheûs 'm'ëdoirmet, j*ë même pus di corège
Po fer quéke lonke euraîe qui p6 liouter Tmessège
D'on bablam* di bftrbi, qui v'kimah so Tmoumint
Li jalaie, li ch!r timps, Tosté, rgouvernëmint,
Li galant da Maianne et Tbastà da Bajène
Avou les côps-fôî*és qui k'nohret dèl wèsène,
Et qui v*diret li r'mède qui tki po voss dognon,
Toi faiu qui foll* dissus tôt v*koibant so Tminton.
Mais po ramter mi-mêtne, ji m'sins crèhe ine èhowe
Et ji n'pous clore mi jaîve, kwand j'veus toi fêr' noss row^ ^^ .
Trop streute po les solaie, di pëket qui r*dohel
Et qui bouh'rit lot jus par lés madame qui fet !...
In* apprindisse, di m'timps, qu'âreut commettou hâte ^
De voleur beure H gotte, aveut Taffroni d*ine t&te ;
Po rjou d'oûie, es leùs jaive is n'ont nin tos leus dints
Qu'is y hèret Tbroule-gueuie et qu'ont l'mèseure es rôiiain,
Et po fer l'homme tot-oute, es leus mâssis messège
Li nom de bon Diu craque avou l'diale qui vs'ai ège !
C'est ainsi qui tôt j^i^Aa^sôlaie is tournet;
Ax scole, âx conféfince. on n'donne nin de pèket,
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C'est bin sûr po coula qu'ine pârteie del jônnesse
Dimeure bin' en èri, po n*nin dire qui d'meure blesse !
Vos les r'irovez pus lard â jeu d'beie qui jowet,
Ou bin de colèber 11 gosse els y vairel,
Adon li pèket rôle à clapantès tournâtes,
Mode, qu'es noss pays d'Lfge a fait tant des sôlaies ;
A Tàge wiss qui s'mariet, li pieu n'est qu'lrop bin pris,
Li pauve feume d'ine sôlaie n'est wère es paradis:
Ax jamas, comme à rfiesse et comme tos les dimëgnes
Qu'elle ratiuse es l'couleie les côps d'gueuie et les hègnes;
S'elle moiihe on pô trop' c'est les bielle qui danset
Et l'amour h côps d'pogne qui vint Toû de pèket,
Kwand s'bai mâie est moirt-îve, i fat, sins r'mette si cotte,
Avou l'cour quihaussih, qu'elle li sèche co ses bottes.
L'â-matin de loiidi, noss-t-homme qu'a ma ses ch'vets,
Sins gosse et d'mâle houmeur vès l'ovrège si rindret,
Et so i'sôrt di Tovrî lot s'mâgrîant limpesse,
I fôt qu'i home èco sakwants poïèche del biesse;
Ascoh'reut-i bin ouïe d'on bâche sins y moussî?
I trouve Jâcque et Jeaunesse, on houk Pierre et Mathi,
On k'jâse si maisse ou s'feume tôt vudant des mèseùres
Et tôt rouviant l'ovrège on lait gotterjles heures;
Comme on a bon d'ès naw,^on d'vairet pus joïeux,
Fré Jâcque ou Tré Jeannesse chante on mâssi respleu,
I fât heure à s'santé, todi tôt s'fant del fiesse,
Mais s'i s'trouve es hopai qu'onk ou Faute seule cagnesse,
Çou qui li graw es l'âme vint foû lot divnant sô,
I prétind qu'on Tcouyonne, qu'on l'a traitî d'bâbô
Ou qu'il a pâyi trop'; c'est' adon qu'on s'apogne
Toi s'traiianl d'halcotis, di fax chins, di charogne,
El les chérs camèrâdes finihet par rôler
A milan del corotte quèrant à s'sitronner;
Si court sâro, qui l'feume a r'bouwé l'jou di d'vant
Esta brébâde, Il reste, on Tcomprind, n'est nin blanc;
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Is estit turtos nets, baitis, bin camërâdes,
Is s'quitet toi mâssis, di brogne et bin malades;
Tôt pierdant leu journeie en ont câsi bu deux ;
Onk en erva doirmi, c'est co Fpus aoureux ;
In aute tôt halbouyant qulre après quék baraque
Wiss qu'il âret mitoi Tastëme de beure à plaque,
Et po fini rjourneie qu'il a si bin k'minci,
Kwan s'calotte est pierdowe et qu'il est plein d'broulis,
 l'nute i s'sitârrêt so l'banc d'ine pormin&de
Ou bin so quék* tap-cou, comme on pounjai malade,
Là, si d'en bon lavasse i n'est nin ramouyi,
De restant d'ses clicotte i sèret dispouyi !...
Li ci qu'estent cagnesse, lu divairet sâvage,
A l'nute es quék bazar il iret fer carnage ;
Tii pëketl'mette es rfîve, i vont bouht tôt jus,
I quirreut bin quarelle, si polév, à bon Diu;
I fât qu'i s'batte, qu'i bouhe, qu'i speie, qu'il ahoraie.
Et qu'i fasse on malheur, s'i n'a nin s'gueuie cassaie,
I finih par doirmi, mâgré lu l'pus sovint.
Tôt s'dihant qui l'violon n'est nin fait po les chins !...
Kwan is strumet Tsamaine tôt comme ji vins del dire,
I n'a des cix qui fet lote ine octave étire ;
Li fin, c'est qu'à lombard leu manège est pindou
Et qu'i n'ont foû d'ieu maisse qui leus quatoize foioux !
Li ci qu'a stu doirmi ritrouve on pô d'corège;
Et l'mârdi ves nouv heure, i s'rimette à l'ovrège ;
Ax euraie on beut l'gotte â cabaret jondant,
On a co quéke nahe à l'nute tôt n'nèrallant.
Tôt s'dihant l'onk à l'aute qui l'ci qu'a fait journaie
Al'dreutdi s'dilaht sins passer po sôlaie,
Et qui c'est' on bâbo li ci qui s'iait miner
D'ine feume qui n'a tôt fér' qui l'misére à chanter !
Çou qu'on s'rafeie lipus c'est de lever s'quinzaine,
Mâgré qu'elle n'est mâie pleinte, ni pinsez nin qu'on s'gêne
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Po n'n'ès w&rder n'bonne part, ci hftrd-là siëv so Tcôp
Divin pus d*ine mouss'rotte, à ristoper les trôs;
On fait riâge, côp so côp c'est ine novelle tournais ;
Il est si bon Tpëket tôt foumant n*pipe passaie !
On copinaie timpesse, on ramtaie, on s*lomme fré,
Nouk ni pout dire après di quoi qu'il a d*visé,
On s'promette des ouhais,des colons, totes les biesses,
Mais del foumire des pipes si r'sintet les promesses ;
Si n'advint nolle quarelle, s'i n'a rin di spyi.
On a pônne di s'quitter, téirmint qu'on s'veut volti.
On n'erva hink et plink, gare à meur, à l'corotte !
Ji k'noh onk qu'a suvou d'on caroche li loum'rotte.
To pinsant vëy! l'cisse del potale di l'ârvau
Wis qu'i s'a fait co traze boursais tôt riv'nant sô ;
C'çst cila conte in àbe qu'aveut saiyi ses foice,
Pinsant veie on voleur qui li bârrév si poisse ;
On pareie dièrein'mint passa l'nute so Tmarcht,
Di çou qu'il aveut bu, crèyant bin s'dilaht,
Es n'oïez-v-ti cori qui l'douce aiw del fontaine,
Pas ! sins l'vix gârd di nute en aveu po n'samaine !.
Les feumes des buveus, zelles, ricraindet les sèm'dis
Sêpant qu'elle n'âront wére po pâyi leus crédits ;
Eune court âd-divant d'iu, divant qu'in' batt carasse.
Et risquaie es pleinte rowe de r'çur si ragognasse ;
L'aute ratind tote peineuse, tôt comptant so ses deugts,
Li cour gros de vèyi ses èfants trônner d'freud ;
Is sont tôt d'hâs turtos, leus hârds sont rapèç'teies,
Li chambe est disgârneie, c'est l'misére âtou d'ieie ;
Elle ritûse à s'jônnesse, â timps qu'elle aveut bon,
Kwand tôt n'esteu d'vant leie qui rose et vert boton ;
Elle si r'veut bin floch'taie, avou s'roslant visège,
Kwand i li promettév' li bonheur es manège !
Quéll diffèriace asteur ! vocial pôr in èfant
Qu'a faim, qui d'mande ine tâte, es' n'a-t-elle pus de pan !
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Elle louk di Tëdoirmi, tôt fant qu*ell* piètt* li tiess,
Et s'difène à plorer tôt Thapant d'vin ses bress !
Berdi-berdah ! on ôt so Tmontaie on disdu.
— Habeie, poïon, taihiv, voss père est tôt foû d'iu !
— Nom d'un ci ! nom d'un la ! rote cial avou Floumire?
A-je del cbftre po soper : qui disse ? qu'elle est trop chire?
Si ti vins co gëmi, ti veuret qui j'sos saive,
Kwand ti r'çuret torate mes cinq clikotte so t'jaive!...
Les èfants trônnet tôt, li feume fait tôt douç'mint
Po loaki d'agrawi les aidants Toû di s'main,
Et corant vès Tbotique, elle si diret so rvôie :
Si rbon Diu nos r'prindév, i nos freut nïameuse joie !
Li corège et l'honneur on les nêie es pèket ;
Les voleurs, les moudreus, c'est par lu qui kmincet ;
I v'kimahe li cei^ai, c'est case di lu qn'on s'balte
Et qu'on rote so Raikem, châssi d'ionkès savatte,
C'est por lu qu'on rouveie d'aklèver ses èfants,
Is tournet sovint m&, kwand is div'net pus grands.
Is n'ont d'keur di leu père, qu'i vâie &x incurâbes
Ou bin qui vâie briber, tôt halcrosse, tôt minâbe ;
S'i mourt, on dit co d'iu, kwand on l'rimette à pont :
Li pèket rabahret, c'est ine sôlaie di mon !...
P. S. A foice de d'iahi m'cour, i m'sônne
Qui ji v'freus bin turtos bâyi,
Por mi ji sins qui comme on mônne,
Ji vas doirmi sins m'fer hossi:
D'avance, à l'copette del moniêie.
C'est mi p'tite Tonnett qui j'irouvret,
Elle mi va bâhi, l'binaméie,
Paç' qui ji n'odret nin l'pèket î
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INE GOPÈNE CONTE LES PEKTEUS.
(3n cabariil eâl un lieu uù I ou vend
1h folie par bouteille.
Vèïez-v' ci halozî qui creuhelle li pavée,
Qui les ëfans sùvet to brè'iant: laide solêe!
Qui jeure, qui timpeslëe, et baboie inte ses dins,
Des mâssttès paroles qui personne ni comprind.
Il qwitte li p'tite lavienne wiss' qu'on beut à Trokèie,
Si dièrainne dimëe cens' y a d'manou plakèie,
Et, s'on-z-aveut volou lî siervi de pèket.
On marquéf à Tlongue crôïe jusqu'à d'main drî rvolet.
On Ta tapé à Touhe comme on freut d'ine mâle biesse,
Il est plaki d'broult des talons jusqu'à l'tiesse ;
Il n'tint pu so ses skè'ies, il piède si pantalon ;
Il n'y a pu nolle bol'nîre attèlèie âx botons,
Si visège est d'gretté, si narène tote frèzêe.
A foice d'avu pèkté ses deux chifT sont hoùzêes,
Si alène flaire li bouc, il s'trëbouhe tôt costé.
Es n'èva hinc et plinc comme onc qui n'sét roter,
Hâsplant di stoc et d'teïe tant qu'il tome es l'corotte
Gomme on hopat d'irëgus, comme ine màssëïe clikotte.
Aç'theure vos l'vëïez rire et torale il choûl'rë,
Si vos n'es l'plaindez nin, vos ôrez qu'il s'plaindrè ;
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il v'dimdodi'è cinq cens' po n'role di foUe toùbak.
Il v'dirè qu'il n'ma^ne pus, qu'il n*a pus nou stoumak,
Qu'il est plein d'Iais-m'ès-pâie, qu'il s'tourmelte nute et joû,
Qu'il a n'feumme qui s'fait gâ'ie et qui n'magne qui des oùs,
Qu'il est ma d'ses ëfans, kichess! d'si k'pagnèus
Et qui ç'n'est qui l'chagrin, qui 1! fait beure on d'mèie;
Qu'il est in' honnête homme, qu'il vint d'gins comme il fài
Et qu'il n'y a qu'lu d'vin l's autes qui seuie tourné si ma.
Enfin, si vos ITioûtez et si vos Tvolez creure,
Vos f rez n'tèïe inte vos autes et vlî donrez po beure,
Il est si malhureux, si pauve et si k'tapé !
Il n'vout nin fer l'voleur pace qu'il n'a mâie hapé !
Main» comme il s'trouve aç'theurejl aim'reut mtx d'esse moirt!.
Lu qu'a si bin viké, qui n'a màïe fait nou toirt !
Kimint est-il possibe ! il mourt di faim et d'seù !
— S'il rinteur es s' mohone, il n'y a ni feu ni leu ;
On l'riçû comme on chin qui passe èn'on jeu d'bèïe ,
On l'kihagne, on l'kiboute, il n'a ni creux, ni pèïe,
Tôt l'manëge a magnt, main lu deurè juner,
N'est-ç'nin là des affaires assez po l'tourmèter ?
S'il esteut foirt assez il s'mettreut à l'ovrège,
Main tos ses imbarras 1! fet piède li corè^^e,
Ca, l'ci qu'est ma vèïou di s'feumme et d'sès èfans
Si tape vile à l'dibrink, vos n'es frîz tôt ottant.
— Riloukans ciss-t-homme là divins l'fleur di s'jonesse
Et r'passans s'vikarèîe, po vèie,s'il mérite d'esse
Pris comme on grand chinisse ou bin comme ine brave gins,
Comme in' homme di mâle vè'ie qu'a quërou ses tourmins,
Ou comme on malhureux qu'est k'chess! de l'misëre
Case di mëchans ëfans qui khusquinet leu père,
Et nos trouv'rans jourmâie qui tos les vîx pëkteus
Ont zel mêmme fôrgî l'chainne qui les rind malhureux.
One aveut de l'fôrteune, et les mâles k'pagnëïes
Ont fait voler si argint. Ses affaires négligëtes
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gie ^
— 22 —
L'ont ffiiiié foû de rvôie ; il falléf èpronter;
On n*tinéf pus nou compte à foice d'esse touroiëté,
On n'alléf à Tavlre ; après quéquès années
Capital et riv*nowe passtt comme ine blâmée,
On buvéf davantège, et deus, treus meus après
On div'néf ine vraie rogne, on pilé d'câbaret ;
G'esteut lot fèr' karelle, pace qui tote li journée
On n'aveut po k'pagiièïe qui des vèïès solèes,
One aveut stu log! co traze nutes â violon,
In aute aveu po vol, fait noûf dih' ans d*prlhon ;
Cicial aveut violé, cila d'mandéf si crosse,
L'aute, riv'nou d'à Lolâ, aveu pierdou l'cabosse;
Il jâsît d'politik, voltt sut'ni leu dreut.
Et pleins comme des kokâs, prélindtt fer les streut.
In aute, honnête ovrî qu'naveut mâïe bu di s'vèïe
Qui d'timps-in-timps l'dimègne on verre di bîre ou d'mèïe,
Vat avou Pierre et Paul, hâre et hole, cial et là,
Si k'pagn'té to buvant noûf ou dix p'tits hènas,
Et po fer comme les autes, finihe par aller beure
A grand bac, à TcangUette deus, treus grandes mèseures.
Ine fèïe meltou so Tptd de n'es prinde deus ou treus.
Vol là déjà so rvôïe de prinde on mâva pieu ;
Ine gotte, ni pus, ni mons, on n'es beut treus ou qwate,
In aute joû cinq ou sîh' ; pus tard, il fàreut n'jatte ;
El d'fligotte à migotte, on s'mette si bin so l'ton
Qu'es l'plèce de prinde on verre on l'beureut â posson.
On rôle po tôt costé, on quîre, on batte karasse.
Il fàt des p'titès soùrs, li pèket donne li basse.
On s'vat èpufkiner, et sovint, plein d'boisson
Divin n'famille haitèïe, on rèpoite li poison.
— Kibin d'mâx, kibin d'crimes, kibin d'pauvès affaires
Case di ç'mâdit brouwet, on vèlou l'joû so Tterre !
Si on r'passéf les Itves des procès de vtx timps,
Ji wage qu'on ^'ès trouv'reut po l'mons septante so l'cin
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- Î3 -
Qu'ont poûht leu principe inte li verre et Tbotèie
Et fait mette leus auwteurs es rprihon po ieu vèîe.
G*est triss' à raconter, main s*il falléf dire tôt,
On a*ès complreut cint ièies pus qui je n'es dis co.
Parlez à n*jône solêe, c'ess-t-on tourmint d*nmour,
Si vos l'trovez k'pagn'té, ci n'est qu'po d'iaht s'cour ;
Divantdè k'nohe Marële, il n'si féf co m&ie sô,
Boule, paç'qu'elle n'es l'vout pus, il beut co pé qu'on irô.
Estant qui l'pauve bàcelle l'a d'vout taper foû renne
Paç'qu'elle l'es Tlrovéf plein, deus, treus feïes so l'samainne.
Les mariés, c'est aut'choi, s'il buvet d'timps in timps
C'est qu'les feummes foirsolèes ni sont contênnes di rin.
Qui l's èrans sont mal&des, qu'ils n'ont pu nou plaisir,
El qui pus rin so l'terre ni les sâreut fer riro
S'ils n'avîz ieu gotte po s'plaire et s'dilrit,
Avou des afldés qui r'quèret l'mémme mestl.
— Qu'il riniresse timpe ou tard, il ont Tcour plein d'arège
Ine fèïe qu'il ont Tpogne ju, li dial est es manège ;
Ils spïèt, ils cassel, il n'trovet pus rin d'bon ,
Li feumme est ine mâssèïe, ine cânôie, on troufion ;
Elle n'a nou bai cosié, c'est ine nawe, ine bouflresse.
Qui cropihe so ses cindes et n'a mâle ses abesses ;
Si elle deut fer l'café, elle coûret à voisin ;
Elle èpronte to costé des cens' qu'elle ni rind nin.
Elle barbotlo nute et joû , s'il beut, c'est case di lèïe,
Elle mérite d'esse battowe po totes ses calin'rèies ;
Ga si s'tape ft pëket, s'il est div'nou pourçal,
C'est l'pauve ënocênne feumme qu'es n'es poite li f&rda!.
S'ils sont vèfs, c'est Tmâlbeur, s'ils sont joïeux, c'est l'jôie;
Ils s'y prindet d'manîre à mette on hame es rvôie.
Dihezl'z-yçou qui ç'seûïe, il ont rclâpol'hazi,
Et s'trovet raâlbureux d'aveur on sort ainsi.
Ils n'ont pu nol honneur; mais d'wiss' vint tote li f3te ?
Il nos fât po coula rid'hinde à n'pus longue date
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— 24 —
Et r'iouki ces gins là» vès dihùt* ou vingt ans,
Qwan leu brîhe lèzî d'het qu'ils n*sont pus des èfans.
— S'ils avît concoisté des pâhûlès jônesse,
Eploï leu samainne sins meskeur leus foirts bresses
El bouter les r*ijQOstrances des vîx qu'ont stu gintis
Qu'ont ovré leu six joùs sins m&ïe piède nou londi ;
Apprinde à 1ère, à scrire divin les scoles d'à l'nute,
Quèri les bravés gins, si r'sèchî des disputes,
Ils sèrîl hoùïe des hommes bin vëïous tôt costé.
Des bons pères di famille, honnêtes et respectés;
Mutoi des bons borgeus qu'àrit avou leus spâgnes,
Prové qu'avou leus oùs, n'avît nin fait tos bagnes.
On n'veureut nin so rvôïe tant d'èfants si chaipious
Tôt mâssîs, tôt k'hiîs, pleins d'misére et pleins d'pioux,
Dimander po de pan, po leu mère ritrôclée
Divin n'chambe èfoumèie, so n'chëlre es l'coulôe,
Sins feu, sins pan, sin ch'mîhe, raitindant l'doux moumint
Qui l'moirt es Tvinsse quèri, po fini ses tourmints.
Main tos ces mâheulés onttofër' situ iiawes,
Rimplis d'tours di Cartouche, di displis d'màlès clawes,
Et n'ont m&ïe riquèrou po s'plaire ou s'porminer
Qui des pareils à zel, qu'aimmét de balziner.
Louktz-les po l'moumint, ci n'esi qu'des vraies tape-foû,
To l'monde lèzî fait Tmowe, rin qui d'ies vèie so l'soû,
Et, si vos n'es jasé âx gins wiss' qui s'vont mette
On v'dtrè qu'on z'aimme mîx leus talons qu'leus bèchettes.
Es n'es vont lot mâssîs comme les cis qui grognet,
Leus visêges et leus coirps sont neurs comme des hochets.
On dit qu'ils flairet l'chin ; leus hàres sont à brimbâtes,
Divin quéquès années, ils tindront l'main po n't&te;
Ils d'vèront courts d'halène et pleins d'tote sort di màx
Kihustinés, haïous, irakés pè qu'des vîx r'nâs ;
Et leus èfans, leus feummes, è l'misère jusqu'à l'tiesse,
Lanwih'rons malhureux, case des ci qui d'vrit esse
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25
Li rikfoirt de Tfamille, li pilé de mastai,
Li bonheur de Tmohone et Tjôîe di leus carpat».
Por zel, diVnous bômels, màhattls, pleins d'mèhins,
Ils mourront conte ine hâte, ou Reickem les rattind ( ' ).
I ' On dit proverbialement d'un ivrogne : Il moûrrèt conO' ine lâit* .
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mM UÉdEÛKE DS iitTTÉRATmiE WALLONNE.
CONCOURS DE 1873.
HARPORT SUR LE CONCOURS N* le DU PROGRAMME.
Messieurs ,
Le dixième concours avait pour objet une pièce de
thé&tre en vers. Il n'a donné lieu qu'à un seul envoi :
une comédie intitulée : Li mohonne à deux faces.
Le sujet en est des plus simples.
Une jeune coquette est recherchée à la fois par
deux amoureux, Gilles et Matoufet. Au lieu de suivre
les sages conseils de ses deux voisines, NelleeiBaure,
qui lui disent qu'elle ne doit pas jouer avec le feu,
Liia veut tenir ses deux poursuivants dans l'incerti-
tude, en ajournant la réponse décisive. Liza habite
une maison à deux façades, qui forme le coin d'une
rue et d'une place, et qui a une porte de chaque côté.
Grâce à celte disposition locale, les deux amoureux
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— !^8 —
ont pu attacher en m^me temps, à Tinsu Tun de
Fautre, un magnifique bouquet, le premier à la porte
de droite, le second à la porte de gauche; ils y ont
joint un billet doux^ et ils demandent une fleur en
retour, comme signe que leurs hommages ont été
acceptés. La jeune coquette échange adroitement les
bouquets.
Les deux soupirants sont d'abord au comble de la
joie en croyant leurs vœux exaucés, et ils s'en retour-
nent en tenant à la main, chacun le bouquet de son
rival. Le hasard fait qu'ils se rencontrent sur la place.
Surprise bien légitime, en voyant leurs propres fleurs
dans des mains étrangères : ils se soupçonnent
mutuellement de s'être introduits dans la maison de
Li%a pour la voler. Aussitôt ils réclament main-forte.
Arrivent un pompier et un agent de police, qui, ne
pouvant débrouiller ce quiproquo, veulent les em-
mener tous deux.
Li%a^ effrayée de la tournure que prennent les
choses, apparaît, et explique aux agents de la force
publique la ruse qui avait amené la méprise des
jeunes gens.
Ceux-ci, en apprenant la manière dont la coquette
s'est moquée d'eux, se retirent, et, au lieu de se que-
reller à propos de leur déconvenue, ils prennent le
bon parti d'en rire.
Puis voyant Nelle et Baure s'intéresser à leur mé-
saventure, ils se rapprochent d'elles, et remarquent
leur air avenant et leur langage convenable. Gilles
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l>9 -
fait une déclaration à Nelle, et Matoufet présente ses
homniages à Baure. Dès lors, la coquette peut
méditer à loisir sur la vérité du proverbe : Qui chasse
deux lièvres, n'en prend aucun.
Comme on le voit, le sujet est heureusement choisi,
et nous ne pensons pas qu'il soit emprunté. C'est une
petite comédie d'intrigue en un acte. Il y a de l'unité
dans l'action; de plus, cette action est vraisemblable,
et se développe sans longueur et avec simplicité
pour former un tout complet.
Les situations y sont franchement comiques ; nous
citerons particulièrement la première rencontre des
amoureux, où ils se défient l'un de l'autre, la scène
des bouquets, et la seconde rencontre des amoureux.
Nous avons dit que l'action est vraisemblable. Il
faut faire une restriction pour le dénouement : l'au-
teur l'a pour ainsi dire escamoté, ou du moins trop
brusqué. En effet les deux amoureux, abandonnant
leurs poursuites auprès de Liza^ s'éprennent tout-à-
coup des deux voisines, qu'ils ne connaissaient
même pas auparavant. On dira : c'est un coup de
tête qui peut se concevoir dans la circonstance. Tou-
jours est-il qu'au lieu de les montrer s'amourachant
subitement de deux inconnues, il eût été plus naturel
de préparer la chose, de la faire simplement pres-
sentir; car l'essentiel est que Liza reste seule, et soit
dupe de ses propres ruses.
Le caractère de la jeune coquette sans cœur et sans
réflexion est bien tracé; il contraste avec celui des
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— 80 —
deux voisines, déjà un peu sur le retour, et que
Texpérience a rendues prudentes. Ce qui donne du
piquant à cette opposition, c'est Fespèce de rivalité
sourde qui s'établit dès Fabord entre ces trois femmes,
Liza faisant valoir malicieusement les avantages que
lui donne sa jeunesse, les deux autres laissant percer,
jusque dans leurs bons conseils, la jalousie qu'elles
ressentent, peut-être à leur insu.
Le rôle des deux soupirants est également fort bien
conçu.
Mais ici nous avons une observation capitale à
faire. En thèse générale, dans une pièce, deux per-
sonnages ne peuvent avoir deux caractères identiques.
Si Molière introduit, dans l'un de ses chefs-d'œuvre,
trois précieuses ridicules et deux beaux esprits, il a
grand soin de les varier, et de présenter en quelque
sorte dans chacun de ces rôles des nuances différentes
du même travers ou du môme ridicule.
Or ce devrait être ici le cas, d'une part pour Ndle
et Baure, d'autre part pour Gilles et Matoufet. Mal-
heureusement ce sont, dans notre auteur, deux
couples de personnages absolument semblables;
semblables, non-seulement par les allures et les
actions, mais encore par le langage et la tournure de
l'esprit. C'est là pécher contre la règle essentielle de
la variété.
Le dialogue est généralement vif, quoiqu'il abonde
en maximes et en dictons populaires. Outre que ces
spots sont parfaitement dans les allures du v^allon,et
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- 31 —
constituent un des caractères distinctifs de notre
patois, l'auteur en a su tirer le meilleur parti et les a
toujours placés à propos.
Le style est clair et naturel.
La facture du vers est bonne. L'auteur s'est astreint
aux r^les de Falexandrin français : Talternance des
rimes masculines et féminines et la césure de rigueur
(il y a quelques rares exceptions). Ajoutons que
l'auteur a pris soin de varier la coupe de l'hexamètre
pour éviter la monotonie.
Quant aux élisions, qui offrent tant de ressources
pour levers wallon, on pourrait en signaler un cer^
tain nombre qui sont un peu dures. Ex. K'mènt
s' plaît'On d'%0 c'naû teût? — Vosse wèùnech mi dû.
J'CREû Qu'ji m'plairet ver ci. — Cest Vmôde dès jdnes
di creure ou' maie li ban temps n' passret.
Nous noterons deux hiatus dans les troisième et
huitième scènes.
Avon ci froiignou-lâ i 'if rèussiret inauïe.
Vlfl ine rose qu'eir ravisse.
Les hiatus doivent être absolument interdits. Il ne
s'agit pas ici d'une règle arbitraire imposée à la
poésie wallonne ; nos meilleurs poètes s'y sont
astreints tout naturellement : elle est fondée sur une
tendance de notre patois. Antipathique à toute ren-
contre de voyelles, il insère constamment des «, des
t et des st entre detfx mots, dont Tun finit, et dont
Tautre commence par une voyelle. Si c'est là une loi
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- :« ~
invariable de la prose wallonne, elle est à plus forte
raison de rigueur en poésie.
On a bl&mé quelques-uns de nos écrivains de ne
pas écrire dans un wallon pur et franc : leur langage
ressemble parfois à une traduction littérale du fran-
çais. Ce reproche ne saurait atteindre l'auteur de
cette pièce : son wallon, qui appartient au dialecte
de Verviers, est de bon aloi. Faisons toutefois nos
réserves relativement à l'emploi du relatif dont y et
du vélsiif quoi précédé d'une préposition.
Ex. Tunant on plumeau avou quoi elle dispouselle
(se. 1). — Inecoine dirowe dont li streûte façâude
si dresse a moitëie délie rowe (id. ). — Les fleurs dont
i m*avint fiesti (se. X). C'est les deux piels dont
torateji v' paurla (se. I).
Ces deux tournures sont étrangères au vrai patois
du pays de Liège. Les seules conformes au génie de
notre wallon sont les suivantes : Tunant on plumeau
qu'elle dispouselle avou ou bien tunant on plumeau^
et dispouslant avou. Les fleurs qu'i m'avint fiesti
avou. Inecoine ai rowe qui si dreûte façâude si dresse
â moitëie délie rowe y etc.
Il semble inadmissible que ces façons de parler,
inusitées à Liège, appartiennentau patois de Verviers.
Le dialecte verviétois diffère très-peu du nôtre.
On y rencontre un certain nombre de mots propres
à cette partie de la province, et dont le contexte ici
ne donne guère la signification ; nous signalerons,
dans la première scène, les termes suivants : droum-
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- 33 -
quenne (vieille femme?) : Cest dès viles droum-
quennes; — ramoirdi (amortir?) : Surtout qu' vos
estez là po no ramoirdi ; — wihet : Les wihet vont
fruffi ; — plévihant : feuris ine fraie di plévihants.
Il serait à désirer que Fauteur mit à la fin de la
pièce un commentaire explicatif de ces expressions
particulières.
Telles sont, Messieurs, les observations que nous
a suggérées Texamen de la comédie Li mohonne à
deux faces. En conséquence, le jury estime que cette
œuvre a droit à une récompense, et il vous propose
à l'unanimité d'accorder à Tauteur le second prix,
c'est-à-dire la médaille d'argent.
Faità Liège, le 15 juin 1874.
Le jury :
Delboeuf,
Picard,
et DoRY, rapporteur.
Dans sa séance du 15 juin 1874, la Société a donné
au jury acte de ses conclusions.
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LI MOHONNE A DEUX FACES
GomidèTe en on a^te
PAR
J.-S. RENIER.
Paul hèù sVa^ai
( Sujet tuzë par Tiiuieur.)
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PERSONNÈGES :
Liza, jône feie d'inné vingtaine (Tannèies^ abillèie avou gosse,
Nelle et BkunE Jônès feies di vingt cinq à trente ans.
Matoufet, d^abord amoreux d' Liza, puis d' Baure.
Gilles àimon, prumiremènt amoreux d'iÀza, après d' Nelle; li
prumir est gros et V deuzême maigre.
On Agent d' polîce.
On Pompier.
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LI MOHONNE A DEUX FACES
Li £cène si pa«se en on vinàve inte pièce et rowe, et l' tbèiaule riprézinle inné
coioe di rowe, dont U streftte façâade si dresse k moitcie délie scèoe avou in' oube
à venilre. A d'zeur du cissl intrèie esst ione pilite plaie forme ètoûrète di treille»,
âovrowes di qudquës fouilles et fleurs di printemps. A dreute, èsst înne rowe poir<
tant Tnom rowe délie Raubos&e; à V hlèocbe main» si slënd li pièce de Persicot.
L'mohonne, qui plante inte deux, a èco in oohe so chaque di ces costés, pièce et
rowe.
A l'avânt scène, di chaque costé èco, èsst'on poirtau; è ci d' dreute, Baure heuve
li sou ; è Tôtre, Nellc terre les volets so Ttèmps qui d' louhe de moitèie mousse foû
Liza ben altloteie, lunant on plumeau avou quoi elle dispousèiie Toube et r meur di
s' mohonne.
SCÈNE PRX7MIRE.
Liza.
Uué pôve mèhiii po'une feame di tûzér à V bagrèie,
Enfin è m' noûve mohonne vo mlà don astafleie,
Tôt est rmètout k pon (elle examène si tôt va beu),
Po crainçi m' prumî jour,
Lûgnanz' on pô les gens qu' jâret cial lot atour,
L' pièce m'î<hauie, V rowe avou (apperçuhant ses wèzennes) ;
len v1a mes deux wèzennes.
Qu'ont l'iiir di m'awaiiî (nanl), cVst des vîles droumquènes,
D'zèiles ji n'âret nolie pawe quand passront les haïUeux,
Elles aprèpièt {les wèzennes vont vè Liza).
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- 38 -
Baure.
Dièwaiule, cmin s*plail-on d'zo s'noû tftur
Liza.
On poireut è$se pus mau.
Nelle.
Bon aweur à Tbèn viiowe,
Bauke.
J'espère qui les amours vont aploare è nosse rowe.
Ijza.
Ji compte ben po mu strëme en aveur oùie on bai ;
I coret foir sovènt après V nézet novai.
Baure.
Nosse quart! ne blâme wère.
Liza.
Si v*z avez Y fleur ju d' loûie,
Nos 1' vènrant réfréner lo fant l' toi au gosse d'oûie.
BkVHEivèxèeà Nelle),
Elle nos acsu de cô, avez've oiou V pètion?
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- 39 -
Liza {veiant F maûle humeur di Baure).
Là, qu'elle prend Tair maûle graw, dank pos*chéiv prélëiision,
No it frant règuiner quand n' sërant so s* pavéie.
Nrlle (à Baure),
V Wèrihel vent il* s'acrèhe hen sûr d*inne avignéie.
•J2A (s'raprèpiantj.
y la dit comme j'èl lûza, ni v'z èwèréz de mot.
Baurr.
Avou délie boigne loquënce on s'trebouhe et contre tôt.
Nblle (à llaure).
Faut prènde li monde tel q'iest, mais n jugeant so rdëgaine,
Elle riret todiben Tcisse qui riret rdièraine.
Liza (avou in air prétèfiti'iux).
Vosse wëzinèch mi dû, jcreu q'ji m'plaiiei ver ci.
Bauhr [avou malice).
Surtout (|Vos estez là po nos vni raraoirdi.
Liza (avou mnepitiie mowe).
J'y compte bail.
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- 40 —
Badre.
lant m! vaut, d*après. çu q*on peut veie,
On va ben ralo chanter q*inne nouve cope si mareie,
Les wihets vont frugi.
Liza (s* animant).
Dihez don les mariants,
Ca dëja ir j'eurit inné tVôie di plèvihants
Q'intrint même, onque por ci [ellemosteure Vouhe so i'rowe),
dmanrhini quéq fausse adresse,
L*ôtre, por là {elle acsèyne l'intrèie de costé (Telle pièce),
vna ramier et des quèsse et des messe.
Soula comme ji rentrôv mi tôt dierain paquet ;
J1es rèvoïa to d'hani, j'a hausse, on s'rivièret.
L' snri qui n*a q'on Irô, dissi' on, est ben rate prise.
J'a Tchance d'aveur intreie so deux rowes è m'noûve gîse.
Et cissf ouhe po Trawette (elle louke H poite délie façaûde).
Bai RE.
Coula c'n'est nèn francs jeux,
Nelle.
En fait d*galnnts vaut mi n*èn aveur noue qui deux,
Liza.
Ghaq si gosse, vo vièréz q'cest autrument q*ji tope,
Por mi j'auret l'systême d*èn aveur inné belle cope ;
STonq è va Fôtre est prête, on s'mareie sèn waisler,
Po z aprènde au volage, de mon, çu q* c'est d'viquer.
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- 41 -
Nbllb.
Qui lûgne deux lives à Ffeie, co sovènt n'abat nouque.
Baure.
Quand qui vout trope, trèbouhe, on It keu comme de souque.
Liza {les louquant totes les deux).
Sainte Breuse ! vos n'nè rvendrtz à tots les Frés Précheux^
Cial elle pièce d'inné leçon j'en auret todi deux.
Nelle.
Ci n'est rèn de l'ruçur, fout l'sùre, H bon consèie.
Liza (à paurt).
Pc quoi n*ën a-t-elle nèn on pô waurdé por lèieî
Baure.
C'est Tmôde des jônes di creure q' màïe li bon tèmp n'passret.
Nelle (à Lûa).
I n'faut compter po bai qui l'bai tèmp qui durret.
Liza.
Li menne sèrët ainsi, s'jî met deux deugts d'flnesse.
Nelle.
Inné feume deut duvanl tôt esse prudente et môdësse.
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~ 4^ ■-
Liza {a»au humeur).
Jan vHûzez «u vt style et j*sû Tz idëies de jou.
Nellb.
Po z èsse par trop aibti co pus d*onque s'a piërdou.
Baure.
Toi qut vicret vièret.
Liza (louquant au fond).
Louquiz don, v1à des prouves,
Vo zë ci dëjà deux qui vnet sûre mes esproûves.
Âpon, c*est les deux piels dont torate ji v*paurla,
rrecours,v'veyez q'iëst tëmp d'aller tende mu herna(d//d reuteure).
Nelle.
To risquant so té jeu, sûr, nos Tviërant laurdeie.
Baure.
Jan r'zë (chaque è rva).
SCÈNE II.
Aa fond ipptrètaieat da chaqn« costé in homme, vestis on pôqne à l'eitra,
i'ivtneet tvou précawsion, Matoufet v'oant po 1* pièce, Gilles po 1* rowe, cliaqad
•zamène la face deUe mohonne da Lita to fant dès gèssee exaltés.
Matoufet.
Po r ruiouqui m' cour ë vat à boleie.
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- 4:5 -
Gilles.
J'a stu lot essbaré V momèn qui j* la vèïou.
Matoufet (avou sèntumènt).
D'pôîe Ir à rnulte ji cours les voies comme on pièrdou,
Tant s'sovni mu porsu.
Gilles {to s' frottant les mains et riant),
I m' sonle aller k V fîèsse.
Matoufet (mostrant V ouhe).
C'est ben là quelle dimeure.
Gilles (di même).
Âwè vola ben s* poèsse.
Matoufet.
Là qui s' belle pitite boc mi d'iahtve : au rvèï.
Gilles.
Vola bèn Y ouhe là q'îr on s' duhéve au rwatti.
Matoufet.
Cher amour, po m* bonheur, vinez don à V veulire.
Gilles (s'arrestant avou extause),
ï creu qui V gordenne si rmowe.
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- 44 -
Hatoufbt.
Finihez don m' maurtyre.
Gilles {su rengorgeant to fant des ^ambèies).
Bèn sûr elle m'a vèiou; prëndant in air guerdin!
Matoufet ((T même).
Po z èsse aimé d* cisse belle, j*a t*avu Thouvirette.
Gilles.
Cisse fèie ci mes amours ni vont nën fer bërwètte.
SCÈNE III.
(Liza est montëie so V plate-forme et lottqae les amoreux.)
LlZA.
Si'è tôt tèmp, tôt pays, V z'amoreux s' ravizet,
Ces cials onl Tair d'aveur on bai p'tit cop d* maiet.
(avou surprise) Y avancet ! Diè s'i 'allint bouhî to deux essonle,
L* quèn fauret i bouter? Li pawe mi prend, ji ironie.
Matoufet (après s'aveurparminé),
Houtanz on poque à 1* poite si ren ni rmowe è gon.
Gilles (louquant sH est tôt seu).
Ji poireu benlûgnî dVin l'serre, comme distraction.
(// y touque temp 9* lotre y plaque s' i oreie^ puis tots deux
quittet por louqui vè les fignèsses di d*zeur, prëndant des poses
à p6 près parties.)
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- 48 ~
Liza {sûhant leu gesses).
Qaé bonheur i* en ë vont, ji va rhaper aleine !
{les vèyant s'arrester)
Vies là par astaflés comme deux chëns d' porçulaine.
M ATOUFBT {après avu èco houti s* nou hru ri s'a).
S' peut qu'elle n'est nen rentrèie.
Gilles {fant parèie mouvement ).
Elle sèrèt moussèie four.
Matoufbt (su rsovnant et s' bouhant r front).
Au propos, de meu d' Maïe, c'est ouie li prumi jour.
Wisse trouvrèg on bouquet ?
Gilles {de même).
C'est l'heure q'on plante lu maie.
Onne idèie, j' va sèï d' 1! flochler quéque tramaïe,
Matoupet {après avu tûzé).
J'iatrové!
Gilles.
^ ., ^ . :<»H
Rate j y cours et racours tôt flon.
(F d^hiènd vè V scène po alltiv.vA.t,plèce, Matoufet fant parèie
po cori vè F rowe i s* creuhelet et quand i s' sont dipassés^ i
s' rutournet roque ver Vote et «' louquet âvou\(SufQfuz%té.)
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- 46 -
Matocfet.
Q'esl-ce là p' on' invidu? Tèn, q' vin ti fér vér ci ?
Gilles.
Q' va ti rauwtér vèr là (t conti7Wwe m vSievè rplèce)!
Matoufet (èmu).
Quéq rival, i' èso sûr!
Si v'néve so m' champihège, nahter.... bon je T va sûre.
(/ su Gilles qui passe divant Totihe dunant so T pièce sens
r louqui^ Matoufet q' el louque riprend,)
1 passe Touhe, tôt va ben (i i" prend s* voie s* raviieèco).
Portant lûgnanfle on pô.
(// vent s* lèguiner lu long délie pitite façaude de moitète, so
c" tèmp là, Gilles su ravize avou, )
Gilles.
Cisse rèsconte là m* chipoiie, wafliant s* i passe de cô.
(/ longe lu meut délie mohonne d'à Liza et lois deux arrivet
à r coine nei à nez,)
Matoufet (avou surprise et rèscoulant ).
Hein!
Gilles.
Ho!
Matoufet.
Q'vouti?
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— 47 -
Gilles.
Q* fait i (i s' toizet)1
Matoufbt (àpaurt).
C'est bon, uzant d' malice.
Gilles.
Pa j* pensév toi bonnement q* volii, vo sûht m' pisse.
Matoufet.
Ji V* zavowret francment qui c*esteQt tôt ainsi,
Mu d' bant : ci gaillard là, j*el crèyéve aquati (i tuze)...
Dire wisse, c'est maulauhi.
Gilles {àpaurt).
Voçi n' pierdant nen I* qu&te,
Po 11 tirer les dents, i' est tëmp di s* mette è quatte.
{à Matoufet) Soulà m' faitben plaizi, cher ami, dai, s'pout ben.
ià paurt) Di leie ni motihaut.
Matoufet (diméme).
Di leie nipaurlantnen.
(fixant Gilles) V mavez l'air amoreux.
Gilles {surpris).
Mais, on tôt pôque, et vos?
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- 48 —
Hatoufet {àpauri).
I m' vout tirer les dents, waurdaut n* saqwët por nos.
{à Gilks) Hé... mi, c*est tôt pareie et wisse dimeure li vosse?
Gilles.
Hi rèspondréz-ve?
Matoufet.
Awèt c'est sûr.
Gilles.
fiowe délie Raubosse.
Matoufet {avou jffie).
Vo m* là sauvé ! Li meune so l' pièce de Persicot.
Gilles {du même).
Ji m' trompév ! Ci pove dial, jèl lai là po li scot.
Matoufet.
Bon, ji m* lëguëne èvôie, ci valet mau m'ahauie.
GiLL&s {riant et mostrant Matoufet).
Avou ci frougnou là, n* rëussirët jamaûie.
Matoufet.
Vocial on pierd su tëmp, haie vë V pus bai bouquet (i court vè
Frowe).
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-- 49 -
Gilles.
Rate, èvôïe po les waides et plantant là 1* planquet (t court vè
V pièce).
SCÈNE IV.
( Pendant q' Maloafet et Gilles 6 vont, les trens feones mousset four, Nelle vt vè
Baure, Liza les rjond to corant et riant.)
Liza.
Là, vo r vèyez don ben, po réussi F jone feie
Deut ouie on po larder s' totte pitite marchandeie.
(avou entrain) Po m'paurt, ji n'iézènnepus et vout tôt au pus bai,
J'aiuoe tôt çu q* iest d' pus chir, lu rluhant, V pus novai ;
Ji vout q*on deie tofer, et soula cosse qui cosse :
(Test leie qui Ta 1' prumtr, c*est leie q' i' a V meieu gosse.
Aux botiques là qui j' vas, on m* dit prendez, prendez.
Bauae.
A qui s'achtèie sën quaur, on jour on dit : dôcez.
Liza {avou prétènsion).
Tôt r monde mu fait crédit, i parait q* ja bonne mène.
Nelle.
To z* achtant sen compter, on z' afinereut inné mène.
Liza (bonnement).
Quand m' baron sèrèt là, c* sèrèt lu qui comptret.
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— 80 —
Baurë (ëuiTtrise).
Si j'esteul è vosse pièce, j'è dtnandreut on brevet.
Liza.
C'est r mon qui pôret 1er, si por lu ji m* fait gauie,
Sèmpl gèn, quand lïeume dépense, c'est compte fait qui l'homme
pauie.
Baure.
Divin dès s* faits manèges, si 1' bonheur est assiou.
C'est q' onz i waude po sûr on pt d' coide di pèndou.
Liza [ètonnèie).
Pardic, vos m' badinez, abèn nos sèrint belles
S' ion n* intréve è manèg qui po rlaver les hièlles.
N' fér qui 1* gosse d'à Moiisieu, bèn houter, nèn moti ;
Si v' dû tôt comme çoulà, j' veut d'ôte oûie, Diè merci.
Nelle.
Faut s' marier po s'aimer, viquer d'accoird et d' pauie,
Nen po geairi^ ramter jour et nute di gaugauie.
Liza (à paurt, to faut on pas et haussant les spalles),
G n'est nèn po rèn q' l'amour les riai là po li scot.
Nelle (à Liza).
Tôt vèn à pon à qui vont roter dreu d' vin tôt.
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I
~ 51 —
Liza (à paurt).
To baubitant baico des s* faites madrombeiles,
J'ireut, di Sainte Gatrënne, fer les croies avou z elles.
(à Nelle) A v' bouter, po s* marieg on rawaud des longs joùs.
Nelle.
Rawaurdez V réussi divant d' fer des crizoùs.
Liza.
Nos n* nos ravizant wèr, vos n' estez nen haustèïe.
Nelle.
Li bai songe d*au matin pout esse bourde à Y vèsprë'ie.
Liza (s' moquatit).
Bravau ! c'est todi péz, avou cisst* esprit là
Dai, m* sonle q' on su les voies des bordons d' canada.
Baure {à Nelle).
Waïe, waïe, elle nos acsû, v' la qui n' zavant Tpètèie.
Nelle (à Liza),
Sovent on regrette à Y nulte li lawe délie matinèie.
Liza.
Ni tuaant nen si Ion, ci jour ni cmince nèn mau.
(Elle louque vè s* mohonne, fait mène (V è raller et veut v' ni
Voque après Vole Matoufet po V pièce et Gilles po r rowe, chaque
poirtant on bouquet extra et parètaut, sens esse trop fahî.)
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— S2 ~-
SCÈNE V.
Liza.
Tèn, vorcial onque q* apoite p' oune bresseie di caucaû {riante
elle si cache dri ses wèzènnes).
Baure (louquant Gilles).
Saint Brudienne, que bouquet !
Nelle {mostrant Matoufet),
Waitiz par lu deuxême,
Faut avower q' on pierd li cabosse quand on z' aime.
(Les galants aprèpièt, chaque vè F ouhe di leu gosse^ avou
précawtionj les feumes si rtiret vè r sou da Baure po louqut çu
qui s' va passer; Nelle keuse et Baure tricotte.)
Liza (to z' èsclamant).
A m' cliché i les pendet ! {à ses wèzèmes) dri vos ji m'va cachi
Tant qui seuièhent ëvoie, po ben les awaiti.
Baure.
S* i sont tant généreux, boutant p&r leu ramage.
Gilles (avou jôîe).
Quéle tdéie m*a hloiou !
Matoufet (di même).
r var étaili juwage!
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— 0.3 —
Gilles (9u carrant et admirant s' bouquet).
Sûr q' elle sèrèt contène, j*èspére qui fait d* Teffet?
Matoufbt (mostrant V naule di «* bouquet).
Aveu rbai rouban s*crit! vola i'pus craune bilet (t è tliavou gesse)\
G*est ben sûr ë vos ouies qui 1* Dië d'amour si meure !
Gilles (léhant on bilet qui met è bouquet).
T zèstéz gravëie ë m' cour comme inné pire en on meur !
Hatoufet (avou fîrti).
Avou des s* faits canetias, m' bonheur est assuré.
Gilles.
L* papi It diret cbin m* servai fou cultivé !
Si n* dimande po rësponse q* inné tote pitite cohèlte.
Hatoufet.
Jèl prèie di rmelle elle plëce li pus chaipawe fleurette (t met
/' bouquet à V cliché),
y vas fér treus tours volà,puis ji rvèn au galop (t è va vè Vplèce).
Gilles {après avu atèlés* bouquet),
ï compte jusqu'à deux cents pas et rvin coiri I' gros lot {ièva
po r roive).
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-^ 54 "-
SCÈNE VI.
( Les feames vont admirer les maies.)
Baure (à Liza).
Aben on 1* wèsse bèn dire, vos v'ià Arment flochteie.
Liza.
Vraie, i m*ont là planté chaque inné fanneuse bogèie,
Mais nën contents d' çoula tots les deux i d'mandët
Q*è r pièce di leu gros fa ji rmèlte on ptit cohèt.
Nelle.
Wattiz bèn aux cadeaux di jône fëie à jône homme.
Baure.
Po m' paurt ji n' rendreu ren, rçure est déjà tôt comme.
Liza,
On dit q' les ptits cadeaux intrutnel T^miiié.
Nelle.
Çu qui rlive çu q* on donne, est i* manîre d*esse dune.
Liza.
Mais faut bèn s* cusèï di toile sôre è s' jônesse.
Nelle.
Uèlle manîre d'èsse chèrî, r tiraoni prend doppe foèsse.
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- 5n -
Liza.
V'Ià qui m' boute inné idèie, j* creu q' elle va réussi :
Duscangèant les bouquets, j* les siève h bon marchi.
Nelle.
D'vin té cas V bon marchi pout ben coster Toir chtre.
Liza.
J'auret se! de mon cisse lotte novelle mantre.
Bacre.
Divin ces affaires là, qui vout totte novaité,
Créiez, li pu sovent, s* en a véiou hôdé.
Liza.
Ji vout risquer Y paquet; vos vièrez leu visége,
Staumuz, di s* creure siérvous tôt comme é plein gâgnège.
Baurb.
Mu feie, louquiz à vos.
Liza.
r est témp di s' dihombrer,
I m* sonle déjà les ôr, Iraflant po rasspiter.
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— o6 -
SCÈNE VII.
(Liza rentrèie è V poite di face, discange, d'audvin, les bouqaets, risérre les oohes
et on rveu les fleurs.)
Baure.
Hureux qui rëussihe avou s' tote seule idèie.
Nelle.
Jônesse qui jowe gros jeu, sovèiit a slu paneie.
Baure.
J*creu qui n' mousret ren d' bon de tour délie pôve Liza.
Nelle.
Lèianz à chaq si gosse, on V beut comme on V bressa.
SCÈNE VIII.
^Les amoreax rivoet, waitianl d'abord, puis faut des gesses d*admiraatioD, to
vèyaut les bouquets q' examioet, puis prendèt. )
Matoufet.
Sainte Bablenne, faut q* ji v* plante oûie inné fameuse chandelle
Po z aveur fait q* ji rçu si bai cadeau di m' belle.
Gilles (s'exaltant).
Qués triomphes! mauie nolu n'a rèpoirté des s' faits,
I faut q' on z' illumène, j' cour ter les potiquets.
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- 57 —
Matoupet ifani pareit).
Mëssiréz, jowez 1* z ôbaudes po dire à lotte li veie
Qui c*edt mi qui V ëpoite et, sèn walster, s' marèie.
Quéle feume j' âret! Di s' faites li moule a siu pièrdou !
Gilles.
To pensant à m* bonheur, j* so tournisse el bablou !
Matoupet (louquant les fleurs),
Dai m' sonle q' elle vique là d'vin, v'ia-i-inne rose q* è l' ravisse,
Veia-t-on ren d* pus bai, di mt fahi, d* pusfrisse ?
Gilles {(ant pareie).
J*admëre là tôt s* bon gosse, et dire qu'on si bai fa
C*est por mi, to tusant. . (i s'fiesteie) à mi, q'ell èl flochta!
Cher cœur ! !
Matou F ET (di mhne).
Trèzor d'amour, vèr li V bonheur m' amène.
Gilles (èvoianl on choufla vè f mohonne),
Ji Tabresse à picettes, ai vî creton d' a mène!
Filans vè les lampions. (/ s' met a cori vè /' pièce.)
Matoupet.
Abeie les musiciens (il court foir vile vè
f rowe et lots deux vnet asîoc a moitèie del scène, s'arrèstei lot
èwarés).
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- 58 —
Gilles.
Astoc!
Matqufet (H (nant V visège).
Quéle bouffe!
Gilles.
È pou-je?
Matodfet (avou colère).
Ëscuzèz !
Gilles.
Festbèntèmp!
Matoufet.
Po flahi par si foir, i faut ësse inné angaïe.
Gilles {to s' frottant).
Nos avaiis rçu toi Y même onne fire et hiltante daïe.
/ s' observât tèmp q' Liza ven à r plate forme, les louque et
les wèzènnes sont so leu soû.
SCÈNE IX.
Liza.
S' i s* alint acoïr, on rireut on pti cô.
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— 59 —
Nelle (èl mostrant à Baure).
Que cour q' elle a por z*elles.
iMatoufet (mostrant Gilles).
C'est co Tméme, èss li sô ?
Gilles {mostrant Mataufet, puis T bouquet qui çiçi poite).
C*est r coreu di torate... mais, sos-je troublé, qui veus-je?
Matoufet (d' mèmey avou èwèraution).
I a m* bouquet !
Gilles {pareie).
Via m*bai Maie! c*ess* ton malfaiteur, creus-je
Matoufet {mostrant les fleurs qui Gilles tèn).
Wisse as* ce ouiou coula ?
Gilles (du même avou colère).
Wisse r as* ce sutu liaper?
Matoufet.
Coquin, c'est ti q'à Tmeune.
Gilles.
Du quoiï
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- 60 -
Matoufet.
J* tè r vas prover.
(/ i'iance po rprinde les fleurs da Gilles qui s'garèie, è continowe).
Vos n' bojrez nèn d' voci.
Gilles {mostrant V poite dunant so V rowe),
Ji vas fér foncer Y ouhe.
Matoufet.
Au scours, à mi, main fôrt !
Gilles {rilouquant V mokannevèT rowe).
Diè comme li cour mi bouhe !
Q' sèret divnowe cisse chère ?
Matoufet (di même vè r pièce).
D' lèie quesst*i st'arrivé ?
Gilles ifant m pogne à Matoufet).
Rapaie, ti mèl paurèt,
Matoufet (faut on deugt à Gilles).
Ju t* fret disquailuler.
(/ louque si bouquet avou émotion.)
Et dir qui c'est mëtez tôt çu qui j'aret d*resse
Délie cisse qui j*aiméve tant (t r'sowe inné laume) !
Gilles {fantpareie qui Matoufet et avou C bouquet).
Cher cadeau, qui j* l' ^brosse.
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- 61 -
Matocfbt {tôt èwaré^.
Cesi qui ël baube li brigand, i* est tnaqué, c*est ben 1* mot.
Gilles {louquant les gesses di Matoufet).
I babeule, mais i a 1* bois, vën t* i d* Ghél, essti' sot ?
Matoufet {carant vè F pièce).
Et iiolu n* vèn, (t crèie) à V gaure!
Gilles {corant èl rowé\.
Pompiers, vinez tèmpesse !
Matoufet (rvèn et veut cari Gilles).
I s'auve ! jël rucnohret, rcanjahe-t-on à quattepësse.
(/ voléveporsûre Gilles^ mais i rvèn co vè V pièce au fMment
(fon agent passive è fond et q'on pompier arrivéve a corofi dèUe
rowe et chaque s'arresteie à Fouhe qui It va.)
SCÈNE X.
Matoufet.
Bonheur, volii Tagent; abeie don, accorez.
Gilles.
Voçi r pompier à pon; sën faute vinez, vinez.
L*AGENT {à Matoulet).
Mais q'a t*i, quéq hèrnauie, rëspondez, qui d*maiidéve?
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- 6-2 -
L' POMPIER (à Gilles).
A ti r feu, faut' i V porape, q' ave veïou, qui voléve?
L'agent.
Pàreuiréve ou j'è va.
Matoufet {toi (T soflé, séiant di rprhide alêne).
Voleur ou assazin.
Gilles (avou même expression),
Ji vèn d' veie H brigand, bizant, avou s' butin!
Matoufet.
J' la rescontré voçi corant avou Y bresseie,
Q' on moment d'vant j'aveut vinou mette è V allèie.
Gilles.
Adon j'avnou watti, nolu n*a respondou.
Matoufet (to fant des clameurs).
C'est po r flgnesse q' auret entré puis moussi foû.
(So P tèmp q' chaque cope sauie di dravi Vintreie, chaque di
s' costé, Liza court fou (C louhe di face, allant vè mon Baure,
Nelle les vèn rjonde.)
SCÈNE XI.
Liza {èstousmaquèie).
Ji tronle toi, comme inné fouie, ji creu q* Tafïaire si gaute,
Louqui don, v'Ia Tpolice qui foircihe l'ouhe .sèn faute.
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- 63 -
Mariau, vola q' intret !
(Des deux castes^ les poites ont stu drovàwes èssonUy toU quatte
etitret, an les veut délie poite di devant dimonawe au lauge.)
Matocfet {mostrant Gilles à t agent).
Arrestéz r, c'est cilà !
Gilles {aupompief\ mostrant Matoufet),
Nu li fez nou quarti, ci qui n* coirant voilà.
Matoufet.
Louqui ben qui n* sëchappe.
Gilles.
Âpougniz-le, cloïez V oulie,
Matoufet.
Di t' sauver, franc tigneu, c'est ti qui cnohe li i*douhe.
Gilles.
Qui? Mi?
Hais ti.
Matoufet.
Gilles.
C'est lu !
L'agent (à Matoufet).
Comme noiu n* sëtend ci,
En attendant q' on sépe, è tro v' vènrez todi.
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-. 64 —
V POMPIER {à Gilles),
Vo, pareie.
Gilles.
Cumin mi?
Matoufet {mostrant Gilles).
Diiez cila, jamauie.
L'agent (i /' èfnéne po /* poite di face).
Arche, èvôie au violon, soula sen fer noile bauie.
Matoufet.
Lèiz don v* z espliquer.
(Li pompiei- su avou Gilles et lots è vont vè V pièce, quand
Liza accourt ver zelles.)
Liza (à ses wèzènnes, tèmp qui sôrtet).
Ji n' pout portant les veie tôt les deux èminer.
(à rayent.) Ni ramassez nen toi, lèiz m'èdè mon onque.
Matoufet (surpris d* veie Liza et honteux).
])' vant ieie! È té cpagnèie!
Gilles.
L'veie; quand è V polte on m* chonque !
L'agent (à Liza).
D' que dreut n' z interrompéve?
Liza.
Passqui Tcoupaube c'est mi.
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— 65 —
iMatoufet (avou admirauiion).
L'ange vèn po ro'dulfvrer.
Gilles {du même).
S'dëvouemënt, lu voci.
L*A<ÎENT.
Ji rfy comprend pu ren {à Liza). Quî d'raan è cisse mohonne?
Liza.
Mi.
L'agent.
Q'y a-t-on hapé ?
Liza (sutT^tise),
lien du tout.
L' POMPIER.
Lïarce est bonne.
L'agent.
Qui fetlà ces bouquets?
MATOUFET (mostrant ci (TGiUes),
Vlà l'meune.
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- 66 —
Gilles {surpris).
Elle roi l'a dné!
Matoufet {staumtise).
Que bourdeu !
Gilles (mostraiit F bouquet d' Matou fft\
Et cila?
Matoufet.
C'est leïe qui m'ia sinqué,
Gilles {furieua),
Gredin !
L'agent (à Liza).
Vo, q'ènèd'héve?
Liza.
To les deux duliet veure.
N'auïant ren a leu d'né, j'a discangi les fleurs
Donti m* avint fiesti.
Uatoufbt {suiT^ris, à Uza).
Cmin, v' zè voU don deux ?
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— 67 -
Gilles (pareie).
Abën, on n' z èlahive è mé di hiltans pleus !
L'agent (à Liza).
Dai, DOS n* nos mèlans pus des affaires du bantreie.
L* POMPIER (aux (T livrés).
Vos deux, avou Mamzelle, ducmèlez vosse lizèie.
(Lu police è va ; Liza rmteure et serre li poite,)
SGJBNE XI.
(Ntlourel el Gilles so looquei sens sava trope si décider a s' mauvler,
mais s' loDqoant d' triviè.)
Gilles (râlant les ouies).
Fér on maie, et p' on s' iait !
Matoufet.
D* fér m* jaurdin p*ô té gas.
Gilles.
Qui r aureut par creiou?
Matoufet.
Cmin s' mette el tiesse té cas ?
Gilles (louquant Matoufet to riant),
Âben W z avant causi tots deux stu pris è lèsse.
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- 68 —
Matoufet (s' moquant).
Mi j*ë va, to v* leiant lu d* zirëie et belle pièce.
Gilles.
Dank, waurdez tots vos crus, i a quéq maxon là d'zo.
Matoufet (s'moquant).
Au rwaiii, ji v*sohaite de bonheur à gogo.
Gilles (vaut n' naller, mais s'ravise et va vè Nelle q' iest à
s'pdte; Matoufet va vers Baure).
Chère Dame, vos avez stu tèmon d* nost' avèntâre.
Matoufet {s' arrêtant et louquant Bawe).
Mais c'est q'elle est gënteie (t èF salowe etjauze).
Nelle (à Gilles).
D*vin tôt rparfaite est rare.
Baure (à Matoufet).
Elle est jône et sën misse, sai di rëscuzer.
Matoufet.
Vos avez bèn bon cour.
Baure.
Po quoi m*complimëi)(er?
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Hatoupet.
J'm'a sûr trompé d'èseigne quand j'a stu-t-adiez lëie.
Nelle (à Gilles).
Trop vite ni y*zènovréz, Tmarièg essf inné lotreie.
Gilles.
Essonle prendant Tbilet,
Fez m'eune caque, là, so Tpouf. (t tind s'main).
Ëvoie, risquez Tpaquet.
Nelle (sèn rèspofide au gesse).
Si c'est vraie à m' wèzènne poirtant rprumt novelle.
{Gilles It donne li bresse, i volet aller vè Vote cope qui fève
pareie po sWescontrer cauzi è moiteie délie scètie),
Gilles.
Jans li conter Tquaqua (à Baure et Siatoufet).
Ji v'prézènte mi chère Nelle.
Matoufet (à Nelle et Gilles to leu présentant Baure^.
Voci m'clioix, (les feumes su d'net Fmain et s*jauset, Matoufet
cor^inowe).
Âvou rôte on zesieu deux po eune.
Gial tôt iret au m!, chaque onque àret s*chasceune.
Gilles (à lurtots et d'nant s'bresse à Nelle).
A cabasse aux parents alans don Tannoncî.
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— 70 —
Matoufet.
Puis Tmayeur et Tcuré seront nos ahëssf .
Gilles (à Nelle, avau affection).
Nèlle, fez m'on ptit rizlèt, puss qu'on dit q'inne jône fëie
Dilahe todi rhiahia quand on jauze di hantrèie.
Matoufet {à Baure to li offrant s'bresse).
Baurc acceptév rau brèsse? (elle è Vprend, lu est joïeux).
Gilles, hèïèttemèn jan zè !
Gilles (t (ait on pas d* danse).
Ji v'sû, lègtr so X jambe et Y pas s'accélèrrèl.
Matoufet.
Pusse qui l'bonheur nous houque, n*eslaurjihan nosse couse.
[Matoufet rote èti avant vè V pièce, Gilles et Nelle suhet.)
SCÈNE XII.
(Liza paret à 1' plaie forme et fait on gesse di surprise to vèyant les deux cbpes.)
Mais, c'est qui s' ètèndet toi comme des côpeux d* boûse.
[elle creie) Turtots v' mavez trahis, allez don affrontés.
Matoufet {s' an estant, les êtes avou).
Di wisse vènrint cisse voix et ces mots esbarés?
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-- 71 -
Gilles (louquant autond* lu, ptUs V treiUe),
T\ n' mi trompe, c'est Liza qui gromeule k s* beuquette.
Màtoupet {à Liza).
Est-ce nosse faute, s' adiez vos nos avant fait bèrwette?
Liza {sdrement).
Ingrautes, è mé i* sanguisse tots deux m' lèlet d' morer.
Gilles.
Todi qui fait Y froumage, est I* pnimir à V oder.
Matoufet.
Ni rouvt mauie surtout q* les v!x honnêtes ûsëges
Sont todi les mèleus po c' cherrt les manèges.
Droumkenne, boagonnease; cette expression ne s'applique pourtant
qu'à une femme âgée : vtle droumkenne.
Plèvir, PIM, soupirer, aspirer, se plaindre, gémir. S'est dit d'abord,
selon toute probabilité pour aspirer à la main d'une femme. Â Verviers il
était synonyme de fiançaille. Et aussi « une fille plevie était une fille pro-
mise en mariage et plevir une fille c'était la promettre, » dit l'historien
verviétois Detrooz. De là, le même suppose que le mot main-plevie du
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.^
— 72 -
droit civil liégeois, traduit par manmplicata ou main pîiée, doit signifier
main promise, main cautionnée, main engagée, Plèvihant est devenu syno-
nyme de gémisseur, grand ou petit-G«^ plèvihau! i n' hixinènianlplèvïr.
Wihety wihette. Jeune garçon ou Jeune fille sur le point d*entrer dans
le monde. Ne s*emploie guère qu'accompagné de Tadjectif Jeune; onjàne
wihet, onnejàne mhetie. Pris toujours dans le sens honnête et gai, et bien
différent, pour les garçons, du mot lebrai qui s'emploie parfois aussi dans
la même ville.
J.-J. Renier.
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SOCIÉTÉ LIÉ&BOISE DE LITTÉRÂTUBE f ÂLLOM.
CONCOURS DE 1874.
RAPPORT DU JURY SUR LE 4"»* CONCOURS.
Messieurs,
La Société demandait : Un recueil des wallonismes
du pays de Liège, embrassant tous les dialectes
wallons de la Belgique.
Un seul concurrent nous a envoyé un ouvrage
d'une assez longue étendue et d'une importance
très-réelle. Il porte cette devise, extraite de Montaigne :
Une mauvaise façon de langage réforme mieux la
mienne que ne fait la bonne. Ce qui poinct, touche et
éveille mieux que ce qui plaît.
L'auteur du travail qui nons est soumis, possède
incontestablement une connaissance très- approfondie
du dialecte liégeois en même temps que de la langue
française. Il a beaucoup étudié aussi les langues
d'origine germanique.
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Nous avons remarqué qu'il se complaît à nous bien
persuader des études très-sérieuses qu'il a dû faire
de la langue et de la littérature de nos voisins du
midi. Nous ne nous en plaignons pas, puisque cela
lui donne l'occasion de rectifier un nombre très-
considérable de locutions fautives, qui, tous les
jours et à chaque instant, offensent à tout propos
les oreilles délicates.
A ce point de vue, le travail qui a occupé votre
jury mérite toute notre approbation. Il sera pour le
pays de Liège le meilleur omnibus du langage.
Seulement, il a tort de se lancer avec trop de
complaisance dans des discussions grammaticales
qui n'avaient que faire en ce sujet. Pourquoi se
méfier à ce point de l'intelligence ou de l'instruction
de son lecteur ?
Cette réserve faite, répétons que l'auteur du mé-
moire aura rendu un très-grand service à ses compa-
triotes liégeois.
Arrivons à la seconde partie du programme.
lia question posée en 1873 ne comportait que cette
seule exigence : tin recueil des wallonismes du pays
de Liège.
Ainsi posée, la question demeura sans réponse.
Mais un homme généreux doubla la valeur du prix,
en ajoutant au libellé ces mots : pour un travail
embrassant tous les dialectes wallons de la Belgique.
Votre jury s'est posé cette question : l'auteur a-t-il,
avec le même bonheur, satisfait à cette seconde
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partie? Nous remarquons avec plaisir, dans le travail
qui nous est soumis, des comparaisons très*justes et
souvent très-heureuses du patois de Liège avec les
patois de Namur (cousin germain du liégeois), de
Charleroi (cousin sous-germain), de Mons, de Tournai
et parfois de Nivelles.
Nous faisons remarquer sa prédilection pour les
chefs-lieux du Hainaut et du Brabant wallon. Mais,
dans ce travail de comparaison, nous regrettons de
ne pas voir figurer les dialectes de Binche,de Thuin,
de Beaumont, d'Ath, de Soignies, de Braine-le-Comte,
de Gosselies, etc., etc., en un mot de dix-neuf villes
toutes chefs-lieux de canton.
Il nous souvient, à ce propos, qu'il y a douze ou
treize ans, la Société avait demandé, dans tous les
patois du pays, une traduction de la parabole de
Tenfant prodigue, et que vingt-trois traductions nous
arrivèrent, tant du Hainaut que du Brabant wallon.
L'auteur, il est vrai, nous cite souvent Huy,Verviers,
Namur et Dinant. Mais nous croyons être justes en
remarquant que ce sont là de simples modifications
du liégeois.
Cependant, le jury s'est demandé si la Société, en
présence de ces lacunes, du reste faciles à combler,
pouvait méconnaître les hautes qualités d'un travail
très-consciencieux et très-savant?
La réponse de votre jury ne pouvait être douteuse:
nous avons décidé à Tunanimité que le prix proposé
a été légitimement gagné.
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Nous vous proposons de décerner à Fauteur du
travail la médaille d'or de deux cents francs.
Quelques observations de détail ont été faites dans
le cours de la discussion. Il serait long et fastidieux
de les énumérer ici.
Votre jury vous propose de décider que, lors de
l'impression au Bulletin^ l'auteur sera prié de s'en-
tendre à ce sujet avec le jury, et de faire disparaître
de son mémoire les longueurs grammaticales, plus un
certain nombre d'exemples et surtout d'anecdotes
trop connues. Le travail de l'auteur devait avant tout
constater plus que corriger.
Le jury :
J. DËJÂRDIN;
J. Stecher
et A. Alvin, rapporteur.
La Société, dans sa séance du 15 juin 1875, a donné
au Jury acte de ses conclusions.
L'ouverture du billet cacheté a fait connaître que
l'auteur du Mémoire couronné est M. Isidore Dory,
professeur à l'Athénée royal de Liège.
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PRÉFACE.
Un magistral qui possède admirablement notre patois, me
disait un jour : « Toute locution vicieuse employée dans le
français parlé en Belgique, doit se retrouver dans le wallon ;
si elle n'existe pas à Liège, vous la retrouverez à Namur, à
Mons, ou ailleurs. » Cette assertion me parut d'abord un peu
hasardée, je l'avoue ; mais la vérité m'en a été depuis démon-
trée par les recherches auxquelles je me suis livré en vue de
ce mémoire : elles m'ont prouvé de plus que les expressions
incorrectes signalées par les grammairiens ou les lexicographes
français, s'expliquent, à peu près toutes, par des tournures
propres à l'un ou à l'autre patois de notre pays. Ce sont, dans
le plus grand nombre des cas, des archaïsmes qui se perpétuent
dans le langage populaire.
Gomme on l'a très-bien dit, les patois ne sont, au fond, que
des dialectes cristallisés ; de là, la facilité relative avec laquelle
un liégeois qui connait bien son patois, lit Rabelais, Froissard
et autres vieux auteurs. La plupart de ces constructions sont
propres aux idiomes germaniques, mais elles appartiennent
presque toutes au fond wallon; bien peu paraissent être d'intro-
duction récente.
Si le patois de Liège a conservé une couleur teutonique plus
prononcée, c'est qu'il a subi constamment, et d'une manière
plus directe, l'influence de l'idiome thiois, dans le domaine
duquel la langue latine avait fait cette trouée vers le nord-est.
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Quant aux barbarismes provenant de la corruption du langage
dans la bouche du peuple, ils sont exlrémcment rares.
On peut même trouver la raison de certains d'entre eux
dans des confusions dont la langue littéraire elle-même nous
offre des exemples ; il suffira de citer bure, qui devrait être
masculin ; de par le roi, qu'il faudrait écrire de part le roi,
c'est-à-dire de la part du roi ; et champ, dans mettre une brique
de champ (liég. can, holl. kant) ; ceci, dit M. Grandgagnage,
est un bel exemple de corruption dans une langue acadé-
mique !
J'ai signalé un certain nombre d'expressions à peu près
inconnues oulre-Quiévrain, qui ont une facture française du
meilleur aloi, et qu'il serait peut-être pédant de condamner
d'une manière absolue. Telles sont les suivantes : paire (t. de
houillère), béguinette, ctnt (deux centimes), flan (traduction
conventionnelle de notre ftoyon, qui n'a pas le même sens).
J'ajouterai les mots suivants, qui sont d'un usage général :
cumulet, quartier (loger en garni), vigilante, verdurière, pistolet
{peiïipsiin), botteresse, devifhette (moi tournais.; liég. arfvma/)*
escabelle (double échelle), et balette (v. ce mot).
Qui donnera un équivalent exact des expressions: fa bon,
ji m'rafèïe, spiter, stmchi, spater, sprâchi, sirachi et de tant
d'autres ? Il n'est pas un liégeois de la vieille roche, se piquant
d^ailleurs de parler un français correct, qui hésite à les employer
dans toute leur verdeur native, au profit de la couleur et de la
force du langage. La pensée perdrait parfois toute son énergie
et le mot tout son pittoresque, si on les remplaçait par leurs
équivalents français.
J'ai fait voir, dans le iMémoire, qu'un certain nombre d'expres-
sions étaient condamnées à tort par les recueils diOmnibus en
usage dans notre pays. A force d'entendre répéter qu'ils doivent
se défier des locutions du terroir, les wallons en arrivent,
comme le chat échaudé qui craignait l'eau froide, à regarder
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coinine suspecte, toule expression qui ne leur paraît pas bien
régulière {*).
(*) CombieD de Belges se feraient scrupule de se servir des eipressions sui-
vaotes, qui sont parfaitemenl françaises : de la drâche ou de la drague [de tdrdxhe);
I ne faire ui une ni deux, Litt,; | rien que de le voir, id. v. A/«n, 42 ; | sauter
jusqu'au plancher (au plafond), Acad.; | faire une chambre, m.; | oui-d&; | pomme
d'amour (tomate\ Litt.; | mettre une charrette k cul, Acad.; | la matière (le pu6\
ID.; I tikchez de gagner cela sur vous, id.; | autre part, id.; | vers les quatre
heures, id.; | je me suis coupé, Litt.« v. Couper, 2i ; | un sarrau, un casaquin,
un caraco (m. sign., en tournais.), ID.; | la devanture d'une maison, id.; | aller k
la tenderie, Litt.; | un fer de cheval (au sens prop.\ Acad.; | c'est une bonnp, une
mauvaise paye, id.; | foncer sur quelqu'un, Litt.; | le pistolet lui a peté dans la
main, Acad.; | une quarte, Litt. {ine gwâte^ deux pintes); | cela ne vaut pas un
paiard, Acad.; | mise-bas, Lirr.; | k qui le dites-vous? «je le sais par expérience)
ID.; I faire enrager, Acad.; || il était pour partir, Litt. (sur le point de...); | il n'était
pas dans le cas de se tenir debout (capable...), id.; | l'année qui vient, Acad.; | an
drtMe de corps, iD.; | ce diable d'enfant, id.; | qui le rend si hardi do troubler ?
La Font.; | une escourgée {ine corUhe)^ acad.; | il est plus que le temps de...
M">« d*Epinay, J/ém., I, ch. 6, p. 304; | la mariée demeurait sur la paroisse
Sainte-Sulpice, ibid., p. 110, noie de P. Boiteau; | la gloire (la vanité) le perdra*
Acad.; | être hors d'âge (se dit d'un cheval), id.; | être hors de condition, id.; |
un homme d'âge, id.; | faire, un effort sur soi-même, id.; | dire son sentiment haut
et clair, id.; | claquer des mains, id.; | aller au bois, k l'eau, au pain, etc. (aller
faire provision de...), id.; | prendre du pain à la taille [à ttète), k la coche {hoche)
chez le boulanger, id.; {hoche est également français et se trouve dans le Diction-
naire de l'Académie) | les mouches à miel, id.; | c'est un balai neuf {on novai
ramon, fig.), ID.; | il y a ici pour contenter tous les goûts, Litt. v. Pour, SO ; |
mettre la table (servir), Litt. Bcsch.; | l'eau que j'ai bue ne tourne autour du
cœur, Acad.; | il en a mal au cœur (il ne voit cela qu'avec déplaisir), id.; | cela
va sans dire (d'après Micheels, wallonisme), id.; | nous n'avons jamais eu ensemble
une parole plus haute que l'autre, id.; | il est approchant de huit heures, id.;
I il n'y avait pas mal de curieux à ce spectacle, Litt.; | il n'y aurait pas de mal
qu'on se dépêchât, id., v. Mal ; | un homme comme lui (blâmé par un recueil
^'omnibus), AcAD.; | il accourt tout de son plus fort, La Font.; | être porté pour
quelqu'un, SÉv.; | du beurre fort, Acad.: | nous avons du temps devant nous, w ;
I ce serait faire tort à vos connaissances (être injuste) ; | c'est à savoir (marquant
le doute), Litt.; | et puis ma sœur par ci, ma sœur par là, Marivaux ; | au plus
vite (très-vite), La Font., Ruuss.; | â votre commandement (t. de civilité), Litt.; |
qu'avez-vous ? j'ai... que je suis malheureux comme les pierres, Besch.; | cela est
plus fort que moi, Litt.; | c'e.st co qui vous trompe, id.; | faire le mauvais, Acad.;
j quand il sera sur ses vieux jours, lo.; | faire tant de, ou tant que de... (aller
jusqu'à, se décider à...), Lirr.; | ah çà, répondez donc, Besch.; | je n'allumerai
pas de lumière, Th. Gauthier, Gemin, Stendhal ; i attendre quelqu'un sur la
porte, Stendhal ; | en manches do chemise, M^^^ de Sêgur, Dict. anal, (ou en
bras de chemise, Sardou ; | à moitié chemin, Acad.; | chercher, trouver son
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Plusieurs grammairiens, puristes à Texcës, oui condamné des
locutions employées par les meilleurs écrivains ; tel est le cas
pour àcause que,Qimonter en haut (AcAD.).Onest enfin revenu de
cette exagération qui ne tendait à rien moins qu'à transformer
la grammaire en un code roide et tyrannique, en une sorte de
lit de Procruste, où l'on mutilait la vraie langue française.
mieux, Lirr.; | Uissez-Ie pour ce qu'il est. Acàd.; | perdre fond, id.; | mettons
que le fait soit vrai, id.; | chasser un clou dans la muraille, id.; | meUre des vases
sur la cheminée, id.; | taches de naissance, Dict. anal.; | s'en aller sans deman-
der son reste, Acad.; | se tenir entre deux airs, id.; | un rousseau {on rossai) ^ id.;
I mauvaise graisse (embonpoint factice), Litt.; | Je ne suis pas fait pour tromper
(pas capable...), id.; | dire un service sur le corps, iD.; | dans le temps (autrefois),
Litt.; | ce n*est pas pour rien que (même dans le sens liégeois : je ne m'étonne
plus que...\ PoNSAHD ; | à celte heure (à présent), Lirr.; | pas seulement (pas
même), Acad.; | s'en donner. Mol., Rac, Bérang., Scribe ; | donner à connaître
que..., Acad.; | ils vous demandent des cinq ou six cents pistoles. Mol.; | prendre
une bonne purge, Litt.; | scier les blés (xoî), Acad.; | c'est un homme vert [on
vird chin)y ID.; | donner attention (blftmé par un recueil d'omnibus), Acad.; | le
onze d'octobre, AcAo. (vieux, Lrrr.); | battre les cartes, Litt.; | il cherche son
malheur, Acad.; | il a été des années sitns le \o\v, ID.; | à une lieue loin, d'une
lieue loin, une lieue loin, Litt.; | il est fort pour parler, Acad.; pour jouer, Litt.;
Il est fort pour le spectacle, le vin, Litt., v. Fort^ 19 ; | dans nos vieux jours,
sur nos vieux jours, Acad.; | prendre des leçons, id.; | une tète de chou, id.; |
vous avez bien fait de venir, Litt., v. Faire, 55 ; | être en pet-eu l'air, Acad.; |
si je suis fftché, ce n'est pas pour des prunes, Hol.. Sgati,\ \ prôtez-moi votre
aUention, Litt.; | une levée (ine lèvété), Litt., v. Chaussée; j commis en titre,
Acad.; | cela me casse bras et jambes, Courier, Chateaubr. (on dit plus souvent
coupe); I il n'a que de mauvaises paroles en bouche, Litt.; | Texcès de la boisson
donne mauvaise bouche, id.; | mon estomac travaille, Acad.; | comme la bière
travaille !id. | du bois qui travaille, id.; | on a beau prêcher qui n'a cure (ou cœur)
de bien faire, id.; | il n'a point goût au travail qu'on lui impose, id.; | il y a
longtemps qu'on attend après vous; Acad.; | la noix de galle resserre, id.; | j'achète
un chftteau sur mes économies ; | se trouver vis-à-vis de rien, Acad.; | proficiat
(je vous félicite), Litt., Bescb.; | vivre sur sa graisse (ou de sa graisse), Litt.; |
vivre sur son bien, id.; | nommer un enfant au baptême, Acad.; | cela ne se
demande pas,*LiTT ; | il n'y a pas à dire, Acad.; | être bien venu partout, id.; |
être bien venu de quelqu'un, Litt.; | le feu prend, Dict. anal.; | c'est du guignon
numéro un, Oct. Feuillet, tHermitage; \ comme ci comme ça, Bescb. et Gtiaii; |
fort des bras, des reins, Litt.; | être manche à manche, id.; | jouer en deux ou
trois manches, id.; | je \ous ai dit cela mille fois pour une ! Acad.; | il vous fait
mille et mille compliments, M™« d'Epinat, Mém,, n, 224; | ces livres coûtent Uni,
l'un dans l'autre, Acad.; | être à l'aumône de la paroisse, id.; | cette écuelle est
toute bosselée, Acad. (condumné par Hennequin)?
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On trouve dans le dictionnaire de Littré nombre de remarques
grammaticales fondées sur Tétymologie, la grande loi de l'ana-
logie, et principalement sur Tétude des modèles. La grammaire
n'est et ne doit être que la constatation des règles suivies par
les grands écrivains.
Sans parler de l'énergie, de la naïveté et du pittoresque de
l'expression (4), le wallon, et spécialement notre patois, présente
dans son organisme des avantages qui ont frappé plus d*un
linguiste étranger. La conjugaison y est plus complète que
dans la langue française ; les temps surcomposés (j'ai eu fini,
etc.) y sont de plein usage. Le liégeois, grâce à son patois, a
un sentiment délicat de la signification du passé défini, bien
que, chose étonnante ! il craigne souvent de passer pour pédant
en l'employant quand il parle français. Plusieurs verbes, qui
sont défectifs en français, ont, en liégeois, une conjugaison
complète, ou peu s'en faut : ravu, ravoir ; lûre^ luire (seul, Littré
dit qu'il n'est pas défectif); àrcj ouïr; soleûre, souloir (dial.
verviét.); braire; clore, clore \itoûde, sourdre; teake,{\sire;fèi'i,
férir; qwèri, quérir. — La langue romane avait hérité du latin
la faculté de former des composés présentant, d'une manière
laconique et énergique, plusieurs idées réunies; les différents
dialectes issus de cette fille aînée du latin ont transmis cette
précieuse faculté aux patois actuels, qui n'en sont que la conti-
nuation. On peut dire que, à ce point de vue du moins, les patois
sont restés synthétiques. (V. les articles re et dé); aussi la langue
littéraire pourra-t-elle ici, comme elle l'a fait plus d'une fois,
s'enrichir encore par des emprunts discrets et judicieux.
Certes, il faut blâmer la reproduction servile du parler popu-
laire, telle que l'entend l'école réaliste exagérée ; mais ne le
traitons pas avec ce dédain superbe qu'afTectent pour lui ceux
(*) Il est vite aduzé, il «si susceptible; elle est brave, main èV fât dire vite; H
baité^ la lune ; (/ est todis sofflé comme foû dCine bûie, d'une grande propreté ; il est
plein d^lais-m" è paie; c'est ji vous ji n*pous; elle fait H s' trente (c'est une
mijaurée).
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qui l'ignorent. Il n*a pas ses entrées dans la langue cultivée qui
vise à Taiticisme ; mais de temps en temps, grâce à Tusage —
plus fort que toutes les académies— gr&ce à un écrivain de génie,
qui, comme Virgile Ta fait pour Ennius, déterre une perle dans
le tas, gemmas e stercore, il se glisse dans des œuvres litté-
raires ; alors, en dépit des criailleries des puristes, les gram-
mairiens sensés s'inclinent, et le corps qui a mission pour
enregistrer les acquisitions nouvelles, se voit forcé d'adorer
aujourd'hui ce qu'il brûlait hier.
Bref, si nous voulons en écrivant ou en parlant réunir
élégance et pureté, traitons le langage populaire en ennemi,
mais, suivant le précepte du sage, en ennemi qui peut devenir
un ami. La langue française est une gueuse fièrel il faut lui venir
en aide, malgré qu'elle en ait.
Le grand réformateur Malherbe aspirait sans cesse à cette
pompe, à cette dignité de formes qui constitue aujourd'hui un
des caractères distinctifs de la langue française, ei que les cri-
tiques étrangers et les romantiques « à tous crins » lui ont
souvent reprochée. Et cependant, que fesait-il pour réagir contre
l'école de Ronsard, qui professait pour la vieille littérature du
moyen-âge et pour l'idiome populaire le dédain le plus injuste,
et qui, prétendant créer une belle langue, n'avait produit qu'un
pastiche maladroit, bourré de grec et de latin? Il disait : « Allez
écouler les crocheieurs du Port au foin ; c'est là que vous trou-
verez le vrai français. »
Examiner à la loupe tous les walionismes (â) signalés par les
recueils d^Omnibus^ et d'autres encore, tracer d'une manière
sûre et précise les bornes du domaine des locutions purement
(0 Voir dans le Dictionnaire de l'Académie au mol cuir, et au mot œil : entre
quatre yeux ; et dans l'ouvrage de M. âgnel : de l'influence du langage populaire,
etc. p. 3, ce qui est dit des anciens termes populaires remercier, répandre^ dérober\
vieux français mercier^ épandrcy rober^ montois, reuber ; voir enfin dans le
Mémoire aux mois chose et embrener.
(*) J'ai écrit wallonisme avec un seul n, par analogie avec gasconisme.
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wallonnes, est une entreprise difficile, qui demande beaucoup
de temps et des éludes irës-minutieuses. J'aurais reculé devant
cette tâche, si je n*avais obtenu le concours bienveillant et
efficace de mes anciens professeurs et de mes collègues
dans renseignement, et je leur en exprime ici tonte ma recon-
naissance.
J'aime aussi à reconnaître tout ce que je dois aux recueils de
Poyart, de Benoit, de Hennequin et de M. l'abbé Carpentier,
ainsi qu'aux glossaires wallons de Desrousseaux, Vermesse,
Hécart, Sigart, Cambresier, Remacle, Duvivier.Forir, Simonon,
Hubert, Dasnoy, et spécialement au Dictionnaire étymologique
de la langue wallonne, de M. Grandgagnage, qui fait autorité
dans la science.
Je termine en remerciant bien vivement la Société liégeoise
de littérature wallonne de l'accueil favorable qu'elle a fait à mon
Mémoire. Un pareil suffrage est un puissant encouragement à
bien faire
I. DOHY.
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A. l"" Couper à morceaux, câper à hoquet. (\) Dites : couper
en morceaux, couper par morceaux, couper en pièces, Acad.
Ex. Couper un aloyau par morceaux, Acad. Ainsi Forir traduit
mal casser à petits hoquet, casser à petits morceaux. Il fallait
dire : casser en petits morceaux, brésiller, ou rompre par petits
morceaux, Acad.
2» Les nuages se changent à pluie, lès nùliie canget à plaire.
Dites : se changent en pluie.
La tournure changer à, dans le sens de transformer, ne fait
pas loi dans le langage commun, mais elle est consacrée dans
cette phrase : Dans le sacrement de Feucbaristie, le pain est
changé au corps de Notre-Seigneur. On la rencontre dans la
poésie et dans le style soutenu. Ex. Cependant Thumble toit
devient temple, et ses murs Changent leur frêle enduit aux
marbres les plus durs, La Font. Phil. et Bau.
S*" Mon petit commence à lire et écrire, mip*tit k'mince à 1ère
et serire. Dites : à lire et à écrire.
4'' La maison (Fà Pierre, li mohonne d'à Piére. La fille fTà
Nicolas, li fèie (fà Colas, liég. et namur. En France, le peuple
emploie la tournure la maison à Pierre, la fille à Nicolas.
Dites : la maison de Pierre, la fille de Nicolas. L* Académie dit
que Texpression la barque à Caron est populaire. Tout le
monde dit aussi : la roche à Bayard, li roche à Bayaud, pat. de
Dînant. Hais on dira très-bien : cette maison est à moi, c'est
un ami à moi ; il a un style à lui, Acad.
(>) Tout texte wallon dont le patois n'est pas spécifié, appartient au parler lié-
geois.
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5<* Aller au médecin, au commissaire, aller â médecin (dans
nos campagnes, â méde), â commissaire. Diles : aller chez le
médecin, chez le commissaire.
Aller à quelqu'un signifie simplement se diriger vers quelqu'un,
aller au-devant de lui. Ex. Aller à l'ennemi.
Toutefois l'Académie admet aller au devin
&" Il a mis son fils aux Jésuites, il a mettou s*/i âx Jézuite.
Dites : chez les Jésuites, au collège des Jésuites. Ex. Il étudie
chez les Jésuites, Litt.
7» .4 terre. Cet arbre est tombé à terre, cisf âbe-là a totimé à
Flére. Il faut dire : par terre.
Le wallon n'a qu'une seule tournure, à ttêre; le français en a
deux : à terre ei par teire; elles ne peuvent être confondues. Ce
qui touche à la terre, tombe par terre; ce qui n'y louche pas,
tombe d teire. Un arbre tombe par terre, et ses fruils tombent à
terre. On dit de même : jeter une pomme à terre, et jeter une
maison par terre, ou jeter bas ; cette dernière expression traduit
littéralement le wallon taper jus {deorsum; CiH) parez le français
jusant, marée basse).
8*» A l'honneur de Dieu, à Vhoneûr di Diu, 11. ter eere Gods.
Dites plutôt : en l'honneur de Dieu. Ex. Faire quelque chose
en l'honneur de quelqu'un, Acad. Hymne en l'honneur d'Apol-
lon, Id. Cependant à riioiineur de s'emploie quelquefois. Il
avait composé des hymnes à l'honneur des enfants de Latone,
Fén. dans Litt. Vous me demandez les pièces de vers qu'on
a faites à mon honneur et gloire. Volt. Ibid. Dans la tournure
suivante, à est de rigueur : On doit dire, à l'honneur de ce
prince, que..., Acad.
9^ Nous étions à huit à table, nos estîs à ûit à Vlàve, Dites :
nous étions huit à table. Nous avons soui)é à huit, nos avans
sopéàûtt. Dites : nou.^ étions huit à ce souper, V. (eux, 4*".
10» C'est h moi à jouer, c*est à mi àjower, c'est-à-dire, c'est
à mon tour; mais on dit aussi, en français, c'est à moi de jouer
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pour faire entendre qu*on en a le droit. Le wallon traduit de la
même manière ces deux façons de parler.
11"* II est parti à la campagne, il est èvôïe à Vcampagne,
Dites : pour la campagne. Mais avec a//^on emploiera à : aller
à la campagne.
12*» Un habit percé au coude. V. Coude^ 1\
13° Les jeunes gens d'à cette heure, lesjônès gint d'asteûr.
Cela s'est dit. Ex. Un même soinn*a garde d'animer les nymphes
d'à cette heure, Bbi^serade, dans Litt. Nous pensons cependant
qu'on dirait mieux maintenant : les jeunes gens d^ aujourd'hui.
14<' Au feu. Venez au feu, vinez d feu, tï, kom aan hei vuer.
Dites : approchez du feu. Aller au feu a, en français, un autre
sens.
15» Une femme habillée à homme, ine feumme mousséie à
homme. Dites : habillée en homme, àcad. Bbsch.— Masqué à
pierrot, masqué à pierrot, Les deux neveu, I, 5. Dites : masqué
en pierrot. Ex. Habillée en fille, en arlequin, Besch. On le
masqua en arlequin, Acad. — Dites de même : une femme tra-
vestie en homme, ine feumme diguiséïe à homme; un espion
déguisé en ermite.
A, verbe, pour est, V. Sonner, Réfléchi, Tomber, Venir, Sur-
venir,
Abaisser. Abaissez-\ous un peu, abahiz-v* on pô, ou ine
gotte. Dites : baissez-vous un peu.
Abattage. Conduire un porc à r abattage, miner on pourçai à
rabattage. Dites : à l'abattoir.
Abattage, en français, veut dire l'action d'abattre les bois qui
sont sur pied, ou de tuer les chevaux, les bestiaux.
iV. B. Les lexicographes n'ont pas admis l'orthographe de
TAcadéujie : abatage; elle n'est nullement fondée en raison.
Abtmer. Ce mot signifie gâter, endommager, et non pas
salir, souiller, comme en wallon. Ainsi on dira très-bien : Ces
étoffes s'abiment au soleil ; mon chapeau a été abîmé par la
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pluie. Mais on ne dira pas : Mon pantalon est abtmé, mi pdtalott
est abtmé, pour faire entendre qu*ii est crotté, couvert de
boue.
Aboutonner. Aboutofinez votre frac, aboitnez vosse fraque.
Dites : boulonnez. V. Fraque,
Aoalandé. Cette boutique est bien acalandée, cisse botique-
la est Mn acalandéte. Dites : achalandée.
Acoonduire.Je vais \o\xs Vacconduire^ej va vos raecotiduire,
se dit, dans le patois du Hainaut, pour, je vais vous ramener.
C'est un arcbaisme signalé par Barré, comp. ÂcAo.,avec le sens
de escorter, accompagner, amener. On dit aussi à Liège : Vos
ak* durez (ad-con-ducere) vosse soûrjusqui dal. For. Tournez :
Vous accompagnerez votre sœur jusqu'ici.
Accoucher (s'). Elle s'est accouchée cette nuit, elle s'a-t-
accouki ouïe de V uutte. Dites : elle a accouché cette nuit.
Elle s*est accouchée signifierait qu'elle se serait délivrée
elle-même, sans le secours de la sage-femme.
Accoutumé. Accoutumé de faire sa méridienne, accoustumé
de fer s'prangtre. On dit plus souvent : accoutumé à, Ex. Je l'ai
accoutumé d faire telle chose, Acad. Il avait peine à travailler,
mais on Yy a accoutumé, In. Il est accoutumé à se lever de
bonne heure, Id.
Accoutumé de est un tour qui était de plein usage au XVII^
siècle, et dont se servent encore quelques auteurs modernes.
La tournure avec à correspond aux deux tournures ordinaires
en latin asmetus dwmiendo ou ad doimiendum; la tournure de
s'explique par l'ablatif, qui, d'après Freund, se joint souvent au
verbe assuesco : Hommes labore quotidiano assueti, Cic. Or
accoustumer représente les mots latins ad-consuetudinem.
Accoutumer s'employait autrefois intransitivement dans le sens
de avoir coutume. Dans ce cas, il régissait toujours de. Il avait
accoutumé de faire, Acad
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Acheter. 1° On m'a acheté une montre, on nCa actCté ine
monte. II y a amphibologie : on a acheté pour moi, ou de moi une
montre. « Le danger de l'amphibologie augmente dans une
phrase comme celle-ci, qu'on entend tous les jours, et qui est
en effet dans le Dictionnaire de l'Académie : j'ai acheté une
montre à mon fils, avec le sens de pour mon fils, mais qui peut
aussi signifier : j'ai acheté de mon fils une montre, il m'a vendu
une montre. On prendra donc bien garde, en s'en servant, à
l'amphibologie; et, en tous cas , on remarquera qu'ici l'emploi
de à au lieu de pour est du parler vulgaire et négligé. » Litt.
2** J'ai acheté ce livre pour six francs , fa-st-ackHé c'iive-là po
srix franc; fl. tk heb dat boek voor zes franken gekocht;Qll. ich habe
dièses Bueh fuer sechs Franken gekauft. J'ai vendu mon cheval
pour huit cents francs, fa vindoù mi cKvâ po ûl cints franc.
D'après M. Carpentier (Dict. du bon lang.J^ il y aurait là un
wallonisme, et le génie de la langue française exigerait la sup-
pression de pour. Voici des exemples à l'appui. Dieu est acheté
trente dentiers de son peuple ingrat, Boss. dans Besch. Il m'a
vendu ce cheval cinq cents francs, Acad. Il acheta notre Phrygien
trois oboles, La Font. Vie d'És. Socrate est vendu deux talents^
Chateaub., Études hist. p. 476. Dans ces phrases, les complé-
ments trente deniers, cinq cents francs, trois oboles, etc. sont
des compléments de prix; ils correspondent à l'ablatif des
Latins, qui se plaçait sans préposition après les verbes emere et
vendere, pour indiquer le prix ; et Ton sait que le français tra-
duit souvent les difTérents cas de la langue latine, sans rempla-
cer par des prépositions les désinences casuelles : id constat
viginti assibus, cela coûte vingt as.
Cependant la tournure avec pour, qui paraît être ici d'origine
germanique, s'emploie aussi en français. Ex. Il vend pour trente
deniers celui qui devait être la rédemption du monde, Bourd.
dans Litt. Judas vendit Notre-Seigneur pour trente deniers,
Acad. Les Péruviens rachetèrent leur roi, que cependant on ne
leur rendit pas, pour plusieurs milliers pesant d'or, Buff. dans
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- 90 —
LiTT. Je m'adressai à un marchand arménien, je lui vendis ma
fille et me vendis aussi pour Irente-cinq tomans, Volt, dans
Lttt. Acheter un château pour deux cent mille francs, Bbsch.
Le Mohatra est quand un homme, qui a affaire de vingt pistoles,
achète d*un marchand des étofles pour trente pistoles, payables
dans un an, et les lui revend à Theure même j^our vingt pistoles
comptant, Pasc. 8* lett.
Nous concluons de là qu'on peut employer ou omettre pour
devant les compléments de prix, après les verbes acheter^
vendre, racheter, revendre. Mais on dira avec la préposition
pour: il m'a vendu pour mille francs de marchandises, Acad.
Ici pour n'annonce pas un complément de prix proprement dit;
il indique le montant de la somme dépensée ou perçue. On dira
aussi avec la préposition à : Acheter du drap à vingt francs
l'aune, Acad.
Acolète. Etre choral, éire acolète à Saint-Paul, esse corâl,
esicûcolète à Saint Pô. Dites: être enfant de chœur à Saint-
Paul.
Acolète est une corruption du mot français acolyte (le clerc
qui a reçu Tun des quatre ordres mineurs, nommé l'ordre des
acolytes).
Acte. La première acte, H prumire ake. Il faut dire: le premier
acte.
Adjectif (Place de Y). Dans le wallon, l'adjectif servant de
d'épilhète se place devant le substantif. C'est un des résultats
de l'influence latine combinée avec l'influence germanique. On
sait qu'en latin l'épithëte se place le plus souvent devant le nom;
et la règle est absolue, ou peu s'en faut, en allemand et en néer-
landais. Du noir fil, dènéur fi; la blanche maison, H btanke
mohonne; un bleu habit, on bleu abit; une propre chemise,
ine prôpe chimixhe; un rond chapeau, on rond chapai; le neuf
pont (prononciation vulgaire, le neu pont), H noû pont; une
carrée tête, ine qwârêie tiesse. Dites : Du fli noir, la maison
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- 91 ^
blanche, un habit bleu, une chemise propre, un chapeau rond,
le pont neuf, une tête carrée Les adjectifs qui expriment la
forme ou la couleur se placent en français après le nom. Les
grammaires donnent à ce sujet quelques autres règles ; mais
ici le meilleur guide sera Tusage. Il est essentiel de chercher
à le bien connaître.
Adverbes (Ck)mplément des). Cela fait tant du mal, çoulà
fait tant dèmd;Y. Tant. Il a bu beaucoup du vin, U a bu àaicô
de vin. Tout plein des gens, tôt plin dès gin. U y a eu autrefois
tout plein des possédés, gna-st-aou devint ttimps tôt plin dès pos-
sédés; V. Plein. Un peu du pain, on p6 de pan. Je Tai vu tant des
fois, ji Va vèiau tant dès fête. Je n*ai guère de fargent, ji n"a
wère dès aidan; V. Guère, Dites : Tant de mal, beaucoup de vin,
tout plein de gens,HALH. dans LiTT.,il y a eu autrefois tout plein
de possédés. Volt, dans Litt., un peu de pain, tant de fois, guère
d'argent, (i).
Envfallon, le complément des adverbes de quantité est sou-
vent précédé des articles contractés de ou dès, qui équivalent à
du et à des. Ex. Des Tawes esteût vesîî d^haicô dès bin, Ann.
6^ a. p. 88, Tôt costé gna brammint dès capon, ForIr. Hrammint
de Vrosie. Tvraie Ervue d*Mons, a. 69, p. 14. Vonlà déjà tant dès
ans que je v'siers, pat. de Weismes Bull. a. 70, 2 I., p. 247. Ine
petite ville {Antoing) dusse quH a brammint dès fiette à boire
tout s'séau, Àrménaque de Tourn. a. 81, p. 16.
Toutefois la tournure avec la simple préposition équivalant
à de est également en usage; voici quelques exemples. Veyans,
Dupuis, assez d*sottréie ! Bull. a. 63, 1*" 1. p. 59. Ni fez nin tant
d^anchous (façons?), Bull. a. 58, p. 106. Ji m'y vas prinde
iabôrd avou baicô d'douceûr, Bull. a. 58, p. 42. U paresse è
(*) Fayart (dans LiU.) a dit : Prends ma montre dV fin et de l'argent tout plein;
ceci ne contredit pas la règle . de l*aigent est complément direct partitif de prends,
et tout plein, location adverbiale, n'a pas de complément.
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prind bin davantage (do timps) à biacô d'nos ôtes, Aartnonaque
di Nameur, a. 66, p. 26. Brammint pus d'finit , Tvraie Ervue
d*Hons, a. 69, p. 15. Avou bin wère di mot, Aurmonaque di
Nameur, a. 66, p. 3S. / faudrot beauquéop d'iécéon d*giéographie
aifiBi pou devenir cras et faire doubel mintéon^ Àrménaque de
Tourn. a. 61, p. 81. Via d'jà tant d'an que fvos sers, pat. de
Quevaucamps, Bull. a. 70, 2» I. p. 139.
AiUgé. Donner rautnône à une pauvre affligée, diner Va-
mône à 'n'pauve affligêie. Le terme français ne correspond pas au
terme wallon. Forir traduit : à une pauvre infirme (ou estro-
piée). Remacle dit qu'il est Téquivalent de bossu; le rouchi et
le patois de Tournai lui donnent le sens d'estropié. Le mot
affligé s'emploie substantivement en français, mais dans un
autre sens. Il est bon de consoler les affligés, Bourd., c'est-à-
dire les personnes à qui un mal considérable est arrivé.
Afbreuz. Il y avait un monde a/freux, gn'aveut n'a/freux
monde. Dites : il y avait un monde fou , Acad., il y avait foule,
il y avait beaucoup de monde.
Agresse. J*ai mal mes aguesses, fa ma mes aguesse. Dites :
mes cors me font mal. V. Mal.
Le mot agasse, ou agace est français et signifie pie, Acad.
Aider. Aidez-le à soulever son fardeau, aidiz Vsus. C'est
ainsi que Forir traduit la phrase wallonne. Le verbe aidi est
toujours transitif en wallon; en français, aider est transitif ou
intransitif. On dirait également bien ici : Aidez-lui à soulever...
Nous mentionnons la tournure, uniquement parce que certains
grammairiens ont prétendu (à tort, suivant Litt.) que aider à
quelqu'un, c'est partagei' personnellement le travail , la peine de
quelqu'un. Ajoutons toutefois que ceci va à rencontre de la
décision de l'Académie : Aidez-lui à soulever ce fardeau , Acad.
Aigle. Crier comme une aigle, braire comme ine aiguë.
Dites: comme un aigle, et mieux, comme un sourd, comme un
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- 93 ~
désespéré. Aiguë est toujours féminin en wallon ; c*est ie genre
de rétymologie : lat. aquila. En français aigle n'est féminin que
dans des cas spéciaux indiqués dans tous les manuels de gram-
maire.
Aimer. Taime de, j'aime mieux d^. V. Infinitif, n<* 1.
Ainsi, adv. l"" Ne dites pas des choses ainsi y ni (Thez nin
dès sakoi ainsi, liég. Qui a jamais vu un homme ainsi? qu*est'Ce
qu'a mâîe vèiou 'n'homme ainsi f liég. Beaucoup de leçons de
géographie ainsi, beauquéop dHécéon (fgiéographie tiinsi, tournai-
sien (ex. cité à Fart. Adverbe), Ce sont de grossiers barbarismes,
où ainsi doit être remplacé par tel ou semblable: un tel homme
(ou un homme comme lui) des choses semblables, de semblables
leçons de géographie.
9" Non, dit-elle ainsi, nènni dit-st-eUe ainsi, liég., il. popu-
laire : neen, zegt zij zoo. Il lui dit ainsi : mon père..., t li a dit
ainsin : mo père... tournais. Bull. a. 70. 2< 1. p. 118. Cet ainsi
est une véritable superfétation. Dites simplement : Non, dit-
elle; il lui dit...
3« Est-ce bien vrai? — Oui, c'est ainsi. Est-ce bin vraie? i4î(;è
c'est ainsi (on ajoute quelquefois : et nin autrumint)û. 't is zoo.
D*aprës Benoit, on dit plutôt: C'est comme cela, ou, dans la
conversation, c'est comme ça. — Ex. Monsieur Brutus achète
des bottes ! — Ce n'est pas possible ! — C'est comme cela,
Fréd. Soûl, dans Benoit.
Ainsi, conj. Vous voilà ainsi, vous partez ainsi, vous refu-
sez aitisi, vos vHa ainsi, vos 'nn" allez ainsi, vos r'fuse:^ ainsi.
Ainsi s'emploie très-bien en français et en wallon dans le
sens de donc, par conséquent; mais la construction de la phrase
diffère ; la seule bonne en français est celle-ci: Ainsi vous voilà,
ainsi vous partez, ainsi vous refusez.
Air. 1" Une belle air, ine belle air. Dites: Un bel air. Voilà
une joyeuse air, vola 'n' jineuse air. Dites : Voilà un air joyeux,
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un air gai. De même, dans un autre sens, respirer une bonne
air, respirer 'w* bonne air. Dites : Un bon air.
D'après Littré, « le provençal et Fespagnol emploient aire
(subst. fém.) dans le double sens de manière et d*air atmosphé-
rique » ; il est donc probable que la langue romane a confondu
aire, place, nid, manière (latin area, f.), avec air atmosphérique
(Intin aèr, m.). Ne peut-on pas conjecturer que le patois de
Liège se ressent encore de cette ancienne confusion ? Le sens
particulier de air (chant, mélodie) provient évidemment de air,
manière, comme le prouve l'allemand Wei$e, guise, manière,
qui s'emploie dans le sens de l'autre mot allemand Arie, chant,
mélodie.
Airer. Airer une pièce, aairt 'ri pièce. Dites : Aérer une
pièce. V. Place. Un grenier bien aire, on grini bin aairî. Dites :
bien aéré.
Airer, en français, veut dire faire son nid, en parlant des oi-
seaux de proie.
Aises. Connaître les aises, ou les aides d'une maison, Ki-
noxhe les ahesse (Tine mohonne. Dites : les êtres, pour signifier
la distribution de la maison.
Ce mot d'ahesse (fém. plur.) est évidemment de la même fa-
mille que ihéie, facile, aisé. C'est ce qui a donné lieu à ce
léodisme. On dit aussi les èhain d'ine mohonne. D'après M.
Grandgagnage, ce mot a la même étymologie que être.
Aisse. Balayer Vaisse, hover Vaisse. Dites : balayer Tâtre.
Alargir. Alargir des gants, alârgi des want, liég., alar-
guir, ou ralarguir des gants, rouchi. Dites : Elargir des gants.
C'est un ai*chaïsme : le complément du Dictionnaire de l'Aca-
démie cite les vieux mots allarger et allargi^sement.
Aller. 1» Je vais, ji vas, Rem. C'est un terme de jeu. Dites :
je joue, je tiens la main.
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Je vais est également un terme de jeu en français; mais il a
un autre sens : J*y vais de vingt francs, c'est-à-dire mon ei^eu
est de vingt francs*.
S« Ha fille va sur dix ans, mi fëie va so dixh am. C'est mal
dire, selon Hennequin. Mais d'après l'Académie et Littré cela
est français. — Elle va so vingt ans ; Forir traduit à tort : Elle
court sa vingtième année; en effet courir, c'est être en irain
d'accomplir une certaine année de son âge, tandis que sur
marque acheminement vers.
Hais il va sur quatre heures, t vat so qwatre heure, ail. es geht
aufvier Uhr^ est incorrect; servez-vous du gallicisme : il s'en va
quatre heures, Âcad. Ou dit plus souvent : il est bientôt quatre
heures.
3** Gomment vous va-t-il ? Kimint v' vat-i ? (*) Il faut dire :
Comment cela va-t-il? Litt.; comment allez-vous? id.; comment
vous portez-vous? L'Académie admet la tournure : comment
vous en va? Elle est dans Mol. Am. Méd. I, I. Elle ne paraît
guère usitée. Au surplus, le léodisme Kimint v'vat-i ? a une
saveur germanique qu'explique très-bien le voisinage des deux
idiomes. Wie gehts ? Hoe gaat het ? S'il faut en croire M. Tnbbé
Carpentier, qui note le flandricisme comment va-t-il avec vous ?
nos frères de TOuest auraient même essayé de rendre à
l'expression sa forme purement flamande.
4<> Je me suis en allé, fenn' a 'nn'allé, liég. Dites : Je m'en suis
allé.— Il s'est eti allé, i s'a inallé, pat. de Tournai, Bull, a 70, 3«
1. p. 117, i s'a in-nallé, pat. de Lille, id. Dites : il s'en est allé.
— L'adverbe en (lat. inde) doit précéder l'auxiliaire.
Micheels, dans sa Grammaire du patois de Liège, prétend que
la tournure wallonne est elle-même fautive; il faudrait dire:
(*) Noos ëcrivons vat-i et non pas va-t-i; te i n'est pas euphonique ; c'est la
terminaison même de vat ; ancien franc, il vat, tatin vadit, V. Braciiet, Nouvelte
gram. fr., page i50. Il faut bien maintenir le fr. va-t-il. L'usage est un tyran
bizarre, mais inflexible !
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enn*a allé; le pronon il est sans doute combiné avec la particule
adverbiale è (fir. en, lat. inde), de sorte que enn* est pour il è. Il
serait très-possible, d'après cela, que la construction vicieuse
eût passé du français dans le liégeois. En tout cas, le barba-
risme existant dans le parler wallon, il est utile de le signaler.
S"" Le feu va s'en aller, H feu va 'nn'aller, il. het vuer zal
uitgaan. Dites : va s*éteindre. On dit cependant : le feu va, Agad.
6° Je m'en vais revenir. V. Futur péripkrastique.
Allonger. Les jours allongent, ou rallongent, les jours rai-
longente, Arménaque de Tournai, a. 51, p. 11: Dites : les jours
s'allongent, Litt., les jours croissent, Acad.
Cette tournure fautive (les jours allongent) est également usi-
tée en France. Benoit blâme à tort la locution : les jours s'al-
longent.
Allumer. l^^Il allume, il allome, c*est-à-direil fait des éclairs ;
cela ne se dit pas. L'expression française est : il éclaire.
3° Allumez l^i lumière, alloumez, ou esprindez Vloumîre. Dites :
Allumez la bougie, la lampe, etc. Mais on peut dire allumer le
feu, ou du feu, Acad., alloumei' ou esprinde H feu. On dit aussi :
faire le feu, faire du feu.
Génin défend avec ténacité l'expression allumer la lumière,
qui, à vrai dire, devrait être admise, tout comme l'Académie
admet allumer une allumette. J'ai trouvé dans Th. Gauthier
rallumer la lumière.
Ami. Je ne suis pas ami avec ces gens-là, ji risos nin camé-
fade avou ces gint-la, fi. ik ben niet vriend met die lieden. Il est
préférable de dire : je ne suis pas ami de ces gens-là.
Suivant Laveaux et Nodier (Examen critique des diction-
naires), on dit ami de quelqu'un, et non pas ami avec quelqu'un,
et il ne faut pas imiter Voltaire dans cette phrase : Glaveret,
avec qui il était ami, avait été celui qui avait fait courir cette
pièce. « Gomme ce nom est une grande autorité, à fort juste
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titre, et que peu de personnes ont écrit plus purement que
l'auteur de cette phrase, il n'est pas inutile de dire aux jeunes
gens et aux étrangers qu'elle est extrêmement mauvaise. »
Nodier. Toutefois Littré l'approuve.
Il est camarade avoumi; tournez, il est mon ami, il est de mes
amis, c'est un mien ami, c'est un ami à moi. Des gint qui sont
camarade avou nos autes. Dites : Des personnes qui sont de nos
amis, ou bien qui nous sont amies. Mais ce genre de complé-
ment (ami à quelqu'un) n'est de mise qu'avec des pronoms qui
se mettent avant la verbe (Lirr.). Ex. Quelque ami que vous lui
soyez, Mol. La neutralité entre des femmes qui nous sont
également amies, La Bruy. dans Littré.
Amltieiix. Il a des façons ivës-amitieuses, il a des amitieuzès
mantre, liég. Dites : des façons très-aimables, des manières
affectueuses. Un enfant amitieux, ine amitieux èfant, liég. eune
infant amiteux^ lillois, eune amitieux enfant, rouchi. Dites : un
enfant caressant. Il est si amitieux, il est si amicieux, pat. de
Hons. Dites : il est si caressant, si affectueux.
Evitez de même l'adverbe amitieusement. Il m'a répondu d^une
façon très-aimable, et non pas amitieusement.
Amour. Il fait Vamour à, ou avec mademoiselle une telle, i
fait r amour avou mamzelleine télé. Hennequin a raison de blâmer
faire Famour à, qui n'est pas français en ce sens ; il faut dire :
Fait la cour à, ou courtise mademoiselle une telle.
Faire l'amour signifie se livrer à la galanterie. Ex. Il fait
l'amour à toutes les femmes, àcad. Ah ! lâche, fais l'amour, et
renonce à l'empire, Rag. Bà^inice.
Amphibologie. 1» Je lui ai entendu dire cela, ji li a ètindou
dire coula. Cette phrase est amphibologique ; elle peut signifier:
J'ai entendu qu'il disait cela, ou qu'on lui disait cela. Il faudra,
ou bien changer la tournure, ou bien, si l'on en use, s'assurer
que le sens est suffisamment déterminé par le contexte.
2« Faites-lui faire un lit, fez4i fér on lét, présente également
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un double sens : Ayez soin qu'on lui fasse un lit, et chargez-le
de faire un lit.
An. A la nouvelle an, â navel an, â Pnovelle annëie. Dites : au
nouvel an, ou au jour de Tan.
La première locution wallonne est d'importation française ;
en efTet le masculin novel n'existe pas dans notre patois, où l'on
dit : on novai habit, un nouvel habit. On aura ensuite retraduit
en français sans tenir compte de l'article contracté â, qui est
masculin. Hennequin traduit également par à la nouvelle
année ; mais cela est-il bien français f
Anis. 1*^ Ne faites pas ce mot féminin comme dans le
patois : Tanis étoile, li vette anisse.
C'est le nom d'une plante odoriférante, dont on fait des dra-
gées (n« 2) et l'anisette (n» 3).
S. Manger des anis^magni des anisse. Dhes: manger de Tanis,
Besgh.
3. Servez-moi un verre d'anw, tapez-m* on ven^e cCanisse.
Dites: un verre d'anisette.
Anoblir. Vos belles qualités peuvent vous anoblir, vos
belles qualités polet v's anobli. Dites : ennoblir.
Le wallon n'a qu'un terme pour traduire anoblir, donner des
titres de noblesse (li roi poui v*s anobli), et ennoblir, rendre
plus éclatant, plus illustre. Cette distinction ne date que du
XIX^ siècle, comme le prouve l'exemple suivant. Des passions
qui anoblissaient tous les objets, Fléch.
Août. Faire l'août, fer Vaousse, liég., faire Vaoui, lillois,
rouchi, montois. On dit plus souvent faire la moisson. Cette
locution, fort usitée dans nos patois, se perd en France, où elle
était autrefois de plein usage. Ex. Remuez votre champ dès
qu'on aura fait l'août, La Font.
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Apoplexie. Tomber d'apoplexie, chair ttapoplexie, p. de
Beaum. tourner dapâplizèiie, Forir, tomber Sapopléxie, Arm. dé
Mons, a. 62, p. 52.
Cette locution est vicieuse (Lirr.). Dites : tomber en apo-
plexie, AcAD., ou dans une apoplexie, ou être frappé d'apo-
plexie.— Ex. Cette nuit M"* la princesse de Conti est tombée
en apoplexie, Sêv. 116. Enfin il tomba dans une apoplexie dont
il mourut le lendemain 2 février, âgé de 43 ans, Fonten. UHâ-
pitaL Mais on dira très-bien : tomber d*épilepsie,Acad., tomber
du haut mal, id., tomber du mal caduc, tourner de ma d^saint.
Forir traduit à tort : tomber du mal de saint. On dit , mais
rarement : mal de Saint-Jean , ou mal sacré.
Apothicaire. Ce vocable doit son origine au grec apothèkè,
mise eu réserve, qui a aussi formé notre mot boutique^ par
aphérèse de l'a. Il a été détrôné, sauf dans le style badin, par le
terme de pharmacieriy lequel vient également d*un mot grec ,
qui signifie remède et poison. Les Wallons et les Flamands
comme leurs voisins d'outre-Rhin, sont restés fidèles à Tan-
tique apothicarius, qu'ils tenaient de la basse latinité. — Je
vais chez l'apothicaire, ji vas èmon Fapothiedre. Dites : chez le
pharmacien. -^ On dit cependant des mémoires (et non pas
des comptes) d'apothicaires, et Dieu nous garde d'un quiproquo
d'apothicaire, et d'un et caetera de notaire. Ce sont des ex-
piassions consacrées, où l'on ne peut rien changer, de même
qu'on ne pourrait, à peine d'un ridicule achevé, toucher aux
locutions, faire un pied de nez, un homme de six pieds six
pouces, etc.
Appamtlon. Apparution d'une comète, apparucion Une
siteûle à cowe^ Forir. Dites : apparition. On dit cependant com»
parution.
Apprendre. 1**. Je n'ai besoin de personne pour apprendi*e
mon ils, ji n'a mesâxhe di personne po-z^pprinde mi fi, liég.
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- 100 -
Dites : pour enseigner mon fils. — Je Pai apptis comme ça ( ce
chien), mont. Dites: je Tai dressé h cela, je Tai mis sur ce
pied-lk.
C*est un archaïsme : apprendre, avec le complément direct
de la personne, se trouve dans les auteurs du XVII* siècle, et
c'est de cet emploi que viennent les locutions bien appris, mal
appris, mdl appris. Oiseaux qu'ils ont appris à chanter toutes
sortes de ramages, Vaugbl. dans Litt. Il apprit des singes à dan-
ser, D'Ablang, dans Nodier, Ex. criL — A bien examiner cette
dernière phrase, il est clair que singes est complément de pro-
venance, et que le maître à danser est un singe. C'est le
contraire que l'auteur veut faire entendre. Il y a équivoque :
raison de plus pour rejeter cette construction. — La tournure
apprinde ine saki tend aussi à disparaître du wallon.
^ Nous lisons dans le Dictionnaire du bon langage : « On dit
très-bien : j'apprends la musique à cet enfant, (Wall, \apprinds
[musique d c't èfant-là). M. Carpentier veut faire entendre que
apprendre peut s'employer dans le sens d'enseigner. Cette
observation a son importance : plusieurs grammairiens, mal-
gré l'usage et l'autorité de l'Académie, prétendent que cet em-
ploi est incorrect. » C'est une erreur, dit Littré, car apprendre,
en cet emploi, est dans l'ancien français, dans Corneille, » dans
Pascal, la Bruyère, J.-J. Rousseau, B. de Saint-Pierre, Boileau,
Racine, etc. Quelle envie prend donc aux grammairiens, dit de
son côté Bescherelle, de contredire ainsi l'usage?
4* Apprendre le peintre, l'armurier, le maçon, le menuisier,
appiinde H pondeur Vdrmuri^ li maçon, li scrinî, fl. schilder^
leereti. Dîtes: Apprendre le métier, l'état de peintre, de maçon,
d'armurier, de menuisier, ou être en apprentissage chez un
peintre, chez un armurier, etc., ou être apprenti-menuisier, etc.
S"* On dira bien: Nous nous apprenons mutuellement ce que
nous savons, nos nos apprindans onk à taule çou qu'nos savofis.
Ici s'apprendre est verbe réciproque. Mais ma sœur s'est ap-
pris elle-même à broder, mi soûr s'at appris di Vite-même à
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- 101 -
brosder, est blâmé par M. Garpentier; il faudrait dire: a appris
d'elle-même à broder. Cependant Littré Viàmei s'apprendre oomme
verbe réfléchi, pour enseigner à soi. Ex. Cette dame s*est
appris à filer, Litt. Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'ils méditent
ce dessein, ils se sont appris à tourmenter les gens sur la bulle
et sur les brefs dlnnocent X , Pasg.
Apprentlsse. Elle est apprentisse-moniense, eUe est ap-
prindisse-monteuse^ liég. elle est appurdisse-môdisse , namur.
Dites: apprentie-modiste. On peut dire également monteuse; ce
mot est dans Poitevin et dans Bescherelle.
Apprentisse est une forme archaïque, aujourd'hui inusitée.
Littré cite cet exemple d'un auteur du XIII* siècle : Nulle
fillaresse de soie à grands fuisseaus ne peut ne doit avoir que
trois aprentices tant seulement.
Après. 1». Il faut dire, comme en wallon, un jour après,
AcAD. on joû après, et le jour d'après, Agad. li joû diaprés.
Dites de même, la semaine d'après, le mois d'après, l'année
d'après, Acad. Le wallon est ici un excellent guide. Il est éton-
nant que beaucoup de personnes disent le jour après. Il suit de
ce qui précède qu'on dira très-bien : Un jour après que j'eus
reçu votre lettre ; mais on ne pourra substituer le à un : Le
jour après que j'eus reçu votre lettre, li joû après qu'feuris
fçu vosse lette. Il faut prendre un autre tour. Le lendemain du
jour où j'eus reçu... M"'^' de Sévigné a dit le lendemain que j'eus
reçu votre lettre. Notons qu'on peut se servir également de la
tournure : le jour ensuivant, et mieux le jour suivant, Acad.
2<» Demander après quelqu'un, demander après 'n' saki, pat.
de Mons, naar iemand vragen, fl. On demande après vous, on
demande après vos, liég. Dites : On s'informe où vous êtes, on
désire que vous veniez, ou (dans certain cas) on vous demande.
A en croire Littré, cette manière de parler, condamnée par
des grammairiens, est usitée, et d'ailleurs elle est ancienne, et
se trouve dans Froissart. Ne pourrait-on faire observer, après
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- 102 —
réminent lexicographe, que Froissart était Belge ; cela expli-
querai!, jusqu'à un certain point, l'emploi de cette locution, oii
l'on retrouve probablement un vestige de l'influence germa-
nique. Voici un exemple de Dumas, père, qui, toutefois, n'est
pas une autorité pour la pureté du style : Il a demandé après
moi ? Angèle, I, 3. Autre exemple de Dumas, fils : II n'a pas
demandé après moi ? la Femme de Claude^ III, 4.
3<> Après qui cherchez-vous ? après qui cachée ? mont. Après
qui qwèrez-v' ? liég. naar wien zoekt gy ? fl.Il faut supprimer après :
Qui cherchez-vous ?
4<> Il crie après un de ses serviteurs, i crie après un duchés
domestiques, p. de Douai, Bull. a. 70. i^ 1. p. 115, c'est-à-dire,
il l'appelle à haute voix, il le hèle; t crie après in dses auvériers,
Toum. ... après un des ouveriers, Leuze, ... après un des dames-
tiques, Lessines, ... après un des varlets, Gossel .. après onk
desvaurlets, Fosses.
D'après le Dictionnaire du bon langage, crier après quelqu'un
est fautif. Cependant M. le professeur Gilles {Revue de VInstr.
pub., 1858, t. 1«% p. 386) fait remarquer qu'on lit dans Besche-
relle : Crier après quelqu'un, l'appeler, le désirer. A ce compte-
là, la phrase suivante nous semble correcte. Le malade crie
continuellement après le médecin, li malade brait ta fer après
t médecin»
Examinons maintenant cette même tournure, crier après
quelqu'un, braire après 'rt' sdki, au sens de le huer, le bafouer,
Vinsulter. Dans cette acception particulière, le wallonisme ne
peut se traduire, comme Forir le fait, par crier après quelqu'un.
Il faut dire, avec Bescherelle. crier sur quelqu'un. Ex. Dans les
rues, les petits enfants crient sur lui, Sév. ^ C'est donc à tort
que les Omnibus wallons et le Dictionnaire du bon langage blâ-
ment sans restriction la manière de parler crier sur quelqu'un.
V. Sur, n* 20.
Mais crier après quelqu'un est excellent dans le sens de gron-
der, pour traduire le wallonisme braire so 'n' saki, (V. Sur iv* iO),
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ei dans le sens de faire entendre hautement le blâme, la plainte.
Ex. Faire crier après soi, Acad. ... Qui criaient après les vices
de leur siècle, Mol. Préf. du Tart. On dit plus souvent crier
cotètre. Tout le monde crie contre ce ministre, Litt.
5<» Attendre après quelqu'un, courir après quelqu'un, rattinde
après V saki, cori après 'h'saki. Ce sont d'excellents gallicismes.
On ne les mentionne qu'en raison de Fanathème prononcé
contre eux par certains grammairiens. Nous puisons dans le
Dictionnaire de TAcadémie. «Faire attendre après soi. J'attends
après le médecin. Courir après quelqu'un pour s'emparer de lui,
pour lui parler. Il est parti, courez après. » Qui ne court après
la Fortune ? La Font.
6"" Par après il s'est repenti, par après i s'est repentu, rouchi,
par après i s"a r'pintou^ liég. Dites : Il s'est ensuite repenti. —
Déjeunons vite par après nous sortirons, dgunans rademint, par
après nos sôrtrans, liég. Dites : Déjeunons, nous sortirons après,
ou ensuite nous sortirons. — Par après i r'tioïa si Kfession^
Ann. a 71, p. 86; tournez : Il rétrs^cta ensuite sa confession. —
Ex. Nous en parlerons après, Acad. Partez et revenez après, id.
Par après se disait autrefois. Les en ôter afin d'y en remettre
par après d'autres meilleurs, Desc. Cette façon de parler est
tombée en désuétude.
Arboré. Un closeau bien arboré, oncoiihai Un ârhoré. Dites :
bien garni d'arbres. Les dictionnaires français ne donnent pas
cette signification à arbora, qui ne s'emploie que comme parti-
cipe passé du verbe arborer, élever droit comme un arbre: le
drapeau arboré.
Arcba. Du fil d'arcfta, ou A'arca,dèfid:ârca, liég. du fi d'arca,
rouchi. Dites : du fil d'archal. — Ce mot est une corruption de
orichalcuniy airain de montagne, et est synonyme de laiton.
Ardoisier. Un ardoisier, on hauieû. Dites : un couvreur en
ardoises, ou simplement un couvreur, lorsque le contexte suffit
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pour préciser le sens, comoid dans la phrase suivante. La tête
ne tourne point aux couvreurs sur les toits, J.-J.Kouss.,£m., II.
' Le mot ardaisier a été formé du verbe ardoiw\ couvrir d'ar-
doises, qui se trouve dans Littré, comme haïeteû a été formé du
verbe haieter, même signification. ( Haïe, ardoise. ) On voit ici
les dangers de l'analogie. Muren, miroir, disait un jour un qui-
dam qui hachait le français, mureû, miroir; donc crameû;
cramoir (terrine). Ardoisier, dit Forir, n'est pas français. Il faut
s'entendre. Littré le donne avec la définition : Celui qui exploite
une ardoisière, celui qui y travaille.
Ici le parler liégeois dame le pion au français : outre le terme
générique cavreû, il a encore le terme spécifique haïeteû.
Armanaque, almanaque^ armana. Une petite armanaque,
une petite almanaque, ine pitite armanaque, liég., eune petite
armonaque, mont., arménaque, tournais., rouchi, one pitite
aurmonaque, namur. Dites : un petit almanach. — Le patois de
Lille dit atmatia. Le barbarisme almanaque est le résultat d'une
combinaison de la forme française avec le genre du mot
wallon.
Armoire. Un vieil armoire, on vî ârmâ. On dit : une vieille
armoire. Cette faute est assez commune. On peut présumer que
le genre masculin est le genre primitif; en effet Tétymologie est
le latin armarium, de arma, qui ne signifie pas seulement armes,
mais ustensiles. Bien qu'il ne s'agisse ici que d'un détail, cons-
tatons une fois de plus que notre bon vieux wallon a conservé
l'empreinte originelle. On sait que le genre masculin correspond,
dans les langues néo-latines, aussi bien au genre neutre qu'au
genre masculin du latin. Au surplus le genre féminin du français
armoire s'explique : dans le dialecte de l'Ile-de-France, on aura
fait, du pluriel armaria, un nom féminin de la 1'- déclinaison.
V. au mot Louche.
Arrière. 1« Prononcez arrière et non pas errière, faute qui
se fait aussi en France.
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— 105 —
2« Mettez cela arrière de la table, mettez coula hi dèC ttâve;
liég. Diies : ôtez» enlevez cela de la table. — Ote cela arrière
de ta poebe, iitais cha arrière de Cpoche^ lillois. Dites : ôte cela
de ta poche. — Cette femme $e tient arrière de son mari,
cUse feumme-là s'tint èridi si omme^ liég. Dites : est séparée,
vit séparée de son mari. — Ne voilà pas (v. Littré, à Voila),
que Nicodëme veut se mettre arrière de sa femme, vHà-t-i pas
que Nicodème veut s'mette arrih'e de s* femme, chanson lilloise.
Dites : veut se séparer de sa femme.
L'adverbe arrive signifie. loin, mais, comme Tindique Téty-
mologie (ad., vers, rétro, en arrière), il répond toujours à la
question vers oii t (question quo). « Il n'est guère usité que dans
certaines phrases par lesquelles on enjoint .de se retirer, de
s'éloigner, et qui marquent l'horreur ou le mépris.» Acad. Ex.
Arrière de moi, Satan. Arrière les médisants. Arrière ceux dont
la bouche souffle le chaud et le froid, La Font.
Plusieurs traduisent .à tort èri par en arrière ,de. Il cherche
toujours à être en arrière de moi, t quire todis à esse èrid'mi.
Dites : à être loin de moi, et mieux, il cherche à ne pas me
rencontrer, il m'évite, il me fuit.
»£n airière de est une locution prépositive qui a trois signi-
flcations : A) sur un plan plus reculé : la cavalerie fut placée en
arrière d'un bouquet de bois; B) en retard : cet écolier ne fait
aucun progrès, il est fort en arrière de ses camarades : G) la S""*
est indiquée au n"* suivant.
di^ On lit dans HenneqUin : « C'est une faute de dire : Ne faites
pas, en arrière de lui, ce que vous n'oseriez pas faire devant
lui, » ni fez nin, èri d>lu, çou qu*vos n'wèz"rix> fér devant lu. Or,
dans les deux exemples suivant, en arrière est employé en ce
sens : Il me loue en présence, et me déchire en ahîère. Agad. ;
souvent on parle en arrière des gens autrement qu'en leur pré-
sence, LiTT. En arrière de s'emploie donc très-bien avec le sens ,
de hors de la présence de.
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~ 106 -
Arplvep. Il a arrivé, p. de Tournai. V. Tombbr.
B. Il :a de Targent assez, il a des aidant assez, — J'ai
mangé assez^ fa magni assez. — Je suis malheureux assez, ji sos
mdlhureux assez. Dites : il a assez d'argent, j*ai assez mangé, je
suis assez malheureux. Il est content a^s^:^ d'en être quitte. (Y.
Quitte). Bin aise assez rCain ette quitte, pat. de Hons. Dites : Il est
assez content d*en être quitte.
L*adverbe assez précède le mot qu'il modifie. Il est probable
que l'influence germanique n'est pas étrangère à celte construc-
tion wallonne : gross genug, alL grand assez^vfM. ; goed genoeg,
fl. bon assez, wàll. Dans le vieux français, assez se plaçait aussi
quelquefois après l'adjectif et le substantif. Ex. Il leur sembla
qu'ils seraient forts et puissants assez pour la conquerre,FROiss.
dans Litl. Quelques auteurs modernes ont imité cette tournure :
Riche assez pour repousser avec de l'or ce qu'elle [la vie] a de
mauvais, Dumas, père, Angèle, I, 4. Vou$ avez les plus jolis
enfants de tou( le pays. — Ah ! voisin, répondit-elle, ils sont
ce que le ciel les a faits, beaux assez s'ils sont assez bons : car
est beau qui fait bien, Nodier, le Vie. de Wakefield, ch. I. Il me
semble que l'inversion donne une force, une énergie singulière
à la pensée.
^siller. Assiller tout son argent, ossiller tout s*n arge^U,
pat. du Hainaut. Dites : dépenser tout son argent.
Atteler. Atteler quelque chose avec un bout de fil, atteler
risakoiavou on coron d^fi. Dites : attacher quelque chose....
Atteler le chien, atteler tchin. Dites : attacher le chien. — Atte-
ler, c'est attacher des animaux de trait : atteler des chevaux à
un carrosse, atteler des bœufs à la charrue.
Attendre, 1*» Attendre après quelqu'un. V. Après, n« 5.
3"* Vous attendiez-vous à ce qu'il viendrait ? vis attindiz-v" à
c'qu'i vêreût ? Dites : vous atiendiez-vous qu'il viendrait?
On dit s'attendre que, Vivec un mode personnel, et s'attendre à,
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— i07 —
avec rinfinitif. La faute signalée provient de la contusion et de
la réunion des deux tournures Ex. L'erreur la plus pernicieuse
est de nous attendra que Dieu nous attendra, Bourd.Tous s'atten-
daient h retourner dans leur patrie,' Lin. — Y. à l'art, infinitif.
Attendu. En payant^ bien attendu^ in payant, bin attindu,
Arménaque de Tournai, a. 51. Il faut dire : bien entendu, ou
s'entend, Agad.
Ai^Jourd'hui. Plusieurs ont condamné absolument la tour-
nure : Le jour d'aujourd'hui, li jou d'ouïe. Ce pléonasme, qui
se dii aussi en France, serait d'autant plus vicieux que le mot
aujourd'hui en renferme déjà un à lui seul ; en effet aujourd'hui
équivaut à au jour de ce jour (Aui, de hodie, et hodie, de hoc die).
Lîttré cite cependant ce vers de Lamartine, où il produit bon
effet : L'univers est à lui [Dieu], et nous n'avons à nous que
le jour d'aujourd'hui. Citons encore cette phrase de l'Aca-
démie : La journée d'aujourd'hui est plus belle que celle d'hier.
Ce pléonasme n'est donc pas toujours vicieux.
Aussi, l^" Aussi vile que vous aurez reçu la lettre, ossi vite que
v's ârezi^çû Flelte. Dites : aussitôt que, sitôt que, dès que vous
aurez reçu la lettre, ou, elliptiquement, aussitôt la lettre reçue,
ou une fois la lettre reçue. V. Vitb, n*» 2. — Aussi vite que se
dit, mais a un autre sens : vous y arriverez aussi vite que moi,
c'est à-dire aussi promptement que moi.
2<* On lit dans Hennequin : v C'est une faute de dire : Je n'es-
pérais pas un aussi grand succès. Dites': Un si grand succès.
Aussi exprime la comparaison ; si marque l'extension. »
Cela paraît bien absolu. Le wallon dit également bien : ji
ii'm' attindéve nin à ine si beUe réussite, eiji n'nC attindéve nin à
ine ossi belle réiifsite. Si belle signifie belle à ce point, tellement
belle; si marque une idée d'extension; ossi belle veut dire belle
ainsi, belle comme elle est; ossi marque une idée de compa-
raison. Mais évidemment l'idée estau fond la même, et si, dans
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la seconde phrase, ossi ne marque point, par lui-même, l'ex-
tension, le contexte amène naturellement celte idée. Au sur-
plus, TAcadémie, Bescherelle et Liltré disent positivement que
aussi s'emploie dans le sens* de tellement. Exemple: Gomment
un homme aussi sage a-t-il fait une pareille faute? Acad. Dans
une patrie aussi glorieuse, Litt. La voyant dans une situation
aussi brillante, je Tai suppliée de vous envoyer quelques
secours, Bern. de S'-P. — On peut, ce semble, conclure de là,
que la phrase incriminée : je n'espérais pas un au'&si grand suc-
cès, est aussi correcte que l'autre,,., un si grand succès, et ne
constitue pas un wallonismc.
Autant. I** A autant la pièce, à ottant l'pèce. Dites : à tant la
pièce. — Cette pièce de drap a autant d'aunes, cisse pèce ii drap
a ottant (Faune, Dites : à tant d'aunes. — Tant est ici un subs-
tantif abstrait qui exprime une quantité indéfinie, indéterminée ;
autant d" aunes aurait un autre sens; il marquerait égalité : celte
pièce-ci a autant d'aunes de long que celle-là. Ex. : Nous par^
lagerons : il y aura tant pour vous et tant pour moi. Acxd. Il
me demanda combien j'avais de revenu, je lui dis que j'en
avais tant, id. Dans l'indépendance où je voulais vivre, il fallait
cependant subsister; j'en imaginai un moyen très-simple : ce
fut de copier la musique à tant la page, J.-J. Rouss. dans Litt.
8« Il y a déjà autant d'années que je vous sers!
Il a (f;d autant ^[années que f vos serve l pat. de Nivelles.
V*là d^jà ostant d'annèïes quèfvos sieis! WalCQurt.
Vola d*jà ostant d'années quiji vos siès ! Namur.
Vola déjà ostant d^annêfes quiji v'siève ! Otton.
V'ià d^jà ostant d'années qui ji v'siève ! Marche.
Vola déjà ottant d'annexés quju v'siéve ! Limbourg.
Vola ottant d'années qu ju v'siéve ! Stavelot.
Dites : Voilà déjà tant d'années que je vous sers ! — On voit
que la distinction établie en français entre tant et autant n'existe
pas pour beaucoup de nos patois. Le premier marque l!exten-
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— 109 -
sioû, le second, la comparaison. TatU de signifie une si grande
quantité de, et autant de marque égalité de nombre, de quan-
tité, d*élendue, etc. E\. Il a tant d'amis, qu'il ne manquera de
rien, Acad. Il a tant de bonté! id. — Il boit autant de vin que
d'eau.
Autour, l^" Votre mère a autour de soixante-dix ans, vosse
mire a âtou cFseptante an, fl. omtrent ou rondom de zeventig.
Dites: a environ soixante-dix ans, a bien soixante-dix ans, a
près de soixante-dix ans.
« Bien s'emploie dans la signification d'à peu près, environ.
Il y a bien trois ans que je ne l'ai vu, Acad. >
Autour, dans le sens à*environ, est signalé dans le diction-
naire de Littré. Le baron de Bresse avait du roi autour de
20,600 livres de rente, St Sinon. Le peuple s'en sert encore en
France. H»'* Guizot introduit dans YEcolier un villageois qui
s'exprime de la sorte : Il y a autour de quatre ans qu'ils sont
dans le village.
2^ Il travaille autour de sa maison, il fmveûre âtou di s'mo-
honne. Dites: il travaille à sa maison. — N'allez pas autour du
feu, n'aUez nin âtou de feû. Dites : n'allez pas trop près du feu,
ou ne touchez pas au feu.
Autour signifie quelquefois auprès, mais alors il marque
une idée d'attachement, d'assiduité. Ex. C'est une personne si
charitable, qu'elle est continuellement autour des malades, Acad.
Autre. 1» Rien d^ autre. V. Rien et Personne.
2<> Les autres cinq, les autres six, les autes chonq, lesautes six,
Tourn. Il faut dire les cinq autres, les six autres. Le flamand
admet les deux tournures. Il est probable que c'est une vieille
locution française. Du moins, Littré cite les exemples suivants :
Les autres neuf, Gomm. Il en publia, un jour après, autres deux
cent et vingt, Amyot. (Pour .cet et, actuellement fautif, voir Et.)
Cette façon de parler s'est maintenue dans le Tournaisis et
dans le Midi de la France, où, d'après Littré, ont dit aussi : les
autres six.
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^
- no -
Avec. 1"* Montrer quelqu'un avec son doigt, mosirer n'saki
avou s'deUy fl. iemani met defi vingei* wijzen. Dites : montrer
quelqu'un du doigt. Ex. Il n'est pas poli de montrer quelqu'un
du doigt. LtTT. Montrer quelqu'un au doigt est une expression
figurée, qui veut dire s'en moquer publiquement.
2« Veux-tu venir avec f vetuç-tu v*nir aveuque? rouchi, fl. Wilt
gij mee komen. Dites : veux-tu venir avec moi, ou avec nous? -^
Viens avec, vies avec^ pat. de Mons. Dites : viens avec moi, avec
nous.
« Avec étant une préposition ne peut s'employer sans régime.
C'est donc une faute de dire : Venez avec ; il faut : Venez avec
nous. Hennequin. L'exemple est certainement fautif, mais la
décision parait bien sévère Voici plusieurs exemples où cet
emploi particulier de avec n'est pas sans quelque grâce; ils
montreront, ce me semble, que, dans certains cas, on pourra
déroger à cette règle un peu absolue. Nous habillera-t-on avec
du papier [papier-monnaie] mainienant? Nous cbaussera-t-on
avec^ ou nous en fera-t-on manger T Sand, les MississipietiSy III, i.
Il rêvait qu'un de ses oncles lui léguait par testament .toute une
province, les Péruviennes avec; Murger,5c. de'la vie de Boh.\.
Est-ce pour dire à l'enfant que le monstre croquera ses mitaines
et ses doigts avec ? Litt. (Il s'agit de l'élymologie de Groquemi-
taine.) Il a pris son manteau et s'en est allé avecy Litt. Il prit
son manteau et partit avec, Agad. M. Carpentier dit avec beau-
coup de justesse : « C'est surtout quand avec se rapporte à une
chose, qu'on supprime les pronoms {ut, elUt eux, elles, dont
l'emploi serait vicieux dans ces sortes de phrases. On ne peut
pas dire en efTet, il a pris son manteau, et il est parti avec lui. »
Il est bon de remarquer que, dans quatre de ces exemples, le
nom sous-entendu après avec se trouve exprimé dans la même
proposition ou dans la proposition précédente. Quoi qu'il en soit,
cet emploi de avec est du style familier, et il n'est guère admis-
sible que dans le cas particulier qui vient d'être signalé. Ainsi
l'on ne dira pas: je vais avec, ;i va avou, ik §a mee ; mais Ton
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- m -
dit très-bien : il prit son manteau et partit avec. Il y a ellipse,
ou, si l'on veut, avec est employé adverbialement, ce qui justifie
parfaitement Tétymologie de avec : apud hoc, en cela, avee cela
(LiTT). Ce serait quelque chose d'analogue à l'emploi de après
dans cette ghrase de Littré : Il a couru après d'une course pré-
cipitée, et dans cette autre phrase assez curieuse, qui se trouve
dans l'ouvrage du grave lexicographe: Pet de maçon, ainsi
nommé, parce qu'il y a du mortier après, \u surplus, comme
l'établit très-bien H. Burggraff dans sa Grammaire générale, la
plupart des prépositions ont été primitivement des adverbes.
Dans les langues à flexion, les rapports, à l'origine, n'étaient
marqués que par les désinences casuelles ; l'adverbe n'était là
que pour préciser davantage le rapport. Rien d'étonnant si les
langues dérivées du lafin, qui expriment presque toujours les
rapports au moyen des pré'positions, ont conservé en maintes
circonstances, à plusieurs de celles-ci, la valeur adverbiale, que
beaucoup d'entre elles avaient dans la langue-mère. Ainsi après
vient de ad et de prope, comme le prouve le wallon aprèpi, h
peu près supplanté par approcher. Or on sait que prope était
plutôt adverbe que préposition. V. âpres, n<* 61
3« Hais on fait un grossier wallonisme en donnant à avec le
sens de aussi. Ma sœur s'est bien amusée, et moi avec, mi
maseûr s'a bin amuié et fni avou, liég. Dites : et moi aussi. Il
en a avec, i ia avec, mont. Dites : il en a aussi. Mettez-lui avec
un anneau, metiez It avec in anniau, p. d'Ath, Bull. a. 70, 2« I.
p. 136. Dites : mettez-lui également un anneau.
i^ Que puis-je taire avec ces livres? qui pous'-je fér avou ces
/to«-/à? Dites: rf^ ces livres-là. — Ce wallonisme est un flan-
dricisme : wat kan ik doen met die bœken ?
&"" Avec qui parliez-vous ? avou qui pârliZ'V\ Cette tournure
est blâmée à tort par M. Carpenti^r ; elle se trouve dans le
Dictionnaire de l'Académie au mot parler : parler avec quel-
qu'un. Toutefois, il me semble qu'une nuance la sépare de la
tournure à qui parliez-vous? Avec qui parliez-vous parait impli-
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-. 112 — .
quer l'idée d'entretien, que ne comporte pas nécessairement
Tautre tournure.
6"* Avec tout cela, j'ai perdu mon argent, avou toi coula, fa
pietdou mes aidant Dites: grâce à cela, à cause de cela. Avec
a aussi ce sens dans le patois de Tournai. Un jeune Tournai-
sien, qui venait de. dénicher un nid de corbeaux, arrive au
catéchisme, ayant les petits corbeaux cachés sous sa blouse,
au-dessus de la ceinture. Le curé lui ordonne de se frapper la
poitrine, comme on fait à la messe au mea culpa. Après une
longue résistance, le jeûne gars se fâche et se frappe violem-
ment la poitrine ; puis il s*écrie : Avec tout cha. Monsieur le
curé, fax tué mes cola. Tournez: grâce à cela, à cause de cela,
j'ai tué mes corbillats.
Avec cela se dit, mais signifie : l*" par le mo^en de cela : avec
cela, vous êtes sûr de réussir, Agad.; 2<> malgré cela: avec tout
cela, vous n'en êtes pas moins sa dupe, Agad.
7° Êtes-vous ami avec lui ? V. Ami, Parent et Camarade.
8<> J'ai ri comme un fou avec cette histoire, ji ria comme m
sot avou c't histoire-là. Dites: J'ai ri... de cette histoire. G est
un flandricisme. Ik heb met die geschiedenis als een gek
gelachen.
'9^ Il vit avec le produit de sa ferme, f Pique avou lès riv'niowe
di s'einse. Dites : il vit du produit de sa ferme.
Avec marque ici le moyen, comme dans les exemples sui-
vants: Avec le secours du ciel; avec de la réflexion, nous
comprenons, Litt. Et tu crois m'éblouir avec cet artifice, Gorn.
Mais vivre de^ixyec un nom de chose, est une locution toute faite.
V. toutefois Sur, n*» 1.
La phrase : vous vous ferez des ennemis avec vos médisances,
vos v'feiez des inn^mi avou vosse mdle linwe, condamnée par un
recueil d'Omnibus, est, ce mé semble, correcte et parfaitement
admissible dans le style familier.
10« Déjeuner avec du boudin, dijuner avou de l'tr^e.
On dit déjeuner, dîner, souper avec, en parlant de personnes,
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— 113 -
et déjeuner... de, en parlant de choses. Ne dites donc pas :
J*ai déjeuné avec une douzaine dliutcres, à moins que vous ne
vouliez faire une mauvaise plaisanterie. La règle n'est cepen-
dant pas absolue: on s*en écarte dans la pratique, surtout
quand il n'y a pas d'équivoque possible. Déjeuner atw une tasse
de café au lait, Litt. Souper avec un poulet, Acad. Déjeuner
avec des œufs frais. Mol. Fich. II. 7.
li« Pariir avec le premier train , mn'aller avou Cptwni
eofivoi^ fl. met den eersten trein vertrekken. Dites : partir par le
premier train.
IS*" Avec cela fti'elle est laide et vieille, avé ça qu*elle est
laide et vieille^ pat. de Mons. Le sens est: outre qu'elle est...
ajoutez à cela qu'elle est... Tai entendu blâmer cette tournure,
qui semble admissible dans le style familier. Y. un ex. dans
Fabrb, le Calvaire de la baronm Fuêter^ page 303.
Avoir. 1* Il faut qu'il aie fini à quatre heures, i fût quHl
aie fhu à qwatr* heure. Dites: qu'il ait. — C'est une faute que
Vaugelas relevait déjà au XVIP siècle, et que l'on entend encore
très souvent, même en France.
?• fai cet en&nt-là cAer, fai c'-n-infant-là hier, pat. borain,
fai eU infant-là quer, pat. de Lille, ik heb dat kind lief^ fl., ich
habe dièses Kind tieb, ail. Dites: J'aime cet enfant, ou cet enfant
m'est cher.
Cet idiotisme, qui nous est venu d'outre-Rhin, est usité dans
le Hainaut et la Flandre française ; il était de plein usage dans
la vieille langue française ; il est du reste d'ancienne date. Les
douze pairs que Charles a tant chers, CA. de Rolatid^ X* siècle.
Guenelon sire, je vous ai forment chier, Ronc, XII'' s. Covei*
tise a f autrui trop cher, La Rose^ XIII* s. fai aussi cher de
n'en rien faire, Louis XI, XV^ siècle, dans Litt. A ce compte,
un homme n'aurait cher ny Thonneur ny la science, Avyot.
Actuellement, l'emploi en est restreint: cher doit toujours être
modifié par un adverbe d'intensité. Ex. Après les dieux, ce
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— 114 -
que les Romains avaient de plus cher, c'est la patrie. Roll.,
HUt. rom., Préf, Un bien que j'ai si cher, Malh. dans Lîlt.
3"* Un recueil d*omnibus condamne remploi de il y a avec
un verbe unipersonnel : il n*y aqu*à pleuvoir, qu*à neiger, nous
serons dans de beaux draps, igna qu'à ploûre, quà uîver, nos
sèrans prôpe. Il faudrait dire : s'il vient à pleuvoir, à neiger.
(V. le moi Propre.) C'esi trop de rigueur. Linré dit positivement :
Il n'y a qu'à pleuvoir, c'est-à-dire la pluie peut survenir.
¥ Il y a la laitière qui sonne, ^na i'Ieumme â lessai qui sonne.
— Dit3S simplement : la laitière sonne.— Hais on dira très-bien :
il y a /à un homme qui vous demande.
6*> Avoir bon. V. le mot Bon. — Lavoir belle. V. Beau.
B
Bao. Un bac de maçon, nn bach di maçon.Diies : une auge de
maçon. — Mettez de Tavoine dans le bac des chevaux, mettez
(Tl'avonne è bacii dès ch'vâ. Dites: dans la mangeoire des che-
vaux.— Le tace»t vide depuis longtemps, les \aches beuglent,
li bach est vu dispôie longtimps^ les vache braièt. Dites : la crèche
est vide.— Le 6ac du chardonneret,// bach d'à cherdin. Dites
l'auge du chardoimeret. — Le bac aux cendres, li bach d cinde.
Dites: le baquet aux cendres.— Un bac au charbon, on bach â
châfège, liég. un bac à charbon, rouchi. Dites : un baquet à
charbon.— On dit à Tournai une charbonnière ^ mol qu| n'est
pas français, en ce sens.
Littré admet le mot bac dans le sens de cuve de pierre pour
recevoir l'eau de pluie. Il désigne aussi un grand bateau plat
glissant le long d'un câble,et destiné à faire passer les hommes,
les. animaux, les voitures, etc., d'un bord d'une rivière à l'autre.
Ex. Passer la Meuse dans un bac. Passer le bac à Ghokier.
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— 115 —
Bacon. Un bacon de lard, on bacon (Tldrd, liég. in bacon
cTlard, pal. de Mons : Dites : une flèche de lard.
Bacon est un vieux mot français, qui veut dire : chair de
cochon salée, Comp. du D. dt VAcad. Il a passé dans la langue
anglaise, où il signifie lard.
Baguer. Débagager, Débaguer, Il bague demain, i bague
dimain, liég. 1 débagage, ou, f débague edmain, mont, rouchi.
Dites : il déménage demain.
La racine est bagues, en français, bagage, Acad., en liég.
hardes. Le franc, bagues n'est plus usité que dans cette phrase :
sortir vie et bagues sauves
Baguette. On dit très-bien mener à la baguette, miner à
rbaguette, commander à la baguette, kimander à Vbaguette; on
ne dit pas faire aller à la baguelte, fér aller à Cbaguette. Dites :
gouverner à la baguette, mener tambour battant On ne dit pas
tetiir la 'baguette, Uni rbagneile, ni jeter la baguette, taper
fvège; on dit: faire tourner la baguette (la baguette de coudrier,
la baguette divinatoire). Enfin yandre à la baguette, vinde à
(baguette, doit être remplacé par vendre à l'encan. V. Hausse,
Baigner. Nous irons baigner, nos irans bagni, nous irons
promener au frais, jws irans pormiuer à rfriskâte; allez cou-
cher, alleZ'S'couki, Dites: nous irons nous baigner, nous pro-
mener au frais, allez vous coucher.
Dans le sens de prendre un bain, marcher, se mettre au lit,
ces verbes sont réfléchis, et Ton ne peut supprimer les pré-
noms réfléchis que dans des cas tout spéciaux. Ainsi TAcadémie
admet la locution familière : envoyer promener, phrase peu
polie qui correspond à Tidiotisme wallon: fér bdhi brézète (les
mains, expression ironique). Cette faute a été commise par
J.-J. Roussseau. J'ai toutes les peines du monde à obtenir...
qu'elle veuille bien venir promener avec moi. Littré a constaté
qu'au XVP siècle ce verbe était intransitif. C'était contraire k
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- 116 —
l*éiymologie {pro^minare^ mener eu avaut).— Avec faire, on
supprime ordinairement le pronom personnel d'un verbe ré-
fléchi. Faire baigner un chien barbet, fir bagni on chin canard.
Le wallon est ici un bon guide. fiOtte suppression a lieu après
faire avec tout autre verbe: l'aire fôcher quelqu'un , fér mâvler'-
n*9aki. Enfin coucher, verbe intransitif, signifie passer la nuit,
le temps du sommeil. On dira donc très-bien : il est allé coucher
dans la rue, pour faire entendre qu'il y est allé passer la nuit.
Bftllle. Faire une bâille, fér 'n* bâïe. Dites : faire un bâille-
ment. Prononcez â long ; c'est ce qui distingue bâiller {bdï^ de
bailler (diner).
Cette faute est analogue à celle de donner une baise, donner
V baise, pat. de Mons et de Tournai, et rouchi. Dites : donner
un baiser. Baije, ou, baisse à pinchette, pat. de Mons. Dites :
baiser à pincette, en pincettes, Litt., à la pincette, Acad., c'est-
à-dire en prenant doucement les deux joues avec le bout des
doigts; en liégeois, bâhi à picette. Ils se donnaient des baises,
i s^dinit de bèch, pat. de Liège et de Verv. Dites : ils se don-
naient des baisers. Il lui a donné un baiser, i li-z-a d^né du bêche,
pat. de Nivelles, Bull. a. 70, 2« 1. page 16S. Dites : il lui a
donné un baiser.
Baletto, namur. Fôke, liég. ; planchette dont se servent les
jardiniers pour fouler la terre. Forir traduit par batte, qui n'a
pas la même signification. Il m'a été impossible de trouver le
mot français correspondant.
Baise. V. Bâille.
Baiser. Baisez-le, bâh^z-V. Dites : embrassez*le.
Le plus souvent on substitue en français embrasser â baiser;
mais il ne faut pas abuser. Ainsi Littré blâme la tournure, il
lui embrasse la main, dont on use parfois ; dites, comme dans
le patois de Mons, il lui baise la main, i li baise el mahk. En
effet, embrasser, c'est non appliquer la bouche, mais serrer
dans ses bras.
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- 117 -
Balziner. Vous balxinez toujoura, vo» balzinet iodis^ liég.
Dites : vous lambinez toujours. Vous baUinez toujours, vos bal-
sinez tondis^ mont. Dites : vous hésitez toujours.
Barboter. La vieille Marguerite ne fait que barboter, li vèïe
Margot ni fait qu" de barbotter. Dites : ne fait que gpronder,
bougonner, grommeler. On le barbote quand il rentre trop tard,
OH tbarbote quand i rinteûretrop tard. Dites : on le gronde, on
le bougonne... Litt.
Barboter, en français, sert à exprimer le mouvement et le
bruit que certains oiseaux aquatiques, particulièrement les
canards, font avec leur bec, quand ils cherchent leur nourri-
ture dans Feau ou dans la bourbe. Ex. Des canards qui bar-
botent dans une mare, Acad.
Barboteur, teuse. Vous êtes un vieux barboteur, vos estez
on vt barboteû. Dites : un vieux grondeur, un vieux grognon. —
Vieille barboteuse^ vèie barboteuse^ ou barbotresse. Dites :
vieille grondeuse, vieille grognon.
Barboteur et barboteuse sont français, mais le premier mot
désigne le canard domestique, et le second est un terme bas pour ,
désigner une femme de mauvaise vie.
Barrette. Faire barrette, fir barrète, liég. A Mons, on dit
faire Fbartiau. A Lille, on dit faire queuette, et faire bis^ à
Tournai, faire queuette. — La tournure française est : faire
l'école buissonnière, ou manquer l'école. — Il a fait deux bar-
relies, il a fait deux barrète, liég. Dites : il s'est absenté deux
fois de la classe, il a fait deux absences. — On se rappelle le
mot qu'un loustic écrivit un jour sur la porte de M. Barett,
ancien grand-vicaire à Liège : Dieu créa le monde en six jours,
et le septième, il fit barrette.
Barrette est français, mais sert à désigner un petit bonnet
plat, et, spécialement, le bonnet rouge des cardinaux. Recevoir
la barrette. «
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- 118 -
Bas. I*" Sauter bas de son lit, en bas de son lit, pochi jus di
8* lit. Il est tombé bas, en bas de son cheval, il a tourné jus di
s'ehivâ. Dites : sauter à bas de son lit, il est tombé à bas de son
cheval. ~- Il est en bas de Téchelle (ou il est au bas de l'échelle)
pourrait se dire, mais ferait entendre qu*il est sur les échelons
inférieurs. Comparez la phrase de rAcadémie : il est en bas de
Tescalier, c*est-à-dire, il est au bas de Tescalier.
2® Mettre bas (renverser). Capable de mettre bas un homme
robuste, faite à bouhi on foirt homme jus, Chalmont, chanson.
L'Académie, en ce sens-là, n*a que mettre à bas; ainsi il faudrait
dire: mettre à bas un homme robuste, c'est-à-dire, le ren-
verser, le terrasser. Mettre bas est un archaïsme.V. un exemple
de Corneille, dans Littré.
S"" Mettre bas, en bas, jeter bas, en bas (démolir, abattre . Nous
mettrions la maison en bas dans l'espace de huit jours, nos met-
UHs Vmohonnejus so hût jou, liég. Dites : nous mettrions la maison
à bas... — Jette un peu cette grosse branche là en bas, tape ein
pau c'grosse branke-là jus, mont. Dites : abats un peu cette grosse
branche. (V. les mots Peu ei Sur, 12.) — Ex. Cette maisonn'est
bonne qu'à mettre à bas, Agad.
Au figuré, le français mettre jus, vf^W. mette jus, est un archa-
ïsme qui se trouve dans Bescherelle et dans le complément du
Dictionnaire de l* Académie, Ex. L'octroi a stu mettou jus par
Frère-Orban, en vieux français, a été mis jus. Dites : a été mis
à bas. Ex. Ils mirent tous les privilèges à bas, Acad.
4« Descendre en bas. V. Haut.
5« Cet enfant n'est jamais bas de mes bras, cisV èfant-là n'est
mâîe jus d'mès bresse. Dites: n'est jamais hors de mes bras,
est toujours dans mes bras, sur mes bras, ou entre mes bras.
6* Couper la tête fra«, côper Vtiessejus. Dites simplement:
couper la tète, ou abattre la tète. Il a la tête bas, il a t liesse jus.
Dites : il a la tête à bas. - J'ai tiré l'oiseau bas ou en bas, fa
tiré Vouhaijus. Dites : j'ai abattu l'oiseau.
TirA" en bas est français et signifie tirer vers le bas. On dit
aussi, en ce sens, tirer par en bas.
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- n» —
T** Tirer la clef bas, ou en bas de la serrure, sècht l'eU jus dé
Fsére. Dites : tirer, retirer, ou ôter la clef de la serrure.
Beau. 1« J'aurais belle à faire, fâreûs belle à fér. Dites : j'au-
rais beau faire.
2"* Lavoir belle, patois de Mons et de Tournai. Dites : avoir
l>on temps, se donner du bon temps, prendre du bon temps,
ÂCAD Lavoir belle signifie avoir une occasion favorable de faire
quelque chose, Acad.
Bégasse. Accommoder une bégasse, accommôdtr 'n'bégasse.
Dites : une bécasse.
Béguer. On dit dans les patois de Mous et de Tournai :
i bègue, pour il bégaye, et cette faute se commet aussi à
Liège.
Bégayer, tout de même que le liégeois bech'ter et bek'ter, est
un allongement du primitif, béguer, qui existe encore dans le
roucbi, le lillois, le picard, Vhennuyer et le genevois.
Béguinette, fl. du Limbourg, begijntje. On dit, en français,
farlouse des prés o\} pipit, mais il serait pédant de condamner
absolument cette expression, qui est d'un usage général dans
le pays de Liège.
Berce. Une berce, eune berche, rouchi, lillois, enne berche,
ou berce, mont. Dites : un berceau.
Ces patois ont conservé le genre et la force du bas-latin
bevsa, claie d'osier. Berceau est le diminutif d'une ancienne
forme masculine bers : ung bers, Chastblain, XV"" siècle. Le mot
de berce est très-usité à Liège, bien que le patois dise banse
(fèfani (msiùiie d'enfant, Ljtt.).
Berrlques. Mettez vos berriques, mêliez vos berrique. Dites:
vos besicles.
Le liégeois berrique est une prononciation locale pour bericle,
qui est la forme primitive. Littré cite plusieurs exemples du
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— IM -
XIV* et du XV« siècle, ob le mot est écrit bericle, et il ajoote :
€( Besicle est dit pour beriele, par un vice de prononciation des
Parisiens, qui substituaient volontiers des x aux r , substitution
dont chaise pour chaire [cheire, anglais chair] est un autre
exemple. »
Besoin. V Ifaves-vous rien besoin ? n'avez-v" rin mesâxhe f
û. hebt gij niett noodig î Dites ; n'avez-vous besoin de rien ?
t" Faut-il vous aider ? Il n*y a pas besoin. FAt-i v"s aidî î gna
nin mesâxhe. Dites : il n'en est pas besoin. — Ex. Léandre.
Souffrez ici sans peine Qu*à votre appartement, madame, je
vous mène. — Le chevalier. Vous ôtes trop honnôte, il n*en est
pas besoin. Regnard, le Distrait, II, 10.
S"" Il n*y a pas besoin que vous Tassiez cela, il n*y a pas besoin
de faire cela, gna nin mesdxhe qui vos fahiz coula, gna nin me-
sâzhe de fér coula. Dites : il n*est pas besoin que vous Tassiez
cela, il n'est pas besoin de faire cela. Ex. Il n*est pas besoin
de... Il n*est pas besoin que... Acad. On dira de même : est-il
besoin de ... ? qu'est-il besoin de... ? et dans le style badin :
pas n*est besoin de...
Blscuite. Une biscuite, ine buscûte. Dites : un biscuit.
Biser. Il bise, i bixhe. Dites : il fait de la bise, nous avons
de la bise. Biser n'est pas Trançais en ce sens. Ex. Nous avons
une bise qui tue nos mains. Sév. dans Litt. Il bit une bise qui
coupe la figure, Acad.
Bisquer. Quand je n'ai pas d'argent, je bisque, qwandfn'a
nin des aidant, ji bisquéie. Dites : j'enrage, j'éprouve du dépit.
Faire bisquer quelqu'un, fét bisquer 'n'saki. Dites : faire endéver
quelqu'un.
Bitumer. Il bitume ici, t boûtenne, ou boût'nête daL BoUte-
ner ou poûtefier signifie proprement exhaler une odeur de
bitume ou de souffire, comme le fait le cbarbon de terre lors-
qu'on le brftle, Granim;. Dites : on sent le bitume, le bitume
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refoule ici, il y a ici une odeur de bitume. — Riboûtener est le
composé debaûtener. Beaucoup de wallons disent abusivement
i taboulé au lieu de i t'boûtenéïe, en français, on sent de nouveau
le bitume. V. Rabattre.
Blague, Blagraer, Blagueur. C'est un blagueur, c'est-m
blagueû, liég., ch*€st in blagueur, tournais. Dites: c'est un hâ-
bleur, c'est un gascon. — /{ blague, i blague, liég. mont. Dites :
il hâble, il gasconne, il se vante; quelquefois simplement : il
bavarde : ârez-v* bin vite fini d'blaguer ? aurez-vous bientôt
fini de bavarder? — Avoir une bonne blague, avu n'bonne
blague, liég... avoi ribonne blague, mont. Dites: avoir la langue
déliée, bien pendue. — C'est une blague, c'esi-ine blague, liég.
(une h&blerie, une gasconnade, ou un mensonge) pourrait se
dire dans une conversation très-familière, et par forme de plai-
santerie (Bescherelle).
A part blague, toutes ces expressions, aussi bien que craque-
rie. Claquerai craqueur (wall. craque, crakèche, craquer, crakeû),
appartiennent au langage populaire, et sont également usitées
en France. Forir donne le mot craque (conter de craque), comme
l'équivalent du wallon craque, Bescherelle et Littré disent que
ce terme est populaire.
Blanc, l*" Il était blanc-mort, il esteût blank-tnoirt. Dites : il
était pâle, très-pâle, blême, il était pâle comme un mort.
2^ Il est habillé blanc, t7 est moum blank, ou il est blank
mouàoi, ail. er ist weiss gekleidet. — Dites : il est habillé de
blanc, il est vêtu de blanc, Acad.
S*" Laisser quelqu'un en blanc, leyer n'saki ein blanc, pat.
de Mons. Dites: laisser quelqu'un en plant, Litt. (à Plant, â*").
Blouque. Une blouque, ine blouque, liég., enne blouque,
mont., euneblouque, rouchi, lillois. Dites: une boucle.
Littré signale le mot blouque comme une ancienne métathèse
(V. Litt. à Métathèse).
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_ 122 _
Bofte. !• On lui a mis deux bottes au genou, an li a mettou
deux buttes à g'nio. Dites : deux ventouses.
Le français butte sert à traduire le wallon champe : tirer des
bottes, tirer des champe.
Bon. 1« Comme on avait ban au coin du feu, comme on aveût
bon è Vcoulêxe, Hocx, Bull. a. 60, 2« l. p. 86.
Gela se dit très-souvent, parce que cet idiotisme énergique
n*a pas de correspondant adéquat en français. Essayez de dire :
je suis à mon aise, j'éprouve du plaisir, du bien-être, je me
divertis, je suis bien, etc. Gomme tout cela est faible aux yeux
â*un liégeois de la vieille roche !
Les cane ont bon è Vaiwe^ les canards s'aiment dans Teau, dit
Forir. Gela est-il français en ce sens?
Imitons les exemples de TAcadémie: le gibier se platt dans
les taillis ; les truites se plaisent dans Teau vive. Les canards se
plaisent dans Peau. Get équivalent est bien pâle! N'est-ce pas le
cas de dire avec les Italiens : traduttore, traditore î
â*" Qu'on aurait bon de vivre ici! qu'on dreût bon de viquer
cial ! Dites avec J. Sandeau : qu'il ferait bon de vivre ici ! La
Roche aux mouettes (*). — Il a bon de me tourmenter, il a bon
di m' fer tourmetter. Dites : il a du plaisir à me tourmenter.
V. Tourmenter.
3"* Cette fleur sent bonne, cisse fleur- là ode bonne. Dites : sent
bon.
4* Vous aurez encore bon quelques florins, ou vous aurez
encore quelques florins de bon, vos ârez co sakwant cdrluss di
bon. Dites : il vous reviendra encore quelques florins. — J'ai
encore tant de bon, fa co otetant d^bon, fl. ik heb nog zoo veel te
goed. Dites: il me revient encore tant, ou vous me redevez
encore tant.
g« Il fait bon, dans le sens de il fait beau, il fait beau temps ;
(«) On pourrait supprimer de.
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en wali., t fait bon. G*est un excellent gallicisme, qui figure
dans le dictionnaire de l'Académie. Il Tait bon marcher, courir,
se promener, Besch., t fait bon roter, cori, s'porminer, Forir
traduit : le temps est bon pour marcher ; c'est trop de scru-
pule. — Absolument: N'est-ce pas, Terville, qu'il Tait bon ici?
M»« Guîzot.
La tournure analogue, il fait beau se promener, n'est pas
admissible au sens propre. Dites: il fait beau pour se prome-
ner, ou il fait bon se promener. Mais, employée ironiquement,
elle est marquée au meilleur coin. Il vous fait beau voir être
vêtu de la sorte^ à votre âge, Acad., c'est-à-dii'e, c'est une chose
ridicule.
6* C'est bon pour vous. V. Pour, 41".
T^" On s'y marie plus à botine heure, ou de plus bonne heure,
ou plus de bonne heure, on s'y marêle pus à bonne heure, ou
pus dCbonne heure. Dites : on s'y marie de meilleure heure. —
C'est également une faute que de dire : il est venu trop de
bonne heure, il est v'hou trop d'bonne heure. Il faut dire : de trf>p
bonne heure.
Cette faute se commet aussi en France, car Littré la signale
(au mot Heure, n"" 12). La locution à bonne heure^ qui s'est
maintenue dans le patois de Mons, se trouve dans Hamilton,
Gramm. 3 : Couchez-vous à bonne heure. Toutefois, elle est
actuellement passée de mode.
Botteresse. C'est un de ces termes locaux que les plus
lettrés n'hésitent pas à employer. Il y aurait de la pédanterie à
le remplacer par le mot français hoiteuse.
Bosseler. Mon écuelle est toute bosselée, mi hielle qu'est
tote bosseleie. Hennequin prétend qu'il faut dire bossuée, parce
que bosseler signifie travailler en bosse. Cela est contraire à
l'usage général, et l'Académie, dit Littré, fidèle gardienne de
l'usage, reconnaît ii bosseler le sens dé bossuer. Est-ce aux
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124 -
grammairiens à réformer l'usage, quand il ne présente rien de
barbare ni d'illogique? Ex. Cette écuelle s'est bosselée en tom-
bant, AcvD. Cette écuelle esi toute bosselée, id. Toutefois,
bossuer est également correct. Le wallon dit aussi boci ou
ktboui.
Bouohon. Un bouchon de cheminée, on bouchon di ch'miniie.
Dites: un devani de cheminée.
Bouger, bouge-toi, boge-tu, liég. Dites: ôte-toi de là. — Ne
vous bougez pas, ni v'bogiz nm, liég. Dites : ne bougez pas. — Je
ne me bouge pas d'ici, je nCbouge nié <ttci, mont. Dites : Je ne
bouge pas d'ici. — Il faut remarquer qu'on ne dit pas bougt*,
bougeons, bougez.— Ne se bougeant pas, ni ibogeani nin. Dîtes,
avec Florian, ne bougeant non plus qu'une souche. — En bou-
geant le flacon, tôt bogeant Fflacon, Li MéSe mur (Ta Colas, I, 2.
Dites: en ôtant ie flacon.
Se bouger est un archaïsme, comme le fait observer Littré,
à propos de cet exemple de Molière : Et' personne, Monsieur,
qui se veuille bouger Pour retenir des gens qui se vont égorger.
Dépit. Am.
Bouilli, l^' Le bouli, li boli. Dites et prononcez ; le bouilli'
U mouillés.
V Servir le bouilli, mette li boli so Vtàve.
Nous lisons dans Benoit. « A table, la pièce de bœuf bouillie
se nomme toujours bceuf. » On connaît l'histoire du dtner de
l'abbé Cosson. Cependant l'Académie dit : couper, seinrir le
bouilli, et H*"* de Sévigné : Nous avons mangé du potage et du
bouilli tout chaud. Bœuf, selon l'Académie, se dit absolument
pour une pièce de bœuf bouillie. Ex. le bœuf se mange après
le potage. Mais, au mot Bouilli, nous lisons que ce mot se dit
ordinairement du bœuf.
Bouquetto« Je t'invite au réveillon, mon cher (ou simple-
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méat cher, ou cher bon, ou très-eber, dans le style très-fami-
lier (LiTT.) ; nous mangerons d'excellentes bmqiêeiteê. Ji fhatUûe
à matame^ fré; hm âranis des bannes banquette. Dîtes : d'excel-
lenies erépes.
Banquette, au sens de crêpe est purement wallon. Mais il
figure dans plusieurs dictionnaires français, ainsi que beaueuit,
comme synonyme de sarrasin ou blé noir, Ge mot est flamand
d*origine {baekweit, angl. buck-wheat, fromeut-falne, à cause de
la forme de la graine), et il est également usité dans le Nord
de la France. Partant Texpression farine de bouquette, farène,
ou fleur di banquette, ne semble pas plus barbare que louche;
mais il est évident que farine de sarrasin est préférable.
Bourrer. Bourrer des chaises, bourrer dis chiïre. On dit
embaurrer, et plus communément rembourrer des chaises.
Bouteille. Le médecin m'a prescrit une bouteille, li docteur
m'at ordonné 'n'botèie, fl. eene flesch. Dites : une potion, une
médecine, une drogue.
Boutique. i<> Mon cousin fait boutique, mi cuzin fait ba-
nque, liég. Dites : tient boutique. Dans le HaiQaut,on dit vendre
boutique, vinte boutique.
2« A la boutique ! à boutique! liég. au boutique, mont. Forir
traduit : holà ! quelqu'un. Cela parait bien cavalier, et, faute de
mieux, on préférera la tournure wallonne.
S'' Un beau boutique, on bai batique, liég. ein biau boutique,
mont, un biau boutique, lillois. Dites : une belle boutique.
4" J'ai une domestique qui fait de temps en temps à la bou-
tique, fa 'n^mesketme qui fait d'timps in timps à rbotique. Dites :
qui sert à la boutique, qui s'occupe de la boutique.
Il est à remarquer que le genre de bou/t^u^ *est flottant à
Liège.
Brader. Vous bradez votre pain, vos bradez (Forir) vossepan.
Dites : vous perdez, vous prodiguez votre pain. — Vous avez
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bradé cet ouvrage, vos avez brôdi (Grandg.) c'tovrèçe-là. Dites :
vous avez gâché, bousillé cet ouvrage. — Brader ^ aussi le sens
de vendre à vil prix. Brader le métier, brader rmestt, (Grandg.)
brader rmétier^ roucbi, lillois. Dites : g&ter le métier (en ven-
dant la marchandise à vil prix).
Bras, l*" On dit les bras d'une civière, d'un brancard, lès
brèss d^ine dvîre, d^on bird ; mais les bras d'une charrette, les
bress d'ine chèrette, ne se dit pas ; l'expression française est :
les limons d'une charrette.
2« Voilà un bras d'eflfacé, vola on bress (ou ine rate) jus. Dites:
voilà une ligne effacée (lignes de craie qui figurent les pai^ties
sur une ardoise).
Brassine. Une brassine, ine bressène, liég. eune brassine,
rouchi. Dites : une brasserie.
Brave, l*» Il est brav^, liég., rouchi et lillois. Dites: il est
probe, c'est un honnête homme.
Le liégeois brave est synonyme de probe; le français brave n'a
guère ce sens que dans les expressions un brave homme, une
brave femme, de braves gens, et autres semblables. Il est bon de
remarquer que, dans ces phrases, le français implique en même
temps l'idée de (on, d'obligeant, qui ne me semble pas être con-
tenue nécessairement dans le wallon brave.
2® Allez faire ma commission comme un brave, allez-s' fér
m* commission comme on brave, liég... als een braaf manneke, fl.
Faites-moi cela comme un brave, faites-mé cha comme ein brave,
mont. Le montois dit aussi comme eune belle fiye, comme ein
biau fieu. — Ces tournures s'expliquent de la façon suivante :
Vous serez un aimable enfant, si vous allez faire, .... si vous
faites cela. — Ou usera d'un autre tour : Allez faire ma com-
mission, faites cela, vous' serez bien aimable, s'il vous plaît, je
vous en prie.
En français, on se sert, dans le style très-familier et dans un
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- 187 -^
sens analogue, de Texpression : vous êtes un brave hamme^ mais
seulement en parlant de faits accomplis. Ex. Vous êtes un brave
bomme d'être venu me voir, Litt.
3* Il éi^ii brave, il était brave^ mont., il état brave, roucbi et
lillois. Ce wallonisme équivaut à : il était propre (V. Propre),
bien habillé, endimanché, vôtu, paré avec soin. Benott prétend
que brave, en ce sens, est du français de village. L'Académie
l'admet cependant dans le style familier : Vous voilà bien brave
aujourd'hui, Acad.; il s'est fait brave pour aller à la noce.
Bravoure. Il n'a pas son pareil pour la bravoure, gna nin
onk comme lu po (bravisti, liég. On ne peut employer le mot
bravoure, en français, dans le sens de probité. Le flamand
braafheid s'emploie de la même manière.
Brette. Il a eu une brette avec lui, il a st-aou *ribrette avou
lu, Viég., il a eu 'n'bretteavé H, mont Dites: il a eu une que-
relle, un différend, un démêlé, une dispute, une altercation
avec lui.
Cette acception est inconnue en France, ou brette désigne
une longue épée. « Les premières armes de cette espèce furent
fabriquées en Bretagne. » Besch. Hais on voit le rapport de
signification.
Brichauder, brisoader. Quand il a eu biiscadé ou bri-
chaude entièrement son argent, quand il a eu tout biiscadé
s*n argint, p. de Lille, BulL, a. 70, S'' I., p. IIL, quand il a eHu
briscadé tout abiè, Péruwelz, quand il a iu btichaudé tout s'bié,
Quevaucamps, -après avoir brigcandé, ou brichaudé tout s'bié,
Mons, lorsqu'il a ieu bruchaudé tout s'ben, Nivelles. — Dites :
quand il eut dissipé, gaspillé tout son argent, tout son bien.
Il est à remarqner que certains patois, privés du passé anté-
rieur, parce qu'ils n'ont pas le passé défini, y substituent le
passé surcomposé: il a eu bt*ichaudé; il existe aussi en français,
mais il est peu usité.
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— 1«8 —
Brosse. Cela lui fait brosse, ça li fait btvusse, pat. de Mond.
On dit aussi Brosse, tout court, expression par laquelle on
exprime que l'espérance de quelqu'un est déçue ; dans le fran-
çais populaire bernique ! On dira : il a un pied de nez, ce n'est
pas pour son nez, etc. Bbscher.
Brosser, brosseter. l"* Brosser la poussière, hofler FpousHre^
liég. Dites : ôler,'enlever la poussière, ou, simplement, épousse-
ter.
9" Brosseter un habit, broucheter n*habit, pat. de Hons, hofler
rihabii, liég. Dites : brosser un habit.
Brouette. Faire brouette, fér berwette. — Au jeu de quilles,
on dit faire chou blanc, pour, ne rien abattre du tout.
Brouillasser. Il a brouillassé toute la matinée, il a broul-
lassé tout tmateinnée, pat. de Lille. Ce mol se dit aussi à Hons.
Dites : il a bruiné.
Brûler. 1« Il brûle, i broûle. Se dit à certains jeux d'enfants,
lorsque celui qui cherche l'objet qu'on a caché, vient à s'en
approcher. On doit, en français, employer la forme personnelle.
Ex. Vous n'y êtes pas encore, mais vous bi*ûlez, Agad. Au jeu de
Colin-Maillard (jower à kâkâ, liég., jouer à cafouma, tournais.),
on se sert de ce terme t broûle, pour avertir de quelque danger
la personne qui a les yeux bandés. On dit aussi gare Vattèche,
Il brûle, et gare [épingle, en ce sens, sont des walionismes.
Dites : Casse-cou ! On disait autrefois : Gare le pot au noir !
2» Bigler du café, brouter de café ; brûler le café, broûler
tcafè, fl. kof^j branden.
Plusieurs ont condamné à tort cet empld! du verbe brûler.
c( En français on ne dit pas, comme en flamand, brûler du
café; hormis qu'on ne veuille dire : le consumer par le feu »
PoYART. « Quoiqu'ils admettent le mot dans leur dictionnaire,
MM. les académiciens renverraient certainement un domestique
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— 129 -
qui brûlerait habituellement leur café. » Henmbquin. Le mot
est bon» mais il n*y a que les puristes qui préfèrent torréfier
du café à brûler du café. Tout le monde dit brûler partout ob
Ton parle la langue de Racine, et 1* Académie, qui s*est donné la
mission de constater les changements, les accroissements que
le besoin et l'usage ont consacrés dans la langue, a eu soin de
l'enregistrer dans sa. dernière édition. Cependant elle a aussi
rôtir du café, et torréfier des grains de café. Dites de même, par
analogie, brûler de la chicorée, du grain, des glands, du son,
brouter dèV sékoréte, de grin, dès gland, de taton. Mais évidem-
ment la Philaminte de Molière voterait pour rissoler, torréfier
de la chicorée, etc.
Bruzellalre. Un Bruxellaire, on BiMcelaire, liég, ein Bt^u-
cellaire^ pat. du Hainaut.
Ce gentilé wallon, venu du flamand, doit être remplacé par
Bruxellois. Les gentilés français ont des terminaisons très-
variées ; il faudra consulter l'usage. On ne dit pas un Campi-
naire, on Camptnaire, un Sainttronnaire, on Saiutlronnaire ; on
dit un habitant de la Gampine, un Trudinaire.
Bu. Il é(ait bu , il estent bu, liég., il estent èbu, verv., il étoit
bu, mont., hij was dronken, fl. Cest un barbarisme. Dites: il
était ivre, il était gris, il était en pointe de vin, il avait une
petite pointe de vin, Besgh.
Bu, pour ivre, est un latinisme : spectator bene potus, Hor.,
domum benepotus redieram, Cic. —Le patois deMons dit es boire,
se boire, pour s'enivrer fréquemment ; c*est un emploi ana-
logue.
Buée, BuER. Faire la buée, fer Fbouwéie, liég., faire Tbuée,
mont., lill. Le mot figure dans le dictionnaire de TAcadémie,
qui déclare que btiée est vieux. On dit mieux faire la lessive. —
Zola, dans VAssommoir, donne à ce mot le sens de vapeur
humide. C'est une extension du sens primitif, dont Littré cite
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— 130 —
un exemple, qui remonte au xyi"" siècle. — Buei\ pat. de Lille
et de Mons» bouwer, liég. Dites : lessiver.
Bure. De par l'Académie, il faut dire une bure, et non pas
un bure, liég. on beûr. Pourtant ce mot est essentiellement belge
(d'origine germanique, bohren, percer). Mais en passant outre
Quiévrain , il a changé de genre; on l'aura pris pour le cousin
germain de bure, étoffe, avec lequel il n'a de commun que la
forme extérieure.
Buse. Buse de poêle, buiche dpoèle, lillois, buie, mont., bUae
di sloûve, liég. Il figure avec cette acception dans le diction*
naire de Besghbrelle, mais l'Académie ne l'a pas admis. Il faut
dire : tuyau de poêle.
Buse, en français, désigne un oiseau de proie qui passe pour
être fort stupide : de là l'expression : c'est une buse, pour une
personne ignorante. Serait-ce de là que viendrait le terme de
buse, usité dans l'argot des écoliers pour désigner l'échec qu'un
étudiant subit à un examen ? Attraper une buse, attraper n'bûse.
Dites : échouer, ne pas réussir, subir un échec.
c
Calotte, l*' On a dit autrefois calotte d'un cardinal ; on dit
niaintenant barrette (V. ce mot) ou chapeau, — On dit calotte
d'un prêtre. Mais on ne dit pas : cet enfant a perdu sa calotte,
cisV èfant-là a pierdou s'canotte (sic, Forir). Dites : son bonnet,
sa casquette, son couvre-chef.
^ On dit figurément et populairement donner, recevoir une
calotte, LiTT., diner, attraper ricanotte. For. ou ine calotte, liég.
eune calotte^ rouchi , enne calotte, mont. Les expressions con-
venables sont donner, recevoir une taloche, une claque, un
soufflet. Tape et giffte sont également populaires. — Remplacez
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~ 131 -
de même calotter. Rem., Sigart, et canoUer^ FoRiR,par souffleter,
goormer, donner des taloches, détacher, appliquer un soufflet.
Calville. On dit à Liège : blanke calvenne, et Forir traduit
calviife blanche. Quelques lexicographes font en effet ce mot du
féminin. Mais TAcadémie le fait du masculin. Ex. Calville blanc.
Voilà de beau calville ( sic) Acad. - Ne dites pas, comme à
Verviers et h Valenciennes : un calvi rouge, on roge calvi, in
calvi rouche. Dites : un calville rouge. -*- Ne dites pas non plus
calmie comme à Genève, en imitant trop servilement la forme
liégeoise.
Camarade. Je ne suis plus camarade avec Jacques le grêlé
ou le crotu, (J.-J. Rouss.) Ji n'sos pu camèrdde avou Jacques li
frésé. Dites: Je ne suis plus ami de Jacques... — iVo^es/ans
eamèi'âde èssonle. Traduisez : nous sommes amis, nous sommes
liés d'amitié; et non pas, nous sommes camarades ensemble.
Le mot camarade se dit populairement, même en France,
pour ami. Ex. Ils se sont remis camarades, Litt. — Pour avec,
V. Ami.
Camper. La carafe va camper y elle garafe elle va camper.
Cela se dit dans le Hainaut pour... va éclater, se fendre. V.
Péter.
Canicule. On est encore aux canicules, on esl co à lés cani-
cules, mont. Dites : à la canicule ; nous sommes dans les cani-
cules, nos e^tans d'vint lès canicule, liég. Dites : nous sommes à
la canicule, Acad., ou dans la canicule. Ex. Je tremble il présent
dedans la canicule, Mol. V. Dedans.
Capot. !<" Il esl capot , liég. il est capoutt, mont. Dites : il
est moit, ou c'en est fait. Acad.
Le wallon n'emploie guère ce mot que dans le sens de tué
ou mort. Je ne parle pas ici du sens indiqué au n*" 2, qui paraît
distinct de celui-ci. Mais les Allemands et les Flamands qui ,
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d'après Sigart, nous l'ont emprunté, en font un abus extraor-
dinaire (cassé, brisé, morte, en parlant d*une plante, ruiné,
dissipé, etc.)- En terme de marine, le français dit faire capot,
pour chavirer, sombrer ; il ne se dit que d*un petit bâtiment :
la chaloupe fit capot à une lieue du rivage. Serait-ce de là que
AienJrail le sens du mot wallon ?
i^> Mais on dira très-bien : cette nouvelle me rend tout capol,
cisse novelle-là irCrind lot capot, —Ex. Etre, demeurer capot,
demeurer confus, interdit, Acad. Lut. -Capot est invariable;
ne dites pas : elle est demeurée capote, elle a stu tote capote.
Dites : elle est demeurée capot. Acad.
Caramel. De bonnes caramels, dès bonnes caramelle. Dites :
de bons caramels.
Ce nom a conservé en français le genre de l'espagnol cara-
melo, d'où il vient, d'après Littré. A en croire Benoit, ce nom
n'aurait pas de pluriel. Ceci est contredit par l'usage général en
Belgique et en France, et Littré dit positivement : Des caramels,
petits bonbons faits parles confiseurs pour les enfants.
Carpette. Ou dit à Tournai une carpette, pour une des-
cente de lit. Bescherelle le donne dans le sens de tapis à
emballer, ou tapis d'emballage ; il a conservé ce sens dans le
patois de Liège. D'après Benoit, carpette, dans le sens de tapis
de pied, est un mot anglais (carpet) dont notre langue n'a que
faire. Toutefois il est consacré par l'usage, même en Francis,
et Littré le définit': Tapis de l'^SO à S mètres de long sur
|m4o à 1™30 de large.
Carreau. Un carreau de papier, on cwârai d^papî. Dites :
un carré de papier.
Carrosse. Le marche-pied d'une carrosse, li passet dine
caiTOche, Dites: d'un carrosse.— Prinde li carroche di saint
FrançoUf; traduisez : prendre la mule des cordeliers (aller
pédestremeni).
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— 133 —
Ce mot vient, disent les étymologistes, de Titalien carrozza
et appartient à la même famille de mots que char^ charrette, etc.
Le wallon a conservé le genre primitif; de plus, il a pris la
forme du masculin carracio, qui existe aussi. Carroche s'est dit
également en français. De plus, Litlré cite cet exemple de
Régnier : Toujours d*un valet ta carrosse est suivies G*est, dit-
on, Louis XIV qui a masculinisé le mot carrosse. Les courtisans
se sont empressés d*adopter le changement ; car on ne pouvait
admettre qu'il eût fait une faute de français. » Sigart. les
flagorneurs ! les plakeû ! comme nous dirions daus notre éner-
gique patois ; dignes émules des courtisans d'Alexandre, qui
affectaient de relever Tune des épaules, parce que le monarque
macédonien avait cette habitude !
Casser. !<> Qui casse paye, qui casse pâte, liég.; vite cassé,
vite payé, tournais.; on ajoute, par plaisanterie, c'est le profit
du vitrier. Le français dit : Qui casse les verres, les paye.
Cause. X"" C'est cause de vous que je suis tombé, c'est case
di vos qui fa tourné. Dites : c'est à cause de vous que je suis
tombé, ou vous êtes cause que je suis tombé.— C'est cause de
vous, c'est case di vos. Dites : vous en êtes la cause, ou c'est à
cause de vous,
8® Je suis tombé, c'est vous la cause, fa tourné, c'est vos Vcàse.
Dites : c'est vous qui en êtes la cause, c'eàt à cause de vous, ou
c'est votre faute.
S*" Vous aurez de la peine à arracher ce clou, à cause qu'W est
rivé, vos ânz dèVpône di râi c' cld-là, à cdse qu'il est hazi.
A en croire plusieurs grammairiens, à cause que a vieilli et
doit être remplacé par parce que. Si je ne me trompe, c'est
Chapsal qui a formulé cette sentence de proscription, et, vu la
vogue dont sa grammaire a joui pendant un demi-siècle et en
France et dans noire pays, où on l'apprenait autrefois par cœur,
cette règle erronée s'est établie avec plusieurs autres paradoxes
grammaticaux et a fini par y acquérir force de loi. Litlré trouve
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- 134 -
que c'est à tort qu'on veut bannir la locution à cause que ; elle
doit être conservée, étant appuyée par de bons auteurs, et
étant, dans certains cas, d'un usage préférable k parce que. Ex.
Ils ne découvrent pas la lumière, à cause qu'ils détournent les
yeux, Boss. Une fille sera heureuse d'ignorer les fables païennes
toute sa vie, à cause qu'elles sont impures et pleines d'ab-
surdités impies, Fén. Notons que l'Académie Tenreglstre deux
fois, au mot cause, et au mot par. Plusieurs écrivains de notre
siècle l'ont reprise : Courier et A. Musset s'en servent souvent.
Bescherelle fait cette remarque qu'Alphonse Rarr en abuse
singulièrement.
Causer. 1« Cet avocat cause bien, i case bin € t avocat-là,
i cause bin c' t avocat-là, pat. hesbignon et namurois. Dites :
parle bien. Causer a en français des acceptions particulières
que l'usage fera connaître.
2"* Je lui ai causé de cela ce matin, ji li ajdsé d'çoula ôuie d
matin, liég. ji li a causé d*ça..., namur. Dites : J'en ai causé avec
lui ce matin.
« Causer h quelqu'un, dit Littré, est une locution qui est très
en usage. On necausepas à quelqu'un, on cause avec quelqu'un. »
Il cite un exemple de J. J. Rousseau : La première fois que je la
vis, elle était à la veille de son mariage; elle me causa long-
temps avec cette familiarité charmante qui lui est si naturelle ;
mais « Rousseau ji'est pas toujours très-pur.»
Causeï* à quelqu'un se dit, mais s^lors causer signifie être cause:
Vous m'avez causé du chagrin.
Cela, ça. l"" Oui ça ! non ça ! awè coula ! nenni coula ! Dites:
oh ! pour cela, oui ; oh ! pour cela, non, ou bien : oui certes,
non certes. Le flamand a aussi ;a^{ (/a het).
i"" Baptiste viendra-t-il à la fête?— Ça! — Bâtisse viendra-t-il
à l'ducasse? — Cha ! patois de la Flandre française.
Il faut dire : certainement. Ce seul mot ça équivaut à : cela
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' — 13B —
est certain, il n'y manquera pas, pourquoi y manquerait-il ? Il
se dit à Lille, à Douai et dans le Tournaisis.
3<> Si nous n'avons pas beaucoup mangé, nous avons cela (ou
ça) mieux bu, si no$ n'avans nin baicô magni, nos avans coula mi
bu. Remplacez cela par d'autant : nous avons d'autant mieux
bu. ~ C'est un latinisme : eo melius bibimus.
Celui. La celle que vous voyez, li cisse qui vos vtïez. Dites :
celle que vous voyez. — Les ceux qui n'ont rien à faire, les cia
qui n'onîrin à fér, Aurmon. di Nam. a. 70, p. 17. Dites: Ceux
qui, elc.
2^ Il y en a de ceux qui disent, gna dès cis qui d^het^ liég. Il
y en a qui disent, ou, en employant un archaïsme que plusieurs
cherchent à rajeunir : d'aucuns disent. — J'ai vu de ceux qui
n'en avaient pas (des lits), f ai vu dès ceux qui n' d'avotente pont,
Arménaq. de Tourn. a. SI, p. 34. Dites : J'en ai vu qui n'avaient
point de lit.
C^est. Cesî des fameuses bêtises, c'est dès fameuses bies-
trête, liég. Dites : ce sont de fières bélises (V. Des et Fameux).
— Cest des copeaux, ch'est dès crolles, tournais. Dites : ce sont
des copeaux. — Cest des écrevisses, c'est des gravasse, namur.
Dites : ce sont des écrevisses. — C'est tous contes, c>st tos
conte, liég. Dites : ce sonide purs contes, des contes en l'air.
Cette faute est assez commune, même en France, dans le
peuple, s'entend. Ainsi Georges Sand la met dans la bouche du
groom Créjusse. Voilà ce qu'on dit; c'est des fameuses bêtises,
Mont Revêche, IX. Balzac fait un abus extraordinaire de cette
façon de parler.
En français, le verbe être, précédé de ce, se met au pluriel
quand il est suivi d'une troisième personne du pluriel. C'est en
vertu d'une règle à laquelle les grammairiens ont donné le nom
d'attraction. Nous disons en français, c'est un homme, en em-
ployant le pronom neutre ce ; le latin dit : hic est vir ; c'est une
femme, hœc est mulier ; ce sont des hommes, hi sunt viri, etc.
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— 186 ~
L^accord a lieu, non pas avec le mot ce, mais avec l'attribut
homme, femme, hommes ; au surplus cette règle d'accord est
fondée en raison ; le sujet est bien du singulier, dans la phrase,
ce sont des hommes, mais en réalité ce^ qui équivaut à ceto,est
un collectif qui représente ceux-là ; quoi d'étonnant si le verbe
s'accorde avec l'attribut pluriel, qui précise le sens collectif du
sujet ce ? Il y a là une syllepse, qui sert à expliquer bien d'autres
constructions réputées vicieuses par les grammairiens. V. à ce
sujet au mot Qui, l'exemple de Racine : Je ne vois à son sort
que moi qui «'intéresse.
Chacun. Un chacun aura sa part, ein chacun ara s'parî, pat.
de Mons; fl. eenieder zal zijn deel hebben; ail. ein jeder wird
sein Theil kriegen ; lat. unusquisque suam habebit partem. Dites
simplement chacun.
C'est une vieille tournure qui a disparu, non-seulement du
français, mais de notre patois. Ex. Un chacun doit mourir,
Garnier. Un chacun de ces dieux faisait un Christ à sa mode,
Boss. dans Litt. Tôt on chakun nos toûne cazake, Hanson. Li
Hinriade, p. 7, manuscrit du XVIII^ siècle. — « Certains au-
teurs, comme P.-L. Courier, ne se font pas scrupule de l'em-
ployer dans le style familier ; sans vouloir condamner Courier,
nous ajouterons qu'il poussait assez loin l'amour des ar-
chaïsmes. » M. Carpentier.
hampdtre. Prends-garde à toi, voilà le champêtre, waiie
à tiy v'ià Vchampète, pat. du Hainaut. Dites : voilà le garde-
champêtre. A Verviers, on dit aussi le champêtre pour le garde-
champétre.
Changer. Pendant mon sommeil, ne voilà pas (Y. Voilà) le
chat qui change en moine, et le bon Dieu qui devient meunier !
èdoirmou, ni veûs-f nin Vchèt qui cange à mône, et l'bon Diè
div'nou mounî! Ann. 63, l*^» 1., p. 103. Dites: qui se change. —
Changer en statue, cangi à postcure, Martial, li savHi dès Rêc,
Dites : se changer en statue.
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— 137 —
Le verbe changer, dans le sens matériel de transformer, mé-
tamorphoser, ne peut s'employer iniransivement.
Chaque, l"* Mes ouvriers sont payés à trois Trancs chaque^
mi$ ovri sont pais à treûs franc chaque^ liég. Dites : à trois
firancs chacun. — Ils auront chaque un liard, t7 aront chaque in
yard, ou il aront chaquénun in yard, mont. Dites: ils auront
chacun un liard.
2<» Nous jouerons chaque à tour, nos jowrans chaque à tour,
iiég. Dites : nous jouerons tour à tour, alternativement, ou, si
le contexte le permet, nous alternerons. Ils chantent chaque à
tour, i cantenCté chaque à tour, mont. Dites : Us chantent, cha-
cun, à leur tour.
Gbarrée. Une charrie de houille de bois, ine clierréîe di
tune, pat. de Liège, enne kèrêe ed bos,Ch9iv\eTO\, eune karée,ro\X''
chi. Dites : une charretée. Charrée a un autre sens en français.
Charron* Il jurait comme un charron embourbé, i juréve
comme on chèrron qu'est stanchî. Dites : il jurait comme un char-
retier.
Charron parait être la forme syncopée du vieux français,
charreton, cAar/on; mon tois, kerlon, fcaWon; picard, rouchi et
lillois carton. Ex. Le charton n'avait pas dessein de les mener
voir Tabarni, La Font, dans Lilt. Celte syncope n*a pu s'impa-
troniser dans le français, où le mot charron désigne celui qui
&it des chariots, des charrettes, des trains de voitures, et par-
ticulièrement des roues; c'est le wallon chdrlt;paX. de Lille,
carlièr; pat. du Hainaut, carlier, carli, carrier, de là les noms
de famille Charlier, Carlier, si communs dans la Wallonie.
Chasse-café. Chèsse-cafè, Forir. On trouve dans Littré :
pousse-café, petit verre d'eau-de-vie pris après le café.
Chasse>chien. La . hallebarde d'un chasse-chien, li halàâre
d^on chèsse-chin, liég. d'in cache-kié, mont, d'un cache-quieu, lil-
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— 138 —
lois. Les mots français sont suisse^ bedeau. Le flamand dit hon-
(lenslager^ batteur de chien. — Ce terme populaire s'emploie
aussi en France, comme chasse-coquin, Bescherelle le donne
comme synonyme de portier, et Littré. comme équivalent de
portier et de bedeau.
Cîhasser. 1<» Le vin blanc chasse^ H blank vin chèsse. Dites :
est diurétique. — Un remède qui chasse^ ou r'méde qui chèsse.
Dites : un remède laxatif.
2® Il chasse par la fente de la porte, i chèsse po Vcrèveûre di
Touxhe. Dites : il vient de l'air, Acad., il vient un vent coulis
par la fente de la porte. — Je sens chasser sur mes épaules, ji
sins chessî so mes spale. Dites : je sens un vent coulis qui me
donne sur les épaules.
Plusieurs, voulant éviter ce léodisme, emploient la tournure
germanique, tl tire, M. es zieht^ fl. het togt ou het trekt, pat. d'Aix
et trôkt\ c'est tomber d'un mal dans un autre, c'est tourner d'on
boigne so "n'aveûle. Dites : il y a un courant d'air. Dans les
Flandres et dans la partie de la Wallonie qui y tient, on se sert
du substantif tirant dans le même sens ; ceci me remet en mé-
moire le trait suivant. Un roi qui s'obstinait à conserver son
premier ministre, malgré la chambre, qui avait refusé plusieurs
fois de voter le budget de la guerre, se trouvait un jour au
Kursaal d'Ostende. Un monsieur appelle à haute voix le garçon:
Garçon, il y a un tirant dans la salle. Il voulait dire : Il y a un
courant d'air. Mais le roi étranger, peu initié à nos belgicismes,
prend le mot pour une insulte à son adresse, et il rougit prodi-
gieusement. Sur une plainte du monarque offensé, une enquête
eut lieu, et on lui expliqua la tournure insolite ; et comme il est
homme d'esprit, il rit de bon cœur de son singulier quiproquo.
Chaud. J'ai chaud mes pieds, mes mains, j'ai froid mes pieds,
mes mains, fa chaud mes pîd, mes main, fa freûd mes pid, mes
main. Dites : j'ai chaud aux pieds, aux mains, j'ai froid aux
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- 139 -
pieds, aux mains, ou j'ai les pieds chauds, les mains chaudes,
j*ai les pieds froids, les mains Troides. V. Mal.
Cbauffette. C'est le terme chaufferette qui correspond au
liégeois châfette. Ne dites pas ehauffette. Quant à covet, il doit
être traduit par couvet, et non par covet. Ou se sert aussi, dans
le Tournaisis, du mot chaufferette pour désigner un ustensile
contenant des cendres avec des braises ardentes, et dont les
fumeurs se servent dans les cafés pour allumer leurs pipes ;
c'est une acception particulière du mot chaufferette^ nécessitée
par un usage local.
Cher. 1* C'est une chère marchandise, c*est ine chtre tnar-
ehandèie. Dites : cette marchandise est chère. — C'est une
chère marchande. Rem. c'est-ine chtre marchande. Dites : cette
marchande est chère. Dans ce sens, l'adjectif cher se met
après le substantif. Il n'y a d'exception que pour chère année,
ine chtre annexe, ou on chîr timps, et c'est chère épice.
On ne pourrait, je crois, traduire on chtr timps par un temps
cher. On dit le temps est cher, mais au figuré, pour : le temps
est précieux. Ex. Partons, le temps est cher, ou les moments
sont précieux, âcad.
2» Avoir cher. Voyez Avoir.
Chez. 1<> Servir chez les gens, ciervi èmont les gint. Dites :
servir; être en service. Ex. Les malheurs l'ont obligé de servir,
il est las de servir, Besch.
Ce wallonisme ofTre de l'analogie avec l'hébraisme de la
Vulgate : gentes, les nations, qui servait à désigner les autres
nations, les païens, les ^^ft/^; dans le style biblique, on dit
encore les nations, pour les peuples infidèles et idolâtres.
S"» Chez Legrand vendent leur maison, èmon Lègrand vindet
leû mohonne, tournure grossière dans les deux idiomes. Dites :
les Legrand vendent leur maison, ou la famille Legrand vend
sa roaiFon. — En France, le peuple emploie de la même ma-
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.gie _
- 140 -
niëre Texpressioa chez nous. A preuve cet exemple de Veuillot,
où rauteur imite le langage populaire : Voilà une haie qui res-
semble àmhez nous, Les Français en Algérie.
S"* C*est un élève de chez les jésuites. Y. Prépositions compo-
sées.
Choquer. On dit en wallon t vont choquer (prononcé à la
française), pour : il veut trinquer. Nous avons entendu blâmer
cette tournure : il veut choquer, absolument, sans ajouter le
complément les veires. L'Académie dit : Choquer les verres à
table l'un contre l'autre, ou simplement, choquer le verre. Mais
Littré admet cet emploi, et il donne les exemples suivants :
Choquons, voulez-vous choquer avec moi ?
Choral. V. Acolète.
Chose, l"* Je n'aime pas à me trouver avec lui, il est si
chose, ji n'aimme nin di m'trover avou lu, il est si chose. Dites :
il est si fdU, si bizarre.
Dans ce wallonisme, être chose exprime un état habituel,
tandis que les locutions populaires signalées par Lorédan
Larchey (Excentricités du langage) devenir tout chose, rester* tout
chose, être tout chose, indiquent qu'on est accidentellement mal
disposé, soit pour la santé, soit pour l'humeur. Ex. Ce pauvre
Alfred a sa crampe au pylore, ça le rend tout chose, E. Sue.
S» Qui a fait cela ? c'est chose. Qu'est-ce qu'a fait coula ? c'est
chose (on ajoute quelquefois boion d'heûve). — Je demeure chez
M. Chose, ji d'meûre èmon chose.
Le mot chose, « se dit familièrement en place (sic) d'un terme,
d'un nom qui ne revient pas à l'esprit. » Liit. Il est des deux
genres. Figurez-vous que le petit Chose écrivait un journal,
Balzac. La petite Chose est malade. Ce petit chose avec lequel
on attise le feu. — La coutume, dit Lorédan Larchey, est an-
cienne. Il cite à ce sujet Tallemand des Réaux, qui conte que
K M le Mage, conseiller à la Cour des Aides, dit toujours chose
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— 141 -
au lieu du nom. » Et nous trouvons dans Littré cet exemple de
Régnier : Aussi bien ne peut-on changer chose en Virgile, ou
bien l'autre en Platon ?— Le flamand dit aussi mynheer Dinge,
et Tallemand Eerr Dings; mais je ne pourrais dire si, dans ces
langues, remploi de ce mot est d'importation étrangère.
Ce terme est trivial, et, lorsqu'on en abuse, il produit le plus
mauvais effet dans la conversation. Les personnes qui se
piquent de bien parler, Téviteront avec soin ; toutefois il est
commode dans la bouche de certaines gens qui ne retrouvent
pas facilement les noms propres des personnes. Il est du reste
d'un usage si général dans tous les pays où Ton parle français,
qu'il a fini par se glisser dans la langue littéraire. Ex. Vous
voudriez voir la haute société et ne point restituer ? garder
l'hôtel de chose, et y recevoir le marquis? Courier, dans Litt.
C'est la fortune qui est parfois réservée à plus d'un mot, plus
d'une tournure populaires. L'Académie n'a-t-elle pas consacré
les locutions vers les une heure, entre quatre-z-yeux (*), ne voilà-
i'U pas ? (*) et ne consacrera-t-elle pas un jour notre verbe em-
bétery dont tout le monde se sert, et qui exprime si énergique-
ment le superlatif de l'ennui pu de Tinportunité ? (en wallon,
fér tourner à bourrique). — Notons qu'il est des cas où chose
constitue, non-seulement un barbarisme, mais un manquement
des plus graves aux convenances. M"*'' de Sévigné l'a fait res-
sortir dans une de ses lettres en disant : Chose... ce Romain...
Régulus. C'est une allusion plaisante au trait d'un iM. Sauvebœuf,
qui, rendant compte h M. le Prince d'une négociation ponr
laquelle il était allé en Espagne, disait : Chose... chose... le roi
d'Espagne m'a dit. (Besch.)
On prendra un autre tour; ou bien, si les mots Monsieur ou
(') L'Académie écrit entre quatre yeux, mais elle «joale : * On prononce ordi-
nairement, par euphonie : Entre quatre- z-yeux. »
{*) iVe voUàt-il pas^ pour ne voilà pas^ est un barbarisme introduit par l'usage.
(LlTf.)
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- 142 -
Madame sont lâchés, on pourra s'arréier, el ajouter ensuite : le
nom m*écbappe, je ne me souviens pas du nom.
Choser. Qu'est-ce que vous chosez là ? qu'est-ce qui vos
chdsez là ? On se sert de ce terme populaire pour exprimer une
action dont la dénomination nous échappe. Dites : que faites-
vous là ? ou bien précisez le genre d'opération.
Cinq. Il a fait un cinq à son pantalon, il a fait in chinque à
s*maronne, Armonaque dé MonSj a. 67, p. 73. Dites : il a fait un
accroc à son pantalon, il a déchiré son pantalon. — lly aun
vilain dn^ à votre manteau, gna on laid cinq à vosse mantai^
Forir. Dites :. il y a un vilain accroc à votre manteau.
Cinq, dans nos patois, est proprement une déchirure en forme
du chiffre romain cinq (V). Ce terme est inconnu en France.
Ciseau V. Mouchettes.
Colidor. L'entrée de ma chambre est sur le colidor, rintréie
di nCchamhe est so tcolidôr^ iiég. Dites : est sur le corridor. —
Colidor est également montois, rouehi et lillois.
La forme colidor, qui se relrouve aussi dans le patois de
Genève (Litt.), et à Marseille (Hécart), est tout à fait barbare et
contraire à Tétymologie. Le corridor est l'endroit où Ton court,
où l'on passe.
Combien, l" Le combien du mois sommes-nous aujourd'hui ?
li qwanlt de meû estans-gn' ouïe ? — Le combien es-tu dans ta
classe? li qwantt estez-v* è vosse classel Phrases barbares, qui se
disent souvent en France etenBelgique. Liilré si^cnale également
les barbarismes : le combien du mois tenons-nous? le combien
est-ce aujourd'hui ? Il faut dire : Quel jour du mois avons-nous?
quel est le quantième du mois? quelle place as-lu dans la classe?
le quantième de ta classe es-lu ? Cette dernière tournure corres-
pond au wallonisme : li qwantrainme estez-v' è vosse classe? —
Le combien est français dans un autre sens : il veut me vendre
sa terre, mais le combien (le prix) fait difficulté, Litt.
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- 443 -
f Qmbieti esl-^e que vous avez donné? Kiàin ent-ee qui
v'savex tTuét Dites simplement: combien avez-vous donné?
Toutefois la tournure ne peut être condamnée absolument.
Dans certains cas, elle peut donner du relief à la pensée.
S^" J'ai su pour combien îfa sawou (au village sèpou) po fc'frm,
liég. failli poucombin^ p. de Niv., fai su poucombi^ p. de
Mons. Expression figurée et proverbiale, qu'il faut remplacer
par celles-ci : Je Fai payé cher, il m'en a cuit, je Tai appris h
mes dépens, je m'en mordis les doigts (ou les pouces).
4* Combien est-ce que vous demandez pour cela ? Kibin est-ce
qui vos demandez po coula î Ce wallonisme, signalé par Poyart,
doit être remplacé par cette phrase plus naturelle : combien
vendez-vous cela ? On pourrait dire également bien : combien
faites-vous cela? Dans ce cas, le verbe faire constitue un
gallicisme. Ex. Combien faites-vous le mètre de velours ?
Commander. i<> Il faut savoir commander ses ouvriers,
fût sûvu Kmander ses ovri. Dites : commandera ses ouvriers.—
Commander tout le monde à la baguette, kimander lès gint à
rbaguette, ou comme dès chin. Dites : Commander à tout le
monde à la baguette, Acad.
Commander, v. trans., est proTprement un terme de guerre :
Commander une armée, une flotte, l'ariillerie, Tinfanterie.
Commander à, ou sur signifie exercer Tautorité supérieure. Sur
cent peuples nouveaux Bérénice commande, Rac. Le prince
commande à ses sujets, le père à ses enfants, le maître à ses
domestiques, Acad.
2^ La citadelle commande sur la ville, li stadelle kimande
so Vvëie, Dites : commande la ville, ou plonge sur la ville.
Commodités. Ce mot est français dans le sens de lieux
daisance ; mais il faut dire les commodités, et non pas la com-
modité, liég. li commodité. On se sert plus généralement du mot
privé.
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- 144 -
Conditionnel (le — pour le subjonctif).
1® Je voudrais que vous viendriez demain Jt voréus qu*va$ viriz
d'mam. J'aurais voulu que vous auriez fait cela, /ar^u^ votou
gu'vos âriz fait coula. Dites : que vous vinssiez^ que vous
eussiez fait cela. Le wallon dit aussi : qui vos viiiahiz, qui vos
avahiz fait coula.
i'' Je ne croyais pas qu'il payerait, ji n*crèiève nin quH pâUreut.
V. Croire, n» 2.
3"" Je ne savais pas qu'il viendrait avec vous, ji n'savius nin
quH vêrêut avou vos. Dites : qu'il dût venir avec vous. — Saviez-
vous bien qu'il viendrait avec moi ? Saviz-v^bin quH vêrêut avou
mi? Diles : qu'il dût venir avec moi ?
4'' Il serait plus juste que vous payeriez pour vos bétes, i
sèrêut pu jusse qui v'pdïeriz so vos biesse (les colëbéu), Bull.
a. 67, p. 80. Dites : que vous payassiez.
Le Conditionnel pour l'indicatif. V. la conj. Si.
Consulte. Faire une consulte, faire enne consulte, montois.
Dites : faire une consultation, Acad. — Il y a eu deux consultes,
igna-st-awou deux conzule, liég. Diles : deux consultations.
Consulte, du latin consultus, a, um, est très-bien formé en ce
sens, d'après le génie de la langue française, ou quantité de
noms abstraits féminins ne sont autre cbose que d'anciens
participes passés. Vendita, vente ; defensa, défense ; data (dies),
date ; redicta, redite ; responsa, réponse ; la prise, la saillie, la
tenue, la venue, la vue, etc. — Et de fait, le peuple, même en
France, n'emploie que consulte, dont tout le monde se servait
autrefois. Mais l'Académie ne l'a pas enregistré. Toutefois on le
trouve dans plusieurs auteurs : Qui passait au Mans pour faire
une consulte de médecins, Scarr. On trouve dans les consultes
de Wepfer l'histoire d'un jeune homme... Tissot, dans Litt.
Contenter (se). Je me contente avec du pain et des Hruits
pour mon déjeuner, ji nicontinte avou de pan et dès frûtt po
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- 145 —
nCdijunér, ik haud tnij met brood en vruchten tevreden, û.,ich
begnuege mich mit Brod und Ftniechten, ail. Dites : je me contente
de pain et de fruits.
Contraire. Bien du contraire, bin di contraire, liég. — Que
du contraire, qui de contraire, Baill! Fâve,. p. 15, que du con-
traire^ Aurmonaq. de ttons, a. 67. p. 86. Plusieurs combinent la
tournure française avec la tournure wallonne : au du contraire.
Le français a les expressions : bien au contraire, au contraire,
tout au contraire, Acad. Les deux dernières sont également
liégeoises : d contraire, tôt à contraire.
CSonvenlr, Nous avotis convenu de nous trouver ici, nos
avans conv'nou d'nos trover eial. Dites : nous sommes convenus
de...
Converser. V. Fréquenter.
Corvée. J*ai été chez quelqu'un pour ravoir Targent qu*il me
devait, mais /ai fait conée^fa stu adulez *n'saki po^z-avu lès
aidant quH m'divéve, mais fa fait corwêie. Dites : mais j'ai trouvé
buisson creux, ou j'ai eu l'aller pour le venir, Acad., ou j'y suis
allé i faux, id. Trouver buisson creux, ne pas trouver la per-
sonne ou la chose qu'on était allé chercher, Acad. —Cet homme
a eu l'aller pour le venir, il a fait un voyage inutile, Acad. Je
vais tous les jours chez lui pour lui parler, et chaque fois
ie tais corvée, ji vas tos lesjou è s*mohonne po lijàser^ et chaque
fèieji fais corwêie. Dites : et chaque fois je trouve visage de
bois (et non pas porte de bois, comme traduit Forir) ou porte
close, Acad.
Corwite, dans notre patois, signifie fréquemment démarche
inutile; ce sens dérive parfaitement du sens primitif, tout comme
le sens figuré que le français donne à corvée : toute action
qu'on fait i regret, avec peine. M. de Goulanges m'envoya pro-
poser de le prendre pour aller dîner à Versailles, chez M. de
Louvois, je vais donc faire cette petite corvée, Sév.
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- 146 --
Cdtô. !<" Mettez-vous de Poutre de côté, ou à Vautre de côté,
mettezV di Faute de costé. Dites : mettez-vous de l'autre
côté.
S*" Il se platt bien tous côtés, i s'platt bin tos costé, het staat
hem aile kantetiaany fl. Dites : il se platt partout.
De tout côté (ou de tous côtés; se dit, mais pour exprimer la
direction vers, ou le point de départ. Ex. Cette ville est assiégée
de tous les côtés. L'effroi se répandit de tout côté, de tous côtés,
Besch.
Coude. 1». Son babit est tout percé à la coude, si habit est
tôt kHrawéà rcoûde^ Forir, s*n habit est tout trouwé à rcoudc^
tournais. Coude est masculin ; de plus, on dit percé par le coude,
et non pas au coude, fl., aan den elleboog. — Ex. Une veste per-
cée par le coude, Bbsch. Un babit percé par le coude, âcad.
Le genre féminin des patois de Tournai et de Liège est
un archaïsme, provenant du pluriel neutre eubita, oi^m^ de
cubitum, qui se disait pour cubitus, t. V. Outil.
Coudre. Je causrai, ji keusWai. Formez régulièrement ce
futur : je coudrai.
Coup. Il a son coup, ilas'cô (îlas'daie). Dites: c'est fait
de lui, c'est un homme perdu, il est perdu (Acad. L 449, 8« col.
Lhtré, à Perdu, lO""), son affaire est faite, familièrement, il est
flambé.— Cet homme est flambé, Acad. C'est un homme flambé.
LiTT. Il était flambé, Scarr. Virg. V.
Couper. On dit très-bien couper les blés, câper les grin ;
mais on ferait des wallonismes en traduisant eôper 'n' fleur, par
couper une fleur, câper on bouquet, par couper un bouquet, câper
des frût, par couper des fruits, câper des heupon, par couper des
gratte-culs (*), Il faut dire : cueillir une fleur, un bouquet, etc.
(1) Comment l'Académie n'a-t-elle pas rejeté ce vilain mot f>onr adopter le pro-
vincialisme heupon, qui, à ce qu*il paraît, se reti*Ottve aussi dans les Vosges ? On
se sert aussi du terme scientifique eynorrhodon : conserve de cynorrhodon. Litt.
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- 147 —
On dit aussi code dès frût ; d'après M. Grandgagnage, c'est la
tradaction exacte du latin colUgere fructus, cueillir des Truits.
Couple. C'est une belle couple, c'est ine belle cape. Dites :
c'est un beau couple. Ce mot est toujours féminin en wallon.
Aussi bien couple a été primitivement du féminin ; il vient en
effet du latin eopula^ lien, copule, et il a quelquefois ce sens en
français ; on dit une couple pour trois ou quatre chevaux. On con-
naît la règle actuelle, en français.
Courroie, Mon courroie pat. tournais, pour ma courroie.
D'après Littré, ce nom est également masculin dans le proven-
çal et dans le catalan. Le liégeois corrôte (sUnnde lis corroie.
For. serrer les courroies) a conservé le genre du latin corrigia,
fouet pour corriger.
Court. !<" Ce 2not s'emploie à Tournai dans un sens très-
fort, et comme synonyme de trop court. Cette planche est
courte, il en faut une plus longue. Dites : est trop courte. C'est
un terme consacré au jeu de balles : elle est courte, c'est-à-dire
la balle n'a pas été lancée assez loin.
i"* En passant par là, vous aurez plus court, si vos passez por
la, vos ârezpus court, ...ge zult het korter hebben, û. Dites : vous
prendrez le plus court, Litt. - Prenez ce sentier, vous aurez
plus court, prindez po c^pazai-là, vos ârez pus court. Dites : vous
raccourcirez votre chemin.
3<> Couper au court, côpér â court. Dites : couper par le plus
court, AcAD.
A^ On doit traduire mot à mot le wallonisme esse court d'ai-
dant, être court d'argent. Beaucoup disent : être à court d'ar-
gent, mais, selon Littré, c'est une locution fautive, puisque rien
n'y justifie la préposition. Dites de même au féminin : elle est
courte d'argent, Acad., et non pas à court, ni simplement court,
au masculin ; en effet, court, ici, est adjectif.
Court-pendu. J'ai uu pommier de corpendus, ou de court-
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— 148 -
pendues, fa 'fCmèliie di cârpindou. Dites : un pommier de court-
pendus, ou de capendus. L'Académie ne donne que capendu^
mais la plupart des dictionnaires ont aussi court-pendu.
Couvert. Il est étonnant qu'on rende souvent le wallon eoviek
par couvert, puisque le mot correspondant pour la forme et pour
le sens est évidemment couvercle. Ainsi couvercle de tabatière,
de cafetière, de marmite. Le patois de Mons emploie à tort
couverte, fém. pour couvercle. Ex. / n"a si laid pot qui n'treuve
s'couverte. Tournez : qui ne trouve son couvercle, et non pas,
sa couverte. V. l'art, suivant.
Couverte, l*» La couverte d'un lit, el couverte (Pin lit, roucbi,
picard, montois. Ce mot français s'emploie également à Liège,
quoique le mot wallon soit 0o/)dl, lequel correspond bien mieux
à couverture, le vrai terme français. Faire sauter quelqu'un à la
couverte, pat. lill. pour berner quelqu'un.
C'est un archaïsme. Les nappes, les couvertes de lict, il ven-
dait tout cela, BoNAv. Des Periers, le Cymbalummundi. Il désigne
encore aujourd'hui en France la couverture de laine employée
par les militaires. Ex. Tandis que les camarades de tente s'en-
dorment entre leurs deux couvertes (le mot y est en italiques),
Ducd'Aumale, Les Zouaves.
S*" Li cofeteûre d'on scoU. Nos petits Liégeois traduisent à tort
par : la couverte d'un écolier. Il faut dire : la malle, la mallette,
le sac, ou le portefeuille d'un écolier. Quant à cofeteûre Son live,
il fôut le rendre par couverture, et non par couverte, comme on
le fait bien souvent. Plusieurs disent aussi très-mal couverter
un livre, couverter on tîve. Dites : mettre une couverture à un
livre.
Crabe. Paresseux comme une crabe, paresseux comme enfie
crabe, pat. de Charler. Dites : comme tin crabe. Le terme flamand
. krabbe est du féminin.
Crevasse, Crevure. !<" Regarder par la crevasse de la
vorte, huH po Fcrèveûre di Vouxhe. Dites, suivant le sens : par
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la fente de la porte, oa par la porte entrebâillée. V. Chasser,
n"" i. Le patois de Mons dit : waiti po Cerin de rpor te. Tournez
de la même manière.
2" Avoir des crevures à ses mains; cela se dit à Mons : avoi
des crevures ou kervures à ses mains. Généralement on traduit
bien à Liège : avoir des crevasses (ou des gerçures) aux mains.
Sigart voit dans ce vocable wallon une combinaison de crevasse
et de gerçure. N'est-ce pas un archaïsme ? il signale ailleurs le
vieux mot français creveure.
Crever. !• J'ai ri à erevei^y fa ri à criver^ ik heb mij te bersten
gelachen^ û. (i). Dites : j*ai crevé de rire, ou j'ai ri comme un
crevé» Litt. On dit aussi se crever de rire. Ex. Tout le monde
se crevait de rire de voir cet homme lire cela sérieusement,
Tallemant, Mém. éd. Monmerqué, VI. p. 241.
Crier. V J'ai un enfant qui crie nuit et jour, fa 'n'èfant qui
erèîenutle etjou. On dit très-bien l'enfant crie, mais pas dans le
sens du verbe wallon criei\ û. krijteu, qui signifie pleurer, pleur-
nichet\ Dites : j'ai un enfant qui pleure, qui pleurniche nuit et
jour. Remarquez de plus que le français préfère nuit et jour au
jour et nuit des langues germaniques, qui parait plus naturel.
Résultat de l'influence latine : noctu diuque, noctes atque dieSy
et de l'influence gauloise ; on sait que nos aieux de race cel-
tique, se r^ardant comme fils du terrible Dis, comptaient les
espaces du temps, non par les jours, mais par les nuits : de là
la préséance accordée à la nuit sur le jour.
2'^ Crier après quelqu'un, sur quelqu'un. V. Après et sur.
3« Crier quelqu'un, avec la même signification que crier sur
quelqu'un (v. Sur, n*» 20), c'est-à-dire gronder, gourmander
quelqu'un. C'est un archaïsme qui, d'après Littré, est encore
usité en plusieurs endroits, particulièrement en Normandie. Ex.
Toi qui toujours me cries, Mol. Il en reste quelques traces
dans notre patois.
(*) Littéralement :;e me 9ui$ ri à crever, idiotisme dont il sera parlé k rart.MÔRT.
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- 480 —
i*» 11 oriede mal, i brait (Tmd. Dites: le mal lui fait pousser
des cris.
Croire. !• Je crois bien ! je le crois bien ! je Vcreûs bin ! Ce
sont des wallonismes, dit Porir. Cependant je le crois bien est
dans le Dictionnaire de l'Académie, et;e crois bien, d'après Lit-
tré oc signifie en certaines circonstances déterminées par le con-
texte: cela n'est pas étonnant.» Ex. Il n'aime plus celle personne,
je crois bien, elle n'est plus la même, Pasg. V. Deux exem-
ples dans E. Augier, le fils de Gib. l, 4, et dans Georges Sand,
les nq^t cordes de la lyre, II, 4.
S*" Je ne crois pas qu'il viendra demain, ji ricreûs nin qui verdi
demain. Dites : qu'il vienne demain. — Je ne croyais pas qu'il
payerait, ji n'crHéve nin quH pitereûi. La grammaire exige: qu'il
payât ; mais le sens devient louche: il faut dire: Je croyais qu'il
ne paierait pas.
Lorsque le verbe croire suivi de que est accompagné d'une
négation, le verbe de la subordonnée doit se mettre au subjonc-
tif. Le wallon, dans ce cas, remplace le présent du subjonctif
par le futur de l'tndicatif et l'imparfait du subjonctif par le con-
ditionnel présent. Il procède de môme quand le verbre croire
est employé inteiTOgativement. £«/^€ çttî t;o« créiez qu'i vêreit
d'maint est-ce qui v*s aviz crètou qui pdlereut ses dette? Ici le
français a plus de latitude : on peut dire également bien :
Croyez-vous qu'il viendra demain? ou, qu'il vienne demain ?
avez-vous cru qu'il payerait, ou qu'il payât ses dettes. « Les
grammairiens, dit Littré, se sont efforcés d'établir une diffé-
rence de sens entre ces deux constructions ; mais toutes les dif-
férences paraissent arbitraires. »
Grolle. 1* Des crolles, dès crolle, liég. mont, lillois, rouclii.
Dites : des boucles de cheveux, des anneaux, et, dans le langage
familier, des frisons. On disait autrefois mairon : elle avait des
maiTons sur les oreilles. — Faire ses croUes, fir ses crolle^ liég.
Dites : boucler, friser, anneler ses cheveux, ou se boucler, Acad.^
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- 181 —
ou se rriser, Besch. — Faire des eroUes à un enfant, fér dès
crolle à in' èfant, liég. Dites: boucler un enfant, Acad. — De
môme ne dites pas : des cheveux ct'ollés.dès crolléê ch'vet, liég. , des
ch*feuœ croI/^«, lillois, montois; mais, des cheveux bouclés ou
frisés. — Le petit crolU, H pHit crollé, liég. Dites : le petit jeune
homme tout bouclé. Un jeune frisé ne se dit qu'au figuré dans
le sens de muscadin. — Ses cheveux crolleiit^ ses cKfeux croU
lettVe^ tournais, rouchi, ses cVvet crollèt, liég. Dites: ses cheveux
frisent, bouclent.
i"" Brûler des crolles, biûler des crolles, mont. (liég. cresse) .
Dites: des copeaux.
Ce mot cfvlle, dans les deux sens, a été emprunté au fla-
mand.
II ne fout pas confondre copeau avec plamire; ce dernier
vocable sert à traduire le liégeois estalle (qui est aussi lorrain,
LiTT.). Ne dites pas, comme à Tournai et à Lille, des éplènures.
On ne saurait équarrir un bois sans faire des éplanures,.... faire
des éplènures, tournais. Dites : des planures, ou des éclats.
Gron. Son enfant est tout cron, si èfant est tôt kronk, liég.
s*n infant est tout cron, tournais, mont. Dites : son enfant est
tout contrefait. — Il marche cron^ i rote cron. Dites: il est ban-
cal, il est bancroche, ou il a les jambes tortues. — El bâton est
tout cron, tournais. Tournez: est tortu, de travers. — T'ascopé
cha tout cron, id. tu as coupé cela de travers.
Ce terme, d'origine germanique (fl. krom, ail. krumm) n*est
guère usité à Liège que dans kron-bresse ( coude ) et krons-os
(vertèbres); mais il est d'un usage général dans le Hainautet
le nord de la France. Les vrais termes wallons sont chalé^
,pat. henuyer, halé, houle et tnestounié, liég., suivant le sens.
Groque-nolz, croque-noisette. Ces noms, d'après Lit-
tré, désignent une espèce de loir appelée aussi muscardin. Les
Namurois l'emploient ik tort dans le sens de croque-gate^ et de
croque neuje; les Mon tois, dans le sens de croque-gaye et de
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-• 48Î -
croque-noujette; et les Liégeois, dans le sens de croxhe-gèie et
de croxhe-neuxhe. Le nom français de cet instrument est casse-
noix, easse-noisette.
Croquer. Croquer des noix, erohi dès gèïe, liég. croquer des
gaie, mont. Dites: casser des noix, Acad.
Croquer signifie manger des choses croquantes : croquer des
pralines.
Cru. Il fait citt, i fait crou (ou hrou, Grandg.), liég., i fait
crueuy namur., i fait cru, mont, tournais, lili. rouchi. Ce terme
n'a pas d'équivalent en français. Le sens est : le temps esl froid et
humide.Crottu;/», crowistéei crouweûre, dans ce sens particulier
(humidité accompagnée de froidure), ne peuvent se traduire par
crudité. Dites: il fait humide (Besch.) et froid. — On timpê crou^
pièce qu^est crowe. Forir traduit: un temps ct^, chambre cme.
Aucun dictionnaire français n'autorise cette traduction. Dites :
un temps froid et humide, une pièce froide et humitte.
M. Grandgagnage cite cet exemple de Froissart, qui était
Belge d'origine : Avecques tout ce, étoit le temps si cru et si
pluvieux ....
Cuire. L'eau est cuite Jaiwe est cûle, û. het water is gekooki.
Dites: l'eau est bouillante, ou Teau a bouilli. -- Cuire de l'eau,
cure di Faiwe. Dites: faire bouillir, ou mettre bouillir de
l'eau. — L'eau cuit, Faiwe eût. Dites : l'eau bout. il. het water
kookt.
Cuire ne peut se dire que des aliments; de plus il faut remar-
quer que bouillir est intransitif, sauf dans l'expression figurée :
bouillir du lait à quelqu'un.
Cumulet. Faire un cumulet, fér on cumulet, liég., in cumulé,
mont. On dit aussi on coupèrou, ou coutibèt, liég. Dites: Taire la
culbutte. Notre patois est, comme on le voit, riche en termes
qui désignent ce tour d'adresse; il plait en effet particulièrement
au gamin de Liège. Le mot cumu/^^ dont beaucoup de personnes
se servent n'est nullement français. M. Grandgagnage le rattache
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- 1S3 -^
ao même radical germanique qui aou9 a doané tourna iiomber),
par on changement de t en k, si commun dans le langage enfan-
tin, et dont les langues littéraires offrent elles-mêmes des
exemples : ail. Kartoffel, pomme de terre, du vénitien lartufola^
truffe. (Litt. et Schel.)
Curer, curage, ooroir. V. Verger.
D.
I>*alK>rd l^^Il reviendra d'abord.i fvirèt d'abord, lot d'abârd.
Dites : toui de suite, sur-le-champ, incessamment.
Les locutions d*abord, tout d*abord, au premier abord, de
prime abord, dès Tabord, signifient en premier lieu, au premier
instant, avant tout. Ex. : Dieu n*a qu*à vouloir, et les choses
sont d'abord fiiites, Fên. Si quelqu'une de vous touche à la qua-
trième, je Tétranglerai tout d*abord, La Font, dans Litt. — Ces
deux exemples montrent combien la pente a été facile du sens
français au sens wallon.
2* D'abord qu*il sera revenu, d abord quH sèrèt riv'nou. Dites:
dès que, sitôt que, aussitôt qu'il sera revenu.
Cest un archaïsme ; cela se disait encore au XVII* siècle.
Ex. Voyant que la conversation tombait d'abord qu'on ne buvait
plus... Hamilton.
S*" D'abord que vous le souhaitez, dCabôrd qui vos IsohaitU.
Dites : puisque, dè.s que, du moment que vous le souhaitez. -^
Dès là que est moins usité, mais il se rencontre (Bossuet,
MassiUon, Voltaire, dans Littré, à D&s).
Du moment que et dès que se prennent quelquefois pour
puisque^ AcAD. Ex. : Dès que vous en tombez d'accord ; du
momeut que votre père y cousent, je n'ai plus rien à dire. Ceci
montre comment la conjonction d'abord qui, marquant dans le
principe le temps, a pu devenir une conjonction causatwe. C'est
une application, parfaitement juste cette fois, du célèbre cum
hoe, ergopropter hoc.
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- 164 -
Danger. V. Mal.
Dangereux. Vous reviendrez aujourdlioi, n'est-ce pas? —
C'est dangereux. Vos révérez ôûie, èdon f — Cest danjVeus, liég.
— Viendrez- vous? — Diingeveux. Verrée? -- Dandjereux^ p^i.
des environs de Hons.— Dites: c'est probable, ou. simplement,
probablement. On peut comparer la tournure : il ny pas de
dangei que faille là.
Dans.l" Je vnis demeurer dam les Flamands, ;îm'va« dl'mani
dvini lès Flamind. Dites : chex les Flamands, ou dans le pays
flamand. — Cest un latinisme : In Petsas proficisciy C. Nêp.,
partir pour la Perse.
2"* Ne restez pas dans la pluie, ni damerez nin è Pplaive; Ù. Nijft
in den regen nini. Dites : ne restez pas exposé à la pluie. Se
promener dans le soleil, si pormintr è solo. Dites : se promener
au soleil. — Ex. Ne vous tenez pas au soleil, Acad.
3"* / n'aveût nin dès sole devint ses pid. Foiir, au mot divini^
prétend qu'on ne peut traduire: il n'avait point de souliers dans
ses pieds. C'est une erreur. Nous lisons dans Dictionnaire de
l'Académie qu'on dit par hypallage : il n'avait point de souliers
danssespieds.il faut remarquer l'expression proverbiale: il
n'a pas de souliers à ses pieds, (il est fort pauvre).
4<* Quelle belle cravate vous avez dans voire cou! que bai
noret qui v's avez è vosse haïrai, liég. Dites : à votre cou. — La
bague que vous avez daif« votre doigt, li bague qui v's avez è
vossedeûgl^ Delch. les deux Nèveu^ II, 4. Dites : à votre doigt.
— Uetloz-li one bague dihs s'dwoi, p. de Wavre, Annuaire, Si. 70,
2« 1. p. 165; meltoz-li one bague è s*deugl, Spontin, id. ; meUez-U
one bague è'deûgt^ Hotton ; passez4i one ennai è d^u^^Famenne;
melleuz-li eun ènia è s'dûgt^ Uuy , mettez-li one bague è s'deugt,
Limbourg. On voit que Thypallage est du goût de nos patois. 11
faut dire : mettez-lui un anneau au doigt.
Citons toutefois ce proverbe, qui est dans Bescherelle : ne
fais pas entrer de force un anneau daîis ton doigt, c*est-à-dire»
il faut laisser mûrir l'affaire» sans recourir à la violence.
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- 156 -
5<» bans la phrase suivante, ji dis (tvint mûmimme, dUrint
ne peut se rendre par dans : je dis dans moi-même. Il Faut : en
moi-même. Mais les wallonismes : divint treûsjoû d*cial^ divint
k'bin d^timps? divint pô, doivent élre traduits littéralement:
dans trois jours d*ici, dans combien de temps ? dans peu.
Divint et dans marquent ici Tintervalle de temps au bout
duquel on se mettra à Touvrage : nos attalrans ivint deuxjoûs^
nous nous mettrons à l'œuvre dans deux jours. Mignet s'est donc,
je crois, exprimé incorrectement en disant: Dans peu d'instants
la ville fut dans la plus grande agitation, Révol. fr. 1, 1, p. 61 ;
il faut : en peu d'instants.
Ce dernier gallicisme, où eti équivaut à dans Tespaee de^ Agad.,
ou en [espace de^ Litt., correspond au wallonism? so po d^timps,
qu'il faut bien se garder de rendre mot pour mot. V. Sur. ïv* IS.
e** Dans les soldats. V. Engager.
7"" Il s'est jeté dans l'eau, i s'a lapé è Taiwe. Dites : il s'est jeté
à Teau, c'est-à-dire, il s'est noyé exprès. Hais si le sens est :
entrer dans l'eau pour quelque dessein, on traduira littéralement
il s'est jeté dans l'eau.
8*" Connaisseur dans (pour en) Y. Db, n* 7.
9« Il me doit dans les trois cents francs, t nCdeûl devint les .
treus cinls franc. Dites : il me doit envii*on ti*ois cents Trancs.
La tournure dlou ttreus dnls franc est plus correcte. Y. Autour.
Ky* Il est toujours dans les livres, il est todis devint les live.
Dites : il est toujours sur les livres, Besch., Litt., ou il sèche,
il pâlit sur les livres, Acad., il est toujours cloué sur ses livres,
Besch. La tournure française, que nous devons au latin (pa/-
leseere super libris) est bien supérieure à la tournure wallonne :
elle fait image.
11® Porter de l'eau dans la Meuse, poirier SCaiwe èMouse;
tournure toute locale, qui doit être remplacée parcelle-ci ; por-
ter de l'eau à la rivière, à la mer, ou porter l'eau à la mer.
On pourra toutefois imiter le proverbe français en disant : por-
ter de Teau à la Meuse.
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- 156 ~
De. 1» De ce temps-là, di c'timps-là. La tournure en ce temps
là semble consacrée. Ex. En ce temps-là il n'y avait point de
roi dans Israël, Sacy, dans Litt. Mais on dira: du temps des
patriarches; nous n'avons pas vu cela de notre temps, Acad., du
temps du roi Guillemot (de timps de vî bon Diu) du temps, (ou au
temps, Acad.) que les bétes parlaient, La Font. V. Que, relatif. S*.
i^ Fy ai pensé de la nuit,;*y a tûzé deP nutte. Dites : la nuit,
pendant la nuit. On dit aussi quelquefois de nuit. Ex. La
cbouette se cache dans les trous, et de nuit elle va chercher sa
pâture, LiTT. Partir, voyager de nuit, Besch. — Le latin disait
quelquefois de uoete pour ie simple ablatif nocte, noctu, Ex. Ut
jugulent homines, surgent de nocte latroneê, lior. — Maison dira
très-bien : je n'ai pas dormi de la nuit, Dumas, H. Alphonse^ 1, 8,
en appuyant sur l'idée de la durée : pendant toute la nuit. Ex.
Je ne le reverrai pas de huit jours, Acad.
3"* Tirer, tomber d^la milice, de la consoription. Y. Tirer, 3
et Tomber, 4.
4<' Faire de sa tété, fér di s'tiesse, Dites ; en faire à sa tète,
n'en faire qu'à sa tête. Littré signale la locution basse et popu-
laire faire m tête, pour se montrer récalcitrant.
S"" De bonheur que je n'étais pas là, de bonheur qui friezleùt
nin là. Dites : heureusement que je n'étais pas là, ou p^r bon-
heur je n'étais pas là.
De bonheur est un tour suranné : De bonheur pour ce loup,
qui ne pouvait crier, Près de la passe une cigogne, La Font.
&" Les amis ont toujours du plaisir de se réunir, lis amis otit
toudis du pletsi dé s'réuni; mont. Dites : à se réunir. Tai eu du
plaisir de les entendre rire aux éclats, fa-st-aivou bon (Clés ot
haxhlir. J'ai eu du plaisir h les entendre. II y a plaisir de le voir
manger, on-z-a bon deC vèïe magni. Dites : 11 y a plaisir à le
voir manger.
Mais avoir le plaisir, faire plaisir, c'est un plaisir, sont suivis
de la préposition de. Vous me feriez plaisir de parler ainsi.
Quand aurons-nous le plaisir de vous voir? C'est un plaisir de
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- 157 -
le voir travailler. Tette est la règle actuelle en fhiDcais; maie il
8*en faut qu*elle fôt bien éuiblie même au XVIII* siècle, du
moins en ce qui concerne les deux premières tournures. Ex. Il
y a plaisir d*étre dans un vaisseau battu de Torage, lorsqu^on
est assuré qu'il ne périra pas, Pasc. dans Litt.
7* Vous passez pour un connaisseur de tableaux, vos passez
po an k*noheû d'tâolai^ fl. eenen kenner vanscUlderijen. Dites :
connaisseur en tableaux, ou en fait de tableaux : Ex. II est bon
connaisseur en chevaux, elle est connaisseuse en fait de toilette,
AcAD. Ne dites pas non plus : Elle veut être grande connaisseuse
dans les étoffes et les dentelles : elle voût esse ine grande kino-
heûse divint lès stoffèet lès dintelle. Dites : elle prétend être une
bonne connaisseuse en étoffes et en dentelles.
8* J'irai de pied à Verviers, j'tm d^ptd à Vervt^ Micheels.
Gr. lUg. Dites : J'irai à pied. On dit plus souvent à pid.
9" Une queue de balai, ine cowe di ramon. Dites : un manche
à balai.
10* Gela fait dresser les cheveux de la tête, çaula fait dressi
lis fvet deV liesse Dites : à la tête DeV txesse équivaut à l'ablatif
latin de capite; c'est la question unde? dCoii? Le français se met
à un autre point de vue; c*est la question ubiJ où?
A la tête est ici la seule tournure que mentionne l'Académie.
Levy, dans ses Omnibus, et Poitevin, dans sa Grammaire fran-
çaise, préiendeiit qu'on ne dit pas faire dresser les cheveux
sur la tète. Bescherelle et Littré admettent la tournure, et ils
ont pour eux l'usage : Je vis ses cheveux se dresser sur sa
tète, Barth. dans Bbsch. Les cheveux dressent encore sur la
tète, au souvenir de ces jours de meurtre, Chateaub. dans Litt.
— Autres ex. : Fén. TéUm. I, au mil.; G. Delavignb, Don Juan
d^Autr. V, 3.
»
Dé, dés. Ce préfixe français, qui correspond aux deux par-
ticules latines de et di ou dis, a conservé généralement, dans
l'est de la Wallonie, la seconde forme, di ou dis, tandis que dans
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le Hainaut, il affecte le plus souvent la forme firancaise. Les
paiois wallons renrerment un grand nombre de verbes et même
de substantifâ où entre celte particule dé ou dis ; mais notre
sujet est circonscrit : nous ne nous occuperons que de ceux de
ces mots qui se sont introduits dans le parler français du pays
wallon.
En composition, ce préfixe a la valeur qu'il avait dans la
langue-mère. Il marque :
!<" Ëloignement, négation ou suppression de Tidée exprimée
par le mot simple ; c'est le cas pour décommander^ défanfUer^
dégobiller, dégueuler, délurer, dépourer^ déuspecter^ dessoûler;
parfois il se prépose à d'autres composés qui renferment déjà
Tune des particules é^ mé, etc. : se déméfier ^ démépriser ^ dé-
teindre. /
V II est augmentatif, comme le latin de : débagager, débaguer y
débout, démitan^ dérompure, dégriffer, délibéré, desseuler,
S"" Il exprime, comme le latin dis, la division d'un tout en
plusieurs pairies : déietei\
i*" Il marque, comme le wall. ki, lat. cum, ail. be, que Faction
ne répand entièrement sur un objet, et il sert à transformer
des verbes intransitifs en verbes transitifs : débiser, décauser,
déchirer, dégoter, despiter. Ni de, ni dis n'avaient cette signifi-
cation en latin; mais elle découle naturellement de l'acception
signalée au n<^ 3 : division, dispersion d'un tout en plusieurs
objets isolés. Le préfixe dé a, je crois, le même sens dans les
verbes français (f^^ri^r quelqu'un, (f^^o/^r quelqu'un (v. ce mot),
et se débattre, que le liégeois traduit par s'kibatte.
Reprenons chaque composé à part.
lo Décommander. L'officier avait commandé des pa-
trouilles, mais il les a décommandées, VoffitA aveut Vmandé des
patrole,maiH elz a diVmandé, liég. Dites : mais il les a contreman •
dées. A Paris, le peuple emploie aussi ce mot, Agnel, p. 16.
DéflBiufller les manches d'une robe, difâfUer les manche
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^ i59 -
(Fine robe. Dites : éfaufller. II existe aussi dans le montois et
le rouehi.
Déffoblller. dégueuler. // a dégauvié, mont. — Il a d^-
gueulé^ il a dégueulé. Rem. Dites : il a rendu. — Absolument,
rendre, vomir, Litt.
Ce sont des termes ignobles qui doivent se sentir mal à l'aise
dans le Dictionnaire de rAcadémie, si imprégné d'atticisme. Il
en est de même de rendre ses comptes, rinde ses compte, Forir {*),
renarder, mont. (liég. riuârder, en parlant des animaux), piquer
un renard, piquer in renard, p. de Hons. Vomir, dii Benoit, est
ignoble au propre, et énergique au figuré : contemplateurs
stoiques des maux incalculables que cette catastrophe vomira
sur la France, Mir. On peut trouver des tournures préférables
même à rendre, qui de fait n'est pas élégant : garder une méde-
cine, ne pas la rendre » Acad. Au surplus, quoiqu'on fasse,
l'idée, ici, gâtera toujours même le meilleur euphémisme.
Délurer un béjaune, dileurrer on boubièt. Rem. Dites : dé-
gourdir un béjaune. — Déleurrer (de leurre) est un vieux mot
français synonyme de détromper. On emploie surtout le parti*
cipe déluré, qui est dans Liilré. Ex. Gens plus actifs, plus gais,
plus délurés, suivant l'expression locale dans les pays de
vignoble et de navigation, Ratnal. Dites : dégourdi, déniaisé.
Déméfler (Se), montois, s*dimèfiï, liég. Dites : se défier,
ou se méfier, selon la nuance. ^
Démépriser, lill. mont. II faut dire : mépriser ou dépriser,
selon ridée qu'on veut exprimer.
Ces deux wallonismes présentent la combinaison bizarre des
deux particules qui entrent dans la composition des verbes se
méfier et se défier, mépriser et dépriser. Or ces deux préfixes
mé et dé ont des sens bien distiticts ; ils ne peuvent être con-
«0 A Parit, U peupla emploie cette loeoUon dans le seoi de mourir. (Lm.)
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fondus m se renforcer mutuellement. La différence est mieux
marquée encore dans se mécompteret décompter, médire et
se dédire, méfaire, et défaire, mécroire et décroire. V. Lapatb.
Dict. des $yn* p. iSS.
Dépoorer se dit dans le Hainaut et la Flandre française
pour épousseter, vet^geter. Il correspond au li^eois dipoûssler.
fie là le vocable hennuyer, lillois et rouchi dépouroir^ patois
dépourôj liégeois boubou, pour lequel je n'ai pu trouver d'autre
terme français que tête de moine, qui se dit à Maubeuge, selon
Hécart. Houssoir n'a pas la même signification.
Désespeoter ses vieux parents, désespecter ses vU parùU.
Cest une corruption de diepecler, lat. dUpectare. Dites : n*avoir
nul respect pour ses vieux parents. Il existe un vieux mot
français despect, rouchi despect, du laiin despevtus^ mépris, qui
a donné d^uutre part le franc, dépit; montois, deepUer, dépiter.
DessoulM". Dormir pour se destouler, doirmi po s'dissôlér.
Dites : pour se dégriser, pour se désenivrer. I/Académie dit
que dessoûler est populaire.
Déteindre la chandelle, datinde el candeye, mont, déiinde
elcandèle, rouchi, distinde li chandelle, liég. -- Dite) : éteindre.
Pas n^est besoin de prémunir contre Taffreux barbarisme : le
feu est déteindu ou éteindu, li feu est dislindou, liég. pour le feu
est éteint. — Déteindre signifie faire perdre la couleur : le
soleil déteint toutes les couleurs, Acad.
2* Débagayer, mont. , débaguer , rouchi, mont. Dites :
déménager. Il en été parlé au mot baguer. Ce terme liégeots,
qui a la mémo signification, montre à suffisance que la particule
dé est ici purement intensive ; elle ne sert qu'à rendre la signi-
fication du mot plus précise, plus déterminée.
Debout, ou d'bout (Un) de chandelle, in debout d'candelle,
rouchi, lilL, tourQ|iis., un debout d'candeye, montois. Dites : un
bout. Li debout se rencontre aussi dans des textes liégeois.
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— 161 —
Dégrllfer. Le chat m*a dégtiifé, el cat m* a dégriffé, moot.,
lill., roucbi. Dites : m'a griffé; plus souvent, m'a égratigné. Le
patois de Liège a digrettér, que nous traduisons à tort par
graiter, il a aussi dégrimonnér (Grandg.), qui est également
montoi$.
Délibéré. Je suis délibéré du service, ji sos délibéré de sier-
vice. Dites : je suis libéré du service.
Li'déinitan dHn gambon^ rouchi, lill. Fdémitan d^cnne gaie
(on gauque) mont. Dites : la moitié d'un jambon, d'une noix
(un cerneau). On entend souvent dire à Liège, vous n'en aurez
qu'une demaitié. A première vue, on serait tenté d'y voir une
combinaison de demi et de moitié. Ne serait-ce pas plutôt le
mot moitié renforcé par la particule en question? Nous lisons
dans Hécait, Fdémotié d^unpain. Le montois a aussi démointié.
Dérompure, mont, (et picard ; lill. dWompure), Dites : rup-
ture (Littré dit qu'il vieillit), hernie, descente. £j«d rom/;ou, liég.
ète dérompu, rouchi, ète d'rompu, IWL, ne peut se rendre par
être rompu. L'expression correcte est avoir une hernie.
Desseuler, lill. rouchi. Son père et sa mère sont morts et
la pauvre fille est toute desseulée, si père et s'mère sont moirts^
et Vpauve âme est lote disseûléie, liég. Dites : esseulée. (Familier
et peu usité, Acad.)
3** D^eter. Les livres étaient déjetés, lès live esttt Vtapés.
11 faut : bouleversés. — Le ménage déjeté, H k'tapé matUge.
Dites : le ménage en désordre. — Une pièce déjetée, ine pièce
iitapéïe. Dites : une pièce en désordre, où tout est bouleversé.
—Se déjeter, si K taper. Dites: se démener, se débattre, se tour-
menter. — Ex. Le perroquet se tourmenta (s'agita) si fort dans
sa cage... Vts. Fables. — Le français se déjeter signifie se
courber, gauchir, se contourner : Le bois de celte porte n'était
pas sec : il s'est déjeté. C'est le liégeois s'kitoumér, s^kitoursi.
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— 162 —
4* Déblser. J*ai les lèvres entièrement débiséesj'a lèi Icppe
totes dibihêies. Dites : selon le sens^ entièrement gercées, ou les
lèvres irritées par la bise. Le montois a aussi débisér ou débisi,
et le numurois, disbijL
Décauser. Quiconque décause les honnêtes gens, est un
maraud, fof qui dicâze (pat. de Verv.) lès bravés giniicst on câlin.
Dites : quiconque médit des boQûêtes gens... — Les Liégeois
rendent aussi leur kijdsér par le même barbarisme. Le mot est
bien formé d'après l'analogie : décrier, dénigrer, détracter,
décréditer, etc. ; mais il n'a pour lui ni Taulorité des diction-
naires, ni celle du bon usage.
Remarquons cet instinct du peuple : il ne connaît plus l'an-
cienne particule française équivalant au suffixe h; il y substitue
le suffixe dé correspondant à di ou dis, qui a souvent, dans son
patois, la même signification (dibihiy si d^glettér, etc.). La syl-
labe Jri a en effet, dans kijdséfy la valeur du latin cum, dans
conspuo, couvrir de crachats, c'est-à-dire que l'action exprimée
par le verbe simple se transmet directement sur un objet :
hagni, mordre; Ai/ja^ni n'^aii, déchirer quelqu'un à belles dents;
hinér, jeter; kihinir n'sakt\ lancer des projectiles sur quelqu'un
(acception omise par les dictionnaires); jèlér, jeter; kijètér
n'saki avou des caiwaiy lapider quelqu'un, l^e français a long-
temps procédé de môme; l'épopée populaire de Rabelais et
autres écrits du XVI« siècle renferment encore quelques com-
posés semblables, qui semblent formés directement, et non
tirés du latin : Gomparti, Rab.; complaindre quelqu'un. Mon-
taigne; compisser, Ronsard (liég. dipihi). Si notre bon vieux
patois a conservé pleine et entière cette faculté composante, il
ne faut pas s'en étonner, l'idiome teutonique, qui l'étreint de
tous côtés de Malmédy à Raccourt, y est pour une bonne part;
il présente en effet, entre autres, toute une classe de composés
du même genre : ail. bewerfen, beschmeissen^ fl. bewerpen, ^tAî-
nér; fl. bespuwen, bespugen, ail. bespeien, bespucken^ kirèchi;
Û, bespuiten, ail. bespritzen, kisprichi: ù. M. bepissen^ kipihi;
ail. benagen, kimagni ; fl. beklappen^ ail. beklatschen^ kijdsér.
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DéeUrcr. Vous m'tves tout déchiré^ voê m'wêz toi tfUi.
Dites: vous avez déchiré tous mes vôtements. -^ Les Ghiooisse
déshabillent avaot de se battre, de crainte de se déchirer, lèê
ChUurif s'dimaussèt amâ di ê'batte^ sogne di s'kihii. Dites : de
crainte (ou sans de^ crainte ) de déchirer, de lacérer leurs vête-
ments.
Eu français, se déchirer, c'est s*offenser l'un Fautre par des
médisances : ils se déchirent l'un Tautre, Acao. Quant à déchirer
ptdqu'un, il signifie, oa bien, le mettre en lambeaux : mon fils
déchiré, Rac, ou bien, le diffamer: déchirer son prochain.
Notons cependant que l'on dit : être déchii-é, être tout déchiré,
AcAD., pour, avoir ses vêtements déchirés, en lambeaux.
Dégûter. Vous travaillez bien, mais votre Trère vous dégoU^
wo$ cvrez Mn, mais vossefré v'digotle^ Rem. Dites : vous surpasse.
Lorédan Larchey lui donne aussi ce sens, qui est conforme à
rétymologie: digautUr sur quelqu'un, donc être placé au-dessus
de lui. L'Académie admet dégoter comme terme très-familier,
mais avec la signification de supplanter: On Ta dégoté.
Despiter. Il m'a despité, mont. Dites: il m'a éclaboussé. Ce
despiter est différent du despiter dont il a été question à l'article
Dêsbspbctbr. Il vient du verbe simple spiter^ néerl. spuiten, ail.
spritzen, trois mots dont jaillir, saillir et éclabousser ne sont
que des traductions par k peu près.
Nous terminons ici l'article relatif à Dé ou Dés.
Dedans. 1" Mettre dedans, iomher dedans, v. ces verbes.
2* n est dedatiSy il est devint, c*est-à-dire il est dans les vignes,
il est ivre, il est pris de vin. Le complément du Dictionnaire de
l'Académie et Bescherelle disent que cette locution est popu-
laire. Littré l'admet sans observation; elle semble en tous cas
prétérsiblehil est soûl. Il est devint signifie aussi il est dans
l'embarras, il est dans la nasse, il est dans le pétrin. Il est dedans
ne s'emploie pas dans ce sens.
3^ Dessous le Pont-des- Arches, dî4(>« Cpont d's âehe.liég. Dites
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-^ 164 •-
souA le Pont-des-Arches.— DfMtis \\i\^deêsouê M^deéani le trou»
désur Hy déxeur H, dédins Ctro, pat. de Mons. Dîtes: sur lui,
sous lui, dans le trou. — Dessous l'arbre, dessus la terre, dedans
une flaque, dizo Vaube, dissus Vterre^ didins on potia, namur.
Dites: sous Târbre, sur la terre, dans une flaque. — Dedans la
misère, divint Fdangi, pat. de Dinant. —Il est arrivé une grande
famine dedans ce pays-là, il est arrivé ine grande famine d^daê
ç*paîs4à, p. de Plorenville. Dites: dans la misère, dans ce pays-
là. — Dessus le dos, d'sus tdos, p. de Niv. Dites: sur le dos.
Jusque dans la première partie du XVII* siècle, ces mots ont
été considérés comme prépositions; ce sont les puristes de
l'époque, qui, sans rime ni raison, ont décidé qu'ils ne pouvaient
être qu'adverbes. Racine lui-même, qui les a employés comme
prépositions dans ses deux premières tragédies, s'en est abstenu
absolument dans toutes les autres. Littré trouve qu'il est extrê-
mement fâcheux que cette règle se soit établie: il en résulte que
des passages de nos classiques, d'ailleurs parfaitement corrects
et élégants, sont ainsi, pour le lecteur actuel, frappé d'incorrec-
tion. Ex. C'est tomber d'un mal dedans un pire, Mol. Le sultan
' dormait lors, et dedans son domaine Chacun dormait aussi, La
Font. Mais dessus quel endroit tombera ton tonnerre, Qui ne
soit tout couvert du sang de Jésus-Christ, Desbarreaux, ou
l'abbé De Lavau. Cependant plusieurs poètes on essayé de faire
revivre l'ancien usage. Mettez le pied dessus le cou des rois.
Volt. (Ils) poursuivent un œil noir dessous la jalousie, A travers
Téventail, Hugo, F. d'Aui. 28. Mais aujourd'hui la règle est de
rigueur; elle ne soufire qu'une seule exception. Ces mots jouent
encore le rôle de prépositions « quand ils sont employés en
opposition et que le complément est placé après le dernier. »
Van Hollebeke, Gramm« franc. § 788. Ex. Ce n'est ni dessus ni
dessous de la table, Acad. — D'après cela, les exemples sui-
vants, queLittré cite comme archaïques, sont encore aujourd'hui
Dès-corrects: A parler dignement de Dieu, il n'est ni dedans ni
dehors le monde, Fén. J'en voyais et dehors et dedans nos mu-
railles, Rac.
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— lôB -
Déftkire. 1» Défaire son chapeau» fion habit, ses bas, ses
souliers, sa redingote» dùfér s'chapai, si abit^ ses ehdsêe, ses
9olér, si fraque, fl. zijne êchoenen^ zijne kleederen uiidom. Dites :
ôter, quitter son chapeau, etc. — A Tournai et à Nivelles, on
dit : je tire ma casquette, ftire enC casquetie, Lerat, les cheonq
dotiers^ il ipi tire sa casquette, i lu tire esse casquette^ Us Avent.
di Jean df Nivelles, v, 3^ vers. Cette tournure est aussi correcte
que tirer son chapeau à quelqu'un, qui se dit en France. Nous
lisons dans Littré : a Tirer son chapeau, l'ôter pour saluer. »
Ex. Il ne m'a pas tiré son chapeau, Litt. Louis XIV s'endette et
nous nous endettons, il flatte la finance et nous tirons le cha-
peau, 6. Sand, les Mississipiens, Prol. se. III.
Défaire, c'est changer l'état d'une chose, de manière qu'elle
ne soit plus ce qu'elle était : défaire un paquet, défaire un mau-
vais ouvrage.
2^ Les milôrds (espèce de pommes de terre) se défont, quand
on les laisse cuire trop longtemps, les milôrd si disfèt, qwand
on lès latl eûre trop longtimps. Dites : se décomposent, s'en vont
par morceaux.
Défriser. Ça me défrise, ça m* défrise. Ge mot appartient à
ce que Lorédan Larchey appelle Vargot social. En attendant qu'il
ait reçu ses lettres de naiuralité, tenons-nous en à déconcerter^
contrarier : cela me contrarie. — Ici défriser est pris flgurément ;
au sens propre, il est français : défriser une perruque.
Déguiser. Aller voir les déguisés du carnaval, aller vH les
d'guisé d'à carnaval. Bescherelle et Poitevin admettent le mot
déguisé pris substantivement, mais aller voir les masques est
préférable.
Demander, lo On m'a demandé nne question, on m'a demandé
W question^ liég., on m* a demandé enne question, mont , they
asked me a question, angl. Dites : on m'a fait une question, on
m'a adressé une question. — On ne dira pas non plus poser une
question, du moins dans ce sens. Poser une question, c'est la fixer,
la préciser. Ex. Il faut d'abord bien poser la question, âgad.
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~ i«6 -
S- Je demande à ee qu'on me laisse en paix, ji érmamde à çau
qu'on mléîe è pale. Construction vicieuse, même en wallon, et
qui provient de la confusion des deux tournures françaises
demander à et demander que. La seule correcte est : je demande
qu'on me laisse en paix, ji demande qu'on lUe è pâte.
3« Demander excuse, — après quelqu'un. V. Bzcuse et
Après.
Dent.l* Un dent, on dint, liég., namur., m dinty mont. Dites :
une dent. — Cette faute est assez fréquente. Ce wallonisme est
un archaïsme : dent^ du lat. dcntem, m., a été masculin en fran-
çais jusqu'au XV« siècle.
2"* Avoir de longues dents, avu long iès dint, For., avu lès dini
long^ Dict des Spot. Dites : avoir les dents longues. Mais, môme
sous cette forme, cette locution constitue un wallonisme, si l'on
veut faire entendre que les dents sont agacées par quelque sub-
stance, par exemple par du firuit vert. C'est le sens de la phrase
wallonne. Dans ce cas, on dit en français: avoir les dents molles^
LiTT. L'expression avoir les dents longues, Acad., outre l'ac-
ception propre, n'a au figuré que le sens de avoir grande f^im^
après être resté longtemps sans manger. En ce sens, la tournure
athoise avoir des longs dents, avoi des longs dets est fautive. Y.
Bal/. A.70,2H.,p.l3B.
Au sens propre, on pourrait dire, comme en wallon avoir de
longues dents ; mais la tournure avec l'article défini est plus
ordinaire et plus élégante. La Reine disait de lui [le cardinal de
ReizJ qu'on n'était jamais laid quand on avait les denta belles^
Diderot. V. le mot Des, S*.
S* Servir pour ses dents^ siervi po sès'dint, Foa. Dites ; pour
sa nourriture. Ex. Prendre un domestique, un ouvr^^ pour sa
nourriture, Acad.
Depuis. !• Depuis làége jusqu'à Huy, il y a six lieues, dis-
pâte Lige disqu'à Bu^ gna sixhe eure. Hennequin dit simplement :
il faut : de Liège à Huy, il y a six lieues. Gela peut induire le
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— 167 —
lecteur h croire que depuis... jusqu^à ne peut marquer un rap-
port de lieu. Or, comme le fait très-bien remarquer Benoit, on
se sert de depuis,, jusqu'à, lorsqu'on veut insister : La France
s'étend, de l'est à Touest, depuis le Rhin jusqu'à fOcéan, Agad.
Boudha parcourait l'Inde centrale et orientale, depuis Uggajini,
au nord-ouest du Vindbia, jusqu'au royaume d'Anga, à Test du
Magadha, P. Devaux, Etudes polit., p. 82.
2* Du depuis notre fête, il a été malade, du depuis no dueasse,
ilasté malade, m'ont. Supprimez du : depuis notre fête.*.
Derrière. Fermez la porte derrière vous, serrez touxke dri
vos, machen Sie die Thuer hinier sich zu. J'ai entendu blâmer
cette tournure. Les dictionnaires ne donnent en effet que les
expressions : fermer la porte sur quelqu'un, tirer la porte sur
soi ou après soi. Mais fermer la porte derrière soi, derrière
quelqu'un se dit également. V. G. Sand, Af"« de la Zuiniinie,
3- éd., Lévy, p. 223.
DeSyDu, De, Un, Une. i"On demande des bons ouvriers,
on imande dès bons ovn, liég. - On y boit de la bonne bière, on-
z-y beût dèFbonne bîre^ liég.— -Voilà ce qu' on iii; c'est des fameuses
bêtises (V. Fameux et C'est), voilà çou qu'on dit ; c'est dès fameuses
biestréie, liég. — Ces gens-là ne nous ont point fait du mal,
ces gint'là ni v's ont nin fait de md. — L'histoère dé pais d'Lige a
dès bais boket^ Remacle traduit mal : a des belles pages. Dites :
de bons ouvriers, de bonne bière, ce so7it de fières bêtises,
de mal, de belles pages. — Des bonnes pommes de terre, dès
bons canada, Namur. — Dites : de bonnes pommes de terre. —
Des autres fautes, des autès féaute, tournais. Dites : d'autres
fautes.
La syntaxe française substitue la particule partitive de à
l'article indéfini du, de la, de 1', des, dans des cas spéciaux, qui
sont indiqués dans tous les manuels.
2« II 2Lde longs bras, il a dès long bress'. Dites plutôt: il a les
bras longs (au prop. et au fig.). — Avoir un nez On, avu 'n' tenue.
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— 168 —
ou V fetme narenne. Dites : avoir le nez fin. — Il a un menton
pointu, il a an bèchou minton. On dit mieux : il a le menton
pointu. — Il a une télé pelée, il a 'ri pèlêîe liesse. Dites : il a
la tête pelée, — Vous avez une grosse tète, vos zavex 'rigrosse
tiesse. Mieux : vous avez la téie grosse.— Autant de wallonismes
que le liégeois doit à Tidiome teutonique. On dit en allemand :
dieser Mann hat eine lange Nase, einen hleinen Muni.
Cependant on dit aussi, en français : cet homme a un long
nez, une petite bouche, mais la tournure n*a pas la même
élégance, et, en tout cas, elle est peu usitée. Ex. Julien avait
les cheveux doux, les sourcils charmants, le nez tout à fait
grec, Ghatbàubr. Il [Alexandre] a les traits réguliers, le teint
beau et vermeil, le nez aquilin, les yeux grands, pleins de feu,
les cheveux blonds et bouclés, Barth. V. dAnach. Les Arabes
ont le teint basané, les yeux noirs et vifs, Ratnal. Elle a le
teint beau, Acad.
4* Un bon verre de vin de Rhin, de Moselle, on bon verre di
vin d'Rhin, d^Mozelle. Dites : un bon verre de vin du Rhin, de la
Moselle.
Forir traduit vin dopais par vin de pays. M. Carpentier,
d'accord avec plusieurs grammairiens, condamne à tort cette
façon de parler ; elle est consacrée par l'usage en France et en
Belgique, et l'Académie l'a admise en lui donnant le sens de mit
recueilli dans le canton Jorsque le canton ria pas un an renommé:
Voilà d'assez bon vin pour du vin de pays. Acad. D'après Littré,
on dit aussi le vin du pays, mais pour faire entendre le vin du
pays dans lequel je suis : Vous allez à Tokay, rapportez-moi
quelques bouteilles du vin du pays.
8» Il y en a cent et des, i enri a cint et dès. Dites * U y en ^
cent et plus, il y en a cent et haïe au bout, ou il y en a plus de
cent, il y en a cent et quelques. Ex. Nous étions à ce concert
quarante et quelques, Litt. On dit aussi : Je lui ai donné
soixante et tant de francs, Acad.
Désobéir. Désobéir ses parents, ses maîtres, disobèi ses
parint, ses maisse, Fou. Dites : h ses parents, à ses maîtres.
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Obéir et désobéir sont intransitifs. Toutefois on peut les
employer à la voix passive : Quand vous commanderez, vous
serez obéi, Rag. Je suis désobéi. Volt. Peut-être bien qu'an-
cieunement ou faisait de désobéir un verbe transitif. Dans ce
cas, notre patois présenterait un vestige de la vieille construc-
tion.
Dessus, l*' Un dessus de tasse, ou i%mr {ine harboie ou
ine eopette) di tasse. La périphrase est inutile en français, vu
que la tasse est proprement le gobelet à anse dans lequel on
prend le café, le thé, etc. Par imitation de cette tournure, on
dit dessous de tasse pour traduire platai datasse. Le mot français
est soucoupe.
Deux l"* deux trois fois, deux trois co, Àurmonaq. di Nameur,
a. 70, p. â5, fl, twee drie keeren. Dites : deux ou trois fois. —
deux trois jours après, pat. de Mons, Bull. a. 71, p. 150, deuss*
treus joû après^ p. de Liège, deux trois jiou après, p. de Pâtu-
rages, deux trois jou après, Gosselies. Dites : deux ou trois
jours après.
i"" C'est nous deux monsieur N. qui ont fait cela, c*est nos deux
Jf. iV. qu*oni fait coula. Dites: c'est M. N. et moi qui avons fait
cela. V. Qui.
3* Noua étions nous deux, nos estts nos deux, fl. wij waren
ons getweeën ; vous étiez vous deux, vos estis vos deux ; ils
étaient leur deux, tT estis leu deux, ou if estts zel deux. Dites :
nous étions deux, vous étiez deux, ils étaient deux. — Ces
enfants se querellent constamment, je n'aime pas à les laisser
leur deux; dites : à les laisser ensemble, ou à deux.
¥ MM«. Benoit et Carpentier condamnent la tournure : nous
dtnons à deux tous les jours^ nos dinans à deux tos lès joû.
Cependant on lit dans Bescherelle : « A deux, loc. adv., deux
ensemble ; travailler à deux Jouer à deux, un voyage fait à
deux. » /{ faut le tenir à quatre est une locution qui a cours.
El la Fontaine a dit: sur le pauvre arbre ils se mettent à quatre.
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ilO -
— D'autre part , on trouve dans Corneille : Nous partîmes cinq
cents ; mais^ par un prompt renfort^ Nous nous vîmes trois miUe
en arrivant au port ; et dans Littré : fious étions sept cents
hommeSf et nous ne sommes revenus que trois cents. — A bien
examiner ces deux catégories d*exempies, nous croyons pou-
voir établir comme règle que Ton supprime à quand on ne
considère que l'idée de nombre, et que Ton met à lorsque Ton
appuie sur Tidée de simultanéité, de concomitance, de société,
d'accord. Nous pensons donc qu'on pourra dire nous dînons à
deux tous les jours^ pour, nous dtnons ensemble tous les jours,
et qu'on doit dire nous sommes deux à table tous les jours^ pour
marquer le nombre de personnes qui dînent tous les jours.
Devant. Faites cela devant de venir, fez coula divant de v'ni.
Dites: avant devenir. — Ayez fait votre devoir avant que je
revienne du marché, âtx fait vosse divoir divant quiji n'rivinsst
de marcht. Dites : avant que je revienne... V. Ne, S"».
Devant de, devant que et devant que de sont des archaïsmes
qui ont été du meilleur usage jusqu'au XYII^ siècle, et qui se
sont maintenus dans plusieurs patois, l/vunt de Kmincher^ lillois,
avant de commencer. Divant do caressi f Champagne, riwaitiz
vos boûsse, namur., avant de caresser le Champagne, examinez
votre bourse. Devant d' choisi, *nia d^quoé avoè peu, p. -carolor. ,
Bernds, p. 37, avant de choisir, il y a de quoi avoir peur. —
Ex. Il lui demanda, devant qjue de Tacheter, à quoi il serait
propre, La Font. Vie d'Esope. — Devant que mourir, Rac. dans
BfiscH. —Devant qu'il expire, Rac, dans Landais.
Devinette. Une devinette, enne devinette, tournais., ineadvi-
nat, liég. Dites: une énigme. Le mol est très-joli et mériterait
d'ôtre admis. H. Charles Rozan Ta pris comme titre d*un cha-
pitre de son ouvrage: A travers les mots (Paris, 1876). Notons
toutefois qu'il lui donne un sens plus large, qui est indiqué dans
le supplément de Littré.
Devenir. 1<> Qu'est-ce qu'il a devenu? qu'est-ce qu'il adév'nuf
Arménaq, dé Mons, 67. Dites: qu'est-ce qu'il est devenu?
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- Î71 -
f^ Le yinaigre fait devenir le lait à grumeaui, U vinaiguefait
dWni Flessai à maton. Dites: fait tourner le lait, le change en
grumeaux.
Devenir à est un germanisme: die MUeh wird zu Klumpen^ le
lait se change en grumeaux, devient grumeleux. (V. Maton.) Il
n'est admis en français qu^avec le mot rien. Ex. Valère. Sous ses
heureuses mains [du joueur], le cuivre devient or. - ■■ Hector.
El For devient à rien. Regn., le joueur^ III, 6.
Devoir. !• J'ai dû rire, ji (Pva rire. Dites : je n'ai pu m*em-
pécher de rire. Le rire est spontané, or cette tournure française,
faidûrire impliquerait le contraire.Mais on dira très-bien avec
Dumas fils : Vous avez dû bien rire quand vous avez vu tout
cela. Le Fils naturel, IV, 7. Ici vous avez dû signifie: Il est pro-
bable que, on peut présumer que...
2« 11 me le doit, î mè tdeûi, c'est-à-dire, il m'a offensé, il m*a
joué un tour, je m*en vengerai. Le français dit: il m'en doit, ou
je lui en dois, ou je lui revaudrai cela.
3« Il doit h tout le monde, i deût à tôt Fmonde, I/Académie
donne les tournures suivantes: il doit de tous côtés, à Dieu et à
diable, à Dieu et au monde, au tiers et au quart.
Diflérer. Je n'en diffère pas, ji ridiftire nin. Dites: je n'en
disconviens pas, je ne dis pas non.
Différer^ qui signifie proprement Ar^autr^, n'étrepaslemême^
peut s'employer dans le sens de n'être pas du même avis; on
exprime, ou bien l'on sous-entend quelquefois les mois d^ avis,
de sentiment, de manière de voir. Les philosophes diffèrent entre
eux sur bien des choses, Besch. Les historiens dififôrent sur les
points les plus importants, id. On remarquera la construction,
qui est tout autre que dans la phrase en question.
Dire, l"» Que dUez-yous î qui d*hM ? No le redisez pas, ne F
rid^hez nin. Grossiers barbarismes au lieu de : Que dites-vous T
ne le redites pas.
2* Ce n'est pas pour dire, mais cette jeune personne n'est
pas polie, d n^estnin po dire, mais eisse jon^ie fèie-là ri est nin
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— 172 —
honéte. Il faut : ce n*est pas pour médire. . . — Mais ce n'est pas pour
dire est français dans le sens de sans se vanter.En. Ce n*est pas
pour dire, mais je saurais en faire autant, Litt. Y. un ex. dans
Sardou, Séraphine^ II, 6, au commencement.
3<» Il a si peur, que ce n'est pas à dire^ il a si pawou {il a *n*
têle crimeùre)^ qui c' n'est nin à dire^ il. dat het niet te zeggen is.
Dites : il a une peur épouvantable. — Je le hais si fort, que ce
n'est pas à dire^ je l'hés si télemint qui c' n'est nin à dire. Dites :
je le hais plus que je ne puis dire. —Le texte suivant de Besche-
relie présente une tournure qui se rapproche assez de ce
wallonisme : J*ai un besoin de manger qui ne peut se dire.
La tournure ce n'est pas à dire s'emploie, mais avec un autre
sens : ce n'est pas à dire que.,, ou, ce n'est pas à dire pour cela
que.,., ce qui signifie : n'allez pas croire que...
i'* Se laisser d dire, s' Uî à dire^ liég. s' leyér à dire, mont.
zich gezeggen laten, tl. Dites : se laisser persuader, sâ laisser
faire, ne pas défendre, ne pas opposer de résistance, se rendre,
céder, se laisser aller. Ex. Peut-être vous seriez-vous laissé
aller en faveur de la musique, M*»* n'EpiNAv, Mém., II, p. 31.
Son tuteur Ta marié, il s'est laissé faire, Acad. Il s'en défendit,
[d'être élu roi] sans s'émouvoir, Fén. Quand même, dit Saint-
Ghrysostome, tout le monde vous appellerait [à une dignité]...
examinez les qualités de votre âme, et ne vous rendez point, si
vous vous trouvez indigne de cet honneur, Mass.
8» Vous avez beaucoup souffert à cause de cet homme-là. —
Vous pouvez le dire. Vos 'nn'avez vèiou des grise avou c't homme-là.
— Vos polez Vdire, ou vos polez bin Vdire, fl. ge moogt het teggen.
Il faut se servir d'une autre tournure : Oh ! cela est vrai ! Je
vous en réponds ! soyez-en convaincu! Oh! ne m'en parlez pas!
— Il est de même de qu'est-ilvrai ! qu'est-i vraie ! qui s'emploie
de la même manière.
6*» Vous êtes un sot, je vous le dis, moi ! vos este-^ on sot, ji v's
el dis, mi ! Cest moi qui votM le dis est la vraie tournure fran-
çaise. Ex. Et laisse venir demain, tu verras comme il sera fait,
c'est moi qui te le dis, Mariv.
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— 173 —
7* Ecoutez-moi, d%Uil\ n'allez pas le, dit-il\ car vous pour-
riez bien vous en repentir, dU-U; hautez-m', diMM; n allez nm
là, dU-st'i^ ea vos paiiz bin v's è r'ptnti, dU^sUi. Les deux der-
niers dit-U sont de trop. Ces dis-je, qui dit, dit-il, qu'il dit,
répétés à satiété sont insupportables dans le discours; et
cependant que de Wallons vous en assomment sans pitié après
chaque membre de phrase, et ce, jusqu'à la fin du récit : non
mmuraeutem...
Disparution, For. Dites : disparition
Disputer (Se). Il s'est disputé avec Pierre, i s'a disputé avou
Piére. Dites : il a eu une querelle avec Pierre. — Ils s'étaient
disputés, i s'avi disputé. Dites : ils avaient disputé, et mieux,
ils s'étaient querellés. — I a*ont disputé onk conte di faute ;
Forir traduit : ils se sont disputés entre eux ; il vaut mieux
dii*e : ils se sont querellés ensemble.
Se disputer est un verbe réfléchi formé d*un verbe intransitif.
V. Encourir. Cette façon de parler se rencontre même dans des
ouvrages fi ançais : Te rappelles-tu comme nous nous sommes
disputés sur la peine de mort, Montalenbert, lettres; éd. Lecoffre,
p. 183. Je ne croyais pas raisonner en faisant des citations d'au-
teurs; ils se sont disputés de leur temps, Jacotot, langue mater-
nelle. Littrédonne lesdeuxphrases : ils se sont longtemps disputés
ensemble, il se disputa avec son portier, comme apparienant
au langage tout à fait familier. Toutefois il semble être de l'avis
des grammairiens qui condamnent cette locution. Au surplus
disputer s'emploie rarement dans le sens de se quereUer, et il
signifie plutôt avoir sur une chose quelconque une vive dis-
cussion avec quelqu'un. La différence est bien marquée dans ce
passage d'une lettre de Racine à Boileau: Il y eut contentement:
non-seulement on disputa, mais on se querella, et on se sépara
sans avoir trop envie de se revoir de plus de huit jours. Hais
on dira très-bien, avec Florian : Un bœuf, un baudet, un cheval
se disputaient la préséance; se disputer une chose se dit de plu-
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- 174 -
sieurs personnes qui luttent entre elles pour la possession d'une
chose.
Dlvoroer. Quand il faut se divoveer, c*est une chose déplo-
rable, For., qwandii^fdi tvôreer^ c^est on Und meêsège, — Il
veut se divorcer, i vaut s'divârcer. U vaut mieux dire : quand il
ÙMi divorcer..., il veut divorcer.
yAcadëmie et Littré ne donnent ce verbe que comme in-
transiiif. Ils ont divorcé, elle a divorcé avec lui, Agad. On
divorçait très-facilement à Rome, Litt. Toutefois on trouve
dans Bescherelle les tournures suivantes : Il a divorcé sa
femme (sic!); ces époux sd sont divorcés; se divorcer d*avoc sa
femme. — Il est étonnant que Littré, toujours si complet, ne
fasse aucune observation à propos de ces deux manières de
parler, d*autant plus qu'à rbistorique il cite ce texte du XYI*
siècle : Gomme s*il était à louer de s'estre diverse d*avec sa
femme Terentia. Se divorcer est, comme se bouger, et se dis-
puter, un verbe réfléchi formé d*un verbe intransitif, c'est le
bas latin divortiare (verbe inir.) v. Encourir.
Donner. 1* Il lui a donné tous les noms, i U a d*ni tos lès
no. Dites : il lui a dit mille injures, il lui a dit mille pouilles, il
lui a lancé toutes sortes d'épithètes. Quelques personnes tra-
duisent à tort par : il lui a donné des épithètes. On dit donner
des épithètes à quelqu'un, mais dans un sens plus général.
Ex. C'est en partie de la liberté que nos pères prenaient de
donner des épithètes aux personnes, qu*est venu Tusage des
noms propres de famille, Ddnarsais. C'est attribuer à quelqu'un
telle ou telle qualification : U grand Chdlc, U gros Pxére^ MaH
Pcrollé (en liégeois» sorloumer Us gint).
2* Il m'a donné des sottises, t m'a d^né dès sottise, p. de Mons.
Dites : il m'a dit des souises.--- Sottises, pour injures, est admis
par l'Académie.
«3« Je me suis donné à connaître, ji m'a Sné à knoxhe,é{\. ieh
habe mich m erkennen gegebeti. Il fïiut dire : Je me suis &it con-
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naître. Mais les auteurs d*Omnîbus oot tort de condamner
absolument la tournure donner à connaître^ qui pourrait s'em-
ployer avec un sens moins précis: Ne lui donnez pas à connaître
que... Cet exemple est tiré du Dictionnaire de l'Académie. —
y. un autre exemple dans Sainte-Beuve, notice sur Toeppfer,
p. 17, et un plus ancien dans la Font, les Amours de Psyché, éd.
Walck, p. 434. On peut comparer l'anglais : give me to know.
4'' Donner leçon en ville, diner lèçoti è Tvèie, fl. les in de stad
geven. Dites: donner des leçons en ville. Il s'agit ici de leçons
particulières. On disait plaisamment d'un ancien professeur
assez médiocre, dont la femme faisait le commerce de farine,
qu'il vendait la farine chez lui, et donnait leçon au collège.
Supprimez le wallonisme, le jeu de mot disparaît. ^ Dans cet
exemple, leçon s'entend de l'instruction donnée du haut d'une
chaire, et, en ce cas, on ne dit pas bien donner leçon, donner sa
leçon, donner cours, donner son cours, bien que ces locutions
soient généralement employées en Belgique. Il faut dire: fiiire
une leçon, faire sa leçon, faire des leçons, faire son cours, faire
un cours.
Dommage. C'est damage^ c'est damage, liég., mont. Dites :
c'est dommage. Celte forme vicieuse se retrouve dans toute la
Wallonie, jusqu'à Lille et Valenciennes. Elle provient de Téty-
mologie : damnaticum, de damnum, dommage.
Doré (Pain). Manger des pains dorés, magnt dès pan dorés,
liég. ; le roucbi, le douaisien et le montois disent des paitis
crottés. Le patois de Lille a pains perdus. C'est le terme admis
par Bescherelle et Littré. Il désigne des tranches de pain
trempées dans du lait,ensuitedans des œufs battus, et qu'on fait
frire dans la poêle. On pourra, pour l'éiymologie, comparer à
gdteau, qui vient de gâter (tourmenter la pâte).
Dormir. Il a dormi dehors, il a doirmou foû (ou il a doirmou
a pice) fl. hij heeft buitm geslapen. Dites : il a couché hors de
chez lui, il a découché. — Il est si malheureux, qu'il dort sur la
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— i7« —
terre» il ett H mdlureux, quH daimme à Vtêre (ou <o lèi ptre).
Dites : qu'il couche sur la terre, sur la dure, sur des planches,
ou sur le plancher, Acad.
Dormir ne peut s'employer dans le sens de coucher^ passer la
nuit. Quant à découcher^ il faut se garder de lui donner la
signification qu'il a dans les patois de la Flandre française
s'décùuquer, se lever, sortir de son lit. Beaucoup de personnes
font cette faute, même à Liège: il n'est pas encore découché^
pour il n'est pas encore levé. C'est un archaïsme.
Dose. Les Wallons appellent ainsi « Fenflure qui résulte
d'une piqûre de puce ou de cousin, ou d'un coup d'une étendue
restreinte, ou d'un bouton produit par la chaleur. » Delboeup,
H Mate neûr^ p. 88. Il signifie aussi pinçon. Ex. Il a des doses
partout sur le bra$, il a dès dôce tôt avâ s'bress\ Dites, suivant
le cas, il a des pinçons, des élevures, des ampoules.
Douoearâ. Les enfants aiment les douceurs, lès èfani
ainmet lès douceur. Je lis dans un recueil d'Omnibus : « Dites :
les friandises, les sucreries, les chatteries. » — L'Académie ne
parle pas en effet de ce sens concret du mot douceur ; mais à
côté, et parfois au-dessus de l'Académie, il y a l'autorité des
grands écrivains. Corneille a dit : Acceptez cependant quelque
peu de douceurs. Fort propres en ces lieux à conforter les
cœurs; Les sèches sont dessous, celles-ci sont liquides, Sui^^
du Ment. II, 6 ; et Gresset : Mille bonbons, mille exquises
douceurs Chargeaient toujours les poches de nos sœurs, Vert-
Vert. — Le mot est français en ce sens.
Dozal. Monter sur le doxal, monter so Vdoxàl. Dites: monter
dans l'orgue, ou aux orgues, Besch. On se sert de ce mot daos
tout le pays wallon, de Verviers à Lille. Encore un emprunt fait
à nos frères les Tixhons, C'est le flamand dexaal, qui vient, dit
Ilécarl, du grec doxa, la gloire ; Yermesse, renchérissant sur
son prédécesseur, dérive directement le lillois doxal du même
mot grec. On ne s'attendait guère à voir le grec dans cette
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— 177 -^
affaire. Cest bel et bien une étymologie à la Vaugelas. Le fi.
doxaal est composé de dok^ bassin (dock)^ et de zaal, salle :
salle en forme de bassin (Liit.). — On traduit généralement
doxal par jubé ; autre erreur manifeste. Notre doxâl est la tri-
bune où sont les orgues ; le jubé est une espèce de tribune, un
lieu élevé dans une église en (orme de galerie, et qui est ordi-
nairement entre la nef et le chœur ; ex. chanter Tévangile au
jubé; TAcAD. Bbsgh. et Litt. Peu d'églises ont conservé Fusage
du jubé, Bsscfti. — Il faut traduire d&ital par orgue. « Orgue se
dit aussi du lieu élevé où les orgues sont placées dans une
église : ex. il était dans l'orgue, aux orgues, pour chanter un
motet. » AcAO.
Drap. 1* Un drap demain, V. Essui.
2« Un drap de maison, on drap d^mohonne. Dites : un torchon.
3<* Un drap de tasses, on drap datasse, ou on drap d^hielle. On
emploie en France les mots torchon ou lavette ; ce dernier rend
littéralement le wallon lavrai, qui a la même signification.
4<» Des draps sales à buer, dès mdssis drap à bouwir. On dit :
du linge sale à blanchir.
S<» Mettre sécher les draps de l'enfant, mette souwér lès drap
(f Vèfant. Le vrai terme est couches, pièces de toile dont on
enveloppe l'enfant, Acad. On dit aussi abusivement les langes.
Notons que le rouchi, le picard, le lillois et plusieurs autres
patois français emploient le diminutif drapiau dans le même
sens.
6« Un drap de pied, on drap iptd. Dites : une descente de Ut.
y. Carpette.
Drève. Prenez par la drive de tilleuls, vous irez droit au
cb&ieau, prindex po Fdrève di tfiou, vos irez dreût à ehestai.
Dites: prenez par l'allée, l'avenue de tilleuls...
Ce terme, emprunté au néerlandais {dreef, de drijven,meneT,
conduire), est usité dans toute la Wallonie et dans la Flandre
française. H. Poyart regrette vivement qu'il ne soit pas admis
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par les dictionnaires Trançais ; il faut convenir qu'il y ferait
meilleure figure que maints vocables disgracieux; n»ais il y
ferait double emploi avec allée ei at;f9tue;j*uiinerais autant expri-
mer le même vœu pour nos mots liégeois machine (Texhaure
(LiTT. SuppL), botletessey dorée y avoir bon, horkai {gorge des auver^
gnaisî Dict. analog.), eseabelle ( double échelle ), fôke ou balette,
boubou, qui n*ont guère de correspondants dans les dictionnaires
français.
Dringuelle. Donner la dringuelle aux ouvriers, dinér Fdrin-
guelle^ au Fdnnhelle ûx ovri, liég., bâyér n'dringueîe aux ouvé-
riers^ mont. Dites : donner le pourboire aux ouvriers. Il fout
remarquer l'emploi de Tarticle défini, conforme à Téiymologie :
{tf sou pour boire.
Le wallon perd de vue Tétymologie du mot {drink-geld.dLVgeni
pour boire), et remploie même en parlant de la femme. Il n'en
est pas de même de pottr6ofr^,qui, dans ^e dernier cas, doit être
remplacé par épingles: Rattindez, feume,vola n^drinhelle^Meudez,
brave femme, voilà pour des épingles, a Pourquoi la langue
française rougirait-elle de nous emprunter ce mot- là, surtout
n'en ayant pas un meilleur , ni même un seul (?), pour rendre
la même idée? » Le vœu de H. Poyart est exaucé , en
partie du moins, pour ce qui concerne notre pays; les per-
sonnes les plus instruites ne se font pas scrupule de se servir
du mot dringuelle. Reste l'approbation de la docte Compagnie.
Droit. Il a reçu tous ses droils, il a r'çu tous ses droits, mont.
hy heefl al zijne rechten gekregen. Dites : tous les sacrements,
LiTT. Le curé lui a donné tous ses droits, li curé li a (tné tôt sis
dreût. Dites : le curé lui a donné tous ses sacrements, ou les
derniers sacrements, Aan.
DroUedement. Il s'est tiré drolledement d'affaire,... drolle-
dimint, liég., drolledémint, mont. Dues : drôlement, ô long.
Drôle (ô long). 1* Vous êtes un di6le, vos estez on diolle. Il
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479 —
&ui dire: vous ôtes un drôle d*horome, un drôle de corps; on
veut exprimer par là qu'il y a en lui quelque chose de singulier
et de plaisant. Vous êtes un drôle, est un terme injurieux équi-
valent à un polisson, un mauvais sujet, un maraud; en wallon,
vos estez on câlin. Il est bon de remarquer que câlin (ft long), en
français, signiQe flatteur, cajoleur. Ex. CTest un petit câlin, une
petite câline.
S"" Voilà une drôley vola n*drolle. Dites : voilà une drôle de
chose. Drôle, dans le sens de plaisant, peut se prendre substan-
tivement, mais doit se construire avec la préposition de et un
nom. Ex. Une drôle de femme. Lin. Une drôle de tournure,
AcAO. Une drôle de chose, Volt. Une drôle d'aventure, Gouribr.
— C'est de là que provient l'adverbe wallon drolledimint.
4^ Se seniïr drôle, s'sinti droite, p. de Mons. Dites : Se sentir
indisposé. Gela se dit surtout lorsqu'on éprouve un malaise
qu'on ne saurait définir. Le français populaire a l'expression se
sentir tout chose, Littré admet la tournure : je suis toiU je ne sais
comment, V. Chose, !<" et Faiblir.
Duoaoe l"* Aller à la ducace, aller à Vducace^ tourn. mont.
On vous invite à la ducace, on vos invite à Vducaee^ mont. Dîtes :
à la fête, à la kermesse. — Un jour de ducace^ on jou ddUsauce^
namur. Dites : un jour de fête, de kermesse.
On emploie aussi quelquefois ce mot dans le pays de Liège
(Rbh.), où il a, mieux que dans le Hainaut, conservé sa forme
primitive : dicdce, par aphérèse, pour dédicace. C'est en effet
proprement la fête annuelle qui a lieu en mémoire de la consé-
cration d'une église. L'Académie recotinatt ce sens particulier
au mot dédicace. L'exemple suivant est de Du Gange : Une fête
que l'on appelleau pays [Boulogne] dédicace ou quermesse (sic).
Le flamand kermis, kermesse, est une abréviation de kerkmis^
dédicace. Cbose étrange ! le mot d'origine française ne se trouve
que dans de rares dictionnaires français, et le mot kermesse a
éié admis par l'Académie; mais aussi l^s kermesses flamandes
ont été immortalisées par Teniers et par Rubens !
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— 180 ^
2* Faire dueace^ expression flgurée que Ton emploie à Tournai
pour faire bombance, eà vieux liégeois /i^r bonne dre (Caire bonne
chère). On dit familièrement faire ripaille.
Durant. Sa y\e durante, si vikaréie durante, ou, duran/, For.
Dites: sa vie durant.
Dtiran/, placé après le substantif, n*en reste pas moins invaria-
ble; c'est du reste après le nom qu*on a dû placer primitivement
le mot durant, qui était, dans le principe, participe présent, et
n'avait qu'une seule forme pour le masculin et le féminin.
Durer. Depuis qu'on Ta demandée en mariage, elle ne dure
plus, dispue qu'on Va demandé à marier, elle ne dure pus, p. de
Hons. Dites: le temps lui dure, Acad.
B. (prothèse de V). On entend souvent dire dans le Hainaut :
une épincetle, une ètnaile, une étricoise, un éciseau, (in écisiau)^
des éciiquettes, ( dis icliquoites, liég. cliquette, sorte de casta-
gnettes du gamin de Liège), mont, des émouehettes, tournais.
A^séplènures, id.
Supprimez IV et mettez les noms au pluriel : des pincettes (on
dit parfois une pinceite), des tenailles, des tricoises (tenailles à
ferrer), des ciseaux, des claquettes, des mouchettes, des pla-
nures.
Eau. 1* Avoir Teau, avu Faiwelenne, liég. het water hebben. La
traduction avoir Veau a subi l'influence de la tournure flamande,
le mot à mot serait avotV /Vau /«/t/e. Il faut dire: être hydro-
pique, ou avoir une hydropisie.
2* Nous avons de grandes eaux, nos avans dès grantès aiwe^
Dites : les eaux sont grandes, ou grosses, ou hautes, Acad.
S*" Mes souliers font eau^ mes sole fèt aiwe (For.), ou pmhèt.
Dites : mes souliers percent. Forir traduit : /o»/ eau. Faire eau
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- 181 —
est on terme de marine ; il se dit en parlant d*un vaisseau
qui a une fente par où Teau s'introduit.
Ecaille. Eoale. Le^( Liégeois traduisent généralement
hâgne et haïe par écaille. Etymologiquement, haïe et écaille
représentent la racine germanique schale, qui a toutes les signi-
fii*.ations de hdgne et de hale^ sauf celle d'ardoise. Huie n*a con-
servé que deux acceptions de schale, écaille de poisson, carapace
d'écrevisse; hdgne Si pris d'autres signiûeations. Mais le français
a deux formes venant directement de schale: écaille et écale. Ce
sont deux prononciations dialectales, qui furent à la longue
admises conjointement dans le parler de rile-de-France, ou, si
l'on veut, dans la langue commuue, et dont on profita pour
séparer des significations différentes du même thème primitif.
Il s'est produit, à propos de ce mot, le même pliénomène que
l'on rencontre à propos des mots labeur et labour^ eheneau^
chetiûl et canal ; escale et échelle, œuvrer et ouvrer ; chefti cap;
plier et ployer; chdleau et caslel, le Calelet et Chdlelet; camp
(prononciation picarde) et champ; cause et chose^ effroi (dial. pic.)
et effrayer (dial. norm.); attaquer et attacher.
Dites : des écailles de poissons, dès.haie di pèhon, liég., et
non pas des écates ; dites : des écailles d'huttres, Litt. de
moules, dès hâgne di mosse^ dCuitte^ liég., dès ècale ihuite,
dCmourmoulellCy rouclii, tournais., et non pas des écales. —
Mais dites : des écales de noix, dès vettès hâgne di gète, et non
pas des écailles de noix.
Il importe de noter que, dans ce dernier exemple, lemot écale
désigne le brou ou Tenveloppe verte de la noix; lorsque, par
hâgne di gèie, on entend l'enveloppe ligneuse de la noix, il faut
traduire par coque ou coquille, et non pas par écale. Cette
dernière faute est presque générale dans notre pays. Rendez de
même hâgne di neujrhe, d^ amande (l'enveloppe ligneuse) par
coques, ou coquilles de noisettes, d'amandes. £ca/^« de noisettes,
Samandes, en ce sens, est un barbarisme qui fleurit dans toute
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la Belgique. — Ne dites pas des écailles d*œufs, dès hdgne d^oû,
mais des écales, des coques, ou des coquilles d*œuf ; il y a des
nuances ; ainsi on dii manger un œuf à la coque, grand tout au
plus comme une coquille d*œuf, jeter des écales d*œufs. - Ne
dites pas des écailles de poix, de fèves, dès hdgne di peu^ di
/St;^. Dites : des gousses, des cosses de pois, de fèves; le liégeois
a aussi hoche dipeu. Le français écales depois^ Acad., désigne,
non pas l'enveloppe bivalve qui renferme les pois, mais la peau
des pois, qui se lève quand ils cuisent.
Il suit de là que dihâgnetér dès gèïe se rendra par écaler des
noix, c'est-à-dire enlever le brou ; et dihdgneter dès où par écaler
des œufs; dihdgneter dès peu, dès fève, se rendra par écosser ou
éplucher des pois, des fèves ; on dit aussi dérober des fèves, Litt.;
mais on dira : les pois s'écalent quand ils ont bouilli. Enfin
dihaîter on pèhon se traduira par écailler un poisson.
Bchôt. Un éehèt de fil, ine èchèt ffi, liég., eune èquet d'fU,
rouchl, enneèquet dCfU, mont. Dites: un écheveau de fil. Le
vieux français disait eschet. Un échei de laine, ine èki dHainne,
liég. Dites : un écheveau de laine. Le liégeois a aussi le mot
hâspléte.
Eorltolre. Un bel écritoire en verre., on bai seriflùr di veule.
Dites : un bel encrier en verre, ou de verre, car l'un et l'autre
se disent, d'après Litt.
Ecritoire est le nom d'un petit meuble portatif, où Ton met
tout ce qu'il faut pour écrire ; mais, à en croire l'Académie, on
l'emploie abusivement, même en France, pour encrier. Dans
tous les cas, il est féminin. Le liégeois et l'ancien français lui
conservent le genre correspondant à Tétymologie {scrîptorium).
Ex. Et portait ung gros escriptoire pesant plus de 7,000 quin-
taulx, Rab.
Bduquer. Un enfant h\en éduqué, ine èfant bin éduqui. On
dit mieux un enfant bien élevé.
Littré dit que c'est un néologisme. Cependant le peuple en
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fait partout un grand usage dès la fin du XVIII" si^^cle. Chose
étrange ! (^e mot est parfaitement formé sur le latin educare^
qui a la même signification ; il est arrivé escorté d'une famille
de mots marqués au meilleur coin : éducation, éducateur, édu-
catrice, et il n*est entré dans la langue que par la bouche du
peuple. Il fleurit dans tous les patois, et en France et en
Belgique ; il est enregistré dans la plupart des glossaires locaux,
Vermesse, Sigart, Hécart, Forir, Remacle, etc. De ^lékr, iHos
auteurs en usent: Vos jdnes homme $i prévenons (suflBsants,
présomptueux, signification omise par les dictionnaires), tCsont
ntn bin éduqués, HocK, Ann. A. 62, 4'' 1. p. 46.— Hais sitôt que
Ton a essayé de Fintrodulre dans la langue littéraire, il y a excité
la répugnance la plus vive, et, il faut le dire, la plus imméritée.
Qu'y faire? l'usage s'est montré capricieux; mais il faut se.
soumettre à l'usage.
Bffort. l"" Avoir un effort^ avu 'n' effâr^ Rbm. Dites : avoir
une hernie (produite par quelque effort violent). L'Académie dit
que, dans ce sens, le mot effort est vulgaire.
2* Notre cavale a un effort des reins, nosse cavale a Veffârt di
rein, Rbm. Heiinequin biftme à tort ce mot, qui, d'après TAca-
demie, désigne un tiraillement douloureux de quelque muscle,
produit par quelque effbrt violent (particulièrement à la région
lombaire, Besch.).
Embarras. Faire de ses embarras, fér dsès embarras,
Dblchef. les deux Nev. III, 6. En français, d^est de trop: Faire
ses embarras, Litt. On dit aussi, faire des embarras, Litt., faire
de l'embarras, Acad. Besgb., et faire beaucoup d'embarras,
Bbsch.
C'est à tort que Benoit condamne toutes ces locutions et
engage à y substituer celles-ci : faire Fimportant, l'homme d'im-
por lance, être suffisant, prétentieux. Il en^ est de même de
faiseur d'embarras, feseux dHmbarras, tournais., qui se trouve
dans Beschereile et dans Littré.
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- 184-
Emplâtre. Mettre une empifttre, mette ine èpldse^ liég. ane
èplause^ namur., enne implâte^ mont. Dites: mettre, appliquer
un emplâtre. Le genre d'emplâtre a été longtemps flottant ;
venant du latin emplasirum^ il devuit ôtre du masculin, mais la
désinence féminine fa souvent emporté. Ex. Il en fit une
emplâtre, texte du XI^ s., dans Litt. t//i^ pf(ife emplâtre en
losange, Hamilton.
Bmployé. Les voilà tous trois dans le trou, c'a été bien
employé, ou c'est bien employé, Dim Vtrô lèzè v'ià, tous lis taës^
c^astibon aployi, p. de Gbarl. Beknus, p. 41, 't is wel besleed^
fl. Cette tournure correspond au wallonisme liégeois : c'est par
lu. H faut dire : c'est bien fait, c'est pour leur compte, ils Tont
bien mérité, ils ont ce qu'ils méritent, ils l'ont bien gagné.
V. Pour, !•.
En. 1» En préfixe correspondant au lai. m (tn, dans, ou in
privati'f.)— La vieille langue française avait transformé le préfixe
latin tn en en : insigne^ enseigne ; intenderet entendre ; invidiat
envie; in odio^ ennui. Les mots de formation nouvelle conservent
mieux l'empreinte latine ; un insigtie voleur, intendant^ intact ;
au XIV* et au XV* siècle, les savants ont même refait quantité
de vieux mots français : intention^ enteucion; instinment^ estru-
mfitl. C'est ce qui explique la présence simultanée de tn et de en
dans des mois de même famille : enjoindre, injonction; ennemi,
inimitié; entier, intègre. La langue a même profité de la circons-
tance pour séparer des significations de la racine ; c'est le cas
pour entier et intègre.
Le langage populaire introduit encore de temps en temps
l'antique particule en dans certains mots où la langue gramma-
ticalea repris la particule latine m /ainsi on entend souvent dire:
enflammation^ enflammable, inutile^ énutilité, inutilement^ et le
peuple, en traduisant de la sorte des mots wallons qui pro*
viennent de mots latins renfermant le préfixe tn, montre comme
il tient à ses anciennes formes de langage.
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"• 185 —
Enfièreté, dont tout le inonde se sert en Belgique, n'est pas
du tout un barbarisme ; c'est un vieux moi fiançais, fait dHnte-
giitatem^ comme mtier est fait d'inleger, Cesi ce que prouvent
deux vocabulaires latins-francais, Tun de Gaen, 1529, et Tautre
de Paris, 1622; on y lit : integritas^ entièreté (Agnbl, p. 49).
Hais actuellement ce mot est inconnu en France. Un morceau
ne me suffit pas, dit le lion, je prétends Tentlèreté, m baquet
fi' m'ahesse nin, ditst-i Flion, ji vaux Cétîrié. Dites : je prétends
le tout, la totalité.
Intégrité^ mot qui a été refait par les savants, correspond
parfois au wallon èttrU. Ex. Il a remis le dépôt dans toute son
intégrité ; conserver Tintégrité du territoire, Litt. En certains
cas, on pourra le rendre par entier^ pris substantivement. Le
Parthénon subsista dans son entier jusqu'en 1687, Ghateaubr.
2» X!n, particule servant à former des verbes composés. —
En vertu du privilège que le langage populaire a conservé, et
sur lequel nous nous sommes étendu à Tarticle dé^ le peuple
continue à forger des verbes composés avec la particule en et
d'autres mots pris dans son propre fonds. Nous passerons en
revue quelques-uns de ces verbes qui tentent de s'impatronîser
dans le parler français de notre pays. Aucun de ces mots, hors
emblaver, embrener et engraisser^ n'a reçu l'estampille obligée
de PAcadémie.
A) Bmbarboulller, èbarboul, Rem. Il s'embarbouille aisé-
ment, t s'èbarbome dhèiemint. L'Académie dit : il s'embrouille
aisément, c'est-à-dire, il perd le fil de ses idées, il se perd dans
ce qu'il dit. Le mot est déjà ancien: Ex. Les conférences conti-
nuaient à Rastadt, Viilars s'y embarbouilla si bien, qu'il fiillut le
désavouer, St-Sim.
Ebarboui veut encore dire au village, enjôler^ Rem. Dans ce
cas, l'Académie dit : il s'est laissé embabauiner.
B) S'emberlificoter dans une corde, dans ses explications,
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— 186 —
s'imberlificotér ding *n' corde, dins ses esplieationSf mont. Terme
populaire, selon Liitré; il équivaut à 8*embarrasser.
G) Embêter. Tu m*embètes,<t m'emhétesMé^;. Dites: tu m'en-
nuies. Le mont, imbéter V saki signifie de plus tromper quel^
qu'un. Embêter ne peut être employé dans aucune de ces deux
acceptions. Embêter^ embêtant et embêtement sont très-triviaux,
LiTT. « Ces trois mots, il est pénible de le dire, sont générale-
ment répandus parmi nous. » Note de notre bon vieux Forir,
dans son Dictionnaire.
D) Emblaver. Les voilà bien emblavés, vo-les-là bin èblavês^
liég., lèzè v'ia bin imblavês, mont. Dites : les voilà bien embar-
rassés. Vieux fr. emblaer, même sign. — Pour Littré, c'est le
même mol que le français emblaver une terre, Acad., èblaver'n'
têre, liég., ensemencer une terre en blé, parce que la récolte
sur pied encombre le champ.
E) Embrener, mont, imbernêr, par métaihèse. Ce verbe est
compobé d'un mot mon lois et français synonyme de celui auquel
V. Hugo a consacré tout un long chapitre dans ses Misérables.
Et cependant il a eu les honneurs de l'admission dans le Dic-
tionnaire de la docte Compagnie. Il est de fait qu'au figuré il est
assez énergique. Ex. On l'eût admiré [à un bal royaliste] à cause
de moi, qui suis la pureté même ; car j'ai été pur dans un temps
où tout a été embrené, Couhier, dans Litt. L'étymologie de ce
mot est moins apparente pour nous Liégeois, qu'elle ne Test
pour ceux qui habitent les bords de la Haine; mais s'il nous
paraît déjà grossier, que dire du verbe liégeois correspondant,
dont la racine est le fameux mot qui, selon la lé:.ende, retentit
un jour si énergiquement dans les plaines de Waterloo ? Tout
homme qui a tant soit peu d'entregent se gardera de le tirer des
bas-fonds du langage populaire ; il ne peut appai tenir qu'à un
genre de littérature que Lamartine, dans son cours familier, a
fort bien qualifié, la littérature de sentine \
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- 187 -
F) Embroulllaaniiii, mont, itnbrouïe. Il est btàmé à tort par
Benoit et par Chapsal. Littré ciie cet exemple de Voltaire : Il y a-
au troisième acte un embrouillamini qui me déplaît; et il ajoute :
ce mot est fait d'embrouiller ^ sur le modèle de brouillamini.
G) Emmuralller, emmurer. Un closeau emmuraillé, on
eotehai èmuraillé. Diies : emmuré^ Litt. , c'est-à-dire entouré de
murailles. Le liégeois a aussi on eotehai èmuré. En ce sens,
TAcadémie dit murer. On a muré cette ville depuis peu de
temps.
Emmurailler signiûe enfermer dans une muraille. Ex. Puisque
l'on avait tant fait que de Temmuralller [le corps de Vendôme à
TEscurial], il y pourrait demeurer, St-Sim.
H) s^Encatharrer, sHncatharrér, mont. En français: s'en-
rhumer.
I) Enfiler, infUér, mont. Dites : tromper, enjôler. Ex. Le
Comte à part: Il veut rester; j'entends... Suzanne m'a trahi. —
Figaro: Je l'enfile, et le paye en sa monnaie, Mar. de Fig. III, 5.
Malgré l'autorité de Beaumarchais, je pense qu'il faut éviter de
se servir de ce terme populaire.
J) Engeler. Avoir les pieds engelis, avu lès ptd égalés^ Aies
(Billets sont engelés, mes jalofrenne sont èjalètes. On dit plutôt :
les pieds gelés, sont gelés. Engeler^ c'est geler tout à fait. C'est
un vieux mot français qui se trouve encore dans Descartes.
Littré admet aussi : c*est un engelé^ pour c'est un homme qui ne
se dégourdit pas; cette tournure ne peut rendre le wallon c*est
ine èjalé, qui signifie il est frileux.
K) Engraisser les bottes, incrachér les bottes, mont, (au fig.
administrer rextréme-onction). Dites : graisser les bottes. —
Engraisser des souliers, ècrâhi dès sole, liég. Dites: graisser des
souliers.
Graisser, c'est enduire d'un corps gras: graisser les roues
d'une charrette. — Engraisser, c'est 1« faire devenir gras: en-
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— 188 -.
graisser des bœufs, des cochons, etc. ; 2* amender, améliorer :
engraisser des terres avec du Tumier. — Toutefois ei}gramer
signifie encore souiller de graisse, rendre sale et crasseux : en-
graisser ses habits, son linge, âgad. On ne saurait manier du
beurre qu'on ne s*engraisse un peu les doigis, prov., Littré.—
Mais, en ce sens, il est peu usité; on dit mieux graisser.
L) Engueuser, ingueusér, mont. Dites : tromper, séduire
par de belles paroles. Terme populaire^t bas, dit Littré.
En, préposition. 1* Je le vois toujours en rue^ je rveûstodis è
Frowe^ Forir (plus souvent, sol'rowe, fl. op straat). Dites: je le
vois toujours dam la rue. Y. Sur., n« 3. — II se promène en
T\xe,is'pormôneèVrowe. Dites: par la rue, Agad. ou dans la
rue.
2« Nous demeurons en Neuvice, en Puits-en-Sock, en Ferons*
trée. Nos (Tmanans è Nauvice, è Pus-èSock^ è Fèronstriie. —
D'après Hennequin, il faut dans la rue Neuvice, etc., ou, en sup-
primant la préposition: nous demeurons rue Neuvice.... — M.
Garpontier admet en Féronstrée, en Vinâve-dlle, etc. Nous
avouons que ces façons de parler nous plaisent singulièrement,
et il est fâcheux qu'elles ne soient plus en usage. Il y a lieu de
croître que cette tournure appartient à la vieille langue, qui fai-
sait de la préposition en un usage bien plus fréquent que de la
préposition dans. Au surplus, elle n'est pas inconnue en France:
Ex. Je loge en Belle-Gour, environ au milieu, Dans un grand
pavillon. Corn. Suite du Ment. III, 3. «Godefroid, Lex. de Com.^
remarque qu*à Lyon on dit encore en Belle-Cour pour à la
place Belle- Cour. » Litt.
Plusieurs disent à la rue Neuvice, etc. Le peuple, à Tournai
et à Mons ne parle pas autrement. Quand nous demeurions à la
rue Duwez, quand nous restimes à Vrue Duwez, Arm. de Toum.
a. 81, p. 33. ; chez Tintin à la rue Neuve, chez Tintin à hue
Neuve, Vvraie ErvueiMom, a. 69, p. 107. — Supprimez à la:
rue Neuvice, rue Duwez, rue Neuve.— V. Rester.
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3"* Il demeure en Saubeid, î demeure è Sawhi. Je demeurais
en Rognac, ji d*morèveè Rognae ( partie du quai de Longdoz« où
est maintenant la propriété Collard).-- On allait danser en Lai-
resse, on-z alléve danser è Lairesse. — Je vais en Bois-de-Breux,
ji vas è Bovi-d'Breux. — On Ta attendu en Trou-Louette, t{ a stu
rattindou è Trô-Louette. — Il y a une école en Beinai, gn'a n^si-
eole è Belnai. — Je demeure en Argenteau, en Vaux, ji (Fmeûre
enn* Argétai (Forir), è VAx. — II faut remplacer ^n par à; à Sau-
beid, à Bois-de-Breux, à Vaux, au Trou-Louette, et quelquefois
ajouter le mot lieu, au lieu dit Rognae, au lieu dit Lairesse, au
lieu dit Belnai.
Nous retrouvons encore ici un vestige delà vieille langue, qui
se maintient dans notre patois. Jusqu'en plein XVII* siècle, on
a dit communément en avec un nom de ville, et bien que
la tournure ne soit de mode à Liège qu'avec des noms de
petites agglomérations, nous croyons que Tanalogie est assez
flrappante, pour que le rapprochement ne paraisse par forcé.
Ex. En Sarragosse il fait sonner graille et cor, Aoitc, XIP
siècle. Envoier trois cents cbevaliers à Constantinople, Joinv.,
XIV*. Messire Thomas de Felleton, qui se tenait en Bordeaux.
Froiss., XV*. Il alla jusqu'en Jérusalem pour.... Mont., XVI*. Il
me prit envie d'aller en Babylone, d'âbuocoiirt. Il va vous
emmener votre fils en Alger, Mol. Irène se transporte en Epi-
daure, La Brut. Ce grand Dieu n'avait de culte qu'en Jérusalem,
Boss. En Aulis ; en Argos, Rag. — Au XVII* siècle, on affec-
tionnait particulièrement cet emploi de en devant les noms
commençant par une voyelle ; c'était une question d'euphonie.
Janin a dit, par le même motif : Gresset naquit dans Amiens
en 1709, Préface du méchant\ eW. Saintine : Isidore [Robes-
pierre] était revenu dans Arras pour y exercer sa profession
d'avocat, Ricils dans la Tourelle, 3* série, p. 10. -- Il est bon
de noter que le flamand et l'allemand ont les deux constructions,
du moins quand il n'y a pas passage d*un lieu dans un autre :
ich wohne in (ou zu) Luetlig^ ik woon in (ou te) Luik, m. à m.,
fe demeure en^ ou à Liège.
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— 490 —
4« Mettez-vous en ma place ; qu*auri6z-vous fait ? mettez V è
m' pièce, qtCariZ'V* fait ? liég. stel u in mijne plaats,... û. Dites :
mettez-vous à ma place. — On serait désolé, en votre place, on
sereuve disbauchi, è voue pièce, namur. Dites : à votre place.
Encore un tour suranné. Mettez-vous en ma place, Mol. Si
j'avais été en votre place, id. — Les poêles s'en servent très-
commodément. Ex. En place de son choix, vous imposez le
vôtre, Pons., FUonn. et PArg. III, 2.
S* J*ai ce papier en poche, fa c'papt-là è nCpoche. Plusieurs
prétendent qu'il faut dire dmis ma poche. L'Académie et Besche-
relie donnent la phrase : avoir de l'argent en poche. V. un ex.
dans Piron, Métrom. 1, 4, à la Qn. La tournure est donc correcte,
mais on dit plus souvent dans ma poche.
Quant à la distinction établie entre mettre dans sa poche
(sens propre), et mettre en poche (sens figuré), elle est, je crois,
arbitraire. L'Académie dit bien que mettre en poche signifie au
figuré mettre en réserve et employer à son profit un argent
qu'on a reçu pour une autre destination; mais ailleurs elle
définit empocher, mettre en poche. On dira donc : mettez ces
gâteaux, ces fruits en poche^ tout aussi bien que dans votre
poche.
6« Il a toujours la pipe en bouche, il a todis Vpipe è s'boque.
La tournure actuelle est à la bouche. Ex. Il a toujours la pipe à
la bouche, avoir un cigare à la bouche, Agad. V. Main., 2«.
En, pronom. J'ai fait un vœu, afin de me débarrasser des
moucherons, que yen suis lourmeiitée, fa fait on vœu, afîsse di
m'àihaler dès mohelte, qui fennè sos affligfie, Magnée, Ann, 71.
Dites : des moucherons par lesquels je suis tourmentée, et
mieux des moucherons qui me tourmentent. — On sait que le
français préfère en maints cas la voix active à la voix passive;
c'est affaire de goût. — Le patois de Liège ne connaissant pas
l'emploi du reblif complément d'une préposition, y a substitué
ici les pronoms qui et è (que et en). La locution est des plus bar-
bares en français. V. Que, pronom, n* 2.
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Encore. !• Je l'ai encore vu, ji Fa co vèiou. Ce co peut avoir
ici deux sens, suivant le contexte; il peut signifier : Je Vai vu
de nouveau, une seconde fois^ et je Fai déjà vu. Il faudra prendre
garde en traduisant. L'adverbe encore ne peut s'employer dans
le sens de déjà. Dans le premier cas, dites : Je Tai revu, ou je
l'ai encore vu, et, dans le second : Je l'ai déjà vu.
2o II y avait encore mille gens sur la place, gnaveu co mèie
gint so l'plèce. Dites : il y avait bien mille personnes sur la
place, ou mille gens (pour mille accolé à getis^ V. le mot Gtons,
n"^ 3, ou un milier de gens. — Cé^ a ici le sens de environ, à peu
près. L'adverbe bien s'emploie en français de la même façon.
Da ço ieu mille co d^baslon^ namur. Tournez : elle a bien eu mille
coups...
S"" Il est encore toujours au lit, il est co todis è s'iét, liég. er ist
fioch immer zu BettCy ail. On prend encore toujours un autre
chemin, on pHnd co toudis in autequéminj Vvraie Ervue dé
Afo})«,a.69y p. 84.— Ou bien supprimez toujours : il est encore au
lit, on prend encore un autre chemin; ou bien supprimez ^ncor^ :
Il est toujours au lit, on prend toujours un autre chemin. —
Liltré reconnaît ce sens à toujours^ et il donne les trois
exemples suivants : Il est toujours absent. Votre petit frère est
toujours parti, et j'en suis toujours fâché, Sév. Je l'ai voulu sans
doute, et je le veux toujours, quelque prix qu'il m*en coûte, Rac.
— Cet emploi de toujours demande beaucoup de prudence ; on
n'y aura recours que dans le cas où ce qui précède ou ce qui
suit prouve que toujours est pris dans le sens de encore. Par
exemple : Est-il revenu de son voyage? Non, il est toujours
absent. L'équivoque existe d'ailleurs moins quand on parle que
quand on écrit; l'accent oratoire rend le sens clair : il est
toujoui*s ABSENT (constamment); il est toujours absent (encore).
Quand la proposition est négative, il faudra prendre garde à la
place de toujours : Nous ne recevons pas toujours des nouvelles
(nous en recevons quelquefois); nous ne recevons toujours pas
de nouvelles (nous continuons à n'en pas recevoir).
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— 192 -
4* Nous partirons encore bien demain, nos pâtrans eo bin
demain. Diies : nous partirons peut-être (ou probablement)
demain. Ce serait encore bien vrai, ci sereûl co bin viiie. Peut-
être bien est-il vrai, c'est probablement vrai.
5* Je ne l'ai encore jamais vu, ji nTa co mâle vèiou^ fl. ik heb
hem nég nooit gczien. Plusieurs condamnent cette mnniëre de
parler et prétendent qu'il fiul dire : Je ne l'ai jamais vu, ou je ne
l'ai pas encore vu. Voici trois textes qui prouvent qu'avec un
temps passé elle est parfaitement de mise : Il commença à se
déchausser, ce que peut-être il n*avait encore jamais fait. Ràc.
Fragments traduits d'Eusèbe. Le Teu d'artiflce ne fait de mal à
personne, et l'on n'a encore jamais vu de si belles fusées.
M"« d'Aulnot, la Chatte blanche. Je n'ai jamais encore vu le
sieur le-Jay au moment où j'écris ce mémoire, Beaumarchais,
Mém. éd. Garnier, p. 10. Avec un temps présent, encore est tout
à fait parasite : Il ne regarde encore jamais, i nTouke co mâîe.
Dites : Il ne regarde jamais.
6<> Gomment vous portez-vous? Hais cela va encore. Bé, i va
acor, p. de Tournai. Dites : ça va passablement, ou assez bien,
ou couci-couci, ou cahin cahin {talmi talmaxh^ liég.). On dit
aussi coula vaàd^mète, liég., cela va à demi, et halofMhalof^
corruption du flamand halfen half. Il y a une nuance entre le
wallon cela va encore et le français comme çà : quand on répond
cela va encore^ on veut dire : ni bien ni mal, mais plutôt bien
que mal ; mais quand on dit comme ça^ on veut faire entendre,
dit Littré, que c'est plutôt mal que bien.— Mais cela va encore est
correct, si encore conserve son véritable sens. Ex. Le marquis.
J'étais justement en train d*admirer votre éloquence, à part
moi. Maréchal. Entre quatre yeux, ça va encore... mais en
public, je n'oserai jamais. Augibr, le fils de Gib, I, 6.
7« Y étes-vous allé souvent? Pas encore une fois. F avez-v^
situsovinti Nin co ine fêle. Ditt'S : pas même une fois, ou pas
seulement une fois. En cliangi>ant la tournure, on pourra main-
tenir encore^ je n'y ai pas encore été une seule fois.
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8« Encore bien qu'il était là, èco bin qu'il e^eut là. Dites :
heureusement qu'il était \k.
Pour ne pas mulii plier les citations Je me bornerai k dire
que le flamand nog (encore) peut être employé à peu près dans
toutes les acceptions signalées ici.
S'encourir. Il s'encourt, i s'mcourt, p. de Mons et de
Nivelles, pour il se sauve, il s*enruit. C'est un archaïsme qui
s*est maintenu dans quelques patois. Il était encore de plein
usage dans le XVI 1« .siècle. A la fin le pauvre homme s'encourut
cnez celui qu'il ne réveillait pluo, La Font. Remarquons seule-
ment qu'en français il signifie simplement se mettre à courir^
Le verbe était très bien formé : il est analogue à s'enfuir, s'en
aller, inde jugere, inde ambulare, inde currere. La vieille langue
affectionnait particulièrement les verbes réfléchis formés de
verbes intiansitifs ; outre se bouger, se disputer eise divorcer,
dont il a été question plus haut, en voici quelques-uns qui ont
été conservés : se laii e, se Jouer, se mourir, s'en venir, (il s'en
vient lourdement, la Font., CAne et te petit Chien), s'écrier,
s'exclumer (St. Sim.), s'évader, s'ensuivre. Puifois le sens
réfléchi attiibué à ces verbes inlransitifs ne manque pus de
grâce ; on peut en ju^er pur l'exemple de la Fontaine citj plus
haut. Autre ex. Elle [M*"*" de Genli>]u pu be croire une puissance
dans le siècle, du niOinent qu'elle s'en est venue accomplir, vers
Tan de gtâce 1800, je ne sais quelle mission préde:>tlnée,
Sainte Beuve, Pr. Lundis, l, p. ii6.
Endroit. Le petit endroit, Vpetit indrot, p. de Tourn. et de
Lilli^. Dues : le privé, les lieux d'uisance. V. Goh)ioditê et
Lieu.
Enfant. La petite Marie est un bel enfant, U ptite Mareie est
on bai ifant. Diieé: est une befie enfant. Ce mot est toujours
masculin en wallon.
Enfin. Certains Liégeois, lorsqu'ils vous font un récit quel-
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conque, ont Thabitude de larder leurs phrases de plusieurs
fii/S/i, qui ii*ont aucun sens, et qui rendent le siyle fort traînant;
ils s'en servent surtout lorsqu'ils sont embarrassés, et qu*ils
cherchent une formule pour achever une phrase commencée ;
c'est une espèce de note prolongée, une sorte de cheville dont
on use pour ne pas avoir Tair d*éire à quia. Cela est purement
wallon, et ne peut se justifier dans le parler français.
Engager. Je me suis engn^çé dans les soldats, f m'ai ingagé
dins les sodaeri^ mont. Ann. 72, p. 170, ji m'a-t ègngi devint lès
sôddit. Dites : Je me suis engiigé duns le service militaire, ou je
me suis (ail soldat.— Il sVst engagé dans les fantassins, i s'a-t^
ègagi iCvins lès piton. Dites : il s*est engagé dans rinfanterie. —
Saintine a dit : Ensemble ils s'étaient engagés soldats au
service de la ri^publique, Picciola, VI
Entre. 1« Inte lès deux doit se traduire de deux manièi*es
suivani les cas. Entre les deux, se dit d'une chose dont je ne
peux parler ni en bien, ni en mal, qui ne me platt ni ne me
déplaît absolument. Etes-vous Siitisfait, mécontent de cette
affaire ? — Entre les deux. — Muis enire-deux est une simple
affirmation qui exprime un terme moyen. Esi-il grand? —
Entre-deux.
2** Je disais eii/re moi-même Ji iCliéve inte mi-minme. Dites:
Je disais en moi-même. — Mais raskoï inte ses bress\ Bull. a.
67, p. 64, se traduira : recurillir entre ses bras, parce qu'ici il
h'a^ii d^ deux objets. Ex. Tenir un enfant enti*e ses bras,
ACAD.
Envier. Nous n'envions personne, nos n'èvians personne.
Dites : Nous ne portons envie à personne. — Mais on dira très
bien : Je n'envie pas le son d'un ministre, ji n^èvèïe nia Csôrt
d'un minisse.
Les grammairiens modernes, d'accord avec Bouhours, ont
établi comme règle que envier se dit des choses, et potier envie^
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- 19S ^
des personnes. Mais les grands écrivains des XYII* et XVIII*
siècles ont souvent fait us:i(i:e du verbe eiwur en pnilani des
personnes. Ils euvient tous ceux à qui Ton donne, la Buuy., VIII.
Je n*envierai personne, et personne ne m enviera, Volt.,
Memnon^ dans Litt. Toutefois malgré l'autorité respect nble de
Littré, on peut dire que fusage actuel est contraire à cette
manière de parler.
Brrhes. Errière. Ce sont des formes populaires pour
arrhes et arrière. Le français originaire changeait souvent Va
du primitif latin en è ou en ai : sarpa^ serpe; ala, aile. Errhes
est fait de arrka^ et errière de adretro. Le peuple dit de même
belsamine au lieu de balsamine. Agnel signale ce genre de fauies
dans le langage du peuple h Paris. — Donner des errh(*s, dîner
dès èfrhe liég., il est en errière, il est hièri, iiég. ; une b Isa-
mine, enne belsamine, mont. Dites : des arrhes, en arrière, une
balsamine. — Littré dit que la prononciation errhes^ a duié
jusque dans le XV11« siècle.
Escalier. 1* Une grande escalier, une grande eseaîer^ tournais.
Dites : un grand escalier. Ce genre s'explique par le bas-laiin
scalarium^ pi. scalaria. V. Outil.
2* Monter les escaliers, monter lès gré de planchi, liég. monter
les escaier, tournais, mont.
Escalier désigne une suite de degrés ; celte faute est très
commune, même en France, et elle est contraire à Télymologie:
escalier, de «ca/ar/um, est collectif, comme scminarium, pépi-
nière, granafinm, grenier. Dites : monter les dej;rés, les
marches, ou monter Tescalier. — Mais si je dis : les différents
escaliers d'une maison, courir dans leS escaliers, le tjluriel est
correct: il s'agit d'escali» rs partiels.
îi* La montée est djflîc le. // monlê'ie est mnlâhéie. Monter la
montée, monter Cmontéie. Dites pUrôt : rescalier. Montée est
français en ce sens, mais ne se dit, d'après l'Académie, que d'un
petit escalier dans uue maison de pauvres gens. I( faut convenir
que cette distinction est assez dédaigneuse.
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— 196 -
Escroquear. C'est un escroqueur, méfiez-vous de lui,
cVa( ine escroquêux^ dimèfiïz-v' di lu. Dites ; c'est un escroc.
Ce n*est pus que la première forme ne soit rrânçaLse,mais elle
ne s'emploie guère qu'uvec un complément. C'est un escroqueur
de livres, Acao., — d'argent, Bksgu.
Essayer. !<" Snyer un habit, des souliers, saï n^habit, des
soie. Dites : essayer uu habit, des souliers.
Le wallon xàte (essai), du lai. exagium^ du grec exagimi^
pesage, comme l'anglais s y (^owv essoy) est une aphéièse. Liitré
cite fitiilien saggio; et Roqutfiirt, Je roman soyer {fiour essayer).
Ce genre de retranchement, ainsi que les autres, est tellement
naturel dans les langues, qu'un écrivain a pu diie : « Toute la
linguistique peut se réduire à l'élude d'une seule question, celle
de l'apocope et de l'aphérèse. » Voici quelques exemples
d* phérèses, en fiançais : las, pour héias, lors^ pour alors,
Guyenue, de Aquitaine, Nalolie^ .de Ânalolie, mie pour amie,
Pouiile, de Apulia; en wallon : Mislerdam, pour Am(i)sterdam,
mdgiuer. pour imngmer.
2® Essayer ce vin, saie vin-là. Cela n'est pas français dans le •
sens de : goûter ce vin. Mais on dira très bien, dans un sens
plus large : Puisque le vin de Bordeaux ne vous convient pas,
voulons-nous essayer d'un autre vin?
Essui. On dit h Tourn.ii tin essui^ pour un essaie-mains.
Mais i'usuge général n'a pas consacré ceue «ibréviaiion quoi-
qu'elle bOit analofciue à et lie de meil pour révfitle-tnaîUi,
Le mot essui est français, muis désigne le lieu oii Ton étend
une chobO pour la faire sécher. Ex. : mettre quelque chose à
l'essui, LiTT. Cette deinière tournure correspond au (grossier
wallonisme, mettre sner^ (aire suer du linge, mette sovwér^ fér
souivér dès drap. On dit encore simplement, mettre sécher du
linge, AcAï)., fa.re sécher le linge, Erck. Ch\t. llist. d'un h. du
j9., ch. Il, et plus rarement essorer {exaurare^ de aura^ souffle,
air) du linge. M'imitez pas, disait notre bon vieux Forir, cette
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dame qui se plaignait de son hibitation, parce qn*il n*y avait
pas de place pour mettre suer les draps, Forir traduit mette
eurér dès diap par essorer du linge^ le mettre à l'essui. C*e<t une
erreur manifeste. Mette curer si;çnifie herber du linge^ c'est-à-
dire retendre sur Therbe. V. Verger.
Estomaqué. Il s*est estomaqué de ce que je lui ai dir, il a
stu stoumaqué di çou qvC ji li a dit. Cette traduction de Forir est
inexacte. Le français s*estomaquer, qui est un terme du langage
familier, sigfiiiie se formaliser, se clioquer de quelque chose;
latin stomachari^ se fâcher. Il fallait traduire : il a été surpris,
interdit, ahuri de ce que je lui ai dit.
Et. l"" Le château de Ghèvremont fut détruit Fan neuf cent
et qu4itre-vingt, li chestai d^Chtvrimont fourit distrût Pan noûf
cint et quatre-vingt. Supprimez et : l'an neuf cent quatre-vingt.
En français Fadjt'Ctif numéral cent et tous ses multiples ne sont
jamais suivis de ^^ Ex. L*an dix-huit cent soixante quatorze;
cent un coups de canon; le son parcourt trois cent trente-sept
mètres par seconde. — Ce wallonisme est une tournure latine
conservée par notre patois. Le latin disait également bien
centum novem et centum et novem (Ganthellb, § 40). Notre
dialecte avait choisi la seconde tournure, celui de Flle-de-
France, la première.
3<* Ne dites pas non plus, comme en wallon, vingt-un, trente-
un, vingt'4>nque, trinte-onque ; mais vingt et un, trente et un, et
ainsi de suite, jusqu'à nouante et un. Partout ailleurs supprimez
et : vingt-deux, vingt-trois, etc. Dans ce dernier cas, le wallon
est un bon guide. — Notons cependant que Littré, au mot
quarante, a quara^ite et un et quarante-un. Je n*ai rencontré
quarante-un nulle part ailleurs. Cette tournure est d*un aloi
douteux.
Etouffant. Il fait étouffant, t faitsitofant,VoK., plus souvent,
i fait stof. Plusieurs traduisent par les barbarismes : il fait
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étouffe, et il fiiît touffe, pat. flam. 'li* duf{u prononcé k Talle-
mancic)- I^ '^^^"^ ^'^^ • il ^^'^ u>^® chaleur étouffante, la chaleur
est étoufTantd, l'air est étouffant, ou on étouffe de chaleur.
M. Garpentier risque Tuniper^onnel : // fait éiouffant, qui ne
se trouve pas dans les dictionnaires, mais qui est analogue h :
il fait chaud, il fait froid, il fait sec, Acad., il fait frais, id., il fait
doux, id., il (ait beau, id., il fait humide, Bi-sch., il fait glacé.
Volt., il Tait clair, Litt., il fait mauvais, id.
Le belgicisme H fait touffe existe aussi dans le patois lorrain.
A ce radical, que Diez rattache au grec tuphos, vapeur, s*ajoute,
d^ns stof, le préfixe es, du latin ex.
Être. 1"» Gela m'en est, çoula nCenn* est. Dites : le cœur me
saigne, c'est-à-dire j'en suis sensiblement touché. — Quand je
vois qu'il a l'air si besoigneux, le cœur m*en saigne, qwandfvtûs
qu'il a Vair si minâbe, çoula nCenu' est. — On peut y voir un
germanisme: Ach ! die gute Graefiun ! wie wird es erst ihr sein,
weun sie dos hoert ! Schnid, Heinrich von Eichenfels.
S*" J^ai été voir un vieux camarade, fa stu vête on vt camarade.
Plusieurs prétendent qu'il est mieux de dire : Je suis allé voir
un vieux camarade.
Landais et Nodier (Examen critique des Dict.) condamnent cet
emploi de être pour aller avec un infinitif suivant. Mais Ses-
cherclle et Girard le trouvent li ès-correct, et ce dernier va
même jusqu'à s'emporter contre les gens qui n'adoptent pas
cette façon de parler. Elle est en effet d'un usage commun en
France aussi bien qu'en Belgique, et Littré en cite un grand
nombre d'exemples, tirés des meilleurs écrivains. Il fut recevoir
le corps de son frère jusqu'à Paris, D'Ablanc. A peine ai-je été
les voir trois ou quatre fois, Mol. Je fus retrouver mon jansé-
niste, Pasc. Ils les ont été chercher [des exemples] parmi les
Juifs, Boss. Tu fus demander récompense ou justice au Dieu qui
l'avait envoyé, Lanart.
S"" Deux et deux sont quatre, imifttion de la tournure
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wallonne : deux et deux^ c'est qwate ; fl. twee en twee i$ vier.
Dites : font quatre.
Etuve. Une étuve, one situve^ Namur, ine êitouve, liég. Dites:
un poéie (ou poile). On donne à tort le sens de poêle à ce mot
dans louie la Wallonie^ dans la Flandre française et même en
Picardie ; éiuve désigne un lieu clos dont on échauffe plus ou
moins la température, pour faire transpirer. Ex. San salon est
chaud comme une étuve, Acad.— Ajoutons que Tallemand S/u6e,
dans son acception figurée (salle commune où est le poélc)» se
traduit par poêle : Se tenir dans le poêle (Agad.)
Etuver. De l'endive étuvéây di Fandive sitouvêïe^ fl. gestoofde
andyvie, angl. stewed endive. Dites : de Tendive à Tétuvée, ou
une étuvée d'endive. -— Les pois étuvés sont fort bons, les peu
sont foirt botis stouvés. Dites : les pois à Tétuvée sont fort
bons.
Eluver est tout autre chose en français : étuver une plaies la
laver en appuyant doucement.
Evangile. La messe en est à la première évangile, It messe
est à Fprumire évangile, Diies : au premier évangile.
Le genre à*évangile a été longtemps flottant : On apporte une
évangile, Ass. de Jérus. XIII" siècle. L'Evangile au chrétien ne
dit en aucun lieu : sois dévot; elle dit : sois doux, simple, équi-
tatle, BoiL. Une vieille évangile, Sév.— Il était surtout féminin
dans le sens de la partie de l'Evangile qui se dit à Ja messe.
Actuellement, il est toujours masculin.
Eviter. Je vous éviterai celte peine, j« v'éviCrei cisse pône-là,
For. Dites : je vous épargnerai cette peine. On trouve cette
locution dans de bons auteurs du XVin« siècle ; mais elle
est fautive (Litt.) Ex. Cela ne vous l'évite pas (ce tracas), J.-J.
Rouss., dans M°'<' d'Epinay, Mém. Il, p. 148.
Excuse. 1« Je vous demande excuse, ji v* dimande eseusse,
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ou simplement, demande escusse^ lié((. locution qui a paspé dans
les paiois flam;inds : ik vraag u excuus. Dites : Je vous fais
excuse, je vous fais mes excuses, je vous prie de m'excuser,
excu?ez-moi, veuillez m'excuser. — Ce w«llonisme est tout à
fait contraire au bon usage et à la raison. En effet, demander
deseuu8e$(z2iT la tournure ne serait française que sous cette
forme) signifie qu'on demande à son interlocuteur de faire des
excuses ; c'est le contraire qu'on veut faire entendre. Celte
locution se rencontre dans plusieurs écrivîiius français : Je suis
confuse De ce que vous voy< z ! Je vous demande excuse,
DuFHESxY, la Coquette de Village^ I, 8. Je vous demande excuse,
a-t-il dit, et j'ai tort, La Font., Bagotin^ II, H. Voici le livide que
vous m'avez prêté, et je vît-ns vous demander excuse de l'avoir
gardé si longtemps, Maiiiv. Pièces détachées. — Mais Fureiière,
Ménage, Bouhours, Domergue, Waitly et Laveauxoot été una-
nimes pour la condamner.
Exemple. Donner de belles exemples, donner dès belles
eximple^ namur., Cuavée, Français et WalL^ p. 159. — Suivre
de mauvaises exemples, sûre dès mâles eximpey Rem. — Dites :
de beaux exemples^ de mauvais exemples.
Le genre de ce nom a été longtemps incertain. Littré cite
deux textes où il est féminin. Mauvaise exemple nen serat ja de
mei, Ch, de RoL XI« siècle. Dire que cette exemple est fort mal
assortie, Regmer.— Actuellement le genre de ce mot est établi.
Toutefois le féminin s'est maintenu longtemps pour le sens de
modèle d'écriture, ine belle eximpe d'ècriteûre. Rien ne motive
cette exception, que Nodier trouve ridicule.
Exprès. Je ne l'ai pas fait par en exprès, ;e tiTaî gnié fait
pa in espréSy mont. Dites : Je ne l'ai pas fait exprès. — L'a-t-îl
fait par exprès, en exprès ? Vat-i-fait par esprès^ en esprèsl liég.
Dites : l'a-t-il fait exprès, à dessein, de propos délibéré ?
Expressément. Je l'ai dit expressément, ji Va dit expresse-
miwL Idiotismç liégeois jponr exprès, avec intefition.
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- 201 -
Exprfggément signifie en termes exprès, clairs, positifs : Il
me ra i*ecommandé expressément.
F.
Facile. 1*» Vous auriez bien facile, vos âriz bin ahile, ge zoudl
het heel gemakkelijk hebbtn. Dites : cela vouï^ serait bien facile,
bien aisé, ou vous auriez bien de la facilité. — Nous aurons plus
facile de monter la colline par ici, tio^ âmns pus âhèie démonter
Vihiér por ciaL Dites : il nous sera plus hicile de gravir la
coliine par ici. ^ J'eus facile d'apprendre mes leçons, j'euris
âhite d^apprinde mes lèç^m. Diies : J'appris fficilement mes
leçons. — La locuiion : vous aurii z eu difficile dé nombrer...,
vos âriz awou mâlâhèie de compter, est également un wallo-
nisme; il faut prendre un autre tour : vous auriez eu peine, ou
de la peine à nombrer.
2» Autres idioiismes. // fait facile marcher, il fait difficile
marcher, i fait âhèie, malâhète roter, pal. fl. het is gemakkelijk^
moeielijkgaah. Qiïàiva : On marche facilement, difficilement,
on a de la peine à marcher.
Faible. Forir traduit ioumer flâw (Û. flauwvallen) par tomber
faible. Il fallait : tomber en faiblesse (liég. tourner enn'blesse) en
défaillance, en pâmoison, en syncope, s*évanouir, pâmer et se
pâmer (liég. pâmer). Remarquons aussi les tournures : 11 lui
prit une faiblesse; .avoir deux ou trois faiblesses par jour, et se
trouver mal. — Cette dernière expression signifie également
éprouver du malaise et répond alors au yvMom&me ijim'sins
toi droite, il. ik voel mij heel aardig. V. Drôle.
Faiblir. Elle faiblit, nivellois. Dites : elle s'évanouit. —
// a faibli, il a flâwi, liég. Dites : il s*est évanoui. — Faiblir ne
veut pas dire tomber en syticope. Il a faibli dans cette circOQS-
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tance, c'esl à savoir, il a perdu de sa force, de son courage, de
sa persévérance. II sentit son courage faiblir. Ce vin faiblit, le
vent faiblit, c*est-à-dire devient faible.
Faire, l"» Ne faire que de : Elle ne fait que de croître en
beauté, elle ni fait qui (Tcrexheè baité, Forir. Dites : elle ne fait
que crolire en beauté. — Je n*ai fait que de chanter, ;t n'a
fait qui d'chanter. Aurmonaq. di Namur. a. 67, p. 40. Dites : je
n'ai fait que chanter.
// ne fait que sortir signifie il sort incessamment, à tout bout
de champ ; et il ne fait que de sortir équivaut à il est sorti tout
à rheure. On dit aussi en français il vient de sortir et en wallon,
t n'fait qui tvôie de nri aller. — Ne faire que équivaut aussi à seu-
lement. Ces beaux lieux ne faisaient que lui rappeler le triste
souvenir d*Ulysse.
i^ Faire des quartiers. V. Quartier.
3« Voulez-vous faire avec î volez-v* fér avou? fl. wilt gij mee
doen ? Terme de jeu. Les tournures françaises sont : voulez-
vous jouer avec nous? — faire la partie avec nous ?
4^" Il fait dans les meubles, i fait devint lès meube^ fl. hij doet
in de meuhels. Dites: il fait le commerce de meubles, il vend
des meubles. — Mais on dira très bien : ce jardinier fait les
primeurs ; ce négociant fait les eaux-de-vie, Littré ; faire la
médecine, le commerce, la banque, la commission, Acad.
S"» i'at bien fait^fa bin fait^ pat. fl. ik heb goed gedaan, au lieu
de: J*ai assez mangé, est purement wallon. Les équivalents ne
manquent pas: je n'ai plus besoin de rien, j'ai mangé mon soûl,
etc. — Dans cette acception, soûl est familier, mais du bon
style; dans le sens de ivre, il est bas. V. Soûl. Ex. Au bout de la
semaine, ayant dtné son soOI... La Font.
Le wallonisme j'ai si bien fait est devenu à Liège un mot his-
torique. On sait que Madame Goffin, à la suite de Théroïque
dévouement de son mari, qui sauva la vie à un grand nombre
de bouilleurs, avait été invitée ii un banquet à rHôtel-de-Ville.
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- 203 -
Le préfet la pressait continuellement de manfcer : Nenni, mon-
sieur Vmaire, dit à la fia la brave femme, /a si bin faii^ i mfàreùt
distellér m'cotte. Tournez : j'ai si bien mangé, qu*il faudrait dé-
grader ma robe, ou il faudrait me délacer. — D'aucuns racon-
tent cette anecdote d'une autre manière. V. Renaquer.
6"* Il s'est fait malade à travailler, i s'a fait malade à ovrer, fl.
hij heefl zich ziek met wevken gemankt. Il est préférable de dire :
il s'est rendu malade à travailler, ou à force de travailler. — Il
s'est fait soûl i boire du Champagne, t s'a fait sô à heure de
Champagne. Dites : il s'est enivré...
Faire s'emploie très bien dans le sens de rendre^ avec un ad-
jectif, comme le prouvent ces exemples de l'Académie : cela le
fera bien aise ; cela l'a fait beaucoup plus malade qu'il n'était. --
Il est même probable que cette tournure était assez fréquente à
l'origine; ce qui ne doit pas étonner, le latin facere, en ce sens,
se disant bien plus souvent que reddere. Mais son emploi exige
beaucoup de prudence, parce que !e verbe faire, avec un adjec-
tif, a encore plusieurs autres significations. Ex. Ce peintre fait
en général les visages trop pâles; ici faire^ c'est donner avec
intention à une personne ou à une chose une qualité quelconque.
— On le fait riche, mais il ne l'est pas; faire signifie dire, pré-
tendre. Il en est de même dans l'exemple suivant : Il se fait
beaucoup plus malade qu'il ne l'est. — V. Hugo fait un abus
singulier de faire, dans le sens de rendre.
7« Il a fait les cent coups, il a fait tous les dnt coup, patois de
Gharleroi, il a fait lès dnt eôp, liég. On doit s'abstenir de celte
expression populaire, que L. Larchey explique ainsi : commettre
des actes de folie désespéiée. Ex. Tu peux faire les quatre cents
coups dans la cité, E. Sue. On dit familièrement en français: il
en a fait de belles (Acad.).
8« Faire tourmenter, v. Tourmenter.
Fait. !• Au fait de voleurs, je vais vous conter une histoire,
à faitt' di voleur Ji v'vas raconter n'histoére. Dites : à propos de
voleurs,...
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•8^^ ._
- 204 ~
î* CTest au fait de rire, e*esl d faite de rire. Dites : c'est pour
rire, ou je ne dis cela que pour rire. — Ici rire sigaifle badiner;
plaisanter.
3« Fait'à'fait que mes fraises mûrissent, on vient me les
gober, fait'à-fait qui mes fréve mawerihet, on nClès vint bozer.
Dites: à mesure que, ou au Tur et h mesure que mes fraises mûr
rissent... Fait-à-fait 911^ est également monlois.
Fameux, fameusement. Suivant Littré, fameux et fier se
disent dans le style familier pour désigner un excès: un fameux
ivrogne, ine fameuse sdèîe ; Samson est repi'é.^enié comme un
fameux pnillard. Volt. Un fameux imbécile, on fameux boubiè;
un lier hérifage; une fière étourderie, Littré. — M.iis TAcadémie
prétend que cet emploi de fameux et de fier est populaire. — -
Quoi qu'il en soit, ou fera un véritable wjHonisme en donnant
à fameux le sens de gfraiid, énorme: Une fameuse armée, ine
fameuse ârméie. Dites : une armée considérable. Une fameuse
grande camp'igne, ine fameuse grande campagne. Dites : une
vaste campagne. — Voilà un fameux poisson, wlà on fameux
pèhon. Dites : un furieux poisson, Besch.
Qaant à fameusement, qui flgure dans Littré, les Liégeois en
abusent tout autant. Il appartient ainsi que fièrement (dans le
sens de extrêmement, fortemeni) au langage populaire, et il faut
y substituer les adverbes infiniment, dablement, furieusement,
joliment (Âcad ), qui, dans cette acception, sont du style fami*
lier. A-t-il de IVspnt? Il en a fameusement, ou fameusedement.
A't'i d'Cesprit f Enn'a fameusedimint. Dites : il en a terrible-
ment, mot deBossuet, à qui Ton demandait si Fénelon avait do
l'esprit.— Il mange et boit fameusement, i magne et beût fameus*-
mint. Dites : terriblement. — Il est fameusement grand, il est
fameusedimint grand. Dites avec l'Académie, il est furieusement
grand. — Ce garçon est fameusemttU bête, ci valèt-là est
fameusemint biesie. Dîtes : est diablement bôie.
Littré n'admet pas que ces adverbes puissent avoir un corn-
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-- 805 -^
plément : il a famexi^'dmint (Treêprit; il approuve naturelle-
ment les deux tournures:!/ a de Cespril iufinitHent.ei il a
infiniment de Fespnt ; dans ces deux cas, de Cenprit est complé-
ment partitif de i/ a, et infiniment, employé absolument, mo-
difie le même verbe il a; pour ce qui est de la tournure il a
infiniment d'esprit, il la lient pour complèiement incorrecre,
d*auiant qu'on y construit la phrase comme si iuflnimefit était
réquivalent exact de beaucoup. — Mais cette f^çun de parler
a pour elle TÂcadémie et rusitge général : M. le marquis a
furieusement d'impatience, Dancocrt. H. de firissac avait in-
finiment d'esjtrit, a\ec une figure de plat d'aiiotliiçaiiv, S*-Sim.
Il a répandu infinimeitt dVsprit et de clarté sur cette belle
partie de la physique, Volt. •
Fate ou Fade. Comme il fiât fade aujourd'hui, comme i
fait fat C tûie! Comme il fait étouQaiit aujourd'hui ! ou comme
le temps c st lourd ! quelle chaleur aceablanie! ^Ca walloni>me
ne doit pas être confondu avec le llaiidricisme : temps lade^
lafweder, pour temps mou, lâche.
Faute, ("est d'vosse fâte. Foi ir traduit : tfesi de votre fiiute.
Le de est de trop. Les seuhs locutions correctes sont : C'est
votre faute, ou la faute en est à vous, ou c*est à vogs qu*en est
la faute, ex. : ce n'e^t pas à lui qu'en e>i la faute, Acad. Si la
vie est mauvaise, c'est votre faute h tous, J. Sanueac. La faute
en est à cet homme-là; si Tent reprise a échoué, ce n*est pas
mi f.iute, Acad. V. au moi Polvoih, j€ n'en puis rien.
Cette loui nure incorrecte n*e2^t pas inconnue en France; à
preuve cet exemple de Jules Claiétie : Cesl de ma faute, après
tout, dans Madeleine Berlin.
Fautif. J'ai reçu une réprimande, et pourtant je n*éiais pas
fautif, fal rçu 'ii' saboule, et pourtant f n'étos pont lautif, tour-
nais.^... djé n'astès né fautif, pat. de Gtvet, dans le joui Qui Echo
de Giveir 8 novembre 1874,
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- Î06 -
Le français populaire et les patois de Tournai, de Givet (et
de Genève) emploient fautif dans le sens de coupable ; mais cela
n'est pas du bon style. Fautif signifie 1" sujet à faillir : la
mémoire des vieillards est ordinairement fautive, Acad., 2" plein
de fautes : la table du livre est fautive, Acad.
Femme. 1* La femme au beurre, H feumme d boûre. Dites :
beurrière, Acao., ou marchande de beuri-e.— cc Beurrière, vase
desiiné à mettre du beurre » Lin., n*est pas admis par TAca-
démie.
2* Voilà la femme au lait qui sonne, gna C feumme â^lessai qui
sonne. Diies : voilà la laitière qui sonne.
Feu. Il y a eu un feu de la nuit, gnast-awou on feu de rnutte,
fl. er 18 dezen nacht vuur geweest. Dites : il y a eu un incendie
pendant la nuit.
Ficher, Flanquer, et les équivalents. 1* Je m*en fiehe
commode l'an quarante,/ m* i/i/ic/ie comme dé Van quarante^
mont. Dites : je m'en moque comme de Tan quarante. On dit
aussi ironiquement : je m'en soucie comme de l'an quarante.—
Quand il n'y a pas d*antiphrase, je mV/i soucie pouvjene m'en
soucie guère, est une faute ; elle se commet assez fréquem-
ment.
2« Ficlier, flanquer un soufflet, ficher *n* clique^ mont. Dites :
donner, appliquer, détacher un soufflet, Acad. — Ficher une
assiette à la tète de quelqu'un, ficher 'n' assiette à Ctiette d^enne
saki, mont. Dites : jeter, lancer une assiette...
3* Il est fichu, il est fichou, liég., c'est-à-dire il est perdu,
c'est fait de lui, son afiaire est fuite. L'Académie admet en ce
sens reX|jres>ion familière il est flambé. — Du fichu tabac, de
r fichowe toubak. li iigure dans le Dictionnaire de l'Académie,
qui toutefois déclare qu'il est bas. — Il faut s'abstenir avec soia
de tous ces mots, dont quelques-uns même sont orduriers.
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Fièvre. Il a le« fUvrei, Ualèi five, Uéjr.« il a U$ fiéve$,
mont. Dites : il a la fièvre. — Bescherclle admet la tournure
avoir les fièvres, dans le sens de : avoir habituellement la fièvre,
une fièvre difficile à Taire passer. Toutefois, d'après TAcadémie
et Litlré, Texpression est populaire. Quoi qu'il en soit, voici un
exemple d^Alexandre Dumas fils : Tai pris les fièvres dans la
dernière épidémie, idées de .tf"" Aubroy, III, 1.
Fixer. Elle m*a fixé, liég. D'après TAcadémie et Littré, il
faudi ait dire elle m'a regardé fixement, ou elle a fixé ses regards
sur moi. -— Fixant Gilles, p. de Verviers, ReiNier, H Molionne
à deux face. Il faudrait tourner, regardant fixement Gilles.
Be^chirelle est d'avis que fixei\ en ce sens, ofi're une des
figures les plusénei*giques de la langue française. En efiet fixer
quelqu'un ou quelque chose, c'est en quelque sorie l'arrêter, le
rendre immobile, nous l'approprier par le seul effet de nos
regards. Beseherelle ajoute qu'il est dans la bouche de tous les
Français, et Nodier, dans son Examen critique des diction-
naires, dit qu'il a été employé en ce sens par J. J. Rousseau,
Diderot, Delille, Rivarol et cent autres; il fait obsener que
Chateaubriand le condamne, mais en use, et foit bien. Ex. Ce
fruit lui reste dans les doigts ; elle le fixe, elle le sent avei; une
attention plus vive, Condhx. — Boiste, qui ne cite pas le mot
datis son Dictionnaire k son rang alphabétique, explique le
patois mirauder (liég. si muter, se mirer, se regarder) par
regarder avec attention, fixer. — Voltaire se moque, je ne sais
où, de quelques Gascons qui hasardèrent de dire: j'ai fixé cette
dame, pour je t'ai regardée fixement, et il a dit lui-même dans
la Henriade : D'un regard paternel il fixait tour à tour Le peuple
de héros qui devait naître un jour. — Malheureusement l'Aca-
démie a ratifié l'anathème de Voltaire, et la plupart des gram-
mairiens ont (ait chorus.
Mais fixer quelqu'un est excellent dans le sens de le rendre
constant et fidèle. Ex. Quel honneur o'est-ce pas pour une femme
que de fixer un pareil homme ? Uariv.
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— «)8 -
Fin. Vraiment, il est fin sot; pas, il est fin soU li^g* Dites :
il est arcliifou, fou à lier. Ce^l fin pareil, c'eut tôt ft pavHe^ V.
Sot.
Ce wallonisme ne se rencontre à Liège que dans certaines
locutions; mais, dans les provinces de Hainaut et dç Namur il
est fort en usage. Si staurer fin long, Namur, s*élendre tout de
son long. J'étos fin contint, tournais, j*étais fort coulent. Fin
premier, tout /!u seul, tourni»is, (et benichon Litt.). Dites: le
premier de tous. Quatii à tout fin seul, nous allons voir qu*on
pourrait l'employer. — li est fin brave, mont, il est ti es propre,
il est très bien mis. Ctst fin biau, mont. Tournez: c'est fort
beau.
Cet emploi de fin n'est pas étranger à la langue française; il
se joint d.uis le siyle familier à quelques adjectifs. Ex. Je surs
ici toute fine seule, Sév. Quant à l'expression le fin premier,
pour le premier de tous, elle est populaire. Ex. D*un village ici
près, je suis le fin premier, Bours. Fabl. dEs. — On dit irès-
bien, en fin fond de forêt, Mol., pour dans l'endroit d'une forêt
le plus écai*té ; le fin fond de la mer ; il vient du fin fond de la
Russie.
D*aprës Diez, fin est une abréviation de finilus, fini, achevé,
parfait. De sorte que fin seul serait autant que parfaitement seul.
Eifectivement en français et dans le patois de Liège, il conserve
sa forme adjeciive : toute fine seule, (cité plus haut) ; iue fenne
avtgneïe caucarette, une coquette trësadioite, Magnée, Ann.,
71, p. 85. Mais, dans le p.itois du Hainau'., il est toujours in\ra-
riable, ce qui rendrait probable letymologic donnée parSigart :
fein arlig, familièrement pour sehr artig, Dict. ail. de Schusler.
Le flamand dit aussi : het is fijn koud, proprement il fait Un
froid.
Flegrnie. Il est flegme, il est flemme (ou il a Vflemme)^ liég.
Dites : il est flegmatique, ou il a du flegme, c*est un flegma-
tique.
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Floche. Uq rideau neuf avec des floches» ine nouve brâie
avou dès floche. Dites: un rideau (de cheminée) garni de glands,
ou, d'après Bescherelie, un rideau houppe. — Il a une floche à
son bonnet, t/ a V floche à if bonnette. Dites : il a un gland à son
bonnet. — La floche d*une ceinture, li floche (Fine ànteû^e.
Dites : la houppe... Toutefois floche se trouve, en ce sens,
dans Poitevin, et dans le complément du Dictionnaire de l'Aca-
démie.
Floquet, patois lorrain, /loi. Nos Liégeoises appellent ainsi
les nœuds de ruban qu'elles portent sur leur coiiTure. Le mot
français est fonlange : cornette à floquets, cornette (ou gdmette)
à floquet. Dites: une cornette (Agad.), une coiffe ou une coiffure
garnie de fonianges. On se servait autrefois du mot galant, qui
se trouve dans le dictionnaire de Furetière.
Flot. Le flot est à sec, li flot (o breO est à sèch. Au village,
on donne ce nom à un petit amas d'eau dormante qu'on se pro-
cure artificiellement, pour des usages communs ou domesti-
ques. Dites: la mare est à sec.
Flot a en français un autre sens : les flots de la mer, d'une
rivière.
Flotte, fl. vlotf féminin. J'ai vu descendre plusieurs floltes,
fa vHou (thinde saqwadès flotte. Dites : plusieu]*s radeaux, ou
trains de bois. Flotte sl aussi ce sens en Lorraine (Litt.). L'Aca-
démie donne aussi ce sens à flot ; il est peu usité.
Fois. !<" Je suis des fols obligé de me fâcher, dès fiîe qu'igna
;i sos't-obligi de nCmàvler, ou gna dès fèïe qui fsos...
a Le substantif /m ne peut jamais être employé avec l'article
sans qu'il y ait un adjectif entre les deux mots. L'adjectif /oui
est le seul qui ne se mette pas à cette place ; an le met devant
l'article. » Litt. Il faut prendre un autre tour : je suiâ parfois
obligé de me fôcher.
2« Vient-il souvent vous voir? — Des fois qu'il y a, il y a des
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- MO -
fois, dès fête qu'igna, ou gna dès fête. Dites : de fois à autre, de
temps à autre, de temps en temps.
Foroe. Il s*est engoué à force qu*il a crié, mangé, i s'at
èkrouki à (oieequHl a bi^ai, magni^ liég. Dites : à force de crier,
de manger. — Il ne pouvait plus tenir sur ses jambes, & force
qu'il avait bu^ i n*polévepus Vni sos ses jambe, à foice qu'il aveût
bu. Dites: tant il avait bu. — La grenouille creva, force qu'elle
s'étendit et qu'elle s'enfla, Vguernouïe a fait skelter s'pia, fauee
qu'elle s'a s'tindu et qu'elle s'a infU, pat. de Cbarleroi. Dites : à
force de s'étendre...
Frao. Etrenner une belle neuve fraque, sitrimer n'belle neuve
fraque. Diies: etrenner un beau frac neuf. Le montois fait aussi
ce mot masculin.
Ce mot vient de Tallemand frack ou du flamand frak, qui est
masculin, et il a conservé ce genre en français. Il désigne en
France un habit d'homme qui se boutonne sur la poitrine et se
termine en deux longues basques. En wallon, il a uu sens plus
étendu, et désigne, comme en flamand, même la redingoUe.
Frayeux. Ce sont des corvées trop fiayeuseSy c'est dès
coiwéîe trop frayeuses. Dites : trop dîspendi»»uses.
On a dit autrefois en France frayant : Tun alléguait que Théri-
tage était frayant et rude, et l'autre un autre si, La Fontaine.
Fabl. VI, 4.
Frais, subst. Vous ne ferez pas vos frais, vos n'frez nin vas
frais. Dites : vous ne couvrirez pas vos frais.
Faire les frais d'une chose ne peut signifier que fournir l'ar-
gent qu'elle exige. Je m'offre à vous mener dans toutes ces pro-
vinces, et nos guitares en feront les frais, Lesage.
Frais, adjectif. 1" Un temps frais, on frexh /im/?<, liégeois; in
tempj Irèche, mont. Dites: un temps humide, ou moite.— Temps
frais se dit, mais signifie température intermédiaire entre le
chaud et le froid.
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— 211 —
2* Il fait trais, i fait frexh. Dites: il fait mouillé, Litt., ou il
fait humide, Besch. — Ex. Quand il fait mouillé, quand il fait
brouillard, je ne sors point, Sév. — // fait frais, en français,
veut dire: la température est intermédiaire entre le cliaud et le
froid; et même quelquefois: la température est très-rapprochée
du froid ; en wallon, i fait f risse. — De même avoir les mains
fraîches^ c'est avoir les mains un peu froides, et non pas avoir
les mains mouillées, avu ses main frexh. — Elle est fraîche ne
veut pas dire elle est mouillée, elle est frexh. Parler ainsi ce
serait dénaturer singulièrement ce compliment qu'on adresse à
une jeune personne. Mademoiselle, vous êtes fratcbe comme
une rose, à savoir vous avez de la fi ;itcheur, vous avez bon
visage, de vives couleurs; c*est l'équivalent du joli mot liégeois:
vos estez tote rosselante. — // est frais, autre compliment à l'a*
dresse d*un vieillard ; il est vigoureux, encore vert ; wallon il
est co bin va t. On ne peut Tentendre dans le sens : il est frexh ;
il est mouillé, trempé.
Franc. On traduira très-bien;^ rvêus volti, if est ine homme
frank^ liég. Je Taime beaucoup, c*est un homme franc (loyal,
sincère). Mais on ne dira pas : Tais-loi, tu es trop franc, taiss*-
tu, (es trop frank. Dites : trop hardi, trop effronté. — Je suis le
plus franc, ej sue Vpus frank, p. de Charler. Bernus, p. 17; pat.
flam. ik ben de vrankste. Dites : le plus hardi. — Il en est de
même du substantif /ra7icAi«€. On peut rendre mot pour mot
parler, agi ùvou baicô d*frankisié, parler, agir avec beaucoup de
franchise (sincérité, candeur) ; mais il y a un wallonisme dans
cette phrase : si Ton ne prenait sa patience à deux muins, on
tancerait cette fille d'importance, à cause de sa franchise,... on
batt*rêut cisse crapiude-là po sirankisté. Dites : à cause de son
impertinence. — Enfin on fait encore un walloni.^me en tradui-
sant s'affranki par s'alfrancliir, dans le sens de s'enhardir.
Le mot franc signifie primitivement libre, c*est un dérivé
germanique, que les étymologistes rapprochent de la racine
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-^ m —
frei^ libre, à laquelle !on rapporte aussi rallemand frech, hardi,
effronté. Quoi d'étonnant si celte dernière signiticaiion se
retrouve dans notre wallon ? Au surplus^ les deux idées mar-
quées par libre et hardi se touchent de très-près : celui qui parle
et agit librement, parle et agit sans peur ; aussi le mot français
lui-même a parfois une tendance vers cette acception ; ainsi on
dit: Je vous pat le un peu franc, pour ouvertement, résolument ;
un mouvemeut exécuté vivement et franchement^ d*une manière
résolue et précise.
Frauder. Vous avez fraudé, vos avez frawtiné, ou froûtelé.
Rem. Dites : vous avez triché. — On dira très-bien : il a fraudé
ses créanciers, Acad., dans le sens général de frustrer par
quelque fraude; et, dans un sens restreint: l'élévation des
droits excite à frauder, c'est-à-dire à soustraire des marchan-
dises au payement des droits. Mais ni frauder, ni fraudeur, ni
fraude, frawlineux^ fvoûteleux, fraw, frawlinège, frawtineréïef
frawlréïe ou froûlelège, ne peuvent s'employer dans le sens
particulier de tricher au jeu, iriiJieur, tricherie.
Fréquenter. Il fréquente ma sœur, i fréquente em' sœur,
tournais., pour: il couriise ma sœur; et absolument: Il fréquente^
tournais., pour il couiHise.
Ce tornacisme répond aux termes wallons c>viverSi'r et hanter.
IJonter, en français a le s.êns général de fréquenter et se dit
surtout d;ins le proverbe: dis-moi qui tu hantes, et je te dirai qui
tu es. Ne diies pas: Ernesl hante sa cousine, Esnesse hante si
cuzenne. Dites: fait la cour à sa cousine. — Ne dites pas non
plus: je hante avec votre neveu, ;i hante avou vose neveu, Delchef,
lès deux Nèveu^ III, 3. Dites : votre neveu me courtise.— Autre
walloitisme: Mon fils veut converser la fille du fermier, For. mi
fi vont converser Vfèie de cinsî. C'est un archaïsme. Converser n'a
dans l'ancienne lani;ue que le sens de fréquenter, vivre avec;
c'fst le sens étymologique: cony^r^arî, se trouver avec. Ex. Nous
ne conversons plus qu'avec des ours afii*eux, La Font. Actuelle*
ment il signifie avoir conversation avec.
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— Î13 —
Frlcadelle. Dites : boulette. Ce mot est d*un usage commua
dans toute la Belgique; il ne se trouve pas dans les dictionnaires
et fricandeau a un autre sens.
Futur pérlplirastique. Nous appelons ainsi^ par analogie,
la tournure ;e vain expliquer^ ji vas expliquer ^ pour je suis sur le
point d*expliquer, j'expliquerai à Tinstant. Mais, outre cette
tournure parfaitement correcte, le wallon a parfois, à la pre-
mière personne, une tournure réfléchie qui se traduit souvent
par le verbe s'en aller,. Ex. ji m' vas riv'ni^ je m'en vais revenir,
pour je vais revenir. Nous retnarquons dans ce texte wallon,
l'absence de l'adverbe è, français en, latin inde, qui est dans
s'en aller. Peut-être ne faut-il voir dans cette tournure prono-
minale ;t m'vas qu'un résultat de la tendance de Pancien français
à tran.sformer les verbes inlransiiifs en verbes réflJcliis : inde
fugere, s'enfuir, inde volare^ s'envoler. (V. :iu mot s'encourir.)
Mais le fait est là, on traduit fréquemment la tournure wallonne
par le verbe s'en aller. C'est parfait, lorsque le verbe s'en aller
est pris au sens propre. Ex. ji m'vas qwèri d'Faiwe, je m'en vais
chercher de l'eau. Mais en est*il de même quand s'en aller ost
un simple auxiliaire équivalent à aller^ et servant à former un
futur prochain ? c Le verbe s'en aller, dit Dessiaux, dans son
Traité de versifit^ation françase, employé pour exprimer une
idée de futurition, est une expression poétique, nécessairement
interdite à la prose. » Ex. Et ce triomphe heureux qui s'en va
devenir l'éternel entretien des siècles à venir. Rag. Iping. I, S.
Avec Ih liberté Rome s'en va renaîire. Corn. Cinn, I, 3. L'Aca-
démie dit au mot en que je m'en vais partir s'emploie pour je
vais partir. Bescherelle et Littré donnent les phrases usuelles
qui suivent. Je m'en vais faire une promenade. Je m'en vais
lire un sermon de Bossuet. Ce malade s'en va mourir. Littré
cite en outre cet exemple de M»* de Sévigné. Je m'en vais vous
mander un petit secret. Nous ajouterons ces trois exemples : Je
m'en vais gager qu'ils n'ont jamais vu la carte de Tendre, Mol.
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_ 2U -
Précieuses Rid, se. 8. Oh ! que neanî, il n'est pas mort, dit le
vieux moine ; je le vois qui grouille; mais je m'en vais lui don-
ner rexlréine-onction, P. Mériméb, Cnronique de Charles IX ,
éd. Char p., p. 204.
Sans s'arrêter à la critique de Landais, qui va, dans son Dic-
tionnaire, jusqu'à prétendre que Racine aurait du dire va devetiir
et non pas s'en va devenir^ on peut établir en principe que ien
aller, marquant un futur prochain, appartient surtout à la poésie,
mais pourrait être admis en prose dans le haut style. Hors ces
cas, il est préférable de dire : je vais faire une promenade, je
vais lire,... etc.
Oager. Je gage de vous rattraper, ji wage di v'ra^kure, ou à
Liège raksûre. On dira mieux : Je parie de vous rattraper. Gager
de a été blàmé. On dit gager que^ ou pariei* de. Quand les deux
verbes ne peuvent avoir le même sujet, la tournure gager que
est de rigueur. Gageons, dit celle-ci, que vous n'atteindrez
point si tôt que moi ce but, La Font. Citons toutefois cet exemple
de Marivaux: si j'étais noble, diable emporte si je voudrais gager
d'être toujours brave honime^ la double Inconst. III, 4. ( V. si
conjonction.)
Gagner. Je suis gagné, ji sos wâgni, liég. t. de jeu, ich bin
gewonnenf ail. ti ben gewonnen, fl, et je suisperdu^ji sospierdou,
ich bin verloren, ik ben verloren, fl. Dites : j'ai gagné, ou,
absolument, gagné! j'ai perdu. — Les deux tournures en ques-
tion sont française^, mais n'ont pas ce sens : sa femme de
chambre était gagnée (lié^'. stokêîe, il. bestoken, ail. besiochen),
Hamilt. Gram. 4. Quand il sut [Lauzun] qu'on le menait à
Pignerol, il soupira et dit : Je suis perdu, Sév. 106. Silvestre :
Voilà votre père qui vient. — Octave : ciel ! je suis perdu !
Mol. Faurb, I, 4.
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- ils -
Galet. Manger des galets.magni dès galet. Dites : des gaufFireSt
Le wallon a aussi le terme correspondant waffe^ ail. wa/fel. Oa
féminise le nom dans le proverbe vos piîeiez lès galette, c'est-à-
dire vous serez la victime; ne traduisez pas vous payerez les ga-
lettes'^ on dit en français : vous serez la gaufire dans cette af-
faire, vous serez le dindon de la Tarée.
GaUt et galette sont français, mais le premier se dit des cail-
loux polis et arrondis aux angles qui se trouvent sur le bord de
la mer, le second désigne une espèce de gâteau rond et plat de
pâte feuilletée.
Garçon. Mon garçon était mort, win garchon itot mof7,p. de
Lille, Biill. a. 70, 2" I. p. il8, m'garcheoni èteuot mort^ Tourn.,
rvL garchon étoit mort y Leuze, Ath , Péruwelz, Frasne, ni garchon
astoué mort, Lessines, ni garçon stet mort, Pâturages, tm' gar-
çon estait mort, Gosselies, m* garçon astout mort, Nivelles,
m*gaclion atout moue, Virton. —Dites : mon fils était mort.
Ce mot de garçon^ dans le sens de fils par rapport 5 son père
et à sa mère, est, comme on le voit, très-répandu dans le Hai-
naut. Ainsi on dit : Fgarcheon Dugnolle, Vgarcheon Dusaûssoy,
pour le fils Dugnolle, le fils Dusaûssoy, formes archaïques en
lournaisicn et en français, pour Vgarcheon d' Dugnolle Je fils de
de Dugnolle, etc. Nous disons de même : les fils Collard, les
quatre fils Aymon, à moitié chemin. Pour ce vestige du génitif
latin, V. le mot Place. — Jadis le français faisait l'inverse de
ce que font certains patois; il employait fils dans le sens de
garçon, jeune homme : Filles et fils en la fieur de fâge, Marot.
Ajoutons que, dans le style familier, garçon peut quelquefois se
prendre pour fils. Mon garçon est au collège, Litt.
Garde. Ne dites pas garde d'enfant, gir d*èfant, garde-de-
nuit, gâr^i-nutte; mais bonne d'enfants, ou simplement bonne,
et veilleur de nuit.
Garenne. Le lapin Je garenne du patois de Mons est le lapin
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— 216 ~
privé ou lapin de clapier ; en français, le lapin de garenne est le
lapin sauvage, sauvage lapin, mont.
Oasse Nous ferons une gasse, non frans rigaêse^\\é%. ; nous
ferons une guinse^ nous façons 'riguinse^ mont, tournais. Dites :
nous ferons un repas extraordinaire, nous ferons un banquel,
ou il y aura gala.
Gent. l*" Une méchante gent, eune méchante gint^ p. de
Nivei. entie michante gint, mont. Dites : une personne mé-
chante. — C'est une brave gent, c'est one brave gint^ namur.
Dites : c*est un honnête, un brave homme, ou une honnête, une
brave femme.
i!^ Ces gens -là sont soupçonneuses^ ces gint-là sont dimè-
fiantes. Toutes les gens comme il faut, totes lès gint comme i fâl.
Dites : ..... soupçonneux, touslesgens... —Le mot gint est
toujours féminin en wallon ; on connaît la syntaxe compliquée
du mot français.
3<* Ces deux gensAk s'aiment h\eiï,cès deux gint-là s'vè'iet volti.
Dites : ces deux personnes^là s'aiment bien. — Gens ne s'em-
ploie pas avec un nom de nombre déterminé. C'est un ar-
chaïsme que plusieurs écrivains français ont voulu ressusciter
au KVIP et au XVIII« siècle. Ex. Deux gens qui auraient le
malheur d'être sourds, aveugles et muets, Dio. Lettre sur les
aveugles. — Cela ne vaut rien, parce que gens est un nom col-
lectif ; c'est même ce qui le distingue de son synonyme per--
sonnes^ qui est un nom individuel. On dit vingt personnes, mais
non vingt gens ; et, réciproquement, on dit les gens de guerre,
et non les personnes de guerre. — - Cela étant, on ne dira pas
mille gens^ mèîe gint, pour indiquer un nombre précis, déter-
miné; mais on dira très-bien, comme en wallon: j'ai bien vu
mille gens sur la place, Litt. ,;'at?éiou camètegint so Cplèce, en
donnant au mot mille un sens indéfini.— Cette règle n'est pas
applicable à gens précédé d'un adjectif. Ainsi rien n'empêche
de rendre mot pour mot l'expression suivante : treûs vèiès gint,
trois vieilles gens.
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Gtentil. Cet ouvrier est fort gentil, eisfavri-là est foirt gintU
Dites : est trés-aciif. -^ C'est une gentille femme de ménage,
e'est'ine gentèie feumme di manège. Dites: c'est une femme de
ménage fort laborieuse. Mes enfants , soyez bien gentils^ mes
èfanl^ seyiz bin gintis. Dites : soyez bien sages. — L*adverbe
gentiment forme également un wallonisme dans la phrase sui-
vante : Les terrassiers travaillent gentiment, Us terrassi ovrèt
gintètemint, Dites : travaillent activement.
Gentil signifie joli, agréable, gracieux: un gentil enfant;
une chanson fort gentille. Gentiment veut dire joliment : cet
enfant est gentiment habillé.
Olflle. Donner une giffle, ficher 'n^giffe, mont. Dites : donner,
appliquer, détacher un soufflet, âcad.
Olorlette. Eune ghriette, mont. Dites : un cabinet de ver-
dure, un berceau, une tonnelle. Ce mot est très-usité dans le
Hainaut et dans le Limbourg belge. Littré le mentionne avec la
signification de pavillon, petit bâtiment, dans un parc ou un
jardin.
Gourmer du vin , mont., goûrmér de vin, iiég. Diies : dé-
guster du vin. Gourmeur est de même puremeut wallon : c'est
an fameux bon goûrmeû, Iiég. c'est in fin gourmeu, mont. Dites :
c'est un fin gourmet, Acad., ou un excellent dégustateur.
GrOût. Ce vin a un goût de pays, d vin-là a on gosse di pats.
Dites : a un goût de terroir.-— Forir semble eraindre de faire un
wallonisme en rendant mot pour mot nasse bîre a on gosse di
tonnai, fi. ans bier heeft enne tonuesmaak; il traduit : noire bière
sent le fût. Celte dernière expression est en effet celle de l'Aca-
démie, mais il yaurait du rigorisme à condamner la tournure a
un goût de tonneau ; elle est analogue à avoir un goût de reti-
fermé, de pourri, Acad.
Goûter. Cela me goûte, ça m'goutte, mont.— Est-ce que cela
vous goûte ? coula v^gostéle-t-i? Cela se dit très-souvent, mais
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— ^218 -
ce n*en est pas moins mauvais. Encore un wallonisme qui a subi
rinfluence combintle du latin et du teutonique. Smaakt u dat?
il., smeckt Ihnen dast ail. Dites: cela vous semble-t-îl boii?GeIa
est-il de votre goût ? Le trouvez-vous bon ? Cela vous plalt-il ?
Cet idiotisme pi-ésente un sens métaphorique du verbe goster:
en etTet goster se dit primilivement, comme le latin gustare, de
la personne qui perçoit la saveur d*un objet; il est ici transporté
de la personne qui pergoit à la chose elle-même, et il signifle
avoir telle ou telle saveur, particulièrement une saveur a^^réable;
le latin guslus, primitivement, l'action de goûter, s'employait de
la même manière dans le sens figuré de saveur: fructus gustu
suaves, mot à mot des fruits agréables quant au goût, des fruits
d*un goût agréable ; ainsi le latin gustus et le français goût sont
pris ici dans le sens de sapor, saveur. Le latin gustare n'admet-
tait pas cette acception figurée ; mais le wallon gosier a pu la
prendre grâce à gosse {gustus^ sapor), et grâce au teuloni*
que smaken, schmecken, qui est très-classique dans cet emploi
métaphorique. L'anglais lo laste se prend également danj les
dtux acceptions.
Goutte. 1<> Elle ressemble à sa mère comme deux gouites
d'eau, elle ravisse si mère comme deux gotte d'aiwe, V. Ressem-
bler.
La locution est fausse, parce que ie sujet du verbe est du sin-
gulier. C'est du moins l'avis de plusieurs grammairiens. Ainsi,
d'après eux, 6n dirait d'une façon plus correcte: sa mère et elle
se ressemblent comme deux gouttes d'eau. Cependant cette
faute, si réellement faute il y a, a été faite même en France.
M"** de Sl-Pars trouve que M, d'Auxerre vous ressemble comme
deux gouttes d'eau, Maintenon, Lett. Il disait que je ressemblais
â Gengis-Khan comme deux gouttes d'eau, Volt. Lett. « On a
fait ressortir plaisamment ce vice de cette façon de parler en
disant de la rivière artificielle de Trianon, qu'elle ressemble à
une vraie rivièi^e.... comme deux gouttes d'eau. » LrrTRfi. Mais
pourquoi ne pas admettre : elle ressemble à sa mère, comme
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— 219 —
deux gouttes d'eau (sous-enr. se ressemblent)'! Il n'y a dans
cette ellipse, rien de choquant, et le sens est parfoitemenl clair.
2» Je n'y vois goutte, ji n'y veus gotte, ou ji n'veus gotte.
D'après un recueil d^OmnibuSy il faudrait traduire je ne vois
goutte, à moins que le mot y ne marque une relation avec ce qui
précède. Ex. Ce raisonnement est si obscur, qu'on n'y voit
goutte, c'est-à-dire qu'on ne comprend rien à ce raisonnement.
Tel n'est pas l'avis de l'Académie qui cite les deux expressions
côte h côte sans faire aucune observation, et de Li(tré, qui les
donne également comme équivalentes. De plus k, Lemaire, ap-
prouvé par iMarty-Laveaux, dans son Dictionnaire des difficultés^
prétend que dans les deux locuiions, je n'y vois goutte, je n'y
entends goutte, l'adverbe y s'emploie d'une manière absolue et
explétive, et que ce sont des idiotismes que l'usage défend contre
la grammaire. Il cite à l'appui ces exemples de l'Académie.
Avant de m'eugager, je veux y voir clair ; il n'y voit pas.
Groutter. 1" Ne dites pas : Ce coquemar goutte, cisse coque-
mâr-là gotte; pour exprimer que l'eau s'en échappe par une fente.
Dites : ce (et non pas cette) coquemar fuit. — Forir condamne
aussi : ta hotte goutte, ti bot gotte, les murs de la cave gouttent,
lès meur dèV câvc gottèt; il prétend qu'il faut se servir du verbe
dégoutter. Nous lisons dans Littré : les toits gouttent {lès teût
gottèt), c'est-à-dire laissent tomber l'eau goutte à goutte ; ce qui
prouve que cet emploi de goutter n'est pas inconnu en France.
Mais l'Académie ne l'ayant pas admis» on dira mieux : les toits
dégouttent, ta botte dégoutte.
i? Ne traduisez pas non plus i gotle, v. unipersonnel, par il
goutte, fl. popul. het drupt^ ou druppelt, fl. litt. het druipt. Dites:
il tombe des gbulles d'eau, il commence à pleuvoir.
Gouttière. Un seau d'eau de gouttière, ou un seau de gout-
tière, on sèïai d'aiwe di gottîre, ou on sèîai d'gotttre. Dites : un
seau d'eau pluviale, et mieux un seau d'eau de pluie.
La gouttière est le canal demi-cylindrique attaché au bord
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inférieur des toits, pour recevoir Peau de la pluie et la déverser
soit dans le ruisseau soit dans la citerne. L*eau de pluie est donc
de reau de citerne et de Teau de gouttière, ce qui explique le
^allonisme.
Grozette. Le terme français est chausson. Le wallon a aussi
gozd. La gozette est plus délicate que le gozâ, Grandg.
Grand, Grandiveuz, pour fier, vaniteux, hautain. Gran-
diveux est purement wallon. Quelques personnes traduisent ce
mot par grand : il est trop grand pour nous saluer, il est trop
grandiveux pos nos dire bonjou^ fl. A/; is te grootsch^ ou mieux
te groot... Dites : il est trop fier... Evitez de même le mot ^ran-
dewr dans le sens ùq fierté. C'est la grandeur qui Ta perdu, c'est
Fgrandeûr qui Va pierdou^ û. het is de groostsheid die hem verlo-
ren heeft, c'est la vanité qui Ta peidu, c'est la gloire qui l'a
perdu (gloire peu usité en ce sens, Acad.).
Le mot de grandeur doit au contraire se prendre dans un bon
sens : Magnanimité, élévation et noblesse morales. Ex. La vraie
grandeur se courbe par bonté vers ses inférieurs et revient
san^s effort dans son naturel, La Bruy., II. Il n'y a pas moins de
grandeur à supporter de grandes injustices qu'à faire degrandes
actions. Volt. Lett. — Il en est de môme de grand. Et fût-il
sous ta rage ix tes pieds abattu, il t^st plus grand (magnanime,
noble) que toi, s'il a plus de vertu, Corn. Attila.
Guère. Ce mot, d'après Diez, est d'origine germanique : an-
cien haut-ail. Dtiweiger^ pas beaucoup ; il sii^nifie beaucoup^ et
non pas peu, comme le dit l'Académie. C'est la négation ne qui,
accompagnant toujours ce mot, lui donne le sens de peu. Ne
dites donc pas: Avez-vous encore du vin dans votre verre ? —
Guère. AveZ'V^co de vin é vosse verre? — Wère. Tout au plus
cet emploi fort elliptique de guère appartient-il au langage très-
familier. Cela ne pourrait jamais s'écrire. (Litt.) — Noiis ver-
rons à propos du mot rien un autre exemple où la négation s'est
perdue. C'est également le cas de pourtant ; non pour tant.
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— 131 -
H.
Habile. !• Ouvrier habile, habèie ovri, c'est-à-dire expéditif,
apte à agir, dispos. L'Académie dit qix'habiU est populaire
en ce sens. Tel n'est pas l'avis de Besciiereile. Ex. un copiste
habile, à bavoir diligent, expéditif. Litiré dit que c'est là le sens
propre: du latin habilis, sens primitif ^otip/^, dispos; et il cite
cet exemple de Molière : Hais demain, du matin, il vous faut
être habile à vider de céant jusqu'au moindre ustensile, Tart.
i^ Littré va mâme jusqu'à admettre l'emploi adverbial de
habile! habile! (liég. habèïe! habèîe! mont, habïel habie! rouchi
avite habile !) qu'il explique par : dépéchez-vous. Cela jure avec
Favis de tous les auteurs d'Omnibus wallons, et il sera prudent
de s'abstenir de celte expression.
3"» Mais les phrases suivantes sont essentiellement wallonnes:
Nous voulons l'assommer tout de suite, habile,nous voulons
rtassoumer toute suite, habie, les Avent, de J. d'Mveltes. Dites :
tout de suite, à t instant. --Habile, allons, habèie, jans, liég. Dites:
ça allons, Agad. sus, id. allons, vite. — J'y courus au plus Aa-
bile, fy coras â pu^ habèie, liég. Dites : j'y courus au plus vite.
— Au plus vile, pour le plus promptetneut qu'il est possible, se
trouve dans lu Foniaine, fable VII, 11, dans Voltaire et passim.
Al couvez habile, tournais. Dites: accourez, vite. — Il décampe
habile, i s'incourt habile, id. Dites : il décampe lestement.
Hanter. V. Fréqlbnter.
Hausse. Vendre en hausse publique, vinde à l'hausse. Dites :
vendre à l'encan, aux enchères, à renchëre, Agad., mettre à
l'encan, Litt., à l'enchère, aux enchères. —Mettre une hausse,
mette ine hausse. Dites : mettre une enchère, couvrir une en-
chère, mettre enclière, Agad.
Uausse, en ce sens, est un archaïsme. Ex. Je mettrai ma
hausse tout d'un coup quand il s'agira d'adjudication, Ricbelet.
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— 222 —
Actuellement ce mot à un autre sens facile à saisir : Les fonds
sont en hausse. Les banquiers spéculent sur la hausse et la
baisse.
Haut. Monter en liaut^ en liégeois, monter là-haut. Cette
locution, très-usitée dant notre pays aussi bien qu'en France,
est condamnée sans restriction par Forir, qui la taxe de vul-
gaire, par Hennequin et par M. Tabbé Carpentier, qui prétend
que cela ne se dit plus. Cette décision est trop absolue. L*Aca-
démie a enregistré cette locution dans son Dictionnaire. Litlré
l'admet dans le langage familier comme Féquivaient de monter
chez quelqu'unyqix^il explique ainsi : aller dans son logis^silnéau
premier étage, ou plus haut. Il cite cet exemple de La Fontaine :
Il monte en haut. La tournure se trouve également dans Racine,
Remarques sur VOdyss. L. II, à la tin. — Le wallon ne donne
pas nécessairement à Texpression ce sens restreint, mais toutes
et quantes fois qu'elle Taura, on ne doit pas faire difficulté de la
traduire par monter* en haut. Autrement, on dira simplement
monter.
Observons encore que la traduction littérale monter là-haut
n'est pas du tout un grossier wallonisme. L'académie l'admet
comme synonyme de monter en haut et elle donne cet exemple:
Ne laissez monter personne là-haut, ni lèi monter nolu f*) M-
haut; et Littré cite cet exemple du Distrait de Regnard : Je vous
quitte un moment et je monte là-haut, III, 14. Autre exemple
dans le Méchant de Gresset, III, 9.
Quant à la tournure, descendre en bas^ dihinde Vavâ, elle
peut être admise dans le langage familier avec le sens de des-
cendre au rez-de-chaussée. Elle se trouve dans le dictionnaire
de Trévoux, ei l'exemple suivant de Racine paniît concluant :
Etant arrivés la nuit [ les persécuteurs de saint Polycarpe ] à la
maison où il était, ils le trouvèrent couché dans une des ctiam-
(^) Forir regrettait que ce mot verviélois fût presque tombé en dé«uélode à
Liège.
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^ 8J3 —
bres d*en haut... . Ayant donc su que ces gens l'attendaient, il
descendit en bas. Œuvres complètes, édition Hachette, tome Ui,
page 284.
Héritance. Il a fait une grande héritance, il a fait n'grande
héritance, p. de Liège. Dites: il a fait un grand héritage. Perdre
une héiitance, pierle in" hériîince, p. de Nivelles. Dites: être
privé d*un héritage, d'une succession.
Heure.l^' Il y a cinq bonnes heures de Liège à Huy, gna cinq
bonnes heure di Lige à Hu. Dites : il y a cinq bonnes (ou fortes
lieu'Sàe Liège à Huy.
Le wallon n*a qu'un mot pour traduire heure et lieue. On
prendra garde en traduisant : Fér heure par heure, faire une
lieue par heure, ou à Iheure. Nos avans roté treus teûre â long^
nous avons marché pendant trois heures ; et comme nos nos
avans pierdou^ nos n*estîs qu'à ine heure di Ltge, fl., ...wij waren
maar op een uur van Luiky et comme nous nous sommes four-
voyés, nous n'éiions qu'à une lieue de Liège. — On dira: «Vous
avez encore pour une heure de chemin, ou simplement, vous
avez encore une heure de chemin » Acad., et cette dernière
locution une heure de chemin^ ou plus brièvement, une heure^
s'emploie même quelquefois pour désigner l'espace que l'on
parcourt eu utie heure de marche. Exemple : Nous étions à huit
heures de Paris, Sév — Toutefois il faut préférer, en ce cas, la
tournure heure de chemin.
i" Le quart avant trois heures, le quart pour midi, H qwârt
divant treus heure, H qwârt po doze, fl. kwart voor drie, kwart
voor twaaif. Dites : trois heures moins un quart, Acao., midi
moins un quart. G*esl une faute où nous tombons assez souvent,
et messieurs Us Français ne cessent de nous la reprocher, et
avec raison. Plusiiuis en voulant éviter cette laute, tombent de
Chai ybde en Sylla, et ils disent le quart de trois heures, le quart
de midi. Cette dernière tournure provient du patois de Mons,
qui dit par exemple : el quaert dé minuit^ pour minuit moins un
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— 2S4 -
quart. — Il est probable que la tournure léqtoâri po doxe est
une fausse traduction du flamand, voor signifiant & la fois avant
et pour. On rend aussi la tournure H qwdrt po doze par onze
heures trois quarts, onze heures quarante-cinq minutes, ott
onze heures quarante-cinq ; mais ce sont des expressions tech-
niques qui s'emploient dans les tableaux officiels des heures, et
qui ne sont guère de mise dans le langage usuel.
3« A douze heures, à doze heure, fl. om twaalfure. Dites : à
midi.— i4 doze heure à méte-nute; tournez : à minuit.— Cepen-
dant on trouve dans M°*« de Sévigné: nous n'arrivâmes ici
qu'après douze heures du soir. Cela n'est pas à imiter.
4® Toutes les demies-heures, totes lès d^mêiès-heure. Dites :
toutes les demt-houres.
il" Ne dites pas : il est le quart après deux heures, il est
Vqwdrt après deux heure, û. het is kwart na twee. Dites : deux
heures et un quart, Acad. Dites de même : trois heures et un
quart ; ce qui est également bon en wallon : ireus heure et on
qwdrt. — On peut encore dire : deux heures un quart, Acad.
Plusieurs condamnent la tournure deux heures et quart. Elle
n'est pas seulement appuyée sur l'Académie, mais sur le bon
usage : Ex. Il faut être en vérité bien aveugle pour attacher
tant d'importance à ce que les leçons soient récitées de huit à
neuf heures, la page d'écriture commencée à neufheui^s seule-
ment et finie à neul heurts et quart, J. Sin. LEcole, éd. Lacr.
p. 104. Au surplus neuf heures et quart a pour lui Tanalogie;
- ne dit-on pas : neuf heures et demie ?
6» Ne dites pas : une heure de temps, ine heure di timps, fl.
een uur tijds, si vous regardez cette manière de parler comme
complètement synonyme de une heure. Ex. J'ai fait une lieue et
demie en une heure de temps, fa fait ine heure et d^méie di voie
so ine heure di timps. Dites simplement : eti une heure. Mais
une heure de tempi est très-français, comme équivalent de une
heure d'horloge, c'est-à-dire pour signifier une heure que l'at-
tente ou une raison quelconque fait paraître longue. Je vous ai
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attendu trois heures d'horloge. Ji v's a rattindau treus grozis
hiréiis heure. Ceux qui amusent une conversation pendant
deux heures de temps, sans qu'il soit possible de retenir un mot
de ce qu'ils ont dit,MoNT. LetLpers., 20. On dit aussi trois grosses
heures, trois heures entières, trois mortelles heures, Besch.
7* Vers les une heure, vès lès ine heure. Dites : vers une heure.
Cependant l'Académie admet sur les une heure, tournure qui,
sans une autorité aussi respecuble, aurait tout à fait l'air d'un
wallonisme renforcé.
Hochet. Une faiseuse de hochets, ine fresse di hochet. Dites:
une faiseuse de briquettes. — Cependant ce mot est français,
mais sert à désigner un jouet qu'on donne aux petits enfants et
qu'ils prennent entre leurs gencives pendant le travail de la
dentition.
Homme. Son homme est d'un caractère diflBcile, si homme
est haïâve, fl. haarman is moeiliik. Dites: son mari est... —
Oui-da, mon homme, mon cher homme, awè de, mi homme.
Dites: oui-da, mon mari. — L'Académie signale cet emploi
populaire du mot homme, et donne cet exemple : j'irai avec mon
homme souper chez vous.
Hors. !• La messe est hors, ou dehors, l'école est hors, ou
dehors, li messe est foû, li scole est foû ; prenez un autre tour :
La messe est dite, Agad., la classe est finie, la leçon est ter-
minée. — Cette faute assez grossière se commet rarement, mais
Forir la signale dans son Dictionnaire, et il est bon que tout le
monde soit prévenu.— On reconnaîtra aisément, dans ce wallo-
nisme, l'influence de l'idiome germanique : de school is uit, die
schule isl ans.
2« Hors des yeux, hors du cœur, foû d^Voûîe, foû de cour, uit
hei oog, uit het hart. Ce spot est souvent cité pour montrer les
effets désastreux de l'absence sur les affections les plus
tendres. La sagesse des nations dit en bon firançais : Unn des
yeuX; /otndu cœur.
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- «6 -
•
3* Ne dites pas : hors saison, foû saizon^ mais hors de saison;
hors chemiOy foû voie, mais bors de chemin, il est hors place,
il est foû pièce ; mais hors de place, Acad., ou en parlant de
domestiques, hors de condition, Acad. — D'autre part, tra-
duisez fidèlement /bû dèV vèîe, hors dr^ la ville.— Ne dites donc
pas : Monsieur est-il chez lui?— Non, il est hors ville. Li matsse
esUi dalf^ Nenni, il est foû dèV vête. Dites : il est hors de la
ville, il esl absent, à la campagne, en voyage.
Les grammairiens ont posé comme principe que la préposi-
tion hors, sauf dans le sens de hormis, excepté, régit de.
Ils permettent cependant d'omettre de dans certaines fa(^ns de
parler du st>le familier. Cet homme est logé hors la porte Saint-
Antoine, AcAo.; il y avait hors la porte de la cour une terrasse,
J.-J. Rouss. Conf. I. — D*après cela, la phrase il demeure Hors*
Château, t demeure foû Cfiestai, doit être tenue pour bonne.
4* Prenez-en deux ou trois dehors, sèchizè, ou prindez-è
deux ou treus foû. On dira, suivant le sens : Prenez -en deux ou
trois, choisissez-en deux ou trois, ou déduisez-en, défalquez-
en deux ou trois.
Je tire mon mouchoir hors de ma poche, ji sèche mi norèt
foû di fripoche, fl. %k trek mijn zakdoek uit mijn zak. Dites : je
tire mon mouchoir de ma poche, comme on dit, tirer de l'ar-
gent de son coffre, de sa bourse, de sa poche, M. Carpbxtier.
— Tirer le sabre, Fépée du fourreau, sèehi esâbe (fém.) l*èpèie
foû dé forai. Dites : tirer le sabre (masc), l'épée du fourreau.
— Sortir hors de sa mmon,sôrti foû di s'tnohonne. Dites : sortir
de sa maison, de chez soi. — Sortir hors de la ville, sorti foû
dèV vêle. Dites sortir de la ville.
5« Rentrer hors heure, rintrir foû heure, fi. buiten uur naar
huis komen. Dites : rentrer à heure indue, Acad.
6* Mettez vos meubles hors, mettez vos meûbe foû. D'après
un recueil d'Omnibus, il faudrait dire : mettez vos meubles
dehors. « Lorsque hors n'a pas de complément et qu'il devrait
itre placé isolément, il fkut le remplacer par Tadverbe dehors. »
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- 847 -
— Il est de fait que dehot-s, dans Texemple précédent, est plas
conforme à Tusage général, mais nous doutons si hors est
fautif. — Lattre, à Tarticle hors, parle de l'emploi adverbial de
ce vocable, en ajoutant que c'est l'emploi étymologique : foris,
ou foras, dehors ; [vieux franc, fors ; on connaît le fameux mot
soi-disant historique (*): tout est perdu, fors Thonneur]. Il cite,
entre autres exemples, ce vers du Tartufe : Mettre vos meubles
hors et faire place à d'autres.
Humidité. !<" Ne marchez pas dans les humidités^ ni waiz
nm d'vint lès frèhisse. Dites: ne marchez pas (m. à m. guéez)
où il fait humide, ou bien, où il fait mouillé. — Il fait mouillé
est dans »!■• de Sévigné.
Humidité est un nom abstrait ; c'est l'état de moiteur de Tair
ou du lieu , et il aurait, dans cette phrase, un seos concret.
Je dirais pluiôt dans le mouillé, en imitant cette phrase de la
Fontaine : Qu'il eût du chaud, du froid, du beau temps, de la
bise, enfin du sec et du mouillé, FabL VI, 4.
3« Le vent d'ouest nous amène des humidités, H vint d'Lo-
vagne (de Louvain) nos amonne dès frèhisse. Dites : de l'Immi-
dité. Les noms abstraits ne peuvent guère se mettre au pluriel.
Ainsi on dira, en parlant de soi et d'une ou plusieurs Mtres
personnes : à notre ftge, et non pas à nos âges, notre santé, et
non pas nos santés (excepté dans le sens de toasts, brindes), —
L'Académie dit cependant : un lieu bas, sujet aux humidités
de l'air et de la terre. Il est fort douteux que cet exemple puisse
justifier le wallonisme en question.
Ici. Cet homme-fc», cist* homme-dal, liég.; ce monde-»ci, ei
monde-cid, id.; cette fois-ici, celle (*) fois-ichi, Arménaq. de
Tournai, a. 81, p. 8. Dites : Cet homme-ci, ce monde-ci, celte
fois-ci.
(*) V. FooftRlBH. Vesprit dam thiitoire, XXI.
("i On remarquera celle forme de radjectif celle (cel/e), qui, 4'tprèa LtmÉ, â
donné lieu à la locuUon à celle fin de (pour k celle fin de), que le people^^ igaonal
de rdtymologie, a iranalbraide eft à uuh /In d$.
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— Î28 —
Autrefois, on employait id comme nous employons ci, c'est-
à-dire qu'on le joignait à un nom. Le long temps qu'il y a que
vous n'avez reçu des nouvelles de ces quartiers-tci, Pasc.
2« D'ici à là on compte deux lieues, di cial à là on compte deux
heure^ fl. van hier toi daar... La suppression de à est de rigueur:
D'ici là. — Mais di cial à d'main se rend par d^ici à demain, et
di cial à Tongue, par d^iei à Tongres,
Idée. Vous ferez mon habit une idée plus grand, vos frez
mi liabit ine idéte pus grand. — D'après un recueil d'Omnibus,
il y aurait là un wallonisme. Il est vrai que l'Académie ne signale
pas cet emploi du mot idée dans le sens de petite quantité, mais
Littré l'admet, et il cite cet exemple : Je ne veux qu'y goûter,ne
m'en donner qu'une idée. Au reste, les équivalents abondent :
Vous ferez mon habit un peu plus grand, tant soit peu plus
grand. Donnez- m'en une miette. On a remis à la mode les
archaïsmes un tantet, un tantinet^ qui ne manquent pas de
grâce.
Cette acception familière du mot idée provient sans doute de
ce que Yidée, opposée à la réalité^ est peu de chose.
Dans la Prusse Rhénane, le peuple emploie de la même
manière le mot GedankCf pensée. Wollen Sie^ dass ich Ihmn
welehen einschenke? la^ einen Gedanken. Vôlez-v* quijiv*sennè
vûdeî Awè, ine idéîe^ fl. /a, een gedaehlje.
IL l*" Qui est galeux quHl se gratte, qui est rogneux qu'%
8*grette. Si l'on traduisait un spot, il faudrait dire : Que celui
qui est galeux, se gratte.
Lorsque le pronom qui équivaut à celui qui, il ne peut être
suivi de U dans le second membre de phrase. Ex. Qui chasse
deux lièvres n'en prend aucun. Au surplus le proverbe français
est : Qui se sent galeux se gratte.
2* Celui qui l'attrape, qu'il le garde, li d qu" rattrape qu'el
wâde (on ajoute pour la rime, li d qu* ne Ivout nin qu'el donne à
9*camardde). Cri des enfknts lorsqu'ils lancent au loin leur sabot
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- 2Î9 -
{tournai, bizawe ou boubentie). Cet il forme un pléonasme vi-
cieux. Dites : que celui qui l'attrape, le garde, et mieux, attrape
qui peut.
S"" Ha sœur elle est venue hier, mi masoûr elle a v'nou Mr,
iiég. Dites : ma sœur est venue hier. Le plus jeune il a dit à son
père, li pu jeonne iadit {*) à s'pére, tournais. Bull, a . 70, !• I.
p. 117. Dites : le plus jeune dit à son père.
Notons qu'on dira très-bien en français, en reprenant un mot
qui vient d'être prononcé par un interlocuteur : Ha sœur! elle
est venue hier. Il y a là une nuance qui n'est pas dans les textes
wallons cités plus haut, mais qui pourrait cependant y être, tel
contexte étant donné : Vos n'avez nin vèïou m^goûr? — Vosse
soûr^ellea v'nou Aîr. Vous n'avez pas vu ma sœur? — Votre
sœur! elle est venue hier. En français on emploie quelquefois
la tournure en question pour donner plus de force à l'affirma-
tion : II fut bien leste ce voyage, Ste^Becve, P. Lundis, I, p. 45.
Elle lui ressemble pourtant beaucoup à M. de la Harpe, id. id.
p. 47.
Indicatif (1*— pour le subjonctif). Les patois sont parfois de
mauvais guides en ce qui concerne l'emploi du mode subjonctif;
nous avons déjà touché ce point à l'article Conditionnel, et à
l'article Croire.
l'* Je suis tort aise que vous êtes venu, ji sos bin bindxhe qui
v's estez v'nou. Dites : que vous soyez venu. — Quel bonheur
qu'il ne nous a pas reconnus ! on bonheur quH rinos a nin rik-
nohou ! Dites avec l'Académie : Quel bonheur qu'il ne nous ait
pas reconnus !
2« Il n'y avait personne qui lui en donnait, i n'aveuoi perseonne
qui li in donneuot, pat. de Tourn. Bull. a. 70, i* 1. p. 117 ;
t n*avoit peersonne qui It in dounoit, Ghièvres ; il n'avait per*
O Le contexte devrait amener le paseé dëSni, mais ce temps n'existe guère
dans les patois du Hainaot.
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— 230 --
êonne qui li in (Fnait, Gosselie^j; il n'y n'aveut personne qui li in
doneut, Beaumont. Il faut : qui lui en donnât.
V Quoique je suis petit, je n*ai pas peur de vous, mâgriqu'ji
SOS p*tit, ji n'a mn pawou d'vos, liég. — Il a ose le dire, quoique
nous étions tous là, il a wasu Fdire, quoiqu* nos estaines tortos
là, namur. — Quoique tous les hommes sont frères, quoèque
tous Us homme sont frère^ p. de Charler. Bernus, 34. — Dites :
quoique je 5(rfs..., quoique nous fussions,..^ soient frères.
En français, les conjonctions quoique, bien que, encore que,
combien que veulent être construites avec le subjonctif. Les
conjonctions wallonnes mâgré qui, quoiqui, bin qui, toi qui,
liég. (Ann. li, p. 79, ligne i et p. 83, 1. 24), maugré qui, bin
qui, ècor qui, namur,, admettent, comme les conjonctions
latines correspondantes etiamsi, etsi, tamesti, le mode indicatif
et le mode subjonctif. Dans ce dernier cas, la correspondance
est complète : à preuve ce texte namur. Bin qui f seule pus
grand qu*vos, ji n* saureuve mougni one rdàosse (une rabote ou
un gomichon) à mi r^ ciner (liég. à m' quatr'heure : re cœnare,
remanger). Gravée, et ce texte liégeois de Forir, mdgré quH
seûtemècontint...
Littré cite des exemples tirés des meilleurs écrivains, où
quoique est suivi de Tindicatif Quoique nous devenons Anglais,
Froiss. La mienne, quoique aux yeux elle n'est pas si forte.
Mol. Quoique, devenue arienne et persécutrice des catholiques,
elle n'avait pas mérité d'être flattée, Boss. Vaugelas a même
empiloyé quoique avec le conditionnel. Quoique quelques-uns
seraient d'avis.... — Actuellement la règle française indiquée en
tête de l'article est absolue.
4« Quel domiftage que mon père n'est pas ici ! comme il serait
content ! que dammage qui m' papa n'eH nin ^ci I comme i
sereuve binaugel namujr. Dites : quel dommage que mon père
ne soit pas ici ! — Les trois formules quel dommage, il est
dommage, c'est dommage, Agad. se construisent avec le sub-
jonctif.
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- 831 -
Toas ces wallonismes correspondent à des flandricismes,
qu*il serait trop long d'énumérer.
Infinitif. A. — Complément ou sujet réel d*un autre verbe.
II peut être précédé de la préposition à ou de la préposition
de; il peut aussi n'être précéJé d^aucune préposition. La
syntaxe des deux idiomes concorde généralement. Nous ne don-
nerons que les différences.
1* Aimer. Il aime d*étre prévenu, il ainme tTesse prév*noUt
iiég., il aime (tète prévenu, mont. Dites : il aime à être prévenu,
ou qu'on le prévienne.
Cette tournure wallonne n'est pas absolument incorrecte en
français ; c'est un archaïsme, dont on trouve quelques exemples
au XVI* et au XVII* siècle. Une religion qui n'aimerait pas d'être
approfondie et qui craindrait l'examen serait suspecte, Mass.
Elles aiment d'avoir quelque chose qui donne plus de lustre à
leur beauté, Langue, XVI* siècle. — II est probable que cette
vieille tournure n'est pas encore la plus ancienne, et qu'on a dit
d'abord sans préposition : il aime être prévenu. On disait en
latin, du moins au temps de Pline : amat bibere^ littéralement,
il aime boire. Cette dernière construction est encore de plein
usage, et d'après Marty-Laveaux (Dicl. des difficultés), elle n'a
pas le même sens que il aime à. a Aimer, suivi d'un verbe k
rinfinitir, prend la préposition à lorsqu'il s'agit d'une action à
faire : Aimer à jouer, à boire, à chasser. Lorsqu'il s'agit d'une
impression reçue ou d'un état, il se met sans préposition: J*aime
entendre une bonne musique. Il n'aime point ramper dans les
courSy J.-J. Rouss. Ici rain;>^r exprime un étal. » Nous ajoute-
rons l'exemple suivant : J'aime assez causer, Courier, Leltr.
2<* Aimer mieux. J'aimerais mieux de mourir que de faire une si
mauvaise action, fainmWeûs ml de mûri qui d^fér ine si faite.
Dites : Taimerais mieux mourir que de...
Le second de, qui est de rigueur en wallon, se supprime très*
bien en français, suivant Littré, surtout quand la première
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— 232 -
alteroaUve est une longue propositioQ. Ainsi on dirait plutôt :
saint Loui» aimait mieux mourir que pécher, qu'on ne dirait :
saint Louis aimait mieux mourir que de pécher. Mais le pre-
mier de (j'aimerais mieux de mourir) est tout à fait incorrect.
Aimer mieux, devant un infinitif, rejette toute préposition.
3» s'Attendre. Je m'attendais bien de le voir venir, ji nCat-
tindéve bin de VvHe vini. Il faut : Je m'attendais bien à le voir
venir. On dit aussi, s^at tendre que. Je m'attendais bien qu'il
viendrait, ji m'atlindéve biti qu'i vêreût.
S*aUendre de est un tour suranné, qui se retrouve également
dans le montois. On ri s'in attindoit nié. Armon. a. 64, p. 20,
on ne s*en attendait pas, et dans le liég. : Ji rriènri attindive,
FoRiR, je m'en attendais , pour on ne s'y attendait pas , je
m'y attendais. Ex. Cassius s'était bien attendu de trouver une
opposition générale à sa proposition, Vertot. On ne s'attendait
guère De voir Ulysse en cette affaire, La Font, Mes trans-
ports aujourd'hui s'attendaient d'éclater, Rag. — Présentement
on ne dit plus guère que s'attendre à.
40 Demander. Il demande pour entrer, i d'mande po intrér
liég. î d'mande pou UifUrer.ioïxvn. Mj vraagt 6m binnen te komeny
fl. Dites : il demande à entrer, à sortir.
Demander pour a d'autres sens: Qu'avions-nous à demander à
Dieu pour cette princesse? Boss. dans Besch. — Je servais
comme maréchal-de-camp employé dans l'armée de M. de Bro-
glie. M. de Gastries me demanda pour aller avec lui ( c'est-ù-
dire exprima à mon chef le désir de m'avoir pour aller avec lui),
BesENVAL, Mém, I, 83. — Lorsque l'action exprimée par Vinfi-
nitif est faite par la personne à qui Ton demande^ la cons-
truction est la même dans les deux idiomes ; il m'a demandé
cfavouer ma faute, i m'a demandé (tavouwir m'fdte, liég.
5» Se dépêcher. On se dépêche à ouvrir la porte, on s'des-
paiche à drouvu Vpourie, Avent. de Jean éTNivel. p. 43. Dites :
d'ouvrir. On doit se dépêcher à labourer, on doit s'dépéeher à
labourer, i'vraie Ervue d*Mons, a. 69, p. 30. Dites: de labourer.
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— 233 —
— Il s'est dépêché à faire cela, i «'a ihombri h fér coula; on dit
aussi î $'a Shombridè fir coula. Dites: défaire cela. Remarquons
que ii éPhombfér, dans le premier texte, est employé absolument
et à fér équivaut à toi faut, en faisant. A suivi de l'infinitif est
employé de la même manière dans ce vers de Ck)rneille : A ra-
conter ses maux souvent on les soulage. — Mais se dépécher de
est de rigueur, à serait fautif.
6« S'enhardir. Notre jeune vicaire s'est enhardi de prêcher
nossejonne vicaire t'ai ahardi dèpréchiy For. Dites: s'est enhardi
à prêcher.
Encore un tour obsolète : Un de nos écrivains, s'est enhardi
d'en user [de ce terme], Vaugelas.
T" Oublier. Vous oubliez de chanter, vos rouvi* de chanter.
Cest parfoit, si l'on veut faire entendre que vous avez omis de
chanter par défaut de mémoire ; mais quand rouvi de chanter
signifie en perdre l'habitude, la faculté, il faut tourner : vous
oubliez à chanter. — Toutefois oublier à vieillit; c'est une nuance
qui se perd. La phrase : si, chaque jour, vous oubliez de chan-
ter, vous finirez par oublier à chanter, ne pourrait se traduire
mot à mot en vyallon. — Quelques auteurs ont dit oublier à dans
le sens de oublier de. J'oubliais à vous dire que.... Volt. J'ou-
bliais à remarquer que... Corn.
8*» Préférer. Vos volez qui fpdte? ji préfère de d'tnani. On
peut traduire mot à mot : Vous vouiez que je parte ? je préfère
de rester. — Hennequin prétend à tort que préférer^ suivi d'un
autre verbe, ne prend ni à ni de. On dira très-bien : Je préfère
rester, mais ^ préfère de rester est justifié par l'autorité de
r Académie et des meilleurs écrivains. Je préfère de me retirer,
AcAD. J'ai préféré de payer mes dettes, Sév. La Bruyère et
Voltaire ont aussi employé de.
9* Prendre garde. Prenez garde d'être prêt pour dix
heures, louki d'esse prètte po dixh heure. Dites : prenez garde à
être prêt, ou voyez à être prêt. V. Regarder, n^* 5.
Prendre garde à, avec un infinitif, c'est avoir soin de ; prendre
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garde de^ avec un infinitif, signifie s'efforcer tMter. Ex. PreAes
garde à sanctifier Textérieur par l'intérieur, Boss. Prenez garde
de tomber, Acad. Si l*infinitif est accompagné d*une négation,
on peut, dans le premier cas, {avoir soin de\ tout comme en
wallon, mettre la préposition de. Louki de n'nin rouri Fjou^
prenez garde de ne pas oublier, ou à ne pas oublier le jour. —
Ex. Prenez garde à ne pas trop vous engager, Acad. Prends
garde de ne pas t*enfler, Boss.
10« Se rappeler. Je me rappelle d'ayoir vu, AcAD.,;i m'nq»-
pelle cTartt vèiou.
Cette tournure est correcte ; nous la donnons ici, parce que
nous disons plus loin à Tarticle Rappei.br (se) que ce verbe doit
être suivi d'un complément direct. Aussi bien, malgré ce de^
avoir vu, est complément direct. On dirait également bien : je
me rappelle avoir vu ; mais de est plus usité.
il« Tarder. Vos tdfgi de v'itt, vos târgi à v'ni. Le wallon
emploie indifléremment les deux tournures. Il en est de même
en français : vous tai'dez à venir, et vous tardez de venir, mais
l'usage préfère de beaucoup tarder à, Acad. Besch. — Marty-
Laveaux et Lafaye veulent établir entre ces deux Taçons de
parler une distinction qui aurait fait pâmer d'aise le docteur
subtil lui-même. Employé unipersonnellement, tarder exige
toujours de devant l'infinitif. Il me tarde de partir, fa hâsse
tenn'allér.
1!2« Valoir mieux. Il vaut mieux de se taire que de parler
mal à propos, vâl mt di salaire qui de md pdrlér.
On a prétendu que cette tournure était incorrecte : il faudrait
supprimer de devant «^ taire; de plus on ne pourrait omettre le
de devant parler : Il vaut mieux se taire que de mal parler. Il
est certain qu'après il vaut mieux^ ou mieux vaut^ on supprime
généralement la préposition devant le premier infinitif, et on
l'exprime devant le second. Ex. Mieux vaut s'accommoder que
de plaider, Acad. Plusieurs écrivains ont pourtant employé de
devant le premier infinitif. Ex. Il leur vaudrait bieo mieux, les
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- 28B -•
pauvres animaux [les chevaux], de travailler beaucoup, de
manger de même, Mol. Mieux vaut encore de penser que de
lire. Thom. — Quant au de devant le second infinitif, Besche-
relle et Liitré pensent qu*il peut se supprimer. Ex. Il vaut
mieux déplaire à son ami que lui dissimuler ce qu'on a sur le
cœur, Marmont.
B. Infinitif complément d'une préposition. On place des
bornes (à côté des portes), pour ne pas écorner les montants,
on mette dès hurtai po nin d'grogn'tér lès postai.
On peut, d'après Bescherelle et Littré, employer rinfinitif
complément d'une préposition lors même qu'il ne se rapporte
à aucun mot exprimé dans la phrase. Mnis il faut que cet emploi
ne donne pas lieu à la plus légère équivoque. Ex. Il faut voir le
monde pour se former, Acad. Or le wallon n'y regarde pas
de si près ; il s'ensuit que la traduction de la phrase wallonne
en question me semble avoir un sens un peu louche. Il faudra
changer la tournure : afin que les montants ne soient pas
écornés.
G. Infinitif pour un autre mode. J'irai à Aix-la-Chapelle par
Hervé et revenir par Vervîers, jHrei à Axh[*)po Béve et rinCni
po Verti, liég. Dites : et je reviendrai par Verviers: — Nous
sommes des enfants bien sages qui ne se cognent jamais, ni f^f
quereller^ nos ètans dès èfant bin sages qui n'si gougrinu jamais
ni s* disputer, namur. Aurmonaq. a 66, p. 34. Dites : qui ne se
querellent ni ne se battent jamais. — C'est là un procédé fort
commode des patois, qui emploient l'infinitif au lieu d'un autre
mode, pourvu que le sens soit clair. Il est inadmissible dans
une langue cultivée. Aussi bien, on en viendrait à parler nègre
en français et à dire : moi acheter hier des plumes, toi venir
demain.
(<) On prononce ftxh, c'est-à-dire que r<i sonne comme dans rangisis to walk.
C'est la transcription exacte da nom allemand Aachen, en patois d'Aïs Ocht,
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— 536 —
I.
Jalouser. Les ouvriers jalousent souvent l'un contre Tautre,
ou l'un sur l'autre, lès ovrtjalozèt sovint onkso Faute. Dites : les
ouvriers se jalousent... entre eux. —On dit en eftei jalouser
quelqu'un^ et non p^s jalouser sur quelqu'un,
Jalouserie, jaloz'rêie. Dites : jalousie.
Jambon. Mn jambon de noix, ingambon d^gàie^ moxxi., tour-
nais., on jambon d'jèïe, liég. Dites : une cuisse de noix. Une
double cuisse s'appelle cemeau.
Jeune. 1"* Un vieux ;>u/e homme, on vî jonne homme, ou on
vi jouai, û, een oude jongman. Jeune homme ne peut s'employer
dans le sens de célibataire. Il faut dire : un vieux célibataire,
ou, dans le style familier, un vieux garçon. — Une vieille jeune
fille, ine vîle jonne fèïe, fl. eene oude jonge doehter, n'est pas
moins incorrect. Dites : une vieille fille, une vieille demoiselle.
Forir traduit : vieille célibataire. L'Académie n'admet pas ce
féminin, mais Littré donne les exemples suivants: est-elle
mariée ou célibataire ? Quelques femmes consacrées aux dieux
avaient seules le droit de rester sans honte célibataires,
Ségur.
2"* La chienne a fait quatre jeunes, li lexhe (lice) a fait qwate
jônne. Dites : a fait quatre petits. Les jeunes d'un chat, les
djaune dHn cal, mont. Dites : les petits d'un chat. Les jeunes
d'une chèvre, lésjeonne d'ennegatte, p. de Tournai. Bull. a. 70,
2* 1. p. 118. Dites : les petits d'une chèvre, ou les chevreaux.—
Mais on dira très-bien : les jeunes et les vieux, lès jonne et lès
v( ; et, en parlant de grives, n'accommodez que les jeunes ;
elles sont plus tendres. Ici jeune est opposé à vieux.
Cet emploi de jeunes pour petits est germanique : ail. die
jungen elner Katze, fl. dejongenvan eene kat ; il est complète-
ment étranger mémo au langage populaire de Paris.
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— 237 —
3*" Boire de \9i jeune Uète.beûre de Pjâfine Mre, junges Bier
trinken, ail., iong hier drinken, fl. Dîtes : de la bière nouvelle,
00 fraîche. - Du \ïn jeune, junger Wein. Dites : du vin nou-
veau, ou vert.
Jouer. !• II joue le violon en perfection, ijowe li violon en
perfekehon, fl. hij speelt de viool volmaalt goed. Dites : il joue du
violon en perfection, ou dans la perfection (ne dites pas à la
perfection). — Jowér Fpiano, lès platenne, li liesse di eh'vâ, les 6re,
li flûte, etc. Tournez : jouer du piano, des cymbales, de la
vielle, de l'orgue, de la flûte, elc— On dit aussi toucher l'orgue,
le piano, abusivement toucher de l'orgue, du piano.
2« Jouer le tambour, jowér Ftabéur. On dira suivant le sens :
battre le tambour^ ou battre du tambour. — Battre le tambour,
c'est donner le signal avec le tambour, Acad. : On battit le
tambour pour rassembler les troupes, id. — Battre du tambour,
c'est en général tirer des sons du tambour, Acad. : Il apprit à
battre du tambour, id.
Jusque. !<> Jusqu'à aujourd'hui, jusqu'à ouïe, Féraud, et,
après lui Littré, prétendent que cela est fautif, et que jusqu'au-
jourd'hui est seul correct. Mais plusieurs grammairiens veulent
que l'on dise jusqu'à aujourd'hui, en vertu du principe que jusque
doit toujours être suivi d'une préposition avec son complément.
La raison n'est pas péremptoire : à preuve les locutions yti^^u'tci,
jusque-là, jusqu'oii ? où l'emploi de à serait fautif ; ajoutons à
cela qu'aujourd'hui renferme déjà la préposition à, — Au reste
il n'y a plus matière à discussion : l'Académie a mis les gram-
mairiens dissidents dos à dos en admettant les deux locutions,
et cela est conforme à Tusage général.
Hais les tournures : jusqu'à d'matn, jusqu'd htr, jusqu'à doze
heure, jusqwà méte-nutte, jusqu'à Lige, jusqu'à qwand ? jusqu'à
Pdque, doivent se rendre mot à mot: jusqu'à demain, jusqu'à
hier, jusqu'à midi, jusqu*à minuit, jusqu'à Liège, jusqu'à quand?
(ou jusques à quand ?), jusqu'à Pâques.
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n (but bieo remarquer que le wallon jusqu^d ou disqu'à est
com{>osé dejusqui ou disqui, et de d ; c*est ce que pi\)uve la
tournure liégeoise disqui eta/, qui se dit très-bien pour jusqu^à
ciaL G*est donc faire un véritable wallonisine que de dire
jusqu'à dans la rue, jusqu'à d'vint Crowe ; il faut supprimera,
à cause de la préposition dans qui suit : jusque dans la rue.
i* Jusqu'à tant que vous vous en alliez» jusqu'à tant qui vos
'mi'aUésse. Cette façon de parier se rencontre chez d'excellents
écrivains, mais, à l'heure qu*il est, jusqu'à ce que est bien plus
usité. Ex. Il la faut prendre avec réserve, jusqu'à tant que nous
soyons prêts, Boss. Médit, dans Litt.--On peut aussi supprimer
jusqu'à au lieu de tant. Ex. Enivrez-vous de ce vin, tant que ses
fumées vous fassent perdre... Boss. Suppliez, gémissez.... tant
qu'elle vous admette enfin en sa présence, A. Ghên. Cette
dernière tournure est montoise : Est-ce qu*il n'y a pas quelqu'un
auprès d'elle, pour lui tenir compagnie tant que tu arrives ? tant
qu't'arriv'ras ?
Juste. 1» Comme de juste, Arménaq. de Tournai, 61, p. 25,
comme di jusse (on ajoute souvent et d' raison), liég. comme
de jusse, p. de Nivelles. Littré dit que cette tournure n'est pas
admise dans le bon langage. Il faudrait dire : comme de raison,
comme il est juste, ou, simplement, comme juste. Du moins
J. J. Rousseau a dit : Vous me ferez plaisir de m'envoyer de tout
cela dans Toccasion, en me passant en compte le tout, comme
juste, surtout ce qui ne viendra pas de vous, Lettre à Guy.
L' Académie et Bescherelle l'ont enregistrée sans observation à
l'art. DB, !• p. 292, 3« col. au mil. ; 2*» p. 879, 1^ col. en bas.
Elle se trouve dans George Sand, Mouny-Robin, ch. H, 4*
page. Il ne semble pas qu'on puisse écarter une locution appuyée
sur de telles autorités.
2** Ha montre va ;a«/f, mi monte vat jusse, fl. mijnuurw^k
gaat juist. Cette tournure ne me semble pas correcte, bien que
;u«(^ puisse s'employer adverbialement : tirer juste, cela entre
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juste, mesurer juste, Aqad. Dites avec l'Académie : cette
montre est juste, ou va bien.
3« Il rentre toujours à midi juste^ i rinte touduàmidijusê^^
mont, kij komml ten twaalven juist thuis. Dites : à midi précis,
ou bien, en employant jtt«fe adverbialement, il rentre toujours
juste à midi.
L.
La. 1* Je ne sais pas là que vous avez été, ji n'sés là wUse
qui v\s avez stu. Là et que sont inutiles, et Ton a supprimé à
tort l'adverbe relatif oU (wisse gui, franc, vulgaire ousque, où
est-ce que) : Je ne sais pas oii vous avez été. On dira de
même : Sait-il bien où vous étiez hier ? sét-i bin là wUse qui
v*8 estiz Mr 9
Dans ces deux phrases, ab annonce ce qu'on appelle dans la
terminologie latine une interrogation indirecte, c'est-à-dire por-
tant sur une subordonnée : l'interrogation directe serait : Où
étiez-vous hier? je n'en sais rien;— ,1e sait-il?— L'adverbe là est
parfaitement inutile. -<• Il n'en est pas de même dans l'exemple :
elle est «encore là où elle était hier; la pensée ici est affirmative
et l'adverbe là peut très-bien précéder oàpour modifier le verbe
de la première proposition. — On ferait un wallonisme en
disant : elle est encore là qu'elle était hier, elle est co là qu*eUe
esteut Mr. Le pronon relatif que peut très-bien s'employer au
lieu de oU dans les questions de temps : au moment qu'elle rit
(u Font., le Lièvre et la Perd.), pour, au momentoii elle rit ; mais
ici il s'agit de lieu. — Il est à peu près superflu de noter que la
locution là ousse fie vouê avez été hier^ calquée sur le wallon
là wiise qui v's avez stu htr, est des plus barbares ; il n'y a guère
que ceux qui parlent français comme ...en Espagne, qui se
permettront d'écorcber d'aussi étrange sorte la belle langue de
Racine. Ciette tournure eusse que, corruption de aU est-ce que,
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— Î40 -
est aussi dans la bouche du peuple en France. Ex : Et je sais
ous-ce qu*est toute Tenragëe boutique à procès, Beaum. Mot.
de Fig. II, 12.
Labourés. Il ne faut pas aller sur les labourés, i n' faut nié
taîlér su les labourés, mont. Dites : sur les terres labourées (4).
Lancer. Ça me lance dans mon orteil, ça lance dins m'nar-
toile, mont.; het schiet in mijn grooten teen, tl. Dites : mon orteil
m*élance. — Mon doigt me lance, mi deugt mHancéte. Dites : le
doigt m*élance, ou j'éprouve des élancements au doigt. Cette
iïiute est assez commune, même en France. Le mot lancement,
en ce sens, est également un barbarisme : Je sens dans la tête
des lancements qui m'étourdissent, /a dès lanc'mint è Ttiesse qui
m^èt sot. Dites : des élancements: Lancement est dans Littré,
mais signifie l'action de lancer un navire il l'eau.
Lapette. Boire de la tapette, beure dèV lapette di ckin, liég.
{boire du r' lavache ed'tien, rouohi). Le liégeois a aussi lapisse,
et lapotisse.
Pour désigner un breuvage oii l'on a mêlé plus d'eau qu'il ne
fallait, le français se sert du mot lavage, et, en parlant spécia-
lement d'un bouillon, d'une soupe ou d'un potage trop clair,
des mots lavure et lavasse. Ci cafèt-ld, c'est dèV /ape//a.Tournez :
ce café ne vaut rien, ce n'est que du lavage, ce n'est qu'un
lavage. — Ex. Vous avez mis trop d'eau dans ce vin, ce n'est
que du lavage, Acad. Cette soupe ne vaut rien du tout, ce n'est
qu'une lavas.se, ce n'est que de la lavasse, id. (Ce bouillon ne
vaut rien); c'est de la vraie lavure de vaisselle, Besch.
Laqae. De la laque, dèV laque, fl. lak. j)iles : de la cire. Ex.
cacheter une lettre avec de la cire d'Espagne. On dit aussi cire
à cacheter.
(*) Notons loolefois qae ce terme est gëoëralement en usage parmi nos chaa-
aeurs ; il eat analogne an latin aratti de Colamelle, et je l'ai renconU*é, je eroif ,
dane un aatenr français.
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En français la laque désigne» non pas la cire d'Espagne, mais
la résine appelée improprement gomme laque^qui entre dans la
composition des vernis et de la cire d'Espagne, et le laque ou le
vernis laque est le beau vernis de la Chine, rouge ou noir.
Loquet' une armoire, laquer ine âijnâ (ine pour on^ devant
une voyelle, v. ârmoirk), il. pop. eene kas lakeren. On dit mieux
vernir. Laquer n'a pas été admis par l'Académie, mais il est
usité en France et figure dans Littré. — De là le participe laqué:
de$ soulieri laqués^ ou en cuir laqué ^ die eoUee laqués, mont.,
dès sole laqués, liég., gelakeerde schoenen, fl. Dites: des souliers
en cuir verni. — Laqueter un paquet, laq'tér an paquet. Dites :
cacbeter avec de la cire, sceller. — Laqueter des bouteilles,
laqv^tér dès botèie. Dites : cacheter, coiffer des bouteilles avec
de la cire.
Large. 1' Le patois de Mous dit cet homme est large, pour
est libéral ; le latin largus avait ce sens : duo gênera sunt lar-
gorum, alteri prodigi, alteri libérales, Gic. Ojf. S,16 ; il signifiait:
qui aime à donner, il faire des largesses. « Large s'employait
autrefois pour libéral, » Acad., et Ton dit encore ironiquement,
en parlant d'un homme qui n'est pas généreux : il est large...
des épaules. Il s'emploie encore quelquefois en ce sens dans la
négative : il n'est pas large, Litt. Le patois de Liège dit aussi :
il est lâche avou lès aidant dès aute,
S"" Il y a à grand large assez, gnat a grand lâche assez, liég.
C'est une locution toute wallonne, qui veut dire largement,
amplement : Il y a largement ce qu'il faut.
3^ Je regardais tout large, ji loukive tôt lâche. Cette façon de
parler, barbare en français, fait image en wallon : lâche est pris
adverbialement et indique que la surprise me fait ouvrir de
grands yeux. V. Estomaqué. Dites : j'ouvrais de grands yeux,
j'ouvrais des yeux grands comme une salière, mes yeux s'ou
vraienl tout grands, Fbval, Fontaine aux perles, II, 17. Ex. Il
ouvrait de grands yeux à mesure qu'on lui contait chaque cir-
constance, Hamilt.» Gramm. 8.
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4" Le corbeau ouvrit son bec tout au large, li coirbâ dovra
s'bèch toi â lâche. Dites avec La Fontaine : il ouvrit un lar^e
bec. — Il restait avec sa bouche au large, i d^manéve avau s'bake
â lâche. Dites > il demeurait bouche béante, c'est-à-dire il était
frappé de stupeur. —On tape Vouxhe de catrinet toi â lâche. Forir
traduit : on ouvre violemment la porte. Je pense que la tournure
n'implique pas nécessairement ridée de violence. Je dirais avec
F. Fabre (la Paroisse du Jugement deinier, p. 284) on ouvre toute
grande la porte du cabinet; on ferait un wallonisme en disant :
on ouvre la porte tout au large. Au figuré, Montesquieu a dit :
c'était ouvrir une large porte à la calomnie, Esp. XII, 16. — La
porte est restée tout au large^ Vouxhe dimana tôt â lâche. Dites
avec Littré : la porto est restée toute grande ouverte. — Les
portes sont tout au large, lès ouxhe sont tôt â lâche. Dites avec
M-** de Genlis : ....sont toutes grandes ouvertes, Th. d*ià., la
Curieuse, 5, 8. Ici grand, quoique adverbe, varie par raison
d'euphoDie, ou, si on Taime mieux, Tadverbe est transformé en
épithëte, comme dans Texemple de La Fontaine, cité au com-
mencement de l'alinéa, ou comme dans ce vers de Lamartine :
On voyait sur son front passer sa main rapide, Ode à Bonep. —
Notons la tournure suivante, qui se trouve dans Daudet, Fromont
jeune et Risler atné, p. 2 : la porte de l'église large ouverte.
Au large s'emploie en français dans de tout autres significa-
tions; ainsi on dit : il est logé bien au large, à savoir spacieuse-
ment ; vivre au large, c'est-à-dire dans l'opulence, eto.
Lavasse. Il pleut à lavasse, i plout à lavasse. Dites : il pleut
à verse. Mais lavasse est correct dans l'exemple suivant : il vint
tout à coup une grande lavasse, Acad., i v'na tôt d'on cùp on
fameux lavasse. On dit aussi guilie (liég. walai ou waléîe).
Toutefois ondée et averse sont plus usités.
Le, la, les, art. 1^ Je vais vous souhaiter la bonne nuit, ;t
v' vasprii rbonne[nutte. Cette traduction française de Forir ren-
ferme un léodisme : Il faut r titi^ bonne nuit. Ex. Je vous sou-
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balte une bonne nuit, Acad. On dit aussi elliptiquement : bon-
soir et bonne nuit, Agad. ou simplement banne nuity Saintinr,
Piedolay U, 2. La banne nuit serait incorrect. Le flamand dit
indifféremment de gaede nacht et eene gaeden naehl wensehen.
V Lâcher Teau, lachà* Vaiwe (a est long en frang.), bet water
lossen. D'après l'Académie et Littré» la tournure française est
lâcher de Veau ; elle est très-familière. On dit aussi faire de Veau,
locution qui s'emploie encore dans un autre sens, faire provision
d'eau douce, pour la navigation. Notons encore que le li^eois
laehér est du français wallonisé, le vrai terme wallon est lâkei\ •
Le, la, les, pron. 1"* je lui avais bien dit, ji li aveus bin dit.
— Donnez-lui, allez, dinez-li, allez. L'omission des pronoms,
le, la ou les est toute wallonne, il faut dire : je le lui avais bien
dit, donnez-fe (ou la, ou les, suivant le cas) lui, allez. ^ Il en
est de même de la suppression du pronom en dans les pbrases
suivantes : c'est lui, soyez bien sûr, qui a médit de vous^ c'est
lUy sèiiz bin sûr, qui v's a Vjàzi, liég. : des serviteurs \k gages
qui ont plus de pain qu'il ne leur faut, dès vaurlet à gage qu'ont
pus d'pain quH leu faut, pat. de Namur. Bull. a. 70, p. 176 ;
des vaurUt qui ont di pus di pain quH n'ieu faut, Gembloux,id. p.
170. —Dites : soyez-^n bien sûr, qu'il ne leur en faut. —Pour la
suppression de ne après plus, qui est particulière au namurois,
V. l'art. Ne.
2» Parfois aussi les Liégeois commettent la faute inverse et
insèrent dans la phrase un / tout à fait parasite : Elle Taide sa
mère à descendre, elle Faide si mère d d'hinde^ Bull. a. S9,
p. 333. Est-ce qu'elle V a été à la messe? est-ce qu'elle Va stu à
messe ? Dites : Elle aide, elle a été. — Cette faute provient de
la prononciation du pronopi personnel wallon elle^ où fréquem-
ment les deux l se font entendre.
3"* Enfin le patois de Tournai articule souvent le pron. V
(pour le ou la) comme s'il était écrit II: je vais n'agiter, fvas
VVochiner (fr. hocher un arbre, Acad., liég. hossi 'n' dbe), Armén.
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— 244 —
de Tourn. a. 51, p. 38.— Quand vous V Taurez rongé (VossUau,
U^. Yohai), ibid. p. 47. — Tu V l'auras, te rtaras, tournais. -
Tu V ras vu, te Ftas mi, id. — Dites : Je vais Tagiter, ou le
secouer ; quand vous l'aurez rongé ; tu l'auras; tu Tas vu.
L6gume. Une excellente légume^ ins fameuse banne légume.
Dites : un excellent légume.
Légume^ du latin légumen^ neutre, est du genre masculin.
Légumier. Uu jardin légumier, on jardin légumier^ Forie.
Cette locution ne figure pas dans le Dictionnaire de l'Académie;
elle se trouve dans Littré. Elle est synonyme de jardin potager.
On dit aussi le potager. Ex. Voilà Monseigneur qui traversée
cheval le grand potager, Beaum. Mar. de Fig. II, 1.
Lettre. 1* Des lettres de mort, dès lette d% moirt, fl. doods-
brieven. Les termes français sont billets d*enterrement, ou
d'obsèques, billets de faire part, billets de part, Acad. Ces deux
dernières tournures se disent aussi en parlant d'un mariage,
d'une naissance ; c'est le contexte qui précise le sens. Le wallon
dit aussi papi d'moirt ; Forir traduit lettre mortuaire. Cette façon
de parler est très en vogue k Tournai, et elle est, ce semble,
admissible.
2* Mettre une lettre^ mette ine lette. Dites : mettre écriteau
sur sa porte. Ex. Il a mis écriteau sur sa porte, pour annoncer
que sa maison est à louer, esta vendre, Agad.
3« Le porteur de lettres, H poirtéu ilette, fl. brievendrager,
ail. Brieftraeger, angl. letter-carrier. Dites: le facteur de la
poste, ou, simplement, le focteur, si le déterminatif est
superflu.
Leur. V. Deux, 3:
Lever. !• J'ai levé cet enfant, j'a levé cisf èfant-là, ail. ich
habe dièses Kind aus der Taufe gehoben, fl. ikhebdit kind ten
doop geheven. Dites : J'ai tenu cet enfant sur les fonts, ou sim-
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piement, j'ai tenu cet enfant, âcàd., c'est-à-dire, je suis son
parrain, ou sa marraine.
Lever un enfant se dit en parlant d'un enfant exposé que Tau-
toritë fait emporter à l'hôpital : fl. opnemen.
2« Cet ouvrier lèvera demain sa semaine, dst ovri-là Uvrei
g^samainne dimain. Dites avec l'Académie : recevra demain sa
semaine. ^ Lever de l'argent^ liver dès aidant. Dites : toucher
de Targent.
Lever, en français, signifie percevoir, recueillir : lever des
impôts ; on lève un droit sur cette denrée.
Lieu. Le lieu, li lieu, liég. et lieu, tournais. Dites : les lieux.
Ce mot lieux dans le sens de latrines est français, mais il est
vulgaire. Il faut préférer les mots privé, cabinet, oa la locution
lieux d'aisances, v. C!ommod]té et Endroit.
Linceul. Mettez des linceuls au lit de Monsieur, mettez dès
linçau d lét <fa Moeheu. Dites : mettez des draps... Dans les
patois du Berry, de la Picardie, du Hainaut (mont, lincheu. Un-
sué) et du pays de Liège, ce mot signifie drap de lit, et plusieurs
auteure français l'ont employé dans ce sens: Et les linceuls trop
courts par les pieds tirassait, Régn. Avec rien on montait un
ménage: Il ne fallait matelas ni linceul, La Font. —C'est le sens
ancien et étymologique : lat. Unteolum, petit linge, morceau de
linge. On sait que quantité de mots latins ont perdu en firancais
leur valeur diminutive : porcellus, pourceau, carvellus, corbeau,
vascellum, vaisseau, apicula, abeille, etc. — Actuellement lin-
ceul est synonyme de suaire, et ne se dit que du drap de toile
dont on se sert pour ensevelir un mort.
Livranoe. Faire une livranee de douze charretées de houille
fér 'n' livranee di doze cherrëie di châffège. Dites : faire livraison
de, ou faire une fourniture de douze charretées... — Traduisez
de même Uvrèmint d^marchandëie.
lAvrancier, que nous avons formé sur livranee est dans Bes-
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cherelle et dans Littré ; cest uu terme de coounerce désignant
celui qui livre des marchandises après les avoir vendues. U est
donc en usage chez nos voisins du sud, et il faut convenir qu'il
mérite d'être adopté : il exprime une nuance particulière qui
n'est pas dans le terme de fournisseur^ que Littré définit : Celui
qui entrepi^end la fourniture de marchandises ou de certaines
denrées.
Logé. Etes-vous logée y voisine? estéz-v' logêie.wèzentie?
Dites : avez-vous des soldats à loger ?
Long. 1** — pour lent. Nous lisons dans Hennequin : « C'est
une fkute d'employer ce mot dans le sens de leni. » L'Académie
n'est pas de cet avis. Le wallon longin est un allongement de
Ion, et il se traduit très-bien par le français long. Dépêchez; que
vous êtes long ! Agad. ÊHhombrez-v' ; qui ifs estez longin ! — Il
est long à tout ce qu'il fait, id. Ces arbres sont longs à croître,
Agad.
%^ pour agacé. V. Dbnt. 2.
3» pour loin. Il y a long d'ici à Rome, gna Ion (Ccial à Borne.
Dites : il y a loin. Ici Ion est adverbe et correspond à loin.
i" N'allez pas par là, vous aurez plus long, ri allez ninpor là,
vos ârézpus Ion, Û. gij zult het langer hebben. Dites : vous pren-
drez le plus long, vous prendrez votre plus long, c'est votre plus
long, c'est le plus long. Ex. Mon philosophe... est parti et a pris
son plus long pour aller voir un ami. Volt, dans Littré. Il a pris
le plus long pour ikire sa visite, RecN. le Distrait, I, 6. Simon
était revenu à Guéret par la grande route. C'était le plus long,
mais il y avait moins de dangers, 6. Sand, Simon, KII.
5* Tomber tout long étendu, tourner tôt Ion stindou. Dites :
tomber, s'étendre de son long, tout de son long. — Dites de
même : un homme étendu de son long, Sgarr. dans Littré. Je
veux abattre cette idole tout de son long, Boss. On dit aussi
étendu tout au long. Ex. Etendu tout au long dans un grand fiiu-
teuil, Dumas fils, Sophie Printemps. V. également Saintb-Bbuve,
notice sur Toepffer, p. 32.
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&" Au lotig pour pendant. Ces deux Mlles ont babillé (en fla-
ouiDd) plus d'une heure au long, ces deux Vmire ont flanCtépuê
(fune heure à Ion. Dîtes : pendant plus d'une beore. Le flamand
dit : meer dan een uur Umg. — Au long de la semaine» au long
de l'année, d Ion dèV Fsamainne^ à Um d* fann^l^. Dites : tout le
long de la semaine, tout du long de l'année, ou le long de la
semaine, le long de l'année. Ex. Il travaille tout le long de la
semaine* il s'est diverti tout du long de l'année, Agad. Couché
dans le duvet, il dort le long du jour A côté des serins, dont il
se croit le frère, Ftoa.
Hais au Umg et Umt au long, comme locutions adverbiales,
sont corrects et signifient amplement, avec détail, Ex. Il en a
discouru tout au long, cet auteur en parle au long dans son
ouvrage, Acad. — V. au n** 5 un autre emploi de tout au long.
> A la longue du temps, à Flonle de timps. Dites simplement :
à la lofigue, ou bien avec le temps.
S"" Marcher du long de l'eau, rotér dé Ion Vlaiwe, fl. langs het
water gaan. Dites : tout du long de l'eau, le long de l'eau, tout
le long deTeau, au long de long, Agad.
Ijoquet. Mettre un loquet, mette on loquet, liég., mette in
loquet, mont. Dites : un cadenas. — Le loquet d'un coffre, li
loquet d^on coffre. Dites : le cadenas.
Le français loquet est une sorte de fermeture très-simple,
que Ton met aux portes qui n'ont point de serrure; il désigne
aussi plus particulièrement la clenehette, (ou clenche, ou clinche,
liég. cliché, ou clichette)^ c'estrà-dire la pièce principale du
loquet, laquelle, reçue par le mentonnet, tient la porte fermée.
Clenehette, clenche et clinche, sont dans Littrô. Ils viennent de
l'allemand klinie, fl. klink, loquet.
liOnelieou lousse, mont, louche, liég. lasse. Dans le para-
dis, on mange du sucre à la louche, è paradis, on magne de souke
à riosse, expression populaire à Liège, in paradis, on minge dès
bobons à Vlouche, mont. On dit à Paris cuUler à pot, ou grofuie
^
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miller . On se sert aussi du mot louche dans le nord de la France.
Grandgagnage fait venir ce mot du bas latin lochta transforma-
tion du latin coehUCy coquille; c'est ainsi que de coMear vient
le liégeois ctiî, et du pluriel eochlearia, le français cuiller.
Lundi. Nous sommes aujourd'hui lundi, nos estans ouïe
tond», û. wij zijn vandaag maandag. Dites : c'est aujourd'hui
lundi, tournure qui est également flamande. Nous ne sommes
encore que lundi, nos riesians co qu*londi. Dites : nous ne
sommes encore qu'à lundi, Litt., ou il n'est que lundi. Ex. J'y
reçus une de vos lettres ; et quoiqu'il ne soit que lundi et que
celle-ci ne parte que mercredi, je commence à causer avec
vous, Sêv. dans Littré, à Etre, n* 13.
M.
Un maea, on maca. Le terme français est martUiei.
Le martinet est proprement un marteau mû par un moulin; nous
avons déjà constaté la tendance du français à donner aux dimi-
nutifs un sens augmentatif : vaisseau, de vascellum^ petit vase,
etc. Le martinet désigne également l'usine dont cette espèce de
marteau est le principal agent.
Maille et Marbre. Jouer aux mailles, jowér dx mâie. Le
mot français est bille, Acad. Littré signale aussi Texpression
gobille (pour glohillCy Sghêl.), usitée en certains endroits. Forir
prétend qu'on ne peut traduire : jouer aux chiques. En effet
chique ne figure pas dans le dictionnaire de l'Académie ; mais il
est dans Trévoux, dans le complément de l'Académie, dans
Bescherelle et dans Littré, qui le donnent comme étant en usage
dans quelques contrées. — A Tournai, les enfants disent: jV^ti^
aux marbres, ce qui n'est pas français. Peut-être bien marbre
est-il ici la traduction du flamand marmer, marmel, marbel, qui
a la même signification dans le patois ; et Grandgagnage con-
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jeciure que le moi liégeois est une corruption de ce mot fla-
mand.
Main. V II achète les vins de première main, ic acKiêit lès
vin di primire mam. Il faut employer Tarticle : de la première
main. Ex. Les Carthaginois voulurent recevoir les métaux de la
première main. Mont, dans Litt. On dit de même, de la seconde»
de la troisième main. — Cependant de première main se dit au
figuré; c'est alors une expression adjective, qui équivaut à
oiiginaL Ex. Ayez les choses de première main, puisez à la
source, la Bru y. — Ouvrage de première main, par opposition à
compilation. — On dit de même : érudition de seconde main.
2^ II a toujours la canne en main, il a tôt fér si bordon {*) è
s' main. Dites : à la main, M. Carpëntibr. - Que tenez- vous en
main? qui fniz-v' là è vosse main f Dites : dans votre main, ou à
la main, Benoit.— C*e$t en effet ainsi que Ton s'exprime actuel-
lement. Hais il est nécessaire d'ajouter que, dans le XVI« et
dans le XVII'' siècle, on a souvent employé en pour à moderne.
Faute de quoi, on condamnera à tort les exemples suivants :
Qui le fer en la main le viennent offenser» Malh. I, 4. Prenant
en main un arc, Boss. Hist. III, 4. Lorsqu'il prenait en main sa
lyre d*ivoire» Fén. Tt^L II. Je n'avais en main que ma houlette,
id. ibid. — Le wallon est donc resté ici encore fidèle à In vieille
tournure française, sauf toutefois en ce qui concerne l'emploi
du possessif, dont il abuse singulièrement. V. Mon. Ajoutons
que la locution s'emploie encore très-bien en poésie et dans le
style soutenu : Le verre en main, Bêrangbr ; la coupe en main,
Sainte-Beuve, Premiers Lundis, 1, 189. De plus, on dit très-bien,
au sens figuré : Avoir quelque chose, ou quelqu'un en main,
pour l'avoir à sa disposition : J*avais alors en main un valet
fort intelligent, Agad. Avoir preuve en main, id.
Matfcre-ouvrler, maisV-ovii, tl. meesterknecht. Je doute
i') Le français Surdon ne se dit plus goère qu'en parlant d'un pèlerin.
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que ce composé, employé par Forir, soit français. Dites : chef
d'atelier. Littré donne également les expressions maître (Tœtwre
et îMUre compagnon .
Mal. 1® Je ne peux malj ji ripous ma, liég., je n'peua mou,
mont. Ce wallonisme a deux significations distinctes : a. Je n*ai
rien à craindre, je ne risque rien, il n*y a nul danger ; il a ce
sens dans les proverbes souvent cités : Poumâ est tourné tcou è
Vaiwe. Poumâabroûlés'mohonneyhég.^ Véglkhe ni petU mau
(TU chair su s*dos, namur. Dict. des spot., 305.^6. Je n*en ferai
rien, je n'ai garde, je m'en garderai bien. — Il a cette dernière
signification dans Tanecdote suivante : Entre deux disputeurs,
k la suite de paroles très-vives : Monsieur, je vous défie de me
mettre au pied du mur ! — Parbleu, monsieur, je ne peux mal,
ji rCpous ma ; c'est défendu sous peine d'amende. •— Dites : je
m'en garderai bien. — Dans ces deux acceptions, la tournure
est complètement inconnue en France. Dans le sens de je n'ai
garde, plusieurs remplacent ce walionisme par un autre: Il riy
a pas de danger ^ gna mu dangi, fi. er is geen nood^ en patois, er
isgeen danger. Gela se dit même en France. D'après Littré, cette
expression est ironique et populaire. Cependant elle se trouve
dans G. Sand, Jacques, I, 7. Il n'y a pas de danger que Jacques
en demande jamais un seul (un service).
2<> Se faire mal de quelqu'un, si fér md Une saki, liég. On dit
en flamand en parlant de choses; zeer van iets hebben. Dites :
avoir pitié, compassion de quelqu'un, prendre part à sa peine.
Elle se faisait du mal, elle se fièt du mau, pat. carolor. Berrus,
SO. Dites : elle était touchée^ émue de compassion.
S"» On pourrait traduire mot h mot le liégeois si fér de ma
(sauf l'art.) : se faire mal : c'est-à-dire se blesser ; mais on ne
dira pas il s'est fait mal son bras en tombant, î s'a fait md s'bresse
toi tournant, liég. Il faut dire : il s'est fait mal au bras. De même
j'ai mal à la tête, /a md m'tiesse, liég., /ai mau m'tiettey mont.,
ik heb pijn mijn koofd, fl. popul. ; il avait mal qu dos, U avait mau
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jr'rfair,pâl. de Gbarieroi.— On m'a extrait la dent que j'avais mal,
on ffCa r4l ïéini qui f avens ma, lié^. Dites : la dent à laquelle
j'avais mal, et mieux, la dent qui me faisait mal. V. Mon.
Cette tournure est probablement un latinisme : nuda pedesy
ViRG. nu-pieds. Qui sait s'il ne faut pas expliquer par le même
latinisme l'invariabilité de nu? Il était nu-pieds : il était nu
quant aux pieds. Tremit artus, il tremble (de) tous ses membres;
feminae nudae brachia^ les bras nus, nu-bras.
d^ Il est plein de maux, il a des mauXy il est plein dCmây liég. »
(7 a dès mau\ mont., hij is vol zeeren, (1. Dites : il est plein d'ul-
cères.
MaUn, maline. Dans le parler liégeois, on adoucit beau-
coup, en bien des cas, le sens de ce mol; il signifie en français
qui a de l'inclinaison à faire, à penser, à dire du mal. Ex. Nous
qui sommes si indiscrets et si malins dans nos paroles, Fén.
dans LiTTRÉ. L'esprit malin, ou le malin esprit, c'est-à-dire le
diable. Interprétation maligne. Maligne joie. Malin vouloir.' In-
tention maligne. — Ce n'est que dans des cas tout particuliers
qu*il signifie simplement rusé, adroit. On dira très-bien : il est
trop malin pour se laisser attraper, il esi trop malin qui po s'ièï
attrappir, liég., et substantivement : c'est un malin, on ne l'at-
trapera pas facilement, c*est on malin, on àrei mdlâhéte di rat-
traper. — Mais dans les textes suivants, où il veut dire spiri-
tuel, intelligent, sagace, industrieux, on ne peut rendre le terme
wallon par maliniCi jône homme-là n'est nin maim,ce jeune bomme
là n'est pas intelligent, (et non pas malin). Qui v*8 estez malenne
jône fête! que vous avez d'esprit, jeune fille! ou, que vous
êtes malicieuse! (et non pas maligne, ce qui serait une injure).
Dans l'exemple suivant malin équivaut au mot wallon : Si
esprit est ossi malin qui s' cour est bon. Il a l'esprit aussi malin
que son cœur est bon. En efi'et malin a aussi cette acception:
qui aime à dire du mal pour se divertir, Ex. Le français, né
malin, créa le vaudeville.
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— 252 —
Malhonndte. Vous êtes un malhonnête ^ voê estéz-t-on mal-
honnête ; taisez-vous, malhonnête^ taihiz-v' malhonnête. « Cela se
dit populairement, mais cela ne se dit pas autrement. » Littré.
Exemple tiré de Beaum. Mar. de Fig. II, 22. Marceline à Figaro.
Ouije m'expliquerai, malhonnête.
Mande. Dans le Hainaut, on dit mande au lieu de manne, La
manne est un panier d'osier plus long que large, où l'on met du
linge, de la vaisselle et d'autres objets. C'est notre banse. Littré
a même manne d'efifanty banse d'èfant (berceau en osier). Les
Liégeois traduisent à tort leur mot bodet, qui est purement
wallon, par le français manne ; c'est le mot panier* qui corres-
pond à bodet ; il correspond aussi à bans*tai. — Dans le Hai-
naut, on conserve au mot français la forme qu*il a dans le
flamand, d'où il est tiré (mand),
Mange-tout. Saler des mange-tout, saUr dès mange-tout,
liég. Dites : des haricots verts. ~ Toutefois le terme n'est pas
inconnu en France. Littré le donne avec la définition suivante,
qui renferme l'étymologie : Pois et haricots cultivés dont on
mange les cosses vertes avec le grain tout formé. Mange-tout est
très-français dans le sens de prodigue.
Génin assure que haricot n'a commencé à être usité en ce
sens que dans le XVII* siècle. Litt. On disait jusque-là fève^ et
encore aujourd'hui on dit dans notre pays fève pour haricot.
Le mot fève désigne surtout la grosse fève, ou fève de marais et
la féverole. Dans le Hainaut, on se sert du mot princesses pour
désigner les haricots verts; à Tournai, le peuple dit même
princeresses. C'est un abus. Les princesses ou haricots prin-^
cesses (nains flageolets, ou nains d'Amérique) ne sont qu'une
variété des haricots dont la cosse est fort allongée (Litt.
Besgh.).
Manière. 1» D'une manière ou d'unie autre, j'y parviendrai,
dHne manîre ou dHne autre, fy avêrei. Dites : de manière ou
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d'autre, Agao. Ex. Vous verrez que de manière ou d'autre vous
ne me louerez plus, lorsque nous nous connaîtrons, J.- J. Rouss.
Dites de même : de façon ou d'autre, Acad.
^ Faites les choses de manière à ce que tout le monde soit
content, fiz tôt çoulà di montre à c'qui tôt l'monde seule contint.
Dites : de manière que tout le monde soit content, ou de manière
à contenter tout le monde.
On dit de manière que avec Tindicatif ou le subjonctif, et de
manière à avec l'infinitif, et la locution vicieuse, dont on se sert
même en France et que j'ai rencontrée dans Louis Blanc, dans
Ampère et dans quantité d'écrivains nuançais, provient de ce
que Ton a réuni les deux tournures en une seule. —De façon à
ce que est également mauvais. Pierre s'arrangea de façon à ce
qu'il fut nommé. Dites : de façon qu'il fut nommé.
S"" Elle est assez d sa manière^ elle est assez à s'mantre. Dites :
elle est assez volontaire. Mais chasconque vique à s'mantre^ peut
se rendre par chacun vit à sa manière, ou à sa guise, ou à sa
fantaisie. Ici manière signifie façon d'agir habituelle.
4* Ainsi, à votre manière^ je ne dois pas faire cela? ainsi^ à
vosse mantre^ ji n' deus nin fér coulai Dites : ainsi, d'après vous,
selon vous, à votre sens, d'après votre manière de voir.... Dans
le Hainaut, on emploie de la même façon le substantif mod^.
V. ce mot.
5' Ce chapeau est-il à votre manière^ ci ehapaùlà est-i à vosse
mantre î Dites : est-il à votre goût, de votre goût, ou à votre
fantaisie. — Ex. Cet ouvrage est au goût de tout le monde,
Acad. Gela n'est pas de mon goût, id. Gela est tout à fait & ma
fentaisie, id.
Marcbé. Ge sont deux fort bonnes auberges, et la dernière
est très-bon marché, Texte extrait d^un Guide. Il fallait: à
très-bon marcbé. — Acheter, vendre bon marché, acKtér^
vinde bon marchi^ fl. goedkoop koopen, verkoopen. Dites : à bon
marcbé.
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— «54 -
Cette duppression de la préposition à n'est pas autorisée ; ii
faut dire à boa marché, comoie on dit à bon compte, à vil prix,
LiTT. Cette faute est tellement fréquente dans les deux pays, que
Littré lui-même, après Tavoir signalée à l'article marché, i,
rem, 2, y est tombé à l'article pain : On l'a donné pour un mor-
ceau de pain, se dit de quelque chose de valeur, vendu trèt-bom
marché. V. Pièce.
Marier. Est-ce cet Adonis qu'elle va marier ? ^st-ce ci bai
jojchlà qu'elle va marier ? Dites : qu'elle va épouser ? ou bien, à
qui (ou avec qui) elle va se marier? D*après Balzac, marier, pour
épouier, est un archaïsme, c On disait alors [à l'époque de Fran-
çois I*^] en France comme en Italie : Un tel a marié la une telle,
pour Ta épousée. » Balzac, le Martyr calviniste. Il a conservé
cette acception dans la langue anglaise : to mart^, v. trans.
(épouser). — Mais on rendra littéralement li maïeûr, li curé lès
a mariéy le maire (le maïeur, Agad.), le curé les a mariés, Litt.
Ici marier signifie unir un homme et une femme par le mariage.
Ex. Qui nous empêche de les marier demain ?Sév. On traduira
de même : li cinci a bin marié totes ses bâcelle, le fermier (le
censier, Acad.) a bien marié toutes ses filles. Ici marier veut
dire faire ou procurer mariage. Ex. Je crois, si je me refais mis
en tête, que je marierais le Grand Turc avec la république de
Venise, Mol. dans Litt.
D'après un recueil d'Omnibus, ce serait une faute grossière
de traduire comme nous l'avons fait : avec qui elle va marier.
Cependant nous lisons dans Benoit, Compl. des Gramm. et des
Dict. « Ce jeune homme a marié une femme charmante. Dites :
« a épousé, ou s'est marié avec; i» etLittré fait cette remarque :
« On a essayé d'établir une différence entre marier à et marier
avec; mais il n'y en a aucune. » Enfin l'Académie dit : son père
l'a marié à la fille, avec la fille d'un de ses amis.
Masqué. Aller voir les masqués du carnaval, aller vête lès
masqués d'à carnaval. Dites : les masques.
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- 885 7-
Masqué, participe passé du verbe masquer, signifie couvert
d*un masque, mais ne peut s'employer substaniivement. On dira
très-bien une femme masquée, des voleurs masqués, mais quand
on veut désigner une personne qui porte un masque pour se
déguiser en temps de carnaval, on doit se servir du mot masque.
Les enfïints courent ap.rës les masques, Acad. Cori après lès
masqués peut aussi se traduire courir les masques, âcad. V.
Déguisé.
Mastic. De la frotme maslic, dé Vbanne maslique. Dites : de
ban mastic. Mastic est masculin en français, à cause du latin
masUchum. Il a conservé dans notre patois le genre du latin
mastiche^ es (grec mastiehè). Les patois flamands font également
masiick in fémmin.
Maton. C'est ainsi qu'on nomme à Liège, à Tournai, à Lille
et à Yalenciennes, les grumeaux qui se forment lorsque le lait
se caille. Voilà le lait qui tourne à matons, vola Vlèçai qui toûne à
maton^ liég. Dites : qui se convertit en grumeaux, qui se gru-
melle, qui se met en grumeaux. — U se dit aussi du sang : Du
sang à matons, dé songue à maton, liég. Dites : du sang qui s'est
mis en grumeaux, qui est plein de grumeaux, du sang grume-
leux. — Ex. Le lait se convertit quelquefois en grumeaux dans
l'estomac; ce lait est tourné, il s'est mis en grumeaux; le lait
tourné se grumelle, Acad.
Mauvais. 1<^ Il est si mauvais, il est si mdva, liég. Dites :
il est si f&cbé. Il ne vous faut pas être mauvais si vite, i n'vô
faut né iesse m'wai si rade, p. de Gharler. Bernus, S2. Dites : il
ne faut pas vous fâcher..,. Il est mauvais contre moi, il est mon-
vais conte demi, p. de Mons. Dites : il est fâché contre moi. Il
esta remarquer qu'en fl. kwaad, et en ail. boese, signifient à la
fois méchant, mauvais et fdché.
il' J*ai un mauvais doigt, fa on mdva deugt, fl. ik heb eenen
kwaden vinger. Dites, suivant le cas, j'ai mal au doigt, ou j'ai
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un panaris; dans ce dernier sens le liégeois dit aussi on blan
deûgt et on pair fi. Un blanc doigt est un double wallonisme en
français. — Un mauvais feu, on mâva feu, pour éruption, inflam-
mation (fl. een kwaad vuur) est également incorrect. — Un
mauvais sein, on màva sein, fl. een kwade borst. Dites : un cancer.
Avu 'fl* mâle jambe, fl. eenzeer been hebben, Forir traduit, avoir
une mauvaise jambe. Il faut dire, suivant le sens, avoir mal à
la jambe, ou avoir une jambe ulcérée, ou un ulcère à la jambe.
Avoir de mauvaises jambes signifie n'être pas en état de bien
marcher, de marcher longtemps.
Cet emploi de mauvais est germanique : Boese Augen haben,
fl. kwade oogen hebben, avoir mal aux yeux.
Mazette. Les patois de Hons e|t de Liège emploient ce mot
en parlant d'une personne jeune, sans expérience : C'est une
mazette, c*est enne mazette, mont., c'est ine mazette, liég. 11 faut
dire : c'est un jeune freluquet; le français populaire se sert du
mot galopin en ce sens.
Le français mazette a différentes significations : il se dit
surtout d'un joueur peu habile.
Me. Place des pronoms me, te, se, nous, vous, le, la. Us, lui,
leur, en, y. Il me veut attendre ici, i m* vout ratlinde ciaL Qui
est-ce qui vous oserait refuser cela? qui est-ce qui v* wèz^reût
r' fuser coula f
Quand deux verbes sont ainsi subordonnés l'un à l'autre, et
qu'il se trouve un pronom personnel, complément du second,
on place ordinairement ce pronom près du verbe qui le régit :
il veut m'attendre ici; qui est-ce qui oserait vous refuser cela?
Les écrivains du grand siècle placent le pronom devant le
premier ou le second verbe, ad libitum. Je prends la scène 5
des Précieuses ridicules ; j'y trouve un exemple de la première
construction : Son maître vous veut venir voir, et un exemple
de la seconde : Il faut le recevoir dans celte salle basse. —
J'ouvre Bossuet k la page 46, Orais. fun.y éd. Didot, j'y Irouve
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- 257 —
également deux exemples, Tun de la première construction :
Que lui peut-OD reprocher? et l'autre de la seconde construction:
Je ne suis pas ici un historien qui doive vous développer le
secret des cabinets. Enfin la première page des Dialogues
sur réloqueiicej de Fénelon, me fournil encore deux exemples
qui présentent les deux tournures : Le sermon où vous vouliez
me mener tantôt.... Je me garderai bien de Taller entendre [ce
pi'édicateur]. Voici un vers de La Fontaine qui réunit les
deux constructions : L'un voulait le garder, l'autre le voulait
vendre.
La vraie tournure wallonne consiste à mettre le pronom
devant le premier verbe. Ouvrons au hasard l'Annuaire de 7i.
Ji v'vas raconter sins braire on p*tU boquet fait sans façon^
Delarge, p. 135. Ji n'mt sûreus maie rapâxhtérj Dehin, p. 195.
On moumintj binatné, nos v*s allans fér vosse compte^ Toussaint,
p. itë.Ellerespondaqu'elle dishavéve (bravait) tôt lès cisqu^ervoirit
fér d*werpi (déguerpir). Magnée, p. 60. — Cette construction,
ditDessiau^ (Versifi^cation française) a Tinconvénient de réunir
parfois deux accents toniques; ex. : puisqu'enfin vous vous
voulez marier...; « mais elle a l'avantage de rapprocher, d'allier
deux idées verbales en dépendance Tune de l'autre, et dont
l'expression simultanée est souvent d'un bel effet. » La poésie,
qui recherche les effets de style, aime à employer cette façon
de parler ; il faut en user très-sobrement dans la prose, et la
bannir complètement du langage de la conversation. En tous
cas, on peut établir en principe que c'est l'euphonie qui
guide ordinairement l'écrivain pour la place l^ donner au
pronom.
Méchant. Êtes-vous méchant contre moi? étée michant
conte dé mil pat. de Hons. Dites: êtes- vous fâclié contre moi ?
V. Mauvais.
Mégard. Il s'est blessé par mégard, i s'a kwahi par mégârd.
Dites : par mégarde. — Ce terme n'est usité, en français et en
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— 258 —
wallon, que dans cette locution, et il a conservé chez nous
le genre d'autrefois. Ex. Il a obtenu miséricorde, en tant que
par mesgard et ignorance il avait esté incrédule, Galv.
Meilleur. Tai meilleur que vous, /a m&eû qu'vos. Dites : je
suis mieux que vous. — Nous avons meilleur chez nous, tws
avatis mèïèu è nosse mohonne. Dites : nous sommes mieux, on
est mieux chez nous, ou, avec La Fontaine : il fait meilleur chez
nous, Fabl. lY, 13. Ici meilleur est employé adverbialement
avec Tunipersonnel U fait, V. fai bon, à l'art. Bon.
Mdme. 1» Vous redites toujours le même, vos r'dihéz todis
Fminme. Il vaut mieux se servir de la tournure : la même chose.
Le même est un latinisme : idem, ou eadem semper dictitai ; ou
un flandricisme : gij herzegt altijd hetzelfde. — Cependant
Littré cite plusieurs exemples de le même employé de cette
manière : Bien que mon bon démon souvent me dit le même,
Régnier. — Il les range [les troupes] en bataille au milieu de la
plaine ; L'ennemi fait le même, Corn. — Il faut convenir que
cette tournure manque actuellement â*élégance. L'Académie
ne cite qu'une seule locution où l'on trouve même employé
substantivement : cela revient au même. Elle est en effet très-
usitée.
â^" C'est tout le même drôle, c'est tôt Vminme droite. Dites :
c'est tout de même drôle ; et mieux : Néanmoins c'est étrange ;
ou bien : ce n'en est pas moins étrange. — Tout de même, dans
le sens de néanmoins est populaire, Litt. Ex. On m'a défendu
d'aller, mais j'irai tout de même, id. Dans le bon style, on
l'emploie comme synonyme de de même. Ex. Vous m'avez vue
me repentir, m'agiter et m'inquiéter tout de même qu'une
autre, Sév. — Mais on dira très-bien : Il est tout le même qu'il
y a dix ans, M. Carpentier ; il est tôt à fait tminme qui gna
dixh an. Tout le même ne forme pas ici une locution adverbiale;
le même (sous-ent. homme) est attribut du sujet il, et tout,
adverbe^ modifie même.
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^ 289 ..-
3« Esi*ce tout le même de le faire demain ? est-ce toi l^minme
de Vfér demain ? £1. is het al hetzelfde dat ik het morgeii doel
Dites : puis-je le faire demaiD ? me permeltez-vous de le faire
demain ?
4* C'est le même pour moi^ c'est Vmime pour mt, mont. C'est
tout le même pour moij ou, simplement, c'est tout le même, c'est
tôt rminme por mi^ ou c'est tôt rminme, liég. dat is hetzelfde voor
mij, fl. Dites : cela m'est égal, indifférent, ce m'est tout un {dat is
mij eender)^ peu m*importe, il m'importe peu, cela ne me fait
rien.
8» Si vous voulez quelque chose, c'est tout le même ç«oi,dilcs-
le-moi, si vos volez 'n'sakoi, c'est tôt Iminme qwè, dikez-mè-f^
Delchef, lès deux Nèveu^lU^S, fi, zoo gijietswilty het is hetzelfde
wat, zeg het mij. Il faut : si vous désirez quelque chose, quoi
que ce soit, dites-le moi, ou peu importe quoi, dites-le
moi.
6« C'est tout le m^me, j'aimerais mieux partir, c'est tôt rminme
j'ainm'reus mi de parti. Dites : c'est égal, j'aimerais mieux
partir.
Messe. A 1* Basse messe, liég. lage mis, il. low mass, angl.
Dites : messe basse, ou petite messe, Litt. V. l'art. Adjectif.
^ Messe d^ année y messe d'annexé, û.jaarmis. Les expressions
françaises sont : anniversaire, service anniversaire, et bout de
l'an. Ex. On vous prie d'assister au service anniversaire d'un
tel» on v'fait prit à l'messe iannèïe d^on té. On fit à St-Deni$ le
bout de l'an du Dauphin et de la Dauphine, Sév. Il a constitué
une rente pour qu'on lui fit un anniversaire, Litt. — On se sert
à Tournai du mot obit (lat. obitus, mort, fl. omkomst^ expression
très-imagée : action de parcourir tout le cercle de la vie, de
terminer sa carrière). Obit est parfaitement français. Ex. Fonder,
dire, chanter un obit, Acad.
S*" Où a-t-il dit messe ? wisse at-i dit messe ? waar heeft hij mis
gelezen ? fl. where did he say mass? angl. Forir traduit mal en
omettant l'article. Il faut : où a-t-il dit la messe ?
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— 260 —
¥ Aller à messe, liég. lo go to mass, angl. Dites : à la messe,
AcAD. Il faut excepter Texpression proverbiale, il ne va ni à
messe, ni à prêche, c*est-à-dire, il n*a pas de religion. Hais le
wallonisme aller à vèpe se traduit littéralement : aller à vêpres,
AcAD. De même le wallonisme aller à grancTtnesse se traduit par
aller à la grand'messe. On dit aussi aller à la messe haute, à la
messe de paroisse, Litt.
8» Le wallonisme siervi messe, fl. mis dienen, se rend ordi-
nairement par servir à la messe. Il faut traduire plus littérale-
ment : servir la messe, Acad.
6*" Il en est de même de la locution mâkér messe, manquer la
messe, Agad. et non pas manquer à la messe.
B. Manger des messes, mùgni dès misse, fi, mispels eten. Dites :
des nèfles. Le liégeois tne^^e et son dérivé m^^pH, néflier, viennent
du latin mespilum, mespilus ; ils ont conservé Vm étymologique;
il en est de même dans plusieurs autres patois : namur. mespe;
norm. et berrich. mêle; picard, mesle. Littré cite un exemple
de Voltaire où Ton trouve une des formes archaïques. Les
bourgeois des villes de Flandre jouissaient du droit de prouver
leurs prétentions avec la massue de mesplier, Mosurs, 100.
Mesure (Complément de la). Vous êtes deux doigts plus
haut que moi, vos estez deux deugt pus haut qu'mi, liég. Dites :
vous êtes plus haut(mieux,plus grand) que moi de deux doigts.
— Quatre pieds large, qwate ptd lâge, liég., dix pouces long,
dix pôce long, liég,; vingt ans vieux, mont; six pieds grand, id.,
vingt pieds profond, vingt pieds perfond, id. Dites: large de
quatre pieds, ou ayant quatre pieds de largeur, long de dix
pouces, âgé de vingt ans, haut de six pieds, profond de vingt
pieds. — Deux pouces plus grand que moi, deux pôce pus grand
qu'mé, p'dL de Hannut; quatre ans plus vieille, qwatr anpus vîle,
id. Dites: plus grand que moi de deux pouces, de quatre ans
plus âgée. V. Vieux, i\
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- 261 -
Sigart oe voit là que des ilaDdricismes: il est de fait qu'on dit
eu néerlandais : twee vinger hooger dan ik, vier voet breed,
tien duim long iwintig jaar oud, zes voet groot, twintig voet diepy
twee duim grooter dan ik. Mais le latin ne s*exprime pas autre-
ment : triginta annos natus, sex pedes alttu, sex pedes latus, etc.
Ce qui suffit amplement pour expliquer les idiotismes dont nous
parlons. Lorsqu'on trouve dans la langue-mère les éléments
nécessaires pour rendre compte d*un phénomène grammatical
dans un rameau des langues novo-latines, on doit se garder de
recourir aux autres langues qui ont concouru à sa formation.
C'est un point sur lequel appuie avec beaucoup de force
M. Litlré dans ses savantes études sur la vieille langue fran-
çaise. {Histoire de la langue française, I, 94 seq.) Que, dans
l'espèce, l'influeiice teuionique soit pour quelque chose dans la
persistance de ces tournures en Wallonie, c'est ce qu'il serait
téméraire de nier. Mais on doit y voir tout d'abord des lati-
nismes. Le wallon^ comme le français, a de l'allemand et du
flamand, mais il est avant tout du latin.-— La plupart des tour-
nures françaises dont nous venons de parler, s'expliquent par
l'ablatif^ que le latin employait également dans ce oats^sexpedibu^
altvs, haut de six pieds.
Mettre, l"^ Mettons que ce soit vrai, mettons qui cséuïe
vraie. Dites : admettons, supposons que ce soit vrai, posons le
cas que cela soit, ou posons que cela soit.
S"" Mettez-vous^ meiléz-vos, û. zet-u, très-usité dans leHainaut
au sens de asseyez-vous (moins souvent assoyez-vous). Ce wallo-
nisme est également employé eu Hesbaye. A en juger par
l'exemple suivant de Molière, c'est une vieille tournure française.
Je veux un homme qui m'ait obligation de ma fllle et à qui je
puisse dire : mettez-vous là, mon gendre, et dînez avec moj,
Bourg, g. Courier^ si habile à rajeunir les tournures obsolètes ,
l'a employée également : On se lève... Le héros [Bonaparte]
nous fit rasseoir. Il n'était pas de ces camarades à qui l'on peut
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- 262 -
dire, raets-toi, et mange avec nous, Pamph. des pampk, — On
remarquera que Courier n'ajoute pas l'adverbe là, comme
Molière l'a fait.
3° On dira très-bien se mettre en deuil. ( Marivaux, le specta-
leur franc,, II, p. 5.) si mette è doû. On dit aussi s'habiller, se
vêtir de deuil, prendre le deuil , Acad. ^ Mais si mette foû 'doû
fl. zlch uit de rouw zetten, ne peut se traduire se mettre hors
de deuil Dites avec l'Académie : quitter le deuil.
4" Mettre de l'argent à finlérêt, mette dès aidant à Vintirét.
Dites: mettre, placer de l'argent à intérêt , Acad., Besch., Litt.
8' Mettre dedans, m^Wre dédans, mont., c'est-à-dire duper,
tromper. Un gradin d'usurier m'a mis dedans , on colin d^uzwi
m'a mettou devint, liég. ~ L'Académie taxe cette locution de
populaire, et Benoit, de triviale. Littré dit simplement qu'elle
est familière. Elle paraît en effet de bon aloi. Ce sont les termes
flouer y fourrer, ficher dedans , qui sont triviaux. Gardez-vous
donc de traduire mot à mot les expressions wallonnes : % m*a
flouwé, i m'a fichu d'vint. — Il s'est mis dedans, t s*a mettou
d'vint. Dites : il a donné dedans, populaire, selon l'Académie,
familier, d'après Littré. Il a donné dans le piège^ dans le pan-
neau, est du meilleur style.
6"" Si mâva vin m'a mettou d'vint. Forir traduit : son mauvais
vin m'a grisé. C'est du rigorisme. Mettre dedans, dans le sens
d'enivrer, que n'enregistrent ni l'Académie ni Bescherelle, est
admis sans observation par Littré. Ex.: Une bouteille de Cham-
pagne l'a mis dedans.
Minable. Qu'il a l'air minable! quHl a Vair minàve, liég.
Dites : misérable, dépenaillé, déplumé. — Là vous êtes tous
minablesy drolàvos stès iertous minabes,ip. deCharler. , Bernus, 15.
Dites : vous êtes tous besoigneux.
Liitré cite un texte du W" siècle : il fut prouvé que le chastel
était minable, où minable signifie susceptible Sétre détruit ou
attaqué par une mine; de là le sens qu'on lui donne par exten-
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^^
~ 263 -
sioQ dans le langage populaire : Air minable, vêtements mi-
nables.
Mode. A votre mode f à vo mode ? se dit dans le Haînaut
pour à votre sens? ou que vom en semble î Gela n*est pas fran-
çais. ^ A ma mode qu'il ne viendra pas demain, d m*m6de
qu'in'vèro nié demain. Dites : d'après moi, il ne viendra pas
demain.
Mol. Moi et vous y nous y perdrons notre latin, mi et vos nos
yjrierdrans nosse lalm, liég. Dites: vous et moi.... — Moi et
mon ami, nous le menons par le bout du nez, mi et m'eamarâde,
nos Fminans po Vnarenne^ liég. Dites : mon camarade et moi...
— Moi et elle, nous lisons bien, mi et léïe nos lisans bin, namu-
rois. Dites : elle et moi...
Ici moi est joint à un substantif du à un autre pronom ; il ne
doit être placé qu'en second ; c'est une règle de l'urbanité fran-
çaise, qui n'existe pas, que je sache, dans les autres langues, et
qui est naturellement inconnue aux patois. « La politesse
n'exige pas du Wallon qu'il se nomme le dernier. » Gravée,
Français et Wallons, p. 191. Voilà une règle qui n'ira pas à cer-
tains caractères. « J'ai remarqué que Ghateaubriand se met
toujours en chef de file. » Gelte piquante remarque de Remacle
fait penser au mot de Sixte-Quint : Il n'y a que trois têtes en
Europe capables de porter dignement la couronne : Moi,
Henri IV et Elisabeth.
Moindre. Mon étoffe est d'une p{u« moindre qualité que la
vôtre, mi stoffe est dCine pus moinde qualité qui fvosse. Plus con-
stitue ici une périssologie ridicule, moindre renfermant déjà
ridée exprimée par plus. Mon étoffe est d'une qualité moindre
que la vôtre, ou mieux, d'une qualité inférieure à la vôtre. —
Gette étoffe est si moindre ! cisse sitoffe-là est si moinde ! Dites :
est si mauvaise, d'une si mauvaise qualité.
Moindre, dix latin minor, prend parfois tout naturellement dans
notre patois le sens du positif ; on dit de même : ces étoffes
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— 464 --
sout d*uue qualité inférieure (inferiorem, plus bas), et cela
signiHe proprement qu'elles valent moins que d'autres ; d*où
''idée de mauvaise ; le patois messin dit de même manre pour
mauvais. Mais le français ne perdant pas de vue Tidée primitive,
n'admet ni plus, ni «i, ni très devant cette sorte d'adjectifs.
Toutefois on pourrait citer des exemples où des écrivains ont
imité la tournure populaire ; nouvelle preuve de l'influence des
patois sur la langue littéraire : Gomment est-ce donc que Pierre,
qui est beaucoup plus inférieur..., Calvin. Votre corps a donc
bien grandi depuis ce temps-là, car je vous ai trouvé beaucoup
plus moindre et plus'fluet, Beaum. Mar. de Fig., II, 11.
Moins. La moitié moins, Fokir, U miian mom, fl. d€ helft
minder. Dites : la moitié de moins. — Gela coûte trois francs,
pas un liard moins, coula cosse treâs franc, nin ine aidan mons.
Dites : pas un liard (ou une obole) de moins.
G'est un tour suranné en français : U eût mieux valu danser
une courante moins, et m'envoyer une lettre, Voit., 402. — Le
wallon emploie aussi di. fa ine inn'mi d'mons, j'ai un ennemi
de moins. Gorneille a renversé la place de la préposition : J'ai
moins d'un ennemi (Litt.).
Monpère, monfrère, masœur, matante, mononcle. — Ma
vieille matante boit toujours un petit verre avant d'aller se
coucher, mi vèie matante beût todis on liûfion divant d'aller
doirmi, liég. — Votre masœur est une aimable personne, vosse
maseur est ine binaméïe gint, liég. — Le cadeau de mon mon*
oncle, U cadeau di m'mononcle; namur. Votre monfrère est
revenu, vo mofrére i est ervenu, tournaisien, Bull. a. 70, 2*1.,
p. 118. Vo monfrère est rév'nu,p. de Mons, id. p. 151,... est
r arrivé, Walcourt, 168. Vosse monfrère est riv'nu, Beauraing,
p. 184. Il faut dire: ma vieille tanie, votre sœur, ou mademoi-
selle voire sœur, le cadeau de mon oncle, votre frère.
Ges form'es agglutinées sont des termes de politesse dans nos
patois ; elles constituent, en français, de grossiers barbarismes.
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— 265 -~
Elles existent aussi en flamand : mijne matante, mifn mononkelj .
mijjie tnaseur, mijn monfrere (belle-sœur, beau-frère), mais ici
elles sont d'importation wallonne ; ce qui le prouve, c'est l'exis-
tence des termes usuels, moei^ oom, zustei\ qui n'admettent pas
ragglutination du possessif. Littré, à propos du mot tante,
invoque ces formes wallonnes, empruntées au langage enfantin
et domestique, à l'appui de Tétymologie qu'il propose de ce
vocable français : pour lui, tante équivaut à ta ante, tua amita
{ante, vieux fr., Villon, strophe 136, normand, rouchi.et picard ;
liég. antin (grand-oncle); anglais, aunt); et tante a fini par
supplanter ante. Il faut convenir que l'analogie, à laquelle M.
Burggraff, dans sa Grammaite ^r^n^ra/^, accorde une importance
(capitale, est ici réellement frappante.
Moquer. 1« Pourquoi le moquez-vous toujours ? poqwè
VmoquéZ'V' todis ? Dites : pourquoi vous moquez-vous toujours
de lui ? C'est un archaïsme qui s'est également maintenu dans la
langue anglaise : We 'Il mock him to home, Shakspbâre, nous le
reconduirons à la maison en nous moquant de lui. On emploie
encore très-bien la forme passive ; ainsi on rendrait mot pour
root le wallonisme : i fourit moqué, il fut moqué, La Font., le
Geai.,..
i"" Hennequin condamne la tournure vous vous moquez, vos
v'moquéz ; ici le verbe se moquer est employé absolument dans
le sens de ne pas parler, ne pas agir sérieusement. C'est trop
de rigueur. Ex. On crut qu'il se moquait ; où sourit, mais à tort,
La Font. Fabl. IV, 18. V. aussi Mol. Tart. II, 4, et Beaum. ilar.
de Fig,, l, 10.
Mort. Il fa battu mort, i Va battou moirt, liég. Il s*est tra-
vaillé mort, i sat ovré moirt, liég. Il s'est cherché mort, i s'a
qwèrou moirt, liég. En nous écrasant avec ses pieds aussi plates
qu'une feuille de papier, in nos spochant avè ses pîd V f aussi
plates que n' faute dé papi, p. de Charler., Bernus, 34.
Ces manières de parler sont inadmissibles en français ; mais
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— 2TO —
les équivalents seront parfois bien faibles : il l'a roué de coups,
il Ta assommé, il s'est épuisé à travailler, j'ai beaucoup cherché,
en nous aplatissant, etc. Nous avons ici une tournure wallonne
très-remarquable par son énergique précision. Elle parait à peu
près étrangère à la langue française. Mais elle existe en grec et
dans les langues germaniques ; oikôn m'exapataxas, Euatp. Héc.
176, mot à mot, tu m'as effrayée hors de la maison, c'est-à-dire
tu m'as fait sortir en m'effrayant. Einen herauschresien, mot à
mot effrayer quelqu'un dehors, faire sortir quelqu'un en l'ef-
flrayant. — Einen todi schlagen, il. iemanddood slaan, assommer
quelqu'un. — Er hat sieh todt gequaelt^ i s'a tourmetlé moirt, le
chagrin l'a tué, ou simplement, il s'est beaucoup tourmenté. —
Er hat sein Pferd todt geritten, i Fa fait eori moirt, il a crevé son
cheval. — She will smg the savageness ont ofa bear, mot à mot
elle chantera la férocité hors d'un ours, elle pourrait par ses
chants enlever à un ours sa férocité. V. un exemple de Shaks-
peare k l'article précédent. — Dans cette tournure wallonne,
l'adjectif moirt exprime le résultat, l'effet de l'action exprimée
par le verbe. Il est regrettable que la langue française, cette
gueuse fière,' comme dit Voltaire, n'ait pas admis cette façon de
parler. Toutefois, en y regardant de près, il me semble voir
quelque chose d'analogue dans les tournures suivantes : dîner
tout son soûl (*), La Font., la Belette.,.; il ouvre un large bec,
id. le Renard et le Carb. ; c'était ouvrir une porte bien large à la
calomnie, Montesq. Esprit ^ XII, 16.
Mote. J'ai trouvé une mote sur mon habit, fa trové 'rimote
so mi habit. Motte est français, mais répond à un autre mot
wallon motte {di terre). Mote, larve qui ronge les étoffes doit se
traduire par teigne et non par mite. La définition de l'Académie
(petit insecte sans aile et à huit pattes, par exemple mite du
fromage, mite de la farine, ciron domestique, etc.) ne s'applique
pas à la mote des Liégeois, c'est-à-dire à la larve d'un papillon
(') Wall, dintr s'binàxhe, fl. zi/fie bekomsi eten, fl. pop. zijnen buik vOL eten.
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- 267 -
noeturne du genre teigne^ laquelle a trais paires de pattes et
ronge les étoffes. Toutefois le terme de miiCy au sens du wallon
mote^ est connu en France, car il figure dans Littré, qui donne
cet exemple : j'ai trouvé une mite sur mon habit. Ici mite est
évidemment synonyme de teigfie; mais, d'après M. Van Beneden,
cet emploi est abusif ; il n'est nullement conforme à la termi-
nologie scientifique. — Mote vient du néerlandais mot, ail.
motte, angl. moth, même signification.
Mouchettes. Gribouille prit la manchette d'une main,
moucha la chandelle de l'autre, et mit ensuite la mouchure dans
la manchette, Gfibanîe prinda Cmonchette divint 'n^main, moncKta
rchandelle di Vante, et adon metta VmoncKteure è Vmanchette.
(Anecdote connue.) Dites : prit les manchettes, et mit la mou-
chure, ou le moucheron, dans les manchettes.
Le mot manchettes est essentiellement pluriel en français. Il
en est de même de ciseaux, instrument de couturière à deux
branches. On fait un wallonisme en disant : Prêtez-moi votre
ciseau, pmstiz-m^ vosse çuzette. Dites : vas ciseanx.^Un ciseau
de jardinier, ine cuzette di hdïe. Dites : des ciseaux de jardinier.
Toutefois, même dans ce sens, on le trouve quelquefois au
singulier. On n'a point encore mis le ciseau dans cette étoffe,
ÂaD. Je ne me console pas qu'un si beau génie [Diderot], à qui
la nature a donné de si grandes ailes, les voie rognées par le
ciseau des cafards, Volt. (Allusion à l'expression le ciseau, ou
les ciseaux de la censure.) Le ciseau de la Parque, Fén. Tél.
III. Dans le langage usuel, on ne pourrait guère s'autoriser de
ces exemples. -- Ciseau, au singulier, est un instrument tran-
chant par un bout, dont se servent les sculpteurs, les menui-
siers, les maçons, etc. Le menuisier a fait repasser un ciseau,
li scrini a fait r'sinmi an herpai (ou an cizai, Gâmbrésy).
On ne fait pas un wallonisme en traduisant eknèîe par
pincette, au sing. Attiser, arranger, secouer le feu avec la pin-
cette, grawi è feu avau Veknèïe, Mais on dit plus souvent avec
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— 268 —
les pincettes. Inutile d'ajouter que le mot à mol grattei- dans le
feu serait vulgaire et insupportable. — D'après M. Delbœuf
(li Mâïe neur, page 18, noie 7), le moï eknèïe représenterait le
latin tenacula, plur. neutre, liens, attaches ; nouvel exemple
d'un pluriel neutre pris en forme de nom féminin. V. Outil. Ce
qui appuie singulièrement cette étymologie> c'est la forme
wallonne des environs de Mons elnailes. — Pincette est un
diminutif de pince, et signifie proprement Taciion de pincer
doucement, wallon picette ; dans ce sens, il sert à traduire le
wallon bàhi 'n'saki à picette. V. Baiser.
Moyen. 1" Il a bien le moyen, il a bin Vmoyain, er hai
Mittel, ail. hij heeft middels ou' de middels. Dites : il est riche, il
a de la fortune, et, familièrement, il a du foin dans ses bottes
(c'est-à-dire se^ bottes de foin sont bien garnies). Notons que
moyefis, au pluriel, se dit très*bien dans le sens de richesses,
facultés pécuniaires. Ex. (\ Rome) c'étaient les moyens et les
richesses qui donnaient le suffrage, Montesq. Espr. II, 3. Je ne
connais pas ses moyens, ses moyens ne sont pas considérables,
ÀGAD. Cependant la tournure c^est un homme qui a des moyens
serait triviale. — Mais on dira très-bien, même au singulier,
avec un complément : tu as bien le moyen de faire cette
dépense, Va bin Vmoyain d'dispante coula. C'est à tort qu'on a
condamné cette tournure ; elle est admise par Littré, qui cite
l'exemple suivant : Elle n'avait pas le moyen de la mener à Paris
pour la faire voir à des chirurgiens, Genus. — On dit très-bien,
dans un sens général : avez-vous le moyen de faire cela? pour
le pouvoir, la faculté de faire cela, et cette même tournure, le
moyen de faire cela, peut prendre tout naturellement, grâce au
contexte, le sens particulier de facultés pécuniaires.
2° Tâcher moyen de se sauver, tachi moyain di s"sàvà\ Dites :
tâcher de trouver le moyen de s'évader, ou, simplement,
chercher à s'évader.
Moyenne. Le père était moyenne, et le fils est un pauvre
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hère, lipéi-e estent moyainné (fl. bemiddeld), et VfU est onpauve
chin. Dites : le père était riche, opulent, à son aise. Plusieurs
traduisent à tort ce mot par fortuné, qui signifie, non pas
riche, mais bien traité de la fortune, ou du sort, à qui tout
réussit. Ne plaignons plus des disgrâces qui font sa félicité ; si
elle avait été plus fortunée, son histoire serait plus pompeuse,
mais ses œuvres seraient moins pleines, Boss. Reine i'Angl, —
Siècles fortunés, région fortunée, Iles fortunées, Litt.— « Dans
la logique du peuple, un homme fortuné est nécessairement un
homme riche; c'est un barbarisme très-commun dans la langue,
et qui provient d'une erreur très-commune dans la nforale. »
Nodier, Examen critique des Dict,
Muret. Un muret, on muret. Ce mot s'emploie, je crois,
dans toute la Wallonie. Dites un murer, et prononcez muré
(Littré). Murer est français, bien qu*il ne figure pas dans le
Dictionnaire de FAcadémie. Mais on dit mieux giroflée de
muraille, ou giroflée jaune. Autres noms: violine, violier jaune,
ravenelle.
N
Ne. lo Prenez garde de ne pas tomber, loukiz à vos qu^vos
n'toumésse. C'est une fausse traduction ; ne se met en français
lorsqu'on emploie la construction wallonne, ce qui n*a lieu que
quand le sujet des deux verbes est difl^érent : Prenez garde que
l'enfant ne tombe. — Il faut dire : prenez garde de tomber. —
Cependant ne serait de rigueur si l'on se servait de la tournure
pins rare, prenez garde à . Prenez garde à ne pas tomber.
2" Ils ont plus de pain qu'il leur en faut, il ont pus d'poin quH
leu faut, namurois, Bull. a. 70, p. 176. Dites: plus de pain qu'il ne
leur (en) faut. - On fait toujours le loup plus gros qu'il est, on
fait todis Vleûp pus gros qu'il est, prov. namur., Aurmonaq di
Nam. a. 70, p. 18. Dites : plus gros qu'il n'est. Plus souvent
qu'on pense, pus souvint qu'on pinse, Arm. de Mons, a. 72. p. 32.
Dites : qu'on ne pense.
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— 870 —
Cet emploi de tie est syllepUque, si l'oti peut dire; il modifie
la pensée présentée d'une autre façon : le loup n*est pas aussi
gros qu'on le fait. Le patois de Namur et peut-être celui de
Mons, emploient la tournure latine.
3"* Avant que je ne Taie fait, avant que je n'iaine fait^ p. de
Mons (SiGART« au mot marone).— Il était là avant que je n'y fusse
il eâteût là amà qui fni fouxhe^ ou md qui j'ni fourche, liég.
(Grandg., au mot amà). — Allez le voir avant qu'il ne parte,
allez el vHe divant quH n' pâte.
Ghapsal a mis à la mode ce principe par trop absolu (i) : Avant
que n'est jamais suivi de ne. Il est de fait que l'Académie ne
donne pas un seul exemple de la négative après avant que^ et
c'est en effet ainsi qu'on s^exprime le plus souvent. Hais Littré»
d'accord avec le grammairien Lemaire, admet l'emploi de ne
après avant que, sans tenir compte de la distinction établie par
Girault-Duvivier entre avant que sans ne, et avant que avec ne.
Il cite cet exemple de Buffon : Lorsque le tigre leur fend et leur
déchire le corps, c'est pour y plonger la tête et pour sucer à
longs traits le sang dont il vient d'ouvrir la source, qui tarit
presque toujours avant que sa soif ne s'éteigne, lïgre. Voici
d'autres exemples : II ne vaut pas la peine de rien faire avant
que les volontés de M. Fouquet se soient fixées, Monteso.
Lettres fam., 1. Avant que Dieu n*en arrête le progrès [des
maux dont l'Eglise gémit], ils peuvent la conduire au bord de la
ruine, Lamennais, Affaires de Rome, p. 228.
4» Sans qu'il ne se doute de rien, j'essayerai de revenir, sins
quH n'si dote di rin, ji sâïerei de riVni, liég. Ann. 63, 3« 1., p. 70.
Dites: sans qu'il se doute... Sans que cela ne paraisse, sans
qu'ça n'paraisse, mont. Dites : sans que cela paraisse.
Après sins qui, la particule ni peut s'employer, mais elle n'est
pas de rigueur. / lèïa donc aller tôt à Vwâde di Diew, sins qui
(<) M. VaD HoUebeke dit simplement qa^après avant que le verbe aubordonjoé
ne prend paa généralement la négation nel Gram. fr., 9e dd., § SSO.
Digitizgd^
r.r^r^q^
- S71 -
s'meskenne si k'dûhaxhe di taper iodis èvôie tes aime è saiweû,
Macnée, Aon. 71, p. 75. Mais la syntaxe Ihincaise n^dmet pas
remploi de ne après sans que. Littré cite un exemple de M. de
Sévigné qui n'est pas à imiter. Il est bon d'ajouter que, quand
on supprime sans ou avants l'emploi de ne est de rigueur : Il
ne &it point de voyage qu'il ne lui arrive quelque accident ; je
n'irai point là que tout ne soit prêt, Agad.
S» J'avais eu peur que les jambons restassent sur mon compte,
f avais eu peur que lés gambons nCrestié dessus lés reins, Fvraie
Ervue dé Mons^ a. 69^ p. 83. Dites : ne restassent sur mon
compte. — Je tremblais de peur que votre oncle arrivât, ji
troniiéve lès balzin qu'vosse mononke arrivaxhe, Delchef, les
deux Neveu, 1, 3. Dites : Je tremblais de peur que votre oncle
n'arrivât.
On connaît la règle relative à l'emploi de ne après les verbes
qui signifient craindre; elle existe aussi dans les patois, mais
elle n'y est pas absolue comme en français, ainsi que le
prouvent les deux exemples cités plus haut.
Né natif. Je suis 7ié natif de Mons, y sue né natif dé Mon,
mont. Dites simplement : Je suis natif de Mons.
Cette locution est commune et basse. Littré paraît disposé
à radmettre dans la poésie badine. On peut douter que les
poètes s'en servent jamais quand ils parlent en leur nom. Cette
expression vicieuse ne se rencontre que chez les écrivains qui
tiennent à conserver à leurs personnages pris dans le peuple,
un langage conforme à leurs habitudes.
Neveuse, pat. de Liège. Dites : nièce.
NI. Ni l'un ni l'autre n*est content, ni onke ni Vaule n'est con-
tint. For. Le pluriel est plus correct : ni l'un ni l'autre ne sont
contents. Tout sujet dont les parties sont unies par ni, exige le
verbe au pluriel. Hais quand l'une des deux personnes que dési-
gnent les mots unis par ni, fait seule l'action exprimée par le
verbe^ celui-ci se met au singulier. Cette règle a pour elle l'au-
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torilé do Wailly, de Marmontel el de GirauU-Duvivier. Elle
parait fondée en raison. La Grammaire des Grammaires cite
bon nombre d'exemples de grands écrivains qui ne l*ont pas
observée; mais que de règles ne pourrait-on pas renverser en
invoquant des textes empruntés aux meilleurs auteurs ? Un
eritique n*a-t-il pas cherché, par ce moyen, à prouver queeour^
les règles posées par Gbapsaldans sa Grammaire étaient Tausses.
De tout cela concluons que ce n*est pas précisément une faute
que de dire : ni l'un ni l'autre n'est content; mais il est préféi^ble
de dire : ne sont contents.
Noblesse, l"* Il a épousé une noblesse, il a sposé n'nôblesse.
Dites : il a épousé une personne noble.
Noir. Il est habillé noir, il est neûr moussi, er ist sehwarz
gekleidet, ail. Dites : il est habillé, ou vêtu de noir, âcâd. Bes-
cherelle blâme la locution habillé en noir, qui se trouve dans
Boiste ; il faut convenir que bien des gens s'expriment ainsi.
Comparez le flamand zich in'l zwart kleedeti, zich in het wit klee-
dén. Mais on dira très-bien, en supprimant habillé : Il est en
noir, ÂGAD.
2'' Je bois mon café notr, ji beû m'cafè neùr. Je bois du café
noir, ji beûs de neûr café, ik drink zwarte ko/fîj. En France,
on se sert habituellement de la tournure : je bois mon café sans
lait, du café sans lait. On dit aussi café à Veau (Trévoux) : on
sert ordinairement du café à l'eau dans une demi-tasse, Lirr.
au mot tasse. Toutefois j'ai trouvé café noir dans M"« de Ségur :
Il fit apporter du café noir,Di% le Chemineau.WVUl. Prendre
du café noir, ibid.
Nonante, septante. Ces termes sont usités en Belgique,
dans le midi de la France et en Suisse. Il sont aussi inconnus à
un Parisien que l'ancien mot octante (quatre-vingts) l'est même à
un habitant du pays de Liège. Les Liégeois de la vieille roche
ont cependant dans leur patois le mot hûtante que j'ai entendu
souvent dans la bouche des bateliers {naiveu) qui déchargeaient
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— 273 ~
leurs pavés au bord de FOurthe, outre-Meuse. « L'emploi des
mots soixante-dix et quatre-vingt-dix, au lieu de septante ei
nonante, m'a valu plus d'une fois l'épithète de fransquilloo (Gai-
lomane, Litt.).» FoRn, préface de son Diet.— Ces dénominations
proviennent d'une ancienne coutume de compter par vingtaines,
laquelle s'est conservée invariablement en France, pour ces trois
mots et pour quinze-vingts. Au dire deSigart, c'était une manière
de compter particulière à nos ancêtres les Celtes ; elle fleurit
encore dans le pays de Galles. Il n'est pas rare d'entendre nos
campagnards en user dans la vente de leurs bestiaux; ils disent,
par exemple, qu'un veau, qu'un porc pèse huit-vingts, neuf-
vingts, etc.^ en sous-entendant le mot livres. (Forir.) Toutefois,
malgré la respectable antiquité attribuée à ces noms de
nombre (4), nous connaissons plusieurs professeurs de mathé-
matiques, parlant d'ailleurs très-élégamment, qui continuent à
ne pas vouloir interrompre la série uniforme des adjectifs nu-
méraux, et se servent quand même de septante et de nonante.
Pourquoi pas aussi d*octante? Ce dernier mot, ainsi que septante
et nonante, figure dans le Dictionnaire de l'Académie comme
termes vieillis.
Non fttlt. Je comprends.— iVon fait.^Ji eompritids.^Non
fait (ou non firet.onnoûna, FomR).pat. ardennais.— £;' comprinds.
— Non fait, ou non fra, pat. de Hons. — Dites : Je comprends.
— Non pas, ou au contraire, vous ne comprenez pas, ou, plus
poliment, excusez-moi, veuillez m'excuser, je me suis sans
doute mal expliqué.
Non fait signifie au contraire, et s'emploie quand on nie ce
qu'un autre affirme. Cela se disait autrefois en France : si fait,
non fait termes durs et mal polis. De Caillières, 1690, dans
LiTT. — Si fait, pour affirmer ce qu'un autre nie, est, d'après
(*) Oiuttre-vingt-dix Sê rencontre souvent dans le Livre des chartes et privi-
lèges des bons métiers de Liège, et dans d'autres documenU liégeois très-
anciens.
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~ 274 —
TAcadémie, une façon de parler familière, et, d'après Littré,
populaire. Ex. Je crois qu'il n*y a pas été. Si fait, il y a été.
Académie. Ji creva quH n'y a nin stu. Si fait (Forir), ou sia.
— L'affirmation si est familière. « Le mot si étant destiné à
détruire une opinion exprimée par notre interlocuteur, n'est
pas une tournure polie quand on parle à ses supérieurs. »
JuLLiEN. Or si fait renforce encore cette espèce d'affirmation.
Les patois ne s'inquiètent guère de ces nuances. On rendra
donc dans certains cas le wallon si fait, et sia par d'autres for-
mules, comme, je vous demande pardon, ou simplement pardon,
excusez-moi, etc. Ex. Vos n'avez nin fait vosse divoir. — Sia
monsieu, ou si fait, monsieu. — Vous n'avez pas fait votre
devoir.— Pardon, monsieur.-— Si, »iow««ir, pourrait encore se
risquer, pourvu qu'il fût accentué convenablement; mais si fait^
serait impoli, par exemple dans la bouche d'un fils parlant à
son père.
NotarieL Acte notariel, ake nôtâriéle. Dites : acte notarié,
AcAD. Au féminin, l'adjectif wallon reprend la forme française :
qwittance nôtâriêîe, quittance notariée, Acad. — Le masculin
nôtâriél représente l'adjectif français notarial (Besch. Litt.),
qui ne pourrait être remplacé par notaiié dans les locutions
suivantes : fonctions notariales, jurisprudence notariale, Besch.,
un enseignement notarial, Bonjean dans Litt. Notons que Littré
a aussi actes notariaux.
Nuit. 1» Il était neuf heures de la nuit, ou à la nuit, il esteût
noûf heure à Vnutte, hég. Dites : neuf heures du soir.
2*^ A la nuit, au nulte, mont. Dites : vers le soir, ou sur le
soir, Acad. Le patois de Liège a conservé pour exprimer la
même idée, une vieille locution française : à Vvespréîe, à la
vesprée; c'est un très-joli mot, que Bescherelle a inséré dans
son Dictionnaire, et qui mériterait d'être rajeuni par nos
poètes.
Nul. L'eau n'a nulle couleur, n'a aucune couleur, Vaiwe n'a
mile coleûr, liég. Dites : n'a pas de couleur, est incolore.
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Cet emploi de nul et de aucun pour pas de, point de, est tout
germanique ; il est assez fréquent dans les patois wallons : / n'a
nu $ée à V soupe, ei* is geen wut in de soep, fl. es gibt kein Salz in
derSuppeyM. La tournure existait aussi en lâtin : hœc arbor
nullos fer et fructus, cet arbre ne portera pas de fruits.
o.
Où. Est-ce là où vous demeurez? est-ce là misse qui vos
d^moréz ? Dites : est-ce là que vous demeurez 1 Làoù forme ici
un pléonasme dont Littré cite un exemple, mais qui, aujour-
d'hui, est considéré comme une faute : G*est là oii visent ceux
qui en font une profession publique, Mass. Injustice. On a vu au
mot là dans quel cas là oU est correct.
Cette phrase : est-ce là où vous demeurez ? ne renferme en
réalité que renonciation d*un jugement : Vous demeurez là ? La
tournure c*est... que est le seul moyen que le français actuel, si
timide, si sévère dans sa construction, ait de faire ressortir
Tadverbe là. Le latin disait Ibine habitas'tyoilk la vraie construc-
tion logique, c'est-à-dire celle qui est conforme aux idées et au
rang qu'elles doivent occuper dans la proposition ; on voit que
la construction logique comme l'entendent certains grammai-
riens, Ghapsal entre autres, (sujet, verbe, attribut, etc.) est
souvent fort peu logique. Je ne sais si la vieille langue française
eût pu imiter la tournure ibine habitas ? Mais ce qui est certain,
c*est que ce bel idiome, en se constituant sous la plume de
Malherbe et de Balzac, a perdu de la naïveté et de la franchise
d'allures qui distinguait la langue d'Amyot et de Montaigne.
Oublier. Tu oublies ce que tu as été, ti rouvètes çou qu' t'as
stu, liég., ete robeyes (ou roblies) çu qu^ tas sté, p. du Hainaut,
fl. gij vergeet wut gij geweest zijt. L'expression consacrée est :
tu oublies qui tu es, à savoir, tu te méconnais, tu veux, par
orgueil, l'élever au-dessus de ta condition.
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Outil. i)e bonnes outils, dès bonnes ustète. Dites : de bons
outils. Le français a conservé le genre correspondant au genre
neutre du latin fictif usitUia. Pour expliquer le genre féminin du
wallon, il faut se rappeler que le bas-latin avait changé en noms
féminins singuliers beaucoup de pluriels neutres en a ou ta.
Brachet cite (i) un texte mérovingien renfermant pecoras, et il
ajoute que le latin populaire présentait déjà ce genre de fautes,
même à Rome. Le français a usé largement de cette faculté que
la basse latinité s'était arrogée : animalia, fr. aumailles, fém.
bêtes à cornes , wall. âmate , fém. génisse ; cochlearia^
cuiller (s) ; maria, mer; mirabilia, merveille ; fra^tuah'a, bataille;
pecora, pécore; altaria^ wall. âté, fém.
Outre, l"* On ne voit pas outre, on rivent nin oute. Dites : on
ne voit pas à travers. Outre est ordinairement préposition :
outre-mer, outre-Rhin, outre-Meuse, outre-Moerdyk, outre-
Quiévrain. Employé comme adverbe, il signifie plus loin, plus
avant, et ne s'emploie qu*avec certains verbes, comme aller ^
passer, etc. Ex. Il n*alla pas plus outre, Acad. La nuit qui sur-
vint l'empêcha de passer outre, id.
S*" Outre de cela> son mari était soldat, oute di coula, si homme
esteût sôdârt, Bull. a. 60, p. 79. Dites: outre cela, son mari...,
ou bien, en outre, son mari... — En outre de cela est une locu-
tion tout aussi barbare, qui se dit également en France.
Paf. Quand il m'aperçut, il fut tout paf, qwand i m^aperçuva,
i fourit tôt paf, liég. il a sté tout paf, mont, he was geheel paf. fl.
Dites : il fut stupéfait, il fut tout saisi.
L'interjection p//, paf indique un coup donné: Pif, paf, en
(*) Grammaire historique, p. '157 et passim.
("j A l'inverse de o»ri7, le wallon cui, est resté masculin.
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veux-tu, en voilà, Litt. — Tous les patois de la Wallonie, de la
Flandre française (Yermesse, rester paf ou épaf) et même du
pays flamand emploient le mot pa/" adjectivement ; cette onoma-
topée, prise ainsi au figuré, donne à la phrase une énergie
singulière ; malheureusement cela n*est pas français.— A Paris,
le peuple entend paf dans le sens de pris de vin (Lorédan
Larchey). Vous avez été joliment paf hier, Balzac, dans Litt.
Paire. La paire est, selon le Vocabulaire des houilleurs
liégeois de H. Stanislas Bormans, un terrain entouré de palis-
sades ou de murs, où l'on remise la houille en attendant qu'elle
soit vendue. G*est probablement Tancien français pare (mur),
qui est dans Roquefort, et qui vient du latin paries, même
signification. Le mot paire se dit aussi du chantier d'un mar-
chand de bois. Hais dans le sens spécial indiqué plus haut, il
n'a pas d'équivalent en français.
Pakusse. Le pakusse, el pakusse (masc.) lill., tournais.,
mont. — La pakusse, li pakhûsse, (fém.) liég. C'est un mot
flamand : pakhuis, pak, paquet, huis, maison. Tous les patois
l'emploient, de Verviers à Lille, mais il n'est pas français. Poirtà'
dès sèch è Vpakhûsse ; tournez : porter des sacs au magasin.
Panais. Une panais qui monte en graines, inepandxhe qui
monte. Dites : tin panais.
Panâxhe a conservé le genre du latin po^/ina^^a, d'où il dérive.
Je n'ai pu découvrir comment Littré le fait venir de panax,
acis, masculin, qui signifie panacée, c'est-à-dire plante imagi-
naire qui guérissait toute espèce de maladie. Si cette dernière
dérivation était exacte, le genre du français panais s'expli-
querait.
Pantomime. Il joue bien la pantomine (n), ijowe bin Ppan-
iomenne^ patois fl. pantomine. Dites : la pantomime (avec m).
Cette faute est presque générale.
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Pape. Dormir comme un pape, {a bref) dormir comme uh
paquety doirmi comme on pape, comme on paquet. Gela ne se dit
pas en français. Les tournures employées sont: dormir comme
un loir, comme une souche, comme un sabot {comme on
tournai. Renâcle), comme une marmotte.
Pftque. Le sacristain a apporté de la pdque, li sacristain a
st-appoirté dèV pâque. Dites du buis bénit. — Une bordure de
pâque, ine boirdeure di pâque. Dites : de buis. — A Tournai et à
Mons, on dit également du pâque, pour du buis bénit.
On bénit le buis le jour des Rameaux, qui s'appelle aussi
Pâques fleuries, floréîe Pâque. De là le sens figuré du wallon
pâque.
Paraît. Je me fais obéir^paraf^ moi,;ï méfait ïioûtir, parait,
mi. — Le coquin, c'est vous, paraît, li câlin, c'est vos, parait.--
Vous n'en avez cure, eh bien moi, je le veux, paraît, vos nVaviz
d^keure, éh bin, ji vous, mi, parait.
Cette particule, qui équivaut pai^fois à de et à savez, se dit
sans ajouter au sens, et seulement pour attirer l'attention ou
pour affirmer avec plus de force. Le français emploie en ce sens
voyez-vous et vois-tu. Seulement parait se met à la fin, ou vers
la fin de la proposition, tandis que la locution française n'a pas
de place déterminée. Ex. Vois-tu bien, tu ne me persuaderas
pas, LiTT. Voyez-bien, madame, le silence m'est mortel, Baron.
Vous ne partez pas ? — Non, c'est impossible, vois-tu, A. Mus-
set, André del Sarto. Corrigeons donc les phrases précédentes:
Voyez- vous, je me fais obéir, moi. Le coquin, voyez-vous, c'est
vous. Vous ne vous en souciez pas ; eh bien, moi, je veux que
cela soit, voyez-vous.
Le wallon dit aussi veus*s ( s pour t' par assimilation ) et vèie
(pouv vèyeZ'V") Quivoux-s' dire'( qui voux-s' férJ ti vous qu*ti
n'voux rin, veus-s\ Rem. Se dit à un capricieux qui change con-
tinuellement d'avis. — Vo tlà, vête, le voilà, voyez-vous.
ParafTe. Quelle vilaine parafe! quéle laite parafe. Ce mot est
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masculin en français. Quel vilain paraphe ! Les deux orthogra-
phes sont admises parTAcadémie.
Pareil. !<" Si nous avons volé, on nous a fait pareil, si nos
avans happé, on nos a fait parère, Bull. a. 67, p. S4. Dites: on a
agi de même à notre égard. — N. B. On ne dit pas en agir, mais
on dit en user. — Ils sont habillés tout pareil, i sont moussi toi fi
parHe. Dites : ils sont habillés de même, ou tout de même.
V Mon chapeau est pareil du vôtre, mi chapai est parèie del
vosse. Dites : est pareil au vôtre. — Pareil peut s'employer
substantivement et alors il prend de; mais il faut prendre garde
à la tournure : C'est un homme qui n'a pas son pareil ; il a un
beau cheval de caresse, mais il ne peut trouver son pareil. Acad.
Je lui ai promis le pareil de celui qu'il avait reçu, Dumas, Kean,
III, 4.
Parent. 1* On entend parfois dire : un parent est venu parler
au professeur, on parint a v'nou jàsér avou Vmatse, pat. tl. eeii
ouder... un de mes parents, onke di mes parint, pour signifier le
père ou la mère. C'est un latinisme qui s'est maintenu dans la
langue anglaise. Dans ce sens le français parents ne s'emploie
qu'au pluriel. Il faut dire : un père ou une mère...; mon père ou
ma mère.
i^ Je suis parent avec lui, ji sos parint avou lu^ ik ben met hem
verwant, en patois, ik ben familie met hem, fl. ich bin mit ihm ver-
wandt, ail. Dites ; il est mon parent, il est de mes parents.
y. Ami et Camarade. Cette construction serait admise avec a/tî^,
car l'Académie dit s'allier à, et s'allier avec une bonne famille.
Pardonner. On Ta pardonné en considération de sa jeu-
nesse, on Va pardonné â respect di s'jônesse. Dites : on lui a
pardonné.
On pardonne quelque chose, et on pardonne à quelqu'un
Toutefois l'usage admet quelquefois le passif être pardo^
même avec un nom de personnes. Corinne, s'écria-t-ii
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jetant à ses genoux, je suis pardonné, Staël. Vous êtes tout
pardonné, se dit à celui qui, par civilité, demande pardon d'une
liberté qu'il a prise, d'une inconvenance qu'il a commise ; en
wallon, ci n'est rin éCçoula. V. Ribw, !•.
Parmi. Ces livres m'ont coûté deux francs un parmi l'autre,
ces Hvc-Ul m'ont costé deux franc onke parmi Paute. Dites : l'un
portant l'autre, ou l'un dans l'autre, Acad., au mot Dans. On
peut encore traduire de diverses autres manières. Ifie annexe
parmi Faute, igna à pône treus d'mariège à Li^^, année commune»
il y a à peine trois divorces à Liège, ou, en moyenne, il y a
annuellement... Lès terre di cisse cinse4à valet ottant Vvège eune
parmi Faute, les terres de cette ferme valent tant (v. Autant)
la verge, le fort portant le faible, ou, du fort au iiaible. —
Ji wangne treus mëie franc ine annêïe parmi Faute, je gagne, bon
an, mal an, trois mille francs.
Part. Part à nous deux, part à nos deux, liég. part à nous
aute deux, mont. Nous est de trop. Part à deux, Litt. On dit
aussi : J'y retiens part, Acad., Besch., Litt., et j'en retiens part,
Acad.
Participe passé. Les trois lettres que j'ai écrit, lès treus
lette qui fa serit, liég., les femmes que j*ai vu, lès feumme
quifavèïou, liég., les belles ablettes que j'ai pfis, lès belles
ablette qui fa pris, liég. ( ou les beaux ables que j'ai pris ) ; les
dames que j'ai rencontré, lès madame qui fa rescontré, nam.
Le participe passé, conjugué avec avoir, reste toujours inva-
riable en wallon ; on connaît la règle française : les trois lettres
que j'ai écrites, les femmes que j'ai vues, les belles ablettes que
j*ai prises, les dames que j'ai rencontrées. De même on dira, en
parlant d'une comète: je Tai vue, et non pas je l'ai vu, ji Va vètou,
liég.; en parlant de noisettes : je les ai cassées (V. Croquer), et
non pas je les ai cassé, ji lès a crohi ; on dira : quelle robe avez-
vous mise ? et non pas mis ? qvéle robe av" mettou ?
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M. Ghavée, dans son Parallèle linguistique {Français et Wal-
lons), trouve que le wallon a manqué de logique en tenant son
participe invariable. Il part du principe que la langue romane a
reçu directement du latin ses types de conjugaisons composées:
Veetigalia parvo pretio redempta habet, il a racheté le tribut à
bas prix ; De Cmare satis dictum habeo, j*en ai assez dit sur
César. A ce compte, les cantatrices que j'ai entendues traduit
cantrices quas haheoauditaSj tandis que lenamurois /es chanteuse
qui fa oiiu équivaut à cette monstruosité quas habeo auditum.
Mais cette acception particulière que le verbe avoir a prise
dans les langues novo-latines est très-rare dans le latin« au lieu
qu'elle constitue un des éléments essentiels de la conjugaison
des langues germaniques ; quelle que soit l'étymologie primor-
diale de notre passé indéfini, une chose ne peut être révoquée
en doute : « l'usage auxiliaire que haben avait plus souvent dans
la langue teutonique a prédominé dans la formation de nos
idiomes modernes. » Villemain, Tableau du moyen-âge, 3«
leçon. Or, dans les langues germaniques, le participe passé,
employé avec un auxiliaire, reste toujours invariable ; ne
serait-ce point là la cause de l'invariabilité des participes
conjugués avec avoir, dans les rameaux de la langue romane,
qui, resserrés de toutes parts à l'extrémité septentrionale, entre
le néerlandais et l'allemand, depuis Arlon jusqu'à Dunkerque,
ont subi, d'une façon plus immédiate, plus permanente, l'in-
fluence de rélément germanique ?
Au reste, cette invariabilité peut se justifier. Procédons par
voie de comparaison : le français^ après avoir dit, dans le
principe, fai à aimer, a dit ensuite, faimer-ai, et en est venu
enfin à la Torme simple f aimerai, Brachet {Nouvelle Gramm.
franc,, § 270) cite ce texte de Cicéron : habeo ad te scribere, j'ai
à t'écrire, et ce texte plus caractéristique de Saint-Augustin :
venire habet, pour il vietidra. De même, les langues germaniques,
tout en conservant dans ces formes composées ich habe geliebt,
ich halte geliebt, les éléments complètement séparés, les consi-
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dërent néanmoins comme des toute indivisibles, quand il s'agit
d'y accoler des compléments ; et, lorsque je dis diejenige, welche
ieh gelidft habe, ceux que j'ai aimés, welche est complément,
non pas de habCy mais de geliebt habe ; précisément comme dans
le français ceux que faimeraij que est complément, non pas de
aimer, ce qui pouvait se dire dans la construction j'aimer-aU
mais de la forme agglutinée aimerai. On fkit donc abstraction
delà valeur adjective du participe geliebt^ que le participe
redempta conserve dans le texte latin, vectigalia redempta habet.
Nous appliquons ce raisonnement à nos patois wallons, et
nous croyons pouvoir conclure que ce qu'on pourrait de prime-
abord considérer comme une anomalie monstrueuse, a au
contraire sa raison d'être, et se justifie par l'analogie des
idiomes qui, à Tépoque de la formation, ont pesé dans la
balance.
Le français lui-même, si fidèle soit-il resté, sous ce rapport,
à la syntaxe de la langue latine, n'en a pns moins fini par
adopter, en partie du moins, la règle que nous appliquons cons-
tamment en wallon. Jusqu'au XVI* siècle, le participe passé,
employé avec avoir, était considéré comme adjectif et variable,
le complément direct fût-il même placé devant le participe.
Jacques Dubois, dans sa grammaire imprimée en 1531, dit : Par
la même raison que Ton dit : la vertu est admirée, on doit dire:
nous avons admirée la vertu. Mais en 1562, un autre gram-
mairien, La Ramée, posa le principe de l'invariabilité du
participe suivi du complément direct, principe qui commençait
déjà à être consacré par l'usage, et qui a prévalu depuis, grâce
à la sanction que l'Académie lui accorda dès la première édition
de son dictionnaire.
La doctrine actuelle, qui fait le désespoir des étrangers et de
nos collégiens, à cause de ses complications infinies, ne laisse
pas d'avoir ses avantages. Prenons pour exemple cette phrase
liégeoise : ji Va vHou ponde (je parle d'une femme) ; cette phrase
a un double sens : j'ai vu la femme qui peignait, et j'ai vu qu'on
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peignait la femme ; l'amphibologie disparaît en français ; dans
le premier cas, je dis je l'ai vue peindre, et dans le second, je
rai vu peindre. Toutefois la règle wallonne est parfois précieuse
également. Je dis en parlant d'armes : les avez-vous changées ?
et la phrase a un double sens : cela signifie ou bien : les armes
que vous tenez ii la main sont-elles chargées ? ou bien simple-
ment, avez-vous accompli l'acte exprimé par le verbe charger f
Le wallon dit, dans le premier cas : lès avéz-v' chergéies ? et
dans le second : lès avéz-v" chergi ? Dans la première phrase, le
participe conserve sa valeur adjective, dans la seconde, il fait
corps avec l'auxiliaire.
Partir. J'at parti pour Huy, /a parti po Eu, Dites : Je suis
parti.
Passement. Lire et fumer sont des passements de temps
agréables pour les gens casaniers, lire et fourni sont dès passe-
mint ilimps agrèiâbes po l'ciqui (Pmeùre todis è rcoulèïe di s' feû.
Dites : sont des passe-temps agréables. — Tous ces passements
de temps vous font du tort, tos ces passemint dHimps vi fèt dès
toirt. Dites : toutes ces pertes de temps...
Passer. 1<^ Il a passé serment, il a passé sermint. Dites : il a
prêté serment. — fè passereus sèrmint. Tournez : j'en ferais
serment.
2r Passer les baguettes, passer lès vège, liég. passer Us rouffe,
Remaglb, de wissen passeereti^ pat. flam. Dites : passer par les
baguettes, ou par les verges, Agad.
3^' Il y a passé trois mille ans, il a passé trois mille ans^ mont.
Dites : il y a plus de trois mille ans. — Il doit passé trois cents
francs, i deût passé treus cints franc. Dites : il doit plus de trois
cents francs. — Passée employé comme préposition, signifie
après : Passé trois heures, vous ne me trouverez plus chez
moi.
4® La nuit avant celle qui est passée, H nulle divant Fcisse
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qu'est pasiéiCy fl. de nacht voor de verleden, en patois de gepas-
seerd. Diles : ravantrdernière nuit.
S® Papier qui passe, papt qui passe. Dites : qui boit. Plusieurs
disent à tort papier buvard. Buvard est un substantif qui sert à
désigner une sorte d'album où toutes les feuilles sont de ce
papier, et dont on se sert pour faire sécher Tencre d'une écri-
ture fraîche.
Patin. Aller à patins, aller à patiriy liég. Dites : aller sur
des patins, ou en patins, Acad. Ici c'est le français qui est
conforme au flamand ; la chose est assez rare pour qu*on la
remarque une fois en passant : op sehaatsen rijdefi.
Pavée. Allez balayer la pavée, aUéz-s" hover Tpaviie, Diles :
allez balayer la chaussée, la rue, ou le pavé.
Pavé se dit en français de la voie publique, en tant que garnie
de pavés : Ne quittez pas le pavé, Acad. Pavêïe a un sens moins
précis que pavé ; ces deux termes ne sont pas toujours équiva-
lents : I juréve à milliard so totrmonde è Ppavéte, Li mâïe neur^
I, 2. Il jurait comme un païen après (voir Sur, n^» i) tout le
monde dans la rue, et non pas sur le pavé.
Pêche. J*ai acheté une pèche, j'ai acaté enne pèque, expres-
sion tournaisienne pour, j'ai acheté une ligne. Ce mot est évi-
demment le même que le français pèche, et le liégeois pèxhe,
qui ont conservé le sens abstrait, Ex. La pèche à la ligne, li
pèxhe à riignoiUe, ou d Fvège,
Peine. 1» Avoir de la peine de marcher, avu de Vpône de
rotér. Dites : Avoir de la peine à marcher Ce gallicisme sert à
traduire un autre wallonisme : avu mâldhéie de roter. V. à
Tart. Facile. On supprime parfois l'article : J'ai peine à voir
clair dans tout ceci, Acad.
^ Cela ne vaut pas les peines d'en parler, ou ce n'est pas les
peines d'en parler, çoulà rivât nin lès pône de *nnè parler. Dites :
cela ne vaut pas la peine, ou ce n'est pas la peine d'en parler.
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— Employé absolument (çoulà n'véU nin lès pêne, liég., e'n'est nié
lés peines, mont.), ce wallonisme se rendra en très-bon style
par : il n'y a pas de quoi. V. Quoi.
3* A peine est-ce que yen peux croire mes yem^^àpeine est-ce
que fpus coire mes iSj Avent. deJ.de NiveUeSy p. 14. Dites : A
peine puis-je en croire mes yeux.
Peindre. Peindre un mur jaune, ponde on meur jenne, een
muur geel schUdereny fil. eine Mauer gelb bemaleny ail. Dites :
peindre un mur en jaune, ou le peindre de jaune, Agad.
Pelneuz. Il s*en retourna ioni peineux, enri è râla tôt pèneux.
Dites : tout penaud. Peineux ne peut s'employer dans le sens
de embarrassé, honteux, interdit. Mais H pèneusse samainne
pourrait se rendre par la semaine peineuse (la semaine sainte,
la semaine de la passion), que Litlré cite cependant comme
tombé en désuétude.
Pelle et Palette. Frire des œufs dans la pèle, fricassér dès
où è l'péle. Dites : Frire (et non pas fiicasser) des œufs dans la
poêle (pr. poale). Dans le Hainaut on iii patelle,
P^2/^ est français, mais correspond aux expressions wallonnes :
palette baisse, pelle à feu, et truvelle ou houppe. Ne dites donc
pas : enlevez les cendres avec la palette, westéz lès cinde avou
VpaUtte ; charger une charrette à Taide d*une truelle. Dites :
avec la pelle, à l'aide d'une pelle. Les mots français palette et
truelle ont une autre signification ; une palette de peintre, une
truelle de maçon.
Perdu. V. Gagner.
Perle. Des perles fins y dès fins pièl. Dites : Des perles
fines.
Péter. 1» On entendit péter la larme de verre, on-z-ota pètér
Vbalotte (larme de verre creuse fulminante). — Le laurier et le
se\ pètent dans le feu, li latori et Vsé pètèt è feu.
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Péter se dit figurément en français de certaines choses qoi
font un bruit subit et éclatant. Le bois de cbéne pète dans le
feu ; le laurier et le sel, jetés dans le feu, pètent ; cette botte
(wall. chambe), ce pistolet pètent bien ; cette bouteille de vin
mousseux a bien peté, Acad.
^'^ La chaudière péta^ li chôdire pèta. Dites : éclata, se brisa.
Icipâ^ est encore employé figurément, mais dans le sens de
se fendre^ se fêler ^ crever. Je doute fort qu'il puisse prendre en
français cette signification ailleurs que dans les locutions : son
fusil, son pistolet lui a peté dans la main, Acad. Dans tous les
cas, on fera bien d'éviter ce mot, qui n'est rien moins qu'éié-
gant.
3^ Mais les tournures : le poêlon de terre est pété, un carreau
pétéy li pêlette di terre qu'est pètéte^ on quârai pèté, sont pure-
ment wallonnes. Dites : le poêlon est fendu, le carreau de vitre
est fêlé, ou étoile (suivant le cas).
4> Péter des pommes de terre, des marrons, pètér dès crom"
pircy dès marroUy liég. péter des canada, Nam. pètér dés marrons,
mont. — Des pommes de terre pétées j dès pètêïès ci^ompire, liég.
Dites, suivant le cas : griller, cuire des pommes de teiTC
sur le gril (et non pas la grille), sous la cendre, au four ; des
pommes de terre grillées ; rôtir des marrons.
S° Faire péter la gueule à (\\xB\(\\x'\iXï,férpètérVgueii%eh'n'saU.
Expression aussi plate et aussi vulgaire que le français : donner
sur la gueule à quelqu'un, paumer la gueule à quelqu'un. Il
faut dire : Donner un coup de poing sur le visage, ou donner un
soufilet.
Peu. l** Un tout peu, on tôt pd, ou on tôt pôke. Dites : un
peu, quelque peu ; au superlatif, très-peu, tant soit peu (adv.) un
tant soit peu (subst.) : attendez tant soit peu ; donnez-m'en un
tant soit peu (Besch., Littré).
Plusieurs grammairiens condamnent les tournures : un petit
peu, un tout petit peu. Génin soutient que un petit peu est par-
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faitement flrançais, et il semble en effet que cette façon de parler
ne présente rien de choquant.
y Hennequin blftme remploi de un peu accolé à l'impératif et
servant à l'adoucir, c'est-à-dire dans le sens où les Flamands se
servent abusivement de une fois, ou de seulement : regarde une
fois, t^k een keer, een maal, louk on pô, videz seulement votre
verre, drink maar uw glas uity boutez on pô (ou ine goite) vosse
verre fou. On ne pourrait donc pas dire : regardez un peu, videz
un peu votre verre. — C'est du purisme. L'Académie et Littré
disent expressément que un peu s'emploie explétivement.
Ex. Voyons un peu comment vous vous y prenez, Acad. Donnez-
moi un peu le pot de chambre (4), dit la Rancune, Scarr. Rom.
eom. Nous traduirons donc sans scrupule les phrases sui-
vantes : mneZ'S un p6 dal, qui ji v* divise, venez ici un peu, que
je vous parle, Agad., dikéz-m' on p6, dites-moi un peu, id. On
remarquera la place de un peu dans la première phrase.
P6ut*6tre. Cela pourrait peut-être bien se faire, coula por-
reût mutoit bin s'téi\ Dites : cela pourrait bien se faire, ou cela
se fera peut-être.
Le rapprochement de pouvoir et de peut-être forme le plus
souvent en français une battologie ridicule ; les patois, moins
délicats, n'y regardent pas de si près ; d'ailleurs mutoit (de
moulty pat. de Virton, lat. multum, et tott, vieux wallon pour
tôt), ne renferme pas le verbe pouvoir.
Pièce, i*" Frotter le pommeau de cuivre avec une pièce,
frotter Vpoumai d^keuve avou n'pêce. Dites : avec un morceau de
drap. — Pièce a bien le sens de morceau ; mais pièce de drap
a en français un sens particulier : cette pièce de drap a tant
d'aunes.
(') Le wallon pot d'chambe doit se traduire aciuellemcDl par vase de nuit ; nous
omettons les périphrases ; en voici toutefois une qui a dû bien s'étonner de
sortir de la plume d'un des chefs de Técole réaliste : Au bas étaient des souliers,
plus un meuble que Thonnète M. Lanceloi a défini dans ses Racine» grecques ;
Ghampflbdbt, Chien Caillou, dans les Contes choisis.
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i"* Il a eu cette maison pour une pièce de pain, il ast-aou
dsse mohonne-là po tCpèce di pan. Cette locution française se
rencontre dans quelques auteurs. Mais on dit beaucoup mieux :
pour un morceau de pain, c'est-à-dire à très-bon marché.
df" Je gagne trois pièces par semaine, ;t wâgne treûs pèee U
samainne. Dites : trois pièces de cinq francs, ou, comme on dit
en France, trois pièces de cent sous.
4'' Une belle pièce d'homme, ine belle pèce Shomnie ; une belle
pièce de femme (Remacle), ine belle pèce di feummey ail. ein
schoenes Wdbsstueck. Dites : un beau brin d'homme, un beau
brin de femme, Acad. — Le mot pQce s'emploie familièrement
pour personne, mais dans un sens défavorable. Une bonne pièce,
une fine pièce, une méchante pièce, signifient, dit l'Académie,
une personne rusée, dissimulée, malicieuse. Taisez-vous, bonne
pièce, vous faites la sournoise, mais je vous connais, Mol.
Pile. 1° Prendre des piles, prinde dès pile, liég. dès pèle,
verviét. pilUn nemen, fi. Dites : des pilules. Le wallon pHe est
le latin pila, balle à jouer. Le ihmçais pilule vient du diminutir
pilula.
2* Ils attraperont une pile, tournais. Leray, Jésus passant par
Tournai, il attraperont 'ripUe, liég. Dites : ils recevront une
volée de coups. — Pile désigne proprement une grosse pierre
qui sert à broyer, à écraser. Chacun saisit la métaphore.
Pilot. Battre pitol, batte pHot, p. de Verv., batte pilote, p. de
Liège. Dites : enfoncer des pilotis, Acad., ou simplement
piloter, wall. piloter, — Si mohonne est batêïeso pilote, tournez,
dit Forir, sur pilotis, et non pas sixvpilots. Le mot pilot est le
diminutif de pUé, latin piZa, colonne, ce qui justifie parfaitement
le genre du liégeois pilote. Les patois du Hainaut et de la
Flandre française donnent simplement k pilot le sens de pieu; il
n'a pas été admis par TAcadémie, mais Bescherelle et Littré lui
donnent le sens qu'a le mot pilotis dans enfoncer des pilotis. De
plus Legoarant et Littré appellent pilotis l'ensemble des pilots ;
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ce serait un eoUectif analogue à ramassis, fouillis, etc. Ce n'est
donc qu'abusivement qu'on donne à pilotis le nom de pilot. —
Ex. Un pilotis bien fait, peu solide, Litt. Un pilotis dans la
composition duquel il fut employé 1,156,6S7 pilots de dix, douze
et quatorze pieds de longueur, Ratmond, dans Litt.
Piquante, plquanterie. Il m'impatiente par ses piquante-
teries^ i m* fait assoti avou ses piquaneréie. Dites : il m'impatiente
par ses picoteries. — Ils se sont dit des piquantes, i s'ont dit dis
piquante, Remacle, i s*ont iné dèspiquâte, For. Dites: ils se sont
dit des mots piquants, des paroles piquantes, ils se sont lancé
des traits piquants.
Pique, l*" Il a une pique contre lui, il a n'pique conte di lu,
liég.; il a n'pique conte dé li, mont, hij heeft eenpik op hem, fl.
Dites : il a une dent contre lui. — Dans les patois du pays de
Liège et de la Flandre française ( Vermesse ), pique s'emploie
dans le sens de rancune. Il signifie en français brouillerie, ai-
greur entre deux personnes. Ex. Les piques des amants renou-
vellent l'amour, Baron. Encores y avait une autre pique entre
le duc et le connestable, Gomm. dans Litt.
2* Ils se donnaient des piques, i s'dintt dis pique (on syoute par
plaisanterie it dès make). Dites: ils se disaient des mots piquants,
de piquantes paroles. Ex. Mon père leur a dit de piquantes
paroles, Dufresnt.
3® Gela est salé comme une pique^ coula est salé comme ine
pique. Dites: cela est salé comme mer, àcad.
4' Les Liégeois de la vieille roche donnent encore à ce mot
wallon le sens de carreau : li has$* di pique, l'as de carreau.
Mais actuellement on le remplace presque toujours par carreau:
li hass' di carreau; i toûne de carreau, il tourne du carreau, il
tourne de carreau, plus souvent il tourne carreau. Y. Tourner.
Le français pique se traduit en wallon par pâle ( propr. bêche ;
comp. le fl. schoppen, de schop, bêche). Ex. Ji n'a nolle pâle, je
n'ai pas de pique.
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Pire. Gomment va le malade? — C'est toujours pire, ùm-
ment va tmalade? — Cest todès pire, pat. besbignon. Dites :
c*est toujours pis. — Le patois de Namur emploie aussi pire
comme adverbe. Vo$ sintiz monais haïr, c*eêt co pire aujaunthu
Aurmon. di Nam., a. 70, p. 28. On ferait un wallonisme en
traduisant: c'est encore pire aujourd'hui, liites : c'est encore
pis.
Voici une excellente recette pour distinguer Tadjectif pire de
radverbe;>f5 : t servez-vous de pire, lorsque, en renversant le
sens de la phrase, vous diriez meilleur, eipis, si c*est mieux que
vous emploieriez. » M. Carpeniier. Elle est d'autant plus néces-
saire à beaucoup de Liégeois que leur patois n'a qu'un seul mot
pour rendre pii*e et pis ; c'est pés. Vos ttidiliéz tos lès joû qui
j serti mi traili, etfveûs quYest todis pés, vous me dites chaque
jour que je serai mieux traité, et je vois que c'est toujours pis,
et non pas pire (comme a traduit Remacle).Ici l'opposition entre
miVux et ;)!« est marquée dans la phrase même.— Lir'm^(/e estpés
qm Vmà, le remède est pue que le mal, et non pas pis', l'inverse
est meilleur. Mi belle-mère est mdlesor mi, tant pés vât; elle drei
Vpôime di sWimetie, ma belle-mère est fâchée contre moi ; tant
pis ; elle aura la peine de se dérâcher ; l'inverse est tant mieux.
— Ex. Il se portait mieux, mais aujourd'hui il est pis que
jamais. Ils sont pis que jamais ensemble, Acad. Cest en vain
que j'ai cherché à corriger cet enfant-là ; il est pire que jamais.
- Cetie distinction entre pire et pis n'était pas si bien établie au
XY1I« siècle, que M»'' de Sévigné n'ait pu dire : Je ne suis pas
pire que j'étais, c'est-à-dire, je ne suis pas en moins bon état
de santé. Présentement il faudrait dire : je ne suis pas pis.
Cependant pis, venant du latin pejus, neutre de pejor, peut
quelquefois s'employer comme adjectif, mais en certains cas
particuliers. Ex. Qui pis est il pleuvait dune telle manière....
Régnier. Que ni'oflVirait de pi» la fortune ennemie? Corn. Celte
aversion sourde pour les lumières, triste preuve de roédiociité,
ou quelque chose de pis, d'Albmb. -* Dans ce cas, pis ne se
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fM
joint jamais à un substantit. Il n'est frire eau... et non pas il n*eàt
pis eau... On dit aussi le p», pour, ce qu'il y a de plus mauvais,
de pire. Le pis qui puisse arriver, Acad.
2^ C'est le plus pire, c'est l'pus pire, tournais. Dites : c'est le
pire, ou, qui pis est, c'est-à-dire, c'est ce qu'il y a de plus désa-
gréable, de plus fSicbeux. — C'est encore plus pire, tfesi co pus
pire, Armon. de Mons, a. 58. Dites : c'est encore pis.
Pissenlit. Il y a tout plein de pissenlits dans cette prairie,
gna lot plein dès pihàte^-^él è eisse waide-là. Dites : tout plein
de renoncules. — Le patois de Liège donne ce nom à la renon-
cule simple, ou renoncule des prés. Le français pissenlit, fil. pis-
stbedy désigne la plante connue en wallon sous le nom de
sânage sécoréie, et appartenant à la famille des chicoracées
(laitues, endives, cbicorées). Ex. Le pissenlit est une chicoracée,
Acad. On le nomme aussi dent-de-lion, Acad.
Place. Un appartement de quatre places, on quârti d'quate
pièce. Dites: unappartement de quatre pièces. — Le moi place,
du latin platea, place publique, se dit d'un espace découvert et
ne peut jamais désigner une chambre. Cette faute est très-fré-
quente en Belgique. Peut-être l'influence teutonique n'est-elle
pas étrangère à cet idiotisme. Du moins peut-on constater que
l'anglais roomy salle, salou, n'est qu'une transformation de l'alle-
mand Raum, place. — D'aucuns donnent à ce mot place, le sens
de salon. Faites entrer tout ce monde dans la place, fiz intrér
tôt &monde4à è Fplèce. Dites: dans le salon, la grande salle, la
grande pièce. — A la campagne, on se sert en ce sens particu-
lier de la tournure è rmohonne, à la maison. V. Hogk, Bull. a. 68,
p. 27. Maison a aussi ce sens dans les villages des environs de
Mons (Sigart).
f^ Il joue en place, ou à 2a place d'étudier, i jowe è Vplèce di
studi , liég., fl. hij speelt indeplaats van te studeeren. Dites : au
lieu d'étudier, il joue. — On les empoisonne à la place de les
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saisir, on ts èpoUanne i tplèce di lis apaugni [lis ekm]^ namar.
Dites : au lieu de les saisir.
Quand au lieu de marque opposition^ différence» il ne peut
se remplacer par à la place de. Prenons deux exeaiples : Les
grands noms abaissent au lieu d'élever ceux qui ne les savent
pas soutenir, La Rochef. J'ai trouvé dans cette cour L'intrigue
au lieu de l'art de plaire, L'intérêt au lieu du désir, La débauche
au lieu du plaisir, Le scandale au lieu du mystère, Desmahis.
Ici il y a opposition, différence : on ne pourrait substituer à la
place de à au lieu de. Mais dans l'exemple suivant : La Garde
veut toujours que, si Mousieur de Grignan ne vient pas, vous
veniez à sa place, Sév. Au lieu de ne marque pas opposition,
différence : on pourrait rejaplacer à sa place par au lieu de lui.
Plaire. 1"^ Si vous platt, sH v'platt. C'est une fausse traduc-
tion. 6*i équivaut il si il. Dites : S'il vous plaît.
2» S'il vous platlî monsieur. 5'î v' plail ? monsieu. Cette façon
de parler s'emploie en wallon, aussi bien que platt-st-i? et
di quoi î pour (aire répéter ce qu'on n'a pas bien entendu.
Le i'raiiçais s'il vous plaît ? ne peut avoir ce sens-là ; on dit
plattil î et cette tournure éiant familière, il faudra, en ceitains
cas, la remplacer par d'autres, indiquées à l'article Quoi^ u^ 3.
3« Cnacuu fait ce qui lui platt, chasconque fait çou qu" U platt.
Dites : ce qu'il lui plaît, c'est-à-dire ce qu'il lui plaît de faire,
ce qu'il veut. Mais si un marchand dit en parlant d'une pratique:
qu*i chusixhe çou qu'il platl^ je pourrai traduire : qu'il choisisse
ce qui lui plait, c'est-à-dire les objets qui lui plaisent.—
Cette disiinciion n'éiait pas admise autrefois. — La phrase
suivante est donc mal traduite: si fis fait çou qui li plait ^ son
fils fait ce qui lui plaît (Forir). il fallait : ce qu'il lui plait.
Plant. Laisser enp/an/, leiér in blan, mont. Cette tournure
populaiie figure dans le Dictionnaire de Litiré; elle a la même
origine que planter là, qui est admis par l'Académie comme
locution familière. Si vous ne voulez pas faire ce que je vous
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dis, je vous planterai là (et non pas je vous hiêserai en plant)^
et ne me mêlerai plus de vos affaires, Acao.
Plaquer. Ce papier est plaqué sur du carton, d papi-là est
plaqui so de cârion, fl. dit papier is op karton geplakt. Plaquer
un emplâtre sur le tibia d*un blessé, ji/a^ui rièplàct so rmuatai
d^on bltm. La poix plaque très-fort sur le drap, li hàrpique
plaque vilainnemint so tdrap. — Mes doigts pla^ufitl, mes deugt
piaquit.-' Plaquerne peut s'employer dans le sens de coller
(fl. plakken), adhérer fortement, ou être gluant. Ce papier est
collé sur du carton, coller un emplâtre sur le tibia d'un blessé,
la poix adhère très- fortement au drap, mes doigts sont gluants.
— Dans plaqut on meur^ fl. eenen muur plakken^ ou beplakketi
(crépir, hourder un mur) plaqut peut se traduire par plaquer^
mais la construction difiëre : plaquer du mortier pour crépir
ou bourder un mur.
Platine. Elle a une bonne platine, c'est une bonne platine,
c'est ine fameuse plaîenne. — Platine est un terme d'argot»
que le peuple emploie partout oti Ton parle françiis. On dit
en français : c'est un traquet de moulin (on comparera le wallon
quéle clapette l), ou c'est un moulin à paroles.
Plein. 1« Avoir de l'argent pleines ses poches, avou dès
aidant plaintes ses poche^ For. Dites : avoir de l'argent pleines
ses poches, AcAD., ou bien, avoir plein ses poches d'argent,
id. Dans ce dernier exemple, plein ses poches équivaut à un
adverbe de quantité, et l'on supprime l'article en vertu de
la règle indiquée au mot Adverbe. —Plein, séparé de son
substantif par un possessif, devient préposition, et partant
doit rester invariable.
2^ Il est plein, mont. Dites : il est ivre : ou bien ajoutez un
déterminatif : il est plein de vin, de genièvre, etc.; en pat. de
Liège, il est plein d'pequèL L'Académie donne la locution popu-
laire il est plein comme synonyme de, il est repu abondamment,
il est rassasié.
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-- »4 -
Pins. !• Ji rilm pu$ veiau: Cette phrase a deux sens soivaot
le contexte : Je ne l'ai plus vu, et Je ne l'ai pas encore to.
On ferait un wallonisme en traduisant littéralement dans le
second cas. La locution ne... plus ne doit pas s'employer dans
le sens de ne... pas encore. — Mais plus^ sans négation, peut
s'employer dans le sens de encore : si j'y retombe plus, je veux
bien qu'on m'affronte. Mol. dans Litt.
2^" Plus riche est-on, plus est-ce qu*on doit être charitable,
pus riche est-on, pus est-ce qu'on deut esse charitâve. Dites : plus
riche est-on, plus doit-on être charitable, ou plus on est riche,
plus on doit être charitable.
S"" Plus 9u*il est trompé, plus qu'il se donne du galon, pusse
qu'il est gouré, pusse quH s^baîe du galon, pat. fl. hoe meer dot
hij bedrogen is, hœ meer dat,.. Dans cette tournure montoise, le
que est redondant. Le sens est : plus il se fait duper, plus il
vante son adresse et sa pénétration.
Plus-que-parfolt. Tai entendu dire que vous aviez fait
un voyage, j'a-t-oiou dire qui v's aviz fait on voyège. On consi-
dère l'action de faire un voyage comme simplement passée,
abstraction faite de tout rapport avec l'idée exprimée par le
premier verbe ; il faut employer le passé indéfini et non pas
le plus-que-parfait : j'ai entendu dire que vous avez fait un
voyage.
Pluviner. Il pluvincy i pluvine, mont., t plovinéte, liég.
Dites : il bruine ; liég. t brouhenne.
Pointe. J*ai une pointe de côté, fa "n'pointe di costé. 11 faut:
un point, Forir traduit : J'ai un point de côté, et j'ai un point
au côié. D'après Liltré, au côté est incorrect. La tournure se
trouve pourtant dans le Dictionnaire de l'Académie, et Littré
donne lui-même les locutions avoir un point au dos, à
l'épaule.
Poques, poquettes. Il a eu les poques, ou les poquettes. il
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a-st-offu lès poque, ou lèspoquetlcMég., il a iu lés poquettes,
mont. Dites : il a eu la petite vérole, ou la vpriole. — Il a eu
les poques volantes, il a -sl-aou lès poque volantes, liég. dé
vliegende pokken, fl. On dit : il a eu la petite vérole volante, la
fausse variole, la variole bâtarde, ou la varicelle. Quant à
variolide, que donne un recueil d'Omnibus, il n*est pas dans
les dictionnaires.
Poques est un mot germanique, ail. Poche, Ù. pok, angl.
poch, pustule.
Possessif. Mon doigt m*élance, mi deugt mHancéie] mon nez
coule, mi narenne court; ils ont mal à leurs pieds, ils ont md
lêus pîd ; marcher sur la pointe de ses pieds, rotér so lès bèchette
di ses pîd ; ma tète bourdonne, mi liesse houle ; il restait là son
poing appuyé sur sa hanche, i d^moréve là, si pogne aspoi so
s* hanche ; il a son bras en écharpe, t poite si brèsse; as-tu mal à
tes dents ? as-s* ma tes dint ? fl. hebt gij zeer aan uwe tanden ? —
Le sens indique clairement quel est l'objet possesseur; le génie
de la langue française exige qu'on remplace le possessif par
Tarticle. Le doigt m*élance, le nez me coule, ils ont mal aux
pieds, marcher sur la pointe des pieds, la tète me fend (fendre
est ici le terme consacré en français), il restait là le poing
appuyé sur la hanche, il a le bras en écharpe, as-tu mal aux
dents?— Toutefois la règle n'est pas absolue. Les meilleurs
écrivains font parfois usage du possessif lors même que le sens
indique clairement quel est l'objet possesseur. Baissez vos
yeux vers la terre, chétifs vers que vous êtes, et regardez les
bêtes dont vous êtes le compagnon, Pascal. Le commandant
phénicien, arrêtant ses yeux sur Télémaque, croyait se souvenir
de l'avoir vu, Fén. Il semble que la présence du possessif donne
ici plus d'énergie à la pensée, ajoutons que l'emploi du pos-
sessif est de rigueur chaque fois qu'on veut exprimer quelque
chose d'habituel et de périodique. Ainsi mi rhômatisse mi fail
souffri moirt et passion se rendra littéralement si Ton veut parler
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d*un mal auquel ou est sujet : mon rhumatisme me fait souffirir
mort et passion.
Possible. Il viendra ce matin possible^ pour il viendra ce
matin peut-être. Cette tournure est en usage dans le Berry, la
Bourgogne et le Tournaisis. Cet emploi adverbial de possible a
vieilli, mais il mériterait d*étre rajeuni (Litt.). Ex. Pour aller au-
devant d'un mal qui n'arrivera possible jamais^ Guèz de Balzac.
Notre mort ne tardera possible guère, La Font.
Poste. 1" Une feuille de papier de poste^ ine foie di papi
(Tposse, il. een blad postpapier. Dites : une feuille de papier à
lettres, Acad., — à lettre, Litt. — Toutefois, dit H. Carpenlier,
la première locution parait consacrée par Tusage.
V Poste est souvent synonyme de emploi, fonction. Etre dans
un poste, un joli poste* Acad., Besch. Etre dans un poste désa-
gréable, Acad. Mais il ne peut, selon MH. Hennequin et Car-
pentier, se dire d'un domestique ; il at on bon posse. Tournez
il est dans une bonne condition, Acad.
Postposer. Le mauvais temps fil postposer la vente, H mâva
timps fat postpôzer rvindicion. Dites : fit remettre la vente à un
autre jour, fit surseoira la vente, fit différer la vente.
Postposer est un terme suranné qui n'a jamais eu le sens
qu'on lui donne à Liège; il signifiait mettre après (le contraire
de préférer). Ex. M»« du Maine... ne connaissait que la passion
présente et y postposant tout. St. Simon.
Posture. Pour son métier, il fait des postures, po s'mesti, î
fait dès poîteûre, fi. t;oor zijn ambacht maakt hij posturen,
Dites : c'est un statuaire de profession. — La belle petite pos-
ture! quéle belle pitite po^^^re/ Dites : la belle statuette! ou
quelle belle statuette ! -Vous connaissez-vous bien en postures?
Vis k'nohéz-v' bin à posteûre? Dites : en statues. On dit aussi
se connaître à, mais seulement avec un mot vague : se connaître
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à quelque chose, Acad. ; je m'y connais, id.; vous connaissez-
Yous à cela, id.
Posteûre a aussi le sens abstrait du latin positura, position,
mais il s'emploie dans un sens restreint, en parlant de la posi-
tion du corps : Quéle laide posteûfe qui tifais! Le latin donnait
souvent aux noms abstraits un sens concret; natio, regio^ legio,
venatio, misturaj ont d*abord signifié Faction de nalire, de régir,
de lever (des troupes)^ de chasser, de mélanger. Quoi d*éionnant
si Tun des rameaux de la langue d*oil, fille du latin, a conservé
cette tendance?
Pot aux fleurs, pot au beurre, pot dx fleur ^ pot â bourre. Il
feut supprimer Tarlicle : pot à fleurs, pot à beurre. Mais on dit,
avec l'article, pot à l'eau, pot au lait, pot au noir, pot d Vaiwe,
pot â lèçai, pot â neûr.
Poteau. Patauger dans les poteaux, flachUér d'vint lès potai.
Dites : dans les flaques d'eau. — Quels poteaux! bon Dieu!
quelle Meuse! qués potai! binamé bon Diul q\éMousel Dites:
quelles flaques d'eau ! bon Dieu ! c'est un vrai lac. — Ce trope
liégeois que Mouse ! est très-pittoresque, mais il est intradui-
sible en français.
Le français poteau^ entre autres significations, a celle du
wallon postai^ diminutif du latin postii, jambagede porte. Ex. on
postai qui hosse^ un montant, un poteau qui branle.
Potée. Mettre les potées dans une serre, mette lès potéte
divint 'risêrre. Dites : mettre les pots de fleurs dans une serre,
ou mieux, rentrer, enserrer les pots de fleurs. Forir traduit ce
mot par potée, bien qu'au mot potête il prévienne contre ce
barbarisme. Le français potée signifie pim un pot : inepoté'ie di
mâsisté, une potée d'ordures.
Pour. 1** Il est tombé de l'arbre et s'est cassé le bras, c'est
pour lui, il l'a bien mérité, il a tourné jus dTdbe, et s'a cassé
rbtessey c'est por lu, i Va bin mérité, tl,"tis voor hem. Dites :
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— zvo —
c'est tant pis pour lui, ou c'est pour son compte, il Ta bien
mérité, c'est bien fait, c'est pain bénit. V. Employé.
2^ Qui est-ce celuîrlà pour un ? qui est-ce ei-là po anke. Dites :
quel est cet homme? — Qu* est-ce que c^est pour une fleur ?
qu'est-ce qui c'est po n'tleur ? Dites: quelle est cette fleur ? Le
flamand dit wat is dat voor een man, et l'allemand, was ist da$
flûr ein Manni cette tournure germanique, qui a passé dans le
wallon, est inadmissible en français.
Z"* On se fâcherait pour moins, on s*mâvulreut po mons^ fl.
men zou voor minder kwaad worden. Dites : à moins.
4° Pour oh ? po wisse ? C'est une locution dont on use pour
s'enquérir de la destination d'un voyageur. La tournure pour
quel endroit est plus élégante. - Pour où est-cet po wisse est-ce J
serait mauvais.
5« Le dites-vous pour de bon ? est-ce pour le bon ? el dihéz-v
po {bon f est-ce po Vbon ? fl. zegt gij dat voor goed ? Dites : le
dites-vous tout de bon ? ou sérieusement ? est-ce tout de bon ?
On peut dire aussi pour tout de bon ; cette tournure n'est pas
dans les dictionnaires, mais les auteurs français en usent. QuH
fouxhe po tôt d'Ion man'ci d'piède H vèie^ i n'poléve si rézaude à
Vcreûrc, Ann. 71, p. 87. Qu'il fût pour tout de bon menacé de
perdre la tête, il ne pouvait se résoudre à le croire. — Ex. II
faisait semblant de rire, mais nos volontaires riaient pour tout
de bon, Assolant, dans Staafi", III, p» 58. Mais, voyez-vous, il
faut qu'il parte aujourd*hui, et pour tout de bon, G. Sand, les
MississipienSy Prol. VI. — A en croire Litti*é, le peuple, en
France, dit aussi pour de bon, mais tout de bon, est seul consa-
cré par le bon usage. Ex. Se quereller tout de bon, Litt., pleu-
rer tout de bon, id. ; elle dit en montant sur Téchafaud : C'est
donc tout de bon, Sév. Parlez-vous tout de bon? Mol.
6« / n'est nin si biesse qui po s'ièi bouter Vdeugt è l'oûie. La
traduction de Remacle renferme un wallonisme : il n'est pas si
bête que pour se laisser tromper. Pour doit être remplacé par
de: il n'est pas si béteque de se laisser..; on peut aussi suppri-
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4AÛ
«99
mer que; il n*e6t pas si béte de se laisser... Eofin on pourrait
prendre un autre tour : il D*est pas assee béte pour se laisser...
Dans ce dernier cas la présence de que constituerait un wallo-
nisme (assez béte que pour... atséz blesse qui po sHèi... ), du
moins lorsque le verbe qui suit assez est à Finfinitif. — L'Aca*
demie ne mentionne pas remploi de si avec 9tteetrinflnitif,dans
le sens de au point de. Littré en fournit quantité d'exemples :
1"* avec le que. Je ne croyais pas que ma fille f&t si habile que de
chanter ainsi à livre ouvert, Mol.; 2^ sans le que. Qui te rend si
hardi de troubler mon breuvage ? La Font.
7* Il porte le deuil pour son père, i poite li doû po s'pére^ liég.
i par el déuîepou s'pérey pat. de Flobecq. fl. Ai; draagt den rouw
voor xijnen vader. Dites : il porte le deuil de son père,
ACAD.
8^ Je parierais pour dix plaquettes (Acad.) qu'il y a mille et mille
personnes qui l'entendent ainsi, ji wag'reûs po di plaquette quH
gna co mète et mèîe qu*el prindet ainsi^ Copenne so VfUsse de
Pioiéy p. 43 ; fl. ïk zou voor tien plaket wedden,.. Dites : je parie-
rais dix plaquettes... £;>an> pou dix franc, mont. Tournez: je
parie dix francs. Le français parier pour a un autre sens : Pour
qui pariez-vous ?
9"» Il est fort pour les églises, il est foirt po Vz èglize, pat. de
la Flandre, hij is stijfvoor de kerh. Dites : il aime à fréquenter
les églises, ou il est dévot. — Je ne suis pas pour le poisson,
ji n'sos nin po Vpèhon. Ici pour marque une idée de préférence;
M. Garpentier condamne cette phrase, mais il me semble que
c'est trop de rigueur. En effet nous lisons dans Littré : a Pour
se dit des choses qu'on préfère. Ex. Je vous avoue que je suis
furieusement pour les portraits, Vloi.Préc. 10. Ceux qui étaient
près de la mer étaient pour un gouvernement mêlé des deux
[démocratie et aristocratie], Montesq. Esp. XVIII,!. » — La
tournure en question paraît donc irréprochable.
lO"" Se tenir les côtés i>^r rire, Forir, ^t fni lès eosté po rire.
On dit : se tenir les côtés (ou les côtes) de rire.
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il"* Je n'oserai jamais entreprendre cela, c'est bon pour vous,
liég., c'est bon par vos^ û. 't is goed voor u. Dites : c'est bon à
vous, AcAD., c'est-à-dire, c'est à vous qu'il appartient, qu'il
convient d'entreprendre cela, c'est à faire à vous d'entre-
prendre cela(LiTT. à Faire^ OS"").— Ex. C'est bon à vous d'agir et
de parler ainsi, Litt. Quand il n'y a pas d'infinitif sujet réel,
exprimé ou sous-entendu, la tournure est française. Ex. Gela
est bon pour les petites gens, Acad.
Pousser. On rend ordinairement le wallonisme : Us âbe
jètèt par les arbres poussent. On peut traduire mot à mot, les
arbres jettent, c'est-à dire produisent des bourgeons, des
scions.
La tournure les arbres poussent provient sans doute de ce que
l'on traduit jeton par pousse. Ce n'est pas que pousser soit
mauvais ; mais la construction diffère dans les deux idiomes :
les arbres commencent à pousser des boutons; les petites
branches que les arbres poussent au printemps sont ordinai-
rement rougeâtres, AcAn. — Dites donc : les arbres poussent
des bourgeons, pour traduire lès âbejetèt ; car les arbres pous ^
sent a une autre signification ; les arbres, les fleurs, les blés,
grandissent, s'accroissent. Quant au français ;e(^r, correspon-
dant au wallon jé/^, l'Académie dit: cet arbre a jeté des scions,
et, absolument, les arbres commencent à jeter; la vigne ne
jette pas encore.
Poussière. J'ai une poussière ians l'œil, /a 'n' poussireè
route. Dites : j'ai un grain de poussière dans l'œil, ou j'ai de la
poussière dans l'œil.
Pouvoir. i« Je n'^^i puis rien, ji n'é pous rin, pat. de Liège
et de Marche (Dict. des spot, 881) ; je n'en peux pas, ej n'en peux
pas, tournais. Dites : je n'y suis pour rien, ce n'est pas ma
faute, je n'en suis pas cause, ou dans le style badin, je n'en
peux mais. On dit aussi : je n'y puis rien. Cette dernière tour-
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- 301 -
nare s'emploie plus souvent dans le sens de : je ne puM qu'y
faire» je n'ai aucun moyen d'empécber la chose dont il s'agit.
i"* En puis-je quelqw chose ? è pous-je ine saM ? Dites : est-ce
ma faute, ou, dans le sfyle badin, en puis-je mais? Est-ce que
ïen puis 1 est-ce qui fennè pans f ennè pcus-jef ou è pous-jet
liég. est-ce 9tt//é pousl è pous-je^ mit namur. Dites: est-ce
que j'en suis cause?
Prétendument, Litt. Prétenduement, Bescu. Voici,
comme dit Nodier à propos de présumable, un mot que tout le
monde croit français, excepté l'Académie {i ). Les Liégeois le
détournent quelquefois de son véritable sens. Ainsi on ne dirait
pas en France : elle va se faire religieuse prétendument y elle va
s*fér bèguenne prétindow'mint. Le sens est : on prétend, on
suppose qu'elle va se faire religieuse. Voici des textes ob il a la
signification qu'on lui donne en France. Ce domestique a été
remercié parce que prétendument il avait volé. Proposition
prétendument démontrée, Litt. On a vérifié la pièce prétendu-
ment fausse, Hennequin. -- On pourra, si Ton veut, remplacer,
tantôt [iSiV soi*disanty tantôt par Tadjectif prétendu. Ex. Je sais
fort bien que sur moi l'on babille, Que, soi -disait, j'ai le ton
trop plaisant. Déranger, Bonne Fille. — - On remarquera cet
emploi absolu de soi-disant, que Littré explique par prétendu-
ment. On connaît l'expression consacrée dans le style de l'église
catholique : la religion ptétendue réformée.
Préférer. Je préfère sortir que rester à la maison, ji pré-
fire^ ou fainme mi d'sôrti qui de imani è tmohonne. Littré est
d'avis qu'il ne faut pas traiter préférer comme un comparatif. On
dira : j*aime mieux sortir que rester à la maison, ou je préfère
sortir p/u^(?/ que de rester... Malgré tout le respect qu'on doit
avoir pour le savant lexicographe, on admettra difficilement
cette opinion : en effet préférer ne peut se comprendre sans une
idée de comparaison.
<«>Avaiiiréditiondê483lS.
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9St
L!idée lui a pris de sortir, Fiééieli a pris dêùrti.
A en croire M. Garpentîer, c'est mal dire ; il faudrait : Tidée lui
est venue de sortir. On lit dans Bescherelle : c Prendre^ venir,
survenir, en parlant des mouvements de TAme, des passions,
du caprice, de la fentaisie, du désir, etc. L'envie lui prit....
Demander des conseils est une envie qui prend rarement aux
barbes grises, Henri IV. » La tournure incriminée semble donc
correcte, et nous pensons qu*on peut traduire mot à mot (pUU
hUiéte It a pris t quelle boutade lui a pris ? Ex. L*idée lui a pris
d'aller à la campagne, Lirr. Cette délicatesse lui prit un matin,
comme il venait de faire la cour à une prude, Marmont. Il lui
prit une fantaisie, Acad.
2* Je pris ma main et je lui donnai un soufflet, ji prinda
m^main^ et fli d*na 'n'pètéïe, fl. ik nam mijne hand, en gaf hem
een kaaksmeet. Il y a là une superfétation des plus ridicules. Il
suffit de dire : je lui donnai un soufflet. — ji prinds m'ptd et je
Vfais rôlér à Pvaléie dès gré. Traduisez : d'un coup de pied, je
l'envoyai au bas de Tescalier, et non pas, j« pris mon pied^ et je
le fis...
Z^ Vous m'avez fait prendre une peur, vos m'avez fait happer
ine sogne (ou ine vette sogne). Diles : vous m'avez fait peur, vous
m'avez effrayé.
4* Vous me prenez la parole hors de la bouche, vos m'prindéz
Vparole foû de Fboque, fi. gij neemt mij het woord uit den mond.
Dites : j'allais le dire.
H^ Prenez bien attention, prindéz Un attineion, liég., prindéz
attintion^ mont. Les Wallons emploient quelquefois ce flandri-
cisme ; (aeht nemen), il faut le remplacer par l'autre tournure
wallonne: féz bin attinciony faites bien attention.
Prépositions composées. Les rues de sur la Batte, lis
rowe di so l'Batte. Les maisons de sur le Marché, lès mohonne
di so FMarchi. Passons par sur le Marché, passans po so VMarchi.
Ce livre est d'à moi, est d'à toi , d'à lui, d live-là est ta
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SOS
meunne^ d^a tanke, tFa lu. C'est la Idte é'au roi, c'est l'fime iâ
roi. Un ouvrier de chez le maieur épouse une ouvrière de chez
la marquise, Forir, ine ovri (Vmon l'maiéur qui s*peu$e ine otnire
di mon Fmarquise. Prés situés derrière chez la veuve Renier»
waite sitouwéies dWi mon Vvife Régnier. Je demeure à côté de
chez Pierre, ji demeure à cosié a'mon Piére. En face de chez
Durand, âddivant dCmon Durand.
Toutes ces prépositions composées sont purement wallonnes.
Il faut dire : les rues de la Batte, les maisons du Marché,
passons par le Marché, ce livre est à moi, etc., un ouvrier du
maîeur (Acad.) épouse une ouvrière de la marquise, prés situés
derrière la maison de la veuve..., je demeure près de la maison
de Pierre, ou près de la maison Pierre, en face de la maison
Durand, vis-à-vis de la maison Durand (ou vis-à-vis la maison
Durand, Litt.).
Le wallon a conservé cette tendance de l'ancienne langue
romane à agglutiner plusieurs mots pour en faire une préposi-
tion : âb hoc^ avec (Grandg.), de ex, dès; de intusj dans; de...
puis; de retrOj derrière; per médium^ parmi, par dessus, au-
dessus, etc. De là également les anciennes prépositions dessous,
dedans, dehors. V. Dbdans. — Chez^ en vertu de son étymo-
logie {casa, cabane; comparez mon, contraction de l'ardennais
mokon pour mohonne), peut être régi par une préposition, mais
cela ne se fait qu'avec de (sauf quand de vient après un nom),
par, près de, loin de. Je viens de chez mon juge. La liberté,
pour faire le tour du monde, n'a pas besoin de passer par chez
nous. — Toui bon patriote belge connaît l'auteur de ce beau
mot. — Il demeure près de chez nous. Loin de chez lui. Il
travaille hors de chez lui, J. Sim. VOuvrière.
Presse-papiers. Un —, on presse-papi. Dites : Un serre-
papiers, pour désigner un petit meuble de marbre, de plomb,
de zinc , etc., qu'on pose sur des papiers pour les empêcher de
se disperser.
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- sa* ^
Prêter, l"» Jacot demande un livre à prêter à Colas, Jacoi
d'mande in live à prêter à Colosse^ Armétiaque de Mons, a. 67,
p. 64.— Je lui ai demandé trois francs à prêter, ji li a (Ttnandé
treus franc à prustêr^ liég.
Le montois prêter, et le liégeois prustêr signifient ici, non pas
prêter, mais emprunter ; les patois wallons, à l'exemple du néer>
landais et de Tallemand, entendent dans les deux sens le mot
qui correspond au français prêter; de même Tallemand leihen
(pop. lehnen), et le flamand leenen signiQent à la fois prêter et
emprunter. Cependant si Ton substituait emprunter à prêter
dans les textes français, il serait impossible d'arriver à une
tournure présentable en maintenant le verbe demander. Il
faut dire: Jacot demande à Colas de lui prêter un livre, je lui
ai demandé de me prêter trois francs, ou bien je l'ai prié de me
prêter trois francs. — Nous avons vu à l'article Demander (Infi-
nitif, l"") la difiérence entre demander* à et demander de: Ex.
Elle demanda à entrer dans le corps d'un perroquet. Fên., le
Singe. Ils demandaient au ciel de terminer leur vie, Flor.
VAveug. et Le Par. A ce compte là, demander à prêter, dans les
textes qui se trouvent au commencement de cet article,
exprime précisément le contraire de ce que Ton veut dire.
2'' Du cuir qui se prête, de cûr qui 8*prusiêïe ; des bas qui se
prêtent, dès châsse qui s'prustèt. Ici prêter doit être intransitif:
du cuir qui prête, des bas qui prêtent, Acad.
Prévenir. 1« Je lui ai prévenu, ;t U a prêv'nau. Dites : Je
l'ai prévenu. — On dit, en wallon, prév'ni 'n'sakoi à ine saki^ et,
en français, prévenir quelqu'un de quelque chose. Ex. Quand
vos v'sintiz broûlêr, vos m'et diviz prêv'ni, Li Maie ntûr, L
2° Je l'ai prévenu d'avance, ji Va prêv'nou d'avance. C'est un
pléonasme vicieux. Supprimez d*avance : Je l'ai prévenu ; ou
dites : je l'ai averti d'avance, par avance. Toutefois on pourrait
dire : je l'ai prévenu longtemps, quinze jours d'avance.
3<> Il est si prévenu, ou il est si prévenu de lui-même, ou il
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- 306 —
est si prévenu de sa personne, il est H prév'nauy ou il est si
prév*nau tTlu minme, fl. hij es voorengenon^en met xich zelven.
Dites : il est si plein de lui-même, si rempli de lui-même, âcad.,
il est si suffisant, si présomptueux, si outrecuidant.
Les dictionnaires ne signalent pas cette acception du mot
prév'nou ; elle n'en existe pas moins, comme le prouve ce pas-
sage délie Grand mère à VYihenne, Hock. Bull. 62. 4« l.,p. 46 :
Vos fdris homme si prMnous^ risont nin hin èduqués, Isavèt tôt.
Le français prévenu signifie qui a des préventions bonnes ou
mauvaises : L*bomme prévenu ne vous écoule pas, il est sourd;
la place est remplie, et la vérité n'en trouve plus, Boss. Polit,
VIII, V, 8.
Prier. On vous fait prier le bonjour, on v'fait prit Fbonjoû.
Dites : on vous souhaite le bonjour. Dites de même : souhaiter
le bonsoir. Ex. M"*" de Berville souhaita le bonsoir à son fils,
A. Musset, le secret deJavotte, I.
Il est probable que c'est un archaïsme : le latin precari signi-
fiait aussi bien prier que souhaitei\ Reditum tibt precor, je vous
souhaite un bon retour. Littré cite cet exemple d'un auteur du
XYI* siècle : Elle lui pria le repos et se retira.
Profit. 1* Il saura mettre ses talents auprofU de sa famille,
t sâret mette ses talent âprofU di s'famUe. M. Garpentier prétend
qu'il faut dire : mettre ses talents à profit pour sa fômille. Cela
parait bien sévère. La tournure est, ce semble, bonne avec un
petit changement : Il saura appliquer, ou employer ses talents
au profit de sa famille. — Ex. Une amende applicable au profit
des pauvres ; celte obligation est passée au profit d'un tel, Acad.
^ Donner un concert au /yro/l/ des pauvres; dinér on concert â
profil dès pauve. Ici, on dira plus élégamment : au bénéfice des
pauvres.
2* Un profit^ on profit^ fi. een profijter. Ce mot, purement
wallon, désigne un petit morceau de laiton muni d'une pointe
de fer, où Ton fiche le bout des chandelles qui reste à brûler.
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— 306 —
Le terme français est binet (de binus, double). — D'aucuns le
rendent par brûle-toul, que Hennequin déclare n'être pas fran-
çais. Il est dans le dictionnaire de TÂcadémie, et Liitré donne
aussi le mot brûle-bout. — J'ai mis le profit au chandelier, fa
mettou Vprofit â chandli. Dites : j*ai mis le brûle-tout au chan-
delier, ou, simplement, j'ai fait binet.
Pronoms personnels. 1» (Place des). Donnez-mm-/^,dtif^:s-
m'el. Le pronom le doit ici se placer près du verbe : donnez-
le moi. Hennequin formule ainsi la règle : « Lorsque les deux
régimes sont de même longueur, le régime direct doit être mis le
plus près du verbe. » Il suffit de citer les exemples suivants, on
le lui donne^ on le leur a dit, ne vous y fiez pas , ne vous en dis-
pensez pas, pour montrer combien la formule est inexacte. Les
recueils d'Omnibus ne peuvent, à propos de chaque tournure
vicieuse, donner des règles complètes; il faut du moins que celle
que l'on invoque à l'occasion de tel ou tel cas particulier, ne
blesse en rien la règle générale à laquelle il se rattache. Mieux
vaudrait mille fois se borner à condamner simplement la mau-
vaise locution et à la rectifier, sans ajouter aucune explication.
— Il fallait dire : Lorsqu'un verbe a deux pronoms personnels
pour compléments, l'un direct et l'autre indirect, le pronom
complément direct s'énonce le premier. Ex. Je le lui donne,
donnez-le lui, je le leur donne, donnez-le-leur, fîez-vous-y ; ne
vous y fiez p&s ; je vous en dispense. Exception : lorsque le
vei be n'est pas à l'impératif, me, te, nousy vous et se occupent
toujours la première place, s'ils sont compléments indirects : Je
vous l'ai montré ; vous l'ai-je montré ? il nous l'a répété ; ils se
le sont dit; je me la rappelle; je te les montrerai. — Plusieurs
imitent plus grossièrement encore la tournure wallonne, et
disent : donnez-mèl, prêtez-mèl. Après cha, comme dit le
Tournaisien, i faut tirer ïélielle.
2" — sujets d'un infinitif. Montre un peu pour moi voir^
moutte in pau pou mi dr, mont. Je demande poiir moi sortir^ ej
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— 307 —
demande pou mi sortir ^ tournais. Je viens vous demander du
grain pour moi vivre, ji v'vins demander do grain por mi viquér,
Aurmonaq. di Nam., a. 67, p. 40. Dites : pour vivre, ou pour me
sustenter. — Dans l'exemple suivant, le sujet de Tinfinitif est
un substantif. N'avez-vous pas une vieille paire de souliers
pour mon mari mettre ? n'avéz-v'nin n'vtU paire di sole po mi
homme mette ? Dites simplement : pour mon mari.
Cette tournure wallonne est absolument mauvaise en fran-
çais. Sigard n'y voit qu'un procédé pour éviter la difficulté de la
conjugaison. Cela peut être vrai pour le premier texte, qui
semble équivaloir à : montre un peu pour que je voie, et encore,
la vraie tournure française serait plutôt : laisse-moi voir, ou,
simplement montre-moi cela. Mais la seconde tournure, très-usi-
tée à Tournai, équivaut à ; je demande à sortir : nous avons, des
deux côtés, l'infinitif; le tournaisien ajoute seulement le sujet
de l'infinitif. Ne pourrait-on trouver là un vestige de la proposi-
tion infinitive ? On sait qu'elle n'est admissible en français que
dans certains cas : Je l'ai laissé partir, faites-le sortir, je Tni vue
peindre, je l'ai entendue chanter.
Propre. !• Vous êtes si propre avec cette robe, vos estez si
prôpe avou cisse rôbe-là. MH. Hennequin et Carpentier préten-
dent qu'il faut dire : Vous êtes si bien avec cette robo-là. Je
doute fort qu'il en soit ainsi. Etre bien s'emploie en trois sens :
l*" Cette personne est bien^ elle est distinguée, d'une figure agi^éa-
ble ; '!• Il est bien, il est en bonne santé ; 3° // est bien dans ses
affaires, ou simplement, il est bien, il a de la fortune. Dans le
sens du wallon : vos estez prôpe^ on dit : il est bien mis, il est
bien vêtu ; on dit quelquefois : elle est gentille ; on dit encore,
populairement, selon l'Académie, familièrement, suivant Littré :
il est beau. — Pour ce qui est de propre, on ne peut le condam-
ner dans le sens du wallon : l'Académie et Littré lui donnent
positivement le sens de bien arrangé, bien soigné ; et cette
acception est plus voisine du sens étymologique (propre à, con-
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venable à), que celle de net. Ex. Gomment, monsieur Jourdain,
vous voilà le plus propre du monde. Mol. Toutefois, si la tour-
nure ne platt pas, les équivalents ne manqueront point : Vous
êtes si beau avec cette robe, cette robe vous sied si bien, vous
va si bien ; on p'tit vî homme qu'eêt todisprôpe^ un petit vieillard
toujours propret.
2"* C'est du propre, cKest du propre, fl. 7 iê netjes. Exclama-
tion populaire usitée dans le Tournaisis et en France. Dites,
suivant le sens : c'est un mauvais tour, une laide affaire, une
équipée, un pas de clerc, c'est mal, ou, ironiquement, c'est une
belle affaire, une jolie équipée. En ce sens, le peuple dit aussi
en France, c'est du soigné, Lin.
3* La tournure liégeoise : me yo\lhpropre,vo8-m'làprôpe,DEL-
CHEF, les 2 Nèv. III, 1, ou vos-m'là gâte, ibid I, 8, doit être rem-
placée par celles-ci : je suis dans de mauvais draps, dans de
mauvaises affaires, et, ironiquement, je suis dans de beaux
draps. Ex. La compagnie de Jésus est dans de mauvais draps,
o'ÂLEMB. dans Liit.Ont dit aussi ironiquement: nous voilà bien,
vous voilà bien, âcad.
Q.
Quadrille. Dansons une quadrille, dansans n'quadriUe.
Dites : un quadrille.
Quadrille^ t. de danse, est féminin en wallon ; c'est le genre
ancien et étymologique (ital. quadriglia, fém.). On le fait encore
quelquefois féminin, quand il désigne une troupe de cavaliers
pour un carrousel ou pour un tournois. — <c Ce mot est féminin
dans les dictionnaires, et masculin dans l'usage, a Litt. C'est
l'inverse pour lozange, et, parfois, pour steppe.
Quand, l"" Quand c'est que vous aurez fini, qwand c'est qu'vos
âréz fini. Supprimez c'est que : Quand vous aurez fini.
S"" Marchez, quand je vous le dis, roté», qwand ji v*s el dis,
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pat fl. ga, aU ik *t u zeg. Dites : marchez , vous dis-je, et,
dans la conversation familière, marchez, je vous dis. Y. un ex.
dans 6. Sand, le Drac, 1, 1.
3"* Le quand du mois sommes-nous? li qwanV de meus
esiamgnef Dites: quel jour du mois avons-nous ? quel est le
quantième du mois ? V. Combien.
Quant. Quant au reste, tant qu'à reste. C'est une fausse tra-
duction. Le français dit simplement: au reste. Mais, dans
certains cas, quant au reste est parfaitement français : Vous me
restituez ceci, quant au reste, je vous en fais grâce, je vous le
donne.
Quarantln. Pour les Wallons, c'est le nom générique de la
giroflée. Littré nous apprend que c'est le nom vulgaire d'une
espèce de giroflée, qu'il dit être la mathiole annuelle. Il ajoute
les autres noms : quarantaine, giroflée d'été.
Quarelle. Dites : querelle. Prononcez kerèl ou krèl. La pro-
nonciation wallonne est archaïque. Littré cite un exemple du
XIII* siècle où ce mot est écrit carelle.
Quartier. Faire un quartier, fér on quârti. Dites : faire un
appariement. Ce mot est en usage dans toute la Belgique ; les
Flamands disent kwartier. Ex. Faire une chambre, Besch., la
disposer, l'arranger, la mettre dans l'état convenable. — Cet
étudiant est en quartier, ci studiant-là est è quârtL Dites : en
appartement garni. •— Ex. Il n'a point de meubles, il est obligé
de loger en chambre garnie, ou, substantivement, en garni,
ÂCAD.
Quatre heures. Faire quatre lieures, fér qwatr'heure;
donnez-lui son quatre heures, dinéz-li s^qwatr^ heure. Dites :
goûter ; donnez-lui son goûter.— On se sert aussi du substantif
collation et du verbe collationner (on ne prononce qu'une l ; on
distingue ainsi ce mot de collation, l'action de conférer, où les
deux / se font sentir).
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— 310 -
Que, conjoQction. 1<> C'est pourquoi qiLc vous êtes malade,
c'est pokoi qui v's estez malade, fi. 'lis daarom dat gij ziek xijt
Il faut faire disparaître le que. Voilà pourquoi vous êtes malade.
— Cette faute se retrouve dans le langage du peuple à Paris :
Pourquoi donc qu'on nous aurait si bien nourri pendant plus de
cinq mois et engraissé à si grands frais? J. Sandeau, la roche
aux M., XI. C'est sans doute uue imitation du parler popu-
laire.
â"" Je ne sais à quoi que j'en suis,;t n'sés à quoi quifennè sos.
Encore un que redondant. Je ne sais à quoi j'en suis.
S*" Quant à son nom, et d'où qu'il vient, je n'en sais rien, tant
qu'à s'no et d'wisse quH vint^ ji n'è ses rin. Le que est également
inutile: et d'oiiil vient...
4"* Il est assez riche que pour se donner une voiture, il est assez
riche qui po s'dinér 'n' voiture. Dites simplement : assez riche
pour... — Il est trop doux que pour se fôcher, il est bin trop
pâhûle qui po s'mâvlér. C'est toujours le même 411^ parasite : Il
est trop doux pour.. ..
5® Voilà où que nous demeurons, vola wisse qui nos d^manans.
Dites simplement : voilà où nous, demeurons. Quant aux tour-
nures : voilà ousque^ voilà où est-ce que nous demeurons, elles
sont des plus barbares.
Que, relatif. 1"^ — redondant. Quelle vilaine posture que
tu as, quéle laite posteûre qui ti fais ! Dites : quelle vilaine
altitude tu prends ! — Quel nez qu'il a ! quéle narenne qu'il a !
— Quel beau temps qu'il fait ! que bai timps qu'i fait ! Dites :
quel nez il a ! quel beau temps il fait ! {i)
Pour moi, qu'il dit (ou qui dit), je n'en veux pas, tant qu'à mi^
qu'i dèrit, j'enné voux nin. Dites : pour moi, dit-il, je n'en
veux pas.
â«Pour dont, ou pour lequel précédé d'une préposition. Voilà
dat.
(*) Les paloîs flamands oroploieal de môme facoo la conjonclion et le relatif
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- 311 -
ce que vous êtes cause, vola çau qui v's estez cdse. Dites : voil!)
ce dont vous êtes cause. — C'est un mot qu'on ne se sert plus
guère, c'est on mot qu'on n'si ciève pus wère. Dites : dont on ne
se sert plus guère, ou qui est tombé en désuétude.— Voyez-vous
cette maison que sa façade se dresse au milieu de la place ?
vèyéz-v' bin cisse mohonne-li qui si streûte façade si dresse â
moitéïe délie pièce? Dites : cette maison dont l'étroite façade ...
— Donnez-lui ce qu'il a besoin, dinéz-li çou qu'il a dangt. Dites:
ce doni il a besoin. — Voilà le bâion qu'il m'a frappé avec, vola
l'baston qu'i m'a ferou avou. Dites : le bâton dont il m'a frappé.
— L'affaire que je vous parlai hier, Caffaire qui ji v' parla hîr.
Dites : l'affaire dont je vous parlai hier.
Pourquoi ne mettez-vous pas la robe que vous êtes si belle
avec ? poquoi n'mettéZ'V'nin l'rôbe qui v's estez si prôpe avou? Un
outil 9ti(? je ne peux pas travailler sans^ ine ustêie quiji n'poux
nin ovrér sins. Prenez la caisse que les cigares sont dedans^
prindéz l'caisse qui lès cigare sont d'vint. L'homme que je tra-
vaille pourlui^ l'homme quifouveûre por lu. L'arbre qu'il est
monté dessus, Vâbe qu'il est monté à Vcopette.
Les wallonismes du premier alinéa proviennent de ce que le
relatif fifont n'exisie pas en wallon ; les autres s'expliquent par
cette circonstance que le wallon n'admet guère l'emploi du
relatif précédé d'une préposition. Tel est l'avis de Simonon (Dis-
sei^taiion grammaticale sur le patois wallon, p. 23) et de M. Del-
bœuf (Li mâie neûr, II, l, note 2). Micheels, dans sa grammaire
liégeoise, page 30, a beau se gmdarmer contre les écrivains
wallons qui ont employé celte manière de parler; elle appar-
tient au plus pur wallon, et ceux d'entre nous qui parlent
encore le vieux langage de nos pères sans aucun mélange de
français — rari nantes — ne s'expriment pas autrement. Elle ne
semble au reste pas si incorrecte ; les langues les plus litté-
raires en ont usé à l'origine; témoin Homère, qui dit, comme
un Liégeois de la vieille roche : Minerve se dirigea vers la
couche que la jeune fille dormait dedans, Odyssée, VI, 18. Le
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- 312 -
grec a le seul avantage de mettre le relatir au datif, et le datif,
en grec, servait de locaiif; à part cela, l'analogie est frappante.
Le flamand et surtout l'anglais pourraient également donner
lieu à des comparaisons intéressantes. Mais cette tournure, si
légitime soit-elle en wallon, est tout à fait barbare dans la
langue si perfectionnée de Voltaire; aussi bien elle ne se ren-
contre que dans le parler des personnes peu instruites. Gorri-
rigeons donc les phrases précédentes : Pourquoi ne mettez-
vous pas la robe avec laquelle vous êtes si belle? Un outil sans
lequel je ne puis travailler. Prenez la caisse dans laquelle (et
mieux où) sont les cigares. L*homme pour lequel je travaille.
L'arbre sur lequel il est monté.
3* Au moment qu'i\ arrivera, â mautnint qû'arriv'reifi. op het
oogenblik dai hij zal aankomen, au moment que je le verrai
(Forir), â moumint qui fel veureî. — Du temps que les écoles
étaient rares, de timps qui lès scole estît rares. — La saison
gu'on brasse la meilleure bière, li saizon qu*(m bresse li mHeû
btre.
Le latin, langue synthétique, employait le relatif à Fablatif
comme complément de temps. Le français est une langue analy-
tique ; il marque le plus souvent le rapport de temps par une
préposition : durant lequel, pendant lequel, dans lequel. Mais ces
tournures sont souvent lourdes et disgracieuses, mémeen prose,
et l'on y substitue fréquemment l'adverbe oU. L'instant où nous
naissons est un pas vers la mort. Volt. Le moment où je parle
est déjà loin de moi. Le latinisme (relatif sans préposition) est
resté intact dans notre patois, qui emploie rarement wisse
comme adverbe de temps, et qui ne connaît guère l'emploi du
relatif précédé d'une préposition. Il s'est maintenu longtemps
dans la langue française, en prose comme en vers, et les
exemples foisonnent chez les meilleurs écrivains. Au moment
qu'elle rit, son tour vient, La Font. Le Lièvre et la Perdrix, Je
ne m'ennuyais point cet hiver que je vous avais, Sév. Une nuit
que j'étais dans cet état tranquille où l'âme... Montesq. ce Que,
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— 313 -
avec un nom de temps^ signifie durant lequel. » Lin. « Laveaux
dit avec raison que cette tournure a vieilli; mais il devrait
ajouter que la poésie l'a conservée. » Dbssuux, Traité de Versif.
franc. — On dira donc : au moment où je la verrai ; au temps
où les écoles étaient rares ; la saison où l'on brasse la meil-
leure bière; au moment où il arrivera. — Ajoutons toutefois
que le relatif après le mot moment paraît encore assez usité, et
qu'il est seul admis dans la locution du moment que (dès que,
depuis que, puisque). De plus, asleûrqui, oûie qui, se traduisent
par maintenant que, à présent que, aujourd'hui que, et ne peuvent
se traduire autrement. On dit aussi à Vheure qu'il est, et un jour
que, plus rarement, un jour où.
4» De la manière qu'il agit, dette mantre quHl agixhe; delà
manière qu'il parle, délie mantre qu'l jdse. M. Garpentier me
semble bien sévère en condamnant ces tournures. Littré dit
qu'on foit avec toutes sortes de substantifs et que, des composés
où que signifie selon lequel, laquelle, lesquels, lesquelles. Ex.
De la façon enfin qu'avec toi j'ai vécu, Les vainqueurs sont
jaloux du bonheur du vaincu. Corn. Elle vous remercie tendre-
ment de la manière que vous comprenez sa douleur, Sév.
Quelle. La procession quelle vient de passer était fort belle,
el procinssion quelle vient d'passér elle étot fin beUe, tournais.
Dites: la procession qui vient... La maison gu^I^e fait le coin,
'{ maséon quette fait Vcoin, id. Dites : la maison qui fait le
coin. *
Cette faute se commet à Tournai, où le patois a deux relatifs
sujets, qui, masc. et quelle, fém. Ce quelle existe aussi dans le
liégeois : Cest ine bâcelle quelle est comme on vrai houzâr, c'est-
à-dire, cette fille est forte et courageuse. Mais on peut douter
si ce quelle n'équivaut pas à qui elle, et dans tous les cas la faute
en question ne se fait pas chez nous.
Quelquefois. On est venu manger ma provision de pom-
mes ; ne serait-ce pas vous quelquefois ? On-z-a v'nou maçnt
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m'pomû»on (Tpomme; ni sereut-ce nin vos quéquefèie^, Wég.
Dites : ne serait-ce pas vous par hasard ? — Si quelquefois je
n'étais pas à la maison... si téle(Heji n'esteus nin è Tmohmne.
liég. Dites : si par hasard, si d'aventure je n'étais pas au logis.
— Ne touchez pas à cela, quelquefois^ n'allez nin dtou (Tçou'a,
saviZy quéquffèîe^ liég. Dans celte dernière phrase, quéquefèie
est intraduisible; il faut le remplacer par un équivalent: ne
vous avisez pas de.... — Jean n'est pas venu à l'école: il est
quelquefois malade, Jihan riest nin v'nou è s'cole ; il est télefèie
malade, liég. Dites: il est peut-être malade, ou peut-être est-il
malade, ou peut-être qu'il est malade. — Nous écrirons au gou-
verneur, au ministre et au Roi, qiielquePo's à Monseigneur,
nos serirans au gouverneur, au minisse, et au Roi, quéquefle à
Monseigneur, Âurmonaq di Nameur, a. 69, p. 32. Dites : peut-
être à Monseigneur.
C'est un flandricisme : Wie weet^ wat ersomtijds nog gebeuren
kan? Qui sait ce qui peut arriver?
Qui. 1» Vos milords (sorte de pommes de terre) qui ont
d'énormes tiges, vos milôrd qu'ont dès fameux balo. — Son
ongle qui est tombé, si onke qu'est toumêie. Dites simplement :
vos milords ont d'énormes tiges, son ongle est tonibé.
2'' C'est moi qui a fait cela, c'est mi qu'a fait coula. Dites : c'est
moi qui ai fait cela. — C'est moi qui se trompe, c'est mi qui
s'trompe. Dites : c'est moi qui me trompe. - C'est moi qui s'a
trompé, c'est mi qui s'a mam. Dites : c'est moi qui me suis
trompé. -> C'est moi qui est le maître, c'est mi qu'est l'maisse.
Dites : c'est moi qui suis le maître.
Le verbe doit s'accorder avec le pronom relatif sujet comme
il s'accorderait avec l'antécédent du pronom relatif. Telle est la
règle actuelle de la syntaxe française; mais les écrivains du
grand siècle ne la connaissaient pas, et l'on se tromperait
étrangement en disant que les exemples suivants renferment de
grossiers solécismes. Ce n'est pas moi qui se ferait prier, Mol.
Sgan, se. 2. Je ne vois \x son sort que moi qui s'intéresse, Rac.
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En allemand, c'est la construcUoD ordinaire : Glaube mir^ der
iieh besser kennt^ als du êelbsty Sghillbr. Il est donc probable
que le wallon^ ici encore, a conservé la vieille construction. Ce
serait une injustice flagrante que de la taxer de tournure bar-
bai*e. On peut du reste en rendre raison. Il y a ici un accord
sylleptique. Ainsi, dans le vers de Racine, je ne vois à son sort
que moi... équivaut à, je suis la seule personne qui..., et dans
le premier exemple, c'est moi qui... vaut autant que, je suis
celui qui... De là la règle d'accord appliquée par le XVII*
siècle et par la langue allemande. — Quant à la faute, c'est nous
qui Vont dit, ou qui Ya dit, c'est vous qui l'a dtl, c*est nos aute^
c'eit vos aute qui Font dit, elle est tellement grossière, qu'il est
superflu d'y insister.
3<* J'ai des élancements dans la léte qui m'étourdissent,j'a dés
lancemint è Vtiesse qui nifet sot. Dites : J'éprouve dans la tôle
des élancements qui m'étourdissent. — - J'ai une envie à un doigt
qui me tourmente, fa 'n'èvèie d deugt qui méfait bisquer. Dites :
J'ai à un doigt une envie qui me tourmente. — Il faut autant que
possible rapprocher le pronom relatif de son antécédent. Le
wallon ne tient pas compte de cette règle, ou du moins y déroge
chaque fois qu'il n'y a pas d'équivoque à éviter. Il faut bien
reconnaître que, dans la converbation familièie, nous imitons
très-souvent en français, à ce point de vue là, la liberté de la
syntaxe wallonne, et nous tombons souvent, sans le savoir,
dans le jeannotisme.
4'' Qui qui siffle, qu'il dise, qui qui huffel, qu'èl dèie. Dites :
que celui qui siffle le dise, ou se déclare. Ce grossier wallo-
nisme fut, dit-on, prononcé un jour dans un théâtre par un
agent de police, et cela en pleine représentation. Un loustic du
parterre répondit : « Monsieur, c'est un droit qu'à la porte on
achète en entrant. » Qu'est-ce qu'a dit cela'! s'écrie l'agent de
police. — C'est Boileau, monsieur.— Qu'on le tape à la porte (i).
(') Deux antres wallonismes pour: qui est-ce qui a dit cela? qu'on le jette.
V. le n« 6, et Tart, Taper,
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— Je ne sais pas qui qui a fait cela, ji n'sés nin qui qu*a fait
coula. Supprimez un qui. Je ne sais pas qui a Tait cela.
S^" Je veux avoir cela, coûte qui coûte, ji voux aim coula,
cosse qui cosse, liég. (cosse qui cosse est également namurois).
Dites : coûte que coûte, ou quoi qu'il en coûte, ou à quelque prix
que ce soit, ou à tout prix.
6^ On frappe à la porte. Qu*est-ce qu'est là lOnfireà Fouxhe.
Qu'est-ce qu'est là ? Bull. a. 58, p. 80. Dites : qui est-ce qui est
là ? et mieux, qui est là ? ou, qui va là ? — Le français distingue
qui est-ce qui, lequel se dit des personnes, de qu'est-ce qui, lequel
se dit des choses. Le wallon n'a qu'une forme.
Quine. La quine est bien rare maintenant, on ne la joue plus
guère, H quine est bin rare asteûr, on u'èljowe pus wère. Dites :
le loto est bien rare maintenant, on ne joue plus guère à ce jeu.
— Le français quine (masc.) se dit, au loto, de cinq numéros
gagnant ensemble sur la même ligne horizontale, ou de la même
couleur.
Quitte. Mi wèzenne est qwitte di s^fis, qu'est èvôie. Elle est
qwitte di itenne, qu'on li a d'rôbé. Forir traduit à tort : Ma
voisine est quitte de son fils qui est parti. Elle est quitte de son
cuvier, qu'on lui a volé. Dites : Ma voisine a perdu son fils... ;
on lui a volé son cuvier.
Quitte vient du latin quietus, tranquille, qui a donné égale-
ment le wallon keû, keûte, et le français coi, coite ; il signifie
proprement qui ne doit plus rien, qui s'est libéré de sa dette
(c'est de la même façon que le latin pacare, apaiser, est devenu
pat, payer) ; puis le sens s'étendant encore, il a signifié délivré,
débarrassé de quelque chose. « Il suit de là, dit M. Carpentier,
qu'on est quitte de quelque chose de mauvais, de gênant, de
fâcheux, comme d'une fièvre, d'un procès, etc. ; mais on ne peut
pas dire que l'on est quitte de quelque chose auquel on est
attaché ou que l'on regardait comme un bien. » Il faut prendre
un autre tour. Ji sos qwitte di m' norèi,tl. ik befi mijneti neusdoek
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kwgi;ïu\ perdu mon mouchoir. Il est qwitf di s'pUce^ il 2i
perdu sa place. Mais les phrases suivantes sont correctes. Me
voilà quitte de la corvée, du compliment^ de la visite que j'avais
à taire, il est quitte de sa fièvre, àgad. Te voilà donc bientôt
quitte d'un grand souci, Gom. le Metu.
i"" Je suis quitte avec vous, ji sos qwUte avou vos. Dites : je
suis quitte envers vous. Ex. Soyez heureui, mes enfants, vous
serez quittes envers nous, Gbnlis.
Quitter. Ji v'qwitte çau qu* vos m' divéz. Forir traduit : Je
vous quitte de ce que vous me devez, et il s'exprime correcte-
ment, quoi qu'en dise Hennequin. Inutile de remplacer ;e vous
quitte du reste par je vous tiens quitte du reste. Littré, dans son
dictionnaire, part toujours du sens étymologique, et il donne
pour première acception à quitter : tenir quitte, exempter,
affranchir. Ex. Quitter quelqu'un d'une amende, d'une peine,
LiTTRÊ. Réponds-moi seulement de l'avenir ; jeté quitte du reste,
Batnal.
Quoi. Il a dd quoi, il a d^ quoi. Dites : il est dans l'aisance,
il est riche, il a de l'argent. Cette locution populaire se dit
aussi en France. Ex. C^est un homme qui a de quoi, Acad. — Y.
Fortune et Moyen. — Mais avoir de quai, avec un complément,
est du meilleur style, pour signifier ce qui est nécessaire, ce
qu'il faut pour... C'est un garçon de quarante ans qui a de quoi
vivre, Lesage; et, sans complément, ils trouvaient aux champs
trop de quoi, c'est-à-dire ce qui suffisait, La Font. Vhirond. et
Us petits ois.
On dit absolument : Ne vous inquiétez pas ; en vérité, il riy
a pas de quoi, Genlis. C'est la traduction du wallonisme : coula
ri vât nin lès pêne. Y. Peine. Il riy a pas de quai s'emploie
encore, dans le style familier, pour traduire le wallonisme, ci
riest rin découla. Ex. Merci co cint fêle, savez, m*binamé. — Ci
riest rin dçaula^ brave feumme. Tournez : Mille remerctments,
mon cher Monsieur. Il riy a pas de quai, ma bonne. — Gardez-
vous de traduire, comme plusieurs le font: ça riest rien de cela.
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2* lis ne savaient quai dire, i n'savint né quoi dire, pat. de
Charler., Gh. Bernus, 48. Dites : ils ne savaient que dire. —Je
ne sais quai dire, quoi faire, quai répondre, quai penser, ji n*tés
quaidire^ quai fir, quoi responde^ quoi tusét^ liég. Dites : je ne
sais que dire, que faire, que répondre, que penser. — Nous
avons remarqué qu'A. Musset affectionne particulièrement cette
façon de parler. Margot ne savait trop quoi faire, Margot, VI, et
Les deuxmattreêses, III. Mais on dira avec une préposition : Ne
sachant plus à quoi s'en prendre de sa disgrâce, J.-J. Rouss.
3"* De quoi? di quoil Cela se dit pour faire répéter ce que Ton
n'a pas entendu, mais cela se dit très-mal. Il faut supprimer de.
Ex. Quoi? que dit-il? Litt. On pourra aussi employer une autre
tournure. Que dites-vous?— Hein? —Vous d i tes î— Monsieur?
ou plus poliment, pardon, monsieur, veuiller répéter. — Mais
ce quoi elliptique, de même que l'inierjection hein, et la locution
platt'il ? appartiennent au style familier, et, si Ton ne veut être
impoli, il faut, en parlant à un supérieur, s'exprimer d'une
autre manière : Pardon, je n'ai pas entendu. Veuillez répéter.
4<' Vous me demandez ce que je veux boire ; c'est tout le
mime de quoi, vos m*dimandéz çou qu' ji vaux heure; c*est tôt
Vminme di quoi. Dites : Gela m'est égal. — Voliz-v* di coud au
d'çoulà? Cest toi tminme. Tournez : c'est tout un, ou, ce m'est
tout un.
B"» Sâvez-vous bien quoil il faut partir, savéz*v Mn quoiJ i fût
'nn* aller, û. weet gij wel wat, gij moet vertrekken. Dites : savez-
vous ce qu'il faut faire?. . —La iouTnuvesavez-vous une chose ^.
aurait un autre sens qui apparaît clairement dans le texte sui-
vant : Vous le demandez? Savez -vous une chose? Cest que,
quand il parle de Phédria... Bêtoland, trad. de Térenee, III, 1.
Voici une tournure d'A. Dumas qui me paraît équivaloir il
notre wallonisme. Mais écoutez donc, voulez-vous faire une
c/kose? ma voiture contient quatre personnes,... acceptez une
place, Angéle, II, 8.
Quoique ça, wall. quaiq\a, dans Forir. C'est une locution
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— 819 -
populaire vicieuse relevée par Littré, qui donne cet exemple :
Il me trompe; quoique ca, je l'aime. — Il faut employer Tautre
tournure, malgré cela, mâgrè coula. Dans cette dernière tour-
nure, cela représente l'ancien génitif latin et équivaut à décela :
avec le mauvais gré de cela. On dit de même : l'hôtel-Dieu,
pour l'hôtel de Dieu, Téglise Saint-Paul, pour l'église de Saint-
Paul, le parvis Notre-Dame, pour le parvis de Notre-Dame. Ce
sont tout autant de précieux archaïsmes qui se sont maintenus
dans la langue, lorsque les flexions casuelles ayant complète-
ment disparu, on les remplaça par des prépositions.
R.
Rabattre. // rabat (c'est-à^lire il fume, la fumée refoule),
i rabatte. Dites : le vent rabat la fumée, ou, la fumée se rabat,
ÂCAD.
Rabosse. Les Wallons appellent râbosse (nam. rauboae^
mont, nbotse) ou bùudnki, une pomme entourée de pâte et cuite
au tour. Les termes français sont gomichon (Dici. analog.) et
même rabote (Litt.). Ce dernier terme est usité à Genève et dans
les Ardennes françaises, ("est un vieux mot français synonyme
de ballon ou soûle (boule), et qui désigne un jeu encore usité en
Bretagne.
Raooudre. Il faudrait faire racoudre votre manche, fâreut
fér rakeuse vosse manche, liég. Dites : recoudre, — Racoudre son
habit, racoude es' n habit, mont. Dites : recoudre son habit.— Je
ne sors pas aujourd'hui, je dois me racoudre^ ji n'sôrte nin
ouïe, ji deui m'rakeuse, liég. Dites: Je dois raccommoder mes
bardes, raccoutrer mes vêtements. —Il est coûteux de racoudre
six enfants, i coûte gros pou racoude six infant^ mont. Dites: il
est coûteux d'entretenir les bardes de six enfants.
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— 3Î0 —
Rail. Beaucoup de Liégeois font ce mot du féminin, comme
les Flamands (réel) : une raiUe^ liég. ine roAe. Il est masculin :
un rail. Plusieurs le prennent pour un collectif désignant les
deux bandes de fer sur lesquelles roulent les wagons ; c'est un
abus ; il faut dire, dans ce cas : te» deux rail$^ ou la voie.
Raison. Il ne savait plus que faire pour chercher des
raisons, i ri saveût pus quai fir po nos quèri raizon^ U mâie ntur^
p. 28. Dites : pour nous chercher querelle. - Vous aurez des
raisons avec lui, vos âréz dès raizon avou lu. For. Dites : des
diflérends, des querelles, des altercations. — Il cherche des
raisons, i cache dès rmon, pat. de Gharler. Bbrnus, p. 24. Dites:
il cherche querelle. — Avoir des raisons avec quelqu'un, pour
contester avec lui est populaire, dit Littré. — Ne dites pas non
plus: c'est lui qui me cherche iou\ouTSy c*est lu qui friquire M
fir, liég. On dit en wallon :9ttéri'n'MJi;t, d'une manière absolue,
pour chercher querelle à quelqriun. Les enftints traduisent
souvent la locution mot à mot, mais cela ne se dit pas en
français.
Ramonasse. Déjeuner de ramonasses, difunér a»ou dès
ramonasse. Dites: de radis. — J'aime les grosses ramonasses,
ji magne volti lès grosses ramonasse. Dites : les raiforts.
La ravCf qui n'est guère cultivée chez nous, est une racine
violette et allongée; le radis a une racine arrondie, rouge,
blanche ou violette ; le raifort {raiz fort, racine forte) cultivé, ou
radis noir, est plus gros et noir. --Ramonasse vient du flamand
rammenas, qui ne désigne, sauf dans les patois, que le raifort
cultivé. Radtjs est le nom flamand du radis. Les patois de Mons
et de la Flandre française {raimolasse, rémola) ont conservé à
ce mot flamand sa signification.
Ramponean. Rincer un ramponeau, rispdmér on rampo--
neau, liég. respaumér in ramponeau, mont. Dites : un filtre à
café. Ramponeau, d'après le Complément du Dictionnaire de
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— 324 -
rAcadémie, se dit du jouet d'enfaot appelé en liégeois makralle,
et en montois sorcière (fl. tooveraar). On le nomme aussi
prussien ; mais le vrai terme français est bilboquet. — Cer-
taines ménagères, pour éviter le wallonisme ramponeau^ se
servent du mot marabout. Ce mot est français, mais désigne
une espèce de cafetière.
Ranoe. Les militaires portent la rance au bras, lès sôdàr
poirtèt France à leûbress*. — Dites: portent le crêpe.— Le
français rance est un adjectif et signifie : qui commence à se
corrompre, à sentir : du lard rance.
Ranouneux. C'est un esprit rancuneux, c'est ine esprit
rancuwux. Dites : rancunier. — Rancuneux n'a pas éié consigné
dans le Dictionnaire de l'Académie, bien qu'il ait été employé
par plusieurs écrivains. Ex. Je ne suis pas rancuneux, Mariv.
Nourrir contre vous une pensée rancuneuse, Ch. de Bernard.
Rapécher un cadavre, rapèhi on coirps moirt. Dites : repé-
cher, c'est-à-dire retirer de l'eau. — On dit à Mons : où a-t-il
été rapécher une pareille femme ? ousse qu'il a sté rapichenér
'n' feimme ainsi, et, dans la Flandre française, ou as- tu rapéché
ça? dusse Vas rapèké cha'! — Repécher ne peut prendre cette
acception figurée. Il faut dire : où a-t-il ramassé (ou déterré^ ou
déniché) pareille femme ? où a-t-il déterré cela ?
Rappeler (se). Je me rappelle de cela, je m'en rappelle, ji
m' rappelle di coula, ji m'ennè rappelle, liég., ;* mHn rappelle,
mont. Dites : je me rappelle cela, je me le rappelle. — Cette
faute, si fréquente dans toute la Belgique, doit l'être également
en France; car la plupart des grammairiens français l'ont
relevée. Hais plusieurs ont poussé le scrupule beaucoup trop
loin en condamnant «e rappeler de avec un infinitif. Y. Infinitif
COMPLÉMENT, n<» 10. La tournure se rappeler une chose est
la seule naturelle : éiymologiquement, cela veut dire rappeler
une chose à soi ou dans sa mémoire. C'est sans doute par
analogie avec se souvenir d'une chose, sisov'ni d'inesaquoi, se
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ressouvenir d'une chose, si risêov'm (Tine saquoi, que le barba->
risme se rappeler de quelque chose, si rappeler d'ine saquoi,
se sera introduit dans la langue.
Rapport, l"" Il m'en veut à rapport de vous, i m'ennè vont à
rapport di vos. Je n'ai pu sortir à rapport du mauvais temps, ji
lia polou sorti à rapport de mdva temps. Dites : il m'en veut à
cause de vous, je n'ai pu sortir à cause du mauvais temps. —
En France, le peuple emploie de la même manière la locution
rapport à. À preuve ces deux exemples, où l'on fait parler des
gens du peuple. Pourquoi donc? demandai-je. Pardi, rapport
à sa maison, reprit le garde champêtre, Em. So\}\bstre, Mémorial
de famille. C'est que ma mémoire se brouille, rapport à cet
autre, Mariv. le Préj. vaincu, sc.VIlI.— Littré admet par rapport
à, pour marquer, non la cause, mais le but. Ex. Je suis las des
histoires où il n'est question que des aventures d'un roi, comme
s'il existait seul, ou que rien n'existât que par rapport à lui
(c'est-à dire en vue de lui). Volt. Cet homme ne fait rien que
par rapport à ses intérêts, c'est-à-dire dans la vue de ses propres
intérêts, Litt. Il a fait cela par rapport à vous, c'est-à-dire,
dans la vue de vous obliger.
2« Il m'en voulait à rapport que j'étais riche, i vrCenné voléve à
rapport quij'aveus bin rtimps, liég., au rapport quéfavois V temps,
mont. Dites : il m'en voulait parce que j'étais riche. — A Paris,
le peuple dit également : par rapport que y étais riche (Biscar-
rat).
Ras. 1« Cette sorte de chien a le poil rasse, cisse sort di
chin a l'poïège rasse. Dites : a le poil ras; prononcez ra. Voyez
la même faute aux mots Las et Sec.
2** A rasse de l'eau, à rasse di Vaiwe. Dites : au ras de l'eau ,
ou, à ras l'eau, Acàd. Ex. Cette embarcation est à ras l'eau,
AcAD.,c*est-à-dire presque au niveau de l'eau. Madame d'Hendi-
court était auprès du roi sur un petit siège tout bas et presque
au ras de l'eau, St. Sim.
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- 3Î3 -
A rase de terre, à rosse di thre. De est de trop. D'après Bes-
cherelle, la locution à rase terre est fort usitée, quoiqu'elle ne
figure dans aucun dictionnaire. Elle signifie à fleur de terre, de
niveau avec la terre environnante. Ex. Dans la cour est un
puits dont la margelle est à rase terre, Besgh. C'est un énallage
analogue à de guerre lasse, une rue passante, etc. — On dit
aussi à ras terre, Litt. (à Rasé, ^) rez pied rez terre, Agad., ou,
simplement, rez terre, id., à rez de terre, Litt. — Verser du
vin à rase du bord, vudi de vin à rase de boird. Dites : verser
du vin à ras de bord, c'est-à-dire, emplir le verre jusqu'au
bord.
Rasibus. Au rasïbus de Teau, au rasibus de l'iau, montois.
Dites au ras de l'eau, ou à ras l'eau. Si l'on tient à rasibus, qui,
bien que populaire et bas, a été admis par l'Académie, il faut
supprimer au : rasibus de Teau. Rasibus n'est autre chose que
ras avec une désinence latine. Ex. Le coup lui passa rasibus du
nez, Agad., c'est-à-dire tout contre, tout près. Il a démoli son
château rasibus de terre, Palsgr., XVP siècle. — Le général
Jardon, aussi connu par ses hardiesses grammaticales que par
son audace guerrière, fit un jour un singulier emploi de ce mot.
C'était pendant la guerre de la Péninsule ; il se dirigeait vers un
couvent auquel il voulait imposer une forte contribution de
guerre. Le prieur étant venu à sa rencontre avec ses moines,
lui adressa une harangue en latin. Ne vois-tu pas bien, lui dit
son aide-de-camp Rensonnet, ne vois-tu pas bien quHls se
moquent de toi. — Attends un peu, lui répond le général ; je
vais leur parler latin : Monsieu Vpriesse, si vos non payatibus,
vestrum mo7iasterium rrrasibus. Le prieur comprit de reste : il
s'empressa de payer une forte rançon.
Rassercir, rassarcir, rassercer ou rassercier, en montois
rassarci ou rassarcér, du latin resarcire, raccommoder. Dites :
rentraire. Nos Liégeoises l'emploient aussi dans le sens de
ravauder (en liég. rinawi). V. Rentrer et Remailler.
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— 324 —
Rauque. Je suis tout rauque, ji sos lot rauque. Dites : j*ai la
voix toute rauque, ou je suis tout enroué. — Le wallon rauque
et le berrichon rauche (Litt.) se disent des personnes, comme
le latin raucus. Ainsi le raucus factus mm de Plante, se traduit
littéralement : ji div^na rauque. Je devins rauque ne vaut rien ;
on dit: Je m*enrouai. Par une de ces bizarreries dont le français
offre tant d'exemples, le français rauque se dit surtout de la
voix, et ne peut se dire de la personne.
R6. A Mons et à Nivelles re, à Liège et à Namur ri. Au moyen
de ce préfixe inséparable, nos patois forment un grand nombre
de composés qui marquent répétition ou réitération ; ils forgent
ainsi quantité de composés dont les correspondants ne sont pas
admis dans la langue régulière et grammaticale. Tels sont les
composés liégeois ramidonnér, rigostér, rihufflir^ rissainî. Ils
sont tolérés dans le style familier, lorsque le verbe simple est
exprimé dans la même phrase : Avant d'acheter ce vin, il Ta
goûté et regoûté, il a été saigné et resaigné (dans ce cas, on ne
double pas Vs), cet auteur a été sifflé et resifflé (Litt.). Mais, dans
la bouche du peuple, cette particule s'ajoute à un grand nombre
de mots sans valeur sensible; ainsi se forment des composés
qui ont le même sens que la forme simple. S'il faut en croire
Agnel (page 3), cet emploi du préfixe re est très-ancien dans la
langue. Et il est arrivé plus d'une fois que la forme populaire a
fini par supplanter la forme grammaticale. C'est le cas pour
remercier, rencontrer, rassembler, dont la forme ancienne était
mei'ciei\ encontrer, sembtei\ D'autres fois, la forme populaire a
pris rang à côté de la forme simple, qui, auparavant, était seule
littéraire, et a conservé le même sens; les exemples foisonnent;
nous nous en tiendrons aux suivants, qui rentrent particulière-
ment dans notre sujet: rallonge, récurer, redire, régaler,
remonter et retenir. L'Académie leur a accordé droit de bour-
geoisie, en leur conservant la signification des mots simples
{simples relativement), allonge, écurer, dire, monter ; il va de
soi que, pour quelques-uns de ces termes, il s'agit d'acceptions
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toutes spéciales qui seront indiquées plus loin. Nous n'en dirons
pas autant des suivants, qui sont très-usités en Belgique: rac-
cuser, racheter, racquitter, raflstoler, rahausse, raiguiser«
ramincir, rappeler, rattaquer, rattendre, recouper, récrire,
régaliser, reguérir, relaver, remailler, rentrer, renforcir,
rétamer. Presque tous ces mots sont également des paiisia-
nisnus. V. Agnel, pages 2 et suivantes. Le bon usage les
réprouve, et si quelques-uns d*entre eux sont consignés dans
le Dictionnaire de TAcadémie, ce n'est jamais avec le seus du
mot simple.
Nous reprenons tous ces mots en détail.
A. Mots admis par l'Académie. Nous en parlons, parce que
plusieurs se font paiiois scrupule d'en user.
1« Rallonge. Mettre une rallonge à une table, Agad. mette
ine rallonge à ine tâve, liég. On dit plus souvent une allonge.
— C'est du bois de rallonge, c'est du bos d'rallonge, mont. Dites:
ce sont des allongements, c'est-à-dire, c'est un moyen de
gagner du temps. On dit aussi allonger la courroie. ^ Mais
rallonger ne vaut absolument rien. Les jours rallongent ^ les jours
ralléongenVe, tournaisien. Dites : les jours s'allongent, LiTT.,les
jours croissent, Agad.
2*» Récurer. J'ai donné toute ma vaisselle à récurer, /a d*né
totes mes hielle à r'hurir, liég. ; en mont. rescurer.On dit ordi-
nairement icurer ; ce mot n'est pas un composé de curer ;
c'est une abréviation de escurer, du hollandais schuren, même
signification (Grandg.).
3» Redire. Un auteur d'omnibus qualifie de wallonisme la
locution trouver à redire à quelque chose, trovér à r'dire
à 'n' saquoi, pour trouver à reprendre, à blâmer. Voici des
exemples qui apaiseront ses scrupules. Il trouve à redire à tout
ce qu'on fait, Agad. Il n'y a rien à redire à sa conduite, id.
Trouver à redire aux choses les plusi innocentes. Mol.
4« Remonter une montre, rimontér 'n' monte. On dit plus
rarement : monter une montre.
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— 326 —
5° Retenir quelqu'un de faire une chose, rit'ni V saqui dé
fér nsaquoi. Benoit tient celte locution pour vicieuse. L'Aca-
démie donne cet exemple : je ne sais qui me retient que je ne...
Et Littré cite, entre autres exemples, les suivants, qui sont
concluants : Bien des raisons doivent me retenir de parler,
Maintenon. Cette considération ne m'a jamais retenu de faire ce
que j'ai cru bon et utile, J. J. Rouss. — On dit aussi tenir que^
dans le même sens : Je ne sais qui me tient que je ne me fSiche
contre lui, Acad.
B. Mots non admis par l'Académie, du moins avec l'acception
wallonne.
l"" Raoouser. Méfiez-vous de lui, il est capable de vous
raccuser, dimèfUz'V' di /u, U est eapâbe di vWaccusér^ liég. Dites :
de vous dénoncer. — C'est lui qui nous a raccusis, c'est lu
qu'nos a raccusé^ liég. Dites : c'est lui qui a rapporté contre nous
(et non pas qui nous a rapportés, comme dit un recueil d'om-
nibus; c'est probablement un lapsus calami). —\\ raccuse, i
raocuse, mont. Dites : c'est un rapporteur, ou, il rapporte tout.—
Ex. Mademoiselle, je ne veux point aller rapporter contre vous,
Genlis. — Ne dites pas non plus raccusette; dites rapporteur.
Lès raccusette attrapèt sovint 'n' raclêie^ ou ine volèïe. Tournez
les rapporteurs attrapent souvent une volée de coups.
2' Racheter ses bans, racheté ses ban. Dites : acheter des
bans, c'est-à-dire obtenir k prix d'argent la dispense de faire
publier des bans de mariage à l'église.
S^" Racqultter une vieille dette, raequittér n'véte dette.
Dites : acquitter une vieille dette (la payer, Acad.).— Aa^utl^^r
quelqu'un, c'est lui faire regagner ce qu'il avait perdu : ce gain
m'a racquitté. — 5^ racqultter est également fautif dans le sens
du liégeois si raequittér, qui veut dire se libérer. Se raequittér
ne peut signifier que regagner ce qu'on avait perdu,
4« Rafistoler, mont. Dites : raccommoder, rétablir, réparer.
Il est composé du verbe populaire afistolcr, qwi est dans Besche-
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relie avec le sens de parer, accoutrer. Ex. Qui vous a afistolé
de la sorle ?
S*» Rahausse. Mettre une rahausse à une table, mette ine
rihausse à 'n'tâve. Dites : mettre une hausse à une table, Agad.
6* Raig^ser un couteau, rawhi on coûtai, liég. raiguisér
in coutiau, mont, réwisiér in coutiau, rouchi, rewigiér un cou-
/tau, lillois. Dites : aiguiser ; prononcez ni comme dans huile.
Raiguisér se trouve dans quelques dictionnaires français avec
le sens de aiguiser de nouveau ; il faut dire rimoudre, Acad.
7« Raminoir une planche, raminchir enne planque, tour-
nais. Dites : amincir.
S"" Rappeler. S*il est condamné, qu*il rappelle, sHl est
condamné, quH rappelky liég. Dites : qu*il en appelle, qu*il aille
en appel, qu'il interjette appel.— Il faut également éviter de
traduire mot à mot Tancienne locution : ji rattakrei jusqu*à
Wetzlaer, je ra^éiçaerai jusqu'à Wetzlaer. Dites: j'irai en appel
jusqu'à Weizlaer. Littré cite ce mot avec le sens de attaquer de
nouveau, mais il ne donne pas d'exemple tiré d'un écrivain
classique.
9^ Rattendre. — Rattendéz ! rattindéz / liég. Espèce de
menace. Dites : attendez ! Acad.— Après qui rattetidez-\om ?
après qui rattindév' ? Dites: après qui attendez-vous? Acad.
ou, qui attendez-vous ? — Je vous rattends tous, je vos rattinds
ftertous, p. de Niv. Dites : je vous attends tous. - Rattendre
quelqu'un dans un bois, rattinde ine saqui devint on bois, liég.
rattinde eune saqui dins in bos, rouchi, ratinde eune saqui dins
in bos, lillois, rattinde enne saqui dins in bos, mont. Dites :
attendre quelqu'un dans un bois. M. Garpentier traduit par
attaquer, assaillir. Pourquoi pas par attendre ? Nous lisons dans
Bescherelle : attendre au coin d'un bois, et dans le Dictionnaire
de l'Académie : des brigands m'ont attendu au coin d'un bois.
De là vient le terme carolorégien et lillois in rattindeux, un
malfaiteur. Il a été ratlendu, il a stu rattindou. Dites: des mal-
faiteurs l'ont attendu au coin d'un bois.
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^ 328 —
10^ Recouper. Il faut recouper ce b&ton, il est trop long,
i fàt fcôpir c^baston-là, il est trop long, liég. Dites : il faut rogner
cebàtOQ-là, il est trop long, Agad. Se recouper les ongles,
si r'côpér lès onke^ id. Dites : rogner ou couper ses ongles.—
Recouper^c'esi couper de nouveau. Cet habit avait été mal coupé,
il afollu le recouper; aux jeux de cartes, lorsqu'on n'a pas
coupé net, il faut recouper, Acad.
11« Récrire. Il récrit dans un bureau, i récrit su nHn
bureau, mont, tournais. Dites : il écrit dans un bureau. —
Récfire signifie, 1* écrire une seconde fois ce qu'on a déjà écrit,
i"" écrire une seconde fois à quelqu'un, S*» faire réponse à une
lettre, Agad.
li"" Rôgaliser un chemin, régalisér in kémin, ou régaler in
kémin, mont, rèwalér ine vôie^ liég. Dites : égaliser, égaler,
aplanir, niveler un chemin. Régaler est admis par l'Académie
en ce sens ; mais il est peu usité.
13° Reguôrir. Il se reguérira bientôt, i s'riwèrihret bin rate,
liég. Dites : il guérira, ou se guérira bientôt.— Il est reguéri,
il est fguéri, mont. Dites : il est guéri.— Reguérir, s'il est
français (il est dans Littré), ne peut signifier que guérir de
nouveau.
14» Relavures. Jeter les rHavures, mont., lill. taper les
r'iaveûre, liég. Dites : Jeter la lavure, ou la rinçure d'assiettes.
—Relaver la vaisselle, rt/at;^ lès hielle. Dites: laver la vaisselle.
— Pierre à relaver, Pire a r' laver, liég. Dites : évier, ^ Relaver
signifie laver une seconde fois : Après avoir longtemps lavé
et relavé son œil crevé, Scarr.
15*» Rentrer. On ne peut pas rentrer, on ripeutpont rintrér,
tournais. On n'peut nié rintrér, mont. Dites : on ne peut pas
entrer. Benoit signale ce belgicisme, qui est particulier au
Hainaut. V. Tart. Rentrer, à son rang alphabétique.
16" Renforcir un mur, rèfoïrci on meûr. Dites enforcii'
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un mur. Mais on pourra se servir du composé renforcer:
renforcer un mur.
IT^" Répanoher de Teucre, répanchér cT F inke, iourmis.,
rapanchér (T V inke, mont. Dites : épancher de Fencre. Hais le
liégeois rispâde di IHnche correspond au français répandre de
Fencre.
18* Rétamer une marmite de cuivre, ristainnér V marmite
di keuve. Dites : étamer. Ici se termine l'article relatif à la parti-
cule Re.
Réfléchi. 1<» (Auxiliaire du verbe). Il s'a caché dans une
pièce de blé, is*a cachi devint ine plaque di grain. Dites : il s'est
caché dans une pièce de blé, ou dans un blé (Acad.). Je m'ai
trompé, ji m'a marri. Dites : je me suis trompé. Il s'a Ikit mal,
i s'a fait ma. Dites : Il s'est fait mal. Je m'avais engoué, ji
m^aveus t-èkrouki (ou èlohij. Dites : je m'étais engoué. — Cette
faute se commet dans toute la Wallonie ; aussi bien l'idiotisme
est commun à tous les patois wallons. Voici quelques extraits du
Bull. a. 70, i* livr. : Il s'a mis in service j pat. de Tournai. // s'a
ttigagié au service d'en habitant (foupaû, Pâturages. Is'a ègagi-
n'a un (Cl'èdrout-ny Bassilly [Enghien]./ s'aftéàsin cou, Lille.
I s'a rueu à s'eou, Ghièvres. / s'a rué à s'cou, Leuze, Péruwelz,
Pâturages, Bassilly. / s'a rué à s'goïé, Dour. / s'a r'wote à s'cou,
Soignies. / s'a pindu à s'cou, Beaumont. / s'aj'té à s'co, Gosse-
lies. / s'a ftéà s'cou, Nivelles. Is'a tapéàs'câ, Wavre. Isa tapé
à «'(^u, Spontin. —Autres textes : Elle s'a rinvié (elle s'est
réveillée), Armon. de Hons, a. 67, p. 19. Poquoi v'z avoz léï
/recftt ? (pourquoi vous-étes vous laissé mouiller?) Aurmon. di
Nameur, a. 70, p. 44.— J' m'ai sauvé, p. de Marche, Bull. a. 89,
p. 169.
Dans les langues germaniques, le verbe réfléchi se conjugue
avec l'auxiliaire aroir : ail. ich habe mich betrogen, fi. ik heb
mij/'eetrojfen; c'est littéralement le wallon ji m'a marn; angl.
he has wounded himself, wall. t s'a quahi. G'est probablement là
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l'origine de ce wallonisme. La substitution de être à avoir dans
les verbes réfléchis en français est aussi ancienne que la langue.
(Littré, au mot Se, rem. 7.) « Cet emploi de l'auxiliaire être
s'explique par la nature passive des verbes réfléchis ou le
pronom est le complément direct. Quand j'at blessé ma propre
personne j iesuis blessé; voilà pourquoi on dit je me suis blessé.
Cet usage a passé par analogie aux verbes pronominaux dont
le pronom réfléchi est le régime indirect. » Plobtz, Gramm.
franc, page 37. Quand l'usage se fut bien établi de dire je me
suis coupé, la tournure je m'ai coupé le doigt, la seule qui puisse
s'expliquer grammaticalement, parut choquante, et le solécisme
je me suis coupé le doigt s'introduisit à l'aide de l'analogie.
On a vu à l'article Me, ce qui concerne la place du pronom
complément du verbe réfléchi, quand celui-ci dépend d'un
autre verbe : Il se va mettre en colère. Une particularité de
cette tournure est d'imposer au premier verbe Tauxiliaire être
au lieu de avoir dans les temps composés, tout comme si ce
premier verbe était réfléchi. Ainsi je dirai : il a voulu se noyer,
et il s'est voulu noyer, et non pas, t7 s'a voulu noyer, i s'a volou
nèï. Ex. Je m'imagine que tu ne t'es pu empêcher de rire,
D'Ablancourt (Litt., au mot Pouvoir, 9). Un embarras qui a con-
tinué et qui ne s'est pu débrouiller, Pascal. Ceci montre à sufli-
sance combien l'auxiliaire avoir a<^colé au pronom réfléchi est
antipathique à une oreille française. L'harmonie avant tout !
la grammaire est une esclave, et ne doit qu'obéir !
Regarder. Beaucoup de Liégeois et de Moniois substituent
garder h regarder. Garde un peu. Dites : Regarde un peu. Peut-
être cela provient-il de la tournure ardennaise waite one miette,
ou montoise weite in pau. Agnel (page 5) dit que regarder a été
autrefois la forme populaire, composée de re et de la forme
ancienne esgarder, qui se disait seule. Cette forme esgarder se
serait-elle conservée chez nous en s'abrégeant encore ?
2*» Marie regarde après le chat, Marète louke aprè.s Vchèt. Diies:
cherche le chat. L'allemand nach ehiei- sache sehn a un sens
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analogue : s'informer de quelque chose, et le flamand naar iets
zieiiy signifie chercher quelque chose, s'informer.
"à"" Regarder à la maison, louU à l'mohonne, liég., tvaiti à
ïmaujonm^ nam. Regardez à l'enfant, loukiz à l'èfant^ liég.
Dites : Garder la maison, veillez sur Tenfant.
Notons les tournures anglaises ta look to, chercher, et to look
after, veiller à, prendre soin de.
it"" Je regardais large^ v. Large, 3®.
S» Regardez de prendre vos précautions, UmU de prinde vos
précaution. Dites : Voyez à prendre vos précautions, Â Musset,
le Fils du Titieii, IV. — Regardez d'être prêt pour dix heures,
loukiz dresse prêlV po dixh heure. Dites : voyez à être prêt à dix
heures. — Allez*s louki âxovri. Dites : allez voir aux ouvriers,
AcAD. — Regarde à toi, louke à H, look to thyself^ angl.; regardez
à vous, loukiz à vos. Dites : prends garde à toi, prenez garde à
vous, ou, elliptiquement, garde à toi, garde à vous.
6" Un recueil d'Omnibus prétend qu'on fait un wallonisme
en disant : il i*egarde à un franc, i louke à on franc. Cependant
regarder, d'après l'Académie, s'emploie intransitivement dans
le sens de prendre garde, faire attention à. Ex. Avec lui, je ne
regarde point à mes intérêts, Agad. Entre amis, je ne regarde
point aux petites choses, id. Ne pas regarder à la dépense,
Baron. Il ne regarde pas au peu que vous lui offrez, et il vous
donne plus qu'il ne reçoit de vous, Mass. La phrase il ne regarde
pas à un franc paraît donc correcte.
7*» Je me ferais regarder pour un sot, ju rrifreûs louki p'on
sol, verviélois. Dites : Je me ferais regarder comme un sot, ou
je me ferais prendre pour un sot. Littré cite cependant cet
exemple de J. J. Rousseau : Malgré les tristes assurances que
vous m'avez données que vous ne me regardiez plus pour votre
fils. Mais ailleurs Littré fait remarquer, à tort ou à raison, que
cet écrivain, qui était de Genève, n'est pas toujours très-pur.
V. LiTT. au mot Causer, rem. — Louki po est probablement un
flandricisme : iemand voor zijnen vriend aanzien, regarder quel-
qu'un comme son ami, le prendre pour son ami.
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Remailler ses bas, remailler ou ermaïér ses cauches^ mont.,
Dites : faire des reprises à ses bas, les raccommoder.
Remettre. 1* Ils se sont remis camarades, i s'ont fmettau
camarade. Cette tournure populaire est signalée dans Littré. Il
faut dire : ils se sont remis bien ensemble, c'est-à-dire ils se
sont réconciliés. Ex. Je vous prie enfin de vous remettre bien
ensemble, Mol. Sicilien^ 16.
S* Ma sœur n*est pas à remettre à la vôtre, mi sokr n'est nin à
remette à Vvosse, liég. Remettre ne peut signifier comparer, et il
faut renverser les termes de la comparaison : Votre sœur ne
peut se comparer à la mienne. — Il ne faut pas remettre bête à
gens, t n'faut nié remette biette à gint, mont. Dites : il ne faut
pas comparer une personne à une bête.
Remoudou. Le terme français est fromage gras, que Littré
définit : fromage qui est fait avec tout le lait non écrémé. J'en
appelle aux fromagers hèvurlins, n'est-ce pas là leur fromage
si... délicat?
Ren&oler. Non, monsieur le Maire, je renâcle, nenni, mon-
sien rmaieûr, ji r'nakel mot attribué à M»* Goffin. V. le wallo-
nisme, j'ai si bieti fait, à l'art. Faire. Dites : Je suis rassasiée,
j'ai mangé mon soûl. On dit aussi se rendre : Ex. Je ne puis
plus boire ni manger, je me rends. Quoi! vous vous rendez
déjà, AcAD. — On dit familièrement en français renâcler à une
besogne, dans le sens de témoigner de la répugnance pour cette
besogne.
Rendage de compte, rindège di compte. Dites : reddition de
compte.
Rendement de maison, tindège di molwnne. Dites : arren-
tement d'une maison.
Rendre. Maison à vendre, à rendre ou à louer, mohone à
vinde, à rinde ou à louer. Dites : à vendre, à arrenter ou à
louer.
Renon. l^' Son remn est valable, si r*non est valdbe. Dites :
sa renonciation (acte par lequel on renonce).
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rai envoyé an renon à mon locataire, fa-l-èuai an r'nan à
mHôcataire. Dites : J*ai donné congé à mon locataire.
2« Je me suis fait un renon en cœur, ;t m'a fait on r'nofi â
cour. Dites : je me suis fait une renonce en cœur, ou à
cœur.
Renoncer. 1® J'ai renoncé mon locataire, fa r'noncî m'iôca-
taire. Dites : j'ai donné congé à mon locataire. — J'ai renoncé
mon propriétaire, j'a r'nonct m'prôpriéiaire. Dites : j'ai envoyé
une renonciation ù mon propriétaire.
V II est renoncé de tous les médecins, il est r'nond d'tot lès
docteur. Dites : il est condamné par tous les médecins, il est
désespéré des médecins, il est abandonné des médecins, les
médecins ne répondent plus de lui, on n'en attend plus rien, on
désespère de sa guérison.
Rentrer. 1» Bentrer en enfance, rintrèr enn* èfance. Forir
a, je crois, fait un wallonisme en traduisant de la sorte.
L'Académie ne donne que être en enfance, tomber en enfance, et
Liitré y ajoute, retomber en enfance. Ex. On n'a pas encore dit
que je fusse tombé en enfance, Volt. La crainte de retomber
en enfance, Ghateaub. — On dira également bien : retomber
dans l'enfance. Ex. Es-tu retombé dans l'enfance? X. Harm.,
dans Besch. Hais être dans Venfance n'est pas l'équivalent de
être en enfance ; il signifie qu'on est encore enfant.
â^" Rentrer un manteau, rintrér on mantai. Dites : ren-
traire...
Rentraire, c'est coudre, rejoindre deux morceaux d'étofTe, de
sorte que la couture ne paraisse pas {Re—en^traire^ trahere,
tirer). Les couturières liégeoises, en confondant rentraire avec
rentrer, ne font que suivre l'exemple des couturières pari-
siennes, et Littré cite un texte du Moniteur universel où le bar-
barisme s'est glissé : A part les pièces de couleur qui sont
rentrées avec un goût admirable. — Dites de même : un habit
rentrait, c'est une belle rentraiture, Agao., quel beau ren-
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trayage ! Litt., que bai rintrège ! Ne dites pas un habit rentré,
un habit rentrailé. V. Rassbrgir et Remailler, et l'art. Ré,
B.18.
Respect, l"" On lui a pardonné au respect de sa jeunesse,
on Va pardonné à respect di s'jônnessey liég. Dites : eu égard à
sa jeunesse, en considération de sa jeunesse. — Je l'ai fait à
votre respect, ji Va fait à vosse respect, liég. Dites : par égard
pour vous, à cause de vous. — A Mons, les beaux parleurs
disent : à quoi resse, ou à quoi reste que vous n'êtes pas venu?
à que respect que vos n'estez gnié v'nu ? Sigart (Resse et reste sont
des formes corrompues pour respect). Dites : pourquoi n'étes-
vous pas venu ? — A que respect avée sté à Mon ? — Au respect
que dfavou nCrindage à payer. Tournez. Pourquoi avez-vous été
à Mons. — Parce que j'avais mon fermage à payer.
Respect, dans nos patois, a conservé le sens du latin res-
pectus. Ex. Respectupaucitatis suae, iusT, y eu égard au petit
nombre de ses soldais. Respecta mei, Ov. â respect d'mi, liég. en
ma considération. Le sens primitif de respectas est action de se
retourner pour regarder; et le patois de Tournai emploie le verbe
se retoumei^ dans un sens tout à fait analogue : je ne m'en
retourne pas, je n'm*in retourne pont, c'est-à-dire, je ne m'en
inquiète pas, je ne m'en soucie pas (on ne peut dire, en ce sens,
je ne m'en soucie ; on peut dire ironiquement : je m'en soucie
bien ! ). Le français a conservé longtemps cette signification.
Il avait plusieurs capitaines catholiques qui, haïssant le parti,
n'y estoient qu'à son respect, D'âubigné. Il me suffira de vous
dire que plusieurs respects me rendent chère votre personne^
Balz., dans Litt.
2^ Sur respect, ou sous respect, ou sur votre respect, ou sous
votre respect, locutions populaires traduites du liégeois su
respect et du montois sous vote respect. Parlant par respect,
autre locution populaire usitée dans le Hainaut (et en France,
AcAD.). On s'en sert pour s'excuser de quelque parole qui pour-
rait choquer ou paraître trop libre.
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- 338 «
Dans su respect, su est probablement une corruption de sauf:
e respect (que je vous dois) étant sauf. Su respect, Monsieur,
vos v*s avez marri. Traduisez : sauf le respect que je vous dois,
ou, simplement, sauf le respect, sauf votre respect, sauf respect,
avec le respect que je vous dois (Acad.), vous faites erreur,
Monsieur. Ex. Je ne pouvais, sauf respect, faire mon grand
tour sans l'assistance de ces deux messieurs [gendarmes].
Courrier. Sauf votre respect, il est assez difficile d'attraper ce
qui peut vous plaire, M"»« Dud.
Ressembler, l"" Vraiment, tu ressembles un fou, pas (\), ti
ravise on sot, liég. Dites : tu ressembles à un fou. — A mesure
qu'elle grandit, elle ressemble davantage sa mère, a fait qu'elle
crexhe, elle airèïe si mère, liég. Dites: elle ressemble... à sa
mère.- Il ressemble fort son père,i r'sônne fameûsdimint s'pére.
Dites : il ressemble fort, il ressemble beaucoup à son père. —
Il ressemble notre chat, il retombe toujours sur ses pieds,
i r'chonne nosse chèt, i fchait todis su ses pidy prov. namur.
Dites : il ressemble à notre chat... Gambresier, dans son Dic-
tionnaire wallon, a commis cette faute, qui est assez fréquente :
11 ressemble les anguilles de Melun, il crie avant qu'on l'écorche,
i brait comme lès chin devant d'avu Vcôp, Il faut dire : il res-
semble aux anguilles de Melun...
L'étymologie de ressembler et de rissônner (re— sembler ;
ri— sonner) montre à toute évidence que la construction wal-
lonne est très-naturelle : elle ressemble sa mère, elle semble
être sa mère de nouveau, c'est la reproduction, l'image de sa
mère ; le mot mère est attribut. Par analogie, on a supprimé
la préposition après airi et raviser. Au surplus ressembler
quelqu'un s'est dit autrefois en France, comme il se dit en
\\'allonie. Littré cite les exemples suivants : Ses pleurs...
ressemblent un torrent, Malh. Cette majesté infinie... qui ne
(<) D'après M. Delbœaf (note du Màîe Neur), pas est UDe corruption du français
n* est-ce pas ?
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~ 386 -
ressemblent pas les grandeurs humaines, où il y a toujours
quelque faible, Boss. La tournure actuelle n*a commencé à être
employée qu*au XVI* siècle. L'autre, qui est restée populaire,
même en France, est aujourd'hui bannie du bon style.
2* Nous avons cinq doigts à chaque main; aucun ne teres-
semble^ nos avons cinq deugt è Vmain^ et nouke ni s'ravise (prov. :
tous les enfants d'une même famille ne sont pas de même carac-
tère, de même mérite). Remacle a mal traduit, en supposant
qu'on traduise un proverbe ; il fallait dire : et aucun de ces
doigts ne ressemble aux autres. Le proverbe français est : Tous
les doigts de la main ne se ressemblent pas, Litt. Aucun de ces
enfants ne se ressemble, nouk di ces èfant ni s'risônne. Dites :
aucun de ces enfants ne ressemble aux autres.
Rester. Quand nous restiatis rue des Groisiers, quand nous
resilmes à True des Croisiers, Arménaque de Tournai, a. 51,
p. 33. Dites : quand nous demeurions... C'est une faute de se
servir de rester au lieu de loger ou demeurer, Litt.
Retomber. !<" Je ne puis retomber sur son nom, ji n'pous
ratoumér so s'no^ Forir, fl. ik kan op zijn naam niet valleti. Il
faut revenir, et la construction change. Son nom ne me revient
pas, c'est-à-dire m'échappe, je ne m'en ressouviens pas. V.
Revenir.
2« Il a retombé. V. Tomber.
Réussir, i^ Vous n'y réussirez pas, vos n'y riiussirez nin.
Poyart prétend qu'on ne dit pas réussir à une chose, mais dans
une chose. Il a réussi dans son dessein, dans ce qu'il a entrepris,
AcAD. Réussir dans une carrière, Besgh. L'Académie dit cepen-
dant : il est étourdi, il ne réussira à rien ; et Lamennais : vous
ne réussirez à rien sans Dieu. — Ainsi avec une expression
vague comme rien, y, etc., on dit très-bien réussira.
2» Les vignes sont réussies cette année, lès vègne sont bin
réïûssèïe ciste annexe. Un travail réussi, ine ovrège réiûssi. Une
statue réussie, ine posteûre qu'est rèîûssèie. D'après Benoit, il
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faudrait dire : les vignes ont réussi, un travail qui a réussi, une
statue qui a réussi. Nous croyons cependant que ces tournures
sont employées par beaucoup de personnes qui parlent bien.
Le verbe réussir recevait autrefois Tauxiliaire être : Qu'est-il
réussi (sens étym. : re... exire, sortir) de tout cela autre chose,
sinon un embrasement de convoitise en général? Langue (XVI«
siècle). « Âu commencement du XVIP siècle, on disputait pour
savoir si réunrir se conjuguait aussi avec l'auxiliaire être. C'est
l'auxiliaire avoir qui l'a emporté. » Litt.
Revenir. 1® Je ne retnens pas sur son nom^ ji n'rivins nin so
s'no^ MiGHEBLS, Gram. liég.^ fl. ik iom op zijn naam niet. Le
terme de revenir est bon, mais la construction est wallonne. Il
faut dire: Son nom ne me revient pas. Ex. Son nom ne me revient
plus, je ne m'en ressouviens plus, Acad. Ji r'vèrei so c'tnot-là.
Tournez : ce mot me reviendra, Litt. V. Retomber.
S"" On dit en wallon : ji revins (Tmesse sans faire entendre
nécessairement qu'on vient de nouveau au lieu qu'on avait
quitté. Dites simplement alors : je viens de la messe.
3« Faire revenir des provisions de la eampagne, fér rim'iit dès
porvûzion cFà V campagne. Dites, avec l'Académie, faire venir...
4^* L'ail que j'ai mangé m'a revenu toute l'après-midi, îé« a
qui jfa magni m'ont riv'nou lots Vaprès-dlné, liég. Dites : m'est
revenu. V. Tomber.
Revoir. A revoir, à ravoir ^ pat. de Mons, à r'veûîe, pat. de
Dinant; à r'voir, Avant, de Jean de Niv., page 25; à ravoir, pat.
de Tournai. Il faut dire : au revoir. Ici revoir est pris substan-
tivement comme dans l'expression allemande mm Wiedersehn.
U s'ensuit que la tournure a vous revoir est également fautive.
A revoir en ce sens (adieu), est une faute qui se commet égale-
ment en France. Ex. A revoir, dans Angèle^l, 5, À. Dumas père,
et Montalembert, Lettres^ éd. Lecoffres, p. 8t. A Liège, où elie
est si fréquente, elle ne constitue pas un walionisme; carie
patois de Liège dit : â r'vèï, ou d fvèie^ ce qui rend exactement
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ott revoir. On dit aussi jnsqu*â f^vèi, jusqu'au revoir. À rewir
est français, mais on se sert de cette locution pour dire qu*il
faut foire un nouvel examen d'un compte, d'une citation» d'un
écrit, etc.
Rien. 1«I1 ne restait plus rien grand'chose, i rC restait put
rii gratuTchose, mont. Rien est inutile : Il ne restait plus grand'
chose.
S^ Ce n'est rien de eela^ ci n'est rin découla. Formule dont on
se sert pour se défendre d'un remerctment qu'on trouve trop
grand. V. un autre emploi à l'art. Pardonner.
La vraie tournure française est il n'y a pas de quoi. L'Aca-
démie et Bescherelle donnent la locution complète : il n'y a pas
de quoi me remercier, mais Littré donne la locution abrégée, et
cite cet exemple de d'Alembert : Il n'en ordonne pas moins des
prières pour remercier Dieu de ce que.... ; je m'imagine que
Dieu répondra qu'il n'y a pas de quoi. — A Tournai (et en
France, d'après Littré), on emploie également de rieti dans le
sens de : il n'y a pas de quoi, ou ce n*en vaut pas la peine.
3* On ne sait, on ne dit, on ne fait rien d^autre, on n*sét, on
n*dit, on n* fait rin d^aute^ liég. on ri fait rii d^auie^ mont,
il. niets andtrs. Je n'ai rien d^autre à vous donner, ji ria rin
d^auteàv*dinér, liég. Il faut : on ne sait, on ne dit, on ne fait
rien autre chose, et, plus souvent, on ne sait pas autre chose.
Je n'ai rien autre chose, ou je n*ai pas autre chose à vous
•donner. — Ex. Si vous n*avez rien autre chose à m*apprendi^,
E. ScR. On ne fit autre chose cette nuit-là que de veiller, Lm.
Il ne fait autre chose que... Acad. On ne pouvait attendre autre
chose de lui, Litt. N'avez-vous, Nicomède, à lui dire autre
chose? Corn. Maintenant Eve, attachée au fruit tout entière, ne
regardait rien autre chose, Chateaubr. Par. perdu; 1. 9.
4'' Un morceau de rien du tout, on l/oquet d^rin du tout, pat.
fl. etwat van niets. Dites ; un tout petit morceau, ou moins que
rien.
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Rom. La rose est souvent doutoureose, U rô$e (11. de roos) ^i
siwint doloreuse. Dites : Térysipële est souvent douloureux.
Ruse. 1* Pour peine, embarras. Il a eu bien des ruses, il a eu
bin dès ruses, p. de Mons et de Tournai. Dites: il a eu beaucoup
de mal à faire telle chose, il a eu beaucoup d^embarras, cette
affaire lui a donné beaucoup d*ennui, Lirr. Cette locution est
très-usitée dans le Hainaut. — Ruse, en ce sens, existe aussi
dans le patois de Liège. Ex. Vos âre% délie ruse dé v*ni à bout
découla. Forir traduit mal : vous aurez du mal de venir à bout
de cela. — On lit dans Besch. : Avoir du mal (travail, peine) à
gagner sa vie, à faire une chose.
2» Pour dispute, tracasserie, réprimande. Faire des ruses à
quelqu'un, fit dès ruse à V saki, liég. iemand ruu aandoen,
pat. fl. Dites : faire une tracasserie à quelqu^un, le chicaner, lui
susciter des difficultés, chercher chicane à quelqu'un. — J'aurai
des ruses, si je n'étudie pas, j'arei dès ruse, si f n' étudie
pont, tournais. Dites : je serai grondé. — Le français fuse
signifie moyen qu'on emploie pour tromper. Le renard est
fameux par ses ruses.
Sabonle. Tu auras une saboule, foras 'risabouU, p. de Mons
et de Tourn., vos ârez 'ri saboulUe, ine saboulâde, p. de Liège,
ine saboulâde, p. de Marche. Dites : une verte réprimande. Ce
mot correspond aux termes populaires cités p2iTL\i\xésaboulage,
saboulement, savon. Il faut éviter avec soin ces expressions. Le
patois de Liège entend aussi saboule dans le sens de voUe de
coups.
Saigner. Il saigne par le nez, ou au nez,i sonne po Fnarenne,
fl. Mj bloedt door de neus. Cela ne se dit pas. La seule tournure
correcte est : Il saigne du nez, au sens propre, et au sens figuré
de manquer de courage dans l'occasion. En ce dernier cas, on
dit aussi : le nez lui saigne.
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Salade, l"" Salade aux pommes de terre, salade àx crompke,
salade à la chicorée, zalâde à rsécoréie, salade aux navets,
salade âx navai. Dites : salade de pommes de terre, de chicorée,
de navets. On dit aussi salade de laitue. D'après Littré, cette
faute se commet aussi dans quelques provinces de France.
2* Semer de la salade, sèm& delk salade. Planter des salades,
planter dès salade, Kepiquev {Un. , non admis par TAcad.) des
salades, ripiquéi* dès salade. Il vaut mieux dire semer, planter,
repiquer des laitues. Le mot salade désigne abusivement, dans
le langage des jardiniers, la plante même qui fournit la salade ;
étymologiquement, c*est un mets composé de divers ingrédients
assaisonnés avec du sel, etc. (lat. sal, le sel).
Saunier. Le saunier pendu à la cheminée, li sânî pindau à
Vchiminéie. Dites : la sauniëre pendue... Saunier, en français,
désigne non pas le vaisseau, le coffre qui contient le sel, mais
l'ouvrier qui fait le sel.
Savez, saveZ'Vous, sais-tu. Je ne suis pas méchant, savez-
vous^ ji n'sos nin méchant^ savéz^ liég. Il n*est pas avare, gavez-
vous, i nest nin pisctosse, savez, liég. Vous viendrez, savez, vos
véréz, savez, mont. Tu viendras demain, «ai^-lu, H vêreis demain,
sés's, liég. te viendras demain sès'V (prononcez sette), tournai-
sien. Savez est tout à fait barbare, et n'est en usage que parmi
le peuple, qui l'emploie d'un bout à l'autre de la Wallonie ; en
effet, il figure jusque dans le Dictionnaire du patois de Lille
(Vermesse) : savez, prononcez savaye. Quant à savez-vous et à
saiS'tUy ils se glissent Jusque dans le parler des gens instruits,
tant le Wallon aime à se servir de ces locutions ! nos frères de
la partie flamande nous les ont empruntées et en font un aussi
prodigieux abus que nous ; les Maroliens notamment accen-
tuent le savez d'une façon toute particulière : savèye. Nos spiri-
tuels voisins d'Outre-Quiévrain aiment à faire leurs gorges
chaudes de cette manie que nous avons d'ajouter ces mots à la
queue de certaines phrases. Il n'est pas un Parisien qui ne
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•
croie singer la langue des Belges en saupoudrant quelques bouts
de phrases de notre éternel savez-vous. De grâce, messieurs les
Français, soyez indulgents pour notre savez-vous; vous émail-
lez votre conversation de vous savez, tu sais, qui me semblent
tout aussi contestables, et nous ne nous sommes jamais
gaussés de votre dis donc ; nous le supportons plus patiemment
que vos voisins du sud, qui vous ont surnommés los didones.
Passez-nous la casse, nous vous passerons le séné. Il est de
fait que beaucoup de Belges ne peuvent pas dire deux mots sans
recourir à ce simpiternel savez-vous, cousin germain de paraît
et de de. Mais de là à le bannir complètement, il y a loin, et
nous pensons qu*on pourrait citer plus d*un passage d*auteurs
français où la locution n*a pas d*autre signification que le savez
des Wallons. Voici un texte qui ferait certainement rire un
Parisien, si on le lui donnait comme étant d'un Belge : Elle est
jeune, elle est jolie, Angële, et je suis, sinon jalouse, du moins
inquiète ; c'est terrible, savez-vous, pour une femme de trente-
un (^ ) ans, d*avoir près d'elle une jeune et blonde tête comme
celle-là ! Dumas père, Angèle. Etymologiquement, cette locution
s'explique : c'est un appel que l'on fait à son interlocuteur, pour
s'assurer s'il sait la chose dont on parle, et l'emploi nous en
parait parfaitement légitime chaque fois qu'on peut le trans-
former en le savez-vous bien î Ainsi je prends cet autre exemple
de VAfigèle de Dumas : Mais vous pouviez vous perdre avec moi,
le savez-vous bien?- Il s'agit d'un personnage qui s'est
exposé en sauvant la vie de celle qui parle. Je substitue savez-
vous ? à te savez-vous bien ? Mais vous pouviez vous perdre avec
moi, savez-vous ? Et dans ce cas savez-vous est tout à fait con-
forme à l'usage qu'en font les romantiques modernes. Quelque-
fois on peut le remplacer par vois -tu, voyez-vous.
Savoir. Il ne sait pas être payé, i n'sait né iesse pal,
Bbrnus, 24. Diles : il ne peut être payé. Mais on dira avec
(*) Trente-un est fautif. V. Et.
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l'Académie : il ne sait pas ouvrir celte porte, ayant la clef dans
sa main. Dans le premier cas, on veut marquer rimpossibilité
de la chose en elle-même, dans le second, l'impuissance morale
oii Ton est de faire une chose. — Hais au conditionnel et au
plus-que-parfait du subjonctif, savoir s'emploie pour pouvoir
(Littré). Ex. Elle avait ouï dire que M. de Grignan était le plus
beau garçon qu'on eût su voir, Sêv.
2** Si on savait d'être un ménage comme celui-là ! on se
marierait, si on sâveût dresse on manège comme ci-là! on s^ma-
rHereut. Dites : si l'on savait que son intérieur ressemblerait à
celui-là ! on se marierait. — Si on savait de pouvoir Tapaiser !
ri on saveût de poleûr el rapdxhter ! Dites : si je savais qu'on pût
Tapaiser ! Savoir signifiant connaître^ avoir connaissance de
ne peut régir un infinitif; il faut remplacer Tinfinitif par une
subordonnée commençant par que, sauf le cas où Ton peut em-
ployer la proposition infinitive : Rebecca prépara le mets qu'elle
savait être agréable au palais du vieillard. Au sens de avoir le
pouvoir, la force, l'habileté de faii*e quelque chose, il se cons-
truit avec rinfinitif, mais sans de : je saurai bien me défendre.
Seau. Il pleut à seaux, i plout à sèiai. Dites : il pleut à
seaux ; prononcez sa (une syllabe), et non pas sé-au (deux
syll.). Le peuple dit encore sid à Paris ; sé-au est l'ancienne pro-
nonciation française, et c'était la bonne, vu que ce mot repré-
sente le latin silellus, mais l'usage actuel contracte eau en au,
et l'usage est un tyran auquel il faut se soumettre quand
môme*
Seo. Des objets sèches^ se dit à Tournai, pour des objets
secs. Cette faute se commet quelquefois à Liège, grâce à la
forme virallonne sèch. On sèch drap, un drap sèche. Dites : un
drap sec. D'autres font parfois la faute inverse: Avoir la bouche
sec, les mains secs ; elle provient de ce que l'adjectif virallon
n'a qu'une forme pour le masculin et le féminin. Dites : la
bouche sèche, les mains sèches.
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Séché. Oa ne dira pas des prunes séchées, tout court, dès
souwéiès prenne. Il fsiut dire des prunes séchées au four, ou
mieux des ptunes sèches^ Acad. ; on dit aussi des pruneaux,
flennequin prétend que prunes ne peut se dire que du firuit frais;
l'exemple de TAcadémie contredit cette assertion.
Selle. Aller à selle, liég. zu Stuhl gehen,M. Dites : aller ii la
selle, ou à la garde-robe. Ex. Cette médecine Ta fait aller deux
ou trois fois à la selle. On dit aussi pousser une selle. Ex. Il est
très-vrai qu'un homme qui n*a pu venir à bout de pousser sa
selle, sera plus sujet à la colère qu'un autre, Volt, dans Litt. Le
mot selle^ du latin sella, petit siège, désigne en vieux firancaia
un petit siège de bois à trois ou quatre pieds sans dossier (m
ham*) ; de là la tournure avec Tarticle : aller à la selle.
Semaine, l"" J'irai vous voir à la semaine, ji v*s irei viîe à
Csamainne. Dites : la semaine prochaine.
2* La semaine qui vient, li samainne qui vint. Cette tournure,
blâmée par H. Carpentier (i) et Forir, est admise par l'Aca-
démie, Bescherelle et Littré. Ex. L'année, le mois, la semaine
qui vient, Acad. Bbsch. Je crois toujours partir la semaine qui
vient, Sêv. Je n'aurai que trente ans à Noël qui vient,
SCARR.
Sembler. Dites ce qui vous en semble, Dihez çau qu*i v's è
fônne. Il faut : ce quHl vous en semble. — Le mieux de tout,
à ce qui mo semble, c'est de lui adresser la parole, li mèieiw
(TM, à çou quH m^sônne, c'est d^Varâini. Dites : à ce qu'il me
semble.
Serre. 1* Le pëoe d'une serre, U pielle d'ine sire. Dites :
d'une serrure ; prononcez sè-rur' et non pas s'rttr".— Une serre
de fusil , ine sére di fizik. Dites : une batterie de fusil.
Le wallon est, je pense, le seul rameau des langues romanes
(*) Ao moi Semaine^ mais U l'admet au moi Venir; c*eai un lapsut.
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où se retrouve, avec le sens de serrure, le mot latin sera, qui,
comme Ta prouvé Rich dans son Dictionnaire des antiquités,
désignait un cadenas mobile, et non pas une serrure fixe.
Ailleurs les formes doivent être dérivées du bas-latin fictif
serratura (avec deux r) et non seratura (avec une r), les langues
romanes ayant confondu sera cadenas, avec serra la scie.
Toutefois le mot serre s*est maintenu dans la langue française
avec le sens de pieds des oiseaux de proie, ou de galerie close
de vitrages , oU Von serre les plantes,
3<* Laisser une porte sur la serre, ou , sur la serrure, IH
'riouxhe so sire. D*aprës Forir, le sens est : laisser une porte
entre-bâillée, entr'ouverte, ne pas la fermer entièrement. Je
crois que la tournure a aussi le sens de l'expression montoise
tëUr Vporte su serre, qui signifie la fermer sans tirer les verroux
ou sans tourner la clef. A Lille, on dit qu'une porte est sur
ierre, lorsqu'elle n'est fermée qu'à la clancbe (clinque).
Serrer. Serrer la porte, sèrér Vouxhe ; serrer le tiroir,
l'armoire, sèrér Fridant, Vârmà. Dites : fermer... On dit aussi à
Tournai serrer Vuche, à Mons serrer Ffemiette, serrer Cporte, et
à. Lille serrer Fporte,
Il est assez étonnant que dans les dialectes septentrionaux de
la langue d'Oi/ aussi bien que dans les dialectes méridionaux de
la langue d'Oc, le vieux mot cWre, du latin claudere, fermer, ait
été presque entièrement détrôné par le même mot serrer, du
latin serare, fermer avec un cadenas (Litt. étym. de setrer).
Dans le centre de la France, le mot serrer, dans ce sens, est
complètement inconnu, et Ton emploie presque toujours fermer,
du latin firmare, rendre ferme, rendre fixe, et rarement clore.—
Serrer, en français, signifie : 1* étreindre, presser : serrer la
main à quelqu'un ; ir mettre en sûreté : serrez votre argent,
serrer quelque chose sous la clef, Acad.
Si, adverbe. I** Si longtemps qu'il aura de l'argent, 11 fera
bombance, si longtimps qu'il âret dès aidant, i gasCreit, Dites ;
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aussi longtemps qu'il aura de l'argent, ou tant qu'il aura, ou
tandis qu'il aura...
MM. Benoit et Garpentier disent que si lotigtemps que doit
être remplacé par tant que» Est-ce à dire que la locution tout
entière soit mauvaise? Nous lisons dans les Dictionnaires de
TÀcadémie et de Bescherelle que tant que est Téquivalent de
aussi longtemps que. - Aussi longtemps que vient du latin ou
des langues germaniques : ail. sa lange aïs ich leben werde, fl.
zoo lang (als) ik zal leven^ si hngtimps qu^ji vicrei; latin quandiu
vivet. Tant que paraît plus usité que aussi longtemps que^ et il
me semble plus élégant. Tandis que^ dit Ploetz, [Gram. franc,
1871, p. 340) correspond à l'allemand so lange als; cette signi-
fication n'est pas signalée par l'Académie. En voici des
exemples tirés des meilleurs auteurs : Tandis que les Cretois
conserveront ces passages«nouscroirons toujours qu'ils veulent
usurper nos terres, Fén. Le sénat avait refusé à Pyrrhus de
faire aucun accommodement tandis qu'il serait en Italie, Mon-
TESQ. Tandis que vous vivrez, le sort, qui toujours change, Ne
vous a point promis un bonheur sans mélange, Rag.
Revenons à si employé pour aussi. Voilà ce qui constitue en
réalité le wallonisme de la phrase citée en tête de l'article. Il
y a entre si et aussi la même différence qu'entre tant et autant
V. Autant. Si marque extension ; aussi marque comparaison. Il
a déjà été question de cela à l'article Aussi, où nous avons vu
que ce dernier mot peut quelquefois s'employer dans le sens de
si, c'est-à-dire pour marquer l'extension. De même si peut se
mettre parfois pour au^^i, dans certains cas particuliers, indiqués
dans tous les manuels.
S*" Il a si tant bu, qu'il est ivre, il a si tèlemint bu qu'il est sa.
Le si constitue ici un pléonasme vicieux qui est admis en
wallon (mont, si tant si fort), mais iqui est insupportable en
français. Dites : il a tant bu que...
Si, conjonction. S'il m'aurait écouté, il ne serait pas si mal-
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heureux, si nCàriut hoûtéy i n*sèreûî nin si mdlhûreux, liég. Si
j'aurais le temps, sifdreûs Ftimps, liég. Dites: s*il in*avait écoulé,
si j'avais le temps... S'il /^ai( aulrement, si i ferait autrémint^
mont. Dites : s'il fesait... H. Garpentier dit : « Si ne doit jamais
être suivi du conditionnel. » Il faut distinguer. Il y a le si con-
ditionnel ou suppositif, et il y a le si dubitatif ou interrogatif.
La règle que je viens de citer ne se rapporte qu'à si marquant
une condition ou une supposition. Ainsi l'on dira très-bien : Je
doutais si vous viendriez à bout de cetie affaire. Je vous deman-
dais si vous viendriez avec moi dans le cas où j'entreprendrais
ce voyage. Demandez-lui s'il serait venu avec nous, supposé
qu'il n'eût pas eu affaire ; le dernier exemple est tiré de Girault-
Duvivier. — Si conditionnel ou suppositif se construisait autre-
fois en français avec le conditionnel. Littré cite plusieurs
exemples de cette construction, empruntés même aux écrivains
du grand siècle. V. un exemple à l'article Gager. Le wallon a
donc conservé ici encore l'empreinte de la vieille langue. Nous
nous hâtons d'ajouter que, dans le wallon, la construction fran-
çaise tend à supplanter la construction wallonne^ et il n'est pas
rare d'entendre dire : si l'èfant aveut polou lére^ For., Bu//., a.
60, p. 68, 2« livr.; sifaveûs FlimpSy sHl aveât fait mèïeû; s'an
aveût dit Vpriire, Hock, Bull. a. 60, p. 81, ï« 1. — On peut encore
dire : s'il m'avait eu écouté, et s'il m'eût écouté, si m'aveût-st-aou
hoûté, si m'avaxhp. hoûté, c'est-à-dire qu'on peut substituer au
plus-que-parfait de l'indicatif, le plus-que-parfait surcomposé,
et le plus-que-parfait du subjonctif; les deux tournures
wallonnes appartiennent au langage courant, mais les deux
tournures françaises correspondantes sont peu usitées, et la
dernière, si l'on en abusait, rendrait le style apprêté.
Plusieurs patois wallons emploient aussi le conditionnel après
comme si : C'est comme si vous chanteriez, c'est comme si vos
chontroz, p. de Hannut. Dites : c'est comme si vous chantiez.
— La bière ressemble à du purin (partie liquide du fumier, Litt.);
cela n'empêche pas qu'on en boive tout comme s'il en pleairait^
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d bUre^ eh'est comme du puriéau (*) ; cha nHmpiche pont qu'on en
héot tout comme si in pleuvreot, Arménaq. de Tournai, a. 81 , p.
16. Dites : tout comme s'il en pleuvait. — G*est comme s'il n'au-
rait rien fait, c'est tôt comme sH n'dreût rin fait, liég. Dites :
c'est comme s'il n'avait rien fait. M. Carpeniier est d'avis que ce
sont des flandricismes; je doute que cela soit. On dit en flamand,
avec l'imparfait du subjonctif : als ofhij niet wist ; le wallon dit
aussi comme si n'savaxhe nin (ailleurs, (^otnrn^ si n'seppixhe nin) ;
et l'allemand emploie même le présent du subjonctif : er sprach
alsob ailes gelungen sei, i pârléve comme si tôt fourixhe rèîûssi,
il parlait comme si tout avait réussi. Il semble plus probable
que ces conditionnels wallons après comme si sont des formes
obsolètes.
Sirop, l^" De la sirope^ de Vsirôpe, fl. sf'roop, fém. Grossier
wallonisme pour du sirop.
S^" Sirop aux groseilles, aux mûre&, sirôpe dx gruzalle, dx
âmône. Dites : sirop de groseilles, de mûres, ou rob de mûres.
Soldat. Il a parti soldat du temps de Napoléon, il a parti
saudar du timps d'Napoléon, p. carolor. Beknus, 24. Dites : il se
fit soidat.
Songer. Une jeune fille qui ne songe autre chose que de
plaire, itie bdcelle qui n'songe aute choi qu'dè plaire. Dites : qui
ne songe à rien autre chose qu'à plaire, ou qui sons:e qu'à plaire.
Généralement songer, au sens de penser, considérer, est
intransitif. Songer quelque chosCy c'est rêver quelque chose. Ex.
rai songé telle et telle chose. Qu'avez-vous songé cette nuit ?
ÂGAD. Toutefois on dit quelquefois activement et fkmilièrement,
même au sens de penser, considérer : J'ai songé une chose,
pour j'ai songé à une chose, Acad.
Sonner à mort, sonner à moirt. Dites : sonner pour un mort.
(M A la ducasse d'Ere, dans la banlieae do Toarnai.
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Ex. Sonner pour les morts, âcad., Besgh., Litt. J*ai trouvé
sonner aux morts, dans M. Lubin et C'« (XV), ouvrage du roman-
cier français Constant Guéroult. II est probable que c'est là
aussi une locution populaire. V. Transe. A mort est une locution
populaire qui s'emploie en France dans le sens de excessive-
ment. Ex. Boire à mort.
Sortir. Sortez votre verre, boutez vosse verre fou. Les beaux
parleurs traduisent quelquefois ainsi le wallonisme dans cer-
taines parties du pays de Liège, par exemple dans le canton de
Fléron ; il faut dire videz votre verre.
Sot. l"» De la sotte forine, farine sotte, pat. de Mons; dette sotte
faretine, liég. Dites : de la folle farine.
2<* Il est devenu sot, i est div'nou sot, liég. il a dév'nu sot^
mont, hij is zot geworden, fl. Dites : il est devenu fou, c'est-à-
dire, il est tombé en démence.
3"* Elle est sotte après lui, elle est sotte après lu, liég. elle est
sotte di li, namur. zij is zotachter hem, fl. Dites : elle est folle
de lui.
Soûlée. Une —, ine sôléie. Dites : un ivrogne, ou une
ivrognesse. — Soûlée figure dans Litlré comme synonyme
populaire de partie de table où l'on s'enivre. — Soùlard, arde
{sôlêïe) est également populaire (Littré).
Soûler. On Ta soûlé, on Fa sôU. Dites : on l'a enivré. —
Soûler dans le sens particulier de enivrer, est un terme bas.
Mais on dira très-bien : il aime le gibier, on l'en a soûlé, c'est-
à-dire gorgé, AcAD. Evitez de même le mot soûl dans le sens
restreint de ivre.
Sul\|onctif. Le — pour l'indicatif, l*» Il y a quelque chose
comme huit jours (Litt.) qu'on ne vous ait vu, igna âtou d'haï
jou qu'onn'vis aie vèïou. Dites : qu'on ne vous a vu. — Il y a
assez longtemps que je n'aie vu votre frère, gna n^hapBe qui
i' nâte vèiou vosse fré. Dites : que je n'ai vu votre frère.— Après
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un verbe unipersonnel qui exprime quelque chose de positif,
on emploie Tindicatif et non pas le subjonctif.
S"" A le voir se requinquer de la sorte, il faut croire qu'il ait
des mille et des cents, d Vveie fignoler ainsi^ fât creure quHl aïe
des cint et des rinte.. Dites : qu'il a.
3^ Il s'est bien passé des années depuis que je ne vous aie
vu, i s'a bin passé dès annêie dispôïe quiji n'vis âïe vèîou. Dites :
il s'est bien passé des années depuis que je vous ai vu pour la
dernière fois.
4'' Tout riche qu'il soit^ tôt riche qu'i seule. Dites : tout riche
qu'il est. -— Après tout... que, on emploie l'indicatif; toutefois
il y a actuellement tendance à employer le subjonctif.
5* Savez vous ce que vous fassiez, savez-v* bin ç<m qtC vos
fisse. Dites : savez-vous ce qu'il faut faire, ce que vous devez
faire.
Sucre. Du sucre de pot, de souk di pot, potsuiker^ pat. fl,
Dites : de la cassonnade. Gardez -vous de dire castonnade,
comme dans le Hainaut et dans certaines parties de la France.
S*" Du sucre andi, de souk andi, For. Dites : du sucre candi.
Suer, pour sécher. V. Essui.
Sui. Il a marché le premier, et je l'ai sui^ il a roté Vprumi,
et mif ta su, hég., ;" Vai sui, mont. Dites : je l'ai suivi. Dites de
même poursuivi et non pas poursui. — S'il faut en croire
Micheels, su et porsû seraient des barbarismes, car il ne donne
que les formes suvou et porsuvou.
Sujet. Ghai:ger souvent de sujets, cangi sovint d'sujet, dikwijls
van sujekten veranderen, pat. £1. Dites : de domestiques. — Mes
sujets, mes sujet. Dites : mes gens.
Sur. l** Il vit sur ses rentes, i vique so ses rinte; fl. hij leeft
op zijne renten.
Nous avons dit, au mot avec, qu'on dit vivre de; cependant
on dit quelquefois vivie sur ; et si l'Académie a l'expression
vivre de ses épargnes, Bescherelle donne la tournure vivre sur
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ses économies; il cite ce texte de la Fontaine : Il était de ceut-
là qui vivent sur le public ; et nous lisons dans J. Simon : Le
ménage du maître vit quelques jours sur ses épargnes, L^Ou-
vrièrêy p. 46. — Quoi qu'il en soit, vivre de est beaucoup plus
employé, et il vaut mieux dire : Il vit de ses rentes.
2* Se retourner sur quelqu'un, ri r' tourner so n'saki, liég.,
i*artoumér su *n* saki, mont. Dites : vers quelqu'un. Ex. Quand
je l'appelai, il se retourna vers moi, Agad.
3* Il est sur la cour, il est su Vcour, tournais., er ist aufdem
Hof, ail. Dites : il est à la cour. —J'ai rencontré trois fois votre
frère sur la rue, fa rescontré treûs fêle vosse fré so Frowe. Dites:
dans la rue. — Toutes les femmes se retournaient quand il
passait sur la rue, totes lès feumme si rHoumt qwand i passive so
Vvôiej HocK, Bull., a. 60, p. 84, 2* p. Dites : dans la rue. —
AIL auf der Strasse^ fl. op de straat. — Je le vois toujours en
rue, fel veûs todis è Frowe. Dites : je le vois constamment dans
la rue. — Il se promène en rue, i s'pormône è Frowe. Dites :
avec l'Académie : il se promène par la rue.
Cependant il y a des cas où so l'rowe doit se rendre mot pour
mot. Ine mohonnne qui donne so Crowe^ une maison qui donne
sur la rue, Litt., ou une maison qui regarde sur la rue, Besgh.
— • EstéZ'V'bin logi f Awèji sos logi so Vrowe. Étes-vous bien
logé ? Oui, je loge sur la rue (Litt.), c'est-à-dire j'ai un logement
qui a vue sur la rue. Hais wisse logiz-v'î au sens de dans quel rue
habitez-vous ? se traduirait par : dans quel rue logez-vous ?
— D'après cela,«i t'ni so Frowe, couki so Frowe^ qudrti so IWowe^
logiso Frowe, pourraient se traduire par se tenir (c'est-à-dire
être habituellement) sur la rue, coucher sur la rue, appartement
sur la rue, coucher sur la rue. Toutefois il semble préférable
de dire : se tenir sur le devant, coucher sur le devant, appar-
tement sur le devant, Acad., loger sur le devant, id. — Ex.
Pour dormir dans la rue, on n'offense personne, Bac. Je ne suis
pas à jeter dans la rue, La Font. Je loge dans la rue Saint-Bo-
noré, Litt. Les croisées donnent sur le jardin, Litt. Cette mai-
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son, cette fenêtre, cette galerie regarde sur la rivière, sur le
jardin^ Acad. Et, avec ellipse : Une grande chambre blanchie à
la chaux, avec deux fenêtres en guérite sur la rue, Erckmàn^Ch.
UUt. (tun homme du peuple.
4* J'ai été sur le grenier, fa stu so rgrini, (fl. op den zolder
gaan) monter «tir le grenier, monter so rgrini; mettre sur le gre-
nier, mette so rgriniy liég. mette su Fguemier, mont. Dites :
au grenier. On dit aussi : mettre dans le grenier, Acad.
S® Il écrit sur un bureau, t serit so on bureau, liég. t récrit
su nHn bureau ^ moni.; fl. hij schrijft op een kantoor. Dites : il
écrit dans un bureau, ou il est dans un bureau. Dites de même:
travailler, être, mettre dans un bureau. -^ Ex. Tu es dans un
bureau, c'est modeste, mais c'est honorable et suffisant, Dcmas
fils, M. Alphonse.
Bureau, diminutif de bure, signifie d'abord grosse étoffe de
laine ; ex. vêtu de simple bureau. Bon. ; puis le tapis qu'on
met sur une table, et de là la table même sur laquelle on écrit,
on compte de l'argent, etc. Dans ce dernier sens, on dira très-
bien, comme en wallon, j'ai mis mes papiers sur son bureau,
fa meltou mes papî so s'bureau. Enfin il se dit par extension de
tout endroit où travaillent habituellement des employés, des
commis, etc.
6® On a dressé l'acte sur son nom, on-z^a fait Vake so s'no,
fi. op zijnen naam. Dites : sous son nom.
7« J'ai accepté sur condition, fa-t-accepté so condicioUy fl. op
voorwaarde. Dites : sous condition.
S"* On le mit sur la gazette, on Vmetta so Vgazette. Dites : on
l'inséra dans le journal. Cette nouvelle est «ur la gazette, cisse
novelle-là est so i'gazette. Dites : dans le journal. — Je l'ai lu «tir
le journal, ji Fa léhou so Fgazette. Dites : dans le journal. —
Gela est écrit sur votre cahier, coula est scrtt so vosse caièt.
Dites : dans votre cahier. Lire sur signifie lire ce qui est écrit
sur une surface : lire sur une affiche, sur un placard.
9^ Demeurer sur une chambre, dimani so 'n' ehambe, ouf
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einem Zimmer ivoh$ien. Dites : dans une chambre. Il &ut
remarquer l'expression : travailler en chambre.
10<> Il mange toute la semaine sur un pain, i magne tote li
samainne so on pan ; il boit toute la semaine sur une bouteille,
i beût tote li samainne so 'ne botHe. Dites : il fait durer un pain,
une bouteille toute la semaine, ou un pain, une bouteille lui
suffit pour une semaine.
ll^" Acheter un porc sur la foire, acVtér on pourçai so l'fôre.
fl. een verken op de foore koopen. Dites : à la foire, ou sur le
champ de foire.
12<» Sur combien de temps ? su combien d'temps f mont. Dites:
en combien de temps. Faire sur quatorze jours quinze lieues,
fér qwinze heure so quatwazejoû. Dites : faire en quatorze jours
quinze Ueues, Litt., c'est-à-dire marcher ou agir lentement. —
J'ai fait le chemin sur trois heures, fa fait Fvôïe so treus heure.
Dites : en trois heures. V. au mot Dans, n» 4.
IS*» Il est jaloux sur moi, il estjalo sor mi, fl. hij is jaloersch
op mij. Dites : il est jaloux de moi. — On dira de même avec
un nom de chose : Ne soyez point jaloux du succès des autres,
Fén. Tél. XII. On dit aussi jaloux sur une chose, pour faire
entendre qu'on la dispute par jalousie. De tels princes ne
savent que se défier de tout le monde également ; ils sont jaloux
sur les moindres choses. Mais sur signifie ici touchant, con-
cernant, et cet exemple ne contredit pas les deux premiers. —
Il est fâché sur vous, il est mâva sot* vos. Dites : il est fâché
cont7*e vous. C'est un double germanisme (sur et mauvais) : ail.
er is boese auf mich, fl. hij is kwaad (ou boos) op mij ; on dit
aussi tegen mij, comme en français. ^ Se fâcher, se mettre en
colère sur quelqu'un, si mâvlér so 'risaki^ ail. auf Einen boese
werden. Dites : contre quelqu'un. — Hais ^t m&vlér so tôt se
rendra par se fâcher de tout ; on dit aussi avec le mot rien: Il
se fâche pour rien, Agad. Comparez l'allemand : uebet^ etwas boese
werden. Nous trouvons dans Molière, Mis^ II, 3. Votre esprit se
gendarme toujours contre tout ce qu'on dit, et dans Régnier, Sat.
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XV. Contre sa fureur ma raison se dépite. Ici Tobjet est
personnifié. — Il en a toujours sur moi, enn'a todis sor mi.
Dites: il en veut toujours contre moi, ou, il m'en veut toujours,
c'est-à-dire il est fâché, en colère contre moi. On dit aussi:
C'est à moi qu'il en a. — Ex. Contre qui en a-t-il ? Acad. A qui
en a-t-il ? id. Je ne sais à qui il en avait, Sév.
14* La clef est sur la porte, li clé est so VpoitCy fl. de sluttel zit
op de deur. Cette tournure s'emploie même en France, mais,
d'après Littré, elle est populaire. Il vaut mieux dire : la clef
est dans la serrure. On dit aussi: la clef est à la porte,
A. Musset, Frédéric et Bernerette, VIII, et A. Dumas, Angèle.
I, VIII.
IS*" Sur le temps qu'ils se faisaient la cour, su Vtimps qu'i
s'féyint Vcmir, Bernus, S6 (p. de Charler.). Dites : pendant qu'ils
se faisaient la cour. — - Sur le même temps^ ou sur le temps que
vous irez en ville, j'écrirai ma lettre, so rminme trévin qu'vos
irez è ruèïe, plus souvent so Vlimps qu'vos irez è Vvèîeji scrirei
m'ielte. Dites : pendant que vous irez en ville Les locutions
dans le temps que.au temps que, dans le temps où, au même temps
que, à même temps que (Litt. à Temps, 42, 43) approchent
beaucoup de ces deux tournures wallonnes, mais elles pré-
sentent des nuances de signification que l'usage apprendra. —
Ecrivez votre lettre; sur ce temps-15, j'irai en ville, sicriéz
vosse leite; so Vminme trèvin, firei-st-è Vvèîe (on dit plus souvent
so c'timps'là). Dites : entre-temps (Litt.), dans l'entre-temps,
pendant ce temps-là, j'irai en ville.
16'» Coula fait v'ni Taiwe so Vmolln, fl. dat brengt water op den
mokn, Remacle traduit mal : cela fait venir l'eau sur le
moulin. Forir traduit :... au moulin. Tel est en clfet le proverbe
firancaî**^-
17» Si feumme trouve à r'dire so tôt; fl. zijne vrouw heeft op
ailes te spreken. Forir traduit mal : sa femme trouve à redire
sur tout. Il faut : à tout. On dit trouver à redire dans, trouver à
redire à, trouver à redire qw ; mais je doute fort si trouver à
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redire sur est français. Ex. Je n'ai rien trouvé à redire dans cet
ouvrage, Agad. Celui qui trouve à redire à tout est d'un mauvais
esprit ou d'une mauvaise santé, Boiste. On trouve à redire que
vous soyez sorti, Bbsgh.
IS*" C'est sur vous que je me fie, &e8t sor ws qu^ji m' fête.
Dites, selon le sens : c'est à vous que je me fie, ou c'est sur
vous que je compte. Ali. Aufihn (Gott) vertrane, Sghmid, Weih-
nachtsabmd, ch. I. FI. Op de Voorzienigheid vertrouwen^ se fier
à la Providence.
19® Sauter d'une branche sur l'autre, pocht dine coxhe sa
Faute, Bull. a. 67, p. 50, fi. van den eenen tak op den anderen
springeti. Le proverbe français est: sauter de branche en
branche, Agad., c'est-à-dire, passer brusquement d'un sujet è
un autre.
20* Crier sur quelqu'un, braire so 'n^saki, fl. op iemand schreeu--
wen, c'est-à-dire le gourmander d'une manière aigre et
bruyante. On dit : crier après quelqu'un. Ex. Elle a bien crié
aprës lui, Agad. Nous avons vu à l'article Crier, que crier mr
quelqu'un a un autre sens : poursuivre en criant.
21* Aboyer sur quelqu'un, hawér so *n'saki, Dites : aboyer
aprës quelqu'un, ou à quelqu'un. Ex. Vosse chin hawe so tôt
Vmondey on chin qui hawe so lès voleur. Tournez : Votre chien
aboie aprës tout le monde, un chien qui aboie aux voleurs.
22® Jurer sur quelqu'un, jurer so ^n'aaki^ fl. op iemand vloeken.
Dites : jurer aprës quelqu'un, Bêrangbr, dans Litt.
23<' Mettre l'adresse sur une lettre, mette l'adresse so 'riUtte^
fl. het adres op eenen brief zetten. Dites : mettre l'adresse, la
suscription à une lettre, Agad. — On disait autrefois : mettre le
dessus à une lettre, Agad.
24* Votre chaise est sur moi, vosse chètre est sor mi* Dites : est
sur ma robe.
25« Il est sur la paroisse de Ste- Véronique, il est so Vporoche
di Ste-Vérone. On dit mieux : il est de la paroisse de... La tour-
nure existe aussi à Tournai : il est sur Saint-Quentin, pour
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il est de la paroisse de Saint-Quentin. Demeurer sur telle
paroisse est une expression consacrée, même en France, dans
les registres paroissiaux. Ajoutons toutefois qu'elle est bl&mée
par Littré.
26"» Je suis mr vos dettes, ji ses so vos dette. Dites : je suis
votre débiteur. Il est probable que cet idiotisme a également
subi rinfluence germanique; l'allemand dit : in Jemandes schulden
stehen.
27* Ce domestique est sur les intérêts de son maître, ci
dômestique-là est so lès intérêt di s'maisse. Il est mieux de dire :
prend à cœur les intérêts, est soucieux des intérêts de son
maître. Littré donne cet exemple de M""* de Sévigné : M. de
Grignan n'est pas sur ses intérêts comme sur ceux du roi son
maître. J'ignore si cet exemple suffit pour autoriser actuelle-
ment la tournure en question.
28<» Je suis arrivé sur la vapeur, fa-t-arrivé so Vwapêur^ pat.
fl. ik ben op (ou met) de vapeur aangekomen. Dites : par le
chemin de fer. — Il est revenu sur l'eau, il est riv'nou so Vaiwe.
Dites : par eau. — // est revenu sur Veau, se dit d'un liomme
qui, tombant dans l'eau, reparaît à la surface. V. Vapeur.
29** Aller sur des béquilles, daller su dès aossette, Bernus,
p. 13. fl. op krukken gaan. Dites : marcher avec des béquilles,
ou avec des potences, Acad. La tournure liégeoise est marcher
à béquilles, rotér à crosse. Littré signale le provincialisme:
marcher aux crosses ; il donne l'exemple suivant : les malades
cheminent quelque temps sur des crosses. Paré, XVI" siècle.
30« On dit très-bien monter «ur une échelle, Acad., monter so
'rihûle, bien que monter à une échelle (Acad. Litt.) soit égale-
ment correct. Mais il faudra prendre garde à la tournure monter
so ine âbe. On ne fera pas de wallonisme en traduisant littéra-
lement, si l'on veut faire entendre qu'on se place parmi les
branches à dessein soit de cueillir des fruits, soit de se cacher,
soit de mieux voir. Hais on ne pourrait rendre mot à mot cette
phrase: Vèfant monte so Vâbe po rascoi dès niêie^ l'enflant
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— 386 —
monte sur Tarbre pour dénicher des oiseaux. Dites : monte à
V arbre. Il est en effet inutile de s*y installer.
SI"" La mère était assise avec le plus jeune de ses enfants sur
son giron, U mire esteût assiowe avou Ppus jônne di ses èfant sô
s'hô, ail. die Mutler sass mit dem kleinsien Kinde aufdem Schosse.
La tournure ordinaire, en français, est : dans son giron. Ex. Cet
enfant dormait dans le giron de sa mère, Acad. Elle tenait son
enfant dans son giron, Besch. Les filles de Darius prisonnières
étaient couchées dans le giron de leur grand'mère, Vaugblas,
2. G. in. Mais un recueil d*Omnibus a tort de condamner
absolument sur son giron. Une paysanne sur le giron de laquelle
une petite fille est endormie, Diderot, dans Liit.
SS*" 5ttr le coup de minuit, sô Vcôp d'mèienutte^ Û. opslag van
twaalf. La tournure sera correcte, si Ton substitue à à sur : Au
coup de minuit...
Sûr. Il viendra sûr, i virèt sûr. Dites : Pour sûr il viendra,
Acad. L'adverbe sûrement s'emploie de même façon : Cela est
sûrement arrivé comme on le dit.« Les Tournaisiens font un
usage analogue du participe assuré: il viendra assuré. Ces deux
qualificatifs sont pris ici adverbialement.
Survenir. Il a survenu une grande famine, i a survenu eune
grande famène, pat. de Lille, Bull. a. 60, 2* 1. p. III; il a sorvunu
one grande famine, pat. de Wavre. Dites : il est survenu une
grande famine. V. Tomber.
Table. Oter la table, westér Vtâve, fl. de tafel opnemen, pat.
wegdoen. Dites : ôter le couvert, Acad. ; desservir le couvert,
LiTT., ou, simplement, desservir. — Mais si westér Vtdve signifie
la tirer de la place où elle est, on traduira : ôter la table.
Mettre la table {mette li tdve) est dans Bescherelle et dans
Littré.
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- 387 —
Tant, l'' N'avoir pas chez soi pour lui donner tant seulement
un malheureux dîner, La Font. dans Litt. \...po li iTnér tantsctt-
lemiiit on malhureux dinér. Supprimez tant. Celle locution, qui
est restée dans le peuple en France et en Belgique, était autre-
fois du bon usage (Litt.)- C'était un pléonasme, carlarU, du latin
tantumi signifiait ici seulement.
2« Tant il y a. On ne connaît pas le sujet de leur querelle,
tant il y a qu'ils se sont colletés, on n'kinoxhe leû quarelle^ tant
igna quH s'ont apougni. — On lit dans Hennequin c tant il y a,
dans le sens de quoi qu'il en soit, n'est pas correct. Il faut dire
tant y a. » 11 est de fait que l'Académie n'a que tant y a; Liltré
met les deux locutions sur le même rang, mais il ne donne
aucun exemple renfermant tant il y a.
S"* Tant qu* à moi, je suis content, tant qu'à mi, ji sos contint,
liég., tans qu'à mi, fsue contint, mont. Dites : quant à moi, pour
moi, de mon côté, ou pour mon compte, je suis content.-- Tant
qu'à mi se dit aussi à Nivelles (Avent. de J. d^Niv. p. 38), et à
Namur {Aurmon. di Nameur, a. 69, p. 46). La tournure est
également berrichonne. V. G. Sand, Le Drac, III, 14.
Tapecul. Un tapecul de cave, on tapecou d^câve. Dites : une
trappe de cave. Ici trappe désigne cette porte de cave placée
horizontalement, et si chère aux fainéants qui jouent aux cartes
en plein vent. De là l'expression jeu itapecou, jeu mesquin.
Le français tapecu (ou plutôt tapecul, Litt.) est le nom l"» d'une
sorte de bascule qui s'abaisse par un contrepoids ou autre-
ment, pour fermer l'entrée d'une barrière, Acad.; 2^ d'une
balançoire en bascule, jouer à tapecul, Litt.
Taper. On aurait tapé une pomme en Pair (ne pas dire en
air, comme à Tournai), qu'elle ne serait pas retombée sur le
pavé, on âreû tapé 'n'pomme è l'air, qu'elle n'âreût nin r'toumé
so rpavête, Ann. a. 71, p. 89. Dites, on aurait jeté... — Taper
est français, mais signifie l*" donner des tapes (ine tape, ine
calotte, ine bouffe) : Tapez ce petit drôle, Litt.; 2* porter à la
tète : Ce vin m'a tapé ; ce vin tape à la tôte.
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- 858 -
Taque. Si vous avez froid aux pieds, mettez-les sur la toque,
si v's avez freùd (Tvospli (i), mettez-lès sa V taque. Dites : sur la
plaque. Taque est également montois. On appelle plaque de feu,
ou de cheminie^ une plaque de fer ou de fonte appliquée au
fond d'une cheminée. Toutefois taque est dans Bescberelle,
dans Littré et dans le Complément du Dictionnaire de FAca-
demie.
Tarame. G*est une vraie tarame, c'est ine vraie tarame.
Dites : c'est une vraie caillette, une caquette, une mauvaise
langue.
Tard. Cette horloge va trop tard, ciste hôrloge-là va trop
tard (ou rastâge). Dites : va trop lentement, Litt., ou retarde.
On dit très-bien : va trop vite, Acad. (ou avance).
Tellement. Nous n'osons quasi le cvoite, tellement cela
nous semble injuste, nos riwasans quausumint tcroire, téUemint
ça nos chotmeinjusse, aurmon. di Nameur, a. 69, p. 31. Dites :
tant cela nous semble injuste.— Il court avertir le curé, qui
tombe à la renverse, tellement qu'il est embarrassé, i court
adverti Veuri, qui chait au daviers, tèllemint qu*U est imbarrassé,
Avent. de J. d'Nivelles, p. 62. Dites : tant il est embarrassé.
—Il n'a pas d'habit pour se couvrir, tellement il est malheureux,
i n'a non habit po mette so s'coirps, télemint qu*ii est mdlhûreux.
Dites : tant il est malheureux.
Tant s'emploie en forme d'exclamation et signifie à tel point :
Tant le monde est crédule, Acad. — Tellemetit que signifie
de telle façon de. Ex.: Quand la fortune eut abandonné la reine,
elle s'enrichit plus que jamais elle-même de vertus, tellement
qu'elle a perdu pour son propre bien cette puissance royale
qu'elle avait pour le bien des autres, Boss. Reine d^Angl.
Deux recueils d'Omnibus prétendent qu'on peut dire : D n'a
(0 C'est là U vraie toorniire wtUonne. A Liège on dît, maie à tort, ce semble :
«i v*« avez freûd vo» pld.
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- 889 -
pas d'habits pour se couvrir, tellement il est malheureux.
Cet emploi de tellement par forme d'épiphonème pour signifier
à tel point, tant, n*est pas signalé dans les dictionnaires.
Mais on dira très-bien en changeant la tournure : Il est telle-
ment malheureux, qu'il n'a pas d'habit pour se couvrir; ou
bien : il est malheureux, tellement qu'il n'a pas d'habit pour
se couvrir.
Tempe. Les tempes de la tête, lès timpe de ïtiesse. Il y a là
une superfétation ridicule. Il suffit de dire : les tempes.
Temps. // a bien le temps^ il a bin Vtimps, liég. il a bé
Vtemps, p. de Hons (au village, il a bé Vtimps). Dites : il est
dans l'aisance, il est cossu, il a du foin dans ses bottes (i), il
a des ressources, il a de la fortune. — On saisit la liaison
des sens : il est riche, il n'a pas besoin de travailler, il a des
loisirs.
Tenir. 1* Jm^;];, vous voilà! VoRm, tinéz'n*gotte, qui volàl
Dites : tiens, te voilà ! On emploie mieux tiens que tenez, pour
marquer Tétonnement.
îr II faut tenir de soi, i fât fni d*lu. Dites : il faut avoir de la
dignité, il faut garder son quant-à-soi, tenir sa gravité.
3» Tenir voiture, teiùr équipage, Uni voiture, Uni èquipège.
Dites : avoir équipage, ou avoir un équipage.
4^ Il tient des pigeons, des lapins, t tint dès colon, dès robette.
Dites : il nourrit, il élève des pigeons, des lapins. On dit en
français : tenir des écoliers en pension, tenir quelqu'un chez
soi, c'est-à-dire le loger chez soi, lui donner sa table.
5® Si je tie^is bien, il viendra dimanche, si j tins bin, i vêreit
dimègne. Dites : si je ne me trompe, il viendra....
6» Il vaut mieux tenir que courir, i vâtmi tunt qui d^cort.
Remacle traduit ainsi ce spot. Littré signale également ce pro-
(*) Ao sens du hollandais bot, botte, paqoet, et non pas du hollandais boot,
botte, chaassure ; comme qoi dirait, ses boUes de foin sont bien fournies.
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- 360 -
verbe, qui est une altération de : il vaut mieux tenir que quérir:
le vrai texte wallon devrait donc être : t vât mi tuni qui d^qwèri^
c'est-à-dire la possession actuelle vaut mieux que la peine
d'aller chercher.
TérouUe. Une voie de terre houille, ine vâte di tèroûh.
Dites : de téroulle. On se sert de Texpression terre houille dans
tout notre bassin houiller, pour désigner une terre légère, noire,
indice du charbon de terre ; on en fait des boulets qui brûlent
lentement sans répandre de flamme. Les expressions françaises
sont téroulle^ Litt. Besgh., et terre de houille, Besch.
Tette. Donnez-lui une telle, ou la telle, dinéz-li Vlette^ on
ine tette, On dit : donnez-lui à téter, âgad., ou, donnez-lui le
sein. Cette locution, qui a passé dans les patois flamands {het
lUnd een tel geven), est usitée dans toute la Wallonie, et elle se
retrouve même dans les patois lillois, à preuve ce texte d*un
poète de Lille.
Je regrette,
Quand J*iatinds m*s infant crier,
D* n^avolr point eun* petit* tette
A leu donner à chucher. Desrousseaux.
11 est probable que c'est une vieille tournure française. (De
leur présenter la tette. Paré, XVI' siècle, ubera admovere) ;
mais la langue du grand siècle a trouvé le terme trop cru. Toute
pruderie à part, avouons qu'elle a eu raison d'y substituer le
mot sein, qui seul peut convenir dans le langage élégant, et
qui ne dépare pas même le style soutenu.
Thé. Boire du thé de tilleul, beûre de thé d'tiîou. Dites :
boire du tilleul, Litt., comme on dit : prendre son orge mondé,
son orge perlé, Acad., c'est-à-dire sa tisane d'orge, etc. On
peut risquer de même boire du sureau, beûre de thé d'sawou. —
Thé des quatre fleurs, thé dès qwate fleur, Dites : infusion des
quatre fleurs.
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- 361 -^
Thé ne peut s'employer en français pour désigner les diffé-
rentes infusions faites avec d'autres substances que le thé des
Chinois ; mais le wallon se sert abusivement de ce mot à la
façon des Allemands et des Flamands : ail. Hellunderthee, fl.
Vlierdenthee, thé âx fleur di sawou, Û. ail. LindenViee, thé âx fleur
di titou.
Thler. Gravir un thier, gripper on thiér. Dites : une colline,
une montagne, une côte. Thier, dit Hennequin, est un mot
wallon quMl faut remplacer par côte, mont, montagne. Oui, mais
non pas dans les dénominations locales consacrées par Fusage :
Thier à Liège ^ Thiei^ sur la Fontaine, Thier des Crikions. Toutefois
on dit généralement le mont Cornillon.
Tingler une corde, tinglér 'n'coide. Dites: tendre une
corde.
Tique. Voilà une belle paire de tiques blanches, vola ^n'belle
paire di blanUs tique. Dites : de taies d'oreiller blanches. —
Plusieurs disent téies d^oreiller ; cela ne vaut pas mieux. Celte
faute provient d'une tendance du peuple à remplacer un mot
moins connu par un mot plus connu, qui ne lui ressemble que
par le son ou la forme extérieure. C'est ainsi que le peuple en
Allemagne substitue correctirisiren à caracterisiren. Tique
représente le bas-latin theca, grec thèkè, caisse, enveloppe ;
tique est donc la seconde partie du mol botique, lequel vient de
apothèkè, par aphérèse.
Tirer. !• Faire tirer son portrait, fér tirer s'puortrait,
Aurmon. di Namur, a. 70, p. 29, fl. zijn portret doen trekken.
Dites : faire faire son portrait. — Gallait a tiré le portrait du
général Renard, Gallait a tiré Vportrait d^â général Renard, liég.
Dites : a (ait le portrait... Il a fait tirer son portrait, il a fait
tirer ibinette, p. carolor. Bernus, p. 18. Dites : il a fait faire
son portrait. — Binette, tête ridicule, très-fam. Litt.
C'est un archaïsme, l'Académie donne les exemples suivants:
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Oo Ta tiré en cire. Il s*est fait tirer en piètre. — Il est à
regretter que ce terme se soit perdu, car il n*y en a pas d'autre
qui lui correspoitde dans tous les cas.
2« On dit très-bien tirer sur le rouge, tirer so Froge, naar ou
op het roode trekkm;ici tirer, c'est avoir quelque rapport, quelque
ressemblance ; mais on ne peut donner pour sujet à ce verbe
un nom de personne : elle tire après sa mère, elle tère après
s'mame, fl. zij trekt op hare moeder. Il faut dire : elle ressemble
à sa mère, ou elle tient de sa mère, elle en a des traits, Acad.
/ tiret Vonk après Faute; tournez : ils ont de la ressemblance
Tun à Tautre, ou Tun avec Tautre, ou, simplement, ils ont de la
ressemblance, ils se ressemblent. Le montois dit aussi tirer d^sus
quéqu'un. — En tous cas on ne dit pas tirer après. On dit tirer
sur et tirer à. Ex. Son teint tirant au noir. Cousin, dans Litt. Le
monument a une pesanteur tirant au gothique, Boil.
3» Tirer quelqu'un par les oreilles, sèchi *n*saki po lès orèU,
iemand bij de ooren trekken, flam. Jemand bei den Ohren zupfen,
ail. Dites : tirer les oreilles à quelqu'un^ Acad. — Se faire tirer
par les oreilles avant de payer, si fér sèchi po lès orèU ivant de
pai. Dites : se faire tirer Toreille (au sing.)... Acad.
4* Tirer de la milice, de la conscription^ (tr^r délie milice^
délie conscription (on dit aussi tirer Tmilice). Dites : tirer à la
milice, Acad., à la conscription, Litt., ou tirer au 5ort pour la
milice, Acad., tirer au sort pour la consciiption. — Quant à
/tr^rd^ /a réquisition, tiràr délie réquisition, il est absolument
mauvais en français aussi bien qu*en wallon. V. Tomber, n"* 2.
8® Le cœur me tire, li cour mi tère, liég. em cœur tire, mont. fl.
mijne maag trekt. Dites : mon estomac me demande quelque
chose, et, en terme didactique, mon estomac appète des aliments.
— Demander s'emploie très-bien dans le sens de avoir besoin.
Ex. Les terres demandent de Teau. — Le wallon a encore mi
cour gèrêîe, littéralement désire (ail. begehren). — Cœur se dit
abusivement pour estomac, mais dans des cas tout particuliers.
Il a mal au cœur, le cœur lui soulève, j*ai encore mon dtner sur
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- ses-
le cœur, ce vin va au cœur, s*ea donner au cœur joie, ou à
cœur joie, etc. âgad.
6"" Tirer une dent, tirer on dint^ cela se dit à Verviers, comme
le prouve le proverbe verviétois tirer lès dint à 'n' saki^ Renier,
li Mohonne à deux face (tirer les vers du nez à quelqu'un). Tirer
une detit est une tournure germanique, eenen tand trekhen^ fl.
to draw a tooth^ angl. Dites : arracher, ou extraire une dent.
7^ Tirer sa révérence à quelqu'un, tirer s^révérince à 'n'saki.
L'Académie et Bescherelle tiennent cette locution pour popu-
laire. M. Garpentier prétend que cela se dit très-bien; il a pour
lui l'avis de Littré, qui admet la tournure comme synonyme
familier de saluer quelqu'un. Ex. Quand il passa, je lui tirai
ma révérence, Litt.
S"" Je ^ire ma casquette. V. Défaire, n*» 1.
9* // tirey pour il y a un courant d'air. V. Chasser, S.
l(h Tiri^ pour allongé^ amaigri. Elles ont Vair toutes tirées^
elles ont Vair totes tiréies, fl. zij zien getrokken uit. Dites : elles
ont le visage tiré, c'est-à-dire, amaigri, abattu.
Tomber. J'ai tombé, /a tourné. Dites : je suis tombé. Les
verbes tomber, aller, arriver, mourir, venir, devenir, parvenir,
survenir prennent l'auxilaire être dans leurs temps composés,
lors même qu'ils marquent une action d'une manière très-pré-
cise. Dites donc : Il était venu trop tard à Técole, il est mort,
il est arrivé, il est survenu, et non pas, il avait venu..., il a
mouru (!!), il a arrivé, il a survenu, il aveùt v'nou trop tard è
scole, Bull. a. 69, p. 69, part. 2* part., il a marou, il a-t-arrivi^
V. Survenir.
Telle est la règle généralement suivie pour tomber. Plusieurs,
se fondant sur des exemples empruntés à l'Académie et à de
grands écrivains, admettent que tomber peut recevoir l'auxiliaire
avoir lorsqu'il marque l'action. Dessiaux (Traité de versifie,
franc.) estime qu'on ne peut contester à la poésie le droit de
s'en servir ; mais en prose, il est préférable d'employer toujours
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Tauxiliaire être, sauf dans le cas où avoir esi absolument
nécessaire pour rendre la nuance de la pensée. Ex. Vous voyez
une mère tout en larmes, vous lui dites : Pourquoi pleurez-vous?
Elle répond : Mon enfant a tombé. Si elle disait est tombée vous
seriez tenté de repartir : Mais relevez-le donc.
2» On entend souvent dire d*un milicien, il est tombé dedans,
il est tourné devint, il. hij is erin gevallen, et Forir traduit tourner
de sort par tomber du sort. Ce sont deux wallonismes. Il faut
dire avec Bescherelle et Liltré : tomber au sorî. — Tomber
dehors, tourner foû, fl. eruit valleu, n'est pas meilleur. Dites :
tirer un bon numéro.— Tomber d« la conscription, tourner délie
conscription. Dites : tomber à la conscription, Litt. — Tomber
de la milice, tourner délie milice. Dites : tomber à la milice,
ÂGAD. Plusieurs disent encore plus mal : tomber de la réquisi-
tion^ tourner délie réquisition. C'est un abus : le mot tomber^ qui
veut dire être désigné par le sort, jure avec réquisition, qui
désigne un enrôlement /brc^. V.Tirer, n^" 4.
Torcher, i" Se torcher le pied, si toirchi Ppid. Dites : se
fouler le pied, se démettre un pied, se donner une entorse
{détorse, vieux). — Il s'est torché le bras, i s*a toirchi Vbress\
Dites : il s'est luxé le bras.— TorcAer signifie /"roffer, comme on
foit avec un torchon, pour nettoyer, pour essuyer.
f^ Torcher ne s'emploie pas non plus dans le sens de tordre :
torcher une lavette, toirchi on drap d'hielle. Dites : tordre une
lavette.
Toi:^ours. 1» Blâmé à tort par un recueil d'Omnibus dans
le sens de encore, par exemple dans celte phrase : Il n'est pas
guéri, il est toujours malade.V. Encore, 2.— Il est entendu que
encore toujours est fautif : 11 tire ses grègues et court encore
toujours, i prind ses clique et ses claque, i keurt co toudis, mont.
Dites : et court encore.
S"* Je n'y ai pas été toujours moi, ;i n'y a nin stu todis mi, liég.
Dites : en tous cas, moi, je n'y ai pas été. Je n'irai pas aujour-
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d*hui toujours, ji nHrei nin oûie todis, id. Dites : en tous cas, je
n*irâi pas aujourd*hui.— Voilà toujours quelque chose que les
Belges d'aujourd'hui n'ont garde de chanter, v*là todis 'n'saquèt
que lès Belge iVavjourd'hu èti peufnèt meau d' chanter. Les avent.
de Jean d' Nivelles, p. 65. Dites : voilà en tous cas une chose.—
Qu'en pensez-vous ? c'est toujours quelque chose d'extraordi-
naire, qu'est-ce que vos è pinséz? c'est toudis 'n'saqué d^drôle, pat.
de Gharleroi, Bernus, p. 185. Dites : c'est en tous cas.
S*» La censière dit au boucher : Vous n'aurez pas notre vache,
pour sûr; de mon consentement toujours, Vdnsière dit au
boucher : Vos n'aréz nié no vaque, assuré; dé m'consint'mint toudis,
mont. Bull. a. 61, 4* I. p. S79. Dites : du moins de mon consen-
tement. — Il n'est pas venu voir son père, cette semaine
toujours, i n'a nin v'nou vèîe si père, cisse samainne todis, liég.
Dites : du moins cette semaine.
Tourmenter. Ne me faites pas tourmenter, ni m'féz nin
tourmètér. Dites : ne me tourmentez pas. Mais dans la phrase
suivante de Fontenelle : Jeta dans les prisons, ou envoya dans
l'exil, on fit tourmenter (sens étymol. : torturer) cruellement un
assez grand nombre de personnes, faire tourmenter signiQc
charger quelqu'un de tourmenter.
Toumeaa. Faire aller un toumeau, fér aller on tournai.
Dites : fouetter un sabot (jouet d'enfant que Ton fait pirouetter
avec un fouet), ou simplement sabota*. — Fouetter un sabot est
dans J.-J. Rousseau (L.). — Forir fait remarquer avec justesse
que quelques personnes s'obstinent sans raison à rendre tournai
par le mot toupie^ qui désigne un autre jouet (li campinaire, ou
peure).
Tourner. 1^ « C'est une faute de dire : que tourne-t-il ? »
Litt., qui toûne-t'i? Dites : de quoi tourne-t*il? ou, de quoi
retourne-t-ilî
i' Vos laitues commencent à tourner, vos salade Hmincèt à
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tourner. Cet emploi du verbe toumery que le Dictionnaire de
rAcadémie ne mentionne pas, n*est pas inconnu en France. Ex.
Lorsque les laitues commencent à tourner, c'est-à-dire à pommer^
on doit retrancher les feuilles basses qui sont jaunes, Gbnus
(L.). On voit par cet exemple que pommer est bien plus usité que
tourner. — De la laitue tournée, de Vtoumiie salade. Dites :
de la laitue pommée ;
3"» Tai moti cœur qui tourne, fai m*cosur qui tourne, mont.,
fl. mijn hart draait, ou keert. Dites : j'ai le cœur barbouillé, le
cœur me fait mal, me bondit, me soulève, ou bien, en précisant,
l'eau, etc., que j'ai bue me tourne autour du cœur, Agad.
4"» Le lait tourne quelquefois à matons dans l'estomac, U
lessai toûne télefèïe à maton so U stoumal. Dites : se met, se
convertit en grumeaux. — Le tait tourne se dit absolument,
dans un sens moins précis, pour s'altère, change en mal.
Ex. Quand le lait est vieux, il tourne sur le feu, Aciio.
V. Maton. Voilà pourquoi il faut éviter la tournure : se tourne
en grumeaux, bien que se tourner en se dise très-bien au sens
de se changer en. Ex. Leur phlegme s'est tourné en bile,
Balz. Lettr. (L.). L'admiration se changea en envie, Volt. —
Il s'ensuit que fér tourner n'saki à bourrique, prov. liégeois et
carolorég., doit se rendre par faire tourner quelqu'un en bour-
rique, Lirr., et non par... à bourrique. Le pat. de Marche dit
aussi fér tourner à borique, Bull. a. 59, p. 179. — Tourner à ou
se tourner à a un autre sens : avoir une certaine issue. La mala-
die tourne à la mort, Litt. Bientôt le combat tourne à son avan-
tage, Rac. (L.)
S« La paresse ressemble au fer qui s'enrouille, car il se ronge
et tourne à rien, U paresse richonne au fièi* qui s'èrunit, car i
s*dismougne et toune à rin, Aurmon. di Nameur, a. 67, p. 43.
Dites : il devient à rien, ou il vient à rien. Ex. Cette entreprise
devient à rien, Sév. A force de maigrir, cet homme vient à rien,
Agad.
Tout. V Une fois pour tout, ine fèïe po tôt; fl. een keer voor
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al. Dites : une fois pour toutes, une bonne fois. Ji v's el dit ine
fèîe po tôt ; tournez : je vous le dis une fois pour toutes, Acad. —
On dit aussi simplement une fois. Il faut pourtant que nous
sachions une fois à quoi nous en tenir, Acad.
2^ Marcher tout parmi les terres ensemencées, rotér toi
avâ tsèmé. Dites: marcher partout sur les terres ensemencées,
traverser en tous sens les terres ensemencées. — Il y a des
taches tout parmi ma cornette, igna dès tèche tôt avâ m'gdmette.
Dites : ma cornette (Acad.) est toute couverte de taches. —
Parmi tout le jardin, patauvau Vgardin carolorég. Dites : dans
tout le jardin. -— Parmi ne peut traduire avaUy mont, patauvau^
carolorég., avâj liég. que devant un collectif ou un nom
pluriel.
3» J'ai voyagé tout partout, ja voyègi tôt costé, liég. faî
woéagi tout costè, p. carolorég. Dites : J'ai voyagé partout.—
11 fait enrager le monde tout partout, i fait inragér les gint
tout partout, arménaq. de Tournai^ a. 81, p. 5. supprimez tout :.
Partout il &it endôver le monde.
4<> Tout qui viendra de votre part, sera bien venu, tôt qui
vêreit dkvosse part, sereit bin t^'nou, liég. al wie zal van
uwentwege komen,.. fl. Dites : quiconque viendra... — Dites-le
à tout qui vous voudrez , Dihéz-V à tôt qui vos varéz, liég.
Supprimez tout : Dites-le à qui vous voudrez. — Il rechigne à
tout qui qui vient chez nous, i r'chègne à tôt qui qui vint à
Fmaujon, p. de Marche, Bull. a. B9, p. 20SS. : Dites : il rechigne
à quiconque vient...
5® Vous m*éclaboussez toute, vo m' sipitéz tote, liég. Dites :
vous m'éclaboussez entièrement, des pieds à la tète. —
Ce cocher avec sa voiture nous a tout salis, et cochéz-là avou
s'voiture nos a tôt abtmé, Dites : nous a salis des pieds à la tôte.
— Je tremblais toute, ji tronléve tote. liég. Dites : J'étais toute
tremblante^ je tremblais de tous mes membres. ~ Je tremble
tout^ ju trôle totj p. de Marche, Bull. a. 59, p. 257. Dites : Je
suis tout tremblant.— Il m'a fait tout peur, i m'a fait tôt sogne^
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liég. Dites : il m'a fait grand' peur. — Il a tout mangé sa soupe»
il a tout maingi s'soupe^ mont. Dites : il a mangé toute sa soupe.
— La bise a tout refroidi le temps, li bige a tôt r'froidi rtimps,
namur. Dites : a complètement refroidi...
Tout, dans le sens de entièrementy tout à fait, ne modifie que
les adjectifs et les adverbes.
6* On vous procurera bon souper, bon glle et tout, on
v'procurWHt bon sopèr, bon gtsse et tôt, liég. en ails, fl. Dites :
et le reste, ou bien, et cetera. L'emploi de et jure avec tout,
puisque le souper et le gtte sont compris dans ce mol tout.
7* Il est malheureux comme tout, pauvre comme tout, t7 est
mâlhureux comme tôt, pauve comme tôt. Dites : il est très-
malheureux, très-pauvre. — Marg. Buffet disait déjà en 1668 :
<c Voici un terme des plus barbares où bien des provinciaux
tombent : ils diront : cet homme est riche comme tout ; il faut
dire est très-riche. » Cette locution est très-usitée en France
et en Belgique: Ex. Cela n'empêche pas qu'il ne soit fier
comme tout, G. Sand, André, IV. — Les deux mots y sont en
italiques.
8» Tout à fait est nettoyé, tôt à fait est r'netti, liég. namur.
Dites : tout est nettoyé. — Tout à fait , en français, est une
locution adverbiale, et ne peut s'employer comme pronom
indéfini.
9» Il faut que les enfants écoutent toute de suite, fût qu' lès
èfant houtessent tote di suite. Dites : tout de suite. On prononce
généralement toute suite, ce qui est fautif. Le wallon a aussi
tôt d*suite (prononcez to d'suite). Dans ce cas, il y a correspon-
dance exacte, et il faut se garder de traduire en supprimant
tout; en effet de suite veut dire Vun après Poutre, el ne doit
jamais s'employer pour tout de suite, qui veut dire sans délai,
sur le champ.
iO*" Le temps était calme, tout d'un coup, voilà une tempête
qui commence, H timps estent pàhûle, tôt d'on c6p, vola on tim-
pesse qui Kmince^ liég. Il faut dire : tout à coup.— Mais voilà,
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tout duH eoupy que le maître a un rapport (*), mains v'ià
tout d'un coup^ que VmaUse reupie. Avent. de J. de Nivelles,
p. 86. Dites : mais voilà que, tout à coup, le maître....
Teut d'un coup veut dire tout en une fois, à la fois, du
premier coup, et tout à coup veut dire soudain et sans qu*on s'y
attende. Telle est la distinction établie par l'Académie et
admise par les grammairiens. Littré prétend que tout iun coup
peut s'employer pour tout à coup. Ex. Tout d'un coup son visage
a pâli, Mol. La mort a tout d'un coup arrêté le cours de la plus
belle vie du monde, Boss. Le roi fit un grand ha! comme un
homme oppressé qui tout d'un coup respire, St. Sim. — Mais
tous les exemples que Littré cite sont du XVII* siècle. Actuel-
lement on ne confond point ces deux locutions. — Le wallon,
qui n'a conservé à lot £on côp que le sens de tout à coup^ a aussi
la tournure tôt en on côp^ liég., tout à n'in kéau, tournais.,
lés chonq clotiers, 4* couplet, laquelle me semble correspondre
à Tarchaïsme tout à un coup. Ex. le bon grain de mort qui
nous délivre tout à un coup de tribulaiiou, Marot, dans Litt.
11'' Je sens ce mal tous les vingt-quatre heures, ji sins
c' mâ4à tos lés Hngt-qwatre heure. Dites : toutes les vingt-quatre
heures.
Toux. J'ai tin toux sec, fa on sèeh tasse, liég., foi enne sèke
tousse, mont. Dites : j'ai une toux sèche. Les Liégeois et les
Hontois sont portés à prononcer tousse; les Liégeois ont de plus
la tendance à faire ce nom du masculin, contrairement à l'éty-
mologie : lat. tussis, fém.
Traîneau. Aller à splaion. Forir traduit : aller à tratneau.
Il fallait : en traîneau, Acad. — Ex. Aller, se promener, voyager
en traîneau, Acad.
Transe. On sonne une trafise, on sonne ine trame, liég.
(*) Oo dit aussi un renvoi (Acab.), terme blftmé à tort par Hennequin ; /aire un
rôl est bas.
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Dites : un glas, ou le glas, ou le glas funèbre. V. Sonner. A
Tournai, on dit : sonner un trépas, mais le terme est poétique
et ne peut s'employer dans le langage usuel. — Â Bouillon, on
dit sotmer enne 1ère. Ce mot paraît d'origine germanique : ail.
lekhe, fl. lijk, cadavre. Le français transe, grande appréhension
d*un mal qu'on croit prochain (ex. il est dans des transes mor-
telles), doit être rattaché à transi, pénétré par le froid; étymo-
logiquement le terme français et le terme wallon bont iden-
tiques : ils représentent le latin transitus, action de passer, de
pénétrer, passage; d'où trépas.
Trappe. J'ai mis une trappe pour prendre des ra(s, des
souris, des taupes, etc., fa mettou 'n' trappe po prinde dès rat,
des soris, des fuïan, angl. trap. Dites : j*ai tendu un piège pour
prendre, etc., ou simplement j'ai tendu une ratière, une souri-
cière, unetaupière, etc. — Le français trappe désigne un piège
pour prendre des béies, formé d'un trou pratiqué en terre et
recouvert de branchages ou d'une bascule. Ex. Tendre, dresser
une trappe, Acad. Le mot français trappe sert aussi à traduire
le wallon tapecou. V. Tapecul.
Trébucher. Il ne peut faire un pas sans se trébucher,
i n'pout fér on pas sins s' trèbouhù Dites avec l'Académie : Il ne
peut faire un pas sans trébucher. Le verbe est intransitif en
IVançais, réfléchi en wallon.
Trique. Il a eu de la trique, il a-st-aou deUe trique, liég.
Dites : il a été battu.— Donner 'n' trique à 'n' saki, mont., donner
'n' trique à 'n' sèki, p. de Lille. Dites : administrer une cor-
rection à quelqu'un. — Trique, d'après Scheler^ est pour
estnque et vient du néerlandais stnjken, battre, frapper, il s'en-
suit que le sens abstrait du wallon trique (action de battre)
a dû être le sens primitif. — Le wallon trique signifie aussi
gros bâton ; en ce sens, il est français, mais appartient au
langage populaire (Acad.). Ex. On lui a donné des coups
de trique, Acad., ou une volée de coups de trique, Litt. —
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Triquer quelqu'un, iriquér *u* saki, liég., iriquér ou tricoter
V sèki, p. de Lille. Dites : rosser quelqu*un, Acad. (famil.).
— - Triquer et tricoter^ en ce sens, sont des termes populaires
signalés par Littré.
Trop. !• Trop riche que pour.... V. Que, conj. n** 4.
2» Trop c'est trop, trop c'est trop, liég. (les p se prononcent
dans le texte wallon, sont nuls dans le texte français). Le pro-
verbe français est trop est trop, Acau., Bbsch, Litt., ou, rien de
trop, c'est-à-dire tout excès est blâoiable. C'est le ne quiduimis
des Latins. Si les proverbes sont la sagesse des nations, voilà
un spot qui montre que les Wallons aiment à garder de la
mesure en tout. Puisse-t-il ne pas être invoqué contre Tauteur
du présent glossaire, qui avoue humblement avu on p6 jdsé
d^trazeètquatwaze!
Trotte. Le terme populaire est également usité en France
pour désigner un espace de chemin. Ex. Il y a une bonne trotte
d'ici là, Acad. Gna V bonne trotte di dal àlà. — l\ vaut mieux
se servir du mot traite. Ex. J'ai une grande traite à faire,
ScARR. (L.). — Si le contexte le permet, on dit simplement :
c'est une traite, il y a une traite. (Litt.)
Trou. Il est tout à trous, il est tôt à trô, liég. il est tout à trOj
mont. Dites : il est couvert de vêtements tout troués.
Tunnel. La grande tunnel de Nessonvaux, It grande tunnel
di Nessonvâ. Ce substantif est masculin en français : le grand
tunnel. — D'après Littré, ce mot anglais n'est autre chose que
l'ancien français tonnelle. Serait-ce là le motif pour lequel le
peuple l'a refait du féminin?
u
Un. i'* Nous avons fait une bonne chasse, nos avans fait
n*bonne chèsse. Dites : nous avons fait bonne chasse.
S"" Votre voisin est un Hollandais, vosse wèzin est ine Hollan-
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— 372 -
Uai$. Dites : est Hollandais. Ce wallonisme est encore un héri-
tage de l'idiome germanique ; en effet, on dit en allemand : Ihr
Nachbar ist Hn Uollaender ; toiitefois la construction n*est pas
toujours de rigueur en allemand, non plus qu'en wallon, et l'on
dira très-bien Ihr Hen* Bruder ist Professor, voêse monfré est
professeur, La tournure, je suis Belge^ motisieur est protestànt^esi
de rigueur en français. Avec le pronom ce pour sujet, on doit se
servir de t/n. V. au n» 6.
Pour la tournure il a une tête frisée, il a une crolêie tiesse,
V. Des, n* 3.
3* Je suis comme une morte, ji sos comme ine moite. Dites :
je suis comme morte.
4* En voilà une! De vlà iune! Cette tournure est en usage à
Gharleroi et ailleurs, et se dit d'une chose qui étonne désa-
gréablement, qui paraît extraordinaire, difficile à croire. Ex.
Elle appartint [l'huttre des plaideurs] au cin qui VVa vu cFlauvau.
Et çastimi! — De v*là iune! dit-st-i l'aute, Bernus, p. 140.
Tournez : elle appartient à celui qui l'a vue de là-bas. Et c'a été
moi! — Voilà qui est fort, ou cela est fort (Acad.). — Ne dites
pas non plus, comme les Liégeois: elle est bonne celle-là!
elle est bonne cisse-lal ! Dites : Voilà qui est fort !
S*" Voici deux lettres: une d'ici, l'autre de Bruxelles, voci deux
telle , one di vociy Vaute di Bmxelles, pat. de Marche, Bull. a. 59,
p. 195. Dites : Vune d'ici, Tautre de Bruxelles. Mais s'il s'agis-
sait de plus de deux objets, on pourrait dire : une d'ici, une
autre de Bruxelles. — Il n'y a que deux bonnes femmes sur la
lerre, une est perdue, et l'on ne peut pas retrouver l'autre, gnia
qu'deux bonnes feumme dissus l' terre, one est pierdeue, et on n'sit
r'trovir faute (cette méchante boutade namuroise fait penser à
la bonne /ifnim^ proverbiale, qui pourrait bien être une trans-
formation du flamand in de goede faam, à la bonne renommée).
Il faut dire : l'une est perdue, et l'on ne peut pas...
6» C'est un de Herstal, de Huy, de Verviers, c'est onk di Hesta,
di Hu, di Vent, 't is een van Herstal, fl. Dites : c'est un habitant
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de Herstal, de Huy, de Verviers, ou bien c*est une personne
de Herstal, etc. Mais on dira très-bien sans le mot un : Il est de
Herstal, etc. On dira également : c*est un Hutois, un Verviétois,
ou il est Hutois, il est Verviétois. Il n'y a pas en français de
gentilé correspondant à Hestati, La formation de cette espèce
de noms est du reste soumise en français à des règles très
capricieuses : Liégeois, Trudinaire, Garolorégien, Arlonnais,
Madrilène, Monégasque, etc.
7° Voilà un que je connais, vola onk qui fkinoxhe. Dites : en
voilà un que je connais (quand on veut représenter un être dont
il vient d*être parlé). J'ai vu un qui était original, fa veiou onk
qu'esteût droite. Dites : jVw ai vu un qui... — Mais s'il n'y avait
pas de substantif exprimé précédemment, on dirait très-bien, à
en croire Littré, j'ai vu un qui...,;'a veiou onk qui, liég.; d'un
qui ne dit jamais rien, il faut toujours se méfier, dlun qui n'dit
jamais nn^ i faut toudis s'méfiîj pat. de Charleroi, Bernus, p.
435. — ■ Littré cite ces exemples à l'appui de la tournure. Une
avait pris un peintre en mariage, La Font. Ma fantaisie me fait
haïr un qui souffle en mangeant, Pascal.— Cette façon de parler
manque, ce semble, actuellement d'élégance, et un doit être
remplacé par quelqu'un ou par celui : J'ai vu quelqu'un qui...;
il faut toujours se méfier de celui qui ne dit jamais rien.
8"" Un pour quelque. Il me faudrait un trente francs, cela
ferait mon affaire, im'fâreût on trinte franc po m'ahessi, ikzou
een dertig frank moeten hebben, fl. Dites : il me faudrait quelque
trente francs, environ trente francs.
9^ Ils se tourmentent l'un et l'autre, i s^fèi tourmèiei' tonk et
faute, FoRiR. Dites : ils se tourmentent, se taquinent l'un
l'autre. -- Vun Vautre marque réciprocité, l'un et l'autre
désigne simplement le nombre deux. Le wallon ne tient pas
compte de la nuance ; mais eu français la règle est stricte, et
d'après Bescherelle, Voltaire n'est pas à imiter quand il dit :
4idons-nous l'un et Tautre à porter nos fardeaux.
lO'' Elles pensent toutes être plus belles l'une que l'autre,
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elle pinsèt totes esse pus belles cane qui Vauie, La grammaire
exige : les unes que les autres. — Quand il y a plus de trois
objeis, la réciprocité doit s'exprimer par les uns les autres,
et non pâs par Vun Vautre, sauf le cas où il s'agirait d'une suite
d'objets qui vont un à un, comme les anneaux d'une chaîne.
Ainsi on pourra traduire liltéralement (hors le et, dont il a été
question au n® 9) les treu eârpai s" fit tourmèter fonk et Vaute, les
trois gamins se taquinaient Tun l'autre (ou les uns les autres);
il esttt grippés onk so Vauie (pour faire la courte échelle)
ils étaient grimpés sur les épaules l'un de l'autre.
11° Il a une épaule plus haute wve que l'autre, il a n'stpale
pus haute eune qui Vaute. Supprimez le second une: Il a une
épaule plus haute que Tautre. On remarquera qu'ici une oppose
à Vautre ne prend pas Tariicle^ parce qu'il précède lesubstantif,
ce qui n'est pas le cas pour les textes cités au n*" S.
12<» Une vierge qui a fait miracle, lue avierge qu*a fait mirâke,
expression consacrée par le peuple, pour, a fait un miracle. —
Faire^ miracle, sans article, est une expression figurée qui
signifie, l"" réussir merveilleusement : Pour moi les Huguenots
pourraient faire miracle, Régnier (L.) ; i"" ironiquement^ com-
mettre quelque maladresse. Ex. Il a fait miracle, Litt.
IS"» En voilà une de plaisanterie ! in v'ià ine dès carabistouye !
Arménaq. de Tournai, a. 51, p. 27. — En voilà une de craque!
vo 'nnè là eune di craque! pat. de Liège. Cette tournure n'est pas
française. Il faut prendre un autre tour. Voilà une plaisanterie
un peu forte! la plaisanterie est un peu forte! Voilà une bourde
par trop forte ! cette hâblerie passe les bornes !
Usage. Ce drap est d'un bon usage, ci drap-là est d^one
bonne uzance, Remacle, ou d^on bon mège, liég., Dites : est d'un
bon user.— Drap, toile d'un bon usage, drap, toile d^enne bonne
usance, mont. Dites : d'un bon user. — Bescherelle dit que
usage, en ce sens, est depuis longtemps inusité; Littré, il est
vrai, prétend que l'on dit familièrement : Ce drap fera beau-
coup d'usage, pour il durera beaucoup; mais l'Académie ne
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— 378 —
fait pas mention de cet emploi du mot usage, qu'elle exprime
par le mot user. Ex. Cette étoffe, ce drap est d'un bon user; il y
a des étoffes qui deviennent plus belles à l'user.
Vapeur. La vapeur est partie, H wapeur est èvôïe. Dites : le
train, te convoi est parti. — Il est venu par la vapeur, il a v^nou
so r wapeur. Dites : il est venu par chemin de fer. ~ La vapeur
part vers huit heures, el vapeur part invers huit heures, mont.
Dites : le convoi part vers huit heures. — A en croire le
docteur Stacquez (Voyage en Egypte), les Egyptiens disent aussi
el babour, corruption du mot français pour le chemin de fer.
(yest en effet une image toute naturelle. Elle n*est admise en
français que pour désigner les bateaux h vapeur. — Quoi qu^en
pense Bescherelle, Tusage fait ce mot masculin en ce sens
spécial, avec raison, de la même façon qu'on dit un remise, pour
une voiture de remise. Les Liégeois disent de même tin saison
pour un verre de saison.
Vendre. Il m'a vendu ce cheval pour cinq cents francs,
i m'a vindou ci cKvâ-là po cinq cints francs. V. Acheter, 3.
Venir, t*» Il va m'nir, i va m'nt, liég. Vous deviez m'en
prémenir, vos m'el divlz prém'ni. Dites : venir, prévenir. Les
Liégeois ont une tendance à substituer m kv dans venir et ses
composés, parce que le patois dit aussi bien m'nt, pi^ém'ni, etc.
que v'nt , prév'ni,
2* Il a venu apprendre l'armurier à la maison, il a m'nou
apprinde Vârmuri e l'mohonne. Dites : Il est venu apprendre le
métier d'armurier chez nous. Il a venu trouver son père, t7 a
v'nu trouver s'pére, p. de Tournai et de Walcourt, Bull., a. 70,
2* livr. Dites : il est venu trouver son père. — Il a venu, U a
v'nu, p. de Giney et de Mons. Dites : il est venu. Y. Tomber.
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d^" L'hiver qui vient, Arménaq. de Tournai, a. 51, p. 26. On
a blâmé cette tournure, qui est correcte. V. Semaine.
4" Venir à rien (diminuer beaucoup, se réduire presque à
rien) est blâmé à tort par Hennequin. Ex. A force de bouillir,
cette sauce est venue à rien, Acad., à foice diboûre^ ci$se sdce-
là est nCnowe à riny est distoumUe. — Il maigrit, il vient à rien,
Littré, t distome, ivint à rin. — On dii z\isa\ devenir à rien.
V. Devenir.
8* Vous aurez ce qui vous vient, vos âréz çou qui v'vint.
Dites : ce qui vous est dû. — Mais on peut dire : après la mort
du père, les biens viennent aux enfants, Litt. J'ai mis à la
loterie, et il m'est venu un bon billet, Litt. Ici venir signifie
échoir.
Verger. Mettre du linge au verger, sur le verger, mettre du
linge sur le vert, mettre curer le linge, mettre du linge au curoir,
au curage. Mette dès drap â vert, mette curer dès drap, mette dès
drap â curège, liég. Le montois a le verbe curer, et les subs-
tantifs curage et curoir. Ce sont tout autant de wallonismes,
qu'il faut remplacer par : étendre du linge sur l'herbe, herber
du linge, rétendre sur le gazon, faire blanchir de la toile sur
l'herbe. Dites aussi étendre sur le gazon, sitinde so Vvért et non
pas étendre sur le vert. •— Curer, curage, curoir et verger n'ont
pas ce sens en français. On cure un puits, un fossé, un port;
on se cure les dents. On dit le curage d'un puits, d'un fossé,
etc. Le curoir est un bâton qui sert à nettoyer la charrue,
Besgh. Let^er^^rest un lieu planté d'arbres fruitiers; c'est le
latin viridarium (de viridis, vert), qui a la même signification ;
le français verger doit donc servir à traduire le wallon assize,
qui n'est pas dans Forir.
Vider. 1° Ne dites pas vuider, mont. widiéi\ liég. vudt. C'est
du vieux français. La seule forme usitée actuellement est vider.
2* Je vais vous vider un verre de vin, ji v'va vudi on verre di
vin, liég. Dites : Je vais vous vei*ser un verre de vin. — En lui
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vidant à boire, en lui wuidant à boire^ p. de Beauraing, Bull,
a. 67, 2* livr., p. 56. Dites : en lui versant à boire. -* Vidsr un
verre se dit, mais signifie boire la liqueur qui y est contenue.
Ainsi videz votre verre sert à traduire le wallonisme : boutez vosse
vère fou.
Vie. l*" Mener la vie, miner Fvèie. Dites : mener une vie
déréglée, vivre dans le désordre, rôtir le balai.
2" Ils ont mené une vie ! il ont miné V vête ! liég. Dites : ils
ont mené beau bruit ! Acad. — Écoute, quelle vie! houte, quéle
vicdréîel Remagle> Dites : quel bruit! — Le peuple, à Paris,
emploie vie dans un sens analogue : crierie qui se &it en
querellant quelqu*un. Ex. Quand votre femme sera venue, elle
vous fera une belle vie, Acad.
Vieux, l"" Si l'on disait à un enfant : vous êtes plus vieux
que moi, vos estez pus vî qu'mi, liég., gij zijt ouder dan ik, fl., on
s'exprimerait mal. - Vieux signifie avancé en âge, et ne peut se
dire pour âgé. Dites : vous êtes plus âgé que moi, ou vous êtes
mon aine. ~ Mais, en parlant à un vieillard, on dira très-bien :
Vous êtes pius vieux que moi, vos estez pus vt qu'mi. Lorsqu'il
s*agit d'une dame même âgée, la politesse exige qu'on emploie
toujours le mot âgé : Vous êtes moins âgée que ma mère, vos
n'estez nin H vîle qui m*mére.
2<» Le plus vieux de ses fils, pour Caîné de ses fils, ou son fils
aine, de oudste vaii zijne zonen, fl. Voilà une locution vicieuse
qui est en vogue dans toute retendue du pays wallon, de
Malmédy à Douai, comme le prouvent les extrait suivants du
Bull., a. 70, 2Mivr,
Malmédy : S'pus vt des fis.
Hannut : Lé pus vidés fis.
Bouillon : S'pusvtfis,
Wavre : Li pus vî di ses fus,
Leuze : Vpus vieux d'ses garchons,
Liège : Si pus vî fis.
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Famenne : Upus vt (t sè$ lis.
Dînant : Li pus vi des fis.
Âtb : Lpus vie dès gardions.
Douai : Ch' pus viu fiu.
S^" Eh bien, f>ieux, viens-tu avec moi? èh Mn, vi stocks vifUz-
V* avou? \\ég. {pai. de Gharler. vf sto). On dit aussi simplement
vt. Ex. ji v'vas fér louki, vî, ti Mâie neur, I, i. — Bonjour,
vieux, bonjou, vi, p. de Marche, Bull., a. 59, p. 197. — Le
terme de vieux, si affectueux dans une bouche liégeoise, et dont
les dames aiment tant à se servir en parlant à leurs maris,
n*est malheureusement pas français en ce sens, ou du moins
n'appartient pas au bon style. Mon vieux ne s'emploie que dans
le langage' populaire (Litt.). Qn dit aussi vietix tout court,
comme le prouve cette citation de Lorédan Larchey : Tu me
crois émue, vieux? allons donc, Frëmy, dans Us Excentricités
du langage,
i"" Vingt ans vieux. V. le mot Mesure.
Vis. !• L'ouvrier est à sa vis, l'ovri est à s* viss\ Bull., a. 68,
p. 109. Dites ; à son étau.
i"" Un vis, on viss\ Dites : une vis. Le genre masculin, qui est
celui du liégeois et du genevois, n'est pas le genre étymologique.
Ce mot vient du lat. t^^t«, fém., m^fn^, dont les enroulements
ont donné le nom à cette espèce de clou.
Vite. Si vite que j'eus goûté, je m'en allai, si vite qui feuris
fait qwatr' heure, feun' alla, Viég., zoo gauw (dat) iHr, elc.,pat.
il. Dites : aussitôt que, sitôt que, dès que, du moment que,
du moment où j'eus goûté, ou bien, une fois que, dès qu'une
fois, lorsqu'une fois j*eu8 goûté... Cette tournure est aussi en
usage dans la Famenne : Si vite qui vosf aute fis est riv'nou^
Bull., a. 70, â^" liv., p. 30S; à Sp2i:sifèite qu vosse fis est
ruv*nou; à Limbourg : si vite qu vosV aute fis est ruv'nou; et à
Weisme : si vite que vost aute fi a stu rev'nu.
Si vite que est mauvais dans le sens de dès que ; mais il peut
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s'employer pour marquer l'extension : Le renne court si (c'est-à-
dire tellement) y'iie, que..., H renne court si vite qui..., liég., ou,
avec une négation, pour marquer la comparaison : Vous n'y
arriverez pas si vite que moi (c'est-à-dire sitôt que moi), vos n'y
avérez nin si vite ./«t mi, liég. Dans ce dernier cas, si équivaut
à aussi . aussi vite que moi, ossi vite qui mi. Y. Aussi.
Vitrine. Ce mot, que TAcadémie n'a pas admis, figure dans
Bescherelle et dans Litlré : Mettre à la vitrine, mette à r vitrine;
le liégeois dit aussi : mette à Cglace. La vitrine d'un marchand,
H vitrine d'on marchand. L'Académie dit en ce sens : Mettre à
rétalage; l'étalage d'un marchand.
Voie. Jetez en voie toutes ces balayures, tapez tos ces chinisse
è voie, liég. Supprimez en voie. Jeter son argent en voie, ruer
ses yards in vote, mont. Dites : jeter son argent par les fenêtres.
Les wallonismes formés avec en voie sont tellement grossiers,
qu'il est superflu d'insister.
Voilà, Voici. 1*^ Ne voilà-t-t7 pas que... ni vHà-t-i nin qui...
d'après Litlré, celte tournure est un barbarisme introduit par
l'usage. La seule correcte est : Ne voilà pas que... ou, voilà pas
que...
2» Le voici qu'il vient, voV cial quH vitit; là voilà qu'elle
revient, voF là qu'elle rivint. Dites : le voici qui vient, là voilà
qui revient, ou voici qu'il vient, voilà qu'elle revient. Littré
signale cette cacologie à l'article Voila.
3* le ! qui voilà ! ie ! qui vola ! fl. o ! wie daar! Dites : Ah !
vous voilà ! ou bien, tiens, le voilà.
Voir. 1° Je voirai, je voirais, ji veûrei^jiveûreûs. Dites : je
verrai, je verrais. La voyelle composée eu représente ici la
diphtongue oi, comme le prouve l'analogie: miroir, mureûl
roide, reûd; pois, peus, Sainte-Foi, Sainte-Feu. De là le wal-
lonisme, j^ voirai, qui existe aussi à Tournai et à Mons, et qui
n'est qu'un archaïsme. Ex. Et ne la voiroit-on si fière ni si
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belle, Régnier, Elég. III. Cette forme s'est maintenue dans deux
composés : je prévoirai, je pourvoirai.
2* Il faut faire voir après le médeein, t fât fér vèie apiès
Vmide, fl. gij moei naar den geneesheer doen zien. Dites : il
faut faire chercher le médecin, il faut mander le médecin.
3« Il ne se voit plus avec ses parents, t rCsi veut pus avou ses
parint. — La tournure est des plus barbares dans les deux
idiomes. On dit très-bien; je ne le vois pas, je ne le vois plus,
Lirr., pour, je ne le fréquente plus, j*ai rompu avec lui; mais
se voir, au sens de se fréquenter, est un verbe réciproque, qui
exige un sujet pluriel. Ex. Ces deux amis se voient tous les
jours, Bbsch. Ces deux personnes ne se voient plus, id., c'est-à-
dire elles sont en mauvaise intelligence. Dites donc : Il ne voit
plus ses parents, ou bien, ses parents et lui ne se voient plus.
4"* Voyons voir si vous serez assez hardi, vèyons vir si vos
sWéz franc assez, mont. Dites simplement : Voyons si vous
serez... «Selon Raynouard, pareil pléonasme existait dans
le verbe portugais vejor veer/ie vois; levo levar, je porte.»
SiGART. Il fait penser au damans clamavi de la Bible. C'est une
façon de parler fort ancienne et fort ordinaire parmi les gens
du peuple, non-seulement en Belgique, mais encore en France.
5» L'honnête femme qui a épousé un coquin, envoit de grises,
li brave feume qu'a spozé on capon, etmè veut dès grize. C'est une
expression populaire (Litt.). Dites : souffre le martyre. Il en est
de même de : il m'en fait voir de grises, i rneunè fait vHe dès
grize. Dites : il me fait éprouver de grandes contrariétés, il me
donne bien du tourment.
()* On dit par abréviation : Il en a beaucoup vu au service de
M"«» N., ènn' a baicôp vèïou d siervice di Af"» iV., fl. hij heeft veel
uitgezien in de9i dienst tan,etc.II faut dire : il a beaucoup souffert.
Il en a bien vu pour passer son examen, ènn" a bin vèiou po
passer si exâmèn*. Dites : il s'est donné bien du mal pour...
7° Il se fait bien voir de tout le monde, i s' fait bin vête di tôt
rmonde. Les tournures françaises sont : il se fait bien vouloir
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de tout le inonde, âcad.; il est bien venu partout, Litt. Mais on
dira très-bien à la voix passive : Il est bien vu de tout le monde,
Besch., Litt. — On dira de même : il est mal vu de tout le
monde, il se fait mal vouloir de tout le monde (Âcad.). Ex.
Parmi les gens de lui les mieux venus, La Font, dans Litt. Il
est bien vu de ses chefs, Litt. Mon amour, quand je Tai fait
paraître, n'a point été mal vu des yeux qui Tont fait naître.
Corn, dans Litt. — On pourra aussi changer la tournure : Tout
le monde le voit de bon œil, Acad., d'un bon œil, Litt., de
mauvais œil, d'un mauvais œil.
8*» Un peut voir ! on pô vête, Bull., a. 58, p, 107, een keer zien,
tï. fam. Dites : laissez-moi voir cela.
Vol66. Il a reçu une volée, il a attrapé *n* volêie. Le wallon
entend ce mot de volêie au sens de soufflet. En français, une
volée de coups de bâton, ou simplement une volée, ne peut
signifier qu'un grand nombre de coups de bâton donnés de
suite.
Volontaire. 1^^ Cet enfant est ivès-volontaire, cisV èfant-là
est foirt volontaire, liég. dit kind is gewillig, fl. Dites : est fort
soumis, fort docile. -- En français, un enfant volontaire est^un
enfant qui ne veut faire que sa volonté. Ex. Il est trop
volontaire, il n'apprendra rien, âcad.
2» Il y a dans votre jardin beaucoup d'arbres qui sont très-
volontaireSy il a dins vo gardin brammint dès dbe qui .sont bé
volontaires, mont. Dites : qui sont très-productifs.
Volontiers. Je le vois volontiers, fel voès voltt, p. de
Cliarler., Bernus, p. 178, j'è/ vois voltin, p. de Nivelles, fl. ik zie
hem gaarne. Dites : Je l'aime beaucoup.— Je vous vois volontiers,
ji vos woies voltî, namur. Dites : Je vous aime bien.— Vous êtes
volontiers élégante, bien mise, vos estez vollt gâte, liég. Dites :
vous aimez à être bien mise, à vous attifer. — Les lapins
mangent volontiers le laiteron, lès robeUe magnèt voltî Flapson.
Dites : les lapins aiment à se nourrir de laiteron.— Les perro-
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quels grimpent volontiers, lés paroquèt gripèt voltî, liég. Dites :
aiment à grimper.— On dit en flamand gaarne eeten^ gaamc
drinken^ en allemand gern essen, gern trinkm^ aimer à manger,
aimer à boire.— Au passif, on pourra rendre plus littéralement
le wallon : vos estez veu voltt d'tot Vmoiuk, Namur, Ghavée,
p. 200, vous êtes bien vu de tout le monde. Nous renvoyons à
Voir, n. 7.
L'adverbe volontiers exprime qu*on fait une chose de bon gré,
de bon cœur ; il ne peut s'employer pour marquer qu'on a de
l'affection, de Testime pour quelqu'un, ou un goût particulier
pour quelque chose.
Vos. Fi ! vos brigand ! ai ! vos brigand ! Dites : Fi ! brigands
que vous êtes ! — Ah ! vos bavards ! ah ! vos menteurs ! Ai ! vos
jâzeu; ai! vos boûrdeu / — Ah ! vos folles ! ai ! vos sotte! angl.aA
you foolsl fl. foei^ gij zottinnen. Dites : Ah ! bavards que vous
êtes, menteurs que vous êtes ! folles que vous êtes ! — Ce vos
est une fausse traduction du wallon vosy qui n'est ici autre
chose que le pronom personnel correspondant à vous.
Vouloir, l"" Voulons-nous faire une promenade? volans-gne
férine poi^nade? wollen wir einen spaziergang machen? Dites :
faisons-nous une promenade? ou allons-nous faire une prome-
nade? (Fesons-nous est pour ferons-nous.) — L'auxiliaire alle-
mand wollen s'emploie dans le sens de werden, et se traduit par
le futur ou le verbe aller : wir wollen sehen, nous verrons, nous
allons voir; il en est de même de voleur en liégeois. Cet emploi
de vouloir est étranger à la langue française.
S* Wallonisme analogue : veux-je vous aider? voux-f vis
aidt? fl. wil ik u helpen. Dites : vous aiderai-je? ou faut-il que je
vous aide?
3« Ce mur veut tomber, ci meur-là vout tourner, dièse Mauer
will einfallen, ail., deze muur wil omvallefi, fl. Dites : ce mur
va tomber, est sur le point de tomber. — Il veut dormir, t vont
doirmù Dites : il va s'endormir, il sommeille.
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4'* // peut dire tout ce qu'il veut, j*âgirai à ma gaise, t pout
dire tôt çou qui vout, ji frèi a m* mode, er mag sagen was er will,
ail. Dites : quoi qu*il en dise, ou quoi qu'il en puisse dire...
5** Arrive ce qui veut, arrive çou qui vout, liég , venue quoi
c'vout, p. de Gharler., Bernus, p. 160, arrive c'qui veut, mont.,
ail. es geschehe was da wolle, fl. geschiede wat wil. Dites :
advienne que pourra, quoi qu'il advienne. Le liégeois dit aussi :
anive qui plante, Bull., a. 60, S*" livr., p. 248. L'Académie donne
cette dernière tournure comme populaire.
6* Allez-vous en, je ne vous veux p2LS, allez-è^ ji n'vis vous
nin. Dites : je ne veux pas de vous. — Vouloir de, avec un
substantif pour complément, signifie rechercher, accepter. £x.
je ne veux point d'un trône où je sois leur captive, Corn, dans
Lilt.
l"" Faites comme vous voulez, féz comme vos volez, doe zoo
als gij wilt. D'après M. Benoit, il faudrait employer le futur :
Faites comme vous voudrez. Cela paraît bien sévère. Cet
emploi du présent ne présente rien d'incorrect.
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LISTE DES OUVRAGES CONSULTÉS.
Outre les Dictionnaires français de rAcadémie (^), avec le
Gomplémentyde Roquefort, de Furelière, de Trévoux, '^liandais,
de Poitevin, de Bescherelle et de Littré, et les Dictionnaires
wallons de Grandgagnage, de Cambresier, de Remacle (patois
de Verviers), de Duvivier (manuscrit), de Hubert, de Dasnoy
(pat. ardennais), l'auteur a consulté les ouvrages suivants :
1* Flandricismes et Walionismes, par Poyart, Bruxelles,
Rampelbergh, 1811.
2* Les Omnibus wallons, par Hennequin, Namur, Wesmael,
1864.
S*' Dictionnaire du bon langage, par Tabbé Garpentier, i"
édition, Bruxelles, V* Parent, 1865.
4'' Le Complément des «grammaires et des dictionnaires
français, par Benoit, 2" édition, Bruxelles, Decq, 1860.
ô** Les Omnibus du langage, par Lévy, iS^ édition, Bruxelles,
1843.
6* Nouveau manuel de la pureté du langage, par Biscarrat,
Paris, Borel, 1838.
V Grammaire liégeoise, par Micheels, Liège, Renard, i863.
8'' Poésies en patois de Liège, précédées d'une dissertation
grammaticale sur ce patois, par Simonon, Liège, Oudart, 184S.
9^" Dictionnaire rouchi-français, par Hécart, 3* édition,
Valenciennes, Lemaitre, 1834.
{^) L'impression du Mémoire avait été commencée avant 4877; je n'ai pn tenir
compte de la dernière édition. On pourra suppléer à cette lacune en consultant le
livret intitulé : Changements orthographiquet introduiis dans le Dictionnaire de
rAcadémie. Paris, Boyer, 4879
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10'' Dictionnaire du patois de la Flandre française ou wal-
lonne, par Vermesse, Douay, Crépin, 1867.
ll^» Dictionnaire du wallon de Mons , par Sigart, 3* édition,
Bruxelles, Glaassen, 1870.
12* Glossaire du centre de la France, par le comte Jaubert.
IS*" Français et Wallon, parallèles linguistiques, par Chavée,
Bruxelles, Decq, 1857.
14» Nouveau Dictionnaire des dictionnaires portatifs, extrait
de Landois, précédé d*un traité des participes, par Vanier,
Br nivelles, Rozez, 1853.
15* Examen critique des dictionnaires de la langue française,
par Nodier, Bruxelles, Librairie romantique, 1829.
16"* Dictionnaire analogique de la langue française, par Bois-
sière, Paris, Larousse.
17* Dictionnaire des synonymes de la langue française, par
La&ye, Paris, Hachette, 18§8.
IS"" De l'influence du langage populaire sur la forme de cer-
tains mots de la langue française, par E. Âgnel, Paris, Dumou-
lin, 1870.
19^ Grammaire historique de la langue française, par Bra-
chet, Paris, Hetzel.
20*» Nouvelle grammaire franc^aise, par Brachet, 2« édition,
Paris, Hachette, 1874.
21° Grammaire nationale, par Bescherelle, 14* édition, Paris,
Garnier.
22* Cours de Grammaire française (syntaxe), par Gollard,
Mons, Manceaux, 1867.
23<' Nouvelle grammaire française, par Ploetz, Berlin, 1866.
24° Grammaire française par Van Hollebeke et Merten, 2"
édition, Namur, Wesmael, 1870.
26» Récréations philologiques, par Genin, 2« édition, Paris,
Cbamerol, 1858.
26^ Des variations du langage français depuis le XI1« siècle,
par Génin, Firmin Didot, 1845,
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— 386 —
27" Dictionnaire raisonné des difficultés grammatii^ales et
littéraires de la langue française, par Mary-Laveaux, 4^ édi-
tion, Paris, Hachette, 1873.
28<> Les excentricités du langage, par Lorédan Larcbey, 4*
édition, Paris, Dentu, 1862.
29<' Dictionnaire français-allemand et allemand^français, par
Schusler, Paris, Hingray-Fourand, 1845.
30'' Dictionnaire français-flamand et flamand-français, par
Vandevelde et Sieeckx, Bruxelles, Greuze, 1864.
31** Traité de versification française, par Dessiaux.
Quant aux textes wallons, outre les publications de la Société
qui renferment des spécimens de tous nos patois, nous avons
consulté surtout :
1^ Vvraie ervue d'Motis, Mons, A. Thieman.
2* VArtnonaque dé Mon$, par Letellièr, curé de Bernissart,
Mons, Dequesne-Hasquillier.
3' Les fauves dé J. fjifontaine in patoés d^Chaleroèt, pa Lien
Bernus, Gharleroi, A. Piette, 1873.
4® Chansons populaires tournaisiennes. Tournai, 1868.
5<» Artnénaque de Tournai pour Vannée 1851^ Tournai, Robert.
(Il n'a paru qu'une seule fois.)
6"* Les aventures de Jean d'Nivellesy Bruxelles, Froment,
1867.
T Les textes wallons de TAlmanach Mathieu Laensberg et
de i'Almanach Franklin.
8® Armonaque di Nameur^ Namur, Godenne.
9« VEcho de Givet, journal hebdomadaire, publiant de temps
en temps un article intitulé échos patois.
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LISTE DES PRINCIPALES ABRÉVIATIONS.
A.
Année.
Inf.
Infinitif.
Âcad.
Académie.,
L. Lit.
Littré, L. après un
Adj.
Adjectif.
nom d'auteur,
Adv.
Adverbe.
indique que
AlU
Allemand.
l'exemple est
Ann.
Annuaire de la
dans Littré.
Société liégeoise
Lat.
Latin.
de littérature
Loc.
Locution.
wallonne.
Liég.
Liégeois.
Art. déf.indéf. Article défini, in-^
Masc.
Masculin.
défini.
N.
Numéro.
Besch.
Bescherelle.
P.
Patois ou page.
Bull.
Bulletin de la So-
Part. pas.
Pas. déf. ind
Participe passé.
Passé défini, in-
ciété liégeoise
de littérature
défini.
wallonne.
Pat.
Patois.
C-à-d.
G'est-à-dire.
Pop.
Populaire.
Charler.
Gharleroi.
Pos.
Possessif.
Gompl.
Goinplémenl.
Prép.
Préposition.
Gond.
Gonditionnel.
Pr. pers.ind
. Pronom person-
Dict.
Dictionnaire.
nel, indéfini.
Dial.
Dialecte.
Propos.
Proposition.
Dir.
Direct.
Prov. .
Proverbe.
Ex.
Exemple.
Relat.
Relatif.
Fam.
Familier.
Réfi.
Réfléchi.
Fém.
Féminin.
Rem.
RemacU,
Fig.
Figuré,
Sing.
Singulier.
FI.
Flamand.
Subj.
Subjonctif.
For.
Forir.
Subst.
Substantif.
Fr.
Français.
Tourn.
Tournai ouTour-
Grand.
Grandgagnage.
naisien.
Gratn.
Grammaire.
V.
Voir.
Indir.
Indirect.
Wall.
Wallon,
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SCENE POPULAIRE
ON SPOT
ACCESSIT (médaille d'argent)
Par J.-G. DBLARGE.
L'Affaire si passe es l'chassèîe St-LtoA, à Lige.
personnëges !
NâNESSE.
MAREIE.
CHANCHET, homme da Nanesse.
NANESSE. So Vsaû di s'mohone quijont Vci da MarHe.
Quel bai timps, hein Marèïe, quel plaisir po Fjônesse
De poleur s'amuser les treus bat joû de Tiièsse;
Qwan nos-auie, ëlahèïe» sins qu'on sèpe çou qu'nos fans,
Nos d*vans d'mani r*trôclèe avou nos p'tits èfans !
MARÉIE.
Awoi, Nanesse, awoi; main qui vouss' fér, bâcelle?
Nos n'divans nin roûvt qui n's avans slu com'zelle.
Toi timps vint, toi timps passe, il s'ës fàt fer n'raison
Et comprinde qui l'plaisir n'a jamais qu'ine saison.
S'il faliéf calculer et prinde & ptd de l'iette,
Nos chagrin, nos misère, to çou qui nos tourmette,
Nos arts bel à fer.
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— 389
NANBSSB.
C'est vraie, main bin sovint
Qwan ji r*pass' inte mi-meim* les plaisir di m'jône timps,
Ji SOS si tourmettèe, si plainte di l'ais-m'ë paie,
Qui j'sohatte 11 mariège èvole à dial qui Taie.
MARËIB.
Vas-ès, c'est ine sott'rëie, le jône qui s'gaïUottët,
Qui bizèt nute et joû, qui corèt, qui s'pitèt,
Fët comme nos avons fait. Totes ces pHilës wihette
Ni metiët leu perrique, leus flokët, leu cornette,
Qui po sa'i d'aveur in homme ou on galant
Et di s'mette es Tmisére tôt comme nos y estans.
NANESSE.
G*est vraïe^ je Tsés, Marëie, on-z-est sotte tour à tour,
On pinse qui d'vins l'mariëge tot-à-fait seûïe amour;
On n*comprind nin Fwastâd! On-z-areut bin meïeu
S'en poléf à nost* âge rimahi les qwargeus !
MARËiE. A mitant bas.
Ifess' nin conteinne di ti homme ?
NANESSE.
Tôt comme li chin qui s'tronne.
Il fit bin qu*on-z-y,d*meure et qu'on sëffok ses ponne.
Vos les k*nohez comme mi, on pout bin fer n*creu d'sus.
Ga, si ji touméf vèv, maie nouk' ni m'&reut pus.
C'est des vraies ëhall, on freut foirt bin sins zelle,
Ga rctss', po dire ii vraie, ni vât wëre li chandelle ;
Et vos estez mariée , dihez-m' on pau bon'mint,
Si v's estez à vost âhe ? ^
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— 390
MARÈIE.
Quel drôle di complumint !
Pa, ti deus bin savu, qu'il n*y a noir mohinette
Qui n'aie ses imbarras, qui n'poite si p*tite creuhette !
NANESSE.
Awoi main, binamèe, tôt Tmonde ni s'raviss'nin....
C'est qui mi, avou mi homm C'est bon qu'ji n'dit mftie rin ;
Main si vos k'nohiz bin totes ses latdès mantre !...
Je l'voléf co qwitté, nin pus Ion qui d'vans-hir...
Houtez !... vos sarez tôt, main qui s'seuie po nos deux,
Ca si vs es motihiz Chanchet mi d'zawoureut
C'est on traite, on Judas, on fât, on frotteu d'manche,
Qui dispoïe bin longiimps kwire à m'mett inte qwate planche.
Il grôule tote li journée, et v'ià po Tmons treus meus
Qu'il brogne et fait les mowe. Il d'vint todis pu freud.
Qwan c'est l'moumint d'I'heurèe, s'il vint s'âchtr à l'tâve,
Il baie et il mouftèe, il beu s'tasse et il s'sâve.
Si onc di mes gérin si r'mowe on tôt p'tit pau
Il jeure, il timpestée tôt comm' s'il esteut sau.
(To choulanL)Et qwan il vint doirmi,il s'toune li tiëss vès Tmeurl
Vos d*vez pinser, Hareie, qui c'est iue sakoi d'deur !
S'il n'aveut nin des autt !
MÀRÊlE.
Priùds paciince, il cangerè.
NANESSE.
Ci n'est nin çou qu'j'y tinss' ; main c'est de vèïe paré
Qu'il piette li cour à mi!... Sia, après n'qwinzeinne,
Il m'voreut v'ni choufter.... Mi prind-il po n'dôrleinne ?
Pinse-t'il qui jâïe roûvi qui d'vins Tlimps, tos les joû,
Il It falléf... awoi !.... Il esteut bin pus doux
Di c'timps là, ai! l'brigand !
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- 391 -
MARËIE.
Taiss-tu, c'est todi ti hoiime
NÀNESSE
Tatbtz-v\ c'est on rabisse qui Q*vât nin çou qu'on Homme
Il a tos les mëhin, il est nawe et jalot,
Il n'rëie mâle qui Pdlmëgne qwan il mett' si paitot
PO'Z aller beure ses verre, et s'amuser drf l'batte,
Es riv'ni tôt k'boûi et plein com tne patate.
Si coula continowe, il fât qui mïaiss peler :
Ji n'magne pusji n'doime pus, ji n'fais qu'di mUourmetter,
(On-z-ètind Morgue' di barbafie.)
MARÉIE.
Séss-bin quoi, console-lu, ni Cfâis niii dès ma d'tiesse;
On prind Ttimps comme'il vint, qui Tbon Diù faiss'li rosse.
Hoûte ! vocial ine musique ! Habeïe ! il fât danser ;
{Elle apogne Nanesse,)
NANESSE. (To riant avou Us Idmes ax ouiU.)
Lais-m'ës pâîe, sotte micole, ji n'sos pus foite assez !
Ta vëiou l'timps, Marëîe, qui c'esteut tôt m'plaisir ;
Main houïe, ji so sins gosse !... Binamé' Diu de cir !
Ji veut Gbanchet qui r'vins ; il est plein comme in où :
Il va co v'ni gueuï, s'il m'a vëiou so l*soù.
MARÉIB.
Vas-ës b&h' mi saquoi ! tos les bomm' sont pareil.
Ti brais d'vant d'avu l'côp !
CHANGMET. {Arrivant.)
Vive li verre et Tboteille ! {Il chante.)
Vive li verre li boieille
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J
— 392 - -
Es l'vin,
Ji chante, ji danse, ji rëie
Sovint.
Et qwan m*feumme mi tourmette
Tôt d'bon
Ji beus n'gott' po Trimette
So i'ton :
Contint tôt comm'on prince
Ji vous
Beure et dire çou qu'ji pinse
Avou.
Tôt immonde vik à s*mariire
Et mi,
Ji vik po beure et rire
Ossi.
Merde po Toi qui s'anoie ;
Pauve sot
Qui n*rikuire maïc li joïe
Es pot.
Il passe si vikârëie
Tôt seu
Et lanwih'tote si veïe
Di seu.
NÀNEssE. {Haut.)
Vèez-v\ il est co sau ! je rkwittrè, je Tkwittrè !
CHANCHET. (To balançant).
Ti pou fer cou qu*ti voux, ji frëcomm il m'platrè.
Qwan ti beus t*crâs cafë avou tes michotrèïe,
Ji n*ti d'mande nin poquoi t'a jourmâïe des bouftrëîe;
Ainsi, qwan j'beus-t-on verre qu'ass'mës&h de gueu!,
Et de droviér ine bok ossi lâge qu'on sàn!.
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— 393 —
Louk, es rplëce de chapter si testeus-t-ès t'coulëe
A rakeuse, k r'nawi tes chàss* qui sont trawëe,
A r'bouwé' tes clikotf, à r'nôtl les èfiins,
A fer nHass' di café po Pci qui t'gangne de pan,
Ti Areus çou qu'ti deus fer, main ta n'iinwe à clapette.
(Mostrant IUarèïe.)Ei t'woisène qui vola, avou ti fait trokette.
MARÈiE. {E$ colère.)
Est-ce di mi quVos jasé, laid bômèl, plein d'pëquet?
Si j'aveus t-on s'fait qu'vos, ji It freu fer Tplonquet,
Ca ji n'sos qu'ine simpe feum', main ji creus s'ji v'tinéf
Qui jYaïereus voss' tignass' et voss' narënne à fréve.
NANESSE. (A Marèïe,)
Féz tôt doux, féz tôt doux; vos v'm&vléz po dès rin.
Qui volez-v'braire ainsi ? Ghanchet ni vVaraigne nin !
MARÈiE. {Co ptLS mâle.)
Tathiz-v\ vos, grande c&noie» vos n'estez qu'ine épiasse :
Vos Vkitiaclii po drt et devant lu vos fer l'i&sse.
Il gn'y a nin dix minute qui vos m'es Tkijasi ;
Qui vos lUroviz ingrâtt, macro, flairant, mâssi ;
Es, pace qu'il est riv'nou po bouter vos messëge.
Vos Tvolez fastriî.... allez-ës, f&x visège !
GHANCHET. {A Marète.)
On fax visège, c'est Ttonck !
NANESSE. {A Marète.)
Chinisse ! linwe di serpint !
Ti freus mîx di f murer.
MARËIE.
Tathiz-v' toune à lot vint ;
Jûs'resse, tigneuss', macralle ! allez pais vos dette ;
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— 394 -^
CHANCHET.
Si j*aveus dès tèmons !
NANBSSE. (il si homm.)
Fér li b&ht brésette.
Elle ni vàt nin les pônne, (à MarHe) allez-ès laid warbeau !
MARÊIE.
Bouftresse !
NANBSSE.
Pouieuse !
MARËlE.
LânVesse !
NANESSE. {hfostrans s^pogne,)
Répète lu co on pau ?
CHANCHET. {HaUt.)
Awoi, répète lu co, ji l'va triplé so t'panse.
MARÊIB.
Taihtz-v\ Jihan batbaî !
CHANCHET. (Mostrafis s'pogne,)
Cûrèïe !
MARËiE. ( A Chancheî,)
Corège ; avance !
NANESSE. (Prindant Chanehet po VbresseJ
Jan ! binamé, riv'nez, lèls-l'po çou qu'elle est,
Tôt Tmonde es rkinoh' bin : c'est on mâsst boquet.
CHANCHET. fSûvant Naneue.J
Ji n'sés qui m'tini, Nanesse !
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— 395 —
NANESSB.
Jan! riv'aez, c'est ine sotte»
Elle Ireut dire ax pns qui v's avez co bu Tgotte. {Il rintrèt.)
NANESSB. (il Fintrèe di lauhe.)
Elle est pés qu'ine qwatte-pëce, elle chaptèe tôt costé !
MARÊiB. (A louhe da Nanesse.)
Mon Diû, est-il possibe, tôt çou qui in*fât bouter !
Mi qui n*jâse co jam&ie. Jubet ! laid rowe ! potince !
Ji n'wës'reus jamais dire di vos tôt çou qu*ji pinse.
NANESSB. (À Fintrèe di si ouhe.)
Ti n'a qu'à l'dire, warmaïe ! Pinse-tu qui j'seuîe com ti ?
Ji n*a mftie fait poirter des coine à mi homme, séss'mi ?
MARÊiE. (To t'hapani po IHiesse.)
Po c'côp là, ji trëfèle ! maheulèe ! fax pilftte !
Qui n'touméf tos les deux à rvallëe de Fcoufite
Qwan vos k*minç'rez journée mèrkidi â matin !
Des pus brave qui vos-autt'y toumèt d'timps in timps.
Il vâx co mtx qu*ji m'taiss', vos varins, vos chinisse !
Ji m'va beure ine bonne tass' es Pplèce de fer dès d'visses ,
Je nn'areus trop à dire, main ji v'rarè todi.
Il sèrè pus Ion qu'hôuïe, qwan çou qu'vos m'avez dit
Sèrè rouvt, allez. Ji m'sovairè jourmftie
Qu'il est todi bin vraie qui po viker es pftie,
On deut bin clore si bêche et bouter tôt à fait
Sins jamais chôki s'deugt inte li poite et rpostâi.
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LES POIETRESSE
1'^ PRIX (médaille en VERMEIL)
Par J.-G. DELARGE.
Toi Ltgeois deut bin k'nohe li halle, wiss' qu'on vind Tcbâr.
C'est on vtx batumint qu'est fait d'ine cogne foir rare.
Vos dtriz, tôt rioukant, qui c'est co Tmonumint
Là wiss' qui Saint Lambiet priïf di timps-in-timps ;
Main, si vos Tapprèplz, so l'côp l'odeur des biësse
Vis happrët po l'narenne, et v's ârez ma voss' tiesse.
Ga, ji m'es sovint co, vola bin quarante ans,
Qwand les plancbi siervtt di s'cole po les ëfant
J'y alléf comme les aute, et ji m'sintéf malade
D'ine odeur qui n'aveut nin l'gosse di lémoscâde.
C'est todi hoûie pareil, à d'vins tôt comme à d'foû :
Les mangons sont d'vins ouve et les poïetresse àtoù.
C'est d'ciss' sort di gins là, qui vindèt de l'volaille,
Des Itve et des piëtri, des coq, des poïe, des kwaille,
Qui ji v'vous-t-inslrit'ni, si vos volez bouter
Li p'tit râvlai wallon qui ji v'vas raconter.
A pônne âx air de joû, vos les vèïez assiowe
Conte li meur de l'veïUe halle, qui fait boirdeure à l'rowe:
Li prumt d'ieus ovrège et d'apprester l'jublî
Qu'est prêt' à div'ni vert et qui k' mince à flairl.
C'est po les cuisinière qui sont âx grands bôtél :
Les riche aimmèt l'haut gosse divint les biesse a-z-èle ,s
Divins l'itve et l'iapin, et d'vins baîcôp d'boquet
Passés po les mèïeux, so l'tâve di leu banquet.
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- 397 —
I
Si sont trop-z-avanci, on les vind po des resse.
Et c*est on bénéfice po Tvindeuse et rach'tresse.
lue fête cès-la ëvoïe, on rattind l'vlx poîett
Qu'appoite, sorlon Fsaison, tote ses biesse i marchl.
À prétimps des puvion, des polet, des robette ;
L'osté des crftssës pôle et des jônës poïette ;
Qwand c'est Tarrire saison, des châpeinne, des mâvi
Des canard et des s'prèwe, des vert, des coqlivi,
Des pinson, des kalkeu, des belles bèguinette,
Et des bonnes dozainne di crasses allouwette.
£s Thiviér, totes les sort di jubli des Anneu
Qui n'passet pus leu timps qu'à beure et fer Tbrakneu,
Et d'timps-in-timps les frut d'on vol di quéqu* manège
Àppoirté d'vant qu'l'aireure n*âïe lu so lès viège.
Biesse à plome, à poiëge, li poïetresse ach'tèie tôt :
Qwand Tvîx poïeti arrive, il n*a qu'à vûdi s'bot.
Les ouhai sont pindous à paquet d'zeus Tbotique
Et barloquet lurtos comme des ve'iès erlique.
Des autes sont tôt ploumés ; qwand rpoîetrese ni vind hin
Elle mette ses p'tit paquet à pont po V Tëddimain.
Louktz près di s'chè'ir, totes les chatves sont rimplèîes,
Vos n'vèïez qu'cîr et biesse sitârèie atoû d'ièïe.
Là c'est on gros coq d'Ine qui passe li gosse de pan ;
Tôt près, c'est ine crasse âwe qui s'kitape to morant ;
Ine pote qui drouve si bêche to sintant parti s'cour,
On colon, qui i aukèïe comme po braire & secours;
On polet qui s'kihenne tôt sintant l'grand coûtât
Passer comme on rèzeu po It côper l'buzai.
Tôt coula, po l'poietresse n'est pus qu'ine habitude,
Elle es n'es fait on jeu d'à matin jusqu'à l'nute,
Etto fant spricht l'sonk de l'martyre di ses main,
Elle kij&se si woisenne et rèie di ses tourmint ;
Ou, lot vêlant passer li p'tite chèrette chergè'ie
Di pomme, di peurre, di preune, di bulok ou bin d'gèle,
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- 398 -
Elle va plainde di tôt s*cour li chin qui deut sècbt
Ou paquet comme coula, so l'Goffe ou so l'IIarchl,
Sins songt qu*ës s'banstat, lanwih et dWint tôt flAwe
On gros coq, îne crasse pôle, on dindon, ou ine âwe
Avou les patte loièles divint si s*treute prthon
Tôt rattindant l'moumint de Pmoirt, qui n'est nia Ion,
Si quéqu' 'bonne gouvernante qui réguelle les affaire
D'on bon vtx rapign'teu, div'nou propriétaire.
Si présinte dilez zelles, les poche rimplèies d'argint,
Elles diront tour à tour qui c'est ine honnête gins.
Qui considère li monde, qui calcule et qui tuze
Po nVin fer piette à s*maisse, et fer gangnt n'blanmuze
A ciss' qui s'vinet mette à l'plaive, à tos les timps,
Po-z-avu quéqu' patAr et rinde li monde contint.
Main si n'pèlôe madame, ou quéqu' souwée mam'zelle
Vint k'pautt Tmarchandëie et n'faisse nin des handelle,
Vos ètindrez l'poietresse It taper, sins façon,
Des côp d'Iawe à fer taire li pirou des wallon.
Elle le rtraitrè d'cAnôie^ di bizawe, di hosse-cowe, '
D'èpl&sse, di tape-tu là, d'iâge vantrin, d'intrit*nowe,
Di bribeuse, di macralle, di vindeuse di paquet,
Di bastftde, di Iftn'resse, di beuresse di pëquet,
Di tapresse di kwftrgeu, di m&le linwe et d'chaffette ;
Sins compter les sohait qu'elle are po Trawette.
S'il fait chaud, li poïetresse est lègtre et tote frisse.
S'il fait freud, c'est l'covet, qu'elle mette.... ji ses bin wisse.
Et n'feiâ vès deux treus heure, vos les vèiez sopter
Gomme des gins qu'ont veûi deux nute sins s'èpak'ter.
Giss' lai est aspoièie dizos l'teut di s'baraque;
Ine aute lait pinde si tiesse jusqu'à so si s'toumak.
Giss-cial creuhelle ses bresse et ronfelle comme on chet,
Ine pus jône clëgne ses ouie et mosteure çou qu'elle est,
Ga, d'vant de fer sprongt, elle a r'mettou es pièce
Ses ch'vet, s'norret, s'vantrin, ristindous comme dès glèce.
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On n'compte pus de riii fer, c'est fini po ç*joû 1&,
On s'dispiète vës cinq heure, on dHelle et on n'n*erva,
Et rJèddimain, lot timpe, vos les r'vëiez co n' feïe
Âvou les meimmes air et totes leus marchandëïe,
Vini r*prinde leu vlx posse et s'achtre so leu hame,
Tôt brëiant tôt long Tjoû : ni v'fôt-il nnd madame ?
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TABLE DES MATIERES.
Pages.
Statuts V
Tableau des membres de la Société xiii
Concours spécial : Les buveurs de genièvre y rapport du Jury. 4
Les bttveus d'pèket, par A- Peclers \:î
fne copètie contre Us pekleus, par G. Delarge ^0
Concours de 1873. Rapport sur le concours n^ 10. . . . 27
Li mohonneàdeuxfaceSy comédie en un acte, par J. S. Kenier. 35
Concours de 1874. Rapport sur le 4« concours 75
Recueil de wallonismes, par I. Dory 77
On spot, scène populaire, par <î. Delarge 588
Les poïetresse, par G. Delarge 596
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